Semi; LET IN MUSEE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE Tome II. — 1883 . BRUXELLES F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L’ACADEMIE ROYALE DE BELGIQUE Rue de Louvain, 108 1883 BAT NE In 00 byt ar shi WT, MEE LP LEUR MERE VEN MUSÉE ROYAL melo tOIRE NALURELLE DE BELGIQUE BULLETIN DU MUSEE ROYAL BESTE RE NALURELLE DE BELGIQUE Tome II. — 1883 BRUXELLES F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L’ACADEMIE ROYALE DE BELGIQUE Rue de Louvain, 108 1883 REMARQUES SUR LES OISEAUX DU GENRE PELICAN (PELECANUS) PAR M. ALPHONSE DUBOIS, Conservateur au Musée. Le groupe des Pélicans a été, dans ces dernières années, l'objet de plusieurs travaux importants, qui, tout en simplifiant l'étude de cés oiseaux, n'ont nullement tranché certaines questionsspécifiques. Le désaccord qui règne entre les auteurs nous a engagé à nous occuper également de ces singuliers oiseaux, et notre tâche a été facilitée par la belle série de Pélicans réunis au Musée de Bruxelles. Les renseignements bibliographiques fournis par M. Elliot nous dispensent d'y revenir et nous permettent d'aborder directement les derniers travaux (1). M. Schlégel, dans son catalogue des Pélicans du Musée de Leyde, n'admet que six espèces auxquelles il rapporte toutes les autres. Ces espèces sont : Pelecanus fuscus, onocrolalus, crispus, philip- pensis, erythrorhynchus et conspicillatus (2). En 1868, dans une note sur les Pélicans vivant au Jardin zoolo- gique de Londres, M. P. L. Sclater admet dix espèces; il ajoute à celles mentionnées ci-dessus, les P. mitratus, javanicus, rufescens et Moline (3). Un an plus tard, M. D. G. Elliot publia une monographie com- plète du genre, dans laquelle il ne distingue que neuf espèces : 1l supprime le P. philippensis qu'il réunit au rufescens, et le mitratus qui est pour lui un synonyme de P. minor qu'il admet comme espèce distincte (4). Après le remarquable mémoire de M. Elliot, il y avait lieu de (1) Error, A Monograph of the genus Pelecanus (Proc. zooL. Soc., 1869, p. 371). (2) Mus. d’hist. nat. des P.-B. (Pelecani), p. 27 (1863). (3) Proc. zool. Soc., 1868, p. 269. (4) Loc. cit. 2 DUBOIS. — REMARQUES SUR LES OISEAUX Mars croire que tout était dit sur la valeur spécifique des divers Pelicans connus, mais non, la confusion renait au sujet de plusieurs d’entre eux. D'abord, M. Barboza du Bocage découvre une espèce nouvelle (P. Sharpei) confondue jusque-là avec l'onocrotalus. M. Sclater revient sur sa première note, et persiste à considérer le P. rufescens comme distinct du philippensis ; il renonce aux P. mitratus et java- nicus qu'il réunit au minor, admis cette fois comme espèce véri- table (1). Enfin, en 1878, M. Oustalet décrit également une espèce nouvelle (P. Barbieri) provenant du Pérou. Nous allons maintenant essayer de démontrer qu il n'existe réel- lement que six espèces de Pélicans, auxquelles il faut ajouter quelques races ou variétés climatériques. Nous examinerons d'abord. les espèces douteuses ou nouvelles, savoir : P. minor, mutratus, javanicus, Sharpei, rufescens, philippensis et Barbieri; nous donne- rons ensuite la liste des espèces véritables et de leurs variétés, ainsi qu'une description sommaire de chacune d'elles. 1° Pelecanus minor, mitratus et javanicus. Ces trois formes, ou plutôt ces trois synonymes, ont été réunies en dernier lieu par M. Sclater, et, en effet, aucun caractère ne dis- tingue les oiseaux décrits sous ces différents noms; les individus asiatiques sont parfaitement semblables à ceux de l'Afrique. Lich- tenstein, en décrivant son P. mitratus, ne paraît pas avoir connu la description du P. minor publiée quelques mois plus tôt par Rüppell, car les deux descriptions se rapportent évidemment au même type. Quant au P. javanicus de Horsfield, il ne diffère des individus de l'Afrique que par des dimensions un peu moindres. Nous avons sous les yeux un spécimen de Bornéo qui ne présente rien de particulier et qui se rapporte parfaitement à la description de Horsfield. Le P. minor lui-méme ne differe du P. onocrotalus que par une taille moins forte. Mais il est a remarquer que la taille des Pelicans en général est tres variable, et ne peut, par conséquent, servir de caractère spécifique. Que l'on prenne une série d’individus de la premiere espèce venue, et l'on trouvera toujours des differences assez fortes dans les proportions; ainsi, sur quatre spécimens du P. erythrorhynchus, nous trouvons une difference de 14 centimetres Proc 7008. 80c., 1871, p.631. 1883. DU GENRE PELICAN (PELECANUS). 3 entre le plus grand et le plus petit, et de 6 centimétres dans la lon- gueur du bec; personne, cependant, n'a songé à faire deux espèces de ce type américain. Les femelles des Pélicans, en général si sem- blables aux mâles par leur plumage, offrent toujours des dimen- sions bien inférieures. M. de Heuglin déclare qu'il lui est impossible de trouver la moindre différence spécifique entre le P. onocrotalus et le P. minor de Rüppell, aussi n'en fait-il qu'une seule et même espèce (1). M. Schlegel, qui les réunit également, fait remarquer que les indi- vidus des Indes orientales sont en général d'une taille un peu moins forte et a bec plus court (2). M. Elliot lui-même, tout en adoptant comme espèce le P. minor, reconnaît cependant qu'il serait préfé- rable de ne l'admettre que comme une simple race. 2° Pelecanus Sharpei, Barb. du Boc. (3). Cette forme appartient aussi, sans aucun doute, au groupe de lonocrotalus, dont elle se distingue par l'absence de huppe occipi- tale, par les parties inférieures d'un jaune terreux et par le jabot d'un brun marron; la teinte rosée est peu apparente. L'absence de huppe occipitale et de teinte rosée fait supposer que nous avons affaire à un individu d’arricre-saison, car à cette époque les vrais onocrotalus sont également en partie dépourvus de ces apanages. Il reste donc comme caractère spécifique la cou- leur des parties inférieures, qui ne nous paraît pas suffisant pour caractériser une espèce. M. de Heuglin dit avoir vu au Musée de l'Académie des sciences de Munich un oiseau qui se rapporte parfaitement à la description de M. Barboza du Bocage, et qui provient de l'Afrique méridio- nale. En 1855, M. A. E. Brehm décrivit, sous le nom de P. giganteus, un Pélican qui nous paraît avoir de grands rapports avec le P. Sharpei. M. Brehm dit que, le 25 janvier 1851, il rencontra sur un petit lac, situé vers le haut du fleuve Bleu, une troupe d'environ cent Pélicans de forte taille. Il parvint à tuer un de ces oiseaux dont il donne la description que nous traduisons ici-dessous : « Iris d'un brun rouge; bec gris-rougeätre; poche gulaire jaune; (1) von Heucuin, Ornith. Nordost Afr., Il, p. 1499. (2) ScHLÉGEL, op. cit., p. 31. (3) Proc. zool. Soc., 1870, pp. 173 et 409; 1871, pl. LI. 4 DUBOIS. — REMARQUES SUR LES OISEAUX Mars pieds d’un brun verdätre; parties nues de la tête d'un jaune ver- dâtre. Plumage : parties inférieures, dessus de la tête et région postérieure du haut du cou d'un jaune d'argile foncé; region des jambes d'un roux rougeätre; haut du dos d'un blanc sale; bas du dos avec des taches jaunes le long de la tige des plumes; rémiges d'un gris brun; couvertures des ailes d'un gris argenté varié de gris-brun; scapulaires d’un gris brunätre, largement terminées à leur pointe de blanc-jaunätre; queue d'un gris blanchätre, le milieu de chaque rectrice d'un gris brunâtre (1). » Il nous semble que le P. giganteus pourrait bien être un indi- vidu non adulte du P. Sharpe. Il résulte de ce qui précède, que ce dernier doit encore être étudié avec soin à l’aide d'un plus grand nombre de spécimens. Quoi qu'il en soit, il ne peut être admis qua titre de race ou de variété climatérique, dont laire géographique s'étend probable- ment dans toute la partie occidentale de l'Afrique. 3° Pelecanus philippensis et rufescens. Ces deux formes, que MM. Schlegel et Elliot ont cru devoir réunir, offrent cependant une différence constante dont on doit tenir compte. En effet, les individus de l’Asie (P. philippensis) pré- sentent toujours deux rangs de taches brunes imprimées sur la . mandibule supérieure, ce qui ne s'observe pas chez les spécimens de l'Afrique (P. rufescens). Il y a donc lieu de séparer le type afri- cain, comme race ou varièté climatérique. Suivant M. Barboza du Bocage, ces taches existeraient parfois aussi chez les individus de l'Afrique. Cela est vrai, car le Musée de Bruxelles possède un exemplaire de l’Abyssinie qui offre le même système de taches sur le bec; mais il est toujours certain qu'en Afrique les Pélicans à bec tacheté sont fort rares, et rien ne prouve que ce ne soient pas des individus de l’Inde ayant abordé acciden- tellement sur la côte orientale de l'Afrique; M. Schlegel nous dit bien que le Musée des Pays-Bas possède un oiseau de cette espèce rapporte du Chili par d’Orbigny, ce qui est bien plus extraordi- naire (2). (1) Journ. f. Ornith., 1855, p. 94. (2) SCHLEGEL, op. cit., pp. 33 et 35. 1883. DU GENRE PELICAN (PELECANUS). 5 4° Pelecanus Barbieri, Oust. Cet oiseau présente les caracteres généraux du P. Moline, dont il differe, d’apres M. Oustalet, par la présence d’une série de verrucosites tres saillantes entre l'œil et l'origine de la mandibule supérieure; d’une huppe occipitale distincte; par la couleur de la nuque qui est d’un brun noir tres fonce. M. O. Salvin dit avoir recu un spécimen parfaitement semblable de Iquique (Pérou) et qu'il ne doute nullement que ce ne soit un individu en plumage de noce du P. Molinæ (1). Ce qui paraît confirmer l'opinion de M. Salvin, c'est que nous trouvons un phénomène semblable chez le P. fuscus. Nous remar- quons en effet chez ce dernier, en plumage de noce, que la partie postérieure du cou est d'un brun marron foncé, que cette teinte avance sur le devant du cou en dessous de la poche gulaire, et que celle-ci est bordée sur les côtés par une bande étroite de plumes blanches, tout comme chez le Pélican décrit par M. Oustalet. Il ne peut donc y avoir le moindre doute sur cet oiseau. Quant aux verrucosités signalées chez le P. Barbieri, elles résultent pro- bablement de l'âge avancé de l'individu. Lorsqu'on examine un certain nombre d'individus de différents sexes et âges des P. fuscus et Molinæ, on reconnaît que ces deux formes sont excessivement voisines et que la taille seule les dis- tingue. M. le professeur Sundevall, dans une notice sur les oiseaux des îles Galapagos (2), parle de sept Pélicans (P. fuscus) qu'il a vus de cet archipel, et parmi lesquels il y en avait de grande et de petite taille. Suivant les mesures des becs prises par cet auteur (370, 310, 280 millimètres), il n'y a pas de doute que les deux formes se trouvent réunies aux îles Galapagos. La valeur spécifique du P. Moline est donc nulle, est c'est tout au plus si lon peut encore le distinguer du P. fuscus comme variété. (1) The Ibis, 1870, p. 08. (2) Proc. zool. Soc., 1871, pp. 125 et 129 6 DUBOIS. — REMARQUES SUR LES OISEAUX Mars Analyse des espèces et des variétés. I. — Poche gulaire peu vaste et ne descendant pas plus bas que la naissance du cou. A. Lorums nus. a. Plumes du front formant par-devant un angle aigu. a. Plumage, sauf les rémiges, entièrement blanc, mais plus ou moins lavé de rose. AA Taille très forte..." NRA sp OGER a ge Taille moyenne :: +6: en mer fe PE PO a’. Plumage blanc, mais les parties inférieures d'une couleur jaune terreuse et le jabot brun P. Sharpei. b. Plumes du front occupant toute la largeur de la base du bec à sa partie supérieure. B. Base de la mandibule inférieure nue; plumage blanc, les plumes des ailes et du dos étroites dans les adultes et pourvues de tiges noires. b’. Taille très forte; plumes de la tête et du cou. friséest Ti UE ES MR LA A DER b’’. Taille moyenne; bec unicolore, . . . P. rufescens. b”’. Bec avec deux rangées de taches brunes. P. philippensis. y. Base de la mandibule inférieure emplumée. c. Plumage blanc, toutes les plumes pour- vues de tiges blanches .. . . . . . P.erythrorhynchus. B. Lorums emplumés. d. Grandes couvertures des ailes, scapulaires étqueuemoires. er). se ete oe Tie Pe conspicH hats, Il. — Poche gulaire très vaste et descendant jusqu’au milieu du cou; plumage coloré. 2... Taille. très-foste 2 Nao m er OMR eon: é. Taille moyenne … "7... SEMI. Gere ese. ® 1883. DU GENRE PELICAN (PELECANUS). 7 I. — Poche gulaire peu vaste et ne descendant pas plus bas que i la naissance du cou. 1. PELECANUS ONOCROTALUS. PELECANUS ONOCROTALUS, Linn., Syst. nat., I, p. 132 (1758). — Naum., Vögel Deutschl., pl. CCLXXXII. OnocroTaLus ALBUS, Briss., Ornith., VI, p. 519 (1760). PELECANUS ROSEUS, Eversm., Script. litt. Imp. Universit. Kasan, II, p. 369 (1835). Description. — Plumes du front formant par-devant un angle aigu. Régions ophthalmiques largement dénudées ; plumes occipi- tales longues, étroites, tombant en huppe; plumage blanc, nuance de rose (1); région du jabot d’un jaune d’ocre; rémiges noires. Jeune. — D’un cendré roussätre, blanchatre sur le milieu du dos et du ventre. Taille, 1™,30; ailes, 0m,69; bec, o™,32 (2). Hab. — Europe méridionale, nord de l'Afrique. Var. MINOR. PELECANUS JAVANICUS, Horsf., Linn. Trans., XIII, p. 197 (1822). -- MINOR, Rüpp., Mus. Senckenb., Il, p. 185 (1837). — MITRATUS, Licht., Abhandl. Akad. Wiss. Berl. (1838), p. 436. ONOCROTALUS MINOR, Rüpp., Syst. Verz. Vög. N.-O. Afr., pl. XLIX (1845). PELECANUS PYGM£us, Brehm, Naumannia, 1855, p. 206. — ONOCROTALUS (part.), Bonaparte, Layard, de Heuglin, Schlégel, etc. — MEGALOLOPHUS, Heugl., Syst. Uebers., n° 750 (1856). — ONOCROTALUS var. MINOR, A. Dub., Consp. syst. et geogr. av. Eur., p. 33, n° 409 (1871). Descr. — Ne differe du précédent que par une taille moins forte et par l’absence plus ou moins complete de la nuance rose. Taille, o™,98; ailes, 0m,59; bec, 0m,28, Hab. — Afrique orientale et méridionale, sud de l’Asie, Java, Bornéo et Sumatra; se montre accidentellement en Sicile et en Grèce. (1) Cette teinte rosée disparaît chez les individus préparés et conservés dans les collections. (2) Nous avons dit que la taille des Pélicans est très variable et que les femelles sont toujours plus petites que les mâles. On ne peut donc donner que des dimen- sions approximatives. La taille est prise depuis le sommet de la tête jusqu’à l’extré- mité de la queue; le bec est mesuré en dessus. 8 DUBOIS. — REMARQUES SUR LES OISEAUX Mars Var. SHARPEI. PELECANUS SHARPEI, Barb. du Boc., Proc. zool. Soc., 1870, pp. 173 et 400. — Sharpı, Sclat., ibid., 1871, pl. LI. ? — GIGANTEUS, À. E. Brehm, Journ. f. Ornith., 1855, p. 04. Descr. — Differe du P. onocrotalus par l'absence de huppe occi- pitale, par la teinte fauve des parties inférieures et par la grande tache d’un brun marron qui recouvre le jabot. Voici la description qu’en donne M. Barboza du Bocage : « Supra albus, collo imo, interscapulio et tergo vix roseo tinctts ; subtus cinnamomeo lavatus, macula magna pectorali cinnamomeo- castanea ; fronte valde tumida ; plumis frontalibus angulum acutum antice formantibus ; crista cervicali brevi, erecta; rostro flavo, medio el lateribus nigricantibus, apice marginibusque rubris ; genis nudis rubentibus ; sacco gulari viridescenti-flavo ; pedibus sordide carneis. » Dimensions d'un jeune de l'année (Barb. du Boc., op. czt., p. 409). Taille, 1™,46; ailes, 0m,68; bec, om,35; tarses, o™,145. Hab. Angola. — Probablement toute la partie occidentale de l'Afrique, car les oiseaux signalés en Sénegambie (Lichtenstein) pourraient bien appartenir à cette variété. 2. PELECANUS CRISPUS. PELECANUS crıspus, Bruch, /sis, p. 1109 (1832). — Gould, B. Eur., pl. CCCCVI. — ONOCROTALUS, Pall., Zoogr. Rosso-As., Il, p. 292 (1831). — PATAGIATUS, Brehm, /sis (1832), p. 1100. Descr. — Régions ophthalmiques peu dénudées; plumes du front occupant, comme chez les espèces suivantes, toute la largeur de la base du bec à sa partie supérieure; plumes du dessus de la tête et du cou frisées. Plumage blanc; plumes du dos, scapulaires et couvertures des ailes longues avec la tige noire ou noiratre; rémiges primaires noires, mais grises a la base. Jeune. — Gris varié de brun cendré avec les plumes frisées de la tête peu ou point développées. Taille, 1™,31; ailes, 0™,71; bec, om,38. Hab. — Dalmatie, Grèce, Russie méridionale, sud-ouest de l'Asie, Afrique septentrionale. 1883. DU GENRE PELICAN (PELECANUS). 9 3. PELECANUS PHILIPPENSIS. ONOCROTALUS PHILIPPENSIS, Briss., Ornith., VI, p. 527 (1760). PELECANUS PHILIPPENSIS et MANILLENSIS, Gmel., Syst. nat., p. 571 (1788). — ROSEUS, Donnd., Zool. Beitr., II, 1, p. 848 (1794). — CALORHYNCHUS et GANGETICUS, Hodgs. in Gr. Zool. Misc., p. 86 (1831). — JAVANICUS, Jerd., B. of Ind., p. 857 (1864). Descr. — Régions ophthalmiques largement dénudées; huppe occipitale allongée, pendante. Plumage blanc, d'un roux rougeätre au bas du dos; scapulaires et grandes couvertures des ailes étroites avec les tiges noires; remiges secondaires d'un gris argenté, les primaires noires; bec jaunâtre avec des taches brunes irrégulières imprimées sur la mandibule supérieure, le long des bords externes. Jeune. — D'un cendré brunätre; parties inférieures et cou blan- châtres. Taille, 0m,91; ailes, o™,57; bec, 0,30. Hab. — Asie méridionale, Philippines, Java, Sumatra, etc. Var. RUFESCENS. PELECANUS RUFESCENS, Gmel., Syst. nat., I, p. 571 (1788). — Rüpp., Atl., pl. XXI. — CRISTATUS, Less., Traité d’orn., p. 602 (1831). — PHÆOSPILUS, Wagl., Isis (1832), p. 1233. Descr. — Semblable au précédent, dont il diffère par une taille en général un peu plus forte et par l'absence de taches sur le bec. Taille, o™,98; ailes, om,58; bec, om,32. Hab. — Afrique, Madagascar. 4. PELECANUS ERYTHRORHYNCHUS. PELECANUS ERYTHRORHYNCHUS, Gmel., Syst. nat., I, p. 571 (1788). — TRACHYRHYNCHUS, Lath., Ind. orn., p. 884 (1790). = ONOCROTALUS, Nutt., Swains., Penn. — AMERICANUS, Audub., Orn. Biog., IV, p. 88 (1838); Birds of America, pl. CCCCXXII. CRYPTOPELICANUS TRACHYRHYNCHUS, Bonap., Consp., Il, p. 163 (1857). Descr. — Mandibule inférieure toujours garnie de plumes à la base. Plumage blanc; scapulaires et couvertures des ailes à tiges blanches; rémiges primaires noires, à tiges blanchâtres dans la 10 DUBOIS. — REMARQUES SUR LES OISEAUX Mars moitié basale. Bec souvent surmonté, dans sa moitié antérieure, d’une ou de deux protubérances en forme de demi-disques. Taille, 12,12; ailes, om,68; bec, o™,34. Hab. — Amerique septentrionale. 5. PELECANUS CONSPICILLATUS. PELECANUS CONSPICILLATUS, Tem., Pl. col., p. 276 (1824). — AUSTRALIS, Steph. in Shaw, Gen. Zool., XIII, p. 117 (1826). CATOPTROPELECANUS CONSPICILLATUS, Reichenb., Syn. av., pl. XXXVII (1850). Descr. — Lorums emplumés; parties nues des régions ophthal- miques ne comprenant que le tour des yeux. Plumage blanc; grandes couvertures des ailes, scapulaires posterieures et queue noires. Taille, 1™,25; ailes, o™,63; bec, om,43. Hab. — Australie, Tasmanie. Il. — Poche gulaire très vaste et descendant jusqu'au milieu du cou. 6. PELECANUS .FUSCUS. PELECANUS Fuscus, Linn., Syst. nat., I, p. 215 (1766). — Vieill., Gal. des oiseaux, pl. CCLXXVI. — Proc. zool. Soc., 1868, pl. XXV. — CAROLINENSIS, Gmel., Syst. nat., p. 571 (1788). OnocroTaLus Fuscus, Bonap., Consp. gen. av., II, p. 163 (1857). LEPTOPELECANUS Fuscus, Reichenb., Syn. av., pl. LXX (1850). Descr. — Dessus de la téte d’un blanc jaunätre; une bande de même couleur descend de chaque côté le long du sac gulaire; partie postérieure du cou d’un brun marron foncé, et cette couleur con- tourne en avant et en bas la poche gulaire; jabot d’un blanc jau- nätre; dos d'un gris argenté, chaque plume plus ou moins bordée de noirätre ou de noir; couvertures des ailes, scapulaires et queue d'un gris argenté; rémiges brunes; parties inférieures d’un brun grisätre. A l’arriere-saison, le cou est d'un blanc jaunâtre uniforme, sans la moindre trace de brun-marron. Jeune. — D'un cendre brunätre plus ou moins foncé. Taille, om,86; ailes, om,52; bec, om,3o. Hab. —- Côtes du golfe du Mexique, Amérique centrale, îles Galapagos. 1883. DU GENRE PELICAN (PELECANUS). II Var. MOLINE. PELECANUS THAGUS, Steph. (nec Mol.), Gen. Zool., XIII, p. 117 (1826). ONOCROTALUS THAGUS, Bonap., Consp. gen. av., II, p. 164 (1857). — HerNanDezn, Wagl., Isis, p. 1233 (1832). PeLecanus Morinz, Gray, Gen. of B. (1849). — Proc. zool. Soc., 1869, pl. XLIV. — BARBIERI, Oust., Bull. Soc. phil. Paris, 1878, p. 208. Descr. — Semblable au précédent, dont il diffère par une taille plus forte. Il est cependant à remarquer que les parties inférieures, tout en ayant la même couleur que chez le P. fuscus, présentent, en général, une raie longitudinale blanche le long de la tige des plumes. Taille, 1™,12; ailes, 02,58; bec, 0,36. Hab. — Chili, Pérou (îles Galapagos ?). Le P. thagus, décrit au siècle dernier par Molina, paraît être un oiseau imaginaire. Voici ce que dit à ce sujet M. Schlegel : « On ne saurait nier que cet auteur n'ait voulu faire mention d'un Pélican, puisqu'il parle d'un oiseau de neuf pieds d'envergure, pourvu d'un bec long d'un pied et demi, d'une large poche gulaire et de mem- branes qui réunissent entre eux tous les quatre doigts; mais il n’en est pas moins vrai que Molina n'a pas fait sa description d’après nature, puisqu'il dit que le corps de cet oiseau n'est pas plus grand que celui d'une bécasse, que ses pieds sont hauts de vingt-deux pouces, que la poche gulaire est couverte de fines plumes grises, et que les bords des mandibules sont dentelés dans toute leur étendue (1). » L'épithète de thagus ne peut être adoptée, vu qu'elle se rapporte a un animal imaginaire; il en est de même pour celle de Hernan- dezii, car Wagler a voulu mentionner sous ce nom l'oiseau de Molina, puisqu'il dit que le bec est dentel& comme chez les harles. (1) SCHLEGEL, op. cit., p. 28. % ata stn Ae Bere ie iy 4 ae a ot M ENtE = | at sie. RAA anes Lee)! ù Je | sft wig the! bb A ores if \ Hs EN arkit N'AAUA NES San an : ‘iced ED A: ud usa dach U up es Nos fi Het) sities a HR = iy lat PEUR | NE x HU is Be la ie Hp je Hi LTE | Tie: Hr ag Lan ie SCHERE Be . NOTE SUR LA PRESENCE CHEZ LES OISEAUX DU « TROISIEME TROCHANTER » DES DINOSAURIENS ET SUR LA FONCTION DE CELUI-CI, PAR Mw ike, DOLLO, Aide-naturaliste au Musée. Lorsqu’on examine l’extremite proximale du fémur chez les Reptiles actuels, le Crocodile, par exemple, on observe que la tête, de forme ovale, est fortement inclinée sur l’axe de la diaphyse, dont elle n'est point nettement séparée. En d'autres termes, il n'y a pas de col du fémur. De plus, le grand trochanter manque totalement. Si, au contraire, nous nous adressons aux Oiseaux, nous remar- quons que la téle, de forme sphérique, est fixée a angle droit sur l'axe de la diaphyse, dont elle est isolée par un col profond. Le grand trochanter est bien développé et se continue sur le bord ectopréaxial du femur en une créte, qui s'ouvre à l’approche de la gouttiere intercondylienne et passe insensiblement aux condyles eux-mémes. Le grand trochanter s'appuie, en outre, dans sa région proximo-post-axiale sur la saillie de l'ilium désignée sous le nom d’anti-trochanter. L'extrémité distale du femur ne nous offre pas un contraste moins frappant. Chez le Crocodile, nous voyons deux condyles peu accusés, avec gouttière intercondylienne à peine marquée. L'ecto- condyle est le plus fort, mais ne se distingue point autrement de l’entocondyle. Celui-ci sert à l'articulation du tibia, qui s'étend aussi sur la moitié, ou environ, de l'ectocondyle. Le péroné prend ce qui reste de ce dernier. Inversement, dans l'Oiseau, les condyles sont devenus très sail- lants et la gouttière intercondylienne se présente sous forme d'une echancrure bien caractérisée. L'ecto- et l’entocondyle sont presque égaux. Celui-ci articule avec la partie proximale du tibia ; celui-là est singulièrement modifié dans sa surface post-axiale. Il porte de ce côté et sur le bord externe de sa moitié interne, une forte crête qui se glisse entre le tibia et le péroné. A droite et à gauche de cette crête sont encore deux articulations: interne pour le tibia, l'externe pour le péroné. Quant à la région préaxiale de l’ectocondyle, elle ne diffère point de celle de l’entocondyle et articule avec la crête cnémiale du tibia. 17 14 DOLLO. — NOTE SUR LA PRESENCE CHEZ LES OISEAUX Mars Ajoutons, pour étre complet, que le femur du Crocodile nous montre une courbure sigmoide, dont l'inflexion est située vers le milieu de la diaphyse, tandis que l'os correspondant de l'Oiseau est généralement rectiligne. Ceci posé, si nous prenons un fémur d’/guanodon et si nous le comparons aux deux types que nous venons de décrire, nous observons qu'il possède toutes les particularités qui distinguent le fémur de l’Oiseau de celui du Crocodile : tête sphérique, inclinée à angle droit sur l'axe de la diaphyse (1), col très prononcé, grand trochanter bien développé, gouttière intercondylienne profonde, crête post-axiale de l'ectocondyle s’inserant entre le tibia et le péroné (2), etc..., rien n'y manque. Une difficulté se présente pourtant : le femur de l’/guanodon porte vers le milieu de la diaphyse et sur l'angle ento-post-axial, une forte crête, connue comme troisième trochanter, disposition qui n'a jamais été signalée chez les Oiseaux. Eu égard à la remarquable similitude qui existe entre le fémur de ces derniers animaux et celui des Dinosauriens, la première question à se poser était évidemment celle-ci : Le troisième tro- chanter est-il réellement absent de la classe entière des Oiseaux? Pour répondre à cette question, j'ai entrepris la révision de tous les squelettes d'Oiseaux, conservés au Musée royal d'histoire natu- relle, et j'ai eu la satisfaction d'y découvrir un certain nombre de fémurs montrant le froisième trochanter avec une netteté suffisante pour permettre l'identification avec l'apophyse de même nom si accusée chez l'’/guanodon. La planche jointe à ma note et la des- cription que je vais en donner, suffiront, je crois, pour convaincre tout esprit non prévenu. Définissons d'abord avec précision le troisième trochanter des Dinosauriens. C'est une crête puissante, dont le point culminant est situé dans la partie supérieure de la moitié inférieure de la dia- physe et sur le bord ento-post-axial du fémur. Cette crête prend naissance dans la région externe et proximale de la tête articulaire et, de la, s'élève graduellement jusqu'à ce qu'elle arrive à l’apo- physe, dont nous venons de parler, endroit où elle s'abaisse brus- quement (3). (1) T. H. Huxtey, Further Evidence of the Affinity between the Dinosaurian Reptiles and Birds (Quarry. Journ. GEOL. Soc. LONDON, 1870, vol. XXVI, p. 18, § 4). (ebs Ee HUXLEY, op.cit., p.18, 85. (3) H. G. SEELEY, Die Dinosaurier (MONATSBL. D. WISSENSCH. CLUB IN Wien, 1880, p. 2 du tiré a part). 1883. DU « TROISIÈME TROCHANTER » DES DINOSAURIENS, ETC. 15 Eh bien! Cette définition s'applique mot pour mot aux individus des genres Anas, Bernicla et Cygnus, que j'ai observés. La seule divergence qu'on puisse noter est une différence de volume, mais ceci n’altere en rien la valeur morphologique de la crête dont il s'agit (1). Nous concluons de ce qui précède que, même au point de vue du troisième trochanter, le fémur de l'Iguanodon est bâti sur le type Oiseau et non sur le type Reptile. Nous en déduisons comme corollaire que /a musculature de la cuisse chez Iguanodon devait présenter les plus grands rapports avec la partie correspondante de l'Oiseau. Si donc nous arrivons, par une étude myologique à déterminer la fonction du froisième trochanter chez celui-ci, nous saurons en même temps le rôle qu'il jouait chez les Dinosauriens. Dans ce but, j'ai procédé à la dissection d'un Canard sauvage (Anas boschas, Linn.) (2) et suis arrivé aux résultats suivants : Sur le point culminant de la crête siinsere un muscle long et grêle, décrit pour la première fois par Meckel (3), et dont l'origine se trouve sur l'angle latéro-ventral des chevrons des dernières ver- tebres caudales. Ce muscle, qu'il conviendrait de désigner à l'avenir par le terme de muscle caudo-fémoral, sert, ainsi que le savant anatomiste allemand l'avait également reconnu (4), aux mouve- ments latéraux de la queue (5). (1) Cette crête est déjà mentionnée, quoique très succinctement, par J. F. Meckel, System der vergleichenden Anatomie. Halle, 1825. 2ter Theil, 2te Abtheil., p. 271. (2) Je suis heureux de pouvoir oflrir ici mes meilleurs remerciments a mon savant ami, M. le Prof. Paul Albrecht, qui a bien voulu faire ce travail avec moi. (3) J. F. Mecker, op. cit., 3ter Theil, p. 355. (4) J. F. MEcKEL, op. cit., p. 355. (5) Tout le monde connait les curieux mouvements latéraux de la queue du Canard. Nous pensons qu’il n’est pas inutile d’insister sur la difference qu’ils présentent avec ceux de l’appendice caudal si développé des Rapaces diurnes, par exemple. Chez ces derniers, le pygostyle porte des plumes remarquablement longues et fortes et ce sont celles-ci que l’animal déplace en faisant agir des muscles dont l’origine se trouve sur les apophyses transverses des vertèbres caudales (J. F. MEcKEL, op. cit., p. 299). Au contraire, l’axe osseux est immobile. Les muscles caudo-fémoraux doivent donc être rudimentaires et c'est ce qui explique l’absence, chez les Rapaces diurnes et chez un grand nombre d’autres Oiseaux, du troisième trochanter destiné à leur insertion. Inversement, le pygostyle du Canard porte une petite touffe de plumes raides, qui se meuvent simul'anément avec la queue osseuse et c’est pourquoi nous observons des muscles caudo-fémoraux relativement forts et un éroisième trochanter saillant. Au surplus, la région caudale des Oiseaux a, comme on le sait, subi une réduction considérable, si on la compare à la partie correspondante des 16 DOLLO. — NOTE SUR LA PRESENCE CHEZ LES OISEAUX Mars En outre, sur la créte elle-méme et sur le tendon du muscle caudo-femoral sinsere un second muscle, vu aussi par Meckel (r), et pour lequel je propose le nom de muscle ischio-fémoral. Comme ce nom l'indique, ce muscle a son origine sur l'extrémité dorso- distale de l’ischium et non sur liltum, comme le veut Meckel. Transportons nos résultats a l’Jguanodon. Le muscle ischio-femo- ral suffit déjà à démontrer que l'apophyse, gratuitement appelée jusqu'à ce jour troisième trochanter, est bien un trochanter. Quant a l'interprétation que le muscle caudo-fémoral nous donne pour la fonction du troisième trochanter des Dinosauriens, elle est par- faitement d'accord avec ce que nous savons de l'anatomie de ces Reptiles. En effet, à la faible queue du Canard correspond un muscle caudo-fémoral grèle et partant un éroisième trochanter peu accusé. Au contraire, à l'énorme appendice caudal de l’Zgua- nodon devait répondre un muscle caudo-fémoral colossal et c'est pourquoi nous trouvons chez cet animal un Zrorsieme trochanter très prononcé. Si notre raisonnement est juste, l'Hesperornis (2), qui se montre encore si reptilien à certains égards et qui possédait une queue bien développée, organe que Marsh compare à la partie correspon- dante du Castor (Castor fiber, Linn.) (3), l'Hesperornis, dis-je, devait avoir un Zroisieme trochanter intermédiaire entre celui des Dinosauriens et celui des Oiseaux. Dinosauriens, et tel est le motif pour lequel, même dans les cas les plus favorables (le Cygne, l’Oie, le Canard), le troisième trochanter est si faible par rapport au volume qu’il possède chez l’/guanodon, par exemple. Il serait intéressant d'apprendre comment les choses se passent avec l’Archeoptery x, quoique l’absence d’un troi- sième trochanter chez cet animal ne prouverait rien contre notre thèse, la nature ayant pu atteindre un même but — celui de déplacer la queue latéralement — par des moyens divers. (1), J. EF. Mecxen, op. cit, p.356, (2) O. C. Marsx, Odontornithes : A Monograph on the extinct toothed Birds of North America; Memoirs oF THE PEABopy Museum oF YALE CoLLEGE. New-Haven, 1880. Vol. I, p. 77, pl. XII et XX, et fig. 23 (p. 86). (3) O. C. Marsu, op. cit., pp. 86 et 116. Marsh suggère aussi que les mouvements de la queue étaient principalement dorsaux-ventraux et vice versa. Sans vouloir repousser cette interprétation, nous ferons remarquer que la queue du Castor, ana- tomiquement très semblable à celle de l'Hesperornis, est mue latéralement par son possesseur (PETTIGREW, La locomotion chez les animaux ; Bis. Sc. INTERN., p. 103). Il a donc dû en être de même chez l’Oiseau denté de Marsh, ce que confirme la présence du troisième trochanter. Au surplus, l’un des mouvements n'exclut pas l’autre. J’ai seulement voulu montrer qu’il pouvait y avoir aussi un mouvement latéral. LES EX. 1883. DU « TROISIÈME TROCHANTER » DES DINOSAURIENS, ETC. 17 Bien que le savant américain n'en parle pas dans son texte, on peut néanmoins trouver une confirmation immédiate de notre hypothese dans la planche XIII, figures 1, 2, 3 de son grand ouvrage sur les Odontornithes. Le troisiéme trochanter y est si bien représenté qu'il est vraiment surprenant que l'auteur n’en ait point compris la signification. Jusqu'à présent, nous avons regardé le froisième trochanter plus spécialement au point de vue physiologique. Il reste mainte- nant à fixer sa valeur morphologique, c'est-à-dire à examiner s’il est ’homologue d’un des trois trochanters connus chez les Mammi- feres. Il convient avant tout, pour cela, de définir brièvement ceux- ci chez l'homme, par exemple. C'est a quoi nous allons procéder : GRAND TROCHANTER. Position : Sur le bord externe de l’extrémité proximale du fémur. Attaches musculaires : Sert à l'insertion : 1° du fessier moyen dont l’origine est sur l’ilium; 2° du petit fessier dont l’origine est également sur l’ilium; 3° du pyramidal dont l’origine est sur le bord antérieur des vertèbres sacrées II, III, IV et sur le grand ligament sacro-sciatique ; 4° de l’obturateur interne dont l’origine est sur le bord interne de la circon- férence du trou obturateur et la face interne de la membrane obturatrice ; 5° du jumeau supérieur dont l’origine est sur l’épine sciatique ; 6° du jumeau inférieur dont l’origine est sur la portion supérieure de la tubé- | rosité de l’ischium. Porte l’origine du vaste externe dont l'insertion commence sur la face antérieure de la rotule et, de là, par l’intermédiaire du tendon rotulien, gagne la tubéro- sité antérieure du tibia. PETIT TROCHANTER. Position : Sur le bord ento-post-axial du fémur, immédiatement au-dessous de la tête articulaire. Attaches musculaires : Sert à l'insertion : 19 du grand psoas dont l’origine se trouve sur les vertèbres abdominales (lom- baires) et sur la dernière thoracique (dorsale). 20 de l’iliaque, qui prend son origine sur la ıre vertèbre sacrée et Vilium. Porte l'origine du vaste externe dont l'insertion est comme il a été dit ci-dessus. 2 18 « TROISIEME TROCHANTER » DES DINOSAURIENS. Mars 1883. TROISIEME TROCHANTER. Position : Levre ecto-proximale de la ligne äpre. Attaches musculaires : Sert à l'insertion du grand fessier dont l’origine se trouve sur les vertèbres sacrées et coccygiennes ainsi que sur l’ilium. Apres cette énumération, il devient évident que le Zroisieme trochanter des Dinosauriens et des Oiseaux ne peut être identifié avec aucune des apophyses que nous venons de caractériser. Cela est surtout clair pour le grand trochanter et le troisième trochanter. Quant au petit trochanter, j'ajouterai que je crois avoir découvert son homologue chez les Oiseaux et que c'est tout autre chose, comme on pouvait s'y attendre, que le troisième trochanter. Puisque ce dernier n'est point un troisième trochanter, je trouve inutile et même nuisible de le désigner plus longtemps sous ce nom et c'est pourquoi je propose de l'appeler à l'avenir quatrième trochanter. QUATRIÈME TROCHANTER. Position : Partie supérieure de la moitié inférieure du bord ento-post-axial du femur. Attaches musculaires : Il sert à insertion du muscle caudo-femoral, dont l’ori- gine est sur la face latéro-ventrale des chevrons des dernières vertèbres caudales. Observation : Le quatrieme trochanter est surmonté d’une créte (créte épitro- chantérienne), se dirigeant obliquement, en s’abaissant, vers le bord ectoproximal de la tête articulaire, où elle arrive en mourant. Cette crête sert à l'insertion du muscle ischio-femoral, qui s'attache également sur le tendon du muscle caudo- fémoral, et dont l’origine est sur le bord dorso-distal de l’ischium. Tels sont les principaux résultats de mes recherches sur le quatrième trochanter des Dinosauriens et des Oiseaux. Je me pro- pose de les continuer et peut-être serai-je à même d'ici à quelque temps de produire un cas tératologique qui viendra démontrer plus complètement encore, s’il en est besoin, l'exactitude de mon inter- prétation. ee PR f Phi « 7 + 7 is Ar ¢ r - r À ry r f A fh 4 UE 1 PIE +L iy Ti INN [> rn x) AY | f 144 eee i j ; FAN + D Le vo. : 7 RL C4 ty { À i q N i + wi 4 LA D . Do) om Op HIRE ord, | a Aas! if j "it \ VTT ! Er Le 11 4 \ : ae " tsi 3 oe | \ paf EME TE 1 1 6 4 u Î ; ; a LE f ole # 74 tS Ber A © = Je r î \ ‘à ‘ N alley tay -< I { À ‘ 12 1 a { RU EN } A * i - te hk he à a ‘ PA FRA 2 u ro PR re ¢ ai { À 1 5 € Ae ; v + i | ig 4 gi \ $ x \ hi 2 5 1 FA } u + j ‘ k } . 1 f L "A ‘ s ; h » . EXPLICATION DE LA PLANCHE I. Signes communs 4 toutes les figures : Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Go a. Tête articulaire du fémur; b. Grandtrochanter; c. Quatrième trochanter ; « troisième trochanter » des auteurs; d. Col du fémur; e. Ectocondyle; f. Crête post-axiale de l’ectocondyle ; g. Entocondyle; h. Crête surmontant le quatrième trochanter (crête épitrochantérienne) ; LATTES k. Ischium; I. Pubis; m. Vertebres caudales; n.. Pygostyle; o. Chevrons des vertébres caudales ; p. Foramen obturateur. g. Foramen ilio-sciatique; 7. bias SuPerone; t. Tarso metatarsien; u. Muscle caudo-fémoral ; y. Son insertion; x. Son origine; y. Muscle ischio-fémoral ; z. Son insertion; w. Son origine. . — Fémur gauche de Cygnus atratus, Lath. (n° 5665, I. G. du Musée royal d’histoire naturelle), vu par sa face post-axiale. — Fémur gauche d’[guanodon bernissartensis, Blgr., vu comme le précé- dent. . — Fémur gauche de Crocodile (n° 2500, I. G. du Musée royal d’histoire naturelle), vu comme le précédent. — Fémur gauche de Cygnus atratus, Lath. (le méme que fig. 1), vu par sa face entaxiale. . — Fémur gauche d’Iguanodon bernissartensis, Blgr (le même que fig. 2), vu comme le précédent. . — Fémur gauche de Crocodile (le méme que fig. 3), vu comme le précédent. . — Train d’arriere d’ Anas boschas, Linn., vu du côté droit. cr ' 1 | 1 i 1 | 1 ' D TEL Seg AEN Ast A0 [SAN UPE en ae rm PA it TRE i ¥ 3 BL PET ERR ab ee B, JE ke ey % the oe mn H Ai Le. hind he Are 4 te Nel a 1 a ER LA SET . Dan. DR u ER; F à ; et te VOL ARS an Du Mi + Ms [A B à Ü Lt W LE Pear 7 à : En 7 ‘3 oY Le 7 = pes iu 18 L \ ¥ fi v ae x eee | \ " ii ran à | FT ss | J Ÿ ES à UN QE N \ vert d 7 merit A x PES AE ur & pa ù 4 > - . [A Er Vl 00e 4 ii ra u E N à k we te A Vs r 4, 4 =, L rt . ı 7 * A ae ® “4 ARR NER MER A = 74 - PER pe nr) VO € . AS RER TIENNE Le et 14 4 PARA Sass q ur MET roy | = ä ua LT ee | PR 40 Di ; A “ N a PCT i: $ Le N, F . “> ÿ . = ® a Zei N 5" oF \ mi à ERS ae In NOTE SUR UNE HEMIVERTEBRE GAUCHE SURNUMERAIRE, DE PYTHON SEBÆ, DumeErıL, (Pl. II, fig. ı-4), PAR M. le professeur PauL ALBRECHT, Docteur en médecine et en philosophie. On sait que, chez les Mammifères, l'ossification d'une vertebre cartilagineuse se prépare par l'apparition d'un point osseux dis- coïde dans chacun des deux pédicules de l'arc neural. A ce moment, le centre de la vertebre est entièrement cartilagineux, aucun point osseux n'y existant encore. Il résulte de là qu’ontogénétiquement, l'ossification des arcs s'effectue avant celle des centres. C'est ce qu'on observe également phylogénétiquement, car, si on considère la série entière des animaux vertébrés, on s'aperçoit que les arcs sont de plus ancienne formation que les centres. Des colonnes ver- tébrales acentrales, c'est-à-dire composées de vertèbres qui n'ont pas de centre, se rencontrent chez les Pétromyzontes, les Chon- drostei, les Holocéphales et les Dipnoï. Nous avons donc, dans la marche ontogénique que suit l'ossification des vertèbres chez les Mammifères, une récapitulation du développement phylogénique correspondant. Apres que l’ossification des arcs a fait un certain progrès, un point osseux en forme de biscuit se montre dans la partie ventrale du centre de la vertebre. Le contour bilobé de ce point osseux suffit deja pour nous faire présumer qu'il a la valeur morpholo- gique, non d’un, mais de deux points osseux : un droit et un gauche. Nous trouvons une confirmation de cette hypothese dans les faits suivants : 1° Le grand physiologiste Johannes Müller a signalé la présence 2. 22. ALBRECHT. — NOTE SUR UNE HEMIVERTEBRE, ETC. Mars de deux points osseux dans le centre des vertébres sacrées des _ Oiseaux (1). 2° Chez l'homme, on constate couramment un point osseux droit et un point osseux gauche dans le centre de l'atlas, ordinai- rement appelé os odontoide. 3° E. D. Cope nous apprend que, chez les Ganocéphales (Tri- merorhachis, Archegosaurus, Actinodon, Rhachitomus et Eryops), le centre se compose de deux pieces laterales (pleurocentres), une droite et une gauche (2). 4° Enfin, Humphry (3) fait la communication importante qu'il a vu a Berlin un cas de spina bifida des vertebres cervicales dans lequel, par complication avec une fissure médiane des corps, les deux moitiés de plusieurs vertèbres étaient écartées l’une de l’autre et le canal vertébral communiquait avec l'espace hypo-verte- bral (4). Dans l'individu examiné par Humphry, chaque moitié de ver- tébre était donc composée d’une neurapophyse et d’une moitié de centre. Je propose d’appeler la moitié droite ou gauche d’un centre, hémicentre; la moitie droite ou gauche d’une vertebre, hémivertèbre. Il est évident que, d’après ce que nous venons de dire et quoi- qu'elles soient généralement réunies, les deux hémivertèbres d’un mème metamere ont une existence qui leur est propre. Bien plus, il est possible de prouver qu'elles sont tout à fait indépendantes lune de l’autre. Designons les centres d'une serie de vertèbres consécutives par: n, N+1, n+2, n +3, les hémicentres droits : (: / (=) pS d =) = 2 2 2 (1) J. Mürrer, Handbuch der Physiologie des Menschen, t. II, p. 733. Coblenz, 1845. (2) E. D. Core, Second contribution to the History of the Vertebrata of the Permian formation of Texas; PALEONTOLOGICAL BuLLETIN, n° 32. (Read before the American Philosophical Society. May, 7, 1880.) (3) Humpury, A Treatise on the Human Skeleton. Cambridge, 1858, p. 124. (4) Voir aussi: Farster, Handbuch der pathologischen Anatomie, Leipzig, 1863, t. II, p. 959, oü il est dit d’une maniére générale : « Dans les cas de spina bifida les plus prononcés, le corps de la vertébre est fendu. » 1883 DE PYTHON SEB, DUM. 23 et les hemicentres gauches : (=) 5) el n+ 3\"’ LA Si ag al eme Dans une colonne vertébrale normale, ces hémicentres s’assem- bleront d’apres les formules ci-dessous : n\’ n\!! 2 2 nti n-+ ı\” + nr i, 2 2 n-+ 2\’ n+ 2\” = + =n-+ 2, 2 2 n + 3\' n+ 3\'’ + |- =n + 3. 2 2 Cependant, il peut arriver qu'un hémicentre droit, par exemple, ne se réunisse pas avec l'hémicentre gauche situé a la même hau- teur, mais avec l'hémicentre gauche précédent ou suivant. Il ya donc deux modes de réunion, qui se traduisent par les égalités que Voici : | 15e n\’ n\' da EE) a: _ (=) = ("= | 2 2 2 ea an n +2 em n + 3\’ n+ 2\’ = AS) =F) + FS) 7 ET 2 dE 2 se i MO a + [ab D er [ers un © — D= = i Fe DIS 4 n-+1\"" + tn, = nn nn nr nl et » = - x = o | + > | — = DIS 2 = + ı\’ =) ze za EN 2 2 2 NET nest n + 2\’ n + 3\'' as — Eee 2 2 Dee 2 1 / 4 4 Les hémicentres (3) et +2) restant isolés. 24 ALBRECHT. — NOTE SUR UNE HEMIVERTEBRE, ETC. Mars En résumé, nous voyons que, dans ces deux cas possibles de synostose oblique ou diagonale des hémicentres, il ya un hemi- centre en haut et un hemicentre en bas de la region anormale qui conserve son autonomie et nous montre de la maniere la plus évi- dente qu'un hemicentre droit quelconque est entièrement indépendant de l’hémicentre gauche situé à la même hauteur et réciproquement. La synostose oblique, que nous avons décrite ci-dessus, se ren- contre le plus fréquemment dans le coccyx de l'homme. On observe toujours alors qu'un hémicentre de la première et un hémicentre de la dernière vertebre coccygienne restent isolés, tandis que les autres se soudent d’après l’une des formules I ou II. Mais une synostose diagonale peut aussi atteindre les neurapo- physes des vertèbres et, dans ce cas, nos équations précitées leur sont applicables. Soient, en effet, ’ m’, M+1, m’+2, m'+3 les neurapophyses droites ; [14 m, M LA, M ED mn SS les neurapophyses gauches de quatre vertèbres consécutives. Dans l'état normal, ces neurapophyses s'assembleront comme suit : m’ +m" (m’+ 1) + (m+ 1) (m'+ 2) + (m’’+ 2) (m'+- 3) + (M'A 3) Cependant, frappées par la synostose oblique, elles se réuniront d'après l’une des deux formules ci-dessous : ROE m’ m" —- (m’+ ı)/ „m'a 1) + (m' + 2)/ pine 2) ane (m’+ 3) 7 (m''+ 3) Les neurapophyses m’ et m’’+ 3 restant isolées. iN Be: m’ (m'+ 1), Nm’+ 1) Nr ea Nm” + 2) si (m'+ 3) \ n+ 3) Les neurapophyses m"’ et m’ + 3 restant isolées. 1883 DE PYTHON SEBE, DUM. | 25 Donc : De même que dans la soudure diagonale des hémicentres, dans la synostose oblique des neurapophyses, il existe, au-dessus et au- dessous du champ anormal, la moitié d'un arc, ou neurapophyse, qui garde son indépendance. La valeur morphologique de cette synostose oblique des neura- pophyses a été signalée en premier lieu par Hyrtl (1) pour les ver- tebres sacrées, puis, par Schwegel (2) pour les mêmes vertebres auxquelles il ajouta les cervicales et les thoraciques; enfin, par Aeby (3), qui mentionna la disposition dont nous nous occupons chez ces dernières seulement. Il résulte de ce qui précède qu'une hémivertèbre droite quelconque (la neurapophyse aussi bien que l’hémicentre) est entièrement indé- pendante de l'hémivertèbre gauche située à la même hauteur et reci- proquement. Cependant, dans tous les cas étudiés jusqu'à présent, nous avons constaté que la somme des hémivertèbres, des hemicentres et des neurapophyses était la méme a droite qu’a gauche. Il semble donc que l'indépendance de ces parties n'ait lieu qu'à l'égard de la synos- tose. C'est pourquoi on est amené a se demander si cette indepen- dance n'est point susceptible de s'étendre au nombre. Pour que l'indépendance des hémivertèbres, hémicentres ou neurapophyses setendit au nombre, il faudrait que nous obser- vions une ou plusieurs hémivertébres, hémicentres ou neurapo- physes surnuméraires. En d'autres termes, que le côté gauche du squelette renfermant x h&mivertebres, hémicentres ou neurapo- physes, le côté droit en comptât x +1 0u r+n(n~1). Trois auteurs, Sandifort (4), Rokitansky (5) et H. Meyer (6), ont deja fait connaitre des anomalies de cette nature. Avant d’aller plus loin, examinons la valeur des préparations décrites par ces anatomistes. En ce qui concerne le cas de Sandifort, il est évident qu'il ne s'agit pas ici d’hemivertebres surnuméraires, ainsi que le prétend ce savant, mais seulement d’une synostose oblique, avec hémiver- tebres isolées et pas du tout surnumeraires, au-dessus et au-dessous (1) Hyrti, Lehrbuch der Anatomie des Menschen, p. 300. Wien, 1870, 11% Aufl. (2) SchweceL. Zeitschrift für rationelle Medicin, t. V, p. 311, 3te Reihe. (3) Azsy, Zeitschrift für rationelle Medicin, t. VII, p. 123, 3te Reihe. (4) SAnDIFORT, Museum anatomicum, t. IV, p. 74, pl. CLXXVIII. Leyden, 1835. (5) Roxiransxy. Oesterr. medicin. Jahrbücher, t. XIX. (6) Meyer, Zeitschrift für rationelle Medicin, t. VI, Heft 2. 26 ALBRECHT. — NOTE SUR UNE HEMIVERTEBRE, ETC. Mars du champ anormal. On peut méme prouver que ni Sandifort, ni Humphry, qui l’a cité (1), n'ont compris la préparation figurée par le premier. Si l'on se reporte à la planche CLXXVII, figure 2, de Sandifort, on voit immédiatement qu'il y a deux champs anormaux différents dans la portion de colonne vertébrale d'un enfant nouveau-né qu'elle nous représente : 1° Un premier champ anormal, de peu d’etendue, caus“ par la synostose oblique de la 7° hemivertebre cervicale droite avec la re hemivertebre thoracique gauche. Ainsi que l’exigent nos for- mules I et III combinées, la 7° hemivertebre cervicale gauche et la ıre hemivertebre thoracique droite restent isolées. La 2° vertèbre thoracique est tout à fait normale. 2° Puis commence un nouveau champ anormal par la synostose oblique de la 3° hémivertebre thoracique gauche avec la 4° hémi- vertèbre thoracique droite. Cette synostose oblique se continue avec les hémivertèbres suivantes. D’après nos formules II et IV, nous devrions encore trouver deux hêmivertêbres isolées. Cependant, comme Sandifort n'a point figuré la totalité du second champ anormal, nous n'en rencontrons qu'une, qui est la troisième hémi- vertebre thoracique droite, ainsi qu'on pouvait s'y attendre. Quant à la deuxième, son existence dépend seulement de la cir- constance que les hemivertebres droites, situées caudalement à la _ troisième hémivertebre thoracique droite, forment bien une série en synostose oblique, série dont la limite crâniale à gauche est entre la seconde et la troisième hémivertèbre thoracique gauche. Or, il ne peut y avoir le moindre doute que cette synostose oblique a lieu, pour les raisons suivantes : a. Les corps des vertèbres en question sont très allongés, étirés qu'ils sont de gauche à droite et de haut en bas. b. Les corps des mêmes vertèbres, à l'exception de la première, sont pourvus de deux points osseux, ou, quand il n y en a qu'un seul, celui-ci est placé de côté et non au milieu. Ceci vient à l'appui de notre thèse, car un centre, formé par l'union de deux hémicen- tres placés à des hauteurs différentes, ne peut évidemment pas s'ossifier par un point osseux médian. (1) Humpury, A Treatise on the Human Skeleton. Notons, en passant, que Sandi- fort compte les vertèbres thoraciques de bas en haut, chose dont Humphry ne s’est pas méme apergu, car il adopte cette notation pour la préparation des hemivertebres surnuméraires, tandis qu'il suit la marche inverse dans le reste de son ouvrage. 1883 DE PYTHON SEB, DUM. 27 La préparation de Sandifort se trouve donc expliquée par le schéma suivant : Hémi-épistrophée droit — Hémi-épistrophée gauche. Hémivertèbre cervicale III droite — Hémivertèbre cervicale III gauche. » IV » — — » ENT D — VV» = —— VV» » —— VI » — nn VI » » —— VII » ———— » — VI » (zémivertèbre isolée) Hémivertèbre thoracique 1 » Hémivertèbre thoracique I gauche. (hemivertebre isolée) DO Ik» == » — I » — » —— II » po IIT » (Aemivertebre isolée) 30 — » — IV >» D» — IV » D _—— V » Rs D —— V » D» — VI » ane pe, ML - N REE ON gere 5 » —— VI i» » —— VIII wt : » VIII » D — IX » ER D» — IX » D» — X » RS » — X » D Ah » EE La onzième vertèbre thoracique n'est point représentée sur la planche de Sandifort. Enfin, nous remarquons que la synostose oblique se produit en sens inverse dans les deux champs anormaux. Cette sorte de com- pensation est tout a fait d'accord avec ce qu'on observe dans les scolioses, les lordoses et les kyphoses de la colonne vertébrale. Quant aux deux autres cas d’hémivertébres surnuméraires cites plus haut, je crains bien que nous ne soyons la en présence d'une erreur pareille a celle commise par Sandifort. Malheureusement, je n'ai pu consulter les travaux originaux et ne suis, par conse- quent, point à même de décider s’il s'agit réellement d’hemiver- tébres surnuméraires ou si les auteurs ont eu simplement affaire a une synostose oblique des neurapophyses avec avortement plus ou moins complet des neurapophyses isolées. Je me bornerai donc à citer ce que dit Rokitansky dans son Manuel d'anatomie patholo- gique spéciale (1) : « Dans les anomalies unilatérales, par défaut ou par exces, de la (1) Rokıransky, Lehrbuch der speciellen pathologischen Anatomie, t. 1). 162. Wien, 1861. 28 ALBRECHT» — NOTE SUR UNE HEMIVERTEBRE, ETC. Mars colonne vertébrale, les moitiés de vertèbres sont intercalées sous forme de coins; elles se soudent parfois avec les vertèbres conti- gués, de manière qu'une de celles-ci semble être double d'un côté. Ces moitiés de vertèbres portent une moitié, complete ou défec- tueuse, d’arc et donnent, en certaines circonstances, outre la cour- bure qu'elles occasionnent dans l’épine dorsale, naissance à un tel derangement dans l'assemblage des neurapophyses, que ces der- nières se trouvent déplacées sur une grande étendue. » Si on lit avec attention ce passage de l'ouvrage du savant autri- chien, on acquiert bientôt la conviction que la description ci-dessus se rapporte à une synostose diagonale d’hemivertebres, méconnue par l'auteur, de même que Sandifort et Humphry se sont trompés sur la signification de la pièce décrite par le premier d’entre eux. Quoi qu'il en soit, j'ai été assez heureux de trouver dans les collections du Musée royal d'histoire naturelle de Belgique, un cas vraiment classique d’hemivertebre surnuméraire, cas qui ne laisse pas le moindre doute sur ce fait : que les moitiës, gauche ou droite, de la colonne vertébrale peuvent être composées d'un nombre différent d’hemivertebres. En effet, dans la préparation que je vais faire connaître, toute idée de synostose diagonale doit être abandonnée. Cette préparation est un squelette de Python Sebæ, Dumeril (n° 87. I. G. du Musée) qui compte à gauche 334, à droite 333 hemi- vertèbres. La queue manque, mais le reste de la colonne vertébrale ne présente point de lacunes. Afin de faciliter la description nous dirons que cette colonne possède 333 vertèbres et une hemivertebre intercalée ou surnuméraire. Jusqu'à la 194° vertèbre, il n’y a rien de particulier à signaler. La 195° porte, comme la précédente, une côte de chaque côté; ses prézygapophyses sont en articulation avec les postzygapophyses de la 194° et ses zygosphènes avec les zygantres (1) de ladite ver- tebre. Apres la 195° vertébre viennent : 1° A droite, la 196°; 2° A gauche, l'hémivertèbre surnuméraire, que j'ai désignée planche II, fig. 1-4, comme 195’° hémivertèbre. Les articulations qui existaient entre la 195° et la 196° vertebre, a droite, et entre la 195°et la 195’, à gauche, sont ankylosées, sans que nous soyons pour cela en présence d’un cas pathologique, les os jouissant d’un aspect tout à fait normal. (1) Pour ces expressions, cf. Huxtey, A Manual of the Anatomy of Vertebrated animals, p. 234. London, 1871. 1883 DE PYTHON SEBÆ, DUM. 29 La postzygapophyse gauche de la 195° vertebre est donc soudée avec la prézygapophyse gauche de la 195’; le zygantrum gauche de la 195° avec le zygosphene gauche de la 195’*. Tandis que la post- zygapophyse et le zygantrum droit de la 195° vertebre sont soudés respectivement avec la prézygapophyse et le zygosphene droit de la 196°. | De plus, la postzygapophyse de la 195’* hémivertèbre est synos- tosée avec la prézygapophyse gauche de la 196°; il en est de méme du zygantrum de la 195’ hemivertebre qui se réunit par soudure avec le zygosphène gauche de la 196°. La 195° et la 196° vertebre portent, a droite et a gauche, des côtes normales, mais, ce qui est plus étonnant, la 195'° possède aussi une côte bien conformee. La 196° vertebre articule d'une manière tout à fait régulière avec la 197°. Ses postzygapophyses et ses zygantres sont respectivement en contact avec les prézygapophyses et les zygosphènes de cette dernière, qui ne présente rien de particulier et porte, comme d’or- dinaire, une côte de chaque côté. Nous nous trouvons donc en présence d'un complexe d’os, qui se compose : 1° A gauche : de trois hemivertebres (195°, 195’*, 196°) ; 2° A droite : de deux hémivertebres (195°, 196°); soit, en tout, de cing hémivertebres. En outre, notre complexe montre : 1° A gauche : 3 tubercules costaux (un sur la 195°, un sur la 195’ et un sur la 196°); 2° A droite : 2 tubercules costaux (un sur la 195° et un sur la 196°). Le complexe donnait, par conséquent, attache à cing côtes nor- males : trois a gauche et deux a droite. Examinons maintenant d'un peu plus près l’hemivertebre sur- numéraire intercalée entre les moitiés gauches de la 195° et de la 196° vertebre. Elle ne se contente point d’être une hémivertèbre véritablement surnuméraire, mais, ainsi que nous l'avons dit plus haut, elle est pourvue d'une large côte, qui ne se distingue en aucune façon des côtes de la 195° et de la 196° vertèbre. Ce Python avait donc (n + 1) hémivertèbres à gauche et n hémivertèbres a droite. if (n +1) côtes a gauche et n côtes a droite. 30 ALBRECHT. — NOTE SUR UNE HEMIVERTEBRE, ETC. Mars L’hémicentre de la 195° hemivertebre est très petit et, comme si la nature avait voulu nous montrer dans cette préparation le carac- tere des hémivertèbres, la surface postérieure du centre de la 195° vertebre pousse : 1° A gauche, contre la face antérieure de l’hémicentre cunéiforme de la 195’* hemivertebre; 2° A droite contre la face antérieure du centre de la 196° vertebre. D'un autre côté, la face postérieure de l'hémicentre de la 195’ hémivertebre s’unit a la moitié gauche de la face antérieure de la 196° vertebre. En un mot, il y a un hemicentre de plus a gauche qu'à droite. Enfin, pendant qu'il n’existe qu'un seul foramen intervertebral entre la 195° et la 196° vertebre a droite, nous en trouvons deux a gauche : 1° Un entre la 195° et la 195°; 2° Un entre la 195” et la 196°. Comme il est impossible que ce foramen soit présent sans le nerf spinal et les vaisseaux correspondants, nous concluons que notre exemplaire de Python Sebe, Dum, avait : (n + 1) nerfs spinaux à gauche et seulement n nerfs spinaux à droite. De même pour les vaisseaux. Les autres parties de la 195'° hémi- vertèbre sont très bien développées. Le condyle portant la surface articulaire pour la 195"° côte est normalement conformé. Il en est de même du pédicule et de la lame de la neurapophyse. Celle-ci, qui est comprimée et raccourcie dans le sens crânio-caudal, corres- pond évidemment à la moitié gauche de l'apophyse épineuse d'une vertebre ordinaire. La description détaillée que nous avons donnée de la 195"° hemi- vertebre, suffit, suivant nous, à prouver qu'il ne saurait être ques- tion ici d'une synostose oblique, mais que, comme MM. Dollo et De Pauw, du Musée royal d'histoire naturelle, ont pu le constater avec moi, nous avons affaire a une hémivertébre surnuméraire vraie. Je crois inutile de faire remarquer qu'on ne pourrait non plus invoquer ici une spondylite, qui aurait cause la disparition de 'hêmicentre droit de la 195’ hemivertebre, parce que dans ce cas la neurapophyse et la côte correspondante auraient été conservées. Avant de terminer ce travail, il y a lieu de nous demander si, a 1883 DE PYTHON SEB, DUM. 31 l'aide de la préparation étudiée par nous, il ne serait point possible de porter un jugement sur les diverses théories concernant l'homo- logie des vertèbres de deux colonnes vertébrales différentes. Ces théories sont au nombre de trois : celle d’E. Rosenberg (1), celle de v. Jhering (2) et celle de Welcker (3). D’après la théorie de Rosenberg, une vertèbre n d'une colonne vertébrale quelconque est homologue de la vertebre n de toute autre colonne vertébrale. D'après la théorie de v. Jhering, la première et la dernière ver- tebre d’une colonne vertébrale sont homologues de la première et de la dernière vertèbre de toute autre colonne vertébrale. Si l’une des deux colonnes a plus de vertèbres que l'autre, tout l’excedant doit être considéré comme intercalé. | Enfin, d’après la théorie de Welcker, une colonne vertébrale de n vertebres est homologue à une autre colonne vertébrale de n + x vertèbres. Aucune des vertèbres isolées de la colonne vertébrale de n vertèbres n'est donc homologue a une vertebre de la colonne de n=x, mais une vertèbre de la première est homologue à 1 #7 vertèbres de la seconde et une vertèbre de celle-ci est homologue à — „ vertèbres de la première. Appliquons ces théories à notre Python. Ce serpent possède, comme nous l’avons vu, 334 hémivertebres gauches et 333 hémi- vertèbres droites. Donc, suivant Rosenberg, la 195’ hémivertèbre gauche serait homologue à la 196° hémivertebre droite, la 196° hémivertèbre gauche à la 197° droite et ainsi de suite jusqu'à la queue, de sorte que la moitié gauche de la dernière caudale serait sans homologue du côté droit. Cependant, comme toutes les ver- tèbres sont normales à partir de la 333°, il est évident, d’autre part, que les deux moitiés d’une même vertebre sont homologues entre elles. La théorie de Rosenberg nous conduit, par conséquent, à une conclusion absurde et c'est pourquoi nous devons la rejeter. Si nous passons à la théorie de Welcker, nous serons amenés à considérer comme homologues, dans leur ensemble, les deux moities de la colonne vertébrale de notre Python. Faisons abstrac- tion, pour le moment, de la portion caudale absente. Nous dirons (1) E. Rosenserc, Ueber die Entwickelung der Wirbelsäule und des Centrale Carpi des Menschen (MorPHoL. JAHRBUCH, t. I, p. 83). (2) v. Juerın, Das peripherische Nervensystem der Wirbelthiere. Leipzig, 1878. (3) Wecker, Zur Lehre von Bau und Entwickelung der Wirbelsäule (ZooLoc. ANZEIGER, 1878, p. 291). 32 ALBRECHT. — NOTE SUR UNE HEMIVERTEBRE, ETC. Mars alors que 334 hemivertebres gauches sont homologues de 333 hémi- vertebres droites ; en d’autres termes que: Une hémivertébre droite est homologue a 1 + 34, hémiverte- bres gauches; ou une hémivertebre gauche est homologue a 33; d’hemivertebre droite. Mais comme toutes les vertebres en avant et en arrière de la 195’¢ sont bien conformées, il est clair que leurs deux moities sont homologues. La théorie de Welcker, de méme que celle de Rosenberg, nous mène, en dernière analyse, a des résultats inacceptables et nous ne pouvons en faire usage. Reste la théorie de v. Jhering. Je puis dire immédiatement que, quoique la conception de ce savant ne nous donne pas la vraie solution, elle s'approche plus près du but que les précédentes. D'après v. Jhering, la 195'° hémivertèbre serait intercalée, ce que je crois parfaitement juste, et serait homologue a une 195’* hémi- vertebre droite, qui n'existe pas dans notre préparation. La prévi- sion que la 195'* hémivertèbre gauche est intercalée, prend, suivant moi, immédiatement sa preuve dans le fait qu'elle est normalement bâtie, qu'elle porte un tubercule costal bien développé, qu'elle donne attache à une large côte et, enfin, qu'elle laisse, entre elle et les vertebres contigués, deux trous intervertébraux. Cependant, si v. Jhering a trouvé dans l'intercalation la clef de l’'homologie des vertèbres de deux colonnes vertébrales différentes, il ne s'est jamais expliqué sur la nature et les causes de cette inter- calation. Aussi, je comprends très bien que Welcker n'ait pu se considérer comme satisfait par cette théorie. Pour développer ce qu'elle renferme de réel, il ne suffit pas de se borner aux vertèbres; il faut remonter aux protovertebres. C'est à quoi nous allons maintenant procéder. Nous savons que les protovertèbres sont des masses cellulaires, dont la partie médiane forme les vertèbres primitives (primitive ver- tebræ, Balfour) et qui sont segmentées protométamériquement (1). Ces protovertèbres se multiplient par division. Eh bien, supposons qu'une protovertèbre gauche, par exemple, se dédouble, tandis que la protovertèbre droite conserve son état primitif; supposons de même que les lames latérales correspondantes suivent les modi- (1) P. ALBRECHT, Ueber den Proatlas, einen Zoischen dem occipitale und dem Atlas der Amnioten Wirbelthiere gelegenen hirbes und den Nervus spinalis Is. proatlanticus (ZooLoG. ANZEIOER, 1880, p. 450). 1883 DE PYTHON SEB, DUM. 33 fications de leurs protovertebres, et nous aurons ainsi une explica- tion de la 195’* hemivertebre, de la 195’ côte et des nerfs spinaux placés devant et derrière la 195° hémivertèbre. Comme nous constatons à gauche une 195'° hémivertèbre, une 195’° côte et deux nerfs spinaux, tandis qu'à droite il n'y en a qu'un seul, le côté gauche possède donc UN SOMATOMÈRE DE PLUS que le droit. La présence de celui-ci indique, par conséquent, un myocomma et une protovertebre de plus et nous sommes ramenés ainsi à notre point de départ qu'une protovertebre gauche a dû se segmenter pendant que la droite située à la même hauteur restait indivise. Comment, d’ailleurs, si les choses se passaient autrement, les vertèbres, les côtes, les nerfs spinaux, etc., en un mot, les organes somatomériques et intersomatomériques pourraient-ils augmenter en nombre? Supposer que les quatre cents vertèbres de certains Serpents se soient formées en s’ajoutant une à une à la dernière caudale est tomber dans linvraisemblance. Penser que la 9° ver- tebre desdits Serpents, comme le veut Rosenberg, correspond à la o° vertèbre d'une Grenouille est tout à fait impossible. Enfin, déclarer que la colonne vertébrale d'un Anoure est homologue de celle d'un animal à longue queue, ainsi que le propose Welcker, est totalement insoutenable. Suivant moi les protovertebres (ou d'une manière plus générale les somatomères) jouissent de la propriété de se diviser sur toute l'étendue qu'elles occupent. Vouloir déterminer, dans chaque cas, la region des protovertebres où s'est faite la multiplication est évi- demment impraticable. Pourtant on peut parfois y arriver. Il est clair, par exemple, que pour les Perennibranches, les Ophidiens et les autres Vertébrés dont les membres postérieurs sont très éloignés de la tête, c'est la portion présacrale qui s'est multipliée. On dit toujours pour expliquer les faits que nous venons d’inter- preter que la ceinture pelvienne émigre cränio-caudalement comme le cœur, le système aortique, l'estomac, etc. Mais quelle est donc la force qui la pousse? Pour les autres organes c'est trés com- préhensible : ils ne trouvent plus dans la tête, qui les renfermait primitivement, l'espace suffisant pour les contenir et sont nécessai- rement refoulés vers la seule issue possible, c'est-à-dire cränio-cau- dalement. On ne peut vouloir appliquer cette cause au recul des membres postérieurs. En réalité, le seul motif qui les éloigne cränio-caudalement est l’interpolation d'une grande quantité de somatomères entre eux et la tête. Je ne veux point nier la possibilité d'un déplacement de la cein- 3 34 ALBRECHT. — NOTE SUR UNE HEMIVERTEBRE, ETC. Mars 1883 ture pelvienne par un autre processus que celui que je viens d’in- diquer. Mais, dans ce cas, le déplacement est toujours caudo-cranial et non cränio-caudal. On peut l'observer chez les poissons jugulaires et même chez les Primates, ou, comme Rosenberg l'a démontré, les vertèbres abdominales passent graduellement dans le sacrum, ce qui indiscutablement diminue le nombre de ces vertèbres. Le déplacement est alors dü à une traction des muscles du tronc. En d'autres termes, il y a, chez les Vertébrés, deux migrations pos- sibles de la ceinture pelvienne. 1° Une migration passive se faisant dans le sens cränio-caudal et due à l'interpolation de nouveaux somatomères entre elle et le crane. 2° Une migration active se produisant dans le sens caudo-cranial par la traction des muscles du tronc. RESUME. En resume, nous avons trouvé, dans un Python Sebæ, Dumeril, 333 hemivertebres droites et 334 hemivertebres gauches. L’hémi- vertebre surnuméraire est située entre les moities gauches de la 195° et de la 196° vertebre. Elle consiste en un hémicentre et une neurapophyse bien développés; elle porte une côte normale arti- culée sur un tubercule costal ordinaire. Elle forme un foramen intervertebral avec la 195° vertebre et un autre avec la 196%. Ce Serpent avait donc a gauche une hémivertèbre, une côte et un nerf spinal de plus qu'à droite, soit un somatomere. Cette anomalie ne peut être expliquée que par le fait qu'une protovertebre et un pleu- romère (myocomma) ont subi une segmentation a gauche, tandis que les parties droites correspondantes sont réstées indivises. Contrairement aux théories de Rosenberg, Welcker et v. Jhering, dont l'insuffisance est démontrée dans ce travail, notre interpréta- tion fait voir comment les protovertèbres et les pleuromères, en se divisant indépendamment dans les diverses régions par des fissures interlatérales, peuvent augmenter le nombre des somatomères et donner ainsi naissance à la migration de plusieurs organes, notam- ment de la ceinture pelvienne. NOTE SUR LA PRESENCE D’EPIPHYSES TERMINALES SUR LE CORPS DES VERTEBRES D’UN EXEMPLAIRE DE MANATUS AMERICANUS, DEsm., (PL II, fig. 5-6), PAR M. le professeur Pau. ALBRECHT, Docteur en médecine et en philosophie. Jusque dans ces derniers temps, l'opinion générale était que tous les Mammifères, à l'exception des Monotrèmes et des Sireniens, possédaient des épiphyses terminales sur le corps de leurs verte- bres. Nous trouvons, notamment, cette opinion encore exprimée dans la seconde édition de l'excellent ouvrage de Flower (1). Cependant, dès 1879 (2), je me suis efforcé de prouver, dans une communication préliminaire, que les MonoTREMES rentraient dans la règle générale; en d'autres termes, que les corps de leurs verte- bres étaient pourvus d’épiphyses terminales. Je n'ai rien à ajouter a ma description et me contenterai, pour l'intelligence de ce qui va suivre, de la résumer brièvement ici. Ainsi que je l'ai fait voir dans mon travail précité, l'Échidné nous montre les épiphyses sous la forme la plus simple, c'est-à-dire à l'état cartilagineux. Qu'il s'agisse bien en cette circonstance de véritables épiphyses, c'est ce qui résulte immédiatement de la disposition ci-apres, spéciale a ces organes : sur chacune des faces interverté- brales du corps des vertèbres se trouve une sorte de petit entonnoir ayant renfermé la corde dorsale et auquel j'ai donné le nom d’om- bilic de la vertèbre. En outre, les parties, que j'ai déterminées comme épiphyses, envoient à l'intérieur de ce petit entonnoir une apophyse cartilagineuse, que j'ai appelée apophyse ombilicale. Chez l'Ornithorhynque, les épiphyses sont déjà beaucoup plus développées. On y remarque un commencement d’ossification et il est même facile de se convaincre que cette ossification a eu lieu dans l'ordre suivant : 1° Apophyse ombilicale. 2° Zone périphérique. 3° Une zone intermédiaire entre les deux précédentes et que j'ai fait connaître comme zone péricentrique (3). (1) W. H. FLower, An Introduction to the osteology ofthe Mammalia, p. 18. London, 1876, 2nd edition. (2) P. ALsrecHht, Die Epiphysen und die Amphiomphalie der Säugethierwirbel- körper (ZooLoc. ANZEIG., p. 12, 1879). (5) Loc. cit., p. 13. 36 NOTE SUR LA PRESENCE D EPIPHYSES TERMINALES Mars Enfin, avant de passer à l'étude du Manatus americanus, Desm., qui fait l'objet de cette note, je dirai qu'à ma grande satisfaction, jai vu mes observations confirmées dans un recent mémoire du professeur Huxley (1), mémoire qui peut être considéré comme la base des recherches futures sur la phylogénie des Mammiferes. Je me propose maintenant d’établir que le seul ordre de cette classe qui constitue encore une exception, à l'égard des épiphyses terminales du corps des vertebres, — les SIRENIENS, — sont aussi en possession de ces organes, quoique a un état tres rudimentaire et par conséquent tres interessant. Je veux parler d’un squelette de Manatus americanus, Desm. (n° 2621. I. G. du Musée royal d'histoire naturelle). Ce squelette presque adulte compte 6 vertebres cervicales, 18 thoraciques, 1 ab- dominale, 1 sacrée et 24 caudales; le reste de la queue manque. Plusieurs des vertebres, notamment dans la région thoracique, sont encore réunies par le fibro-cartilage intervertebral et quand on détache soigneusement deux vertebres consécutives, comme je l'ai fait pour la 22° et la 23° (16° et 17° thoraciques), on constate sur la face intervertébrale du corps de ces vertebres une quantite de sillons et de crétes secondaires que j’ai déja signalées sous ce nom antérieurement (2). La présence seule de ces sillons et de ces crêtes, exclusivement propres aux Mammifères, suffit déjà pour démontrer que les Siré- nıens doivent avoir eu des épiphyses terminales, soit osseuses, soit cartilagineuses. Car, la où il n'y a pas d’epiphyses terminales, les faces intervertébrales des corps sont lisses, et la où ilyena, ces faces sont Zoujours sillonnées. Comme on le conçoit aisément, les sillons du corps correspondent aux crêtes de l'épiphyse et vice versä. En resume : Observer des sillons et des. crétes sur la face interver- tébrale des vertèbres, c'est exactement la même chose qu’observer des _épiphyses. L'ombilic de la surface intervertébrale du corps des vertèbres, les sillons primaires (3) et même la suture neurocentrale (ainsi que le sillon au fond duquel elle se trouve d'ordinaire) sont totalement (1) T. H. Huxzey, On the application of the Laws of Evolution to the Arrange- ment of the Vertebrata and more particularly of the Mammalia (PROC. OF THE ZOOL. Soc., p. 653. London, 1880). (2): Zoe. sert p.165: (3) Loc. cit, p. 161, etc. 1883 CHEZ UN MANATUS AMERICANUS. : | 37 absents, alors qu'ils se présentent d'une manière si constante chez les autres Thériodelphes (1). L’échancrure seule, située entre les pièces centroïdales, et que j'ai appelée incisure intercentroidale (2), reste. Après avoir examiné les vertèbres elles-mêmes, occupons-nous maintenant du fibro-cartilage qui les réunit. Nous voyons sur les deux faces de ce fibro-cartilage des ossifications sporadiques et en réseau. Du côté cränial, nous notons, dans la portion dorsale, une agglomération de points osseux, portant des sillons et des crêtes secondaires, sillons et crêtes qui s'adaptent respectivement dans les ‘crêtes et sillons de la face intervertébrale et caudale de la 22° ver- tèbre. Caudalement, le fibro-cartilage est muni de trois groupes d’ossifications, qui nous montrent encore les sillons et les crètes secondaires. Enfin, on constate des points osseux sporadiques dans les parties latérales et ventrales, mais ils sont beaucoup plus nom- breux sur la face caudale que sur la face cräniale. Il résulte de la que les ossifications ne correspondent point sur les deux côtés du fibro-cartilage. Par conséquent, il ne peut y avoir de doute que nous sommes bien ici en présence de deux épiphyses terminales (appartenant à la 22° et à la 23° vertèbre), épiphyses qui montrent des ossifications dans leur région périphérique. Quant au fibro- cartilage, son nucleus pulposus est tellement desséché qu'il reste entreles épiphyses, la périphérie exceptée, un espace nous offrant le vide absolu. D'autre part, son annulus fibrosus réunit les bords des épiphyses. En raison du.vide absolu dont nous venons de parler et qu'on rencontre chez beaucoup de Mammiferes, la ten- sion de chacune des deux épiphyses est énorme. Signalons encore sur la partie cartilagineuse de ces organes la presence de crêtes et de sillons secondaires, ainsi que de l’apo- physe intercentroidale. Comme la 22° vertebre ne porte point de facette costale ventro- caudale sur sa catapophyse (3), nous ne voyons pas d'aile catapo- physienne a son épiphyse caudale, et, comme la facette costale ventro-craniale de la 23° vertebre n'atteint plus la surface cräniale de cette vertebre, il n'y a pas non plus d’azle parapophysienne pour (1) J'ai proposé le nom de Thériodelphes pour les Didelphes et Monodelphes réunis, en un mot pour tous les Mammifères, à l’exclusion des Monotrémes ou Ornithodelphes, loc. cit., p. 161. (2) Loc. cit., p. 163. (3) Loc. cit., p. 14. 38 NOTE SUR LA PRESENCE D'ÉPIPHYSES TERMINALES, ETC. Mars 1883 son épiphyse cräniale. Cependant ces ailes ont existé pour les épi- physes des vertèbres précédentes, ainsi qu'on peut l’observer le mieux sur les épiphyses de la 2° thoracique. Remarquons que l’ossification des épiphyses suit une marche toute différente chez l'Ornithorhynque et chez notre Lamantin. Chez le premier, nous avons dit qu'elle se faisait dans l’ordre suivant : 1° Apophyse ombilicale; 2° Zone périphérique; 3° Zone péricentrale. Chez le second, au contraire, nous ne notons que l’ossification périphérique et c'est tout. RESUME. En résumé, nous avons découvert l'existence d'épiphyses termi- nales, en grande partie cartilagineuses, sur le corps des vertèbres d'un Manatus americanus, Desm. Ces épiphyses rudimentaires sont partiellement ossifiées dans la zone périphérique surtout dans leur région dorsale. L'apophyse ombilicale manque et la zone péri- centrique reste entièrement cartilagineuse. Cette observation nous met à mème de répondre à la question : Les Siréniens possèdent-ils des épiphyses en voie de formation ou sont-ils sur le point de les perdre? Évidemment leurs épiphyses sont des organes rudimentaires qui tendent à disparaître et ces animaux descendent, sans aucun doute, d'ancêtres à épiphyses bien développées. Car autrement les sillons et crêtes des faces intervertébrales du corps des vertèbres ne pour- raient exister. La même argumentation est applicable aux Monotrèmes. Mais il résulte d'autre part de ce que nous avons dit plus haut, que les ancêtres épiphysiens des Monotrèmes et des Siréniens pro- viennent eux-mêmes d’une souche anépiphysienne. Ils représentent donc, par rudimentation, un état préatavique, car s'ils avaient des épiphyses terminales bien développées sur les faces intervertébrales de leurs vertèbres, ce ne serait qu’un cas atavique. Que les Monotrèmes aient encore perdu des organes qui leur ont été transmis primitivement, ainsi qu'à tous les Mammifères, c'est ce qui est prouvé par le fait que ces animaux n'ont pas de zygapo- physes entre les six dernières vertèbres cervicales, ni de tubercules a leurs côtes, ni d’articulations tuberculo-diapophysiennes, toutes choses que leurs ancétres ont certainement possedes, OSS SESS PLANCHE II. EXPLICATION DE LA PLANCHE Il. HEMIVERTEBRE, ETC... DE Python Sebe, Dum. Fic. 1. — Profil gauche des 194° et 195¢ vertèbres, de la 195e hémivertébre gauche, des 196° et 197° vertèbres. t. Tubercule costal. Fic. 2. — Profil droit. Fic. Vue dorsale. Fic. 4. — Vue ventrale. es | EPIPHYSES TERMINALES, ETC... DE Manatus americanus, Desm. Fic. 5. — Vue crâniale de l’épiphyse terminale caudale du corps de la 22° vertehre (16e thoracique). a. Ossifications dans la région dorsale de la zone périphérique de l’Epi- physe. b. Points osseux sporadiques dans la région ventrale de la même zone. d. Apophyse intercentroïdale de l’Epiphyse. Fic. 6. — Vue caudale de l'épiphyse terminale crâniale du corps de la 23e vertèbre (17° thoracique). a, b, d. Même signification que dans la figure précédente. c. Points osseux sporadiques dans la région latérale gauche de l’épiphyse. Bull. Mus. Roy. Hist Nat Belg. TIL. EL 196 195 195 194 | | | \ | I / te IC DE PYTHON SEB, DUM Severey ne GY® Lavalette, del LP. De Pauw, direxit BRECHT._EPIPHYSES. TERMINALES ETC DU MANATUS AMERICANUS, DE: not on N U j ; h D u - | 12 à } } : 4, f À { r Er me 27 CNE D EN DU ein 4 hi AT AU NAS LES PHENOMENES DE LA SEDIMENTATION MARINE ETUDIES DANS LEURS RAPPORTS AVEC LA STRATIGRAPHIE REGIONALE; PAR A. RUTOT, Conservateur au Musee. Lorsqu'on embrasse d'un coup d'ceil l'ensemble de couches nom- breuses d'origine sédimentaire superposées, qui n'ont pas été atteintes par le métamorphisme et qui ont ainsi plus ou moins bien conservé leur facies normal, on reconnaît que, dans beaucoup de cas, les superpositions étudiées se divisent naturellement et nettement en masses stratifiées de sable et d'argile, séparées par des lits de gravier. S'il s’agit de couches sédimentaires d'origine marine, on remarque le plus souvent que la présence des graviers concorde avec des changements sensibles dans la faune, tandis que si l’on a affaire à des dépôts d'eau douce, les lits de gravier, ordinairement plus nombreux, mais moins continus et plus irréguliers dans leur allure, semblent ne plus avoir la même signification. L'étude des terrains tertiaires de la Belgique, dont la plupart des termes sont d'origine marine, a surtout mis en lumière les faits que nous venons d'énoncer, et dans la serie des nombreuses couches qui constituent ces terrains, les lignes de gravier séparatives sont tellement nettes et continues que Dumont lui-même, qui n'avait pas connaissance de la véritable signification des graviers, ni de leur relation avec les changements de faune, les a pris, pour ainsi dire instinctivement, comme base principale pour l'établissement de ses subdivisions ou systémes. Poursuivant depuis plus de dix ans, avec M. E. Van den Broeck, l'étude des terrains tertiaires de la Belgique et chargé avec lui du levé monographique de ces terrains, nous avons donc été depuis longtemps amenés, par l'étude des phénomènes actuels, à nous rendre compte de la nature exacte des graviers, de leur importance, he 42 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars de leur mode de formation et de leur röle géologique; et ces notions ayant été ensuite complétées par celles relatives aux sédi- ments côtiers, nous sommes parvenus à nous faire une idée précise des conditions de dépôt des terrains sédimentaires, de leur division rationnelle, et a faire ressortir aussi ce qu'il y avait de génial dans la conception de Dumont. Pour notre illustre prédécesseur, la présence d'un gravier à la . base d'un de ses systèmes, était le résultat d'une perturbation locale, dont il ne semble pas avoir eu une idée bien définie; car il croyait que les graviers, épais et composés de gros éléments aux points où les perturbations ont produit leur effet maximum, s’atténuent insensiblement a mesure qu'on s'éloigne du centre d’agitation. Il suit de la que, pour Dumont, les divisions locales doivent étre basées sur des faits stratigraphiques positifs, ayant laissé des traces évidentes de leur existence; faits qui, a ses yeux, devaient étre con- sideres comme des perturbations ayant sans doute une grande analogie avec de violents tremblements de terre. Aujourd’hui que ces idées de perturbations violentes et peu définies n'ont plus cours dans la science et qu'elles ont été rem- placées par la notion certaine des mouvements séculaires, c'est-à- dire lents et continus, notion qui se trouve vérifiée sur presque tous les points du globe et que l’on peut encore voir se confirmer de nos jours, il était de toute nécessité, sous peine de devoir aban- donner le mode si simple de division adopté par Dumont, d'étudier la question des graviers à un point de vue nouveau et de voir ce qu'elle devenait en y appliquant à la fois les résultats de nos recherches sur les dépôts littoraux et la notion des mouvements séculaires. Nous devons à la vérité de dire que nos travaux, en nous con- duisant à la solution de la question, ont été une confirmation écla- tante des idées de Dumont sur la valeur des graviers pour l’etablis- sement des divisions locales dans un bassin déterminé. Au point de vue des études à entreprendre, la question se subdivisait naturellement en deux parties : la première traitant de la formation du gravier et, subsidiairement, de celle des autres sédiments marins qui se déposent en même temps que le gravier; la seconde traitant de l'extension du gravier sur des surfaces consi- derables et de sa continuité sur toute l'étendue d'un bassin. Pour résoudre la première partie de la question, il suffit d'observer les phénomènes actuels, qui se passent sous nos yeux et dont les descriptions ont été si souvent données qu'elles ne compor- 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 43 tent plus aucune nouveauté; pour avoir la solution de la seconde, il faut faire intervenir le temps, l'un des facteurs les plus impor- tants de la géologie, et la notion des mouvements séculaires des elements de la croüte terrestre : terre et eau. Un nombre tres considérable de faits concernant la géologie ne peuvent, en effet, s'expliquer, ni même se concevoir, sans l'existence de ces mouvements, que quelques auteurs croient pouvoir simple- ment attribuer à l'océan en ne faisant intervenir que des chan- gements de niveau de la mer, soit par abaissement constant par suite de l'absorption de l'eau par l'hydratation des roches, soit par dénivellations locales de la surface des mers ayant pour cause initiale des phénomènes d'attraction rentrant dans le domaine de l'astronomie; mais la plupart des géologues, et nous sommes de ces derniers, sans repousser absolument ce qu'il y a de vrai dans les hypothèses précédentes, sont convaincus que la cäuse réelle des faits observés réside dans les oscillations lentes de parties localisées de la croûte terrestre, oscillations dont les lois nous sont encore inconnues, mais dont les effets sont partout clairement visibles et qui semblent se réduire soit à des mouvements s'opérant sur de vastes étendues dans le sens vertical, soit à des ondulations se pro- pageant lentement dans le sens horizontal. Les explications qui précèdent étant données, entrons dans le corps du sujet et commençons l'étude de la première partie du problème, c'est-à-dire résumons les connaissances relatives a la sédimentation marine. PHÉNOMÈNES DE LA SÉDIMENTATION MARINE. Si lon parcourt les rivages des continents et des îles, on remarque tout d'abord que ces rivages se présentent sous deux aspects bien différents; d’une part, le sol, généralement peu consistant, s'abaisse insensiblement en pente douce vers la mer, ce qui donne lieu à la formation des plages; d'autre part, le sol rocheux, dur et élevé s'arrête à pic devant la mer, qui vient en battre la base; cette dis- position a reçu le nom de falaise. On conçoit qu'en présence de ces différences radicales, les phe- nomènes de sedimentation côtière ne peuvent pas être partout identiques; voyons donc ce qui se passe dans chacun des deux cas, en commençant par le premier, relatif aux côtes de faible incli- naison et de nature peu consistante. 44 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars Sedimentation le long des plages. D’abord, des cötes de nature sableuse et argileuse n’admettent guère de grandes inégalités ni de grands reliefs: fond, plage et terre ferme forment une vaste surface uniforme s’avancant en pente douce vers la profondeur, les inégalités ne pouvant provenir que de l'érosion des courants ou des apports effectués par les eaux douces venant de l'intérieur des terres. Partant du littoral, constatons en premier lieu l’action des vagues sur les rivages. La masse d'eau qui revient sans cesse s'abattre avec violence sur la côte, désagrège évidemment les éléments qui la composent et tend à les mettre en suspension. Quelle que soit leur nature, ces éléments, délayés par le choc de la vague, sont entraînés par le recul, puis repris par le flot suivant, de telle sorte que non seulement cette agitation perpétuelle met toutes les parties en mouvement, mais elle prépare inévitablement un classement de ces matières suivant le poids et le volume. Les éléments les plus grossiers, par conséquent les plus lourds et les plus difficiles à déplacer, ne pouvant être entraînés bien loin, restent donc ainsi forcément dans la zone d’agitation perpétuelle, ou, se choquant les uns les autres, ils s'arrondissent et forment le galet ; mais les particules moins volumineuses et moins pesantes, qui peuvent rester en suspension, sont entrainees vers le large. Parmi ces particules mises en suspension, il en est un grand nombre qui ne peuvent se maintenir dans cette situation que grâce à une agitation violente; aussi se précipitent-elles et gagnent-elles rapidement le fond sous forme de sable grossier, des qu'une tran- quillite relative le leur permet; quant aux autres particules, plus fines et moins lourdes, délayées dans l'eau, elles gagnent peu a peu le large, ou elles coulent lentement au fond à mesure qu'elles pene- trent dans des zones moins agitées, à cause de la plus grande pro- fondeur de l'eau. Ces particules fines vont former, en s'éloignant des côtes, des amas de sable fin, puis d'argile. Il est donc facile de voir que, dans les circonstances envisagées, il doit s'opêrer un classement régulier qui range tous les éléments arrachés a la côte par ordre successif de densité, en partant des plus gros et des plus lourds qui restent amassés à l'extrême bord du rivage sous forme de cordon littoral, jusqu’aux plus ténus qui vont se deposer dans la profondeur. 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 45. Nous avons représenté cette disposition en plan dans la figure 1. Fig. 1. 4 ro = e Jee +3 mots re ae 4S. ag oem em ie 4 us ET ‘des : sables: — er. Telle est la regle générale. Cette regle peut, naturellement, subir de nombreuses exceptions, mais elle se présente régulièrement toutes les fois qu'il ne s'introduit pas de phénomènes perturba- teurs pouvant modifier dans une certaine mesure le mode de classement des sédiments. De toutes façons, il est évident que la netteté dans le classement des éléments mis en suspension, dépendant uniquement de l'état plus ou moins grand d’agitation ou de tranquillité des eaux, il s'en- suit que si, en un point particulier, des circonstances viennent influencer le mouvement normal des eaux, les dépôts seront modi- fiés en raison directe de ces influences. C'est ainsi que dans les parties de mer resserrées entre des terres, l'influence des courants peut être telle que le dépôt de certaines catégories de sédiments soit rendu impossible par l'entraînement complet des particules dépassant un certain poids et un certain volume; tandis que dans les baies ou golfes où les eaux sont à l'abri de mouvements violents, il pourra se déposer très près du rivage des sédiments fins et même argileux, semblables à ceux qui ne se déposent qu'à de beaucoup plus grandes distances et à de plus grandes profondeurs dans les parties ouvertes, plus agitées. De même, l'action d'un courant rasant les bords intérieurs d'un golfe pourra, par la perte de vitesse éprouvée par suite des résis- tances, distribuer les sables du côté de l'entrée et les éléments fins et argileux du côté de la sortie. Enfin si la côte, loin d'une embouchure de fleuve, est formée d'une 46 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars roche fine et homogène, d’argile, par exemple, il s'ensuivra qu'il ne pourra pas se former de cordon littoral graveleux ni même de sables littoraux, puisque les éléments essentiels font défaut. Dans ce cas, la côte serait continuellement rongée par la mer et les sédi- ments arrachés, transportés vers le large et déposés à une distance du rivage en rapport direct avec le degré de tranquillité des eaux. Nous pourrions encore multiplier les exemples de perturbations introduites accidentellement dans le regime sedimentaire ; cepen- dant, quoi qu'il en soit, la plupart des causes perturbatrices ne peuvent guère que modifier les dispositions relatives sans en sup- primer le principe; et la règle générale, qui veut que la mer entoure ses côtes d’une ceinture d'éléments d'abord grossiers, puis de plus en plus fins à mesure qu'on s’avance vers le large, reste toujours vraie. Seules les proportions relatives au volume des éléments et à la largeur des zones qu'ils recouvrent sont variables. Pas plus que les causes dont nous venons de parler, les marées ne peuvent introduire de modifications bien sensibles dans l'en- semble des faits exposés ci-dessus. L'effet principal de la marée le long des côtes, est de faire varier successivement, pendant un temps donné et pour une région déterminée, le volume et par conséquent l'épaisseur de la nappe d'eau, puis de permettre aux choses de reprendre leur état normal pendant un temps égal. Les différences de niveau qui se produisent le long des côtes sous l'influence de la marée, sont tres variables, quoique la deni- vellation constatée en pleine mer soit à peine de quelques metres ; en moyenne ces différences atteignent 5 à 6 mètres, le maximum, s'élevant à 21 mètres, ayant été observé en Amérique, dans la baie de Fundy, et n'étant produit que par un concours de circonstances exceptionnelles. Pour des pentes faibles, une marée de 5 à 6 mètres acquiert une grande importance, car elle entraîne l’emersion et l'immersion alternatives de zones de plage pouvantatteindre plusieurs centaines de mètres de largeur et plus encore ; de sorte que dans ce cas, le travail violent des eaux, qui se produit toujours à l’extr&me bord, où les vagues déferlent contre le rivage, se reproduisant successive- ment sur toute la surface alternativement couverte et découverte, il s'ensuit que le cordon littoral formé des dépôts grossiers, au lieu d'être constitué par une simple ligne ou amas de peu de largeur, s'étend sur toute la plage et occupe ainsi une surface proportion- nelle à la pente de la côte et à la hauteur de la marée. 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 47 L'effet de la marée est donc d'élargir le cordon littoral ou d'en répandre les elements sur une plus grande étendue ; mais quant a la partie côtière qui sétend vers le large, on comprend que les phénomènes de classement ne peuvent y être influencés (1); ils s’ef- fectuent évidemment à très peu de chose près, comme si la marée n'existait pas, c'est-à-dire comme si la mer s'était établie à un niveau fixe, qui serait celui de la marée basse. De tout ce qui précède, on peut donc résumer comme suit les divers phénomènes de sédimentation qui se passent le long des côtes en pente douce formées d'éléments peu consistants, coupées ou non par des cours d'eau qui viennent se jeter à la mer : A. Formation, à partir de la limite de la marée haute, d'un cordon littoral d'une largeur proportionnelle à la ligne de plus grande pente de la côte, à l'amplitude du balancement des marées et à l'agitation de l'eau lors des tempêtes. Ce cordon est constitué par les éléments les plus grossiers existants et provenant : | 1° Des matériaux fournis par la côte même; 2° De ceux apportés par les cours d'eau venant de l’intérieur des terres ; | et dont les parties constituantes sont de volume variable et en rapport direct avec la configuration de la côte au point de vue de l'agitation des eaux. B. Faisant suite au cordon littoral et se confondant avec lui à la limite intérieure, formation d'un dépôt composé d'éléments sableux, meubles, dont le volume diminue a mesure que l'on s'éloigne des côtes et que la profondeur d'eau augmente. C. Faisant suite au précédent et se confondant avec lui à la limite intérieure, formation d'un dépôt constitué par des éléments argileux, devenant de plus en plus fins à mesure que la pro- fondeur augmente et que, par conséquent, on s'éloigne du rivage (2). (1) En certains points exposés à l’action des tempêtes, on a reconnu que l’agitation violente des eaux peut encore se faire sentir a une vingtaine de metres de profondeur; dans ce cas, le cordon littoral s’élargit encore d’autant et'peut ainsi exister, quoi qu’atténué, en des points du littoral toujours couverts par 20 mètres d’eau. Naturelle- ment, passé cette profondeur, les phénomènes ordinaires de la sedimentation marine reprennent leur forme ordinaire. (2) Si la pente du fond sous-marin continue à s’enfoncer et a se prolonger à de 48 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars Il reste toujours bien entendu que des modifications plus ou moins considérables peuvent affecter localement les depöts, modi- fications bien connues qui ont pour causes principales la présence de baies, golfes, détroits, embouchures de fleuves et de rivieres ou l'existence de courants. Sédimentation le long des côtes abruptes. Dans le cas initial et assez rare à observer de côtes abruptes, s'enfonçant brusquement sous la mer, les vagues, venant battre sans cesse la base de l'escarpement, finissent par saper cette base, par la creuser, de telle manière que les parties supérieures sur- plombent en porte-à-faux. Par suite des joints destratification, des fissures, des clivages, etc., ces parties surplombantes ne tardent pas à se crevasser, puis, leur poids aidant, à se détacher de l'escarpement et à tomber dans la mer, où elles forment, au pied de la falaise, un amas considérable d'éboulis (fig. 2). : 5 ; Fig. 2. Le ; Si la profondeur d’eau est assez grande, ces éboulis, soustraits grandes distances des cötes, on concoit qu’en raison de l’augmentation de la profon- deur de l’eau, il doit exister, au sein de la masse aqueuse, une zone-limite à partir de laquelle l’agitation superficielle et les courants ne se font plus sentir, et où la tran- quillité devient parfaite. A partir de cette limite, les sédiments les plus fins ne pou- vant étre maintenus en suspension, gagnent rapidement le fond, de sorte que plus loin encore tout dépôt doit cesser, sauf ceux d'origine organique, formés de débris de poissons, de mollusques pélagiens ou de coquilles calcaires ou siliceuses des fora- minifères et des polycistines qui vivent à la surface de l’eau. 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 49 dans une certaine mesure à l’action des vagues, s'usent peu et les fragments conservent a peu pres leur forme primitive; mais le flot continuant toujours son effet destructeur sur la falaise, de nouveaux éboulements ont lieu et l’amas de débris tend sans cesse à s'aug- menter. Pendant ce temps les parties provenant de l’usure des roches et les menus débris produits lors des éboulements sont mis en suspension ; mais à cause de la profondeur de l'eau et de la tran- quillite relative qui y regne, ces particules ne peuvent être entrai- nées bien loin vers le large; aussi les elements les plus grossiers s’etalent-ils déjà en partie sur le tas d'éboulis, tandis que les parti- cules plus fines vont se déposer un peu plus loin, proportionnelle- ment prês des côtes. Si l'on suit la continuité du phénomène, on reconnaît qu'à chaque écroulement nouveau, l’amas d’éboulis tend à gagner en hauteur, si bien qu'au bout d'un certain temps, il peut s'élever jusqu'au niveau de l'eau et même le dépasser quelque peu. Dans ce cas ce sont les matériaux éboulés qui reçoivent directement le choc de la vague; ils protègent donc la falaise, mais, ébranlés et déplacés à chaque instant, ces matériaux s’usent, leurs arêtes s'émoussent, leur masse s’arrondit et il se forme du galet, pendant que les parti- cules provenant de l'usure, mises en suspension, vont se classer par ordre de volume et de densité vers le large. Enfin, le dépôt des particules augmentant toujours, s'élève à son tour, et finit par atteindre le niveau de l’eau en formant une plage (fig. 3). C'est en cet état que les côtes en falaise se présentent le plus souvent à l'observation. A partir de cet instant, la falaise ne joue plus un rôle actif qu'à marée haute et les phénomènes de sédimentation se passent comme 50 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars dans le premier cas que nous avons examiné, relatif à la sedimen- tation le long des plages. Il suit donc de ce qui vient d'être dit de la sédimentation autour des côtes abruptes, que la loi résultant de l'étude de la sedimenta- tion le long des plages reçoit encore ici une application intégrale, — les differences constatées se réduisant à une question de quantité(1). Le cordon littoral est représenté par lamas d’éboulis dont les éléments sont d'autant plus roulês qu'ils s'approchent du niveau de l’eau; puis, a partir de ce cordon littoral, s'étendent en cein- tures concentriques, les zones d'éléments de moins en moins gros- siers, qui, dans le cas présent, sont ordinairement beaucoup plus étroites que dans le cas des plages en pente faible, a cause de l’aug- mentation beaucoup plus rapide de la profondeur de l’eau. La première partie de la question que nous nous sommes posée se trouve ainsi résolue. Un gravier marin est donc suivant les cas, soit un amas d'énormes blocs plus ou moins arrondis provenant des éboulements successifs d'une falaise, soit un lit de galets ou simplement d'éléments gros- siers formant le pourtour d'une plage, de sorte qu'en général, la rencontre d’un gravier d'origine marine devra toujours être accom- pagnee de l'idée d'un rivage (2), comme la rencontre de sédiments marins plus ou moins fins doit être accompagnée de l'idée d'eaux plus ou moins tranquilles, ce qui, le plus souvent, concorde soit avec une profondeur d'eau plus ou moins considérable, ou avec des circonstances locales telles que baies abritées, embouchures de fleuves à régime régulier, etc. (1) Dans le cas de falaises constituées par des roches tendres renfermant des parties durcies, comme la craie à silex, il se forme au pied de ces falaises une zone extrême- ment développée, composée d’une énorme quantité de galets roulés, qui représente le type le plus complet du cordon littoral. Dans le cas de plages simples, ce cordon littoral est au contraire souvent atténué au point de ne plus consister qu’en un amas de coquilles brisées et roulées. (2) Cette règle ne peut guère subir qu’une seule exception : des graviers et éléments grossiers ne peuvent se déposer à grande profondeur que s'ils sont apportés du conti- nent par des glaces flottantes qui, en fondant, abandonnent les débris de roches qu’elles avaient englobés. Dans tous les autres cas où l’on a rencontré des graviers à une profondeur assez considérable dans la mer, ces graviers ne constituent pas un dépôt actuel dans le vrai sens du mot; ils proviennent de dénudations et se sont enfoncés progressivement et verticalement à mesure des progrès de la dénudation. Il est à remarquer que dans le cas des graviers de grands fonds, formés par fusion de glaces flottantes, les éléments aussitôt déposés sont soustraits à l’action des mou- vements de l'eau, de sorte qu’on n'y retrouve pas le caractère de classement et d’usure propre aux graviers littoraux. 