THE J. PAUL GETTY MUSEUM LIBRARY

BULLETIN

DE

L'INSTITUT ARCHÉOLOGIOUE

I.IICG KlOIi^.

BULLETIN

DE

T »T

U

ISTITOT ARCHf

,!)UL

OU

LIÉGEOIS.

TOME XII.

LIÈGE

H. VA.1 LLAX T-CAHMANN E ET C", Hue St-Adalbert, 8.

1874

4jtlil 4fi:iii4cAiiliM«Mi>ti

SXAXtJXS COMSXIXUXII^S.

â>C»?^5—

Art. I. Une Société est fondée à Liège pour rechercher, rassembler et conserver les œuvres d'art et les monuments archéologiques, particulièrement ceux de la province et des anciennes dépendances du pays de Liège.

Elle prend le titre dlnstitut archéologique liégeois et corres- pond avec les Sociétés savantes, belges ou étrangères, instituées dans des vues analogues.

Art. II. V Institut se compose :

De seize Membres effectifs au moins et de vingt au plus (i); ils doivent être domiciliés dans la province ;

D'un Président et d'un Vice-Président honoraires, à savoir : le Gouverneur de la province et le Bourgmestre de la ville de Liège ;

3" De vingt Membres honoraires ;

4o De cinquante Membres correspondants ;

5" De Membres associés.

Aht. III. Les places vacantes pour le titre de Membre effectif, honoraire ou correspondant, seront mentionnées sur les convocations atin que l'on puisse procéder aux présentations de candidats. Ces présentations devront être faites par écrit, et signées par trois membres effectifs. L'admission, décidée par bulletins seci-ets et à la majorité absolue des suffrages, aur.'^! lieu dans la séance qui suivra celle auront été faites les

(«) Par décision de la Société (janvier 18b9), le nombre des membres efTectifs est porté à vingt quatre.

VI

présentsitions, et dont elle devra être distante d'au moins huit jours.

La moitié au moins des membres effectifs existants devra être présente pour pouvoir procéder à l'élection d'un membre effectif, et le tiers après une seconde convocation.

Lorsqu'il y aura lieu d'augmenter le nombre des membres effectifs, conformément au § 1 de l'article II, il faudra une délibération expresse de Vlnstitiit avant de pouvoir procéder à la présentation de candidats.

Art. IV. - Les réunions ordinaires ont lieu mensuellement, sauf pendant les mois d'août, septembre et octobre. Le bureau fixe le jour et l'heure des séances ( ' ).

Les membres effectifs qui, dans le courant de l'année, n'auront pas payé leur cotisation, seront, après avertissement, considérés comme démissionnaires.

Aucune résolution ne peut être prise si le tiers des Membres effectifs existants n'est présent à la séance.

Les Membres honoraires, correspondantsou associés, peuvent assister aux séances. Ils ont voix consultative.

Toute discussion étrangère au but de YInstitut est interdite.

Les décisions sont prises à la majorité des voix. En cas de j)arité, la proposition est rejetée.

Sur la demande de trois Membres, on procède au scrutin secret .

Art. V. Le Buieau se compose du Président, du Vice- Président, du Secrétaire, du Conservateur, du Bibliothécaire et du Trésorier.

Les lonctiuns des Membres du Bureau sont annuelles. Les membres sortants sont rééligibles. L'élection a lieu dans le courant du mois de février.

Art. VI, Le Président veille à l'exécution du Règlement ; il dirige les travaux et les discussions des réunions.

En cas d'absence du Président et du Vice-président, le Membre le plus âgé en remplit les fonctions.

(') (i'cil ;ictui_'llt'[in>iit 11' iMvmii.T vemlredi iJu mois.

vil

Art. "VII. Le Secrétaire tient les procès-verbaux des séances, la correspondance, etc.

Tout procès-verbal ou décision de la Société est signé par le Président et par le Secrétaire. Ce dernier signe seul les pièces qui n'impliquent aucune décision de la Société.

En cas d'empêchement du Secrétaire, ses fonctions sont remplies par un membre que désigne le Président.

Le Secrétaire a la garde du sceau et des archives de la Société.

Il présente chaque année, au mois de janvier, un rapport dé- taillé sur les travaux de ïlnstitut, sur les acquisitions tailes et sur les objets et livres offerts.

Art. VIII. Le Conservateur a la direction du Musée provincial.

Il dresse, tous les ans, un inventaire qui est vérifié et approuvé par le Président. Cet inventaire indique la provenance de chaque objet el l'époque de son acquisition.

Pendant les trois mois de vacances, le conservateur peut, avec rassentimenl du Bureau, faire les acquisitions qu'il croira utiles.

Art. IX. Le Bibliothécaire tient un catalogue des livres offerts à V Institut ou acquis par lui.

Il rend compte chaque année des accroissements de la bibliothèque.

Art. X. Le Trésorier est chargé des recettes et des dépenses.

Il n'effectue de paiement que sur ordonnance signée par le Président et par le Secrétaire.

Il rend compte de sa gestion dans la séance du mois de janvier de chaque année.

Akt. XI. - Les recettes de la Société se composent de la cotisation annuelle des Membres effectifs (i) et associés, et des subvent ions à obtenir de l'Etat, de la Province et de la Commune.

(') Ajoutez : corrcspoiidaiils (voir la note à la page suivante}.

VIII

La cotisation annuelle des membres effectifs et des membres associés est fixée provisoirement à la somme de dix francs, payable chaque année dans le courant du mois de janvier.

Aht. XII. Les objets réunis par la Société forment un Musée qui est la propriété de la Province.

Les moindres dons sont reçus avec reconnaissance. Le nom du donateur est inscrit sur l'objet offert et dans un registre ouvert à cet eftet.

Les objets qui se trouvent en double au Musée ne pourront être échangés qu'après une délibération expresse de Vlnstitut et du consentement des donateurs. (Cet article ne s'applique pas aux monnaies et aux livres.)

Tout objet, même en double, auquel se rattache un souvenir personnel, ne pourra être échangé.

La proposition d'échange devra être portée à l'ordre du jour un mois avant la délibération, afin que les Membres puissent prendre connaissance des objets.

Tous les Membres sont invités à faire hommage de leurs pu- blications à la Société.

Art. XIII. \J Institut publie un recueil intitulé Bulletin de Vlnstitut archéologique liégeois.

Une commission spéciale, composée de trois membres, élus à l'époque du renouvellement du bureau, est chargée de tout ce qui a rapport à la publication du Bulletin.

Le Bulletin est distribué à toutes les catégories de membres de l'Institut (i), aux institutions publiques qui l'encouragent et aux compagnies savantes avec lesquelles 17?j6///w^ entretient des relations.

Lesauteui's des articles publiés ont droit à vingt-cinq tirés à part, qui dcviont porter sur le titre cette mention : Extrait du Bulletin de rinstitut archéologique liégeois. Ils sont du reste autorisés à faire tirer à leurs frais un nombre indéterminé d'exemplaires.

(') Dans la ,*.éaiict! du i juillel 187o, la Sociélti a décide i|iie le.s Membres corres- pundanls (jui désirent continuer à recevoir le BuUciin siTaieiU at^treiiits à une r.olisatioii lie ï> l'r. par an.

I\

Les tirés à part ne peuvent être distribués qu'à dater du jour de la mise en vente de la livraison du Bulletin d'où ils sont ex- traits.

Art. XIV. -- Le présent règlement ne pourra être changé que sur la proposition écrite de cinq membres effectifs ; toute modification devni obtenir l'assentimeni des deux tiers au moins des membres effectifs existants.

Après révision des dispositions organiques des 12 avril 1850, 18 janvier 1852 et 17 janvier 1857, les présents Statuts ont été adoptés par rinstitut archéologique réuni en assemblée générale , à Liège, te 20 décembre 1867.

Pour copie conforme :

Le Secrétaire, Le Président,

A. DEJARDIN. Ch. GRANDGAGNAGE.

TABLEAU

DES

Membres de Flnstltn! arctéoloiliine liégeois.

Préaident honoraire.

Le Gouverneur de la province de Liège,

DE LUESEMANS (Charles), O. ®, ancien membre de la Chambre des représentants, ancien bourgmestre de Louvain, etc.

Vice-I»ré«ldent honoraire.

Le Bourgmestre de Liège, PIERCOT (Ferdinand), C. ^, ancien ministre de l'intérieur, etc.

BUREAU DE LA SOClÉTfi POUR -1873. Président d'honneur à vie

(23 octobre \SQ^) , A. d'OTREPPE de BOUVETTE.

Président, Ch. GRANDGAGNAGE. Vice-Président, baron E. de SÉLYS-LONGCHAMPS. Secrétaire, A. DEJARDIIS'. Conservateur-Trésorier, J. ALEXANDRE. Bibliothécaire, L. FABRY-ROSSIUS. Secrétaire-adjoint, Fr. ANGENOï.

Signes employé» pour les fiëcoratioiis : §'., Ordre de Léopold ; »ï<. Croix de fer; )§<, Croix commémorative ; 0. C, Décoration civique; G. C, Grand'Croix ou Grand Cordon ; G. 0., Grand Officier ; C, ('.ODinoandeur; 0., Oflficitr.

XII

lUembre» elTectif»

DEPUIS LA FONDATION' DE l'iNSTITUT.

Date (le l'admission.

4 avril 1850. 1 . d'OTREPPE de BOUVETTE (Albert). 0. :§(, conseiller honoraire à la Cour de Liège et du Conseil des mines, se- crétaire général honoraire de la Soci^f?' (rEmulation de Liège, correspondant de la Commission roi/ale des monu- ments, etc. » Davreux (Charles). Dec. le 11 av. 1863.

» Delsaux (Charle.s). Dém, nom. memb.

cor. le 5 janv.1859. Dém. le

» 2. GRANDGAGNAGE (Joseph), G.O.^,

premier président honoraire delà Cour

d'appel, membre de YAcadémie royale

de Belgique, etc. » PoLAiN (L.). Dém.lel8janv.l862.

3. de SÉLYS-LONGCHAMPS (Edmond,

baron), sénateur, membre de VAcad.

ro;iale de Belgique, de la Société roy.

des sciences de Liège, etc.

» Capitaine (Ulysse). Deni.le21janv.1862.

Réélu le 2 mars 1866. Dec. Ie51 mars 1871.

» BoRGNET (Adolphe). Dém. le 6 déc. 1858.

n. membre corresp.

» 4. BORMANS (J.-H.), 0. igt, professeur

ordinaire à TUniversilé de Liège ,

membre de YAcad. roij. de BcUjiqm'

et de la Commission ro;;. d^liixf., etc.

» Capitaine (l'ÉLiX). Dém.le7avrill869,

n. membre honor.

» Delahave (A.-J.) Id. le 11 mai 1855,

n. membre corresp.

» Dlvivier-df.-Streei, (Charles). Déc. le l*''fév.l865.

XIII Date de l'admission.

4aYriM850. 5. FABRY-ROSSIUS (Lons). agrégé à l'Université de Liège, correspondant de la Société française pour la conser- vation des monuments historiques, etc. » 6. GRANDGAGNAGE (Charles;, *, sénateur,ancien membre de la Chambre des représentants, président de la Soc. liéfieoise de littérature wallonne, mem- bre de la Société de Berlin pour la langue et les antiquités, etc. » Henalx (Ferdinand). Dém.leonov. 1865.

» DE Ci.ossET (Léoni. Id, le 24 fév. 1852,

n. membre corresp.

20mai1852. Van den Steen de Jehay (Xavier, comte). Id. le 5 déc. 1858,

n. membre corresp.

Ilmail855. Hagemans(G.). Id. le avril 1857,

n. membre corresp.

15 av. 1857. 7. THIER (Charles de), conseiller à ia Dém.Ieônov. 18.59,

Coui' d'appel. n. membre corresp.

le 18 dito. Réélu le 5 décembre 187.^).

.5janv. 18.59. 8. LE ROY (Alphonse). )§, professeur Id. Ie21 janv.1862. ordinaire à l'Université et à lEcole Réélu le 5 février normale des Humanités, membre de 1868. VAcad. royale de Belgique. 3févr. 1859. 9.HELBIG (Jules), artiste-peintre, cor- fd. le 17 mai 1862. respondantdelaCowjmmJon royale des Réélu lelodécemb. monuments, etc. 1867.

» HocK (Félix). Déc. le 5 mai 1867.

18nov.l859. Bormans (Stanislas). Dém. le 7 fév,1875,

n. membre honor. Cmarsl8G2. Cralle (Aristide). Id. le24nov. 1865.

» 10. ALEXANDRE (Joseph), docteur en

médecine. 0 11. DOGNÉE (EUGÈNE-M.-O.). @, avocat, président de la Sociale de rUnion des Artistes, etc. 5 juin 1862. Theux (chev. X. de). Dém. le 7 mars 1867,

n. membre corresp.

- XIV Date de l'admission.

23av. 1865. Umé (Godefroid). Déc.le 22 mars 1875.

7janv.l864. Houbotte (J.-T.-G.). Dec. le 5 avril 1867.

25nov.l865. 12. SCHOONBROODT (4.-(i.), ®,

avocat, conservateur des Archives de

l'Etal, etc. 15juinl867. Devroye (T.-J.). Dec. Ie29juil. 1875.

15déc.l867. 15.MAYNZ(C.), ^, prolesseur ordinaire

à l'Université. )) 14. HENROTTE (Nicolas), chanoine

honoraire de la Cathédrale, aumônier

de l'Hôpital civil. 12nov.1868. 15. DEJARDIN (Adolphe), capitaine du

génie pensionné, membre de plusieurs

Sociétés savantes.

14janv.l869.MEVERs (Mathieu- Bernard). Dém.le6janv.1871,

n. membre honor.

1" av. 1870. 16. ANGENOT (Félixj, chef de division au Gouvernement provincial. » 17. NOPPIUS (Lambert), architecte de la province.

5 juin 1870. 18. DEJARDIN (Joseph), notaire, vice- président de la Société liégeoise de littérature wallonne.

I"juil.l870. 19. HELBIG (Henri), .secrétaire de la Société de rEspérance, bibliophile. » 20. POSWICK (Eugène), homme de lettres.

5janv.1872. 21. DEWALQUE (Gustave), >}$, profes. ordinaire à l'Université, membre de YAcad. roy. de Belgique.

23avr.l872. 22. GOER de HERVE (baron de), pro priétaire.

l juil. 1875. 25. VAN de CASTEELE (Désiré), conser- vateur-adjoint des Archives de l'Etat. » 24. LOOZ-CORSVVAREM {(•}' Georges de), membre de [tJusieurs sociétés sa- vantes.

XV

M«uil>rea honoraires

DEPUIS LK FONDATION DE l'INSTITUT.

Dal« de l'admissioD.

3iinail850. Fontaine (G.-F.-J. baron de la). Dec. le 1874.

» QuETELET(L.-A.-J.). Déc.lel7févr.l873.

« 1. ROULEZ (J.-E.-G.), 0. ^, proies, d'archéologie à l'Université de Gand, membre de V Académie royale de Bel- ifiqut et de ÏInstitut de France, etc. à Gand. n ScHAYES(A.-G.-B.). Dec. leSjanv. 1859.

4marsl851. :2. LECLERGQ (M.-N.-J.). G. C. ^,

procureur général honoraire près de

la Cour de cassation , ancien ministre

de la justice, ancien membre du Con- grès national et de la Chambre des

représentants, etc. à Bruxelles. » Gerlache (baron E.-C. de). Dec. le 10 fév. 1871.

24fév. 1852. DE Ram (P.-F.-X.). Dec. le 14mail86S.

Iljuinl852. 5. de WITTE (baron J.), ^, membre de

ÏAcad. roy. de Belgique et de l'Institut

de France, de VAcad. roy. de Berlin,

président de Y Académie d'archéologie

de Belgique, etc. à Anvers. 16juil.l852. 4. PITRA (J.-B.), (ardinal, à l'abbaye de

Solesmes (département de la Sarthe). 10juinl855. Caumont (A. de). Dec. le 17avr. 1873.

» Raoul-Rochette » 5. PARIS (Paulin ), ^, professeur au

Collège de France, membre de V Institut

de France, etc. à Paris. » 6. LE CLERCQ (V.), C. *, doyen de la

Faculté des lettres de Paris, membre

de ïinstitut de France, etc. a Paris.

XVI Dat« de l'admission. i6juil.l855. 7. ROGIER (Charles). G.C. ®, ancien

ministre des affaires étrangères, ancien

membre du Gouvernement provisoire,

du Congrès national, etc., [membre de

la Chambre des représentants, à Bru-

xeUes. » Stassart (baron G.-J.-A. de). Dec. le 40 oct. 1854.

25nov.l8o5. Beaufort (comte A.-L.-L. de). Dec. Ie29juil. 1858.

Mai 1857. 8. DE DECKER (P.), C. :g[, ancien

ministre de l'intérieur, membre de la

Chambre des représentants, del'Ac^f-

démie royale de Belgique . etc. à

Bruxelles. 5juil.i857. Mercy-Argenteau (F.-J.-C. comte de). Dec. Ie25janv. 4869. » Warnkœnig (L.-A.). Id. le 49 août 4866.

5juil. 4860. Boucher DE Perthes (J.). Id. le juil. 1868.

lOoct.4860. 9. GACHARD (L.-P.), C. @, archiviste

général du royaume , membre de

ï Académie royale de Belgique, de la

Commission royale d'histoire, du Con- seil hé,raldique, etc. à Bruxelles. 28 oct. 4861. 10. RAIKEM (J.), (,'. C. g|c, procureur

général honoraire près de la Cour

d'appel, ancien membre du Congrès

national, ancien ministre de la justice,

etc. à Liège. 6 mars 1862. U. Van den PEEREBOOM (Alphonse),

G. 0. ®, ancien ministre de l'inté- rieur, membre de la Chambre des

représentants, président de la Société

archéologique d'Ypres et de Vancienne

West-Flandre, etc. à Ypres. Sfévr. 1863. 12. CHALON iRenieh), 0.^, membre

de YAcadémie royale de Belgique, pré- sident de Société royale de numisma- tique c\ de la Société des Bibliophiles

de Mons. etc. à Bruxelles.

xvn

Date de l'admission.

5 févr. 1863. Hoffman (F.-L.). Dec. le 21 juin 1874 .

7 mai 1863. Troyon (Frédéric).

12déc.l868. 13. LLMBOURG (Philippe de), pro- priétaire, à Theux.

7 mai 1869. 14. CAPITAINE (Félix), 0. .^, ancien président de la Cliambre et du Tribunal de commerce, ancien membre du Con- seil provincial, etc. à Liège.

3févr.l871. 15. MEYERS (Mathieu-Bernard), 0. ^, général-major du génie, vice-président de la Société royale de mmismaiique , membre de la Commission directrice du Musée royal d'antiquités et d'ar- mures, etc. à Anvers.

7 mars 1875. 16. BORMANS (Stanislas), secrétaire honoraire, conservateur des Archives de l'Etat, membre de la Commission royale d'histoire, etc. à Namur.

xvia

Membres corre»pondants

DEPUIS LA FONDATION DE l'iNSTITLT.

Date de l'admission.

31mail8o0. 1. MULLER (Cl.^ ®, membre de la Chambre des représentants, ancien membre de la Députaiion permanente du Conseil provincial, etc. à Liège, » Perreau (A.). Dec. le 7 déc. 4868.

» 2. PRTIT DE ROSEN (J.), membre de la Chambre des représentants, à Grune. 28juini8o0. Franquinet (G.-D.). Déc, le

26juil.l850. 3. RÉMONT (J.-E.; , '^ , professeur d'architecture et de construction à rAcadéraie des beaux-arts, membre de la Commission royale des monumenis, à Liège. imarslSol. Comhaire de Sprimont (Ch.). Déc. le 6 marsl861.

» DE Reume (A.). Id. le 2 juillet 18C5.

» 4. VISSCHERS (A.), 0. î^, membre du Conseil des mines et de la Commission directrice des Annales des travaux publics de Belgique, à Bruxelles. » DE Thier (Aristidk). Déc. le

» Materne (J.-F.-C ). Déc. le 15 avr. 4860.

» 5, CRASSIER (L.-D.-J. baron de), 0. @c , premier président de la Cour de cassation , membre du Conseil héraldique, etc. à Bruxelles. 20déc.l851. Delvaux (H.-J.-R.). Déc. le 22 av. 1858.

» Mottin(P.-B.). Id.le 50 juillet 1859.

24fév. 1852. Namur (A.). Id. le 31 mars 1869.

20juiii 1852. de Lebidart de Thumaide (chevalier). Dém. le 18 avr. 1864. » Ci-ossET (Léon de). Déc. le 51 août 1866,

16juil.l852. 6. HAGhMANS (G.), membre de la N. membre effectif. Chambre des représentants,membre de Réélu le 15 avril plusieurs Soc. savantes, à Bruxelles. 1857.

XIX

Date de l'admission.

16juil.l853. BoRGNET (J.). Dec. le22oct. 1872.

» Baron (A.-A.). Id. 1 ? 24 mars 1862.

» Carton (C.-L.). Id. le 8 mars 1863.

» Chalon (R.). N. membre honor.

» Dewandre (H.). Dec. le 30 sep.1862.

» DEL Marmol ( ). Id. le

» d'Héricourt (comte Achmet). Id. le

» 7. DESNOYERS (J.), bibliothécaire du

Muséum d'histoire naturelle, secrétaire

de la Société de Vhistoire de France, etc.

à Paris. » 8. NOUE (Arsène de), docteur en droit,

membre de plusieurs Soc. savantes,

etc. à Malmedy.

» Renesse-Breidbach (comte L.-J. DE). Dec. Ie28 mars 1863. » RoBiANo (comte M. DE). Id. le 17 déc. 1869.

» DiNAux (Arthur). Id. le 13 mai 1864.

» Gachard (L.-P.). N. membre honor.

» 9. FIESS (J.), ^, bibliothécaire de

l'Université, ancien échevin, etc. à

Liège.

» Kersten (Pierre). Déc. leojanv. 1865.

» Le Roy (A.). N. membre effectif.

» Lavalleye (E.). Déc.lel8sept.l869.

» VAN HiLST (F.). Id. le 1872.

» 10. VAN DER STRATEN-PONTHOZ (comte

F,), vice-président de la Société ar- chéologique de la Moselle, membre de

plusieurs Sociétés savantes, à Metz. )) 11. WURTH-PAQUET (F.-X.), ancien

minisire de la justice, président de la

Cour supérieure de justice, membre

de plusieurs Sociétés savantes , à

Luxembourg. » Saint-Genois (baron Jules de). Dec. le lOsept. 1867.

XX

Dat« de l'admission.

16juil.l855. 12. WÂKZÉE (A.), chef de division au

ministère des travaux publics, membre

de plusieurs Sociétés savantes, etc. à

Bruxelles.

25nov.l855. Likert (Marie-Anne). Dec. Iel3janv.l865.

28mars 1854. 15. NEYEN (Aug.), docteur en médecine,

inspecteur de l'instruction publique

au Grand-Duché de Luxembourg ,

membre de Ylnstitul de France et de

plusieurs Sociétés savantes, à Wilti

(Luxembourg). 31janv.l8oo.l4. COSTER (L. de), directeur de la

Revue de la numismatique de Belgique,

membre de plusieurs Sociétés savantes,

à Bruxelles. 31janv.i855.1o. KAUSLER (E.-H.\ archiviste géné- ral du royaume de Wurtemberg, à

Stuttgard. 41 mai 1855, 16. DELAHAYE (A.-J.), 0. ^, ancien

ingénieur en chef des ponts et chaus- sées, à Naniur. 7 dëc. 1855. 17. LOUMYER (N.), ^, chef de division

honoraire au ministère des aflfaires

étrangères, à Bruxelles. 16déc. 1856. Cralle (Aristide). N. membre effectif.

» Thier (Charles de). Id

17janv.lo57.MÉCE (Al. du). Dec. le

» 18. DIEGERICK (J.), ^, archiviste,

membre de plusieurs Soc. savantes, à

Bruges. 5 juil. 1857. Bailleux (Alphonse;. Péc. Ie24 janv.1866.

27janv.l858. 19. BUSSCHER (E. de), ®, membre de

V Académie royale de Belgique, de la

Commission roifalc des monuments, etc.

k Gand.

XXI

Date de l'admission.

27janv.l8o8. 20. DEVILLERS(LÉopoLD),conservateur des Archives de l'Etat, membre de plusieurs Sociétés savantes, à Mons.

3janv.l859. 21. BORGNET (Adolphe), 0. ^, pro- fesseur ordin. à l'Université, membre de la Comuiission royale rrhisloire , etc. à Liège. » 22. Van den STEEJN de JEHAY (X. comte), membre de plusieurs Soc. savantes, à Bassiunes, par Havelange (Namur). » Helbig (Jules). Nommé raemb. eflf.

» HocK (Félix). Id.

5nov. 1859. Bormans (Stanislas). Id.

Sjuil. 1860. Dejakdin (Adolphe). id.

15oct.l860. 25. NAUTET (G.), imprimeur-libraire, à Vervien.

9 mai 1862. 2i. RENIER (Joseph), peintre d'histoire, professeur à l'École industrielle , à Verviers.

ôjuil. 1862. Challe ( ). Déra. le

2ocl. 1862. 25. œRBESIER(N.), ancien vérificateur de l'enregistrement et des domaines, à Liéçie.

12janv.l865.ScH00NBR00DT (J.-G.j. Nomme menib. eff.

25avr.l863. Limbourg (Philippe de). N. membre honor.

!6nov.l865. 26. BORMAN de SCHALKHOVEN (che- valier Camille de), conseiller provin- cial , membre correspondant de la (lommmion royale des monuments, à Schalkhoven.

1 avr. 1864. 27. GROTEFEND (C.-L.;. archiviste de l'Etal, a Hanovre. » 28. ZOPFL (H.), professeur de droit à l'Université, conseiller du Grand-Dur de Bade, à Heidelberg.

XXI!

Date de l'admission.

Helbig (Henri). Nommé memb. efif.

20 mai 1865. 29. KEMPENEERS (A.), docteur en droit canon, à Montenaeken. » 30. DELHÂSSE (F.), homme de lettres, à Bruxelles.

7raarsl867. 31. THEUX (cheval. X. de), docteur en droit , président de la Société des Bibliophiles belges, à Bruxelles. » O'Kelly. Dec. le

13marsl868.DE Ville-Thiry (E.). Dém. le

12nov.l868. Meyeus(M.-B.). Nommé memb. efif.

1 mars 1869. Looz (comte Georges de). Id.

3déc. 1869. Poswick (E.). Id.

)) 32. BODY (Albin), homme de lettres, à

Spa. f) 33. LOBET (J.), homme de lettres, à Auxeire.

4 fév. 1870. Dejardin (Joseph). Id.

1 juil. 1870. 54. BLONDEN (Guill.vume), ingénieur- directeur des travaux de la ville, à Liéqc

3marsl871. 53. MATHIEU (J.), instituteur, à O/we.

7avr. 1871. 56. HAHN (Al.), greffier à la justice de paix, à Liizarches (France).

7 juil. 1871. 37. SCHOOFS(L.-H.), curé, à Tilleur.

2févr.l872. 38. LEFÈVRE (J.), instituteur commu- nal, à Landen.

8nov. 1872. 39. BOSARD (N.-.I.), curé, kJupillc.

4 juil. 1875. 40. PINSARD (H.-J.), ingénieur en chef directeur des ponts et chaussées dans la province de FJége.

xxm

Membres associé»

DEPUIS LA FONDATION DE L'iNSTITUT.

Date de l'admission.

8 mai 1857. Corbesier (N.). Nommé memb. cor.

)) Bor.MAN DE SCHALKHOVEN (chCV. C DE). Id.

» Thys (Ch ). Dém. Ie7 avr. 1865.

» 1. DELEXHY (M.-J.-B.), ancien con- seiller provincial, à Grâce. 5févr.l86o. 2. LA ROUSSELIÈRE (baron Gaston de), propriétaire, à Liège. )> Whetthnall (baron Ed.). Dém. le

1) Bol'nam de Ryckholt baron Phil. de). Dém. le 1873.

» Malécot (Léon). Dec. le 1866.

23 av. 1863. 5. MARTI AL!(Epiphaise), avocat, à Lie'âfe. 5 juin 1865. Xhoffray (J.). Dém. le

» -i. BURY (Auguste), avocat, à Liège. » Brixhe (L.). Dém. le! déc.1865.

24oct.l862. Caumartin (L.). îd. le

» Debrun (G.-L.-E.). Dec. le

» 5. DEJARDIN (Louis), docteur eh méd.,

à Liège. » 6. DOREYE (L.-A.-J.), 0. ®, premier président honoraire de la Cour d'appel, à Liège. » Dumont (B.-A.). Dec. le

)> 7. FAUSSE (L.), industriel, consul de

Russie, à Liège. » Forgeur (baron Joseph). Dec. le 17 fév.1872.

)> Frankinet (T.). Dec. le

n Gloesener (Math.j. Dém. le

» Goer de Hervé (baron de). Nommé raemb. elf.

» Grisar (Phii.ippe). Dec. le

» 8. HEMRICOIJRÏ de GRUNNE (comte Arthur de), conseiller prov., àBrux. 2-loct.l862. 9. LOOZ-CORSWAREM ^ comte Hipp. de), sénateur, à Liège.

XXIV

Date de l'admission.

24oct. 1862. Macar (baron Ferd. de), Déc.le24 mars 1866.

» d'Otreppe (Frédéric). Dec. le

Hnov.1862.10. RH.HARD-LAMARCHE fH.) , ^, propriétaire, à Liège. » Rossius-Orban (C. de). Dec. le

» Senzeille (baron Ernest de). Id. le 1866.

» Smets(Th.). Id. le 4 sept. 1866.

» Dewandre (Ferd.). Déra. le 1866.

» 11. VVAUTERS-CLOES (Hyacinthe),

propriétaire, à Liège. » Stassin (Albert). Déra. le 1864.

» d'Otreppe (Adolphe). Id. le 17 mars 1869.

Hnov.1862. 12. THIMISTER (Olivier), chanoine honoraire de la cathédrale, à Liège. » NoppiLS (L.). Nommé membre ef.

» Fick-Simon. Dém.le janv.1871.

29déc.l864. Angenot (Félix). Nommé membre ef.

» De Tombay (,Fr.- Joseph). Dém.le

7marsl867. Hennebert (A.). Dém.le

15marsl868. 15. LEQUARRÉ (N.), professeur à

TAthénée, à Liège. 7 mai 1869. Dallemagne. Déni, le

1869. 14. DUBOIS (N.), vicaire, à S'-Jean, à Liège. )) 15. GRÉGOIRE (M.i, secrétaire com- munal, à Wnndre. » 16. HOCK (Auguste), propriétaire, à

Liège. * Lyon (Cl.). Nommé inemb, cor.

Ie2fév.l872. Dém. le8nov.l872. » 17. COUCLET-MOUTON iFr.), négo- ciant, à Liège. » 18. STELNBACH (J.), fabricant, à Ma/-

medy. )) 19. THYS (Edouard), abbé, à Liège.

XXV - Date de l'admisâiun. 7janvJ870. 20. COLLETTE (P.-J.), propriétaire, à

Juslenville [Tlieux).

» 2i. MAGNÉE (Gusta\'e), receveur des contributions, à Iheux.

» 22. MALHERBE (Edouard), ^, fabri- cant d'armes, à LUge.

^ 2.3. PiROTTE (A.), cntrepreneur,à Liège.

1871. 24. VORST-GUDENAU (baron Ernest

de), à Zladlowilz (Moravie) . » 25. DIGNEFFE (Léonce), rentier, à Liège.

1872. 26. GERNAY;Glstav£), notaire, à Spa. 51déc.l875. 27. FRÉSART (Jules), banquier, à Lt(^r-

» 28. LELIÈVRE (Xavier), substitut du procureur général à la Cour d'appel, 'a Liège. V 29. GEUREL ( }, juge d'instruction,

;i Marche. » 50. D0.V1MART1N iLéon), homme de lettres, à Pans. 15jan.l874. 51. RENOZ (Ernest), notaire, kLiége. 14fév.l874. 32. HICGUET (Dieudonné) , docteur en médecine, à Liège. » 55. LOHEST-DE WAHA (Paschal), rentier, à Liège. 21fév.i874. .54. JARSIMONT (A. -F.), major r-en-

sionné, à Liège. i8raars 1874.35. DEPOUILLE (Léon) , teinturier, à Theajc. » 5G. BR1XHE-STEL\BACH (Ouvier), directeur de Sociétés d'assurances, à Liège. 21 mars 1874. 57. DE HASSE-DE VILLERS . i^Ai- cusTE ) , conseiller communal, à Liège.

NÉCROLOGIE

Monsieur le chanoine Devroye et Monsieur Godefioid Umé, architecte, tous deux membres effectifs, sont morts pendant l'année 4873. Deux membres de VInstilut se sont chargés d'écrire la notice nécrologique de nos deux regrettés confrères; elles paraîtront dans le corps du volume.

HI'I.I.HriN DE I INSTITUT ARCHEnLOGIQUE LIEOEOlS.TOMJCll j-ME l

FOUILLES DE BERTREE

KD JAMAR ARCH DEL

LrtJrJ CremcUi J- U'i"

OBeUincouri-

'aie éombe JC.

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UégeA^-^^'îs^ï^^--'

Coupe de la pierre angulaire

des Vina.s du V/ey erb&mpi et de Berii-ée

Plan figursiif delà villa Romaine àBERTREE avec Indication des fouilles faites dans

LEGEND E .

A ; Tombe

CD: Villa Romaine

K: Fouilles faites par l'auteur de ce rapport

avec le concours de W Schuermans S; Fouilles faites par M7 SchuerinanB L-K: id. faites parM.M, Lefèvre

et Kempeneers. S dcL-K: id parMM leC'.' G deLooz

et Kempeneers

OUA'fcjs-er.'.M L-K O î^isrlanden. ATambe deMiddeimnde K. ;:V Cimeù^

O QverwiTi.de

i:-'TombeWi CmehèreK. ": /\ Tombe d^ffémaya

audumO ^' ri ïf OCfa: Avernas '■.....■

OBrrlree OBoelke

OHannué OTr^^ée /\ TomèeK.

A.KEMPENEERS BEI.

l,\çqe.H^^''feV"' ^'

EXPLORATION

DES

iUBSTRDCTIOSS DE LA VILLA ROMAINE DE BERTRÉE,

M.„ MBMF'EIVËERe.

LA COMMUNE ET LE PRIEURÉ DE BERTRÉE. LA TERRE DE S'-VICTOR. ! ES FOUILLES.

La très-ancienne commune de Bertrée, située entre Avernas- le-Bauduin et Cras-Avernas, non loin de Hannut, fait partie aujourd'hui du canton de Landen et de la province de Liège. Avant la réunion de la Belgique à la France et la réorganisation civile qui a été faite alors, elle dépendait de l'ancien duché du Brabant et du bailliage ou de la mairie mayerie») de Hannul, qui était la W" et dernière du Brabant wallon (Gallo-Brabantia ou Roman-pays). Elle suivait, avec les autres communes de ce bailliage, la coutume de Louvain, l'appel se faisait en dernier ressort.

D'aucuns ont prétendu mais sans fondement que le village de Bertrée était jadis renfermé dans l'enceinte des remparts de la ville de Hannut {^).

i ') « Non omittendum tameii, licet non proben;, dit J.-l!. Grammaye, Ga//o Drab. antiqiiiiaies : Hanui'UM, quod nonnuUi adslruiint, urbem Hmunensem] olim quadruple amplioretn fuisse, ila ul pagus et cœnobium Berti-acense mœnibus cou- cluderetur. Nunc \f i606] cerle exiguis limitibus raurorum ejus et fossarum ductus eircumscribitur. i

»)

L'une des trois portes de cette ville , celle vers Namur , s'appelait laporte du Tombeiix, du nom d'une colline voisine (*). Le Tonibtux, à l'entrée d'Avernas-le-Bauduin. monticule sablon- neux à pente vers l'Est, fouillé par nous en 1863, était "in cime- tière frank. On a trouvé que généralement toutes les collines qui portent le nom de Tombeux soci de pareils cimetières {')*.

Dans une sphère plus restreinte, le village de Bertrée dépen- dait ci-devant. t:int pour le civil que pour le spirituel, du prieuré de la célèbre abbaye de Cluny de Tordre de S"-Benoit, en France (').

Ce fut par la générosité de Wauthier [Walterus) de Trognée ou de « Trudeneris », de « Trudignies », comme disent les chartes citées ci-après, que fut fondé, en l'an 1124, le prieuré de bertrée (").

Cet homme noble, « liber homo », ce qui n'était pas commun ti celle époque (^), oftrit d'abord, avec réserve d'usufruit, sur l'autel de S. Laurent, c'est-à-dire, donna à l'abbaye de ce nom à Liège, son alleu entier ou domaine seigneurial, situé ii Cras-

(* 'i Porta Tumbaiia ( vulgo /a porte du Tombev), dit GrammaïE, ibid., a colle suburbano cognomine, Naraurcum versus, ubi forte Iropseum î'iiquod velus. »

('; V. Ann. Soc. arcliéal. de Namur, t. VII, pp. 201, 268 et 277, et le rapport sur nos fouilles : Exploration de quelques lumulus de la Hesbaye, par M. SCHUER- MANs, 3* art., p. 237 et .suiv.

(5j a Berlriaeum, [liertrees) tam in sacris quam politicis a Prioratu dependens, qui ante annos trecentos hic fundatus est , appendix Abbatial Cluniacensis in Francia Ordinis l). Benedicti. authoritate Pontificia nuper [f 1561] Episcopatui Namurcensi incorporatus. » Cp.ammaye, ibid.

(*) T/-«(/e??c)/.v (probablement mauvaise leçon au lieu de Trudeneiis) el Trudi- yniex ; chez Hemricourt Truwengneez, aujourd'hui Trorjnée. Ce nom, différemment orthographié, dérive du nom primitif Trudovecas que lui donna, au VU» siècle, le seigneur de la Villa : « Totamque viliam, dit Donat, biographe de S. Trudon au Vjll'' siècle, ex nomine sancti patris ( Trudnnis) Trudonecas appellavit, quo etiam vorabulo usque in prjesentcm diem ab omnibus nuncupalur. » Dans les temps pos- térieurs, le village est souvent appelé « Villa S. Trudonis » ou « Trudonica », et en flamand » Truidelingen ;> ou « Trudelingen », aujourd'hui « Truijelingen. «

('"■) Etant établi sur ses propres terres (ses alleu.\), dont l'administration et la uridiction lui apparlenaient, et n'ayant des charges qu'envers le prince-évôque de Liège , iVautl.ie.r de Trognée devait être seigneur de premier ordre parmi les hommes libres du XII' siècle. V. GuérARD, Polyptyque de l'abbé Irminon,^ -102.

Avernas ( ' ), dans le voisinage de la célèbre Warde (custodia) de Steps « in comitatu de Sieps (*) » et eonsistaiit en terres labou- rables, en prairies, en bois, en redevances dues par les tenures du même domaine données en bénéfice (^), ainsi qu'avec le cens de capitation de la fomille ou du personnel « Servi et ancillœ » de ce fond allodial ; de même avec tous les droits d'usage, avec toute la dîme (*) et toute 1j justice de la seigneurie (^), en sti- pulant que l'évéque de Liège seul, et jamais un aulrc, en serait l'avoué (^).

Wauthier de Trognée érigea ensuite, en la même année 1124, le prieuré de Bertrée en donnant, avec l'approbation de l'evêque de Liège, l'église et son hospice C), c'est-à-dire ses biens, ses

( ' ) « In minori Avernas », dit la charte. Les deux Avernas ne se distinguèrent donc, au XII*^ siècle, que par les ëpithètes de grand ou supérieur et de peiil. Ce fut longtemps après qu'ils reçurent les noms seigneuriaux de Crassus et Baldumus.

C^) De là, plus d'un auteur a fait du monticule de Steps un comté qui n'y a jamais existé.

(') « Homines de terra censuali benejiciaii. » L'd terra (ou le mansns) ccnsualis ou censilis était une espèce de tenure particulière soumise à d'autres conditions que la tenure parfaite ou régulière des colons ou des serfs. On peut la définir : une terre donnée à une église ou à un seigneur par une personne qui la reçoit ensuite en bénéfice ou qui s'en réserve l'usufruit ou la jouissance, sa vie durant, à la condition de payer au donataire un cens nioiiique à titre, non de loyer ou de bail, mais d'hom- mage et pour marque de dépendance. Guékard, op. cit., ^ '234;.

(*) Le prieuré de Bertrée avait aussi une dîme à Cras-Avernas, comme il résulte d'une charte d'échange de biens fait avec l'abbaye du Val-Noire Dame, lez-Huy, en 1267. Voir l'Annexe IH et aussi l'Annexe II.

( ") « Avernasium utrumque Crassi et Balduini hœreditas Abbiitia S. Laurentii apud Leodios,qua? utrobiquc et Prailorem et senatum juri dicundo désignât. » Gram- MAYE, loc. cit.

,*) V. cette charte Annexe 1.

(') « Les religieux de Cluny prirent à Bertrée... possession d un hospice , dil » BouiLLïï, {Hisi. de Liège, an. 1 !24) que Wallhère de Trudigues avait bâti et qui, » par après, fut érii;'é en prieuré. » Les hospices étaient des tenures beaucoup moins considérables que les manses {mansi ). Les terres aft'ectées à l'entretien des églises étaient souvent c&mposées d'hospices ou du moins cultivées par des hôtes. L'hospes était une espèce de locataire ou de l'crniier occupant une habitation ou une terre étrangère sous des conditions plus ou moins onéreuses. Ainsi V/iospen tirait sa qualité, non de su naissance comme le colon, ni de sa dépendance comme l'Aomo ou le vassal, mais du titre précaire ou passager, en vertu duquel il possédait (Gue- RARD, op. cit., §§ i>l"2 et oiO).

4 _-

droits d'usages, ses dîmes et tout ce qui lui appartenait à Hannut, Poucet, Trognée et \vernas, à S. Pierre de l'église de Cluny, à qui l'église de Bertrée était aussi dédiée, et aux Frères de l'ab- baye de Cluny, pour être administrée par un prieur pris parmi les religieux de ce monastère, et à peu près sous les mêmes conditions que celles qu'il avait apposées au don de son alleu de Cras-Avernas fait à l'abbaye de S. Laurent à Liège (*).

Nous lisons dans la Chronique de S^-Trond que l'église de Bertrée fut desservie exceptionnellement par un moine d^ l'abbaye de S'-Trond, par Gérard , frère d'Otton, comte de Duras, lequel s'étant démis de sa charge d'abbé en 1155, obtint de l'abbé de Cluny d'être préposé au gouvernement de ce prieuré ; mais après l'avoir dirigé peu de temps, il le quitta pour retourner en son couvent de S'-Trond et y mourir en 1174 (').

La seule église qui existait à Hannut jusqu'en 1570, était, au dire de Grammaye, dépendante de celle du prieuré de Bertrée. Ce fut Havetius, premier évêque de Namur, qui, en cette année, la rendit indépendante en la dotant de tous les droits d'une église paroissiale (').

L'abbaye des chanoines réguliers de S'-Victor à Paris , fondée, comme tout porte l\ le croire, par Louis-le-Gros, en

(«) V Annexe II.

(•) a Gerardus ab abbata Ciuniacensi cellam quondam ipsorum, tribus roilibus » {irois fortes lieues a nobis disparalarn, Berlreys nomine, ab eo regendara suscepit. » Cui cum aliquanlo tempore prsefuisset.... ad nos se convertit.... etobiit 1174. » [Chrome. Trud., lib. II, ap. Migne, Patrol. lat., tora. 173, col. 239;.— On appelait cella une petite maison, une ferme, une métairie, appartenant à un monastère. On nommait un religieux pour y résider, veiller à la culture, recueillir les fruits et percevoir les revenus.

(') Grammaye, loc. cit. o Ecclcsia in urbe {Uaniaensi) unica est eaque appendlx » Bertrayensis, nisi quod Havetius, Antisles Namurci prinius (ut indecens, ita » minus comniodum videns in urbe, Parochia carere), prospexit, el absolutam Bap- » tisterio el Chrismate aliisque Harochiarum juribus donavit Ecclesiam. Cujus rei » in oppidis iusolitae cogitatio me subinde invitât credere, urbem serius et forte a » temporibus Joannae àach ^Veure de Wenceslas |f 1383- î .104]) extructara, idque » occasione arcis ibi veferis et opportunse, >i

- 5

1113 (^),cloit avoir eu aussi des terres à Bertrée, car la parcelle nMSSdu cadasti-e, sur laquelle se trouvait jadis la Villa romaine dont nous allons parler, porte le nom de terre de S'-Vidor.

Cette terre qui appartient à M. Delange, échevin de Bertrée, est située à l'Est de ce village, au lieu dit « Les Pirettes », au- dessus du ruisseau appelé Henri -Fontaine, qui prend sa source à Cias-Avenias et va se jeter dans la petite Ghète (^) à Orp-le- Peiit. Elle nous était connue, depuis 1864, comme recelant les subsiructions d'une villa romaine, par les nombreux fragments de tuiles romaines que nous y avions vus à la superficie, et pour y avoir trouvé, déjà alors, la partie pointue d'un très-beau style en bronze (planche I, fig. 4) et des fragments peints de crépi de murs ('). Cette maison de campagne n'était pas loin des tombes de Montenaken et d'Avcrnas-le-Bauduin, ni du cimetière frank de ce dernier endroit, dit Tombeux, que nous avons explorés en 1863, ni des nombreuses fouilles que j'ai dirigées ici, dans un certain rayon autour de iVîontenaken, tant dans la pi'ovince de Liège que dans celle de Limbourg, et qui ont été faites, depuis 1862, au profit du Musée royal d'antiquités de la porte de Hal h Bruxelles, avec les subsides du gouvernement. Déjà, en 1860 et même avant , j'avais tâché d'attirer l'attention de l'honorable président de VInstitut archéologique liégeois sur les nombreux monuments d'antiquités qui se trouvaient dans celte contrée limitrophe de deux provinces. Une occasion im- prévue nous mit, en 1862, en devoir de les signaler aussi, dans

(* ) C'est dans la chapelle S'- Victor qup. Guillaume de Champeaux, archidiacre de Paris, se retira avec quelques-uns de se:; disciples en l'année \ 108, et qu'il y jeta les premiers fondements de cette dcole célèbre qui, depuis, produisit tant de grands hommes, dont plusieurs sont encore regardés aujourd'hui comme les lumières de rEglise. V. Tableau liist. et piitor. de Par/.';, par J.-B DE Saint-Victor, III, 868.

{*) Gliiace en wallon tant pour la commune que pour la rivière, aujourd'hui .fauche.

( ') V. le 4" art. du rapport de M. Schuermans sur Y Exploration que nous avons faite de quelques tumulas de la Hesbaye, p. 377.

un assez long Mémoire, à M. Schuermans, alors procureur du roi à Hasselt (i),qui nous mit aussitôt en rapport avec M. Juste, conservateur du Musée. Les fouilles commencèrent bientôt après, et furent poursuivies, en hiver comme en été, pendant deux années consécutives, jusqu'en 1864. On sait avec quel succès par les rapports qui en ont été publiés (^).

Après une trêve assez longue, remplie d'incidents divers et .sollicité plusieurs fois, soit de la part de M. Juste, soit de la part de VInstilut liégeois, àe vouloir continuer, pour leurs musées respectifs, les explorations qui restaient à faire dans ces mêmes environs, je m'y résolus enfin et écrivis aussitôt, au nom de V Institut, au propriétaire de la terre dite de S^-Victor pour être autorisé à y effectuer des fouilles, ce que celui-ci accorda gra- cieusement avec une seule réserve, celle de pouvoir utiliser les pierres de silex qui pourraient s'y trouver. Le silex y a fait défaut. I! n'y avait que blocage et moellons de pierre blanche, produit de la contrée.

Les fouilles commencèrent le 21 octobre lS7â et furent rapi- dement terminées en douze journées. J'avais été assez heureux de retrouver deux anciens ouvriers qu'une longue expérience a rendus très-experls dans ce genre de travaux (^).

Il nous fut révélé, dès le premier jour, que les fondations étaient fort éparpillées par la fréquente extraction de pierres, faite par les gens de l'endroit ; ce qui nous indiquait assez que, le sol ayant été souvent remué, plus d'un objet aurait été décou- vert et emporté, et que le succès ne répondrait guère à notre attente. Le plan figuratif de cette villa (planche I, tig. 12) montre ce que nous avons pu retrouver de ses fondations qui étaient peu

( 1 ) V. Bulletin de la Soc. scienlif. et Un. du Limb., VI, 282.

(') Dès celte même année, M. Schuermans, acconipiigué de deux de nos anciens ouvriers, esl allé faire des fouilles dans les tombes de Koninxheiin, Korpmael, etc., et puis, avec le concours de M. Habets, dans la villa du RonJenbosch a Houlhem- Saint-Gerlach.

(*) Vandormael et Van de Ghoer.

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profondes (de moins d'un pied). De nombreuses traces d'incendie prouvent que la villa de Bertrée, comme d'autres, a été violem- ment détruite par le feu. Toutefois, colle du Betzveld à Landen, qui en est peu éloignée, a cessé d'exist;'r par vétusté (*). Cette maison de campagne, comme généralement toutes les villas belgo-romaines, était assise sur la pente d'une colline qui des- cend vers le ruisseau prénommé. On y jouit d'un magnifique horizon du côté Sud ou de Hannut. Il est à supposer que tel emplacement fût préféré pour éviter les inondations et faciliter l'écoulement des eaux. Comme les autres, elle aussi était tournée vers l'Orient. La règle de l'orientation (-) a été observée, autant que possible, tant chez les païens que chez les chrétiens, non- seulement pour les édifices sacrés, églises ou temples, mais aussi pour les maisons privées et les sépultures (tumulus ou cimetières).

Voici maintenant la petite liste des objets trouvés :

I. Métal. aj. Un beau style en cuivre^ couvert d'une belle patine (pl.I,tig. 1). Cet instrument, pointu à l'un de ses bouts et plat à l'autre, servait à écrire sur des tablettes couvertes d'une couche mince de cire ('). On employait la pointe pour tracer les caractères, et le bout plat pour faire des corrections en rendant de nouveau unie la surface de la cire, de manière à y effacer les lettres qui y étaient marquées. C'est ainsi que l'expression vertere stilum (Horat) signifie raturer ou corriger ce que l'on

(' ; V. le Rapport de M. LefÈVRE IBull. de l'imi. arcli. liégeois, XI, 120;.

(-) « Qui templa aut œdes r.onstruere voiunt ad Orientem spectantia, ita descri- » bunt, ut ad solem in meose Nisan (mars-avril) orieritem obversa sit fabrica. ^ {MOSES Bar-Cepha, Commentar. de paradiso, part, l, cap. 13. Il vivait vers le milieu du X»- siècle.)

(') Cet usage existait aussi chez les juifs. On lit dans S. Luc l, 63, que Zacharie étant muet demanda une tablette « ?os\uhrii puçiUlarem » pour y écrire le nom de Jean avec un style dans la cire, comme l'expliqur Tertullien [de klolairia. G, 23) : « Zacharias loquitur in stylo, auditur in cera. » S. Jérosie, Epii-r. 14:2, in fine, nous apprend qu'il a dicté des lettres, même longues, dans la cire.

compose (* j. Tels éfaient les styles que nous avons trouvés dans le tumulus de Wals-Beetz et dans la villa du Lazaret de Wals- Wezeren ('). Telle est aussi la forme, ainsi que l'emploi que Cœlius Symposius assigne au style dans ces trois vers :

« De summo planus, sed non ego planus in imo, j) Versor utrinque manu, diverse munere fungor : » Altéra pars revocat quicquid pars alîei a facit. »

Contrairement à cette forme commune, le style de la villa de Bertrée est rond et non plat en haut; il est donc d'une l'orme exceptionnelle (').

Cet instrument était ordinairement fait de bronze, de cuivre, d'os. Dans le livre de Job (vers 1600 av. J.-C), il est parlé du style en fer (*).

b). Trois fragments de styles, auxquels manque la partie supé- rieure. Deux de ces fragments sont en cuivre (pi. I, tig. 2 et 3). Peut-être sont-ce des épiiigics sans télé ou des aiguilles sans chas. Un seul de ces fragments est en beau bronze (pi. I, fig. 4). Il n'est pas rare de trouver un certain nombre de styles dans les substructions des villas belgo-romaines. Ces styles prouvent que les habitants de ces villas n'étaient pas illettrés, et leur nombre semble indiquer que plus d'un s'en servait.

c). Belle épingle à cheveux, en cuivre, longue de 8 i/2 centi- mètres (pL I, tig. 5). Les femmes avaient l'habitude de passer ces

(*) ANTH. RlCH, v'Jo Stilus.

(*) V. ScHUERMANS, Explorai, de quelques tumulus de la Hesbaye, pag. 134 et 368.

(') l'eul-êlre élait-ce une sonde, instrument de chirurgie. Il n'y a pas lieu, croyons- nous, à penser ici à une épingle de lêle.

(*) XIX. 23-24 : a Quis mihi det, ut exarentur (sermones raci) in libro stylo v ferreo, et plumbi lamina, vel celte sculpantur in silice? » De môme dans Jérémie, «n lit iXVlI. 1 ) : « J'eccatum Juda scriptum est in stylo ferreo in ungue adamanlino. »

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grosses et longues épingle? dans leurs cheveux, derrière la tête, quand ils avaient été tressés et relevés, pour les maintenir (')o

d). Un petit couteau avec le manche en fer (pi. I, fig. 6).

e). Deux clefs en fer à panneton denté (pi. 1, fig. 7 et 8). Ces clefs n'ont que deux dents, en quoi elles diffèrent de celles des villas du Lazaret (Wals-Wezeren), du //é-m^/rt/^ (Wals-Beeiz) et de Herkenbergh (Meersen), qui en ont trois. De la seconde de ces deux clefs s'est détachée une dent en la nettoyant. Cette forme de clef semble avoir servi à fermer et h ouvrir, si pas une ser- rure ordinaire, du moins une serrure à simple verrou en pous- sant celui-ci en avant ou en arrière, placé à l'intérieur de la porte.

f). Clef en fer, à deux trous aux extrémités, l'un plus grand et l'autre plus petit (pi. I, fig. 9). Celte clef ressemble à celles dont on se sert encore aujourd'hui pour fermer ou ouvrir une barrière au moyen d'une vis à tète allongée et carrée.

Enfin une certaine quantité de ferrailles dont la destination n'est plus suffisamment indiquée. J'y ajoute un petit nombre d'ossements dont la provenance ne m'est pas connue.

II. Verre. - Une grosse perle en verre d'un beau bleu foncé avec des stries verticales peu profondes (pi. I, fig. 10), provenant sans doute d'un collier, genre d'ornement que les anciens se plaisaient à porter, et qui, ressemblant aux colliers modernes, variait pour la form.e, le modèle et la matière suivant les temps, les lieux et les caprices de la mode (^).

Je mentionne ensuite un grand nombre de fragments en verre, mais si petits qu'ils ne laissent pas même soupçonner la forme des vases dont ils proviennent. La couleur de ces fragments est verte, vert-pâle, vert-sombre, jaune et blanche ou plutôt mate. Ces derniers, de la couleur maie, que je n'avais pas encore ren-

( * ) RiCH, y^° Acus cornatoria ou crinalis. RiCH, vbc Monite.

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contrés dans les fouilles, ont des stries ou des hachures. D'autres morceaux de verre sont polis d'un rôté et dépolis de l'autre. C'étîiient des plaques de verre adaptées aux murs, comme l'indique du reste le ciment qui y est encore adhérent.

III. Teure cuite. ~ a). Une gr^inde quantité de tessons delà poterie de grandes dimensions et à énormes goulots, ainsi que delà poterie la plus fine et la plus artistique. C'est ce que, du reste, lessubstructions des villas belgo-romaines offrent presque partout. Mais ici, à Bertrée, de la poterie grossière seule il nous est resté des fragments assez grands et assez nombreux ( parmi lesquels des goulots et des fonds de grandes cruches). Quelques tessons ont des parois d'une épaisseur de 2 1/2 c, ayant proba- blement appartenu ù des Cadi, k des Dolia, etc. Pour ce qui concerne la poterie fine, de minimes fragments seulement nous ont été laissés, les plus grands, les plus précieux ayant été pro- bablement trouvés et emportés par le motif que nous avons indiqué. Parmi ces débris de la poterie fine, il y en a qui pro- viennent de la plus belle poterie samienne (Tasa Samia) et dont quelques-uns sont parsemés à l'intérieur de grains de marbre ou de quartz destinés à broyer les mets. Mais parmi ceux-ci, il y en a aussi de la contrefaçon, dont le rouge est devenu blême, le vernis qui n'adhérait pas h la pâte, ayant presque disparu. D'autres proviennent de la plus fine poterie noire, bronzée, jaunâtre, grisâtre, etc. On peut dire qu'il y a des débris de toutes les couleurs, qui représentent à peu près les différents vases qu'on a trouvés ailleurs dans les fouilles des villas romaines. Je ne dois pas oublier de dire ([ue quelques-uns de ces tessons sont granulés â l'extérieur pour empêcher de glisser des mains. D'autres sont ornés d'imbrications en écailles de poissons ou de dessins en guillochis. Enfin nous avons trouvé deux fragments de vases 11 fort minces parois, dont l'un, jau- nâtre, a des saillies rondes de i i''2 c. de diamètre, et l'autre, blanchâtre, de 1/2 e. Ces bosses font fossettes à l'intérieur.

il

Tous ces tessons sont généralement trop petits pour en donner les dessins sur la planche.

A côté de la poterie romaine, mention doit être faite de quelques fragments de couleur très-noire, provenant de vases franks ou germains, assez informes, faits à la main et non au tour. Ces tessons, trouvés dans lessubstructions de la villa de Bertrée, semblent mettre celle-ci en relation avec le cimetière frank d'Avernas-le-Baudujn, dit le Tombeux, qui en est fort peu éloigné, comme le même rapport paraît avoir existé entre la villa du Lazaret (Wals-Wezeren) et le cimetière frank ou Bétha- sien du Haemberg (ibid.),qui en est très-rapproché.On a trouvé aussi ailleurs, de ces tessons de poterie germaine, noirâtre, grossière : ainsi dans le tumulus de Middelwinde, dans le Tombeke d'Ovrrwinde, dans les suhstructions du Kloosterhofh Neerlanden (^), au Rondeubosch h Houthem-Saint-Gerlach (*) et / ailleurs. Ce qui plus est, la tombe dite de rEmpereur, placée à côté de la grande chaussée romaine, non loin du tumulus de Braives, semble être purement germanique par son contenu comme par sa forme. Fouillée, en juin 1873, par M. le C'^ Georges de Looz, elle a révélé, m'a-t-il écrit, des poteries grossières ou noirâtres, posées pèle-mèle en groupe sur un lit élevé de 30 c. au-dessus du niveau du sol, et entourées d'une couche de cendres.

A l'occasion de poteries, on peut se demander comment les habitants de nos villas romaines faisaient la cuisson de leurs mets? Ils ne se servaient pas, à cette fin, de marmites ou pots en fers ; on n'en trouve pas de vestiges. Et parmi les nombreux tessons de poteries en terre cuiie que les fouilles des villas romaines m'ont fait voir, je n'ai, jusqu'ici, rencontré aucun qui, pour avoir été mis sur le feu, fût noirci en dessous (^). Etait-ce donc à l'eau chaude ou bouillante, au moyen de l'hypocauste?

{* ) Bulletin de l'InsiUut archéologique liégeois, XI, iHi.

{ *) SCHUERMANS, Exploration, p. 483.

(») Je viens d'en trouver un dans le tumulus de Blehen.

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b). Deux tuileaux avec sigle. Parmi les nombreux morceaux de tuiles, tant plates ou à rebords, tegulœ, que convexes ou creuses, imbrices(^),qiie la villa de Bertrée a révélés, deux frag- ments de tuile plate portent la marque du tuilier ^EF (pi. I, fig. 11). Ce même fabricant a travaillé aussi dans les environs de Tongres et il a fait les tuiles des villas du Weyei-bampt (Petit- Fresin), du Hemelryk (Wals-Beelz) et du Betzveld {Landen). Ici, à Landen, il est vrai, nous n'avons pas trouvé de marque, mais il a été facile de reconnaître ses tuiles à leur belle façon et leur excellente cuisson, au point qu'aujourd'hui, après environ seize cents ans, elles résonnent encore presque comme du cristal. Cet artiste doit avoir vécu à l'époque florissante de l'art. Sa marque prouve la contemporanéité de ces villas belgo-romaines; car elle est partout la même avec l'E accolé au dernier jambage du N et avec le dernier jambage du h plus court que le premier, tantôt en haut et tantôt en bas, ce que je suis porté h attribuer à un léger mouvement, causé peut-être par le fréquent usage, dans le trait transversal liant les deux jambages ensemble (*). Il est à supposer que ce tuilier se transportait d'un lieu à l'autre, comme font encore aujourd'hui les briquetiers.

Les tuiles des villas du Lazaret ( Wals-Wezeren ) et du Kloos- terhofh Neerlanden (^), et une partie de celles de Bertrée et de celles du Hemelryk (Wals-Beetz) semblent provenir d'un seul et même tuilier, vivant postérieurement à une époque de déca-

( * ) « Tegulœ vocatse, dit S. Isidore de Séville, quod tegant aedes ; et Imbricen, » quod recipiant imbres » {F.tymol. XIX, cap. 10, n. l.H). Vilruve appelle les tuiles plates « tegulse hamatœ », à cause de leur entaille dans les deux rebords en bas, par elles étaient retenues par des crochets attachés aux chevrons ; car les tuiles romaines n'avaient pas de bouton comme les tuiles de nos jours, et pour ce motif les toits de nos villas étaient dépourvus de lattes, n'ayant que des chevrons seulement.

(2) Jl est à remarquer que dans le sigle de l'un des tuileaux de Bertrée, le petit jambage du H est de 3 millim. plus court qu'ailleurs. Cela provenail-il d'un nouveau sigle, l'autre étant usé ?

(') V. le Rapport de M. Lefévae -. Bulletin de r Institut archéologique Uigtoùt,

XI, m.

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dence. Ses tuiles, grossières, assez difformes et mal cuites, portent au Hemelryk le sigle ADF ( ).

Le fabricant des tuiles des villas du Steenbosch (Fouron-le- Comte) et de Herkenbergh (Meersen) avait pour marque MHF (•).

d). Petit carreau en losange couvert d'un gros vernis et dont on s'est servi, presque jusqu'à nos jours, pour faire des parquets devant les foyers. La coupe de ce petit carreau (qui a 4 1/2 c. de côté) est en même temps celle des pierres angulaires des fondements de la villa de Bertrée, avec deux angles aigus et deux obtus. Telles étaient aussi les pierres angulaires de la villa du Weyerbampt, dont l'une était encore en place.

Voilà le peu d'objets trouvés dans les fouilles de Bertrée.

Nous n'avons donc pu trouver— ce que cependant on rencontre ordinairement dans les subslructions des villas romaines de notre pays ni cave, ni puits, ni pierres meulières, ni hypo- causte, ni briquettes rondes, ni pavement, sauf un seul fragment de marbre du pays avec le mortier de chaux adhérent. Nous n'avons pas trouvé de monnaie romaine, de fibules, de bijoux, etc., et il n'y avait plus de crépi, sauf quelques morceaux peints en rouge.

IV. Plan de la villa de Bertrée {^\. I,fig. 12). Ce plan indique les différents appartements dont nous avons pu retrouver les fon- dations, du moins en partie. Il serait difficile d'assigner à chacun sa destination particulière.

Tout semble indiquer que les fondations seules des villas belgo-romaines ont été maçonnées avec de petits moellons, pierres de l'endroit, jusqu'à une certaine hauteur, et que le reste des murs était en bois, en clayonnage et torchis. Ces fondations ont ordinairement l'épaisseur de 60 à 70 c. (2 à 2 d/2 pieds).

(') SCHUERMANS, Exploration, pp. 333 et 343.

(*) V. J. Habets, Exploration, ap. Publications de la Société hisi. et archéol. dans le duché de Limbourg, VlU, 410.

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Ces édifices, construits sur le penchant des collines, devaient avoir plusieurs appentis. Les chambres, celles du moins de ces derniers, n'étaient pas rectangulaires; mais, comme nous avons dit, en guise de losange avec deux angles aigus et deux obtus. Par conséquent leurs toits devaient élre nécessairement obliques et converger, au sommet, vers un côté ou vers l'autre { ' ). Ils n'avaient pas besoin d'être longs dans le sens perpendiculaire, les appartements étant peu larges.

Le toit de ces habitations belgo-romaines était muni de deux rangées ou assises de chevrons, l'une superposée à l'autre, et les chevrons supérieurs étant cloués sur ceux d'en bas ('). Il n'y avait pas de lattes. Les chevrons de la rangée inférieure ou pre- mière pouvaient être placés horizontalement. Leur distance qui était d'environ 5 pouces (15 c), devait se mesurer selon la Ion- gueur de la tuile plate , de sorte que celle-ci pût reposer sur trois chevrons, par son milieu, tant soit peu enfoncé en courbe, sur le chevron du milieu, et sur les deux autres par ses deux extrémités. La distance de l'un à l'autre des cheyrons supérieurs, qui était d'environ 1 pied (30 c), devait être exactement con- forme à la largeur de la tuile pi ue. Ils devaient suivre la ligne ascendante de ces tuiles i\ rebords, qui était oblique, et partant être aussi placés obliquement ou en losange. De cette manière, la tuile plate, reposant en quelque sorte, par l'un de ses côtés, contre le chevron supérieur, était, par sa pesanteur, moins entraînée vers la chute, et cela obviait en même temps à l'incon- vénient d'une descente trop violente et éparpillée des eaux plu- viales. Mais les tuiles phites, encaissées entre les chevrons supérieurs, étaient surtout retenues par leurs échancrures ou entailles aux deux rebords en bus, dans lesquelles entraient des crochets, probablement en bois, attachés aux chevrons. Elles

(') Le toit d'un (iditice rectangle se rdirécissait un peu en haut, e( les lignes ascendantes des tuiles convergeaient de part et d'autre vers le milieu.

C) Aussi les substruclions fournissent elles, en grande quantité, des clous longs de 45 k 22 centimètres.

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l'étaient encore par les rebords de la tuile plate inférieure, dont la partie supérieure, aussi loin que les rebords étaient coupés, entrait sous celle d'un rang plus élevé.

De même, les tuiles convexes qui devaient couvrir les chevrons supérieurs {*) et les rebords des tuiles plates, en s'y enfermant, elles aussi, ne pouvaient descendre, parce qu'étant plus rétrécies en haut qu'en bas, et les rebords des tuiles plaies qu'elles cou- vraient étant plus larges en bas qu'en haut (savoir en s'élargis- sant insensiblement vers l'intérieur de haut en bas), elles étaient solidement retenues par ces rebords, dans lesquels elles étaient étroitement emboîtées. Elles étaient, en outre, comme collées sur les chevrons et sur les bouts des tuiles convexes inférieures qui entraient sous elles, par un excellent et copieux mortier, auquel leur partie creuse, si informe, si raboteuse et pleine de petits trous, devait fortement s'attacher. Au surplus, les tuiles convexes de la première ligne horizontale en bas étiuent rete- nues par des palmeltes ou antefixes, comme les tuiles plates de la dernière ligne en haut paraissent avoir été clouées sur le faîte; car on trouve partout dans les substructions, comme ici à Bertrée, de ces tuiles encore munies d'un clou.

Si après cela on considère, d'un côté, la lourde pesanteur des tuiles romaines, surtout de la tuile plate ,8 à 10 kil ), et d'autre part, l'impossibilité de couler en bas, étant si solidement enfermées et retenues de toute manière, on pourra, ce semble, difficilement partager l'opinion de M. Schayes (-), estimant que ce mode de couverture indique que les toits des habitations romaines en Belgique devaient être fort surbaissés; nous pen- sons, au contraire, qu'ils devaient être, au moins sous nos climats froids, en pente assez raide ou rapide et être assez fort

(• ) La partie des chevrons supérieurs, qui dépassait les rebords des tuiles plates, était, comme le prouvent les morceaux de mortier qui ont été retrouvés, arrondie, pour mieux s'adapter à la partie creuse de la tuile convexe.

(*] Histoire de l'architecture eu Belgique, I, 147.

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inclinés (*), et que, par conséquent, il n'y a pas de raison pour ne donner à ces villas qu'un rez-de-chaussée (*) ou un étage tout au plus.

Encore un mot sur les tuiles romaines, car nous avons pu les examiner de près dans les différentes fouilles, surtout dans celles du Weyerbampt, il y en avait à l'infini. Les tuiles, tant plates que convexes, d'une même ligne horizontale, étaient faites au même moule ; mais elles différaient des tuiles des autres lignes, soit en dimension, elles étaient moins lourdes ou moins longues et larges dans les lignes supérieures qu'en bas (^), soit par les entailles dans les rebords en bas de la tuile plate, car pour faire la ligne ascendante oblique, ces échan- crures devaient être plus longues à droite ou h gauche, d'après que cette ligne convergeait vers un côté ou l'autre (*), soit, pour le même motif, par les parties, plus ou moins longues, coupées aux rebords au bout de la tuile plate, par elle devait, pour monter obliquement, entrer d'un côté plus et de l'autre moins sous la tuile supérieure (^).

( *) Cf. CiAMPlNi, Vet. monim., t. I, pi. I, (Ig. 4 et pi. VlI ; ei De sacr. œdif. a Constant. M. conutr., pi. I. de CAVUom, Abécédaire, ch. 2, p. 14, 2^ édit.

(') Avec un rez-de-chaussée seulement et en l'absence de toute cave sous les appartements, il serait difficile d'expliquer ce texte de Sénèque parlant des hypo- caustes : « Impressos parietibus tubos, per quos circumfunderetur calor, qui ima ■» simul et summa fovent sequaliter. »

(') Pour connaître les différentes dimensions de la tuile romaine, il faut des tuiles entières, ce qui ne s'offre pas fréquemment. La largeur de la tuile plate ( pour ne pas trop m'étendre, je laisse de côté la tuile convexe, car l'une suit l'autre) peut encore être connue par de grands fragments ayant encore les deux rebords. Voici la largeur trouvée dans plusieurs tuiles plates, savoir : de 28 c, de 30, de 30 Vî, ?'l, 31 «/i, 32, 33, 34 c. Longueur de 42 c, 47, 48 ; et pour la tuile convexe, longueur de 35 c, 37 '/j, 39.

(*) Voici la longueur de ces entailles constatée à Bertrée et au Weyerbampt. Il y en avait qui avaient, k gauche, 4 s/i c, 5, 5 iji, 5 Va, 5 s/i, 6, 6 </*, 6 '/j, 7, 7 i/*,

7 »,2, 8 Vs c. A droite, 5 c, 5 '/s, 5 s/*, 6, 6 ^Js',6 s/*, 7, 8 c.

C) Longueur mesurée à cette coupe : à gauche, de 2 */s c. (un quart de rond en creux dit cavet : au côté opposé, à droite, elle est de 5c.); de 5 c, 5 zji, 6 */«, 7,

8 c. A droite, de 5 c. , 5 i/i, 5 s/*, 6, 6 Va, 6 s/*, 7, 7 i/*, 8 »/a c.

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Plusieurs signes semblent avoir été employés comme points de repère, pour reconnaître plus aisément les tuiles de la même ligne horizontale. Outre le sigle du tuilier, elles ont été mar- quées par une grande variété de moulures aux rebords ou, sur le plat, par un ou plusieurs demi-cercles, par des zigszags, etc.

Quand on réfléchit à cette grande variété de détails que nous venons d'indiquer, sans pouvoir en dire le dernier mot, détails qui constituaient un mécanisme fort ingénieux, on doit se dire qu'au temps du tuilier ^EH, c'était un véritable art que celui de fabricant de tuiles. Leur mode de placement nous ayant paru n'être pas fort bien connu aujourd'hui, nous avons cru pouvoir nous étendre un peu à cet égard.

Les principaux souvenirs que les Romains ont laissés à la campagne, dans nos contrées qu'ils ont occupées au-delà de cinq siècles, ce sont les chaussées, les camps retranchés {Castella), les cimetières, les tumulus et les villas.

Ces villas, ils les établirent, non à l'intérieur des villages d'alors, mais isolément dans leur voisinage. Il y a, à peu près partout absence de vestiges romains dans l'enceinte des villages. Grande présomption existe, selon nous, en faveur de l'ancien- neté des villages, près desquels se trouvent des substructions d'une villa romaine. Leur nom seul peut avoir été changé au moyen-âge.

Les habitants de ces villas romaines, soit vrais Romains, soit vétérans licenciés ( p. e. Réthasiens , Tungres , Nerviens , etc.), semblent avoir été des fonctionnaires de l'empire et en même temps les seigneurs de l'endroit, servis dans leurs maisons par un personnel qui ne pouvait pas être fort nombreux. Quant aux habitants des villages, anciens Relges ou Franks, peu ou point romanisés etdemeurantdans des habitations particulières constituant le village, ils étaient devenus des esclaves agricoles (servi tributarii), devant cultiver les terres et payer à leurs maîtres ou seigneurs, en partie probablement, pour le fiscpublic.

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des tributs et des redevances de toute nature. C'était, paraît-il, déjà la féodalité en ombre {*).

Ces villages, en général, n'ont pas cessé, d'après l'opinion communément reçue, d'être peuplés ni au IV, ni au 111% ni au IV" siècle, etc. Où, du reste, leurs habitants se seraient-ils retirés? Dans la seule cité de Tongres , ou, quant à ces endroits- ci, dans les deux petits camps retranchés près de la tombe d'Avernas-le-Bauduin et près de celles de Braives, dont chacun ne comprenait pas un hectaie en étendue?

Mais les villas romaines ont été détruites à peu près partout par l'incendie. Cependant celle du Betzveld à Landen, comme nous avons dit, a cessé d'exister par vétusté.

A quelle époque cette destruction violente a-t-elle eu lieu ? L'opinion générale admet que les Franks ont encore pu prendre ces établissements romains pour leurs premières résidences. Voici ce qui semble favoriser cette opinion.

C'est a) un certain mélange de poteries romaines et frankes dans les substructions des villas romaines : par exemple, ici à Bertrée, au Kloo&terhof, 2i\x^J^miaihûS£h, etc. De même dans les cimetières romains et dans les tumulus ; ainsi, pourne parler que de ces contrées, dans ierom&i^^ed'Overwindeetdans le tumulus de Middelwinde, qui pourrait bien n'être qu'une tombe romaine du III" siècle, h. cause de certaines particularités de son caveau j)rofond de 3 m., large de 4'''i20 et long de 4™30 (■), et ayant les parois munies de grandes pierres plates. C'est b) le i-apport qui paraît avoir existé entre le cimetière frank du Tombeux et la villa de Bertrée, et entre le cimetière non romain du Uaemberg et la villa du Lazaret. C'est encore 6') le mélange de tuiles de différentes époques : ainsi aux belles tuiles du hibricant ^EH, qui sont de l'époque florissante de la céramique, succèdent ou s'adjoignent au llemelryk et à Bertrée des tuiles lourdes et

( * ) GuÉRARD, Polyptyque de l'abbé Inninon, § 1 4o. ( * ) Renseignement de M. le corale Georges de Looz.

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informes d'une époque de décadence, lesquelles ont été employées exclusivement au Lazaret et au Kloosterhof. Tout cela, disons- nous, peut être invoqué en faveur de l'opinion généralement admise. Et si l'on objecte que les monnaies que l'on trouve dans les substructions, les tumulus et les cimetières, s'arrêtent ordinairement à Marc-Aurèle [t 161-180], au milieu du règne de qui on voudrait tixer l'époque de cette destruction des villas romaines et de la dépopulation de nos campagnes par la retraite des villageois dans des places fortifiées, on y répond que cela provient de ce que les monnaies du Haut-Empire sont restées très-longtemps en usage, au point que plusieurs ne s'offrent plus qu'k l'état fruste; et l'on ajoute qu'on trouve aussi par-ci par-là des monnaies postérieures : ainsi dans le cimetière de Juslenville, des monnaies de Commode [t 180-192] et d'autres beaucoup postérieures de Magnence, Décence, Constantin (^) ; dans les cimetières d'Ellezelles, de Flavion et d'Elouges, des monnaies de Commode ("^); dans les camps retranchés près des tombes d'Avernas-le-Bauduin et de Braives, des monnaies de Philippe ; et dans les substructions du Lazaret un Tetricus, et dans celles du Rondenbosch un Constantin (^). L'établissement belgo-romain d'Elewyt (Brabant) a fourni à M. Van Dessel,non- seulementdesmonnaiesromainesdu 3'' et A" siècle, mais encore la preuve, par les poteries grossières, que le cimetière romain y a été continué par des Germains ou des Franks {*).

(*) Bulletin de t Insti lut archéologique liégeois, IX, 398, 400.

P) SCHUERMANS, Exploration, p. 424, not. \.

(M Ibid., pp. 366, 242, 368, 374. 540.

(*) Annales de l'Académie d'archéologie de Belgique, année 1873, pag. 783 et suivantes. Le cimetière l'rank de Bas-Oha, liécouverl en 1871 et dont il est fait rapport dans la dernière livraison du Hulletin de l'Institut archéologique liégeois (t. XI, p. 497), est évidemment postérieur à l'époque de l'incinération, c'est-à-dire, au 11I<^ siècle; et cependant il fournil des monnaies, éparpillées parmi les squelettes, mais généralement bien conservées, de Vespasien, de Trajan, de Hadrien et de Commode. Si donc les monnaies du Haut-Empire, dont le long usage est constaté ici, avaient été ajoutées avec l'intention d'indiquer l'âge de ce genre d'établissements, ne devrait-on pas en conclure contrairement ij la vérité historique que ce cimetière est antérieur au lU'^ siècle'/

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Pour ce qui concerne l'invasion si peu connue en histoire des Chauques, dont on fixe la date à l'année 176 ou 178, si je ne me trompe, elle ne peut, ce nous semble, être opposée à l'opi- nion commune précitée, parce que, d'après le texte de Spartien qui seul en parle, Didius Julien, alors gouverneur de la Bel- gique, loin de leur laisser, par inaction, le temps d'entrer dans l'intérieur du pays et d'y exercer de longs et grands ravages, les a, avec célérité et énergie, moyennant des forces réunies à la hâte, arrêtés aux frontières, restitit (•). S'ils avaient réussi à entrer dans le pays et à s'y promener en dévastateurs, comme on le prétend, le texte de Spartien n'aurait-il pas dire devicit ou ejecit?

L'époque donc, selon nous, de cette destruction des villas romaines h la campagne, tant pour la Hesbaie et le Maseland que pour les Ardennes et le Condroz avec les autres parties de la Belgique, reste encore dans une profonde obscurité, tout en croyant qu'à ce violent résultat les habitants des villages d'alors n'auront pas peu contribué, lesquels, profitant de l'une ou de l'autre invasion postérieure, se seront révoltés contre leurs oppresseurs, les maîtres de ces villas, qui n'avaient cessé de les pressurer.

( * ) Spartian. in Did. Julian., l : « Gauchis, Gerniania; populis qui Albim flumen » accolebant, erunipentibus restitit, turaultuariis auxiliis provincialium. Ob quae » consulatum meruit testimonio imperatoris. »

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ANNEXES.

I.

Wauthier de Trognée, homme noble, donne au Monastère de S^-Laurent, à Liège, son domaine allodial situé à Çras-Avernas, dans le voisinage de la Warde de Steps : don confirmé par Vévêque de Liège, Albéron 1*% en H24 (i).

In nomine Sanctse et Individuae Trinitatis. Ego Alhero, gratiâ Dei Leodiensis Episcopus, notum facio praesentibus et futuris Chrisli fidelibus.

Quia WaUerus de Trudeneris liber homo, Praedium quod habebat in minori Avernas in comilatu de Steps, tradidit, pro sainte animae suae, ad Altare B. Laurentii, ex integro tam in culturis et pratis, quara in nemore et censu et familia, quae illotempore in ipso manebat Praedio, cum omnibus usurariis et appendiliis suis, cum omni décima indominicatus proprii, necnon et tola justitia ipsius Praedii.

Advocatiam vero ipsius Praedii liberam reliquit in manu Leodiensis Episcopi,ut ai soli de omni injustitia reclamet Ecclesia S. Latirentii, et ut nunquam eandem Advocatiam in beneficium det alicui. Nam in pretium redemptionis animae suae, ipsum allodium Deo et S. Laurentio obtulit, et ideo Leodiensem Episcopum Advocatum ibi esse voluit, qui specialis Pro- visor et Pastor erat ipsius Walteri, tamquam liberi hominis, sicut et ceterorum liberorum homlnum principatus proprii.

Homines vero, qui de terra censuali ejusdem Praedii sunt beneficiati, fundos suos ab abbate tenebunt, sicut eo dietenebant, quo ipsum Praedium S. Laurentio est traditum, nec praeler simplicem terrae censum aliquod requisitionis jus, sive ullam districtionem ibi habebunl : quia omnia haec ad Abbaiem pertinentia sunt, et ei de omni injustitia est proclamandum.

Diffinitum est etiam, ut nec WaUerus duni vivit, nec post eum Abbas aliquis quidquam de terra et décima indominicali, vel de censu, sive de omni reditu ejusdem Praedii beneficiare aut diminuere possit; eo quod eleemosyna Deo et S. Laurentio oblata sit.

( * ) Apud Mirseum, 0pp. dipL, t. I, p. 276.

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Ipse vero Walterus iisumfructuni ejusdem Praedii in vita sua sibi ex integro retinuil : et ideo, ne vel ab ipso dum vivit, vel ab aliquo, posl- quamobierit, ullâ surreplione infiingi possit; summam terrae ad indomi- nicatum S. Laurentii pertinentis, summam quoque census, aliorumve redituum, hic siibannotari placuit.

Primo quidem totam decimam ad indominicatum S. Laurentii pertinen- tera, sivein fructibus terrae cullilis, sive in fructibus domestici nuiriminis : deinde viginti bonaria terrae indominicalia, et de terra censuali solides XLI. et III. denarios, in tribus lerminis, Epiphania scilicet, et Nativitate Sancti Joannis, et Festivitate S. Remigii. Quattuor quoque modios avenœ, in solennitateS. Martini, et XXII. capones in Natali Domini, et octo panes, cum totidem cerevisiae picaiiis.

Familia quoque ipsius Praedii, id est, servi et ancillae singulis annis censum solvent capiiis sui denarios X. unum ad Altare S. Laurentii, in Festivitate S. Martini. Et cum aliquis eorum sine herede obierit, XII. denarios dimittet Ecclesiae S. Laurentii.

Quae omnia nos rata et inconvulsa perpeluo manere decernimus, et pro eonfirmationis lestimonio Chartam banc oonscribi jussimus, et nosiri sigilli irapressione roboravimus,excommunicanleset aeternae maledietionis anathemate condemnantes eos, qui quovis malignilatis ingenio quidlibet horuni infringere tentaverit, et Ecclesiae S. Laurentii uliam inquietudinem aut molestiam concitaveril.

Testes fuerunt Archidiaconi omnes.

Andréas Praepositus. Henricus Decanus. Henricus Junior. Alexander, Adelmanus, Seppo, Emino, et alii muUi ex Clero S. Lamberli.

De Nobiiibus viris.

Godefredus Cornes Namurcensis. Arniilfns Cornes Lossensis. Gisberlus Cornes de Duras. Lambertus Cornes de Monte* Acuto. Wigerus Advocatus. Willelmus de Lossez. Godeschalcus de Merelevers, frater ejusdem Walteri, et alii multi de familia Ecclesiai. Theodericus dePonle. Widericus dePrato. AveUnuH. Lambertus de Hoyo, elArnuIphuH frater ejus. Albertusûe Villier, et Theodericus {vAtei ejus, et alii multi. Aclum Leodii anno Dominicae Incarna! ionis millesimo centesimo vicesimo quarto, indictione prima, régnante Henrico V. anno regni ejus declmo septimo.

'Forte Agimont.

SS- II.

Fondation du prieuré de Bertrée par Watithier de Trognée , approuvée par Adalbéron I", évêque de Liège, en H24 (i ).

Jn nomine S. et individu» trinitatis. EgoAdw/èero Dei gratiâ Leodiensis Episcopus, notum facio praesentihus el futuris fidelibus nosli is, quia Wal- terius de Trudignei, liber homo, tradidit S. Petro el Fratribus Cluniacensis Monasterii, Ecclesiamde Berireiscum omnibus usuariis, decimis et cœteris appendiliis suis in Hanudel in Puceis et in Trudenei et in Evrenais^i). pro salute animœ suie et animarum pairis et matris suae; ea scilicei conditione ut Fratres quos Abbas Cluniacensis ibi Dco serviiuros transmirent, ipsam Ecclesiam et quicquid ad eara periinet ita libère teneant, sicut tent- bat ipse Walterius, et per singulos annos unum lantum aureum denarium Leo- diensis monetae, in Pascha ipsi Francs persolvant ad altare S. Pétri Cluniacensis Ecclesiae.

Hominesvero qui de terra ipsius Ecclesi» beneficiati sunt, et fidelitatem inde fecerunt Waltero, ipsam tenam de manu Prioris Ecclesiae requirant et fidelitatem et servitium iiide Priori ipsius Ecclesiae faciant.

Districlio quoque Villse ad Ecclesiam perlinebit, ita ut Gotescnlcus frater ipsius Walterii, qui Advocatus est ejusdem alodii, medietatem ipsius dis- triciionis de Ecclesia teneat, et per hoc ipsam Ecclesiam et quicquid ad ipsam pertinet ab omnibus iiijuslitiis defendat.

Restaurationem similiter S. Petro et ipsis Fratribus dédit: ita ut medie- tatem iiisius restaurationis Ecclesia, medieiatem ipse Advocatus teneat, Medietatem etiam Chorvede, quœ ipsius Walterii erat eis concessit; alla enim medielas periinet ad Ecclesiam et Abbatiam S. LrtM/c/t^n.Molendinum quoque de Bavignds cum omnibus usuariis suis, et medietatem sylvae de Trudineis ad inte^rum, sicut in suos usus et in dorainium lenebai, ipsis Fratribus dédit.

Advocatiam dédit Godescalco fratri suo et posteris ejus, ea conditione ut ipsam Advocatiam teneant de Ecclesia tluniaceLsi el de manu Prioris,

( ' ) Mir. 0pp. dipl., t. III, fo!. 325 ; Fisen, Ilist. Ercl. Leod., Notât. 13 ad Lib. iX, o6, ad an. il'it. (*) Alias Avernas-le- Baudouin.

24

quem Abbas de Clnniaco ibi transmiserit, et ut nullus sit ibi Advocatus neque Subadvocatus praeier ipsos, et libeitalem ipsius allodii inviolabiliier ipsi custodiant et a malis homiiiibus défendant.

lia enim liberum erit ipsum alodium, et justitiam siiae libertatis retineliit ipsa Lcclesia cuni omnibus appenditiis suis, ut priclei' quod eonstitutura Advocato tcnere de ipsa Ecelesia, id est medielatem districtionis viliae ei medietateni restaurationis, nullum jus, nuliamquo potestateni, aut donii- nium, seu violentiam in ipsum alodium et in homiiies ad ipsam Ecclesiam periineiiies exerceat.

De omni quoque injustiiia quie fiet in ipso alodio, de qua Prior ipsius Ecclesiae placitare debcbit eum fratrihus et hominibus suis, nihil ad eum periinebit, nisi forte ad faciend;im vel retinendam justitiam, quam per se illi diffinere non poterunt, advocetur, et tune de ipsa justitia quam fecerit duos denarios Fiatres habebunt, ipse tertium habebit denarium.

Ex mediclate autem sylvae, qtiam dédit idem WalteriuH ipsis Fratribus, si quis iiijuslitiam feeeiit, pro justilia exigenda duos denarios similiter Fiatres iiabebunt, Ad\ocalus semper ipsius sylvae itrtiumaecipiel denarium.

QuieunKjue autem ad Ali aie Eeclesiœ pertinent et censum ipsi persolvunf, nihil ad Advocatum pei tinebunt, nullum jus nuUamque potestatem Advo- catus super eos habebit, nec implacitabit, neque violentiam de ipsis Fcele- siye faciet, née ad exiyendum de illis justitiam cum Priore sedebit, nisi ab ipso advoceiur, et lune ul dictum est pro facla ab ipso justitia tertiam habebit denarium.

Et hoe quoque statulum est, ut Prior ipsius Ecelesiae cum Fratribus suis ad nullum alium perlineat, vel alicui Cellae appendat, nisi ad Abbatem et ad Priorem Cluniaccnsis Monasterii. Quod si aliter Abbas Cluniaeensis facere voluerit, scilieet ut sub providentia vel polestate alieujus Cellœ vel Priorisalterius hane transponat Ecclesiam, EpiscopusLeodiensis et Advo- caïus fleri piohibe;int, et in defensione atque arbitrio sit illorum hoc Privilegium et hane Constitutionem retinere et tuei i iii perpetuum.

Bona veio quae ad ipsam Ecclesiam sunt collata vel aliquando a fidelibus eiuiit eoiiferenda, ad usus Fratrum ibi Deo seivieiitium proficiant, nec unquam ad aliorum usus conferantur, vel in potestatem extraneorum redigantur.

Hane igitur eleemosynam ipse Wnlterius S. Petro dédit et confirmavit, ut Fratres ibi Deo servientes, ipsum publiée et privatim cotidie habeant in

- 25 -

orationibus suis, et quotidianam absolutionem faciant ei, et tam anniver- sarium suum, quani patris et matris suae anniversaria, in vigiliis et Missis et in c«teris beneficiis suis, devoti recelant.

Quse Constilutio sive tradiiio ut rata et inconvulsa permaneat, banc ad posterorum memorlam sive confirmationem praesenti Scripto mandaviinus, et in generali Synodo cumconsensu sanctse Leodiensis Ecclesise F.piscopali aucioritate flrma\inius et nostro sigillo corroboravimus.

Testes quoque idonei sunt adhibiii et in bac Caria conscripti,

yi«(//w/.sPraepositus et Archidiaconus, .A/c.r«tt(/('rArchidia('oniis, //('«ricMs Archidia<'onus(i),.4/»ir/nttMsArchidiaconus, S/c/;/JoAr(hidlaconus,A/-»î///Ms Canonicus S" Lambeiti, Willelmus, Hcnricus, Steppo Scholaslicus.

Ex Nobilibus atque illustribus Viris,

Godefridus Cornes Namurcensis, Gislebertus Cornes de Durachio, Lam- bertus Cornes de Monte-Acuto.

Liberi homines Goiescalcus Advocalus ejusdem alodii, Adelo Namur- censis, Gerardus de Landinois, Gerardus de Bereis, Gislebertus de Lens, Henricus de Pucei.

De familia S" Lamberli, Humbertus et frater ej us Gorfoîo, Godozode Evienais, Robertus etalii multi.

Actum Leodii anno Dominicae Incarnalionis M. C. XXiV (2). Indictione II régnante Henrico quarto, anno Imperii ejus XXV. sub Adalberone Leodiensi Episcopo.

III.

Echange entre i' prieur de Bertrée et V abbaye du Val-Notre-Dame de trois bonniers gisant dans l'enclos de la Boschaille à Montenukcn (3). 40 avril 1266.

A tous ceux qui ces lettres veront. Nous frères Robert, prieur de Bertrées et tout le couvent de ce mesme lieu de l'Ordre de Clugny mandons salut et

(* ) Hemi, archidiacre de la Hesbaye depuis l'année 1119.

{*; Jusqu'à 1334, l'année a commencé à Liège avec l'Annonciation. <^ 1334 0 Leodii, dit FouLLON, llist. Leod. comp., piimum cœpli anni a Christi natali » numerari, cum anle a pascha, Francorum moribus, incipcrent. »

C) Registre premier du Val-Nolre-Dame de 1661. (Archives de l'Etat à Liège.)

26

connoistre vérité : faisons scavoir à vous tous que nous avons eschangé à nos iionnes amyes l'abbesse et couvent du V;il Noslte Dame proche Huy de rOrdie dt' Ciicau trois l)onniers cin(| verges de lerie de nostre dismage d'Avrenais la Crause, laquelle gisl en parfond val dedans l'enclos de la Boschaillc, pour trois bonniers et deux verges sur honnir de dismage de la devant ditte abbesseet couvent : laquelle terre de trois bonniers eldeux verges doit revenir à nostre dismage d'Avrenais la Crause, et de ce une pièce gisl entre la tombe de Montegny et Crause Avrenais d'un boniiier et demy, laciuelie tiennent les enfants qu'on dist Foui, et une autre pièce d'un bonnier, laquelle gist en cette mesme campagne que Hanekins Louis d'Avrenais hCrause tient; et la dernière pièce, laquelle gist lez \eMnrIier de riiospital d'Avrenais, laquelle tient Jean le lils Gouden de Montegny (i) ; et pour défaut de trois verges, qui nous manquent pour arriérez, nous doit rendre la maison de la Boschaille demy dozin de bled, payable à la mesure de Huy h nostre église à I5erlrées. Et afin que le présent marché soit ferme et stable, avons appendu nostre seel az présentes lettres. Cest eschange fut faitte au jour de la pasque fleurie (s) en l'an de l'Incarnation Jesu Christ MCCLXVl.

( * ) Gouden ou Guden est la traduction flam. de Chnjsanti. Le nom ou l'orlho- jiraphe moderne est Gotjens. (*) Le dimanche des Rameaux.

1

NÉCROLOGE

L'ABBAYE DE MUNSTERBIESRX'

PUBLIÉ PAR

J. Weale, C. cle Bomaii et S. Bormans.

Le Martyrologe dit d'Usuard fut écrit en 875 ou 876, ainsi que Mabillon l'a très-bien démontré. Il en existe de nombreux manus- crits ; le plus ancien est celui qui a appartenu à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés h Paris; il date du neuvième siècle, mais coniient un nombre considérable d'interpolations. Le plus pur comme texte est celui de la Chartreuse de Hérines, près Enghien, écrit vers la lin du onzième siècle; à pari les ajoutes concernant les saints de Reims, il renferme fort peu d'interpo- lations (').

Le texte du manuscrit de Munsterbilsen, qui ne remonte pas plus haut que la première moitié du douzième siècle O, est loin d'être pur : en le collationnant, nous y avons remarqué de fré- quentes omissions de passages et demots, noiammeniaux 2l,!:2o et 27 juin, aux 3, \l 10, 18 et 23 juillet, aux 19,29 et 30 août, au

;') A ce sujet, on peul cousuller la seconde riection île la préface de Sollerius, a l'édilion du martyrologe qu'il a publiée dans le sixième volume des Acin Sditrtonim du mois de juin.

(*) 11 est certainement po-térieurà 11H0.

- 28

10 septembre, aux 11 ,1 5 et 28 octobre, aux 1,2,27 et 28 novembre, et aux 3 et 16 décembre; on y trouve aussi des mets dénaturés, par exemple : mater pour martiris, 8 février ; intra lanopolitn civilatem Tuscie pour in Traianopolim civitatem Thracie, 16 juillet ; - olim Cilicie pour Olimpi Licie, 18 septembre; -Pirasti pour Piniti, 10 octobre.

La concordance fréquente du texte avec celui du manuscrit de Hérines, prouve que ce volume a été transcrit d'un manuscrit, de la famille de Reims. Ainsi, aux 13 janvier, 8 mai, 29 juin, 24 juillet, 2, 12 et 14 octobre, il y a concordance parfaite; aux 15 janvier, 18 et 27 avril, 1 et 29 mai, 1, 3 et 8 juin, 18 juillet, 19 et 25 aoijt, 20 et 25 septembre, 1, 4, 21 et 25 octobre, etl, 3 et 15 novembre, elle est presque complète. Dans d'autres endroits cependant, le texte diffère considérablement; par exemple, au 8 février on lit : Virduni, natale Beati Pauli efàscopi et monachi, ipsius ecclesie restauratoris et rectoris precipnr, âu 11 mars: et Candidusff Gorgonms; —au 25 mars : Apud... Dominica. In loco Calvarie, passio Ipsius. In Cesarea Phylippi, vincula Pétri

apostoli. In Sirmio preconio. Ipso die, ex Egypte transitus

Jiliorum Israël ; au 27 mars : Iherosolimis, Resurrectio Domi- nica; — au 13 avril : In Calcedonia, Eufemic virginis ; au 19 avril : Eodein die, apud ecclesiam Beali Pétri Rome, depositio domni Leonis pape, qui nonus presedit sedi Romane ecclesie ; au 24 avril : Trium puerorum liberalio de camino ignis.... Remis civitate natale sanclarum martirum Bove <?/Dode; au 25 avril : Rome, Letania maior ad Sanclum Petrum, quam beatus Gregorius j.apa inslituit pro maxima clade que tune Romam vas- tabat, sicut pleniter legitur in gestis ipsius. Apud.... Evangelium quod didiscatur nb are eiusdem apostoli ; au 26 avril : Item

Rome, Sancli Marcellini truncatus est, d/ /;os/ (//es triginta

quinque sopuUus via Salaria in cubiculo a Marcello presbitero et (liaconihus, cum yninis; au 30 avril : Eodem die, natale Saiicti Madei-niani, Remeiisis arcliiepiscopi, qui sexlus eandem rexit occlesiam. Eodem die, tvanslatio Quirini martiris; au 2 mai :

- -29

Métis, inventio corporis Sancti démentis episcopi , discipuH Pétri apostoli ; au 10 mai : Apud opidum Barense, translacio Nycholai episcopi ; au 11 mai : Apud Linyones, Beali Gangulfi martiris, longe lateqiie gloriosi miraculis; au 9 juin : Apud monasterium Sancti Germani, dedicatio oratorii in honore Sancti Pétri apostoli ;

- au 11 juin : Eodemdie, Sancti ludoci confessoris, quandoipso célébrante missam primam sue celebrationis rnanus Domini appa- ruit super eum; au 12 juin : In Frisia, Odulfi confessoris ;

au 21 juin : Eodem die, Albani martiris Eodem die, pussio

sanctorum martirum decem milium cum duce suo Agatio, qui omnes sub Antonino principe passi sunt; au 30 juin : Comme- moratio... una, non tamen eadem die, sed evvlulo anni tempore, ut vir disertus Arator scribit; au 13 juillet : In Anthiocliia, Sancte Margarete virginis et martiris; au 15 juillet : Apud

Cartagiiiem, natale Sanclorum martirum Calulini, Eutropii

Item, Iherosolimis, divisio Aposlolorum per quatuor plagas terre ad affirmandum lliesum esse Filium Dei, et baptizare in nomine Elus in remissionem peccatorum. Item, Rome, divisio reliquiarum Pétri et Pauli aposîolorum. Item, Iherosolimis, Victoria Cristia- norum ; au 17 juillet : Item, Spisensis, Sancti Fridegandi episcopi et confessoris ; au 21 juillet : Eodem die, natale Sancti Arbayasti episcopi et confessons;— au 23 juillet : Eodem die, inventio sanclissimi corporis Beati ludoci confessoris ; au 5 août : Transi' yuratio Domini in monte Thabor ; au 1 septembre : Eodem die, dcposilio Sancli Nivardi episcopi. Citera civitate, Saticli Egidii abbatis, quem cerva per annos plurimos lacté suo pavit in heremo;— au 3 septembre : Ipso die, Stabulaus, Sancti Remacli. Tolosa, Sancti Mansueîi episcopi ; au 22 octobre : Eodem die, in civitate Colonia, natale Sancte Cordule virginis ; au 6 novembre : Eodem die, natale Sancti Leonardi confessoris ;

au 23 novembre, la mention de Saint Colombnn, qui dans les textes purs se trouve au 21, occupe la seconde place ; à la lin, se trouve la mention de SaintGoberl qui, dans le manuscrit de Hérines, occupe la seconde place; au 2o novembre:

30 -

Eodem die, passio Sancte Katherine virginis et martiris; au 26 novembre : In pago Remensi, depositio Sancti Basoli confes- sons;— an 43 décemhre : Item, Sancte Odilie virginis preclare. Item, ipso die, depositio Sancti ludoci coufessoris, qiiândo de carnis ergastulo felici consnmmalione migiavit ad celum; 17 décembre : In Anlhiochia, natale Siincli I^nalii episcopi et martiris, qui tercius post Petrum apostolum Anthiochenam rexit ecclesiam, ijuique persecutione Traiani dampnatiis ad bestias Romam vinctus mittitur, decem militibus ad custodiam datas quos ipse in epistola sua oh crudelitatem leopardos vocatur. Cumque iam proiectus ad bestias, rugientes audiret ïeones, ardore patiendi motus, ait : Frumentum Ci'isti sub dentibus bestiarum molar ut panis mundus inveniar. In Affrica, natale Sanctorum Victoris, Victoriani, Adiutoris, Jlonorati, Felicis, Innocenta, et aliorum viginti quatuor.

LES PASSAGES SUIVANTS SONT DES AJOUTES AU TEXTE DU MANUSCRIT '.

4 mai. Festum Corone Domini, duplex. ^2 juin. Eodem die, passio decem milia militum martirumsub Adriano impera- tore et aliis sex regibus. Festum duplex. 2 juillet, Visitatio Marie Virginis, duplex. 9 juillet. Octava Visilalionis Marie Virginis. 26 juillet. Eodem die, (estivitas Béate Anne, malris Dei Genitricis Marie. 5 août. Item, Bononie, Beati Dominici fratrum Predicatorum. ....... de quo debentfieii xii lectiones et

propter hoc h dies indulgentie. 19 novembre. In

Marburcli, natale Sancte Elizabeth, vidue, fllie régis Hungarie. Festum duplex. 21 novembre. Eodem die, Presentatio Marie

Virginis in lemplo. 4 décembre... die. Barbare, virginis

et martiris Festum duplex.

Mais ce qui rend le manuscrit de Munsterbilsen particulière- ment iiiléiessant pour nous, ce sont les passages qui lui sont propres et que nous reprodui^sons ici au long avec quelques autres qui diffèrent considérablement de toutes les variantes citées par SoUerius.

,^»

Janvier 14. Apud Spolelum, passio Sancti Pontiani martiris, qui sub iudice Fabiano virgis cesus, et super carbones nudis pedibus ambulare iussus, deiiide in carcere clausus, post hec eculeo appensus, Inde leonibus obieclus, prelerea super lectum ferreum extensus, et plumbo feivenle siiperfusus, et in hiis omnibus apparens invictus, ad ul'.imum gladio percussus felici martyrio est coronatus.

Février 11. Eodem die, apud Herbodes, Ihenine virginis.

Mars 19. In fuudo Wenlershoven, transiatio secunda post Normannieam iiifestatiouem Sanclorum Landoaldi, Amantii, Vinciane, et Sancte Landrade virginis quam domnus Eraclus episcop'js et Arabertus transtulerunt Belisie, ubi quondam in honore Béate Dei Genitricis Marie nutu divino in proprio fun- davitecclesiam, ubi usque bodie omnibus digne petentibus eius prestantur bénéficia. Anno ab Incarnatione Domini octingesimo etoctogesimo facta est transiatio venerabilis virginis Landrade in Bflisia a domno Eraclo episcopo et Araberto (*).

Avril 27. Proxima Dominica die post Ascensionenj Domini, dedicatio altaris Sancte Marie et Sancti Nycholai et Sancte Katherine.

Juin 7. Traiecto, transiatio Sancti Servatii episcopi, quom Karolas magiuis imperator magna cum vtnerationetranstulit, et obcuius merituni ipse imperator viclorextitit Sarracenorum(^).

Juin 26. Item, eodem die, dormitio Beati lohannis apostoli et evangeliste.

Juillet 8. In saitu belue que nunc Belisia, id est quasi bene elisa, nuncupata est, natale Sancte Landrade venerande virginis

/; Il y a évidemment ici une erreur de la part du scrii)e. La deuxième trans- lation des reliques des saints de Wintershoven eut lieu en 980 (voy. Aciu SS. Manu, lom. III, p. 35, 42, 43, et liilii, lom. 7/, p. (i-20 et 622 . Dans la vie de S. LandoHJd et de ses compagnons, dcrile par Hariger sur srdre de l'ésêque Notger, le prêtre de Winlershoveu est nommé Saraberlus (voy. Acta SS. iVartii, tom. III, p. 37), ainsi que dans riiisloire de la translation des reliques à Gand, écrite par un meine de l'abbaye de S. Bavon {ibUl., p. 43;. Voir l'annexe ci-après. -) Kn l'anm^e 726. Voir Aica SS. Mail, tom. III, p. 217.

32 -

et prime matris huius cenobii,que, dum qiiadam noctis sileniio, in eo loco Omnipolenii Domino ?un vota voveret , ab Ipso immortali Sponso suo crucem miritici operis e celo recipere meruit, et locum quo Sue Geiiilrici M;ii-ie oratorium fundaret, ipso sancto signaculo dedicavit, in quo eciam oratorio impressio eiusdem sanctissime crucis in lapide durissimo usque hodie languide fidei tollil dubietatem {*).... Eodein die, Worreburgis, Sanctorum Kyliani, Coiamanni et aliorum.

Juillet 16. Eodem die, Traiecto, sanctorum confessorum atque ponlitîcum Gundolfi, Monulfi, (jUi unus posl alium Tungrensem ecclesiam vaslatam ab Attilo rege poe-t mortem Beali Servatii resiaurare laboraverunt, donec angelica ammonitione eis hoc nequaquam fieri posse demonstralum est.

Août 22. Floriiiis, Sancti Mauri marliris.

Août 24. Transhitio corporis Beali Amoris confessons ab eo loco ubi antea iacueral in Belisiensi ecclesia

Août 27. Translaiio Sancli Amoris, quem tran.slulit cornes CloduU'uset venerabilis coniunx sua Hilda a Traiecto in Beli- siam (^).

Octobre 8. In teniîorio Tungrensi, cenobio Belisiensi, natale Amoris sanclissimi confessoris Domini. Hic cum essel ex nobi- lissimo génère patriciorum, accensus igné Divini amoris Ihesu

(1) Comparez le pas.<age suivant de la vie de la Sainte par Tliierri, abbé de Sainl-Trond : « Hac taii viîginum niililia, his gymnasiis in brevi locus adolevil, et in oninis humanitalis crescens annosiliileni, non ul prius, a beiuis Belua, sed Belisia, hoc est, bene Elysia vocaii cœpil. » Acia SS. lulii, lora 11, p. 6"2t). L'édi- tion de Surius ajoute : « Sive enim neroorosani iuciinditatein, sive fluminuin aut fontium irriguam spectf>s ubertattm, apiini qiiO(iue et mellis ceream suavitaleni, addila incolarum Chri&tiana religione ; parum et-t , quod dubitas de elysia bealiludine. »

(*; Ces deux passages sont d'une i:LS-grande importance. Voir Acia SS. Oct., toni. IV, pp. 335 à 342. 11 en résulte (pie le corps (Je saint .Amour fut d'abord enterré à Maestricht probablement à l'endroit plus tard lut élevée en son honneur une chapelle, dont l'abbesse de Munslerbilsen l'ut la patronne ensuite transféré à iVIunslerbilsen et enterré dans l'église, et finalement élevé dans une châsse.

33

Gi'isti, patriam suam reliquit Aquilaniam, Romam venieiis, ibique a Sancto celi ianitore Pelro pie in somnis confortaïus, viam quam tenderet et locum cui Tiaiectum est nomeii, ubi postea virtutibus et claris iniraculis ut in gestis eius legitur enituit, ab ipso celi clavigero scire promeiMit. Sanctitatis eius meritum Omnipoteiis Domiuus celare noluit, in liuius carnis materie infirmos curavit, cecos illuminavit, oppresses a demoiie liberaviî, et lampadem quam iiostis humani generis extinxerat celitus Clara luce restauralain accepit.

Octobre 20. Eodem die, depositio Sancti Sindulfi confessons, qui seculus Abrahe pairiarclie exemplum, exivil de terra et de cognatione sua, et oblitus populum suum et domum patris sui ut Domino solo serviret et fecit degens in parrochia Remensi sobrie, iuste piequevivendo,cuius vita quam fuerit Deo accepta tesiantur ipsius miracula que per eius meiiia sunl facta.

Octobre 31. Fossis, eodem die, Sancti Foillani martiris. Cuius eciam corpus dum diu fidelibus latuisset Béate Gertrudi virgini per columnam ignis revelatum est.

Novembre ?>. Eodem die, dedicalio ecclesie Sancti Amoris in Belisia et aliorum plurium sanctorum marliium.

Décembre 1. Ilenj.Weniersoven, tianslatio prima Sanctorum Ladoaldi, Amandi, Laiidrade, Vinciane, Adeltrudis, Adriani, Iuiiani,quostianstulitdigiiacumvenerationeSanciusFloribertus tercio loco post Beatum Lambertum regens Leodiense episco- pium.

Décembie 23. Eodem die, translatio Sancli Lamberti ab ecclesia Sancte Jîai ie in criptam, et eiusdem cripie dedicalio in honore Omnium Sanctorum ( ' ).

(*) La iranslalion des reliques de S. Lambert de l'église de S, Pierre, près MaesU'icht, à celle de Noire Dame à Liège, eut lieu le "li décembre 7!22 Ce lui aussi ie -24 décembre qu'on ea colébia annuellement la tète, jusqu'à l'époque oii elle fut iixée au !28 avril. Notre marlyrologe menlionne une autre Iranslalion ; sou:^ l'église de Noire-Dame fui construite une crypte destinée a recevoir les reliques de S. Lambert qui y furent descendues le û'i décembre (on ignore de quelle année), jour oii la crypte fut en même temps consacrée a Tous les Saints (M. Dakis).

- 34

Nous faisons suivre ici la reproduction des notices nécrolo- giques des religieuses et des chanoines de Munsterbilseu, ainsi que des bienfaiteurs de la maison; malheureusement, nous avons laisser bien des espaces en blanc, car le manuscrit a beaucoup souffert. D'abord, au seizième siècle, leschanoinesses ont gratté et enlevé partout le mot monialis, comme si elles avaient voulu faire oubher qu'elles avaient été religieuses et qu'elles s'étaient sécularisées ; ensuite le couteau d'un relieur barbare a rogné les marges et tronqué les notices qu'on y avait ajoutées. Nous aurions pu omettre celles-ci, mais nous avons cru mieux faire de re[)roduire exactement tout ce que nous avons pu déchiffrer. Peut-être plus tard, quelqu'un pourra-t-il compléter le texte au moyen d'autres documents, car, si nos renseignements sont exacts, il doit exister entre des mains particulières, à Malmedy ou dans les environs de cttle ville, une partie considé- rable des archives de l'abbaye de Munsterbilseu.

December.

■24. Commemoracio Marie de Tille, olim ahbatis?e huius ecclesie (i), que legavit iii s. Renenses. Obiit Aleydis van der Tangflryl, que legavlt duodecim vasa siliginis inler caiionicos, di miceilas, lapellanos et de.ser- vitoies, pro una persona, divideiida in paradiso.

30. Gedefiidi. Obiit domnus Cuniaidus de Sevenbeighe, qui legavit nobis unam caaulam

Ianuarius.

1. Co. Aleydis de Motenaken, matris donini Balduini, sigilliferi LfO- diensis (2).

( ' ) Marie de Tiiys i en flamand de Tille fut élue abbesse de Munsterbilsen en ■1497 {Analecles pour servir a l'In/stoire ecctésiaxiique de la Belgique, t. IX, p. 34P), et mourut, selon son épilaphe, le "2'^ décembre 1498. Son nom ne figure pas dans la liste des abbesses donnée par Wollers.

(*) Le porle-scel ou nioJlUfer de Liège était le {,'rand vicaire, qui devait néces-

3o

2. Co. Magarete de Eyneberch.

3. Co. Bénigne, quondam dumicelle huius monasterii doinne

de Peierst-m, que legaviic<in\entui dimidiura modium siliginis.

5. Co. Ghisbeiii de Montenakin , pairis domni Baldiiini, sigilUferi Leodiensis. Co. domni Godt fridi de Wilre, qui legavit nobis se|.tem vasa siliginis inter prescnies.

6. Co. domiie de Milledonck, nnde habenius viii vasa siliginis inter présentes. En marge : Co. domicelle Lucardis Mey\eldcrs, unde habemus xxiiii virgalasprati sitas 1er ass et pei unie inde provenientes(i)dividuntur inter présentes. Sunt magne vigilie an;e ferrum.

7. Co. domni ludoci Vasirat, unde habemus viii vasa siliginis inter canonicos,domiceliasetcapellanos, deserviiores et matricularios présentes, prouna persona, supra domum et curtim lohaniiis Moers in....

8. Co. Wilhelmi Moelenberch, unde habemus vi vasa siliginis inter canonicos, domicell.is el capellanos présentes, supra hospilium lohannis Andrée, iuxta domum Saiicti Stephani. Co. magistri Fleiieri Scoefs de Blisia qui legavit sex vasa siliginis inter omnes equaliler dividenda.

9. Obiit Cunegondis pie memorie. Co. Lamberti layci. Co. domine Margarete de Pyetersum et filiarum suarura.Sunt magne vigilie ante corum domiiiorum.

10. Co. Arnoldi, militis de Weiham, et filie sue lohanne, pro quorum anniveisario habemus unam deeimam apud Welne.

11. Co. Lamberti. Co. Margareiede Authoesselt, pro cuius commemo- racione el parentum suorum ft amicorum habemus annuatim v vasa cum dimidio frumenli mensure Tongrensis, de quibus fiunt magni panes.

12. Co. Luburgis et Elyzabeth.

sairernent faire partie liu cliapilre de S'-Lambert., à Liège. Or, ie grand vicaire Handuin Ho Montenalien n'est pas cili.' dans les listes des chanoines de celte cattiédralti. On y trouve bien un Bauduin de Monlenaken en I3(i4, vice-doyen en 1376, chanlpe en 1380; mais celui-ci est désigné comme étant fils du chevalier Guillaume, châtelain de Monlenaken, seigneur de Herck, etc., et de Josine, fille de Warnier d'EIzée, dit de Dave De Theux, l.e chapitre de S^ Lambert, à Liège, t. II, p. 1 lo ;, tandis que notre grand vicaire était fil? de Ghisbert (^t d Aleide { voyez 5 jtttivie<-',. On ignore si Bauduin, fils de Gilbert de Monlenaken el vicaire-général de l'évoque, était chanoine de la cathédrale; car ce ne fut qu'à partir du W' siècle que le vicaire-général devait être choisi parmi les chanoines M. Daris . (*) En marge. Nunc ii golt gulden

~ 36

16. Co. Marie de Kenswilre.Co. domicelle Margarete Pynnock( i),unde habemus vi vasa siligiiiis et iiii virgalas prati infer canonicos et doraicellas, etc. Co. lutte de Kessel, qaondam decanisse huius ecclesie (2), que legavit xii vasa siligiiiis iiiter canonicos et domicelias.

17. Co. Mechiildis abbatisse de Petersora. Sunt magne vigilie ante altare Sancti Andrée.

18. Co. Laureniii Pistoris, presbileri, qui legavit vi vasa siliginis inter oranesequaliier dividenda.

19. Co. Egidii presbileri. Co. Elyzabeth de Drumen, que legavit iiii vasa siliginis inter omnes. Co, venerabilis domni lohannis Waikerfs), canonici huius ecclesie, qui legavit pro anniversario suo xi virgatas prati, et fil corn...

20. Co. Cristiani de Horreo, unde habemus iiii vasa siliginis mensure Traiectensis; lucrantur canonici et capellani.

21. Co. Aleydis Coci pie memorie in Cristo. Obiit Renerus Balduini, villicus de Hex, unde habemus vi solidos bone monete et vi capones apud Wange.

22 (4). Corn. Godefridi militis de Sconwinkelcqui legavit conventui Beli- siensi t'ni'* honunria terre in Rosmeir, et de dunbus curtibus in Udenberge xix denarios Leodienses, videlicet : de prima curti vi denarios, qne curtis nulla alla iura solvit prêter illos vi denarios, et de altéra curti xiii denarios, et eciam solvit \i denarios de aliis iuribus. Commemoracio Marie de Bruysthem.

25. Corn. Oltonis imperatoris{s). Obiit Beatrix de Oplewe bone

memorie.

24. Co. Amelrade abbatisse. Obiit lohannes démentis, pro cuius anni- versario habemus annuatim tria vasa siliginis.

( *) Marguerite Pynnock était chanoinesse ; elle assista à l'ouverture de la châsse de Saint Amour en iinl. V. Acta Sanci. Oct., t. IV, p. 336, le nom est imprimé par erreur Fyiinock.

(*) Jutte de Kessell, chanoinesse en 1437 (Acta SS., loc. cit.), était doyenne du chapitre en 1497 {Atialecte.i ecclésiasiiqne.i, loc. cit.).

[^) Jean Walker, chanoine, assista à l'ouverture de la châsse de Saint Amour en 1487 {Acta SS., loc. cit. \

(*) L'ancien manuscrit commence ici; la partie qui précède paraît avoir été recopiée au XIV» siècle.

; " . Pour l'empereur Otton, bienfaiteur du chapitre, v. Wolters.

- 37

25. Co.Algardis. Co. domni Arnnldi de Meroede, filii de Hoffalizia, qui obiit anno Mquiiigentesimo seplimo, ipso die Beati Pauli apostoli (i.

26. Co. Ainolde de 0|iiewe bone memorie.

27. Co. M ibilk (i) . Co. Yrmgiinlis de VValdech, quondam abbatisse hiiius monasteni (3), unde haliemus caput argentcuin Sam ti Anioris et mulia alia bona. SunI magne vigilie ante allare v... marlirum.

28. Co. Ermentrudh. Co. hertoch Philips van Cleve, hère tôt Raven= sfeyii ; henfft gelaeten eyn gelaesvyiister in den hoghen ooer (4).

29. Com. magistri Wilhelmi Nycoi de Oesteiwiicli, quondamcanonici nostri, qui legavit nobis hereditarie pro anima sua ac parentum suorum xii vasa siliginis inter présentes in paradiso.

50. Co. dnmne Aleydis de Brunson-n l)one memorie, olim abbatisse huius monasterii (3), in cuius aimiversario distribuuntur viginii octo vasa siliginis mensure de Rumunde, presentibus equaliler dividende, tam canonicis quam domicrllabus; pre entibusdividctur.

31. Co. domni Waltcri de Wilre, qui legavit octo vasa siliginis inter présentes , scilicet : domne abbaiisse pro duplici persona , canonicis, domicellabus velatis ei duobiis miiiisiris, pro una persona, sed capellani et deservi.ores habent per eorura alibi per

Febrlarius.

5. Com. Gude.

i. Com. domni de Sarni et domicclle Meglildis de Fayt, et patris sui, domni Egidii, et ma! ris sue, domne Adde, pro quibus habemus apud Welien xiiii vasa siliginis inter présentes.

( * ) Arnold de Mërode était fils de Richard, seigneur de Frentz, et de Marguerite d'Argenleau, dame de HouH'alisc. il devint Iréfonoier de Lambert le 22 août 1487. Chanoine d Aix, il devint archidiacre de Hesbaie le IC décembre 1503, et trépassa le 23 janvier tot'i7 i B"" DE VoRST GuuENAU ;. Cfr. 14 février, 19 mars, 18 septembre, 12 novembre.

(') Elle vivait en 1130.

( ' ,' L'abbesse Ermengarde de Waldeck paraît avoir succédé ( Aleydede Brunshorn, qui occupait la dignité abbatiale en 1303 (Aualectes ecclésiastiques^ t. IX, p. 339 .

(*; Le duc Philippe de Clèves, seigneur de Ravenstein, est probablement le fils d'Adolphe de Cièves, seigneur de Ravenstein, qui combattit les Liégeois en 1466. Il mourut vers io2a (M. Daris).

(°) L'abbesse Aleyde de Brunshorn est citée dans une charte de l'an 1303 (WoL- TERS, Notice sur l'abbaye de Munsterbilsen, p. 69).

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5. Co. Waîteri.

6. Co. Everardi, sacerdotis. Co. Elyzabet de Hex, decane, pie memorie, que legavil nobis multa bona.

7. Co. domni lohannis de Beke, quondam nostri canonici, qui legavit nobis sex vasa siliginis Lo.ssenis inter présentes.

8. Co. domni lohannis Quirini, qui legavil nobis iii florenos HoUandie semei daniis.

9. Co. Goesswinus Brecht et Elizabeth de Wyfflet, uxoris sue, qui legaveruiu unam lasulam de flueto pie memorie in Cristo.

ll(i). Co. Beatriiis.. ....... pie memorie in Crislo.

i2. Co. Bute

15. Commemoratio Benneri mililis de Hex (2), undehabemus annualim unum Niodium spelte apud Hex.

iA. Co. ludith. Co. domicelle Katherine de Kempenich, que legavit nobis hereditarie unum modium siliginis mensureTraiecteiisis. Co. nobilis et generose domicelle Elizabet de Meroda, alias de Huffalisia, que legavit unum modium siliginis mensure Traiectensis (5).

15. Commemoracio Guede de Oirsvelt, decanisse, que legavit nobis pro anniversario suo xx vasa siliginis mensure Traiectensis inier présentes, et cantaniur magne vigilie.

16. Co. lohannis Coci unde liabet iiii vasa siliginis.

18. Co. Bycmudis et Ide.

20. Co. Mcclifildis. Co. ililgardis de Suardenbergh.....

21. Co. Meglildis, Beggine de hospitali, que legavit conventui sex vasa siliginis iacentis....

22. Co. Elizabet de Welham,.,.... pro qua habemus sicut in alio libro

scripium est. En marge ............. mensure Traiectensis inter canonicos,

domiceilas velalas, cappellanos, deservilores et duos matricularios pro una persona equaliler dividenda.

'*) Le feuillet 58 du ni,imiscr-it, depuis Je îl jusqu'au 17 février, a élé rocopiO au XIV siècle.

(•) Ce Renier, chevalier lie Hex, est probablement le môme que lienier dit Tallar de Hex, qui vivait au XIV'>; siècle (DAltls, Notices sur les églises de la priiicipaulé de Lié(je, t. II, p. 43).

(*; Elisabeth, .sœur d'Arnold de Mérode ( voir au 25 janvier), chanoinesse de Munslerbilsen, décéda le 14 lévrier 1540 B"" un Vokst-Gudenau).

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25. Co. CUtricie. Co. Gertrudis, laice, et Ciistine, iaice. Cora. Eiizabet de Hud pie memorie in Domino Ihesu Cristo.

24. Commcmoratio Gisilberii, mililis, et uxoris eius, Aleidis. Obiit M;iria de Foys, pro qua habuimus xi griffoiies semel in paradiso.

25. Co. Megiildis decane de Andenne, pro qua habemus sicul in alio libi'o s«Tiptum est.

26. Co. domiie Aleydis de Wethame, pro cuius anniversario habemus ut supra.

27. Co. domni lohannis de Diepenbeick , cappellani , unde habent canonici, domicelle velate, cappellani, deservilores et matricularii sex vasa siliginis heredilarie.

28. Co. domicelle Aleydis de Guytschoven, pro cuius anniversario habemus inter omnes canonicos, domicellas, capellanos et deservilores présentes exceplis non iii raodios spelte in paradiso.

Martius.

i. Co. Cristine deMillen. En marge : Co. parentum.,. Dune et prior... feria quinla

2. Co. Godefridi van der Tangelriit et Katherine, sue uxoris, paîris et, Qiatris Aleydis van der Tangelriit, unde habemus octo vasa siliginis inter canonicos, domicellas velatas, cappellanos, deservilores et matricularios pro una persona.

3. Co. Aleidis abbatisse.

4. Co. Gcyle. Co. Katherine de Kempene, que legavit dimidium bonua- rium terre iacentis in Hex ad pisces in vigilia lohannis Baptiste presen...

cum mag ganorum. En marge : Obiit Henricusde Hacoer, et Maria,

eius uxor, pro quibus habemus vi vasa spelte iacentis in Hacoer ad pisces in vigilia lohannis Baptiste presentibus tantum.

5. Co. domicelle Heylwigis de Warous, que legavit canonicis, domicel- labus velatis et superpelliciatis, cappellanis et deservitoribus presentibus duodfcim vasa siliginis; iiide habebunl matricularii duos deiiaiios. Obiit anno Dumini millesimo (luadrlng^'nle^imo quiiiquagesimo... in paradiso... En marge : Commemoratio Boiielta de Overvelde, unde habemus iiii vasa siliginis ad pisces que dislribuunlur inter présentes in capite ieiunii. Obiit Gherlacus de Bruchchennoy et Elyzabeth, tilia eius.

40

6. Co. Gertrudis et Berlhe. Co. Elizabet scolaris. Co. domni Theoderici dicii Capellani, olim canonici huius ecclesie, qui multas possessiones convenlui legavit ut in aiio libro coniineiur pie.

7. Co. Odegevc. Commenioratio Clemencie de Hachurt , pro cuius commemoralione habemus unum modiiim spelte annuatim apud Hex. En

marge : Co. lutte de s, que legavit nobis grifones pto anniver-

sario suo.

8. Commemoracio Beatricis de Beverst, que legavit quatuor vasa sili- ginis. En marge : Commemoracio parentum domni Nycolay de Âbelens, quondam nustri canonici.

9. Co. Hildcgardis. Obiit Elizabet decana de Sureh

10. Co. Volfardis.

i\. Co. Claricie pie memorie. En marge : i quondam ctanonicus

Sancii lohannis in Leodio, pro quo habemus vasa siiiginis; distri-

buunlur p raium ad iacent iuxta.

Co. Henrici.

15. Co.Wolteri de Ghenka.

14. Co. Sibilie. Co. LodowysePynnock,domicelIe(i), decem vasa siii- ginis dividenda inter canonicos,domicellas,capeilanos et deservitoribus... ilur in paradiso.

15. Co. Hildcwaris. Obiit domiceila Maria de... l...emonte.

16. Co. Adelherli, presbiteri, et HUdcgurdis. En marge : Commemoratio Richardi Meyiiveldor, militis, et Meclitildis, eius uxoris, unde habemus vi vasa siiiginis que distribuuntur |)ro piscibus in vigilia Omnium Sanctorum.

17. Co.Gerardi. Corn, domicelle Marie dicte RugreffyndePsa..lmen(2), domicelle in Thoren, que reliquil ecclesie nosire unum lavacrum sive vas argenleum. Co. domni Ade de Merhem, qui legavit pro anniversario suo septem virgalas terre arrabilis site rétro ..cto inter ..es.

18. Co. Helesendifi. Com. parentum Certrudis de Becoven, decane, unde habemus xii vasa siiiginis inter présentes dividenda.

19. Co. Bezele. En marge : Domnus lîeynerus de Meroda, filiusde Huf- falizia, miles, obiit anno xv nono, undecimo die mensis Aprilis (3).

(*) Louise Pynnock es^l citée comme chanoinesse en I i97 et I0II.

i*/ Probahlement Marie Hingrave des comU's de Salni (fille de Jean, mort en 1306, et de Marguejile Horion d'Ordenges , femme de iS'icolas Blllte^^wyck dit de Passart, seigneur de Miieer et grand bailli de Bilsen ,B"» de Vorst-Gudenau).

(*] Renaud de Mérode, frère d'Arnold (voy. 25 janvier), est le fondateur de la

41

20. Com. Margretede Bigarde pie memorie.

21. Co. Ellenburgis , Berte , Wiburgis. Cora. Gertrudis de Becoven, decane, pro cuius anniversario habemus xxviii grosses pagamenti inler présentes dividendos raarcum unum gr versario

22. Co. G ich comitiset eorura qui wegoreta?'iuguiari f...t (i) lera=

pore Henrici imperatoris quarli.

23. Co. Barbare , quondam domicelle sive pedisseque domne Cone- gundis (2) de Dune, abbatisse Sancti Amoris, que legavit convenlui iiii vasa siliginis.

24. Co. parenlum domicelle de Versen, que legavit pto anniversario eorundeni iiii g. de raoneta Florenensi recipiendos ad coquinam, et sex g. eiusdem monele quos solvet decanus de Wilre de bonis suis, presentibus in paradiso.

25. Com. Godefridi et Beatricis. Co. Agnetis de Elderen pie memorie in Cristo. Co. Henrici Stas,braxatoris nostri,qui legavit xii vasa siliginis, vel pro illis xxiiii florenos communes.

26. Commemoracio Lucie de Waldich , miletissa de Oelburk pie memorie in Christo. Co. Gertrudis, matris int Bayhuys, que legavit nobis vasa siliginis hereditarie.

27. Co. Geve. Co. Loretle de Scuenenberch, decane huius ecclesie, unde habemus sex vasa siliginis inter doraicellas présentes superpliciatas ad vi... in festo Béate Katherine virginis, in paradiso.

28. Co. Elyzabeth Co. Gerardi de Scoenbeyck, armigeri, unde

habemus inter canonicos, doraicellas, capellanos et deservitores v vasa siliginis hereditarie.

29. Com. domni Arnoldi de Cruchen, de cuius anniversario habemus xxxiii gr.

50. Co. Yde, que legavit conventui annuatim septem vasa siliginis in die Beati Benedicti abbatis, 31. Co. Lambert».

branche des seigneurs de Frenlz, d'où sorteat les comtes de Middelbourg et d'Oigiiies. il épousa Adrienne de Bois de Melio, dame de Moperlingeo, etc. (B"" ii£.

VORSI-GUUMIAD).

t'j Peul-èlre faudra-t-il lire iugulaii fuerunt. ( 0 ) Cfr. le 9 septembre.

42

Aprilis.

1. Co.Ude{i). Co. dbnmi Rasonis, quondam cappellani huius ecclesie, qui legavit nobis annuatim xii vasa siliginis.

2. Co. Reinnudis. Co.Iohannede Stordeur de Hex,undehal)uilcuslodia ecclesie sex coronas Framie semel datas.

5. Co. Ide. to. Aleidls de Jlo..est pie memoiie in Clirislo. En marge : Anniversarium lohannis loerskens et Katherine, eius uxoris, uiide habel luminare ecclesie Sancti Amoiis dimidiuni florenum ad et supra curtim et mansionem Adam Pelri dicti Timmermans in Bokenbilsen iacentes iuxta F..sam.

4. Co. Aleidis abbnfisse. Obiil Mectheldis Corn, Vargarete de

Cronendael bone memorie

6. Co. Ricmnre. CommemoracioHeylwigis deEyneberch, unde habemus xiiii vasa siliginis inter présentes, que obiit v Aprilis anno xlviii, in paradiso.

7. Com. Marie scolaris.

8. Co. Mechtildis Kelb'ners, necnon sui palris Wilhelmi Kelleners, cl Mizabt^t, sue matris, que legavit octo vasa siliginis inter canonicos, domi- celhis velaïas, capellanos, deservitores, malricularios, pro una persona, equaliter dividcnda in pamdiso. En marge : Co. Elisabeth Kellena... unde habenius octo viriiatas prati.

9. Obiyt lûhanna Caproiis, unde habenius dimidium flo in Ho

inter présentes.

40. Co. domni Gerardi Dormens, pastor ecclesie parochialis, et cano- nicus huius ecclesiarum, qui legavit pro annivers.irio suo inler omnes unum modlum siliginis mensure Traieclensis.

li. Co. Megbtildis, comitisse. Co. domni Nycholai de Abolens, canonici huius ecclesie, unde habemus unum niodium siliginis. En marge : Com, Herîrîci Pieiersum tiliorum unde habemus.

12. Co. Hugoiiift, Leodicnsis episcopi, qui legavit ecclesie et conventui Belisiensi octoginta libras alborum.

iô. Co. Sivardi de Sureiibach bone memorie. En marge : Co. domni lohannis Mouwen, capellani huius ecclesie, qui legavit pro anniverbario suo inter omnes sex vasa siliginis...

(•) Elle vivait en H;J0.

43

14. Co. Henrici, archiepiscopi. Et Katherine...

15. Co. Hadwidis, decane, et Heyleividis, Henrici decani. Co. Beatricis...

16. Co. Adeleydis.

17. Co. EmtachU, sacerdotis (i). Com. domicelle Marie de Verses.

18. Co. ludith. Co.Sophye de Phauwis En marge : Comrnemoratio .

domicelle Gertrudis de Hervé (2), unde habemus vii vasa siliginismensure Traiecteiisis inter canonicos, domicellas velatas, capellanos, deservilores et inatricularios pro una persona présentes distribuenda.

19. Co. Andiee de Oversteyn, Schonetle eius uxoris (3), lohaiinis de Sconenborch, Elizabeth eius uxoris (4), ac parentum etamicorum eorum, unde habemus sex vasa silijiinis inter canonicos, domicellas superpelliciatas, capellanos et deservitores présentes distribuenda.

20. Co. Ricre,nbbfitisse. 8oï[ih'\aohï\[...

21. Co. Agnetis de Simpyr s piememorie.

22. Com. Dyne pie memorie. pro qua habemus. Eti marge : Co.

Henrici de Surenbach, unde habemus quatuor vasa siliginis.

25. Co. Margarete de Bomalia pie memorie in Cristo.

24. Co. Hcyleu'ipis. Co. domicelle Berte de Loveric.

25. Co. IdeetThome. Com. maj^istri Henric'i de Houthorne, canonici noslri, pro cuius aniiiversario habemus xii vasa siliginis inter présentes tanlum et canonicos.

26. Co. Theoderici Mans, matricularii et cellarii huius ecclesie Sancti Amoris, qui legavit pro anniversario suo et eius uxoris Marie, unde habe- mus unum florenum < um dimidio ad et super omnia bona sua siia in Munsterbiisen inter canonicos et domicellas et ceteros capellanos.

27. Com. Gerlaci, laici, qui legavit conventui et abbatisse decem libras.

(1) Il vivait en 1130.

(*) Gertrucle de Hervé était chanoinesse ; elle assista à l'ouverture de la châsse de Saint Amour en i4S7 (V. Acta SS. Oct. t. IV, p. 336 .

(^) André d'Oberstein et son épouse Schonelte Jannette) de Bursrheidl ffille de Richard et d'Elisabeth), vivaient en 1381-1412 Fahne, t. !, p. 307). Humbracht dit que la femme d'André était une Hûrth de Schônerk, fille de Richard et d'Anne de Burscheidt. Nous ignorons laquelle des deux opinions mérite confiance, mais nous sommes tentés de suivre Hiimbracht, M. Fahne étant en contradiction avec lui- même, car il parle aussi de Schonette d'Oberstein, née de Hiirth, dans son article H'ùrih (B"" DE Vorst-Gl'DENAU).

(*) Probablement Joaii de Schônenburg et Elise d'Oberstein qui vivaient en 147-! Cette Elise était la nièce d'André d'Oberstein (B"" de Vopst-Gudenap;.

29. Commemoracio Aleydis démentis, de qua habemus annuatim iii vasa sillginis En marge : Co. domni Hermanni de Wydoy, quondam cappellani dcclesie Sancli Amoris Blisiensis, unde habeiU canonici, capel- lani deservitores, domicelle velate, necnon duo matricularii pro una persona quatuor vasa siliginis supra domum ipsius domni Hermanni cum suis attinenciis,

Maius.

i. Co. Cunonis. Co. Katherine de Elderen... pie memorie.£« marge : duo bonuaria terre pro ariima sua et pro animabus mariti sui et amirorum omnium siiorum.

2. Co. Willelmi, matricularii, qui legavit conventui unam domum cum curti et dimidium bonuarium terre arabilis.

5. Co. Hndt'widis.

i. Co. Heylewivis. Corn. lohannis Dessen, matricularii Saneti Amoris Klisiensis, qui legavit conventui vii vasa siliginis hereditarie.

5. Co. Luburgis {^).

6. Co. domni Theoderici de Havert, canonici Blisiensis et decani Saneti Servatii.

7. Co. lohannis Boest, quondam canonici huius ecclesie.

8. Co. Heylewivis.

iO. Co.Ide. Co. Elisabet de Warras...... pro qua habemus xxviii vasa

siliginis et mar iii per

^l. Co. domni Willelmi de Curlersen, quondam canonici nostri, qui legavit nobis.

12. Co. Luthgardis. Com. Margarete de Ondricken iunioris bone me-

rnorie. Co. Yde de Curingen alias Persoens, unde habemus iiii vasa

vino in die... fioationis. En marge : Co. Henrici Plucken et Katherine, sue uxoris, qui legavit pro anniversario suo quinquc virgaîas prati iacentes iuxta pascuam dictara die zwunen wey, et undecim virgatas terre iacentes iuxta den bltckers inter omnes equaliier distribuendas.

13. Co. Gude. Co. domicelle Aleydis de Rode , que legavit inter présentes vi vasa siliginis. En marge : Commemoratio Hermanni Beulleu

( * , Elle vivait en H63. Voyez Woiters, op. cit., p. 49.

4o

et Agnetis Surlef, sue uxoris, qui dédit nobis unum nobile ad pavimentum.

ii Co. Aleydis.

16. Corn. Margarete de Gusghoeven (i), decane, in paradiso sex vasa siliginis mensure Lossensis.

18. Commemoratio Ri<-,oldis sacerdotis.

19. Commemoratio Aleydis de Hex et in magno libre requirantur

bona sua scripia que ecclesie et convenlui ex parte ipsius remanserunt.

21. Co. Hugoniii, sacerdotis. Com. domni Heynrici Mutzelinxs, quondara canonici huius ecclesie.

23. Co. Werenzonis, presbiteri, et Odilie.

25. Co. Henrici.

27. Co. domni Nycholai Baiart, canonici huius ecclesie pro que habe- mus....

51. Co. Knnonis, «anonici, qui legavit conventui iiiie'" bonuaria.

lUNIUS.

I. Co. Marie de Hollenioirs, que legavit nobis xxiiii florenos Renenses. 5. Co. Heylewigis decane.

4. Co. Megtildis pie memorie in Cristo.

.5. Commemoratio Sophie boue memorie.

7. Commemoracio lohannis de Herc, pro cuius anniversario habemus inter présentes x vasa siliginis.

9. Co. Deçienradi, Heizelonis, ludith et Ode ei

II. Co. Mechiildis pri que legavit unum vas siliginis ad raatu-

linas.

12. Co. Gerardi de Louveric, unde habemus quatuor vasa siliginis in nocie Annunciationis Béate Marie in vino.

13. Co. Gerfrudia abbatisse {2). Obiit domnus lohannesCoci,unde habe- mus vi vasa siliginis.

14. Co. lutte cellerarie, que nobis fecit et legavit multa bona.

15. Co. Ermegardis de Waldegghen.... bone memorie in Cristo (3).

16. Co. lohannis Scoefs de Blisia, unde habemus octo vasa siliginis

* 1 Celto doyenne vivait sous l'épiscopat de Jean de Heinsberg. (■^) L'abbesse Gertnide intervient dans des actes de tlTô et itSt (•■') Comparez le 27 janvier.

46

inter canonicos, capellanos, et domicellas velatas et matricularios pro una persona equaliler dividenda.

17. Co. Sibilie et Engelberte {{). Co. Rolandi de Grevenbroeck(2), unde habemus unum modium siliginis Tongrensis inter canonicos, domicellas velaïas, capellanos, deservitores el matricularios pro una persona.

18. Co. Elisabet de Leute bone memorie in Crislo. Obiit lohannes de Merode, miles (3).

19. Co. domni Ghiseberti Lambrechs, unde habemus quatuor vasa siliginis inter canonicos, capellanos, deservitores, domicellas velatas et malricularios pro una persona. En marge : Co. Agnelis de Riclet, que legavil conventui octo griffones semel.

-20. Co. Aleydis de Louveric, unde habemus quatuor jvasa siliginis in nocte Annunciationis Béate Marie in vino.

21. Co. Arnoldi. Co. Lamberli de Rede.

22. Co. Ave.

23. Co. Hermensendis comitisse. Co. dorani lohaniiis Keeckman (4), canonici, unde habemus xii vasa siliginis inter canonicos, domicellas velalas, capellanos, deservitores et matricularios pro una persona equaliter dividenda unde ha custodia....

25. Co. Reinboldi militis.

27. Co. domni lohannis Vroens, canonici huius ecclesie,unde habemus X vasa siliginis inter canonicos, domicellas, capellanos, deservitores dividenda.

28. Co. Henricieomitis.

50. Co. Marie de Groninchen pro qua habemus

IULIUS.

2. Commemoracio domne Goetscule de Orreo (5) pie memorie in Crislo, unde habemus unum florenum.

( *) Eng-^lberta vivait en 1430.

{2) Roland de Grevenbrouck vivait en 1447; il était filt. de Robert et de Jeanne d'Arendael.

(') Le grand nombre de Jean de Mérode ne permet pas de classer celui-ci. La qualification de milet, supprimée à pai tir du xvie siècle, prouve que ce personnage était assez ancien ( B°" de Vorst-Oudenau ).

( i) Jean Keeckman (et non Heeckmans) assista à l'ouverture de la châsse de St- Amour en 1457. V. Acta SS. Oct., t. IV, p. 336.

(*) Probablement la mère de Godesclialca de schueren, doyenne puis abbesse de Munsterbilsen, décédée le 6 septembre 1390. V. C. de Borman , Le livre des Jieff. du comté de Looz^ p. 212.

4?

5. Co. Âleidis de Elen pie memorie in Cristo.

4 Co. AU^dis oomiiisse. Co. domni Amelil, canonici ac scolasti<'i ecclesie Sa;)cii Lamberti , pro que habemus vii vasa siliginis mensure Traiectensis.

