Kk HARVARD UNIVRRSITY //(^ »- *-- ' ' f^ T O ' " < "^ 411WMfiEÏ»lllA»/ ~i ^^^^ ^^5V#^ L I T^ R A K Y MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY. ÔxycAc la^rvQé. lûôôJoLMJi'^S. /U BULLETINS DK L'ACADÉMIE ROYALE i)i;s SCIRNCKS, DES LETTRES ET DES BEAllX-AUTS DE BELGIQUE. /^O"- ANNÉE, 2"- SÉR., T. XXXIL 1871. BRUXELLES, F. HAYF.Z, IMPRlMEUli 1)1- l'aCADÉMII; IIOYAI.E DE BELGIf,)l!K. MlHîCriAXI BULLETINS L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LKTTRKS KT DKS IJEAlIX-AliTS DE HELfiKUIE. BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. fiUARANTIÈME ANNÉE. — 2™" SÉRIE, T. XXXII. m BRUXELLES, F. PAYEZ, IMPniMRl'U DE l'aCADÉMIE HOVAI.E DE nEl.filQUE. 1871 BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 187i. — J\« 7. CLASSE DES SCIE]¥CES. Séance du -1" juillet 4 871. M. J.-S. Stas, directeur. M. Ad. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J. d'Omalius d'HalIoy, L. de Ko- ninck, P.-J. Van Beneden, vicomte B. du Bus, Giugc, Melsens, J. Liagre, F. Duprez, E. Quetelet, M. Gloesener, A. Spring, D. Candèze, F. Donny, Cli. Montigny, Stei- chen, A. Brialmont, E. Dupont, membres; Th. Schwann, Eug. Catalan, associés; Ed. Morren, Ed. Mailly et J. De Tilly, correspondants. 2""' SÉRIE, TOME XXXH. 1 (2) CORRESPONDANCE. M. Alex.-S. Herschel annonce , par lettre, la mort de son père, sir John-F.-W. Herschel. Cette triste nouvelle avait déjà été communiquée à la classe par M. le secrétaire per- pétuel , dans la précédente réunion. — Une lettre de con- doléance a été adressée à la famille de l'illustre astronome. — Le département de l'intérieur envoie l'ordonnance de payement du crédit annuel de 5,000 francs pour les prix de concours décernés en 4870, ainsi qu'un exem- plaire en bronze de la médaille commémorative de la pres- tation de serment constitutionnel de S. M. Léopold H. — Remercîments. — M. le Ministre de la guerre adresse un exemplaire de la 7"'' livraison de la Carte topographique de la Bel- fjique, à l'échelle de 1/40,000, comprenant les feuilles de Louvain et de Nivelles. — Remercîments. — La Société royale astronomique de Leipzig annonce que l'assemblée générale annuelle des astronomes aura lieu cette année à Stuttgard, du 14 au dG septembre. — Le Musée Teyler de Harlem, et l'Oftice du chirur- gien général des États-Unis à Washington adressent leurs derniers travaux. — L'Académie impériale Léopoldo-Caroline des Curieux d(3 la nature, à Dresde, la Société batave de physique ex- périmentale, à Rotterdam, et l'Académie agraire de Pesaro (3) remercient pour le récent envoi annuel des publications académiques. — M. F. Duprez fait parvenir , pour le Recueil des phé- nomènes périodiques, le résumé de ses observations mé- téorologiques faites à Gand en 1870. — La classe reçoit l'hommage des ouvrages suivants : 1" Par M. Duprez, d'un exemplaire de la 2"" partie de son travail sur l'électricité atmosphérique , inséré dans le Bulleiin de mai de cette année, ainsi que d'un exemplaire du Résumé de ses observations météorologiques faites à Gand en 1869; 2*' Par M. Dupont, d'un exemplaire de son ouvrage intitulé : L'homme pendant les âges de la pierre dans les environs de Dlnant-siir-Lesse. Remercîmenls. — Une nouvelle note, avec planches, de M. F. Terby, Sur l'aspect des taches de la planète Mars en 4871 , sera soumise à l'appréciation de MM. Liagre etMontigny. — MM. L. de Koninck et Stas examineront les deux notices suivantes de M. Ed. Dubois, répétiteur à l'Univer- sité de Gand: 1" Sur un nouveau mode de formation du sulfate dié- thylique; 2° Transformation de l'acide citrique en acide tricar- ballyque. — La classe renvoie aux commissaires précédemment nommés, MM. Dewalque, Donny et Stas, le mémoire de M. Paul Havrez sur la teinture des laines, présenté le 2 fé- vrier de cette année. Le mémoire de M. Sallel sur certains (4) systèmes de courbes géométriques, présenté le 15 décem- bre 1870 sera retourné à MM. Gilbert et Catalan. Ces mémoires avaient été rendus momentanément aux auteurs afin d'être modifiés ou complétés. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Tb. Scbwann annonce l'exécution , d'après ses indi- cations, d'un instrument destiné à obtenir la respiration artificielle cbez les animaux opérés qui servent de sujets à ses leçons de pbysiologie à l'Université de Liège. M. Schwann promet, à la demande de ses collègues, de communiquer à la classe la description détaillée de cet instrument, avec figure à l'appui. — M. P.-J. Van Beneden fait une communication ver- bale sur la balénoptère qui a écboué sur les côtes de Bel- gique en 1827 et qui a fait l'objet, à cette époque, d'un travail de feu nos savants confrères Cb. Morren et Van- derlinden. On ignorait à quelle espèce se rapportait cet animal , qui, en 1848, a été embarqué pour les États-Unis. M. Van Beneden, à la suite d'une visite qu'il vient de faire au musée de Leyde , y a remarqué une première côte de Ste- pyreydr balœnoptera Sibbaldii, qui rappelle toute la con- formation de cet os dans la balénoptère en question. Indé- pendamment de la première côte on conserve au musée de Leyde le sternum, l'atlas et l'axis du Stepjjreydr. (S) Les Phoques de la mer scaldisienne, par M. P.-J. Van Beneden, membre de l'Académie. Les ossements de plioque étaient encore peu connus à l'époque où Cuvier écrivait ses Recherches sur les osse- ments fossiles; on en a reconnu depuis dans diverses loca- lités de l'ancien et du nouveau monde. Mais plusieurs ossements ont été attribués à tort à ces mammifères amphibies. Le Phoca fossiUs de G. Cuvier, de la Molasse d'Angers, rejiose sur deux fragments d'un humérus, que MM.Christol et Blainville ont reconnu depuis pour être l'humérus d'un Sirénide, et ce sont des débris d'Halitherhim que le grand naturaliste a pris pour des ossements de Morse (1). M. Paul Gervais a distingué plusieurs genres de phoques fossiles trouvés en France et appartenant à divers gise- ments. L'espèce la mieux connue est le Pristiphoca occi- tana des sables marins pliocènes de Montpellier. Le Phoca pedroni du bassin de Bordeaux, établi sur une dent isolée, doit être supprimé; cette dent se rapporte plutôt à quelque Cétacé, probablement à un Ziphioïde (M. Paul Gervais) (2). La dent de la Molasse miocène, attribuée à une Otarie [Olaria? prisca), provient d'un Squalodon (3). (1) M. P. Gervais, Zoologie et paléontologie françaises..., p. 27:2. (2) Cette dent est figurée pi. XLI, fig. 1 de la Zoologie et paléontologie françaises. (ô) Elle est figurée dans le même ouvrage, pi. VIII, fig. 8. (6) A diverses reprises, on a trouvé sur les côles d'Ecosse , et dans plusieurs autres localités, des ossements de phoques enfouis dans une argile , à côté de coquilles des régions arctiques et dont on rapporte généralement l'enfouisse- ment à l'époque glaciaire. Ces ossements se trouvent au- dessus du niveau actuel de la mer, à une assez grande distance des côtes actuelles et à une certaine profondeur au-dessous de la surface du sol. Quant à la détermination des espèces auxquelles ces ossements appartiennent, le docteur Knox, qui s'en est occupé le premier, était d'avis qu'ils proviennent de l'es- pèce qui hante encore aujourd'hui ces parages, c'est-à- dire du Plwca vitulina (1 ). Le professeur Turner (2), après une comparaison mi- nutieuse des ossements de l'argile avec les phoques vi- vants, arrive, au contraire, à la conclusion , que le phoque trouvé dans l'argile des côtes d'Ecosse est, non pas le Phoca vitulina, mais celui auquel les naturalistes accordent généralement aujourd'hui le nom de Phoca hispida ou an- nellata. Nous avons vu au musée de l'Université d'Edim- bourg un squelette de phoque presque complet, conservé dans une couche d'argile, et si nous nous rapportons aux notes que nous avons prises sur les lieux et aux dessins que le professeur Turner a publiés du maxillaire infé- rieur, nous partageons complètement l'avis de ce savant. Aucune des espèces de phoques vivants n'a le maxillaire inférieur aussi étroit et aussi allongé dans sa moitié posté- rieure. (1) Knox, Memoirs of Wernerian Society, t. V, p. 572. (2) Professer Turner, On the species of Seal formed in Scotland in beds of glacial c/ay, Journal of Anatomy and Physiology, vol. IV. (7) Au niiisée d'anliquités d'Edimbourg, nous avons re- marqué également des os d'un phoque indéterminé , qui étaient marqués C, 50 (Catalogue). Le docteur Kinberg s'est occupé pareillement des phoques de l'époque glaciaire dont les débris ont été mis au jour sur la côte de Norwége (1), et, d'après ce naturaliste, ces ossements proviennent du Phoca groenlandica, espèce qui ne quitte guère aujourd'hui les glaces des régions arc- tiques. Le Pavillon de Harlem, oîi M. Staring avait réuni une grande partie des richesses paléontologiques des Pays-Bas, renfermait, il y a quelques années : 1° Une phalange unguéale de membre postérieur de phoque trouvée près de Swilbroek par Jonkheer v. Winter en 1859; 2" Au moins trois phalanges ou plutôt des os métatar- siens d'un phoque, ayant, à peu près, la grandeur du P. vitulina; ces ossements ont été trouvés à Koerboom; o" Des fragments de fémur et d'humérus des mêmes localités. Tous ces objets ont été trouvés à côté des os de Squa- lodon. En 1853, j'ai écrit, dans le Bulletin de l'Académie royale de Belgique (2), une noie sur une dent de phoque fossile du crag d'Anvers. Dans un rapport sur la découverte d'osse- ments fossiles faite à Saint-Nicolas, M. de Koninck et moi (1) Om arkliska Phocaceer fimna lUi niellcrsta Svcrifjes rjlaciallera, Ofversigt af Kongl. Vet. Akad. Forhaxdllngar, 1869. (2) Note sur une dent de phoque fossile du crag d'Anvers , Bulletins DE l'Académie royale de Belgique, 2™*' série, t. XX, ii° 9, p. 255 ; 1835. (8) nous avons signalé la présence d'ossemenls de ces mam- mifères dans le crag des environs d'Anvers (1). Nous' possédons du crag d'Anvers un assez grand nom- bre d'os : des vertèbres, des dents incisives, des dents molaires, un atlas, un sacrum, des calcanéums, un cubitus (fragment supérieur), des phalanges et des métatarsiens. A en juger par la taille, il faut rapporter ces os à deux espèces différentes, si pas à trois; deux phalanges res- semblent à celles des plus fortes Otaries; les autres os et les dents'se rapportent à un animal qui devait atteindre à peu près la grandeur de nos phoques actuels. Phoca vitulinoïdes. Van Ben. (PL I.) Nous possédons de cette espèce un atlas presque com- plet, deux calcanéums et un sacrum. Tous ces os indiquent un animal de petite taille qui ne dépassait pas celle du Plioca vitulina. L'atlas, très-reconnaissable, est plus faible que celui du phoque ordinaire, dans la portion de l'arc ncural qui occupe le milieu de l'os. La surface articulaire qui correspond aux condyles de l'occipital est plus étroite et plus profonde, de manière que cette articulation est encore plus solide que dans le phoque vivant. Les apophyses transverses, en tant que l'on puisse en juger par ce qui reste, sont moins solides que dans (1) Dulletim de l'Acad. royale de Belgique, 2™<: série, t. VIII; 1859. (9) l'espèce vivante, et le trou qui se trouve à sa base et qui livre passage à l'artère vertébrale est relativement fort étroit. Le sacrum est entier, sauf la portion neurale. Tout in- dique un développement complet. Les deux calcanéums sont parfaitement conservés et représentent fidèlement tous les caractères de ce même os chez les vivants. Nous avons vu entre les mains du capitaine De Jardin, un maxillaire inférieur assez complet, enchâssé dans un rognon , et qui présente tous les caractères des phoques actuels. Il existe encore une phalange d'un doigt médian qui se rapporte à un phoque de la grandeur du Phoca barbata. Nous possédons la portion supérieure d'un cubitus de phoque; presque toute la surface articulaire est conservée, et l'échancrure , qui divise cette surface articulaire en une moitié supérieure obliquement transverse et une moitié inférieure longitudinale, est fort bien marquée; mais la partie supérieure de la surface articulaire, qui s'engage dans la cavité glénoïde, est plus saillante, et au-dessus, d'un côté, se voit une saillie très-forte qui n'existe pas dans le phoque ordinaire. Enfin l'apophyse qui termine supérieurement cet os, tout en montrant moins d'épais- seur, est un peu plus allongée et présente un bord assez tranchant. Nous espérons bien que l'on parviendra à réunir les principaux os de ce curieux carnassier du crag pour recon- stituer complètement son squelette. ( 10) Palaeophoca Nystii, Yan Ben. (1). (PI. II.) Dans le t. XX, n" 6 (2' sér.) des Bulletins de l'Académie, j'ai publié la description d'une dent assez curieuse que je rapporte à un phoque voisin des Otaries et qui me paraît être, ou une canine, ou une incisive supérieure externe. Elle m'avait été remise par notre savant confrère M. Nyst, qui en avait apprécié toute l'importance. La dent que je décris ici se rapporte probablement à la même espèce. Voici ce qu'elle ofTre de remarquable : Elle est longue en tout de cinq centimètres et demi, montre distinctement une couronne couverte d'une couche d'émail, à surface lisse et unie, qui s'arrête brusquement au col, et dont le bord s'élève obliquement et sans sinuo- sité du côté concave au côté convexe , pour descendre du côté opposé, en formant un sinus assez profond. La pointe de la couronne est tronquée et la troncature nous semble trop régulière pour que nous supposions qu'elle soit acci- dentelle. La couronne est légèrement courbée. A la fin du rapport que j'ai fait sur les ossements fos- siles découverts à Saint-Nicolas en 1859 (2), j'ai proposé le nom de Palaeophoca pour désigner l'animal nouveau dont provenait la dent du carnassier du crag. (1) M. Nyst a rendu de si grands services à la paléontologie que tous les amis des sciences verront avec plaisir son nom attaché à un des plus beaux fossiles du crag d'Anvers. (2) Bulletins de l'Académie royale de Belgique , S"»' série, t. VIII. ( H ) Nous conservons celte dénominalion générique et spé- cifique, et nous pouvons ajouter à ces premiers débris quelques autres fragments intéressants. Ainsi nous sommes en possession de plusieurs dents incisives et molaires, dont deux entières et fort bien con- servées. M. Du Bus en possède deux autres. Une molaire m'a été remise par M. de Koninck, et une autre molaire appartient au capitaine De Jardin. Nous avons reçu deux autres molaires de cette espèce, qui indiquent également une taille au moins double de la taille du phoque de nos côtes. Ces dents ne peuvent se rapporter, à en juger par leur dimension , qu'à l'espèce qui nous occupe. Les racines sont doubles et droites sans rien présenter de particulier, mais le collet présente un bourrelet tout autour de la couronne, qui indique nettement la ligne de démarcation entre celle-ci et les racines. La couronne est formée de six lobes placés sur une ligne très-légèrement courbée. Elle n'est pas plus épaisse vers le milieu qu'en avant et en arrière et présente même plutôt un léger étranglement dans cette partie. Le lobe moyen occupe à peu près le tiers de la lon- gueur totale; celui qui suit, comme celui qui précède, n'a que la moitié de la hauteur et de la largeur du premier; le premier et le dernier lobe ne sont que des tubercules de même grandeur, qui semblent au premier abord dépendre du collet. Il existe donc, en somme, une différence fort grande entre cette molaire et celles des phoques vivants. Un fragment d'une autre molaire présente les mêmes caractères, en indiquant une taille un peu plus forte. (12) quoiqu'il appartienne à un animal plutôt jeune qu'adulte. Une incisive présentant deux petits lobes vers le milieu de la hauteur de la couronne est évidemment une inci- sive inférieure externe. La couronne est légèrement cour- bée et terminée en pointe comme une phalange unguéale. La racine a trois fois la longueur de la couronne. Le major Le Hon et le capitaine De Jardin possèdent chacun une dent molaire qui se rapporte sans doute à cette espèce. Nous avons aussi trouvé à EIsloo des incisives et des fragments de molaires, qui semblent se rapporter à ce même phoque. Elles indiquent, en tout cas, une taille semblable. M. Bosquet en possède de la même localité. Trichecodon Konincrii, Van Ben. (i>i. III.) Le Morse ( Tricliecus rosmarus ) se trouve au Groen- land, sur la côte est de l'Amérique septentrionale, au Spitzberg et dans l'océan Glacial arctique jusqu'au détroit de Behring. En avril 184-1 , on a pris un Morse aux îles Hébrides; c'est le second, paraît-il, qui a été capturé sur les côtes des îles Britanniques. Ce sont évidemment des individus égarés (1), comme les deux phoques véritables, PAoca bar- bata et Halichaerus gryphus, qui ont été capturés récem- ment dans les mêmes parages. D'après ce que nous rapporte le professeur Turner, cette dernière espèce ne (1) An7i. ofnal. hist., p. 65, janv. 1871. ( 15 ) serait cependant pas, à beaucoup près, aussi rare qu'on le supposait (1). On a également trouvé en Virginie (Amérique du Nord) et à New-Jersey des ossements de Morse (2), que le profes- seur Jos. Leidy rapporte au Morse ordinaire. Ces ossements sont venus par les glaces, ajoute ce savant, ou bien datent de l'époque glaciaire. On voit bien quelques différences entre ces animaux de localités si diverses, mais y a-t-il pour cela des espèces distinctes bien limitées? Nous ne le pensons pas. Il nous semble plus prudent de réunir ces animaux sous le même nom jusqu'à ce que l'on ait pu les délimiter convenablement. Notre illustre confrère de l'Aca- démie von Baër m'écrit que le Morse du nord de la Sibérie diffère légèrement de celui du Spitzberg et du Groenland, par les dents canines. Le musée de Philadelphie a reçu de Canton, à deux reprises différentes, des restes de Morse provenant du nord de l'Asie (5), et ces matériaux seront sans doute mis à profit par les naturalistes américains, pour l'élucidation de cette question. Il y a déjà plusieurs années, M. Nyst découvrit dans les environs de la ville d'Anvers un fragment de dent, remar- quable par sa forme comme par sa grandeur, et qui ne se rapportait à aucun animal connu. A peu près à la même époque, je reçus, avec des frag- ments de vertèbres de Cétacés, une vertèbre assez complète, qui ne présentait aucunement l'aspect cétoïde et offrait (1) Note on the capture of the greij seal , Jolrnal of Anatomy and Physiology, vol. IV. (2) Jos. Leidy, Notice of remains of the Wolnis, Trans. Ajif.r. phil. Soc. Philadelphia, 1857. (3) Jos. Leidy, Ibid. (U) tous les caractères des vertèbres d'un grand carnassier. Les soupçons que j'avais eus de rapporter le fragment de dent dont nous venons de parler au groupe des Morses se confirmèrent, et j'indiquais le nouveau mammifère du crag sous le nom de Trichecodon. C'est sous ce nom que j'ai envoyé à plusieurs confrères des plâtres de la dent. Plus tard, une phalange et un métatarsien vinrent con- firmer complètement ces premières déterminations , tant pour les caractères fournis par les os que pour l'énorme taille que ces animaux avaient atteinte. M. Ray Lankester vint me rendre visite vers cette époque, en 1864, et entretint, à sou retour à Londres, la Sociélé géologique du curieux carnassier (1); il l'avait éga- lement reconnu en Angleterre. J'avais, moi aussi, vu à Londres, entre les mains d'un marchand au Strand, M. Cal- vert, une dent énorme, qu'on dit trouvée également dans le crag d'Angleterre et qui devait provenir d'un animal semblable. Ce fragment a 17 centimètres de longueur sur 6 centi- mètres de largeur au moins à la base. La surface que nous prenons pour externe est bombée et unie, tandis que la face interne est légèrement creusée et présente, à côté de petites rainures, deux fortes gouttières d'un centimètre de largeur. Ce fragment indique une dent d'une longueur au moins double et dont la courbure seule rappelle une canine de Morse. La vertèbre est d'une très-belle conservation; le corps est intact et son arc neural avec ses apophyses est presque complet. (1) Trichecodon Huxleiji, a new mammalian fossil from (lie red crag ofSuffolk, Proc. Geol. Soc, febr. 1865. (15) Le corps de la vertèbre est long, d'avant en arrière, de 8 centimètres, et la surface articulaire mesure, en travers, en comptant le disque seul, également 8 centimètres, mais on n'en dirait pas moins que le corps est plus long que large. C'est une vertèbre dorsale; elle porte distinctement les traces de l'articulation de la côte aussi bien au bout de son apophyse qu'au corps même de la vertèbre. Le corps est régulièrement creusé vers son milieu, et Ton ne voit aucune apparence de carène à sa face infé- rieure. L'arc neural est très-solide comme dans les Morses, et au- dessus de la surface articulaire du tubercule de la côte , il montre une grande surface bombée d'avant en arrière et qui a tout l'air d'une autre surface articulaire. L'apophyse épineuse n'est pas entière, et l'on voit qu'elle n'a pu être fort longue. Les deux surfaces articulaires des zygapophyses sont fort bien conservées. Elles ont un diamètre de près de 2 72 centimètres et sont à peu près circulaires. Le musée de l'Université de Liège possède, par les soins de notre savant confrère, M. Dewalque, une vertèbre très-intéressante : c'est une sixième cervicale de Trichc- codon Koninckii dans un fort bon état de conservation : la surface articulaire postérieure est remarquable par son obliquité, les apophyses transverses sont presque aussi larges que le corps de la vertèbre est long et le trou ver- tébral a un diamètre qui permet au doigt indicateur de passer. L'arc neural est brisé. Le corps de la vertèbre est caréné à sa face inférieure. Nous sommes depuis longtemps en possession de deux os que nous avions toujours pris pour des phalanges de (16) quelque grande Otarie. Au lieu de provenir d'une Otarie, ce sont des os de Trichécodon qui ressemblent beaucoup à ceux du Morse vivant. Les épiphyses sont soudées complètement, et, comme la vertèbre, elles indiquent un animal de la grandeur du Morse actuel. L'un d'eux est une première phalange du doigt interne du membre postérieur. Il est long de 10 centimètres et large en haut de 28 millimètres, en bas de 20 millimètres. Comme toutes ces phalanges, il est bombé à sa surface ex- terne, aplati et môme un peu creusé à sa face interne. L'autre os est le second métatarsien; il a la même lon- gueur que le précédent, c'est-à-dire 10 centimètres, mais il est beaucoup plus fort, surtout à son extrémité inférieure. En haut, sa surface articulaire principale est triangulaire, mais il présente en outre une surface articulaire en dedans pour le tarse et en dehors pour le métatarsien suivant. Ce côté de l'os est fortement aplati et même creusé sous la surface articulaire. La surface articulaire inférieure n'est pas de forme ovale comme la face correspondante des phalanges; elle a le même diamètre à peu près dans tous les sens, et sa face inférieure n'est point aplatie. Au contraire, cette face infé- rieure est en crête dans toute sa moitié antérieure. On di- rait que l'os est tronqué en haut et en dehors. Le métatarsien, comparé à celui du Morse actuel, est comparativement plus fort et moins allongé. Ces caractères éloignent complètement les Morses des Otaries. Dans ces dernières, le doigt interne seul prend un grand développement; dans les Morses, tous les doigts sont h peu près d'une longueur égale. A en juger par les dents que nous avons trouvées à (17 ) Londres chez Calvert, ces énormes canines, que l'on a prises d'abord pour des défenses de Dinothcrium , ap- partiennent, non au Trichécodon , mais peut-être au genre Alachlerium. M. Ray Laniiester nous apprend qu'il en a vu trois grandes du crag rouge de Sutlon et de Felixtovvn dans la collection de M. Whincop, quatre autres petites dans la même collection, trois dans la collection de Calvert, et il en possède de grands fragments dans sa collection propre. M. Ray Lankester en signale, en outre, dans la collection de son ami M. Packard de Weslerfield. Toutes ces dents appartiennent-elles à une même espèce, ou bien à un seul genre? Nous doutons qu'il soit possible d'admettre la première hypothèse; d'abord, les dents elles- mêmes diffèrent beaucoup entre elles par tous leurs carac- tères extérieurs, et ensuite, elles indiquent des animaux d'une taille notablement différente; la vertèbre dont nous venons de parler provient d'un animal adulte, à en juger par les épiphyses , et elle ne dépasse pas en grandeur la vertèbre correspondante du Morse vivant. Quelques-unes des dents que nous avons vues dépassent de beaucoup en volume les plus fortes canines de Morse que l'on connaisse, et ne se rapportent sans doute pas au même animal. C'est ce qui nous engage à mentionner, à côté du Trichécodon Je %QX\ve Alachlerium, créé par notre savant confrère M. Du Rus. La fig. 5, pi. II, de yUrwelt Russlands de Eichwald (!) est probablement un fragment de Trichécodon. La fig. i , de la même planche, est un fragment de maxillaire infé- rieur de Mysticète , mais non de Ziphius, (1) S'-Pélei-sbourg; 18i0. S™* SÉRIE, TOME XXXII. ( 18 Alachterium cretsii, Du Bus (1). C'est le nom que M. le vicomte B. du Bus a donné à un animal dont on a trouvé une moitié de maxillaire, en 1863, au fort de Wyneghem , dans le crag supérieur. Il porte au maxillaire inférieur deux incisives qui sont cylindriques et tronquées , une canine de médiocre longueur et quatre molaires à couronne aplatie. La mâchoire provient d'un animal de grande taille; elle est remarquable par sa brièveté et sa hauteur , par une.cour- bure plus grande que celle du Morse et par des apophyses coronoïdes et angulaires plus longues et moins épaisses. Ce carnassier amphibie doit avoir eu quatre à cinq mè- tres de longueur, à en juger par la portion de maxillaire qui est conservée. L' Alachterium cretsii appartient , sans aucun doute , à la famille des Morses, mais il diffère évidemment des Tri- chécodons qui vivaient à côté d'eux, par la forme comme par la grandeur de leurs dents canines. On ne possède jusqu'à présent aucun autre débris de ce genre intéressant que des portions de dents canines et la mandibule dont nous venons de parler. (I) Le viconilf Ua Dus, Sur quelques mammifères du crag d'Anvers, lîLLL. DE l'Acad. koy. ue L!elg., 2'"^ séiie, l. XXIV; I8G7. lîull.dc lAcaclKovalo de Uolgiqn^' To'i.p.ia. " .-:^ V., -P J. Van. Bmedeny ad ruit aUl. ZuTv.poT' &. Ssvereyiis: Bnixei^. Les Phoques de la mer S cal di sien ne. IWill.dc lAcaiUlovalr de Ind-Kino IT/ipia. I^J. Van. Ben.cdaty ad n.at del ^'^1^ a ^ ZitÂy.par &. SevereWLf. ByicxeiZes. Les Phoques de la mer Sealdisieniie. ' y M. Monligny. « J'ai l'honneur de proposer à l'Académie l'insertion au Bulletin de la notice et des dessins de M. Terby, qui font connaître les résultats de ses observations sur les apparences que présenta le disque de Mars pendant l'op- position de cette planète en 1871. M. Terby a constaté, dans cette phase, le retour de certaines taches à des mo- ments déterminés par la durée de la rotation de la planète, avec la même forme et aux mêmes lieux du disque que pendant les oppositions de 1864 et 1867. » Conformément aux conclusions de ces rapports, la classe \ote l'impression de cette notice dans les Bulletins. (42) Sur un nouveau mode de formation du sulfate diéthijliquc, par M. Ed. Dubois. Rapport de M. de Koninck. a La notice de M. Dubois a pour objet d'appeler l'at- tention des chimistes sur une réaction intéressante dans laquelle il se forme une certaine quantité de sulfate dié- thylique. Elle est produite par l'introduction de la dichlorhydrine sulfurique dans une certaine quantité d'alcool vinique. Mais cette opération exige beaucoup de prudence, à cause de la violence extrême avec laquelle la réaction a lieu. Le composé obtenu, ayant été purifié par les procédés ordinaires, a offert tous les caractères du sulfate diéthy- lique. C'est par cette raison que M. Dubois s'est contenté de doser le soufre qui y est contenu, et les résultats de deux opérations successives sont très-concordants avec ceux indiqués par la théorie. M. Dubois fait suivre sa notice de quelques recherches qu'il a entreprises dans le but de préparer : 1° le bromure de sulfuryle et 2" une aldéhyde sulfurique, mais qui ne l'ont conduit à aucun résultat satisfaisant. Il n'a pas mieux réussi dans ses tentatives pour remplacer le chlore du chlorure de sulfuryle par des radicaux alcooliques. Je ne vois pas grande utilité pour l'Académie à publier ces re- cherches, qui trouveront mieux leur place dans un journal spécial. Je me borne donc à demander l'insertion, dans le Bul- letin de l'Académie, de la partie du travail de M. Dubois qui se rapporte au titre qui lui a été donné. » ( 43 ) Transformalion de l'acide citrique en acide carballtjlique, par M. Ed. Dubois. ttappot't de n. de Rottincli. « Depuis longtemps on connaît les méthodes qui ser- vent à transformer l'acide aconitique C^'fF'O*'^ en acide carballylique O" H^ O'^qui n'en diffère que par H-. ]l était donc à présumer que l'acide citrique C^^H^^O" dont la molécule ne renferme qu'un atome d'oxygène de l)lus que celle de l'acide carballylique, serait un jour con- verti en ce dernier acide par l'enlèvement de cet atome d'oxygène. C'est ce problème qui a été résolu par M. Du- bois, lequel s'est servi du réactif le plus ordinairement employé dans ce but, à savoir de l'acide iodhydrique. L'auteur décrit le mode d'opération qu'il a suivi et les analyses auxquelles il a soumis les produits obtenus et dont les résultats sont parfaitement concordants avec les quantités indiquées par la théorie. L'auteur termine son travail par quelques considérations sur la basicité de l'acide citriciue, qui, résumant uniquement l'opinion émise par M. Kàmmerer sur la tétrabasicilé de, cet acide, ne renferment rien qui ne soit déjà connu; je suis d'avis qu'il sera utile de les supprimer et de n'insérer dans le Bulletin de l'Académie que la partie relative à la trans- formation de l'acide citrique en acide carballylique. » Conformément aux conclusions de ces deux rapports, ainsi qu'à l'opinion que M. Donny a bien voulu donner, en l'absence de M. Stas , second commissaire , sur ces commu- nications , la classe ordonne l'impression de ces pièces au Bulletin après suppression des passages signalés ei-dessus. (44) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Qualrième noie siir les forces naturelles / par M. J .