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. SI INFLUENCES DES MOUVEMENTS SECULAIRES D’OSCILLATION SUR LES PHÉNOMÈNES DE LA SÉDIMENTATION MARINE. Pour résoudre cette seconde question, il est nécessaire de distin- guer encore les différents cas qui peuvent se présenter, et à cet effet, nous diviserons le chapitre en deux parties, ainsi qu'il a déjà été fait pour le premier. Influence des oscillations séculaires sur une côte formée de roches peu consistantes et disposée en pente douce. Notre but, en abordant cette première partie, est de déterminer la suite des phénomènes de sédimentation marine qui se passent pendant un affaissement lent, uniforme et continu, produisant l'immersion, sous les eaux de la mer, d'une contrée constituée par une vaste plaine de terrain peu consistant; affaissement suivi d’un soulèvement lent, amenant l’émersion de cette même contrée apres une période intermédiaire de tranquillité. Pour bien nous rendre compte des phénomènes qui vont se passer dans le cas qui vient d’être exposé, transportons-nous près du rivage de la mer destinée à envahir la contrée. Ce rivage se trouvant précisément dans les conditions que nous avons déjà examinées en détail lors de notre étude sur la sédi- mentation le long des plages, on conçoit que nous y retrouverons les mêmes phénomènes et les mêmes dépôts. Nous constaterons donc tout le long du littoral, couvrant au minimum la zone du balancement des marées, une ceinture d’éle- ments grossiers et roulés, puis à mesure que l'on s'avancera vers le large, nous verrons les éléments constitutifs des dépôts devenir de plus en plus fins et passer des sables grossiers aux argiles fines, si les conditions de tranquillité ou de profondeur, que nous suppo- sons exister, le permettent. Faisons maintenant intervenir le mouvement lent d’affaissement annoncé et essayons d’en suivre les effets. La première conséquence de l’affaissement du sol est naturelle- ment une invasion lente et continue des terres par les eaux marines, celles-ci poussant successivement en avant la ligne des rivages. Or, a chaque instant donné, l'affaissement lent ne changeant en rien les conditions générales de la sedimentation régulière, il s'en- 52 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars suit que, pour chacun de ces instants, le remaniement des elements de la côte et des apports faits par les eaux douces, de l'intérieur des terres, provoquera la formation d'un cordon graveleux littoral qui succédera immédiatement à celui formé alors que l’affaisse- ment n’était pas encore aussi prononcé et qui sera suivi plus loin d'un autre cordon littoral correspondant a un affaissement plus prononcé encore que celui que nous avons considéré. Il y aura donc formation continue de cordons littoraux contigus, qui se succèderont à la suite des avancements successifs de la mer dans l'intérieur des terres et dont la conservation sera assurée parce que, s'enfongant toujours peu à peu sous les eaux à cause de la continuation du mouvement général d’affaissement, ils sont ainsi soustraits à l’action destructive des vagues. Il suit de la que, pendant qu'un nouveau cordon littoral se forme constamment le long de la nouvelle ligne de rivages, des sédiments de plus en plus fins se déposent sur le lit de gravier garnissant le fond et formé par la succession des anciens cordons littoraux; de sorte que toute partie primitivement littorale s'étant suffisamment enfoncée, se recouvre actuellement de vase argileuse, par exemple, apres avoir déja été recouverte en premier lieu par du gravier littoral, puis par des sables de plus en plus fins, à mesure que la partie considérée s'éloigne du littoral actuel et correspond ainsi à une profondeur d'eau ou à une tranquillité plus grande. C'est ce dont on peut se rendre compte à l'inspection de la figure 4, dans laquelle N, N°, N° représentent les divers niveaux de la mer en corrélation avec les phases successives de l’affaissement. eit Fig. 4. Zone des | Zone des Zone des cardons ' i | ADS Kids \ sables | argtles Sj donc au bout d’un certain temps, presque toujours fort long, le mouvement d'affaissement s'arrête, et si nous étudions les sédi- ments qui se sont déposés à la surface de l'ancien continent actuelle- 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 53 ment immergé, depuis le bord extrême jusque dans la profondeur, nous pourrons reconnaître qu'ils sont disposés comme suit (fig. 5) : 1° Le long du rivage actuel, sur la largeur minimum correspon- dant au balancement des marées, présence d’un lit continu de galets, de graviers ou d'éléments grossiers et roulés. 2° A peu de distance du bord, vers le large, présence sur le fond d'un lit de gravier semblable au précédent, passant peu à peu et verticalement, par des éléments moins grossiers, à un sable meuble à grains plus ou moins gros. 3° Plus loin, vers le large, présence, à la base, d'un lit de gravier surmonté de sables passant à des sables fins, puis argileux. 4° À une grande distance des côtes et sous une grande profondeur d'eau, présence, à la base, d’un lit de gravier, surmonté de sables de plus en plus fins, recouverts eux-mêmes d'argile sableuse puis fine, le tout passant de l’un à l’autre par des transitions insensibles. Si nous concevons donc une coupe dirigée dans le sens des avan- cements successifs de la mer, nous reconnaitrons que l'ensemble des dépôts a pris la disposition représentée ci-contre (fig. 5). Fig. 5. LL : SS : SS SERRE F Som me: P. Gl DRE an £ 7 Yj $i a Lit continu de gravier tapissant tout le fond de la partie immergée et que, pour cette raison, nous appellerons : gravier d'immersion. b Lit de sable stratifié, gros et meuble vers le bas, devenant de plus en plus fin vers le haut. c Couche d'argile, finement sableuse vers le bas, devenant de plus en plus pure vers le haut. Mais ici vient se placer une remarque des plus importantes La disposition que nous venons d'indiquer pour les sédiments déposés sur une côte animée d'un mouvement d'affaissement étant connue, comment convient-il d'apprécier l’âge relatif d'une partie quelconque de ces dépôts? Nous sommes en présence de trois couches en apparence super- 34 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars posées : un lit continu de gravier semble former une base, sur laquelle viennent reposer successivement une zone sableuse, puis une zone argileuse. Partant de cette disposition, on pourrait étre tenté d’accorder, a premiere vue, des ages différents a chacune des trois parties, en confondant le phénomène de la sédimentation marine avec une simple précipitation verticale d'éléments de toutes grosseurs mélangés, projetés dans une eau en repos; on pourrait croire alors que le lit continu de gravier a dü se déposer partout le premier, puis successivement les dépôts sableux, puis les éléments argileux. Toute naturelle que puisse être cette croyance, elle est cependant inexacte lorsqu'il s'agit de dépôts marins tels que ceux que nous considérons et il suffit d'un simple raisonnement pour comprendre comment doivent s'interprêter les faits. En effet, si nous jetons les yeux sur la figure ci-contre, représen- tant la série des sédiments déposés sur un fond XY pendant un affaissement de ce fond correspondant à la hauteur verticale N° M», et si nous examinons ce qui a dù se passer pendant chacun des affaissements successifs N°, N°, N°, N*..... N”; nous voyons que pendant l’affaissement de N° a N° de la côte, il a dû se déposer près du rivage, un cordon littoral formé de galets ou de gravier G". Cette zone a été suivie, pendant le même temps, vers le large, d'une zone sableuse S*, puis d'une zone argileuse A’; ces trois différents sédiments s'étant déposés en méme temps. De même, pendant l’affaissement de N° à N°, il s'est déposé sur les sédiments précédents une nouvelle série oblique G°, S’, A’ et ainsi de suite pour tous les nouveaux affaissements successifs. Fig. 6. 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 55 Il suit donc de ce qui vient d'être dit : 1° Que l'ensemble des sédiments déposés pendant un affaissement lent et prolongé peut être considéré comme se composant d'une succession de tranches superposées plus ou moins obliques, dépen- dant de linclinaison du fond et de l'abondance des dépôts; tranches dont la plus ancienne est la plus inférieure et dont la plus récente est la plus supérieure. 2° Que chacune des tranches obliques d'âge différent est constituée par la succession, du rivage vers le large, de trois zones: ee sableuse et argileuse. 3° Que par consequent, l’ensemble des zones de méme nature, formant chacune des trois parties : gravier, sable, argile, déposées pendant toute la durée de l'affaissement, ne représente pas des masses successives, l'une totalement graveleuse, les autres totale- ment sableuses ou totalement argileuses déposées partout en même temps, mais bien des masses dont chaque fraction s'est déposée à sa place respective pendant toute la durée de l’affaissement. 4° Qu'un point d'un dépôt étant donné, il faut toujours chercher ceux de même âge dans le sens à peu près horizontal ou parallèle à la ligne du fond. 5° Que les dépôts de même âge qu un point d'argile donné, par exemple, sont constitués en certains points par des sables, et en d'autres par des graviers. 6° Qu’enfin la superposition des dépôts n'indique une succession chronologique certaine, que dans les coupes verticales et locales. C'est ainsi que la succession que l'on rencontrerait en faisant un forage vertical CC’ dans la masse des dépôts, et qui formerait la série G, S, A, A', A’, A°.... A”, représenterait une série chronolo- gique réelle, dont la plus ancienne serait la couche G de gravier et dont la plus récente serait la couche A” d'argile. Ces remarques étant faites, et les phénomènes qui se sont passés pendant la première période de l’oscillation, c’est-à-dire pendant laffaissement, étant connus, considérons maintenant ce qui va se passer pendant la période de tranquillité ou de repos qui va suivre. Évidemment, dans le cas actuel, il ne peut se produire de chan- gements bien importants, et les seules modifications que l'on pourra constater à la fin de la deuxième période, n'auront lee affecté que les bords du bassin. En effet, les vagues continuant a effectuer leur travail d’affouil- lement et de lavage, les eaux empieteront peu a peu sur les terres en ajoutant toujours de nouveaux matériaux au cordon littoral, si 56 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars bien que celui-ci, au bout d’un certain temps, pourra étre devenu assez considérable pour former une petite digue, probablement surélevée encore par des dunes de sable soufflé, qui empécheront tout nouvel empietement de la mer sur le continent. Cependant, ce travail n'aura pu s'opêrer sans destruction du littoral ou sans apport d'eaux douces chargées de matières miné- rales; des elements auront donc été mis en suspension et leur classement se sera effectué selon les lois ordinaires, c'est-à-dire que pendant toute la période de tranquillité qui a suivi |’affaissement, les trois zones: graveleuse, sableuse et argileuse, n’auront pu tendre qu'à s’accroitre. Ces faits étant bien constatés, passons a la troisième période, consistant dans l'émersion ou le soulèvement des parties immergées pendant la première période. Il est facile de concevoir à priori que les mêmes faits vont se passer, mais en sens inverse. En effet, pendant que la ligne de rivages se retire en abandon- nant la contrée, elle laisse émergée la suite de ses cordons littoraux qui, mis bientôt hors de portée des vagues, sont préservés de toute cause de destruction et gisent sur le sol. En même temps, les parties de profondeur moyenne, devenant à leur tour moins pro- fondes, se recouvrent de sédiments sableux plus grossiers que ceux précédemment déposés au même endroit ; les parties plus profondes ne se couvrent plus que d'argile sableuse au lieu de l’argile fine et pure quis’y déposait auparavant, et ainsi de suite. Le soulèvement continuant, les phénomènes qui viennent d'être relatés vont toujours en s'affirmant, si bien qu'après l'émersion totale. on trouvera, superposés aux sédiments précédemment déposés : 1° Un lit d'argile fine s’ajoutant et se confondant à celui déjà existant, mais de dimensions horizontales plus restreintes ; 2° Un lit sableux, d'abord à éléments fins, devenant de plus en plus grossiers ; ceux-ci recouvrant une aire de plus en plus étendue à mesure que l'on monte; 3° Un lit continu et superficiel de gravier et d'éléments grossiers d’abord fins vers le bas et grossissant toujours à mesure que l’on monte. Ce lit de gravier, suite des cordons littoraux successifs abandonnés par le retrait des eaux et que nous appellerons pour 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 57 cette raison : gravier d'émersion, ira se raccorder, par ses limites extrèmes, à celui qui s'enfonce sous les dépôts et auquel nous avons donné le nom de gravier d'immersion. De ce qui précède il résulte donc, en dernière analyse, que la série complète des sédiments qui peuvent se déposer pendant une oscillation entière du sol, sera disposée comme l'indique la figure 7, représentant une coupe en travers du bassin, passant par deux bords opposés. Fig. 7. LD | ‚ Pi PA 5 aa’ Enveloppe extérieure de gravier composée, en bas, du gravier d'immersion (a), et en haut, du gravier d’émersion (a’). bb’ Enveloppe intérieure sableuse, formée de sables de plus en plus fins a mesure qu’on s’approche du centre, c Noyau argileux dont les parties les plus fines et les plus pures occupent le centre. Une coupe verticale traversant l'épaisseur d'un tel dépôt montre donc toujours, soit que l'on commence par le haut ou par le bas, la serie des superpositions : gravier, sable, argile, sable, gravier; c'est ce que nous appellerons la DISPOSITION SYMETRIQUE DES COUCHES due a une oscillation complete. Enfin, pour ce qui concerne l'âge relatif des divers éléments constituant la disposition symétrique, la regle que nous avons déjà énoncée pour les dépôts abandonnés pendant la période d’affaisse- ment est encore applicable, c'est-à-dire que toute la masse continue a se diviser en tranches plus ou moins horizontales, concentriques ou parallèles à l'allure du fond. Passons maintenant à la seconde partie de la question. Influence des oscillations séculaires sur une côte formée de roches dures et consistantes, disposées en falaise. Voyons à présent ce qui se passe dans le cas d'une contrée rocheuse et montagneuse, située à proximité de la mer, qui s'en- fonce lentement sous les flots pour émerger plus tard. 58 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars Prenons les choses des l’origine et supposons la mer baignant le bas d'un versant rocheux se rattachant aux montagnes de l'inté- rieur, le sol étant animé d'un mouvement d'affaissement lent et continu. Évidemment le travail de sape de la vague va commencer immé- diatement ; la base du versant rocheux va être attaquée et bientôt des parties en surplomb se détachant et tombant dans la mer, la premiere ligne de falaises s'ébauchera. Nous avons vu que les débris éboulés, venant tomber au pied de la falaise, tendent a en protéger la base; des cet instant, la sape devient moins efficace et ne peut étre reprise qu’apres usure et nivellement du tas de debris. Mais le mouvement d’affaissement venant a se produire, l’amas d’éboulis ne pourra plus protéger efficacement la base de la falaise, attendu que le tas de debris est englouti sous les eaux avant que la mer ait pu le détruire entièrement et le niveler : il s'ensuit donc, a cause de l’affaissement du sol, une attaque plus continue et plus efficace de la vague et par conséquent un recul plus rapide des falaises vers linterieur des terres. D'un autre côté, la mer attaquant toujours les roches vers son niveau moyen, on conçoit, lorsque le sol est immobile, que les par- ties rocheuses successivement arasées présentent une surface à peu pres horizontale; mais si le sol descend à mesure que la sape des falaises se produit, la série des points d'attaque ne reste évidem- ment plus horizontale, elle tend à monter progressivement à mesure que la falaise recule et la surface d’arasement se fera donc suivant un plan oblique, dont l'inclinaison dépendra a la fois de la vitesse relative de l’affaissement et de la dureté de la roche formant la cote. Quant a la regularité de la surface du plan incliné, elle sera variable et il pourra se former un plan presque parfait si la vitesse de l'affaissement est en rapport avec une dureté déterminée de la roche. Dans les autres cas, il se formera une série de terrasses disposées en escaliers; c'est ce qui se présentera notamment lors de l'attaque des roches dures et résistantes ou de variations sensibles dans la vitesse de l'affaissement. Toutes les surfaces de rocher successivement immergées, ayant été exposées pendant un temps plus ou moins long a l’action des vagues, auront leurs angles émoussés; elles s'arrondiront et se poliront, et les parties plus ou moins planes des ter- 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 59 rasses présenteront des amas de galets roulés dans leurs anfrac- tuosites. Jusqu'ici nous ne nous sommes encore occupé que de ce qui se passe le long des côtes; jetons maintenant un coup d'œil vers le large. Les côtes rocheuses étant généralement très inclinées, il s'ensuit que la profondeur d'eau va en augmentant rapidement a mesure que l'on s'éloigne des bords. Les parties peu volumineuses des éboulis et celles provenant de l’usure continuelle des roches étant mises en suspension par le choc de la vague, s'écartent un peu du rivage; mais les plus grossières, trouvant l'eau profonde, coulent rapidement, glissant le long des parois rocheuses, et sont retenues par les aspérités ou atteignent le fond, ou elles s'accumulent en amas au pied du plan incliné. Quant aux particules légères, entrainées vers le large, elles ne tardent pas à se déposer non loin des côtes, grâce à la tranquillité causée par la grande profondeur de l'eau. Recourant encore aux diagrammes pour préciser les idées, on voit donc, d’après la figure 8 ci-contre, que le résultat de l’affais- sement de la côte rocheuse de A à B sera représenté par un plan incliné à surfaces arrondies et polies, au bas et le long duquel seront amassés les blocs provenant des écroulements successifs de la falaise. Les blocs inférieurs seront roulés, tandis que les plus supé- rieurs le seront d'autant moins qu'ils proviennent d’eboulements plus récents. Enfin, vers le large, les éléments sableux viendront recouvrir les . galets, puis, plus loin, les argiles se superposeront aux sables déjà déposés. Fig. 8. u ae JE APP ee oe = LE Ne > 60 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars Abordant maintenant le probleme inverse, il sera facile de concevoir que si le sol, précédemment immergé, vient à subir un mouvement desoulèvement, la mer, abandonnant bientôt la falaise. viendra battre les éboulis, puis la plage sableuse, dont les maté- riaux seront remis en suspension. En méme temps, la profondeur d’eau devenant moins grande, la limite de la zone argileuse recu- lera, tandis que les sables viendront successivement remplacer les argiles; enfin, chaque point de la plage émergée devenant successi- vement rivage, il s'y formera une suite de cordons littoraux à élé- ments grossiers, c'est-à-dire que les phénomènes que nous avons déjà étudiés précédemment se représenteront. (Fig. 9.) Fig. 9. RS: Fa) POT EEN 9 si PRISES En résumé, l'ensemble des sédiments déposés pendant l’oscilla- tion entière, se composera donc à la base, d’un amas considérable de galets volumineux a, plus ou moins roulés, recouvert, sauf sur l'extrème bord, d'une zone sableuse b, recouverte elle-même en retrait par un noyau argileux c; celui-ci étant surmonté de sables b', recouverts par une couche graveleuse a’, allant se ratta- cher aux éboulis de l’extrème bord. À moins de variations très notables dans la constitution des roches de la côte, ou dans la vitesse des mouvements du sol, le lit de gravier de la base ou gravier d'immersion sera généralement beaucoup plus important comme volume que le gravier d’émer- sion du sommet. Ainsi donc, quelle que soit la côte, dure ou peu consistante, falaise ou plage, l'effet d'une oscillation séculaire complète, d’am- plitude suffisante, a pour résultat la formation d'un ensemble de sédiments disposés en zones concentriques, dont les éléments, 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. _ 61 grossiers à l'extérieur, deviennent de plus en plus fins à mesure qu'on s'avance vers l'intérieur et qui réalisent ainsi ce que nous avons appelé la disposition symétrique. Nous voila maintenant édifiés sur l'allure en lit continu des gra- viers marins, sur leur mode de formation et leur signification réelle ; aussi pourrions-nous dès à présent exposer nos conclusions rela- tives au mode de délimitation rationnelle des couches géologiques, si nous ne voulions montrer auparavant que les règles que nous avons déduites de l'étude générale et abstraite de la sédimentation marine se confirment dans tous les cas particuliers qui peuvent se présenter. H Du reste, pour que nos principes soient admis, il est nécessaire qu'ils aient reçu une sanction au moyen de la paléontologie et ce sont ces divers sujets que nous allons successivement aborder. Cas particuliers des mouvements brusques. 1° Oscillation rapide d’une côte en pente douce : En règle générale, un travail mécanique est d'autant plus parfait que le temps qu'on lui accorde pour s'effectuer est plus long. Cette vérité trouve dans le cas présent son application naturelle. On conçoit, en effet, que le classement des éléments opéré par les eaux de la mer est d'autant plus parfait, que celles-ci ont mis plus de temps à l’operer. Autant un travail lent et continu est régulier et complet, autant un travail rapide et pressé est inégal et incomplet. On comprend donc que si, à la suite d’un affaissement relative- ment rapide du sol, la mer envahit la plaine qui borde ses rivages, les eaux, en se déplaçant et en avançant toujours, ne pourront perfectionner leur ouvrage. Donc, le long des cordons littoraux successifs déjà immergés alors qu ils étaient à peine ébauchés, pas de galets roulés classés d’après leur volume, mais des blocs ou des éléments disposés sans ordre, conservant leurs angles aigus et leurs arêtes vives, s'ils les possé- daient d'avance. De même, vers le large, les profondeurs d’eau croissant conti- nuellement, il se produit une sédimentation troublée mais dans laquelle cn pourra néanmoins suivre les progrès du phénomène. 62 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars Pendant la période d’emersion rapide, les mémes faits se repro- duiront en sens inverse; les rivages en reculant vont abandonner une suite de maigres cordons littoraux, les sables empiéteront sur les parties plus légères et en fin de compte nous nous trouverons en présence d'un ensemble de dépôts très peu puissants mais dont la disposition symétrique sera encore reconnaissable. 2° Oscillation rapide d’une côte bordée de falaises : Si la roche qui constitue la falaise est dure et résistante, la sape ne pouvant se faire efficacement qu'au bout d'un temps très long, une oscillation relativement rapide n'aura d'autre effet que d’enfon- cer d'une pièce la falaise sous l'eau et de l'en faire sortir de même, sans dégradations très appréciables. Si la roche est tendre et la falaise à pic, sa paroi, de verticale, deviendra oblique par suite des érosions successives qu'elle subira pendant l'immersion et tendra à redevenir verticaie pendant l'émersion; de sorte que le résultat final sera un recul plus ou moins marqué de la falaise. On voit donc que dans le cas très rare d'ailleurs de mouvements rapides, l'effet général est faible et les résultats sont d'autant moins sensibles que le mouvement est plus rapide. Cas particuliers de phénomènes affectant une oscillation séculaire. Laissant maintenant de côté les cas de mouvements brusques dont l'effet est toujours très faible et abandonnant également les cas relatifs aux côtes rocheuses ou falaises, lesquels trouvent peu d'applications dans les études auxquelles nous nous sommes livré, abordons maintenant les phénomènes séculaires affectant des ré- gions littorales en forme de plage, pour y puiser des renseignements précieux et d’une application presque continuelle : 1° Cas d'un arrêt momentane pendant une oscillation séculaire. Soit par exemple un arrêt se produisant pendant une immersion lente; l'effet principal d'un semblable arrêt réside dans la fixite rendue aux rivages, et la conséquence sera une légère érosion des 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 63 côtes, d’autant plus marquée que le temps d'arrêt aura été plus long. D'un autre côté, il y aura perfectionnement dans le travail de la mer, d'où classement d’autant plus régulier des sédiments. 2° Cas de petits mouvements secondaires en sens contraire, se produisant pendant une oscillation séculaire. Un petit soulèvement venant interrompre le cours d'un affaisse- ment lent et régulier, donnera évidemment naissance, en dehors de la zone littorale, à des sédiments plus grossiers que ceux qui se déposaient immédiatement avant le soulèvement. L'épaisseur et le volume des nouveaux sédiments seront en raison directe de l'importance du mouvement perturbateur. Ce même mouvement ayant aussi pour effet de soulever le lit- toral en même temps que tout l'ensemble, il s'ensuit que les rivages, en reculant, abandonneront une certaine série de cordons. littoraux qui se superposeront à des dépôts réguliers déjà formés: des graviers se déposeront sur des parties sableuses et des sables recouvriront les bords de la zone argileuse. Mais le mouvement principal reprenant le dessus, c'est-à-dire laffaissement recommencant à s'effectuer, les rivages regagneront ce qu'ils avaient abandonné, de sorte qu'ils recouvriront le gravier d’emersion produit par le soulèvement perturbateur d'une nouvelle couche de gravier d'immersion qui accroîtra ainsi le volume total du gravier déposé en cet endroit; puis tout rentrera dans l'ordre normal, les éléments reprendront le volume correspondant aux profondeurs successivement croissantes et tout se passera régulie- rement jusqu'a la fin du grand mouvement d'immersion. Le résultat matériel de la perturbation sera donc l'intercalation, dans la masse normale des sédiments d'immersion, d'un lit ou d'une bande régulière et concordante de dépôts plus gros que ceux qui sont au-dessous et au-dessus et comprenant, à partir de l'extrême bord, un lit de gravier pénétrant au milieu de la partie sableuse, suivi d'un lit sableux qui entrera dans la partie argileuse, mais qui, plus loin, se confondra avec elle par diminution insensible de la grosseur des éléments. Nous ne croyons pas devoir pousser plus loin l'examen détaillé de toutes les complications du genre de celle que nous venons de 64 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars traiter; nous nous contenterons de donner ci-apres (fig. 10) un dia- gramme représentant la coupe d'un rivage ayant subi un mouve- ment séculaire complet d'immersion, puis d'émersion, mouvement qui a été momentanément troublé par deux perturbations dirigées en sens contraire du mouvement normal. Fig. ro. a an . PL N, Ss a EE: Em. x ur 2} A 7 LL LL / DH a Gravier d’immersion. b Premiere zone sableuse. c Zone ou noyau argileux. b’ Deuxieme zone sableuse. a’ Gravier d’émersion. XX’ Perturbation en sens contraire pendant l’affaissement. YY’ Perturbation en sens contraire pendant le soulevement. 3° Cas d’une oscillation complete de peu d’amplitude. Etant toujours entendu que nous ne nous occupons ici que de contrees bordées par des plages, on concoit que si une oscillation de peu d’amplitude affecte cette plage, le phenomene a pour effet de faire varier, pour un point donné du rivage primitif, la profon- deur de l’eau dans des limites assez restreintes. Si donc cette pro- fondeur d'eau n'est pas suffisante pour permettre le dépôt des argiles, les matières légères mises en suspension continueront à se retirer vers le large, de sorte que pendant la période d’affaissement il se déposera successivement, à mesure des empietements, la suite des cordons littoraux formant le lit continu du gravier d'immersion, recouverte de sables grossiers d'abord, puis plus fins si la profon- deur d'eau est suffisante; et pendant la période d’emersion, les 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 65 phenomenes se reproduisant en sens inverse, la zone sableuse reculera à son tour, suivie de pres par les cordons littoraux succes- sifs formant en fin de compte le lit continu du gravier d’émersion. En général, a moins de circonstances particulieres permettant l'existence d'une tranquillité exceptionnelle des eaux, il ne se depo- sera donc, pendant les oscillations d'amplitude restreinte, que des graviers et des sables. 4° Cas d’oscillations de très faible amplitude. Supposons une contrée basse, à surface plane, formant le littoral d'une mer où la marée se fait peu sentir, et qui, aprês un faible affaissement du sol, reste stationnaire. Dans ce cas, a une dénivellation lente de quelques metres corres- pond l’envahissement successif d'une vaste région sous une nappe d'eau tres peu épaisse. Or, dans ces circonstances, à cause de l'étendue de la nappe et de son manque de profondeur, on conçoit que le mouvementsuperficiel de l’eau éprouve une grande résistance, il ne peut donc se former de vagues ni de remous importants; de sorte que pendant l'im- mersion, il s établit une lagune où l'absence de tout mouvement un peu violent des eaux empêche la formation de cordons littoraux poussés en avant à mesure des progres de l'invasion de la mer. L'ancien cordon littoral existant avant l’envahissement reste donc stationnaire et, se trouvant toujours lui-même à la limite d’agitation efficace des eaux, il peut continuer à s’accroitre et même, en certains cas, former des levées ou digues peu élevées, qui tendent à séparer plus nettement la lagune de la haute mer. Si, à cet instant, le mouvement d’affaissement vient à cesser, la tranquillité règne dans la lagune et elle ne peut être troublée que par les effets de la marée ou par des affluents d'eau douce qui viennent s y jeter. Dans ces conditions, on conçoit que les dépôts de lagune doivent être généralement fins, vaseux et dépourvus de gravier à la base. Ces sédiments reposent directement sur l’ancien sol immergé. Un faible soulèvement correspondant à l’affaissement précédent n’aménerait, dans la plupart des cas, que l'écoulement paisible dans la mer des eaux de la lagune, ou l’assechement de celle-ci, dans le cas où une levée de galets aurait fermé toute communication de la lagune avec la mer. 66 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars 5° Plages sous-marines et sables d'émersion. Nous avons vu précédemment que lorsqu'un soulèvement suit un affaissement correspondant du sol, pendant lequel des sédiments: graviers, sables et argiles, se sont déposés, il se forme au-dessus de ces derniers une nouvelle série inverse de dépôts qui donnent à l'ensemble la disposition symétrique. | Or, les dépôts marins s’accumulant peu à peu sur le fond, tendent a combler l’excavation, de sorte qu'en fin de compte, la partie supérieure des dépôts présente naturellement une surface beaucoup moins concave que le fond primitif. Lors de l’&mersion lente de pareilles surfaces, il arrive parfois un instant où, par suite du manque de profondeur d'eau suffisante sur de grandes surfaces, il se forme d'immenses plages couvertes d’eau sur lesquelles les vagues viennent mourir. C'est alors que se déposent ces masses de sable à grains généra- lement uniformes et que l'on rencontre parfois sur des épaisseurs assez considérables. Lors du retrait définitif des eaux par suite de la continuation du soulèvement, les cordons littoraux successifs, formant gravier d’emersion, qui viennent s'étaler sur les sables d’¢mersion déposés sur les plages sous-marines, ne peuvent guère être constitués d'élé- ments bien grossiers; aussi se composent-ils le plus souvent d'un amas de coquilles brisées et triturées. D'un autre côté, à mesure que la mer se retire, la superficie des sables peut garder la trace des derniers clapotements des eaux et former des surfaces ondulées qui ont reçu le nom de ripple-marks. | Dans certains cas favorables, ces ripple-marks peuvent se con- server par durcissement, mais le plus souvent, le vent les efface et la plage émergée se couvre de dunes. Nous venons de passer en revue les divers cas particuliers qui peuvent se presenter et, sauf le cas des lagunes, qui ne sont à pro- prement parler que des annexes stagnantes de la mer, nous avons vu que les lois de la sedimentation marine, lors des oscillations du sol, viennent toujours se résumer dans ce que nous avons appelé la disposition symétrique. Or, à la surface du globe, il est rare de trouver des régions qui n'ont pas été affectées au moins par quelques oscillations du sol; il 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 67 est donc de la plus haute importance d’étudier d’une maniére abstraite, comme nous venons de le faire, les effets de ces mouve- ments du sol occasionnant des envahissements et des retraits successifs de la mer ainsi que la disposition des dépôts qui en sont la conséquence ; c'est ce qui fera l’objet du chapitre suivant. Disposition des sédiments déposés pendant une succession d oscillations complètes du sol affectant une région déterminée. Quelles que soient les perturbations locales ou passageres, tout grand mouvement d’immersion, suivi d’emersion totale, provoque inévitablement la formation de sédiments occupant la disposi- tion symétrique et dont le terme supérieur est le gravier d’emer- sion. Cela étant, si au bout d’un certain laps de temps un deuxieme mouvement d'immersion se fait sentir, on conçoit aisément que la succession des phénomènes que nous avons déjà si souvent décrite va se reproduire. La mer, en envahissant le sol émergé, va attaquer celui-ci le long des rivages successifs et en remaniera les elements. Or, quels sont ces éléments? Ils consistent tout d’abord dans le gravier d’émersion déposé à la fin de la période précédente, puis dans les couches sableuses puis argileuses sous-jacentes. L'érosion de la mer le long de ses rivages produira donc un ravi- nement ou une dénudation de ces couches, de sorte que les éléments de celles-ci, remaniés, serviront à former les premiers dépôts de la nouvelle mer. Or, le premier de ces dépôts est le gravier d'immersion, de sorte que ce gravier sera formé en grande partie aux dépens du gravier d’emersion de l’ancienne mer. De même les sables d’emersion situés sous le gravier d’emersion, mis en suspension, serviront à former les sables d'immersion de la nouvelle mer et ainsi de suite jusqu'au niveau où la dénudation s'arrête. De toute façon, les dépôts formés pendant la nouvelle oscilla- tion complète se disposent à leur tour symétriquement et d’une manière intégrale sur ce qui reste des sédiments déposés lors de la première oscillation ; de telle sorte que nous pouvons représenter 68 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars fidelement par le diagramme ci-dessous les faits que nous venons d'exposer : Fig. 11. 2 Nue ER : 7a ERI 8558 2° = . Je . 7 d Se E es » 8 RES EA Fe a Leet op a + Zein Soin FAT ; ER LGE penis A Gravier d'immersion. B Première zone sableuse (sable d'immersion). a! Sédiments restant de la premiére De 4 C Noyau argileux. (Fin de l’immersion et com- oscillation complete. mencement de ]’émersion.) B’ Deuxième zone sableuse (sable d’emersion). AX Ligne de ravinement. a Gravier d’immersion. Sediments b Sable d’immersion. déposés pendant la deuxième 4 c Noyau argileux. oscillation complète. b’ Sable d’émersion. a Gravier d’emersion. On conçoit quesi une troisième oscillation du sol suit la deuxième, les mêmes phénomènes se reproduiront, ie gravier d'émerston ter- minant la deuxième période sera raviné à son tour et fournira ainsi les éléments principaux du gravier d'immersion de la troi- sième période, et ainsi de suite. D'où il suit que dans le cas de recurrence de phénomènes marins consistant en séries d’oscillations suffisamment amples, amenant des immersions et des émersions successives : 1° Les bases des dépôts correspondant à chacune des oscillations, ravinent les dépôts sous-jacents et sont caractérisées par la présence d'un gravier d'immersion toujours plus ou moins apparent. 2° Tous les dépôts distincts, formés pendant chacune des périodes d’oscillation, excepté le dernier ou le plus récent, perdent en tout ou en partie par le ravinement leur gravier d'émersion et une par- tie plus ou moins grande de leurs zones supérieures. 3° Les bases successives des dépôts, formées des graviers d’immer- sion, sont constituées en majeure partie par les éléments remaniés du gravier d’emersion de la période précédente. 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 69 Enfin, avant de terminer ce chapitre, il nous reste encore a voir ce qui se passe dans le cas d'oscillations relativement faibles et dans le cas d’oscillations successives entre lesquelles le mouvement d’exhaussement n’a pas été suffisant pour amener, lors du souleve- ment maximum, une emersion complete. 1° Cas d oscillations successives et completes, mais d’amplitude variable. Si amplitude est suffisante, on sait qu'il se produit des dépôts avec disposition symétrique complète. Si l'amplitude est moins prononcée, on constate des absences de sédiments à commencer par les plus fins, c'est-à-dire par lesargiles. Cependant, dans les deux cas, le gravier d'émersion ‘existant toujours, il s'ensuit que celui de la période la plus ancienne sera toujours ravine lors de l'immersion suivante et disparaitra. Si donc, à une oscillation complete de grande amplitude succède une oscillation complète d'amplitude moindre, ne permettant pas le dépôt d'argile, la série des superpositions se présentera comme nous l'avons figuré ci-dessous : A Gravier d'immersion. B Sable d'immersion. C Noyau argileux. B’ Sable d’émersion. Sédiments restant de la première oscilla- tion complete de grande amplitude. XX Ligne de ravinement. Sédiments de la seconde oscillationcom- \ à Sable d’immersion. plète de moindre amplitude. b’ Sable d’émersion. \ | | a Gravier d'immersion. | a’ Gravier d’émersion. 70 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars 2° Cas d’oscillations successives mais incompletes. Soit une premiere oscillation de grande amplitude, pendant la periode de soulevement de laquelle le mouvement ascensionnel a cessé pour se transformer en un nouveau mouvement d’affaisse- ment, avant que le fond se soit complètement émergé. Pendant toute la premiere partie du phénomene les sédiments prendront la disposition symetrique ordinaire, mais, le soulevement cessant alors que les sables d’émersion se déposent, il s'ensuit que toutes les parties restant couvertes d'eau, et ne devenant point rivage, du gravier ne peut se déposer; il ne se forme donc point de gravier d’emersion (1). Fig. 13. RP RATS AP NOT ES Si en bl ES . NEO oes els Ps PPS oe ie p e = ees ade ee, ee” 0 » RR TEE TE her. ee cp eo US ee EN En 4 yj .r. . .. . . EINES ' Sobor A En BR Er A Gravier d’immersion. Sédiments déposés pendant la première ) B Sable d'immersion. oscillation. C Noyau argileux. B’ Sable d’émersion. AX Zone graveleuse. b Sable d’immersion. Sédiments déposés pendant la deuxième ) c Noyau argileux. oscillation. b’ Sable d’émersion. a’ Gravier d'émersion. (1) On conçoit que si l’émersion complete a été sur le point de s'effectuer, les derniers éléments déposés seront d’autant plus grossiers; il pourra méme se former une zone graveleuse composée de grains de gravier disséminés au sommet des sables d’emersion ; mais l’affaissement intervenant alors, il ne se produit pas de ravinement, et le nouveau gravier d'immersion ne se forme pas. La zone graveleuse s’intercale entre les deux dépôts avec transitions insensibles. 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. | 71 Le mouvement de soulevement se transformant ensuite en mou- vement d’affaissement, la profondeur d'eau s’accentue de nouveau, et les sables d’€mersion précédents se recouvrent, avec transition insensible, d'autres sables, d'abord identiques, puis devenant de plus en plus fins jusqu'à passer à l'argile. Enfin, lorsque le soulèvement définitif s'effectue, les sables suc- cèdent aux argiles, puis le gravier d'êmersion vient recouvrir les sables. Le diagramme (fig. 13) rend compte de cette disposition, dans l'hypothèse d'un soulèvement ayant presqu'occasionné l’emersion du fond, entre les deux oscillations. Ce cas se présente assez souvent et reçoit plusieurs applications directes dans l'étude des terrains tertiaires de la Belgique. Enfin, pour résumer tout ce que nous venons de dire au sujet des divers cas qui peuvent se présenter, nous les avons réunis ci-après, fig. 14, en un seul diagramme, montrant la succession des sédiments déposés pendant : vanne . Te A ea Se Le RUE EFT PETER vas 1° Une oscillation comp'ète de grande amplitude. 2° Une oscillation de grande amplitude dont le mouvement de soulèvement n'a pas été suffisant pour produire l’émersion totale. 72 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars 3° Une oscillation de grande amplitude succédant immediate- ment à une émersion incomplete, mais avec émersion propre com- plete. 4° Une oscillation complete de faible amplitude. Il est impossible de ne pas être frappé de l'identité parfaite exis- tant entre les diagrammes que nous venons d'obtenir en traitant le sujet d'une manière abstraite, et les superpositions réelles qui s’observent dans nos terrains tertiaires de la Belgique. Disposition symétrique, graviers continus avec ravinement, zones graveleuses, passages insensibles, absence de zones argileuses medianes, couches terminées en biseau, tous ces cas se présentent à chaque instant dans notre pays, et de l'identité des résultats il n'est pas possible d'admettre — même en l'absence momentanée d'autres preuves — autre chose que l'identité des causes. Les graviers continus qui séparent si nettement nos couches tertiaires sont donc bien les restes des anciens cordons littoraux successifs; nos sables, nos argiles marines sont bien les dépôts effectues pendant le cours des oscillations de la region; par consé- quent Dumont a été bien inspiré, lorsque, frappé par la netteté des divisions que les graviers fournissent, il n'a pas hésité à s'en servir comme d'une ligne de demarcation. Ici se termine ce que nous avions à dire relativement à la partie mécanique de la formation des graviers et de la sédimentation marine appliquée à la notion des oscillations du sol; nous conce- vons maintenant, dans tous les principaux cas qui peuvent se pré- senter, la série des phénomènes qui se produisent et la manière dont les superpositions de couches sedimentaires s’edifient et s'agencent. D'un autre côté, il suffit d'ouvrir l’un quelconque des bons traités de géologie pour être au courant de tous les phénomènes de la sedimentation des eaux douces (torrents, rivières, fleuves, lacs, embouchures de rivières, deltas, barres, etc.), de sorte que nous pouvons nous considérer comme étant en possession des faits qui, dans un très grand nombre de cas, permettront de nous faire une idee de l'origine précise de dépôts dont le géologue a à entre- prendre l'étude: Quand nous serons en présence de coupes montrant des super- positions de couches sédimentaires, nous pourrons donc dire, à l'inspection de leur nature, de la façon dont leurs transitions 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 73 s’effectuent, de leur mode de stratification, de leur allure générale, si ces couches ont une origine marine, fluviale, torrentielle ou lacustre; si elles ont été déposées pendant une immersion ou pen- dant une émersion, etc. Mais, nous dira-t-on, il existe mille circonstances locales qui, agissant pendant la formation d'un dépôt, peuvent le modifier et le rendre analogue comme aspect ou composition a des sédi- ments résultant de phénomènes d'ordre très different; d'où l'on pourrait être amené à croire qu'en pratique, l'application de la théorie peut amener de graves erreurs. Nous sommes loin de contredire qu'il puisse se présenter des cas embarrassants et, à première vue, insurmontables; mais deux moyens de contrôle extrémement puissants et certains peuvent être utilisés pour se tirer d’embarras. Le premier de ces moyens consiste dans l’extension des observa- tions. Extension des observations. — Evidemment, si l’on ne considére qu'une coupe locale, celle donnée par une carrière, par exemple, il peut se présenter quantité de cas ou le doute sera permis pour des couches mal caractérisées, dont on ne voit pas la base ou dont on ne distingue pas le sommet. Dans des cas semblables, on conçoit qu'on ne puisse émettre que de simples opinions et que de graves erreurs soient possibles. Mais si l’on suit les couches rencontrées sur de grandes dis- tances, si l'on note toutes les superpositions visibles dans les carrieres, les chemins creux, dans les affleurements naturels ou artificiels de toute nature qui nous sont offerts, on ne tarde pas à se faire une idée nette et exacte des faits et de l’origine des couches. Les observations ne doivent donc pas étre simplement locales, elles doivent au contraire étre poursuivies sur de grandes distances et c'est cette manière d'opérer qui, seule, permet de reconnaître les allures vraies, les caracteres qui donnent des certitudes. On comprend donc que si, apres de nombreuses observations faites en tous les points observables d’une région, nous trouvons un gravier tranchant nettement sur des couches sous-jacentes, suivant une allure régulière et de composition sensiblement homo- gene; dont les éléments, d’abord grossiers vers le bas, vont en décroissant, puis passent a des sables qui le surmontent, puis a des argiles, il est indiscutable et absolument vrai que nous sommes 6 74 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars en présence des traces d'un phénomène marin et, de plus, devant les résultats d'une immersion lente de la contrée. Si cette argile dont il vient d’étre question passe elle-méme insensiblement, en montant, a des sables fins qui deviennent peu a peu grossiers en s’elevant, jusqu'à passer au gravier, nous sommes de même absolument certains que nous suivons les progrès de l’emersion de la contrée, à la suite d'un retrait de la mer. De même, si nous nous trouvons devant une série de coupes montrant une couche ravinant violemment celle sur laquelle elle repose, et formée de sables grossiers et de graviers disposés en lignes ondulées et discontinues, si cette couche grossière est recouverte à son tour par des sables irrégulièrement stratifiés et des argiles disposées en masses lenticulaires, il ne pourra exister aucun doute : nous sommes bien en présence d'une manifestation d'eaux douces qui ont coulé à l'état torrentiel à la surface de l’an- cien sol. Nous pourrions multiplier les exemples à l'infini, mais nous le jugeons inutile et nous répéterons simplement que lon ne peut tirer, au moyen de la stratigraphie seule, des conclusions certaines relatives a l'origine des couches, que lorsque les observations ont été effectuées sur une étendue suffisante pour que la caractéristique apparaisse. Il ressort donc de l'examen physique des roches sédimentaires, que toutes les conclusions que l'on peut en tirer au point de vue de leur origine, ne sont pas fondées le plus souvent sur la nature même de la roche considérée, étudiée en un point local quelconque; mais que ces conclusions sont presque toujours tirées des relations de cette même roche avec celles situées au-dessus et au-dessous et que la caractéris- tique d'une couche est principalement donnée par la manière dont elle passe à celle qui précède et à celle qui suit. Dans une coupe locale, une couche sableuse, argileuse ou calcaire dont on ne voit ni la base ni le sommet, pourra ressembler autant aun dépôt d'eau douce ou d'eau saumâtre qu'à un sédiment marin; mais lorsqu'un réseau suffisant d'observations aura donné claire- ment la manière dont la couche considérée repose sur la sous- jacente et est surmontée par la supérieure, le problème pourra presque toujours être résolu d'une façon certaine et sans chance d'erreur. Dans le cas où des observations étendues seraient rendues diffi- ciles ou impossibles et par conséquent lorsque les relations des couches entre elles ne pourraient pas être nettement saisies, le 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 75 second moyen dont nous avons parlé ci-dessus vient alors se pré- senter, ou plutôt s'imposer avec toute son importance. Preuves paléontologiques. — Le moyen dont il est question réside dans l'étude des fossiles, c'est-à-dire des restes laissés par les ani- maux et les végétaux qui ont vécu pendant que se succédaient les phénomènes de la sédimentation. Mais il existe une distinction très importante à constater ici tout d'abord : elle consiste en ce que, dans le cas de recherches sur l’ori- gine des couches, ce n'est pas l'étude des espèces fossiles qui est utile, c'est la connaissance des genres auxquels appartiennent les espèces. Les genres d'animaux ou de végétaux sont la caractéristique des circonstances, des conditions spéciales à chaque nature de dépôt sedimentaire; les espèces d'animaux ou de végétaux sont la carac- téristique des temps ou de l'âge relatif. Les genres auxquels appartiennent des débris organiques enfouis au sein d'une formation quelconque équivalent, pour ainsi dire, à des étiquettes sur lesquelles seraient inscrites les conditions phy- siques de cette formation. En effet, chacun sait que les animaux et les végétaux ne sont pas distribués au hasard sur la terre et dans les eaux. Chaque habitat particulier a ses habitants propres et cette dis- tinction pénètre mème jusque dans les détails les plus infimes de la création. Un embranchement du règne animal est surtout précieux au point de vue des deductions que l'on peut tirer de la présence de ses représentants dans les couches de terrains, à cause de leur pro- fusion sur la terre et dans les eaux et de la facile conservation d’une des parties constitutives les plus caractéristiques : c'est l’embran- chement des mollusques. Partout où il y a de l'eau salée ou de l’eau douce, ou simplement de l'humidité, on peut être certain de trouver des mollusques; or, l'eau étant le principal agent de dépôt, il est rare que dans les cir- constances normales, les dépôts ne renferment pas de restes de mol- lusques. Ces restes sont naturellement les coquilles, qui servent en quelque sorte de squelette extérieur aux animaux qui les portent. Ainsi que cela existe pour les autres formes organiques, et même pour beaucoup de corps inorganiques, les formes des coquilles des mollusques sont parfaitement définies, et elles sont toujours en relation intime avec les conditions de vie de animal. 76 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars D'après ce que nous venons de dire, l'embranchement des mol- lusques se divise en familles, en genres et en especes definis, chaque genre ayant pour ainsi dire sa destination spéciale. Non seulement il existe des mollusques marins, d’eau saumatre, d’eau douce et terrestres, mais chacune de ces categories se sub- divise encore suivant les conditions particulieres dans lesquelles peuvent se trouver ces eaux ou le continent. C’est ainsi que les genres de mollusques marins changent avec les profondeurs de l’eau, avec la nature du rivage et du fond, avec la temperature de l'eau et enfin avec la latitude. De méme, les genres de mollusques d’eau douce changent suivant que l'eau est courante ou stagnante: les genres d'eau saumätre changent avec le degré de salure et enfin les genres terrestres changent avec le degré d’humidité, la nature du sol, la température et l’altitude de la region. Les naturalistes ont minutieusement étudié et noté toutes ces différences, si bien que nous sommes actuellement en possession d'éléments déja très complets sur ce sujet, elements dont l'appli- cation conduit à d’autant plus de certitude que les faits observés sont multiples. Grâce à cette précieuse loi naturelle, les restes organiques que nous rencontrons à foison dans la plupart de nos terrains sédimen- taires, deviennent donc un élément important de conclusion ou de preuve pour toutes les questions se rattachant à l'origine des cou- ches, suivant que celles-ci manquent de caractéristique stratigra- phique ou la possèdent clairement. Observant plus spécialement ce qui se passe dans les eaux marines, si nous parcourons un littoral de plage, puis que nous observons les manifestations de la vie en nous enfonçant successi- vement dans les profondeurs, nous voyons d’abord le cordon lit- toral formé d'éléments grossiers et de gravier, se chargeant le plus souvent d'une quantité double de son volume, de débris de coquilles qui vivent sous l’eau à des profondeurs diverses. À marée basse, nous voyons la plage sableuse couverte de tortil- lons de sable agglutiné rejetés par des myriades d’annelides vivant dans leur tube arénacé; nous observons les mollusques lithophages ou xylophages accomplir leur œuvre de destruction; les balanes, les bryozoaires, etc., garnir et couvrir les parties dures que les lithophages n'ont pas envahies; un peu plus loin, vers le large, à abri de la grande agitation des eaux, nous constatons la presence des espèces littorales vivantes : Cardium, Ostrea, puis Murex, Buc- 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 77 cinum, Triton, Purpura, Natica, Turritella, Pleurotoma, etc., c'est- a-dire la variété infinie des gasteropodes carnassiers; c'est là que nous rencontrerons aussi en abondance les crustacés : crabes, homards, etc. Plus loin encore, se plaisent les lamellibranches a valves bäil- lantes et a syphon allongé, plantées verticalement dans le sable fin ou la vase, tels que les Solen, Cultellus, Solecurtus, Mya, Panopea, etc. | Enfin, lorsque la vase argileuse fine et pure apparait dans la profondeur, la vie semble s’eteindre. Or, si nous étudions les genres d’animaux renfermés dans des couches géologiques renfermant des fossiles et affectant la disposi- tion symétrique, c'est-à-dire déposées pendant une oscillation com- plète du sol, nous constaterons à coup str une disposition analogue. Dans le gravier d'immersion, nous trouverons les restes en mau- vais état, brisés, triturés et roulés, d’une faune variée dont nous retrouverons dans les couches supérieures la majeure partie des formes en bon état de conservation. Les grès épars sont perforés par des mollusques lithophages, ou couverts de bryozoaires; des fragments de bois souvent minéralisés sont perforés par les tarets, etc. Enfin, a tous ces matériaux divers viennent se mêler des débris roulés de poissons, de crustacés, d’oursins, etc. | D'un autre côté, sur les mêmes grès faisant primitivement partie du gravier littoral, se trouvent des huîtres, des spondyles, des petits polypiers, quis y sont attachés lorsque le mouvement d’affais- sement, commençant à se faire sentir, a enfoncé ces blocs sous la zone de perpétuelle agitation des eaux. Dans les sables généralement stratifiés qui surmontent le gravier d'immersion, on trouve d’abord les innombrables traces tubulaires, laissées par les générations d’annélides qui y ont vécu, puis on rencontre une faune de lamellibranches côtiers tantôt bivalves, tantôt a valves dépareillées, et quelquefois roulées (Cardium, Ostrea, Pectunculus, etc.), ainsi que des gastéropodes, avec débris assez fréquents de végétaux terrestres, indiquant la proximité du rivage. Plus haut, dans les sables homogènes déposés sous une plus grande profondeur d'eau, se développent, en masses compactes généralement bien conservées, les espèces caractéristiques abon- dantes : les bancs de Turritelles, de Ditrupa, etc., ainsi que certains bancs de foraminifères, tels que les Nummulites. 6. 78 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars Enfin, dans les sables fins ou argileux, se presentent des lamel- libranches a valves bäillantes, ayant souvent conserve la position verticale qu'ils occupaient pendant la vie. Apres ces sables fins arrivent les argiles d’eau profonde, qui semblent ordinairement azoiques. Dans toute la masse argileuse centrale, les fossiles sont donc tres rares; mais, des que la zone sableuse supérieure apparait, la faune reapparait avec elle et nous voyons se reproduire, en ordre inverse, la série des formes organiques déja connues, caractérisant a leur tour les sables et le gravier d’emersion. C'est ce que nous avons cherché a représenter dans le diagramme suivant (fig. 15): Fig. 15. Gravier | Debris de coquilles roulées d’émersion. \ 5 d \ ij ! Niveau des tiibulations d’Annelides. Sable À d’émersion. / Coquilles littorales plus ou mcins bien conser- vées; debris de végétaux rares. Bancs de Turritelles, de Nummulites, etc. BE inc ge ro ee Sable fin. ‘ Lamellibranches a valves bâillantes zz sztz. 7 VR se _ . Argile. | Zone souvent privée d'organismes. (AN CNE PP ees he a. Lamellibranches a valves baillantes zx sztz. 7 Sable fin. Bancs de Turritelles, de Nummulites, etc. : Coquilles littorales bien conservées ou non. Crus- © Sable tacés, Gasteropodes; débris de végétaux amenés en par transport. Niveau des tubulations d’Annelides. raue | Debris de coquilles roulées, gres perfores, etc. Evidemment, tous les caractéres paléontologiques que nous venons de signaler ne se retrouvent pas au grand complet dans toutes les couches fossiliferes déposées pendant une oscillation; mais les principaux s'y présentent toujours. Dans tous les cas, c'est par absence de caractères que les excep- tions a la regle générale se produisent et jamais par interversion. L'absence de caractères se comprend du reste aisément par les 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 79 conditions particulieres qui peuvent se présenter, telles que in- fluence de la temperature, des courants, des embouchures de fleuve, ou absence dans l'apport des éléments inorganiques nécessaires pour constituer nettement l'une des zones que nous avons consi- dérées. D'un autre côté, on conçoit que les caractères des sables et gra- viers d'émersion sont toujours un peu différents de ceux des sables et graviers d'immersion, en ce sens que ces derniers peuvent con- tenir par ravinement des formes organiques ayant vécu pendant la période antérieure, tandis que les premiers ne peuvent guère contenir que la faune pure et propre au bassin déterminé, plus les légères modifications que l'évolution a pu produire sur les formes animales et végétales pendant la longue suite de siècles nécessaires a laccomplissement d'une oscillation complete. Ainsi viennent se confirmer d’une maniere claire et naturelle tous les principes que nous avons tirés de la seule étude des phé- nomenes de la sedimentation marine, combinée avec la notion des oscillations du sol. Avant d'aller plus loin et d'exposer nos dernières conclusions, nous croyons encore nécessaire de traiter a fond un cas dont l'appréciation inexacte pourrait faire commettre de graves erreurs au point de vue de la distinction des faunes qui se sont succédé pendant deux oscillations successives. Nous avons vu, en effet, que les graviers d'immersion sont formes par les avancements lents et continus des eaux marines envahissant un continent et qu'ils sont constitués par les éléments grossiers provenant du remaniement des roches immédiatement sous-jacentes. Or, si ces roches sont fossilifères, il devient évident que les fossiles, arrachés, dégagés, roulés, se méleront aux restes de la faune nouvelle qui se développe, grâce au changement des condi- tions vitales et de l’évolution. Si la roche inférieure renferme un grand nombre de fossiles, il est certain qu'il peut arriver des cas ou le nombre d'espèces ou d'individus de la faune remaniée pourra dépasser le nombre d'espèces de la faune nouvelle et si l'étude de la faune du gravier d'immersion est confiée à un paléontologue qui ignore les condi- tions de gisement des fossiles, ce paléontologue, en se basant sur l’âge relatif des espèces les plus abondantes, commettra de bonne foi des erreurs grossières en fournissant au stratigraphe des résul- tats qui bouleverseront les conclusions de celui-ci. 80 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars Dans le cas de deux oscillations marines successives, il est cer- tain que le gravier d’immersion correspondant a la seconde, sera encombré de coquilles remaniées, enlevées aux dernières couches déposées pendant la premiere oscillation; et l'ensemble de la faune du nouveau gravier ne possédera plus de caractères propres. Dans la nature, des faits de ce genre se rencontrent souvent. C'est de cette manière que des discussions interminables se sont produites entre stratigraphes et paléontologues, relativement à des proportions d'espèces dont la signification était nulle. C'est aussi pour les mêmes raisons que pendant si longtemps l'on a omis de considérer à leur vraie valeur les lignes de graviers marins continus et bien caractérisés, parce que les éléments fau- niques de ces graviers semblent marquer une transition insensible ou un changement de faune presque inappréciable, alors que cer- taines espèces auxquelles on accordait beaucoup d'importance sont simplement remaniées. Pour connaître les faunes propres des subdivisions géologiques, il faut donc s'attacher à l'étude des fossiles recueillis dans les cou- ches situées entre les graviers: c'est alors que l'on voit ressortir d'une façon lumineuse les vrais caractères propres et distinctifs de chaque faune. Avec les preuves paléontologiques dont nous venons d'exposer la portée considérable, les erreurs ne sont plus possibles dans l’appre- ciation de l'origine des couches sédimentaires, ni dans celle des mouvements du sol qui en ont été la cause; donc, plus d’hesitations pour l'établissement des subdivisions des couches déposées à dif- férentes reprises dans un même bassin géologique, si l’on suit la méthode admise par le Service de la Carte géologique et que nous allons exposer ci-après. Le but de la géologie étant la reconstitution complète de l’histoire organique et inorganique du globe terrestre depuis les temps les plus recules jusqu'à nos jours, il est certain qu'on ne pourra atteindre le but que l'on s'est proposé, avant d’avoir établi une chronologie géné- rale des événements, concordant avec la succession des faits. Ce ne sont pas les faits isolés, énoncés sans ordre, qui font l’his- toire ; c'est leur classement chronologique et les relations qui les lient entre eux. L'histoire de l'humanité se divise naturellement en grandes périodes, pendant lesquelles certaines influences prépondérantes ont profondément marqué leur empreinte et relégué à l’arrière- plan tous les faits secondaires. 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 81 A côté de l'histoire universelle des peuples, qui n’admet que les grandes périodes principales, il y a les histoires locales, intéressant separement les peuples ou certaines régions et qui se subdivisent elles-mémes en faits ou périodes d’importance diverse, suivant qu'elles exercaient leur influence sur des regions plus étendues ou qu'elles modifiaient plus ou moins profondément le genre de vie des populations ou les institutions des Etats. De même que la raison humaine a divisé l'histoire de l'humanité comme il vient d'être dit, de même les géologues sont amenés à prendre ce mode de division comme base de l'histoire générale du globe terrestre, histoire embrassant des faits bien plus considérables et de plus longue durée que ceux qui ont influencé l'humanité. Nous devons donc prendre pour base de la géologie générale la chronologie des faits généraux, et ces faits sont les divers degrés de l'évolution de la vie a la surface du globe. De même que l'histoire universelle des peuples, la chronologie géologique se divisera en grandes périodes caractérisées par une similitude de faits se passant en même temps sur une grande partie de la surface terrestre, faits causés par un état général qui s'impose et prime tous les autres. Ces grandes périodes de l'histoire n'ont pas un commencement ni une fin nette et précise, elles se fondent insensiblement l’une dans l’autre; les nouvelles conditions générales qui tendent à rem- placer celles existantes, devant d'abord combattre et contre-balancer les premières ; il s'écoule ainsi entre les deux manifestations dis- tinctes un temps plus ou moins long, formant transition insensible. C'est ainsi qu'il faut comprendre l'établissement des grandes divisions connues généralement sous les noms de périodes primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire, caractérisées chacune par l’ap- parition, le développement et la prédominance de certains types organiques. Passant alors à l'histoire locale, la situation change complétement: les faits se précisent, les transitions se pressent ou s'éteignent et, sil s'agit de l'histoire d'un peuple, par exemple, on se trouve devant une suite de faits nettement séparés qui, le plus souvent, se réduisent a la chronologie des regnes successifs des rois, des empe- reurs ou des divers modes de gouvernement qui se sont succédé. Dans l'histoire locale des régions naturelles du sol, les mêmes subdivisions simposent; au lieu de peuples bien définis, nous avons des bassins géologiques, des contrées affectées des mêmes mouve- ments du sol et qui subissent la loi commune. 82 RUTOT. — LES PHENOMENES Mars De même que, dans l'histoire d'un peuple, les subdivisions commencent avec lavénement d'un roi ou d'une autorité quel- conque, pour finir avec la disparition politique de ce roi ou de cette autorité; de même, en géologie, les subdivisions doivent com- mencer avec un phénomène établissant un ordre de choses déter- miné dans la région, et finir avec le renversement ou la fin de cet ordre de choses. Or, pour une région déterminée, pour un bassin géologique, quels sont les phénomènes qui satisfont le plus exactement au principe qui vient d'être énoncé? Ce sont évidemment les mouve- ments locaux du sol, les oscillations locales comprenant un affais- sement qui amène les eaux marines dans la contrée, puis un soulèvement qui les éloigne, mouvements qui provoquent ainsi le dépôt des sédiments marins, lesquels, à leur tour, conservent dans leur masse les débris de la vie qui s'était développée à la faveur des conditions particulières. Pour une région naturelle, pour un bassin géologique, les sub- divisions doivent donc être en rapport immédiat avec les phéno- menes stratigraphiques qui se sont accomplis successivement, c'est-à-dire qu'elles doivent commencer avec l'établissement de chaque nouvel état de choses, pour finir avec le renversement de l'état de choses qui s'était établi. De la il suit que si, à la surface d'une région, il s'est produit une succession d'immersions et d’emersions, qui ont permis aux eaux marines de déposer leurs sédiments réguliers, il est nécessaire d'établir les subdivisions de manière à fixer aussi exactement que possible le commencement et la fin de chaque oscillation. Or, pour nous, les traces certaines auxquelles nous reconnaissons le commencement et la fin d'une période d'oscillation, ce sont les ravinements, les lits continus de galets ou de gravier, que nous avons si bien appris à distinguer; ou, si les oscillations n'ont pas amené des émersions complètes, ce sont les zones graveleuses ou les amas de sables d’émersion suivis immédiatement de ceux d'immersion. S'agit-il d'une période marine isolée, nous en reconnaissons immédiatement le commencement et la fin aux graviers d’immer- sion et d'émersion, que nous sommes toujours certains de retrouver et de reconnaître à leurs caractères distinctifs; et, dans ce cas, toutes les roches comprises entre les deux graviers appartiendront à la même subdivision. S'il s'agit de périodes d'oscillations successives, séparées par des 1883. DE LA SEDIMENTATION MARINE, ETC. 83 emersions totales ou partielles, les faits pourront aisément &tre reconnus; suivant que l’émersion aura été complete ou incomplete, les couches de la subdivision la plus récente ravineront celles de la période précédente, ou elles passeront de l’une à l’autre sans dénu- dation, par l'intermédiaire des sables d’émersion plus ou moins grossiers. De même, nous reconnaitrons les périodes continentales qui se sont établies entre deux oscillations successives, aux dépôts d'eau douce généralement bien caractérisés par leur irrégularité, s’il est question d'eaux courantes, ou par leur composition homogène et peu variable et la présence de coquilles, si l’on est en présence de dépôts formés dans de vastes étendues d'eau stagnante. En résumé, le mode de subdivision des couches d’une région déterminée, au moyen des graviers marins continus sur de grandes étendues, d'une part, et des dépôts d'eau douce, de l’autre, corres- pond exactement aux subdivisions naturelles de l’histoire locale de cette région, conçue dans l'ordre chronologique des faits stratigra- phiques qui s'y sont passés, faits qui ont influencé à leur tour le développement de la vie, et qui sont, avec l'évolution, les deux principaux facteurs des changements fauniques. La méthode de subdivision par les graviers rendra donc tou- jours, dans les régions peu bouleversées, où les sédiments ont con- servé leur facies général et leurs positions relatives, les plus grands services, car elle est la plus naturelle, la plus sûre et la plus expé- ditive. C'est cette méthode qui, pressentie et appliquée par Dumont, a permis à cet illustre géologue de créer les subdivisions si natu- relles qui subsistent encore toutes aujourd’hui et nous semblent maintenant définitivement établies; c'est elle qui, complétée par M. E. Van den Broeck et par moi et formulée dans le présent tra- vail, nous a toujours guidé dans toutes nos études sur les terrains tertiaires de la Belgique et nous a permis de surmonter bien des difficultés; c'est elle enfin que, dans nos voyages à l'étranger, nous avons trouvée toujours de mieux en mieux établie et confirmée et que nous espérons voir appliquer partout, pour parvenir à l'unité scientifique qu'il serait si désirable d'établir entre tous les géologues. shit NT 1 en 14 ar ati ne Re AUTRE olive „it us PEUR do jot. Ree HS Mu 34 Ke ily ONT coat ÈS N M nf cha ot a RR: OIII € RAS : hr iy we ; ster nt ah ike Cla schen on nr i Ge waar. - ? an ry ve sf! ee tels Ke Ei ‘ , À EA! : A EA tek a che he: EE ri Rie LME EP ec ice aol ion: Liphode bri “tee. RiP rath id 4 pe A yon ar 2 j AN) ny re el N ARE 1 Aush Se bi “a 1 nd à a à 0 CNE HOT RE “Tesco oat 2 sik, un wia lite a pte ee on Up ner ee iat : eN EN a ee “i m. i M ERA és RS Lu (RES ee re Hr. fit er Ei Bee, N fr ad ET bal te der véto beac anol pb A D sten, { wer Es TI if pe PW DATE Ht a og) AN bets BORN U ON Th | Sum me vile Er bir wok u | Do a Lu 5 N 7 Le Pak vice . PET EN wa shies a ur ve Ona 19 ver OA Ea b P RE ak rn ev Ber Vote Ale sagas Vs TON ASTRA v i SY A EX dat Ni fe hrs (A ie PLAT Lx LE total à ca RT ; Fan BATS FE st, 1 rue In} vt ? ès Gd LE BY 4 d +. = RR std 7 ut ¥ tel tif 1 RL SI STR N I 4 0 sah ONE ‘ BER u eh & Un re ait en ” RER, id, = N ne nie ve u : A 1 en ce f LA PE A Cr: | Foe Sr ase EU 7 bs; a ee beni + # DE A ik j FE a ETS cy É zu - ; vo BR - Le fa 7 Fi te , v * fs ME BER er pied ‘hi iY 1 À "| J 4 Br 11 ¥ d ur € 4 té ie eau AE à a OW ze À Meds : à | i M N q 4 A ' Ar a h P eae ‘ \ B, oe dites A ESSE Wo): eo asl ond: gehore cient hg, | iy FU 4 |: MANE ER 7 VE ea Bi aie BR is; VRR ra aa Bp ; ju Fe j AS Fee) 5 " wa a) By , nt be an NAT « ‘ ‘ (>, u a “y . Bi ul ‘hae a: Nils of Y 4 ‘teats Er 4 TROISIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS DE BERNISSART; PAR M.-L..»BOLLO, Aide-naturaliste au Musee. Apres avoir examiné les Dinosauriens de Bernissart au point de vue de la systématique, j'avais l'intention de reprendre successive- ment, pour les decrire, les diverses parties du squelette de ces animaux. C'est ainsi que, dans ma « Deuxième Note », j'ai traité du sternum et de la ceinture scapulaire. Cependant, comme le mon- tage de l’un des Iguanodons vient d'être terminé par M. De Pauw et que ce spécimen est aujourd'hui exposé au public, je me propose, avant d’aller plus loin, de faire connaître le résultat de mes études sur l’allure qu'il convenait de donner à ce gigantesque Reptile. La discussion de cette question, ou, en d'autres termes, la justification de la restauration exécutée par M. De Pauw, tera l'objet du présent travail. On est loin d'être d'accord sur les mœurs et les rapports zoolo- giques des Dinosauriens. Les opinions qui ont cours actuellement a cet égard, peuvent se classer en trois groupes : I. — Les uns [Cope (1), Gegenbaur (2), Huxley (3), Marsh (4), Hulke (5), Morse (6), etc...] admettent que ces animaux se tenaient et progressaient principalement à l'aide des membres postérieurs, comme les Ratite, dont ils seraient la souche. (1) Proc. Acad. Nat. Sc. Philadelphia, 1866 et 1867; Proc. Boston Soc. Nat. Hist., 1859. (2) Unters. 7. vergleich. Anat. Wirbelthiere, I. Carpus und Tarsus, 1864, p. 85; Grundriss d. vergleich. Anat., 1878, p. 432. (3) Proc. Roy. Inst. Great Britain, 1868, p. 278; Quart. Journ. Geol. Soc. London, 1870, p. 12. (4) Amer. Journ. Sc. (Silliman), 1877, vol. XIV, p. 348; Odontornithes, 1880, p. 188; Amer. Journ. Sc. (Silliman), 1881, vol. XXII, p. 337; 1bid., 1882, vol. XXIII, p- 82. (5) Quart. Journ. Geol. Soc. London, 1876, p. 364; Ibid., 1880, p. 433. (6) Annivers. Mem. Boston Soc. Nat. Hist., 1880. 7 86 DOLLO. — TROISIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril Il. — D’autres [H. G. Seeley (1), C. Vogt (2)], tout en acceptant l'idée d'une marche bipède, font des réserves quant a la parenté avec les Oiseaux. III. — D'autres enfin, [R. Owen (3)], plaident en faveur d'une vie presque exclusivement aquatique et de la station horizontale. Il est évident que, suivant qu'on prend parti pour les deux pre- mières ou pour la troisième interprétation, on est conduit a donner a lIguanodon une attitude toute différente. Voyons donc, en dehors de la question phylogénique, que nous nous réservons de traiter en une autre occasion, quelle est celle des hypotheses pre- mentionnées qui se rapproche le plus de la vérité. Comme nous avons entre les mains des matériaux uniques par leur nombre et par leur état de conservation, il nous sera assez facile de porter un jugement sur le point en litige. Les recherches que nous avons faites nous permettent de dire des maintenant que, tout en admet- tant avec Owen la vie aquatique, nous tombons d’accord avec ses contradicteurs relativement a la station droite. Les arguments sur lesquels nous allons nous appuyer pour démontrer l’exactitude de notre manicre de voir peuvent se grouper sous deux chefs princi- paux, suivant qu'ils se rapportent a la marche bipede ou a la pro- gression dans l'eau. DE LA STATION DROME CHEZ LES DINOSAURIENS DE BERNISSART. Les motifs qui nous portent a croire que les Iguanodons se tenaient debout sur les membres postérieurs, sont assez nombreux. Nous allons les passer successivement en revue, Los en avoir fait l'énumération. Ce sont: 1° La concordance remarquable qui existe entre le bassin et les membres postérieurs des Oiseaux, notamment des Ratite, et les parties correspondantes des Iguanodons. 2° La difference de structure entre les membres antérieurs et postérieurs de ces derniers. (1) Quart. Journ. Geol. Soc. London, 1870, p. 31; Popular Science Review, 1880; Die Dinosaurier (MoNATSBL. D. WISSENSCH. CLUB IN WIEN, 1880). (2) Westermann’s tllust. deutsch. Monatshft., 1878; Revue des cours scientifiques. Paris, 1879, p. 241. (3) Paleontographical Society, 1871 et 1875. 1883. DE BERNISSART. 87 3° Le volume de la téte et du thorax comparé a celui des mémes regions chez les Reptiles quadrupedes. 4° La nature de la colonne vertébrale. 5° Les empreintes wealdiennes décrites par MM: Beckles, Tylor Struckmann et Grabbe. E Pour qui connaît les admirables mémoires publiés en 1868-1870 par Huxley (1), il paraît presque inutile de développer à nouveau les ressemblances entre les Dinosauriens et les Oiseaux. Cependant, nous pensons, pour les raisons suivantes, qu'il est indispensable de reprendre la question ab ovo : | a) Bien qu'Huxley ait restitué, avec une sagacité vraiment sur- prenante, une grande partie du squelette de l’Zguanodon, il n'en a pas moins opéré sur des ossements de provenances très diverses, ce qui diminue la force de ses démonstrations. Plus heureux que lui, nous possédons, non seulement les restes complets d’un même animal, mais encore plusieurs individus entiers en très bon état de conservation. Nos conclusions reposeront donc sur une base plus solide que celles du savant anglais, et bon nombre d’entre elles pourront être considérées comme définitives, pour tout ce qui reste dans le domaine des faits. b) En raison des matériaux défectueux dont nous venons de parler, Huxley a commis certaines erreurs de détail qu'il importe de rectifier. D'autre part, le célèbre paléontologiste demande a être complété. c) Une autorité considérable, le professeur Owen, a combattu les vues d Huxley et, autant que je sache, sa critique (2) n'a pas reçu de réponse. Il est donc de toute nécessité de se ranger à l’avis de l'un ou de l’autre naturaliste. C'est ce que nous ferons apres examen des objections du premier de ces savants, objections que nous dis- cuterons au fur et à mesure qu'elles se présenteront à nous. (1) T.H. Huxrer, On the animals which are most nearly intermediate between Birds and Reptiles (Proc. Roy. Inst. Great Britain, 1868, p. 278); On Hypsilo- phodon Foxii. a new Dinosaurian from the Wealden of the Isle of Wight (Quart. Journ. Gron. Soc. Lonnow, 1870, vol. XXVI. p. 3); Further Evidence of the Aff- nity between the Dinosaurian Reptiles and Birds (Isın., p. 12); On the Classification of the Dinosaxria, with observations on the Dinosauria of the Trias (Isın., p. 32); A Manual of the Anatomy of Vertebrated Animals. London, 1871, p. 201. (2) Foss. Rept. of the Mesoz. form. Part Il (Omosaurus). iPaLzont. Soc., 1872 ) 88 DOLLO. — TROISIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril d) Enfin, nous nous placerons a un point de vue un peu different d'Huxley. En effet, l'éminent professeur a surtout cherché a démontrer les liens phylogéniques qui unissent les Dinosauriens aux Oiseaux. Nous laisserons, au contraire, la question de parenté de côté pour le moment, et nous nous attacherons plus spécialement ‘a prouver la marche bipede des [guanodons. Peu nous importe, quant a présent, que les points communs entre les Dinosauriens et les Oiseaux viennent de l'hérédité ou de l'adaptation. Il suffit que nous les constations, notre but étant simplement de conclure aujourd'hui de l'identité de structure à l'identité de fonction. LE BASSIN. — « The mia are prolonged forwards, in front of the acetabulum, as well behind it ; and the resemblance to the bird’s ilium is greatly increased by the widely arched form of the acetabular margin of the bone, and the extensive perforation of the floor of the acetabulum (1). » Nous sommes en mesure de confirmer completement les asser- tions du savant anglais, relatives à l'ilium, et ajouterons que: a) Chez l/guanodon, comme chez les Oiseaux, l'articulation ilio- pubienne se fait a l'extrémité d'une apophyse spéciale de l'ilium, tandis que l'articulation ilio-ischiadique est sessile par rapport au premier de ces os. b) Le bord acétabulaire de l'ilium se renfle considérablement en arrière, vers le dehors, et donne naissance à une protubérance que jassimile à l'anti-trochanter si bien développé chez l’Autruche afri- caine (Struthio camelus). Examinons, maintenant, les objections élevées par le professeur Owen (2) contre la ressemblance de l'ilium des Dinosauriens et des Oiseaux. Ce paléontologiste nous dit que la projection préacétabulaire est tres variable chez les Dinosauriens et que, de plus, on la trouve également chez le Crocodile et l'Échidné. Que ladite projection soit variable chez les gigantesques Reptiles éteints dont nous nous occupons, c'est une chose reconnue par tout le monde et lon n'a jamais prétendu que tous les Dinosauriens s'approchassent également des Oiseaux sous ce rapport. En tout cas, l'observation d’Owen n'a pas de portée pour l’/guanodon, où la projection préacétabulaire est remarquablement forte. (1) TT: H. HuxLex, OR te animals, etc., p. 264: (2).R. OWEN, opte. 9:79; fie. 12 (p. 76); fig: 15 p.77): 1883, DE BERNISSART, 89 Quant a retrouver cette partie chez le Crocodile, je crois qu’il faut y mettre de la bonne volonte. Car, qu’entend-on générale- ment par projection préacétabulaire chez les Dinosauriens? C'est un prolongement du bord supérieur de Vilium, qui fait saillie au- devant de l'articulation ilio-pubienne. Or, voit-on quelque chose d’approchant chez le Crocodile? En aucune façon. La soi-disant projection préacétabulaire n'est qu'une protubérance de l'apophyse par laquelle l'ilium s'articule au pubis. Et encore en est-ce bien une? Pas même. En effet, comme Huxley l'a démontré récem- ment (1), l'extrémité proximale du pubis reste cartilagineuse chez le Crocodile et ce cartilage va jusqu’au bout de la soi-disant projec- tion préacétabulaire. Il n'y a donc pas de saillie du tout et les con- clusions d’Huxley sont exactes. Owen n'est pas plus heureux avec l'Échidné. Quoique la projec- tion préacétabulaire ressemble un peu plus, chez cet animal, a la partie qui porte le méme nom chez les Dinosauriens, que celle du Crocodile, comment vouloir comparer deux iliums, dont l'un est articulé au sacrum par sa projection préacétabulaire (Echidne), tandis que l'autre y est fixé par sa région acétabulaire (Zouanodon), laissant, au contraire, la susdite projection se développer libre- ment en avant comme on l'observe chez certains Oiseaux (Hespe- rornis) (2)? Enfin, je demanderai au savant professeur où est, chez le Croco- dile et l'Échidné, l'anti-trochanter que j'ai signalé plus haut. Suivant nous, la seule différence sérieuse qui existe entre l’ilium des Dinosauriens et celui des Oiseaux est que chez ces derniers, les deux os pairs se réunissent directement, ou par l'intermédiaire de la colonne vertébrale, sur la ligne médiane, tandis qu'ils restent séparés ou divergent même chez les premiers (/guanodon). Mais à ceci nous répondrons : a) Que les iliums sont également séparés chez les Oiseaux pendant le jeune âge (3). b) Que la concordance des Dinosauriens et des Oiseaux ne peut être complète, sinon ceux-là ne seraient plus des Reptiles, mais des Oiseaux. Que, de plus, si la nature de leurs iliums indique un (1) T. H. Huxrey, On the characters of the Pelvis in the Mammalia, and the Conclusions respecting the origin of Mammals which may be based on them (Proc. Roy. Soc. Lonpon, 1879, p. 398). (2) O. C. Marsu, Odontornithes, 1880, p. 169 et pl. X. (3) Voir, par exemple, R. Owen, On the Archeoptery.x, etc. (PuiLos. Trans. Roy. Soc. Lonpon, 1863, pl. III, fig. 5). 90 DOLLO. — TROISIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril caractère d'infériorité dans l'adaptation a la station droite, ils avaient des compensations dans la queue et les membres antérieurs, choses que n'ont pas les Oiseaux. c) Que si l'on considère l'un des plus anciens Oiseaux connus, l’Hesperornis, on observe que les iliums, déjà réunis sur la ligne médiane dans leur région post-acétabulaire, sont encore libres dans leur partie antérieure (1). Eh bien! si l'on rapproche les deux iliums de l’Zguanodon, on obtiendra exactement la même disposi- tion, la projection préacétabulaire déviant plus du plan médian que le corps de l’ilium proprement dit. d) Il existe, d'ailleurs, des Dinosauriens chez lesquels les iliums se réunissent sur la ligne médiane. Tel est le curieux Stegosaurus ungulatus, que les recherches de Marsh nous ont fait connaître (2). Il en était de même chez son congenere européen, l'Omosaurus armatus décrit par Owen (3). Resumons-nous en disant : L'ilium des Dinosauriens, notamment de l'Iguanodon, concorde de la manière la plus frappante avec la piece homologue chez les Oiseaux (4). Passons à present a l'iscxium. Huxley en avait également reconnu la véritable nature et les affinités (5). Sa forme générale, son mode d’articulation et surtout l’apophyse obturatrice sont franchement aviens, comme on peut s'en convaincre par la comparaison avec les Ratite. Cependant Owen (6) refuse de reconnaître cette remar- quable similitude pour les motifs suivants : a) Selon lui, il n'y a pas d’apophyse obturatrice sur lischium des Dinosauriens, particulièrement chez l'Zguanodon et l'Omo- saurus. b) Chez les Dinosauriens, les ischiums se réunissent en symphyse ventrale, chose inconnue dans la classe des Oiseaux. Examinons d'abord la question de l’apophyse obturatrice. En ce (1) L’inverse a lieu chez les Ratitæ actuels. (2) O. C. Marsu, Amer. Jurass. Dinos. [AMER. JoURN. SCIENCE (SILLIMAN), 1881, vol. XXI, p. 168]. (3) R. Owen, Omosaurus (v. supra), p. 62. (4) Cette conclusion se vérifie d'une manière vraiment remarquable chez l'Aga- thaumas Sylvestre (E. D. Corre, Vertebrata of the Cretaceous formations of the West. Report of the United States Geological Survey of the Territories. Vol. II. Washington, 1875: Pl. V De.larB, e). (5) T. H. Huxrey, On the animals, etc., p. 284. (6) R. Owen, Omosaurus, pp. 78 et 81. 1883. DE BERNISSART. 91 qui concerne l'/guanodon, je suis en mesure d'affirmer de la manière la plus positive, par l'observation de dir individus, que cette apophyse existe. D'ailleurs, le professeur Owen doit le savoir mieux que personne puisqu il l'a le premier admirablement figurée, des 1851 (1), sur l'os déterminé par lui comme clavicule et qu'il reconnaît maintenant, comme tout le monde, être l’ischium. Que cette apophyse limite un trou obturateur est encore un point hors de doute, comme nous le verrons plus loin en parlant du pubis. Pour l’Omosaurus, le probleme est un peu plus délicat et demande à être examiné de près. Avec Owen, nous croyons que l'ischium de cet animal est dépourvu d’apophyse obturatrice et constitue, par conséquent, une réelle exception. Fallait-il l’étendre, ainsi que le fait le savant paléontologiste anglais (2), à tous les Dinosauriens? C'était au moins hasardeux, comme le démontrent les travaux d’Huxley (3) et le cas de l'Zguanodon, que nous venons de citer. Il nous semble qu'il eût été préférable d'étudier la cause de cette exception pour la faire rentrer dans le type ordinaire. C'est à quoi nous allons procéder. Comme Marsh la reconnu (4) et ainsi qu'on pouvait le pres- sentir par la structure de l'ilium décrite ci-dessus, l'Omosaurus est une forme tres voisine du Stegosaurus. Ce dernier étant recon- stitué plus complètement, nous rappellerons brièvement la struc- ture de son bassin. Ici, il est vrai, l'ischium est privé d’apophyse obturatrice, mais, par contre, cet os s'applique exactement dans toute sa longueur sur le post-pubis (5). On comprend des lors qu'il n'y ait pas d’apophyse obturatrice. Le foramen pour le tendon du muscle obturateur interne étant rendu impossible par la dis- position prémentionnée, point n'était besoin d'une saillie spéciale pour le limiter postérieurement. En raison de la parenté de Stego- saurus et d'Omosaurus, il y a lieu de supposer que les choses se passaient de la même manière chez celui-ci, bien qu'Owen lui refuse un post-pubis (6). Nous reviendrons sur ce sujet dans un instant. (1) R. Owen, Foss. Rept. (PaLEoNT. Soc., 1851, pl. XXXIII). (2) R. Owen, Omosaurus, p. 81 et fig. 12 (p. 76). (3) T. H. Huxrev, Hypsilophodon, p. io et pl. II, Is. (4) O. C. Marsx, Classification of the Dinosauria [Amer. Journ. Sc. (SILLIMAN), 1882, vol. XXIII, p. 84]. (5) O. C. Marsu, Amer. Jurass. Dinosaurs, pl. VIII (Amer. Journ. Sc. (SıLLıman), 1881, vol. XXI]. (6) R. Owen, Omosaurus, p. 68 et fig. 12 (p. 76). 92 DOLLO. — TROISIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril La seconde objection, sur la symphyse des ischiums, est plus serieuse. Pourtant, elle n’est pas fondamentale, comme on va le voir. Jetons un coup d'œil sur les Ratite actuels, ou récemment eteints, qui entrent toujours en jeu quand il s'agit de la comparai- son des Dinosauriens et des Oiseaux. Au point de vue du bassin, nous pouvons les grouper de la manière suivante : : 5 : Aptery gide. Post-pubis et ischiums libres . ay pe De Dinornithidæ. à l'extrémité distale. N : Casuaride. BEE te Struthionide. du post-pubis. | Symphyse dorsale / 2 des ischium >. Rheide. Le fait d'avoir les ischiums réunis en symphyse n'est donc point totalement inconnu a la classe des Oiseaux, quoique la symphyse soit dorsale chez ceux-ci, tandis qu'elle est ventrale (ou plutôt distale) chez les Dinosauriens. Mais, de plus, malgré le caractère adulte de nos /guanodons, les deux ischiums sont encore joints par du cartilage et ne se soudent point comme chez les Mammifères, par exemple. Nous en déduisons que ces os primitivement reliés peuvent s'être séparés ultérieurement. Quoi qu'il en soit, la variété que nous montrent les Ratıte à l'égard du bassin, est la pour affir- mer que l'écartement des ischiums ou des post-pubis n'est ni indispensable, ni oppose, a la station droite. Donc : Sous le rapport des ischiums, les Dinosauriens, et spéciale- ment l'Iguanodon, présentent également une forte ressemblance avec les Oiseaux. Venons enfin au puBis. Huxley n'en a connu qu'une partie (le post-pubis) (1). Le premier qui ait donné une figure assez correcte du pubis entier chez l'?guanodon est Hulke (2). Cependant, nous devons faire les observations suivantes sur sa restauration : a) Le pubis proprement dit ne se dirige pas aussi ventralement que le savant anglais le représente. En d'autres termes, il ne ren- contre pas le post-pubis normalement, mais sous un angle obtus. En outre le pubis n’est point incliné « ventrally inwards and for- (1) T. H. Huxcey, Quart. Journ. Geol. Soc. London, 1870, vol. XXVI, p. 28 et fig. 3 (p. 27); À Manual of the Anatomy of Vertebrated animals. London, 1871, p. 2602 et hg. 78 B {p. 260): (2) J. W. Hurke, Quart. Journ. Geol. Soc. London, 1876, vol. XXXII, p. 364 et fig. 1 (p. 365). 1883. #4 DE BERNISSART. 03 wards (1) » mais, au contraire, ventralement, en avant et vers le dehors, comme le rudiment encore présent chez les Oiseaux. La symphyse pubienne supposée par M. Hulke ne peut donc exister. b) Le post-pubis, autant que j'ai pu le constater jusqu’à ce jour, ne se continue pas jusqu à l'extrémité de l'ischium et n'est point appliqué contre celui-ci dans sa région distale. c) L'interprétation des foramina est inacceptable. M. Hulke nous dit, en effet : « And the little process » — » dans nos figures 2, 3, 4, planche III — « detached from its posterior surface meeting a corres- : ponding process observable in all well-preserved ischia » — g dans nos figures prénommées — « converted the upper end of a long narrow obturator-space into a foramen having the position of that which in birds (Ostrich) transmits the tendon of the obturator inter- nus muscle (fig. 1 et 2, obt) (2). » C'est une erreur. L'apophyse » du post-pubis ne porte point contre la tubérosité g de l'ischium, mais contre la surface articu- laire pubo-ischiadique. La tubérosité g vient rejoindre le post- pubis plus loin. Il en résulte que ce n’est pas deux foramina, mais trois (ou plutôt deux foramina et une échancrure), qui sont réelle- ment presents. Je les désignerai en les prenant proximo-distalement par les chiffres I, II, III (3). Sur l'homologie de Il et de III, respectivement avec le foramen pour le tendon du muscle obturateur interne et le foramen obtura- teur (4) des Oiseaux, il ne peut, ce nous semble, y avoir le moindre doute. Voyons donc à quoi correspond le foramen I de I’ /guanodon. Decrivons pour cela le post-pubis de ce dernier. Si nous partons de son extrémité distale, nous trouvons que le post-pubis, d’abord « rod-like, » se renforce progressivement jusqu'à l'endroit ou il se confond avec le pubis proprement dit. Il rencontre en son chemin l'ischium à deux reprises : une première fois à l’apophyse obtura- (1) J. W. Hurke, op. cit., p. 364. (2) J. W. Hurke, op. cit., p. 364. (3) En d’autres termes : Si e désigne le bord dorsal du foramen I; v, son bord ventral; u, le bord inférieur de la surface articulaire de l’ischium pour le pubis, et g, l'apophyse obturatrice, les contacts auraient lieu, suivant M. Hulke, d’après les formules : v+¢g e+ u et, suivant nous: e u-trr & (4) Je suis ici la terminologie de M. Hulke (Quart. Journ. Geol. Soc. London, 1876, p. 364). 94 DOLLO. — TROISIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril trice, puis à l'articulation pubo-ischiadique. En ce point, il est percé d'un foramen, non complètement clos par la substance osseuse (échancrure), et dirigé de dehors en dedans, de haut en bas et d’avant en arrière, en prenant l'origine sur la face externe. L'ischium vient s’articuler contre ce foramen, qui n'est autre que le trou désigné plus haut par le chiffre I. Vers l'avant, le post-pubis passe au pubis proprement dit, sans articulation ni suture, et celui-ci est directement en contact avec l'ilium. Si nous examinons, maintenant, un bassin de jeune Poule, nous remarquons que, dans sa région distale, le post-pubis est étroite- ment appliqué contre l’ischium, obliterant ainsi ce qui serait autrement le foramen III. Puis, remontant vers l'acetabulum, nous trouvons le foramen II. Enfin, au niveau de l'articulation pubo- ischiadique, existe un évidement dirigé d'avant en arrière, de haut en bas et de dehors en dedans, en partant de la face externe. Cet évidement nous paraît être homologue du foramen I. La seule différence qu'il présente avec celui-ci, est qu'il perce moins nor- malement l'épaisseur du post-pubis et que l'ischium le ferme moins complètement que chez ]’/guanodon. Les trois foramina des Dinosauriens auraient donc leurs homo- logues chez les Oiseaux. Apres avoir comparé et reconnu la ressemblance profonde qui existe entre le post-pubis des Dinosauriens et celui des Oiseaux, il ne sera pas sans intérêt de poursuivre notre étude sur le pubis proprement dit. On identifie généralement celui-ci avec la protu- bérance placée au-devant du bassin de Struthio (1), de l'A péeryx (2), du Geococcya (3), du Tinamus (3), du Dromæus (3) et de la Poule (4). Sans vouloir contester l'exactitude de ce rapprochement, je crois que la question n'est pas aussi simple qu'elle paraît à premiere vue et que si on n'a pas poussé la chose plus avant jusqu'à présent, c'est qu'on s'est toujours servi de bassins d’Oiseaux adultes. La nature des articulations, ankylosées chez ceux-ci, a été complètement négligée et, cependant, elle joue un rôle prépondérant dans le pro- blème qui nous occupe. (1) TON MurkeE, op. cit., p. 365, fig. 2. (2) H. G. SEELEY, in J. W. Hurke, op. cit., p. 366; O. C. Marsa, Amer. Jurass. Dinosaurs [Am. Journ. Sc. (SiLLIMAN), vol. XVII, 1879, pl. IX, fig. 3]; T. H. Huxrer, Characters of the Pelvis in Mammalia, pl. VIII, fig. 7, 8 et g. (3) O.C. Marsn, op. cit., fig. 1 et 2, et Odontornithes, 1880, pp. 72 et suiv.; fig. 19 et 20. (4) P. J. Van BENEDEN, Bull. de l’ Acad. roy. de Belg., 3e ser., t. I, p. 606, 1881. 1883. DE BERNISSART. 95 Prenons, en effet, le bassin de l’/guanodon. Les articulations paires y sont au nombre de trois, savoir : 1° Ilio-ischiadique; 2° Ischio-post-pubienne; 3° Pubo-iliaque. Revenant, d’autre part, a notre bassin de jeune Poule, nous y trouvons encore trois articulations, qui sont les suivantes : 1° Ilio-ischiadique: 2° Ischio-post-pubienne, et 3° une articulation dont il reste à déterminer la nature. Si celle-ci est l'articulation pubo-iliaque, la protubérance en avant du bassin ne peut être le pubis. Ce dernier est donc tota- lement disparu, ou représenté par le post-pubis chez les Oiseaux. Quant à la protuberance, ce serait une simple apophyse de l'ilium sans homologue chez les Reptiles. Cette explication nous paraît d'autant moins vraisemblable que, par sa position, sa direction, sa forme et, jusqu'à un certain point, les proportions qu'elle prend chez l’Apteryx, tout semble indiquer que la protubérance, dont il a été question plus haut, est bien le rudiment du pubis des Dino- sauriens. Il est clair qu'une séparation pendant le jeune âge, entre la protubérance et l'ilium, résoudrait le problème en faveur de cette dernière hypothèse. Nous ignorons si on a déjà cherché cette arti- culation pubo-iliaque, mais nous pensons devoir faire remarquer que son absence, au cours du développement embryonnaire des Oiseaux, ne serait pas une preuve contre l’'homologie du pubis et de ladite protubérance. En effet, celle-ci étant un organe rudimen- taire, pourrait être ossifiée par usurpation directement avec ilium, comme notre savant ami, M. le Prof. P. Albrecht, l'a montré pour les côtes et les costoïdes (1). Quoi qu'il en soit, la troisième articulation paire de l'arc pelvien des Oiseaux ne pouvant pas être pubo-iliaque, nous devons étudier ce quelle signifie. Il nous semble que la solution ci-après est la plus satisfaisante qu'on puisse obtenir actuellement. Prenons le bassin d’Allosaurus fragilis, Marsh (2), et examinons son pubis. Ce dernier présente deux surfaces articulaires paires, savoir : a) Ilio-pubienne; (1) P. ALBRECHT, Note sur un sixième costoide cervical chez un jeune Hippo- potamus amphibius, L. (Buzz. Mus. roy. HIST. NAT. BELG., t. I, 1882, p. 198). (2) O. C. Marsu, Amer. Jurass. Dinosaurs |Amer. Journ. Sc. (SILLIMAN), 1879, vol. XVII, pl. VIII, fig. 2]. 