5. Co. Sibiîie decane, pro qua habemus xvi solidos bone monete et

grossos ciim tribus...

6. Co. Alexandii episcopi.

7. Commemoratio domni Godefridi de Le... presbiteri.

8. Co. Gertrudis decane.

40. Co. Lamberti decani, qui legavit nobis annuatim ix vasa siliginis.

15. Co. Meglildis de Sconwinkele, que legavit nobis riii bonuaria terre et xix dennrios Leodienses de duabus Ctirtibus, videlicct, de prima ri denarios, et de altéra xiii denarios. Prima nulla alia iiira solvit; altéra solvit vi denarios de aliis iuribus, scilicet abrenuntiando et de lirentia. En marge : ObiitOtliliade Batenborch annoDomini miilesimo quiiigentesimo vicesimo quinto, ipso die Sancte Margarete, de cuius aimiversarlo habemus viginti quatuor vasa siliginis mensure Traiectensis inter omnes equaiiter divi-

denda. In missa canltur corn et ministratur in missa iiigris tunicis,

et est....

14. ObiitOda de Hamme bone memorie. En marge : Commemoratio... dis....churt.

15. Obiit... dis parvula,crius anima perhennipotiafurgloria.Ewwarfjre:

Commemoratio d monis m...s de. penich unde habemus viginti

unum florenos.

16. Commemoracio Daidewini de Hex, unde habemus xii vasa spelte inter présentes divideiida.

17. Co. Godefridi ducis (i) et Giselberti canonici.

19. Commemoratio lohannis tiiii Heinrici de Surenbach, unde habemus quatuor vasa.

20. Commemoratio domni Leonii de Cruce de Bouchenbilsen, unde habemus unum modium siliginis.

21. Commemoratio Conegundis.

22. Co. Clvmcntie. Commemoratio lohannis braxatoris, et Margarete, eius uxoi is, et Andrée villlci.

n ) Peut-être le duc Godefroiil (jui figure dans une charte de 1096 apiid Wolters. p. 45 (M. Daris-,

48

23. Co. Gilberli pistons, qui nobis legavit apud Hoelbeke. Commemo- racio Marie decane de Reymersclael bone memorie in Cristo.

24. Obiit Henricus sacerdos, qui nobis legavit tria bonuaria terre et ii solides census.

26. Co. domiii Reneri deOrreo, milifis( i ), pie memorie in Cristo,unde hahemus unum floreniim. En marge : Comm moratio AVimnari de Bruch- gliennoy, imde babemus iiii \asa siliginis que disiribuuntur cum iiii vasis in capite ieiunii ad pisces. Obiit Mechtildis et Alardus.

27. Co. Gotronis marchionis (i).

28 Co. Agnetis de Schonech, legavit hereditarie xiii vasa siliginis domicellabus, canonicis et capellanis presen'ibus unum modium siliginis currentis mensure Triiieclensis domicel abus el canonicis in paradiso.

29. Co. Lodowici comilis de Lan {ô).qui legavit conventui Belisiensi qua- draginta solidos Leodicnses super cambam que est in Bucholtbilsen.

51. Co. Godenuli de EUIris. armigeri (4), parentum et amicorum eorum. Co. VValteri Bruynshornen.

AUGUSTUS.

1. Co. Magni et Athellardi, et Luthgnrdis comitisse que Werevelt et

partem silve Sancto contulit Amori. En marge : Commemoratio domicelle

filie mo...... que oliiit anno Domini millesimo qningentesimo

quadragesimo primo, que legavit pro anniversaiio quindecim virgatas terre aiabilis et sex vasa siliginis inter omnes dividenda,sed non gaudebunt iuniores. Legavit etiam ad fundationem misse Sancte Trinitatis...

( '1 Nous avons eu des membres de celle famille au 20 janvier et an 2 juillet. Ils prenaient leur nom du fief de Schueren (en latin horreiim) près de Bilsen. HEMJUCOUitT, .Viroir des iwblea^ p. i>49, cite un chevalier Johun délie Grange qui fut probablement le père du Renier, commémoré ici.

(* ) Ce personnage nous semble ê!rc celui qu'Ide, comtesse de Boulogne, dans une charte de 109G appelle son aïeul et dit être enterré à Munsterbilsen : matris mee Vde,etavi mei tnarrhionis Goderonis, quorum sornata ibidem locantur l.itmaua. V. Ernst, Hist. du Limbourg, t. VI , p. 113. Ce serait, en ce cas, Gothelon I^"" ou Gozelon-le-Grand, duc des deux Lorraines et marquis d'Anvers, mort en 1044. V. Ernst, Hist. du Limboury^ t. I , p. 411, ci un Mémoire du môme auteur dans les Bulletins de la Coin, royale d'histoire, I. X, sdrie, p. 294.

(3) Louis II, comte de Looz, mort empoisonné le 29 juillet 1218. (D.vris, Hist. du comté de Looz, t. 1, p. 459).

l*) Pour les seigneurs de Genoels-Elderen, vair le Bulletin de la Société histo- rique du Limbourrj, t. X, p. 133. (M. Daris).

49

2. Commemoraoio domni Walteri de Bronneshornen, canonici Sancti Lamberti (i), pro quo habcmus...,.

3. Co Agneiis..... in Belysia, pie memorie in Crisfo.

4. Com, Elizabel.. ........ dicte de Flubnis, que legavit oonvenlui viginti

sex vasa siliginis.

7. Co. Aieydis de Werst... in Belysia, pie memorie in Cristo.

8. Co. domni Petii militisde Hubnis, et Ide eius uxoris, et Godefridi mii.

9. Co. Emme (2). Co. domni lohannis de Duras, qui legavii inler canoni- cos, domicellas, capellanos, deservitores et matricularios présentes deeem grossos antiquos et 1res capones bereditarios equaliier dividenda. En marge : Co. domni Henrici de Nedermoeleii, capellani huius ecclesie, qui îegavit qninque cum dimidio vasa siliginis inter canonicos, domicellas velatas, capellanos, deservitores, matricularios pro una persona equaliter dividenda.

10. Co. Steinfiildis (2), Liithgardis et Gerbergis (2).

H. Co. Brunonis lévite, cuius opère Belisic constructum est hospitale. Co. Marie Surlet (3), pie memorie in Cristo.

12. Co.

Co. Agnetis de Meynvelders, uxoris quondam Gerardi de Sconbeeck (4) , que legavit inter canonicos, domicellas, cappellanos, deservitores , matricularios, iiii vasa siliginis hereditarie equaliter dividenda.

15. Commemoratio Miiine bone memorie in Cristo.

14. Co. domni lohannis de Waerloes, quondam investiii de Munster- bilsen.

15. Co. Alberti comilh {s),qui legavit Sancto Amorieaque habet inWost-

, ' ) Waller de Brunshorn, ciié comme chanoine de S^-Lambert en <306, fui lue à Liège le jour de la Mâle S'-Marlin, 4 août 1313 (dk Theux, Le chapitre de S^-Lam- bert, t. Il, p. 13). Ctr. S novembre

; *) Elle vivait en H 30.

(*) Marie Surlet, chanoinesso assista à l'ouverture de la châsse de St-Amour en 1457. V. Acta SS. Ocl., t. IV, p. 336.

(*' Agnès de Meynvelt ou Meynvelders mourut le 12 août 1423. Gérard de Schopibeeek, son mari, était échevin de Vliermael en 1428 et 1448.

(" j La char'e de donation d'Albert de Saphenberg se trouve dans Woltebs, p. 4T. (M. Darîs^.

50

herke. Obiit Crystine de Palude pie memorie in Cristo. Co. Wilhelmi de Petersem ( i ), qui legavit conveiitui xix marcas Leodiensos.

46. Commemoratio Godefridi et Heylwlgis eius uxoris, unde habemus unum vas siligiiiis. Co. pie memorie in Cristo.

17. Co. Katherine et Elisabeth de Palude, monialium de Poicheto, sororum. unde halîemiis

IS. Commemoratio Hadevvjdis domina de Kempenich.

19. Co. Godefridi Pis'oris |)ie memorie, qui legavit conventui Belisiensi V solidos Leodienses annuaiim.

21. Co. Beairicis pie memorie in Cristo Ihesu, que legavit nobis grossos ad matutinas.

22. Co. Hildegundis.

25. Co. domni lohannis Bruyns, canonici quondam huius ecclesie, qui legavit xii vasa siliginis herediiarie pro suo anniveisario iiiter canonicos, domicellas velatas, capelbmos et deservi'ores |)resentes.

24. Co. Adelberti comitis, gcrmani damne Mcchtildis abbatisse, qui obiit in via IhcrosoHmilann, et in Ria:ingni mansnm unum dédit SnnctoAmori{<i). El commemoratio Lutfigardis. Co. donini Henrici Cronnich, canonici huius

ecclesie Co. Elisabet de Ansienra pie memorie in Cristo, unde

habemus xii s.

27. Commemoratio Elyzabeth dicte loests, que legavit conventui iii s. gr. semel dandos.

28. Co. venerabilis comitisse Hilde, uxoris comitis Clodulfi, que per visionem angelicam Sanctum Amorem Belisic transtulit. Com. luliane de Swerizenberch domicelle huius claustri.

29. Commemoracio Walburgis de Merode bone memorie in Cristo (s). 51. Co. Agneîis de Waude, pie memorie in Cristo.

( * ) Sur les seigneurs de Pielorsheirn, voir le Bulletin de la Société historique du Limbourg, l. V, p. 273 (M. Daris).

(2) Voir d;ins Woltkrs, la charte de l'231, p. S4.

(') Walbnrge, fille de Henri I, baron de Morodi;, de I*etershem,et de Frantroise de Bréderode, épousa René de; Henesse el décéda a Westerloo le 29 août 1535 ou ■1556. René de Kenesse se reniaria pn io60av< c Marie de Rubempré el trépassa sans hoirs en lo9-i. Coe autre Walburge, llile de Jean, b;iron de Mérode, de Pétershem el de Marguerite, baronne de l'allant, de la maison de Culonburg { veuve du comte François de Renneberg), sa seconde épouse la première était Mancie de Berghes, maïquise de Berglies-sur-Zoom) n'est mentionnée que par Hûbner iB"" de Vobst-

GUDENAU).

Septembek.

i . Co. lutte comitissc, et Gertrudis.

5. Co. Katherine et Gertrudis de Stummel, unde habemus sex vasa siliginis iiler canonicos, ca|)ellaiios, domi(;ellas velaïas, deservilores, mairicularios pro una |iersona présentes equallter dividenda.

il. Co. Gertrudis scoiaris.

3- Corn ...tisse ( i ), que legavit huic ecclesie

xxviii vasa siliginis mensnre Traiectensis; item legavit quinquaginta sruta antiqua in libros converienda.

7. Co Bertoldi canonici, qui contulit antipkomrium ecclesie Bcati Amoris in Belisia. Corn. Egidi de Ameldorp, qui legavit ei'olesie vi virgalas terre. Corn. Aleydis,Begiiine sen hostiarie claustri Belisiensis,quelegavit pro suo iinniversario quatuor griflones semel dandos.

8. Co. magistri lohannis dicti Caput, canonici Lossensis, in cuius anniversario distribuuniur proventus unius petie terre iacentis rétro ortum Gerardi Obghewelt.

9. Co. domne Cunegundis de Dune (2), quondam ahbatisse huius mo- nasterii, que legavit pro suo anniversario xxx vasa siliginis et plura alia lega\ it et fecil ecclesie bona.

10. C(t. Da\id. qui legavit convf^ntui annuatim xxviii vasa sili.inis.

11. Co. domicelli lohannis Hoen de Palude, untle habt'mus....ro. Ge- rardi Crocka et sue uxoris, unde habemus duodecim vasa speUe inter omnes.

12. Commemoratio doinicelle Gertrudis de Rrunshorn, pro qua habet convenius xv virgatas prali et sunl magne vigilie.

15. Corn, di.mni Theoderici de Wilre, huius ecclesie canonici.

li. Co. Paulyue de Lemen, decanisse quondam huius ecclesie (5), que

( * ) La personne comm<^mor(^e ici, et dont le nom est pff;icé, est probablement l'abbesse Godescaica de Si-hueren, décéiltV le 6 septembre 1390.

(*) Viiici la seconde Cune^onde de Daim, abbesse de Munslerbilsen, que nous reiicoiitroiis dans ce nti.Tolojce. I.a jçthiéalo-ie de celle famille en mentionne effec- tivemetit deux, la tante morte en 1873, et la nièce, mais toutes deux qualili(5es d'abbesses de Si-T|iomas H»" DE Vohst-Guuknau . La dernière est citée dans une chiirle de l'an 1391 (Woltkrs, p. 7lj. Elle avait succédé en qualité d'abbesse à Godescahîa de Scbiieren, et mourut le 8 septembre 1439.

( ' ) Elle assista à l'ouverture de la châsse de St-Amour en 1457. V. Acta SS. Oct., t. IV, p. 336, son nom se trouve malheureusement estropié en Jean Welina de Lymes !! Elle est encore citée comme doyenne en 1460.

52 -

legavit xii vasa siliginis inter canonicos, domicellas velatas, capellanos, deservitores présentes.

15. Commemoratio Arnoldi canonici de Awans pie memoiie, qui

legavit convenlui Belisiensi dimldiiim modiuni siliginis.

17. Co. domicelli Ade de Meroede, filii de Hoffaiizia, pie raemorie in Ciisto. Obiit anno xv ciim vi in ipso profeslo Lamberti (i).

18. Co. domni Nicolai Hoen de Palude, militis (a), unde habemus.... Commemoraiio Aleidis, uxoris Heinrici de Surenbach, unde habemus quatuor vasa siliginis.

19. Co. Clodulfi comitis, qui eciam digna cum veneratione SanctumAmorem, simtil cum Hilda uxore sua, Jîelisie transiulit (^i). Obiit Hermannusl...., qui legavit nobis duos modios siliginis annuatim. Commemoratio Evverardi canonici nostri,

20. Co. Hadewivis.

21. Co. Meohtildis de Sureabach bone memorie.

22. Commemoracio Ermmegardis de Swertzebeich.... doraicelle so...e de Leyden.

25. Co. Agnetis de Horst, pro qua habemus xxviii solidos bone monete tam absentes quam présentes et matricularii unum grossum.

24. Co.Clementie decane bone memorie in Christo.

25. Co. Dode el Ermmegardis. Obiit Meglildis de Nuwennaer, abbatissa bone memorie in Beli.sia{4), que nobis contulii detiniamunara el dimidiara braxiiiam et aiia mulia bona Co. parentum domicelle Elisabeth de Doen unde hab*mus octo vasa siliginis, et Ricardi de Vivario, unde habemus unum vas siliginis hereditarie.

26. Co. Henrici di* ti Troninc de Welien et uxoris eius. Co. domicelle lutte de Aeswyn, que legavit nobis casulam unam de bisso nigro.

(^! Adam de Mc'rode, frère d'Arnold ' voy. 25 janvier), fut nommé chanoine de Maastricht le <5 avril 1300, et tréfoncier de Lambert, à Liège, le 8 mars 1501

(B"" DE VORST-GUDENAU ).

(2) Ce Nicolas Hoen van den Broeck Hoensbrouck^ chevalier, est peut-être le _ fils de Heiman Hoen qui fit le lelief de la se'gneurie d'Oostham en 1516. H était <;^ soigneur de Brouck el de Vischerweerdl, et père de Cécile van den Brouck, abhesse de Munslerbilst-n de 1440 à 1458 ''

{') Culte abbosse Mathilde de Neuwnoer e3t peut-être celle qu'on trouve citée dans de-s cliarles de 1207 el 1270. V. Wolteus, p. 58 et 61 ^M. Daris .

(i) V. Acta SS. Oct., t. IV, p 338 à 343.

- 53 -

27. Co. Elizabel de Orreo (i), unde habemus très grosses Florenences.

28. Commemoratio Laurentii quondam pistoris nostri, unde habemus viii vasa siliginis dividenda inter présentes, unde habent matricularii duos sterlignos pagamenti.

29. Co. Lamberti sacerdotis, et Rychece.

50. Co. BerUjundis decane (2 j et Frcderadis. Co. Fresendis.. bone

memorie in r.risto.£'tt marge ; Co. donine Marie de Palude (3), quondam abliatisse huius monasterii, que legavitxxviii vasa sili^inis mensure Traiec- tcnsis intorcanonicos, domicellas velalas,cappellanos,deservitores, duos malricuiarios pro una persona, que obiit anno xv' quarto.

OCTOBER.

1. Co. Rasonis de Lise, qui legavil conventui xxix vasa siliginis, et novem vasa ad novem altaria in ecclesia Sancti Amoris. Obiit Elyzabet domna de Soonebergh.

2. Commemoratio Hélène, que legavit bonuarium terre ad potum in

collât in Quadrages... Co. Aleydis de Rode, militisse de Palude. (Co

domne Aleydis Hoen de Palude, miliiisse).

3. Co. Vagele decane.

4. Co. Gilberti canonici. Co. Arnoldi, investit! de Wilre, qui legavit.

5. Co.Fnstolfi.

6. Co. Ade et Wltcheri sacerdolh (4 ). Obiit Maria scolaris béate memo- rie. Commemoratio domni Willelmi de m qui legavit con- veniui ix marcas Leodienses.

7. Co. Alexaiidri de Oyen bone memorie, qui legavit nobis vii vasa sili- ginis hereditarie pactus.

^ ') Cette «hanoinesse assista à l'ouverture de la châsse de St-Amour en 1457.

(5) EUj vivait en 4130.

( * 1 Marie van den Brouck, qui n'est pas citde dans le catalogue, d'ailleurs Irès- incomplet, des abbesses de Munsttrbilsen publié par WolItTS, occupa la dignité abbalialf entre .Marie de Thys et Marguerite de Mirode, de 1499 à 1504, année de sa mort Yctyt'z la «hronique publiée pai- la Société ttititorque ei archéologique dans le duché de Linibour , t. Il, p 117 . Elle était la nièce ou, selon d'yutres, la petite-nièce de Cécile van di-n Brouck cilt'e ci-dessus. Wolteks, p. 63, cite aussi une abbesse Marie (de Brouck ?) d:ins une charte du 11 novembre 1^182.

{*) Witcberu», al. Wikerus, vivait en 1130.

o4

8. Co. Agnetis de Hex.... Us. Obiit domnus iohannes, miles de Orreo, uiide habemus très super Co. lutte de Liicke bone raemorie in Cristo.

9. Co.domni Gerardi de Dypenbeke, olim canonlci huius monastorii, qui legavitconveiitui dccem marcas, dequihus empte fueruiil xi i/2virgate terre etdimiilia magna et due parve iaccnles apud Bukenbilsen.

10. Co. Elizabel de Werst. Cum.domni Hugoiiis Vuystinc, canonici Leodiensis( i). Co. (lecilie de VVydoy, inhabitalricis quondam domus fratrum, que legavit pro anniversario suo vi vasa siliginis mensure Traiec- tensis inter omues dividenda ad et super bona sua iacentes vulgariter dicta 0|^te locht.

11. Co. Winrici (2). Co. Giselberti canonici, qui legavit Obiit domicella IMaria de Warous, que legavit nobis tria vasa siliginis, que dis- tribuuntur pro sale.

12. Co. Uertradis bone memorie, Co. Margarete de Onderike, canonice pie memorie.

15. Co. Katherine. Co. Katherine de Brus.... pie memorie, que legavit ecclesie Sancti Amoris antiphonarium qui d.... aspici....

14. Co. domni Wilhelmi de Be^erst qui legavit Co. Philippi de

Orreo pie memorie in Cristo, uiide habemus unum florenum.

15. Co. Heynrici de Bruel bone memorie. Co.domicellarura Helwigis de Viseto el Elizalteth de Weerst, unde habemus quiiidecim vasa siliginis mensure Traiei tensis inter canonicos et domicelias présentes et absentes equaliier dividenda.

16 habemus virgatas terre iacentes prope Meyersowen

quos solvii Mtithiasde Meyersowen.

17. Obiii VVillelmus miles de Mabertingen (3), qui legavit conventui Belisien^i bunarium et dimidium terre.

18. Co. Bcrlrimni pvesbileri et Conegundis. Commemoratio Walteri de

\ * ) Hugues Vuâiinok de Gruthui^e fonda en 1 400 le cloître de.s Guillemins de Liège avec son l'reie (lislebeit. l'rovôt d'Odilienberg en 1361, puis clianoine d'Ulrecht. on le trouve ensuite coninie Iréroiicier de S'-Laniberl en 1383, et comme vice-tloyen en 139^. Il tigure emort; en 1398 rsur la liste des chanoines résidents (De: Tuicux, Le chaptlre de S^-Lumùtri, a Lieye, t. Il, p. i'ài).

( * ) Wioricus vivait en \ 130.

(*; C'est-à-dir» Moperlingen

55

Merhem, qui Icgavit sex vasa siliginis heredifarie pro anniversaiio siio faciendo slngulis annis inter canonicos, domicellas velatas, cappellanos, deservitores, matriculaiios pro una porsona super omnia hoiia sua in Eyckt, qui obiit atino Domini M" (-CCC'' Ixxix" in die Luee.

20. Co.GudcIc. «'ommemoratio domni Gisberti Elryx, qui icgavit Iria vasa siliginis. Comniemoratio domni Godefridi Elryx, qui legavit tria vasa siliginis liereditarie.

2i. Commemoratio parentum domni lohannis de Dipenbeclc, sex vasa siliginis hereditarie. Commemoratio Elizabet MeynveUIers, canonisse pie

raemorie in Cristo, unde habemusunum modium siliginis de que

dimidium xi vasa siliginis inler présentes in paradiso.

22. Commemoratio Hildegundis laice. Obiit Margareta de Caydev

que legavit conventui xxiii solidos grossos pagamenti semel dandos.

25. Commemoratio Gertrudis decanc de Orreo. En marge : Co. Ide de nen, decane, unde habemus ununi modium uni et alla

multa bona.

24. Co. Gcrlrudis et Milsvi'udis. Co. domni lohannis de Dune, canonici Sancti Paulini Treverensis, t'ratris domne Cunegundis de Dune (t) abba- tisse, unde habemus tria vasa siliginis in vino in die Purificationis Béate Marie Virginis. Co. domicelle Margarete de Petersera, que legavit pro an- niversario suo xxix grossos antiquos et quinque vasa siliginis cum inter canonicos et domicellas.

25. Co. Alberti, canonici Sancti Servatii to, qui legavit iiii'*' mar- chas conventui, et Arnoldi layci, qui legavit iiii°' marcas.

26. Co. domicelle Elisabeth de Doen, unde habemus duodecim vasa siliginis hereditarie inter présentes dividenda, et erunt vigilie magne.

27. Co. Margarete canonisse de Pytersem bone memorie, Co. domicelle Helwigis de Viseto, unde habent canonici, domicelle, capellani et duo matricularii pro una persona présentes et absentes septem et médium vasa siliginis mensure Traiectensis.

28. Co. domicelle lutte de Loucoen, que legavit conventui vi vasa sili- ginis hereditarie.

29. Co. Henrici comith. Co. Nicholay, villici de Welne. qui legavit con-

( * ) Cette abbesse Cunegonde de Dune, est c-i'tV danb une cbarte de -1391. V. WoLTERs, p. 71 (M. Daris). Voy. 9 septembre.

veiiiui duo bonuaria terre. Obiit Margarela de re, monialis, uride

habemus xx vasa siliginis hereditarie inter présentes dividenda, et tiunt m^gne vigilie.

30. Co.Mechtildis bone memorie. Co. Ricaldi de Scarpenbergh,

qui legavit convenfui dimidium boiuiarium prati.

51. Com.Godefridi dicti de Scherwiere etuxoriseius Helsvendis, qui legavit convenlui bonuarium prali.

NOVEMBER.

\. Co.llermarmi comitis. Obiit domna Agnes domna Vammesteyne Meynvelders unde habernus tria vasa siliginis.

2. Co. domni Gerardi Abroens, quondam canonici huius ecclesie (i), unde habemus ununi modium siliginis mensure Tongrensis inter présen- tes. En marçje : Co. domicelli Hermanni lloen de Palude (2), unde

habemus.

0. Obiit domna Agnes de Moinsleghe, decana, que legavit nobis viii vasa siliginis hereditarie inter présentes equaliter dividendes in paradiso. Obiit Katerina de Kermen |)ie memorie in Cristo. Co. domni Wilhelmi de Porta ecclesie canonici, qui legavit nobis unum in paradiso.

4. Co. Beatricis de Rothem que legavit conventui

unum breviarium in duobus voluminibus et x vasa siliginis ad lampa ante Sandum Amorem in dextera parte. En marge : Co. magistri lohannis

de Tongris, quondam nostri canonici. Com.domicelle Elyzabet

Eyncher legavit hereditarie vasa siliginis in octo

pro animabus et matris. Item legavit eciam

ti. Co.Roheiii lévite, qui contulif ecclesinm in Nero Snncto Amori. Co. Alexandri de Brunshornen (-).

(j. Commemoracio Helswidis de Simper.

7. C.o.Lutgardis. Co.Arnoldi Harmans pie memorie.

( ^ ) Gérard Abroens assista à l'ouverture de la châsse de Saint- Amour en Util (V. Acta SS Oct., t. IV, p. 336).

I * ) Herman Hoen, sire de Broeck.

(') Alexandre de Brunshorn est cité comme chanoine de S' Lambert, à Lie'ge, en t275, et comme prcvùt de S'-Rombaut, à Matines, en 1285. Il décéda le 5 décembre 1300 ( De Theux, Le chapitre de S^-Lambert, t. I, p. 309). Cfr. 2 août.

9. Commenioralio domine Aleydis de Valkenburg, olini abbalisse huius monasterii (i) pro cuius anniversario distribuuntur Iriginta quatuor solidi Leodienses, distribuendi hoc modo, videlicet, quilibet canonicorum et

capellaiiorum habebit duodecim denaria et vi denaria. Obiit

Heniicus, sacerdos in Nere, qui legavit conventui in Beiisia Iriginta oves.

10. Co. Athelc. Co. Aleidis, uxoris Godenulicondam de Eldris, armi- geri ( 2 ), parentum et amicorum ipsorum,

il. Co. Hadewidis. Adelberti ducis.

12. Co. parentum donine Margariete de Merode, abbatisse istius eccle- sie, et vigilie eruni cum magnis commendacionibus(ô).

>*j Voici, selon le recueil de Vaû den Berch, l'épitaphe de cette abbesse :

Hue abbalissa

Moribus ornata laudis jacet hic tumulata, rattzenbuigen (?) slirps nobilis atque Lossensis Hanc producebant. Aleidis nomen habebat, Ipsa chorum struxil, regimen laudabile duxil. Fortiter ut sculuin contra ledentia lutum Se erta (?, conventum rexit, removens nocumentum Solvilur hec ydus quinte tam nobile sydus Corporis ac membris mens provida mense novembris, Mille ce annis quinisque novenis. Esus, solamen anime, rogo, sit Deus. Amen. Le prénom de l'abbesse, Aleide, et le jour de sa mort, le 9 novembre, prouvent bien qu'il s'agit ici de celle que Je nécrologe appelle Aleijdis de Valkenburg. Il y a donc lieu d'apporter à l'épitaphe une rectification consistant à lire Valkenburgen- [sis\ au lieu de Cattzenbuigeii, qui parait bien une erreur de copiste. Quelle serait donc cette abbesse issue des familles de Fauquemont et de Looz? Ce ne peut être (]ue la fille de Thierry ou Thibaut l'f de Fauquemont, qui vivait en 1242 et 1268, et d'Aleide do Looz (Ernst, t. V, p. 271). Elle est d'ailleurs mentionnée par Butkens qui la fait mourir en 1293. Mais ici surgit une nouvelle difliculté : l'avant dernier vers ne donne évidemment que -1245; mais il est à remarquer que ce vers a été écourté par le copiste puisqu'il ne contient que cinq pieds au lieu de six; nous croyons donc pouvoir le rétablir comme suit :

Mille ce aiiuis L quinisque noreiii.s et lire ou scander pour les CC, duceniis, tandis que la lettre l doit être lue seule- ment / et non quinquaginia. Le style épigraphique du moyen âge ofl're beaucoup d'exemples de ces anomalies.

(* ) Très probablement Aleyde de lonchout qui était en t428 veuve de Godenoul d'Elderen, seigneur de Genoels-Elderen et de Groenendael, sénéchal du comté de Looz (Voy. Bull, de In Soc. du Liinbourg, t. X, p. 144).

('< Marguerite de Mérode, sœur d'Arnold (voy. 23 janvier^, fut élue abbesse de

- 58

iô. Commeraoratiû Aleydis de Sconwinkele pie recordalionis. Co.Meg- tildis uxoris David, pro qua et maiito suo habet conventus xxvii vasa siliginis.

11. Co.Mechtildis. Co.Mectildis uxoris pistoris Godefridi. pio qua habemus quinque solides annuatim.

15. Co. Berengeri comitis, et Bcrthe uxoris dus. Obiit domnus lohannes

Cauwels, unde hal)emus florenum p conventus habet dimidiam et

luminare dimidiam. Corn, domicelle Sophie de Leyden.

16. Co. Heih'widis {[) et Mechtildis. Co.domni Henrici de Heex, cano- nici Sancte Crucis in Leodio.

17. Co. domne Cecilie de Palude (a), quondam abbatisse ecclesie Sancti Amoris , que legavit xxiiii vasa siliginis mensure Traiectensis inler présentes.

18. Co. Ermgardis de Dynsburgh bone memorie in Cristo.

19. Co. Wivekin et Otwigis. Commemoracio domni IlenritM de Oelbrick, pie memorie in Cristo, uiilitis.

20. Co. domicelle Bertlyn de Broec, unde habemus vi vasa spelte ad pisces.

23. Co.domni VVilhelmi ludoc.i, quondam rectoris altaris Sancte Kathe- rine in ecclesia Sancti Amoris, unde habent canonici, domicelle velate et superpelliciate, capellani, deservitores et malricularii présentes decem vasa siliginis.

24. Co. Andrée braxatoris, qui legavit nobis iiii vasa siliginis p.

25. Co. Gerardi militis de Sprolanl, et Hermann... Item, co.Gerardi de Hemsvelt. Co. Elisabet Andrée, unde habemus vii i/2 grosses p. Comme- moratio lohannis de rca, qui legavit nobis quatuor solidos bone monete.

26. Co.domni Wilhelmi de Weert et eius familiaris Gheertrudis Deel- mans, unde habemus xii vasa siliginis in paradiso.

Munsterbilsen en ioûo et dt'céda le 8 juin ir>i9. Elle possédait des biens à Allhoes- selt, près de Tongres, qu'elle légua à son neveu Richard de Mérode, fils de Warnier et d'Anne de Colyn. Elle donna en 1o!28 un vitrail à l'église des Croisiers de Liège

( B"^" DE VORST-GUDENAU ).

(' ) Elle vivait en H30.

{ - ) Cécile van den Brouck ou de Hoensbrouck succéda comme abbesse de Muns- terbilsen à Cunégonde de Dune, morte en 1439. Elle trépassa elle mt^nie le 15 no- vembre 14o8, selon le recueil d'épitaphes de Van den Berch, après avoir fondé la seconde messe quotidienne.

o!t -

27. Co. domni lohamiis de Opleuue ( i ), qui legavit quinque modios siliginis mensure Lossensis annuatim. En marge : ii Belisiensi.

28. Co.Willelmi sacerdotis, qui legavit nobis pratum. En marge : Co. Gerardi coci, qui legavit noliis duo vasa siliginis.

29. Com. Henrici, capellani allaiis Sancte Katerine, qui legavit conventui

Belisensi octo solidos annualim et duodecim denarios ad emendum

altaris. En marge : Obiit lo de Ben unde habemus

preseii in

30. Coin, donini lohannis de VVilre, capellani Sancti Nycholai, qui legavit

pro Obiit lohanna de Orreo, unde habemus

ires grossos Florenenses.

December.

1. Co.domicelli Bernardi de Palant et Margariete de Raesvelt, uxoris sue, qui legavit ecclesie unum calicem argenteum deauratum, cappam de flueto, très s de flueto et plura alla ornamenta{2).

T). Co. Beatricis de Hostaden, relicle Ricaldi de Scarpenberg, que legavit conventui xvii Co. Lamberti dicti Roghen, qui legavit xxvi g.

pagamenti inter présentes in paradiso.

A. in die Béate Barbare virgini i distribuuntur quinque solidi Leodienses inter caiionicos et doniicellas pro festo Béate Barbare sollempniter cele- brando, et recipiuntur predicti quinque solidi supra domum et curtim Egidii iuxta atrium quos Giselbertus canonicus ecclesie Belisiensis ad hoc comparavit. Com.Mathie nobis perpétue domum et curiim pro

anniversario Mabilie uxoris sue et Walteri

domnusPeIrus nicus Blisiensis.

o. Co. Mechtildis boue memorie abbatisse , et Wolberti de Spauden(ô).

( * ) Est-ce le Jean d'Opleeuw qui mouint en -1296 ou bien celui qui mourut vers 1448 '/C'est peut-être aussi un prêtre de la famille des seigneurs d'Opleeuw.

(M. Daris).

; " ; Bernard de l'allant, fUs d'Adam et de Marie de Bursciieidt, fut marié deux fois : i" avec Anne de Feisperg { fille de Jean et d'Amelberge Hiindtde Saiilheim"; avant 1468, avec Marguerite de Raesfoldl, fille de Biller( !) et de Bêla d'Asswyn. 11 trépassa entre le 9 juin et le 13 décembre 1480. îSa veuve, qui n'avait point eu d'enfanis, se remaria, avant 1483, avec Nicolas d'Esch. Les généalogistes se sont trompés en comptant deux Bernard de Pallant (8"° de Vorst-Gcdenau ).

( * ) Fulberlus de Spalden, ministeriaiis, figure comme témoin dans des actes de 1163 et 1181. Y. WoLTERS, op. cil., p. 49 et 51.

GO

6. (i)Co.domiii Alexandri de Bruynshorne, canonici Sancti Laraberti el prepositinoslri,quilegavit modium siligiiiis dividendum inter preseiitibus. Magne vigilie. Co. domne Margaiete de Pitershem, abbatisse olim huius moiiasterii boue memorie (2).

8. Commeraoratio lohanne de Wethani.

y. Oomiiiemoratio Agnctis comitisse (0) que legavit nobis et ecclesie cru- cem auream et omnia ornamenta qiiibus préparât se sacerdos ad missani, etc. oves. Item, co. Ghiselberli. El fiunt magne vigilie.

iO. Co.Gerti'udis de Dune, unde habemus tria vasa siliginis inter pré- sentes dividenda in die Saoramenti ad vinum in paradiso.

M. Co. magistri Ghevardi, qui legavit nobis quinque vnsa siliginis cum dimidio.

12. Co. midi'ware decttue. Co. Elizabelh Andrée que legavit nobis lit- grosses.

14. In crastino Lucie missa pro defunctis anie Sanclum Amorem.

17. Co.Bex-elc dccanc, Co.Michaelis de Rotheym, militis, el Agnetis eius uxoris pro quibus conventus habet annuatim quinque solides et capellani .\ii et recipiunlur scx solidi apud Bor de xl

18. Co.Megthiidis abbatisse que ordinavit Leliflca.

19. (4) Co. Me(;htildis et Ghertrudis. Item, Mabilie et Wilhelnii militis. Co. domni Arnoldi, nostri canonici, qui legavit nobis vi vasa siliginis inter présentes in païadiso. Obiit Meyna de Oelbrick pie memorie in Crislo unde habemus xviii vasa siliginis, et custodia duos tlorenos, et magna missa

21. Co. magistri Gerardi, canonici huius ecclesie. Et co. domni Arnoldi, unde habemus xxxiii grosses antiques.

{La fin à la prochaine livraison. )

('; Les feuillets depuis le 6,jusiiu';iu 11 décembre inclusives. int ont été reco- piés au quatorzième siècle.

(*) L'abbesse Marguerite de Mérode de l'ietersheim.CI'. i'2 nov.

( ' ) C'est peut-être la comtesse Aguès,èponse de Louis, comte de Looz, qui mourut vers tt7(>.

{*) Probablement ceile qui intervient à la cliarle de I lO'J (Ernsi, Hisi. du l.iui- bourfi, t. Il, p. 119).

( '' ) Les feuillets depuis le 19 juscpi'au '■2^ décembre iiieiusivemeul ont été reco- piés au quatorzième siècle.

Bull, de rinst.Arc Liégeois, TomeJdl.paqe 51

Plancha

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Dsssiné parOlivist Konrotts

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Arc.Te'logiq'i')6 doUiriroixj

FONTS BAPTIS7VVAUX

de l'Eglise S^Bartélemi aLiége.

.mpH.'i iiilunt - Càrnxi

NOTICE

FONTS BAPTISMAUX DE L'ÉGLISE S'-BARTHÉLEMl

A. I^IÉOE,

Par M. If fliimoiiie LO^AY.

La notice que nous offrons au public n'est guère que la reproduction du remarquable article publié par M. Didron dans le cinquième volume des Annales archéologiques. Nous avons retranché certains détails et avons ajouté nos propres ré- ^ flexions ainsi que le résultat de nos recherches ; mais nous nous plaisons à dire que, pour le fond, le travail de M. Didron ne laisse rien à désirer, et que nous sommes heureux de pouvoir suivre un guide aussi éclairé et aussi sûr dans ces matières.

La cuve baptismale de S"-Bartliélemi, placée actuellement dans la chapelle du transcept du côté de l'Evangile, est peut- être, d'après l'opinioii des hommes compétents, le monument archéologique le plus curieux de la Belgique. Elle provient de l'ancienne église Notre- Dame-aux- fonts, qui était autrefois comme une annexe de la cathédrale de S'-Lambert, et qui proba- blement était ainsi appelée, parce que seule elle avait le privi- lège de posséder des fonts baptismaux.

H 2

En effet, les trente-deux paroisses de Liège, sauf quelques exceptions ('), étaient dépourvues de baptistères, et les bour- geois de la cité ne pouvaient recevoir le baptême qu'à Notre- Dame- auxfonts. Celte église était contiguë à la partie latérale de S'-Lambert qui faisait face aux habitations situées entre les rues Gérardrie et Souverain-Pont. Lorsque l'antique cathédrale fut démolie en 1794, dans la grande tourmente révolutionnaire, Notre-Dame-aux-fonts disparut avec elle, et l'on se demande naturellement par quel heureux hasard la cuve baptismale a pu échapper h l'avidité des démolisseurs, et comment elle se trouve aujourd'hui à S'-Barthélemi.

Quant au premier point, l'histoire se tait; mais des traditions fort probables, quoique assez vagues et incomplètes, affirment que la cuve fut secrètement enlevée par des personnes coura- geuses et enfouie dans une des maisons voisines. Elle y resta cachée jusqu'à ce que l'ordre eût été rétabli, et elle fut mise alors à la disposition de M''''" Zaeptf^3l, évèque de Liège, qui en fil cadeau à la paroisse do S-Barthéiemi, en 1803 : voici à quelle occasion.

Désirant sauver de la ruine l'antique collégiale do S'-Barthé- lemi, il proposa h la Fabrique de S'-ïhomas, l'église parois- siale la pins rapprochée et qui n'avait rien de remarquable, de transférer le siège de la paroisse à S'-Barthélemi. La Fabrique ayant accepié avec empressement, M*^'' Zaepffel, par reconnais- sance, fit présent h la nouvelle paroisse de la cuve de Notre- Dame-aux-fonts .

L'historien Jfan d'Onire-Meuse nous apprenti, dans sa grande chrotdque, que l'artiste auteiu' de ces fonts baptismaux s'ap- pelait Lambert Patras. le batteur de Dinant, qui le,s iît, l'an Itlti, sur 1.1 demande de Helin, tils du duo deSouabe, chanoine de S'-Lambert et abbé de Notre-Dame. C'est par des œuvres

(«) S' Servais, St-Séverin, S<-A(lalberl. S»-Nicolas (OuU'e-Meuse), St^-Foi et S«- Jean-Baplisle.

BS

artistiques semblables à celle qui nous occupe, que Dinant, au moyen-âge, a eu l'honneur de donner son nom à tout une branche de Tart, la fonte et la batterie en cuivre, que l'on cise- lait ensuite.

La cuve deS'-Barthélemi est en cuivre jaune fondu, mais avec un grand nombre de détails en demi ronde bosse ; haute de 60 centimètres, elle en a 90 de diamètre dans le bas et 80 dans le haut; elle est presque cylindrique. Nous suivrons dans la des- cription de ces détails, l'ordre indiqué par la chronologie et par le sens même des inscriptions.

Le premier groupe ou sujet représente S^-Jean, le premier ministre du baptême, préparant au Sacrement futur les publi- cains, les soldats, le peuple entier, les classes sociales et les conditions politiques en leur prêchant la pénitence. Devant un arbre qui porte des feuilles de deux espèces et qu'il est difficile de bien caractériser, en face d'un groupe do quatre personnages, le précurseur, haut de stature et le bras droit tendu, annonce aux publicains la parole divine et leur ordonne de taire dignement pénitence : facile ergo fi uctus dignos pœni- tentie (*). Dans ce groupe se trouve un jeune soldat qui interroge S^-Jean et qui représente sans doute ces hommes d'armes qui venaient demander le baptême et des règles de conduite au précurseur. Cette tigure est admirable de pose et de véritable attention.

Le peuple ainsi préparé par la prédication, nous voyons dans le second groupe S'-Jean, presque adossé à un chêne, baptiser deux juifs enfoncés seulement à mi-jambes dans les eaux du Jourdain : il leur dit : « moi je vous baptise dans l'eau ; mais après moi il viendra un plus fort que moi » : ego vos baptizo in aqua; veniet autem fortior me post me {-).

Derrière les deux baptisés, deux hommes qui attendent ou

*) s. Luc, 111, 8. *! S. Marc, 1,8.

qui viennent de recevoir le baptême, ont une tournure et une physionomie énergiques et bizarres qui rappellent assez l'art étrusque ou éginétique. Entre ces hommes et les baptisés, sur la rive du fleuve, s'élève une plante qui semble une grande feuille de fougère.

Nous sommes à la troisième scène , la scène principale, qu'annonçaient les paroles de S'^-Jean que nous venons de rap- porter, et qu'on représente le plus habituellement sur les Conts historiés; c'est le plus grand, le plus auguste de tous les bap- têmes, le baptême de Jésus-Christ. Ce sujet, suivant l'iconogra- phie chrétienne, doit toujours être représenté à l'Orient, à la place d'honneur du baptistère.

Jésus est plongé à mi-corps dans les eaux du Jourdain, et, tandis que S'-Jean lui touche la tête, il porte la main gauche à son cœur et bénit de la main droite. S'-Jean, nu-pieds comme un apôtre, nimbé comme un saint, aux cheveux longs et un peu incultes, couvert d'un manteau de peau, dit au Sauveur : « c'est moi qui dois être baptisé par vous; et vous venez à moi » : ego a te debeo baptizari ; et tu venis ad me [^).

Sur la rive opposée, deux anges s'inclinent ; ils tendent vers leur Créateur les vêtements qu'il va prendre au sortir du Jour- dain. L'inscription gravée au-dessus de leur tête indique leur office : angeli ministrantes .

Du haut des cieux, le Père éternel regarde son fils avec amour, et dit : « celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection » : hic est filins meus dilectus, in quo michi comflacui (-).

LeS'-Esprit, sous la forme d'une colombe, descend du ciel ; il lance des rayons sur la tête du Christ. C'est la manifestation la plus complète de la Trinité. Le i*ère et la divine Colombe ont un nimbe uni; mais celui du Fils est décoré d'une croix.

(M s. Math., m, -14. (*! Ibid.. n.

En Italie et eu Allemagne, on semble réserver plus volontiers la croix au Fils ; en France, on en fait l'attribut indistinct des nimbes divins. Au-dessus de Dieu le Père, on lit : Pater ; à droite et à gauche de la Colombe : Spiritus Sanctus. Deux arbres, un olivier probablement du côté de S'-Jean, un chêne du côté des anges, encadrent cette scène.

Après le baptême du Sauveur, arrive le baptême donné par le premier des apôtres. Corneille, centurion de la cohorte ita- lique à Césarée, est baptisé par S'-Pierre. L'apôtre prêche, et sur tous ceux qui l'écoutent descend le S'-Esprit : v le S'-Espril descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole » : Cecidit Spiritus Sanctus super omnes qui audiebant verbum (').

Les fidèles reprochent à S'-Pierre d'avoir vécu avec des incirconcis et de les avoir baptisés; mais l'apôtre leur répond ce qu'il tient gravé sur une banderole : « qui étais-je, moi, pour pouvoir m'opposer à Dieu » : ego quis eram, quipossem prohibera Deuni (^).

L'Esprit qui descend sur Corneille est ici figuré, non par une colombe, mais par une main droite qui sort des nuages, et lance trois faisceaux de rayons, un de chaque doigt (le pouce, l'index et le grand doigt), ouvert et bénissant ; chacun de ces faisceaux se compose lui-même de trois rayons : ces trois fois trois rayons seraient-ils comme un symbole de la Trinité? Corneille, dépouillé de ses vêtements, est plongé dans une cuve remplie d'eau, il est béni par S'-Pierre ; un des siens assiste au baptême. L'apôtre a les pieds nus et le nimbe uni.

Le troisième baptême est donné par S'-Jean-Evangéliste. Craton, philosophe d'Ephèse et prôneur fastueux de la pauvreté, se laissa convertir aux paroles et aux miracles de S'-Jean (^). L'apôtre le plonge dans une cuve pleine d'eau et lui pose la main

(M Acf. apost.. X, 44.

(2 Ibid , 17.

(") [yeçiendn aurca, de S. Johanno Kvangclieta.

m

droiîf^ sur la tête en lui disant la formule du baptême, écrite sur uti livre qu'il tient de la main gauche : Ego te baptizo in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, amen.

Jean, ce beau vieillard, ainsi que les Bysantins aiment à le représenter, a la ligure inspirée, et lève les yeux au ciel. Cet inspiré, cette ardente imagination qui convertit le philosophe, ou cette raison troide, résume en lui toute l'histoire des triomphes du christianisme. Un jeune homme, très-probablement un dis- ciple de Graton, assiste au baptême, qu'il va lui-même recevoir, et Dieu du haut du ciel bénit le néophyte.

Une main sort des nuages, comme à la scène précédente; elle lance trois faisceaux lumineux, composés chacun de trois rayons. Trois étoiles brillent dans le ciel, d'où sort la main de Dieu : dextera Dei. S'-Jean est nu-pieds et nimbé comme S'- Pierre, mais son costume est un peu plus riche. Sa robe, brodée à la cuisse, rappelle peut-être le luxe asiatique dont se préoccupe l'auteur de l'Apocalypse. Ce n'est déjà plus dans un fleuve que les apôtres S'-Pierre et S'-Jean baptisent, mais bien dans une cuve dont la forme et les détails méritent d'être remarqués.

Au moyeii-àge, comme dans l'antiquité, la grandeur morale, la puissance, la dignité se traduisent dans l'art figuré par la grandeur physique. Cette cuve étant consacrée au baptême, les ministres du Sacrement, S'-Jean-Baptiste, S'-Pierre, S'-Jean- Evangélisle devaient être plus grands que les catéchumènes : Jésus lui-même, quoique Dieu, est inférieur en taille à S'-Jean qui le baptise.

Le costume de tous ces personnages mérite une attention particulière, surtout celui du jeune soldat qui parle h S'-Jean- Baptiste.

Chaque personnage a son noin au-dessus de sa tête : Pater, Filius , Spiritus Sanctus , Anyeti, Joltannes Ikiptista, Petrus, Cornélius, Dextera Dei, Craton philosophus,Johannes Evangelis/a, Publicani. Par tous ces sujets, la cuve de S'-Barthélemi se rap- pioclie beaucoup des baptistères grecs. Cependant, autrefois,

- 67

d'après le moine Denys, on s'attachait aux sujets de l'ancieii Testament, et ici on n'aperçoit que ceux du nouveau. Regardez le soubassement, et vous verrez que la cuve baptismale dont nous nous occupons, n'a pas oublié que l'ancien Testament est la figure du nouveau. Elle a inventé un motif qui résume en lui tout l'esprit du christianisme, tout le rapport qui existe entre la loi ancienne et la loi nouvelle, entre Moïse et Jésus-Christ, entre la Synagogue et l'Église.

Salomon fit fondre une cuve si grande quon l'appelait la mer d'airain. Entièrement ronde, elle avait cinq coudées de hauteur, dix de diaaièlre, trente de circonCérence ; elle était posée sur douze bœufs, dont trois regardaient le nord, trois l'occident, trois le midi, trois l'orient. Elle était portée par ces douze bêtes, dont elle cachait la croupe tout entière. Cette mer était destinée aux ablutions (*). Ces douze bœufs, on les voit mugir au soubassement de notre cuve baptismale; ils portent de leur croupe, qui est entièrement cachée, la cuve chrétienne, comme ils portaient la cuve juive du temple de Salomon. L'ancien Tes- tament sert de piédestal au nouveau, la mer d'airain sert de base aux fonts baptismaux.

Selon le témoignage d'Henri Van den Berg, ces bœufs, ainsi que plusieurs autres groupes en bronze, auraient été enlevés de Milan en 1112, lorsque cette ville fut prise par l'empereur Henri V. Ils avaient été donnés par ce prince b. son ami et allie Obert de Brandebourg, évêque de Liège, qui, à la lète de six cents chevaliers liégeois, avait rendu de grands services h l'empereur, lorsqu'il assiégeait la capitale de la Lomb^irdie. De retour à Liège, Obert donna une partie des présents qu'il avait reçus en Italie, à Helin, qui, précisément à cette époque, fesail exécuter la cuve de Noire- Dame-aux-fonls (-).

(M Reg. !ib. 111, cap. VU, 23, sqq.

(') Van DEN Steen. lissai historique sur l'uncifuiu- cathédrale de Si-Lambert. i846, pp. 76-7.

08 -

Mais au couvercle, qui n'existe plus malheureusement ('),on retrouvait ce parallélisme entre la loi juive et la loi chrétienne. Les prophètes et les apôtres y étaient figurés comme ayant annoncé la même vérité, les premiers pour l'avoir prévue à travers les nuages, les autres pour l'avoir vue face à face. C'est ce qui résulte de ce texte de la chronique latine de Gilles d'Orval, que nous traduisons : « A cette époque, fleurit le noble Helin, » abbé de Notre- Dame-aux-fonts, qui, dans .'a même église, fit » des fonts en travail de fonte avec uu art à peine comparable. » Les douze bo3ufs qui soutiennent les fonts offrent le type de » la grâce. La matière se compose du mystère accompli dans » le baptême. Ici le Seigneur est baptisé par Jean, ici Corneille- » le-Gentil par Pierre ; Craton,le philosophe, reçoit le baptême; » le peuple accourt à Jean. Ce qui, par-dessus, couvre les fonts, » montre les apôtres et les prophètes (^). »

La distribution des scènes, la disposition des groupes, les airs de tête, l'expression des physionomies, la franchise des attitudes, le jet des draperies révèlent dans Lambert Patras un grand artiste et un homme de génie. L'antiquité est belle ; mais, en vérité, le moyen-âge qui a produit des chaudronniers comme l'auteur dont l'œuvre fait le sujet de ces lignes, a bien aussi son mérite.

Toutes les inscriptions sont ciselées. L'état fâcheux le nettoyage et le grattage a réduit les inscriptions, surtout celle qui couvre la moulure supérieure de la cuve, en rend la lecture assez difficile. M. de Guilhermy, qui a admiré les fonts baptis- maux de S'-Barthélemi, a transcrit ainsi cette inscription :

Corda. Parât. Plebis. Domino. Doctrina. Johannis. Hos. Lavât. Hinc. Monslrat. Quis. Mundi. Crimina. To!lat. Vox. Patris. Hic. Addest. Lavât. Hune. Homo. Spiritus. Iraplet. Hic. Fidei. Binos. Pelrus. Hos. Lavât. Hosque. Johannes.

(*) La tradition même se tait à ce sujet. Il est probable qu'il avait déjà été arraché de la cuve, lorsque celle-ci fut enlevée à l'insu des démolisseurs. ( - ) Aecidius AUREyE Valms apud Chapeaville II, 50.

- 09 -

Le premier vers appartient àS'-Jeaii, exhortant les publicains à la pénitence; le second encore à S'-Jean, baptisant deux juifs; le troisième au baptême de Jésus-Christ; le quatrième à S'- Pierre et à S'-Jean-Evangéliste, baptisant Corneille et Craton. Voici la traduction des quatre vers :

a Jean, par sa doctrine, prépare au Seigneur le cœur du » peuple : il lave ceux-ci, et en même temps il montre qui » enlèvera les crimes du monde. La voix du Père est là. » L'homme baptise Celui que l'Esprit remplit. Ici Pierre et » Jean lavent ces deux hommes de foi. »

Nous croyons devoir présenter ici deux observations qui ont leur intérêt. Au troisième vers, le mot addest est très-lisible- ment écrit avec la lettre d redoublée : le mètre l'exigeait ainsi. Au quatrième vers, un mot, le seul, a été presqu'entièrement arraché, probablement dans les divers transports auxquels la cuve a été soumise. Le mot èinos, proposé par M.deGuilhermy, est peut-être le vrai mot. Il ne s'éloigne pas du sens général, et à la rigueur s'ajuste assez bien avec les quelques traits qui restent encore. Cependant, après un examen attentif, nous pré- férerions écrire fous est. Rien ne s'y oppose dans les restes du mot efîacé ; et ces mots expriment une vérité très-élevée, que l'on retrouve dans tous ces vers; c'est-à-dire que l'homme est le ministre du Sacrement, mais que Dieu est l'auteur de la foi et de la grâce. Les deux mains qui lancent les rayons d'en haut, semblent autoriser cette explication : Ici est la source de la foi : Pierre et Jean lavent ces hommes.

A la moulure inférieure, celle qui pose immédiatement sur les bœufs, on lit :

Bissenis. Bobus. Pastorura. Forma. Nolalur. Quos. Et. Apostolice. Commendat. Gratia. Vite. Officii. Que. Gradus. Quo. Fluminis. Impelus. Hujus. Lelificat. Sanctam. Purgatis. Civibus. Urbem.

Ces quatre vers correspondent aux quatre vers de la moulure

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supérieure. Ils sont placés sous les mêmes scènes, mais sans aucun trait aux sujets historiques. Ils concernent la cuve et les bœufs qui la portent. « Par ces douze bœufs, est marquée » la figure des pasteurs que la grâce de la vie apostolique » recommande aussi bien que le degré de la fonction. De \h, » l'impéluosité de ce fleuve qui réjouit la ville sanctifiée par » la purification des citoyens. »

Eh! bien, nous le demandons sans crainte, quand on étudie de telles œuvres, peut-on refuser son admiration à ce moyen- âge, si magnifiquement beau, les plus humbles choses revêtaient un caractère monumental ?

Nous terminons cette notice en exprimant un vœu qui sera approuvé par tous les amis de l'art antique, celui de voir un artiste distingué se charger de rétablir le couvercle de la cuve, et en outre de restaurer la chapelle du transcept, de sorte qu'elle soit digne du chef-d'œuvre qu'elle renferme.

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DEVELOPPEMENT DES SUJETS DE LA CUVE.

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MONOGRAPHIE

L'ÉGLISE S'-ALEXANDRE ET S'-HERMÈS

A THEUX,

Par Ph. De LIMBOURG.

INTRODUCTION.

Plusieurs de mes collègues de VInslitut arcliéologique liégeois m'ont engagé à coordonner les notes relatives à l'église de Tlieux, que j'ai recueillies dans les archives de la paroisse et de la commune. Bien qu'incomplètes les archives présentant de nombreuses lacunes ces notes suffisent, sinon pour donner une histoire de l'antique monument religieux, du moins pour réunir les documents nécessaires à cette histoire et faciliter la tâche de ceux qui voudraient compléter mes recherches.

J'avais réuni ces documents pour ma propre instruction ; je n'ai consenti îh les livrer h l'impression que sur les instances réitérées de mes hoiiorables collègues et amis. Ils me i-'ardon- neront certainement, enlisant cette élude, les imperfections de la forme et l'insuffisance de mes connaissances en architecture.

La paroisse de Theux s'étendait sur toute la vaste commu-

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nauté de ce nom, formée du bourg de ïheux et de vingt-deux hameaux. Elle comprenait les vice-cures de Polleur et de ha Reid, et plusieurs vicariats auxquels étaient attachés des ecclé- siastiques qui donnaient l'instruction aux enfants.

Toutes les paroisses du Marquisat de Franchimont.dontTheux était le chef-ban, dépendaient de l'archidiaconé du Condroz et du concile de S. Remacle, au pont d'Amercœur. Les statuts de cet archidiaconé, donnés en 1633, mettaient aux charges des possesseurs de la grosse dîme l'entretien de la nef princi- pale, y compris celui de la toiture ; ils laissaient à la charge de la communauté les bas-côlés, la tour et les chapelles latérales; enfin les réparations du chœur incombaient au curé, parce qu'il jouissait de la sixième part de la grosse dune et de la moitié de la menue dîme.

Les décimateurs contestèrent h diverses reprises qu'ils fussent tenus i\ ces réparations, parce que les dîmes du marquisat de Franchimont étaient laïques ou féodales et, depuis 1313, relevées par des seigneurs du prince-évêque de Liège, dans sa cour féodale ( ' ). Pourtant ils se soumirent et se laissèrent taxer, soit par erreur, soit par générosité, comme si leur lief avait été ecclésiastique.

Diverses charges religieuses pesaient sur les dîmes. Le 25 août 1692, la cour des tenants avisa que « la grosse dîme doit et est obligée de payer annuellement à Véglise pour le vin, 5//(orins) 5 pal{i\rs) ; pour les osties, 10 pat.; pour la cire, 9 fl-; pour aube et amiie,3fl. 10 pat.; pour chasubles, étoiles et manipules, A fl; pour serviettes et blanchissage, 1 jl.ipour purificatoires et corporaux, 1 //.; pour graduel et missel, 1 //.; pour devant d'autel, SJl.; pour

(') Il a él(i prouvd, dans un procès terminé au commencement de -1775, que les dîmes du marquisat étaient féodales, sans en excepter celles que les curés tenaient de leur patron, et qu'elles n'étaient pas sujettes aux statuts archidiaconaux.Ces dîmes furent divisées entre les familles de Fléron et de Fexlie par le relief de 1436. Elles furent dans la suite morcelées de telle sorte que chaque liameau avait son décimateur particulier, quelquefois même plusieurs.

pociîiets, lo pat.; pour chappe processionnelle, 1 fl.; pour chande- liers et clochette, 1 fl.; pour la grosse cloche, S fl.; le tout sans préjudice des toits, celiez, etc. qui touche aux dits déci7nateurs pas icy mentionnés. »

La communauté, de son côté, soulevait parfois des difficultés relatives aux charges que lui imposaient les statuts arcliidiaco- naux. Je résumerai, pour en donner un exemple, un recès de la cour des tenants sont énumérées presque toutes les obli- gations de la communauté envers le culte en dehors des répa- rations de la tour et des nefs latérales de l'église.

Le 6 juillet -1698, les tenants assemblés firent demander au magistrat s'il était d'intention de payer une partie de fhuile de la lampe ardente, les deux vitres du chœur, le tabernacle et le crucifix du maître-autel, un ornement solennel, la garde-robe pour y remettre et conserver les ornements, les réparations des deux chapelles collatérales du chœur, la chappe mortuaire, la croix processionnelle avec son fanon, la boîte aux saintes huiles. La somme réclamée de la communauté se montait h fl. 735. Les tenants espéraient que la communauté s'exécuterait prompte- ment en considération de certains travaux faits h sa décharge parle curé (*).

Les prétentions de l'église furent insinuées le 14 juillet au magistrat qui n'y répondit pas. Le 27, la cour des tenants le cita devant l'official de l'archidiacre du Condroz pour l'obliger au paiement de l'état lui signifié le 44. Un accord intervint le 18 janvier 1699. Par cet accord, les bourguemestres prirent h charge de la communauté de rédimer, avec le canon courant, une rente de 25 fl. B'""" créée par la fabrique pour subvenir aux réparations ci-dessus énumérées et de fournir 15 fl. B''"" pour les frais faits devant l'official.

Les conséquences de la transaction furent l'anéantissement

(* ) Réparation des quatre vitres des deux chapelles collatérales du chœur, place- ment des deux grands pupitres du choeur et du banc de commun'on.

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des prétentions de Téglise qui dut acquitter la dépense, objet du litige, acheter un ornement noir complet et une chasuble verte et entin faire réparer le ciboire.

Le curé, lui aussi, cherchait b. se dispenser des réparations laissées à ses dépens ( '). Mais les administrateurs se refusèrent à intervenir, sauf dans le cas de sérieuses améliorations.

Il fut maintes fois dérogé aux trois principes que je viens d'é- noncer. On verra plus loin que différentes personnes, mues par la dévotion ou par la générosité, ornèrent l'église et attachèrent leur nom h la plupart des ouvrages qu'elles y firent exécuter.

Nous allons examiner successivement les différentes parties de l'église dont nous avons entrepris l'étude.

( *) Voici le toxle de la lettre qu'il écrivait à ce sujet :

« Monseigneur,

«Les pasteur et tenants de l'église parochialle de Theux renionlrentàvotre illtislre seigneurie qu'il y a des fulchres ou pilliers qui appuient la muraille du cœur de l'église qui est ruineus, lequel il faut mettre em bas jusqu'au mitant pour le perti- nonment réparer: ils supplient qu'il plaise à votre illustre seigneurie de déclarer qui est celuy qui est obligé à laditte réparation et luy ordonner de la faire, afin d'aller au devant d'une plus grande ruine. Quoy faisant, elle obligeras les remontrants, eic.

Faite à Theux, le 20*-' mars l'an KitiO, éloit signé de la main M^e Jean Anseau, curé de Theux. «

S'ensuit l'apostille de l'archidiacre de Condros.

a Déclarant la réparation cy dessus mentionnée devoit estre à la charge du R' pas- teur, comme ayant la milant parle de la menue disme, laquelle est de notable valeur et en outre la sixième parte de la grosse disme, voir et bien entendu que les parois- siens sont obligea chauroy des matériaux a telle réparation nécessaire leur donnant sobrement a rafreschire : et ce par l'expresse disposition nos status, fol 30, de oneribus pasloris quœ ad reparalionem. Faite à Liège le 28° mars 1660. Signé : Herman de Stocliem, archidiacre de Condros. »

DESCRIPTION DE L'EGLISE.

L'église de Theux, dédiée aux S. S. Alexandre el Hermès, est bâtie sur une éminence, située h l'extrémité occidentale du bourg. Elle est entourée du cimetière qui s'étendait jusqu'au ruisseau de Wayot. On ignore à quelle époque une partie du champ de repos fut abandonnée à la culture et à la bâtisse; tout ce qu'on sait, c'est qu'une emprise y fut faite (1768) pour l'élargissement du chemin, devenu la chaussée de Liège, et qu'en 1786 on le rétrécit de nouveau pour aligner son mur de clôture par une ligne droite tirée de sa principale porte d'entrée à la maison Malempré, aujourd'hui maison Marcotte. Ce dernier rétrécissement fut décidé par le magistrat, h la demande des Seigneurs des États du Pays de Liège, du con- sentement unanime de la cour des tenants, ratifié par l'archi- diacre du Condroz (').

L'entretien des murailles et des portes du cimetière était h la charge de la communauté. Si la cour des tenants, reconnaissant la nécessité d'une réparation quelconque h ces clôtui'cs, faisait exécuter le travail el payait la main-d'œuvre et les fournitures, elle exigeait du magistrat le remboursement de la somme dé- pensée, considérée comme avance, h moins qu'elle n'eût obtenu du prince l'octroi de vendre des terrains incultes ou aisances dont le produit était affecté aux réparations de cette nature, ainsi qu'à l'embellissement et h l'ornementation de l'église (-).

(' ) Recès du magisU'at du 27 octobre 1785 : Assemblée de la cour des tenants du 30 octobre 1783.

C'est en faisant ce travail que furent trouvées les monnaies romaines dont il est parlé à la p. 400, t. IX du Bull de l'iiist. aicli. liégeois. La communauté fit construire en 1786 les murailles et les portes qui clôturent le ci.netit're du côté de la chaussée de Liège.

l *) s. BORMANS. Chambre des Finances, p. 40 cl au Bull, cité, t Vil, p. 40. Elle obtint des octrois de terrains, notamment le 23 septembre 1393, le l" juin 1G18, le 5aoiJt 1027 [Arcli. coin, dt Tlteu.r),

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Le curé seul autorisait, moyennant certaines redevances, l'érection dans le cimetière de monuments funéraires, croix ou pierres tumulaires (').

Il serait difficile d'assigner une époque précise à l'édification de l'église. Il parait pourlant certain que la tour remonte au VHP ou au IX'' siècle, le vaisseau de l'église au XP et le chœur aux premières années du XVI' (-),

L'église de Tlieux est par conséquent l'un des plus anciens

{ *) 0 De la part de votre curé l'on faict commandement qui ne soit personne si présomptueux de mettre croix de pierre dans le cymetière sy ce nest parmi tes droicts ou par son cogneu.» {Arch.de l'église, reçiistre aux annonces, octobre 1598.)

(') Voici, quant à la construction du chœur, les renseignements que nous trouvons dans les comptes de l'église :

« Item at ordonné Englebcrt de Presseux chaslelain de Franchyniont que le dit Johan devoii débourser az omes qui ont fait les bricques x flor.

» Item a encore déboursé a Johan Miso pour le forme des bricques pour xiij journées.

» Item a Johan le Lymosin de Vervier pour xij jornees vi flor.

» Item a Johan le Molnier xii aidans pour une berwette pour mener les bricques.

» Item encore débourse a Denis Chavas pour v journées a vi aid. le jour font, xxx aid.

» Item débourse à Englebert pour ij journées a servir les omes des bricques.

» Item iiij journées que ledit Johan servit a coller le chaulxdequoy Ion piastre les chapelle et lalstîire (Portés au compte de 1519 de Johan de Fraipont, le jeune mambour de 1514 à 1520).

» Item X aid. pour ij t innés dont les maçons se sont servie à lenglise.

» Item at livriet led. Johan xvj cent piet de latte pour servir az deux chapelles et vestiaire a xvj aid. le cent.

» Item at livriet ledit Johan deux cent piet de plance en la main de Mali de Francymont pour mcctre sur le chanceau.

» Item at reçu ledit Johan a messire Jacques iiij, piet de latte.

» Item at servie ledit Johan une journée a mectre ces planées avecque Mati.

» Item a Johan délie rualle de mont v aid. pour maxhier le chaulx.

» Item v journées a paliet et a mectre a point le chanceau de senestre.

» Ilem paye pour ij cent de claz v aid.

» Item encore pour une journée quil at este chargie les pierre des deux voillire sur les chars de Sassure et Saserolte que renevoyent damsche.

» Item pour trois voitures que ledit Johan at este à Gronlle chargie des lenres pieres et ce pour chacune voiture ij jours qui font vj journées.

« Item paye pour les voillire de la chapelle vers la boverie. xviij flor.

» Item ij journées que le dit Johan at servie a les aider mectre. »

(Môme compte que ci-dessus, année I'>21) .

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monuments religieux de la Belgique. Son antiquité la signale à la sérieuse attention de l'archéologue.

On prétendit, il y a trois siècles et demi, qu'elle menaçait ruine (•). La même accusation se reproduisit h différentes époques (-) et moins de dix ans nous séparent du jour d'au- cuns insinuèrent encore qu'elle n'offrait pas les garanties suffi- santes de solidité pour être conservée.

La vérité est que, dans ces derniers temps, l'église exigeait de nombreuses et urgentes réparations, notamment h sa toiture reconnue mauvaise depuis trente-cinq ans et à son plafond dont certaines parties se détachaient des poutres et tombaient de vétusté.

Le Conseil de fabrique opinait en faveur d'une nouvelle construction.

Le Conseil communal désirait conserver l'antique monument. Il chargea M. Remont, architecte à Liège, de dresser un plan d'ensemble des travaux à exécuter.

La Commission royale des monuments, consultée par l'auto- rité supérieure, écrivit, le 23 mai J862, h M. le Gouverneur de la province : « nous ne pouvons nous résoudre, en présence de l'intérêt archéologifjue qu'il présente encore, h. consentir, en ce qui nous concerne, à la démolition de cet édiflce. »

« Il s'agit en effet de cette forme dite : basilique à piliers et îi plafond décoré dont peu de spécimens subsistent aujourd'hui et qui constituent un jalon précieux pour l'histoire monumen- tale en Belgique. »

(')« liera at esté leJit Johan une journée a Leborch quérir Piron le maistre machon de Leborch pour visenler lenglise que Ion disoit quelle voioit lomber. » (Même compte, année 4321).

Voir également « la Visitation de Téglise, l'an 4663 » rapportée plus loin.

(2) ...« Aussi les habilans de cette communauté se plaignent-ils amèrement depuis longtems que l'église paroissiale de Theux, non-seulement est trop petite ou égard à la population de la paroisse, mais qu'une partie des murailles, du toit et du plafond est tellement caduque que la vie des paroissiens est journellement en danger. » Rccès du magistrat du 2S janvier 1790.

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Il était question alors de rendre au temple son style primitif. Les administrateurs de Tlieux, en présence de l'avis favo- rable de la Commission royale des monuments, étaient portés à croire que l'éj^lise serait rangée au nombre des monuments publics. Mais sur le refus des autorités compétentes (1866) et n'ayant en perspective que de modiques subsides, ils renon- cèrent à un travail considérable qui serait devenu pour la commune et pour la fabrique de l'église un fardeau trop lourd à supporter. Ils se contentèrent du strict nécessaire. A cet efïet, l'Administration communale chargea M. Remont fils, de dresser un projet de restauration moins onéreux que le plan adopté précédemment.

Avant d'entreprendre la description de l'intérieur de l'église, il convient de jeter un coup d'œil rapide sur son extérieur.

Au nord, est la façade principale dont la moitié environ est masquée par des constructions annexes. D'abord c'est le parvis ou portail qui donne accès à l'église : il est adjacent à la tour contre laquelle a été bâti l'ancien vestiaire ou sacristie (').Puis à l'orient vient le chœur. La sacristie est adossée à la chapelle latérale de gauche et à la chapelle Wollï ou Leloup, seule cons- truction accessoire de la façade méridionale de l'église. En con- sentant à l'érection de cette chapelle (1655), le magistrat autorisa la démolition d'une petite tour qui était, sinon adossée à l'église, du moins à proximité de celle-ci.

L'église est construite en pierres de grès de moyen appareil (-).

(*) Le vestiaire a été bâti en même temps que le chœur.

« Item encore iiij journées que ledit Johan a servie a faire les aires de vestiaire. » (Même compte, année Io21).

{ *) Selon Lamy, le grés dont est bâtie l'église de Thcux provient tic la carrière de Timonheid, peut-être aussi de celle de Slaneux, mais plus pivibabicment de Timonheid dont le grés plus rougeàtre a plus de res?emb!ance avec les pierres de l'église. (Gommunicalion de .M. Cust. Magnée, membre de ïlustitut archéologique liégeois). Les Romains employaient également le grès dans leurs bâtiments de .luslenvillo. Voir lu fiiillciin déjà cité.

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On remarque dans ses deux façades latérales les baies de fenêtres d'environ 1"\30 de hauteur sur 0'",80 de largeur, dont le cintre est formé de pierres de petit appareil. Elles doivent avoir été au nombre de sept : quatre dans la façade méridionale et trois dans la façade septentrionale. Le pignon est percé d'un oculus, avec cintre en petit appareil.

Le portail, bâti en pierres de taille, est une construction assez récente. Il est vraisemblable qu'il a pris la place d'un portail plus ancien (').

La tour est carrée. Ses murs dont l'épaisseur est de 1™,60 à la base et l'",18 au sommet, sont construits en pierres de grès de moyen appareil et percés de meurtrières (-).

La toiture ;\ flèche surbaissée et à encorbellement, a quatre versants. Elle était des plus simples avant d'avoir été remaniée en 1871. Les fenêtres qui subsistaient dans les faces de l'encor-

( •) « Et corne pour la coraoïlité de l'église et autant mieux vaquer au saint service divin, le curé de Thcux par advis d'aucuns a fait faire deux chayéls mises à 1 église aflin sasseoir les prestres en confessant, mesme un portai et fait repeintre les patrons de ladite église, ils ont porté ensemble quattres vingts deux florins quinze patars brabant. » [Arcli. de Thcux, Compte de la communauté, rendu le ^novembre 1613 aiixmayeur, cschei'ins^ bounjuemestres et douze hommes du ban de Tlieux).

On lit sur une dalle, encastrée au-dessus de la porlc, l'inscription suivante. Le chronogramme qui y est renfermé donne la date de -1626.

vovs tovs qyi me convoitez, passez vers moy et soyez remplis de mes generations eccl 24 MarIe LeIeVne henrI aV seIgneVr DIeV LIee 510vrant a restavree de ce temple lentree.

(-) On ne doit pas attribuer à une fenêtre la baie boucliéc du côté de l'ouest joignant à Téglise, mais bien à une porte donnant accès aux combles de l'église à l'aide d'une passerelle lorouvcrte d'un toit, ne ressemblant pas mal à un colombier. Aujourd'bui, on passe directement de la tour au grenier de l'église. Celte améliora- lion date de 1867.

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bellement ont été ornées de colonnes eld'abat-sons.Une lucarne a été ménagée dans chaque pan des versants.

Une belle croix la surmontait autrefois. On l'enleva vers 1794 et pour supporter le coq indicateur des venls, on y mit la croix surmontant la chapelle du couvent des Dominicaines, après lui avoir enlevé son caractère de signe de la rédemption.

La croix enlevée en 1794 était ancienne ; un recès magistral du 11 mai 1713 ordonnait aubourguemestre Pouheaii de réparer le toit de la tour et de consolider la croix dont la chute était h

craindre (')•

La tour, telle qu'elle vient d'être restaurée, a une hauteur totale de 35 mètres qui se répartissent comme suit : la maçon- nerie en comprend 18, la toiture 13 et la croix 4 ( -).

Les murs de l'ancienne sacristie et du chœur sont en pierres de taille, ceux de l'abside sont en moellons, ceux de la sacristie et des chapelles latérales en marbre noir de la localité, ce qui permet de supposer que l'ensemble du chœur ne fut pas cons-

(* ) a En rassemblée du niagistr£l de Theux le 11" maye -1713, estant représenté comment le toict de la thourde notre église est fort défectueux, la pluye percunt dans quantité d'endroit qui poury par les pluyes les bois tant du toict qu'autres et que même la croix sur ladite thour menace de tomber, avons ordonnez comme par cetta ordonnons au bourgmre Pouheau de faire réparer le nécessaire et faire réparer un costé dudit toict, veu qui est le plus défectueux et même de faire reparer le néces- saire a ladite croix de fer; ses exposez lui seront validez dans ses comptes, i- {Arch. de Theiix).

En 1871, les ouvriers, découvrant la boule, ont détaché une plaque en plomb avec cette inscription tracée à la pointe :

FAIT LAN

i713 POVHEAV

JJGMRE

Cette plaque est déposée à l'Hôtel-de-Ville de Theux. (-) Cette croix pose 210 kilogrammes.

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truit d'un même jet. Des contreforts s'élevant jusqu'à la toiture, mais abaissés depuis 1867, flanquent les angles des murs de l'abside. Des sept fenêtres du chœur, il n'en subsiste que quatre. Je dirai en parlant de l'intérieur de l'église à quelle époque celles du pignon ont été murées.

La pierre taillée s'allie à la pierre brute dans la nouvelle sacristie, construite en 1869, en majeure partie aux frais de M™'' Cornet-MuUer. On y a ménagé une sortie du côté du cime- tière. Sa couverture est une plate-forme en zinc.

Dans les réparations effectuées récemment à l'extérieur de l'église et de la tour, on a pris soin de rétablir les chenaux dont les toits étaient privés depuis longtemps.

D'après une tradition assez généralement répandue à Theux, l'église aurait appartenu aux Templiers. Cette tradition qui ne s'appuie du reste sur aucun fait, doit être écartée. Aucun docu- ment, aucun auteur ne mentionnent la communauté de Theux comme un lieu un manoir du Temple aurait existé. D'ailleurs l'église est antérieure à l'année 1118, date de la fondation de cet ordre célèbre.

Intérieur.

Du portail, après avoir monté deux marches, on arrive dans le temple par une porte à cintre surbaissé, relativement peu élevée, encadrée de pierres de marbre noir taillées et moulurées, provenant de la carrière de la localité (^). Cette unique porte est située vers le milieu du côté nord.

(•) Il s'agil vraisemblabloment de l'encadrement de cette porte dans celle dépense tirée du compte de l'église, année 1575. « Le Ville jour d'avril conté avecq Jacque Raskiet et les charons qui ont charier les pierre et sablons avec la cbasse pour relTaire les murranges de l'enterré de l'engleise montant le tout ensemble XXX flor. liégeois et xxxvi so. »

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PLAN DE L'KGLISE DE THEUX.

Fig. i.

Echelle de 0,002o pour i mètre

Construite dans la forme des basiliques primitives, l'église n'a jamais eu de transepts. Son vaisseau présente un carré long mesurant dans œuvre 28"', 64 de longueur sur 14"', 62 de largeur et 10'",7o de hauteur. Il est divisé en trois nefs par deux rangs de cinq piliers carrés ('), sans base, avec de simples saillies coupées en biseau pour chapiteaux, réunis par des arcs en plein cintre.

(* Ils sont irrégiiiicrs et niesiirenl en moyenne P'^IS sur l"'/2.j.

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L'arcade du haut de l'église est formée d'une grande ogive embrassant une largeur double des autres travées. Cette irré- gularité provient de l'enlèvement d'un pilier carré dans chaque rangée et de la réunion de deux arceaux en une seule ogive. Il est probable qu'en même temps que cette ogive se substituait aux arceaux, disparurent l'abside demi-circulaire et les murs terminant le fond de l'église et qu'à la même époque, le chœur fut construit. Malgré l'absence de documents relatifs à ce rema- niement, on doit le placer, sinon à la fin du XV'' siècle, du moins au commencement du XVP, l'achèvement des chapelles latérales devant être reporté à l'année lo'JO (').

Lors de l'érection du chœur, on laissa subsister au-dessus des ogives qui le séparent de l'église, l'épaisse muraille dont la base venait d'être démolie. Son poids énorme, joint à la percée pratiquée dans le mur méridional et à l'enlèvement d'un contre- fort quand la chapelle Wolff fut édifiée (16S5), compromit l'église au point que les administrateurs en furent alarmés. La Cour de justice et le magistrat, conjointement avec la Cour des tenants, appelèrent de Liège (I660) un maître-maçon, afin de rechercher le moyen de remédier au mal et de conjurer l'effon- drement du temple. Gilles Piron, c'est le nom du maître-maçon, émit l'avis de substituer une clôture plus légère à ce qui restait de l'ancien pignon (^). Les travaux proposés furent différés, car

( ') « liera déboursé à Johan le molnier pour II journées quil at servie az aires délie voissure de piere de taille deseux le crucifix xvi aid. Item V journées que ledit Johan at ouvrait a ces meisraes aires. Item payé vi aid. az scrinier qui ont fayt des planées de tronlle pour meclre sur les aires délie voissure. » Compte de Johan de Fraipont le jeune, mambour de 1514 à lo20, anno 1520.

(^) Visiluiion des murailles de l'église de Theux de l'an 16G5, ici enregistré pour mémoire. Registre aux assemblées des tenants, commençantîjle 30 avril 1680, fol. 98.

« L'an mille six cent soissante cincque le vingt^cincquième jour d'avril par devant nous la (;our et justice de Theux, presens Noirfalise, Limbourgh, Poncelet et Doneux, eschevins, constitué le R'' M'^ Jean Anseau nre pasteur, Ernest Proenen, Lan^bert Thonon et Joan de Lirabourg nre greffier tenants de nre église paroichialle avec Mre Albert Collette et Jean Fraipont noz bourguemres lesquels ont déclarés qud comme notre dite église se trouveroit fort caduque et les murailles et voûtes

la même question fut agitée de nouveau par la Cour des tenants et ils furent effectués seulement en 1700. L'ouvrage consista en une cloison boisée et ardoisée, maintenue par des ancres en fer.

Les ardoises disparurent à une époque indéterminée ; il n'y eut qu'un simple lattis jusqu'en 1867.

Les bas côtés ont la même élévation que la grande nef; leur largeur varie de 3'",08 à 3'",27. Leur plafond est en ciment badigeonné au lait de chaux.

La nef principale est large de six mètres h la base des piliers. Un plancher construit sur de grosses poutres lui tenait lieu de plafond, mais sur les observations de l'archidiacre du Condroz, les tenants résolurent de lui donner un plafond suspendu aux poutres. A cet effet, ils imposèrent, le 22 juillet 1626, une taxe sur les grosses dîmes du ban, qu'ils frappèrent d'une seconde taille en 1629.

Ce plafond de 6"',30 de largeur, était formé de cinq rangs de vingt-deux panneaux chacun ('). Les trois rangées du milieu

d'icelle du costé du cœur en hazard de périr, ils auroient fait comparaître M""" Giele Piron, rare masson de la cité de Liège a elTet de faire reconnoUre et visiter ce qui sci'oit nécessaire à reparer d'où la ruine vient et ce qu'il est nécessaire d'employer pour ladite réparation et affîn rassurer ladite église, duquel M"""^ Masson ils auraient fait faire ladite Visitation nous requérant d'en tirer d'icelui relation sermentelle pour s'en servir au besoing dont ledit mre masson après serment preste nous a déclaré avoir veu qu'a raison du demolisscraent de certain pilier lequel on lui a déclaré qui tenoitet aboutoit sur la muraille de ladite église du costez du jardin de nre confrère Limbourgh en place duquel Ion at fait ériger une chapelle, ledit muraille at perdu force et s'est détaché arrier de la voule passante deseur le grand crucifix, ladite chapelle érigée en lieu dudit pilier ne servant d'aucune force par ce même que les murailles d'icelle sont détachez et eslargis arrier de ceux de la dite église, ce qui at cause mesme que partie des voûtes deseur ledit crucifix sont présentement tom- bées, pour a quoy remédier il dist estre nécessaire a raison que pignon et muraille traversant l'église deseur le dit crucifix et lequel supporte le toix est fendu et derompu en plusieurs endroits de grand pesanteur et lequel ne peut plus longtemps subsister ains pourat en peu de temps culbuter par ou l'église scroit fort ruinée, de deraoslir iceluy et y construire un nouveau édifice plus léger, comme aussi de faire raffermir les murailles de ladite église el les asseurer avec bars de fer. Par extraite de l'originale signe Joan de Limbourgh par copie conforme a celle signée comme dessus Jean Gaye, greffier de la Cour des tenants.»

(*) Les panneaux mesurent l'",17 sur i">,i2; les longerons et les traverses leur servant d'encadrement ont 0'",12.

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représentent des images de saints ou des sujets de la vie du Sauveur, tandis que sur les rangées latérales sont peintes de simples décorations qui, rompant la monotonie, relèvent les peintures et produisent un excellent effet (')•

Les traverses de la charpente furent couvertes d'inscriptions dans lesquelles se lisait répétée la date 1630 ('^) et les longerons

( * ) Voici l'ordonnance relative à la construction de ce plafond Nous les mayeurs et tenants de la courte jurée de lengliese parochiale de Theux sont scavoir Jean Bertelmy l'aisné, Jacques Boniver, Martin Pirceval, Anthoine Thomas Berlelmi, Jean Bertelmy le jeune et Jean Proenen estants comparut en la maison pastoralle de la dileengliese le 22e jour du mois de juillet de l'an dGâG a la convocation de véné- rable Mre Jean Doneux, curé dudit lieu, nous at esté par ledit Mre Jean remontre cornent a la dernier visite qu'avoit fait le S»' Archidiacre Elderen avec Monsieur le doyen de S' Jean et autres deladitte engliese de Theux, ils avoient entre autres réparation à faire en laditte engliese ordonné de faire fair et accommoder un sellez raisonnable au dessoub des soumiers passants et traversants laditte engliese et pour ce fair avoient ossi ordonné d'asseoir une taille sur les grosses dismcs de bancz dudit Theux corne estantes a ce tenues et obligées de touttes anchienneté et de la collecter selon l'anchienne coustume, pour avec les deniers dicelle taille fair achapt et provision de planches et bois y nécessaires, suivant quoi nous requérant de faire et asseoir une double taille de la précédente et dernière assiese le i8>^ de septembre 1618 pour emploier les deniers a l'effect susdit ce qu'avons fait après en avoir adverti lesdits deciniateurs et leur proposé l'ordonnance susdite. »

La cour contracta avec M^e Balthasar, menuisier à Liège, touchant la fasson du mitant du celle ordonné ci dessus scavoir le canton d'au mittant.

Pour le payer, ainsi que le pain, vin et chandelle nécessaire à la messe paro- chialle qui se dit et célèbre au grand autel, les tenants imposèrent de nouveau en 4629 une taxe sur les grosses dimes [Arch. de l'église).

(' ) Histoire de la peinture au pays de Liège, par Jules Helbig, p. 161.

Voici les inscriptions de l'ancien plafond, qui rappellent certainement les noms des donateurs des peintures. Le trait indique la séparation des panneaux :

REVEREND. DAMP. VRBAN. D'OINGNÉ. PRIEVR. DV. MONASTERE. DE. MALMENDIE. REVEREND. MRE. ARNOVLD. LONCIN. CVRÉ. DE. CHRISTOFLE. DOYEN. DE.

ST. REMACI.E. ET. EXAMINATEVR. MRES. MATHIAS. LONCIN. CVRÉ. DE. S. CHRISTOFLE. ET. NICOLAS. HERVE.

CVRRÉ. D'ENSIVAVLX. lESV. CHRIST. QVI. AT. SOVFFERT. POVR. NOVS. AYÉS. PITIÉ. DE. KOVS.

ANXO. D.,,,. 1630. MRE. ANTHOINE. D'ANTHINNE. ~ ET. SIRE. lEAN. lACQVE. VIS. CVRE/. DE.

CESTE ÉGLIESE. SR. JEAN. LE. lEVNE. LIEVTENANT. VOVÉ. DE. FRANCHIMONT. SER. PIROT. PICQVEREA. RECEPVEVR. DE. S. A. S^E, ET. ELI7.ARETH. DE.

MOVUN. SON. ESPKVSE.

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décorés d'un dessin ornemental. Les peintures des traverses, des longerons et des angles des panneaux étaient en détrempe. L'exécution de l'ouvrage laissa h désirer : le plafond fut mal assujetti et douze ans après on fut obligé d'y travailler pour le consolider C). En 1704, il fallut de nouveau y mettre la main, il était percé et dérompu au-dessus des orgues.

On proposa au siècle dernier de lui substituer une voûte. Le projet, alors ajourné, fut repris à diverses époques, notamment vers 1820. A cet effet, les autorités locales ouvrirent une sous- cription et décidèrent, dans le but de se créer des ressources, de vendre les poutres soutenant les peintures. Elles espéraient retirer une forte somme de la vente de ces poutres, mais un charpentier chargé de les évaluer, ne les jugea, dans un esprit de lucre, paraît-il, propres h aucun usage. Désespérant de pou- voir se procurer les fonds nécessaires, les administrateurs

TRES. EXPERT. MRE. NICOLAS. A. LIMBOVRG. DOCTEVR. EN. MEDICINE.

MAYEVR. LAVRENT. LE. DOYEN. ESCHEVINS. PIROT.

PICQVEREA. MAISTRE. NICOLAS. CIEL. lEAN. SERVAIS.

TOVSSAINT. DELFORGE. lEAN. GIEL. A. LIMBOVRG.

lACQVE. BONÏVER. FASSIN. D'ONEVX. 1630.

lEAN. PROENEN. BOVRGMRE. ET. GREFFIER. DES. TENANTS. ET. FRNEST.

SON. FRER. ANTIIOINE. THOMAS. BOVRGMRE. ET. ESCHEVIN. DES. TENANTS. ET. FRANC.

SON. FILS. PIERRE. LOVVEIGNÉ. PRELOCVTEVR. ET. PIERRE. CLEBAN. BOVRGMRE. DE.

THEVX. LAMBERT. FRAIPONT. BOVRGMRE. DE. TIIEVX. ET. CATHARINE. COLLETTE.

SON. ESPEVSE. NOËL. PONCELET. MEVSNIER. DE. TIIEvX. MARIE. CIELE. SON. ESPEVSE. UVBERT. lASON. MRE. DE. FORGE. TOVSSAINGT. D'ELHEID. SON. GENDRE. LAMBERT. BOVNIVIER. ET. ISABEAV. SERVAIS. LAVRENT. SON. ESPEVSE. GIEL. DE. SASEROTE. D'ONEVX. ET. TOVSSAINT. BERTRAND. SON. GENDRE. COLLARD. BERTRAND. lACQE. BONIVER. BOVRGMRE. ME. DE. FORGES. lEAN. SERVAIS. MALIEAN. lEAN. UENDRIC. COLLIN. UVBERT. COLLIN. LAPSON.

(*) Le qualtriômc de maye ano dit (1043) paiet à Pirotte Jacques Gielc pour avoir fait deux ancres por les mettre az tableau du celle lorsque Hermès de Pont les racomoda et ung bar mis à la trailhe de l'engliese et servant pour passer ensemble et refait le pendenient de la trailhe devant le St Sacrament, xiii pat. {Arcli. de l'église).

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abandonnèrent ce projet au grand déplaisir des uns, à la grande satisfaction des autres « qui applaudissaient h ce que ce plan- cher, ouvrage de leurs ancêtres, ne serait pas sacrifié à l'igno- rance et à la cupidité ('). »

Le conseil de fabrique tenta une nouvelle démarche auprès de l'administration locale le 28 avril 1835, afin de l'engager à entreprendre plusieurs réparations, urgentes selon lui, mises par la loi aux charges de la commune. Au nombre de ces répa- rations, figurait la construction d'une voûte. Le conseil com- munal rejeta la demande des fabriciens le 48 juin suivant, sur la proposition motivée du bourgmestre, M. J.-L. de Presseux.

L'intention de voûter la nef principale se manifesta encore plusieurs fois après 1835 et en dernier lieu lorsqu'il fut reconnu que les fidèles couraient un danger réel en assistant aux offices. Après deux siècles et demi, on le conçoit facilement, les pan- neaux et les peintures étaient en si mauvais état qu'ils faisaient peine à voir. On était indécis, ne sachant à quelle alternative se résoudre, construire une voûte ou restaurer l'ancien plafond. La Commission royale des monuments trancha la question en se ralliant à l'avis de ceux qui préféraient la conservation des peintures. Il fut en conséquence restauré en 1871.

La charpente dut être renouvelée intégralement ; il en fut de même d'un certain nombre de panneaux, dont la restauration était rendue impossible à cause de la pourriture des planches.

Le conseil de fabrique confia la partie artistique h M. Jules Helbig, qui, en véritable archéologue, a laissé subsister ce qui était susceptible de retouche et a donné aux panneaux neufs le cachet des peintures primitives (-).

(*) Rapport de M. J.-L. de Pi-esscux, bourgmestre, lu en séance du conseil com- munal le 18 juin 1833 {Arch. de Tlieux).

(*) Ces panneaux sont disposés de la manière suivante d'après le plan donné par M. J. Helbig : au centre du plafond et dans la rangée du milieu les trois personnes de la Sainte Trinité : Dieu le Père, vers le cbœur; le Si-Espril et N. S. J. C. A leurs côtés, dans les deux rangées latérales, vient le collège apostolique, lequel, par l'ad-

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Les deux rangées de panneaux de décorations ont été peints par M. Onno Tidens, deTheux, sous la direction de M. Helbig.

La tradition prétend que la grande nef a été voûtée, que sa voûte s'effondra de vétusté et qu'elle ne fut pas décombrée.

Saumery, dans les Délices du pays de Liège, parle de cette voûte supposée comme si elle existait au moment il écrit (').

Cette opinion ne peut pas être admise : vers l'an 1520, les tenants font mettre des planches sur le celé, c'est-à-dire cons- truisent ou réparent le plancher sur les poutres (-).

En 1G26, ils décident de faire sous les poutres un plafond qui fut achevé en 1630, comme on vient de le voir.

Enfin les voûtes n'apparaissent que tard dans le style roman : « La couverture de toutes les basiliques, grandes ou petites,

jonction de St-Paul, de St-Mathias, qui a remplacé Judas, et de St-Barnabé que l'on compte souvent parmi les apôtres bien que le sort ait favorisé St-Mathias remplit quatorze panneaux. Dans la rangée du milieu commenrnnt du côté du chœur et s'étendant jusqu'à Die'j le Père, sont disposés par ordre chronologique tous les panneaux représentant des sujets relatifs à la vie de N. S. J. C; en avant de ces panneau.\ l'image de S. Jean-Baptiste, le précurseur. Toujours dans le milieu, mais après Timage de N. S., suivent tous les panneaux relatifs à la Ste-Vierge Marie.

En avant, vers le chœur, à côté des apôtres, les deux protomartyrs S. Etienne et s. Laurent, et, vers les orgues, toujours du môme côté, l'ange Gabriel et l'ar- change s. Michel. Viennent ensuite au haut et au bas de l'église, les quatre prin- cipaux pères de lEglise d'Occident : St-Jérôme, St-Augustin, St-Ambroise et St- Grégoire.

Tout au haut, vers le chœur, dans la rangée du milieu, sont placés St -Alexandre et St-Hermès, les patrons de l'église et à côté d'eux les patrons du diocèse, St-Lam- bert et St-Hubert, auprès desquels se trouve aussi St-Servais.

Toutes les saintes femmes trouvent leur place dans le restant de la rangée du côté de révangile, et les autres saints, fondateurs d'ordres, martyrs, confesseurs, etc., sont placés du côté de Tépître et dans la rangée du milieu après les pan- neaux relatifs à la Ste-Vierge.

( * ) a La voûte en est haute et hardie, soutenue par deux rangs de colonnes qui séparent deux collatéraux bien proportionnés. » T. 111, p. 24S.

(- ) « Pour H" cent de clas grans pour claver les planées sur le chelet. viii aid.

» A Johan le moulnier pour des planées pour mettre a lentour déceler, 1 demi noble de Saxe valant tiii flor.

» Ancore a ly m pour planées, un lion val vi flor. » (Compte de Jacob de Fraipont, mamboar de l'église, l'an 1521, aux Arcfi. de l'érjUse.)

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dit Schayes, dans son Histoire de raixhiteclure en Belgique, 1. 1, p. 84, consistait en une simple charpente, posée à nu ou revêtue d'un plafond, divisée en caissons décorés de rosaces ou d'autres ornements de sculpture. »

Pour ne rien omettre, je dois dire que lorsque M. le curé Conrardy abaissa le sol de l'église d'une marche (1851), on trouva sur un ancien pavement presqu'intact une grande quan- tité de décombres, consistant en pierres, briques et ciment. Encore aujourd'hui le pavé est superposé à un ancien pavé en marbre noir dont les fragments ont été découverts en juillet 1873, à 0'",37 du niveau actuel de l'église. Au même mois de juillet 1873, on a creusé, à l'effet de rechercher l'ancienne crypte, une ouverture d'environ deux mètres de profondeur et l'on n'a rencontré que du ciment mêlé h quelques fragments de briques et de pierres. D'où peut venir cette énorme couche de ciment, si ce n'est de la démolition de constructions intérieures ou extérieures, ou bien encore de quelque construction envi- ronnante ?

Dans le principe, le jour pénétrait dans le temple par de petites fenêtres en plein cintre. Le curé Jérôme de La Haye, se proposant de les modifier, sollicita l'intervention pécuniaire de la communauté, tant pour la dépense de ce changement que pour d'autres réparations projetées. Il obtint du magistrat un subside de 300 fis. Brabant-Liége (').

Les petites fenêtres furent bouchées (-) et le curé fit percer

(• J Ordonnance du magistrat du 2!2 diicerabre 1700, aux Arch. de Theux. Les autres réparations consistaient à plafonner le portail et à le blanchir, ainsi que It» chœur.

{*) A moins qu'il ne s'agisse de ces fenêtres dans le recès suivant, du i«' mai -1721 :

« Recès fait par les bourgmestres, commissaires, électeurs et notables. Que le magistrat devrai faire les réparations nécessaires aux toits de l'église paroissiale, scavoir aux endroits dont la réparation est à charge de la communauté, sans cepen- dant rien faire de neuf, sauf environ douze pieds de large, depuis la haute paroi d'occident jusqu'à la première jarabre d'air sur l'aile à costé du midy qu'il devrai

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quatre fenêtres également en plein cintre, de 4"\40 sur l'",50, trois dans la façade méridionale et la quatrième dans la façade septentrionale. Il les encadra de pierres de taille.

Le panneau du centre de leur vitrage était armorié et sur le panneau immédiatement en dessous on lisait le nom et les qua- lités des personnes auxquelles appartenaient les armoiries, avec le millésime 1707. Il ne restait guère que des vestiges des armoiries et des inscriptions, quand les vitres ont été refaites à neuf (1870). Elles sont à petit plomb, coupées en lozanges à verre demi-blanc.

Un saint Christophe colossal était peint sur la paroi du bas de l'église. On le mit au jour, il y a une vingtaine d'années, en débarrassant les murs des couches de badigeon qui les recou- vraient. Il est évident que si ce saint dont il ne reste plus de trace, l'église ayant reçu un nouveau plâtrage (1870), ne disparut pas sous le lait de chaux vers 1623, quand le jubé fut construit, il fut du moins masqué en grande partie par les orgues (').

Il est probable qu'antérieurement à la construction du chœur, il existait deux autels adossés à la muraille du haut de l'église et qu'après la démolition de cette muraille, ils furent replacés contre les piliers séparant le temple du chœur. L'un était dédié à la bienheureuse Vierge Marie et l'autre, il est permis de le

faire réparer les petites murailles abatucs soub les severondos des toits, reboucher plusieurs fenêtres inutiles qui sont sur l'aile à costd du midy et par la pluie entre, faire réparer les endroits défectueux des plaphons, des lambris au-dessus des ditles ailes et faire planchoier le dessus des ailes ordonnant à notre grelTier la présente registrer et soubsigner. » {Arch. de Theux.)

Il peut également et plus probablement s'agir ici de fenêtres dans le toit.

(*) a Item le 28 janvier 164i, le rendant at par ordonnance verballe des tenants de l'engliese estant à la maison pastoralle le jour précédent paie à Hermès De l'ont et .lean Michel tant pour journée par eux employé et bois par eux mis en fai- sant les banh etxhame au devant de St-Christophe en l'engliese de Theux, xl \ f. XVII pat. »

{Arch. de l'église. Compte rendu le 7 août 1047 par Ernesl Proenen, mambour de 1629 à iCiO.)

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conjecturer, aux S. S. Alexandre et Hermès, patrons de l'église et du chef-ban de Theux (^).

Ces autels furent démolis à la fin du XVIP siècle par ordre de l'archidiacre du Condroz, après la visite archidiaconale du 28 septembre 1698 (^).

L'archidiacre transférait d'un même contexte à l'autel de la chapelle de Ste-Anne, une messe à célébrer chaque samedi à l'autel de la vierge, messe fondée par Jean Proenen, le 20 avril 1643.

Jusqu'au milieu de notre siècle, les images des patrons repo- saient sur des piédestaux attachés à ces piliers qui marquaient la séparation de la nef d'avec le chœur. La statue de S. Alexandre était du côté de l'évangile et celle de S. Hermès du côté de l'épître.

Dans la basse nef méridionale, au bas de l'église, subsistent

(') Henri Jacques Henri, par testament de -1628, laisse à l'église un daller de rente pour la réparation de l'autel des S. S. Alexandre et Hermès.

Le 5 juin 1692, la cour des tenants ordonne à son mambour d'acheter un grand chandelier de cuivre pour mettre au devant de l'autel des patrons.

«Juin 4699.1tem j'ay refurnis audit s'' curé S fis lo pat. pour avoir fait quitter les autels de nre dame et de nos patrons et pour les avoir fait paver.» {Arcb. de l'église.)

(*) a Ecclia de Theux. Vigcsima octava septembris -1698 visitata fuit ecclia parochialis de Theux quae est parochia intégra sub invocatione S. S. Alexandri, Peiri et Ilermedis. A latere evangelii est fundata missa sabatina in altare B. M. vir- ginis contra pilario eccli*; mandamus duo allaria contra pilaria cccliœ conslructa destrui transferentes d : fundationem ad altare sanctœ Annœ.

» Mûri ecclise debent reparari, cœmentari, et intus dealbari, tecta eccliœ debent pariter reparari, pavimentum ecclia; et cœmetcrium indigent etiam reparalione, patroni ecclite sunl indécentes, non est casula viridis nec nigra, cancelli sumrai altaris debent prolongari usqiio ad sacrisliani quia numcrus comunicantium est uimis magnus.

» Quare mandamus parochianis quatenus quam primum de illis reparationibiis, patronorumq. imaginibus, deceiitibus casulis et cancellis provideant, alioquin fun- gdtur fiscus offîcio suo. Sic signatum per extractum ex visitationibus Archidiacona- tus Condrosii. Ludo Arnoidi notarius ejusdem archidiaconalus in fidem. » [Arch. de tétjlise.)

Le mot Peiri est ajouté et d'une autre écriture. Pourtant dans plusieurs procès- verbaux de visites archidiaconales, notamment en 1712, on lit S. S. Alexandri, Pétri et Hermedis, bien que dans le registre d'annonces du curé, lo86 à 1609, on annonce la solennité de la fètc des patrons S. S, Alexandre et Hermès. Cette fêle se célèbre le 28 août.

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des substructions d'environ 0™,75 d'épaisseur, formant un paral- lélogramme entre les murs de l'église et le pilier du bas. Elles s'élevaient au-dessus du sol tel qu'il a été établi en 1851; j'ignore quelle fut leur destination ; une conjecture admissible est qu'elles servaient h délimiter un baptistère de l'église primitive.

Les extrémités du bas des nefs latérales, dans les proportions des maçonneries dont il vient d'être fait mention, étaient clô- turées par des grillages en fer. Dans l'enclos du côté nord, se trouvaient les fonts baptismaux et dans l'enclos du midi l'esca- lier conduisant au jubé. M. le curé Conrardy substitua les quatre confessionnaux au grillage (1851); en même temps, il transférait les fonts dans la chapelle Wolff. Deux confession- naux furent, il y a quelques années, transportés au haut de l'église, une cloison planchéée prit leur place; mais depuis le mois d'août 1873, les parties clôturées ont été réunies au temple et l'escalier conduisant au jubé a été logé entre deux parois dressées entre le premier pilier du bas et le pilier engagé dans le pignon de la basilique, supportant la retombée de la dernière arcade.

L'intérieur de l'église ne brille pas par le luxe de son ameu- blement; je ne crains point d'être contredit en disant qu'il accuse un grand dénuement.

Il existait des bancs de formes diverses des deux côtés de la nef centrale et contre les parois des bas côtés. Depuis 1851, le haut de la nef principale est occupé par des chaises placées la plupart par des particuliers qui paient de ce chef une redevance annuelle h la fabrique et les bancs ne subsistent plus que dans le bas de celle nef et dans ses collatéraux. Généralement ces bancs portent les noms de leurs anciens propriétaires avec date de 1687 et années postérieures.

La chaire de vérité, construite probablement à la fin duXVII'' siècle ('), est peu conforme au style de l'église, surtout depuis

( ) « Pour la montée du sidge aux prédications, 3:2 fl. 12 p. » {Arch, de l'église, compte de F. -G. de Micheroux, mamhour do 16So à ItîST,)

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que son escalier a été modernisé (I80I). Son abat-voix d'un diamètre trop restreint, cause une fatigue inutile au prédicateur et empêche sa voix de se répandre dans tout le temple.

Les orgues, achetées i\ Liège en 1623 ('), avaient subi h di- verses époques des modifications et des augmentations de jeux (-).

(♦) « Le magistrat at esté verballement remontré par vénérable Mre Jean D'ho- neux, curé de nre égliese, que pour la réparation dicelle égliese et afin de lembellir de quelques orgues, por tant mieux attirer le peuple à dévotion, S. A. S^e en sa chambre des comptes auroit esté servie, accorder à noz B"''"* (passé déjà quelques années) de rendre six boniers d'aisemences pour estre les deniers en provenant em- ployé à la réparation et aornement dicelle, de ces boniers n'estoient vendus que quelques verges a quelques particuliers, sy est que néanmoins par nre advis il auroit sollicité la façon dicelles orgues, de sorte qu'elles seroient présentement aprestées pour les amener de Liège icy, or d'autant qu'il convient avoir argent pour fournir au paiement dicelles, il nous at requis d'y pourvoir au plus brieffs possible, avons ordonné à Mathieu Houbin et Jean Collette, noz Bt''-'% d'emprunter 250 fis Bbant sur le corps de la Cté pour les employer tant au paiement des dites orgues qu'aux dépens qu'il conviendra employer pour les amener icy et autorisons les B'™-^ pour par l'un d'eux comparoir à Liège accompaigne dudit Mre Jean a elToct de contracter le pris d'icelles orgues et solliciter quelles soient amenées au plus tost. Los dépens et la somme empruntée seront retirés du prix à provenir de la vente des boniers d'aisemences, afin que la communaulté ne soit d'autant intéressée.» {necès du 12 may 4623.)

« 7. A la lecture du pnt article at esté ordonné az deux bourguemres de faire rendre comptes des aisemences vendues pour la réparation et aornement de l'église ce xxe may 1631 sur la halle. » (Projet de la taille collectée par Francoy Wolfl', Etre.) (Arch. de Theiix.)

Le 5 août 1627, Ferdinand de Bavière accorda à Sire Jean Doneux, pasteur de l'église de Tiieux, lo bonniers d'aisances dont 4 pour réparations à la chapelle de La Beid, 4 pour la chappelle de PoUeur et 7 pour Téglisc de Theux endettée de 400 fis Bbant, tant pour l'achat d'orgues qu'autres réparations. Thtux avait été autorisé, le i^r juin 1618, à vendre six bonniers de terrains incultes pour acheter des orgues et réparer les murailles du cimetière.

(*) « Le 23 dito (février 1710), payé à Monsieur nre curé cent et trente fl. Bbant pour le tierze de la réparation et augmentation des orgues et cesle par aveu des srs tenants ic> come par quittance f. 130-0. » (Compte du mambour François Bardé, aux Arch. de l'église.)

Dans son assemblée du 24 avril 1717, la cour des tenants ordonne de payer qua- rante écus au Sf Piquart qui avait racommodé les orgues, y ajouté trois touches dans la basse et mis un nouveau clavier.

« Le 24 janvier 1717, ensuite d'ordonnance, j'ay payé au S' Poncelet Bonivcr qua- rante écus qui les avait compté à Liège au b'' Piquar pour le racomodemcnt des

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Trop faibles pour les proportions de l'église et détraquées en 1872, de telle sorte qu'elles ne pouvaient être réparées, elles ont été démontées le 12 juin 1873 et de nouvelles orgues ont été commandées à M. Clerinx, de St-Trond.

Le buffet, d'une jolie conception, était surmonté de la statue de Ste-Anne; les côtés se terminaient par des tourelles carrées. Sur sa caisse, dans deux petits panneaux, étaient peintes la face du Christ et celle de la vierge Marie. Immédiatement en des- sous, venaient deux panneaux de plus grande dimension repré- sentant les apôtres S. Pierre et S. Paul. Sur l'extrémité infé- rieure, on lisait : Anne Collette, 1632, accompagnant un blason d'argent au lion de sable.

L'un des volets présentait l'image du Sauveur et le second l'image de sa sainte Mère, peintes dans des nuages et entourées d'étoiles.

S. Georges terrassant le di agon et Ste-Cécile jouant de l'or- gue étaient représentés sur le revers des volets.

L'ensemble du buffet n'était pas dépourvu de grâce. On regret- tait que la boiserie d'un travail assez délicat eût été recouverte d'une couche de couleur jaune, sous laquelle la beauté du bois disparaissait.

Le millésime 1632 rappelle sans doute l'année de la décoration des orgues, due vraisemblablement à la générosité d'Anne Collette.

Le jubé occupe le fond de la nef centrale. Aujourd'hui il mesure 6'" sur 4™, 23. Sa balustrade, inventée par feu M. le chanoine Devroye et exécutée d'après le plan de M. J. Rémont, est formée de quatre-feuilles au nombre de neuf, trois au centre, trois à chacune des extrémités, séparées par deux pilastres rec-

orgucs icy corne par ordce et quittai ce f. 1600 » (Coraplo du nianjl)uur François Pouheau).

Les ann(ics 1715 et 1717, Lambert Caro, menuisier, avait travaillé au bulTel de l'orgue et avoit fourni le 9 janvier 1717 « de pusse de bois pour mettre au jcuj;. » (Arch. Je l'égli^'c.)

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langulaires posés sur un soubassement et soutenant un enta- blement mouluré.

Le nouvel orgue, inauguré le 24 mars 1874, a été construit par M. A. Clerinx, facteur d'orgues à St-Trond. MM. Henrotle, chanoine à Liège, Lambinet, curé à Soiron, et J. Conrardy, professeur d'orgue et organiste, à Ste-Croix, à Liège, ont com- plimenté M. Clerinx sur l'excellente réussite de son instrument.

M. J. Helbig est l'auteur du plan du buffet, qui mesure 6™, 40 en hauteur. On admire le bon goût de l'artiste liégeois et le fini du travail de la menuiserie.

Sobre de sculptures et de décorations à effet, le buffet offre dans l'ensemble de son ornementation une grande sévérité, parfaitement appropriée au caractère du temple auquel il est destiné. La ligne droite y domine de même que dans le vaisseau de l'église. Sa face présente trois tourelles rectangulaires for- mant saillie sur les parois qui les réunissent.

Sous l'encorbellement de la tourelle centrale, on remarque un petit ange plein de grâce qui, en formant console, anime la partie du buffet qui se trouve au-dessus du clavier.

Cliœur.

Si le vaisseau de l'église a conservé presqu'intact son cachet primitif, s'il n'a subi que deux modifications l'enlèvement d'un pilier vers le chœur pour réunir deux arceaux en une seule ogive, et le percement de grandes fenêtres au lieu de petites il n'en est pas de même de cette partie du monument qui fut l'abside et qui aujourd'hui est le chœur.

Les absides arrondies cessèrent d'être en usage à l'époque le style ogival se substitua au style roman. On remplaça souvent par de vastes chœurs les absides aux proportions modestes des églises romanes. Theux se laissa cnlraîner par le goût régnant: il construisit dans la période l'ogive avait perdu la pureté de sa forme, un chœur dont l'ornementation et l'ameublement

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devaient subir encore une transformation radicale à la fin du XVIP siècle et au commencement du siècle suivant. Vers le milieu de notre siècle, de 1851 h 1854, on tenta de le remanier de nouveau en lui donnant une décoration superflue et incomplète. Les travaux, suspendus depuis 1855, devront être repris aussi- tôt que les ressources de la fabrique permettront de faire face aux dépenses.

Une poutre, appuyée sur les chapiteaux des colonnes accou- plées, soutenait jusque dans les premières années du siècle dernier un grand crucifix sous lequel se trouvait sans aucun doute "un jubé ou écran, contre lequel était adossé un autel orné de statues de saints ( ' ).

A chaque côté du chœur se trouve une chapelle latérale dont l'ouverture est formée par une arcade ogivale, portée par les piliers du centre et des colonnes cylindriques engagées.

Le chœur était autrefois clôturé par un grillage, remplacé en 1675 (-) par une balustrade en bois. Cette balustrade fut prolongée jusque dans les chapelles latérales en 1713 (^), con- formément au vœu émis par l'archidiacre du Condroz, dans une visite qu'il fit à l'église en 1698. Cette balustrade n'a rien de remarquable. Elle est formée de gros fuseaux portés par un sou-

( *) or A Phelippe le machon pour remestre a pont l'aulteil de Crucifix et pour sur- sevoir la treille ensemble, x aid.

» A les Grenier de Malmedie pour radouber et remeslre en cslre les traillcs de Chanchcn cl de Marie Magdalene Paie, m flor.

» Pour une journée de l'avoir aidié. vii aid. »

(Compte de Jacob de Fraipont, mambour, i^'-ll.)

a Item paid à Thiri Defawe quatre florins Bban qui lui estoient dus pour avoir passé environ deux ans livré et accomodé des fers pour remettre droit le bois qui traverse l'entrée du cbœur et qui porte le grand crucifix. 4-0. »

(Compte de 1683, Arch. de l'église.)

( ) « Le 16 janvier 1676 compté avec Lambert Delaicl les travails par luy faits à réglise, tant en faisant les bans et treilles de communion, le pupitre, le pied de l'autel et les passets sur le grand autel, etc. » {Arch. de l'église.)

(') « Le 2i2 septembre 1713, j'ai payé à Monsieur le curé 12i2 f. 14 '/s P- po»'' "" état dexposés qu'il avoit fait à la construction des halustres des deux chapelles icy comme par ledit état et quittance, f. t'i''2-[i Va- »

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bassement mouluré; ils soutiennent un entablement qui sert de table de communion.

Le chœur, dont le pavé est de deux marches plus élevé que celui de l'église, mesure approximativement 9™, 50 en élévation. Large de 7'",40 et long de 9™, 50, il se termine par une abside penlagonale à côtés irréguliers. Sa voiite, effondrée à la fin du mois d'octobre 1675 ('), fut remplacée six ans après par un plafond en boiserie.

Deux grands tableaux ovales furent, en 1681, placés au-dessus du sanctuaire. Ils représentent la nativité de N. S. et l'adoration des Mages. Ils sont dus h la munificence des comtes d'Aspre- mont-Lynden qui firent peindre dans la partie inférieure leurs armoiries avec une inscription conçue en ces termes pour le tableau dont le sujet est la Nativité :

FERDINAND, COMTE d'aSPREMONT-LYNDEN, BARON DE FROmCOVRT, ETC. SEIG" DE SOVMAGNE, MELEN, UARZÉ, GENTIL-HOME DE LA CHAMBRE ET CONSEILLER DE S. A. ELECT"'- DE COLOGNE, GOVVERNEVR DV MARQVISAT DE FRANCHIMONT, ETC., 1681.

Et pour l'autre :

(*) Des pierres s'en étaient détachées auparavant :

« -1673, 13 avril. Pour avoir fait porter iiors de Téglise des pierres tombées des voûtes 3 patars

Le 29 octobre 167j, les voûtes du cœur de léglise estantes tombées et les bour- guemestres estants absents a cause de l'approche de la solennité,Messicurs les pas- teur et tenants mont ordonné de faire nettoicr les ruynes des dites voûtes et les mener hors l'église a protestation de repeter les exposes nécessaires de quy cela peut toucher ensuiltc de ce que j'ay fait travailler le 30 dito a ncltoier la dite église Noël Gobi et ses deux fils Jean George Lambert Hervé et Nicolas le Foumet ausquels jay paie pour leurs journées chacun 15 palars voir que l'un des fils Jean George n'ai ouvré que demi jour et les deux fils Noél Gobi comptés a demi porte. 4 f. 2 % pat.

B Item paie pour deux mandes pour porter les pieres et briques. . . 10 pat.

r Le 31 dito, Lambert- Hervé y at encore Ir; vaille luy payé. . . . lîi pat.

» Pour 13 pots de bicre délivré ausdits ouvriers et autres assistants a nettoier l'église en dits deux jours 39 pal. »

{Arcfi. de l'église,]

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CHARLES-ERNEST COMTE d'asPREMONT-LYNDEN BARON DE FROIDCOURT GRAND MAITRE d'hOTEL DE SON ALTESSE SÉRÉNISSIME DE SON PAYS DE LIÈGE.

Les cadres et les coins entourant ces tableaux sont couverts d'arabesques polychromes peintes par Nicolas Dagly de Spa {*).

La cour des tenants ajouta aux tableaux des comtes de Lynden treize caissons rectangulaires, trois contre l'abside, dix du côté du vaisseau de l'église, sur lesquels un peintre allemand, du nom de Freesingher (-), exécuta les sujets suivants :

Les épousailles de la vierge.

L'annonciation.

3" La Visitation.

La présentation au temple.

La fuite en Egypte.

Jésus au milieu des docteurs.

Les noces de Cana.

8" La cène.

La première apparition du Sauveur après sa résurrection. 10" L'ascension.

11° La descente du St-Esprit sur les apôtres. 12° L'Assomption. 13° Le couronnement de la vierge au ciel.

( ' J « Le 14 dito (octobre 1682), paie à Nicolas Dagly de Spa pour la peinture des bordures des deux grands tableaux mis au cœur de l'dglise et des huit coings d'allentour quatorze palagons 56 f. »

(*) « Le qiiattrième de juillet 1681, ledit Erkin,pnr l'advis des s^* tenants, at con- tracté avec Joannes Freesingher, peinte allemand, pour faire les 13 tableaux qui se trouvent au deseur des deux de M'* de Lynden, parmy S8 palagons à compte et par après luy at furni le reste comme par s;i quittance appert icy donc. 232.

« Le 24 dito (octobre 4681), paie pour un quarlron d'œulis livré au peintre pour s'en servir a embellir les peintures. 0-12 pat. » (Compte du dit Krkin aux^rcA. de l'église,)

99

Quoique les tenants eussent commandé ces peintures, le payement ne se lit pas aux dépens de l'église ('). Treize dona- teurs les prirent à leurs charges et ils firent mettre chacun dans leur caisson, leurs armoiries avec une inscription rappe- lant leur nom et leurs qualités. Les inscriptions, en suivant le rang donné ci-dessus aux tableaux, sont ainsi conçues :

1" R^^^ D. ET M.

lOANNES ANSEAV HVIVS ECCLESI^ PASTOR. 2** R^^' D. ET M. PETRVS

DE HENRARD SS'^ THGI^ LIC : PASTOR DE SARTO CONCILY s' REMACLl DECANVS. 3" R'"'^ D. ET M. iEGiDIVS

CHAVEHEID ECCLESI.B SPADAN^ PASTOR. 4" NOBLE S^ PIERRE ERNEST

DE CHARNEVX S'' DE MESSENCOVRE

ESCHEVIN DE LA SOVVERAINE IVSTICE

DE LA CITE ET PAYS DE LIEGE.

( ' ) 8 Le 28 octobre 1683 at reçu du bourguemre Proenen au nom de monsieur leschevin Descharneux pour sa pinlure. f. 28.

» Le 15 décembre 1684 en tant moins du prix d'un pourque reçu de la vef du s"" Renier Wolff pour sa pinture. f. 28.

» Le 13 mars 1685 reçu du s^ eschevin Bounameau pour sa pinlure. f. 28.

» Le n mai 1685 hors de l'argent receu par Erkin du s"^ Defays densival pour les représentants du s^ rare phe de Limbourgh en purgement des biens CoUard Laurent il at retenu pour la pinture dudit s^ mre phe. f. 28.

» Le 12 d'aoust 1685 at ledit Erkin fait entrer dans les comptes qu'il at fait avec le s'' Jean de Marteau pour sa pinture. f. 28.

» Ledit Erkin rapporte icy sept patagons h s'en retrouver avec M"" le bourgueraestre Randaxhe pour la peinture qu'il at donné dans le cœur de l'église, f. 28.

» Item pour celle de l'eschevin Bertrand, f. 28.

» Item pour celle du s"" Dadseux. f. 28.

» Le 18 février 1686 reçu de la femme Ransier au nom du Ril pasteur de Spa 3 patacons sur les 14 qu'il doit pour lui et le s"" doyen pour leurs peintures. 12-0.

D Le 22 février 1686 reçu de l'eschevin Slorheau par d'escompte des frais qu'il avoit calcullé pour moi contre ceux du Marché icy pour sa peinture, f. 28.

» Le 26 juillet 1686 reçu de la femme Léonard Ransier au nom du s'' Pasteur de Spa onses patacons qu'il restoit pour sa peinture et celle du sieur Doyen. 44-0. »

(Compte de Jean Erkin Pouheau, raambour de Téglise de 1672 à 1682. Arch. de l'église.

100

5*» ARNOLD DE RANDAXHE DOCTEVR ES DROITS

BOVRGEMRE DE LA CITE DE LIEGE. RENIR WOLFF MAYEVR DE THEVX.

M. PHILIPPE DE LIMBOVRG

MAYEVR DES TENANTS ESCHEVIN DE THEVX 1681. 8* lOANN DADSEVX

ESCHEVIN DE THEVX AVDITEVR DE REGIMENT FRANCHIMONTOIS. NICOLAS BOVNAMEAV ESCHEVIN DE THEVX.

10® GILLE BERTRAND ESCHEVIN DE THEVX.

11" ESTIENNE ARNOLD DE

STORHEAV ESCHEVIN DE THEVX. 12" LAMBERT BONIVER

TENANT DE LEGLISE BOVRGVEMRE DE THEVX. 13" lEAN DE MARTEAV

BOVRGEMRE DE THEVX.

Le chœur est éclairé par deux fenêtres d'environ b'°surl'",50, ornées depuis 1854 de meneaux en pierres. En 1871, elles reçu- rent des vitraux en grisailles, donnés par la famille de Pinto. Le vitrail de droite est un souvenir du mariage de la fille du comte et de la comtesse Henri de Pinto avec M. Louis Simonis, mariage célébré h Tiieux en 1869; celui de gauche est un don du comte et de la comtesse Frédéric de l*into, fait en mémoire de feu M. Armand Simonis, leur beau-père et père respectif, décédé à Verviers l'an 1870.

Une troisième fenêtre plus large était percée dans le fond de l'abside. Elle fut conservée tant que l'autel, autour duquel on pouvait circuler ('), resta dans le style qui prévalut jusqu'à la fin duXVIP siècle. Mais sa baie fut murée en 1694 (*), lorsqu'on

( ') a 1515. Déboursé à Tossainl le scripnier de Mont pour avoir fait une Iiuisse a une arma derier l'autel, v aid. Déboursé à Henry le servyer dclle Reid pour faire la sere et le clé. v aid. »

(*) a Le 27 dilo (novembre 1694) paie à Laurent le chanoine pour 19 jours qu'il a travaillé, tant au grand autel qu'a rebâtir la muraille derier à la place des veriers cy à 2?) pal. chacune a raison qu'il n'a eu de la bière. 23-1.^. »

101

mit un autel à haute boiserie à la place de l'ancien, trop com- promis par la chute de la voûte du chœur et par les effets désastreux du tremblement de terre de 1692 (').

Cet autel est élevé de deux marches au-dessus du sanctuaire. Son retable est formé de quatre colonnes d'ordre corinthien en bois marbré, avec base et chapiteaux dorés. Elles soutiennent un entablement chargé de sculptures dorées et terminé par une corniche arrondie qui atteint presque le plafond, dont elle mas- que trois tableaux. Des armoiries peintes et posées entre deux adorateurs dominaient l'autel. Ils ont été enlevés vers le milieu de ce siècle. Un tableau de grande dimension, représentant le Christ en croix, attribué à Englebert Fisen, décore le fond de l'autel.

Le tabernacle également en bois peint blanc et or, se com- pose de trois niches; la niche extérieure est ornée d'une sculp- ture représentant l'agneau pascal C^). 11 est accompagné de chaque côté d'un ange adorateur et surmonté d'un pélican se déchirant la poitrine pour nourrir ses petits.

Les parois du sanctuaire étaient revêtues de boiseries divisées par de fausses colonnes, en panneaux encadrant des paysages à sites montagneux, peints sur toile, sur lesquels étaient repré-

(*) Je possède manuscrite ia note suivante relative à ce tremblement déterra. « L'an •1692, le 18« du mois de septembre, entre les deux et trois heures après- niidy, il at fait un tremblement de terre presque universel, si fort et si violent qu'il at causd de grands domaiges et interrest dans les maisons et bâtiments, et at con- tinué longtemps après de temps en temps. »

Par son rccès du 29 novembre 4693, la cour des tenants décide que le marabour devra, conjointement avec le curé, contracter avec un maîlre-menuisieF pour ia construction d'un nouvel autel. l)n an après, le 14 novembre 1694, elle ordonne au- dit mambour de payer les journées des ouvriers et quelques matériaux qui doivent être employés à cette construction. Enfin le 2 janvier 1693, elle fait solder, sauf tous préjudices, le maître-menuisier fournisseur de l'autel. La cour paie 800 fis pour le maitrc-autel ; elle a répété 200 fis des décimateurs et prétendit 100 fis de la com- munauté pour le tabernacle.

(2) « Le dernier octobre 4680 payé pour le tabernacle du St-Sacrement comme par Testât septante fl. dix pat. et demy. » Il avait été commandé à Liège. (Aich. de l'église.)

~ 102

sentes des sujets tirés des livres saints. Ces peintures, d'une exécution détestable, se prolongeaient, ainsi que les boiseries, dans les chapelles latérales au-dessus des bancs des tenants et delà cour scablnale (*) jusqu'à la naissance du chœur. Elles étaient couronnées par un entablement orné de blasons peints aux armes de bourgeois de la communauté ('). M. le curé Con- rardy supprima cette décoration de mauvais goût (1851); il mit en 1852 dans le sanctuaire élevé d'une marche depuis l'année précédente par suite de l'abaissement du pavé de l'église et du chœur, des ornements en plâtre exécutés par M. J. Donnay, consistant en arcades ogivales et en hautes colonnettes dont les chapiteaux servent de piédestaux aux statues en bois de la Ste- Vierge, de S. Hermès, de S. Joseph et de S. Alexandre. Les statues delà Vierge et de S. Joseph, œuvres du statuaire Vivroux, proviennent de la chapelle de l'ancien couvent des Dominicaines de Theux.

Au milieu du chœur est suspendue une lampe ardente en enivre entourée d'une couronne de même métal sur laquelle on allume aux solennités des bougies au nombre de six. Cette lampe, sortant des ateliers de M. Philps,est un don de feu Désiré Zoude, avocat à Liège.

(*) Le banc des échevins était à droite et celui des tenants à gauche, ce qui indiquait la préséance des premiers sur les seconds.

(2) Les boiseries remontaient au pastorat de Jérôme de la Haye et avaient été fournies par le liégeois Jean de Saive.« Le 19 novembre 1702, ensuite des recès de Messieurs les tenants parquel ils accordent à M. le curé de tirer 414 f. S pat. que debvoient à notre église les s'* Nivolara et consors pour appliquer à embellir le cœur par embauchère et peinture, payé audit s"" curé ladite somme par rencontre de la quittance par icelle donnée par le s^ greffier Hasinelle, etc. » (Compte du mam- bour.)

Un nommé Pierre Renuy, héritier de Jean de Saive, avait, après la mort de Jérôme de la Haye, attrait le mambour de l'église devant l'official de Liège pour obtenir le paiement des ouvrages que le curé de la Haye a de son propre chef « fait faire et poser par ledit de Saive dans le cœur de ladite église et allentour pour le réparer et embellir et sur quels ouvrages il se trouve les armes de divers particu- liers apposées. » Los tenants décident, dans leur assemblée du 13 janvier 1734, de poursuivre le procès, parce qu'il n'est pas établi que l'église est tenue de payer la somme réclamée. [Arcli. de l'église.)

lo:^

Le chœur était séparé des chapelles latérales par de grands pupitres ou lutrins datant de 1697 , couverts d'armoiries et d'ornements appliqués (' ). Une partie de leur boiserie sert aujourd'hui de lambris aux murs de la chapelle Wolff.

Les chapelles latérales sont moins élevées que le chœur. Elles ont 7"',50 de hauteur, 5™ de longueur et 3™,ri5 de largeur. Leurs voûtes, ébranlées par le tremblement de terre du 18 sep- tembre 1692, durent être démolies deux mois après (-); elles furent remplacées par des plafonds en boiseries, ornés de pein- tures, en 1698. Chacun de ces plafonds se compose d'une char- pente noire qui règne autour des parois et qui encadre un fond blanc, divisé en quatre parties égales par des cartouches qui, prolongés jusqu'au centre, formeraient une sorte de croix, mais ils la relient à une moulure également noire, encadrant un tableau circulaire. Ce tableau occupe le centre du plafond. Des blasons, au nombre de huit, deux dans chaque coin, sont peints dans le champ. Ils sont accompagnés d'inscriptions tracées en caractères dorés sur des banderoles rouges passant derrière le heaume et le cimier des écussons des extrémités supérieures et inférieures, tandis que celles des autres armes, peintes également sur un fond rouge, sont placées à proximité des cartouches posés horizontalement, et portant ces mots :

( * ) U y en avait antérieurement à 1697 :

« Le 23 dudict moy (mars 1665) paid à Jacques le serwier pour deux clefe pour la port des fons et pour avoir racomodé le lesnier avec des bennes de ferre, xxx pat.

» Le 8 maye 1693 payé à Ant. Renson pour avoir raccommodez le ban a lesnix avec doux, dix huit patar. 0-18-0. »

(Comptes des mambours, aux Arch. de l'église.)

(2) Le 16 décembre 1692, les tenants firent visiter la voûte de la chapelle du Rosaire par un maître nuir'on. Sur son attestation qu'elle menaçait ruine, ils en ordonnèrent la démolition (assemblée de la cour des tenants et compte du mambour, aux Arch. de l'église).

Les traces de« retombées des trois voûtes subsistent encore contre les murs, principalement dans les angles. Leurs sinuosités sont cause que les boiseries des plafonds ne joignent pas les parois.

104

PAH LA LIBERALITE QVYONT ICI POSEZ

DE CES MESSIEVRS LEVRS ARMES.

Les inscriptions de la chapelle du côté de l'évangile, jadis chapelle du Rosaire ou des échevins, aujourd'hui de la Vierge, sont les suivantes :

A droite :

i" HENRY NICOLAS OSTERMAN ESCHEVIN ET GREFFIER DES

COVRS FEODALE ET CE>SALE DE VILLERS LES TEMPLES ET IA(DIS) BOVRGVEMAISTRE DV BAN DE THEVX.

Qo

^.0

FRANÇOIS

WOLFF EN

MEMOIRE DE

FEV HENRI

WOLFF SON PERE.

THOMAS PIRAR

lA COMMISSAIRE

DV MARCHÉ

ANTHOINE ET

HENRI SES FRERES

EN MEMOIRE DE

HENRI PIRAR ET

ANNE GOHY LEVR

PERE ET MERE.

PIER DE RIEVX ESCHEVIN DE LA COVR

ET IVSTICE DE THEVX ET lA BOVRGVEMRE DV DIT THEVX.

105 A gauche :

lEAN DE LIMBOYRG MARCHAND,

2" FASSLN

DONEVX PRELOGVTEVR.

?}° PIERRE BALTOSET

MARCHAND ET

lA REGLEVR

DV MARCHE

SOVBS FRANCHIMONT.

NICOLAS LEZAACK MAYEVR DE LA COVR

ET IVSTICE DE THEVX.

Son tableau représente le jugement dernier. Dans sa partie inférieure, sont peintes les armes de la famille de Sluse entre l'inscription conçue en ces termes :

GVILLAVME DE SLVSE, IVRISCONSVLT, EN

MEMOIRE DE FEV LE S" lEAN DE SLVSE

SON l'ERE ET DE DEMOISELLE

MARIE ANNE DE LEYTEN

SA MERE. A" 1698.

Le peintre a représenté au centre de la chapelle des tenants la résurrection du Sauveur. Dans un médaillon placé au bas du tableau, on voit les armes de la famille de Goër avec le millé- sime de 1698 sons l'écu. Plus bas, en dessous du médaillon, on lit une inscription ainsi conçue :

106

DENIS PIERRE DE GOER DE HERVE

CHEVALIER DV S^ EMPIRE, PREVOST

DE LA ROYALE d'aIX, S'^^ DE

FOREST MICHE ET

LONTZEN, ETC.

Les inscriptions qui décorent le chnmp de ce plafond , sont à droite :

IACQVES. PONCELET. lEAN ET ADOLPHE

BONIVER EN MEMOIRE DE FEV LEVR PERE lEAN BONIVER MAISTRE DES FORGES ET MARCHAND.

LOVYS

ADOLPHE DE PRESSEVX.

PONCELET

ADOLPHE DE PRESSEVX IA'DIS)

BOVRGVEMRE DV BAN DE THEVX.

4" ADOLPHE DE PRESSEVX TENANT

DE CETTE EGLISE.

Et à gauche :

FRANÇOIS MICHOTTE [A MAMBOVR DES PAVVRES DE THEVX.

- 107

FRANÇOIS HARDÉ

lA COMMISSAIRE

DV BAN DE THEVX

ET MAMBOVR DE

CETTE EGLISE.

NICOLAS DE LIMBOVRG

CHIRVRGIEN

ESCHEVIN DE

DROLENVAVX ET

lA DOVRGVEMRE

DV BAN DE

THEVX.

lEÂN GAYE TENANT DE CETTE EGLISE PLVSIEVRS FOIS

BOVRGVEMRE ET COMMISSAIRE DV BAN DE THEVX.

Les armoiries et les inscriptions disparurent au commence- ment du siècle sous une couche de badigeon bleu (') dont des adminisirateurs embellirent les charpentes et les champs des trois plafonds. On le lava en iSïd, sauf dans la chapelle du côté de l'épître qui le conserva jusqu'en 1870. Le dernier lavage fut désastreux; il emporta presqu'enlièrement les armoiries et les inscriptions qui pourront être restaurées convenablement.

Une seule fenêtre laisse pénétrer le jour dans chacune des chapelles. Les deux fenêtres sont de dimensions inégales : leurs mesures moyennes sont deS^jSOsur 1 "',55. Elles sont à meneaux,

(*) Je suppose que ce fut en 1819 : le Conseil municipal de Thcux donna un avis favorable, le 9 mai 1819, à une demande du Conseil de fabrique tendant à pouvoir employer, à la r(iparation du ciel de l'église qui menaçait ruine, la somme de Toi) Ils 9G cents, retirée de la caisse du receveur général de la province dans laquelle elle avait été versée par son receveur en 1817 {.irch. de T/icit.r).

108

l'une depuis 1854, l'autre depuis 1872, et ornées de vitraux en grisailles placés cette dernière année au moyen du produit des collectes faites pendant les offices par le clergé de la paroisse, depuis l'arrivée de M. N. Habay, en qualité de curé, l''' janvier 1865.

L'autel de la chapelle de droite était de même structure que le maître-autel. Une mauvaise peinture, représentant laNativité, en occupait le fond. Elle (ut remplacée, il y a un peu plus de cinquante ans, par une niche destinée à recevoir l'image de la vierge.

M. Conrardy vendit le retable h l'église de Deigné, 1852. Il construisit un autel ogival en pierres jaunes, terminé par un pinacle orné de crochets. Sa face présente une niche dans laquelle se trouve une statue de la vierge, en bois polychrome, remonlant au XV'= siècle. Malheureusement cette statue a été mutilée dans ces derniers temps, 1852, sous prétexte d'embel- lissement et de décence (').

Les boiseries, en disparaissant, mirent au jour les quatre peintures murales qu'on voit aux deux côtés du nouvel autel. Elles avaient souffert des vicissitudes des temps. Une sorte de peintre allemand, de passage dans la localité au moment de la découverte, fut appelé à leur donner une restauration provisoire à la détrempe, en attendant que les finances de la fabrique per- missent d'y exécuter un travail consciencieux. Grotesques au- jourd'hui, elles figureraient avantageusement dans la décoration delachapelle, si,aprèsun lavage, elles subissaient une relouche d'un pinceau exercé.

Le retable de la chapelle de gauche est de même forme que

( ' ) Avant la construclion de rautel ogival, on habillait rimago de la vierge. Au- juurd'hu', on la revèt de riches vèlemenis aux jours de solennité et durant le mois de mai, ce qui est de mauvais goût. Ces vôlemcnts sont dus à la confrérie du rosaire et surtout à M"** la baionne de Stockem et Marie Hervé qui sont aussi intervenues largement dans les dernières restaurations exécutées par le curé cl la fabrique.

109 -

celui du maître-autel ; seulement son fronton au lieu d'être arrondi, se termine par une sorte de trapèze surmonté d'un vase et de guirlandes de feuilles.

Le tableau du fond de l'autel est une méchante toile repré- sentant la Gène.

La statue de l'ange gardien était posée entre les chandeliers. M. Conrardyl'ôta pour y placer un tabernacle que son successeur couronna d'une statue de St-Joseph. Depuis cette ornementation contraire aux rubriques, la chapelle porte le nom de ce saint (*).

Les hautes boiseries des autels des chapelles latérales datent des premières années du XVIIP siècle (-). Elles masquèrent les fenêtres percées dans les pignons des collatéraux du chœur ; leurs baies furent, selon toute probabilité, murées à cette époque (").

Les bancs des échevins et des tenants qui se trouvaient contre la paroi dans les chapelles latérales, furent remplacés l'an 1853 par des stalles au nombre de trois dans chacune des chapelles, mais elles durent être ôlées en 1869, lorsque fut construite la sacristie dont l'entrée est dans la chapelle du côté de fépître.

M. le chanoine N. Henrotteaeu l'obligeance de me signaler une inscription dcRobert de Lynden, extraite d'un manuscrit appelé par ieu M. Dumont Armoriai du marquisat de Frauchimont. Elle existait sur un autel avec les seize quartiers coloriés de ce sei-

(•) Au XVllc siècle, elle était dédiée à Ste-Anne. Elle passa sous le vocable de l'iinge gardien, puis devint la chapelle du S. Sacrement.

(') Voir aux Arcb. communales de Tlietix l'ordonnance du magistrat, du 9 mai 1730, au bourgmestre de Presseux « de présenter à le^èque d'Amizon, suflVagant de Liège, quatre louis d'or parce qu'il at eu la bonté de consairer aujourd'hui l'autel des tenants de l'église de Theux. »

(') Peut-être avant. « Le 3 avril 1007 payé au fils Noé Cloes-Micliolle pour deux chienne de fer de 5 pieds pour attacher deux grands tableaux au-dessus dos frontis- pices dos deux chapelles de l'église, f. !2-0. «

(G 'mpte du raambour, Arcli. de l'cfjlisv.

110

gneur('). Je rapporte cette inscription comme un souvenir cligne d'être conservé du premier membre de cette illustre maison qui gouverna le marquisat de Franchimont jusqu'à la réunion du pays de Liège h la France.

« A l'honneur et gloire De lesVsMortpoVr noVs peCheVrs (-) » en mémoire de Messire Robert de Lynden, chevalier, visconle » de Dormal, seigneur de Froidcourt, etc. en son temps grand » mareschal et conseiller secret de son altesse de Liège, gou- » verneur du marquisat de Franchimont, conseiller d'Etat de » sa majesté catholique, son gouverneur et capitaine de la ville » et fort de Charlemont, etc. qui trépassé l'an 1610 le 17 jour » de septembre repose en ceste église par la libéralité de son » fils M"'" Charles Ernest de Lynden, son successeur au gouver- » nement du marquisat susdit, etc. est posée cette

» Priez Dieu pour le vivant et défunt. »

Que peut être devenu cet autel commémoratif et se trou- vait-il? Je n'oserais l'affirmer, mais je présume qu'il existait dans la chapelle des tenants, c'est-à-dire dans la chapelle laté- rale de gauche, étaient les tombes de Henri d'Eynatten et de cet autre chevalier dont on ignore le nom et fut inhumé l'an 1673 l'enfant du comte de Lynden, gouverneur de Franchimont. Peut-être un jour, si l'on rétablit des autels plus conformes au caractère de l'église, découvrira-t-on des vestiges suffisants pour tixer l'opinion à cet égard.

François Woliï, maycur deSpa, ancien bourgmestre de Theux, sollicita de Maximilien-Henri de Bavière l'autorisation d'ériircr

(') Ces 16 qnnrtifrs sont : Lynden, Bronkhorst, Banduyck, Delen, Winsen, lîemniel, Pyck, Wyck, KMcren, Amslcl, Walhain, llalen, Stalle, Scvenbcrgh, Hin- kart, Gislcilo.

( - ) Chronogramme qui doiine la date do \ii'i\.

IIJ

dans l'église de Tlieux une chapelle avec pierre d'autel, d'y fonder une messe septimanale en l'honneur de Jésus et des SS. Marie et Joseph, d'y établir sa sépulture, celle de sa femme et de ses descendants, enfin d'y avoir un siège à son usage per- sonnel et à celui de sa famille. Il avait préalablement, 17 janvier IGol, transporté à l'église et aux pauvres de la paroisse diverses rentes dont le produit devait être affecté à l'exonération de la fondation projetée, réservant toutefois à lui et à ses descendants le maniement des capitaux et de leurs intérêts.

Le prince accueillit favorablement sa requête le 28 janvier 1653.

La cour de justice , les bourgmestres et les commissaires composant alors le magistrat de la communauté de Theux, se rendirent au cimetière accompagnés du fondateur, qui leur dé- signa l'endroii il se proposait d'ériger sa chapelle ; ils en autorisèrent la construclion, moyennant certaines conditions, le 29 avril 1655 (').

