BULLETIN DK LA STATION BIOLOGIQUE D'ARCACHON TRAVAUX DES LABORATOIRES i i S/ .. )# n o UNIVERSITÉ DE BORDEAUX ET SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE D'ARCACHON TREIZIEME ANNEE j (1910) 1 BORDEAUX FERET & Fils, Libraires-Editeurs ^ { 15. Cours de l'Intendance, 15 1910 ACTION DE LA CHALEUR ET DU FROID SUR L'ACTIVITÉ MOTRICE ET LA SENSIBILITÉ DE QUELQUES INVERTÉBRÉS MARINS Par M. Georges MATISSE C'est au laboratoire de Biologie marine d'Arcachon, au mois d'octobre dernier (1), qu'ont été faites les recherches rapportées dans ce Mémoire. Là. en même temps qu'une faune assez variée et un matériel expérimental rare dans les stations mari- times, nous avons trouvé la tranquillité nécessaire pour continuer régulièrement, sans interruption, des expériences qui s'éten- daient sur l'intervalle d'une journée au moins. Qu'il nous soit permis d'exprimer notre profonde gratitude à M. F. Jolyet, directeur de la Station, qui, après nous avoir accueilli avec bienveillance, a, de tout son pouvoir, facilité notre travail ; à M. Sellier, sous-directeur, et à M. Delaunay, prépa- rateur, pour leur amabilité et leur extrême obligeance chaque fois que nous avons eu à nous adresser à eux. Nous remercions également la Société scientifique d'Arcachon qui met si libéra- lement à la disposition des chercheurs toutes les ressources de ses laboratoires. Avant d'exposer les résultats des recherches, j'indiquerai rapidement le dispositif employé dans les expériences. I. Dispositif pour les températures supérieures à la normale Dans un cristallisoir très large A était placé un second cristallisoir B d'un diamètre un peu moindre, concentrique au premier. L'espace annulaire compris entre eux était rempli (1) 1909. 2 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE u'aRCACHON lUlO d'eau chaude à uue température déterminée. B ne reposait d'ail- leurs pas directement sur A, mais sur 3 pièces de liège qui le soulevaient nn [leu. Il y avait ainsi une sorte de matelas d'eau chaude autour du cristallisoir central. Ce dernier était rempli d'eau de nier portée à la température voulue et contenait les animaux. L'ensemble des cristallisoirs était placé devant une fenêtre. Il reposait, non directement sur la table, mais sur un C o<^C trépied T, auquel on avait attaché, à 2 ou 3 centimètres du fond de A, une toile métallique m. La déperdition de chaleur dans le récipient B ne se faisait donc qu'à la partie supérieure, seule exposée à l'air libre. La couche d'eau de l'espace annulaire, maintenue à L' ou 1° au-dessus de la température de B, com- pensait les portes. C'est uniquement sur elle qu'on agissait directement pour régler la température. Le réglage s'obtenait, soit en laiss;uit l'opérateur réchauffer le bain extérieur, quand G. MATISSE : CO.\DITIO?iS THERMIQUES IJE L ACTIVITE 6 la température commençait à descendre, au moyen d'un peu d'eau très cliaude qu'il versait d'un ballon ; soit automatique- ment, à l'aide d'un très petit bec de gaz à flamme horizontale, situé sous le trépied. La température était donnée par un ther- momètre à mercure gradué do degré en degré, de — 10 à + 50". Un souffleur à eau, situé au loin et relié à B par des tubes de caoutchouc, permettait de faire barboter dans cette cuve un courant d'air qui renouvelait la provision d'oxygène dissous. II. Dispositif pour les basses températures Il était le môme que celui employé pour les hautes tempé- ratures, à ces différences près : a) Les cristallisoirs étaient un peu moins vastes. b) Entre .1 et B, dans l'espace annulaire et sur le fond, on mettait de la glace fondante au lieu d'eau chaude. c) Le système A, B était lui-même emboîté dans un troisième cristallisoir plus large, tapissé intérieurement d'une épaisse couche de ouate. On évitait ainsi une trop rapide fusion de la glace. d) Le tout reposait sur quatre bouchons de liège. Le dispositif était placé devant la même baie vitrée que l'appa- reil servant aux températures supérieures, mais il était éloigné de ce dernier et séparé de lui par l'une des portes du labora- toire. III. Méthode Toutes les expériences ont été faites en prenant pour ternie de comparaison un lot d'animaux témoins, placés dans un grand cristallisoir situé devant la même baie vitrée que plus haut. Aux mêmes instants, on observait les animaux en expérience à des températures artificielles et les témoins. Les observations étaient consignées sur-le-champ dans des colonnes distinctes du cahier d'expériences, en regard l'une de l'autre. L'heure et la température étaient notées chaque fois. Toutes les fois que cela était possible, on mettait plusieurs individus de même espèce dans chaque cristallisoir. On évitait 4 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE u'aRCACHOiN' 1910 cependant de multiplier leur nombre pour qu'ils ne pussent pas se gêner mutuellement et pour que leur eau ne fût pas souillée trop rapidement par leurs produits de déjection. Ce nombre était ordinairement de deux ou trois. L'eau des cuves était renouvelée plusieurs fois dans la jour- née, car quelques animaux subissent assez facilement une intoxication. Avant de rapporter les observations, j'altirerai l'attention sur deux faits généraux. Quand on étudie l'action du facteur thermi([ue sur l'activité motrice ou, d'une façon générale, sur l'état physiologique d'un être vivant, il fauftenir compte non seulement de la température à laquelle cet être est porté, mais du tenqis pendant lequel il y reste. Les phénomènes changent, en effet, à une même température, à mesure qu'augmente le temps qui s'est écoulé depuis le début de l'expérience : le com- portement est fonction de la température et de la durée. C'est que les actions modificatrices de la chaleur (ou du froid) s'accu- mulent dans le temps, se somment, de sorte qu'un être qui peut supporter sans dommage sensible une température donnée pendant un certain temps, finit par succomber au bout de quelques heures. Ceci est dû, d'abord à ce que les effets s'accu- mulent, et ensuite à ce que les moyens de défense faiblissent. Cette seconde cause est peut-être une conséquence de la première. Et, quand on y réfléchit, on voit bien la signification de ce facteur temps. Le temps n'est rien en lui-même, mais l'énergie thermique comprend deux facteurs indépendants: la température et la quantité de chaleur. C'est de la quantité de chaleur absor- bée par l'animal que dépendent les modifications de son orga- nisme. Or, cette quantité est liée au temps; elle en est une certaine fonction. En effet, soit 0, la température du milieu et 0 celle de l'animal à un instant /. Au bout d'un temps ^//, il aura absorbé une quantité de chaleur proportionnelle à l'écart de température et au temps, c'est-à-dire dQ^ c-(0. — 6) f// 0, est fixe, mais 0 est variable et se rapproche de 0, avec le temps. Quant à c, qui est un coefficient de conductibilité, il dépend aussi du temps, car l'animal subit, à mesure qu'il G. MATISSE : C0»\D1TI0.NS THlîllMIQUES DE L ACTIVITE O s'cchaiiffo ou se refroidit, des modil:icalions dans l'état physique de ses albuininoïdes, daas l'état physiologique de ses tissus (contraction); il met enfin en jeu, ou cesse de mettre en jeu, des réactions défensives. Tous ces phénomènes modifient la conduc- tibilité c du corps de l'animal, c et 0, — 6 sont donc tous les deux des fonctions du temps. On a donc : d Q = f {t) dl d'où, pour la quantité de chaleur absorbée (ou perdue) par l'ani- mal depuis le début de l'expérience Q = j f{l) dl = F [t] Ainsi, comuie je le disais, les variations de l'état d'activité et de sensibilité avec le temps ne représentent autre chose que les variations avec les quantités de chaleur absorbées ou perdues. La seconde remarque est celle-ci. Les divers individus ne se comportent pas dans les mêmes conditions de milieu identique- ment de môme façon. Il y a des différences individuelles. Les uns subissent moins que d'autres les actions nocives, soit que leur système nerveux ait un seuil de sensibilité plus élevé, soit qu'ils puissent mettre en jeu des mécanismes de résistance que d'autres ne possèdent pas aussi parfaits ou dont ils ne savent pas tirer aussi bon parti. Enfin, chez un même individu, on constate des variations physiologiques qui le rendent peu com- parable à lui-môme, au cours des diverses phases que traverse son état pendant une expérience. Mais c'est là un fait qu'il est impossible d'éliminer, car il est inhérent à la Biologie et cons- titue une des principales différences entre cette science et la Physique. Je vais maintenant esquisser à grands traits les résultats des observations. Je ne puis songer à donner ici ces observations elles-mêmes. D'abord elles sont très longues : elles rempliraient une bonne moitié d'un numéro du Bulletin: et puis leur lecture serait fastidieuse : il est des phénomènes qui se répètent sou- vent, des expériences oîi l'influence de la variation de tempe- 6 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 rature n'est nullement marquée ; dans les observations, on consignait les faits à mesure qu'ils se produisaient. Enfin, cer- tains phénomènes ne prennent tout leur sens que si l'on a bien présent à l'esprit un autre fait qui s'était passé plusieurs heures avant. J'ai donc cherché à donner une image aussi complète que possible des phénomènes, sans les simplifier, sans omettre les particularités dont le sens ne m'apparaissait pas. Pour cela, j'ai cité très souvent le texte môme d'observations rédigé pendant l'expérience, alors qu'on avait le phénomène sous les yeux. J'espère qu'ainsi ces études pourront être lues avec intérêt. On remarquera que les expériences ont porté sur plusieurs espèces animales différentes appartenant à des groupes très divers du règne animal : Cœlentérés, Crustacés, Céphalopodes, Annélides, Gastéropodes, etc. C'est qu'il s'agit surtout, dans notre pensée, d'obtenir une connaissance de la marche générale du phénomène, de façon à en apercevoir la signification, plutôt que d'en préciser à l'extrême quelque point. Quand on aura vu l'orientation générale et compris le sens de ces réactions si variées des ani- maux à la chaleur et au froid, on risquera moins de s'égarer ensuite dans l'interprétation d'un fait particulier. ANEMONES (Sagartia parasitica) Cette Actinie vit, en général, fixée sur les coquilles habitées par des Pagures, ou même sur des coquilles vides. Au labora- toire d'Arcachon, on la trouve également fixée sur le fond en ciment des réservoirs. 1° Hautes températures : de 34 à 30". A 34°, les Sagartia meurent en quelques heures. Dès le début, sous l'action de la variation thermique brusque (de 17» à 34"), les Actinies se ferment. Elles restent ensuite obstiné- ment fermées pendant toute la durée de l'expérience et meurent dans le môme état. II est difficile d'apprécier la durée de survie de ces animaux fermés et ne réagissant pas au contact. Il y a sans doute aussi des différences individuelles. Toutefois, ayant retiré au bout de 4 heures environ doux Anémones du bain à 34°, pour les placer dans l'eau à 17° (température normale ce jour-là), Tune G. MATISSE : CONDITIO>S THERMIQUES DE L ACTIVITE / d'elles s'est encore épanouie, mais elle demeurait absolument in- sensible au contact d'une tige de verre. Vivait-elle encore '! Les autres, remises à 17» au bout de 5 h. iiO, ne vivaient plus. Il y a donc irréversil)ilité des actions produites par la chaleur. A 32°, ou observe encore les mêmes phénomènes, mais atté- nués. Les animaux se contractent sous le choc de variation thermique et cet état subsiste. Cependant, au bout de 1 h. 13, ils ne sont plus qu'à demi fermés. La sensibilité est très diminuée. Au bout de 3 h. 30, les Sagartia (au nombre de huit) étaient mortes ou sur le point de mourir. 2° De SO à 2o" : Il y a un phénomène très frappant, observé chez toutes les Sagartia placées dans l'eau à 30, à 28 ou à 26" : elles présentent de lents mouvements alternatifs d'ouverture et de fermeture. Ces mouvements semblent témoigner d'un état de malaise. Ils sont sans rapport avec les conditions extérieures. Leur lenteur est d'autant plus grande que la température est plus élevée. Aiusi à 26", j'ai trouvé les périodes variant de 10 à 30 minutes; à 30°, les périodes allaient de 15 à 45 minutes. D'autre part, la sensibilité est diminuée, à en juger du moins par la réaction de l'animal au contact d'une tige de bois. On constate aussi chez une même Actinie, à une même température, des variations de la sensibilité et de l'activité motrice spontanée au cours du temps. Enfin, on voit parfois l'adaptation aux nou- velles conditions se faire au bout d'un temps plus ou moins long. Voici le résumé de quelques observations à quelques tempé- ratures : 30" : 4 octobre. L'Anémone s'épanouit et se referme avec une extrême lenteur. 30° : 9 octobre. Les animaux (trois individus) restent longtemps fermés : 1 h. 15 au moins. Puis lents mouvements alternatifs d'ouverture et de fermeture, qui paraissent le signe d'un état de malaise ; ils ne constituent plus les relations de l'animal avec lés corps et les phénomènes extérieurs. Sensibilité affaiblie. Plus tard, Vadaptation se produit peu à peu et l'état physio- logique redevient meilleur. Certains individus (Anémone B) résistent plus longtemps aux 8 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCAGHON 1910 influences nocives. Ils parcourent plus tard la même série d'états physiologiques que les autres. Exemple : Sagartia B (mise à 30" à 10 h. 50). Temps De 10 h. 50 à midi Midi Jusqu'à 4 h. IS 4 h. 18 5 h. .30 Activité motrice Fermée. Commence à s'ouvrir. Epanouie. Mouvements d'ouvert, et de fermeture Sensibilité bonne. Sensibilité affaiblie Ces mouvements d'ouverture et de fermeture avaient com- mencé chez l'Anémone A h 3 h. 15. B a donc 2 h. 15 de retard sur A. Oscillations de l'état physiologique (activité motrice et sensi- bilité) au cours du temps. Exemple : Anémone A (mise à 10 h. 50). Temps Activité motrice Sensibilité ) h. m h midi Fermée. Immobilité. Midi à 2 b. Lent épanouissement. Bonne. 3 h. 15 Mouvements d'ouvert, et de fermeture Affaiblie. 3 h. 30 Epanouie. Presque nulle. 4 h. 15 Gonflement. Un peu meilleure. 4 h. 48 id. Meilleure. 5 heures Inertie presque totale. Presque nulle. 5 h. 50 Légère amélioration G h. 10 Iiun-tie moindre. Remarque. — Si l'on laisse redescendre la température après une heure ou deux, jusqu'à 24 ou 25", la sensibilité redevient excellente. D'une façon générale, un arrêt dans les conditions modificatrices permet à l'organisme de se ressaisir, de résister et de se rapprocher de son état physiologique normal. 28" : 3 octobre. Transportées brusquement à 28°, les Anémones prises à 20° s'épanouissent partiellement ou totalement. Alter- natives de fermeture et d'ouverture. Malaise. La sensibilité est diminuée. 28° : 8 octobre. Toujours mouvements lents d'ouverture et de fermeture. Malaise. G. MATISSE : CONDITIONS THERMIQUES DE l'aCTIVITÉ 9 26" : 3 octobre. Un certain nombre présentent des alternatives (période variable de dix à trente minutes) d'ouverture et de fermeture. Malaise léger. 26° : 13 octobre. S'entr'ouvreiit presque tout de suite. Large- ment épanouies. Etat normal, sensibilité bonne. Adaptation. En somme, c'est vers 25 ou 20° que se trouve placée la limite des influences néfastes. A 24", je trouve les Anémones largement épanouies et présen- tant une bonne sensibilité. L'état normal est persistant. A partir de cette température, il y a une large zone thermique dans laquelle les Sagartia conservent un excellent état phy- siologique. J'ai observé le môme état, qu'on peut appeler normal, à 24", à 20"o, iS'\ 10". Les Actinies restent immo- biles, largement ouvertes en général (parfois fermées), pendant de longues heures. La journée se passe sans qu'on constate de mouvements. Mais leur sensibilité est très fine : au moindre attouchement sur les tentacules, l'animal se ferme brusquemenL C'est cette sensibilité très bonne qui distingue l'état physiolo- gique normal de celui dans lequel se trouve l'Anémone quand la température devient très basse. Basses tempérai arcs : Je n'ai pas de données sur ce qui se passe entre les tempéra- tures basses et moyennes. A 5" et à 2\ on constate que les Anémones, d'abord fermées, s'ouvrent largement et restent ensuite indéfiniment dans cet état. Mais leur sensibilité (jugée par la réaction à un contact) est excessivement diminuée. Une Sagartia témoin, bien ouverte, placée dans un bocal à 20", se referme totalement et rapidement quand on la touche à l'intérieur de la couronne de tentacules, tandis qu'à 3" ou 2°, sous l'action d'un contact phi!^ fort, l'ani- mal ne réagit pas du tout. BERNARD L'ERMITE {Eupa gurus Bernhardus) Ces petits Crustacés, très agiles et très sensibles, avec leur mimique expressive et mobile, leurs attitudes variées, consti- tuent, ainsi que les Seiches, des animaux de choix pour l'étude 10 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE D'aRCACHON 1910 de l'activité motrice. Il est bon cependant de ne pas commencer cette étude snr eux. Les animaux à réactions plus simples, Ané- mones ou Annélidcs, par exemple, laissent mieux voir les grandes lignes du phénomène. Plus tard, en possession de ce fil d'Ariane, on risquera moins de s'égarer dans la jungle des réactions com- plexes et délicates des animaux supérieurs ; elles serviront à compléter, à enrichir l'esquisse un ])cu fruste qu'on avait tracée tout d'abord. Il a été fait sur les Bernards deux séries d'expériences : l'une au début, l'autre à la fin d'octobre. 1 ° Températures élevées : Voici, esquissée à grands traits, la série des phénomènes qui se déroulent : Tout d'abord, l'animal présente une grande agitation. Puis, survient une phase d'immobilité. Suivant les températures, le Bernard est stupéfié, abattu ou simplement calme. Ensuite, toujours selon la température, le Pagure témoigne un état de malaise violent ou léger ou bien, au contraire, il commence à s'adapter. Enfin, on observe ou la mort (hautes températures) ou une diminution de l'activité et de la sensibilité (températures intermédiaires), ou un rétablissement des fonctions normales (températures voisines de la normale). Complétons à présent, à l'aide des observations particulières, réelles et concrètes, l'histoire du comportement des Pagures aux diverses températures. A 30", les Pagures meurent en une heure environ. Que se passe-t-il dans cet intervalle F Au moment du changement brusque de température, ils se recroquevillent. Puis ils présentent une agitation extrême, ils sorlent de leur coquille, y rentrent de nouveau, en ressortent et continuent à s'agiter. Après quelques alternatives de mouve- ments et d'immobilité (qui peuvent faire défaut), ils restent immobiles, stupéfiés. Ensuite, ils sorlent entièrement de leur coquille et tombent sur le dos. Quelques petits mouvements encore de temps en temps, réactions suprêmes de l'organisme sous l'action des phénomènes morbides produits par les condi- tions destructives. Enfin, la mort au bout d'une heure environ. Un fait accessoire à signaler en passant : les animaux retirés au G. MATISSE : CONDITIONS THEBMIQUES DE l'aCTIVITÉ 11 bout d'un quart d'heure et ramenés à la température ordinaire survivent. Si on les plonge brusquement dans l'eau à 20^, ils restent longtemps en élat de contracture et de stupéfaction. Un court séjour à l'air, au contraire, favorise beaucoup leur réta- blissement. A 28" , ce sont encore les mêmes aspects : le Bernard d'abord se recroqueville, puis, une minute plus tard, s'agite, inquiet. Seulement il ne meurt pas aussi rapidement qu'à 30°. Au bout de 1 h. 30, j'ai constaté qu'il était encore bien vivant (l'obser- vation n'a pas été poussée plus loin ce jour-là). Les actes biologiques ont déjà bien changé à 27". On a des- cendu d'un échelon. Je vais rapporter ici, avec quelques détails, une observation faite le 31 octobre, à cause d'un fait important qui s'y trouve mis en lumière, fait que j'ai retrouvé fréquem- ment au cours de mes expériences : je veux parler de l'oscilla- tion spontanée que présentent l'activité motrice et la sensibilité d'un môme individu au cours du temps. Trois Bernards A, B, C, pris dans un réservoir à 15" sont plongés dans une cuve à 27°, à 3 h. 30. Après une courte période d'agitation de trois minutes, vient une phase de calme plat. A 3 h. 45, je tente une expérience : je place les trois Bernards sur le dos. A la température ordinaire, ces petits animaux, agiles, vifs, se remettent aussitôt sur leurs pattes. Ici, au contraire, ils restent sur le dos. Il y a une cer- taine inertie motrice, une sorte de paralysie commençante. Au bout d'un quart d'heure, A et B se sont redressés. G ne se remet sur ses pattes qu'au bout de trois quarts d'heure seule- ment. Les animaux demeurent ensuite immobiles tous les trois, G recroquevillé, A et B remuant parfois les pattes sans marcher. A 5 h. 05, je remets G sur le dos : cette fois, il se remet presque aussitôt sur ses pattes. B également. A conserve, au contraire, bien plus longtemps sa position. En effet, «. à 5 h. 15, A est encore sur le dos » et il en est encore ainsi à 5 h. 25. Ge n'est qu'à 5 h. 35 qu'il se relève, avec des mouvements lents et sacca- dés. On voit ici les oscillations de l'activité d'un même individu. L'activité d'ailleurs est faible chez tous les trois, celle de B meil- leure que celle des deux autres. La sensibilité est bonne. A partir de 5 h. 30, l'activité et la sensijjilité sont fortement diminuées chez tous. B, le plus actif, ne rentre plus dans sa 12 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHOIN 1910 coquille quand on le touche. Dans le rapport d'une autre expé- rience faite la veille (30 octobre), à cette même température de 27°, je lis : «. L'état de tous, toute la journée, est très normal. Ils ne sont pas engourdis et réagissent bien. L'activité est bonne ». 11 y a contradiction entre les deux séries d'observa- tions. Que s'est-il donc passé? Ceci: le 30 octobre, en mon absence, de midi à 3 heures, la température était tombée à 19°. Cet abaissement de température avait permis aux animaux de reprendre vie et résister mieux aux conditions nocives avec lesquelles ils furent aux prises, quand je rétablis plus tard la température initiale de 27". A 25°, on descend une nouvelle marche. L'agitation initiale a disparu (du moins chez les individus que j'ai étudiés). Les uns tout de suite marchent un peu et se lissent les antennes, les autres demeurent quelque temps cachés dans leur coquille, puis finissent par en sortir. Chez tous, l'état demeure très calme: les animaux ne marchent guère; ils remuent de temps en temps pinces ou pattes, mais sans se dépUicer. Comparés aux témoins à 15°, ils sont moins actifs. La vie de relation d'ailleurs est intacte. Ils sont attentifs à ce qui se passe autour d'eux. Une Annélide (Xcreilepas furcata) tentant de pénétrer dans la coquille d'un des Bernards, celui-ci se défend très adroitement pendant très longtemps, car la Nereis est obstinée. Il la saisit plusieurs fois avec ses pinces et la retient loin de lui. Il finit par la rompre en trois tronçons. Enfin, au bout de 7 h. 30, on constate une véritable adaptation. Les Bernards à 25" se comportent comme les témoins. « Ils sont plus vivants, plus actifs, à mesure que la journée s'avance. » Ainsi, la température de 2o° ne parait déjà plus nocive. Elle produit seulement pendant quelques heures une légère torpeur. Au-dessous de 25°, on trouve la zone des conditions normales. Tempéra/ tires moyennes : A 21°, j'observe, le 29 octobre, sur trois Bernards (deux petits et un gros), une suractivité pendant une heure. Les animaux se démènent, se battent. Puis tous se calment et restent ainsi jus- qu'au soir. Les réactions aux excitants restent toujours bonnes. La tempérai are normale ce jour-là élail de Î4° seulemenl. G. MAÏISSK : COiNDITlOA'S THERMIQUES DE l'aCTIVITÉ 13 A 22, 21, 20, 10 (1), 15 et li° (2), je Irouve le même com- portement (sauf quelques légères variantes individuelles). Les Pagures marchent, se battent, choquent leur coquille contre la paroi du bocal. Ceci se prolonge toute la journée, entrecoupé de périodes de calme. Pas d'amoindrissement de l'activité avec le temps. La sensibilité des animaux et leur vie sensorielle de relation est excellente. Approche-t-on brusquement la tôle de leur cuve, on les voit aussitôt fuir, ou bien rentrer vivement dans leur coquille, ou simplement, quand ils sont plus habitués ou moins peureux, esquisser le geste de rentrer, sans le parachever. J'ai maintes fois observé avec curiosité l'influence de la gran- deur de la cuve où ils sont renfermés sur l'humeur batailleuse des Bernards l'Ermite ou sur les manifestations de cette humeur. Si l'on met trois ou quatre Bernards dans un grand crislallisoir, CCS petits Crustacés demeurent paisibles, marchent de temps en temps, s'arrêtent, repartent. Quand ils se rencontrent, en général ils s'évitent, l'un s'écartant pour céder la place à l'autre. Dans une cuve moyenne, les rencontres sont plus fréquentes et les batailles aussi. Mais enferme-t-on les trois ou quatre Pagures dans une toute petite cuve où ils sont presque constamment en contact les uns avec les autres, on les voit se chamailler et se battre continuelle- ment, se saisir les pinces, se poursuivre, se menacer. Dans la journée ils ne restent pas cinq minutes consécutives en repos et l'on entend à tout instant le bruit de leur coquille qui heurte et fait sonner les parois de leur cuve. Et l'on se demande, entraîné loin des Pagures, si l'humeur agressive, la vie inquiète et agitée des hommes, de ceux surtout habitant les grandes villes, ne vient pas de ce qu'ils vivent trop serrés et si une décompression n'amènerait pas un adoucissement général des caractères ? Basses tempêralures : Les faits sont très complexes. Sur la série principale des phénomènes, formant en quelque sorte le tronc de Tarbre, vien- nent s'insérer des séries secondaires, maîtresses branches qui (1) Pour une température normale de feau de 19 à 20" (début d"octol)re). \^\ Pour une température normale de l'eau de li à 16° (fin d'octobre;. 14 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 masquent souvent la vue de l'arbre. Tels sont les phénomènes de lutte, de défense de l'animal contre les conditions hostiles. Il y a, en outre, des différences individuelles. Enfin il faut consi- dérer non seulement la température absolue à laquelle est placé l'animal, mais la différence entre celle-ci et la température nor- male de l'eau dans la journée, et certainement aussi l'époque saisonnière. Le comportement du Bernard est fonction du temps depuis lequel l'animal se trouve à basse température. Je vais d'abord décrire l'aspect des réactions des Pagures lorsqu'ils sont complè- tement sous l'action du froid, au bout d'un temps assez long, et que l'écart entre la température du bain et celle du bassin oii ils vivaient avant l'expérience, estasse/ considérable (10" au mini- mum). Je donnerai ensuite des détails sur la période du régime variable pendant laquelle l'animal lutte contre les conditions hostiles du milieu. D'abord, on s'aperçoit tout de suite que l'activité est amoin- drie. Tandis que les témoins s'agitent, marchent, se battent, les Bernards refroidis demeurent assez tranquilles. Ils ne sont pas inertes, mais on remarque une grande lenteur des mouvements. Ce qui frappe surtout, c'est que ces mouvements sont trem- blés, fractionnés, incertains. Voici quelques notes prises sur le vif : « 5 h. 45. 0= //".L'un d'eux (un des Bernards) fait quelques mouvements parfois. Ceux-ci sont fractionnés, tremblés. Ils rappellent ceux d'un vieillard... » 0 h. 15 : ... A présent quelques commencements de mouve- ments tremblés. » 6 h. 35 : 1 et 2 (c'est le nom des Bernards) remuent. Les mouvements sont généralement lents, tâtonnants. Parfois cepen- dant un mouvement brusque et de courte durée, plutôt une secousse. » Il y a une véritable incoordination motrice. » Ici encore, je ne puis mieux faire que de citer textuellement le compte rendu d'une expérience que j'ai faite le 4 octobre, car elle est plus frappante pour l'esprit qu'une description abstraite : « J'ai mis à l'instant dans le bocal une pince de Pagure mort. Les Bernards 1 et 2, avec leur petite pince, font le geste de saisir quelque chose et de le porter à leur bouche. Mais ils ne portent G. MATISSE : CONDITIONS THERMIQUES DE l'aCTIVITÉ 15 rien. Un peu plus tard, 1 avait saisi le morceau par liasard et, l'ayant porté à ses mâchoires. Ta laissé retomber. Il l'a saisi une autre fois et l'a encore porté à sa bouche, puis laissé retomber encore. Il n'a pu le retrouver et a continué le simu- lacre de porter des aliments à sa bouche. 2 a attrapé une patte de 1 et cherche à l'attirer vers ses mâchoires. » Il semble que les mouvements soient incertains et mal coor- donnés. 1 porte toujours à sa bouche, avec sa pince, quoi? Ilien. A côté de lui gît le morceau de pince. » 1 vient de trouver par hasard le morceau de nourriture. Il fait un grand mouvement pour l'apporter à sa bouche, mais reste ainsi, la pince étendue, tenant le morceau. Puis l'aliment tombe. » Plus tard, un engourdissement progressif envahit l'animal : « Mis sur le dos, il essaye de se relever, mais sans énergie et n'y parvient pas. Il reste dans cette position. De temps en temps, petits mouvements saccadés. Avec le temps, les mouvements deviennent plus rares, plus lents, de moindre amplitude. L'immo- bilité gagne. Les mouvements spasmodiques, rythmiques des extrémités persistent les derniers. » Quel est l'état de la sensibilité pendant ce temps? La sensibi- lité est faible, le seuil en est élevé. Il y a, de plus, un retard dans la réaction. A une excitation assez forte pour être perçue, le Pagure ne répond pas tout de suite : quelques secondes s'écoulent avant que le mouvement ne commence. Plus tard, les réactions deviennent presque nulles. Il arrive, dans certains cas, qu'au bout d'un temps assez long une recrudescence d'activité et de sensibilité se manifeste. Le Pagure s'adapte aux conditions qui lui sont faites. Je ne sais si cette adaptation persisterait indé- finiment. Examinons maintenant comment les animaux se comportent, avant d'être complètement sous l'empire du froid, dans les pre- mières heures, quand l'abaissement thermique n'est que de 4 à 7" au-dessous de la normale, et qu'on laisse ensuite la tempéra- ture décroître graduellement. Le Pagure lutte en quelque sorte contre la variation. Pendant quelques minutes, l'animal, comme à température élevée, manifeste une grande agitation. Il marche rapidement, s'accroche au thermomètre (28 octobre, ^=8"; température normale, lo), tente de grimper aux parois 16 BULLETIN DE LA STATIO.N BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 de la cuve (30 octobre, ^ — 11"; température normale, 15). Puis il se calme, tout en continuant à remuer doucement pendant un certain temps (1 heure le 28 octobre pour un abaissement de 7°; 3 h. 30 le 30 octobre pour un abaissement de 4°). On le A'oit surtout agiter les pattes et les antennes, parfois faire quelques pas ou rentrer dans sa coquille. La sensibilité est encore très bonne. Certains animaux — c'est individuel — sont encore effrayés par l'approche de l'observateur. Si on laisse la température constante, les Bernards s'immobi- lisent de plus en plus. Mais si, après quelques heures, on laisse la température tomber, on constate un curieux phénomène : une légère variation thermique dans le sens opposé aux condi- tions normales produit une recrudescence d'activité aussi bien qu'un relèvement de la sensibilité. Ceci fut constaté dans tous les cas. En voici un exemple précis : Le 28 octobre, la température normale de l'eau était 14". A 6° 5 au bout d'un certain temps, immobilité, rares moments d'effroi. A 6', « l'un des Bernards semble reprendre un peu d'activité. 11 se met à marcher, fait plusieurs fois la tra- versée de sa cuve et redevient peureux et sensible au moindre choc. Pour un rien il se roule en boule, puis ressort et marche de nouveau. L'autre également paraît moins inerte que tantôt ». Bientôt ils se calment. Le 30 octobre, je note encore, au momeut où je laisse tomber la température, une recrudescence d'activité et de sensibilité des deux Bernards. Tous deux sont plus peu- reux à l'approche. L'organisme se tient sur la défensive, se sentant en quelque sorte menacé par de conditions nocives qui se glissent dans le milieu et l'atteignent. Nous le verrons d'une façon bien plus frappante encore avec les Seiches. Un autre phénomène inattendu, qui ne peut manquer d'attirer l'attention, se produit pendant cette période de régime variable : c'est une interversion de l'activité relative des animaux en expérience. Voici dans un cristallisoir deux Bernards : l'un s'est toujours montré plus agile, plus remuant, plus sensible aux excitations que l'autre. Brusquement, à partir d'une certaine température, une inversion se produit : le Pagure le plus actif devient le plus inerte; le plus engourdi devient le plus remuant et le plus sensible. Exemple : le 29 octobre, de 10 h. 30 du G. MATISSE : C0A'DIT10>S THERMIQUES DE i/aCTIVITÉ 17 matin à 5 heures du soir, l'un des Bernards A était demeuré constamment plus éveillé, plus remuant, de sensibilité plus fine que l'autre B. La température pendant la journée était lente- ment tombée de 9" à 3". Brus(|uemont, à 3" (3 heures du soir), se produit une inversion remarcjuable de l'état physiologique des deux animaux. « 3 h. 30 : Le plus inerte des deux est à pré- sent le plus actif. Il a réussi à se retourner seul (après avoir été mis sur le dos) et il remue les pattes. L'autre est roulé dans sa coquille et inerte à son tour. » A 2", la môme activité et sensibilité relative (réaction faible au contact) subsistent chez B: le même engourdissement et la même inertie chez A. » iMème interversion dans une aulre expérience le 30 octobre. « Celui qui était au début le moins actif des deux fait à présent plusieurs fois le tour de sa cuve, s'accroche au thermomètre, se remet rapidement sur ses pattes quand on le met sur le dos. Les mouvements de l'autre sont plus lents. » Plus tard, on retombe sur les phénomènes que j'ai décrits au commencement : lenteur des mouvements, incoordination motrice, engourdissement, al)olition presque complète de la sen- sibilité, retard dans les réactions. Tandis (|ue les fonctions de la vie de relation sont fortement atteintes et comme suspendues à la longue par le froid, les fonctions de la vie végétative, telles que la respiration, parais- sent indemnes. Les Pagures continuent à respirer normalement, à agiter leurs sca[)hognali(es. On peut laisser le« Pagures long- temps au froid (par exemple vingt-quatre heures), leur vie ne parait pas en souffrir. Remis ensuite, souvent même sans pré- cautions, à la température normale de 15 à 18", les animaux reprennent rapidement leur activité première et leur train de vie habituel, sans paraître avoir souffert de leur long séjour au froid. Il y a une véritable réversibilité de l'action du froid. SEICHES (Sepia o//icuialis) Les Céphalopodes, animaux dont le système nerveux est très différencié, sont très sensibles aux variations physiques et chimi- ques du milieu. Ils expriment d'ailleurs par des réactions variées, par une mimique fort expressive, les perturbations de leur état 18 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 physiologique. L'élude de leur comportement aux diverses températures, et à chaque température au cours du temps, laisse apercevoir plusieurs faits biologiques importants. Tandis que les autres Invertébrés sur lesquels ont porté nos expériences per- daient peu à peu leur activité et leur sensibilité à mesure ([ue s'accentuait le refroidissement du milieu et finissaient par tomber dans un engourdissement complet d'oii l'on pouvait d'ailleurs les tirer, les Seiches meurent brusquement à une température fixe. J'ai suivi les péripéties de l'activité vitale depuis 28" jusqu'à cette température fatidique de 1° où les ani- maux succombent en quelques instants. Températures élevées : A 28°, les Seiches (adaptées à la température de 16 à 17") meurent au bout d'une heure environ. Cependant, en renou- velant très souvent leur eau, on pourrait sans doute prolonger un peu leur existence. Je reviendrai un peu plus loin sur ce point. Voici la suite des réactions observées : Seiche mise à 9 h. 53 dans une cuve à '2S\ le 16 octobre ; température normale : 16 à 17° (suivant les heures de la journée). Au début, agitation assez forte, duc à la brusquerie de la variation thermique (de 16° à 28"). Puis, calme. Ensuite, on observe des phases alternantes d'agitation et de calme : les mouvements sont violents, rarement lents. La Seiche semble chercher à échapper à la cause oppressive. « 10 h. 30 : L'animal semble se démener contre l'invisible ennemi qui l'étreint et la gène. Prompts mouvements de recul assez fré- quents. » Puis l'activité s'affaisse. Légère prostration. « 10 h. 37 : La Seiche parait plus indifférente à l'approche et aux contacts. » Cinquante minutes après le début : inertie. Indifférence com- plète à l'approche et aux contacts (10 h. 45). Un peu plus tard (10 h. 55), elle réagit à un contact, mais il y a un relard très marqué de la réaction : elle n'a lieu que cinq secondes après l'excitation. G. MATISSE : CONOITIOIN'S THERMIQUES DE l'aCTIVITÉ 19 Quelques mouvements spasmodiques et quelques mouvements brusques. Puis les mouvements de la respiration se ralentissent et enfin cessent. La mort est survenue en 1 h. 13 minutes. 26° : 22 octobre (température normale : 1(3"3) ; 23 octobre (température normale : 14"). Agitation violente; nagent continuellement. Les Seiches se tiennent dans une nllUude défensive : l'une ploie et déploie ses bras, change de couleur, se tourne et se retourne; l'autre «a dressé deux bras en l'air et reste dans cette attitude comba- tive. » La respiration est haletante. Je compte 100 battements respi- ratoires le 22 octobre (Seiche petite), 82 et 87 le 23 octobre (Seiche moyenne). Les témoins en ont 58. Il y a donc une véri- table accélération de la fonction. Sensibilité faible. Les mouve- ments saccadés durent un quart d'heure environ (10 à 20 minutes) ; puis l'animal se calme. L'activité motrice et sensitive sont diminuées. La Seiche ne s'enfuit plus quand on la touche. L'oppression est de plus en plus grande et les réactions au contact presque nulles. A cette température de 26', j'estime — sans en être certain expérimentalement — que l'animal finit par mourir au bout d'un temps plus ou moins long. C'est ce qui a eu lieu le 22 oc- tobre avec une Seiche petite et dont l'eau n'avait pas été renou- velée. Mais, ayant été obligé, ce jour-là, d'abandonner mon expérience de bonne heure, je ne sais ce qui s'est passé en mon absence. Le non-renouvellement de l'eau introduit d'ailleurs une cause d'erreur dont il sera parlé dans un instant. Il m"a paru, dans mes recherches, que les animaux petits étaient plus fragiles, plus sensibles aux agents physiques que les gros ani- maux de la môme espèce. Ceci s'explique assez bien rationnel- lement. Outre que la chaleur ou le froid atteignent plus difficile- ment les tissus profonds, en particulier, les ganglions nerveux des gros individus, ceux-ci disposent de moyens de défense plus puissants et plus efficaces que les petits, car leur corps et leurs organes varient comme le cube de leur dimension linéaire, alors que la surface d'attaque ne varie que comme le carré de ces dimensions. L'expérience du 23 octobre a donné lieu à d'autres observa- tions. La température était tombée à 23° pendant que j'étais allé 20 BULLETI.N- DE LA STATIO.\ BIOLOGIQUE d'aRCACIIOiX 1910 déjeuner, le gaz s'étant éteint. A mon retour, la Seiche, qui, à midi, était tombée au fond de sa cuve et ne réagissait plus guère, présentait un état plus actil". Elle avait repris son attitude offensive, tenait deux bras dressés et les autres déployés. En faisant l'épreuve de sa sensibilité, je trouvai une réaction très forte au contact, alors qu'à midi elle était presque nulle. Ainsi — et ce fait, je l'ai constaté bien des fois — un retour momen- tané vers les conditions normales permet à l'organisme de se ressaisir, de se préparer à une résistance plus efficace contre les actions pernicieuses et de survivre parfois là oii, sans cette trêve, il aurait succombé. Je rétablis la température à 2(1° (2 h. 54). L'engourdissement reparait. Il est complet. La Seiche se laisse déplacer sans réagir. Deux des bras, pourtant, restent dressés. A 4 h. 05, l'inertie persiste. Il en est de même à 4 h. 55, 5 h. 25. Pourtant il y a de temps en temps quelques mouve- ments saccadés. « L'état mauvais s'accentue ». A 5 h. 45, encore des mouvements saccadés, puis l'agitation recommence. La Sei- che se déplace continuellement. Il y a à ce moment une varia- lion intéressante de l'activité, qui remonte brusquement. La respiration s'accélère : je compte 100 battements à la minute. « Depuis ce matin, j'ai changé l'eau de la cuve quatre fois : elle était toujours chargée d'excrétions, fort souillée. Je la change une cinquième fois. La Seiche parait mieux. » L'importance de ce renouvellement de l'eau de la cuve aux températures supérieures à la moyenne m'apparait considérable. Il ne suffit pas de maintenir constante l'aération de l'eau où vivent des animaux en y faisant barboter un courant d'air, comme je l'ai toujours pratiqué. La Seiche émet d'autant plus de produits d'excrétion que le bain est plus chaud et ces pro- duits d'autre part sont d'autant plus toxiques que la température est plus élevée. La même chose a lieu d'ailleurs pour les ani- maux aériens vivant dans un milieu confiné et chaud (1). 