-J. d'Oma- liiis d'Halloy, membre de l'Académie. Le désir que j'ai exprimé devant la classe, dans la séance du 9 mai, a été accueilli par le savant directeur de la Revue scientifique , qui, après avoir l'ail à ma communi- cation l'honneur de l'insérer dans sa Revue, l'a accom- pagnée de quelques observations que je demande à la classe la permission de lui communiquer avec la réponse que je crois pouvoir y faire, étant persuadé que ces dis- cussions sont le meilleur moyen de parvenir à répandre quelque lumière sur ces questions hypothétiques. Voici en quels termes s'exprime M. Alglave (1) : « Tout en déclarant que les forces physico-chimiques sont inséparables de la matière, M. d'Omalius regarde la force vitale comme une entité distincte, mais il borne son rôle à diriger l'action de forces secondaires unies à la matière, qui sont ainsi la cause directe des phénomènes manifestés chez les êtres vivants. » M. d'Omalius résume les motifs de sa doctrine en deux questions, moins embarrassantes, à nos yeux , qu'il ne paraît le croire. » i° Pourquoi les êtres vivants, composés à peu près des mêmes éléments, présentent-ils tant de formes di- (1) Revue scientifique, t. I , p. 51. ( is ) verses? Chaque l'orme, dit M. d'Omalius, doit être l'oeuvre d'une force vitale spéciale. » Mais il est bien plus simple que cette variété est due à l'extrême complexité des rapports des éléments. En chimie minérale, les rapports sont simples et les composés peu nombreux. En chimie organique, les rapports devien- nent i)lus complexes : nous trouvons alors des séries fort longues de composés, et beaucoup de corps isomères dont la différence tient à la diversité du groupement d'éléments identiques par leur nature et leurs proportions. La syn- thèse chimique formant ces corps dans nos laboratoires, on ne peut pas expliquer leurs variétés par une force vitale particulière qui présiderait à la naissance de chacun d'eux. » Quand les substances organiques s'unissent pour en- gendrer des cellules organisées, la complexité des rap- ports devient infiniment plus grande; lorsque les cellules elles-mêmes se groupent pour constituer des êtres vivants , cette complexité augmente encore infiniment. N'est-il pas plus naturel que la variété de formes mullipîie chaque fois dans la même proportion ? » 2° Pourquoi les êtres vivants sont-ils soumis à la mort , tandis qu'un cristal de quartz se conserve indéfiniment? Cela ne peut tenir qu'à la séparation de la force vitale, dit encore M. d'Omalius. » La différence n'est pas aussi grande qu'elle en a l'air tout d'abord. » Le cristal de quartz périt lorsqu'il perd les conditions physico-chimiques nécessaires à son existence; si cela est rare aujourd'hui pour le quartz, c'est fréquent pour une foule d'autres corps minéraux. Eh bien! l'animal meurt aussi lorsqu'il perd ses conditions vitales, par un accident qui correspond à l'intervention du chimiste sur un corps minéral. (46) » Il est vrai que ces conditions disparaissent naturelle- ment au bout d'un certain temps maximum qui représente la durée de la vie de chaque être. Mais la chimie ne con- naît-elle point des corps qui se décomposent spontané- ment, c'esl-cWire qui perdent naturellement leurs condi- tions d'existence sous la seule action du milieu ambiant général ? N'est-ce point parmi les corps les plus complexes que se rencontrent généralement ces substances facilement décomposables? Et les êtres vivants ne sont-ils pas les plus complexes de tous les corps? — On arrive ainsi à s'étonner beaucoup moins de les voir perdre leurs condi- tions d'existence, — la mort n'est pas autre chose, — con- ditions qu'on appelle vitales tout simplement parce qu'on ignore leur nature. » îl faut d'ailleurs se garder de rien affirmer dans un sujet que la science actuelle ne peut aborder sérieuse- ment et que nous prenons ici par le petit côté en suivant M. d'Omalius. Nous voulons seulement qu'on peut conce- voir des hypothèses vraisemblables sur les deux points indiqués par lui. » La force vitale de M. d'Omalius est loin d'être plus facile à comprendre. Elle peut se modifier, se diviser, se transformer. Cela permettrait à M. d'Omalius d'expliquer les idées de Darwin sur le transformisme des espèces. Mais qu'est-ce que cette force vitale qui se divise, et qui cepen- dant est spirituelle, qui constitue chez l'homme l'âme immortelle créée à l'image de Dieu? » Voici maintenant ce que je crois pouvoir répondre. Je ne puis me rallier à l'espèce de rapprochement que M. Alglave établit entre la mort des êtres vivants et les altérations ou décompositions qu'éprouvent les corps inor- (47) ganiques. En efl'el, la mort est un phénomène qui tient à la constitution des êtres vivants et auquel ils sont tous soumis à une époque plus ou moins rapprochée. Les corps inorganiques ont, au contraire, une existence qui dure tant qu'ils ne sont pas attaqués par des forces étrangères. Le cristal le plus déliquescent aurait une existence aussi lixe qu'un cristal de quartz s'il était mis à l'ahri des attaques de l'humidité. Quant aux composés qui se décom- posent sans actions étrangères, ce ne sont que de ces alliances forcées que l'on ohtient dans des laboratoires au moyen de circonstances artificielles. M. Alglave attribue la multitude de formes que prennent les êtres vivants à la complexité des éléments qui les com- |)osent, mais cette complexité ne se produit que par Tac- lion , dans des circonstances particulières, d'un être vivant analogue, d'oii je dis que celte action, qui est ce que j'ap- pelle force vitale, n'appartient pas plus à la matière qui compose le corps vivant que la force qui fait mouvoir une bille n'appartenait à celle-ci avant qu'elle lui eût été im- |»rimée par la chiquenaude. - M. Alglave donne à entendre que la synthèse chimique est parvenue à produire la complexité qu'il invoque; mais, tant que cette synthèse n'aura pas produit un être vivant, je nierai l'analogie. On produit dans les laboratoires des composés qui ressemblent matériellement à des produits de la vie; mais ces composés manquent des qualités qui caractérisent les corps vivants, c'est-à-dire de la faculté de se développer, de se reproduire, etc. M. Alglave ne conteste pas l'existence de causes qui produisent des phénomènes, c'est-à-dire des forces, et je crois qu'il ne connaît pas plus que moi quelle est leur nature, d'oii je me permets de lui demander s'il est bien (48) fondé à élever des doutes sur la possibilité, pour une chose qu'il ne connaît pas, de se modifier, de se diviser et de se perdre. De mon côté, j'ai dit que l'hypothèse qui admet ces trois propriétés chez les forces vitales est le moyen le plus simple d'expliquer trois circonstances de l'histoire des êtres vivants, savoir : les variations de la série paléonto- logique, la disparition des espèces éteintes et la propriété qu'ont les morceaux détachés de certains êtres inférieurs de continuer à vivre, de se développer et de devenir un être parfait. Je dirai cependant qu'en parlant de la divisi- bilité des forces vitales, je n'avais eu vue que celles qui animent les êtres divisibles, et je ne pensais nullement aux hypothèses relatives à la divisibilité ou à l'indivisibilité des forces qui animent les animaux supérieurs. Voulant main- tenant éviter toute équivoque à ce sujet et reconnaissant, d'un côté, que la propriété des fragments qui deviennent des êtres parfaits peut être considérée comme un mode de reproduction, tandis que, d'un autre côté, la reproduction par génération peut être considérée comme une division, puisque dans ce phénomène il se dégage de la force pro- ductrice quelque chose qui donne naissance à une nouvelle force, je remplace les mots se diviser par ceux se reproduire qui sont admis par tout le monde et qui rendent tout aussi bien l'idée que je voulais exprimer. Je dirai également que, en admettant qu'une force vitale se perd, je n'entends nullement intervenir dans la théorie nouvelle qui rejette toute perte de forces physico-chi- miques, puisque la base de mon système est l'existence d'une différence radicale entre ces forces et les forces vitales. En résumé, je pense que l'hypothèse, admettant que chaque forme d'être vivant est déterminée par une force (49) particulière, est beaucoup plus simple et plus en rapport avec les faits que celle qui attribue l'immensité des formes que présente la nature vivante à la manière dont les phénomènes physico-chimiques ont composé et disposé les éléments qui entrent dans la composition des êtres vivants. Sur le développement des qualités physiques , morales et intellectuelles de l'homme, par M. Ad. Quetelet, secré- taire perpétuel de l'Académie. Revenant sur un travail dont il a entretenu précédem- ment la Compagnie (1), M. Ad. Quetelet demande de pou- voir ajouter aux communications qu'il a faites sur le déve- loppement de l'homme quelques explications qui tendent à faire comprendre la difficulté du sujet dont il s'est occupé depuis longtemps : Les anciens et les modernes ont considéré avec la plus grande attention tout ce qui concerne le développement de l'homme : les plus grands peintres et statuaires, par exemple, ont apprécié spécialement ses proportions; d'au- tres se sont occupés des divers degrés de son intelli- gence ou de sa moralité aux différents âges, mais toujours l'homme individu a été étudié séparément. Dans la première partie de son Anthropométrie , l'au- teur a présenté à l'Académie le résumé de tout ce qui a été fait à cet égard aux diverses époques et chez les diffé- rents peuples. (1) Bulletins de rAcad. royale de Belgique, 2""^ série, t. XXXI, p. 38. (SO) Dans la seconde partie, M. Quetelet ne considère plus les hommes individuellement : il les prend dans tout leur ensemble^ et les résultats sur lesquels il se fonde méritent la plus sérieuse attention. A vingt ans, par exemple, un même peuple, les Belges ne présentent pas, comme on peut le croire, un ensemble d'hommes absolument inégaux en poids, en force et même ahsolument inégaux par les qua- lités ou morales ou intellectuelles : il existe une différence; mais pour chacune des facultés de l'homme, soit pour le physique, soit pour le moral, soit pour l'intelligence, elle suit la loi la plus régulière, et cette loi remarquable est, sans qu'on s'en doute, connue de tous les géomètres pour ses propriétés mathématiques : elle est désignée sous le nom de loi du binôme de Newton. Je me borne, dit l'au- teur, à faire cette distinction , qui semble avoir échappé à la plupart des personnes peu habituées aux lois mathéma- tiques. Note sur les dents de poisson du dépôt de transport de la Meuse et de ses affluents; par M. G. Dewalque, membre de l'Académie. Depuis plusieurs années, j'ai fait connaître la présence, assez inattendue, dans le dépôt de transport de nos grands cours d'eau, de dents de poissons que l'on ne connaissait que dans les dépôts pliocènes et quaternaires des environs d'Anvers (1). J'ai fait remarquer, à cette occasion, que plu- (1) Sur quelques fossiles trouvés dans le dépôt de transport de ta Meuse et de ses affluents. (Bcll. de l'Acad. royale de Belgique , S™" sér., t. XVI, p. 21.) ( SI ) sieurs squales remontent les fleuves, et que, d'après notre savant confrère M. P. Van Beneden, on en connaît une quinzaine d'espèces, au moins, dans les eaux de l'Escaut à Anvers. Depuis lors, j'ai pu augmenter ces observations et rec- tilier une détermination. Ayant communiqué à M. le major Le Hon mes restes de poissons tertiaires pour le grand travail qu'il prépare sur ce sujet, mes dents d'Anvers me sont revenues bien déterminées; et c'est à l'aide de ces exemplaires que j'ai revu ma petite série de dents de la Meuse et de ses affluents. Voici les espèces que je connais aujourd'hui , avec l'indication de leurs provenances : Carcharodon megalodon , Ag. — La Meuse, à Devanl-le-Pont (Visé) et à Jemeppe. Carcharodon angustidens , Ag. — La Sanibre à Namur. Oœyrrhina trigonodon , Ag. — La Sambre à Namui-, la Vestire à Mem- bach. Oxijrrliina hastalis , Ag. — La Sanibre à Namur, l'Ourlhe à Esneux. Oxijrrhina WUsoni ,G\h\)i,. — LaVesdre à Menibach. Anoiodus Agassizi , Le H. — La Vesdre à Membach. Lamna vorax, Le IL — La Vesdre à Wenibach. On remarquera que cette dernière rivière, à l'endroit dont il est question , situé vers la frontière de Prusse, n'est plus, de nos jours, qu'un ruisseau sans importance; il n'y a pas lieu de trop s'étonner d'y rencontrer des restes de pareils poissons, loisque l'on songe à l'énorme puissance qiie nos rivières possédaient à l'époque quaternaire. (82) Sur quelques fossiles des ardoises coblenciennes de l'Ardenne\ par le même. Par suite de la rareté des fossiles, et de la difliculté de vérilier des distinctions établies sur l'examen minutieux de caractères pétrographiques et stratigraphiques qu'il faut suivre sur une région étendue, les divisions que Dumont a établies, il y a plus de vingt ans, dans le massif rhénan qui s'étend de la Meuse au Rhin, ont trouvé peu d'accueil chez les géologues; et même, bien que l'ensemble du terrain rhénan soit reconnu comme type du dévonien inférieur, il ne manque pas de savants qui , entraînés par l'aspect for- tement métamorphique des ardoises noir-bleuâtre de cette région, ont peine à ne pas les considérer comme siluriennes, au même titre que les ardoises d'Angers. En attendant un travail plus complet sur le terrain dont il s'agit, je crois devoir ne pas différer davantage d'attirer l'attention des géologues sur les affinités paléontologiques qui existent entre quelques-unes de ces ardoises, dont la faune est encore si peu connue. Il y a quelques années, M. Ferd. Roemer (I) a fait connaître quelques espèces nouvelles d'astérides et de crinoïdes rencontrées dans les ardoises de Bundenbach, dans l'ancienne principauté de Birkenfeld, c'est-à-dire dans la région type de l'étage hundsruckien. Beaucoup plus à l'ouest, dans le Luxembourg belge, à Herbeu- mont, etc., se trouvent des ardoisières que Dumont rap- (1) Neue Asterideii und Crinoïden aua devonischem Dachschiefer von Bundenbach bei Birkenfeld. (Pal.eontol., heraus. v. Duncker, l. JX, p. 1 43.) ( 53 ) portail à la même époque : c'est là que nous avons ren- contré plusieurs des espèces de Bundeiibach. Depuis longtemps nous possédions, de ces localités, un Cynlhophyllum déformé, que nous avions rapporté à C.primUjemum, Slein., qui se trouve aussi à Bundenhacli. C'est une espèce fort incomplètement connue; mais l'exa- men des échantillons déposés au musée de Bonn ne nous laisse aucun doute sur l'idenlificalion de nos échantillons. Quelques débris de plantes que nous communiquâmes à feu notre excellent confrère Coemans, en lui signalant ce gîte, le déterminèrent à se rendre surles lieux; et il nous en rap- porta une astérie et un fragment de poisson ganoïde rhom- hil'ère. Dans une visite ultérieure que nous fîmes en com- mun, nous recueillîmes une autre astéride, un trilobite et de nombreux échantillons de CyathophyUum, sur lesquels mon regrettable ami me communiqua des vues nouvelles très-remarquables, au sujet desquelles nous devions pré- senter en commun un travail que j'espère poursuivre seul. Enfin, dans les derniers temps, je reçus de lui un grand ich- ihyodorulite qui lui avait été remis de la même provenance. Je possède donc aujourd'hui : 1" des ardoisières d'Iier- beumont, Aslerias asperula, F. Roem. , Helianlhaaler rhenanus, F. Roem., Cualhophyllum pHinkjenium, Stein., qui accompagne les espèces précédentes à Bundenbach, et un ichlhyodorulite, probablement nouveau; 2" des ar- doisières de Bertrix, qui sont certainement du même âge, un fragment de poisson ganoïde, trop incomplet pour être décrit; le Cyat/iophyllnni déjà nommé, et un trilobite, malheureusement incomplet, ce qui empêche de le rap- porter avec certitude à Phacops lafifrons, Burm., espèce fort répandue dans le système rhénan, et accompagnant les astéries à Bundenbach. 2"'^ SÉRIE, TOME XXXII. 5 (U) Notice sur la production successive d'éclairs identiques, aux mêmes lieux de V atmosphère ^ pendant V orage du ^juillet iHl'l; par M.Montigny, membre de l'Académie. Le 2 juillet 1871 , un violent orage éclata sur Bruxelles; quelque temps avant le commencement de ce phénomène, j'observai, vers cinq heures de l'après-midi, à plusieurs reprises, une particularité que présentèrent des éclairs en zigzag ou de la première classe, qui sillonnaient les nuages orageux à l'horizon vers l'ouest-sud-ouest : c'est la suc- cession rapide de deux éclairs qui, étant partis tous deux du même point d'un nuage après un très-court intervalle de temps, ont suivi exactement la même trajectoire. Le premier de ces éclairs, de lumière rosée ainsi que tous les autres, s'élança horizontalement d'un nuage, puis décrivit une courbe en quart de cercle, et atteignit l'ho- rizon suivant la direction verticale. Il fut immédiatement suivi d'un second éclair qui parcourut exactement la même trajectoire que le premier. Vers une autre partie de l'horizon orageux , un éclair qui avait jailli horizontalement, en ligne droite, entre deux nuages, fut suivi, presque aussitôt, d'un éclair tout à fait semblable au premier. Enfin, la même succession rapide de deux éclairs identiques quant à leur forme, leur point d'émanation et d'arrivée, s'est produit encore dans le sens vertical entre un nuage et l'horizon. Remarquons d'abord que l'identité du second éclair au premier, dans chacun de ces trois cas différents, ne peut être attribuée à un effet de mirage local ou à tout autre phénomène de production d'une double image de l'éclair, ( ss ) puisque, chaque fois, un temps appréciable s'est écoulé entre l'apparition du premier et celle du second éclair identiques. Ces exemples de deux passages consécutifs du fluide fulminant, précisément aux mêmes lieux de l'atmosphère, démontrent de nouveau que les circonstances qui décident de la forme et de la position des trajectoires de la foudre, même dans un milieu aussi rare que l'air, sont parfai- tement déterminées, et que le fluide obéit ainsi à des in- fluences précises dans ses manifestations lumineuses, qui sont si rapides, et en apparence de formes si capricieuses. Ces exemples nous montrent aussi qu'un même nuage n'est pas entièrement déchargé par une seule déflagration , comme on doit le prévoir d'ailleurs. Rappelons ici que, le 10 juillet 1845, deux violents coups de foudre frappèrent, à moins d'une minute d'intervalle, la pointe du paraton- nerre de la tour de la cathédrale de Strasbourg et opé- rèrent la fusion partielle de cette pointe de platine (I). FI y avait lieu de croire, d'après le court intervalle qui s'écoula entre ces deux coups de foudre, qu'ils'ont jailli d'un même nuage. Si l'on s'explique en partie le fait de la décharge in- complète d'un nuage orageux par la conductibilité très- imparfaite de ses parties plus ou moins désunies, on est cependant en droit de se demander, surtout au sujet des exemples incontestables que j'ai observés, comment il se fait qu'après une première décharge que subit chacun des trois nuages observés pendant l'orage du 2 juillet dernier, la tension électrique au point du nuage d'oîi la (1) Coups de foudre sur des paratonnerres ; par M. Duprez. (Mémoires UK l'Académie royale de Belgique, t. XII.) (S6) Ibiidre avait jailli une première fois, soit restée assez forte pour que le fluide ait pu s'élancer du même lieu , peu d'in- stants après, pour suivre la même trajectoire et atteindre le môme point d'arrivée que la première fois. Des expériences de Faraday, que noire confrère M. Valerius me rappelait à l'occasion de ces faits, permettent d'expliquer celte parti- cularité. Faraday a constaté que l'étincelle électrique de nos machines franchit plus facilement une dislance donnée dans l'air ou un gaz quelconque, quand une première étincelle s'esl déjà élancée entre les mêmes points dans ce milieu. Ce célèbre physicien a constaté, entre autres, qu'une fois que l'étincelle électrique a franchi la dislance entre deux boules, on peut les écarter au delà de la limite de distance de la première décharge, sans que l'étincelle cesse de se produire, la tension électrique restant, bien entendu, la même. Il semble , d'après ces expériences, que l'air ou le gaz serait modifié par la première décharge, de manière à opposer une résistance moindre à celles qui la suivent. Ce fait général a été expliqué par Faraday, en admettant que la première décharge constitue les molé- cules de l'air dans un état de polarité électrique favorable au passage des étincelles (1). Ces expériences de Faraday nous permettent ainsi de comprendre comment, dans chacun des cas que j'ai ob- servés, après le rétablissement de l'équilibre de tension électrique dans la masse d'un nuage, la foudre peut fran- chir, à deux instants très-rapprochés, une même distance entre deux points, et cela, en passant identiquement par les mêmes lieux de l'air polarisés après la première dé- (1) Traité de physique de Daguin, t. III, p. 194 (S7) charge, quoique la tension totale du nuage fulgurant eût été réduite par le Tait de cette décharge. La note que j'ai rhouneur de présenter à l'Académie a |)Our premier objet de l'aire connaître un lait qui, je pense, n'a pas encore été signalé dans l'étude des orages, puis d'expliquer par la théorie ce phénomène naturel. Aspect de la planète Mars en 187 1 ; par M. F. Terhy, doc- teur en sciences, cà Louvain; communication adressée à M. Ad. Quetelet, directeur de l'Observatoire royal de Bruxelles et secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Belgique. Dans une première notice que l'Académie a bien voulu accueillir, j'ai résumé brièvement les résultats de mes ob- servations de la planète Mars pendant les oppositions de 1864 et de 1867. Poursuivant les mêmes études, j'ai réuni un grand nombre d'observations pendant l'année actuelle, et je les ai terminées seulement quand l'éloignement crois- sant de la planète leur eut enlevé une partie de leur uti- lité. Ce sont leurs résultats que j'ai l'honneur de sou- mettre aujourd'hui à l'attention de l'Académie. Le but de cette notice est de faire connaître avec précision l'aspect que cet astre a offert à la terre en 1871, et d'établir quel- ques rapprochements entre les nouveaux dessins et les précédents afin d'en faciliter la comparaison (1). (1) Voir V Aspect des tacites de la planète Mars de 186 i à 1807 (Bul- letins DE l'Académie roy. de Belgique, -2'-- série, tome XXXI, n» 4, avril 1871). (S8) Les observations de 1871 peuvent être rangées en deux catégories distinctes : celles qui ont eu pour but de suivre directement les taches dans les déplacements amenés par la rotation et qui, à cet effet, ont été multipliées pendant les mêmes nuits; ensuite la série composée des observa- tions faites, chaque nuit favorable, à la même heure. Ce dernier mode d'observer permet, comme je l'ai indiqué dans ma première notice , d'examiner successivement toutes les parties visibles de Mars par suite du retard que présente la rotation de cette planète comparée à celle de la terre. On conçoit que ces deux séries se complètent et se confirment l'une l'autre. Les observations de Mars en 1871 sont au nombre de quatre-vingt-quinze et ont fourni quatre-vingt-six croquis; mais je n'ai voulu réunir dans ce travail que les dessins exécutés dans les conditions les plus favorables et qui pré- sentent le plus utilement les diverses régions de la planète. Un temps souvent très-beau, particulièrement au mois de mars, m'a permis d'employer presque toujours avec grande netteté des grossissements de 180 et de 240 fois, circonstance qui permet d'accorder la plus grande con- fiance aux résultats obtenus. Les taches ont toujours été rapportées avec soin au dia- mètre vertical et au diamètre horizontal du disque, mais j'ai cru devoir donner à l'axe de rotation une position identique et verticale dans toutes les figures qui accom- pagnent cette notice afin de faciliter leur examen. L'ex- trémité inférieure de l'axe est le pôle septentrional, par suite du renversement de l'image. Un point noir accom- pagne chaque dessin et indique le lieu qu'occupait l'extré- mité inférieure du diamètre vertical apparent au moment de l'observation; de cette m.anière il sera facile de, donner (59) aux disques la direction qu'ils présentaient dans le clianij) de la lunette et même de constater, dans une certaine me- sure, les changements de position de l'axe suivant l'heure, par l'effet du mouvement diurne apparent de la sphère céleste. Il faudra pour cela placer verticalement le dia- mètre aboutissant à ce point noir. La phase de Mars commença à devenir sensible le 29 avril; c'est à cause de cette circonstance qu'à partir de cette époque j'ai pointillé la demi-circonférence de droite des dessins. Je n'ai pas cherché à représenter exac- tement la phase, à cause de la dirticulté que présentait sou évaluation; mais j'ai pris tous les soins possibles ahu que la position des taches n'en fût point altérée. J'ai désigné constamment une même tache par la même lettre; il sera donc facile de reconnaître immédiatement les divers aspects de la planète et de suivre les déplacements d'une région donnée. Le fond des dessins a été légèrement ombré afin de faire mieux ressortir la blancheur des taches polaires. La tache neigeuse septentrionale (inférieure apparente) a été constamment visible. Elle ne présenta pas chaque jour le même éclat ni la môme grandeur; elle était tantôt franchement blanche et brillante, tantôt moins définie et d'un éclat peu considérable quoique plus grand et plus blanc que le reste du disque; parfois une région blanche et brillante excessivement restreinte se montra sur le bord, entourée, jusqu'à une certaine distance, d'un espace blanc, mais sans éclat. La tache polaire méridionale (supérieure apparente) a pu être observée aussi avec grande netteté. Le 25 et le 26 mars (fig. 17, 18 et 19), elle présenta quelque doute à cause de sa faible extension. Mais, chose remarquable, du (60) 5 au J 1 mai (lig. 29, 31,52, 55 et 54), elle apparut sur une grande étendue avec une teinte blanche prononcée. Cette masse neigeuse redevenait visible en même temps que la tache sombre très-caractéristique désignée par la lettre rf, et ne se montrait point dans d'autres positions de Mars. Elle ne coïncida pas toujours avec la direction de l'axe de rotation tracé d'après la tache blanche du nord; elle se dé- place en effet relativement à l'axe vertical des dessins; ces intermittences de visibilité et ces déplacements doivent la l'aire considérer comme s'étendant à une assez grande dis- tance du pôle sud, ce qui permit à la rotation de la ramener périodiquement dans la région visible. Comme je l'ai déjà rappelé, il résulte des durées de ro- tation de Mars et de la terre que l'on peut voir peu à peu toutes les régions de la planète en observant toujours à la même heure; les taches présentent, dans ces circonstances, un déplacement apparent en sens inverse du mouvement réel et que l'on peut vérifier en examinant successivement les dessins 6,7,9, 10, 12, 15, 15, etc.. (1). Ils montrent le retard qu'éprouvent les taches a et bc, et qui finit par amener la première au bord oriental (droit apparent). Un aspect de Mars reparaîtra donc après une période dont la durée variera suivant les heures d'observation, mais qui, ainsi que le montrent nos dessins, pourra atteindre (juarante jours environ , si les circonstances permettent d'observer assez régulièrement à la même heure. En admettant que toutes les taches sombres représen- (1) J'ai toujours énuméré les dessins clans l'ordre qu'il convienl de suivre pour vérifier les particularités sur lesquelles je désire appeler l'at- tention; cet ordre a été basé, du reste, (juand il le fallait, sur l'élude des heures d'observation. (61 ) léos sont i)ormancnles, ce que Ton a de lorlcs raisons de supposer, il est évident que si l'on considère ces (igurcs dans un ordre inverse, on retrouvera, à fort peu près, les aspects que la rotation ameiiait directement aux diverses iieures du jour. Les observations laites dans le but d'exa- miner les déplacements réels ont fourni des dessins iden- tiques à ceux que nous avons obtenus en poursuivant les observations de la même heure. L'ensemble de ces résul- tats permet donc d'énumérer ici les dessins que l'on doit examiner successivement pour voir, dans leur ordre, tous les aspects amenés en face de la terre (1) : 27, 26, 24, 25, 25,20,21,22, 19,14, 15,11, 12,10, 9, 7,0,5, 4,5. Le premier et le dernier de ces dessins représentent la même région et ils sont séparés par un intervalle de trente-neuf jours. L'examen attentif du déplacement des taches fournit des données assez précises pour la détermination de la position de l'axe : apparues au bord oriental (droit appa- rent), elles s'élèvent sur le disque, puis se dirigent en des- cendant vers le bord occidental. Ce fait peut se vérilier en comparant les positions de la tache a dans les dessins 15, 11, 12, 10, 9, 7, 6, 5, et d'une manière plus évidente en- core celles de la pointe inférieure de la tache (/ dans les ligures 20, 21, 22, 16, 17, 19, 14. J'appelle aussi l'atten- tion sur la direction que présente la bande c dans les des- sins 11,12, 10 et la bande b qui la continue dans les figures (1) J'ai utilisé aussi, autant que possil)le, pour l'ormcr cette série, les meilleures observations faites successivement pendant les mêmes nuits, et j'ai surtout en vue ici les aspecls des taches a,b ,c,d Ql f. Quant aux ta- ches e et g, elles étaient souvent trop faibles pour <|ue Ton put dessiner leurs contours avec toute la précision voulue. (62) 9, 7, 6. J'ai cru devoir conclure de cet examen que le pôle nord était incliné du côté de la terre, résultat qui s'accorde avec la visibilité constante de la tache polaire septentrio- nale. La plus remarquable des régions sombres est celle que nous avons appelée cl (flg. 14, etc.). Elle s'avance en golfe profond dans le continent boréal et, par sa partie méridio- nale, est en rapport avec les bandes /"et c (fig. 20, 1 5 et 1 1 ). Le détroit c s'élargit tout à coup à une certaine distance en présentant une baie dirigée vers le nord; c'est le point que nous avons plus spécialement désigné par cette lettre (fig. H, 12, 8, etc.). En observant cette région avec la plus grande attention, il m'a semblé que cette baie se dé- doublait en deux pointes sombres distinctes, mais je ne sau- rais me défendre d'un léger doute à cet égard à cause de la difficulté de celle observation. L'échancrure située entre ces deux baies paraît même quelquefois s'étendre au point de partager complètement la bande en deux parlies; j'ai ligure cette apparence dans les dessins 15 et 28, parce que, lors de ces deux observations, placées à un intervalle de trente-huit jours, l'isthme qui produirait cette division est apparu par moments, même avec le grossissement de 240 fois. Sous la grande baie cl on remarque une tache e, assez peu accusée (fig. 14, etc.). Au mois de mars, elle se sépa- rait nettement de cl, mais en mai il était impossible d'assi- gner entre elles une limite : elles passaient graduellement l'une dans l'autre (fig. 29-55); comme la dilïiculté des ob- servations augmenta en général à partir de celte époque, j'ai attribué ce fait à l'éloignement progressif de la planète. La lâche e semble présenter des différences d'aspect, mais c'est peut-être un résultat des obstacles qu'offre son ex- (63) trènie faiblesse à la figuration exacte de ses contours. Cette (lilïiculté existait pour toutes les régions sombres situées autour des neiges septentrionales, si l'on en excepte celle qui est désignée par a; cependant les limites d'une de ces tacbes ont pu être fixées avec grande certitude pendant l'observation qui a fourni le dessin 23. Nous nous contenterons de ces réflexions sur la configu- ration des taches en renvoyant pour d'autres détails à l'explication qui accompagne les dessins. Dans son rapport sur les observations faites de 1864 à 1867, M. Montigny a fait remarquer qu'elles ofl'raient pro- bablement un exemple de l'influence exercée par l'atmos- phère de Mars sur la visibilité des taches. J'ai dirigé avec grand soin mon attention sur cette particularité en 1871 , et je dois consigner ici les résultats obtenus : Le 23 mars, de 9" 15™ à 9" 50"\ le ciel était serein, l'image parfaitement terminée, la bande c notamment se présentait du côté de la terre puisqu'elle était nettement visible la veille; or, on n'en voyait que la trace et si faible- ment accusée qu'un dessin précis a été impossible. Cet exemple est le plus concluant que j'aie pu recueillir; il faut ajouter cependant qu'au mois de mai la grande tache rf, qui est la plus belle de la planète, a souvent paru excessivement faible , au point de rendre l'observation diflicile, malgré des conditions en apparence très-favora- bles de l'atmosphère terrestre. Je suis porté à attribuer ce résultat à la distance croissante de Mars et de la terre; cependant je ferai observer que le 10 mai, de 9 à 10 heures, la tache d avait repris une partie de la netteté qu'elle pré- sentait au mois de mars. En s'aidant de la considération de l'heure , et du nombre de jours écoulés entre les diverses observations, on peut ( 64 ) reconnaître un certain nombre de taches dans les dessins de 1864 à 1867 et de 1871. J'ai placé en regard, dans le tableau suivant, les numéros des dessins qui représentent les mêmes taches à ces trois oppositions. En reliant entre eux tous les aspects observés de 1864 à 1867, Tannée 1871 est venue combler les nombreuses lacunes que pré- sentaient ces observations à cause de leur extrême dilli- culté(l). OPPOSITION OPPOSITION OPPOSITION de 18G4. (le 1807. de 1871. Taches a, b, c. » Fig. 18 à 23. Fig. 4 à 13 et iig. 28, 30. Tacher/ . . Fig.4,2,3,11, 12,13. » Fig. 14 ; fig. 16 à 19 ;ti8. 