Wolff pratiqua dans la façade méridionale de l'église une ouverture large de 2'",45, formant une arcade en plein cintre et qui donne accès h la chapelle, élevée aujourd'hui de six

(') « Ayi:nt messieurs de la justice, bourguemres et commissaires du ban de Tiieux, vue la présente et esté conduits pur led.Wolfl' sur le cimetier et nous ayant enseigné le lieu il prétend faire asseoir et dresser la chappelle icy mentionnée ont accorde l'érection d'icelle en la faisant autant et davantage si forte de muraille que ceux de l'église sans raffuiblissement d'icelle et en assoianl les verrières si hautes arrier de terro que celle de lad. église la voisine ou plus tosl davantage, à condition aussy de faire les Irounierres dans lu muraille sur le plancher deseur icelle chapelle pour servir de defl'ence aux occasions si pourat remettre plus bas l'huisserie de la Gor- dine et de nolir le petit lorion retirant le mur d'ictlle Gordine depuis lad. chapelle jusqu'à peu près du mure delad. cimetier et du corlil mre Nicolas veoir quil poura démolir le boutant qui est dressé alenconire du grand mure delad. église. Luy ayant accordé de couper au bois de Stanneux quarante pièces de vverres pour emploier à la couverture a couper alenseigncment d'un des bourguemres. Présents a ce, mayeur, Thonon, cschevins, Limbourg, Fassin, Radoux, Hubin et mre Philippe, bourguemres Proencn et lîoniver, commissaires, Noël Hermès, Fassin d'Oncux, Gilles Fizeu et Jean Fraipont. Actum ce pénultième d'avril UioS. Ainsy signé : Limbourg. »

112

marches au-dessus du niveau de l'église. Elle est clôturée par un grillage en fer posé en 4713. Cette chapelle mesure 4'", 45 en longueur, 5"\13 en largeur, y compris l'épaisseur du mur de l'église, qui est de l",iO et 5'", 15 en él'vation.

Son plafond est formé par une boiserie à caissons moulurés.

Les parois méridionale et occidentale ont reçu, 1854, pour lambris, les sièges avec leurs dossiers des deux grands pupitres posés dans le chœur l'an 1697. Les dossiers sont ornés de sculp- tures et d'armoiries appliquées.

La chapelle recevait la lumière par deux fenêtres : l'une percée derrière l'autel, fut murée en 1872, tandis que la seconde, située vis-à-vis de l'entrée, était décorée des vitraux modernes tirés de la fenêtre éclairant la chapelle de la Ste-Yierge.

L'autel est adossé à la muraille située à l'orient. Une boiserie à colonnes enlacées de ceps de vigne, supportant une corniche, en forme le retable, dont le centre est occupé par un tableau avec cadre arrondi par le haut. Il représente la vierge Marie tenant son divin liis sur ses genoux. A sa droite, S. Joseph, appuyant la main sur le dossier du siège de son épouse , contemple le petit Jésus ; un ange dépose une couronne de fleurs blanches sur la tête du saint. A la gauche de la madone, S. François, portant l'habit de son ordre, est en adoration devant le Messie. Derrière ce saint, on voit un personnage, les mains jointes, vêtu d'un costume du dix-septième siècle, qui paraît représenter le fondateur.

Dans la partie supérieure du tableau, le peintre a placé Dieu le père et un peu plus bas le S. Esprit sous la forme d'une colombe. Ces deux personnes de la Trinité apparaissent au mi- lieu d'une gloire et sont entourées de neuf têtes de chérubins.

Sur une moulure de la corniche, est écrit en lettres dorées :

WOLF ME UEO SACRAT.

Un cartouche du soubassement de l'autel porte une inscrip- tion conçue en ces termes :

~- 113 -

A l'HONEVR de JESVS. marie. JOSEPH. FRANÇOIS WOLF MAYEVR DE SPA ANNO A FONDÉ CETTE CHAPELLE POVR 16...

VNE MESSE PAR SEPMAINE ET POVR Y ESTRE ENSEVELY AVEC SES DESCENDANS.

M. Coiirardy transféra dans la chapelle Wolff les fonts baptis- maux qui autrefois se trouvaient au bas de l'aîle droite de l'église. Ils offrent un spécimen curieux du style roman, qui n'a échappé ni à Bovy ('), ni à U. Albert d'Otreppe deBouvetle (-). Ils sont formés de trois pierres superposées, dont deux sont carrées et servent de base et de fût h une coupe cylindrique.

Le pied est taillé d'un ciseau plus fin que la cuve, qui est de beaucoup plus ancienne.

Les faces de la base sont ornées d'une arcade cintrée et tri- lobée.

La colonne centrale, cantonnée de quatre colonneltes, pré- sente à chacune de ces quatre faces un enfant nu, taillé en relief; l'un d'enlr'eux est aîlé.

Des mascarons, au nombre de quatre, divisent la cuve en autant de parties égales. Des figures bizarres, affectant les formes de dragons, sont sculptées en relief sur trois de ce3 faces; la quatrième n'offre aucune ornementation.

Voici les dimensions de ces fonts baptismaux :

Base : H. 0"',325, L. O'",o8.

Fût : H. O'",23o, L. 0"\48 dont 0'»,165 entre les colonnes qui le cantonnent.

Coupe: H.0"',41o, D. 0'",90.

Le couvercle en cuivre, dépourvu de décoration, est relative- ment moderne.

( * ) Promenades historiques dans le pays de Liéijc, t. H, p. ''2. (^) Recherches et fouilles dans le but déformer lai musée provincial, murs •1851, p. 53.

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Sacristie.

Le besoin d'une sacristie convenable se fesait sentir depuis longtemps. Le vestiaire ('), bâti au commencement du XVP siècle, est situé au nord, les rayons du soleil y pénètrent rare- ment par les deux petites fenêtres qui l'éclairent. Le linge et les ornements sacerdotaux y étaient exposés aune prompte détério- ration occasionnée par la moisissure.

Cet état de choses était surtout sensible depuis la suppression du marguillier-prôtre, dont une des obligations était de loger les ornements de l'église à la marguillerie, propriété de la com- munauté.

En 1869, on parvint h édifier un local bien aéré, plus spacieux et plus conforme à sa destination. L'ancien vestiaire devint un garde-meuble.

Ces deux annexes de l'église n'offrent rien qui fixe l'attention. J'en excepte toutefois une fontaine placée dans le vestiaire, sans doute au moment de sa construction, et transportée aujourd'hui dans le couloir de la sacristie servant de vestiaire aux acolytes.

Deux cartouches en marbre noir, posés sur un évier de même pierre, soutiennent un réservoir en marbre rouge, enchâssé dans une niche ménagée dans la muraille. La face de ce réser- voir présente à chacune de ses extrémités une colonne taillée en relief, et au centre sculpté également en relief, entre deux blasons, un masque bumain laissant couler l'eau parla bouche, h l'aide d'un robinet en cuivre. Un des blasons est aux armes d'Englebert de Presseux, châtelain de Franchimont, qui portait écartelé aux 1" et de Presseux, et aux 2"= et 3" de la Marck. La pièce du second écusson est un aigle éployé.

J'ignore à quelle maison ces dernières armoiries appartien- nent; elles sont étrangères aux deux femmes d'E. de Presseux.

( ' ) On lit le verset suivant, gravé dans la couverdiro do rcncadremcnt sa

porte : INCUif.VMCJSVS. r.OliUK. NON. 1NGHE11TKTVI!. SANCTVArilVM. MliVM. KZECII. 54.

115 Argenterie.

L'église de Tlieux possède, outre plusieurs boîtes aux saintes huiles, trois calices :

Un calice en vermeil de style ogival (hauteur 0'", 214); sur le bord du pied sont gravés ces mots :

DE LA LIBERALITE DES PAROISSIENS 1511 TOVTES l'ARGENTERIE DE

l'église ayant VOLLÉ EN 1510.

Les deux autres calices, également en argent, ont la coupe dorée à l'intérieur. Sous le pied d'un de ces calices est gravé :

Doxo famili/E de radovx. avgebat et reparabat fabriga 1725.

Le poinçon du contrôle est aux armes de Bavière, 1711 (hauteur 0™,246).

Le troisième ne porte aucune inscription. Le contrôle, aux armes de Berg, ne laisse voir que deux chiffres du millésime : 72, qui le fait remonter au règne de Georges Louis de Berg, 1724 à 1744 (hauteur 0'",260).

Un ciboire en argent. N'y apercevant aucune marque distinc- tive, il m'est impossible de fixer son âge. Le 20 janvier 1699, l'église acheta, ensuite d'une convention faite avec le magis- trat, un nouveau ciboire (') et en 1755 (-) le magistrat ordonna de le faire réparer et dorer.

(* ) aLe 20 janvier -1699, la cour ordonne au mambour de l'église défaire raccom- moder le ciboire auquel il pourra joindre pour l'agrandir un petit calice et la coupe d'argent qui servait ci-devant à donner le vin aux communiants laies pendant les pâques. » [Arch. de l'église.)

(* ) « Dans l'assemblée tenue par nous les bgmres et magistrat de Theux sur noslrc halle le neufième avril mil sept cents cinquante cinque, ordonnons à noslre bourgmre Fréon de faire racoraoder et dorer le ciboir de notre église, et de faire faire trois petites boites d'argent pour y mettre les ste huille de nostre église, les- quels lui seront allouez tout ses exposez a compte ordonnons à nostre greffier la présente regisirer et soubsigner. » lArcfi. de Theux.)

1 It) -

Ce dernier mot, me semble-t-il, s'applique ii la dorure de l'intérieur de sa coupe. Le ciboire d'aujourd'hui, chargé de décorations, peut donc être aussi bien de 1755 que de 1699 (hauteur 0'",435).

Un ostensoir en vermeil pouvant former ciboire, des pre- mières années du XVP siècle ( '). Il est très-ornementé. Sur le pied, se trouvent représentés les instruments de la passion au repoussé. La coupe supporte quatre colonneltes , deux de chaque côté de la place occupée autrefois parle croissant soute- nant l'hostie et aujourd'hui par un soleil dont les rayons entou- rent la lunette (-). Au centre de [la partie supérieure, on voit, dominé par un crucifix, un édicule dans lequel est une vierge.

Aux côtés de l'édicule, mais un peu plus bas, se trouvent les patrons de l'église SS. Alexandre et Hermès (hauteur 0"s670j.

Le mayeur Mazure légua par testament du 4 décembre 1788, à la confrérie du S. Sacrement, érigée dans la paroisse de Theux ('•), une rente de vingt florins, h condition d'en vendre le capital et d'acheter avec le produit « un vénérable qu'on devra exposer tous les jeudy à la messe du St-Sacrement et au salut, voir qu'on ne devra pas le porler en procession parmi le bourg.» Cette remontrance est en argent, elle est d'une hauteur de 0"\635, les rayons du soleil formant la partie principale sont

(1) Probablement de iSlS :

« Déboursé pour benyr le crexhandederi's le sacrement, vu aid. » [Arcli. de l'église^ Compte de 1515.)

(^) a Le 49 dito (juin 1699), j';iy restitué à nre R'I pasteur nouante huit fis Bbant qu'il avoit payé pour le travail et ajoute d'argent à la remontrance de nre église, ainsi que porte les quittances de Jean Kemalle, orphevre, et de nre dit pasteur, fis. 98-0. » {Arch. de l'église. Compte du mambour.)

« i>;r juillet 1732. Ordonnance du magistrat au bourguemestre Gaye de fournir septante cinq francs pour assister à réparer et embellir la montrance du St-Sacrc- menl de l'église de Theux. » [Arch. de Theux.)

(') Elle avait été érigée par lettres du prince Georges-Louis de Berg du 14 novembre 1731; par un bref du 22 août 1732,1e pape Clément Xil avaitaccordé des indulgences aux confrères et consœurs.

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dorés ; elle se termine par une couronne fermée soutenue par deux anges. Une inscription ainsi conçue, règne au bord du pied :

DONO DOMINI lOANNIS lOSEPHl DE MASVRE OPPini TECTENSIS PR;ETORIS SCABINl AC EXCONSULIS ANNO 1791.

La cour des tenants décida dans son assemblée du 14 décembre 1730 d'acheter des burettes en argent avec leur pla- teau, que M. Conrardy a fait emboutir.

L'argenterie de l'église se complète par un encensoir fourni en 1750, par Denis Lamotte, marchand orfèvre, les couronnes de la vierge et du petit Jésus, enfin deux branches à cierge qui se placent aux côtés du tabernacle.

Parvis.

Le plan du parvis ou portail forme un parallélogramme. Une petite fenêtre, percée dans la muraille à droite, laisse pénétrer une faible lumière ; à gauche, est la porte de la tour; en face de la porte d'entrée, la porte de l'église, aux deux côtés de laquelle se trouve un bénitier.

Trois pierres superposées, d'époques différentes, forment une sorte de colonne dont le chapiteau sert de réservoir à l'eau bénite. La coupe du bénitier, à droite du spectateur, est ornée de six figures à mi-corps s'appuyant sur autant d'écussons sans pièce héraldique, sur lesquels elles posent les mains. Ces figures sont sculptées en relief et séparées par des décorations architecturales. Sa hauteur est de 0"\26.

La face principale du fût, haut de 0"\655, présente, posé sur un socle, un personnage à moustache et à barbe longue, les cheveux longs réunis par derrière en grosses boucles, la tête ceinte d'un bonnet entouré d'un bandeau orné d'un fleuron de couronne ducale. Il est vêtu d'une tunique à manches larges et

IIK

à grande colerette rabattue. Il tient élevé le pouce et l'index de la main droite, tandis que de la main gauche se déroule une banderolle qui descend jusqu'au piédestal.

La base, haute de 0"',43, est de même style que le piédestal, support du personnage.

Les trois pierres sont en calcaire gris.

Le second bénitier diffère du précédent par la base qui est haute de 0"',45. Elle est en marbre noir. Sa coupe, qui mesure 0™,235 en hauteur, est dépourvue d'ornementation.

Le fût de 0'",645 est de même structure que le bénitier de droite. Le personnage représenté sur ce fût, porte la barbe longue, partagée au milieu du menton ; il a la tète couverte d'un chaperon ou bonnet garni d'un bourrelet; un col droit entoure le cou ; son vêtement se compose d'un long manteau à manches larges. Il lient également le pouce et l'index de la main droite élevés, et de la main gauche une banderolle.

On ignore à quel usage ils ont servi avant de recevoir la des- tination actuelle. Je dirai, avec M. J. Helbig qui a fait une étude spéciale de l'église de Theux, qu'ils proviennent du grillnge clôturant l'abside et la séparant du temple.

Tour.

La tour ne paraît pas avoir été construite pour recevoir les cloches. Elle servit sans doute primitivement de beffroi, et aujour- d'hui encore elle a conservé ce caractère. Deux fenêtres cintrées étaient percées du côté de l'église à laquelle elle est aujourd'hui appuyée. Sa face méridionale fait partie intégrante de la muraille septentrionale du temple. La retraite conforme à l'effilement de la tour qui se remarquait de l'intérieur de l'église, a été rectifiée en 1870 ii l'aide d'une maçonnerie supportée par des poutres an- crées dans le mur. Ces deux circonstances établissent parfaitement l'antériorité de la tour. Rapprochées de l'existence de substruc- tions fort massives trouvées dans le cimetière, dont une partie

il9

servait de fondation à une petite tour, démolie en 16uo, elles font supposer que le vaisseau de l'église actuelle occupe l'em- placement d'un vaste bâtiment, soit forteresse, soit habitation seigneuriale tortillée. Je suis tenté d'y placer ce palais royal fut signée, le 8" des calendes de juin 827, la charte donnée à la demande d'Ando, abbé de Slavelot, par laquelle les empereurs Louis et Lothaire déclarent que le bois de Slaneux (') appar- tient au monastère de Stavelot, mais que les habitants de Theux y ont le droit de waidage, maisonnage et pexhagc.

Jusqu'en 1740, l'unique entrée de la tour se trouvait dans l'église ; le magistrat la fit murer et ouvrir dans le portail (^) une porte encadrée de marbre de Theux.

La partie maçonnée est divisée en rez-de-chaussée et en trois étages que l'on gravit par des escaliers raides et usés, indice de leur antiquité. Une échelle conduit aux combles ou partie ardoi- sée, formant un dernier étage.

Une horloge séculaire se trouve au second étage. Je n'oserais affirmer si l'inscription qu'elle porte sur la bascule ou levier de la sonnerie : arTo wovse a liège 1627 dv temps nicglas hermes BovRMTRE, rappelle l'année de sa confection ou celle d'une répa- ration notoire, car l'église possédait une horloge bien anté- rieurement à cette date (M.

(*) Astanetum. De Noue. De quclqucn anciens noms; de lieux. Bull, de Fins t, arch. liég., t. V, p. 295 el t. VI, p. 339.

Selon le même auteur, Etudes historiques sur l'ancien pays de Slavelot etMalinidtj, p. 116, les ruisseaux délimitant le Slaneux seraient le Roannai el le Targnon. Si celte conjecture est admise, il ne s'agirait pas du Staneux de nos jours, mais d'un bois situé sur Stavelot, sur Spa et s'étendant sur le Rohaimont, les champs de Spixhe, etc. Le ruisseau de Targnon se jette dans le Waay à Spixhe. Le Slaneux actuel dont une partie défrichée anciennement est devenue propriété particulière, est compris entre le ruissea t de Cliawion, le Waay, la Hogne et la Bruyère de la commmune de Sart.

(•^) Recès du magistral de Theux, du lf2 mai 1740, aux Arch.de Theux.

( * ) « Pour une grosse ciiordc pour mettre a pesans de lorloge. xxx aid. » [Arch. de l'éjlise, compte de Jacob de Fraipont, mambour en 1521.)

140

On communique de la tour avec les combles de l'église à l'aide d'une porte percée au troisième étage.

Une charpente partant du rez-de-chaussée en soutient une autre, belle et solide, remarquable même par le choix des bois qui la composent ('). Cette dernière, complètement isolée, ne portant pointsur les maçonneries, se trouvedans l'élageardoisé. C'est à cette charpente que sont suspendues les cloches au nombre de quatre, deux fondues en 1818 et les deux autres en 1864.

Ces dernières remplacent des cloches anciennes. La plus petite, brisée en la sonnant le 2 novembre 1848, portait ces mots en caractères gothiques :

Sanctc. Alexander. Vocor. Ano. Dni. mcccclxxi.

La grosse cloche, qui était excellente, se fêhi le dimanche de Pâques 1863. Son inscription également en caractères gothiques était ainsi conçue :

>ï< Maria t vocor f me t lecerunt t Goff^ f et f Nicolau' t de t

Leodio t ano t Dni f MCCCLXXXII f C)

>h Mens« t Junii t die t XII t

Lors d'une réparation h la cloche, l'ouvrier avait tracé h la pointe sur le battant: 1716 J.-C.

(• ) « Trouvé Taiinde du beffroi delà tour. Elle est ûcrile sur une poutre perpen- diculaire du plancher. . 1626 ou 28, les deux derniers chiffres bont difficiles à ùé- chiffrer. » (Note de M, Conrardy, aux Arch. de l'église.)

( * ) D'après celte date, dit Bovy [ Promenades historiques dans le Pays de Liège, t. H, p. 73), l'église ou plulOt la tour, n'aurait pas été comprise dans le saccage- ment du bourg en 1468.

121

Ces cloches pesaient respectivement 164 et 685 kilog.Onleur adonné dans la nouvelle coulée 147 et 9^29 1/2 kilog. et on leur a restitué leurs inscriptions plus ou moins tronquées et ampli- fiées (').

Avant 1818, la sonnerie se composait de trois cloches. La tradition veut que la seconde cloche, appelée communénjent moyenne, fut remarquable par la pureté et l'étendue du son. On prétend qu'elle était basse et très-évasée.

La seule donnée précise ii ma connaissance se trouve consi- gnée sur la couverture d'un registre des archives communales : « le 26 décembre 1700, la seconde cloche a été fondue et pesée ù 1426 livres. »

Elle eut le sort de beaucoup de ses semblables; elle fut brisée et envoyée au fourneau par les révolutionnaires vers 1794. Les deux autres quoique menacées, échappèrent : elles sonnaient les heures et les demi-heures. Ensuite comment assembler le peuple en cas d'alarme ou d'incendie ?

Le gouvernement français mit plusieurs cloches à la disposi- tion de M. Le Jeas, évêque nommé de Liège, qui en donna une à l'église de Theux, h la sollicitation de son conseil de fabrique.

Mauvaise, elle fut remplacée par les deux cloches fondues en 1818.

La grosse cloche qui était la cloche du ban appartenait tout entière aux décimateurs qui en avaient l'entretien aussi bien que

(* ) Voici les inscriptions des quatre cloches :

Maria vocor Nicolaus de Leodio ano Dni MCCCLXXXII.

Mensis 1764 junii XII me fecit.

Senio fraCtaM anDreas Van aersCliot LoVanlI refeCIt.

Alexander vocor ano Dni MCCCCLXXI.

Cum Maria concinentcm me denuo fudit Lovanii.

A. Van aerschot major successor A. L. Van den glieyn.

anno Dni MDCCGLXIV.

30 Van den Gheyn me fudit Lovanii anno 1818.

4" Andréas van don Glievn me fudit Lovanii anno 1818.

h22

le produit. Le mambour de l'église seul avait le droit de per- mettre de la sonner (').

L'entretien de la seconde cloche ainsi que les travaux exigés pour sa sonnerie incombaient ix la communauté (-).

Quant t^ la petite, elle appartenait h l'église qui en avait les frais à ses charges.

lËpitapIies.

Un grand nombre de pierres sépulcrales doit avoir recouvert le sol de l'église; mais l'établissement de nouveaux pavements, notamment en 1693 etenl8ol,enont fait disparaître la majeure partie ; celles qui n'ont pas été détruites, ont généralement été déplacées. Plusieurs de celles qui subsistent sont frustes. Je rangerai dans celte dernière catégorie quatre dalles posées sous le jubé. Sur une d'elles, on distingue encore les traits du défunt taillés dans le granit et quelques lettres de l'ins- cription. Sur une autre, les armoiries sont encore visibles, mais l'épitaphe est indéchiffrable. A côté de cette dernière, sur une dalle brisée en deux fragments et cachée en partie par les bancs, se lit l'épitaphe taillée en caractères gothiques saillants:

Lan xy Lvi le vi jour iVaoust trepaccat Maroie espeuse a feu Johan Ondin d.t heur a qui Dieu pardonne.

Au-dessus de la porte de l'ancien vestiaire, se trouve une plaque en marbre noir à coins coupés, encastrée dans la mu- raille. Elle est surmontée d'une tête de mort; de chaque côté de la partie inférieure, on voit une espèce de corbeille d'où sortent des ornements. Ces accessoires de la pierre sont en bois bronzé.

( * ) Assemblée de la Cour des tenants du 7 novembre IToo. Divers comptes de ladite Gourdes XVI"', XVIl'^ el XYU!*^ siècles, aux^?'c/(. de l'ùijlisc. On payait un écu pour faire sonner la clocbe décimale pour les morts. Le produit était aflecté aux charges extraordinaires des décimateurs.

( *} Rccés magistraux du 16 mars 1713. 2S août -1716, 2 juillet -1727, etc. aux ArcJi. de Theu.r,

123

Les armes des de la Haye, aux émaux coloriés, prennent le haut de la tablette. Suit l'épitaphe incrustée en lettres dorées :

D 0 M

ET

l'I/E MEMORLE REVEURNDl DOMINl

HIERONIMI DE LA HAYE QUONDAM

IN TECTIS PAROCCHI MERITISSDII QUI

VIVENS ECCLESIAM CURA STUDIO ZELO

REXIT REPARAVIT ET ORNAVIT

PIE ODDORMIVIT IN DOMINO

FEBRUARY 22''^ 1714

REQUIESGAT IN PAGE

AMICO AMICUS AMICE

PONEBAT SUCCESSOR

MDCCXXII

SLUSE.

Sous ces mois, un petit écusson également colorié aux armes de Sîuse.

Au pied de la chapelle Wollî, il existe deux tombes, une de chaque côté des marches qui conduisent h. la chapelle :

CY (,IT

VENERABLE VRAY

PASTEVR ET PEIIE

DES PAVVUES MAISTRE

lEAN DONEVX

DOYEN DE LA

CURESTIENTK

TRESPASSÉ L AN

1636 LE 6

d'aOVST. PRIEZ

rin:v povr

SON AMK.

Le curé Jean Doneux îivait institué les communs pauvres de la paroisse de Theux ses légataires universels. C'est par cette succession qu'ils devinrent propriétaires de la dîme de Rabofaz lez Oneux,que Jean Doneux avait acquise le 30 mai 1618 de son cousin, NoëlRivoulx Doneux, moyennant le prix de mille ilorins liégeois.

Le haut de l'autre pierre funéraire est orné d'un calice avec l'hostie, posé entre deux blasons dont l'un est aux armes de Sluse ; le second, écusson de femme avec la crosse et le cha- pelet, est aux armes de Leyten. Puis vient l'épitaphe :

SIT. NOMEN. D^'. IJENEDICÏUM. OfJYT. 30. MARTY. 1720. R°'^\ l)"'^^\

lOAXNES. ANTONIUS. DE. SLUSE,

PRiESBrrER. HIC. SEPULTUS. PENES.

DEVOTAM. SOROREM. MARGARITAM.

LEYTEN.

MATERTERAM. SUAM. ET. MAGXl.

BEGUINAGY. BRUXELLENSIS.

RELIGIOSAM. QU.i:. OBYT. 2!5"\

8'''"^ 1669. UTRIQUE. FRATERNE.

MOESTUS. l'ONEBAT. R""^ D^^^.

CAROLUS. DIOMSIUS. DE. SLUSE.

PASTOR. IN. TECTIS.

REQUIESCANT. IN. PAGE.

A côté de celle lombe, mais encastrée dans le mur, on aper- çoit une dalle en marbre rouge ornée des armes des Limbourg etdesSlenibert, sous lesquelles est gravée l'inscription funéraire:

IGY DEVANT EST LA SEPVLTVRE DES GOlU'S

uv siEVR pnn.UM'E de

LLMBOVRG ESCHEVIN DE

12o ~

THEVX, MAYEVR DES

TENANS DE GESTE EGLISE

ET DECEDEZ LE 27 9»"^

1684 ET DE DAM'^'^^ ANNE

DE STEMBERT SA FEMME

QVI MOVRVT LE 28 DE MARS

1684. PRIEZ POVR LEVRS

AMES.

Et sur une seconde dalle, aussi en marbre, ajoutée immédia- tement en dessous de la première, on lit :

ET DE CELLE DV SIEVR NICOLAS DE

LIMBOVRG DOCTEVR EN MEDECINE

LEVR FILS AISNE DÉCÉDÉ LE 7"^ d'aOVST

1684.

Sur une dalle en pierre bleue, placée jusqu'en 1851 près du balustre et aujourd'hui sous le confessionnal, dans l'aîle gauche, sont les armes des Limbourg et de Collette, gravées en relief avec ces mots en dessous :

ICY REPOSENT LES CORPS d'HONORARLE M„j. NICOLAS DE LIM150VRG A SON VIVANT MAYEVR DES TENANTS d'iCY, ET d'aBB.VYE DE BEAVFAYS, ESCHEV1X DE LA IVSTICE DE THEVX ET CDIRVBGIEN TRES EXPERT QVI A TRESPASSE LE 0"= lOYB DE l'an 1643 ET DAMOISELLE MARIE COLLETTE SON ESPEVSE TRESPASSÉE l'aN 1658 LE D" d'S'^"^'. PRIEZ DIEV POVR LEVR AME.

Un fragment de la pierre tombale dlwnesie et dévoile Lynor de Borsut, fille d'un commissaire de Liège et femme de Jehan Michel, greffier de Theux, décédée en septembre 1597, fait partie de la bordure soutenant l'exliausseaient du sanctuaire. On voit encore gravés dans la pierre des ornements paraissant être dos lambrequins d'armoiries. Il ne reste de l'épitaphe écrite autour de la dalle que ces quelques mots :

126

.ESTE ELEONOIJE DE BORSVT ESPEVZE A lEAN MICHEL LE lEVNE.

Deux pierres de petites dimensions, juxtaposées dans le pave- ment de la chapelle de S. Joseph, rappellent deux ecclésiastiques de la paroisse.

La première, consacrée à Jean Anscau, curé de Theux, de 1636 à 1684, est en marbre noir. Un blason très-saillant, au- jourd'hui brisé, occupe le haut de la tombe; puis vient cette épilaphe erronée quant aux dates :

ICY ATTEND LA RESVRRECTlOiN

VNIVERSELLE VENERABLE lEAN

ANSEAV LICENTIÉ EN THEOLOGIE

QVI AYANT REGIS LES EGLISES

PAROGHIALES DE GERPINE V ANS

DE BARBANSON XIX ET DE THEVX

XXXII EN SA VIE IRREPREHENSIBLE

EST MORT LE V""^ DECEMBRE

MDGLXXIV AAGÉ DE XCII ANS.

PRIEZ DIEV POVR SON AME.

L'inscription sépulcrale de la seconde dalle est conçue en ces termes :

SCEPVLTVRE.

DV. R". SIMON. MICHOTTE.

PRESTRE. ET. BENEFICIER.

DÉCÉDÉ. LE. 2'J. MARS. 1734.

REQVIESCAT. IN. PAGE.

AMEN.

On voyait avant 1851, dans le pavement de cette chapelle, deux pierres qui lurent alors relevées et enchasséL-s, l'une dans le mur do la chapelle de la Ste-Vierge, l'autre dans la paroi de la chapelle de St. Joseph.

- [21

La première, quoiqu'ayant souffert du frottement des pieds, est assez bien conservée. Elle est divisée en deux parties pres- que égales. On remarque au centre de la partie supérieure un écusson aux armes d'Eynatten et dans chacun de ses angles un blason de plus petite dimension, également armorié ; le nom est gravé sur un cartouche posé en dessous des quatre blasons. Ce sont : Eynatten, Argenteau, Brandenburch, Longchamps. L'épi- taphe occupe la partie inférieure de la dalle :

ICY REPOSE NOBLE ET GENEREVX

SEIGNEVR HENRY d'EYNATTEN EN

SON TEMPS S'^'^ DE BOLLANDT.

IVLEMONT, BEAVREPAmE, ETC.

GRAND M'*^ D'HOSTEL DV SER"''

PRINCE DE LIEGE ET GOVVERNEVR

DE FRANCHIMONT QVI TRESPASSAT

LE 6^ DE JANVIER l'aN 1579.

PRIEZ DIEV POVR SON AME.

La dalle emmuraillée dans la chapelle du côté de l'épîlre, a été reproduite par la gravure et décrite par M. J. Helbig h la page 4 du Recueil des monuments funéraires, dalles sépulcrales et pierres volives les plus remarfjuables de la Belgique. J'emprunte les lignes que M. Helbig lui consacre : «Tombeau d'un chevalier et de sa dame. Cette pierre, sculptée en relief, est tirée de l'église deTheux. L'épitaphcest aujourd'hui entièrement effacée, de môme que les blasons dont les écussons subsistent encore aux quatre angles de ce tombeau. Il n'a donc pas été possible d'établir k quelles familles appartiennent ces deux figures, qui ont également soulîért, cette pierre ayant, jusqu'en 185G (lisez 18ol), fait partie du pavé de l'église. Les costumes, l'ornemen- tation élégante des colonnetles et de la frise dans le style de la renaissance, permettent de présumer que ce monument a été élevé vers le milieu du seizième siècle. « On ignorait déjh du

128

temps de Saumery (') le nom des seigneurs en riionneur de qui ce monument avait été érigé. On prétend, dit Bovy (-), qu'elle appartient à un sire de Lynden.

Un examen minutieux m'a permis de constater qu'une croix est la pièce de l'écu dominant la colonnelte posée entre le che- valier et sa dame; la tombe peut donc appartenir à un membre de la famille de Lynden qui porte de gueules h la croix d'argent. Mais l'histoire n'a conservé le nom d'aucun seigneur de cette illustre maison, ayant habité le pays, avant Robert, chevalier de Lynden ('), enterré dans l'église de Theux l'an 1610, date qui ne concorde pas avec l'époque présumée par M. J. Helbig.

M. Conrardy, dans un esprit de conservation, retira du mur extérieur une croix grecque qu'il encastra au-dessus de cette dernière tombe. « A l'extérieur de l'église, dit Bovy, derrière l'un des autels, est une autre pierre incrustée dans la muraille, taillée en croisette et représentant la figure d'un chiist. Les quatre coins sont occupés par de petits anges aîlés, assis sur des lions. Elle semble avoir fyit partie d'un plus grand monu- ment, mais elle porte le caractère d'une haute antiquité. f>

Cette description de Bovy n'est pas correcte : le centre est occupé par un christ, la tête environnée d'un nimbe cruciforme. Sous son bras droit, on aperçoit un personnage, vu de profil, les mains jointes, pliant légèrement les genoux. L'extrémité inférieure de la croix, arrondie par le bas, est ébrêchée. Ou voit h chacune des trois autres extrémités, un médaillon dans lequel se trouve sculpté un des attributs des évangclistes, l'aigle à droite, le lion h gauche, l'ange en haut. Les pieds du christ atteignent le bas de la croix ; il semble évident que si l'attribut de S. Luc a trouver une place dans le monument, ce doit être sur une autre pierre aujourd'hui perdus.

( •) « On ignore de qui peut être l'autre, dont l'inscription est en partie eflacée. » Ouv. cité, t. II, p. 2-io. (*) Ouv. cité, t. II, p. 72. (■") Il fui gouverneur du nuirquisat de Franchimont depuis 1578 jusqu'à sa mort.

120

Enfin une pierre sépulcrale se trouve dans la chapelle Wolft", avec l'épilaphe :

t I H s

SEPULTURE

DE MADAME MARIE

ISABELLE CONSTANCE

DE MARTEAU

DECEDEE

LE 12 DU MOIS d'AOUST

1798

VEUVE DE MONSIEUR

lEAN BERNARD

WOLFF

DECEDE

LE 6 DU MOIS DE JUIN 1779

REQL'IESCANT IN PAGE.

A rextérieur de l'église, à côté du parvis, est emmuraillé dans la base de la tour, le fragment de croix funéraire portant l'épi- laphe gravée en relief :

ici

REPOS HELMANo

risoN lA" 600.

Saumery cite cette inscription comme une preuve de l'anli- quilé de l'église. Prévenant l'objection « que les expressions ne se sentent pas d'iine antiquité si reculée et qu'on pourrait avoir omis le mil, qui aurait tait mil six cens », il ajoute : « outre que cette pierre est en ce lieu avant l'an mil six cens, elle porte des marques d'une ancienneté incontestable ('). » Bovy appuyé la

(*) Ouv. cité, t. III, p. 244, en note.

130

même idée lorsqu'il écrit : « les caractères de cette inscription ne s'accordent point avec sa date reculée; on pourrait croire que l'on y a omis le cliilïre i qui donnerait 1600; mais il paraît avéré qu'elle était connue îi cette place bien antérieurement au 16" siècle ('). » Delrooz qui n'a pas vu la pierre, mais qui en a ouï parler, dit(-) : « cette prétendue inscription paraît bien suspecte. »

Je ferai remarquer de prime abord que ces auteurs n'ont pas lu correctement l'épitaphe d'Helman Pison. Je n'y vois pas l'an 600, ainsi qu'ils l'écrivent, mais bien les caractères ia* 600, i et a trop rapprochés l'un de l'autre pour croire que i soit l. Il est permis de supposer une maladresse de la part de l'ouvrier tail- lant la pierre, qui aura cherché à la corriger par l'intercalation d'A- dans le millésime. Il faudrait donc lire a" 1600. J'appuie ma conjecture sur des preuves puisées aux Archives fabriciennes et communales de Tlieux. En efïet, le 8 novembre 1599, on célébra les obsèques de Hylman de Spixhe et le lendemain celles de Barbe, sa femme (^). Or, un registre des Archives de la com- mune, intitulé : s'ensuyent les noms des masuyrs etstirseans rési- dents en ban de Theux, mentionne, en l'année 1574, entre plu- sieurs Pison, un Helman Pison au nombre des habitants du hameau de Spixhe. Ce nom ne se trouve plus dans le cahier de taille collectée en 1604 par Poncelet Noël et Gilles le Doyen, mayeur, bien qu'il ligure encore dans un cahier d'imposition non daté, mais postérieur à 1595.

Il est évident, me semble-t-il, que celle croix funéraire fut posée l'an 1600 sur la tombe de Pison, mort l'an 1599, et que postérieurement le fragment dont il s'agit a été emmuraillé dans la tour.

J'ai trouvé dans les papiers de mon aïeul, J. -P. de Limbourg,

,' ') Ouv. citii, t. Il, p. 1-2.

(*) Histoire du ma>(]Hisat Je Fiancliimoiii, ['q partie, p. iS.

(' ) licgiurc d'ainiouccs du curé de Theux, de ISSGà lOOf), auxÀrch.\de l'église.

131

une noie qui, peut-être, fait allusion à l'inscription d'Hclman Pison. Je ne suis pas h même de la vérifier, ne possédant pas l'ouvrage auquel elle renvoie, Celte note est ainsi conçue :

« On désireroit d'avoir l'épilaplie qui doit se voir à Theu sur une pierre sépulcrale près de la porte de l'église; c'est celle d'un seigneur qui avait été attaché i\ Zucnlibolde, roi de la Basse-Lorraine, dont il est fait mention dans les Mémoires de r Académie des inscriptions, etc. de Paris, t. XXÏV, p. 780. »

Je rappelle, pour terminer la nomenclature des inscriptions lumulaires, celle de Jean Gaye, qu'on voit sur une pierre ma- çonnée du côté de la rue, dans la muraille clôturant le cime- tière :

ICY HONORE lAN GAYE DIT PICHAIX I>E LA REM) SEHGEANT DE GVERRE FVT NAVRE^ A LA MORT CASVELEMENT o'vNE MOSKET SVR LE CIMETERE RETOVRNANT

DE LA PCESSION LE lOVR UV V'-'^ S"^ vSACRAMET 29"'= DE MAY ET TRESPASSA LE 5 DE

IVING EN SVIVANÏ 1614 DIEV l'ARSOLVE. W.

Curés.

La collation de la cure de Theux était un fief dépendant de la seigneurie d'Aigrcmont qui, jusqu'en 1660, fit partie des domaines de la maison de la Marck, prince d'Aremberg et de Barbanson. Après avoir passé dans différentes familles, elle parvint en 171^), par aciiat, aux de Clercx, qui en conservèrent tous les droits seigneuriaux jusqu'à leur abolition par le Gou- vernement de la république française.

La portion congrue compétente anciennement au curé était de 9i muids; son patron lui abandonna, au lieu de ces muids, la sixième part de la grosse dîme et la moitié de la menue dîme de toute la communauté, les hameaux de Polleur et de Hestrou-

132

mont exceptés. Le curé percevait ces dîmes sans en faire relief; le seigneur d'Aigremont continua à les relever avec ses autres fiefs comme avant leur cession.

Le produit de la dîme du paslorat se montait, en 1752, à la somme de 1868 f*. 16'' 2', celui du doyardà 116 P\ non compris neuf journaux (') de terre situés en Cliawieumoiit et une prai- rie sise enWayot dont la contenance n'est pas spécifiée. Pour établir le revenu de la cure évalué h la fin du dernier siècle, à la somme de mille écus, il faut y ajouter les fondations pieuses et le casuel.

Au nombre des charges et obligations du curé, se trouvait l'entretien du chœur de l'église et du presbytère; cependant le magistrat intervenait quelquefois lorsqu'il s'agissait d'amélio- rations sérieuses apportées aux dépendances de la maison pas- torale ('^).

Si par hasard les ressources du curé étaient insuffisantes pour couvrir des dépenses de fespèce, il contractait un em- prunt dont il garantissait le capital et le service des intérêts en hypothéquant les revenus du pastoral. Le cas se présenta en 1784. Michel Thill, voulant réparer le presbytère, créa au pro- fit de la baronne de Rosen une rente annuelle de 180 f'\ au capital de 6,000 V\ B.-L. Il cessa d'acquitter celte rente lors- qu'il fut privé des biens curiaux. La baronne de Rosen le cita en justice pour en obtenir le payement. Le curé fut condamné à payer les intérêts, pour tout le temps qu'il avait joui des biens- fonds curiaux, et quant h leur service postérieur ji la mise à exécution dans la commune des lois et arrêtés relatifs aux biens des curés, la demanderesse fut déclarée non fondée dans

49

(*) Journal ou cent verges peliles ou 21 ares 79 centiares.

100 (-2) a Le l*:''juin ^719, le magistrat fait accord avec le curci concernant les vépu- rations d'une petite maison annexe du presbytère. Le curé voulait la couvrir en chaume comme elle était. Le magistrat s'engage à payer la dillorence si le pasteur fait un toit en ardoises. «• lArch. de Tlieux.)

133

sa demande et renvoyée à se conformer aux lois et arrêtés con- cernant les créances ii charge de l'Etat.

Les barons de Rosen de Haren et de Moffaerts, représentants la baronne de Rosen, demandèrent à l'administration de la commune de Theux, de comprendre leur créance à charge de sa cure, dans la liquidation de la dette constituée et exigible de l'ancienne communauté de Theux. Leur réclamation fut rejetée parle Conseil municipal dans ses séances du 16 mai 1817 et 14 décembre 1818, pour les motifs invoqués dans le jugement intervenu entre eux et le curé, c'est-à-dire que leur créance ne pouvait être considérée comme une dette communale (').

Le nom du plus ancien curé de Theux parvenu jusqu'à nous est celui de Lambert, qui vivait à la fin du XIP siècle et qui fournit à Lambert-le-Bègue l'occasion d'écrire son A^itigra- phum.

J'ignore quels furent ses successeurs jusqu'en 1507. Les ves- tis de la paroisse, Messire Walhieu Brufib, Sire Pierre de Rare et Sire Bertrand Montpierre, à Polleur('^), avaient fondé des anniversaires qu'on célébrait de 1586 à 1609, mais qu'on ne décharge plus aujourd'hui (^).

Selon une note que je possède, noie écrite vers 1785, il n'y eut à Theux que sept ou huit curés résidants avant le curé d'alors, Michel Thill ; auparavant un tréfoncier de Liège était

(*) Arch. de Theux.

(î) « Au même lemps on célébrait les anniversaires d'Ernu de Charneux, châtelain de Franchimont, de Johan Tome^on, châtelain de Franchimont, et d'Idelette sa femme; d'?': ylebert de Presseux, châtelain de Franchimont, et de Da''"'^ Marie de Mye,et de Da'il'e Marguerite, ses deux femmes; de Henry d'Eynaten, gouverneur de Franchimont ; enfin de Régal de Feche, messire son père et madame sa mère. ^ [Registre d'annonces cité.)

(') « nodbomont : les représenlans Mathy Vieltemps au présent Bertrand pier de fosseit quy at laissy sire Bertrand Monpier jadit curé de Theux quatre sticrs corne apart. par lart. LVIIe dudit obiler » (Cahier des rentes pour 1S96; aux Arch. de l'église). On devait également à l'église un demi-setier d'avoine sur la maison de Ber- trand Montpierre située à Marché sous Franchimont.

134

curé et il nommait un desserviteur habitant la localité pour remplir ses fonctions. M, le chanoine N. Henrotte a eu l'obli- geance de me signaler le nom du curé de Theux en 1538, Jean de Rôle, chanoine de Liège, curé non résidant et remplacé par un vicaire. Cette communication bienveillante corrobore l'écrit de 178S, mais ne concorde pas avec les archives labriciennes qui indiquent h cette date, en qualité de vesti ou de curé, Sire Bertrand Montpierre, de Polleur.

En présence de cette contradiction, je me demande si le vesti était réellement le curé ou bien si c'était simplement le coadjuteur. M'abstenant de me prononcer h cet égard, je don- nerai la nomenclature des vestis et des curés delà paroisse, en fesant remarquer que leur succession chronologique et suivie ne s'étabht que depuis 1586. Les noms et les dates sont puisés dans les comptes et les registres de la fabrique conservés h. la cure :

Sire Jacques d'Awans, vesti en 1507 et 1522,

Sire Bertrand Montpierre, vesti en 1533 et 1552.

Sire Johan Raison, curé, doyen du concile de St-Remacle, en 1586 à 1609.

Maître Johan Doneux, curé, doyen du concile St-Remacle, 1609, mort le 6 août 1636.

Maître Jean Anseau, 1636, mort le 5 décembre 1684.

Jérôme de la FLnye, 1684, mort le 22 février 1714.

Charles Denis de Sluse, 15 mai 1714, mort le 14 janvier 1742 (').

Charles Moreau, 20 janvier 1742, décédé à Nassoniwn (Nas- sogne), le 17 janvier 1752.

(1) 0. D. de Sluse institua à Polleur, le 28 décembre 17121, une Cour de tenants, composée du vice-curJ, de quatre tenants et d'un greffier qui prêtèrent serment h Thoux, entre les mains du cure' et de la Cour des tenants, le 31 décembre 1721. Le curé de Theux se réservait l'arbitrage dans les contestations qui pouvaient surgir entre les tenants de Pollpur et, en qualité de mambour surimcmlant, l'approbation des comptes de l'église et des pauvres de Polleur.

13o

Jean Pierre Jeunecliamps, 26 février 1752, décédé à Âywaille, le 2 août 1781.

Michel Thill, protonotaire apostolique, 1781, mort à Theux, le 7 mai 1810.

Lambert Beaumont, 1810, démissionnaire en 1827, décédé à Jalhay, le 2 décembre 1828.

Lambert Vandenbrouck, 1827, décédé à Theux, le 3 juin 1847.

Malhias-Joseph Conrardy, 1847, promu à Sle-Croix, à Liège, en 1855.

Christophe Grenade, janvier 1855, promu à Ste-Véronique, à Liège, en décembre 1864.

Nicolas Habay, curé, depuis le 31 décembre 1864.

Coui* des tenants.

Le patrimoine de l'église et des pauvres de la paroisse était administré par le curé et deux mambours. A la sollicitation de ces derniers, la souveraine cour de jusiice de Liège institua, le 23 février 1457, une cour de tenants composée de sept membres, autorisés à choisir un mayeur qui, avec le curé, compléterait la cour. Le curé, le mayeur et les sept tenants avaient voix déli- bérative.

Les mambours poursuivaient en jusiice, soit en demandant, soit en défendant, les actions intentées h ou par la cour dont ils étaient délégués à celte fin.

Les transports passés en faveur de l'église et des pauvres furent réalisés devant la nouvelle cour depuis son institution jusqu'à la promulgation des statuts et ordonnances de Gérard de Groosbeck, rfc'formant la jusiice, 1572, dont l'art. 32 du cha- pitre l'^"' interdit de faire œuvres devant toute cour autre que la cour de jusiice, à moins de les reconnaître devant celle der- nière, seule apte à donner priorité aux actes.

On continua, il est vrai, pendant plusieurs années à trans- porter devant les tenants, mais on renouvelait et ratifiait les œuvres devant les échevins. Enfin les tenants finirent par deve- nir de simples administrateurs.

136

Les tenants étaient nommés à vie. A la mort d'un membre de la cour, mayeur ou tenant, l'église faisait célébrer pour le repos de son âme un service dit messe des tenants et, à la sortie de l'office, la cour, réunie à la maison pastorale, lieu ordinaire de ses assemblées, donnait au défunt un successeur dont elle recevait le serment sans désemparer, hormis son absence de la localité.

Si un tenant était élevé au préloriat par le décès du titulaire, il reposait im7nédiate7nent sa charge de tenant pour ne pas réunir deux places sur une même tête, ce qui eût été contre Je bien-être, parce qu'il y aurait eu une personne et une voix de moins ('), et il était incontinent pourvu à la nouvelle vacature. La cour élisait de même son greffier : celui-ci, s'il n'était pas tenant, le deve- nait ordinairement dans la suite.

Ses assemblées ordinaires, au nombre de quatre par année, étaient fixées h la dernière des fêtes de Pâques et de la Pente- côte, au jour de S. Michel et au dernier jour de l'an. Les assem- blées extraordinaires se tenaient selon les besoins de l'église ou des pauvres.

La cour nommait dans son sein ou en dehors un mambourde l'église et un mambour des pauvres. Il n'y avait point incompa- tibilité entre ces deux dernières fonctions. Elus pour un an, ils pouvaient, h l'expiration de l'année, être continués dans leur mambournie par une nouvelle élection.

Les mambours étaient les receveurs de l'église et des pauvres; ils percevaient les deniers et payaient les dépenses ordonnées par la cour. Ils poursuivaient en justice, soit en demandant, soit en défendant, les actions intentées pnr ou ii la cour, dont ils étaient délégués h celte fin. Le mambour de l'église était, en outre, chargé de la surveillance des travaux exécutés à l'église, de la fourniture des matériaux exigés par ces travaux et de l'achat des objets nécessaires au culte. Il recevait pour traite- ment deux muids légués anciennement à un mambour. La cour,

( ^) Assemblée du 28 juin -1780, aux Arch. de t'étjlise.

i:}T

dans son assemblée du 31 mai 1783, en considération de l'aug- mentation des revenus de la fabrique, remplaça les deux muids par un tantième de 3 % sur les revenus fixes et casuels, mais le maniement des capitaux devait être gratis ( ' ).

Le mambour des pauvres ne jouissait d'aucun traitement; il faisait la besogne par honneur et pour Dieu.

Les mambours prêtaient serment devant la cour à leur entrée en fonctions et, à leur sortie, ils lui rendaient compte de leur gestion dans une assemblée convoquée à cet effet. L'archidiacre du Condroz, G. L. Clercx, exigea que les mambours se rendissent à Liège pour lui rendre leur compte. Les mambours s'y refusè- rent : mais, par condescendance envers sa seigneurie, ils offri- rent de lui en transmettre une copie, sans toutefois se reconnaître soumis h cette exigence. Son procureur fiscal Lebrun leur intenta d'autorité arcliidiaconale une action criminelle sous prétexte qu'ils avaient méprisé l'autorité et la juridiction de sa seigneurie en refusant de lui rendre leur compte (17S9). Les mambours répliquèrent qu'ils ne méprisaient ni l'autorité ni la juridiction de l'archidiacre, mais que la coutume était de rendre compte à ceux qui nommaient et, élus de la cour des tenants, c'était à elle qu'ils étaient soumis. De plus, la cour ayant été instituée par les échevins de Liège, elle reconnaissait pour unique chef la sou- veraine justice de Liège et niait la compétence prétendue de l'archidiacre en toutes matières qui la concernaient. Condamnés en instance, les mambours en appelèrent h la nonciature qui débouta le fiscal Lebrun de ses prétentions, attendu que la cour des tenants et ses mambours avec elle dépendent de MiM. les échevins de Liège.

Ce procès avait été intenté h l'instigation du curé. Pourvu en 1752 de la cure de Theux, étant simple sous-diacre, J.-P. Jeune- champs, homme sans expérience et très-remuant, se mit d'abord en opposition avec les tenants. Il leur ferma sa maison, refusant

( 1 ) Les revenus fixes et casuels se monlaienl alors à 50 pistoles environ. Le curé louchait directement le prix des rentes laissées pour exonération de services religieux, de même que son casuel et tout ce qui lui compétait.

138

de les recevoir pour les assemblées, cherchant mille prétextes pour se dispenser d'y assister et pour entraver la marche des affaires (17o7).

La cour députa L.-J.-J. Demarleau, tenant et son mambour de l'église, pour présenter une supplique à l'archidiacre, supé- rieur du curé, afin qu'il obligeât celui-ci à recevoir les tenants i\ la maison pastorale ou qu'il les autorisât de s'assembler chez leur mayeur ou ailleurs (mai 1758). L'archidiacre chargea J. de Hare, son officiai et doyen de S. Christophe, de faire compa- raître un membre de la cour des tenants avec le curé pour entendre leurs raisons et les mettre d'accord si possible. De Hare arbitra, le 22 août 1758, que la cour continuerait à tenir ses assemblées ordinaires dans la maison pastorale et qu'en l'absence du curé celui-ci serait remplacé par son vicaire. En cas de réunion extraordinaire, la cour devait prévenir le curé deux jours à l'avance.

Le curé ne tint guère compte de la décision de l'offîcial; il refusa de nouveau l'entrée de sa maison à la cour, qui se vit forcée de s'assembler chez un de ses membres; elle sollicita ensuite dumagistrat l'autorisation de tenir ses séances à l'Hôiel- de-Ville, ce qui lui fut immédiatement accordé.

Les hostilités continuèrent entre la cour et le curé. Une diffi- culté surgit au sujet de l'administration des revenus des com- muns pauvres (!e la paroisse et de la distribution qui leur en était faite. Les tenants la soumirent â l'appréciation de l'archi- diacre. Aidé de quelques-uns de ses partisans, le curé proposa â G. L. Clercx, de nommer des tenants-adjoints; l'archidiacre agréa cette idée ; par ordonnance du 3 octobre 1758, il désigna en cette qualité les vice-curés de Polleur et de La Reid, Gilles Dethier, Alexandre Malherbe et Thomas-Hubert de Limbourg, leur accordant la même autorité active et passive qu'aux mam- bours et aux tenants.

Lorsqu'on donna lecture de l'ordonnance du 3 octobre à l'as- semblée de la cour, le mayeur J,-N. de Presseux et les tenants L.-J.-J. de Marteau, L. Boniver, J.-P. de Limbourg etF.-J.

139 -

Pouheau protestèrent et se retirèrent. Ils adressèrent sans tarder une supplique à l'archidiacre, lui exposant que l'institution des membres adjoints était une innovation inutile et. que la cour, composée de gens capables, était en nombre suffisant pour le petit nombre d'affaires de son ressort; ils le priaient donc de révoquer son ordonnance du 3 octobre. L'archidiacre Clercx répondit en ordonnant aux tenants de comparaître par délégué et au curé en personne devant son officiai de Hare. Le curé ne se rendit pas h l'invitation archidiaconale.

Sur ces entrefaites, les nouveaux adjoints, à l'exception de Malherbe, avaient prêté serment entre les mains du curé et des tenants Gilles Cornesse et Henry Dandrimont. Ils administraient et remplissaient les fonctions de tenants, en apposant leur signature sur diverses pièces, notamment sur des bons de secours aux pauvres-. La majorité de la cour en impétra des mandements de foule et de maintenue contre Dethier et T. -H. de Limbourg, ainsi que contre ses deux collègues qui les avaient reçus, malgré la résolution du corps dont ils étaient membres (1759). Elle les cita devant la justice souveraine de la cité et pays de Liège. La base principale de son action reposait sur ce que la nomination des adjoints par l'archidiacre était tout au moins déplacée, parce que la cour était laïque et non ecclésiastique. Les adjoints niaient la compétence de tout tribunal séculier : selon eux, la cour était religieuse. A l'appui de cette opinion, ils faisaient valoir que, dans toutes les contestations, les tenants s'en référaient à l'archidiaci'e.

Cependant Cornesse et Dandrimont continuèrent à assister aux séances, à participer aux élections, en un mot à gérer avec leurs collègues comme avant l'introduction des adjoints, qui étaient exclus par la majorité.

T. -H. de Limbourg mourut pendant rinstance (1761). Ses héritiers résumèrent son action et, apiès avoir succombé devant les échevins de Liège, ils se joignirent à Dethier pour appeler de la sentence au conseil ordinaire de Liège (1763). Cornesse et

liO

Dandrimont, également condamnés, en appelèrent aussi de la sentence ficabinaie.

Dethier, Boniver et Pouheau descendirent dans la tombe avant la fin du procès. Leurs parents se mirent en leurs lieu et place. Le 19 janvier '1773, le conseil ordinaire ordonna aux parties de comparaître enpleincorps pour les entendre et accorder si faire se peut, sinon sera appointé. Une transaction, par laquelle chacune des parties paya ses frais, intervint le 8 février 1775 ; ce procès fut enfin terminé et la cour continua à fonctionner comme avant l'ordonnance du 3 octobre jusqn'h son remplace- ment par des marguiiliers-administrateurs des biens et revenus des fabriques d'église, 27 pluviôse an XIL

La cour des tenants élisait un petit mambour qui lui servait de huissier et de sacristain à l'église. Nommé pour un an, il était toujours rééligible; il renouvelait son serment îi chaque continuation.

Dans leur assemblée du 15 février 1784, les tenants décidèrent de nommer l\ la place du petit mambour, appelé aussi petit mar- guillier, un second marguillier ecclésiastique qui chanterait au lutrin et un sacristain, chargé de soigner le mobilier de l'église, de convoquer la cour, etc.

Le marguillier, devenu premier marguillier en 1784, était élu annuellement par le peuple le jour des plaids généraux qui se tenaient le lundi de Quasimodo. Le magistrat avait, à l'exclusion tout autre, le soin de veiller à ce qu'il fût capable et qu'il s'acquittât de ses devoirs et obligations. Ce mari^uillier devait être prêtre, confesser, dire la messe, chanter aux otfices, soi- gner les ornements sacerdotaux et les vases sacrés, sonner les cloches, entretenir proprement l'église, tenir école et enseigner les principes de la langue latine. Il existait plusieurs messes fondées à dire par un marguillier et, en général, dans toute Ibn- datioa de messe chantée, le curé jouissait de la moitié du re- venu, l'église et le marguillier chacun d'un quart.

Une dernière nomination de la compétence de la cour était celle du fossoyeur.

^ liJ

Le 18 mai 1711, la cour rédima les taxes du clergé au moyen d'économie et d'aliénation de rentes. Elle paya pour leur extinc- tion 470 I'' B""'pour deniers capitaux de la taxe du pastoral, à raison de 94 muids et 220 V' B""' pour le luminaire rescrit à 44 muids (').

Il serait difficile de donner une liste complète des tenants depuis l'inslitulion de la cour. Les documents manquent, les anciens registres qui subsistaient encore aux Archives de l'église h la fin du siècle dernier sont perdus. Voici les noms de ceux que j'ai recueillis en dépouillant ces archives :

CITÉ

DATE

-^-

du

NOMS.

pour la i'"

pour

lois.

la dernière.

DÉCÈS.

lo32

1565 (?)

Jean de Martea (-).

1607

18 sep. 1618

Jean Bovy Malhiet.

1629

5janv.l64o

Nicolas Gilles à Limbourg.

11 jan.l64o

1684

Philippe de Limbourg.

5 déc. 1684

1739

Jean Phil. Dieud. de Limb.

17jan.l739

1754

Philippe François Wolff".

1754

1780

Jean Nicolas de Presseux.

28 juin 1780

1789

Jean Philippe de Marteau.

2ijan.l789

Lamb. Jean Jos. de Marteau.

( ') Arch. de l'église.

(') Je crois que c'est l'épitaphe de ce mayeur qu'on voit sur une pierre sépulcrale qui sert aujourd'hui de base à un crucifix placé au centre du bourg deTlicux :

HONNESTE HOMME

JOUAN DE JIAUTEAU DE SPIEXHE

ESCHEVIN DE IHEUX

0 TREPASSA LA

136b. PRIES

DIU POUR se AME.

Celte pierre est superposée à une autre pierre qui doit être la base du premier péron érigé à Thcux.

142

'l'eiiants.

CITÉ

DATE

- -^- ^ -^

NOMS ET PRÉNOMS.

pour la l'*'

pour la

DU DÉCÈS,

fois.

dtrnière fois

1457

Jehiii de Jevoulmonl.

1437

Henry délie Falize.

1457

Urhan de Hottechamps.

1457

Thirion fils Thiri le Groz.

1457

Pirosson tils Pirosson.

1457

Mathiet Lefebve.

1457

Tilkiii Loistre ( ' ).

1532

Hanus.

1532

Simon.

1532

Jaco.

1532

Henri le noir homme.

1532

Johan Corbeau.

1532

Pacquea le Parmentier.

1607

1612

d'Anthinne.

1607

1612

Mailin Henry.

1607

avril 1608

Adolphe de Piesseux.

1612

1629

Bielmé Jean Bietmc.

1612

Gaspar.

1612

Ponchclet.

1612

1629

Martin Pireceval.

1616

1618

Pierre Lezaack.

1616

1630

Anthoinc Thomas (').

1616

1629

Bietmé Jean Bieimé, le jeune.

1618

1626

Jacques Bouiver.

(*; Le 1"' mars iSIi), furent piTsenls à la reddilion des comptes ile lolo: «Sire .lacques, prestre, vcsiit de lad. Englise, Sire Jolian de Harse ossy presire, Eng,!ebert de l'resseux, cliaslelain de Franchimonl, Collet maire de Theiix, M:ilerne Servais, JaciiiCb' de Presseiix cl ego Johan M. Onclin, Johan Henri le miiirr, le Joyne Jacob de Fraiponl Scrgant de la c-otirt de Theux. » Doit-on y voir la cour des tenants?

(2 ) Le 27 mai 1641, la cour des tenants ordonne à son mambour de payer les messes de tenant du curé Jean Doneux et des tenants ISietraé Jean lîictm»', Anthoinc Thomas et Jac(!ue.s Boniver.

148

CITÉ

DATE

^ -^ ,

.

NOMS ET PRÉNOMS.

pour la 4'«

poQr la

DU DÉCÈS.

fois.

dernière fois

1618

19 avril 1652

Jacques de Han.

1622

16 mai 1643

Jean Proenen.

1629

29 oct. 1656

Noël Hermès.

23 avril 1643

9 juin 1668

Ernest Proenen,

23 avril 1643

15 fév. 1663

Jean de Limbourg.

1644

22 déc. 1665

Lambert Thonon.

1645

23 mai 1663

Jean Hermeau (* ).

1654

av. 1687

Poncelet Adolphe.

1665

12 janv. 1670

Servais Fraipont.

1665

Fianck Antoine.

5 janv. 1665

Léonard Hermès.

19 juin 1668

juillet 1690

Pierre Proenen.

1665

déc. 1695

Jean de Limbourg.

1672

Jean Erkin Pouheau.

1676

janv. 1709

Lambert Boniver.

1676

sept. 1712

Henri Hermeau.

Tenants depuis 16SO

Jean de Limbourg, décédé 1695.

Quirin de Presseux, 15 décembre 1695, décédé 1706.

Toussaint Delleheid, 1" décembre 1706, décédé 1722.

Robert de Limbourg, 21 avril 1722, décédé 1742.

Lambert Jean Joseph de Marteau, 6 juin 1742, mayeur 1789.

Philippe Jean Joseph de Marteau, 21 janvier 1789.

Poncelet Adolphe, décédé avant 1687. Adolphe Poncelet de Presseux, décédé 1720. Alexandre de Presseux, 8 avril 1720, décédé 1741.

( * ) Jean Hermeau peut être le même que Jean Bietmë. Les Barthélémy prirent le nom de Hermeau vers 1640.

lii -

Gilles deCornesse, 31 décembre 1741, décédé 1788. Ferdinand Boniver, prêtre, 29 février 1788.

Pierre Proenen, décédé 1690, Jean Gaye Fichais, 1''' août 1690, décédé 1705. Jean Philippe de Marteau, le jeune, 15 septembre 1705, décédé 1733. Jean Philippe de Marteau, prêtre, 14 avril 1733, mayeur 1780. Toussaint de Hansez, 28 juin 1780.

Jean Erkin Pouheau.

François Charles de Micheroux, décédé 1700. François Hardé, 17 décembre 1709, décédé 1726. Guillaume Hardé, 21 mai 1726, décédé 1728. Lambert Boniver, 12 avril 1728, décédé 1773. Por.celet Noé de Boniver, 20 janvier 1773.

Lambert Boniver, dccédé 1709.

Poncelel Boniver, 25 janvier 1709, décédé 1748.

Jean Philippe de Limbourg, 12 mars 1748.

Henri Hermeau, décédé 1712.

Jean Nicolas Hermeau, 21 septembre 1712, décédé 1723.

Jean Gaye, 19 janvier 1723, décédé 1747.

François Jacques Pouheau, 12 décembre 1747, décédé 1769.

Noé Joseph Pouheau, 8 mnrs 1769.

Nicolas de Limbourg, décédé 1681. Renier WollT, décédé 1683.

Nicolas de Limbourg, novembre 1683, décédé 1684. Jean de Marteau, le jeune, 8 août 1684, décédé 1709. Simon Pouheau, 14 mai 1709, décédé 1716. François Pouheau, 26 mai 1716, décédé 1730. Pasclial Beaumont, 1730, décédé 1752. Honrv Dandrimont, 1752.

14o Greffiers.

Martin Henry.

Jean Proenen, avant 1623, mort 16 mai 1643.

Ernest Proenen, mort 9 juin 1668.

Pier Proenen, mon en 1690.

Jean Pierre de Limbourg, l*"' août 1690, mort 1691.

Jean Gaye Pichais, 13 mars 1691, mort 170o.

Toussaint Delleheid, lo septembre 1705, mort 1722.

Jean Gaye, 21 avril 1722, mort 1747.

François Jacques Paulieau, 12 décembre 1747, mort 1769.

Jean Lambert Fraipont, 8 mars 1769.

Mamlïoiirs de l'église.

Avant 1507. Johan Lambinoi).

1507 à 1512. Hanus Malherbe el Tliiri Touilet.

1514 à 1520. Johan de Fraipont le jeune et FrancheuxHoubinet.

1^21. Jacob de Fraipont.

1532. Gillet Malherbe.

1533. Jean Andrier, de Theux. 1535. Henri Pirchon.

1544. Johan le Xhardé, de Theux. 1547. Wathellet Jacob, de^Theux. 1552. Martin de Goyé, lors marly. 1563. Bietmé Baulduin. 1570-1574. Antoine Cléban.

1575. Henri Gohy.

1576. Thiryd'Anthine.

1577. Philippe Marlea.

1581. CoUin Fassin, de Spixhe.

1582. Jacob de Marché.

1589. Noël Doneux.

1590. Frankinet Houbinet.

1592-1593. George, fils m"*' George Malherbe.

146

1595. Gilles Collette.

1596. Jonas Frankinet. 1697. Mathy Houbin.

1598. Pasqueau Williem.

1599. Fassin Collin, de Spixlie.

1600. Evrard Lowy.

1601. Jehan leXhardé.

1602. Henri Gohy, de Spixhe.

1603. Collin Riga. 1604-1605. Pier Lezack.

1606-1607. Jean Jacques de Renoiifos (Fyou)

1608. Giele Servais.

1609. Lambert Servais. 1610-1611. Bietmé Jean Bietmé.

1612. Toussaint Materne Fillion, de Marchl.

1613. Anlhoine Hermès, de Marchy. 1617. Quelin Poncelet, brasseur de Thoux. 1619. Lambert Noël Bonyvicr. 1620-1621. Jean Collette Pacquea. 1622-1625. Jean Proenen.

1627-1629. François Wolff. 1630-1640. Ernest Proenen. 1641-1644. George Malherbe. Simon Poncelet. 1647-1648. Lambert Lezack. 1649-1650. Servais Fraipont. 1653-1654. Simon de Limbouig. 1655-1657. Lambert Fraipont. 1658-1660. Poncelet Adolphe. 1661-1662. Gilles Poncelet. 1663-1664. Bertrand Mayet. 1665-1671. Léonard Hermès. 1672-1682. Jean Erkin Pouheau. 1683-1687. François Charles de Micheroux.

147

1688-1691. Jean Pierre à Limbourg.

1691-1693. Noël Poncelet de Presseux.

1694-1714. François Hardé.

1714-1723. François Poulieau.

1723-1731. Charles Boniver, prêtre.

1731-juillet-décembre. Poncelet Boniver.

1732. Paschal Beaumont.

1733-1748. Jean Philippe de Marteau, prêtre.

1748-4 février 1767. Lambert Jean-Joseph de Marteau.

1767-20 janvier 1783. Guillaume Joseph Malempré, prêtre.

1783, 8 mars. Ferdinand Boniver, prêtre.

Institution de la Cour des tenants,

A tous ceux quy ces présentes veront et oront les esclievins de Liège, salut en Dieu permanable et cognoissance de vérité. Scactient tous que par devant nous comme pardevant chiefT liante courte et justice comparurent personellement pour fiiire ce que cy après sensuil honorables et saiges iMalhi Lefebve de Theux et Thirion filz mre Thiri, mambours de l'englise paroichialle de Tlieux, lesquels nous signiffient et exposent que le vestis, les recteurs des autels, le luminaire, et membre d'iLoUe englise et les pauvres de la paroiche délie ville de Theux avoient plusieurs massures, cens, renies, et autres revenus et droictures mouvantes d'eux, et délie dite englise, et dont ceux quy tenoient telles massures faisoient œuvres, en- trées et yssues par devant ceux de leurs massuires que ont trouvoit plus appareilliés, desquelles œuvres les autres massmviers n'esloient point informez dont grands inconvénients en venoient souventes fois, et pou- voient encor venir le temps futur sur dune mesme herilaige poroit-on faire divers œuvres et contract partant qu'il advenoit ou poroit advenir que les massuyei's quy avoient esté aux premières œuvres n'cstoient point aux autres, et ensy en estoicnt les massuyers astargiet et ils les dits vestis recteurs des autels luminaire et mambours d'icelle englise, et les pauvres de ladiite paroiche esloingné de leurs droits, et leurs massures concelles a leurs grieffs dommaiges,sy que pour surconner a tels inconvénients et pourveoir en ce de remède convenable, ils lesdits mambours nous deprient et requisent amiablement que nous comme chieffs délie loix de Liège leur volsismes

148 -

concéder, et oclroier une courte jurée de sept tenants, ou massuyres héri- t.'ibles jureis pardevant lesquels, et nyent autres, et pardevant un mayeur quelz dits \esiis, et mambours y puissent comettre toutes fois qu'il leur plairat d'eux et leurs successeurs on poisist faire œuvres, entrées et yssues des massures qui des prenomez vestis recteurs des autels, lumi- naires, et membre d'icelle englise, et pauvres deladite |)aroiche de Theux estoient mouvantes sy que lesdits tenanis polsissenl dorsenavant leurs cens, rentes, relieffz, et droictures sy que courte jurée sauver, et warder, et nous a icelle deprccation, et requeste raisonable favorablement incli- nants, et descendants leurs avons concediet et oclroiet, et par les présentes concédons et ordonons ladite courte jurée de sept tenants heriiables jureis cy après denommeis a scavoir sont Jehin de Jevoulmont, Henry délie Falieze, Urban de Hoitechamps, Thirion, fils Thiri le Groz, Pirosson, fils Pirosson Eller (?) Mathiet Lefebve, et Tilkin Loistre de Theux, lesquels par nous premièrement mis en feaulteit, et serment deyus vseront en tout cas dt'Ue loix de Lit'ge, et pardevant lesquels et nyent autres tout leur vivant on ferat œuvres, entrées, yssues, et autres exercices de loix que a court jurée des massuyers appartient a fn'we des massures, quy deux sont ou seront mouvantes, et quant ly ung ou plusieurs des dits tenants jureis seront trespassez ils lesdits vestis, et mambours y puissent remettre, et constituer autre ou autres en lieu de celuy ou de ceux ensy très passez perpétuellement sens fraude, ne malengien entesmoingne desquelles clioc- ses nous les Eschevins de Liège Avons a ces présentes lettres faiil apprendre les seelz Libert testor et Johan damesart nous maistrcs |)Our le temps et eschevins de Liège, desquels vsons ensemble en tels, et sem- blables cas sur l'an de grâce mille quatlre centz et cincquante sept, de mois de febvrier le vingle troisième jour ainsy signe : Martin Henry Tenant et greffier de ladite courte et par ordonnance, et commandement d'icelle.

C'est le seriment que doit faire ung nouveau tenant jureit quant on le meisten fealté, comme tenant jureit délie cours jurée de l'englise parociale de Theux renovelleit par hanus Malherbe derq mamijor de la dite Englise L'an mil cinques cens et huit date romane.

Vous serez bon et leale a Dieu a la Vierge Marie a l'englise vestit lumi- naire et fabrique de l'englise paroriale de Theux sy que tenant jureit de la court jurée dicelle englise, a mair et tenaiis jureis aidereis jugier loy avec les autres vos confrères tenans en tous cas apnans et pendans devant

149

ladite court tout et quantes fois que requis et semons on serat parmy vos droits preiulant aideres salver et warder les bins hertables partenant a ladite Englise vestit luminaire et fabrique et si vous saves chi après au- cuns bins qui soient entreperdus ou concelles vous en feres raport et renseignement a vestit et niambors d'icelle dite englise. Ce vous aide Dieu tous les Saints et par votre part de paradis a votre meilleur sens.

OEUVRES FAITES DEVANT LA COUR DES TENANTS.

Extrnicte iVung regre aptennnte a renglise de Theux.

Relevaon et œuvre faite le diexeme ior de feb. an XV^^ xxxij maire et tenans lohan de martea hanus Simon jaco henri le noir homme Johan Corbeau pacquea le parmentier.

Relevât la mey Thomas de Jevoulmont come mary de son espeuze fille Johan Linotte premier ung iournal de terre gisant delez la voie qui vat de Jevoulmcnt en largnon joindant dung coste az heretaige qui furent Johan Brackei. Item Corlil nomeit Chaineau Cortil joindant à Johan le grosse teste et gnalement tous autres heretaiges qui furent le vieux Linot et ledit Jean son fils sy en fut advesty parmy i)aiant az vesty et luminaire eguale- ment qualtres stiers d'avoine herèlx por fair chun an en lade engleize les aniversaires des jadit Linot et Jean son fil et fut mis en vvarde.

OEUVRES FAITES DEVANT LA COUR DES TENANTS ET RECONNUES DEVANT LA COUR DE JUSTICE.

Reportation et œuvres faite devant nous la court jurée des tenans de l'englise de Theux l'an saize cens et sept le troisième jour de décembre maire Jean Bovi Mathiet, tenans Danthinnc et iMartin Henry.

Comi)arut devant nous personnellement en présence vennerable sire Jean Raison Doyen de Concile Sl-Rcmacle et curé dudit Theux, honno- rable Adolphe de Presseux notre confrère, liquel de sa pure, libre et franche volonté et sans aucune contrainte fut tellement conseilliiel et avisé qu'il at de son propie mouvement transporté a prouffil des pauvres de la paroiclie de ban de Theux siex dallers de rente pieche a siex florins et demi liégeois, et trois dallers semblables aussi rente au prouffit de la messe des trépassés qui se dit et doit on dire ordinairement toutes les sap""'' de

150

l'an sçavoir deux et demi a vesti et l'autre demi à marliei- escheant le tout a jour sainct Andrier aposlre afTectés iceux sur sa maison tenure et appar- tenance scitués audit Theux à l'opposite de la Halle ioindant devant a chemin, desseur a noel poncelet, dessous à George Malherbe et derrière a la rivir; et généralement sur tous ses autres heretaiges cens rentes et biens heritables presens et futurs que pour après son décès iceux payer par ses représentants dan en an sans aucun contredit que pour au cas de faute y revenir par un seul adjour de quinzaine, voire que lesdits repre- sentans pourront iceux dallers rcdimer parmy rendant pour chacun cent florins liégeois, que pour ce fait remployer iceux deniers a prouffit les dits pauvres que messe preniemorés, et ce aftln prier le Bon Dieu tout pour le salut de son ame, celles de tous ses parens et amis que de tous autres fidèles trépassés, le tout quoy fut par ledit sire Jean en la forme que dit est accepté.

Le vingt unième jour de mois de juillet anno saise cens et dix devant nous la cour et justice de Theux maire en ce cas Adolphe Poncelet, Esche- vins Martea et Picquerea avons a la requête de vennerable maistre Jean Donneux curé dudit Theux le prédit transport renouvelle et ratifié suivant ses entiers effets saufs tous droits et a sa requeste mis en garde étoit signé Adolphe Poncelet.

Record de la cour des tenants (i). Messieurs les Tenons de VEglise paroissiale de Theux.

Le sous signé constitué générallement de son Excellence Monsig"" le feld maréchal comte d Aspremont Lynden gouverneur et officier souverain du marquisat de Franchimont, vient remontrer que dans deux procès que sa dite Excellence soutient par devant la cour et justice de Theux contre Mons"' Toussaint Jeuncehamps lieutenant gouverneur il est demandé de la part du Seig'' Gouverneur que les lettres requisitorieîles et compulso- rielles lui soient accordées pour faire venir en cour des pièces et écritures faisantes à son droit, ce que le prélocuteur dudit M'' Jeunechamps a accor- dé et comme entre ses pièces et écritures sadite Excellence souhaite

( * ] C'est le seul que je connaisse.

loi

d'avoir de votre cour desdits lenans une déclaration soit par forme de record soit autrement des noms des personnes à qui vos pauvres sont en coutume de donner la semaine sainte de chaque année des pains blancs nomées comunement miches des pauvres et aussi des raisons pour les- quelles on les leurs donne ce pourquoi sadite Excellence vous requiert de lui donner et accorder tant vos dites déclarations que les extraits de registres de votre mambour et ce au moyen de vos droits qu'il offre de payer quoi faisant et signé M. J. Moxhet au nom de S. E. Monseig'le Comte d'Aspremont Lynden.

Vu la présente par nous la cour des tenants de l'Eglise paroissiale de Theux assemblée le 5"^ de septembre 1757 dans la maison du mambour de nos pauvres attendu le refus de notre cuié de se trouver à la maison pas- toralle ensuite de la convocation spéciale faite par notre petit marguillier disons, déclarons et recordons en faveur de justice et de vérité que de tout temps immémorial les mambours de nos pauvres sont et ont été en coutume et usage de donner aux frais desdits pauvres dans la semaine sainte de chaque année des pains blancs nommés commiiné'.nent miches des pauvres aux personnes suivantes scavoir deux au curé, deux a son vicaire, deux au marguillier, deux à notre mayeur, deux à notre greffier, deux à chacun des tenants, deux au mambour de l'église et deux au mam- bour des pauvres en considération et par reconnaissance de ce que nos pauvres en sont servis dans leurs aifaires pour Dieu et par honneur, d'en donner deux au Gouverneur et deux à la Gouvernante tant par honneur et par respect que pour raisons des égards et des attentions qu'ils pour- roient avoir pourlesdits pauvres, d'en donner deux à chacun des membres de la cour et justice de Theux ( : excepté le greffier depuis quelques an- nées : ) pour raisons qu'ils servent lesdits pauvres pour Dieu et par hon- neur, d'en donner deux à chacun des deux Bourgmres regens pour raisons des services qu'ils pourroient rendre aux dits pauvres et entin d'en don- ner deux au petit marguillier comme notre huissier, deux à celui qui va à la fabrique pour l'église et pour les pauvres ménages recommandés et deux à (^elui qui porte les miches pour raisons qu'ils les servent aussi pour rien, ordonnons à notre greffier de registrcr la présente avec la susdite supplique.

François J. POUHEAli, f.'/r//?V?' par onh''.

15^2

ANNEXES.

E^xtraits des archive» de l'église de Xlieux.

1519. Item at ordonne Englebert de Presseux chastel. de Franchymont que

le dit Johan (de Fraipont) devait deboursed az ornes qui ont fait

les bricques x fl. Item at encore débourse a Johan Miso fe le forme des bricques

pour xin journées. Item a Johan le Lymosin de Vervier pour xii journées vi flor. Item à Johan le molnier xn aid. pour une berwette pour mener les

bricques. Item encore débourse à Denis Chavas pour v journées a vi aid. le

jour font XXX aid. Item débourse à Englebert pour ii journées a servir les omes des

bricques. Item nii journées que ledit Johan servit a coller le chaulx dequoy

ion piastre les chapelle et lalstare. 1521. Item pour m journées a til le Croteou pour tirer eawe pour fe le

chimens et pour coller le chaul qui font xv aid. Item encore ini journées que ledit Johan at servi a fe les aires de

vestiaire. Item X aid pour ii tin nés dont les maçons se sont servis a l'englise. Item at livreit led. Johan xvi cent piet de latte pour servir az deux

chapelles et vestiaire a xvi aid. le cent. Item at livrait ledit Johan deux cent pied de plance en la main de

Mati de Francymont pour mectre sur le chanceau. Item at reçue ledit Johan a messire Jacques lur pied de lattes. Item at servie ledit Johan une journée a mectre ces planées aveoq

Mali. Item V journées a paliet et a mectre a point le chanceau de

senestre. Item paye pour ii cent de claz v aid. Item encore pour une journée quil at esté chargie les pierre des

deux voillire sur les chars de sassure et saserotle que renevoyent

Damxlie.

1i

Ilem pour trois voiture que ledit Johan al esté a Gi oiille chargée (les lenres pieres et a pour chacune voilure u jours qui font VI journées. Item at change ledit Johan le viel sesse aile benoiste dame sur une

nesve sesse soit donne sotte ii flor xiiii aid. Item payé pour les voillire de la chapelle vers la boverie xviii flor. Item n journées que le dit Johan at servie a les aider meclre. 1532. Renies : dont il en val ung slier aile lampe estante en chancheau. 1555. Item à Hubert le machon tant pour paver en cbanceaux que pour assier les gre? de sacrament xxnn flor. Item audit Hubert pour deux mannes de thau xxiiii aid. Item pour les chereaiges tant des pieres de chau que de saubeu- lon XX voitures et pour chacune ung aid. montent ensemble 1 flor. 1559. .\chat c!e la table de l'autel à Liège.

A Thomas le veully pour la fachon des voilliers toulx a l'enthour de

l'englise vin fl. xvi aid. A Grigoir le marissal pour des verges et clous de fer pour mettre aux d. voiriers xiiiaid. 1595. Item au 11'' dudit mois (juillet ) délivré au doyen et curé en qualité d'avoir tenu ce mesz jor les sennes el avec ce lors pour la quole de lescot ordonne au mambour de l'église paye pour ce a Jacques Noé icy quatt. f. B. L. 4627. 20 juillet. Item a Gielel Sicquet pour assister a sonner les orgues

pour une paire de solier lui promis par an I rixdaler. 1629. 10 octobre. Donné à W^ Louys sur les douses f. et demy annuelle

luy deyus pour sonner les orgues 8 fl. b. 1642. Le quatlrieme de maye ano dil paiel à Pirolte Jacques Giele por avoir fait deux ancres por les mettre az tableau du celle lorsque Hernies de Pont les racomoda cl ung bar mis a la trailhe de l'engliese servant pour passer ensemble refait le pendement de la trailhe devant le Sl-Sacramenl xvni pal.

1661. Le 51 décembre payé a Michel Ilalloy pour avoir remplacé les

treilles devant le grand autel 15 pal.

1662. Le 15 mai a N., tailleur de pierres de la Reyd, pour avoir rem-

plombé quelques treilles devant le grand autel 10 pat. 1675. Le 27 avril paie à Lambert Delaict pour avoir travaillé a regrandir l'autel nre Dame.

loi

1680. Le dernier octobre payé pour le tabernacle du Sl-Sacrement corne par Testât f. 70, 10 1/2 pat. On fit raccommoder le vieux à Liège, le neuf avait été fait. Payé pour ce 3 fis.

1680. Novembre donné au xhaillelcur pour avoir esté boucher la fenestre

deseur le cœur et racomodé la roulette de la lanterne 15 pat.

1681. 16 mars payé pour 1001 pieds de planches acheptées et mises en

l'église pour servir à la réparation du plancher du cœur 70 fis. Aiant quitté les 61 p. pour les nœuds et fentes. On a acheté pour faire le plancher 550 p. de limont 55 Ils. On a fait porter le tout sur les celles. Un cent de bars de cuve li fis. 37 p. bars de cuve ei 88 p. de

quartier pour le plancher et peinture 12 fis.

1681. Pr 80 1/2 journées de menuisier (Tossaint Léonard) 100 f. 12 1/2

p. et 126 p. bars de cuve à 15 fis le "/o et 100 p. de planche a 8 f. 125 fis non compris la bierre fournie aux ouvriers.

Le 16 septembre à Tossaint le scrinier pour 7 journées (avec son fils) pour les moulures des grandes peintures 8 f* 15 p.

15 novembre à Tossaint le scrinier pour 15 journées de lui et de son fils employées en mettant les tableaux et faisant partie du plancher par deseur iceux sans comprendre leur bière f. 18-15.

1682. 51 mars à Pasquea Nanlule façon des ferailles pour porter les pein-

tures f. 14. A Jean Boniver pr 185 b. fer pour les peintures f, 48-6. Le 1 i octobre paie à Pirotle de Riou pour 500 de plandehes pour

appliquer à parchever le plancher sur les dites peintures à 6 f . 5

p. le cent 31-5. Le xix« dudit mois (octobre) paie à Tossaint le scrinier pour avoir

avec son fils travaillé chacun cincq jours tant en mettant les

grands tableaux que pour achever le plancher f. 12-10. Item pour 28 pieds de planche qu'il a livré outre celles venantes

de Pirolte de Rieu 1-15. Item à son fils Léonard pour dringhelt en considération qu'il sat

exposé dangereusement en mettant les grands tableaux 1 fl. Pour la bière beu pendant lesdits 5 jours paie f. 3-0. A Xhardé qui at assisté pendant plusieurs jours et en tirant les

planches en haut 1-0

ioo

1683. Item (9 mars) at paie à Pacquea Nantulle pour ultérieurs travaux

faits en accomodant les ferailles pour mettre les grands tableaux

f. 8. 1686. Le 7 janvier ledit Erkin at payé au préloculeur Delheid pour des

bois qu'il avoit délivré pour l'église lorsqu'on travailloit pour les

peintures l'an 1681. 5-10. 1692. Le 14 (août) payé à Antoine Renson menuisier pour avoir raccom- modé une piramite à l'autel de la vierge et raccommodé la grand

passet quy est sur l'autel incompris doux vingt cinq patars avec

bier 1-5-0. Le 16 dito (décembre) il m'at esté ordonné par Mons"' le R** pasteur

et Mess"^^ les tenants de faire a battre la vont desseur la chapelle

de rosair. Item donc paie a Arnould le Xhardé m''*' masson pour cincq jours

qu'il at travailé a ladite voux f. 6-10-0. Item payé a Pierre le Rois pour cincq jour qu'il at travailé a quat-

torse patars par jours 5-10-0. Item pour deux mânes et deux cord quinze patars 0-15-0. Item à Bertrand Boniver dit le Cocqi pour trois jour à traize patars

par jour 1-19-0. Item a la vef Olliviet de Rieu pour quinse limon a 10 pat. chacun

7-10-0. Item à Antoine Renson pour un limon 0-10-0. Item à Jean Thomson pour un soumier 13-10-0. Item a lui-même pour un limon 0-12-0. Item à Gielle Petitjean pour avoir menez le soumier avec son cheval

jusqu'à l'église 0-5-0. Item a Thomas le Potte pour clous 0-15-0. Item a Antoine Renson menuisier pour six journées à vingt patars par jour tant a netoier que a raccommoder le siège de Mess'Mes tenants et l'autel de la chapelle G-0-0. Item payé pour une journée à sa femme 0-7-0. Item a fils Jean Nicollet pour trois jours et demi 4-4-0. Item a fils Henri Nicollet pour un jour 1-4-0. Item à Pirotte de Rieu pour cha 4-10-0. Item à Adolphus Poncelet pour bier qu'il a delivi é a ladilte vont

lo(J

1693. 7 mars payé à Thomas Jehin pour avoir ramené trois cens pied de

planche de Bronrome avec une pinte de hier 2-H-i/â. Le 10 payé à Noe de Baneux pour les dit planches a six fis et dix

palais le cent de pied 19-10-0. le 26 (avril payé a Antoine Renson pour quatre jour qu'il a tra- vaillé dcsseur la chapelle du Rosaire a vingt cinq patars par

jour 5-0-0. 1 i" (juin) payé à fils Watelet Lefin pour svoir travaillé dix jours a

couper le pierre pour le pavement de milieux de l'esgliese a

vingt cinq patars par jour 12-10-0. Le li juin payé à Laurent Remacle le chanoine |)0ur onse jour qu'il

a travaillez au pavement de lesgliesc incompris quelques reblan-

chissiige et neloier le paroit de Icsglicse a vingt cinq patars par

jour 15-15-0. 1605. Ilem a son père masson pour huit jour qu'il al travaillez dans l'es- gliese a 22 patars 8-16-0. Item à Laurent la Croix qui les a serveu six jours à 15 patars par

jour -i- 10-0. Item juillet) a Adolphe Poncelet pour hier qu'il at délivré tant a

pavement de lesgliese que à faire le grenier deseur la chapelle

du Rosaire 17-15-0. L'église emprunte 575 fis pour payer le maiti e-autel, par acte du

notaire Storheau en faveur de Louis Poncelet. L'acte est du 50

septembre 169i. 169i. Le 11 dito (octobie) payé pour deux charges de chaux pour servir

à racomoder le grand autel 1'. 5-10, Le 9 dito (novembre) payé pour deux charges de chaux venantes

du pays du Roy pour le grand autel t. 2-16. Item encore pour deux charges f. 2-10. Le 17 dito payé a Mathieu le Potte pour 2 lAi jours qu'il a travaillé

a porter les pieres du grand autel f. 1-17-2. Item pour sivière pour porter les pieres 1-2-2. Le 26 novembre iiayé a Tossaint Grégoire DepressiHix pour 11 1/2

jours qu'il at aussi travaillé au grand autel a 15 pat. chacq

jour 7-9. Le 27 dito payé à Laurent le chanoine pour 19 jours qu'il a travaillé

- 157 -

tant au grand autel qu'a rebâtir la muraille dj.rier en la place

des verieres icy a 25 pat. chacune a raison qu'il n'a eu de la

bière 23-15. Item au fil Alexandre Malherbe quy at assisté a porter les pieres

et simens 10 1/2 jours à 15 pat. G-14.. Le 28 dito payé à Pier Jason pour 2 1/2 jours qu'il avoit travaillé a

porter les pieres du grand autel hors de l'église 1-5.

1695. Le premier juin restitué à M'' le curé 53 f. 5 1/2 pat. qu'il avoit ex-

posés pour le grand autel tant en voitures qu'autrement come

paroist par son estât et quitance 53-5-2. Ledit jour (25 juin^ payé au fil Jean le Liégeois pour avoir travaillé

5 q" de jour a assister a mettre la table du grand autel 0-9. Le 22 dito (septembre) payé à Watelel Lefin pour ta table du grand

autel comprise cincq journées qu'il a employé a le dresser coe

par sa quittance icy 40-0.

1696. Le 22 d'avril Jean Renkin menuisier m'at donné quittance des trois

cents et septante cincq fis qu'il avoit ci devant receus a pluss"* fois sur le travail du grand autel lesquels 575 fis Louys Poncelel a prêté come je raporte a mes receptats portant icy en expositat f. 575.

Item lui payé encor a bon compte come par quittance GO.

Le 10 juin payé encor a compte a Jean Renkin sur le travail du grand autel 50.

Item (27 novembre) payé et descomplé à la W^ du S'' Renier W'olÏÏ pour un soumier qu'elle a laissé avoir et qui at été applicqué sous le plancher de la chapelle de Mes''* les esch"" icy 6-0-0.

Le 5 déceml)re restitué a M'' le curé deux cents quarante fis Bbant quil avoit payé au menuisier pour resi de 705 f. convenus avec lui pour les bois et travaiîs du grand autel partant icy f. 2i0-0.

Le 22 décembre payé a M' nre R'' curé trois cent et dix sept fis Bbant tant pour le marchepied du grand autel, planche de la chapelle de Mess'* les eschevins que de la garde robbc de la sacristie quil a fait construire et reparer ayant quitté a leglise ce qu'ils ont coûté davantage icy donc f. 517.

1697. Le 5 avril payé au fils Noé Cloes Michotte pour deux chenues de

fer de 5 pieds chacune pour attacher deux grands tableaux au dessus des frontispices dos deux chapelles de l'église f. 2-10.

458

Item à Jean le serurier pour les y avoir attaché avec des ferailles

havames et crochet qu'il y a appliqués f. 2. Et pour clou 0-2. Item audit serurier pour avoir raconiodé le fer du vieu tabernacle

servant au monument 0-6. 1699. Juin. Item j'ay refurnis aud' s"' curé 5 11. 15 pat. pour avoir fait

quitter les autels de n"^ Dame et de nos patrons et pour les avoir

fait paver 5-15. Le même jour payé audit IV' curé 58 f. 17 pat. qu'il avoit payé pour

avoir fait racomoder la chappe processionnelle scavoir franche

dor doublure façon et come porto Testai charge de la grosse

disme)f. 58-17. Au mois d'août 1700, on répare la haute muraille à la naive de

l'église. A cet effet, on emploie de la chaux, du sable, deux sou-

miers de 12 pieds, 4-i pieds de xhorons, 162 1. de fer pour faire

sept ancres, des clous et des crochets, des ardoises et pendant

le travail, les ouvriers boivent 69 pots de bière pour 10 f. 7 pat. Le 12 may 1701 payé à Antoine Renson menuisier pour avoir raco-

modé le plancher au dessus des ordres quy estoit percé et

dei'ompu f. 2-15. A Marie IMicholte pour doux y employé f. 1. Item à Lambert Chinval maréchal pour 6 fers applicqués pour tenir

les tableaux au dessus des ordres et pour avoir racomodc un

bar de fer rompus f. 5. Au mois de lévrier 1707, une partie du toit sur la nef, au dessus

des orgues, fut emportée par le vent. 1710. Le 25 dito (février) payé àMonsieur nrecurécenl et trente fl. Bbant

pour le ticrze de la re])aralion et augmentation des orgues et

eeste par aveu des s''' tenants icy come par quittance f. 150-0. 1715. Le 22 septembre payé à Monsieur le cui'é 122 f. 14 i/-2 p. pour un

état d'exposés qu'il avoit fait à la construction des baUisties des

deux chapelle icy comme par ledit état et quittance f. 122-11 j/2. 1717. Le 2i janvier ensuite d'ordonnance j'ay payé au sToncclet Boniver

quarante écus qui les avoit compté à Liège au s' Piquar pour le

racomodement des orgues icy come par ord'*^ et quittance f. 160-0.

159

J 717. Août. Se raporte icy un état dexposés pour le pavement de l'église portant corne par ledit état et quittance f. 237-1-2.

1680. Le dernier octobre payé pour le tabernacle du S'-Sacrement comme

par Testât septante fis dix pat. et demy 70-10 1/2. Pour l'avoir envoyé chercher y compris ce que Piron avoit mené le

vieu lui donné 1-0. Le ?) avril 1681, Piron at rapporté de Liège le vieu tabernacle du

ven''i'= que l'on avoit fait raccomoder et reneltoyer à Liège pour

quoy paie 5-0. Audit Piron pour ses pains 0-6.

Extraits des archives de la communauté de Xheux.

1673. 9 juin. Procès entre la communauté et le curé deTheux qui veut

avoir une neuve maison. 1716. 25 août. Le magistrat décide de faire venir de Liège des ouvriers

pour réparer les boiseries de la moyenne cloche, ceux de Theux

n'ayant pas la même expérience.

1719. 13 avril. Lesbourguemaîtreset le commissaire de Limbourg sont

chargés par le magistrat de convenir avec Michel Beauraont qui désire bâtir sur le mur de la petite maison à droite de l'entrée du presbytère. La communauté consent à lui vendre la mitoyenneté et le magistrat décide que le prix servira à exhausser le mur. id. 1" juin. Le magistrat fait accord avec le curé pour les réparations de la maison ci- dessus. Le curé veut faire un toit de chaume et le magistrat s'engage à payer une certaine somme pour qu'il fasse un toit en ardoises. La différence du coût entre les deux toits .

1720. 21 novembre. Ordonnance au Dourguemaître Wolff au même sujet.

1721. 1"^'' mai. llecès du magistrat touchant les réparations nécessaires

aux toits de l'église paroissiale, aux petites murailles, aux en- droits défectueux des plafonds, des.lambris et de faire planchéier le dessus des ailes, id. 15 mai. Ordonnance au bourgmestre Boniver de faire les répara- tions conformément au reccs du 1" mai.

160

1724. 16 mai. Ordonnance au B"'' de Limbourg de payer à iNoé de Pres-

seux 5 fb. pour avoir fait une paire de fliohe, avec clefs pour la sacristie et une boîte pour les saintes huiles et de faire réparer les crevasses aux lambris des deux chapelles au côté du chœur.

id. 22 juin. Ordonnance au même défaire diverses réparations à la sacristie, à l'église et à la muraille du cimetière.

id. 12 octobre. Ordonnance au même de faire mettre deux vitres à chasit à la sacristie de l'église de Theux. Dans l'assemblée des bourgmestres, commissaires, électeurs et no- tables du ban de Theux, tenue le 26 novembre 1724, il a été pro- posé d'examiner les réparations du pavement de l'église que le R'* curé et les lenanis ont fait faire dans les ailes de ladite église, et dont ils demandent le paiement; il est décidé que le magistrat devra en faire faire l'évaluation par des connaisseurs et payer ce qui est fait à charge do la communauté.

1725. 17 mai. Ordonnance au B"'' de Marteau de payer le dit pavement

au mambour de la dite église. id. 12 juin. Ordonnance au même de faire réparer les gouttières du toit de l'église dans les endroits qui sont à charge de la commu- nauté et d'acheter des planches pour paver la sacristie.

1727. 2 juillet. Ordonnance de paiement de journées faites à la moyenne cloche de l'église paroissiale.

1745. 20 juillet. Ordonnance au B''" de Presseux d'acheter du damas de Lyon pour faire des ornements noirs de l'église de Theux pour servir aux obsèques des habitants.

1750. 26 mai. Ordonnance au B''^ Limbourg de faire réparer un pan de muraille tombé du cimetière, id. 6 novembre. Recès qu'on donnera une chasuble de l'ancien orne- ment noir à Becco et une à Oneux; l'autre est mise à la disposi- tion du B^'*'.

1755. 15 juillet. Ordonnance au B'"' Fréon de faire réparer les murailles

du cimetière.

1756. 2 septembre. Ordonnance au même de faire renfermer le cimetière

avec des bouts de murailles de deux côtés et deux portes de fer à chaque côté. 1761. 5 novembre. Ordonnance au B'^"'" Deblon d'acheter une chape noire.

161 -

1762. 16 septembre. Ordonnance au W" de Marteau de faire reblanchir l'église parochiale.

1769. 26 septembre. 11 est recessé qu'on réparera la muraille du cime- tière.

1779. 25 mai. Convocation des trois corps pour savoir si l'on doit démo-

lir la porte d'en bas et faire servir les matériaux tant à la répa- ration des murailles du cimetière qu'à d'autres usages.

id. .30 mai. L'assemblée des trois corps approuve la proposition ci- dessus.

id. !<''■ juin. Dans son assemblée le magistrat adresse une supplique aux Eiats du pays de Liège relative, entre autres objets, à la construciion d'une muiaille neuve au cimetière.

1780. 2") mai. Paiement de réparations an toit de la tour de l'église, id. 17juin. Paiement de réparations au toit de l'église.

id. 13 septembre. Paiement d'une serrure à la porte du clocher de l'église.

1781 26 avril. Il est décidé qu'on rendra le blanch.ssage de l'église pa- roissiale, à condition que le curé fasse blanchir le chœur.

1707. 15 septembre. Le magistrat ordonne au B""" Hermeau de réparer les toits de l'église et de rejeter la haute muraille.

1715. 16 mars. Ordonnance au B'"' Pouheau de déplacer la moienne cloche afin d'éviter les réparations du bois qui se représentaient trop fréquemment.

1785. 18 septembre. Dans l'assemblée des trois corps, tenue le dit jour, le magistrat a été autorisé à acheter un jardin pour y bâtir la nou- velle marguillerie, à apporter certains changements au cimetière et à ouvrir une seconde porte, celle devant la marguillerie le besoin s'en fesait sentir pour la sortie de l'église moyennant l'agréation du seigneur archidiacre et de la Cour des tenants, pour autant qu'il peut en être besoin.

1785. 29 septembre. Le magistrat déclare vouloir rendre aux rabais les pierres de taille pour deux entrées à poser à la muraille du cimetière. id. 4 octobre. Recès touchant les marches de l'escalier du cimetière, id. 27 octobre. A la demande des seigneurs des états, le magistrat décide l'alignement de la muraille du cimetière.

162

1786. 14. février. Le magistrat convient avec Hubert Jasoii pour deux portes en treillis de fer avec frise ou partie dormante le tout sur- monté d'une croix, lesquelles portes seront fournies le 10 mai suivant.

id. 18 avril. Ordonnance au B"^'' de Marteau de payer à Louis Bullin la chaux qu'il a fournie pour le cimetière, convenant avec ledit Bollin de la livraison des pierres ou marches de l'escalier.

id. 20 juin. Ensuite d'un recès unanime des trois corps de la commu- nauté du -i*^ dudit mois et la permission de S. A. en son conseil privé, paraposlille du 8 même mois, du recès ensuivi du ma- gistrat en date du 15, des publications et affiches, vente par la communauté aux enchères publiques de l'ancienne margiiilleric avec droit de bâtir sur la muraille du cimetière. Elle est acquise par Jean Paschal Beauraont,

1786. 6 juillet. Becès pour le rendage des entablements en pierres de

taille pour la couverture de la muraille du cimetière vers la rue.

Cette adjudication se fait le 11 juillet. id. 24 août. Le magistrat compte avec Hubert Jason pour la porte de

l'entrée du cimetière vers l'église, id. 2 novembre. Ordonnance au B^™ de Marteau de payer le portail

(porte) en fer du cimetière vis à vis de la neuve marguillerie.

1787. 9 janvier. Examen d'états pour la fourniture de bois, etc., aux pro-

priétés delà communauté, entre autres l'Eglise.

1629 et 1650 (comptes du Bourgmestre). At payé à Lowis Lefooz pr son gaige de jouer les orgues eschues por 2 ans xxv fl. N. B. L'organiste a toujours été payé, sous l'ancien régime, moitié par la fabrique, moitié parla communauté. Cela résulte de tous les comptes que j'ai vus. H en était de même du souffleur ponr avoir aide jouer les orgues.

ilôo. 5 mai. Ordonnance au B'"^ de Presseux de faire réparer les toits des deux petits cœurs de l'église de Theux.

1759. 14 avril. Ordonnance à l'ancien B"'" Wolff de se rendre à Liège il devra approcher M. l'écolâtre Clerx ou le s"' Lcpiem pour con- venir do quelques couvreurs d'ardoises et convenir avec iceux

163

du prix des journées qu'ils peuvent gagner par jour pour cou- vrir le toit de notre église et de la manière qu'il conviendra d'employer les ardoises.

1740. 12 mai. Il a été recessé et ordonné à nre B""" de Limbourg de faire replâtrer les voûtes délabrées des ailes de l'église paroissiale, de la faire reblanchir et de faire oler la porte du cloché de l'église pour être remise dans le parvis, id. 14 juin. Ordonnance au même de payer la réparation des vitres de l'église, de clôturer le cimetière et de reboucher la porte de la courtegard qui est proche de la Boverie, de faire la porte sur le chemin et de rendre ledit bâtiment habitable si possible,

1755. 9 avril. Ordonnance au B"'** Fréon de faire raccommoder le ciboire et de faire faire trois petites boîtes d'argent pour y mettre les S'"'" huiles de n'''^ église.

1781. 2 novembre. Il est donné lecture d'une supplique de M. Thill,

pourvu de la cure de Theux, apostillée de l'archidiacre de Condroz, par laquelle il demande que la communauté répare le presbytère dans les parties devenues caduques faute d'entretien de la faute de feu le curé Jeunechamps. Le magistrat adresse une supplique audit archidiacre dans laquelle il décline la charge que le curé Thill veut lui imposer. C'est au curé a entretenir la mai- son pastorale. Le curé Anseau prétendit de pareilles réparations l'an 1675. Le curé La Haye bâtit à ses frais une grange et le curé Moreau répara une chambre, fit des croisées neuves et une porte avec portail sur le jardin. Le curé Jeunechamps a ajouté pour son intérêt particulier un bâtiment rural à celui fait par le curé La Haye.

Le R'^ Jeunechamps, chanoine de S. Barlhélemi, héritier de son frère le curé, a commencé les réparations négligées par son frère qui a loué le presbytère à des laïques. Le curé Jeunechamps n ajouté une chambre et une cuisine bien que le presbytère con- tint une grande cuisine et trois chambres au rez-de-chaussée.

Le curé de Theux est un des plus riches bénéficiers du pays.

1782. Juillet. Le magistrat met en adjudication le blanchissage de l'église,

de la sacristie, du parvis et des deux petits chœurs. Le curé expose ensuite celui du grand chœur.

INAUGURATION

DU

MUSÉE DE L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE

LIEGEOIS.

Depuis un an, nos collections avaient été placées dans les locaux actuels; mais l'inauguration avaitdûêtre retardée, parce que les travaux de l'aîle du palais elles se trouvent n'étaient pas achevés et ne permettaient pas l'accès par le grand escalier.

Au moment ces travaux approchaient de leur terme, nous n'avons pas voulu perdre une minute, et, vu l'urgence, notre honorable président d'honneur à vie, en Vabsence du président effectif, convoquait en pleines vacances l'Institut pour inviter Monsieur le Ministre de l'intérieur à assister à la cérémonie de l'inauguration.

Le 12 octobre fut le jour fixé : le matin même, les arrange- ments définitifs s'achevaient seulement.

M. Delcour, Ministre de l'intérieur, accompagné de M. Van SousT DE BoRKENFELD, directeur-inspcctcur des beaux-arts, et de M. Beco, chef de son cabinet, est reçu h son arrivée en ville par M. Ch. Grandgagnage, sénateur, président de l'Institut, et par M. Alb. d'Otreppe de Bouvette, président d'honneur à vie. Après avoir rejoint au Gouvernement provincial les autres autorités invitées (M. de Luesemans, gouverneur de la province,

M. PiEHcoT, bourgmestre, M. le général Simoxs, commandant la division territoriale, M. Hamal, vice-président du Conseil pro- vincial), M. le Ministre est introduit dans la deuxième cour du palais l'attend M. le baron de Sélys-Longchamps, sénateur, vice-président, accompagné des autres membres de l'Institut, puis dans la salle de réunion, à l'étage supérieur du palais cédé au Musée, la séance est ouverte autour de la table du Con- seil privé des princes-évéques, devant une des deux cheminées antiques données par M. Fabry-Rossils.

L'Institut est représenté par MM. Ch. Grandgagxage, sénateur, président ;

Alb. d'Otreppe de Bolvette, président d'honneur à vie;

Baron de Sélys-Longchamps, sénateur, vice-président ;

A, Dejardix, secrétaire;

Alexandre, conservateur-trésorier ;

Fabry-Rossius, bibliothécaire ;

Angexot, secrétaire-adjoint ;

Ch. de Thier, E. Dognée, Schoonbroodt, Henrotte, Noppius, J. Dejardin, PoswicK, Vax de Casteele, Comte G. de Looz, membres effectifs ;

MM. Pu. DE Limbourg et St. Bormans, membres honoraires ;

MM. le Comte Fr. Van der Straeten-Ponthoz, Nautet, Cor- BESiER, Lefèvre, Baron Ad. d'Otreppe de Bolvette, membres correspondants ;

MM. le Comte DE Grunxe, Richard-Lamarche, Wauters-Cloes, Thimister, Dubois, Hock, Couclet-Mouton, Thys, E. Malherbe, J. Frèsart, Hicguet, membres associés.

MM. Renier, R. Chalox , Meyers, Wurth-Paquet, Baron de WiTTE, J. Grandgagnage ct Hahn, ont manifesté par écrit le regret de ne pouvoir a.^sister à la séance.

L'autorité communale, l'autorité provinciale, les corps judi- ciaires, l'armée, l'Université, l'Académie des beaux-arts, la Société d'émulation, V Union des artistes, sont représentés par

167 -

M. Magis, échevin des beaux-arls et de rinstruction publique, M. Masset, conseiller provincial, iMM. les Chefs de division de l'administration provinciale, M. Ernst, procureur-général près la Cour d'appel, M. Detrooz, avocat-général, M. Falloise, président du tribunal, M. le colonel Daubresse, commandant le A' régiment d'artillerie, M. Fome, administrateur de l'Université, M. Neef-de Rossius, président de la Société d'émulation, et un grand nombre de conseillers communaux, professeurs à l'Uni- versité et à l'Académie des beaux-arts, membres de sociétés scientifiques et artistiques et autres amis des arts et des sciences conviés à la cérémonie.

M

suivant :

Grandgagnage, président, se lève et prononce le discours

« Messieurs,

» Je dois d'abord vous remercier, au nom de l'Institut, de l'honneur que vous nous faites en vous réunissant ici à notre appel, chose dont nous devons vous savoir d'autant plus de gré que plusieurs d'entre vous interrompent en notre faveur des vacances bien méritées. Soyez persuadés, Messieurs, que nous vous en sommes profondément reconnaissants. Mais nous n'avons pas voulu inaugurer le Musée sans offrir aux différentes autorités avec lesquelles nous sommes en relations nos témoi- gnages de gratitude pour la bienveillance qu'elles nous ont si souvent manifestée.

» Il est naturel, à cette occasion, de vous retracer sommaire- ment les nombreuses vicissitudes'parlesquelles le Musée a passé avant d'être enfin installé dans ce local. Ce soin appartient de droit à notre vénérable président d'honneur, qui vous en a déjà souvent entretenus dans ses Tablettes.

168

» Pour ma part, laissant le passé de côté, je veux seulement dire un mot de l'avenir et insister sur l'urgence d'établir notre état-civil.

» Maintenant qu'après quatre déménagements nous sommes enfin parvenus à caser dans un local définitif (du moins je l'espère) nos collections déjà respectables, il importe. Messieurs, d'en assurer la durée, d'en prévenir la dispersion possible. Nous avons fait de nombreuses démarches pour être rattachés légale- ment à l'un des grands pouvoirs constitués : à la Province, d'abord je dis d'abord, parce que le Musée est, par le fait, provincial, ~ subsidiairement à la Ville ou à l'Etat.

» Ces démarches n'ont pas abouii, mais j'espère que de nou- velles négociations auront un résultat plus heureux. Si par des raisons quelconques, le personnel de l'Institut venait à se dis- soudre, à qui appartiendraient nos collections? Seraient-elles de nouveau dispersées, à peine réunies? Vous comprenez, Messieurs, que cette question doit être résolue et que la perpé- tuité du Musée doit être assurée.

«Lorsque vous l'aurez parcouru avec nous, vous reconnaîtrez qu'il a déjà une importance réelle et qu'il renferme, pour l'his- toire de la province, à tous les âges, de nombreux documents qu'il serait déplorable de voir perdre.

« Je vous convie à faire avec nous ce petit voyage archéolo- gique, après avoir entendu notre président d'honneur, à qui je cède maintenant la parole. »

M. d'Otp.eppe de Bouvette, président d'honneur à vie de l'In- slitut, le véritable fondateur du Musée liégeois, le généreux

161)

donateur d'une grande partie des objets exposés, et malgré ses 88 ans, le membre le plus actif encore de l'Institut, prend la parole :

« Messieurs,

» Mes Collègues de Y Institut archéologique liégeois, dont je suis en ce moment l'organe, sont heureux et fiers de vous voir parmi eux ; heureux et fiers de vous voir répondre avec tant de courtoisie et de bienveillance h leur appel, afin d'inaugurer ensemble un Musée, qui, dans l'avenir, sera peut-être une des richesses et des gloires de la province.

» Mais avant de vous montrer nos collections, nous vous devons un exposé rapide, sommaire, de notre passé ; passé marqué parlant d'obstacles, de difficultés; éprouvé par tant de déceptions, de revers et de misères, pour aboutir, enfin, à un succès presqu'inespéré que vous venez, Messieurs, en ce moment affirmer et couronner.

«Annoncé avec un peu d'éclat, l'/zis/i/u/, composé de 16 mem- bres, dont plusieurs avaient, par leurs travaux, conquis une position élevée dans les sciences, les arts ou les lettres, Vlnsli- tut archéologique, dès ses débuts, faisait présager de brillants succès : des dons étaient offerts ; des fouilles pratiquées de- vaient fournir de nombreux produits au Musée et l'enrichir de mille précieuses découvertes ; mais, malheureusement, à ces premières offrandes, à ces premiers travaux, une chose essen- tielle manquait : un local pour asseoir les objets découverts ou donnés; dès lors, plus d'élan, plus de générosité, plus do

170 -

vie ; de là, découragement, inaction , absence complète d'avenir et de succès.

« Cependant repoussé du vieux Palais des princes-évéques, local obscur, humide, assigné par l'autorité, Vlnstitut pour sauver ses premiers apports contre la décomposition et la rouille, s'était réfugié à la bibliothèque de l'Université, d'oti il fut expulsé par l'envahissement des livres. La Société d'Emula- tion lui offrit un abri momentané, mais la reconstruction de la salle l'en chassa. Toujours errant, l'avoir archéologique fut recueilli par M. Hagemans; mais cet asile ne fut aussi que pré- caire; notre collègue quitta la ville, emportant son cabitiet d'amateur si précieux et que personne, pas même les artistes, n'allait voir; enfin tout allait tomber et se disperser, lorsque le Ministre de l'intérieur, l'honorable M. de Decker, touché de tant d'infortunes et de souffrances, nous gratifia d'une somme de 500 francs, pour pratiquer un escalier au rez-de-chaussée du local primitif, et nous élever, pour avoir de l'air et du soleil, au premier étage du vieux Palais des princes-évéques, monu- ment vénérable et grandiose, qui vaut mieux peut-être à lui seul que toute notre archéologie.

» Notre rentrée au Palais, dans des chambres élargies, par une porte pratiquée Ji l'extérieur du jardin, en rendait l'accès facile et le public s'y porta en foule. L'accueil de l'autorité n'était pas moins sympathique. La Députation permanente de la province, dans son Exposé de i855, annonça ce retour avec bienveillance, et M. le Gouverneur, alors baron de Macar, dans son discours d'ouverture de la môme session de I800, s'exprimait dans les termes les plus bienveillnnts :

171 ^

« Je ne puis, Messieurs, disait-il, vous voir réunis dans celte » partie restaurée de l'ancien palais, sans vous rappeler aussi » qu'une institution de plus est venue s'abriter sous ces vieux » murs et y a été inaugurée récemment. Grâce à l'infatigable » activité et au dévouement de son président, M. d'Otreppe de » Bouvette, membre honoraire du Conseil des mines, Vlnstitut » archéologique liégeois est enfin aujourd'hui en possession d'un » local convenablement approprié pour y asseoir les objets d'an- » tiquilé qu'il a recueillis. Le gouvernement du Roi, protecteur » des arts, a encouragé l'établissement de ce Musée provincial, » qui est destiné, s'il reçoit un développement aussi heureux » que celui d'une province voisine (Namur\ h rendre des ser- w vices réels, non-seulement à la science historique et aux «beaux-arts, mais aussi à l'industrie, qui leur emprunte la » perfection des formes. »

» Tout allait donc à souhait, lorsqu'on nous avertit qu'il fallait déménager et transporter nos richesses archéologiques, meur- tries et éparpillées, on ne savait où; il failut obéir, le découra- gement dans les esprits, le désespoir dans l'âme.

» Après de longues anmJes d'inaction et de souffrance, mis enfin en possession des nouvelles galeries restaurées du côté de la rue Ste-Ursule, nous avons aussitôt, toujours sous l'im- pulsion intelligente de noire infatigable conservateur, M. le docteur Alexandre , reconstitué notre Musée , nous avons )iolamment relevé trois monuments d'intérêt historique, savoir : le tombeau en maibre blanc, de Velbruck; la belle cheminée gothique d'Erard de la Marck, et enlin, le groupe de statues gothiques, précieu'^es reliques du moyen-âge, obtenues après

17^2

bien des démarches, de la fabrique de Ste-Croix. De plus, des objets précieux furent exposés dans les belles verrières, dons magnifiques de MM. les fabricants d'armes qui s'en étaient servis à l'exposition universelle de Londres. Ainsi reconstitué, notre Musée était, de 'nouveau, visité gratuitement, chaque dimanche, par la foule de curieux et de jeunes gens avides d'instruction. Notre triomphe était donc complet, mais hélas, de courte durée, puisque après peu d'années le signal de des- truction nous est donné; oui, il fallut opérer notre retraite et céder notre local pour entrer dans le plan d'un nouvel édifice, d'où est sorti le lieu qui nous rassemble et qui termine, après tant de péripéties, nos tribulations et nous procure, à titre de consolation et de dédommagement, l'insigne honneur de vous recevoir. Messieurs, dans cette enceinte et de pouvoir vous associer, de nouveau, à notre œuvre et bientôt, nous osons l'espérer, h nos succès !

» Les vastes locaux que vous allez parcourir. Messieurs, se divisent, comme vous le voyez, en deux longues galeries sépa- rées par un vestibule de bon goût, qui, plus tard, sera orne- menté, couvert de tableaux curieux et de vieilles armures; au-delà est une vaste salle de réunion ; à côté, la bibliothèque et enfin, comme appendice, deux longues galeries sous le toit, l'une pour le dépôt des objets non encore classés, l'autre des- tinée à essayer un musée de fantaisie moderne, ethnogra- phique, et qui sera l'œuvre exclusive du vieux président et le complément de ses dons qui ont enrichi le Musée historique offert à la province.

«Maintenant, Messieurs, parcourons les diverses collections.

\

- 173

la première formant le Musée d'antiquités ; la seconde, le Musée moyen-âge, de la renaissance et objets d'art.

»I1 nous suffira d'une indication sommaire des différents spé- cimens qui vont s'offrir à vos yeux, rangés et classés par caté- gorie et par époque.

» D'abord, dans cet ordre chronologique des temps et le progrès des arts, sont ôes specimeîis de l'époque la plus reculée : elle remonte au berceau des créations, à l'origine des mondes, aux temps préhistoriques, empruntés à la flore et à la faune fossiles de la province ; ils sortent, généralement, par de belles empreintes, de nos houillères ou des grottes de nos rivières, rOurthe et l'Emblève, et des rochers de notre belle Meuse ; puis, à côté, se montrent les premiers spécimens de l'industrie humaine; ce sont des silex à peine dégrossis, c'est l'âge de la pierre, il nous conduit à la fonte des métaux, à l'âge du bronze et puis au travail du fer, et après, à l'industrie des grandes époques historiques des Chaldéens, des Indous, des Pharaons de la vieille Egypte et, enfin, des Grecs et des Romains. Or, voici dans cet ordre chronologique essayé, quelques figurines niniviennes ou de l'Indoustaii, des vases étrusques et des momies égyptiennes. La grande époque de la Grèce des Praxi- tèle et des Phidias est mal représentée, ainsi que l'ère des Césars, mais en revanche, nous avons plusieurs galeries de vases et de poteries romaines obtenus, en général, de nos TSuilles et de nos excursions à l'étranger. Voilà comme indica- tion pour notre Musée des antiquités : passons maintenant aux objets moyen-âge et de la renaissance.

» Ici, nous possédons de plus grandes richesses : plusieurs

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anciens bahuts, de vieux meubles et de nombreux groupes gothiques de saints, ainsi que des poteries moyen-âge et quel- ques-unes de la renaissance, et enfin, une grande quantité de petits objets curieux, soit par le lieu de provenance, ou par un travail d'orf, soit enfin par des empreintes historiques.

» Maintenant, Messieurs, après cette première promenade à travers nos collections, après ce regard rapide d'investigation, vous pouvez vous asseoir dans notre salle de conversation ou vous reposer à côté, au local de notre bibliothèque, de bons ouvrages et quelques curieuses gravures vous donneront une appréciation du progrès de l'industrie et des arts, ainsi que des inventions et des richesses de l'esprit humain.

» Mais non... vous cherchez, vous demandez le Musée (Tarmes et iVarmiires... Il n'est [las encore sorti de nos efibrts impuis- sants, mais il reste dans nos vœux : allons nous consoler de son absence en descendant au beau jardin de notre Musée lapidaire. Là, déjà, sont réunis étranges de curieux débris des âges, des fûts de colonnes, des tronçons de nos vieux monuments, de notre antique Pont-des-Arches, le tout au milieu de fleurs et encadré dans cette admirable colonnade d'Erard de la Mai-ck. Aussi, à la vue de cette grandiose et magnifique architecture, deux sommités scientifiques, le général Greuly et l'antiquaire Bertrand, envoyés par l'ancien empereur Napoléon pour recher- cher les traces du conquérant des Gaules, me disaient : « Pré- » sident, nous félicitons VInstitut de ses etïorts pour créer un » Musée d'antiquités, mais vous n'égalerez jamais en richesses » et en splendeurs votre vieux palais des princes-évêques. »

)) Messieurs, efforçons-nous, par nos dons et nos travaux, de

^ ITo -

donner un démenti à ces affligeantes paroles.... Encouragement aux travailleurs ! Honneur aux savants, et vive le Roi, prolec- teur des sciences, des lettres et des arts.

» Vive le Roi! dont le nom est salué partout avec affection, avec respect ; nom qui n'aspire pas sans doute à l'éclat de celui de Charlemagne, mais qui, sans trop de flatterie, peut le rappeler parle même amour pour rinstiuction, les sciences, les écoles et la sagesse dos ordonnances. Il semble donc réveiller le sou- venir de ce grand monarque ng' sur notre 5o/('), presque à côté de nous, à Jupille, dont la naissance en cet endroit vient récemment de recevoir de nouvelles preuves d'authenticité par la découverte de manuscrits. Des fouilles récentes, dans cette localité, nous ont procuré des fragments de mosaïques, qui ont peut-être servi à asseoir le berceau de ce grnnd homme. Allons donc d'abord visiter ces précieux débris des âges, aux cris de : Vive le Roi ! »

Des applaudissements chaleureux accueillent cette péro- raison, et iM. le Ministre de l'iiiléricur prononce le discours suivant :

vc Messieurs,

» En venant assister à l'inauguration du Musée dont la fon- dation est due au zèle persévérant des membres de Ylustitiit

( ' « Ipse siquidum Kuiolus rex Fruncorum fréquenter inanebat sicut anteces- sores sui \n loppîlia prope Harsul supra Mo.iaui, ubi et tiatusfuerat. »

Vita Saneti Karoli Magni, sicc. \\l'"\ page 137, publiée par P.-E. Kaenlzeler, d'après tin manuscrit de l'Eglise de N.-D. d',\ix-la Chapelle, et d'après un manus- (•ril sur papier achelii à Cologne. lîuremonde i81i.

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archéologique liégeois, je ne réponds pas seulement par un acte de politesse à la gracieuse et obligeante invitation qui m'a été adressée en son nom, je remplis aussi un devoir.

» L'archéologie, telle qu'elle se dégage aujourd'hui des inves- tigations laborieuses des savants, est devenue un des grands fanaux de l'histoire. Chaque jour elle soulève davantage les voiles qui couvrent les points obscurs de l'histoire des peuples, en arrachant à la terre qu'elle fouille et qu'elle scrute, les antiques produits de leur industrie.

» Elle reconstitue la physionomie intime des sociétés ; elle nous les montre sous leur véritable jour et avec leur caractère particulier à chacune des phases de leur développement his- torique.

» Les musées, viennent se ranger avec méthode et selon les règles d'une classification rationnelle, les objets qu'elle exhume, découvre ou recueille, sont, pour l'historien, autant de sources d'informations positives qui suppléent au silence des documents écrits ou qui permettent d'en contrôler la sincérité.

» Le patriotisme s'accroît et s'affermit à cette étude appro- fondie et constante du passé. La patrie mieux connue nous devient, en effet, plus chère, car l'homme n'aime parfaitement que ce qu'il connaît bien.

» Une science si digne d'occuper les esprits mérite certai- nement tous les encouragements, et les hommes qui y consacrent leur intelligence et leurs loisirs ont droit à tous les égards.

» Ma présence ici, Messieurs, atteste le sérieux intérêt que

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le Gouvernement attache à vos travaux et le désir qu'il a de continuer à les seconder.

» Son concours n'a d'ailleurs fait défaut à aucun des efforts, à aucune des entreprises qui ont été tentées depuis un grand nombre d'années pour remettre en lumière les traits perdus ou défigurés de notre passé national. Nous pouvons même dire qu'il a, le premier, montré l'exemple du respect que l'on doit aux anciens monuments qui sont les glorieux héritages de nos pères.

» Presque au lendemain du jour de notre reconstitution politique, il créait, à l'initiative personnelle du Roi Léopold I", la Commission royale des monuments, et les Chambres dépo- saient dans la loi communale le principe des garanties qui doivent servir non-seulement à préserver nos édifices de la pioche des démolisseurs, mais encore à en assurer la conser- vation dans leur intégrité originale.

» Par un ensemble de mesures tutélaires, une égale sollici- tude s'étendit à toutes les œuvres d'art, qui sont en quelque sorte le patrimoine de la nation.

» Les édifices qui tombaient de vétusté devinrent l'objet des soins les plus consciencieux et reparurent dans leur beauté native.

» Les chefs-d'œuvre de la peinture, nos magnifiques ver- rières, les objets du mobilier sacré et profane qui témoignent si hautement de la supériorité de nos anciens métiers reçurent des soins attentifs de restauration et de conservation.

» Dans une période de 22 ans, c'est-à-dire de 1838 à 1860, plus de 125 monuments de premier ordre, tant civils que

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religieux, et plus de 400 vieux édifices dignes d'un certain inlérêt ont été restaurés, consolidés ou rendus à leur style primitif.

» L'action bienfaisante de l'État ne s'est pas ralentie depuis et ses sacrifices se sont accrus.

» L'État n'a pas été seul, du reste, à s'imposer des sacrifices. Les provinces, les communes, les fabriques d'église ont uni leurs efforts à ceux du Gouvernement et ont contribué avec lui aux dépenses que nécessitait la restauration de nos antiques monuments.

» Celte activité multiple, ce concours unanime des autorités publiques pour la préservation des œuvres auxquelles l'histoire nationale est intéressée, devait avoir pour conséquence de provoquer, sur tous les points du pays, le goût et le dévelop- pement des études archéologiques proprement dites.

n En vue de concentrer toutes ces forces éparses dans un but déterminé d'utilité publique, le Gouvernement groupa, dans chaque province, une partie des adeptes de la science archéo- logique et il les associa à la Commission royale des monuments, sous le titre de Comités provinciaux de membres correspondants. Par celle adjonction d'éléments zélés et vivaces, on se pro- posait de rendre plus prompte et plus complète l'instruction des affaires sur lesquelles la Commission centrale avait à proposer des décisions. Mais n'était pas le seul but du Gouvernement; il en avait encore un autre.

» Les Comités provinciaux ne doivent pas être seulement, selon l'expression d'un de mes honorables prédécesseurs, des sentinelles attentives placées pour veiller à la conservation

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de ces richesses publiques qu'on appelle les monuments et les œuvres d'art ancien ; il importe encore, comme le disait un autre de mes prédécesseurs, il importe, pour le maintien des traditions artistiques et du développement général du goût, qui ne doit pas être séparé des intérêts locaux, que chaque ville trouve, autant que possible, dans son centre les artistes dont le savoir, le talent et l'expérience sont nécessaires pour la création, la conservation ou l'embellissement des monuments publics.

» C'est ainsi qu'autrefois les écoles se sont multipliées en Belgique et que des villes comme Bruges, Anvers, Louvain, Tournai, Bruxelles rivalisaient entre elles de gloire artistique.

» Les Comités provinciaux peuvent, en grande partie, amener un tel résultat en travaillant de tous leurs eiforts à cette renaissance de l'art.

«Mais la sollicitude du Gouvernement ne s'est pas bornée à la conservation des monuments nationaux.

» Multiplier les centres d'activité intellectuelle, c'est l;i sur- tout ce qui peut assurer le progrès en toutes choses. Aussi partout les hommes de bonne volonté ont voulu se réunir afin de donner de ia cohésion h leurs efforts, le Gouvernement leur est-il venu en aide. Par son intervention et sous son {lalronap-e, la plupart des Sociétés archéologiques ont pu se constituer en corps savants ayant des recueils spéciaux dans lesquels ils consignent leurs utiles travaux.

» C'est encore par ses ordres ou sous ses aupices qu'ont été pratiquées, dans ces dernières années, la plus grande partie de toutes les fouilles si fécondes souvent en heureux résultats

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et qui ont aidé puissamment à la formation des musées de province.

» Si, à diverses reprises, la Législature a voté des crédits importants en faveur du Musée ethnologique de Bruxelles, la famille belge doit être reconstituée dans ses mœurs, dans ses usages, dans son mobilier civil, religieux et guerrier à travers les âges, elle ne se montre pas moins généreuse lorsqu'il s'agit d'encourager la formation et le développement de musées locaux et de donner l'élan aux fouilles qui doivent les enrichir.

» N'est-ce pas aux explorations du cimetière belgo-romain de Flavion, des cimetières francs de Samson et de Spontin que le Musée archéologique de Namur doit la sérieuse importance que lui a déjà reconnue le monde savant en France, en Angle- terre, en Allemagne.

» Dans toutes les provinces, d'ailleurs, des associations ani- mées du zèle de la science et de l'amour du pays s'efforcent de réunir tout ce qui peut intéresser l'histoire locale.

» A Anvers, le vieil édifice du Sieen, cette geôle du temps de Charles-Quint, est devenu le centre paisible un comité spé- cial rassemble les bois sculptés, les instruments fabriqués par les vieux luthiers, tous les souvenirs des corporations.

» A Saint-Nicolas, le Cercle archéologique du pays de Waes a créé un cabinet d'antiquités locales ; ii Charleroi, la Société archéologique et paléontologique a fondé un musée qui commence à s'enrichir du produit de fouilles récentes ; i\ Mons, le Cercle archéologique montois témoigne du bon vouloir pour l'accrois- sement du musée qu'il a fondé ; à Arlon, Vlnslitut archéologique

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du Luxembourg organise et classe avec soin ses collections éminemment riches d'antiquités gallo-romaines.

» Aujourd'hui, Messieurs, c'est le Cercle archéologique liégeois qui inaugure ses collections.

» Déjà intéressantes par un premier fonds aux efforts des membres de l'Institut depuis sa fondation, elles se sont enri- chies récemment des collections particulières si curieuses et si patiemment rassemblées par l'honorable et vénérable président à vie, M. Albert d'Otreppe de Bouvette. Les produits des fouilles effectuées à Momalle, à Avennes, à Jupille, à Juslenville, à Fallais, à Braives les ont accrues encore d'un contingent remarquable. Tel qu'il est maintenant, le Musée archéologique liégeois prend immédiatement rang après celui de Namur, qu'il égalera bientôt, il faut l'espérer, tant par la valeur hi^torique des objets que par les intelligentes dispositions du classement,

» Si le Musée de Namur est installé dans un vaste bâtiment qui se prête admirablement h son appropriation, le musée de l'Institut archéologique liégeois a trouvé asile dans un monument qui est lui-même un grand souvenir.

« Dans ce majestueux Palais des princes-évêques, h la res- tauration duquel l'Etat a consacré plus de deux millions, l'aide et les encouragements du Gouvernemeiit ne manqueront pas à l'Institut liégeois. La province, non plus, ne ménagera pas l'espace que réclamera plus tard l'accroissement des collections.

w Les dons faits au Musée par l'adminisiraiion communale de Liège sont, pour l'Institut, un sûr garant des synqjatliies efficaces des magi^trals communaux Une ère d'activiié féconde et de prospérité réelle s'ouvre pour l'Institut archéologique lié-

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geois. Chacun de ses membres y concourra, j'en ai la per- suasion, dans la plénitude de son zèlo et de son savoir.

» Pour atteindre ce but, vous n'avez, du reste. Messieurs, qu'à persévérer dans les travaux que vous avez repris avec une si heureuse vigueur. Continuez à fouiller celte vieille terre éburonne qui recèle encore tant de secrets.

» Le sol, a écrit éloquerament l'abbé Cochet, est le plus » complet et le plus vrai des livres. Il n'y a qu'à souffler sur » cette poussière pour qu'elle se ranime au contact de la vie.

» Interrogez-le donc, Messieurs, ce sol de la patrie, il vous livre les enseignements du passé pour l'édification de l'avenir. »

De nouvelles salves d'applaudissements répondent à ce dernier appel et à celte excellente revue rétrospective.

M. d'Otreppe remercie M. le Ministre de sa bienveillance.

Il est procédé ensuite à la visite du Musée. Tout le monde admire le goût et la science avec laquelle MM. Alexandre et Dogiiée, aidés d'autres de leurs collègues, ont procédé à l'arran- gement des objets. Une des salles, en vertu d'une décision prise déjà en 1863, porte le nom de galerie (COlreppe. C'est la salle moyeu-âge surtout abondent les dons de l'honorable président d'honneur à vie. M. le Ministre, accompagné des présidents et du conservateur, parcourt cette salle et la salle consacrée à la haute antiquité et visite avec beaucoup d'atten- tion les objets rares qu'elles contiennert.

Il descend ensuite dans la seconde cour du palais, où, avec le concours des artilleurs mis à la disposition de l'Institut par M, le colonel Daubresse, ont été groupées les pierres pondé- reuseset dont la détérioration n'était pas à craindre.

A 3 heures et demie, un banquet est offert à M. le Ministre et

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aux autorités invitées, par un certain nombre de membres de l'Institut. Ce bnnquet, qui est servi dans une des salles du Gouvernement provincial, mise h la disposilion de l'Institut par M. le Gouverneur, est présidé par M. Cli. Grandgagnage, séna- teur et président.

Celui-ci a à sa droite M. Delcour, ministre de l'intérieur, puis M. le baron de Sélys-Longchamps, sénateur, vice-président, M. A. Dejardin, secrétaire, M. 5/. Barmans, secrétaire hono- raire, M. /. Fré.mrt, M. E. Poswick, M. le comte de Grunne, et à sa gauche, M, le général Sijnons, M. Piercot, bourgmestre de Liège, M. Ch. de Thier, président du tribunal, M. J. d'Andri- mont, membre de la Chumbre des i eprésentants, M. le chanoine flenrotte, M. Eug. Dognée, M. Nautet. En face du président, est assis M. d'Otreppe de Bouvette, ayant à sa droite M. de Luesemans, gouverneur, M. Van Soust de Borkenfeld, M. Aiige- not, M. Beco, RI. Van de Casteele, M. J. Dejardin, M. Hicguet, M. Ed. Malherbe, et à sa gauche M. Hamal, vice-président du conseil provincial, M. Bichard-Lamarche, M. le comte F. Van der Straeten-Ponthoz, M. Schoonbroodt, M. Noppius, M. Ph. de Limbourg, M, le baron Ad. d'Otreppe de Buuvette, M. le comte G. de Looz.

Au dessert , M. d'Otreppe porte le toast au Roi en ces termes :

« C'est autorisé par M. le Ministre que je prends le premier la parole, et toujours au nom de l'Inslitut, dont je ne suis que le délégué.

» Messieurs, la Belgique est heureuse et fière, à juste litre, de ses institutions, de ses libertés;

» Heureuse et flère aussi du progrès des sciences et des arts, et peut-être un jour, s'il m'est permis de le dire, de l'archéolo- gie, notre domaine;

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» Mais surtout elle est iière de son Souverain d'aujourd'hui, d'un Roi qui marche avec succès, avec gloire, sur les traces de son illustre père, fondateur de la dynastie.

» Montrons donc à ce Roi aimé nos sentiments de vive sympathie , d'attachement , de respect, en portant sa santé avec effusion, avec les élans du cœur. Allons, Messieurs, à la santé du Roi, de la Reine !

» Vive le Roi ! »

M. Grandgagnage se lève ensuite et boit à la santé de M. le Ministre de l'intérieur. Il s'exprime ainsi :

« Messieurs,

» Après le toast au Roi, porté en si bons termes par notre vénérable président d'honneur, vient naturellement celui à M. le Ministre de l'intérieur, et je suis heureux que ma qualité de président effectif me donne le droit de remercier encore une fois M. le Ministre de la bienveillance qu'il a toujours témoi- gnée à l'Institut, et dont il vient de donner une nouvelle preuve en quittant ses nombreuses occupations pour assister à l'inau- guration de notre Musée. Maintenant qu'il a visité nos collec- tions, il sera, je l'espère, mieux disposé encore à encourager nos efforts. C'est donc avec empressement. Messieurs, que je vous propose de boire h la santé de M. le Ministre de l'inté- rieur. »

M. le Ministre répond ii ce toast en portant la santé des présidents de l'Institut. M. le Ministre nous donne l'assu- rance formelle que si un jour l'Institut archéologique venait à

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disparaître, ses collections deviendraient la propriété de la ville de Liège.

Notre honorable bourgmestre, M. Piercot, démontre ensuite parfaitement l'uiilité de créer à Liège un musée d'armes et une collection de modèles de maclilnes, dont nos industriels pourraient tirer le plus grand profit.

M. le comte Fr. Van der Straeten-Pontlioz prononce enfin, au nom des membres de l'Institut, quelques paroles éloquentes qui clôturent la série de ces toasts.

A 6 1/2 heures, M. le Ministre de l'intérieur prend congé des convives et retourne à Bruxelles.

ANTIQUITÉS ROMAINES.

PLUME MÉTALLIQUE ET ENCRIER

mu^ée: diî: l.ie:gi^.

Un moyen auquel recourent certaines personnes pour se donner une apparence de connaissances archéologiques, con- siste à révoquer en doute rauliienticilé des objets d'une recon- naissance un peu laborieuse, qui sont soumis à l'examen; ainsi l'on n'est jamais compromis : si une fraude ou une myslitication s'est exercée et se découvre, on n'en a pas été la victime; si, au contraire, la trouvaille d'objets analogues ou de documents certains sur les circonstances de la découverte, vient dissiper tous les nuages, on a encore l'air d'avoir agi avec prudence et circonspection.

Cela n'est pas de la critique i ') : il ne suffit pas qu'une attri- bution soit paradoxale pour qu'on puisse se borner à la contester, il faut en outre rechercher et rassembler les preuves, jusqu'au moment soit la sincérité soit la fausseté de l'antique qui est en discussion, pourra se démontrer au grand jour.

Tel était le rôle qui devait être et qui a été rempli à l'égard de certaine plume et de certain encrier, tous deux en bronze, qui sont entrés au 3Iusée archéologique de Liège, il y a environ dix ans, et qu'on y avait présentés comme des antiquités de l'époque romaine, trouvées h Tongres.

( ) L'auleur du présent article dit ailleurs à ce sujet : « Contester, dénier, jeter du doute sur une argumentation, n'est que la moitié du rôle de la critique scienti- fique ; s'il y a erreur commise, il ne suffit pas d'en faire remarquer le côté faux, il faut la redresser en rétablissant les faits sous leur véritable jour, >

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Voici le dessin de celle plume et de cet encrier

Fig, 2. 0,00S

Dessus de l'encrier.

Fig. 3.

0,0o2

La patine de la plume n'a pas mauvais aspect ; elle recouvre assez bien jusqu'à la section du bec, de manière à faire re- pousser la supposition qu'un tuyau antique de cuivre aurait été, dans les temps tout modernes, accommodé de façon à laisser croire à l'exis- tence de plumes métalli- ques chez les Romains... Mais les faussaires ou les mystificateurs sont si ingénieux ; tel d'entre eux, dont on se gardera bien de divulguer le secret, est parvenu à donner aux monnaies une si belle aerugo, au verre même une si ma- gnifique irisation

La patine n'est donc qu'un indice qui doit être appuyé d'autres preuves, et c'est à la recherche de ces preuves qu'on se livre ici.

Indépendamment de l'emploi du style pour écrire sur des tablettes de cire, l'usage de l'encre et des encriers chez les Romains n'est ni contesté ni con- testable ; l'encrier que le Musée de Liège exhibe à côté de la plume métallique, rencontre un proche

0,04 Elévation de lencrier.

Plurae.

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parent au Musée de Namur, est déposé un encrier romain trouvé à Ciney par M. Hauzeur (').

S'il fallait, à ce sujet, un complément de preuves, on pourrait encore citer l'encrier donné par le P. Marchi à M. de Meester de Ravestein et qui fait partie de la magnifique collection aban- donnée si généreusement par ce dernier h l'État belge. M. de Meester cite deux encriers analogues : l'un déposé au Musée de Naples, l'autre trouvé à Fiano, près de Salerne (^).

Qui (lit encrier, suppose un liquide pour écrire : c'est Vatra- mentuni dont parle Cicéron ('•), et dont Vilruve décrit la compo- sition (*).

Mais encrier et encre peuvent parfaitement coexister, sans qu'il faille nécessairement faire apparaître en même temps la plume, et surtout la plume métallique : on sait très-bien que l'instrument, sinon unique, au moins principal, à l'aide duquel les Romains puisaient l'encre dans le récipient oii elle était déposée, était, au moins primitivement, un roseau, arundo ou calamus, de callam, nom qu'on donne encore aux roseaux en Asie (^) et se retrouvent, en effet, à chaque pas chez les auteurs latins ; il suffit d'ouvrir les dictionnaires de Forcellini ou de Freund,poury lire de nombreux passages de Cicéron, d'Horace, de Qnintilien, etc., etc., ils sont employés C).

On taillait, du reste, les roseaux comme nous taillons nos

(•) Aim. Soc. archéol. de Namur, VII, p. 26o, pi. l, fîg. 4.

(*) Musée de Ravestein. Catalogue descriptif, l, p. 424, ;)72.

Voy. aussi de Montfaucon, L'antiquité expliquée, III, "2« partie, p. 355; Figuier, Les merveilles de l'industrie, 42" série, p. 171.

(' ; Epist. ad Q. fratr., II, 15 : At.ramento teuiperato

Voy. aussi Plaut , Most., I, m, 102; Petron., Satyr.; Plin., XXVII, 7 (28), etc.

(*) VII, 10 (De colonbus qui arte Jiunt, ; l'encre à écrire les livres, alranien- turn libiariuin, se fait, dilil, à l'aide de noir de fumée et de gomme

('j G. -P. Philomneste Peignqj , Amusouents pfiiloloijiques ou variétés en tout genre, 3* édition, Dijon, 1842, p. 509.