96 DOLLO. — TROISIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril b) Une seconde offrant deux facettes et à l'égard de laquelle on peut différer d'interprétation. Marsh croit (1) que la facette supérieure servait à l'insertion de lischium, l’inferieure à celle du post-pubis. Il y aurait donc eu une articulation pubo-post-pubienne. Transportons ces idées à notre bassin de Poule : l'articulation énigmatique, dont nous recher- chons la nature, deviendra pubo-post-pubienne et la protubérance, le vrai pubis. Cependant l'explication de Marsh soulève de grandes difficultés. En effet : 1° Chez la Poule, le post-pubis prend part à l'acetabulum; chez l’Allosaurus, pas. 2° Chez l’Allosaurus, Vischium articule avec le pubis; chez la Poule, pas. 3° Le foramen I, si constant chez les Dinosauriens, n’existerait pas chez l’Allosaurus et, par conséquent, contrairement à ce qui se passe chez la Poule, l'ischium ne pourrait venir buter contre. Pour lever ces difficultés, il suffit de faire l'hypothèse suivante : Chez l'Allosaurus, lischium n’articulait point avec le pubis et les deux facettes de celui-ci (2) seraient pour le post-pubis (pl. III, fig. 6). Des lors, ce dernier prend part a l’acetabulum et porte, comme chez la Poule, le foramen I. Tout s'explique donc. L'Allosaurus est une forme généralisée comme l’atteste sa sym- physe pubienne. Elle possede les articulations suivantes au bassin : ARTICULATIONS. 4 — EE © © rs Paires. Impaires. 1. Ilio-pubienne. i’. Symphyse pubienne. 2. Pubo-post-pubienne. 2’. Symphyse ischiadique. 3. Post-pubo-ischiadique. » 4. Ischio-iliaque. » Chez la plus grande partie des Dinosauriens, 2 et 1’ disparaissent et il reste (/guanodon) : ARTICULATIONS, hs nn — Se Paires. Impaire. 1. Ilio-pubienne. 2’. Symphyse ischiadique. 3. Post-pubo-ischiadique. » 4. Ischio-iliaque. » (1) O. C. Marsh, op. cif., p. go. (2) Qui existent aussi, quoique très peu accustes, chez la Poule. 1883. DE BERNISSART. , 97 Enfin, chez les Oiseaux (jeune âge), ısankylose, 1’ et 2° manquent généralement et on a : ARTICULATIONS. Deere en Ga AR EEE RER NEN Paires. Impaires. vw . Pubo-post-pubienne. » 3. Post-pubo-ischiadique. » 4. Ischio-iliaque. » On sait que chez l'adulte chaque moitié de l'arc pelvien se transforme généralement en un os innomine. Pour le cas particulier de l’Autruche africaine (Struthio camelus) {jeune age], les articulations deviennent : ARTICULATIONS. Dn Paires. Impaire. 2. Pubo-post-pubienne. 3’. Symphyse post-pubienne. 3. Post-pubo-ischiadique. » 4. Ischio-iliaque. » Il résulte de tout ce que nous venons de dire que le pubis et le post-pubis seraient primitivement des éléments séparés et que, seuls, les Dinosauriens et les Oiseaux posséderaient ce dernier (1). En présence de ce fait extrémement intéressant, je crois inutile d'insister davantage sur le pubis des deux groupes prenommeés et je conclus : Qu’au point de vue du pubis, les Dinosauriens, particulièrement l’Iguanodon, et les Oiseaux montrent une concordance parfaite. Avant de quitter le bassin, il nous reste à parler des objections du professeur Owen (2), relatives au pubis. Pour ce savant, le post-pubis n'existe pas, parce qu'il ne l'a point observé chez l’Omo- saurus. Jappellerai d'abord l'attention sur ce point que ce Reptile étant une forme très spécialisée, ainsi que nous avons pu le con- stater plus haut a propos de l'ilium et de l'ischium, il a tres peu de chances pour nous donner une notion exacte de la structure du pubis des Dinosauriens en général. C'est précisement ce que nous (1) A moins que le Pubo-ischium de MM. Fürbringer, Hoffmann et Bunge ne soit un Post-pubo-ischium. Le cas du Stegosaurus ungulatus tendrait jusqu’à un certain point à confirmer cette interprétation, l’ischium et le post-pubis étant, chez cet animal, étroitement appliqués l’un contre l’autre. [O. C. Marsu, Amer. Jurass. Dinosaurs. Part IV, pl. VIII, fig 2; Amer. Journ. Sc. (SILLIMAN), 1881, vol. XXI]. (2) R. Owen, Omosaurus, p. 76 et fig. 12 (p. 76). 98 DOLLO. — TROISIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril avons l'occasion de voir si nous examinons le pubis de I!’ /guanodon. En effet, pour ce dernier, je puis affirmer de la manière la plus formelle, par l'observation de neuf bassins in situ, que le post-pubis existe et qu'il s'appuie contre la tubérosité de l'ischium. D'ailleurs, Owen l'a laissé dessiner à droite et dans le tiers inférieur du bloc de Maidstone (1), sans l'interprêter toutefois. Mais ce n'est pas tout. Je dis que non seulement l’/guanodon a un post-pubis, mais que l'Omosaurus en a également un. Et d'abord, la restauration donnee par Owen (2) n’est point conforme a la réa- lité. Car toute personne qui connait un peu les Dinosauriens, voit immediatement que, dans les figures 4 et 5 de la planche XX [« Omosaurus »] représentant le pubis, cd est la portion pubienne de l’acetabulum, ab le pubis proprement dit, d notre foramen I, souvrant dans l’acetabulum, efg, le post-pubis. Des lors, si on remet les pieces en place, on obtient un bassin présentant les plus grands rapports avec celui du Stegosaurus ungulatus, chose qui était à prévoir, eu égard aux liens intimes qui unissent les deux animaux. Cependant, Owen pose l'extrémité distale a (3) du vrai pubis dans l’acetabulum et, comme naturellement cette extrémité ne porte point de surface articulaire, le savant anglais nous déclare que, de même que chez le Crocodile, le pubis ne prend point part a la formation de la cavité EO lee Conclusion, qui, comme on vient de le voir, est inadmissible. En résumé, une étude soigneuse du bassin nous a montré ce qu'Huxley, Hulke, Marsh, etc., avaient déjà découvert en partie, a savoir que l'arc pelvien des Dinosauriens, notamment de l'Iguano- don, présente les connexions les plus étroites avec celui des Oiseaux et que c'est avant tout au bassin de ceux-ci qu'il doit être comparé (4). LES MEMBRES POSTERIEURS. — Comme je l'ai fait voir dans un précédent travail (5), le FEmuR de l’/guanodon est comple- (1) R. Owen, Foss. Repi. (PaLeonr. Soc., 1851, pl. XXXIII). (2) R. Owen, Omosaurus, p. 76, fig. 12. (3) R. Owen, Omosaurus, pl. XX, fig. 4 et 5. (4) Je me plais à reconnaître ici les facilités que j’ai eues pour faire mes ; compa- raisons, grâce à l’intelligente initiative de M. De Pauw, Contrôleur de; ateliers du Musée, qui avait réuni toute une collection de piéces anatomiques relatives au jeune age des Oiseaux, notamment sur le bassin. (5) L. Dotto, Note sur la présence chez les Oiseaux du « troisième trochanter » des Dinosauriens et sur la fonction de celui-ci (Burr. Mus. Roy. HIST. NAT. BELG., 189.11. p. 13), | 1883. DE BERNISSART. 99 tement bäti sur le type Oiseau. Il serait donc inutile de revenir ici sur ce sujet si le professeur Owen n avait nie (1) toute ressemblance entre le fémur des Dinosauriens et celui des Oiseaux. Voyons donc ses arguments. Ils sont au nombre de deux : a) L’ectocondyle du fémur des Dinosauriens ne porte point de crête post-axiale passant entre le tibia et le péroné. | b) Le fémur de l'Oiseau est toujours plus court que le tibia, dis- position inverse de celle observée chez les Dinosauriens. a) En ce qui concerne l'existence de la crête ectocondylienne, je suis en mesure d'affirmer, chose reconnue déjà par Huxley (2), qu'elle existe et quelle est même très fortement développée chez l'Iguanodon. Il est vrai qu'elle manque chez l'Omosaurus, mais, encore une fois, ce dernier est un type très spécialisé, et on ne peut conclure de sa structure à celle des Dinosauriens en général. Autant vaudrait dire que tous les Mammifères sont édentés parce que l’Ornitho- rhynque et l'Échidné sont pourvus d'un bec. b) Quant à la longueur du femur, nous ferons remarquer qu'elle est moins considérable que celle du tibia chez les trois genres de Dinosauriens suivants : Compsognathus (3), Laosaurus (4) et Nano- saurus (5). Cependant, comme l’/guanodon ne partage pas cette propriété, nous croyons nécessaire de rechercher l'importance qu'il convient d'accorder au caractère en question, en d'autres termes, l'influence qu'il peut avoir dans l'adaptation à la station droite. Ceci nous amène à distinguer deux sortes de stations droites. a’) La station droite dans laquelle le grand axe du thorax est vertical, comme chez l'homme, par exemple. b') La station droite dans laquelle le grand axe du thorax est presque horizontal, comme cela arrive chez beaucoup d'Oiseaux. a’) Il est évident que, dans la première manière de se tenir debout, la position la plus naturelle d'équilibre se produit quand les os du membre postérieur (le pied excepté) sont dans le prolongement l'un de l’autre. En effet, dans ces conditions, le corps ne penche ni en avant, ni en arrière et le poids des viscères contenus dans les cavités thoracique et abdominale se transmet suivant la verticale (1) R. Owen, Omosaurus, p. 81. (2) T. H. Huxzey, Further Evidence, etc., p. 18, § 5. (3) T. H. Huxrevy, Classification of Dinosauria, p. 30. (4) © C. Marsa, Amer. Journ. of Sc. (Silliman), vol. XVI, p. 416. 1878. (5) ©. C. Marsu, 75id., vol. XIV, p. 254, 1877. 100 DOLLO. — TROISIÈME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril et par l'intermédiaire du bassin, aux femurs, qui le renvoient aux tibias et péronés, organes qui sont tous également verticaux. Donc, quelle que soit la longueur du fémur, la charge portée par le mem- bre postérieur n'a d'autre résultat que d'appliquer fortement le pied sur le sol. En aucun cas, elle ne saurait provoquer la chute de l'animal sur la face ventrale ou son renversement sur le dos. b') Si, maintenant, nous examinons un Oiseau (lAutruche, par exemple), nous constatons que, quand le fémur est vertical, l'axe de la cavité thoraco-abdominale est presque à angle droit sur cet os. De plus, l’acetabulum n’est point situé au milieu du corps, mais très loin en arrière. Il suit de la que l'animal est sollicité à tomber en avant, inconvénient qui, suivant nous, est compensé par la dis- position ci-après : Lorsque l'Oiseau est au repos, son femur est hori- zontal et la longueur de celui-ci est telle que son extrémité distale est située à peu près à égale distance de la tête et de la queue. La colonne osseuse formée par le tibia et le tarso-métatarsien, colonne destinée à supporter le poids du corps, est donc ramenée caudo- cränialement dans une position convenable pour assurer l'équilibre. Il est clair que cet arrangement ne peut avoir d'effet utile qu à la condition d'être en présence d'un fémur court. C'est aussi, comme nous l'avons rappelé plus haut, ce qu'on observe chez les Oiseaux. Mais alors, | Jguanodon, dont le femur est sensiblement égal au tibia (même un peu plus long), ne possède point la structure néces- saire a la station droite? Nous allons voir que, malgré cette défectuosité, plus apparente que réelle, ce Dinosaurien pouvait néanmoins marcher debout. Et d'abord, remarquons que les Iguanodons, ou mieux les Ornitho- poda, font partie d'une série en voie d'adaptation à la station droite. En effet, les formes les plus généralisées (Sauropoda) ont le fémur beaucoup plus long que le tibia. Les Ornithopoda nous montrent fémur et tibia sensiblement égaux; quelques-uns même ont déjà un femur plus court que le tibia (Laosaurus, Nanosaurus). Enfin, les Oiseaux ont tous, comme on le sait, le tibia plus long que le fémur. Mais ce n'est pas tout. Quand le corps de l’Oiseau est sollicité a tomber en avant, il n'a pour le retenir qu'une queue formée de cinq a quatorze vertèbres. Au contraire, l’/guanodon avait une queue très massive, dont la longueur dépasse celle du reste de la bête, et qui ne comptait pas moins de cinquante vertèbres. Il avait donc dans cet appendice un contre-poids colossal, qui venait contre- balancer un fémur trop long. 1883. DE BERNISSART. 101 En résumé, le fémur de l'Iguanodon montre une ressemblance intime avec l'os correspondant de l'Oiseau et la différence de lon- gueur, par rapport au tibia, est largement compensée par la diver- gence existant dans le développement de la queue (1). Arrivons au TIBIA. Cet os a été suffisamment bien étudié par Huxley chez le Megalosaurus (2) pour que sa description puisse nous servir de type pour l’/guanodon. L'extrémité proximale du tibia de ce dernier se projette sur la face préaxiale sous forme d’une crête cnémiale énorme, concave vers le dehors, convexe vers le dedans. Lorsque les condyles reposent sur un plan horizontal, le bord externe de cette crête s'étend au delà de la diaphyse propre- ment dite. L’ento- et l'ectocondyle different très sensiblement de volume et celui-ci est le moins fort. Il n'y a pas d'impression ecto- latérale dans la région proximale du tibia pour le péroné, comme chez le Megalosaurus, mais on observe sur le bord ectopréaxial et à l'extrémité distale une facette articulaire destinée au péroné. En outre, le tibia porte, à son articulation proximale et sur la face externe, une tubérosité qu on voit également bien chezl’Apteryx (3). La partie moyenne de la diaphyse est quelque peu comprimée dans le sens pré-post-axial. On peut aussi noter cet aplatissement dans la portion distale, dont la surface regarde préaxialement. Au contraire, la tête articulaire proximale, à section également allongée, est. retrecie transversalement, de sorte que les deux extrémités du tibia se coupent sous un angle assez ouvert lorsqu'on les projette sur un plan normal à l'axe de la diaphyse. Ceci posé. examinons maintenant les connexions du tibia. Du côté proximal, la partie massive de la tête articule avec l’ento- condyle et une partie de l’ectocondyle du fémur. D'autre part, la crête cnémiale vient en contact avec la surface préaxiale de l’ecto- condyle du mème os. (1) Il semble donc que le raccourcissement du fémur a dü marcher de pair avec la réduction de la queue. Cependant, l'Archeoptery x, dont le fémur est déjà moins grand que le tibia, a encore une queue très longue. Nous ferons remarquer pourtant que cet appendice est plus Jong que massif et qu’en aucun cas il ne saurait être com- paré comme contre-poids à l'organe correspondant de I’ I[guanodon. (2) T. H. Huxrey, Further Evidence, etc., p. 19. (3) Dans la classe des Oiseaux cette tubérosité donne, sur son bord ectopréaxial, une attache pour le péroné et possède, sur le côté externe, une surface articulaire pour la crête post-axiale de l’ectocondyle du fémur. Il en était vraisemblablement de même chez I’ [guanodon, bien que je n’aie pu vérifier le fait, ’apophyse dont il s’agit étant écrasée sur tous les spécimens examinés. 8 102 DOLLO. — TROISIÈME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril Distalement, ainsi que l'ont reconnu Huxley (1) et Hulke (2), on remarque deux articulations : une plus grande, convexe, qui est tournée en dedans et vers le bas en partant de la surface préaxiale; une plus petite, concavo-convexe, plonge en dehors et vers le bas, a compter de la même origine. Comme Hulke l'a démontré le pre- mier (3), l'articulation interne est en contact uniquement avec l’as- tragale. L’externe touche par sa portion interne audit tarsien et la partie laissée libre par celui-ci recouvre la moitié post-axiale du calcaneum. A quel groupe d'animaux devrons-nous nous adresser pour retrouver ces dispositions si spéciales? C'est encore aux Oiseaux, car, ainsi quil résulte des travaux d’Huxley et de Hulke si souvent cités, nul Reptile vivant ou fossile, en dehors des Dinosauriens, ne possède une pareille structure. Le PÉRONÉ articule par son extrémité proximale avec la région post-axiale de l’ectocondyle du femur. Il a en outre, du côté interne, une facette articulaire, qui porte sur la crête post-axiale dudit ecto- condyle, laquelle le sépare du tibia. Enfin, il rencontre la tubéro- sité de ce dernier, que nous avons signalée ci-dessus. Au fur et à mesure que nous approchons de la tête articulaire distale, le péroné diminue de volume. Il quitte en même temps une position fran- chement ectolatérale pour une autre nettement préaxiale. A ce moment, il vient occuper une moitié environ du calcaneum. Ces faits nous paraissent extrèmement intéressants. Tout d'abord, ils sont entièrement inconnus aux autres Reptiles vivants et fossiles, chez lesquels l'extrémité distale du péroné est constamment plus massive que la téte proximale. De plus, le péroné y occupe tou- jours la surface entière du calcaneum et porte même une large facette articulaire pour le bord externe de l'astragale. Si nous prenons maintenant la série phylogénique, nous consta- tons que chez les plus anciens Dinosauriens (Sauropoda) (4), les deux bouts du péroné sont également développés et que cet os arti- cule avec la totalité du calcaneum. Passant aux Ornithopoda, nous voyons (/guanodon) que le tibia (1), T. H. Hozwer, Hurther Evidence, etc., pig. (2) J. W. Hurke, On Iguanodon Prestwichii, etc. (Quart. Jour. GEOL. Soc. Lonpon, 1880, p. 451). (I W. Hunks, nop.cit.,| pp. 452 et 453. (4) ©. C. Marsx, Principal characters of Americ. Jurassic Dinosaurs. Part I [Amer. Journ. Sc. (SILLıman), vol. XVI, 1878, p. 412]. 1883. DE BERNISSART. 103 a déjà empiété sur le domaine du péroné et qu'il lui a enlevé la moitié de son appui distal. Enfin, chez les Oiseaux, le tibia a complètement chassé le péroné du calcaneum. Néanmoins, on peut encore voir sur un animal squeletté que, pour aller de l'extrémité proximale à l'extrémité dis- tale, il faut avancer post-préaxialement. Mais ceci est surtout bien exprimé, paraît-il, chez l'Archeopteryx (1), où la tête distale du péroné a une position identique à celle décrite plus haut pour l’/guanodon ; et aussi sur un Oiseau en chair, car le péroné osseux, ordinairement interrompu avant d'arriver à l'articulation distale du tibia, s'y continue par un péroné ligamenteux jusqu'au tarse, nous montrant ainsi les connexions primitives de cet os (2). Eh bien! si nous considérons à présent le développement onto- génique du Poulet, par exemple, nous observons exactement le même processus. En effet, « le péronéal » (calcaneum) « est d'abord situé directement sous le péroné, mais plus tard, il passe graduel- lement et totalement sous le tibia, ou plutôt le tibia vient le recou- vrir (3). » Ajoutons, pour en finir avec le péroné, que son extrémité proxi- male chez les Oiseaux montre les mêmes rapports que nous avons signalés ci-dessus pour l'Zguanodon et nous serons, ce me semble, en droit de conclure que c'est au péroné seul des Oiseaux que l'os de même nom chez Iguanodon peut être comparé. Le TARSE est également tres avien. Il se compose de deux séries : l’une proximale, bien décrite par Hulke (4), l'autre distale, inconnue de ce savant. L’articulation de la jambe et du pied se fait entre ces deux sêries, comme chez les Oiseaux (5) et la plupart des Rep- (1) O. C. Marsu, Jurassic Birds and their allies |Amer. Journ. Sc. (SILLIMAN), 1881, vol. XXII, p. 339]. (2) Bruch in G. Baur, Der Tarsus der Vögel und Dinosaurier (MorrHoL. JAHR- BUCH, vol. VIII, 1882, p. 15 du tiré à part). (3) G. Baur, op. cit., p. 16; voir aussi pp. 14 et 15. (4) J. W. Hurke, Note on an Astragalus of Iguanodon Mantelli, Ow. (Quart. Journ. Gron. Soc. Lonpon, 1874, p. 24; Iguanodon Prestwichii, p. 451). (5) C. Gecensaur, Vergleichend-anatomische Bemerkungen über das Fusskelet der Vögel (Arcuiv F. ANAT. Puys. u. wıss. Men., 1863); Untersuchungen zur ver- gleichenden Anatomie der Wirbelthiere, ı. Heft. Carpus und Tarsus, 1864; Grund- riss d. vergleich. Anatomie, i878, p. 512 (§ 368). A. Rosensers, Ueber die Ent- wicklung des Extremitaten-Skeletes bei einigen durch die Reduktion ihrer Glied- massen charakterisirten Wirbelthieren (Zeitschr. F. wiss. ZooL., 1873, p. 152). G. Baur, Der Tarsus der Vögel und Dinosaurier, pp. 9 et suiv. 104 DOLLO. — TROISIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril tiles (1). En d'autres termes, elle est intertarsienne et non tarso- crurale, comme chez les Mammiferes, par exemple. La premiere serie consiste en deux os : l’un externe, le calca- neum ; l'autre interne, l'astragale. La surface proximale du calcaneum est divisee comme suit : une facette préaxiale destinée au péroné, une facette post-axiale _articulant avec le tibia. La surface distale, convexe, est en contact avec le tarsien externe de la seconde série. La surface proximale de l'astragale articule uniquement avec le tibia ; sa surface distale concavo-convexe avec les deux tarsiens res- tants de la seconde rangée. Enfin, les deux os de la première série du tarse articulent entre eux. Avant de quitter cette dernière, nous devons dire un mot d'une disposition très particulière de l'astragale chez l’/guanodon (ou d'une manière plus générale chez la plupart des Dinosauriens), disposition inconnue au reste des Vertébrés, sauf les Oiseaux. Nous voulons parler de l'apophyse montante. C'est un processus qui s'élève sur le bord interne de la moïtié externe de la face préaxiale de l’astragale. Ce processus est recu dans une fosse correspondante du tibia (2) et Morse l'explique (3) comme l’intermedium de Gegen- baur qui aurait subi un déplacement. Cependant G. Baur croit (4), et nous sommes de son avis sur ce point, qu'il représente simple- ment une apophyse spéciale de l'astragale, destinée a rendre plus étroite l'union existant entre le tibia et la première série du tarse. La rangée distale de celui-ci est formée de trois pièces, qui sont, en se dirigeant de dedans en dehors : a) Un osselet articulant, par sa surface proximale, à l’astragale et place par sa surface distale sur les extrémités du premier (I) et du second (II) metatarsien. Il m'a paru le plus faible des trois. b) Un deuxième, le plus fort, articule aussi avec l'astragale et est porté par le troisième (III) metatarsien. Il correspond a la dépres- sion ecto-distale de l’astragale. (1) C. GEGENBAUR, Untersuchungen zur vergleichenden Anatomie der Wirbel- thiere, 1. Heft. Carpus und Tarsus. 1864, pp. 80 et 86; Grundriss der vergleich. Anat., 1878, p. 512 (8 368). (2) T. H. Huxzey, Further Evidence, etc., p. 30. (3) E. Morse, On the Tarsus and Carpus of Birds (ANNALS OF THE LYCEUM OF Nar. Hist. or New York, 1874, pp. 148 et suiv.); On the Identity of the Ascending Process of.the Astragalus in Birds with the Intermedium (Annivers. Mem. Boston Soc. Nat. Hrsr., 1880). (4) G. Baur, Der Tarsus der Vögel und Dinosaurier, p. go du tiré a part. 1383. DE BERNISSART. 105 c) Un troisieme, intermédiaire comme taille, repose sur le qua- trieme métatarsien (IV) et articule avec le calcanéum. Je conclus de la que, comme chez le Compsognathus (1), la valeur de ces trois pieces est la suivante : | a) Tarsiens I+II. 6) Tarsien III. c) Tarsiens IV+V. Jappellerai, en dernier lieu, l'attention sur ce fait que, par la presence d’un tarsien III, le plus élevé et se logeant dans la dépres- sion ecto-distale de l’astragale, l'ensemble de la seconde série du tarse montre les rapports les plus intimes, non seulement avec ce qui se passe chez le Compsognathus, mais encore avec ce qu'on voit chez les Oiseaux pendant la vie embryonnaire (2). Les METATARSIENS sont au nombre de quatre, savoir : a) Le premier (1), gréle, ne portant point de phalanges et s’at- | tachant proximalement au tarsien (I+II). C'est le moins volumi- neux des quatre. Il s'applique exactement le long du suivant. b) Le second (Il), massif et le plus court des trois restants, est for- tement pressé contre le froisieme au moins a son extrémité proxi- male ou il rejoint le tarsien (I+II). Il possède en son milieu une sorte de lèvre préaxiale qui recouvre le suivant. c) Le troisième (III), le plus puissant comme taille et comme lon- gueur. Sa tête proximale se trouve dans un même plan, dans le sens proximo-distal, avec celle des précédents et du suivant, de sorte que distalement il fait saillie sur les métatarsiens IT et IV, le plus sur le premier, le moins sur le second. En outre, il semble avoir subi une sorte de déplacement qui a ramené son extrémité proximale post-axialement, tandis que l'autre est venue préaxiale- ment. Il fait donc saillie sur ses voisins non seulement en longueur, mais encore post-préaxialement. Si notre observation est exacte, et nous le croyons pour l'avoir vérifiée sur plusieurs individus, nous aurions ici quelque chose d’identique au « Lagenveränderung des Metatarsale II », décrit par Gegenbaur chez les Oiseaux (3). Le métatarsien III correspond au tarsien III. (1) A. Rosenserc, Ueber die Entwicklung, etc., p. 154; G. Baur, Der Tarsus, etc. p. 55 du tiré a part. (2) G. Baur, Der Tarsus, etc., p. 55 du tiré à part. (3) C. GEGENBAUR, Carpus und Tarsus, pp. 102, 103 et 104. 106 DOLLO. — TROISIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril d) Le quatriéme (IV) est intermediaire comme taille entre les metatarsiens II et III. Il porte le tarsien [V+V. Le cinquième métatarsien est tout à fait absent. La structure du métatarse montre, comme on le voit, les liens les plus étroits avec le développement ontogénique des Oiseaux : nombre des métatarsiens, longueur relative, forme, connexions et jusqu'au déplacement post-preaxial, tout concorde (1). La nature des métatarsiens, comme toute l'articulation tarsienne, d'ailleurs, nous fait voir également que nous avons affaire à un animal digiti- grade, résultat qui n'a rien de surprenant. Il nous reste maintenant à parler des orTEILS. Ces parties varient tellement de forme et même de nombre à l'intérieur de la classe des Oiseaux, que nous nous contenterons de signaler l'accord sur le nombre des phalanges, quoiqu'il ne prouve pas grand'chose puis- qu'il est partagé par les Lacertiliens : NOMBRE DE PHALANGES. Iguanodon . . . 0. 5 4- a 0. Oiseau „el Wo O ou 2. I 4 2. Lacertiliens. . . 2. 3. 4. 5. 4- Crocodiliens . . a. 3: 4. 4. 0. Nous voici arrives au terme de notre premiere partie. Le deve- loppement considerable que nous lui avons donné et les preuves que nous avons détaillées, soit d'après des autorités compétentes, soit à la suite d'observations personnelles, suffisent, pensons-nous, pour justifier l'opinion que le bassin et les membres postérieurs de [Iguanodon présentent la ressemblance la plus intime avec l'Oiseau adulte et sidentifient avec le jeune âge de celui-ci. C'est ce qu'Huxley a exprimé, d'une manière tout à fait saisis- sante, 1l y a quelque dix ans, dans un travail devenu classique : « Si, dit-il, nous supposons que le train d’arriere, de lilium à l'extrémité des orteils, d'un jeune Poulet ait été subitement amené (1) Comme on pourrait objecter que le tarso-métatarsien de la plupart des Oiseaux a de tout autres proportions, par rapport au membre postérieur, que chez l’/gua- nodon, nous ferons remarquer que, dans le cas du Manchot (Aptenodytes), qui est encore si primitif à bien des égards, le tarso-métatarsien est contenu environ six fois dans le reste du membre postérieur (les doigts exceptés). C’est également ce qu’on observe chez Iguanodon bernissartensis, Blgr, pour le segment correspondant (série distale du tarse -+ métatarsiens). 1883. DE BERNISSART. 107 a l'énorme volume qui caractérise les Dinosauriens, qu'il ait été ossifié, puis fossilisé, aucun de ses caractères ne nous autoriserait a le separer de la partie correspondante de ces gigantesques Rep- tiles (1). Dès lors, si nous trouvons chez ces derniers l'état permanent offert par les Oiseaux dans la premiere partie de la vie post- embryonnaire, nous avons, ce me semble, concluant de l'identité de structure à l'identité de fonction et ayant présent a l'esprit que l'Oiseau, depuis son éclosion jusqu'à sa mort, est toujours bipède, nous avons, dis-je, le droit d'en déduire que /'Iguanodon était aussi bipède. IT. Nous avons maintenant à examiner quels témoignages on peut tirer, en faveur de la station droite, de la divergence existant entre les membres antérieurs et postérieurs. Comme nous avons déjà fait connaître brièvement la structure de ces organes dans notre Première Note sur les Dinosauriens de Bernissart (2), nous passe- rons immédiatement à la comparaison dans la série des Vertébrés terrestres. Quelles sont donc les différences possibles entre les membres antérieurs et postérieurs? Elles sont de deux natures : a) Différences de voLuME. b) — ANATOMIQUES. a) La différence de vorume seule ne suffit point à démontrer la station droite, ainsi que le fait remarquer très judicieusement Owen (3). En effet, on observe cette difference chez nombre d’ani- maux franchement quadrupèdes. Ainsi, des mesures prises sur le Crocodile ont donné les résultats suivants : MEMB. ANT. MEMB. POST, Crocodilus biporcatus . . . . . 5.4 8”.0 (1) T. H. Huxzey, Further Evidence, etc., p. 30. (2) Bull. Mus. roy. hist. nat. Belg., t. 1, 1882, p. 161. (3) R. Owen, Foss. Rept Weald. form. (PALEOoNT. Soc. Lonpon, 1872, pp. 13 et 14). 108 DOLLO. — TROISIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril Le cas de l’Iguane est encore plus frappant. Owen nous transmet, pour ce lézard, les chiffres ci-apres : MEMB. ANT. MEMB. POST. Iguana, sp. De DE: Bra 4:8 soit environ la proportion de l'’/guanodon Mantelli ! Enfin, le savant anglais rappelle que, chez les Batraciens anoures, on constate fréquemment une disproportion considérable entre les membres antérieurs et les membres postérieurs. Cette dernière observation se vérifie d'une manière interessante chez l'Amphigna- thodon Guentheri, où le rapport des extrémités est de 3 à 7, et chez le Nototrema longipes, ou ce méme rapport est de 3 a 8 (1). Ajoutons encore, comme contre-partie des exemples cités par Owen, qu'il existe des formes adaptées a la marche bipède et chez lesquelles les membres antérieurs ne sont pas réduits. Tels sont les Oiseaux voiliers (2), à l'exception des Echassiers, et la plupart des Anthropoides (3). Cependant, si la différence de volume ne prouve rien, quand elle est isolée, elle peut néanmoins être utilisée comme appoint. En (1) Autant que j'en puis juger par les planches XXVII et XXX du Catalogue of Batrachia Salientia de M. G. A. Boulenger. (2) ... « car l'aile des Oiseaux, prise dans sa totalité, n’est pas plus courte que le membre antérieur des animaux marcheurs; si, dans un squelette d'Oiseau, on amène le corps dans une position horizontale et les os de l'aile dans la situation même que possèdent les membres antérieurs des Mammifères, par exemple, ils atteignent déjà le sol au poignet. » [C. Voct, Reptilien und Vögel aus alter und neuer Zeit (Wes- TERMANN'S ILLUST. DEUTSCH. MONATSHFT., 1878.)] .. « Si les ailes des Oiseaux nous paraissent courtes, cela tient aux articulations fortement ployées en zigzags, et l’on peut se convaincre facilement, soit par la men- suration, soit par le déploiement, que les ailes déployées touchent le sol presque chez tous les Oiseaux, sauf les Echassiers hauts sur jambes, lorsqu’on met le corps dans la position qu'il affecte chez un animal quadrupede. » [C. Vocr, L’Archeopteryx macrura, un intermédiaire entre les Oiseaux et les Reptiles (REVUE DES COURS SCIEN- TIFIQUES. Paris, 13 septembre 1879, p. 241.)] (3) Saint-Georges Mivart [On the appendicular skeleton of the Primates (Put. Trans. Roy. Soc. Lonpon, 1867)] donne, pour le rapport des membres antérieurs aux postérieurs, chez ces animaux, les chiffres suivants : COL. VERT. MEMB. ANT. MEMB. POST. Chimpanzees. LT. a see 100 142.0 127.2 GORE Wr.) PURES 100 150.9 128.9 Orang! enemas cl PRES 100 170.6 140.6 Gibbon?) Sr NE 100 203-222 140-162 1883. DE BERNISSART. 109 d'autres termes : La reduction des membres antérieurs n'est une condition ni nécessaire, ni suffisante de la marche bipède, quoiqu'elle soit fréquemment corrélative de celle-ci. C'est dans ce sens que nous nous en servirons plus loin. b) Les différences anatomiques peuvent être relatives au NOMBRE des doigts ou à leur STRUCTURE. Occupons-nous d'abord du nombre. Il est clair que, dans ce qui va suivre, la seule question que nous ayons à nous poser est celle-ci: L'Iguanodon est-il quadrupede ou bipede? Voyons donc quelles sont les variations de nombre pour les ani- maux quadrupèdes et pour ceux qui marchent debout. Chez les premiers, on constate généralement une même quantité de doigts aux membres antérieurs et aux membres postérieurs : tels sont les Procyonidæ, par exemple, parmi les Carnivores, qui sont pentadactyles devant et derrière. | Pourtant, il arrive qu'on rencontre un doigt de plus à la main qu'au pied. C'est le cas du Tapir, de l’Aceratherium, de l’Orohippus, de l'Hyrax (1). des Canide, des Felidæ, etc., mais ce type n'est que transitoire, car l’Orohippus conduit immédiatement au Proto- hippus, qui a (3-3), nombre qui devient (1-1) chez l'Equus à travers le Pliohippus; de même l’Aceratherium mène au Rhinocéros, qui a aussi (3-3); les Canidæ aux Hyænidæ, qui ont (4-4), etc. Si nous prenons, au contraire, les Vertébrés bipèdes, nous obser- vons une variété remarquable entre les membres antérieurs et les membres postérieurs, au point de vue de la quantité des doigts. C'est ce que montre le tableau suivant : Oiseaux en général (5-4) Apterygidæ . In ati to WERTE ur) SEE ae a Ee Macropodid® . (5-2) Dipodide. (5-3) Hesperornis . (0-4), etc. Et l'/guanodon nous offre : Teaser! 5 - (523) Notons en passant que si une inégalité saillante du nombre des doigts devant et derriére accompagne tres frequemment la station (1) Nous ne parlons naturellement ici que des doigts fonctionnels. 110 DOLLO. — TROISIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril droite, cette inégalité n’est point indispensable. En effet, certains oiseaux (Rhea, etc.) nous donnent la formule (3-3) et les Anthro- poides ont (5-5). Les differences de STRUCTURE sont peu considérables chez les quadrupédes, et ceci se comprend aisément puisque les membres antérieurs et postérieurs ont la même fonction, à savoir de sup- porter le poids du corps. C’est ainsi que tous les doigts du Tapir, par exemple, portent également des sabots. Au contraire, chez les formes bipèdes, il y a de remarquables divergences. Les Oiseaux (l’Archeopteryx excepté) n'ont plus de griffes, au sens propre du mot, aux membres antérieurs. Quelques-uns même n'ont plus de doigts, ni même d’avant-bras (Hesperornis). Les phalanges unguéales des orteils, chez les Macropodide, sont coniques, allongées et presque rectilignes. Inversement les pha- langes unguéales des doigts sont courtes, recourbées et pourvues d'ongles acêrés. De même pour les Dipodidæ, etc... Quant à l’/guanodon, il nous montre, a la main, un énorme éperon, comme pouce, puis trois doigts, pressés l’un contre l'autre et dont l’externe n’a plus comme phalange unguéale qu'un os nodulaire. Enfin, le cinquième doigt, fortement écarté des pré- cédents, a un aspect tout différent par suite de la torsion de son métacarpien. Il porte, comme le quatrième, une phalange un- guéale nodulaire. Le pied contraste d'une manière frappante. Les trois orteils sont pourvus de phalanges unguéales identiques et rappelant, quoique de loin, un sabot d'Ongulé. L'Iguanodon rentrerait donc plutôt dans le type des bipèdes par la difference de structure entre ses membres antérieurs et ses membres postérieurs. Nous devons cependant faire observer qu'il y a des animaux adaptés à la station droite et dont les membres antérieurs s’ecartent peu, en ce qui concerne la structure considérée dans ses rapports avec la fonction des postérieurs : ce sont la plupart des Anthro- poides. Mais ils ne jouissent que d'une marche bipède imparfaite, et celui qui se tient le plus complètement debout — l'homme — a. même en dehors du point de vue morphologique, une divergence remarquable entre le pied et la main. En résumé, nous ne connaissons aucun animal, non bipède, réunissant les trois conditions suivantes : 1° Réduction sérieuse de volume des membres antérieurs: 1883. DE BERNISSART. III 2° Différence du nombre des doigts aux membres antérieurs et aux membres posterieurs ; 3° Divergences de structure, pouvant avoir une portée physiolo- gique, entre lesdits membres. Or l'Iguanodon y satisfait. Donc, ce Dinosaurien devait marcher debout. Ce résultat était évident à priori, car une main comme celle de l'Iguanodon ne pouvait certainement pas servir au même usage que le pied. IM, Suivant l'ordre que nous avons adopté au début de cette note, nous devons exposer a present les arguments que le volume de la tete et du thorax, ou la répartition de la masse viscérale princi- pale, fournit en faveur de la station droite chez l’/guanodon. Nous avons, dans notre première partie, distingué deux sortes de stations droites : l’une, pour laquelle l'homme peut servir de type; l’autre, bien représentée par les Oiseaux. Comme il est très probable que, eu égard à la nature de son organisation, l'Iguano- don viendra se placer à côté de ces derniers, nous allons chercher à déterminer quelles sont les dispositions qui caractérisent, au point de vue développé ci-dessus, la marche bipède de ces animaux. Nous pouvons considérer le corps de l'Oiseau comme un levier du premier genre, dont le point d'appui n'est autre que l'axe acé- tabulaire. Ses bras sont respectivement la partie préacétabulaire — la plus pesante chez tous les Vertébrés, surtout chez les quadru- pèdes — et la partie post-acétabulaire. La raison pour laquelle la region préacétabulaire est la plus lourde saute aux yeux, si l'on examine la face ventrale d'un Lézard, par exemple. En effet, on observe immédiatement après le bassin ou, comme celui-ci est très étroit dans le sens cränio-caudal, immédiatement après les mem- bres postérieurs, l’anus. Toute la masse viscérale est donc située dans la région préacétabulaire. En outre, le poids des membres antérieurs, non réduits, et de la tête, fréquemment volumineuse, vient compléter le tableau. Il semble donc qu'il soit difficile de faire, avec la région post-acétabulaire, équilibre à la partie anté- rieure du corps, équilibre indispensable pourtant dans le cas où les membres postérieurs devraient seuls servir à la progression. Il y aurait pour cela deux moyens : 1° Augmenter la pesanteur de la partie post-acétabulaire; 112 DOLLO. — TROISIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril 2° Diminuer celle de la partie préacétabulaire. Les Oiseaux n'étant en possession que d'une queue très courte, c'est le second moyen qui est surtout employe chez eux. Jetons un coup d'œil sur la façon dont il est applique : a) La téte est devenue relativement tres petite. b) La région préacétabulaire du corps, la tête exceptée, se décom- pose en deux : a) Le cou, généralement tres long et très gréle, par conséquent très léger ; 6) Le thorax, fort court dans le sens cränio-caudal et rélégué tout contre le bassin. On voit que, par ce procede, le poids de la région préacétabu- laire est diminué a double titre : a) Parce qu'une partie de cette région est devenue moins volu- mineuse ; 6) Parce que la plus grande partie du poids restant est appliquée le moins loin possible du point d'appui et exerce, par conséquent, sur le bras antérieur du levier, son effet minimum. En outre, bien que le premier moyen ne soit point prépondé- rant, son rôle ne saurait être considéré comme insignifiant, car, chez l'Oiseau, l'anus ne s'ouvre plus immédiatement après les membres postérieurs. Au contraire, il vient déboucher très loin en arrière. Cette disposition a pour résultat qu'il y a une masse viscérale post-acétabulaire, dont l'existence est indissolublement liée à la forme spéciale du bassin, qui lui fournit un appui. Passons maintenant à l'/guanodon. Comme chez l'Oiseau, nous observons ici une tête peu volumineuse, un cou proportionnnelle- ment long, un thorax relativement court et rejeté sur le bassin qui, par sa nature avienne, nous donne le droit de conclure à une masse viscérale post-acétabulaire. Notre Dinosaurien prèsente donc les caractères de la station droite des Oiseaux. Cependant, nous devons dire qu'ils sont bien moins accusés chez lui que chez eux. Ce n'est pas toutefois sans compensation, car le poids de la région post- acétabulaire est accru chez l’Iguanodon par l'immense queue, qui dépasse en longueur le reste du corps, et dont la massivité est assurée par le développement de ses apophyses épineuses et de ses os chevrons. Donc, à l'égard du volume de la tête et de la répartition de la masse viscérale principale, l'Iguanodon doit encore être regardé comme doué de la marche bipède. 1883. DE BERNISSART. 113 IV. Le professeur Owen nous déclare (1) qu’entre autres motifs, il lui est impossible d’admettre que les Dinosauriens fussent adaptes a la station droite, a cause de la structure de leur colonne vertébrale. Ses arguments sont les suivants : 1° Le cou des Dinosauriens devait étre court et raide, incapable de courbure sigmoide; 2° I] n'y a point de vertebres dorso-lombaires synostosées et il n'existait pas de ligaments ossifies réunissant ladite région en une masse ferme, solidement fixée sur le bassin; 3° Le nombre des vertebres sacrées ne s’elevait point au-dessus de six; Toutes dispositions évidemment opposées a celles des Oiseaux, qui jouissent de la marche bipede. A ceci nous répondrons que : 1° a) Ainsi que nous l'avons déjà dit, le cou était proportionnel- lement long. Il avait au moins dix vertèbres (peut-être douze), la région dorso-lombaire dix-huit ou seize; b) Il était doué de la plus grande mobilité, comme le montrent les articulations fortement opisthocceles des corps de ses vertèbres et surtout la nature des zygapophyses : c) Il avait la faculté de prendre une courbure sigmoïde, quoi- que incomparablement moins accusée que celle des Oiseaux, ainsi que le prouve l'état de conservation des spécimens de Bernissart. Chez ces animaux, sans doute durant les convulsions de l’agonie, le cou s'est considérablement replié et sa concavité est tournée dorsalement. Que cette position n'est point forcée, nous est égale- ment démontré par le fait que les vertèbres sont bien en articula- tion tant par leurs corps que par leurs zygapophyses. Enfin, con- trairement à l'opinion du professeur Owen, les côtes cervicales ne pouvaient point être un obstacle à la mobilité du cou puisqu'elles sont identiques comme forme, proportions et direction à celles des Oiseaux. 2° Je n'ai point observé jusqu’à ce jour de vertèbres dorso-lom- baires synostosées si ce n'est avec le sacrum. Quant aux ligaments ossifiés, ils existent chez | [guanodon, où ils sont remarquablement développés. Tous les individus examinés par moi en étaient pour- (1) Omosaurus, pp. 80, 85 et 84. 114 DOLLO. — TROISIÈME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril vus. La region dorso-lombaire formait donc, comme chez les Oiseaux, une masse ferme, solidement fixée sur le bassin, ce qui est encore confirmé par la nature planoccele des articulations des ver- tebres dont il s'agit. 3° Je reconnais que le nombre des vertebres sacrées est moins fort chez le Dinosaurien qui en a le plus, que chez l'Oiseau qui en a le moins. Je ferai cependant observer que la sacralisation phy- siologique des vertèbres dorsales ou caudales, tout en étant Zres utile pour consolider l'appui du tronc sur l'arc pelvien, ne me paraît point indispensable a la station droite. Sans sortir des Sau- ropsides, je trouve un exemple qui, ce me semble, est concluant. L’Archeopteryx, auquel on na pas encore contesté la marche bipede, n'avait que quatre ou, au plus, cing vertèbres sacrées (1). L'Iguanodon bernissartensis, Blgr., en avait six (2). Ajoutons, pour terminer, que les ligaments ossifiés s’etendaient jusque sur la queue, qui se trouvait ainsi transformée en un massif balancier, devant être d'un secours très sérieux pour conserver l'équilibre de l'animal. Enfin, la position du condyle occipital est très intéressante. On sait que chez les Sauropsides quadrupedes (surtout chez ceux dont le cou est peu développé) l'axe longitudinal du condyle occi- pital est dans le prolongement de l'axe basi-cränial, ou au moins ne fait qu'un angle assez obtus avec cet axe. Inversement, chez les types adaptés à la station droite (Oiseaux), l'axe longitudinal du condyle est à angle droit sur l'axe basi-cränial (3). L’/guanodon nous offre un état intermédiaire, une approximation vers la seconde forme. En résumé, la position du condyle occipital, la longueur et la mobilité du cou, la solide fixation de la region dorso-lombaire sur le bassin, le nombre des vertebres sacrees, triple de celui des Reptiles actuels, la massivité de la queue, ou, pour tout dire en un mot, la nature de la colonne vertébrale, s'accorde pour donner à l'Iguanodon une marche bipède. (1) O. C. Marsa, Jurassic Birds and their allies |Amer. Journ. Sc. (SILLIMAN), 1881, vol. XXII, p. 338]. (2) Agathaumas sylvestre en possède huit, nombre assigné par Owen à l’Autruche africaine (jeune age) dans son mémoire sur l Archeoptery x. (3) Un simple coup d'œil suffit pour voir que cette disposition sert à diminuer le poids de ia tête, ou plutôt, son action comme corps pesant. 1883. DE BERNISSART. 115 V: Il nous reste à parler des empreintes wealdiennes découvertes par MM. Beckles (1), Tylor (2), Struckmann (3) et Grabbe (4). Procédant par voie d'exclusion et se basant principalement sur la taille, ces savants attribuerent les empreintes a l’/guanodon. Rien n'est plus juste, comme j'espère le démontrer d'une manière tout à fait concluante. Examinons d'abord la voie exclusive. Quels sont les Dinosauriens actuellement connus du Wealdien? Ce sont (5): 1. Megalosaurus. 5. Iguanodon. 2. Cetiosaurus. 6. Hylaeosaurus. 3. Pelorosaurus. 7. Hypsilophodon. 4. Polacanthus. 8. Ornithopsis. Et quels sont maintenant ceux qui ont pu produire des empreintes tridactyles > 2, 3 et 8, appartenant aux Sauropoda (6), n'auraient pu fournir qu'une empreinte pentadactyle ; 4 et 6, appartenant aux Scelidosauride (7), qu’une empreinte tetradactyle; 7 aurait laisse la méme impression (8), et ı egalement (9). (1) S. H. BEckLes, On supposed casts of Footprints in the Wealden (Quart. Journ. GEOL. Soc. Lonpon, 1851, vol. VII, p. 117); On the Ornithoidichnites of the Wealden (Isın., 1854, voi. X, p. 456); On some Natural Casts of Reptilian Footprints in the Wealden Beds of the Isle of Wight and of Swanage (Isın., 1862, vol. XVIII, p. 443). (2) A. TayLor, On the Footprints of an Iguanodon, lately found at Hastings (Ipip., 1862, vol. XVIII, p. 247). (3) C. STRUCKMANN, Vorläufige Nachricht über das Vorkommen grosser vogel- ähnlicher Thierfahrten (Ornithoidichnites) im Hastingssandsteine von Bad Reh- burg bei Hannover (Neves JanrBucu F. Mın., GEoL. und PAL., 1880, p. 125); Die Wealden-Bildungen der Umgegend von Hannover. Hannover, 1880. (4) H. Grasse, Neue Funde von Saurier - Fährten im Wealdensandsteine des Bückeberges (VERHANDL. D. NATUR. VER. D. PREUSS. RHEINL. U. WESTF., 1881, p. 161). (5) H. G. Seerey, Die Dinosaurier (MonaTsBL. D. wiss. CLUB IN WIEN, 1880, p. 1). (6) O. C. Marsu, Classification of the Dinosauria |AmeEr. Journ. Sc. (SILLIMAN), 1882, vol. XXIII, p. 83]. (7) ©. C. Mars, op. cit., p. 84. (8) J. W. Hurke, An Attempt at a complete osteology of Hypsilophodon Foxii, Hux. (Roy. Soc., January, 26, 1882; Tue Nature, March, 2, 1882, p. 426). (9) O. C. Marsu, op. cit., p. 84. 116 DOLLO. — TROISIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril Il ne reste donc que l'Iguanodon. Arrivons maintenant a la méthode d’identification. Il y a un assez grand nombre d'éléments à vérifier : la taille, la forme, le nombre des doigts, leur longueur relative, leur écarte- ment, seite. Pour faire cette vérification, on peut employer deux moyens: 1° Les mensurations; 2° La superposition. Je les ai utilisés tous deux et ils m'ont fourni des résultats con- cordants. Cependant, je dois avouer que je n'ai qu'une confiance assez limitée dans le premier, car, sauf pour les grandes lignes, on manque de points de repère et les chiffres sont sujets à variation avec l'observateur. Quant à la superposition, voici comment je l'ai faite. Un de nos spécimens d’/guanodon Mantelli me paraissant avoir la taille con- venable, je l'ai choisi pour ce travail. D'autre part, j'ai pu obtenir, par voie d'échange, de M. Struckmann, divers moules d’em- preintes, notamment de celle représentée pl. V, fig. 3 du recent mémoire de ce savant (Wealden-Bildungen, etc., v. supra). J'ai fait prendre un creux de cette dernière et j'ai introduit dans le doigt médian de celui-ci, le doigt médian de notre /. Mantelli, de façon qu'ils coïncident bien exactement. J'ai rapporté ensuite les trois métatarsiens, encore réunis, en leur donnant une position digitigrade, la seule que permit l'empreinte. Ne m’occupant plus alors de celle-ci, j'articulai les doigts I et IV et constatai avec plaisir qu'ils entraient parfaitement dans les creux latéraux. On pourrait m'objecter que, la nature de ces empreintes étant très grossière, toute impression tridactyle doit conduire au même résultat. Pour répondre à cette argumentation, je pris une empreinte de Brontozoum, ayant sensiblement la même grandeur que celle envoyée par M. Struckmann, et essayai de répéter mon opération. Tout d'abord, le doigt médian de l’/guanodon ne put pénétrer pour défaut de largeur. Puis, quand les doigts II et IV furent articulés, je m’apercus qu'ils s'écartaient considérablement des empreintes latérales, qui restaient à leur intérieur. La super- position, malgré la concordance de taille, fut tout à fait impos- ‘sible (1). (1) La fig. 7, pl. III, donne une excellente représentation graphique de notre operation. On y voit que l’empreinte supposée d’/guanodon provient bien de cet animal, tandis que les contours seuls de l’impression laissée par le Brontozoum suffisent à montrer qu'on est la en présence d’un p.ed tout difiérent. 1883. DE BERNISSART. 117 Par consequent : de ce que l'empreinte wealdienne a pu contenir exactement la patte de Iguanodon Mantelli, articulée, j'en conclus que cette empreinte a bien été faite par un individu d’Iguanodon Mantelli. Résultat identique à celui fourni par la voie exclusive. Mais si les empreintes wealdiennes sont des traces d’Iguanodon, ces animaux étaient certainement bipèdes. En effet, s'il en était autrement, on devrait trouver aussi les impressions penta- ou tétradactyles (1) des membres antérieurs. Or, il n’en est rien toutes les traces connues — et elles sont nombreuses maintenant — sont tridactyles (2). Bien plus, la série représentée pl. XIX, fig. ı et 2 du second mémoire de M. Beckles (3) et reproduite sur notre pl. III, fig. 8, montre que, non seulement les Iguanodons se tenaient debout, mais encore qu'ils marchaient, et ne sautaient pas, conclusion concordant avec celle que fournit l'étude ostéologique. Enfin, les empreintes nous apprennent encore que l’/guanodon ne se servait point de sa queue comme d’un trépied, ainsi que le fait le Kanguroo, par exemple. Notre Dinosaurien devait simplement laisser trainer son appendice caudal a terre et la trace ainsi formee était sans doute très faible, car elle ne nous a point été conservée. DE LA VIE AQUATIQUE CHEZ LES DINOSAURIENS DE BERNISSART. Les Iguanodons étaient-ils des animaux aquatiques et, si oui, dans quelle mesure l'étaient-ils? Je crois qu'on peut répondre affirmativement à la première question pour les raisons suivantes : 1° Comme Owen l'a déjà fait remarquer (4), ils ont la queue du Crocodile, puissant organe de propulsion dans l'eau, et, de plus, (1} Si le gros éperon, tenant lieu de pouce, ne posait pas à terre. (2) Je dois faire une exception pour l'empreinte dessinée planche V, figure 1, du mémoire de M. Struckmann ( Weclden-Bildungen, etc., v. supra), empreinte qui est tétradactyle. Cependant, l'exception n'est qu’apparente; car un examen soigneux du moulage envoyé au Musée m'a montré qu'il y a là deux impressions superposées. L'une, conservée entièrement, est formée par les trois doigts de gauche; l'autre est en grande partie effacée et ne laisse plus voir qu'un seul doigt (celui de droite). (3) S. H. BecxLes, Ornithoidichnites, p. 462. Comparer aussi H. Woopwarn, New Facts bearing on the Inquiry concerning forms intermediate between Birds and Reptiles (Quart. Journ. GEoL. Soc. Loxpon, 1874, vol. XXX, p. 14, fig. s. bois). (4) R. Owen, Omosaurus, p. 92. 9 118 DOLLO. — TROISIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Avril ils possedent, comme le Reptile precite, des membres anterieurs réduits. On sait l’avantage que procure cette réduction durant une natation rapide (1). 2° Le développement considérable du quatrième trochanter (« troi- sième trochanter des auteurs ») indique de fréquents mouvements latéraux de l'appendice caudal (2), ce qui confirme l'argument précédent. 3° MM. Struckmann (3), Grabbe (4) et moi-même ont cru observer sur les empreintes, des traces d'une légère palmure. 4° Enfin, les circonstances dans lesquelles les Iguanodons ont été trouves (5) montrent que ces animaux devaient vivre au milieu de marécages et sur les bords d'une rivière. Rien de surprenant, par conséquent, qu'ils aient eu des mœurs aquatiques. Dans quelle mesure les Dinosauriens de Bernissart fréquentaient- ils les eaux douces, car on n'a point de preuves jusqu'à present qu'ils se rendissent sur le bord de la mer? Probablement comme le Crocodile et peut-être, autant qu'on en peut juger par la dimi- nution de volume des membres antérieurs, étaient-ils encore plus souvent dans l'élément liquide que ce dernier. Mais, dira-t-on, les Crocodiles ne sont point adaptés à la station droite. Qu’avaient donc besoin les Iguanodons d'une marche bipède s'ils possédaient un régime identique (6)? Il me paraît, au contraire, que se tenir debout a dû être un grand progrès et voici pourquoi : 1° Les Iguanodons étant herbivores devaient être la proie des grands Carnassiers de leur époque. D’autre part, ils séjournaient au milieu de marécages et il est connu que les Reptiles quadru- pedes sont généralement très bas sur leurs pattes. Au milieu des fougères qui l’entouraient, l’/guanodon aurait vu difficilement, ou pas du tout, arriver ses ennemis. Debout, son regard pouvait planer sur une étendue considérable. (1) C. Darwın Voyage d'un naturaliste autour du monde fait à bord du navire le Beagle de 183r.à 1836. Trad. fr. de E. Barbier. Paris, Reinwald, 1875, p. 414; R. Owen, Omosaurus, p.02; R. Owen, On the Influence of the Advent of a Higher Form of Life in modifying the structure of an older and lower Form (Quart. Journ. GEoL. Soc. Lonpon, 1875, vol. XXXIV, p- 426). (2) L. Dorro, « Troisième trochanter », Pp: 20. (3) C. STRUCKMANN, Ornithoidichnites, Ps 128. (4) H. GrABBE, Saurier-Fährten, Peu (5) É. Dupont, Sur la découverte d’ossements d'Iguanodon, etc. (BULL. ACAD. ROY. BELG., 1878, t. XLVI, p. 404). (6) R. Owen. Omosaurus, p. 88. 1883. DE BERNISSART. 119 2° Debout encore, il était a même de saisir son agresseur entre ses bras courts, mais puissants, et de lui enfoncer dans le corps les deux énormes éperons, vraisemblablement garnis d’une corne tran- chante, éperons dont ses mains étaient armées. 3° La progression difficile du Crocodile sur terre a été décrite par tous les voyageurs et il ne peut y avoir de doute que la longue queue de cet animal ne contribue pas peu à sa démarche gauche. Transformer cet organe encombrant hors de l’eau en un balancier était, ce me semble, une modification très heureuse. 4° Enfin, la marche bipède devait certainement permettre à l’Iguanodon de regagner plus rapidement le fleuve ou le lac dans lequel il prenait ses ébats, qu'une marche quadrupede continuel- lement contrariée par les nombreuses plantes aquatiques jouant en quelque sorte le rôle de broussailles. 120 DOLLO. — TROISIÈME NOTE SUR LES DINOSAURIENS. Av.ı883. APPENDICE. NOTE SUR LA RESTAURATION ANNEXEE AU PRESENT TRAVAIL. Comme un examen attentif de la restauration exécutée par M. De Pauw et figuree planche V pourra le faire voir, les diverses parties du squelette de I’ /guanodon ne sont point toujours placées dans leurs connexions anatomiques d'une manière très précise. Afin de ne point voir donner à ces défectuosités une signification qu'elles n'ont pas, nous croyons devoir fournir quelques explica- tions à leur égard. L'individu monté a été extrait de la mine par blocs et ses osse- ments ont été dégagés par tronçons. L'état de conservation na point permis de séparer les os composant ceux-ci et on a dû se contenter d’assembler les blocs en corrigeant, autant que possible, les déformations. Ces dernières ont également empêché de mettre toujours les membres dans leurs vraies articulations. Cependant, la restauration donnée planche V ayant seulement pour but de montrer l'allure de l'animal, nous avons pense que ces inexactitudes n’altereraient point l'idée qu'on doit se faire du gigantesque Reptile wealdien. Un spécimen plus favorable mettra sans doute l'habile Contrôleur des ateliers du Musée à même d'isoler toutes les parties et de rapprocher les futurs montages de ce qu'on obtient avec les animaux vivants. L | a Dire hoy <4 TU k awe N Bin ai Le à Eng À Sie ei … « u ER A F p 7 | sat ape , idee! 4 = Er Rx KEA ERR pa 47 m. g “ic LATE £ QT . N N 3 hea dt ENNE A = : a, VAE | | 7 pi. | Ms CURE > Ps indi ae KA € if Ur en . +. ‚tin ties | is “+ i ce ae u Ze A y eerie ep sol) tube He aardig A mis j ei or he ; Fos | 5 d + page tit? [a alat! ES DE An ji ai KIT? Hautes a : ri j x | | au N ke “ae te beb sahne reins | GE ARA | ee. = fatto pre dis es um ub Polis Ri) En ee ee | ut | At ith 7. Wie) PRE à a on a SiH: ir Gh, MILE TUE nemeuwA : À ae te wr er (ill honey „te oy aa ke 4 verngitlaaf bib eaydqraye | Lou A6 vir IN À Ale | when MID AIMÉ 0 METEEN = i en 4 = Ber ae neef oe Si. «4 | Dh U 4 1 Br Lise me de 4 dies | KRONE zp à. 5 EN, aT ai - 4m Ennn sh AT A ae Mn uhren wie Myatt i CARTE à 5 te nia} d | Er y | j ( | Re L * H à * | 2 . à | - BR p een be ‚RAN poke ME MSN TE nes ant, ADO pre, à, 1 { : = # < ‘ 4 ; a) - aN LE GROS 26 Er 3 Dr » ‚swim Rd r x 27 I r rif a aan - 2 ; . ey ee 7 Das = ee a. | ne ee j à se Be “ ' . Ve à ; en ; a tae : ER Ne WE TOSS REC Zelt CEE PTS at | eas ce hik Efa in: fj ann bynes: eerde EN © wise alt. LÉ si ‘ Ve ne Ma Los | bed MAC PR OCW eur Hohe" ne leze) kn RR Jd 4 SDS In pet oad sl Kime — 5 ANA \ Kn £ a £ B 7 a 7 os, ui fn wd in LL ah? à ah LS ‚Ars i? EST tt 1) 4 Msp ww € ora x EEE - 0 ! H T1 - P 4 AT : PN, at BE Ones en vb eu ee 0 „ord : RNN À AN pain: are rotrised ts ne ve ord AY" nieht HUBS à PLUME. Ron! ab naar 4 + 2 in sf « vr = . + | Ch mr ee, > Aries: Ne hts A NIE à none bois = a) | | : x 4 ‘ . < A < t ) 4 (4 L / # à hi pe L * hd Lo N LE + F A 2 a 5 CS : ae 9 a & à : | + f ' 7 + y ijs & i ” | | A La A x spr EXPLICATION DE LA PLANCHE III. Signes communs a toutes les figures : Fıc. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. . pme Sp = u, TRY ARO TA “SQ Ilium ; . Ischium; Pubis; . Post-pubis; . Acetabulum ; . Apophyse obturatrice de l'ischium ; . Projection préacétabulaire de l’ilium ; . Projection post-acétabulaire de l’ilium; . Foramen pour le tendon du muscle obturateur externe, d’apres M. Hulke; . Foramen obturateur, d’apres M. Hulke; . Foramen ilio-sciatique ; . Symphyse des ischiums; . Anti-trochanter ; Bloc renfermant une des empreintes wealdiennes attribuées a l’Iguanodon, d'après un moulage de M. Struckmann; . Empreinte; . Traces de palmures (?) ; s. Pied gauche d’Iguanodon Mantelli. Ow. (Individu T de la série du Musée) ; . Contour d'une empreinte de Brontozoum, d'après un moulage faisant partie des collections du Musée. Bassin de Crocodile, d’après Huxley ; profil gauche, Bassin d’/guanodon bernissartensis, Blgr.; profil gauche. Bassin d’/guanodon Mantelli, Ow, d'après M. Hulke ; profil gauche. Bassin de jeune Poule: profil gauche. Bassin d’Allosaurus fragilis, Marsh, d'après Marsh; profil gauche. Notre restauration du même bassin; profil droit. Superposition d'une des empreintes attribuées à l’/guanodon, d'une impression de Brontozoum et d'une patte d’Iguanodon Mantelli (Indi- vidu T de la série du Musée). Série d'empreintes trouvées par M. Beckles, d'après cet auteur. Bull. Mus Roy. Hıst Nat Beld ARI PLL L.DOLLO._ STATION DROITE DES DINOSAURIENS DE BERNISSART. - € Ed i" yl $2) sur | be! gal Shigeo AG + wijst de | (Apart + feral 4; an Mu EXPLICATION DE LA PLANCHE IV. Signes communsa toutes les figures : Frc. 1 Bie. 2. PEG. 3. Fic. 4. Pac: 5: Fic. 6. FIG. 7. Fie... FIG. 9. Bie: 10; Pie; da: PIE. 2 Pic, 15 Fic. 14 Fic. 15. Fre: 16. . Tibia; . Crête cnémiale; . Impression péronéale ; . Astragalo-calcaneum ; . Apophyse montante de l’astragale ; Péroné ; . Astragale ; Calcaneum ; . Tubérosité ecto-proximale du tibia, portant deux facettes articulaires : lune, pour le péroné; l’autre, pour la crête post-axiale de l’ectocondyle du fémur. Facette tibiale du calcaneum ; Facette péronéale du même ; . Contour de l’extrémité proximale du tibia; . Contour de l’extrémité distale du même; . Grand axe de l’extrémité distale ; . Grand axe de l'extrémité proximale ; . Deuxième série du tarse, soudée avec le métatarse chez l'oiseau ; 1er et 2° tarsiens soudés ; . 3e tarsien; 4° et 5e tarsiens soudés; . 1er métatarsien ; . 2° métatarsien ; . 3e métatarsien; . Son extrémité proximale ; . Son extrémité distale; . 4° métatarsien ; . 5e métatarsien. Os de la jambe de l’Aptery.x. Vue préaxiale. Os de la jambe de l’Zguanodon. Vue préaxiale. Os de la jambe du Crocodile. Vue préaxiale. Os de la jambe du Crocodile. Vue ectaxiale. Os de la jambe de l’/guanodon. Vue ectaxiale. — Os de la jambe de l'Aptery x. Vue ectaxiale. _ En — Projection, sur un plan normal à l’axe longitudinal du tibia de l'Aptery x, des deux extrémités de cet os. Projection, sur un plan normal à l’axe longitudinal du tibia de l’Iguano- don, des deux extrémités de cet os. ane Projection, sur un plan normal à l'axe longitudinal du tibia du Crocodile, des deux extrémités de cet os. Tarso-métatarsien de l’Apteryx Vue préaxiale. AN Tarse (2e série) et métatarse de l' Iguanodon. Vue préaxiale. . — Tarse (2e série) et métatarse du Crocodile. Vue préaxiale. . — Tarse (2e série) et métatarse du Crocodile. Vue ectaxiale. . — Tarse (2° série) et métatarse de Il’ [guanodon. Vue ectaxiale. Tarso-métatarsien del’Apteryx. Vue ectaxiale. _ Extrémité distale du tibia d’une jeune Autruche africaine. Vue préaxiale. PLIV y-Hist Nat Belg TI Bull Mus Ro © Lavalette STE \ RNISSAF , BE DE NS zi 5 En DINOSAURII 5 N DE hi, CS L.DOLLO._ STATION DROITE LA . A LE, Er . . 4 a . : k è re oe . . * 1“ ‘ » « hd L L . . r 2 r . LU ” . - = - - _ . . « I . 5 . a . . MN . . * - . . L : . - hd » . . . . F. - 5 = Phi ; u r JA . i 8 » LR af Ks ar a RP Er er x iv ere HN, 1 MED onen, \ . y ! { à u. » sil A Te M DT) “NR MER} a) Vite ine 4 \ - arg PY ae EXPLICATION DE LA PLANCHE V. Iguanodon bernissartensis, Blgr. (Individu Q de la série du Musée.) — Res- tauration et montage de M. L. F. De Pauw, Contröleur des ateliers. — Echelle approximative : 7/5. Station droite des Dinosauriens de Bernissart. 3 73 =r = Se Bull. Mus Roy Hist Nat. Belg. TIT PLV 1 7734 À "y direxit GUANODON RESTAURATION GY? Lavalette del BERNISSARTENSIS, BLGR ET MONTAGE DE M.L.F.DE PAUW. Echelle lath © Severeyns approximative 25 re h sg + > + ie se wee # ; : re “ rs , à. 5 r u ats Fe h te i Vs RECHERCHES SUR LA COMPOSITION ET LA STRUCTURE DES PHYLLADES ARDENNAIS PAR A. RENARD Conservateur au Musée. DEUXIEME PARTIE. COMPOSITION MINERALOGIQUE ET STRUCTURE. J'ai exposé dans la premiere partie de ce travail le résultat des recherches chimiques sur les phyllades ardennais etl’interpretation générale que l'on pouvait déduire, au point de vue de la composi- tion minéralogique, des données analytiques. Il reste à décrire chacune de ces roches en détail, à faire connaître leur constitu- tion minéralogique et leur structure, telles que nous les montrent l'examen en grand et l'étude microscopique. Je suivrai pour les descriptions de ces roches l'ordre adopté dans la première partie de cette notice : j indiquerai d'une manière sommaire les conditions spéciales du gisement de chacun des types décrits; j'insisterai ensuite sur les caractères macroscopiques et microscopiques de ces phyllades et sur les rapports qu'ils présentent avec les roches auxquelles ils sont associés. Enfin je montrerai d'une manière plus détaillée les relations qui existent entre les résultats de l'analyse chimique et ceux qui ressortent de l'examen minéralogique. I. — Phyllade aimantifère. Les roches ardennaises que je decris sous ce nom apparaissent dans le massif cambrien de Rocroy. Elles forment une partie inté- grante du systeme devillien de Dumont (1); Sauvage et Buvi- (1) Dumont, Mémoire sur le terrain ardennais et rhénan, p. 49. 10 128 RENARD. — RECHERCHES SUR LA COMPOSITION Avril gnier (1) les rangeaient dans leur étage inferieur aimantifere. M. Gosselet les place dans sa zone de Deville (2). La bande de Rimogne qui renferme les phyllades aimantiferes s'étend sur une longueur d’environ quatre lieues, sa plus grande largeur est a peu pres de 3 kilometres. Ce phyllade est parfaitement divisible en feuillets sonores; il est souvent vert plus ou moins foncé, gris-verdätre, quelquefois gris-bleuätre ou gris-clair d'un éclat satiné, assez cohérent et élas- tique, transparent sur les bords des minces esquilles qui se fondent difficilement. Il se distingue des roches phylladeuses auxquelles il est associé, par la présence de nombreux petits cristaux de magnetite. Ces cristaux, qu’on ne peut généralement distinguer nettement qu'à la loupe, apparaissent a la surface des feuillets comme une infinité de points noirs microscopiques. Ils sont quel- quefois répandus sporadiquement, mais généralement orientés par files suivant la direction du longrain. Ces grains de fer-aimant ont environ 0"",5, rarement ils atteignent 1 millimetre. On remarque à la loupe qu'ils sont environnes d'une matière verte chloriteuse et que souvent ils sont légèrement déformés. L’alignement de ces cristaux est à peu près parallèle à leur grand axe: ils forment de petites aspérités à la surface des feuillets qu'ils rendent plus ou moins inégale, grenue et subfibreuse; on les voit briller d'un vif éclat dans la cassure transverse. Outre ces petits cristaux de magnétite, on en trouve de la même espèce qui ont de plus grandes dimensions atteignant mème ı centimètre; ils sont aussi disposés régulièrement. Dans les phyllades moins aimantifères et qui avoi- sinent le toit des bancs d’ardoise, on observe souvent de gros cristaux de pyrite en cube; ce même minéral y est plus rarement cristallisé en dodécaedre pentagonal ou en cubo-dodécaëdre; on y trouve aussi du calcaire lamellaire blanc déposé dans les cavités qui contenaient des cubes de pyrite; quelquefois les fissures sont tapissées de quartz laiteux et de quartz cristallisé avec cristaux et enduits de pyrite. D’après Dumont, la roche est sujette a deux modes différents d’alteration, qui se traduisent par la décomposition de l'aimant en oligiste noir et friable à poussière rouge, ou par la décomposition (1) SAUVAGE et Buvicnier, Statistique minéralogique du departement des Ardennes, p. 15. (2) GossELeT, Esquisse géologique du nord de la France et des contrées voisines, p. 19. 1883. ET LA STRUCTURE DES PHYLLADES ARDENNAIS. 129 de l'élément phylladeux qui devient terreux, l'aimant ne présen- tant aucun signe d'altération. Enfin il arrive quelquefois que la matière phylladeuse et l’aimant sont tous les deux altérés (1). Les ardoisieres où l'on exploite le phyllade aimantifere sont divisées en deux groupes : le premier situé à l'extrémité orientale de la bande est celui de Rimogne, le second vers l'extrémité occi- dentale comprend les ardoisieres de Monthermé et de Deville. Ces phyllades, séparés par des bancs de quartzites, sont associés à des phyllades simples qui se distinguent des premiers par l'absence de cristaux d’aimant. Aux ardoisieres de Rimogne, les couches de ces phyllades simples sont plus puissantes que celles du phyllade aimantifere. Celles-ci sont au toit et au mur, contre les quartzites ; c'est le contraire dans les ardoisieres de Monthermé et de Deville, où le phyllade aimantifere prédomine et occupe le centre du massif tandis que le phyllade simple est au toit et au mur. Dumont donne dans son mémoire (2) des détails assez étendus sur les conditions stratigraphiques dans lesquelles se trouvent ces roches. Indiquons seulement que les massifs d'ardoise de Rimogne ont une direction moyenne de l'O. 23° S. à l'E. 23° N. incl. de 45° au S. 23° E. Leur épaisseur est comprise entre quelques cen- timetres et 50 metres, elle diminue généralement vers l’E.-N.-E. et les bancs vont se terminer en coin entre les quartzites ou ils sont enchässes. Plusieurs couches séparées par de petits lits de quart- zites constituent un massif. Les feuillets forment un angle de 17° avec la stratification. Le longrain est perpendiculaire a celle-ci et sécarte de 1° a 20° vers l'E. de l'inclinaison. Des failles et des fissures sillonnent tout le massif. A Monthermé et a Deville, la direc- tion générale est de l'O. 27° S. à l'E. 27°N., incl. de 45° à l'E. 25° S. On donne le nom de grands ternes ou de petits ternes aux massifs d’ardoises suivant qu'ils ont une puissance plus ou moins grande. Lorsque les couches de phyllades sont moins épaisses, les cristaux de magnetite affectent une disposition linéaire, qui semble s'effacer dans les grands ternes. Les feuillets sont parallèles ou obliques à la stratification (env. 5°); le longrain est perpendiculaire au feuillet, il est parallèle à la ligne de la plus grande pente ous'en écarte vers l'O. d'un angle qui dépasse quelquefois 25°. Ces phyllades possèdent plusieurs joints désignés par des noms différents. Les plus caractéristiques sont ceux qui déterminent dans (1) Dumont, loc. cit., pp. 50, 51. (2) Dumont, loc. cit., pp. 51-55. 130 RENARD. — RECHERCHES SUR LA COMPOSITION Avril les ardoises de Rimogne des blocs de forme constante. Outre le plan des feuillets et le longrain, on y distingue les macrilles, qui sont comme le longrain sensiblement perpendiculaires aux premiers, la naye et le riflot qui plonge du N.-O. au S.-E. (1). L’examen macroscopique montre comme element constitutif une masse micacée dont les lamelles enchevétrées ne permettent pas de reconnaître les caractères minéralogiques, et qu'il est impossible d'isoler à l'œil nu. Le seul minéral nettement défini que l'on dis- tingue ainsi est la magnétite, et, dans certains cas exceptionnels, la chlorite. Le microscope, il est vrai, permet de découvrir plusieurs espèces de dimensions trés petites, parfaitement déterminables. Cependant l'examen optique de la masse fondamentale, si je puis m'exprimer ainsi, ne donne pas d'indications positives sur la vraie nature de la substance micacée qui la constitue. La superposition de ces lamelles empêche de déterminer les caractères d'un individu isolé. On en serait donc réduit à des appréciations générales sur ce mineral, si l'on ne tenait pas compte des résultats de l'analyse chi- mique. Je vais décrire l'aspect de la matière micacée telle qu'elle se montre sous le microscope, je reviendrai plus loin sur les con- clusions auxquelles on peut arriver relativement à sa nature en combinant ces observations avec les résultats des recherches chi- miques. Dans les sections parallèles à la schistosité, la matière micacée qui forme la masse fondamentale se présente sous la forme de lamelles incolores à contours irréguliers, disposées à plat et empilées les unes sur les autres, se fondant en quelque sorte dans la masse entourante et n'offrant jamais de cristaux bien terminés. Quoique l'orientation générale de ces lamelles soit parallèle à la schistosité, on remarque d'étroites sections de ce même minéral qui sont disposées plus ou moins obliquement à cette direction: celles-ci montrent une structure lamellaire qui est traduite par un clivage parallèle aux côtés de ces sections. Dans la lumière naturelle cette matière micacée paraît incolore, par places elle revêt une teinte vert-pâle. Ce mica se montre donc généralement avec la base parallèle à la direction des feuillets, rarement on entrevoit un contour qui rappelle l'hexagone: ces paillettes sont (1) M. Daubrée (Études synthétiques de géologie expérimentale, p. 354) donne une figure représentant un bloc d’ardoise de Rimogne tel qu'il résulte des cassures suivant les joints qui viennent d'être indiqués. 1883. ET LA STRUCTURE DES PHYLLADES ARDENNAIS. 131 plus ou moins contournées. Entre nicols croisés on constate, pour une rotation complete, que ces lamelles disposées a plat se com- portent comme une substance amorphe; elles restent constamment éteintes, quelquefois on remarque une teinte tres légère de polarisa- tion chromatique. Les sections perpendiculaires à la base éteignent en long et polarisent vivement la lumière. Dans les sections perpendiculaires à la schistosité ou suivant le longrain, on voit que la disposition générale de la matière micacée est bien celle de lamelles disposées à plat et empilees suivant les feuillets. Elles sont alors taillées sur champ et appa- raissent sous la forme de sections peu épaisses, enchev£etrees et orientées dans le même sens. Mais ce parallélisme n'est pas rigoureux, le mica ondule et contourne les cristaux de magnetite et les sections des éléments de plus grande dimension qui forment la roche. Il résulte des observations que lon peut faire sur les lames minces taillées suivant différentes directions que, tout en admettant une certaine irrégularité d'allure dans la dispo- sition de ces lamelles micacées, elles doivent par leur orientation générale déterminer le plan de division facile suivant le feuilletage. Cette orientation est aussi celle des cristaux prismatiques de tour- maline et de rutile enchässes dans le mica; cependant, quoiqu ils soient couchés dans le même plan, ces petits prismes n'affectent pas une disposition rigoureusement parallèle. Autant ces microlithes sont nombreux dans les lames minces parallèles au feuillet, autant apparaissent-ils rarement dans les sections perpendiculaires à la schistosité. C'est ce qui doit arriver en effet, si l'on admet qu'ils sont disposés comme nous l'indiquions tout à l'heure; s'ils viennent à être entaillés perpendiculairement à leur longueur, ils sont réduits a des points microscopiques où n'apparaît plus aucun des carac- tères distinctifs qui les faisaient discerner dans les lames minces suivant le feuilletage. Cette matière micacée n'est pas quest par l'acide chlorhy- drique. elle se décompose lentement sous l'action de l'acide sulfu- rique. En tenant compte des résultats de l'analyse, nous la rap- portons à la séricite, et le tableau qui figure plus loin indique la part que le calcul assigne à ce minéral dans la constitution de la roche. Le quartz joue un rôle important dans ce phyllade; comme tous les autres éléments constitutifs, il paraît porter les caractères d'un minéral formé en place. Pour ne parler que du quartz uni intime- ment à la matière sériciteuse et formant avec lui la masse fonda- 132 RENARD. — RECHERCHES SUR LA COMPOSITION Avril mentale, on l'observe en grains microscopiques, incolores, de forme irréguliére; quelquefois il présente une disposition en ellipse allongée dans le sens des lamelles micacées. Presque toujours ses contours sont indistincts, noyés pour ainsi dire dans la séricite. Les plages quartzeuses se detachent vivement entre nicols croises. Il est rare de trouver dans la masse phylladeuse des sections de ce mineral avec enclaves liquides. Si ces grains sont d’origine clas- tique, ils ont perdu tous les caracteres qui pourraient les faire reconnaître comme étant de nature détritique. Ce que je viens de dire s'applique aux petites sections quartzeuses enclavées dans la matière sericiteuse; je parlerai tout a l'heure du quartz en filonnets et de celui qui a cristallisé autour des grains de magnetite. Deux minéraux constamment représentés sous la forme de micro- lithes dans le phyllade aimantifere sont le rutile et la tourmaline ; comme je l'ai fait remarquer déjà, ils sont généralement étalés sui- vant le plan de la schistosité, sans affecter entre eux de parallé- lisme rigoureux. On remarque cependant qu'en général ils tendent a se disposer avec l'axe cristallographique principal dans le sens des fibres micacées. Je ne dois pas insister sur les caractères microscopiques du rutile, ils sont suffisamment connus après tous les travaux sur les petits cristaux de cette espèce, si fréquents dans les phyllades. Ils se montrent d’ailleurs ici avec les formes et les dimensions qu'ils ont généralement dans les roches de ce groupe. M. Mallard (1), qui a étudié ces mêmes roches, signala le premier la tourmaline dans ce phyllade. Ce minéral y apparaît en cristaux tres nets terminés a une extrémité par un pointement rhomboé- drique, et généralement a l'autre par un plan normal a l'axe du prisme. Ces cristaux, fortement dicroscopiques, renferment de petites inclusions noirätres. Leur longueur est de o"",04 à 0™",07; leur largeur maximum est de 0™",027. Je me borne à faire observer que c'est souvent près des joints, aux points où l'on découvre les enduits de chlorite revétant les fissures, que ces cristaux microscopiques apparaissent avec des dimensions un peu plus grandes que dans la masse de la roche. Associées à ces deux minéraux, on remarque un très grand nombre de formes plus ou moins irrégulières, ou circulaires à bords noirs, présentant assez d’analogie d'aspect avec les grenats que renferment quelquefois les phyllades ardennais. Ces grains ne sont pas très (1) MarrLarp, Sur l'examen microscopique de quelques schistes ardoisiers (BULL. Soc. MIN. DE FRANCE, 1880, p. 102). 1883. ET LA STRUCTURE DES PHYLLADES ARDENNAIS. 133 purs, ils sont sillonnés de lignes entre-croisées qui voilent jusqu'à un certain point la couleur de ces sections. Ils sont tres birefrin- gents et je serais porté, comme l'a fait M. Cathrein dans sa descrip- | tion des schistes de Wildschöner, a les rapporter au rutile, dont ils seraient des cristaux incompletement développés (1). Le zircone est extrèmement rare, j'ai pu cependant le constater une fois avec assez de certitude pour que je puisse l'énumérer parmi les minéraux qui entrent dans la composition de ce phyllade. Il se présente sous la forme de petits prismes incolores, éteignant en long, avec vive polarisation chromatique. Les arêtes de ces cris- taux sont légèrement émoussées. Un minéral présentant une certaine irrégularité d’allure, et qui paraît d'ordinaire orienté d'une manière indifférente par rapport au plan de la schistosité, se montre sous la forme de prismes plus grands que les microlithes des espèces que nous venons de citer. Lorsque la section n'a pas entamé profondément ce minéral, il apparaît comme une substance opaque; quand il gît dans la matière chloriteuse ou dans la substance micacée, il est souvent entouré d'une zone brunatre-foncée, où les matières pigmentaires se sont accumulées. D'ordinaire ces prismes assez allongés sont à contours vagues, déchiquetés; les côtés du prisme sont mal déli- mités, 1ls ont une structure fibreuse peu prononcée et sont remplis d'inclusions noirätres qui donnent à la section un aspect écailleux. Vus par transparence, leur couleur est le jaune-brunätre sale, ils dépolarisent énergiquement la lumière et s'éteignent en long. Ce minéral me paraît être celui que M. Mallard rapporte avec doute à la sillimanite; mais les sections de cette dernière espèce sont généralement plus allongées que celles que nous offrent ces petits prismes du phyllade aimantifere. J'ai donné jusqu'ici la description des éléments qui forment, peut-on dire, la masse de la roche; il me reste à signaler les par- ticularités qui caractérisent les nœuds composés de fer-aimant, de chlorite et de quartz d'origine secondaire; je décrirai en même temps ces trois minéraux, dont le groupement forme l’un des traits les plus remarquables de ce phyllade. En parlant de l'aspect macroscopique de la roche, j'ai rappelé que la surface des feuillets est plus ou moins rugueuse; qu'elle est recouverte de petites éminences elliptiques parallèles entre elles. (1) A. CaTHREIN, Ein Beitrag zur Kenntniss der Wildschöner Schiefer und der Thonschiefernädelchen (Neves JanrB. FUR Min., etc., vol. I, 1881). 134 RENARD. — RECHERCHES SUR LA COMPOSITION Avril Ces noeuds d’environ 2 a 3 millimetres de longueur apparaissent comme des traits noir-verdätre. Les cristaux de fer-aimant, qui en forment le centre, ne brillent guère sur le plan des feuiilets : mais dans la cassure suivant le longrain, une partie de l'enduit qui recouvre les petits octaedres se détache et les cristaux de magnetite mis a nu se montrent noirs d’un éclat assez vif. Plu- sieurs détails relatifs a ces grains de fer-aimant et a la zone entou- rante ont éte relevés par M. E. Geinitz (1) et, sauf quelques points sur lesquels M. Cohen a attiré l'attention (2), la description que donne M. Geinitz est bien faite. J'aurais même pu me contenter de renvoyer aux observations de ce savant en les complétant; mais comme jarrive à interpréter la forme des nœuds d'une manière différente, j'ai cru devoir exposer ici l'ensemble des obser- vations microscopiques sur les ségrégations qui caractérisent cette roche. Dans les sections parallèles à la schistosité, ces nœuds se mon- trent au microscope sous la forme de bandes de ı à 3 millimètres de long sur o"",2 à o"®,8 de large. Les deux côtés allongés sont souvent séparés avec une remarquable netteté de la masse phylla- deuse et généralement droits; aux deux extrémités les contours sont plus vagues et plus irréguliers, ils s'arrondissent le plus sou- vent ou se terminent en pointe et se noient quelquefois dans les fibres phylladeuses entourantes. Il est assez rare que le nœud sectionné atfecte une forme discoïde ou ellipsoïdale. (Voir pl. VI, fig. 1 et 2.) Les extrémités sont occupées par une matière verte que je rapporte à la chlorite dont les lamelles remplissent toute la largeur du nœud; elles viennent aboutir de chaque côté vers le centre à une zone quartzeuse qui sépare le cristal de fer-aimant de la chlorite. Cette zone quartzeuse est presque toujours moins développée que les parties vertes, mais il est extrêmement rare qu'elle manque tout à fait. Ce n'est que dans des cas exceptionnels que l'on peut observer des nœuds elliptiques avec couches concen- triques de quartz et de chlorite environnant le cristal de magnétite. La forme qui domine dans ces sections semble indiquer que le nœud aurait eu à l'origine un centre de magnetite avec les faces recouvertes de lamelles chloriteuses, affectant pour l'ensemble une disposition octaédrique; qu’ensuite la chlorite enveloppant l'oc- (1) E. Genirz, Der Phyllit von Rimogne in den Ardennen (Mitt. DE TSCHERMAK, 1880, III, pp. 533-540). (2) Conen, Neues Jahrb. für Min., etc., 1882, vol. II, pp. 67-68. 1883. ET LA STRUCTURE DES PHYLLADES ARDENNAIS. 135 taédre, comme écrasée par la lamination, aurait été séparée du cristal et que, dans la partie laissée libre entre le centre et les parties chloriteuses, le quartz aurait cristallisé après coup. J'es- saierai de démontrer que c'est ainsi quon peut interpréter la forme actuelle de ces nœuds. Je me borne ici à énoncer cette manière de voir dans le seul but de fixer la forme dominante de ces ségrégations au milieu de la masse phylladeuse. Au microscope tous les nœuds se détachent vivement des fibres sericiteuses qui les entourent, on distingue alors nettement l'orien- tation parallèle que l'examen macroscopique laisse déjà entrevoir. Souvent plusieurs d'entre eux sont alignés a la suite, quelquefois ils sont disposés en quinconce, et presque toujours une plage plus ou moins grande de la masse fondamentale est interposée entre eux. Les sections de fer-aimant ont généralement des contours bien nets; souvent la forme des cristaux sectionnés montre qu'ils ont subi un léger allongement, ce que l'on peut d'ailleurs aussi con- stater à la loupe. La magnétite partage cette particularité avec d'autres minéraux de ce phyllade, par exemple avec les cristaux de pyrite de la carrière de Pierka à Rimogne, dont M. Daubrée (1) a figuré les remarquables déformations. Les cristaux de magnétite ne sont pas altérés, il est très rare de découvrir sur leur pourtour des taches de limonite; ils ne sont pas non plus crevassés, mais souvent ils ont été désagrégés sur les bords par le polissage, et la forme primitive du cristal n'apparaît plus que par le moule quart- zeux qui enveloppe ce minéral. Notons aussi que les cristaux de fer-aimant occupent exactement toute la largeur des nœuds. Le quartz qui vient remplir l'espace entre le cristal du centre et la chlorite offre des plages de dimensions assez variables. Souvent ces plages ne forment qu'un enduit de quelques centièmes de milli- mètre, qui tapisse les contours des sections de fer magnétitique compris dans la largeur de la bande; quelquefois elles s'étalent largement de chaque côté de la magnétite; jamais peut-être on ne découvre de nœud où le microscope ne puisse déceler du quartz entre le fer-aimant et la chlorite. En lumière naturelle ces parties quartzeuses apparaissent incolores et limpides, on n'y observe presque pas de vacuoles avec liquide; en fait d’inclusions, on n'y remarque jamais de particules de la masse micacée qui constitue le phyllade; quelquefois cependant des paillettes de chlorite de (1) Daurrée, Etudes synthétiques de géologie expérimentale, p. 443. 136 RENARD. — RECHERCHES SUR LA COMPOSITION Avril forme irréguliere y sont enclavées. Quand les plages quartzeuses atteignent une certaine dimension, on voit qu'elles sont sillonnées par des lignes d'une extrême ténuité; celles-ci sont mises en relief par l'examen à la lumière polarisée. Etudiées avec les nicols, les sec- tions de quartz se montrent composées de formes allongées qui se colorent chacune vivement d'une teinte spéciale; les limites de ces prismes accolés sont dessinées par les lignes que l'on observe en lumière naturelle. Dans certains cas, ces formes prismatiques plus ou moins régulières ont une disposition qui rappelle celle dite en éventail; souvent aussi ces plages quartzeuses se montrent comme une mosaïque où l'on ne découvre aucune section régulière sauf quelques-unes rappelant l'hexagone. En s'appuyant sur l'ensemble des observations microscopiques en lumiere polarisée, on constate qu'il existe entre l'orientation de ces prismes et les faces du cristal qui forme le centre une relation marquée : lorsqu'ils sont assez bien développés on peut voir qu'ils sont implantés sur la magnétite normalement aux faces de l'octaêdre. L'existence de la zone quart- zeuse entre la magnétite et la chlorite, et l'observation que je viens de signaler présentent une certaine importance au point de vue de la genèse des nœuds ; j'aurai l'occasion d'y revenir bientôt. Sauf dans de rares exceptions on ne voit pas que les prismes sont terminés; j'ai pu cependant constater dans certains cas que l'extrémité opposée au cristal de fer-aimant portait la pyramide hexagonale du quartz. Il reste à faire connaître le troisième élément constitutif des nœuds : la matière chloriteuse qui occupe les deux extrémités des agregations. Ces lamelles chloriteuses ont exactement la même lar- geur que la section de fer-aimant dont elles sont séparées par le quartz; elles se frangent aux deux bouts ou se terminent en pointe. Il importe de faire voir quels sont les rapports de ces lamelles avec l'octaëdre central. Au premier coup d'œil on aperçoit que la dis- position et l'aspect de la chlorite varient de manière à montrer une étroite relation avec la forme de la section de magnétite. On a fait remarquer plus haut que les cristaux de fer-aimant, quoique dis- posés dans un même plan, n’offrent pas un rigoureux parallélisme de leurs axes; il s'ensuit que les sections des octaêdres d'une même lame mince peuvent se présenter sous des formes variées. Ce qui contribue pour sa part à augmenter cette variabilité de formes, c'est l'étirement qu'ont subi les cristaux. Pour se rendre compte des rapports qui existent entre les lamelles chloriteuses et les faces du cristal central de magnétite, envisageons les diverses sections 1883. ET LA STRUCTURE DES PHYLLADES ARDENNAIS. 137 octaédriques que nous presentent ces noeuds, et pour mieux fixer les idées sur le sens de ces sections, admettons, comme c’est d’ail- leurs presque toujours le cas, que l’octaedre régulier a été étiré. On peut le considérer alors comme un cristal quadratique. Examinons d'abord le cas où l'octaêdre de magnetite est sectionné parallèlement a un deutéroprisme, l'axe allongé du cristal étant orienté parallèlement au grand axe du nœud ou au grand côté de la bande. Le cristal ainsi entaillé donne une section rhombique; les lamelles chloriteuses sont alors divisées en quatre champs; une ligne qui est sur le prolongement du sommet de l'angle aigu de la section de magnétite sépare nettement en deux parties les plages vertes situées à chaque extrémité du nœud. En examinant les par- ties chloriteusesavec un plus fort grossissement, on voit que chacun de ces quatre champs est formé de fines lamelles empilées et orien- tées plus ou moins parallèlement au côté voisin de la section de ma- gnétite. Les lamelles d'un champ viennent buter contre celles du champ adjacent, quis inclinent en sens contraire. A l'intersection se dessine une ligne dentelée située, comme on vient de le dire, sur le prolongement du sommet de l'angle aigu de la section rhombique. Il importe de faire remarquer que les lamelles ne sont pas exacte- ment parallèles aux côtés de la section de l'octaèdre, elles forment souvent au point d'intersection de deux champs un angle beaucoup plus aigu que celui des deux côtés de la section de magnetite; elles s'étirent aux extrémités du nœud. D'un autre côté, comme il arrive fréquemment que le cristal de fer-aimant n'a pas été entaillé de manière a donner une figure à côtés égaux, les champs de matière chloriteuse n'ont pas tous le même développement. Chacun d'eux a des dimensions en rapport avec celles du côté de la section sui- vant laquelle les lamelles chloriteuses sont orientées. C’est ainsi qu'il peut se faire que deux champs alternes sont réduits à un simple filament, tandis que les deux autres occupent presque toute la largeur de la bande. Notons aussi que jamais ces plages chloriteuses ne dépassent la largeur de la section centrale de magnétite. Dans certains cas les parties chloriteuses s'offrent sous la forme rubanée, sans ligne médiane; les petits feuillets de chlorite sont empiles et disposés perpendiculairement sur les côtés allongés du parallélogramme (voir fig. 2). Si lon met en rapport ces details de structure avec la forme des sections de magnétite et si l'on tient compte de l'orientation des lamelles chloriteuses en relation avec les faces de l’octaedre, on est conduit à admettre que dans ce cas le 138 RENARD. — RECHERCHES SUR LA COMPOSITION Avril cristal de forme rhombique est sectionné plus ou moins parallèle- ment a la face du protéroprisme. Quelques cristaux de magnétite se présentent sous la forme de sections quadratiques, environnees par des filaments quartzeux unis a des lambeaux chloriteux, qui ne montrent pas de disposition régulière autour du centre et qui s'étendent sur une tres faible lar- geur. Tout semble indiquer que ces sections sont celles des cris- taux de magnetite taillés suivant la base. On voit souvent ces sections dans les lames minces perpendiculaires à la schistosité. Dans ces mêmes préparations, lorsque le nœud a été entamé au- dessus ou au-dessous du grain central de magnétite, on observe assez souvent des sections triangulaires de chlorite plus ou moins pénétrées de quartz. Si l'on tient compte des diverses particularités que nous mon- trent les sections des nœuds, on est amené à admettre que la chlo- rite a ses lamelles disposées parallèlement à chacune des huit faces de l'octaêdre. Les plages vertes à chaque extrémité du nœud sont comme deux pyramides creuses déformées, comparables pour la forme à des trémies de sel marin, dont les quatre pans sont formés par la superposition transgressive de petits feuillets chloriteux. Il est donc incontestable que l’octaedre de magnétite a exercé une influence sur l'orientation de ces lamelles de chlorite; or on com- prend difficilement que cette influence ait pu se faire sentir, si, au moment de sa formation, la chlorite était séparée de la magnétite par la zone de quartz interposée entre ces deux minéraux. On est ainsi porté à admettre, qu à l'origine ces plages chloriteuses étaient appliquées immédiatement sur les faces de l'octaêdre, et que des mouvements mécaniques postérieurs les ont décollées et sépa- rées du cristal sur lequel elles s'étaient déposées symétriquement. En admettant cette interprétation on rend compte en outre des particularités suivantes que l'on observe bien souvent dans les nœuds, et qui sont assez nettement indiquées sur la figure ı, pl. VI. On remarque d'abord que l'angle formé par les lamelles chlori- teuses de deux champs voisins est fréquemment plus aigu que celui formé par les côtés de la section de magnétite avec lesquels ils sont en rapport; il y a là un étirement bien visible, et cet écrasement se traduit encore par l'allongement des plages de chlorite. On observe aussi des lambeaux de ce minéral, qui gisent dans la zone quart- zeuse; on pourrait les considérer comme des fragments détachés des lamelles de chlorite, au moment où celles-ci, cédant à la pres- sion, se séparaient du cristal qu'elles enveloppaient de toute part. 1883. ET LA STRUCTURE DES PHYLLADES ARDENNAIS. 139 On comprend en effet que ce deplacement ne sest pas fait sans deformation et sans rupture des feuillets chloriteux. Un fait qui n'est pas moins significatif, et sur lequel j'ai insisté tout a l'heure, c'est que jamais la largeur des lamelles chloriteuses sectionnées ne dépasse celle de la base du cristal de magnétite, et que les sections parallèles à cette base, comme on peut le voir dans les lames minces perpendiculaires à la schistosité, sont presque entièrement dégar- nies de l'enduit quartzeux et chloriteux. La disposition de ces lamelles chloriteuses et leur relation avec la forme du cristal central, les déformations qu'elles nous mon- trent, linterposition entre la chlorite et la magnétite d'une zone de quartz avec cristaux généralement implantes sur les faces de l'octaèdre, la déformation de la magnétite, l'allure et les contours des nœuds, tout paraît indiquer que c'est a des mouve- ments mécaniques postérieurs a la formation de la magnétite et de la chlorite que les nœuds doivent leur structure actuelle. On peut aussi démontrer que la forme de ces nœuds n'est pas primordiale et que le laminage est cause de l'agencement des divers minéraux qui les composent, en comparant ces phyllades de Rimogne et de Monthermé à certains schistes avec magnétite du terrain silurien du Brabant et a ceux de la zone de Paliseul. Dans ces dernières roches le fer-aimant est entouré d'une zone de ma- tière chloriteuse ; mais ici la chlorite s'applique directement sur la magnetite; elle ne montre pas cet étirement que présentent les phyllades aimantiferes de Deville et de Rimogne. Or on constate pour ces roches du Brabant, celle de Beaurieux par exemple, et pour celles de la zone de Paliseul, que les nœuds n y offrent pas cet étirement si caractéristique des phyllades du massif de Rimogne; en même temps on observe que ces dernières roches possèdent une fissilité remarquable et des joints qui indiquent bien les phéno- mènes de pression auxquels elles furent soumises, tandis que ces roches du Brabant et de Paliseul ne nous montrent qu'à un degré bien moindre la structure feuilletée et les clivages latents des roches des bords de la Meuse (1). Comme il existe une relation entre le feuilletage et l'intensité des efforts mécaniques qui l'ont provoqué, (1) Je puis dire d'une manière générale que toutes les préparations microscopiques de roches aimantifères que j’ai examinées, des Ardennes, du silurien de Brabant, de la zone de Paliseul, montrent de la chlorite autour du fer magnétique. Une préparation, que m'a montrée M. Lehmann, d'une roche laminée et plissée, décrite par M. Heim, et dans laquelle la magnétite s'est développée, présente de même une zone de matière chloriteuse autour du fer-aimant. 140 RENARD. — RECHERCHES SUR LA COMPOSITION Avril on doit s'attendre a voir les effets de l’étirement beaucoup plus prononcés dans les roches où le métamorphisme de structure a laissé une profonde empreinte. C'est ce que nous montre en effet la forme des nœuds dans les diverses variétés de roches aimantifères plus ou moins schistoïdes que je viens de rapprocher. En tenant compte des observations précédentes, je suis porté à envisager la chlorite comme ayant été formée avant les plages quartzeuses qui la séparent du cristal magnétite ; la pression, en détachant et en écrasant les lamelles chloriteuses, qui envelop- paient de toute part le fer-aimant, aura déterminé un vide entre le centre du nœud et les plages vertes; des infiltrations siliceuses postérieures seront venues remplir l’espace libre dans lequel le quartz a cristallisé, comme dans une géode, sous la forme de prismes enchevêtrés, implantés sur les faces de l'octaèdre de magnétite. Je montrerai plus loin les rapports que présentent ces infiltra- tions siliceuses avec les filonnets de même nature qui sillonnent la roche. Les nœuds tels qu'ils viennent d'être décrits sont ceux que l'on rencontre presque toujours, peut-on dire, dans les préparations de phyllade aimantifere; quelquefois cependant on en observe où la magnétite n'est pas représentée au centre du nœud et d’autres où la pyrite remplace le cristal central de fer-aimant. Ces nœuds sans centre de magnétite ou de pyrite pourraient être considérés comme la première phase de la ségrégation; je dois ajouter cependant que je n'ai pas pu suivre d'une manière bien nette toutes les transitions qui, dans cette hypothèse, devraient relier les nœuds avec cristaux de magnétite à ceux où ce minéral n'est pas développé. On trouve assez fréquemment ces nœuds sans cristaux de ma- gnetite dans un phyllade verdätre de Rimogne associé aux schistes aimantiferes. A l'œil nu, on voit sur les feuillets du phyllade en question des lentilles plus ou moins allongées présentant quel- quefois des contours en losange vaguement indiqués. Ces nœuds n affectent pas un parallélisme aussi prononcé que ceux des phyl- lades aimantiferes; ils ne sont pas non plus aussi étirés. On dis- tingue à la loupe au centre du nœud une matière grise, qui tranche sur l’auréole de chlorite qui l’environne. Comme je l'ai dit, le centre de magnetite manque généralement ou n'est représenté que par des granules noirs opaques de forme irrégulière. On ne voit pas au microscope la division en quatre champs, que nous mon- traient tout à l'heure les nœuds types du phyllade; les lamelles de chlorite forment un lacis de feuillets enchevétrés. Le quartz est peu 1883. ET LA STRUCTURE DES PHYLLADES ARDENNAIS. 