21, 22, 29; fig. 31 à 3o. Tache/. . . Fig.4,5,6,8, 14, 15, 16. " Fig. 1, 20; fig. 23 à 26; hg. 36. En 1871, le mouvement de rotation amène la grande tache d tout entière au-dessus du centre (fig. 16 et 18). La bande /"se rapprochait du centre en 1864; en 1871, elle est reportée au bord supérieur du disque oîi il est dilïicile de l'étudier (fig. 1, 24, 25, 26). L'obliquité que présente actuellement cette région est probablement la cause qui a rendu invisible une inégalité ou baie repré- sentée au bord de ce détroit dans les dessins 4 et 5 de 1864. Les taches qui environnent le pôle nord sont mieux visibles en 1871. Cette comparaison des oppositions de (1) Voir là note de la page 37, pour les observations de 1864 à 1867 (63) 1864 et (le 1871 met en évidence un relèvement des ta- ches sur le disque apparent, et ce résultat s'accorde avec la conclusion tirée de l'élude des déplacements produits par la rotation, à savoir l'inclinaison vers la terre, en 1871 , des régions boréales. Quant à l'opposition de 4807 , elle nous a donné l'occa- sion de dessiner seulement les taches bc et a; ccpcndanl, dans une observation que je n'avais pas cru devoir com- muniquer et qui a eu lieu le 14 février 1807, à 5'' 45'", c'est-à-dire cinq jours après celle qui a procuré le dessin 22 de 1807 , j'avais constaté l'apparition de la tache d au bord occidental. Nous terminons donc cette notice après avoir rempli le cadre que nous nous étions tracé en commençant : enre- gistrer avec exactitude l'aspect de Mars en 1871 et com- parer les résultats actuels à nos dessins précédents. Cette comparaison permet de retrouver certaines taches à ces trois époques. Quelque étendues que soient les connais- sances acquises sur la configuration de cette belle planète, il est indispensable de relever à chaque opposition les aspects qu'elle présente, afin de profiter des diverses con- ditions d'inclinaison de l'axe qui permettent d'étudier suc- cessivement les différentes régions; et peut -on assurer formellement qu'en continuant pendant une longue suite d'années de telles observations, on ne parviendra pas à saisir des changements dans ces configurations que l'on a tant de raisons de considérer comme permanentes , bien que les cartes de Mars présentent d'assez grandes diver- gences? J'ai donc l'espoir de ne pas avoir inutilement réuni les éléments de cette notice, et c'est l'une des études que je me propose de poursuivre. (66) EXPLICATION DE LA PLANCHE. (Dates et extraits du journal d'observations.) i. Le 25 février 1871, de 9" 15" à 9" io-". 2. Le 1"" mars, de 8*" 43"' à 10'' S"*; observation très-diiïicile. 3. Le 5 mars, de 9*' à 9^ 45"". Pendant ces trois observa- lions la tacbe polaire boréale est apparue par moments comme un espace plus éclairé et blanchâtre, mais très-dilïicile à voir (a). 4. Le 10 mars, de 9'' à 9^ 30"". A la fin de l'observation, la tache a n'est plus visible; tache neigeuse très-douteuse. 5. Le 14 mars, de 40" 2S"' à 40'" 53™. Tache neigeuse seule- ment à la fin des observations ; ciel vaporeux; netteté parfaite. 6. Le 15 mars, de 9" 40" à 40" 45'». Tache polaire visible par moments, extrêmement petite. A la fin de l'observation, le déplacement des taches était très-sensible. 7. Le 17 mars, de 9" à 9" SO". Tache neigeuse toujours très- petite, mais mieux visible que les jours précédents. La bande supérieure b semble présenter sur ses bords des inégalités dont l'observation est trop difficile pour que le dessin en soit possible. 8. Le 19 mars, de 8" aS" à 8" 45°'. Image admirablement nette et calme. Tache polaire certaine. A partir de cette date , elle a toujours été nettement visible, et nous ne la mentionne- rons plus que pour faire connaître certains détails. {a.) Il est un certain nombre d'observations dont la mention m'a paru indispensable quoique je n'aie pas cru pouvoir les figurer de crainte de trop multiplier les planches. Je les citerai sous forme de notes, et il sera facile de les intercaler parmi celles qui sont accompagnées de figures. En lisant les notes chaque fois qu'elles sont annoncées dans le texte par les lettres grecques, on pourra examiner dans leur ordre toutes ces obser- vations : Le 6, le 7 et le 8 mars, de 9h i n"> à 9'' 30m, \\ a été impossible de décou- vrir des taches sombres. r,„ll .le lArnd.RovMc ■my' •y kJ ^.^ ^ /f^N f^ :^^ in À //■ Aspoil à 10''; la tache polaire méridionale paraît plus étendue. Après ce jour je ne l'ai revue que le 3 mai. (68) 22. Le 30 mars, de 9" 40"' à 10'' 10"'. La tache e est moins étendue qu'au commencement de la soirée (ij). 23. Le 4 avril, de 8'' à 8'' 50'". Très-bonne observation de la tache sombre qui environne le pôle nord ; tache polaire boréale excessivement petite et brillant comme un point dans l'espace blanchâtre assez étendu qu'entoure cette région sombre (9). 24. Le 7 avril, de 7'' oo™ à 8''. La tache sombre centrale est difficile, mais certaine; elle semble séparée de la tache infé- rieure; tache polaire blanche et brillante. Tache /" très-effac^ée. 25. Le 7 avril, de 9'' 20'" à 9" SS"". Bande /mieux visible et plus éloignée du bord; inégalité à son extrémité de droite (i). 2G. Le 9 avril, de 7'' 55'" à 8'' 10"^ bande /' extrêmement faible. 27. Le 15 avril, de 8'' 10"' à 8'" 20"', même aspect que le 5 mars (x). {y,) Le I" avril, à 6'> oO™, tache f. De 8i' 20'" à 8^ 40"', défavorable : lacliés f el d irès-pàles; même aspect à peu près que le 50 mars, de C' ÔQ™ à 7'' (lig. 20). De 10^ à 10'' 20"', taches d el e; aspect voisin de celui du 26 mars, à 6'' 55'" (flg. 18) ; seulement pas do tache polaire supérieure. (G) Le G avril, de B^ à 8'' 50'", tache f, difficile, au bord du disque. A IQi', elle est mieux visible et plus loin du bord { voyez les observations du 7). (i) Le 8 avril, de 1^ SOi» à 8'', bande f très-effacée ; j'ai encore aperçu la petite tache centrale (fig. 24). De 9'' 50°' à 9'' 55"", la bande est plus éloignée du bord; la tache qui environne les neiges septentrionales est plus marquée à gauche qu'à droite. De 10'» 4a'" à 11'' 10"^, la bande /"est encore plus éloignée du bord. {x) Le 13 et le 16 avril, de 8'' 15'" à 8'' 55'"; absence de taches; même région que les 6, 7 et 8 mars. Le 19 et le W avril, à B»" 50'", même aspect que le 10 mars, de 9'' à 9'' 50'" (voyez tig. 4). Tache polaire mieux visible que le 10 mars. Le 23 avril, de 8'' à 8'' 20'", même région que le 15 mars (lig. 6); tache l)olaire septentrionale très-petite et même douteuse. Le 26 avril, de S"» ôO"" à 8'' 45™, taches « et ^ comme le 19 mars (fig. 8). Le 29 avril, de 8'' à 8'» 15-", aspect du 21 mars, entre 8 et 9'' (fig. 11). Seulement je ne remarque pas cl. (69) 28. Le 29 avril, de 9" à 9" lu'". Tache polaire brillante cl blanche; même aspect que le 2i2 mars, à 9'' 43" (fig. 13). Les grossissements 180 et 24.0 font encore soupçonner la division de la bande. La phase de Mars commence à se manifester. 29. Le 3 mai, de 1^ 55" à 8'* 2a'". Deux taches polaires admirablement visibles avec les grossissements 240 et 180; les neiges australes remplissent la concavité supérieure de la grande tache (/; les deux taches polaires sont franchement blanches. J'avais soupçonné la tache neigeuse australe, à la même heure, le 25 mars, c'est-à-dire trente-neuf jours avant l'observation d'aujourd'hui. 50. Le 5 mai, de 10'' 10'" à 10'' lrô"\ La tache neigeuse su- périeure a disparu. Tache polaire inférieure arrondie; par moments elle déborde le disque (l). 51. Le 6 mai , de S"" 5" à S"* 25'". 52. Le G mai, de 9'' S-" à 9" SO"". 53. Le 6 mai, de 10'' à iO'' 30"". Aux deux dernières obser- vations, la tache blanche inférieure débordait; les taches étaient trcs-eiïacées et le ciel serein. 54. Le 7 mai, de 8"' à 8'' 50'", d est toujours plus pâle qu'au mois de mars. Tache polaire supérieure moins visible que le 3 mai (p). (/) Le 5 mai, à 1^ 30"", je vois Irès-bien les deux taclics polaires et les taches d et e. De S"» 15"" à 8'" la"", les neiges méritiionales sont plus éten- dues que les neiges septentrionales ; la baie d ne se-sépare plus, comme au mois de mars, de la tache e. De 9h 45'" à 10'' SO™ , la tache polaire supé- rieure est devenue plus petite. La tache d est etïaeée au point de rendre l'observalion difficile; par moments la tache blanche inférieure déborde. Ces aspects ont aussi été observés le C. (M) le 7 mai, de 9'' 33™ à 9'' SO", aspect de la lig. 31 à peu près; d est un peu plus à gauche. Le 9 mai,ÛQ 8'' IS" à 8'' 33"'; la tache neigeuse supérieure seulement soupçonnée. Tache d très-pâle. Aspect intermédiaire entre les figures 3i et 33. 2""= SÉRIE, TOME XXXII. 6 (70) ûD. Le 10 mai, de 1^ 50™ à 8'' Sa"; taches très-difficiles; cependant le ciel est serein. Tache polaire supérieure très-dou- teuse (v). 5G. Le H mai, de 8'' à 8'' 50"". La tache polaire supérieure n'est pas visible (t). S(ir lin nouveau mode de formation du sulfate diéthylique ; par M. Ed. Dubois, répétiteur à l'université de Gand. Dans une notice antérieure (1), j'ai indiqué quelle est l'action du chlorure de sulfuryle sur deux corps aroma- tiques, la benzine et le phénol; j'ai montré que, dans ces deux cas, le chlorure de sulfuryle se comporte comme s'il se dédoublait "en ses deux générateurs : l'anhydride sulfu- reux et le chlore. En continuant mes recherches, je suis arrivé à quelques résultats qui montrent que le chlorure de sulfuryle peut, dans certaines circonstances, agir comme le chlorure d'un radical acide. Je crois pouvoir distraire (v) Le 40 mai, de 9'' âO"» à 10'', aspect de la fig. 34; d est un peu plus à droite. De lOh 30"> à lO*» 50™, aspect de la 11g. 31. Les deux taches polaires sont parfaitement visibles, la supérieure plus blanche que l'in- férieure; celle-ci déborde. (^) Le II mai, de 9'' 40'" à 10'> o'", aspect de la ligure 5i. Deux taches polaires, la supérieure moins marquée que le 10, mais très-blanche. Du 11 mai au 15 juin, nous continuons à observer la tache polaire boréale et nous voyons reparaître régulièrement les taches f, puis a,b,c; enfin, les 10, 12, 14 et lo juin, vers 9'', nous observons de nouveau la tache d devenue excessivement pâle. La tache polaire australe peut à peine être remarquée. (1) Notice sur l'acide phénique monochloré (Bullktins de l'Académie ROYALE DE BELGiyUE, t. XXIII, n" 3). (71 ) des observations que j'ai faites jusqu'ici une réaction de ce genre qui me semble présenter un certain intérêt, et je la soumets aujourd'hui à l'examen de l'Académie. Le chlorure de sulfuryle a été obtenu par la méthode que M. Melsens a décrite sommairement à l'Académie, dans la séance de mars 1865, et dont je dois la connais- sance à une communication verbale de ce savant chimiste; cette méthode permet d'obtenir rapidement des quantités considérables d'un produit dont la préparation a toujours été une des plus ardues. Dans son Traité de chimie, M. Odling dit que le chlorure de sulfuryle, en agissant sur l'alcool éthylique, donne de racideéthylsuU'urique, d'après les égalités suivantes, éga- lités que j'ai admises dans ma note précédente : s-e-^ a^ -+- 2€2 H5. H-e- = s^^ h^ ci h- ii^ ^-e-,. €2 H, . H^ 4- H^ .*i^4 = H^^ -+- €2 H5 . H.S^^4 . N'ayant pas trouvé l'exposé des recherches par lesquelles ces résultats ont été établis, j'ai entrepris quelques expé- riences de vérification. Un travail récent de M. Baumstark (I) a prouvé que, dans l'action de la monochlorhydrine sulfurique {xS-O-s HC/j sur Talcool éthylique, il se forme simultanément de l'acide éthylsulfurique et du sulfate diéthylique; je pouvais donc m'attendre à rencontrer ce dernier corps parmi les pro- duits de la réaction de la dichlorhydrine sulfurique (S-0^2 C/2), qui se transformerait d'abord en monochlo- rhydrine : -S^-e-2 Cl, -t- &., H5 . H^ = ^-O-., Cl . UO -t- €, II5 Cl. (1) Annalen der Chenue und Pharmacie, CXL, 75. (72) En reprenant l'examen de la réaction , je suis arrivé à démontrer la formation du sulfate neutre d'élhyle; quant à l'acide élhylsulfurique, les quantités que j'ai obtenues étaient tellement faibles que je ne puis pas le considérer comme un des produits primitifs de la réaction. Le chlorure de sulfuryle agit avec une violence extrême sur l'alcool; l'addition de chaque gouttelette de chlorure produit un bruissement très-prononcé et un dégagement d'acide chlorhydrique. Afin d'éviter des perles de produits en réaction, on place l'alcool dans un appareil à reflux. L'opération terminée, on chauffe le liquide au bain- marie, afin de chasser le chlorure de sulfuryle en excès, ainsi que l'acide chlorhydrique et le chlorure d'éthyle qui seraient demeurés en dissolution. Si le liquide est chauffé fortement, on remarque vers loS" une altération carac- térisée par un dégagement d'anbydride sulfureux, et le dépôt d'une matière charbonneuse au seir» du liquide. La distillation du liquide devant être évitée, il ne me restait à appliquer, pour la purification du produit, que le procédé de M. Wetherill (1). Le liquide non volatil à 100" est agité avec son volume d'éther et quatre fois son volume d'eau; la solution éthérée, ainsi obtenue, est traitée par un lait de chaux, puis lavée soigneusement, filtrée et légè- rement chauffée, afin de chasser l'éther; le produit de l'opération est lavé de nouveau; l'eau est enlevée par dé- cantation d'abord, et ensuite au moyen de petits tampons de papier à filtrer; la substance ainsi recueillie est des- séchée par un séjour prolongé sous une cloche, en pré- sence d'acide sulfurique. (1) Gerhardl , Traité de chimie organique, t. II , p. 297. ( 73 ) Après ces traitements du produit, j'ai obtenu un liquide jaunâtre, plus dense que l'eau, assez visqueux, d'une odeur aromatique semblable à celle de la menthe; ce corps fait sur le papier des taches qui disparaissent rapidement. Tous ces caractères concordant parfaitement avec ceux du sulfate d'éthyle neutre, j'ai cru pouvoir me contenter de doser le soufre contenu dans ce corps. Voici les résultats de deux analyses : i° 0^^4404 de substance ont donné 0^',682i de sulfate de baryum ; ce qui correspond à 21.26 pour cent de soufre. 2° 0^%o005 de matière ont donné 0s'",4577 de sulfate barytique, soit 20,91 pour cent de soufre. La formule (G.2 Hji)^ S-O"/* exige 20,8 pour cent de soufre. On peut donc admettre que la réaction se passe d'après l'égalité suivante : .S^2 C/j -h 4€2 U, . 11-e- = (€2 Hj)^ ^<^^ -+- 2€2 H5 Cl 4- 2H2 0. Je ne me suis pas occupé de démontrer la formation du chlorure d'éthyle; elle est évidente dans ce cas, et le corps qui m'a paru important à obtenir était le sulfate diélhylique. J'ai entrepris plusieurs expériences en faisant varier les quantités relatives d'alcool et de chlorure; toutes m'ont donné le même résultat. Dans un rapport lu à l'Académie (1), M. Slas constatait l'utilité de la publication des essais qui n'ont point été heureux, lorsque ces essais reposent sur des considérations exactes. Cette publication doit, à ses yeux, empêcher (1) Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 2™«série, t. XIX, n" 1. (74) d'antres expérimentaleurs de consacrer leur temps et leurs peines à des travaux qui ne peuvent pas aboutir. C'est cette observation qui me détermine à signaler à la classe des sciences des recherches qui sont demeurées infructueuses. Désireux de préparer le bromure de sulfuryle, j'ai chauffé, en vases clos, du chlorure de sulfuryle et. du bromure de potassium, sans pouvoir constater de réaction. J'ai cru inutile d'entreprendre de faire agir le chlorure de sulfuryle sur le bromure d'argent. M. Gauhe, qui a étudié l'action du chlorure de thionyle sur le bromure et l'iodure d'argent, a obtenu une réaction excessivement compliquée, dans laquelle le brome et l'iode étaient mis en liberté. Transformation de Vacide citrique en acide tricarballi/lique; par M. Ed. Dubois, répétiteur à l'Université de Gand. Si l'on examine les trois formules suivantes : €3 Hg ) G^., H €3 H3 j €-9-., H €3 H« (HO) Q-Q-^ H Acide tricarhallylique. Acide aconilique. Acide citrique. on voit que ces trois acides présentent entre eux les mêmes relations que les acides suivants : «■Me:-;, -'"Ait-i -."•*-' u::" Acide succinique. Acide (umariqiie. Acide mallque. Acide maléique. ( 75 ) et l'on peut prévoir que les réactions qui ont permis de passer de l'un des termes de la seconde série aux deux au- tres pourront aussi s'appliquer aux acides de la première série. La transformation de l'acide aconitique en acide tricar- ballylique, entrevue par MM. Kekulé et Dessaigne, a été effectuée depuis plusieurs années par l'action de l'amal- game de sodium soit sur l'acide aconitique (Wichclhaus), soit sur l'étlicr aconitique en présence de l'eau (Hlasi- wetz et Malin). Mais, jusqu'ici, on ne semble pas avoir tenté fructueusement la réduction de lacide citrique; c'est cette réduction que je suis arrivé à produire par l'emploi du réactif habituel , l'acide iodhydrique. Après plusieurs essais plus ou moins heureux, entrepris avec de l'acide iodhydrique à différents degrés de concen- tration, je me suis arrêté à l'emploi de l'acide à 50" B. L'opération ne présente aucune difficulté; il sufïit de chauf- fer dans un ballon, communiquant avec un appareil à re- flux, l'acide citrique et l'acide iodhydrique en quantités proportionnelles à leurs poids moléculaires (l),et l'on ajoute un peu de phosphore rouge à l'acide iodhydrique. Le mélange est tenu en ébullition pendant une trentaine d'heures, puis refroidi lentement. Dans une opération, après une nuit de repos, il s'était formé dans le ballon une croûte mamelonnée de cristaux qui furent sé[)arés de leurs eaux mères, égouttés soigneusement, puis dissous dans l'eau, et enfin purifiés par des cristallisations successives. Quand on opère avec un acide moins concentré, tout le (1) La teneur de l'acide iodhydrique en acide réel a été déterminée à l'aide des tables de M. Topsoe. (76) produit demeurant liquide, la séparation des différents corps est moins facile. Le mélange est d'abord agité avec du mercure qui absorbe l'iode mis en liberté, puis neutra- lisé par l'ammoniaque; l'addition de chlorure ferrique à cette liqueur neutre détermine la formation d'un abondant précipité rouge-brun qui est recueilli sur un filtre et soi- gneusement lavé; cette dernière opération a été faite à l'aide de l'appareil de M. Bunsen, qui permet d'enlever, en quelques heures, toute trace de sel soluble. La masse rouge ainsi obtenue est dissoute dans l'acide sulfurique dilué, et c'est de cette dernière dissolution qu'on extrait l'acide tricarballylique à l'aide de l'éther; il ne reste plus qu'à le faire cristalliser deux ou trois fois pour l'avoir à l'état de pureté. Le corps obtenu de cette façon se présente sous l'aspect de cristaux assez durs; ces cristaux sont croquants, d'une saveur fortement acide, et leur point de fusion est situé à 158°, chiffre trouvé par M. Maxwel Simpson dans ses re- cherches sur l'acide obtenu par l'action de la potasse sur le cyanure de glycéryle. Cet acide a été transformé en sel calcique, et celui-ci a été trouvé identique à celui que M. Simpson a décrit. En effet, le sel de M. Simpson a pour formule (G-Ql{^-O-(i)^Ga-^-hAU^0, il renferme par conséquent lo,o8 pour cent d'eau, et 25,75 pour cent de calcium, le sel étant supposé anhydre; le sel que j'ai obtenu, soumis à l'analyse, m'a fourni les résultats suivants : is^SoOO de matière, chauffés à 150° dans un courant d'air sec, ont perdu 0^^2482, soit 13,55 pour cent. 0^'",5145 de substance séchée à 150° et décomposée par l'acide sulfurique, ont donné 0^',4495 de sulfate de cal- cium, soit 25,69 pour cent de calcium. ( 77 ) 0e%3182 de sel ont donné 0,2768 de sulfate de calcium, quantité correspondant à 25,58 pour cent de calcium. Le sel de calcium est soluhle dans l'eau, et est précipité de celle solution par l'addilion de l'alcool. J'ai aussi vérilié toutes les réactions qualitatives indi- quées par MM. Simpson et Wichelhaus; outre le précipité rouge-brun avec les sels ferriques, j'ai obtenu avec les sels de plomb un précipité blanc très-abondant, soluble dans l'acide acétique concentré: avec les sels de cuivre, un précipité bleu-verdâtre. La réaction que j'ai eu l'honneur d'exposer plus haut constitue un nouvel argument en faveur de l'hypothèse admise par l'immense majorité des chimistes, hypothèse en vertu de laquelle l'acide citrique renferme un hydroxyle alcoolique. — M. Catalan a fait, en dernier lieu, une communica- tion verbale sur une expérience de physique de M. Ferd. Tommasi. Cette expérience consiste à enlever un disque d'une rondelle de plomb, au moyen de la dilatation produite par l'huile dans un tube chauffé au gaz. La classe entre en vacances. (78) CLASSE DES LETTRES. Séance du 7 août 187 j. M, J.-J. Haus, directeur. M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Ch. Steur, J. Roulez, Gachard, P. De Decker, F.-A. Snellaert, M.-N.-J. Leclercq, M.-L. Polain, R. Chalon, Ad. Mathieu, J. Thonissen, Th. Juste, Alph. Wauters, H. Conscience, membres; J. Nolet de Brau- were Van Steeland, Aug. Sclieler, associés; J. Ileremans, correspondant. CORRESPONDANCE. Il est donné connaissance de la mort de l'un des associés de la classe , M. Ramon de la Sagra , né à la Corognc (Es- pagne) en 1798, décédé au mois de juin dernier. — M. le Ministre de l'intérieur a envoyé, pour la bihlio- thèque, un exemplaire des exposés de la situation adminis- trative des provinces pendant l'année 1871. — Remercî- ments. (79) — La classe reçoit l'hommage du dernier volume [)aru des travaux de l'Académie virgilicnnc de Mautoue, adressé par M. Arrivabene; d'une brochure de M. le baron B. de Kochne; et de divers opuscules par M. de Reumont. — Remercîments. — M. le secrétaire perpétuel annonce qu'il vient de ter- miner l'envoi annuel des publications académiques aux sociétés savantes de l'étranger. Il communique, en mémo temps, les lettres relatives à cet envoi, entre autres celle de M. le consul de Grèce à Bruxelles, pour les ouvrages des- tinés à la bibliothèque d'Athènes. — • M. J. Desnoyers, secrétaire de la Société de l'histoire de France à Paris, à qui il avait été écrit au sujet du der- nier envoi de livres , que l'Académie n'a rien reçu de cette société depuis plusieurs années, promet de rétablir les re- lations d'échange. CONCOURS DE 1875. La classe ratifie le programme de concours pour 1875, dont les questions ont été présentées dans les précédentes réunions (1). Ce programme sera publié en même temps que celui du concours de l'année 1872. — Il est décidé également que le terme fatal de la (1) Bulletins de VAcad. royale de Belgique ^'H^'^ série, t. XXXII, p. 22. (80) deuxième période du concours sexennal de Slassart pour une question d'histoire nationale, qui a expiré le 1" fé- vrier dernier, sera prorogé de deux ans et fixé, par consé- quent, au 1" février 1873. La classe conserve, à cet effet, la question déjà posée et conçue en ces termes : Exposer quels étaient, à l'époque de l'invasion française , en 1194, les principes constitutionnels communs à nos diverses pro- vinces et ceux par lesquels elles différaient entre elles. RAPPORTS. i\IM. Snellaert, De Decker et Gachard donnent successi- vement lecture de leurs rapports sur le mémoire historique et statistique de M. le chanoine De Smet, concernant les Quatre Métiers et les îles occidentales de la Zélande. Conformément aux conclusions de ces rapports, la classe vote l'impression du travail de M. De Smet dans le recueil des mémoires in-4°. (8i ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. La Pratique criminelle de Damhouder et les ordonnances de Philippe II (suite); par M. J.-J. Haiis , directeur de la classe. L'ouvrage qui a fondé la réputation de Damhouder, porte le titre de Praxis reruni criminaliiun ou Pratique crimi- nelle, litre emprunté aux écrits des légistes italiens et adopté par plusieurs criminalistes postérieurs (43). Dans cet ouvrage, qui se compose d'un discours préliminaire [proamium] et de 159 chapitres, l'auteur traite à la lois des formes et de la pénalité. Après avoir parlé très-sommai- rement de la nécessité et du but des peines et indiqué les divisions des crimes et des procès criminels (44), il trace (43) Des ouvrages sous le litre de Pratique criminelle avaient été éciits par Jacques de Belvisio (1270 à 1535), Balde (13"27 à 140n),.lEAN-PiERRE de Ferrariis (1400 à 1415), Hippolyte f/e Marsiliis (mort en 15-25), Carrerius (au commencement du Xyi"- siècle) et Koenig (1541 , en alle- mand). Après celle de Damhouder, nous trouvons la Pratique criminell/' de Jl'lius Clarus, de Follerius, de Fulgeomls, de Rauchdors (en alle- mand), de DoRNECK (en allem.), de Rosbach, de Stock, et la Praclica nova rerum criminalium de GARPzov,elc. Voir sur ces ouvrages Biener , Beijtraege ziir GescIiiclUe des Inquisiiions processes. Nypels , Bibiio- tlièque clioisie du droit criminel. Allard, Histoire de la justice crimi- nelle au XV!"*^ siècle. (44) Praxis rer. crim. Proœm., cap. I à III. (82) la marclic de la procédure jusqu'à la condamnation (45). C'est à cette matière qu'il rattache le droit pénal, en exposant, d'abord, les diverses espèces de peines que le juge peut appliquer en Flandre (-46) et les causes géné- rales de justification (47); ensuite, les différents crimes et les peines qui leur sont applicables (48). Le chapitre qui concerne la confiscation des biens, est intercalé entre ceux qui ont pour objet les crimes de fausse monnaie et d'homi- cide (cap. LXVl). Les chapitres relatifs à ce dernier crime sont séparés les uns des autres par de longues dissertations sur la guerre (49), l'état militaire, l'organisation de l'ar- mée et de la marine, et sur la paix (50). Le traité de droit (45) Ibid., cap. IV à LV. (46) lbid.,CA[>. LVI, LVIII. Les peines criminelles ordinaires étaient, en Flandre: 1) la mort; 11) la miUilation, le coupable étant condamné à avoir le poing, les oreilles, un doigt coupés; 111) la fustigation ou flagel- lation; IV) les galères (cap. CLIll); V) le bannissement; VI) le carcan ou l'exposition publique; Vil) la mise hors la loi (cette peine était seulement appliquée à Gand); VHI) la confiscation des biens, qui pouvait être cu- mulée avec les autres peines (cap. LXVI). — Le bannissement, qui était une peine très-usitée en Flandre, et dont Damiiouder parle spécialement (cap. LVIII) , consistait à chasser, soit d'une commune ou d'une province, soit du pays, le condamné qui pouvait fixer sa résidence partout ailleurs, ou qui était forcé de résider dans le lieu ou dans le pays déterminé par le juge. Les pays dans lesquels les tribunaux de Flandre envoyaient les condamnés en exil , étaient l'île de Chypre, l'ile de Rhodes, la Hongrie et le Portugal. Le bannissement était temporaire ou perpétuel. (47) Les causes qui justifient spécialement l'homicide sont indiquées aux chap. LXXVI, LXXVIII à LXXXI, LXXXVI et XXXVIL (48) Praxis rer. crim , LX à LXV, LXVIl à LXXX, LXXXV à CXLVI. (49) Dan.s le chap. LXXXII, de bello , Damhouder traite incidemment des droits et des devoirs du prince. (50) Cap. LXXXII à LXXXI V. — Le chap. LXXXIII, de armigeris, militibus et stipendiariis, présente de l'intérêt pour ceux qui désirent connaître l'organisation delà force publique sous Philippe il. Quoique des (83) pénal est suivi d'une série de chapitres dans lesquels l'au- teur revient sur la procédure criminelle, et qui ont pour objet la transaction, l'abolition, la grâce, l'appel (51)., la préparation du condamné à mort, l'exécution et l'exécu- teur (52), Au milieu de cette matière, on rencontre un long chapitre qui est relatif à la condamnation aux galères et qui aurait dû trouver sa place ailleurs (55). La même observation s'applique aux deux chapitres qui énumèrent les cas dans lesquels des peines capitales ou non capitales sont édictées par le droit romain (54). L'auteur termine son livre en signalant les avantages et les inconvénients de la justice des hommes, et en exhortant les juges à suivre les règles de l'équité (55). On voit que Damhouder suit un ordre peu logi(]ue, en plaçant dans la théorie de la procédure criminelle le traité hors (l'œuvre, ces trois dissertations renferment d'importants renseigne- ments sur l'état déi)iorable des Pays-Bas à l'époque où elles ont été écrites. (51) L'appel en matière criminelle n'était point reçu au conseil de Flandre, lorsque l'accusé était condamné sur une preuve entière et cer- taine, quand même il n'avait pas avoué le crime (cap. CLI, 2 et 3). Dam- houder ne s'explique pas clairement sur le point de savoir si l'appel était admis dans les autres juridictions de Flandre (Ibid., n" 'i). Mais les som- maires des numéros ô et 4 du chapitre précité, ainsi que la traduction française du texte latin, déclarent expressément que l'appel était rece- vable hors le cas d'aveu, parce que, suivant le principe adopté par ces juridictions, l'accusé ne pouvait être condamné à une peine corporelle, que lorsqu'il avait confessé son crime. (3-2) Cap. CXLVII à CLII, CLIV et CLV. Remarquez que le cap. LXXV, de inspectione occisi et percunclatione vulnerum , appartient également à la procédure. (o3) Praxis rer. crim , cap. CLIII. (54) Ibid., GLVI et CLVII. (53) /6jd., CLVIIIetCLlX. (84) de droit pénal et en se livrant, dans celui-ci, à des dis- gressions inutiles qui remplissent plus de soixante pages in-folio. Julius Clarus, qui fut aussi conseiller de Phi- lippe II, avait adopté, dans sa Practica criminalis, une méthode plus rationnelle, en exposant , d'abord, les prin- cipes relatifs aux crimes et à leur punition; ensuite, les règles de procédure, et en s'abstenant de soulever des discussions n'ayant aucun rapport avec ces matières. Dam- houder paraît avoir ignoré l'existence de ce livre dont il ne fait point mention, quoiqu'il fût publié longtemps avant la mort du criminaliste brugeois (56). On doit le regretter, d'autant plus que cet ouvrage remarquable a plus de va- leur à lui seul, que les innombrables traités qui ont fourni à notre auteur les éléments de son travail. La Pratique criminelle de Damhouder est une œuvre fort inégale. Le droit pénal y est suffisamment développé. Plusieurs chapitres qui s'y rapportent, particulièrement ceux qui concernent l'homicide et ses diverses espèces, méritent encore aujourd'hui d'être signalés (o7). L'auteur (.^6) On ne connaît pas l'année de la première édition du traité de Julius Clarus; mais comme des jugements rendus à Milan en 1562 et 1565 y sont rapportés, on suppose qu'il a été publié pour la première fois vers ISfio. Voir sur .Iulius Clarus les ouvrages cités de Nypels, d'AtLARO, cl surtout de BlENER. (57) Nous nous bornerons à citer le chap. LXXV, de inspectione occisi et percunclatione vulnerum, dans lequel Damhouder indique les règles à suivre par le juge pour constater le corps du délit en cas d'homicide ou de blessures, le mode de procéder dans ces cas à Bruges, et la formule de la |»lainte que le bourgmestre adresse, à fin de poursuites, au collège échevinal. .\ cette occasion l'auteur fait remarquer, avec un orgueil pa- triotique, que, dans la florissante cité de Bruges, toutes les institutions sont mieux organisées, que partout ailleurs. In (lorenlissimis nostris Bru- gis, aequissime atque omnium opthne politica singula conslitula sunt. (83) explique seulement la partie spéciale du droit pénal , celle qui a pour objet la délinilion des différents crimes, l'ana- lyse des éléments dont ils se composent, et l'indication des pénalités qui leur sont applicables. La parité générale de cette branche de la jurisprudence ou la théorie pénale, c'est-à-dire l'exposé des principes généraux qui concernent les délits et les peines, y fait complètement délaul; ce qui n'est pas étonnant, puisque c'est au XVIII" siècle seule- ment que l'on a commencé à établir ces principes. L'ouvrage de Damhouder contient un abrégé, plutôt qu'un traité approfondi de la procédure. Les formes de celle-ci sont tracées en grands traits; elles se présentent nettement aux yeux du lecteur qui désire étudier la mar- che de l'instruction criminelle, sans vouloir en connaître les détails et les difficultés que soulève l'application des règles générales. A la vérité, plusieurs actes de procédure pour lesquels l'auteur semble avoir une certaine prédilec- tion, sont expliqués avec tous les développements qu'ils comportent. C'est ainsi que la torture fait l'objet de sept chapitres plus ou moins étendus. Dans un de ces chapitres, Damhouder énumère les supplices qu'on infligeait dans la bonne ville de Bruges aux patients pour extorquer leur aveu, supplices auxquels il avait assisté lui-même comme conseiller pensionnaire, appelé à donner son avis (58). (08) Praxis rerum crim., cap. XXXV à XLI. — Caeterum enumeralis aliquol lormentorum generibus in jure expressis, deiiide refulalis iis quae aut tjrannisaut vesania quoramdam judicuni slulte excogitavit, qiiaeqiio sua sponle jam nuper apud noslrates desierunt, non pulavi ullo silentio hic praetereundas esse cas torquendi specics et niodos quos passini liac iioslra aetate usurpari ac excrceri conspeximus : potissimum in inciyla civilale Brugcnsi, cujus senalui ad lorturam el quaeslionem saepenumero (licet indignus) assessor ac consultor inlerfui. XXXVII, 19 in fineel 20. 