(^) Un joli trait est celui Caton reproche à Anliochus de faire, comme nous dirions aujourd'hui, la guerre sur le papier : « Antiochus epistolis bellum gerit, calamo et atramcnto militât. » iCaton, dans HUFIN, dejigur., p. 199.)

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plumes; le procédé est indiqué parle bon sens et se trouve révélé d'une manière palpable, tant par ce vers de Perse (*), le disciple se plaint de son roseau mal taillé qui géminé mal à propos les traits, que par celte épigramme de l'Anthologie (-), le poète, à côté d'un petit récipient en plomb pour l'encre, place des roseaux bien taillés et «fendus en haut par le milieu»; et par Ausone (") qui parle du calamus fissipes, au pied fendu; une peinlure de Pompéï(*) nous montre, du reste, un roseau taillé comme nos plumes, placé près d'un encrier.

Le mot penna n'apparaît qu'assez tard dans la littérature latine.

Juvénal avait bien écrit ces vers (^) :

Tanquam diversis partibus orbis Anxia praecipiti venisset epistola penna.

Mais on paraît d"accord (^) pour considérer cette expression de phnne rapide comme une allusion au voi de l'oiseau, et non à l'outil employé pour écrire la lettre inquiète dont parle le poète.

On admet assez généralement le mot penna comme ayant été employé pour la première fois par Isidore de Séville, dans un passage caractéristique ('), il dit que pour écrire l'on se sert

(*) Sai. m, V. 10 et suiv.

(*) Edit. Comm., p. 939.

(^) Epist. VII, V. 54.

(*} RiCH, Dict. d'antiq., v" « arundo ».

(") Sn. IV, V. 148.

C) Voira ce sujet : B. de Montfaucon, l'Antiquité p.xpUquée, III, p. 354; (dom Tassin et dom Tourtaix', Nouveau traité de diplomatique, I, pp. 536 et suiv.; Klotz, Acta litteraria, V. p. 199. L. FiGi'iER. 1. cit., semble être d'un avis con- traire.

(') Orig., VI, 14, 3 : Instrumenta scribcndi calamus et penna : sed calamus arboris est. penna avis, cujus acuipen in duo dividilur, in toto corpore unitate servata, credo propler mysterium, ut in duobus apicibus velus et novum testamen- tum s;gn;(/5c)aretur , quibus exprimilur vorbi sacramcntum sanguine passionis efTusum.

L. Figuier, /. cit., cite un passage de Ci-ément d'Alexandrie, parlant du scribe sacré qui dans certaines processions « portait des plumes sur la tête et tenait à la

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de la plume de l'oiseau, et il ajoute que le bec de cette plume est feadu en deux parties, au sujet desquelles cet auteur fait une comparaison, pieuse sans doute, mais peut-être trop recherchée.

Cependant, un ou deux siècles auparavant, une chronique anonyme qu'Adrien de Valois a publiée à la suite de son édition d'Ammien Marcellin ('), rapporte une anecdote du temps de Théodoric(dont l'auteur était, paraît-il, contemporain), et se sert déju du mot petma pour indiquer l'instrument à l'aide duquel le prince qui ne savait pas écrire, traçait péniblement, dans un mécanisme fait exprès, les quatre premières lettres de son nom.

Ce serait donc dès le siècle que la [Aume peîina voit son nom inscrit dans la littérature.

Mais les monuments ne nous la montreront-ils pas plus tôt?

A en croire les auteurs du Nouveau traite de diplomatique et Mabillon (*), ce serait au X* siècle seulement ou tout au plus au IX% sous Louis-le-Débonnaire, que, dans les manuscrits, l'on verrait représentés de saints personnages, comme les évange- lisles, la plume à barbes en main (■').

Mais depuis, les observations ont été faites avec plus de soin et de critique, et l'on a remarqué la plume empruntée à l'oiseau dans la main de divinités représentées sur les monuments antiques.

main les instruments de l'écriture... » M s'atjit de plumes d'ornement, servant do coiffure, et non de plumes à écrire, et c'est bien à tort que Figuier, sur la foi de ce passage mal interprète, soutient que Tusage des plumes à écrire vient de l'Égyple.

En tout cas, Eknesti, i4/c/ifeo/o^)a liiieraria, p. 40, 18, est trop absolu en disant : « pennarum usus in scrihcndo veteribus ignotus fuit. »

(•) Voir l'édition in-4o deGiiONOVius, p. "ili : «■ Igitur rex Theodericus inliteralus erat et sic brulo sensu, ut in décent annos regni sui quatuor litteras subscriptum edicti sui discere nullatenus potuissel. De qua re laminam auream jussit interrasi- lem fieri, quatuor litteras régis habenteni (Th)eod., ul, si scribere voluisset, posila lamina super chartam, per cam pentia duceret et subscriplio ejus tantura videretur.»

(Adr. DE Vai.ois fait remarquer que Pkocoi'E rapporte un trait analogue de la part de I empereur Justin.

(*) Su/ pi. au traité De re diplomatica, cap. Il, n" 8.

(*) On peut lire d'intéressa;its détails, mais qui nous éloigneraient de notre sujet, sur l'usage du roseau et de la plume au moyen âge et dans les temps modernes, chez L. Figuier, 1. cit., pp. 171 à 173.

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Si l'on peutdisputer à l'Égérie du palais Farnèse (*),la plume à écrire qu'elle tient en sa main droite élevée, et si l'on peut supposer que c'est une adjonction des temps modernes, il n'en est pas de même, ainsi que le fait observer judicieusement Rich ('), de la plume à barbes qui est dans les mains de la Vic- toire, et à l'aide de laquelle cette déesse inscrit les triomphes de Trajan et d'Antonin, sur les colonnes dédiées à ces deux princes. « Comme l'objet en question, dit-il, se rencontre sur chacune de ces deux colonnes à environ la moitié de leur hau- teur, c'est-à-dire à plus de 60 mètres au-dessus du sol, ce serait folie de s'imaginer qu'on ail jamais élevé un échafaud de cette hauteur pour faire cette insignifiante addition. »

11 est donc acquis qu'au moins au commencement du I^ siècle, à l'époque de l'érection de la colonne Trajane,la plume à écrire, penna, était déjà en usage, et si l'on peut admettre le reproche d'anachronisme adressé à Racine par MiUin (\\ pour avoir f;iit écrire une lettre à Agamemnon, il n'y a pas lieu de l'étendre à la lettre de Bérénice à Titus (*), sous le règne duquel la plume à écrire, connue sous les Antonins, avait déjà sans doute com- mencé à être en usage.

Mais est-ce celte plume, est-ce le roseau primitif qui a pu inspirer aux anciens l'idée de façonner des plumes métalliques?

C'est une question difficile à résoudre, et s'il fallait rai- sonner par analogie des temps modernes l'on n'emploie plus guère le roseau pDur écrire, il y aurait lieu de supposer que les précurseurs de Wise (^) qui ont pu exister dans l'antiquité, ont progressé directement de la plume d'oiseau à la plume de métal.

(1 ) Gronov., Thés, miliq. <jr., II, n" 28.

(*) Dict. d'a7iiiq.,yo Penna.

(*) Maij.encyd., 1811, 2«, p. 34o : « Racine a commis un anachronisme en faisant écrire une lettre à Agamemnon : il ne faut pas ajouter à cette faute, en met- tant sur la table un cornet rempli d'encre et une plume d'oie. »

(*) Act. V, se. V.

(") C'est à lui qu'on attribue l'invention de la plume métallique : voy. Fournier, /.e vieux-neuf. Histoire ancienne des inrendons et découvertes modernes, Paris, 1857, II, p. 22.

- 192

S'il en était autrement, nous serions, en vérité, en face de cette bizarrerie que la plume métallique, de l'invention de laquelle nous nous tnrguons aujourd'hui comme d'une amélioration toute récente, pourrait faire remonter ses incunables à une époque plus reculée que celle de la plume animale; la plume minérale aurait succédé, directement et sans transition, k la plume végé- tale!

En effet, non-seulement on nous apprend que le faussaire de la main duquel Robert d'Artois se servit au XIV^ siècle pour fabriquer les faux titres dont ce prince avait besoin, fit usage d'une penne iVairain (^), mais on nous révèle en outre que les patriarches de Constantinople employaient bien auparavant pour leur signature un roseau d'argent ('^); non-seulement on conclut de que les plumes métalliques étaient connues dans les temps antérieurs et même dans l'antiquité (^); mais voilà que des fouilles récentes montrent au grand jour l'évidence de cette conclusion, en confirmant les indications que permettait déjà la plume métallique du Musée de Liège

Le Pr. Bursian, dans un travail remarquable sur les fouilles d'Avenches [YAventicum romain), en Suisse, avait laissé en suspens ce qui concernait un objet identique (*) à celui de Liège.

Le savant Pr. Keller n'hésita pas à décerner à l'objet fattribu- tion qu'il mérite, et voici en quels termes il le fît, termes qu'il

(*) FOURNIliR, /. cit.

(■^) Ludov. Lalanne, Curiosucs biblioijrujihuiues (BibiiuLlié(iue ilo poche [lar une société de gens de lettres et d'érudits-, Paris, 1845, p. 21.

, '') Id., ibid.

On peut ajouter à cela l'exemple de la plume d'argent qu'on décernait à Amster- dam, au siècle passé, comme encouragement aux élèves du Gymnasium {Exposition universelle de IJSGT à Paris. Catalogue général publié pur la Commission impériale. Histoire du travail et monuments historiques). Paris, Dentu, 18(57, p. 2o8,no "ItM : 1 Plume en argent de noi.) »

(* ) Mittheiluntjen der anliquarischcn Gesellschafi in Zurich, 1869 (XVI), fascic. IV. p. 47, pi. xvili, fig. ;i.

193

importe de reproduire et auxquels on reconnaîtra, à peu de choses près, la plume métallique de Tongres :

« Rômische Schreibfeder aus Bronce, die ihrer Form nach mit der jetzt gebraiichlichen Schreibfeder vôllig ùbereinstimmt, und zum schreiben auf Papyrus oderPergament benutzt worden sein muss. Sie besteht ans einer diinnen Lamelle von Bronce, welche in ein nach oben sich verjùtigendesRohrzusammenge- bogeii ist. Unten eindigt dasselbe in eine gespaltene Spitze nach AyI der jetzigen Feder. »

( Suivent d'autres détails moins importants concernant notam- ment un tube cylindrique trouvé en même temps et ayant servi d'étui h la plume, à peu près comme certains de nos porte- plumes, dont les deux parties s'ouvrent ou se referment en s'engageant l'une dans l'autre.)

Il y a, entre les deux plumes de Tongres et d'Avenches, iden- tité de construction : toutes deux se constituent d'une feuille de cuivre recourbée et soudée sur elle-même; toutes deux sont taillées comme le calamus qu'on a retrouvé peint sur les mu- railles de Pompéï, genre d'instrument avec lequel il a la plus grande ressemblance et d'où il peut en somme procéder tout aussi directement que de la penna elle-même.

Comme la plume de bronze d'x\venches est tout à fait h l'abri du doute, il en résulte la démonstration de l'authenticité de la plume de bronze du Musée de Liège : comment admettre, en effet, qu'un faussaire ou un mystificateur se fût exercé sur une matière aussi douteuse et aussi peu tentante pour la crédulité des archéologues, quelque grande qu'on suppose celle-ci, et que précisément il se fût rencontré tout juste et par avance avec un objet identique découvert plusieurs années plus tard.

Des recherches complémentaires ont, du reste, fait encore découvrir les exemplaires suivants de plumes métalliques em- ployées chez les Romains, exemplaires dont le second surtout semble devoir être en dehors de toute contestation. Ils sont

194

extraits du Catalogue de l'exposition universelle qui eut lieu à Paris en 1867 (') :

« 843. Quatorze petits instruments de bronze : plume, gra- phiuin... M. Duqueiielle, Reims. »

« N" 844. Plume de bronze trouvée à Nîmes sous un gradin de Tamphithéâtre romain. Musée de Nîmes. »

Enfin, M. le docteur Alexandre a eu l'obligeance d'apporter à l'appui de ce qui précède l'autorité d'un nouvel exemple, celui d'une « plume en bronze trouvée à Bavay », selon de Bast (-).

Le beau sujet d'études ! dira-t-on peut-être, l'important ser- vice en vérité que d'avoir démontré l'antiquité de la plume métallique! Qu'a-t-on à gagner à ces nugae difficiles, à ces « doctes inutilités », comme les appelait VHermite en Belgique, en 1827, qui reprochait aux archéologues de prendre les acces- soires de l'histoire pour l'histoire elle-même

Il avouait néanmoins que cette classe de savants amassent des matériaux qui seront fort utiles aux écrivains assez habiles pour les mettre en œuvre.

Et, en effet, qu'une contestation scientifique s'élève sur l'au- thenticité de tel diplôme, de tel palimpseste, de tel de ces rou- leaux qu'on retrouve jusque sous la cendre du Vésuve à Pompéi, ne sera-ce rien que d'avoir apporté à la solution de la question un élément de plus que n'en fournit notamment le traité tout

( ' ) Catal. cité plus haut, p. 64.

(*) Recueil d'antiquités, "2^ SuppL, p. 41; ce nouvel exemple est un argument du plus grand poids à l'appui de l'authenticité des plumes raétailiques romaines : quand de Bast écrivait, c'esi-à-dire vers 1810, les plumes de fer modernes n'étaient pas encore inventées et n'ont pu dès lors être l'occasion d'une falsification.

A la vérité, il est à remarquer que les expressions de plumes de fer comme de chemins de fer, ont été employées bien antérieurement à l'invention de celte appli- cation toute moderne du fer; ainsi de même que les vieux ciironiqueurs ont appelé chemins ferrés d'anciennes voies dont la dénomination est expliquée aujourd'hui par la présence dans le tréfonds de scories de forges primitives (Boutrot, Histoire de la ville de Troyes, J, p. 26) ; de même De Launay, qui publiait, k Bruxelles en l'an \, sa Minéralogie des anciens, parle de la « plume de fer » de Job, en traduisant ainsi le stylus ferreus de la Bible.

m

récent de M. de Wailly, sur les Éléments de la paléographie, l'on en est encore aux distinctions des bénédictins Tassin et Tourtain sur les tniits qui, au IX" ou au X** siècle, doivent être attribués h la canne à écrire ou à la plume, ici dans les actes sy- nodaux, les bulles des papes, dans les documents royaux, etc.

Liège, l" mai 1874.

S.

FOUILLES DANS LA TOMBE D'AVENNES

PAR

M. le Comte G. de LOOZ.

La tombe romaine d'Avennes (i) fait partie du lerritoire de la commune de Braives, canton d'Avennes, arrondissement admi- nistratif de Waremme, province de Liège. C'est pourquoi elle a souvent été désignée sous le nom do tombe de Braives; nous lui conserverons celui de tombe d'Avennes, qu'on lui donne généralement dans le pays, parce qu'elle est plus rapprochée de ce dernier village.

Cetumulus, un des mieux conservés que nous connaissions, est aujourd'hui propriété communale; il est soigneusement entreteim et la commune de Braives l'a entouré d'une vir.gtaine de bornes pour prévenir tout envahissement de la part des pro- priétaires voisins; elle l'a môme fait boiser et ciôlurer par une haie depuis une douzaine d'années. Nous sommes heureux de pouvoir mentionner ici l'intérêt porté par l'administration com- munale h l'un de nos plus anciens monuments archéologiques; ces exemples de sollicitude intelligente deviennent de plus en plus rares, et il serait heureux de les voir suivre par les com- munes qui possèdent sur leur territoire des tumuius, car ceux- ci tendent de plus en plus à disparaître de notre sol.

(') Celte tombe est renseignée au cadastre de la commune de Braives sous le n" o, section A ; elle confine aux parcelles n»^ "2, i et lo, même section. (PI. IV.)

Bull ilcViiislAixh Lici/coisJcmeYJI, pa(7eL9(i

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i'«litc f^alciic IrtLcïaU PiOs.-<r nmi ?t ).?iuL(.c.-' aulc-ii c uxc.-"

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Échelle ded!002 à 17)00

de L ooz , de]

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A C«.V\»CCV II

^ -XiiJi. Je N Vsh'Lsn:- Csrjnsnnu L:e.

xpLORATiûA-DEL.iro.ALBE D'AvE^NES. - Plan des tramux.

197

Située environ à mi-chemin entre le village d'Avennes et la grande chaussée romaine de Tongres à Bavay, notre tombe ne se trouve qu'à une trentaine de mètres à l'est du chemin de tra- verse qui conduit du village d'Avennes à la chaussée romaine et aboutit près de l'avenue du château de Braives. Elle n'est dore pas Irès-éloignée des substructions romaines qui bordent la chaussée des deux côtés sur le territoire de Braives, subs- tructions qui embrassent une superficie de plus de dix hec- tares et s'étendent presque jusqu'à la route de Huy à Tirlemont, sur le territoire de Lens-Saint-Remy; trop considérables pour avoir appartenu à une simple villa, ces substructions semblent se rapporter à un relai de poste (mansio ou mutalio), peut-être même à un vicus ou un caslellum. On ne sait malheureusement rien sur l'origine du village actuel de Braives; son ancien nom latin, Broivia, pourrait toutefois avoir désigné, sous la domina- tion romaine, une localité d'une certaine importance. A diffé- rentes reprises, on y a mis au jour des vestiges el des objets romains et franks.

La Commission française de la carte des Gaules (i), place Perniciacum à Avenues, sur la rive gauche de la Méhaigne; les distances indiquées par l'itinéraire d'Anlonin et par la carte de Peulinger semblent, en effet, favorables à l'hypothèse des savants français. Voici ces distances, accompagnées de la réduction des dernières en kilomètres ; quant aux premières, on ne les considère ici que comme points de comparaison :

Itinéraire d'Antonin. Carte de Peutinger. Kilomètres. Adualuca Tungrorum (Tongres) à

Perniciacum XIV MP. (Millia pas- XVI L.lLeugse

Perniciacuna à Geminiacum (Gem- suum). ou lieues romaines,. 35 */t

bloux; . XXII MP. XIV L. 31

Geminiacum à Vodgoriacum .Wau-

drez X MP. XVI L. 35 «/t

Vodgoriacum à Bagacum (Bavay). XH MP. XII L. 26 %

Total. . LVIII MP. LVIU L. <-i8 »/•

(*) Les travaux préparatoires de la Commission ont paru dans la Bévue arehiologique de Paris.

198 --

Si cos deux itinéraires concordent, quant au total des unités, de Ton^res à Bavay, il n'en est pas de même , ainsi qu'on peut s'en assurer [)ai' le tableau ci-dessus, pour les dislances entre les diverses étapes ou man^iones, La divergence principale (un écart de 8 unités) se porte sur Geminiacum (Gi'ml)loux) il semble y avoir eu un déplacement; la situation approximative de Perniciacum (Avenues) ne doit pas en souffiir, car il est à remarquer que la distance entie Tongres et Avenues est effec- tivement d'environ 3o kilomètres.

Déjà en l8oi, l'attention de V Institut archéologique liégeois îiii attirée sur les substructions de la cluiussée; dans sa séance du 4 mars, M. Stanislas Bormans, alors secrétaire de la Société, déposa sur le bureau le plan d'une partie d'entre elles qui venait d'être mise à découvert, par suite probablement de travaux agricoles; il exprim;iit en même temps le désir d'y voir pratiquer des fouilles. L'Institut décida qu'un subside serait à cet effet demandé au gouvernement et chargea de la surveillance des travaux MM. Bormans, d'Otieppe, de Sélys et Ulysse Capitaine. Cette demande ne reçut probablement pas un accueil favorable, car ce ne fut qu'en 1872 que la Société fil f;iire quelques rechei'ciies en cet endioit; ces fouilles, surveillées par l'auteur du présent article, furent assez fructueuses; elles seront ulté- rieurement l'objet d'un rapport spécial.

Il n'est pas sans intérêt de remarquer ici que la chaussée ro- maine de Tongres h Bavay a subi, sur le territoire de Braives, de grandes modilications dans son tracé. Elle était autrefois bi'aucoup plus rapprociiée de la tombe et suivait une profonde dépiession du sol, que l'on remarque encore aujourd'hui. Vei'S 1845, le gouvernement beige, dans le but de l'améliorer, la reporta à une ceniaine de mètres plus au Nord. Les travaux de déblai que ces changements néiîes-^ilèrent firent découvrir sur l'emplacement actuel de la chaussée, un vase rempli de mon- naies romaines en or, qui malheureusement ont été fondues chez un orfèvre de Liège, des fibules, des styles, ainsi qu'une

199

tête de cheval en bronze, grandeur réelle ; on ignore ce que ces derniers objets sont devenus.

La tombe d'Avennes ne se trouvait donc pas nutrefois plus éloignée de la chaussée que les tuniulus voisins d'O.nal, de rEmpereur(à Moxhe) et du Soleil (Embresin). De son sommeton découvre parfaitement la tombe de l'Empereur, ainsi que la tombe de Vissoul et celle de Latinne, aujourd'hui presqu'enlièrement nivelée (appelée aussi dans le pays tombe de Marneffe), ces deux dernières situées, au sud, dans une autre direction, aune lieue environ de notre chaussée, et formant avec le tnmulus d'Avennes une sorte dévaste triangle scalène: vers le nord-est la tombe de Blehen se détache de l'horizon.

De la tombe de l'Empereur, on découvre les deux belles tombes du Soleil et de celles-ci on aperçoit les dt^ux petits tu- mulus de Merdorp, situés à l'extrême limite de notre province et toujours le long de la chaussée romaine. Ces quatie groupes de lumulus (en y eompre.iani la tombe qui nous occupe) sont distants d'une demi-lieue environ l'un de l'autre; cet espa- cement régulier tendrait à faire croire qu'elles n'ont pas seule- ment servi de sépultures ce qui n'est du reste pas encore démontré pour toutes les tombes, mais qu'elles ont encore fait partie d'un système général, qu'on les a utilisées comme postes de défense ou d'observation. D'un autre côté, celte opi- nion, qui est celle d'un grand nombre d'archéologues, se trou- verait ici infirmée par le fait qu'il existe, si nous pouvons nous exprimer ainsi, une solution de contiimité dans le système, c'est- à-dire que de la tombe d'Avennes on ne peut apercevoir le beau groupe d'Omal, distant de près d'une lieue, et que du haut des tumulusde Merdorp, un exhaussement du sol cache la vue de la grosse tombe d'Hoitomont, la première tombe brabançonne, éloignée du reste de plus de six kilomètres. Nous reviendrons d'ailleurs plus loin sur le mode de construction des tombes et les différentes destinations que les Romains pourraient leur avoir données.

-~ âOO

Le périmètre delatombed'Avennesà sa base est aujourd'hui de 112 mètres, ce qui lui donne un diamètre de plus de 33 mètres; elle n'a, croyons-nous, jamais eu une plus large assiette; une circonstance relatée plus loin vient encore à l'appui de cette opinion. Quant à sa hauteur, elle a pu être diminuée; elle pos- sède encore au midi une élévation de 11 mètres, et vers le nord- est, direction elle présente une très-foiie déclinaison, une belle pente de 18 mètres. Par suite de cette circonstance, la plate forme n'occupe pas paifiiitement le milieu de la tombe; elle a environ 30 mètres de pourtour; la commune a fait plan- ter au centre un frêne pleureur.

A différentes reprises, la tombe d'Avennes a attiré l'attention des touristes et des archéologues; de nombreux écrivains en font mention. Voici ce qu'en dit Van der Rit {Journal de VArchi- tectuvey année 1851, p. 87) : « La tombe de Braives est assise » sur le versant d'une colline qui s'élève à l'Orient. J'ai remar- » que que cette situation est généralement applicable aux autres » tombes, sauf quelques rares exceptions. En face de cette der- » nièie butte tumulaire, et sur la grande voie, on venait de » découvrir, lors de mon passage, un nombre considérable de » matériaux romains, ainsi qu'un [)Uits qui remonte évidemment » à la même époque. Ce puits est placé à côté et au nord de la » route et les m.itériaux sont ré|)andus dans les champs à » droiie et à gauche de cette même route, et sont en plus grande » quantité vers le deuxième côlé. Les talus de la rouie permet- » tent de distinguer l'épaisseur de cette couche de matériaux » qui varie de un à deux mèires de hauteur. Je rencontrai sur » les lieux M. Maxliin (sic) (il s'agit probablement de M. Bar- » ihold Mottin, membre défunt de l'Institut), de Hannut, qui, à » différentes rcpiises, était déjJi venu y faire des inve.ligalions » parmi les restes des constructions antiques dont le sol est » jonché. Dans une exploration que nous fîmes ensemble, nous » lûmes singulièrement surpris de la quantité de ferrailles » qui se trouvaient mêlées à ces débris. Nous en concluons

~ 201

» qfue l'établissement qui se trouvait à cet endroit, du temps » des Romains, pouvait bien avoir été, sinon une fabrique » d'armes, au moins un lieu l'on réparait celles des » troupes qui voyageaient sur la grande voie, ainsi que le » matériel de guerre qu'une armée traîne ordinairement à sa » suite. »

Monsieur Albert d'Otreppe de Bouvetle, dans la 36'"^ livrai- son de ses Tablettes liégeoises, p. 108, signale à Braives, « une » tombe près de la campagne des Sarrasins. » C'est ainsi qu'on appelle dans le pays les vestiges de constructions dont il a déjà été question. Le même auteur, même ouvrage, même page, mentionne que, vers 18o4, on a découvert de nombreux frag- ments de poterie et des monnaies près de la tombe d'Avenues.

La « tombe d'A\ennes, à Avenues ^) (sic), est citée par la Bel- gique monumentale, tome II, pp. 88 et 188. Les Annales de la Société archéologique de Na7m(r, tome III, p. 397 ; le Bulletin de r Institut archéologique liégeois, tome III, p. 306 , et Schayes (2* édition par Plot), tome III, pp. 423 et 433, parlent d'un tumu- lus situé à Avenues.

Del Vaux, tome II, p. 27, constate que « la tombe dite d'Aven- nes est dans la campagne de Braives; » ailleurs, même vol., p. 50, il revient sur ce tumulus : « On rem.irque en cette com- mune (Braives) une tombe qui porte le nom de tombe d'Avenues.»

Ferraris la cite sur sa carte sous le nom de tombe « d'Avene.»

« A peu de distance de la tombe de l'Empereur, à Moxbe, se ->> voit la tombe d'Avenues, » dit Bovy, t. II, p. 283.

Nous lisons encore dans le Dictionnaire archéologique de la Gaule, époque celtique, ouvrage publié par ordre de l'empereur Napoléon III :

« Braives, provittce de Liège, Belgique. On a signalé à la » Commission dans cette commune un tumulus qui porte le » nom de tombe d'Avennes ; il est situé entre la Méhaigne et la » Chaussée de Bavay à Tongres.Ce tumulus n'a pas été fouillé.»

Ou voit que la Commission française attribue à notre tumulus

202

une origine celtique, tandis que les fouilles ont surabondam- ment prouvé, comme on le verra plus loin, qu'il ne remonte qu'à l'époque romaine. Nous croyons inutile de relever l'erreur commise par la Commission lopographique des Gaules, qui désigne Avenues sous le nom d'Avennes-les-Hannecl {sic).

(Voir encore le Bulletin de V Institut archéologique liégeois, tome I, p. 121 ; Van der Ril : Les Chaussées romaines, pp. 33, 37, etc.)

Les citations qui précèdent montrent que les auteurs se sont indifféremment servis des expressions tombe de Braives et tombe d'Avenues; ce double emploi a élé signalé dans le Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie, t. X, pp. 288 et 291.

En présence des fouilles heureuses déjà effectuées l'année précédente, ['Institut archéologique liégeois prit, dans sa séance du 8 novembre 1872,1a résolution de tenter des recherches dans la tombe d'Avenues ; un crédit de 200 francs fut volé h. cet effet et on voulut bien nous confier la surveillance des fouilles. Après d'assez longs pourparlers avec l'administration commu- nale de Braives, nous obtînmes, avec l'autorisation demandée, une renonciation préalable à tout ce qui pourrait être découvert, à l'exception des objets en matières précieuses; on y mit toutefois la condition de verser d'abord la somme de 50 francs entre les mains du receveur communal.

Les travaux d'exploration commencèrent le vendredi 12 mai 1873, au moyen d'une galerie de deux mètres de hauteur sur deux mètres de largeur, ouverte dans le flanc sud du lumulus. Deux ouvriers seulement fuient employés.

Dès les premiers coups de pioche, nous découvrîmes presque à fleur de terre et près du pied du tumulus le goulot et quelques fragments d'une petite cruche en terre blanche, ainsi qu'un autre fragment de poterie paraissant se rapporter au corps d'une lampe en terre. Cette trouvaille, très-insignifiante en elle- même, nous fournit la preuve que le contour inférieur du

~ 203

lumulus n'avait guère été entamé, les débris en question y ayant probablement été apportés des constructions voisines et, cela depuis longtemps, à en juger par leur état de vétusté et de fragilité.

Les terres composant le tumulus présentant une extrême résistance, ainsi que nous l'avons du reste remarqué dans la plupart des autres lombes romaines le creusement de la galerie devait se faire à la pioche et ne pouvait, par suite, s'effectuer que très-lentement. Au bout de trois jours de travail et tout en suivant le niveau du sol cultivé, en entamant toute- fois d'une trentaine de centimètres l'argile vierge, nous ramas- sâmes dans la galerie, à environ huit mètres de distance, un petit bronze romain complètement fruste, ainsi que des débris d'un chaînon du même métal. Ces deux objets ne se trouvaient évidemment que par hasard et avaient y être perdus par les constructeurs de la tombe ou bien encore s'étaient trouvés dans les terres qui avaient servi à l'édifier.

La coupe de notre galerie nous a permis de nous rendre par- faitement compte de la manière dont il a été procédé à celte opération. Chaque couche de terre présente presque partout dans les tombes romaines la même épaisseur : rarement l'une d'elles se trouve répétée ; les terres ont être déposées bien également sur toute la surfiice. Les ditïérentes couches, la plupart du temps, n'adhèrent pas enire elles mais se détachent au contraire parfai:e;neiil l'une de l'autre à la voiîic des gale- ries ; c'est ainsi que nous avons encore pu constater à leur sur- face l'empreinte bien visible d'un pied ou pluiôt d'un soulier romain, ce qui donnerait à supposer que les terres étaient soigneusement tassées avant qu'on ve songeât à déposer une nouvelle couche.

A quatorze mèires de distance et à environ 60 centimètres du point central marqué au plan, les ouvriers rencontrèrent des traces de fouilles antérieures, que nous ne pouvons attribuer qu'aux armées françaises de passage en Belgique : ce fu^

- 204 -

(f abord un puits circulaire de â^OO de diamètre, qui s'enfonçait profondément dans le sous-sol. La terre qui avait servi à le rem- blayer était redevenue aussi dure et aussi compacte que l'argile environnante, sans cependant adhérer à celle-ci, ce qui nous permettait de juger parfaitement des proportions du puils. De celui-ci, et à un mètre plus bas que notre g;>lerie, partait à angle droit une petite galerie latérale vers le Sud. Ne trouvant rien tout d'abord, nos devanciers avaient lâionné à droiie et à gauche et avaient finalemenl désespéré du succès. Celte petite galerie était remplie d'une terre très-friable qui, une fois déblayée, ne nous a fourni que de grossiers moellons romains laissés probablement par dépit par les premiers explorateurs. Nous disons que nous attribuons ces recherches aux armées françaises, parce que la tradition locale est muette sur toute fouille qui aurait pu se faire récemment; et que, d'un autre côté, on sait de source certaine qu'un grand nombre de nos tombes ont été visitées par les Français et toujours au moyen du même système de puits verticaux, lors de leurs divers campements en Belgique.

Parvenus au centre du tumulus et n'apercevant pas la plus petite trace de sépulture, nous étions sur le point de désespérer à notre tour, lorsque l'idée nous vint, avant de clôturer nos recherches, d'essayer quelques sondages dans les parois de notre galerie. Au troisième coup de sonde dans la paroi de gauche, la tarière ramena une terre grasse noirâtre et assez meuble que nous n'avions point encore rencontrée. En élargis- sant l'ouverture avec la bêche, cette terre se trouva bientôt mêlée de débris de bronze et de ferrailles, ainsi que de charbon de bois; nous touchions au caveau. Sa paroi orientale s'offrit à nous peu après. Creusée à O^TO en dessous du niveau de la campagne voisine, la fosse sépulcrale mesurait â^lO de longueur sur 2 m. de largeur. Parfaitement orientée du nord-est au sud- ouest dans le sens de sa longueur, elle avait être primitive- ment recouverte d'un couvercle circulaire en bois, maintenu par

Bull, de rinst. arch. liégeois. T.

XTT, pap:e 203.

PI. V.

2"'00 .

....

42

47

38

41 36 ^ 35 37

49

. NORD.

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23 8 31

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« 33 9

6 15

...

16

i

1. Os

semenis divers.

21. Grand vase funéraire en verre.

2. lUiiru en hi'OMze.

22. Fiole l;i(ryuialoire id.

3. ('■liinil vose en terre noire.

23. Bouteille .i cannelures en verre

4. Grande Ijouieille ronde en verre

jaune.

verdàlre.

24-261 Trois petites patèrcs en pole-

S. Bouteille ronde h large panse.

r e sigillée.

6. Grand vase en terre noire à arête

27-28. Bouteilles en verre vert à go-

aignc à la panse.

(Iroiis.

7. Vas"^ doré au mica et orné à la

29-30. Peii's vases semblables aux

pan^e de boulons et de masca-

nns 14 et 15.

rons en relief.

31. Bouteille cannelée en verre ver-

H. Grande olla en pâte grossière.

dàlre.

9. Cruche en tei're Idanche.

32 3'f. Trois patères en poterie

10. (bruche, plus petite que la pré-

rouge grossière.

cédente.

35-38. quatre patelles bilobées en

11. Vase en terre rouge à bords re-

terre sigilli'C.

pliés.

39-42. Quatre patelles bilobées en

12. Bouteille ronde, moins grande

terre sigillée, plus petites que

que le n*» 4.

les précédentes.

13. Grande patére en terre sigillée.

43. Couteau en fer.

14-lo. Petits vases, forme trépied,

4i. Sella i>lic(iiilis en fer.

dorés au mica.

45. Pincettes en fer.

16. Ciseau en fer. avec anneau.

46. P. Ile à feu.

i 17. Vase avec boulons, doni au mica,

47. Lampe en fer.

j plus petit que le n" 7.

48. Bronze de Vespasien.

18. Vase à parlums en terre noire

49. Ornements en bronze du cou-

fine.

vercle.

19 Vase en verre blanc laiteux.

50. Ferrailles diverses.

20. I»elit entonnoir en verre.

TOMBE D'AVENNES. - Disposition des oljjets Jaiis le cavean.

205-

des ferrailles dans ses différentes parties et orné de clous en bronze à large tète : la plupart de ceux-ci ont été rétrouvés. Les grosses planches, probablement en chêne, formant les cô- tés de celte espèce de cercueil, avaient laissé des traces parfai- tement visibles dans l'argile qui avait les recouvrir; le bois, une fois consommé et réduit en poussière, avait laissé un vide, encore traversé par les clous autrefois enfoncés dans les planches. Quant à la partie supérieure du couvercle, elle avait, après effondrement, livré passage aux terres, qui avaient fait irruption dans le caveau et le remplissaient entièrement lors de sa découverte (1). Ctt éboulement s'était, ainsi qu'on peut le constater dans presque tous les tumulus fouillés, surtout pro- duit avec force vers le centre du caveau, ce qui explique que les objets déposés le long des parois se sont trouvés générale- ment préseivés et ont pu être en grande partie retirés intacts de la sépulture.

Nous allons maintenant passer à un examen détaillé des objets contenus dans la fosse. Quant à la manière dont ils s'y trouvaient disposés, consulter la planche V.

Poterie».

I. Un grand vase en terre jaune, forme d'olla, à larges bords repliés à plat, haut de O^SO, et d'une circonférence d'un mètre 37 centimètres; il a 2i centimètres d'ouverture et une épaisseur de 15 millimètres. (Voir pi. VI, fig. 11.) Ce vase, brisé en un grand nombre de morceaux, a pu être entièrement reconstruit. II ressemble étonnamment à un objet analogue découvert en 1863, par M. l'abbé Kempeneers dans le cimetière du Haem- berg, à W^ezeren, près de Landen ; il n'en diffère qu'en ce que le vase du Haemberg possède au bord un léger renflement ( 2). Cette similitude entre les deux vases tend à prouver que le

( * ) Voir la coupe du caveau sur la planche IV.

(*) Voir Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie. IV. p. 424, pi, IV, fig. 34, et pi. VI, p. 168.

206 ~-

cimetière du Haemberg est bien romain, ce qui avait pu être révoqué en doute à cause d'une certaine apparence franke de quelques vases qui y ont été découverts. Les rebords plats de notre grand vase ont déjà été pris (opinion du reste abandonnée aujourd'hui) pour la lunelte d'un lieu d'aisance ou d'une garde- robe : on voit d'ailleurs par le Catalogue du Musée de Nîmes, p. 79, que des amphores servaient quelquefois d'urinoirs.

II. Un grand vase en poterie noire, de 0'"24 de hauteur, à pied exigu et à panse fortement bombée. (Voir pi. VI, fig. 1.)

III. Un second vase en poterie noire, ne différant du précé- dent qu'en ce qu'il est plus bas de forme et muni à la panse d'une arête assez aigùe. (Voir pi. VI, fig. 9.) Ces deux formes de vases ne paraissent pas communes, car nous ne les avons pas encore vues figurées ; le Musée de Namur en possède cependant un ou deux spécimens.

IV. Une grande cruche en terre cuite jaunâtre, de O^SO de hauteur, (Voir pi. VI, fig. 12.)

V. Une autre cruche semblable à la précédente, mais un peu moins haute et d'une terre plus blanche.

Ces deux objets ont beaucoup d'analogie avec une cruche découverte dans la tombe Hémava, près de Montenaken (i). Les objets trouvés dans cette dernière tombe sont aujourd'hui déposés au château de Hasselbrouck , commune de Goyer (Limbourg).

VI. Une coupe hémisphérique en terre cuite rougeâtre, avec rebord rabattu extérieuiement et strié de lignes jaunes. Haut de 0'"12, ce vase (pi. VI, fig 8) ressemble à une coupe du même genre provenant de la tombe Hémava et considérée comme original(3 par Messieurs de Caumont et Joly. D'un usage peu connu, cet objet paraît, selon M. Schuermans,

( ') Voir BuUelin des Commissiom royales d'art et d'archéologie, IV, p. 372, pi. I,

fig. 8.

~- 207

se rencontrer plus fréquemment comme poterie samienne (0* Les stries de couleur jaune dont noîre exemplaire est orné, rappellent assez bien un objet trouvé dans la villa du Ronden- bo^ch et décrit en ces termes par M. Schuermans : « terre «jaune fort lendre et tirant sur le rouge, ornée et couverte à » Texlérieur, de rangées de petits traits en couleur rose (en cou- » leur brune sur un autre vase), long à peu près de 0"'0:2. » Le même auteur fait suivre cette description de considérations qui tendent à reporter ce genre de poterie au IP siècle de notre ère (2).

Du Cleuziou, dans son ouvrage sur « la Poterie gauloise, » p. 198, n" 117, parle d'un vase semblable au nôtre, mais en terre blanche, trouvé à Clermoni-Ferrand, en France ; il le range, peut-être à tort, parmi les supports probables de vases apodes ou sans pieds. J. de Basi (premier supplé nent au liecueil cTantiquités romaines et gauloises, p. 212, pi. III, fîg. 9) en cite un autre, trouvé en creusant les fondations du château d'Égremont, à trois lieues de Lille, en juillet 1730.

VII. Un vaso de «i^n de hauteur, doré au mica, orné, tout autour de l'ouverture, d'un rang de boutons en relief, au nombre

(*) Voir Bulletin des ('commissions royales d'art et d'archéologie, IV, p. 373, pi. I, fig. 9 ; Messager des sciences historiques, 1851, p -15 ; Abécédaire, ère gallo-romaine, pp. 418 «1419 ; Brongniai"), Description méthodique du Musée céra- mique de la manufacture royale de Sèvres, pi. IX, fig. 7 ; liutletin de l'Institut archéologique liégeois, V, p. 237 ; de Monlfaucon, III, pi. LXXXII ; Emele, Be- schreibung rômischer und deulscher Alterthïimer der Provinz llheinhessen, pi. IV, fig. I, el pi. XI, fig. 1 ; Annales de la Société archéologique de i\amur, IV, p. 92 ; Bulletin de l'Académie royale de Belgique, XWe annde, 2"'e série, XI, p. 304, Dorow, Opferstàtte und Grabhïtgel der Germanen und Borner am Rhein,piTl II, pi. XV, fig. i ; de Caylus, I, pi. CIII, fig. 4. Voir aussi les numéros 493 et suivants (acquis par M. Joly) à la vente de Renesse (4 mars I8fi41 ; Bulletin des Commis- sions royales d'art et d' archéologie, S , p. 178, pi. Il, fig 38; Académie des sciences, des lettres et arts de Cor</ea« r (séance du 16 juin 1831, pi. IX, fig 6, représen- tant un objet qu'on décrit comme « vase bizarre en terre noire ; » on ajoute « qu'il y en a de pareille forme en terre rouge, t

( *) Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie, VI, p. 162, pi. V, fig. 37.

X

208

de dix-huit, et sur la panse, de deux groupes de boutons sem- blables, disposés 3, "2, 1, 1, 1, 1, et séparés par deux grands mascaron.s également en relief (pi. VI, fig. 14).

Ce genre de poterie, qu'on trouve dans presque toutes les substructions romaines, ne paraît cependant avoir été signalé jusqu'ici que par des fragments Nous croyons intéressant de relaier ici ce qu'en dit M. le conseiller Schuermans (i) à propos de débris de même nature recueillis par lui dans la villa du Herckenberg : « Poteries à boutons, revêtues d'une sorte de » dorure ayant résisté au temps; sur un fragment, cette dorure » est mêlée à une nuance brune qui lui donne le reflet mélalli- » que du bronze. Sauf un fragment exigu (déterré au Tombal, » près d'Avernas-le-Baudouin), tous les tessons ayant cette » espèce de dorure, décombres jusqu'ici dans la Hesbaye et » dans les environs de Maestriclit, Outre-Meuse, sont pourvus » de petites bosses rondes comme des têtes de clous, symétri- » quement placées de haut en bas, et qui à l'intérieur forment » autant de fossettes (2). » Monsieur Habets... croit que celte » dorure n'a rien de commun avec le mica précédemment » signalé sur certains vases par Grignon (p. CCXXII), Barailoa » (pp.33, 135,192) et de Caumont (CoMrs,etc.,II, p. 209et suiv.; » Ère gallo romaine, p, 415) (3). Pour élucider cette question, » M. Van der Capellen, de Hasselt, a bien voulu se charger de » traiter îi l'eau régale la prétendue dorure de ces tessons, et » le résultat négatif de ses expériences l'a porté à conclure » positivement à l'absence de métal, or ou cuivre, dans la pré-

( *) Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéolofjiey VI, p. 267, pi. XII, fig 7 et 8. Voir aussi même ouvrage, V, p. 444, notes 3 et 4.

(•; Publications de la Société pour la recherche et la conservation des monu- ments historiques dans le Grand-Duché de Luxembourg, III, pp. 196, 201 et 291, pi. I, fig. iO.

( *j Voir encoe Bulletin de la Société pour la conservation des monuments his- toriques d'Alsace, 1866, p. 104 ; Mémoires de la Société d'Émulation d'Abbeville, 1844, p. 183; Publications de la Société d'archéologie dans le Duché de Limbourg, III. p. 196, pi. 1, 1)0 10.

â09

» tendue dorure, qui serait véritablement, d'après lui, due à ce » qu'on appelle le mica doré ou sable d'or. Ainsi viendrait à » disparaître l'atlribulion de la fabrication, dans nos contrées » exclusivement, de ces vases « dorés, » identiques à ceux de » la Gaule méridionale. Mais M. Habets peut maintenir, à » raiscm de la découverte de ces vases ornés de petites bosses M ou de petits boutons ronds, à Flavion et à la Motte-le-Comte » (deux cimetières abandonnés depuis les premiers Antonins), » sa conclusion relative à l'usage de ces vases sous le Haut- » Empire , conclusion que corroborent les monnaies du » Herckenberg. »

Il résulte de ce qui précède, que nous devons considérer la poterie en question comme bien positivement dorée au mica, mica qui disparaît malheureusement au moindre frottement, surtout lorsqu'il est mouillé.

Notre vase est orné sous son pied d'un sigle presque indé- chiffrable; peut-être faut- il lire CIVVI, marque déjà rencontrée à Braives, sur un vase présentant un sujet de chasse à la barbo- tine,vase vu autrefois chez M. le baron de Sélys, au château de Longchamps.

VIII. Un second vase, même poterie dorée, plus petit que le précédent, orné au bord de treize perles et à la panse d'une série de boutons semblables, disposés en losanges et alternant avec de gros mascarons, le tout en relief; ce dessin est répété trois foi^ (pi. VI, fig. 13).

IX. Quatre vases en forme de coupe supportés par trois pieds, de la même poterie fine, brunâtre et dorée que les pré- cédents , h;iuleur 0™07o (pi. VI, fig. 2). M. Schuermans nous écrit n'avoir j;imais rien vu de semblable dans les fouilles qu'il a dirigées; il est d'avis que s'il fallait absolument trouver pour les vases apodes (qui ont du reste complètement fait défaut dans la tombe d'Avenues) un support probable, ce ne serait ni dans les objets repris aux numéros VI et XV qu'il faudrait le

210

chercher, mais plutôt dans ces godets, avec un trépied tout à fait propre à assurer l'équilibre ( i).

Brongniart et Riocreux (2) intitulent un objet analogue « vase culinaire, hémisphérique, à trois pieds. » Ces quatre vases auraienl-ils servi à Avenues ii brûler des parfums '/Nous devons faire remarquer ici qu'ils n'étaient point placés symétriquement dans le caveau, ainsi que leur nombre pourrait le faire sup- poser.

X. Un petit vase en poterie noire extrêmement fine, à panse anguleuse; haut de 0"^09 ; il ne mesure guère à certaines places, qu'un millimèire d'épaisseur (pi. VI, fig. iO); il est muni en dessous du pied et un peu de côté de la marque IVAIAI (3). La marque MAINV, déjà signalée à Montrœul-sur-Haine, en Belgique (Sigles figuiins [i), n" 3194), s'est rencontrée sur une a poterie noire, » dans le musée de Meester de Ravestein (s ), à Hever, près de Malines.

Nous attirons l'attention sur l'existence de sigles sur deux poteries (voir numéro VII) d'une nature autre que la poterie samienne; c'est un fait rarement constaté.

Le Musée de Liège possède plusieurs de ces petits vases, mais malheureusement tous incomplets. Leur forme est la même que l'objet figuré au 34 de la planche V des fouilles de

( ) Voir ce que l'on dit de l'apolheca dans le Bulletin des Comm. roij. d'art et d'archéologie, II, p. iSl. Lévy {Histoire de la peiuiure sur verre, p. XXXIII) donne à cet objet le nom d'angoUieca, d'après Wiiickelmann, etc.

( * ) Description méthodique du Musée céramique de la manufacture royale de porcelaine de Sèvres, pi. Vlll, flg. i7.

(') Nous devons à l'indpuisiible obligeance de M. Schiicrmans la d(ilermination de Cl' sigle, ainsi que des suivants. La marque miam a élé trouvée à Paris {Sigles yî<;. noHo71); <;fr. d'a'itres sigles (S/jy/eA/iy. 3181 et suiv.) les lettres M. et A sont en monogramme : miaki, etc.

(*) lliciie série de sigles, publiée par M. Schuermans, dans les Annales de r Académie d'archéologie de Belgique, IK série, tome 111.

(*) Musée dii Ravestein, catalogue descriptif, U, p. 136, il61.

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BidLdcl InsUlul atchUig. TomiXIL Pucje 311

Echelle de ' ,Ç.O poar 1'^ .f

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EXPLORATION DELA TO M B E D ' AV E M N E S POTERICi

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Walsbelz, mal représenté toutefois {i); elle vient encore d'être rencontrée tout récemment, mais revêtue d'un engobe plus brun, pyr M. l'abbé Kempeneers, dans son exploration du tumulus deBlrlien, près Hannut ('2). On en a également trouvé àRenaix et à Fliivion (3). Ces vases d'une qualité déterre très-fine, et d'une épaisseur excessivement mince, et à la forme desquels on a souvent attribué une origine grecque (4), sont très-estimés des antiquaires et sont placés par eux, comme beauté et impor- tance, au même rang que les poteries en terre rouge sigil- lée (o). La confeciion de vases de ce genre, d'après Pline (6), aurait été, dans un cas particulier, le résultat d'un défi entre maîtres et ouvriers; ils auiaient le plus souvent servi à renfermer des baumes odoriférants ou des onguents, de même que ceux en poterie moins fine, à paie brune (7), comme le vase de Blehen. Selon Brongniart (8), leur couverte « est due à un » silicate de fer ou de chaux rendu soluble par un silicate de » soude : ce lustre noir, silicate alcalin et terreux, comme l'est » du reste aussi le vernis de la poterie de terre dite sigillée, » semble identique à la glaçure noire des vases grecs. » XI. Trois paièrcs en terre cuite grossière revêtue d'un vernis

( •) Bulletin des Comm. roy. d'art et d'archéologie, IIl, p. 328. (•) Voir encore Herraans, Noordbrabam's oudheden, Bois-le-Duc, I860, page 124, pi. iX, fig. 19.

( * j Annales de la Société archéol. de Namiir, VII, p. 30, pi, I, fig. 6 et H ; Mes- sager des sciences historiques, 1843, pi. VIII, fig 13.

(*) Alfred Béqiiel. Annales de la Société archéologique de Samur, VII, p. 413.

(") Hat-omans, p. 419; Brongniart, I, p. 43-2; Alfred Bdquet, Annales de la Société archéologique de Namur, i. c. ; Messager des sciences historiques, 1843, p. 517, pi. VIII, lig 4.

C) X\XV, 40. iNoiis nous sommes permis d'emprunter la plupart des détails qui prL'cedenl a la de-criplion du vaNe de V\a:sbetz, par M. Schuermans. ( Bulletin des Comm. roy. d'an et d'archéologie, III, p. 32b.)

C) Messager des sciences historiques, ISio, pp. 107, 109, 420, 430, pi IV, fig.

i;pi. v,fig. i.

(•) I, pp. 16 et 421.

212

rouge (pi. VI, tig. 8). Nous ne dirons rien de cette sorte d'ob- jets, qu'on rencontre fréquemment dans les fouilles pratiquées en des villas et des lumulus. Les tombes de Fresin et de Walsbetz en ont fourni chacune deux paires de tout à fait sem- blables (i); nous devons faire remarquer ici que la tombe d'Avenues renfermait des débris d'une quatrième paiera, de la même terre, mais qui n'a pu être reconstituée. Une de ces patères contenait des ossements de lièvre.

XII. Une grande patère en poterie sigillée (pi. VI, fig. 4), marquée h l'intérieur (ainsi que les objets suivants) du sigle 0F>CREST1G. Le G final, étant peu visible, pourrait bien être un 0 (2); Grestici est toutefois plus probable (officina Grestici). Notre patère est commune dans les fouilles, mais rarement complète.

XIII. Trois patères en terre samienne, de moitié moins larges que la précédente (pi. VI, fig. 3), marquées : l'une VIRTVTIS, les deux autres ININI ? La première marque se rencontre fré- quemment (3) Quant à la seconde, les sigles connus qui pa- raissent s'en rapprocher le plus sont : IN IVVS. IN IVORI, trouvé à Tarragone; INIIWXV^, Augst; INIVOI, Cuissy, etc.

XIV. Quatre patelles bilobées en terre sigillée, pi. VI, fig. 6 ;

( ') Voir passim les Bulletins des Commissions royales d'art et d'archiolorjie.

(•j Cfr. sur ce sigle : CRESTio, trouvé à Schindeleggi Suisse), Veihlen (Pays- Bas), Paris, Bavay, Limoges, Allier, Ton^res S. yiV/- n°M736. 1737); m ckestio, Niniègueel LoUibury (Angleterre), (5. F. 1738^; OF crestio, Riègel, Limoges, (id. 1739); OF CRESTIC, Londres; (id. 1735). Vi Reiue archéologique, \\\{, m, cite un vase et une la.npe marqués of crestio.

( ' ) Cfr. anal.; viRTHV et virthvs, Londres (S. F. 5815-5816 ;virthvs es, dépar- tement de l'Allier (id. 5817 ; virthvs F, Tours (id. 5818); virthvsF, Heddernheim (id. 5819.; virthvs FECiT, Londres id. 58:20); virtvs F, environs de Wiesbaden, Musée Eiiiele, (id. o821 ); OF virtvtis, Londres, Allier (id. 58-23 ; viriwm, Virlon? { id 5824); virth, Angle'erre Birch, 4 4 ; virt , Angleteire iWright 474'; virthvs FECT, Auvergne (de Caumont, Abécédaire); virthvs fe ;Worms, Zeitschrift etc., Il, ai'l ; virtvs FECIT, Pannes près Nancy {Précis des travaux de la Société royale des sciences, lettres et arts de Nancy, 18;24-1828, p. 203 ; VIRTV...., CoU chester (It. Smith, CoUectanea aniiqua. 11, 40) ; viktvti f, Angleterre (Wright,474.}

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elles portent les marques; ATTILO(i), A/EQVRI(2), AQVITA(3),

OFIAN (?) (4). Il est souvetU question de celte forme dans le Bulletin des Coin. roy. d'art et d'archéologie (3).

XV. Quatre autres patelles bilobées, même poterie, de tailles différentes, mais plus petites que les précédentes (pi. VI, llg. 7). Elles sont ornées de quatre sigles figulins, dont deux aux

( * On possède : atilivs, Echzell [S. Figulins, n*» ^li] ; atillvs, Musée de Darmsladt, Mayence, Ronie (id. o77] ; atillvs f, Environs de Mayence 'id. o78! ; (ATT) iLLvs, Jusienville, prés de Theux [Bulletin de l'inst. arch. liéy., \, IS: ; ATiLvs F, lampe trouvée à Trêves f Jahresbericht der Gcsellschaft fur niitzliche Forscliungen zu Trier, -1836, p. 72) ; atillvs, Angleterre (Wright, 408); atti- Livs, lampe à Xanlen (S. F/>7h/., n" 610) ; attilivs F, Uhinzabern, Hanau, Envi- rons de Mayence, Trêves îlampe), Veelilen, Hollande (S. F. 611); attilli. m, Londres, Richborough (id. 612); attillvs f, Musëe de Darmstadt (id. 613) ; at- TiLLii. M, Angleterre (Wright, 468 ; attilli, Bordeaux ISéanee de l'académie de Bordeaux, 1831, pi. IX, fig. 22); Montans (Bulletin monumental, 1859, p. 701). attialvs (sans doute attillvs), Essert (canton de Vaud, Suisse) (Milllieilungen der antiquarischen Gesellschafl fiir vaterlandische Alterthiiraer in Ziirich).

(2 ) La marque de secvrvs n'est jamais signalée avec un q, tandis qu'on a trouvé : AEOvifi. F. Londres {Sifjle.s Jigulins, 99) ; ^QvK. F, Londres (id. lOO). C'est peut-être le même potier (v. Roach Smith, Roman London, p. -102 ; aeqvrvs, Bavay [S. F. 101 1 ; NEQVRbX, Londres (id. 3846). Cette marque est si mal tracée sur notre vase qu'il faut peut-être lire aqvita comme pour le sigle suivant, lui- même douteux.

( ') Cfr. AQViT, Wiesbaden, Windisch, Londres [S. F. 437) ; OF aqvit, Windisch, Ensdorf, Londres l'id. 438) ; of aqvit (... Windisch (id. 439,) ; OF aqvita, Lon- dres, Tongres (id. 4i0) ; aqvitan, Windisch, Riegel, Florence (id. 441); OF AQUAN, Windisch, musées de Zurich et de Bonn, Riegel, Dormagen (id. 442, ; of AQviTANi, Vechten, Londres, Autriche (id. 443,) ; of aqvitani, Musée de Darmstadt, Yechten Cid. 444) ; of aqvitani, Orléans, Le Châtelet (id. 445), Rome id. 446', avec les lettres iTAN, en monogramme; aqvitanvs, Windisch, Mayence, Londres (id. 447; ; aqvita, Florence (id. 448), avec les lettres vnA en monogramme; aqvit, Colchesler (Roach Smith, Col. Ant. Il, 40) ; OF aqvit, Yechten (Janssen. p. 203, 2177) ; OF AQVITA, Cologne {Jahrbuch, XLI, 138,' ; aqvitani, Musée de Nantes [Catalogue Parenieau, ; OF AQViTNi, Xanten (Sleiner, II, 225;.

(*) On connaît: ian. ofic, Nîmes, iGorraer-Durand, 37); iani, Bibliothèque de Strasbourg [S. fig. n" 2546,'.

(*) Voir en outre : Académie royale des sciences, des lettres et des arts de Bordeaux, séance publique du -16 juin 1831, pi. V, fig. 2, p. 169.

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noms de CARUS F (i) et VIRF? i^i) ; les deux dernières marques sont illisibles.

Cette forme se rencontre fréquemment, ainsi que la précé- dente; notre collègue, le docteur Alexandre, conservateur du Musée de Liège, a proposé de l'appeler bilobée: nous lui conser- verons celle qualification, qui remplace avantageusement toute espèce de description. M. Schuermans, qui n'a point toute- fois trouvé de ces vases dans les tumulus explorés par lui, en parle comme {?,) « de jattes hémisphériques h deux lobes for- » mant bourrelet ou profil rentrant. » 11 ajoute « qu'on les qualifie quelquefois de salières. » Un auteur français (4) consi- dère, mais très-vraisemblablement à tort, ces vases comme des supports probables de vases apodes.

Nous devons faire remarquer ici que la tombe, aujourd'hui nivelée, de Hémava a fourni, comme celle d'Avennes, le même service en terre sigillée, composé de douze pièces, en quatre formats (5), identiques aux objets repris aux numéros XII, XIII, XIV, XV ; elles présentent toutefois cette différence que les premières ne portent point de marques de potier comme les nôtres, mais sont en revanche ornées sur les bords de feuilles de lotus tracées en relief. Le même fait (il s'agit également

(') Cfr. anal. : CARvs, Mayence, Nimègue (Sigles fiç/ul., 1115); CARVS F, Bàle, Augst, Enns ( id., 1116); CAiiVS F (s renversé), Tongres (id., -1117); carvs FEC, Enns (id., 1118); carvs. f, Angleterre (Wright, 469 ); carvs. of, Musée de Nantes {Catalogue Parenieau]; OF. CARI, Poitou, Londres ( S. F 1085); cari (R retr. , Sagonte ( Hubner, 4970, 123 ); CARI. OF, Musée de Nantes f C<J'«/oî/«e Parenieau i. On a trouvé également la marque of cario, comme s'il avait existé un potier du nom de Cario, gonilif Carionis : Officina ( sous-entemJu sua) Cario.

(') On connaît en lait de maïques analogues : vir, Poitiers i î'/y/fv /fy., 5772); of. vir...., Carlisie {Caialoijue du .\Jusce arclicoloijiqne de Carliste, 1859, 7; ; OF. VIR.. , lombes de Seron ( S. F. 5774 i.

{■•j Bulletin des coin. roy. d'art et d'archéoloqie, V, p. 440, pi., V, fig. 10 et 10 bis.

{ */ Du Cleuzion, De la poterie gauloise, p. 197, 116.

( ^ ) Voir Bulletin des corn. roy. d'art et d'archéologie, V, pi. 1, iîg. 4, 5, 6, 7 et 4 bis, 5 bis, 6 bis et 7 bis.

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i.OHATION DE LA TOMBE D' A V E N « E 8 . - iej-^ , Bronzes .Verr

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d'une douzaine de pièces), a été constaté par M. del Marmol, lors de l'exploration d'un des tumulus de Seron. Cette analogie nous a paru importante, parce qu'au moyen de ces divers rapprochements on peut peut-être lirriver à déterminer d'une manière approximative l'époque notre tumulus a été édifié.

Outre les objets en terre cuite ci-dessus signalés, la sépulture d'Avenues renfermait encore un grand nombre de fragments de poterie, dont la plupart paraissaient avoir subi les atteintes du feu du bûcher et avoir été brisées volontairement, avant d'être jetées dans le caveau.

Ces fragments étaient trop incomplets pour qu'on pût en reconstituer des vases entiers.

Objets en verre.

La sépulture d'Avenues s'est montrée particulièrement riche en objets en verre.

XVI. Une grande bouteille, forme circulaire, avec anse, en verre verdâtre (pi. VU, fig. 1', haute de 0"',27.

XVII. Une seconde bouteille, même verre et même forme que la précédeute, mais ne mesurant que 0"',19o de hauteur (pi. VII, fig. 2). Bien que ce modèle n'eût point encore été rencontré auparavant dans les tumulus les subslructious delà Belgique, il est loin d'être inconnu (i).

La seconde des deux bouteilles que nous venons de men- tionner a seule été trouvée intacte dans le caveau ; c'est le premier objet qui s'est offert aux regards dos explorateurs (voir pl.V, n" 12). Elle était remplie aux deux tiers d'un liquide incolore, qui n'a pas été analysé jusqu^ci ; celui-ci est peut-être aux inliltiations incessantes des eaux pluviales dans la tombe. Toutefois les objets en terre cuite, dont quelques-uns ont été également retirés entiers du caveau, ne présentaient

(*) Voir notamment Hagemans, Un Cabinet d'amateur, pi. XV, fig. 7, p. 472, n" 8.

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point celle particularilé ; rabsence de liquide peut s'expliquer par la nature plus poreuse et plus celluleuse de la terre cuite.

XVIII. Une bouteille eu verre verdâtre, avec anse, très-large et très-basse de forme (pi. VIT, fig. 3), car elle ne mesure que 0"',18 de hauteur. Ce modèle paraît moins commun que le pré- cédent, car les auteurs n'en font guère mention. Il rappelle un objet analogue ti^ouvé dans la tombe Hémava (4), mais en diffère toutefois en ce que ce dernier est hexagone au lieu d'avoir une panse de forme circulaire. L'auteur delà description de ce vase hexagone attire l'altention sur l'exagération, non encore signalée jusqu'alors, de sa largeur relativement à sa hauteur.

XIX. Une urne en verre vert, à col rétréci de 0'",20 de hauteur et de 0'",73 de circonférence à la panse, qui est ornée vertica- lement de grosses côtes ou godrons en relief (pi. VII, tig. 4). Celle urne renfermait les cendres, ou, pour mieux dire, les ossemenls à demi calcinés et brises du défunt. Comme les débris de cette urne se sont trouvés fortement mêlés à ceux de la grande olla reprise au numéro I, par l'ouverture de laquelle elle pjisse exactement, il se pourrait que celle-ci eût contenu la première, en lui servant ainsi d'enveloppe extérieure. Ce fait d'un double contenant, parliculièrement pour les bassins en bronze, précaution destinée probablement h mieux préserver les cendres du cadavre, a été observé dans d'autres tumulus, notamment à Fresin el à Walsbetz (2).

Des vases, de la forme du nôtre, mais sans godrons, ont été recueillis dans les tumulus de Walsbetz et de Thisnes, ce

dernier aujourd'hui disparu (a).

*

I * ) Uiillctiu (les Coiiit'ii'i'^ious royales d'an cl d'arclirologie, IV, p. 3G9, pi. I, fig- 2.

(') Hulletin des Coinmi.ssiojis royales d'art el d'arcliéoloijie, MI, p. 294, pi. II, fig. 1 ; II, p. 127, pi. III, fig. 1.

(*) Bulktin des Coininissioiis royales d'art el d'archéologie, III, p. 310, pi. V, fig. 20 ; IV, p. 380, XII. pi. II, fig. -10.

Quanta ceux qui sont munis de côtes en relief, on peut citer, entre autres, plusieurs exemples découpes hémisphériques (i). Une urne en verre identique à la nôtre est signalée dans le trésor de Braiideiibourg (Beger) (2).

XX. Un petit entonnoir, de 0"',08 de hauteur, en verre ver- dâtre (pi. Vil, fig. 8). Ce genre d'objet n'avait pas, pensons-nous, été découvert jusqu'ici en Belgique. Il a beaucoup de ressem- blance avec un entonnoir ou infundibulum en verre trouvé à Pompéi et figuré par Aiilhony Rich {Dictionnaire des antiquités romaines et grecques, p. 334. )

XXI. Une petite urne dite lacrymatoire, de 0'",10 de hauteur, en verre verdàtre, trouvée intacte (pi. VII, fig. 9). Cette fiole était déposée en travers de l'ouverture du vase décrit au numéro XIX, et reposait probablement sur les cendres du défunt.

Nous avons affaire ici à un de ces petits vases si communs que pendant longtemps on a désignés sous les noms d'urnes ou fioles lacrymatoires, opinion aujourd'hui généralement aban- donnée ; on s'accorde maintenant à les considérer comme des vases « destinés à contenir les baumes ou onguents liquides » dont on arrosait les ossements brûlés et la colonne que l'on » plaçait quelquefois sur le tombeau » (3). La place occupée par notre fiole dans l'urne funéraire est un argument de plus à l'appui de cette manière de voir.

La tombe de Fresin contenait plusieurs de ces fioles et de différentes dimensions (4). On en a également rencontré dans la

(*) Bulletin des Commissions roi/ales d'art et d'archéologie, V, p. 't3-i, pi. IV, fig. 50 et SI (coiisuller la note 1, qui renferme de nombreuses citations) ; VI, p. 147, note 4. Roach Smith attribue ces objets à l'époque de Vespasicn.

; ', UernarJ deMonlfaucon, l'Antiquité expliquée, III, p. 145, pi. LXXIX.

(')De Meester de Itavestein, Ca/(j/o(/Me descriptif du Musée de Ravestein, Il p. 71 ; voir aussi Plutarqiie et Lucien [Dialogue des morts).

(*) Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie, U, p. 144, pi. III, fig. 4, 5, 6, 8, 9, 10. M. Scliuermans y exprime encore l'opinion que ces petites tiolcs sont ili's [iicrymatoirps, opinion qu'il a forme 11 î ment combultuo depuis.

- iîl8

ombe, actuellement nivelée, du Tombal, à Avernas (i), ainsi que dans letumnliis de Thisnes, délruiten 1823 (2). Les sépul- tures romaines en ont d'ailleurs fourni de tout temps de nom- breux exemplaires ; le Musée de Liège en possède une, d'une dimension triple de la nôtre, trouvée à Juslenville, près de Theux, et munie sous la base d'un sigle de verrier.

XXTL Une jolie coupe hémisphérique en verre blanc laiteux, non transparent ( pi. VII, fig. 5 ) ; les cassures sont d'une belle couleur jaune topaze ; elle est malheui'eusement incomplète. Lo Musée de Liège en possède déjh une semblable, également incomplète, provenant du cimetière franc de Seraing, près Liège ; on sait que les Francs, qui ont succédé aux Romains dans la conquête de notre sol, se sont encore pendant long- temps servi des objets délaissés par ces derniers : c'est ainsi que l'on rencontre souvent des monnaies romaines dans les cimetières de l'époque franque.

XXIII. Trois bouteilles en verre verdàtre, de 0'",29 de hau- teur, à long col et à [)anse conique ornée verticalement de godrons en relief; l'anse qui part du col se rattache h la panse par d'épais filaments, qui descendent ensuite en gradins le long de cette dernière (pi. VII, fig, 6). Nos trois flacons ne sont pas identiques de taille et de proportions : chez l'un c'est l'exagéra- tion de la longueur de la panse, chez les autres celle du col qui se fait remarquer. Celte forme a été trouvée dans le tumulus de Walsbelz (3), mais dépourvue de côtes en relief. Le Musée de la Porte de Hal, à Bruxelles, en possède une semblable prove- nant de la collection Hagemans (4); nous en avons vu deux

( * ) Bulletin des Commissions royales d'an et d'archéologie, IV, p. 38S, n"s 90, 91, 92 et 93, pi. 111, fig. 2.

(') Bulletin des Couimissions royales d'art et d'archéologie, IV, p. 379, pi. II, fig. 8.

(') Bulletin des Cominiss. roy. d'art et d' archéologie, 111, pi. V, fig. 22, p. 317.

(M Cabinet d'amolcur, n" 1.38, p. 472, pi. XV, fig. S.

219

autres au Musée de Namur, l'une trouvée dans le cimetière de Flavion (i); la seconde, d'une couleur bruiiàire, présente cette particularité que les côtes en relief serpentent obliquoment au- tour de la panse. On en a également découvert en Angleterre, dans les sépultures des Bartlow-Hills (2), sépullu^es qu'on con- sidère généralement comme étant du même âge que les tumu- lus déjh explorés de la Hesbaye; c'est aussi le n" 249 de la vente de Renesse, à Anvers, en 1836, acheté, avec d'autres objets, par M. Smet, de Gand, pour la somme de Ir. o4 et décrit comme « cruche en verre, trouvée avec d'autres antiquités, » telles que des lampes et des lioles, dans une tombe, près du » village de Hollogne-sur-Geer », non loin de Waremme.

Un auteur français (3) parle d'un flacon du même genre muni d'une anse ronde.

XXIV. Un flacon, même forme que les précédents, mais plus petit et en verre jaune (pi. VII, tig. 7).

Notons encore, pour compléter notre nomenclature, la pré- sence dans le caveau d'Avenues, de plusieurs grosses larmes en verce blanc ou verdàlre ayant subi l'action d'un feu violent.

Objets eu bi*onze.

Les objets en bronze se sont révélés comparativement beau- coup moins nombreux que dans les tombes de Walsbetz et de Fresin (4).

XXV. Une buire en bronze, haute de 0"',20, h panse très- large (pi. VII, fig. 10) ; elle paraît identique à l'une de celles qui ont été trouvées à Walsbetz (s), si ce n'est que, dans la nôtre,

(' ) Ainiale.ide laSuciété archéolofjique lie i\amur,\U, pp. 7 et 1 i,pl VII, fig. 6. ( ' ) Archœologia, XXV, pi. II.

(») De Caylus, Recueil d'antiquités, Vil, pi. LXXXIV, fig. 4. ( * ; Bulletin des corn. roij. d'an et d'arcliéoluijie, III, pp. 291 et suiv., pi. IV ; 11, pp. 127 et suivantes, pi. 111.

^ " . Bultriiii des coin. roij. d'art et d'archrohrjic, III, p. 30 1 , pi. IV, fig. (i.

220

la partie de l'anse qui se rattache à la panse est plus ornée (pi. VII, fig. 11). Cette buire devait se fermer pnr un couvercle dont on reconnaît parfaitement la charnière ; faisons observer toute- fois qu'il n'a point été retrouvé dans le caveau.

Ces buires ne sont connues que depuis peu de temps, car de Caylus (i), qui prétendait retrouver en elles la forme des cafe- tières du Levant et des buires de l'Inde, ose à peine les donner comme antiques ; c'est ce que fait remarquer du reste un recueil archéologique (2), à propos d'une buire identique dé(;ouverte dans les Bartlow-Hills, qui datent, ainsi que nous l'avons déjà dit, de la même époque que nos tumulus. Signalons encore une autre buire trouvée h Eu (3) et que l'abbé Cochet qualilie, avec un peu trop d'enlhousiasme peut-être, de « beau vase romain, fort élégant » (4). Noire buire paraît en outre pré- senter une certaine analogie avec l'une de celles qui ont été déterrées dans le tumulus de Fresin (s).

XXVI. Un moyen bronze de l'empereur Vespasien (69-70 après J.-G.) (pi. VII, fig. 12). Avers : Huste h droite, entouré des motsrcAEs vespasian aug cos. ni. Revers un peu fruste, repré- sentant une divinité entre les lettres S. G. Cette pièce se trou- vait placée près du vase funéraire et de la buire en bronze.

Nous ferons remarquer que le nombre de deux monnaies, que certains auteurs ont supposé invariable dans chaque sépul- ture, n'a rien d'absolu : c'est ainsi que la tombe de Fresin a fourni deux monnaies, celle de Walsbetz quatre, celle de Hémava deux, Thisnes trois, Niel une (comme Avenues); enfin celles de l'Empereur (Moxhe), Celles, Blehen, Héron, etc., n'en ont fourni

(1) Recueil, VI, pi. LXXV, fig. S, p. 273; I, pi. LXXI, fîg. 2, et VII, pi. XXI ; Bulletin des Coinmissinn.i royales d'art et d'archéologie, III, p. 302.

{ *) Archneoloçiia XXV'I, p. 311, pi. XXXIII, fig. 3.

(') Cochet, La Seine inférieure, 1864, p. 522.

{ *) Consulter aussi : XXIXi^f Congrès archéologique de Frauce, p. 243.

(* ) Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie, II, p 12!), pi. III, fig. 28.

O--)!

aucune, malgré l'existence incontestable d'un caveau et d'un mobilier funéraire.

XXVII. Deux crochets en bronze, d'une forme toute particu- lière (pi. VII, fig. 13). Il n'est pas facile d'expliquer ù quoi ils ont pu servir ; peut-être ont-ils fait partie soit de la charpente du couvercle, soit de la sella plicatilis en fer dont il sera question ci-après.

XXVIII. Six ou sept clous en bronze à large tète, munie d'un rebord et ne présentant qu'une très -mince épaisseur (pi. VII, fig. l^t a el b). Comme ces clous ont été trouvés au fond des vides laissés par la charpente latérale du couvercle, il est à présumer qu'ils ont été fixés à titre d'ornement sur les planches de ce dernier (voir pi. IV, coupe du caveau, lettre B). Des clous de cette nature ont été fréquemment rencontrés dans les fouilles entreprises dans les villas et les tumulus ; on en a trouvé de toutes les formes, ce qui fait supposer qu'ils ont servir à des usages bien différents {i). Le même caveau d'Avennes en a fourni deux ou trois à tête ronde et de la gros- seur d'un très-petit pois (pi. VII, tig. 45).

Outre les objets de bronze que nous venons de mentionner, le caveau renfermait une vingtaine de débris du même métal, débris dont il n'est guère possible de reconnaître l'usage ; également nombreux dans les autres sépultures, ils ont paru le plus souvent avoir appartenu à des coIVrets (2).

Objets en fer.

XXIX. Un couteau d'environ 0"',20 de longueur (pi. VII,

(') Bullelin des Commissio7is royales d'art et d'archéoloyie, HI, pp. 307 et .308, pi. IV, fig. 14 a,ii h, 14 r, 14 d et 14 e; il, p. 137, pi. V, fig. a,b,c, d, e,f,g; IV, p. 397, pi. IV, fig. 3 (ce dernier clou trouve dans la sépulture du Tombosch, à Niel près Saint-Trond ; c'est celui qui se rapproche le plus des nôtres).

(*) Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéoloijie^ III, p. 307 ; II, p, 1.37, pi. V, fig, 7, 36,47 ; etc.

fig. 16). Cet objet, fréquent dans les substructions (i), paraît s'être rencontré beaucoup plus rarement dans les tumulus. Notre exemplaire conserve sur la lame des traces parfaitement visibles de filaments de bois, ce qui tendrait à faire croire qu'il aurait été enfoncé dans la charpente.

XXX. Un ciseau de menuisier de 0",32 de longueur, avec la virole destinée à le maintenir dans le manche (pi. VII, fig. 17).

Les deux instruments qui précèdent ont été trouvés réunis dans le coin ouest du caveau (voir pi. V, n"^ 16 et 43). Ce sont plutôt des outils de ménage que des armes offensives, en qui ne permet point de donner à la sépulture d'Â.vennes un caractère militaire ; la présence d'une arme de guerre dans les tumulus Le s'est jusqu'à présent révélée d'une manière positive que pour la tombe de Hémava, qui a fourni un superbe fer de lance (i2) ; car le « casque en airain » de la tombe de Thisnes (3) est plus qu'hypothétique et pourrait fort bien n'avoir été que la panse d'un vase ; d'un autre côté, nous n'oserions affirmer d'une façon catégorique avoir trouvé une pointe de javelot dans la tombe de Middelwiude près Landen, fouillée pour la seconde fois, en 1873, par les soins de Vliistitut archéologique liégeois (4). En revanche, les villas ont fourni à M. Schuermans deux autres fers de lances (o). Les haches abondent également dans

(*) Fouilles de M. Schuermans dans la <t Lazary » de Wezeren, prés Landen, [bulletin des Commissions royales d'art et d'archéoloijie, V, pi. VHI, fig. 15, 16, ■17, -18, 19, 20, 21 ) ; id. dans la villa du Herkenbergh, à Meerssen ; Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéoloijie, VI, p. "loi, pi. XI, fig. 4) ; elc.

("■') Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie, IV, pl. I, fig. 22 et 22 bis.

(*) Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéolor/ie, IV, pp. 205 et 206.

( *) Voir Bulletin de l'Institut arcliéolnyi<iue liégeois. Les premières fouilles en- treprises dans ce tumulus ont été ellecluées en IStJi par MM. Schuermans et Kempeneers. (Voir Bulletin des Commissions royales d'an et d'archéologie, IV, p. 387.)

(/) Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie, V i Substructions du '\Veyorbami)ti, pl. II, fig. 19 ; et (Substructions du Hemelryk j pl. IV, fig. 23.

223

les substructions; mais elles semblent y avoir été d'un usage principalement agricole.

XXXI. Une pelle à feu, de 60 centimètres de longueur (pi. VII, tig. 18). Le manche est recourbé à son extrémité, de ma- nière à pouvoir suspendre l'instrument au mur.

XXXII. Une paire de pincettes, mesurant un mètre de lon- gueur et dont les deux branches sont maintenues par un boulon en bronze (pi. VII, fig. 19).

Un objet analogue avec même tenon a été rencontré dans la tombe, aujourd'hui détruite, de Héron (province de Liège), et légué au Musée de Liège par M. Barthnid iMottin, avec toute sa collection archéologique ; il est malheureusement beaucoup moins complet que celui d'Avenues.

Nos pincettes, ainsi que la pelle mentionnée au numéro précédent, semblent avoir servi à la cérémonie de la crémation ( i) ; celle-ci une fois terminée, les deux objets auront été dépo- sés dans le caveau, h côté du mobilier funéraire.

XXXIII. Un grand chandelier terminé par une lampe i pi. VII, hg. 20). Trouvé dans l'extrême coin est du caveau, ce chandelier a y être placé debout (peut-être même tout allumé), car sa tige, enfoncie verticalement dans l'argile du sous-sol, n'a pu en être retirée qu'après beaucoup d'efforts et au moyen de la bêche ; nous attribuons cette particularité à la pression continue exercée par le poids des terres.

Presque toutes les sépultures romaines (tumulus et cime- tières) contiennent une et quelquefois même plusieurs lampes funéraires, mais elles sont généralement en terre cuite (^2).

(') L'ustrinum ou bùcliPr n'a point été rencontré à Avennes ; il peut se trouver placé dans la partie nord ou ouest du tumulus, c'est-à-dire dans celle qui n'a point été traversée par noire galerie.

{ * J Voir, dans le Bulletin des Comniissious royales d'art et d'archéologie, ce que (lit M. Schuermans des lombes de Thisnes, Héron, Hémava, Avernas-le-Baudouin, Fresin, Walsbetz, Omal, etc.

t

Elles ont toutefois totalement fait défaut dans les tombes de Celles, de l'Empereur et de Blehen.

XXXIV. Un siège pliant, appelé par les KouMÙns sella plica- tilis (pi. VII, fig. 21, a, b, c, cl, e, f). Il pouvait mesurer envi- ron O'",5o de hauteur. Les parties mobiles sont maintenues par des boulons en bronze; ses pieds, qui représentent des pieds humains, sont également en bronze, ce qui donne à celte sella une très-grande analogie avec celle qui a été trouvée à Héron, laquelle possède des pieds semblables on voit même tracée la sandale romaine (i). Ces pieds manquent à une autre sella provenant de Glons et déposée aujourd'hui au Musée de Liège. (Notre exemplaiie n'ayant pu être i-eliré du caveau qu'en mor- ceaux et se trouvant par suite fort incomplet, il a été difficile de le représenter d'une manière s;!tisfaisante).. Une sella ana- logue a été également découverte dans les Barllow- Hills, en Angleterre (2).

Nous ne mentionnerons ici que pour mémoire une grande quantité de ferrailles de toute espèce, toutes fortement oxidées, éparses dans le caveau ; des clous de grande taille, prove- nant vraisemblablement du couvercle de la fosse et comme on en a rencontré dans presque tousles tumulus.

Ossements. De nombreux ossements, intacts et non calci- nés, rappelant ceux que l'on retrouve invariablement dans toutes les villas romaines.

Conclusion.

La tombe d'Avennes, située à peu de distance des subs- tructions de la chaussée, au nord, ainsi que d'une villa décou- verte il y a trois ans, à Briviolelle, commune de Braives, en

(• j Colleclion Mollin, hu Musi'e de Lidge.

CJ Archaeoloçjia, XXIV, XXV et XXVI. Consulter aussi Grivaud de la Vincelle, Arts et métiers des anciens. Cet auteur décrit et reprosenlc une collection complèto d'oulils il l'usage des lîomains.

iiiJo

creusiiiil les fondations delà sucrerie actuelle (i), doit avoir servi de sépulture à un riche Romain établi dans noire pays ou tout au moins à un Belge parfaitement iniiié aux usages de l'Empire. Le cippe funéraire, qui très-probablement la surmon- tait à l'origine, a dispai'u depuis longtemps. Des recherches faites à tout hasard à la partie supérieure du tumulus, recherches qui ont porté à plus de deux mètres de profondeur, ne nous ont pas donné le plus petit fragment d'inscription. Cette immense masse de terres accumulées a-t-elle eu une autre destination et rentrait- elle dans un système de défense régulier ? La question semble, dans l'état actuel des connaissances archéologiques, difficile à résoudre ; peut-être des fouilles ultérieures dans les subs- Iruclions qui bordent la grande chaussée donneront-elles la clef de l'énigme.

On sait que la loi romaine défendait les inhumations à l'inté- rieur des villes et des habitations : il existe en effet, entre les substructions précitées et noire tombe un espace de plusieurs centaines de mètres qui ne présente aucune trace de murs ; toutefois notre tombe n'est pas non plus un monument isolé d'un cimetière de celte époque, car les parcelles qui l'entourent n'ont révélé jusqu'aujourd'hui aucune autre sépulture ; il fau- drait plutôt chercher le cimetière dans la direction de Lens- Saiut-Remy, vers la chaussée de Huy à Tirlemont, dans un champ appartenant h M. Boulie, fermier à Lens, champ qui a fourni, il n'y a pas très-longtemps, un mobilier funéraire complet et, entre autres, de magnifiques amphores qu'on n'a pas pensé à conserver.

On ne peut plus distinguer aujourd'hui l'endroit (2) d'où ont

( ) On y a dc^-corabré une statuette en bronze, qui semble malheureusement avoir été égarée. 11 existe une autre villa, non encore explorée, à Ville-en Hesbaye.

( ) Celte observation peut s'appliquer en général à toutes les tombes romaines, à l'exception loulefois des deux grosses lombes du Soleil, à Kmbresin, dont la cons- truction a nécessité le creusement d'un vaste fossé, actuellement planté de taillis et encore parfaitement visible, entre elles et la chaussée de Tongres à Bavay (Voir notre rapport sur Ids fouilles exécutées dans ces deux tumulus). Faudrait-il consi- dérer celles-ci comme des lombes de défense ?

i>-2(3

été enlevées les terres qui ont servi à édifier la tombe ; car, si nous ne nous trompons, h Avenues, comme pour tous les autres tumulus rom;iins, ces terres out été prises à la même place et ont ù l'origine laisser dans le sol un enfoncement très- considérable, enfoncement qu'une période de seize ou dix-sept siècles et le passage incessant de la charrue ont fait depuis dis- paraître ; on a pu en effet, observer que les couches du sous-sol conservent leur ordre de succession ^i l'intérieur des tumulus, seulement cet ordre s'y trouve renversé, c'est-à-dire que les couches supérieures de notre sous-sol forment les couches inférieures des tombes, et réciproquement.

Il nous reste à aborder la partie la plus importante et la plus difficile de notre travail : la détermination de l'âge du tumulus d'Avenues. Certains indices et surtout différents points d'ana- logie avec les tombes déjà explorées permettent d'une manière presque certaine d'en faire remonter la construction à la fin du premier siècle ou, plus probablement encore, au commen- cement du second siècle de l'ère chrétienne.

La Boriombe de Walsbetz, outre des monnaies de Néron et de Faustine l'ancienne, a fourni une buire en bronze identique, ainsi que nous l'avons déjà dit, à celle qui a été décrite au XXV, sans parler du petit vase noir à onguents, absolument semblable au nôtre (n^X); on y a recueilli aussi, comme à Avenues, l'élégant flacon à anse mentionné au XXIII, et enfin la double paire de patères grossières (n** XI).

La tombe de Fre^^in, qui renfermait aussi cette double paire de patères et des monnaies de Domitien et d'Hadiien, a fourni de plus de nombreuses fioles lacrymatoires qui se rapportent entièrement à notre n" XXI.

La tombe Hémava a donné, avec des monnaies de Galba et de Trajan, notre coupe hémisphérique n" VI (i). Quant aux

{ ' ) Ajoutons encore que les dimensions du caveau d'Avcnnes, surtout en ce qui concerne la longueur el la largeur, sont à peu de chose près les mêmes que celles des fosses de Walsbetz, de Fresin et de Hémava.

->>7

Stries jaunes qui ornent le rebord de cette coupe, elles se sont révélées dans la villa du Hondenbosch (Limbourg) et dans le cimetière deBergh (id. ), établissements païens qu'on considère comme datant du second siècle. La même antiquité est alti'ibuée au cimetière de la Motte-le-Comte, on a mis au jour un vase semblable à notre n" X. Quant à nos douze pièces en poterie sigillée (n° XII et suiv.), le lumulus de Hémava et une des tombes de Seron ont fourni chacune un service parfaitement analogue quant aux formats et au nombre des pièces.

Des poteries rappelant les vases mentionnés aux n"' VII et VIII se sont rencontrées dans tous les tumulus et subs- truclions qu'on regarde comme datant du deuxième siècle au plus tard.

Finissons enfin par le rapprochement le plus important, celui qui nous est offert par les Bartlow-Hills (i), les mon- naies d'Hadrien sont nombreuses, et qui ont fourni des objets identiques h ceux repris aux n"' XXV, XXIII et particu- lièiement h la sella pUcatilis si cai'actéristique (n° XXXIV) d'Avenues. Or, il n'est pas contesté aujourd'hui que les sépul- tures des Bartlow-Hills datent du second siècle. Quant aux autres tumulus et villas que nous venons de citer, en les com- parant à notre tombe d'Avenues, l'examen des monnaies four- nies par ces établissements et surtout les raisonnements puis- sants apportés à l'appui de son opinion, par M. Schuermans, qui en a si habilement retracé l'histoire, tout porte à croire qu'ils remontent également au second siècle de notre ère. Nous ne croyons donc pas trop nous avancer en assignant comme antiquité un minimum de dix-sept siècles au tum.ulus d'Avennes et en faisant remonter sa construction très-probablement au commencement du second siècle de l'ère chrétienne.

Avant de signer ces lignes, nous avons un devoir de grali-

( * ) Consulter à ce sujet, pour plus amples renseignements, le Bulletin des Corn- misiiom royales d'art et d'archéolocjie, II, p. 127.

K

- 228 -

tude, devoir bien doux et bien agréable du resle, à remplir envers M. Ch. de Woot, de BriviouUe, bourgmesire de la commune de Bi-aives, qui, avec son affabilité habituelle, a facilité et liàté de tout son pouvoir la solution de nos pourpnrlers avec l'admiiiistraiion communale ; envers MM. Eugène Motiin et Gliilain, curé d'Avenues, qui nous ont puissamment aidé dans nos recherches, le premier en mettant à notre disposition les bois indispensables aux explorations de ce genre, le second en faisant transporter et en conservant soigneusement au pres- bytère les objets au fur et h mosure de leur découverte ; envers MM. Leurquin, bourgmestre, et Boulet, cultivateur, h Avenues, qui nous ont généreusement accordé l'autorisation de déposer sur leurs biens les terres extraites de la galerie ; envers M. l'abbé Kempeneers, qui est venu plusieurs fois, malgré une dis- tance de trois lieues, visiter les travaux, et dont la savante expérience nous a été d'un grand secours, principalement pour la direction h donner à la galerie ; enfin, et surtout, envers M. le Conseiller Schuermans, qui a bien voulu nous donner de précieuses indications, en mettant à notre disposition sa riche bibliothèque archéologique.

Que ces Messieurs reçoivent ici l'expression de notre vive et sincère reconnaissance.

MONNAIE GAULOISE

TROUVEE

A AVENNES.

Non loin de la tombe dite d'A.vennes, sur le territoire de la commune de Braives, M. le comte Georges de Looz, qui y dirigeait des fouilles pour 17«s///m^ archéohgique lié(jeois, trouva eu 1872, une monnaie gauloise, h droite de la grande chaussée romaine de Bavay à Tongres, en une paitie de terrain récélaiit sur une très-grande étendiie des substruclions antiques et des restes de l'époque romaine. Dans la parcelle appartenant au nommé Lesuisse, d'Avennes, se trouvait une cave : la monnaie a été trouvée k\ à 3"^00 ou 4'"00 de la chaussée, et à une l)rorondeur d'environ 0"'20 ; au-dessus, par conséquent, de la grande masse des débris romains décombres.

Comme l'a fait remarquer M. le comte Georges de Looz, dans son intéressant article sur la tombe d'Avennes, c'est à Avenues que la commission française , dite de la Carte des Gaules, place la station de Pernacum ou Perniciacum ; or, ce nom, ù désinence en acum, pourrait bien indiquer une origine gauloise.

- 230 -

h l'appui de laquell(3 on pourra, sans aucun cloute, invoquer notre monnaie.

Cette pièce, acquise par l'intermédiaire du même comte de Looz, est entrée dans les collections du Musée de V Institut archéologique de Liège.

La pièce, figurée ci-dessus h sa grandeur réelle, est en elec- trum ou alliage d'or el d'argent. Sa densité est i0,792 et son poids, 5,45 grammes.

CHARTES INEDITES

DE

L'ANCIENNE ÉGLISE COLLÉGIALE DE SAINT-PAUL,

aujourd'hui cathédrale Dr: liège

10b6-12o0.

Depuis la publication de I'essai historique sur l'église de saint-

PAUL ci-devant collégiale, AUJOURD'HUI CATHÉDRALE DE LIÈGE ('),

de nouvelles recherches nous ont fait découvrir un grand nombre de chartes originales de celte église, h partir de la (in du Xr"*" siècle jusqu'au XVII'"* inclusivement. Ces documents, au nombre de plusieurs centaines, soi)t restés inédits jusqu'à ce jour : la giaiide collection d'Aubert Le Mire n'en reproduit qu'un seul (*). Leur réunion complète permettrait peut-être de reconstituer, au moins en partie, le cartulaire de cette collé- giale, souvent cité par Daniel de Blochcm et aujourd'hui perdu (^); mais ce recueil, qui dépasserait de beaucoup les

{') Lié^c, Spée Zùlis el GrandmonlDonders , 1867, in-8, S'i t;rj)vures. Rc|)rofluil en partie chins le Uullclin de l'iiisiiim arclnolf)iji(iue tiéfjeois^[. YI et Vil. l*) Oj/ciii (lijilotnalica, t. IV, p. S^'i. (') Util auleur uicnlionno plusieurs cliarlcs nue nous n'avuns pas rtUrouviies,

23-2

limites du Bulletin, est réservé pour une publication spéciale qui paraîtra ultérieurement.

En attendant, nous offrons ici aux lecteurs quelques chartes choisies parmi les plus intéressantes el les plus anciennes jus- qu'au milieu du XIII""^ siècle. La première, qui remonte h l'an 1086, a été, il est vrai, déjà imprimée, mais d'après une copie inexacte : nous croyons devoir reproduire ici le texte original que nous avons été assez heureux de retrouver.

1086. Godescalc, doyen de Saint- Paul, fonde une messe journalière et une lampe à Vautcl de St-Jenn-Baptiste. Il fait aussi divers legs aux pauvres avec Vautorisation de Henri de Verdun, évèque de Liège.

Notiim sit omnibus hominibiis tani fiituris quam presenlibus, quod ego Godescalcus sancti Pauli serviis ob nieam meoriimqiie antecessoruin cuiic- torumque fuleliuni memoriam, statu! adaltaresanctilohannls Baptiste sin- gulls diebus missam, singulis noctibus lucernam, ita quod presbiter, predicli minister servitii habebit in premium singulis annis libram unam, et huic libre persolvende inserviet predium illud in vineto,quod ego ipse atfectavi ecclesie de nieo proprio; preterea statui singulis annis quindecim paupe- ribus quadraginta quinque solidos denariorum et quadraginta quinque niodios annone,unicuiquescilicet très solidos et lresmodios,cujus annone dimidia pars erit siligo, dimidia vero ordeum; et dabilur utrumque ipsis paupeiibus duobus terminis, scilicet in kalendis novembris et in kalendis niaii. Hanc autem summam annone, scilicet xlv niodios persolvet predium illud, quod ego adquisivi ecclesie in Willoulpont; summam vero denario- rum, scilicet XLV solidos dabit vadimonium de Kosud quoil légitime afTec- tatum est ecclesie sub testimonio idoneorum testium, pro quo ego prestiti viginii duas marcas puri argenli. Ilorum omnium lideimaniis et provisores elegi quatuor idoneos fralres : Oddonem, Ratbertum, Franc^onem, Gerva- sium : quorum aii(iuis si nature cesserituti nccesse est, communi reliquo- rum consilio subrogetur in loco del'uncti fratcr boni testimonii ad tutelam ipsius elemosine. Preterea firmiter decrevi, ut si redcmpto vadimonio supradicto reddita t'nerit |)ecunia ibi locata, illi idem fralr(\s elemosine mee tulores summo suulio allaborent.ut eandem pecuniam quamcilius possinl, sivc cmendo predium, sive accipicndo vadimonium, tulo collocent, ut

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elemosina redinlegretur. Rogo ergo te,clementissime presul, rogo immen- sam bonitatem tiiani, ut tua maiestas, tua auclorilas sit lutela et niunimen huic parve elemosine in omnibus perioulis, contra omnes violeniias, contra omnes iniurias, nec aliquomodo sinat pielas tua vel vi vel fraude aliquid hinc imminui.

Et ego,Henricus, gralia Dei Leodiensisepiscopus sub anathemate inter- dico omnibus tam futuris quam preseutibus, ne aliquis vel facto, vel consilio, vel alique nocendi modo huic elemosine adversari présumât. Huius rei testes sunt archidiaconi : Thietwinus, llerimannus, Heinricus; decani duo Wolbodo et Drogo; fratres de S. Paulo isti : Rotbertus, Wazelinus, Bovo maior, Bovo minor, Franco, Wazelinus iunior, Arnulfus, Fredericus, Wedericus, Alestanus etalii complures. Facta sunt autem hec m'"° lxxxIi" vi° anno ab incarnatione Domini, indilione viiii, régnante Ileinrico impe- ratore, Leodiensi episcopo domno Ileinrico.

Original sur vélin Le sceau en placard fixé à 2 queues de parchemin est perdu.

•1 1 1 1 . Otbert, cvcqm de Liéijc, déclare que ViujUse de Lixhe a été donnée avec toutes ses dépendances à l'église de Saint-Paul à Liège par son pré- décesseur Eracle, et n'appartient nullement à l'abbaye de Bilsen.

In nomine saiicle et individue Trinilatis. Ego Otbertus Dei gratia Leo- diensis episcopus, notum volo iieri omnibus iidelibus tam posteris quam prcscnlibus, (jualiter turltalioncni quandam cxcitalani pei'verso spiritu pi'o ecck'sia de iiacus, annucntc spiritu Dei composuerim. Sicut aucloritale scriptorum et testimonio probabilium virorum cognovimus , Domnus Everaclus beale niemorie predecessor nosler , ecclcsiam que est in Lisia cum omnil.'us appendiciis et terminis tradidit ecclesie beati Pauli, que est i:i iiisula Loudii, ad usas fratrum inibi Deo servientium. Ecclesia vero prclaie ville habel iiifra leniloiium et terminum suum in vico (jui dicilur [lacus ecclcsiam, appcndenlcni sibi et conservientem indifferenter secum ecclesie beati Pauli, in omnibus debitis. Inter que dum sa- cordos a rusticis aliquaiulo retpiirci'ct luminaria , persolvenda matri ecclesie, et indigne hoc accepissenl, suggesserunt Namucensi comiii mendacium (juod coiilinxciunt, banc ex prima tradiiione non fuisse bcaii Pauli, sed pcrtinere ad moniales Bilisie, et in vadimonio pro quadam

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pecunia dalam. Quorum cretlens coiisiliis cornes Namucensis conatus est

lutari eorum mendacium. Sed fidèles ecclesie convocavimus et ipsum

comitem convenimus, et exquisila verilate, mendaces convicimus, usque

adeo, ut cornes se fuisse seductum conliteielui', et peccati istius peiiUere.

Sed precaventes ne error Iste noslro tempore exiinctus, in fuluro redivi-

vus suscitelui", célébrantes uiissam in ecclesia beati Lantberti in die

purificaiionîs Sancte Marie su!) anatheaiate intcrdiximus, ne (luis presu-

meret amodo mendacium predictum asseiere, et per id ecclesiam Beati

Pauli iiKiuietare. Actum est hoc anno dominice incariiationis M. C. XI, in-

dictione un, régnante im-ieraluie ileinrico quarto. Huius rei adhibili sunt

lestes; clerici : Fredericus archidiaconus et preposiius ecclesie sancli

Lantberti, Ileinricus decanus eiusdem ecclesie et archidiaconus et prepo-

situs ecclesie Sancti Pauli, Andréas preposiius ecclesie sancli Pétri et

archidiaconus, Alexander cusios ecclesie sancli Lantberti et archidiaconus,

Heinricus archidiaconus, Steppo archidiaconus, Almannus archidiaconus,

Seifridus, Hillinus abbas Sancte Marie. Laici ; nobiles beneticati : Arnul-

fus cornes Lonensis et frater eius Theodericus, Willelmus Namucensis, et

frater eius Adelo, Gislebertus de Grule, Arnulfus de Eleslo.Ministeriales :

Lambertus dapiter, Warnerus pincerna, Theodericus de ponte, Winricus

de Calmont.

Original sur vélin. Le sceau en placard a disparu.

1H5. Charte de confraternité entre les chanoines de S. Paul et Tabbaye de S. Jacques. Droit de pèche accordé aux moines de celle abbaye.

In nomine sancle et individue Trinilatis.Notum sit omnibus lam futuris quam prcsentibus, quod ecclesia S. Jacobi apostoli a tempore Siephani Magni loci ipsius abbatis quinti, piscaiionem aque ab ecclesia S. Pauli subannuo censu xl solidoruni iure hereditario possidet : dalo exinde secundum consueluiUnem aliarum possessionum investilo. Hec igitur disposilioel coniventia de iure requisitionis inter eos est, quod defuncto eiusdem jtossessionis inveslito , qui in inveslitura succederet , nichil amplius quam liamam vini canonicis, et Xlldenarios decano ecclesie pro requisitione dai'et. Ut ergo raUim sii in poslerum quod coiicordia fraterne societalis est insiitutum, placuit presenlcm paginam nlrinsque ecclesie sigillo communiri, et ad i)eriienne teslimonium dispositionem communis fraternitatis (jue inicr eos viget, hic pleniler annotari. Cuius socie frater-

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nitalis seii fratcrne socielatis modus talis est. Defuncto canonico ecclesie S. Pauli, fratres ecclesie S. Jacobi signa omnia pulsabunf, officiumque tlebitum exequiariini,nisi])recii)ue sollemnitatistliesaccideiit, intègre cele- brabunt ; singuli sacerdotes missam unam pro eius requie, diaconi vero et subdiaconi quinquaginta psalmos in tricenario cantabunt. Tricenarium autem specialiter sicut iinus frairum in conventu habebit, et per anni circulnm memoria eius in communi missarum et vigiiiarum oratione erit. Ipsi quoque caiionici, defuncto fratre ecclesie sancti Jacobi, eodem modo exequias celebrabunt, vigiliasque in eadem ecclesia cuni processione venientes, singulariter cantabunt ; et per xxx dies, nisi festivitas novem lectionum occurrerit, propriam in minore niissa collectam pro eo canta- bunt. Nomen abbatis sancti Jacobi in régula ecclesie sancti Pauli asscribe- tur ; decano quoque eiusdem ecclesie in ecclesia sancti Jacobi similiterfiet. In sollemnitate et indedicatione ecclesie sancti Pauli, abbas ecclesie sancti Jacobi, si mandetur, cum quatuor monachis, etduobusservientibus, missam celebraturus ibit, refectionique fratrum, si fiât, inlererit. Si autem non mandetur, ecclesie sancti Jacobi in utraque sollemnitate duo solidi trans- mittentur. Simili modo in festivitate et in dedicatione sancti Jacobi, decanus ecclesie sancii Pauli cum quatuor canonicis, campanario quoque et claus- trario, missarum sollemnitatimandatus intererit;fratrumque refectionis in karitatc fraternitatis parliceps erit. Si autem certa necessitale impediente mandatus non fuorit, in monumentum fralerne karitatis duos solidos ecclesia sancti Jacobi, sicut gratissime accipit, eidem ecclesie dabit. Preterea si decanus sancti Pauli, quemlibet ecclesie sue clericiim vel sui iuris laicum, abbati vel alicui nionacborum ecclesie sancti Jacobi, obloqui vel derogare presumjjsisse, per se vel per alium rescierit reum, quicunquesit ille, sicut dignum fuerit, et ipse potuerit, corripiet, et cum omnimodam satisfac- tionem exliibere compcllet.Unde ecclesia sancti Jacobi talionem.ut dignum est, rependet. Porro si abbas ecclesie sancti Jacobi auxilio et consilio dccani et f;:strum ecclesie sancti Pauli, aut in sua ipsius ecclesia, aut in prescntia domini episcopi.sive in capitulo sancti Lamberti indignerit, ipsi in omnibus paratl erunt assistere,el in ipsius ac si in sua omnimodo causa laborare ; (piod etiam abbas, et reliqui fratres decano et canonicis stude- bunt impendere. Ceterum si quis ex eis habitum monachicum in ecclesia bcati Jacobi assumere voluerit, abbas et conventus eum sine qualibet diiïicultate, bénigne in fratrem et monachum récipient.

Chil'ographe sur pavcliemin. Les deux sceaax sont perdus.

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H23 à H28. Henri, prévôt, Walthère, doyen, et le chapitre de Saint- Paul font savoir que Gerbert et sa femme Heldesende, ayant été admis dans leur confraternité, fondent une messe hebdomadaire dans cette église et choisissent leur sépulture dans les châtres. A cet effet, ils leur donnent un droit de pêche dans un lieu quils ne désignent pas.

In noniine domini nostri IhesuXhristi.Hoc memoriale aiinuente et con- firmante venerabili episcopo Alberone conscriptum est. Notum igitur sit omnibus tam futuris quam presenlibus, quod Gerbertus cum uxore sua Heldesende, ad consequendam animarum suarum salutem de beali Pauli apost(tli intercessione, oonlidcnter accensi, fraternitatem nostram et oratio- num sufTragia expeliverunf, et conseculi sunt. Propter quod de proprietate sua piscaluramtemporenecessitatisinvademonio positam,ad ususfratrum quindecira Hbris redemerunt : ea videlicet ratione interposita, ut singulis ebdomadibus in die martis nisi auctoritate sollempni prohibente.missa ad altare sancti Pauli pro fidelibus defunctis celebretur. Preterea eliam post obitum eorum, in claustro nostro ut contraires recepti, honorifice sepe- liantur, et perpétua slabilitate in utriusque anniversario de eodeni reditu xxx'« denarii solvantur. Huius rei testes sunt : Heinricus noster preposi- tus, Walcherus decanus, Martinus, Liettridus, Azo, Wedericus, Goscelo, Godescalcus, Gislebcrlus, Walterus, Johannes, Lantbertus, Fredericus et

totus fere conventus.

Original sur parchemin. Le sceau en placard est perdu.

HôO. Dédicace de l'église de Weerdt fixée au jour de la fêle de Saint- Laurenl. Privilèges accordés à celte église par Godefroid I, duc de Brabant.

In nomine patris et filii et spirilus sancii. Jus et constitulio el census

ecclesiarum si non {Le reste de la ligne est détruit, le parchemin est

rongé). . . . inposteris dubietates el vacillationes sepissime exoriunlur.

Quapropter {Lacune du parchemin) scrlpto

mandare curavimus, et sigillo nobilis ducis Godefridi sollicite et

\imus. Fuit enim in predcccssorum temporo ecclesia de

Werde in l'esto béate Marie dedicaiio ad tempus anniialim

festive celebrata. Post heccrgo vivente Godefrido . . . . persone eiusdem ecclesie ipsum altare ecclesie dedicatum, visum est a suo loco intègre

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posse reraoveri, et ad aptiorem lociim dictantibus cementariis intègre posse reponi. Que dum quadam die sollicite elaborarenlur, eadem die laboi" eorum adnichillatusest : qiiia iiilei- manuseoi'um ipsum altarepeiiitus ex toto confracluni est. Tiiiic conturbati maxime dux Godefi'idus et sacerdos ecclesie super hoc ab episcopo et prelalis Leodiensis ecclesie saiium consilium liumiliter expetivere. llis ita iiUellectis, iustituerunt eaiidem ecclesiara a principio deberededicari, et diem eiusdem dedicationis annua- tim sollempniter celebrari. Ecce adiuvaiite duce Godefrido eadem ccclesia in festo sancti Laurentii a domino Symone. . . . episcopo est rededicata, et dies dedicationis sollempniter singulis annls hactenus observata. Ipse

autem nobilis dux, ex hoc tempore et amplius manentes

arium ecclesie liberaliter manu misit, et censum eorum et omnia iura eorum eidem ecclesie similiter ooniiilit, exceptis tribus scilicet : de pugna sanguinolenta, de furibus, de falsn melreta ; nec etiam post obitum ibidem manentium uliam divisionom pecunie debere fieri. Jlansum qiioque iacentem iuxta fontem Galle ad censum duorum solidorum et omnia iura eiusdem mansus, et omnem decimam de suo propiio scilicet de lerra

sartata et non sartata, de et non cultis, eidem ecclesie attribuil :

et hanc elemosinam sub lîdelibus adnominatis tistibus fideliter

sanccivere. Actum est autem m", c". xxx" anno ab incarnatione domini sub tempore domini Alberonis iunioris Leodiensis episcopi cuius excom- municatione etiam est auctorabililer stabilitum. Hii sunt testes : decani Giselberlus, Herleboldus. De familia duois, Franco pincerna, Ileresco

camerarius, Gerardus de Neten et fraler suus,

Boneman. Sinodales : Kodolfus, Balduinus, Meinzo, Renerus claustrarius, et tideles viri.

Original en parchemin fort détérioré. Une double queuo de parchemin sans sceaux.

1153. Heurt de Lcyen, évêque de LkUjc, confirme différents dons faits à la chapelle de Saint-Martin-en-Ilc par Adelard, doyen de Saint-Paul, avec le consentement de Rainier, prévôt de cette collégiale.

In nomine sancte et individue Trinitatis. Amen. Fideli voto fidèle con- gruitauxilium, et studium bone voluntatis, sepe quemmcretur habereeffec- tum. Huius rei gralia, ego llenricus humilis minister Leodiensis ecclesie,

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Adelardo ecclesie sancli Pauli decano piam adiiibui voluntalem, in opus karilatis,ob memoriale piiimspe sa!utis,ethuius elemosinepatrocinio.sibi suisque profuîurum. Sic autem est. Capella sancti Martinique in lerritorio ost beati Panli in Insnia, singiilis annis xx^' solidos in usus fialrun) ecclesie sancti Pauli priiis solvebat, et iure obedientiali ad donuni prepositi eiusdem ecclesie perlinebat. Cnius oblata oporlunitate, qua Deo votum reddere, fiater Adeiardiis a Rainero preposito j^ratiam hanc consecutus est, ut eam in usus fratrum nostro assensu daret, sola presenti investitura, nec postmodum neganda,a manu ipsius prepositi, suorumque successorum libcram in posteruni et solutam. Factunique est ita, talique ralione Rai- nerus prepositus ecclesiam investivit, et présente ecclesia, adaitare sancti Pauli elemosinam libéra traditione alîectavit. Sed in re fidelius habet sludium sollicitudinis, quem beneflcio delectat amor pie devotionis ; con- siderata vero reditus facullate, idem Adelardus omnium fratrum assensu capcllam retinuit, ea scilicet ratione, ut cum veteri reditu ipsius capelle, xx" scilicet solidorum, alios xxx'" solidos, et dimidiam libram cere, et duos denarios superadderet, quos singulis annis in usus fratrum tempore sic statuto solveret. In festo sancti Martini quod in albis vestibus sollemp- niter celebrabitur, x solidos in refeclorioet vu candelas in ferro anle altare sancti Pauli. In nativitate sancle Marie x solidos in refectorio. In trans- latione sancti Martini v solidos in refectorio. In anniversario suo v solidos in refectorio, et duas candelas, et duos denarios ad campanas. Cuius elemosine summa est xxx''' solidi et duo denarii, et dimidia libra cere. De cetero quidem, lam in successione personarum quam reditus babundantia sine predicti detrimento iuris, post obilum ipsius Adelardi, libéra fratrum dispensatio providebit. Sicque factum est pro sainte nostra ipsiusque Adelardi, et suorum, domnique prepositi, qui hoc ei nobiscum contulit beneficium. Ad quod roborandum, nostrique assensus indicium, sigilli nostri hanc cartam munimus auctoritate. Quod quicumque viola- verit, sit anathema, maranalha, id est pereat in secundo adventu Domini. Iluius rei lestes sunt ; archidiaconi sancti Lantberli, Elbertus archidiaco- nus, Amalricus arcbidiaconus, Balduinus arcbidiaconus, Bruno archidia- conus, Ilubertus docanus; caiionici : Joliannes, Guido, Guazo, Henricus, .lohannes, Henricus, Amalricus, Jobannes dccanus sancti Pelri,Lantberlus decanus deSanctaCruce,Gosceliniis decanus sancti JohannisEwangelisIe, Otto decanus sancli Dyonisii, Petrus decanus sancli Bai tliolomci. Abbales : Seyherus abbas Treverensis sancti Maximini, Sfephanus ;ibbas sancli

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lacobi, Guazelinus abbas sancti Lanrenlii, Lucas abbas de Cornelio Monte. Laici : Eustachiusadvocatus, Gerardus de Baconweiz, Baldiiinus de Tongris : Giiedericus de Prato et Lantbertus et Teodeiicus filii eius. Acta surit bec anno ab incarnatione Domiiii M°. L°. 111°, indictione prima, Frederico Romanoriini rege primo anno regni sui régnante.

Original sur vélin. Le sceau, qui pendait à une queue de parctiemin, est perdu.

H65. RL'uk'r, prévôt, Henri, doijcn, et le chapitre de Saint-Paul décla- rent que Véglise de Pousset est soumise à celle de Laminne, et fixent les redevances qu'elle doit payer à cette dernière.

In nomine sancte et individue Trinitatis.R(enerus) ecclesie Sancti Pauli prepositus, H(enricus) decanus, totusqueejusdem loci conventus tam pre- sentibusin Christo fidelibiis quam futuris in posterum. Circa cultum Dei solliciludinem ex affeclu gerenlibus visum est congruum et decens pias devotiones quorumlibet fidelium, intacto iure alterius, quantum licet aug- raentare et ad efTectum equo tramite producere. Gratia itaque sancli spiritus preeunte parochiam de Puci ex propriis facultalibus sacerdotalem prebendam componentes, unde presbiter inter ipsos stationarius et sibi deputatus necessaria stipendia colligeret, mentis sue archanum nobis ostendcrunl : rogantes ut presbiterum ab obedientiario de Lamines inves- liendum et per successionem ecclesie de Puci concederemus, ita tanien quod ipsaecclesia infra termines et de terminisparochie de Lamines exis- tens, tanqiiam filia mairi sue ecclesie de Lamines filiales consuetudines, in baptismale, in crucibus, in synode et in luminaribus exiberet. Eapropter sub hoc detern?in;ilione eos exaudivimusut integritas consuetudinisomni- moda servaretur, et dignitas ecclesie de Lamines in aliqua parte non lede- retur. Preterea sacerdos de Puci hoc debiti iure lenebitur erga obedien- tiarium de Lamines, ut singuiis recurrentibus annis in Nalali Domini pro oblatis II denarios, n capones, lotidemque panes quales ex oblationibus altaris sue obvenerint portioni persolvatei ; insuper et eodem tempore ei X denarios, in Pascha v, in Pentecôte v sit redditurus. Quod ne a fragili memoriadiuturni lemporis deleVet interpositio, sigilli nostri impressione presentis rei teslimonium ad posteroriim notiîiain utile duximus traducen- dum. Hoc igjtur lactum est anno incarnati verbi M". C°. LX". III". Gui rei

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conflrmande interfuerunt presbiteri . Hugo caulor, Godefridus, Henricus. Diaconi : Gislebertus, Johannes, Henricus, Fredericus.

Chirographe sur vélin. Fragment considérable d'un sceau en cire verte dont l'inscription est perdue, pendu à deux cordons de soie tressée, ronge, blanche et verte.

H69. Reynier, prévôt, die chapitre de Saint-Paul exemptent les frères qui vivent à Chastres, près de Lixhe, de la dime sur les animaux nourris dans réte}idue d'un bonnier autour de cette chapelle. Ils ne payeront que 6 deniers par an à la Nativité de S. Jean.

Ne per annorum successionem delealur aut oblivioni corrumpatur quod ego Reynerus, ecclesie sancti Pauli prepositus, consenliente fralrum capitulo, concessi ecclesie de Chastre, que sita est in terminis domina- lionis de Lexhe, presenli pagina memorie mandavi. Laboranlibus ipsis inopia congregalionibus subveniendum est. Inde est, quod fratribus pre- dicti loci in perpetuum concedimus et stabili jure firmamus, ul de animali- bus, que circa oratorium de Chastres alentur infra bonuariuni unum, nullam decimam solvant nisi V( denarios singulis annis in nativilale beati Joannis Baptiste. Quia vero predicta celia de Chastre ad ecclesiam beati Joannis Baptiste, que sita est Hoy spectat, dignum duximus ad confirman- dam chaiitatem, predicte maioris ecclesie societatem siiscipere atque nos- trani conlerre : ut illa nostram, et nos invicem illius memoriam habeamus in orationibus nostris etconvenii'nterdefunciorumexequiascelebrabimus. Hec autem gesta sunt anno ab Incarnatione Domini niillesimo centesimo sexagesimo nono, indiclione secunda, régnante Frederico imperalore, Kodulpho ad pontificalum clecto. Annuente et altestante Henrico, ecclesie sancli Pauli decano, Frederico magistro scolarum, Hugone cantore, Otlone, ceterisque fratribus.

Ms. de l'Université de Liège, n" M 8, p. 72.

1178. Rodolphe de Zaerinfjhen, évèque de Liéqe, fait savoir que Otton, chanoine de Saint- Paul, a cédé le preshijtérat de F église de Lixhe au cha- pitre de la dite collégiale, à charge de célébrer son anniversaire.

Innomine sancle et individaeTrinitatis, amen. Quia rcs ecclesie que voia suntfidelium, precia peccatorum,patrociniapauperum tueri et conimunire

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pium est, et quoniam non solum ipsi benefacere, sed etiani aliorum bene- facta laudare, et in luoem propalave debemus, eapropter ego Rodulphus, Dei gratia sancte Leodiensis ecclesie humilis minister, notum esse volo omnibus Christi fideiibiis.tam futurisquam presentibus,quod Otto ecclesie sanctiPauli canonicus, et de presbiteralu ecclesie deLizia investitus, visi- tatione sancti spiritus excitatus, presbiteratum hune in manus Rodulphi archydiaconi, et ecclesie beati Pauli prepositi, ad usus fratrum suorum resignaverit; et quod idem Rodulphus prepositus ad cuius donum de iure prepositure ecclesia illa pertinebat, et in cuius archydiaconatu erat, pres- biteratum hune uiilem et redituosum in usus fratrum cotidianorum, et aug- mentum prebendarum, ob salutem et annuam commemorationem anime sue nostro assensu ecclesie beati Pauli dederit, et a dono prepositi in perpe- luum liberum absolvent, ad uberioremque cautelam Heinricum decanum nomine ecclesie inveslicrit ; sollemniterque et canonice in facie totius concilii de Viseith legitimos et consuetudinarios bannos super hoc pres- bileratu ei nomine fratrum ecclesie sancti Pauli fecerit. Ne autem levis scrupulus occasionis hanc verilatem et legitimam traditionem in poslerum lurbaret, communi tam predicti archydiaconi quam personarum nostrarum consilio slatuimus : ut salva archidiaconi canonica reverentia, salvisque obsoniis, et his que canonice debentur episcopo, archydiacono, decano et consilio, de cetero emolumentorum, redituum pi edicti presbiteratus libéra fratrum deliberaiio et dispensatio provideat, et quicumque decanus in ecclesia sancti Pauli successerit, curam huius presbyteratus a manu archydiaconi omni remola occasione et conlradictione suscipiat ; sicque libero et communi assensu capituli sepius nominatum presbiteratum cuilibel fratrum in obedienliam, vti si ratio dictaverii in providentiam ad usus fratrum et augmenlum rcfectorii dct. Ad corroborandum itaque hoc slatulum ul stabile et inconvulsum in perpetuum permaneret, presentem paginam episcopali aucloritate cl imaginis nostre improssione ut nostri assensus sil indicium munivimus, et adversus omnem calumniam sigillo predicti archydiaconi et prepositi communiri lecimus, attestationemque pro- babilium personarum, archydiaconorum et fratrum concilii de Yiseilh istud cunlirmnvimus. De archydiaconis et personis civiiatis tesles hi sunt : Heinricus maioris ecclesie prepositus et archydiaconus, Balduinus archy- diaconus, lîruno archydiaconus, Rodulphus archydiaconus et custos,Theo- dericuo archydiaconus, Alberlus archydiaconus, Otto archydiaconus, Hein- ricus abbas ecclesie sancte Marie et ec(;lesie sancti Pauli decanus ,

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Franco ecclesie saiicti Pétri decanus, Arnulphus ecclesie sancti Martini decaiius, Glslebertiis ecclesie sancte Crucis decanus, Benedictiis ecclesie sancti Joliannis decanus, Otto ecclesie sancti Dionisii decanus ; Frede- ricus ecclesie sancti Bartholomei decanus. De fratribus concilii testes hi sunl : Thomas ipsius concilii decanus, Wereiiberlus Aquensis magister ; Wedericus de Ruttines, Magister Gislebertus de Meilent ; Magister Asce- linus de Schines, Theodericus de Bonlei , Johannes de Messau, Rober- tus de Mortiers, Renerus de Genefîîa, Wedericus de Cimale, Magister Berengerus de Oire, Roberlus de Hers, Nicolaus de Sancto Remigio. Facta sunt hec autem anno dominice incarnalionis M". C°. septuagesimo VIII°, Indictione undecima, imperante Frederico semper Augusto. Anno vero nostri episcopatus decimo.

Original sur vélin. Les deux sceaux pendant à des queues de parclie- min sont perdus.

Entre 1178 et 1185, le 12 mars. Le pcipe Alexandre III prend soas sa protection l'église de Saint-Paul et toutes ses possessions, spécialement celles qui lui ont été confirmées par le pape Eugène III et le presbytérat de V église de Lize [Lixhe).

Alexander episcopus servus servorum Dei, dileclis tiliis lîod (uifo) preposito, Hen (rico) decano et canonicis ecclesie sancti Pauli, salutem etapostolicambenedictionem. Cum nobis providentia superne dispositio- nis immineat, de universis Dei ecclesiis sollicitudinem gerere, si quando postulatur a nobis quod ad earum profectum pertineat et tulelam, peten- tium desideriis nos convenit clementer annuere, et tam benignum eflec- tum quam facilem indulgere. Eapropter dilecti in Domino filii, vestris iustis postulafionibus gratum impertientes assensuni, ecdesiam vestram cum omnibus bonis et possessionibus suis quas impresenliarum rationa- biiiler possidet, aut in fiiturum iiistis modis prestanic Domino poterit adipisci, sub beati Pétri et nostra prolectione suscipimus, et presentis scripti patrocinio communimus ; specialiter autem omnes possessiones illas quas sancte recordationis predecessor noster Eugenius papa suo vobis priviiegio conlirmavit, et preshitcratum ecclesie de Lizia quam Otto eiusdem ecclesie caiionicus per manus Rodniti prepositi et archi- diaconi, et RoduKi Lcodiensis episcopi, fratribus ad augmentum prebenda-

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lum (ledit cum perlinenliis suis, sicut eandem ecclesiam et possessiones rationabiiiter tenere noscimiiii, vobis et nionasterio vestro auctoritate apostolica confirmamiis. Statuentes ut nulli omnino hominumliceat hane paginam nostre protectiouis et confinnationis infringere vel eiausu icme- rario contraire. Si quis aulem attemptarc piesumpserit, indignationem omnipotentis Dei et bealorum Pétri et Pauli apostolorum eius se noverit incursurum. Aclum Laterani IIII" Idus Martii.

Original sur vélin.

H8 1 à H85. I novembre. Le pape Lucius III confirme à l'église de S. Paul le presbytérat des églises de Lumlnes, de Waremme, de Lixhe et de Houtain, ainsi que l'offrande faite pour le réfectoire par Henri, chanoine de cette collégiale.

Lucius episcopus servus servoruni Dei, dilectis filiis preposito, decano et canonicis ecclesie sancti Pauli, saluteni et apostulicam benedictionem. Jusiis petentium desideriis dignuni est nos facilcni prcbere consensum, et vota que a ralionis tiamile non discordant, effeclu prosequente complere. Eapropter dilecti in domino filii, vestris iustis postulationibus grato concurrentes assensu, presbiteria de Laminnes, de Wareme, de Lisia et de Hauton, et elemosinam quam Henricus concanonicus vesler refectorio vestro ralionabiliter assignavit, sicut ea iuste et pacifiée possidetis, vobis et ecclesie vestre auctoriiate apostolica confirniamus et preseniis scripti patrocinio communimus. Nulli ergo omnino hominum liceat hanc paginam noslre confirmationis infringere, vel ei ausu temerario contraire. Si quis autem hoc attenlare presumpserit, indignationem omnipotentis Dei et beatorum Pétri et Pauli apostolorum eius se noverit incursurum. Datum Vérone Kalendas novembris.

Original sur vélin. Sceau perdu.

H 82. Rodolphe de Zaeringhen, évéque de Liège, fait savoir que Henri, doyen de Saint-Paul, cède le patronage de Véglisc de Lamines à cette col- légiale pour !i fonder son anniversaire et il confirme cette donation.

In nomine sancte et individue Trinitatis, amen, Quia res ecclesie que votasuntfldelium,pretiapeccalorum,patrociniapauperum tueri et commu-

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Dire pium est, et quoniam non solum ipsi benefacere sed etiam aliorum l)ona facta laiulare et in lucem propalare debemiis,eaproplei' egoRoduIphiis, Dei gratia Leodiensiuni episcopus, noluni esse volo omnibus Cristi fideli- bus, tam fuluris quam presenlibus, quod Heini iciis ecclesia sancli Pauli decanus, de Laminis obedienliarius et de presbiteratii ecclesie eiusdem ville investitus, visilatione sanc ti spiritus excitatus, presbiteratum banc ob salutem et annuam anime sue commemorationeni, ecclesie sancti Pauli super altare ipsius ad usus fratrum et augmenlum prebendarum, tam nostro quam Rodulphi archydiaconi eiusdem ecclesie prepositi, favorabili et benevolo consensu in perpetuum possidendumdederit, et curam anima- rum et custodiam reliquiarum in manus Bertlioldi archydiaconi in capilulo sancti Pauli coiam fratibus eiusdem ecclesie sollemniter ac dévote resi- gnaverit. Bertholdus vero archydiaconus peiitione fralrum, Johannem Album eiusdem ecclesie canonicum de hoc presbiieratu nomine ecclesie inveslivil,et in facie loiius concilii de Ilosenmont legitimos et consueludi- narios bannos ei super hoc presbiieratu, nomine fratrum ecclesie sancli Pauli, sollemniter fieri fecil. Sed ne levis scrupulus occasionis banc veri- tatem etlegitimam traditionem in posterum turbarel, commun! personarum noslrarum consilio siatuimus : ut salva archydiaconi canonica reverentia, salvisque obsoniis, et bis que canonice debentur episcopo, aichydiacono, post obitum prenominali decani fructus predicti presbileratus libéra fra- trum deliberatio etdispensatio ad commodum suum provideat:et cum fra- terJohanneshuius ecclesie investitus decesserit, aliquis fratrum commun! consensu capituli, nomine ecclesie curam sepe nominal! presbileratus ab archydiacono requisitam sine omni contradictione suscipiat. Ad contir- mandum igitur hoc slatutum, ut stabile et inconvulsum in perpetuum per- maneret, presentem paginam ad uberiorem cautelam auctoritate episco- pal! et sigilli nostr! impressione ut nostri assensus sit indicium munivi- mus, et adversus omnem calumniam sigillo tam Rodulphi prepositi quam Bertholdi archydiaconi communiri fecimus, atlestationesque archydiaco- norum et probabilium personarum adhibuimus. Quarum nomina bec sunl: Alberlus maioris ecclesie prepositus et archydiaconus, Balduinus archy- diaconus, Rodulphus archydiaconus et ecclesie sancti Pauli prepositus, Theodericus archydiaconus, Otto archydiaconus, Alberlus archydiaconus, Bertholdus archydiaconus, Heinricus abbas ecclesie sancte Marie et eccle- sie sancti Pauli decanus, Hugo abbas ecclesie sancti Jacobi, Everelmus abbas ecclesie sancti Laurent!!, Lucas abbas ecclesie sanclorum apostolo-

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rum, Bruno abbas ecclcsie sancti Egidii, Johannes ccclesie sancli Pétri (lecanus, Arnulphiis ecclesie sancli Martini dccanus, Gislcbertus ecciesie sancte Criicis dccanus, Benedictus ecclesie sancti Jolianiiis decanus, Otto ecclesie sancli Dyonisii decanus, Fredericus ecclesie sancti Barlholomei decanus. De fratribus concilii de Hosennionl lestes bii sunt : Heinricus decanus, Petrus investilus ccclesie de Momalia, Fredericus ecciesie de Doncere investilus, Léo ecclesie de Holong invesiilus, Wenricus ecclesie de Ilosenmonl investilus, Johannes ecclesie deVcllenes investilus, Heinri- cus ecclesie de Bodengeies investilus et alii plures. Fada sunl aulem bec anno dominice incarnationis M°, C°. LXXX". II. indiclione quinla décima, papanle Lucio, imperante Fredcrico Romanorum imperatore seniper 7U1- gusto, anno autem episcopatus nostri XV'"".

Original sur vélin. Trois cordons de fils blancs dont les sceaux sont perdus.

■1184 ou 1185. 1"' novembre. Le pnpc Luciufi Ul confirme au cliapilre de Saint-Paul le pveshijtéral des églises de Laminne, de Waremme, de Lize [Lixhe) cl de Ilaulon (Ilotton).

Lucius episcopus servus servorum Dei, dilcctis filiis preposito, decano et canonîcis ecclesie Sancti Pauli, salutem et aposlolicam benedictionem. Justis pelenlium. desideriis dignum esl nos facileni prcbcre consensum, et vota que a ralionis tramile non discordant efï'ectu prosequente compicre. Eapropter dilecti in Domino filii, veslris justis postulalionibus gralo con- currentes assensu, prcsbiteria de Lamines, de ^Yarreme, de Lisia et de Ilaulon et elcmosynara quam Ilenricus concanonicus vester refeclorio vestro ralionabiliter assignavit, sicut ea iusle et pacifiée possidctis, vobis et ecclesie vostre auctoritate apostolica oonfirmamus el presenlis scripli patrocinio communimus. Nulli ergo omnino bominum liceat banc pnginam nostre confirmalionis infringere vel ei ausu temerario contraire. Si quis autem boc allenlare presumpserit, ir.dignaliunem omnipolenlis Dei et beatorum Pelri et Pauli apostolorum eius se novcrit incuisurum. Dalum Vérone kalendis novembris.

Original sur vélin. Sceau perdu.

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H85. Pierre, prévôt, Ebaîus, doyen, et le chapitre deSnint-Paul cèdent à Vabbaye de Flônc, près de Huy, leurs droits sur Vé(jlise et les dîmes de Hermallc-soîis-Huy, à certaines conditions ( ').

In nomine sancte et individue trinitatis. Ego Pelrus ecclesie sancti Pauli preposiliis, Ebahis decanus, totusque eiiisdem ecclesie conventus, noturn fieri voluraus omnibus Christi fidelibus tam fuluris quani presenli- bus veritateni diligentibus, quia in hoc cuni Theoderico abbale Flonensis ecclesie, cum Tliiebaldo priore, el cum omnibus aliis fratribus Flonensis ecclesie commun! consilio utriusque ecclesie convenerimus, quod pro- prietariam possessionem nostrani in ccclesia et in villa de Harmala, cum omni integritate et plenitudine decimaium que nostri iuris sunt, et ab antiquo fuerunt,et cum omnibus appendiciis cultis et incultis,in pactuni, usum fructum, et in obedientiam hereditariam pro viginli duobus solidis et sex denariis annualim solvendis, in perpetuum predicto Theoderico abbati Floncnsi, ejusque successoribus abbatibus Flonensis ecclesie, légitime dederimus, et de medietatepresbiterii temporallum inveslituram, non tanlum personaliter, sed sic ecclesie Flonensi perpelualiter, ut sin- gulis abbatibus, in ecclesia Flonensi succedenlibus, hec investitura cum obedientia renovetur concesserimus, bis interpositis conditionibus. De- cedente abbate Flonensis ecclesie hic qui succedet abbas, capitulo ecclesie Sancti Pauli se representabit, et prepositus ecclesie Sancti Pauli libère et absque omni exactione in capitulo ecclesie Sancti Pauli in presentia fratrumdonum ecclesie el obedientie de Harmala dabit ei : et ad confirma- tioncm sui doni, ipse abbas Flonensis dabit fratribus ecclesie Sancti Pauli hamam solummodo vini ; et sic liberam potestalera habebit sacerdotem constitut'/v, et omne commodum suum, salvo iure et possessione ecclesie Sancti Pauli, in predicta obedientia facere, et ad utilitatem suam disponere. Sic tamen, ut de paclo viginti duorum solidorum et sex denariorum medietatem in festivitate omnium Sanctorum, undecim scilicet solidos et 1res denarios, et reliquam medietatem dominica/Hî'oa/^'// me, omni remota occasione solvat, et sic obedientiam suam libère et quiète possideat. Sod nos et successores nostri canonici erga abbatem et successores eius si tempestas vel causa légitima interciderit, quod absil, ea lege

(*) Nous avons cru devoir reproduire cette cimrte en indiquant pnr des lettres italiques les différences existant entre l'original et le texte publié par Le Mire.

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utemur, qua utimur in simili discrimine erga alios obedientiarios nostros. Ut igitur quod rationabiliter factum est, ratum et stabile in perpetuum ;>ermaneat, presentem paginam tam nostre ecciesie sygillo quam Flonensis ecclesie communivimus : et adversus omnem calumniam attestaliones archydiaconorum, abbatuni et probabilium personarum adhibuimus. De archydiaconis testes sunt : Albertus archydiaconus, Bcrtholdm archydia- conus et custos, Everardus archydiaconus. De abbatibus testes et fidejus- sores sunl: Everelmus abbas ecclesie Sancti Laurentii, Bruno abbas eccle- sie Sancti Egidii, Gerardus abbas ecclesie Cornelii mentis. De fratribus ecclesie Sancti Pauli testes sunt : Arnulfus, Heinricus, Azo, Fredericus, Jonas magister et custos, Rodulphus, Johannes, Petrus camerarius, Otto cellerarius. De fratribus Flonensis ecclesie : Thiebaldus prior , Aiulfus, Thomas, Fulberlus, Lambertus, Heinricus, Uenerus. De fratribus concilii testes sunt : Franco de Mandaule, Wescelinus de Bossor, Johannes de Verseaz. Facta sunt autem bec anno doniinice incarnationis M°. C\ octogesimo quinto, indiclione tertia, papante Lucio, Frederico Romano- rum imperatore semper augusto, et Rodulfo Leodiensium episcopo.

Chirographe original sur velin; les deux sceaux pendant à des queues de fil blanc sont enlevés. Opéra diplomalica, IV, 522.

1189. Pierre, prévôt, Ebahis, doyen, et le cluqnlre de Saint-Paul font savoir que Ode, surnommée Pagana, veuve de Roger, ayant laissé certains biens à Ode, sa parente, cette dernière et Radulphe, chanoine de Saint- Paul, donnent ces biens à cette collégiale. Le chapitre, de son côté, en cède Vusufruit à Vune et à Vautre sous certaines conditions spécifiées dans la charte.

In nomine sancte et individue Trinitatis amen. Ego Petrus dei gratia ecclesie sancti Pauli propositus, Ebalus decanus, totusque eiusdem ecclesie conventus, notum fieri volumus omnibus tam futuris quam presenlibus vciitatom diligentibus, quod Uda vidua cognomine Pagana, uxor Rogeri defuncii, Udam cognatam suam, gradu consanguinitatis sibi proximam, cuiusdam hereditatis sue quam longo tempore vite sue tenuerat, heredem sibi iure propinquilatis instituit, cl cum adhuc viveret, de hac hereditate eam invesliri légitime fecit. Cum hanc itaque hereditatem Radulphus ecclesie nostre canoniciis, et predicta Uda Icgilime, quiele et sine ca-

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lumnia hereditario iure teiierent, Deum heredem liuius sue possessiuncule, et beatum aposlolum palronum simm pro salute animarum suanim facere proposuerunt, ef pie devotionis sue affectum, ordine deblto ad effectum perduxerunt. Predictani enim hereditalem, diniidiuni scilicet niansum ferc noveni bonuaria, in terrilorio Vineti continenlem, ecclesieque sancti Lamberti censiim solventem, et sex bonuaria terre eustodi ecclesie sancti Pctri censum solventia, per manum Theoderici advocati, adhibitis sol- lemnitatibus que in huiusmodi traditionibus lieri soient, ad altare Sancti Pauli optulerunt , et prediclum dimidium mansum divisim in manus villlci ecclesie sancti Lamberti de Vineto, presentibus scabinis et paribus cnrtis, et sex bonuaria in manus custodis ecclesie sancti Pétri, ad quem ccnsus et investitura horum sex bonuariorum spectat, ad usus fratrum ecclesie sancti Pauli resignaverunt, et sic banc hereditatem resignalam, iure consuetudinariû sollemniter exfeslucaverunt. Nos vero unum de fide- libus nostris Roberlum videlicet Chavvel, nomlne ecclesie sancti Pauli, de bac hereditate investiendum produximus, ordineque debito, et iudicio parum terre ea conditione et tenore quo predicti heredes eoruraque pre- decessores banc terram possederanl, eum légitime de bac hereditate investir! fecimus. Sed fratres ecclesie nostre benellcio predicti Radulphi et Ude non ingrati, quatuordecim marcas de communi argento suo quod babebanteis prestiterunt, et insuper eis et predicte Ude Pagane que buic tradilioiii favorabilem assensum prebuerat , usumlVuclum huius terre toto tempore vite sue communi concessu concesserunt, ca conditione et firma stabilitionc, ut ipsi ccrlis et statutis temporibus nostro investito Roberto Cha\vel,debitum censum huius hereditatis obedientiario vel villico ecclesie sancti Lamberti et custodi ecclesie sancti Pétri annuatim nominc ecclesie nostre solvendum solverent, et preterea in argumentum huius traditionis quindecim solidos ad augmentum refectorii, quinque scilicet solidos in Pascha, quinque solidos in Pentecoslen et quinque solidos in natale l)omini,omni postposita occasione singulis annis darent, quamdlu usumfructum huius terre tenere Yellent. Pi'eterea Ude iuniori communi consensu capituli nostri indulsimus, ut si eam post obitum fralris nostri Radulphi vivere conLigerit, ipsa toto tempore vite suc mansionem dau- stralis domus Radulphi optineat ; et si légitima nécessitas, et manifesta inopia cani, (luod absil, coegerit predictam domum canonico vendere, sed tamen non sine licenlia capituli eiliceat. Sin autem post deccssum istorum irium, Radulphi scilicet et vlriusque Ude, libéra fratrum deliberatio et

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dispensatio, tam de claustral! domo isla quam de terra prediota, ad commoduni fratrum colidianorura sibi et ecclesie sue inposterum provi- deat; et quod consultius et ulilius ecclesie visum fuerit, de his faciat. Et quia verba hominnm transeunt , et ex revolutione teinporis mortalis infirmitas rerum gestarum oblivionem patitur, idcirco rem gestam presenti pagina conscripsimus, et adversiis oninem calumniam sigilli nostri impressione, testiumque subscriptione communivimus. Testes hii sunt : Johannes de Colonia obedientiarius ecclesie sancti Lamberti de Vineto , Lambertus de Ihsse ecclesie sancti Pétri thesaurarius, Garnerus eiusdem ecclesie magisler et cantor; Theodericus de Bouler eiusdem ecclesie cano- nicus, Galterus investitus de ecclesia sancti Servatii. De fratribus ecclesie sancti Pauli : Arnulphus sacerdos, Heinricus sacerdos, Azo diaconus, Fredericus diaconus, Jonas magisler et custos eiusdem ecclesie, Johannes Albus. De laicis : Theodericus advccalus, Conradus Bonin, Hillinus filius Norardi et fllii eiusdem Hiliini ; Theodericus, Gerardus, Nicholaus, Bene- dictus villicus de Yineto, Alardus scabinus, Garnerus scabinus, Liebertus scabinus. De ministris ecclesie sancti Pauli : Gezo villicus, Warnerus cocus, Robertus Chawel et alii i)lures. Facta sunt autem hec anno verbi incarnati M°. G". LXXX°. VIIIF, indiclione VI% Frederico Romanorura imperatore semper augusto, et Rodulpho Leodiensium episcopo.

Chirographc sur vélin. Sceau enlevé.

1193. Brnuou de Seijne, archevêque de Cologne, [ireud sous sa proteclion les membres du chapitre de Saint-Paul et les biens âe cette église, entre autres lepresbijtéral et F église de Taurines et de Wcert , de Saint-Georges, de Vellencs ( Velaiiie), etc.

In nomine sancte et individue Trinitatis. Bruno sanctc Goloniensis ecclesie archiepiscopus tam fuluris quam prcsentibus in pcrpetuuni. Girca cultum Dci studium et diligentiam nostram adjutere posili, niinistros eius studioseetdiligenter honoris gradu, pacis tranquillitate, et repensione merccdis extolllnuis, ut eoruin devotio conservetur, habeatque unde inciletur ad melius. Eapropter ecclesie bcati Pauli apostoli in Leodio devotionem atlendentes, bona eius et personas sub nostra protcctionc susci- pientes, presbiteratum et ecclesiam de Tornines et de Werde, presbiteratum et ecclesiam de S. Georgio et Vellenes, cum ceteris appendiciis suis,

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vineam in vinetoLeodii,bona deHanzon et Villari, bona de Flostul.bona de Lavoir, et ecclesiam eius cum presbiteratu, omnesque redditus ad cotidianos usus refectorii assignâtes fratribus predicte ecclesie S. Pauli pondus diei et estus ibi portantibus in usus cotidianos refectorii aucloritate principis apostolorum et nostra confirmamus, et ne bec necessaria dis- pensalio importunitate aliqua mutetur vel turbelur, sub anatheraate inhi- bemus.Turbatores igitur eius nisi rcsipuerint et dignam penitentiam egerint, comprehendal maledictio illa que Dathan et Abyron vives absorbuit. Servatores autem benediclio illa unguenli que a capite in barbam Aaron descendit. Huius quidem confirmationis testes sunt de prioribus : Rodul- phus magister scolarum, Udelricus cancellarius noster, magister Pyramus de S. Gereone, magister Lamberlus de Gradibus, magister Lambertus de sanctis aposlolis, magister Theodericus de sancto Andréa, dominus Godefridus, magister Rabodo et alii quamplures. Actum est anno incarna- tionisdominiceM". C^.LXXXX". 111°. indictione X", présidente sedi apos- tolice Celestino papa iir pontificatus sui anno ii".

Original sur parchemin, sceau perdu.

H95. Albert de Rhétcl, grand-prévôt de Liège, fait savoir que Ekdus, doyen de Saint-Paul, ayant donné, avec le consentement de Pierre, prévôt, le presbytérat de Véglise de Lavoir pour fonder son anniversaire dans cette collégiale, Albert de Cuyck, successeur de Pierre dans la prévôté, a confirmé cette donation en y ajoutant certaines conditions énumérées dans la charte.