141 représenté, et, quand il se montre, il n'affecte pas cette structure en éventail avec prismes implantés sur l'octaèdre. Au microscope, la matière, constituant le centre du nœud, présente une grande analogie d'aspect avec celle qui forme la masse fondamentale du phyllade ; elle est peu individualisée et criblée de points noirs opaques sans contours nets. Souvent le centre du nœud est tra- versé par des fissures de dimension variable et d’allure irrégulière. Dans ces fissures se sont développées des lamelles de chlorite et des carbonates cristallisés sous la forme rhomboédrique. Quoique l'échantillon qui m'a montré les nœuds dont la description précède, ait au fond la même composition minéralogique et la même struc- ture que les autres phyllades aimantitères, on remarque cependant que les cristaux de rutile et de tourmaline sont beaucoup plus petits et beaucoup moins nombreux qu'à l'ordinaire; les formes prismatiques à bords plus ou moins échancrés, dont j'ai laissé la détermination indécise (voir p. 133), sont de même peu repré- sentées. On trouve enfin des nœuds ou la pyrite remplace la magnétite. Je me borne à transcrire la description de ces ellipses à centre de pyrite que donne M. Geinitz (1). « Des phyllades de la même loca- lité montrent des nœuds dont le centre, au lieu d'être un cristal de magnétite, est formé de pyrite (combinaison de oo O oo et 25). La masse fondamentale est la même que celle des roches décrites pré- “ cedemment, cependant les microlithes n'ont pas une disposition parallele aussi rigoureusement prononcée. Plusieurs noeuds sont encore formés de magnétite et de biotite (2); mais le plus souvent ce sont des cristaux de pyrite assez grands qui occupent le centre. On voit aussi que des filaments de pyrite sillonnent la roche. Les plus petits nœuds de ce schiste montrent la même orientation que les ellipses avec cristal de fer magnétique. Ceux dont les propor- tions sont plus grandes ne montrent pas aussi nettement cette dis- position régulière. Le quartz est très développé dans ces noeuds avec pyrite. On voit, en lumière polarisée, qu'il est orienté sur le cristal central. Les parties quartzeuses incolores (qui renferment des enclaves liquides) présentent une mosaïque d'individus prisma- tiques ou fibreux plus ou moins perpendiculaires sur les faces de la pyrite. Des lamelles de mica sont emprisonnées dans le quartz. (1) Loc. cit., pp. 538-530. (2) M. Geinitz a considéré la matière chloriteuse comme étant de la biotite. Voir Conen, Neues Jahrb. für Min., 1882, vol. II, pp. 67, 68. 142 RENARD. — RECHERCHES SUR LA COMPOSITION Avril Le mica au contraire n'offre plus cette disposition régulière de lamelles paralleles, la ligne de séparation qui divise deux plages orientées en sens contraire n'est plus aussi nettement indiquée. Il paraîtrait que le mica, qui jouait le rôle principal dans les nœuds avec fer magnétique, est refoulé ici par le quartz, qui prend un plus grand développement et qui s'oriente d'une manière marquée. Ces lentilles n'ont pas aux deux extrémités cette forme discoide allongée, elles sont plutôt écourtées, et la masse fondamentale les entoure en ondulant. » Nous venons de voir que le minéral vert occupant l'extrémité des nœuds, est désigné dans la description précédente sous le nom de mica; M. Cohen a été amené à le considérer comme de la chlo- rite, c'est à cette opinion que je crois devoir me rallier. Je vais appuyer cette détermination par l'examen des caractères distinctifs de cette substance et justifier la dénomination dont je me suis servi. C'est surtout dans les nœuds que cette matière lamellaire verte s'est concentrée, on en voit aussi des paillettes dans la masse phylladeuse; alors elles sont à contours vagues, et on pourrait les prendre pour de la séricite, qui passe quelquefois à des teintes d’un vert-pâle. Mais où il est impossible de les confondre avec ce dernier minéral, c'est lorsqu'elles sont bien isolées avec lamelles contournées, et dans les sections près des grains de magnétite : la structure, la teinte, le dichroisme, la disposition régulière autour de l'octaëdre, les limites nettement tranchées qui les séparent de la pâte fondamentale montrent bien que nous avons sous les yeux une espèce minérale, qui ne peut être confondue avec la matière micacée sériciteuse. J'aurais peut-être hésité à me prononcer avec certitude sur le groupe minéralogique auquel ces lamelles verdâtres des nœuds doivent être rapportées; mais dans une excursion faite récem- ment aux environs de Monthermé j'ai pu recueillir de nouveaux échantillons dont l'étude permet de trancher cette question. Jai trouvé à la carrière de l'Échina, dans les débris de l'ex- ploitation, des dalles de phyllade aimantifère de 50 à 60 centimètres recouvertes d'un enduit luisant vert-foncé. L'épaisseur de cette matière, appliquée sur la surface des feuillets d’ardoise, ne dépasse guère 1 à 2 millimètres; elle est intimement soudée à la masse phylladeuse, de sorte qu'il n'est pas possible de détacher cette membrane sans arracher en même temps quelques fibres d’ardoise. L'analyse de l'enduit n'a donc pas été possible; mais on a pu étudier ses caractères physiques avec détail. Les petites lamelles, que 1883. ET LA STRUCTURE DES PHYLLADES ARDENNAIS. 143 l'on peut isoler, sont legerement flexibles, sans élasticité; leur dureté est de 1 à 1.5; leur couleur est vert-foncé; elles sont peu transpa- rentes, avec éclat nacré légerement gras et clivage parallele a la base, monaxiques ou a axes optiques tres rapprochés, avec une forte absorption, O > E; les teintes pour E sont jaune-clair, celles pour O sont vert assez foncé. Le pléochroïsme ne se montre que lorsque la section a été taillée de maniere a entamer plus ou moins perpendiculairement les lamelles dont la superposition forme cet enduit (1). Lessections paralleles aux lamelles du minéral écailleux restent éteintes pour une rotation complete entre nicols croisés. L'enduit est souvent formé de paillettes, qui offrent dans cer- tains cas des formes hexagonales plus ou moins régulières; elles sont imbriquées les unes dans les autres. Cette substance verte donne une poussiere grisätre; elle est difficilement fusible au chalumeau, se laisse attaquer par l'acide chlorhydrique qui la décolore; l’acide sulfurique la décompose assez facilement. L’en- semble de ces caracteres indique bien que nous avons affaire a de la chlorite. Je vais montrer les relations qui unissent cet enduit aux plages verdatres des noeuds. On ne peut pas toujours conclure d'une manière absolue que les minéraux cristallisés dans les fissures soient de même nature que ceux qui forment partie intégrante de la roche; mais dans le cas qui nous occupe, l'examen des lames minces montre bien que l'enduit chloriteux est identiquement semblable à la matière verte que lon voit dans le tissu du phyllade, principalement localisée dans les nœuds autour des cristaux de fer-aimant. Grâce à la faible épaisseur de la couche de chlorite étalée sur le plan de la fissure, des cristaux de fer-aimant viennent en certains points affleurer.a la surface, et les nœuds sont entamés par le polissage ; on voit alors que les lamelles vertes, qui forment les nœuds avec fer-aimant pour centre, se perdent dans la chlorite de l'enduit et qu'elles ont avec celle-ci des caractères microscopiques parfai- tement identiques. Ces nouvelles observations m’amenent à modifier, sur un point, (1) C'est grâce au pléochroisme intense de ce minéral que l’on distingue avec tant de netteté les quatre champs des nœuds. Il suffit d'étudier les préparations avec un prisme de nicol pour voir se détacher vivement les champs adjacents et les deux champs alternes se colorer de teintes semblables, respectivement vertes et jaunes. Le parallélisme des lamelles des champs alternes et l’angle qu’elles forment avec celles du champ voisin expliquent ce phénomène. 144 RENARD. — RECHERCHES SUR LA COMPOSITION Avril l'interprétation de la composition minéralogique du phyllade aiman- tifere que j'avais donnée dans la première partie du travail. La difficulte que présentait la determination du minéral en question par l'examen microscopique seul, et, d'un autre côté, le calcul de plusieurs analyses de phyllades ardennais ne pouvant bien se concilier avec l'interprétation qui aurait admis la chlorite comme élément constitutif de certaines de ces roches, m’avaient conduit à considérer le minéral vert comme se rapprochant de la chloritoide. Je n'avais pas, au moment où j'écrivais, les bons échantillons avec enduit chloriteux dont l'étude macroscopique et l'examen des lames minces m'ont permis de déterminer la nature de la substance verte des nœuds. La chloritoïde cristallisant sous la forme de tables hexagonales, en agrégats écailleux avec clivage basique très pro- noncé, de couleur verte dans les lames minces, fortement pléo- chroïques, pouvait être confondue avec la chlorite, lorsqu'on tient compte des incertitudes que laisse l'examen des lames minces d'un minéral en agrégat écailleux, sans contours nets et dont les pro- priêtés optiques sont difficilement discernables. Notons en outre que la chloritoïde joue un rôle analogue à la chlorite dans certaines roches schistoïdes. Quant à la dureté, qui différencie nettement ces deux minéraux, je ne pouvais guère en tenir compte; je dirai la même chose du diagnostic que présente la chloritoïde pour sa résistance aux acides, car les auteurs sont partagés sur ce point. Les observations qui viennent d'être signalées permettent de trancher la question et cette nouvelle interprétation aplanit aussi certaines difficultés que présentait le calcul des analyses de phyl- lade aimantifere, si l'on admettait la chloritoïde comme partie intégrante de cette roche. En publiant la première partie de cette notice, j'avais insisté sur les différences notables qu'accusaient, pour l’alumine, les chiffres de l'analyse et ceux des calculs (x); J'avais relevé que pour constituer le silicate alumineux, il man- quait de 6 a 9 °/, d'alumine dans les analyses des phyllades de Rimogne et de Monthermé. Or, si lon admet la présence de la chlorite, et que l'on établit le calcul sur la formule 3 SiO,, Al,Os, 5 RO, 4H,0 = Si, Al, Rs Hg Og, on obtient les résultats con- signés dans les tableaux qui suivent, et qui ne montrent pas ces anomalies saillantes que je m'étais efforcé de justifier par des rai- (1) Renarp, Recherches sur la composition et la structure des phyllades arden- nais 1882, t. |, p.14 1883. ET LA STRUCTURE DES PHYLLADES ARDENNAIS. I 45 sons théoriques. L'accord quoffrent sur ce point d'une manière si satisfaisante l'interprétation et les faits mentionnés plus haut, indique que l'on doit considérer le minéral vert comme devant se rapporter à la chlorite. Ces enduits chloriteux, étalés sur les surfaces des feuillets d’ardoise aimantifere, sont sillonnés de stries parallèles peu pro- fondes et dont la direction forme avec l'orientation des grains de magnétite, un angle de 35° à 40° environ. Ces surfaces striées et luisantes rappellent bien les miroirs de glissement; mais, vu la faible dureté du minéral qui forme l’enduit, on est porté à admettre que le glissement n a pu laisser son empreinte sur la matière chlo- riteuse, et que c'est le phyllade lui-même qui aura reçu l’impres- sion. Postérieurement il se sera déposé, sur les feuillets sillonnés par les stries, un dépôt d'une mince couche de chlorite dont les reliefs et les creux repetent ceux de la masse sous-jacente. On peut établir dans certains cas, pour les plages quartzeuses qui environnent les grains de magnetite, des relations qui ne sont pas moins significatives que celles qui existent entre les enduits chloriteux et les lamelles du même minéral qui forment partie intégrante des nœuds. On voit dans les préparations microsco- piques taillées perpendiculairement à la schistosité des filonnets de quartz et des lentilles alignées en chapelet et qui sont consti- tuées de calcite et de quartz : lorsque ces veines longent un nœud, il est facile d'observer que des filonnets ou des prismes de quartz passent de la veine dans le nœud et viennent s'interposer entre la chlorite et la magnétite. Parmi les minéraux microscopiques que l'on peut considérer comme accidentels, je signalerai des particules charbonneuses assez rares, la calcite ou des carbonates rhomboedriques dont je viens d'indiquer la présence dans ces lentilles quartzeuses, un minéral incolore à sections parallélogrammiques éteignant en long et rempli d'inclusions disposées assez régulièrement suivant les contours de la section, des trainées de limonite et enfin le fer oligiste. Autant ce dernier mineral est abondant dans les phyllades bleus simples, qui accompagnent les ardoises aimantiferes, autant il est rare dans les roches que je decris. Dumont signale (1) que dans certains cas les cristaux de fer-aimant de ces phyllades sont trans- (1) Dumont, loc. cit., p. 12. 146 RENARD. — RECHERCHES SUR LA COMPOSITION Avril formés en oligiste d'un noir légèrement brunätre, plus ou moins friable, aisement reconnaissable a la couleur rouge sombre de sa poussière et à son inaction sur l'aiguille aimantée. L'examen d'un grand nombre de préparations microscopiques m'a montré que les faits que je viens de rappeler sont très exceptionnels. Dans certains cas le phyllade aimantifère est sillonné de veinules ou moucheté de petites taches rouges qui sont de l'oligiste. Des ardoises de la carrière de Sainte-Marguerite au sud de Monthermé m'ont donné de bons exemples de phyllade aimantifere et oligistifere ; mais je ne pense pas que l'oligiste y provienne de l’altération de la magné- tite. On observe au microscope, dans les phyllades en question, de petites sections généralement irrégulières, transparentes d'une teinte rouge-brun, non décomposées par l'acide chlorhydrique froid, attaquées par le mème acide à chaud. On remarque que ces grains d'oligiste ne sont pas répandus sporadiquement dans la roche, mais localisés auprès des nœuds autour desquels ils forment comme une auréole. Lorsque plusieurs nœuds sont très rappro- ches, l'oligiste s'est concentré en assez grande quantité dans les plages. Mes observations ne m'ont pas montré que dans le phyllade aimantifère avec oligiste, la présence de ce minéral dût être expliquée par la décomposition du fer magnétique. La magnétite ne paraît pas alteree. En s'appuyant sur ce que ma montré le phyllade simple de la Richolle à Rimogne et celui de Sainte-Marguerite à Monthermé, on peut dire que le fer oligiste abonde dans les roches où la magnêtite n'est pas développée, et que dans les phyllades aimantiferes il manque ou n'est qu'exceptionnellement représenté. L'observation que je viens d'indiquer, m'amène à dire quelques mots de la question soulevée par Dumont relativement au méta- morphisme qu’auraient subi les roches aimantiferes du massif de Rimogne. On sait que ce géologue considérait les roches de la bande de Fumay et celles de la bande de Rimogne comme appar- tenant à l'étage inférieur des Ardennes constituant son système devillien. Il sappuyait sur des considérations stratigraphiques pour établir ses vues et sur l’analogie de composition que pré- sentaient les phyllades de Fumay oligistifères et ceux avec cristaux d’aimant de Rimogne et de Montherme. « La composition, écrit-il, pour ainsi dire identique, des bandes » de Rimogne et de Fumay, les rapproche évidemment, la diffe- » rence que présentent les phyllades violets et les phyllades violets » et verts ne consistant que dans l’état particulier d’oxydation du 1883. ET LA STRUCTURE DES PHYLLADES ARDENNAIS, 147 » fer qu'ils renferment, et pouvant, par consequent, être considérée » comme un simple effet de métamorphisme (1). » Il est évident que Dumont n'avait pour se guider dans cette interprétation que les données de l'examen macroscopique; il m'a paru interessant de voir si les recherches microscopiques et chimiques pouvaient se concilier avec ses vues. Quelle que soit l'opinion que l'on se fasse sur les idées de ce savant par rapport a la constitution de l'Ardenne, on ne peut manquer d'être frappé de certaines coïncidences : presque jamais, dans la bande de Rimogne, on ne trouve l'oligiste en grande quan- tité dans le phyllade aimantifère et par contre, dès que l’aimant disparaît, le phyllade devient oligistifère. Ce fait est bien plus sen- sible encore pour les roches de Fumay, au point que Dumont le signalait déja expressément dans son mémoire. Ce qui n'est pas moins important à signaler à ce point de vue, c'est la grande ana- logie de composition centésimale que montrent les analyses des phyllades aimantifères de Monthermé et de Rimogne et celles des phyllades violets de Fumay et d'Haybes. Je dirai plus : on peut démontrer que la teneur en fer des phyl- lades oligistifères est suffisante pour que se produise la ségrégation de magnétite réclamée dans la présomption de Dumont. En effet, si nous reprenons les chiffres fournis par les analyses des phyl- lades violets de Fumay et d’Haybes, nous trouvons que la teneur moyenne en peroxyde de fer pour ces deux roches est de 6.23 °/, dont la plus grande partie doit être rapportée a l'oligiste; une autre partie peut être à l'état de combinaison avec les silicates. D'un autre côté, la teneur moyenne en fer-aimant des phyllades aimantifères de Rimogne et de Monthermé monte a 4.16 °/.. Le calcul indique que les 4.16 °/, de Fe;O, des phyllades aimanti- feres répondent a 4.30 °/. Fe,O;. Ces chiffres prouvent à l'évidence que la quantité de peroxyde de fer accusée par les analyses dans les phyllades oligistiferes est plus que suffisante pour former, sans apport de substance, la magnétite dans les phyllades aimantiferes. En relevant ces faits, je veux simplement montrer que la com- position des roches en question n'implique aucune contradiction avec les vues émises par Dumont. Les tableaux qui suivent montrent les rapports existant entre la composition des phyllades aimantifères de Rimogne et de Mon- (1) Dumont, loc. cit., pp. 70, 71. Els 148 RENARD. — RECHERCHES SUR LA COMPOSITION Avril thermé, que nous avons surtout étudiés, et les résultats obtenus par le calcul de l'analyse de ces deux roches. On a tenu compte pour le calcul de la presence de la chlorite, comme il a été indique | plus haut. Je donne en même temps les analyses des phyllades aimantiferes de Rimogne (T) et de Montherme (II). [ II (KLEMENT. | [RENARD. | SI She calito: 58.78 50.91 ZI; dt ka Sida Ee 2.28 1.46 ALO3 ENTE 19.52 19.51 Ber era Re rs 1.87 2.74 Fe30, ey oe ae “en 4.50 3.81 BED lure 6.4054 2.67 2.87 MOTO create. N traces traces Gala sata. 0.21 0.40 MgO See EE eee 2.21 2.39 K,O ‘gle, Cee ot RE 3.11 3 30 Naw). ae) Gores * 1.24 1-97 à À 6 rs ee ae 3.24 3.46 09.63 101 38 Phyllade aimantifere de Rimogne. SiO, | TiO, Ao] Foo Fe304| FeO Chiorite (5% Sericite rn: Magnétite . Rutile; 124 Quartz" is Reste tint Somme. .. |[58.78| 2.28 1883. ET LA STRUCTURE DES PHYLLADES ARDENNAIS. 149 Phyllade aimantifere de Monthermé. | so. no. | alo Fer] Fo FeO |! CaO | MsO | K,0 | Na,0 | H,O | SOMME. | | | | j Chlorite .. | 3.55] — | 2.03) — | — wal — | B ek — lise) 12.00 Séricite . . . [21.75] — 18.44) u Mn: | — | — | — | 3.30] 1.57] 2.18] 47.24 ot EE ON CE TN EN EN | 7 Magnétite . | — | — | — | — | 3.81} — | — | — | — | — | — 3.81 =e) Ss) Se ee ee eee | SEE REN, eee | | ae — 1.46, — | — | — — | — | — = — | — 1,46 Bern Error. Te. Quartz a wie 34.61] en — | — | er — ann = — een: 54 61 — |— | |" ——| — | —} — |} — | —} — | — el | Reste. . .. = —— 1) =02 96) 2.74) — | — 6.401" = | — or! 2.04 | | PER] RES EE ei ee ER RE: Somme... 150.91 na 19.57 2.74| 3.81] 2.87 se a = 1.57| 3.46) 101.38 € | | Je vais passer à la description du phyllade simple associé au phyllade aimantifere dans la zone de Rimogne. Quant aux remar- ques relatives à l'origine de ces ardoises aimantiferes et des modi- fications qu'elles ont subies, je les réserve pour la dernière partie de ce travail, lorsque j'aurai exposé l'ensemble des observations sur chacun des types principaux des phyllades ardennais. bis ah Ait) AD" wa HARE AS et 2 ; 4 me EAS UE ae HR Pie ir: REP A Taian r 1? Ld “ at Vy ae RO II ey TT TRG > = = es \ n 2 A a À . dek) ar ’ . Pr = + VE: ÿ the ; r dk 1} hd hi led, nr LL ‘ mart AT BMO AN ‘ ee Vip ali a 3 Ee 1 HN PECL?) og HONNEUR Je à «> el BA 4 N “ae CU x ot BL, | EN ’ ; ’ f i a 5 LÉ ’ 4 Na 4 wy VA dis i ‘ me | { N „… go> Te ; | A vi et A y ‘ —, a "à Pi } 7 218% \ 2 ‘ 1 L 2 . 8 m £ f 5 (i 2 | Wi a) I : Ce rl f 4 ny L ‘ x We | té me 2 > “eo ‘ > 4 de À <4 ï % . i a # 1 NY 4 . è 4 Vi à LA # BASE 7 7 i N 1 as + b u Fin: LE , | , \ 4 : . € EXPLICATION DE LA PLANCHE VI. Fic. 1, — Phyllade aimantifere de Montherme, section de nœud : au centre, cristal de magnétite, les parties incolores sont du quartz; la chlorite est a l'extérieur du nœud et présente les quatre champs décrits pages 134 et suivantes. */2., lumière naturelle. Fic. 2. — Phyllade aimantifere de Rimogne, section de nœud : voir pour la des- cription pages 134 et suivantes. */,., lumière naturelle. Bull Musée RHist Nat Bels. TIL REDE “wa, Cliché microór. de J. Ward. Phototypie Wilh Otto Disseldart& Bruxelles. SUR LES DEPOTS FLUVIO-MARINS D’AGE SENONIEN OU SABLES AACHENIENS DE LA PROVINCE DE LIEGE; PAR 3. C.. PURVES, Attaché au Service de la Carte géologique. INTRODUCTION. Ainsi qu'on le sait depuis longtemps, dans la région qui s'étend aux environs et surtout à l'O. d’Aix-la-Chapelle, la craie blanche est séparée des roches carboniféres et devoniennes, formant le sous-sol, par une puissante masse de sable a stratification presque horizon- tale, dont l'ensemble a reçu le nom de Sables d’Aix-la-Chapelle. Cette masse peut se diviser assez aisement en deux assises dis- tinctes, qui different entre elles par leurs caracteres lithologiques et paléontologiques. L’assise supérieure consiste en sables fins, glauconiferes, avec quelques minces bancs de grès calcareux renfermant des fossiles marins. Vers le haut, ces sables se chargent d'argile et de calcaire et passent insensiblement à la craie, tandis que leur base est presque partout assez nettement marquée par un lit sableux contenant des cailloux roulés. Cette assise supérieure, d’origine incontestablement marine, a reçu de Dumont le nom de Système hervien. Quant a l’assise inférieure, dont nous traiterons spécialement dans cette note et sur l’âge de laquelle plusieurs opinions ont été émises, elle est composée de sables blancs ou jaunâtres qui alter- nent à certains niveaux agec des lits argileux contenant abondam- ment des restes de végétaux terrestres. Cette assise repose, par l'intermédiaire d'une puissante couche 12 134 PURVES. — SUR LES DEPÖTS FLUVIO-MARINS Mai d'argile noire, sur les roches paléozoïques et constitue le Système aachenien de Dumont. La surface couverte par les deux systèmes hervien et aachenien est fort inégale; car le premier s'étend des environs immédiats d'Aix en suivant la crête du pays de Herve jusque bien au dela de la ville de Liège, alors que le second atteint déjà sa limite occiden- tale a quatre lieues à l'O. d'Aix, ne pénétrant ainsi que sur une assez minime portion de la province de Liege. Cette partie du système aachenien qui pénètre sur le territoire belge, quelque minime qu'elle soit, est néanmoins intéressante a connaître, et cependant c'est à peine si l'on possède quelques ren- seignements à ce sujet. En effet, l’aachenien n'a guère été étudié qu'aux environs d’Aix- la-Chapelle, et Dumont lui-même s'est borné à appliquer aux cou- ches belges les notions qu'il avait acquises en étudiant les coupes situées sur le territoire prussien. Il est vrai de dire que du temps où Dumont explorait la région comprise sur le territoire N.-O. de la province de Liège il n'existait que quelques coupes obscures, tandis qu'aujourd'hui les observa- tions sont rendues faciles et plus fructueuses depuis la construction de chemins de fer; détroutes; etc: C'est à l'étude des couches belges de l’aachenien que nous nous sommes livré récemment. Grâce aux coupes actuellement visibles et aux données fournies par la sonde, nous sommes parvenu à reconnaître d'une manière suffisante la constitution générale du terrain et l'ordre de superposition des couches, et ce sont les résul- tats de ces recherches que nous allons donner ci-après. Toutefois, comme l'étude de la région belge ne peut être profi- table que si on la compare à la région classique ou typique d’Aix- la-Chapelle, nous avons dû également faire ample connaissance avec celle-ci pour établir les comparaisons et les synchronismes. De cette étude générale à laquelle nous nous sommes livré il est résulté deux faits importants, à savoir : 1° Qu'en s’eloignant vers l'O., la constitution des couches aache- niennes typiques éprouve des modifications assez sensibles, qui n'avaient pas encore été signalées; 2° Que, des données générales ainsi recueillies, nous avons pu nous former une opinion précise sur l'âge et les conditions du dépôt de l'assise aachenienne situé aux environs d’Aix-la-Chapelle et au N.-O. de la province de Liege. Ainsi que nous venons de le dire, il n’est guère possible d'aborder 1883. D'AGE SENONIEN, ETC. 155 fructueusement l'étude des couches aacheniennes situées sur le ter- ritoire belge sans connaitre en détail les couches typiques des envi- rons d’Aix. Ces couches avaient cependant déjà fait l'objet de nombreux tra- vaux et leur constitution était assez bien connue, mais certains faits importants n'avaient pas été mis suffisamment en lumière, et nous croyons que cette omission a été la principale cause des diver- gences d'opinion constatées entre les différents auteurs. L'un des principaux faits qui ont été le plus négligés consiste dans la pré- sence d'une ligne nette de séparation entre les dépôts aacheniens et herviens, ce qui a eu pour résultat la connaissance incomplète des vraies relations stratigraphiques et paléontologiques existant entre les deux systèmes; et si nous ajoutons à ce qui vient d'être dit quelques faits nouveaux qui se sont révélés depuis peu de temps, nous nous voyons amené à penser qu'il y a lieu de revenir sur la description des couches typiques d’Aix, tant au point de vue de la connaissance exacte de leur constitution que des néces- sités de la comparaison avec les couches belges dont la composi- tion n'avait pas encore été dévoilée. Nous commencerons donc ce travail par la description des cou- ches qui peuvent sobserver aux environs d’Aix-la-Chapelle, puis de celles qui se trouvent entre cette ville et la frontière belge. De là nous passerons dans la vallée de la Gueule pour remonter ensuite la crête du pays de Herve, jusqu'au point où les couches aacheniennes atteignent leur limite occidentale. Enfin nous terminerons par quelques considérations sur. l’en- semble des dépôts, leur mode probable de formation, et sur l’ap- préciation de leur âge. Avant d'aller plus loin, qu'il nous soit permis d'exprimer notre gratitude à M. Ig. Beissel, a qui nous sommes redevable de quantité de renseignements précieux; de plus nous saisissons également l'occasion de présenter nos remerciements à M. le Dr Debey, qui nous a courtoisement permis d'examiner sa magnifique collection de restes végétaux provenant pour la plupart des couches argi- leuses intercalées dans les sables aacheniens. 156 PURVES. — SUR LES DEPOTS FLUVIO-MARINS Mai DEPOTS AACHENIENS DES ENVIRONS D’AIX-LA-CHAPELLE. Massif du Nord. Quoique les depöts aacheniens soient mis a découvert en beau- coup d’endroits a l’entour d’Aix, nous n’avons pas réussi a décou- vrir un point où une coupe complete de l'étage puisse s'observer ; cependant il existe quelques coupes partielles assez etendues pour que leur ensemble suffise a donner une idée assez exacte de la constitution de l’aachenien dans cette région. Le Lousberg, longue colline isolée s'êlevant brusquement de la plaine au N. de la ville, est composée entièrement de couches sableuses et argileuses, sauf vers son extrémité N.-O. ou elle est couronnée par quelques bancs d'une craie dure et siliceuse. Lors de notre visite on creusait dans la vallée, au pied occidental de la colline, un puits qui avait traversé une trentaine de mètres d'une argile noire devenant sableuse vers sa partie inférieure, sans avoir atteint les roches paléozoïques sous-jacentes. Sur la pente, entre ce point et celui où le chemin de fer coupe la base du Lousberg, aucun affleurement n'était visible, mais en mon- tant de ce dernier endroit vers le sommet, une coupe, assez continue des sables aacheniens et herviens, et plus spécialement des couches moyennes de l’aachenien, a pu être observée, grâce à une rigole profonde creusée par un petit torrent alimenté par les pluies abon- dantes et qui descend du haut de la colline. Ces circonstances favorables nous ont donc permis de relever la coupe suivante en commençant par le bas : Coupe de l'extrémité occidentale du Lousberg. Mètres. 1. Sables jaunes et blancs avec lits minces de grès, visibles par places dans le talus de la tranchée du chemin de fer, à partir du niveau de la voie ferrée. 8.00 2. Alternances d’argile et de sable finement stratifiées visibles au-dessus de la tranchée du chemin te fers, SR HD ON TER ER BNG ecrugineut AEN EINE ARR NS 4. Argile noire charbonneuse avec débris végétaux . . . - . . . . . + Oe 30 5. Argile gris-brunätre avec linéoles sableuses. . . . . . . . © . + . 1 .60 6. Banc de grès dur, siliceux, gris au centre, rouge à la surface, renfermant des empreintes charbonneuses de plantes he oe. „te MIO SES 7. Argile gris-foncé en lits minces régulièrement stratifiés, avec empreintes Ge plantes ink Yate go Martel TA af. SES roa a ace 1883. D'AGE SENONIEN, ETC. | 157 Mètres. CE EN teer ee 14 0,20 9. Argile gris-rougeätre, avec des empreintes de branches et de feuilles de D ee ae D Lun nain «is À 1400 10. Banc de grès bleuâtre, siliceux par places, mammelonné à la surface, ren- EE ee à A Legs ha 0040 11. Sables blanchätres avec linéoles argileuses et un lit d'argile d'environ ed u, à 2.50 Ces couches de 2 à 11 étaient visibles dans le lit du petit torrent longeant le mur oriental du monastère franciscain. Au-dessus du sentier qui longe le mur septentrional du même établissement, on observe : 12. Sables blancs et jaunes avec concrétions grésiformes irrégulières, ren- fermant des fragments de bois silicifiés. 13. Sables jaunes en couches minces nettement stratifiés. 14. Petit lit d'argile. Lacune. — Espace couvert de végétation. 15, Sables glauconifères régulièrement stratifiés, rougis en certains endroits par altération, contenant vers leur partie moyenne deux bancs irréguliers de grès calcareux, quelquefois graveleux, remplis de moules de cépha- lopodes, de gasteropodes, de lamellibranches et quelques empreintes de polypiers, le tout irrégulièrement entremélé et généralement brisé. Nous y avons trouvé les especes suivantes : Belemnitella quadrata, Blainv. Cardita Goldfussii, Müll. (Corbula æqui- Baculites anceps, Lam. valvis, Goldf.) Ostrea sulcata, Blum. Dosinia (Lucina) lenticularis, Goldf. sp. Pecten divaricatus, Reuss. Cytherea subovalis, d'Orb. — quadricostatus, Sow. Arcopagia (Tellina) costulata, Goldf. Pectunculus lens, Nilss. — — strigata, Goldf. Trigonia limbata, d’Orb. Serpula tuba, Sow. Cardium tubuliferum, Goldf. Microbacia coronula, Goldf. sp. Ces bancs ne sont pas continus; ce ne sont, en effet, que des concrétions a ciment calcareux formées par des amas locaux de coquilles dans les sables verts. Le contact des couches glauconiferes dont il vient d'être question avec les sables jaunes aacheniens n’est pas visible a l’endroit oü nous avons observé la coupe, a cause des éboulis; mais en suivant ces sables sur la pente vers l'E. on peut voir par places un petit lit de cailloux de quartz quelquefois consolidé en conglom£rat ferru- gineux, qui marque nettement la base des sables glauconiferes et 158 PURVES. — SUR LES DEPOTS FLUVIO-MARINS Mai établit ainsi la ligne de séparation entre les dépôts herviens et les depöts aacheniens. Enfin, en montant toujours, on voit que les sables glauconiferes sont eux-mémes surmontes par des couches de craie dure qui affleurent sur la promenade, au sommet de l'extrémité occidentale de la colline. La constitution du Lousberg peut donc se résumer comme suit, en ordre descendant : A. Craie siliceuse. = B. Sables glauconiferes avec bancs irréguliers subcontinus de gres calcareux, = glauconifere, renfermant des Céphalopodes, des Gastéropodes, quelques en, empreintes de Polypiers, et principalement des Lamellibranches brisés. T Lit de cailloux a la base. . C. Sables jaunes et blancs avec couches irréguliéres de grés contenant du bois 2 silicifié vers la base. z N st = D. Alternances d’argiles, de sables et de gres renfermant des restes vegetaux. vo “ x ” . LI . be E. Sables et grés analogues a ceux formant la division C, mais avec les bancs de grés moins €pais. Argile noire dans le fond. A l'extrémité E. du Salvatorberg, qui n’est que le prolongement oriental du Lousberg, une grande sablière, située près de l'endroit appelé Knip, donne une coupe des couches aacheniennes moyennes qui diffère déjà sensiblement de celle de l'extrémité N.-O. qui vient d'être décrite. On y voit de bas en haut: Metres. ı. Argile noire, pyriteuse, sableuse vers le haut, se delitant en fragments schistoides, wisible Sur... oes.” 2%. aaa Si ne ce ee Se 2. Sable gris, ferrugineux passant vers le haut au blanc-grisatre, légerement glauconifere, contenant de minces lits d’argile grise. . . . . . . . 2.50 3. Sable gris, graveleux, contenant beaucoup de fragments de charbon, plus ou moins arrondis, dont quelques-uns atteignent les dimensions 0™,20 X 0™,10 et qui ont tous les caractères physiques de la houille. . 0.30 4. Sable blanc-jaunatre avec minces bancs de grés a texture poreuse, renfermant beaucoup de bois silicifié et quelques fragments de charbon . . . . . 0.60 5. Sables jaunes et blanc-grisätre assez régulièrement stratifiés, contenant de rares blocs de houille d’assez grandes dimensions. . . . . . . . 9.00 Les ouvriers affirment que des forages faits dans l'argile n° 1 en ont traversé plus de 12 metres sans atteindre la base, et qu'elle devient moins sableuse et plus compacte à mesure qu'on descend. Cette énorme masse argileuse, qu'il ne faut pas confondre avec 1883. D'AGE SENONIEN, ETC. 159 celle qui forme le soubassement du Lousberg et qui se trouve beaucoup plus bas, semble donc s’attenuer et même disparaître latéralement vers l'O. à une distance de quelques centaines de mètres: car dans la coupe du petit ravin à l'extrémité occidentale de la colline, elle n’est plus représentée que par quelques minces lits d’argile intercalés dans les sables constituant la masse princi- pale de l’assise. Une autre particularité remarquable de la coupe que nous venons de donner consiste dans la presence de grains de glauconie dans les sables 2 et 4. L’absence de glauconie avait cependant été consi- dérée pendant longtemps comme un caractere distinctif entre les sables aacheniens et herviens, mais on voit qu'on ne peut guere se fier a cette distinction d’une maniere absolue, ainsi que le montre la coupe de Knip et comme nous le verrons encore plus tard dans les coupes de la Chapelle de Moresnet et d’autres localites. Une sabliere a Königsthor, à l'O. de la ville d’Aix, montre la succession suivante des couches superieures, de bas en haut: Metres. i. Sable blanc-jaunätre avec cordons de nodules de grés vers le bas contenant de nombreux fragments de bois silicifié . . . 2 . . . . . . . . 3.00 nc ammleux avec mince ht d'argile. © . vn. atelier tele 3.00 3. Sable jaune a stratification entre-croisée, argileux vers le haut. . . . . 4.00 Re TT on A dn RE ER 5. Sable glauconifere avec concrétions ferrugineuses et un lit de cailloux a la base (hervien). Les coupes que nous venons de donner montrent d'une manière generale la constitution de la serie aachenienne vers le bord sep- tentrional du massif dans les environs d’Aix; voyons maintenant les modifications qu'elle subit en suivant le bord meridional. Massif du Sud. L’horizon au S. d'Aix est borné par une chaîne de collines boisées assez élevées, appelées Aachener Wald, et qui sont presque entie- rement constituées de couches sableuses disposées horizontalement. Cette chaîne est traversée par le chemin de fer belge-rhénan et par la chaussée de Liège, qui mettent à découvert dans leurs tranchées, le premier, la partie inférieure, la seconde, la partie supérieure des assises constituantes des collines. | Entre Aix-la-Chapelle et le point d’intersection de ces deux voies de communication, à 1 kilomètre environ de la ville, on peut 160 PURVES. — SUR LES DEPOTS FLUVIO-MARINS Mai observer dans une grande sablière située a l’O. de la chaussée, une coupe de la partie supérieure des sables aacheniens : Coupe d’une sabliere sur la chaussee de Liege, de bas en haut. Metres. 1. Sables blancs et jaunes avec minces lits argileux et concrétions ferrugineuses, stratifiés assez régulièrement vers le bas, mais se disposant vers le haut en masses lenticulaires a stratification diagonale, et renfermant un petit lit graveleux avec beaucoup de grands fragments de bois silicifié . . . 8.00 2. Couchesdargile gris rongeatte rn os wr Se ey) a he ee ke 3. Lit de cailloux de quartz dont quelques-uns atteignent la grosseur d’un œuf. 0.20 4. Sables fins gris-jaunâtre glauconifères recouverts par un amas de silex et de sable vert, parmi lesquels se trouvent de temps en temps de gros blocs arrondis de grès blanc, dur, à grains fins. Ces blocs, comme nous le verrons dans la suite, pourraient être d’origine tertiaire et peut-être landeniens. En continuant vers le S.-O., nous arrivons au point ou le chemin de fer belge-rhénan traverse en tunnel la chaîne de collines de Aachener Wald. On peut y observer, sur le talus d'une profonde tranchée à l'extrémité N. du tunnel, une coupe montrant une grande partie des sables aacheniens surmontés par les sables glau- conifères herviens dont les couches supérieures sont également visibles dans la tranchée d’une nouvelle route au-dessus du tunnel. Nous avons donc en cet endroit la succession de couches sui- vante, de bas en haut, commençant au niveau de la voie ferrée : Coupe de Ronheide pres de l'entrée du tunnel. Metres. 1. Sables jaunés en stratification oblique visibles sur =... . . . « » + (2400 2. Les mémes, avec couches de grés poreux renfermant des fragments de bois CHE OM EN CON eh AREN OS ee ee LEREN VE 3. Sables jaunatres et grisatrés légèrement argileux: |... . Je „sr Sone 4. Argile gris-foncé finement stratifiée . . . . . . . er Et Pe WN Da Sable yalinatte NES, TD ROM oll ee ee 6. Banc de concrétions irrégulières de grès . . . . ON SOA ae 7. Sables jaundtres ‘avec tees veines d'argilen ee ou sh. OM AE A ee 8. Sables jaunes agglutinés par places en bancs épais de grès assez dur, traversés par des tubulations verticales d’annélides (?) . . . 110296708 g. Sables rougeätres et jaunes a grains fins de glauconie avec lit de cailloux a la base (hervien). 10. Sables vert-foncé tres glauconiferes, avec quelques minces lits argileux, visibles dans la tranchée du nouveau chemin au-dessus du tunnel. 11. Débris de silex ravinant profondément les couches précédentes. 1883. D'AGE SENONIEN, ETC. 161 En descendant la chaussee de Liege vers le S., on rencontre, a une centaine de mètres de la dernière coupe, dans les sables glau- conifères n° o, un banc de grès calcareux fossilifère correspondant par ses caractères lithologiques et paléontologiques, ainsi que par sa position stratigraphique, aux bancs grésiformes intercalés dans les sables herviens du Lousberg. Voici la liste des fossiles que nous y avons trouvés : Turritella quadricincta, Goldf. Trigonia limbata, d'Orb. Chenopus striatus, Goldf. Cardium tubuliferum, Goldf. Ostrea sulcata, Blum. Cardita Goldfussii (Corbula æquivalvis, Pecten divaricatus, Reuss. Goldf.) — quadricostatus, Sow. Dosinia (Lucina) lenticularis, Goldt. Pectunculus lens, Nilss. Cytherea subovalis, d’Orb. Arca Kaltenbachii, J. Müll. Arcopagia (Tellina) strigata, Goldf. Serpula tuba, Sow. Les cing coupes que nous venons de donner peuvent servir a nous former une idée générale des dépôts sableux inférieurs d’Aix-la- Chapelle, dans les environs de cette ville. Cependant nous devons faire remarquer d'abord qu'un des caractères les plus frappants de cette formation est son extréme variabilité; on trouve en effet difficilement deux coupes, même peu éloignées, qui se ressemblent dans tous leurs détails. Les couches d'argile et les bancs de grès n'ont qu'une faible extension latérale, ils s'amincissent et dispa- raissent à des distances peu considérables. De plus, il est facile de s'assurer que les couches d'argile surtout ne sont que des amas lenticulaires d'une étendue relativement très limitée. Néanmoins, malgré la variabilité constatée en comparant les différentes coupes autour d'Aix, on peut reconnaître dans l'en- semble un ordre de superposition général assez constant constitué : 1° vers le bas de l’assise, par une série de sables blancs et jaunes presque sans intercalations argileuses; 2° vers sa partie moyenne, par des sables gris alternant avec un nombre variable de lits argileux dans lesquels les restes végétaux sont fréquents et souvent bien conservés; 3° vers sa partie supérieure, par des sables jaunes bigarrés de teintes rougeâtres, ordinairement stratifiés irrégulière- ment et obliquement, renfermant rarement des couches argileuses mais souvent traversés par des bancs de grès horizontaux, concré- tionnés, contenant des restes végétaux silicifiés. 162 PURVES. — SUR LES DEPÖTS FLUVIO-MARINS Mai En quelques localites cette derniere division renferme également des coquilles de mollusques appartenant a des genres marins. Telle est, en résumé, la constitution de l'étage aachenien aux environs d’Aix-la-Chapelle. Rappelons, enfin, pour étre complet, que la base de l'assise n'est nulle part visible, mais que des forages pratiqués en plusieurs localités ont démontré l'existence d’une masse puissante d'argile noire pyriteuse, reposant sur les tranches des roches anciennes, et qui, sous la ville même, atteint une épais- seur d'environ 30 metres. Autrefois le contact supérieur de cette argile avec la partie sableuse de l’assise pouvait s'observer près du pied du Laurenz- berg, au N. de la ville; malheureusement depuis lors les excava- tions ont été comblées. Possédant maintenant notre terme de comparaison, abordons la description des dépôts aacheniens : 1° Entre les environs d’Aix-la-Chapelle et la frontière belge ; 2° Dans la vallée de la Gueule; 3° Sur la crête entre Henri-Chapelle et Battice. DESCRIPTION DES COUCHES AACHENIENNES ENTRE LES ENVIRONS D’AIX-LA-CHAPELLE ET LA FRONTIÈRE BELGE. En quittant le point situé au-dessus du tunnel de Ronheid, où nous avons étudié la dernière coupe, et en descendant vers le S.-O. par la chaussée de Liége, nous continuons à rencontrer les sables herviens sur quelques centaines de mètres, le long des talus à droite, tandis que les sables aacheniens sont visibles dans les tranchées du chemin de fer dans le fond à gauche. Plus bas, la chaussée est située sur les dépôts aacheniens jus- qu'à un endroit à 600 metres S.-O. de Bildge, où les psammites devoniens affleurent. A 1 kilomètre N.-E. de cette localité un tunnel de chemin de fer traverse un monticule de sables jaunes, au som- met duquel repose un banc de grès fossilifère d'environ 1 metre de puissance. La roche est d’un jaune grisätre avec parties ferrugi- neuses, dure et siliceuse vers le bas où elle renferme une quantité de moules de coquilles marines brisées, entremélées de quelques cailloux de quartz de petites dimensions. La plupart de ces fossiles sont des huîtres dont il existe plusieurs espèces, mais on remarque en plus un certain nombre d’autres lamellibranches et quelques gastéropodes, tous, malheureusement, en très mauvais état de 1883. D'AGE SÉNONIEN, ETC. 163 conservation. Nous avons pu, cependant, par moulage, déterminer les formes suivantes (1) : Cerithium, sp. Pecten cretosus, Defr. cr. Pleurotomaria, sp. Inoceramus Crispii, Mant. h. cr. Emarginula, sp. Mytilus lineatus, d’Orb. h. cr. Patella, sp. Mytilus, sp. Modiola, sp. Ostrea vesicularis, Lamk. h. cr. Arca, sp. — hippopodium, Nilss. cr. Cardium pectiniforme, J. Müll. A. (?) — (Exogyra) auricularis, Goldf. Dosinia (Lucina) lenticularis, Goldf. h. h. cr. cr. Lima, sp. Cytherea subovalis, d’Orb. 4. Arcopagia (Tellina) strigata, Goldf. h. Nous ajouterons a cette liste les especes recueillies dans la méme localité par la Société geologique de Belgique, lors de son excur- sion annuelle en 1881 : Fissurella (trois especes inédites). Ostrea laciniata, Nilss. h. cr. Acteon (Tornatella) giganteus, Sow. h. Pecten divaricatus, Reuss. h. cr. Arca Kaltenbachii, J. Müll. A. Les couches qui ont dü recouvrir le banc de gres fossilifere ont été évidemment enlevées, mais on peut facilement observer celles qui sont en dessous et on remarque qu'elles possèdent tous les caractères distinctifs des sables supérieurs aacheniens. De plus, on peut également observer les sables glauconifères herviens à quelques centaines de mètres vers l'E. et à un niveau fort peu élevé au-dessus de celui de la surface du banc fossilifère. Nous considérons donc ce banc comme situé au sommet des sables aacheniens, à moins qu'il ne représente en ce point particu- lier la couche de gravier et cailloux qui forme ailleurs la base de l’assise hervienne, ce qui est très probable lorsqu'on tient compte de l'état fragmentaire des fossiles, de leur caractère littoral et de la présence parmi eux de petits cailloux roulés de quartz. Cette opinion est encore renforcée par l'étude des fossiles, qui sont tous, à une ou deux exceptions près, des formes herviennes bien connues; les exceptions pouvant même disparaître successivement, lorsque la faune complète des sables, argilites et marnes herviens aura été étudiée à fond. (1) Les espèces suivies de h. ou de cr. sont communes au hervien ou à la craie blanche respectivement. 164 PURVES. — SUR LES DEPÖTS FLUVIO-MARINS Mai En continuant à se diriger vers le S.-O., on a, sur la droite, une chaîne de collines s'étendant depuis le Karlshöhe jusqu’Altenberg et située en partie sur le territoire neutre séparant les Etats belge et prussien. Ces collines, au moins vers leur extrémité S., consistent entiere- ment en couches aacheniennes dont on ne voit, cependant, que les divisions moyenne et supérieure, constituées par des sables jaunes contenant à un certain niveau des bancs minces de gres siliceux, poreux et léger, renfermant beaucoup de bois silicifié, sables deve- nant ferrugineux vers le haut et recouverts par un amas de silex meles a du sable glauconifere grossier. Dans cette région, la base de l’aachenien n'est nulle part visible et l'allure de la masse est généralement masquée par des éboulis; ce n'est qu'en arrivant à l'extrémité méridionale de la chaîne, près des premières maisons d’Altenberg, qu'on peut observer une coupe qui malheureusement ne montre guère que la partie supérieure du dépôt. On peut noter dans une grande sablière, de bas en haut: Coupe à Altenberg. 1. Sable blanc-jaunâtre ou grisâtre à stratification peu marquée, avec nodules de grès de forme irrégulière renfermant des feuilles de Credneria, des branches de Sequoia, du bois silicifié perforé par des tarets et quelques coquilles marines. Nous y avons recueilli : Inoceramus niytiloides, Sow. Cardium Beckxii, Müll. — Crispii, Mant. Teredo, sp. 2. Sable gris-jaunâtre traversé verticalement par des concrétions cylindriques de sable ferrugineux (moules de tubulations d’annélides ?). 3. Sable jaune plus ou moins ferrugineux avec bancs irréguliers de grès renfermant du bois silicifié. 4. Banc de grès noduleux avec bois silicifié. 5. Sable jaune avec minces bancs de grès siliceux renfermant également du bois silicifié. Nous y avons rencontré un échantillon de Cardium pectiniforme, Müll. 6. Amas de silex contenant par places de petits lits lenticulaires de gravier avec sable glauconifère. Cette coupe présente un intérêt spécial, non seulement à cause de l'association de fossiles marins avec des restes de végétaux ter- 1883. D'AGE SENONIEN, ETC. 165 restres, fait que nous n'avions pas remarqué dans le grès fossilifère de Bildgen, mais aussi parce que ces fossiles marins se trouvent a un niveau certainement inferieur a celui de l’amas coquiller de cette derniere localite. Telles sont les notions que nous avons pu acquerir sur le massif situé entre la ville d’Aix-la-Chapelle et la frontiere belge. DEPOTS AACHENIENS DE LA VALLEE DE LA GUEULE. La Gueule et ses affluents, aux points ou ils traversent le coin N.-E. de la province de Liège, ont creusé profondément les dépôts crétacés qui recouvraient la région. Ils les ont même enlevés entiè- rement sur un espace très étendu pour former une vallée d'une profondeur considérable, présentant plusieurs branches latérales, dans le fond desquelles les cours d'eau coulent sur les tranches des roches paléozoïques, principalement celles des étages carbonifère et houiller. Le contact du terrain crétacé avec les roches sous- jacentes est malheureusement presque constamment caché par des dépôts quaternaires et récents, et ce n'est qu'en une seule localité que nous avons pu le voir distinctement à découvert; cependant nous avons réussi, au moyen de sondages pratiqués à différents niveaux le long du pied des collines, à déterminer la nature des dépôts formant la base de l’assise aachenienne et à établir l'ordre de superposition des couches dans la région que nous étudions, comme il sera démontré par les coupes suivantes : Coupe prise à 800 mètres N.-N.-O. de la chapelle de Moresnet. (Voir pl. VII, fig. 1.) A moitié chemin entre la chapelle de Moresnet et le village de Gemmenich, le calcaire carbonifère affleure sur le chemin qui mène à Bleyberg. En montant depuis ce point dans une direction E.-N.-E. vers le sommet de la colline du bois de Preus, qui est couronnée par la craie, on peut déterminer la succession de couches suivante : 1. Calcaire carbonifère. ls 2 Bea eee, eee et blanıchea a base." . 2. „vor. 22 UP, 254 4:00 3. Sables gris, jaunes et blancs, argileux vers le bas et alternant avec cou- EREN Br meee DIU great | ee 14,00 166 PURVES. — SUR LES DEPOTS FLUVIO-MARINS Mai Metres, 4. Grès à grains subanguleux, assez grossiers, mêlés a des fragments de lignite vers le bas et contenant par places, vers le milieu, des cailloux de quartz tantöt subanguleux, tantöt bien arrondis, qui atteignent quelquefois la grosseur d'une noisette. 24, „UL. 0UR FREIE 5. Sables gris, jaunes et rougeâtres avec minces zones argileuses vers le bas, quelquefois légèrement glauconifères vers le haut . . . . . . 7.30 6. Sables blancs, jaunes et rouges, souvent en stratification diagonale, ferru- gineux vers le haut; avec plaquettes ou minces bancs de grès siliceux, poreux, contenant du bois silicifié, vers le bas, environ. . . . . . 30.00 7. Sables glauconifères avec cailloux de quartz à la base (sables herviens). Ces sables continuent jusque près du sommet du bois de Preus, où ils sont surmontés par une marne glauconifère qui passe vers le haut à une craie marneuse blanc-grisätre (8). Le puissant banc de grès n° 8 est visible le long d’une ligne de carrières située à mi-côte sur la pente occidentale des collines au pied desquelles se trouve la chapelle de Moresnet. La roche four- nit d'excellentes pierres a pavés et elle a été exploitée a cet effet depuis nombre d'années, sous le nom de grès de Moresnet. La coupe que nous donnons passe par la première carrière au N.-N.-O. Dans une autre, située à 800 metres plus loin vers le S., dans le bois qui s'étend entre la chapelle et Boschuysen, la bande de grès se retrouve avec les mêmes caractères, mais recouverte par une couche d'argile grise schistoïde d'environ 1 mètre d'épaisseur qui n'existe pas dans la coupe donnée ci-dessus. Ce fait nous montre encore la tendance à la formation de dépôts argileux d’étendue horizontale limitée, qui caractérisent d'une manière si remarquable la partie moyenne de l’assise vers l'E. du bassin, c’est-à-dire aux environs d’Aix-la-Chapelle, tandis que cette tendance diminue insensiblement dans la direction de l'O. La bande grésiforme, quoique très remarquable par sa puis- sance, son extrème dureté et son étendue horizontale, n'est pour ainsi dire qu'une grande concrétion locale qui ne peut être consi- dérée comme formant la base de l’ensemble des dépôts aacheniens dans le N.-E. de la province de Liege, malgré ce que dit Dumont dans son mémoire sur le terrain crétacé, page 393. En effet, nous venons de voir, par la coupe donnée plus haut, qu'il existe encore entre ce banc de grès et les roches paléozoïques une épaisseur considérable de couches sableuses et argileuses; et, de plus, nous verrons plus loin qu'au point où l’on peut le mieux observer la base de l’assise, point qui n'est éloigné que de quelques cen- 1883. D'AGE SENONIEN, ETC. 167 taines de metres des carrières dont il vient d'être question, le grès de Moresnet n'existe plus. Déja a 200 metres de ces car- rières il n’est représenté que par quelques couches minces de faible cohérence. La tendance à la consolidation par infiltration siliceuse semble s'être toujours plus fortement manifestée dans les points où il y a eu abondance de matières organiques en décomposition, ce qui a été plus spécialement le cas vers la partie moyenne de l’assise. Cependant on observe le même phénomène à divers niveaux, par exemple à Honthem, au N. de Montzen, où un banc de grès égalant en épaisseur celui de Moresnet, mais moins dur, se trouve près du sommet des dépôts aacheniens. I] ne faut pas confondre avec le grès de Moresnet les énormes blocs arrondis qui lui ressemblent par les caractères pétrologiques et que l'on rencontre souvent pointant à la surface du sol de la région que nous étudions. Ces blocs ne sont évidemment pas en place. Nous les avons vus même dans les amas de silex recouvrant les sables herviens à des élévations qui excluent la possibilité de leur provenance de la bande de Moresnet, par exemple à l'entrée du tunnel situé à l'E. de Gemmenich et près du sommet du Karls- höhe. Enfin, nous en avons observé sur les collines au S. de Gem- menich qui contenaient des fragments de silex de la craie, prou- vant, par conséquent, leur postériorité relativement à celle-ci. Il est probable que ces blocs sont les restes de dépôts tertiaires, peut-être landeniens, qui autrefois s'étendaient sur cette région et dont les parties meubles ont sans doute été enlevees pendant la période quaternaire. En suivant le pied des collines qui bordent la vallée de la Gueule entre la chapelle de Moresnet et Gemmenich on remarque sur la pente, a un niveau assez constant, la présence d’une ligne de sources, déterminée par une zone de sable très argileux. Au-dessous de ce niveau, des couches de grès tendre représentent la bande siliceuse de Moresnet, et au-dessus se trouvent les sables jaunes moyens à plaquettes avec bois silicifié. Plus haut encore vien- nent les sables ferrugineux supérieurs en stratification diagonale, recouverts par les couches herviennes avec leur lit de cailloux à la base. A Gemmenich, la base et les couches inférieures de l’aachenien sont cachées par l’alluvion de la vallée, mais on peut voir aux envi- rons du village les parties moyennes et supérieures. 168 PURVES. — SUR LES DEPOTS FLUVIO-MARINS Mai Coupe a Gemmenich, de bas en haut. Metres. 1. Sables jaunes et blancs a grains moyens, en stratification irréguliére, avec minces zones charbonneuses et même d’assez grands fragments de charbon roulé, visibles sur le talus d’une tranchée de la nouvelle route à PO. du village. ac) aed cipal en or) ay AMEN ee 2. Sable blanc en bas, rougeatre vers le haut, avec banc de concrétions gréseuses renfermant des fragments de bois silicifié. J’y ai rencontré une pousse terminale de Sequoia aquisgranensis . . . . . . . . 6.00 3. Sables blancs et jaunes, ferrugineux vers le haut, visibles à l'extrémité E. dE rulApe, ENVIrGE «linie Sain shots vitara elden MIE RCA Be el NS ENS 4. Sables gris-verdätre, glauconiferes, à grains fins (herviens) visibles au- dessus du passage à niveau du chemin de fer situé au N.-E. de l’église. Les couches 1, 2, 3 représentent les sables sup£rieurs au gres de Moresnet. „En continuant a suivre l’affleurement de l’assise dans une direc- tion N.-O., on peut encore observer des coupes en plusieurs endroits le long de la pente s'étendant de Gemmenich a Sippenaeken et notamment dans les environs d’Alschenberg et Terstraeten, mais elles ont peu d’importance verticale et ne font voir que les couches moyennes ou sup£rieures. Enfin, l’une des coupes les plus completes que nous ayons obser- vees dans la région parcourue, se trouve a Völkerig, petit hameau situé a 1 kilomètre au N. de la station de Bleyberg. Les couches aacheniennes inférieures et moyennes ont été mises a découvert lors des travaux de la nouvelle route de Bleyberg a Aix-la-Chapelle, et les couches supérieures sont visibles jusqu’à leur contact avec le lit de gravier formant la base du hervien, près de l'endroit marqué Groenelenneden sur la carte de l’Etat-Major. Coupe entre Volkerig et la créte au N. de Groenelenneden, commengant au ruisseau au N.-O. de Völkerig. (Voir pl. VII, fig. 2.) Metres. 1. Schistes, psammites et grés houillers. 2. Arpile noire sableuss Baak. … ee helte Ue Sep el oe CNE 3. Sable blanc, zoné de jaune-rougeatre et parsemé de points de lignite terreux, consolidé par places et contenant alors des empreintes de feuilles querci- 6.00 FOLIES LV TE at... ee ac a See es 4. Sables blancs, jaunes et rougeatres a grains moyens ou grossiers, finement stratifiés et contenant de minces zones argileuses vers le bas. . . . . 8.00 1883. D'AGE SENONIEN, ETC. 169 3 ] KR Mètres. 5. Sables jaunes et blancs avec bancs minces ou plaquettes de grès siliceux, poreux renfermant des fragments de bois silicifié perforé par des tarets, vers le bas, ferrugineux et à stratification irrégulière vers le haut ; visibles aux dernières maisons de Vülkerig et sur le talus de la route à EEEN IQ CU CEVNI a licl al Sle le 25 14600 6. Sables glauconiféres herviens avec lit de gravier et cailloux cimentés par de la limonite, à la base, visibles a lO. de Groenelenneden. 7. Craie formant le sommet de la crête. Nous avons retrouvé la même succession en remontant au N. vers Alschenberg, comme le démontre la coupe générale prise entre Völkerig et le sommet de la chaîne de collines située au N. de Terstraeten. Coupe entre Völkerig et la créte au N. de Terstraeten. (Voir pl. VII, fig. 3.) 1. Schistes houillers. 2. Argile noire, sableuse vers le haut. 3. Sables jaunes et gris avec zones argileuses. 4. Sables jaunes et rougeätres en stratification irrégulière, avec plaquettes siliceuses renfermant du bois silicifié, à la base. 5. Sables glauconifères herviens. 6. Craie. Il suit donc des chiffres qui ont été donnés ci-dessus, que l’assise aachenienne qui, aux environs de Moresnet, possède une puissance d'environ 5o metres, est déjà réduite a 30 metres au point où nous sommes arrivé; elle n’a donc à peine plus que le quart de l'épaisseur qu on lui attribue dans les environs d’Aix-la-Chapelle. On remarquera aussi, par les coupes successives que nous avons données, que le caractère des couches constituantes diffère nota- blement de part et d'autre. Les nombreux lits ou amas lenticu- laires d'argile qui caractérisent la partie moyenne dans les coupes typiques d'Aix manquent complètement dans celles de la vallée de la Gueule, ou y sont réduites à de simples zones de quelques milli- mètres d'épaisseur, dans lesquelles la riche flore aachenienne n'est représentée que par des taches informes de matière végétale char- bonneuse. Dans la province de Liege, il n'est donc pas possible de diviser lassise en trois groupes, dont celui du milieu se distinguerait par la prédominance de dépôts fossilifères argileux comme on l'a fait pour les environs d’Aix-la-Chapelle. 13 170 PURVES. — SUR LES DEPÖTS FLUVIO-MARINS Mai Il existe cependant dans la partie belge du massif certaines couches qui, tout en ne possedant pas une importance geogenique bien évidente, présentent neanmoins des caracteres lithologiques assez bien marqués et se rencontrent a un niveau stratigraphique assez constant pour pouvoir servir de point de repère. Ce sont les minces bancs, ou cordons de plaquettes, de grès siliceux et dur, „mais léger et a texture poreuse, renfermant toujours en plus ou moins grande abondance des fragments de bois silicifié, et dont nous avons déjà très souvent signalé la présence vers le milieu de l’assise. | Sur la rive gauche de la Gueule, à l'O. et au S. de Bleyberg, on peut reconnaître, quoique moins clairement a cause de la rareté de bonnes coupes, la méme succession de couches que celle observée sur la rive droite a Völkerig, Alschenberg, Terstraeten, etc. Ainsi, en allant de l'établissement de Bleyberg vers Montzen, en passant par Winit, on marche d’abord sur les schistes houillers recouverts par des sables jaunes présentant une certaine épaisseur d’argile grise à la base, puis on retrouve sur les hauteurs les sables avec plaquettes siliceuses et bois silicifié. A Houthem ces dernières se trouvent vers le bas d'un monticule de sables a stratification oblique, couronné par un banc de grès d'environ 3 metres de puissance qui, par ses caracteres lithologiques, pourrait être considéré comme représentant le grès de Moresnet et, par conséquent, comme situé vers la partie inférieure de l'assise, si la nature des couches sous-jacentes n’indiquait suffisamment que sa position est en réalité dans la partie supérieure. BANDE AACHENIENNE DU PAYS DE HERVE. Les divers dépôts crétacés forment à l'O. de la station de Henri- Chapelle une crête élevée et étroite, dirigée N.-E. a S.-O., sur le sommet de laquelle est située la chaussée d’Aix-la-Chapelle a Liège. En descendant de l'un ou l'autre côté depuis la chaussée jus- qu'aux terres basses qui s'étendent au pied de la crête, on traverse successivement d’abord la craie, puis les sables et argiles herviens, puis, enfin, les sables jaunes aacheniens qui forment le soubasse- ment. L’extrémité N.-E. de cette élévation allongée est coupée près de la station de Henri-Chapelle par le chemin de fer de Wel- kenraedt à Aix-la-Chapelle, ce qui permet d'observer en ce point la succession des couches formant la base. 1883. D'AGE SENONIEN, ETC. 171 Coupe à la station de Henri-Chapelle. (Voir pl. VII, fig. 4.) Metres. 1. Argile noire, sableuse, prenant la structure schistoide en se desséchant; BIRD ON DER EE par la sonde . 5) see vra om. ey‘ 2. Argile gris-jaunätre recouverte par un mince lit de limonite sableuse . . 0.50 Oo . Sables jaunes, graveleux par places, généralement disposés en stratifica- tion diagonale, traversés par des linéoles ferrugineuses et contenant a différents niveaux des fragments de bois. Nous y avons aussi rencontré des fruits de conifères, le moule intérieur d’un cérite ainsi que d'autres restes organiques fortement imprégnés de limonite ou en grande partie OE cette autsänce | EC ie EER . Sable glauconifere hervien avec nodules d’argilite. na . Craie. Nous avons donc dans cette localité une puissance observée de 17 mètres d'argile et de sable aacheniens, et il est probable que ce chiffre indique l'épaisseur approximative de l’assise, car l’impossi- bilité d'enfoncer la sonde dans l'argile noire en dessous de 4 mètres semblait annoncer son contact avec les roches anciennes sous- jacentes. S'il en est ainsi, nous aurions une nouvelle diminution assez considérable depuis les dernières coupes à Vôlkerig et Alschenberg. Les fragments de bois qui se trouvent en grande abondance dans les sables (3) de la coupe donnée ci-dessus, sont quelquefois d'assez grandes dimensions; un échantillon trouvé par nous attei- gnait 0°,50 de longueur et 0”,15 de diamètre. Des morceaux de bois tres friable restent souvent dans l'intérieur des fragments, mais généralement la matière ligneuse a en grande partie disparu et a été remplacée par de la limonite. Outre les fragments de troncs ou de branches d'arbres, nous avons recueilli quelques fruits ayant la forme de noyaux de noi- settes, ainsi qu'un bel échantillon d'un cône présentant les carac- tères de ceux du genre Pinus. Tous les grands morceaux de bois sont perforés dans le sens vertical à leur surface par de très nombreux tubes de tarets. Ce sont les seuls restes animaux observés dans le dépôt à l'exception d'un moule intérieur de Cerithium en limonite, malheureusement en mauvais état et ne permettant pas de détermination spécifique. La créte de terrain crétacé que nous venons de voir coupée à son extrémité N.-E. par le chemin de fer de Welkenraedt à Aix-la- Chapelle a été récemment entamée vers sa base, près du village de Clermont, situé a une lieue et demie au S.-O. de l'emplacement 172 PURVES. — SUR LES DEPOTS FLUVIO-MARINS Mai de la derniere coupe, par les travaux du chemin de fer Battice- Aubel, qui ont mis a découvert une épaisseur considérable de couches constituant la partie inferieure du massif. A 200 mètres vers l'O. du chemin de fer et a 15 metres sous son niveau, se trouve une carrière, depuis longtemps abandonnée, montrant le calcaire carbonifere recouvert par des schistes noirs gypsiferes. En partant de cette carrière et en montant vers l'E. jusqu'à la chaussée de Liège, on peut déterminer la succession de couches suivante : Coupe à Clermont. (Voir pl. VII, fig. 5.) Metres, ı. Calcaire carbonifere. . Schistes et gres houillers. . Argile gris-foncé avec lignite sableux vers le haut . . . . . . . . 4.00 + we . Sable jaune assez cohérent, schistoide et argileux vers le haut, contenant vers le bas un banc de grès blanc-bleuâtre à grain fin et à ciment sili- ceux, renfermant des impressions végétales et des fragments de lignite periorés par destatete i) 4, GAL tee?) TG RON IST OS 6.00 5. Argile gris-foncé schistoide d'épaisseur variable. . . . . . . . . 2à3.00 6. Sable jaune meuble avec concrétions et petit banc de grès contenant du Bars BHICITIG, or Dee Léon ar ha Se ee eo EN RSE 5.00 . Sable, argile et argilite glauconiferes herviens. . Craie blanche sans silex. © © =] . Limon, sable et débris de silex ravinant la craie. Le banc de grès avec lignite (4) était visible en 1882, lors du creusement de la tranchée de la nouvelle route de Thimister a Clermont; il incline légèrement vers l'O. et passe sous le niveau du chemin de fer. Dans un champ situé au S. de la route, il existait, il ya une quarantaine d'années, une carrière d'où lon extrayait les paves employés lors de la construction de la chaussée de Liége. Cette carrière a été comblée il y a longtemps et est maintenant couverte de gazon; mais on trouve, dans les environs, des blocs de la roche exploitée, qui présente les caractères typiques du grès houiller poudingiforme. Cette roche diffère non seulement par ses caractères pétrologiques, mais aussi par la nature de ses restes végétaux, du grès aachenien qui lui est superposé. Dans le grès houiller ces restes sont à l'état d’anthracite amorphe, tandis que dans le grès crêtacé ce sont des morceaux de lignite organoïde et des empreintes de Sequoia. Les grands fragments de lignite conservent les moules 1883. D'AGE SENONIEN, ETC. 173 des tubes de tarets qui les ont perforés, et nous avons trouvé l’em- preinte d’une coquille ayant la forme d’un planorbe, mais trop indistincte pour en faire la détermination. Le point le plus occidental ou nous ayons observé les depöts aacheniens est situé a un quart de lieue environ S.-E. de Battice, entre les endroits appelés Hauzeur et Waucomont. Nous y avons constate l’existence de 6 metres de sables blancs et jaunes, un peu graveleux vers le bas, fins, argileux et cohérents vers le haut, ou ils sont recouverts par du sable glauconifere avec cailloux quartzeux a la base. Les schistes houillers affleurent a 10 metres plus bas que le niveau du gravier hervien, de sorte que l'épaisseur de l’assise aachenienne ne peut pas dépasser 10 metres. Malheureusement nous n’avons pu déterminer avec certitude les caracteres des depöts reposant immediatement sur les schistes, a cause de la nature marécageuse du sol; mais cette circonstance tend a faire croire que la base de l’aachenien dans cette localité consiste en une masse argileuse analogue a celle que nous avons trouvée partout ailleurs dans la région que nous venons d'étudier. Il resulte des observations précédentes, comprenant plusieurs coupes completes des dépôts aacheniens constituant le massif situé dans le N.-E. de la province de Liége, ainsi que de nombreuses autres partielles, que la constitution de l'assise, quoique d'un carac- tere assez variable, peut étre établie sommairement comme suit, en ordre ascendant : Metres. A. Argile et sables argileux noirs ou gris-foncé de puissance variable, ren- fermant des nodules de pyrite et des fragments de TR? reposant sur une surface irrégulière de roches primaires. . . aides AR 10:00 B. Sables gris, jaunes et blancs avec alternances argileuses vers eG bas, for- mant localement, vers le haut, des bancs puissants de gres siliceux renfermant des fragments de lignite perforés par des tarets . . . 0423.00 C. Sables jaunes plus ou moins ferrugineux, souvent stratifiés oblique- ment, contenant rarement de minces zones argileuses, mais presque toujours, vers le bas, des lits continus ou des plaquettes de gres sili- ceux, poreux, remplis de restes végétaux, principalement des frag- ments de bois, tantöt silicifiés, tantöt N de limonite et per- area pat destareta. ir, … Lo . 6a 30.00 Dans une localité nous avons rencontré daa ces sale une Te marine (Cerithium). Quant à l'épaisseur de l’assise sur le territoire belge, elle diminue, en allant de l'E. vers l'O., de 50 à 10 mètres; enfin, l’aachenien est toujours surmonté par des dépôts herviens glauconifères avec une couche de cailloux quartzeux roulés à la base. 174 PURVES. — SUR LES DEPÖTS FLUVIO-MARINS Mai RESUME DES OBSERVATIONS. Resumons maintenant succinctementles caractereslithologiques, stratigraphiques et paléontologiques de l'assise aachenienne dans les differentes regions que nous venons de parcourir. Aux environs d’Aix-la-Chapelle, sa region typique, c'est-à-dire ou il atteint son maximum de développement, le groupe con- siste en une serie de depöts sableux, de couleur blanchatre, jau- nätre ou rougeätre, disposés en couches plus ou moins irrégulières ou lenticulaires, non cohérentes ou se consolidant a des niveaux variables, pour former des bancs ou des nodules irréguliers de gres, et renfermant, le plus souvent vers la partie moyenne ou supérieure, de nombreux fragments de bois silicifie perfores par dés tarets. Dans ces sables sont intercalés, vers le milieu de l’assise, des lits ou des amas d’argile renfermant une grande variete de plantes terrestres dans un état remarquable de conservation (1). Enfin, vers le haut de l’assise, des fossiles marins ont été ren- contrés en quelques localités isolées, ou ils se présentent sous la forme de conglomerat de coquilles brisées, ou se trouvent épar- pilles parmi les restes de bois flotte. Le résultat de nos recherches, joint a ce qui a déjà été publié par divers auteurs, nous a permis d'en dresser la liste suivante : Fusus Budgei, J. Müll. h. (2). Rissoa Bosqueti, J. Müll. h. — Scheni, J. Müll. A. Pleurotomaria, sp. Natica Geinitzii, J. Mull. h. Fissurella, 3 sp. Cerithium, sp. Emarginula, sp. Turritella quadricincta, Goldf. h. Patella, sp. nodosa, Rom. h. Acteon (Tornatella) giganteus, Sow. h. — sexcincta, Goldf. h. Bulla cretacea, J. Müll. 4. (1) Une magnifique collection de ces plantes, consistant en plus de deux cents especes, a été recueillie par M. le Dr Debey d’Aix-la-Chapelle. Les Cryptogames ont été décrites et figurées par ce savant, en collaboration avec M. le comte d’Ettings- hausen dans leurs Mémoires: Die urweltlichen Thallophyten des Kreidegebirges von Aachen und Maastricht, 1859; Die urweltlichen Acrobryen des Kreidegebirges von Aachen und Maastricht, 1859. Une liste des espéces cryptogames. ainsi que des phanérogames, se trouve dans le Prodrome d'une descript. géol. de la Belgique, 1re édit., p. 385 par M. Dewalque. (2) Comme dans les listes précédentes, les espèces communes au hervien et à la craie blanche sont respectivement accompagnées des lettres h. et cr. f | 2 1883. D'AGE SÉNONIEN, ETC: 175 Ostrea vesicularis, Lamk. Ah. cr. Modiola, sp. — hippopodium, Nilss. cr. Arca, sp. — laciniata, Nilss. h. cr. — Kaltenbachii, J. Müll. A. — (Exogyra)auricularis,Goldf.cr. Pectunculus lens, Nilss. A. Lima, sp. Trigonia limbata, d’Orb. h. Pecten divaricatus, Reuss. h. cr. Cardium pectiniforme, J. Müll. A. (?) — cretosus, Defr. cr. |) Beckxii, Ji Müll. A. — (Janira) quadricostatus, Sow. h. Crassatella arcacea, Röm. À. er. Cytherea subovalis, d’Orb. A. Inoceramus Crispii, Mant. h. cr. Dosinia (Lucina) lenticularis, Goldf. h. = mytiloides, Sow. Corbula lineata, J. Müll. h. Mytilus, sp. Gastrochæna voracissima, J. Müll.h. — lineatus, d’Orb. A. Teredo, sp. | Ces dépôts arénacés atteignent dans les environs d’Aix-la-Cha- pelle une épaisseur qui varie de 100 à 120 mètres, et ils reposent sur une masse d'argile noire dont la puissance a été évaluée à une trentaine de mètres, qui les sépare de roches paléozoïques. En poursuivant l’assise vers le bord occidental du bassin, on trouve quelle diminue graduellement d'épaisseur et que les couches argileuses qui caractérisent sa partie moyenne près d'Aix s'atténuent à mesure qu'on s'éloigne de cette région et finissent par disparaître complètement (1). Dans la région occidentale l'assise aachenienne commence tou- jours par un épais dépôt d'argile noire contenant des nodules de pyrite et des fragments de lignite. passant vers le haut aux sables gris avec alternances argileuses, surmontes eux-mêmes par une puissante série de sables blancs, jaunes et ferrugineux, assez régu- lièrement stratifiés vers le bas, mais devenant plus irréguliers vers le haut où ils sont habituellement disposés en stratification oblique ou croisée. Cette série sableuse contient vers son milieu une zone de pla- quettes ou minces lits de grès siliceux, poreux, remplis de frag- ments de bois silicifié, et elle présente en certaines localités, vers sa partie inférieure, une couche épaisse de grès siliceux compact contenant du lignite et des empreintes des branches des conifères. Les fossiles animaux, à l'exception des tarets, dont les perfora- tions sont visibles dans presque tous les grands fragments de bois, sont extrêmement rares. Nous n'en avons trouvé que deux exem- (1) Des exceptions à cette règle sembleraient se présenter à Clermont et à Moresnet (voir pp. 166 et 172), où des dépôts argileux d'une épaisseur notable existent vers le milieu de l'assise, mais ce sont la évidemment des masses lenticulaires locales de fort peu d’étendue. 176 PURVES. — SUR LES DEPÖTS FLUVIO-MARINS Mai plaires : l’un rencontré vers le bas de l’assise et qui a la forme d'un planorbe, l'autre trouvé vers le milieu et appartenant au genre marin Cerithium; tous les deux malheureusement dans un état ne permettant pas de détermination. Ces deux coquilles se trouvaient associées à des restes végétaux. Le tableau que nous donnons ci-dessous permet de se faire une idée précise des modifications qui s’operent dans la constitution générale des couches aacheniennes, lorsqu'on passe des environs immédiats d’Aix-la-Chapelle dans le N.-E. de la province de Liege. Nous avons pris comme base de la subdivision des dépôts sableux de l'étage en assise supérieure et assise inférieure, la présence, à un niveau assez constant, des plaquettes ou minces bancs de grès siliceux renfermant abondamment des restes végétaux, ainsi que le fait consistant en ce que, au-dessus de ce niveau, les couches sont, en général, plus irrégulièrement stratifiées qu'en dessous, ce qui semble indiquer, vers la fin du dépôt, un régime des eaux différant notablement de celui qui régnait pendant la première période de la formation. De plus, comme ces bancs siliceux et les couches irrégulières, souvent disposées en stratification diagonale qui les surmontent, se trouvent généralement au-dessous des lits argileux à plantes fossiles dans les environs d’Aix-la-Chapelle, nous avons réuni ces derniers, dans le tableau ci-dessus, à l’assise inférieure. Il est bien entendu, du reste, que la division en deux assises est plutôt artificielle que réelle et ne présente qu'une très faible importance. AIX-LA-CHAPELLE. ORESNET. ENRI-CHAPELLE, LERMONT. W AUCOMONT. VÖLKERIG. ; ER Metres. | Metres. | Metres. | Metres. | Metres. | Metres. Sables irrégulièrement stratifiés | ; | Assise | ea Ss sili | supérieure. avec plaquettes de grés siliceux a la base . Da 27.00 | 30.00 | 14.00 | 7.00 | 7.00 | 6.00 Sables et gres avec intercalations f ASS argileuses. 73.00 | 17.80 | 14.00 | 6.00 | 6.00 | 0.00 inférieure. Argile et sable argileux noir ou BRUG armen mel de ae aen SOD 10,00) ‘5/00: 17 2.904, aban NEE en a a ae a Toray. .1 :/|18000 | 57.80 |. 33:00 | 17:501| 17-0040 00 | 1883. D'AGE SENONIEN, ETC. 177 Établissement de l'âge des dépôts aacheniens. Pour ce qui concerne l'âge des sables aacheniens, nous avons déjà fait remarquer en commençant cette note qu'il existe, parmi les géologues qui se sont occupés de la question, des divergences d'opinion assez considérables. Pour les uns, ces dépôts sont antérieurs au sénonien et represen- tent le crétacé inférieur et moyen, tandis que les autres les consi- dèrent comme contemporains de la partie inférieure du sénonien. Fitton, Dumont, Horion et Dewalque admettent la première opinion ; d’Archiac, Römer, Lyell et presque tous les auteurs les plus récents adoptent la seconde. Les géologues qui soutiennent la première opinion se basent uniquement sur des considérations lithologiques et stratigraphi- ques. Pour Fitton, l'ensemble des sables herviens et aacheniens représente le Greensand supérieur et le Greensand inférieur d’An- gleterre, le Gault faisant défaut; tandis que Dumont y voyait les équivalents de toute la série de dépôts qui, en Angleterre, sépare la craie blanche des roches jurassiques. | Cependant des recherches paléontologiques, entreprises depuis lors, sont venues éclaircir la question et circonscrire le débat. En effet, la connaissance de la faune hervienne vint démontrer a l'évidence que, tout au moins pour ce terrain, l'assimilation au crétacé inférieur ou moyen n'était pas soutenable. Déja des 1833 Davreux signalait, dans les sables glauconifères de la province de Liege, l'association de Belemnitella mucronata et de Belemnitella quadrata sans en tirer de conclusions, et plus tard MM. Pomel, Cornet et Briart sont venus confirmer cette obser- vation. Des lors, l'âge sénonien du système hervien ne pouvait plus être discuté, 1l devenait un facies sublittoral de la partie inférieure de la craie blanche; mais il restait toujours à établir l’âge exact des couches sous-jacentes au hervien, c’est-à-dire des sables aacheniens proprement dits. Il est vrai que quelques auteurs, les appréciant à leur juste valeur, en faisaient du sénonien inférieur; mais ces auteurs ne donnaient pas les véritables raisons qui font de cette opinion une réalité, car ils confondaient les sables aacheniens avec les sables herviens, en les considérant comme une seule et même masse. 178 PURVES. — SUR LES DEPÖTS FLUVIO-MARINS Mai La découverte d’un lit de cailloux, signalé par Dumont, et que j'ai confirmée en une quantité de points ou cette ligne importante n'était pas encore connue, vint scinder la question d’une manière toute nouvelle et jeter le doute sur les conclusions antérieures que nous venons de rappeler. Des fossiles animaux avaient été cités comme ayant été recueillis dans les couches aacheniennes, mais la preuve qu'ils provenaient en réalité des bancs de grès calcareux, intercalés dans la partie inférieure du hervien, était facile à donner. Seule la découverte de nouveaux fossiles, autres que les restes de végétaux et recueillis sous la base du Hervien, pouvait venir jeter la lumière et fixer définitivement l'âge des couches aache- niennes. Ce dernier pas a été fait grâce aux recherches de MM. Debey et Beissel, confirmées par les miennes, et il a été ainsi démontré d'une façon irrécusable qu'il existe au sein des couches aacheniennes, vers leur partie supérieure, des lits fossilifères dont l'identité des espèces avec celles du hervien a pu être nettement établie. De ces faits il résulte donc que, malgré la présence de la ligne stratigraphique de cailloux roules qui marque la base du hervien et dont nous donnerons plus tard l'origine, les dépôts aacheniens proprement dits doivent, par leurs fossiles, entrer dans la période sénonienne, dont ils représentent des parties voisines de la base. Tel est le résultat de nos conclusions relatives à l’âge des sables aacheniens. Conditions du dépôt des couches aacheniennes. La description détaillée des dépôts aacheniens, telle que nous venons de l'exposer, va nous permettre d'indiquer de la manière la plus vraisemblable, leur origine et leur mode de formation. Le bassin dans lequel les couches se sont déposées doit avoir été primitivement une région basse, peu éloignée de la mer et couverte de marécages ou de lagunes qui s'êtalaient dans les dépressions de la surface du sol, formé de roches carbonifères et devoniennes. Dans ces marécages dut s'accumuler d'abord la vase noire qui, plus tard, s'est tassée de manière à former la masse argileuse constituant actuellement la base de l’assise aachenienne. 1883. D'AGE SENONIEN, ETC. 179 A travers la région marécageuse, coulait probablement une riviere qui apportait a la mer les sediments sableux et argileux provenant de la désagregation des psammites et des schistes houil- lers et devoniens formant le sous-sol de la partie continentale plus élevée ou la riviere prenait sa source, et qui était parcourue par ses affluents. Ces sédiments, sans cesse charriés, samoncelerent a l’embou- chure du cours d’eau en mettant obstacle a son libre écoulement, et il s'ensuivit naturellement des crues fréquentes et des déborde- ments qui furent la cause du depöt de sables argileux dans les marécages avoisinants. Les sédiments continuant de plus en plus à s'accumuler a l’em- bouchure durent former peu a peu une barre le long du littoral, barre qui finit par transformer l’embouchure du fleuve en une vaste baie ou lagune dans laquelle l'influence des marées ne put se faire que faiblement sentir, ainsi que le témoigne l'extrême rareté des fossiles marins dans la plus grande partie des dépôts. Pendant un temps assez long, la riviere continua sans doute a déverser dans la lagune les sédiments sableux dus a l'érosion des psammites houillers et devoniens, roches à éléments quartzeux fins, ne pouvant que se résoudre en sable et en argile, sans donner naissance à des éléments graveleux ou caillouteux, et naturellement a ces sédiments se mélerent des fragments de rameaux ou de troncs d'arbres qui croissaient sur les rives, et parfois aussi des morceaux ou même des blocs assez volumineux de charbon, provenant des couches houilleres recoupées par les cours d'eaux. On conçoit que tous ces matériaux, charriés dans la lagune, près de l'embouchure, durent former des dépôts irréguliers, sou- vent disposés en stratification diagonale ou croisée par suite des changements constants que subissait la direction des courants. Quant aux couches lenticulaires d'argile finement stratifiées et d'une faible étendue horizontale qui se remarquent en certaines parties de l’assise, leur mode de formation a dû différer notable- ment de celui de l'amas sableux principal. En effet, les restes organiques renfermés dans les lits d'argile feuilletée, consistent en restes de végétaux souvent très délicats et qui ne peuvent avoir subi un long transport. Nous citerons notamment des frondes de fougères ayant con- servé leurs organes de fructification intacts, des feuilles de protéa- cées montrant clairement leur épiderme à stomates polygonaux 180 PURVES. — SUR LES DEPOTS FLUVIO-MARINS Mai avec l’arrangement caractéristique de certains genres de cette famille; des champignons foliaires, organismes assez delicats, qui subsistent encore sur les feuilles de beaucoup de plantes, etc. La nature particulière de ces débris végétaux indique assez qu'ils n'ont jamais dü être soumis, comme les fragments de bois qui se rencontrent communément dans la masse sableuse, à l’action vio- lente des courants ordinaires du fleuve. Ces organismes ont dû être déposés tranquillement dans de petits bassins de faible profondeur et de peu d'étendue qui s’eta- blissaient sur les hauts-fonds émergés, et dans lesquels la rivière ne pénétrait que lors de ses plus grandes crues et lorsque les eaux étaient chargées de matières argileuses, mélangées aux débris des végétaux qui croissaient le long des rives. Enfin, les épais amas d'argile signalés a Knip et en quelques autres endroits doivent s'être formés dans des étangs profonds, séparés du courant principal de la rivière par des bancs de sable amassés peut-être par le vent à la manière des dunes. Pendant que la plus grande partie de ces phénomènes s'effec- tuaient, la mer ne semble avoir joué, dans la baie ou lagune, qu’un röle tres secondaire : car les indices de son action n’apparaissent dans les termes inferieurs de la série que par la présence de quel- ques fragments de bois flotte et perforé, refoulés vers l'intérieur par les marées; mais à mesure qu'on s'élève, les traces de l'in- fluence marine deviennent de plus en plus sensibles. En effet, nous constatons d’abord dans les couches moyennes et supérieures l'abondance croissante des fragments de bois flotte, perforés en tous sens par les mollusques xylophages; etenfin, vers le haut de la masse sableuse, nous observons la présence de coquilles marines, soit à l'état d’accumulation de débris irrégulie- rement déposés, soit disséminées dans le sable, parmi les bois flottés et autres restes de végétaux. Ces faits sont évidemment les signes précurseurs de l'invasion lente et continue du bassin aachenien par la mer sénonienne, envahissement qui ne peut s'expliquer que par un mouvement d’affaissement progressif de la région. D'abord la mer n'a pu entrer qu’accidentellement dans la lagune pendant les marées exceptionnelles ou les tempêtes violentes, alors que battant en brèche la barre qui les séparait, elle pénétrait dans le bassin en y apportant les débris des coquilles éparpillées le long des rivages; mais plus tard, le mouvement d'affaissement 1883, D'AGE SENONIEN, ETC. 181 favorisant les irruptions, celles-ci furent plus fréquentes, la barre fut arasée et nivelée, et la mer, prenant définitivement possession du bassin, poussa progressivement son cordon littoral de cailloux roulés a la surface des sédiments sableux précédemment déposés. C'est ce cordon littoral qui forme de nos jours la ligne de sépa- ration entre les dépôts aacheniens et herviens. Mais le mouvement d’affaissement continuant toujours, la mer recula ses rives, et la profondeur d'eau au-dessus des couches aacheniennes submergees fut bientôt telle que des sables glauco- nieux purement marins se déposerent. Dans les premiers temps, ces sables ne continrent guêre que des débris de coquilles irrégulièrement amassés, mais plus tard la vie ne tarda pas à se développer a son tour dans la région en même temps que les dépôts devenaient plus argileux par suite de l’appro- fondissement; et dans ces sédiments, qui forment aujourd’hui la partie moyenne du hervien, nous retrouvons, en bon état de con- servation, la faune riche et intéressante qui s'y était établie. Enfin, quand l’affaissement fut près d'atteindre, au bout d'un certain temps, son maximum d'amplitude, les dépôts herviens se chargèrent insensiblement de particules calcaires, composées en grande partie de débris de foraminifères, et passèrent ainsi à la craie blanche et pure par suppression successive de l'élément argi- leux. Telle est, croyons-nous, la série des faits qui ont dü se passer dans la région d’Aix-la-Chapelle et dans le N.-E. de la province de Liege, faits qui ont laissé des traces bien saisissables et qui peuvent se résumer en disant que vers les premiers temps de l’époque senonienne un cours d'eau venant du S.-O. se jetait dans la mer crétacée, qui était située vers le N.; que, par suite de l'apport considérable des sédiments, l'estuaire se ferma par une barre qui le transforma en bassin ou baie; mais qu'un affaissement lent du sol se produisant, la mer s’avanca vers le S. et vint envahir le bassin aachenien, qu'elle déborda ensuite largement pour venir remplir successivement les régions actuellement recouvertes par le hervien et la craie blanche. Enfin, pour terminer, il résulte de ce qui vient d'être dit que les dépôts aacheniens des environs d’Aix et de la province de Liege doivent définitivement entrer dans la formation sénonienne et, par conséquent, qu'ils sont beaucoup plus récents que les dépôts dits aacheniens du Hainaut, lesquels doivent être rattachés au crétacé 182 PURVES. — SUR LES DEPOTS FLUVIO-MARINS, ETC. Mai 1883. le plus inférieur, c'est-à-dire au wealdien. Le terme aachenien ne pourra donc plus être utilisé pour désigner les dépôts du Hainaut auquel ce nom avait été également attribué; il sera, par consé- quent, nécessaire de créer un nom nouveau pour ces dépôts, et nous proposons celui de Bernissartien en raison des magnifiques découvertes faites dans ce terrain a Bernissart. en Love ee NUM IUT en I Bull. Mus Roy. Hist Nat Belg. TH Pi VI. 0. 5 Lig. Coupe ee Moresuel . a" Lois Trees. 2 eras a ee SE eR eee : eS € : re PE ; EEE = = 130 TED TOTEN! fig CA eupee de Volkersg a le créle aul. de Groeneleuneden. AZ Bowle g 6 SEE Gemment: a OKO S | ZA PS SN ag aa ea at a I Og CAE FERRE NIE ENEN EERE KLARE UT EDE keg EE a EP EEL . 5 < Er S———— ae > ” - = ese . = | CRC a 1 N SN à 1607 235m NN RES NNS NIK : = A Fig. à. Coujee de Vai erg a le crele an N de Tersloaelen. ESF usseal —_ en at Leer's 2 4 zus se Se SZ Alschesnberg Ch da fer oe, <=. Pr > > %, = a = Free d eee he 30% EE neg = TES, a ge = N 3 - = ee —— at — —— Y 4 N VI 7 7 MMU: 7 jj 7 Y/ WMH WWW u 320 0 L'ère. B, Fig 4. Coupe az Henri-Chajzelle. À. J Coupe & Cleruzant 8 APS « led r / Ya / Car x — 6 SENLIS Ses ers << ZZ c 4 Pair Er m. — RÉ 1 Sa 2 arriere. DELL EIER, as SSS ; D vr YU a MLM) J.C Purves. peg = 0.056 : ‘ N ER x les long. 20. : CY Eh font 2000 } AN \ N 3 SEA N N T NOTE SUR LA PRESENCE D'UN RUDIMENT DE PROATLAS SUR UN EXEMPLAIRE DE HATTERIA PUNCTATA, Gray PAR M. le professeur Paul ALBRECHT, Docteur en médecine et en philosophie. Je crois avoir prouvé, dans un travail récent (1), que l'atlas des Amniotes nest point la première vertèbre de ces animaux, mais la deuxième, une vertebre située entre l’atlas et l’occipital étant disparue. Cette vertèbre, perdue, ou plutôt presque perdue, car jen ai retrouvé les rudiments chez le Crocodile et le Hérisson, a été appelée par moi Proatlas. Profil droit de la 22° vertèbre (2e vertèbre abdominale) de Poéphagus grunniens, L. (Bos poëphagus, Hodg.). a Racine postérieure du pédicule de l’arc neural. b Postzygapophyse. c Trou dit intervertébral. (1) P. ALBrEcHT, Ueber den Proatlas, einen zwischen dem Occipitale und dem Atlas der amnioten Wirbelthiere gelegenen Wirbel, und den Nervus spinalis Is. proatlanticus (ZooL. Anz., 1880, t. III, p. 450). 14 186 ALBRECHT. — NOTE SUR LA PRESENCE D UN RUDIMENT Mai J'ai d’abord établi théoriquement, dans ma Note précitée, l’exis- tence de ce Proatlas. Afin de faciliter l'intelligence de ce qui va suivre, je reproduirai ici, en l'abrégeant, mon raisonnement. Il est aisé de faire voir que les trous désignés d'ordinaire comme intervertébraux sont, au contraire, vertébraux et percent le pédi- cule de la neurapophyse. On peut constater, en effet, chez un grand nombre de Mammifères (1) et de Poissons, que cette dernière tire son origine de deux racines, une crânienne et une caudale, qui embrassent entre elles le foramen dit intervertébral (voir fig. 1). Dans le cas ou la racine caudale reste, soit ligamenteuse, soit cartilagineuse — en un mot, ne s'ossifie pas, — le trou, qui passe toujours dans la neurapophyse, semble devenir, après la macéra- tion qui enleve la racine caudale, intervertébral. Par consequent, les nerfs spinaux ne sortent point entre les vertebres, mais a tra- vers les vertèbres elles-mêmes. Autrement dit, le n + 1° nerf n'est point situé entre la n° et la n + 1° vertebre, comme on la cru Fig. 2. Profil droit de la 5e vertèbre abdominale d'un homme adulte, sur laquelle l'hyparcual et l’éparcual sont restés séparés. Figure schématique. A Centre de la vertèbre. B’ Hyparcual droit. B” Eparcual droit. c’ Prézygapophyse droite portée par l’hyparcual droit. c” Postzygapophyse droite portée par l’Eparcual droit. d Diapophyse droite. . e Apophyse épineuse droite. (1) Sur les vertébres thoraciques, abdominales, sacrées et les premieres caudales des Monotrémes; les vertébres thoraciques, et parfois abdominales, des Equidés, des Tapiridés, Suidés, Bovides, Antilopidés; sur les vertebres caudales des Tubuli- dentés, Dasypodidés, Suidés, Bovidés et Cétacés. 1883. DE PROATLAS DE HATTERIA PUNCTATA. 187 jusqu'à présent, mais perce la n° vertebre. Si nous mettons n~o, nous voyons que le o + 1° nerf, c'est-à-dire le premier nerf cervical (n. sub-occipitalis), doit traverser la o° vertebre. Il doit donc avoir existé entre l’atlas et l’occipital une vertebre disparue : c'est le Proatlas que j'ai découvert, comme je l'ai mentionné ci-dessus, chez le Crocodile et le Hérisson. Cependant, pour comprendre l'état rudimentaire dans lequel nous trouvons cette vertebre chez le Crocodile, il faut encore se souvenir que la neurapophyse peut s’ossifier par deux points osseux : un ventral qui porte la prézygapophyse et que j'ai appelé (1) hyparcual et un dorsal portant la postzygapophyse, auquel j'ai donné le nom d’eparcual. (Voir fig. 2.) Chez le Crocodile, nous avons toujours les deux éparcuaux du Proatlas, cartilagineux dans l'embryon, osseux chez l’adulte. Ces eparcuaux articulent méme par des postzygapophyses rudimen- Fig. 3. Ny rt) Hp \\ ih N "hf aK Un rE. i wt A : LAN N ie Profil gauche des premières vertèbres cervicales d’un A lligator mississipiensis, Gray. a Centre de l'atlas (os odontoide). 6 Neurapophyse gauche de l'atlas. c Pseudo-centre (arc ventral) de l’atlas. c’c’ Côtes de l’atlas. c’’ Côte gauche de Taxis. x Eparcual gauche du Proatlas (au second plan, on voit l’Eparcual droit). 4 (1) Loc. cit. 188 ALBRECHT. — NOTE SUR LA PRESENCE D'UN RUDIMENT Mai taires avec des prézygapophyses également rudimentaires de l'atlas. (Voir fig. 3 et 4.) Fig. 4. Vue ventrale des premières vertèbres cervicales d'un Alligator mississipiensis, Gray. b Neurapophyse gauche de l'atlas. c Pseudo-centre de l’atlas. x Eparcual gauche du Proatlas. c’ Côte gauche de l’atlas. c’’ Côte gauche de l’axis. Chez le Hérisson, le Proatlas est beaucoup moins développé, Vue ventrale du Proatlas et de l’atlas d'un Erinaceus europeus, L. adulte. °/,. b Eparcuaux droit et gauche du Proatlas soudés en une piece osseuse impaire. x Membrane obturatrice dorsale (Jigament occipito-atloidien postérieur de l’anatomie humaine). a Atlas. 1883. DE PROATLAS DE HATTERIA PUNCTATA. 189 étant réduit a un tout petit os situé dans la membrane obturatrice posterieure (dorsale) [ligament occipito-atloidien posterieur] et représentant les derniers restes de la partie dorsale des deux épar- cuaux du Proatlas. Ceci posé, j'arrive maintenant au squelette de Hatteria punctata, Gray, sur lequel j'ai eu la satisfaction de constater la présence de l'éparcual gauche du Proatlas. Ce squelette, provenant d’un animal adulte, possède, outre le Proatlas, 8 vertèbres cervicales, 17 dorso-lombaires, 2 sacrées et 15 */, caudales. Le reste de la queue est en néogenese (1). Des 17 vertèbres dorso-lombaires, les 3 premières envoient des côtes au vrai sternum; les 10 suivantes et la 11°, mais celle-ci seu- lement à gauche, portent des côtes qui rejoignent le sternum abdo- minal caractéristique du Lézard néo-zélandais. Les 3 dernières à gauche et les 4 dernières à droite possèdent aussi des côtes (celles de la r7° sont synostosées), mais ne se prolongent pas jusqu'au sternum abdominal. La formule de la moitie droite de la colonne vertebrale est donc : 8 cervicales 3 sterno-thoraciques, 17 dorso-lombaires ! 10 abdominosterno-thoraciques, 4 abdominales. 2 sacrées et 15 */, caudales. Le reste de la queue est en néogenèse. La formule de la moitié gauche sera : 8 cervicales 3 sterno-thoraciques, 17 dorso-lombaires 11 abdominosterno-thoraciques, 3 abdominales. 2 sacrées et 15 7/, caudales. (1) Pour comprendre ce qui se passe chez notre Hatteria, nous devons dire que le bout de la queue de cet animal a été perdu pendant la vie. Comme cela arrive chez beaucoup de Sauriens, les vertebres de la queue se sont divisées en deux, don- nant ainsi naissance a un précentridium (comme je propose de l’appeler) qui porte une très petite partie cränienne des diapophyses et à un postcentridium portant une beaucoup plus grande partie caudale des diapophyses, les neurapophyses et les héma- 190 ALBRECHT. — NOTE SUR LA PRESENCE D'UN RUDIMENT Mai Cinquième vertèbre cervicale et suivantes. — Neurapophyses synos- tosées entre elles et avec le centre; par conséquent, plus de sutures neuro-centrales n1 de suture interneurale (1). Diapophyses et para- pophyses bien développées et confondues en une seule apophyse ayant la valeur morphologique d'une paradiapophyse (pl. VII, fig.1%). Sur les côtes cervicales, la tête et la tubérosité sont également confondues en un capitulo-tuberculum (pl. VIII, fig. 12) articulant avec la paradiapophyse. Ces dispositions nous rappellent les carac- teres si admirablement désignés par Huxley sous le nom d’erpeto- spondyliques (2). Zygapophyses normales. Entre la 5° et la 6° cervicale, d'une part, et entre la 4° et la 5¢, d'autre part, se trouve une hypapophyse autogène ayant la forme d'un quartier d'orange. Le Dr Günther, qui a également observé ces hypapophyses, nous dit que la derniere est placée entre la 7° et la 8° vertebre (3). Cependant, notre spécimen montre qu'elles exis- tent depuis l’axis jusqu'à la 30° vertebre (3° caudale). Il y a donc 28 hypapophyses en tout identiques a celle qu’on observe entre la 5° et la 6° cervicale, tandis que le savant anglais n'en mentionne que 6. Ces hypapophyses sont de la derniére ressemblance avec celles qu'on rencontre entre les vert ébres lombaires du Herisson et de la Taupe. On comprendra l'importance de ce fait si on se rappelle que le seul Mammifère chez lequel le Proatlas ait été constaté jusqu'à présent, est l’Erinaceus. Les Insectivores sont d’ailleurs aussi les seuls Mammifères pourvus de pareilles hypapophyses. Quatrième vertèbre cervicale. — Neurapophyses synostosées entre elles et avec le centre. Diapophyses bien développées(pl. VIII, fig. 1%) et séparées par une échancrure d'un rudiment de parapophyse. Zygapophyses normales. Tubérosité de la côte également bien deve- loppée (pl. VIII, fig. ıg) et séparée aussi par une échancrure du col de la 4° côte cervicale (pl. VIII, fig. ıf). La diapophyse articule pophyses. Chaque centridium représente une moitié des « primitive vertebræ » de Balfour, et le tissu réunissant le pré- au postcentridium n’est autre que le tissu interprimivertébral disparu chez presque tous les vertébrés par la formation même des vertèbres. La colonne vertébrale se termine, dans notre spécimen, avec le pré- centridium de la 16e caudale. La queue se continue à partir de ce point en un axe calcifié mais non divisé en vertèbres. (1) Je propose de désigner sous ce nom la suture située entre les extrémités dor- sales des neurapophyses. (2) T. H. Huxrey, A Manual of the Anatomy of Vertebrated animals, p. 196. London, 1871. (3) GUNTHER, On the Anatomy of Hatteria (Pri. Trans. Roy. Soc. Lonpon, 1867, p. 605). —— date 1883. DE PROATLAS DE HATTERIA PUNCTATA. 