11 importe donc beaucoup, pour étudier l'action de la chaleur seule, de changer souvent l'eau des animaux en expérience (cette eau étant, bien entendu, portée d'avance à la température voulue). On arrive à les faire vivre à un degré thermique où autrement ils succomberaient rapidement. (1) H. Henriet, Les causes et le mécanisme de l'altéralion de l'air confiné. lievue générale des Sciences, 30 juin 1907, p. 498. G. MATISSE : CO.NDITlOiNS THlîUMIQriiS DK i/aCTIVITIÎ 21 Après le cinquième changement d'eau ((> h. 05), l'animal a l'air mieux portant ; il nage, ouvre et ferme les yeux. L'anima- tion d'ailleurs continue. « L'inertie est bien moindre. La bète s'enfuit maintenant quand on l'approche». A G h. 10, l'animal continue à être agité et à faire des mouvements assez violents quand on le touche. Il ne s'enfuit plus à l'approche. A G h. 40, la sensibilité redevient très faible. La Seiche se laisse de nouveau toucher sans réagir. Elle continue à ouvrir et à fermer les yeux. En un mot, il y a des oscillations bien marquées de l'activité et de la sensibilité. A 7 heures, remis à la température normale, l'animal reprend vie presque immédiatement. Los variations du comportement sont très rapides aux tempé- ratures élevées. Ceci m'oblige à donner, pour chaque tempéra- ture, des indications détaillées et à suivre pas à pas les degrés thermiques, au risque de quelques redites. Aux températures moyennes, au contraire, il n'y a pas de changements apprécia- bles sur de larges intervalles. A 28'^, les Seiches meurent rapidement ; à 26", il peut être possible, avec des précautions, de les maintenir vivantes une journée, au moins les adultes. A 25" et 2^", les Seiches survivent toutes. L'agitation du début est très courte (une demi-minute), ou même fait complètement défaut. Après une période de calme où l'animal réagit bien au contact, on voit l'agitalion commencer : brusques mouvements de recul, manteau fré([ucmnient agité sur ses bords. Les bras sont dressés, prêts à l'attaque. La respiration s'accélère ; je compte une fois (20 octobre, 24°) 94, une autre fois (21 octobre, 25") 100. Le Céphalopode manifeste un véritable malaise et la respiration est irrèguiière. Le 25 octobre (6 =25°), je compte, à quelques minutes d'intervalle, 77 battements respiratoires à la minute, puis 121, puis 100. De temps à autre, la respiration s'arrête. Dans les heures suivantes, on observe une oscillation périodique de l'activilé motrice et de la sensibilité : les phases d'agitation et de calme se succèdent fréquemment. Ainsi, le 24 octobre, pour température 24", je relève dans mes obser- vations les indications suivantes : 3 h. 50 : « Réagit faiblement quand on la touche. » 4 h. 05 : « Réagit assez bien quand on la touche. >) 6 h. 08 : « Quelques périodes d'agitation, suivies de calme. » 22 BULLETLX DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 D'ailleurs, l'animal est plus souvent agité que calme. Le 21 octobre (température 2ô"), la température étant tombée de 4o entre midi et 2 h. 45, la Seiche, après changement d'eau et rétablissement du degré initial, présente plus d'animation que le matin : elle est agitée. Il y a aussi une recrudescence de la sensibilité : la Seiche réagit et s'enfuit dès qu'on l'approche. L'abaissement momentané de température a donc eu, ici encore, un effet salutaire. L'agitation persiste toute la journée. Vers le soir, la sensibilité déjà très bonne s'est encore accrue. L'activité est toujours grande. A 6h.3î3, «l'état général parait excellent». Il semble qu'il se soit produit une adaptation facihtée par le fléchissement thermique. Température : 22°Q\.2t (Température normale, 16"0o) : Il y a encore une légère perturbation physiologique. Elle ne se produit pas tout de suite. Au bout de 5 heures environ, les fonctions se révèlent un peu atteintes. C'est l'extrême limite des températures nocives dans nos expériences (faites au mois d'oc- tobre avec une température moyenne de l'eau pendant la journée de 16 à 17°). A 20°, les fonctions sont absolument normales. Yoici la synthèse de trois expériences, s'étendant chacune sur l'espace d'une journée : 11 n'y a plus qu'une légère agitation au début, au moment du passage de la température de lGo5 à celle de 21-22°. Mais un fait nouveau : la Seiche lance un ou deux jets d'encre. Elle se calme rapidement. A ce moment, l'animal se tient en relation sensorielle très en éveil avec le monde extérieur ; « je m'ap- proche brusquement : troisième jet d'encre... l'animal nage violemment, puis se calme ». La Seiche ne cesse d'ailleurs pas d'être sur la défensive : deux de ses bras sont dressés. On voit bien avec les Céphalopodes la liaison qui existe, chez certains animaux, entre les fonctions de la vie végétative et celles de la vie de relation. D'ailleurs, tanlôt la Seiche nage, tantôt elle reste immobile. Parfois des mouvements violents, « elle projette son corps trois fois en avant, puis en arrière. » La respiration est fréquente : je compte, à 21°, 98 battements respiratoires. Tout le reste de la journée, j'observe une alternative de périodes d'activité et de calme. A mesure que les heures s'écou- lent, l'activité diminue. Dans les phases d'activité, les mouve- G. MATISSE : CONDlTIOiNS THERMIQUES DE l' ACTIVITÉ 23 mcnts deviennent moins forts, plus allongés, puis, peu à peu, plus lents. Ses bras restent en bas. La sensibilité baisse également avec le temps. L'animal est indirférent à l'approche. Il n'est plus qu'en relation sensorielle lointaine avec le monde extérieur. Il arrive même parfois qu'il ne réagit plus quand on le touche. Cependant on constate, d'autres fois, des efforts pour fuir. Jusqu'au bout il y a des regains d'activité alternant avec des périodes de dépression. Dans deux des cas une adaptation a paru se produire à la longue. Pour confirmer le fait, il aurait fallu pouvoir prolonger l'expérience nuit et jour pendant quarante-huit heures au moins, en renou- velant l'eau fréquemment. L'installation dont je disposais ne m'a pas permis d'établir la régulation automatique du chauffage et de la circulation d'eau. Remarque. — Je mentionne ici en passant une expérience unique faite sur un Calmar (Loligo vulgaris) mis à 21° (tempé- rature normale 14'). Le Calmar a été plus sensible que la Seiche à cette faible élévation de température. L'oppression était extrême : l'animal haletait. Un balancement continuel agitait le corps du Calmar, tandis que ses nageoires battaient vivement, La sensibilité était excessive. Au bout d'une heure, je constatai une amélioration sensible. « L'oppression parait avoir disparu. Activité spontanée chez l'animal ; il fait des bonds hors de sa cuve. La sensibilité est très vive. » Quarante minutes après, le Calmar est plus calme, sa sensi- bilité amoindrie, l'oppression très forte. L'expérience n'a pas pu être continuée, le Calmar ayant sauté hors de sa cuve en mon absence, entre midi et 1 h. 1/2. Tenipéralures moyennes : De 20' h 14" environ, il y a une large zone, qu'on peut appeler zone de température moyenne, où les Seiches vivent de leur vie normale. Je n'ai constaté aucune différence sensible dans leur manière d'agir entre ces limites. L'animal ne présente pas d'agitation. Il est très calme, presque toujours immobile (en aquarium). Il se tient en relation senso- rielle avec le monde extérieur. Il est agité à la seule approche 24 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 de l'observateur et s'enfuit parfois. Il s'enfuit toujours quand on le touche, généralement en jetant un flot d'encre. La fréquence respiratoire est comprise entre (ÎO et 70 batte- ments à la minute. On constate fréquemment ici encore une oscillation de l'acti- yité et de la sensibilité. J'indiquerai dans la seconde partie de ce Mémoire une explication possible de ce phénomène. Basses tanpcralures. Elles s'étendent de 12 à 7". De 12' à 10". — 12". D'abord un peu d'agitation. jNiige rapi- dement. Puis l'aniuial se calme. Il prend une attitude défensive : deux bras relevés. L'une des Seiches se recroqueville de fnçon, sans doute, à offrir une surface moindre. Au bout d'un quai't d'heure, l'activité motrice et les réactions à un contact devien- nent faibles. La fréquence respiratoire est diuiinuée : je compte 45 batte- ments à la minute. L'élat reste stationnaire un certain temps. La sensibilité est assez bonne. Au bout d'une heure environ, l'activité semble renaître un peu. Dix minutes plus tard : a Sen- sibilité bonne. L'élat général est certainement meilleur qu'il y a une heure. Les réactions sont plus fortes. Des mouvements spontanés ont lieu, quoique rarement». Il semble qu'il se soit fait une adaptation. L'état persiste ensuite immuable jusqu'au soir. A I0\ les phénomènes sont les mômes, un peu plus accen- tués : nage rapide au début, puis période d'affaissement; au bout d'une heure, l'activité motrice et la sensibilité remontent et se maintiennent ensuite à un niveau qui parait constant. 47 batte- ments respiratoires. 9 à 7". ■ — A ces températures, les Seiches meurent. Elles résistent assez longtemps à 9° : l'une d'elles a résisté de 10 h. 40 à 7 heures du soir (la température était un peu remontée entre midi et 2 heures). A 7°, les animaux périssent rapidement. Je vais rapporter l'histoire des expériences que j'ai faites à ces températures. Ces expériences s'étendent du 17 au 23 octobre. Le 17 octobre, je mets à 11 heures une Seiche dans un cris- tallisoir contenant de l'eau de mer à 8°. Elle venait d'un réser- G. MATISSE : CONDITIONS TlIERJIIQrES DE l'aCTIVITÉ 2o voir à 10°. La première minute et demie, les mouvements sont fréquents, elle nage à reculons. Puis elle demeure tranquille. Trois minutes après le déi^ut elle est inerte, et dix minutes après (11 h. 10) elle jette un flot d'encre et meurt. Seulement, je ne m'attendais pas à cette mort brusque et je mis un certain temps à me bien convaincre de sa réalité. Je l'attribuai à un accident. Le lendemain (18 octobre), je recommençai : je pris une nouvelle Seiche, petite, et je la mis à 6°. Même agitation dans les pre- miers instants : mouvements brusques ; changements de couleur fréquents, efforts de l'animal pour monter à la surface. Quatre minutes après, elle est morte : elle a la tête en bas, les bras préhensifs sortis et fixés au fond de la cuve, un peu d'encre dans l'entonnoir. L'après-midi je fais encore une expérience : je place une Seiche dans un cristallisoir contenant de l'eau à o". Toujours les mêmes mouvements brusques, changements de couleur du man- teau, qui passe du sombre au clair et inversement. Trois minutes après, elle lance un jet d'encre ou plutôt en laisse échapper un peu. Puis, presque aussitôt, immobilité et morL Il n'y avait donc pas à hésiter, les Seiches, aux environs de 7", meurent brusquement. Le lendemain, 19 octobre, je changeai un peu les conditions de l'expérience. Craignant que l'écart de température fût trop considérable et que la variation trop brusque qui en résultait pour l'animal fût la cause de sa mort, je le mis à 10° et je laissai la température s'abaisser lentement. A lO^, je le savais, les Sei- ches survivaient — au moins une journée. Quel effet allait produire un fléchissement progressif de la température ? 2 h. 50. ^ = 10° : La Seiche nage. Elle ne jette pas d'encre. Les bords du manteau s'agitent normalement. Le manteau s'arrête et recommence h onduler. La Seiche nage toujours. Quelques mouvements saccadés. Elle ne cesse de nager. 6 = (^o : Mouvements brusques très fréquents. A mesure que la température baisse, l'agitation augmente. fi = Jo : Un moment tranquille, puis un flot d'encre, et suffo- cation. Ainsi, à 7° exactement, les Seiches meurent brusquement et, chose singulière, c'est toujours après avoir jeté un flot d'encre. A quoi est due cette mort? 26 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 En disséquant l'animal, je m'aperçus que l'entonnoir demeu- rait plein d'un mélange d'encre et de mucus ou d'encre mucila- gineuse qui se dissolvait très difficilement dans l'eau et adiiérait plus ou moins à la paroi interne. Je fis alors l'hypothèse que ce pouvait être ce liquide visqueux qui, obstruant l'entonnoir, provoquait la mort rapide de l'animal par asphyxie. Les premiers essais que je fis pour vérifier cette hypothèse parurent la confirmer. Pour me rendre compte si la cause de la mort rapide de la Seiche était celle que je soupçonnais, je pris une nouvelle Sei- che et je sectionnai son entonnoir, suivant une génératrice, dans toute sa longueur. L'opération faite, je m'assurai que l'animal pouvait vivre dans ces conditions à la température normale. Si ce n'est qu'il se projetait difficilement en arrière, ses fonctions ne parurent nulle- ment altérées. A 3 h. 52, je mets la Seiche opérée à 8°. Elle nage, se pro- jette difficilement en arrière. A 3 h. 55, elle est presque immobile, sauf quelques mouve- ments du manteau ; la tète plus bas que le corps. Dix minutes plus tard, elle paraît morte. Je la retire (4 h. 00) et la mets dans une cuve à température normale (17"). A l'inverse de ce qui s'était produit dans les expériences précédentes, elle reprend vie: les mouvements reparaissent, elle nage — la tète, toujours inclinée vers le bas, présente de nombreux changements de couleur. A 4 h. 55, elle est bien vivante. J'en profite pour la remettre à 8". Après quelques mouve- ments prompts, elle reste immobile quelques instants. Bientôt de faibles mouvements commencent, puis ce sont des mouve- ments plus saccadés, en arrière, accompagnés de rapides chan- gements de couleur du manteau. Assurément, ce sont les manifestations d'un état de malaise. Cette agitation est coupée parfois de petites phases de calme. La sensibilité est exlrème- ment vive, fait que j'ai déjà relevé dans les expériences précé- dentes, sur les Seiches aux basses températures. Un choc que je produis sur la cuve par inadvertance fait sursauter l'animal, (pii s'élève vivement dans sa cuve. A la simple approche du ther- momètre, il fuit rapidement. G. MATISSE : CONDITIO>S THERMIQIES DE l'aCTIVITÉ 27 5 h. 05 : L'activité baisse, la Seiche est immobile. L'inertie persiste. A un contact elle ne réagit pas d'abord, puis soudain, quelques secondes plus lard, deux mouvements violenls, sacca- dés. C'est toujours ce relard de la réaction aux bnsses lempéra- tures, maintes fois relevé. Je laisse de côté les changements de couleur, de plus en plus fréquents, pour arriver à 5 h. 18. La température vient de tomber à 0"5. La Seiche lance un jet d'encre assez abondant. Je la retire et la mets dans une cuve à 15°. De l'encre muci- lagineuse s'échappe avec peine de l'entonnoir; je l'enlève à la main. Puis l'animal étant placé dans un nouveau cristallisoir à 17^», je dégage une seconde fois l'entonnoir complètement. Les battements respiratoires reprennent, le manteau, dont les bords étaient accolés au corps, se soulève, laissant voir les clapets latéraux (ou poches latérales de l'entonnoir). La vie reprend complètement une seconde fois. Le 21 octobre, je voulus répéter l'expérience. Je mis une Sei- che nouvelle à 8" et je laissai ensuite insensiblement la tempé- rature baisser jusqu'à 7°. Comme toujours, agitation violente au début. La Seiche pique des tètes. Elle nage autour de sa cuve en avant et en arrière. Ses bras sont déployés. Puis viennent des mouvements violents, de rapides variations de teinte du manteau. Enfin l'animal rentre sa tète autant qu'il peut dans son manteau, jette de l'encre et commence à asphyxier. Je le retire rapidement et le porte à l'eau à 10"5. J'opère l'enlonnoir. C'est déjà un peu lard. Je pralique alors la respiration artifi- cielle : saisissant les bords du manteau près de l'ouverture pal- léale, j'effectue des mouvemenls rythmiques. Je ramène de cette façon l'animal à la vie en deux ou trois minutes. Au bout d'une demi-heure, il agite un bras et les bords du manteau rythmi- quement. Bientôt après, il est revenu tout à fait à son état normal. C'est un exemple frappant de la réversibilité de l'action du froid opposée aux transformations profondes et durables produites par la chaleur. La mort était-elle donc réellement due au mucus mêlé d'encre venant obstruer les orifices respiratoires ? A 3 heures, je remets ma petite Seiche opérée à la tempéra- ture de 8°, bien décidé à laisser les choses aller jusqu'au bout sans intervenir. J'observe toujours les mêmes phénomènes, 28 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 qu'il est iiiuLile de rappeler (agitation, nage à reculons, puis affaissement de raclivito et de la sensibilité). Au bout d'un certain lemps, la respiration devient difficile. La Seiche Innce de l'encre qui s'échappe difficilement de son entonnoir. Je la laisse. Les mouvements respiratoires ont encore lieu, faibles. A 3 h. 07, la sensibilité au contact est nulle. Un peu d'encre s'échappe de nouveau. A 3 h. 20, la sensibilité et l'activité motrice sont nulles, êeuls, de très légers mouvements spasmodiques rythmiques des extrémités du bras et de légères variations de pigmentation au-dessus des yeux subsistent encore. La respiration semble abolie. A 3 h. 45 (7' 1/2) et à 3 h. 55 (7" 1/2); il ne reste que des variations légères de la pigmentation au-dessus des yeux. Vit- elle encore ? Entre 4 heures et 4 h. 55, je laisse lentement remonter la température à 8", puis à 9°. Mais insensiblement la vie s'est éteinte. A 5 h. 33, je tente un nouvel essai avec une Seiche opérée le 19 et restée bien vivante depuis. Je la mets à 8". Agitation d'abord, puis inertie. Au bout de (|uelques minutes, elle redresse les bras et jette un flot d'encre. Je l'enlève, je la fais dégorger : elle reprend vie dans l'eau à la température normale. A 5 h. 52, je la replonge dans l'eau à S°d. Elle demeure tout de suite inerte, se laisse aller quand on l'agite. Les bras se rejoignent. Au bout de peu de temps, l'animal meurt, ce/le fois sans jelter d'encre. Ce n'était donc pas la cause supposée qui amenait la mort brusque. Celle-ci est due à une paralysie respi- ratoire déterminée par le froid : les fonctions de la vie de nutri- tion sont dans une dépendance beaucoup plus étroite de l'activité nerveuse chez les Céphalopodes que chez les Invertébrés que j'avais jusqu'ici étudiés. Dans une nouvelle expérience, le 23 octobre, je m'efforçai de suivre pas à pas le progrès de cette paralysie respiratoire. A 10 h. 40, je mets une Seiche, prise dans une cuve à 14", dans un bain à 9"5. A 14", elle avait (50 battements respiratoires à la minute. Une demi-heure plus tard, elle respire avec difficulté. Je compte 43 battements respiratoires. Ces mouvements respira- toires sont faibles et peu sensibles. De temps en temps, l'animal G. MATISSE : COADITIOKS THERMIQUES DE L ACTIVITE Z\) est pris de malaise et fait des mouvements de recul. L'activité subit des oscillations. La sensibilité est bonne. L'après-midi, à 2 h. 33, je recommence l'expérience avec le même animal (température, 9"3). Je trouve encore 43 battements respiratoires dans les premiers inslants. Je constate bientôt (3 h. 38) des irrégularités dans la fonction respiratoire : elle se ralentit et faiblit au point de paraître par instant suspendue ; puis soudain elle s'accélère, tandis que l'animal fait un ou deux mouvements en arrière. Puis elle redevient excessivement lenle. Je compte 34 battements, avec des intervalles de suspension. La sensibilité subit, elle aussi, des variations : tantôt l'animal ne réagit pas à un contact, tantôt il réagit. D'ailleurs, à mesure que le temps s'écoule, le relard de la réaction à l'excitation augmente. L'activité, elle aussi, oscille fortement : elle va de l'inertie à l'agitation. Ainsi, à oh. 50, je relève : «Agitation. Elle tourne à reculons autour de sa cuve. — ïèle en bas. — Vifs mouvements». De même à 0 h. 20 avec, en outre, « de vifs mouvements de recul quand on la touche. » A 0 h. 40, inertie complète. En même temps, l'activité respi- ratoire a bnissé, les mouvements sont lents et faibles. Je ne trouve plus que 27 battements respiratoires à la minute (Tem- pérature maintenue entre 9"o et 8"o). Puis toute activité fléchit de plus en plus. A 7 heures, l'inertie est presque absolue. Je retire la Seiche et la mets à la température normale (14"). Llie reprend vie quelques ins tan f s et meurt après. Ainsi à 9\ 9'3, quand l'action du froid s'est exercée au delà d'un certain laps de temps, les effets sur la Seiche demeurent irrémédiables, l'animal meurt, même s'il est ramené à la tempé- rature normale. Tableau du nombre des battements respiratoires des Seiches en fonction de la température Je donne dans le tableau suivant le relevé du nombre des batte- ments respiratoires par minute, à chaque température. On verra que ce nombre diminue en môme temps que la chaleur. Les irrégu- larités proviennent, en général, de l'abaissement de la tempéra- 30 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 ture des bassins où vit la Seiche, le jour de l'expérience. Elles peuvent avoir pour causes aussi des différences individuelles ou des oscillations physiologiques qui se superposent à l'action thermique. Mais, sur l'ensemble des nombres recueillis, on voit très bien l'allure du phénomène. Les nombres inscrits à la snite les uns des autres, sur une même ligne horizontale, se rapportent aux résultats trouvés sur un môme animal, à différents instants de l'expérience. Ils se suivent dans l'ordre chronologique. Les nombres qui ne sont pas sur la même ligne horizontale indiquent ceux qui ont été relevés sur des animaux différents dans des expériences différentes. Température : fj Nombre de battements respiratoires par minute Température no de l'eau ■maie 28 (?) 72 17" 26 ( 100 ( 57 _ 82 - 87 - 100 , 17° 1 140 _ 15° 23 ^ 99 l 77 - 121 - 100 i 16"5 24 94 17" 22 72 — 07 16"5 98 16-5 - -17° 21 ' 103 — 117 iC'cst une Seiclie qui ) 14' 74 vient d'être tirée de 14°). 20 17° 77 -80 17° 17 76 50 (Animal malade : manteau déchiré 1. 17" 17° 16 63 66 — 63 ( 16° 14° 14 69 ' 58 < :i: 12 45 14° — 15° 10 47 17° 9 43 — 43 — 34 14° — 15» 8,5 27 puis décroît jusqu'à quelques battements, avec de grandes ir- régularités (suspension, puis reprise momentanée assez ra- pide, jusqu'à ce qu'il y ait para- lysie et mort. 14° — 15° G. MATISSE : COiNDITIOAS THERMIQUES DE l' ACTIVITÉ 31 NEREILEPAS FURGATA Ce sont des Annélides qui vivent habituellement dans les coquilles habitées par des Bernards. Elles sont commensales de ces Crustacés. Rarement elles quittent leur demeure, môme lorsque l'on a arraché le Pagure de sa coquille. Pour les avoir, on est obligé, en général, de casser la coquille. Cependant, aux températures élevées, on les voit, inquiètes, sortir la tète, par- fois même abandonner complètement leur tanière. La Nereilepas furcata suit avec une docilité et une régularité admirables les variations qu'on impose à la température. La met-on à 3"b — G", elle contracte son corps, serre ses parapodes les uns contre les autres, s'immobilise. Placée à 20", le corps s'allonge ; l'animal sort de sa léthargie, se met à ramper en ondulant. Et les phénomènes recommencent aussitôt qu'on ramène l'organisme à basse ou à haute tempéra- ture. C'est, d'ailleurs, une espèce très eurytherme. A Sr, la Nereilepas vit. Son activité est bonne. Elle s'apprête toutefois à sortir de la coquille où elle se cache (c'est une coquille de Gastéropode quelconque habitée normalement par un Bernard). Comme j'essaie de la saisir, elle rentre avec une vivacité extrême. Elle reste plus d'une heure et demie ainsi. Au bout de quatre heures environ, la température a baissé jusqu'à 25". La Nereilepas vit. Son activité est bonne. Elle sort de temps en temps la tête de la coquille oii elle cache son corps. A S0\ une Nereilepas a pu vivre toute une journée et rester en bon état de santé. La température avait même monté et était demeurée pendant trois quarts d'heure à 32". Le soir, l'Annélide rampait avec agilité. En suivant d'une façon continue pendant une journée le com- portement de trois Nereilepas à 3(>, on constate des différences individuelles ; certains individus supportent bien cette tempé- rature ; d'autres semblent éprouver, après un temps assez long, un commencement de paralysie. Voici le résumé des observations : Au moment de la variation brusque de température (de 17 32 BULLETIN DE LA STATIO.N BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 à 30') : agitation violente. Denx minutes après, arrêt, immo- bilité. Six à dix minutes plus tard et pendant plusieurs heures : Alternances de mouvements tantôt légers, tantôt violents, et de périodes d'arrêt. Les mouvements spontanés ou provoqués sont rapides et de courte durée. Le corps des animaux est très allongé, les parapodes écartés. La sensibilité reste bonne pendant de longues heures. Elle parait même s'exagérer. Longues périodes d'immobilité coupées de temps en temps par des mouvements spontanés. Au bout de 3 h. Ib, l'activité spontanée est rare. Les mouvements provoqués par excitation sont d'une durée de plus en plus courte. Puis les différences individuelles s'accentuent. Tandis que l'activité de A est faible, G s'est complètement adapté à cette température de 30". 25\ — L'activité est très bonne. Aussitôt mis dans la cuve, l'animal s'étend de toute sa lon- gueur et se met à ramper autour de sa demeure. Il essaie de grimper aux parois, mais n'y parvenant pas, il renonce bientôt à sa tentative et recommence à suivre assez activement le pourtour du fond. J'ai été témoin pendant cette expérience d'un phénomène assez frappant, qui montre bien l'indépendance relative d'action des diverses parties du corps de la Nereilepas. A 4 h. 10, la petite Annélide a voulu pénétrer dans la coquille d'un Bernard A qui vivait dans le même cristallisoir qu'elle, à 25°. A se défend furieusement contre l'envahisseur. Il saisit la Néréide avec une de ses pinces et la tient ainsi éloignée de lui un certain temps. L' Annélide, aussitôt libre, cherche de nouveau à pénétrer et le Bernard recommence. Enfin il déchire un seg- ment de la queue qu'il tient dans sa pince gauche, tandis que, de son autre pince et de toutes ses pattes, il s'efforce de retenir, d'arracher l'autre partie de la bête qui s'insinue. On ne voit plus la Néréide, immobilisée sous sa coquille. 4 h. 30 : x\ a eu le dessus. La Nereipelas a été brisée en trois tronçons qui sont jetés de côté. Celui de la tête cherche encore, avec une ténacité incroyable, irrésistible, à s'introduire dans la coquille du Bernard. A 4 h. 35, le tronçon antérieur de la Nereilepas s'est bel et bien introduit dans la coquille, non pas de A, en éveil et sur la G. MATISSE : CONDITIONS THERMIQUES DE l' ACTIVITÉ 33 défensive, mais d'un autre Bernard B qui, assez engourdi et rentré lui-niènie dans sa coquille, s'est laissé faire. Le parasite semble d'ailleurs réveiller un peu B. L'Annélide a une tendance à se tenir dans la concavité des objets solides ronds, à s'appuyer sur eux sans vouloir les quitter, quelle que soit l'orientation de ces objets. Ainsi, j'avais placé une Nereilepas dans un tout petit cristalli- soir de 0 centimètres de diamètre environ : elle rampe avec agilité sur le fond en décrivant la ligne du périmètre. Parfois elle s'arrête, puis plus tard reprend sa marche. Ouand on essaie de la sortir de là, sous l'eau d'une cuve, elle résiste, s'efforce de rester collée au fond de la petite capsule de verre comme à une coquille. Pourtant celle-ci est transparente ; il semble donc que l'animal soit guidé uniquement par la sensation continue du contact d'un corps solide et par celle de courbure concave. 5 h. 08 : « Je plonge la petite cuvette de verre dans un grand bocal, en la tenant verticale. J'espère ainsi amener l'Annélide à quitter spontanément son abri. Il n'en est rien. La Nereilepas tourne autour du fond de la petite capsule de verre verticale, en suivant la circonférence du fond, mais ne passe pas dans le grand vase. » Un instant la tète quitte le fond et s'approche du bord de la capsule, mais bien vite l'animal reprend sa position première. Il agite ses parapodcs. ri h. 15 : » L'Annélide forme toujours une demi-circonférence sur le fond du petit cristallisoir. Tantôt elle s'arrête, tantôt elle rampe très activement. o h. 16 : » Elle s'est retournée tète contre queue et a changé son sens de rotai ion. Elle décrit des circonférences verticales continuellement. Activité très bonne. » Elle continue ainsi à ramper : le corps est parcouru par des ondes d'élargissement qui se propagent d'avant en arrière. Les parapodes sont écartés et s'agitent. Parfois, tout le corps ondule. La sensibilité est très fine. Le léger contact d'un porte-plume en bois provoque un brusque mouvement de recul. b = 3°. — « A o h. 40, je plonge la Nereilepas avec sa capsule dans l'eau à 3". Elle a reculé. Elle s'est beaucoup raccourcie : d'un peu plus d'une demi-circonférence quelle occupait, elle n'a plus 34 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACIION 1910 que la longueur d'un tiers de circonférence. Agitation violente. Elle sort de son petit cristallisoir et se tord en tous sens. Le dos est en has; elle s'agite toujours. o h. 42, 0 = 3° : Toujours des mouvements de contorsion de tout le corps. Elle est toujours renversée, le ventre tourné vers le haut, la tète plus hasse que la queue. Dans les minutes sui- vantes, Tnclivité fléchit rapidement. A oh. oG, elle est tomhée presque à zéro. A 6 h. 17, je fais l'épreuve de la sensihilité, je touche la Néréide avec un porte-plume en bois : aucune réaction. Je la touche plus fort (plus fort qu'à 18" 1/2). Absolument rien. La sensibilité est nulle ou peu s'en faut. A G h. 20, activité nulle; sensibilité presque nulle. A G h. 23, je fais la contre-épreuve : je retire la Nereilepas du bain à 3' et je la plonge dans un cristallisoir contenant de l'eau à 18". Tout d'abord, aucun mouvement : elle reste inerte. A 6 h. 28, faibles mouvements de la queue; ensuite, immo- bilité. Puis, peu à peu, de G h. 30 à G h. 40, l'activité reparaît progressivement : d'abord par des mouvements de la queue, puis par des contorsions de tout le corps, d'abord lents, puis vifs et accompagnés de contractions; enfin des déplacements. Le tout coupé de phases d'immobilité. A G h. 45, l'état normal reparait tout à fait. Le soir, à 9 h. 40, à 17", je trouve la Néréide en très bon état. Elle est très agile, rampe rapidement sur le fond. Son corps est très étendu. La sensibilité est extrêmement forte. A peine la touche-t-on qu'elle fait un mouvement de fuite. La réversibilité des effets de froid est complète. Basses températures : \p : 28 octobre. Mise à 9", la Nereilepas rampe d'abord lente- ment, avec une tendance à raccourcir son corps le plus possible, à le recroqueviller. Au bout de vingt-cinq minutes, elle essaye d'entrer dans la coquille d'un Bernard qui se trouve là et qui la laisse faire. Mais je l'en empêche pour continuer à l'observer. Elle reste assez inerte, remuant vaguement et rampant très peu. A 5 h. 35, je ne vois plus l'animal. Il a réussi à se glisser dans la coquille du Bernard qui se trouvait là. G octobre, 6" : Au moment du passage à cette température. G. MATISSE : COiNDlTIOA'S THERMIQUES DE l'aCTIVITÉ 35 l'Aimélide se contracte et serre ses parapodes les uns contre les autres. Au bout de quelques minutes, les mouvements cessent. 0 octobre. A 3°5, la Nereilepas est absolument inerte. La sen- sibilité est nulle comme l'activité : elle ne réagit pas à des contacts répétés. Nota. — La réversibilité de Faction du froid est parfaite : l'animal, remis à 20", récupère presque aussitôt l'état normal de ses fonctions de relation. ARÉNICOLES DES PECHEURS (Arenicola piscatorum) Ces Polycliètes vivent normalement dans le sable vaseux. Comme il est impossible de les observer dans ce milieu, c'est-à- dire dans leurs conditions ordinaires d'existence, j'ai procédé avec eux comme avec les autres animaux marins : en les plaçant dans un cristallisoir contenant de l'eau de mer. Mais en grande eau, ces animaux ne paraissent pas survivre indéfiniment. Je ne puis donc indiquer quelle est la température mortelle pour ces Vers, car ils meurent à toute température, à la longue. Tout ce que je puis dire, c'est qu'à34o-32°, toutes les Arénicoles péris- sent en moins de trois heures et demie, tandis qu'à 26° ces animaux, au bout de dix-huit heures, étaient en mauvais état ou morts. Il en était d'ailleurs de même des témoins placés à une température de ll)-âO°. Hautes températures : 34° : Agitation au moment de la brusque variation thermique. Puis, 40 minutes après environ, l'activité motrice et la sensi- bilité diminuent. 2 h. 30 après le début de l'expérience, ces fonctions sont presque totalement nulles. Plus tard, les animaux sont flasques. Inertie complète, insen- sibilité absolue. Enfin, mort. A ce moment, tes témoins sont très remuants et leur sensibi- lité demeure excellente. A 32°, ce sont sensiblement les mômes apparences : agitation initiale suivie d'une baisse de l'activité. Pourtant, de lents mou- yO BULLl'TI.N UE LA STATIOA' BIOLOGIQUE u'aRCACIIOA 1910 veinents réguliers persistent plusieurs heures. La sensibilité, qui s'était maintenue assez bonne, est déjà en baisse après une heure. Mais elle paraît subir des oscillations, car un quart d'heure plus tard elle a remonté et je la trouve sensiblement égale à celle des témoins. Au bout de 3 h. 30, les Arénicoles sont mortes ou sur le point de mourir. X 28-20" commence un second stade du comportement : l'Aré- nicole, après avoir présenté une phase d'agitation au début, pen- dant laquelle le corps se tord en tous sens et la trompe sort et rentre constamment, suivie d'une phase de ralentissement des fonctions, commence au bout d'une demi-heure à s'adapter au milieu. Après une heure, l'adjqjlalion est complète. L"élat est bon, les mouvements fréquents, la sensibilité excellente. Cet état persiste pendant les heures suivantes. Le 13 octobre, trois Arénicoles ont élé maintenues pendant 18 heures de suite à la température de 26". Les observations sont très longues et d'ailleurs se répètent. J'en indique les traits principaux. 'Le choc d'entrée est particulièrement violent pour lune d'elles A, qui fait six fois le tour de la cuve en se tordant, dans l'espace d'une demi-minute. Puis un peu de calme survient cinq minutes après. Ensuite, les mouvements reprennent et se continuent, avec des alternatives diverses pendant de longues heures. Ce sont tantôt des oscillations rythmiques de l'avant ou de l'arrière-train du corps, tantôt des déplacements. Ce qui a été particulièrement frappant dans cette expérience, ce sont les variations oscillatoires de l'activité et de la sensibi- lité. Des notes prises sur le vif, je détache le passage suivant : « 3 h. 35 : Les Arénicoles remuent d'une façon assez régulière, pas plus vite que les témoins. y 3 h. 45 : L'une des Arénicoles, A, vient de faire de véri- tables sauts dans l'eau. Elle a bondi et s'est tordue six ou sept fois sur elle-même. Maintenant elle continue à se déplacer. »3 h. 55 : Elle recommence ses bonds, traçant dans l'eau des courbes, des volutes perpétuelles et se tordant et se déplaçant constamment. Les autres, tout en remuant, restent à la môme place. A n'y reste pas deux minutes. » 4 heures : A reste un peu tranquille. G. MATISSE : COiNDITIOiNS THERMIQUES UE L ACTIVITE «3/ » B qui s'était tenue calme jusqu'ici commence à se tortiller comme A; elle fait les mômes mouvements, moins violents. » 4 h. 13 : Les trois Arénicoles sont calmes. Elles remuent doucement et assez régulièrement en restant à la môme place. » 4 h. 50 : A et B se déplacent toujours, quoique moins acti- vement. Elles se tordent doucement ensemble, presque syn- chrones. » 5 heures : B recommence à se tordre activement. » A fait de nouveau des mouvements, quoique moins vifs que B. — Elles sont séparées. C s'agite aussi, mais plus lente- ment, à peu près comme les témoins. » 5 h. 30 : Toutes les trois remuent doucement et réguliè- rement. Toute activité de surcroît est tombée. » Ensuite viennent des mouvements lents et réguliers du corps, accompagnés de lorsions. Puis l'activité tombe chez les trois Arénicoles . elle est nota- blement inférieure à celle des témoins. La sensibihté est faible chez A et B, surtout chez A. Elle est bonne chez G. Au bout de dix-huit lieu res (lendemain matin à 8 h. 30) C est morte; les deux autres sont engourdies et en mauvais état, mais vivantes ( A et B ne sont mortes que vers o heures du soir dans la cuve à 24" où je les avais mises. Leur survie à 26-24" en pleine eau, a donc été de vingt-six heures.) A :^4", ce sont les mômes phénomènes. Agitation au début (un peu moins forte qu'à 26") qui se fond en une activité assez forte. Celle-ci, à son tour, diminue insen- siblement en se rapprochant lentement de la normale, mais res- tant supérieure. La sensibilité est, en général, très forte. Elle présente toute- fois des oscillations, passant de la presque inertie à l'hypersen- sibilité (celle des témoins est plus constante). Durant toute la durée de l'expérience, je constate des oscillations de l'activité molrice et de la sensibilité, les variations de ces deux fonctions étant d'ailleurs indépendantes l'une de l'autre. L'état d'activité semble, au bout de sept à huit heures, demeu- rer stationnaire. Il est assez bon. 38 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 Températures moyennes : 20 à 15' : Le bon état persiste jusqu'à la fin des expériences. Les mou- A^ements sont fréquents, entrecoupés de poses. Tantôt l'animal remue doucement et rythmiquement ou bien se déplace lente- ment; tantôt il fait de vifs mouA-ements, se tord, s'agite, en proie aune véritable surexcitation; tantôt enfin, il demeure pendant un temps immobile. En un mot, l'activité présente des A^ariations dans le temps. La sensibilité est bonne, l'animal réagit vivement à un contact. Cette fonction présente aussi des oscillations, mais bien plus légères que l'activité. L'une des Arénicoles est morte après dix-huit heures et demie de séjour dans l'eau (cause : ?). Basses températures : A 5", les mouvements sont très ralentis ; la sensibilité au contact presque nulle. SIPONGLES {Siponculus nudus) Je n'ai fait que peu d'observations sur ces Géphyriens. Je les donne à titre d'indications générales. Températures élevées : 6 = 26". C'est d'abord, comme toujours, l'agitation initiale causée par la brusque variation thermique (animaux pris à 18"), Puis les animaux se calment. Leurs mouvements sont lents, mais continuels : ce sont des torsions très prolongées, des pro- jections et rétractions de la trompe. L'un des Siponcles A a une activité bien supérieure à l'autre B qui reste dans la première heure (sauf au début) presque immo- bile. Plus tard pourtant (après une heure et demie) B reprend de l'activité ; il s'enroule sur lui-môme, arrive môme à se nouer ; il se dénoue une minute plus tard. Ensuite A et B ont la môme activité : ils sont très calmes, mais en très bon état et semblent s'ôtre adaptés. A 6 heures, la température ayant fléchi de deux degrés, je la remonte à 25" d'abord, puisa 20°. Ce léger exhaus- sement de température fait remonter aussi l'activité des deux G. MATISSE : CONDITIONS THERMIQUES DE INACTIVITÉ 39 Siponcles. A 6 h. 40, « les mouvements ont repris, sans agita- tion, mais fréquents et réguliers ». L'activité est à présent plus grande que chez les témoins. En résumé, les Siponcles supportent bien la température de 20°. Mais leur activité générale est moindre que celle des témoins. Tenpératures moyennes : 0 = 17". De lents mouvements presque continuels. Le trait saillant du comportement à cette température est une alleniance très marquée de périodes d'agitation et de calme relatif. Ainsi, à 3 h. 08, un des témoins s'agite démesurément, fait des courbes continues en se tordant tout autour de la cuve. Cela dure deux minutes et demie. Puis le calme survient. Il dure jusqu'à 3 h. 50. A ce moment, nombreux mouvements. A 4 h. â3, l'un des Siponcles remue lentement, tandis que l'autre recommence ses torsions et ses sauts à travers la cuve. Puis il se calme. A 4 h. 45, nouvelle agitation violente du môme. Plus tard, les mouvements deviennent plus rares. Au soir tombant, au moment où j'allume le gaz, je constate une action excitatrice de la lumière, au moins momentanée (sensibilité différentielle) . Basses températures : 0 = 10'\ Contraction au début. L'animal tombe dans un état d'engourdissement de plus en plus profond : l'un des Siponcles tire encore à demi sa trompe, très lentement, l'autre est immo- bile. Au bout de une heure environ, les deux individus sont inertes : la trompe elle-même ne remue plus. La sensibilité est nulle (l'animal ne réagit à aucune excitation). Un des Siponcles est retiré de la cuve à 10° et mis dans l'eau àlT^S. Ses fonctions reparaissent presque intantanément. L'autre est laissé dans l'eau froide jusqu'au lendemain matin. Il est inerte, mais vit encore. Il y a une réversibilité complète de l'action du froid (10). MOLLUSQUES J'ai fait, pendant le dernier tiers d'octobre, un certain nombre d'observations sur le comportement de quelques Mollusques 40 BULLE niV DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 marins à diverses tempéralures. Les obsêrvalions ont porté : sur un Gastéropodc commun à Arcachon : Haminea uavicula (Fis- cher) et sur deux Lamellibranches : Cardium Edule et Pecton- culus Glycimeris. Les réactions de ces êtres sont simples, peu variées. Elles ne laissent voir que les grandes lignes des actions physiologiques. C'est à la fois un avantage et un incon-^énient. HAMINEA NAYICLLA {BulUdœ) 0 = 28" et 0 = 20". Fortes contorsions au moment du choc thermique (température normale, 1G°); les animaux tordent leur corps à droite et à gauche ; l'un en arrive à rouler sur lui- même en se tordant. Cinq à sept minutes après, les mouvements cessent. Les Haminea sont tout à lait immobiles à 28°; ils remuent encore très lentement à 25 . La période suivante (un quart d'heure à une demi-heure après le début) est calme : les animaux, lentement, ploient ^t déploient leur corps. La sensibilité au contact est assez bonne. Puis, l'activité spontanée et la sensibilité remontent à un degré plus élevé. L'état est très bon. Les Haminea se tournent, se déplacent; elles laissent à ce moment échapper force mucus. Une phase d'immobilité succède à cette période d'action el, pendant les heures qui suivent, il y aura une sorte de balance- ment de l'activité, une alternance d'immobilité et de mouve- ments. Avec le temps, cependant, les mouvemenls deviennent de plus en plus lents. La sensibilité se révèle amoindrie : les réactions au contact sont très faibles ou nulles. J'ai même constaté, le 25 octobre, à 25°, un état des animaux plus mauvais d'apparence que celui des Haminea placés la veille à 28'. Ainsi, à 25", au bout de 3 heures à 3 h. 1/2, je trouve les animaux, recroquevillés, immobiles, un peu durs au tou- cher. 11 est vrai que, la veille, les Mollusques avaient traversé une période analogue; mais l'expérience avait été poussée plus longtemps et vers la fin (au bout de (5 h. 1/4) la sensibilité était redevenue presque moyenne : les Haminea réagissaient au contact, pourvu qu'il fût répété (deux fois, parfois trois fois). Hemises à 1(1', les Haminea remuent lentement (au bout de cinq G. MATISSE : CONUITIONS TllEH.MIQUES DE L ACTIVITE 41 minutes). La sensibilité revient : un seul contact suffit à les faire réagir. L'activité spontanée reparait aussi. A 2t\ ce sont encore les mêmes apparences, mais plus atté- nuées : ainsi la période d'excitation du début, précédant la phase de calme, dure quarante minutes au lieu de cinq. Températures )noye)ines : /.> à 17'. Les Haminea, en général, demeurent immobiles; parfois de lents mouvements. Ces êtres sont peu actifs. La sensibilité mesurée par la réaction au contact est assez faible. Le 25 octo- bre, à 3 h. o5, j'ai observé sur six Haminea une variation assez notable de l'activité et de la sensibilité : toutes deux ont augmenté. A ce moment, la mer était pleine. Y a-t-il quelque rapport f II faudrait faire des observations systématiques sur ce point. Basses tempèralures : 12\ — Mouvements très lents. Les animaux ploient lentement leur disque céphalique et restent longtemps tordus de côté. Les réactions au contact sont très faibles et présentent un retard. L'état ordinaire est l'immobilité, l'engourdissement. A 8", la sensibilité esta peu près nulle. Après vingt minutes, le disque céphalique et le corps tout entier se recroquevillent; l'animal se roule en boule. Limmobilité absolue n'a pas lieu un seul quart d'heure: des mouvements infiniment faibles et lents persistent. Un instant, après deux heures d'expérience, les mouvements s'accentuent chez l'une des Haminea. Elle se tord et se renverse. Puis, à partir de ce moment, c'est l'immobilité à peu près totale. A 2"d, immobilité absolue. « Toute activité spontanée est abolie. La sensibilité au contact n'est pas absolument morte. Quand je touche les Haminea deux ou trois fois de suite (contact assez fort), elles se recroquevillent légèrement ». Remises dans une cuve à 10", « les Haminea, au bout de deux à trois minutes, remuent, s'étendent, se retournent. » Un seul léger contact suffit à les faire réagir. En un mot. il y a réversibilité parfaite de l'action du froid. 42 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 GARDIUM EDULE 28°. — Restent fermés dix minutes. Puis s'ouvrent un peu et continuent à s'ouvrir avec une extrême lenteur. Au bout de 3 h. 1/2, l'un des individus est très ouvert, l'autre fermé. Ensuite, les Cardiums présentent des alternatives d'ouverture et de fermeture, qui s'accomplissent d'ailleurs avec des mouve- ments très lents. La sensibilité est bonne. A 25", les animaux s'ouvrent lentement; leur sensibilité et leur activité restent bonnes plusieurs heures, puis ils tombent dans un état d'engourdissement qui est, en somme, leur état normal aux températures moyennes. Tempêi'al lires moyennes : 15 à 17\ Les animaux s'ouvrent plus ou moins largement et restent immobiles dans un état d'épanouissement. Le siphon est sorti. A un contact ils réagissent en se fermant. En somme, aux températures moyennes, l'activité et la sensi- bilité sont faibles. Températures inférieures : () = 8° : Demeurent strictement fermés tout le temps. 