2""* SÉRIE, TOME XXXIF. 7 (86 ) C'est ainsi encore qu'il parie assez longuement de la con- fession des condamnés à mort, de l'exécution du jugement de condamnation et du bourreau (59). Mais il n'est pas moins vrai que la plupart des matières relatives à la pro- cédure sont exposées d'une manière sommaire et quelque- fois trop succincte par l'auteur, qui se borne, quant aux questions de détail ou d'application, à renvoyer aux écrits des légistes (60). Cette métliode ne devait guère convenir aux juges inférieurs de ce temps, qui, n'ayant ni les moyens de se procurer, ni le désir d'étudier les ouvrages que le conseiller pensionnaire avait réunis dans sa riche bibliothèque, auraient bien voulu trouver dans un seul livre tout ce qui leur était nécessaire pour exercer leurs fonctions (61). (59) Praxis rer. crim., CLII , CLIV et CLV. (GO) Danihouder déclare lui-même qu'il a voulu être bref. Tn hoc opcrc. kl iinum ubiqiie observare proposui,ut veritali jiiris consonam proxim , et hanc, quam breviter liccret, pertraclarem. LXXXIV, praefalio. (61) Dans son traité de procédure criminelle (XLII à XLIV), Dani- houder parle aussi de la punjation vulgaire et de la purgalion cano- nique, en faisant observer que le combat judiciaire et les autres épreuves, inventés par le démon pour la perte des âmes, ont été abolis par les lois canoniques et les édits des comtes de Flandre, et en blâmant l'ordonnance de 1306, par laquelle Philippe le Beau avait rétabli , en France, les gages de bataille pour certains cas. 11 ajoute qu'autrefois, à Gand , les accusés devaient se justifier par l'épreuve de l'eau froide. Quant à la justification par serment prêté avec un certain nombre de co/iywra/ores, justification maintenue par l'Église, d'où lui est venu le nom de purgatio canonica, Danihouder nous apprend qu'à son époque ce mode de jusiification était encore d'un fréquent usage dans les cours ecclésiastiques, et qu'on y avait même quelquefois recours dans les tribunaux séculiers de Flandre. Hac igilure forma utunlur fréquenter curiae spirituales, et eariim imitalione stibinde etiam tribuiialia secularia seu prophana in Flan- dria, nec non aiiis in locis. XLIV, G. (87 ) L'ouvrage est écrit dans ce langage de convention qu'avaient adopté les légistes de l'époque et des siècles précédents. Toutefois les barbarismes y sont moins nom- breux que dans la Pratique civile, qui en est hérissée, comme l'auteur en convient lui-même (62). Les termes technicjues d'origine française, latinisés par Damliou- der (05), prouvent, s'il pouvait encore subsister le moin- dre doute sur ce point, que le système de procédure civile et criminelle a passé des juridictions de France dans les tribunaux de Flandre. Mais si le style de notre auteur est loin d'être classique, il a le mérite d'être clair et jirécis, du moins en règle générale; car il ne l'est pas ton- jours (04). (Cr2) Voici quelques échantillons pris au hasard : souverinilas , com- plainta, vierscharium, enquesla, appoitamentum, giiarandia, arrestum, rcsorlum, relcvamentum, explolum, restabilimentum , etc., etc. Dani- hnuder tâche de se justifier à cet égard dans la première des deux préfaces qui précèdent la Pratique civile : Auclor pro purgatione sui, ad Lecto- rcm. Nous ne lui reprocherons certainement pas d'avoir traduit, dans ce titre, le mot justificalion par purgatio, puisque cette expression est em- ployée dans le même sens par Térence et par Cicéron, (65) Par exemple : emenda (amende) , V, 5 in i\ne.;co7nparitio (compa- rution), XXIII; salviconductus (saufconduit ),XXVI; exoniare (exonier), XXV; defectus (défaut), XXVII; confrontalio (confrontation), XLVII, salvalio (salvation), LI, etc., etc. (64) Ainsi, après avoir indiqué les deux systèmes qui étaient alors en présence relativement au point de savoir si une peine corporelle pouvait être pronoucée sur des indices, Damhouder ne s'explique pas clairement sur cette grave controverse; il se borne à dire que, dans le doute, il vaut mieux absoudre que condamner. LIV, 8 à 12. Ce n'est qu'en combinant le numéro 12 du chapitre précité avec le numéro 5 du cli. XXXIV, qu'on découvre que l'auteur est de l'avis des docteurs de Bologne. Voyez aussi ci-dessus la note 31. Nous pourrions multiplier les exemples. ( 88) IV. Il importe de connaître les sources auxquelles Dam- houder a puisé, pour composer sa Pratique criminelle. Quelques écrivains sont d'avis que c'est principalement le Code publié, en 1552, par Cliarles-Quint pour l'empire germanique, et connu sous le nom de Caroline, qui a fait l'objet des études du criminaliste brugeois dans l'ouvrage précité (65). D'autres, sans aller aussi loin, prétendent que la Caroline, trop négligée d'abord par notre auteur, est fréquemment citée dans l'édition à laquelle il avait mis la dernière main et qui a paru après sa mort (60). Ni l'une ni l'autre opinion ne sont fondées. Dans les traités de pro- cédure criminelle et de droit pénal, la Caroline est passée complètement sous silence; elle n'est citée que dans deux chapitres qui concernent des matières accessoires. En parlant de la confession des condamnés à mort, Dam- houder demande, d'abord, si l'on doit les admettre au sacrement de l'Eucharistie, quand ils en expriment le désir, et il répond que, dans sa constitution criminelle, Charles-Quint a décidé affirmativement cette question. Il blâme ensuite l'usage d'enivrer les condamnés avant l'exé- cution, en rappelant que ladite constitution abroge cet usage. Enfin , il fait remarquer que le Code de Charles- (65) liR\ii, Ancien droit belgique , dans les Mémoiues de l'Académie noYALE DE Belgique, tome XX, première partie, p. 88. M. Uritz indique encore, parmi les sources du traité de Damhouder, le Code criminel des principautés de Liège et de Stavelot, dont il ne se rencontre pas la moin- dre trace dans cet ouvrage. (66) Allard, Histoire de la justice criminelle au XVIe siècle, p. 465. (89) Quinl dél'end aux prêtres d'engager le coupable dont ils ont reçu la confession, à nier le crime et à se rétrac- ter (67). L'autre chapitre, où il est fait mention de la Ca- roline, est relatif au bourreau, lequel, à cause de la né- cessité de son office, dit Damhouder, se trouve sous la sauvegarde du prince; de sorte que, en vertu de la con- stitution criminelle de Charles-Quint, tout attentat contre sa personne est puni comme un crime capital (68). En traitant du sacrilège, il mentionne encore, non pas la Caroline, mais le commentaire de Gobler sur celle-ci (69). (67) Quaeri aulem hoc loco solel, au misero reo Eucharistiae sacra- inenliim aul sacra Sinaris, si petierit, largienda sil? Quac quidem quaeslio Auyuslissimi Impcraloris Caroli Quinti de capilalibus judiciis, benigna et clirisliaua conslilulioiie, soluta est art. 79, ubi reo misero et plectendo pelenti et desideranli Eucharislia conceditur. — Ex quibus maxime mihi videlur improbanda eorum coiisuetudo qui reum loiigo viiii potii ad ebrie- lalem pêne alficiuiit, quo minus sentiat mortis imminenlis pavorem et momoriam Sed hune abusum sustulit clementissimus Imperator noster, Carolus V, art. 70, qui idem mulla aha absurda, mala consuetudine in- vecta , sua prudentia aut delevit aut restituit. — Qui eliam art. 105 taxât et abrogal quo.sdam confessorum abusus, qui improba quadam et superstiliosa pielate, ne dicam impietate, confesses reos ad negandum revocandumque facinus patralum adducunt. Praxis rer. crim., cap. CLII, de confessione maleficorum, n"^ 4, 5 et 6. — Les mots : Imperator noster, prouvent que ces passages ont été écrits sous Charles-Quint, et non sous Philippe II. (68) Quocirca hic (carnifex) eliam ob offîcii sui necessilatem , in tulela etsecuritale est principis, ut nefas sit illum... aut caedere aut vim uilam inferre, adeo ut hune ausum taleque faclum princeps capitale crimen esse voluerit, ut habel August. Imp. Carolus V de capilalium judiciorum con- slitulionibus, art. 97. Praxis rer. crim , cap. CLV, de carni/ice, n" 12. (69) ... uli eleganler commémorât D. Justinus Goblcrus, Goarensis, jurisconsullus nequaquam iucelebris et variae multaeque lectionis, in suis commentariis (ciuae summa cum laude edidil) super constilulione Augus- tissimi Imperaloris Caroli V de capilalibus judiciis. Ibid., cap. CXI 11 , de sacrileyio, n" 12. — Voir sur le commentaire de Gobler, la Bibliogra- phie de M. Nypels, n° 1278. (90) On voit que ce n'est point le Code de Charles-Qiiinl, qui a servi de guide à notre auteur. Ce Code ne pouvait pas même lui être de quelque utilité pour la composition de son ouvrage. En effet, le but que se proposait Damhouder en écrivant sa Pratique criminelle, était d'expliijuer les règles de la procédure inquisitoriale , qui formait le droit commun en Flandre, comme en France (70); tandis que, en Allemagne, cette procédure ne fut généralement adoptée qu'au XVII' siècle. Or, la Caroline, puisée dans la constitution criminelle, édictée, en J507, pour l'éveché de Bamberg, admettait bien la poursuite par voie d'inqui- sition , mais elle ne l'admettait que dans les cas de rumeur publique et de dénonciation. Il y a plus : ni l'un ni l'autre de ces deux Codes ne réglaient les formes de celte procé- dure, qui constituait, à cette époque, une exception à la règle. Le système accusatoire, qui était alors encore en usage dans l'empire, formait l'objet principal de ces Codes, (jui contenaient fort peu de dispositions sur le régime inquisitorial (71). La Caroline n'offrait donc aucun secours à Damhouder pour l'élaboration de son traité de procédure. (70) Nous avons déjà l'ail observer que, dans la Flandre, comme en France, le système accusatoire était tombé en désuéUide, comme nous ra|iprend Damhouder lui-même dans le cap. V, de accusationibus. Voir ci-dessus la note 1'''^. (71) La Caroline traite de la procédure accusatoire dans les art. 11 à 1)9, 181 à 204 ; le Code de Bamberg, dans les art. 17 à 120, 208 à 228; tandis que la première ne consacre à la procédure inquisitoriale que les art. 6 à 10; le second, que les art. 10 à 16. — La Caroline, rédii^ée en allemand, a été traduite en lalin,en 1545, par Gobler; en 1594, par Remius. C'est celte dernière traduction qui paraît avoir été suivie, de préférence à celle de Goblkr, dans l'anciemie principauté de Liège. 11 existe aussi deux traductions françaises de ce Code. Voir la Biblioyrapliic de M. NYi'ELs,n°s 925, 127G à 1281. (91 ) En ce qui concerne les délits et les peines, on suivait les édils des princes, les statuts des villes, les coutumes du pays, et à défaut de ces sources, le droit romain, quelquefois aussi le droit canonique. Les lois de l'empire n'avaient aucune autorité en Flandre, ni dans les autres provinces belges. Les dispositions pénales de la Caroline ne pouvaient donc cire invoquées par l'auteur qui, d'autre part, ne laissait point de mentionner les ordonnances publiées par Charles-Quint et Philippe II pour les Pays-Bas et édictant des pénalités. Si la Caroline est citée dans la Pratique criminelle de Damhonder occasionnellement et d'une manière tout à fait accessoire, l'ordonnance rendue par François I"', en 1559, y est passée complètement sous silence. On ne peut guère admettre qu'elle ait échappé à l'attention de notre savant magistrat qui était resté en relation avec la France, et qui recherchait et étudiait avec soin tout ce qui concernait sa science de prédilection (72). Mais il n'avait aucun in- térêt à faire mention d'une ordonnance qui se bornait à confirmer et à généraliser des règles de procédure consa- crées par la pratique. Pour justifier ses opinions, Dani- houder avait besoin d'invoquer la doctrine des légistes (jui avaient établi ou expliqué ces règles, et dont l'autorité élait toule-puissante. En matière de procédure, les édits (72) Eli voici la preuve. Dans le chap. CXLIX, n" 10, l'auteur dit ; Porro in Francia hac bifaria remissionum distinctione non utunlur, siquidem eae leges eliam num durent, quorum usum ego meo studiorum lompore in Francia conspexi; sed ibi rex et principes omnes remis- siones suas expediimt plenarie, sine ullo addilamento poenae ciinlis seu mulclae; sed de iis dclictis remissionem tantum elai-tjiunlur , quae sunt remissibilia. Il résulte de ce passage que, en 1580, Daniiiouder connaissait bien la législation française. ( 92 ) des princes n'avaient de valeur, que lorsqu'ils sanclion- naienl la pratique introduite par les tribunaux ou qu'ils étaient confirmés par celle-ci; et les juges suivaient aveu- glément l'avis des jurisconsultes. En Allemagne même, pendant un temps assez long, la Caroline n'avait éveillé l'attention ni des criminalistes, ni des magistrats. On prétend que notre auteur a grandement profité d'une Pratique criminelle, laissée en manuscrit par Philippe Wielant, président du conseil de Flandre, puis membre du Grand Conseil de Malines, décédé au commencement du XVI*= siècle (75). Si ce manuscrit que l'on dit perdu (74), a réellement existé, nous sommes convaincu que Dam- houder n'en a pas tiré profit. En effet, le consciencieux magistrat qui, pour chaque proposition qu'il ne peut re- vendiquer comme sienne, a soin de ciler, avec l'exactitude la plus scrupuleuse, l'auteur auquel elle appartient , qui indique même les opinions enseignées par son professeur, Jacques Robert, à l'Université d'Orléans (75), n'aurait certainement pas manqué de faire mention du manuscrit de Wielant, s'il lui avait fait des emprunts. Le fond de la Pratique criminelle de Damhouder, c'est-à-dire les principes de procédure et de droit |)énal que renferme ce traité, sont puisés dans les écrits des glossateurs et des criminalistes italiens. On y rencontre (73) Allard, ouvrage cité, p. 466. Voir sur Wielant le mémoire de Britz sur Vancien droit belgique, première parlie,§. 56, el Orts, Het- gique judiciaire , XXV, p. 1395. (74) Quelques bibliophiles pensent que le nianuseril de Wielant a été imprimé, après sa mort (1519 ou 1520), à Anvers, chez De Laet, en 1550. Mais nous verrons dans un instant que celte opinion est erronée. Voir infra , la note 82. (75) Praxis rer. crim., caj). I, n" 12. ( 93) bien aussi les noms de plusieurs auteurs français (16) et allemands (77); mais ils sont cités rarement (78); (|iiel- ques-uns d'entre eux ne le sont même qu'une lois; tandis que l'autorité des légistes fort nombreux d'Italie est invo- quée dans tous les chapitres de l'ouvrage. A ces sources du droit commun viennent se joindre les édils rendus pour les Pays-Bas par Charles-Quint et Philippe II, et punis- sant certains crimes (79). Tous les traités dont notre auteur a fait usage, sont minutieusement indiqués, de telle sorte qu'il est facile de reconnaître ce qu'il a emprunté à ses devanciers, et de se convaincre que les emprunts forment la plus grande partie de son livre. D'ailleurs, Damhouder en convient lui-même. Le but, dit-il, que j'ai en vue dans cet ouvrage, est d'ex- poser, d'une manière claire et succincte, la pratique con- forme au droit commun, et d'épargner à ceux qui s'ap- pliquent à l'étude de la jurisprudence, les longues et pénibles recherches auxquelles je me suis livré à la sueur de mon front, pour recueillir, dans des volumes immenses et nombreux, tout ce qui leur est utile, recherches que peu de jurisconsultes de ce temps seraient disposés à en- treprendre (80). Si l'on considère que, pour composer cet ouvrage, sans (76) Tels que Chasseneux (Chassanaeus), Millau (Millaeus) Mignon, Jean Facer. Ce dernier était Savoyard. (77) ZAzits, Oldendorp, Schenck de Teutenceug, Gocler. Noire cri- ininaliste cile aussi un auteur liollandais, Everard de Mittelbourg. (78) Il l'aut toutefois excepter Chasseneux. (79) Praxis rer. crim., LX1,2H, 29, 51; LXXXVI, 20; CVIII, 17; CXll, 56; GXXVIIi,26,27;CXXXIlI, 11; CXXXIV, 14 et 15;CLII1,7, 50 à 52, 62 à 66, 68. (80) Praxis rer. crim., cap. LXXXIV, praefatio. C 94 ) compter les autres, particulièrement la Pratique civile, l'auteur avait étudié près de deux cents traités juridiques, plus ou moins volumineux, les innombrables textes des lois romaines et canoniques qui y sont citées, ainsi que les œuvres de plusieurs pères d'église, tels que saint Augustin et saint Thomas; si l'on songe ensuite qu'il connaissait parfaitement les auteurs classiques de Rome, dont il aime à citer les passages, dès que l'occasion se présente, comme c'était alors l'usage, on est forcé d'admirer la vaste érudi- tion de ce magistrat laborieux et la grande persévérance avec laquelle il a poursuivi son dessein de rendre service à ceux qui n'avaient point le désir ou les moyens de l'imiter. Gardons-nous cependant de ne voir en Dambouder qu'un infatigable compilateur, doué d'une mémoire heu- reuse et maniant facilement la plume. Notre auteur ne .se borne pas à reproduire les principes enseignés par les fon- dateurs de la science du droit criminel ; il les expose d'une manière claire et méthodique; il y ajoute de nombreuses observations, marquées au coin de la justice, de l'équité et du bon sens, si ce n'est quand il parle de sorcellerie; il en fait une application judicieuse à des cas bien choisis; de |»lus, il a soin d'indiquer les formes particulières de procédure, suivies à Bruges et dans d'autres localités de la province, au conseil de l'iandre et au Grand Conseil, et de les combattre, si elles lui paraissent s'écarter des vrais principes (81); enfin, il rappelle les ordonnances des sou- verains sur la répression de certains crimes. (81) Les usages particuliers, observés dans les juridiclioiis de Flandre, sont indiqués aux cliap. Vlll, 21; XII, 1 olô; XIX, 6 et 8; XXVIII, 5, 6, 17; XXXI, 4; XXXIII, 7, 16; XXXIV, 1, 2; XXXVII , 20; XXXVIII , 6; LV, iO;LXXV, ô, sqq.; CXLVII, G, 14;nXLIX, 2, 5, 21; CL, 6-7^.; CLI, 1 , sqq. ( i»s ) D'ailloiirs, notre auteur a eu la gloire d'avoir, le pre- mier, hors (le l'Ilalie, publié un système complet du droit criminel, principalement de la procédure, qui était alors en usage dans la plupart des pays de l'Europe (82). A la vérité, Damhouder n'a pas tardé à être surpassé par un autre conseiller de Philippe H, par Julius Clanis, (pii occupe le premier rang parmi les criminalistes du XVI' siècle. Mais la supériorité du jurisconsulte italien ne dimi- nue point le mérite du jurisconsulte belge. Un livre aussi utile que celui de Damhouder devait ob- tenir un grand succès. Les éditions se succédèrent rapi- dement. La première édition connue de la Praxis rerum (82) Plusieurs U-ailés de procédure criminelle avaient élé publiés , en Allemagne, avant l'ouvrage de Damhouder, par Tengler (1509), Brant (1516), KoEN-iG (loil), Perneher (loi4), Gorler (15iô) et S.\i:r (1550). Voir sur ces traités Bietier, ouvrage cilé, pp 143, 147, 148, 161 ; Geib, Leitrbuch des deutschen Slrnfrechts, tome 1 , p. 286, et Nypels, lUblio- tlièque choisie , n»* 1276, 1282, sqq. Mais notre auteur n\a pu tirer aucun profit de ces écrits très-incomplets, particulièrement en ce qui concerne la procédure inquisitoriale , qui commençait seulement à se propager en Allemagne Aussi les a-t-il complètement passés sous silence, à l'exception du commentaire de Gobler sur la Caroline, qu'il mentionne une seule fois. — Dans les Pays-Bas même, l'ouvrage de Damiiouder a été précédé d'un autre traité de droit criminel , portant le titre : Een Traclael van criminelc zakcn, etc. Geprint Thanticerpcn, bij Hans de LAET,anno 1550. Des hiljliopliiles considèrent ce livre comme une œuvre posthume du président Wielant, et pensent qu'il a élé très-utile à Damhouder. Mais ce traité insi- gnifiant est tout simplement la traduction llamande de l'ouvrage publié en allemand par PtRNEDER que nous venons de citer. La traduction flamande a élé elle-même traduite en français, sous le tilre : Petit traité des causes criminelles , etc. Imi Anvei's, chez Jehan Dt; Laet, à l'enseiyne du Molin, 1555. Voir Nypels, Biblioth. choisie, n"" 960 et 1284. (96) crhninalium est celle qui a paru à Louvain en 1554, in-4% et elle est citée, comme la première, par tous les au- teurs qui menlionnenl cet ouvrage. Cependant le privilège pour l'imprimer, tant en latin, français que thiois, avec plusieurs figures y servantes , accordé à maistre Philippe VAN Belle , bourgeois et pensionnaire de Bruges, est daté de Bruges le 15"'"= jour de janvier 1551. Peut-être, dit M. Nypels (85), pourrait-on inférer de cette date qu'il y a eu une édition antérieure à celle de 1554 Nous pouvons affirmer qu'une édition antérieure a réellement existé, et, pour justifier notre assertion, nous invoquerons le témoi- gnage de Damhouder lui-môme. Dans la lettre par laquelle il dédie l'édition française de son ouvrage à Très-noble et très-prudent seigneur Charles, baron de Berlaymont..., gouverneur du pays et comté de Namur, chevalier, conseiller de la Majesté Impériale et Catholique, et chef des finances d'icelle Majesté en ses Pays-Bas, lettre datée de Bruxelles, le XX jour du mois d'octobre, Van de grâce mil cinq cent cinquante et deux, l'auteur dit : « ... ayant composé et faict quelque tiaiclé » es choses criminelles en faveur et conservation de la » tranquillité publique, et ce en trois diverses langues : » à sçavoir, en latin, françois et thiois : dont le latin ay » dédié à monseigneur monsieur de Praet, m'a pareille- » ment de raison semblé bon à votre noblesse dédier le » françois, etc. » Ce passage, qui a échappé à l'attention des bibliographes, prouve que la première édition latine de la Pratique criminelle a été publiée en 1551 , ou tout au plus tard dans la première moitié de l'année suivante, (83) Bibliolhèque choisie du droit criminel, n" 691. (97 ) et que la première édition française de ce traité remonte au mois d'octobre 1552, La dernière édition latine de la Praiique criminelle, publiée par l'auteur, fut imprimée, en 4570, à Anvers (84). Damhouder continua de travailler à son ouvrage pour le corriger et l'augmenter (85); mais la nouvelle édition, préparée par lui, ne fut mise au jour que vingt ans a|)rès sa mort, en 1001 , les calamités dont le pays était alors accablé, ne permettant pas de la faire paraître plus tôt (86). La Praxis reriini criminalium fut réimprimée non- seulement en Belgique, mais encore en France, en Alle- magne et en Italie (87). L'auteur l'avait traduite lui-même en français et en flamand (88). Nous ferons remarquer que la traduction française, imprimée à Paris par Benoît (84) Damhouder nous rapprend lui-même. In ultimae editionis per- feclae anno Domini 1570 , capite 82... scripsi, aie. Praxis rer. crim., LXXXn , Epitome de bello, p. 92, de l'édition de 1646. (83) Poslquani doclorum quorumdam virorum niihi amicissimoruni aique perfamiliarium quolidianis interpellationibus sollicitarer ad novani rursus Inijus libri editionom, nolui amicorum precibus lani honestis, nec studiosorum aequissimis volis non morem gérera. Praxis rer. crim., cap. CLIII , principio. (86) Dans l'épître dédicaloire qui précède l'édition posthume de 1601 , l'éditeur dit : Quum sui laboris fructum inslitutique sui successum ex- pertus auctor, adhuc in vivis agens , majoreni eliam operam niajusque sludium ad id opus exornandum ada'ugendumque sibi conferendum esse censuit. Quod et assecutus est prius quam fatis concederet, opère loto magna accessione adaucto et ultima lima axpolito. Cum ilaque auclor ipse superstes adhuc, opus ita auclum typographiae iteruni nostrae evul- gandum credideril, nequa hactenus id praestare per temporum patriae(}ue calaniitatam licuerit, nunc tandem auctoris piis manibus et reipublicae conimodis satisfaciendum esse, neque ultra differendum pulavimus. (87) Voir sur ces réimpressions, Nypels, Bi6/io^/ièfyMe c/io/^/e, n» 961. (88) Ces traductions sont indiquées par M. Nypels, /. c, à l'exception de la première édition française. (98) Prévost, 1555, in-8°, n'est pas une simple réimpression, comme on le pense communément. En effet, dans la pré- face de cette édition, on lit ce qui suit : « Si iamais jure- » consulte a bien escripl do ceste matière, je puis dire » que Josse de Damhouder, trésorier des linances de » Charles le V, empereur d'Alemagne, ne mérite le der- ï> nier lieu : duquel lisant un docte livre, qu'il a faict im- » primer en latin, l'avais commencé à le mettre en nostre » langue, quand est tombée en mes mains la traduction » qu'il en avoit faicte, de laquelle ie me suis aidé, sans » toutefois m'asservir à icelle : parce qu'elle me sembloit » éloignée de la pureté de la langue françoise : aussi que » i'avois enlreprins non de rendre mot pour mot, mais » d'exprimer et imiter la sentence : de telle sorte qu'outre » les lois romaines et coustumes des divers pays de Flan- » dres, ie voulois l'enrichir des ordonnances et edictz de » noz rois, coustumes, stiles et usances, mieux receues » en France. Tel a été mon desseing auquel i'ai louiours » aspiré , mais je ne sçay si i'y ay parvenu. Je ne pense avoir » faicl aucune iniure à Vautheur de donner autant à la » France qu'elle mérite, et qu'il a voulu lui oster à tort » pour honorer sa patrie. » Celte dernière phrase fait allu- sion aux passages dans lesquels Damhouder prétend que les adultères et les blasphèmes sont fréquents en France (89). Vf. L'ouvrage du jurisconsulte brugeois a exercé une puis- sante influence sur la pratique judiciaire, surtout en Bel- gique et en Allemagne. (H9) Praxis rer. crim., LXi , 29; XCII, 10 el H. ( 99 ) On vient de voir que le régime inquisitorial , tel que l'avaient organisé les lois canoniques et plus encore les légistes (Fllalie, s'était introduit dans les Pays-Bas et par- ticulièrement dans la Flandre. Cependant, dans ces pro- vinces, comme en France avant l'ordonnance de 1559, beaucoup de juridictions observaient, en matière de procé- dure criminelle, des usages qui dérogeaient au droit commun. Cette diversité des formes s'efîaçait lentement, il est vrai, mais graduellement, grâce au traité de Dam- liouder, qui a dirigé les juges de son pays pendant deux siècles. C'est l'autorité de ce criminaliste, plus que toute autre cause, qui, au XVIF' siècle, avait, autant qu'il était possible de le faire, ramené les tribunaux à une jurispru- dence plus ou moins uniforme. Ce fut encore Damhouder qui contribua le plus à pro- [)ager la procédure inquisiloriale en Allemagne, jusqu'au moment où il dut céder le pas à Benoît Carpzov (1655). En effet, après la publication de la Caroline, le système accusatoire continuait de prédominer dans les justices sécu- lières de ce pays. Certains crimes, tels que le rapt, le viol, l'adultère et le vol domestique, ne pouvaient même être poursuivis, en vertu de ce Code, que par la voie d'accusa- tion (90). Dans ce temps, la procédure par voie d'inquisi- tion n'avait pas encore fait de notables progrès dans les tribunaux laïques d'Allemagne. Ni la législation, ni la doctrine n'en avaient régularisé les formes qui étaient abandonnées, dans chaque juridiction, à l'arbitraire des juges. Le Code de Charles-Quint (1552) avait principale- ment pour objet d'organiser le régime accusatoire, et la (90) Caroline , art. H8, 119, 120, 165. ( 100 ) constitution criminelle de Hesse , publiée trois années plus tard (1535), reproduisait les dispositions légèrement mo- difiées de la Caroline. Quant aux criminalistes allemands de cette époque, les uns passaient à peu près sous silence la procédure inquisitoriale , les autres n'en parlaient qu'ac- cessoirement et de manière à prouver qu'ils n'en avaient que des notions vagues et incomplètes. Dans cet état de choses, le traité complet, clair et méthodique de cette procédure, publié par le criminaliste de Bruges, devait puissamment favoriser le développement de celle-ci dans les tribunaux de l'empire. Ce traité, qui n'avait pas tardé à se répandre en Alle- magne (91), exerça une grande influence non-seulement sur la pratique, mais encore sur la législation de ce pays. En effet, la partie du droit commun de Prusse [Preu- siscltes Landrechl) publiée en 1620, qui réglait la procé- (liH'e criminelle, était empruntée à ce même traité dont elle reproduisait presque textuellement plusieurs chapi- tres (92). Le Landrecht, revisé en 1685, conserva, avec quelques modifications, le même mode de procéder, qui ne fut réformé que dans le Landrecht de 1721 (95). Ainsi (91) L'accueil que celte œuvre avait reçu, particulièrement en Alle- magne, est constaté dans l'épître dédicatoire qui précède l'édition de 1601. Dans cette épître, a^lressée au duc de Bavière, l'éditeur dit, en parlant de la Pratique criminelle de Damhouder : Ea quanto omnium tribunalium, omniumque inEuropa, Germania maxime, civilatum coîisensu recepta sit, testimonio sunl ediliones et imrias in linguas translationes. (92) Tels, par exemple, que les chap. 1 à 4 et 8. (Landrecht, livre VI, lit. h', art. !",§§! à 4; art. 4, §§ 1 à ô.) (93) BiENER, Deytraege zur Gescliichte des Inquisitions processes, pp. lG4etl65. ( 101 ) le système de procédure criminelle, élaboré par Damhoii- der et consacré par la loi, avait régi la Prusse pendant tout un siècle. Ce lait, si honorable pour la mémoire de notre auteur, est resté inconnu à ses compatriotes. Ce n'est pas seulement en Allemagne, c'est dans sa patrie même, que Damhouder a servi de guide au législateur. Les ordonnances des5 et 9 juillet lo70, publiées pour les Pays- Bas sous Philippe II, en fournissent la preuve (9i). La première de ces célèbres ordonnances (o juillet) avait prin- cipalement pour objet la réforme judiciaire ; l'autre (9 juillet) régularisait la procédure criminelle. La place de Damhouder était marquée dans la commis- sion chargée de préparer ces ordonnances. Aucun magis- trat belge ne pouvait prêter à cette entreprise un con- cours plus utile, que le savant criminaliste de Bruges. On serait donc tenté de croire, et telle est effectivement l'opi- nion de quelques écrivains, qu'il a participé à leur rédac- tion. Il paraît cependant qu'il n'en fut pas ainsi. Sans don te, comme nous le verrons dans un instant, les dispositions de ces édits, particulièrement celles qui concernaient la procédure , étaient empruntées à la Pratique criminelle de Damhouder; mais, selon toute vraiseml)lance, lui-même (9i) Voir, sur les ordonnances criminelles de 1570, la Correspondance de Philippe II , par M. Gachard, t. II, pp. 31 et 143, n"^ 965 et 96i; le discours prononcé à l'ouverture des cours de TUniversilé de Liège, le 1G octobre 18ob, par M. Nypels, recteur sortant , et le mémoire couronne de M. PouLLET, pp. 163 et suiv, — MM. Nypels et Poullet font remarquer que des personnes qui parlent des ordonnances de Philippe II, ne les ont jamais lues. Nous le croyons volontiers, et nous ferons observer, à cette occasion, que des personnes qui portent un jugement sur la Pratique criminelle de Damhouder, n'ont eu sous les yeux que la traduction fran- çaise de cet ouvrage, sans jamais avoir consulté l'édition latine, bien plus complète que cette iraduclion, et même sans avoir lu celle-ci en entier. 2'°^ SÉRIE, TOAIE XXXII. 