In nomine sancte et individueTrinitatis, amen. Quia res ecclesie que vota sunt fidelium, pretia peccalorum, patrocinia pauperum tueri et conimu- nire pium est, et quoniam non solum ipsi benefacere, sed etiani aliorum bona facta laudare, et in iucem propalare debemus, eapropter ego Albertus Dei gralia maior in Leodio preposilus et archidiacoiius, notum esse volo omnibus Chrisli fidelibus, tam fuluris quam presentibus, quod Ebalus ecclesie sancti Pauli decanus, de Lavoez obedientiarius, et de presbileratu ecclesie eiusdem ville inveslitus, visilatione sancti Spiritus excilatus, pres- biteratum hune ob salutem et aiinuam anime sue commcmorationem, ecclesie sancti Pauli super altare ipsius, ad usus fralrum et augmentum prebendarum, tam noslpp quam Pétri eiusdem ecclesie prepositi, favo-

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rabili et benevolo consensu, in perpetuum possidendum reporlaverit ; et curam postiiiodum animaïuni et custodiam reliquiariim in manus nos- tras, in domo nostra, ooram fratribus eiusdem ecclesie et quibusdam de maiori ecclesia, et quibnsdam fratribus concilii soUempniter ac dévote resignaverit : predicio Petro de medio facto, frater noster Albertus archidiaconus in preposilura eiusdem ecclesie canonice succedens, facluni istud pio favore prosequens et approbans, confirmationi subscripsit; adiungens ut obedientiarius de Lavoez et de villa que dicilur sanctus Paulus procurare tenelur in perpetuum bona piedicte ecclesie in Molen- baiz, et quindecim solides Leodiensis monete annuatim fratribus inde persolvere; procurare etiam tenetur in perpetuum bona de Opingneis et inde annuatim quadraginta denarios Leodienses fratribus reddere et curam huius presbiteratus de Lavoez, scilicet tenere et sumptibus suis in omnibus necessitalibus ei providere. De constilutione autem predicti Ebali decani, ex ipso presbiteralu obedientiarius xx solidos Leodiensis monete annuatim fratribus exsolvet : XII in annivcrsaria commemora- tione predicti decani, ad refectionem fratrum et usum campanarum et duarum candelarum; V solidos in festo sanctorum Cosme et Damiani ; très vero in luminare VIT" candelarum duodecies ad inlroitum minoris chori sub turri, annuatim ardentium. Nos autem pelitione fratrum , Johannem de Sabulelo eiusdem ecclesie canonicum subdîaconum, obedien- tiarium factum predictorum bonorum de hoc presbiteralu nomine fratrum ecclesie sancte Pauli investivimus, et in facie totius concilii Andenensis, legitimos et consuetudinaris bannos ei super hoc presbiteralu nomine fratrum ecclesie sancti Pauli sollempniter fieri fecimus. Post cuius tran- silum si quid emolumenti ultra xx solidos in ipso presbiteralu fuerit, ordinationi et arbitrio predictorum fratrum cum obedientia predicta totura cedit. Sed ne levis scrupulus occasionis hanc ventalem et legiti- mam Iraditionem in posterum turbaret, communi Leodiensium persona- rum consilio slaluimus, ut salva archidiaconi canonica reverentia, salvis- que obsonis et his que canonice debenlur episcopo et archidiacono, fructus predicti presbiteratus, libéra fratrum deliberalio et dispensatio ad commodum suum provideat, et cum frater Johannes huius ecclesie investitus decesseril, aliquis fratrum communi consensu capituli in obe- dientiam constilutus, nomine ecclesie curam sepe nominati presbiteratus ab archidiacono requisitam sine omni contradictione suscipiat. Ad confir- mandum igitur hoc statutum, ut stabile et inconcussum in perpetuum per-

{9.

maneat, presenleni paginam ad uberiorem cauttlam, auctoritate archidia- conali et sigilli nostri impressionc, ut ncstri assensus sit indiciuni muni- vimus. Apposuit etiam admaius munimentum facti sigillumsiiumpredictus Alberlus aichidiaconiis eiusdem ecclesie prepositus , atteslationesque probabiliuni personarum niaioris ecclesie et fratrum consilii nostri et capitiili saïKii Pauli, et personarum aliarum ecclesiarum presenli pagine adhibuimus. De maiori ecclesia testes sunt : Symon decanus, Albertus archidiaconus sanc(i Pauli prepositus, Hugo archidiaconus, Waltberus diaconus, Ilenricus cantor, Helyas, Herbertus cellerarius sancti Pauli canonicus ; Rogerus, Warnerus, Thomas, Manerius et Reinerus frater eius. De persoiiis aliarum ecclesiarum : Gozuinus abbas sancti Jacobi, Balduinus abbas sancti Laurentii, Brunerus sancti Egidii abbas, Gozuinus abbas apostolorum Cornelii Montis ; Warnerus decanus sancti Pétri, Ilerimannus decanus sancte Crucis, Amelius decanus sancti Dyonisii. De clericis et domesticis nostris : magister Robertus, magister Johannes, magister Waltherus, magister Egidius, magister Symon, De fratribus concilii : magister Gerardus de Selatn, Ilenricus investilus de Hohaie, Fastrardus investilus de Borler, Egidius de sancti Stephani Monte, Robertus de tribus campanis, Clarebaldus de Avenues et alii perplures. De fratribus ecclesie sancti Pauli : Ebalus decanus, Arnulphus et Ainul- phus presbileri. Frater dicius Jonas magister scolarum, Rodulphus, Johannes, Johannes, magister Rodulphus, Otto cellerarius, diaconi.Henri- cus cantor, Johannes et ceteri fratres. Aclum est istiid anno incarnationis dominice BI". C''. LXXXX" III", indiclioneXI" , papauté Celestino, impe- rante Ilenrico Romanorum imperatore semper augusto.

Original sur vtilin. Les deux sceaux qui pendaienl à de largos bandes de parchemin, sont perdus.

1197). Thomas, archidiacre (le Liérje, fait savoir que Ehahs, doyen de St-Paul, investi de VécjUse de Si-Ceorqes, et Jonas, écolâtre, invesli de Vohédienee de eclte i'(jlise, donnent à la collégiale le preshyléral de Saint- Georges et celui de Vellennes (Velaine).

In nomine sancte et individue Trinitatis. Thomas, Dei gratia Leo- diensis archidiaconus tam futuris quam presentibus in perpeluum. Ad hoc eratia Dei constituti ut de iurc officii nostri bona ecclesiarum luea-

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mur, et quod pie factiim et coUatum est eis raliim ducannis et in lucem propalemus, nolum facimus quod Ebalus sancli Pauli decanus, de Sanclo Georgio inveslitus, et Jon;is magistcr scolarum obedientiarii de Sanclo Georgio, visitatione sancti Spirilus excitati, presbileratum de sanclo Georgio et de Vellennes cum suis appenditiis, ob salulem animarum suarum ecclesie Sancli Pauli super altare ipsius ad usus frairum et augmentum prebendarum favorabili assensu prepositi eiusdem ecclesie Alberti in perpetuum possidendum reporlaverint. Quod et nos pio favore prosequentes cuni iam prediclus Ebahis seculo renunciasset, presentalo nobis noniine totius ecclesie Sancti Pauli Arnulpho presbitero eiusdem ecclesie canonico, curam predicte ecclesie et investituram conlulimus noniine fratruni ecclesie Sancti Pauli, ipsumque presbiîeratum conces- simus ut inde ecclesia stipendia sua augeret, et fundos et décimas suas liberius custodiret. Sed ne levis scrupukis occasionis banc veritatem et legitimam traditioDcm in poslerum turbaret, communi Leodicnsium per- sonarum consilio statuiniiis : ut salva archidiaconi canonica reverenlia, sahisque obsoniis et hiis que canonice dcbentur episcopo, archidiacono, fruclus tam piedicti presbiteratus quam ipsius ecclesie libéra fratrum deliberatio et dispensatio ad coniniodum suum provideat : et cum frater Arnulphus eiusdem ecclesie investilusdecesserit,aliqais frairum communi consilio capitnli presentatus noniine ecclesie curam predictam ab ari-hi- diacono requisilam cum ipso presltiieratu snscipiaî; hoc quippe modo predictuin fratrem Ar(nuiphuni) investivinms et in facie totius concilii de Hosenmont legitimos et consuetudinarios bannos ei super hiis noniine fratrum ecclesie Sancti Pauli sollempniler iieri fecimus. Ad confirmationem aulem huius rei paginam auctoritate archidiaconali et sigilli nosîri impres- sione, ut noslri assensus sit indicinm munivinins, subscriptis testibus. De maiori ecclesia : Symonc decano; Henrico de l)ungl(eberl) archidiacono et cantore, Lamberlo, Radulpho. Engolranio. De concilio: \Yenrico decano. Everardo decano sancli Rlarlini invesiito de Graz, Pbylippo investilo de Linioiit, Thfoilerico investilo de lîockiies, Jobanne invesiito de Lamines, Petro invesiito de Serang. Actum est anno incarnai ionis duniinice î^l". C". LXXXX». 111", indidione XII'.

Original sur vélin. Le sceau, qui pendait h une bande de parchemin, est enlevé.

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1 196. Thierry, archidiacre de Liège, confirme la donation du presbylérat de l" église de Saint -Georges, faite au chapitre de Saint- Paul par Jonas, doyen de cette collégiale.

In nomine sancte et individue Trinitalis. Theoderious Leodiensis archidiaconus tam futuris quam prescnlibus in perpeliuim. Ad hoc gratia Dei constituti ut de iure offioii nostri bono ecclesiarum tueamur etqiiod pie factum el oollatum est els ratum ducanius et in lucem propalemus, notum facimusquod magister scolarum ecclesieSancliPauli Jonas,obedientianus de sancto (leorgio, visitalione sancti Spiritns exeitatus presbiteratum (le sancto Georgio ob salutem anime sue ecclesie Sancti Pauli super altare ipsius ad usus fralrum et augnientum prebendarum, favovabili assensu preposili eiusdeni ecclesie Radulphi, in perpetuum possidendum reporta- vii. Quod et nos pio favore prosequentes, presentato nobis nomine totius ecclesie Sancti Pauli Arnulpho presbitero, eiusdem ecclesie canonico, curam predicle ecclesie et invesîituram contulimus nomine fratrum eccle- sie Sancti Pauli, ipsuni quoque presbiteratum concessimusut indeecclesia stipendia sua augerel, et fnndos et décimas suas liberius custodirei. Sed ne levis scrupulus occasionis hanc verilatem et legitimam tradilionem in posterum tnrbaret, commun! Leodiensium personarum consjlio statuimus, ut salva archidiaconî canonica reverentia, salvisque obsoniis, et hiis que canonice debentur episcopo, aichidiacono, fructus tam predicti presbi- ter;itus quam ipsius ecclesie, libéra fratrum deliberatio el dispensatio ad commodum suum |)rovideat : el cum fraler Arnulphus eiusdem ecclesie investitus dccesserit,aliquis fratrum communi consilio capitulipresentatus nomine ecclesie, curam predictam ab archidiacono requisitam cum ipso presbiteralususcipiat. Hoc quippe modo prediclum fratrem A(rnulphum) inveslivinuis, et in facie totius concilii de Ilozcnmont legilimos et consue- tudinarios bannos ei super hiis nomine fratrum ecclesie Sancti Pauli sol- sempniler lieri fecimus. Ad confirmalionem autem huius rei paginam liane auctorilate archidiaconali et sigilli nostri impressione ut nostri assensus sit indicium munivimus,subscriptis testibus.De maiori ecclesia: Cunrado decano,IIenri('0 cantore, Helya,Sygero, Engolramo. De concilio : Gerardo investito ecclesie deHozenmont, Everardodecano sancti Martini, investiio de Graz, Pbilippo investito de Lymon, Johanne decano Sancti Pauli, investito de Lamines, Petro investito de Serang. Actum est anno incarnafionis dominice M" C XG" Vl°.

Original sur v«^lin. F.e sceau est perdu.

2âo

H98. Thierry, archidiacre de Liège et prévôt de Maestrecht, confirme le don du prcsbytérat des églises de Tornines (Taurines) et de Werde, fait à la collégiale de Saint-Paul, au temps dWlberl, archidiacre, par Maurice et Henri, investis de Vobédience de Tornines.

In nomine sancle et iiidividue Trinilatis. Theodericus Leodiensis archidiaconus et Traiectensis prepositus, tam fuluris quam presen- libus in perpetuum. Ut que pie facta sunt et coUata ecclesiis, rata semper sint et inconvulsa permaneant, nuUaque obllvionls oaligine obs- curenlur vel contradictionis impulsu in posterum turbentur, ex im- positi nobis ofBcii honere, in hoc eis tenemur iugiter et volumus fideliter prospicere et cavere. Eapropler adversus omne occasionis periculum présent! scripto ad médium reducimus, ratum habciites et confirmantes quod veridica relatione et fideli attestatione didicimus, quod videlicet Mauricius obedienliarius de Tornines, et Henricus investitus et obedien- tiarius de Tornines Spiritu sancfo dictante, tempore domini Alberti pie memorie tune archidiaconi, postea episcopi,presbiteratum de Tornines cum appendicio suo Werde, ob salutem animarum sjiarum ecclesieSanctiPauli, super altare ipsius,ad usus fratrum et augmentura prebendarum, favorabili assensu et petitione prepositi eiusdem ecclesie Pétri, in perpetuum repor- taverunt, et huius presbiteratus curamet investituram cum bannis consuc- ludinariis, salva archidiaconi canonica reverentia, salvisque obsoniis, et hiis que canonice debentur episcopo et archidiacono, nomine fratrum ecclesie SanctiPauli Henricus canonicus et canlor, eiusdem ecclesie acce- pit, et usquead diem morlis sue nomine ecclesie in pace possedil, Quo defuncto, mortuo quoque Ilenrico de Tornines, ecdesia Sancti Pauli magis- trum Richerum confratrem et concanonicum suum, eo ordino el Une quo prius Henricum cantorem elegerat, elegit, et nobis investiendum nomine ecclesie produxit : quem nos bénigne sicut dignum fuit et decuil, salvis similiter omnibus que canonice debentur tam episcopo quam archidiacono, astante nobis el favorabiliter consenliente et petente preposito ecclesie Uadulpho, nomine ecclesie Sancti Pauli quamdiu canonicus eiusdem ecclesie fuerit idem Richerus,investivimus,legitimosque et consuetudinarios bannos ipsi super memorala ecdesia de Tornines et Werde in concilio Geldoniensi fieri soUempniter fecimus. Ad confirmationem huius rei prcsenlem paginam auctoritate archidiaconali et sigilli noslri munimine cum slgitlo eiusdem Uadulphi prepositi corrohoravimus. f>nbscriplislestibus eis qui cum illnm

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invi sliiemus facto affuerunt : preposito Boiinensi domino Brunone, pre- posito sancli Pauli Radulpho, et decano eiusdem ecdesie magistro Joua. Testes eliani sunt:Engoliamus canonicus sancti Lamberli,n)agister Gisle- bertus (k Hugardis, Theodericus de Bruke, canonici saiicli Servatii ; iiiagistor liciiierus de Hoxtie cl iiepns eius Reinerus. Deooiicilio : lohanncs decaïuis coiicilii, Alljeiius Helciicinciisis abbas, Theodericus abbas Flo- uensis, niagislor Evcraidus de Hugardis, Heniicus de Sancto Trudone el alii pluies. Aclum est hoc aiiiio domiiiicc incarnationis m", c». xcviir*. indiclione prima.

Original sur vélin. Les sceaux, qui peiulaientà deux queues de par- chemin, sont perdus.

1198. Albert de Cuyck, évèquc de Liège, confirme le don du presbytérat des églises de Saint-Georges el de Yellenes (Verlaine), fait au chapitre de Saint-Paul par Jonas, doyen de cette collégiale, avec rautorisation du prévôt Radulphe.

In nomine sancle et individue Trinitatis. Quia res ecclesie que vota suiil lidelium, precia peccaloruui, palrocinia pauperum, tueri et communire pium est, et quia non solum ipsi benefacere, sed eliam alioruni bona facta laudare el in luceni propalare debemus, eapropter ego Alberlus Dei gratia Leodieiisium episcopus, nolum esse voie omnibus Chrisli tidclibus tam fuluris quam presentibus, quod magisler Jonas obedieuliarius de Sancto Gcorgio, visilalione sancti Spirilus excilalus, presbiteratum de Sancto Georgio et de \eilencs, cum aj)pendiliis suis, ob salulem anime sue ecclesie Sancti Pauli super allare ipsius ad augmeiitum prebendarum el usus fratrum cotidic Deum ibidem servieiitium,tam noslro quam Theode- rici archidiacuniet iladulphi eiusdem ecclesie i)re[)Osili, iavorabili et bene- volo coiiseiisu in peipetuum possidendum dederil, el curam animarum el cuslodiani reliquiaruin in maiius Theuderiri arcbidiaconi coram IValribus eiusdem ecclesie sollempniler ac dévoie reportaverit. Ardiidiacunus vcro pelitione Iratrum, .\rnulpbum eiusdem ecclesie caiionicum et presbileruni de hoc j)rcsbilerain nomine t'ralruni ecclesie inveslivit, el in fiicie lolius concilii de liosenmoni legilimos et consueUidinarios baniios ei super hoc presbileralu nomine fralrum ecclesie Sancti Pauli sollempniler (icri fcoit. Sed ne levis scrupulusoccasionis haiic veritalem et k'giliinam tradilioncm

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in posleiuraturbaret, coinmuiii|iersonarum nostrarum coiisillo statuimust ut salva archidiaconi canonica roveientia, salvisque obsoniis et hiis que canonlce dehentur episcopo, archidiacono, frurlus predicti presbiteratus libéra fr;!tiiim deliberatio et dispositio ad cùinmodum suum provideat; et cum frater Ainulphus eiusdem ecclesie iiivesiittis decesserit, aliquis tVa- triim commuîii assensii ca|)liuli Domine ecciesie, curam banc et presbile- ralumab archidiacono requisiiam sine omni coniradictione suscipiat. Ad confirmandum igiturboc sUitiiUimjit stabile etiiu-oncussum in pecpetuum permaneret, presentem paginani ad uberiorem caulelam aiictoritate epis- copali et sigilli noslii impressiune,iit nostri assensus sit indicium niunivi- mus,e! adversHsomnem c;t!i!iiipi)iam altestationes Walteti maioris eoelesie decani et archidiacoiii, el Kadulpbi, itemque Kadulphi archidiaconorum, et probabilium personarum adhibuinuis : quarum hec sunt noniina. De inaiori ecclesia Helyas, Heniicus cantor, Lambertiis, Henricus Fossensis prepositus, Thomas Sancte Crucis preposilus, Uenricus preposiliis Sancti Dyonisii. Defratiibusconcilii:Gerardus ecciesie dellozenmont investitus, Everardus decanus sancti Martini investitus de Graz, Phylippus investitus de Lymont, Lanzo investitus de Lamines, Petrus investitus de Serang. Aclum est hoc anno ab iiicarnatione Domini M". C". XCVIIl", indiclione I", pontificalus iioslii anno tertio.

Original sur véhn, sceau perdu,

H99. Radulphe, prévôt, Jonas, doyen, ci le chapilre de St-Paiil, font connnitre que Maurice de Tourinnes a donné à fuulel di la Ste-Vienje à Tourinnes,dLibonnierti d'alleu el huit bonniers de terre ccnsale qu'il vient d'acquérir, etc.

\\ï iiomine sancle el individue Trinitalis. Hadulpbus ecciesie Sancii l'auli prepositus, Jonas decanus totusque eiusdem ecciesie convenlus tam tiituris quani [)i'eseiitibus verilateni dili:;eHlibiis. Pic devotionis studio acccnsus, dileclus et dileclor ecciesie noslre Mauricius de Turnincs, saluti sue diligenleret tideliter prospiciens, inter alla bona opéra que fecit, ad allare ([uod in honore beale Virgiiiis in ecclesia de Turninis ereclum est X boiiuaria allodii et Ylill boiuiaria censualis terre acquisivit : undc ceiisus debetur curicde Bavcncurt,scilicclduo solidi et dimidium modiuni in feslo Sancti Ucmigii, slatuitque ut inde ibi cotidiana missafieret : près-

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bilerque ad hoc institiitus Ijeneficium inde pro cotidiano misse officio perciperet, salvo peromnia iiire et beneticio parrochlalis presbiteri.Huius auteni altaris inveslituram de manu ipsiiis Mauricii, Johannes consanguineus suus primus accepit, et qiiamdiii vixerit possidebit ; post cuius mortem eiiisdem altaris dimidium et lus conferendi ipsum ad ecclesiam nostram Iransibitiel ipsa pro arbitriu suo inde ordinabit, salvo tamen servilio eius- dem altaris. Hoc vero predictus Mauricius super altare Sancli Pauli repor- ' tans, sententiam excommunicationis in ecclesia nostra sollempniter dari feoit in eos, si qui forte legitimam hanc donationem impedire vel turbare temptaverint, vel benelicium hoc predicto altari collatum, ab eodem alienare ulla unquam occasione presumpserint. Actum est hoc anno incarnalionis Domini M". CIC". indictionc secunda.

Chirographp sur parchemin. Sceau enlcvt!.

H99. Barthélémy, archidiacre de Liège, fait connaître un arrangement intervenu entre le chapitre de Saint-Paul et Maurice de Turnines (Tourincs), relativement à Véglise de cette localité.

EgoB(artolomeus) Dei gratia Lcodiensis arcbidiaconus nolum facio tam futuris quam presentibus, quod fratresSancti Pauli in Leodio et Mauricius de Turninis in hac forma pacis composuerunt supra causa que inter eos hactenus ventilata est de ecclesia de Turninis. Quod Mauricius eandem ecclesiam de Turninis in prescntia Geldoniensis concilii protinus exfcslu- cavit, et omni iuri quod in eadem ecclesia habebat, vel habere se dicebai penitus renuntiavit,tali condilione quod iidem fratresSancti Pauli singulis annis eidem M(anricioj quatuor marchas Leodienses quamdiu vixerit tcno- biuitur oxsolvcre. Post mortem auttMii eius eandem ecclesiam sine omni respectu vel calumpnia libère possidebunt,omni in perpeluuni sepulla ques- tione. Huius rei fideiiissores sunt et testes: ex parte ccclesie abbas de Aine, et de fratribus Sancti Pauli : Otto cellerarius et llenricus camcrarius. Testes: Johannes dccanus Geldoniensis et Johannes deTanton etuniversum Geldo- niense conciliuni. Gompositionem islam sicut ex ore decani Geldoniensis accepi, ila sigillo nieo et presenli scripto communivi. Preterea sigilla sua ecclesia Sancti l'auli et decanus (ieldoniensis presenti pagine ad maiorem evidcnliam a|)posucrunt. Actum anno incarnalionis domini M".G''.XCVIIH".

Oi-iginal sur vélin. Les deux sceaux sont perdus.

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1201. Barthélémy, archidiacre de Liège, confirme et ratifie le don du presbytérat de V église de Saint-Georges et de celle de Verlaines, fait à la collégiale de Saint -Paul.

In noniine sancte et individue Trinitatis. Bartholomeus Dei gratia Leo- diensis archidiaconus tam futuris quam presenfibus in perpeluum. Cum de iiire officii nostri bona ecclesiarum tueri teneamur et defendere,ut quod pie faciuni et collatum est eis ratum tenere, notum esse volumus omnibus presens scriptum intuentibus, quod nos predecessorum noslrorum vestigiis inhérentes, presbiteralum deSanctoGeorgio,cum appenditio suo Vellenes, ecclesie Sancli Pauli légitime traditum, de assensu et concessione episco- porum ot ab antecessoribus nostris archidiaconis conlirmatum, eidem ecclesie liberaliter concedimus, ratum habenms, approbamus, et conlir- mamus, eo tenore sicut in eorum scriptis contineiur, quod ad usus fratrum in ecdesia Sancti Pauli in Leodio Deo servientium, et augmentuni pre- bendarum fructus sive stipendia predicti presbiteratus cédant et ut fundi et eorum décime facilius et liberius possint cuslodiri. Et ne levis scru- pulus occasionis hanc veritatem et legitimam donalionem in posterum lurbare valeat, communi consilio Leodiensium personarum, statuimus ut salva archidiaconi canonica reverentia, salvisque obsoniis et hiis que canonice debentur episcopo, archidiacono, de fruoiibus sepedicti presbi- teratus, fratres ecclesie Sancti Pauli ad voluntalem et commodum suum, absque omni difficultale et contradictione ordinent et disponant : predictis adicientes, quod cum frater Arnulphus qui nunc ecclesie Sancti Georgii nomine Sancii Pauli inveslitus, sive vivens, sive moriens cessent, aliquis alius fratrum communi consilio capituli presentatus, nomine totius ecclesie curam ab archidiacono requisitam, sine occasione vel calumpnia recipiat, et decanus concilii bannos consuetudinarios absque impedimento ei faciat. Ad huius rei confirmationem paginam presenlem auclorilate archidiaco- nali, et si^illi nostri impressione ut nostri assensus sit indicium muni- vimus subscriptis testibus. De maiori ecdesia : Wallero decano et archidiacono, Uadulpho archidiacono, Henrico cantore, Lamberto prepo- sito Sancti Pétri, Thoma preposito Sancle Cruels, Henrico preposilo Fossensi, Helya, Symone de Wahar, Wilelmo de Hers. De concilio de Hosenmont : Evrado decano Sancti Martini investito de Graz, Hostone investito de lloneftia. Philippo investito de Limon, Lanzone investito de

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Lamines, Pelro investito de Serang. Actum anno incarnationis dominice M". CC". 1°, indictione [III".

Original sur parchemin; deux queues de parchemin, sceau perdu.

1205. Jean, archidiacre de Liège, confirme à son tour lu iiossession du presbytérat de Végliac de Saint-Georges et de Verlaines à la collégiale de Saint-Puîil.

In nomine sancle el individueTrinitatis. JohannesDei gratia Leodiensis archidiaoonus lain fiiluris quam prosentibus in perpetuum. Cum de inre officii nostri bona ecolesiarum lueri teneamiir et defendere, et quod pie factum et coUatum est eis, ratum tenere, notum esse volumiis omnibus presens scriptnm intueniibus, quod nos predeeessorum nostrorum vesti- giis inhérentes, presbiteratum de Sanclo Georgio cum appenditio suc Vellennes ecclesie Sancli Pauli légitime traditum, de assensu et conces- sione episcoporum,etab antecessoribusnostris archidiaconisconfirmatum, eidem ecclesie liberaliter concedimus, ratum habemus, approbamus et confirmamus, eo tenore, sicut in eorum scriplis coniinetur, quod ad usus fratrum in ecelesia Sancli Pauli in Leodio Deo servientium et augmentum prebendarum, fructus sive stipendia predicti presbiteratus cédant, et ut fundi el eorum décime facilius et liberius possint custodiri. Et ne levis scrupulus occasionis banc veritatem et legitimam donationem in posterum turbare valeat, communi ( onsilio Leodiensium personarum statuimus: ut salva archidiaconi canonica reverentia, salvisque obsoniis, el hiis que canonice debentur episcopo, archidiacono, do fnictibus sepcdicti presbite- ratus, fralres ecclesie Sancti Pauli ad voluntatem cl commodum suum absque omni difïicullate et contradictione ordineni et disponant, prediclis adicientes quod cum fralcr Ârnulphus qui nunc ecclesie Sancti Georgii, nomine ecclesie Sancti Pauli invcstitus,sine vivons, sine nioriens cesserit, aliquis alius fratrum communi consilio capituli presenlatus nomine totius ecclesie, curam ab archidiacono requisitam sine occasione vel calumpnia recipiat,et decanus concilii bannos consuetudinarios absque impedimento ei facial. Ad huius rei confirmationem, paginam presenlem aucloritate archidiaconali el sigilli nostri impressione,ut noslri assensus sit indicium munivimus subscriptis leslibus. De maiori ecelesia : Waltcro decano et archidiacono, Radulpho archidiacono, Henrico cantore, f>amberto prepo-

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sito Sancti Pétri, Tlioina preposito Sancte Criicis, Henrioo proposito Fossensi, Helya, Symonc de Wahar. Wilelmo de Hers. De concilio de Hosenmont : B'.vrado dccaiio Sancti Martini investilo de Graz, îlostone investito de Honfffia, Philippe investilo de Limon, I-anzone investilo de Lamines, Petro investito de Serang. Aclunî anno incaritationis dominice M". r.C«. Il[», indictione ¥!=".

Original sur \iiUn. Le sceau qui pendait à une double queue de par- chemin, esi perdu.

1203. 20 novembre. Le pape Imoccal III, siir la plainte portée par le doyen et les chanoines de Saint -Paul, charge les doyens de Saint -Lambert et de Suint-Denis à Liège, et le doyen de Maestrecht, de faire restituer à la collégiale de Saint-Paul quinze bénéfices fondés par Godescalc, prévôt de cette église, bénéfices actuellement aliénés ou possédés par des personnes étrangères.

Innocentius episcopus servus servorum Dei. Diiectis filiis maioris ecclesie et Sancti Dionisii Leodiensis et Traiectensis in Leodiensi diocesi constiluto decanis, saiiUem et aposlolicam benedictionem. Fiilecti filii : decanus et canonici Sancii Paiili Leodiensis suam ad nos transmisere quereiam, quod ciim G(odescalcus) quondam ipsius ecclesie prepositus quindecim bénéficia m eadem ecclesia acquisierit paujieribus cItMicis ero- ganda qui eidem ecclesie assidue dcserviront, el quaitnor ex canonicis ipsius ecclesie de communi consensu capituli ordinatores eorumdem fne- rint constiluti. Nnnc bénéficia illa quornmdam malitia procurante, a dicta ecclesia illicite alienata noscuntur, et personis extraneis que ecclesie in nuUo deserviunt contra iusfiiiam siint coilata.Quiaigitur ex iniuente nobis administialionis otficio ecclesiarum gravaminibus paterna tenemur sollici- tudine providere, discrelioni vestre per apostolica scripla mandamus, quatenus inquiratis super predictis omnibus diligenler veritatem, et si dicta bénéficia illicite ab eadem ecclesia alienata noverilis vel subtracta, auctoritate nostra curetis légitima revocare, nuUis litteris veritati vel ius- titie preiudicanlibus a sede apostolica impetratis. Quod si non omnes hiis exequendis potncrltis interesse, duo vestrum ea nichilomiiius exequantur. Aclum Laterani xii kalendas decembris pontificatus noslri annno quinto.

Original sur vélin. Sceau perdu.

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1207. Hugues de Vierrepont, évèque de ÏÂé.{fe, voulant mellre fin aux querelles qui s'élevaient fréquemment entre les prévôts de Saint-Paul et les ehanoines, relativement à V administration des prébendes, des obédiences, etc.. règle les droits du prévôt de concert avec Jean, prévôt de cette collé- giale, et le chapitre de Saint-Paul.

In nomine sancte et iiulividiie Trinitatis. Hugo Dei gratia Leodiensis episcopus, univei'sisCliristi fulelilnis imperpctuum. Ex debilo oflicii iiostri ecclesiis nobis commissis fideliter preesse et utiliter prodesse tenemiir, earumqiie profeclui et paci propensiori sollicitudine intenderc. Inde est quod nos considérantes frcquenlem discordiani et (}uerimoniani que iiiter prepositos ecclesie Sancti Pauli et fiatres ipsius ecclesie interdum exoriri solebant super amminislratione prebendarum et locationibus obedientia- rum, etvolenies inter cos omnem occasionem discordie in futurum penilus «mpulare, auctorilate nostra et de consensu Johannis prepositi eiusdem ecclesie Sancti Pauli, et de consilio maioris ecclesie et assensu capituli prefate ecclesie Sancti Pauli, slatuimus ut qnicumque fuerit prepositus Sancti Pauli, ab ipsa ecclesia per singulos annos decem marcas percipiat, et bas decem marcas teneat pro feodo quod ante tenere solebal de manu episcopi quod longe minus fuit. Ex liis decem marcis solventur quinque in festo Sancti Remigii, et alie quinque in puriti(;atione béate Virginis; ila quod decanus Sancti Pauli de bonis pi'oniptioribus memorate ecclesie predictam solutionem slatutis lerminis absque diflîcultate et dilatione pro- curabit. Quod si decanus et fratres fueriut négligentes et predictum feodum non i'uerit slatutis tei niinis |)ersolutum, prepositus qui pro tem- pore fiurit babeal potcstatem in cadem ecclesia inhibendi divina usque- i|uo sibi super boc congrue satisiia!. Ipse vero piepositus de amminislra- tione |)rebeiidarum vel de obedieniiis sepefale ecclesie nullatenus se iulromittel. Fratres vero Suncii Pauli liberam babebunt ordinalionem et dispositioneni omnium ol>edienliarium et ecclesiaium et omnium reddi- liuui) ecclesie sue ad communes usus fralrum rcducendorum sine aliqua conlradiclioue prepositi vel alterius, uuUodono ipsius prepositi accedenie. Prepositus vero iura ecclesie et possessiones more predccessorum suoruni lueri et dcfensarc debebil. Prelerca considérantes qiu;»d ex oflicio celera- lure quam prepositus uni fralrum de iure suo dare consuevit, et quod ex ofliciis miuisti'oriun, pisiorum videlic(.'t, brasalorum, cocorum el aliorum

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que officia celerarius simililer dare solebat, ecclesia propler eoriim iiegli- gentiam et incuriam intolerabile sustiimit dampnum, celeraturam ipsam cum omnibus ofliciis niinistrorum et eonim feodis ad ipsam spectantibus, similiter et camcrariam fratribus ipsiiis ecclesie de communi assensu nosti'O et eiusdem prepositi in elemosinam perpetuam coniradimus ; ita quod capilukim tam de celeratura et cameraria, qnam officiis omnibus et feodis ad celeraturam pertinentilnis iiljeram habeat per omnia disponendi facultatem ad communem utilitatem fralrum et ecclesie. Addicimus etiam ut quicumquc in preposilum Sancti Paiili fuerit assumptus, hanc nostram ordinationem pie et laudabiliter in Domino factam fidelitcr iurare se ob- servaturum. Et ul hec nostraordinalio ab omnibus inviolabililer imperpe- luum observetur, presentem paginam factum nostrumcontinenteinsygillo- rum nostrorum munimine in lestimoniunicorroboravimus, sub anathematis dislriclione inhibenles, ne quis contra nostrum statutum quicquam attcmptare présumât. Post diem autem obitus nostri eadem ecclesia me- inoriam nosliam sollcmpniter faciet in missa, candelis et compulsationo campanarum, et eodem die babebunt fratres et pauperes clerici qui cho- rum iicquentant consolationem XX solidos quos similiter procurabit dccanus de bonis ecclesie. Acta sunt hec anno dominice incarnationis M". CC'.Vil. PonlificaUis vero domini Innocentii pape tercii anno decimo. Original sur vélin. 11 ne reste aucune trace de sceaux.

ii^lô. En septembre. Jean, prcrut, [iicherus, doyen et le chaiiitre de Saint-Pdul écluutijent onze bonniers et demi de terre situés à Fiemule (Vechmael) contre onze bonniers et demi à Wotenges {Otrange) apparte- nant à Ilermaz, chevalier de Vechmael.

.lo(annes) Dei gratia [irepositus, K(ichetus) dccanus cl capitnlum Sancti Pauli Leodiensis. Notum sit universis Xristi fidclibus présentes litterjis inspecturis, quod nos undecim bonuaria etdimidium terre que habebamus apnd Fiemalecommutavimus Hermanno milite de Fiemale pro aliis xi bo- luiariis terre et dimidio jaceniibus apud Wotcnges de quibus idem miles x bonuaria iam nobis assignavit, et super altarc ecclesie noslre in gleba et ramo reportavit, et sicut moris est de allodiis, ca inter ecclesias Sancti Lamberti et Sancte Marie Leodiensis nobis afFetavit. Bonuarc autem et dimidium nobis débet assignare inlVa annum presentem, (piod si non

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fercrit debemus nobis relineie bonuare iiniim et dimidium terre illius quam ei commutavimus, illud videlicel qiiod Calli videbitur propius adia- cere, qiioadusque aliiid boiiuarium et dimidiiim nobis assigiiaverit. Ut autem su|jer hiis nos efficeret cerlioros, nobis guarandiam de predicla tcna reproniisit, et seipsum et liercdem suum de evictione usque ad xxx annos nobis obligavit; ita quod si terra predicta tola vcl in parte eviceretur a nobis casn aliquo, lantinn de noslra nobis restitiieret quantum de sua a nobis evinci oontingeret.Nc autem deprediclis aiiqua in poslerum ori.ilur dubietas, preseiis scriptum sigillo ecclesie nostre duximus roborandum. Aclum soUempniter aniio Yerbi Ineariiaii M". CC'\ XXIIl", mensc septem- bri. Litem autem si que super hoc contra nos orietur, idem H(ermannus) suis expensis et periculo prosequetur.

Original sur parciiemin. Le sceau, qui élail attaché à un lambeau de parchemin, est tombe.

12:25. i'-i novembre. Décision prononcée par le chapitre de Sainl-Paul au sujel tVune contestation existant entre R(icherus), doyen de Saint-Paul^ et Jean, abbé de Floreffe, relativement à la prébende dite de Florefjé.

In nomineDomini,amen. Proposuit eoram nobis R(ichero) dceano Sancti Pauli I.eodiensis, Johannes abbas FloreUfiensis, noster concanonicus, quod cum antiqui proveiUns prébende Sancti Pauli consistcntes in l'ane, cer- visia, ovis, caseis, allecibus, denariis de Luieson(?),censu etelemosinisin XL niodiis spelte essent permniati, prelienda foraneorum ab omni honere videlicet a vicaria et a sumptibus qui soient recipi a prebeiidis ad negotia ecclesie facicuda, erat liberata, mule pelivit vicarium suuni ammoveri et sibi restitui quicquid vicario suo datum erat a die permutationis pre- dicle. Econtra O(tto) cellerarius Sancti Pauli a concanonicis suisdalusad respondeiidum respondit non ita esse, sed |)ermutationem illam l'actam esse cum omni honore anii(|uo. Quare nos, concanonicos nostros sicut moi'is erat subnuiiiuimus in viilulc obedienlie ut super hoc dii-crcnl veri- latem. (^hii lia siibmonili elconiurati dixerunt permulalionem ipsani cum omni honere aniiquo esse factam. Nos igitur habito cum probis viris consilio, audiiis hinc inde rationibus, cum nobis constel de veritate tam por dicta canonicorum quam per alia, pronunciamus iliam permutationem cum omni honere antiuuo factam esse ; et ni(;hilominus (oraneos Icncri

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ad vicaiias et ad sumplus in negociis ecclesie faciendis.absolvenfes eccle- siam iiosiram al) impelilione abbalis super piediclis. Ne autem super hoc aliqua dubietas ûiialur in posterum, presenlem cariulani sigillo nostro et ecclesie et sigillis personarum ecclesie, vidclicet 'canloris, custodis, cellerarii fecimus confirmari. Testes : Nich(olaus) decanus Sancti Johannis, Ar(nulphus) cantor,Theodericus et Egidiusfralres, Fastrardiis,Egidius de Namuco, Clarcbaldiis Saulus, Johannes Remensis, Johannes de Bières, Symonetalii. Aclum soliempniter in capitulo Sancti Paiili anno ^ralie M". CC". XXIll", nieiise novembri, nocte Cecilie virginis.

Original sur vélin. Les cinq sceaux qui pendaienl k Jes queues de parchemin, sont perdus

12:24. o décembre. Richer, doyen, et le chapitre de Saint-Paul cèdent, sous certaines conditions, à Amel, chevalier, fils de Weric, chevalier de Dommartin, la terre de liez qu'ils possèdent à Wonek.

U(icherus) Dei gratia decanus et totum capitulum Sancli Pauli Leodien- sis, nniversis lam preseniibusquani fuluris in perpetuum. Nolum facimus quod nos totam lerrani quam habebanius apud Wonk in Hez ubi quondam fuit silva, tam illam que non lioterit quam illam que coli poterit, conces- simus Anielio milili, lilio scilicet Wirici mililis de Dommartin, et suis heiedibus [lerpetuo iiirepossidendam, liac loge : quod pro singulis mansis terre preiiicte tantiim nobis solvci annuatim in censu, in spelta, in braisai bleis. in gallinis, in ovis et in i/mnibus generaliter, quantum solvit mansus curie de Wonk et eisdem teimiiiis; et mansus eius lot bonuaria continebit quot bonuaria continet mansus curie predicte, habens similiter nu bonuaria terre pro fanalione. De predicta terra decimam nobis solvet in campis, et ips.i terra niovebita nobis, (|uam pi'edicti mililis heredes a nobis requi- rontes lantum (labuMtd<> requisiiione quantum de censu, insuper et dimi- diam hamam vini, et singulis paril)us singulos denarios sicul fccit pater eorum in suo ingrcssu. Quod si miles prcdictus in ipsa terra edificia lecerit, vel mansionarios attraxcrit, tam ipso quam sui mansionarii decimam suivent nobis de omnibus suis nutrituris. Super hiis autem omnibus fideliier observandis, idem miles corporale prestilil iuramenlnni. Nos autem ci cl suis heredibus de cadem terra in quantum ius dictavcrit, pro- misimus et tcnemur teri'egarandiam, de violentia autem non tencmur. In

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huius facti memoriani, preseiitem kiirtulam sigillo ecclesie nostrc fecimiis roborari. A(;luni anno gratie M". CC". vicesimo quarto, niensc decembri in vigilia Nicholai, sub teslimonio Walteri el Gerardi clericorum, Johannis et Heni'icilaicorum, minislerialiiiin ecclesie nosUe et scabinoiiini curie de Wonk elalioi'um.

Original sur p;irchoinin. Sceau perdu.

1229. 2 avril. Olton, cardiiinl diacre du titre de SniiU-Nicoltis in- carcère TuLLiANO <•/ légat du Pape, permet aux chanoines de Saint-Paul de faire desservir par des vicaires les églises sur lesquelles ils ont le droit de personnat,

OUû miseratione divina Sancli Nicolai in carcere Tulliano diacoiuis cardinalis, aposlolice sedis legatns, dileclis in Xrislo preposito el capitulo Sancli Paiili Leodiensis, saluteni in Domino. Cuni quasdam parochiales ecclesias habeaiis in qiiibus non potestis personaliter deservire, nos ani- marnm vestraruni et parrochianornm illarum ecclesiarum saluti providere volentes, auctoriiale vobis presentinin iadnlgemusiit in piedictis ecclesiis in quibus ius |»crsonatus dinoscimini oblinerc, liceat vobis de diocesani veslri consensii per vicarios peipetiios et idoneos deservire. ita quod ipsi curamsnscipiant animarum, et inxta ordinationcni aliquornni prndenlium de ipsarum ecclesiarum proventibus congruam rccipianl porlioncra, dio- ccsano cpiscopo et archidiacono loci de suis iuribus rcsponsuri ; vosque residuum in usus vestros libère convertalis. Ouod si quid humaiiitus de aliqno vicariorum ipsovuni coatigerit, vokimus ut deccdcnte uno alius sub cademprovisionesubstituatur ibidem. Dalum Castclli un nouas aprilis.

Original sur vélin. S^cau cnicvi^.

1230. Il janvier. Charte de Jean dWps, évéque de Liég'\ relative à la prévoté de Saint-Paul, dont il spécifie les droits et les devoirs avec l'approbation du chapitre de la cathédrale de Saint-Lambert.

In uominc .«iancte et individue Tiiniiatis. Johannes Dei gralia I.eodiensis episcopus, univ(!rsis Xrisii li(k'lil)us saluteni in Domino. Ex debito oflicii noslri ecclesiis nobis commissis lidoliler preesse et utiliier prodesse

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teiiemur, eaiumque profeclui et paci propensiori sollicitudine inlendere. Inde est quod nos considérantes frequentem discordiam et querimoniam que inter preposiios ecclesie Sancti Pauli et fratres ipsiiis ecclesie inter- dum exoiiri solebant, super amministralione prebendarum et locaiionibus obedientiarum, volentes inler eos omnem occasionem discordie in futurum penitus amputare, auctoritate nostra et de consensu Hermanni prepositi eiusdem ecclesie Saiicli Pauli, et de consilio et assensu niaioris ecclesie nostre Leodiensis, et assensu capituli piefate ecclesie Sancti Pauli, statui- mus et ordinanius utquicumque fueril preposilus Sancti Pauli per singulos annos percipiel decensu eiusdem ecclesie apud Wonke, quiiideciin marcas Leodienses : decera percipiet in epyphania domini et quinque in festo beati Johannis IJaptiste. Ita quod quantum ad prediclum censum quin- decim niarcaruni et emendas que inde sequuntur, facient ei fidelitatem villicus et scabini et mansionarii. Insuper utetur iure et potestale advo- catie ipsius, in levando censu predicto et emendis que exinde sequentur. Homines etiam infeodati facient homagium preposito et decano, nomine ecclesie Sancti Pauli. Has autem quindecim marcas accipiet prepositus pro feodo, quod ante tenere solebal de manu episcopi, quod longe minus fuit. Ipse veto prt'positus de amministratione prebendarum , vel de obe- dientiis sepefate ecclesie nullatenus se intromitlet. Fratres vero Sancti Pauli liberam hal)ebunt ordinationem et dispositionem omnium obedien- i.iarium et ecclesiaium, et omnium reddituum ecclesie sue ad communes usus frat rum reducendarum sine aliqua contradictione prepositi vel alierius, nullo dono ipsius prepositi accedente. Preposilus vero iura ecclesie et possessiunes more predecessorum suoruni lueri et defensare debebit: preterea considérantes quod ex officie celerature, quam prepositus uni fratrum ecclesie Sancti Pauli, de iure suo dare consuevit, etquod ex officiis minislrorum que officia celcrarius similiter dare solebat, ecclesia propter eorum negligentiam et incuriam intolerabile sustinuil dampnum; celera- riam ipsaii) cum omnibus officiis ministrorum et eorum feodis ad ipsam speciantibus, fratribus ipsius ecclesie de (-ommuni assensu nostro et eius- dem prepositi, in elemosinam perpetuam conlradimus.Ita quod capitulum lam de celeratura quam de officiis omnibus et feodis ad celeraturam perti- neniibus, libeiam habeal |)er omnia disponendi facultatem ad communem utiiitatem fratrum et ecclesie. Addidimus etiam ut quicumque in preposi- lum Sancti Pauli fuerit assumptus, banc nostram ordinationem pie et laudabiliter in Deo tactara, iuret se fideliter servalurum. Et ut bec nostra

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ordinalio ah omnibus inperpeluum inviolahiliter observetur, presentem paginani sigiUi nostri appensione duximus roborandam, sub anathemalis districtione lirmiter inl]ibentes,nequis conlra hanc iioslram ordinationem quicquani altemplare présumât. Ego siquidom Hermannus prepositus Sancli Pauli, huic ordinationi eonsenciens, sigillnm meum feci apponi. Nos etiam decanus et capilulum Saiicti Pauli, ordinationem ipsam gralam habentcs, sigillum nostrum presentibus litteris apposuimus et supplica- vimus raaiori ecclesie Leodiensi ut iiuic ordinationi suum preberel assensum. Nos quoque prepositus, decanus, archidiaconi , totumque maius capilulum Leodiense huic ordinationi propter bonum pacis et utili- latem ecclesie Sancti Pauli consentientes, presenti carte sigillum nostrum appendimus. Acta sunt hec anno Domini millesimo ducentesimo trice- simo, mense januario in octava epyphanie.

Original sur vélin. Les quatre sceaux sont perdus.

1250. Le jour de Pâques, 7 avril. Jean <rAps,évcquc de Liège, confirme raulorisution accordée, le 2 avril 1229, au chapitre de Saint-Paul par le cardinal Otton, légat du Pape, de pouvoir faire desservir par des vicaires perpéluels les églises dont ils possèdent le droit de patronage ou de per sonnât.

Johannes Dei gratia Leodiensis episcopus. Dileclis in Xristo flliis decano et capilulo Sancti Pauli Leodiensis, salutem et paternam in Domino dilectionem. Ciim venerabilis pater Otto, Dei giatia Sanc-li Nicholai in carcereTuUiano diaconuscardinalis. apostolice sedis legatus, vobis indul- serit ut in ecciesiis vestiis parrochialii)Us, liccat vobis per vicarios perpe- tuos et idoneos doservire, ifa quod ipsi curam suscipiant animarum et de ipsarum ecclesiarum proventibus congruam recipiant portionem, iuxta ordinationem discretorum virorum, nobis et archidiaconis locorum de nostris et ipsorum iurilius responsuri, et ul residuum in usus vestros libère committatis; nos gratiam quam vobis fecit, sicut in ipsius litteris vidimuscontineri gralam babentes, nostrum accomodamus assensum et auctorilatem prcstanms ut in ecciesiis pari'ocbialibus in quibus lus patronalus sive personatus habelis, lic-eat vobis per idoneos et perpetuos vicarios deservire, qui animarum cura suscepta congruam de proven- tibus ipsarum ecclesiarum recipiant portionem, iuxla ordinationem dis-

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cretoi'um virorum abbatis Floreffiensis el magislri B(al(]uini) de Barbenchon , quos ad hoc aucloritate presentium duximus deputandos. Mortiio aiitem uno vicarioruni illorum vcl quoquomodo cedenle, alius in loeuni illius sub eodem modo etcoiulitioneper vos substitualur, ibidem coiilentus portione predecessorissui,permemoi'atOH abbalem et magislrum Baldiiinum taxala. Quod ul in pei'peluum observetur presentem paginam sigilli nostri muni- mine duximus roborandani. Datum anno Domini M". CC. tricesimo in die Pasche.

Original sur parchoniin. Deux cordons de soie rouge et verle ; sceau enlevd.

1251. En février. JcandAps, cvèque de Liège, approuve et ratifie la renonciation de Pierre, chevalier de Iliibine et de ses hommes, aux droits qu^ ils prétendaient avoir sur la foret de Hamaie (Hamois) appartenant an chapitre de Saint-Paul.

Johannes Dei gralia Leodiensis episcopus, omnibus presentem paginam inspecturis salutem in Domino. Noveritis quod cum nos abbati Lefllensi et decano Cennacensis eoneilii dedissemus in mandatis ut ipsi diligenter per testes iuratos inquirerent veritatem quid iuris et quem usum hai)erent Pelrus miles de Hubines et homines sui in silva Sancti Pauli de Ilamaie, ab eisdem secundum mandatum nostrum per testes iuratos fuit diiigenler Veritas inquisita. Predictus vero miles de iure suo diffidens ante apertio- nem veritatis pro se et hominibus suis totum lus quod ipso et homines sui de Hubines in eadem silva se habere dicebant, in presenlia proborum virorum sicut nobis per lilteras patentes predictorum abbatis et decani consistit evidenter quittum clamavit et effestucavit. Nos aulem predictam quittationem et efTeslucationem ratam iiabentes et approbanles, in huius rei lirmltatem présentes lilteras sigilli nostri karactere fecimus insigniri. Datum anno Domini M°. CC". tricesimo primo, mense februario.

Original sur parchemin. Sceau perdu.

1251. En août. Le chapitre de Notre-Dame àMaestricht cède au chapitre de Saint-Paul la dime qu'il possède à Wonck pour une rente annuelle de cinq muids de blé, mesure de Maestricht.

Ar(nulphus) Dei gratia preposilus, R(obertus) decanus, totumque capi- tulum Sancte Marie in Traiecto, omnibus presentis pagine irispecloribus

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oognoscere verilatem. Dignum est et onini rationi consentaneum ut ad perpetuam rei memoriam ipsa res gesta soUempniler litlerarum teslimonio l'oboretur. Eapropter noverint univers! , tam futuri quam présentes, presens scripluin intuescentes, quod nos omnem deciniam nostram culluraruni Sancli Pauli Leodiensis apud Wonck similiter et mlnutam dicte ecclesie Sancli Pauli concessimus in perpetuum pro annua pensione V modiorum annone ad mensuram Traiectensem, cujus medietas erit frumentum soiu- bile et altéra medietas ordeum taie qualecrescit in loco; quam annonam lenetur nobis solvere dicta ecclesia Sancti Pauli omni occasione remota de anno in annum infra diem beati Andrée. Ita quidem quod nec nos nec dicta ecclesia ab hac conventione in perpetuum poterimus resilire. Quod si propter retardationem dicte solutionis expensas aliquas faceremus, ullum dampnum haberemus post ammonilionem nostram ipsi ecclesie semel factam, dicta ecclesia Sancti Pauli nobis teneretur ad restitutionem expensarum et dampnorum propter hoc habitorum. In cuius facti testimo- nium sepe dicte ecclesie Sancli Pauli Leodiensis hoc scriptum contulimus sigilli nostri munimine roboratum. Actum mense augusti anno Domini M". CC'\ tricesimo primo, indiclione quarta.

Original sur parchemin. Le sceau fixé à deux cordons de soie verts et blancs est perdu.

liôâ. 10 janvier. Arnold, chevalier de Beaufort, fait savoir qu'un accord a été conclu, à son intervention, entre Véglise de Saint-Paul et les habitants de Gieves (Givres, dépendance de Ren-Ahin), relativement à la forêt de ce nom.

Universis tam presentibus quam futuris présentes litteras inspecturis, Ar(naldus) miles dominus deBealfort in Domino salutem.Universitati vestre notum esse voiumus quod cum inter ecclesiam Sancti Pauli Leodiensis ex una parle et mansionarios suos de Gieves ex altéra super silva de Gieves controversia verleretur, tandem nol)is mediantibus et procuranti- bus talis compositio intervenit inter partes, quod dicta ecclesia habebil X bonuaria versus Bealfort cilra viam que est in silva, de quibus iam positi sunt termini, et totam silvani ultra viara predictani versus Andanam, ita quod eam poterit vendere, incidere, alienare, et in ea custo-

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diam quamcuraque voluerit ponere, et inde penitus sine coniradicto suam facere voluntatem. Mansionarii autem predicli habebunt silvam aliain que est citra viam predictam, exceptis x bonuariis antedictis. Ita taraen quod fundum silve nec vendere, nec alienare poterunt, sed usuagium suum habebunt in illa et de veilere eius suam facient voluntatem, pro omni usu et iure illo quod in tota silva se dicebant habere. Huic autem paci consenserunt mansionarii predicli : hoc scimus, hoc vidimus, et hoc presentibus litteris nostris attestamus. Quibus etiam predicta ecclesia Sancti Pauli sigillum suum appendit in sui consensus argumentum. Datum Leodii sabbatho post epiphaniam, anno Domini M°. CC. XXXII".

Original sur parchemin. Fragment de sceau en cire verte pendant à une queue de parchemin.

1232. 25 août. Jean (TAps, évêque de Liège, le doyen et le chapitre de Saint-Paul décident qu'après la mort d'Othon de Geneffè, doyen de Saint- Paul, (hacun de ses successeurs sera tenu de payer au chantre trente inuids d'èpeautre sur le revenu du dècanat. La chantrerie sera conférée désormais à un chanoine résidant à Véglise de Saint-Paul.

Johannes Dei gratia Lcodiensis episcopus universis présentes lilteras inspecturis, salutem in Domino. Cum cantoria ecclesie Sancti Pauli Leo- diensis exiles et modicos haberet redditus, videlicettantummodo x solidos Leodienses, ita quod non esset qui eam habere vellet et officium eius exequi, nos de consensu et volontate decani et toiius capituli predicte ecclesie ordinavimus quod post mortem Othonis decani ipsius ecclesie, quicumque ei successerit dabit cantori singulis annis xxx modios spelle de proveiitibus decanatus, ita quidcm quod predicta cantoria nuUi alio conferri polerit quam caiionico residenti, qui etiam antequam illam recipiat, prestabit sacramentum de residentia in predicta ecclesia Sancti Pauli facienda et ita observabitur in perpetuum. Quod utstabile sit et fir- mum, presentibus litteris cum sigillo ipsius ecclesie sigillum nostrum duximus appendendum, inhibentes districte sub pena excommunicationis ne quis huic facto noslro contraire vel ipsum immutare présumât. Actum Leodii anno Domini M». CC". XXXI". vigilia Sancti Bartholomei.

Original sur parchemin. Sceaux perdus.

^7':i

1235. ^lii août. Otlon de Gcneffe, doyen, el le chapitre de Sainl-Paul cèdent à Milon de Wonk et à ses successeurs un demi-bonnier de terre situé à Wonk, au prix d'une rente annuelle de neuf setiers d'épeautre el de six deniers liégeois.

O(tto) Dei gratia decanus et capituliim ecclesie Sancti Pauli Leodien- sis, universis tam presenlibiis quara fiituris in Domino saiulem. Cum labili et infirme memorie hominum stili offlcio succurrendura sit, presen- tibus litteris nostris notum esse volumus quod, dimidium bonuarium terre nostre de Wonk quod immédiate coberet atrio et curti illi qua Milo reddit nobis annuatim xx tapones, eidem Miioni de Wonk concessiraus sibi et suis successoribus hereditario iure possidendum, pro annuo censu novem sextariorum spelte, solvendo nobis in festo beati Martini, et vi denariorum Leodiensium, qniin festo beati Domiliani nobis persolvuntur. In cuius rei testimonium présentes litteris nostras eidem Miioni ut secu- rior redderetur duximus concodendas. Actum sollempniter in capitulo nostro dominica proxima post festum Sancti Bartholomei, anno Domini M». CCo. XXX». quinto.

1238 en mars. Otton, doyen de Saint-Paul, et le chapitre donnent en location à Vahhaye du Val-Saint-Lumbert un quart de la pêcherie de Ilamelh [Ramet) pour une rente de huit sous et huit deniers lié(jeois.

Otto Dei gratia decanus et cellerarius, totumque capilulum ecclesie Sancti Pauli in Leodio, omnibus ad quos liltere isto pervenerint cognos- cere veritatem. Noverit universitas vestra quod nos ecclesie Vallis Sancti Lamberti Cysterciensis ordinis accensivimus perpetuo iure possidendam quartam partem venne et totius aque sive piscarie quam habebamus in Mosa iuxta villam de Ramelh pro octo solidis et octo denaiiis Leodiensi- lius nobis annuatim infra octavas Natalis Domini persolvendis. Occasionc autem huius accensionis nichil iuris habebit in pletagio quod habemus ibidem, nec in aliquibus aliis rébus nisi in predictis venna, aqua et pisca- ria. In cuius rei testimonium et munimen presentibus litteris sub cyro- grapho scriptis sigillum nostrum cum sigillo Domini abbatis Vallis Sancti Lamberti apponi focimas. Actum et dalum anno Domini millésime ducen- tesimo tricesimo octa\o, mense martio.

Chirograplie original sur parchemin. Les trois sceaux sont perdus.

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1239. "1^ avril. Jean de Rumigny, doyen de Liège, et le chapitre de Saint-Lambert font connaître un accord conclu entre V église de Saint- Paul et Henri, chevalier, seigneur de Hame (Hamois), relatif à la dime des moutons d'une bergerie construite par ce dernier à Emeville.

Johannes Dei gralia deeanus, totunique maioris ecclesie in Leodio capi- tulum, universis présentes litteras inspccturis oognoscere veritatem. Noverint universi quod ecclesia Sancti Paiili Leodiensis concessit Henrico militi, domino de Hame ul in oviii suo quod de novo consiruxit apud Emeville, de cuius décima queslio eratinler ipsos,liceat ei habere ducentos oves proprias, ut infra eundem numerum et ex illis solvet medietatem décime eidem ecclesie tam vellarum quam agnorum. Et si non fuerint proprie sed extranee quantumcumque ibidem habuerit sive infra predic- tum numerum sive supra , de illis solvet integraliter decimam. Si vero ad medietatem habuerit infra eundem numerum supra quem plures habere non potuerit nisi cum solutione intègre décime de sua medietate solvet medietatem décime, et ille cuius fueriint oves de alla sua medietate intègre persolvet decimam. Si auiem dicta ecclesia eundem Henricum suspectum habuerit quod oves antedicte sue proprie non fuerint, faciet iurare aliquem honestum in animam suam quod sue proprie sunl oves. Ista aulem concessio durabit ad vitam predicti militis, post mortem aulem eius non durabit, sed hères eius decimam intègre in predicto et de predicto ovili persolvet ecclesie memorate, et de hiis fideliter obser- vandis dictus llenricus tidem prestitit corporalem. Actum in capitulo beati Paulidie translationis Sancti Lamberti anno Domini M». CC. XXX°. nono.

Chirographe original sur parchemin. Sceau enlevi^

12i 1 . 30 janvier. Otton de Genejfe, doyen, et le chapitre de Sainl-Paul donnent un bonnier de terre, située à Hebechcies à la pierce (Hepsée), à Jeun Painhonet à sa femme, au prix d'une rente annuelle de trois niuids d'épeautrc payables à la Saint-Martin et trois deniers payables à la fête de Noël, plus une demi-aime de vin pour droit du chapitre.

O(tto) Dei gratia deeanus et capituluin ecclesie Sancti l'auli Leodiensis, notum esse volumus universis tam presentibus quam fuluris, quod nos

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bonuariumuimmterrenoslreiacensapudHebecheiesa /«//ùvofrontiilimus lohanni Painhon el uxori eius pro tribus modiis spelte annui trecensus solvendis nobis Leodii in granario noslro in festo Sancti Martini et pro iiii"' denariis oensus annui solvendis nobis in Nalivitate Domini, sibi et successoribus suis perpétue iure possidendum. Ita quidem quod terre ipsa mensurata, si minus invenitur solvelur minus; si autem amplius invenitur solvetur amplius pro quantitale invente : ulque autem defuncfo, quando terram ipsam requiri contigerit, solvetur lantum de requisitione quantum est de censu et nobis pro iure capituli dimidia hama vini, salvo domino decano et paribus capituli nostri iure suo. Actum sollempnitur in capitulo nostro anno domini M". CC°. XLT. feria Illl^ post dominicam Circum- dederunl me.

Chirographe original sur parciieinin. Sceau perdu.

1241. 28 juin. Henri, prévôt, Jean de Humigny, doyen el archidiacre, el le chapilre de Saint-Lamberl fonl savoir que Gilles, chevalier de Mox [Moxhe), Gonlherus, son fils. Renier Husars et son fils, gendres de Gilles, ont renoncé aux dîmes de Mox et de Moxcron (Moxheron), qu'ils recon- naissent avoir perçues au préjudice du chapitre de Saint-Paiil. Le chapitre cathédral confirme la possession de ces dîmes à la dite collégiale, laquelle donne en compensation soixante-dix marcs liégeois à Gilles, à Gonthzrus et aux autres prénommés.

HenricusDei gratia prepositus, Johannes decanus et archidiaconus, to- tumque capitulum maioris ecclesie Leodiensis, universis scriplum presens inspecturis in perpetuum. Presentibus litteris nostris nolum facimus uni- versis, tam presentibus quamfuturis, quod Egidius miles de Mox et Gon- therus filius eius, et Renerus Husars et filius eius, mariti scilicet tiliarum prefatiEgidii, in presentia nostrapersonaliter constituti, recognoveruntse in iniuriam ecclesie Sancti Pauli Leodiensis hactenus récépissé decimam décime de Mox et de Moxeron, et stranicn et paleam in grangia, et aurigas duos et flagellalorem unum instituisse, et agnura unum sive duos, et pullos aliquos in minuta décima annuatim récépissé, et nichil penitus iuris habere in borreo et fundo eius el curtula adiacente. Unde tamquam penitentia ducti,predicta omnia et quicquid in eis vel eorum appendiciis sive de iure

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sive de iiiiuria se dixeranl habuisse effestucaverunt -, sed et si quid iuris in omnibus prediclis habebant, illud in manus noslras reportaverunt ad opus ecclesie predicte, et nos illud eidom ecclesie reddidimus.Propredicta aulem recognitione iniarie et cessione iuris predicti si quod habebiint, dédit eisdem et plene persolvit dicta ecclesia sexaginla et decem marcas Leodiensis monete.Prcmiserunt aulem dictus miles elalii antedicti humi- liter et dévote quod ipsam ecclesiam super hiis nullatenus nec per se nec per alios de cetero molestarent. Actum et datum in vigilia apostolorum Pelri et Pauli, anno Domini M». CC». XLo. primo.

Original sur parchemin. Sceau perdu.

124-1. 50 juin. Robert deThorote, évêque de Liège, reproduit et confirme la charte qui précède imniédiatenient .

Robertus Dei gratia Leodiensis episcopus univeisis presens scriptum inspectons in perpetuum. Presentibus lilteiis nostris notum facimus uni- versis, tam presentibus quam fiUuris, quod Egidius miles de Mox et Gon- therus filius eius, et Renerus Hussars et filius eius,mariti scilicet filiarum prefati Egidii, in presentia nostra personaliler constituli, recognoverunt se in iniuriam ecclesie Sancli Pauli Leodiensis hactenus récépissé decimam décime de Mox et de Mosceron, et stramen et paleam in grangia, et aurigas duos et flagellatorem unum instituisse, et agnum unum sive duos et pullos aliquos in minuta décima annuatim récépissé, et nichil penitus iuris habere in horreo et fundo eius et curtula adiacente. Unde tamquam penitentia ducti, predicta omnia et quicquid in eis vel eorum appendiciis sive de iure sive de iniuria se dixerant habuisse effestucaverunt : sed et si quid iuris in omnibus predictis habebant, illud in manus nostras reporta- verunt ad opus ecclesie predicte, et nos illud eidem ecclesie reddidimus. Pro predicta autem recognitione iniurie et cessione iuris predicti si quod habebant, dédit eisdem et plene persolvit dicta ecclesia sexaginta et decem marcas Leodiensis monete. Promiserunt autem dictus miles et alii anicdicti humiliter et dévote quod ipsam ecclesiam super hiis nullatenus nec per se nec per alios de cetero molestarent. Actum et datum anno domini M". CC". XL", primo, in crastino apostolorum beatorum Pétri et Pauli.

Original sur parchemin. Le sceau est perdu.

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1*212. M mars. Conlestulion entre l'abbaye de Saint-Jacques, d'une part, Humberl de Scve (Suive), chevalier, et la veuve d'Arnold, d'autre part, relative à des biens situés à Selvia (Suive), à Termoing ( Termogne ) , à Fermiu (Faimc), à Gène fut (Geneffe), à Bovignistia (Bovenistier), à Holnigne (Hollogne) et Yervia ( Vierve). Sentence arbitrale d'Ollon de GeueJJ'e, doyen de Saint-Paul, fuvorabk à l'abbaye.

In nomine Doraini, amen. Cum conlroversia vertatur coram nobis O(ttone) decano Sancli Pauli Leodiensis, provisore et conservatore bono- l'um Sancli Jacobi Leodiensis a domino U(oberto) Leodiensi episcopo conslituto, inter abbatem et conventiim Sancli Jacobi ex una parte, ei llumbertum mililem de Sève, et reliclam Arnuldi eius mansionariam ex altéra, super quodam iure relevationis sive requisilionis terrarum quod pret'atus abbas et ecclesia a longissimo tempore se dicunt ius habere in curia sua de Selvia. Hoc uti quod quicumque est mansionarius dicte curie in Selvia, in Termoing, in Fermia, in Genefia, in Bovigneslia, in Sève, in Holoingne et in Yervia, de quocunique censu sive de censu porci, sive de censu prébende quando decedil, melior beslia quam habet feminini sexus adducit ad curiam de Selvia, et a scabinis curie eslimalur et ab berede de- functi, qui terram suam vult relevare, si ei placet redimitur, et de iusta cstimalione ei duodecim denarii remitluntur. Si vero eam redimere noluerit, beslia est abbatis et ecdesie, de quorum bursa duodecim denarii ei dantur, et ita quantumcunque debeat census de hereditale suainveslitur, sive alio aliquohonere relevationis, et dictus miles pro se et dicta mansionaria sua buic iuri cont radical. Nos auditis teslibus el diligenler et plane exami- nalis, de concilio proborum virorum senteniiam pronunciamus dictos abbatem et convenlum ius habere prediclum in curia sua prenominata, eos a molestia predictorum H(umberti) militis et eius mansionarie supra pre- diclo iure absolvenlcs, eleisdem Il(umberto) milili et eius mansionarie predicte perpetuum silentium auctoritale domini Leodiensis imponentes. Actum anno Domini M''. CC°. XL", secundo, feria 5''" post Dominicam Iiirocavit me.

MS, -188, p. ?,9 de la bibliotlièqiie Je l'Universilëde Lii^go.

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1242. 28 juin. Les chapitres des églises collégiales de Saint-Martin, de Saint-Paul et de Sainl-Jcan-Evangeliste à Liège établissent entre eux une confraternité dont les articles sont amplement détaillés.

Sancti Martini, Sancti Pauli, Sancti Johannis decani et capitula civi- latis I^eodiensis, universis ad qiios présentes Miteras pei venerint, salittem in Domino. Ad universitatis vestre noticiam volumus pervenire qiiod cuni inter nos Sancti Pauli et Sancti Johannis ecdesias, confraternitas fuissct ab antiquo observata, plaçait nobis decano et capitulo Sancti Martini ut inter ecclesiani iiostram et predictas ecdesias eadem confraternitas obser- varetur, que inter eas hucusque fuit observata, nos vero Sancti Pauli et Sancti Johannis ecclcsie, beneplacito ecclesie beati Martini nostruni beni- volum accomodavimus assensum gaudentes. Articuli vero confraternitatis taies sunt. Si contingal mori aliquem canonicum in ecdesia beati Martini, Sancti Pauli et Sancti Johannis ecclesie in mane convenieiit ibidem, et ibi dicent vigilias suas. Venient autem ita mane quod vigilias dicere possint anie adventum aliarum ecclesiaruni. Si vero aliquiscanonicus moriatur in ecclesia beati Paulivel Sancti Johannis, idem faciet ecdesia beati Martini, [lem in primis vesperis et missa dedicationis et festi ecclesie beali Martini venient Sancti Johannis et Sancli Pauli ecclesie cum processionibus et crucibus. Ecclesia vero Sancti Martini in vigilia dedicationis sue solvet ecclesie Sancti Pauli amam boni vini;idem faciet ecclesie Sancti Johannis. Idem per omnia fiet in vigilia beati Martini hyemalis. In vigilia vero dedi- calionum et sollempnitatum Sancti Pauli et Sancti Johannis ecdesiarum, veniet ecclesia Sancti Martini cum processione et cruce ad primas vespe- ras et ad mi-ssam maiorem, et in vigilia conversionis Sancti Pauli dabit ecclesia Sancti Pauli ecclesie Sancti Martini amam boni vini ; idem faciet in vigilia dedicationis Sancti Pauli. Item veniet ecclesia beati Martini ad dedicationem et sollempnitatera beali Johannis; et ecclesia Sancti Johannis in vigilia festi beali Johannis dabit ecxlesie Sancti Martini amam boni vini; idem faciet in vigilia dedicationis beati Johannis. Item sic convenit inter nos, quod si aliquis canonicus ecdesiarum nostrarum controversiam habeat inaliquo capitulorum nostrorum etsegravari credal, débet rogare decanum et capitulum a quo se crédit gravari, quod alia duo capitula con- fraternitatis convocenlur ad suum capitulum, ut sic de communi consilio vd sentenlia negocium ibidem sopialur, nec antequam hoc fiât ad alium

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iudicem poterit habere recursum, nisi forsitam decanus suus et capitulum alla duo capitula iiollent convocare. Item in causis quas aliquibus niove- bimus vel aliquis nobis, boiia tide nobis consilio el auxilio invicem assis- temus in expensis capituli cuius causa erit. Item per totam octavam sollempnitalum palronorum noslrorum pulsabunlur campane benedicle ad completorium.ltem si aliquis canouicus ecclesiarumnoslrarura excédai, et vocentui- alie due ecclesie, inteierunl correplioni canonicialiarumeccle- siarum. Intererunt etiam si présentes fueiint, licet veneiint non vocati. Item si aliquam ecclesiarum nostrarum cessare contingat pro iniuriis iam sibi illatis vel de cetero inferendis, alie due ecclesie inccntinenli secum cessabunt. Et ut supradicta omnia rata el inconcussa permaneant, présen- tera paginara sigilloruni noslrorum munimine fecimus roborari. Datum in vigilia beatorum apostolorum Pétri et Pauli anno Domini M". CC". quadragesimo secundo.

Original sur vélin. Il ne reste qu'un sceau ovale en cire verte dont la légende est perdue. Les deux autres sceaux sont enlevés,

1243. 7 octobre. Jean, doyen, et le concile de CAney déclarent que Henri, seigneur de Ham, et ses prédécesseurs n'ont possédé aucun droit sur la chapelle d'Emeville, et que la paroisse de Flostoy n'a d'autre patron que le chapitre de Saint-Paul.

Johannes decanus et totum concilium Ceunacence universis présentes iilteras visuris salutem in Domino. Notum vobis esse volumus quod nos submoniti per sententiam si unquam vidimus nobilem virum dominum Henricum de Ham vel aliquem de antecessoribus suis personaium aliquem in concilio ad capellaniam de Emmevilhe, deliberato concilio concordiler respondemus quod non, nec aliquem recognoscimus patronum in paro- cbia de Flostois nisi ecclesiam Sancti Pauli Leodiensis, Aclum die quo celebralum fuit concilium apud Ceunacum feria sexta post feslum beali Remigii anno Domini M". CC. XL», tercio.

Original surveiin. Le sceau esl perdu.

279

1243. 1 mars. Robert de Thorote, éiêque de Liège, apaise un différend entre le chapitre de Saint-Paid et les habitants de Hamaie (Hamois) et de Buras (Buresse, dépendance de Hamois), au sujet de la forêt de Hamaie appartenajit à cette collégiale.

Rohertus Dei gratia Leodiensis episcopus universis présentes litteras iiispecluris salutem in Domino. Notum facimus presenlibus et futurisquod cum decanus et capituium Sancti Paiili Leodiensis mansionarios de Hamaie et de Buras auctoritate noslra traxissent in causam, proponenles contra eos quod ipsi mansionarii super silva de Hamaie pertinente ad ipsos decanum et capituium iure proprietatis iniuriabantur eisdem, dictis mansionariis e contrario respondentibus quod ipsi in eadem silva usum- fructum habebant. Tandem ufraque pars in nos fide data compromisit hoc modo,videlicet quod nos utreque parti parlem eiusdem silvead arbitriura etvoluntatem nostram assignaremus divisam, ordinantes et disponentes super eadem silva inler ipsas partes prout nobis videretur expedire. Pars aulem utraque huiusmodi ordinationem nostram cum fldei interpositione ut dictum est se promisit inviolabiliter servaluram. Nos autem de iure utriusque partis in silva predicta facla inquisilione diligenti, de bonoruni virorum consiiio ita ordinamus : quod de minuto nemore dicte silve decanus et capituium habeant dimidiam partem et mansionarii de Hamaie et de Buras aliam dimidiam. De maiori vero nemore dicte silve quod dicitur H banbos iidem decanus et capituium habebunt duas partes, man- sionarii vero predicti ad opus edificiorum suorum habebunt tertiam ; ita quod in silva ad ipsos decanum et capituium per banc ordinationem per- tinente sive minuta, sive magna, dicti mansionarii nuUum ius omnino habebunt. Dicti vero decanus et capituium in ea silva que ad ipsos mansionarios per eandem ordinationem pertinebit, nihil poterunt recla- mare prêter censum quem ipsi mansionarii singuiiscilicelunumdenarium annuum in Natali Domini eisdem decano et capitule solvere tenebuntur. Nos vero retinemus nobis potestatem assignjandi unicuique paftium predictarum partem silve predicle prout superius est dislinctum, ordi- nandi de expensis factis elfaciendisprodivisione et assignatione predictis prout nobis videbilur expedire. In cuius rei testimonium et securilatem perpetuam presens cyrographum sigilli nostri appensione duximus robo- randum. Actum anno dominice incarnationis sollempniter apud Leodiuni,

280

millesimo ducentesimo quadragesimo tertio, feria lertia post dominicam

Invocavit me.

Chirographe original sur parchemin. Le sceau est enlevé,

1243. En juin. Balduiniis, abbé de Saint-Gilles, kz-Liége, cède au cha- pitre de Saint-Paul la dime de Cipeillwi (Ciplet) pour une rente annuelle de quatorze muids d'épeautre payable à la Saint-André.

Balduinus perniissione divina ecclesie Beati Egidii in Publico Monte iuxta Leodium dictus abbas, Lambertus prior lotusque eiusdem loci conventus, universis ad quos presens scriptum pervenire contigerit elernam in Domino saluteni. Universilali vestre notum esse volumus quod nos cum ecclesia Beati Pauli in Leodio ita convcnimus : quod deciniam nostram quam habebanius apud Cipeilhei que dicebatur deciina Sancti Egidii, in perpetunm obtinebit tolaliterpro annuo trecensu quatuordecim modiorum spelte pagabilis, solvende nobis singulis annis in granario nosiro apud Sancluni Egidium ad mensuram Leodiensem infra festum Beati Andrée apostoli, nisi legitimum, quod absit, intcrvenerit inpedimenlum. Quod ulfirmuni et slabile pemianeat, presenlibus litteris sigillo nosiro prius appenso, sigillum dicte ecclesie Sancti Pauli api)endi fecimus in predicte conventionis argumentum. Actuni etdatum sollempniter anno Domini M". ce. quadragesimo tertio, mense junio. Similem litteram habet uiraque ecclesia.

Chirographe original sur parchemin. Les deux sceaux sont perdus.

1245. 29 octobre. Gérard de Bohang, chanoine de Saint-Lambert et

officiai de Liège, Weri, chanoine de Saint-Pierre, vice-prévôt de Liège, Hugo de Celles, écolàlre de Saint-Paul, et Simon, chantre de la même collégiale, attestent avoir vu une lettre émanée d'Ollon de Geneffe, doyen, et du chapitre de cette église, relative à une convention conclue entre Véglise de Saint-Paul et Bauduin, abbé d'Aine, au sujet de la maison claustrale de cette abbaye. Ils reproduisent le texte de cette pièce.

Magister G(eraidus) de Bohang canonicus et oflicialis Leodiensis, magisler W(erricus) canonicus Sancti Peiri, vice preposilus Leodiensis, magister H(ugo) de Cella scolasticus, Simon cantor ecclesie Sancti

281

Pauli in Leodio, universis présentes litteras visuris salutem in Domino. Litteras capiluli ecclesie Sancti Pauli in Leodio vidimus in hec vei'ba : Otto Pei gratia decanus, totiimque capitulum ecclesie Sancti Pauli in Leodio , universis présentes litteras inspectuiis salutem in Domino. Rogavit nos dilectus nosler vir religiosus, Balduinus abbas Alnensis pro se et conventu suo, ut in domo qiiani possidet in claustro nostro, in qua unus ex canonicis nostris mansionem suam débet liabere, que ex magna parte exusta erat, concedere vellemus Johanni clerico dicto bouc orme amico suo et noto mansionem suam in ipsa domo ad vitam ipsios Johannis loco unius canonici, ut in ipsa maneret eodeni modo quo canonicus esset mansurus, promittens nobis quod si hanc petitionem suam exaudire velle- mus, ipse domum illam reficeret competenter. Nos autem ad petitionem suam et pro pace convenlus sui hoc ei et predicto Johanni concessimus scilicet :ut idem Johannes ad vitam suam in ipsa domo habeat mansionem suam eodem modo et eodeni iure, quo unus ex canonicis nostris esset habiturus. Tali tenore pacto adhibito quod idem abbas domum predictam reliceret ab instanti festo omnium Sanctorum usque ad annum. Quod si infra terminum predictum non reliceret, predicta concessio non lenerel. [n cuius rei teslimonium présentes litteras emisimus sigillo nostro sigilla- tas. Datum anno Domini milleslmo duceniesimo quadragesimo quarto mense octobri. Inspecta igitur domo predicta vidimus eam competenter refectam infra terminum supra scriptum: cui rei ad petitionem et securita- tem predicti Johanni teslimonium i)crhibenius huic carte sigilla nostra appendentes. Datum feria secunda anne festum omnium Sanctorum anno Domini millesimo CC". quadragesimo quinto.

Exirail du MS. de Daniel de Blochem.

1245. 30 àécemhve. Le pape Innocent (IV) ordonne de ne pas payer aux chanoines absents les revenus de leurs prébendes et les distributions quoti- diennes sans une permission expresse du Saint-Siège.

Dinocentius episcopus servus servorum Dei dilectis filiis decano et capitulo ecclesie Sancti Pauli Leodiensis salutem et aposlolicam benedic- tionem. Ul gratia quam quibusdam concanonicis vestris de percipiendis in absenlia prebendaruni suarum provenlibus fecisse dicinuir, non sit vobis graviter onerosa, aucloritate vobis prcsentium indulgemus ut cotidiaiias

2B2

distributioiies vel alia que loco earura canonici eiusdem ecclesie résidentes inter se solum coramuniter dividunt non leneamini canonicis absentibus exhibere, sine mandato sedis apostolice speciali plenam faciente de bac indiilgeniia menlionem. Nulli ergo omnino hominum liceat hanc paginam nostre concessionis infringere vel ei ausu temerario contraire. Si quis autem hoc allemptare presumpserit indignationem omnipotentis Dei et beatorum Pelri et Pauli apostolorum se noverit incursiirum. Datum Lug- duna III lialendas ianuariis, pontificalus nostri anno tertio.

Original sur velin. Cordons de (il rouge et jaune soutenant un sceau qui est perdu.

1249. 22 mai. Sentence arbitrale prononcée pur Hugues, écolàtre de Saint-Paul, et Lambert de Solario (Sohères), au sujet d'une contestation existant entre la collégiale de Saint-Paul et Pierre, chevalier de Hubines, relativement à certains droits que ce dernier prétendait avoir sur l-a forêt de Hamniaies (Hamois), et sur les dîmes de la forêt de Barsiez (Barsy, dépendance de Flostoy) .

Nos magister Hugo scolasticus Sancti Pauli Leodiensis et Lambertus de Solario domini Leodiensis marescalcus, arbiiri elecli ab ecclesia Sancti Pauli in Leodio ex una parte, ei nobili viro domino Petro de Hubines de querelis que vertebantur inter ipsos sub fidei datione et pena decem mar- charum Leodiensium durante adhuc termino compromissi nosiri usque ad octavas Penthecostes, auditis bine inde propositis, teslibus multis bine inde produclis, receptis in forma ecclesie et examinais diligenter, par- tibus petentibus ut pronuntiaremus, babifo bonorum virorum consilio et iuris ordine prout exegitnegoliornmqualitasobservalo;in nomine Domini pronuntiamus et difïinitive dicimus : ecclesiam predictam libère posse vendere silvam suam de Hammaie, et donare, et fundum ipsiussilveconver- tere ad agriculturam non obstante eo quod diclus nobiiis in dicta silva clamabat tenuriam et usum pascendi porcos suos in ea sine pannagio ; et ideo ipsi et heredibus suis ex eo quod ibi clamavit coram nobis contra predictam ecclesiam perpetuum silentium imponimus : adiudicantes dicte ecclesie liberam dispositionem silve predicle. Item ex dictis testium cognovimus décimas novalium silve de Barsiez pertinerc ad ecclesiam de Barsiez, et etiam de iure communi cum sit in finibus ipsius, et ideo deci-

- f^3 -

mas ipsas pertinere ad ecclesiam Sancti Pauli, et ecclesia de Flosloir cuius filia est ecclesia de Barsiez sit ecclesie Sancii Pauli, et dictum nobi- lem non habere ius in ipsis decimis, licel aliqua pars iilius silve sit de allodio vel feodo suo. li.Je est quod décimas anledictas contra predictum nobilem sive de novalibus iam piideni factis sive eiiam faciendis adiudi- camus ecclesie predicte. Predicto nobili et eius heredibus super ipsis perpetuum siientium imponentes, salvo iure aliarum ecclesiarum circum- adiacentium si de ipsis decimis contra ecclesiam Sancii Pauli aliquo tem- pore duxerint litigandum. Predictum tamen nobilem amplius inquietari nolumus super fructibus quibusdam quos recepit in novalibus antedictis cum eos suo iure propter terram que de allodio vel feodo suo erat se cre- diderit récépissé, sed super ipsis siientium imponimus ecclesie anledicte. Actum etdatum in vigilia Penlhecostes anno Domini M". CC". quadrage- simo nono.

Original sur parchemin. Deux fragments de sceaux attachés à des bandes de même.

1249. 23 juin. Robert (TOttigiiies, doyen, et le chapitre de Saint-Paul déclarent que Clerembaud de Vyle, chanoine de cette collégiale, a fondé et doté d'une rente de quarante muids d'épeautre V autel de la Sainte-Vierge, de Saint-André, apôtre, de Saint-Martin, confesseur, et de tous les Saints, dont il se réserve la collation sa vie durant. Après la mort du fondateur, le chapitre aura droit de conférer ce bénéfice.

R(obertus) decanus et capitulum ecclesie Sancti Pauli in Leodio, universis présentes litleras visuris salutem in Xristo. Nolum esse volumus quod dominusClarembaldus concanonicus nosterpro redemlione anime sue, pa- rentum et antecessorum suorum,ordinavit et construxit altare unum in eccle- sia nostra Sancti Pauli in honore Béate Marie virginis et Beatorum Andrée apostoli et Martini confessoris et omnium sanctorum : cui allari depulavit et assignavit quadraginta modios spelte qui cèdent in usus sacerdotis in eodem allari divina celebrantis; quam speltam diclus Clarembaldus émit anobis,cuiusannonepreciumnobis plene ab eo persolutum est, etversum in ulilitatem ecclesie nostre. Dictamvero speltam tenemur solvere singulis annis in perpetuum sacerdoli in dicto allari servienti de meliori spelta quam habebimus in granario nostro Sancti Pauli, medietatem in festo Beati

284

Andrée et aliani in purificatioiie Béate Marie virginis. Depulamus eliam eidem altari unam de |)rel)endulis nostris in augmentum prei)ende dicti saeerdotis et eam quam cito facilitas se offeret, assignabimus et confere- nius eidem vel faeiemus conferri al) illis quibus super hoc dederimus potestatem. Sacerdotem vero in dicto altari instituet diclus Clarembaldiis quanidiu vixerit, et opportebit ipsuni sacerdotem residentem esse in ecclesia nostia et interesse cboro et in horis canonicis,sicutet aliicanonici ecclesie noslre qui dictis horis tenentur interesse. Qui erit etiam in obe- dientiadecani et capituliel poteritchoerceri sicut et unus de dictis clericis nostris; que omiiia in suo ingiessu repromittet se observalurum. Si autem contingeret ipsum sacerdotem absentem esse per annum et non residere in nosira ecclesia et in servitio dicti altaris, sine aliqua sententia cadet a iure ipsius altaris et stalim libère polerit alio conferri. Post decessum vero dicti Clarembaldi et sacerdotis quem in diclo altari inslituerit, decanus et cantor ecclesie nostre in perpetuum sacerdotem idoneum in eodem altari instituent loco dicti Clarembaldi cum beneflcio predicto. In cuius rei et tacti testimonium et securitatem perpetuam, nos decanus et capitulum et ego Clarembaldus predictus présentes litteras sigillis nostris fecimus roborari.et ad maiorem rei flrmitatem sigillum ecclesie Oeati Lamberli in Leodiopreseniibus litteris apponi postulavimus.Nos vero decanus et capi- tulum ecclesie Leodiensis antedicte ad petitionem dicti decani et capltuli SanctiPauliad firmitatem etai)probaiionem facii predicti sigillum nostrum presentibus litteris apposuimus. Datum et actum sollemniter in capitulo nostro, anno Domini millesimo CC. XL», nono in vigilia Beati Johannis Baptiste.

Chirographe original sur parchemin. Les sceaux de la cathédrale de Saint-Lambert, de la collégiale Saint-Paul et de Clerembaud de Vyle, qui pendaient à des cordons de fil, sont perdus.

DEUX INSCRIPTIONS BELGES INÉDITES

Ni l'Académie royale de Belgique, au sujet de l'inscription de Verveccm, trouvée à Theux au hnmeau de Juslenville (*), ni les savants rapporteurs de Vlnstitut archéologique liéfieois, h propos des inscriptions de Primus, fils de Marcus, etc., trouvées plus récemment dans la même localité (^), ni aucun auteur s'occu- pant de notre histoire ou de nos antiquités, n'a signalé jusqu'ici deux inscriptions trouvées à Tlieux,il yaplus delroissiècles,en 1557. L'existence en a été révélée, par hasard, au D'Alexandre, conservateur du Musée archéologique liégeois, dans un ouvrage qu'il possède, le Spicilegimn antiquitatis de Begerus("'),OLi aucun écrivain belge ne s'était avisé d'aller les chercher; c'est que M. le chanoine Henrotte, membre de Vlnstitut liégeois, les ayant rencontrées, en feuilletant les pages 89 et 90 de l'ouvrage, les signala à son collègue, qui, à son tour, voulut bien les taire connaître à l'auteur du présent article.

( ' ) XVI, 10, p. 3S3 ; on y raisonne même , p. 3b6 de l'absence d'autres inscrip- tions ayant une date pour recourir à un supplénnent de preuves à tirer de mt^dailles; on y argumente aussi du caractère exceptionnel de la découverte de l'inscription de Vervecciis.

(«) BuUet. de cet Institut, IX, pp. 157 et 446; X, pp. 32 et 99.

L& Catalogue descriptif du Musée archéolorjique liégeois, iil formellement que l'inscription de Verveccus est la seule inscription romaine trouvée (df^ édit., p. 9), ou connue {2" édit., p. 7) jusqu'à ce jour dans la province de Liège : or, outre les cinq inscriptions de Theux (y compris les deux qui font l'objet du présent article), on a constalé jusqu'aujourd'hui la trouvaille faite dans la province de Liège d'une inscription dédiée à Mercure et trouvée à Chèvremont, d'une autre à la déesse Mosa, trouvée à Flémalle {Bull, des Coinm. roij. d'art et d'arcliéol., VIII, pp. 44 et 70) : cela élève à sept au moins le nombre des inscriptions lapidaires de la province de Liège.

(•) Ouvrage publié en 169"2, c'est-à-dire il y aura bientôt deux cenls ans.

286

Voici l'extrait textuel de cet ouvrage, avec fac-similé des deux inscriptions :

XIV.

^

i

« Aram liane Tectis, vulgo Teii, in Marchionatu Francimoii- tano, diœcesi Leodiensi, inveniam,et anno 1557, inense auguste exscriptam, Pighius aullior est, qui et dexlro lateri sertum, semi-coronae forma, ex arietis capite dépendons; laleri autem sinislro, quaîdam mililum simulacra, vetustaie adeo ailrita, ut vix agnoscercnlur, insculpla fuisse, memorat. De ioco ita scri- bil : 7dM, inquil, Teclum sonat lingua Leodiensi; est autem TectiK nunc payus, quem sepulcra veterum Romanorum illic inventa, œdificia quoque et mimismata, necnon aliquot saxa, latinis anti- quislitteris in4cripta,prœler ipsumnomen, anliquam appellationem outgo signijicans, civitatem Romanis non ignolam testantur. Quia et Jul. Cœsar Tectosagorum populorum Belgicœ, a Tectis civitate

287 --

meminit (*). Hgec Pighius. Inscriplionem ita legimus : flonorem Deorum Deo InvidQ Mitlirœ Axsius Verus Q. Veti et Probinus Fd/'/ /i//ws(scilicet,posuerunl) Vota Soluto Libenler Me- rito. Qiiinti Vetii Ingenui meminit inscriplio Gruteriana, p.ri67, 9, vocaturque veteranus colioriis 111 prgetoria3 ex proviucia Germailia inferiore, quaî utique ad nostrum aliquid lucis asper- gerevidebuntur, convenientibus nonnomiiie tanlum,sed et loco militi9e,cum loco iiiventsearse: imo et militia ipsa,cum militibus in arse latere expressis (^). »

XV.

D. I. JREIO.ET. ERIATTO

{ ' ) On ne s'arrêtera pas ici à réfuter celle élymologie : les Tectosages, établis entre le Hlione et la Garonne, avaient bien pénétré en Germanie (d'anville, Notice de la Gaule, pp. 717 et 718 , comme en Ulyne, en î'annonie et en Galatie jbid.); mais le nom de Tecta, a l'abialil' Tectis, n'apparait que dans les diplômes du moyen- àge ; il ne ligure dans aucune nomenclature ou inscription de l'époque romaine, et signifie une reunion de demeures [lecia, toits). Sans doute celles des exploitants belgo-roraairs des carrières du beau marbre noir de Theux.

{• ) Voici cette inscription donnée deux fois par GuuTi;R, comme trouvée à Rome, et déposée de son temps à Tivoli :

P. 558, Xi° 9 :

P. 567, 9

1>. M.

t(VINTO . INGENVO. VETERANO

EX . COU . III. PR. EX. PUOVlNCIA

GEIIMANIAE . INFERIORE . FELICI

MARCVS . EVOCKATVS . PRAES . ET

CIVES . BENEMER. FECIT.

g . VETIO . I.NGENVO VETERANO. COH . UI PR . EX . PROVINCIA GERHANIA . INFERIORE FELICIVS . MARTiVS ERES . ET . CIVES BE.NEMERENTI FECIT.

Gruier pense et tout démontie que les deux inscriptions n'en font qu'une, malgré quelques variantes, dont une des plus importantes porte sur le nom même de Quintui Veiius, ce qui afTuiblil la portée du rapprochement fuit par Bkger.

288

« Eodem, quo superior, etiam ha3c ara inventa est loco, eodemque anno et mense exscripta. Ita legimus : Deo Invicto Mithrae Aram posuerunt Fueio et Fhiatto Volo Soluto Libenter Mérite. Nomiiia Freio et Friatto hactenus quod sciam, non apparuerunt. Forsilan a dea Fma sive Fria deduxeris, quœ veteribus Germanis Venus fuit , et a qua hodienum dies Veneris, non Germanis tantum, sedetBelgis, etAnglis aliisque denominatur. »

Avant d'entamer l'examen des inscriptions en elles-mêmes, disons quelques mots de la personnalité de Pighius et de Beger.

Etienne-Vina-.id Pighius, neveu d'Albert Pighius, mathéma- ticien célèbre, naquit à Kempen en 1520.

Après un séjour h Rome, il s'occupa de recueillir les inscriptions qui y abondent, il retourna dans nos contrées, il obtint l'emploi de bibliothécaire du cardinal de Granvelle, évêque d'Arras ; il publia notamment une dissertation sur un vase d'argent trouvé à Arras et laisant partie de la collection de cet illustre homme d'état : cette dissertation iniliulée Themis deœ, seu de lege divina (Anvers, 1568), a été insérée dans le IX" volume du grand recueil de Gronovius.

Il passa ensuite au service du duc de Clèves, dont il accom- pagna le tils en Italie, puis revint à Xanten il mourut cha- noine de S. Victor en 1604,

Pigliius ne fut pas toujours circonspect dans le choix de ses inscriptions, trop souvent recueillies par lui à des sources impures, comme les fameux manuscrits de Pirrho Ligorio (').

Beger, de son côté, en 1653, et nommé à i'4 ans biblio- thécaire de l'électeur palatin, obtint en 1685 le môme emploi auprès de l'électeur de Brandebourg; il mourut en 1705,

Burmann, von Lingen, Fabrelti et Hagenbuch ( -) lui adressent le reproche de s'être occupé d'inscriptions sans avoir à cet effet

[*] Voy. à ce sujet le l'''' volume du recueil ('pigi'apliiijue (I'Orelli (conlinué pur

llENZEN), p. 60.

(') Ibid., p. 32.

289

les connaissances indispensables ; ils le louent néanmoins d'avoir sauvé de l'oubli 28 inscriptions qu'il avait trouvées dans un manuscrit de Pighius, conservé à la bibliothèque de l'élec- teur de Brandebourg, et qui , sans cola, n'auraient peut-être jamais été connues.

Publiant son Spicilegiiim, Beger divisa son ouvrage en plu- sieurs parties, et voici ce qu'il inscrivit en tète de la troisième :

« Tertium viridarii nostri segmentum varias nobis inscrip- tiones objicit, vel cum tiguris illustres, vel absque liguris me- morandas. Stephanus Winandus Pighius, nobilioris antiquitatis sedulus inquisilor, non hujus tantum, sed et sequentis capitis suppeditat divitias. Autographum ejus inter manuscripta biblio- tiiecse electoralis Brandenburgicse asservatur, variante pulcher- rimse mercis copia refertissimum. Ad Gruterum, Reynesimn, aliosque authores, hoc in génère non obscuros, id examinantes, pluriraa jam vulgata, pauca hactenus inedita, quœdam etiam a vulgatis diversa deprehendimus.Quae jam vulgata sutficientique commentario illustrata prostant, hoc volumine tangere religio nobis est. Quse a vulgaiis differunt, conlidimus fore delecla- lioni; quae nondum édita, emolumento. Utraque proponimus, non ad rationem ordinis, sed ut quseque sese obtulerunt. »

La suite des temps s'est chargée de démontrer l'authenticité des découvertes signalées par Pighius. En effet, deux circons- tances se sont produites depuis, dont certes ce savant ne pou- vait pas se douter : l" La trouvaille de plusieurs inscriptions, monnaies et sépultures faite en notre siècle seulement, h Theux, même Pighius signale ses inscriptions et déclare qu'on avait déjà rencontré des substructions, des tombeaux et des médaiUes; l'exhumation faite en Allemagne, en 1804, d'une inscription d'un soldat belge des armées romaines, dont il sera parlé plus loin, et dont le nom présente la plus grande ressem- blance avec les noms des dédicants dans les inscriptions de Pighius, (jue Beger indique déjà comme étant aussi des ins- criptions militaires, d'après les attributs sculptés aux côtés.

290

Il est à supposer du reste que le fait de la trouvaille de 1557 aura éié signalé à Grauvelle, premier ministre jusqu'en 1560 : on le connaissait comme amateur rit collectionneur d'anti- quités et c'était Ih évidemment un moyen de capter sa bienveil- lance; celui-ci aura informé son bibliothécaire Pighius de la découverte, et lui aura donné l'ordre de la vérifier de plus près; il n'y a donc aucune raison d'étendre aux inscriptions de Pighius ex autographo la suspicion qui s'est attachée aux inscriptions du même ex apograplio.

Les deux inscriptions recueillies par Pighius bien qu'inédites en Belgique, ont été reproduites à l'étranger ; c'est ainsi que Muratori (') les donne en indiquant le lieu de provenance de la deuxième seulement in marchionatu Fiancimontano,dioeces. Leod. »

En outre, un Danois du nom de Cleffel, qui a recueilli les notes manuscrites d'Olaiis Magnus (^), fait mention de l'une des deux inscriptions comme germano-romaine (^), mais sans indiquer ni d'où elle a été copiée, ni elle a été trouvée.

Muratori lit les deux inscriptions de la même manière que Beger, sauf la variante suivante pour la première : lu honorem

domus divinae deo invicto Mithrae, Axius Verus, Qn'mti Veti

Cette version est de nature à élie adoptée, et peut-être y a-t-il lieu seulement de la compléter en lisant en toutes lettres, à

(') ISovux thésaurus veierum inscriptionum, IV, Appendix, page 1980, n"» 4 et S. « E schedis l*it,'hianis Begerus, misit Bricli'^rius Colurabus. »

(2) Edda Saemuudar, III iCopenliague, 18"i8', p. 35!2. Il est à remarquer qu'OLAiisMAOUSjtnort en 1368, a avoir connaissance des inscriptions de Theux, si c'est chez lui (jue ('.h.ffei, les a copiiies, par Pighius lui-même, son contempo- rain ; car le livre de B gkr date seulement du siècle suivant ; Magnus pas-;a les dernières années de sa vie dans le monastère de S'« Brigitte, à Rome ; il a donc pu rencontrer en cette ville, Pighius ([ui, o itre les deux voyages à Borne qu'on connaît de lui vers 1540 et 1557, a pu irès bien y accompagner son protecteur Gkanville qui assista à Borne au concl.ve de 1565. Au surplus, à dtifaut da Touvragi; de Cleffel, il est diflîcile de vérifier ce point.

(*) Ibid., 111, p. 37i.

~ 291

raison delà fracture de la pierre : Quintus Vetius et Probinus Verius, c'est-à-dire en donnant double emploi pour ce dernier nom aux lettres vs des sigles v. s. i . m , comme on en voit plu- sieurs exemples ; il est h remarquer cependant que si la ver- sion Quintus Veti (filius) peut paraître contraire aux règles de l'cpigraphie, il n'en est pas tout à fait de même de Probinus Veri ou Verii (filius) qui est acceptable. Quant au nom é'Axius qui se trouve en celte inscription, il doit être rapproché de l'une des inscriptions mutilées de Juslenville ('), se trouve les nomsAcc... acc... que l'on a proposé avec quelque raison de lire Accius Accii (filius), ce qui tendrait h faire croire que les deux inscriptions de Pighius proviennent aussi du même hameau de Juslenville plutôt que d'un autre endroit de la commune de Theux.

Quant à la seconde inscription, Muratori n'a rien à y objecter, et il accepte la version de Beger a. p. r = aram posuerunt ; il se borne à faire remarquer que Freio et Frialto (au nominatif) sont deux noms d'origine germanique.

Cleffel, au moins par ce que nous en laissent savoir les auteurs du m*' volume de l'édition âeVEddaSaemundar achevée en 1828, n'hésiste pas plus que Beger à attribuer aux noms de Freio et Frialto une Oiigine nordique, et ces auteurs eux- mêmes en s'appropnanl celte opinion, l'appuient de toute leur autorité : on peut donc tenir comme certain que, de même qu'on a trouvé dans les contrées rhénanes, à Calcar et à Biiten(*)des inscriptions en l'honneur de la Dea Illudana, évidemment la déesse nordique Hluddyn, de même le souvenir des divinités du nord Freyr et Freya a continué parmi les habi- tants de Theux à l'époque romaine, la collation et le port des noms de Freio et de Friatto.

La seconde des inscriptions de Pighius acquiert une véritable

( •) Bull, de rtmt. archéol. liég., IX, p. 448.

(') Bulletin des Cnmin. rny. d'art et d'aichéol., X, p. 52; Edda Saemundat . III. p. 435.

292

importance ethnologique, quand elle cesse d'être isolée et qu'on la rapproche d'une autre inscription belge découverte en 1804, h Zahlbach, près de Mayence ('), et ainsi conçue :

freIovervs

veransati . f

(ci)ves. tvng.f.q.ex

coh . 1 . astvr . an

XL . s(tip) . xxn . H. s. E

T . F . I . H . F . C

(Diis manibus. Freioverns Veransati FlVius cives Tiinger , eques ex cohoYle I Astiirum, o/niorum XL, s//;jendiorum XXII: h\c situs ^st.restamenti/brmulajussus //eres/aciendumcuravit).

On pourrait taire certain rapprochement entre le Freioverus de cette inscription et les Freio et Verus des deux inscriptions de Pighius, rapprochement ('^) qui tendrait à assigner comme berceau du citoyen Tungre Freioverus Theux, localité située dans la cité des Tungres; mais il est inutile d'aller si loin : il suffit de prendre note de ces inscriptions trouvées en nos régions, qui révèlent si bien une origine nordique, confirmée jusqu'à un certain point par certains noms de lieux : la forêt de Freyv, près de Nassogne, la grotte de Freyr, près de Dinant, etc., etc.

Mais h quelle circonstance attribuer ces traces de la mytho-

( ') Bull, dex Conuii. roy. d'art ei d'ardiéol. , YIII, p. 132 : Becker, Die romix- cheu Inschrifien \md Steinsculpturcz des 3Iiiseutns der Stadi Maiuz. (Mayence, 1873, p. 69.

{*) Si pourtant ce rapprochement pouvait ôtre admis, de quel secours ne serait pas rinscription trouvée à Zalilbacli pour fixer la date de celles de Piciiius ? 1! sufTirait en eiVet de connaître l'époque approxiir.ative la Coli. 1 Astitrum a dté cantonnée aux environs de Mayence. Mais en fait d'hypothèses scientifiques il faut procéder avec prudence, et se borner à indiquer, sans trop y insister, les simples possibilités.

293

logie du Nord dans le pays des Eburons, c'est-à-dire la West- phalie et le pays de Liège (') ?

Nous savons par César (B. G., II, 29) que les Aduatuques étaient les descendants des 6000 hommes d'arrière-garde laissés dans nos contrées par les Cimbres et les Teutons, c'est-à-dire par des habilanis du Danemark actuel (Jutland == Chersonnèse Cimbrique) et du nord de la Germanie, qui avaient traversé cette région (ibUl., Il, 4) avant d'entreprendre leur marche vers les champs de bataille d'Aix et de Verceil Marins les détruisit ('^).

Or, la chose n'est pas contestable, c'est en plein territoire des Eburons que ces 6000 Cimbres et Teutons, ou leurs des- cendants s'établirent : ils finirent par soumettre les Eburons au payement d'un tribut, et une de leurs forteresses portant leur nom d'Aduatici {Adwachter = praesicliarii), était située en plein territoire Eburon : « Aduatuca, id castelli nomen est, dit César, mediis Eburonum finibus, »

Malgré la prétendue extermination des Aduatuques par César (B. G., II, 33), on voit encore ce peuple reparaître plus tard {ibid., V, 38; VI, 2 et 3) ; il est donc probable que des descen- dants des Cimbres, etc., ont survécu l\ la conquête et se sont fondus parmi les Tungres, remplaçants des Eburons; s'ils ont été fort réduits, comme il est fort probable puisque le nom d'Adualuques disparaît avec César, à moins de les retrouver, avec certains auteurs, dans les Attacotti dont parle S Jérôme,— leur petit nombre n'a pu que renforcer le culte des souvenirs chez les survivants : c'est là, et non jtas ailleurs, qu'on doit, semble-t-il, chercher l'explication des traces des divinités du

(', On a beaucoup écrit sur ceUe question; mais jus(iu'ici on otait resté dans des généralités, le scnndinave et le germain s'entremêlent dans une promiscuité désespérante, il est donc inutile de citer ici des autorités aujourd'hui surannées.

(') Voy. ce qui a été dit à ce sujet. fJulIct de t'fintitut archcol. liégeois, VIII, p. 3i5.

- 294

Nord Hloddyn, Freyr et Freya dans les inscriptions romaines de la contrée naguère occupée par les Eburons.

N'y a-l-il pas eu même de la part de Freio, un hommage h Freyr, dieu du Soleil Edda Saemundar , III, 405, chez ses ancêtres, quand il adopte le culte de Milhras, qui n'est autre non plus que le Soleil, Mithras Sol invictiis ?

C'est en effet Mithras, comme l'ont très-bien pensé Beger et IVIuratori, que désignent les sigles D. I. M. = Deo invicto Mithrae : on a renoncé aujourd'hui aux autres explications de ces sigles dans les inscriptions proposées par Sertorius Ursa- tus (^) : deae Isidi magnae, diis inferis Manibus, maiis, tnale- didis : partout les trois lettres D. I. M se rencontrent dans cet ordre en une dédicace (^), on est d'accord aujourd'hui pour lire Deo invicto Mithrae, comme le portent tout au long un grand nombre d'inscriptions. D, I. M est du reste accompagné parfois de développements qui ne laissent aucun doute, comme D. I. M ET Sou socio {'], etc.

(•) Thésaurus de Graevius, Xf, p. 674.

(2) Orelli, nos 49o, 1061, 1913, 2349.

(^) Id., n" 1913. Il est à remarquer que parmi les surnoms du Mithras, on ne trouve rien qui puisse remplacer avec avantage l'interprétation de A. P. P == arum posuerunt, b en que peu satisfaisante : on a bien ou le nom Appius peut-être Appji s'appliquant aux deux dédicants, ou les épilhcles Aeiemux, Pollem, Persi- dicus, Peculari.i^ quoique jamais on ne trouve ces diverses épithètes accolées ; on pourrait encore lire Dro invicto Mithrae Aeterim^ Pater Pairalus Triio (Cfr. Grutf.R, 3i,9 , on a pâtre palrato Frein et Friatlo, voio soluto, etc. Il ne peut en aucun cas s'agir de a palribus patratis Freio et Friatio, car inilf^pendamment de ce que l'inscription aurait du dans ce cas porter A. PP pp, Mithras avait bien des augures [DoNitis, I, p. 24, n" 84), des milites (Tertull. I>e coron, milit., c. io!, un pater sacromtn Fréru, 5léin. ncad. de» iufuript., XVI, p. 277), plu- sieurs patrex et maires sacrorum (s'il faut en croire Denne Baron, Dict. de la conversation. MiTHRAS), un pater patratns (Fabretti, V, 3o9, n* 8), etc., mais de même que les féciaux n'avaient qu'un pater patratus, leur chef, de même la qualité de pater patratu» n'a pu être portée que par un seul personnage, et quelle vraisemblance qu'il ait résidé à Thpux ''. mais il y a bien des objt'ctions à présenter contre ces interpri talions, et a défaut de meilleure, on s'en tient ici à celle de Beger et Muratori.

29S -

On a tant écrit sur le dieu Milhras que c'est le cas ici de dire avec Hansenius : de Mithra multa multi, et de s'en tenir là. Qu'il suffise de rappeler que ce dieu, d'origine persane, était représenté sous la forme d'un beau jeune homme, revêtu du costume phrygien, et plongeant un couteau dans la gorge d'un taureau sur lequel on le représente agenouillé et penché.

Le culte de Mithras se célébrait dans des antres se trou- vaient réunis plusieurs autels consacrés au dieu, ce qui explique la découverte simultanée, faite au même endroit des deux ins- criptions de Pighius faite au mois d'août 1557.

C'est ainsi encore, qu'on a trouvé en 1822, h Housestaeds, en Angleterre, un sanctuaire contenant, outre l'image du dieu, six autels en l'honneur du Deus sol mviclus Mithras, aujourd'hui conservés dans le musée de Newcastle {*).

Or cette découverte de Housesteads a son importance au point de vue des antiquités belges : Housesteads n'est autre que l'ancien Borcovicum (8* station de l'armée romaine campée en Grande-Bretagne, le long du retranchement dit d'Antonin). campait une cohorte des Tungres, qui y ont laissé un très- grand nombre d'inscriptions (^).

Un point qui n'a pas besoin de démonstration est la persis- tance de rappoits entre les campements des Tungres à l'étran- ger et la Cité des Tungres : il va de soi que tous les vétérans ne restaient pas mourir en Angleterre et que plusieurs d'entre eux retournèrent au pays natal.

Ces rapports, on les a déjà constatés en rapprochant le nom de Vreioverus de ceux de Freio et Vevus; en voici un non moins frappant.

(•j HuBNER, Corpus imcripi. latin., (de l'Acad. de Berlin), n"« 645 et 650. (•) ID., ibid., n«' 633, 636, 638, 639, 640, 642, 631, 653, 690 et 691.

- 296 Une des inscriptions d'Housesteads est ainsi conçue {*) :

I) M

HVRMIO

LEVBASNI

MIL COH I

TVNCROR

BE PlUEF

CAPVRVS

HER . FC

( Diis Manibus Hiirmio Leubami tilio, miWiï co//oi'tis I Tun- grorum /^eneticiaiio praefecii, Capurus hères /aciundum curavit).

Or une aulre inscription découverle à Goyer, à 4 lieues de Tongres, porte C^) :

HERCV

LI

LEVBAS

NA FLO

RENTIN

FI LIA

V. S. L. M

{Herculi Leiibasna Florentin} filia votuni solvit /ibens nierïlo.) Il est impossible de méconnaître l'afïinité de ces deux noms de Leuhasnius et Leubasna ; ils sont si extraordinaires en épigraphie que Hûbner n'a pu croire à l'un d'eux, et le décom- pose dans l'inscription anglaise en Lticii ftlio, Ubasni, en faisant de ce dernier nom un cognomen au datif.

On peut même se demander si ce nom n'est pas le même que celui d'un commandant d'un escadron de WMa I Tungrorum Frontoniana, nom qu'on retrouve en Pannonie sous la forme Lobasinus dans l'inscription suivante {'] :

(*) ID , ibid., n"«91.

;*) Bull, des Comin. roij. d'art et d'archéol.^ VIFI, pp. 50 et 67.

(") MOMMSEN, ^'or/<«.s //i.vtri/;^. /«//»., III, nOoiOO.

Il y a peut-ôtre lieu de comparer avec ces inscriptions de Lobasinus, Lciibasnius

297

"■JERSO , PRECIO XIS . F . SCORDISC EQVES . Ma . /RO TVR LOBASINI A R CVS AN. XX... XV/

(Diis Manibus. Terso (?) Precionis /iliiis Scordiscus eques alae Tuiigrorum Frontoniauae, turnvà Lobasini , «rmorum cuslos, annovum XXXiiii, slipendiorum XVI...)

Le berceau de la famille des Leubasnius (et Lobasuuis ?) était donc la Tongrie ; c'est de lii qu'ils partaient pour prendre du service parmi les auxiliaires de Bretagne (et de Paunoiiie?) ; c'est qu'ils revenaient après avoir accompli leur temps de service, si comme le liis de Leubasnius, décédé à Borcovicum, la mort ne les avait pas atteints sur la terre étrangère.

Ainsi s'explique parlaiteuient le fait de l'importatiou du culte de Mitbras dans la civitas Tungroium : il suffit qu'un vétéran Tungre ait continué ce qu'il avait vu à Housesteads, pour qu'on l'ait imité à son retour.

Les Tungres du temps passé avaient du reste une aptitude singulière h. adorer tous les dieux, toutes les déesses , on en trouve la preuve en deux inscriptions typiques :

1)1 li . ME

AD . u

om(ni)i{ frv(me)(nt)

IVS M(iL' . (CO)II H TVNC

et Lrubaaniu, celle du musée Guillon à Rureraonde il est fait mention d'une ubienne du nom de Louba, fille de Gastiiiasius. Celle inscriplion provient aussi do lancienne Belgii(ue, ayant éié trouvée à Neuss en Westphalie, (Franssen), Caïa- logue des antiquités rmnnines ijermaincs-celtiques, etc. (du musée GurLi.oNl, p. iO, no 821.

Birrens, Ecosse ( *)

{Dibus deabvisque onviibus Frumentius miles cohovl'is II Tungrovvm.)

mis DEABVSQVE SE

CVNDVM INTEHPRE

TATIONEM. ORACV

Ll CLARl APOLLINIS

COH. I . TVNGR0R(V«;

-™ Housesteads (').

( Diis ileabusque secundum interpretationem araciUi Clan Apollinis, coliors I Tungrorum.)

Par celle cohorte d(,'S Tuiigrcs, qui, d'Angleterre elle est campée, envoie consulter en Asie-Mineure l'oracle d'Apollon de Glaros, on démontre en outre que les Tungres de l'époque impériale avaient des relations au loin, jusqu'en Orient, ce qui suffirait déjà pour expliquer l'importance en Belgique du culte de Mitliras; celle-ci a pu se faire directement et sans détour, par exemple par l'intermédiaire de ce soldat dont on a trouvé récemment ( '' ) en Hesbaye le pécule composé de monnaies frappées en Egypte, pays où, d'après certains auteurs, le culte de Mitliras avait pénétré avant même d'arriver jusqu'à Rome.

Qu'est-il besoin après cela, de montrer encore la croix potencée ou gammée [teiragiamma, swasiika, fijlfol) de certaine des inscriptions de ïlieux (*), se retrouvant sur trois inscrip- tions d'Angleterre, les seules que l'on puisse signaler, pense- l-on, parmi les inscriptions païennes de l'époque romaine, comme étant revêtues de ce signe (*)? Les rapports des Tungres servant en qualité d'auxiliaires, avec les Tungres

( * ) HuBNEK, toc. cit., 1074.

(t) Id., ihid., no 633.

{') lieiue belge de numismatique, V'- série, VI, p. 186.

(*) Bulletin de l'institut arcliéul. liégeois, IX, p. 448.

/) Corpus inscript, latin.. Vil, n»» 823, -1031, 1035.

299 -

continuant à résider en Belgique, sont plus que démontrés, et il y aurait plutôt lieu de s'étonner de n'avoir pas vu plus tôt Mithras figurer, si l'on peut pailer ainsi, dans le Panthéon des Tungres, puisqu'il fut adoré par eux dans les localités ils campèrent à l'étranger.

Quant à l'époque à laquelle se rapportent les deux inscrip- tions de Pighius, elle peut être déterminée d'une manière approximative.

Plutarque ( * ) nous apprend que les pirates défaits par Pompée en l'an de Rome 687 (av. J.-C. 68) introduisirent dans l'empire romain le culte au dieu persan Mithras. Les Romains connais- saient du reste parfaitement les mœurs d'une grande partie de l'Orient : Strabon et Diodore de Sicile dont les accointances avec le monde romain sont connues, décrivent, l'un, les mœurs de la Perso il est parlé du culte de Mithras {Géogr. liv. XV), l'autre, celles de l'Inde, licite le sujiplice volontaire des \eu\es-sutties , usage non encore déraciné aujourd'hui, malgré les efforts des Anglais. Or ces écrivains vivaient à l'époque de Césai" et d'Auguste, et séjournèrent longtemps à Rome même.

On soutient cependant, et tel est l'avis de Fréret (') et de Pauly (^), que le culte romain de Mithras dont on trouve une seule inscription datant du commencement du IP siècle, ne fui pas en pleine vigueur avant la fin du même siècle sous Commode : cette dernière époque eslpleinement indiquée par la formule : m honorem domus divlnae, c'est-à-dire « en l'honneur de la maison impériale ou famille régnante (*). » En effet, on ne connaît qu'un seul exemple {*) de celte formule , antérieur au même Commode, sous lequel il en apparut un très-grand nombre.

( ) Vie (le Pompée, c. 23.

(*; ilém. acad. des inscript. ^ loc. cil., p. 'ili.

(') Real-Eiicyctopàdie, V" Mithras.

{*) Une inscription porte, en elVet, une dédicace à Jupiter /y;o aaluie imptra- loris Gordiaiii, Subiiiae Furiae Tranquitlae conju{iis ejus, tolacque domus divinuc eorum iOrelli, n" 972 .

[') Uenzen (conlin. d'ORELUj, lil, p. 67.

- 300 -

La formule in h. n. n qui dans les inscriptions accompagne et précède souvent (') l'invocation des différents dieux du paganisme, se trouve aussi dans les mêmes conditions quant au dieu Milhras (-).

Le docte académicien qui regrettait, h Juslenville , l'absence d'inscriptions pour permettre d'attribuer h l'inscription de Verveccus une autre date que celle des monnaies trouvées au même endroit, a donc h s'imputer h lui-même de n'avoir pas, (en rassemblant les matériaux de la carte archéologique du royaume qu'il devait publier) ouvert le livre de Beger qui eût pu l'éclairer.

En tout cas , les conclusions qu'on a tirées ('') des monnaies trouvées dans ie cimetière de Juslenville, doivent être res- treintes à la partie du cimetière ces monnaies avaient été trouvées ; et il y a lieu, non-seulement de rapprocher un peu do nous l'antiquité de l'établissement romain de Theux, comme on l'a proposé C*), mais même de déclarer franchement que le minimum d'antiquité de cet établissement doit être déterminé par les monnaies du Bas-Empire qui ont été déterrées en la même commune, et qui tendent i\ constater que l'établissement trank de /'fc/a (ablatif : Teclis), a succédé sans hiatus à une station romaine.

Les indices que fournit la forme des lettres des inscriptions de Pighius nous échappent b. raison de la perte des originaux et du double intermédiaire, c'est-à-dire du double risque d'altéra- tion par lequel ont passé les copies : tout ce qu'on peut dire est que la première de ces inscriptions, et par conséquent aussi la seconde, consacrée dans les mêmes circonstances, et retrou- vée au même endroit, est antérieure à la destruction du culte deMithras dans l'empire romain.

(1) Jupiter et Junon (GiîUTEr, 4, n»!); Mercure fOnELM, n" 5886;; Apollon (ID., no G804) . Diane (ID., no i:t86»,elc.

(*) In honorem d. d. som invicto mythu, etc. d. i. m. in iionor noiivs divinae (deux inscriplions de Ciagcnfurt, id., nos :2348 et 2349).

(') Uull. de ilnsi. archéol. Uérj., VIII, p. 220,

(♦) Ibid., IX, pp. 153 et 400 ; X, p. S9.

301

Il n'a pas été donné à l'auteur du présent article de retrouver la loi du code Théodosien de l'an 378 qui aurait ordonné celte destruction ; la loi unique du livre II, titre II, IS'e quis in causa sua (Valente II et Valentiniano VI coss), citée par Fréret ('), n'a absolument rien de commun avec cet objet. Mais on sait par une lettre de S. Jérôme adressée à Laeta (^), que le préfet Graccus dont Philippe a Turre fixe la magistrature en ladite année 378, viola, sans doute par ordre impérial, l'antre de ÎVli- ihras et en renversa les idoles (dont Pater et Persus) (^).

Les inscriptions de Pighius datent donc au plus tôt de la fin du I^ siècle, et au plus tard de la seconde moitié du IV°, et ces dates correspondent sans doute à la prospérité la plus grande de la station romaine de Theux, et des exploitations de marbre noir, extrait de celte localité, dont on trouve les débris en tant d'endroits.

Theux, avec ses cinq inscriptions romaines, doit désormais être classé immédiatement après Arlon, seule localité belge qui en ait fourni un plus grand nombre; il l'emporte h cet égard sur Tongres et Tournay. Si cette circonstance seule était de nature à faire apprécier l'importance d'une localité, il y aurait certes une présomption en faveur de l'établissement belgo- romain de Theux.

II.

L'impression de la première partie était achevée quand l'auteur a appris que l'ouvrage de Cleffel, cité p. 290, doit être, non pas le MS. annoté d'OLAÙs Magxus, mais l'ouvrage in-S", publié

(*) Mém. Acad. inscr., loc. cil., p. 278.

(») Epist. CVH (MiGNE, Hieron, I, n" 078).

(') Les autres idoles accessoires du culte de Miliiras,menlionnt;es parS. JiTôme, sont Corax, IS'ymphn.'i, Miles, Léo, Helios, Droino ; mais aucun de ces noms ne commence par la lettre a, qui eîit pu trancher l'explication des sigles a. p. p.

302

à Francfort et h Leipzig, en 1733, sous le liLre de Cleffelii J. Cpli. Anliquitates Germanorum polissimum septenirionalium se- lectae. Au surplus, d'autres auteurs, même du présent siècle, témoin Grimm, Deutsche Mythologie (Gôitingen, 183o, p. 137 à la noie), ont également cité les inscriptions de Theux; cela rend encore plus impardonnable le silence des savants belges, aca- démiciens et autres , sur ces monuments importants , qui depuis environ deux cents ans ont clé publiés et republiés à l'étranger.

On connaît les autels de Milhras déterrés aux environs de Saint-Wendel, de Meisenheim et de Dormagen ; en outre, le Musée de \Yiesbaden a recueilli un superbe Miihraeum dé- couvert à Heddernheim ; deux autres se montrent au Musée de Carlsruhe; des débris d'un quatrième, déterrés naguère aux environs de Cologne , se voient au Musée de rUniversilé à Bonn (i), etc. : le culte de Mithras avait donc pénétré le long du Rhin, et il n'est pas du tout nécessaire, comme on l'a du reste dit plus haut, de restreindre à la seule hypothèse d'une importation venue d'Angleterre, l'explication de la présence à Tlieux de deux pierres miihriaques. Si l'on a appuyé un peu sur cette hypothèse, c'est à raison du caractère militaire des inscriptions de Theux, caractère déjà reconnu par Pighius, et qui a fait songer en tout premier lieu aux endroits des Tungres servaient dans les armées romaines; le Freioverus de Mayence, également soldat, indique de son côté les contrées rhénanes. L'une des hypothèses n'exclut pas l'autre.

On ne peut guère avoir la prétention de produire ici incidem- ment la « littérature » complète de tout ce qui a été écrit sur le culte de Mithras et sur les traces que ce culte a laissées dans le monde romain et notamment au nord des Alpes ; mais il est toujours utile de recueillir quelques indications sur les publi- cations les plus récentes :

(* ) Dans ce Musée est une des inscriptions citées plus liant de la déesse Hludana (p. 291), comme celle du Tungre Freiorent<; p. 29!2) est au musée de Mayence.

303

De Hamaier-Purgstall, Milhriaca ou les Mithriaques (Mémoire académique sur le culte solaire de Mithra, publié par Spexcer- Sauth, Caen et Paris, 183'], gr. in-S" avec 24 pi. iii-i').

Lajard, Mémoire sur io Culte de Mithras. couronné en 1825 par l'Académie des inscriplions.

Id., Nouvelles observations sur le grand relief milhriaque de la collection Borghèse, actuellement au Musée de Paris, Paris, 1828.

Id., Mémoire sur les deux bas-reliefs mithriaques qui ont été découverts en Transylvanie, Paris, 1840.

Der MithraS'Tempel in den rômisclien Ruinen bel Heddernheim (dans les Ann. des Vf reins von Nassauische Alterthumshinde und Geschichtsforschung, 1830, p. 161, etc.

MÙLLER, Mithras, Wiesbaden, 1831 et 1833.

Creuzer, Dus Mithraeum von Neuenheim bei Heidelberg, Hei- delberg, 1838.

Stark, Zivei Mithraeen der grossherzoglichen AUerthûmersamm- lung in Carlsruhe (dans le Philoll. paedagg. que consalutant, publié en collaboration de Koechly et Cadenbach, Heidelberg, 186S), etc., etc.

La découverte simultanée de deux inscriptions du dieu Mi- thras, faite en lSo7, et l'analogie de ces inscriptions avec les inscriptions accessoires du même genre qu'on trouve toujours groupées autour du monument principal d'un Mithraeum , tendent h faire supposer qu'il reste encore quelque chose à découvrir h Theux : serait-ce trop présumer de l'avenir que de confier aux archéologues si zélés de la localité, et notamment à M. Phil. de LiMBouRG, le soin de rechercher l'autel même, ou ses débris, et de reconstituer le sanctuaire qui existait il y a environ 1700 ans?

Déjà Theux, en fait d'inscriptions romaines, occupe le second rang en Belgique : pour la quantité, Arlon seul l'emporte; pour la qualité, c'est Tongres, mais à raison seulement du ca- ractère exceptiomiel de sa pierie leugaire. Ce classement ne sera-t-il pas un jour dérangé en faveur de Theux?... Ce n'est

304

pas la première fois, témoin le camp de Victoria, à Niederbiber près de Neuwied, que des découvertes d'antiquailles dans le sol ont lait revivre et ont même nommé de son nom ancien, un centre important, passé sous silence, comme Theux, par les historiens, les géographes et les itinéraires anciens.

Il n'est pas inutile de rappeler ici les motifs qui ont pu donner à Theux une si grande importance dès la plus haute antiquité.

Voici des passages d'auteurs étrangers à la Belgique et qu'il est intéressant de reproduire :

DoRow, Die Denkmaeler gennanischer und romischer Zeit in (1er Rheini^ch WestfaUscJten Provinzen, Stuttgard, 1823, par- lant d'une inscription sur marbre noir trouvée près de Bonn, dit positivement que ce marbre provient de Theux, dont les carrières fournissaient Rome l'on en trouve des spécimens dans les monuments antiques : « Es ist zu vermuthen dass die Marmor aus dem Steinbrùche zu Theux bei Spaa, herstamme. Der daselbst gevvonnene schwarze Marmor war schon zur Zeit der Rômer berùhmt; er wurde bis nach Rom verfiihrt woselbst man jetzt mehrere alte Denkmille bewundert, an denen er zur Dekorirung verwendet worden ist. »

NoEGGERATH, Ic savaut président de la Société des Antiquaires du Rhin, disait le 4 mars 1857 dans une réunion d'une autre société de Bonn (la Société du Bas-Rhin pour l'histoire natu- relle et les sciences médicales), en parlant d'une collection de marbres antiques trouvés ii Trêves et en tout semblables ù ceux de Rome : « Le noir marmor Tlieusebi {i) est peut-être le marbre de Theux près de Spa. On le trouva formant des autels grandioses découverts il y a plus de cent ans dans la cathé- drale de Cologne. » (Corriger sur ces points les énonciations du Rulletin archéol. et hist. de la Moselle, 1858, p. 69, en les comparant l\ celles du procès-verbal même de la séance dans

) Le Bulletin de l'Institut archéol. lié(/., VIII, 450, s'est déyd occupé de ceUe qualification qui n'npparlicnt pas à l'antiquité.

- 305

les Sitzungsberichte der niederrheinische Gesellschaft zu Bonn^ h la suite de Verhajidlungendematurhistorische Vereins der preuss. Rheiiil. iind Westphalens, 1857, XIV, p. xlvii; voir aussi Leon- HARD et Bronn, Neues Jahrùuch (ûr Minéralogie, 1859, p. 741.

M. DE Noue, de Malmédy ('), rappelle également Tantiquité de l'emploi du marbre noir de Spa dans les monuments romains de Trêves.

Brard, dans son Traité des pierres précieuses, II, p. 331, et dans sa Minéralogie appliquée aux arts, II , p. 282, n'est pas moins explicite : « L'Encyclopédie, dit-il , dit que des anciens liraient le marbre noir de la Grèce; mais une chose plus posi- tive, c'est que M. Faujas (de Satnt-Fond) a retrouvé des carrières de véritable noir antique qui ont été exploitées par les anciens et dont les restes existent encore à deux lieues de Spa, du côté de Franchimont ('-), non loin d'Aix-la-Chapelle. Ce marbre est extrêmement rare; on ne le trouve plus dans le commerce qu'en morceaux travaillés. J'en ai vu de grandes tables dans les magasins de MM. Thomir et Duterme. »

Ces renseignements qui doivent ne pas être les seuls, n'ont pas échappé aux auteurs belges, car De Thier, Coup d'œil sur les volcans éteints de la Kyll, p. 54, qui soumit des échantillons aux autorités françaises, et Del Vaux, Dictionnaire géographique de la proviîice de Liège, I, 391, disent que le marbre de Theux rappelle tout h fait le marbre noir antique ou de Lucullus. « Le nom de marbre de Tlieusèbe que les marbriers, selon Valmont

(') UtiU. Insl. arcliéol. lic(j.,l. cil.

(-) Les nombreux ouvrages de Faujas de Saikt-Fond , n'ont pas été tous compulsés pour y retrouver une citation qui n'y existe peut-être pas ; Brard, son disciple, a pu du reste tenir oralement ce détail de lui ; en tout cas Fai'JAS parait avoir visité Thcux, car dans son Essai sur le ijoudron, etc., p. 33, il parle des forges de M. de Limcourg, « situées auprès de Theux, dans le marquisat de » Franchimont sur la route de Liège à Spa. » En outre Brard. /. cit., I, p. 7, cite la Belgique comme un des pays parcourus par Faujas dans Tintérêt de ses « éludes sur les arts industriels. »

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DE BoMARE ( 1 ), donnent au marbre noir, ne viendraii-il pao, se demandent-ils, de ce marbre de Thcux autrefois si fameux qu'il était reclicrché jusqu'à Rome? »

M. DE Meestep. ue Ravestein possède à ce sujet une compc- lence toute spéciale, ayant formé en Italie même une des plus belles collections qui existent de marbres antiques, c'est-à- dire de marbres exploités par les anciens, mais dont le plus souvent les gisements sont épuisés ou inconnus {Musée de Ravestein, Catalogue descrijJif, II, p. 180). Or voici ce qu'il dit {Ibid., p. 273) à propos du marbre de Theux :a Si la Laconie et l'île de Chios ont fourni aux Romains du noir antique, nous savons, d'un autre côté, qu'on a retrouvé à Theux, dans les environs de Spa, des carrières d'une très-belle roche noire, qui, abandonnées depuis des siècles, semblent avoir aussi été exploitées par les anciens, peut-être par un des lieutenants de Mamurra, préfet des ouvriers de Jules-Césnr dans les Gaules (Plin., h. N. XXXVl, 7). On a trouvé à Juslenville (Theux), des traces importantes de l'occupation romaine, des inscriptions, etc. {i).

Et il n'est pas étonnant que les Romains soient venus cher- cher jusqu'en Belgique le marbre noir, tant ils y attachaient de

(') L'ëdilion ilii Dictionnaire d'histoire naturelle, édition d'Yverdon (1768) annotée par Hali.er et autres, \I, p. 516, cite parmi les marbres iinicolores, le marbre noir ou Tusibe d'Assouan (Voir aussi XI, p. S2o)-

L'Onomaiolofjia historiac ?)nn(r(7//,$, publiée à Francfort et à Leipzig, en 1775, V, p. 110, dit. aussi que le marbre noir des anciens, nommé Teiisebe au Tuscbe par les marbriers, provient d'Assuan (l'ancienne Syéno, Haute Egypte.)

(*) M. DE Meester ajoute : « De nos jours, c'est la Belgique qui fournit à Koroe le plus beau maibre noir. 11 provient de nos carrières des environs de Dinant, de Tournai et de Namur. On l'eaiploie pour les objets d'art et on le vend pour du noir antique qui, en Italie, ne se rencontre que bien rarement dans les fouilles. »

H faut donc croire que MM. le colonel von Cohausen cl le conseiller von Pos- ClilNGEii {Industrie der Siein, Tlion-und Glaswaarcn, {XmlWchen Bcrichte iiber die Wit-ner WeUausstollung im Jalirc 1873, Band II, Hcft 3) n'ont pas eu sous les yeux des échantillons complets de l'industrie marbrière belge, lorsqu'ils consi- dèrent le noir de nos marbres comme au poli, et comme disparaissant avec lui par longueur de temps et exposition à l'air.

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prix. Pline, XXXVI, 8 (dont M. de Meesteh de Ravestein rap- pelle le passage à propos d'un fragment de nero antico morato trouvé dans la villa de Lucullus, près de Frascati), disait : « L. Lucullus, consul, donna, comme il paraît, son nom au marbre luculléen. Il était charmé de ce marbre, et le premier il l'introduisit dans Rome. C'est un marbre noir dépourvu de taches et de couleurs, et c'est presque le seul marbre qui ait été dénommé d'après un amateur. »

Tout cela donne une haute idée de ce qu'a pu et même être la localité de Theux ù l'époque romaine; aussi manifeste- t-on l'espoir que l'appel adressé à des investigations ultérieures sera entendu, et que les magnifiques trouvailles déjà faites h. Juslenville ne seront que le prélude de découvertes plus impor- tantes encore.

APPENDICE.

Pour terminer par un mot d' « archéologie moderne » (paradoxisme qu'on a employé un jour), il n'e^i peut-être pas inutile d'ajouter ici que les carrières de Theux ont été remises en exploitation au commencement de ce siècle, comme en témoignent déjii les « réclames » de Dethier qui en était propriétaire, et môme une affiche du temps (dont un exemplaire est conservé à la Bibliothèque de l'Université à Liège, volume de varia sur Franchimont, XXIII, 36b's, 159), on lit : « Nou- » velle exploitation du célèbre marbre de Theux, unique dans » son espèce en Europe. A vendre des blocs équariis de diffé- » rentes grandeurs, provenant de cette exploitation, ainsi que » de jolis ouvrages de marbre noir, fabriqués h Paris, en dépôt » h la Nouvelle MAiîr.rn-:nE de Theux, près Spa, département de » l'Ourlhc (ci-devant pays de Liège).

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» On vient de recommencer en grand l'exploitation du célèbre « MARBRE NOIR dc Tlicux, dans un terrain vierge.... Ce marbre S) noir, dont plusieurs auteurs anciens et modernes font l'éloge » le plus distingué » (ici sont cités Guicchardin, Daviler, I'^m- cycIopé(lie,\es Mém. de VAcad. de Bruxelles (1777), I, p. 381, les Anmsements des eaux de Spa , le Coup d'œil sur les volcans éteints et le Tableau statistique du département de VOurthe, 1800, art. Mll^ÉRALOGlE), « était connu depuis des siècles comme unique » en son espèce en Europe par son beau noir, sa linesse et le » poli brillant et parfait dont il est susceptible, etc , etc.... »

Le passage du Tableau statistique dont il vient d'être ques- tion, prouve les encouragements de l'autorité : « Entre un » grand nombre de variétés de marbre, dit le prétet, on y » remarque le noir de Theux, le plus beau peut-être qui soit » au monde. »

Et celle appréciation peut invoquer à son appui l'autorité du célèbre d'Omalius qui , indépendamment des éloges qu'il a dé- cernés au marbre de Theux, dans ses Mémoires pour servir à la description géologique des Pays-Bas, p. 74, dit plus nettement encore dans son Essai sur la géologie de la France, imprimé en 1809, pp. 52 et 54 : « La plus célèbre est la carrière de Theux qui fournit un marbre noir de toute beauté, et peut-être le plus beau qu'on connaisse. Les travaux longtemps suspendus ont été repris avec activité depuis une couple d'années. Les artistes préfèrent le marbre de Tiieux , parce qu'il est plus facile à sculpter que celui de Dinant, qui est, comme ils disent, sec, et se casse en éclats conchoïdes. »

Bien qu'Ulysse Caphaine, dans ses Documents et matériaux pour servir à Hiistoire de la société libre d'Emulation de Liège, en parlant de l'exposition qui eut lieu en février 1810, ne cite pas les marbres de Theux parmi les produits médaillés (ou même simplement exposés j, Davreux, dont les souvenirs étaient h cet égard précis et récents, afQrme que le marbre noir de Theux « que l'un peut considérer comme le plus beau des

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marbres noirs connus, qui rappelle tout à fait le marbre noir antique ou de Lucullus, et qui prend un poli extrêmement brillant, a figuré en 1809 ou 1810 à la première exposition publique qui suivit la réorganisation de la Société d'émulation de Liège, l'on en avait placé une plaque polie qui faisait l'effet d'un miroir » {Essai sur la constitution géognosliquc de la province de Liège, Jlémoires des prix de l'Acad. de Bruxelles, vol. IX). Davreux ajoute que ce marbre est employé principa- lement à Paris (sans doute chez les marbriers indiqués par Brard), pour faire des socles, des vases, des pendules, et que la carrière située dans la propriété de l'avocat De Thier fournit de très-gros blocs : « on en voit encore un sur l'exploitation, dit- il (en 1830), qui a 5"'352 de longueur, sur 0"'584 d'épaisseur, et 1"^167 de hauteur. »

Liège, 1" juillet 1875.

MISCELLANEES.

Sous ce titre paraîtra dans le Bulletin de rinstitut arclicolo- gique liégeois une série de pièces curieuses et que l'on croit inédites.

L'auteur, ou pour mieux dire celui qui se propose de les faire connaître, s"est trouvé en position, depuis de longues années, de rencontrer souvent des documents historiques qu'il s'est plu à recueillir comme ils se sont présentés à lui, l'un ici, l'autre là, guidé par ce sentiment qui rend l'homme avide de tout détail piquant ou circonstancié concernant ce qu'il aime ou ce dont il a fait l'occupation de presque toute sa vie.

Aujourd'hui il s'est dit que .ses peines pourront ne pas être entièrement perdues pour ceux qui s'occupent de l'ancien pnys de Liège. Les actes authentiques, en effet, ne sont-ils pas la seule base logique de toute histoire digne de ce nom. C'est de cette pensée seule que résulte la publication de cette œuvre modeste et sans prétention.

Un mot encore.

Pour faciliter l'intelligence des pièces dont il s'agit, il lui a semblé convenable de les faire précéder d'une courte exposition des faits auxquels ils se rapportent. Il est bien vrai que ces fiits sont connus de la plupait do ceux entre les mains do qui se trouve le Bulletin; mais cela a paru nécessaire dans un but de clarté et pour la facilité de tous. Chacun, dans les sciences et dans les arts, aussi bien que dans la vie réelle, ayant sa spécia- lité, il suffira do jeter un coup d'œil sur ces notices explicatives pour s'épargner une lecture parfois assez longue et savoir si la pièce qui suit a quelque rappoit avec des études favorites.

Saisissons ici l'occasion de convier tous les membres de Yliistihit et même les personnes étrangères à cette compagnie

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à fournir au Bulletin des documents restés jusqu'ici ignorés, en les faisant aussi précéder d'un court narré des événements auxquels ils se rapportent. Si l'on répond à noire appel, tous les hommes qui s'occupent d'archéologie et d'histoire trouveront dans le Bulletin la copie de documents qu'ils pourront utiliser dans leurs travaux.

I

Le jugement qui suit se trouvant tout-;'i-fait en dehors de ce qui est consacré par les lois de notre époque, nous avons pensé que celte pièce intéressera le lecteur. Il est bien vrai que la disposition qu'on ne peut arrêter pour dette l'homme à cheval allant son chemin est contenue dans la modération de la Paix de Waroux ou la Loi Nouvelle du 12 décembre 1555; mais on aimera d'avoir la preuve que cette disposition a été appliquée.

Nous avons aussi, au sujet du jugement qui va suivre, consulté feu l'honorable M. Raikem. Ce digne magistrat, qui connaissait ù fond nos anciennes coutumes liégeoises, nous a communiqué, par rapport à ce jugement, qu'on ne pouvait, dans les temps anciens, arrêter un geniil- horame pour dette, non plus que ses chevaux et ses meubles, mais que, d'ar-rès Rausin, Lcodiiim, page 508, la disposition de la paix de Waroux, qu'un homme à cheval ne peut être arrêté ni appelé en justice, s'appliquait à un plébéien comme à un gentilhomme.

1449, 3 avril. Jugeinent rcndut par nous les esquevins de Liège aile semonsse Henri délie Chachie souvrain maijeur de Liège lan Xllll' et XLIX le I II l' jour dapvril.