0 = 2" : Demeurent strictement fermés tout le temps. Replacés à 10°, les Cardiums commencent à s'ouvrir au bout de deux à Irois minutes. Leurs réactions sont bonnes: un léger contact les fait fermer. PEGTONGULUS GLYGIMERIS 6 ^ 28° : Reste longtemps fermé (plus d'une heure). Au bout de 3 heures, s'ouvre légèrement. Puis se referme et reste ainsi tout le reste du temps. En somme, il demeure presque constamment fermé. K25, il s'ouvre très lentement, continue et reste ouvert. La sensibilité est bonne (se referme après un seul contact). Si l'on fait monter la température de 1 ou 2°, il se referme strictement (mécanisme de défense). Remis à 23", il s'ouvre de G. MATISSE : CONDlTlOiV'S THERMIQUES DE l'aCTIVITÉ 43 nouveau après un temps assez long. Au bout de 7 h. 1/4 d'expé- rience, il vit et réagit bien. 16\ — Les Pectonculus sont entr'ouverls et restent immo- biles dans cet état. ASTERIAS RUBENS A 21°, l'Etoile de Mer grimpe très rapidement le long de la paroi et se rapproche de la surface. Ses ambulacres sont agiles de mouvements continuels. Sensibilité bonne. Plus tard (au bout de 5 heures à 5 h. 1/2), l'activité devient moindre : les ambu- lacres ne remuent plus tous, comme le matin; beaucoup sont au repos. Aux températures voisines de /.5", l'Astérie grimpe encore le long de la paroi. Elle réagit bien au contact. Son activité reste très bonne pendant toute la durée de l'expérience et sa sensi- bilité aussi. Dans une eau un peu plus froide, à 12\ le comportement a déjà beaucoup changé : l'Astérie, tout à l'heure si vive, à tem- pérature normale (15° à 16°), demeure au fond, lève très lente- ment un de ses bras contre la paroi du cristallisoir et reste ainsi. Elle réagit un peu au contact. Le froid la plonge dans une sorte d'engourdissement: elle reste au fond de la cuve. Au bout de 6 heures, elle est recroquevillée. Pendant tout ce temps, elle ne cesse jamais de réagir au con- tact, mais lentement, lentement. Elle est bien portante à la fin de l'expérience. DEUXIEME PARTIE Dans la première partie de ce mémoire, prenant une à une les diverses espèces animales o])servées, j'ai décrit, à chaque température, leur comportement. Les variations qu'éprouve l'activité motrice des animaux, et leur sensibilité à mesure que changent les conditions thermiques ont ainsi apparu avec clarté. On a dû être frappé, à la seule lecture des observations rap- portées, de la fréquence singulière de certains faits. On les retrouve chez les Annélides et les Céphalopodes, les Anémones et les Pagures, les Gastéropodes et les Echinodermes. Ces faits généraux doivent avoir une valeur biologique particulière. Je veux à présent les mettre en lumière. En les énonçant, je rap- pellerai, pour les appuyer et les préciser, quelques-uns des cas où ils ont été relevés. Cette seconde partie est, comme la première, basée sur des faits. Je ne m'abstiendrai pas pourtant d'en proposer parfois une interprétation. Un travail scientifique est-il complet si l'au- teur se borne à relater des phénomènes isolés, sans chercher à les rattacher entre eux ou à d'autres faits? I. — Au premier plan et en pleine lumière, s'imposant à l'atten- tion par sa constance et sa régularité, se détache un phénomène toujours présent dans nos expériences et qu'on n'a pu manquer de remarquer en lisant ce mémoire. Je veux parler de l'oscilla- tion dans le temps de la sensibilité et de l'activité motrice des animaux. Bien que ce phénomène rende les êtres vivants diffi- cilement comparables à eux-mêmes, on ne peut songer à l'éli- miner : il constitue une des principales différences entre la Biologie et la Physique. Il semble que la vie soit un phénomène périodique, s'exprimant par une fonction alternativement crois- sante et décroissante. Et si l'on songe que les fonctions organiques comme la respi- ration, la circulation, la digestion sont elles-mêmes des phéno- G. MATISSE : C0M)IT10AS TUlillMIQUES 1)1': L ACTlVlTIi 4o mènes périodiques, on ne s'étonnera pas que l'aclivité de relation, qui s'est greffée sur les premières et en forme comme le prolon- gement et l'auxiliaire, renferme aussi en elle ce caraclèrc rythmique. Dans la vie active et sensible des êtres supérieurs, des Mammifères par exemple, et plus encore des Reptiles, ce caractère particulier se retrouve. Chez l'homme, c'est un rythme nycthéméral, le repos de la nuit succédant à l'activité du jour. Pour beaucoup de peuples môme, le rythme est plus fréquent : l'activité journalière est coupée par une ou plusieurs siestes. L'attention présente à un plus haut degré encore ce caractère oscillant : elle est sujette à des fluctuations perpétuelles, elle est essentiellement discontinue, coupée de phases de repos ; elle s'évanouit et renaît. Chez les chiens et les chats domestiques, chez les fauves à l'état sauvage, l'activité va aussi par bonds : le museau entre les pattes, ils dorment quelques heures, puis s'en vont rôder, quérir leur nourriture, et recommencent leur somme. Au bord des fleuves, les Sauriens mènent une vie paresseuse, de temps à autre interrompue par la chasse. On peut se demander si l'oscillation de l'activité motrice et sensitive observée chez les Invertébrés n'est pas due, elle aussi, à des périodes de repos ou de sommeil qui viennent, à des intervalles assez courts, interrompre la série des manifestations de la vie de relation. Elles seraient occasionnées par l'épuisement rapide des réserves contenues dans les centres nerveux. Ces réserves, en quantité très faible, auraient besoin d'être recons- tituées. Ou bien encore, l'oxydation, lente et minime chez les animaux à sang froid, les Invertébrés marins surtout, ne per- mettrait pas un emploi intensif, une utilisation continue et prolongée des matériaux dont les transformations chimiques sont la source de l'activité nerveuse et musculaire. On n'a guère étudié jusqu'ici la question du sommeil des Invertébrés. Peut-on môme parler d'un véritable sommeil pour ces êtres? Le sommeil est caractérisé par la rupture des relations normales qui existent entre les fonctions sensitives et motrices et la vie supérieure de l'esprit, le monde des associations psychologiques, par un déran- gement aussi du mode ordinaire d'organisation de nos pensées. Le sommeil proprement dit, au sens où nous l'entendons d'ha- bitude, suppose donc un véritable cerveau, pourvu de sphères d'association, ou de centres de fonctions qui en tiennent lieu. Il 46 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE u'aRCACHON 1910 n'existe sans doute que chez les Vertébrés, peut-être même chez les Vertébrés supérieurs seulement. Mais chez ceux-ci eux-mêmes, quelque chose peut nous donner une image de l'état où se trou- vent les Invertébrés pendant les périodes de pseudo-sommeil dont nous parlons. Pendant que nous dormons, tandis que l'esprit, coupé du monde extérieur, s'assoupit ou divague, les centres sensitifs et moteurs corticaux, les noyaux gris de la substructure du cerveau, ceux de la moelle, les ganglions ner- veux divers se reposent eux aussi. Le seuil de leur sensibilité se trouve exhaussé ; leur activité est amoindrie. Pourtant ils ne sont pas clos au monde extérieur ; ils conservent des relations avec lui. Si une excitation assez forte vient les assaillir, elle est ressentie ; une attitude pénible des membres, une sensation douloureuse ou très forte est perçue dans le sommeil : la position du corps est modifiée d'une façon réflexe. Les centres ne sont donc, durant la période de repos, ni totalement inertes, ni abso- lument insensibles. Ressemblance frappante avec l'état observé chez les Invertébrés pendant les phases d'engourdissement où ils tombent périodiquement. Leur activité n'est pas nulle, mais elle est difficile à mettre en branle ; leur sensibilité n'est pas éteinte, mais son seuil est très élevé. Quoi qu'il en soit, l'existence d'un état somnoïdal (inertie, tor- peur, vie ralentie), à phases courtes et fréquentes, explique seule les singulières variations observées sur tous les animaux, à toutes les températures. Je me borne à rappeler ces Seiches qui, à 10' (20 octobre), à 23*' (23 octobre), à 14% après être tom- bées quelque temps dans un état d'engourdissement complet, au point de « se laisser déplacer sans réagir », se mettent à nager spontanément, à s'enfuir à l'approche de l'observateur et pré- sentent une sensibilité très fine. Et plus singulière encore est la conduite des Bernards. En voici deux (29 octobre) qui à 6" sont dans un état d'activité amoindrie. A 11 h. 37, « l'un des Ber- nards semble reprendre un peu d'activité. Il se met à marcher, fait plusieurs fois la traversée de sa cuve et redevient peureux au moindre choc. L'autre, également, parait moins inerte que tantôt ». Dans les heures suivantes, l'un reste beaucoup plus actif que l'autre. Ce dernier est insensible : il ne remue même plus quand on le touche. Mais voici que les choses changent : à 5 heures (0 = 3") « le plus inerte des deux est à présent le G. MATISSE : CONDITIOIVS THERMIQUES DE L ACTIVITE 4/ plus actif. Mis sur le dos, il a réussi à se retourner seul et il remue les pattes. L'autre est immobile, inerte à son tour. A 5 h. 30 (0= 2° 1/.2), le Bernard le moins vivant durant tout le jour est resté actif et sensitif, réagissant (bien que faiblement) au contact et capable de se remettre seul sur ses pattes, ce que l'autre ne peut plus faire depuis longtemps. Ainsi, une longue période de repos a rendu ce Bernard plus capable de réagir contre l'action paralysante du froid qui augmente, alors que celui qui longtemps était resté actif, tombe dans un engourdis- sement profond. Le 30 octobre, même phénomène, plus extraordinaire encore. A 5 h. 10, la température venant de tomber doucement à 6", « je remarque une recrudescence d'activité chez les Bernards. L'un surtout, celui qui était au début le moins actif des deux, fait plusieurs fois le tour de sa cuve, s'accroche au thermomè- tre et se remet rapidement sur ses pattes quand on le place sur le dos. Les mouvements de l'autre sont plus lents. » Et c'est la môme chose aux températures élevées. A 27", je mets trois Bernards A, B, G sur le dos à 3 h. 45. Les deux premiers se relèvent dans l'intervalle d'un quart d'heure. G reste ainsi jusqu'à 4 h. 30. A 5 h. 05, je mets G sur le dos. Gette fois, il se remet presque aussitôt sur ses pattes; B égale- ment. A reste cette fois bien plus longtemps : demi-heure. Le 25 octobre, à 4 h. 40 (0 = 8") les mouvements s'accentuent, au moins chez l'une des Haminea. Elle se tord et se renverse sur le ventre. A 5 h. 33, les animaux paraissent immobiles ou à peu près. Les témoins (à 10°) sont assez immobiles à 3 h. 20. A 5 h. 55, ils paraissent reprendre de l'activité. Leur sensi- bilité semble meilleure aussi. Il est vrai qu'à ce moment la mer est pleine et que l'influence du rythme des marées peut se faire sentir. Mais il y a autre chose dans ces variations de la sensibilité et de l'activité, car elles surgissent parfois avec une grande inten- sité et une grande rapidité d'alternance. Dans ce cas, des sensa- tions internes interviennent sans doute. IL — Tandis que chez certaines espèces il y a une véritable séparation, une indépendance à peu près complète des fonctions de la vie végétative et de celles do la vie de relation, chez d'autres 48 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACIIO.N 1910 animaux, au contraire (les Seiches dans nos expériences), la liaison entre les deux ordres de phénomènes est des plus étroites. Le froid, on l'a vu, suspend plus ou moins rapidement et complètement l'activité motrice et la sensibilité des êtres. Les Anémones, les Nereilepas, les Pagures, les Siponcles, les Aréni- coles et aussi les Gastéropodes et les Lamellibranches, à une température plus ou moins basse, comprise en général entre 10 et 2", s'engourdissent, deviennent inertes et insensibles. Pen- dant qu'ils sont dans cet état, les fonctions de la vie de nutri- tion (respiration, circulation....) continuent h s'effectuer, soit lentement, soit presque normalement, mais toujours avec une intensité suffisante pour que l'animal continue à vivre. Ainsi, le Ki octobre, je mets un Siponcle à la température de 10". Quelques minutes après, il est inerte. Il parait tout à fait mort. On peut le déplacer sans obtenir de lui la moindre réac- tion. Bien que la température ne soit pas très basse, les fonc- tions de relation sont entièrement âuspendues. Cependant, le Siponcle vit. Sans doute, il est dans un état de vie ralentie; les échanges sont très faibles, mais l'activité physiologique est suffisante pour faire subsister l'animal. Voici à présent des Bernards. Alors que les fonctions de rela- tion sont à peu près abolies, que l'animal demeure sans mouve- ments, réagissant à peine, avec un long retard, à des excitations répétées, la respiration semble se poursuivre normalement. Elle ne subit aucune atteinte sensible, si l'on en juge par les batte- ments très rapides des organes externes (scaphognatites et fouets). Considérons, au contraire, des Céphalopodes : à mesure que la vie de relation s'éteint, les fonctions de la vie végétative fléchissent. Les deux catégories de phénomènes sont ici étroite- ment unies et la disparition de l'une entraîne l'évanouissement de l'autre. Ainsi avons-nous vu les Seiches mourir toutes à 7°, par paralysie respiratoire concomitante h la paralysie des orga- nes de locomotion. Et la liaison apparaît saisissante, quand on aperçoit l'activité motrice de relation venir en quelque sorte au secours de la vie végétative menacée, quand, sous l'action du malaise respiratoire, on voit la Seiche prendre une attitude défensive, dresser les bras, se projeter violemment en arrière, à plusieurs reprises, nager rapidement autour de sa cuve, jeter de l'encre. G. MATISSK : COiVDITIOiNS THERMIQUES DE l' ACTIVITÉ 49 Quelle est Torigine de celte différence entre les Seiches et les autres Inverlélirés examinés ici/ Je pense qu'il faut la chercher dans Textreme concentration du système nerveux ganglionnaire des Céphalopodes. Chez ces animaux, les ganglions cérébroïdes, pédieux et viscéraux sont fusionnés en une seule masse. Si l'on songe aux irrégularités respiratoires observées lorsque la tem- pérature approche de 7", aux périodes de suspension suivies de périodes d'accélération de la fonction, si l'on se souvient surtout qu'on a pu rappeler à la vie. en pratiquant la respiration artifi- cielle, des Seiches dont la fonction respiratoire était abolie, on ne peut s'empêcher de comparer ces animaux aux Vertébrés supérieurs. III. — L'action du chaud et celle du froid semblent à première vue aboutir au même résultat : l'immobilité. Mais un peu d'attention montre bien vite des différences profondes : les basses températures produisent un état de somnolence, d'engour- dissement, mais l'action du froid est réversible. Remis à la tem- pérature normale, les fonctions reparaissent, à mesure que l'animal se réchauffe. L'organisme revient à son état initial; il semble n'avoir conservé aucune trace de son passage au froid. Les températures élevées produisent la stupeur, l'abattement, la paralysie ; l'être vivant est dans un état de malaise : il suffo- que. L'action du chaud est irréversible. Ueplacé dans son milieu habituel, l'animal ne reprend pas son activité ordinaire à mesure que sa température baisse. Des modifications durables se sont opérées en lui. Voici quelques exemples : Des Haminea et des Gardium sont laissés à 2"o toute une après-midi. Ils sont inertes et insensibles. Le soir, remis dans une cuve à 10", « au bout de deux à trois minutes, les Haminea remuent, s'étendent, se retournent. Lnseullégercontactsuffitàles faire réagir. » Les Gardiums « commencent à s'ouvrir au bout de deux à trois minutes. Un seul contact les fait fermer. » Il en est de même des Bernards : en voici un (30 octobre) engourdi et comme ftiortà 3'. On le remet à la température nor- male : il reprend vie et s'agite tout de suite. Les Nereilepas, dès qu'elles sont retirées de l'eau froide, allon- gent leur corps, écartent leurs parapodes et se mettent à onduler rapidement comme si rien ne s'était passé. Les Seiches elles- so BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 mômes, si sensibles au froid, au point de pouvoir être tuées par lui, retrouvent intégralement et rapidement le plein exercice de leur activité si on les retire avant que l'asphyxie n'ait produit des effets irrémissibles. L'action du froid cependant a pu être assez profonde pour suspendre en elles quelques instants toutes les fonctions. Qu'on se rappelle, par exemple, la Seiche du 19 octobre qui, mise à 8" à 3 h. 52, apparaît presque morte à 4 h. Oo. Replacée à la température normale de 17", elle revit et, à 4 h. 53, elle parait bien vivante. Voici, au contraire, des Arénicoles et des Anémones laissées quelques heures à 34" (10 octobre). A 3 h. 48, « je prends deux Arénicoles chez lesquelles la sensibilité parait abolie, qui semblent malades et inertes, et je les plonge dans l'eau à 17" : elles demeurent inertes. A 3 h. 55, je prends deux Anémones et je les plonge également à 17". L'une s'ouvre, mais reste insensible au contact. L'autre se décolle du coquillage». Plus tard, à 4 heures, je constate que «les deux Anémones remises à 17" restent inertes; l'une s'est rouverte, l'autre fixée; elles ne réa- gissent plus aux excitations. Les Arénicoles sont complètement inertes». Il en est encore de môme une demi-heure plus tard. IV. — Un autre fait biologique intéressant, observé plusieurs fois pendant les expériences, est le suivant : Lorsque des animaux sont placés dans des conditions thermi- ques nocives, qui produisent chez eux un état de malaise et peuvent même amener la mort si elles se continuent longtemps sans interruption, on voit se produire une amélioration très nette de leur état physiologique et un renforcement des résistances, quand on les laisse quelques instants à l'air libre, à la tempéra- ture ordinaire. 11 en est de même si on laisse la températui'e se rapprocher de la valeur normale, fût-ce un temps très court et de quelques degrés seulement. Pendant ce répit, l'organisme, fiai succombait dans la lutte contre les circonstances hostiles, a le temps de se ressaisir, de rétablir les fonctions qui fléchissaient, de réparer les pertes subies. Il arrive enfin à résister victorieusement aux conditions pernicieuses qui, sans ce délai, l'eussent accablé. Qu'on se rappelle, par exemple, la Seiche (19 octobre) qui, mise à 8", au bout de treize niinii/es déjà paraissait presque morte. On la retire et on la laisse se rétablir à 17° pendant cinquante G. MATISSE : COKDITIOAS THERMIQUES DE L ACTIVITE 51 minutes. On la replonge ensuite dans le bain froid. Eh bien, dans ces conditions, elle résiste pendant vingt-trois minutes, non pas seulement à une température de 8% mais aux températures de 7°5, 7° et même G"o, bien plus funestes pour la Seiche, puisque c'est pour elle la limite. Après ces vingt-trois minutes, elle peut encore reprendre vie. V. — Dans toutes les expériences où les conditions thermiques s'écartaient de la normale, les animaux luttent contre la varia- tion qui leur est imposée. xVu froid : on les voit se contracter, se recroqueviller, offrant ainsi une moindre surface de contact à l'eau. Les Nereilepas se raccourcissent d'environ un tiers de leur longueur. Leurs parapodes se serrent les uns contre les autres. Les Siponcles se contractent aussi. Les Bernards essayent de fuir, de grimper le long des parois; ils saisissent le thermomètre, se rétractent sur eux-mêmes, ren- trent enfin dans leur coquille. Bien plus, à mesure que la tem- pérature devient plus mauvaise, on voit ces Crustacés reprendre de l'activité, s'agiter davantage. Les Seiches essayent des moyens variés de lutte : elles chan- gent constamment de couleur, jettent de l'encre et prennent une véritable attitude de défense contre les circonstances hostiles: les bras dressés, dans une attitude très caractéristique de combat. Au chaud, celte altitude défensive des Seiches est plus cons- tante encore. L'animal la maintient presque toute la journée. Ce sont aussi des mouvements de fuite, la projection violente en arrière, nage rapide autour de la cuve. Puis les causes nocives l'emportent et l'animal tombe dans un état de prostration plus ou moins accentué. YI. — Lorsque les animaux sont placés au froid, on constate, en faisant l'épreuve de leur sensibilité, un retard de plus en plus accentué de la réaction, à mesure que la température s'abaisse. VII. — Quand la variation de température à laquelle on soumet l'animal n'est pas trop considérable, celui-ci, après une période de trouble des fonctions, finit par s'adapter. Au bout d'un temps plus ou moins long, son organisme se met eu équilibre avec les conditions qui lui sont imposées. VIII. — Enfin, alors que tous les autres mouvements sont o2 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACIION 1910 éteints, les derniers qui subsistent sont de légers mouvements rytlimiques. Si l'on songe que les fonctions de la vie végétative, respiration, circulation, ont eux-mêmes ce caractère périodique, on comprend, en tenant compte de la solidité particulière de ces fonctions, la survivance de ces mouvements rythmiques. Il semble que les pulsations, les battements de la vie végétative soient le soubassement sur lequel s'est élevée et repose toute l'activité de relation. CUMRIBL'TIU.N A LEÏLDE DES EXTRAITS Ull(JAM(JLES D'LWERTÉBRÉS. LEUR ACTION SURLAPRESSION SANGUINE Par Jean GAUTRELET Professeur agrégé à la FaciiUi- de médeeine de Bordeaux Docteur es sciences I.XTRODUCTIOX Que les auteurs se soient attachés à étudier, quant à leur action sur la pression sanguine, les extraits glandulaires des Vertébrés supérieurs surtout, le fait n'est pas douteux. 11 nous va suffire de faire un liistorique succinct de la question pour nous rendre compte que ce sont les Mammifères qui ont fourni la plupart des matériaux dans ce genre de recherches. Dès 189o, Oliver et Schiifer (1) montraient que les extraits de thyroïde et de rate de Bœuf abaissent la pression artérielle. Ce sont des glandes provenant de Glouton, de Chien, d'Agneau, de Taureau, de Génisse qui permirent à Livon (2), en 1898, de diviser celles-ci en glandes hypertensives et hypotensives. En 1898 également, Tigersledt et Bergmann (3) décrivirent les premiers les effets presscurs de l'extrait rénal de Lapin, effets que Pearce (1909) considère comme peu constants. En 1901, Dixon (4) établit que le suc testiculaire de Rat et de Cobaye est hypotenseur, ATncent observe les mêmes effets hypotenseurs des extraits de 1) Journ. of f'hysiol.. 1895, XVIIl. 276. \2 IV' Congrès de médecine. Montpellier, 1898, p. 'i02. (3) Skand. Arch., fur Physiol ., 1898, VIII, 223. (4 Journ. of Physiol.. 1901, XXVI, 2i4. b4 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACIIOxX 1010 thymus; ce que vérifie Parisot (1) h l'aide de tliymus d'enfauts, de Veau, de Lapin et d'Agneau, en 1908. En 1903, Vincent et Sheen (2) mettent en évidence la présence d'une substance déterminant la baisse de pression dans les extraits de foie, rein, muscle, ovaire, pancréas, poumon et intestin de Chien, Chat et Lapin. Ils signalent aussi une sub- stance hypertensive dans le foie, la rate et le rein des mômes animaux. Pugliese (3), en 1904, attribue aux histones que renferment les extraits de foie, de rate, etc., de Chien et de Bœuf, les effets dépresseurs qu'il observe. Roger et Josué (4) préparent, en 1900, des macérations hypo- tensives d'intestin de Lapin dans l'eau salée physiologique. De Bonis (5), en 1908, s'est attaché à démontrer l'élévation de pression consécutive à l'injection d'extrait de lobe postérieur de glande pituitaire de Bœuf. Walter Hamburger (0), en 1910, a signalé que le lobe anté- rieur de pituitaire de Bœuf était hypotenseur. Tout récemment (1910), Farini (7) a vérifié la chute de pres- sion qui résulte de l'injection d'extrait pancréatique de Bœuf. Nous ne trouvons guère que le travail de Brown et Joseph (8) (1900) qui ait trait à l'action vasculaire d'extraits animaux autres que les Mammifères. Ces auteurs ont trouvé à la fois des substances hypertensives et dépressives dans les extraits hépatiques et génitaux (préparés en solution physiologique à froid ou à l'ébullition) de Requins, de Roussettes, d'Etoiles de mer. Quant à l'effet presseur, il est transitoire, précédant l'action dépressive durable. Seul, Zanda (9) s'est livré à une étude systématique des extraits d'Invertébrés; ses recherches ont porté aussi bien sur (1) Comptes rendus de la Société de biologie, 11)08. (2) Jouni. of P/iijsioL, 1903, XXIX, 2i2. (3) Journ. de phi/slol. el de palh. çjénér., 1901, ^.'A el 4;j2. (4) Journ. dep/iysiol. el de path, génér., l'JOO. (5) Arrh. intern, de PhysioL, 1908, 211. (6) Amer. Journ. of PhysioL, 1910, XXVI, 179. (7) Lo Sperimentate, 1910, 49. (8; Journ. of physiol,, 1906, XXXIV, 284. (9; Arrh. il al. de hioL, 1907. J. GAUTRELET I EXTRAITS ORGAiMQUES I) INVERTEBRES 00 l'action du foie que du muscle ou de la substance nerveuse. Les macérations des tissus étaient faites en solution pliysiologique de NaCl, soit à froid, soit à l'élnillition. Nous pouvons ainsi résumer les résultats de Zanda : Le foie de Seiche n'exerce pas d'action durable sur la pression; les extraits de foie de Poulpe on d'Aplysie, par contre, provoquent une baisse de tension pouvant durer plusieurs minutes; en même temps, les contrac- tions cardiaques deviennent petites et fréquentes. L'exlrait hépatique de Langouste n'exerce qu'une action fugace sur la pression, mais sur le cœur l'atîtion est plus longtemps marquée. Tels sont les documents dont on disposait antérieurement à nos recherches. RECHERCHES PERSONNELLES Grâce à la proximité du Laboratoire d'Arcachon, dont nous tenons à remercier les directeurs, nous avons pu nous procurer un grand nombre d'Invertébrés marins vivants. Nos recherches ont porté sur l'hépato-pancréas et sur les glandes génitales. Les extraits étudiés ont été des extraits aqueux ou des extraits alcooliques. Les premiers furent obtenus en Jaisant macérer pendant vingt-quatre heures, en un endroit frais, les glandes bien réduites en bouillie, dans la solution physiologique de NaCl à 9 pour 1.000, en présence d'un cristal de thymol. Quant aux extraits alcooliques, ils ont été obtenus de deux façons : les uns résultaient de la macération des glandes pen- dant vingt-quatre heures dans l'alcool à l)l>", macération dont le filtrat était évaporé incomplètement, de façon uniquement à chasser cet alcool; le filtrat ainsi réduit était ramené au volume convenable par addition d'eau salée physiologique. Les autres étaient réalisés en évaporant complètement, pres- que à siccité, le filtrat alcoolique. Une nouvelle précipitation par l'alcool donnait naissance à une solution qui, filtrée et éva- porée à son tour, était reprise par le sérum. Qu'il s'agisse d'extraits aqueux ou alcooliques, 1 centimètre cube de solution injectée équivalait à 2 grammes de substance glandulaire. Les injections étaient faites dans la saphène. La pression était prise à la carotide chez le Chien légèrement 56 BULLETIN DE LA STATlOiN HIOLOGIQUE u'aRCACHOIN 1910 morphine, à l'aide du kymographe. Le lourde cylindre enregis- treur (100 centimètres) s'effectuait en quatre minutes. Tous les tracés sont uniformément réduits de moitié. I. — Action sur la pression sangujne des extraits glandulaires DE Crustacés Les Crustacés étudiés ont été : Palinurus, la Langouste; Cancer Pagurus et Maïa Squinado, l'Araignée de mer. Palinurus. — Nous n'avons injecté que des extraits alcooli- ques complètemcnl évaporés de Langouste. Ferrer, chien de 25 kilogrammes, a reçu successivement des doses de 0 gr. 5 et de 1 gramme par kilogramme d'extrait hépatique ou génital. Jamais à noter de modification dans le rythme cardiaque ni dans la pression, que l'animal soit atropine ou non. Cancer Pagurus. — Les extraits alcooliques coniplèleinent évaporés de foie, même à la dose de 1 et 2 grammes par kilo- gramme, ont été toujours inaclifs vis-à-vis du camr et de la pression. (Expériences sur Campo, LansqueneL) La Crue, chien de 16 kilogrammes, a reçu 32 grammes d'un tel extrait; le tracé 1 indique combien fugace fut le résultat de l'injection. L'injection préalable d'atropine ne modifie point l'allure du tracé. Lansquenet, chien de 14 kilogrammes, ayant'reçu après injec- J. GAUTRELET : EXTRAITS ORGANIQUES d'IiWERTÉBRÉS 57 lion de 2. milligrammes d'atropine une dose de 30 grammes d'extrait alcoolique complètement évaporé de foie de Tourteau, la chute de pression fut passagère, ainsi qu'en témoigne le tracé 2. Quant aux extraits de glandes génitales complètement éva- porés, ils manifestent la même inactivité, que le Chien soit atropine ou non. Les extraits alcooliques de foie incomplètement évaporés pro- duisent une baisse de pression de quelques minutes, lîoosevelt (10 kilogrammes) ayant reçu une injection de 20 grammes d'extrait hépatique, la pression baisse aussitôt de 3 cenlimèlres, mais après deux minutes remonte à son chiffre primitif; le cœur ne subit pas de modification notable. Quant aux extraits aqueux de foie, ils agissent d'une façon plus intense. Viclig, Chien de 10 kilogrammes, non atropine, reçoit o grammes à 9 h. 48; la pression de 14 centimètres tombe immédiatement à 4, puis à 2; l'animal est agité, sa respira- tion est anqile; à i) h. 50, le cœur est impeiceptible; cette hypo- tension extrême se maintient juscju'à 10 h. 28, où elle se relève lentement. Maïa Squi}iado. — Les extraits alcooliques complètement évaporés, que le Chien soit ou non atropine, ne produisent aucune modification durable dans la pression ni la contraction cardiaque. Le tracé 3 se rapporte à un Chien ayant reçu 2 grammes par kilogramme, après avoir été préalablement atropine. Les extraits alcooliques i)ico)/iplètei/ient éxâpovés produisent, suivant la dose, une hypotension plus ou moins passagère. A la suite de 1 gramme par kilogi-amme, la pression de Sauvage baisse quelques secondes de 10 à 12, mais se relève aussitôt en même temps que les oscillatioiTs du cœ'ur reprennent leur amplitude. o8 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 Pluviôse (10 kilogrammes) reçoit 2 grammes par kilogramme à 10 h. 20, la pression de 8-13 tombe à 6; à 10 h. 22, la pres- sion est de 5 centimètres ; à 10 h. 24 elle remonte à 0 ; à 10 h. 20 elle égale 10, pour redevenir normale à 10 h. 28; l'amplitude cardiaque a repris alors son allure physiologique. La courbe est tout à fait comparable si le Chien a été alropiné. Les extraits aqueux sont plus actifs. Candidat reçoit à 10 h. 43 1 gramme par kilogramme d'extrait aqueux de foie; la pression de 8-13 tombe cà 4, à 3 et à 2 ; elle se maintient à ce chiffre jusqu'à 10 h. 55 : à 10 h. 57 elle est égale à 5; à 11 heures, la pression est de 6; à 11 h. 15, de 8-9. Le cœur est encore petit ; l'origine vaso-motrice de la baisse de pression se révèle de ce fait (Tracé 3 bis). Même durée de l'hypotension, si le Chien a reçu de l'atropine. Les extraits de glandes génitales de Maïa, comparés aux extraits hépatiques, sont infiniment moins actifs. 2 grammes par kilogramme d'extrait alcoolique complètement évaporé injectés à ÏMnsquenet ne produisent aucun effet cardia- que ou vasculaire. Roosevelt, Pluviôse (le second étant atropine) ne subissent qu'une baisse de pression légère et de peu de durée (1 minute environ) à la suite d'injection de 2 à 3 grammes par kilogramme d'extrait alcoolique incomplètement évaporé. J. GAUTRELET : EXTRAITS ORGANIQUES D INVERTEBRES 39 Enfin In tension artérielle de Candidal ayant reçu 2 gram- mes par kilogramme d'extrait aqueux ne baisse qu'insensible- ment et durant 80 secondes (Tracé 4). L'atropinisation préalable ne modifie pas ce résultat. II. — Action sur la pression sanguine des extraits glandulaires DE Mollusques Nous avons eu à notre disposition des Poulpes, des Seiches et des Aplysies. Oclopjis {Poulpe). — Nous avons injecté à Mauléon, Chien de 10 kilogrammes, à 9 h. 10, lOgrammes d'extrait aqueux de foie : la pression ne s'est pas modifiée. A 9 h. 25, nouvelle injection de 20 grammes; la pression a baissé de 13 à 8 pendant quelques secondes, mais le cœur est resté petit et ce n'est qu'après une demi-heure qu'il a repris son amplitude normale. Sepia {hépalo-pancréas). — Les extraits alcooli(pies corii- plètemcnt évaporés n'ont produit, aux doses de 2 et \^ grammes par kilogramme, chez Pan ou Que-Sais-Je? ce, dernier atropine, que des modifications cardiaques passagères de quelques secon- des, sans retentissement sur la pression; il en est de même des extriiits alcoolicpies incomplètement évaporés. Spartiate, avant atropine et après atropine (Tracé 5), a reçu ' l%f . aie o#f, lÀid ViTo^oU. 1 gramme par kilogramme de ce dernier extrait sans que sa pression subisse de modification tant soit peu durable. Les extraits aqueux n'ont produit chez Candidat (2 grammes par kilogramme) aucun changement dans la tension avant l'atro- pine et une hypotension de Î3 cenlimèlres passagère (1 minute) après l'atropine. Glandes yénitales. — Elles n'ont pas montré i)lus d'activité que l'hépato-pancréas; aux doses de 1 et 2 grammes par kilo- 60 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 gramme, on a injecté à Lansquenel et Pan des extraits alcooli- qnes complètement évaporés sans retentissement sur la pression (que le Chien soit atropine ou non). Spartiate a reçu 2 grammes par kilogramme d'extrait alcooli- que incomplètement évaporé; baisse peu marquée de la pression pendant quelques secondes (Tracé 6). Si une injection d'atropine est préalablement faite, le mano- mètre n'indique point de réaction sensible à 1 gramme ^par kilogramme de cet extrait (Spartiate). Candidat n'a pas sensiblement réagi à l'injection de 2 gram- mes par kilogramme d'extrait aqueux. Aplysia. — L'extrait alcoolique complètement évaporé de foie a élé absolument innctif chez Que-Sais-Je\? à la dose de 2 grammes par kilogramme. Roosevelt a reçu 2 gr. 5 par kilogramme d'extrait alcoolique incomplètement évaporé à 9 h. 5, la pression a baissé immédia- tement de 9 centimètres à 3: après une demi-heure, elle n'était que de 7 centimètres et atteignait péniblement 8 à 10 h. 13 (Tracé 7). y^^^^m,^,^,--^ ■ ' ' ■il^l ■ ^-iii^ - l^Jc^t ^o^oi/■ --m''! Chez un autre Chien, Mauléon, l'extrait aqueux, 1 gramme par kilogramme à 10 h. 10, a abaissé la pression de 13 à 4; à J. GAUTRELET : EXTRAITS ORGANIQUES D INVERTEBRES (il 10 h. 15, elle est revenue à 6; elle égale 7 à 10 h. 18; 8 à 10 h. 25; à 10 h. 45 seuleiiient elle est revenue à son chiffre primitif; le cœur n'avait pas encore repris son amplitude, qui était considérablement diminuée. m. — Action sur la pressio.v sangulne des extraits glandulaires d'Astéries Nous pouvons nous procurer eu très grande qunntilé les Astéries; nous nous sommes donc tout particulièrement iittaclié à leur étude, parmi les l<]cliinodermes. G landi^s . hépatiques. — L'extrait alcooliipie complètement évaporé est sans action a[)préciable. Tout au plus, sous l'influence de 4 grammes de substance par kilogramme, durant 20 secondes l'amplitude du cœur diminue-t-elle de façon à entraîner une diminution de la pression variable (Tracé 8). L'extrait alcoolique incomplètement évaporé ne produit pas de modification beaucoup plus durable : une dose de 2 grammes par kilogramme ayant été injectée, on voit après un temps perdu de quelques secondes la pression baisser de 2 centimètres environ, en même temps que le cœur s'accélère et l'amplitude diminue. Ces phénomènes ne durent pas une minute; après ce temps, le cœur a repris son allure uormale el la pression est revenue à son chiffre primilif. L'extrait aqueux n'est guère plus actif; Maul 'éon a reçu 62 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE D'ARCACHON 1910 15 grammes de foie, son tracé (0) indique le peu d'efficacilé de l'injeclion. Le temps maximum pendant lequel nous ayons observé une chute de pression avec un tel extrait fut de 1 minute et demie {Betheny); encore devons-nous dire que ce fut surtout l'ampli- tude du cœur qui diminua et conséquemment la pression varia- ble; dès que le cœur fut redevenu normal, il en fut de même de la pression. Tout autres sont les résultats obtenus si l'injection des mêmes extraits est effectuée chez un Chien préalablement atropine. Renard, Chien de 10 kilogrammes, morphine et atropine, dont la pression carolidienne est de 14 centimètres de mercure, reçoit dans la saphène 40 grammes d'extrait alcooHque incom- plètement évaporé, soit 4 grammes par kilogramme, à 2 h. 44. Aussitôt la pression baisse à 8 centimètres, puis remonte à 9 et à 10: à 2 h. 45, la pression égale 10; à 2 h. 46, elle est de 11, chiffre auquel elle se maintient jusqu'à 3 h. 5, soit 10 minutes. Elle s'élève alors de 1/2 centimètre pour se maintenir à 1 1 cent. 5 pendant plus d'une demi-heure (Tracé 10). Avec l'extrait complètement évaporé, l'hypotension est aussi marquée et durable chez le Chien atropine; témoin Pan (Tracé 11), dont la pression, consécutivement à l'injection, était tombée de IG à 7 et à 12, et maintenue à ce chiffre plus de 10 minutes. J. GAUTRELET : EXTRAITS ORGA.\'IQUEs D INVERTEBRliS 63 L'extrait aqueux serait plutôt moins actif; la chute de pressiou chez Iiena7'd atropine, qui avait reçu 4 grammes par kilogramme, ne dépassa pas 3 centimètres: après 10 minutes, la tension était revenue progressivement à la normale. Glandes génitales. — Chez le chien normal, les extraits alcooliques complètement évaporés et incomplètement évaporés, à la dose de 1 et 2 grammes par kilogramme, ne produisent eux aussi qu'un effet hypotenseur passager et peu marqué. Mais chez le Chien atropine, ils causent une baisse de pression accentuée, présentant les mômes caractères, avec moins d'inten- sité souvent, que l'extrait hépatique dans les mêmes conditions; la moins grande intensité et peut-être aussi la constance moins absolue des effets nous semblent en rapport avec le développe- ment des glandes génitales, dont le volume s'accroît beaucoup à certaines saisons. Nous reproduisons ici un tracé (12) ayant rapport à l'injection en deux temps chez un chien atropine {Loulou), de 2 grammes par kilogramme d'extrait alcoolique' incomplètement évaporé de glandes femelles. On voit la pression, qui était tombée de 14 à 5, ne revenir au chiffre du début qu'après un quart d'heure. Chez Pan, la baisse de pression (de 10 centimètres) dura plus d'une demi-heure à ce chiffre. Quant à l'extrait aqueux, môme chez le Chien atropine, il manifeste moins d'activité que l'extrait alcoolique. Notons, comme Brown et Joseph, qu'une légère hausse de pression précède ou suit parfois l'hypotension. L'existence d'un ])rincipc hyperteuseur n'est pas douteuse et nous comptons le mettre en évidence. G4 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE D'ARCACHOiS 1910 IV. — Considérations générales et conclusions Pouvons-nous do cet exposé tirer quelques données générales? Tout dabord, nous remai'(iuerons que les extraits ont provoqué pour la plupart une chute de pression; ce fait ne nous a pas surpris de la part d'extraits alcooliques surtout. Si l'on consi- dère les Mammifères, on se peut rendre conq^te, en effet, qu'en général les extraits alcooliques manifestent une telle action. En second lieu, la distinction entre extraits alcooliques complè- tement et incomj) Vêtement évaporés a eu pour but de précipiter plus ou moins par la chaleur les substances solubles dans l'acool, de façon à orienter les recherches sur la nature des substances actives. A ce sujet, nous publierons ultérieurement les résultats de nos recherches; qu'il nous suffise de remarquer ici qu'avec les extraits hépatiques de Crustacés et de Mollusques la baisse de pression, peu sensible alors que seules sont injectées les sub- stances solubles dans l'alcool à chaud, devient d'autant plus marquée que le produit injecté contient intégralement les sub- stances solubles dans l'eau, c'est-îi-dire que l'alcool a moins exercé son action précipitante. Chez les Astéries, par contre, le principe hypotenseur est émi- nemment soluble dans l'alcool. Autre caractéristique : son action est surtout marquée sur l'animal atropine. Il est difficile d'établir un rapport entre le mode d'activité des extraits hépatiques ou génitaux et la classe à laquelle appartient l'animal. C'est ainsi que nous voyons, parmi les Mollusques, le foie de Poulpe ou de Seiche manifester peu d'activité, tandis que celui d'Aplysie abaisse considérablement la pression. Les deux premiers appartiennent, il est vrai, au groupe des Cépha- lopodes, tandis que l'Aplysie est un Gastéropode. Mais nous n'avons pas multiplié suffisamment les recherches parmi les différentes espèces d'une même classe pour pouvoir généraliser en loi de telles considérations. Les baisses de pression constatées au cours des recherches relèvent-elles d'un mécanisme cardiaque ou vaso-moteur? Il est difficile de répondre avec précision à cette question, que nous ne posons qu'éventuellement. Cependant, pour ce qui est des extraits J. OALTKELliT : EXJRAIiS ORGANIQUES d'IiWERTÉBRÉS 03 glandulaires d" Astéries, élant donnés les carachères de l'hypoten- sion considérable et prolongée que l'on observe après injection d'atropine, on peut reconnaître à cette hypotension une origine vaso-motrice. Par contre, beaucoup de baisses de pression constatées par ailleurs relèvent le mécanisme cardiaque; rappelons pour mémoire comment, sous l'influence de l'extrait alcoolique de foie de Maïa, le cœur reprenant son allure physiologique, la pression remontait aussitôt à son taux normal. En résumé, nous pouvons ainsi grouper les résultats de nos recherches : Crustacés. — L'hépato-pancréas de Cancer pagurus, de Maïa squinado renferme une ou plusieurs substances peu solubles dans l'alcool à chaud, abaissant la tension artérielle, que le Chien soit atropine ou non. Les extraits aqueux ou alcooliques de glandes génitales sont inactifs. Mollusques. — Alors que le foie et les glandes génitales de Sepia, d'Octopus ne modifient pas sensiblement la pression, le foie d'Aplysia contient une substance peu soluble dans l'alcool à chaud, abaissant considérablement la pression tout en diminuant l'amplitude cardiaque. Echinodermes . — Les extraits hépatiques et génitaux d'Asté- ries, en solution alcoolique renferment au moins une substance provoquant une action hypotensive marquée chez le Chien airopiné surtout. {Laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Bordeaux et Station Biologique d' Arcachon) REGIIEllCHES SUR LES EERMEMS PROTEOLYTIOUES DES INVERTÉBRÉS Par J. SELLIER Cliarir''' lie Cours à la Facullô de médecine de Boi'deaux LNTRODL'CTIO.N Bien que les diastases proLéolyliques des Invertébrés aient fourni le sujet de travaux déjà nombreux, bien des points de leur histoire restent indécis, quand les résultats obtenus ne sont pas divergents ou contradictoires. Ceci n'est pas dû seule- ment à une généralisation trop liàtive des conclusions d'expé- riences réalisées sur un petit nombre d'animaux et que l'on aurait voulu étendre au vaste ensemble des Invertébrés, car, même quand il s'agit de groupes zoologiques naturels et relati- vement restreints, l'accord n'est pas fait ; presque tout prête à la discussion. Nous en citerons seulement deux exemples empruntés à Dastre (1) qui résume ainsi ce qu'on sait à propos des Crustacés décapodes : a On a discuté sur la nature des ferments protéolyti- ques : ce serait tantôt de la pepsine agissant en milieu acide, tantôt de la trypsine agissant en milieu alcalin. A défaut de cette hypo- thèse, il faudrait admettre qu'il s'agit d'une trypsine particulière pouvant agir plus ou moins efficacement en présence d'un léger (Il Pour la bibliographie de?; diastases digestives, A-oir Dastre, Physiologie com- parée du foie. Dictionnaire de Physiologie, l'JOi, p. 802-806. C8 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 excès d'acide ou enfin qu'il s'agit d'une protéolyse s'accomplissant dans des conditions différentes de celles des Vertébrés ». D'après le même auteur, le suc digestif des Mollusques céphalopodes n'est guère mieux connu que celui des Crustacés : « Ce liquide coutient une diastase analogue à la pepsine et une autre ana- logue à la trypsine. Il y a quelque incertitude relativement à l'existence prédominante ou exclusive de l'un ou de l'autre de ces ferments ou des deux simultanément^). Cet exposé delà question date de l'année 11104 et il est aussi vrai que le jour oi^i Dastre le formulait. Malgré les travaux de Krukenberg et de Frédéricq d'une part, de Grh-fiths, de Chapeaux et de Stone d'autre part, nos connaissances sont aussi indécises relativement aux Vers et aux Echinodermes. Séduit par l'intérêt du sujet et aussi par les ressources de la Station Biologique d'Arcachon et de son annexe de Guéthary, nous nous sommes proposé, en commençant nos recherches, voici tantôt dix ans, de faire une étude comparative des dias- tases protéolytiques des Invertébrés et des Poissons marins (I). Nombreuses sont les classes zoologiques auxquelles nous avons touché et sur lesquelles nous possédons des documents utilisables. Néanmoins, nous nous sommes borné, dans le présent Mémoire, à réunir les expériences faites sur un petit nombre de groupes appartenant aux Invertébrés marins. Le reste suivra. La difficulté ne vient pas seulement, en effet, de l'étendue du sujet ; quand on est maître d'une technique sûre, on en vien- drait à bout. Elle provient aussi déléments défavorables contre lesquels le travailleur est impuissant et dont les physiologistes qui expérimentent exclusivement sur les animaux dits de labo- ratoires : Chien, Lapin, Cobaye ou Grenouille ne se font guère l'idée. Malgré la situation favorable du Bassin d'Arcachon, malgré le dévouement du personnel de la Station Biologique, malgré encore la complaisance désintéressée avec laquelle les bateaux chalutiers des Compagnies de Pêcheries rapportent aux Labo- ratoires les animaux qui peuvent être utiles, on se trouve parfois privé de matériaux d'étude au moment même où quelques (Ij .1. Selliek, Recherches sur la digestion des Poissons. Bulletin de la Slalion liiolof/if/ur (/'.i/fat/ion. ly.IU. J. SELLIER : LES FKRMEMS l'KOTKOLYTIQUES DES INVERTÉBRÉS 69 individus suffiraient pour terminer une question. C'est que certains animaux arrivent dans le Bassin, ou sur les côtes voisines, à une certaine époque de l'année, pour y séjourner quelques semaines seulement ; des modifications dans leurs migrations ou dans leur abondance changent les conditions de travail ; souvent on a trop d'espèces à la fois et d'autres jours pas assez d'individus, et le physiologiste ne peut, comme le zoologiste, en garder des provisions dans les liquides conser- vateurs. Il faut compter aussi avec les marées défavorables, les tempêtes inopinées, les mauvais jours de l'hiver, etc. Il est possible que les contradictions de nos devanciers n'aient en partie d'autres causes qu'un séjour trop bref au bord de la mer et le trop petit nombre d'animaux à étudier, tandis que la répétition et le contrôle des expériences nécessitent du temps et des matériaux abondants. Afin de disposer d'une plus grande quantité de suc digestif à la fois et de pouvoir répéter les expériences pour les contrôler, nous nous sommes adressé à des animaux relativement faciles à se procurer en nombre. La portion de nos études exposée ici concerne surtout les sui- vants : Crustacés décapodes : Crabe Tourteau {Cancer pacjurus), Araignée de mer {Maja squuiado). Homard {llomarus vulgaris), espèces carnivores. Mollusques céphalopodes : Calmar {Loligo vulgaris). Seiche (Sepia officinal is), espèces carnivores. Mollusques gastéropodes: Aplysie {Aphjsia fasciala, Apbjsia punclata), espèces herbivores. Annélides chétopodes : Aphrodite ou Souris de mer {ApJirodile aculeata), espèce carnivore. Tous ces animaux sont bien connus et les zoologistes ont décrit depuis longtemps l'anatomie et souvent aussi l'histologie de leurs organes. Néanmoins, pour éviter au lecteur de se reporter à des livres spéciaux et pour fixer la position des organes produisant ou renfermant les sucs digestifs, nous avons cru bon d'en donner plusieurs dessins exécutés sur le vivant et sous nos yeux. /'S^'^'^ï 70 BULLETLN DE LA STATION BIOLOGIQUE Ij'aRCACHON 1910 Dès le début de noire étude, nous avons constaté que la simple dissolution des substances protéiques par les sucs digestifs, même dans des conditions variées d'expérience, ne peut fournir des résultats suffisamment précis ni môme suffisamment cons- tants. La méthode chimique est autrement plus sûre et plus avantageuse puisqu'elle permet de suivre, pour ainsi dire pas à pas, la transformation de la matière à digérer ; nous lui devons nos résultats les plus importants. La nature et l'état de cette matière à digérer sont susceptibles de modifier beaucoup les limites du phénomène protéolytique. Or, les seuls renseignements connus sont relatifs à la dissolu- lion de l'ovalbumine coagulée ou de la fibrine ; nous ne possé- dons aucun document sur la digestion des serums d'Invertébrés habituellement si riches en matières protéiques diverses. Comme on le verra au cours de ce travail, nos expériences ont été effectuées sur des matières albuminoïdes variés : ovalbu- mine coagulée, ovalbumine crue, caséine du lait, sérum d'In- vertébrés (1). Dans le Chapitre I nous exposons la technique suivie. Les premiers physiologistes avaient souvent signalé à tort l'exis- tence de tel ou tel ferment protéolytique. Il était donc opportun de rappeler les faits actuellement connus qui, en particulier, caractérisent la pepsine et la trypsine. C'est le but de notre Chapitre II. Nous y avons joint un certain nombre d'expériences personnelles destinées à apporter plus de précision sur certains points. La détermination défectueuse des réactions chimiques des sucs digestifs avait conduit les auteurs à des conclusions erro- nées. Le Chapitre III contient nos résultats. Ces faits étant connus et la méthode bien fixée, le Chapitre IV (1) iSous avoiiï; déjà monlré raclion anlili-yplique el aiitiprésuranle des serums d'Invertébrés marins : .1. Sellier, Action antiprotéolytique du sérum sanguin des animaux intérieurs (Poissons et quelques types d'Invertébrés). Camples rendus des séance.