191 avec la tubérosité de ladite côte, tandis que le rudiment de para- pophyse est réuni par un ligament au col. Nous avons donc ici une combinaison des cas de Owen et de Gunther (1). Comme il n'est pas douteux que les animaux erpétospondyliques descendent d’animaux ayant a la fois la parapophyse et la dia- pophyse ainsi que la tubérosité et la tête de la côte bien divisés (comme chez les Ichthyosaures, par exemple), la 4* vertebre cervi- cale de Hatteria nous montre, a l'état isolé, ce qui s'êtendait autre- fois dans toute la colonne vertébrale. Entre la 4° et la 5° vertebre, une hypapophyse autogene. Troisième vertèbre cervicale. — Neurapophyses synostosées entre elles et avec le centre. Diapophyses moins fortes qu'à la vertèbre précédente, mais encore assez bien développées. Pas de para- pophyses. Zygapophyses normales. Pas de côtes. Entre la 3° ver- tebre et l'axis, une hypapophyse autogene. Axis. — Neurapophyses en forme de hache, recouvrant en grande partie l'atlas et la 3° vertebre cervicale et synostosées entre elles ainsi qu'avec le centre. Centre de l’atlas soudé au centre de l’axis. Hypapophyse, située entre le centre de l'atlas et le centre de l'axis, synostosée avec les deux. Diapophyses rudimentaires mais bien dis- tinctes. Parapophyses absentes. Pas de côtes. Postzygapophyses bien développées. Prézygapophyses tout à fait rudimentaires et représentées uniquement, comme chez certains Oiseaux, par une surface articulaire située sur le bord ectocränien des neurapophyses. Atlas. — Pseudo-centre (hypapophyse entre l’occipital et l’atlas) fortement développé, articulant avec la surface ventrale du centre de l’atlas (os odontoide) et la surface cränienne de l'hypapophyse située entre les centres de l'atlas et de l'axis. Ligament transverse de l'atlas conservé. Neurapophyses en synchondroses entre elles et avec le pseudo-centre. Longues diapophyses rejetées en arrière (2). Pas de parapophyses. Pas de côtes. Postzygapophyses bien dévelop- pées, articulant avec les prezygapophyses rudimentaires de l'axis. A droite, une surface lisse sur le bord ectocränien de la neura- pophyse (pl. VIII, fig. 22) correspondant tout à fait a la surface, (1) GUNTHER, loc. cit., p. 605. Suivant les observations d’Owen, la parapophyse rudimentaire articule avec une tête rudimentaire. Günther a, de son côté, noté absence de tête et de parapophyse, mais à leur place un ligament. Nous avons, enfin, dans notre squelette, un rudiment de parapophyse, un rudiment de col et un ligament représentant la tête. (2) Cette diapophyse est le « tubercule » d'Owen, qui, suivant ce savant, est situé extérieurement à la postzygapophyse. 192 - ALBRECHT. — NOTE SUR LA PRESENCE, ETC. Mai 1883. qui, sur l'axis, sert à l'articulation de la postzygapophyse de l'atlas. A gauche, cette surface est cachée par la postzygapophyse de l'épar- cual gauche du Proatlas. Proatlas. — Il ne reste de cette vertebre que l'éparcual gauche, car c'est la seule explication qu'on puisse donner du petit os qui articule avec la prézygapophyse gauche de l’atlas, si on se rappelle ce que nous avons décrit chez le Crocodile. L'éparcual droit s'est évidemment perdu pendant la macération, ce que démontre la surface lisse, et probablement articulaire, déja décrite sur le bord ectocränien de l’atlas. Le rudiment gauche du Proatlas nous montre une postzygapophyse bien développée (pl. VIII, fig. 16). La lame de la neurapophyse est aussi bien développée (pl. VIII, fig. 1a) et pourvue d'une petite proéminence ventrale située en avant delle. RESUME. Nous avons trouve l'éparcual gauche du Proatlas chez un exem- plaire de Hatteria punctata, Gray, nous montrant exactement en petit les mêmes dispositions qu'un éparcual gauche de Crocodile. La postzygapophyse bien développée ainsi que la lame de la neura- pophyse. L'éparcual droit s'est évidemment perdu pendant la ma- cération. Il n'était pas synostosé avec l'éparcual gauche. La présence du Proatlas chez la Hatteria nous paraît tres inté- ressante. En effet, bien que cet animal soit un véritable Lacertilien par ses vertebres erpetospondyliques (1), et par la division en pre- et postcentridium de ses vertébres caudales, il offre de curieuses affinités avec les Crocodiliens : tels sont le quadratum soudé au crâne, le sternum abdominal et enfin le Proatlas. (1) T. H. Huxzey, loc. cit., p. 106. Fa? (4 4 kl DIR FR Mu: e ‘ = N ii ‚® à | A FS . | 4 “= P TS Dien? a En AB Ri 4 » / ir . À re 2 D DA PLANCHE VII D | ts ie Vig «es > An ñ iad Fi Ju D e i i | ju T . Z j « . Ls x! € san | ‘ . dh J Cw ps] ? N ' b | i ; À * Mur ‘ BA ; } re 6 M ki 4 ; Fat f ¥ , : ; > ded i | | Le ned “x 3 ; | ) | | + j L L x | sia . Art | Li ’ it L a \ IF r » 1 ‘ i) N { up a E ‘ ’ a w ry, s ‘ | | ft » | z a & - - TN è i a { ; fe 4 i 5 r “ ' th AD Z N yx Ku ÿ e t Ù “ » u ‘ Tu 8 AN 14 1 | N Er à \ 7 1, = % EXPLICATION DE LA PLANCHE VIII. (Fig, ef A) Fic. 1. — Profil gauche du Proatlas gauche et des cinq premières vertèbres cervi- cales de Hatteria punctata, Gray. ÿ/,. v.o Éparcual du Proatlas gauche. v.ı Atlas. v.2 Axis. v. 3 Troisieme vertebre cervicale. y. 4 Quatrième — y. 5 Cinquième — (1) Hypapophyse entre l’occipital et l'atlas (arc ventral ou pseudo- centre de l’atlas). (2) Hypapophyse entre l'atlas et l’axis, synostosée avec l'os odon- toide et l’axis. (3) Hypapophyse entre l’axis et la troisieme vertebre cervicale. (4) — la troisième et la quatrième vertèbre cervicale. (5) — la quatrième et la cinquième — c. 4 Côte gauche de la quatrième vertèbre cervicale. 6.5 = cinquième = a Lame de la neurapophyse gauche du Proatlas. b Postzygapophyse gauche du Proatlas articulant avec la prézyga- pophyse gauche de l'atlas. c Neurapophyse gauche de l’atlas. d Postzygapophyse gauche de l'atlas. e Diapophyse gauche de l'atlas. f Col rudimentaire de la quatrieme cöte cervicale gauche. g Tubérosité — — h Diapophyse gauche de la quatrième vertèbre cervicale. i Capitulo-tuberculum de la cinquième côte cervicale gauche. k Paradiapophyse gauche de la cinquième vertèbre cervicale. Fic. 2. — Profil droit du Proatlas gauche et des cinq premières vertèbres cervicales de Hatteria punctata, Gray. °|:. v.o Éparcual du Proatlas gauche. x Surface articulaire prézygapophysienne droite de l’atlas. NOTE SUR LE BASIOCCIPITAL DES BATRACIENS ANOURES PAR M. le professeur Paut ALBRECHT, Docteur en médecine et en philosophie. Dans une note préliminaire, publiée dans le Centralblatt für die medicinischen Wissenschaften (1), j'ai séparé les Amphibiens en deux categories suivant quils portent, ou non, une apophyse odontoide sur la premiere vertebre. Je propose d’appeler ceux-la Odontoidiens; ceux-ci, Anodontoidiens. Les Urodèles sont des Amphibiens odontoidiens; les Gymnophiones et les Anoures (relies déjà a d'autres égards), des Amphibiens anodontoidiens. Lorsqu'on examine la première vertèbre d'un Amphibien odon- toidien, on observe quelle presente la plus intime ressemblance avec l’axis des Amniotes et il est vraiment nécessaire de la mettre en articulation avec l’occipital pour se convaincre qu'il n'en est rien. Quand on fait cette opération, on constate que les deux facettes articulaires, situées de chaque côté de l’apophyse odontoide, s'adaptent sur les condyles des exoccipitaux, tandis que l’apophyse odontoide elle-même s'engage entre ces derniers. Huxley dit, dans son excellent Manual of the Anatomy of Verte- brated animals (2), qu'aucun Amphibien ne possède un basioccipital complet. Cependant, j'ai fait voir, dans mon travail précité, que Fapophyse odontoide des Urodeles n'est pas autre chose que le basioccipital soudé à la première vertebre. En d’autres termes, les mêmes rapports, que nous remarquons entre l’atlas et l’axis des Mammifères et des Sauropsides, se répetent ici entre l’occipital et la première vertebre. Chez les Amniotes, le centre de l’atlas quitte ses neurapophyses et se fixe sur l’axis; l’arc neural de l’atlas est alors fermé ventralement par le pseudo-centre ou l’arc ventral de (1) P. ALBRECHT, Ueber einen Processus odontoides des Atlas bei den urodelen Amphibien, 1878, p. 577. CAD SEVER 196 ALBRECHT. — NOTE SUR LE BASIOCCIPITAL Mai latlas. Chez les Amphibiens odontoidiens, le basioccipital quitte pareillement ses neurapophyses, ou plutöt complexes de neura- pophyses, c'est-à-dire les exoccipitaux, et se synostose avec la pre- miere vertebre. Les exoccipitaux se réunissent de méme ventrale- ment à l'aide du parasphénoide. Comme exemple d’Amphibiens odontoidiens, je figure la pre- miere vertebre de Proteus anguinus, Laur., Siredon mexicanus, Bd: et Salamandra maculosa, Laur. Fig. ı. x 1 j Re Vue ventrale de la première vertèbre de Proteus anguinus, Laur. x Apophyse odontoide. Vue ventrale de la premiere vertèbre de Profil gauche de la première vertébre de Siredon mexicanus, Bd. Siredon mexicanus, Bd. x Apophyse odontoide. y Surface articulaire gauche pour l’exoccipital. ig. 54. Vue ventrale de la premiere vertebre de Salamandra maculosa, Laur. x Apophyse odontoide. J'ai également observé l’apophyse odontoide de la premiere ver- tebre chez Menobranchus lateralis, Harl., et chez Menopoma allegha- niense, Harl. | | Chez les Anoures, l’apophyse odontoide manque tout à fait, et comme cette apophyse n'est autre que le basioccipital, ce dernier est absent. Il ne s'ossifie plus et ses derniers restes doivent être cherchés dans le tissu cartilagineux qui réunit le bord crânio- 1883. DES BATRACIENS ANOURES. 197 ventral de la premiere vertebre au bord caudoventral des exocci- pitaux (1). Fig. 5. a # Vue ventrale de la première vertèbre de Siphonops annulata, Wagl. a Réunion dorsale des neurapophyses de la première vertèbre au-dessous de laquelle on aperçoit l’Echancrure occipitale. Vue ventrale de la premiere vertèbre de Leptodactylus ocellatus, Gir. z Echancrure occipitale. y Surface articulaire gauche pour l’exoccipital. Comme le basioccipital ne s'ossifie plus, nous trouvons chez les Anoures, au lieu de l’apophyse odontoide de la premiere vertebre, une échancrure, qui est remplie par ledit cartilage. Que ce cartilage de M. Stöhr est vraiment le basioccipital non ossifié, cela est prouvé par la préparation que je vais décrire. Il s'agit d'un squelette de Rana catesbiana, Shaw, n° 183d de la belle collection d’Anoures du Musée, collection dont nous sommes redevables a M. G. A. Boulenger. Ce squelette contient huit ver- tebres présacrées, une sacrée et l’urostyle. La premiere vertebre nous montre l’échancrure occipitale peu profonde, de sorte que l'espace et le cartilage de M. Stöhr est assez rétréci. Dans ce car- tilage, nous notons la presence d’un petit os, tres net, situé a la ligne médiane que l'on peut voir sur la figure 3 de la planche VIII. Il est évident que cet os n’est autre que le basioccipital resté isolé, d’une part des exoccipitaux dont il formerait la partie basilaire comme chez les Amniotes, s'il était réuni avec eux, et d'autre part de la première vertebre, dont il constituerait l'apophyse odontoide, si, par hasard, comme chez les Urodeles, il s'y était soudé. (1) C'est le même tissu dont M. Stöhr a si bien étudié le développement et auquel il a donné le nom de /ntervertebrooccipitalknorpel. Voir son mémoire : Zur Ent- wickelungsgeschichte des Urodelenschädels, p. 41. Leipzig, 1870. 198 ALBRECHT. — NOTE SUR LE BASIOCCIPITAL, ETC. Mai 1883. RESUME. En résumé, nous avons trouve, chez un exemplaire de Rana cates- biana, Shaw, un os dans le cartilage situe entre les deux exoccipi- taux et la premiere vertebre. Comme l’apophyse odontoidienne de la premiere vertebre des Urodeles se développe aussi indépendam- ment et se soude seulement plus tard, nous pouvons identifier ces deux os, la différence étant seulement que, chez les Urodeles, il se soude avec la premiere vertebre pour former l’apophyse odontoi- dienne; tandis que chez notre spécimen, il reste isolé. Comme, suivant moi, l’apophyse odontoide est le basioccipital soudé a la première vertebre, cet os est le bastoccipital. Nous sommes donc ici en presence d’un cas atavique de développement du basioccipital osseux des Anoures, car généralement chez ceux-ci, aussi bien que chez les Cécilies, cet os ne s’ossifie plus. En effet, ce cas de basiocci- pital isolé chez un Anoure est le premier signalé dans la science. Patent hah ong Win pl xl: vlna va? Aa bh RW CN 1 airs sdb NR a le as a ie? Par ir TUE A it de a> Fri hi 14 eu! Vout er ro tale TE ' 2 Mi A Hite; 5 a LA aly N “ ve.’ a * ’ di 111 ith” ia = rr ry ji poy EXPLICATION DE LA PLANCHE VII. (Fig. 3 et 4.) Fic. 3. — Vue ventrale de la partie caudale du crane, du basioccipital et des pre- miéres deux vertèbres de Rana catesbiana, Shaw. °):. Ov Membrane occipito-vertébrale. Bo Basioccipital. Ex Exoccipital droit. Ps Parasphénoide. _ Pt Ptérygoide gauche. v.1 Premiere vertebre. v.2 Deuxième — Fic. 4. — Vue ventrale du basioccipital du même animal. 7°/,. Bull. Mus. Roy. Hist. Nat. Bels. TITI PI.VIII 3 v.3 v4 v2 v.5 vi a << | | Bull. Mus. Roy. Hist. Nat. Bels. TI] OV PI.VIIE | | | | PBRECHT BASIOCCIPITAL DE RANA CATESBIANA, SHAW RAPPORT DU DIRECTEUR DU MUSÉE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE SUR L'ÉTAT D AVANCEMENT DE LA CARTE GEOI.OGIQUE DETAILLEE DE LA BEL- GIQUE, A LA FIN DE L EXERCICE 1882. Les travaux du Service géologique ont atteint, durant cet exer- cice, un degré d'avancement qui le met en mesure de faire procéder d'une manière continue à la publication de levés monographiques pour trois de ses sections et de terminer pour les deux autres la période préliminaire prévue par le programme de l'institution. A cet effet, un total de cing cent trente-deux jours a été consacré, depuis le mois de février, au levé de quatre groupes de terrains et à l'exploration préalable des divers autres groupes. Le diagramme ci-joint indique la situation actuelle de ces tra- vaux. Il en resulte que sept feuilles sont en état de publication. L une d'elles, terminée au mois d'octobre 1881 et soumise a cette époque aux formalités réglementaires, a été remise, il ya un mois, aux mains des typographes pour son impression en couleurs, lorsque le Service en a reçu l'autorisation: elle paraîtra vers la fin de l'année. Trois autres sont a la gravure et les trois dernières le seront cet hiver. La coordination des documents recueillis a suivi une marche correspondante et a pu en outre se traduire par une série de notices publiées ou sous presse. Les travaux, exécutés pendant l'année dans les cing sections, peuvent se résumer ainsi : 17¢ Section. M. Dupont a consacré sept jours à la vérification de ses levés anterieurs sur les feuilles de Dinant et de Natoye qui vont être publiées ; quatre-vingt-trois jours au levé des calcaires devo- mens et de leurs schistes, à l'étude comparative des schistes de Frasne et de la Famenne et à l'exploration des derniers termes de la série devonienne inférieure; neuf jours à une première étude des terrains de l’Ardenne déterminés comme terrains rhenans par 15 202 RAPPORT SUR L'ÉTAT D'AVANCEMENT Dumont; un jour à des recherches en commun dans la moyenne Belgique. Le calcaire carbonitere a été mis en état de publication sur les feuilles de Dinant, Natoye, Modave et Clavier. 2° Section. M. Mourlon s'est appliqué pendant cent jours a l'étude et au levé du famennien, comprenant les psammites du Condroz et les schistes de la Famenne proprement dits, en Belgique et aux environs de Maubeuge. Il a aussi commencé pendant deux jours à explorer le terrain cambrien des environs de Rocroi. Le famennien a été mis en état de publication sur la feuille de Dinant. Les matériaux sont réunis et coordonnés pour trois autres feuilles. M. Mourlon a mené à bonne fin, par l'achèvement d'un quatrième volume, la publication des mémoires posthumes d'André Dumont sur nos terrains crétacés et tertiaires, que la direction du Musée _lavait chargé d'éditer. 3e Section. M. Van den Broeck a consacré trente-huit jours à des études en commun avec M. Rutot sur les relations des systèmes tongrien et wemmelien en Belgique, aux collines de Cassel et dans l'île de Wight; vingt et un jours à des recherches regionales dans le Brabant et la Campine; vingt-cinq jours, dont onze en commun avec M. Rutot, à des explorations sur les dépôts sous-jacents au campinien et sur l'extension méridionale du système diestien : dix-sept jours à des travaux de sondage dans des localités où les terrains quaternaires et modernes sont tres épais. Ces opérations peuvent être considérées comme terminant la phase des explorations préliminaires générales sur les terrains tertiaires supérieurs et sur les dépôts qui les recouvrent. M. Van den Broeck met la dernière main au spécimen de la feuille de Bilsen, sur laquelle il a particulièrement expérimenté les méthodes et procédés de levés qu'il a combinés, de concert avec M. Rutot, pour appliquer aux dépôts tertiaires le programme du Service. 4° Section. M. Rutot a attribué vingt et un jours à terminer ses levés sur la feuille de Bruxelles, qu'il va de son côté publier comme spécimen précédant la publication avant l'achèvement des levés monographiques; cinquante jours à reconnaître les rapports entre l’eocene et l'oligocène qui lui ont fait déterminer l'existence d'un nouveau terme dans la série stratigraphique éocène — ces recherches se sont étendues jusqu'aux collines de Cassel et à l’île de Wight — dix-neuf jours à continuer l'étude de l'échelle de l’éocène inférieur DE LA CARTE GEOLOGIQUE DETAILLEE DE LA BELGIQUE. 203 et moyen; onze jours a explorer ies alluvions anciennes de la basse _ Belgique. Sur le total, quarante-neuf excursions ont eu lieu en commun avec M. Van den Broeck. Par ces études, la période des recherches générales de M. Rutot sur les groupes qui constituent sa section, peut être aussi consi- dérée comme close. La feuille de Bruxelles sera livrée à l'impression au cours de l'hiver. 5e Section. M. Purves a consacré soixante-sept jours au levé des bassins de terrain houiller du massif meridional; quatorze jours a l'étude des sables aachéniens de la province de Liege et des envi- rons d’Aix-la-Chapelle; quarante-trois jours à l'exploration des terrains triasiques et liasiques du Luxembourg: quatre jours a des essais de sondages et a l'étude comparative des terrains quater- naires et modernes dans plusieurs régions du pays. M. Purves a mis en état de publication le terrain houiller sur les feuilles de Natoye, Modave et Clavier. M. Vincent s'est livré pendant cinquante-neuf jours, sous la direction de MM. Van den Broeck et Rutot, a des recherches paléon- tologiques dans presque tous les systèmes tertiaires et principale- ment dans l’éocene supérieur et à la base de l’oligocene, en vue d'en confirmer les rapports stratigraphiques. Le Directeur, E. Dupont. Bruxelles, le 15 novembre 1882. gli vAn De on ER MUSEE ROYAL D' HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE. SERVICE DE LA CARTE GEOLOGIQUE DU ROYAUME. + GRR me Wortel. | Weelde 142 | | | | Aass Hi £ | | x | I El Wake 7 Ë 27 LL = À RUGES. | eN | + : | | ! Lomme | ne ws 5 | Pipette ) me ANVERS LN, ol "ga Zeit: EE / A CoP nd à Ee = FN Dstelley 3 | de \ eos Ay r foboken f 7 | > Lophem N 2 a | + a | [ À 5 eid org eerd ep ll Il | be De |) 7— 30 = T ; T mu E ; so VAT | \ "| GAND | ; 1e SAT 2 In PIG | 9 uf hourout | | 2 | | Qi OV ll ia ae (fet mark niek ee | st Im hr | mm DS 7 J 5 | TDepnze Thielt wo eas Dordeg. Genck a. | | ET] |. Mi 5 ta sk wr Garere | Gasternecte | } N il | JET ie pn: Shuendael EE nn i ill med Hay | a | (Ml Au 8 Til a fl a PM mrd N oj Veldwegelt) timm Dr | Hudenurd; Sottegem chii ER az T Warlebeke pda ie floorepcke $ | Nino AN F il i I |" Ih ie vn h 0 men à ig et Seh] mt in 5 | Nederbrkks Wenderpin. te 7 | Wieren i Fall pr Hr | IHR iJ IA N, ler Were, : J fl on : 2 i a “ Merete is | | ‘ia mm ir IN Werder user ul f N meres LM Nn Pa ! | ir dr m || | 7 — ITR um TN T- 7 JBL IND 72 war MN 7 Ei || enteren Al 41 = A | yt yee | Al lemme [Momalle BR i | f 5 E el | Enghien. Viescog fin | faire : rae | f ator |, | iM à | 5 Niv Wa Chastre | Bleguy | | £ | 7 | i | Wasseiges Eiyhexce Veh Yah E \ | |Gemblous i 4 IE 7 | Heat A mm 7 x ER TE! 47 ) if = Seneffe | Ta || | ‘ ; WeHuy | (ae al Sen mar; y 1 in il pe hy Ni den er |! Hleurus Sur ul 2 Lu Fa ze Worta oa Fe me) NON m 1 Charlero IN Binche | mem m Lal x ‚Alla à PEMA jaer sonde js NA 3 «fl J Mormont | in sf i = ae I Etat des travaux au15 Novembre 1882 —YLeves effectués eg) 1e sechon a IRT! i Samar h eres o” Or udes pee are narreo — | (Me J pen ). ra | 7 : fil ; ~ Salt |e je ? Nef x cond ain Longchamps Etudes communes jai 1% Le secliono : Uy Hop D Longrilty- | Flamierg ©, | Vencimonth ; 1 4 3! Hubert nord ib —eveo effeckuco 17 Fe = | | = | f 5 | R er Bastogne |Wa D € ’ \ We rire OE ‚de: > filers 2 bi \ | Sibrers 04 Yeves ew voie diachevement î tease nn, \ _ Gee | Le ie. À Lourfow). A| 5 | 2 op | ; FE | Mi | Bayfıyud Cugnauxé) | Levée effeebueo ES | Greta avion | | ot Sl Ordine) © Moped & Br com (AM ) | | Ae Lil Olircles preli imiarreo WL (- No Yaade Wwe De < k) ra 66, ' LL Pussemange 2 2. A a Études prelumuraires Ekudeo communes auc Irre KA me [CA —eveo ef Peclareo Vlerbeumont éectiono Sr Ching Elud £ TE = er | ig N JN Anıceos 4p relıivriinoarteo SI ). rd ii Wenn ar ved effeetueo | | ( | section A | X A aans Etudes prelunirartces 11 Gp ) | au ie Meix dex We Ce TN = pp 20 Cherrlles en lak de publication RS (QCiinewe am Rapport ola OP ezels ur du. Muse; en ehe et 15. NBvembre 1882.) Gl Echelle du 800.000? mop phy ean! ae Frl, Fear” De NOTE SUR LES RESTES DE DINOSAURIENS RENCONTRES DANS LE CRETACE SUPERIEUR DE LA BELGIQUE; PAR M. L. DOLLO, Aide-naturaliste au Musee. I. DINOSAURIEN DU TUFFEAU DE MAESTRICHT. Dans le courant de l’année 1882, alors que j'étais occupé à la revi- sion des restes de Mosasauridæ conservés au Musée, je remarquai, parmi les fossiles provenant du Tuffeau de Maestricht, des frag- ments de vertèbres que leur forme caractéristique me fit rapporter aux Dinosauriens. Ces fragments étant très peu nombreux, je me proposais de différer leur publication jusqu'à ce que j'eusse des matériaux plus complets, lorsqu’au mois d'août dernier, j’eus la satisfaction de voir au British Museum, grâce à l’obligeance de M. H. Woodward, d'autres pièces originaires des mêmes couches et appartenant au même groupe de Reptiles. Enfin, tout récem- ment (1), M. le professeur H. G. Seeley a présenté à la Société géologique de Londres un mémoire sur ces ossements. Je crois donc le moment favorable pour faire connaître les documents que j'ai entre les mains. La première mention de Dinosauriens dans l'étage Maestrichtien remonte seulement, autant que je sache, à l’année 1880. C'est encore le savant professeur de King’s College qui nous renseigne sur ce point important. « Des restes de Dinosauriens bien conservés, » dit-il, « découverts depuis peu en Europe dans le Tuffeau de Maestricht, sont apparentés à l’Zguanodon (2). » Comme suite a ces quelques lignes, M. H. G. Seeley a, ainsi que nous venons de le signaler, publié un travail plus étendu, mais que je n’ai pu me procurer jusqu’à présent. La se borne toute la littérature sur notre sujet. (1) Société géologique de Londres. Séance du 7 mars 1883. (2) H. G. Seerey, Die Dinosaurier (MoNATSBL. D. wiss. CLUB IN WIEN, 1880, p. 1 du tiré à part). 16 206 DOLLO. — NOTE SUR LES RESTES DE DINOSAURIENS Juin Nos fossiles, a la description desquels je vais passer maintenant, sont les fragments de deux vertèbres, dont l'une est vraisem- blablement la premiere ou la seconde caudale, si on en juge par 'Zguanodon. L’autre, caudale aussi, est plus rapprochée de la région moyenne de la queue. La PREMIERE (fig. 1 et 2) a été sciée diagonalement par les ouvriers, de sorte que nous n'en possédons qu'un peu plus de la moitié. Telle qu'elle est, elle ne laisse pourtant pas que d'être tres intéressante. Son centre parait avoir été assez fortement biconcave. La face dor- sale de celui-ci est sillonnée par les deux sutures neuro-centrales qui se rencontrent presque sur la ligne médiane. La face ventrale ne semble point avoir porté d’attaches pour les chevrons. La face laterale gauche manque. La droite porte deux surfaces articulaires contigués : une dorsale déjà mentionnée ci-dessus pour la neura- pophyse et une ventrale pour le costoide caudal (1). Fig. 2. Fic. 1. — Vue dorsale de la premiere de nos deux vertebres caudales du Dinosaurien de Maestricht. Echelle : 7/2. a Neurapophyse droite. t Suture neuro-costoidale. brGentre. k Suture centro-costoïdale. e Suture neuro-centrale. m Face cräniale du centre. f Costoide caudal. n Face caudale du centre. Fic. 2. — Profil droit de la méme vertebre. Méme sens pour les lettres que plus haut. (1) J’adopte ici la nomenclature établie par M. le Prof. Paul Albrecht dans un travail inédit Sur les costoides de la queue des Amniotes. — Sur la définition du costoide en général, voir P. ALBRECHT, Sixième costoide cervical, etc. (Buzz. Mus. ROY. HIST. NAT. BELG., 1882, t. I, p. 198). en Eee WW Oe eee eee EE 1883. DU CRETACE SUPERIEUR DE LA BELGIQUE. 207 Des neurapophyses, la piece centroidale droite (1) est seule con- servée. Elle est séparée, d'une part, du centre par la suture neuro- centrale (2) et, d’autre part, du costoide par la suture neuro-costoi- dale (3). Contrairement a ce qu'on observe chez le Crocodile, ladite piece centroidale n’a pas la méme hauteur que le centre et ne par- vient donc point a apporter un champ centroïdal (4) dans l’arti- culation intervertebrale. Le costoide, normalement développé, s'attache, comme chez le Crocodile (fig. 3 et 4) (5), dans langle formé par le centre et la Fic. 3. — Profil gauche du centre d'une des premières vertèbres caudales d’un jeune Crocodile. Grandeur naturelle. e Champ pour la piéce centroidale gauche. m Face craniale du centre. k Champ pour le costoide gauche. n Face caudale du centre. Fic. 4. — Vue dorsale du centre de la méme vertebre. k’ Champ pour le costoide droit. 1 Trou sinu-vertébral postérieur (dorsal) gauche. I’ — — droit. Nota. — Ces deux figures sont extraites du travail inédit de M. le Prof. P. Albrecht. Sur les costoides de la queue des Amniotes. (1) P. ALsrecHt, Die Epiphysen und die Amphiomphalie der Säugethierwirbel- körper (ZooL. Anz., 1879, p. 161). (2) T. H. Huxtey, A Manual of the Anatomy of Vertebrated animals, p. 15. London, 1871. (3) P. ALBRECHT, Sixieme costoide cervical, etc., p. 200. (4) P. ArBrecur, Die Epiphysen und die Amphiomphalie der au sethiorwirel- körper (Loor. Anz., 1879, p. 161). (5) T. H. Huxrev, loc. cit., p. 253. 208 DOLLO. — NOTE SUR LES RESTES DE DINOSAURIENS Juin neurapophyse. Il est donc séparé du premier par une suture centro-costoidale (1) et du second par la suture neuro-costoidale déjà citée. Fig. 5. Q GG Profil droit de la seconde de nos deux vertèbres caudales du Dinosıurien de Maestricht. Echelle : */,. a Neurapophyse droite. b Centre. c Postzygapophyse droite. d Prézygapophyse droite. e Suture neuro-centrale. f Costoide caudal synostosé avec la neurapophyse. g Impression craniale droite pour l’insertion d'un chevron. h Impression caudale droite pour l’insertion d’un chevron. k Suture centro-costoidale. . m Face craniale du centre. n Face caudale du centre. (1) P. ALBRECHT, Sixième costoide, etc., p. 200. 1883. DU CRETACE SUPERIEUR DE LA BELGIQUE. 209 Les sutures neuro-centrale, neuro-costoidale et centro-costoidale persistantes nous autorisent, je crois, à considérer l'animal comme n'ayant point encore atteint l'état adulte. Bien que notre SECONDE vertèbre (fig. 5 et 6) ait également été endommagée par un trait de scie, elle est néanmoins plus complète que la première. Son centre était aussi franchement biconcave. La face dorsale de celui-ci est presque entièrement perdue, mais la portion restante porte la suture neuro-centrale droite. Sa face ventrale montre quatre fortes impressions indiquant des chevrons intervertébraux non réunis sur la ligne médiane. La face latérale gauche manque. La droite est sillonnée par une suture, qui est évidemment la suture centro-costoidale. La neurapophyse est surtout bien préservée du côté droit. Son pédicule est séparé du centre par la suture neuro-centrale encore ouverte. La suture neuro-costoidale, au contraire, est oblitérée (1). Des traces en sont assez visibles pourtant. Ceci nous fait voir : 1° Que le costoïde se soude à la neurapophyse avant que celle-ci et que le costoïde lui-même se synostosent avec le centre; 2° Que, comme chez le Crocodile (2), la disparition des sutures a lieu caudo-cränialement. La neurapophyse porte des pré- et postzygapophyses bien déve- loppées et est fortement inclinée dans le sens crânio-caudal quand on marche du pédicule vers la lame. Cette disposition a pour résultat que le plan de la face caudale du centre, prolongé dorsale- ment, laisse caudalement à lui les postzygapophyses. Comme dans notre première vertebre, le pédicule de la neurapophyse n'atteint point les faces cräniale et caudale du centre et il n'y a par consé- quent point non plus ici de champs centroïdaux. Le costoide gauche est perdu. Le droit, bien conformé, est soudé a la neurapophyse. Il est séparé du centre par la suture neuro- costoidale. | La persistance des sutures neuro-centrale et centro-costoidale vient confirmer le caractère non adulte de notre Dinosaurien. Comparons à présent nos vertèbres aux parties correspondantes de l'Iguanodon. Chez le Reptile de Maestricht, les faces cräniale et caudale du centre ont un contour plus quadrangulaire; elles sont moins comprimées latéralement. De plus, lesdites faces sont plus (1) Inversement, chez le Crocodile, la suture neuro-centrale s’oblitère d’abord et ensuite les sutures neuro-costoidale et centro-costoidale. (P. Albrecht.) (2) Communication verbale de notre savant ami M. le professeur P. Albrecht. 210 DOLLO. — NOTE SUR LES RESTES DE DINOSAURIENS Juin fortement biconcaves que chez |'Iguanodon. La face ventrale du centre porte, chez le Reptile de Maestricht, comme nous l'avons déjà dit, quatre fortes impressions pour l'insertion des chevrons intervertebraux. Ces impressions indiquent des chevrons séparés à l'extrémité proximale. Enfin elles regardent tout à fait ventrale- Fig. 6. Vue ventrale de la seconde de nos deux vertèbres caudales du Dinosaurien de Maestricht. Échelle : “ae Même sens pour les lettres que figure 5. g’, h’ Impressions gauches pour les chevrons. ment. Chez I’Iguanodon, au contraire, les chevrons sont réunis à l'extrémité proximale, de sorte que la vertèbre ne porte que deux larges facettes, une cräniale et une caudale, pour leur insertion. De plus, ces facettes, au lieu de regarder ventralement, regardent respectivement cränio-ventralement et caudo-ventralement. En d’autres termes, le bord ventral des faces cräniale et caudale de la 1883. DU CRETACE SUPERIEUR DE LA BELGIQUE. 211 vertebre est biseauté pour recevoir les chevrons (1). La neura- pophyse est placée plus perpendiculairement sur le centre dans l’/guanodon que dans le Reptile de Maestricht. Ainsi, tandis que chez ce dernier la postzygapophyse se projette entièrement au dela de la face caudale du centre de la vertèbre, chez le premier, la même face prolongée dorsalement coupe la postzygapophyse. La lame de la neurapophyse est plus large dans le sens cränio-caudal et plus comprimée latéralement chez l'Iguanodon que chez notre Dinosaurien. Enfin, les costoïdes caudaux (2) sont aussi plus aplatis dorso-ventralement chez celui-là que chez celui-ci. Ceci posé, tous les points par lesquels notre seconde vertèbre diffère des caudales du genre Zguanodon concordent avec le genre Hadrosaurus, Leidy (3). Je serais donc disposé à identifier les deux formes, d'autant plus qu'elles se rencontrent dans des dépôts ayant plusieurs caractères paléontologiques communs (4), et à considérer notre bête comme un jeune Hadrosaurus Foulkii, Leidy, si notre première vertebre, qui provient sans aucun doute du même animal que la seconde, ne nous en empéchait. En effet, il est positif que cette premiere vertebre est bien une caudale : le centre biconcave et le costoide autogene le prouvent sans réplique. De plus, c’est une des premiéres caudales, car elle ne porte point de chevrons. Or, les premières caudales de l'Hadrosaurus sont très comprimees cranio-caudalement, puisque leur longueur est contenue plus de deux fois dans la hauteur du corps (5). Au contraire, notre pre- miére vertebre a sensiblement la méme forme que la seconde, c'est-à-dire que la longueur du corps est a peine plus forte que sa hauteur. Il est donc probable que les restes conservés au Musée de Bruxelles appartiennent a un type nouveau. Comme, d’autre part, (1) R. Owen, Fossil Reptilia of the Wealden Formations (PALEONTOGRAPHICAL Society, 1854, p. 16). (2) Observés par Owen comme formations autogenes chez un jeune Iguanodon. (Loc. cit., p. 15, note.) (3) J. Leiny, Cretaceous Reptiles of the United States, pp. 80 et 81 et pl. XII, fig. 13. Philadelphie, 1865. (4) Le tuffeau de Maestricht et la formation de Fox Hills qui ont en commun Mosasaurus et Enchodus. |E. D. Cope, The relations of the Horizons of extinct Vertebrata of Europe and North America (Buzz. Unit. STAT. GEOL. AND GEoc. Survey, 1879, vol. V, n° 1, p. 36.)] (5) J. Lenny, loc. cit., p. So et pl. XII, fig. 9. 212 DOLLO. — NOTE SUR LES RESTES DE DINOSAURIENS Juin les Dinosauriens sont rares dans le Maestrichtien (1), puisque le gîte si fossilifere de Maestricht n'a presque rien fourni jusqu'à ce jour, il est hautement vraisemblable que lesdits restes appartien- dront a la méme forme que les ossements décrits par M. Seeley. Je m'abstiens donc de donner un nom à nos fossiles et adopterai ultérieurement, s'il y a lieu, celui choisi par le savant professeur de King's College. EL DINOSAURIENS DU HERVIEN DE LONZEE. Il y a quelque temps déjà, mon attention fut appelée par M. De Pauw, Contrôleur des ateliers du Musée, sur une petite collec- tion de fossiles provenant de la glauconie argileuse hervienne de Lonzée (2). J'y trouvai, à ma grande satisfaction, deux dents, qui me frappèrent par leur singularité et que je rapportai à un Dino- saurien herbivore. Cette découverte me parut très intéressante au double point de vue : ı° Du niveau auquel les dents avaient été recueillies, attendu qu'à ma connaissance personne n'a, jusqu'à ce jour, signalé la pré- sence de Dinosauriens dans la partie moyenne du Sénonien qui, en Belgique, a reçu de Dumont le nom de système Hervien ; 2° De l'animal lui-même, car j'acquis bientôt la conviction que nous avions affaire à une forme nouvelle. Je fis donc tous mes efforts pour accroître mes matériaux d'étude, mais ce fut en vain, au moins en ce qui concerne le Reptile dont il a été question plus haut. Je pus cependant me procurer, outre une grande quantité de dents de Poissons, une phalange unguéale ayant vraisemblablement appartenu à un Dinosaurien carnivore. Je décrirai successivement : 1° La phalange unguêale; 2° Les dents du Dinosaurien herbivore. (1) Chose facile à comprendre, puisque ces Reptiles approchent de leur extinction. (2) Mémoires sur les terrains crétacé et tertiaires, préparés par feu André Dumont et édités par M. Michel Mourton, t. I, p. 424; C. MaLaıse, Description de gites fos- siliferes devoniens et d'affleurements du terrain crétacé, pp. 57 et suiv. 1883. DU CRETACE SUPERIEUR DE LA BELGIQUE. 213 1° PHALANGE UNGUEALE D'UN DINOSAURIEN CARNIVORE. Notre phalange unguéale, qui mesure 50 millimetres de lon- gueur, 18 millimetres de hauteur et 11 millimetres d'épaisseur (dimensions maxima), ressemble, a premiere vue, si fortement a celles du Mégalosaure qu'on est presque tenté, la question de taille mise a part, de l'identifier avec elles. Pourtant, en l'examinant de plus près, on observe des divergences que nous indiquerons plus loin, divergences qui tendraient à prouver que ladite phalange aurait plutôt appartenu à un genre nouveau ou à une espèce nouvelle. Pour donner une idée exacte de notre fossile, je ne crois pou- voir mieux faire que de reproduire ici la description fournie par Fig. 1 Fig. 2 Fic. 1. — Phalange unguéale du Dinosaurien carnivore de Lonzée. Échelle : */,. Profil droit. a Facette articulaire supérieure. b — inférieure. c Rainure pour l'insertion de la gaîne cornée. Fic. 2. — La même. Vue postérieure. Fic. 3. — La même. Vue supérieure. Fic. 4. — La même. Vue inférieure. 214 DOLLO. — NOTE SUR LES RESTES DE DINOSAURIENS Juin Owen (1) pour le Mégalosaure et de signaler ensuite les differences existant, au point de vue des phalanges terminales, entre cet animal et celui de Lonzée. « … La surface articulaire est profondément concave dans la direction verticale, indiquant une solide jointure et la possibilite d'un certain mouvement de rétraction et d’extension. Au-dessous de cette surface articulaire se trouve une forte apophyse ou protu- berance, rugueuse, destinée a l'insertion d'un puissant tendon flechisseur. Le bord de la poulie articulaire est légèrement surélevé pour l’attache du ligament capsulaire. La base de la phalange est striee longitudinalement ; le reste de la surface est lisse et offre le même caractère compacte, ainsi que la couleur qu'on observe géné- ralement sur les os du Mégalosaure. De chaque côté de la griffe, vers le bord inférieur et plutôt plus bas d'un côté que de l'autre, court une rainure profonde suivant la concavité inférieure de l'os. Ces rainures indiquent la ligne de fixation de la gaîne cornée et aussi la position des vaisseaux nourriciers de la matrice reproduc- trice de cette gaîne. » Voici maintenant en quels points la phalange de Lonzée s'écarte de la description ci-dessus : 1° La surface articulaire n'est point fortement concave mais presque plane, ce qui semblerait indiquer l'absence des mouve- ments de rétraction et d'extension signalés par Owen chez le Mégalosaure ; 2° Bien que la face proximale de notre phalange soit divisée en deux facettes secondaires (une supérieure et une inférieure), la crête qui provoque cette division n’est point saillante comme dans le Mégalosaure ; 3° La face inférieure de notre phalange n'est point striée. En résumé : La phalange unguéale de Lonzée concorde suffisam- ment avec celles du Mégalosaure pour qu'on puisse affirmer qu'elle provient d'un Dinosaurien carnivore, mais elle s'en écarte suffisam- ment aussi dans le détail pour qu'on ne puisse l'identifier avec le Megalosaurus Bucklandi, Ow. Elle paraît avoir appartenu à un animal de taille moitié de celle du Mégalosaure et moins spécialisé que lui. Nous attendrons pour lui donner un nom d’avoir des matériaux plus complets. (1) R. Owen, Fossil Reptilia of the Wealden formations. Part III : Megalosaurus Bucklandi (PALEONTOGRAPHICAL SOCIETY OF Lonpon, 1856, p. 19). 1883. DU CRETACE SUPERIEUR DE LA BELGIQUE. 215 2° DENTS D UN DINOSAURIEN HERBIVORE. Les dents du Dinosaurien herbivore, a la description desquelles je passe maintenant, sont au nombre de deux. Aucune d'elles n'est entièrement conservée, la racine étant brisée un peu au-dessous du rd | ag A a Fic. 1. — Dent du Dinosaurien de Lonzée (Craspedodon lonzeensis, Nob.). Echelle : ?/,. Face interne. a Partie du bord ornée de grandes dentelures. b = fines — c Couronne. d Collet. e Première crête secondaire finement dentelée et longeant le bord de la couronne. f Rebord finement dentelé au niveau du collet. g Crête primaire finement dentelée. h Deuxième crête secondaire finement dentelée et longeant le bord de la couronne. k Première crête tertiaire lisse. ! Deuxième — m Dos d’äne correspondant sur la face externe à la crête primaire dentelée de la face interne. Fic. 2. — La même. Échelle : 2/;. Vue de profil. Fic. 3. — Série de grandes dentelures et de fines dentelures, pour la comparaison. Fic. 4. — Coupe suivant xy, montrant la compression antéro-postérieure. Echelle : */;. 216 DOLLO. — NOTE SUR LES RESTES DE DINOSAURIENS Juin collet. Toute la dent est fortement comprimee dans le sens antéro- postérieur et possède un aspect franchement asymétrique. Couronne. — La face externe de la couronne, au lieu de suivre transversalement une courbe légèrement convexe et régulière, comme chez l’/guanodon, par exemple, s'infléchit considérable- ment et donne naissance a une sorte de dos d’äne dont le sommet, non situé dans le plan médian, correspond a une crête de la face interne. Celle-ci présente d’abord cette particularité qu'au lieu de se continuer directement avec la racine, comme chez l’/guanodon, elle en est séparée par un rebord tout à fait caractéristique et que montre bien la figure ci-jointe. Dans sa partie supérieure et sur la moitié de la hauteur de ses bords latéraux, la face interne est garnie de dentelures relative- ment larges. Plus bas, celles-ci sont remplacées par d'autres plus nombreuses et incomparablement plus fines. Ces dernières se con- tinuent sur le rebord dont nous avons parlé ci-dessus jusqu'au milieu du contour latéral de l’autre côté. La face interne porte encore, un peu en dehors de son plan médian et correspondant au dos d’äne de la face externe, une forte crête également munie des fines dentelures que nous venons de décrire. Deux autres crêtes beaucoup plus faibles et lisses, atteignant comme la plus forte le sommet de la dent, sont placées du même côté de la grande crête, tandis que l’autre côté en est privé. Enfin, deux crêtes un peu plus saillantes, commençant à l'endroit où se terminent les grandes dentelures et s’arrétant au collet, suivent en avant et en arrière le contour de la dent. Ces crêtes sont aussi pour- vues de fines dentelures. Racine. — Comme nous l'avons déjà dit, la racine est brisée. Si nous en jugeons par la faible diminution du volume de la dent au niveau du collet, elle devait être assez longue. La cavité de la pulpe est bien préservée et s'étend au loin dans la couronne. Ceci posé, peut-on identifier les dents du dépôt hervien de Lonzée avec une quelconque des formes de Dinosauriens herbi- vores actuellement connues? Je ne le crois pas. En effet, elles se distinguent des dents : Des Sauropoda (1) et des Stegosauride (2) par leurs crêtes et dentelures; (1) Morosaurus [O. C. Mars, Amer. Journ. Sc. (Silliman), 1878, vol. XVI, pl. V, fig. 1 et 2]; Cetiosaurus (R. Owen, Paleontographical Society, 1873, pl. Il, fig. 19 et:20). (2) Stegosaurus [O. C. Mars, Amer. Journ. Sc. (Silliman), 1880, vol. XIX, pl. VI, fig. 4]. 1883. DU CRETACE SUPERIEUR DE LA BELGIQUE. 217 Des Scelidosauridæ (1), par leur forme comprimée dans le sens antéro-postérieur, leur sommet arrondi, leurs fines dentelures et le rebord du collet; Des /guanodontide (2) et des Hypsilophodontide (3), par leur forme comprimée d’avant en arrière, leurs fines dentelures et le rebord du collet, Et des Hadrosauride (4), par leurs crétes secondaires, leurs fines dentelures, le rebord du collet, etc. Fic. 1. — Dent d’/guanodon. Echelle : */,. Face interne. a Créte primaire lisse. Fic. 2. — La même. Profil. Fic. 3. — Coupe suivant xy. (1) Scelidosaurus (R. Owen, Paleontographical Society, 1859, pl. V, fig. 3); Acanthopholis (T. H. Huxtey, Geological Magazine, 1867, pl. V, fig. 4). (2) Laosaurus [O. C. Marsu, Amer. Journ. Sc. (Silliman), 1878, vol. XVI, pl. IX, fig. 1 et 2]. (3) Hypsilophodon (T. H. Huxtey, Quart. Journ. Geol. Soc. London, 1870, vol. XXVI, pl. I, fig. 2, et aussi R. Owen, Paleontogr aphical Society, 1873, pl. I, fig. 15). (4) Hadrosaurus (J. Lewy, Cretaceous Reptiles of the United States, 1865, pl. XIII); Cionodon (E. D. Core, Vertebrata of the cretaceous formations of the West, 1875, pl. I et p. 58). 218 DOLLO. — NOTE SUR LES RESTES DE DINOSAURIENS Juin Nos dents représenteraient donc une forme nouvelle et leur sommet arrondi, leurs crêtes, leurs dentelures montrent à l’evi- dence que cette forme viendrait nécessairement se placer dans l'ordre des Ornithopoda. Avons-nous affaire maintenant a un genre ou a une espèce inconnus jusqu'à ce jour? La question est facile à résoudre. Si l’on réfléchit a la faible difference qui sépare les dents de deux espèces bien caractérisées de l'ordre des Ornithopoda (Iguanodon Mantelli et J. Prestwichit (1), par exemple), il ne peut rester le moindre doute que les fossiles de Lonzée appartiennent a un genre nouveau. En souvenir des crêtes remarquables qui sillonnent nos dents, je propose de designer ce genre sous le nom de Craspedodon. La qua- lification specifique lonzeensis rappellera de son côté la localité ou furent découverts les premiers restes de ce Dinosaurien. Craspedodon lonzeensis, nov. gen. et sp. Dents fortement comprimées dans le sens antéro-postérieur et possédant un aspect franchement asymétrique. Racine inconnue. Couronne arrondie au sommet et séparée de la racine sur la face interne par un ressaut situé au niveau du collet. Face externe de la couronne fortement convexe transversale- ment, formant un dos d’äne dont le sommet n'est point dans le plan médian de la dent, mais correspond à la plus forte crête de la face interne. Face interne portant cinq crêtes : une, très accentuée, finement dentelée, allant du sommet au collet et non située sur le milieu de la face; deux autres, plus faibles, également pourvues de fines dentelures, placées, une de chaque côté de la crête principale, près des bords latéraux qu'elles contournent, commençant à mi-hauteur de la face interne et se terminant au collet; deux autres, plus faibles encore, se trouvant du même côté de la crête principale, lisses, prenant leur origine au sommet de la dent et ne descendant qu’a mi-chemin de la face interne. Enfin, le sommet et la moitié supérieure des bords latéraux de la face interne sont munis de larges dentelures; le reste desdits bords et le contour du ressaut sont finement dentelés comme les crêtes. (1) J. W. Hurke, Quart. Journ. Geol. Soc. London, 1880, p. 438. 1883. DU CRETACE SUPERIEUR DE LA BELGIQUE. 219 Gisement : Glauconie argileuse hervienne (Senonien moyen). Localite : Lonzée, pres Gembloux (Brabant). Restes connus : Deux dents, déposées dans les collections du Musée royal d’histoire naturelle de Belgique, a Bruxelles. Avant de terminer cette notice, je désirerais présenter encore quelques observations sur les dents des Dinosauriens herbivores en general. C'est un fait connu que si lon part des Ongulés éocènes pour remonter jusqu'aux temps actuels, on constate une remar- _quable évolution de la dentition que les admirables travaux de W. Kowalevsky (1) ont surtout mise en lumière. Sans vouloir prétendre qu'on puisse, dans l'état actuel de nos connaissances, suivre d’une manière aussi précise les transforma- tions des dents chez les Dinosauriens herbivores, je crois que les faits ci-après n'en sont pas moins très intéressants à mentionner : I. Les types les plus généralisés des Dinosauriens herbivores 4 LAN un Hl Dm nen m A art sont Fig. | Fic. 1. — Dent de Morosaurus, Marsh (Morosauridæ — Savuropopa). Face interne (d’aprés Marsh). Fic. 2. — Dent de Scelidosaurus, Owen (Scelidosauride — STEGOSAURIA). Face interne (d’apres Owen). Fic. 3. — Dent d’Hadrosaurus, Leidy (Hadrosauride — Ornituopopa). Face interne (d’apres Leidy). (1) W. KowarevsKy, Monographie der Gattung Anthracotherium, Cuv. und Ver- such einer natürlichen Classification der fossilen Hufthiere (PALEONTOGRAPHICA, 1876, vol. XXII, pp. 270 et suiv.). 220 DOLLO. — NOTE SUR LES RESTES DE DINOSAURIENS Juin (Sauropoda), principalement jurassiques et ne s'élevant pas au- dessus du Weald, ont des dents sans crétes ni dentelures. II. Parmi les Stegosauria, les formes les plus généralisées (Stego- sauridæ), jurassiques, ont encore ces mêmes dents sans crêtes ni dentelures. III. Parmi les Stegosauria, les formes les plus spécialisées (Sceli- dosauridæ), jurassiques et crétacées, ont déjà des dents dentelées, mais sans crêtes bien exprimées. IV. Enfin, chez des formes encore plus éloignées des Sauropoda, les Ornithopoda, ayant bien des représentants dans le jurassique, mais surtout développées dans le Crétacé, on peut noter les quatre modifications suivantes : 1° Couronne dentelée et portant une seule crête (Hadrosaurus) ; 2° Couronne dentelée, portant une crête principale et des crêtes secondaires (/guanodon) a) Dentelures simples — J. Prestwichii — jurassique, b) Dentelures elles-mêmes dentelées — I. Mantelli — wealdien; 3° Couronne dentelée, portant une crête principale et des crêtes secondaires dentelées, ainsi que des crêtes tertiaires lisses (Craspe- dodon); 4° Plusieurs dents simultanément en usage, simulant les molaires des Ongulés (Czonodon). De ce rapide exposé il semble résulter que, tandis que les perfec- tionnements de la dentition chez les Ongulés ont consisté dans les plissements de l'émail (Chevaux), la multiplication des tubercules (Cochons), l'augmentation de la hauteur de la couronne, la crois- sance persistante, etc., ils se sont manifestés chez les Dinosau- riens herbivores par la production de cr£tes, de dentelures ou l'usage simultané de plusieurs dents. Mais pendant que les causes de l’évolution de la dentition nous sont pour ainsi dire connues chez les Ongulés (1), nous pouvons à peine esquisser celle du système dentaire des grands Reptiles qui les remplaçaient pendant les temps secondaires. (1) W. KowaLEvsky, op. cit., pp. 276 et 284. 1883. DU CRETACE SUPERIEUR DE LA BELGIQUE. 221 APPENDICE. Ce travail était a l'impression quand jai reçu le mémoire de _M. le Prof. H. G. Seeley sur les Dinosauriens de Maestricht (1). Le savant anglais y distingue deux formes : une apparentée au Megalosaurus Bucklandi, Ow., et pour laquelle il propose le nom de Megalosaurus Bredai, Seeley; l'autre, montrant des affinités avec l’/guanodon et l'Hadrosaurus et qu'il a bien voulu me dédier, Orthomerus Dolloi, Seeley. Cette dermière, à laquelle, en raison mème de ses affinités, je rapporte nos fossiles, indique comme ceux-ci un animal de taille moitié de celle de l’/guanodon bernis- sartensis, Blgr. (1) H. G. Seerev, On the Dinosaurs from the Maastricht Beds (Quart. Journ. Geor. Soc. Lonpon, 1883. Mai. Part II). u A ‘ 3 i ie (M pi AMA m | 4 4 ie dj ME VE QUATRIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS DE BERNISSART; PAR M. L. Dotto, Aide-naturaliste au Musée. Je me propose, dans cette nouvelle Note, de donner une descrip- tion du crane de |'Iguanodon bernissartensis, Blgr. J'aurais encore differe la publication de cette piece importante, comme un certain nombre de questions Ja concernant restent irrésolues et aussi parce que tous nos spécimens ne sont point dégagés actuellement, mais j ai pensé que, eu égard aux connaissances relativement restreintes qu'on possède aujourd'hui sur la tête des Dinosauriens, il serait préférable de soumettre dès maintenant les faits observés et les déductions en tirées à la critique des naturalistes compétents. Bien que mes recherches aient porté sur sept cranes, je n'ai pas laissé que d'éprouver de sérieuses difficultés d'étude attribuables aux causes suivantes : 1° Mutilation des spécimens ; 2° Oblitération des sutures par l'âge ; 3° Remplissage des cavites par de la pyrite beaucoup plus dure que l'os et par cela même presque impossible a enlever. Ces circonstances suffiront a expliquer que, dans certains cas, j'ai pu faire des observations moins completes sur des cranes entiers que mes prédécesseurs sur des parties isolées. Jannexerai au présent travail quelques lignes sur la colonne vertebrale, ce qui me permettra d’etendre les notions acquises jus- qu'à ce jour sur cette région du squelette sans intercaler dans la serie de mes communications préliminaires une Note spéciale pour un sujet que je n'ai l'intention que d’effleurer en ce moment. 224 DOLLO. — QUATRIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Aoüt 1; LA TERE. A. — La Mandibule. La mandibule, ou plutôt une portion de cet os, a été décrite par Owen en 1855 (1). L'élément dentaire est le seul qu'ait connu le savant anglais, qui appelle spécialement l'attention sur le rôle joué par cet élément dans la formation de l’apophyse coronoïde. Owen note également le rejet de celle-ci en dehors du bord alvéolaire, le parallélisme des bords supérieur et inférieur de chaque rameau de la mandibule et la forme tronquée de cette dernière dans le voisi- nage de la symphyse. Les choses en restèrent là jusqu'en 1878, époque à laquelle Hulke (2) écrivit sur l'élément articulaire, dont il donna une bonne description. Ces deux travaux constituant, a notre avis, les contributions les plus importantes à la connaissance de la mâchoire inférieure du genre /guanodon, nous nous abstiendrons de citer ici les autres auteurs qui se sont occupés de ladite mâchoire, nous réservant de traiter en détail l'historique de la question ultérieurement. Nous passerons donc, sans autre préambule, à nos observations person- nelles. Prise dans son ensemble, la mandibule de l’/guanodon bernis- sartensis, Blgr., se fait remarquer par son extrémité distale édentée (mais non tronquée comme l’afirme Owen), par le parallélisme des bords supérieur et inférieur de la région portant les dents, par sa brusque terminaison apres l’articulation pour le Quadra- tum, mais surtout par sa forte apophyse coronoide, rejetée en dehors du bord alvéolaire et placée sur la face externe de la man- dibule avant la fin de la série dentaire. Ainsi qu’Owen (3) le signale, d’ailleurs, l’apophyse coronoide suffit déjà a montrer les affinités plutôt lacertiliennes que crocodi- (1) R. Owen, Foss. Rept. Weald. form. Part II. Dinosauria (P ALEONTOGRAPHICAL Society LonpoN, 1855, p. 20 et pl. XIII, fig. 1). (2) J. W. Hurxe, Note on an Os articulare presumably that of Iguanodon Man- telli, Ow. (Quart. Jour. GEoL. Soc. LONDON, 1878, p. 474). (SIR. Owen, op. Ell. p. 21. 1883. DE BERNISSART. 225 liennes de l'animal, et cela d'autant plus que la restriction (1) posée par lillustre paléontologiste anglais a l'égard de l'élément coro- noide peut être levée actuellement, comme nous le verrons plus loin. Mais si l’apophyse coronoïde indique un rapprochement vers les Lacertiliens, sa position en dehors du bord alvéolaire et avant la fin de la série dentaire n'en est pas moins anormale. Une com- paraison entre | Iguane et l’/guanodon nous expliquera peut-être cette singularité. Lorsqu'on examine le crâne du premier de ces Reptiles, on con- state : 1° Que sa plus faible dimension est la hauteur; en d'autres termes, que cet organe est légèrement comprimé dans le sens vertical ; 2° Que les deux séries, droite et gauche, de dents implantées dans les maxillaires supérieurs vont en divergeant assez fortement quand on marche du bout du museau vers l’occiput; 3° Que les dents, surtout les plus proches de la fosse temporale, sont beaucoup plus éloignées du plan médian du crâne que la face externe des pariétaux : 4° Que la série dentaire s arrête au-dessous de l'orbite et vers le milieu de cette cavité. Ces dispositions conduisent aux conséquences suivantes pour la mandibule : 1° Les deux rameaux de celle-ci divergent considérablement à l'extrémité proximale, au moyen de quoi les apophyses coro- noïdes se trouvent convenablement placées dans les fosses tempo- rales pour recevoir l'insertion des muscles temporaux; 2° Lesdites apophyses coronoides, s’elevant sur le bord alvéo- laire immédiatement après et dans le même plan que la série den- taire, occupent, par leur position dans la portion antérieure des fosses temporales, une situation permettant aux muscles tempo- raux d'agir dans des conditions favorables. Chez I’ /guanodon, au contraire : 1° La plus faible dimension du crane est le diamètre bilatéral; en d'autres termes, cet organe est sérieusement comprimé trans- versalement; 2° Les deux series, droite et gauche, de dents implantées dans les maxillaires supérieurs sont extrémement rapprochées l'une de (1) « … or whether it (l'élément coronoide) be restricted, as in the Crocodilian Reptiles, to the inner surface of the ramus, bounding the fore part of the wide entry to the mandibuiar canal. » (R. Owen. op. cit., p. 21.) 226 DOLLO. — QUATRIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Aoüt l’autre et presque parallèles quand on marche du bout du museau vers l’occiput ; 3° Les dents, méme les plus proches de la fosse temporale, ne sont pas (ou guêre) plus éloignées du plan médian du crâne que la face externe des pariétaux ; 4° La série dentaire se continue au dela de l'orbite jusque vers le milieu de la fosse temporale. On voit qu’avec cette structure, il est tout a fait impossible : 1° Que l’apophyse coronoide soit dans le prolongement de la série dentaire de la mandibule, car elle serait alors refoulée a l’ex- trémité postérieure de la fosse temporale, ce qui ne permettrait qu'un jeu très défectueux des muscles temporaux ; 2° Que ladite apophyse coronoide soit dans le méme plan que la série dentaire de la mandibule, car, en raison du rapproche- ment des rameaux de cette dernière, rapprochement nécessité par la position des dents supérieures (qui sont même un peu en dehors des inférieures quand la bouche est fermée), ladite apophyse vien- drait poser par sa face interne le long des parois du crâne propre- ment dit ou devrait peut-être pénétrer dans la base de celui-ci! On peut donc dire que la position de l'apophyse coronoïde en dehors du bord alvéolaire et avant la fin de la série dentaire est causée par : 1° Le rapprochement extréme et le parallélisme des séries den- taires supérieures: 2° La prolongation de ces séries jusque dans les fosses temporales. Ceci posé, décrivons les différentes parties composant la mandi- bule. Elles sont au nombre de sept; savoir : 1° L'élément dentaire, visible sur les faces externe et interne de la@nacheıre inférieure: 2° L'élément coronoide, visible sur les mêmes faces: 3° L'élément articulaire, visible aussi sur les mêmes faces; 4° L'élément angulaire, visible seulement sur la face interne; 5° L'élément surangulaire, visible seulement sur la face interne: 6° L'élément splénial, visible seulement sur la face interne; et 7° Un os supplémentaire, impair, à cheval sur les deux rameaux de la mandibule à l'endroit de la symphyse et que, pour cette rai- son, j'appellerai os presymphysien. Je commencerai par celui-là. L’os presymphysien a l'aspect d'un diadème qui ne serait point fermé par derrière. Il présente donc quatre faces : une externe, une interne, une inférieure et une supérieure. Les faces externe et interne sont lisses et respectivement convexe et concave: elles n’offrent rien de particulier. La face inférieure est 1883. DE BERNISSART. | 227 sensiblement d’egale largeur dans toute son étendue, presque plane, aussi lisse et s'applique sur l'extrémité tronquée des élé- ments dentaires, droit et gauche, recouvrant donc la symphyse mandibulaire. La face supérieure, relativement mince dans le voi- sinage de cette dernière, va en s'élargissant comme on s'en écarte. En même temps elle s'abaisse, rencontrant de cette manière la face précédente sous un angle d'environ 35°. La région médiane, c'est-à-dire la plus mince, porte plusieurs denticules osseux occu- pant chacun toute la largeur de la face en cet endroit. Plus loin, ils cessent complètement et font place à un bord tranchant pourvu d'une série régulière de fossettes ou foramina du côté interne et produit par une surélévation de la face externe, qui laisse en contre-bas le reste de la face supérieure. Comme les six éléments qu'on observe ordinairement dans la mâchoire inférieure des Reptiles sont présents dans la mandibule de l’/guanodon, il ne peut y avoir de doute que l'os presymphy- sien est bien différent de chacun d'eux. Des lors, la premiere question à se poser était celle-ci : Le soi-disant os présymphysien n'est-il point une partie du crâne — le prémaxillaire, par exemple, — qui serait venue se placer artificiellement et se fixer pendant la fossilisation sur la mandibule? Je ne le crois pas et voici pourquoi : 1° Sur tous les cranes étudiés par nous — sept, comme nous l'avons dit plus haut, — il est constamment attaché à la mâchoire inférieure et la bouche s'ouvre toujours entre le crane proprement dit et lui. Il est clair que si les denticules osseux de sa face supé- rieure avaient été implantés dans des trous correspondants du crâne, il y aurait eu là un assemblage tellement solide (sans comp- ter l’action de la pyrite, qui l'aurait rendu plus intime encore) que: a) Los presymphysien aurait toujours été uni a la mâchoire supérieure dans nos spécimens; b) Que si, par hasard, on l'avait trouvé isolé, c'aurait ete l'ex- ception et non la règle et, en tout cas, ses dentelons auraient été brisés, engagés qu'ils étaient dans le crâne; 2° Si on admet que l'os presymphysien est le premaxillaire, il devient tout à fait impossible de comparer le crâne de l’/guanodon, non seulement avec celui des Reptiles actuels, mais encore avec celui des Dinosauriens eux-mêmes. En effet, chez lHypszlopho- don (1), par exemple, le prémaxillaire est pair; chez l’/guanodon, (1) T. H. Huxrey, On Hypsilophodon Foxii, a new Dinosaurian from the Wealden of the Isle of Wight (Quart. Journ. GEoL. Soc. Lonpon, 1870, vol. XXVI, p. 4 et 228 DOLLO. — QUATRIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Aoüt il ne le serait pas. Chez l'Hypsilophodon, le prémaxillaire envoie une branche montante servant de cloison aux narines; chez l’/gua- nodon, cette disposition n’existerait pas. Chez l'Hypsilophodon, les narines sont limitées inferieurement par le prémaxillaire; chez l'Iguanodon, ce seraient les maxillaires qui joueraient ce rôle. Chez l'Hypsilophodon, les nasaux sont situés en arrière des narines; chez l’/guanodon, ils formeraient leur cloison, etc... Nous pour- rions continuer la liste des difficultés soulevées par cette premiere hypothèse, mais nous pensons l’enumeration ci-dessus suffisante. Si on accepte, au contraire, que l'os presymphysien fasse partie de la mandibule, tout concorde, comme nous le démontrerons plus loin ; 3° La face supérieure de l'os présymphysien indique que c'est bien entre cette face et le crâne que la bouche a dû s'ouvrir et non entre la face inférieure et la mandibule. Car, si on examine ladite face supérieure et si on la compare à la face supérieure de la mandibule de certains Cheloniens — Testudo planiceps (1), Batagur dhon- goka (2), — on y retrouve les dentelures osseuses proches de la symphyse, puis le bord tranchant qui leur succède quand on s'éloigne de celle-ci: 4° Il semble que Hulke ait constaté la présence de notre os pré- symphysien chez l'Hypsilophodon (3), car il dit : «In a slab in my collection immediately in front of a much-crushed mandible is a thin triangular bone symmetrically bent into a trough-like form appearing not unlike a continuation of the symphysial mandibular spout, one edge of the triangular bone having the same slant as the inclined border of this. » I do not identify this bone with the mandible. The close proxi- mity of a præmaxillary tooth to it suggests that it may be connec- ted with the preemaxilla. » Je ne comprends pas l'hésitation de M. Hulke à réunir ce « thin triangular bone » à la mandibule. L’objection tirée des dents serait plutôt un argument en faveur de cette interprétation. En effet, au prémaxillaire édenté de l'Iguanodon correspond un os presymphy- pl. 1, fig. 1 et 5); J. W. Hurke, An Attempt at a complete osteology of Hypsilophodon Foxii, a british wealden Dinosaur (Putt. Trans. Roy. Soc. Lonpon, 1882. Part III, ps 1055, pl. LXXTL fe. net 2), (1) J. E. Gray, Catalogue of Shield Reptiles in the collection of the British Museum, 1855, pl. XXXIV. (2) J. E. Gray, Shield Reptiles, pl. XXXVI, fig. 1. (3) J. W. Hurke, Hypsilophodon, p. 1040. 4 ——— an ee EE 1883. DE BERNISSART. 229 sien édenté; au premaxillaire denté de l'Hypsilophodon correspon- drait un os presymphysien denté. Qu'est-ce maintenant, morphologiquement parlant, que l'os pré- symphysien? Il n'a, que je sache, été signalé chez aucun Reptile vivant ou fossile. Peut-être represente-t-il, soudées en une seule, les deux pièces réunissant chacun des rameaux de la mandibule chez les Batraciens anoures (1), pieces que M. le professeur P. Al- brecht désigne comme intermaxillaires inférieurs. Ces intermaxil- laires inférieurs peuvent éventuellement porter des dents, comme chez l Amphignathodon Guentheri (2), Blgr., ce qui est d'accord avec notre interpretation pour l’Hypsilophodon. Peut-être aussi représente-t-il l'os présymphysien de l'Aspidorhynchus fisheri (3), ganoide des « Purbeck beds » duquel il se rapproche plus encore par son caractère impair (4). Passons à l'élément dentaire. C'est le plus volumineux de tous les os composant la mandibule, dont il occupe la région moyenne, limité qu'il est, antérieurement par l'os présymphysien et posté- rieurement par les éléments coronoïde, articulaire, angulaire, sur- angulaire et splénial. L'élément dentaire est, dans son ensemble, grossièrement paral- lélépipédique, massif et tres élevé. Distalement, son angle supérieur est tronqué sur une grande partie de la hauteur, produisant ainsi une surface oblique sur laquelle vient se fixer l'os presymphysien. La portion de son extrémité antérieure non occupée par ce der- nier s unit avec l'élément dentaire de l’autre côté en une symphyse etroite, mais ne sinflechit que tres faiblement en dedans pour (1) A. Ecker, Die Anatomie des Frosches, p. 40, fig. 22, 3. Brunswick, 1864. (2) G. A. Bourencer, Catalogue of the Batrachia Salientia, pl. XXX. Londres, 1882. (3) Dr Gunrner, An Introduction to the Study of Fishes, p. 369 et fig. 146. Edim- bourg, 1880. (4) A ces os presymphysiens il faut encore ajouter celui des Pycnodontes et celui de l’homme : Pycnodontes. « ... im Zwischenkiefer und einem entsprechenden selbstständigen Abschnitt des Unterkiefers, der sogenannten premandibula... » [Ueber die Begren- zung und Eintheilung der Ganoiden. Von Chr. Lütken. Trad. du Danois par R. v. Willemæs-Suhm (PALEONTOGRAPHICA, vol. XXII, p. 3ı)]. Homme. « Ferner bemerke ich, dass in der im ersten Jahre vergehenden Naht oder Syndesmosis beiden Unterkieferhälften manchmal ein kleiner, besonderer, ein- facher oder doppelter (?) Knochenkern sich bildet, der bald mit dem Ganzen ver- schmilzt. » (v. KöLLıker, Entwickelungsgeschichte des Menschen und der höheren Thiere, p. 473, 2° édit.). 230 DOLLO. — QUATRIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Aoüt arriver a cette fin en raison du rapprochement extrême des deux rameaux de la mâchoire inférieure. Le bord supérieur de l'élément dentaire porte vingt et une dents en usage, qui commencent immé- diatement apres la face oblique dont nous avons parlé plus haut et ne s'arrêtent qu'au dela de la limite antérieure de l’apophyse coronoide. Sur la face interne se voient les dents de remplacement. Je n'entrerai point ici dans une description détaillée de la dentition, déjà suffisamment bien connue par les recherches des paléontolo- gistes anglais, et me rêserverai d'étudier ce sujet, avec tous les développements qu'il comporte, dans mon travail définitif. La face externe de l'élément dentaire se fait remarquer par son bord supérieur dentelé, chaque concavité correspondant à linser- tion d’une dent. Parallèlement à ce bord, se rencontrent une série de foramina, qui se continuent, quoique beaucoup atténués, le long de la face oblique donnant attache à l'os presymphysien. Vers son extrémité proximale, la face externe porte une forte apophyse, qui constitue la portion la plus considérable de l’apophyse coronoide. Postérieurement, cette apophyse de l'élément dentaire est munie d'une rainure dans laquelle viennent s'engager : 1° En haut: un prolongement de l'élément coronoide: 2° En bas : un prolongement de l'élément articulaire. L'élément coronoide est une plaque relativement mince d'os, qui s'applique sur la face interne de la portion dentaire de l’apophyse coronoide. Vu du dehors, il fait saillie sur celle-ci en haut et par derrière. De ce côté, il envoie un prolongement pénétrant dans une rainure correspondante de l’apophyse de l'élément dentaire. L'élément articulaire a été bien décrit par Hulke (1) et je n'ai que peu à ajouter à ce qu'il en a dit. Jappellerai seulement l'atten- tion sur l'absence de la forte apophyse dirigée en dedans et vers le bas chez 'Iguane, apophyse qui manque d'ailleurs également chez Hatteria. Je noterai encore : 1° Que lapophyse montante, marquée c dans la figure 1 de M. Hulke, vient se placer sur l'élément coronoide, le long duquel elle s'élève, contribuant donc dans une certaine mesure à la forma- tion de l’apophyse coronoide; 2° Que l'élément articulaire envoie encore un prolongement, perdu dans la piece de M. Hulke, prolongement qui vient se loger dans une rainure de l’apophyse de l'élément dentaire, au-dessous de l'élément coronoide. (1) J. W. Hurke, On an Os articulare, etc. (v. supra). 1883. DE BERNISSART. 231 Il résulte de ce qui précède que l'apophyse coronoide peut être caractérisée comme suit dans le genre /guanodon : APOPHYSE CORONOIDE DE L’IGUANODON. Position : En dehors du bord alvéolaire et avant la fin de la série dentaire. Element dentaire Composition : — coronoide } par ordre d’importance. — articulaire | Le tableau ci-après permettra de se rendre compte des nom- breuses divergences que cette apophyse coronoïde présente si on la compare à celle des Reptiles actuels : APOPHYSE CORONOIDE DES REPTILES ACTUELS (1). —_—_—_—_ a ————— nn Plus ou moins développée. Absente. | | | | CROCODILIENS. EE me A Position : Composition : Sur le bord alvéolaire immédia- tement après la fin de la série dentaire. | | m sr Re Ne re ı. Partie surangulaire de Coronoide. ı. Coronoide. l'élément angulo-sur- | 2. Dentaire. angulaire. 2. Coronoide. | | OPHIDIENS. | RHYNCHOCÉPHALES. CHÉLONIENS. LACERTILIENS. Somme toute, c'est encore avec lapophyse coronoide de Hatteria que la partie correspondante de l’Zguanodon offre le plus de res- semblance. Cette concordance n’est pas isolée, comme nous aurons l'occasion de le constater bientôt. Il nous reste a parler des trois éléments angulaire, surangulaire et splénial, situés sur la face interne de chaque rameau de la man- dibule. Les deux premiers en atteignent l'extrémité, comme Hulke (2) l'a observé aussi chez l’Hypsilophodon. Le troisième, peu volumineux, articule avec eux et avec l'élément dentaire. Son extrémité antérieure ne dépasse point la quinzième dent à comp- ter de la symphyse. (1) R. Owen, On the Rank and affinities, in the Reptilian Class, of the Mosasau- ride, Gerv. (QuarT. Journ. GEoL. Soc. Lonpon, 1877, p. 700). (2) J. W. Hurke, Hypsilophodon, p. 1040. 232 DOLLO. — QUATRIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Aoüt Bi ==: Le rane. Aspect lacertilien ; très comprimé transversalement; narines externes divisées, subterminales, latérales; orbites modérément grandes et dirigées sur le côté; pas d’anneau sclerotique; fosses temporales limitées latéralement par une arcade supérieure et une inférieure. Boîte cérébrale entièrement ossifiée. Des dents dans les maxillaires seulement. Les dimensions maxima du crâne, que nous figurons, sont les suivantes : Longueur. i wane. a om,65 Hauteur (mandibule comprise). . . . . . . 02,35 CAERE 120 oh a. et Jn bere Path ANNEE RON: Nous décrirons successivement : 1° La charpente osseuse du crâne: 2° Les cavités qu'elle limite. I. LA CHARPENTE OSSEUSE. — Il y a deux os prémazxil- laires, dont la forme générale est assez difficile à définir. Vus latéralement, ils sont profondément découpés par les narines externes, qu'ils limitent presque à eux seuls. Ils envoient, en haut et en bas de ces orifices, deux apophyses qui vont rejoindre les nasaux. Les premières (apophyses nasales), en se prolongeant infé- rieurement, cloisonnent les narines dans leur partie antérieure; les secondes (apophyses maxillaires) longent les maxillaires. Examines par la face palatine, les prémaxillaires ont, ensemble, la forme d'une spatule dont les bords seraient surélevés. Ces bords, qui correspondent aux bords alvéolaires des maxillaires, sont édentés. Pendant la vie, ils étaient vraisemblablement revêtus d'une gaine cornée, ainsi que l'os presymphysien, et formaient bec avec celui-ci. La partie en contre-bas est constituée par la réunion des deux prêmaxillaires. Elle n’est ni découpée, ni perforée et, en raison de son étendue, rejette assez loin en arrière les narines internes au lieu de les laisser subterminales, comme dans l’'Iguane ou dans Hatteria. Cette structure des prémaxillaires n’est pas tres différente de celle observée par Huxley (1) et Hulke (2) chez l’Hypsilophodon. (1) T. H. Huxrey, Hypsilophodon, p. 4. (2) J. W. Hurke, Hypsilophodon, pp. 1038 et 1040. 4* > A A = OU ye Me cgay ~ 1883. DE BERNISSART. 233 Notons cependant que, chez ce dernier, les prémaxillaires sont pourvus de dents. Les maxillaires sont des os assez volumineux, en connexion avec les prémaxillaires, les nasaux, les jugaux, les lacrymaux et les pré- frontaux, lorsqu'on les regarde latéralement: en relation avec les prémaxillaires encore, avec les palatins (?) et avec les ectoptéry- goïdes lorsqu'on les voit par la face palatine. Ils portent 25 dents en usage et ne laissent point apercevoir les dents de remplacement. Parallèlement au bord alvéolaire, on constate la présence d'une série de foramina. Comparons lesdits maxillaires avec ceux de deux types de Reptiles actuels très divergents, l'Iguane et Hatteria. Les maxillaires de l'Iguanodon se distinguent : 1° De ceux de l'Iguane et de Hatteria, en ce que leurs bords alvéo- laıres sont très rapprochés du plan médian du crane et presque parallèles ; 2° Des mêmes, en ce qu'au lieu que la série dentaire s'arrête vers le milieu ou avant la fin de l'orbite, cette série se continue jusque vers le milieu de la fosse temporale; 3° Des mèmes, en ce qu'ils ne limitent pas les narines; 4° De ceux de l'Iguane, en ce qu'au lieu que la surface d'insertion destinée aux jugaux soit située dans le mème plan que le bord alvéolaire et au-dessus de celui-ci, ladite surface est portée par une apophyse spéciale des maxillaires se projetant assez fortement vers le dehors et placée avant la fin de la série dentaire. Il y a une tendance à cette disposition chez Hatteria, quoique celle-ci soit beaucoup moins nettement exprimée que chez l’/guanodon (1); 5° De ceux de l'Iguane encore, en ce qu'ils ne sont point en contact avec les ectopterygoides au-dessous de l'orbite, mais vers le milieu de la fosse temporale. Il y a également une approxima- tion de ceci chez Hatteria, mais beaucoup moins accusée que dans l’Iguanodon ; 6° De ceux de Hatteria, en ce qu'ils ne limitent point les orbites extérieurement. Les nasaux sont bien développés et forment une bonne partie de la face supérieure du crâne. Ils sont en relation avec les prémaxil- laires, les maxillaires, les préfrontaux et les frontaux. Ils limitent les narines postérieurement. Les frontaux sont larges et plats. Ils ne bordent point les orbites supérieurement, empêchés qu'ils sont par les supraorbitaires dont (1) R. Owen (Foss. Rept. Weald., p. 29) semble avoir pressenti cette disposition. 234 DOLLO. — QUATRIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Aout nous parlerons dans un instant. Ils se distinguent donc, sous ce rapport, de l’Iguane, de Hatteria et même de |’ Hypszlophodon (1); ils se rapprochent, au contraire, du Scelidosaurus (2), dont ils s'écartent pourtant à un autre point de vue. Je n'ai point observé la suture interfrontale. Il ne peut y avoir de doute cependant qu'elle a existé, car Hulke a constaté sa présence chez 1 Lgwanodon Prestiwichit (3). Les préfrontaux portent chacun un supraorbitaire, qui les recouvre complètement vers le dehors, ainsi que les frontaux. Il résulte de cette disposition que, pas plus que les frontaux sus-nommeés, les prefrontaux ne limitent l'orbite extérieurement. Ils se distinguent donc à cet égard de l'Iguane, de Hatteria, de l'Hypsilophodon (4) et même du Scelidosaurus (5). Un second supraorbitaire, plus petit que celui décrit plus haut, repose sur le post-frontal. Les lacrymaux sont en relation avec les préfrontaux, les maxil- laires et les jugaux. Ils bordent postérieurement les fosses prélacry- males (6) [lacrymo-nasales des Oiseaux, des Ptérosauriens, etc. (7)] et antérieurement les orbites. Les jugaux sont fixés sur une apophyse spéciale des maxillaires et, contrairement à ce qui se passe chez l'Iguane, ne sont pas situês dans le même plan que le bord alvéolaire, mais à une distance assez considérable (0",04) en dehors de celui-ci. De plus, ils n'atteignent point la fin de la série dentaire, à l'opposé de ce qu'on voit chez l'Iguane et chez Hatteria. Ils sont en contact avec les lacry- maux, les post-frontaux, les quadrato-jugaux et les maxillaires déja cités. Enfin, ils limitent l'orbite inférieurement et en partie posté- rieurement, tandis que, chez Hatteria, ils ne bordent cette cavité que postérieurement. _ Comme chez le Scelidosaurus (8) et l'Hypsilophodon (0), et malgré (1) J. W. Hurke, Hypsilophodon, p. 1037. (2) R. Owen, British fossil Reptilia of the Oolitic formations. Part I. Scelido- saurus Harrisonii, Ow. (PALEONTOGRAPHICAL SocIETY, 1859, p. get pl. V, fig. 1, 71). (3) J. W. Hurke, On Iguanodon Prestwichii, etc. (Quart. Journ. GEOL. Soc. Lonpon, 1880, p. 436 et pl. XVIII, fig. 1). (4) J. W. Hurke, Hypsilophodon, p. 1038. (5) R. Owen, Scelidosaurus, pl. V, fig. 1, 11. (6) T. H. Huxrey, Hy psilophodon, p. 6. (7) T. H. HuxLey, A Manual of the Anatomy of Vertebrated animals, p. 282. London, 1871. (8) R. Owen, Scelidosaurus, pl. V, fig. 1, 26. (9) T. H. Huxrey, Hypsilophodon, p. 6, et J. W. Hurke, Hypsilophodon, p. 1038. nn Me an Fe 1883. DE BERNISSART. 235 l'assertion de M. le professeur H. G. Seeley (1), il y a, chez l'Igua- nodon, des Quadrato-jugaux bien developpes, qui unissent le Quadratum au jugal. Ces quadrato-jugaux de l'Iguanodon se diffe- rencient de ceux de Hatteria, qui, comme on le sait, est le seul lezard actuel possédant ces os, en ce qu'ils ne touchent point le squamosal. Les} post-frontaux offrent leurs connexions usuelles avec les parictaux, les frontaux, les squamosaux et les jugaux. De plus, ils portent un supraorbitaire, le plus petit des deux. Ils limitent lorbite postérieurement et la fosse latérotemporale (2) antérieure- ment. Enfin, ils bordent exterieurement et antérieurement la fosse supratemporale (3). Les post-frontaux de l’/guanodon se distinguent donc de ceux de l'Iguane, de Hatteria, de l'Hypsilophodon (4) et du Scelidosaurus (5), en ce quils ne font point partie du contour supérieur de l'orbite, circonstance causée par la présence du supra- orbitaire prementionne. Les squamosaux sont en relation avec le post-frontal, le pariétal, le supraoccipital, lapophyse parotique (6) et le quadratum. Ils different donc : 1° De ceux de Hatteria, en ce quils ne descendent point le long du quadratum pour aller rejoindre le quadrato-jugal ; 2° De ceux de l'Iguane, en ce qu'ils ne se réunissent pas avec les jugaux le long des préfrontaux. A cet égard, ils ressemblent Hatteria ; 3° De ceux de l'Iguane encore, en ce qu'ils contiennent a eux seuls la surface articulaire pour le Quadratum. Sous ce rapport aussi, ils concordent avec Hatteria; 4° De ceux de I Iguane, enfin, en ce qu'ils bordent superieurement la tosse posttemporale (7) et postérieurement la fosse supratempo- rale. Nouvel accord avec Hatteria. Comme d'ordinaire, les squamosaux limitent exterieurement la fosse supratemporale. Les parietaux offrent plusieurs rapports avec ceux de Hatteria, (1) H. G. Serre, Die Dinosaurier (MoNATSBLÄTT. D. WISS. CLUB IN WIEN, 1880, p. 3 du tiré a part). (2) T. H. Huxrer, A Manual, etc., p. 221. (3) T. H. Huxzey, A Manual, etc., p. 220. (4) J. W. Hurke, Hypsilophodon, etc., pl. LXXI, fig. 2, Psf. (5) R. Owen, Scelidosaurus, pl. V, fig. 1, 12 et p. 9. (6) T. H. Huxrev, A Manual, etc., p. 220. (7) T. H. Huxzey, A Manual, etc., p. 220. 236 DOLLO. — QUATRIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Aoüt dont ils different beaucoup moins que de ceux de I'Iguane. Ils sont simples et présentent une créte médiane assez accentuée. Ils se distinguent : 1° De ceux de l'Iguane, en ce qu’au lieu de limiter presque en- tierement la fosse supratemporale postérieurement et totalement la fosse posttemporale supérieurement, ils n’en bordent qu'une petite partie. C'est donc un rapprochement vers Hatteria ; 2° De ceux de I'Iguane encore, en ce qu'ils ne prennent pas part a la formation de la surface articulaire pour le Quadratum; 3° De ceux de l’Iguane et de Hatteria, en ce que leur apophyse squamosale est bordée inférieurement par le supraoccipital. De ce côté, ils concordent avec le Corytophanes cristatus, Boie, lezard de PAmeérique centrale ; 4° Des mémes, en ce qu'il n’y a point de foramen pariétal. En résumé, les pariétaux rencontrent les os suivants : Alisphe- noides, Prootiques, Supraoccipitaux, Squamosaux, Post-frontaux et frontaux. Il nous reste maintenant a décrire : 1° La boîte cérébrale osseuse ; 2° Les Apophyses parotiques; 3° Le Quadratum, et Le Palais. 1° À l'égard de la boîte cérébrale osseuse, j'ai pour le moment très peu à ajouter à l'excellent travail de M. Hulke (1). Je dirai seulement : a) Que le doute (2) sur l'identité du crane étudié par le savant anglais avec l’?Zzuanodon ne me paraît pas possible, car je retrouve, notamment, sur nos spécimens les « basisphenoidal swellings » (3) (Épanouissements bulloïdes du basisphénoïde), caractéristiques: b) Que ces épanouissements me semblent être représentés chez Hatteria avec cette différence que, dans le lézard néo-zélandais, ils s écartent largement du plan médian du crâne, tandis qu'ils sont simplement séparés par un sillon profond chez l'Zguanodon. Cette divergence s'explique facilement par ce fait que le crâne de Hatteria est plutôt comprimé dans le sens vertical et celui de l’Zguanodon suivant le diamètre bilatéral; (1) J. W. Hurke, Note on a large Reptilian Skull, etc. (QuarT. JourN. GEOL. Soc. Lonpon, 1871, p. 199). (2) H. G. SEELEY in J. W. Hurke, Large Reptilian Skull, etc., p. 206. (3) J. W. Hurke, Large Reptilian Skull, etc., p. 202. ON a a a ie à 1883. | DE BERNISSART. 237 c) Que, chez Hatteria, lesdits épanouissements sont précédés de deux apophyses dirigées ventralement, en avant et vers le dehors — les apophyses basiptérygoïdes, — en contact avec les pterygoides, qui les touchent extérieurement, les contournent en avant et envoient finalement le long de leur face interne une petite apophyse pyramidale dont le sommet regarde dorso-caudalement. J'ai cru voir une disposition très proche de ceci chez !’/guanodon, mais avec de légères variantes. Ainsi, par exemple, au lieu que les apophyses basiptérygoïdes soient fortement écartées des épanouisse- ments bulloïdes du basisphénoïde, elles viennent au contraire buter contre ces derniers. On comprendra aisément la cause de cette modification si on se rappelle que, grâce à l'extrême prolongation en arrière des séries dentaires, il y a eu une sorte de concentration de la base du crane, vers l’occiput. Dans leurs rapports avec les ptérygoïdes, les apophyses basi- pterygoides montrent, chez Hatteria et l'Iguanodon, une grande ressemblance avec ce qui a été signalé par Owen (1) chez l'Hypsi- lophodon ; d) Que le supraoccipital s'étend latéralement de manière à clore, avec le concours des apophyses parotiques et des pariétaux, les fosses posttemporales. Cette observation est parfaitement en harmo- nie avec ce que Hulke (2) nous apprend de l’/guanodon Prestwichii. En ce qui concerne le supraoccipital, le genre /guanodon s'écarte donc sérieusement de l'Iguane et de Hatteria. Au contraire, il se rapproche du Corytophanes cristatus, Boie, dont nous avons parlé ci-dessus. Pourtant, chez ce dernier, ce sont le supraoccipital et le pariétal qui ferment seuls la fosse posttemporale, à l'opposé de ce qui a lieu chez I’ /guanodon, où les apophyses parotiques jouent un certain rôle dans cette obliteration. Le supraoccipital rencontre le pariétal, l'épiotique (avec lequel il est soudé), l’apophyse parotique et le squamosal. S'il prend part a la formation du foramen magnum, c'est une chose que je ne puis décider, mais cela doit être, puisque M. Hulke l'a constaté chez VIguanodon Prestwichii (3). 2° Les apophyses parotiques sont comme d'ordinaire constituées par la réunion du Prootique, de l'Opisthotique et de l’Exoccipital. (1) R. Owen, Supplement (n° V) to the Monograph on the fossil Reptilia of the Purbeck and Wealden formations (Iguanodon) (PALEONTOGRAPHICAL SOCIETY, 1874, pl. Il, fig. 5). (2) J. W. Hurke, Iguanodon Prestwichii, p. 435. (3) J. W. Hurke, Iguanodon Prestwichii, p. 440 et pl. XVIII, fig. 3. 18. 238 DOLLO. — QUATRIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Aoüt Elles sont énormes, en forme d’aile dont la pointe, assez aigué, serait tournée vers le bas. Elles se distinguent : a) De celles de l’Iguane, en ce qu'elles ne prennent pas part a la formation de la cavité articulaire pour le Quadratum. Sous ce rapport, elles concordent avec Hatteria; b) De celles de l'Iguane et de Hatteria, en ce qu'elles descendent le long du Quadratum aussi bas que l’articulation de celui-ci avec le Quadrato-jugal ; c) Des mêmes, en ce qu'elles ferment presque complètement, par leur expansion verticale, la fosse posttemporale; d) Des mémes encore, en ce qu'elles sont en contact distalement avec le supraoccipital. A ce point de vue, elles se rapprochent de celles du Corytophanes cristatus, Boié, dont elles s'écartent large- ment d’ailleurs a d'autres égards. 3° Le Quadratum est un os remarquablement long et fort, aplati d'avant en arrière a son extrémité distale. Il est percé d'un trou, qui correspond vraisemblablement à celui qu'on voit chez Hatteria. Au niveau de ce trou se fait l'articulation avec le Quadrato-jugal. Le Quadratum de l’/guanodon differe : a) De celui de l'Iguane et de Hatteria par sa hauteur extraor- dinaire. Celle-ci provient de deux causes : «) L’arcade squamoso-postfrontale, qui, chez l'Iguane et chez Hatteria, sabaisse, quand on va du post-frontal vers le squamosal, s'élève, au contraire, chez l'Iguanodon ; B) L’articulation avec le maxillaire inférieur, qui, chez l'Iguane et chez Hatteria, se fait à peu près au niveau de la série dentaire de la mandibule, a lieu, chez I! /guanodon, beaucoup plus bas. Hatteria montre déjà cependant une approximation de ce que nous consta- tons chez notre Dinosaurien. b) De celui de l'Iguane et de Hatterta encore, en ce qu'il est longé postérieurement par l’apophyse parotique. c) De celui de l'Iguane, en ce qu'il est perforé. A ce point de vue, il ressemble Hatteria, dont la perforation est cependant antéro- postérieure, pendant que celle de I!’ /guanodon est latérale. d) De celui de l'Iguane encore, en ce qu'au lieu d'avoir son extré- mité proximale articulée à la fois sur le squamosal, le pariétal et l’apophyse parotique, il est en contact seulement avec le squamosal, qui le recouvre comme d'une sorte de chapeau. Cette disposition coincide avec ce qu'on voit chez Hatteria. e) De celui de l'Iguane, enfin, en ce que, dans ses connexions avec le ptérygoïde, au lieu de recevoir directement une apophyse 1883. DE BERNISSART. 239 quadratique de cet os, il envoie une apophyse pterygoidienne qui articule avec elle. A cet égard, il concorde avec Hatteria. f) De celui de Hatteria, en ce que: «) L’apophyse préquadratique du squamosal, au lieu de des- cendre sur sa face anterieure pour rejoindre le quadrato-jugal, reste rudimentaire; 6) L'apophyse postquadratique du squamosal, au lieu d'être a peine exprimée, est plutôt un peu mieux développée que l'apo- physe prêquadratique. La structure du Quadratum, que nous venons de faire connaître, est en harmonie avec ce qu'on sait de l'Hypsilophodon (1) et du Sce- lidosaurus (2). f 4° C'est sur le palais que mes observations sont le moins par- faites. Cette circonstance est due a deux causes : a) Chez un certain nombre de spécimens, la mandibule est adhérente au crâne et je n'ai pas cru devoir la faire détacher, ce qui est toujours dangereux pour l'échantillon, avant que tous les Dinosauriens de Bernissart soient degages; b) En raison de la compression transversale du cräne, plusieurs des pieces composant le palais(notamment les vomers et les palatins) sont extrémement gréles et ont ete broyées, de sorte qu'il est presque impossible de reconnaitre leurs connexions. Ce que j’ai vu m'a cependant permis de constater que les os prémentionnés sont de longues plaques verticales, d'une minceur extreme, mais ayant une certaine hauteur. J'ai été un peu plus heureux avec les ptérygoïdes, sur lesquels j'ai pu noter les faits ci-après : a) Par suite de la prolongation des séries dentaires supérieures, ces os sont rejetés tres loin vers l’occiput; b) Ils sont en contact avec les ectoptérygoides, auxquels ils se réunissent pour former deux apophyses pterygo-ectopterygoi- diennes. Toutefois, au lieu que cette r&union se fasse sous l’orbite, comme chez l’Iguane, par exemple, elle se produit au niveau de la fosse temporale, ainsi qu'on peut l’observer également chez Hatteria, mais plus en arrière que chez ce dernier; c) Ils montrent, dans leurs relations avec le Quadratum et les Apophyses basiptérygoides, des rapports tres semblables a ceux qui existent dans Hatteria. (1) J. W. Hurke, Hypsilophodon, p. 1030, pl. LXXI, fig. 3, 4 et pl. EAI fie! 1. (2) R. Owen, Scelidosaurus, p. 11. 240 DOLLO. — QUATRIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Aoüt En resume, bien que je n’aie pu fournir, dans cette communica- tion préliminaire, des renseignements aussi précis sur le palais que sur les autres regions du crâne, je crois que les données ci-dessus sont de nature a confirmer la these soutenue par Huxley (1) et Hulke (2), a savoir que le palais des Dinosauriens a une structure lacertilienne et non crocodilienne. II. LES CAVITES. — En étudiant la charpente osseuse du crane, j'ai toujours eu soin d'indiquer les diverses ouvertures ou cavités principales limitées par les pièces qui la constituent. Il semble donc qu'un examen spécial de ces ouvertures ou de ces cavités soit a présent superflu. Je pense pourtant qu'on s'en fera une idée plus exacte en récapitulant brièvement ce qui les concerne et c'est a quoi je vais procéder. Elles peuvent se ranger sous cinq chefs géné- TAUX : 1° Narines externes; 2° Narines internes; 3° Fosses prelacrymales ; ae Orbites ur 5° Fosses temporales. 1° Les narines externes sont subterminales, laterales. Elles sont spacieuses, s accordant en cela avec l'Iguane et s'êcartant de Hat- teria. Elles mesurent dans leur plus grande dimension 0",205 sur 0",060 de hauteur. Elles sont divisées par les apophyses nasales des premaxillaires, apophyses qui, dans leur région antérieure, envoient vers le bas un prolongement les cloisonnant. Par suite de cette dis- position, les narines externes, droite et gauche, ne communiquent que sur une longueur de o™,110. De plus, la face supérieure de lapophyse maxillaire des premaxillaires se relève quand on s ap- proche du plan médian, de sorte que les narines, qui ont, sur la face externe du crâne, o",060 de hauteur, n'ont plus que 0",030, suivant cette dimension, à l'endroit où elles se rejoignent. Les narines externes sont limitées : en avant, par les prémaxil- laires; au-dessus, par les apophyses nasales de ces derniers; au- dessous, par les apophyses maxillaires des mémes; en arrière, par les nasaux. 2° Je sais très peu de choses sur les narines internes, pour les raisons développées plus haut à propos du palais. Tout ce que je puis dire, c'est que l'extension palatine des prémaxillaires empé- (1) T.H. Huxzey, Hypsilophodon, p. 6. (2) J. W. Hurke, Hypsilophodon, p. 1040. u a as 1883. DE BERNISSART. 241 chait qu'elles fussent subterminales comme dans l'Iguane ou chez Hatteria. 3° Les fosses prelacrymales sont singulierement exigués si on les compare a leurs homologues chez les Oiseaux ou les Ptérosauriens. Elles semblent bordées par les maxillaires, les préfrontaux et les lacrymaux, ce qui est en harmonie avec les observations d’Huxley sur l'Hypsilophodon (1). 4° Les orbites sont latérales et plutôt petites par rapport à celles de l'Iguane et de Hatteria. Elles mesurent : Diamétre vertical. .«. —… zn : | oM, 120 En hattmontel.. las ra can BORO ce qui leur donne l'aspect d’ellipses dont le grand diamètre serait vertical. Leur contour est formé : antérieurement, par les supra- orbitaires les plus volumineux et par les lacrymaux; inférieure- ment, par les jugaux; postérieurement, par les jugaux encore et par les post-frontaux ; supérieurement, par les deux supraorbitaires. 5° Les fosses temporales sont au nombre de trois : a) Les fosses laterotemporales sont limitées par une arcade osseuse supérieure et une inférieure, ce qui n'existe plus chez aucun Lacertilien vivant, sauf chez Hatteria. Elles mesurent : Hauteur . . . . . . . 09,240 (dimension maximum) Base srs an. 00,005 (diam. transv: moyen) Elles sont bordées : antérieurement, par le post-frontal et le jugal : inférieurement, par le Quadrato-jugal ; postérieurement, par le Quadratum et l'apophyse préquadratique du squamosal ; supé- rieurement, par le squamosal et le post-frontal. Elles se distin- guent donc : | z) De celles de Hatteria, en ce que, chez le lézard néo-zélandais, le Quadratum n'entre point dans leur contour ; 6) De celles de l’/guane, en ce que, chez ce dernier, il n'y a pas de Quadrato-jugal ossifié, de sorte qu'elles restent ouvertes infe- rieurement sur le squelette. b) Les fosses supratemporales mesurent : NEE eeh NEA ata roro ERE Eeen Pt ene viart gel ok im 11600080 (1) T. H. Huxrer, Hvpsilophodon, p. 6. 242 DOLLO. — QUATRIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Aoüt Elles sont limitees : antérieurement, par les post-frontaux; exté- rieurement, par les post-frontaux et les squamosaux; postérieure- ment, par les squamosaux et les parietaux; intérieurement, par les pariétaux. Elles different de celles de l'Iguane, en ce que, posterieurement elles sont bordees surtout par les squamosaux, tandis que, chez le lézard précité, ce sont les pariétaux qui forment presque exclusivement leur contour de ce côté. La disposition que nous venons de decrire concorde, au contraire, avec ce qu’on voit chez Hatteria. c) Pour bien comprendre les fosses posttemporales, il faut exami- ner la face occipitale du crane de l'Iguane, par exemple. On y remarque que deux ouvertures donnent acces dans la fosse temporale : a) Une supérieure, limitée: exterieurement, par le parictal; supé- rieurement, par le même; intérieurement, par le supraoccipital; inferieurement, par lapophyse parotique. Je propose de l’appeler fosse posttemporale épzparotique ; 6) Une inférieure, limitée : exterieurement, par le quadratum; supérieurement, par l’apophyse parotique; intérieurement, par l’apophyse parotique et l'apophyse quadratique du pterygoide; inferieurement, par cette derniere seule. Je propose de la nommer fosse posttemporale hypoparotique. | Ces deux fosses posttemporales sont susceptibles des modifica- tions suivantes : FOSSES POSTTEMPORALES. Toutes deux Épiparotique Hypoparotique Toutes deux ouvertes. seule ouverte. seule ouverte. fermées. | | | | Iguane. Hatteria. Corytophanes cristatus. Crocodile. Iguanodon. HATTERIA. — F. p. t. Epiparotique limitée : extérieurement, par le squamosal; superieurement, par le squamosal et le pariétal; intérieurement, par le supraoccipital: inferieurement, par l'apo- physe parotique. Ouverte. F. p. t. Hypoparotique limitée : exterieurement, par le quadra- tum; supêrieurement, par l'apophyse parotique; intérieurement, par l’apophyse parotique et l'apophyse quadratique du pterygoide; inferieurement, par l’apophyse quadratique du pterygoide et l'apo- physe pterygoidienne du quadratum. 1883. ; _ DE BERNISSART. a | 243 Fermée par l'ossification de la forte membrane qui, chez les Lacertiliens en général, s'étend entre le Quadratum, le ptérygoide et l'apophyse parotique, formant antérieurement les Lies de la caisse du tympan (1). CORYTOPHANES CRISTATUS. — F. p. é. Briard limitée comme chez l'Iguane. Fermée par l’extension laterale du supraoccipital et du pariétal. F. p. t. Hypoparotique limitée comme chez l'Iguane. Ouverte. Icuanopon. — F. p. t. Epiparotique limitée comme chez Hatteria. Fermée par l'expansion verticale de l’apophyse parotique et l'extension latérale du supraoccipital et du pariétal. F. p. t. Hypoparotique limitée comme chez Hatteria. Ouverte. EY. LA COLONNE VERTEBRALE. Ainsi que je l'ai annoncé en commençant, je vais maintenant dire quelques mots sur la colonne vertébrale. Les observations ci-après ont toutes été faites sur l'individu Q (/guanodon bernissartensis, Blgr.) de la série du Musée, individu actuellement exposé. La colonne vertébrale entière comprend 85 vertèbres, qui se répartissent comme suit : HEN EL I EN NEIN NAGER DNS!) LULU DEN SOA «18 CO a (CO Lae ae BASE EEE NEGER EAT RS AU a st Diet dese HOTAL Tir 1765 _ Examinons à présent les variations, dans une même colonne, des divers éléments composant une vertébre. CENTRE. — Les centres semblent constituer a eux seuls le corps (2) de la vertebre, autant que jen puis juger par l’Orthomerus (1) T. H. Huxrey, A Manual, etc., p. 225. (2) Sur la distinction du centre et du corps d'une vertèbre, voir : P. ALBRECHT, Die Epiphysen und die Amphiomphalie der Säugethierwirbelkörper (ZooL. Anz., 1879, p. 161). 