Comme aie requeste de Johanncs de Cliierf qui soy disoit mambour de noble homme Jehan de la Bouvrie seigneur de Vyanne en Flandres, vaillant homme Phillippc de Vilain escuyer, seigneur de ftlourbeycke, souvrain baillieu de laconlel Dalois, euyst esleit aresteil et attenus en la cilet de Liège et pour a icelle areste alligier, icelui Phillippc hst radjourner par devant nous, a certain jour, ledit Johannes de Chierf mambour et ou

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nom dudit Jehan dele Bouvrie auqueil Jehan Faber ou nom et pour ledit Phillippe comparu par devant nous requérant de scavoir pour quel cause ledit Phillippe estoit areslet; et lamies- mes Willemme de Champs, sique mambour assi et portant le parolle dudit Jehan dele Bouvrie, respondit et dest quil esloit aile requeste dudit mambour aresteit pour la somme de ix"" et ix piètres quil esloit envers ledit Jehan tenus et redevaubles par pluisseurs raisons quil ly plaisist la miesmes aouvrir et propo- seir ichi obmises pour cause de briefftet. Surquoy ledit Jehan Faber,ou nom comme desseure, respondit que laditte areste ne devoit sortir effect ne yestre de valleur; ains estoit a reprover selon loy, attendu que, quant il fut aresteit, il estoit sur son cheval en allant son chom.ien; ensi quil sen rapoi toit az sergans qui laditte areste avoient fait, maintenant que, selon le loy du pays de Liège, on ne puet ne doit ung homme a chevaul allant son chemienaresteir ne détenir et pourtant (') debvoir yestre quitte et délivre de ce, soy raporiant a nous. Et pour nous du cas mieux infourmer et scavoir comment et par quele manière la- ditte areste avoit esteit faite, et assi en quel estât ledit Phillippe estoit aile heur que icelle areste fut faite et il Phillippe fut ares- teit et atlenus, fesimez convocker et appeller par devant nous les sergans qui laditte areste a\ oient fait, iesquelx sur la matere examinammesililigemmenl sur leurs serimens et feateis. Sachent tuis que, par nous bin et diligemment entendues les raisnesdes parties et le raport et tesmongnagedenosdis sergans, h3yubt(") sur ce entre nous meur consseil et avis par grande délibération, avons dit par loy et par jugement, aile semonsse dudit mayeur, laditte areste yestre nulle et non debvoir sortir effect selon loy: attendu que selon loy on ne doit homme a chevaul allant son chemien aresleir et pourtant ledit Phillijipe debvoir estre quitte et délivre.

Extrait d'an rop;. :iux œiiv. des Echevins de l.icge, grefte Stephany du ii janv. 1149 au 4 octobre 1449, n" Iti, fol. 61, V".

(.*; Parlant, par conséquent. (-) Ayant eu.

313 II

Le jugement dont le texte est ci-après transcrit, confirme un record de l'an 1450, inséré dans Louvrex, tome II, pages 29 à 56.

Sous le nM9 de ce record, il est dit que les échevins de Liège se rappor- tant à une clause des estatuts, déclarent que celui qui commet un cas vilain dans la cité de Liège doit être albain à toujours et que qui meU'eroit envers tels albains ne mcfferoit rins et ne seroit de rins attains.

Quoique le record publié par Louvrex soit basé sur le statut de la cité du G avril 1328, on ne rencontre cependant pas dans ce statut une disposi- tion déclarant que le méfait envers de tels albains ne soit pas punissable.

Nous ferons remarquer que dans le jugement ci-après, les échevins de Liège fondent leur décision, non-seulemenl sur les Statuts, mais encore sur la Modération de ces statuts et sur la paix des Seize ou de Tongres.

1431, 12 juillet. Jugement rendut par 7ious les esquevins, lan XlIIt et XXX! le XII' jour de jullet.

Comme Mathier Mostard soy fuist par devant nous deplaint de Colet, filx iialureilx Golarl de Laveur, quil le devoit avoir quaxliiet et navreitdarmesdesloyaulx,et ausi, qu'il devoit avoir dit laidures et vilonies, et leuwist fait adjourneir par loy, pour repondre sur ycelles plenies, auquel jour dudit adjour ledit Colet comparuist et repondesist sur ycelles plentes, alligant entre autres, que supposeit et nient concedet que ycelles plentes en forme que elles estoient escriptes contenissentveritel, si ne devoit ou povoit pource le loy corrir sur luy par estât us ne autrement; anchois en devoit yeslre jugies quittes et en paix tant en virtut délie modération faite sur les eslatus comme delà paix dez Sauze condist de Tor.gre, ausquelx estatus, paix et modération il soy reportoit en lieu de provanche, veliut que au jour que li fais dubtyestre fais, il Colet esloit borgois citains et lidis Mathier estoit albains et priveis de sa bourgesie, de quoy il soy raportoit au regitre des maistres délie citet, dont et de laquelle albanistet il exhibuat,en lieu deproeve, une copie signée

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du signe manuele le clerc secrelare délie cilel et maistres, requérant a nous de sur ce avoir nostrc jugement. Sachent tuit, que par nous visenteis yceux eslatus, paix de Tongre et mode- ration sur ce le copie delledilte albanistet par lequel appert que ledit Malhier est albains et priveis de sa borgesie, lieut sur ce entre nous advis et délibération, avons dit par loy et par juge- ment, que ledit Colet en virtut des poins et articles contenus es dis estatus et modération, doit desdittes plentes demorer envers ledit Mathier quittes et en paix, vehut que au jour dudit excesse purpelret, il Malhier esloit troveis albains.

Extrait d'un reg. aux œuv. des Echevins de Liège, greffe Stephany dii ■H janv. 1431 au -10 octobre 1432, reg. no 7, fol. 79.

III

Le métier des drapiers de Liège ayant voulu empêcher l'exposition et la vente des draps de Herke par le motif que les niarcliandlses fabriquées dans cette dernière ville n étaient pas, selon les expressions du document, loyales et telles qu'on les faisait à Liège, cette affaire fut portée devant les echevins de Liège, lesquels déclarèrent que les drapiers de Herke pouvaient continuer à exposer en vente à Liège leurs draps comme ils l'avaient fait d'ancienneté et jusqu'à ce qu'il fut prouvé que c'était abusivement qu'ils avaient joui de ce droit.

1423. En mars. Jugemens rendus la7i XIIII" et XXIII le (^)

en mois démarche. Maires H arche, esquevins Gothem,

Polarde, Bierses, Vrolo, Hausse, Uollongne, Datin, Gidardin, Fleron et Roiche.

Plais et questisons esmourrent pardevant nous entre les maistres jureis et conselhe délie bonne vilhe de Herke, partye faisans en cesti cas en nom de leur vilhe generalment por les drappiers délie uitte vilhe dunne pari, et les ewardens (•) de

(*) Le jour du mois n'est pas indiqué dans le texte.

(*J Par ewarden, ewardain, eswardain ot eswardeur, on entendait un visiteur, un inspecteur d'un métier quelconque.

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boiiimestierdes drapiers dclle citeit deLiege, partye faisans por ledit mestier daltre part, a cause des draps fais en le ditte vilhe de Herke, lesquels lidis ewardains avoieiU defendut et fait défendre de part ledit mestier de aporteir, vendre et achateir en le ditte citeit : porquoy li dis maislres et conseille délie ditte bonne vilhe ou leurs ad ce deputeis fisent adjourneir pardevant nous les dis ewardains, et eauz venus en justice, leur fisent demandeir porquoy ils avoient fait faire la ditte défense et les voloient défendre a aporteir et vendre leurs draps fais en le ditte vilhe de Herke com bonne, loyaule drapperie. Sor chu oppo- sarent et disentli dis ewardains, de part et en nom dédit mesteir, que ycheux draps fais à Herke nastoient nient tels quils dévoient, loyals et marchans et denrée ou draperie de loy teile que on faisoit et fait à Liège et eus autres bonnes vilhes du pays de Liège et des marchisans ('), et nastoient mie saieleis du seal auclenlike teil que, depuis les werres, avoient obtenut dung sccnescal délie conteit de Looz qui de ce navoit puissance, et point nen avoient oyut danchineteit, ne devant les werres. Con- ciudans por chu quiis de Herke ne dévoient mie aporteir ou aminer en le citeit, vendre ne rejetteir teile draperie. Et mies- niement, soloncle tenure de certaines lettres auctentikes sayel- leez, que lidis mestier des drapiers avoit contenantes certains privileiges, franchises, status et ordinancesa eaz concedeezdu temps passeit, de révérends peires de bonnes memores jadis les evesques et la citeit de Liège, délie manière comment on devoit faire les draps et useir délie draperie ; solonc les quelles ordi- nances ilhs dissent que la drapperie de Herke nastoit point teile que por vendre et rejetteir en le citeit. Ad chu fisent lidis maistros et commis de Herke respondre : que les draps et dra- perie fais en le dilte vilhe de Herke, astoient boins et denrée loyale et marchande, viscntée et justifye par quatre ewardains jureis,appelleis doyens ad ce deputeis cascun an; assavoir deux

{ Voisins.

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de part les drappiers, une des retondeurs, et une des folons, liqueils avoent puissance, sil trovoentalcun drap en queil ilheu- wist adiré et qui ne fust denrée loyale bonne et marchande, de ce, a raport dycheux quatre ewardens appelleis doyens, seroit parloy parles esquevins de lierke, aile somonce('), de leur niayeur,jugiet a certaine amende celi qui laroit fait faire, dont le moitié seroit a segneur et lautre moitié a dit mesiier, et, se ce astoit fause draperie, elle seroit arse(-) sens remède, et celli qui fait laroit, priveis a tous jours de mestier sens remède queilconque, fisent avant remostreir quant les draps fais en le ditte villie astoent visenteispar lesdisewardans ettroveisbons,loyalset marchans, ilhs astoent par eax justifyes et sayelleis dune seal que illis avoent oyutde si long temps quil nest mémoire de contraire, et par especial, de temps dune conte de Loz jadit emprinteit a moitié des armes de Loz et lautre moitié a chief saint Martin leur patron et de celi avoent useit pasiblement tout le dit temps durant, tant devant les werrez du pays com après jusqua pré- sent, disoent avant quil de ce soy raportoent az esquevins délie ditte vilhe avenkes les maistres et conseille dicelle, et avant az doyens, ewardains et governeurs serimenteis délie draperie délie bonne vilhe de Marlinez, leur chief, a cause dele drapperie, des le temps que la ditte vilhe de Marlinez estoit au pays dele evesquet de Liège, et aussi ans ewardains des bonnes villes de Loz et de Hasselt, que tous jours ceaux de Herk avoient uset et minet leurs draps scelles en leures villes quant il leur avoit plaisit et autre part sour les marchies et frankes festes vendus et rejetteis comme bonne drapperie loyaule et marchande, parellement comme li autres drappiers des autres bonnes villes, et soy vantent encor de prouver par pluisseurs bonnes gens et suf[issanstesmoins,tant des halliers et drappiers entailliers comme autres bourgoiscitaiiis, que tous jours devant les werres et après ils avoient amineit paisiblement, vendus et

(*) Réquisition. {*) Brùk'e.

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rejelies yceux leurs draps scellez en le citet les jours de mar- chiet et ens fores ei les avoienl li bonnes gens et marchans de Liège achetés a eaus tant devens (') Liège comme defours (') et pluisseurs foys envoyet quérir en leur ville de Herke et ensi uzet jusques a tant que assesnovelement lesdis ewardains y ont mis cellui empeschement si que nous pour estre plus plaine- ment infourmes du droit des parties et de tout ce que elles nous remonstrarent dung costeit et dautre les admisimes ambdeux a monslrances et les prefigimes p) termes et dilation pour prouver et monstreir tout ce quil leur plairoit devens lequel terme les dis ewardains ne exhibuont nient les lettres et ordinances de leur mestier dont vantes sestoient et aussi ne Usent quelconques monstrances ou alligances fours ce quil leur plaisit dire de bouche et lidis maistres et commis de Herke devens ycelluy terme exhibuont pluisseurs lettres scellées tant des ewardains et jj;ouverneur dele drapperie de Marlines et de Hasque, dele bonne ville de Loz comme dele ville de Herke et de certain recort seellés de seaul des esquevins dele ditte ville de Herke faisant mention clerementde ce dont vantes sestoient comme desseur est contenut. Toutes les quelles choses lettres scellées, recors et autres provances et avencquez celez tesmoin- gnages des témoins délie ditte citet tant de halliers comme autres deutement par nous rewardees et considérées eyut sur ce advis et conseille par et entre nous disimes et jugames par loy aie somonce dudit niaieur en teauiel quil nous constisoit clerement que lidis drappiers de Herke avoient toujours useit de leurs drapperies par la manière chi deseure par eaux alligié et pour ce disimez avant i *) que quant leurs draps estoient justifyés et scelles comme desseure est contenut il les povoient aminer vendre etrejetier en le citet et cils qui a eaus les aroient achates et ce poroieni et poronl faire tant et si longement que lidis ewardains ou mestier des drappiers de Liège nous mons-

;•) Dans. [-) Hors. ("j lMx;'imes. {*) Pronoriçâmes.

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Iront les lettrez scellées dont vantes sestoient ou telles pro- vances que loy puist prisier faisant mention du contraire et fut mis en warde.

Extrait d'un registre aux œuvres des Echevins de Liège (grelTe Stephany), commençant le '>l mars 1422 et finissant au 19 juin U24, reg. 3, foi. -170, vo.

IV

L'évêqiie Gérard de Groesbeck se trouvait, en 1568, dans un extrême embarras.

Leducd'Albe, qui venait de défaire en Frise Louis de Nassan, demandait à placer une garnison dans Liège, sous prétexte de défendre Tévêque, ce dont celui-ci le remercia.

D'un autre côlé,le prince d'Orange, frère de Louis de Nassau, sollicitait, lui, la permission de traverser seulement Liège avec son armée, pour, de là, se rendre en Belgique qu'il voulait, disait-il, arracher à la tyrannie du gouverneur espagnol.

A cette dernière proposition, l'évêque répondit qu'il ne pouvait autoriser le passage de troupes par la ville qu'avec l'assentiment des Trois Etats qu'il allait convoquer à ce sujet.

Mais cette assemblée n'avait pas encore pris de délibération lorsqu'ar- rivèrent de nouvelles lettres du prince exigeant une réponse dans les quinze heures et le payement d'une somme de cent mille ducats, parce que, disait-il, l'évêque avait pris parti contre lui.

Gérard de Groesbeck déclara que ne lui ayant fait ni provocation ni injure, il ne lui payerait pas même un denier. Sur ces entrefaites et avant que (u'ite lettre fut parvenue à son adresse, le duc d'Albe interceptant les communications, le prince d'Orange arrivé, le vingt-huit octobre, à Ste- Walburge, qu'il livra au pillage et aux flammes, écrivit de plusieurs lettres dans lesquelles, renonçant successivement à ses menaçantes pré- tentions, il se boi'nait pour finir à demander, à la date du 5 novembre, qu'on voulût bien recevoir des envoyés chargés de propositions très-avan- tageuses pour la cil(!.

Cette demande ayant, comme les précédentes, été repoussée, il fit remettre par un trompette de nouvelles lettres respirant la colère et la

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vengeance ; mais il n'obtint d'autre réponse que le renvoi immédiat de son messager et la menace de faire |)cndre tout autre qui se présenterait.

Sans plus tarder, le prince fit attaquer la ville sur plusieurs points à la fois et comme il craignait que le duc d'Albe, qui n'était pas très-éloigné, ne vint le surprendre, il pressa les assauts à la plupart des portes ; mais ayant été refoulé partout et entendant les cris poussés à l'arrivée des habitants de Franchimont et du Condroz qui venaient au secours des Liégeois, il se décida à lever le siège.

En partant, les soldats du prince allèrent mettre le feu aux abbayes de St-Laurent,de St-Giilesetdu Val-Benoît, ainsi qu'à plusieurs maisons qui se trouvaient sur leur passage. C'est l'évaluation juridique des dommages causés à ces divers immeubles qui est contenue dans la pièce qu'on va lire.

3 août 1570. Estime des dommages faits au pays par Varmée du prince d'Orange en Van 1568.

A tous ceux ausqtiels ces présentes noz lettres parviendront les eschevins de Liège s;.slut. Savoir faisons que,le3-jour d'aoust 1570, comparut pardevant nous Jean Nyens sique Procureur Général de nostre Reverendissime et Illustrissime Seigneur et Prince Monseigneur de Liège, requérant de vouloir prendre information tant par inspection oculaire des lieux, comme par attestations et dépositions de vives voix, touchant les dommages, pilleries, bruslemens, ruynes et, degasts faits et commis par les gens du camp du Prince d'Orange l'an 1568 en automne dans la cité de Liège, ville de Sl-Tro;id, fauxbourgli et lieux plus cir- convoisins d'icelle, en obsessant ei, assiégeant par ledit Prince et ses alliez ladittc cité et ville, atfiii le tout deuement mis en escript, en obtenir act authenticque ei patente pour sen servir la ou besoiiig et nécessité en auroil. Et comme oblemperans a tel requesle, eussions commis et députez aucuns noz confrers eschevins pour exploiter ce que dessus, ils achevant leurs charges et commissions sont comparus. Premièrement en la maison et abbaye de St-Laurenl, prez Liège, en Publemont, ou

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irouvareiu comme chose manifeste et apparente l'église, enclois- tres, crippes, refectoir, maison et quartier du S'' abbé, compie- ries, dormitoires et esiableries totallement vastées, bruslées et gastées ; et après avoir fait assembler le S' abbé avec ses reli- gieux, iceux attestarent par seriment quoutres les reliquairs et choses sacrées qu'ils ont perdu et leur sont esté pillez par la venue dudit Prince et ses associez (lesquels ne reçoivent extima- lion), ils ne voudroient endurer les bruslemens,degastet pillerie de leurs maisons qui leur sont estez fait par ledit camp pour la somme de IIIP. M flx brabant et qu'ils donneroient tel somme plustost de leur propre, s'ils l'avoient, pour la restauration et restitution des degast, asport et bruslements susdit ; car en la construction et édification des édifices et choses bruslées ont esté mis plus de cent ans, ce qui leurs at esté en moins de 7 à 8 heures tout bruslez et ruinez, disans avoir trouvé par la reca- pitulaiion et dispunction de leurs registres, que ce qui leur at esté bruslé et ruine avoit plus cousté que lesdis III^. milles florins. Et la mesme ont estez produis sur l'extimation desdis dommages, sique experts et cognoisseurs; Premier: m'« Jean de Tilfl' etm''«Thiery Fizinne, licentié es droicls, Gilet Rigauld, charpentier, Pacquea Kinar, aussy charpentier, Loren et Simon Renard, massons, Francoy Buissar, escailteur et couvreur, et Henry Belle (?), escrinier, lesquels après avoir veu et estant au plain informez et versez pour cognoistre les degasts susdis, comme ayant este cy-devant par longues années hante et veu laditte église, couvent et maison, ont par leur meilleur dit et raporte par seriment que les degasts, dommages, bruslements et asport susdit ne soy pouroient restaurer en tel et si bonne estre quauparavant pour la somme de VI cents milles flx brabant et quil faudroit davantage pour le remettre en tel estât quelle estoit avant l'arrivée dudit Prince et ses gens. En après, ont trouve sur le faubourg et vinables dudit St-Laurent, bien 29 maisons avoir esté bruslées et dévastées et le résidu avoir esté tout pillé et desrobé et qu'entre lesdites maisons estoient plu-

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sieurs belles et notables, si comme selle Gielle de Sthier, Jean Gordinne, Henri de Sart, m'" Guilleaume de la Sarte, Radoux, Handaxhe, Louys do laTorrelte, Lambert Baré, Gielle Tboimel alias Borghet, Maroye La Haye, Maroye Denys, Lambert Werleau et plusieurs autres; tous lesquels bruslemens.pllleries et sacoa- gemens pourroient monter (comme par attestation des susdis habitateurs et voisins d'icelle apparoit)à la somme de XX milles flx brabant pour le moins. Item ont trouvé bonne partie de la maison et monastère de Sl-Giel en Publemont,de l'ordre de St- Augustin, avoir esté bruslée, gastée et ruinée :signamment leurs dormitoirs, chambres des religieux, chapitre, librairie, maison et habitation du prieur, stordeur ou pressoir de vin et partie de leurs encloistres; le tout quoy iceux S'' abbé et couvin (couvent) comprins leurs meubles, bestiaux et provision de leur maison pillée,ontparserimentextimé(outrelesreliquairs qui ne reçoivent exstimation) à la somme deV milles flx brabant et davantages et lesquels dommages ne soy pouroient reparer pour ladite somme. Item trouvèrent allentour de ladite maison les circon- voisins avoir esté pillez et desrobez de leurs meubles, lourages et autres incommoditez,ce que pour leur grande excessivelé ne sest peu extimer. Item ont trouvé la maison et couvent des Dames de la Vaux Benoisle tant l'église, encloistres, couvent, chapitre et généralement presque tous les édifices gastez, des- truis, ruynez; et ayant convocqué le Pater et la Prieuse pour l'absence de l'abbesse et quelque grande partie dudit couvent, leurs ont par seriment attestez qu'elles ne voudroient avoir enduré lesdis degasts, bruslemens, saccagemens, dommages et intereslz fait par ledit camp pour la somme de deux cent milles flx et que, pour tel somme, lesdis degastz ne soy pourroient réparer. En outre, ont aussy estez examiné Louys Borret, soyeur, Thiery fils Simon le masson, escrinier, et Giel Thonnet, masson, comme cognoisseurs et experts, lesquels après avoir communi- quez par ensemble selon leur art et expérience, nous ont par seriment attestez lesdis degasts et bruslemens ne soy pouvoir

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au moins exlimer qu'à cenl mille tuigelot dur et qu'il convien- droit exposer davantage pour restaurer iesdis dommages. Item ont trouvé la maison de noble S'' Godefroid d'Erp, chanoine de Liège, située sur la rivière d'Avroit avoir esté par les ennemis bruslée, pillée et gastée: le toutquoycomprins les meubles pillez et ostez, le concierge et autres domestiques de laditte maison ont par seriment exlimé a mille flx brabant, ayant par ledit con- cierge oyudirede son maitre que cequ'il avait desja exposé enla réédification de ladite maison, montoit a plus de septz centflorins brabant, jaçois ceque les escriniers et pareurs dansla maison nes- toient encor refaits tellement; quele tout reviendroit à la somme de mille florins brabant et plus. Item ont trouvé la maison etchesten de damoiseaRaes Dans, seigneur h Fonteine,appellée le jardin, scitué audit Avroit ruinée et bruslée : lesquels degasts comme ledit damoisea extime et est apparant à la veue, excédant la valeur detroismillesflorins brabant. Item au mesme lieu d'Avroit est aussy trouvé ruinée et bruslée la maison et édifice que l'on dit de Chaffor ; laquele semblablement ne soy pourroit refaire pour la somme de six cents florins brabant. Semblablement aux fauxbourgh appeliez la fontaine St-Lambert, sont esté trouvés 44 a 45 maisons bruslées et aussy aile tliour d'illec les maisons des Augustins,Guilielmins,thour et maison appellée Chinstree, chasteau dit la Bastree et autres plusieurs mai.sons de Gentil- hommes, Dames et S"' bourgeois pillées et desrobees; tous les- quels degasts etpilleries, les circonvoisins estiment plus qu'à six mille florins. Sont aussy trouvez estez pillez les faubourgh de Ste-Marguarilte, villages d'Ans etMollin, 2 églises et maison dudit Ans bruslée, les villages d'Awans, Lonchin et tous autres villages dalentour pillez; lesquels pour les dommages si grands et inestimables, n'en at peu este faite appretiation. Item les fauxbourgh de Hochaport et Ste-Walburge sont estez pillez et plusieurs maisons d'illecque bruslées, dont pour la multitude si grande n'at este faite appretiation. Item le 4" dudit mois daoust, ont esté examiné R'' S^'' Livinus Torrentinus, archidiacre de

323

Braibant, Servais Nollens el maître Jacque Cfiocquier, licenliez es droits, noz confrers, ayant de part sa grâce R"'« (Revereiidis- sime) estez commis pour s'informer des degastz et excès com- mis en la ville deSl-Trondou enthour, lesquels par serimeut ont attesté que les degastz, bruslements, saccagements, con- cussions, asportz des artilleries, poudres et autres munitions de guerre perpétrez audit lieu de St-Trond, monastères, censés et maisons circonvoisines, pouroit monter à somme inestimable de cent ou deux cents milles florins d'or. Item Jean Pité, seigneur d'Emale, aussy nostre confrère, at attesté par seriment que, comme peu après que le camp dudit Prince soy retira de la ville de St-Trond, estant ledit déposant constitué capitaine d'une enseigne ou compagnies de piétons, pour en nom de sa grâce R™°, garder et tenir la dite ville, trouvât icelle toute pillée, et tant l'artillerie, pouldres, boulets et autres munitions de guerre que tous les vivres d'icelles prins et emmenez par lesdis gens de guerre ; tellement que ledit déposant et sa compagnie ne pou- voient quasi recouvrer vivres; mesme les villages et pays dallenthour estoient tout gasiez, pillez et saccagé : disant ne pouvoir appretier tels dommages pour estre trop grands et inestimables. Item les Bourgliemaistres et rentiers de ladite cité trouvent icelle avoir esté intéressée pour la défence et garde d'icelle contre l'obsession et camp dudit Prince et ses alliez, tant en payement de deux enseignes de pied qu'en poudre, boullets, artilleries et autres choses nécessaires à la défence, la somme de dix mille septante sept florins de brabant et plus, sans en ce com- prendre les despens, dommages et inlerest sustenuz et endurez particulièrement par les bourgeois de ladite cité ayants esté brusléet pillez; lesquels pourroient monter a cent mille flx bra- bant et davaniage. Ce que certifions el attestons soub les seels maistre Jacque de Chocquier, licenlié ens loix, et Guilleaume Godefroid pour le temps noz maislres coneschevins de Liège desquels usons ensemble en tels et semblables cas sur l'an, mois et jour susdis.

324 - V

Charles-le-Hai'di, dit aussi le Téméraire, qui élait entré, le dimanche 50 octobre 1408, dans la ville de Liège, la livra d'abord au pillage et la fit ensuite incendier presque tout entière; car il n'y eut que les églises et les maisons religieuses qui furent épargnées.

Après s'être repu du spectacle de l'incendie de la ville de Liège, le duc Charles partit, le 3 novembre, pour Maeslrichi il fit trancher la tête à Amel de Velroux. Le 12 du même mois, il se dirigea vers le pays de Fran- chimont qu'il dévasta et incendia pendant six jours, puis, en passant par Huy, se rendit à Bruxelles il reçut les lettres par lesquelles l'évêque et le chapitre de Liège lui cédaient le quartier de l'Ile (i). Ce fut Imber- court, ministre aussi impitoyable que le duc de Bourgogne, son maître, qui les lui porta. Après son retour à Liège, Imbercourt procéda à l'instal- lation dans ce quartier d'un tribunal dont les juges furent établis par le Duc. La pièce que l'on va lire concerne les rapports que les actions judi- ciaires devaient naturellement amener entre les habitants du quartier de l'Ile et ceux du reste de la ville de Liège.

1472, 46 mai. CeduUe apportée ^ar Monseigneur le bailli et maislre Jehan de Platea le XVl" jour de may, qui fui le nufit le chincquesme {Pentecôte), lan LXXII et registree de mot a mot comme cy après sensiet.

Pour éviter differens et noiirir amistie entre les subges et ofiîciers de Monseigneur de Liège, il est avise et acorde que les subges dudit ysle et appendices ne seront arestez ne adjour- nez dedens le territore de mondit seigneur de Liège, pour quelque cas que ce soit, par ses officiers se non pour materes dheritages ou de crisme par eulx commis audit territore. Et pareillement,

( *) Mgr. de Ram a publié ces lettres dans ses Anulecta Leodiensia, pages S76 à 583; elles portent la date du 4" juillet 1 469. Il se trouve au dépôt des Arctiives de j'Etat une copie autlientique des mômes lettres : l'analyse en a été donnée dans \' Inventaire analytique et chronologique des chartes de la cathédrale de St-Lambert à Liège,

325

seira fait au contraire des subges de mondit seigneur de Liogo par les officiers dudit ysle. Item pour cas de tesmongnagez ou de héritages quant besongue sera, les subges dudit, ysle poroiU alleir aux officiers de mondit seigneur de Liège, requérir quilz fâchent adjourneir pour venir audit ysle les subges de niondil seigneur de Liège. Et pareillemenî, sera fait au contraire des subges dudit ysle, a la requesie des subges di; mondit seigneur de Liège.

Extrait d'un registre au< œuvres des Echevins de Liège (greffe Stephany), commençant le 43 juillet 1471 et finissant le 16 juillet 1472, n»32, fol. 11, vo.

VI

Le pays de Fianchiinont qui, en 1468, fut, pendant six jours, suivant Fisen, et pendant huit jours, d'après M. Ferd. Henaux, livré à la dévastation des troupes que le duc Charles-le-Téméraire y avait conduites, fut en outre soumis par Louis de Bourbon à une contribution de guerre. C'est la répartition de cette contribution entre les différents bans de ce pays qui est contenue dans les cinq pièces qui vont être transcrites, lesquelles portent toutes la date du 26 juin 14.69.

Outre le fait historique que ces pièces consacrent, il est intéressant, au moins pour les habitants de Theux, du Sart, de Jalhay, de Spa et de Verviers, de connaître les noms de leurs prédécesseurs dans ces villes et villages à une époque déjà assez reculée

1469. 26 juin. Obligances faite tan XI III' et LXIX le XXVI' jour de jung,presens: Monseigneur le baiUieu pannetier Ilollfongne), Heyneman et Proiclhomme,gens du Conseil de nostre très redobte seigneur Mons< igneur de Liège, ordineis en sa citet.

REN/fRu LE Mariscaul Commo cheulx de ban de Theux cas- Thiri BiucA tellerye deFranchimont, sont obligies,

Anthoyne Haghe sour y estre bannis et sourie tyer denier

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Jehan Haghe Jehan Clament Jehan le Gro

WiLHEMOT FILS BeRTE-

LYNF. HOUBINET FIL LE ChAR-

LIER

Hanchonoulle Thomolhet Franckinet fil le Cu-

TREAL

Jaminnet Pirchon collin colpin

WiLLEMME StASSAIR

Petit Henri Jehan fil Andrier Jehanchon Wilheamme

PlROT DE SeTROU

Wilheamme fil Fran-

KOTEAL

Hanchonoulle Jkhan le Vefve Henroy fil Colmidon Mathier le Fevre Grigoiri: fil Willem Hislet

NiLLUY (?) DE Si'IX(hE)

Henri de Marteal

Willem le Certon

Jehan Malierbe

Orban fil Damme Ealy

Becco

Bertran fil le Leis-

SIER

dabandon, cascun por ly et por le toute, envers la grasce de nostredit ires redobte seigneur Monseigneur de Liège, de payer la somme de quatuorse cens ei treugte florins de Rins, ens compris cent florins quilz dénieront en debte de re^te en lan passe, icelle somme priese hors délie somme de XXXVP florins de Rins que ceulx de Franchimont sont ensemble redevables envers la grasce de nosiredit très redobte seigneur, en vert ut de traitiet faite nagaires a lieu de Treit, a payer az jours et termes subescrips, assavoir :que les desusdis dudit ban de Theux avuec- ques ceulx des aultres bans subescripts, payent et payeront dedans ung moix prochain en diminuant laditte somme, a Grégoire de Sart en nom de nostre dit très ledobte seigneur, le part, portion, mieses cl assyeze de septe cens florin de Rins pour rachaileir les lettrez obliga- toires que at Jehan de Brantscheir, sei- gneur de Revesleynen, de nostredit 1res redobte seigneur, teillement quil ny ayet quelcque dommaige et que lesdittez lettres soyent cas(sees), annicelleez et delivreez en le main de nostredit très redobte seigneur. Item ossidedens le Saint Jehan Baptiste qui serai lan LX et onze, leur part et mieze de chincque cens florins de Rins. Item dedens le Noiel lantoist après ensuyant, ossi leur part de ¥•= des- dits florin et aussi de St-Jehan a Noiel et de Noiel a Sl-Jehan, toutdis leur part et

327

Jehin de Jevomont

RtNAIR DE BrIAMO.NT

Jehan Scassaih Jehan le Xxharde

GOFFIN FIL LE ChERO

iniese do chincque cens tloiins jusques a plaine solutioii desdits XXXVI" floiins; parsi sillis defalloient de payer et satis- faire leur miese ei assyeze de laditte somme principaule dedens les jours pi'escrips, ilz sont tenus et soy obligent deulx tous en générale et cascun por !y, venir en cesle citet de Liège en ung hosteil ou plusseurs et illuc tenir et sourjourneir, sens départir tin et jus- quesa tantquilx aroient entirement accomplit ce dont deffallans seroieiJt, avuecquez le lyerdenir dabandon et encor sour le tyer denir dabandon a aplicier a noslre dit très redoble seigneur: voir enlendut que, si avant quilx poiroient mostreir el faire apparoir sutfissament quilx ayent payet les cent florins susdis délie an passe, ilx en deveront demoreir en paix.

Obligancez fait la meisme.

Jehan Lubair GoLLiN Tristan Jadoulle Collet fil Trlxa Linart Ofles Collet fil Heyneman Jehan fil Wilkin SiMONET Lubair Hasmel

LOREN fil LoREN

Mahehan Le Kamut

PiRAR DELLE FaUARGE

Germealx leBresseur Fastreit Henri Simonet Mathier leFevre

Comme ceaulx de ban de Sart, caste- lerye de Franchimont, sont obligies sour y estre bannis et sour le tyer denier dabandon envers la grasce de nostre très ledobte Seigneur Monseigneur de Liège, de payer la somme de sept cens florins de Rins pris hors délie somme de trengte syez cens florins de Rins, que ceulx de Franchimont sont ensemblez redevables envers nostre dit très redobte seigneur, en vertut de traityet fait et conclut nagaires a lieu deTreit, a payer az jours et termes subescrips, assavoir : que les dessusdis dudit ban de Sart avuecquez ceaulx dus aulirez bnns dudit Fraiichiniont, payeront dedens ung moix prochain en demynuant laditte somme, a

328

Gerar fil PiRAiR Grégoire de Sart en nom de nosti'e dit

Henri Pironet très redobte seigneur, leur part et porsion,

Collet Durkin iiiiezes el assyeze de VII cent florins de

RiFLAiR Rin, pourracliateir lesiellrez obligatoires

CoLLART Cochet que at Jehan de Brantsclieit, seigneur de

Jacquemien Masson Bevesteyne, de nostre dit très redobte CouNiN (?) FIL Jehan seigneur, ttùllement quilhenyayelqueiic- CoNGNET. que domaige et que iesdittez lettres

soyent casses, annicelleez et delivreez en le main de nostredit très redobte seigneur. Ilem ossi dedens le saint Jehan Baptiste, qui serai lan LXXI, leur part et miesez de V cent florins de Rins. Item dedens le Noiel tantoist après ensiwant, ossi leur part de V cent desdis florins et ensi de St-Jehan a Noiel et de Noiel a St-Jehan, toutdis leur part et miesez de ¥<= florins de Rins, jusques a plaine solution desdis XXXV^ florins; parsi silhez del'alloient de payer et satisCaire leurs miesez et assyses de laditle somme principauté dedens lez jours prescrips,ils sont tenus et soy obligent deulx tous en générales et cascun por ly, venir encesle cite de Liège en ung hosteil ou plusseurs et illuc tenir et sourjouriieir, sens départir lin et jusques a tani quilx aroient entirement accomplit ce dont defallans seroieni, avec- ques le tyer denier dabandon et encor sour le tyer dabandon a applicier a nosiredit très redobte seigneur.

Obligancez faites la miesme.

Jehan fil Jehan Grui- Comme ceulxde ban de Jalheal, castel-

LAiii lerye de Franchimont, sont obligies sour

Geot Gehan y estre bannis et sour le tyer denir da-

Matyr Yern bandon, cascun por ly el pour le tout,

Henri Lenglet envers la grasce de nostre très redobte

Colart Mix seigneur Monseigneur de Liège, de payer

Colart fil Gielet la somme de chincque cens et soixante

Brocket florins de Rins pris hors délie somme de

329

TiRI GOFFINET PiROT WlDKIN (?)

Jehan fil Henri Jehan Martin Jehan Rifflair MicHOT fil Jehan Bertollet Henri le Hert Renkin

CoLLiN deBrongne PiROT FIL Jehan Pirar

Bertolet Pirair Jehan Thiri Gilhemair le Fevre Thomat Collinnet Jehan Collinnet PiROT Xhohie

PiROT WlLKlN

Gielet Pirair Jehan Henkair.

trengte syex cens florins de Rins, que ceulx de Franchimont sont ensembles redevables envers nostre dit très redobte Seigneur, en verlut de traitiet fait et con- clut nagaires a lieu de Treit, a payer az jours et termes subescrips, assavoir : que les dessusdis dudit ban de Jalheal avuec- ques ceulx dez aultres bans dudit Fran- chimont, payeront dedens ung moix pro- chain en deminuant laditte somme, a Gré- goire de Sart en nom de nostredit très redobte seigneur, leur part et porsion, miesez et assyeze de sept cent florins de Rins pour rachatteir les lettres obliga- toires que atJehan de Brantscheit, seigneur de Revesteyne, de nostredit 1res redobte seigneur, teillemenl quil ny ayet queilcque domaige et que lesdiiies lettrez soient casses, annicellees et delivreez en le main de nostredit 1res redobte seigneur. Item ossi dedens le St-Jelian Baptiste qui serat lan LXXI, leur part et miesez de V cent florins de Rins. Item dedens le Noiel tantoist après ensuyant,ossi leur part de V cent florins et ensi de Saint Jehan a Noiel et de Noiel a St-Jehan, tousdis leur part et miesez de V cent florins, jusques a plaine solution desdis XXXV^ florins. Parsi; silhes defalloient de payer et satisfaire leurs miesez et assyeze de laditte somme princi- pauté, dedens les jours prescrips, ils sont tenus et soy obligent eulx tous en générales et cascun por ly, venir en cesle cite de Liège en ung hosteil ou plusscurs et iiluc tenir et sourjourneir sens départir, fiii et jusques a tant qnilz aroient entirement accomi)lit ce dont deff'allaiis seroieiit, avuecques 1p îyer denier dabandon et sour le tyer denier dabandon a nplicier a nostredit très redobte seigneur.

330

Ohligances faite la meisme.

Granloien Comme ceulx de Spaus, castellerye de

CoLLiN BoYON Fraiichimont. sont obligies sour y estre

CoLLiN Dr. Spau bannis et sour le lier denir dabandon

Collet de Creppe envers la grasce de nostre très redobte WiLLoc Seigneur Monseigneur de Liège, de payer

BuRAiR DE Spau la somme de deux cens et quatre vins

Willem Contraine florins de Rins que ceulx de Franchimont LoMBAiR sont ensemblez redevablez envers nos-

Le JOVENE Lenauî iredit 1res redobte seigneur, en vertut de Brack trailiet fait oX conclut nagaires a lieu de

Pilair. Treit,apayer az jours et termes subescrips,

assavoir: que les dessusdis duditban de Spaus avuecquesceauix des autrez bans dudit Francbimont, payeroni dedens ung moix prochain en deminuant laditte somme, aGregoire de Sart en nom de nostredil très redobte seigneur, leur paît et porsion, miosez et assyeze deVII cent florins de Rins pour rachalteir les lettrez obligatoires que at Jehan de Brantscheit, seigneur deRevesteyne, de nostre dit très redobte seigneui', teillement quil ny ayet queilcque domaige et que lesdittez lettres soient casses, anni- celleez etdelivreez en le main de nostredil très redobte seigneur. Item ossi dedens le St-Jehan Baptiste qui serat lan LXXl, leur part et miesez de V cent florins de Rins. Item dedens le Noiel tantoisl après ensuyani ossi leur part de V cent desdis florins et ensi de St-Jehan a Noiel et de Noiel a St-Jehan toutdis leur part et miesez de Vcent florins, jusques a plaine solution desdis XXXVP florins; parsi, silhes defallaient de payer et satisfaire leurs mieses et assyez de laditle somme principaule dedens les jours prescrips, ilx sont tenus et soy obligent deulx tous en generaiez et cascun por ly, venir en cesïe citet de Liège, en ung hostoil ou plusseurs,et illuc tenir et sourjourneir sens départir, lin et jusqnes a tant quilx aroient entirement accomplit ce dont

~ 331

defaillans seroient, avecques le tyer denir dabandon et encor sour le tyer denir dabandon a applicier a nostredit 1res redoble seigneur.

Obligances faite la meisme.

Jehan de Stenbiert Comme ceulx de bnn de Vervier, castel- Dansereaul lerye de Franchimont, sont obligies sour

Jehan le Q\ir yestre bannis et sour le tyer denier

Jehan le Corbesïer dabandon envers la grasce de nostre très Le Fosseroux redobte Seigneur Monseigneur de Liege^

Jehan Pessin de payer la somme de syez cens et XXX

Geraut Mabilon florins de Rins pris leurs délie somme de

Lambert le Clerc XXXVI<= florins de Rins que ceulx de HouBi.x DE Stenbiert Franchimont sont ensemblez redevables PiROT r>Ef;MEAux cnvers nostredit très redobte Seigneur, en

PiRAiR PntossoN viertut detraityet fôit et conclut nagaires

Collet Herman a lieu de Treit, de payer az jours et termes

GrigoiredeFacevaulx subescrips, assavoir : que les susdis dudit CoLLiN CoLAiR ban de Vervier, avuecques ceulx dez aul-

Jehan de Hodlmont trez bans dudit Franchimont, payeront GiELET SE Frère dedens u!ig moix prochain en deminuant CoLLART Parot ladittc somme, a Grégoire de Sart en nom

Jehan de Pibeux de nostredit très redoble Seigneur, leur

CoLLiN LE BoLLENGiEB part Cl porsion, miesez et assyez de VII'' Serval Robinet florins do Rins pour rachatieir lez lettrez

Paulus obligatoires que n\ Jehan de Branscheil,

Jehan Simgnet de seigneur de Rcvesteyne, de nostredit très Heusib. redobte Seigneur ; teilment quil ny aiet

quelcquez domaige et que Icsditlcz Irltrcz soient casses, anni- celleez et delivreezen le main de nostredit 1res redobte Seigneur. Item ossi dedens le St-Jelian Baptiste qui se;at Inn LXXI, leur part et miesez de V'^ florins de Rins. Iicm dedens le Noiel tantoist après ensuyant ossi leur part de V'' desdis florins et

332 -

ensi de St-Jehan a Noiel et de Noiel a St-Jelian, toutdis leur part et miesez de V*^ florins jusques a playne solution desdis XXXVI" florins ; parsi, silhez defalloient de payer et satisfaire leur îïiiesez et assyeze de laditte somme priiicipaule dedens lez jours prescrips, ilx sont tenus et soy obligent deux tous en générales et cascun por ly, venir en ceste cite de Liège en ung hosteil ou plusseurs et illuc tenir et sourjourner sens départir, fien et jusques a tant quilx aroient entirement accomplit ce dont defallans seroient, avuecques le tyer denier dabandon et encor sour le tyer denier dabandon a aplichier a nostredit très redobte seigneur.

Extraits d'un registre aux œuvres des Echevins de Liège (greffe Stephany), commençant le 25 mai 1469 et finissant le H janvier 4471, no 31, fol. 10, H, 12 et 43.

VII

Le document dont nous allons donner le texte prouve qu'à Liège aussi l'office de roi des Ribauds existait. Il est seulement difficile de préciser en quoi cet office consistait. Nous présumons cependant que celui qui en était pourvu était chargé de la police sur les maisons de jeu et de prostitution, et avait droit aux amendes encourues parles personnes ayant contrevenu aux lois existant en ces matières. Dans le Luxembourg, li Tournai et en France, il y avait des rois des Ribauds ; mais nous Ignorons si tous exer- çaient les mêmes fonctions, car on a entendu aussi sous la qualification de roi des Ribauds, le chef d'une milice.

1461, 12 aoiàt.— Transport et accords Jais Tan XIIII" et LXl, le Xll^jour (laoust, maire : Tryna, eskevins : Fallois et Velroiix.

Pardevant nous comparurent Michiel Geldoff* comme portant et ayant loffice délie Royalteit des Ribaix en le citeit de Liège a toutes ses appartenances, suyant sa commission sur ce faite et scellée, dune p :rt, et Jehan de Leuze varlet de nous la justice, daultrepain. La mesmes fut ledit Mychiel si consilliet etadviseit quil de sa pure et lige volenteit, sur les traitties convens et

- 333

accords subescrips, transportai, par devant nous, en le personne dudit Jehan de Leuze ic(3llui office de laditte royalteit avecques tout le droit, clain, calenge et action quil y avoit et avoir pooit, et ce, parmi la somme de nn" angles dor de Monseigneur de Heynsbergh, dont des xx diceux angles il, ledit Michiel soi tint la mesmes pour contens et satisfais. Et les altrez sissante vienent a payer par ledit Jehan de Leuze, moittie dedens le jour délie Chandelleur prochain venant et lautre moittie dedens le jour délie Paske tantost après enssuyant et par si que convent porte entre eaulx, si quilz cognurent que, en cas la ledit Jehan de Leuze seroit defallant de payer ledit premier payement ou le second, que celli transport seroit nul et de nulle valeur et poroit en celli cas ledit Michiel faire sa pure et lige volenteit dicelli office, comme de premiers faisoit avant le jour délie daute des- seur escripie et li seroit tenus ledit Jehan de Leuze de payer le censé et raute dicelli office, suyant laccense et obligance sur ce ung jour passeit faite par devant nous; voir que ce que ledit Jehan aroit payet sur laditte somme des lx angles, li deveroit venir bon en discompte de laditte censé et raute dudit office. Et se plus avoit payet que ledit censé et raute ne montast, ledit Michiel seroit tenus de adii Jehan rendre celli sorplus avant que dudit office rosteir le posist et tout sens fraude ne malengien et fut mis en warde.

Extrait d'un registre aux œuvres des Echevins de Liège (greffe Stepliany), commençant le 12 mai 1461 ei finissant le 27 ft'vrier 1462, 27, fol. 91, v».

VIIT

Les deux pièces que l'on trouvera ci-dessous, rappelant des événements généralement connus, n'exigeni pas une note explicative. Nous les publions parce qu'elles donnent d'une manière exacte et authentique la date des trois événements qu'elles concernent. Le légat dont il est fait mention dans la première des pièces était Pierre Ferrici qui obtint le cardinalat

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sous Paul II. C'est à la suite d'une députation envoyée par les Liégeois à Rome que le St-Siége chargea le susdit légat d'entendre les parties et d'arranger les contestations qui existaient entre elles. Ce légat qui avait le caractère de nonce apostolique, parvint au but de sa mission et prononça la levée de l'interdit.

1463. 30 mai. LanXIIIl'^ el LXIII le pénultième jour de may, fui la loy overte au comandement Monseigneur de Liège qui avoil deposeit el rapellet son mayeur de Liège et co- lïiandet a Messeigneurs a cesser de loy lanLXII le XIII'' jour de septembre, pour cause du cesse et interdit jettet en sa cite et conte de Loz, aile occasion des differens lors extans entre mondit Seigneur, dunne part, et ceulx de sa cite ci conte deLoz,dautre, liqueil fut par décret dune legaul envoyet départ nostre très saint père le pape, relaxet en vertu délie segurretel el caution oultre données par ladilte cite et conte de Loz de steir en droit et dattendre drois.

Extrait d'un registre aux œuvres des Echevins de Liège ^ greffe Sle- phany) commençant le 4 mars 1462 et finissant le i29 juin 1463, no 28, fol. 269.

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1467. 11 novembre. Lan XIIIP et LXVII le jour Saint Martin, furent les cleifs délie citeit, en paix faisant, livreez a Monseigneur le Duc de Borgongne.

Extrait d'un registre aux œuvres des Echevins de Litige (gretTe Stephany), commençant le 2 janvier 146o et finissant le lojuin 1468, n" 30, fol. 243, v».

IX

Le règlement qu'on va lire commence par exclure de l'échevinage de Liège les personnes qui auraient brigué cette charge par des moyens illicites et celles qui ne voudraient pas prêter serment dt- ne pas avoir employé de semblables moyens pour y ;irrivor. Suivent d'autres articles sur les devoirs et les droits des echevins, et sur le lieu ils devaient

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s'assembler. Il y est exprimé aussi qu'aux obligations auxquelles, depuis longtemps, les échevins sont tenus lors de leur réception, il en est ajouté une nouvelle : celle de payer un marc d'argent ûnMevant servir à l'acqui- sition, pour le siège scabinal, d'une pièce de vaisselle en argent, si toutefois l'on n'employait pas ce marc à l'achat d'une coupe aussi d'argent sur laquelle le nouvel échevin pouvait faire graver ses armoiries (i). Le document se termine par permettre aux échevins de disposer par testament de l'objet en argent qui avait élé acquis lors de leur réception, mais à la condition que, s'ils usaient de cette faculté, leurs héritiers devaient payer le droit d'approbation du testament, à moins que le corps échevinal ne leur en fît grâce.

1450. 2 mai. Nous Jehan Chabot de JuppiUe, chevaUer, Wilemme de Viheir seigneur délie Chappelle, Libert Textor, Jehan Toussaint Dorey, Jehan de Coir seigneur de Rameyoule, Abraham de Fexhe dit deFalkon,GiledeFanchon, Lambert Bibon,Gerart de Seraing seigneur a Fraipont pannetier héréditaire à Monsei- gneur de Liège, Jehan Damesart et Jacquemen deLonchinstous esquevins de Liège, faisons scavoir a tous que pour avoir et obser- veir entre nous bon,honneste et convenauble régiment aile hon- neur deDieu,denous et noz successeurs et le salut de nous etde noz amez, et pour nous et noz successeurs maintenir en estât deyubt, pour le bin common de ung chacun et pour refourmeir le maison de deslroit et spécialement pour maintenir entre nous amour et fraterniiet comme ung seul et singuleir membre, avecques et oultre certains poins contenus enslettrez des ordi- nances jadis par noz predicesseurs de bonne memore faittes, avons fait et ordinet entre nous par meur conseil et délibération les ordinances chi après escriptes tochant lestât de nous, noz successeurs et le maison du destroit : lesqueles avvecques les

( * ) Il existe au Musée archéologique liégeois une grande coupe d'argent donnée par Jean de Junccis, qui l'ut échevin pendant plus de cinquante ans sous cinq princes. Elle porte non-seulement les armoiries dudit Junccis, mais aussi celles des princes : Erard de La Marck, Corneil de Bergh, Georges d'Autriche, Robert de Bergh et Gérard de Gioesbeeck.

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poins contenus ens lettrez dez ordinances de nosdis predices- seurs el par nous jureez, voilons observeir et maintenir a dureir a tous jours inviolaublementpar le manière qui senssyet; icelles par nous faites et ordineez lan mille IIIP et chinequante le second jour de may.

Premiers avons ordinet et accordeit, ordinons et accordons pour eskiweir touttez haynnez el maie amour et maintenir entre nous amour et fraterniteil que, pour avoir loffice dyestre maistre esquevin le jour saint Symon et saint Jude apostlez ensi que le lettre de nosdis predicesseurs contint, nous ne prierons ne procurrons, ferons pryer ou procureir par nous ne par autruy de part nous, en secreit ne en appert, en manière nulle : ains eslirons chacun an audit jour lune de nous pour accepteir et faire ledit office a nostre sens et bon avis et que celi de nous qui ensi serat esleu, ferat la niiesme a sa novelle création seri- ment que, pour icelle office a avoir,il nat pryet ne procureit,lait pryer ne procureir par lui ne par auLruy,en secret ne ne appert: et sil ne vuet icelui seriment faire, quil ne soit point a icelle office admis ne recheus, ains soil tanioist la miesme ung autre resleu qui ferat icelui seriment.

Item, quant aucun arat besongne de nous pour mener fours franchiese el banlieu, quil soit delermineii par ceaux qui sont sour le destroit en gênerai celi jour, combin et queil nombre il en besongnera a faire icelui labur solon le cas et que les parties soient tous premiers tenuez de payer les fraix et despens de ceaux qui feront icelui labur; lesquelz deveronl eslre esleus par le plus grand partie de ceaux qui seront sur le destroit, affin que chascun, lune après lautre, en face le labeur a son tour sens nuUuy espargnier, sur telle condition qui ceaux qui seront ensi esleus parferont a tous profis qui venront sur le destroit le terme de leur absence pour celi cas sens malengien.

Iiem, avons encors ordineit et accordeit quant aucun arat pareillement besongne de nous dedens franchiese et banlieu, quil Gii soil useitparle manière susditiervoir que tout le salaire qui

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compelerat soit vengiie en comon, aile détermination de ceaux quia celi jour seront troveis sur le destroit en ce compris commandz sur Ihonneur et autrez labures.

Item, avons avant accordeit ensuyant le contenu délie ancliine lettre par nous jurée, faisante mention que nous nous devons ameii'a vie el a mort jasoice que coustummeestoit que, après le deces dune de nous devieit on prendoii droittires a sa femme, enffans ou remanuaiis le soiume de xun florins de Rins et encors aucunne foix avvecques ce les droitures des approuves de testament dudii, seigneur devieit: avons ordineit que, de toutes ces droitures, lesditlez femez, enffans ou remannans en demeu- rent quittes et en paix. Mais nostre intention est telle que quant aucun noveaul esquevin venrat a réception avvecques touttes droitures anchynnez acouslumeez, il soit encors tenuez de payer ung marck de fm argent, pour de ce faire vassel d'argent et quilliers, ou autrement convenir en Ihonneur délie maison de destroit: cest a entendre a nostre bonne ordinance et plaisir voir sensi estoit que ons en fesist ung hanap, celi qui aroit livreit largent poroit faire armoyer ses armes sur celi, deffours ou dedens, a son bon plaisir.

Item, avons avant ordineit et accordeit, ordinons etaccordons que ceaux de nous qui seront à Liège les jours ferialx,soy deve- ront assembleir sur le destroit et nyent autre part et quil ne soit fait par nous quelcque labur en lengliese Saint Lambert ne en aultres : ains soient tous laburs fais sour le destroit qui est lieu ad ce deputeit, se dont ce nestoil pour cause nécessaire et aile sceyute de ceaux de nous qui seroieni a celi jour sur le destroit ou en la cité do Liège sens maie ocquison.

Item, avons avant ordineit et accordeit lochant le marc dar- geiit que cascun de nous paye a sa réception, qui convertis est en vassel dargent dont cbi devant est faite mention, que dors en avant, ung cascun de nous porat ledit marc dargent en teile vassel que convertis aroil esteit, ordineir, laissier, testateir et ahnoisneir a son bon plaisir, a avoir après son deces : et se ordi-

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neit, lestateit ou almoisneit ne lavoit, quil parvengne, ceide et eskie a safemme, enffans, hoires et remanans,tantost après son deces; en ce adjosteit que, sil plaisoit ad celi dentre nous qui yroit de vie a trespassement, laissier sondit lianap aile maison et compagnie de destroit, en celi cas safemme, enffans et hoires ne seroient point tenus de payer les droitures délie approbation de son testament; mais se laissier ne li plaisoit et saditie femme, enffans et hoires ravoir voisissent ledit hanap, payer deveroient lesdittez droiturez délie approbation dudit testament se dont messeigneurs ne leur quitoient de grâce.

Extrait d'un registre aux œuvres ees Echevins de Liège (greffe Stephanyj, commençant le 17 janvier 1450 et finissant le 7 septembre de la môme année, n" 17, fol. 1.

Pendant les troubles qui désolèrent Liège sous Louis de Bourbon, Raes de Heers, seigneur de Linlre, conçut le projet de la nomination d'un niambouren remplacement de l'évêque, projet qui fut admis à funanimiié dans une assemblée tenue à cet effet.

Raes de Heers qui avait été secrètement à Cologne offrir à Marc de Bade, fils du marquis de Bade, cette dignité, que celui-ci accepta sous la réserve qu'elle lui serait conférée par les trois états du pays, lit la proposition de procéder de cette manière à réleclioii de son candidat qui fut nommé par acclamation.

L'entrée et la réception du mambour donnèrent lieu à de grandes réjouissances publiques et il fut inauguré quelques jours après. C'est à la suite de son ii)auguration,dont la cérémonie se fit au palais, que le mam- bour prêta dans la cathédrale de Liège le serment dont la teneur suit i) :

(') La lecture du serment fut faite par Baré de Surlet, qui avait abandonné le parti de l'évêque.

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1465. 22 avril. Serment fait sur le grand aulteit a Saint Lam- bert par Monseigneur Marc, marehis de Baden, lan XIIII" et LXV, le XXII" jour davril, Somonneur de loy pour le temps : Messeigneiirs Jehan délie Boverie, chevalier, sique voeit de Liège, esquevins ; Hollongne, Textor, Dammes, Falloise, Bastonyîie, Persant, Velleroux et Froymont, lequeil serment fut par ly fait tout ensi quil fut laendroit apportât par escript en latin comme chi après senssiet de mot a mot.

Juramentum prestandum per dominumMarcuin, marcliionem de Baden, etc. Primo jurabit quod pro electione, regimine et administralione patriariimepiscopatus Leodiensis, ducatus de Bulhon et comilatus Lossensis liabendis, non dédit nec dare promisil, per se nec per alium, in occulto nec in publico, per- sone cuicumque spiritual! seu temporal! aurum vel aliud donum quodcumque. Iiem, quod bonus, verax, legalis et fidelis erit omnibus sibi obedientibus necnon auxilium prestanlibus nec ipsosquovismododeseret, sed pro posse suo juvabit et assistet. Item, quod observabit et manutenebiteorum francliisias, privi- légia, libertates et antiquas consuetudines necnon pacem de Fexhe, confirmalionem Philipp! secundi, Romanorum régis, et omnes alias paces et ordinationes quas scabini Leodienses salvant, servant et cuslodiunt. Item, quod non impignorabit, non alienabit nec vendet palrias supradictas, nec super officiis aurum, argentum seu aliud quodcumque commodum mutuo recipiet nec ea servituti subiciet (sic) aut obligabit, nisi opus fuerit et hoc de consensu et voluniaie membrorum et statuum dictarum patriarum qui erunt sibi assistenciam et auxilium pre- bentes. Item, quod jurare faciet omnes castellanos, prepositos, ballivos, villicos et scabinos in eorum institutione primaria, quod nondederunl nec dare piomiserunl, per se nec per alium, quodcumque pio suis officiis liabendis, quodque sua officia gèrent et exercebunt bene et legaliter secundum leges pairie et paces factas, et quod eos etinm susieniabit et juvabit pro posse

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suo in omnibus eorum agendis negotiis et necessitatibiis. Item, qiiod pro confirmatione seu provisions dignitaîus episcopalis a sanclissimo domino nostro papa oblineiida,omriem diligentiam sibi possibilem adhibcbil, (jua habita incontineiiti infra annum post confiimatioiiem obtentam ad sacros ordines promovebilur seque in episcopum consecrari faciet ac etiam ex tune prestabit unacum presenti juramento, jui'amontiim preslari soiitum in ecclesia Leodiensi. Item, quod futuris temporibus, non tollet nec tolli seu serari faciet legem et jusiitiam patrie, ymmo illam ministrari ei infallenter unicuique prestari mandabit et faciet secundum pacem de Fexhe et alias paces factas. Et in eventum quo eam, (juod absit, tollerel, quod tune advocalus Leodiensis poterit et dtbebit monere scabinos, faciendoeosjudicare legem, quodque ad dicti advocati monitionem scabitii Leodienses leneantur judicare et administrare unicuique , majoribus videlicet, mediocribus et infimis legem et jusliiiam sine conlra- dictione quacumquo. Item, quod ponet et instituel'suosofficiarios et consiiiarios juxla paces factas et secundum quod per legem patrie cavelur et observatur. Item, quod jura et leges patrie necnon judicia feodalium et vasallorum episcopatus Leodiensis in civitate Leodiensi tenebit et servari faciet; quod etiam status et membradictarum patriarum venire non mandabit alibi quam in dicta civitate que est sedes episcopalis, maier et caput, prout scabini servant et custodiunt etc. Lequel seriment fait par ledit MonseigneurMarc, comme chi deseursoy continlde mol a mot, fait a la requeste de Messeigneurs Willemme de Berloz, cheva- lier, seigneur de Bruys, de Berloz, de Houten,etc., et Malhier Hav^eal, ambedeux maistrez pour le temps délie cite de Liège, et en nom dicelle cite par ledit voeit, tant en îaditte église comme après ce, sourie royal chemien. Mis en le warde de nous lesdis esquevins de Liège qui ad ce faire fummez presens aile requeste desdis maistrez lan et jour desseur escrips,

lixlrail d'un registre aux œuvres des Echevins de Liège greffe Slephanyj, commençant le 2 janvier 4465 et finissant le 15 juin 1468, no 30, fol. -105.

XI

La possession de lavouerie de Liège ayant été enlevée à la famille délie fîoverie (de la Boverie) pendant les giiei res qui eurent lieu sons les règnes de Louis de Bourijoii et de Jean de Hornes, l'un des membres df cette famille, nommé Jean, assisté d'amis et de parents, requit la cour des échévins de Liège de le remettre en possession et de recevoir son serment en qualité d'avoué de Liège.

Par le documeni qui suit immédiatement, il est fait droit à cette demande.

1488, 26 mai^s. Pardevant nous Rigal de This, Aiidrier de Wyhongne, Jehan liantliiiiez et Tliomas Peronne esquevinsde Liège, sont compai'us nobles et honnourez seigneurs messii'e Everart de la Marche, danioiseal Jehan son cusin, fil de feu messire Guilleame de la Marche, J;ino le baslart, capitaine de Longne, etauuez avvecquez et en la faveur de messire Jehan délie Boverie chevalier, et ossy avuecquez ly Willemme Surlel maisLre jadis de laditie cite ; Yslausse de Streelles escuyer, Urban de Villeir jadis maistre dicelle cite, Willemme de Dalem, Ernull Lambert et autrez proismes et amis dudit sirre délie Boverie ; et laendroit ledit messire Jehan délie Boverie avuecquez les seigneurs et autres avaiildis , nous requisent que, ensuyant les letlrez quel avoit délie haute voerie de Liège de noz predicesseurs esquevins de Liège, et de grant seel de laditie cite seelleez , que lamiesmez exhibual pardevant nous, et de plusseurs autrez letlrez quil disoit avoir heyut le limps passeit dellediite vowerie de Liège, le volsissimez raccepteir en la possession dicelle voerie, comme avoient fait nosdis predicesseurs paravant, dont il avoit este aile occasion des adversités et guerres de cesti pays et autre- ment dispossessioneil; et jasoice que parchidevant, il en euyst fait seriment acasafferant,comme sesdittez lettrezcontenoient,

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encor le parolîroit il a renovelleir; a laquele requeste après cer- taine diiaiioii par nous prise, veu que estummes en pelil nombre jtour labsence de nos aiitrez confrères, nientinoins affîn de eviteir suspiiion de prolongement, racceptaaimez ledit messire Jehîui delle Boverie en saditte possession de laditte voerie lele, (|iie avoir le devoil et que a luy aparlenoii selon le contenu de SOS diltt'Z lellrez, en renoveliaiit sondil seriment; voir si avant que a nous en est et appartint, sauf tous drois et sur leillez pro- testations par nous faisant, comme fait avoientparavant nosdis predicesseui's esquevins de Liège, ensi que lesdittez lettrez dudit voeit expressément continent ausqueles nous en raportons, Che fut fait sour le sale Saint Micliiel a Liège presens les notaires et tesmoins subescrips, ausquelx ledit voeit de son r.cceptation, et nous lesdis esquevins de nosdittez protestations et de ce que fait en estoit, demandammez instrument se le cas le roqueroil. Presens si que notaires sour ce requis Johannes de Kesymonl laisneil, nostre clerc secrétaire, et Piron le Berwier ossi nostre clerc, en présence de Beiihol le vieswarier, Collart de Golioiigiie, Renier dellc Chen^z, noz chambrelains secrétaires, Je!);in le vigreu et aulrez. î.an delle Naliviîeit nostre Seigneur Jlicsu Crisl mil IIIL LXXXVÎll, le XXVP' jour de marce.

Extrait d'un registre aux œuvres des échevins de Liège (grefle Stepiiany), commençant le 23 juin 1487 et finissant le 13 décembre 149'2, fol. 239, registre n" 50.

XII

(iuillaumo d'Aremberû,, surnommé le sanglier des Ardennes, ayant fait à Tongres, en 1484, la paix avec les Liégeois, fut saisi, malgré celte paix, par les frères de l'évêqtic Jean de Hornes, et exécuté à Maestricht.

Kvrard, frère de Guillaume, el Robert, son neveu, aidés de Ghys de Kanne, tirent, à ce sujet, une guerre terrible à l'évêque.

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Ghys, à la tète d'une troupe formée de vapaboïids, se lança sur le comté de Bornes et pilla la ville de Weert.

Les habitants de cette ville, pour la préserver de l'incendie et d'une destruction complète dont Ghys les menaça, durent même s'engager à lui payer une somme de douze mille florins à la croix et à lui livrer viii^'t otages en garantie du payement de celte somme.

D'après la pièce qui va suivre, des bourgeois de Liège, pour tirer ces ùtai^es des mains de Gliys, prêtèrent à la ville de Weert 6,045 florins.

On va voir à quel moyen les bourgmestres de Liège, au nom des susdits bourgeois, durent recourir pour obtenir le remboursement de celte somme.

1487, 17 aoiJt.— Jugement rendu par nous les csquevuis de Lieije aile somonsse du mayeur lan XI III' II II'" et sept le XAVII" jour daoust.

Comme les maisti'es de !a cite de Liège partie faisant en nom des borgoix dicelle cite, qui preste et debourset avoient le somme de deniei^s dont chi après serat faite mention, euyssent fait aresteir en cestedilte cite Marsilis le mannoyer, surseant et demorant au lieu de Weirt, pour avoir satisfaction et solution délie somme de VI™ XLV florins ou environ, que lesdis borgoix avoient pi^este, comme lesdis maîtres disoient, pour le delige- ment et préservation de la généralité de ceulx dédit Weirt et de leurs biens et bostagiers et pour eulx gardeir de la gi^ande désolation, arsin et destruction que messire Ghis de Kan a son vivant estoit intenlioneit de a eaux faire, et dont lesdis de Weirt et de la généralité dicelle avoient constitueit en la puis- sance et subjection dudit messire Gbis XX hommes ostagiers, lesquelx estoient comme bostagiers en cesie cite, pour le somme de XII"' florins a la X pour le branscbat a payer a deux termes, assavoir : la moitié a Pasque et lautre moitié a Cbincquemme a dont prochain, suyant lapointemeiit par lesdis de Weirt fais

envers le jadis messire Gliis, qui par ces adlieieus Allcmans el gens de gwcrs les avoit mis en grant dangier et désolation, se porveu ny euyssent par ledit apoiniemenl envers ly fait, et dont pour la grande cremeur, dobtance et rudece quil f;iisoit ausdis hostagiers, luy, résolut et intenlioneit de eulx faire tireir hors de ladiite cité et les faire mettre en fortes places, comme a Longne, a Monfort ou aillors, a son apeti et a la vollente de sesdis Allemans et diverses gens darmes ses adherens, lesdis borgoix esmeus de piteit et ayans compassion desdis hostagiers, a leur très instante pryer et requeste, en nom et pour laditte generaliteit desdis de Weirt, prestarent pour leur diligement envers le jadis messire Ghis, lesdis VI'" et XLV florins; par le moyen de laquele preste, iceulx hostagiers, en nom de laditte généralité, furent delivreis hors des mains dédit messire Ghis, eulx demorans hostagiers es mains de laditte cite, en eulx eslargissant de prison, sur bonne confidence et obligation par eulx faite en corps et en biens de jamaix non partir hors de laditte cite, se premirement lesdis borgois nestoientde leurditte preste entièrement rembourseis, comme iceulx hostagiers pro- misent et jurarent solempnement sur sains. Item encor ayant tousjours lesdis borgois de laditte cite pite et compassion du dangier et désolation de laditte généralité et desdis hostagiers dédit Weirt, concedarent et consentirent que quattre diceulx hostagiers soy transporteroient adit Weirt pour pnrsuyr ladiite somme, et procureir leur diligement, demorant tousjours leurs serimens et obligation en force et vertu; lesquelx quattre bos- tagiers ayans oblieit leursdis serimens et obligation, jamaix ne revinrent par decha et que plus est, les autres hostagiers, leurs confrères ycby demoreis, allans et frequentans par la cite, sur bonne confidence de leursdis serimens et obligations, comme dit est, les ayans ossi totalement obliet, se partirent le jour de la solempnite du Saint Sacrament, secrètement, et sen allarent honteusement sens faire quelcque acquitte de retorneir par decha ne de satisfaire ad ce que dit est ; et par les raisons

prcsci-iptes et veyul que ledit Marsilis est ung des manans et surseansdudil Weirt présentement a jour de ceste arreste, et que a jour del apoiiilement fait envers le jadis messire Ghis,il y avoit sa maison et ses biens qui, parmy ce, furent preserveiset gardeis darsin et de perdition, comme tottes ces choeses avuec- quez plusseurs autres raisons par lesdis maistres proposecz et remostreez,ilz,en nom comme dessus, voUoient proveir et mos- treir et maintenoient y estre bin fondeis de ladilte areste et ■que icelle devoit avoir son course; et ledit Marsilis respondoit et alligoit allencoiitre, disant que lesdis maistres estoient mal- fondeis de ly faire aresteir; car jamaix ne soy lâchât ne obligat envers lesdis maîtres, ne borgoix,senon lesdis hostagiers,sens le sclieu de laditte généralité et sens le consent dicelle, car la promesse que ladilte généralité avoit fait, ce avoit este envers ledit messire Ghis; et se lesdis hostagiers avoient plus promis quilz neuyssent de carge, on les en pooit parsuyr et ilz se poroient respondre et alligier; et les dévoient lesdis de la cite si bin gardeir que pour en yestre satisfais, sens lui ledit Marsilis pour ce faire aresler, et poyoient ossi lesdis maistrez parsuyr ceulx qui avoient le garde desdis hostagiers pour de eaulx rendre compte, noyant ausdis maistres leur intention et volloit faire apparoir que, par vertu de certaines lettrez envoyés par ledit feu messire Ghis ausdis de Weirt de payer leur argent a liu de Slockehem, ilz y fisenl porteir le propre jour que le jadis messire Ghis fut ochis, et y furent payes certains deniers et dont il a exhibueit recet de Jehan Craen, receveur de messire Robert délie 3Iarche, en nom dédit messire Ghis, délie somme de VI'" IIII-^ LXXV florins. XX aidans pour le florin, avvecques plusseurs iiuîres raisons par ly pruposeez; sur lesquelx differens plusseurs provances, mostrances, debas, alligances et conlre- mostrances en ont par lesditlez parties, lunne contre lautre,par devant nous, estet faites ; toutles lesquelx par nous biu et dili- gemment visenteiz et enlenduez, nous sur tôt ce meurement conseillies, avons dit par loy et par jugement, aile somonsse

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dudit mayeur, que veu quil nous constat que ladilte preste desdis ¥!■" et XLV florins al par lesdis borgoix de laditte cite este faite au profit de la généralité desdis de Weirt, en bin faisant, et en eulx parmy ce préservant et gardant eaulx, leurs ho?!agiers et leurs biens de plus grand dangier, perde et deso- iiiîion, et pour le diiigement deaux et de leursdishostagiers en bonne manière et en eaux assistant généralement aile instante pryer et requeste des hoslagier^, laditte areste doit demoreir vaillable,veu que leditMarsilis.a jour de cestedilte areste, estoit ung des surceans et habitans dicelle généralité dudit Weirt, participant a la préservation de ly et de ses biens en gênerai avec les autrezsens séparation, considère ossy que, a jour dudit branschat, il y avoit sesdis biens suyant les provances et veri- ticalions qui nous en sont .*ipparuez,condampnanl ledit M;îrsilis az fraix de loy.

Extrait du registre aux œuvres des ochevins de Liège i grelJc Siepliany),commençaiil le 'Jojnin 1487 et finissant le 18 décembre 1492, n" oO, fol. ifî, V».

Xlli

Les oi-doiinaiices qui vuiil être placées sous les yeux du lecteur prouvenl (|u'à une époque déjà assez reculée, on s'est occupé des moyens propres à empêcher la détérioration du pavé des rues de Liège.

Les motifs î) l'appui de ces ordonnances surprendront de nos jours, que les chariots les plus lourdement chargés parcourent les rues sans nuire aux églises, ponts et maisons. On doit toutefois reconnaître qu'elles étaient favorables à la conservation du pavé et à la propreté des rues autres que celles par lesquelles les chars et charrettes devaient se rendre à la .Meuse.

1457, M avril. Avis, ordinanches, traitiez et nccors fais de part le grasce noslre très redobte S^' Mon&ingneur de Liège, les seingneurs, doyens et capitles de la grande engliese et des secondares engliescf^ de Liège, maistre jureis et conseil délie ditte citet, en le maîiiere qui sensyet et parles fermetiurs dicelle citet aportes par escript et a leur requeste par le greit, consent et otroye et commandement de noslre dit très redobte S^^ Mon- singneur de Liège, mis en le warde de nous les eschevins de Liège, lan XI Ht et LVJI, le XI" jour davril ; maire : Chabot ; eschevins : Textor, Coir, Pannethier, Dammesart, Lorichins, Falloize, Morealmeit, Penant, Berard et Waldoreal, ensi et par le manière que contenus estuient en une ceduUe de pap'ire de laqueile le tenure sensyet de mot a mot :

A tous clieaus qui ces présente ordinaiiche voiront et oi'uiil. Remonstrance faite par lesseingneurs fermeteurs al exortalion de pluisseurs borniez gens citains, en capitle de Saint Lambier, par devant les s'nngnours délie grande et doyen et capitle des secundaires engliesez de Liège et maistres jureis et conseilhe et pluisseurs autres bonnes gens délie honorable citeit de Liège, a une jour convockeis et assembleis, cesl assavoir de pluisseurs grans chaires cargies de cherbons ('), passans, corans et troitans par le citeit, lesquels avoyentfait et faisoient très grans damaiges en chauchies (^) et quil nastoit pont pos- sible que laissiese des cervoises (') et keutes (*) et autres beveraiges (') powist et saroit detenire les dittes chauchies que teilx chaires brisoyent de jour en jour, et encor très grans perilhes poroyeiU advenire az engliesez, pons et maisons en la

( ) Chars charges de charljons.

(*) Dommages aux chaussées.

(') Boisson difTi'rente de la bière ei dont on faisait plus do cas. Voir Ihicange.

^*j Espèce do bière Voir le glossaire de Diicango.

(') Boissons.

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ditte citeit ; car teilx chaires et ausy autres, en corrant par le citeit, font irenbleir et hochiere C) les dittes engliesez, pons et maisons, de toutes lesquelles choses poiroit sortir très grande inconvenienche et damaige, si sieroii bin nécessaire de mettre remeide et parlant est adviseit et ordineit : que lous mnrclians ou aultres personnes qui voiront cargier chierbons en naviers ou pontons pour minneirhors délie citeit, qui siéront gelteiset oevreis a Saint Loren, a Saint Nycolay en Glen, a Saint Giele, aHomvcii et la entours, les chaires et chereUes qui tels cher- bons monront et chériront (-), seiront tenus de descargier et de faire stappe (^) sourie rivière dAveroit, sens enlreir en ladilte citeit. Et semblanment, tous chierbons qui siéront par delà Mouse, demoironl par delà Mnuse, enlendut lous jours les chierbons que ons venderat por minneir hors délie ciieit ; et les chierbons qui seiront overeis et getteis a Tauwe (■) et laenlours, les chaires el clieretles qui tels chelrbons cherii'ont, seiront tenus de alleir descargier a Point aile Creyre et les cherbons que ons overat et getterat et que ons venderat ou que ons acliaterat a Ans, a Molin, a Hachaporl, a Xhovemont et a Sainte Wulbeur, jusque a Tawe, pour minneir hors délie citeit par naviers el pontons, comme dit est, les chaires a bennes doisiers (^) et cherettes qui tels chierbons cheirironl, siéront tenus de descai'gier a Vivier (") et nient aultre paît. Et ne poront ceaux des chaires a bennes qui venront descargier a Vivier, cargier que vni mesures de chierbons et les cherettes que V mesures de chierbon. Et aront puissanche et aucloriteit les prenommeis fermeteurs par eaux, leurs clers, varies ou aultres personnes de part eaux commis el deputeis, lesdis chaires et cherettes ensi cargies de chierbons, entrans en ladilte citeit pour vendre on miiieir hors délie citeit, comme

(♦j Osciller. (') Mèneront et charrieronl. [''] Arrêt. (* ; Aux Tawes.

(■') Chars portant des paniers d'osier.

(•) Le vivier était situé en Cheravoie, au bout de Souverain-Pout.

349

dit est, qui deveront estre descargieis a Vivier, faire rejetteir et mesurer, tout fois qui leur plairat, pour savoir sil excédent leur carge en cest présente ordinanche statuee, et tout ce az frais, costes et despens de celuy a cuy les chaires et clierettes seiront appartenantes, sens le contredit de nulle personne. Et se aucune personne ou pluiseurs voloient conlresteir, ou mettre deffense a tout che qui est contenut en ceste présente ordinancliez, il seiront tous tenus singuleirement, une cescun por ly, de payer lamende clii desous déclarée, et seiront tenus clieaux qui chaires ou clierettes, monront et chériront en ladilte citeit, quant il deskenderont tyer et vallée, de sereir leurdis chaires ou clierettes, cargies de queilconque denrée que che soit, a bacheaux et nient autrement. Et ossi tous chaires ou clierettes veuse ( ' j ou cargies ne deveront corrir ne trotteir par ladilte citeit. Et aflin que cest présente ordinanche soit entretenue, observée et wardee,nos les singneurs délie grande, et nous les cannonnes des secundaires englleses de Liège, et ossi nos les maistres, jureis et conseilhe et tout le uiiiversiteit délie bonne citeit de Liège, voilons et ordinons, que toutes personnes de queil estât quil soyent, qui fâche ou fâchent contre cest présente ordinanches, orlant de foix que che adven- roit, il seirat et ou il seiront tenus de payer une florin de Rin damende, a applichier a equaile parchon (-) a Monsaingneur de Liège, aile citeit, aile fermeteit et auz fermeteurs ou aultres personnes por et en nom deaux pour che aflaire suffissammeiit commis et deputeis,qui teis forfaisans pannerontetdewageront aile cause des amendes commises et forfaites, sens chu que ons les puist pardonneir ne quitteir. Et partant que nous les partyes desseur dittes voilons que che qui est dit, soii ferme choise et estauble, soit mise en le warde des eschevins de Liège, salveit tous jours le bonne modération et correction des membres desseur escrips.

Extrait d'un registre aux œuvres des éclievins de Liège l'grefli' Sle- pliany), comntenoanl lelO novembre 14S6 el finissant le 18 juillet •liS7,n" 2t>, loi. 190.

(♦) Vide. ') A égale portion.

350 - XIV

4486, 23 septembre.

Nous les esqueviiis de Liège, faisons savoir a tous que, par devant nous, sont comparus Thilman Wald(oreal) et Gile de Huy escuyer, maîtres por le temps délie cite de Liège, partie faisans en nomdicelle cite,etavvecquez eauz,lesfermeteurs de ladilte cite, lesquelz nous remostrarent comment jornelement on cherioitplusseurs grans pesans chars et cherettez, fortement cargiesdehuilles et de cherbons,deskendans au rivage deMouse et autrepart aval les chalchiez délie ditle cite, autrement que faire ne sedevoit,etquant descargies estoient, sen ralloient corant et trottant telement quilz confrossoient(') etcombrisoient C^) lesdit- tez chalchiez si grandement, que lesdis fermeteurs ne les pooient détenir en bon esta, et que plus est,ilz stonnoient (^) et ùiisoient telement tronleir (') les pons et les maisons et édifices aval le cite, que cepoyoit redondeir et redondoit a grand damaige, préjudice et incouvenience, se soffîert estoit. Et partant quilz avoient entendu que aucunnes deffensses et ordinances en avoient este faites le temps passeit, et que aucunne chose en deviens sauveir et wardeir, si nous suppliarent et requisent instamment et par plusseurs foix,que les en volsissiens aouvrir et déclarer tout ce quil nous en constisoit par nos registres ou autrement. A laquele supplication et requesle condeskendans, avons fait grand diligence de requérir plusseurs papiers, regis- tres, livres de paix faitez el autres teilz que nos les avons poyu recoverer; car aile occasion des guerres qui ont regneit en ceste cite et pays, avons perdut grand nombre de registrez, papiers aux paix faites et autres explois; sest il que en aucun livre ou papier que retroveit avons, trovons y estre esciipies certaines ordinances qui en ont parchidevant estet faites par les membres

(*) Détérioraient. (-) Kndoinniageaieiil. (') Vaciller. (*) Treniljlcr.

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et estas adonl ad ce députes, deleiz lesqueles ordinatices,dont le tenure serat clii desouz escripte de mot a mot, nous demorons, selon ce que présentement nous en constat, par condition tele que, se meilleur nous apparoit ou revenoit a cognissance le temps future, par autres lettrez, registres, explois ou escriptures auclenticques, nous en retenons de adont dire,aouvrir et decla- reir, selon ce quilnous enconsleiroit et que loy et raison poroit porteir. Che fut par nous dit et horsporteit le XXIIP jour de septembre, mil IIIV IIII'^ et VI. Le contenu desqueles ordinances en ceste partie dont deseur est faite mention, ensi que iroveis les avons par escript, comme dit est,sensiet de mot a mot: Item ordonneit et aviseit est que de ce jour en avant, nulx ne fâche eslaple dedens la cite de Liège pour vendre lioulles, cherbons de feure ou fowailles;ains soient les estables (') de telxdenrees tenues es lieux anchiennement accoslumes, assavoir : a Avreu du passage en amont vers JesWillemens; aCronmouse de Sainte Foii en av.il vers Herstai, et qui autrement en ferat ou aultre esiaple ordonnerai, soit a lamende de dyex florins deRin,toulte toix qualité foix quil le ferat, et avec ce, que tous ceulx qui cherieront telles denreez en laditte cite, pour les mini'.eir a telles estaples, soient pour chascun clichet a ung Horiii de Rin damende, et pour chascun chaer a deux llorins, a applicbier laditte amende, le tirche part a nostre très led(oble) Seigneur, lautre tirche part aile fermeté de la cite et laulre tirche part a celuy, le moiiie, qui teil forfait raporterat, et la moitié a varlet du mayeur de la cite qui laditte amende comanderat au raport de celuy qui teil forfait troverat. Et a payer dedens tvf r jour après le comant fait, sy hault que sur y estre bannis et albains de laditte cite, tant et si longement que satisfait arat lamende a luy comandee. Item partant que des cherbons qui seront ouvres a Ans, a Mollins, a Hochaporte, a Xhovemont et a Ste- Walbeur jusques aux ïauwes, il nest point possible de faire

(' ) Tour estaples.

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slapic aux lieux desscur nommeis cousteiiges détenant, iiostre intention est que telles denreez se puissent ameneira slaple en la cite, assavoir: au Vivier ou cnnutrolieu propice et expédient, non préjudiciable aile cite ne a autruy, et pour les revendre, mais on ne polrat lelx clierbons meneir ne clierier par chaer a quattre ruwes; ains soy deveront amoneir par clierettes conte- nante cliincquez messcureset non plus, sur le paine et amende, pour loulte foix que l'ait serat au contraire, de ung llorin de }»in, a applichicr a ladille fermeteit et aux fraix soslenus en porsuyant laditte amende. Et polront les fermeteurs, aux fraix de cheriant, faire mesureir leurditte cherelte, pour savoir se elles tinnent plus que ce que dit est, îouttefoix que boin leur sembierat. Item ordoneit et deviseit est, que quiconcques en laditte cite ferat corir ou trottoir chars ou clieretie, a queilcque heure que ce soit de jour ne de nuyt, incouront unne amende de syex livres coniun payement de Liège, a applichier comme dit est dessus. Et le polrat on panneir de son cheval pour laditte amende et serat et polrat ieslre chascunne personne quant ad ce, varlet de maire ou de la cite. Et quiconcque pour tel comand a faire, injurirat ou vilonnerat (') par tireir ou sacliier le commandant ou pannant, encourrai en le paine dunne voie de Rochemadou, a payer dedens xxx jours après ce que comandeit luy sierat. Item ordonneit est et adviseil que, de ce jour en avant, nul ne puist chericr, emmeneir ou porteii sur les pons, sur les rivaigesalle Sauveniere, ne antre part, ne es eywes, tre- buis (-), cendes, arsyns {') ne aultres ordurres, si hault que sur paynede syex livres telle monnoie que dit est damende, toutle- foix quil avenrat, a applichier comme dit est dessus, anchoix (*) soient emmeneis, conduis et porteis en Leuse, en Graveroule et hors de la porte aux Âwez,assi a coron sur ileaul en hochet, et ceulx du vinauwe dysle,et hors des portes en lieu ad ce propice, sains empêchement daullruy, sains les pooir chericr, meneir,

(') Ouliagera. (- ) Décombres. (") Hestcs d'inccnùic. (*J Mais.

3o3

ou pourleir csdiUes eywes plus avant que les clauwiers, qui ordonneis et pUuUes seront ou sont par le présent, ne sexlen- deront. El semblameiit ne les deveront deschergier ou jetteir, en approchant la cite ne les maisons, plus près que oultre les clauwiers, qui semblanient ordonneis et planteis seront, ne sextendcront. Et siéront les chieff dosteis tenus de payer laditte amende pour et en nom de leurs enffans ou familles, et lesporoit on pour icelie panneir(') ou prendre waige(-).Esl sem- blament ordonne, que le place vuide exslante en la Sauvenier, de costeit vers Sle-Croix, ou on at accostumeiî trotteir les clievalx, doit demoreir vuyde sans estre encombrée de halle de boucherie, ne autrement. Item, lan IlIP^et VII, le dcrain jour de marce,oyues et entenduez les doléances et remostrances tant des seigneurs de St-Denis, des seigneurs de Ste-Croix et de plusseurs borgoix de la cite, qui soy complendoient(') de ce que point on nentrelenoit les ordinances dont nos lettrez font men- tion, eu présence des fermeteurs de laditte cite, qui ossi sen dolloient('),et les responsses de Ernot de Saint Loren, Gilkinet ïon soroge(^j, Jehan Toilette et autres, fut ensengniet que nous demoroiisdeleis nosdittez lettrez et deleis ce que, selon le con- tenu dicelles, en at esleitpar nous avantrainementHdit et decla- reit,tant i)ar noslre déclaration et aouvreture(")que faitenaviens le XX'' jour doctembre, lan LXXXVI derain passe, suivant cer- lainezprovancez et tesmongnages que lesdis Ernot Gilkinet et leurs complices avoient adont par devant nous produit,surquoy aviujmes adont foursporteti*^) et dit que nous troviens estre pro- veilque certain apointement C') avoit este fait, de temps Willem Crackin, en tele manière que les chars a quattre ruwez ('°) ne poyoienl plus avant cargier (") que noefl'mesurros cheriant par les chalchiez ('-) Item, lan LXXXVII,leIIII'^ jour davril,oyuez les

,') Saisir. (*) Gage. ('j IMaignaicnl. ^') IMaignaient. (") Doau- ficro. ;"i Auparavant. \') Jugemeot, sentence. (') Jugô. (") Ordon- nance. — '") Rue.— («') Cbargei-. (i2) Chaussées.

354 -

remostrancez dune costet et dautre, fut ensengiiiet que nous demorons deleiz tout ce que par nous en at estet dit, comme chi devant appert, et disons avant, que lez cherons (') deveront eu cheriantO leurs chars sur valleez dez chalchiez,etossi se mes- tier est, leurs cherettez serreez a blockeaz, en deskendant, affiii que plus douchement puissent deskendre, sens combrisier les chalchiezet sens porteirstonnement,ni trollemenl az maisons et édifices délie cite. Item, tochant les amendez que lesdis ferme- teurs avoient fait comand(;ir, dont la miesmes fut raisniet, fut ensengniet que, se lesdis huilleurs, marchans et leurs cherons navoient plus avant cargiet que lesdittes ix mesurres, sur cascun chare, depuix nosdis avantrains jugemens et ensengne- mens, nous ne les sariens par le présent cargier desdittez amendez, se dont lesdis fermeteurs ne volloient proveir quilz euyssent plus avant cargiet et excedeit, par eaux ou leurs cherons, que nosdis jugemens et lesdittez ordinances ne conti- nent; veu que lesdis Ernol et ses complices leur noyareut. Item, tantost après ce et la miesme, fut entre eaux apointiet,que dors en avant useroient desdittez ix mesures es ordinances prescriptes suyant nosdis jugemens, suspenssant tous lesdis comans parchidevant fais, jusquez atant que autrement et plus avant nous en consteirat. Item, cely mesme IIIP jour davril lan LXXXVII, tochant le diflerent denire lesdis fermeteurs et Pirot Gosson, a cause dez ciieriages quil faisoit faire en sa paire sur le rivière dAvroit, dont nous avimmez este faire Visitation sur le lieu, fut ensengniet, veu que nous trovons que on ne puet présentement cherier par le Jonckeur, la on soUoit cherier, ledit Pirot porat cherier ou faire cherier parle chalchie de Saint-Ghristofre, jusquez au Stapple au pont dAvroit ad ce ordonnet; et sil vuetplus avant cherier jusques a sa paire, il doit parleir az fermeteurs, et telement faire et détenir le chalchie

Charreliei'S. (^) Chari'iàiit.

355

dudit stapplejusques a saditte paire, que point ny ait de dangier aile fermetet ne az voisins marcliissans sens fraude.

Extrait d'un registre aux œuvres des Echevins de Liège (greffe Stephany), commençant le 19 mars 1485 et finissant le 13 novembre 1486, no 48, fol. 426, v».

XV

En parcourant les lois et ordonnances anciennes du pays de Liège, l'on reconnaît qu'elles ont visé tout ce que Fintérêt public demande d'être réglementé. Il s'en trouve parfois môme que l'on regreite de voir tombées en désuétude. C'est ainsi que, par rapport à la boucherie qui fait l'objet du jugement qui va suivre, il existe une ordonnance (i) par laquelle on décrétait deux halles à la viande : dans l'une devaient se vendre la chair du bœuf, de la vache, de la génisse, du veau, du mouton et de l'agneau , et dans l'autre, celle du taureau, du bélier, de la chèvre et du bouc. Dans ce temps, l'on n'était pas exposé à être trompé sur la nature de la viande que l'on mangeait; aujourd'hui, en est-il de même et l'ordonnance susdite ne pourrait-elle être renouvelée utilement.

1486, b septembre. Jugement rendu par nous les esquevins de Liège aile semonsse du mageui lan XIIll" llll^'' et VI, le V" jour de septembre.

Comme Anthone Jamar, si que mambnur el en nom de noslre 1res redobte Se"" Monsg!''' de Liège, et Andrier Bourlette, si que mambour et en nom délie cite de Liège, euyssent fait convockeir pardevanl nous les governeurs et personnes du bon meslier des mangons de laditle cite, pour roisteir les banks, hayenenions de cbare et empeischemens quilz mettoienl sur le royal chemien, en marchiet a Liège, a dehors délie maiighenie dicelle cite et soy retraayssent en vendant leur chare et en

{•) Elle sera publiée dans la prochaine livraison, si elle ne peut trouver place dans celle-ci.

356

faisant leurs slauz et bancks en laditte manghenie, qui estoit le lieu et place la ce faire se devoit, enssi quon solloit faire le temps passeit, sens encombreir ne empechier ledit marchiet et royal chemien ; et sour ce fuissent comparus pardevant nous Jehan le Ruyte, Ernult le Rosseal, governeurs dudit mestier, Jacquemen de Houz, Henri de Sart, Lynar de Lenborgh, Wil- lemme de Herstal, Jehan de Houze, le Joienne, avuecquez plusseurs etgrant nombre dautres borgoix dudit, bon meslier, remostrant et déclarant plusseurs raisons par lesqueles cascun te'eaux maintenoit devoir demorer en leile joyssauce et posses- sion de leurs bans et stauz, la troveis estoient présentement, proposant par plusseurs dcsdis mangons que, se les aucuns deaux estoient oisleis de leur possession, que on lo devoit faire az autres equalement. Sur lequel différent ensengnammes : que tous ceulx qui avoient lettrez ou explois servans a la matere, les apportassent a certain jour, et nous les voriens visenteir, et ossi voriens requérir et visenteir les paix laites et ordinances qui apparoir en poroient estre faites le temps passeit. Tant que finablement, au jour délie daulte deseur esci'ipte, par nous, bin et diligemment entendues les raisons et remostrances tant desdis mambors de nostre dit très redobte seigneur et délie cite, en présence de ThilmanWaldorealei Gilede Huy escuyer, maistres pour le temps dicelle cite, comme ossi les remostrances, propoz et raisons desdis mangons et ossi de bon mestier des nayveurs,por cause de leur maison; nous sur tout ce meurement conseillies, avons dit et jugiet,alle semonsso dudit mayeur, que nous demorons deleis les ordinances, qui sour ce ont este faites par les membres et estas délie ditte cite et pays, dont larticle de ce faisant mention, ensi que retroveit lavons par escript, sensiet de mot a mot et est teile : Item, nousordinons que toutles lyers 0 de char cscourchies (-) etabalues en le man- ghenie (') de marchiet de nostredittecile, deveront estre venduez

/ 1) Espèces. (2) Dont la peau est enlevée. (' ) Halle à la viande.

dedens icelle maagheiiie et non ailleurs. Celles qui seront abatues et escoirchiez en Ysie, deveront estre venduez en Ysie nieisme et non ailleurs. Celles aussy qui seront abalues Oultre Mouse, ne deveront estre vendues fours que (') OuUre Mouse. Eipareillement toultes charesabaltueset escoirchiez en aulires lieux que en ceaux desusdis, deveront estre venduez chacune en lieu ou abattue sera, sens le porleir vendre ailleurs sour aultre banck, ne les raporteir a vendaige fours que ensy que devant est dit. El sil estoit iroveit ne sceu que aucun mangon en usasse autrement que dit est, il seroit attens pour chacunne foid que ce ly advenroit, en le paine desseur ditte. Item, par- lant que point nestoil aoveirl en dit arlicle, que quant les man- gons demorans en laditle cite, hors dudit marchiel, voront aporteir leur chare a vendage en dit marchiet, la liayeneir, colaillier ("-) et vendre les deveront, aoeverons et déclarons que apporteir, cotaillier et vendre les poront sur leurs stauz ('^) et bancks extans en laditte manghenie, comme lieu ad ce deputeit, sens les cotaillier, vendre ne hayeneir autre part en dit mar- chiet, pour ledit marchiet et royal chemien encombreir ne empechier.reserveit ceulx qui aroient leurs maisons et heritaige en dit marchiet ou autre part,lesquelz poront leur chare vendre et hayeneir en leur dittez maisons et heritaiges, sens fraude. Et en ce ossi reserveit les chars jardeusez, chare detroye, chare de ihorealz et chare de chivre qui vendre se doient la ordineit at este paravant. Tout ce entendu selon ce quil nous constat et que trovons présentement de la matere; car se autres paix faites, ordinances ou explois plus suftissans nousestoientmostreis,ou apparuyssent le temps future que présentement ne nous soient apparans, nous en relenons de avant aouvrir et declareir selon ce que par loy et par raison nous en consteiroit, en sauvant et wardant le bon droit dun chascun.

Extrait d'un regislie aux œuvres des Kclievins de Liège 'grefle Sleplianv', commençant le 19 mars 1 iSo et fniissanl le i;! novomliie 1480, no 48, (ol. 30 i, v".

('j Ailleurs que. ;•) Di'oouper. /"} hllaux.

OOO

XVI

N'ayanl iroiivé ni dans los Cltarles et iirhilèges des XXXII bons méliers f/c la cité de Liétje, ni dans Louvrcx, ni dans le Recueil des anciennes lois et ordonnances de la Belgique les pièces ci-après concernant les corpora- lions des aris et métiers à Liège, nous avons pensé que nous ferions bien de les publier ici. Inutile, nous semble-t-il, de faire précéder ces documents de l'iiistorique de l'institution des susdites corporations, de rappeler les vicissitudes qu'elles éprouvèrent, de dire qu'elles furent d'abord au nombre de douze, lequel fut, après la Mal-St-Martin, porté à vingt cin(i, puis à trente-deux, chitfre qui ne fut jamais dépassé et qui existait déjà lors de la paix de Vottem Tout liégeois qui n'a pas lu l'histoire de sa ville natale, connaît cependant, par tradition, qu'il y a eu à Liège des corporations de métiers; plusieurs personnes même sont encore en vie qui ont vu le métier de porteurs aux sacs en exercice longtemps après la suppression des corporations quelconques.

Lan XV" et XXI, le iroixeme jour de décembre, compa- riireiU par devant nous mayeur et eschevins de Liège Wil- lemme de Falle, Johan Anthoeniie de Pont, gouverneurs ; Paulus del Fleur de Lis, juré, et Simon Damerier, ren- tier, avec autres de bon mestier des Dresseurs de la cité, IVanchiese et banlieu de Liège, lesquelx nous remonstra- rent coment, en l'an mil V*^^ et XVIII, le XVIP' jour daoust, pour avoir ordre, règle et bon police en leur dit bon mes- tier concernant lt3ur bressin et autrez leurz affairez, tant pour les riclies, moyens et poeuvres, ilz avoient fait cer- taines ordonnances lesquelles avoient par !a généralité des autres XXXI bons mesliers este approuvées et laudées et ensuyant ce , requis az burgmaislres de la cite modernes les voloir confermer, ratiffyer, lauder et approuver pour sortir a tousjours leur effect , laquele requeste obtem- pérant, iceulx dits burgmaistres avoient, sur protestation de non toucbier à la bauUainiie et juridiction de noslre 1res redoble seigneur et prince , aux addition , mutation et correction sur ce faites, icelles greit, laudeit, ratilfyet

/)rin

el approuve el fait impresser le seel az causes de ladite cile, le XXVI'= jour du moix de novembre passe ; et ce jour meisme parellemeiU en fait greation et conf'ermation par notre dit très redobLe seigneur ensy que par ses lot- irez de transllche de son signe signées et de son seel seelees de daulte de penulteme jour dudit moix de No- vembre plus a plain appareil , la lenurre desquelles dites lotirez serai ci desoubz escripte. Or csloit il que lesdits gou- verneurs, rentier et lesdits de bon mestier, suyant la re- moslrance par eulx ci deseur faite, nous ont instamment ce jourdhuy requis voloir les susdites leltrez dapprobation et confermalion faire registrer en nostre registre aucten- licque el meclre en warde de loy. A laquelle leur requeste inclinans, a tele condition et sur protestation que se en temps future il avoit en icelles aucun point ou article pré- judiciable a la Iiaultainiie et jurisdiction de nosiredit très redoble seigneur ou contre les payx l\ntes que sauvons et wardons, pooir modérer, aovrir ou corregier selon équité et raison et comme trouverons lors a cas appartenir selon loy, avons fait le contenu des dites deux letlrez registrer en nostre dit regitre auctentickc et contenoient de mot a autres ce qui s'ensiet : Nous les maistres, jureis et conseil de la cite de Liège. A tous ceulx qui ces présentes letlrez veront et oront, salut en Dieu parmanable et cognissaiicc de vérité. Savoir faisons que comme la généralité des XXXI bons mestiers de ceste cite, franchiese et banlieu eusse, en lan mil cliincque cens et diexowyt, le diexsepleme jour daousl, approuve et laude les usaiges et ordonnances du bon mestier des brasseurs , en tel fourme et manier que la lettre sur ce faite par devant noz prédécesseurs exhi- buee conlenoit et faisoit mention et partant que, pour aug- mentation du bien publicque, il ait pieu a la grâce de nostre 1res redoble seigneur et prince , icelle correger et muer en aucunes parties et aussy y adder el adjostcr, il est (pio,

3130 -

par les ofiicicrs dudit mesticr, ou nom diceluy, summes este expressément requis faire approbation, ou nom de ladite cite, de leurs dictes ordonnances, additions et mutations, lesquelles ilz ont pour ce en noz mains exhibuees ; a quoy optemperans, après avoir consulte icellcs et trouve que eus dictes ordonnances na puncts ne articles qui ne soit funde en raison et la mutation et addition de pari nostredit très redoble seigneur faite sur icelles très salubre, avons les dictes ordonnances, en tcle fourme quelles seront sub- escriptes, approuve, lande et raliffyet, ratilïions, laudons et approvons par ces présentes, vuillans que icelles sortissent leur plain et entier efiect, sur incorir es paines en icellcs contenues, sur protestation de non louchier pour ce a la liaultainite et jurisdiction de nostredit très redobte seigneur et prince. Et aftîn que ce soit choese fei'me et estauble, avons ad ces présentes fait impresser le seel de la dicte cite aux causes en signe de vérité ; sur lan de grâce mil V" XXI, de mois de novembre le XXVP jour. La tenurie des dictes ordonnances, mutations, et additions sensiet ver- balement. Nous les gouverneurs, jurez et généralité du bon mestier des brasseurs de la cite, franchiesc et banlieu de Liège. A tous ceulx qui ces présentes leltrez verront, et oront salut en Dieu parmanable et cognoissance de vérité. Savoir faisons que , comme en louctes cites et villes ensquelles justice, raison et bon police ont domination, sont néces- sairement requis avoir ordre et règle et que suyant ce considère que de nostre nombre les ung sont competens , riches et les autres moyens et dautrez poevres , il soit licicte et convenable ordonner portion de brassin a clias- cun dudit mestter, atïin que par la puissance des riches , les moyens et poevres ne soyent trop oppresses, et que chascun sache comment se conduire et uzer, avons pour les bien, prolTit et utilité tant de la généralité des X"XXI autres bons mestiers que de nous, dung commun accord,

;j(jl

sens quelcque contredisant ne opposant, conclud, délibère, dit et accorde, concludons, délibérons, dissons et accor- dons les ordonnances , pnncts et articles snbescrips a la correction , mutation et addition de noslre très redobte seigneur et piinco, Monseigneur de Liège, et très honnores seigneurs messeigneurs les niaistres, jurez et conseil de la cite.

Premièrement que quiconcque vouldra acquérir la grande rauKe dudit bon mestier, est requis que tel acqueiant doit estrc surseant et naiiff du pays, et devera payer, pour son acquesle, la somme de cbincquante deux vies escus, assa- voir XXXIIII aidans pour lescu et XXIIII solz corans en bourse pour laidant ; et se aucuns cslraingniers faisoienl tniit par acqueste de borgoisie, longtain demcurt en ceste cite, ou pays, ou autrement, que ilz polsissent estre receu audit mestier, telz deveront payer la somme de qualtre- vingls telx escus que dis sont, sens fraude.

Secundemeiit partant que plusseurs mestiers tienent ordon- nances de privation aux tilles de telx mestiers, avons ordonne que les tilles des maistres de uostre dit mestier, seront aussy franches que les ti!z des maistres et ne paieront autre reliff que les filz de maistres.

Item avons encor passe et accorde que quiconcque, de cestuy jour en avant, vouldra acquérir la peticte raulte dudit bon mestier, condist le chaudron, devera paier incoiuinent troix viclz escus telz que dis sont, a applicquer les deux paris audit mestier et la troixeme aux gouverneurs; et, se ainsi estoit que ung ou plusseurs desdis acqueraiis volsisse ou volsissent acquérir la grande raulte dudii mestier, faire le poroni parmy payant teles sommes de deniers et par les maniers que dit est; voir que ilz deveront defalker, rabactre et discompter hors desdiles sommes les tioix vicz escus que ilz aroient payet pour lacqueste dudit chaudron,

Hnn avons encore passe et accorde que i^ulz brasseurs de

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nostredil bon meslier ne pora, no devei';i lelx iicqueraiis ledit chaudron ens mettre se ce nest par le greitet adveu desdils gouverneurs, sur la paiiie et amende de troix florins da Rin doir,a applicliier la tircepartanostredict 1res redouble seigneur et prince, laulre audit mestier et la troixemeausdis gouverneurs.

Ilem et partantque les riches brasseurs avoient accoustumme brasser tant de brassin en unne sapmaine par la puissance du crédit que ilz donnoient, que les poeuvres demoroient vacans, en grnns misères et calamités, affîn que telx puissent brasser pour vivre et entretenir leurs poeuvres cnflans, avons ordonne que personne desdis brasseurs ne devera, ne pora bresser, no iaiie brasser eu sa bressinne ou uzinne, ne en autres, parluy, ne par auliuy, que unne Ibix la sapmaine, sur hi paine et amende de noefl* florins de Riii doir, louttefloix que ce adven- roit, que tel brasseur seroit tenu payer, assavoir : la tirce part a nostredit très redoubte seigneur et prince, lautre a la cite et la troixeme lirce part deux florins doir audit mestier, et lautr-î aux gouverneurs diceluy; voir ou c.ts que par nécessite de guerre, faminne ou autrement ne îeui' fuisse auli'cmerit ordonne par les maistres, jureis et conseil de ladite cite.

Item encor pour certaines causes et raisons nous ad ce mouvantes, avons ordonne que nul brasseur, quel quil soit de nostredil mestier, ne pora bresser ou faire brasser a unne foix, [lar luy, ne pnr antruy, en quclc(iue lieu que ce soil, tpie vingle qualtre ayuics ou trengle deux tonncaz [)lains; maii;s y pora mettre lanl de grains ou orge que il luy. plaira. El se aucun deulx faisoit, ou soulîroit brasser au dessus de ladite taxe, tel hcra actainl en lamende de sit-x florins doir, iceulx a applicliier la tirce part a nostre 1res redoubte seigneur et prince, lautre tirce part a la cite et la Iroixeine par autre tirce part, assavoir : Ininn' audit uiestier, laulre aux gouverneurs el la troixeme aux rewars et aceusaleuis ad ce ordonne par ledit bon mestier. El, se aucun brasseur rellusoii, ou aucuns de part luy, ausdis rewars et ofliciers veoir leur brassin e:i leurs maisons, (ui

oO.i

serroit son huyse, seront actainsdc la miesme paineirremisible et partant que il est loisible pour éviter les insolences, destruc- lion de lilx de bourgois et autres inconveniens qui surviennent journelment a cause de plusseurs revendeurs de brassin qui tiennent mauvaix hostes, avons ordonne que doresenavant nul brasseur ne pora avoir au deseur de deux revendeurs en la cite et fianchiese, porveu que telx revendeurs soient gens honnestes, de bons falme, noms et conversation, telx approuve par la rescription de cite et sennalx de la paroiche sub laquelle iiz seront habitans. Et se aucun brasseur presumoit contrevenir ad ce et délivrer a plus de doux revendeurs, tel sera attain en la somme de \ioeff florins doir sens remission, a applichier comme prescript esi.

Item et que chascun (el revendeur sera tenu acquérir la peticte raulle dudit mestier, voir ceulx qui ne seront de la grande, parmy tel pris que dessus, aftin que Ion aiet gens de bien et continuans leur dit affaire.

Item avons passe et ordonne que toutte el quanteffois que estraingniers amenront hubilhons (houblon) en la cite, pour icelluy vendre, que chascun de nostredit mestier overant de la main, pora de lel bubilhon avoir sa part selon son equalite, en payant deyeubtemeni le marchant.

Item et affin que le meslier soit mieux obey el que chascun sace comment soy conduire, avons ordonne que louttefoix que nostredit mestier sera mis ensemble, pour quelcque cause que ce soit, et que les personnes pariiculers seront adjournes sur la grande amende, ceulx qui seront defallans comparoir, seront actiains en lamende de diex paiars monnoie corante en Liège, pour de.squelx avoir payement, le varlet du mestier comman- dera lelz defallans icelle amende paier audit meslier et officiers de soleil luysant, el en leur deffaulte, Ion lesporal le lendemain faire crieir albains et faire escripre sens contredit ou cas que telz defallans ne euissent escusse suffisante el legitirnme. Et semblammenl, quant le meslier serai mis ensemble, et que les

364

personnes ne seront point adjournes sur la granle amende, ilz seront tenus comparoir sur paiiie de qualtre palars tels que dis sont, ou cas que ilz ne ayent excusse comme prescript est, iceulx a applicliier ausdis mestiers et officiers comme dessus.

Item que quant uiig revendeur arat acreu (pris h crédit) bressin a ung bresseur, et il le laissasse pour prendre a ung autre, quant adoncques que nul autre bresseur ne luy présu- masse livrer brassin, tant que il aroit contente le bresseur, son créditeur, sur paine de troix florins doir, iceulx a applichier par tirce part a Monseigneur, sa cite et lesdis mestier et offi- ciers.

Item avons encore passe et ordonne que nulz brasseurs de nostredit bon mestier par luy, ses serviteurs et familles ne puel, ne pora boutter les feuz ens jours ensuyaiis par touiie lannee, assavoir : les jours nostre Damme, les apostles, les tiestes solempnes saint Lambert, saint Linar (Léonard), sainte Catherine, sainte Barbe, Saint Nicolas, saint. Ernull (Arnold), les jamas devant la dernier des troix fiestes, les dimenches par toutte lannee, devant siex heures del vespree (soir) et parelle- ment quant Ion vuet brasser le semmedi, il covient boutter les feuz le vendredi, devant siex heures de vespre, sur paine et amende de troix florins doir a applichier comme dit est, assa- voir: a Monseigneur, la cile et aux mestier et ofliciers et avvec ce, une livre de cirre pour meclre en la chapelle saint Arnult.

Et pour le dernier, que quiconcque qui sera dudit mestier quil vouldrat relever, ne devra, pour son reliff az ofliciers en tout que ung florin doir, lequel il sera tenu paier, se les offi- ciers ne luy vuelent faire grâce. Et affîn que ce soit et demeurt ferme et estauble, pour autant que en nous est, avons, pour monstrer notre évident concord.fait ad ces présentes appendre le grand seel de nostredit mestier. Sur l'an de grâce mil V'' XXI du moix de novembre le XXVI* jour.

Kxirail (l'un rc^àslre aux œuvres des Ketunins de Litige {^Tetle Slt'phany), n" iKi, fol. !228, v».

365

Erard de la Marck, par la miserration divine cardinal, archevesque de Valence, evesque de Liège, duc de Builhon, conte de Looz.

A tous ceulx ausquelx cestes noz présentes parvenronl , Salut. Savoir faisons que, comme de part les officiers de mes- lier des br;isseurs de noslre cite , franchiese et banlieu , summes este requis visiter les ordonn(ances) et usaiges dudit mestier, apparans par unne lettre scellée des seelx de nostre cite et dudit mestier,avvec une translîche dapprobation confer- mee par la généralité des XXXI autres mestiers de nostre cite, en ce reserveit nostre jurisdiction et haultainite,et icelles lauder et approuver ; et partant que ne volerions concéder choese prejudiciaubleabinpublicque de nostre cite, avons donne cbarge a noz chicrs et bin amez les escheviens de nostre cite, icelles visiter, et savoir se il y avoit article non permissible h loy; entendue l'oppinion de nous dis escheviens, avons, après avoir correge, mueit, modère et adjosie a ladite lettre et la reduytle en telle fourme et maunier que les lettres parmi lesquelles ces nos présentes sont infichies et annexées, icelles ordonnances greit, approuveit et confermeit et par ces présentes gréions, approuvons et conformons, vuellans que le contenu de icelles dites lettrez sortisse son plain et entier effect, sens quelcque réservation et que les defallans soient corregies et pugnies selon le îenurre dicelles al exemple d'autres. Donne en nostre dite cite, sur km de grâce mil et XXI, de moix de novembre le penulteme jour, sy fut le tout mis en warde de loy.

Item lan XV' et XXII, le XXVF' jour daoust, sur les differens aians este endit bon mestier des brasseurs daucuns puncls et articles touchies en leurs lettrez d'ordonn(ances), tant par de- vant la grâce de noslre dit très redoubte Seigneur et prince, Monseigneur de Liège, comme des maistres et consel de sa cite, pour bien de paix par ladvis de nostredit très redoubte seigneur, des dis maîtres et de nous que estieins leurs dictes ordonn(ances) suivans at par nous este dit. modère et aovert

366

Que premièrement, louchant le puncl de brasser a XXXI l tonnealz, il est que chacun brasseur pora brasser chascuiie brassée unne fois la sapmaine àXXXVI lonnealx plains, iceulx revenans a XL tonnealz.

Item ou lesdites ordonn(ances) contenoienl non pouvoir avoir chascun que II revendeurs est pareillement conclud par bonnes considérations ad ce mouvantes, que chascun brasseur deverat avoir doresnavant III revendeurs et a sorplus, pour le dernier punct et différent quilz avoient, ou il esttouchiet en leurs dites lettres que ceulx qui ne seroient point dédit bon mestier et qui voroientestre revendeurs, devcroient acquérir la petite ralte par- mi V florins II aidans est conclud et par nous aovert que chascun acquérant ladite petite ralte, se devera passer en paiant pour icelle ung florin dor qui venrat a protit dédit bon mestier ; de- moranl a sorplus par nous entièrement delez le conienu de leurs dites lettres, puncts et articles en icelles contenus et mis en warde de loy, aux maniers réservation, protestation et conditions y déclarées ainsi que le tout ci deseur plus au long contint.

Kxlrail d'un registre aux œuvres de.> Eclievins de Liège ; grcfic Stcpliany), commençant en juillet l.'iSi cl finissant en janvier 1522, 98, fol. 231, v«.

RAPPORT

SUR LES ARCHIVES DE QUELQUES COMMUNES

DE LA PROVINCE DE LIEGE

Adressé à Monsieur le Minislre de l'Inlérieur, le 18 déoembre 1875,

PAtl

DÉSIRÉ VAN DE CASTEELE, Consiivateur-adjoint des archives tle l'Etat, à Liège.

Monsieur le Ministre,

Par dépêche du 6 octobre dernier, indicateur C, n* '192o/2I4, Monsieur l'Archiviste général du Royaume m'a informé qu'.*! litre d'essai, vous m'aviez chargé de visiter une dizaine de communes de la province de Liège, avec la double mission : 1" d'y examiner les archives, de procéder au triage des papiers des anciens greffes scabinaux et féodaux, d'en dresser une liste sommaire et d'en réclamer la remise au dépôt général de la province, et 2" de constater en même teiups la situation des archives comiTiunales.

J'ai l'honneur, Monsieur le Ministre, de vous faire parvenir mon rapport sur cette mission.

D'après vos instructions, la préférence devait être donnée aux communes dont les greffes mnnquent tout entiers aux

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archives provinciales de l'Etat, et elles devaient être choisies, autant que possible, dans le même canton. A cette fin, Monsieur le Conservateur des archives de l'Etat, à Liège, m'a désigné les communes d'Acosse, de Burdinne, d'Embrcsin, de Lens-Sl- Servais, de Merdorp et de Moxhc, dans le canton d'Avenncs, et d'Altrin et Vervoz, aujourd'hui communes de Clavier, Nandrin et Modavc, dans le canton de Nandrin.

Toutefois j'ai cru. Monsieur le Ministre, que tout en suivant la marche qui m'était tracée, il ne fallait pas m'en tenir à la lettre de ces instructions, mais bien ii leur esprit. C'est pourquoi je n'ai pas hésité h me rendre dans des communes voisines, lorsque j'avais acquis la certitude qu'il y existait d'anciennes archives, ni à faire des recherches dans celles j'étais de passage.

Abordant, Monsieur le Ministre, l'objet premier de ma mis- sion, voici, en suivant l'ordre alphabétique des communes, un inventaire succinct des documents retrouvés, avec indication de leur provenance :

Avin (Attrive el), canton d'Avennes (jadis haute cour du balllagc d').

a) 50 registres aux œuvres et mw plaids de 1587 à 1755, déposés ù la maison communale d'Avin.

Ces registres, tous reliés et dans un état de conservation satisfaisant, présentent mallieureuscment des anachronismes incroyables, des fragments du 16'^ siècle y sont joints h d'autres du IS'^ siècle. Il n'est pas un seul registre dont le classement des pièces ne doive être recommencé.

b) Une charle donnée par M. le C" Georges de Looz-Corswarem. Transport d'une rente de 20 llor. remboursable à 320 flor. de 20 paKars pièce, au profit de Jean d'Avin, évèque de Namur. Acte passé devant la haute cour AWttrive el dWvin, le 20 novembre 1G18.

Le dépôt de Liège ne possédait jusqu'ici que 2 registres de cette cour, embrassant les années 1703-1788.

m9 ~

Ben-Ahin, canton de Huy, ancienne haute cour, et une autre dite de Beau for t.

Par lettre du 29 novembre 1875, M. Desoer, bourgmestre de cette commune, m'informe que son Conseil communal consent à déposer aux archives de l'Etat, à Liège, ses anciennes archives. Elles consistent en plusieurs registres et liasses, comme j'en ai fait le triage lors de ma visite. Ces archives ne nous étant pas encore parvenues, je ne puis en donner une idée exacte (*).

M. le bourgmestre me promet de s'enquérir auprès d'un particulier, possesseur présumé de pièces provenant des cours de Ben-Ahin. Acquéreur d'archives de l'ancienne abbaye de Sollière, M. Desoer m'en a fait entrevoir la remise prochaine.

Nous n'avions rien de ces cours, mais il paraît que le dépôt de Namur renferme de ces documents.

Les papiers de la cour de Beaufort sont, je pense, chez M. le prince de Looz-Corswarem. Son fils, M. le prince Camille, m'a engagé h aller voir moi-même leurs archives et nous pouvons espérer, le cas échéant, de les obtenir.

Berlo, canton de Warcnime, ancienne baronnic, avait une cour de justice à Bcrlo et une autre à Willcn.

a) il) registres de protocoles MW œuvres de la cour de ÏV/Z/cw, savoir les années 1475-1502, 15-27-28, 1551, 1550-52, 1558-61, 1500-65, 156i- 4565, 1570-73, 1575-78,1580-90,1587-90,1590-91, 1607-12, 1617-20 et 1622-53.

b) 2 registres aux investitures de la dite cour.

c) 10 registres de protocoles aux œuvres de la cour de Berlo, soit : 1570-73, 157i-81, 1595-1601, 1600-6, 1602-8, 1614-15, 1617-20, 1622- 27, 1027-50 et 1631-37.

(/) Cours de Berlo et }yillen réunies : 3 reai-stres de protocoles mx œuvres, 1658-40, 16.59-68 et 1668-86. <•) 1 registre hors plaids, rôles de 1565-86 (a).

(' ) Elles viennent de nous être remises.

(•i Les registres (|ui prtfoèdenl sont prcsqu'oxclusivoineul n'digi'S en flamand. Ceux-ci el les suivanls le sont en fiançais.

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/') \ registre aiuv (ilaids ordinaires, rôles de 169 1-1705.

fjf) { fragment d'un registre 'àu\ plaids généraux, 1695.

h) i registre ou recueil iVœuvres scab. de 1500 à 1699.

î) 1 » » de 1357 à 1686.

j) l registre aux roffres, io'O-Sl.

k) Dcnyi liasses de pièces diverses des 16%17" et 18* siècles, provenant des mêmes cours.

/) Une charte du 16 juin 1595. Constidilion de rente au profit de Jean Papeleers, sur une lerre à Berlo.

Celte précieuse collection se trouvait entre les mains de 31. le baron de Tornaco, bourgmestre de Lens-Sl-Servais, qui s'est empressé de la remettre, lors de ma visite, pour le dépôt des archives de l'Etat, à Liège. Elle contenait encore :

Un registre de comptes censaux de 1010 à 1612.

2' 17 chartes classées ici par ordre chronologique. (Je fais précéder la date du nom de la localité que la chose intéresse.)

«) Loui;flm,i septembre 1421. -Constitution de rente au profit de Barbe Y. d. Brugghen Y" Baets.

b) Vorst (Forêt), 19 mai 1 I3i. Sentence rendue par les échevins de TAbbesse remettant Yranke de Briedere, prêtre, on possession d'un pré à Cu reghem-sous- Anderlecht.

c) Seigneurie de Lare, à Schelle, 4 mai 1 i55. ~ Acte de relief fait par HoeloS (Roland) van Berchem.

d) 50 juillet 1550. Octroi donné par Charles V à Roland van Berchem pour renouveler ses registres censaux et féodaux.

() 4 août 1020. Conslilulion de rente au profit des enfants d'Isab. Iloens, de Franc. Toelincx, sur des biens à Willebeke (i).

f) —9 juin 1644.— Constitution de rente au profit de Corn. Hilicwer- wen, marchand d'Anvers, sur des biens à Willebeke.

g) Matines, 20 juillet 1470.— Pouvoir de tester accordé i\ JcandcMusen et à Marg. Schofs; lettres délivrées au nom de Charles-le-Téméraire.

( ' ) Voir ci-après à lu iolli'c/.. La pièce it^liquro concorne également la seigneurie lie Lare.

/;) 1 i juillet 1 i72. Contrat do mariage possé par devant le iiot^iire Robosch, entre Jean do Ryeke et Jacq. v. Heffene.

i) Sei(jneurie de l'k (cour foncière de la), "20 mai ! 10 i.— Renie an profit de Jean van lieyst, rentier du Béguinage de Malines.

,/) Bruxelles, 2G mai iiOi. Ratification du contrat de mariage de messire Collard de Mailly et demoiselle Ad. Tserraerts, par mcssire Guill. Stradio etilel. Tserraerts.

k) Cour féodale de Brahunt, 51 mars l.'iOi (v. s.). —Lettres d'appel accordées à Dom. de lïerde, contre sentence de la cour de Lare, touchant le fief (\q Hornkx Bosch.

I) }Ieyssc, Grimbergen tlEppeghem, 19 août 1547. Octroi donné par Charles V, à Ph. de Weert et Magd. de Rycke pour |)rocuratron de vente de biens féodaux.

m) Campenhout, 5 décembre loGG. Lettres d'adhérilences passées devant la loi de Cam[)enhout, mairie de Yilvorde, de la moitié de cinq bonniers de prés et marais, au profil d'Anne Persoens,V*AertsVerbuecken.

II) Conseil de Brahant, 10 septembre 16*28. Droit de pèche dans l'Es- caut, pour Pierre Suys, seigneur de Lare, depuis Willcbeech jusqu'à Ter Miiijeii. Lettres de maintenues.

o)A(lenhove,[8 mars 1560 (v. s.). Arrenlement du moulin d'AlIenhove au profit de Jacq. Micken.

p) Sei;ineuries de Mnlère et Orbais, 2-2 janvier 1660. Relief d'une rente par Ph. v. d. Stegen.

q) 19 septembre 1689. Charte analogue.

Ces chartes pouiroiit é!re envoyées aux dépôts l'espectifs, dès que la remise en sera ordonnée par M. l'Archiviste général du Royaume.

M. le baron de Tornaeo s'est engagé h (aire des reclierclies au château de Berlo. Je ne doute point qu'elles ne doivent être fructueuses, car d'après une lettre que j'ai sous les yeux, datée de Luoz, 7 juillet 18-20, et f^ignée V. MnUrcjcan, ce dernier renvoie a Madarne de Berlo un panier contenant les registres aux rôles de la j:is[icc de Berlo, plus un coffre sont les registres aux œuvres de Berlo, [>'é-en!ant diverses lacinics,

^'>

iiiiisi que les registres de Grand et de Petit Axhe, et de Willen, quelques anciens registres censaux et deux registres des pauvres de l'église de Berlo.

Burdinne, canton d'Avennes, haute cour et cour foncière (dépendait du chapitre d'Andennes jugeant à).

a) 6 registres aux transporls 1586-97, 1040-42, 1645-47, 1648-49, l(;o2-:i5, 1656-59.

h) \1 registres aux œwws, 1660-6^2, 1666-67, 1670, 1672, 1675-76, 1685-88, 1688-90, 1692-98, 1698-170Ô.

c) ^1 registres aux i)]aids et rotes, 1548-51, 1588, 1597-99,1603, (fragments), 1608,1009,1611-15, 1614-15,1016-17, 1619-20,1619-21, 1022-24, 1024-26, 1650-32, id., 1035-50, 1035-56, 1637-40, 16ii-47, 16i4-48, id., 1654-55, 1659-00, 1003-00, 1084-85, 1088-90, 1097.

lï) 1 registre aux rôles de la haute cour de Burdinne, 1704-5.

e) 1 registre i\\!i\ fur nissemenls {ïvdLS,xûm{s), 1619-26.

/■) 0 registres censaux de la cour seigneuriale appartenant au chapitre d'Andennes, 1694-1718, 1695, 1690, 1097,1099, 1700, 170:', 1718-39.

g) 8 liasses de pièces diverses provenant des dites cours, 17'' siècle.

k) 10 liasses id. du 18* siècle.

A part quelques registres conservés dans l'armoire aux archives de la maison communale, ces archives se trouvaient dans un grand coiï're relégué au grenier de l'instituteur. Nous aurons l'occasion d'en reparler ci-après.

Le dépôt de Liège ne possédait rien de Burdinne.

Crehen, canton d'Avennes, ancienne haute cour. fi) S registres 'MX omvres, années 1640-50, 1682-93, 1698-1700, 1710- 12, 1713-10,1718-19, 1752-52, 1753-82.

b) o registres nn\ rôles et plaids, 1717, 1720-29,1729-51, 1772-82, 1782-80.

c) 15 fragments de registres aux œuvres ou plaids û\i il* siècle, entiè- rement gâtés par suite de l'humidité.

d) 0 liasses de pièces diverses des 17* et 18" siècles.

Tous ces papiers reposaient dans un coffre h la maison

communale et ont pour la plupart beaucoup soutTerl de l'hu- midité.

Deux registres seulement, de 178-2-1795, se trouvaient aux archives de l'Etat, h Liège.

Darion, caiilon de Waremmo, dépendant de Hollogiicsur-Geer. ancienne cour foncière.

a) l regislre mx œuvres, venîermaininn acte de transport de 1589 et des actes de 17 il ;t 70.

Il porte ainsi à 3 le nombre des registres que nous avons de cette cour. C'est aussi le plus ancien, les deux autres n'em- brassant que les années 1749-1795.

I! m'a été remis par M. l'instituteur de Ligney, de môme que :

l>) Une liasse (ïaclcs passés devant les cours de Ligney, de Yillers et Lens-St-Remy, de Braive, Darion et nol!ognc-sur-C.eer; 17" et 18^ siècles.

M. J. Cartuyvels, bourgmestre de Ligney, croit que les archives de la haute cour de Darion sont restées aux mains de la fnmille Jacob. Je n'ai pu jusqu'ici en recevoir des renseigne- ments positifs.

Embresin et Embresineau, canton d'Avenncs, ancienne cour subalterne dépendant d'Andcnnes. <() 2 registres aux œuvres, 1753-60, i7G8-77.

h)'i » aux /y/(//W,s, 1755-67, 1768-82.

Ce sont les seules pièces anciennes qui se trouvaient à la maison communale. Le dépôt de Liège ne possédait aucun document de cette commune,

Hanuêche, canton d'Avenues, ancienne cour haute et cour foncière. (t)ôrcgistres aux œuvres, de la haute cour, 1586-96, 1665-6i, 171 1-U.

b) 4 regislres aux œuvres de la cour foncière, 1719-56, 1755-60, 1760-65,1784-89.

O ( 1

J'ai retrouvé ces registres parmi ceux de Burdinne. Ils com- plètent, avec la liasse mentionnée ci-dessous, les archives de Hannêche déposées par M. le comte Georges de Looz-Corswa- n;m, le 20 février 1873, et remises par M. Robert-Renson, de Hannêche.

c) Une liasse de pièces diverses provenant également de ce dernier.

Hannut, canton d'Âvennes (ancienne cour des Aloyers, à), fl) Trois registres aux rô/es de 1689-92, 1729-35, 1754-41.

b) 4 liasses de pièces diverses.

Le tout provenant de la maison communale et portant ainsi à 'àO le nombre des registres de cette cour conservés aux archives de Liège.

c) Une charte du 6 septembre 1585. Lettres de rémission délivrées au nom de Philippe IF, en faveur de Jacques Danes, pour avoir tué Gérard Commers de Hannut.

Remise lors de mon passage à Moxhe, par M. Pierre Monon, entrepreneur à Embresineau (commune d'Embresin).

d) 89 refjislres aux protocoles de plusieurs notaires défunts , ainsi répartis :

5 registres de L. Forceilles, notaire à Hannut, 1754-70.

2

»

P.-J. Biron

»

à Crehen, 1785 an VII.

11

»

H. Ciianlraine

»

à Wasseiges, 1784-94.

9

»

J.-.I. Denis,

»

à Hannut, 1771-97.

1

1)

H.-J. Morcau,

»

à Moxhe, 1790-97.

1

»

13. -J. Doclien

))

àThisnes, 1795-96.

25

»

F. -F. Gotol,

))

Hannut, 1770-95.

2

»

Fleussu,

)'.

à Lens-St-Servais, 1771-98.

57

»

L.-G. Michaux,

))

à Racour, 1760-90, avec répertoire

Les protocoles ci-dessus m'ont été remis par M. Goossens, notaire ù Hannut, de même que les trois registres suivants :

.)tO

(Un dépôt analogue m'a été promis par M. le notaire Ghion) 0.

e) Un rcgislrc nu\ œuvres de la Cour féoda'.e de Quadreppc, jugeant à Avernas (aujourd'hui Brabaul). Lesacles eu sont du 18* siècle, mais ils ont été reliés sans ordre chronologique. On y trouve aussi quelques minutes du notaire Jacquet.

f) Un registre aux œuvres de la haute cour et cour censale de Linsmeau (près de Landen), appartenant au 18* siècle. Des actes du notaire G. Michaux y sont joints. Même observation que pour le registre ci-dessus.

g) Un registre aux œuvres des cours de Maret (dépendant anciennement de Racour. aujourd'hui d'Orp-le-Grand) et de Quadreppc du 18° siècle et différents actes du notaire Chantraine . Même observation que ci-dessus.

Lecs-St-Servais, canton d'Avennes. ancienne cour haute et censale.

I registre aux rôles de la haute cour de 1733 à 88, trouvé dans l'armoire aux archives communales.

C'est le seul document que nous ayons de ces cours.

Ligney, canton de Waremme, ancienne haute cour de justice, bailliage de Hannul, duché de Brabant.

a) Un paquet en deux liasses ù'œuvres, ûe procédures, etc., des 17^ et 18^ siècles.

Ces papiers constituent tout ce que la faiiiille Cartuyvels, qui a été longtemps dépositaire de la majeure partie des archives de la commune de Ligney, a pu récoller jusqu'à ce jour.

II existe aussi dans la même commune les assiettes de la commune de l'année 1735 jusqu'à l'occupation française. Ces documents ayant clé plusieui^s fois consultés avec fruit par l'administration communale de Ligney pour éclaircir et aplanir des contestations d'intérêt local, M. le bourgmestre J. Cartuy- vels a cru devoir les conserver à la maison communale.

Le dépôt de Lif'ge renferme 28 registres de celle cour.

^)3 cJnrtes données parle sieur Joseph Tombeur, cultivateur à Ligney, à savoir :

(ij Nous avons reçu depuis, ses anciens prolocoles,

;;7«i

1" Charte du 18 février 1527 (v. s.), émanaiU de la Sdijucuric de Seync (Hesbaye). 2" Id. du 8 juin 1538, de la cour (ÏAmbrcsinciiu. Ty' Id. du 28 avril 1G57, du Conseil de Namur.

Merdorp, canton d'Avennes, ancienne haute cour, cour foncière et cour censale (dépendant de St-Jean-TEvangéliste à Liège, jugeant à). n) 26 chartes, dont 2 bulles des 16" et 17'" siècles.

b) i'î liasses Cte pièces diverses, id. id.

Ces archives, les seules que nous ayons de ces cours, m'ont été remises par M. Ernest de Giientinnes, propriétaire actuel du château de Merdorp, se trouvait l'ancien coffre commu- nal. On soupçonne une certaine personne dont le nom m'a été décliné et qui habite Noville-sur-Méhaigne (province de Namur), de posséder des archives provenant des cours susdites.

c) 2 regislres,Yan le répertoire des actes passés par le notaire F rancaux, dont les protocoles sont aux archives de Namur; l'autre un rcflis/a' journal du même notaire pour les années 1780 à 90, étaient à la maison communale. Je les tiens à la disposition de M. le Conservateur des archives de l'Etat, à Namur, dès que M. l'Archiviste général du Royaume en aura donné l'autorisation.

Moxlie (et Moxheron), canton d'Avennes, anciennement deux cours. 1 liasse de pièces diverses, concernant Moxhe, Moxheron et Thisnes, m'a été remise par le M. Jules Bosseloir, conseiller communal de Moxhe.

A ce faible dépôt se réduisent les archives des cours de Moxhe et de Moxheron. Rien n'en existe à la maison communale. M. le comte G. de Looz-Gorswarem, dont le zèle ne connaît pas de bornes pour tout ce qui touche h l'archéologie, ne les perdra pas de vue. Peut-être lui devrons-nous un jour la découverte de ces documents.

Modave (Grand et Petit), canton de Nandrin, ancienne cour féodale au Grand-Modave, dont relevait l'avouerie d'Amay et la cour de justice du Pelit-Modave, Il y avait aussi une cour foncière.

J'ai retrouvé au château de Modave une quantité considé- rable des archives des cours susdites, telles que chartes, registres, liasses, etc., etc., le tout en parfait état de conserva- tion. M. le sénateur F. Braconier-Lamarche, propriétaire actuel de ce splendide domaine, a compris toute la justice et l'opportunité qu'il y avait à déposer (îcs archives h Liège. Avec un empressement éclairé et des plus louables, il en a promis la remise. La mauvaise saison étant trop avancée, je n'ai pu en commencer, comme nous en étions convenus d'abord, le triage immédiat. Par sa lettre du 4 décembre dernier, M. F. Braconnier m'annonce que ce triage aura lieu au printemps prochain. II se fera en présence de son notaire, h l'effet de conserver pour la famille les titres de propriété et tous actes d'intérêt privé.

A Liège, nous n'avons aucune pièce émanant de ces cours.

Wasseiges, canton d'Avennes, ancienne haute cour à Wasscigcs, cour foncière dite de Crupel et une troisième foncière et féodale de Sl-Laurcnf.

a) 'iô registres aux ptaids de 1586-92, 1589-99, 1655, 1671, 1685, 1681-86, 1691-92, 1695-1700, 1702-5, 170-4-5, 1705-7, 1707-8, 1708-13, 1715-14, 1715-19, 1721-26, 1720-27, 1728-51, 1751-59, 1755-55, 1755- 62, 1790, an IH.

b) 1 registre censal de la cour de Crnpef, année 1098.

c) .4 liasses d'œuvres et plaids, de 1641-60, 1669-75, 1685-95,1700-19.

d) 15 liasses de pièces diverses des W et 18" siècles.

e) i liasses id. , concernant Wasseiges, Tliisncs, etc.

Cesquatre dernières liasses ont été données par M""'V''WarnanL- Desmet ( ' ). Tout ce qui précède provient de la maison commu- nale, de même que :

f) 1 liasse ùe minutes d'actes [YAssés \yàv différents notaires de Namitr, 1667-77.

( ' ) Elle croit savoir que M'"» Ripet, demeurant à Waret-Ia-Chaussde ^province de Nainur\ possède des archives.

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Soil en sommo 2i registres el 21 liasses à njouter au fonds de Wasseiges, et il est à noter que celte trouvaille non-seule- ment comble des lacunes, mais fait remonter de 1606 à lo86 le commencement de ces archives.

Quant aux anciennes archives do Nandrin, mes recherches y ont été infructueuses. D'après les déclarations du secrétaire communal , l'ancien bourgmestre, M. Arn. Halleux, ne les aurait pas remises à son successeur lorsqu'il fut relevé de ses fonctions. Il me reste cependant quelque espoir d'en recouvrer une partie et je poursuis mes investigations dans ce but.

M. Laurent, notaire à Nandrin, fera prochainement le dépôt de ses anciens protocoles.

A Clavier, canton deNandrin, il y avait autrefois les cours basse d'Attrin et de Vervoz, j'ai rencontré le même insuccès. Il est à j)résumer que leurs papiers sont encore déposés aux châteaux de ces localités.

Je lis sur un débris de feuillet volant, trouvé parmi les archives de Burdinne, ce qui suit :

« Je requiers mon mayeur lUnson de letircr à nurdinuo, tous les » papiers concernant le village û'Acos et qui (sont à) la cour dadit Bur-

» dinne, fait à Nainur le mil sei»t cent septante-lrois sous le ca...

» (signé) DE Pasquet d'Acos ».

Et en-dessous :

« 2 oust 1773. Retiré les dits papiers aiant esté présent à la

recherche pendant six heures ce que j'atteste.

Anduien Joseph Renson, mayeur de la haute cour d'Acos. />

Il est donc permis de supposer que ces archives sont restées chez les héritiers do Pasquet d'Acos. Son fils, le baron de

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Pasquet d'Acoz, est décëdô ie 14 juin 1870 au château de Botliey, l)!opriélé actuelle de Madame de Paul de Barcliifonlaine.

Le tableau ci-aiinexé répond, M. le Ministre, au second objet de ma mission

Faisant maintenant la récapitulation des archives mentionnées ci-dessus, nous arrivons, M. le Ministre, à un total de 310 registres, 68 liasses et 49 chartes, qui sont venus augmenter le dépôt de l'Etat, à Liège, non compris la riche collection de Modnve, les archives de Ben-Ahin et les anciens protocoles des notaires Ghion, h Ilannut et Laurent, à Nandrin. Toutes ces archives se trouvaient généralement dans le plus déplorable désordre et presque toutes étaient enfouies dans des greniers la poussière et l'humidité exerçaient de tristes ravages. Il m'a fallu plusieurs jours pour en opérer un premier classement.

Il est donc permis de conclure, M. le Ministre, que l'essai a été fructueux et que ce serait chose sage et prudente d'envoyer dans chaque province, un délégué des dépôts respectifs, pour visiter toutes les communes et rentrer en possession des docu- ments relatifs h nos anciens greffes scabinaux et féodaux, non encore déposés aux diverses archives provinciales.

En effet, M. le Ministre, aucun résultat n'a clé produit jusqu'ici par la circulaire de M. le Gouverneur de la province de Liège, en date du 4 août 1868, adressée aux administrations communales, à la suite d'une dépêche ministérielle du 30 juillet 1868, beaux-arts, 3,6^16/11,694, circulaire qui rappelait l'art. 40 de la loi du 27 mars 1791; Lierneux seule répond olUciellement qu'elle fera le dépôt réclamé, mais oublie de s'exécuter.

Que voyons-nous à Wasseiges ? En parcourant les registres aux correspondances des adrainislratioiis communales de Was- seiges et d'Embresin, années i81o-16-17, je lis Ix la suite

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d'un arrêté ilu commissaire du Roi, daté du 21 septembre 1815, qu'un échange de dépêches s'était établi entre le maire de Wasseiges, le premier avocat général de la cour supérieure de la justice de Liège, et rarchivisle provincial Chevalier, pour la remise des anciens papiers renfermés dans des coffres. Or, noire dépôt possédait de Wasseiges 40 registres, prove- nant sans doute de cette remise, et après une correspondance aussi officielle que celle dont je viens de parler, on pouvait croire que plus un document n'existait à la maison communale, et cependant, après 58 ans, j'y ai mis la main sur 24 autres registres et 21 liasses.

Une autre réflexion que je me permets de vous soumettre, M. le Ministre, a rapport aux dépôts privés.

Ce n'est pas seulement à la maison communale que l'on doit rechercher les anciennes archives, mais le plus souvent au château et chez les descendants des derniers majeurs et greffiers.

L'inventaire ci-dessus le prouve déjà sufïisamment, et les passages suivants de la correspondance de Wasseiges et d'Embresin ne font que confirmer cette affirmation. Le 24 juin iSlGjle maire d'Embresin et Embresineau écrit au sous-intendant de Huy pour réclamer ses archives à la mortuaire du sieur Chaiilraine, greffier de cette commune et ancien notaire de Wasseiges. L'envoi n'aura pas eu lieu, car nous n'avons de ce fonds que 4 registres, retrouvés par moi ù la maison com- munale et d'autre part la famille *** m'a dit qu'elle avait vu se détruire chez elle beaucoup d'anciens papiers. Dans une lettre du 21 octobre 1817, adressée par le maire de Wasseiges h M. Chevalier, celui-ci est informé que des collVes rem()iis d'archives étaient restés à Wasseiges chez le sieur Le Ruth, maire pendant le gouvernement français.

Un fait tout récent, qu'il est utile de signalerici, c'est une vente d'archives de la main à la main qui a eu lieu ces jours derniers

m

à notre insu à Liège. La vendeuse était fille de***, ancien greffier des échevins de celle ville.

Il appert de ce qui précède, M. le Ministre, que malgré la loi du 27 mars 1791 et les diff'érents arrêtés contre les détenteurs d'archives, des o pluviôse, 9 et 17 ventôse, 27 prairial an V et du 21 prairial an VI, émanés de l'adminisiralion centrale, ainsi que ceux du préfet des 22 frimaire, 5 messidor an X et du 4 août 1812, malgré les circulaires qui ont suivi ces arrêtés, le gouvernement n'a pu obtenir la remise totale des archives des anciens grefies scabinaux et féodaux.