^ de la Suriélc de Hiologie, t. LIX, n" 36, 15 décembre lOOÎi. Sur le pouvoir antiprésurant du sérum sanguin des animaux inférieurs Pois- sons et Invertébrés). Comptes rendus des séances de la Sociélé de hiologie. t. LX, n* 0, 16 féA'rier 1906. Sur le pouvoir antiprésurant du sérum sanguin des animaux inférieurs. Coni/Jles rendus de C Académie des Sciences, 12 février 1906, t. CXLII, p. iU9. J. SELLIER : LES FERMEiNTS t'ROTÉOLYTIQUES DES LNVERTÉBRÉS 71 esl consacré à l'étude des phénomènes proléolylniues chez les animaux mentionnés plus haut, et le Chapitre V à celle de l'action éreptique. La question de la présure est intéressante mais délicate; les documents à son sujet, chez les Invertébrés, étaient rares; le Chapitre VI contient plusieurs faits nouveaux. Enfin, dans le Chapitre VII, nous recherchons la destination des corps aminés, produits de la digestion proléolytique. L'hé- palo-pancréas des espèces carnivores, et surtout le contenu du cfiecum spiral des Céphalopodes, en renferment une teneur élevée. Les recherches qui font l'objet de ce travail ont déjà donné lieu à la publication de quelques notes préliminaires dans les Comples rendus de la Société de Biologie et dans les volumes de l'Association française pour l'avancement des sciences (1). I .1. Seli.ieb, Existence fie la présure dans le suc digestif des Crustacés. Congrès (le l'Association française pour i avancement des sciences. Lyon, août 1 900. Existence de la présure dans le suc digestif des Crustacés. Cdtn/iles rendus des séances de la Société de Biologie, 23 novembre 190G, t. LXf. Existence de la présure chez les Invertébrés. Comptes rendus des seances de la Société de Biologie, 20 avril 1907, t. LXII. Action protéolytique du suc digestif des Crustacés. Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, 3 décembre 1907, p. 703. Action présurante et protéolytique du suc digestif des Céphalopodes. Comptes rendus des seances de la Société de Biologie, 3 décembre 1907, p. 70o. Sur l'action protéolytique et présurante des sucs digestifs des animaux inverté- brés. Congrès de l'Association française pour l'arancemenl des sciences. Clermont- Ferrand, août 1908. Sur l'identité du ferment protéolytique et de la présure. Comptes rendus des seances de ta Société de Biologie, 22 décembre 1908, p. 734. Quelques conditions réclamées par les sucs digestifs proléolytiques des Inver- tébrés marins pour la mise en évidence de leur action présurante. Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, <) juillet 1909, t. LXVII, p. 237. CHAPITRE PREMIER Mesure des processus protéolytiques Les diverses albumines natives que l'on peut soumettre h l'action des sucs digestifs se différencient à la fois par leur constitution chimique et par leur état physique. Elles sont solides, coagulées, liquides, en suspension ou en solution ; certaines, comme la gélatine, sont liquides ou solides suivant la température. En faisant agir sur ces diverses albumines des sucs digestifs protéolytiquement actifs, on constate des phénomènes de trans- formation, variables avec chacune d'elles. Les modifications physiques les plus simples, telles que : dissolution d'une albumine solide ou coagulée, éclaircissement du lait, disparition de la propriété de gélifier de la gélatine liquéfiée, etc., ont longtemps servi comme mesure de la protéo- lyse. Chez les Invertébrés, ces procédés furent môme les seuls employés. Ils sont cependant insuffisants pour la plupart, car ils ne renseignent pas sur la nature de la protéolyse, qui est, avant tout, un phénomène d'ordre chimique. Les albumines natives sont constituées en grande partie par la liaison, avec perte d'eau, de corps peu complexes : les amino- acides. La protéolyse a pour effet de les dédoubler, de les scinder en corps plus simples pour arriver finalement aux amino-acides, après avoir passé par des stades intermédiaires : proteoses et peptones. Dans ces derniers temps, les travaux de Fischer et de son école ont jeté un jour nouveau sur la constitution de la matière albuminoïde. Cet auteur a pu obtenir par synthèse des corps qu'il désigne sous le terme générique de peptides, lesquels sont consti- tués par l'union, avec élimination d'eau, de plusieurs molécules 74 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 d'amino-acides. Par exemple, si deux molécules de glycocolle s'unissent, la fonction acide de l'une réagissant sur la fonction amine de l'autre, un nouveau corps se forme, le glycyl-glyco- colle. qui sera à la fois amide, acide et amine. Ntp _ CH — GOGH + NtP — CH - COOH = I I H H = NtP — CH — GONFI — Cil — COOH + H^O I i H H On peut théoriquement, avec 71 molécules d'amino-acides, former un corps possédant » — 1 fonctions amide en conservant libres aux extrémités de la chaîne une fonction acide et une fonction amine : par exemple : MV n CO (NH R CO) — NH R C0= H Ces amides ou peptides, suivant le nombre des molécules d'amino-acides constituants, sont précédés du préfixe di, tri, poly. Ils offrent un grand intérêt au point de vue physiologique, car, d'après Fischer, le mode de liaison des molécules génératrices dans ces corps et dans les substances protéiques naturelles est le même. La molécule des polypeptides artificiels hydrolyses par les ferments solubles se scinde à la façon des albumines, si bien que Fischer a pu dire : « In ihren physikalischen und chemischen Eigenschaflcn, besonders auch in ihrem Verbal ten zu Enzymen nahern sich besonders die hochmolekularen Polypeptide einigen natùrlichen Proteincn, und wilre man ihnen zuerst in der Natur begegnet, so wilrde man Avohl kein bcdenken getragen haben, sic als Protéine anzusprechen » (1). Depuis la découverte de ces peptides synthétiques, les termes d'albumoses, proteoses, peptones ont perdu de leur signification ; obtenus par digestion peptique ou tryptique, fractionnés par des réactifs divers, alcool, sels métalliques, etc., divisés et subdivisés (1) E. FisciiEH, Hcr. (t. (Iciili^rfi. r/irn,. fies.. iO, 1757, IWT. J. SELLIEK : LES FERMENTS l'ROTlîOLYTIQUES DES INVERTÉBRÉS /O suivant leur degré de solubilité vis-à-vis de certains réactifs en primaire, secondaire (proto, hétéro, deutéro-protéoses, etc.), ces corps tendent à disparaître de la nomenclature : actuellement, on les considère plutôt comme des groupes de peptides formés d'amino-acides variables par leur nombre et leur nature. Leur insolubilité dépendrait non point seulement de la com- plexité du peptide, mais aussi de la nature des amino-acides qui le composent; les polypeptides à poids moléculaire élevé, par exemple, et aussi ceux qui contiennent de la tyrosine sont, comme les albumoses, précipitables par le sulfate d'ammoniaque, la solution acétique de chlorure de sodium et l'acide azotique. Signalons enfin les propriétés qui rapprochent certains peptides des peptones. Leur saveur n'est pas sucrée comme celle des amino-acides ; elle est amère comme celle des peptones. Ils précipitent par l'acide phosphotungstique. Le tanin précipite ceux à poids moléculaire plus élevé. Enfin, un grand nombre d'entre eux donne la réaction du biuret (1). Quoi qu'il en soit, la protéolyse apparaît comme essentielle- ment agissante par la dislocation de la molécule albumine en corps solubles plus simples (albumoses, peptones) avec mise en liberté, dans certains cas, d'amino-acides. Une méthode rationnelle de mesure des processus protéolyli- ques sera donc basée sur la détermination des différents stades de transformation de l'azote albuminoïde au cours des actes digestifs. La technique de cette étude consistera à faire agir le ferment sur l'albumine soluble et non coagulée, condition dans laquelle l'attaque sera maximum. On pourra ainsi se rendre compte facilement des diverses phases de la protéolyse et caractériser les produits de transformation, ce qui était fort difficile avec les anciennes méthodes. Voici comment nous avons opéré. On détermine avant et après digestion : 1" La quantité totale d'azote correspondant à tous les corps, albuminoïdes et autres, présents dans le liquide de digestion (N'). 2" La quantité d'azote sous forme d'albumine native présente dans les liquides de digestion (N'). (l) RoHMANx, Tîiochemip, p. 30.'j. 76 BULLETIN DE LA STATIO.N BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 3" La quantité d'azote sous forme d'albumoses de peptones, ou plus exactement de peptides (N-). 4" La quantité d'azote sous forme d'amino-acides et d'ammo- niaque mis en liberté au cours des processus digestifs (X;). Par définition on a : N' = Ni + N^ + N^- N- est fonction de la peptonisation, N' de la mise en liberté des amino-acidcs ou de la fonction éreptique. Expérience type Dans un tube à essais stérilisé, on introduit 21 ce. 5 de la solu- tion protéique et 0,5 du suc digestif à étudier. Mélanger et prélever aussitôt (témoin) : 1° 2 centimètres cubes pour le dosage de N'. 2o 5 centimètres cubes que l'on additionne immédiatement de son volume d'acide trichloracctique à 10 pour 100 pour le dosage de (N- + X'). 3° 3 centimètres cubes que l'on additionne immédiatement de formol neutre au demi pour le dosage de N\ Il reste dans le tube 10 centimètres cubes de liquide que l'on additionne de quelques gouttes de toluol et que l'on met en expérience. Après digestion. — o centimètres cubes servent au dosage de (N- + N') et les derniers o centimètres cubes au dosage de IX', comme pour le témoin. Les résultats ont toujours été exprimés en milligrammes d'azote et rapportés à 20 centimètres cubes du liquide de digestion. Dosage de N^ 1° Trans forma lion de l'azote en sulfate d'ammoniaque (Méthode de Kjeldahl), — Les 2 centimètres cubes du liquide de digestion, prélevés comme il a été dit, sont introduits dans un ballon de Kjeldahl de 2o0 centimètres cubes et additionnés de o centimètres cubes d'oxalate de potasse à 30 pour 100, puis de o centimètres cubes d'acide sulfurique pur ; chauffer dou- J. SELLIER : LES FERMENTS PROTKOLYTIQUES DES INVERTÉBRÉS // cernent le ballon légèrement incliné jusqu'à dégagement de vapeurs blanches d'acide sulfurique, puis obturer le col du ballon par un petit entonnoir en verre, à extrémité biseautée, afin de condenser ces vapeurs. Le liquide brun, puis jaune, se décolore finalement après un temps variable ; laisser refroidir. La substance organique est détruite. Le carbone a été transformé en C0% l'azote en ammoniaque qui s'unit à l'acide pour donner du sulfate d'ammoniaque. Il reste un excès d'acide sulfurique. 2° Neulrnlisafion à la phtaléine. — Dans le ballon de Kjeldahl contenant ce liquide acide on ajoute, en refroidissant, 80 à 100 centimètres cubes d'eau distillée. La solution obtenue est ver- sée dans un matras h fond plat et à col long de 250 centimètres cubes, puis additionnée des eaux de lavage du ballon de Ivieldahl et de quelques gouttes de phtaléine. Neutraliser ensuite par la lessive de soude. Dans celte opération, il est nécessaire de refroidir le matras en le maintenant immergé dans un cristallisoir rempli d'eau. On évite ainsi le dégagement d'ammoniaque. Enfin il faut éviter d'aller au delà de la neutralité. Il est bon de s'arrêter lorsque le liquide est encore légèrement acide et de terminer exactement la neutralisation (coloration rose) avec la soude >7a. 3o Titracje au formol de V ammoniaque (Méthode Honchèse). — Dans ce liquide exactement neutralisé à la phtaléine, ajouter 10 centimètres cubes de formol au demi neutre à la phtaléine, agiter et verser avec la burette graduée de la soude N'/S jusqu'à teinte rose persistante. Lecture. — Ajouter 5 centimètres cubes de formol neutre. Si la coloration rose a disparu, ajouter de la soude X/5 jusqu'à ce que la teinte rose persiste malgré l'addition d'une nouvelle quantité de formol (5 centimètres cubes) et qu'elle passe au rouge franc par addition d'une ou deux gouttes de soude N/5. Calcul. — Soit n le nombre total de centimètres cubes de soude N/ij, lu à la burette; 1 centimètre cube de soude N/5 cor- respond à 2 milligr. 8 d'azote. Nous avons opéré sur 2 centimètres cubes du liquide de digestion. Pour rapporter les résultais à 20 centimètres cubes de ce liquide, nous avons : N' = Mgr. N in 20 ce. liquide de digestion = nx 2,8 x 10 78 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 Dosage de (N- + N') Nous avons défini (N- + X') comme représentant l'azote des corps non alt)uminoïdes du liquide de digestion, c'est-à-dire correspondant à l'ensemble, albumoses, peptones, amino-acides, ammoniaque. Il nous suffira de précipiter dans le liquide de digestion les albumines natives, et elles seules, de filtrer, pour obtenir dans le filtrat tous les corps azotés de transformation, c'est-à-dire la somme (N- + N') que nous déterminerons par la méthode de Kjeldaul. Nous avons employé l'acide trichloracé- tique pour séparer les albumines natives des produits de pro- téolyse. Ce corps, utilisé par Martin (1) pour la recherche des albumoses et peptones, dans le sang, présente de réels avantages. 11 doit être préféré au tanin ; celui-ci précipite sans doute tota- lement les albumines, mais on sait d'autant moins dans quelles proportions il précipite les albumoses et les peptones, que la réaction du milieu peut perturber les résultats. Il suffit d'ajouter au liquide de digestion son volume d'acide trichloracétique à 10 pour 100 pour précipiter toutes les albu- mines natives. Toutefois, une minime partie des albumoses pré- cipite aussi, mais, celles-ci étant solubles à chaud, il suffira d'une courte ebullition, suivie d'une filtration rapide du liquide bouillant, pour être assuré d'avoir séparé les albumines qui res- teront seules sur le filtre. Ce précipité d'albumine sera lavé à plusieurs reprises par une solution bouillante d'acide trichlor- acétique à î> pour 100. Les filtrats réunis seront versés dans un ballon de Kjeldaul de 250 centimètres cubes additionnés d'oxa- late de potasse et d'acide sulfurique et soumis aux mêmes opérations que précédemment. Soit n le nombre de centimètres cubes nécessaires pour satu- rer l'acidité qui a pris naissance dans le Hquide exactement neutralisé par addition de formol neutre. Ayant opéré sur 5 cen- timètres cubes du liquide de digestion et rapportant les résultats à 20 centimètres cubes de ce liquide, il s'ensuit (jue N du filtrat, après précipitation par l'acide trichloracétique, c'est-à-dire X (l) Martin, ./oiininl af /'/n/siolof/i/. t. XV, p. 37."). J. SELLIER : LES FERME.NTS PKOTIiOLVTlQUES DES hWERTEBRIiS /'J correspondant ù Tazotc de transformation (N' + ÎN') sera donc : n X 2,8 X 4. Signalons enfin que l'on peut doser directement aussi l'azote albumine restée sur le filtre (i\'). Il suffit de recueillir le précipité et de déterminer par la méthode de Kjeldahl l'azote qu'il contient (N'). Divers essais nous ayant montré que constamment, et avec la plus grande exactitude, N' = N' + (N- + N'), le dosage de N' nous a paru inutile et en pratique il suffit de déterminer seulement l'azote du filtrat. Dosage de N' N' a été défini comme représentant la quantité d'azote des amino-acides présents dans les liquides de digestion. L'importance de ce dosage est considérable, puisqu'il donne la mesure des produits d'hydrolyse les plus avancés. On doit à SôREiNSEN (1) une méthode simple, rationnelle et suffisamment précise. Les nombreux acides aminés provenant de l'hydrolyse des substances protéiques possèdent tous le groupement caractéris- tique — GFLML — GOOH. Si on les additionne de formol (GH^O) en excès, ce corps en réagissant sur ML donnera H'O et N = GH-. GOOH ^GOOII + GILO - Il - GH < ^W ^-N = GH^ R - GH <^ + GILO - Il - GH r5E>, Bior/ieini.sr/ic /cilsrhrifl, vol. VII, i). i.j, l'JU7-l'JU8. 80 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE DARCACHOIN 1910 Pour doser les amino-acides dans un liquide de digestion, on en mesure d'abord o centimètres cubes dans un verre à expé- rience. On neutralise exactement à la phtaléine par addition de soude (a). Ajouter 10 centimètres cubes d'un mélange à parties égales de formol h 40 pour 100 et d'eau distillée exactement neutralisée à la phtaléine par de la soude ^7^• L^e liquide devient acide; faire alors couler de la soude N/li conte- nue dans une burette graduée en agitant jusqu'à coloration rouge nette. On note la quantité (b) d'alcali nécessaire à la neutralisation de l'acidité après formol. L'acidité totale du témoin A =^ a (acidité directe) + b (acidité après formol) (1). 11 est facile, connaissant A, de détcrmiuer les corps aminés qui prennent naissance du fait de la digestion. Dans ce but, on mesure o centimètres cubes du liquide digestif, on l'additionne d'un mélange (10 centimètres cubes) à parties égales de formol à 40 pour 100 et d'eau distillée. Le liquide devient très acide et il est nécessaire, pour obtenir sa neutralisation, de verser une quantité B variable de soude ^/l). Si "A = acidité tolale du témoin, B = acidité du liquide de digestion, B - A = n centimètres cubes de NaOH X/o 71 représente l'acidité des fonctions COOH mis en liberté du fait de la protéolyse. Cette acidité mesure donc la quantité d'amino- acides détachée de la molécule albumine. Elle peut être expri- mée directement par le volume de soude N/S nécessaire à la neutralisation ou mieux encore en milligrammes d'azote en multipliant par 2,8 le nombre de centimètres cubes d'alcali trouvé. Ayant opéré sur 5 centimètres cubes de liquide de digestion et rapportant à 20 centimètres cubes les résultats obtenus on aura : N' ^ milligr. N (amino-acides in 20 ce.) = n x 2,8 x 4 Quelques remarques sont toutefois nécessaires. Cette méthode (1) Remarquons à ce sujet qu'il existe toujours des traces d'amino-acides dans les liquides de digestion avant toute action digestive. J. SELLIER : LES FERMENTS I'ROTEOLVTIQUES DES LWERTÉBRÉS 81 au formol dose non seulement les amino-acides, mais aussi l'am- moniaque qui a pris naissance au cours de la digestion. Il est donc de la plus grande importance de déterminer le rapport qui existe entre ces deux éléments. On sait d'ailleurs que des procédés de dosages basés sur cette propriété du formol ont été imaginés par Ronchèse (1), par Malfatti (2) pour le dosage direct de Tammoniaque dans l'urine ; par Hokchkse pour le dosage de l'azote total (urine, sang, etc.) après transformation en sul- fate d'ammoniaque par la méthode de K.ieldahl. Nous nous sommes assuré par quelques expériences préliminaires que la quantité d'azote ammoniacal qui prend naissance dans les liquides de digestion, sous l'influence des agents protéolytiques, est sensiblement négligeable, toutes choses égales, relativement à celle des amino-acides libérés. C'est ainsi que dans uue solution neutre de caséine (20 centimètres cubes) contenant 40 milli- grammes d'azote total, laissée pendant 3 heures à 40" en pré- sence de 0 ce. 5 de suc digestif de Maja, il s'est libéré 8 milligr. 0 d'azote titrable au formol (azote des amino-acides + azote ammo- niacal). L'azote ammoniacal, dosé séparément par la méthode de Grafe (.3) donne le chiffre de 0 mill. li. On voit donc que la quantité d'ammoniaque libérée dans nos conditions d'expérience peut être considérée comme négligeable. Signalons enfin que le dosage des amino-acides tel que nous l'avons décrit n'est exact que si l'acidité totale (acidité directe + acidité après formol) est due uniquement aux corps aminés. C'est d'ailleurs le cas le plus général. 11 n'en est pas de môme lorsqu'on emploie le lait comme substance à digérer. On sait, en effet, que ce liquide contient, outre la caséine, du (l ) RoNCHÈsE, Mélhode de dosage de quelques composés azolés. Thèse de phar- macie. Paris 1907-1908. (2) Malfatti, Zeitsclirift fur analijl. Chenue, t. 47, p. 273. (3) Grafe, Zeitschrifl fur physiol. Chenue, t. 48, p. 300, lUUt). .Celle mélhode permet Je doser totalement et seulement l'ammoniaque contenue dans les liqui- des de digestion sans toucher aux corps amim-s facilement décoraposables. Pour cela, comme l'a indiqué Grafe, il est indispensable de distiller dans le vide et d'employer un alcali soluble el non hydrolysant (solution saturée à froid de carbonate de soude en présence d'une solution saturée à froid de chlorure de sodium; ; il faut enfin que la température à laquelle s'effectue la distillation ne dépasse pas 38 à 40°. 82 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE u'aRCACUON 1010 lactose et des graisses ; ces derniers élémenls pou van l se décomposer en acides divers perturberaient les résultats si l'on ne se mettait à l'abri de cette cause d'erreur. Nous avons donc constamment opéré en présence d'un tube témoin. Lecture des tableaux d'expériences En résumé, nous avons dosé N', (N- + N^), N% avant et après protéolyse. Les résultats toujours exprimés en azote ont été obtenus par la même méthode (méthode au formol) appliquée soit directement (N') soit après transformation des éléments azotés en sulfate d'ammoniaque (niélhode de Kjeldahl) ; ils sont donc comparables. Cette technique, d'une grande exactitude, présente de réels avantages sur celles qui furent employées jusqu'ici. Nos résultats ont été réunis en tableaux. Après avoir indi- qué la substance protéique employée comme matière à difjèrer, le suc digestif mis en expérience, le temps, la température, etc., nous établissons dans une première colonne la répartition de l'azote sous ses diverses formes N', N', N-, N^ pour 20 centi- mètres cubes de liquide avant et après digestion. N', (N' + N')' N' ayant été déterminés directement, N' correspond évidem- ment à {W + N') - N' ; N' correspond à N' - (N= + N'). Cette colonne fait connaître les diverses formes de l'azote dans les liquides d'expériences avant et après protéolyse. La deuxième colonne (gain net) donne des indications sur l'augmentation des facteurs (N' + N'), N-, N'. Les chiffres qui y correspondent sont directement en rapport avec l'activité protéolytique. (N- + N') est fonction de l'activité protéolytique globale ; N-, de la peptonisation ou de la forma- tion de peptides, ou, plus exactement encore, des corps azotés qui ne sont ni albuminoïdes ni acides aminés ; N' est fonction de la mise en liberté des acides aminés ou de la fonction érep- tique. Les chiffres sont facilement calculés ; il suffit, en effet, de soustraire dans chaque groupe la quantité initiale de celle du témoin. On remarquera que les liquides ne contiennent jamais unique- ment, avant digestion, de l'albumine native. Nous avons cons- tamment trouvé, en faible quantité il est vrai, de l'azote non J. SELLIER : LES FERMEMS PROTÉOLYTIQUES DES INVERTÉBRÉS '6'.] précipitable par l'acide trichloracétique et titrable au formol. Il était donc indispensable d'en faire la détermination. Le rapport ^ renseigne sur la relation qui existe entre la mise en liberté des proteoses et peptones dune part (X-) et des amino-acides (N') d'autre part. La mise en liberté des amino- acides étant due à la fonction tryplique ou éreptique, tandis que la peptonisation est commune à la trypsine et à la pepsine, on voit l'importance des variations de ce rapport. Le rapport — — '— donne la mesure globale de la pro- téolyse rapportée à KM) milligrammes d'azote albuminoïde (1). 1 En elïel, soit par exemple >' =- 50 milligrammes d'azole albuminoïde préseni dans le liquide de digestion lémoin . Après expérience, on trouve par exemple (N- + ÎN^j = 40 milligrammes. Pour rapporter à 100 milligrammes de >' afin d'avoir toujours des expériences C(imparal)les, le calcul suivant suffira : Pour 50 milligrammes de >' on a 40 milligrammes de (X- + N'')- Pour 10(J nulligramuies de iN' on a — ttt — ou ^^t^ GIIAPITRE II Pepsine — Trypsine — Erepsine La pepsine et la trypsine furent si souvent signalées à tort dans les sucs digestifs des Invertébrés qu'il est indispensable, avant tout, de rappeler leui-s caractères dislinctifs. Voici comment Léon Fhédékicq (1) résumait, en 1878, l'élat des connaissances à ce sujet : « La présence de la pepsine se reconnaîtra dans ces extraits à ce que la fibrine s'y dissoudra, mais seulement dans la solution acide. Un flocon de fibrine porté dans le liquide s'y gonflera, deviendra transparent, puis fondra peu à peu par les bords. La solution obtenue donnera au bout d'un certain temps la réaction des peptones (coloration rose à froid par la potasse et le sulfate de cuivre). » Si les extraits contiennent de la trypsine (ferment du pan- créas), ils digéreront rapidement la fibrine en solution alcaline, un peu moins bien en solution neutre, mal ou pas du tout en solution acide. La fibrine ne s'y gonflera pas, mais se résoudra en fragments, puis en détritus finement granuleux. La solution donnera également la réaction des peptones. » En dehors de l'action physique du gonflement de la substance à digérer, ce sont surtout les conditions de milieu qui furent d'abord remarquées ; les premiers physiologistes qui s'occupèrent de la digestion proléolytique des Invertébrés les considéraient comme suffisantes pour distinguer chaque ferment. Celui qui agissait en milieu acide était une pepsine et l'on concluait à l'existence de la trypsine lorsque l'action digestive s'accomplissait en milieu neutre ou alcalin. Quand le suc digestif agissait à la (1) Frédéricq, La digeslion des matières albuniinoïdes chez quelques Invertébrés. Archives de zvolofjie cxpériiiicnlalc el (jciivralc, t. Vll, 1878. 80 BULLETIN DE LA STATION CIOLOGIQ'JE d'aKCACIIOiN 1910 fois en milieu acide, neutre et alcalin, il contenait les deux diastases (Kri kenberg). Or, nous montrerons plus loin qu'il est fondamental de déterminer la nature et l'importance de l'acidité pour prévoir si l'action pepsique peut se manifester. D'autre part, les travaux de Kiiiine ont montré qu'indépen- damment des conditions de milieu il fallait encore, pour distin- guer la pepsine et la trypsine, connaître les produits fournis par chacune de ces deux diastases. La pepsine n'amène la décom- position de la molécule albuminoïde que jusqu'à la phase peptone, tandis que l'action trypsi([ue libère en plus des acides aminés. Toutefois, sur ce dernier point, l'accord ne fut pas unanime ; des physiologistes, tels que Hoppe-Seyler, Zuktz, Lavrow soutin- rent que la digestion pepsique prolongée pouvait également donner des acides aminés, mais pas de tryptophane (1). Des expériences rigoureuses, pratiquées avec du suc gastrique pur de chien, recueilli par la méthode du petit estomac de Pawlonv, ont tranché le débat. On obtient des albumoses, des peptones, des produits abiurétiques encore plus simplifiés, mais pas d'acides aminés. Ce n'est qu'en utilisant des pepsines commer- ciales ou des extraits de muqueuses stomacales, souvent souillés de trypsine ou d'érepsinc, qu'on obtient des amino-acides. AbderhaldeiN et Rona (2) ont observé avec une pepsine com- merciale de Grûbler la formation d'amino-acides et de trypto- phane aux dépens de la caséine. Rien de semblable ne se passe avec du suc gastrique pur. Enfin, un autre caractère distinctif entre la trypsine et la pepsine est l'inactivité complète de celle-ci sur les polypeptides do synthèse. Tous ces faits permettent aisément de comprendre l'insuffisance des données anciennes relatives à l'existence de la pepsine et de la trypsine dans les sucs digestifs des Invertébrés. On s'est, en effet, contenté dans la plupart des cas, de caractériser la pepsine et la trypsine par la réaction du milieu d'action. 1) Voir pour la bibliographie de celle queslioii : Ivutsciikr oL Loii.man.n, /cilsc/iri/t fur physiologie Cheinie, p. ^32, t. XLI, l'JOi. (2j Abderhalden et Rona, Zeilschrifl fur p/tijsiul. C/tcmie, l. XLVII, p. 300. Voir encore Boldirew, Zeiilralhlalt f. cl. ges. Physiol, u. Pathol. (/. Slofficeclisels, >'. F., 1. in, p. 209, lOOS. — Arch, de Pfliif/er, l. CXXI, n° 1-2, 1907. Behgma>iv, S/,-fim/. Arch. f. Phystol., l. XVIII, p. 119, 1900. 0. CoiiMiEiM, Pliysiologie (1er Verdauuug, elc, Berlin, 1908, p. 00. J. SELLIER : LES FERMEATS l'ROTKOLYÏlQUES DES LWERTÉBRÉS 87 Or, on sait actuellement l'importance de la quantité d'acide mise en expérience sur la marche de la digestion peptique. Les produits de décomposition des albumines sont comme l'albu- mine elle-même des electrolytes amphotères, mais leur basicité est notablement plus considérable que celle des albumines et globulines. Au cours de la digestion, une quantité plus ou moins grande d'acide libre se combine avec la matière protéique. Si la quantité présente au début est faible par rapport à la quantité d'allnimine, l'action de la pepsine s'arrête avant l'appa- rition des produits finaux de la digestion. Voici d'ailleurs comment s'exprime F. Rohmainin (1) à ce sujet : « Fur den Ablauf der Verdauung und die Art der Endpro- dukte istdieMenge von Sîiure, welche zur Verwendung gelangt, von wesentlicher Bedeulung (2). Die Verdauungsprodukle sind ebenso Avie das Eiweiss seibst amphotere Flektrolyte. dcren liasizitiit zum Teil sehr erlieblich grosser ist als die der Albu- mine und Globuline. Es wird also mit fortschreitendcr Ver- dauung mchr und inehr Salzsilure gebunden. \Yenn die anfangs vorhandene Menge Salzsaure im Verlialtnis zum Eiweiss gering war, so hort die Wirkung des Pepsins, ivelche nur beim Vor- handensein e'nicr gcirissoi Menge freier Salzsaure vonstallen (je/if, auf, l)evor ailes Eiweiss verdaut ist bezw. die Endprodukte sich gebildet liaben, die bei geniigender Salzsiiuremenge entstan- den sein wiirden. Es ist nun selir wohl denkbar, dass, wenn die Sdhsàure gebunden ist, andere Fermente tryptischer Natur, n:ie sie sich auscheinend in alleu lehenskrafligen Zellen und somit auch in der Magenschleimhaul finden, auf die durch das Pepsin gebildeten Produkte einwirken und hierdurch krislallinische Produkte entstehen. » Toutefois, J. SciiLïz (3) signale (]ue la présence d'ions H n'est pas nécessaire pour la digestion peptique, laquelle peut se faire en présence d'une quantité très faible d'acide chlorhydrique liée à l'albumine; cependant, la digestion peptique augmente jusqu'à 1 l{oiiMAN>-, lUochemie, p. 071. 2 (uiKBER, Sil:u)H/sber. d. I'lujf;il;-nu'd. GesfIIsc/t. -■. U'fuzlnirf/, ISO.'i, p. (u. 0. CoHMiEiM, Zi'ilsr/trifl fiir IlioL, v. 33, p. 480 IS9(; . W. .Ni:i m.v.x.x, /.nlschrifi fur r/i!/si,>l. Clu'tn., V. io, p. 210 (1903 . 3! J. ScHUTz, Ueber den Einfluss der Pepsin, und Salzsaure mengen auf die Inten- silfit der Verdauung, speziell bei Abwesenlieil « freier » Salzsiiure. Hior/iemisc/ie /nisriirifl. vol. XXll, fasc. 1 et 2, p. 32-i't. 88 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 une certaine limite quand on élève la quantité d'acide chlor- hydrique. Il nous a paru indispensable, avant de commencer l'étude de la digestion protéolytiquc chez les Invertébrés, de préciser, par un certain nombre d'expériences, le rôle de lacidité du milieu d'action sur la marche de la protéolyse. La plupart des auteurs, en effet, se sont contenté d'intro- duire dans les liquides de digestion une quantité déterminée d'acide. Or nous allons montrer qu'il est indispensable de diffé- rencier l'acidité du milieu d'action en ncidité forte, faible, après formol, et de connaître la quantité des éléments azotés présents dans le liquide. Exemple. — Si dans une solution protéique on ajoute une solution d'acide fort (HGl N/S), une partie de l'acide se combine aux albumines, l'autre restant libre, si toutefois on ajoute une quantité suffisante d'acide. On différencie alors l'acide resté libre en opérant de la façon suivante : Prélever dans un A^ase à expériences îi centimètres cubes de cette solution protéique, ajouter quelques gouttes d'une solution alcoolique de diméthylamidoazobenzol. Le liquide se colore en rouge s'il contient de l'acide libre. Neutraliser avec de la soude N/o, la coloration vire progressivement au jaune orangé, puis au jaune. Soit n le nombre de centimètres cubes de soude N/5 lu à la burette. Il mesure Y acidité forte. Dans le même Hquide, ajoutons quelques gouttes de phtaléine et versons de nouveau de la soude titrée jusqu'à coloration jaune rougeâtre. Soit n la quantité de soude employée. Elle mesure Yacidité faible. Enfin, toujours dans le même liquide, ajoutons 10 centimètres cubes de formol au demi exactement neutralisé. Si le liquide devient incolore, ajouter une nouvelle quantité de NaOH N/o jusqu'à coloration rouge nette. La quantité n" de soude employée représente Yacidité après formol. Au cours de ce travail il sera souvent question de ces diverses acidités, précisons donc que nous désignons par acidité forte l'acidité titrable au diméthylamidoazobenzol, acidité due à un acide fort libre. L'acidité faible est le reste de l'acidité du mélange titrable directement à la phtaléine (acide combiné avec J. SELLIER : LES FERMEMS PROTKOLVTIQUES DES LNVERTÉBRÉS 89 les albumines, acides faibles, acides organiques, sels acides, etc.). Enfin l'acidité après formol est celle qui prend naissance dans ce même liquide par l'addition d'une certaine quantité de formol neutre. L'acidité totale est la somme de ces trois acidités. Ceci posé, nous avons fait une série d'expériences pour nous rendre compte des variations de ces facteurs de l'acidité au cours de divers processus digeslifs. lo Rapport entre la quantité de substances protéiques ET LES divers FACTEURS DE l'aCIDITÉ Expériences On prépare les mélanges suivants : 1" 3 centimètres cubes de lait normal + o centimètres cubes IlCl N/o. 2" On prépare un autre tube contenant la même quantité de lait mais dilué de moitié avec une solution neutre pbysiologique de NaCl et 5 cen- timètres cubes de IICI N/5. Ce dernier tube contient donc moitié moins d'éléments azotés. Dans ces deux mélanges, on dose avec de la soude >7S l'acidité forte, faible, après formol, lUsidlals exprimés par la quantité de soude N/Î5 nécessaire il neutraliser les diverses acidités l'RE.MlER TUBE DEUXIÈME TUBE Acidité forte 1 Acidité forte 3,80 Acidité faible 4,4 Acidité faible 1,6j Acidité après formol . 0,4 Acidité après formol. . 0,30 Acidité totale. . . 3,8 Acidité totale. . . 3,73 On constate que, pour une même quantité d'acide mise en expérience, la répartition de l'acidité forte et faible varie d'une façon considérable. Moins le liquide contient d'albumine et plus l'acidité forte est élevée, jusqu'à devenir seule présente lorsque le liquide ne contient pas de corps azotés. Les auteurs qui se sont borné à ajouter une quantité déterminée d'acide dans un liquide de digestion, sans avoir au préalable fixé la quantité 90 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE Ij'aRCACIION 1910 d'azote total et le taux de l'acidité forte et faible, ont donc négligé de préciser les conditions d'expérience. "i" Variations de l'acidité au cours des processus digestifs Expériences Préparation DES substances protéiques. a) Solution acide de caséine. — A 10 grammes de caséine Merck on ajoute 60 centimètres cubes de IICI N/o et de l'eau distillée jusqu'au volume de 2oO centimètres cubes. On chauffe légèrement au bain-marie à 40"-50". Agiter. Laisser déposer et décanter le liquide limpide. h) Solution d'inHilhumiiic aiidt'. — A ."iO centimètres cubes d'ovalbu- inine ajouter l.'iO centimètres cubes de solution ])liysiologique de NaCI cl îi centimètres cubes HCl N. Agiter énergiquement. Laisser reposer jusqu'au lendemain et filtrer. Le liquide limpide ainsi obtenu est acidifié avec S centimètres cubes HCl X. (•) Solution neutre de casèitie. — A 10 grammes de caséine INIerck on ajoute 38 centimètres cubes NaOH AV^ + de l'eau jusqu'à 250 centimè- tres cubes. Agiter. La caséine se dissout facilement, le liquide est lim- pide. d) Solution tieutre dovalbuniine. — On ne peut employer une solu- tion neutre d'ovalbumine, qui est mal attaquée par latrypsine. Suivant les indications de Sorensen, nous nous sommes servi d'ovalbumine sur laquelle on a fait agir la pepsine. Voici comment on procède : 30 centi- mètres cubes d'ovalbumine acide obtenue comme il est dit plus haut [h] sont mis en présence de suc gastrique pur de chien (gastérine Fremont) pendant une heure, à 40". On neutralise à la phtaléine par NaOIl X7S. Le liquide ainsi neutralisé sert à la digestion pancréatique. Les liquides digestifs employés sont du suc gastrique pur de cbien (gastérine Frkmonti pour l'action pei)tique et une solution à 1/10 de pancreatine Grubler. On fait les mélanges suivants : 1° 50 centimètres cubes solution acide de caséine -^ 1 centimètre cube suc gastrique de chien. 2° 30 centimètres cubes solution acide d'ovalbumine -\- 1 centimètre cube suc gastrique de chien. 3" 30 centimètres cubes solution neutre de caséine -|- 1 centimètre cube solution de pancreatine. 4" 30 centimètres cubes solution neutralisée d'ovalbumine attaquée par pepsine + 1 centimètre cube solution pancreatine. J. SELLIER : LI'S FERAIENTS I'ROTIiOLVTlQUES HES L\ VERTÉBRÉS 91 Tmmcdiatement avant digestion on fait des prélèvements dans clmqne tnl)e ponr effectuer le dosage de X', (N' + N'), N'. 2 centimètres cubes pour doser N' parla méthode de Ivjeldiial. o centimètres cubes pour doser N" + X'. o centimètres cubes pour X'. Avant digestion également on effectue les dosages de l'acidité forte, faible et après formol, indiqués dans l'expérience précédente. Ces dosages témoins étant faits, on porte à 40" les quatre tubes addi- tionnés de quelques gouttes de toluol. Après io heures et après cinq jours de digestion, des prises de o centi- mètres cubes ont été faites pour doser (N" + N') et N'. On dose aussi l'acidité forte, faible et après formol. Les résultats consignés dans le tableau I montrent (ju'au cours d\me digestion peptiqiœ l'acidité forte diminue jusqu'à devenir nulle. C'est ainsi qu'une solution de caséine, acide au diméthyl- amidoazobenzol avant digestion ne contenait plus trace d'acide fort libre après cinq jours de digestion. Des résultats du môme ordre ont été obtenus avec la solution dovalbumine, laquelle réclamait pour 5 centimètres cubes 0 ce. 8 de NaOH >75 avant digestion et 0 ce. 2 seulement après cinq jours. Ce fait est à signaler. Le tableau montre encore que l'acidité faible augmente dans des proportions sensiblement égales à la diminution de l'acidité forte. L'acidité après formol ne varie pas. C'est là un fait à retenir, car il témoigne qu'au cours d'une digestion peptique, lorsqu'on emploie du suc gastrique pur, il n'y a pas mise en liberté de corps aminés. Nous reviendrons, du reste, sur ce point. Au cours de la digestion pancréatique, l'acidité faible augmente, mais l'élévation de cette acidité porte surtout sur l'acidité après formol. L'U parallélisme évident existe entre la mise en liberté de ces deux sortes d'acidités au cours de la digestion (l'acidité directe étant toujours beaucoup plus faible que l'acidité après formol). Ce fait s'explique bien si l'on considère que, comme l'ont signalé Berthelot et Sôrensen, les amino-acides sont toujours directement acides à la phtaléine, mais que la totalité de leur fonction acide ne se manifeste qu'après addition de formol. Donc, dans ces conditions, l'augmentation de l'acidité directe 92 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 z lys o § e :-D :-5 P r"' < W5 :r: o O «D l- O 1 X 'J v+ 1 «^1 t« .;^ * rc r^ ^1 >o ^ ^ o o_ :.t :^ O S| l-t o th o i<-H o -^ o Cv — ce ^" O ^ Cvf c s 1 j 1 <" §1 z i o 1 ,. P 5 •S r=, = .1 :0 O ^ -t; <=> :0 o Ot 1^ 00 oc «^ c (?M «* o C^ . ^, ce K S "^ O O' O -H o" o' o" *■! e o o o o o" 2 n c < l— ' 1 ti < ai 1 1 23 1 1 H Q '-5 g â, ^ ; ■ ■ • . • -< = o o d) ci O _a. 0. o ^ c O s 3 1 S la s JE î^ :z S S = o ^ »S ^ 5 ^ J .2 c ^ s o ^ o W 3 ^ -O >o 'O) '_2 ^ ^0) '0. •o; '■3J ^D ^c '^ ^ es -' .