244 DOLLO. — QUATRIEME NOTE SUR LES DINOSAURIENS Aoüt Dolloi, Seeley (1). Au point de vue de la forme ils rentrent dans les categories ci-apres : Gervicales 4.7: Zi en GE pisthocceles. Dorso-lombaires::,1,.1 ı& at Biplanes. Sacrée. Qi layers se ne ar ee (NRBSLOSTES). Caudales ‚nl tees mie a on » Amphicæles (légerement), NEURAPOPHYSES. — Je n'ai trouvé, jusqu'à ce jour, ni tout, ni partie des neurapophyses du Proatlas (2). Les six dernieres caudales exceptees, toutes les autres vertebres ont des neurapophyses. Lame de l’apophyse epineuse. — Manque à l’atlas, dont les neura- pophyses étaient en synchondrose entre elles. Elle est, au contraire, bien développée ventro-dorsalement et caudo-cränialement dans l’axis, où elle recouvre même les neura- pophyses de l'atlas. Dans toutes les vertèbres cervicales suivantes, la lame de l'apo- physe épineuse est rudimentaire. Avec les dorso-lombaires, elle se relève et continue à croître en volume jusque dans les premières caudales, où elle atteint son maximum. A partir de ce point, elle diminue en sinclinant en arrière et, à compter de la 27° caudale, on peut dire qu'elle a totalement disparu. Zygapophyses. — L’atlas n'a point de prézygapophyses, mais il porte des postzygapophyses normalement conformees. A partir de l'axis, jusqu à la 45° caudale, toutes les vertèbres suivantes ont des pre- et postzygapophyses bien développées. Diapophyses. — N’existent pas sur l'atlas, mais se trouvent sans interruption depuis l’axis jusqu'au sacrum. Cotes. — Appartiennent au type des Suchospondylia d’Huxley (3). Avant de parler plus spécialement des côtes de l'Zgwanodon, je voudrais faire une remarque sur cette expression de Suchospondylia. Elle désigne des animaux pouvant avoir les deux types de vertèbres ci-après : 1°. Vertebres.recevant, sur le corps, la tête de la côte et sur l’apophyse transverse, le tubercule; (1) L. Dotto, Note sur les restes de Dinosauriens rencontrés dans le Crétacé supérieur de la Belgique (Buty. Mus. Roy. Hist. Nar. BeLc., 1883, t. II, ps 209). (2) P. ALBRECHT, Ueber den Proatlas, etc. (Zoot. Anzeıc., 1880, p. 450). (3) T. H. Huxıey, A Manual, etc., p. 196. 1883. DE BERNISSART. | 245 2° Vertebres recevant, a l'extrémité de la même apophyse trans- verse, la tête et le tubercule de la côte. Il me semble qu'il y aurait avantage à distinguer ces deux catégories de vertebres — sans vouloir pour cela en faire la base d'une classification — et, comme les Oiseaux ont exclusivement des vertebres du premier type (1), on pourrait designer celui-la par le terme d Ornithospondylique, réservant le nom de Suchospondylique pour le second. Jai observé 26 paires de côtes sur l’/guanodon bernissartensis, Blgr. Elles se repartissent comme suit : oe” a eee ee al de RU Lie ENE ar ae an AS 17.0 ie) ‘ NE oi (à Ed a AR CT ae FA TR + a ' E rr RAR 71 u En $ Dt el ave ae a mar: IM | 14 an Fr our | PEL U +, : à ‘A ay « i | | Ate, \ | PLANCHE EX: ONE 0 AU Warming.) « u + a ee + . ‘ntl | Pi I ‘ r nd ‘ hik 1 PN u et ApS LS ey. ot IR IN h t APP D'UN LR PET MEME? mal 4 ' Vai ' 7 4 u rin 2 « 8 ; f | By MOI TD Tho Un De non ‘at te ceri uth Gan € . ie > r ta ’ w wur Det“ | À NE Lt } 4 mn ae att j 3 f » À 5 PUR AAT ij Kia f ; tiv ’ 4 “a je J x ? = « fr , 4 1 X ~ re é MR Ld ; ee 8 TO Mus an ADE MiAr:6 | pa : hek ine GON F f = 5 ® P) - r il ’ va 4 = er . FO STS 2 En N PR hoë ‚reg ae 11 | à Par r L Us h 1 1; (A J > i | 1 ws FE N hi j nl i : "4 y 141% 4 ji? u “ 4 LM } i> j al Lins ; ; er N Huhn i i 13 + . \ | th TT a b ic d e EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE IX. Signes communs a toutes les figures : Prémaxillaire. Son apophyse nasale. Son apophyse maxillaire. Narines externes. Leur cloison antérieure. f Communication des narines droite et SALAT RER qu 10 © 3 I mn. MH gsuche. Maxillaire supérieur. Nasaux. Fosse prélacrymale. Frontal. Supraorbitaire antérieur. Supraorbitaire postérieur. Lacrymal. Orbite. Postfrontal. Jugal. Quadrato-jugal. Squamosal. Son apophyse préquadratique. Son apophyse postquadratique. Son apophyse pariétale. Pariétal. Apophyse parotique. Condyle occipital. Fosse posttemporale hypoparotique. Quadratum. Apophyse ptérygoidienne du quadra- tum. ’ Hyoide. Mandibule. Os présymphysien. Fosse latérotemporale. A pophyse coronoide dela mandibule. Bord supérieur tranchant de l’os pré- symphysien. Dentelures osseuses de l’os présym- physien. Préfrontal. Apophyse squamosale du pariétal. Supraoccipital. Fosse supratemporale. Fosse posttemporale épiparotique. Foramen magnum. Apophyse ptérygo - ectopterygoi- dienne. Coronoide. Dentaire. Articulaire. Surangulaire. Angulaire. Splénial. Rainure dans l’apophyse coronoide. Apophyse montante de l’articulaire. Foramen de l’articulaire. Columelle (de l’oreille). Apophyse basipterygoide. Apophyse quadratique du pterygoide d’ Foramen quadratique. k'” Pterygoide. b e’ Extrémité articulaire du quadratum. l” Bord externe aplati du prémaxillaire. f Fragment de Phyoïde ou de la colu- m’’ Symphyse écrasée de la mandibule. melle (de l’oreille). n” Cassure dans los présymphysien. g’ Fragment d’os étranger à la mandibule | Fic. 1. — Crane de l’/guanodon bernissartensis, Blgr. — Individu N de la série du Musée. Vue de profil. Echelle : */,. Me. Be méme; vue de dessus. Fic. 3. — Mandibule de lIguanodon bernissartensis, Blgr. — Individu 3. A. 3 de Fic. 4. la serie du Musée. Face interne. Echelle : */,. La méme; face externe. Bull. Mus Roy. Hist. Nat Bels. TI CRANE DES DINOSAURIENS DE BERNISSART direxit x = N > hen ae N let ee est SUSE | EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE X. Signes communs à toutes les figures : a Premaxillaire. 6 Son‘apophyse nasale, c Son apophyse maxillaire. d Narines externes. e Leur cloison antérieure. f Communication des narines droite et gauche. g Maxillaire supérieur. h Nasaux. i Fosse prélacrymale. k Frontal. ! Supraorbitaire antérieur. m Supraorbitaire postérieur. n Lacrymal. o Orbite. p Postfrontal. q Jugal. r Quadrato-jugal. s Squamosal. t Son apophyse préquadratique. u Son apophyse postquadratique. y Son apophyse pariétale. x Pariétal. y Apophyse parotique. Condyle occipital. a’ Fosse posttemporale hypoparotique. b’ Quadratum. c’ Apophyse ptérygoidienne du quadra- tum. d’ Foramen quadratique. e' Extrémité articulaire du quadratum. f' Fragments de l'hyoïde ou de la colu- melle (de l’oreille). Hyoide. Mandibule. Os présymphysien. Fosse latérotemporale. " Apophyse coronoïde dela mandibule. Bord supérieur tranchant de l'os pré- symphysien. ” Dentelures osseuses de l'os présym- physien. ‘ Préfrontal. Apophyse squamosale du pariétal. Supraoccipital. Fosse supratemporale. Fosse posttemporale épiparotique. Foramen magnum. Apophyse pterygo - ectopterygoi- dienne. Coronoide. Dentaire. Articulaire. Surangulaire. Angulaire. Splénial. . Rainure dans l’apophyse coronoide. Apophyse montante de l’articulaire. Foramen de l’articulaire. Columelle (de l’oreille). Apophyse.basipterygoide. Apophyse quadratique du pterygoide Pterygoide. Bord externe aplati du prémaxillaire. Symphyse écrasée de la mandibule. Cassure dans l'os présymphysien. g’ Fragment d'os étranger à la mandibule Fic. 1. — Crane de l'Zguanodon bernissartensis, Blgr. — Individu N de la série du Musée. Vue occipitale. Echelle : */,. Les « basisphenoidal swellings » de M. Hulke, admirablement con- servés dans un autre spécimen de notre série d’/. bernissartensis, Blgr., sont écrasés et presque méconnaissables dans l’individu que nous figu- rons ici. Fic. 2. — Crane de Hatteria punctata, Gray. — Vue occipitale. Echelle : 2/,. Fic. 3. — Crane de Corytophanes cristatus, Boié. — Vue occipitale. Echelle : 3/,. Bull. Mus Roy Hist CRANE DE Nat. Bels ot We, ~ J à TU DINOSAURIENS DE, LF. De Pauw, direxit BERNISSART ON ed TRE, NOTICE SUR LA DISTRIBUTION GÉOLOGIQUE DES FOSSILES CARBONIFÈRES DE LA BELGIQUE, PAR le Dr L. G. DE KONINCK, Membre de l’Académie royale &e Belgique, etc. A la suite de l'étude sur la faune carbonifere de notre pays, faite il y a plus de quarante ans, j'ai pu établir qu'il existait une grande difference dans l’ensemble des espèces que renferme le calcaire de notre bassin septentrional et dans celui des espèces recueillies dans le calcaire du bassin méridional. Ces calcaires étant consi- dérés à cette époque comme parallèles et par conséquent de même âge, 1l était impossible de se faire une idée exacte des causes qui avaient pu amener cette différence. Ce ne fut qu'après les recherches entreprises en 1860 par M. Gosselet sur la constitution de notre terrain carbonifère, que l'on commença à s'en rendre compte. Dans son magnifique Mémoire sur les terrains primaires de la Belgique, des environs d’Avesnes et du Boulonnais, ce géologue a démontré l'existence de deux étages calcareux séparés par une puissante assise dolomitique, dont le supérieur, caractérisé par la présence du Productus giganteus, W. Martin, correspondait au calcaire de Visé et dont l'inférieur, contenant en abondance le Spirifer tornacensis (1), L. G. de Koninck, était représenté par le calcaire et par le calschiste de Tournai. Des que ce travail eut paru, la question de l’âge relatif des deux calcaires étant tranchée, celle de la différence des deux faunes n’of- frait plus la moindre difficulté; mais malgré l'importance des (1) J'ai eu le tort de confondre pendant longtemps cette espèce avec le Spirifer mosquensis, G. Fischer de Waldheim, et de l’identifier avec lui. Cette erreur a été cause de l'émission de certaines appréciations inexactes sur l’âge relatif des calcaires carbonifères de Moscou et de Visé, que je compte rectifier sous peu. 19 254 DE KONINCK. — NOTICE SUR LA DISTRIBUTION GEOLOGIQUE Sept. recherches auxquelles il s'était livré, l'auteur n'avait pu accom- plir l'étude complete de notre terrain carbonifere; il avait laisse de côté la coordination des diverses assises dont se composait chacun des bassins dans lesquels elles avaient été déposées. Ce travail complémentaire et non moins important et difficile, fut entrepris par M. Éd. Dupont, qui, par une série de Mémoires, fit connaitre les remarquables résultats auxquels il était arrivé. Selon lui, le calcaire carbonifere belge qui a une puissance d'en- viron 800 mètres, peut se diviser en six assises differentes. En comparant ces résuitats avec ceux déjà connus et en étudiant avec soin les fossiles recueillis dans les diverses assises, je ne tardai pas à m’assurer que les espèces des assises moyennes présentaient dans leur ensemble une différence au moins aussi marquée entre les espèces provenant soit des assises supérieures, soit des assises inférieures, que celle que j'avais fait remarquer, depuis longtemps, comme existant entre la faune du calcaire supérieur et celle du calcaire inférieur. Cette différence, que j'ai eu l’occasion de constater directement en Irlande, et qui existe également en Amérique, mais dontonna pas fait usage parce qu'elle n'a pas été soupçonnée, m'a conduit a admettre que le développement de la faune carbonifère proprement dite présente trois périodes successives, pendant lesquelles les condi- tions biologiques ont été assez différentes les unes des autres pour que l'ensemble des espèces de chacune de ces périodes, pris 1solément, suffise pour la caractériser et pour la distinguer (1). Depuis que j'ai exposé ces principes, ils ont été confirmés chaque fois qu'il m'a été donné de les appliquer. C'est ainsi que l'étude des Céphalopodes et des Gastropodes carbonifères, que je viens de terminer, m'a prouvé qu’a l'exception peut-être de deux ou trois espèces passant d'un étage dans un autre, toutes sont différentes entre elles et peuvent par conséquent servir à faire reconnaître l'étage géologique auquel elles appartiennent. Mais on pourrait croire qu'en dehors de cette différence constante qui existe entre les espèces même très voisines des trois étages, 1l se trouve une certaine analogie dans leur ensemble et que la faune la plus ancienne aurait donné naissance aux deux faunes qui lui ont succédé. Les résultats auxquels donnent lieu les tableaux qui vont suivre ne paraissent pas être favorables à cette opinion. (1) Annales du Musée royal d'histoire naturelle, t. II, p. 7. ee 2 RE ERBE OT Oe SES, ~~ Oe SE u | en nn a. oo 1 en “th” ee re et iti 1883. DES FOSSILES CARBONIFERES DE LA BELGIQUE. 255 Ces tableaux, qui comprennent toutes les especes de Poissons et de Morrusques décrites et figurées dans les quatre premieres par- ties de la Faune du calcaire carbonifere de la Belgique, sont dis- posés sur trois colonnes dont chacune comprend les noms de toutes les espèces appartenant à l’un des trois étages du calcaire dans lequel elles ont été rencontrées. Celles de ces espèces appartenant à des étages différents, qui m'ont paru avoir le plus de rapports entre elles, ont été inscrites sur la mème ligne horizontale, de sorte qu'en parcourant ces tableaux on aura une idée de l’analogie qui existe entre les faunes de chaque étage et l'on pourra en déduire telle conclusion qui paraîtra la plus rationnelle, mais sur laquelle je n'ai pas à me prononcer en ce moment. Il ya néanmoins une remarque importante à faire; elle consiste en ce que jusqu'ici, et malgré les incessantes recherches de M. Ed. Dupont, l'étage moyen du calcaire carbonifère n’a fourni encore aucune trace de reste de Poisson, ni d'aucun autre animal ver- tébré. Cette lacune, qui existe aussi en Irlande, me semble en outre s'étendre à l'Amérique. Il serait intéressant d'en rechercher la cause. Ld N GEOLOGIQUE DE KONINCK, NOTICE SUR LA DISTRIBUTIO 256 ‘sseSy “TT ‘snsouod snpowwvs J "uoy op ‘D “TT ‘snypaand j snpoJaH “uoy op ‘9 "7 “SLUSISUI ; snwosAp]T ‘uog UBA ‘f ‘d ‘Sisuaauag Snluapauag ‘uoy op ‘O9 “1 “an710.7 à Snpoywu0y À RS RE EEE an In EEE SSE nn ‘III ADVLA | | ‘Il HOVLA "SI9SId — ‘VLVAAALHAA TCO an pn — * *SSLSV ‘TT “snso4od snpowwupvsg j ee NOM “TE SAIMIUIN ne *ssesy 7 ‘suprising snpojazy ‘ ‘UOY op ‘O ‘TT UIOYYIAM snpoujag "uewoy 'H “‘S/270]099UP] — ‘pr SSD WUD U — “PE | snjnsaqque — * *sseSy "| ‘snwissiaa) — *SJNBIL “EL “SAJ9DAJUOI snpoydoT "pi snpuD — ‘sseSy ‘TT ‘snsowpu SNPOLO "pl ‘Suds oe UMOAN HCV 39UYOfHS"O ‘42/1109 — ‘sseSy "7 “SAJDIAIS SNPOPP]”) ‘| AOVLA I un N x DES FOSSILES CARBONIFERES DE LA BELGIQUE. mmm YHOM'H'VI9 MONS [ “HAAISANY SNYJUVDIVAISTT ‘ssesy "TT WAN SNYIUDIDAO ‘UOY op ‘O ‘T “SA/DJD SNPOUSAX . . . . . . . . . "uoy op ‘9 "7 “snunppupvs snpozaqd ‘pl “SJPIUI9P] — "uoy op 'D "TT LEAD) SNPOWO TZ "ssedvy "TT ‘SN]407U09 Snp01]4907 "uoy op ‘ON ‘TT ‘suvsaja snpowAsas ‘UIMG "U wIsdungspr] SnpojpJad + «bremog ‘9 ‘szugisul snyjuvovjupy “PI “sijruny à = ‘pi ‘ISUDWIO) SNYJUDIDYINGS "uoy op ‘O “YT ‘SAWIXDW — ; “pt “snypıagsinusl — ‘sseSy "TT ‘snuAsouajzay SNYIUPIPUII7) + *sse8v ‘T7 “sauSru snpoydosd ‘UOY op 'D "7 ‘suvsaja Snpo] 224 "uoy op 'Q “TT ‘sinuaz — * *sseSy “TT ‘sugzuoquoa SNPOI]H907 à * "uoy op ‘D ‘TT ‘SNWI449U9] — "r_n ssseSy 7 ‘S2#U0/Q0 SNPO]QAHS r NOTICE SUR LA DISTRIBUTION GEOLOGIQUE DE KONINCK. 258 *AuS1q1O.p “VW ‘snuvAOD SNJUNPN] "Kq1oaos *f ‘snzopnsuvig "YMOAM HV 2° PW ‘A A ‘SISUIMAJSAYI *AqIOMOS ‘7 op 'f ‘snqvqgo)s ‘pl ‘snsuajsip "uoy op *H ‘TT ‘AOJUAAISSDAI *ÂqIIMOS *[ ‘S1PQ0]1Q SNJUNPN] "SA'IILAVN TEN4O mmm N EC - ne "uoy ap ‘O “TT ‘snsuajxa SNJINPN] "SATILAVN ana) "II FOVLA "S4AdOdO"IVHdA9 * uoy op ‘O ‘TT “Sıppwuaou SNJINPN] EF 5 SS —— "sdumyg *f ‘szvsuop “pt ‘snipydasijvy ‘snnoidsuog ‘snuyuvydaja ‘snyooydur ‘snjonuis1v) “suavasoıd ‘sniwmixa ‘sn33a} Sau ap ') “TT ‘snapıoguppjv SNJUNDN] "SNTLILNVN SYNE ‘I AOVLA 259 x DES FOSSILES CARBONIFERES DE LA BELGIQUE. ‘UOY ap 'D “TT \SNWISSIJDULO snjympyy |C * * * Oe ee EEE ee pe a en nn à +. sara 4) ‘aafiojns sn] YnONY “did ‘f ‘snavojnsqns —_ — Sr ENE MR Se pe ee Te WAR LA Lo mi Se ei -Audigig,p ‘yv ‘snuvisdyjiy~q = — ego te: TE Chaves NAP A. . k : ‘sdiyjiyd ‘f ‘snuafians = — | ex ‘ CAO OP SNIPTAADSEIRELBUIUNDEN |" NE ne me eee ‘pl ‘snupmwasayy — nenn ehe fqtamog ‘9 op “rf ‘snaafiurwo snjinoN | * °° ‘uoy ep ‘9 ‘7 'sndud snjynvyy . . . . . "LOD oW “A ‘SNqvojnsiqg — "uoy ap ‘DH "TT ‘snuvispavmp IT _ "ÁqaoMog *f ‘SNJDIINS — ‘sdiyiud ‘f ‘snwmojsAxo 8 — oh LTÉE atts TON RS es co Aqaamos “rf ‘j snyvuvjdwoo — Pt “SNJPADX 9 == ros * + fon oW ‘A ‘Syigvinwu snyynoN * + uoy ap 'D "7 ‘snaploosip SNJYNPN "uoy ap '5 "7 “Snuva]]19aa”] — té oe ae AY ee i oa AT, cr Ko) oW ‘A ‘PAY — ee OY ne a ee Oe ea EE à AVR QUE ‘uOY ap ‘OT SUP — ‘ + uoy ap ‘9 "| ‘SAWOJSOMA] — *_‘uOyÿ OP ‘D ‘’T ‘SHWOJSOIPAOD SRJHNPN Kos OW ‘A Snw3uasjourdd — OO NN te ce ON OSCAR PE ILES PEUR 'UMOM "HV 39 HOON "EI SAID) — A te TE EE TEE eel “LOD oW ‘A ‘SNIPUOLOI — Ve eer OT Re ES EE Ni Ok je 7 os DODE KEN KA EE . = > " - . LR + = = ear mrs en tos a & , —— NOTICE SUR LA DISTRIBUTION GEOLOGIQUE DE KONINCK. 260 ‘PI ‘sidog-nuuoo > — ‘UOY op ‘D "7 ‘adoyrup Sb499074A7) ‘UOY op 'D “TJ ‘aupyngns SDA92074À7) "uoy op ‘9 "7 ‘snziSip — ‘sdiyiyd ‘f “sin Sun Sb1290744) ‘SVYUHOOLYAD FINIO ‘AqQIOMOG'D op" ç “wnorxopvard sv4ad04AD ‘UOY op *H ‘TT “wnJD]]9859] SPAIIOAAT) 'SVUAHIOUAD AUNAD) men” de à hef a hande a nn Sn . . . . . . “pi “wny4ada.ı = ‘pi “WNIDAISOA — ‘pl unxayop = ‘pl ‘avs — ‘PI WNUUIIUOI — ‘UOY op 'Q "7 “wngvundour SPA99044AY "SVAHDOLUAD FINA "pi “wnso4aggı8 — *pl “wnıpawaagu — ‘pl ‘wnnbuidoud — ‘UOY op 'Q “TT ‘MNUIAGOSUOI SDAIIOUAT) "SYAUAIOAAD FINA SE as VF TRE QUE LA — aH ‘pl wnuay = ‘pl ‘SAN — "Uuoy op 'Q) “TT “wnauopı SP499074Â7) "UOY ap ‘9 ‘TT ‘anuaz SbA199074 A) ‘UOY Ap ‘9 °T ‘sajnoyuap svaaz0j4AD "uoy op ‘O ‘TT Sunjous? SDA99074 7) "SVAYDOLAAD ZUN3H "UOYy op ‘O “TT “wngvauas = . € J9JSUNN nz *D “SDA990.81D SY.A3901AÄH "SVAUYHIOUAD FINA mmm ‘Ill AOVLA ‘Il AOVLA 1 HOVLA 261 x DES FOSSILES CARBONIFERES DE LA BELGIQUE. ‘PI “wnauop! Ba ‚pr “‘MNJPAIWPI97]D = ‘pl ‘suas ]npul = "uoy op 'Q “TT ‘supudsiu SPA9I0YJ4O ‘PI WNAJDJLMOIUOI ex "pi “D1718DS — "uoy ap 'D "TT SSNUYIVI SPA2I0YJAO ‘SVURVOHLYO SIN) ‘Âg1oMos "ry op: ç ‘amuofisnf spuavoydwoy "SYVAHIOH4WOD FINA “UIPIVI AA 1494895) mer pe “Burword *¢ wnsosnd SDA99074A7) ART Te + ‘pt ‘unnoidsuooui — "pi “ASU LIU — "pl ‘ajiqvup =< "pl wnwsydwı | — "uoy ap 'D "TT “wnJv]g0 SPA990YJ40) "uoy ap ‘ON 7 ‘2/P1q17 SPA990/740) "SVUHOOHLYO ZEND "SVAYHDOHJWOD FINA "uoy ‘UOY op ‘9 “J “wunsojif SPA990740 ‘UOY op 'D ‘TT ‘suardivap SPL2I0YIAO “pt “wnpa] Bou — ‘PI ‘aus == op Oy ‘unuviujavpy SPA9907740) 'SVAJOOHLAO ANS) "uoy op ‘D “YJ ‘aypuaSv] spaav0yduwoy "SVAYIOH4dWOD FINI ‘pl “wnzıaduı — ‘PI WNIPIOUYIDAD — "pi “wnuviıyınaunaA u ‘pl ‘unuvisoing — “uoy op 'D "7 ‘MADJNIPUDI SDA29074A7) r NOTICE SUR LA DISTRIBUTION GEOLOGIQUE DE KONINCK. 262 "SYLILVINOD 34N39 "SYLILVINOD TND "SHLILVINOD UNI) rh (een arate EN ER Age Fe Be er NUE, SE Re eS A ee "VINAWATIANS FINADH "VINIWATIINS JUNIO "VINIWATIANS TNS *AqiomMos ep wnapuvsis oa . . . . . . . . . . . . . . . : "pi ‘ajvaul] a "uoy op ‘O "TT ‘opoflip — LS ER dn ie AT e LP CR * ‘UOM ap 'D ‘’T ‘SOA9IOUOW SDA9907740) "UIEN "AA ‘ZUAIUT — RET HT ME el ERP el AS ZS Te ete COMEN SE et TI ‘pt “wnuvıssn/p]0H — RE ro UN RS OR EIRE tae A Pa OR TES ‘UO 9p ‘) "TT ‘ungpurxouddy svuaz0yz4uQ | * Te tr he u. PAN FEAR * "uoy ap ‘O) ‘TT “wnpıpuv) — BT epee ES DÉS Me AD PE cr an CAN ads ‘Pt “wngpaun]-osopnuup — * + + {oD oW ‘A ‘unyr8næ] = Sater hag TR Dre RE IT US “pi WNUDISLLLO7 = * * ‘UOY op 'D "7 ‘2JPUI2U svuad0yjuC) , ‘PI ‘supda4ssıp Fr CROP) ET PCE TS We Goh ee ae se ns ee a | ‘PI “wna]ds = "tot ‘uoY op ‘9 “T WAJPINJDS SV420YIAO “pt “wunusvu — : ‘pl Gunpuvf Er MRT WE ee de EN ar "PI ‘snjjnano et : “pt “unpas — Te en Te) EE € "pi ‘sdaouiad -- * ‘uoy ap ‘9 ‘TT ‘ungvurdout SY.4290y440Q | "Uoy PDT ‘wnuvisajsuanpy SPAII0YIAO "uoy op 'D “TT “aumyjamn]09 svassoyuoO | * * * * : Me A eS Te SE an ei iv ee gr ‘III ADVLA ‘Il AOVLA ‘1 FOVLA 263 x DES FOSSILES CARBONIFERES DE LA BELGIQUE. ‘UOY op ‘O ‘TT ‘snywSuia sazywiuo0y | ° stijd *f vum — "UOS}IOGIID “Sıquounds — "pr ‘smu4ofyo4 — ‘PT *sngojoxnu — : ‘sdiiqd 'f ‘4281 sazypiu0y "pi ‘x AVI Led . ‘sduid *f ‘syiqvjnu — "DL ‘snjnjoaur — "uoy op ‘O "TT ‘uafijnaisaa — 3 pt SNJDOUNA] — i ‘sdufid ‘f ‘snpvoydur = — "uoy ap 'D ‘1 ‘snyworudwmoo _ ‘sdiiud *f ‘snsnjgo — *ÂQIOMOS *f “SNDIAS | — ; "pl ‘snssauduit — "uoy op "DH ‘’] “SUPISUODUL S21JPIUOL) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ° . . . LI . AOD oW ‘A ‘sypploawyds sazyviuo0y ‘Pl ‘snsuap — wy>ap'y" ‘sdooutud soll wıuon ‘pl ‘snaygadsuad — "uoy op *H “| ‘snpwynuaad sazyviu09y "pi ‘snjpuvjdwor NOTICE SUR LA DISTRIBUTION GEOLOGIQUE DE KONINCK. 264 ‘UOY op ‘9 ‘TT ‘Stutofijarv SIS u sdipuyg *¢ vwydum — “zou op ‘d ‘v4idsidaug — ‘sdiiyd ‘f ‘vardsiunjd — ‘PI ‘puyngo# = — “pl “psosnd ‘uoy op 'Q ‘7 ‘vprv]d sısdosyvN *SNEUSUIUDH “AA ‘A ‘9509078 — “pt “sıaa4g man ‘UOY op 'Q ‘TT UANIS sısdosyvN ‘SISdODILVN 2UN29 ‘UOY op 'D “YT PUPIJPUGD PIUOYIAT "VINOHDAL ZEND STIG °C 22044] PIAGDN "VIMLLVN 2403) ‘III HOVLA * -uoy op ‘9 ‘TJ ‘syzuisuos sısdosyo N . . . . . . . . . . . . . . “uoy op ‘O ‘1 ‘SDW w DU sısdosyv N SISJOOILVN FO "VINOHDAL %EN49 VIALLVN 9) "II HOVLA ‘S4AdOdOHLSVO “pl ‘pnbuidoad — * ‘uoy op 'D "TT “01910890 sısdosyv N ‘uoy op 'Q “qT ‘papıoao sısdosyv N "SISIODILYN una) ‘VINOHOAL UNI "VIALLVN, 32039 1 FOVLA. 26) \ DES FOSSILES CARBONIFERES DE LA BELGIQUE. ‘UOY 9p'1) "| ‘soptowaydAjod vui}1Y20490N "SUDADIS ‘d "U LAULIGMON — "uoy op ‘D ‘TT Vipawmuajqur DUIJIYIOUID IN ‘pi ‘pnoidsuo — "uoy ap 'D “TT ‘psosı4juaa = ‘sdiy[iqd *f ‘vauryoa. = "uoy ap ‘9 “YT ‘VIPLAJS DUIJIYI01ID IN "pl ‘pj}isnd ~ "uoy op ‘9 "7 ‘simuofido puı]19049P W "pi DENIED me LOY OP'O'T “SIMAO/JUOPOUOUW DUILLYIOMIVDIV "VNITIIHOOUOVW ZENE) "pl ‘snpiday — ‘uoy op 'Q ‘1 ‘vuvisdiyjiyd FA *ÂqI2MOS *D op ‘[ ‘vynav pun1y90.49P N "uoy op ‘9 "TT “PJPUIQANZ DUIJIYIO1IDIN "uoy ap ‘9 ‘TT “SAUAO/IUOD vu ıy904IP N “pt “aounu "uoy ap 'Q “TT ‘PS2Q0 puıy9049p W ‘UOY op 'Q I vpp.udsıynw vuyiyr0uvyy ‘ppnung ‘ppi Sanz "uoy op ‘D ‘1 “vuvyoyopy PUlIOMD "VNITIHIOUDVW ZUNE) * ‘uoy op 'D "J ‘S/19PAS snago.us NOTICE SUR LA DISTRIBUTION GEOLOGIQUE DE KONINCK. 266 "pi “wnupu = ‘UOY op ‘9 “YT ‘wunnFixa vwouoxoT ‘UOY op ‘O “TY “WNIPULOIP — "SSNJPJON ‘Y “wrostd — ‘pl “wın]2]0590 - ‘UOY op ‘9 "] “wnıınds = *‘SSNJP[OH “y "wngpunmundv — “pt “wnpunoaf — “pl “WNUUIIUOD — ‘UOY op 'D “T ‘Wn/D2]Y209 4 DUAUOXOT ‘UOY op ‘OT “wnwaudns vwouoxoT "VNANOXO'T Wind ‘III AOVLA "DI “3asu3410p019]P — PI OL ‘UOY op 'D "TT ‘MNIPIWUAIJUI DUIUOXOT ‘UOY IP 'Q “TJ ‘asuatduau — 407) oW ‘A “suopuodur — ‘UOY op 'D “YT ‘wnoquv.$18 DUIUOX OT "VWYNOXOT END ‘II HOVLA ‘UOY op 'D “TY ‘9719943 vuauoxoT ‘UOY op 'D “T ‘MNJNISNUIM DUAUOX OT ‘Pr ‘wuny9a]#au — ‘PI unmsnd — ‘UOY IP 'Q"T ‘snjnuo9 vuauoxoT ‘pi “wnjnov = ‘UOy op ‘O “TT ‘MnJDJJIA vwouoxoT ‘UOY IP ‘O “TT (wunnIsniaa] DWOUOXOT ‘UOY op ‘D “T “wunv.Fu0]9 DUAUOXOT . . . . . e œ ‘VWNANOXO'T ZUNad 1 A9VLA 267 x DES FOSSILES CARBONIFERES DE LA BELGIQUE. ‘UOY op ‘!) “J SSNIADUOQAPI — ‚sdipyd 'f “snppngvg sazyvos ‘SHLLITVOS FUN) "YMOM HV 19 AW 4 "A ‘SNJNID Ad" WAYd NO 'SISJONAHdA TOT BINT) “pi WNIPIOUIING j SE ‘UOY 9P 'D "| “wnupiuosiydan — ‘sdiyiyd *f wunaafısnıa — ‘UOY op "DH “YT ‘unsoursna — sdiy[id ‘f “wnopıonwwss — ‘UOY 9P 'D "YT ‘MNJI14JSU09QNS — ‘UTJIBIN AA ‘MAJ914JSU09 — “Ko oW ‘A wununaaoysynd — “pi “wnaaflojns — ‘pl unmwmdus — "pi “wnnbundo.d — "pl “wnsuadoad — . . . ‘UOY op ‘9 "7 ‘snyvjnSuv sayıpaS SALTIVIS NAT) ‘pl ‘snjnulu — x ‘PI “pingns = ‘UOY op 'Q "I “saprowijng sisdowaydAjog ‘SISCOWHHdATOd MINA) ‘UOY op "DH "T ‘WNILS O4 PUIUOX OT * + AO oW ‘A “24949 DWIUOXOT ‘PI ‘sauuofisnf — ‘UOY op ‘O “T ‘S/2UNY S271]09S ‘SHLITVOS FINI ‘UOY op'9 "7 ‘snuvisdyjiyd sisdowaydAjog “SISAONWHHdATOd ZEUNID * * ‘u0y op 'D “JT WNSOULOf DUaUOXO'T NOTICE SUR LA DISTRIBUTION GEOLOGIQUE DE KONINCK. 268 "pI ‘vuwr41$01d 19 = "pI ‘payojnd — ‘PI ‘psoutof — ‘pl ‘pyjayand — ‘pl “opıda] = ‘UOY op ‘9 “T ‘P2IU09 pun]Jauogun] ‘VNITTIANOAANL AND ‘UOY op 'D “T ‘Pp1J0S vunajdopqvyy "vANATIOAIVHA UNI) sdyjiyd ‘f “S2/P149$1q pjjoguog.n]L "VIIALINOIANL 2EN2D "SIVIVHGUWONY 343) ‘pt ‘Dap1091Du — ‘UOY op ‘O) “J ‘PJPUAOIP Puigan J "VNIdUN.L. Una) ‘III HOVLA ‘UOY op ‘D ”] ‘PJPUAO punjauogAan]L YNITIANOMENL- MO VENT IJOTUAVHA W303) ‘uoy op "DH “7 “vınJup3aJa v}jarruogan J VTIALINOTUNL ZEN2D ‘UOY op ‘DH “7 ‘sisuaiduau snjpoydwouy ‘SN TVHAWNONV INIO ‘UOY op ‘O “TT 91409 DUIQUN I “VNIGUNL EN) "I SO VILA VNITIANONN EL aa) VAAR TJOTEVHA ZAND ‘UOY op ‘D "I ‘05090].8 pjjanuogun]L W ITALINO TAAL) SATVHANONV #482) ‘UOY op 'D 7} pwıunu vuigan J Ay NIE PL LE SINS) ‘| HOVLH 269 DES FOSSILES CARBONIFERES DE LA BELGIQUE. "pt vpund + — " ‘UOY ap ‘D “TT ‘VI U09 sisvgojd ApH ‚SISVIOLIATI FINA L'AUOST APT ‘sruofigaouvjd pu]240% "VNITIALOU INA ‘PI ‘sngpynuv]d _ woyapgj‘snupisnpyFumumaprz 4 sisdojiuigun J ‘SISCO'TINIGUNL ANA) ‘UOY op ‘) ‘TT ‘wuussyduv vapoyjid VAGOHLId FINA "pl ‘pupue — uoy 9P DT ‘PJNJDIAJS PUISIJ2F "VNISI'TOV 39N39 ‘pl ‘puvu _ ‘pl ‘4OUlUL ao ‘pl ‘vuur — "pl ‘pjp]}}aIuPI was — "SISYIOLIATO FINAN “VNITTALOW FINI uoy op 'D “T ‘snnoidsuoour sisdojiuigan L ‘SISdO'IINIAUNL IN ‘VAGOHLId 3939 "VNISTIDV ÆIN4N) ‘SISV4OLdATO HIN4O "VNITII.LOU 3UN39 "uoy ap 'O "7 ‘spy SiSdojiuiqun 7 'SISIOTINIAANL ZENID “VACOHLId FINID ‘uoy op 5 "7 vaysınd vuisyop VNISTIOV UN) 20 "Uoy op ‘ON ‘TT ‘sidaug ‚ NOTICE SUR LA DISTRIBUTION GEOLOGIQUE pl "PI "PI DE KONINCK. "VIDONIWA TAI FUN) "vVWOAOUDIM TINI9 “SNIQTYUIO FUNId "Kog oW “A ‘vosiud ‘pupiaaduisıy] ‘USAN ‘pyviuquyy ‘psaqgo ‘paplouoo sımaofiuo9 ‘paidsinuay ‘UOy op 'D "7 ‘vyvonbv] viSurwua] d ‚sdrptyg *f “PJP449S1Q VWOPOANW “VWOCTOUDIN UNI) "VWOAOUIIN FUND "uoy op 'Q "TT “SAJPUAD SNIPIAAL"T) "SAIQTAUID TINA) ‘SNITTUUIJ TANAO ‘YOM HV 19 X20W' A APIAPUOQUPI VLS UMM APE os NET SN Re SE * J9JSU9NJA NZ ‘© ‘YI1UOI-OJVUIQUNY = ” . € pl 141948uan 7 — "uoy op ‘9 ‘T7 ‘vyiund vı3unwma) “VIONIWATA SENIO VION II IH ZUNE) NN ee 270 ‘Ill AOVLA ‘Il HOVLA ‘| FOVLA EEE UN NU UN | x DES FOSSILES CARBONIFERES DE LA BELGIQUE. 271 "uoy op ‘O) ‘I ‘S220]D9 = "LOD oW ‘A ‘same — ‘PI EPI = ‘PT ‘stuaofioroy nar "Uoy op ‘O ‘TT Vjnumuvu — *ÂqioMoS “5 op ‘ç ‘syvnbæ _ ‘sdiyiqd ‘f ‘snopisdoojid = “pi “snynunmu nus ‘pl “S1PUDAS — ‘PI ‘snqouvjdxa — "pl ‘snaas — ‘PI “snydauı _ "uoy op 'D "7 ‘snzvqjypxa — “HOJJUONW Op ‘A ‘ASAUOIG snjjoavdv.ys “SSO TIOUVdIVULS AANAD "Aq1amog *D Op «fr ‘Davy — ‘pl “vop1oao — hr . * B In 2 , + ‘UOM 9p "DT ‘smu4uofig4oupjd snjjouvdv.ays "uoy op ‘D 7] ‘Snpiovjd snjjouvdv.ys "uoy op 'Q ‘TT ‘suarsupag snjjoavdvays "SNTIOUVAVALS FNID "Uoy op ‘D “TT “Pypuidour vusıy9sAp]d "AIDA ‘D ‘snyvSiaa) snjjouvdvags "uoy op "HD “TT ‘sugnjoauod snjjoavdv.ys . . . . . . . . . . . ‘UOM op ‘D 7 ‘snjP snjjouvdv.ys 'SNTIOUVIVALS AUNIO NOTICE SUR LA DISTRIBUTION GEOLOGIQUE DE KONINCK. 272 “YWOLSO: sdunud ‘f ‘sypind wafızvu id "AIJ4ALLVYWAHd ZEND ‘pl ‘Sn]®] _ “PI sm re ‘pt ‘s2W40/1]]109 — ‘PI ‘snuamuD _ ‘UOY op 'Q “TT ‘suvsaja = *{07) oW A ‘SnWOJS0]97049 — ‘UOY op ‘O ‘TT ‘snippvag — ‘sdiyiyd ‘f ‘sypuosvjuad snjpyduon *ÂQI2MOS ‘D ap ‘[ “Sn1N9D snjpydwong "SNTVYHIWONY FUN) "uoy op ‘9 7 “worunl vwozsiıydoy "YNOLSIHIVY ZED ‘III AOVLA TWOESUZIHYS- ae ‘PI ‘“sn4afiu0409 - "uoy ap 'D “TT ‘sisuazjao 4 4afyowAsyd “UASLLVWAHd TENT) AqaaMog *ç ‘sngpynS#uvquad snjpydwond ‘pl ‘snapwp — ‘uoy op ‘9 ‘7 ‘sunbyap snjvydwond pr “sıypuosvyuadgns — + ‘uoy op ‘9 ‘TT ‘simuofiynov snjpydwond "SAIVHANONH 34na) "VNOLSIHdAVA T4825 ‘Il AOVLA VERS mm mme ‘UOY ap ‘9 “J ‘snsouagny uafyouAyd "AHALLYWAHd UNI) ep ‘52797 snjpoydwonsz "SNTVHIWONA LINAO "pl ‘mnaquv.s 13 — ‘UOY op ‘9 I ‘suvippa vwogsiydovy ‘VNOLSIHdVU 3EN19 en ‘| AOVLA 273 x DES FOSSILES CARBONIFERES DE LA BELGIQUE. “pi vuur — ‘UOY op ‘O "TT ‘DJDUIUNID DIUOSIYIANJN "uoy op ‘O ‘TT ‘vuvu == ; ‘Kor oW "A pwunwsnıponb ul. DR Oe ee ee ee ee ‘sdiniud ‘f ‘vavjnêuv = "pi “pjnuo9 — ‘pl “DUDI9DIY94Y ques "pi | “98290 de, KP AQU ee! eee óns 0 Trenet piuosiyounyyg | tee eee ee ee . . . . . . . . . . . . . . e . s - ‚ m > Pr é : a - 4 A "uoy op 'Q'T ‘vuvypjoquny viuosiyoanpy “VINOSIHOUNW WUNad ‘"VINOSIHDUNW Manag "uoy 9P 'Q ‘’T ‘VIPUIDI PIAVWMAALKJO "VIAVWAULATOI BUN) “VIUVWAUNLATOd ZINID "pi “snwoJsoAÄFup — "pi “SIADJNIIUAIN — * ‘UOY op ‘D "TT ‘S/D2]/209 snuyosauvyd ‘u0y op: | ‘snqvuixouddy snugoasupygd |: + * : sor ss Fruoy op ‘9 "7 ‘Snipamaaqur snuyosauvyd *AqIOMOG “FD ap 'f ‘snpnu — J te EEE LR SRE. ‘sdiypiyud *r ‘snzvysiaa snuyosauvyd | : ‘SONILOUWANWHd and | _ SNNLLOMANYHA aunan "uoy op ‘O ‘TT ‘sınual — * SSNJPION *Y ‘SILVAS DIUOSIYIANJN ‘UOY ap 'D ‘TT ‘PJPINIIAAN] PIUOSIYIANJN . . . . . . “ . . . . . ‘UOY op 'Q “TJ ‘psopou PIUOSIYIANN "VINOSIHIANW FIND "VIAVWYAULATOI AENID "uoy op 'D TT SIpawıydıy s Ssnjpjoy ‘Vy ‘PIJ1WA94 — ‘uoy op ‘D ‘TT ‘vynduas snuyouauvyd NOTICE SUR LA DISTRIBUTION GEOLOGIQUE DE KONINCK. 274 “pt ‘snup1}]03]09 eS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ‘pr ‘snyduow2uoo — "pI lıssp3y — "uoy op:'9 "7 ‘snjnjzuvsaja snjpydwoy2 14 ‘pl “srumaofiuo se "uoy op ‘9 ‘TT “sP147$404 snjvydwoyI 4 ‘pl ‘sp313 — "uoy ap ‘O ‘TT ‘SAINS — *Âqiomos *ç ‘snypıags snjvydmoyrATg |© * AOD ow ‘A “usaumwrz Snjpydwuoy2 14 "SNIVHANOHIALd 3UN3) "SN TVHdWOHOALd ZENE) “SIIVHAWOHODALd FINA "uoy op ‘9 "7 “PS0/]09 vyajassoHn | * * * ‘uoy 2p ‘9 ‘TJ ‘xvppvfvyajassoyp | © ‘uoy ap 'D "7 ‘SISUY9PUAO vyajassoyH ‘VILATHSSOD TUNED) ‘VILLE'TASSOD HEN) ‘VILA THSSOD END ‘pl ‘pury.ıwıuduosg — ‘pi ‘saploluvjau an “pt ‘DUIXDU j _ “pt ‘pypusoap — "uoy op ‘O "TJ ‘PUDIJINOUAIA — ‘ssnjp[og *Y “vwaıjd — “pt ‘vyvurogns uoy ap ‘9 I “Vypuravoonbuinb — "uoy op °5) je vinIv pıuosiyd any . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 . . e . e . D Q 3 TI AOVEX IT BOVLS TON EEE, 279 x DES FOSSILES CARBONIFERES DE LA BELGIQUE. pl ‘snpuv]q = ‘pl ‘snsouvisqns — “uoy 9p°9 7] “sı pw Asp] snjpydwuoy>A14 ‘pl = snunisdpiyg = “uoy 2P°9 ‘1 “SAUDAOUIU — ‘sdijjrud *C ‘s1y27pU.10} = "Kog oW ‘A ‘snsorf snjpydmoyrAg "pi ‘snjnwa md Pt ‚saaıp er ‘UOY 2p'O"T stwaofnugung snioydwoy9Alg "pi “snjvy1agns — "pi ‘4a fiajns — "uoy ap ‘D “TT ‘snsojziquo Snyvydwuoy2 A4 ‘UOY op ‘9 ‘T ‘sngvynuvid snjpydwuoy2434 ‘uoy ap ‘9 “YT ‘unsid snypydwoyr 414 ‘snsoqo).8 ‘sngpuosuonu ‘snjpuigan} “ ‘pl ‘SNIWIXA = "uoy op 'D ‘7 ‘suund snypydwoy> Ad “uoy ap 9 1 ‘snuvAguamog snivydwoysAgd Ld NOTICE SUR LA DISTRIBUTION GEOLOGIQUE DE KONINCK. 276 ‘sdiyjiyd *f “S24Pw07D op *O “7 ‘snunosgo snjvydwoyd 414 "uoy op ‘9 ‘T ‘suvjsmud Hin alles es ‘sdiyiudg ‘f ‘sngdjnos "uoy op *O ‘TT “sosnp} snjvydwoy9Alg "uoy ap ‘O ‘TT ‘sıapns *sdiyjiud ‘f ‘sypiagsuaqur snypydwoyrAjg ht re en ee ae td. oe so + ee [98 - «pr ‘engoumdrapvnb ‘UOY ap 9 "I SSNUPAYINDD) snyjpydwuoy2 14 ‘sıppnuvasd ee ee “snydynasun "pl sızrwis "pi ‘snsoua4p "pl ‘syvaids ‘pl “snyvııva he 2 Al NA SE - ‘UOY ap ‘DT ‘snupiuapauag snjvydwoyoAg ‘pt ‘snjjoyojnd "uoy op 'Q “TI AP UT Snjpydwoy314 EE de TE DE ZE ‘TH HO VIS ‘Ti SDVLa J'HOVEX SP x DES FOSSILES CARBONIFERES DE LA BELGIQUE. ‘pl ‘DSOUIAD = ‘PI ‘pjuadv — "pr ‘pwıssızup. 39] _- “pi DIVX ere ‘pl ‘payond — ‘uoy op DT “vpivpjd — "ÂgI2MOS “C+ ap 'f “VIPUIADI vıuo] ano “VINOTUNOW ZENA5 "uoy op :D ‘TT ‘vyoulavoinbaut va) Avg ‘uoy op ‘9 ‘7 ‘xajdumis — ‘sdiyjiud *f “Doraquoouor — "uoy op 'D ‘7 ‘vysoo1ydnp vajAag ‘uoy op "OD ‘TT pmwads va] Avg “VATIAVE 2UNAD "uoy op ‘9 ‘TJ masvr A — "peauon) "VL “‘PJP]NQD} DIU9YJ40 M “VINAHLYOM IN49 | ‘UOY op "DN "I ‘PJDIAISQNS PIUOJANOW "Kog oW “A ya viuojunon ‘VINOTHNON ZEN25 “pt ‘DOPIOJIAANZ — ‘UOY op “7 stunwwos vajAog 'VAIAVA ZUNE) "VINAHLUOM MINT) 5 = "VINOTANON FINA "uoy op ‘O "7 “SUDIANXN] vol ADE “uox op ‘9 “1 ‘2110407 vay sag 9INPA9] D ‘HUPAX DJ AD "VATAVA MINI) ‘PI ‘0189489 u ‘UOy op ‘O "TT ‘PUPIAIJSUINJY viuayjuo M ‘VINAHLHOM EN49 r NOTICE SUR LA DISTRIBUTION GEOLOGIQUE DE KONINCK. 278 "AqIOMOS “FD Op ‘f “sruuofiaud — ‘pl ‘DIVINGAU — “pi ‘psojnuvas — ‘PI ‘Su — ‘UOY op ‘D "7 ‘suardizap viuojunopy ‚sdipiyd *f “P21U09 viuojpanopy ‘UOM op 'D "I ‘yywSnavafur = ‘LOD oW ‘A ‘Sida — ‘PI “pıdıaas — ‘UOY op ‘O I VIVAS — ‘sduniuda ‘f ‘vsuvdxa — ‘pr ‘vyn$næjqns —. ‘pl vpuguf — ‘UOM op 'Q "7 ‘sapıosızvu vıuo] ano " ‘UOM op 'D “T “PJPULADIIA] pıno] nom "uoy ap ‘O "IT ‘vywuidour vıuo]) nom uoy op 5 “T ‘vapıouosgns viuoj,unopyy . . . 7 . . . . . D . . ‘UOY Op 'c, TT VWISStAD) PIUOJANO PS ISS! IUOJANON ‘UOY ap ‘9 “T ‘pssa4dwo9 viuojunopw ‘UOM op H J “S1/1QOu viuojunopw ‘pt vydaowmıuod =. ‘PI supundsof — ‘pl ‘sapioppydwona — "uoy op 9 ‘TI ‘issnfpjoH viuojunopy TRE PR LS PR IDR BE SEE EE CRE RETRO RE EL RP, DEE D TOC SRE, EE CS TE ESS EN u ETE ‘Ill AOVLA ‘Il AOVLA 1 AOVLA 219 x DES FOSSILES CARBONIFERES DE LA BELGIQUE. ‘AUSIQIO,P 'v ‘iimaudaA P1]]99404 "uoy op 'D 7] “vuvsou ar “UIJJEN “AA UUPAPAPOOM 91199404 “WVITTHOUOd UND “dia ‘¢ ‘vynuvnbs — ‘UOY op 'D "I ‘vypraquyqns _ ‘sdyiqd *f vwgu — "PI DWISSIJDUAO _ "uoy op ‘O ‘I ‘PUDIH P]jP0nT VTI3IDNT Fang ‘UOY op ‘D 77T ‘ap1svuf vwaapoauyy sditud ‘f ‘mnuafynumads pwmAaapoaumyy "VWAHGOHNIHH FINI ‘PI ‘pSojpup — "pl “moswoyL — ‘pt PIADAJUOI — UOM ap ‘OT PUIG — uoy op Oy ‘yuodnq vı]]a9407 - . . . . . . . unew AA ‘HPAPPMPOOM 91129404 ‘VITTHOUOd FINA “WTTHIONT UNION ‘pl “SAN _ ‘UOM op'D "| ‘MNJDPJIMOIUOI DUAIPOIUIYM VWUAGOANIHY ZINO ‘ uoy op 'D “7 ‘suvdauosip visausy IIA97 ‘D ‘olng = — ‘Pl ‘wog 27 Eis uoy ap ‘O "T ‘PJPUIADI D1]]99404 VITIAHOHOd UNS) . " . . . . . . . . . . ‘WV TTAIONT Fang uoy op HQI ‘PJNPPA vusapoauiyy "VWAUAGONNIHU 2ENAD ‘UOY ap 'D "T “sıypuorpiaawm visausy ’ NOTICE SUR LA DISTRIBUTION GEOLOGIQUE DE KONINCK. 280 sdiytyd “f ‘syvuuaSury — "uoy op ‘9 "7 ‘42/1109S uoydo4a]]ag ‘PI ‘sn18941.89 — “UO ap ‘DT WUIADW oF ‘AqIOMOS "I ap 'f ‘snyvysoo — ‘SSNJPION ‘y ‘SnA2/1PUD2 — "uoy op 'D "7 ‘snazuv.s1.3 — ‘ÂqIMOS ap 'f ‘viospfinuay uoydo4a]]agl unıew "Mm snaynıy — ‘UOY op ‘9 “7 ‘sngzdjnosur uoydouajjag . . . . . . . . . . . . . . . ‘NOHJOUH TTA TUNIS) TH HOVIA ‘snjpavIxa Pt ‘01824071 ‘UOY op ‘O "7 ‘snjnivojns uoydoaarjog - ‘PI ‘sup zo od AT AY Snvaıqum * H20JHO4 Hf ‘8NjzvjS0I12904 = * H]]I9A9T ‘D ‘snuauvo1g uoydo4a]]ag "uoy op ‘O “T “Yaa uoydouazjag “PI ‘suaulma ‘pt ‘snnbuidoud MON OP WT SIE woydousiiag: EE OZ à euren 'NOHdOUHTTAH FINID ‘Il AOVILA . . . . . . . . . . 0 Joux2Â4 op ‘4 ‘snwad oy * | IM TVRIOLA TA SIADIgNS TEE * AuSIqiO,p *V “WoIsuonyr uoydo4a]]2g "NOHdOYAH TIA” A8N3) \ DES FOSSILES CARBONIFERES DE LA BELGIQUE. Li n | ‘UOY op ‘9 ‘TT ‘snsago snjndv7 SNATOAdVO FINID "VTTAHDVLS a9N39 "uoy op ‘D "7 ‘vaquv.s1F vu av jy 'VIHLYUVM FINA ‘Pr ‘snsonyv4as — "uoy op ‘D “7 ‘vynjou snjaAv0pidou 7 SNTIADOAIIOUL LIN UOM ap DT ‘Momoy — “Burword 'f 1247 — “HALO "Af 2AUF1Q940 Pp snumaydnsy SNWAIHINY FINADH ‘409 oW ‘A vmwınsyaa — Pt “SIX A] — "uoy ap ‘D “| ‘PUDIUNOYAIJP A viuvong ‘SNTOAdVO FINID "VITTAHDVLS ZEND) “VIHLYVA SEN4) SNTOADOGUIdOUL INAH uoy ap "DH "7 'sıyıgpgiauı snwaydny SNAWAHdNA UNI) ‘UOM op'D "T ‘syıxa viuvong ‘2ITPA9T D ‘tpayspyonq snjoAdopidou J youyoAy ap ‘4 ‘snjIau snpndv7 | SNTAdVO FINA yoyydAy op ‘4 ‘vaora dvd vjjayovis VVTHHOVLS Tanah "VIHLAVYM JANI SMA TOADOGIAOUL BINAD "uoy op ') "I ‘snsojf snwaydns 'SAWAHINA FXNIO "y9uUluoy op 'Q “J vurAyıy viuvong KuBrqao.p 'v ‘supsaja viuvong . . . . . . , . . . . . ee ‘PI snsun — sa) > & (es! Q = oO sa) oO Zz Q Ex =) . m “ . . [a4 Er = A < 4 [04 > un m = Es oO Z . . . . ‘PI ‘suyvnbæut ea: vene: “pi fSNJDINSUD — "PI ‘snjonpa — r‚ ET Te pt snwuguf — ‘PI ‘ssn/p10D — | pr ‘snjpnusypnwu — "uoy op ‘O “7 ‘snjzoapSau snjndvy Er + ON TN TANT Vestes ee a Ole a ‘PI ‘snssaadiuo? EED EL IT Da Re ‘pl ‘snywnuayyp — By aE Pde Ne HE OL NDT AAS ee rae SR 7 VO ep HT pam Sande) Ke ..% chin er nm endo ERN B a ee rar Sn (Cena en à “pr ‘snwogspSam — Ms en ar his. ET Me ak se se “uoy op ‘9 “7 ‘So snjndvy AK ARIE Pa ate tae Beek Mia se xe, Mer LU, NES nes Mae, Dn en PTET eme ee Pe en ee ee ee gp op rue | Le . . . . . . . . L . . mi . . [3 . . . . ‘pl ‘snivs4op u, . . . . . . . . . . . . . e . LA DE KONINCK, . . . ° . . . . . . x F . be . A . . . . . "uoy op 1) ce | ‘IDE > 5 A 5 : z ‘ ; . . is ‘uoy ap 'D "J ‘2429/4290 snjndv) | * * * * * EH ‘f ‘snuazvjinba snındvy | : D EEE Ba BETE EEE) EEE EE D GE un er ‘Ill JOVLA ‘Il AOVLA | 1 AOVLA 282 283 x DES FOSSILES CARBONIFERES DE LA BELGIQUE. ‘PI ‘sngppidsno uoy op ‘9 “7 ‘ISdu]1y4 sisdojadaT ‘SISdOLAHd HT 24N39 ‘pl wnpsrgwı ‘sdirud “fr wnandıjj9 uoy op ©) 7] ‘auvjos ‘sdiyjiyd ‘f ‘snopıd vuojzdojayy 'VWOLJOLHW FINAN UO op 'D "1 ‘soproydAu8 snjndvy . ‘pI ‘UOY op ‘D “T LM sSisdojadaT ‘sn21jdajja -- ‘UOY ap ‘DH "7 ‘snapiouod sisdojada'T 'SISIOLAdYT UNI) "VWOLIOLYW FENID ‘UOY op ‘D “YT ‘42u37 snyndvy 'SISIOLY4dYT UNO VNOLdOLHN FINI ‘uoy op ‘suagsauids = — ‘snsojngnz snjndv5) PISA — ‘slapyngojsqns — ‘DT ‘suvjsuoour snındv)) 1) "TT ‘snjuoquoo, — ? NOTICE SUR LA DISTRIBUTION GEOLOGIQUE DE KONINCK. 284 ‘yYoyxIAY ep ‘4 ‘WjOIyasia UOJIYI0YIUIW]9H] "NOLIHIOHLNIWTI4H 3303) "uoy op ‘9 “J ‘snywpnoyau sisdojadaT ‘UOY op '9 “YT ‘snyvjnpun — “sdiqiqd ‘f “S2$404794 sisdojada'T ‘pl ‘sn1gauga — ‘UOY op H 7 “2U407) sisdojadaT zou op ‘d ‘snupiuayossng — “youruoy op 9 “YJ ‘tour sisdojadaT ‘NOLIHDOHLNIW TAH F484 uoy op H "7 ‘sns407U09 sisdojadaT ‘pl ‘$NJD]124S — uoy op ‘D “I ‘vyJo4qun sisdojadaT ‘pl SNUDIUMAIU — ‘oyxoAyY ap ‘A ‘snasidmau > ‘UOY op ‘9 "7 ‘sn1019.4009 — HOYAIAY ap ‘A ‘SAUPIIDUAN — *J9JSU9NN NZ‘D ‘snostad UOJIYIOYIUIMJIE] NOLIHSOHLNINTAH 2EN25 ‘yoyyxoAy 9p ‘4 ‘syvapavyday 3sisdojadaT . . . . . . . . . . . . . . ° D . * youyosy op ‘A ‘snuafiuoguva sisdojadaT I ‘III AOVLA "II HOVLA ‘| FOVLA 285 x DES FOSSILES CARBONIFERES DE LA BELGIQUE. SAHLIIOAN ZINE ‘UOY op I] ‘sluvpNsFasdl DIAPJNUO!) 'VINVINNOI NID ‘youxrAy op 'd ‘wngouavaad ; wnIj PIU pt SO — ‘pi ‘DJDUAO on "pl ‘suadsul — “uoy ap ‘9 "I “S2P107P499074A9 — ‘UOY ap 'D 7 WUAUNIW ;sıyvyust STIVLNG TENUE "NOLIHIOL4A’1D 3EN49 “pi “stapanndav — ‘PI SSNILAJUIIUOI zn ‘UO AP "DT LAZY] re "kayary * AA 'f {87940109 UOJIY91QUOYM ‘youyrAy op ‘4 ‘snov.sa) — nt Aan em eert 097779900009 © un TTT: "WEY LINO UE ‘UOY op ‘DO “TT ‘SISU2AOPOII]PH SIJDIUST STIVLNA TENT) "NOLIHIOLIATD ZUNID ‘UOY op ‘O9 “T VPILS sayqOAH HALLE LOAD UNI ‘UOY op 'D "TT ‘vyvysoombaui viavjnuoy "vIaVINNOD Una) * JOJSUNN nz ‘D “vasııd SIJPIUT 'SEIVGLNA TED ‘UOY op 'D "TT “afıp-109 u0714903d.47D ‘NOLIBOOLGA TO 19 21 Pr NOTE SUR LE CENTRE DU PROATLAS CHEZ UN MACACUS ARCTOIDES, I. Georrr.: PAR M. le professeur Pau. ALBRECHT, Docteur en medecine et en philosophie. En continuant mes recherches sur le proatlas des Amniotes (1), jai trouvé sur le squelette d'un jeune Macacus, qui, d'après la détermination de M. Dubois, conservateur au Musée, appartient presqu'indubitablement à l'espèce arctoides, I. Geoffr., un os que j'envisage comme le centre de cette vertèbre perdue. L'animal en question (2) possède 7 vertèbres cervicales, 12 thora- ciques, 7 lombaires, 3 sacrales, 1 sacroïdale et 4 caudales. Attaché au bord caudal du basioccipital, il se trouve un petit os de 2 millimètres de largeur, de °/, de millimètre d’etendue cränio- caudale et de */, de millimètre d’étendue dorso-ventrale, qui y adhere par un ligament. Quant a la valeur morphologique de cet os, il y a, puisqu'il se trouve chez un Mammifère (3), trois différentes possibilités de l'expliquer au premier coup d'œil : 1° Il pourrait être l'épiphyse cräniale du centre de l'atlas [épi- physe cräniale de l'apophyse odontoide; os terminal, Hasse (4); (1) Voir P. Atsrecut, Ueber den Proatlas, einen zwischen dem Occipitale und dem Atlas der amnioten Wirbelthiere gelegenen Wirbel und den N. spinalis Is. proatlanticus (ZooL. Anzeic., Leipzig, 1880, nos 64 et 65), et Note sur la présence d'un rudiment de Proatlas sur un exemplaire de Hatteria punctata, Gray (BULL. Mus. roy. HIST. NAT. BELG., t. Il, 1883, p. 185). (2) No 86 du catalogue du Musée royal d’histoire naturelle de Belgique. (3) Si l'animal était un Sauropside, il n'y aurait évidemment question que de la troisième possibilité, les Sauropsides ne possédant pas d’epiphyses terminales a leurs vertebres. (4) Hasse, Die Entwickelung des Atlas und Epistropheus des Menschen und der Säugethiere (ANATOMISCHE STUDIEN, Leipzig, 1873, p. 542). 288 ALBRECHT. — NOTE SUR LE CENTRE DU PROATLAS Sept. epiphysial nucleus at the top of the odontoid process, Humphry (1), Flower (2)]; 2° Il pourrait être l'épiphyse caudale du basioccipital (3); 3° Ou bien encore le centre du proatlas. La premiere explication, que l'os trouvé sur notre macaque soit l'épiphyse cräniale du centre de l’atlas, est exclue, parce qu'on voit tres distinctement au squelette en question, cette epiphyse, recouvrant la surface cräniale de l’aphophyse odontoïde; ensuite parce qu'il n'a pas du tout la forme de chapeau, convexe en sens cranial, concave en sens caudal, qui caractérise cette épiphyse. La deuxième explication est aussi à rejeter, parce que l'épiphyse caudale du basioccipital s'adapte intimement au bord caudal du basioccipital, tandis que l'os en question ne le fait point, étant cra- nialement concave, caudalement convexe. Or, si c'était l'épiphyse caudale du basioccipital, il devrait tout au contraire être craniale- ment convexe, caudalement concave (4). Ensuite notre os est attache au bord caudal du basioccipital par un ligament au lieu d'être placé immédiatement au-dessous, comme le sont toutes les épiphyses caudales des vertebres ainsi que celle du basioccipital. Il nous reste donc seulement la troisième explication : c'est que l'os trouve entre le basioccipital et le centre de l’atlas de notre singe soit le centre du proatlas. Si cette maniere de voir est juste, nous serions en présence du premier cas, dans lequel un rudiment du centre du proatlas a etc trouvé, car jusqu'ici nous n'avons pu constater que des rudiments plus ou moins grands des neurapophyses de cette vertèbre chez un Hatteria, les Crocodiles et un Hérisson. Le ligament qui attache notre centre du proatlas au bord caudal du basioccipital est évidemment la partie preproatlantique du liga- ment suspenseur de la dent; et comme M. Bergmann (5) a deja (1) Humpnry, A Treatise on the human skeleton, p. 131, pl. VII, fig. 4 B. Cam- bridge, 1858. (2) Frower, An Introduction to the Osteology of the Mammalia, p. 29, fig. 10. London, 1876, 2° édit. (3) P. ALBRECHT, Die Epiphysen und die Amphiomphalie der Saugethierwirbel- körper (ZooL. ANZEIG., 1879, pp. 445 et 447, fig. Xp, fig. XI). (4) Voir les figures citées de notre travail sur les épiphyses et l’amphiomphalie des corps de vertebres des Mammiferes. (5) BERGMANN, Einige Beobachtungen und Reflexionen über die Skeletsysteme der Wirbelthiere, deren Begränzung und Plan (GÖTTINGER STUDIEN, 1845, cite d'après M. Hasse, loc. cit., p. 546). 1883. CHEZ UN MACACUS ARCTOIDES. 289 reconnu le dernier ligament pour le fibrocartilage entre l'occipital IZ Tr U & IN = | SK RN N Vy tii SK WY i EN nf i N | EIN NN REINE 27 N YY Ks == ai || N A BZ HER 4 24 z = N N af In) a tt Dili an Hl NEIN DOUPAGNE. SC. " — Fic. 1. — A. Vue caudo-ventrale du centre du proatlas, de l’os occipital et de la partie caudale du basipostsphénoïde d’un jeune Macacus arctoides, 1. Geoffr. ?/;. (Appartient au Musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles.) x Centre du proatlas. a Synchondrose basiotico-basipostsphénoidale (1) (sphéno-occipi- tale). 6 Trou condyloidien antérieur gauche. c Condyle occipital gauche. d Apophyse jugulaire gauche. B. Vue caudo-ventrale du centre du méme Proatlas et du ligament qui le réunit au bord caudal du basioccipital. ©. x Centre du proatlas. y Ligament proatlanto-occipital. (1) Voir, pour cette dénomination, P. ALBRECHT, Mémoire sur le basiotique, un nouvel os de la base du crâne ; Bruxelles, 1883, Mayolez, et Sur le crane remar- quable d’une idiote de 21 ans, avec des observations sur le basiotique, le squamosal, le quadratum, le quadrato-jugal, le jugal, le postfrontal postérieur e: le postfrontal antérieur de l'homme. Communication faite à la Société d’anthropologie de Bruxelles, dans la séance du 26 février 1883. Avec 2 planches et 8 figures intercalées dans le texte. Bruxelles, Manceaux, 1883. > r ~ 290 ALBRECHT. — NOTE SUR LE CENTRE DU PROATLAS Sept. et l’apophyse odontoide, nous nous croyons maintenant justifié a amplifier interessante hypothèse du célebre savant de Göttingen. C’est-a-dire, comme le centre du proatlas est situé entre le centre de l’atlas (os odontoide) et le basioccipital, le ligament suspenseur de la dent se divise en deux parties, une postérieure qui réunit l'apophyse odontoide au centre du proatlas, et une antérieure qui reunit celui-ci au bord caudal du basioccipital. La premiere serait le fibrocartilage entre le centre de l'atlas et le centre du proatlas, la dernière celui entre le proatlas et le basioccipital. Or, la découverte du centre du proatlas nous met a méme de déterminer définitivement la valeur d'un autre organe, assez énig- matique : l'arc ventral de l'atlas. Jusqu'à présent on a cru que cet os était une hypapophyse entre l’atlas et le basioccipital homo- dynamique aux hypapophyses qui se rencontrent entre l’atlas et l’axis de certains Oiseaux (1), entre toutes les vertèbres cervicales et mème les vertèbres thoraciques antérieures de presque tous les Lacertiliens, entre toutes les vertèbres cervicales, thoraciques et lombaires de Hatteria (2). Cette homodynamie reste; mais comme nous avons trouvé le centre du proatlas entre le centre de l’atlas et le basioccipital, l'os connu sous le nom d'arc ventral ou pseudo-centre de l'atlas se présente à nous dès à present sous la valeur morphologique d'une hypapophyse entre l'atlas et le proatlas. Cette explication est très satisfaisante, puisqu'il était toujours assez invraisemblable qu'une hypapophyse se soit formée entre atlas et l'occipital, après que le proatlas était devenu rudimen- taire chez les Amniotes. Or, d’après la théorie que nous émettons dès maintenant, une hypapophyse s'est formée entre le proatlas et atlas d'un temps, quand les Amniotes ou les Proamniotes avaient un proatlas bien conforme, comme l'ont encore aujourd'hui les Amphibiens (3); puis le proatlas est devenu rudimentaire, mais (1) G. Rerzrius, Bidrag til Kännedommen om Halskotorna (Mevıc. ARCHIF, 1864). (2) P. ALBRECHT, Note sur la presence d’un rudiment de Proatlas sur un exem- plaire de Hatteria punctata, Gray, p. 190 (p. 6 du tiré a part). (3) Car, d'après ma théorie, la premiere vertèbre des Amphibiens correspond au proatlas, la deuxième à l'atlas, la troisième a l’axis, la quatrième à la troisième vertèbre cervicale des Amniotes. Ceci est encore prouvé par le fait que chez les Amphi- biens c'est le n° nerf qui passe la n° vertébre, tandis que chez les Amniotes c'est le n-+-1° nerf qui passe la n° vertebre. Voir P. ALBrEcHT, Ueber den Proatlas, einen zwischen dem Occipitale und dem Atlas der amnioten Wirbelthiere gelegenen Wirbel, und den Nervus spinalis Is. proatlanticus (Zoo. Anzeıc., Leipzig, 1880, n° 64, p. 450; n° 65, p. 472). 1883. CHEZ UN MACACUS ARCTOIDES. 291 l'hypapophyse entre celui-ci et l’atlas restait. Elle restait parce qu'en même temps que la rudimentation du proatlas, le centre de l'atlas devenant de plus en plus indépendant de ses neurapophyses, elle commençait de plus en plus à le remplacer auprès de ses neura- pophyses. C'est ainsi que l'hypapophyse atlanto-proatlantique est devenue le pseudo-centre de l'atlas. D'un autre côté, l'hypapophyse entre le proatlas et le basioccipital, qui est parfaitement admissible en théorie, ne s'est jamais développée, la grande mobilité entre ses deux organes ayant probablement empêché son développement (1). Les schémata suivants (fig. 2, 3, 4) faciliteront, je l'espère, la conception de la valeur morpholopique des centres, des neura- pophyses, des hypapophyses, des épiphyses terminales et des fibro- cartilages intervertébraux de l’occipital et des premières vertèbres cervicales. Fig. 2. Zj Fic. 2. — Schéma pour démontrer la valeur morphologique de l’occipital, des quatre premières vertebres et des premières hypapophyses intervertébrales des Amniotes, Vue ventrale de ces organes. | BO Basioccipital. ere ZOED Exoccipitaux. (1) Il ne faut pas oublier que toutes ces hypapophyses sont en « quartier d'orange », et placées immédiatement au-dessous des articulations intercentrales entre deux ver- tèbres, et pas des hypapophyses en Y comme celles de la queue, qui n'ont pas de partie primaire médiane hypodisque (disxo«, le fibrocartilage intervertebral). 292 ALBRECHT. — NOTE SUR LE CENTRE DU PROATLAS Sept. P' Centre du proatlas (présent chez notre Macacus arctoides, Is. Geoffr.; disparu chez la plupart des Amniotes). Proatlas . . { PP" Neurapophyses du proatlas (présentes chez une Hatteria punclata,. chez les Crocodiles et chez un Herisson ; dis- parues chez la plupart des Amniotes). (| A’ Centre de atlas. "SL A’A” Neurapophyses de l’atlas. ae! 5 FE? Centre de l’épistrophée. PRESS | EYE Canes HIER Atlas. m ‘ Centre de la troisieme vertebre cervicale. ro T''T' Neurapophyses de la troisième vertèbre cervicale. cervicale 1 Hypapophyse occipito-proatlantique (jamais vue jusqu’à pré- sent; sa formation probablement empêchée par les mouve- ments de flexion et d’extension entre la tête et le proatlas). 2 Hypapophyse proatlanto-atlantique (arc ventral ou pseudo- centre de l’atlas). 3 Hypapophyse atlanto-épistrophéale (présente chez la plupart des Sauropsides, disparue chez les Mammifères). 4 Hypapophyse entre l’axis et la troisième vertèbre cervicale ; disparue chez les Oiseaux et les Mammifères (présente chez la plupart des Lacertiliens). Fig. 3. Fic. 3. — Schéma pour démontrer la valeur morphologique de l’occipital, des trois premières vertèbres, des premières hypapophyses et fibrocartilages intervertébraux des Amniotes. Profil gauche de ces organes. BO Basioccipital. Occipital . . EO Exoccipital gauche. 1883. Proatlas . . OS . . . Er: CURE Epistrophée E" Troisième 4 i 7 vertebre gr cervicale =F Wh — [II CHEZ UN MACACUS ARCTOIDES. 293 Centre du proatlas. Neurapophyse gauche du proatlas. Centre de l’atlas. Neurapophyse gauche de l'atlas. Centre de l’épistrophée. Neurapophyse gauche de l’épistrophée. Centre de la troisieme vertebre cervicale. Neurapophyse gauche de la troisieme vertebre cervicale. Hypapophyse occipito-proatlantique. proatlanto-atlantique. atlanto-épistrophéale. entre l’axis et la troisieme vertebre cervicale. Fibrocartilage entre le basioccipital et le centre du proatlas | partie craniale (antérieure) ou préproatlantique du ligament suspenseur de la dent]. Fibrocartilage entre le centre du proatlas et le centre de l’atlas | partie caudale (postérieure) ou postproatlantique du ligament suspenseur de la dent]. Fibrocartilage entre le centre de l’atlas ct de l’épistrophée. de l’épistrophée et de la troisième vertebre cervicale. a na rl à ae Fic. 4. — Schema pour démontrer la valeur morphologique de l’occipital, des quatre premières vertèbres, des premières épiphyses terminales de ver- 294 ALBRECHT. — NOTE SUR LE CENTRE DU PROATLAS Sept. tèbres et des premières hypapophyses intervertébrales des Mammifères. Profil gauche de ces organes. Occipital . . eS Proatlas . | | Atlas HER | Basioccipital. Exoccipital gauche. Centre du proatlas. Neurapophyse gauche du proatlas. A’ Centre de l’atlas. A” Neurapophyse gauche de l’atlas. cig } E' Centre de l’Epistrophee. Epistrophée 5 5 : ee : E Neurapophyse gauche de l'épistrophéc. Troisieme 3 = hes : ’ fh Centre de la troisième vertebre cervicale. vertèbre : ek 5 . i 14 Neurapophyse gauche de la troisième vertèbre cervicale. cervicale N w Partie centrale de l’épiphyse terminale caudale de l’occipital (vue jusqu’a present chez un exemplaire de Lutra vulgaris). w” Partie centroidale de l’épiphyse terminale caudale de l’occi- pital (vue jusqu’a présent chez Phascolarctos cinereus, Macropus, sp., Cholepus Hoffmanni, Hyena striata, Ursus arctos, Mustela putorius, Felis Yaguarundi, Pro- cyon cancrivorus, Lepus cuniculus, Cricetus frumentarius). p’ Partie centrale de l’épiphyse terminale cräniale du proatlas. Pp: Partie centroidale de l’épiphyse terminale cräniale du proatlas. mr’ Partie centrale de l’épiphyse terminale caudale du proatlas. a" Partie centroidale de l’épiphyse terminale caudale du proatlas. Ces quatre épiphyses terminales du proatlas sont hypothétiques et ne se sont jamais vues chez le proatlas des Amniotes, puisque 1° les Sauropsides ne possédent pas d'épiphyses terminales, et 2° puisque le proatlas est devenu rudimentaire chez les ancêtres des Mammifères avant qu’ils eussent des épiphyses terminales de leurs ver- tebres. a’ Partie centrale de l’Epiphyse terminale cräniale de l’atlas (se voit chez tous les Mammiferes et est représentée par l’os terminal, Hasse). a” Partie centroidale de l’épiphyse terminale cräniale de l'atlas (vue jusqu’à présent chez une Hya@na striata). e. Partie centroidale de l’épiphyse terminale caudale de l'atlas (vue jusqu’a présent chez une jeune Hyena striata). a 0 Partie centrale de l’épiphyse terminale caudale de l’atlas. Os synépi- ) a : ae en physien | e Partie centrale de l’Epiphyse terminale crâniale de l’Epistro- phée. Ces deux Epiphyses sont présentes chez tous les Mammiferes et forment générale- ment, en se soudant de bonne heure, l'os que j'ai appelé « synépiphysien ». e” Partie centroidale de l’Epiphyse terminale craniale de l’épi- strophée (vue jusqu’à présent chez Macropus, sp., Phasco- larctos cinereus, Mustela martes, Felis Yaguarundi, Ursus labiatus, Ursus arctos, Galictis barbara, Hyena striata, Lutra vulgaris). . ’+:’” Epiphyse terminale caudale de l'épistrophée. Ceci est la pre- miere épiphyse terminale, dont la partie centrale et les par- rg h 1883. CHEZ UN MACACUS ARCTOIDES. 299 ties centroidales ne se sont pas séparées (présente chez tous les Mammifères). Pat” Epiphyse terminale craniale de la troisième vertèbre cervicale (présente chez tous les Mammifères). +7" Épiphyse terminale caudale de la troisième vertèbre cervicale {présente chez tous les Mammifères). 1 Hypapophyse occipito-proatlantique. 2 — proatlanto-atlantique. 3 = atlanto-épistrophéale. 4 = entre l’Epistrophee et la troisième vertebre cervicale. Dans les trois schemata ci-dessus, les organes marqués en blanc sont présents chez tous les Mammifères, soit a l'état osseux ou à l'état cartilagineux, soit a l'état ligamenteux; les organes repré- sentés par des hachures manquent chez beaucoup d’Amniotes, mais se trouvent chez d'autres; les organes en noir sont possibles d'après la théorie, mais n'ont jamais été vus. Tels sont lhypa- pophyse occipito-proatlantique et les quatre épiphyses terminales du proatlas, qui n'ont, d'après la plus grande vraisemblance, jamais existé, la première parce que chez les Proamniotes le proatlas est disparu avant la formation des hypapophyses inter- vertébrales en forme de quartier d'orange, qui ne se trouvent chez aucun animal sans amnios, les dernières parce que chez les Pro- mammaux le proatlas était disparu avant la formation d'épiphyses terminales sur les corps de vertèbres. Quant au troisième schéma (fig. 4), il est à remarquer que, comme nous l'avons constaté dans nos travaux sur les épiphyses terminales des corps des vertebres des Mammifères, ces organes ont la valeur morphologique d’épiphyses centrodicentroïdales, dont voici la rai- son : elles couvrent le centre de la vertèbre et la pièce centroïdale de chaque neurapophyse. Une des preuves des plus évidentes de l'exactitude de cette interprétation se trouve dans le fait que l'épi- physe terminale cräniale de l’axis, les épiphyses caudales et crä- niales de l’atlas et les épiphyses caudales de l’occipital se résol- vent en leurs éléments primitifs, chaque épiphyse formant trois épiphyses élémentaires, une épiphyse centrale et deux épiphyses centroïdales. Dans un de mes prochains travaux je publierai les figures de ces épiphyses éminemment importantes; tandis que dans la pré- sente note je me suis borné à faire mention des animaux sur les- quels j'ai trouvé les épiphyses en question à l'état osseux, séparées encore de leurs vertébres par une couche de cartilage hyalin. 296 ALBRECHT. — NOTE SUR LE CENTRE, ETC. Sept. 1883. RESUME. En résumé, nous avons trouve chez un squelette de Macacus arctoides, I. Geoifr., le centre du proatlas réuni par la partie pré- proatlantique du ligament suspenseur de la dent au bord caudal du basioccipital. Ce ligament consiste donc en deux parties, qui ont la valeur morphologique de fibrocartilages intervertébraux : une cräniale, que nous venons de décrire, qui serait un fibro- cartilage proatlanto-occipital; une caudale, réunissant le proatlas au centre de l'atlas (os odontoide), qui serait un fibrocartilage proatlanto-atlantique. Nous avons constaté ensuite que la valeur morphologique du pseudo-centre ou de l'arc ventral de l’atlas est celle d'une hypapophyse intercentrale entre le proatlas et atlas. Cette hypapophyse sert aux neurapophyses comme pseudo-centre après la perte qu elles ont subie par la migration caudale et la synostose du centre de l'atlas avec le centre de l'axis. D'un autre cöte cette hypapophyse proatlanto-atlantique est le dernier repre- sentant des hypapophyses en quartier d’orange, qui, chez Hatteria, se trouvent entre tous les centres des vertebres du tronc (1). De ces hypapophyses les Lacertiliens gardent encore les cervicales et les premicres thoraciques, certains Oiseaux celle entre l’atlas et l'épistrophée, les Insectivores celles entre les vertèbres lombaires et la dernière ou les deux dernières thoraciques. L’hypapophyse proatlanto-atlantique a donc vu disparaitre toutes les autres hypa- pophyses en quartier d'orange; elle se trouve bien développée chez tous les Amniotes excepté chez la plupart (2) des Marsupiaux, ou, par rudimentation, elle peut rester soit ligamenteuse pendant toute la vie ou ossifier par usurpation (3) de par les neurapophyses de latlas; encore une fois, preuve qu'à beaucoup d’egards les Marsu- piaux peuvent s'éloigner plus que les autres Amniotes du point de départ primitif. (1) Voir P. ALBRECHT, Proatlas de Hatteria. (2) Car chez les Marsupiaux carnivores, le pseudo-centre de l’atlas ossifie comme chez les autres mammiferes. (3) Voir, pour cette expression, P. ALBRECHT, Note sur un sixieme costoide cer- vical chez un jeune Hippopotamus amphibius, L. (Buzz. Mus. roy. HIST. NAT. BELG., 1882, t. I, p. 198 (p. 2 du tiré a part). din NE FRE a DE. mt m einde, keen ‘ ene Be a, ay - ret sic = Cas Ee ml RE Poe 7) ae a x tens dling Bae > a RAR ie en NOTE SUR LA PRESENCE DU GASTORNIS EDWARDSII, Lemoine, DANS L’ASSISE INFERIEURE DE L'ÉTAGE LANDENIEN, A MESVIN, PRES MONS, PAR M. L. Doro, Ingenieur, Aide-naturaliste au Musee. Je ne saurais mieux commencer ce travail qu’en extrayant, de l'admirable ouvrage de M. A. Milne-Edwards sur les Oiseaux fos- siles, l'historique du genre Gastornis. Voici comment s’exprime l’éminent professeur du Muséum de Paris (1) : « Dans la séance du 12 mars 1855, Constant Prévost annonça à » l'Académie des sciences (2) que M. Gaston Planté, préparateur » au Conservatoire des arts et métiers, venait de trouver au Bas- » Meudon, dans le conglomérat inférieur a l'argile plastique, un » tibia (3) provenant d’un oiseau gigantesque, et que M. Hébert » proposait de l'appeler Gastornis parisiensis, pour indiquer à la » fois le nom de l'auteur de la découverte et la localité où elle avait » été faite. Ce dermier géologue et M. E. Lartet, qui avaient étudié » cet os au point de vue anatomique, présenterent, dans la même » séance, leurs observations sur la place qu'ils pensaient que cet » Oiseau devait occuper dans les cadres zoologiques (4). (1) A. Mitne-Epwarps, Recherches anatomiques et paléontologiques pour servir a l’histoire des Oiseaux fossiles de la France, t. I, p. 165. Paris, 1867-68. (2) C. PrÉvosrt, Annonce de la découverte d'un Oiseau fossile de taille gigan- tesque, trouvé à la partie inférieure de l'argile plastique des terrains parisiens (COMPTES RENDUS DE L’ÄCADEMIE DES SCIENCES, 1855, t. XL, p. 554). (3) Voyez planche XXVIII. (4) HEBERT, Note sur le tibia du Gastornis parisiensis (COMPTES RENDUS DE L’ACa- DEMIE DES SCIENCES, 1855, t. XL, p. 579); LARTET, Note sur le tibia d’Oiseau fossile de Meudon, op. cit., p. 582. 22 298 DOLLO. — PRESENCE DU GASTORNIS EDWARDSII, LEM., Dec. » Quelques mois apres, M. Hébert découvrit le femur de cet » animal (1), a Meudon, dans la même couche, à 3 mètres seule- » ment de distance horizontale du point où avait été trouvé le » tibia (2). » Ce savant observateur, après avoir comparé l'os principal de la » jambe du Gastornis à celui de divers types d'oiseaux actuellement » existants, ajoute :« Quand on compare ce tibia à un tibia de Cygne, . » d’Oie ou de Canard, on est frappé des ressemblances nombreuses » que l'on y trouve. Même forme générale, surtout pour la tête » inférieure; même absence de cavités aux facettes malléoliennes, » même aplatissement de la face antérieure dans la partie infé- | » rieure de l'os, même position médiane de l'arcade osseuse. | » Les différences principales consistent dans la fosse sus-tro- » chléenne, que n'ont pas les Palmipèdes lamellirostres, dans la » position plus élevée de l’arcade osseuse et de l'attache musculaire » externe. Ces différences ont toutefois une grande signification et » la note de M. Lartet me paraît les interpréter d'une manière » satisfaisante. » Il y a moins d’analogie avec les autres familles des Palmipedes » qu'avec les Lamellirostres, et, sans poursuivre cette étude, je » dirai seulement que le Pélican s'éloigne de notre espèce beaucoup » plus que le Cygne. » D'après ce qui précède, il me paraît évident que cette espèce » appartient à un genre bien distinct de tous les genres connus. » « M. E. Lartet, tout en signalant les analogies qui existent entre » le tibia du Gastornis et celui des Palmipedes de la famille des » Anatides, le rapporte a un autre groupe, a raison de l'existence » d’une fossette creusee au milieu de la gorge intercondylienne » antérieure, fossette qui se rencontre chez certains Echassiers, et » dans laquelle se loge, lors de la flexion du pied sur la jambe, une » petite tubérosité située a l'extrémité supérieure du tarso-méta- » tarsien. C'est cette circonstance, ajoute M. Lartet, qui me por- » tait à penser que le tibia fossile, quoique présentant d'ailleurs la » physionomie générale de ce même os dans les Palmipèdes lamel- » lirostres ou Anatidés, pourrait bien avoir appartenu à un oiseau » moins essentiellement nageur, et retenant quelques-unes des » habitudes propres aux Échassiers qui vivent sur le bord des eaux » peu profondes. » (1) Voyez planche XXIX, figures 1, 2, et 3. (2) HEBERT, Note sur le fémur du Gastornis parisiensis, op. cit., P. 1274. 1883. DANS L'ASSISE INFERIEURE DE L ÉTAGE LANDENIEN, ETC. 299 « Valenciennes, qui s'était également occupé de l'étude de ce fos- » sile, arrive à une conclusion différente. Pour lui, le Gastornis » devait se rapprocher des Palmipèdes longipennes, et en particu- » lier de l'Albatros (1). » M. R. Owen soumit à son tour le tibia fossile de Meudon à un » examen sérieux, et, à l'aide d’un moulage en plâtre qui lui avait » été remis à Paris, il put comparer cet os à celui de la plupart des » types d’Oiseaux actuels, et le faire représenter de grandeur natu- » relle dans le Bulletin de la Société géologique de Londres (2). Le » célèbre anatomiste anglais conclut de ces comparaisons que le » Gastornis paraît avoir eu des affinités assez intimes avec l'ordre » des Échassiers ou Grallatores, et dans cet ordre probablement » avec les Rallides; mais les caractères particuliers que présente le » tibia indiquent un genre d'oiseau distinct de tous les genres » connus jusqu'à présent. » Depuis cette époque, le nombre des ossements connus du Gas- » tornis s'est très peu augmenté. Ainsi, aujourd’hui, la collection » paléontologique de l'École normale supérieure de Paris possède » le tibia recueilli par M. Gaston Planté à Meudon, un autre tibia » beaucoup plus incomplet et le femur dont j'ai parlé plus haut. Je » dois à l’obligeance de M. Pasteur, directeur des études, et de » M. Delesse, professeur de géologie dans cet établissement, de » pouvoir faire figurer ces pièces uniques. » M. Hébert a recueilli à Passy, lors des fouilles qu'on a exécu- » tées pour la pose d'un gazometre, divers fragments de l'Oiseau » dont il est ici question, et qui consistent en un péroné presque » complet (3), un fragment du même os, deux trochlées digitales » médianes du métatarse (4), et enfin un fragment d'une tro- » chlée latérale. M. Hébert a bien voulu me remettre ces divers » fossiles. » Enfin le Muséum d'histoire naturelle possède une trochlée » digitale latérale du métatarse, qui semble provenir d’un oiseau » de la même espèce, et qui a été recueillie à Passy par M. Verry (5). (1) Op. cit., p. 283. (2) R. Owen, On the Afinities of the large extinct Bird (Gastornis parisiensis, Hébert), indicated by a fossil femur and tibia discovered in the lowest eocene for- mation near Paris (QUARTERLY Jour. GEoL. Soc. Lonpon, 20 février 1856, t. XII, p. 204, pl. III). Voyez aussi : Journal l'Institut, 1856, t. XXIV, p. 283. (3) Planche XXIX, figures 4 et 5. (4) Planche XXIX, figures 6 et 7. (5) Planche XXIX, figures 8 et 9. 300 DOLLO. — PRESENCE DU GASTORNIS EDWARDSII, LEM., Dec. | » Ces diverses pieces me permettront d'ajouter quelques détails à » ce que l’on connaît déjà du Gastornis. » Heureusement pour la science, les découvertes d’ossements de ce remarquable Oiseau ne se bornèrent point là. Grâce aux patientes recherches de M. le docteur Lemoine, professeur à l’École de méde- cine de Reims, il est aujourd'hui possible de se faire une idée d’en- semble de cet animal (voir la figure ci-contre). Dans ses intéressants mémoires (1), le savant naturaliste français a décrit deux espèces nouvelles, le Gastornis Edwardsii, Lemoine, et le Gastornis minor, Lemoine, provenant, toutes deux, de dépôts éocènes inférieurs (2) à ceux ayant fourni le Gastornis parisiensis, Hébert. Le Gastornis Edwardsii est représenté, dans la collection de M. le docteur Lemoine, par les pièces suivantes : SQUELETTE AXIAL. Cräne. Un grand nombre de fragments. Colonne vertebrale. Vertebres des regions cervicale et caudale. Cötes. Fragment de cöte vertebrale. — — sternale. Sternum. Fragments marginaux. SQUELETTE APPENDICULAIRE. Ceinturé scapulaire. Clavicule. Coracoide. Membre antérieur. Humérus. Radius. Métacarpien. Phalange terminale. Ceinture pelvienne. Ischium. Pubis. Membre postérieur. Fémur. Tibia. Tarso-métatarsien. Phalanges. Quant au Gastornis minor, il n'est connu jusqu'à présent que par un fragment de tibia. (1) V. Lemoine, Recherches sur les Oiseaux fossiles des terrains tertiaires infe- rieurs des environs de Reims. Reims, ıre partie : 1878; 2° partie : 1881. (2) V. Lemoine, Recherches, etc., 2e partie, p. 77. 1883. DANS L’ASSISE INFERIEURE DE L'ÉTAGE LANDENIEN, ETC. 301 2795 7.50 1.00 0725 GASTORNIS EDWARDSII, Lenore. Restauration exécutée d’après les travaux de M. le Docteur Lemoine, Professeur a l’École de Médecine de Reims. Les parties ombrées sont celles recueillies par M. Lemoine aux environs de Reims; celle, marquée d’un astérisque, provient de Mesvin (Exploitation de MM. Solvay et Ci-) et est actuellement en la pos- session de M. l'Ingénieur Lemonnier. 302 DOLLO. — PRESENCE DU GASTORNIS EDWARDSII, LEM., ed, J arrive maintenant au fossile qui fait l'objet de la présente Note et qui consiste en l'extrémité distale d'un fémur trouvée par M. l'Ingénieur Lemonnier dans l’assise inférieure de l'étage lan- denien, a Mesvin (Exploitation de MM. Solvay et Cie), pres Mons. Je dois la communication de cette pièce importante à M. Houzeau de Lehaie, qui eut, en même temps, la bonté de m'indiquer exacte- ment la localité et l'âge du dépôt qui la renfermait. Notre os provient d'un animal très sensiblement de même taille que le Gastornis Edwardsii de M. Lemoine. Il nous offre à consi- derer: 1° Une face antérieure ou préaxiale ; 2° Une face inférieure ou distale; 3° Une face postérieure ou postaxiale; 4° Une face externe ou ectaxiale; 5° Et une face interne ou entaxiale. 1° Vu par la face préaxiale, ce fragment de femur nous montre un ectocondyle (1) plus volumineux que l’entocondyle. En outre le premier descend plus bas que le second, de sorte qu'une ligne menée de l’un a l’autre est inclinée vers le bas et en dehors. L’ectocondyle est fortement convexe sur sa face antérieure et présente une crête saillante (crête externe de la gorge rotulienne, Lemoine), qui s'évanouit, comme on marche proximo-distalement, et passe a la gorge peroniere. Enfin, on remarque encore, au-dessus de l’ectocondyle, des rugo- sites assez vagues servant à l'insertion de la bride ligamenteuse des- tinée a être utilisée comme poulie de renvoi pour le tendon de la longue portion du biceps crural. La gorge rotulienne est mediocrement accusée, mais ceci est peut- être le résultat d'une déformation produite pendant la fossilisation. Elle est limitée, vers le bas, par la crête préintercondylienne (Owen), qui est peu proeminente. L’entocondyle se projette beaucoup moins en avant que l'ectocon- dyle et, comme nous venons de le dire, il est inférieur en volume à celui-ci. 2° Nous observons sur la face distale : a) L'origine de la gorge péronière et de la crête péronéo-tibiale ; 8) La fosse intercondylienne (Owen), si nettement exprimee chez (1) Je suis ici la nomenclature combinée de MM. Milne-Edwards et Owen. Voyez : A. Mitne-Epwarps, Oiseaux fossiles, t. 1, p. 32; R. Owen, On Dinornis. Part XVIII (Trans. ZooL. Soc. Lonpon, vol. VIII, p. 361). 1883. DANS L'ASSISE INFÉRIEURE DE L'ÉTAGE LANDENIEN, ETC. 303 le Dinornis, et qui n'est représentée ici que par des dépressions irrégulières et peu profondes; 7) L’échancrure intercondylienne (Lemoine), dont la concavité n'est pas tres prononcée sur notre femur ; d) L’entocondyle, qui gagne en étendue, comme on se dirige vers la face post-axiale. 3° Sur cette dernière face, l’ectocondyle et l’entocondyle sont presque égaux. Le premier possède une créte péronéo-tibiale, bien exprimée et séparant franchement l’Echancrure intercondylienne, qui se continue sur la face post-axiale de la gorge péronière. Nous voyons encore la fosse poplitée, dont le bord inférieur est constitué par la créte postintercondylienne (Owen). Cette fosse, beaucoup plus profonde au-dessus de l’ectocondyle qu’au-dessus de l’entocondyle, a la forme d’un ovale allongé dirigé vers le bas et en dehors. Elle ne renferme point d’orifice pneumatique a son intérieur. Enfin, nous notons : a) Au-dessus de l’ectocondyle, la fossette ectogastrocnemienne (Owen), destinée à l'insertion de la portion externe du gastrocné- mien; 6) Au-dessus de l’entocondyle, la surface entogastrocnemienne (Owen), rugueuse, et destinée à l'insertion de la portion interne du gastrocnémien. 4° Les seules choses a retenir de la face ectaxiale sont : a) L’aplatissement du corps du femur comparé a celui de l’Au- truche, par exemple; 6) Une fossette placée sur l’ectocondyle et destinée a l'insertion du ligament femoro-tibial externe. 5° Je n’ai rien a dire de particulier sur la face entaxiale, sauf que je n'ai pu y observer les rugosités servant à l'insertion des liga- ments latéraux internes de l’articulation, la surface de l’os étant endommagée. Si l’on se reporte à la description, donnée par M. Lemoine (1), du femur du Gastornis Edwardsit, on ne pourra méconnaître qu'elle présente une intime ressemblance avec la nôtre. Les seules divergences sont que, pour M. Lemoine : 1° La crête péronéo-tibiale n'est pas très prononcée, tandis qu'elle nous a paru assez fortement accusée ; (1) V. Lemoine, Recherches, etc., ıre partie, pp. 18 et suiv. 304 DOLLO. — PRESENCE DU GASTORNIS EDWARDSII, LEM., Dec. + 2° La gorge rotulienne est nettement creusée, tandis qu'elle nous a semblé évasée, peu profonde; 3° L’echancrure intercondylienne est franchement concave, tandis qu'elle est moins bien exprimée dans notre fragment de femur. Mais, si lon tient compte des déformations subies par les os durant la fossilisation, et des variations individuelles, on con- viendra que les divergences exposées plus haut sont insuffisantes pour faire une espèce nouvelle de notre Gastornis. Quant au Gas- lornis parisiensis, il s'en distingue par la nature de sa fosse poplitee (1). Enfin, une dernière preuve, en faveur de l'identification de notre os avec le Gastornis Edwardsii, est le niveau stratigraphique dans lequel il a été recueilli. En effet, il résulte des recherches de M. [ernsten (2) qu'on peut rapporter a deux faunes tres distinctes les fossiles rencontrés dans les terrains tertiaires inférieurs des environs de Reims: 1° La faune Cernaysienne, la plus ancienne, est surtout caracté- risée par les genres Arctocyon et Simoedosaurus. Le Gastornis Edwardsii paraît lui être spécial; 2° La faune des sables à Térédines renfermant notamment le Lophiodon et le Pachynolophus. Le Gastornis parisiensis semblerait appartenir aux couches ini- tiales de cette deuxième faune. Or, il résulte, d'autre part, des recherches de M. Rutot (3) que l'étage landenien peut être divisé en deux assises : 1° Le landenien inférieur, dans lequel on trouve le Simoedosaurus et notre Gastornis ; 2° Le landenien supérieur, dans lequel on trouve le Lophiodon et le Pachynolophus. La premiere correspond donc, tres approximativement, a la faune Cernaysienne et, par conséquent, son Gastornis doit bien être le Gastornis Edwardsii, conclusion a laquelle nous étions arrivé par la voie anatomique. (1) A. Mine-Epwarps, Oiseaux fossiles, p. 174. (2) V. Lemoine, Recherches, etc., 2° partie, pp. 75 et suiv. (3) A. Ruror, Sur la position stratigraphique des restes de Mammifères terrestres recueillis dans les couches de l'éocène de Belgique (Burr. Acap. Roy. BELG., 1881, 3¢ série, t. I, n° 4, pp. 31.et 34). 1883. DANS L'ASSISE INFERIEURE DE L'ÉTAGE LANDENIEN, ETC. 305 Quelle doit, maintenant, être la position du genre Gastornis dans le système? C'est là une question délicate et on comprendra aisé- ment que nos matériaux sont tout à fait insuffisants pour l’Eclaircir. Pour les uns (Lartet, Owen), le Gastornis est un Échassier se rap- prochant du groupe des Rallides. Pour d'autres (Hébert, A. Milne- Edwards, Lemoine), c'est un Palmipède lamellirostre présentant des caractères aberrants. Espérons que de nouvelles découvertes nous permettront de nous former un jour une opinion sur cet important sujet. Je suis heureux, en terminant, de pouvoir exprimer mes senti- ments de profonde reconnaissance : | A M. Houzeau de Lehaie, qui a bien voulu me confier le frag- ment de fémur du Gastornis Edwardsii, Lemoine; AM. l'Ingénieur Lemonnier, qui m'a autorisé à le décrire; A M. le docteur Lemoine, qui ma gracieusement permis de visiter et d'étudier sa collection et qui, je me fais un plaisir de le dire en passant, est d'accord avec moi pour rapporter notre femur au genre Gastornis ; À M. Rutot, enfin, qui m'a fourni de nombreux et précieux ren- seignements stratigraphiques. PLANCHE XI. EXPLICATION DE LA PLANCHE XI. Signes communs a toutes les figures : a Corps du fémur. 6 Rugosités pour l'insertion de la bride ligamenteuse destinée à servir de poulie de renvoi au tendon de la longue portion du biceps crural. c Gorge rotulienne. d Sa crête externe. e Surface d’insertion du ligament fémoro-tibial externe. J Ectocondyle. g Entocondyle. h Crête préintercondylienne. i Gorge péronière. k Crête péronéo-tibiale. I Fossette ectogastrocnémienne. m Fosse poplitée. n Surface entogastrocnémienne. o Échancrure intercondylienne. p Fosse intercondylienne. q Crête postintercondylienne. Fic. 1. — Fémur du Gastornis Edwardsii, Lemoine. Vue préaxiale. Fic. 2. — Vue postaxiale du méme. Fic. 3. — Vue ectaxiale du méme. Fic. 4. — Vue distale du méme. Toutes les figures sont de grandeur naturelle et les contours en ont été dessinés à l’aide de l'appareil de Luce. YF pay, PI.XI Bull. Mus Roy Hist. Nat Bels TU L. DOLLO._ FEMUR* DU GASTORNIS EDWARDSIL LEMOINE. > PREMIERE NOTE SUR LES CROCODILIENS DE BERNISSART ; PAR M. L,. DOLLO, Ingénieur, Aide-naturaliste au Musee. Ayant fait connaître, au moins d'une manière sommaire, l’osteo- logie des Iguanodons et n'étant point en mesure de publier actuel- lement la grande monographie que je prépare sur ces gigantesques Reptiles, je cesserai, pour le moment, toute communication à leur égard et passerai a l'étude des autres Vertébrés provenant des fouilles de Bernissart. Comme on le sait déjà par la Note de M. Dupont (1), Directeur du Musée, ils se composent de : 1° Quatre Crocodiliens; 2° Quatre Cheloniens; 3° Un Batracien Urodele; 4° Une quantité énorme de Poissons. Je m'occuperai exclusivement aujourd'hui des Crocodiliens et, ainsi que je l'ai fait autrefois pour les Iguanodons, je traiterai d'abord la question au point de vue purement zoologique. Dans ce but, je diviserai la présente notice en trois parties : I. Résumé de quelques-unes des nombreuses publications rela- tives à la classification des Crocodiliens ; II. Détermination des formes de Bernissart ; Ill. Leur position dans le système. (1) E. Dupont, Sur la découverte d’ossements d’Iguanodon, de Poissons et Végé- taux dans la fosse Sainte. Barbe du charbonnage de Bernissart (Burr. Acan. Roy. BELGIQUE, 1878, 2e série, t. XLVI, p. 387). 310 DOLLO. — PREMIERE NOTE SUR LES CROCODILIENS Dec. L. Quelque grand que soit le mérite des naturalistes qui ont écrit sur les Crocodiliens vivants et fossiles avant Huxley, on doit avouer qu'aucun d’eux n'a fait autant que l'illustre savant anglais pour la juste conception de ce groupe remarquable. C'est lui qui a, le pre- mier, retracé les grandes lignes de son évolution et qui en a donné une classification naturelle, susceptible d’être perfectionnée sans doute, mais qui sera toujours la base des travaux futurs. Son mémoire (1), devenu classique, sera donc notre point de départ. La classification y exposée et à laquelle nous venons de faire allusion est la suivante : ORDRE : CROCODILIA. Les apophyses transverses de la majorité des vertèbres cervicales et dorsales sont divisées en deux portions, capitulaire et tubercu- laire, et l'extrémité dorsale des côtes correspondantes possède de mème une tête et un tubercule. Les extrémités dorsales des os che- vrons ne sont point réunies sur la ligne médiane. Le quadratum est fixé et presque entièrement enclavé dans les autres os du crâne. Les ptérygoïdiens envoient en avant une apophyse médiane qui sépare les palatins et atteint les vomers. Il y a une interclavicule, mais pas de clavicules. Le bord ventral de la région acétabulaire de l'ilium est entier, ou seulement lége- rement échancré. Les ischiums ne sont point prolongés en arrière d'une façon exagérée. Les pubis sont dirigés en avant et en dedans. Le femur n'a point de trochanter interne saillant. L’astragale n'est point un os concavo-convexe avec apophyse montante. Il y a, au moins, deux séries longitudinales de plaques dermiques, une de chaque côté de la ligne médiane de la région dorsale du corps. Sous-ORDRE I : PARASUCHIA. Ni les palatins, ni les ptérygoïdiens ne se projettent sous forme de lames osseuses, qui prolongent le conduit nasal et donnent nais- (1) T. H. Huxrey, On Stagonolepis Robertsonii, and on the Evolution of the Cro- codilia (Quart. Journ. GEoL. Soc. Lonpon, 1875, p- 423). 1883. DE BERNISSART. 311 sance a des narines internes secondaires. En conséquence, les cavités nasales communiquent avec la bouche par des ouvertures situées au-dessous de la partie antérieure du crâne. Les trompes d’Eus- tache ne sont point renfermées dans des canaux osseux. Les cen- tres des vertèbres sont amphicceles. L’atlas et l'axis sont inconnus. Le coracoide est court et arrondi. L'ilium est élevé et la crête iliaque forme un angle antéro-dorsal proéminent. Le bord acéta- bulaire de l'ilium est entier et son centre se projette au dela des extrémités antérieure et postérieure dudit bord. L’ischium est court dorso-ventralement, allongé longitudinalement et sa région acétabulaire ressemble à celle d'un lézard. Les caractères de la main et du pied sont inconnus. Il y a deux séries de plaques dermiques dorsales articulées et carénées ; et, dans le Stagonolepis (mais apparemment pas chez le Belodon), il ya un bouclier ventral thoraco-abdominal, formé au maximum de huit séries longitudinales de plaques articulées, dont chacune est d’une seule pièce. Genres : Stagonolepis, Belodon. Sous-ORDRE II : MESOSUCHIA. Les palatins se projettent sous forme de lames osseuses, qui pro- longent le conduit nasal et donnent naissance à des narines internes secondaires, lesquelles sont situées au-dessous de la partie moyenne du crâne. Les ptérygoïdes n’entrent point dans la composition de ces narines internes secondaires. Un canal Eustachien médian existe entre le basioccipital et le basisphénoïde, mais les canaux Eustachiens latéraux des Croco- diles actuels sont seulement représentés par des gouttières. Les centres des vertèbres sont amphicceles. Le coracoïde est allongé, comme dans le sous-ordre suivant. L’ilium est moins élevé que chez les PARASUCHIA, mais plus que chez les Eusucuia. Son angle antéro-dorsal n'est que légèrement prolongé en avant et son bord acétabulaire est à peine, ou pas du tout échancré. L'ischium est plus allongé dorso-ventralement et plus court antéro-postérieurement que dans les ParasucHta. Son bord acéta- bulaire est découpé par une échancrure profonde, qui sépare une puissante apophyse pubienne, comme dans le sous-ordre suivant. La main et le pied sont bâtis sur le type des Eusucuia. Il y a deux séries longitudinales de plaques dermiques dorsales, dont quel- 312 DOLLO. — PREMIERE NOTE SUR LES CROCODILIENS Dec. ques-unes sont carénées longitudinalement; et, chez la plupart, si pas chez tous les membres de ce sous-ordre, il y a un bouclier ven- tral, thoraco-abdominal, composé au maximum de huit series lon- gitudinales de plaques indivises et plates. Genres : Steneosaurus, Pelagosaurus, Teleosaurus, Teleidosaurus, Metriorhynchus (Goniopholis?, Pholidosaurus?). Sous-ORDRE III : EUSUCHIA. Les palatins et les pterygoides se projettent sous forme de lames osseuses, qui prolongent le conduit nasal en arrière et donnent naissance a des narines internes secondaires situées sous la partie postérieure du crane. Les centres des vertèbres, qui suivent l'atlas et l'axis, sont pro- coeles, sauf ceux des deux vertebres sacrées, qui sont biplans, et celui de la premiere vertebre caudale qui est biconvexe. Il y a toujours un canal Eustachien médian, place entre le basi- sphénoïde et le basioccipital, et, habituellement, deux canaux Eus- tachiens latéraux osseux, entierement fermés. Le coracoide est allongé. L'ilium s'abaisse en avant a tel point qu'il s'évanouit presque completement. Son apophyse antéro-dorsale n'existe qu'à l'état de simple rudiment et son bord acétabulaire est profondément échancre. L'ischium est allongé dorso-ventralement et raccourci antero- postérieurement. Son bord acétabulaire présente une large exca- vation en avant de laquelle se trouve une forte apophyse pour l'articulation avec le pubis. La série proximale du carpe consiste en deux os allongés et la main se compose de cinq doigts. Dans le pied, le calcaneum a une puissante apophyse postérieure formant talon et le V* orteil est rudimentaire. | | Il y a toujours plus de deux séries longitudinales de plaques der- miques dorsales carênées; et, lorsqu'une armure ventrale, thoraco- abdominale, existe, elle est constituée de plus de huit séries longi- tudinales de plaques. Les plaques ventrales sont formées de deux ossifications réunies par suture. Genres : Tous les Crocodiliens actuels el, généralement, les Cro- codiliens fossiles jusqu'au Crétacé inclusivement. | Ten . a u a AN, RE 1883. DE BERNISSART. 313 Et cette remarquable classification d’Huxley, outre qu’elle est parfaitement naturelle au point de vue zoologique, présente encore cet immense avantage qu'elle s'accorde de la manière la plus satis- faisante avec la succession géologique des êtres auxquels elle s'ap- plique. C'est ce dont il sera facile de se convaincre par le tableau ci-après, que nous extrayons du travail de l’&minent President de la Sociëté Royale de Londres : CROCODILIA. PARASUCHIA. Trias. . . . . . . Belodon, Stagonolepis. MESOSUCHIA. Lower Lias. Upper Lias. . . . . Steneosaurus, Mystriosaurus, Pelagosaurus (1). Inferior Oolite. . . . — Fuller’s Earth. . . . — Teleosaurus, Teleidosaurus. Ceeapconte ©, - >. — Kelloway Rock . . . — EERE Metriorhynchus (1). NRE CRY 0. . — = BRAS — Kimmeridge Clay. . . a= = Portland Oolite Wealden. . . . . . Goniopholis (2), Macrorhynchus, Pholidosaurus, etc. Lower Greensand. Gault. ; Upper Greensand. Lower Chalk . ME Upper Chalk . . . . Myposaurus. EUSUCHIA. Thoracosaurus, Holops, Gavialis (?). Dans le travail que nous venons d’analyser, M. le Professeur Huxley mentionne encore incidemment (3) un crâne, dont les (1) Il résulte des recherches de M. M. Deslongchamps que les narines internes secondaires sont plus avancées, vers la face postérieure du crane, dans le Metrio- rhynchus que dans le Pelagosaurus. (2) Comme nous le verrons plus loin, les narines internes secondaires du Gonio- pholis sont plus semblables à celles des Eusucuta, que celles des Metriorhynchus, Pelagosaurus, etc.... (3) T. H. Huxrey, On Stagonolepis Robertsonii, eéc., p. 432. 25 314 DOLLO. — PREMIERE NOTE SUR LES CROCODILIENS DEC. narines internes secondaires sont intermédiaires entre celles des Mesosucuia ordinaires, comme Teleosaurus, et celles des Eusucuia. Il regrette que les choanes des genres Goniopholis et Macrorhyn- chus soient restées inconnues, car, dit-il, le crane dont il s'agit serait un type excellent pour un genre nouveau de MESOSUCHIA, offrant une plus grande approximation que les formes habituelles vers les Crocodiles tertiaires et actuels. Quelque trois ans après la publication du mémoire de M. Huxley, M. Hulke eut l'occasion d'examiner deux autres cranes avec narines internes secondaires rappelant par leurs contours, dimensions et position, celles décrites par l'illustre Professeur de l'École des mines de Londres. Il considéra (1) les trois spécimens comme appartenant au genre Goniopholis, opinion partagée par M. Willett, en ce qui concerne le crâne dont il est propriétaire, et par M. R. Owen pour le crâne n° 41,098 de la collection du British Museum. Enfin, eu égard à la nature des choanes, M. Hulke proposa la création d'un nouveau sous-ordre de Crocodiliens, les METAMESOSUCHIA, intermé- diaires entre les Mesosucnia et les EusucHia. L’etendue de cette communication préliminaire ne nous permet- tant point de nous arrêter plus longuement sur la littérature, nous bornerons nos citations à ce qui précède, nous réservant de revenir ultérieurement sur les travaux que nous avons résumés ci-dessus. PL Les Crocodiliens de Bernissart consistent, ainsi que nous l'avons déjà dit, en quatre individus, que l'on peut diviser en deux groupes bien distincts : 1° Deux grands spécimens, indiquant des animaux d'environ 2 mètres de longueur, et offrant absolument la même structure; 2° Deux petits, se rapportant a des types de o",80, ou à peu pres, et concordant également dans leurs moindres détails. Ces deux groupes sont si nettement séparés et leurs caractères différentiels ressortiront si clairement de l'exposé qui va suivre, que je crois totalement inutile de discuter les hypothèses qui vou- (1) J. W. Hurke, Note on two skulls from the Wealden and Purbeck formations indicating a new subgroup of Crocodilia (Quart. Journ. GEoL. Soc. London, 1878, p. 377). 1883. DE BERNISSART. 315 draient faire des petites formes, soit les jeunes des grandes, soit des femelles, soit, enfin, des êtres séparés spécifiquement des grandes. Jattribue donc a nos deux groupes une distinction générique et je determine le premier comme Goniopholis simus, Owen, tandis que je considere le second comme nouveau et lui applique, d’apres les instructions recues de la Direction du Musée, le nom de Bernis- sartia Fagesii, Dollo. Je vais, maintenant, m'efforcer de justifier mon interpretation. GONIOPHOLIS SIMUS. Je rapporte les grandes formes au genre Goniopholis, Owen, pour les raisons ci-après : | 1° Tous deux sont Mesosucnira (1); 2° Quoiqu'un seul de nos spécimens, parmi les grandes formes, ait conservé son crane et que celui-ci soit malheureusement assez écrasé, ses choanes nous ont paru, par leurs contours et la suture plus étendue des lames ventrales des os palatins, montrer une structure qui rappelle plutôt les METAMESOSUCHIA (2) de M. Hulke que les Téléosauriens ; 3° La forme generale du cräne (3), qui, chez tous deux, rentre dans le type Crocodile et s'éloigne considérablement du faciès Gavial que les Téléosauriens représentent dans les MEsosucuia ; 4° Les fosses supra-temporales, qui, chez tous deux encore, sont plus grandes que les orbites (4); 5° La dentition (5), qui concorde parfaitement aussi, notamment en ses deux points essentiels, savoir : a) Le volume tres inégal des dents. 6) La nature de la couronne, dont l'émail présente un grand nombre de plis fortement serrés les uns contre les autres, et l’exis- tence, sur ladite couronne, de deux crétes longitudinales, quelque peu tranchantes, situées aux deux extrémités d'un même diamètre et le mieux accentuées sur les grosses dents. 6° L’armure dermique, qui se compose, chez tous deux enfin, de: &) Une carapace dorsale formée de deux rangées longitudinales de plaques généralement rectangulaires, chevauchant les unes sur (1) J. W. Hurke, On two Crocodilian skulls, etc., p. 381. (2) J. W. Hurke, On two Crocodilian skulls, etc., pl. XV, fig. 4. (3) R. Owex, Monograph on the Fossil Reptilia of the Wealden and Purbeck formations. Suppl. n° VIII (PALEONTOGRAPHICAL Society OF Lonpon, 1878, p. 1). (4) R. Owen, Monograph, etc. Suppl. n° IX (PALEONTOGRAPHICAL SOCIETY OF Lonpon, 1879, p. 10). (5) R. Owen, Monograph, etc. Suppl. n° VIII, p. 2. 316 DOLLO. — PREMIERE NOTE SUR LES CROCODILIENS Dec. les autres et munies a leur angle antéro-externe (ecto-cränial) d'une sorte d’éperon caractéristique (1). 6) Une carapace ventrale formée de plusieurs rangées de plaques généralement hexagonales, d'une seule pièce, et réunies par suture avec les voisines (2). J'ai identifié notre grande forme spécifiquement avec le G. simus (3), Owen, parce que son crane coïncide d'une manière étonnante, dans les proportions de ses diverses parties, avec le crâne n° 41,098 de la collection du British Museum que M. R. Owen a choisi comme type de l'espèce prémentionnée (4). Ceci posé, je crois le moment venu d'indiquer les caractères qui séparent le genre Gontopholis des autres genres de MEsosucuia, après quoi je donnerai une diagnose aussi complète que possible du premier. Le genre Goniopholis se distingue des genres: 1. Leptocranius (5), 5. Teleosaurus (9), 2. Steneosaurus (6), 6. Teleidosaurus (10), 3. Mystriosaurus (7), 7. Metriorhynchus (11), 4. Pelagosaurus (8), 8. Macrorhynchus (12), en ce que ces derniers représentent le type Gavial, parmi les MEso- SUCHIA, tandis que le Goniopholis y représente le type Crocodile; (1) R. Owen, Monograph, etc. Suppl. n° VIII, pl. IV, fig. 1. (2) R. Owen, Monograph, etc. Suppl. n° VIII, pl. IV, fig. 2. (3) R. Owen, Monograph, etc. Suppl. n° VIII, p. 7. (4) R. Owen, Monograph, etc. Suppl. n° VIII, pl. V, fig. 1, et J. W. Hurke, On two Crocodilian skulls, etc., p. 577. (5) E. SELENKA, Die fossilen Krokodilinen des Kimmeridge von Hannover (PALEONTOGRAPHICA, 1867, pl. IX, fig. ı). (6) E. E. DestonscHamps, Notes paléontologiques, t. I, § XI; Prodrome des Teleosauriens du Calvados, p. 126 et pl. XIV. Paris, Caen, 1863-60. (7) T. C. Winxter, Etude sur le genre Mystriosaurus, etc. (ARCHIVES DU MUSEE Teyrer, vol. IV, fasc. I, 1876). (8) E. E. Destonccuamps, Notes paléontologiques, etc., p. 128 et pl. XII, fig. 9-11. (9) E. E. Destonccuamps, Notes paléontologiques, etc., p. 124 et pl. XI. (10) E. E. Destonccuamps, Notes paléontologiques, etc., p. 130 et pl. XIX. (11) E. E. Destonccuamps, Notes paléontologiques, etc., p. 132 et pl. XX. (12) W. Dunker, Monographie der norddeutschen Wealdenbildungen (Descrip- tion des Reptiles par H. von Meyer), p. 74 et pl. XX. Braunschweig, 1846. 1883. DE BERNISSART. 317 9. Pholidosaurus (1), en ce que celui-ci n’a point d’éperon a ses plaques dermiques dorsales; 10. Hyposaurus (2), par le grand volume et particulierement l'étendue antéro-postérieure considérable des hypapophyses chez ce dernier; 11. Brachydectes (3), en ce que, chez celui-ci, le bord alvéolaire n occupe que */; de la longueur totale de la mandibule; 12. Nannosuchus (4), par les proportions relatives des régions pré- et postorbitaires du crane et par la forme des dents; 13. Theriosuchus (5), en ce que, chez ce dernier, les nasaux cloi- sonnent les narines externes, tandis qu'ils n’atteignent pas lesdites narines chez le Goniopholis ; 14. Petrosuchus (6), par la forme des choanes et l'allongement plus fort de la région préorbitaire dans le crane de celui-ci, crane qui rappelle plutôt le type Gavial ; 15. Suchosaurus (7), par la nature des vertèbres de ce dernier et par l'aspect des dents du même, lesquelles font souvenir de celles du Megalosaure, dont elles se distinguent cependant par l'absence de dentelures sur leurs crêtes : 16. Hylceochampsa (8), par l'absence de toute « échancrure orbito- latero-temporale (9) », chez celui-ci; 17. Bottosaurus (10), par la dentition caractéristique de ce dernier. (1) W. Dunker, Monographie, etc., p. 72 et pl. XVII, XVIII et XIX. (2) J. Lewy, Cretaceous Reptiles of the United States, p. 18. Philadelphie, 1865. (3) R. Owen, Monograph, etc. Suppl. n° LX, p. 3. (4) R. Owen, Monograph, etc. Suppl. n° IX, p. 6 et pl. III, fig. 1 et 2. (5) R. Owen, Monograph, etc. Suppl. n° LX, p. 10 et pl. III, fig. 3. (6) R. Owen, Monograph, etc. Suppl. n° VIII, p. 10 et pl. VI. (7) R. Owen, Monograph, etc. Suppl. n° VIII, p. 12. (8) R. Owen, Monograph on the Fossil Reptilia of the Wealden and Purbeck formations. Suppl. n° VI, p. 3 et pl. Il, fig. 24 du Suppl. n° V (PALEONTOGRAPHICAL Society or LONDON, 1874). A propos d’Hyla@ochampsa, je ferai observer que les rapprochements établis par M. R. Owen (Suppl. n° VI, p. 5), entre les choanes du Crocodile prénommé et les narines internes du Belodon, me paraissent singuliers, eu égard a la position du premier dans le temps. Il doit y avoir la quelque méprise, due, sans doute, a l’état fragmentaire des spécimens. (9) Je désigne, sous ce nom, l’évidement mettant, en quelque sorte, en communi- cation (sur le squelette) l'orbite et la fosse latéro-temporale. Je démontrerai ultérieu- rement que la présence de cet évidement est intimement liée à l'existence de l'oreille externe chez les Crocodiliens et que, de son absence chez les Téléosauriens, on peut conclure à l'absence de l'oreille externe chez ceux-ci. (10) J. Leiny, Cretaceous Reptiles, p. 13 et pl. XVIII, fig. 11 à 14. 318 DOLLO. — PREMIERE NOTE SUR LES CROCODILIENS Dec. Passons maintenant ä la diagnose du genre Goniopholis : GONIOPHOLIS, Owen. 1841. R. Owen. On British Fossil Reptiles. Part. II [Report or THE BritisH ASSOCIATION (G. crassidens, Owen)]. 1878. R. Owen. Monograph. etc. Suppl. n° VIII [PaLEonTOGRAPHICAL SOCIETY oF Lonpon (G. simus, Owen)]. 1878. J. W. Hurke. On two Skulls, etc. (Quart. Journ. GEoL. Soc. or LoNpon). 1879. R. Owen. Monograph, etc. Suppl. n° LX |PALEONTOGRAPHICAL SOCIETY oF Lonpon (G. tenuidens, Owen)]. Email des dents présentant un nombre considérable de plis serres les uns contre les autres; couronne portant, en outre, deux crêtes longitudinales, quelque peu tranchantes, situées aux deux extrémités d'un même diamètre, et > mieux accentuées sur les pseudocanines (1). Formule dentaire : —— — Dents frès fortement inégales. Bord alvéolaire occupant plus du tiers de la longueur de la mandibule. Symphyse mandibulaire ne s'étendant pas au dela de la 5° dent. La pseudocanine mandibulatre est la 4° dent, à compter de lasymphyse. La Prépseudocanine (2) est la 3° dent, a partir de la suture interprémaxillaire, et la Postpseudo- canine (3) est la 7°. Nasaux tres rapprochés de la narine externe, dans le contour de laquelle ils n’entrent pas pourtant. La narine externe est donc indivise. Fosses prélacrymales (4) presentes et assez bien développées. Fosses supra-temporales ne dépassant point de beaucoup les orbites en etendue. Suture maxillo-premaxillaire convexe en avant sur la face pala- tine. Vomers non apparents sur le palais. Hypapophyses moderement développées. (1) Je propose de remplacer, en ce qui concerne les Crocodiliens, le terme habi- tuel de canine, par celui de pseudocanine, afin d’éviter les objections présentées a la Société géologique de Londres par M. le professeur Seeley dans la séance du 6 novembre 1878. (2) Je propose ce nom pour remplacer celui d’ « anterior canine », donné par M. R. Owen (Suppl. n° VIII, p. 8), afin déviter les inconvénients signalés plus haut. (3) Je propose, de méme, ce terme pour remplacer l’expression de « posterior canine », créée par M. R. Owen (Suppl. n° VIII, p. 8). (4) T. H. Huxrer, On Hypsilophodon Foxii, etc. (Quart. Journ. Gron. Soc. — Lonoon, 1870, p. 6 et pl. I, fig. 1, a) et A Manual of the Anatomy of Vertebrated Animals, p. 282. London, 1871. 1883. DE BERNISSART. 319 Plaques de l’armure dorsale généralement rectangulaires et por- tant un éperon a leur angle ecto-cränial. Extension géologique : Purbeckien et Wealdien. Extension géographique : Angleterre, Belgique. Voici quelques détails complémentaires sur notre Goniopholis simus. Sa colonne vertébrale se decompose comme suit: Vertèbres cervicales (1) . . . 10 = GOEREE. OO 41 =| Monnaies . ."..72 CHR M," An TS SR — caudales. . . . . 23 [Le reste de la queue manque.] ŒUTAE, - / 30 wertebres. Ses membres antérieurs sont sensiblement égaux à ses membres postérieurs, plutôt mème un peu plus longs que ces derniers. Cette différence de longueur est produite par l'avant-bras, qui est plus grand que la jambe, et par le carpe, dont la série proximale est remarquablement étirée suivant l'axe du membre. L'armure dermique comprend un « bouclier dorsal » et deux « boucliers ventraux ». Le « bouclier dorsal » est constitué par deux rangées longitu- dinales et continues de plaques sur presque toute son étendue. En d'autres termes, on ne peut y distinguer. ni les écussons nucaux, ni le disque cervical, ni les series dorsales et caudales des Croco- diliens actuels. Les plaques de la région antérieure (ou cervicale) du « bouclier dorsal » sont trapézoidales, se rencontrent sur la ligne mediane et sont dépourvues d’éperon a leur angle ecto-cränial. Elles sont imbriquées sur leurs bords cranial et caudal, chaque plaque recou- vrant legerement la suivante. Leur surface dorsale est munie d'une crête longitudinale, qui les partage en deux facettes : une interne, plus grande; une externe, plus petite, les deux formant toit. Les plaques de la région moyenne (ou thoraco-abdominale) sont (i) Je suis, ici, la nomenclature de M. Huxley (A Manual, etc., p. 250), comptant, comme limite caudale de la région cervicale, la premiere vertebre dont les cötes s’attachent au sternum, et cela, bien que les côtes des deux dernières cervicales aient une forme toute différente des précédentes. Je prends également le proatlas [P. ALBRECHT, Ueber den Proatlas, etc. (Zooro- GISCHE2 ANZEIGER, 1880, p. 450)] pour une vertebre. | 320 DOLLO. — PREMIERE NOTE SUR LES CROCODILIENS Dec. rectangulaires, se rencontrent aussi sur la ligne médiane et portent un éperon a leur angle ecto-cranial. Elles sont de méme imbri- quées. Par la réduction encore plus forte de la facette externe et par la direction tout a fait perpendiculaire de cette derniere, par rap- port a la facette interne, la crête longitudinale semble disparaître, quand, en réalité, elle forme le bord externe apparent de la plaque. Les plaques de la région posterieure (ou caudale) sont ovales, ne se rencontrent point sur la ligne mediane et ne sont point garnies d'un éperon. Elles ne sont point non plus imbriquées. Enfin, par un processus inverse de celui qui avait rendu la créte longitudinale pseudomarginale, ladite crête se rapproche de l'axe de la plaque et les deux facettes externe et interne sont sensiblement égales. Pour terminer avec le « bouclier dorsal », disons encore que, plus avant dans la queue, il n'y a plus qu'une seule plaque impaire, au lieu des deux rangées, et que cette plaque est allongée, fortement comprimee bilateralement et surmontée d'une crête lon- gitudinale (dorsale) très élevée. Dans ce qui précède, nous avons naturellement choisi un type dans chaque region. Il va de soi que le passage d’une région à l'autre s'effectue graduellement. Les « boucliers ventraux » sont respectivement : a) Le bouclier scapulaire (1); 5) — thoraco-abdominal (1). Chez tous deux les plaques sont polygonales et se juxtaposent simplement, étant réunies par suture, sans la moindre trace d’imbrication. Le bouclier scapulaire a la forme d’un ovale a grand axe trans- versal. Les plaques y sont généralement pentagonales, quoiqu’elles puissent changer de forme, surtout sur les bords. Elles constituent sept rangées longitudinales, dont la plus longue (la médiane) con- tient cing plaques. Le bouclier thoraco-abdominal a la forme d’un ovale allongé, a grand axe longitudinal. Les plaques y sont généralement hexago- nales, quoiqu'elles puissent aussi changer de forme, surtout sur les (1) Je désigne, sous ces noms, les « plastron antérieur » et « plastron postérieur » de M. Deslongchamps (Notes paléontologiques, etc., p. 192), les nouvelles appella- tions ayant j'avantage d'être des expressions topographiques, indiquant, au moins approximativement, la situation des deux parties de l’armure ventrale. 