8 ( i02 ) ne prit directement aucune part à ces œuvres législatives. D'abord, il ne fait pas la moindre allusion, dans son ouvrage, à la coopération qu'on veut bien lui attribuer. L'auteur, qui aime à entretenir ses lecteurs de tout ce qui le regarde, qui relate minutieusement les faits remar- quables dont il a été témoin ou que d'autres personnes lui ont rapportés, qui indique même les abus qu'il a décou- verts et les règles qu'il suit dans l'exercice de ses fonctions de trésorier de l'armée (95), l'auteur n'eût certainement pas manqué de nous apprendre, — et l'occasion s'en pré- sentait à chaque pas, — qu'il avait participé à l'élaboration des lois nouvelles, si l'on s'était réellement adressé à lui pour réclamer son concours. Ensuite, dans la solution de cette question , l'on ne doit point perdre de vue l'esprit et les tendances du gouverne- ment sous lequel les ordonnances dont nous parlons ont été rendues. Pour réaliser la pensée de Philippe Ij, de donner aux diverses provinces des Pays-Bas une législa- tion uniforme, le duc d'Albe avait avant tout fixé son attention sur l'état déplorable de la justice criminelle, dont il était urgent de réformer les graves et nombreux abus. En conséquence, le conseil d'État, le conseil privé et le conseil des troubles reçurent l'ordre de s'occuper sans délai de cette réforme. Le célèbre Viglius, président du conseil d'État, membre du conseil privé et jurisconsulte éminent, était naturellement appelé à prendre une grande part à la rédaction des projets de loi, destinés à être sou- mis aux délibérations de ces assemblées. Mais Viglius, né dans les Pays-Bas et vivement attaché à sa patrie, excitait, comme tous les Belges, la défiance du duc d'Albe, qui ne (93) Voir, par exemple, Praxis ver. crim., cap. LXXXIII , 148. ( 105 ) voulait pas abandonner à lui et à ses compatriotes le soin de préparer ces projets importants. Le gouvernement résolut donc d'adjoindre aux rédacteurs des ordonnances quel- ques magistrats étrangers, qu'on avait appelés à cet effet d'Espagne et d'Italie, et qui , au moment de l'élaboration de ces lois, faisaient partie du conseil des troubles (90). Il est permis de conclure de ces faits, d'abord, que les ordonnances de lo70 ont été rédigées par Viglius avec la coopération des jurisconsultes espagnols et italiens dont nous venons de parler; ensuite, que, si d'autres ont encore participé à cette œuvre, c'étaient des magistrats faisant partie des grands corps appelés à réformer la justice cri- minelle. Sous le régime qui pesait alors sur le pays, il ne pouvait être question de confier une pareille mission à Damhouder, parce que, comme Belge, il n'inspirait pas, pour ce travail, assez de confiance au duc d'Albe, et qu'il n'était membre d'aucun des trois conseils. Mais ce qui s'explique plus difficilement, c'est que le gouvernement espagnol ait envoyé à Bruxelles, pour coopérer à l'élabo- ration des lois destinées à régler l'organisation et les formes de la justice répressive dans les Pays-Bas, trois magistrats obscurs; tandis qu'il avait à sa disposition le plus célèbre criminaliste du siècle, Julius Clarus, ancien sénateur de Milan, qui se trouvait alors à Madrid comme membre du conseil chargé des affaires d'Italie. Si Damhouder n'a pris aucune part à la rédaction des or- donnances criminelles de Philippe II, il avait du moins créé la source principale à laquelle leurs dispositions étaient (9G) Le discours précité de M. Nypels contient sur ce point des rensei- gnements pleins d'intérêt, puisés dans la correspondance de Philippe Jl et dans celle de Viglius avec Hoppf.rus qui se trouvait alors à Mailrid. ( 104 ) puisées. En effet, l'ordonnance sur le styJe avait pour but, comme l'ordonnance rendue en 1559 par François I", d'établir l'unité de procédure en matière répressive, et d'abroger les coutumes particulières que l'on observait dans les diverses juridictions (97). Or, cette procédure uniforme, consacrée par l'ordonnance du 9 juillet, était presque exclusivement celle que la doctrine et la pratique avaient introduite non-seulement en France et dans les Pays-Bas, mais aussi en Espagne et en Italie, et qui allait envahir l'Allemagne, c'est-à-dire la procédure dont les formes avaient été nettement tracées par notre auteur dans sa Pratique criminelle. De plus, lorsqu'il rencontrait des usages qui dérogeaient au droit commun et qui lui pa- raissaient conformes ou contraires à l'équité et à la justice, Damhouder les approuvait ou les blâmait, en motivant son jugement par des considérations judicieuses dont le légis- (97) L'arl. d3 de rordonnance du 5 juillet 1570 porte : « Et au surplus, à raison que entendons que au faict de procédures criminelles, se use de très-grande diversité et façon de faire, en quoy ne peult qu'il n'y en ail de bien exorbitantes, injustes et impertinentes : Nous desirons y remédier, et veullant le tout reduyre au plus prez de droict commun et escript , consequammeiil à l'équité et justice, avons fait faire et dresser ung stil ou forme de procéder gênerai en icclles matières, que ferons publier et imprimer, pour estre observé partout, [lour meilleure direction des affaires. » Dans le préambule de l'ordonnance sur le style, du 9 juillet 1570, Philippe II déclare : a Comme par nostre ordonnance présentement faite sur reformation de la justice criminelle, soit dit, que pour meilleure administration de justice, abbrevialion des procès, et soulaigement de noz subjectz, ferions dresser un stil gênerai pour forme et règlement que Ion auroit à tenir es procédures criminelles, faisant cesser tant de diversitez, ou plustost confusion de procédures, dont on souloit user en plusieurs lieux : Nous avons faitrecueiller, composer et dresser certain stil au plus prez de droict escript, et de ce qu'avons trouvé es formes de procéder par deçà, le meilleur et plus clair, practicable et équitable : le tout en la forme et maniera que sera dit cy-apres. « ( )0S) lateur pouvait tirer profit. Vigliiis qui n'était pas crimina- liste, et ses collaborateurs qui ne l'étaient pas da\antiigc, devaient donc avec empressement consulter un ouvrage qui facilitait singulièrement leur travail, puisque, le plus souvent, ils pouvaient se borner à formuler en articles de loi les principes qui y étaient exposés. Aussi presque toutes les dispositions de l'ordonnance sur le style ne font-elles que confirmer ces principes (98). Le traité de Damhouder n'était pas moins utile aux rédacteurs de l'ordonnance ayant pour objet la réforme des nombreux abus qui souillaient la justice répressive. En effet, le jurisconsulte brugeois avait signalé, avec une louable franchise, ces abus qu'il connaissait par expérience. il n'est donc pas étonnant que, dans l'espace de six mois, les ordonnances criminelles aient été rédigées par la com- mission, discutées par le conseil d'État, le conseil privé et le conseil des troubles, approuvées et publiées par le duc d'Albe au nom du roi. {A conlimier.) — La séance a été terminée par la lecture de la 2" partie (Histoire) du rapport de M. J.-J. Thonissen , sur les travaux de la classe des lettres depuis la fondation de l'Académie. La classe entre en vacances. (98) M. Nypels dit avec raison : « La marche de la procédure tracée par celle ordonnance (sur le style) est, au fond, ia même que celle décrite par Damhouder dans sa Praxis rerum criminalium. « Discours cilé, 2e édit., p. 35. ( 106 ) CLASSE «ES BEAUX-ARTS. Séance du 3 août 187 1. M. Éd. Fétis, vice-directeur, occupe le lauleuil. M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. Al vin , N. De Keyser, G. Geefs, le baron Gustave Wappers, Joseph Geefs , Ferd. De Brae- keleer, C.-A. Fraikin , Edm. De Busscher, Alph. Balat, Aug. Payen, le chevalier Léon de Burbure, J. Franck, Ad. Siret, J. Lecjercq, Ernest Slingeneyer, Alex. Bobert, Et. Soubre, membres; F. Stappaerts, correspondant. M. Th. Juste, membre de la classe des lettres, assiste à la séance. CORBESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur, par deux dépêches diffé- rentes, a demandé : 1" la communication des rapports dressés par le jury du concours des cantates de l'année actuelle, ainsi que les procès-verbaux des séances tenues par ce jury ; 2" si la publication du rapport de la section ( 107) namande du même jury pouvait avoir lieu isolément sans inconvénient, le rapport de la section française ne parais- sant pas avoir été fait en vue d'être livré à la publicité. H a été répondu à ces deux dépêches. — L'Institut des ingénieurs civils de Londres remercie pour le dernier envoi de publications académiques. RAPPORTS. Conformément à la décision prise par la classe en séance du 0 juillet dernier, au sujet des propositions de M. Schadde et de l'Académie royale d'Anvers, tendantes à modifier le programme d'admission au grand concours d'architecture, M. Alvin donne lecture du nouveau rapport dressé par la commission nommée à l'effet d'examiner ces propositions. Voici ce rapport : Rapport de la commission pour l'examen des modifications proposées au grand concours d'architecture de l'Acadé- mie royale d'Anvers. Le conseil de l'Académie royale d'Anvers, après avoir constaté, dans les règlements relatifs aux grands concours d'architecture, dits concours de Rome, une lacune dont il s'attache à faire ressortir les conséquences, propose de (108) remédier au mal qu'il a signalé, au moyen des mesures suivantes : 1" Modilier l'arrêté royal du 17 avril 1852; 2" Remplacer par des dispositions nouvelles l'article 75 du rècjkment d'ordre desdits concours, approuvé par l'arrêté ministériel du 23 avril 1865. !1 lormuje, dans la même lettre, datée du 14 mars 1871 , un projet d'arrêté royal destiné à remplacer celui du 17 avril 1852 et une nouvelle rédaction de l'article 75 du règlement d'ordre. Il demande, en outre, que ces mesures soient prises immédiatement, afin qu'on puisse les appliquer aux con- currents qui se présenteront pour la lutte qui devait s'ou- vrir au mois de juillet. La classe des beaux-arts, saisie de l'examen de ces propositions par M. le Ministre de l'intérieur, a chargé, dans sa séance du 10 mai, trois commissaires (ces com- missaires sont MM. Alphonse Balat, Auguste Payen et Gustave de Man) de lui faire un rapport et de lui présenter un projet de réponse au gouvernement. Vu l'époque à laquelle la communication leur a été faite, vos commissaires n'ont pas cru devoir admettre l'urgence. Si même il avait été possible de faire parvenir au Mi- nistre l'avis de la classe assez tôt pour que les mesures réclamées par le conseil de l'Académie d'Anvers pussent être promulguées avant le mois de juillet, il n'eut pas été juste de les appliquer immédiatement : on ne peut modi- fier les conditions d'un concours au moment même où il va s'ouvrir; quand de nouvelles épreuves doivent être imposées aux concurrents, il faut que ceux-ci aient le temps de s'y préparer. ( 109 ) Or, les architectes ne seront j)li]s appelés dans la lice avant Tannée 1875; vos commissaires n'ont donc pas cru devoir apporter une trop grande précipitation à l'examen de questions qui embrassent l'ensemble de la législation des concours dits de Rome, Dans un premier travail qu'ils ont eu l'honneur de vous présenter, ils ont reconnu que, en principe du moins, la demande du conseil de l'Académie d'Anvers est fondée. Vous avez adopté cet avis dans la séance du 6 juillet, et, voulant que la question fût examinée dans tous ses dé- tails, vous avez invité vos commissaires, auxquels vous avez adjoint un quatrième (1), à vous présenter, dans une séance suivante, un rapport complémentaire et des pro- positions formelles modifiant celles que le conseil de l'Académie d'Anvers a formulées à l'effet de remplacer les dispositions réglementaires qui sont l'objet de ses cri- tiques. Vos commissaires, ayant pris connaissance de toute la législation des grands concours, ont reconnu que la diffi- culté qui se présente a sa source dans l'article 2 de l'ar- rêté royal du 17 avril 1852. Cet arrêté, dont le principe avait été voté par la classe des beaux-aris de l'Académie, devait avoir pour but unique d'imposer aux architectes qui se présentent pour le concours de Rome une condition d'admission qui n'est point exigée des peintres, des sculp- teurs et des graveurs. On a cru bien faire et simplifier les opérations du concours en insérant dans cet arrêté la dis- position suivante : « Lorsque le nombre des concurrents dépassera six. (1) M. Alvin, qui avait été rapporteur lors de l'élaboration du pro- gramme de 1852. ( idO ) l'examen mentionné ci-dessus sera considéré comme un concours préparatoire, et les six concurrents qui auront obtenu le plus de succès à cet examen seront appelés au concours définitif. » C'était là mêler, dans une même épreuve, deux choses essentiellement distinctes : un examen exclusivement scientifique et littéraire, et toujours obligatoire, avec un concours préparatoire éventuel, faisant partie intégrante du concours de Rome, et ne devant porter que sur les ma- tières de l'enseignement académique. Qu'est-ce, en effet, que le concours préparatoire? Il est prescrit par une disposition de l'article 42 de l'ar- rêté royal du 18 octobre 1841, reproduite textuellement à l'article 46 de celui du 27 mars 1855, qui régit actuel- lement les concours. Voici cette disposition : « Le nombre des concurrents est limité à six. Il y a un concours préparatoire chaque fois que le nombre des con- currents inscrits dépasse ce chiffre. » Le concours préparatoire a donc exclusivement pour but de féduire à six le nombre des concurrents. S'il n'y avait que six inscrits, le concours préparatoire ne pour- rait leur être imposé et ils devraient être admis au con- cours définitif sans avoir fourni aucune preuve quelconque de capacité artistique. Les seules conditions exigées pour pouvoir être inscrit sont indiquées dans un autre alinéa de l'article 46. « Tout artiste belge ou naturalisé, qui n'a pas atteint l'âge de 50 ans, peut être admis à concourir. » Une condition, applicable aux seuls architectes, a été ajoutée en 1852. Ceux-ci sont tenus de faire picuvc, dans un examen spécial, de certaines connaissances scienti- fiques et littéraires. i m ) Le rédacteur de l'arrêté royal du 17 avril 1852 a cru, peut-être, suivre l'indication de la classe des beaux-arts en y disant que cet examen remplacerait le concours prépa- ratoire éventuel, et il n'a pas pris garde que cette adilion changeait complètement le caractère de la mesure. Lors donc que, en 1865, le conseil de l'Académie d'An- vers a eu à s'occuper de la rédaction du règlement d'ordre des concours, il a placé, aux articles 48, 49, 50, 54, 5o, o6, 61 et 62, les programmes respectifs des concours préparatoires auxquels devaient être astreints les peintres, les sculpteurs et les graveurs, pour le cas où le nombre des concurrents excéderait le chiffre de six. Il en aurait fait autant pour les architectes, s'il ne s'était trouvé en présence de l'article 2 de l'arrêté royal du 17 avril 1852. Voilà comment il se fait que, dans les concours de Rome, les architectes sont censés être toujours astreints à un concours préparatoire lorsque, dans le fait, ils ne subissent qu'un examen scientifique et littéraire. Vos commissaires pensent que les architectes doivent être replacés dans le droit commun en ce qui concerne le concours préparatoire, indépendamment de l'examen scientifique et littéraire dont le programme doit être maintenu tel qu'il est ; Que cet examen doit avoir lieu assez longtemps avant l'inscription au concours de Rome et que tout architecte qui a subi cet examen avec succès doit pouvoir être admis à l'inscription; Qu'enfin le concours préparatoire ne peut être institué que si le nombre des concurrents inscrits excède le chiffre six. Quant au programme du concours préparatoire éven- ( H2 ) luel, il ne devrait comporter que des matières faisant partie de l'enseignement académique. Nous vous proposons de former ce programme de deux articles seulement. A. Épreuve de composition architecturale académique, rendue graphiquement par plans, coupes, élévations, etc. B. Épreuve pour constater chez les concurrents la con- naissance pratique du dessin. Quant aux moyens proposés par le conseil de l'Acadé- mie d'Anvers à l'effet d'a[)précier les résultats de l'examen combiné avec le concours préparatoire, il n'y a pas lieu de s'y arrêter, non plus qu'cà l'échelle proportionnelle éta- blie pour fixer la valeur relative des matières scientifiques et artistiques. Du moment que le concours et l'examen ne sont plus confondus dans la même opération, une telle mesure, au sujet de laquelle il y aurait plusieurs réserves à faire, devient sans objet. Vos commissaires ont, en conséquence, l'honneur de vous proposer de répondre à M. le Ministre de l'intérieur par l'envoi des deux projets d'arrêtés ci-annexés, auxquels il conviendrait de joindre le présent rapport. Ces projets satisfont à tout ce qu'il y a de légitime dans les propositions du conseil de l'Académie d'Anvers, ils ne s'en écartent en quelques points qu'afin de faire cesser la confusion introduite dans cette législation par l'article 2 de l'arrêté royal du 17 avril 1852. Bruxelles, le 5 août 1871. Alphonse Balat, Auguste Payen, Gustave de Man, L. Alvin. ( 113 ) Projet d'arrêté royal destiné à remplacer l'arrêlé du 17 avril I8S2. LEOPOLD II, clc. Revu De l'avis clc la classe des bcaux-arls de l'Académie royale de Belgi(iuc; Sur la proposition de notre Ministre de linlérieur, Avons arrêté, etc. Art. 1". L'arrête royal du 17 avril 4852, relatif aux grands concours d'architecture, est rapporté. Il est remplacé parla disposition ci-après : Nul n'est admis à l'inscription pour prendre part au grand concours d'architecture, dit concours de Rome, s'il ne fournit la preuve qu'il a subi, avec succès, l'examen scientifique et littéraire dont le programme a été inséré dans l'arrêté minis- tériel du 17 avril I8j2. Art. 2. Un jury de cinq membres, nommé par notre Mi- nistre de l'intérieur, procède à cet examen qui devra toujours avoir lieu trois mois au moins avant l'époque lixée pour les inscriptions au grand concours. Art. 0. Les certificats délivrés par ce jury sont valables non-seulement pour le concours le plus prochain, mais pour les concours subséquents, tant que le porteur n'a pas atteint trente ans (i). (1) Celte mesure, réclamée par le conseil de l'Académie d'Anvers, n'est que de stricte équité, elle fait cesser l'inlerprélalion ministérielle du 51 juillet 186-2. ( il4 ) Notre Minisire de l'intérieur est cliargé de l'exécution du présent arrêté. Donné ù Bruxelles, le Par le Roi : Le Minisire de l'intérieur , II. Dispositions à insérer . Vienne, l2 cah. in-4". Anlhrnpolugisclie Gesellschaft in Wien. — 31iltheilungen , 1 Bd., n"^ 10, 11. Vienne, 1871 ; 2 doubles feuilles in-8°. Xassanische Vereins fur Nalurkunde zu Wieshaden. — Jahrbiiclier, Jahrgang XXIII und XXIV. Wiosbade, 18G9 und 1870; in-S". K. nordiske oldskrift-Selskuh i Kjohenhavn. — Aarbogcr, 1870, II, III, IV, I87I , I ; — Tillaeg, aarg. 1870. Copen- hague; 4 cah. in-S". K. Vitferliels historié och anliquilets Akademien, Stock- holm. — Handiingar, XXVI Delen. Stockholm; in-S"; — Antiquarisk tidskrift, II"^", II1''J« Deîen, 1^'" haflet. Stockholm ; 2 vol. in-8''. Société impériale des amateurs d'histoire naturelle, d'an- thropologie et d'ethnographie, sous le patronage de l'Univer- sité de Moscou. — Protocole des séances, tome VIII, I" par- tie; — Protocole des séances de la section des sciences physiques, tome VIII (ô'"'' édition). Moscou, 1870-1871 ; 1 vol. et \ cah. in-i" (en russe). Observatoire phijsique central de Russie, à Saint-Péters- bourg. — Annales, publiées par H. Wild , 1866. Saint-Péters- bourg, 1870: in-i". N icolai- Hauptstermcarte zu Sint-Petersbourg. — Jahres- Bericht am 29. Mai 1870. Saint-Pétersbourg, 1870; in-8°. Observations de Poulkova, publiées par Otto Struve. Vol. III. Saint-Pétersbourg, 1870; in-folio. Tabulae refractionum. in usiim speculae Pulcovensis con- gestae. Saint-Pétersbourg, 1870; in-S". Repertoriimi fiir météorologie, herausgegeben von der K. Akademie der Wissenschaften, redigirt von D'^ Heinrich ( 120 ) Wild. Band 1, Heft 2. Saint-Pétersbourg, 1870; in-i" (en russe et en allemand). DeUena(V.). — Du passage de Vénus sur le disque du Soleil. Saint-Pétersbourg, 1870; in-S" (en russe). Nyrén {M.). — Détermination du coefiicient constant de la précession au moyen d'étoiles de faible éclat. Saint-Péters- bourg, 1870; in-i". Von Koehne [Freiherrii D.) — Ueber der Doppeladler. Berlin, 1871; in-4". K. Comitato geologico d'Italia nel Firenze. — Bollettino , n° ^ 6 6. Florence, 1871 ; in-8". Tommasi [Ferdinando). — Le générateur hydrothermique. Londres, 1871 ; in-8''. Tessari {Dominico). — Sopra la costruzione degli ingra- naggi adassi non concorrenti. Turin, 1871 ; in-8". Meleorological Society of London. — Proceedings, vol. V, n" 00 ; — Meteorology of England during the quarter ending march 31 , 1871. Londres; 2 broch. in-8''. Institution of civil Engineers to London. — List of mem- bers, august 8, 1871. Londres; in-8". The american journal of science and arts, third séries, vol. 1, n"=5, 6, 7. New-IIaven, 1871; 3 cah. in-8". Istituto hisforico, geographico e ethnographico do Brazil , no Rio de Janeiro. — Rivista trimensal, tome XXXIII, parte l"''", II trimestre. Rio de Janeiro, 1870; in-8». Boston Societij ofnatural historjj. — Memoirs, vol. II, n° 1 ; in-4"; — Proceedings, vol. 15 signs 15-25, april 1869-decera- ber 1870; in-8». Geological Survey of India , ai Indianopolis. — First an- nual report, 18G9. Indianopolis; in-8°. Sociedad mexicana de historia natural. — La naturaleza, entrega 13*-I8% junio-noviembre 1870. Mexico, 1870; 6 cah. in-4". BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1874. — N°«9 ET 10. CLA.SSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 7 septembre 4811 . M. Éd. Fétis, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. Al vin , G. Geefs, Joseph Geefs, Ferd. De Braekeleer, C.-A. Fraikin , Edni. De Busscher, Aug. Payen, le chevalier Léon de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq, Ernest Slingeneyer, Alex. Robert, Et. Soubre, membres; Ch. Bosselet, corres- pondant. 2""* SÉRIE, TOME XXXII. 10 ( 122 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur, par lettre du 26 août, transmet copie du procès -verbal des opérations du jury chargé de juger le grand concours de composition musicale de 1871. Il résulte de ce document « que la palme du concours a été décernée à M. G. De Mol , de Bruxelles. Le jury propose, en outre, d'accorder un second prix à M. Emile Mathieu, de Louvain, et deux mentions hono- rables, l'une à M. Alfred Tilman, de Bruxelles, et l'autre à M. Edouard Blaes, de Gand. » En ce qui concerne M. Mathieu, le jury fait remarquer que ce concurrent a déjà obtenu le second prix au concours de 1869, mais que, en l'absence de toute disposition régle- mentaire s'opposant â ce que la même distinction lui soit accordée de nouveau, il a pensé qu'il y avait lieu de main- tenir cette récompense au prénommé. « Je ne saurais, dit M. le Ministre, partager cette ma- nière de voir, et je ne pense pas qu'il faille permettre que le même élève remporte, dans deux concours successifs, la même récompense secondaire, alors qu'il ne devrait plus prendre part à la lutte que pour obtenir la palme. Je me trouve donc à regret dans l'impossibilité de ratifier, en ce qui concerne le sieur Mathieu , la proposition du jury, laquelle ne pourrait qu'affaiblir le prestige des grands concours. Toutefois, voulant donner au concurrent une preuve des intentions équitables et bienveillantes du gou- vernement, je suis disposé à lui accorder un subside de 1,000 francs afin de lui permettre de poursuivre l'étude ( <"i5 ) de son art. Il est à espérer que la province et la ville de Louvain interviendront respectivement, de leur côté, pour un subside. » — Par une lettre du 9 août, M. le Ministre annonce à M. le secrétaire perpétuel qu'il a invité M. le directeur du Conservatoire royal de Bruxelles à se mettre en rapport avec la classe, pour les mesures à prendre en vue de l'exé- cution, à la séance publique de ce mois, de la cantate de M. De Mol. M. Quelelet fait part qu'il s'est entendu à ce sujet avec M. Gevaert, directeur du Conservatoire royal, lequel a dé- claré obligeamment qu'il se mettait à la disposition de la classe. — Une dépêche ministérielle subséquente a commu- niqué le programme des fêtes de septembre, faisant con- naître que la séance publique aura lieu le mardi 26 de ce mois, à onze heures, au Palais ducal. — Par dépêche du 18 août, M. le Ministre informe qu'il y a lieu de pourvoir au remplacement de feu le baron Leys, comme commissaire désigné par l'Académie pour faire partie du comité mixte et permanent des objets d'art près la Commission royale des monuments. « Comme ce comité se compose actuellement de deux artistes peintres, de trois archéologues, d'un sculpteur et d'un architecte, et qu'il résulte d'une communication qui m'est faite par ce col- lège, dit M. le Ministre, que les questions de sculpture qu'il y a à décider sont nombreuses, il serait à désirer que le nouveau membre fût un sculpteur. » La classe, conformément à l'article 10 de son règlement ( m ) intérieur, décide que celle élection sera mise à l'ordre du jour de la prochaine séance. — Divers ouvrages offerts par M. le Ministre de l'inté- rieur et par M. de Caumont, associé de la classe, seront inscrits au bulletin de la séance. — M. Ravaisson, associé de la classe, remercie pour l'envoi des Bullelins et de V Annuaire. CONCOURS DE 1871 M. Gustave De Man donne lecture de son rapport, au- quel a adhéré M. Balai, sur le mémoire portant pour devise : iioTTCi (Platon), et intitulé : Élude de riiifluence italienne sur V architecture aux Pays-Bas , en réponse à la deuxième question. M. le secrétaire perpétuel saisit cette occasion pour annoncer qu'il vient de recevoir le chapitre VII et dernier de ce mémoire « formant, écrit l'auteur à la date du 6 sep- tembre, le chapitre V de son mémoire de 1870. » M. Quelelet rappelle que, le M juin dernier, l'auteur a envoyé la lin du chapitre VI, et que la classe, dans sa séance du 6 juillet suivant, a appliqué à cette pièce l'ar- ticle 55 du règlement général prescrivant le dépôt aux archives. Une longue délibération s'ouvre au sujet de l'envoi de ces pièces après la fermeture du concours, et la classe décide que l'auteur, ayant envoyé son travail en plusieurs parties ( \m ) sans tenir compte du délai lalal, ne s'est pas conlormé aux règles établies; par suite l'Académie, obligée de faire exécuter les conditions du programme, ne peut juger une œuvre incomplète et accepter les parties subséquentes ar- rivées après celles remises dans le délai légal. La classe donc, pour sauvegarder les intérêts du con- current, remet la question au concours. Elle la fera figurer au programme pour 1872. Le travail actuel sera réservé pour ce concours, à moins que l'auteur n'en envoie une nouvelle copie. SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE. La classe s'occupe, en dernier lieu, du programme de la séance publique du mardi 26 de ce mois. Celte solennité commencera par une ouverture sym- phonique, à déterminer encore, et qui sera exécutée par l'orchestre du Conservatoire royal. Puis viendront le discours du directeur et la proclama- tion, par M. le secrétaire perpétuel, des résultats des concours. La cérémonie se terminera par l'exécution de la cantate couronnée Columbus' drooin, scène lyrique avec chœurs, paroles (traduction flamande par M. Em. Hiel) de M. Clé- ment Michaëls, lauréat du concours des cantates, musique de M. Guillaume De Mol, premier prix du grand concours de composition musicale de cette année. ( i26 ) CLA88£ DES BEAUX-ARTS. Séance du 25 septembre 1874. M. L. Gallait, directeur de la classe et président de l'Académie. M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. Alvin , G. Geefs, A. Van Hasselt, Jos. Geefs, Ferd. De Braekeleer, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Edm. De Busscher, Alpli. Balat, Aug. Payen , le chevalier L. de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq, E. Slingeneyer, Al. Robert, membres; Bos- selet, correspondant. M. Éd. Mailly, correspondant de la classe des sciences, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. La classe reçoit connaissance du décès de M. Etienne Soubre, membre titulaire de la section de musique, dé- cédé subitement à Liège, dans la nuit du 7 au 8 de ce mois. M. le secrétaire peipéluel s'est empressé d'exprimer à la famille du défunt les profonds regrets de l'Académie et a demandé à M. Daussoigne-Méhul de vouloir bien se faire ( i27 ) l'organe et l'interprète de la classe lors des funérailles. L'état de santé de M. Daussoigne n'a pas permis de réaliser ces intentions. — Une lettre du palais annonce que Sa Majesté assistera à la séance publique de la classe. Leurs Altesses Royales le Comte et la Comtesse de Flandre ont fait exprimer, par écrit, leurs regrets de ne pouvoir assister à cette solennité. — M. le Ministre de l'intérieur remercie pour l'invita- tion qui lui a été adressée au sujet de la séance précitée. — Le même haut fonctionnaire transmet copie du procès-verbal des opérations du jury chargé de juger le grand concours d'architecture de 1871. 11 résulte de ce document que M. Ernest Dieltiens , de Grobbendonck, a été proclamé lauréat du concours. Le jury a proposé, en outre, M. Bonnet, de Taintignies, pour le second prix. Une mention honorable a été accordée à M. Louis Boonen, d'Anvers. Au sujet de M. Bonnet, M. le Ministre dit : « Comme j'ai déjà eu l'honneur de vous le faire remar- quer par ma lettre du 26 août dernier, transmissive du procès-verbal des opérations du jury des grands concours de composition musicale , je ne pense pas qu'il faille per- mettre que le même élève remporte, dans deux concours successifs, la même distinction secondaire. Je me trouve, en conséquence, dans l'impossibilité de ratifier, en ce qui concerne le sieur Bonnet, la proposition du jury. Toute- fois, eu égard à la déclaration du jury consistant à recon- ( 128 ) naître la supériorité du concours dans son ensemble et à la recommandation spéciale dont le sieur Bonnet a été subsidiairement l'objet, je suis disposé à accorder à ce concurrent une subvention annuelle de mille francs, pen- dant deux années, afin de lui permettre d'aller se perfec- tionner à l'étranger, sous la condition que la province et la commune intéressées interviendront respectivement, de leur côté , par un subside , dans les frais de voyage du jeune artiste. » PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE. M. Gallait donne lecture du discours qu'il se propose de lire en séance publique de la classe. M. le secrétaire perpétuel communique ensuite le pro- gramme définitif de cette cérémonie, ainsi que les pièces relatives à la proclamation des résultats des concours. La classe procède , d'après la demande de M. le Ministre de l'intérieur, au remplacement de M. Leys dans le comité mixte des objets d'art auprès de la commission royale des monuments. M. Fraikin obtient la majorité des suffrages. CLASSE DES BEAUX- A RTS. Séqnce publique du 26 septembre 187 1 ( Au Palais ducal , à 11 heures. ) M. Louis Gallait , directeur. M. Éd. Fétis, vice-directenr. M. Ad. Quetelet , secrétaire perpétuel. Sont présents .MM. L. Alvin, N. De Keyscr, G. Gcels, Jos. Geefs, Ferdinand Do Braekelecr, C.-A. Fraikiiî, Edm. De Busscher, Porlaels, AIpli. Balai, le chev. L. do Burbure, Aug. Payen, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq, Ernest Slingeneyer, A. Robert, mem- bres j Ch. Bosselet, correspondant. Assistaient à la séance : Classe des sciences. — MxM. L. de Koninck, P.-J. Van Bcnedcn, H. Nyst, Gluge, Melsens, J. Liagre, F. Duprez, G. Dewalque, E. Quetelet, M. Gloesener, Ch. Montigny, membres; E. Catalan, associé; Éd. Mailly, Edouard Van Beneden , J. De Tilly , correspondants. Classe des lettres. — MM. P. De Decker, vice -direc- teur; J. Roulez, M.-N.