^ ^^ .L^ 'S '5 TS ~ 'S "w "C -5 X) ~ — -^ t - 'c 'S *o o o -^ o o "S 'S î^ 7o pour 3 centimètres cubes de liquide) se décomposant en acidité directe 0,2, acidité après formol 0,4. Après digestion à 40° pendant cinq jours, on trouve l'acidité totale 4,0 se décomposant en acidité directe 1, acidité après formol 3,0. Le gain en acidité totale = 4 — 0,6 — '^A est dû entièrement aux amino-acides qui ont pris naissance. Il se répartit en une augmentation de 0,8 pour Tacidité directe et de 2,6 pour l'acidité après iovmol (voir tableau I). En résumé, la digestion peptique se caractérise par une dimi- nution progressive de l'acidité forte et une élévation proportion- nelle de r acidité faible sans variations de r acidité après formol. La digestion pancréatique se distingue, au contraire, par une élévation progressive de l'acidité faible et surtout de l'aci- dité après formol, élévation due à la mise en liberté des amino-acides. Quant h la marche respective de la protéolyse peptique et tryptique, les résultats consignés dans le tableau II renseignent à ce sujet. On voit notamment que la pepsine est une diastase peptonisante et non éreptique. Au cours de son action, qui a été pourtant intense puisque globalement 96,6 pour 100 de la caséine, et 64 de l'ovalbumine ont été transformés, il n'y a pas eu la moindre trace d'amino-acides libérés. Ce fait est, du reste, conforme aux expériences d'AeDEUHALDE.N. Au contraire, la digestion pancréatique est caractérisée par une activité peptonisante et une activité éreptique sensiblement égales. L'activité protéolytique globale est, comme pour la pepsine, très considérable. Après cinq jours, 91,2 pour 100 de la caséine sont transformés et 67 pour 100 de l'ovalbumine préalablement attaqués par la pepsine. Mais, au cours de cette digestion, des amino-acides ont pris naissance. Ils ont été libérés en quantité sensiblement égale à celle des proteoses, puisque le rapport ~ est voisin de 1, C'est là 94 JLLETIN DE I.A STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHOX 1910 t/; 1 < &|?. 1 8 8 1 8 8 1,06 0,96 :.e 0 1 ^. J 1 x: 67,0 46,2 64,0 82,0 91,2 88,6 67,0 W ■ Z < ^ 1 0 0 ! - - 33.60 38,08 5,70 15,68 1: 26,80 38,64 29,10 40.82 34,96 36,78 i5i| + 26,80 88,64 29,10 40,82 68,56 74,86 18,44 26,82 ,2 y. r i. K ï< ^ f? S GO 'X> 00 ^ 'ît* ^ v^' ^ ^ -i 0 \ 8,86 9,06 19,04 "^ 0,00 26,80 88,64 s 2 n 8,86 88,82 40,14 ?1 i §. *-i' 0' ce' 'th r>\ f>\ j>; 39,84 18,04 1,20 c^^ cvi 0 l- '-O -^ 'm' ce' -m' -^ ce 'M fe S g — ce '— X ^ ^A ^ ^. '^ ?i 2 >^ (M 5^1 (?^l ce" ce' ce' S-* ^ >.* 67,20 67,20 6)7, 20 89,60 89,60 89,60 56,00 56,00 56,00 ^ .1 (Caséine Merck Avant digestion Après 15 heures Après 5 jours Ovalbumine Avant digestion Après 15 heures Après 5 jours Caséine Merck Avant digestion Après 15 heures A ores 5 ioiirs - Ovalbumine partiellement digérée par pepsine Avant digestion Après 15 heures Anrès 5 ioiirs - Y. Suc gastrique de Chien Pancreatine (i rubier X CJ J. SELLIER : LES KER.MEATS l'ROTÉOLVTIQUES DES IIN'VERTÉBRÉS 9o un fait intéressant à connaître et qui permettra au cours de nos recherches de caractériser les ferments pro téoly tiques des Invertébrés. En résLHiié, la pepsine et la trypsine se différencient très nettement par les trois caractères suivants : 1" Par le milieu daclion. — La pepsine agit seulement en présence d'nne acidité notalde, et rintensité de la digestion ang- mente jusqu'à une certaine limite quand on élève la teneur du milieu en acide. La trypsine réclame, au contraire, un miUeu neutre, alcalin ou faiblement acide. 2° Par les variations de l' acidité au cours de la proléolijse « in vitro ». — Dans les liquides de digestion peptique, il y a diminution de l'acidité forte, augmentation de l'acidité faible. L'acidité après formol reste invariable. Dans les liquides de digestion pancréatique, il y a augmenta- tion progressive et parallèle de l'acidité directe et après formol, cette dernière étant due à la libération d'amino-acides. 3" Par le processus d'action. — La pepsine est un ferment peptonisant et non éreptique. La trypsine possède à la fois la propriété de peptoniser et de transformer les substances protéi- ques en amino-acides ; au cours des digestions in vitro, l'acti- vité peptonisante et l'activité éreptique de cette diastase sont sensiblement égales. Enfin, une partie de l'action protéolytique de la trypsine ne reviendrait-elle pas à l'érepsine ? Depuis sa découverte par CouiXHEiM (l), quelques auteurs ont cherché à s'en rendre compte. D'après Nakava.ma (2) l'érepsine peut détruire l'acide nucléiniquc intestinal avec mise en liberté d'acide phosphorique et de bases xanthiques. La trypsine, au contraire, même après quatorze jours est impuissante à produire de telles modifications. (1) CoHKUEiM, Die Umwandlung des Eiweiss durcli die Damiwand. Zeilsc/irifl /. pfiysiol. C/iemie, 1901, XXXIU, p. 4ol. — ^Yeite^e Mittheilungen iiber das Erepsin. /bid., 1902, XXXV, p. 139. — Trypsin und Erepsin. Jbk/., 1902, XXXVI, p. 13. 2) Xakavama, Ueber das Erepsin. Zeilsdirift fur p/iysiol. Cliemie, t. 41, 19()'i, p. 318- 363. 90 BILLETIK 1)E LA STATION lilOLOUlQL'E 1j'aRCAC1I0.\ 1010 Glaessiner et A. Stauber (1) ont montré aussi l'individualilc respective de l'érepsine et de la trypsine à l'aide du sérum san- guin. Le sérum sanguin inhibe Taction tryptique, mais n'inhibe pas l'action éreplique. Enfin on a rapproché de la trypsine une multitude d'autres diastases rencontrées chez des animaux appartenant à divers groupes zoologiques : trypsine des Spongiaires (2), Actino- pmtéases des Actinies (3), ferment try psique desEchinodermes (4), de l'hépato-pancréas des Céphalopodes, des hisectes, des Crus- tacés, etc. La nature de tous ces ferments laisse beaucoup d'incertitude. C'est en nous basant sur les données bien établies chez les Vertébrés que nous avons nbordé l'étude des ferments [trotéo- lytiques des Invertébrés. I i) Glaessiner et A. Stalbek, Beziehungon zwiïjclien Trypsin iind Krepsin. JJioc/i. Zeitsrhrifl, vol. XXV, 1910, p. 204. 2) Krukenberg, Uebor die Enzyinljildung in dcii Geweben iind Gefiissen dcr Everlebraten. Unlers. d. p/ii/swl. Insl. Ncù/elberg, p. 339, H, 1882. (3) Mesiml, Recherches sur la digesliou inlra-cellulaire et les diastases des Acti- nies. Ami. Inst. Pasteur, XV, 352, l'.IOl. (4) Frédéricq, Loc. ctl. Krukenberg, Loc. ril., p. 330, 11, 1882. CiiAi'EAUx, Sur la nutrition des Ecliinodornies. /iull. Aiud. de liriuvelles, 3' s., XXVI. 227. 1893. CHAPITIU': 111 Réaction des sucs digestifs des Invertébrés Dans le l>ul de caractériser la pepsine et la trypsiiie, les auteurs se sont surtout attaché, chez les Invertébrés, à déterminer la réaction chimique des sucs digestifs. Or, on est surpris, à la lecture des Mémoires, de rencontrer sur ce point les opinions les plus contradictoires (1). Il est juste cependant de remarquer que les auteurs n'ont pas opéré dans des conditions identiques. Ainsi, certains ont employé comme indi- cateur le tournesol et d'autres le papier Lackmus; quelques-uns même ne disent pas comment ils ont déterminé la réaction. Enfin l'état physiologique de l'animal étudié (à jeun ou en digestion) est un facteur important qui, souvent, n'a pas été signalé. Quant à la nature de l'acidité, parfois constatée, il n'a été émis sur elle que des hypothèses. Est-elle d'origine glandulaire, comme chez les Vertébrés ? Pro- vient-elle de corps à fonctions acides existant normalement dans les sucs digestifs? Est-elle due à des corps qui se forment au cours des processus digestifs i* Dans ce dernier cas, quels sont ces corps 1 Voilà, semble-t-il, des questions dont il y aurait lieu de se préoccuper. Pour montrer l'étendue des contradictions nous allons passer en revue les résultats des auteurs. Crus lacés. — Hoppe-Seyler (2) trouve faiblement acide le liquide contenu dans la poche gastrique à'Astacus. (Il 11 ne s'agit bien entendu ici que de la réaction constatée à laide des indica- teurs ordinaires. (2) Hoi'pe-Seïler (1870 , Ueber Unterscliiedcn in chemisclien Bau und in der Verdauung hôherer und niederer Tiere. Arch. gcs. F'hijuioL, Bd. li, p. 3'Jo-iOO. 98 BULLETIN DE LA STATIOIX DIOLOGIQLE d'aRCACUOK 11)10 ScHLEM (1), Krukeisberg (2), LiNDiNER (3) Irouvcnt également acide la sécrétion hépatique du même animal. D'autre part, Stamati (4) constate que le suc digestif ô'As/acus est tantôt alcalin, tantôt acide, selon que l'animal est à jeun ou en digestion. Voici, d'ailleurs, comment il s'exprime à ce sujet : <( Toutes les fois que l'estomac de l'animal est vide d'aliments, il ne contient que du suc jaune et la réaction est alcaline. J'ai remarqué toutefois que quand l'estomac est en pleine digestion et gorgé d'aliments, le contenu offre la réaction acide, le suc alcalin réagit dans l'estomac sur les aliments et c'est dans cet organe que prend naissance l'acidilé » Jordan (o), qui a employé le papier Lackmus comme indicateur, signale des résultats diamétralement opposés. Ce suc serait tantôt acide, tantôt alcalin chez les sujets à jeun, et constamment alcalin chez ceux qui sont en digestion. Céphalopodes. — Claude Bernard (0), parlant de la réaction des diverses régions de l'appareil digestif des Céphalopodes, dit: « A propos des réactions des différentes parties de l'intestin, voici ce que l'on peut dire : La bouche pendant l'afflux de la salive offre constamment la réaction alcaline. L'estomac pen- dant la digestion offre constamment chez tous les animaux une réaction acide. L'intestin grêle offre une réaction tantôt acide, tantôt alcaline, alcaline quand les matières alimentaires non azotées dominent dans l'alimentation, acide quand ce sont les matières azotées. » Paul Bert (7) trouve chez Sepia les sécrétions digestives cons- tamment acides. «Les glandes sahvaires, écrit-il, produisent un liquide acide. Le premier estomac est un simple gésier à parois épaisses, qui ne sécrète aucun liquide et dans lequel cependant (1) ScHLEJiM, Disserl. Berlin 1844, d'après Olto von Fûrth, Yergleichendc clicmisclie Physiol, der niedercn Tiere. Jena 1903, p. 22li. (2) Krukenberg, l'nicrs. il. p/iysiol. Instil. Heidelberg. 2, 187S. (3) Lindner, Disserl. Berlin 1844 ; d'après Otto von FiiuTii. (4) Stamati, Recherches sur le suc gastrique de l'Ecrevisse. Comptes rendus de la Soc. de Biol., 1888, p. 16. Recherches sur la digestion chez l'Ecrevisse. Bulletin Soc. Zool. de France, t. Xlll, 1888, p. 149. l5) JoRUAN, Der Stand der Frage nach der Eiweissverdauung bei nied. Tieren. Biologisclies Centralblall, i^Ol, p. 37o-384. (6) Cl. Bernard, Leçons de physiologie expérimentale, I. II, 18uG, p. 488, p. 4o6- 437. (7) P. Beut, Coinjtles rendus .Icadeniie des Sciences, t. Go, 1807, p. 3U(J. .1. SELLIER : LES FERMEATS PROTKOLYTIQUES DES INVERTÉBRÉS 99 se fail la digestion, grâce aux sucs acides qu'y versent et les glandes salivaires et le cœcum spiral Le tissu du foie est fortement acide sur le vivant même, cette acidité est due à une substance soluble dans l'eau. » ^ JoussET DE Bellesme (1), en expérimentant sur Octopus vulgaris, montre que la sécrétion du foie est constamment acide : « Si on coupe une partie périphérique de la glande et on y creuse une dépression, celle-ci se remplit par suintement d'un liquide qu'on peut regarder comme pur et dont on peut recueillir une quantité suffisante pour l'expérience Le liquide qui s'écoule du foie est très al)ondant. Sa densité est 1,024, il est limpide, presque incolore, très riche en albumine puisqu'il se coagule et se prend en masse par la chaleur. Son caractère le plus remarquable est d'être franchemenl acide. C'est môme de tous les liquides qui servent à la digestion le plus acide et le plus abondant » Les résultats obtenus par Léon Frédéricq (2) chez le même animal parlent dans le même sens : u On trouA^e dans le jabot, l'estomac et le ctecum une assez grande quantité d'un liquide acide brunâtre qui peut servir à faire des digestions artificielles. Le contenu de l'intestin a, d'ailleurs, partout une réaction fran- cheinenl acide Le tissu des glandes salivaires et du foie est lui-même fortement acide, comme l'avait vu Paul Bert. » BoLRouELOT (3) trouve le suc digestif des Céphalopodes toujours faiblement acide : « L'acidité normale du suc digestif des Cépha- lopodes que j'ai examinés est extrêmement faible ou tout au moins insuffisante à déterminer l'action pepsique. C'est là la seule indication que je puisse donner sur le degré et la )uUure de l'acide libre de ce liquide, les divers essais auxquels je me suis livré pour les séparer n'ayant pas abouti. » Victor Henri (4), parlant du suc hépatique pur obtenu par fistule chez Octopus vulgaris, dit : « Ce suc hépatique est rouge (1) JoussET DE Bellesme, Recherches sur la digestion chez les Mollusques cépha- lopodes. Comptes rendus Académie des Sciences, t. 88, 1879, p. 304. (2) Léon FiiÉDÉKicQ, Physiologie du Poulpe commun. Atr/iives de /oohirjie expéri- mentale et générale, l. Vil, 1878, p. 578. (3' BouRQUELOT, Reclierclies sur les phénomènes de la digestion chez les Mollus- ques céphalopodes. Archives de Zool. expérimentale et générale, t. Vil, 1883. 4) Victor Hemu, Etude des ferments digestifs chez quelques luA^ertébrés. Comptes rendus de la Suc. de Riol., 1903, p. 1317. 100 BULI.ETIiN DE LA STATIO.N BlOLOfilQUE D'ARf.ACHO.N l'.UO brun foncé, acide au tournesol, il donne un précipité abondanl par l'alcool et par l'ébullition, il donne la réaction du binrel » Falloise (1) obtient chez les Céphalopodes des résultats du môme ordre ; il dit notamment : « il était intéressant de recher- cher quelle était la réaction du tube digestif chez les Céphalo- podes à jemi et en digestion. p]n effet, c'est dans la cavité digestive que se déverse le suc hépatique, c'est là (jue les fer- ments exercent leur action sur les aliments. La réaction du tube digestif pourra nous apprendre si ces ferments agissent norma- lement en milieu acide, neutre ou alcalin. Frkdéricq mentionne que chez VOctopiis il a trouvé le contenu de l'appareil digestif acide dans toute son étendue. Nous avons fait une série de recherches à ce sujet sur XKledone moschata et \Octopus. Celles-ci ont consisté à ouvrir rapidement les animaux soit à jeun, soit après qu'ils avaient mangé des Crabes depuis un tem[)s plus ou moins long et à déterminer la réaction du contenu. Chez les Céphalopodes à jeun, l'œsophage et le jabot contien- nent un liquide transparent légèrement acide au tournesol. L'estomac et le ciecum sont tantôt acides, tantôt ils contiennent un peu de liquide clair légèrement acide ou neutre. Chez les animaux en digestion, le contenu des divers segments du tube digestif est nettement acide, sauf dans la partie terminale de l'intestin. Une seconde série d'expériences a consisté à injecter dans la bouche, au moyen d'une seringue de Pravaz munie d'une sonde fine, une certaine quantité de solution bleue de tournesol, puis à ouvrir l'animal un certain temps après l'injection et à observer par transparence la coloration des diverses parties du tube digestif. Si l'on ouvre l'animal peu après l'injection, on trouve généralement tout le liquide injecté accumulé dans le jabot, qui se montre distendu. Il suffit alors d'exciter par des chocs d'induction les deux nerfs viscéraux pour provoquer les contractions énergiques de l'appareil digestif et voir le liquide pénétrer dans ses diverses portions. Dans le jabot, la solution de tournesol reste généralement bleue ou prend une coloration indécise entre le bleu et le rose. Elle devient nettement rose (1) F.\LLOisE, Contribution à la physiologie comparée de la digeslion. La diges- tion chez les Céphalopodes. Archio. internat, de Physiologie, \o\. III, fasc. III, mars 1906. J. SELLIRR : LBS FERMENTS I'ROTKOLVTIQUES DES INVERTÉBRÉS 101 dans resloiiiac, le Ctccum el rintesLin. Une solution tie rouge Congo injectée clans les mêmes conditions conserve sa coloration primitive Nous avons examine la réaction de plus de trente échantillons différents provenant (^Octopus ou Eledonc mos- chata, soit à jeun, soit en digestion, et dans tous les cas le liquide s'est montré nettement acide vis-à-vis du papier bleu de tournesol. Mais, d'autre pari, il ne bleuit pas le rouge Congo et ne colore pas la cocheniiU', ce qui permet de conclure que l'acidité n'est pas due à des acides minéraux libres, mais proba- blement à des sels acides. ^) D'autre part, Kruivenberg (I), Griffiths (2), Coiinhkim (3) trou- vent les sécrétions digestives et le contenu intestinal A'Eledone et de Sepia alcalins. Gastéropodes . — Chez Apli/sia limacbia, Botazzf (4) trouve le contenu gastrique acide h la phtaléine. au tournesol et à la tropéoline. L'examen du tableau Ifl montre la divergence des résultats obtenus par les auteurs et combien il est important d'opérer dans des conditions identiques. L'indicateur employé doit tou- jours être noté; un exemple vulgaire le prouve surabondamment . Le lait de vache, additionné aussitôt après la traite de phénol- phtaléine, réclame pour se colorer en rose un certain volume de NaCH X/10 (pour 20 centimètres cubes, 3 ce. IJ de NaCH N/10). Le lait est donc nettement acide à la phtaléine (5). Vis-à-vis du lackmoïdeil est alcalin. Le tournesol donne une réaction indé- cise, elle est neutre ou amphotère. On pourrait multiplier les exemples. 1 KiiLKE.MiERii, Der Verdun laigsvui-garf^ beL einLgeii Ceplialopodeii uiid Piilmona- h'ii. rntersuchungen il. p/tysiol. Inst. Heidelbery, Bd. 2, 1S78, p. 2, 2:58, 402, 418. 2 Griffiths, Cliemico-physiological investigations on tlie Ceplialopod liver and ils identity as a true Pankreas. Cliem. A'etrs, 1885, 1. .^1. p. 100. /'roc. of the nui. Sor. EdinL, 1884, t. 13, p. lîîO. 3j GousHEiM, Weitere Miltheilungen iilier Eiweissresorption Versiiclie an Octopo- den. Zeitsc/irifl fiir phijsiol. C/ieinie, 1902, l. So, p. 3%. 4 Boi'Azzi, Conlrilîution à la physiologie comparée de la digoslioii. Arc/i. ilal. (le Biologie, t. 35, 1901, p. 317, 336. ">; De.mgès, Chimie analytique, 1903, p. 790. 102 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 U2 i < Ilopi'E Sevler, 1877 Scii LEMM, Lindner (1), 1844 Krukenberc, 1878 Stamati, 1888 Jordan, 1907 Stamati, 1888 Jordan, 1907 ^ ^ rjr ^ ^ 1! î iiiiûi 1 '' l u 3 S 1 1 1 1 i i HJ^-:^ .2 .i eu i 1 i i ? i ^ ^ 3 5 ■- '3 ^ ^ .S ^ i; .5 èil|ll| fl o o o *S- iJ a^' i- © o 2 c III S 3 1 c l .s Mil §Lîii lltp!t|l|.i^t 3 .-2 'ï^ ^ = g 5 -^ :- ^ -2 ^ 'S 2 "S 3 fi a; fi ,5 w ■ 2 < 5 1' 5 '< ^ c ^ J S90uisn.]3 1 sapocloiuiida3 |s9podOJ91SB9 1 J. SËLLIIÎR : LES FliKMEMS l'KOTKOLVTlQLHS DES INVERTÉBRÉS 103 NaTUUK KT ROLE DE l'aCIDIïÉ DIGESTIVE DES InYEHTEBRÉS d'après les auteurs Il reste à exciiuinei- inainlenanl le rôle que l'on a attribué à cette acidité. Krukknberg la croyait destinée à favoriser faction pepsique ; lioi RQL'ELOT soutiut plus tard, comme nous lavons dit déjà, que l'acidité des sucs digestifs des Céphalopodes était impuissante à permettre cette action. D'autres physiologistes lui attribuèrent un pouvoir antisepti- (jue. BoTAzzi en explique ainsi le rôle et la nature chez Apli/sia liinacina : « L'hépato-pancréas, pour assurer une forte réaction acide du contenu gastrique et par consécjuent en enqjècher la putréfac- tion, sécrète et verse dans l'estomac ce corps à fonction acide (acide pentosique) provenant de roxydation probable dans l'hépato-pancréas d'un groupe alhédydique d'un hydrate de car- bone (pentosane alimentaire) Il est certain que grâce à cette acidité le contenu gastrique entier (liquide et détritus alimen- taires) peut être conservé [)endant un certain nombre de jours (une semaine et plus) à une température relativement élevée (2o"-27") sans qu'on y observe de putréfaction, tandis que des morceaux d'Uiva triturés et broyés dans l'eau de mer commen- cent déjà, après vingt-quatre, trente-six heures à dégager une odeur maniuée de putréfaction. » Falloise (loc. cit.) croit que l'acidité des sucs digestifs ù' Octopus et k\ FAedo)ic « n'est pas due à des acides minéraux liln-es, mais probablement à des sels acides. » BiEDERMAiNN cl MoRTiz (I), chcz Hclir, attribuent une action antiseptique à l'acide lacticpie que l'on trouve dans le suc stomacal. Jordan {loc. cil.) doute que l'acidité du suc (ïAslacus ait un rôle antiseptique utile, car il se putréfie très vite et devient alcalin. Cet auteur pense néanmoins ([ue chez certains êtres. (1) W. BiEDERMANN el MoiiiTz ( ISUU , Beiti'fifie ziii' vorgleicliemlon l'hysiolofi;ii' der Verdauung III. Ueber die Fiinklion der sog. Leber der .Mollusken. Arch. rjcs. P/ii/- sioloff., Bù. 75, p. 1, 86. loi BULLEIliV DE LA STATIOIN BIOLOGIQUE d"aRCACHO.>' 1910 d'après les travaux de Greeawood (1) chez les Uhizopodes, de MouTOiX (2) chez les Amibes, de Nierkastein (3) chez Paramœcium, la réaction acide qui se produit dans les vacuoles au. début de l'ingestion des substances alimentaires a un pouvoir antiseptique dû à un acide minéral libre, mais n'est nullement caractéristique d'une phase peptique de la digestion, contrairement à l'opinion de Metalnikoff (4). Recherches personnelles Les recherches effectuées sur un grand nombre de sucs digcs- lifs d'Invertébrés ont été faites au point de vue qualitatif et au point de vue quantitatif. On a opéré de la façon suivante : Le suc digestif était recueilli sur l'animal vivant, à l'état de jeûne ou de digestion; son volume était exactement noté. On examinait aussitôt son action sur le papier bleu et rouge dé tournesol, sur le rouge Congo, lequel était abandonné à l'air et examiné de temps en temps. Lorsque le suc se montrait acide, on en dosait l'acidité dans ses divers facteurs : acidité forte, acidité faible, acidité après formol. L'acidité forte correspond, nous lavons déjà dil, à celle qui est dosable au diméthylamidoazobenzol ; elle est due à une acidité minérale libre. Les acides organiques et la combi- naison des acides minéraux et des substances protéiques ne peuvent être dosés avec ce réactif. Les corps acides insensibles au diméthylamidoazobenzol. mais dosablcs à laphtaléine, constituent l'acidité faible. Enfin rappelons que l'acidité après formol, qui prend naissance (i) M. Greenwood tlt^HO), On Ihe digestive Process in some H)iizo|»(i(ls. .hauii. I'lnjsiol., London, vol. 7, p. 253-273. — (1887, , Junni. /'/n/siol., London, vol. S, J). 203-287. — (1894), On the constilution and Mode of formation of » Food vacuoles >* in infusoria, as illustrated by the History of IVie Processus of digestion in Carche- siuni polypinum. P/iil. Trans, liuij. Sue. Lonthnt. vol. 13o, p. 3ou-383. GitEENwooD et Saunders (1894), On the Hole of Acid in Protozoan digeslioii. .Inarn. I'liysioL, London, vol. 16, p. 441-167. (2) Henri Mouton (1902i, Recherches sur la digestion chez \e^ Amibes el sur leur diastase intra-cellulairc. .inn. Jnsl. Pasteur, ann. 16, p. io7-.'iO'.). (3) Edmund ^'ierenstein (190S), Beitriige zur i^'niilirnngsphysiologie der l'rnlislcii. /eitschr. allg. P/iysiol., t. 5, p. 434-510. 4) S. METAE.MKOIT l9l».Ti, Ucbcr dir iiili"i/clliii;in- Vcnliiiintii.-. /lull. Arm!. Sr. Sdint-Pélrrshounj, I. 10, p. 187-19.'!. J. SEL1,[KR : LKS FER.MK.MS ['ROTKOLVTIQUES DES LNVERTÉBRKS lOo lorsque le liquide préalablement neutralisé est additionné de formol neutre, est due à la présence d'amino-acides. Technique. — Quelques centimètres cubes de suc digestif sont versés dans un vase, puis additionnés de quelques centimètres cubes d'eau distillée et d'une ou deux gouttes de réactif de Tôpfer. Si le liquide rougit, c'est qu'il contient un acide minéral libre. Il suffit de verser de la NaOH >710 jusqu'à coloration jaune pour saturer cette acidité (acidité forte). On ajoute alors une ou deux gouttes de phtaléine, puis de nouveau de la XaOH X/10 jusquà coloration rose. Enfin on ajoute encore 10 centimètres cubes de formol neutre au demi et on sature l'acidité mise en liberté par de la .XaOH X/10 jusqu'à coloration rouge franche. La quantité d'alcali nécessaire pour le titrage de l'acidité forte, faible, après formol est notée. Dans le tableau IV, cette acidité est exprimée par la quantité de NaOlI iN/lO nécessaire pour saturer l'acidilé contenue dans oO centimètres cubes de suc digestif (Tableau IV ). On constate que : I" Aucun des sucs digestifs étudiés ne s'est montré alcalin à la phtaléine. 1" Aucun suc n'a pu bleuir le rouge Congo ni rougir le réactif de Topfer. Donc, ils ne contiennent pas d'acides minéraux libres. li' La réaction est varia l)le au tournesol soit avec le même suc, soit avec des sucs différents. Elle est le plus souvent peu nette. .Nous avons fréquemment observé que lorsque le papier bleu est imbibé de liquide digestif une teinte lie de vin apparaît aussitôt, puis disparaît peu à peu dès que le papier n'est plus humide. Au contraire, le papier rose reste intact tant qu'il est humide, mais laisse appai-aitre une légère teinte bleue après dessiccation. Les réactions amphotères sont fré(juenles, l)eaucoup plus fréquentes même que ne l'ont signalé les auteurs. Les sucs pur recueillis sur lanimal à jeun sont chez certains Crustacés {Maja, Cancer) neutres au tournesol et parfois légère- ment alcalins, acides chez d'autres [Iloniarus). Le suc du ca'cum des Céphalopodes est constamment acide {Loligo). L'examen particulier des sucs digestifs acides n'a jamais 106 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE u'aRCACHON 1910 m 9- 1~ o 00 'M -^ '" :': ïi'"S et -.1 + + '2 'S 'O '£ -2 sec s = III 1 ' ^ = = = il 4- 11+ 1 : "S 'S "^ + + 4- = = eI = s ^|5 III = = = § 1 S s; < <'?: s 5Î2 i ! il ii 5 = § i 5 ~ § 1 = 5,3?. 5 ! !-P- ll!i :- 'l i3 < S ^ ^ Ô w ^ s ~ -'do doc dd t^.t 2 .5 o S .'1 Ê = 5 s .^^cS 1 ! 1 ! .3 "-^ .^c ttÎ y. •il il 1^ -ri -M r: ^ -M -^ -M — cvi r: -^ ^1 rt — -m >" 1 : saoB)siu^ 1 sopo(lo|iîi|(l.>3 |s9podOJaiSBt) 1 J. SELLlFiR : LUS FIÎR.MHMS PUOTliOI-YTIQl'IiS UKS liWliliTlÎBRKS 107 décelé l'existence d'acidité forte titrable au diméthylamidoa/o- beiizol, même lorsque l'acidité faible était élevée (3 chez lloma- rus, 9 à 12 du suc du c/e /'/njsii/iie, I. X.W, p. âS-iO. .2) SoHKNSE.N, /('(V.sr///-/// /■((/• y;////.W'//. l/iciiiir, vol. (1:5, l'asc. I. lOS BULLETliN DE LA STATION OIOLOGIOUE d'aRCACHON 1910 caséine ou do gélatine avec du suc digestif de Maja ou de Sepia, on trouve au bout d'un certain temps de digestion une réaction acide à la phtaléine, le papier bleu de tournesol est coloré en rouge vineux ; le papier rouge bleuit légèrement. Après addition de formol neutre, on constate une élévation notable de l'acidité, qui témoigne de la présence des amino-acides. Cette acidité s'est donc formée au cours du processus digestif. Les amino-acides constituent donc le facteur principal de l'acidité des sucs digestifs de beaucoup d'Invertébrés et en particulier de ceux de Majs<-njii'bei{G, les ferments protéolytiques ne sont pas les mêmes chez les divers Crustacés. Cliez Ifomarus tnilgaris et Nephrops norvégiens, il n'y aurait que de la pepsine et pas de trypsine. Cette « homaro-pepsino », non identique à la pepsine des Vertébrés, n'agirait plus en présence d'acide oxalique et n'attaquerait pas les albumines coagulées. Les sucs digestifs {Y Kriphia spuiifrons, de Squilln ne contiendraient que de la trypsine et pas de pepsine. Au contraire, ceux (ï Asfacus fluvia- lilis, Maja squinado, PaUmirus vulgaris, Carrinus ^mrnas contiendraient à la fois les deux ferments. Pour établir ce fait, l'auteur se base sur la destruction de la pepsine en présence de soude diluée, tandis que la trypsine résiste à l'action de la soude mais est détruite en présence de légères traces d'acidité chlorhydrique. Donc, tel suc qui agirait aussi bien en milieu faiblement alcalin qu'en milieu acide contiendrait les deux ferments. Enfin Ivrlkeinberg met en doute l'identité de la trypsine Ci'Astacus et de celle des Vertébrés, car la première ne décom- poserait pas les albumines jusqu'aux amino-acides. Stamati {loc. rit.) signale aussi l'action peptonisante du suc digestif à'Astaciis sur la fibrine; mais cet auteur n'a étudié ni les condilions de milieu ni les produits de l'hydrolyse digestive. JoRD.AN [loc. cit.) a trouvé que ni l'extrait hépato-pancréatique ni la sécrétion digestive iV/Io7)iariis eltVAstacas n'agissent en pré- sence d'acide libre. Il conclut que, tant par la réaction du milieu d'action que par la nature des produits finaux de la digestion, les proteases des Crustacés se comportent comme la trypsine. (1; liuLKE.xuiiUL;, Vergleichend. pliysiologisclie Beilrage zur Keiiulniss der Venlai ungsvorgange. Unters. d. P/iyxiol. Jn.slil. Heidelhenj, 2, 1878, p, 1-43. •Kli.MKMS rKOTI-OLVÏIQUIÎS Itl-S I.WI'RiliBRI car il a [)U caractériser du tryptophane, de la leucine et de la tyrosine. Recherches personnelles sur la digestion protéolytique des Crustacés. Toutes nos recherches ont été exécutées à l'aide de suc diges- tif recueilli directement dans la poche stomacale de grands Crus- tacés décapodes (i\[aja squinado et Cancer pagurus). On peut facilement s'en procurer, soit en enlevant la carapace à la face dorsale, au niveau de la poche stomacale et il suffit alors, après avoir incisé cette dernière, d'aspirer à l'aide d'une pipette le suc qu'elle contient, presque toujours assez abondamment: soit en pratiquant le cathétérisme par la voie buccale à laide d'une |)ipette munie d'une poire aspiratrice. Le liquide ainsi obtenu est brun foncé chez Maja, verdàtre chez Cancer. Il est neutre à la plitaléine, très légèrement alcalin au tournesol. Pendant le cours de la digestion, il est légèrement acic/c au tournesol, mais cette acidité, toujours faible, n'est jamais composée d'acide libre. h^lude qualitative du pouvoir prolc<)ltjti(/uc. — Le suc digestif des Crustacés, comme d'ailleurs celui de tous les Invertébrés à pouvoir protéolytique, agit directement sur les diverses subs- tances protéiques. Point n'est besoin d'employer des agents activateurs analogues à ceux qui sont indispensables à l'action du suc pancréatique des animaux supérieurs. Lxi'KRII'.NCES Action sur l'oimlbuniiite. — Un cube de blanc d'œuf cuit — (îi minutes à 90"), du poids de 230 milligrammes, est mis dans un tube a essai avec du suc digestif de Maja (4 centimètres cubes), — au l)aiu-inarie à 40". Après 24 heures, il est totalement digéré. Dans les mêmes conditions, ce suc digestif dissout 18 milliuiètres d'un tube de Mette, en IJO heures. Action snr ta f/étafine. — 4 centimètres cubes de gélatine neutrali- sée, à 10 pour 100, sont additionnés de 0 ce. 1 de suc digestif de 114 BULLETIN DE LA STATION BIOLOdlQUIÎ d'aRCACHON 1010 Maja. Après 3 heures au bain-marie à 40", la gélification ne se [jrofluit plus lorsqu'on place le tube à essai dans Teau refroidie. Action sur le Inil. — Si à 10 centimètres cubes de lait de vache, dans un tube à essai placé au bain-niarie à 40", on ajoute une goutte de suc digestif de JMaja, la coagulation du lait se produit promptement (4 minutes environ). On peut retourner le tube sans laisser tomber une goutte de liquide. Mais bientôt le coagulum commence à se dissoudre et après quelques heures, il a disparu presque complètement. Le lait a été transformé en une liqueur claire. Les acides (HCl, AzO'H), ajoutés goutte à goutte à ce liquide de digestion, ne donnent pas de précipité. La caséine a donc été digérée. Etude du milieu d'nrtiou. — Plusieurs procédés peuvent être utilisés, On peut, par exemple, acidifier ou alcaliniser le suc digestif et déter- miner ensuite son pouvoir protéolytiqne. Toutefois, on ne doit acidifier (jue faiblement, car il est indispensable de ne pas précipiter la matière albuminoïde, ce qui entrainerait une notable partie du ferment. La même remarque s'applique à l'acidification de la matière à digérer, surtout si l'on emploie des solutions de matières protéiques natives, puisque la caséine du lait précipite dès que l'acidité lactique atteint un certain degn''. On opérera donc on milieu ne produisant pas de précipitation. EXPKRTI'XCES On met dans un tube à essai V/i phicé au bain-marie à 40", 0 ce. 5 de suc digestif de Maja + 0 ce. 1 de HCl ^75 + 0 ce. 4 de HT) + tube de Mette = acidité pour 1.000, 0,7. Après 40 heures, pas trace de diges- tion. Tube //. — 0 ce. o suc digestif de Maja + (0) d'IlGl N/5 H- 0 ce. ;") d'IL-O -f tube de Mette = acidité pour 1.000, (0). Après 40 heures, 18 millimètres sont digérés. Tuhe c. — 0 ce. 5 suc digestif de Maja + 0 ce. 1 CO'Na' N/5 + Oce. 4 d'H^O -H un tube de Mette = alcalinité 1,0 pour 1.000. S"""7 sont digérés. Tube d. — 0 ce. 5 suc digestif de Maja -| 0,3 C( )'Na' N/^ + " •'''• - d'H'-O H- un tube de Mette = alcalinité 3,1 pour 1.000. Pas trace de digestion. Ces expériences montrent nettement que le milieu le plus favorable à raction du ferment est le milieu neutre. .1. SELLIER : LES FERMEiNTS l'ROTÉOLVTIQUES DES INVERTÉBRÉS lli) Sensibilité du suc: digestif a i/acide et a l'alcali On varie rexporience en recherchant comment se comporte Taction protéolytique en miheu acide (HGl) ou alcalin (CO'Na'), car la pepsine est détruite rapidement en milieu alcalin tandis (juo la trypsine, non altérée en milieu alcalin, perd ses propriétés en milieu acide. Expériences Dans un tube à essai [a) on introduit 0 ce. o de suc digestif do Maja + 0 ce. 1 d'HGl N/3 + 0,4 H'^O. Acidité pour 1.000 = 0,7. Tube b. ~ 0 ce. 5 sue de AJaja + (0) d'HCl N/o + 0,3 H'^O. Acidité pour 1.000 — (0). Tube c. — 0 ee. 3 suc do A/aJa + 0,3 CO'Na' N/10 + 0,2 H'O. Alcali- nité pour 1.000 = 1.3. Tube (i.—O ce. 3 suc do A/aja + 0 ce. 3 COWV N/10 + (0) H'^O. Alca- linité = 2,6 pour 1.000. On neulralise exaetoment après 12 heures et on ramène au même volume par addition de ll"0. On introduit alors dans chaque tube à essai un tube de Mette et on porle au bain-marie à 40°. Hésultals après 12heures : Tube a, dissolution de 2"""8 ; tube b, 1()'""'3 ; lube (\ 10 millimètres; tubed, 0 millimètres. La diastase parait donc encore ici s'accommoder mieux du milieu neutre que du milieu acide où elle a été en partie détruite. Le milieu alcalin, dans nos conditions d'expériences, lui a été moins rapidement nuisible. Etude de l'action hydrolytique Ces expériences confirmeut, mais en les précisant, des faits déjà en partie connus. Nous allons maintenant déterminer la vaienr hydrolytique de ce suc digestif. De ce côté rien n'avait encore été fait. 11 est cependant du plus grand intérêt de savoir comment un ferment protéolytique décompose la matière protéique. C'est là le caractère qui permettra de le distinguer. Amène-t-il la dégradation de la matière albuminoïde seule- ment jusqu'à la phase de peptone ? Est-il capable de libérer des acides aminés ? Quelle est son action sur les polypeptides ? 110 BULLETIN IMÎ L\ STATION BIOLOOIQUK i/aKCACIIO.N 1010 Valeur digestive comparée d'après la nature du aiilieu d'action dti suc digestif de ]\[aja et de la pepsine Voici une série d'expériences qui ont été réalisées en suivanl la technique exposée au chapitre premier. Pvëpavaliou de la sn/u/ion /n'ofciqtie. — Nous avons employé l'oval- buraine liquide qui, eomme on sait, est facilement digérée par la pepsine, mais difficilement attaquée par la trypsine ; toutefois, certaines précau- tions doivent être prises pour éviter sa précipitation par le milieu acide. Nous avons employé le procédé suivant déjà utilisé par Sôreasen. On dilue au quart 50 centimètres cubes d'ovalbumine par une sohi- tion physiologique deNaCl. On ajoute 4 centimètres cubes d'HGl normal. On agite. Un précipité se forme. On laisse reposer 24 heures à la gla- cière. On filtre. Le filtrat est limpide, mais il est encore riche en matière protéiquc. Il peut être acidifié ou alcalinisé sans précipiter. A) 120 centimètres cubes de ce filtrat -f- 10 centimètres cubes d'eau distillée ne renferment pas d'acidité libre sensible au diméthylamido- azobenzol. Acidité faible à la phtaléine = 1 |)our 1.000. fi) 60 centimètres cubes de ce même filtrat + o centimètres cubes d'HCl normal donnent une solution qui contient : Acidité forte =2 pour 1.000 + acidité faible = 1 pour 1.000. Préparation de la soluliou de ferniexl. — 1" On dissout dans 15 cen- timètres cubes d'eau 0 gr. 500 de pepsine du commerce (titre 100) ; 2" on mélange 1 ce. 5 de suc digestif do Maja à 18 ce. 5 d'H^O. RXPHRIENCES 1 ube a. — Il contient 20 centimètres cubes de la solution protéique A faiblement acide + 5 centimètres cubes de solution de pepsine. On dose immédiatement dans ce mélange W, (W -t- N^), N'. Tube b. — Il renferme les mêmes substances, mais on le porte aussi- tôt au bain-marie à 40" où on le laisse 15 heures. On dose alors {W + N'), N\ Tube c. — Il renferme 20 centimètres cubes de la solution protéique /? 4- 5 centimètres cubes de solution de pepsine. Le mélange est porté 15 heures à 40". On dose (N"" -f- N'), N'. Des mélanges identiques sont faits en substituant à 5 centimètres cubes de solution de pepsine 5 centimètres cubes de suc digestif de Maja. Les mêmes dosages sont effectués. J. SELLIER : LES FEWlRiN'TS PROTKOLVTIQrES DES hWERTÉBRÉS IJ o_ - x__ _ =^ C/2 ?:|z 1 es" 1 — ' ■>'! 1 1 £ ^^ < + _ :q_ fO ô Ô II z z: r^ o" O o § _ _ _ '?! •■ 1 — 1 Ci 1 o^ 1 5 ^■^ o v^ ' ^f o~ y. y. § < ^ 1 o ;■- 1 >^ — ' :i? o" X' X -^ ^ X O CO -n ï^ ::î X f^ --^ 1- X X s^' vr-' -^' _r ^ te :^" CO ■"* X X X X X o X X J: .. ^^ ^* o V— •= V^ s:^: -J' ^^' CO v.^' s,—' ç ^^ ^^ -5 ^^ - -. Ci ^1 1^ o ^1 rM ^ ?-i ^ 1- 'm" x~ 1^ o Cvf p .~ Zit 1 ^ ■<, y. Îj -i; - - 1- 1^ ;^ te 1 ^ 1 ^ ■^^ ■:o ■r- ;< ,_' ._' ,^ -«r r ._' ,^ -v->' y "-^ ^ X X -3 -3 X X £ ~~ H = - - - = c c r- < ■i .£ ■i .J o c .ç o "x ■r. ce "^ 'r. V3 ^ O o O) o - ^c _£f. ^ .•P .1^: .te _tç .SP ^ •1. -;:; {. ^ OJ •^ /j F' '— r; — ■z t- es i; < < -> < ^ --^ ^ < ç^ ^ .;: -^ .~ . ^ ■/. c« ^ ^ c ^ ' eu ^ . J_l c S j 5 1 1 ai i- c 1 g =— c 1 ':: 1 r 3 "7^ 0 S lité grar t '5 < ~ O l-a O 118 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 Les résultats obtenus sont indiqués clans le Tableau V. L'acti- vité protéolytique globale exprimée par le rapport 100(N^ + N--') a été très faible pour l;i pepsine eu milieu à acidité faible (:15 pour 100). Le suc digestif de ISfajn dans ce même milieu a ou une action digestive beaucoup plus élevée (19.3 pour KlO). En milieu fortement acide, au contraire, la digestion pcpsi(pie a été complète (100 pour 100). tandis que celle de }[aja a été nulle (0 pour 100). Les indications fournies par le rapport ^ sont intéressantes : Pour la pepsine, en acidité faible, il égale 19, et 25 en acidité forte. Pour le suc digestif de Maja. eu acidib'' faible, il égale seule- ment 1,8. Comme nous le savons, plus le facteur N' sera faible, plus la valeur du rapport sera élevée, toutes choses égales. Avec un suc gastrique pur, X' doit être nul, en conformité avec les recherches récentes d'ABDEHUALOEK. étatîlissant que, dans les conditions physiologiques ordinaires, la pepsine n'amène pas la dégradation des substances protéiquos jusqu'aux amino-acides. Or, les pepsines commerciales étant toujours plus ou moins souillées de trypsine et d'érepsinc, la valeur de ]\^ dans ces conditions d'expérience est toujours appréciable. Quoi qu'il en soit, l'étude de ce rapport fournit des indications dignes d'être retenues. Le suc digestif de Maja se distingue très nettement de la pepsine tant par les conditions de milieu qu'il réclame pour agir que par la nature des produits digestifs formés. Le rapport ^ étant voisin de l'unité, on doit en conclure que. dans nos conditions d'expériences, l'action éreplique est à peu près égale à l'action peptonisante. J. SELLUiR : LIsS FEKMIÎMS I'ROTtOLVTlQUES DES INVERTÉBRÉS 119 At.TR» L>L sue UKiKSni DK Miljll SUU DIVKllSES MATIÈRES PUOTÉl(,)UES Il était intéressant de connaître l'action protéoly tique globale d'une part, peptonisante et érepticpie d'autre part sur diverses matières protéiques. h^M'ÉHIli.NCES Ar/iitii s/ir lu (■(isi-iiie. On [)r(Mi(l 21 ce. i) de liiil dégraissé et dilué de moitié. On ajoute 0 ce. 5 de suc digestif de Maja. On prélève à ce mélange 1 centimètres cubes pour le dosage N' (azote total); 5 centi- mètres cubes servent au dosage de (N' + N'), o centimètres cubes au dosage de X'. Les 10 centimètres cubes qui restent sont laissés 15 heures à 40". Après (lUjeslion, on dose (X' -\- W) et N', comme précédemment, dans .") centimètres cubes de liquide. Les résultats exprimés en Az sont ra[)portés à 20 centimèties cubes île liquide. Action sHi- l'ovalbutiiiiH'. — On neutralise de la solution d'ovalbu- mine obtenue comme il a été indiqué plus haut. On en i)rend 21 ce. 5 qu'on additionne de 0 ce. o de suc digestif et on effectue les mêmes dosages que précédemment. Adioii sur divers sériims st/iif/Ntiis d'Invertébrés. — Ces serums sont riches en substances proléiipies, comme en témoigne le dosage de X'. Ils sont [)réalablement dilués de moitié avec une solution physiolo- gi(]ue de XaCl. 21 ce. o sont additionnés de 0 ce. 5 de suc digestif de Majd et l'expérience est conduite comme précédemment. Le Tableau VI (p. oi) contient les résultats obtenus. L'activité protéolyticpie globale 100 (X-^ + ^) est variable suivant les diverses substances albuniinoïdes employées. La caséine a été parfaitement digérée (00,7 pour 100). L'ovalbumine, au contraire, a été faiblement attaijuée (10 pour 100). Les serums ont été digérés dans des proportions variables : 70, () pour 100 pour Jlomarus, 55, î) pour 100 |)Our Scpia, ;')2,7 pour 100 pour Cancer. 41,8 pour 100 pour Mnja. 120 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHGiX 1910 X X •*' x' >^ v-^ X X 1^ ^ •if .o -^ < J. SELLIKR : LliS FERMEMS l^ROTÉOl.VTIQUES DES l.NVERTÉBRÉS 121 Le rapport ^ a une constance remarquable dans toutes ces expériences. Il est voisin de lunité. 11 montre que les quantités de peptones et d'amino-acides libérés sont sensiblement égales. Action du slc digestif de Majd sur la caséine, après DES TE.MPS VARIABLES A LA MEME TEMPERATURE L'atta(]ue fiiciie de la caséine par le suc digestif de Maja nous a engagé à faire une étude spéciale de ce processus digestif après des temps variables à la même température, dans le but de préciser davantage les propriétés du ferment. EXPÉRIE.NCKS On prend 80 ceiilimètres cubes de lait dilué de moitié, on l'additionne de 2 centimètres cubes de suc digestif de Maja. On fait des prises pour doser N', (N' + N^*), X': 2 centimètres cubes pour N\ 5 centimètres cubes pour (N' + N''), ù centimètres cubes pour N'. On porte au bain-marie à 40" le liquide de digestion. Après 30 minutes, 2 beures, 5 heures, Il beures, 2o beures, on fait de nouvelles prises de o centimètres cubes pour déterminer la valeur de ( N' + N') et de N'. ( V. Tableau VU, p. 122). On constate qu'après 30 minutes, 77 pour 100 de la caséine ont déjà été digérés. L'action se ralentit dans la suite pour aboutir progressivement à un maximum voisin du reste de la digestion totale (93 pour 100) après 11 heures. A partir de ce moment, il parait se former dans le milieu digestif de nouveaux corps précipitables par lacide trichloracétique, car, après 25 heures, 1)0,0 pour 100 seulement de la caséine restent digérés. Ce phénomène s'est reproduit dans chacune de nos expériences, nous n'avons pas réussi à en trouver une explication satis- faisante. Les variations du rapport^ sont intéressantes : On remar- ([ue sa diminution progressive à partir de 30 minutes: de 3,0 il aboutit à 0,8 après 15 heures ; cela signifie que la pepto- nisation est très rapide dès le début de la digestion, la mise en liberté des acides aminés est nu contraire progressive. 122 BULLETIN DE LA STATIOA BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 < >>. ■^ ~ =1 ^l °^. ro — " 'ri" — " o" ^. C: o -- re -,r ;:: ^ S S g y. i< 1 S 1 1 1 1 V< i s r^ ^ i| ?! ' K^ Cv| -M — ^ 1^ TSI çv| ■>! -M — ^. " \ ^\ \ ?i Y. z c eu ^ ^^. è ^^ '^ ^ T4 ^^ 2 ii 2 ?, ?î p< n ^: "^. ^ - n ^' ?i ^. ^1 ?; cT, ^ i 5 ?i ?! i S! . r>s.) Le iiuLxinium d'action s'est accompli à GO" : 00, () pour 100 de la caséine ont été digérés, à 40°, il n'y en a eu que îil.T [)our 100 seulement et à 80% 24 pour 100. Le rapport ^^ est voisin de o,.') sauf à 12", mais vu la très petite quantité de substance transformée à cette température, il n'y a pas lieu dattaclier dinqjortance à ce résuttat. Action hyduolytioue comparée de divers sucs digestifs DE (Crustacés sur ees ^uvtières protéioues .Nous avons étudié comparativement sur la caséine, la gélatine et le sérum de Cancer pagurus l'action protéolytique de Maja, Cancer et lloi^iarus. ExrÉKItliNCKS On prend 21 ce. a do lait dilué de moitié auquel on ajoute 0 ce. 5 île suc digestif de Maja, Cancer, lloinaras. On dose avant digestion, N', (N' + N"), N", en prélevant les quantités nécessaires à ces divers dosages : 2 centimètres cubes pour ?sS o centimètres cubes pour (N" + N' :, o centimètres cubes pour X'. Ai)rès la lieures de digestion (N' + N') et N' sont déterminés. On lait la même expérience avec une solution de gélatine à îi pour 100, mais ici on dose seulement X' et N\ Même expé- rience avec, une sokition de sérum de Cancer paj/aruii dilué de moiti(''. ( r. Tableau IX, p. o!)]