Le résultat de ma mission démontre, au contraire, M. le 3Iinistre, et d'une manière péremptoire, qu'une visiie locale est le seul moyen pratique d'aboutir.

Au commencement de ce siècle, beaucoup de gens dans les communes avaient quelque notion des anciennes archives, mais il est bien rare aujourd'hui d'y rencontrer encore une personne compétente. Nous avons même eu le regret de constater que beaucoup de documents ont été détruits par des mains igno- rantes. C'est ainsi qu'un cultivateur de Ligney m'a naïvement raconté qu'il avait eu chez lui tout un coffre de chartes prove- nant en grande partie de l'ancienne abbaye du Val-Notre-Dame, près de Huy, et qu'il les a fait servir de jouets à ses enfanls. j'ai eu en mains des débris tombés sous les ciseaux et je tiens par devers moi une couverture de cahier faite avec des frag- ments de chartes. De cette belle collection, riv^n n'était resté, à part trois chartes mentionnées sous la rubrique Ligney.

Un acte plus déplorable et que je ne saurais passer sous silence, a pour auteur l'instituteur de Burdinne, que j'ai surpris allu- mant son feu avec les anciennes archives de celte localité. D'après sa propre décliration , il en reçut le dépôt de M. Fraipont bourgmestre décédé. Nous sommes loin de l'époque dans les moindres villages, on exigeait des maîtres d'écoles

3825

qu'ils appréciassent les vieilles écritures et qu'ils les déchif- frassent au besoin (i).

Quelques feuilles roussies, dont j'ai pu m'emparer, sont les seuls restes du registre aux œuvres et plaids de l'année 1729. Il était donc temps d'arriver pour que tout le contenu du coffre ne subît pas le même sort.

Ces exemples, M. le Ministre, démontrent la nécessité qu'il y a de prendre des mesures atin de sauver les restes épars de nos anciennes archives qui sont d'un si grand intérêt, non seulement pour noire histoire nationale, mais aussi au point de vue local ou privé.

Cet intérêt, M. le Ministre, vous est connu mieux qu'à per- sonne, vous qui jadis avez joué un rôle si judicieux dans un procès resté célèbre. Vous ne l'ignorez pas, M. le Ministre, c'est la découverte du testament d'Aniold de Maldeghcm, cha- noine de Tournai, l'ait en 1275, qui rendit un hôpital aux pauvres de Maldeghem, d'Adeghem et de St-Laurent, exposés jusqu'alors depuis quatre siècles h mourir le long de la route de Maldeghem h Bruges.

Certes, toutes les pièces n'ont pas une telle importance, mais tout est relatif, et comme l'a dit M'"* de Staël, «lescircons- w tances de détail donnent seules de la couleur et de la vie à )) l'histoire, )) et j'ajouterai, le plus petit détail mène parfois aux grandes découvertes.

En terminant, M. le Ministre, je dois rendre hommage à l'accueil bienveillant que j'ai reçu des administrations commu- nales oii je me suis rendu. Toutes, elles ont compris, de même que les particuliers, l'avantage qu'il y avait à faire la remise de leurs anciennes archives au dépôt de l'Etat.

Je dois aussi de vifs remercîments à M. le sénateur comte de

(1; Vicomte Serruriku, l/in^lniclion i-rimahe dam la région des Pijrcnées orien- cali'S, spécialetnenl en liéarn, 1788- 1 '89, p. 34.

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Looz-Coi'swareni et h M. le comte Georges, son tils, pour l'appui éclairé qu'ils m'ont prêté lors de mes recherches dans le canton d'Avenues.

Daignez agréer, Monsieur le Ministre, l'assurance de ma plus haute considération (').

Désiré vax de Casteele.

( ') Dans la séance de la Cliambre des représentants, du i26 janvier 187G, M. le Ministre de l'Intérieur a fait la déclaration suivante :

Messieurs, dans la discussion du budget de l'exercice 1873, j'ai déclaré à la Chambre que des mesures seraient prises afin d'assurer l'inspection et la conserva- lion des archives communales.

Le gouvernement a commencé l'exécution de ces mesures : il a fait visiter, à titre d'essai, les archives de plusieurs communes du Limbourg et de la province de Liège.

Les agents chargés de l'inspection devaient, entre autres, constater l'état ue conservation des archives dos communes et réclamer, pour le dépôt provincial, les documents des anciennes justices échevinales.

Je suis heureux de déclarer que ces inspections, faites par le conservateur des archives de l'Etal à llasselt, M. van Neuss, et par M. van de Casle'jle, conservateur- adjoint du dépôt de Liège, ont produit d'excellents résultats.

Non-seulement une foule de documents précieux ont été remis spontanément a l'Etat par des administrations communales et par des particuliers, mais nous avons acquis la conviction, en nous fondant sur des faits précis, que nous pourrons sans difficulté réaliser conipléteni«-nt le vœu émis par l'honorabiu M. Kervyn de Yol- kaersbeke.

Il avait été question, il est vrai, d'organiser une inspectijn spéciale pour le service des archives communales. Mais ce projet présentait de sérieuses difficultés et il ne sera pas nécessaire de le mettre à exécution. L'essai qui vient d'être tenté et qui a pleinement réussi, permet d'affirmer que, pour atteindre le but proposé, il suffira de confier aux agents des archives dans les provinces le soin de visiter les archives des communes.

En cas d'insuffisance ou personnel, il y sera suppléé par des agents du dépôt général de Bruxelles.

L'honorable membre peut donc être complètement rassure. Au moyen d'un sup- plément du crédit peu élevé, que je compte, t'i la chose est nécessaire, rattacher au budget de l'exercice prociiain, nous pourrons organiser un contrôle suffisant, efficace au point de vue de la conservation des archives communales.

Moriitein^ jeudi il janvier 1876.)

MOXE

SUR LES RECHERCHES FAITES EN 1873

PAR

L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE LIÉGEOIS

DANS LA

TOMBE DE MIDDELWINDEN.

Dans sa séance du 7 novembre 1873, V Institut archéologique liégeois résolut de reprendre dans la tombe de Middelwinden les fouilles faites en 1864 par MM. Schuermans et Kempeneers, et restées inachevées. L'auteur du présent article fut chargé par la Société de diriger ces nouvelles recherches.

Avant de passer au récit de celles-ci, il ne sera pas sans intérêt de reproduire en quelques mots les passages les plus saillants du rapport publié par M. le conseiller Schuermans dans le Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéologie sur la tombe de Middelwinden et les travaux exécutés par lui. (Voir .'innée 1865, p. 215 et suivantes.)

« Cette tombe a, en périphérie, 76 mètres à sa bîise actuelle » et 30 mètres au sommet. Sa hauteur verticale, du côté de l'O., » est de 12 mètres et de 8 mètres du côté de l'E. » Ce dernier détail doit être rectitié, en ce sens que, sans parler de la hau- teur verticale ( ' ), les pentes de la tombe ne mesurent plus

') Celle-ci s'en U'ouverait encore diminuée.

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guère aujourd'hui que 8 mètres vers l'Est et 6 mètres vers l'O. « De celte tombe peut-être découvrait-oii naguère celle de » Tirlemont ; elle n'a de vue sur aucune autre.

» Placée le long de la Tomb-straet,la tombe de Middelwinde » appartient pour partie en juridiction et en propriété à Neer- » winden et h Overwinden (Liège); (u° 275 du cadastre de la » première et 841 de la seconde ; elle appartient pour 20 » centiares h celle-ci et pour 39 centiares h celle-Hi). Avec une » foire, dite de Middelwinde, qui se lient à la tombe le jour de » la Mi-carême, elle est le seul reste d'un village détruit dans » les guerres désastreuses des deux derniers siècles.

» La tombe de Middelwinde joua un très-grand rôle dans » l'une des deux batailles de Neerwinden, celle qui se livra en » 1793 ; dans le pourtour de la lombe, aux bords inférieurs, on » a Irouvé, ces dernières années, des ossements appartenant » sans doute à des victimes de ceite bataille mémorable.» (Voir, à ce sujet, le passage relatif au cimetière gallo-romain d'Over- vvinden dans l'intéressant rapport (p. S) publié par M. Lefèvre, membre correspondant de Vlnstitut archéologique liégeois, sur les fouilles archéologiques faites dans le canton de Landen, pendant les mois d'aoïjt, septembre et octobre 1871, par Vlns- tiliit archéologioue liégeois, rapport inséré dans le Biilleiin de cette Société, arnée 1873.)

« Van Ghcstei [Ilistoria sacra episcopatus ^fecJllinie^lsis, t. I, » p. 270), suppose que Windognst, l'un des quatre rédacteurs » de la loi saliq le, avait son domicile h MiddelwiNDE, et que la » tombe récèle ses rcsies; celte version repose uniquement » sur le rapprochement des noms et pourrait toui au plus » s'appuyer aujourd'hui sur certains débris de bronze h dessins r> franks (?) qu'on a apporté h l'auteur comme trouvés dans les «environs de la lombe; mais celle-ci, par le seul fiit de la » découverte de cendres humaines au fond de la fosse, dément » la possibilité de l'hypothèse de Van Ghestel, car tous les » passages de la loi salique, h laquelle on ne peut avoir dérogé

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» pour un de ses auteurs, supposent l'inhumation et excluent » la crémation.

» La tradition, dans la contrée, affirme que celte tombe est » la sépulture d'un grand chef (van eenen grooten oversten) et » même, ajoutent quelques-uns, d'un chef tué dans un combat, » tradition sur laquelle les souvenirs des deux batailles de 1693 M et 1793 pourraient bien avoir déteint.

» Au printemps de 1864, des fouilles furent entamées dans » ce tertre du côté de la Tomb-straet; et, vers le milieu du » monticule, on retira d'abord, au niveau de la campugne, des » blocs très-considérables de pierres couchées à plat qui sem- » blaient y avoir été placées en guise de couvercle. Sous cette » couche de pieries,on découvrit l'angle d'une fosse sépulcrale » dessinée par des terres jectisses et analogues à celles de » Fresin et de Walsbetz.

» Un coin du caveau funéraire, le coin ouest (*), qui avait à » Fresin et à Walsbetz été le moins forlile en résultats, i'tit seul » exploré, parce que des craintes d'éboulement se manifestèrent » h propos de certains écrasements des parois de cette tombe, )) ébrasilée [leut-être par les batteries de canon qui y furent )) établies en 1793. Mais les trouvailles faites dans ce coin por- >) tent à croire que la fosse coîilienl un riche dépôt funéraire : » les (ouilles ultérieures devront être entamées du côté de « Neerwinden et dirigées vers le milieu de la tombe, ce qui )) permettra d'explorer les trois quarts restants du caveau. »

Suit rénumération des objets recueillis par MM. Schuermans et Kempenecrs au fond du caveau funéraire. Nous remarquons parmi eux des débris de deux petits vases en bronze, trois anneaux de bronze de différentes grandeurs, six grands clous en fer mesurant de 28 à 30 centimètres de longueur, un bouton à tenon en bronze, deux plaques circulaires du môme métal,

(*, M. S(;liii(;riaan.s aura plus iJi-o))al)lt'inent voulu parler du coin sud. Voir le plan.

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l'une ornée d'une figure munie de cornes recourbées et l'autre de cercles concentriques ; des débris de plaques de fer et de bronze provenant peut-être de coffrets et enfin, outre « une » grande quantité d'autres clous et de ferrailles, des débris de » poterie depuis la poterie la plus grossière jusqu'à la poterie » samienne, » parmi lesquels « un joli vase en terre fine, cou- >i leur do brique, recouverte d'un vernis bronzé, t;)nt à l'inté- » rieur qu'à l'extérieur, et orné à la panse de ces dépressions M longitudinales ou fossettes que l'on a considérées comme » caractéristiques des vases à onguents. »

On voit, par l'exposé qui précède, que l'on était en droit, en commençant de jiouvelles louilles, de compter sur une riche moisson archéologique. Il n'eu fut malheureusement pas ainsi : les prévisions de M. le conseiller Schuermans ne devaient pas se réaliser.

Les nouvelles fouilles furent toutefois entreprises dans des conditions plus favorables que les recherches exécutées en 1864. Une station ouverte à Neerwinden depuis quelques mois seule- ment, facilitait singulièrement nos visites quotidiennes h la tombe; d'un autre côté, menant à profit les enseignements fournis par la précédente expérience, on ne donna plus cette fois à ]:i galerie d'exploration qu'un mètre de largeur.

Nous conformant aux indications données par M. Schuermans dans son rapport, la nouvelle; galerie fut entamée le jeudi 20 novembre 187o du côté du village de Neerwinden et dirigée vers It point central du lumulus.de manière à faire angle droit avec les travaux antérieurs. A environ un mètre de profondeur, les ouvriers retirèrent des terres exlraites, deux morceaux de plomb fortement aplatis; nous reconnûmes bientôt en eux deux balles tirées i)robablenienl pendant l'une des batailles de Neer- winde 1 et qui étaient allées se loger dans la tombe. La galerie avait déjà atteint 8 mètres de longueur, lorsque nous pianes nous convaincre que les différentes couches de terre composant la tombe commençaient à descendre; bientôt après, le sol

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vierge se dérobait sous nos pieds et la bêche louillait une terre remuée : c'était la paroi Nord-Ouest du caveau qui s'offrait obliquement h nous. Nous nous mîmes aussitôt en devoir de déblayer la fosse sépulcrale. Elle était de ce côté renforcée par une paroi inférieure de grosses pierres superposées, mais qui, en différentes places, paraissaient avoir été enlevées. Au bout d'une journée de iravail, nous touchions au fond du caveau ; avant d'aller plus avant, il importait de découvrir d'abord ses angles N. et E. pour juger de ses dimensions. Cela fait, on put se rendre compte de ses vastes proportions : il mesurait 4 mètres 20 centimètres de largeur sur 3 mètres de profondeur en dessous du niveau du sol. La coupe de la paroi présentait sous ce dernier une argile compacte d'environ 1 m. 80 cen'im. d'épaisseur, puis venait une couche de grosses pierres siliceuses régulièrement stratifiée et enfin un mètre de sable verdâtre, qui formait également le fond de la fosse funéraire. On pouvait observer la même succession de couches dans le chemin creux qui longe la tombe et qui conduit de Neerwindeuà Overwinden. La pierre dont il est ici question est exploitée dans tous les environs et, entre autres, h Heylissem.

La partie du caveau (voir le plan, lettrée) qjc nous venions de mettre à découvert, ne renfermait aucun vestige de débris : nous a:tribuâmes ce fait aux pierres formant paroi qui avaient en occuper un certain espace. En présence des proportions tout-h-f;iit exceptionnelles de la fosse funéraire nous devions nous attendre à une longueur en rapport avec la largeur , seule encore reconnue il était impossible d'essayer de déblayer en une seule fois la partie restante du caveau, ce qui nous aurait donné une voûte de 46 ù 18 mètres carrés : c'est pourquoi on se décida ù entreprendre le iravail par sections, en commençant par la droite (plan, lettre d). Au moyen d'une petite galerie d'un mètre de hauteur sur un mètre de largeur, on atteignit au bout de quatre mètres l'angle ouest du caveau (ce qui donnait à celui-ci 4 m. 30 centim. de long, soit une

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superficie d'environ 17 mètres carrés), puis bientôt après on toucha aux anciens travaux de déblai exécutés en 1864 : il était inutile de pousser plus avant; la chose, à cause des dangers qu'offrait l'opération dans des terrains complètement meubles, aurait du reste été de toute impossibilité.

Cette partie du caveau nous fournit divers débris : fragments de bords en verre blanc (il n'est pas aisé de décider, h cause de leur exiguïté, si ces débris appartiennent à un couvercle ou à un plateau : il y en a du reste de trois ou quatre espèces différentes), fragments d'un vase à dépressions longitudinales et à dessins circulaires striés ; il ne diffère de celui dont parle M. Schuermans qu'en ce que celui-ci, au lieu d'être recouvert d'un vernis bronzé, est revêtu d'une couverte noirâtre; frag- ments de ('eux ou trois autres vases du même genre; vases de verj-e para ssant avoir fortement subi laction du feu et brisés en une qui ntité de morceaux; un fragment de plaque en bronze qui semble se rapporter à un coffret, et un autre en fer (M. le docteur Kempeneers signale en effet comme ayant été trouvés par lui « des débris d'un coffret en cuivre »); enfin un morceau d'un vase plus grossier, qui parait être une amphore, des débris d'une autre poterie de couleur jaune foncée et un anneau eu fer. Après avoir fortement étan^onné et rebouché notre petite galerie, nous en ouvrîmes une seconde de mêmes proportions, en longeant la paroi Sud-Est du caveau, puis, après lui avoir fait subir la même opération, nous visitâmes le centre du caveau jusqu'au point de contact avec les premiers travaux d'exploration. Ces deux sections produisirent, outre des frag- ments se rapportant aux objets sus-indiqués, un objet en fer d'environ 12 centimètres de long, terminé d'un côté en pointe et présentant â l'autre extrémité un creux indubitablement évidé de main d'homme et paraissant destiné à recevoir un manche en bois , dont il conserve encore quelques fibres ligneuses. Ne serait-ce point un bout de javelot? C'est, avec le fer de lance trouvé dans la tombe de Hez-Mava, près Monte-

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naken, aujourd'hui nivelée, la seule arme recueillie jusqu'à pré- sent dans les lombes romaines de la Belgique. Nous ne parlerons point d'une espèce de cognée, munie d'une douille, découverte dans la tombe d'Avennes, fouillée par l'auteur, ustensile qui peut avoir été, soit un objet d'agriciillure, soit un inslrumcitt ayant joué un rcMe dans la cérémonie de la crémation.

Eu présence de l'insuccès de nos nouvelles recherches, aucun doute ne pouvait subsister : déjà antérieurement aux fouilles laites en 1864, la fosse funéraire avait été visitée et remuée de fond en comble; les pillards des armées fraticriises avaient passé par là. Cette déprédation remonte probablement à 1693, date de la première bataille de Neerwinden. Cette sup- position concorde du reste avec la tradition : les anciens des villages voisins se souviennent parfaitement avoir entendu dire maintes fois par leurs arriùre-parents que la tombe de Middel- winde, de même que la plupart des tombes romaines situées sur notre sol, n'avait pas échappé à la convoitise et à la rapacité françaises. D'autres indices d'ailleurs le démontrent clairement : 1" la grande quantité deteries meubles qui recouvre et remplit la fosse funéraire (sans que l'on puisse cependant découvrir ni traces, ni parois d'un puits) ; il est à présumer, qu'à cause de ses dimensions, le caveau aura été vidé à ciel ouvert et au moyen d'un large entonnoir embrassant toute sa surface; s'il ne reste plus de traces des parois de cet entonnoir, il faut l'attribuer au travail de tassement (*) lent, mais continu, qui s'opère depuis près de deux siècles daiis les terres qui ont rebouché la cavité, en entraînant insensiblement avec elles les autres parties adjacentes de la tombe; â" le mélange et la dis- persion dans toute retendue du caveau des diverses couches de terre qui le remplissaient à l'origine, ainsi que le désordre des pierres qui en formaient primitivement les parois internes et

(') Ce tassemenl csl rendu oru'oi'p, plus tWidcnl par U pivifonoo lii'pression qui se reniMi-duc au haut ùo la lomhf).

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que l'on a rejetées pêle-mêle dans la fosse. En ce qui concerne la couche de terre noire et do cendres brûlées, mêlée de menus débris et de lerrailles provenaiit du bûcher ou du couvercle en bois de la fosse, couche qui se rencontre toujours tout au fond de cette dernière, il était impossible de la trouver en place à Middelwinde : elle avait été complètement enlevée et dispersée. C'est ainsi que des cendres humaines calcinées, de la cendre de bois et des ossements d'un grand quadrupède ont été rencontrés à plus d'un mètre au-dessus du fond de la fosse. Ces derniers ossements, qui ont du reste été recueillis, ont pu aussi fort bien avoir été jetés dans celle-ci par les Français; ?)" la rareté et la dispersion (quoique appartenant quelquefois au même objet) des débris trouvés dans le caveau, leur cassure toute fraîche et nullement encrassée. Ces fragments ont-ils échappé aux vandales du maréchal de Luxembourg oujbien ces derniers, ne recherchant que des objets entiers ou de valeur et ne les trouvant point à leur convenance, les ont-ils abav donnés dédaigneusement? c'est ce qui n'est pas facile de décider; la seconde hypothèse paraît toutefois plus probable. Un fait reste acquis : c'est que le dépôt funéraire confié à la tombe a lu être, à en juger par ce qui nous a été donné d'en retrouver, de la plus grande richesse et d'une extrême importance.

Qu'il nous soit permis, avant de finir, de présenter quelques considérations générales sur la tombe de Middelwinde. Citons d'abord les conclusions du travail de M. le conseiller Schuer- mans :

« La présence de ces dilTérents objets ( voir plus haut), celle « d'ossements calcinés, la profondeur et l'orientation de la » fosse permettent d'attribuer au tumulus de Middelwinde, la » même origine et le même âge qu'à ceux de Fresin et de » Walsbetz. La seule raison de douter est la trouvaille de la •>■> poterie grossière h peine cuite, poterie s'émiettant dans les » doigts et n'ayant pas du tout les caractères de la poterie » romaine, mais pouvaiii être tout simplement un vase fait sur

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» les lieux même, et accidenlellemeut mêlé à des vases plus » recherchés. Les fouilles complémentaires h faire dans cette » tombe éclairciront sans doute la question.»

En ce qui concerne la poterie grossière dont parle M. Schuermans, il ne nous paraît pas bien démontré que la fragi- lité de sa nature et l'imperfection de sa fabrication doivent la faire considérer comme n'étant pas romaine. La tombe dite de l'Empereur (commune de Moxhe), explorée par l'auteur du pré- sent article, a fourni deux vases du même geurc; aucun doute ne peut cepeudan: s'élever sur leur caractère romain, la même tombe ayant également fourni, outra plusieurs cruches par- faitement romaines, une fibule en bronze qui a évidemment la môme origine. La tombe de Middelwinde a, du reste, fourni d'autres débris romains parfaitement authentiques et qui viennent enlièrenent confirmer notre manière de voir. Elle est donc bien, selon nous, une tombe romaine, et la fable de Windogast n'a rien de commun iwcc elle. Elle présente cepi-n- dant avecles lumulus explorés jusqu'ici des différences notables et qu'il n'est pas sans intérêt de faire remarquer :

Les vastes cimensions de sa fosse funéraire; 4 m. 30 de long sur 4 m. 20 de large, soit environ 17 mètres de superficie. On peut attribuer en parUe ces proportions extraordinaires aux pierres formant paroi et à l'espace relativement important qu'elles occupaient dans le caveau. Les Romains, après avoir creusé une fosse de 2 m. de profondeur, ont trouvé ces pierres en place et ont alors songé à les utiliser en les dressant contre les parois; celles-ci étant dans leur partie inférieure creusées dans le sable et par suite dans un sol peu résistant, ils ont pu vouloir par ce moyen protéger le dépôt funéraire contre la pression extérieure des terres. Il n'est pas impossible non plus qu'une ou plusieurs couches de ces grosses pierres n'aient été déposées par eux en guise de couvercle au-dessus du caveau et peut-être encore au-dessus d'un couvercle en bois de chêne, comme il s'en est rencontré dans d'autres tumulus. La fosse

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funéraire ayant été trouvée dans un état de complète dévastation, une vérification raisonnée n'est plus possible à cet égard.

On peut encore admettre, pour expliquer les vastes dimen- sions du ca:eau, que l'on a du étendre suffisamment ses parois pour se procurer le nombre de pierres nécessaires h ces diffé- rents usages.

2" La profondeur exceptionnelle de la fosse est un fait non moins étonnant.On n'en connaissait, croyons-nous, pas encored'exemple jusqu'aujourd'iiui. Dans tous les autres tumulus cette profc^n- deur variait de 75 cent, à 1 mètre 60; d'un autre côté la tombe dite de l'Empereur renfermait un caveau situé à 1 m. 20 m- dessus du niveau du sol. Si une anomalie de ce genre a pu se rencontrer dans cette tombe, le contraire a pu fort bien se produire pour la tombe de Middelwinde, et aucune de ces on- sidérations ne peut infirmer l'opinion de noire savant arcbjo- logue, M. le conseiller Schuermans, Ji savoir que la tombe de Middelwinde n'a pu être élevée que par les Romains, opin on que, nous le répétons, nous partageons entièrement.

Un détail que nous avons omis de mentionner et qui viant encore corroborer l'opinion développée ci-dessus : à trente mètres de la tombe de Middelwinde et séparé d'elle par le che- min, se trouve un cimetière gallo-romain, dont l'existence a été constatée depuis longtemps (consulter le rapport précité de M. Lefèvre). Or, il est à remarquer qu'un grand nombre de tombes romaines sont accompagnées, ii courte distance, de cimetières, leurs contemporains, dont elles ne constituent pour ainsi dire que les monuments principaux.

C^" Georges de Looz.

COUT

PROCÈS DE SORCELLERIE,

.V -^VASSEIGllKS, 1^91.

Sans vouloir faire l'histoire de !a sorcellerie, nous croyons cependant op;)oriun d'en dire un mot pour servir d'introduction h la pièce inédite que nous publions plus loin.

Une première question qui se présente tout d'abord est celle-ci : La sorcellerie a-t-elle jamais existé? Pour y répondre, nous avouons franchement notre incompétence. St-ïhomas définit la superstition « le vice opposé par excès à la religion ; » non pas qu'il aille plus loin que la vraie religion dans le. culte » divin, mais parce qu'il rend le culte divin ou bien à ce à quoi » il n'est pas dû, ou bien d'une manière qui n'est pas due. « Selon le même docteur, attribuer tout en cette matière à l'esti- mation de l'homme « est contraire h l'autorité des Saints, qui » disent que les démons ont un certain pouvoir sur les corps )) et les imaginations des hommes, quand Dieu le leur X. permet ('). »

L'Eglise a dans tous les temps sévèrement défendu toutes communications avec les démons, qu'elles aient lieu, soit par

(M Voir aussi les Uollyndistcs: Aria Hmcioruiii,S[-'ïhéo\)h\[p:.\ février; St-Egiile. 14 mai; Si-Cyprien, "26 septembre.

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suite d'un pacte formel, soit par suite d'un pacte tacite. Voilà au point de vue théologique, mais c'est à la critique historique qu'il appariienl de juger des faits.

La croyance à la magie et aux possessions diaboliques remonte à la plus haute anliquilé. L'Iiomme sorti du surnaturel et forcé d'abaisser son orgueil devant les limites de sa raison, fut toujours avide de mystères et nous voyons aujourd'hui encore, en ce XIX'' siècle, qu'on se plaît à qualifier de siècle des lumières, les plus sceptiques se pâmer devant le spiritisme.

Au XVP siècle, ces croyances prirent une extension étonnante par toute l'Europe et dans tous les esprits. Comment eùl-il été autrement, quand on voit le premier criminaliste de son époque, dont les écrits exercèrent, tant en Allemagne qu'en Belgique, pendant plus de deux siècles, une autorité prépondérante et incontestée, partager les préjugés de ses con!,emporains sur les sortilèges. Josse Damhouder croit à la puissance de la magie aussi fermement qu'à l'infaillibilité de la médecine. Dans sou célèbre Traité de pratique criminelle ('), l'auteur examine avec détail tous les forfaits des sorciers, tous les maux que leur art diabolique peut produire, en prenant toutefois la précaution de ne point révéler les moyens de pratiquer cet art, afin de ne pas devenir une cause de perdition pour les personnes qui les ignorent et qui pourraient être tentées d'en faire usage. Plus join, il parle de l'homicide et des lésions corporelles causées par sortilège. La peine est toujours le feu, le sorcier n'eût-il fait que dessécher le lait d'une nourrice. Ailleurs, il discute très-sérieusement la question de savoir quel est l'état de filiation de l'enfant du commerce des démons avec une femme (-).

Les prolesianls furent les plus fougueux et les plus intolérants,

( * ) Voir le clispitre relatif au crime de lèse-majeslé divine. Praxis rerum crimi. tmlium (-If" édition, 15ol et I2'' édition, 1570).

(*) Discours de M. J.J. llatis, sur Jusse Datnliotider, de Bruges, prononcé à la séance de l'Académie de Belgique, le 10 mai 1871.

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témoins, Henri VIII, Calvin, les Iconoclastes, le règne d'Elisa- beth, le synode de Dordrecht, Jacques l", les écrits des prédicants allemands, etc.

Jusqu'ù la seconde moitié du XV" siècle, presque toutes les lois civiles et ecclésiastiques ne condamnaient les pratiques de magie que comme trompeurs et charlatans, c'est-à-dire de l'excommunication et d'un emprisonnement de trois jours. En Belgique ils n'encourraient aucune punition. En Hainaut, les trésors que l'on pouvait avoir découverts de cette manière, étaient confisqués (*).

Depuis la publication de la bulle d'Innocent VIII, en 1484, l'accusation de sortilège et d'artifices diaboliques fut considérée devant la justice h l'égal de l'accusation d'assassinat, de vol et d'autres causes criminelles (^). Henri Institutor fut nommé par cette bulle inquisiteur pour rAIleinagne-Supérieure et Jean Sprenger, pour la Basse-Allemagne; on leur donna pour adjoint Jean Grcmper, prêtre de Constance, et pour protecteur Albert de Bavière, évoque de Strasbourg. Leur mission rencontra beaucoup d'opposition, tant parmi le clergé que parmi l'autorité temporelle. Pour vaincre tous les obstacles, Sprenger écrivit son Maliens malefir.orum, il attaque surtout la femme. « La femme, dit-il, est tout le contraire de Vhomme et Von ne peut attendre d'elle rien de bon ni de juste, puisqu'elle est formée d'une côiz courbée. » Il fallait, comme le disait un jour une femme au.' si judicieuse qu'intelligente, avoir perdu jusqu'au souvenir de sa mère, pour tracer ces lignes d'une absurdité révoltante.

La sorcellerie, étant considérée comme une hérésie, rentra dans la compétence des juges ecclésiastiques dont les sentences

(* , ScaAYES. Essai historique Hiir les u.iaries,clc. des Belges anciens et modernes. Louvain, 1804, in-S». Cité par L. v. <1. V/ai,le clans: Un chajiiirc sur l'hisioirede la sorcellerie en Belgique, etc.. Messager des sciences liisloriqucs de Belgiiiuc, annde 1844, p. 431.

;') J. ScHELTEMA. GcscUiedcnis der !Ice';fienprucc.ssen,h\.'iO. llaarlem,1828,in-8'>.

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devaient être exécutées par le bras séculier ('). Ainsi s'exprime aussi le placard de Flandre du 20 juillet 1592, il est dit que les coupables devaient être recherchés et punis « en cour spiri- tuelle selon les canons et bulles apostoliques, et en cour sécu- lière selon les lois civiles et ordonnances. » Ce placard fut suivi d'une instruction du 8 novembre 1595 (-), le gouvernement demandait entre autres : s'il ne convenait pas d'ôter la connais- sance du crime de sorcellerie aux justices champêtres pour la déférer aux tribunaux supérieurs, afin qu'il ne fût « facilement fait tort aux simples et ignorantes et personnes infatuées d'ignorance, comme souvent sont vieilles femmes décrépites que l'on dict le plus être entachées de ce crime. »

Les archiducs Albert et Isabelle maintinrent par lettres patentes du 10 avril 1606, l'ordonnance de Philippe II du 20 juillet 1592. Toutefois, pour prévenir les abus et les irrégula- rités qui se commettaient dans les procédures, ils ordonnèrent aux cours supérieures de justice de déléguer quelqu'un d'entre leurs membres pour surveiller les tribunaux de leuis ressorts respectifs, et aux officiers de ceux-ci de ne jamais procéder h quelque devoir de justice sans consulter projwc/ic^, ces cours ou leur délégué. En outre les conseils provinciaux devaient tenir bonne correspondance avec les évéques diocésains et autres juges ecclésiasiiques, et leur prêter main forte (M-

Ces instructions furent parfois modifiées; c'est ainsi que le magistrat de Dunkerque obtint, en IQlv , des archiducs l'autorisation de continuer à juger le crime de sorcellerie sans l'avis d'avocats ou de gradués ('■).

Dans son savant mémoire du droit criminel dans l'ancienne principauté de Liège (^), M. Edm. PouUetne nous dit rien sur la

[*■ ) J.-Iî. Cannakut. Ilydrayen tôt de keniiis van het oui'.e strajrecln in VlaaJi- deren, bl. 24ii. Cent, 1835, in-S°. Schf.ltejia, ouvrage cité p. 38 et suiv. /) Gaciiaisd. Analecies bcUjiques, p. 2i21 cl suiv. (') Placard de Flandre du 9 juin 1606.

(*! Faulconkier, Descripi. liLst. de Dunkerque, \" vol. p. 107. r') Méûioire couronné par l'Académie de Belgique, Hayez, 1874,

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sorcellerie. Sohel, dans ses Instituts de droit { '), dit que « tout «magicien, sorcier, devin ou semblable, qui sera convaincu n d'avoir, parses enchantemens, sortilèges ou mauvais artifices, » empoisonné, ou nui aux personnes ou à leurs biens, seracon- » damné au feu, et ceux qui, sans nuire à personne, se seront » néanmoins appliqués à la magie ou devination, seront punis » exlraordinairement selon les circonstances. >^ Il existe un man- dement d'Ernest de Bavière, daté du 30 décembre 1608 (*), réglant en cette matière le mode de procédure et fixant les dépenses qu'elle entraînait, et les recès de la ville de Liège renferment entre autres une requête du bailli d'Avroy « touchant les sorciers appréhendez ( ^). » Un procès de sorcellerie (*) qui eut lieu en 1652 dans f ancienne principauté de Liège, à Buzin et Failon (^), nous montre que la procédure en pareille matière y était analogue au mode suivi dans les Pays-Bas. Elle s'inspirait même des instructions données par les archiducs en 1606 et mentionnéesplus haut. On retrouve dans les rencharges {^) les jurisconsultes pro jiidice dont parlent ces instructions.

Entrons maintenant dans quelques détails relatifs à ces pro- cédures.

Lorsqu'on arrêtait un prétendu sorcier (ou sorcière), on le levait de dessus la terre pour détruire la puissance du diable ; on lui coupait les ongles et on lui rasait tous les poils du corps, parce que c'était qu'étaient contenus les charmes. On examinait s'il n'avait pas sur le corps de stigma diabolicmn ;

(M Liv. o, lit. 0.

(-) Conseil privé. Dépêches, K. iiO, 49, et K. 85, l" 87, aux Archives de TElat, à Liège. Imprimé dans la lieiuc belge, i^^ année, i'è" livr., p. 11)5.

(^) Archives (le la ville de Liège, à la Bibliolhèque de l'Université, 1619-23, p. 377.

(*) Voir Société archéol. de Namur, Xl^ vol. des Annales, 1870-71, p. 393.

( " 1 Buzin fait aujourd'hui partie do Verlée, cL Failon de Barvaux-Condroz.

(") La rencharge ou recharge est définie par Méan : Mandalum quojudex supe- riorformam senteucise exprimit,.jubetque, inferiori ju.xta hanc formara pronunliari. (MÉAN, hlioiisiuus, Coiauiiics du pays de Liège, l. l»"'' , p. 2l29. )

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observait-on quelque lâche semblable, on y enfonçait une aiguille et si le patient ne laissait échapper aucun signe de douleur, plus de doute sur son pacte avec le démon.

On refusait à l'accusé, pendant l'instruction de son procès, la moindre consolaiion; il était même défendu de prier pour lui, comme ennemi de Dieu et indigne de cette faveur. L'inter- rogatoire suivait de pi'ès l'arrestation et jamais le prévenu n'était laissé seul, de peur que le diable n'eût le temps de se concerter avec lui ou ne l'emportât.

Il ne lui était pas libre de se choisir un défenseur et si celui- ci défendait son client avec trop de chaleur, il devenait suspect. L'accusé ne pouvait regarder ni même voir le juge, et devait être introduit à reculons. Le magistrat avant de procéder, faisait le signe de la croix atin d'annuler la puissance du diable, et avait près de lui un vase d'eau bénite et du buis.

Si l'accusé n'avait rien avoué dans l'interrogatoire, ou si son crime ne parai5;sait pas assez avéré, on l'appliquait h la torture après l'avoir exorcisé. Souvent on l'attachait fuv le chevalet jusqu'à vingt reprises, ce que Martin Del Rio qualifie de grâce et aoute : on doit éviter dans la torture de casser les os aux patients, mais on ne peut faire moins que de leur déboîter les membres et les jointures (*).

A Liège, on appliquait la torture modérée à la gène, qui con- sistait à placer l'accusé vis-iVvis d'un feu sans lui donner ni à boire ni à manger (^).

Peu importe que l'accusé, appliqué à la torture, eût été en délire en faisant sa déclaration : la révocation ne lui était pas permise. On le torturait en outre pour lui faire nommer ses complices. Un simple signe de tête affîrmatif, aux noms des personnes suspectes qu'on lui citait, suffisait pour augmenter le nombre des accusés.

(*) DUqnisiiiones mariicie, iili. V, soct. 9, § Torlur. modus. - Revue be'.ije, uu Procès-verbal de sorcellerie, livr. mars 1836, par Weustenraed.

(5; Un procès-verbal de sorcellerie à Hiiziii et Faitov. Anuales de la Soc. urch. de ^'arnur, XI- vol., p. 393 et suiv.

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S'il avait la chance d'être acquitté, il devait se soumettre à de longues pénitences et l'on continuait de le regarder comme sorcier. N'éiant pas jugé assez innocent, il était retenu en prison et traité en excommunié (').

D'après le Maliens, un jugenepouvaitcomplètementabsoudre un accusé; car ne pos.séd.int point le don de l'omniscience, il ne lui était pas possii)le de savoirque le prévenu était innocent: il pouvait déclarer seulementqu'il n'était pas trouvé punissable.

La peine capitale était le feu précédé de strangulation. Les condamnés inspiraient une haine telle que les aides du bourreau n'osaient pas même les toucher, mais les traînaient au lieu du supplice avec des crocs. Quelquefois on obligeait les enfants à assister à l'exécution de leurs parents, afin de les détourner, par cetexemple.duciimede magie que l'on croyait héréditaire. Scheitema cite un procès les juges opinèrent pour faire mourir les enfants du condamné, comme étant d'œuvres diabo- liques (M.

Disons en l'honneur des Pays-Bas que les procès de sorcel- lerie y commencèrent plus tard et qu'on y attaqua plus tôt leurs abus ['^).

Parmi les ouvrages qui traitentspécialcmentde lu sorcellerie, citons, outre les sources déjà indiquées en notes, Erasme, qui démontra d'abord le ridicule des procès de sorcellerie et de tout ce qui les regarde, dans ses Epi ires, ses Colloques et son Eloge de la Folie, le Maliens maleficorum de Sprenger, qui fut vive- ment attaqué dans un livret De inciibis acsuccul>is{ '•), et les his- (juisiliones Magicœ de Martin Del Rio (^),qui ne sont qu'un amas de faits bizarres, môUs de raisonnements et farcis dcciiaiious savantes. En voici une entre mille : « Deux troupes de magiciens

(*) ScHA\ES, ouvrnge cilt^, p. 183. (*) Van de Wam.k, ouvrage cité.

1*) ScHELTKMA, Gesilned. (ie<- Ilelixeiiprocesscn, p. 114-166. (*J Gand, loli', avec Itgui'cs sur bois.

(^J Louvain, lo9o,in-4o. Traduit en français par.4ndré Duchesne, "Varis, in-40 et in-80, 2 vol., 16H.

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» s'étaient réunies en Allemagne pour célébrer le mariage d'un » grand prince. Les chefs de ces troupes étaient rivaux et vou- » laient ciiîicun jouir sans partage de l'honneur d'amuser la « cour. C'était le cas de combattre avec toutes les ressources » de la sorcellerie. Que fit l'un des deux magiciens? il avala M son confrère comme une pilule, le garda quelque temps dans » son eslomnc, et le rendit par l'on sait. Cette espièglerie » lui assura la victoire. Son rival honteux et confus décampa » avec sa troijpe,etalla plus loin prendreun bain etse parfumer.»

Jean Wier ( Wcyer-Wierus) (*), médecin du Duc de Clèves, attaqua Martin Del Rio dans le De veneficis et sagis el ie De prœsligiis dœmonum et incanlationibns ac veneficiis. Ce dernier, de même que le célèbre philosophe français J. Bodin, combat- tirent Wier en assurant « qu'il n'a écrit ses ouvrages que parce qu'il était sorcier lui-même et qu'il attendait le supplice de la mort comme coupable de sorcellerie. » Un argument ad homi- nem de cette valeur se p-jsse de commentaires.

Reginald Scoit, auteur anghiis et ami de Wier, ayant attaqué Del Rio dans son livre « La découverte de la magie y, Jacques I, roi d'Angleterre, combattit Wier et Scott dans sa Dœmuno- logia, et fit brûler le livre de Scott par la main du bourreau. Les prédicateurs protestants du XVIl- siècle firent l'éloge de ce monarque, h qui ils donnèrent le litre glorieux de nouveau Salomoii !

Vers '1591, Corneille Loos, de Gouda, un des plus zélés catholiques de son temps, écrivit son livre : De verâ ac falsâ magid, qui lui valut trois emprisonnements à l'abbaye de St-3Ia- ximin, à Trêves, et deux h Bruxelles. En 1595,1a mort le sauva d'une nouvelle incarcération.

L'abbé de Feller ("-) mentionne encore le Cautio criminalis seu de processibus contra sagas ('') du père Frédéric Spé; une lettre du marquis Fr.-Scip. Maffui adressée au P. Ansaldi et qui

(•) Nd à Gavrc, lolS, décédé on 1587. (*) Dictionnaire historique. ;') Rinkcl, 1631, 1 vol. in-8.

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fut refutée par Muratûi'i et TartorottiJeDemagfmde A.Haen (M; enfui un Trailé de Richard Mead concernant les maladies dont il est parlé dans la Bible ( -), et il parle des démoniaques. On a démontré ses erreurs dans A dissertation on the demoniacs{''). Ajoutons-y les Discours des sorciers, avec six advis en faict de sorcellerie et une instruction pour un juge en semblable matière, par Henry Boguet Dol;inois, grand juge en la (erre S. Ouaii de Joux, au comié de Bourgogne (*;; les Dissertations su'- les appa- ritions des anges, des dénions et des esprits, et sur les revenants et vampires de Hongrie, de Bohème, de Moravie et de Silésie, par le R. P. Doui Augustin Calmet (^); la Prodiyiorum ac ostento- riim chionicon,ôe Coiir. Lycosthenes (^); V Histoire des spectres, visions et apparitions des esprits, anges, démons et dînes, par Pierre Le Loyer ( ") ; De rcvelalionilms, visionibus et appantioni- bus, d'Eusebius Amort (^); Bygeloovigheden en tooverien der ivys- geers ofde duive s aenbidders der verligte ceuw C); le Traité sur les d: moniaques, dont il est parlé dans le Nouveau Testament, qui contient des recherches sur ce sujet, avec la réponse de M. Twelles à ces recherches ('") ; Y Histoire des imaginations extravagantes de M. Oufle, causées par la lecture des livres qui traitent de la magie, des démoniaques, des sorciers, etc. (*') ; La phy ique occulte ou traité de la baguette devinatoire avec les principes qui expliquent les phénomènes les plus obscurs de la nature, par L. Devallemont (''-); la magie blanche dévoilée, par Decremps ('^) ; le Testament de Jérôme Scliarp, poiir servir de complément à l'ouvrage précédent ('*); Thaumaturgus physicus,

(•) Venise, 1775, vol. in-S".

{* ) Ce traite fait partie des Cou.seils et pricepte.i de médecine de cet auteur. En latin. Londres, -17ol, in -8".

('; Londres, chez Revington, 1770.

{*) Lyon, Pierre r.igaud.lUlO, in 8». Cité dans le Catal. de la Dibt. de M. Dan- coisiie. l'aris, Barliulin Dellurenne, 187 5, p. 14.1

("y Paris, De Bure, aîné, I74lî, in-li'. (') Basileœ, 1o87. (') Pari."?, 1603. Cj Augtislte Vindelicorum, 1744. [^ , Rousselare, 1819. ('», (Bibliothèque delà ville de Courtrai.) (•«) Amsterdam, 2 vol., 1710. (*'J Paris, 1709. («') Paris, 1772. (»*) Paris, 1793.

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sive magia natiirœ et artis, par Gasp. Scott ( ' ) ; les Jocosiorum naturce et artis, sive magiœ naturalis centuriœ très, du même auteur; V Histoire admirable de la possession et conversion d'une pénitente séduite par iin magicien, pnr Michaels ("^); Des sorciers aux XV" et XVI" siècles, par A. de La Fons, baron de Meli- Cûcq (M; la Dissertation sur les maléfices tt les sorciers, selon les principes de la Tliéologie et de la l'Iigsique, oii l'on examine en particulier l^élat de la fille de Tourcoing, par de ValmoiU (*).

Pour compléter la liste de ces publications, nous mentionne- rons encore quelques ouvrages récents, savoir : De la sorcllerie et de la justice criminelle à Yalenciennes (A'F/e et XVIi" siècles), par Th. Louise (^); du P. Perrone : Prœleclioues tlieologicœ de virtute religionis deque vitiis oppositis C^), ouvrage universelle- ment loué ; Gôrres, Cliristliche Myslik ( La mystique divine, naturelle et diabolique). Il a réuni grand nombre de faiis, mais ses explications ne sont pas toujours solides. Mirville, Des esprits C); DesMousseaux, Les hauts phénomènes de la magie {^); Du spiritisme, par le P. Nampon S. J.; Les morts et les vivants, par le P. Matignon, et Le magnétisme, le spiritisme et la possession, par le P. Pailloux S. J.

En terminant, signalons les travaux suivants, nous avons puisé d'utiles renseignements pour la rédaction de notre article: Un chapitre sur Vhistoire de la sorcellerie en Belgique, sous les règnes de Philippe II et dWlbert et d'Isabelle, par L. van de Waîle [^)\ Le procès d'une sorcière au village de Casterlé, 1565- 1571 ( '") ; Une émeute ù propo.< de soi-disant sorcières, à Quiénie, près de Cambrai ("), et liaxiusje dénonciateur de sorciers, 1597-

i*) Herbipoli, 4 vol., 16S9. ('; Paris, Kîi.S, in S».

f) Abbeville, s. d. (Bibl. de M. Dancoisne, p. 291, no 1891).

(') Tourcoing, 17 îiïî, iii-lii. /Ibidem, p. !2;!5, n" 184o.)

C") Vaioncionnes. 1861, in 8". ( Bihl. de M. Dancoisne, p. 291, n^ 1891.)

(•) Ratisbonnc,inislet, 1866. (') Paris, 18.-;4. (') Paris, Pion, 1862.

(") Mcsxmier des sciences historiques de lielgiqne, année 1844, p. 431.

.•o) Ibidem, stDïiéc 1869, p. 342. (♦*) Ibidem, année 1870, p. Ii7.

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lo98('), par M. Galesloot. Le lecteur pourra consulter également les Archives historiques et littéraires du Nord de la France et du Midi delà Belgique ("-); Olim, Procès des sorcières en Belgique sous Philippe II , tirés d'actes judiciaires et des documents inédits {^y, Ozeray, Les sorcières de Sugmj, 16o7 (*),etc.

Cela dit, nous faisons suivre ci-après le coût d'un procès de sorcellerie qui se déroula ii Wasseiges (^) en 1591. Nous regrettons de n'avoir pu mettre la main sur les pièces de pro- cédure. La simple reproduction de ce document donnera toute- fois une idée de la jurisprudence de cette époque (^).

Désiré van de Casteele.

Nous Jeiian Rondeau, mayour et eschevins de la hauUe court et justice de Wasseiges, Guillaunie .Malliieu Courrant, Pierre de Tornaco, Andrieu Courrant, Jetian Baibez, Jelian de Jardin el Jehan Gilles, tous efchevins.

Par Jehan Condeau, majeur de Branson soubz honurable S'' Jehan de Mouseau, escuyr, souverain bailiy de Wasseige et gouverneur de Lieuves, etc.

Le XXVI* jour du mois de novembre xv" nonante el ungfut appréhender Catherine Pot d'Or, laquelle estoyt famée désire sorcier, et accusée par une sorsire qui fut exécutée au lieu de Jauce, et este en prison jusques a XIX* de décembre oudit an nonanîe et ung qui sont xxui jours du pris de dix soiz pitr jour considère la chierte du temps, faict xi ^ x s.

Au sergeaiU quy le gardoit lespace de xxiii jours au pris de x solz par jour, laict icy xi It x s.

A deux eschevins de Branchon pour avoir porî^' les enquestes et con-

(*) Messager des sciences historiques de Uelgique, année 1871, p. 80.

(*) T. 1, p. lo4. (') Ganfl, I8i7, in-8». » Aiwales de l'iust. arch. d'Arloti, l. 5, p. 21 1 cl suiv.

( * j Wasseiges, aujourd'hui province de Lidge, dépendait alors de Namur.

{') En faisant le triage d'arcliives provenant de r^ncienne haute-cour de Beau- fort, nous venons de mettre la main sur plusieurs pièces d'un aulru procis do sorcellerie. Elles feront Tobjel d'un article spécial.

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fessions de laditte prisonnier au mayeur et eschevins de Namur,i)our avoir a cliacun xxx s. par jour faici icy m ib.

Au eschevins de Namur al este paye pour la re[n]charge xlvih s.

Au mayeur de Branson pour a\oyr comparu du lieu |de Jajuce, pour avoir laccusition de laditte sorcière dis[traile] [devant] Licuve.

Par laquelle rcndiarge al laditte Chaterine ;') este jugée a la torture. Paye au mailre des œuvres pour la torîure vu [ft>].

Item après ladiite torture, les cognoissance dicelle prisonnière at este juge, par rencharge des eschevins de Namur, désire arse et i)!u!e tant que mort sensnjve. Pour ce paye du mayeur et eschevins es ÎNamur xlviii s.

Item pour ung procureur ayant servj ledit mayeur deux jour l s.

Sujvant laquelle sentence laditte prisonnière al estee exécutée le xix® de décembre nouante et ung. Pour le feu |>aye au mailre des œuvres pour laditte exécution vu tb.

Pour le disner des eschevins le jour de lexecution m ft> x s.

Aux deuxsergcant pour avoir conduit ladiite prisoniere a la justice et pour appresler le bois a chacun vnr s. xvi s.

Au confesseur ayant conduict a la justice at este paye x s.

Au charj)entier pour !aire un cstache y compris les bois xxv s.

Pour des fagot i)Our les bi îisler x s

Pour deux chêne de fer pour latachee a lestache. a chacune viii ?.. qui font ensemble xvi s.

Pour ung pot de vin le jour de lexecution vu s.

Somme lvi ^ xi s. (/).

( ' ) Liiez : Catherine.

(*) Fonds de \Vasseiges,reg. nux plaids, lo86-92.aux archives do l'Etat, à Liège.

LETTRE

SUR

L'ASSASSINAT DE SÉBASTIEN LA RUELLE

ADRESSÉE

A Monsieur DÉSIRÉ VAN DE CASTEELE,

eonservateur-adjoint des archives de l'Eiai, a Liège,

PAR

Alfred I^EÈIUX, S. J.

Mon cher avii ,

Voici un document inédit que j'ai Irouvé en compulsaiif un volume manuscrit de notes sur l'ancien Collège des Jésuites anglais en votre ville. Je le crois de nature h intéresser ceux qci s'occupent de l'histoire de Liège : il y est question du meurtre de La Ruelle, qui déj^ souvent a attiré l'attention de vos historiographes. M. Ulysse Capitaine a particulièrement bien mérité de la science en publiant les Documents contempo- rains relatifs à ce fait.

L'auteur de la lettre est le P. Edouard Courtney (Courtenay ou Courtnay), en 1598 dans le comté de Sussex, en Angle- terre. Après avoir achevé h Rome son cours de philosophie, il entra dans la Compagnie de Jésus le 28 août 1621. Esprit vrai- ment distingué, il brilla dans l'enseignement des humanités comme dans celui des études supérieures. Il possédait un rare talent pour le gouvernement : aussi, pendant plus de lo années,

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soit comme recteur des Collèges anglais de S'-Omer, de Rome, de Liège, soit comme provincial, il gagna l'eslime et l'affection de ses frères et des étrangers. Agé de 79 ans, il termina 5 S*- Omer, le 3 octobre 1677, une carrière glorieusement parcourue. [Oliver'' s Cotleclions.)

C'est de Liège, h la date du 24 avril 1637, huit jours après le meurtre, qu'il écrit celte lettre au P. Thomas Courtney, qui habitait Rome et qui y devint, en 1640, recteur du Collège anglais.

Pour que vous puissiez apprécier plus facilement l'exactitude du récit du P. Courtney, j'ai rapproché plusieurs de ses asser- tions des détails fournis par le Tragicque Banquet et la déposi- tion de Jaspar Matihys, domestique de La Ruelle, ou par le Dominicain appelé pour assister le Rourgmestreà ses derniers moments. La comparaison avec ces principaux documents contemporains m'adonne l'espoir que cette lettre pourrait être utile à ceux qui aborderaient l'étude de celte lugubre histoire.

Je n'avais dans Je volume manuscrit, dont je vous ai parlé, qu'une traduction anglaise; mais comme l'original est conservé au Collège de Stonyhurst parmi les nombreux manuscrils de sa bibliothèque, j'ai fait demander une copie que j'ai sous les yeux, et que le R. P. Recteur de cet établissement a bien voulu réviser et certifier conforme à l'original avant de me l'envoyer.

Votre tout dévoué

Alfred Neut. S. J.

R. in Pater,

Mon Révérend Père en J. C.

Nunqiiam trislior coiitiglt trage- dia Leodii quam hisce paschalibus feriis (i). Voces canenliimi Alléluia vprsœ suiit in ferale carinen, et pioi'um gaiulia in lanientationes commutata. Tragœilia eœpta est agi ad 16'" aprilis (2), primusqne in scenam pi-odiit celebris ille et cha- rus populo Leodiensi Ruellius. Is enim eo die circa primam a nieridie horam (0) in aedihus Coniilis War- fusei crudeliter necalus est.

Fuorat iliuc vocatus aJ convivium unacum aliis, et mcdiam epularum liPliliam lato illo repeniino funtsta- vit. Compcrtum eslquodiniliocredi vix potuil Auihorem osedis ac Ducem audacissimi facli extilisse Comitem ipsuni, jam pridem profugum ex Aula Bruxellensi^etcum aliis Belgii Prottoribus [Proieribus] lœsae Ma-

Jamais plus Irisle drame ne se passa à Liège qu'en ces jours de Pâques. Le joyoux Alléluia s'y changea esi chant funèbre et le deuil succéda à la joie des fidèles. Le drame commença le 1G avril et le principal acteur fut le célèbre La Ruelle si cher au peuple Liégeois : il fut cruellement massacré ce jour- vers une heure de rai)rès-midi dans la demeure du Comte de War- fusée.

La Ruelle était du nombre des convives invités au festin qu'il allait ensanglanter par sa mort prccipiiée. Ce qu'on osait d'abord croire à peine, est maintenant constaté : l'auteur de ce meurîre, le chef d'un coup aussi hardi, est bien le Comte lui- même. Chassé depuis longtemps de la cour de Bruxelles, et avec d'autres

{'} La fête de Pàiiucs tombait, celte a.in<ie-là, le 1 '2 avril. « Nous voicy au iour du tragicciup, liisner, qui fut un leudy après I^asques le 16 avril, » ditvnistoire tratjicqne du banque i Waifuzcen.

(2) M. de Gerlache, dans son Histoire de Liège (Brux. 1843, p. 2o7), fixe, évideramenl par erreur, la date du meurtre au 17 avril.

;') D'après rW/«fOiVe ira(jicquc,'\\i&v2M être plus tard quand le meurtre eut lieu; il y est dit que « il esloit environ d'une heure et demie après midy » quand les soldiils « s'approchèrent de la porte de la salle basse , la compagnie esloit sans aucune appréhension encor d'un accident si proche. »

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jestatis reum. Jam ad ultiniain pêne egestatem redaclus et perduellionis labe omnibus iinisiis spei'ai)at ex hoc facinore se rediturum in gratiam Caesaris, et veniam a Rege impetra- turura (i ).

Habuil administres rei gerendae milites plus minus 2o pailini ex Rcgio praesidio Novangii, partim aliunde selectos (2). Convivii tem- pore per posiicuni ex parte flu- minis suntdemiim intromissi (3); ad eos simulatâexeundi causa evocatus Cornes, quosdam opportunis dispo- suit locis, ne quis eriimpercl ad concitandum tuniuUnm opomque fUiellio inclamandam ; alios paratos esse jubet, ut dato signe cœnaculum ingressi imperata facerent.

Reversus ad convivas, cum hue usquesimulassci !*litiam, jam tris- liorc non nihil ac severiore vuiiu Uicitus bterel)at hc meditabundus (4) : mox caubam rogatus propinat

grands de Belgique coupable de lèse-majesté; réduit à la dernière extrémité, et devenu odieux à tous les citoyens par la tâche qui le souillait, il espérait par ce nouveau crime rentrer en grâce avec l'Empe- reur et obtenir le pardon du Roi.

Pour satellites, il avait environ 25 soldais tiiés de la garnison royale de Navaignect autres lieux. On les introduisit pendant le dîner par la porte du jardin ouvran! su rie fleuve; le Comte, appelé sous un prétexte quelconque, distribua les uns aux diverses issues pour empêcher qu'un convive forçant le passage, n'allât susciter du tumulte en appelant au secours de La Ruelle ; aux autres, il ordonna de se tonir prêts à onirer au signal convenu dans la salle du repas, pour y exécuter ses ordres.

Puis il revint au|)rès de ses liôles: jusque-là il avait fait montre de gaité, mais tout-à-coup son visage s'assombiit, il parut silencieux et pensif : interrogé sur la raison de

('] « Pour gnigiic'.' par la son pardon auprès du Maistrc qu'il avoil trahy, et retourner en Bruxelles bon espaginol. d IJJist. uagicque.)

(*) « Ayant inenné quant et soy bonne troupe de soldats (se trouve qui asseure le nombre de (lo) hommes choisis et b'en armez, la pluspart d'Argentau, Navaigne, et Dalem garnisons du Roy d'Espaigne. » [Ibid.)

('1 «Car estant toute celle trou|)c descendue pendant la solitude de l'heure du disner par un chemin assez couvert, le costau du dehors de S. Martin, se vint rendre au rivage des l'cga, ayant trouve un basieau appresK^, passa le bras de Meuse qui coule le long des raraparts, et le vint rendre à la porte, ou poslice du jardin, de la maison du banquet » (Ibid.)

(*) « On fut très gai pendant le premier service; mais vers la fin le comte parut rêveur; l'un des convives s'en aperçut et l'en plaisanta. » (De Gerlachc. llist. de Liège, p. 257-238.)

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ad sanitalem Abbatis de Mouson , eâque accei)tâtesserà milites iiigre- diiintur aulam instructo ordine cunctis ad rei novitalem attonilis. Praeihat Ductor ense districto vir insignis forma, vestibus splcndidis indutus ; sequebantur alii circiter X armali : altéra gestantes manu stric- tum pugionem, altéra sclopetum (i), fit Comiti a Ductore profunda reve- rentia, caeteri convivœ salutanlur. Tum Cornes exsurgit,et paucispra'- missis qiiibus Imperatorem ac Rc- gem Hispaniarum suos agnoscebal Dominos , stupentibus omnibus, nomine Caesarese Majestatis ac Prin- cipis Leodiensis Ruellium déclarât rebellem, multis astrictura crimini- bus in Principem suum ac reum mor- tis; proinde confeslim illi morien- dum esse, brève tamen snperesse spatium ut se ad ullimum vitœactum paret : si vellet ex homologesi ex- piare animum.non defuturum sacer- dotem.

Tradilur deinde militibus, et ab-

ce changement, il propose la santé de l'abbé de Mouson, Cotait le signal : les soldats pénètrent dans la salle, en bon ordre, et jettent tous les convives dans l'élonnement. Leur commandant, homme d'un extérieur remarquable, et richement vêtu, précède le glaive levé = environ dix hommes armés le suivent, le poi- gnard d'une main, le pistolet de l'autre ; le commandant fait une profonde révérence au Comte et salue les autres convives. Le Comte se lève : après avoir en quelques paroles déclaré qu'il reconnaît pour ses souverains l'Empereur et le Roi d'Espagne, au nom de Sa Majesté Impériale et du Prince de Liège, H déclare le bourgmestre rebelle, cou- pable de plusieurs crimes contre son Prince et digne de mort : il devait donc mourir sur-le-champ ; quelques moments allaient lui être accordés pour se préparer au der- nier passage, et s'il désirait se con- fesser, on lui appellerait un prêtre. Livré aux mains des soKiats, il est

(*) Tous ces détails sont signalés dans Y Histoire iraçiicqne -. on serait tenté de croire que le I\ Courtney a lu ce récit, si l'on ne savait qu'il a écrit sa lettre avant la publicnlion de Vllistnirc trngicque. La permission d'im|)rimci' porte la date du 42 mai lGo7 : et il paraît assez peu probable qu'il ait lu l'ouvrage en manuscrit.

Le cbet', dont il est question ici, était un nommé Grandmont; {'Histoire iragicqtie en trace le portrait suivant : « un haut homme, de cbevolurc noire, veslu d'une hongberline de velour noir, et ayant un manteau gris, Hourguignon, mais du quar- tier qui produit assez coustumierement des assasins, moine défroqué, et qui avoit quitté le Cloistre, et le service de l'Autel pour le service du Hoy d'Espagne. »

4H

ducitur in secretius cubiculuni ne- quidquam ex|)robrans Comiti ingra- lumaiiimumsuaque in eum bénéficia commemorans.C3eteriiibere[siieri?] jussi suisque in loois considère nisi vellenl candem vi!œ alcam subii'e : acceisiiur intoiim aiio prsetcxtu ex Piitribus Dominicanis Supprior , haiid mulio anle initiatus Sacris Ordinibus, nondiim ad confessiones accipieudas approbaUis (i).

Ciim venisspt ad aedcs,edoctus a Comité causan) advcnius sui, exhor- ruil rei incxpectaïae atrocilatem ac sibi limens omis delrectavil, suam caiisalus inipei'itiam in eo nuinere et diciiians sil)i non iicere sine fa- CLiIiale Ordinarii cuiquam conlitenti praebere aurcs (2), Rcddes, iiiquit Conies, ralioiiem Omnipotenti îieo pro anima eJHs, nisi quamprimum absolvas ; moriendum illi est, non

conduit dans un appartement plus retiré ; il reproche en vain au Comte son ingratitude et lui raiipelle les services qu'il lui a rendus. Les autres reçoivent l'ordre de se taire et de rester à leurs places s'ils ne veulent partager le sort de La Ruelle. Dans l'entretenips, on fait venir sous l'uii ou l'autre prétexte le Père Sous-Prieur des Dominicains, élevé depuis peu au sacerdoce et jusque- sans |)Ouvoirs pour entendre les confessions.

Le Comte lui apprend pourquoi il l'a mandé : le Prre , saisi d'horreur tt craignant i)our lui- même, décline cette mission, pré- textant son inexpérience et di.^ant qu'il ne lui était pas permis d'en- tendre les confessions sans l'appro- baiion de l'Ordiniire. « Eh bien ! dit le Comte, si vous ne l'absolvez pas au plus lot, vous aurez à ré- pondre de son âme devant Dieu. Il

(') « Un servilcur de W. le Comte est venu aux frères Prescheurs, et parlant à un novice deman'lo le l'ère Suppricur, lequel estant venu, luy dit mon lîeverend Père M'', vous appelle, et le l'ère croyant (ju'il vouluste faire quelque aumosne, à cause qu'il esloil redevable audit couvent pour plusieurs Messes dites p. r les Pères

pour l'eu son fils, se porte avec le Frère au logis du Comte » (Déposilion

des dominicains Ant. Eveiard et GuiJ. Loncin.)

(') Le P. Dominicain explique lui-même sa conduite ; Quand il arriva ctiez le Comte, celui-ci lui dit de confesser La l'.uelle, « alors le Peie a commencé à répli- quer ce que cela vouloit dire, el qu'il n'avolt l'aulliorité de l'Ordinaire, ny la puis- sance de faire telle chose : mais bien par cas fotluil s'il se présenlasl un homme blessé à la mort, couché dessus les carreaux, et agoi-isant par le dit coup, que facilement, el sans aucune difliculté et aulre puissance ( supposant qu'il ne se reo- contreroil au dit lieu autres preslres advoué de l'Ordinaire) qu'il l'absoudioil, mais qu'en cela qu'il n'en feroit rien. » {Ibid.)

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amplius uno qiiadrante superest ut doit mourir : il ne lui reste qu'un

sead mrirtom dispoiiat; postaliquam quart d'heure pour se préparer à la

moram compiilsus tandem Pater mort. » Le Pore hésite, mais enfin

adit eiihiculum, ubi Riicllius cum on ie pousse de force dans la chambre

famuîo jacobat vinctus, eum in\cnit La Ruelle lié se trouvait avec son

deplorantem vices suas, viduitatcm domestique : ie malheureux bourg-

uxoris, otbiiatem iil)eroium,expro- meslre déplorait son son, celui de

bianîem se iicf;irie prodiinm, inîer- sa femme, de ses enfants; il s'indi-

dnm eiiam opem a l'-eata Virgine, gnait de !a lûche trahison dont il

aliisquecœlilibiisimploraMlcm.Fer- était victime; par moments il iiivo-

tur ad exlremum iiupniisse ut sua quait la Bienheureuse Vierge et les

rite ac bieviicr exponeret prccata, autres Saints. Enfin le Père, dit-on,

atque ita confessum absolvisse. l'exhoi ta a confesser sommairement

ses péchés, puis lui donna l'absolu- tion,

Vix autem e cubiculo extuleral pe- Â peine fut-il sorti de la chambre

dem ut a Comité longiorem jicteret afiu de demander au Comte un

moiam pro confes'.ionc generali (i), plus long délai pour une confes-

cum rursus miliies irruuni, et cap- sion générale, que les soldats enva-

tivum suumpluribusconfudiuntvul- hissent de nouveau l'appartement,

neiibus : duo inflixeruijt in capite, et portent à leur prisonnier plu-

in pcctore secundum cor septem sieurs blessures : deux à la tête et

alla. sept autres dans la poitrine, près du

cœur.

Ita inteiiitSebastianusLa Ruelle, Ainsi mourut Sébastien La Ruelle:

bis Consulalu perfunclus magno deux fois il avait rempli à la

popnli pl;iusu , vir fortis, manu grande satisfaction de tout le

promptus, acris consilio , animo peuple, la charge de Bourgmestre ;

intrenidus , in lebus aggiediendis c'était un homme courageux, actif,

expeditus , in condcicudis cons- ingénieux dans ses projets , d'un

tans, aptus ad ardua ([uœque rao- cœur intrépide, prompt à entre-

limina, icrum ingentium capax. prendre, constant à poursuivre,

propre aux cntre|)rises les plus dif- ficiles, capable de grandes choses.

Peracta cœde Comes securus sui Après le meurtre, le Comte, tran-

(•) « A cel.e fin de pouvoir dilayer le temps » dit encore le P. Dominicahi.

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scu mente potius obcœcatiis tani parum se prœstiiit providcre de sua incolumiiate qiuim fueraL in hosjii- tem inliumanus. Imprudens homo alios permisil excedere e domo,aiiis lilteras etiam perfercndas dcdit ad Consulesel varia Canoiiiconim Ca- pitula (i) quiljiis signiflcavil Ruel- !ium in domo suaJubeiileCcesare et Principe Lcodicnsi , sujîremo sup- plicio affectiim. Poterat miser cogi- tare facile excitari procellam in Eiiripo (2) Leodiensi, neccm verô tam iiidignam Iioniinis populaiis flabeikim fore sediiionis qiise multo- rum cruore sedai i non posset. Ubi igitur nioriis ejiis ccrlus maiiavit riimor, incredibile est quantum fuerit uibs iiniver.sa coiiimota ; mit continue furibiuidus pcpulus arrep- lis arniis, factoque agmine domum Comilis advolavit.

Is conatus est factura excusare, cœdisiiue iiividiani a se averteie; sed frustra : nullis precilnis, nulli excusalioni acquiescuni; quare onini

quille sur son propre sort ou plutôt aveuglé, se montra aussi imprévoyant poui' lui-même qu'il avait été barbare pour son bote. Il permit à quelques- uns des convives de quitter sa mai- son, à d'autres il donna des lettres à porter aux consuls et aux (litfcrents chapitres de chanoines, pour annon- cer que, sur l'ordre de l'Empereur et du Prince de Liège, La Ruelle venait d'être mis à mort dans sa maison. Il devait bien prévoir, le misérable, qu'un orare pouvait faci- lement être soulevé dans l'Euripe Liégeois, et que l'ignoble massacre d'un homme aussi populaire allait êire le sigiial d'une sédition que bien du sang n'éleindiait pas. On ne peut se ligurer l'émoi qui régna dans toute la ville, quand la nouvelle certaine de ce meurtre se lut répan- due : le peuple furieux couiut aux armes, et une foule compacte se porta vers la demeure du Comte.

Celui-ci s'eli'oice d'excuser son aciion et de détourner de lui-même l'odieux de l'assassinat ; mais en vain : on ne veut écouler ni prières,

{* ; Ces lettres dlaient « une pour W. le Grand Doyen cl Ciiapilre do S, Lambert, si je ne me trompe, une autre pour le Doyen de S;iiait l'ierrc, une autre pour celuy de S. 5!;uiin, une autre pour celiiy de S. Barllioiomy. » (Déposition des deux Douiinicains.; Le lexle de ces Itllres est imprimé à la suite de VHistoiie tra- girqiie. Il est à reniarquor que dans aucune de ces lettres, VVarfusde ne dit avoir agi par ordre du i'riî.ce-Evôque, mais seulement « par ordre de Sa M;ije.'-lé impé- riale, » pourtant d'après les ditl't^icnts récits des témoins du banquet, le Comte aurait. joint de vive voi.\ le nom du Prince à celui de l'Empereur : c'est peut-être ce qui a trompé le V. Courlney.

('^ ) L'Euripe, canal entre l'île d'Eubée et la Grèce, rem.irquable par l'irrégularité de ses marées, oIVrc plus d'un point de comparaison avec une émeute populaire.

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ex parte vel perfractis vel ultro apeitis foribus involani in domiim, Comiiem èvesiii;io jugulant absi'issa propemodum cervice, mactant lan- quam \ictimam quam offerrent Ma- nibus Rucllii paulo ante eodem in loco perempli. Tum vestibus spolia- tum ac nudum proisiis, fune ad pedenialiigaîû ir;ihuiit ('■ domo,inter sordes lutumqueperplateas raptant ad forum, ubi cadaveri ulrinque amputant brachium, ventrem disse- canl efflueniibusintestinis atque ita mulilatuta truncumque corpus sus- pendunt pedibus ex infami patibulo quod unum ante annum omine pes- simo ex castris .loannis de Wert (i) urbi illatum est. Spectaculum erat invisum populo, omnibus mœstum qui virum memineranl natum esse nobili loco, olim vixisse in aula Principum Bcigii cum tanto splen- dore et secundie blandimenta for- tunœ adeo liberaliter expertum. Sed minus videbatur dignus commisera- lione quod prius Regem, deinde amicum tanto bonorum mullorum discrimine imprudentissime j)rodi- dissct. Faxil Deus ut dum alteri molirctur necem, providerit saluli animye suae : voluit eidcm Pairi Domiiiicano confUeri qutm accer- sendum curaveral pro Huellio. Sed

ni excuses. Quelques portes leur sont ouvertes, d'autres sont brisées, et de tous côtés on envahit la maison: à l'instant, on égorge le Comte, on lui trjinche presque la tète et on l'immole ainsi comme une victime aux mânes de La Ruelle, massacré peu d'instants auparavant à la même place. Le cadavre, dépouillé de ses habits et presque nu, est traîné par une corde liée au pied, à travers les rues dans les immondices et la boue jusqu'au marché; on lui coupe les deux bras, on l'éventre et on en retiie les entrailles : enfin le corps ainsi mutilé est suspendu au gibet de sinistre mémoire, apporté l'année précédente du camp de Jean de \V(.rt. Spectacle odieux pour le peuple, triste pour tous ceux qui se souvenaient de la noble extraction du Comte, de la vie honorable et douce qu'il avait menée à la Cour des Princes de Belgique. Mais il paraissait moins digne de pitié pour avoir imprudemment exposé de si grands biens en trahissant le Roi et un ami. Fasse Dieu que cet homme qui méditait un assassinai , ait pourvu au salut de son âme! Il a voulu se confesser au même Père Dominicain qu'il avait fait appeler pour La Ruelle ;mais celui-ci refusa

(') Le famoux Jean de Werlli qui, ii la téta de ses Croates, faisait l'effroi de Lidge.

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is audire contiteiitem recusavit (i) : an apud alium deposuerit onus con- scientia; eo die post palratum faci- nus haud constat. Id animadverte- runt varii hominem haud infrequen- tem in teraplis nunquam magis fré- quentasse sacras aedes, nec diutius orationi inhaesisse quara paucis ante mortem diebus (2). Mansil infelix suspensus è palibuio per duos ferme dies fœdus visu : adeo erat fœdatus luto, adeo vulneribus deformis ut turpem potius belliiam diceresquam hominem. Post biduum cadaver de- posituni in minuta conciderunt frusta, qUcC dolio pice illito inclusa subjectoigne concremarunt, sparsis in Mosam cineribus : brachia ejus feruntur affixa poitis civitalis ; re- servatur caput ut ad muros è pertica sublime suspendalur.

Hune habuil exitum Robertus de Renis Comes Wartusœus (ô),morta- iium miserrimus, eo raiserabilior

de l'entendre: on ignore si, le crime commis, il purifia chez un autre prêtre sa conscience souillée. L'on a remarqué qu'il n'avait jamais été plus assidu à l'Eglise et aux exer- cices de la dévotion que les jours qui précédèrent son trépas. 11 resta en- viron deux jours suspendu à la potence, affreux à voir, couvert de boue, défiguré par les blessures, offrant plutôt l'aspect d'un animal immonde que d'un homme. Après ces deux jours, le cadavre fut haché en morceaux, qu'on enferma dans un tonneau enduit de poix et que l'on consuma dans les flammes ; les cendres furent jetées dans la Meuse; les bras, dit-on, ont été attachés aux portes de la ville ; et l'on a gardé la tête pour la placer sur les murs au haut d'un pieu.

Telle fut la tin de Robert de Re- nesse comte de Warfusée,le plus mi- sérable des mortels, d'autant plus à

( * ) Le Père Dominicain qui venait de confesser La Ruelle, voulait sortir; mais, raconle-t-il lui-même, « le dit Comte commence à s'escrier après le dit Père, et le tenant par sa chappe, disoit qu'il n'eust à sortir, et qu'il se vouloit confesser, à quoy le dit Pero a respondu qu'il n'avoit la puissance, tellement que le dit Comte dit qu'il se consoUeroit, mais le Père n'escoulanl à tout cela se porte de part et d'autre » cherchant à quitter la maison du traître.

(*) « Aussi parut il la sepmaine saincte promenant par les Eglises, tenant son grand chappelel, faisant bien du marmoteux avec un maintien de Carmelin, un pas compassé et si délicat, qu'il sembloit fouler sur des roses; assidu à ouir la prédi- cation, mais ne faisant profit d'autre partie d'icelle, que de l'histoire de la trahison de ludas, qu'il voulut naïvement représenter en l'assasinat qu'il desseignoil au iour de la Passion, pour le mettre à chef en la sepmaine de la Résurrection. » (Hist. trag.)

{') Le pronom du Comte est René et non Robert; son nom de famille est de Renesse

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qiiod olim fuerit felix. Duni ad pris- tinam anlieiarel felicilalem, eaque de causa ara icum proderet,seipsiim, familiam suam , suos fere omnes infausto et infami exitu perdidil.

Post Coraitis necem direptae sunt œdes ubi habitabat inlra claustra S. Joaniiis iocatœ a Caiionico Linter- raans : reliquiae splendidissimi ac regii propemodum convivii absum- ptœ, pretioso supellex ex argento, aliisque rébus ablata, denique vin- dictse ardor quein pectore concepe- rant emisit in flammas , nani ne nionumentum superesset infaustœ csedis domum ipsam in qua scelus patraïuni est incendio confeslim absumpserunt. Yidi undanteni fu- nium ac minaces flammas quse mœs- tos omnium animos majoribus adhuc minisferiebant. Initio tumultusuna cum Comité interfecti sunt pêne omnes ejus famuli aliique nonnuUi vel ejus satellites audariae vel con- vivii apparitores. Feminis peperce- runt; è mililibus vix unus evasil : more militari vitam pacli traditis ar- mis, fuernntlamen a populo furente legis armorum nescio perempti ( i). Accepi ab oculato teste, qui certo

plaindre qu'il avait été autrefois heureux. En cherchant à récupérer son bonheur passé par la trahison d'un ami, il se perdit lui-même avec sa famille et tous les siens.

Après le massacre du Comte, on pilla la maison qu'il habitait dans les cloîtres de S. Jean et qui lui était louée par le chanoine Linter- mans : les restes de ce festin splen- dide et presque royal turent con- sommés, l'argenterie et tout le ser- vice de table fut enlevé ; enfin sous l'empire de la vengeance qui dévorait tous les cœurs, on livra aux flammes cette demeure, théâtre du crime, afin qu'il ne restât aucun monument de ce meurtre affreux. J'ai vu les torrents de fumée et la flamme qui s'élevaient du bûcher et semblaient menacer la cité désolée de désastres plus affreux encore. Au commence- ment des désordres on tua avec le Comte presque tous ses serviteurs et quelques autres personnes ou complices de son crime ou prépara- teurs du banquet, l.es femmes furent épargnées; à peine un seul des soldats put -il s'échapper : on leur avait promis la vie sauve s'ils

( * ) « Tous les soldats essuyèrent la mesme vengeance, qui diversement, et en divers endroits sentirent tous la fureur du peuple : et n'en eschapperent que deux, ù ce qu'on peutscavoir de tiO. ou 70. qu'on tient qu'ils estoient. Quelques serviteurs aussi de ce malheureux Maistre passèrent comme les autres : car le peuple juste- ment irrité de cet attentat en moustroit un tel ressentiment, qu'il estoil bien dan- gereux de tomber entre ses mains. >■ IHist. trag.,

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affirmavit se eodem vespere nume- rasse liinc inde sparsa mortuorum cadavera 52. Refert quaedam ex iis jacuisse semiusta , alia truncatis raembris, omnia nuda vulneribus ac cruore fœda.

Âderant in convivio coniplures viri Primarii, inter quos eminebat Dns Abbas de Mouson Gallus, D.de Sesaii, ilem Gallus, aliquot Cano- nici, D"^ Marchant, virmagni nomi- nis inter Leodienses advocatos (i): ex liis raulli se proripuerunt ex domo antequam tumultus invalesce- ret. D"" deMousôn seullro exhibait populo et captivum constituit, ab- ductus est in donium Civicani, sed non ita niulto post liberatus; eam laudera omnes tribuunt illi, quod tiliie adolescentulae Comilis Warfu- saei ereptae sint periculo atque a furore populi subductse, ut tuliores essenl in eundem cum ipso suni carcerem conjectœ, easque, ut audio, postea delinuit domi donec ad quod- dam securum cœnobiuin transfer- rentur. Nunc suni Trajeoti , quo

livraient leurs armes ; ils furent pourtant massacrés par la foule en furie qui ne connaît pas de lois militaires. Un témoin oculaire m'a affirmé que le même soir il a compié 52 cadavres étendus en divers lieux: les uns étaient à moitié brûlés, les autres mutilés, tous nus et couverts de blessures et de sang.

Plusieurs personnages de dis- tinction assistaient au banquet; l'on cite l'abbé de Mouson , français, M. de Sesan, de même nationalité, quelques chanoines, M. Marchant, avocat de renom à Liège. Un bon nombre des convives s'échappèrent de la maison avant que le tumulte ne s'accriît. M. de Mouson alla au devant de la foule et se constitua prisonnier, il fut conduit à la Maison de ville, mais bientôt après délivré. C'est à lui que la ville entière attribue l'honneur d'avoir soustrait les lilles de Warfusée à la fureur du peuple ; pour plus de siireté on leur avait donné la même prison qu'à leur pro- tecteur. D'après ce que j'apprends, l'abbé de Mouzon leur a offert en- suite l'hospitalité de sa demeure, jusqu'à ce qu'elles pussent trouver

! *) Voici, d'après les différentes relations contemporaines, les noms des convives de ce banquet : le Comte et ses quatre filles; les Chanoines Lintermans, Nyes ou Nise, Ernest de Kerckhera (qu'une relation allemande désigne, je crois, sous le nom de Fenckum); le chapelain Gottir, chantre de S. Jean; René-Louis de Ficquel monlz, abbé de Rlouzon ; l'avocat Jean Marchant; le baron de Saizan. sa femme M""* d'Otrenge (ou d'Otrainge> et leur fils.

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tribus Eqiiitum lurmis submissis Dux BuUionius eas humanissime invitavit ut ab omni pericuio essent remoiiores (i).

piinuï! vesperœ iuctiiosae ce- lebritatis, quam liic Leodii conse- quenlium saeculorum memoria seni- per A|iriii raense agitabit.

Postero die tenuit tempestas, nec silentio noctis, nec somni quiele sopita. Iterum mane frequens con- veiiit turba, et nescio quo rapta consilio, nescio quo ductu agitata peliit minabunda Palrum nostrorura Leodiensium Collegium ; ciim ja- nuam Coliegii reperissent obclusam inipetu feruntur in sacram aedem. Obvium iraprimis habent Patrem Ministrum ad pilam marmoream aquie lustralis, exeunteni jussu Pa- tris Rectoris ut curaret Coliegii januam aperiri ei moderaretur po- pulum irrunipentem, aggrediunlur Patrem, cumque deessenL longiores capilli, arreptiini auribus ac naso extrahuni e lemplo, tradunt in por- licum qua; aream Scholarum respi- oit : ibi variis eum ictibus feriunt, collimant bombardis , ac sœpius ejaculantur tanquam in scopum ,

un refuge dans quelque couvent. Elles sont actuellement à Maestrichî, d'où le duc de Bouillon avait envoyé trois compagnies de cavalerie pour les inviter à venir dans cette ville et les éloigner ainsi de tout danger.

Voilà comment se passèrent les premières vêpres de ce lugubre événement que dorénavant le mois d'avril viendra toujours rappeler aux Liégeois.

Le lendemain, la tempête continua sans que le silence ou le repos de la nuit eût pu la calmer. Dès le matin, une foule compacte, et, je ne sais sous quelles menées ou sous quel chef, se dirigea menaçante vers le Collège de nos Pères de Liège ; trouvant la porte du Collège fermée, elle se précipita dans l'église. Près du bénitier elle rencontre le Père Ministre, qui, sur l'ordre du Père Recteur, sortait pour faire ouvrir la porte du Collège et calmer le peuple: les mutins s'emparant du Père , rarraclienl de l'église par les oreilles et le nez, parce que ses cheveux ras ne prêtaient pas prise à la main, et le traînent sous le porche qui donne dans la cour des élèves : ils lui portent plusieurs coups; ils le visent plusieurs fois de leurs arquebuses qu'ils déchargent sur lui comme sur

(*) Une iellrede Maesiricht (t8avr. 1637) dit « Notre cavalerie est partie pour Ik-bas afin d'amener le bon abbé (de Mouzon) » ; il est probable que les filles du Comte ont accompagné l'abbé.

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cum non caderet inimunem excla- mant esse a vulnere raagicis carmi- nibus : tum sponte cecidit, ut alios evitaret ictus, cadenti non parcunt. Unus enim audacior cseteris jam dirigebat sclopum in ejus pectus certo ictu, et cor transflxisset nisi Pater aniraadverso periculo celeriter verlisset se, ac globum venientcm accepisset in crure ; alius eum co- natus est transverberare hastâ, sed Pater ictum avertit brachio dextro, quod levi inde plaga perstrictum est. Septem in universum accepit vulnera, quorum nullum, uti spera- mus, est lethale. Incolumitalem ejus tribuunt omnes speciali graliœ B. Virginis, cui in medio periculo se voto obstrinxit.

Intérim alii haud minori conten- lione tumultuantur in templo, quo aliquot ex Patribus confugerant. [nter cœteros Pater delBeckconcio- nator in S^' Lamberti plebem rogat quid vellent, parcerent innocentum vitae, se nihil unquam in Consules, nihil in civitatem molitos esse; si (juid pelèrent se ad prœstandum paratos; exclamant eos prodilores esse et ex civitate extrudendos : nec mora, exœde sacra, et ex Collegio ejiciuntnr complures, nonnnlli e\ eis logati et cum crepidis. Paier del Beck una cum aliis expellitur ex urbe amicissima, cui per tôt annos salutaria salutis dogmata concio- nando impertierat.

un but; ne le voyant pas clianceler, ils s'écrient que des enchantements magiques l'ont rendu invulnérable : le Père se laisse tomber pour éviter de nouveaux coups ; on ne l'en épargne pas plus. Un des plus au- dacieux dirige son arquebuse vers sa poitrine et allait le tuer à bout portant, si le Père remarquant le danger ne se fût promptement tour- né: il reçut la balle dans la jambe. Un second essaie de le percer de sa lance ; l'infortuné pare le coup du bras droit qui fut légèrement blessé. Il reçut en tout sept blessures, dont aucune, espérons-nous, n'est mor- telle. On attribue son salut à une protection spéciale delà Ste-Vierge, à qui dans le danger il a fait un vœu. Cependant la sédition sévissait avec non moins de violence dans l'église s'étaient réfugiés quel- ques uns de nos Pères. Le Père del Beck , prédicateur à St-Lambert, demande à la foule ce qu'elle veut ; il la prie d'épargner des personnes innocentes qui jamais n'ont rien fait contre les Consuls ou contre la Cité: ils étaient disposés, disait-il, à ac- corder ce qu'on exigerait d'eux. On lui répondit qu'ils étaient des traîtres et qu'ils devaient être chassés de la ville; sans plus tarder, on expulse de l'église et du collège plusieurs Pères sans manteau et en pantoufles. Le Père del Beck avec les autres est banni d'une ville qui lui était

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Cura nullo immitius aclum est qiiam cum Pâtre Rectore (i) quem Cûllegium ingrcssi repererunt in ambiilacro ante sacellum sacrario proximum. Qnod nonnulli concepr- raiil odium adversus illum a longo lempore jani magna ferocilate evo- mnnt. Dejiciunt in terram,Yei'berant, multis plagis pioscindunt, pvieter rt'liqua uniim accepit mortiferum Milnus in ventre, !ato pugione in- tlictum, ex quo sequento die summo nostrorum luctu interiil. Id nobis eonsolalioni est quod dicant ceito constare fuisse hœreticiin! qui Palri lelhalem ictum impcgerit. Panini abfiiit quin duriore adhuc eonsilio ipse saucius ac semivivn? simulqiu- Pater Minister raperentur ad forum, el tanquam infâmes juxta Comitem Warfusœum suspenderenlur. Ad Patres ab hoc opprobrio eximendos nuillum coiîlulit probus sutor, cujus filius famulalur in Cnllegio nostro. Isaegre tandem elfecit, ut aduce- rentur in vicinam domum, nbi eo

bien chère, il avait pendant tant d'années prêché les salutaires ensei- gnements de la religion.

Nul ne fut traité plus inhumaine- ment que le Père Recteur, qu'ils trouvèrent à l'intérieur du Collège, dans le corridor de la chapelle atte- nante à la sacristie. Tout ce que quelques-uns avaient depuis long- temi)s de haine contre lui, ils le vomissent avec la dernière férocité. Ils le renversent, le battent, le dé- chirent de coups ; un large poignard lui ouvre les entrailles, et il suc- combe à sa blessure, le lendemain, au milieu des pleurs de la commu- nauté. Ce nous est une consolation d'avoir appris d'une source ceitaine, à ce qu'il semble, que le coup mortel lui a été porté par un hérétique. Peu s'en fallût que, par un dessein plus horrible encore, le Père blessé, à demi-mort, ne fût , avec le Père Ministre, traîné au marché et tous deux pendus comme de vils crimi- nels à côté du Comte de Warfusée. Un honnête cordonnier dont le tils sert comme domestique au Collège, contribua beaucoup à épargner aux

(') Dewez, dans son W/s/. du pays de Liège, dit que le Itectcur s'appelait d'Antine. Le P. Mois d'Antliine était Liégeois de naissance ; il entra dans la Com- pagnie à Tournai en 1608. Nous le trouvons comme recteur à Dinant de t627 à 1 630.

F^e P. Antoine Delebecquo, dont il est parlé plus loin, est à Tournai en to8l2, entré au noviciat de cette ville le 26 oct. 1602. Son nom se retrouve parmi les l'cres du Collège de Tournai, en 160!^, mais il ne parait plus en 1664: ce qui permet de lixcr la date de sa mort à l'année t66H.

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die curali sunt. Très alii magnis clamoribus abducti sunt in publicum carcerem ; verura postea jussu Con- sulum dimissi; in Collegio haeserunt multi ex plèbe nemine resistente, per totam domuni vagati, culinani, triclinium et plura cubicula Rectoris prseserlim ac Ministri spoliaruiit : susque deque verterunt omnia, plura damna intulissent, nisi quidam inier eos aulhoritate pollens obstetisset.

Jaciuramomneni asserunt excede- 1 e 4000 floreuoi'um. Permiserunt in Collegio permanpre Patrem Bos- mannum et duos Coadjuîores qui anno praeîerito ad inserviendum peste infeclis vitam exposuerunt.

Caeteri)sfereomnes quotquot sunt inventi tum coegernnt migraie. Ali- qui jam reversi sunt, speramus brevi rébus pacatioribus caeleros reditu- ros ; major enim civitatis pars, ma- gislratus prœsertim , Ecclee-iaslici ac cives opulentiores, tum (idem orthodùxam obnixe coluiit, lum So- cietatem nostram etalios Religiosos ordines venerantur.

Agebantur ha'(^ omnia inferius(i'),

I ' ) La position élovée du Collège angla P. Couriney désigne le Collège wallon.

Pères cet infâme traitement : il obtint à grande peine de les conduire dans une maison voisine, l'on prit soin d'eux ce jour-là.Trois autres furent au milieu des huées, conduits à la prison publique ; mais ensuite les Consuls les firent relâcher. Bon nombre de séditieux restèrent au Collège sans qiie personne ne les troublât : ils parcoururent toute la maison, la cuisine, le réfectoire et plusieurs chambres, surtout celles du Recteur et du Ministre; ils bou- leversèrent tout et auraient causé des dommages considérables , si l'un des plus influents ne s'y fût op- posé.

Les pertes s'évaluent à plus de -iOOO florins. On permit au Père Bosman et à deux coadjuteurs, qui avaient l'année précédente exposé leur vie au service des pftstiférés,de rester au Collège.

Mais presque tous les autres qu'ils purent découvrir furent chas- sés. Quelques-uns sont déjà rentrés; et nous espérons que, l'étal des es- prits se calmant, les autres revien- dront bientôt; car la plus grande partie de la cité, les magistrats sur- tout, les Ecclésiastiques et les habi- tants les plus influents sont très- attachés à la vraie foi et ont de la vénératio:; pour notre Société et les autres ordres religieux.

Tout ceci se passait dans le bas is explique le mol inferius par lequel le

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iiobis insciis (loiiec trepidus acciir- rerit imiiciiis populum debacchaii- lem <lireplo ac relicto Collegio ad DOS festinare; niintium fere prœivit lumullus utvix spalium suppeteret nos in templum recipiendi, unde- qiia(iue Collegium nosirum obsideni armati, omnes aditiis occupant , magnis instant clamoribiis ut pan- dalur janua, se alioquin vim illatu- ros.

Yicini nostri honestissimi cives et in nos benevoii antequam illi tumulluosi nosirum ascenderent colIem,eos conati erant detrahereet demulcere.

Prœsertim egregiani nobis praes- titit operani D'"* Dans, qui cum videret averti non posse, comilatus est ut si quâ posset ope succur- reret. Eo comité facti sunt mitiores, ac promiserunt neminem ex nostris quidquam damni passurum, se tan- tum nobis arma erepturos.

Pater Rector descendit ad jaimam, et vociférantes intromitli jubet opti- mo consilio.Nam si obsislere voluis- semus et nos ad defensionem accin- gere, periissemusad unum omnes; poscuntarma nostra, ni statim tra- danlur minas adjiciunt. Ducunturad (îubiculum Patris Procuratoris, ubi 12 jacebant minores bombarda',nec

de la ville à notre insu, (|uand un courrier tout tremblant vient nous annoncer que la populace ameutée, après avoir achevé de saccager le Collège, se précipitait vers notre domicile. Les mutins devancèrent presque le courrier ; nous eûmes ;i peine le temps de nous retiier dans l'é'glise ; la foule armée assiégeait de tous côtés notre Collège, elle gardait toutes les issues, et demandait à grands cris que la porte leur fût ou- verte, si l'on ne voulait pas les voir recourir à la force.

Nos voisins , citoyens honora- bles, très-bienveillants envers nous, s'étaient efforcés de détourner et d'adoucir la foule avant qu'elle ne montât en désordre la colline se trouve notre Collège.

Nous devons une reconnaissance spéciale à M. Dans : voyant qu'il ne pouvait arrêter le peuple, il l'ac- compagna à dessein de nous prêter tout secours possible ; sa parole calma les émeutiers : ils promirent de ne nuire à aucun des nôtres, mais de nous enlever seulement nos armes . Le Père Recteur descendit ;i la porte et heureusement il ordonne d'ouvrir en entendant leurs cris : si nous avions voulu résister et faire mine de nous défendre, tous .jus- qu'au dernier nous aurions été mas- sacrés. Ils réclament nos armes, et nous menacent si nous ne les livrons pas sur-le-champ. On les conduit à

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plura arma habebamus domi. Quo- niani vero ostium cubiculi inveniunt clausum, nec aderat clavis, fremere iiicipiunf , Pater Rector jubet fores effringere ; quod momento faciunt , et cubiculumingressieripiuntarma, cœtera relinquuni intacta. Miracu- liim est eos antea tanta incilatos ira, et fralrum nostrorum sanguine in- calescentes , non aliud inlulisse damnum, non ulterius perscrutatos donium, ne unum quidem Isesisse, aut leviter percussisse : miré eos conciliavit comitas, et constantia nostrorum. Ad bibendum invitati ipsimet niirati sunt potare se et farailiarius agere inter eos quos eo die destinnrant durius accipere.

Certo a<;cepimus cum essent in altero Collegio eos atroces in nos jactasse minas, exteros nos esse et perduelles, eamque machinari pro- ditionem in urbeni quam niolili fue- ramus in Patriam. Ea adhuc vox auditur interdum per urbem, nec procellani omnino evasimus. Utinani essemus in porta ! Deus uti spero protegetservossuos eo providenti.T clypeo quo hactenus protexit.

la chambre du Père Procureur se trouvaient 12 petites arquebuses : nous n'avions pas d'autres armes. La porte de la chambre était fermée, et l'on ne trouvait pas la clef : la foule se met à murmurer ; le Père Recteur ordonne de forcer la porte : ce fut l'affaire d'un moment ; on entre, on enlève les armes laissant intact tout le reste. C'est un prodige vraiment que ces hommes peu auparavant si furieux contre nous, excités, comme ils l'étaient, par le sang de nos frères qu'ils venaient de répandre, n'aient pas causé d'autre dommage, n'aient pas même poursuivi leurs recherches et se soient retirés sans avoir blessé ou frappé même légè- rement l'un d'entre nous; la douceur et la fermeté des nôtres les a singu- lièrement captivés. Invités à boire, ils étaient eux-mêmes étonnés de se voir si familiers avec des hommes qu'ils étaient résolus, il y a quelques moments, de traiter avec la dernière dureté.

L'on nous a certifié que dans l'autre Collège ils avaient proféré contre nous d'horribles menaces , disant que nous étions des étrangers et des criminels d'Etat, el que nous ourdissions contre la ville le même complot que nous avions formé contre notre patrie. Maintenant en- core on entend répéter dans la ville cette accusation. INous n'avons pas encore échappé à tout orage : puis-

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Non vacalaccuralius pliira recen- sere quae eodem die ac seqiientibus coniigerunt; plures mactarunt ac suspenderunt in foro variarum con- spirationum suspectes. Priorem Pa- trem Discalceatorum conjecerunt in carcerem (i), domos nonnuUas et

sions-nous surgir au port ! Dieu, je l'espère, couvrira ses serviteurs du bouclier de sa Providence, comme il n'a cessé de le faire.

Je n'ai pas le temps de vous raconter plus en détail ce qui s'est passé ce jour-là et les suivants. Plusieurs personnes, soupçonnées de différentes conspirations, ont été égorgées et pendues sur la place du Marché; le Prieur des Carmes dé-

(*) Le bruit courait que les Carmes avaient connu le projet d'assassiner La Ruelle : à l'appui, on alléguait certaines pièces trouvées « dans le pourpoint du comte Warfusée. » Il y en a trois principales : i" le serment (31 mars -1634) du P. Henri de la Ste-Trinité, alors prieur des Carmes; la promesse du marquis d'Aytona, ambassadeur et gouverneur des armées du Roi (9 janvier 1634) ; 3" le serment du P. Alexandre de Jésus, prieur des Carmes (1 avril 1635). Voici, briève- ment, quelques observations qui me portent à croire à la complète innocence des religieux :

D'abord ces documents sont-ils authentiques ? On les a trouvés dans le pourpoint du comte de Warfusée ; ce n'est pas une garantie : de ce même pourpoint sont sorties les fausses pièces par lesquelles il prétendait prouver la culpabilité de La Ruelle. Le comte n'en était donc pas à son coup d'essai.

Ensuite, par leur contenu ou leur date, ils semblent plutôt se rapporter à autre chose. La première est le secret juré par le P. Henri de la Trinité : j'y remarque qu'il ne s'oblige au secret que pour un temps. Est-il probable dès lors qu'il s'agisse d'un attentat à la vie de La Ruelle, ou d'un projet dont le Carme avait à rougir ? L'intérêt de celui qui prend une part quelconque à un crime demanderait plutôt qu'il s'engage à un secret absolu. Du reste, en de pareilles matières, comment expliquer un serment si compromettant livré par écrit?

Dans la seconde pièce, le marquis d'Aytona promet d'obtenir le pardon du comte, si celui-ci lient les promesses faites en son nom par le P. Prieur des Carmes. Je suis porté à croire que le secret juré par le P. Henri de la Trinité poriait sur ces promesses. A première vue les dates semblent s'opposer à mon interprétation ; mais à la date du 31 mars le P. Carme ne fait, dit-il, que réitérer son serment.

Le troisième document est celui dont on parle davantage : le P. Alexandre fait serment de ne révéler à personne, si ce n'est au P. Hilairc, Vicaire Provincial de son ordre, au marquis d'Aytona et au président Rose (avec le consentement du Comte) rien de ce que le Comte veut lui déclarer ce malin (1 avril 163S) « et pour lequel sujet, ajoute t- il, je doy partir ce jourd'hny vers Bruxelles. »

« Quel rapport, demande M. de Gerlache, cette déclaration faite deux années

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ipsius Consulis Massilionii spolia- runt ; effigiem Praetoris Roscii elapsi ex vinculis appenderunt juxta Comitem Warfusseum, CeperuntAd- vocatum Jiarchant, qiieni antea nie- mini iiUerfuisse ferali convivio ; tanquam sceleris consciuni haud longa habita quaestione coiidemnant; raptaiit ad forum brevi dato confi- lendi spalio, pluribus transfodiunt iclibus bonibardorum, lune e pati- bulo suspendunt. Nullus erat Leodii perilior leguni , nullus moribus magis festivis et urbanis; infelix quod infaustam coluissel amicitlara cum Comité Warfusseo, cap.teroquin

chaussés a été jeté en prison ; quel- ques maisons, celle du consul Mas- silion lui-même, ont été pillées; on a pendu en effigie à côté du Comte de Warfusée le Préteur Roscius qui s'était échappé de prison. L'avocat Marchant qui avait assisté, comme je l'ai dit, au lugubre banquet, a été condamné sans grande formalité comme étant au fait du crime: traîné au marché, a|)rès quelques moments accordés pour se confesser, il a été frappé de plusieurs coups d'arque- buse, puis suspendu à la potence. Il n'y avait pas à Liège d'homme plus instruit dans les lois, de manières

avant l'éxecution du complot, avait-elle avec l'assassinat de La Ruelle? C'est ce qu'on n'a jamais su. » Je demanderai à mon tour, comme le rapprochement des dates m'y pousse tout naturellement, s'il n'y a aucun rapport entre cette déclaration et le passage suivant de la lettre envoyée par le Prince-Evêque (il mai 1637) à ■< son grand mayeur et Régiment de sa cité de Liège. » Il les pousse à une enquête sérieuse sur le meurtre de La Ruelle et ses circonstances. Pour leur direction, il fait part d'une révélation de Warfusée : le Comte a dévoilé à l'Evoque l'existence d'un complot tramé, le 1 mars t63o, contre l'Evêché et la Principauté de Liège : il s'en avouait le complice avec La Ruelle et offrait d'en livrer l'original, si l'Evêque lui promettait son pardon et son intercession auprès du Roi et de l'Empereur. Commelc Prince lardait de lui répondre « .jusques à ce qu'il (Warfusée) nous eust fait tenir ledit originel, est arrivé du depuis qu'il nous a fait scavoir.... queledit originel estoit entre ses mains, et l'avoir et monstre et fait reconnoistre à personnes dignes de foy, lesquelles nous en donneraient toute asseurance. »

En présence des deux dates, celle du complot, 1 mars 16oo, et celle du serment fait par le P Alexandre, 1 avril t635, je trouve plus naturel de penser que le Carme était une des personnes dignes de foi à qui le Comte avait fait connaître le complot vrai ou fictif.

.le trouve une nouvelle présomption favorable au P. Alexandre dans le fait qu'il fut jeté en prison et qu'il en est sorti, fait inexplicable en admettant le moindre fondement aux soupçons qui lui avaient valu son emprisonnement : car en ces jours d'etVervescence, il ne fallait aux Liégeois, dit Foulon, ni juges, ni bourreaux, ni polenGC : un soupçon était une preuve. On n'a donc rion pu prouver contre le P. Alexandre, puisqu'on lui a ouvert les portes de la prison.

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habitus semper summo apud omnes honore.

Deus Optimus Maximus pro sua bonitate a nobis et ab urbe iota malum averlal. Ignoscas si aliqui incurrant errores, revidere non po- tui pr?e inopia temporis.

plus agréables, plus polies ; malheu- reux dans la funeste amitié qu'il entretenait avec le Comte de War- fusée, il n'en est pas moins univer- sellement estimé.

Que Dieu veuille dans sa bonté détourner tout mal de nous et de toute la ville. Pardonnez-moi si quelques fautes se sont glissées dans ma lettre : le manque de temps m'empêche de la revoir.

Vale, 24 april. 1657. R.V.

Adieu. 24 avril 1637. deV. R.

Servus in X*"

EdV ARDUS COURTNEY.

Le serviteur in X*" Edouard Courtney.

A Messieurs les ineiires de l'Institut arcliéoloope liépois.

Lorsque j'eus l'honneur d'assister, en 1874, en qualité de délégué du Gouvernement Belge, au congrès des sciences d'anthropologie et d'archéologie préhistoriques qui se tenait cette année à Stockhohîi, je fis, entre autres, la connaissance du D"" Wiberg, professeur au lycée de Gèfle. Cet aimable savant n'eut pas plutôt connu mes relations avec Liège, qu'il me parla avec enthousiasme de ce Liégeois illustre qui, au commence- ment du XVIP siècle, alla s'établir en Suède, implanta dans ce pays une colonie d'ouvriers wallons, et porta en peu d'années l'industrie du fer à un haut degré de splendeur; de ce Liégeois qui, pendant la guerre de Trente ans, équipa à lui seul une flotte et donna aux Suédois l'empire de la mer Baltique; de ce Liégeois enfin, qui fut tout à la fois financier, commer- çant, industriel, homme d'état, homme de guerre, philanthrope, dont les arrière petits-fils furent admis dans la noblesse Sué- doise avec le titre de barons (' ), et dont un descendant occupe aujourd'hui la plus haute dignité à laquelle il soit donné à un Suédois de parvenir : celle de ministre d'Etat de la justice. Je veux parler de Louis De Geer.

La personnaUté de cet homme éminent n'est pas toul-à-fait

(') Louis de Geer lui-même fut reçu dans la noblesse Suédoise, mais sans titre. Après la conquête de la Finlande par les Russes (1808-1809), la noblesse finnoise fut séparée de celle de la Suède. Ce n'est que depuis cette époque que l'on trouve des comtes De Geer, un en Suéde et plusieurs en Finlande.

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ignorée en Belgique ; mais ce que l'on connaît moins, c'est la colonisation wallonne dont il tut le promoteur. M. Wiberg me donna sur ce point des détails qui me parurent assez curieux pour l'engager à en faire l'objet d'une notice. H me le promit, et dès ce moment j'étais décidé à faire profiter de cette bonne fortune Vlnstitut archéologique liégeois.

Après plus d'un an d'attente , je pensais que l'honorable professeur avaitperdu son projet de vue, lorsque, dernièrement, je reçus de lui un mémoire complet, accompagné d'une liste de 328 noms d'origine wallonne, et de deux cartes représentant les mines et usines de fer exploitées en Suède par des ouvriers liégeois.

Malgré son peu d'étendue, ce travail a coûté à son auteur de patientes études et des recherches laborieuses dans les archives de son pays. Il n'a rien épargné (') pour le rendre aussi exact que possible, et nous devons savoir gré, ce me semble, à l'honorable savant, d'avoir consacré ses vacances et ses veilles h l'élucidation d'un problème qui se rattache aussi intimement à l'histoire de la Belgique.

Sans parler des écrivains Suédois (-) qui se sont occupés en passant de Louis De Geer, ce personnage a fait l'objet de plu- sieurs notices spéciales , notamment :

'!• BuREN, Areminne ôfver L. de Geer, Linkôping, 1790, in -8, portrait.

LuDovicus DE Geer, Commeiitarii de génie de Geeriana, Holmiœ, 1816, in-8.

3'^ Frans MicHAËL Franzen, Aminnelse-Tal ôfver L. de Geer. Discours prononcé le 20 décembre 1829 à l'Académie suédoise, par le secrétaire Franzén, h l'occasion de la distribution solen-

(') Afin (le ne négliger aucune source de renseignements, M. Wiberg a fait plu- sieurs voyages a Finspong et à Stockholm, soit pour consulter les archives, soit pour recueillir îles traditions orales.

(*) ISotaniment Hamillngar, Rôrmide skuuUmariens histona, Stockholm, 'l8'-28, l. XllI, p. 259.

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nelle d'une médaille trappée à la mémoire de Louis De Geer (' ).

¥ J. L. W. DE Geer van Jdtfaas, Lodewyk de Geer van Fins- pong en Leufsta (1387-1652). Eene bydrage lot de handelsge- schiedenis van Amsterdam in de zevent.eeuw(^).Eersteuitgave. S'Hage en Amsterdam, 1834, in-8. (Imprimé par les frères Van Cleef?)

5" Tweede uitgave , met een Naschrift en portret verrykt, S'Hage, 1841, in-8. Seconde édition du n" 4.

6" Notice historique sur la famille De Geer, par deux de ses membres, à l'usage des auti-es. Suède et Hollande, 1843 ('). J'ignore si ce litre n'est pas une traduction, n'ayant pas vu l'ouvrage.

Louis de Geer. JNotice dans la Revue de Belgique, 1'^ année, tome III, Bruxelles, Lelong, 1846, pages 271-284 (*).

8" Louis de Geer, Notice historique (lo87 16o2). Nouvelle édition revue et corrigée. Bruxelles, Lelong, 1847, 32 pages in-8.

9" Louis de Geer, de Liège. Dans la Belgique communale, avril 1847, n** 1, pages 394 à 402, avec le portrait lilliograpliié de De Geer par Stcrck. (De Beck pinx.) Ce n'est qu'une nouvelle édi- tion des n°^ 7 et 8.

10" Lodewyk de Geer van Finspong en Leufsta (1587-1652).

( ') Cette médaille reproduit d'un côté les traits de De Geer, et porte au revers une colonne rostrale s'appuient un canon, une cpée et un caducée, avec la légende : His amat hospes civisque vocari. {Notice historique, p. 7.)

(^ ; Les descendants de Louis De Geer portent le titre de baron en Hollande et y forment encor' une des premières familles du pays. {Ibidem, p. :26.)

(') Cet ouvrage, de même que le dO, fut légué en mars 1858 par le baron L. De Geer de Jutpliaas à la bibliothèque royale de La Haye.

(*) Celte notice est attribuée au comle Ferd. de Hamal (dont la famille est la souche de celle de De Geer), qui avait occupé un poste diplomatique en Suède. Voici toutefois la note manuscrite que je lis dans l'exemplaire Capitaine, au suji't de l'auteur de cette biograi)hic : « Son nom est Vande Velde ; il est originaire de la Hollande. C'est un homme d'une conversation agréable et instructive, il a passé une partie de sa jeunesse dans les voyages ; il a beaucoup vu et beaucoup remarqué. Il parle presque toutes les langues. •■

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Eene bydrage l()t de haiidelsgeschiedeiiis vaii Amsterdam in de zeventiende eeuw. Derde uitgave. Gedrukt by Keminckeii zoon, te Utrecht, 1832. Grand ia-4, avec le portrait gravé de L. de Geer. (D. Beck, pinx ; J. Falck sculp. Stocklimise, 1649), 104 pages. C'est une troisième édition des ir^ 4 et 5, avec dédicace : ce Aau zijiie excellentie den graaf Karel de Geer van Leufsta, een der zweedsche ryksheeren..., signée : J. L. \V. de Geer vaii Jutfaas, 19junij 1852.

11° La Biographie universelle (de Michaud); Van der Aa, Biographische Noordenboek ; la Biographie nationale de Belgique ; De Jonge, Geschiedenis van het Ned. Zeeiue:-, D. I, bl. 555; D. II, st. II, bl. 50; Gollot d'Escury, Hollands roem, D. II, Aant. bl. 293; D. VII, bl. 200 ; Ersch et Gruber, Allgemeine Eîicyklo- pœdie der Wissenschaften und Knnsten, etc., consacrent de courtes notices à Louis de Geer.

12" M. Wiberg a entendu parler d'une Apologie manuscrite de De Geer, en hollandais, conservée à Finspong; mais il ne l'a pas vue.

Il est un fait à noter : c'est que ces différents travaux, n'ayant pour but que l'apologie d'un grand homme et l'exaltation de ses services et de ses vertus, se répètent à l'envi, de telle sorte que, depuis le discours académique de Franzén, on n'a pour ainsi dire rien écrit de neuf au sujet de De Geer. Pour cela, en effet, il eût fallu compulser les archives de la Suède.

C'est ce qu'a fait M. Wiberg, et c'est ce qui lui a permis de rectifier certains points faussement accrédités, et de jeter une lumière nouvelle sur les relations officielles de De Geer avec le gouvernement Suédois. Le principal but que s'était proposé le savant professeur était d'ailleurs, je l'ai déjà dit, plutôt his- torique que biographique et apologétique; il ne s'agissait pas tant pour lui de mettre en relief et de laire connaître à Liège un de ses plus illustres enfants, que de rechercher les traces de ces ouvriers wallons qui, à son appel, allèrent s'expatrier au

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fond de In Suède et y introduisirent, pour les appliquer à l'indus- trie du fer, les procéiiés en usage dans leur pays, la méthode wallonne , « wallon-smide » conune on la nomme encore aujourd'hui en Scandinavie ( ').

C'est en effet, pour nous, le principal litre de gloire de Louis De Geer, et l'on peut dire avec un auteur : « Ce dont la Suède profita le plus et ce qui valut à De Geer une reconnais- sance qui durt encore, ce fut l'introduction de la forge wallonne ou la (açon de manier le (er d'après le mode pratiqué à Liège... 11 engagea au service de ses fabriques un certain nombre de familles belges, montant h plusieurs ceniaines de personnes, émigrées comme lui pour des motifs de religion (^). Avec leur aide, il parvint à forger des barres qui, de nos jours encore, s'exportent exclusivement en Angleterre à des prix fort élevés. On les emploie principalement à la confection de l'aciei, et ce sont elles qui assurent en partie aux Anglais, par l'excellence des outils qu'elles produisent, la suprématie dans la fabrica- tion. »

Ce passage est emprunté ù la notice désignée ci-dessus sous le n" 4, notice fort bien écrite, et qui, au point de vue de la per- sonnaliîé de De Geer, coulient des renseignements très précis. Comme ces données complètent, en plusieurs points, le travail de M. VViberg, comme, d'autre part, cette brochure est devenue assez rare de même que les autres écriis reUitifs à notre célèbre compatriote, j'ai cru bien faire en reproduisant en note quelques

(•) Il est probable qu'avant De Geer on suivait en Suède la m^tbocic allemande : ICi gueuses, a la .-orliL' du touriiCiiu,éluicnl imniédiatcniinl Iransfoimces en baiies. Dans les l'oi^es Wiillonnes, elles subissaieiU aniiaiavant une nouvelle nianipulaliùn a[i\)vU':e fouwaitr (i'iij)ii!cijc ; la ronlo, porlért a un deyré de elialeur, pres^que voisin de la lusion, est loruiée en loupes que Ton soumet alors seuleiiienl à l'action du niarleau pour èlri! forgée en barres, l'ar telle opération inl'.imédiaire, le 1er acquiert plus de pureté et de résistance.

(•) Ce point me paraît douteux ; il aura sulïï de faire à ces ouvriers des offres brillantes pour les engager à partir.

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passages qui me paraissaient de nature à intéresser le lec- teur {*).

J'avais en mains l'épreuve des lignes qui précèdent, lorsque M. Ouverleaux, sous-chef de section h la Bibliothèque royale de Bruxelles, me communiqua plusieurs lettres écrites en 1869 par M. Herman Odelberg, de Stockholm, et contenant sur les Wallons en Scandinavie quelques détails curieux que je m'em- presse de noter ici.

Un écrivain distingué, Fernow , prétend que, déjà à la fin du XVP siècle, une colonie liégeoise alla s'établir en Suède. De son côté, Buren émet l'avis que les deux premières immigra- tions de forgerons et de mineurs eurent lieu en 1600 et 1607, sous la conduite d'un français nommé Chénon; ses compagnons auraient été des Français, des Wallons, des Flamands ou des Allemands. Une troisième hypothèse, appuyée sur des argu- ments plus soUdes, et présentée par l'historien suédois Berg, consiste h voir dans Louis De Geer le seul véritable introduc- teur des Wallons dans son pays. A défaut de documents précis (-), on ne peut arriver que par induction ù la solution de cette question. Il est certain que la méthode de travailler le

(*) Ces citations seront suivies de cette indication : Noi. hist., avec la page.

(') M. Odelberg a consulté en vain à ce sujet : 1" les archives du royaume, qui ne contiennent à peu près que des actes politiques ; celles de la Cour des comptes; elles prouvent qu'au XYII^ siècle la statistique en Suèile était parvenue à un degré étonnant de perfection ; malheureusement, à la fin de ce même siècle, un incendie détruisit un grand nombre de registres aux vérifications des comptes des provinces, surtout pour les années 1642 et IG43 ; ce qui en reste, a été abîmé par l'eau, et est fort difficile à déchifirer; il n'y a guère que les listes des habitants des paroisses, des années 1654 et IGoo, qui puissent être utilisées; celles du Collège des mines, fondé en 16;^7 ; elles ne fournissent, pour le XYll*-' siècle, aucun renseignement sur les méthodes de fabrication ni sur le personnel des mines, tellement on craignait alors la divulgation du nouveau secret; la réserve que montre De Geer à cet égard dans ses lettres, frise la défiance; 4" les registres des paroisses des districts miniers; un grand nombre furent détruits lorsque les Russes dévastèrent et brûlèrent le nord de la Suède, en 1719; les ouvrages suivants = RiNMAN, Jerne/s liistona (Histoire du fer), Stockholm, ■nH'î; Benjveiks lexicon (Dictionnaire du raineurj, Stockholm, 1789, etc.

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fer inaugurée en Suède par De Geer, différait essentiellement de celle que l'on connaissait et appliquait uniquement dans ces contrées avant l'arrivée de notre compatriole (*). Si donc on ne constate pas, dans l'industrie sidérurgique au pays de Liège, des progrès notables et même une transformation complète au commencement du XVIP siècle, on peut en conclure, avec une grande apparence de raison, que les colons des années 1600 et 1607 ne venaient pas de chez nous. Or, il est certain que le mode de fabrication employé à Liège n'a reçu aucune amélio- ration essentielle à l'époque indiquée, et que les procédés introduits par De Geer en Suède étaient déjà connus et appli- qués dans notre pays vers l'an 1500 (^). On peut donc assurer que les premiers wallons. Liégeois, Namurois (^)et Hutois.qui émigrèrent en Scandinavie, y furent appelés vers l'an 1G18 par notre illustre concitoyen.

Ce point établi, voyons nos travailleurs wallons ù l'œuvre. Chaque forge est desservie par dix ouvriers, divisés en deux groupes de cinq hommes, travaillant tour à tour, et composés

(*) Avant rarrivée de De Geer en Suède, les mines n'y étaient pas nombreuses. Les mines de Dannemora étaient cependant connues au commencement du XY^ siècle, et exploitées par les habitants d'alentour ; Osterby, avec ses forges, l'ut bâti en iJiGS ; Forssmark en 1570 ; Leufsta avant 1600 ; Wessiand en IGliJ ; Ginio en 1616 ; Ullforts en lf);^0 ; Akerby et Hillbole en 1638 par H. Lemmens ; Stroms- berg ( n 164S par Will. Wervier, etc.

(') Voy. M. J. Franquov, Histoire des progrès de la fubrication du fer dans le pays de Liétje ; André Warzél, Exposé historique de l'industrie du fer dans la province de Liège. Ces deux travaux ont été couronnés par li Société d'Emulation de Liège en 1860, et publiés dans ses Mémoires, t. 1, pages 313 et 440. On lit dans le premier de ces ouvrages ce passage de Flachat, Traité de la métallurgie du fer : « Vers 1650, Louis De Geer fit venir des environs de Liège et de Namur un grand nombre d'ouvriers qui apportèrent en Suède de grands perfectionnements dans la forme et la conduite des fourneaux. Leur hauteur fut portée à 8 ou 9 mètres, et le travail du creuset régularisé par la modification de plusieurs de ses parties. » (Ibid., p. 343.)

(", « Au XV1« siècle, le comté de Namur était le centre de la sidérurgie de l'Europe. » (/i)/rf., page 398.) Un namurois, Gabriel de Plume(;ouq,a chanté au XVlc siècle les forges wallonnes en vers latins qui ont été publiés dans les Mémoires couionnés par l'Académie royale des sciences de Bruxelles, 18:22, page 146.

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de deux fondeurs, de deux étireurs et d'un manœuvre. On ne compte que deux fourneaux dans une même forge : celui du fondeur et celui de l'élireur. La première opération consiste à jeter dans le fourneau du fondeur une gueuse ou « tackjern, » lingot de fonte long de 12 à 14 pieds. Ce lingot réduit en une masse fondue de 50 à 60 livres, est manipulé par le garçon fondeur et façonné h l'aide de ringards ; cela s'appelle gôra- sdgen (prononcez: saugeiiue); si la masse ainsi préparée est réussie, elle est dite baslare ; s'il faut la soumettre une seconde fois à l'action du feu, on la nomme rafassà. Le bloc convenablement préparé est livré au fondeur qui, au moyen d'un kamsen ou marteau, la bat sur une plaijue ou enclume nommée klamlidlleii el en fait une loupe. Celle-ci est enruiie jetée dans le fourneau de l'étireur qui, avec son manœuvre ou goujar, la forge eu barre. Après que le maîire fondeur a fait six loupes, et que le maîire étireur a transformé celles-ci en six barres, on recueille les débris de fer qui, pendant la fonte, sont tombés au fond du creuset, et on en forme une septième loL'pe, puis une septième barre. Cela fait, on a fini une tournée, et le premier groupe de cinq hommes va se reposer sur le labbi, tandis que la seconde escouade se rend à son tour au travail. Chaque tournée durait environ 3 à 4 heures (' ).

Tous les termes techniques que l'on vient de lire, et auxquels il faut ajouter : lackslan (prononcez : laqueslmine), partie an- térieure du fourneau ; iiàren, partie postérieure du fourneau ; masvil, poussière soulevée par le vent du soufflel, sont, d'après M. Odelberg, d'origine étrangère. Nous n'avons aucune peine à reconnaître pour wallons ou français les mots gueuse, loupe,

(') Si notre description contient quclqii'crrour scientifique, qu'on veuille bien nous la pardonner, en songeant au but que nous poursuivons. Nous avons cepen- dant làchi d'être exact et consulté a cet ellV't Kar.>TKX, Muniiel de lu uiviallnrijie du fer, liud. île Culuian, Meiz, 18i4, twuie M, p. ;287; MEVtli, liiseu'initeitwcsen in ScliweJeii, p. 296 ; Hartmann, Lclnùucli der Ehciiliïmeiikutnle, Berlin, 1834, tome II, p. 170.

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goujat, tournée, puisqu'ils sont encore aujourd'hui employés chez nous ; dans raffassà et labbi, on peut voir à la rigueur : refais- ça ou repasser, et l'nhri ; mais quant aux autres expressions, les hommes du métier auquel je me suis adressé n'ont pu trouver aucun rapprociiemeiit satisfaisant ( ' ).

Un livre de comptos de l'usine de Leufsia pour les années •1680-1683, que M. le baron L. De Geer a communiqué à M. OdelJjerg, a permis ii celui-ci de remarquer que les ouvriers, dont le salaire était peu élevé, mais invariable, étaient payés en nature. Le propriétaire de la forge tenait un magasin les forgerons avaient le droit d'aller se fournir de blé, de viande, de hareng, de drap, etc., h un prix minime, mais également invariable et proportionné au salaire. Avec ce système, le sort de l'ouvrier assidu était assuré : le maître de l'usine subissait seul les conséquences des variations dans le prix du fer et des denrées. Suivant une méthode introduite par De Geer pour ses colonies, le compte des forgerons était réglé deux fois par an, le 24 juin et le 24 décembre, d'après le nombre de milliers de fer qu'ils avaient fabriqué ; un millier équivalait ii mille livres de Liège ou à 1?)00 livres suédoises. Pour chaque millier de fer qui sortait de la foige, le maître fondeur et le maître étireur recevaient chacun 1 1/-2 écu; le premier garçon étireur 1 1/4, les autres garçons 1, et le manœuvre 1/2 écu (-). Les premiers (îolons avaient exigé une certaine quantité de vin par an ; mais par suite de la difficulté du transport, celte denrée fut rem- placée par un viupeuningar ou denier du vin ; les deux maîtres fondeur et étireur reçurent de ce chef 160 écus par an, les autres ouvriers de 30 à 80 écus, suivant leur âge et leur habileté.

(M Notamment M. Berchem, ingénieur principal des mines à Namur.

(-) La monnaie suédoise a beaucoup varié. En 1681 l'ccu valait un demi ancien riksdaler ; or celui-ci v-ilail, au Wll^ et au XV11I>^ siècle, à peu de chose près un écu de 6 livres de France ; il était un peu plus grand qu'une pièce de o frs. et était en argent pur.

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Le même livre de comptes contient une liste des employés de l'usine l'on trouve une soixantaine de noms d'origine étrangère h la Suède et probablement wallonne. Parmi les cinq maîtres fondeurs, les quatre maîtres étireurs, les dix-sept gar- çons ëtireurs ou fondeurs, les deux apprentis fondeurs et les trois manœuvres, on remarque Jacob Tilleman, Johau Leinoyne, Philip Boivy, Colas Ponslet , Lorens Bonniver , Henrich Mineur, Joliaii Ballieu, Colas Martinelle; on y voit aussi: Hubert Gilles, architecte (ou ingénieur?) de l'usine; deux Johan Hubinet, l'un charron, l'autre maréchal-ferrant ; Marten Masson et Dirick Opholven, charretiers ; Jacob Oudart, Jean Matzon Raffli (ce dernier mot serait bien un sobriquet) et Jacob Mony ou Meunier, charbonniers, un sellier, un faiseur de soufflets, un meunier, deux inspecteurs de la fonderie, un barbier qui professait probablement aussi quelque peu la médecine, car ses appointements montaient h. 600 écus par an; un jardinier et un cocher pour le château , un aubergiste nommé Israël Dalhman ( sans doute un iuif), qui ne paraît pas avoir fait de brillantes affaires. Il n'en était pas de même de Frans Bossarl, le bibliothécaire de la colonie, dont les quelques livres fran- çais semblent avoir en de nombreux lecteurs ; il avait un revenu fixe de 500 écus. Le personnage qui se trouve en tête de la liste, Evert Wynhaegen, touchait 1600 écus par an; c'était probablement le régisseur de la forge. Un prévôt, chargé de maintenir l'ordre parmi les ouvriers, ne recevait que 250 écus. Bartil Sadlin, Arendt de Jonghe et Peter de Masly figurent aussi parmi le personnel de l'établissement, mais sans gages : leur avoir consiste en sommes assez importantes que leur devaient les ouvriers wallons et même les suédois des paroisses voisines; c'étaient peut-être des prêteurs ou banquiers.

En terminant cette espèce de post-scriptum, qu'il me soit permis de remercier M. Ouverleaux de l'obligeance avec laquelle il a mis à ma disposition les notes de son correspon- dant de Stockholm, et d'adresser à M. Odelberg l'expression de

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ma reconnaissance pour m'avoir autorisé à mettre à profit le résultat de ses recherches; elles intéressent aussi bien la Belgique que la Suède, et les études historiques des deux pays y trouveront également leur compte (').

S. BORMANS,

Sec. gén. hon. de Vlnst. arch. liég. Namur, le 15 janvier 1876.

(') J'ai oublié de dire plus haut que l'émigration des forgerons namurois pour la Suède avait pris une telle extension que, sur l'invitation de Philippe IV, le conseil provincial défendit, le 4 mai 1624 , de se laisser embaucher pour ce pays « par aucuns se disant commis, facteurs ou agens de marchands de Suède, lesquels » taschoient d'atircr à eulx et enmener vers ledit pays plusseurs forgerons, leur » sdvançant quelques deniers pour les obliger à les suivre afin d'establir audit » pays le mestier de la feronerie, à nostre grand domaige et intérest, et de nostre •> pays voir au grand péril des âmes desdits forgerons. » Le 11 novembre 1627, le roi, K informé que , ce nonobstant, ledit mal ne cesse, voir s'accroist de plus » en plus, non seulement audit pays de Namur, mais encore en aultres de nostre » obéissance, » réitéra celte défense sous les peines les plus sévères. {Archives de l'Etat à Namur, placards du Cons. prov. 1602-1629, fol. 239.)

LOUIS DE GEER

ET

LA COLONIE f ALLOME EN SUEDE , AU ÏW SIECLE.

Ce ne furent pas seulement de brillantes victoires et des conquêtes passagères qui fixèrent, r.u dix-srptième siècle, les regards de l'Europe sur la Suède; la richesse de ce pays en gîtes métallifères, en forêts immenses, en cours d'eau dont la force motrice pouvait être f^icilement utilisée; d'antre part, l'excellente qualité de son fer, peut-être le meilleur du monde : tout cela contribuait aussi h attirer sur cette partie de la Scan- dinavie l'attention des industriels. Mais il manquait h In Suède, pour riGettre à profit ces trésors, de grands capitaux , de bonnes méthodes d'exploitation et des ouvriers habiles. Pour les obtenir, il fallut s'adresser au dehors; alors eut linu un mouvement considérable d'émigration des provinces néerlan- daises vers le Nord. Parmi les étrangers qui vinrent à celle occasion s'établir dans notre patrie, le liégeois Louis de Geer (* ) occupe le premier rang.

Son père, également nommé Louis de Geer, était seigneur de Gaillardmonl('^) ; une ancienne tradition le rattachait:! l'illustre famille brabançonne des barons de Hamal et de Drialmont ('■). Ayant embrassé la réforme de Calvin (*), il fut obligé de quitter le pays de Liège, la religion catholique était seule tolérée, vendit en secret ses propriétés et alla setablir avec sa

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femme, ses deux fils et ses six filles à Amsterdam ; on rapporte que les dix fugitifs quittèrent le sol liégeois cachés dans un bateau chargé de tourbe ('). De Geer, renonçant 5 sa qualité de gentilhomme, érigea une banque 5 Amsterdam et se créa en peu de temps une immense fortune. Il mourut en l'an 1602.

Son fils Louis, qui fait l'objet de cette notice, était à Liège le 17 novembre 1587. Après avoir passé quelques années à Rouen pour apprendre le commerce, il revint h Amsterdam se mettre à la tête de l'entreprise que son père avait fondée, et épousa, en 1612, Adrienne Gérard, appartenant comme lui à une famille liégeoise émigrée C).

Le 28 janvier 1613, le roi de Suède, Gustave-Adolphe, fut obligé de conclure avec le roi doDanemaick une paix onéreuse: il rachetait au prix d'un million de rixdales d'argent, somme éi!orme pour l'époque ('), la forleressc d'Elfsborg, seul port que possédât la Suède, au coinmencemenl du XVII'- siècle, sur la mer du Nord. Pour s'acquitler, il fallut avoir recours h l'emprunt, et en 1616 Gustave-Adolphe s'adressa pour la première fois aux Hollandais.

C'est alors que, pour la première fois aussi, le nom de Louis De Geer fut connu en Suède. Les grandes opérations financières auxquelles se livrait le riche marchand avaient attiré sur lui l'attention du roi. Par la inènie occasion. De Geer fut mis en relation avec ses compatriotes, les frères De Besche, qui s'élaient établis en Suède depuis le commencement du XV!!» siècle (^), et apprit à connaître les richesses minérales et forestières de ce pays. Aussitôt il songe h en tirer parti et charge un des frères De Besche, « Welam Giljusson, » comme on l'appelait en Suède, de solliciler en son non^ de la Couronne, la reprise ii bail du fief de Finsi)ong, en Ostrogoihie. Gustave-Adolphe lui octroya sa demande. Par lettres patentes datées de Stockholm le 20 juillet 1618 ("),le roi déclare qu'il lui a semblé bon d'affer- mer à son féal Welam Giljusson , pour un terme de six années

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et moyennant une rente annuelle de 5675 "/,56 rixdales, la terre de Finspoiuja, avec l'usine et le flef y annexés.

De Geer confia l'exploitation de cette usine à maître Welam, qui fut pendant de longues années son « facteur » ou adminis- trateur en Suède.

Une fois mis en rapport avec le financier d'Amsterdam, Gustave-Adolphe et son chancelier, Axel Oxenstjerna, le char- gent coup sur coup des affaires les plus importantes. De Geer devient successivement le munitionnaire de la Cour, l'agent du Gouvernement pour le commerce du cuivre, le commissaire général pour les fournitures de la marine et des armées, le banquier de l'Etal pour les besoins de la guerre.

Tels furent les débuts de De Geer en Suède comme industriel. Nous le verrons plus tard, sous la minorité de la reine Chris- tine, se mouvoir dans une sphère plus élevée : gentilhomme suédois, il devient diplomate et homme de guerre, et rend h sa nouvelle patrie les services les plus signalés dans le conflit qui surgit entre la Suède et le Danemarck pendant les années 1643-1645. Ce que nous avons h constater pour le moment, c'est le génie entreprenant de cet étranger qui sut se mettre h la tête du mouvement industriel d'une grande nation, et fut le véritable créateur des relations commerciales de la Suède avec les autres peuples. Sons ce rapport, aucun nom ne peut être mis en parallèle avec celui de l'ancien patricien de Liège parmi les Suédois du XVIP siècle.

Devenu le véritable entrepreneur de l'exploitation de Fins- pong,De Geer conçut le plan d'une vaste entreprise industrielle ayant le fer pour o!)jet. Il avait, pour réussir, ce qui précisé- ment manquait alors à la Suède , à savoir de grands capitaux. Il n'hésita pas à les employer, et fit construire à Finspong des hauis-fourneaux, un marteau à acier, une fonderie de canons, des forges pour les barres ('°). Il introduisit aussi chez les habitants de l'Ostrogolhie la méthode liégeoise de fabriquer 1< -. clous et les fers de cheval CM- D'abord, les paysans considérèr-iU

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le Iravail régulier et assidu comme une sorte d'esclavage; mais ayant pu constater que cette sujétion leur offrait des ressources précieuses, notamment pendant les années de disette, ils finirent par s'y soumettre.

La difficulté pour De Besche et pour De Geer consistait dans l'application, au travail du fer, des méthodes nouvelles, alors qu'ils n'avaient pas sous la main des ouvriers qui les connus- sent. C'était un usage en Suède, lorsque la nécessité de relever l'industrie du fer se faisait sentir, d'appeler des ouvriers du dehors. C'est ce qu'avait fait Charles IX, le père de Gustave- Adolphe, lorsqu'il établit dans la province de Wermland et en Dalécarlie deux petites colonies françaises, hollandaises ou allemandes. Dans le cas présent, il fallait avoir recours à des ouvriers rompus à l'industrie minière du pays de Liège et des Ardennes.Il est probable que l'émigration wallonne commença à se diriger, dès l'année 1618, vers Finspong et ses environs, et qu'elle ne ce.-^sa de si^ porter à cet endroit jusqu'au moment des lettres patentes du Roi, datées de 1627 ('^), réglant la colonisation, vinrent constater un fait accompli. Par ces lettres, Gusiave-Adolphe atteste que « Louis de Gt^er, son fidèle sujet, et Guillaume Giljusson (*'M, sur sa gracieuse demande, ont, à leurs frais, appelé en Suède des ouvriers étrangers, experts en toute espèce de travaux, pour y gagner leur vie par l'industrie du fer, et qu'ils ont l'intention d'en introduire d'autres encore dès que la mer sera libre de glaces. Il ordonne que ces artisans restent au service de leurs maîtres sous peine d'exil, et défend à qui que ce soit, sous peine d'une amende de ceiitrixdales, de faire aucune tentative pour les engager dans une autre entre- prise ('*).»Tel est le fait dans lequel on doit chercher la cause de l'existence des noms français ou wallons qui abondent encore aujourd'hui à Finspong et dans le voisinage; et, quoique souvent défigurés en passant par la bouche des anciens habitants du sol, en subissant les vicissitudes d'une orthographe vicieuse et même quelquefois d'une sotte traduction, leur origine ne saurait

être mé'îonnue. Nous aurons encore l'occasion de revenir sur ce point.

CependaiU, maître Welnm ne perdait pas son temps h Fins- po!)g; on l'y voit au contraire déployer une grande activité et, dès l'année 1619, il peut expédier îi Amsterdam un navire chargé de for en barres, de tôles, de fil de laiton, de planches, de bois de chauffage et de froment. Ce navire était parii du port de Norrkoeping, situé sur un golfe profond de la Baltique, et par cela même très propre à devenir le point d'embarquement des produits de Finspong. A partir de ce moment, la pelile ville de Norrkoeping commença à prospérer; sa population monta en peu de temps à 5000 âmes, chiffre très-considérable pour une ville suédoise au XVIP siècle. En 1620, le roi lui accorda, par l'intervention de De Geer , de nouveaux privilèges ('").

Gustave-Adolphe désirait vivement attirer Louis de Geer en Suède; il l'invita à différentes reprises h venir s'y établir et lâcha de l'y engager en lui accordant des faveurs. Mais les désirs du monarque ne sufhsaicnt pas pour décider le riche banquier à adopter une nouvelle patrie ; il fallait que ses inté- rêts particuliers le lui permissent et même l'y obligeassent. C'est ce qui ne tarda pas h arriver (**').

C'est en 1628 que De Gser vit la Suède pour la première fois. Dans une lettre écrite en hollandais, le 10 juin de celte année, à Axel Oxenstjerna, il remercie l'illustre chancelier pour les offres magnifiques qu'il lui fait par sa dépêche du 23 mai (qui malheureusement ne nous est pas connue) et promet de lui faire une visite avec sa femme lorsqu'elle sera relevée de ses couches C).l\ écrivait cette lettrede Stockholm; mais ce ne sera pas dans cette ville qu'il établira sa résidence ; il s'instal- lera à Norrkoeping, qui lui devait le commencement de sa grandeur industrielle (").

Dix jours après, il informe le chancelier, par une nouvallo lettre datée de «NorthCopingh,» qu'il s'occupe de la factorerie

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érigée en cette ville, du fendage du fer, de la fabrication du laiton, des aiguilles, des poulies, des gants, des cordes, etc., et qu'il emploie ii tous ces travaux deux à trois cents ouvriers, la plupart wallons ('^). Il fonda encore en cet endroit plusieurs autres établissements, et bientôt les métiers et les manufactures y prirent un accroissement tel qu'il frappa d'étonnement un français distingué qui visita alors cette contrée ( '^). Toutefois l'activité de De Geer n'est pas entièrement absorbée par Norr- koeping ; Finspong réclame, au moins au même degré, les soins de son industrie.

Entre les trois provinces d'Oslrogoihie, de Sudermannie et de Néiicie, se trouve une contrée moniagneuse, couverte de vastes forêts de pins et de sapins, et traversée en tous sens par des cours d'eau qui se changent souvent en torrents; il est limité h. l'Est par le grand lacGIan, et au Sud par un autre grand hic nommé Roxen : c'est le district minier connu sous le nom de Finsponga-laen (lellef de Finspong). L'usine est située sur le torrent appelé Finspong.i-stroem, qui, navigable jusqu'à l'exploitation, se trouve non loin de \h en commui:ic;ition avec le lac Gl.m, par le(iuel on arrive à peu prèsà Norrkoeping.Dans les environs s'ouvre une romantique vallée, croît une végé- tation luxuriante; la richesse do la verdure, rininiensiié des bois, l'aspect varié des monlagnes, le ruisseau laniôL paisible et tantôt rapide, olfrent sans cesse aux regards charmés des spectacles grandioses ou riants; et les W;illons qui vinrent s'établir dans ces localités au XVII" siècle, reti'ouvèrent sans doute avec bonlieur, dans ces paysages si semblables à ceux des Ardennes, un souvenir lointain de leur pati'ie.

L'organisation de l'usine de Finspong attira en cet endroit de nouvelles colonies liégeoises, dans lesquelles on comptait sur- tout des fondeurs etdes forgerons; aussi Finspong ne larda-l-il pas ù devenir le centre de la grande indus'.rie du 11 r que Louis De Geer avait rêvée pour la gloire de la Suède. Les ouviiers du pays, laissant de côté leurs méthodes primitives pour adopter

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les nouvelles, s'habituèrent peu à peu à couler des gueuses, et recueillirent ainsi le triple avantage de produire du fer d'une qualité supérieure, en quantité plus grande et en moins de temps qu'auparavant (-°).

Pendant les trois premières années de sa résidence en Suède, De Geer déploya une activité incroyable. Non content d'être industriel, il se fait munitionnaire; il prend à sa charge les factoreries qui doivent fournir au roi les armes de guerre, en même temps qu'il entreprend, à ses risques et périls, tout le commerce de fer du royaume, commerce considéré jusqu'alors comme un droit réservé à la couronne.

Pour atteindre d'une façon complète le but auquel il visait, De Geer aurait pouvoir disposer librement des usines et des mines de Dannemora, des exploitations d'Oesterby, de Leufsta, etc., qui fournissaient le meilleur minerai de la Suède, et que Giljusson avait affermées, en son nom propre et au nom de De Geer, dès l'année 1626 ('-'). Mais le moment n'était pas propice. De Geer retourna en Hollande en 1631. La prudence lui con- seillait sans doute d'ajourner quelque temps encore son établis- sement définitif et le placement de tous ses capitaux en Suède; peut-être avait-il remarqué de la part du roi quelque refroidis- sement à son égard. Il est certain, en effet, qu'en 1632 Gustave- Adolphe manifesta de l'irritation contre les deux Néerlandais qui, selon lui, avaient profilé trop largement dvs embarras se trouvait alors son gouvernement. N'ayant pas rencontré dans le grand fournisseur de l'armée un désintéressement aussi absolu qu'il l'eiàt désiré, ii déclara ne plus vouloir de ses four- nitures, refusa de s'endetter davantage vis-à-vis de lui, et prélendit rentrer en pleine possession des llels de la Couronne pour en percevoir directement les profits (--).

Gustave-Adolphe se trouvait à la tête de son armée victorieuse dans le Sud de rAllemague lorsqu'il exigea le compte des fermages de Louis De Geer; il lui ordonnait de s'expliquer en même temps sur les produits d'une cargaison de cuivre qui lui

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avait été expédiée k l'effet de payer aux Etats-Généraux les inté- rêts d'une somme que ceux-ci avaient avancée au roi, intérêts qui n'avaient plus été servis depuis trois ans etque les Etats-Géné- raux réclamaient. De Geer se rendit au camp royal, à Kitzingen près de Wûrtzbourg, et chercha à se disculper ; il est probable qu'il n'y réussit pas entièrement ; ses excuses, en effet, se trou- vaient en désaccord avec les rapports qu'envoyait le comte palatin Jean-Casimir, beau-frère du roi, resté en Suède pendant la guerre pour surveiller les finances du Royaume. Mais, trois mois après, Gustave-Adolphe tombait sur le champ de bataille de Lutzen (6 novembre 1632), et les accusations dirigées contre De Geer n'eurent pas de suite.