1883. DE BERNISSART. 321 bords. Elles constituent dix rangees longitudinales, dont la plus iongue (la médiane) contient huit plaques. Je n'insisterai pas davantage sur la structure du Goniopholis simus, comme je suis occupé à un travail assez étendu sur l’ost&o- logie des Crocodiliens de Bernissart, travail qui, je l’espere, paraitra peu de temps apres la présente note. Je passe donc au Bernissartia Fagesit. BERNISSARTIA FAGESII. Ce Crocodilien se distingue des genres: ı. Leptocranius, 5. Teleosaurus, 2. Steneosaurus, 6. Teleidosaurus, 3. Mystriosaurus, 7. Metriorhynchus, 4. Pelagosaurus, 8. Macrorhynchus, en ce que ces derniers représentent le type Gavial, parmi les MEso- SUCHIA, tandis que le Bernissartia y représente le type Crocodile: 9. Pholidosaurus (1), en ce que celui-ci a les plaques de son armure ventrale juxtaposées, au lieu qu'elles soient imbriquées ; 10. Hyposaurus, par le grand volume et particulièrement l'étendue antéro-postérieure considérable des hypapophyses chez ce dernier; 11. Brachydectes, en ce que, chez celui-ci, le bord alvéolaire n'occupe que */; de la longueur totale de la mandibule ; 12. Nannosuchus (2), par l'armure dermique, dont les plaques n'ont pas d’éperon chez le Bernissartia ; 13. Theriosuchus, en ce que, chez ce dernier, les nasaux cloi- sonnent les narines externes, tandis qu'ils n’atteignent pas lesdites narines chez le Bernissartia ; 14. Petrosuchus, par la forme des choanes et l'allongement plus fort de la région préorbitaire dans le crane de celui-ci, crâne qui rappelle plutöt le type Gavial; 15. Suchosaurus, par la nature des vertèbres de ce dernier et par l'aspect des dents du même, lesquelles font souvenir de celles du (1) W. Dunker, Monographie, etc., p. 72. (2) R. Owen, Monograph, etc. Suppl. n° IX, pp. 7 et 8: « … The Crocodilian character of the present jaw is supported by the scutes (pl. II, fig. 4) and impres- sions (fig. 5) of scutes, by a vertebra (fig. 3), portions of ribs with a bifurcate proxi- mal end, and by a metacarpal bone, all on the same slab of matrix. » « … We have, therefore, evidence of an Amphiccelian Crocodile, with the dermal armour after the type of that of Goniopholis but generically distinct by the charac- ters of the mandibular dentition. » x 322 DOLLO. — PREMIERE NOTE SUR LES CROCODILIENS Dec. Mégalosaure, dont elles se distinguent cependant par l’absence de dentelures sur leurs crêtes ; 16. Hylæochampsa, par l'absence de toute échancrure orbito- latéro-temporale chez celui-ci; 17. Bottosaurus, par la dentition caractéristique de ce dernier; 18. Goniopholis, par larmure dermique dont les plaques n'ont pas d’eperon chez le Bernissartia. Le Bernissartia étant nettement séparé des autres genres de MESOSUCHIA, nous pouvons passer a sa diagnose : BERNISSARTIA, Dollo. Dents grèles, longues, recourbées et a section circulaire dans la région antérieure des mächoires; au contraire, courtes, arrondies, mamilliformes dans la région postérieure. Formule dentaire =: Bord alvéolaire occupant plus du tiers de la longueur de la man- dibule. Symphyse mandibulaire ne s'étendant pas au delà de la 7° dent. La prépseudocanine mandibulaire est la première dent après la symphyse; la postpseudocanine mandibulaire est la 5°. Enfin, dans la mandibule, les pseudomolaires (1) sont au nombre de cing. La prepseudocanine sup£rieure est la 5° dent, a compter de la suture interprémaxillaire, et la postpsewdocanine supérieure est la 9°. Les pseudomolaires sont au nombre de quatre dans le sus- maxillaire. Nasaux très rapprochés de la narine externe, dans le contour de laquelle ils n'entrent pas pourtant. La narine externe est donc indivise. Fosses prelacrymales absentes. Fosses supra- temporales très sensiblement plus faibles que les orbites. Hypapophyses modérément développées. Plaques de l’armure dorsale généralement rectangulaires, mais dépourvues de tout éperon. Extension géologique : Wealdien. Extension géographique : Belgique. De méme que pour le Goniopholis simus, Owen, je donne ci-après quelques détails complémentaires sur le Bernissartia Fagesii, Dollo. (1) Je désigne, sous ce nom, les dents mamilliformes. On comprendra les ‘raisons qui nous ont conduit à cette appellation, en se reportant au travail du professeur H. G. Seeley, intitulé : On a new species of Procolophon from the Cape Colony, etc. (QUART. Journ. GEoL. Soc. Lonpon, 1878, pp. 797 et 804). 1883. DE BERNISSART. 323 La colonne vertébrale de ce dernier se décompose de la manière suivante : Vertebres-cervicalés,. .../. … 10 — EB: Se vr _ Karen - 1 2. 4 — PIECE ES Kae 2 — caudales . . . . . 20[Lereste de la queue manque. | FORA... 3. wz'vertebres, Ses membres antérieurs sont très sensiblement plus courts que les postérieurs. Cette différence de volume provient de deux causes : 1° Le femur est plus grand que l’humérus, au lieu de lui être egal comme dans le Goniopholis simus, Owen; 2° La jambe est plus longue que l’avant-bras, proportion inverse de celle observée chez les autres Crocodiliens de Bernissart. L’armure dermique comprend un « bouclier dorsal » et un « bou- clier ventral ». Chez tous deux, les plaques sont imbriquées, mais seulement sur leurs bords cränial et caudal, chaque plaque recou- vrant légèrement la suivante. En outre, aucune desdites plaques ne porte d’eperon. Le « bouclier dorsal » est constitué par plusieurs rangées longi- tudinales et continues de plaques sur toute son étendue. En d'autres termes, pas plus que pour le Goniopholis simus, Owen, on ne peut y reconnaître les écussons nucaux, le disque cervical, les séries dorsales et caudales des Crocodiliens actuels. Les plaques de la région antérieure (ou cervicale) forment deux rangées longitudinales de trois éléments dans le sens crânio-caudal. Elles sont trapézoïdales et se rencontrent sur la ligne médiane. Leur surface dorsale est munie de deux crêtes longitudinales tres vaguement exprimées. Les plaques de la région moyenne (ou thoraco-abdominale) forment quatre rangées longitudinales de dix-neuf éléments dans le sens cränio-caudal. Celles des deux rangées internes sont rectan- gulaires et se rencontrent sur la ligne médiane. Leur surface dorsale est munie de deux crêtes longitudinales de mieux en mieux accusées comme on savance vers la région lombaire. Celles des deux rangées externes sont réunies latéralement aux précédentes par suture et diminuent en volume quand on marche vers la queue. Elles ont généralement la forme d’un trapèze rectangle et leur surface dorsale est munie d'une créte longitudinale toujours mieux exprimée comme on s'avance vers la région lombaire. 324 DOLLO. — PREMIERE NOTE SUR LES CROCODILIENS Dec. Les plaques de la region posterieure (ou caudale) n’ont été con- servées qu'au nombre de huit. Elles forment deux rangées longi- tudinales de quatre éléments, sont irregulierement rectangulaires et se rencontrent sur la ligne médiane. Leur surface dorsale est munie d'une crête longitudinale assez nette. Le « bouclier ventral » nous paraît indivis. Il a la forme d’un ovale à grand axe dirigé dans le sens cränio-caudal. Ses plaques, d'une seule pièce, sont généralement carrées et toujours privées de crètes. Elles donnent naissance à quatre rangées longitudinales de quinze éléments. Les deux rangées internes sont tout à fait plates. Les deux rangées externes sont recourbées transversalement et se relèvent sur les côtés du corps. Je ne metendrai point plus longtemps sur les caractères du Bernissartia Fagesii, Dollo, pour les mêmes raisons exposées plus haut à propos du Goniopholis simus, Owen. III. Quelle doit, maintenant, &tre la position des Crocodiliens de Bernissart dans le systeme? Avant de traiter cette interessante question, je désirerais presenter quelques observations générales, que nous utiliserons plus loin. I. Voulant differencier les Crocodiliens des Dinosauriens, M. Huxley introduit dans la diagnose des premiers : « The dorsal ends of the subvertebral caudal bones are not united (1). » Il me semble qu'on ne peut accorder grande valeur a ce caractère et qu'il convient de ne plus l'utiliser a l'avenir. En effet : «) Il existe des Dinosauriens chez lesquels les extrémités dorsales des os chevrons ne s'unissent point sur la ligne médiane (Ortho- merus Dolloi, Seeley) (2). 6) J'ai vu, sur un même squelette de Hatteria punctata, Gray, les extrémites dorsales de certains chevrons se joindre proximale- ment sur la ligne médiane, tandis que d'autres restaient franche- ment séparées. (1) T. H. Huxzey, On Stagonolepis Robertsonii, efc., p. 426. (2) L. Dotto, Note sur les restes de Dinosauriens rencontrés dans le Crétacé supérieur de la Belgique (Buti. Mus. Roy. Hist. Nar. BELG., 1883, t. II, p. 210 et fig. 6). mnt di 1883. DE BERNISSART. 325 II. Plus loin, et toujours dans le même but, M. Huxley dit encore : « The femur has no prominent inner trochanter (1). » Il est possible que le trochanter médian des Crocodiliens n’ait point la m&me forme que celui des Dinosauriens, mais je vais faire voir que, tout comme le trochanter interne des Lacertiliens, il a la mème valeur morphologique. a) Crocodiliens. Quelle est la musculature s’inserant sur le trochanter médian (4° trochanter, Dollo) des Dinosauriens? C'est, ainsi que nous l’avons montré ailleurs (2), le muscle caudo-femoral. Quelle est, à présent, la musculature s’inserant sur le trochanter median des Crocodiliens? M. R. Owen va nous répondre a cet égard : « This (the third muscular column) derives a tendinous origin from the inner trochanterian ridge of the femur, and from a ligament thence extending to the femoro-fibular articulation : from these attachments the muscle passes backward to the hemal arches and spines related thereto by alternating origins and inser- tions... By its anterior attachments in the Crocodile, this series of muscles — the femoro-peroneo-coccygius of Cuvier — closely associates the pelvic limbs with the tail in the natatory actions and evolutions of the amphibious carnivore (3). » Mais, ce fémoro-péronéo-coccygien nous représente précisément le muscle caudo-femoral (4). Donc, le trochanter médian des Croco- diliens est bien, comme celui des Dinosauriens, un 4° trochanter. Il ne peut, par conséquent, point servir à différencier ces deux groupes. Il suit de la que l'identification, faite par M. le Dr Houzé (5), du (1) T. H. Huxrev, On Stagonolepis Robertsonii, etc., p. 427. (2) L. Dotto, Note sur la presence, chez les Oiseaux, du « troisième trochanter » des Dinosauriens et sur la fonction de celui-ci (Buzz. Mus. Roy. Hist. NAT. BELG., 1883, t. II, p. 13). J’ai appris, depuis la publication de cette Note, par les remar- quables travaux de M. H. Gadow [Beiträge zur Myologie der hinteren Extremität der Reptilien (MoRPHOLOGISCHES JAHRBUCH, 1881, p. 329)] que les Lacertiliens et les Crocodiliens possédaient également des muscles caudo-fémoraux. Ainsi donc, qu’on accorde, aux membres postérieurs des Dinosauriens, une musculature de Reptile ou une musculature d’Oiseau, les muscles caudo-fémoraux ne peuvent manquer de s’y trouver. Ceci vient singulierement confirmer notre interpretation du trochanter médian ou quatrième trochanter. (3) R. Owen, Anatomy of Vertebrates, vol. 1, p. 223. (4) H. Ganow, Myologie der Reptilien, pp. 374 et 391. (5) E. Houz£, Sur la presence du troisième trochanter chez l'homme (Burr. Soc. ANTHROPOLOGIE DE BRUXELLES, 1883-84, t. II, p. 24). 326 DOLLO. — PREMIERE NOTE SUR LES CROCODILIENS Dec. trochanter médian des Crocodiliens avec le 3° trochanter des Mammiferes ne saurait étre acceptee plus longtemps. 6) Lacertiliens. Quelle est la musculature s'insérant sur le trochanter interne des Lacertiliens ? Et d'abord, quelle est la musculature s'insêrant sur le trochanter interne de Hatteria punctata, Gray? Nous lisons, à cet égard, ce qui suit, dans le mémoire du Dr Günther (1) : « A very peculiar muscle takes its origin from the eight or nine first inferior spinous processes of the caudal vertebral column and the lower surface of the corresponding vertebre; it is very strong, imbedded between the caudal muscles proper, compressed, with the lower margin rounded, and separated from the surrounding muscles by very loose cellular tissue. It tapers behind into a point; and becoming gradually stronger towards the trunk, it passes below and crosses the ligament extending from the tuber ischii to the root of the tail; the greater part of its fibres are here collec- ted into a broad and strong tendon, which is attached to the inner trochanter-like protuberance of the femur; but another portion, strenghtened by additional fascicles trom the broad ligament men- tioned, passes into a slender chord-like tendon which runs along the entire length of the femur, and is inserted into the end of the fibula. » Il est clair que nous sommes encore ici en présence du muscle caudo-femoral (2) et que le trochanter interne de Hatteria est bien un 4° trochanter. Comme, d'autre part, il n'y a pas le moindre doute que le trochanter interne de ce dernier et celui des autres Lacertiliens sont homologues, il s’ensuit que ceux-ci ont aussi un 4° trochanter. C'est le moment, croyons-nous, de définir a nouveau cette apo- physe et d'énumérer brièvement les types chez lesquels nous avons demontre sa présence. (1) Dr Guntuer, Contribution to the Anatomy of Hatteria (Put. Trans. Roy. Soc. Lonpon, 1857, p. 617). (2) H. Gapow, Myologie der Reptilien, pp. 374 et 301. ~ 1883. | DE BERNISSART. 327 QUATRIEME TROCHANTER, Dollo. Troisième trochanter (1). (Dinosauriens). O. C. Marsu, Am. Journ. Science (Sil- liman), 1879. vol. XVIII, p. 502. (Crocodiliens). E. Houzé, Bull. Soc. Anthropologie de Bruxelles, t. II, 1883-84, p. 24. Trochanter médian (2). (Dinosauriens). H. G. SEELEY, Quart. Journ. Geol. Soc. London, 1881, p. 664. Trochanter interne (3). (Dinosauriens). J. W. Hurke, Phil. Trans. Roy. Soc. London, 1882, p. 1051. (Crocodiliens). R. Owen, Anatomy of Vertebrates, vol. I, p. 223. (Lacertiliens). Dr Gunter, Phil. Trans. Roy. Soc. London, 1867, p. 617. Trochanter externe (4). (Lacertiliens). H. Gapow, Morphologisches Jahrbuch, 1881, p. 594. Forme : Variable. A, le plus souvent, l'aspect d’une créte plus ou moins forte. Position : Sur le bord ento-post-axial du femur, a des hauteurs diverses. Il est, généralement, d’autant plus rapproché de la tête du fémur, que l’animal chez lequel il est présent a une queue plus rudimentaire ou susceptible seulement de mouvements latéraux réduits. Attaches musculaires : Sert a l'insertion du muscle caudo- fémoral. Répartition : Se rencontre chez un grand nombre de Saurop- sides (5). J'ai prouvé son existence chez les : Oiseaux, où il est, soit rudimentaire (Hesperornis, Anas, Ber- nicla, Cygnus), soit absent; (1) Ce nom ne peut être conservé, comme je l’ai démontré ailleurs (Note sur la présence, etc., p. 18). (2) Ce nom doit également disparaître, car le quatrième trochanter est loin d’être toujours médian et, de plus, le 3e trochanter peut avoir cette derniére situation chez certains Mammifères (Rhinoceros, par exemple). . (3) Il en est de même de celui-ci, car le petit trochanter est, de même, interne. (4) Sans vouloir discuter la question de position, je ne puis maintenir ce nom, car le grand trochanter est aussi externe. (5) M. Houzé (Troisième trochanter, etc., p. 27) a cru retrouver le 4° trochanter chez les Mammifères, mais il n’a pas démontré son interprétation, comme il aurait dû le faire, à l’aide de la musculature. 328 DOLLO. — PREMIERE NOTE SUR LES CROCODILIENS Dec. Dinosauriens, où il est extrèmement développé et situé très distalement, en raison de la queue puissante de ces Reptiles ; Crocodiliens, où il est bien marqué, plus proximal que chez les précédents, moins que chez les suivants ; Lacertiliens, ou il est encore plus rapproché de la téte du fémur. Les Chameleonidea a queue prenante, susceptible de s’enrouler dorso-ventralement, mais non de battre latéralement, l’ont le plus faible et le plus proximal (1). | On trouvera, au sujet du muscle caudo-fémoral, tous les détails désirables dans l'excellent mémoire de M. Gadow, déjà cité. III. Puisqu'il a été reconnu par M. R. Owen (2) et confirmé par M. E. Van Beneden (3), d'après l'étude de coupes faites sur le frais, que le « Canal Eustachien médian » (Huxley), bien que renfermant aussi de l'air, n'a rien à faire avec les vraies trompes d’Eustache, je crois préférable de lui donner à l'avenir le nom de Canal intertym- panique médian créè par le savant professeur de l'Université de Liège. On pourrait réserver, pour les « canaux osseux livrant pas- sage aux trompes d’Eustache », la désignation de Canaux Eusta- chiens [ou gouttières Eustachiennes, chez les Téléosauriens (4)]. Je reviendrai, d'ailleurs, sur la structure de l'oreille moyenne, chez les Crocodiliens vivants et fossiles, dans mon prochain travail. IV. M. Huxley (5) indique encore, comme caractère des MEso- SUCHIA, la présence de deux rangées longitudinales de plaques dermiques dorsales. Mais, ainsi que nous l'avons vu précédemment, chez le Bernissartia Fagesti, Dollo, il peut y avoir quatre rangées de ces plaques. La diagnose des Mesosucnia devra donc être modifiée. V. M. Huxley (6) mentionne, de méme, le nombre huzt comme (1) Cette remarque est faite, par M. Gadow, a propos de la reduction du muscle caudo-fémoral chez les Caméléons (Myologie der Reptilien, p. 395). (2) R. Owen, On the communications between the cavity of the tympanum and the Palate in the Crocodilia (Putt. Trans. Roy. Soc. Lonpon, 1850. Part II). (3) E. Van BENEDEN, Recherches sur l'oreille moyenne des Crocodiliens et ses communications multiples avec le pharynx (ARCHIVES DE BIOLOGIE DEE. Van Beneden et Van Bambeke, 1882, vol. III, p. 510). (4) E. E. DesLonccuamps, Mémoires sur les Téléosauriens de l'époque jurassique du Département du Calvados (MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ LINNEENNE DE NORMANDIE, années 1860-61, p. 27). (5) T. H. Huxzey, On Stagonolepis Robertsonii, eic., p. 428. (6) T. H. Huxrey, On Stagonolepis Robertsonii, efc., p. 428. | 1883. DE BERNISSART. 329 maximum des séries longitudinales de l’armure ventrale. Cepen- dant, ainsi que nous l’avons dit, dans la description du Goniopholis simus, Owen, ce nombre peut s'élever à 10. VI. Je ne puis admettre le nouveau sous-ordre des METAMESO- sucHia de M. Hulke (1). Il a été formé, en effet, pour des animaux chez lesquels les lames ventrales des palatins se soudent sur une plus grande étendue que chez les Téléosauriens. Mais, il ne s'agit ici que d’une question de plus ou de moins et je ne vois pas comment on peut arriver a marquer nettement la limite des MEso- SUCHIA et des METAMESOSUCHIA. Les sous-ordres de M. Huxley me paraissent bien mieux séparés. Car : a) Les Parasuchia commencent avec une absence ou une sépa- ration complète des lames ventrales des palatins et des ptérygoï- diens. Ils finissent dès que les premières se rencontrent sur la ligne médiane : 6) Les Mesosuchia ont leur point de départ dans la soudure des lames ventrales des palatins et s'arrêtent aussitôt que les lames ventrales des ptérygoïdiens se réunissent sur la ligne médiane; y) Les Eusuchia arrivent seulement quand les lames ventrales des ptérygoïdiens se joignent. Quoi qu'il en soit, la nature des narines dans les METAMESOSUCHIA me semble un bon caractère à introduire dans une diagnose de famille et c'est à ce titre que je l’emploierai dans un instant. VII. Si l'on réfléchit que, parmi les Mesosucuia, les Téléosau- riens occupent, par rapport au Gontopholis, une position identique à celle que prennent, dans les Eusucnia, les Gavials, à l'égard des vrais Crocodiles, on reconnaitra qu'il serait très avantageux d'avoir des termes spéciaux permettant de désigner le facies « Téléosau- rien-Gavial » et le facies « Goniopholis-Crocodile ». Je propose d'adopter dans ce but les expressions de Longirostres et de Brévi- rostres avec les définitions ci-après. LoNnGIROSTRES. Museau très allongé. Nasaux fort éloignés du con- tour de la narine externe (2). Bord alvéolaire sensiblement recti- (1) J. W. Hurke, On two Crocodilian skulls, etc., p. 381. (2) Les éléments de ces deux caractéristiques sont extraits de : a) T. H. Huxrey, A Manual, etc., pp. 258 et 259; 8) E. E. Destonccuamps, Notes paléontologiques, etc. Je m’écarte pourtant du premier de ces auteurs, quand il dit, en parlant des Gavials: « The nasals are excluded from the external nasal aperture », car les nasaux n'entrent point nécessairement dans le contour de la narine externe chez les Crocodiles propre- 24 330 DOLLO. — PREMIERE NOTE SUR LES CROCODILIENS Dec. ligne. Dents subégales et de méme forme. Symphyse mandibulaire tres étendue, atteignant au moins la quatorzieme dent, avec élément splenial entrant dans sa composition. Généralement ichthyophages et plus aquatiques que les suivants. Téléosauriens, Gavials. BREVIROSTRES. Museau court, plus ou moins arrondi. Nasaux très rapprochés du contour de la narine externe, dans laquelle ils peuvent même entrer a titre de cloison. Bord alvéolaire, ondulé, sinueux. Dents inégales, où l'on peut reconnaître des pseudoca- nines et des pseudomolaires. Symphyse mandibulaire courte et d'où l'élément splénial est exclu. Plus terrestres que les précédents. Goniopholis, etc., Crocodiles, etc. Ceci posé, il nous sera facile de déterminer la place qu'il convient d’accorder aux Crocodiliens de Bernissart dans les cadres zoolo- giques. Et d’abord, ils sont MEsosucuia, nous l’avons dit. Cependant, on peut, croyons-nous, aller plus loin et indiquer les familles auxquelles ils appartiennent. Il est vrai qu'il faudra, pour cela, créer ces familles, mais ce sera, maintenant, chose aisée. Voyons comment on a procédé chez les Eusucuia (1). On a d'abord séparé les Longirostres sous le nom de Gavialide. Puis, on a cherché d'autres caractères à l'aide desquels on a divisé les Brevirostres en Alligatoride et Crocodilidæ.Opérons de même. Les Longirostres des Mesosucuia sont les Téléosauriens : Ils formeront notre famille des Teleosauride. Quant aux Brévirostres, il suffira de lire le tableau comparatif suivant, entre les Teleosauride, le Goniopholis, le Bernissartia et les EusucHIA, pour se convaincre qu'il y a lieu d'établir les deux familles des Goniopholidæ et des Bernissartide. ment dits. Je n’en veux pour exemple que les Crocodilus cataphractus, C. intermedius, C. Hastingsiæ, parmi les Eusucutia, et les Goniopholis simus et Bernissartia Fagesii parmi les MEsosucHIa. (1) T. H. Huxrev, A Manual etc.) p.-258. DE BERNISSART. 391 1883. *VIHONSNY SO] 19 PIJAPSSIUAIT A] Inod Nol] ® 9SI9AUL] ‘[reAer 99 suep 9Irepuo9as »]91 un,nb juenol ou sausayur suarproskıpyd sojpsnw so] ‘omroysgw B] op SIN9A9[? oWWOI }n0} -ıns juossiSe mb xnesoduia} sajosnw say 3UOS 99 S170ydo1uon A] 39 @p1.ınvsoa]a,L Sa] Z2U9 onb sıpuey ‘onb owrdxo opg ‘nad snos ress.yuow aj af owwoo ‘suarjrpozor) sop UOIBSIURSIO op ajuULSSaI9;UI oyrepnonied oun e puodsaaroo sojezodwoz-erdns sossoy sop uononppa ey (1) “sajeuip -nyı8uoJ s993ues osjenb op snjd juengsuos steu ‘sognbriquir sfenyuaA ornwae,j op sonberd ‘Jolonog nos un‚nb juewaIop ou d[BIJUDA oInWIY “sajeurpnjIsuor sogduvi xnop op snjd juewaoy ajesIop Jınwae] op Ssonberq ‘(1) sayrqio soy onb sayıyod snjd sayerodui9}-vidns sosso g "VIHDNSNA “sajeurp -n3i8uoj so98ues o1jenb op snjd sed juenyrjsuos ou 39 sopnbriquut Sfeyusa 91ntuie] op sonbeiq *J9119n0q [nos un nb yuetwmloJ OU 9JEIJUIA 9INUIIY "SO]BUIPN}ISUO] sogduvi xnop op snjd Juewıoz o[USIOp aanwe op sonberd *sayiqio sa] onb soyıyad snjd sojer1odwio}-eidns sosso 4 "VILUVSSINAHU "sa[eulpnyıduo] sop8uez xıp op snjd sed yueny -I}SUOD ou Jo aınyns Ied sarungu Sfenusa omweg op sonbeig *SI912n0q xnop Ud 99SIAIP 9JUIJU9A oINWIY *So/RUIPN}ISUO] soosuvs xnop op snjd sed yuew.ıoz ou 9[eESIOP AAINUIE] Ip sonbejq *sajiqio soy onb sopuri3 snjd sojerodwoj-eidns sosso I "STIOHdOINOD *So] BUIPN}ISUO] soasuvi yiny op snjd sed juen -HSUO2 ou jd OINjNs Jed sorunga d[BIJUIA ornwaej op sonbe]q ‘sIoronog xnap Ud 99SIAIP 9[PIJU9A oINWIY ‘so]BUIPN}ISUO] sogsurs xnop op snjd sed juetuioy ou Sfesıop omnwaej op sonbeid “sap qIo soy onb sopuvis snjd sojezodwojy-erdns sosso 1 ‘Wad nN VSO TAL 332 DOLLO. — PREMIERE NOTE SUR LES CROCODILIENS Dec. Nous admettons donc, parmi les Mesosucuia, les trois familles des Teleosauride, Goniopholide, Bernissartide. Nous en donnerons les diagnoses un peu plus loin. Reprenons, a présent, l’ordre entier des Crocodiliens et ses divi- sions, en les modifiant pour les mettre d’accord avec les remarques critiques exposees ci-dessus. CROCODILIA. La majorite des vertebres cervicales et dorsales, ainsi que ieurs côtes, rentre dans le type Ornithospondylique (1). Le reste des ver- tebres dorsales, ainsi que leurs cötes également, appartient a la forme Suchospondylique (2). Le quadratum est fixé et presque enclave dans les autres os du crane. Les pterygoidiens envoient en avant une apophyse mediane qui separe les palatins et atteint les vomers. Il y a une interclavicule, mais pas de clavicules. Le bord ventral de la region acétabulaire de l’ilium est entier, ou seulement légère- ment échancré. Les ischiums ne sont point prolongés en arrière d'une manière exagérée. Les pubis sont dirigés en avant et en dedans. Le femur possede un 4° trochanter. L’astragale n’est point un os concavo-convexe avec apophyse montante. Il ya, au moins, deux séries longitudinales de plaques dermiques, une de chaque côté de la ligne médiane de la région dorsale du corps. Sous-oORDRE I : PARASUCHIA, Huxley. Ni les palatins, ni les pterygoidiens ne se projettent sous forme de lames osseuses, qui prolongent le conduit nasal et donnent nais- sance a des narines internes secondaires. En consequence, les cavites nasales communiquent avec la bouche par des ouvertures situées au-dessous de la partie anterieure du crane. Les trompes d’Eus- tache ne sont point renfermees dans des canaux osseux. Les cen- tres des vertèbres sont amphicceles. L’atlas et l'axis sont inconnus. Lie coracoide est’ court et: arrondi. Lilium: est:\eleve et Ja) preie (1) L. Doro, Quatrième note sur les Dinosauriens de Bernissart (Buzz. Mus. Roy. NAT. Hist. BELGIQUE, 1883, p. 249). (2) L. Dorro, Quatrième note, etc., p. 245. m 1883. DE BERNISSART. 333 iliaque forme un angle antero-dorsal proéminent. Le bord acéta- bulaire de l'ilium est entier et son centre se projette au dela des extrémités antérieure et postérieure dudit bord. L’ischium est court dorso-ventralement, allongé longitudinalement et sa région acétabulaire ressemble à celle d'un lézard. Les caractères de la main et du pied sont inconnus. Il y a deux séries de plaques dermiques dorsales articulées et carênées; et, dans le Stagonolepis (mais apparemment pas chez le Belodon), il y aun bouclier ventral thoraco-abdominal, formé au maximum de huit series longitudinales de plaques articulées, dont chacune est d’une seule piece. Genres : Trias . . . . . . Belodon, Stagonolepis. Sous-ORDRE II : MESOSUCHIA, Huxley. Les palatins se projettent sous forme de lames osseuses, qui pro- longent le conduit nasal et donnent naissance à des narines internes secondaires, lesquelles sont situées au-dessous de la partie moyenne du crane. Les pterygoidiens n’entrent point dans la composition de ces narines internes secondaires. Un canal intertympanique médian existe entre le basioccipital et le basisphénoïde, mais les canaux Eustachiens des Crocodiles actuels sont seulement représentés par des gouttières (gouttieres Eusta- chiennes). Les centres des vertebres sont amphicceles. Le coracoide est allongé, comme dans le sous-ordre suivant. L’ilium est moins élevé que chez les PARASUCHIA, mais plus que chez les Eusucuia. Son angle antéro-dorsal n'est que légèrement prolongé en avant et son bord acétabulaire est a peine, ou pas du tout, Echancre. L'ischium est. plus allongé dorso-ventralement et plus court antero-posterieurement que dans les Parasucuia. Son bord acéta- bulaire est découpé par une échancrure profonde, qui sépare une puissante apophyse pubienne, comme dans le sous-ordre suivant. La main et le pied sont bâtis sur le type des Eusucuia. Il y a deux séries longitudinales, ou plus, de plaques dermiques dorsales, dont quelques-unes sont carénées longitudinalement; et, chez la plupart, si pas chez tous les membres de ce sous-ordre, il y a une armure ventrale, composée, au maximum, de dix séries longitu- dinales de plaques indivises et plates. 334 DOLLO. — PREMIERE NOTE SUR LES CROCODILIENS Dec. I. Teleosauridæ. Longirostres. Choanes moins rapprochées de celles des Eusucuia que celles de la famille suivante. Fosses supra- temporales plus grandes que les orbites. Pas d’echancrure orbito- latero-temporale. Plaques de l’armure dorsale imbriquées et for- mant deux series longitudinales. Armure ventrale divisee en deux boucliers, dont les plaques sont réunies par suture et ne constituent pas plus de huit series longitudinales. Genres): Nomenclature Nomenclature de d’Orbigny. anglaise. Toarcien. . . . Upper Lias . . . . Steneosaurus, Mystriosaurus, Pelagosaurus. ae Inferior Oolite. . . — Bajocien. . . , Fuller’s Earth. . . — Teleosaurus, Teleidosaurus. Bathonien. .. . Great Oolite..: . . — Callovien . . . Kelloway Rock . . NE LL TE EE ERE Metriorhynchus. Oxfordien... Oxford Clay: 2... — — Gorallien > (Coral: Rags enr — Kimmeridgien. Kimmeridge Clay — — Leptocranius. Purbeckien... ..... Petrosuchus. Nevcomien. 4 Wealdien”. .,... Macrorhynchus, Pholidosaurus (?), Hyleo- champsa (?). Il. Gontopholide. Brevirostres. Choanes plus rapprochées de celles des Eusucuta que celles de la famille précédente et moins que celles de la famille suivante. Fosses supra-temporales plus grandes que les orbites. Une échancrure orbito-latéro-temporale (?). Plaques de l’armure dorsale imbriquées et formant deux séries lon- gitudinales. Armure ventrale divisée en deux boucliers, dont les plaques sont réunies par suture et ne constituent pas plus de dix séries longitudinales. Genres : + Purbeckien . . . . Goniopholis, Brachydectes (?), Nannosuchus (?). Wealdiënu. bite — UL. Bernissartidæ. Brevirostres. Choanes plus rapprochees de celles des EusucHia que celles des deux familles précédentes. Fosses supra-temporales plus petites que les orbites. Une échancrure orbito-latéro-temporale bien caractérisée. Plaques de l'armure dorsale imbriquées et formant plus de deux séries longitudinales. edn Sd 1883. DE BERNISSART. 335 Armure ventrale ne constituant qu'un seul bouclier de plaques imbriquées. Genres : Purbeckien . . . . Theriosuchus (?). Wealdien. . . . . Bernissartia. Sous-oRDRE III : EUSUCHIA. Les palatins et les pterygoides se projettent sous forme de lames osseuses, qui prolongent le conduit nasal en arrière et donnent naissance à des narines internes secondaires situées sous la partie postérieure du crâne. Les centres des vertèbres, qui suivent l'atlas et l’axis, sont pro- cœles, sauf ceux des deux vertèbres sacrées, qui sont biplans, et celui de la première vertèbre caudale qui est biconvexe. Il y a toujours un canal intertympanique médian, placé entre le basisphénoïde et le basioccipital, et, habituellement, deux canaux Eustachiens entièrement fermés. Le coracoïde est allongé. L'ilium s’abaisse tellement en avant qu'il s'évanouit presque complétement. Son apophyse antéro-dorsale n'existe qu'à l'état de simple rudiment et son bord acétabulaire est profondément echancre. L’ischium est allongé dorso-ventralement et raccourci antêro- postérieurement. Son bord acétabulaire présente une large excava- tion en avant de laquelle se trouve une forte apophyse pour l’arti- culation avec le pubis. La série proximale du carpe consiste en deux os allongés et la main se compose de cinq doigts. Dans le pied, le calcaneum a une puissante apophyse postérieure formant talon et le V° orteil est rudimentaire. Il y a toujours plus de deux séries longitudinales de plaques der- miques dorsales carênées; et, lorsqu'une armure ventrale, thoraco- abdominale, existe, elle est constituée de plus de huit séries longi- tudinales de plaques. Les plaques ventrales sont formées de deux ossifications réunies par suture. 336 DOLLO. — PREMIERE NOTE SUR LES CROCODILIENS Dec. I. Gavialide (1). Longirostres. La premiere et la quatrième dents mandibulaires s'enfongant dans une gouttière de la mâchoire supérieure. Suture maxillo-premaxillaire extrêmement aiguë en arriere. Plaques cervicales et dorsales se continuant sans inter- ruption. Genres: Crétacés . . . . . Thoracosaurus, Holops, Gavialis (?). ‘Werder. ul an; — CAINS «og a ie hee os — Rhynchosuchus. II. Crocodilidæ. Brevirostres. La premiere dent mandibulaire s'enfonçant dans une fosse et la quatrième dans une gouttière de la mâchoire supérieure. Suture maxillo-prémaxillaire droite ou convexe en arrière. Plaques cervicales, quelquefois distinctes des dorsales, quelquefois se continuant sans interruption avec elles. Genres : Tertiaire.. .» «ao... ıGroendilus. CRIES. Ma) EC os — Mecistops. III. Alligatoride. Brévirostres (mais plus que les précédents). La première et la quatrième dents mandibulaires s’enfoncant dans des fosses de la mâchoire supérieure. Suture maxillo-pré- maxillaire droite ou convexe en avant. Plaques cervicales séparées des dorsales. Genres : Actuels . . . . . Alligator, Caiman, Jacare. On peut encore mettre la revision que nous venons de faire, des Crocodiliens vivants et fossiles, sous une autre forme exprimant les relations de parenté des divers groupes entre eux. (1) Les diagnoses suivantes sont, pour le fond, tirées de : T. H. Huxtey, A Ma- nual, etc., p. 258, sauf la restriction que nous avons faite page 320. ™ on an DE BERNISSART. 2 ‘LLQI “599 “sauogspuvs u18]7 ay} Ul punof sumwwa4 up1]1P09047 34,7 "III ydeıdouow ‘wopSury payun sy} Jo LaAang [U9I80]090 oy} JO SHOWN ‘xaTxny 'H “JL (1) é —_———————-—-—”——_—— gn (1) vIHINSOUI "VIHINSYAY en pe "SBLIL "uopoJag en NE Se “aarepuooos ‘sidajouosvjs "VIHONSOSAM | ‘onbisseine onbod'} Es es en ja "PPI ADSS UAA ‘wmpyoydoiuoy ‘Mplanvsoaja L *SA4JSOAISUO] VIHONSNH *$adzSOuldaug VIHINSNH ‘AAB JO oprongoe onbody 338 DOLLO. — PREMIERE NOTE SUR LES CROCODILIENS. Dec. 1883. Il suffit de jeter un coup d’ceil sur les tableaux des pages 331 et 337 pour se rendre compte de l'importance des Bernissartidee, comme souche probable d’une partie de nos Crocodiliens actuels. Les Teleo- sauride et les Goniopholide, au contraire, seraient des types spé- cialises éteints sans laisser de descendance. Ainsi que je l'ai déjà annoncé, je traiterai dans ma Deuxième Note sur les Crocodiliens de Bernissart de l'ostéologie du Goniopholis simus et du Bernissartia Fagesit. Je figure, en attendant, sur la planche annexée au present travail, les belles restaurations exé- cutées par M. L. F. De Pauw, Contrôleur des ateliers du Musée. 3 PLANCHE XII. nos ze dn EXPLICATION DE LA PLANCHE XII. Fic. 1. — Bernissartia Fagesii, Dollo. Vue oblique pour montrer la composition de l’armure dorsale. — Échelle approximative : */s. Fic. 2. — Goniopholis simus, Owen. Même vue. — Echelle approximative : Elzo Fic. 3. — Goniopholis simus, Owen. Profil droit. — Échelle approximative : */zo- Restauration et montage par M. L. De Pauw. Clichés photographiques de M. A. Rucquoy. Ech. appr. sg. Fig. 1. BERNISSARTIA FAGESII, Dollo. Ech. appr. "ho: Fig. 2. GONIOPHOLIS SIMUS, Owen. RESTAURATION ET MONTAGE DE M. L. F. DE PAUW, “L, DOLLO, — PREMIÈRE NOTE SUR LES CROCODILIENS DE BERNISSART. NOTE SUR UN NOUVEAU MODE DE CLASSIFICATION ET DE NOTATION GRAPHIQUE DES DEPOTS GEOLOGIQUES BASE SUR L' ÉTUDE DES PHENOMENES DE LA SEDIMENTATION MARINE, PAR Ernest VAN DEN BROECK, Conservateur au Musée. Le tome II du Bulletin du Musée royal d'histoire naturelle con- tient une note de M. A. Rutot (1) sur les phénomenes de la sedi- mentation marine étudiés dans leurs rapports avec la stratigraphie régionale. Ce travail, qui expose avec autant de méthode que de clarté des lois d'une importance capitale pour l'étude rationnelle des dépôts sédimentaires marins, est destiné à devenir le point de départ de nombreuses applications pratiques, dont le levé géolo- gique détaillé des terrains horizontaux de la Belgique fournira d’interessants exemples. Les observations, les études et l'examen critique des faits qui constituent la base de ces lois ont été, en grande partie, effectués en commun par M. A. Rutot et par nous, tant pendant nos recherches exécutées depuis une dizaine d'années dans le tertiaire belge que lors de nos courses, déja assez nombreuses, à l'étranger et le long de rivages divers. C'est la une première garantie, dont l'importance toutefois est loin d'égaler celle fournie par le puissant faisceau de faits, constamment confirmatifs, qu'il nous a été donné d'observer jusqu ici. M. A. Rutot s'étant chargé de l'exposé des phénomènes de la sédimentation marine, nous allons à notre tour, et avec la même (1) A. Rutot, Les phénomènes de la sédimentation marine étudiés dans leurs rapports avec la stratigraphie régionale (Buzz. Mus. Roy. Hist. Nat. BELG., 1883, t. II, pp. 41-83, avec 15 figures dans le texte). 342 VAN DEN BROECK. — NOTE SUR UN NOUVEAU MODE Dec. garantie de solidarité qui a caractérisé le travail de notre collègue, exposer — outre les consequences qui doivent rationnellement découler des lois de la sedimentation pour la methode taxonomique generale — les relations existant entre ces principes et les appli- cations qui en seront faites dans l'étude détaillée des terrains horizontaux de la Belgique, spécialement au point de vue du clas- sement des dépôts tertiaires et du mode de notation graphique adopté pour leur figuré. Ces conventions ne pouvaient être rendues applicables à l'oeuvre de la Carte géologique détaillée de la Belgique qu'à la condition expresse qu'elles pussent se rattacher complétement aux principes fondamentaux d'unité arrêtés par la Direction dès les débuts de cette œuvre importante. Cette solidarité de vues et de méthode est doublement assurée par suite de l'essence même des applications proposées et par le soin que nous avons pris d'en poursuivre l'élaboration dans la voie qui nous était indiquée. Nous n'avons pas à reprendre ici l'exposé des phénomènes de sédimentation, ni celui des conditions biologiques qu'ils établissent au point de vue de la faune marine des divers groupes naturels de la succession des couches; toutefois il est indispensable de rappeler en peu de mots l'idée synthétique fondamentale sur laquelle se basent les applications taxonomiques que nous proposons. En dehors de tout systeme et de toute vue personnelle, l'état actuel des connaissances relatives à l’histoire de la terre nous fait trouver dans l'évolution organique qui en a accompagné les diverses phases, un guide sûr permettant de classer en séries distinctes et successives les dépôts présentant des associations zoo- logiques ou botaniques différentes — mais d'origine ou d'habitat similaire — et de rattacher par contre à un même horizon celles de ces associations fauniques qui montrent des caractères identiques ou très voisins. Mais l'étude détaillée des faunes exige une persistance et une multiplicité de recherches, un concours de circonstances favorables et enfin un ensemble d'études préliminaires qui font qu'en réalité le groupement et la classification des terrains, uniquement basés sur cette donnée, ne peuvent guere être considérés que comme des résultats synthétiques, postérieurs à l’œuvre d'élaboration tout entière. Avant que l'échelle stratigraphique rationnelle et définitive puisse être établie il faudrait, si l'étude de la faune devait seule 1883. DE CLASSIFICATION ET DE NOTATION GRAPHIQUE, ETC. 343 nous guider, attendre une revision serieuse et detaillee de la nomenclature zoologique, de la synonymie des especes, surtout de celles qui se retrouvent dans des bassins séparés ou dans des couches d’äges differents. Il faudrait encore reprendre a nouveau l'étude détaillée des faunes, laquelle a été bien rarement conduite d'une manière rationnelle. Une faune, en effet, n'est bien connue que lorsqu'elle est décomposée en ses divers facies: littoraux, côtiers et profonds, sans compter ses aspects continentaux, lacustres et fluvio-marins. Aussi la comparaison avec d'autres faunes doit- elle être basée soit sur des ensembles fauniques complets, soit au moins sur des facies fauniques partiels ou régionaux, de nature ou d'origine identique ou peu differente. On comprend, des lors, qu'il devient très difficile, dans l'état actuel de la paléontologie, d'aborder immédiatement et avec succès les problèmes que soulèvent la comparaison, le groupement et la subdivision des couches, étudiées au seul point de vue de leur faune. Si cependant il existait, parmi les documents que fournit la stratigraphie, un criterium certain, permettant de reconnaître à première vue et de grouper rationnellement les divers termes sédimentaires dont se compose un même ensemble faunique, la tâche ci-dessus indiquée deviendrait fort aisée. Or, ce criterium existe, du moins partout où la sédimentation marine a donné naissance à des dépôts de cailloux et de graviers, de sables plus ou moins fins, de vases et d’argiles plus ou moins pures : en un mot partout où l'on constate des sédiments semblables à ceux qui, dans les mers actuelles, de moyenne ou de faible profondeur, et dans les latitudes tempérées, s'offrent ordinairement à l'observation. Il est à peine nécessaire d'ajouter qu'une transformation ulté- rieure des cailloux en poudingues, des sables en grès, des argiles en schistes n’enleve rien à la facilité des observations, qui s’eten- dront ainsi a des formations nombreuses et étendues, bien en dehors de l'aire relativement restreinte qui fera l'objet de nos investigations. Ceci s'affirme d'ailleurs nettement par des données positives deja recueillies dans les dépôts tertiaires et secondaires de con- trées très diverses. Les roches calcaires, les dépôts organiques ou autres des mers profondes, les formations coralligènes, oolithiques, etc., ne peuvent évidemment avoir obéi aux lois sédimentaires qui régissent les dépôts signalés plus haut; aussi le seul criterium actuellement accessible de leur étude et de leur groupement méthodique doit-il 344 VAN DEN BROECK. — NOTE SUR UN NOUVEAU MODE Dec. rester confiné dans la donnée paléontologique et dans celle fournie par leur mode spécial de formation, combinées avec la stratigraphie proprement dite. Il est donc entendu que nous laissons ces dépôts spéciaux complétement hors du cadre de nos recherches actuelles. Quel est maintenant ce caractère qui permet d’eluder si facile- ment, au début des recherches, les difficultés qu'offre l'étude de la faune des dépôts, tout en assurant cependant un classement méthodique et rationnel? On le trouve dans l’Etroite corrélation existant entre les diverses phases de l'évolution organique, étudiée dans une région déterminée, et la subdivision des couches marines par les lits caillouteux ou graveleux qui s'y trouvent disséminés à divers niveaux et qui s'y présentent généralement avec une constance remarquable. C'est là précisément ce que l'étude de M. A. Rutot, signalée tantôt, a eu pour but de mettre en lumière. Tout en renvoyant le lecteur à ce travail fondamental, nous ne pouvons nous dispenser d’esquisser rapidement les vues formant le point de départ des considérations que nous aurons à exposer plus loin. C'est la these des lentes oscillations de la croûte terrestre — si remarquablement appuyée par un faisceau de faits de toute nature ainsi que par l'observation de la physique actuelle du globe — c'est cette thèse, disons-nous, qui explique de la manière la plus simple et la plus satisfaisante la corrélation qui vient d'être indiquée. Voici maintenant, en peu de mots, comment nous en comprenons l'application aux principes d'unité taxonomique arrêtés par la Direction du service de la Carte, principes qui ne peuvent être perdus de vue en aucun point des compléments ou corollaires successifs auxquels donnera lieu l'exécution des travaux de la Carte géologique détaillée du royaume. L'oscillation complète d’une région quelconque soumise à lin- fluence des forces internes se traduit, dans un laps de temps variable avec la proximité de la mer et avec l'énergie ou avec la durée du mouvement oscillatoire, par l’affaissement sous les eaux d'un territoire primitivement émergé. Après une immersion plus ou moins accentuée ou prolongée, survient soit un mouvement d’émersion ramenant les choses à l’état primitif ou d’émergence, soit un comblement graduel du bassin, lequel donne lieu au même phénomène de diminution de profondeur sédimentaire qu’aurait produit une oscillation contraire à la première. Il est à remarquer a ce sujet que des moments d’arréts successifs dans une longue période d'immersion peuvent, par suite des phases de remplissage 1883. DE CLASSIFICATION ET DE NOTATION GRAPHIQUE, ETC. 345 auxquelles ils donnent lieu, jouer a peu pres le méme röle dans la disposition des series sedimentaires que des oscillations répétées du sol en sens inverse du mouvement initial (1). En réalité méme, ce cas doit être fréquent et chaque fois que l'on peut y recourir on évitera utilement de multiplier le nombre des oscillations succes- sives et inverses auxquelles le géologue se trouve amené a faire appel. Pour en revenir aux oscillations, soit séculaires, mais interrom- pues par des temps d’arrét donnant lieu a des phénomènes de rem- plissage, soit successives et inverses ou non, il est certain que ces mouvements del’écorce terrestre, dont l'existence est indiscutable, bien qu'ils dépendent de lois encore inconnues, doivent être consi- dérés tantôt comme de simples pulsations verticales affectant des regions plus ou moins localisées, tantôt comme la résultante, en un point donné, d’une espèce d’ondulation se propageant latéralement et dont l'action d'un coup de vent sur la surface ondoyante d'un champ de blé fournit l'image fidèle. On trouve d'ailleurs dans la disposition, tantôt concentrique, tantôt transgressive, d’un grand nombre de formations géologiques successives les indices maté- riels du mouvement vertical ou latéral qui a tour à tour affecté par voie d oscillation du sol chacune des zones d'une région déter- minée. Lorsqu'on étudie séparément les divers points d'un territoire ainsi influencé, on constate qu'ils ont dû passer successivement par (1) Dans la Notice publiée par M. A. Rutot (loc. cit.) sur les phénomènes de la sédimentation marine, il a été fait exclusivement appel à l'influence d’oscillations du sol, successives et inverses, variables dans leur étendue ou dans leur intensité respective, pour expliquer l’origine des divers cas offerts par les caractères et par la disposition des séries sédimentaires étudiées par l’auteur. Comme on ne saurait nier que des périodes d’arrêt ou de ralentissement puissent se produire à diverses reprises pendant une phase unique et prolongée d’affaissement du sol et donner précisément lieu aux mêmes phénomènes sédimentaires que des oscillations en sens contraires, il importe, au point de vue géogénique, de ne point attribuer aux mouvements oscillatoires du sol une prépondérance trop grande, et qui serait d’ailleurs peu en harmonie avec ce que nous savons ou pouvons pressentir de l'ampleur et de la durée de ces mouvements, encore si mystérieux. Lorsque, contrairement au cas de la Notice de M. Rutot — qui avait surtout en vue la facilité d’exposé des divers cas passés en revue, — on n'a point à tenir compte de circonstances spéciales de cette nature, on ne perdra pas de vue qu’un très grand nombre de cas de disposition sédimentaire sont la résultante de cette cause, essen- tiellement simple et rationnelle, qui se résume en l’existence de phases de remplissage et de comblement des bassins, venant intercaler leurs effets parmi ceux directement causés par les mouvements oscillatoires de l'écorce terrestre. 25 346 VAN DEN BROECK. — NOTE SUR UN NOUVEAU MODE Dec. les divers états bathymetriques suivants, compris entre deux époques d’émersion : rivage ou cordon littoral; dépôt côtier, dépôt profond (si toutefois l’oscillation a atteint une amplitude suffisante), dépôt côtier, rivage ou cordon littoral. Pendant toute la durée de l'immersion, la phase d'évolution orga- nique marine de la période géologique correspondante a pu se développer librement, en soumettant toutefois la faune aux varia- tions successives des différents facies bathymetriques qu'impliquait la situation des sédiments dans le bassin. Ce qui est vrai pour l'élément faunique l'est aussi pour l'élément sédimentaire, la nature lithologique des dépôts étant en connexion intime avec leur situation, comme avec la répartition faunique. C'est ainsi qu'aux états bathymétriques successifs signalés ci- dessus correspondent des états lithologiques différents, dont le cycle sera. pour une oscillation complète : cailloux ou graviers de cordon littoral d'immersion; sables côtiers, limons, vases ou argiles de zones plus profondes: sables côtiers, cailloux ou graviers de cor- don littoral d’emersion. Il est à peine nécessaire de faire remarquer que c'est aux lois immuables de la mécanique hydrodynamique qu'est due cette disposition si naturelle des sédiments dans le lit de la mer. La figure diagrammatique suivante représente la coupe verticale des dépôts formés, dans une région donnée, par l'invasion des eaux marines y ayant séjourné un certain temps et s'étant ensuite reti- rées par suite d'un relèvement du sol. Coupe diagrammatique des dépôts abandonnés après une oscillation complète du sol. Dans cette figure, le dépôt caillouteux a correspond au gravier du cordon littoral d'immersion; le niveau b au sable côtier recou- vrant; le niveau c au noyau d'argile ou de sable fin, plus ou moins argileux, indiquant le maximum de dépression; le niveau d au 1883. DE CLASSIFICATION ET DE NOTATION GRAPHIQUE, ETC. 347 sable côtier de la période d’emersion et enfin le niveau e au gravier ou cordon littoral d'êmersion. Vers les extrémités, a caractères côtiers persistants, de ce bassin, les deux cordons littoraux a et e ne seront séparés que par une masse sableuse (bd) à facies constamment côtier et difficilement subdivisible — au point-de vue de la correspondance chronolo- gique — en périodes d’immersion et d’emersion. Sur les bords extremes du bassin, cette disposition fera place a un amas unique, exclusivement littoral, de cailloux ou de gravier. A chaque invasion nouvelle des eaux de la mer, caractérisée naturellement par une phase distincte d’evolution organique, cor- respondra un retour des mémes conditions physiques, avec la res- triction toutefois d’une relation de complexité en rapport avec l'amplitude ou avec la durée de l'oscillation. Quant a la caractéri- sation faunique du nouveau dépôt ainsi formé, elle sera d’autant plus spéciale ou accentuée que les périodes intermédiaires d’émer- sion auront été de plus longue durée. Sans entrer dans de plus grands détails, pour lesquels nous ren- verrons d’ailleurs au travail spécial de M. A. Rutot, nous pensons qu'il doit être aisé, par l'exposé qui précède, de se rendre compte de ce fait que les lits caillouteux ou graveleux, qui délimitent si naturellement les périodes de sédimentation marine, doivent con- stituer une précieuse base de démarcation stratigraphique régio- nale, en relation intime avec les importantes données que fournit la faune des dépôts marins. André Dumont, dans l'établissement des divisions du terrain tertiaire belge, a, le premier, accordé aux niveaux caillouteux qui s'y observent la valeur stratigraphique qui leur revient légi- timement. Ses vues toutefois sur la signification géogénique de ces lignes de démarcation étaient sensiblement différentes de celles qui viennent d'être esquissées. De ce qui précède, faut-il admettre que la présence de lits cail- louteux au sein des séries sédimentaires doive forcément faire con- clure à l'établissement de divisions stratigraphiques? Non seule- ment il n'en est rien, mais une telle application des vues qui viennent d'être exposées serait des plus inexactes et des plus pré- judiciables à la thèse qui se trouve ici défendue. En réalité, le mécanisme des phénomènes dont les sédiments marins représentent les traces est à la fois si simple et si logique, 348 VAN DEN BROECK. — NOTE SUR UN NOUVEAU MODE Dec. que l'initiation ne réclame qu'un peu de réflexion de la part de l'observateur attentif qui a eu l'occasion d'étudier la nature actuelle. Ainsi, il importe de remarquer que les démarcations stratigraphiques basées sur la présence de niveaux caillouteux s'appliquent exclusivement aux formations franchement marines, et sont fondées sur l'existence de couches graveleuses ou caillouteuses d'une certaine étendue, c'est-à-dire représentant de véritables horizons; sur les couches, en un mot, qui constituent des cordons littoraux, marins et continus. Quant aux éléments grossiers des formations d’estuaire ou fluvio-marines — généralement si faciles à reconnaître à leur disposition, à leurs caractères physiques et à leur faune, — quant à ceux qui accompagnent les dépôts indiquant une sédimentation fluviale — lesquels sont encore plus aisément reconnaissables, — ou bien dénotant une formation lacustre ou continentale, il va de soi qu'il n’en peut être question comme démarcation stratigra- phique. Dans ces cas, comme pour d’autres de nature analogue, l'essence même de ces dépôts non marins, où la répartition sédi- mentaire obéit à des influences locales et éminemment variables, s'oppose absolument à l'application des vues exposées plus haut. Au sein mème de certaines formations littorales particulièrement développées, il existe parfois de véritables alternances de zones caillouteuses, graveleuses et sableuses, voire même argileuses, dont l'ensemble représente l'appareil littoral. Les niveaux caillou- teux ou graveleux qui s’observent en récurrences à diverses hauteurs dans ces dépôts marins, correspondent aux alternances de sables et de cailloux que le jeu des marées et surtout l’action des tempètes produisent parfois sur certains rivages. Un abaissement lent du lit de la mer coïncidant avec une grande activité sédimen- taire, le long de certaines côtes, est parfois la cause donnant lieu a cette persistance prolongée du facies littoral et à ces accumu- lations sédimentaires considérables, avec récurrences de cailloux, de bancs coquilliers triturés, etc., qui doivent, malgré leur épais- seur, rester tout entières englobées dans la formule du cordon littoral. La réapparition, entre les divers lits caillouteux de ces accumu- lations détritiques, du caractère exclusivement côtier des sédi- ments et de la faune, permet aisément d'apprécier la signification spéciale de tels dépôts. Il n’y a pas plus lieu de subdiviser ces accumulations littorales d'après les niveaux grossiers qu'elles en u ed 1883. _ DE CLASSIFICATION ET DE NOTATION GRAPHIQUE, ETC. 349 renferment, qu'on ne serait fondé a assimiler les argiles lagunaires ou poldériennes, qui accompagnent parfois aussi certains dépôts littoraux, aux argiles de grand fond représentant le maximum de dépression du lit de la mer. Dans ces deux cas, la situation et les caractères généraux des dépôts, la non-continuité des éléments caillouteux ou argileux qu'il s'agit d'interpréter, lirrégularité d’allures des zones que forment ceux-ci, le mélange persistant, aux divers niveaux en litige, de débris coquilliers triturés et roules, appartenant a une seule et même faune : tout enfin s'accorde pour montrer à l'observateur attentif qu'il ne peut être question de comparer ces recurrences caillouteuses ou graveleuses aux niveaux de démarcation stratigraphique qui separent les groupes naturels symetriques formes par les mouvements de retrait ou davancement des eaux de la mer, dans une région donnée, influencée par les oscillations du sol. Les considérations qui précèdent suffisent, pensons-nous, pour que lon puisse apprécier la véritable signification de la présence des lits caillouteux dans la serie sedimentaire, et se rendre compte de la distinction qu'il convient d'établir dans leur portée au point de vue de la subdivision rationnelle des couches. Nous allons maintenant exposer les principes qui seront à l'avenir adoptés dans nos travaux et dans ceux de nos collègues du Service pour la subdivision et la nomenclature des dépôts ter- tiaires et secondaires, principes qui sont basés sur le rôle des gra- viers marins ou cordons littoraux. Nous ferons connaître ensuite les applications taxonomiques qu'il a été possible d'introduire dans le mode de subdivision secondaire de ces dépôts, et qui seront utilisées tant dans la distinction stratigraphique de ces niveaux secondaires que dans leur mode de notation graphique. Les géologues qui se sont occupés des terrains tertiaires de la Belgique sont généralement d'accord aujourd’hui pour admettre un groupement de ces dépôts en éocène, oligocène, miocène et pliocene. Nous basant d'une part sur l'autorité d'A. Dumont — qui avait trouvé dans les niveaux caillouteux de nos dépôts tertiaires marins une base rationnelle de démarcation, — d'autre part sur les recherches récentes (1) qui ont confirmé et mieux défini la valeur de ce criterium stratigraphique, nous admettons actuellement la (1) Voir A. Ruror, loc. cit. 350 VAN DEN BROECK. — NOTE SUR UN NOUVEAU MODE Dec. division de nos terrains horizontaux : tertiaires et secondaires, en autant d'étages ou unités stratigraphiques qu'il existe de cycles sedimentaires, c'est-à-dire de périodes d'immersion et de sédimen- tation marine, à faune spéciale et bien distincte, comprises entre deux phases de relèvement ou d’emersion plus ou moins accentuée. Bien que le type du cycle sédimentaire marin comporte les termes: gravier, sable, argile, sable, gravier, cette succession symétrique n'est pas exigible en entier pour la constitution d'un cycle stratigraphiquement complet. Dans le cas, par exemple, dune oscillation insuffisante pour produire aux profondeurs voulues le dépôt des éléments fins et argileux, le terme « argile » pourra faire défaut, sans que la valeur stratigraphique de l'étage ainsi formé se trouve le moins du monde amoindrie. Ainsi une série se présentant sous cette forme : gravier, sable, argile, sable, gravier, sable, gravier. sable, argile, sable, gravier (faune marine M) (faune marine N) (faune marine O) n'en comprendra pas moins, si les faunes M, N et O se montrent suffisamment distinctes, trots élages pouvant avoir la même importance stratigraphique. Nous pouvons encore nous représenter la même série avec les graviers en moins; il suffit que, d’accord avec les différenciations fauniques, la disposition des autres sédiments : sables et argiles, montre clairement l'existence de cycles sédimentaires symétriques pour que l'établissement d'assises ou même d'étages puisse encore s'effectuer. On fera alors jouer aux sables grossiers ou graveleux, c'est-à-dire a facies littoral accentué, le rôle séparatif des graviers ou des cailloux. Cette disposition sera généralement l'indice que les démarcations des cycles sédimentaires marins ne sont pas pro- duites par des phases de relèvement avec &mersion, mais simple- ment par un comblement ayant amené des rapprochements plus ou moins grands de la région littorale ou ligne de rivage. Dans les deux cas qui viennent d'être examinés, comme dans tous les autres analogues, la distinction des cycles en groupes de premier ordre ou étages doit être principalement basée sur les différences fauniques considérables ou très sensibles qui distinguent ces groupes naturels. Lorsqu’au contraire la faune des sédiments d'un cycle, comparée avec celle de l’un ou l’autre des cycles adjacents, ne montre que des 1883. DE CLASSIFICATION ET DE NOTATION GRAPHIQUE, ETC. 351 différences minimes ou peu appréciables (1) et sien même temps des caractères petrographiques, ou bien de répartition régionale peu différente, viennent étroitement relier ces deux séries stra- tigraphiques; ou bien encore si, conjointement avec l'absence de démarcation graveleuse, on observe l'intrusion de termes ne paraissant point rentrer dans le cycle normal de la sédimentation marine, et surtout lorsqu'une faune soit fluvio-marine, soit sau- mâtre ou continentale, vient démontrer qu'il n'est plus question de facies marin : alors, dans ces divers cas, on groupera ces dépôts, qu'ils soient marins, saumätres ou continentaux, de manière à en faire des assises ou subdivisions de l'étage avec lequel leurs relations stratigraphiques et paléontologiques montreront le plus d’affinites. Quant aux subdivisions de l'étage basées sur des caractères non en rapport direct avec les lois de la sédimentation, il faut en rejeter complétement l'adoption. Quelques exemples permettront de mieux faire saisir la portée des observations ci-dessus exposées. Ainsi, dans la succession suivante : grav. sable, argile, sable, grav. sable, argile, sable, grav. sable, argile, sable, grav. (faune marine M) (faune marine M") (faune marine N) si la faune marine M’, bien distincte de la faune marine N, montre au contraire d'êtroites atfinités avec la faune marine M, et si en même temps cette liaison paléontologique se trouve appuyée par une certaine concordance de répartition géographique des deux premiers cycles superposés, ou bien par un faible développement ou même par l'absence partielle du gravier séparatif, on devra (1) Il a déjà été dit plus haut que la faune marine d'un étage n'est réellement bien connue que lorsqu'elle a dévoilé ses facies littoraux, côtiers et profonds. La compa- raison rationnelle avec d’autres faunes doit donc s'établir soit sur des ensembles fau- niques complets, soit, si l’on ne peut y arriver, sur des facies fauniques partiels ou régionaux de valeur bathymétrique identique ou très voisine. Si l’on ne tenait pas compte de cette réserve, l'appréciation des différences ou des ressemblances serait souvent faussée par des influences simplement dues à l'habitat ou d’autres causes de même valeur. Une autre cause d’erreur dont il faut également tenir compte, c’est le danger de comprendre dans la faune d’un étage les éléments recueillis vers sa base, laquelle contient généralement un bon nombre de fossiles remaniés, enlevés à la formation sous-jacente et qu'il n'est pas toujours aisé de séparer à première vue des éléments propres de la faune in situ. 352 VAN DEN BROECK. — NOTE SUR UN NOUVEAU MODE Dec. réunir l'ensemble des dépôts contenant les faunes marines M et M' en un seul étage, que l'on subdivisera en une assise marine infe- rieure et en une assise marine supérieure. Celle-ci formera le substratum de l'étage suivant N à faune marine distincte. Dans cette autre succession : gravier, sable, argile, sable, argile, sable, gravier, sable, argile, sable, gravier (faune marine M; faune saumätre M’) (faune marine N) si le cycle correspondant à la faune marine M n'est point fermé suivant la formule et si dans les sédiments qui remplacent le gra- vier d’emersion absent, on constate l'existence d’une faune saumätre ou fluvio-marine M’, c'est que l'émersion a été remplacée, à la suite d'un relèvement incomplet, par une phase de sedimentation sau- mätre ou fluvio-marine, laquelle doit évidemment se rattacher au phénomène général dont dépend le cycle ainsi modifié. On réunira alors les sédiments contenant les faunes M et M'en un seul étage, que l'on subdivisera en une assise marine inférieure et en une assıse fluvio-marine supérieure. Quant aux dépôts conte- nant la faune marine N, ils formeront un étage marin distinct. Dans la succession suivante : grav. sable, argile, sable; alternances de sables et de cailloux, glaise et marne, grav. (faune marine M) (faune saumätre ou fluvio-marine M') un cas analogue au précédent se présente, car après un premier cycle, caractérisé par la faune marine M, nous en trouvons un second : la deuxième assise de l'étage, dans lequel la présence des cailloux perd toute signification par le fait de la nature spéciale du dépôt, indiquée par sa faune. Dans le cas où l'indice géogénique fourni par la faune viendrait à faire défaut, la distinction serait moins aisée à établir; toutefois on trouvera généralement dans les caractères stratigraphiques et lithologiques du dépôt fluvio-marin, dans les allures variables et dans la composition irrégulière de ses couches, dans la presence de matières ligniteuses et de vestiges végétaux ou autres — quelque indéterminables qu'ils soient au point de vue spécifique —- des données suffisantes pour établir l'origine non franchement marine des dépôts et par conséquent la signification stratigraphique spéciale des niveaux caillouteux qu'ils renferment. 1883. DE CLASSIFICATION ET DE NOTATION GRAPHIQUE, ETC. 353 Réunissons encore en une seule série divers autres cas qui peuvent se présenter : gravier, sable, sable argileux fin,sable, gravier. sable argile, gravier.sable, gravier (faune marine M) (faune marine N) (faune marine O) Dans le premier de ces cycles sédimentaires nous voyons que le terme « argile » est remplacé par « sable argileux fin. » La pré- sence de ce facies lithologique est en réalité plus fréquente que celle de l'argile proprement dite et, comme les limons sableux et les sables argileux fins jouent, vis-a-vis des sables d'immersion et d’emersion entre lesquels ils sont compris, le rôle bathymétrique indiqué dans la formule typique par le mot « argile », on peut, dans la pratique, les considérer comme l'équivalent des dépôts plus pro- fonds caractérisés par l'argile proprement dite. Dans le second cycle sédimentaire de la série diagrammatisée ci-dessus, nous ne retrouvons plus la symétrie habituelle. Si le sable d'émersion manque et si les graviers du cycle suivant se trouvent en contact avec l'argile du deuxième cycle, c'est tout sim- plement parce qu'il y a eu dénudation des parties supérieures de celui-ci. On comprend qu'une masse argileuse, surtout lorsqu'elle est épaisse et compacte, doit arréter ou mitiger les effets d'une dénudation produite par lintrusion des eaux marines, qui affouil- lent et emportent aisément des sables plus ou moins meubles. Ce cas s'observe fort bien en Belgique, au contact du bolderien avec l'argile rupelienne. Cette disposition n’enléve rien à la valeur de l'étage formé par un cycle de cette nature, devenu, postérieure- ment à son dépôt, asymétrique et incomplet. Une dénudation plus grande encore peut se produire de la même façon et réduire un cycle sédimentaire à son gravier initial, suivi de son sable d'immersion. C'est ce que représente le diagramme du troisième cycle ci-dessus, qui montre un étage réduit à ses deux termes initiaux : gravier et sable d'immersion. Un faible dévelop- pement du terme argileux, ou bien une intensité considérable des phénomènes de dénudation ultérieure, peut donner lieu à ce résultat. Le sable ainsi compris entre deux graviers se réduit parfois lui- mème à des vestiges très minimes ou discontinus, de manière même à amener les deux graviers en contact. Cela se présente, par exemple, au Bolderberg, dans le Limbourg, où d'un étage déman- tele il ne reste qu'un gravier fossilifère à éléments roulés et tritures 354 VAN DEN BROECK. — NOTE SUR UN NOUVEAU MODE Dec. qui, par places, se confond intimement avec un autre niveau cail- louteux, base du diestien, qui le recouvre. C’est méme au point que, jusqu'à nos observations de novembre 1880 (1), on n'avait point reconnu qu'il y avait la les vestiges in situ d'un étage miocène (anversien) compris entre un étage sous-jacent, oligocène (boldérien) et un étage pliocène (diestien). C'est encore aux affouillements qui s'opèrent à la suite de l'intru- sion des eaux marines sur un territoire abandonné antérieurement, qu'est due cette circonstance que les successions de cycles sédi- mentaires représentant les étages géologiques montrent presque toujours l’amalgame du gravier d’emersion de l'un avec le gravier d'immersion de l’autre. Les éléments du premier servent à la for- mation du second, qui se confond avec lui, et c'est ainsi que la succession : gravier, sable, argile, sable, gravier, gravier, sable, etc..., se réduit en réalité à celle-ci : gravier, sable, argile, sable, gravier, sable, etc. Les exemples qui précèdent suffisent, croyons-nous, pour donner une idée précise de la signification et de la valeur des termes stratigraphiques qui sont désignés sous les noms d'étage et d'assise dans les travaux du Service de la Carte géologique; ils montrent aussi les regles qui doivent présider a la subdivision systématique des diverses formations comprises dans les terrains horizontaux de la Belgique. Si, dans les terrains redressés ou primaires de notre pays, la dis- tinction de l’unite stratigraphique ou étage ne peut s'effectuer d'une manière aussi constante et aussi systématique à l’aide des seuls graviers, le principe fondamental d'unité, arrêté par la Direction du service de la Carte, n'en reste pas moins intact, puisque dans les deux cas la méthode employée revient à prendre les groupes naturels fauniques comme principal criterium de la subdivision des dépôts. Au point de vue de la notation graphique, les divers étages représentés sur la Carte seront désignés, comme ils l'étaient par A. Dumont, par une ou deux lettres initiales aisément reconnais- sables. Dans la feuille spécimen de Bilsen, par exemple, qui sera bientôt mise en distribution, l'étage heersien est représenté par la notation Hs; l'étage tongrien par Tg; l'étage rupelien par R et l'étage bolderien par Bd. Quant aux assises subdivisant les étages, (1) E. Van nen Broeck, Observations nouvelles sur les sables diestiens et sur les dépôts du Bolderberg (Ann. Soc. MaLac. BELG., 1880, t. XV, séance du 6 nov. 1880). 1883. DE CLASSIFICATION ET DE NOTATION GRAPHIQUE, ETC. 355 elles sont indiquées par ladjonction des chiffres 1, 2, 3, etc; le chiffre 1 étant réservé a l'assise inférieure. C'est ainsi que dans cette même feuille de Bilsen les deux assises dont l'existence a été reconnue dans l'étage tongrien, recevront respectivement les nota- tions Tg1 et Tg2; quant aux deux assises également établies dans l'étage rupelien, elles recevront les notations Rı et Ra. Nous avons dit plus haut que des phases d'arrêt ou de ralentis- sement dans le mouvement séculaire d'immersion d'une région quelconque sous les eaux de la mer pouvaient, par suite des périodes partielles de remplissage et d’envasement auxquelles elles donnent souvent naissance, produire les mêmes successions de cycles sédimentaires symétriques que l'eussent fait des oscillations locales, successives et en sens inverse de la première. Il est à peine nécessaire d'ajouter que chaque fois que l'on pourra, grace à de tels phénomènes — si simples et si fréquents d'ailleurs en bien des régions littorales actuelles, — s'abstenir de multiplier les mouvements de l'écorce terrestre, il y aura tout avantage à ne pas s’aventurer trop loin dans cette dernière voie. On se demandera maintenant à quels caractères on pourra reconnaître la nécessité dinvoquer, pour un cas donné, l'une ou l'autre de ces deux hypothèses, et quelle influence la solution de cette question pourra avoir sur le choix des notations destinées à représenter les cycles sédimentaires, au point de vue de leur distinction en étages ou en assises ? Bien qu'il soit difficile d'exposer en peu de mots les considéra- tions que fait naître cette question, nous essaierons de résumer brièvement les points essentiels qui nous paraissent devoir être mis en lumière. Lorsque, par suite d'un mouvement ascensionnel, le sol d’une contrée précédemment couverte par les eaux de la mer — qui s'était établie dans la dépression causée par un mouvement antérieur d’af- faissement, — lorsque ce sol, disons-nous, devient le siège d'une phase d’émersion ou d'activité continentale, la faune marine qui autrefois habitait les profondeurs de la mer s'est retirée au loin avec les eaux qui la contenaient. Elle a émigré, s'est trouvée en contact avec de nouveaux éléments, avec de nouvelles influences physiques et biologiques, climatériques même; et ces circonstances, jointes à l'influence évolutive du temps très long nécessité par le phénomène d'oscillation lui-même, amèneront infailliblement dans la caractérisation faunique du bassin marin nouveau qu’oc- 356 VAN DEN BROECK. — NOTE SUR UN NOUVEAU MODE Dec. casionnera toute dépression ultérieure du sol, des éléments sensi- blement différents de ceux de la faune primitive. De plus, les phénomènes physiques d’affouillement et d’érosion qui accompagnent nécessairement toute intrusion nouvelle de la mer sur un territoire qu'elle avait abandonné, se traduiront par des indices matériels, facilement appréciables, de denudation, de disposition transgressive, etc. Dans le cas, au contraire, d'un mouvement continu d’affaisse- ment par exemple, interrompu par des stades de ralentissement ou d'arrêt, l'évolution faunique ne peut être que peu ou point influencée par les données énumérées dans le cas précédent; ce qui apparaîtra, au contraire, c'est plutôt la répétition des facies bathymétriques littoraux, côtiers et plus ou moins profonds d'une même faune, facies se renouvelant en superpositions successives, identiques, ou à peine accompagnées de témoignages plus ou moins sensibles de l'évolution organique générale. D'autre part, les ravinements accentués, les dispositions transgressives feront géné- ralement défaut, bien qu'il faille encore tenir compte de l'influence dénudatrice des courants, qui modifient leurs effets suivant les moindres changements de la ligne des côtes. On voit en résumé qu'il faut alors en revenir à l'étude des faunes, du moins à l'étude comparative de celles des divers cycles dont on veut étudier les relations. Dans le cas de faunes bien distinctes, caractérisant deux cycles sédimentaires nettement sépa- res par un niveau caillouteux développé et par des contacts avec dénudation sensible, disposition transgressive incontestable, etc., on pourra conclure à l'existence de mouvements oscillatotres contraires et successifs de l'écorce terrestre, et l'on pourra sans hésitation édifier au rang d'étages, les cycles sédimentaires dont les relations montrent ces caractères. Dans le cas de faunes intimement liées, ne dénotant guère que des répétitions des divers facies bathymétriques d'un même grand ensemble faunique et séparées par des démarcations strati- graphiques graveleuses peu accentuées, on pourra généralement conclure à l'existence de cycles secondaires, dus soit à de petits mouvements en sens inverse du premier, soit à des phases d'arrêt d'un seul et même mouvement oscillatoire de l'écorce terrestre; et l'on considerera les divers cycles ainsi lies comme formant les assises d'un seul étage, qui sera constitué par l'ensemble des dépôts for- mes pendant le mouvement séculaire d'oscillation. ut tie wete 1883. DE CLASSIFICATION ET DE NOTATION GRAPHIQUE, ETC. 397 Nous voici maintenant arrivé aux subdivisions de l'étage, ou de l’assise, c'est-à-dire aux niveaux stratigraphiques d'ordre inférieur. Étant donné ce qui précède, il sera aisé de comprendre les rai- sons qui nous portent à proposer comme suit le complément rationnel du mode adopté de subdivision et de notation graphique des couches formant nos étages et nos assises tertiaires. Nous avons vu qu'un cycle sédimentaire symétrique et bien com- plet se décompose d'après les éléments suivants : cailloux ou graviers de cordon littoral d'immersion; sables côtiers; limons sableux ou argiles des zones plus profondes; sables côtiers; cailloux ou graviers de cordon littoral d'êmersion. Nous avons vu également que si, au lieu de considérer isolément un cycle sédimentaire, on l'observe dans ses relations avec les cycles voisins, on constate que, par suite d'un inévitable phénomène d’affouillement, les cailloux ou graviers d'émersion, abandonnés par les eaux marines qui s'étaient retirées, se trouvent réunis en un seul et même dépôt avec les cailloux et graviers d'immersion du cycle sédimentaire suivant et n'en peuvent être aisément dis- tingués. En fait, comme les superpositions de cycles constituent la règle générale, la série sédimentaire se simplifie donc et se trouve rame- née à ses quatre premiers termes, que pour plus de facilité nous désignerons respectivement, comme dans la figure de la page 346, par les lettres a, b, c, d. Or, étant donné que ce sont là des divisions naturelles, en rap- port avec les conditions bathymétriques — qui, nous le savons, ont une influence si considérable sur la distribution des éléments lithologiques comme sur la répartition des éléments fauniques, — est-il rien de plus rationnel que de chercher à rapporter a ces quatre types bien définis les sédiments et les faunes distribués dans les divers niveaux constituant l'étage ou l'assise ? N'est-ce pas la doter les subdivisions de ces groupes bien définis d'une portée qu'on ne pouvait songer à leur accorder lorsque ces subdivisions résultaient tout simplement de superpositions locales, de la pré- sence ou de l'absence d'espèces spéciales prises comme point de repère ou enfin de caractères pétrographiques pouvant varier sui- vant des influences régionales ? L'avantage obtenu par l'emploi des divisions naturelles reposant sur la bathymétrie consiste à obtenir pour le groupe étendu de nos terrains horizontaux une classification rationnelle et uniforme, basée dans son ensemble comme dans chacune de ses parties sur 358 VAN DEN BROECK. — NOTE SUR UN NOUVEAU MODE Dec. des principes constants et d’une application toujours aisee. En effet, la serie si importante de nos terrains tertiaires ne renferme précisé- ment que des elements lithologiques pouvant le plus facilement du monde se rapporter à l’un ou a l'autre des quatre types sedimen- taires compris dans la formule donnée plus haut du cycle normal. Il en est de même du jurassique, et nous ne prévoyons guere de difficultés empêchant de rattacher quelques termes spéciaux ou aberrants du terrain crétacé à la loi commune. Voyons maintenant comment ces vues peuvent s'appliquer dans la pratique à la subdivision et à la notation des couches consti- tuant soit un étage, soit une assise. Reprenons pour cela la première série sedimentaire diagramma- tisée tantôt : gravier, sable. argile, sable, gravier, sable, gravier, sable, argile, sable, gravier (faune marine M) (faune marine N) (faune marine O) Après avoir reconnu, par les moyens multiples que fournissent la stratigraphie, la paléontologie et la lithologie, les caractères et la nature bathymétriques des dépôts du premier cycle, remplaçons- en les divers termes par les lettres correspondantes, d’après le dia- gramme de la figure de la page 346. L'êtage recevra la notation M qui, bien entendu, sera la lettre initiale de son nom. Nous aurons alors Ma, Mb, Mc, Md, représentant respectivement : Ma, le niveau caillouteux ou graveleux de la base; Wb, le dépôt sableux à faune littorale ou côtière d'immersion; Mc, les sables fins argileux ou limoneux, les argiles ou glaises des zones profondes; Md, les sables littoraux d’emersion. Quant au terme Me, ou gravier d’emersion, qui se trouve presque toujours confondu avec le terme graveleux initial Na du cycle suivant, il n'en faut généralement pas tenir compte dans la pratique, comme il a déjà été dit. Dans le second cycle, nous trouvons un dépôt sableux entre deux graviers. Ici deux cas peuvent se présenter et donner lieu à des solutions différentes. Si les sédiments sableux en question se montrent dans toute leur masse avec le même caractère littoral accentué, si non seulement ils ne deviennent pas plus fins et plus homogènes vers le haut, mais s'ils passent insensiblement dans cette direction au gravier qui les surmonte, c'est que nous nous trouvons dans le cas repré- senté aux extrémités de la figure de la page 346 par la notation (bd). L'oscillation du sol en cette région n’aura pas été assez accentuée 1883. DE CLASSIFICATION ET DE NOTATION GRAPHIQUE, ETC. 359 pour laisser s'effectuer le depot de sédiments autres que purement littoraux, et la notation des sables de ce deuxieme cycle sera N (bd), tandis que celle des graviers de la base sera Na. La parenthèse qui réunit ici bd signifie que l'on se trouve en présence d’une masse sableuse littorale unique, c'est-à-dire au sein de laquelle il est impossible de distinguer un sable b d'immersion et un sable d d’emersion. Elle signifie que la couche sableuse (bd) doit être con- sidérée comme synchronique dans son ensemble des couches Nb, Nd et même Nc, déposées ailleurs dans le bassin. Parfois, au contraire, il est possible de distinguer vers la partie . centrale du dépôt sableux bd, une démarcation ou modification plus ou moins sensible, représentée, par exemple, par des sédiments plus fins et par un facies faunique moins littoral; alors on pourra diviser la masse sableuse de l'étage ou de l’assise en deux zones distinctes b et d, indiquant que le cycle était prét a se trouver complété par l’adjonction du terme argileux c. La notation des divers niveaux de l'étage sera alors Na, Nb, Nd. Si c'est exclusivement vers le haut, au contraire, que les sables de l'étage N perdent peu à peu leur caractère littoral et si c'est vers le sommet qu'ils deviennent plus fins, plus homogènes et réguliers, qu'ils renferment les éléments bien zn situ d'une faune tendant à se rapprocher de celle des facies argileux, alors c'est qu'un phéno- mène de dénudation, résultant de l'invasion des eaux ayant donné naissance au troisième cycle O, a balayé et complétement enlevé un niveau préexistant d’argiles ou de sédiments fins. L’allure de la ligne de contact de la base du cycle supérieur O, l'existence en d'autres points du bassin de vestiges du niveau argileux c man- quant ici, permettent généralement de n'avoir aucun doute sur la réalité de cette hypothèse, qui exige alors pour la notation des dépôts du deuxième cycle ou étage la formule Na, Nb. Quant au troisième étage, il se decomposera, de même que le premier, en Oa, Ob, Oc, Od, avec cette différence que si le gravier qui le termine est celui d’une émersion définitive, on pourra y joindre la notation Oe. La série sédimentaire rappelée ci-dessus fournira donc les nota- tions suivantes : Ma, Mb, Mc, Md, Wa, Nb ou N(bd) @a, Ob, Oc, Od, Oe (ou Pa, s’il ou Nb, Nd, y a lieu). (faune marine M) (faune marine N) (faune marine O) 360 VAN DEN BROECK, — NOTE SUR UN NOUVEAU MODE Dee: Reprenons maintenant la deuxieme succession sedimentaire diagrammatisee tantôt : grav. sable, argile, sable, grav. sable, argile, sable, grav. sable, argile, sable, grav. (faune marine M) (faune marine M") (faune marine N) et ne perdons pas de vue les étroites relations fauniques et strati- graphiques que comportent les deux premiers cycles. Nous avons déduit de ces relations que les deux premiers cycles doivent indiquer les deux assises, marines chacune, d'un même étage, caractérisé par la lettre M (en opposition avec la lettre N, indice d’un étage distinct). Les différences fauniques indiquées par l'emploi des lettres M et M’ sont représentées par la distinction en assises M1 et M2; le nom de l'étage M devant rester commun aux deux assises. L'application des règles qui précèdent nous fournira les notations suivantes : Mia, Mıb, Mic, Mid, Mia, M2b, Mac, Mad, Na, Nb, Nc, Nd, etc. (faune marine M) (faune marine M’) (faune marine N) Dans la troisième succession représentée tantôt : gravier, sable, argile, sable, argile, sable, gravier, sable, argile, sable, gravier (faune marine M) (faune saumätre M) (faune marine N) on constate qu'avec une lacune dans les termes du premier cycle sédimentaire coïncide l'existence d'une faune spéciale, dont le caractère saumâtre ou fluvio-marin nous a montré que l'on était ici en présence de deux assises d'un même étage, dont l’inferieure est marine et symétrique et la supérieure fluvio-marine et échap- pant, par conséquent, aux lois sédimentaires des cycles marins. Dans ce cas spécial, comme dans tout autre où les sédiments auraient été déposés en dehors de l’action normale de ces lois, la notation des dépôts ne peut subsister avec la portée qu'elle a dans les formations franchement marines. Si les couches des formations continentales, lacustres, fluviales ou fluvio-marines peuvent encore a la rigueur être désignées par les lettres a, b, c, d, etc., c'est avec la restriction expresse qu'il ne faut plus attacher à ces notations, ainsi employées, qu'un simple sens d'ordre de superposition locale ou 1883. DE CLASSIFICATION ET DE NOTATION GRAPHIQUE, ETC. 361 regionale; ces lettres deviennent ici un simple numérotage et pour- raient sans inconvénient être remplacées par d'autres : m, n, 0, p, surtout lorsqu'il n'existe pas de constance de rapports stratigra- phiques, mais de simples differenciations lithologiques ou autres. C’est la une convention importante qui ne peut étre perdue de vue. Les notations relatives au diagramme ci-dessus seront : Mia, Mıb, Mic, Mid, Maa, M2b, Na, Nb, Nc, Nd, etc. (faune marine M) (faune fluvio-marine M') (faune marine N) On voit que, dans l’assise supérieure fluvio-marine (qu'il était nécessaire de distinguer au sein du cycle compris entre les gra- viers Mia et Na), les lettres des notations représentant les couches fluvio-marines n’indiquent plus qu'un simple ordre de superposi- tion et ne sont plus en relation avec la nature lithologique ni avec la signification bathymetrique de ces couches. M2a correspond en effet a des glaises poldériennes, à des marnes ou à des argiles d’es- tuaire, de lagune, etc., tandis que M2b représente, comme d'habi- tude, des dépôts sableux. Cette interprétation différente des signes employés pour la nota- tion des couches non franchement marines s'affirme encore davan- tage dans le quatrième diagramme que nous rappellerons ici, comme nous l'avons fait pour les précédents: grav. sable, argile, sable; alternances de sables et de cailloux, glaises et marnes, grav. (faune marine M) (faune saumätre ou fluvio-marine M) Le premier cycle sédimentaire à faune marine M fournira les notations Mia, Mıb, Mic, Mid; mais les alternances caillouteuses et sableuses du dépôt d’estuaire ou saumätre qui suit, pourront être représentées soit par une seule lettre Maa, si l'on n’a en vue que l'horizon qu'elles indiquent, soit par les lettres M2a, Mab, Mac, M2d, M2e, M2f, si, dans des coupes locales, ces alternances, bien développées, requièrent, lit par lit, des annotations spéciales. Dans le premier cas, le niveau des glaises et des marnes formera l'horizon M2b; dans le second, ce sera l'horizon M2g. On voit donc, nous le répétons encore que, dans le cas de couches non franche- ment marines, les lettres a, b, c, d, e, etc., ne représentent plus qu'un simple numérotage et n'êveillent plus en rien l’idée chrono- logique qu'elles impliquent dans le classement des dépôts marins d'un étage déterminé. ° 26 362 VAN DEN BROECK. — NOTE SUR UN NOUVEAU MODE Dec. La formule ci-dessus rappelée sera représentée par les notations suivantes : Mia, Mıb, Mic, Mid, M2a, Mab ou bien M2a, Mab, Mac, Mad, Mae (faune marine M) (faune fluvio-marine M’) Continuant la revue des diverses series sedimentaires diagram- matisées tantôt, nous arrivons à la dernière : gravier, sable, sable argileux fin,sable, gravier, sable,argile, gravier, sable, gravier (faune marine M) (faune marine N) (faune marine O) Dans le premier cycle le terme argile manque et se trouve rem- placé par un « sable argileux fin. » Nous avons dit tantôt que des sédiments fins, autres que des argiles, peuvent jouer le même rôle, en ce sens qu'ils indiquent généralement des centres de dépres- sion où se sont accumulés les sédiments les plus ténus, à l'abri des agitations littorales, etc. C'est à l'observateur à juger de la valeur et de l'importance de ce dépôt pris comme terme stratigra- phique distinct; mais, dans la plupart des cas, ce sont précisément des sables argileux fins, homogènes et uniformes, ou bien plus argileux par places avec faune in situ à facies non littoral, qui correspondent au terme c de la formule ou du cycle sédimentaire. Les niveaux franchement argileux existent souvent, il est vrai, pour représenter c; mais c'est a tort que l'on généraliserait trop rigoureusement cette appréciation de la nature du facies litholo- gique du terme c de la formule typique. La notation du premier cycle sera donc Ma, Mb, Mc, Mad. Si nous passons maintenant aux deuxieme et troisieme cycles de la série ci-dessus, nous voyons que les niveaux supérieurs man- quent soit par denudation, comme nous l'avons dit tantôt, soit par le fait de phénomènes postérieurs à la sédimentation des termes existants et qui ont empêché le développement normal et symé- trique du cycle. On établira les notations comme précédemment en ne tenant compte naturellement que des termes conservés. Si ce n’était pas par denudation ou par ablation postérieure que, dans le troisième cycle de la formule ci-dessus, les sédiments de cet étage se trouvaient restreints à une masse sableuse reposant sur un gravier de base, alors on retomberait dans l'un des cas exposés pour le second cycle de notre premiere succession et l'on établirait 1883. DE CLASSIFICATION ET DE NOTATION GRAPHIQUE, ETC. 363 les notations en conséquence. Laissant de côté ce cas spécial, les notations des divers cycles de notre derniére série seront : Ma, Mb, Mc, Md, Na, Nb, Ne, Oa, Ob, etc. (faune marine M) (faune marine N) (faune marine O) Les exemples qui precedent sont suffisants, croyons-nous, pour donner une idee exacte de ce systeme de notation, qui est plus simple et plus facile a appliquer qu’on pourrait le croire au pre- mier abord. La parenthèse (), dont l'usage a été indiqué plus haut, lorsqu'il s'agissait de désigner des formations littorales (bd) de signification spéciale, peut aussi semployer pour chacune des lettres de la formule, considérée isolëment. On y aura recours lorsque, nonob- stant une signification bathymétrique correspondant à lun des termes de la formule, la caractéristique lithologique du dépôt s'éloigne, dans une certaine mesure, du type sédimentaire équiva- lent. Certaines formations représentant un maximum de dépression et correspondant théoriquement au terme c peuvent, dans une region donnée, être constituées par une roche calcaire : sable ou tuf- feau, par exemple, qu'il sera souvent utile de distinguer du c type, argileux ou limoneux en d'autres régions du bassin. Certaines de ces formations peuvent encore être constituées — par suite de l'insuffisance de la profondeur absolue — par des sables, bien distincts d’ailleurs de ceux des termes adjacents bet d, mais par contre non assez argileux pour se rapporter nettement au type c. Dans les deux cas précités, la notation (c) rendra à la fois compte de la signification et de la position relative du dépôt dans le cycle sedimentaire et de l'existence de caractères spéciaux ou aberrants, utiles à noter, surtout lorsque les formations en question offrent un certain développement vertical ou horizontal dans l'ensemble du bassin. Des cas analogues peuvent se présenter pour les termes a, bet d. Nous avons déja vu, par exemple, qu'une grande activité sédi- mentaire littorale, coïncidant avec un mouvement faible mais con- tinu d'immersion, peut donner naissance, en certaines regions extrêmes d'un bassin, a des accumulations considérables de sédi- ments grossiers : cailloux, cordons littoraux de débris coquilliers et autres, sables grossiers ou graveleux, le tout disposé en recurrences variables, formant des dépôts épais quoique exclusivement litto- raux. La masse tout entière de ces dépôts recevra alors la nota- 364 VAN DEN BROECK. — NOTE SUR UN NOUVEAU MODE Dec. tion (a) et pourra correspondre stratigraphiquement a un mince lit caillouteux a, visible en d’autres régions littorales du méme bassin. Les facies spéciaux et les niveaux secondaires que l'on se trou- vera parfois amené à reconnaître au sein des horizons b, c et d des formations marines, ou bien parmi les subdivisions des dépôts continentaux, lacustres ou fluvio-marins, pourront se distinguer aisément à l'aide des lettres gresques x, 8, y, placées a la suite des notations précédemment indiquées. Enfin, lorsque l'étude de certains niveaux n'a pu faire découvrir leurs relations chronologiques, ou bien encore si leur mode spécial de formation, chimique ou autre, n'éveille l’idée d'aucun rapport de superposition ou de comparaison d'âge, ces dépôts indéterminés seront désignés par les lettres m, n, 0, p et suivantes, remplaçant les termes chronologiquement classés a, b, c, d de la formule type du cycle sédimentaire. Afin de ne point trop compliquer les formules de notation, on fera un usage aussi strictement limité que possible des signes accessoires : parentheses et lettres grecques; mais on n'oubliera pas que, grâce à leur emploi, 1l sera toujours aisé de distinguer nettement tous les dépôts ou niveaux quelconques, dont la pré- sence, füt-elle seulement régionale ou locale, peut offrir quelque intérêt au stratigraphe, ou bien acquiert une portée industrielle ou économique quelconque. Est-ce a dire, parce que nous préconisons ce systeme de classifi- cation et de notation graphique et parce que le Service de la Carte géologique détaillée du royaume compte l'utiliser dans ses travaux relatifs aux terrains horizontaux de la Belgique, qu'il puisse s'appli- quer indistinctement à toutes les régions, à toutes les séries de dépôts d’allures analogues ? Nous ne le prétendons nullement et nous reconnaissons même que dans certains bassins, tels, par exemple, que ceux de Paris, de Mayence et de Vile de Wight, où l'élément saumätre ou fluvio- marin Joue un rôle si prépondérant dans la géogénie de certains dépôts tertiaires, le classement de ceux-ci ne tirera que rarement profit de l'application des vues qui viennent d'être exposées. Par contre, il y a tout avantage à utiliser ce mode uniforme et ration- nel de classification et de notation dans des régions, telles que le bassin tertiaire belge, par exemple, qui se montrent composées 1883. DE CLASSIFICATION ET DE NOTATION GRAPHIQUE, ETC. 365 d'une série de dépôts presque constamment marins et littoraux ou rarement profonds, qui offrent une succession de lignes de rivages n ayant pas quitté une aire relativement restreinte. Quelques mots encore pour préciser certains autres des avantages que présente le système qui vient d'être exposé. Ce mode uniforme de notation, basé sur la signification bathy- métrique des divers dépôts de l'étage ou cycle sédimentaire, permet, au simple vu ou énoncé de la formule appliquée à un dépôt marin, de se faire une idée exacte de la nature et de l'aspect du dépôt, de sa position précise parmi les sédiments de l'étage ou unité strati- graphique et d'établir sa signification géogénique relativement à des dépôts d’autres étages. Si une exploration incomplète ou insuffisante d’un bassin donné n'avait pas permis de faire connaître et de classer immédiatement tous les termes d'un ou de plusieurs cycles sedimentaires; si, dans la région étudiée, des denudations ou d'autres circonstances en avaient fait disparaître les représentants, les notations primitive- ment établies ne devraient point être modifiées par le fait de recherches postérieures, plus complètes ou plus étendues. En effet, les notations devant caractériser les facies non observés primitivement auront été réservées et peuvent toujours s'adjoindre à celles déjà établies, sans qu'il en puisse résulter de trouble ni de modifications dans ce qui aura été rationnellement établi à l’ori- gine. Tel ne peut être le cas naturellement avec les notations : lettres ou chiffres, représentant un simple numérotage par super- position. Toute intercalation postérieure modifie alors la série et exige des remaniements parfois très préjudiciables, surtout dans les travaux ayant la portée d'un levé géologique détaillé s'étendant a un territoire considérable. Dans le système proposé, le nom ou plutôt la nofation abrégée d'une couche devient une véritable définition impliquant tout un ensemble de caractères bathymétriques, lithologiques et fauniques et évoquant par son simple énonce toute la géogénie du dépôt et déterminant sa signification propre dans le cycle sédimentaire de l'étage auquel il appartient. Il est encore a remarquer que deux ou plusieurs géologues qui adopteraient ce système avec toutes ses conséquences et qui travail- leraient isolément à étudier la constitution géologique d'une contrée donnée, arriveraient, sans aucune entente ni accord préalable; à 366 VAN DEN BROECK. — NOTE SUR UN NOUVEAU MODE Dec. classer et à noter d'une manière identique les dépôts faisant l’objet de leurs investigations. Si l’on récapitule les divers avantages qui viennent d'être exposés, on devra bien reconnaître, pensons-nous, que lon se trouve ici en possession d'une methode de classification et de nomenclature homogène et rationnelle dans toutes ses parties. On reconnaîtra aussi que cette méthode, basée sur un principe unique s'appliquant aux divers degrés de division, forme le complément naturel de la méthode taxonomique adoptée par le Service de la Carte. A la suite de recherches préliminaires étendues, il a été reconnu que ce systeme de classification et de notation pouvait s'adapter avec facilité et précision aux diverses formations que présentent les terrains horizontaux de notre pays, tout en s'accordant avec les données générales s'appliquant à l'ensemble de la Carte. Avant de terminer, il conviendra de dire quelques mots d’une base de classification très généralement usitée dans la subdivision des diverses zones d'un étage géologique déterminé; on pourra alors en comparer la portée avec celle qu'implique la méthode qui vient d'être proposée. Laissant de côté les subdivisions locales ou régionales, fondées sur des faits de superposition, sur des persistances de caracteres petrographiques, etc., ce qui conduit a un simple numérotage sans aucune valeur, nous aborderons immediatement l’examen de la zone paléontologique, fondée sur la presence ou même sur la simple abondance de tel ou tel fossile caractéristique pris comme criterium stratigraphique. Pour se faire une idée exacte de la valeur de ces zones paleonto- logiques, il convient de ne pas perdre de vue qu outre ses divisions naturelles, basées sur la bathymetrie, toute faune contient encore un groupe d'éléments propres ou spéciaux, fournissant sa vraie caractéristique, ainsi qu'un groupe d'éléments à large distribution verticale, c'est-à-dire dont les espèces se retrouvent soit plus haut, soit plus bas dans les séries sédimentaires plus récentes ou plus anciennes, adjacentes et parfois même assez éloignées. Ces éléments fauniques à distribution verticale considérable s'étendent parfois aussi en aires latérales ou géographiques étendues et les espèces en question, bien que remarquables alors par leur abondance, n’ont guère de portée spéciale au point de vue de la caractérisation stra- tigraphique. 