. 124 BULLETIN Dlî LA STATIÛ.N lilOLOfilQUE u'aRCACHON 11)10 , Il /: y. y. c- r: r: ce ~ Z- ^ y. _ — __ _ d + = {3 3E y P'. X S ^ J" ê " ' — ■> X .^ -'- — c~ ^1 y. " ^^ X ^1 y. • ^^ .. _ ^^ 'T^ •-^ X y. s< ,-, L-- — IC < ç 'y. ii ^.^ :- X + 7^ _ X — ■ V, C> :. X ^^ 7- X ^ ^ •y. rt -^ 1- ,-> :-:' •J '" ?i ^ ^^ X — -- X •~ -, -M vr :1 ~; " ?^ -m' <:7 - y. "~ *' y ">! — - h S^ -m' X ,:^ ~; ' < ^, ":^ '^^ ^- L^ 1^ 1- 1- ;_ .- ^ r. Je f — II '~ ~ <^ c: ;^ ^ < ■ ^ J J. SELLIER : LES KER.MEiMS I'llOTEOLVTlQUES DES IiNVERTÉBRKS J 25 s , :^ ?t' _ CV| ^1 _ 'M fM -Il I 1 — Z' — 1 >! 1 '■'■ w z ï 1 X ~ 2J 1 "A j 1 ' >^ ~ 1 TV"! 1 ^1 < - C j; 1 ^^ ? ^^ i3 % _, 1 1 'â ^ _^ "7 ' — . x' w' I-' ^ 1 1 ^^^ '^f — ' - ■- -M "^ ^ £ _^ ^ X' -C ^z. _ -M cvl ._ _ *J -M 3^ X :rt^ :-: ~' ^ ■^^ ^ ^^ -^ -- — ~ _^ -'^ ■^ — — H r^ ~ <* ;~ T>| •^ — 1 '."j :~ ;— , :~ II ~ II e :/■- — -- — ^ ^^ — ^ • — ^îtJ ■ -^ C; '^ ;çc — 1 ^ ~ -M ~. 1 ^ 3 ->! 0 1- c ;m 3 ■? 3x ?f =' ^i ri '1 ~ >= ço 0 t>i _£ ^ _ ^ Â-' X _ _ _ - :^ 0 , ^ =; 1 C se- S^ ¥\ X jj td ^' — ' ; — ^— ' ■ — ■' rc 0 y. < "M X ?t ■?1 ^ ■M ~l 0 -ri S ^ — ' ' ^---^ Il •~ ^ ^ 1 -^ f. ■ — ■ 'M X — -^] X ■^ ?-! ^ z S ;?c ô :* '^ 3 — a "5 ,■ — ' ■."T. ^ 0 ;— ' v^ 0 : .t '<^ - "_, ?1 —* — ' -M — ^ A < "" 1 - ^^ - ^^ E _• _ :r î-' s^ _ — 1- ^ _ ■~ X -r ïi X X c: '>! ~ X c ". >.-' Cvf Cvj 0 ^ x' x ,^ V- -e-' :~' ^^' «^ >^ 1 ^ y. < ■u^ ►^ II "" > Il ï: _: < £ ■ — . ^-^ -M ^^ ^— ->i s,— :^ >* 'M v-^ ~ .ÏP X -.-^ ^ ->! X "^'^^ ~ -^ X "~^. "^. ■^l ~ 5 V.— "^ s^ _H "^ 5 ^ — ( -M < -< ^i 1 " x; l/^^ >-. \k •y\'y 1 i y >^ '<< ^. - y '<< >'. X - y x; 'y. 'y. — ^ ^ £ '^. r; • ^ ^ ^ '— :^ -i -j £ ^ -^ S %. 5 ^ 5 -■ 5^ ^- i: ~i ^ V. <: 120 BULLETIN DE LA STATlOiN BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 La caséine a été bien digérée par les trois sucs ; celui de Maja est le plus actif (95,(3 poui' 100), puis vient celui de Caiice)' pagii- ru.s (80.0 pour 100) et enfin celui de I/omarus (65,6 pour 100). La gélatine a été facilement décomposée en corps aminés et ici encore le suc digestif de Maja s'est montré le plus actif . Ma/a (oO,2 pour 100), Cancer (17,8 pour 100). Homanis (10,7 pour 100). Seul le suc digestif de Ma/a a attacjué le sérum de Cancer palijli(/i((' du suc digestif des Cvuslueés diiji're d<)\u- les xtalii'res prolèiijues ii lu fuvou de lu lyi/jisine. 128 BULLETIN DE LA STATION BIOLOfilQUE D ARCACHON 1910 MOLLUSQUES CÉPHALOPODES Analomie de rappareil digestif. — Le tube digestif de la Seiche, qui débute par un bulbe buccal {B) armé de deux puis- santes mandibules cornées et d'une radula chitineuse, est recourbé en U {fiy. S). Au niveau de la courbure se trouvent doux dilatations : la première {E) est dite estomac ; la seconde {€), sac pylorique : celle-ci est rhomologue du Ciecum d'autres espèces. La structure de l'intestin est constante sur toute sa longueur : on ne rencontre aucune glande dans ses parois, en sorte que la digestion s'y effectue grâce aux liquides apportés des glandes annexes. Ces glandes sont : 1° Les glandes salivaires {G. s) ou glandes muco-pharyn- giennes ; elles débouchent, par un canal commun, à la l'ace dorsale du bulbe l)uccal et ne paraissent pas exercer d'action digestive ; 2" Le foie {F), formé de deux masses distinctes, situées de part et d'autre de l'œsophage ; ses canaux excréteurs se jettent dans le sac pylorique. 3" Ceux-ci sont recouverts d'appendices d'aspect spongieux (/-'), de couleur brunâtre, souvent considérés comme les analogues fonctionnels du pancréas des animaux supérieurs. Chez le Calmar, la disposition est fondamentalement la même {fi(/. 4). Toutefois, l" les deux lobes du foie paraissent fusionnés et les deux canaux hépatiques {P) se réunissent en un seul ; 2" les appendices pancréatiques (P) font à peine saillie sur la paroi de ces canaux. Pour GuÉNOT (1), le foie des Céphalopodes est non seulement un organe formateur de diastases et accumulateur de réserves, mais aussi le lieu d'absorption des produits de la digestion et un (1) L. CuKNOT, Fonctions absorbante el excrétrice du foie des Géplialopodes. Arch, de Ziiiiliuj. i\r,irrii)i('nlal(- cl gcncralc, IV" série, I. VTI, j). 227-2 1. "i, 2.j aoni lOOil. J. SRLLIRU : LHS KERMKKTS I'KOTKOLVTIQUKS DRS lAVERTKIiRKS 129 'J Fir;. 3. — Appareil dige^lifdc la Srir/w /,'. r.iillic Imccal. — C. s. Claudes salivai res. — /■ , I'nic — /'. Oriianc pancr('"a(i(|i A'. I'lslomac. — (. Sac p\ lnii(|iie. Fir., i. — Appareil iligcstif du Cdlmtir F. Foie. — P. Organe pancréiiliqiie. — A'. Kslomae. — r. Garimi spiral J. SELLIER : LES FERMENTS PROTÉOLYTIQUES DES INVERTÉBRÉS 131 D'après cet auteur, répithélium hépatique {pg. 5) serait constitué par deux types cellulaires, probablement indépendants l'un de l'autre, et par des cellules indifférentes {a) servant au remplacement : 1" Les cellules vacuolaires {g) relativement peu nombreuses : chez la Seiche, elles sont piriformes et renferment vers leur -a - 1, < ♦ \ , * ^'** ':ii^ o d d H d 1 G. :>. — Epithelium liépalique de Sepia officinalis (d'après Cuéivot a. Cellules de remplacement. — b. Mitose superficielle. — c Cel- lules à boules renfermant deux noyaux et des boules safrano- philes de dimensions différentes. — d etr/'. Cellules à boules renfermant une sphère de cytoplasma dense qui entoure des noyaux dégénérés. Dans la cellule (/', le plateau strié surmonte une couche de bâtonnets cytoplasmiques. — e. Cellule renfer- mant de grosses boules, de la j^a-iissc cl, Idut à fait en haut de la cellule, une petite masse à graiiulcs jaunes. — /'. Cellule renfermant de petites boules, beaucoup de graisse et un grand amas jaune de cristaux. — Dans les cellules c, e, f, la surface libre de la cellule est limitée par la zone de bâtonnets cyto- plasmiques. — y. Cellule vacuolaire. — h. Cellule basale à grains réfringents (h'alkzclle de Frenzel}. extrémité supérieure une énorme A^acuole dont le liquide, jaunâtre ou rosé, tient en suspension des granules solides rouge \i{ ou bruns. Chez le Calmar, la vacuole est plus petite et dépourvue de concrétion colorée. 10 iliî BULLETIN DK LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACUON l'JlO 2" Les cellules à boule (c, d, e, /'), très variables d'aspect, renferment, outre des globules de graisse, des boules safrano- philes, tantôt petites et nombreuses, tantôt volumineuses : souvent, au sommet, elles présentent un magma jaune renfer- mant des cristaux assez semblables à ceux de la tyrosine. Les vacuoles et les magmas à cristaux sont rejetés périodiquement au dehors. Les cellules vacuolaires survivraient à l'excrétion. L'absorption se ferait par le cfocum (graisse seulement) et le foie. Action protkolytique La bibliographie des phénomènes digestifs des Mollusques céphalopodes est abondante : Krukenberg (1) constata l'inactivité des extraits de foie préparés par macération dans le chlorure de sodium en présence d'acide acétique dilué. Au contraire, l'extrait glycérine a des propriétés à la fois peptique et tryptique. Griffiths {loc. cil.), Vigelhis (2), Frédéricq (3) ont également signalé la présence du ferment protéolytique. Ce dernier auteur, se basant sur l'action de ce ferment à la fois en milieu alcalin et acide, suppose que cet enzyme n'est ni la pepsine ni la tryp- sine. Paul Bert {lac. cit.) croyait que la macération hépatique de la Seiche contenait de la pepsine, car la réaction chimique était constamment acide. JoussEï DE Bellesme {loc. cil.) montra que le suc hépatique à'Octopus digérait la fibrine et du muscle de Carcinus tnieuds en milieu acide. GoHNHEiM (4), ayant caractérisé la leucine et la tyrosine parmi les produits de transformation obtenus au cours de l'autolyse du foie iVOclopus, pense que le ferment protéolytique des Géplia- lopodes est une trypsine. (1) Krukenberg, Uulersuchiiiigcii d. /'/n/siol. /iisl. Ilvidclbcrg. Bd. 2, 1.S78, p. i. (2) ViGELius, Ueber das sog. Pankreas (1er Cephalopoden. Zool. Anzeiger, 1881. 413-431.— Vergleichend. analomische Untersuchungen ûber das sogen. Pankreas der Cephalopoden. Vcrlt. Kûn. Akad. Amsterdam, XXII, 1881. (3) Frédéricq, Arcli. de Zool. e.vp., 7, 1878, p. ;)78-;;81. (4) CoHNHEiM, Zeilsr/irip fi'ir p/ii/siitlui/if C/ifniif. l. .TJ, p. 396. .1. SELLIER : LlîS KIÎRMKIVTS l'ROTKOLYTIQUlîS DES INVERTÉBRÉS 133 Viclor Henri et Lalou {loc. cit.) obtinrent du suc digestif pur en plaçant dans un des conduits liépato-pancréatiques une canule munie d'un petit réservoir où il se rassemblait. Ce suc différait lovalbumine, la fibrine et la gélatine. Falloise {loc. cit.) obtint des résultats semblables; il observa, en outre, la résistance de l'ovalbumine cuite à l'action digestive et la disparition de la réaction du biuret des peptones, ce dernier phénomène démontre l'existence de l'érepsine. D'autre part, comme le foie contient encore de l'amylase et de la lipase, Falloise conclut à son rôle pancréatique : « Il s'agit donc d'un véritable suc pancréatique possédant les propriétés digestives caractéristiques du suc pancréatique des animaux supérieurs, mais, à l'inverse de celui-ci, agissant en milieu légèrement acide... Dans les extraits préparés avec l'organe entier, on cons- tate la présence d'un ferment protéolytique qui dissout la fibrine et la gélatine, mais laisse intacte l'albumine coagulée, un ferment qui saccharifie l'amidon, un ferment lipolytique et une érepsine: en somme, toutes les propriétés fermentatives que nous avions rencontrées dans le suc sécrété par l'organe lui-même. » Recherches personnelles sur les ferments protéolytiques des Mollusques céphalopodes Les travaux précédents ne permettent guère d'exprimer avec précision les propriétés de ces ferments. Quelques constatations isolées signalant la présence de la tyrosine ou du tryptophane dans les produits digestifs laissent soupçonner l'action tryptique, mais l'absence d'observations sur l'hydrolyse de diverses matières protéiques dans des conditions variées d'expérience explique probablement l'imprécision des connaissances. Pour combler cette lacune, nous avons opéré tantôt avec le suc du c'TBcum spiral du Calmar, tantôt avec celui du sac pylo- rique de la Seiche, ou encore avec des macérés de glande digestive de l'un et l'autre animal. 13i- BULLETIN DE LA STATIOA BIOLOGIQUIi d'aKCACUOA l'JlO Expériences Ar/ion sur /'ova/but/iiin' coaf/u/ée. — On met au bain-maiio à 40" un tube à essai contenant du suc de cœcum de Calmar ou de Seiche et un cube d'albumine ou un tube de Mette. L'ovalbumine perd peu à peu sa blancheur. Les angles et les arêtes du cube deviennent transparents, mais l'albumine ne se dissout point. Action sur la gélatine. — Un tube à essai contenant 0 ce. 1 de suc + 4 centimètres cubes de gélatine à 10 pour 100 est placé au bain-marie à 40°. Après peu de temps, la gélatine a perdu la propriété de gélifier. Action sur le lait. — On met au bain-marie à 40" : 10 centimètres cubes de lait de vache -F 0 ce. 1 de suc. Après 30 minutes, le lait est très appréciablement éclairci. L'eau bromée indique la présence du trypto- phane. Le dosage de l'acidité après formol neutre montre l'existence d'acides aminés. Etude du milieu d'action Le phénomène digestif s'accomplit selon le processus tryptique. Eu milieu acide, cependant, l'action est encore manifeste, comme en témoignent les expériences suivantes : Première Expérience On introduit dans un tube à essai 4 centimètres cubes de gélatine à 10 pour 100 exactement neutralisée -f 0 ce. 1 de suc de Seiche ou de Calmar. On place le tout au bain-marie à 40". On acidifie certains tubes par des doses variables de IICl N/2. On alcalinise les autres par CO'Na' X/2 à divers titres. Les volumes sont maintenus constants i)ar addition d eau distillée. Après une heure, on note ceux qui gélifient. Détail (le l'EjLpérienre Composition des tubes 4 ce. gélatine neutre + 0 ce. 1 de suc + 0,9 ÏICl N/2 + 0,0 H'^O — + 0 ce . 1 de suc + 0,(J HCl N/2 + 0,3 H'^O — +0 ce . 1 de suc + 0,3 HCl A72 + 0,6 H'O — 4-0 ce. 1 (le suc + 0,0 HCl N/2 + 0,9 H'^O 0 gr. 00 — + 0 ce. 1 de suc + 0,3 CO^Na'^ N/2 + 0,6 — +0 ce. 1 de suc 4 0,6 CO'Na^ N/2 + 0,3 Réaction en (jr. HCl p. -1000 Après une heure 3 gr. 28 gélifié 2gr. 19 liquide 1 gr. 09 liquide Ogr. 00 liquide 1 gr. 37 sirupeux 3 gr. 18 gélifié J. SELLIER : LES FER.ME.M'S PUOTÉOLVTIQUES DES LWERTÉBRKS 18o Nous avons effectué d'autres expériences avec des macérés d'iîépato-pancréas. Les macérations étaient faites avec une partie de glande pour cinq parties d'eau distillée en présence de toluène. On laissait séjourner douze heures à la glacière et on expérimen- tait avec le liquide de filtration. Les résultats obtenus furent constamment les mornes qu'avec le suc du cœcum ou du sac i)ylori(iue. Deuxième E.xpériekce On opère de la façon suivante : Tfihe a. — 4 ce. 5 sue digestif + 0 ce. o d'IICl .N72. Acidité pour 1.000, 1,82. Ttihe It. — 4 ce. '6 sue digestif + 0 ec. o dll'O-. Réaction neutre. Tube c. — 4 ce. o suc digestif + 0 ce. o CO'Xa- N/2. Alcalinité [lour 1.000, 2,62. On laisse les trois tubes au bain-marie à 40' pendant trois heures. Ou neutralise exactement ensuite, les volumes étant maintenus cons- tants par addition d'H'O. Ou fait alors dans trois autres tubes les mélanges suivants : 1° 1 ce. 5 de gélatine neutre à 10 pour 100 -f 0 ce. 5 du tube a. 2" 1 ce. 5 de gélatine neutre à 10 pour 100 + 0 ce. 5 du tube b. 3" 1 ce. D de gélatine neutre à 10 pour 100 -f- 0 ce. o du tube c. Rhullals. — Au bain-marie à 40" Après 1/4 d'heure Après 1/2 heure Après 1 heure Tube 1 gélifié gélifié liquide Tube 2 liquide liquide liquide Tube 3 gélifié gélifié gélifié Cette expérience prouve que le ferment a résisté en partie à l'action du milieu acide. Elle prouve, en outre, que des traces d'alcali ont suffi pour l'anéantir. Valeur digestive comparée du suc de Loli^'o et de la PEPSINE, d'après la NATURE DU MILIEU DACTION Nous avons réalisé des expériences identiques à celles expo- sées dans le chapitre précédent au sujet des Crustacés décapodes. 1.% BULLETliV DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHOiN 1910 Expériences Prêpat-alioti de la sfibs/ance à (/iyérer. — On prépare une solution obtenue en diluant au quart 50 centimètres cubes d ovalbuniine par de l'eau salée physiologique. On ajoute 4 centimètres cubes d'HCl normal. On agite. On filtre après 2 heures de séjour à la glacière. On prend : A) 120 centimètres cubes de ce filtrat auquel on ajoute 10 centimè- tres cubes d'eau. La solution ainsi obtenue ne contient pas d'acide libre sensible au diméthylamidoazobenzol. Acidité à la phtaléine, 1 pour 1.000. B) 60 centimètres cubes de ce même filtrat auquel on ajoute 5 cen- timètres cubes d'HGl normal. Acidité au diméthylamidoazobenzol, 2 pour 1.000. Acidité faible, 1 pour 1.000. Préparation de la solution de ferment. — 1" Ou dissout 0 gr. 500 de pepsine commerciale titre 100 dans 15 centimètres cubes d'eau. 2" On mélange 3 centimètres cubes de suc du cfecum de Calmar à 12 centimètres cubes de solution physiologique de chlorure de sodium. Composition des liquides de digestion . — Premier tube: 20 centimè- tres cubes de la solution protéique A + 5 centimètres cubes de solution de pepsine. On dose immédiatement N*, (N" -H N^), N' (témoin). Deuxième tube : Il contient les mêmes mélanges. On laisse au bain- marie à 40" pendant 15 heures, puis on effectue les mêmes dosages. Le troisième tube renferme 20 centimètres cubes de la solution pro- téique B -1- 5 centimètres cubes de la solution de pepsine. On laisse 15 heures à 40° et on effectue le dosage de (N' + N'), N'. Un quatrième tube contient 20 centimètres cubes de la solution [iro- téique B 4- 5 centimètres cubes de la solution de suc digestif de Calmar. On fait identiquement les mêmes dosages. Le Tableau X montre que la pepsine a peu di^^éré en milieu faiblement acide (3,5 pour 100). Le suc de Calmar s'est montré plus actif (11,9 pour 100). Au contraire, en milieu plus fortement acide, la digestion pepsique a été complète (100 pour 100), tandis que le suc de Calmar a fort peu agi (5,5 pour 100). La marche delà protéolyse s'est effectuée, pour le Calmar, sui- vant un processus nettement tryptique. En effet, la valeur du N- rapport— a été 2,7, tandis qu'il atteint pour la pepsine 19 et 24. L'action légère du ferment en milieu acide esta signaler, mais J. SKLLIËR : LES FERMEiN'TS l'ROTKOLYriQUES DES liWERTEBRKS rs: « 3. '^.. 1 1' i '^^ 1 "^- + 1 z S ^' o s -.6 'A < s^ ?- 1 ?i 'M 1 1 1 S i^ i ' 1 o 4- 1 i ' 'M x' 1^ 1 1 y, A 'y; ^ 2 ^ ^ :0 1 - X X S ^ V. X X X 'M »* ri = 3 ~y. X X S i r" § ? ? i< r^ i~ 5i ?i X X t 'i •X QO ^i 1 1 .2 .2 .1 1 1 -2 1 t .2 .2 ~ "S o a -<1 -< 3 \ C/2 5 1" f' C 1 ^^ ;^ 5 .^ 1 i 1 III III 1 -' 1 1 ;' 1 13S BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACUON 1910 elle ne permet pas d'affirmer la présence de la pepsine dans le suc diiïestif du Calmar. Action du suc digestif de Sepia sur diverses matières PROTÉIQUES Expériences 1" Aclioii s/ir la caséine. — On prend 21 ce. o de lait dégraissé et dilué de moitié. On ajoute 0 ce. o de suc digestif de Sepia recueilli dans le cœcum pyloriquo. 2 centimètres cubes sont prélevés, ils servent au dosage (le N'. 5 centimètres cubes servent au dosage de (N' + N'], 5 cen- timètres cubes au dosage de N^ Les 10 centimètres cubes qui restent sont laissés 13 heures à 40°. Après digestion, on dose dans 3 centimè- tres cubes de liquide (N' -l-N") et N' comme précédemment. Les résultats exprimés en azote sont rapportés à 20 centimètres cubes de liquide. 2" Action sur divers serums d' Inner lébrés. — On prend 25 centimè- tres cubes de chacun de ces serums [Maja, Cancer, Sepia) dilués de moitié avec de la solution physiologique de chlorure de sodium et on les additionne de 0 ce. 3 de suc de Sepia. L'expérience est conduite comme précédemment. Action sur la gélatine. — On fait une solution neutre de gélatine à 10 pour 100. 21 ce. 3 de cette solution sont additionnés de 0 ce. 3 de suc de Sepia. On dose N' et N"* {voir tableau XI). L'activité protéolytique globale a varié avec la matière mise en expérience. La caséine a été bien digérée (71, îl pour 100). Les serums de Maja et de Cancer ont été peu transformés (13, G pour 100 pour Maja, 9,7 pour 100 pour Cancer). Celui de Sepia a résisté à l'action digestive (1). N- Le rapport ^ a varié entre 1,7 et 3,4. Enfin il a été libéré 11 milligrammes d'azote aminé aux dépens de la solution de gélatine. 1 Celle rcsislance à l'aclion prolêolyliqiie C)>i due à l'aclion anlitrypliquo île ces séniras, comme nous l'avons montré (voir lïnclication bibliographique, p. 70). L'inaclivilé à peu pivs lolalc du suc digestif de Sepia sur son propre sérum est un fail inli'i-cssanl à constater. .1. SKMJKR : LES I'ERJIEKTS I'ROl liOLYTlQUES DES Ii\VERTEBUHS ;^9 < x|J. >^ ! ^' ! S- 1 1 ' + g 5; ' CO 1 '"~ Ci" 1 ^v ?< 1- ' ^' 1 ^- s ' o g '/', 1 '.6 -.6 fM k A A < i<; 'A % CO re X GO ?< 2* 2^ ■£■ -.6 -M o S 8 % C" :'5" 8 2 ' ' K -M -M :~ CD ;5 r£ X X 1 1 i^; i i C: O 1^ 1^ i g X X S. 8 tr: cr X X 8 8 S s J'. A S Ç 5J ~ 3 .!■ to 1 t i i J i 1 1 '^ i t ^ 1 ^ < -< s eu îi "S ,S ce -; ■J-. A. O ^ '5^ ^ ^ 5 * 140 BULLETlfs- DE LA STATIO> HlOLOGIQUli UARCACHOiN 1910 Action du suc digestif de Loligo sur diverses MATIÈRES PIIOTÉIQUES D(3S expériences réalisées avec le suc du céccum de Calmar ont fourni des résultats comparables : 69 pour 100 de la caséine ont été digérés après 15 heures ; 16,7 pour 100 du sérum de Cancer ; 8,9 pour 100 d'ovalbumine; 9 milligr. 5 de la solution de peptone Witte ont été transformés en amino-acides ( Voir Tableau Xll). Action du suc digestif de Sepia sur la caséine après des temps variahles Expériences On prend 80 centimètres cubes de lait dilué de moitié que l'on addi- tionne de 2 centimètres cubes de suc digestif de Sepia. Des prises sont faites aussitôt pour doser W, (N' + N'), N' ; 2 centimètres cubes pour N', o centimètres cubes pour (N" + ^'''), ^ centimètres cubes pour N'. On p()rteà40" le liquide de digestion. Après 30 minutes, 2 beures, 5 heures, 11 heures, 25 heures, on fait de nouvelles prises de o centimètres cubes qui serviront au dosage de ÇS' -f N'), deN' (Voir Tableau XUI). On voit qu'après 30 minutes 45,2 pour 100 de la caséine sont déjà digérés. Dans la suite, la digestion progresse encore, elle est maxima vers 11 heures (80 pour 100). Puis un phénomène de régression comparable à celui que nous avons signalé pour les Crustacés se manifeste, car après 25 heures on ne trouve plus que 71,9 pour 100 de la caséine de digérés. Nous avons déjà indiqué la constance et la difficulté de son interprétation. A(ynON DE LA TEMPÉRATURE SUR LA DIGESTION PROTÉOLYTK^UE DU SUC DIGESTIF DE Sepia Expériences Dans une série de tubes à essais contenant 21 ce. 5 de lail dilué de nioilir, on ajoute 0 ce. 5 i\(^ suc digestif de Scina. Dans l'un d'eux SKLLIER : LES p'eRMENT.S PROTKOLYUQUES UES liNVERTÉBRÉS 141 es < >^. |x; , ^. 1 S 1 ^' 1 1 i î<; ' g . i s 1 '" 1 1 y: A i< ,^ -M ^1 5 ?< 1 2 ^'' »* 1 -' '3 _»" A A ^ GO OC 00 o" L^ Ci i< -3 o X -m' X f^l o o o :0 C? Û >-, 2 S CO Ci 1- 1- X 'M <^ ce g § ^. -M -M ?1 TX ^i n "S c < < 1 i ■^ o te 1 1 a.' ^ X A. O •7. â 2 .5 142 BULLETIN DE LA STATlOiV BIOLOGIQUE d'ÂRCACHON 1910 i-O Cl •^ o^ 'jn ■y. •>.|&; L-'^ îO « 'î? s^f a, CL. P: + r^l l~-^ _, o^ ^ g_ ii :n v^ I^"^ Zj^ g ^ o >x '^ >c:t< o § ^ 1 (M Ci^ 1^ S >C ^f " -o x" ^ y. — ,-~, O ;^ ,— ^, I^ •S Ci 1^ A >^ r-f r-" .^■^ ^ ^*i ^ ■î^l ~ + ■O ?i »^ ce ">! ci~ r-" 'm" co' ,^ k ?1 rc CO ^ ^ .-. O o _ ^ ^ oc s ^ i: k 5m' :lf îC ■Ci Ij •^ -T< .- ^ '•j o :^ O ^ = a; ;^ ^1 L- î-O s^ '_ ■m' Ci r^ o Ci" >^ •= ->! CO ^1 ^ 2 :^ ~ O O' o o A _ :^ ~ ce ce «=J< -uo >^ 3 'M " >^ cf oc ■rr^ ^ -M H < o '~ cr__ '-O^ O >^ ~ r^ 1^ 1^ i.^ t-" t^ ^^ti ^^ -* »^ >^ •^ i. O «3 M œ x p O .2 o o "ôl s -- -- O ^ o S « S p _6Ç _:2 JS o -tH ÎO --^ CO r. 'Ir fM î-O ' 1 J. SKU.IER : LHS FliUMliiXTS I'ROTiiOLYTIQUKS DES Ii\VERTÉBRÉS 143 (témoin) on fait des prises immédiates pour doser N', (N' + N'), N'. On les place au bain-marie à des températures variables : 12", 44", 60°, 73° pendant 15 minutes (1). On dose dans chacun de ces tubes (N' + N'), N' (voir Tableau XIV). Le maximum d'action du ferment s'est exercé à 00", car 02,3 pour 100 de la caséine ont été digérés. A 44°, la digestion a également été importante (59,7 pour 100). A 73°, elle est encore très notable (46,7 pour 100). Rôle du c.^cum des Céphalopodes Le rôle du cœcum des Céphalopodes {fi g. 3 et 4, C), diffé- remment dénommé selon les espèces (sac pylorique delà Seiche, cfecum spiral du Calmar), a depuis longtemps suscité la curiosité des biologistes. Il communique d'un côté aA^ec la poche gaslri(|ue et il reçoit, par un autre côté, le suc sécrété par l'Iiépato- pancréas. DuvERNOY (2) et CuYiER (3) pensaient que les aliments se ren- daient de l'estomac dans le ctrcum pour y être digérés. Paul Bert (4) soutint, au contraire, que chez la Seiche les substances alimentaires n'y pénétraient point. C'est également l'opinion de Bourquelot (5), qui n'a jamais rencontré d'aliments dans le cfccum d'un Céphalopode frais. Ils resteraient dans l'estomac pendant la digestion. Pour s'en assurer, dit cet auteur, « il suffit de fendre en long, dans son milieu, la paroi postérieure du manteau d'un Poulpe en vie et en digestion, de manière à dégager l'estomac et les parties du tube digestif qui en sont voisines. Si l'estomac est plein, les contractions, qui sont fréquentes et très puissantes, refoulent le chyme vers le jabot, jamais il n'en entre dans le cai'cum. Si, empochant parla pression le mouvement du chyme vers le jabot, on comprime l'estomac avec précaution, les aliments passent dans l'intestin. » (1) Pour des expériences d'aussi courte durée, il faut placer préalablement chaque lube à la température voulue avant d'v introduire l'agent digestif. (2) DnvERNOY, Anatomic comparée de Cuvier, édition belge, l. II, p. 441 (d'après Bourquelot). (3) Cuvier, Mémoires sur les Céphalopodes, p. 29. (4) Paul Bert, Cumples rendus de l'Académie des Sciences, t. LXV, 1807, p. !iOU. (o) Bourquelot, Arr/iircs de Zoologie expérimentale, t. III, 1885, p. 67. 144 BULLETIN DE LA STATIOA' BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 ir- C^ GO x y. v', — ' ^' CO »^ § a. '^ < >", " + <:;< 1^ îl (■^ •>r. ;>. 3 J^ ■5 Q — ' X X ^ i^X - 1 ^ "-0 Ci_ ^ 1 "^ ^' :0 co" '^ y. -3 (î^l ce — CZj ^1 (ÏV| 'M 2 ^ 1 r>\ .£ ■^ c^ — - o :^ X _ X -M 1 ^ f^ "X) — _;f 1 -^' îO CD 0 V, Çvl (^1 n^i .-. '>! '^ ^_ ^_^ ~ 'M 0 1^ X — ^ ^ ?^. -m"^ ro --2^ t- ce •- 3 "• ■-' ^ •i^ ■^ 'M SJT' ?i ^-r :rt ^ ^ (?r .^ rc CO QO '^ ^ y. H *>! ^^ ^1 ^jii , — , _ ci ^ '^' 0, >; ?^ co' QC 1- ce co" ^ ^ CO ■rH •^ r>\ •3; I^ 2J 0 (^ — 0 0 0 ::: '^< l^ ,^ ,^ 1—" ^^ -^ <:r ^ v. _o r ■5 0 C _S) a u- s \r es «v ■^ C -^ < ^ <:t L- J. SELLIKR : LKS FERMENTS l'HOTÉOLVTIQUES DES INVERTÉBRÉS 14o Falloi.se (1) (knnoutre par l'expérience suivante qu'une partie du chyme gastrique pénètre dans le cœcum : « On injecte dans l'œsophage (^'Eledone vivant, au moyen d'une sonde fine et souple introduite par la bouche, un liquide coloré quelcon- que, du rouge Congo par exemple. On ouvre l'animal après un certain temps, on voit par transparence le liquide coloré qui distend le jabot et l'estomac. Très souvent une partie du liquide coloré se trouve dans le cîecum. Si on excite les nerfs viscé- raux on détermine des contractions énergiques de tout l'appa- reil digestif; on A^oit le contenu de l'estomac refluer vers le gésier, le contenu du cœcuni pénélrer dans l'estomac, puis le courant se renverse, le contenu de l'estomac file en majeure partie dans l'intestin, une petite partie pénètre dans le Ciocum. Si on opère sur des animaux morts et que l'on injecte une solution colorée dans l'œsophage, elle passe dans le jabot, l'estomac et l'intestin, sans pénétrer dans le ca'cum comme l'avait constaté Bourquelot, mais si l'on provoque des contrac- tions de l'appareil digestif par excitation des nerfs viscéraux, une partie du contenu stomacal pénètre dans le cœcum. » Gomment se comporte à ce point de vue la bouillie alimentaire? Si l'on examine l'appareil digestif ^ Eledone alimen- tés par des crabes dont les tissus ont été colorés en rouge par du carmin, on constate que, dans la plupart des cas, le coccum contient une quantité plus ou moins grande de chyme rouge. )) Ces expériences démontrent que le Ctccum n'est pas unique- ment un réservoir pour le suc sécrété par l'hépato-pancréas mais que les aliments peuvent y pénétrer. » Nos observations concordent avec celles de Falloise quant à lîi possibilité de pénétration des substances alimentaires. Toute- fois nous sommes convaincu que les produits solubilisés par les actes digestifs pénètrent seuls dans le ctecum, à l'exclusion des substances solides. Il s'agit maintenant de savoir si le chyme arrivant de l'esto- mac dans le ctecum parvient jusqu'au foie en passant par les canaux hépato-pancréatiques. S'il en est ainsi, le cfccum appa- raîtra comme un organe préposé à deux fonctions : 1" comme ;1) Falloise, Arc/iives inlernaliuiialfs de P/iijsiulogii', vol. III, fascicule III, mars I90G, p. 3U2-304. liG UULLIÎTIN DR LA STATIOA' BIOLOGIQUE u'aRCACHON lUlO un réservoir de suc digestif: 2" comme un réservoir des pro- duits solubles de la digestion. La question se poserait alors de savoir si la transformation de ces produits solubles ne se conti- nuerait pas dans cet organe, qui ensuite les absorberait directe- ment à travers sa paroi. Enriques (1) et GuEixoT (loc. cit.) admettent qu'il en est ainsi mais seulement pour les graisses. Recherches personnelles D'après ce qui vient d'être dit, le cœcum doit être envisagé d'abord comme un réservoir de suc digestif, puis comme un organe où s'accumulent les substances alimentaires fluidifiées, avant de passer dans le foie. La plupart de nos expériences sur le ferment protéolytique des Céphalopodes, exécutées avec du suc recueilli dans le Cîecum, prouvent la réalité de la première fonction. Il restait à prouver l'existence de la deuxième. Pour cela, nous avons : 1° déterminé les rapports au poids total de l'animal, du foie d'une part et du cœcum d'autre part; 2" recherché, puis dosé les corps aminés comparativement dans ces deux organes. Les indications consignées dans le taljleau montrent que le rapport du poids du foie de Calmar au poids total est de 2,14 pour 100 (moyenne effectuée sur 7 animaux). Le rapport aualo- gue du caecum est de 5 pour 100. Pour la Seiche, les résultats sont inverses. Le rapport du poids du foie au poids total est de 4,4 (moyenne effectuée sur 4 ani- maux). Il est environ le double de celui du Calmar. Le rapj)ort du poids du Ciecum au poids total est très faible. Ces faits s'expliquent facilement, car le cœcum de la Seiche contient habituellement peu de suc, tandis que celui du Calmar en est constamment rempli. L'absorption des produits digestifs, rapide chez la Seiche, est plus lente chez le Calmar. Ces faits se dégagent des constatations indiquées dans le Tableau XV et aussi des expériences suivantes. (I) E.xKiQuiîs, MilthcilulUjen Zool. SUil. Neapel. XV, p. 28J, 1902. LES FERMIÎKTS PROTliOLYTIQUES DES INVERTEBRES 14: J < ^ c _3 1 •x^ ce CO o_ ^^ t- o o CO 1^ c-' 1 o CO 1 C/2 u C5~ 'th' t-." ^"^ r-" ce —h' ;_0 o ' o~ d~ ' Q O o p C ^ i ^ fi o u; ce o^ ce -r^_, o r- __, I^ r- o o co ^ ■C 5 'm' r>\ o\ C^f i>\ -r^ ^f K>\ s^" SjjT .^^ s^" -jf ■< e H X e-1 ^O CO O' :-e Çvl "O _ .r. -- — -^ 1M CO ;;> Ci :r5_ (M O 00 (?1 (M , y ^'' — ^i^ <-; o' o' «rH '^1 G^l o" S ^' o' o" co' :0 j-. > S y. s < r-- o ce r^ CO c^ o oo hJ o ^ tii o CO (M ^1 o -th 05 ■^__ œ O^ c» H X: p sf 1-" (m" lo' co' 'M i-" co'~ co t^ «^ CO " C ^ ^ o_ b _s VT* f. ^o :-0 î^l 'X> o «H*" CO lO o o X ^ S -w — ( -H o I-- 1-^ C5 O o o i-r :0 ^ ij ^ ^ C^ ^ Svl ^ -T^ o ce 'M ^ ^ 1/3 w J ^ , -< ,^ p^ s o >^ .^ ■~ < "i '5 ^ y: ^ W U c p o b C/3 W ■^ er FOIE SIC, CŒCl'M Milligr. N Milligr. N Milligr. N Milligr. N N' total pour 100 gr. tissu pour 100 ce. pour 100 gr. tissu pour 100 ce. ;3l)96 4850 3448 1232 N' albumine 21 40 '■1' l 2942 1184 N' peptones-albumoses. . 810 1739 \ ) N' acides aminés G40 900 506 48 Si on rapproche les faits contenus dans les Tableaux XY et XVI, on voit qu'ils fournissent des indications identiques. Le cœcum de Loligo et de Sepia renferme à la fois du suc digestif et des corps aminés. On peut interpréter ces résultats en admettant que la digestion proléoly tique, réalisée en partie dans la poche gastrique, se continue dans le cœcum, mais seulement sur les substances ali- mentaires préalablement liquéfiées. Les produits digestifs se rendent ensuite dans le foie, comme en témoigne leur présence dans cet organe. En résumé, le ferment protéoly tique de Loligo et de Sepia transforme facilement la caséine. Il ne dissout pas l'ovalbumine coagulée. Les matières protéiqucs des serums de Maja et de Cancer sont transformées d'une façon appréciable. Le suc digestif d'un NUS.Lrapmûue inontranL faction du (É^uc Moesttj^ llf d' \lilllsi(l (il api'è> .1. (itrvRn. /)'. Bulbe buccal. — (i.n. Glandes salivaires. — ./. .Jabot. — G. Gésier. — /;,'. Orifices hépati- ques. — C. C.ecum hépatique. — l<\ Foie. — I. Intestin. parois sont minces et peu glandula J. SELLIER : LES FERMENTS PROTÉOLVTIQUES DES INVERTÉBRÉS lol y débouchent par plusieurs orifices {E) ; latéralement est un \mv^ cœcuni (C) où séjournent un peu les aliments conséquence du régime herbivore de l'animal. L'intestin (/) forme plusieurs circonvolutions dans la masse du foie. Chez tous les Gastéropo- des (les Eolidiens excepté), cet organe est revêtu d'un endothe- lium cylindrique non glandulaire auquel les auteurs n'accordent aucun rôle dans la digestion. Les cellules digestives, sécrétrices et absorbantes sont les cellules hépatiques. Action protéolyïique chez IIcUx Il est généralement admis que la sécrétion du suc digestif est d'origine hépf\ti(jue. On a beaucoup étudié la propriété protéo- lyti(]ue chez Ifeliœ, mais les résultats obtenus sont contradictoi- res. IvRUKEiNBERG (1) a Irouvé dans l'extrait glycérine du foie une « Ilelicopepsine >), différente de la pepsine des Vertébrés par son inaclivité sur la fibrine cuite, tandis qu'elle peptoniserait facilement la fibrine crue; ce ferment, d'après Yung (2), perd son activité en milieu alcalin. Max Levy (3) a trouvé de la pepsine mais pas de trypsine. Par contre, Biedermaan et Moritz (4), en opérant dans des conditions physiologiques variées, ont toujours constaté l'inacti- vité digestive de l'extrait aqueux ou de l'extrait glycérine du foie. Cependant, Einriques (5), qui a constaté l'absorption des gra- nules libres de chlorophylle par le foie, pensait que cet organe sécrète probablement un enzyme protéolytique, mais seulement (1) KRLKEiNiiEiiG, Dei' Vc'i'd auunjisvorgaiif; liei einigen Cephalopoden iind Pulmona- ten. l/tilerstic/iiiiigeit d. P/ti/siul. Insl. lleidelbery, l. 2, 1878, p. 2. i2) Ydng, Contribution à l'histoire physiologique de l'Escargot, 1887. Aléinoires couronnés el Mémoires des savants étranc/ers, publiés par l'Acad. roij. de Bruxelles t. 49, 1888, p. 1, IIG. (3) Max Levy, Zoochemische Untersuchungen der Mitteldarindriise (Leber) von Helix pomatia. Zeilschrift BwL. t. 27, 1890, p. ;198-414. (4) BiEDERMANN et iMoRiTz, Beitrilge zur vergleichenden. Physiologie der Verdaoung, t. 111, 1899. Ueber die Funktion der sog. Leber der Mollusken. Ardi. ges. Physiol., t. 75, p. 1-86. (o) E>RiQuÊs, Il fegato dei Molluschi e le sue funzioui. Mut. Zool. Slal. Aeapel, t. 13, 1901, p. 374. 152 BULLErm de la station biologique d'arcachon 1910 lorsque les alimenls pénètrent tlans l'estomac et au moment où la digestion des tiydrates de carbone commence. En opérant soit avec du suc digestif provenant d'animtrnx à jeun ou en digestion, soit avec un mélange de ce liquide avec de l'extrait d'intestin, Jordan (1) vérifia et précisa les conclu- sions'de Biedermann et Moritz. L'action fut négative dans tous les^cas; cet auteur ne réussit pas à découvrir une kinase acti- vante. Enfin, Stubel (2) constata la môme inactivité. Néanmoins, une partie de l'albumine fournie étant utilisée, il suppose l'existence d'un enzyme protéolytique. Recherches personnelles chez Helix Nous avons utilisé pour nos éludes soit l'ex Irait de foie, soit le sucMigestif recueilli sur des animaux à jeun ou en digestion. Ce dernier liquide, de couleur groseille, est riche en matières protéiques. Il est neutre au tournesol et à la phtaléiiie et préci- pite par les acides (AzO'H ou HCl). Additionné de soude, il se prend en masse. La chaleur le coagule facilement. Etude de l'action i'uotéolytkjie ExPÉRUiNCES Action sur l'albiutiuie coagulée en tube de Mette. — L'ailjumiiK^ n'a pas été dissoute après trente heures à 40". Il ne semble pas y avoir de proferment pouvant être activé, car le suc est encore inactif quand il est acidifié, alcalinisé ou calcifié. La neutralité protéolytique se maintient après mélange avec de l'extrait hépatique ou avec de l'extrait intestinal. Action, sur le lait. — On fait dans des tubes à essais les mélanges suivants : Tube a. — 0 ce. 1 de suc digestif + 4 ce. 5 de lait normal -f 0 ce. o IITJ. Tube b. — 0 ce. 1 de suc digestif -j- 4 ce. o de lait normal -p 0 ce. 5 llCl N/o. (1) Jordan, Der gegenwartige Stand der Frage nach der Eiweissverdaïuing bei niederen Tieren. Biologisches CenlralblaU, 1907, v. 27, p. 380. (2) Stûbfx, Ziir Frage der Eiweissverdaunng der Landpulmonalen {/'/iijsiul. Instil. Jena). Zcntrulblall f. P/iysiol., L 2i, p. 52l)-528. J. SELLIER : LES FERMEiNTS PROTÉOLVTIQUES DES INVERTÉBRÉS lo3 Tube c. — 0 ce. 1 de suc digestif + 4 ce. 5 de lait normal + 0 ce. 5 CO'Na' N/3. Tube d. — 0 ce. 1 de suc digestif + 4 ce. 3 de lait calcifié à 5 gram- mes pour 1.000 + 0 ce. o H'O. Après vingt-quatre heures, le lait n'a subi aucune modification. La caséine n'a été ni coagulée ni digérée. La réaction de l'eau bromée est négative. L'extrait aqueux de foie fournit les mêmes résultats. Ces faits contredisent les conclusions de Krukenberg, de Yung et de Max Levy, et confirment celles de Biedermann et Mokitz. de Jordan et de Stûbel. Action protkolytioue chez Apljsia BoTAzzi (1) admet la présence dans le liquide gastrique à' Aplj/sia. runaciiui d'au moins deux enzymes actifs en milieu acide : l'un amylolytique, l'autre proléolytique. « Le liquide gastri(]ue doit contenir au moins deux enzymes : un amyloli- tique et l'autre proléolytique, et tous deux doivent être actifs dans un milieu acide. Nous nous sommes assuré de la grande activité du premier par des expérimentations faites sur l'amidon cuit de riz, lequel, en peu de temps, est transformé en sucre par le liquide filtré du contenu gastrique, malgré sa forte acidité. » L'enzyme proléolytique doit nécessairement dissoudre les corps cellulaires et les chloroplastes, autrement on ne pourrait expliquer la mise en liberté de la chlorophylle. Celle-ci, qui est insoluble dans l'eau du contenu gastrique, à mesure qu'elle est mise en liberté, précipite dans le contenu susdit sous forme de granules irréguliers, très fins, qui y restent suspendus. Ces enzymes sont un produit de l'activité sécrétante de l'hépato-pan- créas, par les canalicules duquel ils s'épanchent, par la chambre hépatique, dans le tube digestif. » BoTAzzi ne cite toutefois aucune expérience démontrant la réalité de son opinion. (1) BoTAzzi, Contributions à la pliysiologie comparée de la digestion. La fonction digestive de YAplysia limacina. Arc/iires italiennes de Biologie, 1001, vol. 33, p. 322. 154 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 Recherches personnelles chez Aplysia Nous avons expérimenté soit avec le suc digestif, soit avec l'extrait aqueux du ioied'Ap/t/sia punctata ou iVApli/sia fasciata. Action s/o' te tait. — 21 centimètres cubes de lait dilué de moitié sont additionnés de 0 ce. 5 de suc A'Aptijsia. On prélève aussitôt 2 centi- mètres cubes pour doser l'azote total N'. o centimètres cubes servent au dosage de l'azote non précipitable par l'acide tricliloracétique (N' + N'), o centimètres cubes pour N\ Les 10 centimètres cubes qui restent sont laissés quinze lieures à 40°. On dose alors les mêmes éléments dans 5 centimètres cubes de liquide. Action sur te sérum de AJaja. — Avec le même dispositif e.\[)érimenlal on remplace le lait par du sérum de Maja dilué île moitié par du si'tuiu physiologique. Action sur tagétatine. — 21 centimètres cubes degélatine à 10 pour 100 sont mis en digestion avec 0 ce. 5 de suc digestif dW/itysia. On procède au dosage de N' et de N'. Le Tableau XVII montre l'inactivité sur ces diverses matières protéiques. La caséine, pourtant si facilement transformée par les ferments protéolytiques, est restée intacte, car le très faible résultat trouvé est négligeable. Le lait a d'ailleurs conservé tous ses caractères physiques au cours de l'expérience. Nos expériences nous permettent de conclure à l'inactivité protéolytique des sucs digestifs d'i/e/ia- pomatia, àWplijsia punc- tata et à' Aplysia fasciata. L'hypothèse d'une kinase activante semble peu probable, car des expériences de Jordan ont constamment donné des résultats négatifs. On sait d'ailleurs que les ferments des Invertébrés sont directement actifs et qu'ils ont jusqu'ici résisté aux diverses tentatives d'activation. Le mécanisme d'absorption des matières protéiques chez ces êtres reste donc mystérieux. L'existence d'un processus digestif intra-cellulaire ne nous parait pas invraisemblable, bien que son mécanisme nous échappe. J. SELLIER : LES FERMENTS PROTÉOLVTIQUES DES INVERTÉBRÉS loo ■■n H g a- < £|i ! 1 1 • 1 + i 5: ! ^^ ! ^ ^. 1 ^. 5 V. < >^ = ^. ^. = S 'y. M 1 ' 1 1 1 1 + i ~ i i 1, ! y. y. < X: ^— v^ ^ ^ ,^ î? s s j^ s 5 ~ ~ =. 1 >^ Jj -J 5 5 5 3^ rr -^ i i>; 5 5' ^, ^. S^ -M -m' -m 120,00 120,00 120.00 Avant digestion Anrès 1H lieiires "x C ■/ 1 1 i — -C '^ ~ ~ 'M < < + s 0 o ? 6 3 c loG BULLETIN DE LA STATIOA BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 IV ANNÉLIDES CHÉTOPODES Ai>lmjdile acit/eata, ////. U e/ 10) Ap])areil digesllf. — L'appareil digestif [pg. 7) se compose Fir;. 7. — Aiipareil digeslif LVAplirudile aculeaUi L. y. Trojupe. — /. luleslin. — ('. Ca'cums. J. SELLIER : LES FERMENTS IMtOTÉOLVTlQUES DES INVERTÉBRÉS 157 tie deux parties : une « trompe » (7), à parois épaisses et mus- culeiises, et un intestin rectiligne présentant une série de cons- trictions annulaires correspondant aux divers segments de l'animal. Mais les parties annexes de l'intestin le rendent fort complexe. En effet, au niveau de chacune de ces constrictions, et de chaque côté, débouche un long ca'cum oii les aliments ne pénètrent point et dont l'orifice, bordé de cils gigantesques, est disposé de telle façon que l'émission de son contenu est néces- sairement discontinue. La figure 7 montre en grandeur naturelle la disposition de ces ctecums; l'un d'eux, isolé et un peu grossi, est dessiné sur la figure 8. On y dislingue : 1" Un long col (C); 2" un sac dorsal {D) très ramifié; 3" un sac ventral de forme ovoïde, distendu par un liquide brunàlre. Le sac dorsal et le sac ventral sont réunis par un deuxième col {C). Fie. 8. — Aphniililr iiriil. Sac (h.rsiil. — T Le revèlemeiil é[)illi(''li;d de rinleslin csl formé de cellules cylindri(|ues [)lus()u moins allongées, souvent bourrées vers l(Mir extrémité libre de spérules d'aspect huileux. La slruclure du col rappelle d'abord celle de l'intestin, puis son caractère glandulaire s"accenlue progressivement vers le sac dorsal: celui-ci, d'après Haswell (i), serait la seule partie sécrétante, landis que Dah- Boux attribue à toute l'étendue des caecums le rôle glandulaire. Trois sortes de cellules se rencontrent surtout dans leur epithe- lium . (1) Cité par (i. Daubolx. 158 BLLLETUM UE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHOIN 1910 Fig. 9 — Aplinxhle aciileata L. (face dorsaie . J. SELLIER : LES FERMENTS PROTÉOLYTIQUES DES IiWERTÉBRÉS 159 FiG. 10. — Aphrodite aculeata h. (l'ace ventrale) IGO BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE u'aRCACHON 1910 1" Les cellules excrétrices (/?^. //); leur noyau toujours assez petit se trouve dans la partie profonde, plongé dans du proto- plasma dense. A la partie périphérique, de nombreuses vacuoles FiG. 11. — Aphrodite aculeala. L. Papille du Cfecum formée de cellules excivtrlces (d'après G. i-boux) renferment un liquide incolore où flotte une concrétion jaunâtre; l'une d'elles est plus développée que les autres. 2" Les cellules sécrétrices (fïg. 12) ; dans leur protoplasma, Cellules sécrétrices de la FiG. 12. — Aphrodite aculeata L. paroi du ca>cum (d'après G. Darboux). privé de vacuoles, flottent, isolées ou réunies en amas de 4 à 20 gouttelettes hyalines et même plus, se colorant sur les cou- pes, en rouge vif par l'éosine, ou après fixation par un liquide à l'acide osmique, en rouge orangé par la safranine ; ce sont là des réactions de ferments. J. SELLIER : LIÎS FERMENTS l'ROTKOLYTlQUES DES INVERTIÎBRKS 101 3" Des cellules encore jeunes et indifférenciées. Parfois les cellules sont groupées en papilles; de celles-ci se détachent les « ballots d'excrétions » {fig. 13). Fig. 13. — Aphrodite aculeala L. Ballots (.rexcnUion [contenu du oirciim| (d'après G. Dnflxnix). Action protéolytk^ue On doit à Krukenberg (1) les premiers essais sur la nature digestive. Cet auteur signala en particulier un ferment protéoly- tique qui digérait énergiquement l'albumine en milieu neutre, alcalin et faiblement acide; toutefois, quelques heures de contact avec HCl à 0,2 pour 100 le détruisaient. Au lieu détudier direc- tement le liquide extrait des caecums frais, G. Darboux (2) s'est préoccupé de démontrer leur fonction sécréirice. Voici comment il opérait : « Après avoir séjourné quelques jours dans l'alcool, les cœcums sont exposés à l'air libre, sur une feuille de buvard, jusqu'à complète evaporation de l'alcool qu'ils contenaient; la masse sèche ainsi obtenue, est pilée dans un mortier, avec un peu de sable préalablement lavé et séché. On traite le magma ainsi obtenu par l'eau thymolisée et l'on obtient ainsi l'extrait aqueux de cœcum sous la forme d'un liquide blanc jaunâtre. Des tubes à essais, préparés d'autre part, contenaient les uns de l'eau pure, les autres de l'eau acidulée, d'autres enfin de l'eau additionnée de 1 à 2 pour 1.000 de carbonate de soude; dans (1) Krukenberg, Vergleichend. physiologische Beitrâge zur Kenntnis der Ver- dauungsvorgange. Unlersuc/iungen des physwi. Inat. Heidelberg, t. 2, 1882, p. 37-40. (2) G. Darboux, Recherches sur les Aphroditiens. Travaux de r/nsliint de Zoolo- gie de l'Univemité de Montpellier et de la Station marilime de ('elle, 1899, Mémoire n° 0. 