Il est encore une autre inculpation que nous ne pouvons passer sous silence. Le gouvernement suédois avait envoyé en Hollande un nommé Erik Larsson avec un chargement de cuivre dont la vente fut, comme à l'ordinaire, confiée à De Geer ("). Mais un marchand hollandais du nom de Tripp, parent de De Geer et créancier de la couronne de Suède, fit saisir la cargaison pour obtenir le payement de ce qui lui était dû. Grande fut l'indignation des Suédois, qui soupçonnèrent De Geer et Eiik Larsson d'avoir prêté les mains à cette saisie. Ce qui donne quelque fondement à ce soupçon, c'est que deux ans jiprès, le bruit parvint à la Chambre des comptes que De Geer avait avoué un bénéfice particulier sur cette opération (").

Au commencement de l'année 163^, une correspondance très-vive est échangée entre le grand chancelier et De Geer. Celui-ci avise Oxenstjerna qu'il vient de faire une nouvelle livraison d'armes et de munitions de guerre; il en demande le payement, en faisant remarquer que le cuivre, avec lequel le gouvernement avait l'habitude de payer ses fournitures, avait subi une baisse considérable, ce que, du reste, il ne manque pas de répéter à chaque occasion. Il repousse dans cette même lettre l'accusation dont il avait déjà plusieurs fois été victime, qu'il aurait, dans son intérêt privé, retardé les payements dont

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on l'avait chargé; il nie avoir accaparé, comme on l'en soup- çonnait sans doute, les subsides accordés îi la Suède par les Elais-Géiiéraux, et affirme qu'il est le fidèle et affecàonné servi- teur du roi C*^).

Nous ne voulons ni soutenir ni réfuter ces accusaiions, au sujet desquelles il serait du reste, selon nous, très-difficile, sinon impossible, d'ésablir la vérité. Au lieu de nous ranger soit du côté de ses panégyristes, soit de celui de ses détracteurs, nous ferons simplement remarquer que Louis De Geer était un marchand et qu'il irailail ^es affaires avec la rigueur que doit y apporter un véiiiable marchand : c'est un des côtés de son caracièie. Ce qui ne rempêclie pas de donner en mainte occa- sion les preuves les plus convaincanles d'un ardent et sincère patriotisme (-^). Et lorsque les Suédois virent cet étranger, leur concitoyen de la veille, ri.-qucr dans leur intérêt son immense fortune et metlie sa vie en péril, la voix de l'envie n'osa plus se faire entendre.

Louis De Geer resta en Hollande au moins depuis le mois d'octobre iG3:2 jusqu'en 4635. Les affiiires qui l'y retenaient ne lui faisaient pus peidrede vue les établissements qu';l laissait derrière lui. Celait toujours lui, du reste, qui pourvoyait d'armes et de munitions l'armée suédoise en Allemagne (-'). Dans une lettre écrite d'Amsterdam en 1635, il l'ail savoir au chance- lier Oxenstjerna qu'il a, à Norrkoeping, un entrepôt contenant les équipements nécessaires pour armer i!2,000 hommes {-**). On peut juger par ce fait de l'impulsion qu'il avait imprimée aux manufacture^ de cette ville.

De Geer dut enfin retourner en Suède, l'appelaient des règlements de compte avec la Couronne; celle-ci, dans les em- barras financiers que lui causait la guerre, n'était pas piécisé- ment un |)aycur ponctuel. Le '1!2 mai 1636 fut conclu, à Stock- holm, iMitre le riche munitionnairc et le gouvernement de la minorité de Christine, un contrat « sur diverses choses; » la dette du royaume envers De Geer, reconnue par Gustave-Adolphe

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le 6 juin 1630, y est portée à 129,155 rixdales. Cette somme lui fut immédiatement versée. Mais, dans une lettre écrite ce jour même par De Geer au chancelier, qui était encore en Allemagne, après avoir dit que les comptes avaient été exa- minés et approuvés par Messieurs de la Chambre et du Sénat, et qu'il était payé, il réclame encore de l'Etat 90,000 rixd. pour diverses fournitures à livrer ("). Suivant nous, il avait mauvaise grâce de se plaindre ; il fait, il est vrai, de nouvelles avances pour 48,124 rixdales, et s'engage à fournir des armes et des munitions : mais n'était-il pas amplement dédommagé de ces frais par l'exemption de douane qu'on lui avait accordée sur ses marchandises exportées par Nykoeping, Norrkoeping, Arboga, Oeregrund et Gothembourg? D'ailleurs un intérêt de huit pour cent lui était garanti, et on prolongeait en sa laveur, pour un nouveau terme de trois ans, tous ses fermages {^°).

Une loi, observée en Suède depuis les temps les plus recules, voulait que le roi « vécût d'Upsala-oed, c'est-à-dire se con- tentât, pour sa liste civile, des domaines de la Couronne, et qu'il pût donner des fiefs h ses hommes. » Le tribut payé par les paysans taillables ne rapportait que de minces revenus ; de même que les deux tiers des dîmes attribués au Roi par la Réforme au seizième siècle, il était absorbé parles besoins ordi- naires de l'Etat. Mais la guerre de Trente-ans amena une révolu- lion complète dans les finances du royaume. Pour se procurer l'argent qu'absorbait la guerre, il fallait emprunter et quelque- fois engager les propriétés domaniales; on dût même finir par vendre quelques-unes de ces terres, ce qui était contraire, sinon à la lettre, du moins à l'esprit de la constitution. Inau- gurés, mais avec réserve, par Gustave- Adolphe, ces procédés illégaux furent consacrés pendant la Régence, qui décréta à la Diète de 1638, la continuation de ces ventes("*). Cet expédient, pris d'urgence par le Gouvernement sans l'intervention des Etats, avait besoin de la sanction du roi h sa majorité, et l'on comptait sur les temps de paix pour réparer les dommages

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qu'il devait entraîner. Toutefois le droit d'acheter ces terres n'était déféré qu'aux nobles; les roturiers devaient se contenter des domaines engagés.

En 1639 le gouvernement examina à Oerebro les contrats de 1636, et les prolongea encore pour un terme de trois ans ; en même temps les comptes furent réglés de part et d'autre.

Cependant De Geer voyant les grands seigneurs acheter des terres domaniales . fut pris de l'envie de devenir, lui aussi , grand propriétaire suédois, et aspira à posséder réellement ces établissements magnifiques créés ou agrandis par ses soins, et qu'il administrait depuis tant d'années comme simple con- cessionnaire. Mais Louis, ou plutôt son père, avait renoncé à ses litres de noblesse, qui, du reste, ne l'aurait pas fait accueillir parmi l'aristocratie suédoise. Il demanda en consé- quence Il être annobli, ce qui lui fut accordé le 4 août 1641, « non sans cause, » comme le proclame la devise de sa famille.

Les services rendus par De Geer à la Suède , tel est le motif allégué dans le diplôme qui lui fut octroyé à cette occasion : il avait, y était-il dit, introduit dans le pays l'art de londre les grandes pièces de fer, de forger en barre le fer fin, de fabriquer des armes de toute espèce ; établi h ses frais, en divers endroits, de coûteuses usines de laiton et des manu- factures; appelé dans ce pays un grand nombre d'artisans habiles, et enseigné aux indigènes des méthodes nouvelles. Certes il ne serait pas difficile d'allonger de beaucoup cette liste de litres réels à la reconnaissance royale (^^).

Devenu gentilhomme suédois, De Geer aurait voulu reprendre pour armoiries les trois fleurs de lys qui avaient, dit-on , été octroyées à ses ancêtres par un roi de France; mais la noblesse suédoise s'y opposa, refusant d'admettre une distinction d'ori- gine étrangère, et il dut attendre que la reine, devenue majeure, lui accordât sa demande.

Rien ne s'opposait plus à ce que De Geer devînt propriétaire loiicier ; le 11 septembre 1641,1e gouvernement , invoquant

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l'exemple dooné par le (eu loi , lui vendit ]iOLir la somme de 50,557 rixdales, 38 ocres et 6 -/s de pl'eniiigs, plusieurs usines et métairies dans le Finsponga-lsen, dans les paroisses de Dannemora, de Film , de Leufsta et de Hollnaes, dans le terri- toire d'Oland, dans la province d'Upland et dans la paroisse de Sundbo en Néricie, propriétés qui, réunies, rapportaient annuellement à l'État 3,412 ihalers d'argent. L'acte de vente portait que la reine ratifierait ce contrat dès qu'elle aurait atteint sa majorité ; cette clause semblait diminuer la validité du droit de l'acheteur {'^'').

De Geer n'en continua pas moins ii atlérmer, en 1642, toutes les terres non achetées qu'il tenait précédemment de l'État , ou bien il les conserva pour servir d'hypothèques y une somme de 20,000 rixdales avancés pour l'entretien de l'armée et à quelques autres arriérés. Ce contrat devait durer depuis la St-Jean (24 juin) 1642 jusqu'à la majorité de la reine, et on accordait au fermier le droit de se rembourser lui-même sur le montant des fermages.

Mais il ne tarda pas à devenir également propriétaire de ces domaines. Le 20 décembre 1643 il achète les métairies de la Couronne situées dans les paroisses de Hoekhufvud (territoire de Froesaker, préfecture de Stockholm), deSkefthammar, d'Ekeby, d'Adelunda, de Morkarla,de Film, de Tegeismora etdeLeufsta, (du territoire d'Oland, préfecture de Stockiiolm), de même que les usines d'Oesterby, de Leufsta , de Gimo et de Stensbo, avec leurs haut-fourneaux et leurs forges, excepté les mines de Dannemora, « qui, disent les lettres royaux, sont réservées à jamais à nous et à la Couronne par les présentes. » De Geer paya pour ces propriétés , qui rapportaient à l'État une l'ente annuelle de 3,506 thalors , la somme de 56,951 rixdales, 47 oeres et 13 '/^ (ou 30 '/j) pfennigs; les conditions étaient les mêmes que celles stipulées pour l'achat de ses terres dans rOstrogothie. Le même jour il augmentait celles-ci en achetant le district des mines de Godegard, la métairie de Grislorp et

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d'autres biens, pour une somme de 10,704 rixdales. Ces deux achats s'effectuèrent îiu moyen de décomptes faits sur les créances de Louis De Geer (•'*). Entln, celte année encore, il obtint en bail de la Couronne l'usine de Forsmarck et les terri- toires de Froesaker et de Naerdinghundra , dans la province d'Upland, qui devinrent des annexes des Dannemoraverken.

Mais il est temps de laisser l'industriel et le propriétaire, pour nous occuper de l'homme de guerre et du diplomate.

Nous sommes en pleine guerre de Trente-ans. Les armées suédoises, sous le commandement du grand Tortensson, se trouvent au centre de la Moravie, les yeux fixés sur Vienne; elles espéraient s'emparer bientôt de cette capitale, lorsque les Danois, par leurs armements, excitèrent en Suède les plus vives inquiétudes.

C'était à la fin de l'année 1643. On mit en délibération dans le Sénat la question de savoir s'il était opportun de révéler aux Etats-Généraux de Hollande les plans belliqueux des Danois. L'opinion du chancelier était que Ton ne devait pas attendre de celte communication un résultat bien satisfaisant tant que les intérêts de la Hollande seraient saufs. Suivant De Geer, on ne pouvait espérer un secours efficace de la part de cette puis- sance ; mais il pensait qu'en s'adressant aux particuliers on les trouverait beaucoup plus disposés à accorder aux Suédois qu'aux Danois la liberté de noliser des navires (").

Le Sénat, qui s'attendait à voir dans deux mois le roi de Danemarck attaquer la Suède, envoya De Geer dans les Pays- Bas, avec mission d'affréter quelques navires pour l'exécu- tion d'un « projet urgent «, et d'enrôler dans ce pays un ou deux régiments, qu'il devait tenir prêts à l'embouchure du Weser. Pour en arriver ù ces fins, il devait s'entendre avec les commissaires Suédois assemblés au Congrès de Westphalie ; ceux-ci étaient, de leur côté, invités à lui prêter aide et secours. Pour le cas il ne réussirait pas dans la levée des soldats, ordre était donné de lui confier une troupe finnoise de l'ar-

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mée Suédoise en Allemagne. Toutes ces négociations devaient être conduites avec le plus grand secret. (''^) De Geer, ou, comme on le qualifiait alors, a le commissaire royal, m était en outre chargé d'une mission toute diplomatique : il devait présenter aux Etats-Généraux des lettres du Sénat de Suède, réclamant le secours qu'ils étaient tenus de lui envoyer « vi fœderis. « (")

Muni de ces pouvoirs, De Geer vole à Amsterdam, il arrive dans le mois de décembre 1643. Mais les Etats-Généraux ne peuvent se résoudre i\ prendre une décision ; ils délibéraient encore au mois de mars de l'année suivante. Alors le commis- saire s'adressa aux particuliers, et réussit en peu de temps à équiper douze vaisseaux de ligne, bon nombre de frégates et d'autres navires, faisant un total de 32 bâtiments. Dans les pre- miers jours du mois de mai, cette flottille fit voile vers le Nord : « Je suis un marchand converti en homme de guerre «, écri- vait De Geer à un de ses amis en Suède {^^).

Mais il ne suffisait pas d'être parvenu à réunir ces navires : il fallait les payer. Or le nerf de la guerre faisait en ce moment complètement défaut au Gouvernement Suédois. Cette circons- tance occasionna au commissaire de vives inquiétudes. Dès le mois de mai, il écrivait au chancelier lettre sur lettre, faisant remarquer que ses avances pour l'équipement de la flotte montent à 200,000 rixdales, qu'il faut solder les mariniers, que c'est par ordre de Son Excellence qu'il a entrepris cette affaire, et qu'il compte sur son influence pour hâter la solution auprès du Gouvernement. Au mois d'août, il adresse d'Amsterdam ses plaintes à Oxensljerna, et au mois de septembre, de Gothem- bourg : « il ne peut attendre davantage ; sa créance monte à 200,000 rixdales, et il n'en a retenu que 50,000 sur les subsides de la France » ("").

Sur ces entrefaites, Tortensson, après l'invasion du Holstein en 1643, après l'occupation du Schleswig et du Julland, tra- verse les Beltes sur la flotte de De Geer pour s'emparer des îles Danoises. C'était ih le « projet urgent » du Gouvernement Suc-

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dois. Mais cette flotte fut battue sur la côte occidentale du Schleswig par le roi Christiern IV et forcée de se réfugier en Hollande. les équipages se mutinèrent et causèrent à DeGeer, dépourvu d'argent, les plus cruels embarras. Il réussit néan- moins à armer une seconde flottille de 22 voiles, qui se dirigea le l" juillet vers le Nord, sous les ordres du brave Thiessen; mais retardée par des vents contraires, elle n'arriva pas h Gothembourg avant le mois d'août. Thiessen débloqua ce port, réusssit à traverser le Sund malgré l'opposition des Danois, lit une courte apparition dans le Kielerfjord, et arriva à Calmar. Laissant sa flotte, l'amiral se rendit à Stockholm. Son arrivée inattendue rendit la confiance au Gouvernement abattu pnr la défaite de la première tlotte, par le départ de Torlensson pour l'Allemagne, et par l'arrivée d'une armée autrichienne dans le Holstein,

Ordre fut donné à Wrangel de faire tenir la mer à la grande flotte ; Thiessen i*°) se joignit à elle et prit une part glorieuse à la victoire remportée le 13 octobre 1644 par les Suédois, sous Lolland, près de l'île d'Oeland, victoire qui décida l'année sui- vante la conclusion de la paix de Broemsebro si avantageuse pour la Suède. De Geer ayant été consulté pendant les négo- ciations qui la précédèrent, conseilla vivement la paix; il fallait, disait-il, la conclure avant de tenter aucune nouvelle entreprise, afin d'éviter l'intervention d'autres puissances, ce qui rendrait l'accord plus difficile ('" ).

Louis De Geer venait de rendre à sa nouvelle patrie un service immense. On ne peut nier, en eff"et, que sa courageuse et prudente persévérance, que l'emploi généreux de ses richesses et de son crédit, n'aient contribué pour une très- grande part aux heureux résultats de celte guerre (*-).

Le commissaire royal était évidemment en droit de réchimer le remboursement des avances énormes qu'il avait faites pour affréter les navires et payer la solde de leurs équipages. Des n'criminalions amères se sont élevées contre le gouvernement

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Suédois parce qu'il n'avait pas acquitté cette dette, et l'on répète sans cesse qu'il n'a payé que 50,000 rixdales sur les deux mil- lions qui lui étaient réclamés. Il est à regretter qu'il n'existe pas une comptabilité en règle de ces opérations ; toutefois, les recherches faites dans les archives permettent de démontrer la fausseté de cette assertion et l'inexactitude de plusieurs autres (^^).

La Reine n'ayant pu donner son approbation à un compte de deux millions de rixdales réclamé par son gouvernement. De Geer donna à entendre qu'il se contenterait d'un million; mais cette somme même fut refusée. Dans un extrait de la comptabi- lité du commissaire, insérée quarante ans après parmi les actes du Collège de réduction, on parle d'un compte pournoli- sation et entretien de la flotte hollandaise pendant l'année 1644, montant à 489,101 rixdales et 13 oeres, avec la mention que « celte somme ne portera pas d'intérêt parce'qu'elle a été payée comptant. » Voilà évidemment un compte accepté et payé par le gouvernement ("**). Rappelons-nous, d'autre part, qu'au mois de septembre précédent. De Geer avait déclaré que ses dépenses pour la flotte montaient à 200,000 rixdales. Après la victoire du 13 octobre sous Lolland, les navires retournèrent en Hollande sans avoir essuyé des pertes considérables, et nous pensons que 289,101 rixdales durent suffire pour le service d'nn mois environ. On ne peut admettre que la somme deman- dée en septembre se soit, à la fin de l'année, élevée à un chiffre sept fois plus grand (*").

Dans une lettre écrite par D3 Geer, de Hollande, le 10 jan- vier 1643, au chancelier, il dit qu'il a entendu parler d'un niécontenlement au sujet des frais de la flotte, et du soupçon qui planerait sur lui d'avoir cherché son jjropre profit dans cotte affaire. Il proleste avec énergie contre celte calomnie, et prend Dieu à témoin de son désintéressement. «Son Excellence, (lit-il, sait mieux que personne combien elle a eu de peine à le persuader de se lancer dans cette entreprise. Si les dépenses

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sont grandes, il ne faut pas oublier que l'expédition a duré huit à neuf mois. Il ne fait pas entrer en ligne de compte les dangers personnels auxquels il a été exposé ni les embarras inouïs dans lesquels l'a plongé la mutinerie des équipages. Ce n'est pas seulement sa fortune qu'il a risqué, mais encore son honneur. Son crédit était engagé au point qu'il n'a pu le sauver qu'au prix des plus grands sacrifices. Il supplie Oxenstjerna de ne pas l'abandonner dans cette circonstance. Pour sortir de ce labyrinthe et en finir avec ces difficultés, il a formé un projet de transaction plus préjudiciable qu'avanta- geux pour les siens, qu'il soumettra au bon plaisir de Sa Majesté (^^). »

Quel était ce projet d'arrangement? Il n'est pas douteux pour nous que ce ne fût celui qui aboutit au règlement de compte fixant la dette delà Couronne à 489,101 rixdales, 13 oeres; ce compte doit avoir été présenté au gouvernement entre le 10 et le 21 janvier de l'année 1645, car, à cette dernière date, on assigna à Louis De Geer,sur les revenus de la douane, 300,000 rixdales à toucher dans le courant des trois années sui- vantes (*"). Se trouvant sur le point d'entreprendre son expé- dition contre le Danemarck, les sénateurs suédois, frustes des subsides hollandais qu'ils espéraient, avaient, sous leur propre responsabilité, promis au commissaire royal, pour l'équipement de la flotte, une subvention de 50,000 rixdales, qui lui furent payés, après la guerre, en terres domaniales conquises sur les Danois dans la province de Halland. Une autre somme pareille avait été comptée h De Geer, au moyen des subsides français, le 22 décembre 1644, par Jean Oxenstjerna et Salvius, commis- saires de la Suède au congrès de Westphalie, après différentes réclamations de sa part. Enfin tout le restant de sa créance, montant h 89,101 rixdales, 13 a^res, lui « fut payé ou porté en compte d'une autre manière, » suivant l'expression d'un bio- graphie de De Geer, membre de sa famille. Voici le moyen que l'on employa.

4SS

Lorsque la reine eut atteint sa majorité, elle confirma en 1646 les achats de 1643, de même que le mode de payement, par défalcation, pour deux sommes capitales de S6,951 rixdales, 47 oeres et 30 V., pfennigs, et de 10,704 rixd., 18 oeres et 22 VaPf- Cinq semaines plus lard elle vendit à De Geer, pour 62,459 rixdales et 14 -/:, pfennigs (*^) des terres en Upland ; à la fin de l'année, pour 7,782 rixdales, 39 oeres et 8 ^/g pfennigs, des pro- priétés dans la même province et en Ostrogothie, et l'année suivante, pour 25,325 rixdales, 29 oeres, 10 7, pfennigs, des domaines en Ostrogothie. Le système de défalcation étant stipulé pour ces deux derniers achats, on doit supposer qu'il en fut de même pour le premier, et on peut compter que, par ce moyen. De Geer acheta des domaines pour une somme totale de 100,762 rixdales, peut-être même de 163,221 rixdales. Ces transactions étaient naturellement tout à son avantage, et en- tièrement au détriment du vendeur, c'est-à-dire de l'Etat. En ce sens, il n'est peut-être pas (out-à-fait inexact de dire que le Gouvernement lie remboursa pas k De Geer l'argent qu'il avait avancé pour le service de la Suède pendant la guerre avec le Danemarck; mais le commissaire n'en fut pas moins indem- nisé. C'est également à tort qu'on accuse la Reine d'avoir toujours négligé un si loyal sujet, et nous devons dire que c'est avec une incroyable légèreté que les écrivains ont en général tracé cette page de l'histoire ; ils perdent de vue qu'en présen- tant De Geer comme une victime, ils attaquent témérairement l'honneur et la bonne foi de !a nation suédoise.

Ce qui prouve qu'en fin de compte Louis De Geer n'eut pas trop à se plaindre des procédés du gouvernement, c'est qu'il mit h la disposition de celui-ci ses vaisseaux et leurs équipages pour l'année suivante; mais on trouva ses conditions trop onéreuses et on le remercia ('°). Quelques semaines après la liquidation dont nous venons de parler, ayant à remercier la Reine et le Sénat pour une faveur accordée à son filsl^"), il réitère l'offre de quelques navires pour inquiéter les habi- tants de Gluckstadt et de Krempe.

(oH

Louis De Geer continua k livrer des fournitures à l'Etat et h se faire payer en terres domaniales. Nous nvons enregistré six simulacres d'achats ; il reste k en mentionner deux, mais de moindre importance, faits en l'année 1650 : l'un consiste en métairies situées dans la paroisse de Fellensbro (province de Néricie), acquises pour la somme de 7,841 rixd. ; l'autre ne comprend que quelques terres dans les paroisses Boerstil et Hoekhufvud (province d'Upland), achetées au prix de 661 rixd.; ce furent les derniers (^'). Les huit opérations réunies ne cotjtèrent pas plus de 220,280 rixd. d'argent, ce qui équivaut à 889,120 couronnes de notre monnaie actuelle, on à environ un million 250,000 francs. Acheter k co prix deux domaines comparables par leur étendue à de petits royaumes, certes ce n'était pas trop cher, même pour ce temps-là, et nous pouvons dire, avec Palmblad, que Louis De Geer n'eut pas lieu de regretter son expatriation ni le déplacement de ses capitaux, en les retirant du commerce hollandais pour les verser dans l'in- dustrie du (er suédois. En effet, l'acquisition de Finspong et de Dannemora-verken fut pour lui extrêmement avantageuse, tout en admettant qu'il eut augmenté par son travail la valeur de ces établissements {■'').

Il faut ajouter toutefois que Tunique préoccupation de De Geer, en achetant ces domaines, n'était pas de devenir un grand seigneur : il avait surtout en vue de donner h l'industrie du fer un essor jusque Ik inconnu en Suède et d'augmenter ainsi la prospérité du royaume.

Il est certain que, pour atteindre ce but, il dut encore faire des avances de capitaux énormes, et continuer k appeler dans le pays des ouvriers habiles pour peupler les mines et les ateliers C^''). En ce dernier point, il répondait aux désirs et même aux volontés du gouvernement qui s'intéressait au plus haut degré aux colonisations étrangères. C'est k l'époque des grands achats de terres domaniales par De Geer, c'est-k-diro entre les années 1643 et 1660, que l'on constate l'immigrat'on

la plus considérable d'artisans étrangers en Suède. Ils venaient <c des contrées wallonnes de Liège et de Namur, » accom- j)agné3, dit-on, d'un médecin, d'un pasteur et d'un maître d'école. De Geer les répartit dans ses nombreux établisse- ments.

Le nombre de ces « Wallons » (c'est ainsi qu'on désigne encore aujourd'hui leurs descendants en Suède) émigrés, a être très-considérable ; c'est ce que l'on peut inférer de l'examen des anciens registres des usines, contenant des listes d'ouvriers et d'employés, l'on rencontre plus de trois cents différents noms de famille étrangers, dont quarante au moins pour la seule exploitation de Finspong {^'' ). Le chiff're est plus grand encore pour les possessions de De Geer en Upland, à Oesterby, à Leufsta, àGimo, c'est-à-dire dans les Dannemora- verken ; dans ces endroits on peut relever plus de cent noms de famille.

Nous l'avons déjà dit , le caractère étranger et français de ces noms, qui au XVII" siècle se firent tout-à-coup entendre an fond de la Suède, ne saurait être méconnu, même aujour- d'hui, malgré un certain mélange de hollandais et d'allemand, malgré les traductions du français en suédois, en allemand , môme en latin, malgré l'altération produite par la pronon- ciation des gens du pays, maigre les tortures d'une orthographe vicieuse. Il suffit de jeter les yeux sur la liste alphabétique qui accompagne cette notice pour en être convaincu.

Ce que nous pouvons affirmer, c'est qu'un grand nombre de descendants de ces anciens wallons soni encore actuellement employés dans les min.es et usines ayant appartenu ou appar- tenant toujours à la famille De Geer. D'autre part, on peut croire que la loi sévère édictée par Gustave-Adolphe contre ceux qui quittaient leurs maîtres ne fut pas strictement obser- vée dans la suite : on trouve de nos jours les noms des colons primitifs parmi les ouvriers des mines et usines de Ranaes, de Wattholma et de Soederfors, en Upland, de celles de Gysinge

458

et de Forssbacka en Gestrikland, etc., lesquelles n'ont jamais appartenu aux De Geer.

Par la suite des temps un grand nombre de colons belges, quittèrent l'industrie pour embrasser d'autres carrières ; et c'est ainsi que nous trouvons des noms wallons dans la petite bour- geoisie comme dans le haut commerce, à l'armée comme dans l'église, parmi les artistes comme parmi les savants, dans les Chambres de la représentation nationale comme dans les fonc- tions administratives.

Quant il la population wallonne encore actuellement employée aux mines et usines de Dannemora, voici en quels termes s'exprime à leur sujet un de ses pasteurs C*^) : Ces ouvriers ont en général le teint brun i^"), les yeux foncés, le nez aquilin, les cheveux noirs ; leur langage se caractérise par la franchise et la hardiesse des expressions. Susceittibles, même pour des choses de peu d'importance, ils montrent un esprit droit et sagace. Quoique très-dociles, on leur reproche une certaine rudesse et une opiniâtreté qu'il est difficile de vaincre. Néan- moins, ils surpassent encore, par l'intelligence comme par la douceur de leurs mœurs, les paysans suédois, dont ils se dis- tinguent du reste par leurs noms. Dans leur bouche, la pronon- ciation du langage suédois devient lâche et traînante. Ils n'ont retenu de l'idiome wallon que quelques mois, généralement des termes techniques se rapportant à leur industrie (^'). Dans leurs demeures régnent au plus haut degré l'ordre et la pro- preté, et eux-mêmes, lorsqu'ils ont revêtus leurs habits du dimanche, se font remarquer par une véritable élégance.

Les wallons émigrés professaient la religion réformée; mais leurs enfants embrassèrent, ou plutôt suivirent la confession luthérienne qui était celle de la Suède. Dans le principe, et même assez longtemps après leur établissement en Suède, les wallons ne voulurent se marier qu'entre eux ; mais peu à peu ils se sont relâchés de cette coutume, et les deux races se sont enfin fondues.

4S9

Après avoir donné à l'exploitation du fer en particulier et k l'industrie en général une impulsion dont la Suède récolte encore aujourd'hui les fruits, Louis De Geer s'appliqua, dans les dernières années de sa vie, à étendre les rapports commer- ciaux de sa nouvelle patrie.

On s'était imaginé, à cette époque, que l'on pouvait faire de la Suède non-seulement une grande puissance continentale, mais encore une puissance coloniale importante, et on avait fondé en Amérique, en l'année 163o, une Nouvelle-Suède. La colonie demanda à la mère-patrie, pour la facilité de son com- merce, une compagnie des Lides-occidentales ou une compa- gnie Virginienne, dans lesquelles s'intéressèrent la Couronne et les seigneurs suédois, notamment Louis De Geer (^^). Mais l'existence de cet établissement fut de courte durée.

Il est encore une autre entreprise à laquelle De Geer attacha son nom. Doué de vastes aptitudes, l'importance du commerce avec l'Afrique n'avait pas échappé à son esprit pénétrant, et ce fut à lui que la Suède dut ses relations avec ce continent. De riches cargaisons lui étaient déjà arrivées de la Guinée, lorsque De Geer proposa, en 1648, à la reine, de fonder une compagnie en Afrique. Christine y consentit et signa, l'année suivante, un contrat qui devait durer vingt-quatre ans. En 1650 elle acheta un territoire à un roi nègre, près du cap Corso, y fit bâtir un fort, établit des comptoirs dans le voisinage et acquit des pos- sessions sur la Côte-d'Or. La Suède échangeait du fer contre de l'or et de l'ivoire, et réahsait d'immenses bénéfices (^^). Dirigé par une main aussi habile que ferme, ce commerce promettait d'atteindre le plus haut degré de prospérité, lorsque cette même main vint à lui manquer.

L'intérêt u était pas le seul mobile qui faisait agir cet homme véritablement grand. Tout ce qui pouvait contribuer à la gloire et au bonheur de la patrie, au progrès moral et intellectuel de ses concitoyens, trouvait en lui un généreux et ardent champion. Le gouvernement ayant élaboré une loi sur l'instruction

460

publique, De Geer s'intéressa vivement à ce projet. Nous possédons de lui deux lettres écrites en 1642 à Oxenstjerna, dans lesquelles il conseille d'appeler en Suède le célèbre Come- nius, pédagogue moravien, qui réforma les écoles dans plu- sieurs états de l'Europe, ollrant de supporter tous les frais de son installation. Comenius vint, et d'après ses conseils, on publia une loi qui aujourd'hui encore est considérée comme un chef-d'œuvre pour le temps elle parut, (^"l.

Calviniste comme tous les wallons émigrés en Suède, De Geer procura à ses compatriotes les moyens de remplir leurs devoirs religieux, en dépit de l'intolérance luthérienne (*") ; en même temps, il mettait h la disposition de ses ouvriers luthé- riens une chambre de sa propre maison, leur donnait un pas- teur, et élevait un temple à leur usage (^^).

Mais les jours de Louis De Geer sont comptés. Depuis long- temps il endure les terribles douleurs de la pierre. C'est en vain qu'il espère trouver la guérison à Amsterdam. Toutefois ses souffrances ne peuvent ébranler son âme forte et résignée, et il meurt tranquillement et chrétiennement le 19 juillet 1652 («^).

On raconte les choses les plus touchantes de sa piété sincère, de son dévouement à ses compatriotes ( *■'*), de sa bienfaisance envers les pauvres et les malades, quels qu'ils fussent ("), de sa reconnaissance envers Dieu qu'il regardait toujours comme le véritable auteur de sa fortune {^^).

Sa femme, Adrienne Gérard, était morte on 1634 en donnant le jour à son seizième enfant {^'). Trois filles moururent jeunes ; six lils et sept filles survécurent à leur mère. Les fils sont : 1" Laurent, seigneur d'Oesterby; 2" Louis, seigneur de Finspong, Riiigstaholm, Forsala, Ekesund, en Ostrogothie, Rhynhusen et Nieuwael, on Hollande (^^); 3" Emmanuel, seigneur de Leufsta; 4" Etienne, seigneur de Gimo; Jean, seigneur de Godegard et Skyllberg; Benjamin, dont la nais- sance coûta la vie à sa mère, et qui mourut ù Lirecht à l'âge de

4t;i

17 ans. Les filles f'ureiu pour la plupart mariées en Hollande, à l'exception d'Ida que De Geer donna en mariage à Charles De Besche, tils de son ancien associé. Cette union ne fut pas heureuse: Charles De Besche ne causa que des chagrins à son beau-père, lui occasionna de nombreuses pertes d'argent, et l'accusa enfin de fraude dans la tenue de ses livres ; il voulait, dit-on, se venger de la prétendue avarice de De Geer. Il est certain que celui-ci refusa les demandes d'argent de son gendre, lorsqu'elles devinrent trop fréquentes. De Besche parvint à persuader Oxenstjerna et le drotzet ou juge suprême du royaume, de poursuivre l'accusation. Mais au jour fixé par les tribunaux, l'accusateur fit défaut; il s'était réfugié en Hollande avec sa famille pour éviter les conséquences de son infâme conduite ; c'était la preuve la plus convaincante de l'innocence de son beau-père C*^).

Ce qui prouve, au surplus, la droiture et la noblesse du caractère de De Geer, c'est qu'il jouissait de l'amitié des plus hauts dignitaires du royaume: Axel-Oxenstjerna, le comte Pierre Brahe, De la Gardie, tous trois membres du gouvernement sous la minorité de Christine. Quant à celle-ci, elle recevait, dit-on, avec une certaine froideur ce marchand étranger qui, pensait- elle, avait à son profit causé de grands préjudices à la Couronne, par ses fermages, ses achats et ses fournitures.

Il est certain que De Geer réalisa des bénéfices énormes ; mais ne les avait-il pas bien et loyalement mérités ? Nous avons démontré, en effet, que les litres que Louis De Geer s'était acquis h la reconnaissance des Suédois ne consistent pas seulement dans l'essor qu'il fit prendre au commerce, à l'industrie en général et à celle du fer en particulier,mais encore dans sou entier dévouement et dans les services qu'il rendit à sa nouvelle patrie à l'occasion de la guerre avecleDanemarck. N'est-ce pas en grande partie à lui qu'on dut la victoire qui assura k la Suède l'empire de la mer Baltique et la conquête de provinces importantes ? Parcourons notre histoire sous les

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règnes de Gustave-Adolphe el de ClirisLine, pendant les années 1616 à 1648, et nous verrons que, pour la guerre de Pologne comme pour celles d'Allemagne et du Danemarck, De Geer a constamment fourni les sommes et tabriqué les armes nécessaires à ces grandes expéditions. Voilà des services qu'un pays ne peut payer en argent ni en acres de terres l^").

Les De Geer, quoique nobles, habitèrent pendant plus d'un siècle la Suède sans obtenir de titre. Lors de son couronne- ment, en 1772, Gustave III créa baron le célèbre entomologiste Charles De Geer de Leulsta. Le petit-flls de celui-ci, également nommé Charles, {") obtint le litre de comte à l'occasion du couronnement de Charles XIV.

Il y a environ vingt ans, la famille De Geer a vendu Finspong avec toutes ses appartenances, de même que Oesterby et Gimo; mais elle possède encore en majorât Leufsta, avec une partie de Dannemora-verken. En 1779 Froetuna en Upland fut érigé en majorât pour une branche cadette des De Geer de Leufsta ; il appartient actuellement au baron Charles-Emmanuel De Geer, propriétaire de Leufsta.

LISTE DES NOMS WALLONS (i;

A.

Adde (2), W. Etc. Anjou, F. D.

Allard, F. Asclian, F.

Amia, Amya, D. Audait, 0.

(*) Les noms dont la liste suit ont éié relevés : I" Dans les registres de la paroisse d'Oster-Lùfsta, parcourant les années -1662 à 1875; ces noms appar- tiennent aux familles fixées aux usines de fer de Lôfsla, Aktrby et Hillebola ; '■2" Dans un livre de compte de la même église, pour les années 1633 à 1709 ; Dans un registre aux comptes de l'usine d'Ostcrby pour l'année 1694 ; 4" Dans un rôle des usines de Dannemora, du XVil- siècle ; Dans les registres aux comptes d'Osterby,du Wll^ siècle ; 6" Dans au registre aux comptes de Finspong, de l'an 1820 ; Dan» des registres des raines de la province de Wcrniland, districts de Carlskoga et Fernebo, des années 16u0 à 4607 ; 8" Dans des registres de l'église de Lena, en Upland, pour l'usine de Wattholma.

Voici l'explication des abréviations employées dans ce tableau :

D. = Dannemora-Verken (les usines de Dannemora, c'esi-à-dire Oesterby, Leufsta, Girno, etc.).

Etc. Signifie que le nom se retrouve en plusieurs endroits.

F. = Finspong, en Oslrogothie.

H. = Colonisation wallonne de Hidemora, en Dalécarlie, au XYli* siècle.

L. = Leufstti.

0. =: Oesterby.

W. = Usine de Wattholma, prov. d'Upland,

WL. = Colonisation wallonne de Werraeland, au XYII» siècle.

Les noms soulignés appartiennent à des familles encore existantes.

(-) Faisons, au sujet de la prononciation, les remarques suivantes : d se prononce au ; à z> ai ;

e » é, môme à la lin des mots ;

Le h est toujours aspiré ; Le j remplace le y français ; o se prononce eu ; », M » ou ;

Le V et le iv suédois ont la môme valeur ; Le y, ij remplace le u français.

Nous employons le â au lieu de l'a surmonté d'un petit u, parce que ce signe typographique manque dans nos ateliers d'imprimerie.

464

B.

Ballia, L.

Barckhysen, 0.

Bnudou, Baude, D.

Bnussard, Bossard, Bossardi, L.

Bossart. 0. Bay, L.

Bayard, Bayar. D., etc. Bedoirc ?

Bergsche, Beische, L. Bernard, D., etc. Berndcs, 0. Bertoii, L. Biesert. Uilock, WL. Birto, 0. Blanc, D. L. Blanche ? Blaneq, D. O. Blacy, 0. Blavior, F.

Blommcrt, Blommaert, hoU. D. Bodou, Bodoy, 0. Boude, 0. (cfr

Baudou.) lioh'ie, Bevi, Boevi, D eic

Boiiel, 0.

Bonncvkr ( vieur, veur^, D.

Boom, 0.

Bord, D. (= Suéd. \ûrd, garde.)

Borgognon, 0. Bourginon, L.

Borne ?

Bothcus, F.

Bollerdick, 1..

Bouigné, 0.

Bourgi, L.

Boî(i'w,D., etc. Bovin, Boven,Bovain, Bovein, Boveng, Bovang, Bou- vain, Bouyn, Bovingh, Bovinge, Bovinghe.

Boy, 0., etc.

Van Bremen, 0.

Bremer, 0., etc.

Brey, Broy, 0.

Briseual, 0.

Bronell, F, = Brunelle, fr.

Briiyn, D.

Buir, Buhre, L.

Bursie, D.

Cambou, Cambon? 0.

Cardon, F., etc.

Gare, 0.

Carli, Carlij, Carie, Charlie, D

Caulvin, ?

César, F.

Cbalet ?

Charles. D.

Chasseur, ( irad. suéd. Jagare) D.

Etc. Chenon, WL., etc. Cléments, 0. Collin, CùUijri, L., etc. Mr. Constantin, !.. Cortehue, Cortchue, D. Couleur ?

465

i>.

Van Dararae, O.

Dandanell, WL. Daiidenelle, D.

D'Ausou, 0.

Debbelt, 0.

De Besclie, F. el D., etc.

De Boist, L , du Bois, 0. Dubois, 0.

De Brun, De Broyn, De Bruyn. F. etc.

De Clair, L.

De Fer, Du Fer, D.

De Flon ?

De Frumerie ?

De Geer, F. et D., etc.

De Grade, Degrad, F., etc.

De Grais, L.

De Han, Dehand, L.

De Jounge, De Jouiighe, De Jongiie,

D. De Main, De Men, 1.. De Malsie, D. De Mare ? De rSis, De Nys, De Nue, Denijs,

Deniss, D. De Pascey, 0. De Poix, De Poi, L.

De Préez, WL.

Mr. De Rees. E. 0.

De Bon '!

De Sor, Deson ? L.

De Thunlli, H.

De Witte, 0.

Delfendaël, 0.

Dïdon ?

Dille.

Ditric, 0.

Doms, H.

Douhan, Dulian (Cf. De Han), L.

Dover tie ?

Dres, WL.

hiougyc, Drugge, W.

Dubeaux, Dubos, Dubosl, WL.,etc.

Dubois, 0., etc.

Duiock, WL.

Du Poix, 0.

Durent, WL.

Du Rietz, F.

Du Sausoy, 0.

Dugge ?

E.

Eeckiiofif, 0., etc. Elers, 0., etc.

Van Emersen, 0. Etienne, D.

F.

Finneman, 0.

Fabvier { trad. suéd. Heelvalh. Faggût, L.

Fischer, Fischier, etc. (Trad. aUem. de Pechetp-. )

Kijis, 0.

François, L; Francoi, L- Fransivi, L ; Fransve, D.

466 ~

G.

Oadde, F.

Gille, D. ; Gillé, 0. ; Gyle, Gillet, L. ;

Gadenier.

Gillctt, 0;Gillit, 0.

Gagot, VVL. Gagge, etc.

Gillisson{= fils de Gilles), F.

Gallan, L.

Gilliam, D.; Gilljam, Guilleaume,

Garillier, 0.

D., etc.

Carnet, L.

Gisler, Gejsler, F.

Garney, WL. ; Garnie, D.

Goës, etc.

Gaude, W.; Gode, Godhe, D.; Godu,

Yan Gottenwijk, D.

L.; Gude, D.; Guddi, WL.

Gouvernij, L.

Gauffiii, Goflin, F. et D. ; Golin,

D.

Govert, D.

Gebben, 0.

Graapc, 0., etc.

Geerden, 0.

Glanai, F.

Gelolte {— ni), L.; Gelott, D.

Grave, \VL., etc.

Geney, L.

Graver, F.

Gennys, L.

Gravcley, etc.

Gérard, D.

Gray, 0.

Gerdes, D.

Grevilli.

Gerny, L.

Grey.

Gersy, Girsy, 0.

Grill, F.; Grillo, F. et D.

Gihl.

Grivetz.

H.

Hade, L. (Cf. Adde.) Haeck, Haah, 0., etc. Hagert, F. Halmer, 0. Heddinger, L. Heerden. Helleday, etc. Henné, 0., etc. Hercules, F. Hero, D., etc. Hoclihiiysen, 0. Holslz, L.

Van Hoorn, 0.

Hubben, Hybenn, L.; Hybbene, D.;

Hyblene, 1). Hybbenett, D., etc. Hubert, Hybberl, F.;Huyberl(

ts), 0. Huybertssen (= lils de Huybert),0. Hillphers, H., etc. Yan der Hiilst, D. Hynon, 0. Hfnjer ( prononcez heuyèr), D.

Inde Betou, etc.

467 -. I.

Isenio, D. «I.

Jagare, (Watth.j D., etc. (Trad. Jedeur, H, suéd. de Chasseur.) Jopin, 0.

K.

De Kejser, 0. Keventer, F. Kinn, W.

Kinnemundt, 0. Kirhoff. L. Kramer, 0., etc.

La Montagne, WL.

Lambert (— ts), 0.

Langemach, 0.

Lauren ( ns), 0.; Laurin, etc.

Laurent, D.

Dr. Le Blanc, 0.

LeBrenn, D.

Le Brun, L.

Le Clercq, 0.

Le Man, Lcman, D., etc. Lemoine, Lemon ( - oon, oen )

D.; Lemens, WL. ; Lemmens, 0.

Lemen, L. Leschou, 0. Leyel, D., etc. Lilo ? Etc. Lochette, WL. Lovis, L.; Louie, 0.

Le Clou, Clu. Cou (trad. suéd. S/;jfe), Lyckou, Leucksi, Lycka(= bonheur) r.. D., etc.

M.

Mackey, D. Maeckelier, 0. ]M"«de Malsie, Malsi, L. Mr. Malues, L. Marchan, L.; (— nt), 0. Mnrtelleur, Martileur, D.

Marfemer, 0. Martens, etc. Martin, 0. D., etc. Martinclk, 0. L., etc. Matton, D., etc. Mescher, 0.

1-68 -

Mr. Michell, 0.

Mineur, D., etc.

Moffen, 0.

Molinic, etc.

Moller, D., etc.

Monter, Moni, Monny, L.; Miinne.

Mont, 0.

Mr. Mornie, Monje, D. Morihonnie, L. Mourer, 0. Mouskin, Myschen, L. Myrn, D. Munie. L.

IV.

Msser, F. {=• Dp Nis?"» Noné, 0.

Noorden, 0.

o.

Oudar, 0. ; Udar, Uddar, Udhar, Ouderiaux, 0. D.

Pafinrd, Pagar, D., etc.

Paël, 0.

Pamp, (fr. pampe ?)

De Pascey, 0

Pasioor, 0.

Parmenlier, D.

Mr. Paulz, L.

Pécheur, Peschier, D. (Cfr. Fischer. )

Peemer, 0.

Pescheux, D.

Pétrie, 0.

Pierrou, D., etc.

Pjett, \VL.

Vilo ? Etc.

Pique ?

Pira, Pyra, D., etc.

Piscaîor, etc. (Trad. latine de Pe- chenr, cf. Pécheur et Fischer.)

Planck ? (Traduction suéd. de planche), etc.

Plengier ?

Ponsle, Ponslett, L.

Poraih, D., etc.

Porlus, 0.

Possieth, Poissie, Posso, D., etc.

Pouget, D.

Poulayn, 0.

Pousar, D.

Povselte, Pousete, Pouse, Poussi, Pouset, D., etc.

Poussin, L.

Pripp, etc.

Quarfort, Quarfoot, F., etc.

469 - Q.

Quintin, 0.

R.

Rachlin, L.

Radoii ( oux). 0. Raëljens, 0. Raquette, Rânàs. necknou, V. Riiit, 0, Ritou, etc. Robberte, D., etc.

Rochet, 0.

Rochette, propriétaire de l'usine de

Forssmark en i649. Roques, 0. Roquette, 0. Rose, 0. Rousel, Rousol. 0.

Van Saueland, 0.

Savoland, WL.

Sclieiin (= Geline fr. ?). F., etc.

Sclwtlc, F. et D., etc.

Schowert, 0.

Schultze, H.

Schytte, Schyte, L.

Sieau, L.

Slirâk (trad. suéd. de FrnyetirT'

i>. SIeep, 0.

Spick, D. (Trad, suéd. de Clou.) S pile ? Sporrong (— iigh), Spuoriong,

Spouron, o ; Spourrot, Sporro,

Sporron, D. (Ti-ad. suéd. d'Epr-

ron.)

Staacke, 0. Stadigbro, (trad.

sur ?)D. Standart, 0. Steftens, H., etc. Stille, D., etc. M"-^ Stone, L. ;

Stoye, D. Suche, D. Suyderwerck, D. Swade, L. Van Swinderen, 0.

suéd. de pont-

Storje. Stoire

470

T.

Teben, 0.

Thesmar, L.

Tielman, Thielman, Tilman, Till-

man, 0. Titze, usine de Rànàj, etc. ; Tize,

Tisse, W. ; Tliissij, Thysi, 0. ;

Tyssi, Thissy, L, Tolelte ? etc.

Toll, F. ( fr. tôle ? ) suéd. « Tôlf »

= douze. Torpadic ? etc. Touffar, WL. Tounon ? etc. Tripp ? delà Tuange, WL.

Uhr, D.,(=ours?)

U.

"V.

Valentinsson (= fils de Valentin), Vervier, propriétaire de l'usine de

F. et D.

Vallmon, D., etc. Vargeiir, L. Vcrdier '.' etc.

Wessiand, en 1649. Vijiihagen, L. Vijnant, 0. Virsil, L.

\^.

Weisse, D, Weyler, 0. Willmot, 0.

Wijhl, 0. VVodde, 0. Woltzoogin, 0.

(*) J'iijoutc ici quelques noms que M. Odolberg a relevés fians les vérificalidiis des comptes de paroisses el d'usines, do -1642 à 1655 :

Aman. Anceau, Bergi, Berlâ, IJey, Bilos, Bodreu, Bullicrs, Byrath, Carlier, Chovct, Coehoy, Collinet, Constant, De Keyser, Do. Matois, De Masly, Oo Mitz, Frangati, Frumery, Giirsse, Gibble, GolTan, Gonin, Hautcr, Henielyn, Honiliniîh, Henings, Hubinet^ Janseu, Kaya, Kollar, Lambinon, Malliot, Maonel, Marok, Alarlelo, Masson, Maux, Wicliot, Pachy, Personne, Provost, Bernai, iievu. Stem, iibou, Tobak, Wouters.

NOTES.

(') Dans sa correspondance, Louis de Geer signait DGeer. Le mot hollandais geer signifie bélier ; et en effet les armoiries de la famille de Geer sont surmontées d'une tête de bélier comme cimier.

(') Gailiardmont, dépendance de la commune de Chênée, près de Liège.

(') Les familles de Geer, de Hamal et de Brialmont ont les mêmes armoiries : de gueules à cinq fusées d'argent rangées en fasce ; pour les de Geer, la fusée du milieu est chargée de trois fleurs de lis d'argent, posées en pal, octroyées par un monarque français au général de Geer pour un beau fait d'armes, avec cette devise .- Non sans cause. {Not. hist. p. 8.) On croit qu'un de Hamal, propriétaire du château de Geer deux lieues de Waremme, province de Liège, dans la commune de Geer, traversée par une rivière qui porte également le nom de Geer ou Jaar), adopta le nom de sa demeure. D'après le héraut d'armes Le Fort, ce fut un Lamliert de Brialmont, issu de la famille de Hamal, qui à la fin du XlVi- siècle, fut surnommé de Geer. (Voyez le tableau généalogique qui accompagne cette notice.)

(*) Les archives de Liège ne nous apprennent rien relativement à ce départ, et nous avons vainement cherché le nom de de Geer parmi ceux des Liégeois accusés d'hérésie.

(") Il quitta la ville de Liège pour celle de Dordrecht. Après avoir vendu tous ses biens, il en fit parvenir le produit en Hollande. Il prétexta ensuite un voyage, avec sa femme et ses enfants à Maestricht, oîi un batelier leur ménagea en secret un espace dans la cargaison de son bâtiment. ( A'or hist. p. 8.) C'est en effet à Dordrecht que De Geer s'établit, et non à Amsterdam, comme on l'a dit par suite d'une erreur typographique de l'édition publiée à Stockholm des Commentarii de gente De Geeriana, aiict. Ludovico De Geer de Finspong, aulœ régis prœfeclo ( ■)- en 1758 ) : Les Mémoires sur la fa<niUe De Geer, sont une traduction de ce livre par le baron Louis De Geer de Jutphaas, avec des additions précieuses.

(*) Le jeune Louis, doué de qualités peu communes, reçut à Dordrecht, dans la maison paternelle, une éducation distinguée. Plus tard de nombreux voyages et un séjour de plusieurs années qu'il fit à la Rochelle, ne laissèrent pas de contribuer beaucoup au développement de son instruction et de son intelligence... En 161o, après la mort de son père, il s'établit à Amsterdam, il garda pendant quarante années environ, jusqu'il l'époque de sa mort, sa principale habitation. Il y fit cons- truire, en \G'i-2, la Maison aux têtes f liet Hugs mci de hoofden), ainsi nommée à cause des bustes qui en ornent la façade et qu'on y voit encore aujourd'hui. Ses armes taillées dans le marbre d'une cheminée dans un des salons, le luxe qu'il

- 472

déploya dans la construction de cette belle demeure, occupée jusqu'à la première moitié du siècle dernier par sa postérité, démontre assez avec quelles ressources il entreprit ses premières opérations. [ISot. hist. page 9.)

( ') Equivalant à un million et demi de francs. Le rixdale, monnaie suédoise, vaut S 5/9 francs.

(') Guillaume de Besche, gentilhomme liégeois, émigré comme de Geer pour cause de religion, s'était établi en Suède sous Charles IX, avec son père et 4 frères, dont l'un fut nommé, en 1608, architecte du roi, et chargé de la construction des deux grandes tours de la cathédrale d'Upsal. llSot. hist. p. 40.)

(°) Ce document est conservé aux archives de la Chambre à Stockholm. On y voit que le fief de Finspong contenait sept paroisses : Ilellesta, Wânga, Godgàrd, Rysinge, Régna, Skedevi et Tiellmo (Voy. la carte de Finsponga-laen), et que le roi transmettait au fermier tous les droits et impôts que ses sujets habitant le même fief lui payaient chaque année. « Finspong, propriété de la Couronne, était exploité pour compt.i de celle-ci. Il entrait dans les vues de Gustave-Adol|the d'y intéresser l'industrie particulière, pour en accroître le produit, et de l'aftermer. Le bail fut contracté le ii octobre 1619 (?j. « Cet acte, dit Franzen, ouvre une ère » nouvelle à la métallurgie en Suède. » ["Sol. hisl. p. iO.

('") « A l'époque oii De Geer prit à ferme la forge de Finspong, il n'y trouva qu'un misérable fourneau, exploité péniblement d'après l'ancien système suédois. Sous la surveillance de De Besche, douze forges furent construites. On ne se borna pas à la confection des barres, mais bientôt on coula des canons... La fon- derie de canons que l'on y admire maintenant est l'une des plus renommées de l'Europe. » {Nvt. hist., p.lO et 11.)

(•') Il fonda à Godegârd, en Ostrogothie, une clouterie et une fabrique de fers à cheval, d'après les procédés suivis dans son pays natal. ( Not. hist., p. -16. i

( *') Archives de la Chambre, à Stockholm.

; •') Celait le fils de Gilles.

(") M. Odelberg a trouvé dans les archives du Collège des mines une lettre de 1683, écrite en français par un Wallon immigré, Etienne Henin, qui s'était sauvé en Norwège et engageait un de ses compatriotes, Jean Hubert, à suivre son exemple pour aller enseigner aux Norwégicns l'art de manufacturer le fer.

( •^) « La fonderie et les forges de Finspong et les fabriques de Norkôping avaient d'abord été gérées par De Besche, comme administrateur en Suède pour De Geer, qui continuait à diriger sa maison de commerce à Amsterdam. L'importance que ne tardèrent pas à acquérir ces nouveaux établissements, d'où sortit bientôt tout le matériel de guerre, et, entre autres, ces pièces de canons désignées pen dant longtemps en France sous le nom de pièces suédoises, éveilla l'attention du roi Gustave-Adolphe. Il rendit plusieurs ordonnances en faveur de ces entreprises nouvelles, et entra en correspondance directe avec Louis de Geer... Norkôping doit à Louis de Geer son élévation au rang du troisième ville du royaume. En 16 il, il sollicita pour elle auprès do la Régence un agrandissement de terrain, l'enceinte primitive nesuflisant plus à la population. » {Noi. hisl.,\). 15.)

(•') « Tant d'établissements utiles firent naître en Suède le désir d'en voir le créateur et le propriétaire .se fixer dans le royaume. Déjà, en 1628, Gustave

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Adolphe avait manifesté la volonté de le naturaliser, sous la seule condition qu'il ne jouirait pas de l'exemplion de péages acquise aux Suédois dans le Sund, avant qu'il n'eût transporté son domicile réel dans le pays. Deux ans après, le roi lui décerna, dans les termes les plus flalteurs, des lettres de naturalisation. » ' Not. hist. p. 13.) Déjà en -1619 ou -1620, De Geer avait promis à Gustave-Adolphe d'aller s'établir en Suède pour s'appliquer à l'industrie du fer, à la seule condition qu'it pourrait acheter ou louer les terres qui lui seraient nécessaires jusqu'à l'achèvement de ses établissements. Le roi lui avait répondu qu'il acceptait ses offres et le pren- drait sous sa protection. {Mém. de L. De Geer, p. 90.)

(*') Cette lettre se trouve dans la correspondance d'Oxenstjerna, aux archives du royaume, à Stockholm.

(") t De Geer alors résida plus fréquemment et plus longtemps en Suède ; il y préférait le séjour de Norkôping oîi il s'était fait bàlir une habitation magnifique, au séjour de Stockholm, bien que encore il eût une maison à lui....

» La diète de Norkôp'"ng, en 1604, avait prohibé l'exportation du minerai de fer. Avant cette défense, le fer suédois était forgé en Allemagne principalement ; aussi ce fut de que De Geer fit venir ses premiers ouvriers. 11 en établit un grand nombre à Norkôping et les employa à la confection de cuirasses, fusils et autres instruments de guerre » {Noi. hist. p. 42.^

{*') Lettre du 20 juin 1628, dans la correspondance d'Oxenstjerna, aux archives de Stockholm.

« Les fabriques fournissaient une telle quantité d'armes, que le Gouverne- ment, dès 1638, en autorisa l'exportation. Vers la même époque. De Geer y monta une fabrique d'acier et de fil d'archal. Par ses soins, les armées suédoises furent même vêtues de produits manufacturés à Norkôping. » (Not. hist., p. 16.) ... « Il introduisit à Norkôping. Nykôping et Danwick un nouveau système à forger le cuivre, que les auteurs contemporains ont admiré. » [Ibid. p. 13.

f^") « L'auteur suédois Svedenstierna lui rend ce témoignage que, par l'habileté des ouvriers wallons qu'il employait, un seul de ses fourneaux produisait 7 à 11 skeppunds ( le scheppund ou schippovd suédois est de quatre quintaux) de fer dans l'espace de 2i heures, pendant vingt à trente semaines d'un travail continu ; tandis qu'auparavant un four ne durait guère que huit semaines et ne donnait que de 6 à 7 skeppunds dans les 24 h. » [Not. hist., p. 14-15.)

(•*) « Par un traité avec la Couronne, en 1626, De Geer prit l'admini-stration supérieure de la SociiUé du cuivre, établie par le roi quatre ans auparavant.

» Encouragé par la réussite de ses premières entreprises. De Geer, en 1627, prit à ferme de la Couronne trois nouvelles forges, Lôfsla, Gimo et Oesterby, dans la province d'Upland. « {?iot. hist. p. 13-14 )

l'") CROJ^HOUi, Sveriges historia iinder Gusiaf-.idolf regerivg. (Histoire de la Suède pendant le règne de Gustave-Adolphe , 8 vol. Stockholm, 1857-1871, t. IV, p. 3S1.)

i") « Le payemenl de tous ces travaux (pour les fournitures de guerre) fut fait en cuivre pour la plus grande partie, ce qui en déplaça le marché de Lubeck, il se trouvait alors, à Amsterdam. Le cuivre était à celte époque presque la seule grande ressource du gouvernement. » (Not. hist., p. 13.)

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Toutefois, nous avons vu une lettre écrite d'Amsterdam par Louis de Geer au chancelier, le 7 août 1635, dans laquelle il dit qu'Erick Larsson se trouve depuis trois jours à Amsterdam occupé de négocier avec les Trippe ; mais comme cela se fait à son insu, il ne peut en dire davantage à Son ExcelU nce. Cela prouve que, du moins à cette époque. De Geer n'avait pas de relations intimes avec ces mes- sieurs. ( Correspondance d'Oxenstierna. )

(2i) Odhner, Sveriges inre historia under drottning Christinas fôrmyndare. {His- toire interne de la Suède pendant la minorité de la reine Christine), Stockholm, d865, page 271, note.

(2») Correspondance d'Oxenstjerna, aux archives de Stockholm. Le riksdrotzet Gabriel Oxenstjerna, frère du chancelier, fait, la remarque, en 4636, qu'il y a des écarts dans les comptes de De Geer ; mais il donne le conseil de ne pas l'irriter parce qu'il pourrait quitter le pays « alors que l'on peut avoir grand besoin de lui pour des avances de tonds. » (Palmblad, Hisiorisk blick ôfver den svenska nàrimjs flitens utvecklinrj. (Aperçu historique sur le développement de Cindusirie suédoise.) Article inséré dans ia revue Skandia, IV.

(2") Telle est aussi l'opinion de Palmblad qui s'exprime ainsi : Louis de Geer fut certainement un homme honnête, pieux, bienfaisant envers les pauvres, généreux dans la vie privée ; ce qui n'exclut pas que, étant réellement marchand, dans le sens large appliqué aux Médicis, il n'eût le désir de se faire bien payer dans les grandes transactions. On peut être probe tout en se montrant rigoureux el strict en affaires, (p. 226. )

(") « Il expédia de la HoUand» le reste de la fourniture nécessaire à larmée du roi, et fil enrôler, avec l'autorisation d'Albert et d'Isabelle, auprès des- quels Gustave-Adolphe lui avait donné des lettres d'introduction, sept cents soldats dans les Pays-Bas espagnols. . » {Noi. hist., p. 43.)

(-'') Notons toutefois que son principal entrepôt était à Amsterdam. « Les éta- blissements et les travaux de De Geer donnèrent une vie nouvelle à l'industrie et au commerce en Suède. La Hollande, par un plus grand produit du fer suéilois, en profita de son côté. Le Trippenhuijs à Amsterdam, aujourd'hui le musée des tableaux, qui fui bâti par Louis et Henri Tripp, neveux de Louis de Geer, n'était autre que l'entrepôt de fer, d'^ cuivre et de canons. Deux grandes cheminées en forme de mortiers, qui le surmontent, en rappellent encore la destination primitive. Cet entrepôt fut montré avec orgueil à Marie de Médicis, lors de son passage à Amster- dam, en 4639. » [Not. hisi., p. 4S.)

« Déjà, dès le commencement du XYllIi^ siècle, cet homme éminent était en Hollande l'objet d'éloges publics... Jean Van Marck, dans le discours qu'il prononça en 4705, h Leyde, en l'honneur de Jacques Trigland {Syltorie disseriaiionum Jacobi Trif/landi, Delphis, 4728, p. 221), a consacré un long passage à Louis Je Geer. » (Not. hist., p. 30, note, l'on a transcrit ce passage.)

('") Archives de la chambre à Stockholm. « Les concessions qu'il avait obtenues furent successivement renouvelées. H établit des laminoirs dans plusieurs pro- vinces, un entre autres à Skylberg, en Nerike ; il loua à cet effet de la Couronne,

en 4636, une chute d'eau en Siidernianie, pour une somme de 4300 rixdales »

(Not. hist., p. 46.)

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{") On cite quelques achats antérieurs ; dans tous les cas, leur nombre fui très restreint.

(") « Tant de zèle, une persévérance si grande, des succès si constants, méri- tèrent à De Geer une influence et une considération immenses. Le gouvernement le consultait sur tout ce qui regardait le commerce et l'industrie.... La Régence, afin de l'attiicher davantage au pays, l'admit dans la noblesse de Suéde. De Geer voulait acquérir définitivement les domaines qui, par son industrie, avaient si considérable- ment augmenté de valeur. Or, la propriété des biens de la Couronne ne peut passer qu'à des nobles. Le Gouvernement lui octrtiya donc, pour lui et ses descendants, des lettres de noblesse datées du 4 août '1641 Dans sa correspondance, conservée religieusement par sa postérité au château de Finspong,les lettres-patentes délivrées en 1641, par la Régence du Royaume, énumérantses titres à la reconnaissance de l'Etat, établissent que par ses grandes avances pécuniaires et ses fournitures pour le matériel de guerre, il avait été d'un grand secours à l'empire contre l'ennemi ; qu'il avait introduit les meilleurs procédés pour couler les canons, fabriquer les armes et forger les barres ; qu'on lui devait l'établissement précieux de plusieurs forges de cuivre et de nombreuses fabriques, et qu'enfin il fallait lui attribuer l'extension considérable qu'avait prise l'industrie en Sutde. " [Not. Itist., p. i7-l8.)

( ") L'acte d'achat est conservé aux archives de la Chambre à Stockholm. « Il acheta aussitôt Finspong et Gôdegard dans la province d'Ostrugothie, et deux ans plus tard, Osterby, Gimo et Lôfsta d;ins la province d'Uplanti, pour la somme de 4 23,7I2"2 rixdak'S. Cette double acquisition fut ratifiée en 1646 p.ir la reine Christine, devenue majeure. L'achat de ces terres, princières par leur étendue, fit de Louis de Geer l'un des plus grands propriétaires de la Suède. » (Noi. hi.sc, p. 19.)

("; Contrat du 30 septembre 164!2, conservé aux archives de la Chambre.

{^') Procès-verbaux du Sénat, séance du 12 décembre 1643, aux archives du royaume.

('") Ibidem, séance du 20 décembre : lettres aux commissaires envoyés au Congr.îS de paix. Au lieu de projet urgent, la lettre du Sénat a l'expression preçiuuiH dessein.

(") /^/denj ; lettre écrite ce même .jour au résident Spirinck. Un traité d'al- liance avait été conclu en 1614 entre la Suède et les Pays-Ras pour la défense réci- proque des deux états.

('*) E. G. Geyer, Sveuska Fochets hisioria, Oerebro, 1.S32-36 ( //wfoiVe du peuple Suédois], tome 111, page 389. Ce livre a été traduit par llunbblad, Rruxelles, 184S (trad., !. Ill, p. 72]. « En 1642 s'ouvrit pour lui une carrière nouvelle. Après avoir pris rang dans la corporation des nobles, il reçut du Gouvernement une mission qui le mit à même de faire briller dans l'histoire politique un nom si glorieux déjà dans les annales du commerce et de l'industrie. 11 s'agissait de ras- .«emblcr une flotte dans les ports de la Hollande. De Geer remplit à ses frais le mandat 4ui lui était confié ; l'escadre qu'il équipa, combinée avec l'armée navale de Suède, remporta sur les Danois, en 1644, une victoire qui les força de souscrire, l'année suivante, à la paix de Rrûmsebro et de Chrislianopel. » (Noi. Iiisi., p. 19.) ... ■< L'histoire n'ollre peut-être pas un second exemple d'un simple citoyen

476

équipant à ses frais une flotte entière pour combattre l'ennemi. » ( Ibidem, p. 20.)

{^°) Correspondance d'Oxenstjerna.

;") Annobli en Suède sous le nom d'Anckarsljerna ; il était capitaine delà marine suédoise en 1644, et mourut en iGSS des suites d'une blessure reçue au combat d'Oeresund. (Au lieu de Tortensson, lisez Torstensson.)

(**j Palmblad, page 225. « Le traité d'alliance conclu en •1640 entre la Hol- lande et la Suède, autorisait l'achat réciproque de navires et de munitions de guerre. Après quelques pourparlers, De Geer avait obtenu du stadhouder Frédéric- Henri et des Etats la permission d'exécuter son dessein. Il fil acheter et louer à Flessingue, à Amsterdam et dans d'autres villes maritimes, jusqu'à trente-deux navires, dont douze vaisseaux de ligne. Au mois d'avril, la flotte se trouva complè- tement armée, équipée et montée de plus de trois mille marins, en rade du Vlie, dans la Hollande septentrionale. De Geer nomma de son autorité privée, Maerten Thyssen amiral, Henri Guerrilsen vice-amiral, et Blom contre-amiral. L'escadre mit bientôt à la voile et quelques revers dont le bruit parvint à Amsterdam, fail- lirent faire piller la maison de De Geer par le peuple ameuté.

La flotte cependant doubla, non sans peine, le château de Kronenbourg. Après avoir essuyé le feu de l'escadre danoise, profitant de l'avantage du vent, elle attei- gnit le port de Kalmar, à la grande joie de la Suède que son arrivée remplit d'espoir. Thyssen fut appelé à Stockholm et présenté à la reine, qui le nomma à son tour amiral dans la marine suédoise, l'admit dans la noblesse et le gratifia d'une chaîne en or, en lui assurant, outre ses appointements, une pension de SOO rixdales par an.

Vers la fin du mois de septembre, l'amiral suédois Wrangel mit en mer avec quinze navires et trois briilots. Peu de jours après, il opéra sa jonction avec Thys- sen à Kalmar, d'où la flotte combinée partit à la recherche de l'escadre danoise commandée par l'amiral Pros Mundts. On la joignit entre les îles de Laland et de Femern, et le dimanche 13 (23) octobre, après le service divin, Wrangel, à la tête de la colonne suédoise et suivi des vaisseaux hollandais, donna le signal du combat. Les Danois acceptèrent la bataille. Wrangel combattit Pros Mundts ; le vice-amiral danois Uhlfeld reçut l'amiral hollandais ; leurs deux vaisseaux s'abordèrent, mais pour se détacher bientôt après. Un navire hollandais fut coulé. Uhlfeld perdit quatre de ses vaisseaux et quatre autres de sa division échouèrent à la côte ils furent pris : le vice-amiral lui-même fut blessé mortellement.

Trois navires danois s'étaient réfugiés sous les forts ; l'un d'eux néanmoins fut brûlé. Wrangel, dont le vaisseau avait beaucoup soutièrt, dut se retirer du combat. 11 fut remplacé par Thys-Cornelisz, capitaine hollandais, et Duquesne, capitaine français, qui a recueilli plus lard tant de gloire au service de son pays ; tous deux servaient depuis quelque temps en Suède. Us s'emparèrent du vaisseau amiral danois Pros Mundts reçut la mort.

Les vice-amiraux danois Graboii et Jasmund furent faits prisonniers avec plus de mille hommes. Le vaisseau du premier lut brûlé ; celui du second tomba au pou- voir des Suédois. La victoire était complète. Deux navires danois échappèrent seuls au désastre. Poursuivis par Duquesne, ils atteignirent Copenhague leur arrivée répandit une telle épouvante que Ion craignit un moment pour la sûreté de la ville.

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L'amiral Thyssen ramena la flotte de De Geer, par le Bell, en Hollande, et reprit Gothembourg sur les Danois, avec trois navires marchands appartenant à De Geer. 11 y laissa quatre vaisseaux de guerre pour la défense de la ville.

Les suites des faits d'armes de l'année 1644 sont assez connues. Le Danemarck, devenu plus humble, accorda à la Suède la continuation de la franchise du péage sur le Sund, et à la Hollande une diminution considérable pendant quarante années. Remarquons que la paix entre la Hollande et le Danemarck ne fui pas troublée, pendant qu'un citoyen dos Provinces-Unies , Louis De Geer , forçait le royaume à faire des concessions an commerce de la République. » {Noi. hht. pages 20-23.1

(**) « De Geer recueillit partout des témoignages de reconnaissance pour avoir si puissamment contribué a la paix de 1645. « Gaudeo, dit Grolius (Epist. 1736 » virum suprà nostras laudes positum, magnum D. cancellarium, adfulurum » coUoquio cum Danis. Nihil aberit prudentise ubi ipse aderit. l'iacet et hoc mihi " quod Ludovicus Gerius, commerciorum et navigationis porquam intelligens, ^) proeslo erit ad consilia iiostris suggeranda. » La reine avait appelé en Suède David Beck, l'un des bons élèves de Van Dyck, afin de faire peindre son portrait . et celui des principaux chefs de ses armées ; il fut aussi chargé de faire le portrait de Louis de Geer. Falk en a donné la gravure : une mâle noblesse s'y mêle à la douceur; le regard est clair, pénétrant et plein d'intelligence. » (Noi. hist. p. 23>24. )

("j 11 existe dans les archives de la Chambre des comptes des documents qui prouvent le contraire ; mais on ne les a jamais consultés.

(" ) Actes relatifs aux achats, n" 7 des Geeriana, aux archives de la Chambre.

(") « La flotte rassemblée en Hollande avait coulé à Louis de Geer, d'après Franzen, deux millions de rixdales, plusieurs de ses navires marchands avaient été confisqués en Danemarck.il fit valoir auprès de la reine ses droits à une indemnité, Christine liii répondit, le 16 septembre 1644, par lettre autographe conservée à Finspong : « J'ai entendu par vos lettres écrites et à moy et à mon conseil, les " difficultés auxquelles vous vous trouvés, élant engagés pour mes services » employant tous vos moyens en cela, me priant de ne vous laisser sans remède. u Je vous assure, monsieur, que vos intérêts m aftljgent si fort comme il est pos- » sible, et ainsi je ferai mon possible de conserver pour moy une homme comme » vous. Je vous prie de croire que vous m'avez obligée de ne soufl'rir que votre » honneur coure hasard ; mais j'employeray lout mon pouvoir à recompenser vos » services, montrant ainsi que je demeureray, ce que je suis, votre très-clémente 1- reine Chriiiine. » ( Not. Iiist. p. 24-'2o.)

(**i « Eene generaele uitkompste en de verlossinge deses labyrinthes. . {Correspondance d'Oxemijerna, aux archives du royaume.

("., Geyer, le meilleur des historiens de la 6uede, se garde bien (tome 111, p. 390) d'accuser le gouvernement d'ingratitude à l'égard de De Geer, comme l'avaient fait Burén.Franzén et FrysuU. Palmblad, de même que ses devanciers n'a traité la question que superficiellement, il n'ose pas contredire ouvertement ces accusations; mais il se souvient que, déjà au temps de Gustave-.4dolphe, on avait trouvé les

m

services de De Geer trop onéreux et que le drotzet Gabriel Oxersljerna avait découvert des inexactitudes dans ses comptes. {Skandia, IV, 1834, page 220, note.)

(*') Contrats de vente dans les actes de réduction, aux archives de la Chambre. Le premier de ces achats a donné naissance à cette fable que Christine aurait haussé cette somme en confirmant les ventes faites pendant sa minorité. Le contrat du 23 juillet IGSe concerne des terres appartenant à la couronne dans les paroisses de Hoekhufond, Alunda, Hollnœs, Boerstil et Vaioe en Upland, et qu'il ne faut pas confondre avec celles qui furent vendues en -1641 et 1643.

(*') Le 16 décembre 1644. Le baron de Jutphaas dit aussi que les dépenses faites par De Geer pour équiper la flotte montèrent à 489,101 rixd. 13 oeres, qui, suivant lui, furent fixés « assez arbitrairement. » Cet auteur convient également qu'il f»ut déduire de celte somme 50,000 rixd. fournis par les régents et seigneurs du royaume, plus 50,000 autres payés par Salvius et Torslensson, plus encore 89,101 rixd. 13 oeres portés en compte à De Geer « d'autre manière. » Cela est exact. Mais il ajoute ensuite qu'il restait à solder 2 à 300,000 rixdales, pour les- quels la Reine lui donna, le 21 juin 1645, une reconnaissance, lui en assignant le payement sur le produit des droits extraordinaires de douane pendant trois ans ; que ces droits ayant été supprimés dès l'an 1646, ce payement fut affecté sur les péages, et paraît ne pas avoir été fait, en tout ni même en partie. A l'appui de ce fait, l'auteur cite Geycr; mais cet historien dit au contraire qu'après l'à-comple de la première année, on afi'ecla le reste sur les produits de la grande douane maritime, et qu'il ignore la suite. Il est évident que le baron de Jutphaas, en employant les expressions 2 à 300,000 rixd. et 27 parait, n'émettait qu'une hypothèse, avec laquelle on ne peut réfuter la déclaration oflîcielle découverte dans les actes de la réduction; celle-ci porte, en efl'et, que la somme fixée de 489,101 rixd. 13 oeres fut payée comptant à De Geer par la Couronne.

C") Probablement Louis, seigneur de Finspong, nommé par patentes du 18 mars 1645, colonel dans l'armée suédoise, et depuis, assesseur du collège des mines. INé en 1622, il mourut en 1695. ( Procès-verbaux du Sénat, du 21 mars 4645, aux archives du royaume.) « Un fils de Louis de Geer enrôla un régiment d'infanterie, en Hollande, La reine l'en nomma colonel, par brevet du 3 mars 1645. Devenu seigneur de Tinspong, il mit sur pied, à ses frais encore, en 1674, un régiment de cuirassiers qu'il ofl'rit, tout équipé et tout armé, au roi Charles XI.» {Not. Iiist., p. 24.)

( ^' ) Archives de la Chambre.

(") Palmblad, opcit., p. 226. Cette coutume intéressée de la part de la noblesse au XVll'' siècle, de se faire vendie à bas prix les terres domaniales, lui coiîta cher, lorsque le roi Charles XI entreprit la grande révision des comptes connue sous le nom de Réduction, réforme impérieusement exigée par la malheu- reuse situation du royaume, ruiné à la fois par la guerre et par une longue minorité. Celte réforme, qui fui fatale à tant de familles nobles, atteignit aussi, mais moins gravement, les descendants de Louis de Geer. On leur lit payer un impôt annuel pour avoir le droit de se servir des cours d'eaux qui alimentaient leurs usines ; on les obligea à acheter les renies foncières non comprises dans les ventes des biens-

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fonds ; ils durent payer la différence entre les prix des terres stipulés dans les contrats de vente et la valeur actuelle, etc. Par suite de cette révision, les De Geer avaient déjà payé en 1679 au collège de réduction 27,271 rixd. 27 oeres ; quelques années plus tard ils versèrent encore du même chef 20,844 rixJ., 16 oeres, il 1/2 pf. [Archives de la Chambre.)

On trouvera peut-être ces mesures financières injustes; mais quoiqu'elles fussent quelques fois rigoureuses, elles étaient légales, car la constitution défendait au roi de diminuer son domaine ; dans ce cas, son successeur était en droit de res- saisir ce qui avait été donné ou vendu. En conséquence les terres domaniales étaient inaliénables, et les ventes faites par le gouvernement de la minorité de Christine, dans des circonstances extraordinaires ( sous la réserve toutefois de la confirmation du roi à sa majorité,) étaient illégales. Aussi (Charles XI refusat-il de les sanctionner; il ne se départit de cette règle que d:ins quelques cas qui présen- taient à l'Etal des avantages sérieux.

{") On peut en donner des preuves. En 1639, lorsque le gouvernement prolon- gea les contrats de fermages de De Geer, il lui enjoignit d'installer à Oesterby ou ailleurs, des hommes du métier, disposés à y fixer leur demeure, afin qu'on pût leur octroyer des privilèges, et y former une petite colonie d'ouvriers. Archives de la Chambre.)

Mgr Eric Benzelius, archevêque d'Upsal au XVlll<^^ siècle, raconte que la coloni- sation wallonne de Danemora-Vercken se fit de la manière suivante : Vers l'année •1635, le président du collège des mines, d'accord avec Louis de Geer et un nommé Lesley, rédigea en Liégeois un enrôlement de mille hommes qui devaient tenir garnison à Elbing et dans les environs. La moitié de ce corps était composée de forgerons qui, après une descente à Gothembourg, furent détachés de la troupe et menés en Upland on leur fit reprendre leur métier aux usines. Cette anecdote fut racontée à l'archevêque, le 12 mai 4717, par un gouverneur de la province d'Upsal qui y ajoutait foi. Au commencement du dernier siècle, la population de Danemora-Verken ne s'élevait pas k plus de oOO ouvriers ; on ne comptait pas les autres membres de leurs familles. {Buren, Areminne ofrn- siamfadrcn Hevr Louis De Geer, safons Svcnska tniritigarnes màklige befordrare nti forra seculo, etc. Linkôping, 1790. Eloge de la souche du seigneur Louis de Geer, le puissant pro- moteur de l'industrie suédoise, p. 319.)

('*) La Suède méridionale abonde en familles dont les noms accusent irréfra- gablement une origine wallonne, et l'on peut conjecturer que leurs ancêtres appar- tenaient aux colonies liégeoises introduites à Finspong au XVI1'= siècle; M. Wiberg estime à 5,000 le nombre des personnes habitant actuellement la Suède descendant des anciens colons liégeois.

(") RoLUN, Heskrifning ôfver Osterbij bruk, Upsale, 1841 (Description de l'usine d'Œsierby) L'psala, 184 1. Cet homme vénérable, musicien et poète, fil un grand bien moral à son troupeau, en lui enseignant à chanter, en quatre parties, les chants liturgiques.

(") Les yeux bleu-clairet les cheveux blonds chez les wallons sont l'exception; il faut les attribuer aux mariages contractés avec des suédois.

(") M. KoUin a donné une liste de mots wallons, que nous reproduisons ici, en

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taisant remarquer qui; la prononcialion est celle du paysan suédois {Voy. la Liste des noms 'votions, en ce qui concerne la prononciation.)

Bastar, fonte qui n'a coulé que peu de travail.

Doilien, l'esprit du feu.

Duiava, mettez le feu aux fourneaux.

Furbé, enclume inclinée.

Giijar, apprenti forgeron, aide, manœuvre.

Gra-pére, gra-mére, appellation que les jeunes donnent aux vieux, sans qu'il y ail entre eux parenté.

Huseti, chaussure en linge que mettent les forgerons au travail.

Labbij, endroit se couchent les forgerons, près des marteaux, pendant les heures de repos.

Lavette, serviette.

Maketie, bout de la barre de ter qu'on saisit avec le? tenailles pendant qu'on forge l'autre bout.

Murklett, pièce de bois quadrangulaire adaptée au marteau.

Plakett, bêche avec laquelle on rejette les rognures dans le fourneau.

Syvé, petite serviette, mise au fond du chapeau, avec laquelle le forgeron essuie la sueur de son front.

Tnrney, heures de travail et de repos.

(■*j BuRÉN, op cit., p. 308. « Le fameux chancelier Axel Oxenstjerna, dont la famille s'allia avec celle de De Geer, prit part à quelques-unes de ses entreprises, notamment à l'Association pour la construction de navires, établie à Westerwyk, et à celle qui venait de se fonder pour explorer la côte occidentale de l'Afrique. C'est de qu'une pointe de celle côte, entre le 30e et le 3'i« degré latitude seplen- trionnale, reçut le nom de Cap De Geer. » {Not. hisi., p. 18.i

C) En 16S"2 arrivèrent quatre cargaisons de la Guinée.

{'"') « Il rendit service à plusieurs savants, s'employa en faveur de Descartes, et décida Amos Comenius, le Pestalozzi de l'époque, à s'établir en Suède, d'où sa conduite plus tard contraignit malheureusement le pouvoir de l'éloigner. »( iVbf. liist., p. 30.)

("' ) Vers la fin du XVII'' siècle, le collège du commerce so plaignit que l'indus- trie n'avait pas pris l'essor que l'on avait espéré, et il en accusa l'intolérance du clergé luthérien qui chassait du royaume les wallons que De Geer avait fait venir, parce qu'ils refusaient de changer de religion ( Palmblad, p. !269 ). Sans nier l'intolérance du clergé suédois au XVll'! siècle, nous croyons que les descendants des ouvriers wallojis existant encore aujourd'hui en Suède suffisent à prouver l'exagération de ce fait. 11 est certain toutefois qu'on refusa aux fils la liberté du culte que l'on avait tolérée chez leurs pères lors de l'immigration. En tfl'et, une loi de l'an iOSti interdit aux calvinistes et tous non-luthériens les pratiques de leur culte ailleurs que dans leurs maisons, à portes fermées, sans l'assistance de prêtres ni de coreligionnaires. Mais cette loi ne fut portée, dit-on, qu'à raisonde la conversion de Christine au catholicisme.

{"*) « 11 assura un traitement convenable à un pasteur el à un maître d'école dans la colonie wallonne qu'il avnit fondée ii Lôfsla. 11 s( fit accompagner d'un

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pasteur calviniste à Norkôping, oii les doctrines nouvelles furent professées dans sa propre demeure, contre le gré de l'évêque luthérien de Linkôping, qui en fit sa plainte. Lui-môme cependant se montra plus tolérant et plus éclairé lorsqu'il per- mit aux luthériens, après l'incendie de leur église, de se servir de sa chapelle pour l'exercice de leur culte. Il eut la même condescendance pour les luthériens allemands qu'il avait attirés en Suède, leur procura ensuite une église et paya de ses propres deniers le traitement de leur pasteur.

Ses coreligionnaires, ailleurs encore qu'en Suéde et en Hollande, ne furent pas ceux qui profitèrent le moins de ses libéralités : les habitants du Palatinat, par exemple, si cruellement dévasté en 4 021 et 1622. 11 chargea le professeur Henri Alting, à Heidelberg, de distribuer les secours destinés à ce pays qu'il visita Uii- môme, en 1632, pendant un voyage en Allemagne. »

Il fit traduire en langue slave et imprimer à ses frais la Bible et en fil distribuer des milliers d'exemplaires en Hongrie, dans la Transylvanie, l'Esclavonie et la Valachie. 11 établit à Maestricht une imprimerie à l'usage de Samuel Desmaret, pour l'aider à soutenir sa polémique contre le clergé de Liège. (Not. Itist., p. 27 à 30, passim.)

("') « En 1648, Dp Geer se rendit en Suède afin de faire agréer à la reine le projet de céder ses biens à ses enfants et de passer en Hollande, loin des afl'aires, le reste de sa vie. La reine, à ce propos, confirma ses enfants dans tous les privi- lèges octroyés à leur père. Elle lui accorda à lui-même, l'année suivante, quelques terres voisines de ses propriétés de Norkôping, en reconnaissance de l'établisse- ment d'une corderie qu'il venait de créer dans cette ville. Il lui avait été impos- sible de rompre complètement les liens qui l'attachaient à la Suède; il y retourna en 1651, et ce fut pendant les préparatifs d'un nouveau voyage, l'année suivante, qu'une maladie le surprit et l'enleva en peu de jours. Il mourut le 19 juillet 1652, à Amsterdam, il a laissé un nom honoré jusqu'à ce jour. » {Not. hist. page 26.)

;"*) « De Geer s'intéressa toujours d'une façon toute spéciale au sort des émigrés wallons, ses compatriotes. L'Hospice des orphelins wallons à Amsterdam recueillit plus d'une fois les fruits de son inépuisable charité. La mort même ne mit point un terme à sa bienfaisance qui s'étendit au-delà de la tombe. Il ordonna, en eli'et, par son testament, à son fils Laurent, comme condition expresse du legs qu'il lui fit de sa maison située à Amsterdam, de payer pendant quarante ans une somme annuelle de mille florins à la communauté wallonne qui existe toujours dans la même ville. » [Not. hht., p. 29.;

("') Dès sa jeunesse, il s'était prescrit pour règle de conduite de consacrer à des œuvres de charité une part déterminée de sa fortune, qui s'éleva dans la suite, par son infatigable activité et la réussite de ses entreprises, à des sommes immenses. Son journal relate l'engagement solennel, fait à l'âge de vingt ans, d'employer le dixième de ses bénéfices en actes de bienfaisatce. Il ne faisait point assurer ses navires, mais, à leur arrivée, il payait une sorte de prime au.\ pauvres. Plusieurs centaines de mille florins furent employés par lui, de ce chef seulement, en aumônes et en secours de tous genres. » (ISot. hist., p. 27-28.)

(""j « Le nom de Louis de Geer, dit Franzén, brille dans l'iiisloire entouré

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d'une auréole religieusement rôvériie, non-seulement parce qu'il se soumit dans toutes ses entreprises à la direction de la Providence, vers laquelle il avait sans cesse le regard tourné, s'en rapportant à elle en toute occurrence, comme le prouve son journal qu'oa a conservé ; mais encore parce qu'il fut entre les mains de Dieu un instrument on laveur de la sainte cause pour laquelle le grand roi Gustave- Adolphe mourut en vainqueur à Lutzen. » {Not. hist., p. 27.)

("'; Son quatorzième, suivant la lYof. hist., p. 27.

(") Il fit bâtir a Finspong un magnifique château en briques tirées de la Hollande.

(*") Dans la correspondance d'Oxenstjerna se trouve un Koort Aniwoord, por- tant la date 164o et exposant les faits du procès entre Louis de Geer et les De Besche. « Une chose qui le toucha bien plus, ce fut l'ingratitude de Guillaume de Besche, son représentant en Suède. Il lui avait donné en mariage sa fille Ida ; mais comme il ne voulut pas céder à toutes les prétentions de De Besche, celui-ci répandit le bruit que son beau-père avait falsifié ses livres et trompait le Gouver- nement ; il poussa la méchanceté jusqu'à le dénoncer formellement aux autorités. A peine l'enquête avait-elle été commencée, que l'ingrat dénonciateur prit la fuite. Elle fut cependant continuée et démontra, par ses résultats, la parfaite fidélité des comptes inculpés par De Besche. » ( Not. hist., p. 2o.)

{'") <i La reconnaissance de la Suède pour De Geer dure encore : en 1847 les journaux ont signalé l'arrivée dans le port d'Anvers, au mois d'avril, du brick norvvégien Louis De Geer, capitaine Sund, affrété pour le transport des émigrants allemands. » (Not. hist., p. 16.)

C*) Depuis, maréchal des Diètes de -1823 à 1828, pair du royaume en 1823, en 1781, mort en 1861. C'est jusqu'à présent le seul comte De Geer qui ail vécu en Suède. jVoy. la Biographie universelle, de Michaud.)

("J Voy. Aminnelsc-tal ofver lieer Cari de Geer, Eloge funèbre du baron De Geer, grand'croix de l'ordre de Va.sa, lu à l'Académie royale des sciences, par M. Bergman. Stockholm, 1779, in-b" de 40 pages.

Beaik bonniers de terre et trois journaux gisant en Grand-Erres et delei

seigi Lauiberi de Oeer de Chènée.

roaisj Lîinilinit «U; (le^r iie «iliêm e, épousa Jeanne de Btlieflanime, fillo de MalLicu et de Callicriue de Fexlie.

(celii a GuilljUiue Cels, et Marie, iiiaiiée en secondes noces à Elias Trips

(Le

J(

4 août Id4l. el devint seigneur de Leufsta, Oslerby, Fin^pong, etc.

hristine «Icstii f 1b9i) Eléonure. l£eiij:iiiiiu

nar. a de Gudgard el Skyilberg à Ulreolit

oiumon. t I60I.

Jeïiii 7 17 iU L.t>iiin f 1735 1 iilie niar. en

de Godgard. de Skyilberg. Hollande.

d'|l"" A.lesiî.mli*e Jean «iiiiill"»: L.ouis 5 filles,

ervik capilainc f 17o4 cbarles

09. t 1771.

•'siill'"" Jeun diui-let!» -2 lils 1 ftis lu. 4 filles

nnois \ en bas-àge.

e^ume capit. russo finnois.

T IJJoO.

»iiis Ainéiléc

{en Suisse.

3 fils 1 fille.

Famille noble finnoise.

I journaux gisant en Graad-Erres et delez

Luinbcrl do Cecr uo Cliâni^c, :

r iJo Briuliuoiil (uinsi qiu lu ruppui'te Joari 1

i Louis de (iL'L-r, âeii;iiL'ui' de Uriaimonl, se (jualifia soigneur de Noirmonl i

) Tuiuine M.irgUdi'ile de IIiki-Iuz, lient

s l^ullivriiie de Fexlie.

i: Udkniinimc, nil^ d<i

1 Iti It) Juillet Itiol 11 opju^ii en lOl'J Adri

k'iiit sttrgni-iir de Leulsla, Oslerly, t'in.-pong, elc.

>g'' ii'Udierhy, Ida EliKabulh Miirie Ejniiln,srdorinspong,

u roi di> SiiËde, mar. i'h, ninr. un mnr. en llliynlmyscn, l'pouâU

Ëpoiisii M:irg. Grnmen, De Besche lloU. Ilolt. Jciinrie l'iiniiiinlier-,

nilc du Gi<ruril, d'^piil.) aux. famille de Lille, f Iti^S. Etals Riiiii'rjuxdi-s l'rovinccs Unies, t 106.;.

biÉia A.lr.aiio EliL-inie. ^g'■ du Ctirisluiu a<*iiii f IbHii Elûuiiuie. UeiU'inilu

mjir. A iiiiii'. n Giiim,.'|)ou,sHtstlier mm: a de Cudgard et Skyllberg à Uipeubl

Wultoii. Tt'ipp. uei-ii.ir.l, rijiiiillc Crouimon. f 1651

t 1691) en Dalmal.

chanoine à Uircchl.

«JhnrleB ^iitnliii:

Ramn D. G. ilc d'Oe>lell.y f 1 Leufâla t 1719. Siina oiifunls

Bxron D G. il<- T.'i'vili cn\n\:

cil FiiiUûde-1- no9. t n

l.nula Jean Jacquca 'J ni les. Clinrles l':innilliel B. Aiilctli

t 1758 Bur. U. G. du Piuspung Btir. D. G. de Dar. D. G. Fi-oluna non

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CU«,îi!lu;';!f"':"''*', " Cl.n..|e« lT.r?.nuel B L«ui« Slilks "Bar 1.omI; AméUi-c

1.1 ^'^"^'' ''" '"^""^ "' ^e Leiifïla dep. Ititil en Suisse

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RAPPORT

Sur une découverte de monnaies faite au village de Grand-Axhe, au mois de mars 1876.

La Hesbaie est l'une des régions les plus anciennement mentionnées, les plus historiques de notre province. Aussi n'esl-il pas rare d'y découvrir des débris de plus d'une époque; partout l'on y fouille le sol, il répond aux investigations de l'archéologue. Souvent les trouvailles que l'on y fait viennent confirmer les enseignements de l'histoire, d'autres fois elles semblent les contredire, ou du moins elles semblent de nature à faire surgir de nouvelles questions. Mais même lorsqu'elles ne font pour ainsi dire que poser des points d'interrogation, ces découvertes sont encore utiles ; elles doivent encourager les recherches en donnant des indications précieuses sur les points il convient de les diriger.

Toutefois si, en archéologie comme dans toutes les sciences, le précepte de l'Evangile «cherchez et vous trouverez» subsiste et se vérifie chaque jour, il est vrai, d'un autre côté, que parfois les trouvailles les plus remarquables sont dues simple- ment à des chances heureuses, à des travaux faits dans le sol pour les besoins de l'agriculture ou des constructions à élever, et qui n'ont rien de commun avec les explorations dirigées par la science de fanliquilé.

Sans prétendre donner à la trouvaille dont ces lignes ont pour but d'expliquer et de motiver l'acquisition par notre Musée archéologique une importance exagérée, elle rentre cependant

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dans cette dernière catégorie. Voici d'ailleurs dans quelles circonstances cette petite découverte a été faite.

Il y a quelques années, lors de la reconstruction de l'église paroissiale du village de Grand-Axlie, située à deux kilomètres sud-ouest de Waremme, les terres enlevées pour la confection des briques nécessaires à la bâtisse, amenèrent la découverte de beaucoup de tombes qui se trouvaient à une profondeur d'un mètre cinquante centimètres, et qui contenaient un assez grand nombre de poteries et de fragments d'armes. Le témoin oculaire auquel nous devons ces renseignements, nous a assuré avoir pu constater l'existence de haches d'armes et de cinq ou six boucliers, dont la forme était parfaitement reconnaissable et qui paraissaient encore assez intacts au moment l'on enlevait les terres; malheureusement ces armes offensives et défensives, entièrement oxydées, se décomposaient, s'effeuil- laient et tombaient pour ainsi dire en poussière, lorsqu'on cherchait à les saisir et à les soulever de terre. Les précautions les plus minutieuses ne permirent que de recueillir des frag- ments assez informes.

Comme c'est généralement le cas dans les découvertes de cette nature, on fut beaucoup plus heureux pour les poteries que pour les objets de métal, le temps et l'humidité du sol a>ant moins d'action sur celles-ci. Nous devons à l'extrême obligeance de M.Gilis, curé de Grand-Axhe,le don de quatre de ces vases en terre cuite, qu'il a recueillis lui-même et dont deux sont encore entiers. Il a bien voulu y ajouter aussi les fragments, malheureusement informes, de haches ou d'autres armes en fer. Le dor.ateur nous a fait connaître qu'un grand nombre de ces vases en poterie avaient été brisés par l'incurie des ouvriers, malgré les recommandations qui leur avaient été faites et les récompenses promises pour les objets qu'ils par- viendraient à recueillir intacts.

Ces poteries et ces armes appartiennent h la période Gallo- Romaine, dont on retrouve encore, sous le sol de notre pays.

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des fragments si nombreux ; seules reliques d'une période historique, sur laquelle les renseignements écrits et la tradi- tion même jettent si peu de lumière.

En offrant ces poteries au Musée archéologique, M. le curé de Grand-Axhe voulut bien nous faire connaître une décou- verte très-récente et dont le produit forme plus dir3ctement l'objet du rapport que nous avons l'honneur d'adresser h notre Institut.

Dans un fossé, tout auprès du terrain dont le sol avait été abaissé d'un mètre cinquante centimètres pour la confection des briques, on trouva, le 1'''' Mars 1876, un pot en terre appar- tenant h une époque historique beaucoup plus rapprochée de nous que les vases dont il est question. Ce pot, dans son état actuel, il a la partie supérieure du col brisée mesure 8 centimètres de hauteur. D'une fabrication grossière, c'est seule- ment par son contenu qu'il offre un intérêt réel au point de vue de l'histoire de l'ancien pays de Liège.

Dans ce pot se trouvaient en effet 88 petites pièces de mon- naie en argent; les unes assez frustes, les autres mieux conser- vées, mais appartenant toutes à une même époque; après un examen attentif elles purent être classées de la manière suivante:

Les monnaies se rapportent toutes à deux princes contem- porains : Hugues de Pierrepont, prince-évêque de Liège (1200- 1229), et Henri, duc de Brabant, (1190-1235).

Elles se subdivisent de la manière suivante :

N" 1. 16 deniers de Hugues de Pierrepont.

Avers. Buste mitre vu de face; l'évêque tient la crosse de la main droite et le livre des Évangiles de la main gauche. Au-dessus de la tête on lit : HVGO.

Revers. Une église tlanquée de deux tours ; au-dessus du toit de l'église on voit un oiseau. Sans doute une aigle.

Décrit dans Perreau, catalogue des monnaies de la princi- pauté et évêché de Liège, sous le n" 12 des monnaies de Hugues de Pierrepont. Cet auteur croit reconnaître une colombe

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dans l'oiseau qui se trouve au-dessus de l'église représentée dans cette monnaie. Nous ne saunons nous ranger h cet avis(i).

2. 13 deniers du même évêque.

Avers. Même effigie que dans la monnaie que nous venons de décrire, même inscription.

Revers. Perron, composé d'un style posé sur trois degrés, et surmonté d'une large croix. Il est accosté de deux étoiles à cinq pointes (2), on y lit en caractères placés très-irrégulière- ment >î<LEODI.

Décritpar Perreau souslesn°'9et iO.DeRenesse, pi. III. N"l.

N" 3. Un denier du même ëvêque.

Avers. Buste vu de face ; il tient la crosse de l;i main droite, on dislingue la lettre G....

Revers. Château avec haute tour crénelée et porto défen- due par une herse, accosté d'un oiseau et orné d'une bannière. A droite on voit la lettre H...

Décrit par Perreau sous le n" 17. Cette pièce paraît être la même que celle du u" o de la première planche de de Renessc, reproduite d'après un exemplaire très-fruste. Cet auteur attri- bue la pièce l\ Notger !

I ) L'église représeiUée dans noire pièce de monnaie, n'a pu être, dans la pensée du graveur, que la Cathédrale de St-Lambert. Il est assez difllcile de voir ce qu'une colombe viendrait y faire. l\ convient de rappeler an contraire que, du moins dans les derniers siècles de son existence, la Cathédrale de Liège était surmontée d'une tourelle sur laquelle on voyait une double aigle en bronze doré, (V. le Comte Van den Stcen de Jehay, Essai historique sur l'ancienne Cathédrale de St-Lainherf, p. -1,39) symbole de la protection et de la suzeraineté du St-Empire, sur l'église de Liège. Il est possible que cet emblème n'ait été placé que longtemps après Hugues de Pierrepont, mais c'est la même idée symbolique qui était rappelée et sur le monument et sur la médaille dont nous nous occupons.

(-) Le R. P. Cahier, dans son livre sur les Caractéristiques des Saints dans l'an populaire, assure que l'étoile des artistes chrétiens n'a presque jamais un nombre de rais impairs. Il affirme même que le Pentulpha des anciens, de même que l'étoile à sept pointes, appartiennent aux rêveries astrologiques ou aux signes de ralliement des sociétés secrètes. La théorie du savant iconographe, semble difficile à admettre et nous avons la conviction que les étoiles du denier de Hugues de Pierrepont n'ont rien de commun avec les signes d'une association occulte. Dans la pièce de monnaie décrite sous le 4, nous retrouvons l'étoile à cinq pointes et un croissant. L'intention est donc simplement de rappeler le ciel, te firmament.

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N" 4. 44 deniers du même évêque.

Avers. Buste mitre, vu de profil, tenant la crosse devant lui et un livre de la main gauche; derrière le buste une tourelle.

Revers. Eglise flanquée de deux tours, au-dessous de laquelle apparaissent un croissant et une étoile à cinq pointes. Pas de légende ni d'inscription.

Décrit par Perreau, sous le n" 30. V. le 1 de la planche II de de Renesse, qui attribue celte pièce h Wolbodon.

5. 2 deniers, probablement du même évêque que les pièces décrites sous le 4, mais ils sont tellement frustes qu'il n'est pas possible de les classer.

6. 12 deniers de Henri I, duc de Brabant.

Avers. Buste armé d'une cotte de mailles, tenant l'épée de la main droite ; on y lit : HENRICVS DVX.

Revers. Une église.

Les pièces que nous venons de décrire sont en général d'un travail assez grossier et ne répondent, au point de vue du déve- loppement de l'art du graveur, ni aux sceaux de notre pays, ni à d'autres monuments de la même époque qui subsistent encore.

La trouvaille faite à Grand-Axhe ne nous apporte pas de type encore inconnu dans la science de la numismatique de l'ancien pays de Liège. Toutefois, prise dans son ensemble, elle est loin d'être sans intérêt.

Comme on vient de le voir par la description succinte que nous avons faite, toutes ces pièces de monnaie se rapportent précisément aux deux princes belligérants dont les armées se rencontrèrent près de Montenaeken, dans la plaine de Steppes.

On se rappellera que la bataille livrée le 13 octobre 1213, entre Henri I, duc de Brabant, et Hugues de Pierrepont, évêque de Liège, connue sous le nom de la Warde de Steppes, fut précédée de déprédations et de ravages de toute nature, que les troupes brabançonnes commirent dans le pays soumis au prince de Liège. Waremme, Tourinne, Waleffes, localités situées dans la circonscription oij ces deniers ont été

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découverts, furent mises à feu et à sang. Il est donc au moins vraisemblable que ce petit dépôt, qui ne devait revenir au jour qu'après tout une série de siècles, fut confié à la terre à cette époque et que son possesseur a été victime de la guerre qui alors désolait la coutn-e.

Les pièces de monnaie trouvées appartiennent assurément à l'une des époques les plus intéressantes et les plus agitées de nos annales, et leur trouvaille semble les rattacher d'une ma- nière assez directe à l'un des faits d'armes les plus glorieux pour l'ancien pays de Liège.

Jules HELBIG.

A PROPOS

Du cinquantième anniversaire de la mort de Villenfagne.

Le 23 Janvier de celte année, un demi-siècle s'est écoulé, depuis que Hilarion Noël, baron de Villenfygne d'Ingihoul, est descendu dans la tombe.

Il ne convenait pas, ce semble, que l'Inslitut archéologique liégeois, laissât passer cet anniversaire sans rappeler le souve- nir de cet homme, recommandable h tant d'égards.

De Vilienfagne, —il est vrai, - ne peut être compté parmi les archéologues, dénomination d'ailleurs toute moderne. Mais il est iiiconleslable qu'il a rendu à l'archéologie liégeoise des services très-éminents.

Il ne s'agit pas ici de composer un éloge académique de Vilienfagne. -- On a par trop usé et même abusé de ces pané- gyriques ; mais simplement de rappeler, en tant que besoin,

sa mémoire et ses mérites, à ses concitoyens en particulier,

à tous les amateurs des lettres en général.

On l'a fort bien dit depuis longtemps : « la vie d'un auteur est toute dans ses ouvrages. » Ces mots s'appliquent surtout à de Vilienfagne. Il serait inutile par conséquent, de refaire sa biographie, qui a d'ailleurs été écrite plusieurs fois, et se trouve h la portée de toutes les personnesqui s'y intéressentd).

(i ) Ch. 'le ChëntHlollé a d'abord publié une notice sur de Vilienfagne, insérée dans le Journal de la province de Liérje, n"s "2^^ 27 et 28, du 29 janvier et des 1, 2 et ?t février 1826. Celle notice, dont il y a de rares tirés à pari (Liège, J. Desoer, 1826, in-8o de 20 pp.) a été maintes fois reproduite, cnlr'aulres dans la Diorjraphie univemelle de Michand, et dans la Biographie liégeoise de Bec-de- Licvre. Knsuilc M. Ferd. Henaux a publié, dans le Messager des Sciences ei des Arts de Gand, année 1838, un essai sur la vie et les ouvrages du baron de Vilien- fagne, dont il y a également des tirés à part.

~ 490

Bornons-nous donc h résumer, en quelques mots, cette carrière si laborieuse et si bien remplie, tout eu rectitiant ou complétant quelque peu.

Hilarion Noël de Villenfagne, issu d'une famille honorable et ancienne, naquit, non pas à Liège en juin 1753, comme l'assu- rent ses différents biographes , mais bien à Hordenne, commune d'Anseremme près Dinant, le 14 juin 1753 (i).

Il reçut une éducation soignée, et plus littéraire que celle que l'on avait coutume de donner alors à la plupart des gentilshommes liégeois.

Le jeune de Villenfagne, dont les goûts studieux se mani- festèrent de très-bonne heure, sut tirer le meilleur parti possi- ble de cette éducation. Dès 1781 il se fit agréger *> la société d'Emulation, nouvellement fondée à Liège, et prit dès lors une part active aux travaux de cette société.

Le jeune gentilhomme liégeois fut pourvu, de bonne heure, de deux canonicats, à Tongres et h St-Denis à Liège. Il conserva ces bénéfices pendant plusieurs années, sans avoir jamais eu, comme il le dit lui-même, l'intention de s'engager dans les ordres sacrés (2).

Il serait bien permis de passe)- sous silence les différents emplois publics, les diverses distinctions littéraires, dont de Villenfagne a été revêtu, tels que ceux de député de l'ordre équestre, conseiller privé de S. altesse, membre de l'Institut, puis de l'académie royale des Pays-Bas etc., etc. Ces honneurs, ces dignités, personne ne l'ignore, ne sont pas toujours la récompense ou la preuve d'un mérite réel, et n'y ajoutent rien lorsque celui-ci existe.

Notons cependant qu'il fut, dès la fondation de notre univer- sité, l'un de ses curateurs, et qu'il s'acquitia de ses fonctions

(') Ce reaseigiiement est sur. Je l'ai vu tracé de la main même de Villenfagne. Voir d'ailleurs le lieciicil f/éraldiquc des llounjnie-sti-es de lÀérje, continué ijor X. de Theux, Liège i863, in-foi. p. 312.

(■) Voir ses Mélanges de 1810, p. 6(i.

491

avec cette conscience qu'il mettait h remplir toutes celles dont il voulait bien se charger.

Rappelons surtout que de Villenfagne a été (en 1791-1792), l'un des derniers bourgmestres de la noble cité de Liège, alors que cette ville était encore la capitale d'un pays indépendant (i).

De Villenfagne s'éteignit à Liège, le 23 janvier 1826, après une maladie de peu de jours, regretté de toutes les personnes qui avaient eu le bonheur de le connaître.

La carrière littéraire de Villenfagne commença de fort bonne heure. Dès l'âge de seize ans, il avait été attiré vers les recher- ches d'érudition, et principalement vers celles qui se rattachent à l'histoire politique et littéraire de sa patrie. Il rendit à ces deux branches de l'histoire, des services éminents. Ce fut aussi lui, tout le premier, qui publia des recherches sur les arts à Liège et les artistes liégeois.

Pour l'histoire politique, on trouve dans ses travaux, des discussions très-profondes sur plusieurs points obscurs, que l'auteur a éclaircis avec autant d'érudition que de sagacité. Il a jeté aussi une vive lumière sur les anciennes lois, les anciennes institutions, si originales, du pays de Liège.

Quant à l'histoire littéraire liégeoise, celle-ci, avant de Villenfagne, était un terrain presqu'entièrement reste en friche. Que de noms, qui étaient tombés dans un oubli immérité, il a rappelés à la mémoire et à l'attention de ses concitoyens!

La providence, dans la répartition de ses dons, n'avait point accordé à de Villenfagne des facultés extraordinaires. Il n'avait pas ù coup sûr, reçu le don de l'imagination, aussi indispen- sable h l'historien qu'au poète.

Lui-même a senti tout ce qui lui manquait sous ce rapport. Non seulement il a renoncé de bonne heure à continuer ses essais, assez malheureux, en vers, avouant qu'il n'était point

(* ) Deux frères du baron Hiiarion de Villenfagne comptent également parmi les bourgmestres de Liège, nommés avant la réunion à la Franco; Léopold-Albert- Ignace en 1788 el .leaii-Dieudonné-Philibert en 179?..

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poëte ; mais de plus il a reconnu que, pour manier le burin de riiistoire, il fallait une main aussi laborieuse, mais plus ferme que la sienne. Nul mieux que lui n'a su que, pour accom- plir une tâche aussi difficile, le crayon d'un simple érudit ne peut suffire.

Aussi n'a-t-il jamais essayé d'écrire l'histoire, mais il s'est toujours contenté de se livrer à des recherches historiques.

Eh bien ! notre estime pour la mémoire de Villenfagne, n'en doit être que plus profonde. Les talents qui nous sont accordés en naissant, s'ils peuvent provoquer parfois l'admiration, ne méritentjamais la moindre reconnaissance.

Le vrai mérite d'un homme consiste dans son caractère et dans sa persévérance. Sous ce double rapport, de Villenfagne s'est rendu digne et de toute notre admiration et de notre gra- titude entière.

Avec combien de circonstances adverses n'a-t-il pas eu à lutter pendant toute la durée de sa carrière ! L'exil de sa terre natale, la confiscation d'une grande partie de sa fortune, l'incendie par les bombes françaises de sa bibliothèque chérie, rassemblée avec tant de soins, rasiervissemeni de sa patrie, l'indifférence du public pour ses travaux (i), rien ne l'a arrêté, rien ne l'a découragé.

L'âge qui paralyse tant d'intelligences, semblait accroître son zèle et redoubler ses forces ; il n'a cessé de travailler qu'en cessant de vivre.

On peut l'affirmer sans craindre un démenti : depuis le docte Chapeauville, aucun homme n'a rendu d'aussi grands services aux annales du pay.s de Liège que Villenfagne.

Si l'auteur de tant de laborieuses recherches a joui pendant sa vie, de l'estime générale de ses concitoyens ; ce ne lut qu'a-

( •/ Les Essain critiques sur différents points de l'histoire de Liège, que Villen- fagne fil imprimer en 1808, en "2 vol. in-12, avaient été annoncés pyr souscription, pendant trois ans, finirent par trouver jusqu'à trois souscripteurs. Son ouvrage le plus important, les Recherches, n'iHait pas épuisé, il y a peu d'années encore. Et cependant l'auteur faisait tirer ses ouvrages à petit nombre I

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près sa mort que ses travaux furent appréciés, avidement recherchés et disputés par un public nombreux.

Il a rencontré quelques détracteurs, il est vrai; mais vaut-il la peine de faire allusion à quelques pygmées littéraires, qui, étant parvenus à se hucher sur les robustes et laborieuses épaules de Villenfagne, se sont crus grands, s'imaginant voir un peu plus loin que lui, et ont affecté de le mépriser ?

Mieux vaut rapporter ici le sentiment de feu M. de Gerlache, un véritable historien celui-là, et par conséquent un juge compétent, qui a exprimé sur de Villenfagne un jugement aussi sobre qu'équitable.

« De nos jours, dit-il, plusieurs écrivains se sont encore essayés sur le même sujet ( l'histoire de Liège ) ; mais aucun ne l'a fait avec plus de constance ni d'érudition que M. de Villen- fagne. Doué d'un courage infatigable, il a consacré tout le cours d'une longue carrière à faire des dissertations sur les différents points de nos annales qui lui ont paru susceptibles de controverse. On doit regretter qu'il n'ait point fondu ses doctes recherches avec les faits, dans une suite de narrations, et qu'il n'ait, en quelque sorte, travaillé que pour les auteurs et les savants. Toutefois, s'il est possible d'écrire l'histoire de Liège d'une manière aussi exacte qu'intéressante, la justice nous commande de le dire, c'est en grande partie à M. de Villenfagne que nous le devons : sous ce rapport, il a rendu de véritables services h son pays. » (i)

De Villenfagne nous a laissé, outre de nombreuses produc- tions imprimées, aux frais desquelles il a consacré une partie de la fortune qui lui était restée, d'autres travaux assez consi- dérables demeurés inédits. Ces travaux non encore publiés, sont tombés tous, ou du moins la plus grande partie, en d'ex- cellentes mains (2).

i * ) Souvenirs liistoriques du pays et de la priticipauié de Liéye, imprimés à la fin du Procès-verbal de la séance publique tenue te 'iQ janvier 1 825 par la Société libre d'Einulaiion de Liège. M. de Gerlache a reproduit co passage dans son inlro- duclion à l'Histoire de Liège, Bruxelles 184?), in-S".

(') Celles de M. le chevalier X. de Theux.

- 494 -

Ils ne sont ainsi, ni perdus, ni même égarés, et il y a tout lieu d'espérer, qu'après un triage fait avec soin, ils seront imprimés et publiés avant qu'il ne s'écoule beaucoup de temps.

Ce serait là, semble-t-il, le meilleur hommage à rendre à la mémoire d'un homme qui en est aussi digne.

H. HELBIG.

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EXPLORATION

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TOMBE DITE DE L'EMPEREUR

PRÈS DU VILLAGE DE MOXHE.

L'heureux résultai des fouilles effectuées au mois de mai 1873 dans le tumulus d'Avenues décida Vlnstitut archéologique liégeois h entreprendre, au mois de juin suivant, l'exploration de la tombe romaine dite de l'Empereur.

Ce tumulus, distant d'une cinquantaine de mètres au nord de la grande chaussée de Tongres à Bavay, est situé près du hameau dit de l'Euipereur, hameau dépendant de la commune de Moxhe (')• Toutefois noire tumulus ne fait point partie du territoire de cette dernière commune. Il est détaché, ainsi que deux ou trois maisons, du gros du hameau et forme actuellement l'extrémité sud-ouest du territoire de Villers-le-Peuplier, village dont il est éloigné d'environ deux kilomètres (^).

( * ) C'est en ce hameau que la route de Landen à Namur coupe perpendiculaire- ment la chaussée romaine de Tongres à Bavay. Son uora de l'Empereur que nous avons retrouvé duns des registres datant de l'an 1690, paraît lui avoir été donné en souvenir de Charles-Quint. Peut-être aussi ne doit-on lui attribuer d'autre origine que renseigne d'une auberge qui existait autrefois dans la localité.

(*) Voir, dans notre rapport sur VExploraiiou de la tombe d'Aiennes, ce qui est dit sur la situation de la tombe de l'Empereur, relativement aux tumulus d'Avennes et du Soleil, ainsi que sur leurs distances respectives. [Bulletin de l'Institut archéo- logique liégeois, tome XII, livraison, page 199.)

m\

La lombede l'Empereur est une des plus petites qui couvrent le sol de la Hesbaye ; elle ne mesure guère que 06 mètres de circonférence à la base et 18 au sommet. Sa pente au nord est de 7'", 90, à l'ouest de 6'", 43, à l'est de 7"', 80 et au midi de 7'", 59. On peut constater une légère déclinaison de son assiette dans la direction N.-E. Elle est plantée dans sa partie nord et ouest de trois beaux peupliers du Canada, tandis que sa pente méridionale est couverte de buissons de ronces, qu'il a fallu enlever en partie pour pouvoir ouvrir la galerie d'exploration. Un étroit sentier serpente le long de ses flancs et conduit au sommet, gazonné et nivelé en plate forme, comme chez la plupart de nos tombes hesbignonnes.

Peu d'écrivains font mention de la tombe de l'Empereur; elle semble avoir été beaucoup moins signalée que sa voisine, Ja tombe d'Avenues. Les cartes des biens de l'abbaye de Saint- Trond l'ont toutefois fait connaître à M. Piot, qui donne sur elle (i) les renseignements suivants : carte des biens situés h Moch et Mocheron (Moxhe, etc., province de Liège), un tumu- lus « près de la Haute-Chaussée (Chaussée de Tongres à Bavay ), entre le chemin de Mocb àVillers et le Haut-Tiége. «(a) N'oublions pas de dire que depuis longtemps ce tumulus avait attiré l'attention de notre infatigable président d'honneur, lors de ses nombreuses excursions dans notre pittoresque province.

(') Exploration de quelques tumulus de la Hesbaye, par M. H. Schuermaus, p. 382 du tiré à part, note V, lettre A.

(*) La carte toporjraphique des Pa;is-Bas, par W. D. S., ingénieur et architecte (Francfort-sur-le-Mein, 1784), signale une « censé et tombe de l'Empereur. » Nous ignorons était située la ferme dont elle fait mention et si elle existe encore aujourd'hui. C'est à tort, croyons-nous, que la carte en question figure deux tombes à l'Empereur, car nous n'y avons trouvé aucune trace de l'existence d'un second tumulus.

La « Nouvelle carte choroqraphique des Pays-Bas auiricliiens, » par J. B. de Bouge ( Bruxelles, 4789 ), indique une tombe et un cabaret.

La « Nouvelle carte des Pays-Bas, » réduite d'après celle de Ferraris (Bruxelles, J. Coché), mentionne également un cabaret dit « de TEmpereur. »

497

La tombe de l'Empereur appartient actuellement à la famille de Woot de Trixhe, ainsi que la terre sur laquelle elle est assise et qui est renseignée au plan cadastral de la commune de Villers-le-Peuplier (canton d'Avennes , arrondissement administratif de Waremme) sous le n" 490 de la section B.

M. le baron Florent de Woot de Trixhe, propriétaire du charmant château de Moxhe, s'empressa, à notre demande, et avec la plus grande affabilité, de nous accorder l'autorisation d'explorer ce tertre, en abandonnant généreusement au Musée de Liège le produit éventuel des fouilles.

Les travaux d'exploration, dont l'Institut voulut bien nous conlier la direction, furent commencés le mardi 10 juin, h onze heures du matin, au moyen d'une galerie horizontale de 2 m. d'élévation ouverte au Sud-Ouest , et avec l'aide de deux ouvriers, le nommé Pierre-Joseph Lamproye, journalier à Moxhe, (déjà employé lors des recherches faites dans la tombe d'Avennes), et son tils, Nicolas Lamproye.

Dès l'après-midi du lendemain 11, la pioche mettait au jour des fragments d'une patère grossière (n" 10 de la fig. "2, pi. III bis), fragments engagés dans l'argile presque à hauteur de notre voûte, et accompagnés d'une côte d'un animal d'assez forte taille. Peu après les ouvriers nous firent appeler en annonçant qu'ils venaient de découvrir le caveau. C'était en effet une sépulture, ou plutôt une réunion d'objets mobiliers qui venait de s'offrir inopinément à la vue dans la paroi de droite de notre galerie et à environ 1"'00 au-dessus du niveau de la campagne voisine.

Avant de passer à un examen détaillé des proportions et de la situation de ce caveau, nous allons donner une description sommaire des objets qu'il renfermait.

A. Deux ollas en terre noire commune (voir pi. IV, fig. 7). Nous ne nous arrêterons pas à ces deux objets, que l'on rencontre fréquemment dans tous les Musées de l'Europe,

- 40 s

B. Deux très-petites cruches eu lerre jaune (voir pi. IV, tig. 2j.

Leur exigûité pourrait faire croire que nous avons affaire à un jouet d'enfant. Les cruches de cette dimension abondent cependant dans les collections, et le Musée de Liège, entre autres, en possède déjà plusieurs.

C. Une cruche de la même terre et du même modèle que les

précédentes, mais de plus grandes dimensions (voir pi. IV, tig. i). La tombe d'Avennes nous avait déjà précédemment fourni deux cruches de ce modèle, mais d'une taille encore plus forte (voir le rapport sur cette dernière exploration, pi. VI, fig. 12). Ces sortes d'objets sont généralement considérés comme ayant servi à contenir de l'eau ou du vin.

D. Un vase en terre grise très-commune, peu cuite et excessi-

vement friable; la panse est ornée de lignes circulaires en creux (voir pi. IV, fig. 4).

E. Un autre vase, ne différant guère du précédent qu'en ce

qu'il est un peu moins élevé, mais plus large à la panse ; celle-ci est garnie de lignes circulaires semblables (voir pi. IV, fig. 3). La poterie dont il est ici question paraît se rapprocher de celle dont M. Schuermans a trouvé un spécimen dans la tombe de Middelwinden (Neerwinden) et qu'il décrit en ces termes : «poterie grossière à peine cuite, » poterie s'émiettant dans les doigts, et n'ayant pas du » tout les caractères de la poterie romaine, mais pouvant » être tout simplement un vase fait sur les lieux mêmes, et » accidentellement mêlé à des vases plus recherchés (i).»

F. Deux cruches identiques en terre jaunâtre et munies chacune

d'une double anse. Ces deux objets, brisés en une infinité de morceaux, dont une bonne partie se trouvait même en dehors du caveau, n'ont pu, malgré des recherches poussées à plus de deux mètres de celui-ci, être retrouvés

/ Bullciiti (Ifs iom. roy. d'arl ri ({archéolofjic, IV, p. 392, pi. tll, tig. ii.

499

en entier; on a pu toutefois en rétablir la forme et les dimensions (pi. IV, tîg. 6).

G. Deux autres cruches à panse fort large et à goulot évasé formé de plusieurs lobes successifs qui s'étagent en gra- dins, auxquels l'anse vient se rattacher (pi. IV,fig. 5). Cette forme, d'une très-grande élégance et que nous n'avons rencontrée jusqu'ici dans aucune collection du pays, pourrait bien être nouvelle.

Remarquons ici cette particularité que presque tous les vases recueillis avaient été déposés par couple dans le caveau.

H. Une patère grossière, très-basse de forme et recouverte d'un vernis d'un rouge jaunâtre (pi. IV, flg. 8). Nous en avons déjà parlé précédemment en la signalant comme le premier objet trouvé par les ouvriers, et ainsi que nous l'avons déjà dit, un peu en dehors du caveau. Elle est cependant d'une fabrication indubitablement romaine, et semble avoir une grande analogie avec celle trouvée dans la tombe Hémava et décrite par M. Schuermans comme « patère de terre cuite revêtue d'un vernis rouge, mais » qui est moins adhérent que celui de la poterie « samienne (i). » C'est du reste un objet que l'on rencontre très-fréqueinment dans les substruclions romaines, ainsi que dans les tumulus (2). Notre patère diffère de celles qui ont été recueillies dans la tombe d'Avennes, en ce que ces dernières sont de moindre dimension et recouvertes d'un vernis d'un rouge plus foncé (8).

(* ) Bulletin des com. roij. d'art et d'archéologie , IV, p. 374, noVIl, pi. (, fig. 10.

(') Voir entre autres, Bnlleiin des com. roy. d'art et d'archéologie, IV, p. 388, pi. II, flg. 26; IV, p. 424, pi. iV, fig. 33 ; VI, p. 2T8, pi. XII, fig. 26, 27, 28; VI, p. 166, pi. V, fig. 23 à 28, etc.

(') Voir notre rapport sur les fouilles exécutées dans le tumulus d'Avennes {Bulletin de l'Institut archéoloqique liégeois, tome XII, 2'"" livraison, page 2M, planche VI, fig. 3).

500

1. Nous arrivons à l'objet le plus intéressant qui ait été recueilli : c'est une empreinte laissée sur un morceau de terre, soit par une étoffe, soit par un fragment de bois sculpté. Le dessin représente une succession de petits cercles finement travaillés, disposés entre deux lignes parallèles et rappelant assez fidèlement les festons d'une dentelle ; les deux extrémités sont abaissées en angles obtus, de manière k représenter trois côtés d'un octogone. Cette dernière disposition, c'est-à-dire l'absence complète de courbe dans les angles, ne permet pas de voir dans notre dessin la trace laissée par un bijou, dont on aurait d'ailleurs retrouvé des vestiges. Dans les angles dont nous venons de parler on remarque deux croissants dont les pointes sont relevées et sous chacun d'eux un ornement qui imite parfaitement des pandeloques de boucles d'oreilles. Un ornement semblable, mais plus petit, se retrouve au centre et en dehors de la bordure festonnée déjà décrite (pi. V, fig. 2). Le dessin entier est marqué par une poussière grisâtre qui fait saillie sur le fragment de terre et y adhère assez fortement ; toutefois le tout a été, dans un but de préservation plus complète, passé nu silicate de soude, puis placé sous verre.

Ce bloc de terre a été recueilli dans le coin ouest du caveau, contre la paroi nord ; il était placé horizontale- ment, l'empreinte en dessous et se trouvait séparé du fond de la sépulture par un vide d'un doigt d'épaisseur, rempli d'une poussière brunâtre, ce qui nous donne lieu de croire que l'empreinte en question est plutôt due à une sculpture sur bois. Est-ce un fragment du couvercle protecteur ? Nous laissons aux adeptes autorisés de la science le soin de déterminer la nature et l'origine de ce curieux débris archéologique, le premier de ce genre que les tumulus romains de la Belgique aient révélé jusqu'à ce jour.

J. Enfin, mentionnons encore une fibule en bronze, privée de

Bulleliiiderinst.arclléol.liéacois.Tome XII .

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501 ~

son ardillon. Elle est fortement oxydée, ce qui ne permet pas facilement d'en juger le travail et la forme (pi. V, fig. 1) (i). Cette fibule ne fesait point partie du mobilier funéraire : elle a été trouvée dans les terres au nord-est et à près de deux mètres des autres objets (et au niveau du sol de la galerie) lors des recherches poursuivies pour déterminer la paroi nord-est du caveau. Revenons à ce dernier. Nous avons déjà dit qu'au lieu d'être creusée dans le sous-sol comme les autres caveaux explorés par nous, la sépulture de l'Empereur se trouvait établie, à un mètre d'élévation, dans les terres rapportées du tumulus, c'est-à-dire que les objets que nous venons de décrire n'avaient été confiés à la terre que lorsqu'une partie de la tombe était déjà édifiée ; simplement déposés sur le sol des premières couches, ils avaient été ensuite recouverts par les dépôts de terres subséquents. Les parois de notre sépulture, en admettant qu'il y en ait jamais eu, étaient extrêmement peu visibles; nous pouvons toutefois assigner à celle-ci une largeur approximative de l'",25. La partie nord-est semblait totalement dépourvue de mobilier (nous disons : semblait, car ses limites n'ont pu être retrouvées bien exactement (voir pi. III bis) ; relativemeîit à sa largeur, plus facile à déterminer, la longueur de la sépulture pouvait être de i"\50 à 1"',60. Nous ne l'avons point trouvée remplie, comme ailleurs, de cette terre meuble et grasse, que M. Schuermans a également toujours constatée dans ses recherches et qu'il appelle terre jectisse (2), dénomination qui la décrit parfaite- ment ; elle était remplacée, tout au contraire, par une argile ne différant guère, comme qualité et comme dureté, de celle qui a servi à édifier notre tumulus. Disons encore que ça et là, entre les divers objets, on pouvait constater des vides plus ou

( •) F.a fig. 1 de la pi. V représente cette fibule de face (a) et de profil (b). (*) Hiillcii» des coin. roy. rfart et d'archéoloqie, lY. p. 389, etc.

o02

moins verticaux et de près de deux doigts de largeur, vides laissés évidemment par des planches qui auraient peut-être servi à séparer les différents vases et à les maintenir debout.

On a déjà pu remarquer dans notre énumération, l'absence complète de tout débris de bronze, de toute monnaie (accompa- gnement presque indispensable des sépultures romaines) et même de tout objet en verre. Quelques rares ossements calcinés, pour la plupart peu déterminables, épars dans le caveau et non déposés dans un vase ; cinq ou six clous ou morceaux de fer fortement oxydés (l'un d'eux encore adhérent à un ossement), telles sont les seules analogies offertes par notre caveau avec les sépultures déjà explorées par nous. C'est pourquoi nous hésitons un peu à lui donner ce dernier nom. Un autre dépôt funéraire, indépendamment des objets que nous avons décrits, existe-t-il dans la tombe de l'Empereur? Ce fait n'a par lui-même rien d'impossible , car l'existence d'un double mobilier funéraire a déjà été constatée, si nous avons bonne mémoire, dans une des tombes de Seron (province de Namur) explorées par M. Del Marmol, membre de la Société archéologique de Namur. Nous n'avons pas cru devoir porter nos investiga- tions dans la partie nord du tumulus ; toutefois, une excavation pratiquée sur notre gauche et de nombreux sondages tentés pour découvrir, le cas échéant, un second caveau, ne nous ont donné aucun résultat.

Déjà avant nous le tumulus avait été visité, probablement (quoique les traditions de l'endroit ne nous aient rien appris à cet égard) par les fouilleurs des armées françaises. Nous avons retrouvé en élargissant nos travaux, au fond et à gauche de notre galerie, un puits vertical qui leur avait servi à pénétrer à l'intérieur et vers le centre du tumulus ; ce puits, à parois bien nettes, et d'environ r",50 de diamètre, était rempli de terre meuble, convertie pour ainsi dire en poussière et semblait à cause de sa forme rectangulaire et non circulaire, comme à Avenues et de la perfection de son exécution, avoir été creusé

- SOS -

par les troupes du génie militaire {i). Descendant à p!us d'un mètre en dessous du niveau du sol, il donnait accès à une petite galerie latérale de l'",00 de diamètre sur un peu plus de l^jOO de haut creusée de plein pied avec lui dans l'argile du sous-sol et passant à quelques centimètres en dessous de la sépulture. C'est l'élévation tout à fait exceptionnelle de cette dernière qui l'avait dérobée aux recherches des malencontreux archéologues, nos devanciers, qui ne se doutaient guère en être aussi rapprochés (2).

Entre le puits et le caveau nous avons pu signaler la trace d'un pieu en bois de forme rectangulaire et d'environ 0'",40 de diamètre, partant du sous-sol pour aboutir au sommet de la tombe. En agitant le bras ou une perche dans le vide laissé par cette pièce de bois, vide imitant assez bien une petite cheminée (3), on en faisait descendre une pluie de petites boulettes en terre durcie de toutes les dimensions, et rappelant les mails dont les enfants se servent pour jouer sur nos trottoirs : nous ne pouvons attribuer la présence de ces petits corps sphériques qu'il l'infdtration des eaux et au roulement que celles-ci ont fait subir h la terre. C'est aussi à l'eau, croyons-nous, qu'est due la nature meuble des terres qui remplissaient le puits des explorateurs, tandis que celui rencontré à Avennes ne présentait point cette particularité : nous avons lieu de croire que le comblement du premier s'est effectué pendant de fortes pluies.

M. Del Marmol, lors de ses fouilles dans les tumulus de Champion, avait déjà rencontré la irace du pieu que nous venons de signaler; il l'appelle pieu-milieu, mais ne semble pas y avoir attaché une grande importance. Les Romains

(•) Planche lU bis, figure 4, lettre b. Voir dans le Bulletin des corn. roy. d'art cl d'archéoloqie, la narration des fouilles exécutées par M. Schuermans dans les tombes de Fresin, Avernas, de , narration oii il est question de puils analogues.

(2) Voir planche III bis, figure 1, lettre c.

i '•) Voir pliinclie III bis, figure i, lettre d.

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paraissent en effet avoir souvent marqué le centre de leurs tumulus par une forte pièce de bois enfoncée verticalement dans l'argile vierge et placée soit au centre du caveau même, comme dans la tombe de Saive (Celles), dont il sera question dans un autre article, soit tout contre la sépulture comme dans le tumulus qui nous occupe et comme dans celui de Blehen, M. l'abbé Kempeneers a pu constater la présence d'un fragment de bois analogue. Cette précaution a pu être prise par nos conquérants, ou bien pour éparpiller les terres rapportées d'une manière uniforme sur toute la surface de ces monuments, en conservant partout la même épaisseur aux couches succes- sives; ou bien pour placer le cippe funéraire (qui très-proba- blement ornait à l'origine toutes les tombes romaines k sépultures (i) bien exactement au-dessus du caveau renfermant les cendres du défunt.

M. l'abbé Kempeneers, familiarisé de longue date avec l'archéologie romaine et germaine, attribue à notre tombe une origine germanique, et cela en raison de la situation excep- tionnelle du caveau et de la nature de certains vases qu'il renfermait ; l'absence de monnaie plaide encore en sa faveur. Nous nous permettrons toutefois de ne pas partager sa manière devoir. La proximité de la grande chaussée romaine de Tongres à Bavay, la distance qui sépare la tombe de l'Empereur de ses deux voisines, distance qui semble calculée à dessein, mais surtout son mode de construction absolument identique h celui des autres tumulus, toutes ces considérations réunies nous portent à considérer notre tombe comme incontestablement romaine , et tel est , croyons-nous , également l'avis de M. Schuermans. Si nous passons à l'examen des objets, nous ne prétendons point que la trouvaille d'une tibule en bronze,

(') Consulter sur ce sujet un savant article île M. le conseiller Schuermans intitulé : « les Tumulus de la Delç/ique, » article spécialement destiné à dissiper les doutes (Jlevés par quelques savants sur l'origine de ces monuments et la véritable acceplioa du mot tumulus.

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quoique d'un dessin rappelant l'art romain, soit une preuve concluante à l'appui de notre opinion, car il est amplement démontré aujourd'hui que ce genre d'ornement était très- répandu parmi les Franks (i). D'un autre côté nous ne pensons pas qu'on doive s'arrêter au doute que pourrait faire naître la poterie «grossière, à peine cuite et s'émiettant dans les doigts,» que M. Kempeneers considère comme absolument germanique; rappelons, en effet, que presque toutes les villas romaines déblayées jusqu'aujourd'hui ont fourni de très-nombreux fragments de cette sorte de poterie. Dans une lettre datée du 29 décembre 1873, postérieure par conséquent à sa trouvaille de Middelwinde, M. Schuermans émet l'avis que « toute la » poterie romaine, pas plus que la nôtre, n'était de la poterie » fine. » Il en résulte que l'on ne doit plus rapporter la poterie qui fait le sujet de cette coniroverse exclusivement aux popu- lations germaniques.

La question de savoir à quelle époque le tumulus de Moxhe aurait été élevé est plus difficile, pour ne pas dire impossible à résoudre; aucune pièce de monnaie, en effet, ne vient ici à notre secours ; peut-être serons-nous un jour plus à même de le faire, lorsque de nouvelles fouilles auront été effectuées sur les divers points de notre territoire et lorsque nous aurons à notre disposition des éléments de comparaison plus nombreux.

On sait que généralement on rencontre des substructions de villas à proximité des tumulus élevés par les Romains et qu'on a, par suite, conclu avec raison à une relation probable entre les uns et les autres. Sous ce rapport, la tombe de l'Empereur fait exception h la règle ; nous ne connaissons point dans le voisinage du hameau de ce nom, ni sur tout le territoire de la commune de Moxhe, de terre recelant des vestiges bien authen- tiques de constructions romaines ; notons cependant qu'en se

; ) M. l'abbé Cochet (sans parler d'autres ouvrages traitant de cette époque) en figure en quantité dans son savant travail sur le tombeau de Childcric, ainsi que dans sa ■< Normandie souterraine. >

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livrant à des travaux de nivellement le nommé Joseph Nihoul, cultivateur, demeurant à Moxhe, non loin des rives de la Méhaigne, a extrait de son jardin (i) des milliers de fragments de tuiles (tegute et imbrices) et de carreaux de pavement, mais n'a pu rencontrer un seul morceau de poterie. La circonstance qu'on n'a recueilli aucune tuile entière nous donne lieu de croire qu'il n'existait peut-être Ih qu'un four de tuilier et que les abondants débris mis au jour constituent simplement les déchets de sa fabrication.

Des débris semblables, mais beaucoup moins nombreux ont encore été rencontrés sur le territoire de la même commune, n" 557a, section A du cadastre, près du chemin dit : derrière la ville. Quelques recherches entreprises par nous ont amené la découverte d'une espèce d'aire de grange, dont les murs étaient construits en grossières pierres de silex; nous n'y avons ramassé que deux ou trois fragments de poterie (dont une en terre sigillée) et un grain de collier en terre cuite, le tout déposé dans un sol qui conservait des traces manifestes d'incendie ; il n'y avait évidemment eu qu'une très-insigni- fiante construction (2).

A une demi-lieue environ de notre tombe, par conséquent à une distance un peu trop grande pour se rattacher à elle, on a signalé depuis longtemps des vestiges de constructions romaines dans une terre appartenant à M. J.-B. De Diest d'Avin, et sise sous Giplet, à droite et près du chemin de grande communication conduisant d'Avin h Ciplet ; cet endroit porte le nom signilicatif de : « aux Pierreuses. »

Les fouilles, qui n'ont pas encore pu y avoir lieu, feront à l'occasion, l'objet d'une notice séparée.

1; Pai'celle 42o n de la secUon B du plan cadastral de la commune de Moxhe.

(*) Nous croyons utilo de mentionner ici que la partie de la campagne de Moxhe

touchant au territoire d'Embresin porte le nom caractéristique de « campagne de

Tombai, » sans que la tradition conserve le souvenir d'une tombe ou d'un cimoHere

qui aurait pu y exister.

oOT

Nos meilleurs remercîinents, av;inl de terminer, à notre nouveau collègue, }L l'arcliitecte Edmond Jamar, qui, avec son talent habituel, a bien voulu dessiner ces deux planches d'objets de la présente notice. C'est également à son infatigable obligeance que nous devons les planches VI et VII de notre rapport sur les fouilles exécutées dans la tombe d'Avenues.

C" Georges de Looz.

TABLE DES MATIERES

DU Xlle VOLUME.

Pages.

Statuts constitutifs vi

Tableau des membres , . . . . 4

A. Kempeneers. Exploration des substructions de la villa romaine de

Bertrée xi

i. Weale, g. de Borman et S. Bormans. Nécrologe de l'abbaye de

Munsterbilsen 27

G. LoNAY. Notice sur les fonts baptismaux de l'Eglise de St-Barthélemi à

Liège 61

Ph. de Limbourg. Monographie de l'église St-Alexandre et St-Hermès, à

Theux 71

Inauguration du Musée de l'Institut archéologique Liégeois. . . , . . 465

S. Antiquités Romaines. Plume métallique et encrier du Musée de Liège. . 186

Comte Georges de Looz. Fouilles dans la tombe d'Avenues 496

0. Thimister. Chartes inédites de l'ancienne église collégiale de St-Paul,

aujourd'hui cathédrale de Liège, 1086-12S0 231

S. Deux inscriptions belges, inédites en Belgique ^1^2^«<

J. G. Schoonbroodt. Miscellanées 310

DÉswÉ VAN de Casteele. Rapport sur les archives de quelques communes de

la province de Liège. ..-...., 367

Comte Georges de Looz. Note sur les recherches faites en 1873 dans la

tombe de Middelwinden 384

DÉSIRÉ VAN de Casteele. Coût d'un procès de sorcellerie à Wasseiges, 1591. 394

Alfred Neut. Lettre sur l'assassinat de Sébastien Lamelle 406

S. Bormans. Lettre à MM. les Membres de l'Institut 427

- oIO

b' WiBEKG. Louis do Geer et la colonie wallonne en Suéde au XVII'' siucle. 43« J. Helbig. Rapport sur une découverte de monnaie faite au village de

Grand-Axhe, au mois de mars 4876 48S

H. Helbig. A propos du cinquantième anniversaire de la mort de Villenfagne. 489 Comte Georges de Looz. Exploration de la tombe dite de l'Empereur, près

du village de Moxhe 495

PLANCHES.

Planche I. Fouilles de Bertrée 1

» I ''\ Plan figuratif de la villa romaine à Hertréc, avec indication

des fouilles faites dans les environs 4

» II. Fonts baptismaux de St-Barlhélemi à Liège 61

III. Id. Développement des sujets de la cuve 70

» Ill^'i-. Tombe de l'Empereur. Plan 495

» IV. Exploration de la Tombe d'Avennes. Plan des travau.t. . 196

» lyh's. Tombe de l'Empereur. Poteries 500

» V Tombe d'Avennes. Disposition des objets dans le caveau. !2fl5 » V'i-*. Tombe de l'Empereur. Empreinte laissée sur un morceau

déterre et fibule en bronze. 500

» VI Id. Poteries. Figures 1 à 14. . . i210

B VU. Id. Fers, bronzes, verres. Fig. i à 2J 212

» VIII. Tombe de Middeiwinden 384

GRAVURES DAMS LE TEXTE.

Figure 1. Plan de l'église de Theux 71

» 2. Plume métallique du Musée de Liège 1S7

V 3. Encrier. Elévation 187

» 4. Dessus de l'encrier. 1X7

» 5 et 6. luscriptioas Roniaines de Theux. 286 et 287.

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