1883. DE CLASSIFICATION ET DE NOTATION GRAPHIQUE, ETC. 367 De ce qui précède, il résulte qu'un choix judicieux n'est pas tou- jours aisé dans l'établissement des horizons caractérisés par la pré- sence ou par l'abondance d’une espèce donnée, prise comme crite- rium ou point de repere. Si l'on choisit les espèces les plus spéciales, ce ne seront générale- ment pas les plus abondantes, et bien souvent le criterium n'est pas applicable, faute de documents locaux ou régionaux. Bien plus, il faut encore compter avec les données éminemment variables de la distribution géographique, avec celles dues aux influences locales, etc., qui tendront alors à fournir des zones auxquelles on attribuerait à tort une portée stratigraphique générale. Si, au contraire, on choisit les espèces les plus fréquentes, on risque le plus souvent de n'obtenir aucune caractérisation, par suite de l'extension latérale et verticale de la distribution de ces espèces, qui parfois persistent, avec certaines modifications, il est vrai, au travers de deux ou plusieurs cycles sédimentaires. Enfin, l’on risque de donner à des formes n'ayant qu'une signi- fication purement bathymétrique la même portée qu'à des espèces ayant une valeur stratigraphique plus considérable, et de parallé- liser ainsi des formations d'importance tres différente. En résumé, il est des cas où la zone paléontologique fondée sur la présence ou l'abondance d'un fossile donné a une valeur strati- graphique réelle; il en est d'autres où elle n'en a pas. Or, c'est pre- cisément lorsque ce caractère peut être considéré comme un corol- laire de notre mode de subdivision en facies bathymétriques que le premier cas se présente. Les facies bathymétriques, en effet, donnent naissance à des associations fauniques que peut souvent caractériser l'un ou l’autre organisme à la fois spécial à la zone et à l'étage; ce sont ces facies bathymétriques qu'il faut alors com- mencer par définir. Si donc l'établissement des zones paléontolo- giques, telles que nous les entendons ici, coïncide parfois avec une répartition rationnelle des dépôts formant l'étage ou cycle sédi- mentaire, c'est par suite d'un choix plus ou moins heureux ou judicieux de l'unité spécifique prise comme criterium. On conviendra qu'il vaut mieux partir de la base rationnelle dont l'exposé fait l'objet de cette note, sauf a en accepter également les corollaires paléontologiques comme arguments adjuvants que l'on est certain alors de choisir conformément aux données strati- graphiques générales. Si nous passons aux dépôts fluvio-marins, lacustres ou conti- nentaux, c'est-à-dire dans lesquels les éléments du cycle sedimen- 368 VAN DEN BROECK. — NOTE SUR UN NOUVEAU MODE Dec. taire normal font en tout ou en partie defaut, il va de soi que la zone paléontologique reconquiert toute son importance et prend place au premier rang comme criterium stratigraphique. Les superpositions locales et variables, les caracteres petrogra- phiques eux-mémes, quelle que soit leur persistance relative, s’effacent devant la definition du dépôt par sa faune, qui se trouve infiniment moins affectée par l'influence du milieu que les éléments de la faune marine. Le groupement et la subdivision des couches peuvent alors s’effectuer d’après les horizons paléontologiques deter- mines par l’un ou l’autre de leurs fossiles caractéristiques. Comme application de notre méthode, nous citerons par exemple l'échelle stratigraphique de l'étage tongrien en Belgique, dont nous avons subdivisé l’assise inférieure marine en quatre horizons Tgia, Tgıb, Tgic et Tgıd ayant chacun une signification bathymetrique conforme aux formules indiquées tantôt, tandis que l’assise supé- rieure fluvio-marine, composée dans ses grandes lignes d'une masse argileuse comprise entre deux horizons sableux, a été divisée en : un horizon inférieur T'g2a ou du sable de Bautersem à Cyrena semi- strata, un horizon moyen 7 g2b ou de la glaise de Henis a Cytherea incrassata et un horizon supérieur 7 g2c ou du sable de Vieux-Joncs a Cerithium plicatunn. Si l'on voulait appliquer une base paléontologique de distinction aux sédiments de l’assise inférieure marine, on serait, croyons- nous, fort embarrassé de découvrir au milieu de ceux-ci autre chose que la faune de l'Ostrea ventilabrum. Les horizons établis par nous dans l’assise inférieure sont cependant bien distincts et demandent, au point de vue de l'étude détaillée, à être nettement séparés les uns des autres. Cette dernière exigence se produit plus vivement encore au sein de l'étage rupelien. L’assise marine inférieure de celui-ci se com- pose, comme dans le tongrien, d’un horizon caillouteux Rıa, d'un horizon sableux A1b, d'un horizon argileux Rıc et d'un horizon sableux Rid. Il est certes utile de rattacher comme corollaire a cette classifi- cation que l'étage sableux inférieur ou d’immersion Rıb est carac- terise par l'abondance du Pectunculus obovatus et que l'horizon argileux Ric est caracterise par la Nucula compta; mais si l’on se bornait aux seules données paléontologiques, on serait fort en peine de dénommer, d’après ce même système, l'horizon sableux supé- rieur, où les fossiles manquent complètement. Comme la superposition de cet horizon sableux Rid à l'argile ) ) t | | { | 1 | 1883. DE CLASSIFICATION ET DE NOTATION GRAPHIQUE, ETC. 369 rupelienne Ric n'est pas toujours facile à établir en tous les points du bassin, comme ailleurs encore l’amoindrissement latéral du noyau argileux Rıc est parfois tel que les deux masses sableuses R1b et Rid arrivent alors en contact et qu'elles offrent d’ailleurs une identité presque complete d'aspect et de caractères lithologiques, on se trouverait fort exposé, en ne tenant compte que du criterium paléontologique, à confondre les niveaux sableux R1b et Rid en un seul et même horizon, alors que cette conclusion serait absolu- ment contraire à l'observation rationnelle des faits. Le moindre inconvénient dans ce système serait encore de ne pouvoir, par suite des nombreux niveaux non fossilifères qui s’ob- servent dans les successions de couches, arriver à aucune régula- rité, à aucune base rationnelle et homogène dans la terminologie sédimentaire. Nous clôturerons, avec les exemples qui précèdent, les consi- dérations dans lesquelles nous avons cru devoir entrer au sujet des avantages que présente le système taxonomique proposé, avantages qui saffirmeront surtout dans l'œuvre de la Carte géologique détaillée du royaume, ou l'on trouvera réunies toutes les applications de la méthode qui vient d'être exposée. SUR LE SPIRIFER MOSQUENSIS ET SUR SES AFFINITES AVEC QUELQUES AUTRES ESPECES DU MEME GENRE, PAR le Dr L. G. DE KONINCK, Membre de l’Académie royale de Belgique. Le Spirifer que G. Fischer de Waldheim a désigné sous le nom spécifique de Mosquensis, après l'avoir confondu pendant quelque temps avec la Terebratula dorsata de Gmelin, offre un grand intérêt, non seulement au point de vue de sa structure et de ses affinités avec d'autres espèces, mais encore à celui de la position qu'il occupe dans l'échelle stratigraphique et du parti qu'il est possible d’en tirer pour la détermination de certaines assises car- boniferes. Tous les auteurs qui ont décrit ou cité cette espèce sont d'accord pour constater sa présence dans un grand nombre de localites et la profusion avec laquelle on la rencontre dans quelques-unes d’entre elles. L'étendue horizontale du calcaire carbonifere et de autres for- mations paléozoiques dans la majeure partie de la Russie (1) est sans doute cause que le S. Mosquensis se trouve répandu, dans cet immense empire, a des distances considérables, tandis qu'il paraît faire défaut dans la partie centrale de Bere ainsi que dans les iles Britanniques. Mais, dira-t-on, cette derniere assertion est en contradiction avec vos propres observations et avec celles des principaux auteurs qui ont traité des fossiles carboniferes. L’objection serait tres fondée si, par des recherches récentes et dont les résultats sont consignés (1) Il n'y a guère d'exception que dans l’Oural et dans le bassin du Donetz. 27 372 L. G. DE KONINCK. — SUR LE SPIRIFER MOSQUENSIS Dec. dans ce travail, je n'étais parvenu à prouver qu'en dehors des spé- cimens recueillis en Russie et dans les îles de la mer Glaciale, tous ceux qui jusqu ici ont été assimilés au Spirifer Mosquensis propre- ment dit, appartiennent à d'autres espèces du même genre. Je ferai remarquer d’abord que nulle part le Spirifer Mosquensis n'est associé au Productus giganteus dans les mêmes assises. Ce fait, constaté en 1840 et 1841 par Sir Roderick Murchison, Éd. de Ver- neuil et le comte A. de Keyserling pendant leur voyage en Russie, a été confirmé depuis par tous les observateurs qui s'y sont inté- ressés. J'ai pu le confirmer en Belgique, où aucune des localités fossiliferes de quelque importance ne m'est restée inconnue, ainsi qu'en Angleterre et principalement dans le Yorkshire, que j'ai visité a diverses reprises et ou le P. giganteus abonde. En France aussi la même chose s’observe, et le calcaire carboni- fere de l'Hérault, dont M. Graff a eu l'obligeance de me communi- quer les fossiles qu'il y a découverts, n’a jamais fourni de S. Mos- quensis, mais, en revanche, le Productus giganteus n'y est pas rare. La tendance de ces deux espèces a s'exclure mutuellement de l’assise dans laquelle elles se trouvent, doit nécessairement faire admettre qu'elles ne sont pas du même âge et que dans l’évolution de la faune carbonifère l’une a précédé l'autre. Ici la difficulté commence, car, bien que caractéristiques de l'assise qui les renferme, les coquilles dont il est question ne pos- sèdent aucun signe particulier qui puisse servir à reconnaître leur ancienneté relative. Il appartient donc à la stratigraphie de résoudre le probleme et de décider si le dépôt de l'assise à Spirifer Mosquensis a précédé celui de l’assise à Productus giganteus ou bien si c'est l'inverse qui a eu lieu. Quoique la superposition directe des deux assises n'ait pas encore pu être constatée, tous les géologues russes sont d'accord pour admettre que dans leur pays l’assise à Spirifer Mosquensis appar- tient a un étage supérieur a celui qui renferme le Productus gigan- teus et que ce dernier s'y trouve à la base du terrain carbonifere. Sir Roderick Murchison, Ed. de Verneuil et le comte A. de Key- serling ont émis la même opinion dans leur ouvrage intitulé : The Geologie of Russia in Europa and the Ural Mountains. Les savants auteurs de ce magnifique travail ont pu s'assurer par des observations directes, que le calcaire à Fusilines appartient aux — 7 1883. ET SUR SES AFFINITÉS AVEC D'AUTRES ESPÈCES, ETC. 373 assises supérieures du calcaire carbonifere et qu'il a pour base le calcaire a Spirifer Mosquensis. On le rencontre dans cette situation depuis les environs de Moscou, où j'ai eu l'occasion de le constater moi-même, en 1869, jusqu'au Sud de l’Oural, en passant probable- ment sous les couches de l'immense plateau que ces mêmes auteurs ont prises pour type de leur systeme permien (1) et qui séparent ces deux points extrémes. On ne peut donc pas douter de la position stratigraphique de ces deux assises, dont la supérieure est recouverte, a Artinsk, dans l’Oural, d'un grès que Ed. de Verneuil place en parallèle avec les grès houillers de nos contrées et qui renferme le Goniatites Jossæ et quelques autres especes remarquables par leurs formes générales et par leurs ornements. Mais si lon est pleinement édifié par rapport a ces assises, on peut se demander sil en est de même quant a la position du cal- caire a Spirifer Mosquensis relativement a celui a Productus giganteus. Il est à remarquer qu’aussi longtemps que l'on a considéré, comme identiques au Spirifer Mosquensis, les Spirifer si abondam- ment repandus dans les calcaires de Soignies, de Feluy, des Ecaussines, de Chanxhe, de Comblain-au-Pont, de Maffles, etc., et dans le calschiste de Tournai, on était en droit de conclure a la contemporaneite des assises qui renferment ces Spirifer avec celles dans lesquelles le Spirifer Mosquensis a été reconnu. En revanche, dès que l'identité de ces espèces n'existe pas, la conclusion devient caduque et toutes les conséquences qui en ont été déduites doivent être considérées comme non avenues. Aussi je n'hésite pas à confesser l'erreur que j'ai commise en 1875, en admettant qu'en Russie le calcaire à Spirifer Mosquensis (sup- posé identique alors aux Spirifer Tornacensis et cinctus) était infé- rieur à celui qui renferme le Productus giganteus (2). Mieux renseigné maintenant que je ne l'êtais a cette époque, je me trouve dans l'obligation de changer d'avis et de considérer ce dernier calcaire comme le plus ancien. En admettant ce problème comme résolu, un autre surgit relati- (1) Cette hypothèse est corroborée par l’existence d’un affleurement intermédiaire de calcaire à Fusilines, au village de Schwetzi, Nord-Est de Murom (Russia and the Ural Mountains, vol. I, p. 85). (2) Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, 1874, t. XLVIII, 2° partie, p. 171. 374 L. G. DE KONINCK. — SUR LE SPIRIFER MOSQUENSIS Dec. vement a la place réelle occupée par le calcaire a Productus gigan- teus dans la série stratigraphique du systeme carbonifere. En Russie, ce calcaire, reposant directement et, selon Sir Roderick Murchison, Ed. de Verneuil et le comte A. de Keyserling, en stra- tification concordante sur des argiles vertes et rouges constituant les couches supérieures du vieux gres rouge, est considéré comme se trouvaut à la base du système (1). En Ecosse, le Mainlimestone se trouve a peu prés dans la méme situation et, pour beaucoup de géologues anglais, il appartient aux assises inférieures du méme systeme. Ici comme en Russie, il alterne souvent avec des bancs de houille ou de schiste qui lui sont subordonnés. En Belgique même, près de Visé, ce calcaire est en contact immédiat avec du calcaire contenant un certain nombre de fossiles eifeliens et dont la nature devonienne est incontestable. C'est cette superposition immédiate qui anciennement m'a fait considérer le calcaire de Visé comme inférieur, par analogie avec celui déclaré tel en Russie. Néanmoins, je constatai déja en 1843 une différence assez considé- rable entre la faune de ce dernier calcaire et celle du calcaire et du calschiste de Tournaiet des localités voisines, pour me faire admettre que, malgré quelques espèces communes, celles qui constituent l'une et l’autre de ces deux faunes n'avaient pu vivre dans un même milieu et avaient par conséquent dü se trouver isolées pen- dant leur développement (2). Cette opinion fut confirmée d'abord par les recherches de M. J. Gosselet (3) et ensuite par celles de M. Éd. Dupont (4), par lesquelles il fut prouvé que le calcaire à Productus giganteus, loin de se trouver à la base du calcaire carbonifère, appartenait, en Belgique, a l'assise supérieure de ce calcaire. Le second de ces savants géologues établit, en outre, par des travaux importants, exécutés avec le plus grand soin, que ces deux calcaires sont séparés l'un de l’autre par des assises intermédiaires, caractérisées à leur tour par des fossiles qui leur sont propres et (1) Russia and the Ural Mountains, vol. 1, p. 71. (2) Description des animaux fossiles du terrain carbonifère de la Belgique, p.620. (3) Sur les terrains primaires de la Belgique, des environs d’ Avesnes et du Bou- lonnais. (4) Bulletin de l'Académie royale des sciences de Belgique, 1865, 2e série, t. XX, p- 616. del Lan 1883. ET SUR SES AFFINITES AVEC D'AUTRES ESPECES, ETC. 375 dont jusqu'ici la présence n'a pas encore été constatée, ni dans les assises supérieures, ni dans les assises inférieures. Faisons remarquer toutefois que les diverses assises établies par M. Ed. Dupont se trouvent rarement réunies de manière à former un groupe complet ou toutes les couches sont représentées et à servir à la confection d'une section unique qui les comprendrait toutes depuis la première jusqu'à la dernière. Cette complication est produite, suivant M. Éd. Dupont, par la double origine des calcaires de ce terrain. Les calcaires à Crinoïdes, les calcaires grenus et compactes seraient sédimentaires. Les calcaires à Stromatoporoïdes, qui caractérisent la partie moyenne de l'ensemble, sont considérés par le même auteur comme ayant une origine corallienne et un mode de formation analogue à celui des calcaires coralligènes actuels. C'est à ces circonstances qu'il y aurait lieu d'attribuer l'absence des calcaires de cette sorte en beaucoup d’endroits et leur dispo- sition en amas dispersés. Dans d'autres cas, les calcaires, envisagés comme de simples dépôts, sont eux-mêmes en lacunes. C'est à un phénomène de cette nature qu'est due, à Visé et aux environs de Glasgow, par exemple, l'absence des assises inférieures dont le dépôt a précédé celui du calcaire à Productus giganteus. Une autre lacune non moins importante consiste dans l'absence du calcaire à Fusilines et dans celui à Spirifer Mosquensis qui ont suivi le calcaire de Visé et qui sont si abondamment représentés en Russie, où les assises intermédiaires semblent faire complètement défaut, et ou le cal- caire à Productus giganteus, comme à Malowka, repose directe- ment sur un calcaire que je considère comme analogue à celui de Tournai. En admettant ces lacunes. on parvient aisément à se rendre compte de la différence que l'on observe dans l'ordre de succession des diverses assises que l'on rencontre dans plusieurs contrées, et l'on peut espérer d'arriver à établir un parallélisme complet entre les assises d'un pays quelconque et celles d'un autre pays pris pour type, où toutes ou presque toutes seraient sensées être représentées, parallélisme sur lequel jusqu'ici on est loin d'être parfaitement d'accord. On comprend que c'est principalement a l’aide des fossiles que la question doit être résolue, la nature des roches étant très variable, 376 L. G. DE KONINCK. — SUR LE SPIRIFER MOSQUENSIS Dec. surtout a de grandes distances, par suite des circonstances diffe- rentes au milieu desquelles elles ont pu être produites. C'est aux Etats-Unis surtout que le terrain carbonifere a pris une extension considérable; c'est en même temps l'un des pays où il a été le mieux et le plus complètement étudié et où il a subi le moins de dislocations. Par les travaux de MM. J. Hall et A. H. Worthen, il a été établi que les roches formant la division inférieure du terrain car- bonifère dans le bassin du continent intérieur de l'Amérique, se partagent en cinq groupes distincts, savoir : I. Kinderhook group. Grès, gravier, schistes et couches minces de calcaire oolithique. Le calcaire de Choteau, le calcaire lithogra- phique, les grès et les schistes vermiculaires du Missouri, ainsi que le calcaire à Goniatites de Rockford, dans l'Indiana, sont compris dans ce groupe. Puissance : 100-200 pieds. Il. Burlington group. Calcaire avec bancs de phtanite au som- met et contenant dans certaines parties des rognons de silex. Puissance : 25-200 pieds. Ce groupe qui, dans l'Ohio, paraît être représenté par le Waverly group, correspond à l'étage inférieur du calcaire carbonifere de la Belgique, renfermant plusieurs espèces identiques à celles qui ont été découvertes en Amérique. III. Keokuk group. Principalement composé de calcaire. Sa partie inférieure, reposant directement sur le calcaire de Burling- ton, est formée d’une mince couche de phtanite, à laquelle succède une couche de calcaire gris qui occupe la partie médiane; celle-ci est elle-même surmontée d'une couche de schiste, d'argile ou de dolomie, où l'on rencontre souvent en abondance des géodes de quartz, etc.; cette couche est connue sous le nom de couche à géodes (Geode bed). Ce groupe, dont lune des assises renferme le Syringothyris cuspidatus, W. Martin, représente, au moins en partie, l'étage moyen du calcaire carbonifere belge. IV. S'-Louis group. Calcaires en couches régulières d’Alton et de S'-Louis. Calcaire oolithique a 3 milles d’Alton et couches équi- valentes de Bloomington et de Spergen Hill, dans l'Indiana. Calschistes et calcaire argileux bleu de Warsaw. Puissance : 250 pieds dans certains endroits. 1883. ET SUR SES AFFINITÉS AVEC D'AUTRES ESPÈCES, ETC. 377 V. Chester group. Calcaire divisé en trois ou quatre couches intercalées de schistes et de grès, d'une puissance allant quelque- fois jusqu'a 600 pieds. Ce groupe comprend le calcaire à Pentre- mites et le calcaire supérieur à Archimedes. Ce dernier calcaire est connu sous le nom de calcaire de Kaskaskia (Kaskaskia-limestone). Dans le Sud-Ouest de l'Illinois la série entière a une puissance de 1,200 a 1,500 pieds, tandis qu'elle s'amincit rapidement vers le Nord, disparaît complètement avant d'atteindre le comté de Rock-Island et fait reposer le terrain houiller directement sur le terrain devonien (1). Je crois devoir faire remarquer que le calcaire a Productus giganteus (2) et le calcaire a Fusilines, qui existent cependant aux Etats-Unis, ne sont pas compris dans la division que je viens d’indi- quer. Il est probable qu'ils devront entrer dans la composition d'un sixième groupe formé des couches inférieures du terrain qui, aux Etats-Unis, est généralement considéré comme constituant le Coal-measures : il comprend des bancs alternatifs de charbon, de calcaire, de schiste et de grès, dont la succession n’a rien de rêgu- lier et qui sont en tout semblables a ceux que l'on observe en Russie dans la section de Lissitchia-Balka, figurée avec beaucoup de soin par Sir Roderick Murchison, Ed. de Verneuil et le comte A. de Keyserling (3). En appliquant aux calcaires des principales localités le principe de l'identité ou de l’analogie des espèces fossiles a l'identité des assises qui les renferment, on arrive a établir le parallélisme des assises qui y ont été reconnues. Sans être aussi complet que je l’eusse désiré, le tableau suivant peut donner une idée des résultats auxquels on peut parvenir par cette application. Comme dans ce tableau les assises établies par M. Ed. Dupont dans l'échelle stratigraphique du calcaire carbonifere belge m'ont servi de base, il me semble qu’afin de le rendre plus intelligible, il est utile de reproduire cette échelle, toutefois en laissant de côté les diverses formes sous lesquelles ces assises sont représentées, vu que cette diversité de formes n'a aucune importance paléon- tologique. (1) J. Dana, Manual of Geology, 24 édit., p. 294. (2) C. A. Wuite, Note of the occurence of Productus giganteus in California (ProcEEDINGS OF NATURAL MUSEUM OF WASHINGTON, 1870). (5) Russia and the Ural Mountains, vol. 1, p. 111. 378 L. G. DE KONINCK. — SUR LE SPIRIFER MOSQUENSIS Dec. Voici cette échelle telle qu'elle a été établie en dernier lieu par M. Ed. Dupont : Etage I de Tournar. — Calcaire à crinoides, avec schistes argileux a la base; sans schistes a la partie moyenne; avec phtanite a la partie supérieure. Etage II de WauLsorr. — Calcaire gris à veines bleues et dolomie grise et calcaire gris souvent magnésien dont un groupe des couches est rempli de noyaux spatiques radiés (Stromatoporoides). Étage III de Visé. — Calcaire à grands Euomphales, compacte à la base, dolomi- tique à la partie moyenne et calcaires compactes, grenus ou bréchiformes à la partie supérieure. Il a été constaté que l'ensemble de ces trois étages a une puis- sance d'environ 800 mètres. On comprend facilement que la formation de cette puissante série a dü se faire lentement, et que, pendant le temps considérable qu il a fallu pour la produire, les conditions dans lesquelles elle a pris naissance ont dû subir les nombreuses modifications qui vien- nent d'être indiquées et donner lieu à la formation de couches de nature et de composition très diverses. Les mêmes causes ont dü influer sur la nature des êtres orga- nisés qui ont vécu pendant les diverses périodes qui se sont suc- cédé. Aussi la faune s'est-elle considérablement modifiée et trouve- t-on des différences notables entre les espèces dont les restes ont été fournis par les étages les plus anciens et celles recueillies dans l'étage supérieur. Ainsi que j'ai deja eu l'occasion de le faire observer dans un autre travail (1), je crois pouvoir assurer que « le développement de la faune carbonifère proprement dite présente trois périodes successives pendant lesquelles les conditions biologiques ont été assez différentes les unes des autres pour que l'ensemble des espèces de chacune de ces périodes, pris isolément, suffise pour la caractériser et pour la distinguer. » Deja les Poissons, les CEPHALOPODES et les GASTROPODES, que j ai plus spécialement étudiés jusqu'ici et dont les premiers m'ont fourni quarante-quatre, les deuxiemes cent soixante-sept et les derniers cing cent dix-huit espèces, m'ont pleinement confirmé dans les idées que je viens de présenter, et, à deux ou trois exceptions prés, chacune de ces espèces dénote le niveau auquel elle appar- tient sans passer d'un étage dans un autre. (1) Faune du calcaire carbonifêre de la Belgique, ire partie, p. 7. 1883. ET SUR SES AFFINITÉS AVEC D'AUTRES ESPÈCES, ETC. 379 Les nombreuses observations que jai pu recueillir dans tous les pays de l'Europe dont j'ai visite les principales collections tant publiques que privées, aidées d'une expérience d'un grand nombre d'années, m'ont pleinement confirmé dans mon opinion. C'est en me basant sur ces données qu'il m'a été possible d'établir le parallélisme qui existe entre les roches carboniferes belges et celles des autres pays, y compris même celles des Indes et de l'Amérique. Afin d'éviter par la suite une confusion semblable a celle à laquelle j'ai été sujet et qui m'a été si amerement reprochée par certains géologues dont je m'abstiens de relever les erreurs, j'ai fait représenter sur les planches qui accompagnent ma notice, et aussi exactement que possible, les principales variétés du Spirifer Mosquensis; jy ai joint, en outre, les figures de l'espèce avec laquelle je l’ai pendant longtemps confondu et de quelques autres avec lesquelles celle-ci a des rapports. 1. Spirifer Mosquensis, G. Fischer de Waldheim. Planche XIV, fig. 1-11. TEREBRATULA DORSATA. G. Fischer de Waldheim, 1809, Notice des fossiles du Gouvern. de Moscou, p. 26, pl. I, fig. 7 et pl. III, fig. 3, non J. F. Gmelin. CHORISTITES Mosquensis. G. Fischer de Waldheim, 1825, Programme sur la Cho- ristite, p. 8, pl. I, fig. 1, 2,3, 4. _ Sowersyi. G. Fischer de Waldheim, 1825, zdid., p. 9, pl. I, fig. 5, 6, 7. DELTHyRIS ıncısa (pars). A. Goldfuss, 1832, Handb. der Geognos. von H. T. de la Beche, bearb. von H. von Dechen, p. 526. CHORISTITES Mosquexsis. Keferstein, 1834, Naturges. des Erdk., Bd. I, p- 600. — — G. Fischer de Waldheim, 1837, Oryctogr. du Gouvern. de Moscou, 2° édit., p. r4o, pl. XII, fig. 3, pl. XXIV, BB. 1,2, 3, Ay COL RV LS, 6. a Sowersyi. G. Fischer de Waldheim, 1837, ibid, p. 140, pl. XXV, fig. 1. SPIRIFER CHORISTITES. L. v. Buch, 1837, Ueber Delthyris, p. 45. — L. de Buch, 1840, Mém. de la Société géolog. de France, KIN, pe 101, pLeiX, fig. 16. — PRISCUS. E. d'Eichwald, 1840, Urwelt Russl., Heft 1, p. 97, Taf. IV, fig. 12. — MosaqueEnsis. A. Fahrenkohl, 1844, Bull. de la Soc. des Natural. de Moscou, p. 788. _ — Ed. de Verneuil, 1845, Russia and the Ural Mount., vol. II, p- 161, pl. V, fig. 2, non F. Me Coy, nec T. Davidson. — — A. de Keyserling, 1846, Wissensch. Beobacht. auf einer Reise in das Petschoraland im Jahre 1843, p. 230. 380 L. G. DE KONINCK. — SUR LE SPIRIFER MOSQUENSIS Dec. SPIRIFER MOSQUENSIS. — SOWERBYI. . G. Bronn, 1848, Nomencl. palæontol., p. 1179. . d'Orbigny, 1850, Prodr. de paleontol. stratigr., t. 1, p. 149, non Defrance — MosaQuexsis. F. A. Quenstedt, 1852, Handb. der Petrefaktenk., p. 480, Taf. XXXVIII, fig. 30. — — T. Davidson, 1853, On the Classific. of Brachiopoda, pl VI, fie. 32. SPIRIFERA — (pars). T. Davidson, 1857, A Monogr. of British carbonif. Bra- chiop., p. 22 (figuris Tabulæ IV exclusis). — _ T. Davidson, 1858, The Geologist, vol. I, p. 466, pl. XII, fig. 6. — _ T. Davidson, 1859, Mém. de la Soc. royale des sciences de Liége, ire" série, t. XVI, pl. Is fig. 6. SPIRIFER — E. d’Eichwald, 1860, Lethæa rossica, t. I, p. 723. — — F. Toula, 1875, Sitzungsb. d. kais. Akad. d. Wissensch. zu Wien, I. Abth., Bd. LXXI, p. 542, Taf. II, fig. 1. — — H. Trautschold, 1876, Nouv. Mém. de la Soc. I. des Natu- ral. de Moscou, t. XIII, p. 349, pl. XXXV, fig. 2, pl. XXXVI et pl. XXXVII, fig. 1, 2. Fe — J.J. Bigsby,1878, Thesaurus devonico-carboniferus, p. 279. — _ K. A. Zittel, 1880, Handb. der Palæont., Bd. I, p. 650, fig. 478. — Mosguensis? G. Stache, 1883. Denkschr. der mathem.-naturw. Classe der k. Akademie der Wissensch., Bd. XLVI, p. 383, A ay Be, 10,2, eG Cette espece, toujours tres renflée, varie sensiblement avec l’äge: jeune, elle est transverse; adulte, elle a une tendance trés pro- noncée à s’allonger. Le sinus de la valve ventrale est assez large et tres peu profond; ses bords sont peu distincts et se confondent insensiblement avec le reste de la coquille; il est peu profond et régulièrement creusé en gouttière ; son bord antérieur est garni de quatorze a seize plis, produits par la dichotomie des trois ou quatre qui se trouvent a l’origine. Le bourrelet, qui est peu saillant, en porte le méme nombre. La largeur de ces plis, qui est un peu variable, est a peu pres la méme que celle des plis lateraux adja- cents. Ceux-ci sont au nombre de vingt a vingt-cing de chaque côté, et vont en diminuant jusqu’au bord cardinal, près duquel les derniers sont à peine visibles; ils sont assez souvent bifurqués; tous sont arrondis ou aplatis en dessus. La hauteur de l’area varie avec l'âge et la longueur proportion- nelle des individus; sa surface est ordinairement très courbe, concave et verticalement striée; sa largeur, qui est généralement inférieure a la longueur du diamètre transverse, dépasse souvent celle-ci chez les jeunes individus. Le crochet, ordinairement assez épais et forte- 1883. ET SUR SES AFFINITÉS AVEC D'AUTRES ESPÈCES, ETC. 381 ment recourbé, cache une partie de l'ouverture deltoide. Celle-ci est large et ouverte dans toute sa hauteur, excepté sous le crochet, ou se voit quelquefois un rudiment de pseudodeltidium. La surface des valves est ornée de quelques stries transverses qui, par leur direction, démontrent fort bien que l'accroissement de la coquille, depuis un certain âge, a principalement porté sur la longueur, tandis que la largeur est restée à peu près stationnaire. L'un des caractères les plus essentiels de cette espèce consiste dans le développement extraordinaire et la direction des lamelles servant de soutien aux dents cardinales de la valve ventrale, y formant une double cloison divergente qui s’avance presque jusqu'au bord antérieur de la valve et la divise en trois comparti- ments distincts (pl. XIV, fig. 11). Le compartiment médian a servi a loger les muscles adducteurs des valves, muscles dont les empreintes n'ont pas encore été observées, tandis que les compar- timents latéraux ont soutenu les spires que G. Fischer de Waldheim a fait connaître dès 1837 (1) et dont Ed. de Verneuil (2) d'abord et M. H. Trautschold (3) ensuite ont publié des dessins plus ou moins complets. L'unique valve dorsale dont il m’ait été possible de dégager une partie de la surface interne ne portait aucune trace d’empreinte musculaire; son area est très étroite et son crochet peu saillant est garni de deux petites lamelles divergentes qui ont servi de point d'attache aux bras spiraux (pl. XIV, fig. ro). Dimensions. — La longueur absolue de cette espèce est aussi variable que le rapport qui existe entre elle et la largeur. Les plus grands échantillons atteignent rarement une longueur et une lar- geur de 6 centimetres; d'autres n'ont qu'une largeur de 45 milli- mètres et une longueur de 55 millimètres; d'autres encore ont une largeur de 38 millimètres et une longueur de 30 millimetres. Rapports et différences. — En 1842, j'ai confondu ce Spirifer avec un autre, très abondant dans le calschiste de Tournai, qui sera décrit ci-après sous le nom de S. Tornacensis, ainsi qu'avec un second qui lui est associé, et auquel M. le comte A. de Keyserling a donné le nom de S. cinctus. Il est à remarquer que certaines variétés de S. Mosquensis res- semblent beaucoup à cette dernière espèce par leur forme générale, (1) Oryctographie du Gouvernement de Moscou, pl. XXV, fig. 6. (2) Russia and the Ural Mountains, vol. II, pl. V, fig. 2a. (3) Nouveaux Mémoires de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, t. XIII, pl. XXXV, fig. 2a et 25. 382 L. G. DE KONINCK. — SUR LE SPIRIFER MOSQUENSIS Dec. par laplatissement de leurs côtes rayonnantes et par la faible élévation de leur bourrelet; celle-ci sen distingue neanmoins par la grandeur de sa taille, que n’atteignent jamais les variétés aux- quelles je viens de faire allusion, et surtout par l'absence, à l'intérieur de sa grande valve, des lames divergentes qui se trouvent a l'in- térieur de cette méme valve chez le S. Mosquensis. Ce dernier caractère suffit en outre pour empécher toute confusion avec les Spirifer bisulcatus, J. de C. Sowerby, et striatus, W. Martin. Je reunis au S. Mosquensis, a titre de varietes, les Spirifer Sowerbyii, G. Fischer, et priscus, E. d’Eichwald, parce qu'il existe entre les formes désignées sous ces noms, des passages insensibles qui les réunissent au type principal de l'espèce. Contrairement à l'opinion de la plupart des paléontologistes, j'exclus de ces variétés le S. Kleinti, G. Fischer, par la raison que son bourrelet plus sail- lant est formé d'un seul pli anguleux et que les plis rayonnants de ses faces latérales sont plus épais et moins nombreux. Les figures 13 et 14 dela planche IV et 16 de la planche XIII, que M. T. Davidson a données dans son excellente monographie des Brachiopodes carbonifères, ne représentent pas le Spirifer Mos- quensis, mais bien une espèce qui en est voisine, comme us la reconnu lui-méme a la page 221 de son travail. Gisement et localites. — Le Spirifer Mosquensis est une espece caracteristique du calcaire carbonifere supérieur de la Russie d’Eu- rope et de la Russie d’Asie. Ce calcaire, auquel l'assise à Productus giganteus sert de base, n’ayant pas de representant bien constate dans aucune autre contrée de ces deux parties du monde, il n’est pas étonnant que le Spirifer Mosquensis ne s'y soit pas rencontre. Il est tres abondant dans le calcaire blanc des environs de Moscou, a Mjatschkova, a Grigorievo et a Podolsk, ou il a été recueilli par G. Fischer de Waldheim. Ed. de Verneuil l'a trouvé a l'Ouest de Vitegra; a Kopatcheva sur la Dwina; pres du village de Ukzenskaia; a Zaraisk, pres de Moscou; a Unja, pres de Kosimof; a Kachira, sur l'Oka ; à Lissichibalka et a Ouspenskoi, dans le Donetz; enfin dans l'Oural: a Alatau, sur la route d’Usiansk, a Sterlitamak, a Kumish et près de Kalino sur la Tchusowaya. Selon E. d'Eichwald, il a encore été rencontré a Kamenskaya pres de Jekatherinebourg ainsi que dans l’Altai, sur le bord du fleuve Oulba, pres du village de Tarkhanskoye. Le S. Mosquensis a été recueilli dans les iles de Barents (Barents- Inseln) sur les cötes N.-O. de Novaia Semlja, par le Prof. H. Höfer, pendant le voyage au pôle nord exécuté en 1872 par M. le comte 1883. ET SUR SES AFFINITÉS AVEC D'AUTRES ESPÈCES, ETC. 383 Wilczek. Il est a remarquer que, malgré les recherches les plus minutieuses, il n'y a pas été découvert la moindre trace de Fusi- lines, si abondantes aux environs de Moscou. Cependant M. G. Stache a trouve parmi les fossiles carboniféres recueillis dans le Sahara par M. le Dt Oscar Lenz pendant son voyage du Maroc vers Tambouctou, quelques formes de Spirifer tres voisines sinon identiques avec celles du Spirifer Mosquensis des environs de Moscou. La forme des plaques dentales divergentes de ces Spirifer africains ressemble si bien a celle des plaques de l'espèce russe, et cette forme se présente si rarement chez d'autres espèces, qu il n'y a presque pas de doute à avoir sur leur identité. L'absence de Productus giganteus parmi les espèces rapportées par M. le Dr O. Lenz peut encore servir a corroborer cette opinion. En l’admettant comme démontrée, il en résulterait ce fait impor- tant que laire géographique du S. Mosquensis s'étendrait du pôle austral jusqu'à l'équateur, extension qui n'aurait pas encore été rigoureusement constatée pour aucune autre espèce de Mollusques. 2. Spirifer cinctus, À. de Keyserling. Planche XV, fig. 3, 4, 5, 6, 7, 8. SPIRIFER SOWERBYII. L. G. de Koninck, 1842, Descr. des anim. foss. du terr. car- bon. de la Belg., p. 252, pl. XVI, fig. 1, non G. Fischer de Waldheim, nec Defrance (Synonymia exclusa). — CINCTUS. A. de Keyserling, 1845, Wissensch. Beobacht. auf einer Reise in das Petschoraland im Jahre 1843, p. 229, pl. VIII, fig. 2. — — H. G. Bronn, 1848, Nomencl. palæontol., p. 1174. — — A. d'Orbigny, 1850, Prodr.de paléont. stratigr., t.I, p.150. — GRIMESI. J. Hall, 1858, Report on the geological Survey of the State of Iowa, vol. I, part II, Palæontol., p. 604, pl. XIV, RS A Bhs — +EMNCTus. E. d’Eichwald, 1860, Lethæa rossica, t. I, p. 721. — (TRIGONOTRETA) STRIATIFORMIS. F.B. Meek, 1875, Report of the geolog. Survey of Ohio, vol. II, p. 289, pl. XIV, fig. 8. SPIRIFERA GRIMESII. J. A. Miller, 1877, Zhe American palæoz. Fossils, p. 130. — STRIATIFORMIS. J. A. Miller, 1877, ibid., p. 132. — CINCTA. J.J. Bigsby, 1878, Thesaurus devonico-carboniferus, p. 279. — GRIMESII. J. J. Bigsby, 1878, ibid., p. 278. Cette espece, pouvant atteindre une grande taille, est de forme ovale et ordinairement un peu plus large que longue; l’inverse 384 L. G. DE KONINCK. — SUR LE SPIRIFER MOSQUENSIS Dec. existe aussi, mais s'observe beaucoup plus rarement. L’area, dont la largeur est généralement inférieure au diamètre transverse de la coquille, est assez haute et recourbée sur elle-méme; son bord inférieur est droit, tandis que le bord supérieur forme un angle tres ouvert; dans la plupart des cas, la coquille est plus ou moins arrondie vers ses extrémités, son ouverture deltoide est largement triangulaire. La valve dorsale est convexe et garnie d'un large lobe médian peu distinct et se confondant insensiblement avec ses parties laté- rales; la valve ventrale, plus convexe et plus gibbeuse que la pré- cédente, est déprimée dans sa partie médiane par un large sinus correspondant au lobe de la valve opposée et aussi mal limité que lui; son crochet est renflé et assez fortement recourbé sur lui-même pour dominer celui de la valve dorsale, qui est beaucoup plus petit, et pour cacher ainsi à la vue une partie du deltidium. La surface des valves est garnie d’un très grand nombre de plis rayonnants, plus ou moins aplatis, dont la largeur à leur extré- mite dépasse rarement 2 millimètres; ces plis, qui sont au nombre de vingt à vingt-cinq sur le lobe et le sinus médians, se multiplient irregulierement par simple bifurcation et non par interposition, comme chez d'autres espèces. Chez les individus bien conservés, on remarque que la surface même de ces plis est ornée d'un dessin réticulé, produit par l’entrecroisement à angle droit de fines côtes filiformes qui ne sont bien visibles qu'à la loupe et dont la figure 6 de la planche XV représente un grossissement. Un moule d'une partie intérieure de la valve dorsale (pl. XV, fig. 7) fait voir que celle-ci était garnie en dessous de son crochet de deux petites lamelles divergentes / (1), sur les côtés et en dessous desquelles se trouvent les empreintes allongées et très superficielles des muscles adducteurs a ; entre ces empreintes existe une fossette ovale médiane m ayant probablement servi de point d'attache au muscle du pied. L'intérieur de la valve ventrale, dont j'ai réussi à isoler la partie la plus importante, se fait remarquer par l'absence presque complète des lamelles dentales, si remarquablement développées chez le Spirifer Mosquensis : elles sont uniquement représentées par deux petites crêtes divergentes, servant de soutiens aux dents (1) Il est probable que ces lamelles ont servi de support aux spires qui ont dû exister dans la coquille, mais que je n’ai pas encore vues en place. 1883. ET SUR SES AFFINITÉS AVEC D'AUTRES ESPÈCES, ETC. 385 cardinales, qui correspondent de l'un et de l'autre côté à un faible sillon courbe entourant les impressions des muscles adducteurs et se réunissent au centre de la valve (pl. XV, fig. 8). Tout le reste de la face interne est plus ou moins bosselé et creusé de nombreuses fossettes produites par les organes de l'animal qui y a séjourné. Dimensions. — Longueur d'un spécimen adulte : 85 millimetres; largeur 92 millimètres; épaisseur 50 millimetres (1). Rapports et différences. — En 1842, j'ai confondu cette espèce avec le Spirifer Mosquensis qui, par les variations que subissent les rap- ports de ses diverses dimensions suivant l’âge et par la structure de ses côtes rayonnantes, a quelque analogie avec lui. J'ai déjà fait remarquer qu'elle en diffère essentiellement par sa grande taille et mieux encore par l'absence dans sa valve ventrale des lamelles dentales divergentes, si fortement développées dans celle de sa congénère russe. Bien que l'un des exemplaires du S. Grimesii, figures par M. J. Hall, soit relativement plus long et un peu plus gibbeux que ceux dont je me suis servi, je ne doute cependant pas qu'il n’appartienne a la même espèce, la structure interne de la valve ventrale d'un autre exemplaire étant exactement la même que celle représentée planche XV, figure 8. Quoique la taille du Spirifer striatiformis, F. B. Meek, soit beaucoup plus petite, il n'y a pas de doute qu'il n’appartienne aussi à la même espèce et n'en constitue qu'une variété un peu plus transverse et un peu plus anguleuse à ses extrémités latérales ; la forme de ses plis rayonnants et celle des impressions muscu- laires de sa valve ventrale ne different en rien de celle du Spirifer cinctus; le dessin réticulé dont sa surface est couverte est égale- ment identique. Une semblable réticulation s’observe rarement et, en dehors de l'espèce que je viens de décrire, je ne connais que celle qui a été désignée par M. F. M° Coy sous le nom de S. reticulatus, qui est peut-être identique avec elle (2), et une petite espèce du calcaire de Visé à laquelle j'ai donné le nom de S. Fischerianus. Gisement et localités. — Ce Spirifer constitue l’une des espèces le plus répandues et le plus caractéristiques de l'étage inférieur du (1) Les rapports de ces dimensions sont très variables selon l'âge et la taille de chaque individu. (2) M. T. Davidson a introduit cette espèce, à tort selon moi, parmi les variétés de S, striatus, W. Martin. 386 L. G. DE KONINCK. — SUR LE SPIRIFER MOSQUENSIS Dec. calcaire carbonifère. M. le comte A. de Keyserling l'a découvert dans le Nord de la Russie, sur les bords de la rivière Sopljoussa, affluent de la Petschora. En Amérique, il a été recueilli à Burling- ton, dans l'Iowa, aux environs de Quincy et de Jersey, dans l'Illi- nois; a Sciotoville et diverses autres localités de l'Ohio. Il n'est pas connu en Angleterre ni en Écosse, mais j'en ai rencontré dans la collection paléontologique du Musée des Sciences,à Dublin, des spécimens provenant du schiste noir de Ballydoole, comté de Limerick, en Irlande. En Belgique, il est très abondant dans le calcaire carbonifere de Chanxhe et de Comblain-au-Pont, sur l'Ourthe, de Feluy, de Soignies, d’Ath et des Ecaussines;ilestmoins abondant dans le calschiste des environs de Tournai (étage I). 3. Spirifer Tornacensis, L. G. de Koninck. Planche 3111, Ae, 1,2, "74,9 0, 720, 0: SPIRIFERA STRIATA? W. H. Baily, 1875, Figures of charact. British Fossils, p. 110, pl. XXXVIII, fig. 15 (figura ıa exclusä). La coquille de cette espece, quelle que soit sa taille, qui peut étre assez forte, est toujours transverse et beaucoup plus large que longue. La largeur de son area représente son plus grand diamètre transverse; cette area n'est pas tres élevée et ses bords sont subparal- leles sur la majeure partie de son étendue; sa surface est striée en travers. L’ouverture deltoide est triangulaire, large et ouverte sur toute sa hauteur. La valve dorsale est beaucoup moins profonde que la valve opposée; son bourrelet n'est presque pas saillant et peu distinct; ses bords se confondent presque insensiblement avec les parties adjacentes; il en est de méme du sinus correspondant de la valve dorsale, lequel est peu profond et mal defini. La surface de chacune des deux valves est garnie d’un tres grand nombre de plis rayonnants d'une largeur a peu près égale et dont le diamètre s’ac- croît insensiblement avec le développement de la coquille ; ces plis, qui sont au nombre de dix à douze pour le bourrelet et le sinus, se bifurquent rarement ; ils sont arrondis et, chez les individus de bonne conservation, couverts de lamelles d’accroissement imbri- quées et extrémement minces, qui les rendent un peu rugueux. Je n'y ai jamais observe le dessin réticulé qui orne les plis du S. cın- ctus; outre ces lamelles, on y observe de distance en distance un 1883. ET SUR SES AFFINITÉS AVEC D'AUTRES ESPÈCES, ETC. 387 sillon transversal indiquant les divers points d’arrét subis par la coquille pendant sa croissance. L’area de la valve dorsale est £troite, rectiligne, plate, a bords parallèles ; elle forme un angle droit avec l'area beaucoup plus développée et creuse de la valve opposée. L'intérieur de la pre- mière de ces valves n'offre rien de particulier; il porte les deux spires en cône opposées l’une a l'autre et bien développées qui existent dans la plupart des espèces ayant une forme analogue; l'intérieur de la valve dorsale, représenté par la figure 8 de la planche XIII, est plus intéressant à connaître : on remarque que les dents cardinales sont soutenues et renforcées par des lamelles assez épaisses dont les parties supérieures sont convergentes et dont les inférieures, se dirigeant en sens inverse, se continuent en un léger bourrelet courbe pour se rejoindre beaucoup plus bas sur la ligne médiane de la valve; ce bourrelet entoure et limite les empreintes des muscles adducteurs, séparées au milieu par une crête peu élevée et très mince. Le reste de la surface interne, à droite et à gauche des empreintes musculaires, est rendu plus ou moins rugueux par les traces qu'y ont laissées les organes de l'animal ayant habité la coquille. La figure 9 de la planche XIII donne une idée d'un moule produit par les différentes parties représentées en nature par la figure 8 de la même planche; cette figure est presque identique à celle que M. W. Hellier Baily a donnée d'un moule recueilli dans le schiste carbonifère inférieur de Farmers’ Bridge (comté de Kerry), en Irlande, et ne me laisse aucun doute sur l'identité de l'espèce. | Dimensions. — Les rapports dans les dimensions sont assez varia- bles, par la raison que la longueur s’accroit plus rapidement que la largeur, comme cela s'observe chez un grand nombre d’especes. Jai constaté sur un échantillon d'une parfaite conservation : lon- gueur 36 millimetres; largeur 65 millimetres; épaisseur 20 milli- metres. Rapports et differences. — J'ai pendant longtemps confondu et identifié cette espèce avec la précédente, dont je la considérais comme variété. Mais la constance des caractères observée sur une quantité considérable d'échantillons et surtout la différence existant dans la conformation intérieure des valves des deux coquilles, m'a convaincu qu elles étaient spécifiquement différentes. Cette diffé- rence consiste d'abord dans la forme plus transverse et beaucoup plus anguleuse des extrémités latérales du S. Tornacensis, dans 28 388 L. G. DE KONINCK. — SUR LE SPIRIFER MOSQUENSIS Dec. l'absence de dessin réticulé à la surface de ses plis rayonnants et enfin dans l'étendue et la force relativement beaucoup plus consi- dérable de ses lamelles dentales. La forme du S. Tornacensis ressemble a celle des S. Forbesii, J. C. Norwood et H. Pratten (1) et zmbrex, J. Hall (2); il differe du premier par l'absence des plis saillants et divergents qui limitent le bourrelet de sa valve dorsale, et du second par la forme moins sinuée de son bord frontal et plus anguleuse de ses extrémités laté- rales, ainsi que par la finesse et la faible saillie des lamelles imbri- quées qui couvrent sa surface. Gisement et localités. — Cette espece, qui pendant longtemps a été considérée comme ne formant qu'une variété des S. Mosquensis et cinctus, accompagne ce dernier dans toutes les localités ou il a été rencontré en Belgique. J'ai pu constater par moi-même que le Musée des Sciences de Dublin en possède quelques spécimens, pro- venant les uns du gres carbonifere de Haughairn, de Blackbalzead, de Scarris, dans le comté de Cork, et de Farmers’ Bridge, dans le comté de Kerry; les autres du calcaire de Hook-Point, dans le comté de Wexford, en Irlande. Ce Spirifer, étant caractéristique de l'étage inférieur du calcaire carbonifere, a probablement été con- fondu avec le S. disjunctus, J. de C. Sowerby (= S. Verneuilt, I. R. Murchison) caractérisant l'étage supérieur du terrain devonien, par certains auteurs qui en ont indiqué la présence dans le terrain carbonifere; il en differe cependant par la forme, la multiplicite et le peu de largeur de ses plis rayonnants, par la limitation nette du lobe et du sinus de ses valves et plus encore par la forme plus haute et plus regulierement triangulaire de son area. 4. Spirifer subcinctus, L. G. de Koninck. Planche XV, fig. 9, 10. Cette belle espèce, dont la forme est subtrigone et dont les extré- mités latérales sont arrondies et déprimees, est un peu plus large que longue; son area est assez haute, creuse, fortement striee en travers et de forme triangulaire; l'ouverture deltoïde est grande et (1) Journal of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia, new series, vol. Til, p. 73, Dit es. (2) Report on the geological Survey of the State of Iowa, vol. I, part II, p. 601, pl. XIII, fig. 2. | 1883. ET SUR SES AFFINITÉS AVEC D'AUTRES ESPÈCES, ETC. 389 ouverte sur toute son élévation. La valve dorsale, moins profonde que la valve ventrale, est munie d'un lobe médian qui la rend un peu gibbeuse, et dont les limites sont indiquées par un sillon un peu plus prononcé que ceux qui séparent les plis rayonnants de la surface. La valve ventrale est assez épaisse et régulièrement courbée sur sa longueur; son sinus, bien marqué des son origine au crochet, est large et profond. La surface de chacune des deux valves est gar- nie d'un nombre considérable de plis rayonnants; tous ces plis, simples et à peu près d’égale épaisseur à leur origine, se bifurquent a deux ou trois reprises avant d'atteindre le bord et ne conservent pas cette régularité qui les caractérisait à l'origine; leur largeur y est au contraire tres variable et ce n'est qu'aux extrémités laté- rales, où ils sont plus étroits et plus nombreux, qu'ils sont un peu plus réguliers. Un certain nombre de sillons concentriques, inéga- lement distribués et peu profonds, quoique bien marqués, indiquent les points d’arrét que la coquille a subis dans son accroissement ; aucune autre trace d’ornementation ou de structure n’a pu être reconnue. Aucune valve de cette belle espèce n'ayant pu être isolée, leur con- formation interne m'est restée complètement inconnue. Dimensions d'un exemplaire de moyenne taille : longueur 60 mil- limètres ; largeur 74 millimetres; épaisseur 35 millimetres. Rapports et différences. — Cette espèce a quelque ressemblance avec le Spirifer cinctus, dont elle se rapproche par sa taille et par la faible saillie de son lobe médian; elle s'en éloigne par sa forme sub- trigone, par sa largeur, en général plus grande relativement à sa longueur, et surtout par la bifurcation multiple de ses plis rayon- nants et l'absence du dessin réticulé qui couvre les plis du S. cinctus. Elle a aussi des rapports de forme et de taille avec le S. Logani, J. Hall (1), qui s'en distingue par sa grande épaisseur et par la sim- plicité et la largeur de ses plis rayonnants. Gisement et localités. — Cette espèce est aussi répandue dans le calcaire carbonifere de l'étage moyen que le S. cinctus l’est dans le calcaire de l'étage inférieur et peut très bien servir à reconnaître et à caractériser cet étage. M. Ed. Dupont l'a recueillie aux Pau- quys, a Waulsort et à Furfooz (étage II). (1) Report on the geological Survey of the State of Iowa, vol. I, part II, p. 647, pl. XX, fig. 7 and pl. XXI, fig. 1, 2. 390 L. G. DE KONINCK. — SUR LE SPIRIFER MOSQUENSIS Dec. 5. Spirifer striatus, W. Martin. Planche XV, fig. ı, 2. CONCHYLIOLITHUS (ANOMITES) STRIATUS. W. Martin, 1800, Petrific. Derbiensia, p. 10, pl. XXTIL fig. 1,2, TEREBRATULA STRIATA. J. Sowerby, 1815, Trans. of the Linnean Soc., vol. XII, patt-fi,.p. 515, pl. AX VILL, Sg, 15 2: — SPIRIFERA. À. Valenciennes, 1810, in J. B. de Lamarck, Syst. nat. des anim. sans vertèbres, t. VI, p. 257. SPIRIFER STRIATUS, J. Sowerby, 1820, Miner. Conchol.of Great Britain, t. III, p: 125, pl, COUR. — — Defrance, 1827, Dict. des sc. natur., t. L, p. 293. — u J. Fleming, 1828, History of British Animals, p. 375. — -- J. Woodward, 1830, Synopt. Table of British organ. Remains, p. 22. DELTHYRIS STRIATA. A. Goldfuss, 1832, Handb. der Geogn. von H.T. de la Beche, bearb. von H. von Dechen, p. 226. ANOMIA — E. F. v. Schlotheim, 1832, Verzeichn. seiner Petrefakten- Sammlung, p. 62. SPIRIFERA _ J. Phillips, 1836, /llustr. of the Geology of Yorkshire, VOL IL Ds 217 TEREBRATULA SPIRIFERA. A. Valenciennes, 1837, in J. B. de Lamarck, Syst. nat. des anim. sans vertèbres, 2de édit., t. VII, p. 349. — STRIATA. G. P. Deshayes, 1837, ibid., t. VII, p. 360. SPIRIFER STRIATUS. L. v. Buch, 1837, Ueber Delthyris oder Spirifer und Orthis, p. 47. — — L. de Buch, 1840, Mém. de la Soc. géolog. de France, t IV, p.404, pl: UX, fie: 20: — — L. G. de Koninck, 1843, Descr. des anim. foss. du terr. carbon. de la Belgique, p. 256, pl. XVbis, fig. 4. SPIRIFERA STRIATA. F. Mc Coy, 1844, Syn. of the Char. of the carbon. Limest. fossils of Ireland, p. 135. SPIRIFER STRIATUS. Ed. de Verneuil, 1845, Russia and the Ural Mountains, vol. II, p. 167, pl. VI, fig. 4. = = H. G. Bronn, 1848, Nomencl. palæont., p. 1182. = — T. Brown, 1840, Illustr. of the fossil Conch. of Great Britain and Ireland, p. 109, pl. L, fig. 19, 20. — _ A. d’Orbigny, 1850, Prodr. de paléont. stratigr., t. I, p. 148 (Synonymiä exclusä). TEREBRATULA SPIRIFERA. (A. Valenciennes.) T. Davidson, 1850, Ann. and Mag. of Natur. History, 224 ser., vol. V, p. 448, pl. XV, fig. 50. SPIRIFER STRIATUS? J. Marcou, 1853, A geological Map of the United States, p. 35, ple IMG aie. 4. SPIRIFER STRIATUS. J. Morris, 1854, Catal. of British Fossils, p. 154 (Syno- nymiä exclusä). SPIRIFERA STRIATA. F, Mc Coy, 1855, System. Descript. of the British palæoz. Fossils, p. 422 (Syn. exclusa). 1883. ET SUR SES AFFINITES AVEC D'AUTRES ESPECES, ETC. 391 SPIRIFERA STRIATA. T. Davidson, 1857, Monogr. of British carbon. Brachio- poda, pp. 19 and 121, pl. II, fig. 17, 18, 19, 20, 21 and pl. III, fig. 2, 4, 5 and pl. LII, fig. 1 (Figuris 12, 13, 14, 15, 16 tab. II et figuris 3, 6 tabulæ III exclusis). SPIRIFER STRIATUS ? J. Marcou, 1858, Geol. of North America, p. 49, pl. VII, fig. 2. SPIRIFERA STRIATA. T. Davidson, 1858, The Geologist, vol. I, p. 466, pl. XII, fig. 1. zie. = T. Davidson, 1859, Mém. de la Soc. royale des sciences ae Liege, 17° serie, ts. LVI, ps 22, pl. 1, fig, 1. E. d’Eichwald, 1860, Lethæa rossica, t. I, p. 727. T. Davidson, 1860, The Geologist, vol. III, p. 15, fig. 5. — — T. Davidson, 1861,ibid., vol. IV, p. 44 (Synonymia exclusà). SPIRIFERA STRIATA ? T. Davidson, 1861, Quarterly Journ. of the Geolog. Soc. of London, vol. XVIII, p. 28, pl. I, fig. 9, 10. SPIRIFER STRIATUS. SPIRIFERA STRIATA. — STRIATA. T. Davidson, 1867, Mem. de la Soc. royale des sciences de Liege, ıre série, t. XVIII, p. 386. SPIRIFER STRIATUS? F. Toula. 1869, Sitzungsb. d. kais. Akad. d. Wissensch. zu Wien, I. Abth., Bd. LIX, p. 435, Taf. I, fig. 2, 3. 4. — — F. Toula, 1874, ibid., Bd. LXX, p. 36. — — F. Toula, 1875, Neues Jahrb. der Mineralogie, p. 254, Taf. VIII, fig. 2. SPIRIFERA STRIATA. W. H. Baily, 1875, Fig. of charact. British fossils, p.110, pl. XXXVIII, fig. ıa (fig. 16 exclusâ). — — S. A. Miller, 1875, American palæoz. Fossils, p. 132. — — J.J. Bigsby, 1878, Thesaurus devonico-carboniferus, p.281. — — T. Davidson, 1882, Mon. of Brit. fossil Brachiop. (suppl), vol. IV, p. 274, pl. XXXI, fig. 1, 2 and pl. XXXIV, fig. 1. SPIRIFER STRIATUS. W. Waagen, 1883, Salt-Range fossils, p. 5og, pl. XLIV, fig. 3, 4, 5. Cette espèce est l’une des plus grandes du genre. Elle est re- marquable par sa forme transverse et subelliptique; ses arêtes latérales sont arrondies et son plus grand diamètre est situé vers la moitié de sa longueur. L’area est tres haute, legerement concave et a bords subparallèles. La valve dorsale est a peu pres aussi profonde que la valve opposée; son bourrelet, quoique bien défini par des sillons latéraux, n’est pas tres élevé, ni tres large a son extremite inférieure ; ses côtés latéraux sont assez fortement deprimes. La valve ventrale, un peu plus profonde que la valve dorsale, est en outre plus régulièrement convexe, et la largeur ainsi que la profon- deur de son sinus médian sont en rapport direct avec le bourrelet de la valve opposée; le têt est épais dans le voisinage de son crochet, qui n'est ni très épais ni fort saillant; les plaques dentales de l'inté- rieur de la valve sont assez épaisses et médiocrement développées; 392 L. G. DE KONINCK. — SUR LE SPIRIFER MOSQUENSIS Dec. elles s'étendent a droite et a gauche en une courbe semi-elliptique, dont les extrémités inférieures se rejoignent vers la moitié de la longueur de la valve et limitent ainsi les impressions des muscles adducteurs, séparées elles-mêmes par un pli médian longitudinal. Toute la surface de chacune des deux valves est garnie de nombreux plis rayonnants, simples d'abord et bifurqués ensuite ; au nombre de trois ou quatre à leur origine sur le lobe de la valve dorsale et dans le sinus de la valve ventrale, ils se multiplient par bifur- cation dans la partie médiane et par interposition sur les bords latéraux, de façon à produire quatorze ou seize plis sur le front; ces plis, de même que ceux du reste de la surface, ne sont pas tous de même largeur; les plus étroits sont ceux dont la bifurcation s'opère à la distance la plus forte du crochet; les plis des côtés laté- raux, n'étant pas bifurqués, sont généralement les plus minces et sensiblement d’égale épaisseur. Dimensions. — Celles du spécimen représenté sont les suivantes : longueur 75 millimètres; largeur 12,5 centimètres: épaisseur 34 millimètres. Ces dimensions sont très variables selon l'âge et la taille des exemplaires mesurés. Rapports et différences. — La plupart des paléontologistes ont confondu le S. attenuatus, J. Sowerby, avec le S. striatus, et l'ont indiqué comme ne formant qu'une variété de cette espèce, dont les plis sont plus minces et plus nombreux qu'ils ne le sont dans la plupart des cas; cette opinion, que j'ai partagée autrefois, me paraît erronée et devoir être abandonnée pour les divers motifs que je vais exposer. Je ferai remarquer d’abord que le S. attenuatus n'atteint jamais la taille du S. striatus, figuré et décrit par W. Martin ; ensuite, que son area est beaucoup plus surbaissée et occupe toujours le plus grand diamètre transverse de la coquille, que ses extrémités laté- rales sont constamment anguleuses et que sa valve dorsale est moins profonde que sa valve opposée ; enfin, que les plis rayon- nants de sa surface sont beaucoup plus étroits, plus nombreux et tous à peu près de la même épaisseur. J’ajouterai encore que dans les localités où le S. attenuatus est le plus abondant, je n'ai pas trouvé d’échantillon qui, par ses caractères, put servir d’interme- diaire entre cette espece et les vrais S. striatus. Gisement et localités. — Le Spirifer striatus est une espèce carac- téristique de l'étage supérieur du calcaire carbonifere; c'est dans cet étage qu'il a été rencontré par W. Martin aux environs de Castleton, dans le Derbyshire; par Gilbertson a Bolland et par em 1883. ET SUR SES AFFINITÉS AVEC D'AUTRES ESPÈCES, ETC. 393 E. Wood a Richmond, dans le Yorkshire; par Ed. de Verneuil a Cosatchi-Datchi, dans l'Oural; par M. Kelly à Cornacarrow, près d’Enniskillen, en Irlande, et par moi-méme a Vise, en Belgique (étage II). Cette espèce paraît également exister dans le Salt-Range de l'Inde. Elle y est citée par M. T. Davidson comme ayant été recueillie a Nulle et à Chidro, et par M. W. Waagen à Katta, à Amb, a Dokri, a Gulatai et dans le Chittawan; elle aurait, par conséquent, une extension géographique des plus considérables. Je crois cependant devoir faire remarquer que j'ai quelques doutes sur l'identité de l'espèce indienne et de l'espèce européenne telle qu'elle a été définie par W. Martin et que ces doutes sont partagés par M. W. Waagen qui n a pas eu à sa disposition un matériel suf- fisant pour lui permettre de les dissiper. Je ferai la même observation relativement au Spirifer de Cocha- bamba en Bolivie, que M. F. Toula a désigné sous le nom de S. striatus, var. multicostatus. 6. Spirifer attenuatus, J. de C. Sowerby. Planche XIV, fig. 12, 13, 14. SPIRIFER ATTENUATUS. J.de C. Sowerby, 1825, Miner. Conchol. of Great Britain, vol. V, p. 151, pl. CCCCXCIII, fig. 3, 4, 5. — — Defrance, 1827, Dict. des sciences natur., t. L, p. 294. — — J. Fleming, 1828, Hist. of British Anim., p. 375. DELTHYRIS ATTENUATA. A. Goldfuss, 1832. Handb. der Geogn. von H. T. de la Bèche, bearb. von H. v. Dechen, p. 526. SPIRIFER ATTENUATUS. J. Phillips, 1836, Ulustr. of the Geology of Yorkshire, vol. II, p. 218, pl. IX, fig. 13. TEREBRATULA ATTENUATA. G. P. Deshayes, 1837, in J. B. de Lamarck, Syst. natur. des anim. sans vertèbres, 2e édit., t. VII, p. 375. SPIRIFER ATTENUATUS. L. v. Buch, ı837, Ueber Delthyris oder Spirifer und Orthis, p. 45. — — L. de Buch, 1840, Mem. de la Soc. geolog. de France, t. IV, p. 192, pl. IX, fig. 17. SPIRIFERA ATTENUATA. F. Me Coy, 1844, Syn. of the Charact. of the carbonif. Limest. fossils of Ireland, p. 120. SPIRIFER ATTENUATUS. J. Morris, 1854, Catal. of British fossils, p. 150. SPIRIFERA STRIATA Var. ATTENUATA. T. Davidson, 1857, Monogr. of Brit. carbonif. Brachiopoda, p. 19, pl. II, fig. 12, 13, 14, and pl. LII, fig. 2 (figuris ceteris exclusis). — ATTENUATA. R. Griffith, 1860, Journal of the geolog. Soc. of Dublin, vol. IX, p. 65. Coquille transverse, beaucoup plus large que longue, de forme 394 L. G. DE KONINCK. — SUR LE SP.RIFER MOSQUENSIS Dec. subsemi-circulaire, anguleuse a ses extrémités latérales; valves a peu pres également profondes. Le lobe médian de la valve dorsale est assez large a son extrémité inférieure, mais il est fort peu sail- lant et régulièrement bombé. Le sinus de la valve ventrale est assez profond et limité de chaque côté par un pli rayonnant un peu mieux marqué que les plis adjacents; son area, qui forme le plus grand diamètre transverse de la coquille, n'est pas fort élevée; sa surface est fortement striée en travers et ses bords sont subparal- lèles entre eux; l'ouverture deltoïde est assez grande, triangulaire et ouverte sur toute sa hauteur. La surface de l’une et de l’autre valve est couverte de plis étroits, séparés par des sillons d’egale largeur et assez profonds; ces plis, qui sont les mêmes pour le bourrelet et le sinus que pour le reste de la coquille, se bifurquent à plusieurs reprises et conservent ainsi a peu pres la largeur initiale sur toute leur étendue; la premiere bifurcation ayant lieu à une petite distance des crochets, les plis se réunissent quelquefois en faisceaux partageant la surface en plu- sieurs petits lobes plus ou moins bien isolés, semblables à ceux qui ornent la surface du Spirifer cameratus, Morton, et que M. T. Da- vidson a fort bien fait ressortir dans la figure 13 citée plus haut; ils sont au nombre de quatorze à seize sur le bord du sinus et du bour- relet. Ces plis sont lisses sur la majeure partie de leur longueur et seulement interrompus sur les bords et souvent à des distances inégales, par les stries transverses d’accroissement qui les rendent alors légèrement écailleux. Malgré le grand nombre d’exem- plaires mis à ma disposition, je n’en ai rencontré aucun sur lequel il m'a été possible d'examiner la structure interne des valves. Dimensions d'un exemplaire de taille moyenne : longueur 4 cen- timetres; largeur 8 centimètres; épaisseur 2,5 centimètres. Rapports et différences. — J'ai déjà fait observer que le S. atte- nuatus a été confondu par la plupart des paléontologistes et par moi-même avec le S. striatus, dont il a été considéré comme variété. A l'époque a laquelle j'ai émis cette opinion qui, malheureusement, a ete partagée par plusieurs de mes confrères, je ne possédais aucun exemplaire qui me permit de le contrôler avec les espèces de pro- venance irlandaise ou anglaise, et les fossiles de l'étage moyen de notre calcaire carbonifère n'étaient pas encore connus. Depuis lors, M. Éd. Dupont ayant découvert et recueilli un grand nombre de fos- siles dans cet étage, il m'a été possible de les comparer aux fossiles des musées de Dublin et à ceux des principaux musées anglais et écossais, et j'ai pu m'assurer ainsi que le S. attenuatus formait une 1883. ET SUR SES AFFINITES AVEC D'AUTRES ESPECES, ETC. 395 espèce constante n'offrant jamais d'exemplaire intermédiaire qui put faire supposer qu'il constituait une variété du S. striatus. Il diffère de celui-ci par la finesse et la régularité de ses plis rayon- nants, par sa taille généralement beaucoup plus faible, par une épaisseur relativement moins forte et surtout par la largeur de son area et la forme anguleuse et souvent pointue de ses extrémités latérales. Il a été confondu par C. Davreux et par d'autres natu- ralistes avec le Spirifer disjunctus, J. de C. Sowerby, qui est une espece devonienne; bien que celui-ci lui ressemble par sa forme générale, il s'en distingue facilement par son area, qui est moins creuse, plus haute et plus nettement triangulaire, et par l’épaisseur relativement plus forte de sa coquille. Gisement et localités. — Le Spirifer attenuatus est une espéce caractéristique de l'étage moyen du calcaire carbonifère. Les spé- cimens décrits par J. de C. Sowerby ont été recueillis dans la roche noire (Black Rock) des environs de Dublin; depuis il en a été trouvé a Kildare, a Millecent et dans d'autres localités de l'Irlande, où le calcaire carbonifere moyen abonde. L'espèce n'est pas connue en Angleterre ni en Écosse, mais elle est assez abondante en Bel- gique dans le calcaire de Waulsort, des Pauquys et d’Anseremme (étage II). tolk Re KR CLÉ D vs WT ik oh Ti eis OD Se LUE aM tel he a LR Aer ee ver di RATER 8 Bh kred a u T ‘ bé | Lits ae N Sti (NE tie Virga: ik if SOU A on EME Alk wis > me doe, NUS When agit i je 184 LATE 5 af faute Lake EUR «U ale ers EINE THE CAIN) af = an nie He EG BR 4% eu ley 108 ma al Ut «io ea a Suter am, bere Eise Et; BaN { hn ‘a ven da uyl TE Se AE “IE LE | N EN BOE SEV al) \ a u ln N ly tn hd | L as 1,1 f (4? Au LA: i | 4,08) 2 ‘ Iniyol Ki 1 4 } Al bee nn rag 0 … | ONU Do mt bh 4 = … & B : i pe . ‘dys a r J | af NOV ‚> ¥ : i ae Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. EXPLICATION DE LA PLANCHE XIII. Spirifer Tornacensis, L. G. de Koninck, p. 386. Spécimen du calschiste de Tournai, vu du côté de la valve dorsale. Le même, vu du côté de la valve ventrale. Autre spécimen du calschiste de Tournai, vu du côté de la valve dorsale. Le même, vu du côté de la valve ventrale. Le même, vu de profil. Spécimen adulte, de la même localité, vu du côté de la valve dorsale. Le même, vu de profil. Intérieur de la valve ventrale d’un jeune individu, provenant du calschiste de Tournai. Moule interne de la valve ventrale d’un individu de taille moyenne, pro- venant du calschiste de Tournai. PY ATE x Bull. Mus. Roy. Hist. Nat. Bels. TI. mer Ker ra DR ng Be OT tng he a + ~ à j \ Fic. Fic. Fic. Fic. Fra. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. Fic. 11. 12, 13. 14. EXPLICATION DE LA PLANCHE XIV. Spirifer Mosquensis, G. Fischer de Waldheim, p. 379. Specimen adulte, normal, du calcaire carbonifere supérieur de Mjatch- kowa, près de Moscou, vu du côté de la valve dorsale. Le même, vu du côté opposé. Le même, vu de profil. Variété un peu moins longue et dont l’area est plus haute, de la même espèce et de la même localité, vue du côté de la valve dorsale. La même, vue du côté opposé. La même, vue de profil. Autre variété plus courte et plus transverse, de la même espèce et de la même localité, vue du côté de la valve dorsale. Cette variété a été décrite et figurée par G. Fischer de Waldheim sous le nom de Spirifer Sowerbyii. La même, vue du côté de la valve dorsale. La même, vue de profil. Valve dorsale de la même espèce, vue à l’intérieur. Intérieur d’une valve ventrale de la même espèce, montrant ses cloisons ou septa. Spirifer attenuatus, J. de C. Sowerby, p. 393. Spécimen du calcaire de Furfooz, vu du côté de la valve dorsale (étage IT). Le même, vu du côté opposé. Le même, vu du côté du bord inférieur ou frontal. Pl. XIV. at. Belg. T.I Bull. Mus. Roy. Hist. N ö bet Mug. CHEN ay AR if AN ER AN DD di D'UN TE) 1e aak | we Nd : x oe An IL Jr 4 ur A bi ng J | | Y wer Beh? wi 4 A eis u’ NT ik RE LM Te pr) a i 3 } Roe u v ~ LE PEUR ls INT DUAL EN f | à ot à e , Se DA / A gl CT ET ; | Mir be oy aoe cy : eat. ce! min Beet Eu a EN OTE Ueki aN) I OU UM UN BEN DA ERTL. ' | Is x Bin « sh oreo ‘wa TTA Oa BH 1 on et 10 man ee PLANCHE ENE ee - a | [1 \ A , \ à 3 3 . ita vet ? pt UH uint 11 pi hy = - J s I rea alt DD I AE u 4 vos \ 4 ; i 2 h é 2 7 j : ß ‘1 4 | | i ’ | | , L ji 4 L ‘2 b ? ) Es ’ ’ 4 £ h . 1 € L 7 À j 4 à Gn | £ sk f Ei 4 = vd f N “ ‘ i , à - y ‘ x | i 2 | r 3 1 : q ~ | > i ie : M | j En SR | | é M 4 Prem) 4 Es fe ; Fic. EX PLICATION DE LA PLANCHE XV. 1. — Spirifer striatus, W. Martin, p. 390. Spécimen adulte déprimé et modifié dans sa forme normale par une compression oblique de la roche, vu du côté de la valve dorsale. Provenant du calcaire de Visé (étage III). Fic. 2. — Le même, vu du côté de la valve dorsale dont la partie supérieure a dis- paru et permet de voir le moule intérieur des empreintes des muscles adducteurs, Fic. 3. — Spirifer cinctus, A. de Keyserling, p. 383. Spécimen adulte vu du cété de la valve dorsale et provenant du calcaire carbonifère de Soignies (étage I). Fig. 4. — Le même, vu du côté de la valve ventrale. Fig. 5. — Le méme, vu de profil. Fic. 6. — Partie grossie de la valve ventrale du méme, montrant la réticulation de la surface. Fic. 7. — Autre spécimen adulte de la même espèce et de la même localité, ayant conservé le moule intérieur des empreintes musculaires de la valve dorsale. Fıc. 8. — Valve ventrale d'un spécimen de taille moyenne, recueilli dans le cal- schiste de Tournai et montrant sa structure interne. Fic. 9. — Spirifer subcinctus, L. G. de Koninck, p. 388. Spécimen vu du côté de la valve dorsale, provenant du calcaire de Furfooz (étage II). Fic. 10. — Le même, vu du côté de la valve ventrale. PI.XV st Nat. Bels. T II Bull. Mus. Roy. Hı 3 ES 3 iN 2 3 va heter a. - EN fide LE wy 2 Re NEN WA + RAPPORT DU DIRECTEUR DU MUSEE ROYAL D HISTOIRE NATURELLE SUR L'ÉTAT DAVANCEMENT DE LA CARTE GÉOLOGIQUE A LA FIN DE L’EXERCICE 1883. Ainsi que le rapport annuel de l'exercice 1882 le laissait pres- sentir, le Service géologique a pu terminer dans ses traits généraux les études préalables au levé continu de nos principaux terrains. Il a mis en mème temps dix nouvelles feuilles en état de publi- cation et a suffisamment avancé le levé d’autres feuilles pour être en mesure d'en livrer d'une manière continue, lan prochain, a l'impression. Les minutes des feuilles suivantes ont été achevées : Dinant, Clavier, Natoye, Bruxelles, Modave, Bilsen. Nous avons recu des épreuves de cinq de ces feuilles. Les feuilles dont le trait topographique est à la gravure sont : Achéne, Virton, Hamoir, Landen, Philippeville, Saint-Trond. Les autres : Sautour, Heers, Senzeilles, Ruette, Rosée, Lamorteau, vont étre livrées aux graveurs. En y comprenant la feuille de Ciney qui a commence la publi- cation, le Service s'est donc mis en mesure de faire paraître dix-neuf feuilles. 29 404 RAPPORT SUR L'ÉTAT D AVANCEMENT La période de six ans, prévue pour les recherches préliminaires, s'est terminée au mois de juillet dernier. Il résulte des données précédentes que les évaluations du Service, quant à la durée des opérations, se sont trouvées exactes pour cette période. L'état d'avancement des travaux, figuré, comme les autres années, sur une carte-diagramme ci-annexée, montre qu'il y a lieu de croire que la seconde période, d'une durée de onze ans, ne sera pas, de son côté, dépassée. Depuis le mois de mars, le nombre de journées d’excursion fournies par le Service a été de cinq cent douze. Voici le relevé des opérations des cinq sections : 1”° Section. Les cent jours d’excursion ont été employés de la maniere suivante : sept jours a la vérification des levés antérieurs sur le Calcaire carbonifere, cinquante et un jours au levé des calcaires devoniens et de leurs schistes, quarante-deux jours a l'étude du Devonien inférieur de l’Ardenne et du Condroz. Le levé de cing feuilles du Calcaire carbonifére et du Devonien moyen a été termine. La 2° Section a consacré a ses excursions quatre-vingt-reuf jours, dont quatre-vingt-cing a la vérification des levés des années précédentes et à la continuation du levé du Famennien, quatre a l'étude comparative des schistes et calcaires devoniens. Quatre feuilles, renfermant du Famennien, ont été achevées. La 3° Section a exécuté cent jours d’excursion, sur lesquels trente-sept jours ont été appliqués au levé d'un premier réseau dans la région d’entre la Geete et la Meuse, trente-neuf jours au levé de l'Oligocène sur six feuilles du Limbourg, dix-neuf jours à l'étude de la Campine et à la continuation de l'étude du Brabant, cing jours à des études comparatives en France et en Allemagne. Le levé de l’Oligocene a été terminé sur trois feuilles. La 4 Section a employé cent jours de terrain aux travaux suivants : cinquante-deux jours au levé de l’Eocene sur douze feuilles du Limbourg, seize à la continuation de l'étude du Hainaut et du Brabant, vingt-deux jours a l'étude des Flandres, dix jours a des recherches comparatives entre le Crétacé supérieur et la base de l'Éocène et entre les terrains belges et ceux de l'Allemagne et de la France. Le levé de l'Éocène a été terminé sur trois feuilles. Les cent jours consacrés par la 5° Section à ses explorations se sont ainsi répartis : trente jours au levé du terrain jurassique de la province de Luxembourg, vingt-neuf jours à l'étude du DE LA CARTE GEOLOGIQUE, ETC. 405 terrain crétacé du Hainaut; trente-cinq jours à celle du même terrain dans le Limbourg belge et le pays de Herve, y compris des recherches sur les parties limitrophes du Limbourg hollandais et de la Prusse rhénane; six jours au levé de ce terrain crétacé sur la feuille de Looz. Le levé du terrain jurassique est terminé sur trois feuilles. Le contrôleur des recherches paléontologiques a exploré pendant vingt-trois jours des gîtes fossilifères heersiens et landeniens, et en a déterminé la faune. Les géologues du Service ont publié, comme les années précé- dentes, une suite de notices sur leurs travaux, ainsi qu'ils s'y étaient engagés. Le Directeur, E. Dupont. Bruxelles, le 15 novembre 1883. es << Oo MUSÉE ROYAL D'HISTOIRE NATURELLE DE BELGIQUE. SERVICE DE LA CARTE GÉOLOGIQUE DU ROYAUME. Beveren = TEA [starcotas | J V | okere) em / Narnecken‘ ST Thoochriste 7 A, Aesenderlon PProvey eke Anseghem ia : = 22 Etat des travaux au15 Novembre 1883 oO 2 / evée effectués Are 2ebou Etudes préliminaire Df (AY Dupont) t Études communes are TEE BCA MIE sechons @ 2 —eveo effectues 2 : DK eves ew ware, Lachewemrent 2€ section | (Mee Mourlon) Ékudeo pecten Uivarves 3% veo Le ffeckues EEE | IE section mm (( AW Var der Broeok) je ‚p. Otices pectin varen 2. 5 J © . Audeo communes aus 3e KA MY sections Bun he BEE 4 section (AE Rutt) Cc D. Cudes prebimm nanteo ç@ Lenco effectuéo | Session als Pivosee) > vo $ Óludeo pP eliminarıeo Chrntles en valde publication (Qunewe au Rapport du Directeur du Musée; en dated 15 Novembre 1883.) Er @ BG) ili | Echelle du 8000005 > te — dE Sie ï he Fa pete +4 + : eo 4 Ir x 54 Ur ws 26. À du TABLE GENERALE ET ANALYTIQUE DES MATIERES CONTENUES DANS LE TOME II DU BULLETIN. A. Dusois. Remarques sur les oiseaux du genre Pelican (Pelecanus) Pelecanus minor, mitratus et javanicus . — Sharpei . RE — philippensis et rufescens — Barbieri. —- onocrotalus. ‘ — — var. Minor. = — var. Sharpei . — crispus — philippensis. L — — var. Rufescens — erythrorhynchus. — conspicillatus . — fuscus Fl — — var. Moline . L. Dotto. Note sur la présence chez les Oiseaux du «troisième trochanter » des Dinosauriens et sur la fonction de celui-ci Comparaison entre les fémurs de I Iguanodon, du Crocodile et de l’Oiseau . a 2 “3 « Troisième trochanter » des Dinosauriens. — — des Oiseaux Fonction de celui-ci hr RN Muscles caudo-fémoraux des Oiseaux. — ischio-fémoraux _ ne + « Troisième trochanter » de l'Hesperornis. Definition du grand trochanter — du petit trochanter . = du troisième trochanter. — du quatrième trochanter Planche I et explication 408 TABLE GENERALE ET ANALYTIQUE. P. Avsrecut. Note sur une hémivertebre gauche surnuméraire de Python Sebe, Dumeril. Ossification d’une vertebre cartilagineuse chez les Mammi- (ère 1e - Définition de Pres — de l’hemivertebre. Synostose normale des hémicentres he _- anormale ou oblique des hémicentres . Indépendance des mémes Synostose normale des neurapophyses — oblique — Indépendance des hémivertèbres . . Distinction entre l’indépendance à l’égard dis la prostos et l'indépendance a l'égard du nombre : Les cas de Sandifort, de Rokitansky et de H. Men sont des cas'd’indépendance à l'égard de la synostose L’hemivertebre du Python Sebæ, Dum., est bien une hémivertèbre surnuméraire, et notre cas est, par consé- quent, un cas d'indépendance a l'égard du nombre Théories concernant [homologie des vertèbres de deux colonnes vertébrales différentes. %; . … nn an Théore detoRosembere ,. a bs 0 1% al ur les, EDER ST ul u er, YORE Le Me NMBIEREN, Su a De cer its Gat ie | ely dn Insutisance de ces trois théories”. „no. Ss Notre theorie appuyée sur la division des protovertebres et ‘des pleuromères, Jeg eue x. » ER: : Double migration de la ceinture RER à des ee EN Ar Resume, „ar. Re at en bn ekeren Planche II (fig. 1- a et rien: PQ AN N N P. ALBRECHT. Note sur la présence d'épiphyses terminales sur le corps des A. Ruror. vertebres d’un exemplaire de Manatus americanus, Desm. Opinions récentes sur les épiphyses terminales du corps des vertèbres des Monotrèmes et des Siréniens. . . . Description desdites épiphyses chez les Monotrèmes. . . — — —}: »OMENIENS.. À, 200 Ces épiphyses sont des organes rudimentaires. . . . . Resume .. … CNE ET CU ee Planche II (fig. 5.6) et en ee a a NE oM Les phenomenes de la sedimentation marine etudies dans leurs rapports avec la stratigraphie regionale. . . . . . . Introductions) gr wat or nk. rer CNE vertreten sua oe Pages. 21 ib. 22 ib. 23 ib. 24 ib. ib. 25 ib. 27 = 30 31 ib. ib. 32 ib. 33 34 40 35 ib. ib. 36 38 ib. 40 41 ib. TABLE GENERALE ET ANALYTIQUE. 409 Pages Phénomènes de la sédimentation marine . . . . . . 43 Sédimentation’le long des plages: “Ur... 12 . 2.2 00.2: 44 Sédimentation le long des côtes abruptes . . . . . 48 Influences des mouvements séculaires d’oscillation sur he phénomènes de la sédimentation marine. . . . . . 51 Influence des oscillations séculaires sur une côte formée de roches peu consistantes et disposées en pente douce . ib. Influence des oscillations séculaires sur une côte formée de roches dures et consistantes, disposées en falaise . . 57 Cas particuliers des mouvements brusques. . . . . . 61 1° Oscillation rapide d'une côte en pente douce . . . . ib. 2° Oscillation rapide d’une côte bordée de falaises . . . 62 Cas particuliers de phénomènes affectant une oscillation RS M SPA OE RS ES SR ae Re 19 Cas d’un arrêt momentané pendant une oscillation sécu- 7: 1 RS LI PE MR ERLE EREN 10 2° Cas de ei mouvements secondaires en sens contraire, se produisant pendant une oscillation séculaire. . . . 63 3° Cas d’une oscillation complète de peu d’amplitude . . 64 4° Cas d’oscillations de très faible amplitude . . 2. . . 65 50 Plages sous-marines et sables d'émersion . . . . . 66 Disposition des sédiments déposés pendant une succession d’oscillations complètes du sol affectant une région déter- BEROEMD re “Sad ad ar LM Mee LAPS mae iR: ;; 1° Cas d’oscillations successives et BER mais d’ampli- EEEN UE ei era EM En er ks ta ta he 66 2° Cas d’oscillations successives, mais incomplètes . . . 70 Patension dea abservatients, 5 u stap a vett IS Proves palcontologidncsrg a i ice, u 8 L. Dotto. Troisième Note sur les Dinosauriens de Bernissart. . . . 85 Preuves de la Station droite chez les Dinosauriens de Ber- nissart, tirées de : 1° La concordance remarquable qui existe entre le bassin et les membres postérieurs des Oiseaux, notamment des Ratitæ, et les parties correspondantes des Iguanodons . 87 2° La difference de structure entre les membres antérieurs Gn posteteura de ces demmerd … = rs un are | OF 30 Le volume de la tête et du thorax comparé à celui des mêmes régions chez les Reptiles quadrupèdes . . . +. 111 4° La nature de Ja colonne vertébrale... . "4 . os 5% 103 5° Les empreintes wealdiennes décrites par MM. Beckles, Tyler, StenchmanmenGeabbe N. en LD Preuves de la vie aquatique chez les Dinosauriens de Ber- nissart, tirées de : 1° La forme de la queue et la réduction des membres anté- PRES on fle ca be CaO CE Ss NE RS RZ 410 A. RENARD. J. Purves. TABLE GENERALE ET ANALYTIQUE. Pages. 2° Le développement du quatrième trochanter . . . . 30 Les traces de palmure observées sur les empreintes. 4° Lamature, du gisement var EEK ame Planches III, IV, V et explications Note sur la composition et la structure des phyllades arden- BE EME ARR PARA QE PEN" Composition minéralogique et structure. I. — Phyllade aimantifere Description macroscopique . . . Altération de ce phyllade Conditions stratigraphiques . Joints . Description microscopique Orientation du mica suivant le BR ou la schistosité Sections quartzeuses . Rutile et tourmaline ZPC Ors) NS NER Sillımanıte "I ~. LME Description dekaends à Te TE MR Der ET Sections d’aimant . Quartz. Chlorite Modifications dans la fee dis ana od hese Laminage, cause de la forme et de la disposition des nœuds. Noeuds avec pyrite comme centre sn) a aus le Raisons pour admettre que les lamelles vertes sont de la chlorite. é Calcul de la chlorite Minéraux accidentels. — Calcite et STIER Dana BE Olteisie . Jk. : se oe 3 : Idées de Dumont sur le sie de aren dibs ohyliades Srdennals- Zr, SE Bot eee IIS nt eles Les analyses ne sont pas en opposition avec les den de Dumont ek Tableaur analyigues Is Le N ee lad eRe Planche: V inet explication I „ae == DOE SE Sur les dépôts fluvio-marins d'âge sénonien ou les sables aache- miens de la propince de Liege AM. ATEN" swe fe gee Introduction. AU : Dépôts aacheniens des environs Sd Ba la- Chapelle Massır du Nord. wos priate Tas PER +s en ae fe Masi i Sud "a “are ee oe fe eae RCE UE Description des couches enden: entre les environs d’Aix-la-Chapelle et la frontière belge. Dépôts aacheniens de la vallée de la Gueule 118 ib. ib. 122 127 128 129 120 131 136 140 142 P. ALBRECHT. P. ALBRECHT. L. Doro. TABLE GENERALE ET ANALYTIQUE. Bande aachemiënne du Pays de Herve’... „u... Résumé des observations. . . Me Arora eth Etablissement de l’äge des depöts Sites SLR RTE Conditions du dépôt des couches aacheniennes . . . QU CDS ETS a STR Oe Note sur la présence d'un rudiment de Proatlas sur un exem- plaire de Hattersa punctata, Gray … + … . 0 2 2.40% ia a wa, Pe ee ER ET Colonne vertébrale d’un squelette de Hatteria punctata, Grae rr. Ne ae Cie Le ak. Rat lige Ue Description de la région nel de la mème. ‘. «+ PO EME UNE ER EEE PEEN: Résumé. . PE A QI A ee A van re Planche VIII (fe. 1- is EEL NEO SUN ee oy Eaton KEITEN ge et Note sur le basioccipital des Batraciens anoures . . … . . Division des Amphibiens en Odontoidiens et Anodontoi- ER AE BEDE SA ae PT Tee L’apophyse dene dé UvixdBies n’est rien que le basi- occipital soudé à la première vertèbre. . . . . . . Exemple d’Amphibiens odontoïdiens. . . . . . . . Chez les Anoures, l’apophyse odontoide manque parce que Un Que US CC Cas de basioccipital EE En mé oe ete Résumé . . ST re AN oes Mae Planche VIII (fig. 3. a et er is Meee el es Rapport sur l'état d'avancement de la Carte géologique à la fin BE Tare EEN ge ae ease Note sur les restes de Dinosauriens rencontrés dans le Crétacé supérieur de EN Description de deux vertebres caudales appartenant a un Dinosaurien et provenant du tuffeau de Maestricht . . Differences entre ces vertebres et les parties correspon- dantes HeibFapanodan VAUT Te NN ee a Rapprochements avec l' Hadrosaurus. . . NGN IR, Identification avec l’Orthomerus Dolloi, Steer FANS Description de la phalange ungéale d'un Dinosaurien car- nivore provenant du Hervien de Lonzée. . . . . . Rapports et différences avec le Mégalosaure aa he Description de deux dents d’un Dinosaurien herbivore pro- venant du Hervien de Eoszee 7. u, 201 205 206 209 211 221 213 214 215 412 IL: Douro. P. ALBRECHT. L. Doro: Pages Differences entre ces dents et celles : 1° Des Sauropoda et des Stegosauridæ. 216 2° Des Scelidosauridæ ; . 217 30 Des Zguanodontidæ et des einholen ib. 4° Des Hadrosauridæ . . . L'on ib. Diagnose du Craspedodon RENT, Dollo = en EN Remarques sur l’évolution de la dentition chez les Dino- BENEDEN ete a te. Ans 219 Quatrième Note sur les Dinosauriens de Bernissart . 223 Description de la mandibule de I’/guanodon bernissar- tens, DIET Eh Gs he ER i 224 Description du crane de I’ FRERE LE re Blgr. 232 Colonne vertébrale de l’/guanodon bernissartensis, Blgr. 243 Comparaison du crâne des genres /guanodon et Diclonius. 246 Planches IX, X et explications . 249 L. G. pe Koninck. Notice sur la distribution géologique des fossiles carboni- fères de la Belgique . 253 Recherches de M. J. Gosselet et leurs conséquences. ib. Recherches complémentaires de M. Ed. Dupont . 254 Différence entre les faunes des trois étages . ib. Confirmation de cette différence dans diverses régions . ib. Absence d’analogie entre les trois faunes ib. Absence de Poissons dans l'étage moyen . . . . . . 255 Tableaux des espèces animales décrites et figurées dans les quatre premières parties de la faune carbonifère 256 I. Poissons ib. II. Céphalopodes . 258 III. Gastropodes 264 Note sur le centre du proatlas chez un Macacus arctoides, INGBERT RER er EN EN EN Description. du centre du Proaflas >... Lee Valeur morphologique de l’arc ventral de l’atlas . 290 Schemata pour la conception de la valeur morphologique des centres, neurapophyses, hypapophyses, épiphyses ter- minales et fibro-cartilages intervertébraux de l'occipital et des premieres vertebresicerwieales:..it). . Ne RT mag RÉSUMÉ nr HAT fe SL OL LET A ae le EEE Note sur la présence du Gastornis Edwardsii, Lemoine, dans l’assise inférieure de l'étage landenien, à Mesvin, pres Mons. 297 TABLE GENERALE ET ANALYTIQUE. Historique du genre Gastornis, d’apres M. A. Milne- Edwards ib. TABLE GENERALE ET ANALYTIQUE. 413 Pages. Travaux de M. Lemoine sur les Gastornis Edwardsii. Lemoine, et Gastornis minor, Lemoine. . . . . . 300 Restauration du Gastornis Edwardsii, Lemoine. . . . 301 Description du fragment de fémur, découvert par M. l’In- génieur Lemonnier. . . . : eae AU UE Identification avec le ESA awards N basée sur : NE EU AL 2. a een Lo u “ao ze OA 29 Des.raisons stratisraphiques .... . - «+ . .- . 304 Position du genre Gastornis dans le système . . . . . 305 Pisses Petexplication m ee re st 0! a) 307 L. Dotto. Première Note sur les Crocodiliens de Bernissart . . . . 309 Travaux de M. Huxley sur les Crocodiliens fossiles. . . 310 Travaux de M. Hulke sur les Crocodiliens fossiles . . . 314 Division, en deux groupes, des Crocodiliens de Bernissart. ib. Identification de la « ee » avec le Goniopholis simus, Owen. . . aye eo Caractères distinctifs des genres TNT et Beriberi 316 IR — — Steneosaurus. - ib. — — — Mystriosaurus . ib. = — — Pelagosaurus . ib. + ans — Teleosaurus. . ib. a — — Teleidosaurus . ib. an — — Metriorhynchus. ib. En — — Macrorhynchus. ib. >= — — Pholidosaurus . 317 = — — Hyposaurus . . ib. DE = — Brachydectes . ib. = — — Nannosuchus. . ib. = — — Theriosuchus . ib. — — = 2" PetrosuchRUS. ©. 18. a — —,, Suchosaurus. … ib. Er = — Hylæochampsa. ib. = — — Bottosaurus . . ib. Diagnose du genre Goniopholis . . . IN LT Détails complémentaires sur le Comtowhastie simus, Sas APN Fi, CaractèresdistinctifsdesgenresBernissartiaet Leptocranius 321 << — — Stencosaurus. . ib. = a — Mystriosaurus . ib. ey: — —- Pelagosaurus . ib. == — — Teleosaurus. . ib. — — — Teleidosaurus . ib. — = — Metriorhynchus. ib = — — Macrorhynchus. ib. — a — Pholidosaurus . ib. 414 TABLE GENERALE ET ANALYTIQUE. Pages. Caracteres distinctifs des genres Bernissartiaet Hyposaurus 321 = — — Brachydectes . ib. — — Nannosuchus. . ib. pen — — Theriosuchus . ib. — — Petrosuchus . . ib. — — Suchosaurus. . ib. IR = — Hylæochampsa. 322 = — — Bottosaurus . . ib. — — — Goniopholis . . ib. Diagnose du genre Bernissartia . . . . - RE ” Détails complémentaires sur le Bernissartia Fares; Dollo. 323 Position des Crocodiliens de Bernissart dans le système . 324 Remarques préliminaires. . . . sE es ee rn Classification des Crocodiliens vivants et fossiles. . . . 332 Diagnose de l'ordre des CROCODILIENS. . . . . . db. — du sous-ordre des PARASUCHIA. « . . . . . , 2. = — des MesosucHta . … . u 2.72.38 — de la famille des Teleosauride . . . . . « 334 — — des Gontopholid@® . . . . °: 411. — — des Bernissartidæ . . . . . . 1b — du sous-ordre des EusucHa . . . . . . . 339 — de la famille des Gavialide . . . . . . . 336 — — des Crocodilidæ : . « „Ne a — — des Alligatoridæ. PP Planche XII et explication . D E. Van DEN Broeck. Note sur un nouveau mode de classification et de nota- tion graphique des dépôts géologiques basé sur l'étude des phénomènes de la sédimentation marine . . . . . . . 341 Valeur des caractères paléontologiques dans le groupement et la classification des terrains : SV Difficultés pratiques de cette méthode om ee AR Corrélation des données fauniques avec la subdivision des couches marines par les niveaux caillouteux. . . . . 344 Due a ce que ceux-ci délimitent les cycles sédimentaires symétriques auxquels donnent lieu les oscillations sécu- laires du sol port he NE ES Les démarcations drones binen sur la présence de lits caillouteux s’appliquent exclusivement auxcouches franthement marines !, … - 348 Valeur stratigraphique nulle desa récurrences lotte dans certaines formations littorales très développées . . ib. Subdivision des dépôts tertiaires belges en étages ou unités stratigraphiques correspondant à autant de cycles sédi- imeñtaires distincts . 7. | rt. L’absence de certains termes he 1a bende a ae sédi- mentaire n'enlève rien à la valeur de l'étage. . . . . 350 noce in TABLE GENERALE ET ANALYTIQUE. 415 Subdivision des étages en assises, ou cycles secondaires . 351 Exemples montrant les divers cas qui peuvent se présenter dans la subdivision en étages et en assises, suivant la constitution des cycles sédimentaires, et d’aprés la nature et les relations de leurs faunes . . . +. . By aia 10 Conventions adoptées pour la notation graphique det étages et des assises dans l'oeuvre de la Carte géologique. . . 354 Groupement des depöts d’un cycle sous forme d’étage ou d’assise suivant la nature du phénomène ayant donné naissance au cycle sédimentaire; moyens d’appréciation. 355 Résumé sur la subdivision en étages ou en assises . . . 356 Décomposition du cycle sédimentaire en ses éléments con- stitutifs et subdivision des dépôts d'après les termes de la Srmuletype - < «4. NS ce u ts Application de cette méthode a aux divers cas Bence IREROHERÜDENE ee TS Me Emploi de lettres et de signes accessoires destinés a com- pleter le systeme de notation des dépôts. . . . . . 363 Ce systeme taxonomique ne s’applique pas avec grande uti- lité aux séries fluvio-marines. . . . he SOR Mais il offre généralement ailleurs de nt BER N 70) Examen de la subdivision des er à l’aide des zones paléontologiques. . . ae) as saree 300 Difficultés que présente souvent "application de ce mode de classement. . . . Lo : ar 5.307 Qui ne présente réellement d av a que fen les dépôts BOR ERDER ENE KEPER Sis Leu a ee ea 308 Application du systeme proposé de classement et de nota- tion stratigraphiques aux dépôts tongriens et rupeliens de BENE 3 LCA Pa a nae, Cds yeh pata EN 10 L.G. pe Koninck. Note sur le Spirifer Mosquensis et sur ses affinités avec quelques autres espèces du même genre . . . « . . . 371 Intérêt résultant de la connaissance exacte du Spirifer Mos- gUensis. ©. … PT ; - ere Tr Son absence dans le terrain iid de la Scie centile de FEurope et des îles Brifanniques …; … 2. 4. 6. Il n'est jamais associé au Productus giganteus . . . . 372 Position stratigraphique des calcaires a Spirifer Mosquensis GERE ROOD SIEANLENS Ps ea! à Lis 2) EOS Différence entre la faune du calcaire de Visé et celle du caleaire de Tournai, constatée en 1843 . . ..0 374 Recherches de MM. J. Gosselet et Ed. Dupont . . . . ib. Existence de lacunes . . . ; PR ee à Utilité des fossiles dans la ee er fOCHES z,n on 10 410 TABLE GÉNÉRALE ET ANALYTIQUE. Division des roches carbonifères de Amérique en cinq groupes distincts et analogie de certains de ces groupes avec les étages de Belgique . Échelle stratigraphique du Calcaire contes belge par M. Ed. Düpont IH Jo : à Développement de la faune varens en trois EN successives. eset bon an Soper Melgwendts, G. Fiche dE Waldes — du Spirifer cinctus, A. de Keyserling — du Spirifer Tornacensis, L. G. de Koninck. _ du Spirifer subcinctus, L. G. de Koninck . . — du Spirifer striatus, W. Martin - . == du Spirifer attenuatus, J. Sowerby Planches XIII, XIV, XV et explications. Rapport sur l'état d'avancement de la Carte géologique a la fin de l'exercice 1883 Pages. 376 378 ib. 379 383 386 388 390 393 396 403 dn Fi, be 5 hb » I ae = ee PUBLICATIONS DU MUSEE. ANNALES Be ae ‘ à a ’ € ONT PARU:: 7 * Tome I. — Description des ossements fossiles des environs d'Anvers, “à 7 par M. P. J. Van Benepen. Première partie : Amphitheriens. Un | Bt volume in-folio de 88 pages avec cartes et figures dans le texte et ' 4 | un atlas de 18 planches in-plano. Prix : trente francs. $ Tome II. — Faune du calcaire carbonifere de la Belgique. Première partie : 4 ; Poissons et genre Nautile, par M. L. G. ve Koninck. Un volume % in-folio de 152 pages avec figures dans le texte et un atlas de is 31 planches in-folio. Prix : quarante francs. : @ Tome III. — Conehyliologie des terrains tertiaires de la Belgique. Pre- ¥ K mière partie : Terrain pliocene scaldisien, par feu M. H. Nysr, # précédée d'une introduction de stratigraphie paléontologique (57 p.) “% par M. E, Van ben Broeck. Un volume in-folio de 318 pages de À texte et un atlas de 28 planches in-folio. Prix : quarante francs. 3 Tome IV. -- Beseription des ossements fossiles des environs d'Anvers, + par M. P. J. Van Benepen. Deuxième partie : Céracés (Balenides). i Genres Balænula, Balæna et Balænotus. Un volume in-folio de à 85 pages avec figures dans le texte et un atlas de 39 planches in-plano. = Prix : cinquante francs. kt: Tome V.— Faune du ealeaire carbonifère de la Belgique. Deuxième ig partie : Céphalopodes (suite), par M. L. G. pe Koninck. Un volume 4 in-folio de 133 pages avec figures dans le texte et un atlas de 3 19 planches in-folio. Prix : vingt-cinq francs. ke Tome VI. — Faune du calcaire carbonifére de la Belgique. Troisième 3 partie : Gasteropodes, par M. L. G. pe Koninck. Un volume in-folio h. de 170 pages de texte et un atlas de 21 planches in-folio. Prix : 3 trente francs. ‘ Tome VII. — Description des ossements fossiles des environs d'Anvers, par M. P. J. Van Beneven. Troisième partie : CEraces (Balénoptères). Genres Megaptera, Balænoptera, Burtinopsis et Erpetocetus. Un volume in-folio de 88 pages avec figures dans le texte et un atlas de 70 planches in-plano. Prix : cent francs. Tome VIII. — Faune du calcaire carbonifére de la Belgique, Quatrième partie : Gastéropodes (suite et fin), par M. L. G. pe Koninck. Un ‚volume in-folio de 256 pages de texte et un atlas de 36 planches in-folio. Prix : cinquante francs. 4 Tome X. — Les Arachnides de Belgique, par M.L. Becker. Première partie : a Attide, Lycoside, Oxyopide, Sparasside et Thomiside. Un volume in-folio de 246 pages avec figures dans le texte et un atlas de 27 planches in-folio, coloriées. Prix : cinquante francs. at a ER LE" Pe mee | \ \ ee EN COURS DE PUBLICATION : Tome IX. — Description des ossements fossiles des environs d’Anvers, par M. P. J. Van BENEDEN. Quatrième partie : CÉracÉs (suite des Balenopteres). Genre Plesiocetus. Tome XI. — Faune du calcaire carbonifère de la Belgique. Cinquième partie : Lamellibranches, par M. L. G. ve Koninck. 4 m | EN PREPARATION : Tome XI. — Description des Arachnides de Belgique, par M. L. Becker. Deuxième partie. Tome XIII. — Description des ossements fossiles des environs d’Anvers, par M; P. J. Van BENEDEN. Cinquième partie : CÉrAcÉs (suite des Balenopteres). Genres Amphicetus et Heterocetus. Ces ouvrages, ainsi que les fac-simile des ossements de Phoques et de Baleines figurés dans les tomes I, IV et VII et les doubles des fossiles représentés dans les atlas des tomes II, III, V, VI et VIII peuvent s'obtenir, contre échanges, au Mie: Les propositions doivent être faites à la Direction. BULLE PIN Le Bulletin du Musée’ parait par fascicules renfermant plusieurs notes qui, réunies à la fin de l’année, forment le volume. Le prix de l’abonnement est fixé provisoi- rement a 10 francs. Tome I. 1882, in-8°, 257 pages de texte et 12 planches. Prix : 12 francs. Tome Il. 1883, in-8°, 416 pages de texte et 17 planches. Prix : 15 francs. Nid MEMOIRES SUR LES TERRAINS CRETACE ET TERTIAIRES préparés par feu André Dumont pour servir a la description de la Carte géologique de la Belgique, édités par M. Mourton, Conservateur au Musée royal d’histoire M naturelle. Tome I : Terrain crétacé. Tomes II a IV : Terrains tertiaires. 4 vol. in-8° de 500 a 600 pages chacun. Bruxelles, 1878-82. Prix du volume : 5 francs. — S’adresser pour la vente de ces diverses publications à M. F. ER YEZ, éditeur a Bruxelles. A PARIS chez MM. J. B. BAILLIERE et Fits, rue Hautefeuille, 19. A LONDRES » » BarTHES et Lower, 14, Great Marlborough street. A BERLIN » :» FRIEDLANDER et FILS, 11, ÉarisiAsse A VIENNE » » BRAUMÜLLER et FILS. TT EDS Bruxelles. — Imp. F. Havez, rue de Louvain, 108. NN 3 1853 10007 6657