162 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 chacun de ces tubes se trouvait un petit fragment de fibrine de sang de porc. L'addition d'une petite quantité de l'extrait aqueux de cfecum à chacun de ces tubes amenait les résultats suivants : Eau acidulée Néant Eau pure Digestion de la fibrine Eau alcaliniséo Digestion de la fibrine, plus rapide que dans le cas précédent La durée de l'expérience n'a jamais excédé trois heures dans le second cas. J'ai vérifié que des muscles d'Annélides divers, de Mollusques {Tapes) étaient aussi digérés. Enfin des fragments d'Arthropodes {Crangon) sont aussi complètement digérés, exception faite pour la chitine qui persiste. Nous voyons donc que les ctecums des Aphrodiliens sont à la fois des organes sécréteurs et excréteurs ». Ces résultats diffèrent peu de ceux obtenus déjà par Krukenbkrg. Mais ces deux auteurs n'émettent aucune opinion précise sur la nature de la diastase protéolytique. Est-ce une pepsine? Est-ce une trypsine ? Recherches personnelles ËXPÉfilENCES Action sur rooalbumine coagulée. — Un cube d'ovalbumine pesant 0 gr. 250, mis en présence de suc digestif iVAp/irodi/e aculeala à 40°, est digéré presque entièrement après trente-six heures. Action sur la gélatine. — 4 centimètres cubes de gélatine à 10 pour 100 exactement neutralisée par du CO^'Na", mis en présence de 0 ce. 1 de suc, ne gélifient plus après deux heures à 40°. Le liquide de digestion s'est notablement acidifié. Action sur le lait. — On met dans un tube à essai stérilisé 10 centi- mètres cubes de lait frais, plus une goutte de suc digestif. On porte au bain-marie à 40°. Après quelques minutes, la caséine se précipite en flocons qui s'agglomèrent pour former un coagulum gélatineux. Ce coagulum est très rapidement dissout. Le lait s'éclaircit. Le liquide de digestion contient des amino-acides, titrables au formol. L'eau bromée donne la réaction du tryptophane. Etude du milieu d'action. — Dans une série de tubes à essais on introduit 0 ce. 5 de suc digestif iV Aphrodite aculeata et des quantités J. SELLIER : LES FERMEiNTS l'ROTl OLVTIQUES DES INVERTEBRES 163 variables d'acide HCi N/o et d'alcali CO'Na' N/5, les volumes étant maintenus constants par addition convenable d'eau distillée. Le pouvoir protéoly tique est mesuré par le procédé de Mette, après vingt-quatre heures à 40°. L'expérience. est faite comparativement avec du suc de Mdja. 0 ce. 3 de suc + 0,1 d'HCl N/S + 0,4 H^O 0 ce. 5 — + 0,0 — + 0,S H^-0 0 ce. S — + 0,1 CO^N^a N/S + 0,4 H^O 0 ce. 5 — + 0,3 — + 0,2 ir^O Oce. S _ +0.5 — +0gr.H'^O Le ferment à' Aphrodite résiste Maja à l'action du milieu alcalin. Réaction Milligr. d'albumine dissoute après 28 heures à 40° "'AphrômuT^^^aja ' 0 gr. 7 HCI 7o 0,0 0,0 neutre 7,3 17 Igr.O CO^Na- 7oo 4,0 8,7 3 gr. 1 - 2,5 0,0 5 gr. 2 — 0,7 0,0 donc mieux que celui de Action sur diverses matières proteiques expérieinces Action sur le lait. — On prend 21 ce. o de lait dilué de moitié, on l'additionne deO ce. 5 de suc digestif ; 2 centimètres cubes sont prélevés pour le dosage de N', o centimètres cubes pour déterminer la teneur en azote non précipitable par l'acide trichloracétique (N* + N'), 5 centi- mètres cubes pour N". Les 10 centimètres cubes qui restent sont laissés quinze heures à 40°. On dose alors les mêmes éléments dans 5 centimè- tres cubes de liquide. Action sur le sérum de Maja. — Même dispositif expérimental, le lait est remplacé par du sérum de Maja dilué de moitié par du sérum physiologique. Action sur la gélatine. — 21 ce. 5 de gélatine à 10 pour 100 sont mis en présence de 0 ce. o de suc. On dose N' et W ( Voir Tableau XV III). La caséine a été digérée à peu près totalement (96,3 pour 100). La valeur du rapport ^^ est voisine de 1. On constate pour le sérum de Maja une digestion relativement bonne (13,4 pour 100 après quinze heures et 33,9 pour 100 après vingt-cinq heures). 164 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'arCACUON 1910 c 2 eu < >>.1J 1 '^- "-=. o 1 ! ! 1 z ^ — îa 10,7 21,3 S z i< - ir»,o8 3,30 + 0,72 20,10 + 5,60 "i^ 25,74 :0 X + 1 1 ! 41,42 8,8(1 + 13,54 ! 1 ! 3 V Z z 2,24 17,92 % % \ :6 X '^ i S ^ =-^ il ^ 2,2 i 27,98 0,00 5,50 12,32 î^ 43,52 2,10 66,40 57,54 44,00 >^ 48,00 48,00 72,00 72,00 72,00 120,00 120,00 120,00 p ~ K Q ï Avant digestion Après J5 heures Avant digestion iVprès 15 heures + 25 heures Avant digestion Après 15 heures + 25 heures V3 Z 3 O O ^ -a 1 Maja J. SELLIER : LES FERMEATS PROH'-OLVTIQUES DES INVERTÉBRÉS 105 Les amiiio-acides se forment facilement aux dépens de la géla- tine (16,7 pour 100 après quinze heures de digestion et 21,30 après vingt-cinq lieures). Action sur la caséine après des temps variables Expériences On mélange 40 centimètres cubes de lait dilué de moitié et 1 centi- mètre cube de suc. On dose imédiatementN' (N" + N'), N' (témoin) avec 2 centimètres cubes pourN', o centimètres cubes pour (N' + N'), 5 cen- timètres cubes pour N'. Le reste du liquide est porté à 40°. Les mêmes éléments sont dosés après trente minutes, deux heures, dix-huit heures sur 5 centimètres cubes de liquide ( Voir Tableau A7A'). La digestion globale de la caséine, dans cette expérience, s'est élevée jusqu'à 80,7 pour 100 après trente minutes. La marche du phénomène s'est ralentie dans la suite pour atteindre 83,3 pour 100 après deux heures et 88,5 pour 100 après dix- N- huit heures. La valeur du rapport;^ a varié en sens inverse, de 2,44 après trente minutes à 1,6 après deux heures pour finale- ment arriver à 1,1 après dix-huit heures. La peptonisation atteint donc rapidement son maximum, tandis que la mise en liberté des amino-acides ne se fait que progressivement. On dira en résumé que l'ovalbumine est facilement dissoute par le suc digestif (ï Aphrodite aculeata. Le ferment est favorisé par le milieu neutre ou faiblement alcalin. De faibles dosés d'acide suffisent pour l'anéantir. L'action hydrolytique montre un processus nettement trypti- que. 160 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCAC:HO?< 1910 >^ «^ o :/: y. y 1 (M -rH — r- < y. X. + 1 1^ CO 50 y. y. 1 o" ce Go" S QO 'GO 00 a ^^ 'M ;- 1 o -* C5_ "^y. o ce 1^ -r^ -r- y. ^- X -^ '^ 1 '-r. ". — X 1 '^^ '>r — ' ^ fM -M •^^y P< tvl -M 2 1 GO + 1 vr :-e -x' '^ n CO ce ^ y: •et .-. X ce "M 1- ^ X. ^r -îm' -^' .r .j '-' >* f- 'M ■— ~ f?i oc o '^ '_ fe 5*" >^ H -i; a. O — O' o •— ! _ o c^ q ^ 1 == >^ GO c/: oo' X- V* >* ^ _ Jl y. •^ H ■y. .2 u ■w 3 x V 1 .5P ï 1 Q < '^ E ^ s t:^ 'Ë ^ o iq S — ç^i X a • < ^ CHAPITRE V Recherches sur Taction éreptique (Cohnheim) ou peptolytique (Abderhalden) Létudc précédente nous a renseigné sur l'action protéolyti- que, dissociée elle-même en ses deux éléments : Action pepto- nisante d'une part, action éreptique d'autre part. Elle nous a montré, en outre, qu'il n'était pas nécessaire de recourir à l'emploi d'agents activateurs, analogues à la kinase des Verté- brés, dont les recherches de Pawlow et Ghepowalnikoff (1) sur le Chien, de Delezenne (2) sur beaucoup d'abtres animaux et de nous-méme (3) sur les Poissons cartilagineux ont établi l'importance. On pourrait, sans doute, supposer l'existence intra-glandulaire d'une diastase activante qui conférerait l'activité à une protryp- sine, mais toutes les tentatives pour en démontrer la réalité ont jusqu'ici échoué. Quoi qu'il en soit, il resterait à étudier l'ordre d'apparition des acides aminés au cours de la protéolyse, puis l'action du ferment sur les divers polypeptides de synthèse. Des expériences comparatives exécutées avec des sucs de diverses provenances, sur des matières protéiques variées, aboutiraient probablement à des conclusions intéressantes, car toute la question de la spé- cificité des ferments protéolytiques est comprise dans cette (1) Chepowalisikoi'f, La physiologie ihi suc intesHnal. Thèse inaiig. de Sauit-fOlers- bourg, 1899. (2) Delezenne, L'entérokinase et l'aclion favorisante du suc intestinal sur la Iryp- sine dans la série des Vertébrés. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1901, p. 116i. (8) .1. Sellier, De l'action favorisante du suc intestinal sur la digestion pancréa- tique des matières albuminoïdes cliez les Poissons cartilagineux. Comptes rendus de la Société de Biologie, 19U2, p. 14U7. 108 BULLETIN DE LA STATiÛlN BIOLOGIQUE d'aRCACHOIN 1910 étude. On sait d'ailleurs combien ont été fécondes les recherches de Fischer et d'ABDERHALDEix exécutées dans cette voie. Nos expé- riences chez les hivertébrés n'ont pas encore été poussées bien loin, car nous n'avons pu nous procurer de polypeptides de synthèse. Toutefois, nous avons pu caractériser certains acides aminés à l'aide de quelques réactions simples. Inactive sur les albumines natives (sauf la caséine), l'érepsine dissocie, au contraire, beaucoup de polypeptides en leurs consti- tuants amino-acides. Abderhalden a désigné ce phénomène sous le nom de peptolijse et il a appelé ferment peptoly tique l'agent transformateur. Ces a polypeptidases » paraissent d'ailleurs très répandues. Abderhalden (1) et ses collaborateurs les ont rencontrées dans le foie, les muscles, le rein, etc., de divers animaux (Chien, Bœuf, Cheval, Lapin, etc.), Yernon, dans le pancréas et dans le foie, Bergmann, dans la muqueuse intestinale des Herbivores, Savaré, dans le placenta humain, Falloise, dans riiépato-pancréas des Céphalopodes. Ces agents ne paraissent pas identiques, car la décomposition des peptides vari^ avec le suc étudié (2). Le meilleur procédé pour une telle étude, d'après Abderhalden, consiste à employer, parmi ces derniers corps, ceux qui sont optiquement actifs et à suivre pas à pas les variations de leur pouvoir rotatoire durant leur décomposition. D'autres méthodes, moins précises mais plus simples, peu- vent être utilisées. On peut notamment choisir ceux qui donnent la réaction du biuret, mais dont les produits de transformation ne la donnent pas, ou utiliser des polypeptides qui libèrent du tryptophane, dont l'eau bromée décèle la présence. Avec ces deux derniers procédés, il faut tenir compte du fait que la solution albumineuse de ferment peut donner par elle- même la réaction du biuret et môme libérer du tryptophane. Enfin une technique commode, et suffisamment exacte, con- siste dans l'emploi de peptides solubles, mais contenant des amino-acides insolubles dans l'eau (tyrosine, leucine, cys- (1) Voir pour la bibliographie de celle queslion : Maurice Javii.liek, Les ferments protéolyliques, 1909, p. 183 et 184. Vigot frères, éditeurs, Paris. (2) La pepsine ne libère jamais d'araino-acides (voir Tableau II). Elle est aussi lolalemenl inactive sur les polypeptides. J. SELLIER : LES FERMENTS PROTKOLVTIQUES DES INVERTÉBRÉS 169 tine, etc). Leur décomposition sera décelée par la précipitation de l'acide aminé. Nos recherches ont été exécutées à l'aide des procédés sui- vants : 1" Méthode de Sôrensen. 2° Procédé des peptones Roche. 3° Procédé de la disparition de la réaction du biuret. 4° Réaction de l'eau bromée. 5" Réaction de la tyrosinase. Méthode de Sœrensen. — Ce procédé nous fixait sur la valeur globale de la protéolysc. Nous avons exposé son principe à la page 13. Procédé des pep/ones Hoche. — Cette substance, obtenue par hydrolyse partielle de la soie, est riche en tyrosine. L'érepsine, en décomposant la peptone, provoquera la précipitation de ce dernier corps; ceci permettra de constater et même de mesurer l'intensité du phénomène. Voici comment nous avons opéré : On prend 2 centimètres cubes de peptone Roche à 10 pour 100 exactement neutralisée. On ajoute 0 ce. 1 de suc digestiï. Le tube, placé au bain-marie à 40", est examiné de temps en temps. Lorsque le suc est très actif, la tyrosine précipite rapidement, le phénomène est déjà manifeste après quelques heures. Au contraire, si l'action est faible, il est nécessaire de prolonger l'expérience de trois à quatre jours. On laisse alors refroidir, car la tyrosine est encore moins soluble à froid. Procédé de la disparition de la réaction du biuret. — Nous avons expérimenté de la façon suivante : On prend 5 centimè- tres cubes de solution neutre et toluénée de peptone de Witte à 5 pour 100; on l'additionne de 0 ce. 1 de suc digestif. Le tube est placé au bain-marie à 40". La disparition de la réaction du biuret prouve l'existence de l'érepsine. Réaction de l'eau bromée. — L'existence du tryptophane est facilement décelée par cette réaction. Voici un type d'expérience : On prend 10 centimètres cubes de lait + 0 ce. 1 de suc digestif. Le tout est placé au bain-marie à 40". Après des temps varia- bles, trois heures, six heures, douze heures, etc., on ajoute par goutte de l'eau de brome. L'apparition de la couleur rouge vio- 170 BULLETIN DE LA STATlOiN BIOLOGIQUE d'aRCACHOi\ 1910 lacé indique la présence de ce corps à l'état libre. On peut même, à l'aide de ce procédé, noter approximativement la rapi- dité et l'intensité du processus. Réaction de la tyrosinase. — Une réaction biologique nous a permis de constater et même de mesurer qualitativement la libération de la tyrosine. Pour cela, nous avons utilisé le liquide cœlomique des Crustacés, qui contient de la tyrosinase (1), l'expérience suivante le prouve: On place dans un tube 40 centimètres cubes d'une solution saturée à froid de tyrosine et on y ajoute 0 ce. 1 de liquide cœlomique de Crustacés {Maja ou Cancer). Au bout de peu de temps apparaît une coloration d'abord brune, puis de plus en plus foncée. Un témoin contenant les mêmes substances, mais préalablement porté à l'ébullition, conserve indéfiniment sa colo- ration initiale. Le Tableau XX contient les résultats obtenus avec ces diver- ses méthodes. Chez Maja, l'action du suc sur le sang est toujours intense. Le tryptophane est rapidement libéré. Les peptones de VVitte sont facilement transformées en corps abiurétiques. Au contraire, toutes choses égales, la précipitation de la tyrosine est plus lente. On constate chez Cancer et Uomarus les mêmes phéno- mènes, mais plus affaiblis. (1) La découverte de la tyrosinase dans le sang des Criislacés est attribuée à F. Heim (voir Otto von Fûrth, Vergleivliende cfiemisclie P/iysiologie, p. 78, en note). Cet auteur vit sans doute la formation d'un pigment dans le sang des Crustacés sous l'influence de la trypsine, mais il n'en comprit pas le mécanisme. La notion de ferment oxydant, en effet, due à G. Bertrand, dale seulement de 189C, époque où il signala l'action de la tyrosinase sur la matière chromogène cristallisée (tyrosine) de la Russule. (Sur une nouvelle oxydase ou ferment soluble oxydant d'origine végétale. Butlelin de la Sociftè cliimique de l'aria, IV série, t. !;>, 189G, p. 794). Voici d'ailleurs comment s'exprime F. Heim (Eludes sur le sang des Crustacés décapodes. Thèse de la Faculté des sciences de Paris, 1892, p. 67) : « Mos essais nous permettent de conclure que ce corps (mélanine , ou du moins un coi"ps très voisin, naît en l'absence totale d'hémoglobine. 11 apparaît chez les Crustacés vraisemblablement à la suite de l'action de la Irypsine contenue dans le foie et le sang sur les albuminoïdes. Le résullal de cette fermenlaliou sérail l'apparition de corps analogues à l'indol et au scatol; ces corps jouissent, on le sait, de la propriété de fixer l'oxygène pour donner naissance à des pigments noir violacés ». Et plus loin, page 119 : « Un véritable pigment mélanique se forms, in vitro, par action d'une trypsine sur les albumimoïdes du sang et du foie et au contact de l'oxvgène, » J. SELLIER : LES FERMHNIS PROTLOLVTIQUES DES INVERTÉBRÉS 171 Tableau XX -f- -{- -f- = Action rapide. -f + = Action assez rapide. + = Action lente 0 = Action mille Activité Sérum Crustacés Peptones Peptones peptolylique Lait {Maja Roche WlTTE SUCS DIGESTIFS globale (Méthode au formol) Tryptophane Réaction Noircissement Tyrosinase Précipitation de-la tyrosine Disparition de la réaction du t)iiiret Suc gastrique pur de Chien 0 0 0 0 0 Pancreatine Grûbler + + + + + + + + + + + + + Crustacés Maja squinado + + + + + + + + + + + + Cancer paguriis + + + - + + Homariis vulgaris + + + - + + Céphalopodes Sepia officinalis + + + + + + + + + + + Loligo vulgaris + + + + + + 4- + + + + Vers Aphrodite aculeata + + + + + + + + + + + Gastéropodes Helix pomatia 0 0 0 0 0 Aplijsia fasciata 0 0 0 0 0 Aplysia punctata 0 0 0 0 0 172 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 Le suc du cfccum des Céphalopodes [Sepia, Loligo) a une action moiudre que chez les Crustacés. La réaction du biuret ne disparait pas complètcmenl. môme après huit jours de digestion à 40°. (^e dernier fait est conforme aux résultats de Falloisi!;. Au contraire, le tryptophane apparaît promptement dans le lait éclairci par l'action digestive. Le brunissement du sang des Crustacés se pi'oduit rapidement; la couleur devient noire comme de l'encre. On constate chez Aphrodite acuhala des faits analogues à ceux des Crustacés. Des expériences semblables ont toujours fourni chez Ilclix et Aplysia des résultats négatifs. ReCHERCHKS sur les ferments ÉREPTIQUES DES TISSUS Xous venons de constater l'action éreptiquc des sucs digestifs ; il nous a paru nécessaire de rechercher ce phénomène dans divers tissus d'Invertébrés. Abderhalden, après l'avoir signalé dans des organes ne contenant pas de ferments protéoly tiques, a fait avec R. Heise (1) quelques expériences dans ce sens chez les Invertébrés. Ils isolaient l'intestin moyen de divers êtres, puis, après l'avoir débarrassé de son contenu, ils le plaçaient dans une solution neutre de peptone Hoche à 50 pour 100. Le tout additionné de toluol était porté à 37°. Les cristaux de tyro- sine se déposaient sur l'intestin d'abord, puis au fond du tube. La précipitation, souvent notable après quelques heures, n'aug- mentait plus après le troisième jour. On pesait la tyrosine ajjrès filtration. C'est cette technique fort simple que nous avons employée. , Voici comment les expériences étaient conduites : 1° Dans une solution de peptone Roche à 10 pour 100 (2 cen- timètres .cubes), neutralisée par du carbonate de soude, on introduisait soit un petit morceau d'organe (foie, muscle, etc.) fraîchement prélevé sur l'animal vivant et aussitôt lavé avec (1) Abdehiialden cl Hkisi:, Tebor das Vorkoninii'ii peptolyti^clier Fermenle bei den Wirbellosen. ZcUsHinf/ fur phijswbxj. Chenue, l'Jdt), l. 02, p. 1:38-139 J. SELLIEK : LES FERMK.MS l'HOlÉÛLVl IQUES DES IINVERTÉBRKS 173 une solution physiologique de chlorure de sodium, soil une portion d'intestin moyen, ou bien encore, 0 ce. 5 de sang ou de liquide de la cavité générale. On plaçait le lout au hain- niarie à 40", après l'avoir additionné de quelques gouttes de toluol. 2° Dans un mortier contenant du sable lavé et 2 à 4 centi- mètres cubes d'eau distillée, on broyait 0 gr.500 de tissus, puis on ajoutait peu à peu 10 centimètres cubes de lait. On versait le mélange homogène dans un tube à essai, lequel était porté au bain-marie à 40" après addition de quelques gouttes de toluol. Au bout de vingt-quatre à quarante-huit heures, on recherchait le tryptophane. Nos résultats sont consignés dans le Tableau XXI. Toutes ces expériences montrent l'étroite relation de la pep- lolyse et de la fonction protéolytique. L'intestin moyen et son annexe l'hépato-pancréas sont, en effet, seuls capables de libérer de la tyrosine ou de fournir du tryptophane. Toutefois, lorsque l'expérience se prolonge quelques jours, on aperçoit même sur le muscle (Crustacés, Céphalopodes) quelques rares cristaux de tyrosine. Le sang et le liquide de la cavité générale sont cons- tamment inactifs. Les organes digestifs iV//e/ix et d'Aplfjsia ont une action également nulle. Enfin la marche du phénomène est variable. La tyrosine el le tryptophane ne se libèrent pas, en effet, en proportions équiva- lentes chez les divers êtres que nous avons étudiés. Chez les Kchinodermes notamment (Synapte, Oursin), la tyrosine préci- pite facilement, tandis que le tryptophane est mis lentement en liberté. C'est l'inverse chez Sipuncalus et Arenicola. En résumé, ces diverses expériences démonlrenf, l'existence chez les Invertébrés d'une diastase analogue à l'érepsine. On ne la rencontre que dans les sucs ou organes digestifs qui possèden/ une action protéolgtique. 174 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 Tableau XXI -|- -f -|- = Action rapide. -\ — |- = Action plus lente. -\- = Action lente. 0 ;- Pas traction. — = N'a pas été recherchée. PEPTONES ROCHE CASÉINE ESPÈCES ANIMALES Précipitation de la tyrosine Tryptophane Réac ion Sang Foie Sang Foie hépato- pancr. Intestin moyen Muscle on liquide de cavité génér. ou hépato- paucr. Intestin moyen Muscle ou liquide de cavité génér. ECUINODERMES Asterias ruôeiis +++ - _ _- -r _ — _ Sijnapta digitata — +++ - - — Traces - — StrongylocenlrolKS lividiis - +++ - - - Traces - - Vers Sipunculus niidus - + - - - +++ - 0 Arenicola /)iscalorutn - - - - - +4-+ - 0 Céphalopodes Se/tia nfficinaUs ++ + - 0 0 ++ - 0 0 Loligo vulgaris ++ 0 0 ++ - 0 0 Crustacés Maja squinado ++ — Traces 0 +4- — 0 0 Cancer pagnrns + - Traces 0 + - 0 0 Homarm vulgaris + - Traces 0 + 0 ' Gastéropodes Helix aspersu 0 - 0 0 0 - 0 0 Aplysia fasciata 0 - 0 0 0 - 0 0 Aplijsia punclata 0 0 0 0 0 0 CHAPITRE VI La présure des Invertébrés La présure a été signalée par Mesnil (1) dans l'extrait des filaments mésentériques d'Actinies, par Cotte (2), chez les Spon- giaires {Suberites), par Cohnheim (3), dans le foie du Poulpe, par Gerber et Daumezon (4) chez les Tuniciers. Mais ces auteurs s'étant bornés à constater l'action coagulante de la diastase sur le lait, n'ont pas observé les divers phéno- mènes qui se succèdent au cours de cette action. Nous-mème, dans plu sieurs notes (o) échelonnées de 190G à 1909, nous avons fait les mêmes constatations en serrant la question (1) Félix Mesnil, Recherches sur la digestion intra-cellulaire et les diastases des Actinies. Annales de l'Institut Pasteur, 1901, t. lo, p. 384. (2) Jules Cotte, Note sur les diastases du Suberites donninrula (Spongiaires). Comptes rendus de la Société de Biologie, 1901, p. 96. (3) Cohnheim, Weitere Mittheilungen ûber Eiweissresorption. Versuche an Octopoden. Zeitschrift fur phijsiol. Chemie, 1902. (4) Gerber et Dadmezon, La présure des Ascidies. Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, 1909, p. 193. (5) J. Sellier, Existence de la présure dans le suc digestif des Cntstacés. Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences. Lyon, août 190(5. Existence de la présure dans le suc digestif des Crustacés. Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, 190t), I. LXl, p. 449. Existence de la présure chez les Invertébrés. Comptes rendus des seances de la Société de Biologie, 1907, t. LXII, p. 693. Action présurante et protéoly tique du suc digestif des Céphalopodes. Comptes ren- dus des séances de la Société de Biologie, 1907, p. 70o. Sur l'identité du ferment protéolytique et de la présure. Comptes lendus des séances de la Société de Biologie, 1908, p. 7o4. Quelques conditions réclamées par les sucs digestifs protéolytiques des Inver- tébrés mai'ins pour la mise en évidence de leur action présurante. Comjjles rendus des séances de la Société de Biologie, 1909, 1. LXVII, p. 237. 170 BULLEILN DE LA STATIOA BIOLOUIQUIÎ d'aRCACHON 1910 (lo plus près, sans l'étudier à fond, chez les Crustacés décapodes, les Mollusques céphalopodes, les Auuélides et les Echinodermes. Nous nous proposons ici de décrire en détail les expériences plus complètes que nous avons faites ultérieurement et d'énoncer les conclusions qui en découlent. Or voici ce qu'apprend une première expérience : Dans un tube à essai contenant 10 centimètres cubes de lait, on ajoute du suc de Maja venant d'être recueilli dans la poche gastrique. Après quelque temps au bain-marie à 40", le lait est entière- ment coagulé et le tube peut être retourné sans qu'une seule parcelle de substance s'en détache. Dans la suite le coagulum formé se dissout jusqu'à complète disparition. H est remplacé par un liquide clair et légèrement opalescent. Cette expérience montre la succession de deux phénomènes : 1° La coagulation de la caséine (action présurante) ; 2° La dissolution du caillot (action digestive). Toutefois le premier ne se produit pas toujours. 11 n'apparaît que si l'expérience porte sur des doses faibles de suc. Exemple. — Si à 10 centimètres cubes de lait on ajoute 1/2 goutte ou 1 goutte de suc, la coagulation se produit nette- ment. Avec des doses plus élevées (0 ce. 1, 0 ce. 2, 0 ce. 3), le phénomène se manifeste plus promptement encore, mais le coagulum reste mou et gélatineux. Enfin 1 centimètre cube digère rapidement la caséine, mais sans coagulation préalable. Elude de l'action présurante. — L'expérience suivante fait connaître la loi qui régit la coagulation du lait par les doses faibles. Expérience On place au bain-marie à 40° defe tubes à essais qui contiennent chacun 5 centimètres cubes de lait frais de vache. On les additionne respective- ment de : 1 goutte, 1/2, 1/5, 1/10, 1/20 de goutte de suc digestif. On note les temps de coagulation, qui sont de 3, G, 14, 34, 64 minutes. Le produit de la proportion de diastase par ces temps de coagulation est un nombre constant (3 environ). En effet iSxl^"^; 6x1/2 = 3; 14 X 1/3 = 2,8; 34 x 1/10 = 3,4; 04 X 1/20 = 3,2. Le phénomène présurant obéit donc à la loi de proportionna- J. SELLIER : LES FERMÏÏ.NTS l>R0Tl';OLVTIQUES DES INVERTÉBRÉS 177 lité (loi de Segelkc-Storch) et l'on sait par les expériences de DucLAUx (1) que la présure Hansen suit celte loi pour des volumes de lait compris entre 2.000 et 12.000 fois le volume de présure. On sait aussi que dans les mêmes conditions d'expériences la pepsine fournit des résultats différents; en effet, Ivar Bang (2) d'abord, [)uis Bkioï (3) ont constaté que les coagulations obte- nues avec la parachymosine sont toujours très rapides. Une dose de pepsine coagule en un temps T, par exemple, une certaine quantité de lait, tandis que ^ ne coagule pas le même volume en un temps 2 T, mais en un temps plus long, ou même pas du tout. Gerber (4) a toutefois signalé l'exactitude de la loi à la tempé- rature de 25° et G. Becker (5) a observé le même phénomène en opérant avec du suc gastrique humain sur du lait acidifié par l'acide chlorhydrique. FAude du phénomène digestif. — Le tube étant laissé au bain- marie à 40", le coagulum perd peu à peu sa consistance. Il devient d'abord mou et gélatineux, puis il se dissout peu à peu; il est bientôt remplacé par un liquide clair et légèrement opales- cent. L'eau bromée y décèle le tryptophane. L'addition de formol neutre y fait apparaître une acidité due à des amino- acides. La caséine a donc été digérée suivant le processus tryptique, DucLAux (6), qui avait observé des phénomènes analogues en opérant avec des présures microbiennes {Tyrothrix tennis) ou avec des morceaux de pancréas, considérait qu'il en était tou- jours ainsi lorsque, dans le liquide diastasique, « la caséase est (1) DuGLAUx, Traité (l(^ inicrobiolojiie. Premirrc partie : Etude systéraaliqiie ties diastases, p. 163. (2) Ivar Bang, Ueber Paracliymosiii, ein neues Labtermenl. /'/liiycr's Arc/iii\ vol. 79, p. 42o-i41. (:5) Briot, Etudes sur le Labferment des solutions de pepsine ou parachymo- sine. Journal de physiologie et de palUologie générales, 1907, p. 784-792. il) Gerber, La loi de Segelkc-Storch et la parachymosine. Complcs rendus de lu Société de Biologie, 8U novembre 1907, p. o7o. (.'ij G. Becker, Untersuchungen ilber das Zeitgesetz des menschliciien Lalifer- mentes und dessen qualitativen Bestimmung. Beitr;i-ge zur c/icm. /'/ii/siol. inid l^athoL, vol. 7, p. 89-120. (()) DucLALX, Loc. cit., [). (;2l-()23. 178 BULLETIN DE LA STATIOIN BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 eu excès sur la présure ». La caséase étant, d'après cet auteur, le ferment qui liquéfie le coagulum. Mais nos expériences prouvent que cette dernière doit être confondue avec la trypsine, car les produits auxquels elle donne naissance sont des acides aminés. La digestion sans coagulation préalable par les fortes doses de ferment parait attribuable aux modifications rapides de la caséine sous l'influence de l'agent protéolytique, qui l'empêche- rait de se prendre en masse. D'ailleurs, Kuhne (1) avait déjà observé que l'extrait de pancréas coagule le lait comme la pré- sure, mais si l'extrait pancréatique n'était pas atténué, on obser- vait simplement la digestion sans coagulation. Pawlow {1) de son côté, en étudiant le suc pancréatique kinase de Chien, constata que l'action présurante était fugitive et diffi- cile à déterminer avec les doses fortement actives, aussi acidi- fiait-il le lait afin de le rendre plus facilement coagulable en retardant sa digestion protéolytique. Tous ces faits sont identiques à ceux que nous venons de signaler chez les Crustacés. On les reproduira facilement en opérant avec un suc ou un extrait glandulaire à processus b'yptique. Les expériences suivantes, exécutées avec de la Gastérine Fremont (suc gastrique pur de Chien), apportent, en effet, un argument nouveau en faveur de cette manière de voir. Expériences Dans un tube à essai a on introduit 10 centimètres cubes de lait frais, phis deux gouttes de Gastérine Fré.mo^t (3), plus quelques gouttes de toluol. On porte à 40°. On fait des mélanges identiques dans un tube b, mais le suc digestif a été porté préalablement à 100" (témoin). Après douze heures, on voit dans le tube a un coagulum mou. En b le lait (1) KÛHNE, d'après Briot, Thèse de la Faculté des sciences de Paris, 1900, p. 53. (2) Pawlow et Parastschuk, Ueber die eiu iind demselben Eiweissfermente zukommende proteolytische und milchkoagulierende Wirkung verschiedener Verdauungssiifte. Zeùschrift fur phijsiol. Cheinie, t. 42, p. 415-432. (3) Le suc acide n'a pas été neutralisé, car la présure peptique (parachymosine) est très sensible à l'alcali. Mais la cause d'erreur provenant de ce fait est négli- geable, vu la très faible quantité de Gastérine mise en expérience (deux gouttes). Le tube témoin renseigne, d'ailleurs, sur la nature de la coagulation. J. SELLIER : LES FERMENTS PROTÉOLYTIQUES DES INVERTÉBRÉS 179 est resté normal; peu à peu le coagulum de a devient plus compact, il se colle à la paroi du tube, il se rétracte ; après huit jours il est encore volumineux, il baigne dans un liquide louche. Après trois jours, une précipitation floconneuse de la caséine s'est effectuée en b, causée par l'acidification du lait. Après huit jours l'aspect est identique. L'eau bromée ne donne la réaction du tryptophane pas plus en a qu'en b. L'acidité après formol (très faible) est identique dans les deux tubes. Il n'y a donc pas eu libération d'amino-acides. La présure des Inyerïéiîrés est toujours associée a un ferment a processus tryptique L'action sur le lait du suc digestif des Crustacés nous a per- mis de constater son action, à la fois présurante et tryplique. D'autres groupes d'Invertébrés nous montrent qu'il en est tou- jours ainsi. Toutefois, pour déceler le premier phénomène (en dehors des doses faibles de suc), il faut employer, quelque- fois, certains artifices, tels que acidification légère du lait ou addition de faibles quantités de chlorure de calcium. La coagulation ainsi obtenue ne doit pas être attribuée à ces agents acti valeurs, car des expériences témoins indiquent qu'elle est due uniquement au ferment. Nous prenions, en outre, la précaution d'ajouter aux liquides d'expériences quelques gouttes de toluol afin d'éviter l'ingérence des microbes. Voici comment nous avions opéré : Dans un mortier, en présence de 1 centimètre cube d'eau distillée et de quelques gouttes de toluol, on broyait 0 gr. 500 de tissus (foie, hépato-i>ancréas, intestin moyen) venant d'être prélevés sur l'animal vivant. Le tout, placé dans un tube à essai, était additionné de 10 centimètres cubes de lait, puis porté au bain-marie à 40°. On notait le temps de coagulation. Les mêmes essais étaient faits avec du lait légèrement acidifié ou calcifié et avec des macérés préalablement bouillis. Dans d'autres expériences (si cela nous était possible), nous expérimentions avec du suc recueilli dans la poche gastrique. A côté de l'action coagulante nous notions toujours la pré- sence ou l'absence de tryptophane. Les résultats obtenus sont consignés dans le Tableau XXII. 13 180 BULLETIN DE LA STATION BIOLOfilQUE d'aRCACIION 1910 Tableau XXII ESPÈCES ANIMALES SUC DIGESTIF ou inacérés POUVOIR F I 'lit RÉSURANT I lit Réaction du 11 y])l()pliane dans liquide d'organes normal calcifié de digestion après 24 liourcs ECHINODER.MES Asferias ruheiis Caecums radiaires + + H' positive Sijitaptd (hijitala Intestin 0 0 0 Slroiifiijliiceiirrulus lividus Intestin + + + positive Vers Sipunctiliis )iK(his Intestin + -\- + + + positive A l'eincitld piscalonmi Intestin H- + -f + ^^ positive Aphrodite aculeahi Suc des euîcunis + + + + + positive (vllUSTACÉS DÉCAPODES Maja squinudo Suc stomacal + + +■ + + + + positi\e Cancer pac/urus IIé|)ato-pancr. -f- + + + positive A s/ac/is /liiridlil is iIé[)ato-pancr. + + + f positive Céphalopodes Sepia officinalis Suc stomacal + ^ + + + positive Loligo vulgaris Hépato-pancr. + + + + positive Oc/opNS vulgaris Ilépato-pancr. + + + + + positive Gastéropodes Aplysia fasciata Aplysia punctata Suc stomacal 0 0 0 0 négative négative Helix poniatia ou foie 0 0 négative Lamellibranches âJya arenaria Foie 0 0 négative Mijtilus edulis Foie 0 0 négative Pancreatine Grûbler — + + + + + + + positive Gastérine Fremont + + + + + + + négative (pepsine) J. SELLIER : LES FERMENTS l'ROTKOLYTIQUES DES LWERTÉBRÉS 181 Cette étude montre que l'action coagulante et l'action protéo- lytique (mesurée par la libération du tryptophane) marchent toujours de pair. Ses résultats concordent avec ceux concernant les Crustacés; ils indiquent une association constante delà pré- sure et de la trypsine. Nous devons ajouter que le suc à' Aphrodite aculeala, faible- ment^coagulant sur le lait normal, est au contraire très actif sur lejait calcifié ou faiblement acidifié. Le phénomène se pro- duit dans le minimum de temps, toutes choses égales, à la tem- pérature de 70" à 72" qui est voisine de celle où le ferment protéolytique est détruit. Chez les Mollusques céphalopodes [Sepia, Loligo), le suc du caecum, fortement protéolytique, coagule difficilement le lait normal ou acidifié; le phénomène est, au contraire, très rapide sur le lait calcifié. Enfin, des expériences de comparaison, exécutées soit avec des extraits de muscles ou d'organes génitaux, soit avec du sang ou autres liquides organiques, ont constamment fourni des résultats négatifs, môme quand le lait était acidifié ou calcifié. La présure est donc très répandue chez les Invertébrés . Nous l'avons décelée dans tous les sucs digestifs ou extraits d'organes possédant un ferment à processus tryptique. 182 BULLETIN DE LA STATIOiN LilOLOGIQUE UARCACllOiX 1910 Propriétés de la présure des Invertébrés Nous venons de caractériser la diastase à processus tryptique qui accompagne l'agent coagulant. Il nous reste à étudier les propriétés de cette présure dans le but de la distinguer ou de l'identifier avec celles déjà connues. Action de la tkmpkiiati ue sur le polvoir présurant du sic chaueké Expériences Du suc digestif de Maja placé en tube scellé est porté à des tempé- ratures progressivement croissantes : a, h 5o'; b, à 60"; c, à 65" ; d, à 70° ; e, à 75°, pendant une demi-beure. On mesure ensuite l'activité présurante par ra[)p()rt au même suc normal témoin. (I) Suc normal. . 0 ce. 2 -f 5 ce. lait = coagulation en 1' a) Suc à 55' .... 0 ce. 2 + 5 ce. lait = coagulation en V b) Suc à 60" .... 0 ce. 2 + 5 ce. lait = coagulation en 5' c) Suc à 65" .... 0 ce. 2 + 5 ce. lait ^ coagulation en 50' d) Suc à 70°-72° . 0 ce. 2 + 5 ce. lait =^ coagulation en 1 b. 40' e) Suc à 75" ... . 0 ce. 2 + 5 ce. tait = pas de coagulation. Celte expérience montre l'atténuation progressive du ferment à partir de 60' jusqu'à 70 "-72". A 75° il est totalement anéanti. Coagulation du lait chauffé a diverses températures Expériences Dans une série de tubes à essais on introduit 10 centimètres cubes de lait, on les place respectivement à 25', 40'", 55", 00", 65", 75'", 85". On introduit alors dans cbacun des tubes soit 0 ce. 1 de suc de Maja, J. SELLIER : LES FERMEMS PROTl'OLYTlQUES DES INVERTÉBRÉS 183 soit 0 ce. 5 de macéré hépato-paiicréatique du même animal. On note les temps de coagulation. Të.MI'S DE COAGULATION (I ce. 1 (I ce. 5 suc Mxja macéré hépato-pancréatique Lait porté à 25" (10 ce . ) 13' 18' — à 40" — 2' 8' — à 55° - 1' 4' — à 60" — 0'30" 3' — à 65" — 0' 20" 2' 30" — à 75" — 0' 15" — — à 85" — Néant Néant Taudis que la présure ordinaire exerce sou maximum d'action vers 40", cette série d'expériences montre que l'activité du fer- ment de 3Iaja croit avec la température jusque vers 75°; sou optimum est voisin de la température de destruction. Gerber(I) qui a vu ce même phénomène, l'attribue à une résistance spéciale de cette présure à la chaleur ; elle se rappro- cherait ainsi, d'après cet auteur, des présures végétales. Etude comparée des présures Hansen, peptique, pancréa- tique DE Maja au point de vue de leur vitesse de coagulation du lait chauffé Expériences Même dispositif expérimental que précédemment, bain-marie à 40°, 55°, 60", 65°, 70°, 80°, contenant une série de tubes à essais avec 10 cen- timètres cubes de lait frais. On mesure l'action présurante de diverses solutions obtenues en dissolvant 0 gr. 050 de présure Hansen dans 10 centimètres cubes d'H""0, de pepsine (1 gramme dans 10 centimètres cubes), de pancreatine (1 gramme dans 10 centimètres cubes). Ces expé- riences sont faites par comparaison avec Oec. 1 de suc digestif de 3Jaja et 0 ce. 5 de macéré hépato-panCréatique du même animal ou encore avec des macérés de cœcum d'Astérie. (1) GERiiER, Lrt présure des Crustacés dt'capodes. Comptes i-endiis de l'Académie des Sciences, 1008, p. 708. 184 BULLETIN DE LA STATIOK BIOLOGIQUE u'aRCACHOIN 1910 Tableau XXlll Présure Hansen.. . . 40" X)" fin- 65- 70° 80° 88» r _ . Présure peptique . . r — - — - — — Présure pancréat. . 18' (3' 4' 2'30'' — — — Suc de Maja 2' r 30" 20" 15" Instant. Macéré hépato- pan- créatique de Maja 18' 8' 4 3' 2'30' — — Macérés de ctt'cums d'Astérie 7' 3' 2"30" 2' 15" 2' — — Le Tableau XXIII montre que la présure Hansen et la présure peptique sont impuissantes à coaguler le lait chauffé à o5". La pan- creatine est encore active à 65°. Le même phénomène se mani- feste encore nettement à 70° pour les présures de Maja et A'Aslerias. A 80° il est instantané. Le parallélisme d'action des présures pancréatiques de Maja et (\ Aslerias jusqu'à 05' doit être remarqué. Action comparée de la chaleur sur des présures d'origines diverses Expériences On cliauffe pendant une demi-heure en tube scellé à GO", 62", 70", 72", 80", des solutions de diverses présures (Hansen, pepsine, pancreatine) ainsi que du suc digestif de Maja. On les fait alors agir sur 10 centi- mètres cubes de lait chauffé à 40" et calcifié à 5 grammes pour 1.000, afin de faciliter la coagulation. Des expériences témoins sont faites avec des solutions non chauffées des mêmes ferments. Le Tableau XXIV montre que la présure peptique est plus résistante que les autres à l'action de la température. Ce lait a déjà été signalé par Bang {loc. cit.). Une comparaison des expé- J. SELLIER : LES FER.M.NETS l'ROïHOLVTIQUES DES INVERTEBRES 18o Tableau XXIV PRÉSURES diverses Suc noriiiiil (Témoin) ChaufTé à (;0"-(J2' CHiauflé à 70- -72" C.haulTé à HO- Dose Temps de coagu- lation Dose Temps de coagu- lation Dose Temps de coagu- lation Dose Temps de coagu- lation Présure Hansen 0,OoO in 10 ce. H^( ) 0,1 0,5 0,1 0,0o 0,5 r ir r m 0,5 50' 1' 20' 5' 28' 0,5 Xéant 5' Néant Xéant Xéant 0,5 Xéant Néant Xéant Néant Présure peptique 1 gr. /// 10 ce. IPO Présure pancrcat. 1 gr. /// 10 ce. . n'o Suc digestif de Maja Macéré hépato-pancréa- tique Maja riences relatées au Tableau XXIII et au Tableau XXIV montre qu'il n'y a pas de corrélation entre l'optimum du phénomène coagulant et la résistance du ferment à la chaleur, car la pepsine ne coagule pas le lait chauffé à 00". On voit encore que la présure des Crustacés et la pancreatine ont une action sensiblement parallèle jusque vers 65° ; mais tandis que cette dernière est inactive à une température plus élevée, la première coagule ins- tantanément du lait à 80". Action de la présure de Maja sur le lait acidifié PAR l'acide CHLORHYDRIQUE Expériences On acidifie du lait frais à 1 pour 1.000 environ avec HCt : on fait agir sur 10 centimètres cubes au bain-marie à 40° des quantités varia- 186 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 bles de suc digestif de Maja. La même expérience est faite avec du lait normal. Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau suivant : Quantité de suc Temps de coagulation Suc dilué au 1/40. Suc dilué au 1/10. Suc normal I goutte I goutte I goutte Suc normal V gouttes Lait normal 80' 22' o' digestion sans coagulation Lait acidifié pas de coagulation pas de coagulation 3' 1' Ou voit que racidificalion du lait, retardatrice de la coagula- tion pour les doses faibles, est au conlraiie accélératrice pour les doses plus fortes. Action de diverses présures sur le lait sensibilisé PAR LE BARBOTAGE DE l'aCIDe'cARBONIQUE Le barbotage du lait par l'acide carbonique active beaucoup sa coagulation par la présure ordinaire ou la parachyniosine (présurepeptique)(l); l'effetest, au contraire, nul ou insignifiant sur le phénomène présurant de la pancreatine ou du suc de Maja. Expériences Temps de coagulation a 40* r.ait normal Lait barbott Pancreatine (solution, l gr. in 10 ce.) Suc digestif de Maja (dilué au 1/10). Présure Hansen (0 gr. 050 in 10 ce). . Pepsine (solution, 1 gr. in 10 ce.) . . . (1) RiiioT, Eludes sur lo LalilVrmcni Journal de p/iijsioli)(jii- ri /jalholoi/ie f/rii — par CO- I goutte 15' 12' I goutte 15' 14' I goutte (30' 16' I goutte pas de coagulation 8' In lions de pepsine uu par achyinosine. 11107, p. 7! ■<î). J. SELLIER : LES EERMEMS l'ROTÉULVTIQl'ES DES liWERTEBRÉS lo/ COAGULATIOX DU LAIT NORMAL PAU DIVERSES PRESURES PREALA- BLEMENT SOUMISES A l'influence DE l'aCIDE OU DE l'aLCALI Ces expériences consistent à acidifier et à alcaliniser diiecte- ment la solution de présure. Au bout d'un certain temps, on ramène à la neutralité. On mesure alors le pouvoir coagulant par rapport à un témoin. Voici des expériences faites avec des solutions de pepsine, de pancreatine et de présure Hansen, par comparaison avec du suc digestif de Maja. Expériences On dissout dans 10 centimètres cubes d'eau distillée : 1° i gramme de pepsine titre 100 ; 1° 1 gramme de pancreatine titre 100 ; 3° 0 gr. 250 de présure Hansen. On prend 10 centimètres cubes de chacune de ces solutions, on les additionne de 0 ce. 8 HGl^ + 0 ce. 2 H'O, le volume est de 2 centimètres cubes, la réaction est acide. On prend également 1 centimètre cube de chaque solution, on les additionne de! centimètre cube H'O ; le volume est de 2 centimètres cubes, la réaction est neutre. On alcalinise 1 centimètre cube de chaque solution i)ar addition de 0,8 CO'Na' j plus 0,2 H'O. Le volume est de 2 centimètres cubes, la réaction est alcaline. Après séjour de vingt-quatre heures à 40", on ueutralise exactement chaque tube, les volumes étant maintenus cons- tants par addition d'eau distillée. On mesure l'action présurante sur 10 centimètres cubes de lait. Temps de coagulation Solution (le [lepsine 0 ce. o 20' 4' Néant Solution de pancreatine. 0 ce. 5 40' 5' 20' Présure Hansen 0 ce. 5 2' 1' Néant Suc digestif de Maja. . . 0 ce. 5 Néant 3' 4' H y a donc une différence très nette entre la présure de Maja et la présure pancréatique d'une part, la présure Hansen et la présure peptique d'autre part. Les premières ont été peu influencées par le milieu alcalin ; les secondes, au contraire, y ont été anéanties. Le milieu acide a produit un effet inverse. Ces faits prouvent que la présure de Maja doit être ramjèe à côté de la présure pancréatique, Volume de solution * ■ ^ mis en expérience Solution acide Solution ti 0 ce. o 20' 4' 0 ce. 5 40' 5' 0 ce. 5 2' 1' 0 ce. :j Néant :r 188 BULLETIiV UE LA STATIO.N BIOLOGIQUE d'aRCACHO.N 1010 III Sur l'identité du ferment protéolytique et de la présure Nous devons maintenant aborder la question de savoir si le phénomène protéoly tique et le phénomène présurant, qui s'accom- pagnent toujours, sont tributaires du môme ferment ou de deux ferments distincts. Hammaeisten a soutenu la dualité, tandis que Pawlow et d'autres ont fourni de sérieux arguments en faveur de l'identité. Or, si cette dernière opinion est la vraie, la présure pancréatique se distinguera de la présure peptique par certaines propriétés, correspondantes à celles de la pepsine et de la tryp- sine. Les travaux nombreux publiés dans cette voie n'ont pas, à notre avis, suffisamment mis en évidence les caractères qui permettent d'établir cette distinction. Pawlow et Parastchuk {loc. cit.) constatèrent les premiers que le suc pancréatique pur non kinase, protéolytiquement inactif, ne coagule pas le lait. Cependant, lorsqu'on l'additionne de suc intestinal, les deux phénomènes deviennent manifestes. D'autres expériences exécutées avec des sucs pancréatiques de diverses origines (suc de Chien à fistule permanente, obtenu dans des conditions différentes d'alimentation et étudié à diver- ses heures de la période de sécrétion ; suc de Chien à fistule temporaire, obtenu par excitation du vague et du sympathique; suc de sécrétine, etc.) montrèrent un parallélisme constant entre les deux actions. Le phénomène présurant était mesuré par l'activité de 0 ce. 2 de suc pancréatique sur 10 centimètres cubes de lait acidifié (1 centimètre cube d'HGl à 0,5 pour 100). L'action proléolytique. par la longueur en millimètres d'albumine dis- soute en tube de Mette. En se plaçant dans diverses conditions expérimentales, Pawlow et Parastchuk constatèrent, en outre, l'affaiblissement parallèle du ferment protéolytique et de la présure; ils conclurent à l'identité des deux ferments. J. SKLLIKIl : LKS FERMKMS l'ROTÉULVI IQUES DBS hNVERTKBRKS 189 De son côté, Yekinon (1) montra que la precipitation fractionnée de l'extrait pancréatique à l'aide de l'alcool modifiait également le pouvoir protéolytique et présurant, tandis que les autres dias- tases (amylase et lipase) étaient diversement influencées. Ces faits, en apportant un argument en faveur de l'identité, véri- fiaient aussi l'indépendance physiologi(iue des ferments du pancréas déjà démontrée par Dastre (2). Sawitsch (3) arriva à des conclusions identiques en constatant l'affaiblissement parallèle de la trypsine et de la présure sous l'influence de la température. Delezenne (4) a montré également que le suc pancréatique inactif acquiert, sous l'influence de faibles doses de calcium, le pouvoir protéolytique et labique. En opérant avec des sucs dia- lyses, cet auteur vit l'apparition simultanée des deux phéno- mènes. Dans d'autres conditions, il constata leur affaiblissement |)arallèle. Il conclut que « dans les conditions expérimentales indiquées, les sels de chaux nous apparaissent comme des agents activaleurs rigoureusement spécifiques de la trypsine et du lab, lesquels d'ailleurs ne constituent peut-être, suivant la conception de Pawlow, qu'un seul et même ferment. « Contre cette théorie de l'identité nous trouvons ro[)inion de Glassner (o), qui n'a pas trouvé de lab fermenl dans le suc pan- créatique humain. Ce fait serait important à retenir s'il était bien démontré, mais cet auteur n'a vraisemblablement pas opéré dans les conditions requises pour la manifestation du phéno- \l) Veunoh, The precipilability of panccealic fermcnls by alcohol, l'.l03 (I'hysiiol. Lab., Oxford . Journal nf physioL, t. 29, p. 302-334. (2) Dastre, Conlribulion à l'étude des ferments du pancréa!^. Arc/i. de /i/u/siol. norm, et pailioL, 1893, t. 5, p. Ti'k-Til. (3) Sawitsch, Z ir Frage uach dei" Idenlitat der milchkoagulierendcu iiml proleo- lytischen Fermeute (Physiol. Lab. Insl. exp. med. Saint-Pélersbourg l'.IU8. Ztil- aclirifl f. physiol. Chemie, t. 55, p. 84-106. (4) Delezenne, Formation d'un ferment lab dans le suc paucréalicjne soumis à l'action des sels de calcium. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1907, p. 98. Sur la formation du lab pancréatique. Spécificité du calcium. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1907, p. 187. Nouvelles observations sur la spécificité des sels de calcium dans la formation de la trypsiije. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1907, p. 27'/. (5) Glassner, Ueber menschliches Pankreassekrel Physiol. Inst. ISerlini, 1904, Zeitsc/irift fiir physiol. C/ieniie, vol. ÎO, p. 405-479. 190 BULLETIN DE LA STAIIOA BIOLOGIQUE D ARCACUON 1910 WoLGH.MLTH (1), Cil effet, ([iii lui aussi a fait des expériences avec du suc pancréatique humain, décela dans ce liquide le ferment lab. L'activation du suc par l'extrait intestinal ou par l'acide chlorhydrique faisait apparaître simultanément l'action présurante et l'action tryp tique. Recherches personnelles Nos études chez les Invertébrés ne nous ont jamais permis de constater l'indépendance du ferment protéolytique et de la pré- sure ; nous avons toujours vu des activités correspondantes. Dans certaines expériences nous mesurions l'action coagulante par le temps que mettait la caséine à se prendre en masse, et la force protéolyti(|ue par celui que mettait le coagulum ainsi formé à disparaître. Ce procédé permet, entre autre avantage, de mesurer les deux processus dans des conditions rigoureusement identiques à l'aide de la même substance, la caséine. Ces expé- riences montrent que le coagulum disparaît dans un temps dix à douze fois environ plus considérable que celui qui est néces- saire à le produire. Un macéré d'organe, par exemple, qui coagulait 10 centimè- tres cubes de lait en soixante minutes, dissolvait le coagulum dans douze heures environ. Une dose a de suc digestif qui coagu- lait 10 centimètres cubes de lait en cinq minutes, liquéfiait la caséine dans une heure, tandis que ~ réclamait dix minutes pour la formation du coagulum et deux heures pour sa hquéfaction. D'autres expériences faites en mesurant l'activité protéolytique par le procédé de Mette nous ont fourni des résultats analo- gues. Ayant constaté que l'activité protéolytique du suc de Cancer pagurus est généralement plus faible que celle de Mnja squi- )iado, nous avons recherché s'il en était de même du pouvoir coagulant. Le parallélisme le plus parfait a toujours été trouvé entre les deux actions ; l'expérience suivante le prouve : On met 0 ce. 1 de suc digestif de Cancer pagurus dans un tube à essai contenant 10 centimètres cubes de lait. Le tout est placé au bain-marie à 40°. La coagulation se fait en vingt minu- 1, WoLGEMiiii, Uiiter.sMcliiinfieii ïiber dcn Pankreassal't des Monscheii. Teber (las Labfennent, 19U7. liiuch. Zeiisdir., roi. 2, fas. 4-0, p. 3o0-3o6, J. SELLIER : LES FERMENTS PROTl'.OLV TIQUES DES INVERTÉBRÉS 191 tes. Ce pouvoir présurant (exprimé par le volume de lait coagulé par 0,1 de suc en quarante miuutes à 40 degrés) est, par consé- quent, égal à 20. Le môme suc digère 2 millimètres d'albumine du tube de Mette après vingt-quatre heures à 40". Le pouvoir protéolytique (mesuré par la longueur d'albumine dissoute) est égal à 2. Le rapport entre le pouvoir coagulant et le pouvoir protéolytique est donc de y = 10. Si maintenant on expérimente avec du suc de Maja squinado exactement dans les mêmes conditions, on constate que 10 cen- timètres cubes de lait sont coagulés en cinq minutes. Le pouvoir coagulant (exprimé par la quantité de lait coagulé par 0 ce. 1 à 40 degrés en quarante minutes) sera 80. Le mémo suc digère 8 millimètres d'albumine après vingt-quatre heures à 40". Le pouvoir protéolytique est donc égal à 8. Ici encore le rapport du pouvoir coagulant au pouvoir protéolytique est égal à y = 10. Voici des faits d'un autre ordre qui parlent dans le même sens. Nous avons vu que le ferment protéolytique des Crustacés est relativement peu sensible à l'action de l'alcali (p. llîi), celui des Céphalopodes, au contraire (p. 135), perd très rapidement ses propriétés en milieu alcalin. (3r, la réaction chimique du milieu influence dans le mémo sens le ferment présurant de ces deux groupes d'animaux. Ainsi, du suc digestif de Maja alcalinisé à divers titres par du GO'Na-, laissé trois heures à 40", ou vingt-quatre heures à 15" puis neutralisé, a conservé à la fois, quoique affaiblies, l'activité présurante et l'activité protéolytique. Celui des Cépha- lopodes, traité de la même manière, est devenu complètement inactif. Il ne peut ni coaguler le lait calcifié ni digérer la caséine. D'autre part, d'après les expériences suivantes, réalisées avec du suc de Maja, l'acide ou l'alcali atténuent ou détruisent parallèlemenl la try[)sine et la présure. Expériences Dans une série de tubes à essais, contenant le même volume de suc de Maja (0 ce. 5) on ajoute des doses variables d'HCl N/5 et de 192 BULLIill.N DE LA STATION BIOLOGIQ'Jîi D'AnCACIION. 1910 ^ Coagulation. l'as de coagulation. Diges- tion rapide. Kclaircissem 5-1 1 ll Il III 1- Température optima à /fy- 8(1". Pas de coagulation pour les températures plus élevées. Phase retardatrice poui- faillie dose et accéléra- trice pour forte dose. Pas de sensibilisation. ■i:(S E. t. ci: ■5 -ri .2 Si S u - ■3 S.^ - y) Ç J ° 5 è è !!lP |4 3 C3~ > ■2 2 ^ i - "".2 — lîll — s 1^ 't Is 0 r ^ 1 1 c 2 ~ y. '2 2 ^ i in 1^ 1 III •5 ?^ c" 5 ~ .2 •2 5 c — _ 1' 1= 3-1 1 3 II è 1 5 S o ai u o [w — "2 ■ è .2 ïll g£S=3 Ô 1 ^i a; c ■ ■ £; 0 a; 11: .2 1 1 Z" .2 1 5 « . '■= ■£^ 'a PI. 3 ô; >3 ;/2 K W < 1 s II o o 3 3 1 C •• "ii S == 3 .2 ^ £ « S S Cs 3 e; '2 tiC^ 2 1 ^ S J «"s o " c m "^3l _3 g "^ 3 ^ ^ -S 3 .2 1 -2 K 5" — o g3« + -Il 1 S ii ^"^ J. SELLIER : LES FERMEiSTS l'ROTKOl-MIQUES DES INVERTÉBRÉS 193 CO'Na' N/5. Après douze heures de coutact à 15°, l'acide et l'alcali soul exactemeut neutralisés et les volumes rendus égaux par addition de solution physiologique de NaCl. Dans chaque tuhe on mesure le pou- voir protéolytique par la méthode de Mette (après vingt-quatre heures à 40°) et le pouvoir coagulant en prélevant dans chacun des tul)esOcc. 1 de suc que l'on fait agir sur 10 centimètres euhes de lait à 40". Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau suivant : Composition du liquide laissé 12 heures à 15° puis exactement neutralisé 0 ce. o suc Maja -\- — 0,3 HCl N/2 + 0,2 H^O — 0,1 HGl N/5 f 0,4 H^O — 0,0 + 0,5 H^O — 0,3 CO'Na- N/5 + 0,2 H-O — 0,5 CO'Na- N 5 + 0,0 H-0 L'activité protéolytique et l'activité coagulante ont donc été affaiblies dans le même sens, soit par l'acide, soit par l'alcali. Signalons enfin que la température de destruction de ces deux ferments se produit à la même température, vers 72°. fùi résumé, tous ces faits montrent que la diastase tryptique et la présure des Invertébrés doivent être envisagées comme un seul et même ferment. Reaction Temps de coaçiul. de 10 ce. de lait -\- 0 ccl de suc Pouvoir pro- téol. en millim d'albumine dissous après 12 h. â 40» 2,19 ) HCl Néant Néant 0,75 S V„„ 35' 2,8 0,00 12' 10,5 3.15 ^ CO'NV 13' 10 5,25 S Voo 20- ') CHAPITRE VII Destination des produits de la digestion protéolytique Leur présence dans le foie De nombreux auteurs ont montré l'importance de l'hépato- pancréas des Invertébrés comme organe digestif. Son rôle d'organe de réserve du fer, de la graisse, du glycogène et parfois de phos- phate de calcium est également bien établi. Mais la présence d'acides aminés n'y avait point encore été démontrée d'une façon précise, bien que sa fonction absorbante ait été signalée chez les Mollusques gastéropodes par Guénot (1), Biedermann et MoRiTz (2), Enriques (3); chez les Céphalopodes par Guénot; chez les Crustacés par Saint-Hilatre (4), Cuénot, Jordan (5) ; chez les Lamellibranches par List (6). Enfin Chapeaux (7) a signalé un rôle (1) Cuénot, La fonction excrétrice du foie des Gastéropodes pulmonés. Arcli . de zool. expér. [3], VII, Noies et Revue, p. 23. Etude physiologique sur les Gastéropodes pulmonés. Archives de Biologie, XU, p. 683. Etude physiologique sur les Crustacés décapodes. Archives de Biologie, XIII, p. 245. Fonctions absorbante et excrétrice du foie des Céphalopodes. Arch, de zool. expér. et genér., IV série, 1907, t. Vil, p. 227 à 245. (2) Biedermann et Moritz, Reitriige zur vergleichenden Physiologie der Ver- dauung. III. Ueber die Function der sogenannten « Leber » der Mollusken. Archiv fur die ges. Physiol. , LXXV, p. 1. (3) Enriques, 11 fegato dei Molluschi et le sue funzioni. Ricerche prevalenteraente microscopiche. Mitth. zool. Slat. Neapel, XV, p. 281. (4) Saint-Hilaire, Sur la résorption chez l'Ecrevisse. Bull, de l'Acad, roy. de Bel- gique [3], XXIV, p. 500. (5) Jordan, Die Functionen der sogen. Leber bei Astacus fluviatilis. Verhandl. der deutsch. zool. Gesells., 12° Versamml., p. 183, (G) List, Die Myliliden. Fauna und Flora des Golfes von Neapel. XXVIP Monog. (7) Chapeaux, Sur la nutrition des Echinodermes. Bull, de l'Acad. roy.de Belgique [3], XXVI, p. 227. 14 196 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 absorbant des cœcums radiaires de l'Astérie. « On voit donc, dit CuÉNOT, qne ciiez tous les Invertébrés pourvus d'un foie ou d'un organe analogue, les produits solubles et dialysables de la diges- tion passent à travers son epithelium; la graisse seule est par- fois absorbée à une autre place, par l'épithélium du segment intestinal qui suit immédiatement le foie (Céphalopodes, Nudi- branches. Crustacés décapodes). » D'autres recherches ont démontré que des particules alimen- taires solides pouvaient être directement absorbées par les cellules hépatiques ; Biederaiann et Moritz l'admettent chez Helix ; List a la même opinion sur Mi/tilus, et Enriques sur Aplysia et sur Lirnnœa. Ce dernier auteur a môme vu des cellules végétales entières incluses dans l'épithélium hépatique. De même List {Loc. cit.), en faisant ingérer de l'encre à des Moules, retrouva des parti- cules de noir dans les cellules du foie. Dastre(I), d'un autre côté, a trouvé dans le foie de plusieurs Mollusques lamellibranches et gastéropodes un pigment chlorophylloïde, soluble dans l'alcool- chloroforme, donnant un spectre à quatre bandes analogue à celui de la chlorophylle ; c'est l'entéro-chlorophyile de Mac-Munn, l'hépato-chlorophylle de Dastre et Floresco (2). Ce pigment est, sans aucun doute, d'origine alimentaire, car il n'existe pas chez les Invertébrés carnivores et il disparaît quand on supprime l'ali- mentation chlorophyllée pendant un temps suffisant. Enriques a vu au microscope l'absorption phagocytaire des grains verts et bruns qui rempUssent les cellules du foie d' Apla- sia depilans. Le contenu de ces mêmes cellules est parfaitement incolore chez les animaux à jeun depuis dix à quinze jours. Mais si l'animal mange de nouveau des matières vertes, les cellules hépatiques augmentent de volume et l'on y retrouve des chloroplastes d'abord verts, puis bruns. L'imprégnation de ces cellules par les substances alimentaires chlorophylliennes est donc évidente. Quant à la destination ultérieure de ces dernières, les opinions sont différentes. Enriques pense qu'il y a vraisemblablement utilisation par digestion endo-cellulaire. (1) Dastre, La chlorophylle du foie chez les Mollusques. Journal de pliysiol. et paihol. générales, t. 1, p. III. (2) Dastre et Floresco, Pigments du l'oie en général. II. Pigments hépatiques chez les Invertébrés. Archives de plnjsiologic [5], p. 28'J. .1. SELLIER : LES FERMENTS PROTÉOLYTIQUES DES INVERTÉBRÉS 197 Dastre croit, au contraire, que ces substances sont éliminées par l'intestin. Tous ces faits permettent de penser que l'imprégnation des cellules hépatiques des Invertébrés par les produits de digestion est un fait d'ordre général. D'ailleurs, la littérature fournit un certain nombre de docu- ments qui appuient cette opinion. J. Frenzel (1), en effet, a signalé la présence de leucine et de tyrosine dans le foie des Crustacés. Dohrn (2) a également vu la leucine dans le foie d'Aslacus et aussi une substance qu'il a désignée sous le nom d' a Astacin », non identique à la tyro- sine mais qui s'en rapprocherait beaucoup par sa composition élémentaire et ses propriétés chimiques. Ces résultats ont été précisés par Gghnheim (3) dans un important travail sur la com- position chimique de l'extrait aqueux de foie du Poulpe ; il y a vu une notable quantité d'albumine précipitable par l'acide acétique à chaud. Le filtrai, qui contient peu d'albumoses (faible préci- pité par le sulfate d'ammoniaque à saturation), donne, par contre, une forte réa(îtion du biuret, ce qui indique la présence de peptones vraies. L'auteur s'en débarrasse en les précipitant par l'acide phosphotungstique, mais il constate par la réaction de MiLLON que le filtrat contient encore une notable quantité d'azote, et Cohnheim a pu y déceler des cristaux de leucine. Le Tableau XXVI reproduit à titre documentaire ces intéres- sants résultats. L'auteur conclut en disant sa surprise, étant donné ce qu'on sait des Vertébrés, que plus de la moitié de l'azote du foie de Poulpe (extrait aqueux fait extemporanément) ne soit pas de l'albumine coagulable ; une partie se composerait de peptones, l'autre appartiendrait sans aucun doute à des pro- duits cristallisés provenant de l'albumine (leucine, tyrosine). Enfin Guénot a constaté dans l'épithélium hépatique de Sepia of/icina/is qu' a un grand nombre de cellules, mais pas toutes, (i) .1. Fkenzel, Ueber die Mitleldarmsdriise der Crusiaceen. Millheil. (1er zool. Slalion zu Neapel, t. 5, 1884, p. oO-lOl. (2) BoHRN, Analecta ad historiam natiiralem Astaci fluvialilis. Diss. Berlin, 1861 (d'après Otto von Fiirth) . (3) CouNHEiM, V^^eitere Mittheilungen iiber Eiweissresorption (Zool. Stat. Neapel u. Physiol. Inst. Heidelberg). Zeilschrift fur jt/iysinl. C/ieniie, vol. 35, p. 396-413. .198 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 Tableau XXVI cent. c. N total N albumine N non albumine N non précipitable par l'acide phosphotungs- grammes grammes Vo grammes Vo grammes ",■■. 580 670 360 1,359 0,948 0,606 2,899 0,444 44,6 46,9 46,9 0,757 3,287 0,489 55,7 53,1 51,6 0,751 0,192 12^1 20,2 4 foies 2 gros foies û'Octop. 3 foies Le même après n jours 0,893 0,343 38,4 0,549 61,5 0,307 34,4 présentent vers le sommet une vacuole, presque entièrement remplie par un magma irrégulier, de couleur jaune, renfermant des granules incolores, jaunes ou rougeàtres et de grands cris- taux, en aiguille, isolés ou groupés, qui rappellent beaucoup par leur forme des cristaux de tyrosine. » Recherches personnelles Nous avons vu dans le Chapitre III que les sucs digestifs des Invertébrés transforment les matières albuminoïdes en corps aminés ; d'autre part, les faits qui viennent d'être rappelés montrent que leur foie absorbe les produits digestifs et qu'il contient môme quelquefois de la leucine et de la tyrosine. Il restait donc à faire une étude plus approfondie de cette nouvelle fonction de réserve. La technique utilisée est analogue à celle dont s'est déjà servi H. Delaunay (1) pour ses recherches sur l'azote titrable au for- mol dans les tissus. Elle consiste à doser d'abord l'azote total par la méthode de K.ieldhal, dans un poids déterminé de tissus, puis celui qui est titrable au formol. Voici comment nous avons opéré : 1° Dosage de l'azote total. — 1 gramme de tissus frais est introduit dans un ballon de Kjeldhal, additionné de 5 centimè- (1) Delaunay, Rôle des acides aminés dans l'organisme animal. Thèse de la Faculté de médecine de Bordeaux, 1910. J. SELLIER : LES FERMENTS PROTKOLYTIQUES DES INVERTÉBRÉS 199 très cubes d'oxalate neutre de potasse à 30 pour 100, puis do 5 centimètres cubes d'acide sulfurique pur. On transforme en sulfate d'ammoniaque; après dissolution, on neutralise exacte- ment. Dans le liquide ainsi neutralisé, on ajoute du formol neutre en excès pour titrer avec NaOH N/5 l'acidité qui prend nais- sance. Soit n le nombre de centimètres cubes de soude employé, le nombre de milligrammes d'azote total (pour 100 grammes de tissu frais) sera : n X 2,8 X 100. 2° Dosage de l'azote titrable au formol (amino-acides, plus ammoniaque). — 1 gramme de tissu est broyé dans un mortier avec du sable lavé et un peu d'eau distillée. Le tout est versé dans un vase à saturation, puis neutralisé par NaOH N/o jus- qu'à coloration très faible, en présence de phtaléine du phénol. Soit n le nombre lu à la l)urette, il correspond à l'acidité directe. On ajoute 10 centimètres cubes de formol neutre. La coloration rose disparaît. Pour la faire reparaître, il faut ajouter une quantité 7i de soude N/5. Cette acidité décelée par le formol est due, comme on sait, aux acides aminés et à des corps ammoniacaux. Quant à l'acidité directe, elle est due à plusieurs facteurs ; une grande partie peut être attribuée aux amino-acides et l'autre à des éléments contenus habituellement dans les tissus, tels l'acide carbonique, l'acide lactique et divers sels à fonctions acides, etc. Le virage à la phtaléine peut, en outre, être per- turbé par la présence d'ammoniaque dans le tissu étudié. Quoi qu'il en soit, les amino-acides et l'ammoniaque forment toute l'acidité après formol et une grande partie (difficile d'ail- leurs à déterminer) de l'acidité directe. Cette dernière, plus faible que l'acidité après formol, lui est toujours proportionnelle. Par suite, si l'on transformé en milligrammes d'azote l'acidité après formol d'une part et l'acidité totale d'autre part, on obtient deux chiffres, dont l'un représente l'azote aminé (chiffre faible N formol minimum) et l'autre plus fort (N formol maximum), puisque l'acidité due aux amino-acides est comprise entre l'acidité après formol et l'acidité totale. Les deux chiffres, d'ailleurs assez voisins, donnent une valeur suffisamment approchée de la teneur des tissus en amino-acides. 200 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE D ARCACHON 1910 Calcul : n = NaOH N/5 saturant l'acitlité directe. n = NaOH N/5 saturant l'acidité après formol. n + n' = NaOH N/5 saturant l'acidité totale. Milligr. d'azote (NH- + NH^") maximum = n + n x 2,8 x 100. Milligr. d'azote (NH^ + NH^) minimum - ti x 2,8 x 100. 3° Azote ammoniacal . — Pour doser rigoureusement et uni- quement l'ammoniaque contenue dans les tissus, sans touchera l'azote aminé, nous avons employé la technique de Grafe : 20 à 30 grammes de tissus sont broyés dans un mortier avec de l'eau distillée et du sable lavé. Le tout est introduit dans un ballon avec 50 centimètres cubes de solution de NaCl saturée à froid, plus 50 centimètres cubes de solution de GO'Na' égale- ment saturée à froid, plus 50 centimètres cubes d'alcool. La distillation de l'ammoniaque est effectuée sous une pression de 20 millimètres de mercure à 38"-40" pendant quatre heures. L'appareil dont nous nous sommes servi est à peu près celui qu'employèrent Kruger et Hkiche pour le dosage de l'ammo- niaque dans l'urine. L'indicateur employé a été le Lakmoïd Malachitgrûn de Nenki et Zaleski. Calcul : Soit par exemple )i centimètres cubes de SO*H' N/5, neutra- lisé par l'ammoniaque qui s'est dégagée de 25 grammes de tissus. Milligr. N ammoniacal pour 100 grammes de tissus = n x 2,8 x 4. ■ Les résultats obtenus sont consignés dans le Tableau XXVII et sur les graphiques ci-contre. Ils sont relatifs : 1° A l'azote total du tissu hépatique (Graphique 6). On voit que les chiffres exprimant les milligrammes d'azote de 100 grammes de foie varient de 1.500 à 3.000, selon les types d'Invertébrés étudiés. Une étude* comparative chez les Vertébrés montre une constance beaucoup plus grande de la teneur azotée. 2" A l'azote titrable au formol du tissu hépatique {Graphi- ques 7 et 8). Il existe donc un parallélisme évident entre l'azote titrable au formol (chiffre minimum) et l'azote titrable au formol (chif- fre maximum). On constate encore, chez les divers types d'Inver- tébrés, des variations de N total de 10 à 18 "j, pour 100 gram- J. SELLIER : LES FERMENTS PROTÉOLYTIQUES DES INVERTÉBRÉS 201 Tableau XXVII ESPÈCES ANIMALES N total (,') mmg. \ Eorinol (') mnig. NH3 (1; mmg. Rapport pour 100 total Minimum Maximum N Formol Minimum NH3 Vertébrés Chien îmo 168 210 12 6,4 0,46 Chien 2500 196- 238 12 7,9 0,46 Cheval 29(38 182 252 10 6,2 0,34 Lapin 2958 168 252 10 5,8 0,33 Poule 2576 182 224 16 7,0 0,64 Tortue 2492 168 196 — 6,3 — Torpille 2036 168 224 12 8,4 0,6 Invertébrés (') OrtdjiHs 3136 510 736 20 17,4 0,64 S épia 3448 506 652 17 14,8 0,50 Loligo 3596 639 784 — 18,2 — Ma/ a s(/nina(/o 2240 392 56)0 14 17,8 0,63 Astacus 1972 319 377 12 16,0 0,(iO As/i'i'ias ra/jens 3032 434 532 11,8 14,8 0,40 lleli.r 1540 154 210 9 10,0 0,60 Aj)lijsia 1682 232 319 14 13,6 0,82 (1) Pour 100 grainni (2) Résullals obleni gique d'Arcac 2s de tibsu s encoUat ion. frais. )oration a^ ecM. le D ' Uelauna Y à la Stat on Biolo- mes de tissus frais. Chez les Vertébrés, au contraire, dont le foie ne contient d'ailleurs qu'une faible quantité d'azote titrable au formol, la teneur azotée varie peu. 3° A r ammoniaque {Graphiques 7 et 8). (ihez les Invertébrés comme chez les Vertébrés, l'ammoniaque varie, pour 100 grammes de tissu hépatique, entre 10 et 20 mil- ligrammes {Graphique 7). Le rapport de ces chiffres pour 100 de N total est compris entre 0,2 et 1 {Graphique 8). C'est donc une quantité insignifiante, et l'on peut attribuer aux acides 202 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 aminés la presque totalité de l'azote titrable au formol du tissu hépatique. Si l'on considère les rapports entre la constitution azotée du foie et l'alimentation dans la série animale, on voit qu'il y a un parallélisme manifeste chez les Invertébrés. Le foie des Herbivores {Helix, Aplysia) est le moins riche. Celui des Carnivores {Maja, Asterias, Octopus, Loligo) est au contraire au sommet de l'échelle. Ces résultats se distinguent de ceux fournis par divers types de Vertébrés (Chien, Cheval, Lapin, Poule, Torpille) où la teneur en substances azotées, exprimée soit en azote total, soit en azote titrable au formol, est à peu près la même. En résumé, le foie des Invertébrés est d'autant plus riche en azote total et en amino-acides que leur alimentation est plus riche en matières albuminoïdes. Cela permet de penser qu'il retient les produits de la digestion protéoly tique (amino-acides) (1). On sait, d'autre part, que la glande hépatique de la plupart d'entre eux ne contient pas de glycogène (Céphalopodes). La question entièrement neuve qui se pose maintenant est de déterminer l'utilisation physiologique de ces corps de réserve ; mais elle dépasse le cadre de ce travail. (1) Ces corps existent dans les tissus frais el ne sont pas des forraalions post mortem, comme l'avait supposé Otto \oy Furth, l'ergleic/ienrle c/icmischf P/iysio- logie lier niederen Itère, p. 234. Re. .N. (ûolaL huiir lOOS'ranwies c/e ôlSSLL H-acs r/c e<^oie A/ n\ y — ^ fth — t — — — — — — — - - — — - _ — - i_ -- - — ^ — — - - i — — — ^ ^ ^ ^ Ï ^ ^ s — — — _ — __ — — — — — E — — — ._ - — - — — [ — — — - E ^ ^ E — E ^ ^ — - E E E E - ~ E ~~5 — ... — — — — - — — — — ~ — ^ fâ- — — — — — s N r- t^ — — — I - - I = •s s; — — — — ~ — — — ^ 9& ~ — — — — ~ V — — — — — — — - — - — 5^ <; - — _ — — — — — f,?! ^ — h — — — — __ M — -— — — ~ — — L _ — _ ^_ _ 2 z — OH _ - — ~ ._„ = Ë ^ \ — - — — — - - - - E - +—1 — — = — ~ — — — m Mi JA LI M j2- HjO. ilL 2iL - - - — — h _ — — — — — s, ^ 3 — - ~ — — — -- -' 1- t — — — — — z — E - 7 — z — — — — .A m. — ~t — 3 1 '£. 2 i 2 11 - _ 1 — -d — - Ï - H \ CLjfraiS de ffoie 1 ft iS ;:; P ffi tffl il :[i S Si! w. il- ^ W- Z ]S :iii If iïïi M Tîiï i^^; ef ~ . ,,J m , r 4+4- ^^- r-^ 41. i — T lil^ — — — — ~~" — — — — — - — — — — — — — — ■ — — — — — __ — — — - — — - — ^-^ L«L "F — f; " _^_^ _; _ k ? r^: — — — — _..- — — — __- ^., " -4-- _. — - _ — — — __ — — _ __ - — - — E i : 5 S 3 — '■"■ -- Z — V ~ rè» ^ — -- — - — - — — — — :: — Z '— — - — — — — - Z - — - — I ûL - -- z _ — ^ H— \ -- ^ s - Z - Z l — - ! ; ^ p Z — - - ; ; — - . n: ~1 I I z Z I z — Z ~^ " -H -^ z r ~~ I b ■"^ jp^ -^^ t:^^ r- I Z — — — — — Fi — — — — — — -- - ~ -^ - ^ — 1 i- — - — - — — — _ — r - — — — „- -- ^ — r lU lÊ ^ 5 ^ — — •— ~ — ' ; — :',« b — 4 -? 1^. ^ Z ^ Z ^ — — — iii liiL Uii 1 ■s lil-lt Ci- - s lilL lit: 1 _ 1. ï iiu iih 1 ni' iitt i 1 Mit UJ- liti ttli i!ll ^- Z iiil ■ ,-J lili. < — t liii. lU.. itii 1 J-La -F iii:. Q E jiit tdai iiii iiu iiii iiii — IjXÇl^ Aie M forniof /itininian^ et Je b[ H RESUME GENERAL Eï CONCLUSIONS Dans le Chapitre I, nous exposons la technique utilisée pour nos reclierches ; entre autres avantages, elle présente celui de permettre de suivre pas à pas la transformation de la matière albuminoïde au cours des divers processus protéolytiques. Dans le Chapitre II, après avoir rappelé les caractères distinc- tifs de la pepsine, de la trypsine et de l'érepsine, nous exposons un certain nombre d'expériences personnelles qui amènent à conclure que la pepsine et la trypsine se différencient par trois caractères : 1" Par le milieu d'action. — La pepsine agit seulement en présence d'une acidité notable ; l'intensité de la digestion aug- mente jusqu'à une certaine limite quand on élève la teneur du milieu en acide. 2" Par les variations de l'acidité au cours de la protéolyse « in vitro ». — Dans les liquides de digestion peptique, l'acidité forte diminue et l'acidité faible augmente. L'acidité après formol reste invariable. Dans les liquides de digestion pancréatique, il y a augmenta- tion progressive et parallèle de l'acidité directe et après formol, cette dernière étant due à la libération d'amino-acides. 3° Par le processus d'action. — La pepsine est un ferment peptonisant et non éreptique. La trypsine possède la double propriété de peptoniser et de transformer les substances pro- téiques en amino-acides. Au cours des digestions in vitro. l'activité peptonisante et l'activité éreptique sont sensiblement égales. Le Chapitre III est consacré à l'étude de la réaction chimique des sucs digestifs des Invertébrés ; nous concluons que la plu- part d'entre eux sont habituellement neutres ou peu acides. 204 BULLETIN DE LA STATIOA BIOLOGIQUE u'aRCACHOiN 1910 Dans tous les cas, et contrairement à l'opinion de plusieurs auteurs, leur acidité paraît insuffisante pour permettre l'action peptique. Chez certains, tels que Maja et Cancer parmi les Crustacés décapodes, SepUi et Loligo parmi les Mollusques céphalopodes (suc du cfecum spiral), cette acidité est manifeste- ment due aux amino-acides. L'hydrolyse des matières protéiques, sous l'influence de sucs divers (Crustacés, Céphalopodes, Gastéropodes, Aphroditiens), est étudiée dans le Chapitre IV. Nous avons démontré que, en général, ils digèrent facilement la gélatine et la caséine, tandis que leur action est sensiblement moindre sur les serums d'Inver- tébrés : ceci ne saurait surprendre puisque ces serums renferment un agent antitrypticiue (Sellier). La protéolyse, étudiée par le dosage respectif des albumoses et des peptones d'une part et des amino-acides d'autre part, s'est constamment effectuée, dans les conditions variées de nos expériences, selon le processus Iryptique. Chez les Céphalopodes, cependant, le rapport entre la quantité de peptones libérée et le taux d'acides aminés formés est toujours plus élevé que chez les autres groupes d'Inver- tébrés ; leur activité éreptique est donc moindre. Leur cœcum contient à la fois du suc digestif et des acides aminés. Les sucs digestifs et les macérés hépato-pancréatiques &' Helix pomalia, ô'Aplf/sia punctata, à'Aplysia fasciata ^onimdiOXihîm. point de vue protéoly tique. Dans le Chapitre V, nous avons démontré la présence de l'érepsine à l'aide de plusieurs méthodes (méthode de Sôrensen, peptones Roche, disparition de la réaction du biuret, réaction de l'eau bromée, réaction de la tyrosinase). Nous sommes, en outre, arrivé aux résultats suivants : Le sang des Crustacés {Maja, Cancer), sur lequel agit le suc digestif du même animal, libère facilement de la tyrosine; le noircissement du liquide de digestion, oxydé par la tyrosinase, le prouve. Ce suc produit rapidement du tryptophane en agissant sur la caséine. Il transforme les peptones Witte en corps abiuréti- ques. Il précipite facilement la tyrosine des peptones Rocbe. Les résultats obtenus chez les Céphalopodes {Sepia, Loligo) sont du même ordre, mais avec quelques particularités. Ainsi, l'érepsine du suc de leur cœcum ne transforme pas complète- îiient les peptones \Yitte en corps abiurétiques, même après J. SELLIER : LES FERMENTS l'ROTÉOLVTIQUES DES INVERTÉBRÉS 205 huit jours de digestion à 40". Kalloise avait déjà siji;nalé ce fait. Le tryptophane apparaît au contraire pmmptenient dans le lait. Le sang des Crustacés t)i'unil rapidement et devient même d'un noir foncé. Le suc digestif des Vers (Aphrodlle acalealn) i)résente les mêmes proi)riélés (|ue celui des Crustacés. Celui des M()llus(]ues gastéropodes {Helix, Apltjsiu), soumis aux mêmes expériences, a constamment fourni des résultats négatifs. D'autres recherches, poursuivies sur les tissus de divers Inver- tébrés, nous ont permis de constater que l'érepsine existe seulement dans les sucs digestifs ou dans les extraits d'organes qui possèdent une action protéolytique. .Nous avions signalé antérieurement la présure chez plusieurs groupes d'Invertébrés. Notre Chapitre VI l'étudié en détail. Elle se rencontre dans tous les sucs ou extraits d'organes possédant un ferment à processus tryptique. En comparant celle de Maja à d'autres présures animales, nous arrivons à la conclusion qu'elle se rapproche de la présure pancréatique. Enfin, en accord avec les données de PAWLO^Y, nous avons constaté que les actions protéolytique et présurante, bien que distinctes, paraissent être produites par un même ferment. Le foie étant un organe absorbant, le Chapitre VII est relatif à la recherche et au dosage des produits azotés de la digestion, particulièrement des aminoacides, qui y sont contenus. Celui des Carnivores {Asterias, Maja, Sepia, Octopus, Loligo) est plus riche en acides aminés que celui des Herbivores {Helix, Aplysia) et leur présence parait dépendre du genre d'alimen- tation ; elle semble aussi en rapport avec la fonction protéoly- tique, puisque cette dernière manque chez Helix et Aplysia. TABLE DES MATIERES Introduction 67 Chapitre premier. — Mesure des processus protéolytiques. 73 Dosage de N' 76 Dosage de (N"^ + N^) 78 Dosage de N' 79 Lecture des tableaux d'expériences. 82 Chapitre II . — Pepsine, Trypsine, Erepsine 8S 1° Rapport entre la quantité de substances protéiques et les divers facteurs de l'acidité 89 2" Variations de l'acidité au cours des processus digestifs ... 90 Chapitre III. — Réaction des sucs digestifs des Invertébrés 97 Nature et rôle de l'acidité digestive des Invertébrés d'après les auteurs 103 Recherches personnelles 104 Chapitre IV. —Etude de la protéolyse chez quelques types d'Inver- tébrés 10!> I . Crustacés décapodes 109 Action protéoly tique 111 Recherches personnelles sur la digestion protéolytique des Crustacés 113 Sensibilité du suc digestif à l'acide et à l'alcali 115 Etude de l'action hydrolytique 115 Valeur digestive comparée d'après la nature du milieu d'action du suc digestif de Maju et de la pepsine 116 Action du suc digestif de Maja sur diverses matières pro- téiques 119 Action du suc digestif de Maja sur la caséine, après des temps variables à la môme température 121 Action du suc digestif de Maja sur la caséine à diverses tem- pératures 1 23 Action hydrolytique comparée de divers sucs digestifs de Crustacés sur les matières protéiques 123 II . Mollusques céphalopodes 128 Action protéolytique 132 208 BULLETIN DE LA STATION BIOLOGIQUE d'aRCACHON 1910 Pages Recherches personnelles sur les ferments protéolyliques des Mollusques céphalopodes 133 Etude du milieu d'action 134 Valeur digestive comparée du suc de LoUgo et de la pepsine, d'après la nature du milieu d'action 13S Action du suc digestif de Sepia sur diverses matières pro- téiques 138 Action du suc digestif de Lolicjo sur diverses matières pro- téiques 1 40 Action du suc digestif de Sepia sur la caséine après des temps variables 140 Action de la température sur la digestion protéolytique du suc digestif de Sepia 140 Rôle du ceecum des Céphalopodes 143 Recherches personnelles 140 Dosages comparés des produits digestifs dans le foie et dans le cœcum 148 III. Mollusques gastéropodes 150 • Action protéolytique chez Helia- 151 Recherches personnelles chez Helix 152 Etude de l'action protéolytique 152 Action protéolytique chez Aphjsia. 153 Recherches personnelles chez Aphjsia 154 IV . Annélides chétopodes 156 Action protéolytique 161 Recherches personnelles 162 Action sur diverses matières protéiques 163 Action sur la caséine après des temps variables 165 Chapitre V. — Recherches sur l'action éreptique (Cohnheim) ou pepto- lytique (Abderhalden) 167 Recherches sur les ferments éreptiques des tissus 172 Chapitre VI. — Présure 175 I . La présure des Invertébrés 175 Etude de l'action présurante 176 Etude du phénomène digestif 177 La présure des Invertébrés est toujours associée à un ferment à processus tryptique 179 II. Propriétés de la présure des Invertébrés 182 Action de la température sur le pouvoir présurant du suc chauffé 182 Coagulation du lait chauffé à diverses températures 182 Etude comparée des présures de Hansen, peptique, pancréa- tique de Maja au point de vue de leur vitesse de coagula- tion du lait chauffé 183 Action comparée de la chaleur sur des présures d'origines diverses. 184 J. SELLIER : LES FERMENTS l'ROTKOLYTlQUES DES INVERTÉBRÉS 209 Pafjes Action de la présuro de J/«/V/ sur le lail acidifié I)ar l'acide chlorhydrique 1^^ Action de diverses [irésures sur le lail sensibilisé par le har- botage de l'acide carbonique 180 Coagulation du lait normal pai- diverses [)résures préalaiile- ment soumises à l'influence (h; l'acide ou de l'alcali 187 111 . Sur l'identité du ferment protéolytique et de la présure 188 llecherclies personnelles 190 Chapitre VII. — Destination des produits de la digestion [Hdléoly- tique. Leur présence dans le foie 19S Recherches personnelles 198 RÉSUMÉ GÉiNÉRAL ET CONCLUSIONS 203 TABLE GILNEHALK DES MATIKIIES Pages Georges Matisse : Action do la chaleur et du froid sur l'activité motrice et la sensibilité de quelques Invertébrés marins.. 1 Jean Gautrelkï : Contribution à l'étude des extraits organiques d'Invertébrés. Leur action sur la pression sanguine 53 J. Sellier : Recherches sur les ferments protéolytiques des Invertébrés G7 iMPniMEhiE Moderne, 8, nuE Paul-Bert. 1*^^' Fascicule (l5 Décembre 1910) UNIVERSITÉ DE BORDEAUX ET SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCAÇHON BULLETIN DE LA STATION BlOLOGKiUE DARCACHON TREIZIÈME ANNEE (1910) BORDEAUX FERET & Fils, Libraires-Editeurs 15, Cours de l'Intendance, 15 1910 UNIVERSITÉ DE BORDEAUX ET SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON BULLKTIN STATION BIOLOGIQUE D'ARCACHON (TRAVAUX DES LABORATOIRES) FONDE PAR LE D-^ F. JOLYET UIUECTEVH DE LA STATION BIOLOGIQUE PROFESSKIR A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX Le D"^ F. LALESQUE 'RÉSIDENT HONOR' DE LA SOCIÉTÉ SClENTIFIQUIi MEMBRE CORRESPONDANT DE l'aCADÉMIK DE MÉDECINE Les Mémoires doivent èlre adressés à M. le D^ J. SELLIER, Secrétaire de la Publication , Directeur adjoint de la. Station biologique (29, rue Boudet, à Bordeaux). Ils sont soumis à l'agrément d'un Comité de publication. Les auteurs reçoivent gracieusement 50 exemplaires de leur Mémoire. Ils peuvent en faire tirer un nombre plus considérable à leurs frais au tarif ci-dessous; dans ce cas, ils devront l indiquer sur le manuscrit, en retournant les épreuves corrigées : Un quart de feuille (4 pages) F. Une demi-feuille (8 pages) Une feuille entière (16 pages) îiO 100 150 200 tm 500 exemp . exemp. exemp. exemp. exemp. exemp. 5 7 10 12 14 18 8 12 10 18 20 25 12 18 25 30 32 42 S0CII":TK SCIK.NTIFIOIK DAIICACIHLN STATION BIOLOaiQUK Présidents d'honneur M. le RECTEUR de l'Université de Bordeaux ; M. le DOYEN de la Faculté des Sciences de Bordeaux ; M. le DOYEN de la Faculté de Médecine et de IMmrmacie de Bordeaux ; M. le PRÉFET de la Gironde : M. le MAIRE n'Arcaclion. Président honoraire perpétuel M. It- D^ r.uslave HAMEAU (Arcachoni 7. Président honoraire M. le D' F. LALESQUÉ, membre correspondant de l'Académie de médecine (Arcachon). Directeur honoraire de la Station biologique M. E. DURÈGNE, ingénieur Bordeaux. Conseil d'administration PirsUlent : D' A. HAMEAU (Arcachon). ( G. SÉMIAG, pharmacien (Arcachon) ; Vire- Présidents : l M. G. SAUVAGEAU, professeur à la Faculté des Sciences ( de Bordeaux. Secrétaire yénéral : D' PAILLÉ (Arcachon). Trésorier : M. Gaston NOEL (Arcachon). Bibliothécaire et Conservateur du Musée: D' DUPOUY. professeur à la Faculté de Médecine de Bordeaux. I J. SABY, conducteur i)rincii»al des Ponts et Chaussées (Arcachon) ; . , . . , (j. BUSOUET, entrep' de travaux publics (Arcachon); Aditiintstrateurs : \ ., ,^,,, ,,,-,,, ^ , . ,,, , ,,,', , , „ » t M. ORMIEREb, ancien eleve de lEcole des Beaux-Arts, architecte (Arcachon) ; D- GAZA BAN (Arcachon). Directeur de la Station Ijioloyitjue : D"" JOLYET, prolcsseiir à la Facullé de Médecine de Bordeaux (Arcachon). Directeur adjoint de la Station l>iotogi(jue : \)' SELLIER, chargé de cours à la Faculté de Médecine de Bordeaux. Délégué de l'Université : M. C. PÉUEZ, professeur à la Facullé des Sciences de Bordeaux. Imprimerie Moderne oQo D A. DESTOUT Aine & C 8, Rue Paul-Eert, BORDEAUX Vi:::^^ 2'"'' Fascicule (1910) UNIVERSITÉ DE BORDEAUX ET SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON BULLETIN DIZ LA STATION BIOLOGIQUE D'ARCACHON TREIZIEME ANNEE (1910) BORDKAUX FERKT & Fils, Libraires-Editeurs 15, Cours de l'Intendance, 15 1910 UNIVERSITÉ DE BORDEAUX ET SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON BULLKTIN STATION BIOLOGIQUE D'ARCACHON (TRAVAUX DES LABORATOIRES) FONDE PAR LE D-^ F. JOLYET DIRECTEUR DE LA STATION BIOLOGIQUE PKOFESSEUH A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX LE D' F. LALESQUE PRÉSIDENT HONOR' DE LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE MEMBRE CORRESPONDANT DE L'aCADÉMIE DE MÉDECINE Les Mémoires doivent être adressés à M. le D'^ J . SELLIER, Secrétaire de la Publication , Directeur adjoint de la Station biologique (29, rue Boudel, à Bordeaux). Ils sont soumis à l'agrément d'un Comité de publication. Les auteurs reçoivent gracieusement 50 exemplaires de leur Mémoire. Ils peuvent en faire tirer un nombre plus considérable à leurs frais au tarif ci-dessous; dans ce cas, ils devront l indiquer sur le manuscrit, en retournant les épreuves corrigées : Un quart de feuille (4 pages) F. Une demi-feuille (8 pages) Une feuille entière (IG pages) oO 100 150 200 250 500 exemp. exemp. exemp. exemp . exemp. exemp. S 7 10 12 14 18 8 12 16 18 20 25 12 18 25 30 32 42 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'AUCACHON STATION BIOLOGIQUK Présidents d'honneur M. le RECTEUR de l'Université de Bordeaux ; M. le DOYEN de la Faculté des Seiences de Bordeaux ; M. le DOYEN de la Faculté de Médecine (d de Pharmacie de Bordeaux ; M. le PRÉFET de la Gironde ; M. le MAIRE d'Arcachon. Président honoraire perpétuel M. le D^ r.ustave HAMEAU (Arcachon) f Président honoraire M. le D' F. LALESQUE, meml)re corresitoiidant de l'Académie de médecine (Arcachon). Directeur honoraire de la Station biologique M. E. DURÈGNE, ingénieur (Bordeaux). Conseil d'administration Pirsiilcnt : D' A. HAMEAU (Arcachon). ( G. SÉMIAC, pharmacien (Arcachon) ; Vice-Presidents : \ M. G. SAUVAGEAU, professeur à la Faculté des Sciences ( de Bordeaux. Secrétaire tjélu-ial : D"^ PAILLE (xVrcachon). Trésorier: M. Gaston NOEL (Arcachon). Hibliothécairc et Conservateur du Musée: D' DUPOUY. professeur à la Faculté de Médecine de Bordeaux. J. SABY, conducteur principal des Ponts et Chaussées (Arcachon) ; , , . . , G. BUSQUET, entrep' de travaux publics (Arcachon) ; Administrateurs : \ ,, ,.„,,,,\„t^,, . ,,> , ,,,-, , i r. i > M. ORMIFRES, ancien eleve de lEcole des Beaux-Arts, architecte (Arcachon) ; D^ GAZABAN (Arcachon). Directeur de la Station hiohifjir/ue : D' JOLYET, professeur à la Faculté de Médecine de Bordeaux (Arcachon). Directeur adjoint de la Station biologique : IV SELLIER, chargé de cours à la Faculté de Médecine de Bordeaux. Délégué de l'Université .• M. G. PÉREZ, professeur à la Faculté des Sciences de Uordcanx. Imprimerie Moderne oQo a A. DESTOUT Aîné & C 8, Rue Paal-Bert, 8 BORDEAUX ^^—JÇrJ Mm. nil WHOl 1 IBK/ lllllillllllllli lllllj lllllll UH iillllliii III