-J. Leclercq, le b"" J. de Witte, Ch. Faider, R. Chalon, Th. Juste, Félix Nève, Conscience, membres ; Nolet de Brauwere Van Steeland , associé. ( 130 ) AH heures, les membres des trois classes de l'Aca- démie étaient réunis sur l'estrade de la grande salle du Palais ducal. Au fond étaient placés les artistes de l'orches- tre du Conservatoire royal. M. Louis Galiait, directeur de la classe des beaux-arts, a pris place au bureau, ayant à sa droite M. Éd. Fétis, directeur pour 1872, à sa gauche M. Ad. Quetelet, secré- taire perpétuel, el M. le baron Kervyn de Lettenhove, Minisire de l'intérieur et membre de la classe des lettres de l'Académie. La séance a été ouverte par l'ouverture de Fidelio, de Beethoven, sous la direction de M. Bosselet, correspondant de la classe des beaux-arts et professeur au Conservatoire, exécutée par l'orchestre de cette institution. M. Galiait, accompagné des membres du bureau, a quitté ensuite la salle pour recevoir le Roi, dont on annonçait l'arrivée. A son entrée dans la loge royale, Sa Majesté a été ac- cueillie par les acclamations de l'assemblée; Elle était accompagnée de M. le lieutenant général Dupont, aide de camp, et de MM. le major Nicaise el les capitaines baron Van Rode et baron d'Anetban, officiers d'ordonnance. M. Galiait a prononcé le discours suivant : « Messieurs, » Un objet digne du plus vif intérêt, des plus ardentes affections nous rassemble aujourd'hui. Est-il nécessaire d'ajouter que c'est de l'art qu'il s'agit? Il n'y a que les déshérités du côté de rinlelligence et du côté du cœur qui n'aient pas ressenti la profonde influence de ce puissant agent des impressions humaines. ( 131 ) » N'ayons pas d'amères paroles pour ceux qui ne pro- fessent pas le culte des beaux-arts, qui méconnaissent leurs souveraines beautés, leur souveraine puissance. Plaignons- les : ils ne savent pas de quelles jouissances les prive l'in- fériorité de leur organisation. » L'art est notre joie ou notre consolation, selon les circonstances de la vie où nous place l'inconstante fortune. Une femme du plus noble caractère, aussi admirable par sa résignation dans le malheur qu'elle l'avait été par ses vertus dans la prospérité, la reine Amélie, disait un jour à Scheffer, en lui montrant, à Londres , un de ses tableaux représentant sainte Monique et saint Augustin qu'elle avait emporté dans son exil : « Combien je dois vous re- » mercier d'avoir fait pour moi cette œuvre empreinte de » tant de sentiments! Toutes les fois que je l'ai consi- » dérée,ye me sens meilleure. » » Cette parole, qui nous a été répétée par celui à qui elle a été dite, nous l'invoquerions, s'il en était besoin, comme un témoignage de l'action morale et civilisatrice des beaux -arts. Oui, les impressions qu'ils nous font éprouver nous rendent meilleurs. Bien coupables sont donc, vis-à-vis de la société, les gouvernements qui ne font pas en sorte que ces impressions soient accessibles à toutes les classes. » C'est de nos jours, surtout, que l'art a le pouvoir d'accomplir cette grande mission du j)erfectionnement moral des masses. C'est par l'expression des sentiments humains, dont ne s'occupaient que secondairement les anciens maîtres, si grands par d'antres mérites, que les artistes de l'époque actuelle ont la faculté de s'élever jus- qu'à ce noble but. » Admettre ce principe , c'est proclamer la liberté da)is ( 132 ) Vart. Il n'y a plus de systèmes exclusifs, de sujets recom- mandés ou proscrits : des horizons immenses s'ouvrent aux inspirations et aux observations de l'artiste. Qu'il lire ses sujets de l'histoire, de la tradition ou de la légende, ou bien encore du livre toujours ouvert des scènes fami- lières; qu'il fasse revivre !e passé par cette force d'intui- tion qui est le propre du génie, ou qu'il fixe, pour les générations futures, les vivantes images du présent, peu importe. Il est libre, complètement libre, pourvu qu'il fasse vibrer dans nos âmes une des cordes, n'importe la- quelle , qui répondent aux notes du clavier des sentiments humains. » Sur le terrain de l'expression, tous les systèmes se rencontrent et se donnent la main : ou, pour mieux dirci il n'y a plus de systèmes, il n'y a que la recherche du vrai qui se confond avec le beau, car on peut dire que, jusqu'à un certain point, toute vérité est belle dans le domaine de l'expression. » l.a beauté pure est rare; n'accorder qu'à elle seule le droit de figurer dans les œuvres d'art, c'est refuser injus- tement l'honneur de la représentation picturale ou plas- tique à une foule de types que la nature n'a pas créés en vue de cette exclusion; c'est priver les artistes des im- menses ressources qu'ils trouvent dans la variété des modèles ! A Dieu ne plaise cependant que je veuille plaider ici la cause de la laideur pu^^e, qui a trouvé des défenseurs plus intéressés que convaincus, il est permis de le croire; c'est de la laideur modifiée, transfigurée par l'expression, que je prends la défense. Il n'y a pas de physionomie si rude, si disgracieuse, si vulgaire qu'on la suppose, qui ne devienne belle , à un moment donné, sous l'influence d'un sentiment vivement ressenti. C'est ce moment qu'il faut ( 155 ) saisir; c'est l'expression fiigilive qu'il faut (ixer par le prestige de l'art. Les œuvres des anciens niailres nous offrent assez d'exemples du pouvoir qui est donné à l'art de tout ennoblir, de tout embellir, en restant lidèle à la vérité, à la nature. » Où sont les modèles pour les innombrables nuances d'expression que peuvent faire naître tous les incidents de la vie sociale? Ils nous entourent; nous les trouvons par- tout où nous dirigeons nos pas; il ne s'agit que d'ouvrir ses yeux pour les voir et d'ouvrir son esprit pour les étudier. » Tous les jours, lorsqu'on parcourt les lieux que fré- quente la foule, on passe devant ces précieux modèles sans les apercevoir. Un accident arrive, dont le hasard vous rend témoin. Vous êtes peintre et, comme tout le monde, c'est sur l'accident même qu'une curiosité banale vous porte à fixer votre attention! Vous avez tort; ce sont les témoins de la scène que vous devez examiner, pour voir comment ils sont impressionnés et de quelle manière les sentiments qu'ils éprouvent se traduisent sur leur physio- nomie. » Cette étude constante de la nature vivante est indis- pensable aux peintres et aux statuaires, quels que soient les sujets qu'ils traitent. Ceux qui s'attachent à la repré- sentation des épisodes de l'histoire ancienne, religieuse ou profane, en retireront eux-mêmes de grands fruits, car la manifestation des sentiments humains par les mouvements ûe la physionomie n'est point particulière à une époque ; elle est de tous les temps. L'expression est ce qu'il y a de plus caractéristique dans la nature humaine; elle constitue le vrai, le bon réalisme. On ne nous intéresse guère Mar la seule représentation des costumes et des ameublements des temps anciens, qui forment la partie principale de cer- ( \U ) lains lahleaux où les (igures ne sont que l'accessoire, ils se trompent singulièrement, ceux qui pensent qu'on retrace l'image de la société moderne, parce qu'on reproduit des personnages richement ajustés et entourés des produits du luxe industriel de notre temps. D'une autre part, rien de moins conforme à la nature que les types des classes populaires qu'on réunit dans de prétendues compositions, sans les faire participer à aucune action qui puisse nous initier à la connaissance de leurs mœurs. Que les vête- ments soient de velours, de suie ou de bure; qu'ils aient l'aspect de la richesse ou celui de la pauvreté, ils n'ont rien par eux-mêmes qui pique notre curiosité, qui excite notre intérêt. Ce qu'il faut, c'est que ceux qui en sont revêtus pensent et agissent et que leurs physionomies trahissent les sentiments qu'ils éprouvent. L'homme sans expression est celui qui a posé devant le peintre ; ce n'est pas celui que l'artiste prend au milieu des incidents de la vie réelle. » Ou n'arrive à la vérité de l'expression que par la com- binaison de l'idéal et du réel, de ces deux principes qu'on a le tort de regarder comme inconciliables. L'artiste ne peut pas inventer l'expression qui répond à tel ou tel sen- timent; il est de toute nécessité qu'il l'ail observée dans la nature : voilà la part du réel. Mais celte expression est ra- pide, fugitive; elle ne pose pas complaisamment devant l'artiste; il faut qu'il la saisisse au passage et la fixe dans sa mémoire pour l'employer à l'occasion. Elle s'est pré- sentée à lui comme un fait; elle reste dans son souvenir comme l'idée du jeu de physionomie par lequel se traduit extérieurement un mouvement de l'àme humaine : loilà la part de l'idéal. » La nécessité de l'intervention de l'idéal jusque dans la représentation des objets matériels de la nature est dé- ( 138 ) montrée par les œuvres des grands paysagistes. Analyse- t-on le site dont ils ont lait le portrait, s'il est permis de s'exprimer ainsi? On n'y remarque rien de frappant, soit sous le rapport des objets pris séparément, soit sous celui de leur groupement. Cependant l'aspect en est saisissant. Pourquoi? C'est grâce au prestige d'un jeu de lumière, qui crée l'illusion du mouvement et de la vie. Ruysdacl, Rembrandt, Claude Lorrain ont multiplié les témoignages de cette puissance de l'art et du génie humain. Il n'est pas de site si morne, si désolé, qu'un de ces magicpies rayons ne vienne parfois transformer. Peut-être n'y aura-l-il qu'un moment dans la journée, dans le mois, dans l'année oi!i cet effet se sera produit : il faut que l'artiste l'ait saisi, comme il saisit l'expression sur la physionomie humaine, et qu'il en conserve l'impression pour la faire passer dans son œuvre. » Si l'on admet comme indispensable, pour la produc- tion de l'œuvre d'art, le concours de l'observation et (Je l'imagination; de la nature qui fournit les modèles et du génie qui en reproduit les traits vraiment caractéristiques, tous les préjugés dont on s'arme pour d'interminables dis- cussions disparaîtront; il n'y aura plus (Tidéalisme ni de réalisme absolus , il n'y aura plus d'antagonisme, de sys- tèmes et d'écoles. Il y aura un art universel fondé sur la vérité. » Ce sera beaucoup, mais ce ne sera pas tout. Les ar- tistes auront fait leur devoir; il restera aux gouvernements à faire le leur. A quoi servira qu'il y ait de beaux tableaux et des statues excellentes, si l'on ne prend pas le soin de mettre les populations en contact avec ces objets dont la vue habituelle exercerait une si grande et si salutaire in- fluence sur leur développement moral ? Il faut bien le dire, ( i36 ) toutes les institutions publiques ayant l'art pour objet sont en soulTrance chez nous. Les artistes n'ont pas même ob- tenu qu'on leur donnât un local convenable pour les expo- sitions périodiques de leurs œuvres. Il y avait bien des monuments à élever dans la capitale : on a commencé par le Palais de justice et l'on a bien fait, car c'est là la vraie maison commune, celle du riche et du pauvre, des classes privilégiées et du peuple. Il était permis d'espérer qu'on s'occuperait ensuite du sanctuaire de l'art, dont la desti- nation est également de répondre à des aspirations géné- rales, sans distinction de castes ni de fortunes. On a mieux aimé ériger une Bourse, monument caractéristique des ten- dances de notre époque. Les exigences de l'agiotage pas- sent avant la satisfaction des besoins intellectuels. Espé- rons que les arts et les artistes auront leur tour. » N'est-ce pas aux arts et aux artistes d'autrefois que la Belgique est redevable de la considération dont elle jouit parmi les peuples des deux mondes? Allez à Anvers : là vous trouverez un monument que j'ose vous signaler comme le symbole d'une défense de la nationalité belge plus efficace que ne peuvent l'être des remparts armés de canons! Ce monument, c'est celui qui reproduit l'image de notre immorlel Rubens. Autour de cette grande figure, se groupent, dans les souvenirs qu'elle évoque, des cen- taines de maîtres fameux dont les œuvres sont l'objet de l'admiration et de la convoitise des amateurs de tous les pays. Qui de nous n'a éprouvé un juste sentiment d'orgueil , en visitant les grandes galeries de l'Europe, et en les voyant remplies des productions de cette école flamande dont les titres de gloire sont inscrits aux plus belles pages de l'histoire de l'art? » Je ne veux pas médire des forteresses, des engins de ( 137) guerre et de la science des slratégistes; mais je persiste à croire qu'une nation est mieux détendue par les légions d'hommes de génie qui lui ont fait un grand renom dans les sciences, dans les lettres et dans les arts, qu'elle ne saurait l'être par de nombreux bataillons, pourvus des armes les plus perfectionnées. On ne la craint pas pour sa force; mais on Vaime et on la respecte pour les services qu'elle a rendus à la civilisation, à l'humanité. » Il ne m'est pas possible de terminer sans donner un témoignage de profond et douloureux regret à la mémoire des collègues que la mort impitoyable a frappés coup sur coup à nos côtés. La classe des beaux-arts a été cruelle- ment éprouvée cet!e année. Un homme éminent que TEu- rope entière admire, Fétis, a été subitement enlevé aux travaux qui faisaient sa gloire et la nôtre. Bientôt après, nous perdions Hanssens et Soubre, qui faisaient tant d'honneur tous deux à l'école musicale belge. De plus compétents que moi, dans l'art où ils ont brillé, feront leur éloge: mais je dois et je veux dire ici que l'Académie portera longtemps leur deuil. » Après ce discours, qui, plusieurs fois, a provoqué de nombreux applaudissements, M. Quetelet , secrétaire per- pétuel, a proclamé en ces termes les résultats des con- cours : RÉSULTATS DES CONCOURS DE LA CLASSE POUR 1871. Un seul mémoire a été envoyé en réponse à la question concernant Vinfluence italienne sur Varchitecture aux Pays-Bas. La classe a décidé, dans sa séance du 7 de ce mois, 2°*' SÉRIE, TOME XXXII. H ( 138 ) que l'auteur, en envoyant son travail en plusieurs parties, sans tenir compte du délai fatal, s'est mépris sur les règles élablies; par suite FÂcadémic, obligée de faire exécuter les conditions du programme, ne peut juger une œuvre in- complète et accepter les parties subséquentes arrivées après celles remises dans le délai légal. La classe donc, pour sauvegarder les intérêts du con- current, remet la question au concours de l'année pro- chaine. HKSULTATS DU GRAND CONCOURS DE COMPOSITION MUSICALE DE 1871, OUVERT PAR LE GOUVERNEMENT. /PÊ'iae (tes cantates. D'après les propositions du jury chargé du choix du meilleur poëme français et du meilleur poëme llamand devant servir de thème aux concurrents pour la composition musicale, le prix pour les pièces françaises a été attribué à M. Clément Michaëls, littérateur à La Hulpe, auteur de la cantate iutitulée : Le Songe de Christophe Colomb. Le prix des pièces flamandes a été attribué à M. Franz Willems, littérateur à Anvers, auteur de la cantate inti- tulée : Zegetocht der dood op hef slagveld. Pt'iac pour la cotnposition mttsicate. Il résulte des opérations du jury chargé de juger le grand concours de composition musicale, que le premier prix a été décerné h. M. Guillaume De Mol, de Bruxelles. Le jury avait proposé de décerner un secoud prix à M. Emile Mathieu, de Louvain. Mais, en raison de la dis- tinction équivalente remportée par ce lauréat lors du con- (159) cours de 1869, M. le Ministre n'a pas cru devoir ralifier celte proposition et l'a remplacée par une allocation de 1,000 francs, destinée, avec les subsides de la province et de la commune, à aider M. Mathieu à se perfectionner dans son art, par des voyages à l'étranger. Une mention honorable a été votée, en partage, à MM. Alfred Tilman,de Saint-Josse-ten-Noode, et Edouard Blaes, de Gand. GRAND CONCOURS d' ARCHITECTURE DE 1871 , OUVERT PAR LE GOUVERNEMENT. D'après les résolutions du jury chargé de juger le grand concours d'architecture de cette année, le premier prix a été décerné à M. Ernest Dieltiens, de Grobbendonck. Le jury a proposé , en outre, M. Bonnet, de Tainlignies, pour le second prix. Comme M. Bonnet avait déjà obtenu un second prix au concours précédent, M. le Ministre de l'intérieur a pensé, à ce sujet, qu'il ne fallait pas permettre que le même élève remportât, dans deux concours successifs, la même distinc- tion secondaire. Il s'est, en conséquence, trouvé dans l'im- possibilité de ratifier la proposition du jury. Toutefois, eu égard à la déclaration du jury consistant à reconnaître la supériorité du concours dans son ensemble et à la recommandation spéciale dont le sieur Bonnet a été subsidiairement l'objet, M. le Ministre est disposé à accorder à ce concurrent une subvention annuelle de 1,000 francs, pendant deux années, afin de permettre à celui-ci d'aller se perfectionner dans son art à l'étranger, sous la condition que la province et la commune intéres- ( 140 ) sées interviendront, respectivement, de leur côté, par un subside, dans les frais de voyage du jeune artiste. Enfin, une mention honorable a été accordée à M. Louis Boonen , d'Anvers. Les lauréats ont eu l'honneur d'être présentés par M. le directeur de la classe au Roi, qui leur a adressé des félicitations et les plus sympathiques paroles. La procla- mation du nom de M. Guillaume De Mol , premier prix du grand concours de composition musicale, a été surtout l'objet d'une chaleureuse ovation. La scène lyrique avec chœurs Columbus' droom a été exécutée ensuite par l'orchestre du Conservatoire royal, la Société royale des Artisans réunis de Bruxelles et les élèves du Conservatoire. Le poème en langue française est dû à M. Clément Michaëls, lauréat du concours des cantates de 1871 , mais la musique a été composée sur la traduction flamande de ceîte pièce par M. E. Hiel. M. Guillaume De Mol a dirigé l'exécution de celte scène , dont la musique lui a valu le premier prix du grand con- cours de composition musicale de 1871. Les soli ont été chantés par M"" Blauwaerts et M. War- nots. Voici le poème français de M. Clément Michaèls : ( 141 ) LE SOHGE DE COLOMB. (PoëniedeM. Clément MIGHAËLS.) il : un monde est là.. niSToruE Coiojic.) PREMIERE PARTIE. Récitatif. Ils l'ont juré!... — Demain verra finir ma vie, Si le i)ut où je cours ne se montre à leurs yeuj... — Ce monde est là pourtant ; et mon âme ravie Le voit à l'horizon se lever radieux! — J'ai rêvé le triomphe, et près du port je somhre : Demain, j'aurai compté tous mes jours douloureux. — O nuit consolatrice, étends sur moi ton ombre, Et d'un songe enchanteur berce mes maux affreux ! Sommeil si doux, ma voix t'implore : Accorde une heure à mon repos ; Et que par loi je voie encore Un monde naître au sein des flots. — Charmes puissants de l'espérance. Pourquoi tromper mon triste cœur? ( 142 ) La froide main de la souffrance De tous mes jours fit un malheur. J'ai vainement cherché la gloire : Songe brillant, rêve trop beau, Tu disparais ,... et ma mémoire S'effacera dans le tombeau! — Désormais sur la terre, Où la vie est amère, Je n'attends que la mort... Adieu, gloire et patrie! Dans mon âme meurtrie Le doux espoir s'endort... ! (Il tombe accablé de douleur et ferme les ijeiix... Une suave mélodie se fait entendre et l'ange de l'espérance apparaît.) DEUXIEME PARTIE. l'ange de l'espérance. (Voix de femme.) Récitatif. Colomb, ferme les yeux : — pour calmer ta souffrance, Dors tranquille... — Un jour pur, pour toi, se lèvera : Cette terre nouvelle, où ton espoir s'élance, Demain ton regard la verra... Ai»' La trahison vainement t'environne, Et veut dans l'ombre armer tes matelots; Mais ne crains rien : — le succès qui couronne, Avec le jour brillera sur les flots... ( 143 ) Du sein de Tonde, Un nouveau monde Naîtra bientôt, pour te rendre à l'espoir! Vague écumante, Mer rugissante, De ton vainqueur reconnais le pouvoir! Par son génie, Force infinie. D'autres destins devant toi vont s'ouvrir : — Dieu favorise Son entreprise ; Et c'est à Dieu que tout doit obéir ! CHOEUR d'océanides, eiitourant le vaisscau. Colomb, lève ton front, pâli par la souffrance : Le soleil sur les flots se montre radieux... Regarde!... — Ton génie a vaincu l'ignorance : Le sol que tu cherchas apparaît à tes yeux ! l'ange de l'espérance. Colomb, l'esprit des eaux a guidé ton navire , Vers ce monde inconnu qui surgit devant toi... Tu marcheras demain sur ce sol qui t'attire : Dans sa nuit, tu l'as vu par les yeux de la foi! COLOMB (dans son rêve, à demi-voix). Au loin, 1 esprit des eaux a guide mon navire. Vers ce monde inconnu qui surgit devant moi... .le marcherai demain sur ce sol qui m'attire : Dans sa nuit, je l'ai vu par les yeux de la foi! ( 444 ) l'ange de l'espérance. La gloire pure et belle Pour toi rayonnera : Une palme immortelle Pour ton front verdira.... C'est en vain que l'envie Veut l'emporter sur toi : Le but où va ta vie Est marqué par la foi.... La gloire pure et belle Pour toi rayonnera : Une palme immortelle Pour ton front verdira ! COLOMB (à demi -voix). La gloire pure et belle Pour moi rayonnera : Une palme immortelle Pour mon front verdira... C'est en vain que l'envie Veut l'emporter sur moi : Le but où va ma vie Est marqué par la foi.... La gloire pure et belle Pour moi rayonnera : Une palme immortelle Pour mon front verdira ! LES OCEANIDES. La gloire pure et belle Pour toi rayonnera : Une palme immortelle Pour ton front verdira : (Le chœur se lait; — l'Espérance s'envole , le jour se lève, et Colomb se réveille.) TROISIEME PARTIE. Récitatif. Ah! quels sons enivrants ont charmé mon oreille? Quel spicndidc tableau s'est offert à mes yeux! — Mais c'était une erreur... — Tout est silencieux De mon rêve brillant s'efface la merveille... ( 145 ) CHOEUR DES MATELOTS. Colomb, le jour a lui! Colomb, tu vas mourir! Nos regards vainement ont cherche le rivage... — Notre esquif, battu par l'orage, Vers l'abîme semble courir... COLOMB. ( Près d'atteindre au succès, il me faut donc périr' LES MATELOTS. Pour foi , cette heure est la dernière ; Sous nos poignards, dis ta prière! Dieu, dont la main créa la terre. Je te bénis, je te révère; En ton pouvoir toujours j'espère; Et, sans trembler, j'attends mon sort... LES MATELOTS. Colomb, pour toi, la mort... — la mort! UNE VOIX. Terre! Terre! Arrêtez! COLOMB. A l'horizon immense ^ Voyez!... — Voyez ce sol, Par moi promis d'avance Au monarque espagnol! ( 146 ) MATELOTS ET OCEANIDES. Gloire à Colomb ! honneur à son génie ! H est l'orgueil de sa noble patrie! Que devant lui, qui subit "^ affronts. Avec respect s'inclinent tous les fronts? LAMGE DE L ESPERANCE. La gloire pure et belle, Colomb, brille pour toi : Une palme immorlclle Est le prix de ta loi ! La gloire pure et belle, Enfin, brille pour moi : Une palme immortelle Est le prix de ma foi !... MATELOTS ET OCEANIDES. La gloire pure et belle, Colomb, brille pour toi Une palme immortelle Est le prix de ta foi !... ( i^7 ) COLOMBUS' DROOH. (Traduction de M. E. flIEL. Mij legl hct geloof : Gin (CHRISTOFERO EERSTE DEEL. Recitatief. Het is beslist! .. Men doodt mij bij het zonnegloren Indien 't gezochte land niet glinstert in 't verschiel ! — Dit land is daar ! Ja daar wat roem is mij beschoreii, 0 mijne zielc plaant reeds ovcr 't nieuw gebied. Ik droomdc zegcpraal , en bij het doei verdwijn ik; 0 morgen schijnt voor mij een dag van helsche sniail . . . O nacht , gcheime nacht, sclienk rust, eer ik in pijn stik Voer hemeidroomen toe en stil 't gefolterd harl. 0 zoete siaap wii mij verhoorea , Vergun mij eene pooze rust .... Ik merk ginds in het ruini vcriorcn Een wereld door het licht gckusl î 0 schoone hoop, gij, tooverkrachk Waarom misleidl ge mijn geniocd? ( 148 ) Terwijl steeds met mijn pogen lachten Het ongeloof , de tegenspocd ! Ik zoek vergcefs om roem te vlnden.... Een schitterglans !... Doch als het kaf Verviicgt voor \ wild ge\\oel der windcn, Vergaat mijn naam ééns in het graf.... Wat kan ik nog verwerven? Hier zai ik doclloos sterven , Hier grijpt de dood mij fel ! Vaarwel, mijnland, mijn streven.... Ach , 'k moet den roem begcven 0 zoete hoop , vaarwel ! {Hij valt tieer door droefheid afgemat. Eeiie zachte melodij ruischt en de engel der hoop verschijnt.) TWEEDE UEEL. DE ENGEL DER HOOP. ( Vrouwcnstem.) Colombus sluimer zacht en laat de ziele rusten, Want morgen komt een dag voor u zoo schoon als hoog! Hetgeen gij angstig zoekt — de nieuwe wereldkusten, Ze rijzen morgen voor uw oog! Vergeefs wii u het dom verraad bespringen Het wapent 's nachts vergeefs der dvvazen hand... Neen, vrees niets, met den dag zal 't lustig klinken Den denker heil ! Daar is 't beloofde land ! ( 149 Een nieuwc wereltl Met glans onipercld, Klinil uit de zee en schcnkt u rocni en ccr ! En 't schuimend watcr Met gui gcschater Hei'iiaalt den zang dcr blijde nianschap weer : Heil aan den denker! Dcr scliatten schcnker! Die 't wijd gebied dcr mcnschcn nog vcrwijdt, Op zijne wcgcn Daalt 's Hccrcn zegcn God loont bel goedc en warc te allcntijd ! Okeanidenrei, hct vaarluig oniringende. Colombus hcf hct hoofd, vcrgrijsd door tergend zinncn , Daar gloort de zon ter zce... V'crdrijf thans schroom en schrik, En zict... uw gcest mocht domheid overwinncn, Hct land, waar gij naar zockt, verscliijnt voor uwen h!ik! DE ENGEL DER HOOP. Colombus, u gclcidt de goedc gccst der baren, Naar 't onbckendc land, u in den droom beloofd, En morgen wandelt gij met uwc blijde scharen Op dien verlangden grond.... omdat gij diep gelooft. COLOMBUS, droomcnd. Zoo ver heeft mij gelcidt de goedc geest der baren Naar 't onbekende land, mij in den droom beloofd, En morgen wandel ik met mijnc blijde scharen Op dien verlangden grond ... want Heer ik hcb geloofd ( 150 ) DE ENGEL DER HOOP. Voor u zal heerlik stralen De glorie rein en schoon , Zoo zal u\v werk behalen Eene immerfrissclie kroon. Daar zal vergecfs aan knagcn De nijd zijn zelfs ten hoon ! Ge zult liaar ceuwig dragen Uw edel doel ten loon. Voor u zal heerlik stralen De glorie rein en schoon , Zoo zal uw werk behalen Eene immerfrissche kroon. COLOMBUS, droomend. Voor mij zal heerlik stralen De glorie rein en schoon. Zoo zal mijn werk behalen Eene immerfrissche kroon ! Daar zal vergeefs aan knagen De nijd zijn zclfs ten hoon ! Ik zal haar eeuwig dragen Mijn edel doel ten loon. Voor mij zal heerlik stralen De glorie rein en schoon, Zoo zal mijn werk behalen Eene immerfrissche kroon ! OKEANIDENREl V^oor hem zal heerlik stralen De glorie rein en schoon , Zoo zal zijn werk behalen Eene immerfrissche kroon! Poozf Het dangl; Colombim ontwaakt. DERDE DEEL. Kecitaiief. 0 welk een hcraelzang bekoorde mijne ziele! Welk prachtig toovcrstrand verschccn voor mijn gezicht, "t Was dwaling! — 0 de dag komt mijn geluk vernielen.. Hoe stil .. . terwijl de nacht met mijne droomen zwicht ! ( 131 ) MATHOZENREI. Colombus "t licht is dacr! Colombus gij zult slcrvcn, Vergeefs zockt ons gezicht hct langbeloofdo slrand.... 0ns schip door stormen aangcrand Schijntmct den dood le zwerven ! COLOMBUS. Woe !... bij de zcgepraal, moct ik het leveii dervoii ! MATROZENREI. Uw laatste stond is aangekonien , Bid vôôr u 't leven wordt ontnomen.,.. God! Schepper ! dricmaal heilig Wczen . (iij , in der ccuwigheid geprezen, 'k Vertrouw op U en zonder vreezen , Wacht ik mijn lot in dezen nood! MATROZENREI. Colombus , woc ! ter dood ! ter dood ! EENE STEM. Land ! land ! land ! 0 ginds in 't blauwc verre. Ziet! ziel!... het prachtig toovorstrand Hct glinstcrt als de heldre sterre Des roems, — voor u, mijn vaderland! ( 152 ) MATROZËN EN OKEANIDENREI Colombus heil! Ja heil, dcn stoulcn denker, Zijns landes rocm , den eedlen wcreldschenker ! Matrozeii. Wij die hem smaadden buigen voor hcni OkecDiiden. Gi], die hem smaaddet buigt nu voor hem En wereld meldt zijn' roem, zijn' dcugd en eer! DE ENGEL DER HOOP. Hij niocht door 't werk behaleu Eene immerfrissche kroon ! Voor hem zal eeuwig stralen De glorie rein en schoon. COLOMBUS. Ik mocht door 't werk behalen Eene immerfrissche kroon ! Voor mij zal eeuwig stralen De glorie rein en schoon. MATROZEN EN OKEANIDENREI. Hij mocht door 't werk behale Eene immerfrissche kroon I Voor hem zal eeuwig stralen De glorie rein en schoon ! L'œuvre de M. Guillaume De Mol a été couverte d'ap- plaudissements. Après l'exécution , M. le directeur de la classe a conduit M. Guillaume De Mol auprès du Roi, qui a témoigné au jeune compositeur toute sa satisfaction et l'a félicité d'un succès si justement mérité. De nouvelles acclamations se sont fait entendre à la sortie de Sa Majesté, qui a été reconduite avec le même cérémonial qu'à son arrivée. La solennité était terminée à midi et demi. ( 1^5 ) CLASSE DES SCIENCES. Séance du ii octobre 187 i. M. J.-S. Stas, directeur. M. Ad. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, B.-C. Du Mortier, L. de Koiiinck, P. Van Beneden, Edm. de Seiys Longchamps, le vicomte B. Du Bus, H. Nyst, Gluge, Mcisens, J. Liagre, F. Duprez, G. Dewaique, Ern. Quelelet, M. Gloesener, A. Spring, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steiclien, membres; Théodore Schwann, Eug. Catalan, Ph. Gilbert, associes; Éd. Mor- ren, C. Malaise, Éd. Maiily, Âlb. Briart, Éd. Van Be- neden, J. De Tilly, correspondants. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur adresse, pour la biblio- thèque de l'Académie, différents ouvrages qui seront mentionnés au bulletin de la séance. — La Société des sciences de Lille, la Société d'émula- tion de Cambrai, la fondation Teyier, à Harlem, la So- ciété des sciences de Middelbourg, la Société des sciences 2*"" SÉRIE, TOME XXXII. 12 ( \U ) (le Haiiom, M. Darwin, associé à Londres, la Société plii- losophiqiic de Cilascow, rObscrvatoire d'Oxford , la Société cntomologiqnc de Londres, le bureau de statistique de Hambourg, rAcadémie des sciences de Saint-Pétersbourg, la Société géographique de la même ville, la Société phi- losophique de Philadelphie et riiarvard-College, à Cam- bridge (M'"), remercient pour le dernier envoi de publica- tions académiques. Diverses de ces sociétés ont fait accompagner leurs let- tres de remcrcîments de leurs récents travaux, — La Société géologique de France, à Paris, promet de compléter la série de ses mémoires que possède l'Aca- démie. — M. C. AL^Iaise, correspondant, communique une note sur un bolide aperçu près de Floreffe (Hainaut), le 11 septembre dernier. — M. Cl). Montigny offre un exemplaire du discours qu'il a prononcé à la distribution des prix de l'athénée royal de Bruxelles, le 15 août 1871, et M. Ch. Morrcn un exem- plaire de sa notice sur le Ctjlisus x. jmrpureiiin Inburnum. Des remercîmenls sont votés aux auteurs de ces dons. ^ La classe reçoit en dépôt deux billets cachetés, l'un de M. Éd. Van Beneden, l'autre de M. G. Vander Mens- brugghe. Ces plis sont contre-signes par MM. le directeur et le secrétaire perpétuel. — Les travaux manuscrits suivants seront examinés par des commissaires : 1" Recherches sur quelques, produits indéfinis, par M. E. Catalan. — Commissaires : MM. Liagre et Gilbert; . ( i55 ) 2" Note sur le roulement des rouleaux et des roues sur nn plan d'appui, par M. J.-M. De Tiily. — Commissaires : MM. Steichen et Folie; 5" Notes sur les tremblements de terre en ^S69, arec suppléments pour les années antérieures de IS45 à 1868 (vingt-septième relevé annuel), par ]\I. Alexis Perrey. — Commissaires : MxM. Ad. Qaetelet et Mailly; 4" Noie sur la question de savoir de quelle manière nous acquérons par la vue la connaissance des corps, par M. Albert Verslraele. — Commissaire : M. Liagre; 5" Rechcrclies sur les minéraux belges (2' notice), par M. Lucien de Koninck. — Commissaires : MM. Melsenset Donny. — M. Ad. Quetelet présente à la classe une notice qu'il vient de terminer sur la vie et les travaux de sir John Herschel, principalement sous le rapport de ses relations avec l'Académie. Cette notice figurera dans le prochain Annuaire, et, en raison de l'intérêt qu'elle comporte, la classe, par l'organe de son directeur, demande à M. Quetelet d'en donner lecture à la prochaine séance publique. Ce pro- gramme commencera par une allocution que M. d'Omalius a déjà promise pour cette solennité. — M. le secrétaire perpétuel a fait ensuite un appel à ses confrères au sujet des notices promises pour V Annuaire de 1872, qui doit être imprimé avant le 15 décembre pro- chain. M. Candèze fera la notice sur feu Lacordaire, et M. Malaise promet de remettre bientôt la notice sur l'abbé Coemans. ( 156 ) RAPPORTS. MM. Ph. Gilbert et Eug. Catalan ont donné lecture de leurs rapports sur le travail de M. F. Folie, concernant les Fondements iVnne géométrie supérieure cartésienne. La classe décide le renvoi de ces rapports à l'auteur, afin de connaître son avis. Elle prendra ultérieurement une décision sur Fimpression du travail. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. le secrétaire perpétuel met sous les yeux de ses con- frères différentes pièces qui lui ont été transmises pour être déposées dans les collections de la Compagnie. La première est offerte par M. Airy, président de la So- ciété royale de Londres et directeur de l'Observatoire royal de Greenwich, l'un des associés de l'Académie. C'est un exemplaire de la Carte magnétique de Halley, qui vient d'être reproduite par la pbotolitbographie (septembre 1870) avec la permission du Pyritish Muséum. Elle est faite, comme l'indique l'exemplaire nouveau, d'après la carte originale. La grandeur de la carte déposée au Musée de Londres est de 48 pouces de longueur sur 20 '/2 pouces de hauteur. Elle porte pour inscription les mots : A new and correct sea Chart of tJie whole world showing the va- riations of the compass as t/ie/j were found in the ycar MDCC. — M. Cb. Delaunay, directeur de l'Observatoire de ( 137 ) Paris, a l'ail parvenir, de son côlé, une carie remarquable de TA lias physique de la France, qui s'achève en ce mo- ment, carie à laquelle il désire associer les pays voisins, « J'ai riionncur, écrit-il à M. Quelelcl, de vous adresser, par le courrier de ce jour, un exemplaire de la première carte de l'Atlas physique de la France et des pays envi- ronnants, publié par l'Observatoire de Paris. Celte carte, en quelque sorte préliminaire, est destinée à l'étude des questions d'hydrographie qui y sont indiquées, concur- remment avec une carte semblable à l'échelle du huit cent millième, dont la feuille comprenant la Belgique vous sera prochainement adressée. L'Observatoire sera reconnais- sant de l'examen que nos honorables correspondants et collaborateurs voudront bien faire de ces deux cartes et des corrections qui nous seraient proposées. » Nous serions heureux si une réunion de savants de chacun des pays sur lesquels s'étend noire cadre voulait bien concourir, pour ces contrées, k l'exécution du pro- gramme que nous avons inditjué d'une manière sommaire, en laissant au temps le soin de le développer d'une ma- nière complète... » — M. Quetelet présente aussi à la classe, de la part de M. Chasies, l'un des associés étrangers de l'Académie qui ont le plus contribué à ses travaux, un exemplaire imprimé du Rapport sur les progrès de la géométrie. Cette publication a été faite sous les auspices du ministère de l'instruction publique, comme partie d'une série des travaux « destinés à former une sorte d'exposition de la France littéraire et scientifique. » Les hommes les plus éminents dans chaque spécialité ont constaté les progrès accomplis et les résultats obtenus depuis vingt-cinq ans par un incessant travail intellectuel dans toutes les branches (m) du savoir humain. C'est un arrôlé de ia situation qui dé- termine, à la fois, ce qui a été lait et ce qui reste à l'aire. Le travail de M. Cliasles est certainement un des ou- vrages les plus remarquables de ce genre qui aient été publiés dans ces derniers temps : il met parfaitement au courant de tous les travaux de géométrie faits en France depuis le commencement de ce siècle. Le but de l'auteur n'était que de publier l'aperçu des travaux de son pays, mais il fait des excursions nombreuses dans les contrées voisines appartenant à ces localités : pour signaler en même temps plusieurs travaux remarquables; il n'a pas cru devoir séparer les nationalités avec trop de rigueur. On doit lui savoir gré d'avoir jeté les yeux sur les pays environnant la France, qui toujours, cependant, d'après les vues du gouvernement, conserve le point central. On conviendra sans peine que l'école de géométrie a gardé une très-haute position en France, et que la plume de M, Chasies semblait appelée de préférence à énumérer et à faire valoir toutes les richesses acquises pendant le demi-siècle qui vient de s'achever , malgré les pertes nombreuses que les sciences ont faites dans ces derniers temps , dans tous les pays en général. D'un moyen de mesurer directement la distance des\centres du soleil et de Vénus, pendant les passages de celte pla- nète; par J.-C. Houzeau, membre de l'Académie. Kingston (Jamaïque), 22 août 1871. Je demande h la classe la permission d'appeler par quel- ques mots l'attention des astronomes sur un sujet qui ne paraît pas indigne d'intérêt. Je vais indiquer un moyen pratique et simple de déterminer directement, pendant les ( 1^9) passages de Vénus sur le soleil, la distance entre les cen- tres des dcnx disques, comme si ces centres étaient mar- qués sur les images, et comme on prendrait la distance entre les deux composantes d'une étoile double. On pourra de cette manière réunir, pendant la durée du passage, des centaines de distances, qui auront le mérite d'être indé- pendantes des demi-diamètres et de toute donnée connexe. Ces mesures, discutées par la méthode des moindres car- rés, donneront la corde avec une précision extrême. Aucun astronome ne conteste la nécessité d'employer, lors du prochain passage de Vénus, des moyens diirérenls de ceux de 1761 et 1769, puisque les observations de cette époque ont été clairement insuffisantes. Il est assez pi- quant, en effet, (jue la méthode qu'on avait proclamée comme la plus sûre ait donné des résultats qu'il a fallu, en définitive, rejeter de la science. On sait que les pas- sages devenus du siècle dernier ont fourni, malgré la discussion la plus soigneuse, des parallaxes qui non-seu- lement ne s'accordent pas entre elles, mais qui toutes les deux sont manifestement trop faibles. La valeur provisoire qu'on adopte aujourd'hui repose non sur cette méthode dont on avait prôné l'exactitude supérieure, mais sur le calcul d'autres phénomènes qui semblaient beaucoup moins avantageux. Ainsi l'expérience enseigne qu'il faut, cette fois, prendre une marche un peu diff'érentc, et que les simples observa- tions d'entrée et de sortie sont des données trop isolées et forcément trop peu nombreuses. Pendant les six à sept heures que doit durer le prochain passage, il y a d'autres observations à faire, d'autres mesures à prendre que deux contacts toujours difficiles à bien observer et toujours in- certains. Tout le monde accorde qu'il serait important de prendre ( 160 ) avec l'hélioniètre , ou avec le micromètre lilaire,des dis- tances entre les bords des disques, d'où l'on conclurait ensuite celles des centres. Mais ce moyen est bien inférieur à celui qui consisterait à prendre directement les distances de centre à centre, comme si ceux-ci étaient marqués par les pointes d'un compas. En effet, quand on mesure la distance entre les bords, il faut, pour en déduire la dis- tance des centres, faire une hypothèse sur les demi-dia- mètres. La moindre inexactitude dans les valeurs que l'on adopte influe sur la parallaxe déduite, qui n'est plus à l'abri d'objections. Ou bien, si l'on veut éliminer les demi- diamètres, il faut prendre chaque fois un ensemble de quatre mesures, deux distances internes et deux externes, ce qui multiplie le travail et diminue, par conséquent, le nombre des résultats individuels. On est obligé, en même temps, de déterminer, outre l'élément cherché (la paral- laxe), deux éléments connexes (les demi-diamètres des deux astres), et ceux-ci viennent affecter cette parallaxe d'une partie de l'erreur dont ils restent entachés. Mais supposons que la lunette où l'on observe soit un héliomètre à images inégales, c'est-à-dire qu'on voie, outre une image principale, une autre image du soleil beaucoup plus petite, réduite aux dimensions de la tache noire que dessine Vénus ou même un peu moins. On pourra centrer ce petit soleil sur la tache noire au moyen de la vis micro- métrique. Cette opération sera toujours sûre, puisque les deux disques sont bien circulaires (sans aplatissement sensible), et qu'il est facile de superposer avec une exac- titude extrême deux cercles presque égaux, dont l'exté- rieur déborde d'une quantité aussi petite que l'on veut. Ce procédé constituerait bien réellement une mesure directe de centre à centre. Or, pour obtenir ces deux images de dimensions iné- ( m ) gales, il suffit (l'apporter une légère modification à l'iié- lionièlrc ordinaire. Il suffît que les deux demi-objeclifs aient des longueurs focales différentes. Ainsi lors du pas- sage de décembre 1874, le diamètre de Vénus sur le soleil sera à très-peu près de 64". Celui du soleil sera de 1955" environ. Divisons 19o5 paroi , le quotient sera 63. C'est- à-dire que si le moindre grossissement est 51 fois inférieur au grossissement principal, le disque entier du soleil pa- raîtra, par la petite image, de 65" de diamètre à l'éclielle de l'autre. Par conséquent, en centrant ce i)elit soleil sur le disque de Vénus dans la grande image, il resterait un anneau noir large de | " (sous le grossissement employé). Rien n'empêcherait d'ailleurs de donner à cet anneau une largeur plus ou moins grande. Comme les grossissements, l'oculaire restant le même, sont proportionnels aux longueurs focales des objectifs, une lunette de 2 mètres de longueur, par exemple, aurait son second demi-objectif à 6^ centimètres du foyer, ce qui ne donne lieu à aucune objection au point de \ue pra- tique. L'instrument ressemblerait à une lunette armée de son chercheur, avec cette différence que les objectifs se- raient coupés (leurs sections dans un même plan), et, de plus, que l'appareil n'aurait, comme Théliomètre, qu'un seul oculaire pour regarderies deux images focales. !l est seulement nécessaire d'effectuer toujours la superposition dans la même partie du champ de la lunette, au centre, par exemple, qu'on pourra marquer à cet effet par une croisée de fils. Il en est ici comme du micromètre filaire, avec lequel on doit aussi maintenir l'étoile sous le (il pcii- dant qu'on prend sa distance à l'étoile voisine. Afin de conserver plus facilement les images sous la croisée, il serait donc désirable que l'héliomètre dont nous parlons ( m ) lïU pourvu, comme beaucoup de lunettes à micromètre, d'un moteur parallactique. Une croisée de quatre fils, embrassant à peu près les dimensions du petit soleil, comme ) on le voit dans la figure ci- contre, serait un excellent guide dans les ob- servations proposées. Le procédé que nous venons de dé- crire ne s'oppose pas d'ailleurs à l'emploi de très-forts grossissements, si on les juge désirables. Car il n'est pas nécessaire d'avoir dans le champ le grand soleil tout en- tier : il suffit d'y voir Vénus et la partie avoisinante du disque solaire. Le petit soleil viendra se poser, parle mou- vement de la vis, sur la grande image de la planète. La figure 1 de la planche ci-jointe représente le soleil et Vénus dans leurs proportions réelles. La figure 2 offre les deux images tout à fait séparées, avec les quatre cen- tres dans un même alignement, comme si Ton se prépa- rait à l'observation. Dans la figure o, la petite image du soleil est centrée sur la tache noire. Enfin la figure 4 montre la petite image empiétant sur Vénus, mais n'étant pas centrée encore. Pourra-t-on distinguer la petite image du soleil sur la grande? A la rigueur, cela ne serait pas absolument néces- saire, puisqu'il suffirait de voir le petit soleil quand il empiète sur la tache noire formée par Vénus. La distance des centres serait toujours assez bien connue d'avance pour amener un centrage imparfait qu'il ne resterait plus qu'à corriger, comme on prépare un sextant en le mettant d'avance à l'ouverture approchée. Mais on ne peut douter que le petit soleil ne se voie sur le grand comme une facule, puisque l'éclat spécifique serait (ol)2 ou près de ( 1«3 ) mille fois pins grand que celui de Tini^ige l'orlemeut grossie. Je suppose ici que les ouvertures des deux demi- objectifs sont égales. Si le diamètre de l'objectif donnant la petite image clail seulement ^ de l'objectif à long foyer, le premier de ces verres réunirait cent fois moins de lu- mière; mais l'image focale étant moins amplifiée, le petit soleil serait encore spéciliquement près de dix fois plus brillant que le grand. Enfin je ferai remarquer en terminant qu'il ne serait pas bien difficile de transformer un béliomètre ordinaire, déjà construit, en héliomètre à grossissements inégaux, adapté à celle méthode. ( 164 : image. /TN Fîg.Z. Un Sirénien nouveau du terrain rupelien; notice par M. P.-J. Van Beneden, membre de l'Académie. Pendant l'impression de mon mémoire sur les Sqiialo- dons, en 1865, je visitai le cabinet si intéressant de M. Bos- quet à Maestricbt, et je reconnus avec surprise parmi des débris d'ossements provenant d'Elsloo, des dents de Squa- lodon et des os de Halitherium. A Anvers et en Gueidre, ( <65 ) il n'y a pas de Célacé herbivore à côté des Squalodons, disais-je dans mon mémoire , et j'ajoutais en note : Je crois avoir reconnu ce Sirénien à Elsloo près de MaestrichI , dans le Doldéricn. C'était la première fois qu'on soupçonna l'existence d'un cétacé herbivore en Belgique, et je ne sais si l'on en a signalé des débris à cette latitude septentrionale. Ce soupçon reposait sur un fragment de côte, et l'on sait que les côtes de ces animaux ne peuvent pas facilement se confondre avec les côtes d'autres mammifères. Peu de temps après , M. le vicomte B. Du Bus fit une communication fort intéressante à l'Académie sur la pré- sence d'un animal de ce genre dans l'argile de Boom (î). Le docteur Van Raemdonck, si favorablement connu de l'Académie par ses intéressantes communications sur les ossements fossiles et par ses longues et laborieuses reclier- ches sur la vie de Yerheyen et de Mercator, le docteur Van Raemdonck, dis-je, m'envoya dernièrement, à titre de don personnel, toute sa collection paléonlologique; parmi les nombreuses vertèbres de Ziphius et de Plésiocetes, se trouvaient une forme particulière de crâne et une suite de vertèbres caudales qui n'appartenaient pas à de véritables Cétacés. C'étaient des restes d'un animal Sirénien. C'est la description de ces débris que nous avons l'hon- neur de communiquer : ils consistent en une partie de la boîte crânienne, une vertèbre dorsale et une série de sept vertèbres caudales dont nous figurons la plus grande et la plus complète. Nous y joignons quelques observations sur la présence d'une côte cervicale et les dents incisives (1) Bulletin de V Académie royale de Belgique, séance du 4 juillet 186S. ( 166 ) (l'un Dugong Lamantin. inférieures d'un Dugong, l'os du bassin et l'os nasal d'un Jamais portion de crâne n'a présenté autant de difficultés pour être reconnue, que la portion de boîte crânienne de cet animal, qui était mêlée avec divers ossements de Cétacés. Que l'on jette les yeux sur la figure 1, et l'on s'en assurera aisément. La difficulté ne serait pas moins grande en la figurant peu importe de quel côté. On n'est même guère plus avancé en étudiant la pièce en main. Nous nous sommes trouvés au musée du collège royal des chirurgiens, MM. les professeurs Huxley, Paul Gervais, Flower, le savant directeur de cette admirable collection, et moi, sans pouvoir nous décider pour une détermination quelconque, quand, à la fin, frappé de l'apparence d'une suture, je me rendis brusquement du côté de la galerie où se trouvent les Siréniens, et je revins avec la pièce homo- logue en main à l'appui de ma supposition : la suture m'avait mis sur la voie. Voici la description de cette pièce curieuse : C'est la partie supérieure et latérale de la boîte crâ- nienne; sur le côté, dans quelques endroits, la surface des os est intacte; dans d'autres endroits, la surface est irrégu- lière et corrodée par le temps et le frottement. Ce qui con- tribue surtout à faire méconnaître la nature de cette por- tion crânienne, c'est l'énorme épaisseur des parois et la destruction du tissu osseux entre les lames osseuses. La disparition de ce tissu osseux forme une cavité dans la- quelle on croit retrouver la cavité crânienne. Mais le trou occipital, que l'on reconnaît à l'entrée par une surface plus ou moins unie, ce trou occipital, au lieu de conduire dans cette cavité, conduit, au contraire, en dessous, de telle manière que, en suivant le trou occipital, ce que l'on pre- ( 107) iiail jioiir le palais devient la face supérieure de !a boite cràiiiemie. Presque toute la partie conservée appartient à loccipital. On ne voit de suture nulle part, si ce n'est sur le côté en arrière, et c'est là ce qui nous a fait reconnaître cet os. Sur le côté et en dehors, à gauche surtout, on dis- lingue le bord de Toccipital et au delà de ce bord une por- tion notable du temporal qui forme tout l'angle postérieur et externe. Si nous comparons cet occipital avec celui des Dugongs, nous trouvons, indépendamment de Ténorme différence d'épaisseur, qu'au lieu de s'élever verticalement, cet occi- pital est couché horizontalement, et, au lieu d'être plus long que large, il est, au contraire, au moins deux fois aussi large que long. Il en résulte que cet animal devait avoir une physio- nomie toute différente des Siréniens connus, des vivants comme des fossiles. Aussi, si nous nous en rapportons aux Siréniens connus, c'est des Slcllèrcs plus que des Ilaiithe- rhims qu'il se rapproche par la conformation du crûne. Devons-nous voir dans l'énorme épaisseur des parois crâniennes un caractère ou une disposition individuelle? Nous avons trouvé avec le fragment de crâne précédent luiit vertèbres qui portent la plupart tout le cachet des ver- tèbres de Sirénien ; les apophyses transverses ont une lon- gueur plus grande que le corps des vertèbres, et leur largeur est à peine inférieure à leur diamètre antéro- postérieur. La vertèbre la plus intéressante est une des dernières dorsales , fig. 2 de la planche ; mais ce qui frappe surtout quand on la compare avec celles des autres Siréniens, c'est l'énorme épaisseur et la solidité de l'arc neural et des apophyses articulaires. Cette vertèbre ressemble, sous ce rapport, plus à celle des Phoques qu'à celle des Siréniens. ( m) I.e corps est arrondi en dessous el non caréné; on voit la surface articulaire double de la côte et une surface arti- culaire fortement accentuée pour la zygapophysc. L'apo- physe épineuse est peu élevée. En regardant cette vertèbre de face, on est frappé de l'épaisseur de l'arc neural et du peu de place qu'occupe le canal vertébral qui loge la moelle épinière. La vertèbre suivante, que nous représentons également, fig. 3 de la planche, est une première caudale dont l'apo- physe transverse, très-longue et fort large, s'étend d'abord légèrement d'arrière en avant el puis, vers le bout, se dirige légèrement d'avant en arrière. La face inférieure du corps de la vertèbre n'est pas non plus carénée. Le canal vertébral est fort large de manière que, si la moelle allongée correspond avec la capacité de cette gout- tière, elle aurait plus d'épaisseur au commencement de la région caudale qu'à la région dorsale. Une des dernières caudales se fait remarquer surtout par la solidité de ses apophyses tranverses et par la face inférieure du corps de la vertèbre, qui porte au milieu deux trous nourriciers comme des vertèbres de Plésiosaures. On distingue la surface articulaire des os en V. Ces lignes étaient écrites, lorsque nous avons reçu la nouvelle de la découverte d'un squelette entier dans l'ar- gile à brique des environs de Rupelmonde, Un de mesanciens élèves, le docteur Lesseliers, m'écrivit à ce sujet : On vient de trouver à Basel, près de Rupelmonde, un squelette complet, dans la partie de l'argile ou terre plas- tique, appelée, par les ouvriers briquetiers : zivarle steek, (bêchée noire) qui se trouve à quarante-cinq bêchées en dessous de la terre végétale, qui, elle-même, a au moins ( 1G9 ) 5 à 4 mèlres d'épaisseur. Chaque bêchée ou s(cck est comptée à 23 ceiUimètrcs, ce qui fait environ 14 mètres (Je profondeur. Les puits d'extraction vont à cet endroit jusqu'à soixante-dix bêchées de terre plastique, c'est-à- dire jusqu'à 17 ou 18 mètres, sans compter la couche sablonneuse. La position du squelette était horizontale. Les os de la tête étaient tout d'abord fracturés en menus morceaux; les os de la colonne vertébrale étaient parfaitement en place, comme soudés ensemble; les côtes étaient à leur place en avant. Le tout avait une longueur de 3à 4 mètres, d'autres disent même cinq. Le docteur Lesseliers me fait dans sa lettre un croquis d'après la ligure que les ouvriers lui ont tracée au doigt sur le sable. Ce croquis représente fort bien un Sirénien. Le même docteur a eu l'obligeance de m'envoyer une vingtaine de fragments de côtes dont le plus grand mesure 14 centimètres de longueur. Ces côtes sont toutes parfai- tement caractérisées par leur épaisseur et leur dureté. En comparant ces fragments avec les côtes d'un Dugong vivant adulte, nous jugeons que l'animal doit avoir eu, en effet, une longueur au moins égale à celle de ce Sirénien adulte. Une vertèbre jointe aux côtes appartient à la région caudale. Les apophyses sont toutes brisées , et la largeur du corps, comme l'étroilesse du canal vertébral, indique la région à laquelle elle se rapporte. Nous remercions vivement le docteur Lesseliers de nous avoir fait part de ce fait important, et nous espérons qu'il voudra bien continuer à nous tenir au courant des nou- velles découvertes, que les ouvriers ne peuvent manquer de faire, en travaillant celte argile rupclienne. Nous avons dit plus liant que le crâne de l'animal qui 2""^ SÉRIE, TOME XXXII. 15 ( 170) nous occupe se rapprochait plus de celui des Slellèresque des Dugongs et des Lamantins. Cela s'explique jusqu'à un certain point : LesSiréniensvivants, Dugong et Lamantin, ne dépassent pas le vingtième degré de latitude nord; les Stellères seuls habitent le nord du Pacifique entre le 5o'= et le 60*^ degré de la même latitude; il n'est donc pas étonnant que notre animal tient plus des Stellères que de ceux qui n'aban- donnent pas les régions tropicales. Les Stellères sont, comme le Sirénien qui nous occupe, des animaux des ré- gions tempérées. Il resterait à étudier, à ce point de vue, les nombreux débris dcSiréniens trouvés à Darmstadt et à Heidelberg, dans la vallée du Rbin, à Lintz, dans la vallée du Danube, à Montpellier et à Kertsch, dans le bassin de la Méditer- ranée et de la mer Noire. Se rapprochent-ils tous de l'un ou de l'autre genre suivant, ou retrouve-ton parmi eux les trois genres? Il est assez remarquable aussi que presque partout on trouve des Squalodons , à côté des Siréniens, dans le midi de la France, comme à Lintz, en Autriche, à Elsloo comme à Anvers. Tout fait supposer que les Squalodons vivaient, comme les Siréniens, le long des côtes et à l'embouchure des fleuves, et qu'ils pouvaient parfaitement vivre ensemble à cause de leur différent régime, les Squalodons étant car- nassier, les Siréniens herbivores. Nous aurions voulu éviter de proposer un nom nouveau pour le Sirénien qui nous occupe, mais la différence que présente la portion crânienne qui est conservée, avec les espèces vivantes et fossiles, nous oblige de donner un nom générique nouveau. ( 171 ) S'il y a (les naliiralistes qui mettent de l'exagération dans la création des noms nouveaux qu'ils imposent sans nécessité et sans utilité, ce n'est pas une raison pour ne pas en créer un nouveau pour un animal qui se distingue nettement de tout ce qui est connu. A cause de la grande épaisseur des parois crâniennes et de la forme toute parti- culière du crâne, nous proposons le nom de Crassithcrlnm pour le genre et le mot Robustum pour l'espèce. Nous au- rons donc ainsi dans le groupe des Siréniens fossiles, à côté desHalitherium, le Crassit/teriuni robustum. Nous possédons ainsi, dans le sable d'Anvers, quatre genres de phoques : Le Trichecodon Komnckii, Van Ben. VAlachtherium crelsU, Du Bus. Le Palœophoca Nijstii, Van Ben. Le Phoca vituiinoides , Van Ben. Un genre de Zeuglodontes, le Squaladon anlverpiensis. Et enfin , un genre de Sirénien dans l'argile rupelienne , le Crassitherium robustum. Qu'il nous soit permis de joindre à ces recherches le résultat de quelques observations que nous avons eu l'oc- casion de faire sur les espèces vivantes. Ces observations portent sur la première côte qui est quelquefois bifide, sur l'os propre du nez qui est rarement conservé, et sur les dents incisives. On connaît aujourd'hui plusiein^s travaux importants sur le squelette de ces animaux; indépendamment des Recherches de Cu\\ev et de VOstéogrophie de Blainville, la science est en possession de deux ouvrages importants, l'un de J.-F. Brandt, Symbolœ sirenologkœ , l'autre de Fr. Krauss, Beifràge zur Osteologie von Halkore. ( 172 ) Une côte cervicale chez un jeune Dugonrj. PS^ons avons co;)ibaltii depuis longtemps celle fâcheuse tendance de quelques zoologistes à considérer la bifidité de la pre- mière côte, ou côte cervicale supplémentaire, comme propre à caractériser des espèces et môme des genres. On sait que chez les Cétacés il y a une disposition favo- rable à l'apparition d'une côte cervicale et que cette dispo- sition se traduit souvent par le développement d'une double lèle ou tubercule articulaire. Nous avons signalé quelques anomalies qui prouvent cette tendance, dans la Balœnoptera borealis, dans le Dauphin ordinaire et dans un Marsouin (1). Voici maintenant une anomalie du même genre dans un Dugong. M. le professeur Semper a bien voulu nous céder deux squelettes d'un màle adulte et d'une jeune femelle de Dugong, qu'il a recueillis pendant son séjour aux îles Philippines; le squelette de la femelle présente diverses particularités d'un haut intérêt scientifique; nous ne par- lerons que de celle qui se rattache à la bifidité de la pre- mière côte. Cet os présente ses dispositions ordinaires: un tuber- cule articulaire avec l'apophyse transverse de la première dorsale, une tête articulaire qui s'attache au corps de la première dorsale et de la dernière cervicale, une portion cervicale très-large, un angle presque droit et en dedans une seconde tête à laquelle s'attachent des ligaments. Mais au-devant de la première côte de gauche se trouve (I) Le professeur Flovver nous a fait remarquer récemment la présence d'une côle cervicale dans un squelelle de Béluga, monté dernièremeni au musée royal du collège descliirurgiens à Londres. ( 175 ) en avant du Uibeicule une côte svpplémeniaire, qui n'est pas plus large que longue et qui s'articule avec l'apophyse transverse de la sixième cervicale. C'est cette même côte supplémentaire que nous avons trouvée dans la Balœnop- tera boreaiis (synonyme de laticeps) libre d'un côté et soudée du côté opposé avec la côte véritable. C'est à la suite de cette soudure que cet os devient parfois bifide, caractère que l'on ne voit jamais se reproduire dans les côtes suivantes. La figure suivante représente cette dispo- sition. Hnlicorc DtKjonj , $, jeui ( 174 ) Il ne nous paraît pas possible qu'un zoologiste sérieux songe encore à se servire de ce caractère, pas plus pour la distinction des genres que pour la délimitation des espèces. Os nasal cVun Lamantin. Ce n'est que sur un petit nombre de crânes que l'on trouve l'os nasal : dans un exemplaire, qui se trouve aujourd'hui au Musée de Bruxelles, on le voit distinctement à droite et à gauche, b, à l'angle formé par le frontal et le bord interne du maxil- laire; cet os a la grosseur et la forme d'une noisette. Manalus amerkanus. Cet os est fort bien conservé dans le Cheirotherhm ( 175 ) brocchi, Bruno, ligure par Blainville, Ostcographie genre manalvs, pi. VIII, el dans la portion de crâne, de l'IIerault, figurée par Gervais, Zoologie française, pi. IV, (ig. 1 , el pi. VI,fig. 5el4. Nous ne l'avons jamais observé chez le Dugong. Nous reproduisons ici cet os tel que nous l'avons trouvé, en rapport avec l'os frontal. Dents incisives. Les dents incisives inférieures ne se rencontrent déjà plus chez les Dugongs, dit Fr. Cuvier {Des dents des mammifères, p. 258), dans de très-jeunes individus. Notre ani- mal n'est pas si jeune et cependant il y a encore en place, à droite deux dents, à gauche trois; il y a en tout trois alvéoles vides. Cette disposi- tion nous paraît mé- riter une mention particulière. La surface si sin- gulièrement tron- quée du maxillaire inférieur des Du- gongs, nous montre, dans la pièce que nous faisons figurer ici , en dessous de la plaque cutanée qui la recouvre, huit ca- vités alvéolaires plus Halicore Dugong. ilUire inférieur avec toutes 1 ù. Dent canine isolée. ( 176 ) OU moins circulaires, dans la plupart desquelles se trou- vent encore des dents. Ces dents sont complètement résor- bées chez l'individu adulte que M. Semper a rapporté en même temps des îles Philippines. Les deux alvéoles antérieures sont vides; sans doute les dents sont déjà résorbées. Les deux alvéoles suivantes nous montrent une dent dans l'alvéole gauche; l'autre est également résorbée. Les quatre alvéoles suivantes ont, chacune, leur dent en place. Ces dents ont à peu près toutes la même forme et ce cachet propre aux dents provisoires (1). Quant à leur signification, nous considérons les six alvéoles antérieures comme incisives , les deux autres comme canines, de manière que nous aurions pour le système dentaire la formule suivante : 2 0 5 me. -, can. -, mol. - . 3 1 5 Nous trouvons en effet dans le jeune âge cinq molaires en place, de chaque côté, mais plus tard , les antérieures tombent et les postérieures les remplacent. Ce qui est digne de remarque, c'est que les dents molaires sorties ont toutes la couronne noire comme de l'encre, quoique l'animal soit encore fort jeune. Les mo- laires non sorties, comme les autres dents non sorties, sont toutes blanches. (1) Un mâle provenant de Beulang avait dans la seconde alvéole des deux côtés et dans la troisième à droite une dent incisive, sous la [)laque buccale, d'après une observation du professeur Krauss. Ces alvéoles ont bien tous les caractères des alvéoles, quoique dans plusieurs il ne se trouve aucune apparence de dents ou même de bulbe. ( 177 ) Ces dents aniéricures , qui sont en général résorbées do bonne beure, sont-elles des dents de lait? Si l'on considère comme dent de lait celle qui est remplacée par une autre, évidemment non ; pas plus que les incisives supérieures de ces animaux , qui apparaissent en même temps que les in- cisives déiinitives, ne sont des dents de lait. 11 n'y a pas de dents de remplacement dans les Cétacés berbivores pas plus que dans les Cétacés véritables, du moins des dents de remplacement comme celles que l'on trouve cbez la plupart des mammifères terrestres. La plupart des naturalistes disent, en parlant des dents qui ne percent pas les gencives, que ce sont des dents de lait. Cela ne nous paraît pas exact, à moins que l'on n'entende par dents de lait, les dents qui se forment en premier lieu. Mais dans ce cas, les animaux dont les dents ne tombent pas, comme celles des Cétacés, conserveraient leurs dents de lait pendant toute la durée de l'existence, et n'en auraient pas d'autres. Les dents des Mysticètes , qui se résorbent de bonne beure , sont sans doute les mêmes que celles qui, chez les Cétodontes, persistent pen- dant toute la vie. La dent de droite du Narval est-ce une dent de lait parce qu'elle ne perce pas? La défense de ce Cétacé correspondrait donc également a une dent de lait! Il n'est pas possible de conserver cette dénomination ou cette définition. Il faut que l'on abandonne cette expression, et, comme les dents changent et sont sujettes à la mue comme les poils, il vaudra mieux dire, nous semble-t-il : dents pre- mières, dents secondes, et, comme cbez l'éléphant et les Siréniens qui nous occupent, dents troisièmes, et ainsi de suite, quand les molaires se remplacent successivement et poussent pendant toute la vie. V V ( 178 ) Jl ne sera pas sans intérêt de figurer ici les os du bassin d'un jeune Lamantin ; ces os sont aplatis, élargis légère- ment en forme de spatule à l'un des bouts, à peine élargis à l'autre bout. Ils sont complètement suspendus dans les chairs et ne montrent aucune apparence de fémur rudi- mentaire ou de surface articulaire. Bassin du Monalus mmrkanus , jeune animal , du sexe femelle. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Crassitheriiim robustum. Fig. 1. La base du crâne vue par sa face inférieure. Les deux cavités que l'on [irendrait pour des yeux sont des cavités creusées dans l'épaisseur des parois. On distingue à gauche la suture de l'occipital avec le temporal. — 2. Vertèbre dorsale. — 5. Vertèbre caudale. Vu/t Èmtderu -Tdnat >ùi ( 179 yotc sur la conservai ion des animaux inférieurs; par M. Éd. Van Eencden , correspondant de l'Académie. J'ai l'honneur de faire connaître à la classe deux procédés que j'ai employés à Helgoland l'été dernier, pour la prépa- ration et la conservation des Méduses, des Cténopliores, des Nocliluques et de la plupart de ces êtres inférieurs, transparents comme du cristal , qui vivent à la surface de la mer et que la pèche au petit filet fournit en abondance. Je mets sous les yeux de la classe différentes Méduses {Oceania, Geryonopsis) , des Cténophores {Cydippe pileiis) et des Noctiluques [ISocliluca «îî7«flrù) préparés depuis plusieurs semaines et remarquables par leur parfaite con- servation. L'un de ces procédés consiste dans l'emploi de Yacide osmique en solution faible; l'autre dans l'usage de Yacide picrique. L'acide osmique a été employé journellement en histo- logie, spécialement pour l'étude des terminaisons ner- veuses, depuis que Max Schultze a fait connaître, par ses belles recherches sur la structure de la rétine, tous les avantages que présente l'emploi de ce réactif. Non-seule- ment l'acide osmique durcit les tissus et les organes les plus délicats, de façon à permettre d'en faire des coupes minces; mais il possède en outre la précieuse propriété de colorer, d'abord en biun, puis en noir, les matières grasses en général et plus particulièrement la myéline. Il teint en brun les cellules épithéliales et les éléments niusciilaires; il rend très-apparente la structure fibrillaire du cylindre de l'axe des fibres nerveuses et fait apparaître les fibrilles ( 180 ) nerveuses isolées. Toul récemment, Franz Eilhard Schuitze a employé avec grand succès l'acide osmique pour ses belles recherches histologiques sur le Cordylophora lacustris. Ce réactif dessine admirablement les limites des cellules et fait bien ressortir leurs divers caractères. Voici comment j'ai employé l'acide osmique pour pré- parer les Méduses et les Cténophores, de façon à les mettre à l'abri de l'action destructive de l'alcool. On laisse agir Vacide osmique en soluUon Irès-faible (^ à ^ p. <^/o d'eau) pendant un temps qui , d'après la nature de ces petits objets, peut varier de quinze à vingt-cinq minutes. Après ce laps de temps, on voit les animaux se colorer très-légèrement en brun : les cellules de l'endoderme et les organes formés aux dépens du feuillet endodermique se colorent seuls et les autres tissus conservent leur transpa- rence primrtive. Grâce à cette coloration des cellules en- dodermiques, les canaux gastro-vasculaires se dessinent admirablement, et les cirrhes deviennent plus distincts que chez la petite Méduse vivante. En même temps, tous les tissus se durcissent et l'on peut alors retirer de la solution acide les objets qui ont été soumis à son action, les laver soigneusement et à diverses reprises, et les placer ensuite dans l'alcool fort, sans craindre de leur voir perdre ulté- rieurement ni leurs formes élégantes, ni la transparence de leurs tissus. On peut même , après plusieurs semaines et probablement après plusieurs mois, étudier l'organisa- tion et la structure de ces êtres si délicats, tout aussi bien que si on les avait vivants sous les yeux. Une autre méthode que j'ai employée avec succès con- siste dans l'usage de Vacide picrique en solution aqueuse concentrée. Je conserve dans ce liquide, depuis six se- maines environ, de petites Méduses [Oceania] et des (181 ) Nocliluques, que j'ai riiomicur de mettre sous les yeux de la classe. Elles ont conservé toute la netteté de leurs Ibrmes et tous les caractères de leurs tissus. On remar- quera seulement que les petites Méduses, qui sont d'une diaphanéité parfaite quand elles sont en vie, sont deve- nues légèrement opaques. J'ai examiné hier au microscope quelques Noctiluques , et j'ai pu constater qu'ils se prê- tent à l'étude tout aussi bien que s'ils sortaient vivants de la mer. — La classe s'est ensuite constituée en comité secret pour s'occuper de la liste de présentation aux places va- cantes. ( 182 ) CLASSE «ES LETTRES. Séance du 9 octobre 187 1 . M. J.-J. ÏIaus, (lirccleiir. M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Sieur, J. Roulez, Gachard, Ad. Borgnet, Paul De vaux, P. De Decker, F. -A. Snellaert, M.-N.-J. Lcclercq, M.-L. Polaiu, le baron J. de Witîe, R.Chalon, Ad. Mathieu,, J.-J. Thonissen, Th. Juste, G. Guil- laume, Alph. Wauters, H. Conscience, N.-J. Laforet, mem- bres; J. Noiet de Brauwere Van Steeland, Aug. Scheler, associés; E. de Borchgrave et A. Wagener, correspondants. M. L. Alvin , membre de la classe des lettres, et M. Ed. Mailly, correspondant de la classe des sciences, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. La classe reçoit connaissance d-i la mort de l'un de ses correspondants, M. Philippe-Marie Blommaert, décédé à Gand le 14 août 1871 , à l'âge de 65 ans. Les regrets de l'Académie ont été exprimés à la famille du défunt. — M. Roulez présente l'inscription qu'il a rédigée pour la médaille jubilaire. — Remercîmenis et renvoi à la com- mission chargée des préparatifs du jubilé. ( 183) — M. le Ministre de l'intérieur informe que le jur} chargé déjuger le dernier concours quinquennal des sciences mo- rales et politiques n'a pas encore terminé son travail d'exa- men, et que, par suite, le résultat de ce concours n'a pu cire proclamé en séance publique de la classe des beaux- arts. — M. le Ministre de la Justice adresse , pour la biblio- thèque, deux exemplaires du tome P"" des Coutumes du pays et comté (le Hainaul, publié par la commission royale desanciennesloisetordonnancesdupays. — Remercîments. — M. J. Desnoyers, secrétaire de la Société de l'his- toire de France, à Paris, complète, par un volumineux envoi, la collection des publications de cette Société que possède la Compagnie. — Remercîmenfs. — L'Institut de France, au nom de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, la Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens, et la bibliothèque publique de la même ville, la Société des Antiquaires de Londres, la Société philosophique et littéraire de Manchester, la So- ciété russe de géographie à Saint-Pétersbourg, remercient pour les derniers envois de publications académiques. — M. le secrétaire perpétuel annonce que M. J.-H. Bor- mans vient de publier, dans la collection des anciens monuments de la littérature flamande, que publie la com- mission académique, l'ouvrage suivant : Ouddielsche frarj- menten van deii Part/ionopeiis van Blotjs, 1 vol. in-8". Le même académicien vient également de commencer, pour cette collection, avec le concours de M. Snellacrt, un nouvel ouvrage portant pour titre : Spieghel der Wijs- lieit de Jean Prat, poète hrugeois du XIV"''' siècle. ( 484 ) — M. Frans de Pottcr, de Gand , envoie deux notices manuscrites intitulées : 1° Geslachlboom dcr Artevelden in de XIV" eeinvj 2" Hoe en ivaar overleed Philippe Van Arlevelde? — MM. De Smet, Snellaert et Conscience sont priés d'examiner ces notices. — M. J.-J. Thonissen accepte le soin de rédiger, pour V Annuaire , la notice biographique de M. le baron de Gerlache. Selon son désir, ce travail ne figurera que dans V Annuaire de 1873. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Un autre précurseur de Malthus; notice par M. J.-J. Tho- nissen, membre de l'Académie. Quelques jours avant notre dernière réunion , M. A. Ca- novas del Castillo publiait, dans la Illustracion de Ma- drid, une bienveillante appréciation de la notice intitulée : Un précurseur de Mallhus, que j'ai eu l'honneur de com- muniquer à la classe des lettres, dans la séance publique du 10 mai 1871 (1). M. Canovas del Castillo reconnaît que les passages transcrits ou analysés dans cette notice me donnent le droit d'attribuer au savant abbé Mann le litre de précurseur de Malthus; mais il prétend que Mann lui-même a eu, cent (1) Voy. les Bull, de l'Académie, 2"^ série, t. XXXI , p. iô,') ( m ) ans plus lot, un vérilable précurseur dans un économiste espagnol auteur d'un traité resté inédit et intitulé :/b-ca/*os de la dominncion. Avec la chaleur généreuse du patrio- tisme, M. Canovas del Castillo s'écrie : « La réalité de » la loi de vie [la ley de vida) » a été formulée en pre- » mier lieu par l'économiste espagnol, plus tard par » l'abbé Mann et à la fin par Malthus (1). » Nous reconnaîtrons, à notre tour, que M. Canovas del Castillo a parfaitement défendu sa thèse. Non -seulement l'auteur des Arcanos de la dominacion s'est nettement séparé de l'opinion alors dominante, qui plaçait dans le chiffre élevé de la population le bonheur, la gloire et la force des peuples; mais, faisant un pas beaucoup plus grand, il a clairement indiqué la différence radicale des lois naturelles qui président au développement de la po- pulation et à la multiplication des subsistances. 11 dit, en termes exprès, que la production de la terre et la propa- gation humaine sont de nature contraire, bien que dépen- dant l'une de l'autre, la première étant bornée et la seconde n'ayant pas de limites [Siendo de naluraleza contraria estas dos producciones, no obslante que de- pendeii la una de la otra). Mais nous n'irons pas jusqu'à répéter, avec le savant collaborateur de la Illustracion, que « la loi de vie » a été formulée, en premier lieu, par l'économiste anonyme dont il revendique les idées (1) M. Canovas del Castillo a plus d'une fois menliouné dans ses écrils le traité anonyme portant le litre de Arcanos de la dominacion. Selon toutes les apparences, ce manuscrit est l'œuvre d'un politique castillan de la seconde moitié du XV1I« siècle. Certains passages permettent même de supposer qu'il a été composé pendant les soulèvements et les guerres de h Catalogne et du Portugal (Ja Illustracion de Madrid, numéro du 1j juillet 1871). S*"" SÉRIE, TOME XXXII. 14 ( 186) pour la gloire de sa patrie. Nous croyons, au contraire, qu'on découvrira tôt ou tard bien d'autres précurseurs de l'illustre auteur de VEssai sur le principe de population. L'erreur se répand et s'enracine parfois avec une puis- sance d'expansion en apparence irrésistible; mais, il faut le dire à l'bonneur de l'homme, ces ténèbres du monde moral laissent toujours percer quelques rayons de lu- mière. Il existe toujours quelques âmes privilégiées, qui conservent les idées saines, les principes vrais, les aspi- rations légitimes, et qui, après avoir longtemps lutté contre les aberrations populaires, ont à la fin le bonheur de voir triompher la cause de la raison et de la vérité. Au surplus, que l'auteur anonyme du XVIP siècle ait ou n'ait pas été le premier à entrevoir distinctement ce que nous nommons aujourd'hui le principe de population, W est au moins incontestal)le- que sa doctrine se présente avec un caractère tout à fait exceptionnel. Nous croyons qu'on nous saura gré de la signaler, en quelques mots, à l'attention des membres de l'Académie. Quand Mallhus recommande la contrainte morale, ses raisonnements froids et méthodiques ne dénotent en au- cune manière la plume du pasteur d'une communauté chrétienne. C'est un calculateur qui suppute, avec le calme d'un homme d'affaires, les avantages et les incon- vénients du mariage et de la famille; c'est un Anglais qui détermine, avec le flegme propre à nos voisins d'outre- Manche, la somme de désavantages et de malheurs qui résultent, selon lui, de la persistance d'une population exubérante. En proposant son remède, il s'adresse à l'in- telligence, à la raison , à l'intérêt bien entendu de ses con- citoyens. Le ministre du saint Évangile a complètement disparu. ( 187 ) Il on est lout autrement chez l'économiste espagnol exhumé par M. Canovas del Castillo. Chez lui, le savant, l'économiste et Thomine d'État ne se séparent pas un instant du catholique fidèle, profondément pénétré de la sainteté et de l'ciïicacité sociale des dogmes du christia- nisme. Il prodigne les citations bibliques, les maximes pieuses, les appels aux enseignements de l'Église, et ses raisonnements ne se dépouillent jamais d'une teinte fon- cièrement chrétienne. On pourrait l'appeler un économiste mystique. De même que iMalthus, l'auteur des Arcanos de la do- minacion afTirme que la peste, la famine, la guerre et les révolutions se montrent partout où le chifl're de la popu- lation n'est plus en harmonie avec les forces productives du pays; il connaît, en un mot, les faits de réaction vio- lente et brutale que l'économiste anglais désigne sous le nom (ï obstacles posi II fs. Il veut, lui aussi, que l'homme, doué de raison et de liberté, prévienne ces malheurs par la prudence, en vivant dans la chasteté, en s'abstenant de fonder une famille aussi longtemps qu'il ne possède pas les ressources nécessaires pour élever convenablement ses descendants; en d'autres termes, il recommande la con- trainte morale. Mais, tandis que Maltiuis se contente de faire un appel au bon sens et à l'intérêt bien entendu de ses compatriotes, l'auteur espagnol propose de faire résulter celte contrainte d'un ensemhle d'institutions et de lois, placées sous l'égide tutélaire de l'Église et de l'État étroitement unis. Parmi les remèdes qu'il indique, il met en première ligne le célibat ecclésiastique et la fondation de nombreux couvents : « Il y aurait un remède, dit-il , si une grande partie des ( 188) » peuples se reliraient du monde et embrassaient l'état » ecclésiastique, ou du moins le célibat, et si, sans se » préoccuper des choses temporelles , ils s'attachaient » exclusivement à l'observance de leur profession , et sur- » tout de la chasteté. Pour amener ce résultat plus facile- » ment, les princes, et surtout ceux de la chrétienté, » parce que leurs royaumes sont les plus peuplés, devraient » largement accorder des aumônes et des privilèges tant » aux hommes qu'aux femmes qui veulent se retirer du » monde. Ils devraient fonder de nombreux monastères, » principalement de ceux dont les religieux , indépendam- » ment de la bonne vie qu'ils mènent , connaissent des » moyens efficaces pour attirer dans leur congrégation des » sujets de tout rang, pourvu qu'ils aient de l'argent, du » génie ou de la noblesse. On devrait établir des cheva- » liers d'habits différents, plusieurs commanderies, digni- » tés et bénélices, tant ecclésiastiques que militaires, aux- » quels les célibataires seraient seuls admis. » Plus d'un économiste catholique de notre siècle a vu dans les couvents un remède , au moins partiel, aux écarts de la fécondité indéfinie de l'espèce humaine; mais l'ano- nyme espagnol, qui les a tous devancés, plus sévère et plus hardi, ne s'arrête pas à cette limite. 11 veut que la loi , après avoir facilité le célibat des membres des congré- gations religieuses , prescrive des mesures efiicaces pour encourager, au même degré, le célibat d'un nombre im- mense de laïques. Prenant et prônant l'antithèse des sys- tèmes employés par Cyrus, Auguste, Napoléon 1" et tant d'autres monarques des temps anciens et modernes, il demande que des encouragements soient prodigués aux célibataires et que la défaveur du gouvernement pèse de tout son poids sur les hommes mariés. (189) « Nul Jiomme marié, tlil-il, ne devrait cire admis à un » emploi ou à un ministère civil. Un homme qui vit seul » et libre administre la justice avec plus de rectitude que » celui qui , chargé d'une femme avec enfants, doit penser » à toute une famille. Il conviendrait aussi de défendre » aux soldats de se marier, ou bien , s'ils sont mariés avant » de s'enrôler, de les exclure de toute charge ou dignité » militaire, parce que, dans cette position, le militaire » marié, pour venir en aide à sa femme et à ses enfants, » fera mille extorsions au peuple et trahira même son » prince par motif d'intérêt. » Poussant sa pensée jusqu'à cette bizarrerie qu'on rencontre souvent chez les initia- teurs, il ajoute : « La femme qui procréerait hors mariage » devrait être rigoureusement punie , et les hommes sujets » à l'incontinence devraient être condamnés à se marier, » sentence d'autant plus pénible qu'ils se trouveraient ex- » dus de tout emploi ou dignité, sans être pour cela » dispensés de contribuer aux subsides dus au prince. » Alors on trouverait difficilement un individu de cette » catégorie qui ne fût tenté de s'écrier, comme les disci- » pies de Jésus : Prœslat non niibere. » Pour proposer de telles mesures, qui rappellent, dans un autre ordre d'idées, la condamnation au repos forcé que Fourier voulait introduire dans son organisation « pas- sionnelle » du travail, il fallait que l'auteur des Àrcanos (le la dominncion fiit, plus que Malthus lui-même, effrayé des souffrances et des périls inséparables d'un excès de population. Et cependant, ces moyens extrêmes ne lui suffisent pas encore! Il préconise, sous une autre forme, les moyens légaux que certains gouvernements allemands ont imaginés au XIX"'" siècle. « Il y aurait un autre D remède, dit-il , si, dans les cités et dans les aggloméra- ( 190 ) » lions" rurales , les officiers de justice ne permettaient » pas la célébration de mariages hors de proportion avec » le nombre d'enfants que le territoire peut convenable- » ment nourrir. » Nous n'avons pas à discuter la valeur de ces idées, les unes sérieuses et pratiques, les autres chimériques et bi- zarres. Nous constaterons seulement qu'on y trouve toutes les bases, sans exception , de la doctrine deMalthus : pro- duction limitée des subsistances, fécondité indéfinie de l'espèce humaine , connaissance des obstacles positifs, re- commandation de la contrainte morale. Il importe donc qu'on prenne acte de la découverte faite par M. Canovas del Castillo. Elle est un nouveau jalon planté dans le vaste domaine de l'histoire encore si in- complète de la filiation des idées économiques. — M. J.-J. Thonissen a lu ensuite la continuation de son rapport centenaire relative aux travaux de la classe. ( 191 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 12 octobre 187 1 . M. L. Gallait, directeur de la classe, président de l'Académie. M. -Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel. Sont présents : iMM. L. Alvin, G. Geefs, H. Vieuxtemps, De Braekeleer, Ch.-A. Fraikin, Ed. Fétis, Edm. De Bus- scher, J. Portaels, Alph. Balat, Aug. Payen, le chevalier L. de Burbure, J. Franck, G. De Man, Ad. Siret, Julien Leclercq, E. Slingeneyer, Al. Robert, membres; Charles Bosselet, correspondant. M. Ed. Mailly, correspondant de la classe des sciences, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. La classe apprend la mort de l'un de ses associés de la section des sciences et des lettres dans leurs rapports avec les beaux-arts, M. ïobie Van Westrheene, décédé à La Haye, le 4 de ce mois, à Tàge de 46 ans. Les condoléances de l'Académie ont été exprimées à la famille du défunt. ( 192 ) — II est donné connaissance des paroles que M. Daus- soigne-Méhul s'était proposé de prononcer, au nom de l'Académie, lors des funérailles de M. Etienne Soubre. — M. le secrétaire perpétuel fait un appel à ses con- frères au sujet des notices pour l'Annuaire de 1872. M. Éd. Félis annonce avoir terminé la notice qu'il a consacrée à feu le baron H. Leys. — M. Alvin demande que, en raison de l'importance de la notice sur feu M. F.-J. Fétis, ce travail soit ajourné jusqu'à l'année pro- chaine. — M. le chevalier de Burbure accepte de faire la notice sur Ch.-L. lianssens, et M. H. Vieuxtemps celle sur Etienne Soubre. — La classe accepte également la propo- sition faite par M. de Reumont, associé de la classe des lettres, de rédiger la notice sur feu Bock, l'un de ses associés. PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1872. La classe, dans sa séance du 1"' décembre 1870, avait inscrit, dans son programme de concours pour 1872, les deux questions suivantes : PREMIÈRE QUESTION. Faire Vhistoirc de la sculpture en Belgique au XVH"" et au XVIII'"' siècle. DEUXIÈME QUESTION. Apprécier les travaux des peintres belges qui ont fleuri dans la deuxième moitié du AT//"" siècle. ( J93 ) Elle a réservé une médaille d'or de la valeur de mille francs à la solution de la première question et une mé- daille d'or de la valeur de six cents francs pour la seconde question. Dans sa séance du 7 septembre 1871, la classe a décidé de conserver pour ce concours la question suivante : TROISIÈME QUESTION. Rechercher l'époque à laquelle l'archileclure a subi, dans les Pays-Bas, f influence ilalienne. Indiquer les personnages auxquels on doit attribuer cette influence et citer les œuvres des artistes. Prix mille francs. Conformément aux dispositions réglementaires, la classe est appelée à compléter le programme pour 1872, au sujet duquel les trois questions précédentes ont déjà été pro- posées, et à s'occuper des questions à admettre pour le concours de 1875. Un membre signale, à celte occasion, que presque toutes les années on met au concours des questions d'art à traiter sous la forme de mémoire , et l'on ne reçoit pas de réponse. 11 s'est donc demandé si un concours établi dans un autre ordre d'idées, soit par exemple un concours pratique, n'amènerait pas de meilleurs résultats. Il y a vingt ans, rappelle-t-il, l'un des académiciens que la classe a perdu récemment, frappé, à cette époque , de la stérilité des con- cours, avait proposé pour sujets de ceux-ci une œuvre soit musicale, soit de peinture, de sculpture ou de gravure. Ces essais ont réussi. ( i94 ) En présence de la continuation des résultats négatifs des concours, il propose à la classe de ne pas s'occuper aujourd'hui du programme, mais de constituer une com- mission pour préparer des questions qui seraient présen- tées dans la prochaine séance. Une délibération s'établit sur cet objet, et la classe dé- signe MM. Gallait, Alvin et Éd. Fétis pour examiner la question qui fait l'objet de la motion relative aux concours pratiques. .'.PPORTS. Le diapason et la notation musicale simplifiée ; notice par M. Ch. Meerens. Mtappoi't de .W. Sottbre. c( Par sa lettre en date du 26 avril dernier, M. Ch. Mee- rens a soumis à l'appréciation de la Compagnie un opus- cule traitant de deux réformes à introduire, l'une, dans le diapason, l'autre dans la notation musicale. Il a sollicité en môme temps le concours de l'Académie pour la propa- gation de cet opuscule. Saisis de l'examen de ce travail, qui nous a été renvoyé, nous l'avons étudié avec soin, et le résultat de cette étude n'a pas été favorable à la demande de M. Meerens. Notre opinion se fonde sur divers motifs que nous vous exposerons succinctement en nous excusant d'entrer dans certains détails techniques que le sujet ne permet pas ( im ) d'éviter, et qui sembleront peut-être arides à ceux d'entre nous, Messieurs, qui n'auraient pas la connaissance de la théorie de notre art. Occupons-nous d'abord des modifications qui, selon M. Meerens, devraient être apportées dans le diapason : il les résume comme suit : le la, note diapasonique en usage dans la plus grande partie du monde musical, de- vrait avoir 864 vibrations au lieu de 870, chiffre qui a été lixé en 1858 parla commission française. Sur quelles raisons M. Meerens base-t-il sa réforme? 1° sur l'existence des inconvénients pratiques résultant de la situation actuelle; 2" sur la constatation de certaines erreurs scientifiques qui, d'après l'auteur, se seraient glissées dans les calculs qui ont présidé à la décision de la commission de 4858. Remarquons, Messieurs, que cette question du dia- pason a déjà été soumise à l'Académie : déjà, vous en avez été saisis par une lettre que vous a adressée , le 3 sep- tembre 1860, M. Van Poucke, d'Ostende. Cette lettre fit l'objet d'un rapport de notre illustre et regretté collègue M. Fétis père : nous n'avons donc pas à nous prononcer de nouveau , au fond , sur cet objet. Cependant, nous avons à relever quelques points qui justifieront pleinement nos conclusions. M. Meerens, après avoir fait l'exposé historique de ce qui avait lieu avant 1858 pour le diapason, arrive aux délibérations de la commission française et énumère les fâcheuses conséquences produites, selon lui, par l'intro- duction du nouveau diapason. Cette mesure venait, d'après M. Meerens, renverser ks errements suivis jusque-là, et elle a créé une situation difficile pour les musiciens et les facteurs d'instruments à ( 196 ) cause de la coexistence de deux diapasons; l'ancien, à 890, le nouveau, à 870 vibrations. Ne sommes-nous pas en droit de nous demander s'il convient actuellement de faire une nouvelle greffe à l'arbre diapasonique; — si elle n'aura pas pour effet de détruire, ou d'annihiler les résultats qu'a produits la précédente; — si, en tout cas, elle ne sera pas plutôt un obstacle qu'un progrès? A toutes ces questions, on ne peut faire qu'une réponse en opposition avec le système de M. Meerens : car nul ne méconnaîtra que, quand deux principes déjà sont en lutte, cette lutte ne fera que se prolonger lorsque surgira un troisième principe. Quant à la question de savoir si le diapason de 864 vi- brations serait préférable à celui de 870, c'est là un point qui est bien plus du ressort de la science acoustique que du domaine musical pur. En effet, la différence qui existe entre un son représenté par 870, et un son repésenté par 864 vibrations, est, pour ainsi dire, imperceptible à l'oreille. Quelle nécessité alors de l'introduire, si ce n'est pour satisfaire aux prétendues exigences de la théorie? Or, la vérification mathématique de ce dernier point n'est pas de notre compétence : elle appartiendrait plutôt à nos collègues de la classe des sciences, s'il y avait lieu d'occuper plus longtemps l'Académie de cette ques- tion. Elle constitue une révision, bien plus qu'une ré- forme du diapason normal français : il nous semble donc qu'il serait plus logique que M. Meerens adressât ses pro- positions à la commission française. En ce qui concerne la notation musicale simplifiée, qui forme le sujet de la seconde réforme proposée, nous croyons [que; si M. Meerens] avait des connaissances tout (197) « fait pratiques de la composition , s'il avait écrit quelques pages de partition, nous croyons, disons-nous, qu'il n'eut jamais conçu pareille réforme. A quoi tend le système de M. Meerens, système qui n'a, du reste, aucune importance? à remplacer par une clef unique \essept clefs dont nous nous servons actuelle- ment pour la notation musicale. M. Meerens prétend que l'usage de ces sept clefs jette une si grande complication dans les partitions d'orchestre, que la lecture de ces partitions est permise seulement à quelques rares initiés. C'est là une erreur. En effet, la difficulté de lire les partitions d'orchestre, et la difficulté la plus sérieuse, naît uniquement de la nécessité où le lecteur se trouve d'em- brasser d'un coup d'œil plusieurs, sinon toutes les portées d'une page de musique. Si M. Meerens avait quelquefois assisté aux concours de solfège ou lecture musicale des conservatoires, il y aurait pu constater ce fait, que des enfants de dix à douze ans lisent très-couramment de la musique écrite à ces différentes clefs même dont il propose la suppression. La difticulté que signale M. Meerens n'est donc point si grande qu'il le dit : sinon, comment serait-elle si fréquemment et si facilement vaincue par les jeunes élèves de nos insti- tutions musicales? Si la réforme proposée était adoptée et qu'elle se ré- pandît, la lecture de toutes les œuvres musicales publiées jusqu'à ce jour deviendrait impossible à tous les musiciens futurs. M. Meerens convient, du reste, qu'on peut ob- jecter : que l'usage des anciennes clefs est indispensable pour la transposition et que rien n'empêche de se familia- riser avec des dénominations de notes autrement placées ( 198) sur la portée. Or, si ces anciennes clefs sont indispensa- bles, comment peut-on vouloir les supprimer? Nous ne pensons pas qu'il nous faille entrer dans plus de détails techniques pour démontrer complètement la véracité de nos assertions. En définitive, notre système de notation actuelle est le fruit de l'expérience de plusieurs siècles. Il est parfaite- ment adapté aux besoins graphiques de l'art musical et, nous l'avons prouvé, il n'est pas aussi difficile de se fami- liariser avec ce système que le dit M. Meerens. Nous reconnaissons qu'il serait plus commode, jusqu'à un certain point, de n'avoir qu'une seule manière de nommer les notes d'après la place qu'elles occupent sur la portée et, au moyen des chiffres mis en avant par M. Meerens, de reconnaître à quels degrés de l'échelle générale correspondent les sons : nous devons cependant faire observer que nos clefs donnent d'une façon très-pré- cise les mêmes indications, si ce n'est pour la petite flûte qui fait entendre à une octave plus haut les sons notés et pour la contre-basse qui les fait entendre à une octave plus bas. Nous ne voyons donc, dans la réforme proposée sur la notation établie, d'autre avantage que celui de n'avoir qu'une seule manière de dénommer les notes écrites sur la portée : mais cet avantage, bien peu important, ne serait d'aucune utilité pratique, puisque, pour lire la mu- sique publiée, les musiciens seraient obligés d'apprendre l'ancienne notation. Dès lors, à quoi bon changer cette notation qui est basée d'une manière logique et rationnelle. Si le système de M. Meerens parvenait à s'établir, nous aurions deux notations, comme nous avons malheureusement deux dia- ( 199 ) pasons, cl de cette situation naîtraient des embarras iden- tiques. Ne compliquons donc pas ce qui existe : mais affer- missons, au lieu de le supprimer, le système actuel et rendons de plus en plus obligatoire l'étude de nos sept clefs. Comme nous l'avons dit, elles sont rationnellement établies et répondent à toutes les exigences de notre art. Par toutes les raisons que nous venons de développer et qui nous paraissent assez péremptoires pour nous dis- penser d'entrer dans plus de détails, nous croyons qu'il n'y a pas lieu de donner suite à la demande de M. Meerens. » M. le chevalier Léon de Burbure, deuxième commissaire, se rallie aux conclusions de M. Soubre. Rappot't de m. Ch. Bosseiel. « Le rapport si complet et si détaillé de notre regretté confrère Etienne Soubre rend très-facile l'appréciation dn travail soumis à l'Académie par j\L Ch. Meerens sur le diapason et la notation musicale. La première de ces questions est résolue par un fait accompli : l'emploi du diapason normal français, non- seulement dans toute la France, mais aussi dans les prin- cipales villes de Belgique. L'Angleterre l'adoptera bientôt. A Bruxelles , ce diapason , jusqu'ici de rigueur au théâtre de la Monnaie seulement, va être appliqué au conserva- toire royal de musique. A cet effet, le grand orgue du ( 200 ) Palais-Ducal recevra sous peu les modifications néces- saires. L'usage du diapason français se généralise donc d'une manière notable. Dans ces circonstances, adopter un sys- tème nouveau, dont la différence avec le précédent est presque imperceptible à l'oreille (six vibrations seulement), serait créer une complication et un désordre préjudiciables à l'exécution musicale dans tous les orcliestres de Belgique. Je suis donc parfaitement d'accord avec M. Soubre quant à ses conclusions tendant à rejeter le changement de dia- pason proposé par M. Meerens. La seconde partie du travail qui nous est soumis, rela- tive à la notation musicale, renferme des observations assez remarquables. Ainsi la suppression des clefs, hormis une clef unique remplaçant toutes les autres, et l'indica- tion de la place occupée par les notes dans l'échelle des sons sans avofr recours aux lignes supplémentaires, faci- literait la lecture des notes à toutes les octaves. Mais celte innovation ne présente d'avantages qu'au point de vue de l'enseignement élémentaire de la musique, et encore les obstacles signalés plus loin détruiraient en grande partie ces avantages. Ainsi, la monotonie des signes renfermés dans les cinq lignes de la portée rendrait presque impossible, soit au chef d'orchestre, soit à l'accompagnateur, la lecture à vue d'une partition instrumentale. C'est précisément la diver- sité des clefs et l'étendue des notes placées en dehors des lignes de la portée, repoussées par M. Meerens, qui faci- litent cette lecture, en indiquant d'une manière sensible la différence des instruments et des voix. Comme tous les musicologues qui ont proposé des trans- formations de ce genre, M. Meerens s'est préoccupé de la ( 201 ) musique au point de vue de la science et non de l'art, de la théorie et non de la pratique. C'est sans doute pour celte raison qu'il a adressé son ouvrage à la classe des sciences et non à celle des beaux-arts. Si M. Meerens, à l'exemple d'autres réformateurs, tentait l'essai de son nouveau système, comme eux il y renoncerait devant les difficultés que je viens d'indiquer. Pour ces différentes raisons, j'approuve entièrement le rapport si bien raisonné de notre cher et regretté con- frère. » Conformément à ces conclusions, des remercîmcnts seront adressés à M. Ch. Meerens pour sa notice, qui est réservée aux archives. COMMUN[CATIONS ET LECTURES. Nouveaux documents pour la tradition iconographique des NEUF Preux ; notice par M. Edouard Félis, membre de l'Académie. La tradition des neuf Preux a beaucoup occupé les poètes, les romanciers, les généalogistes et les artistes d'autrefois. On Ta mise en vers et en prose; on l'a des- sinée, peinte, sculptée et gravée. Parmi les œuvres d'art auxquelles elle a donné naissance, celles sur lesquelles nous allons appeler l'attention des amateurs, et dont ils auront sous les yeux des reproductions, ne nous paraissent être ni les moins intéressantes, ni les moins remarquables. Avant de considérer ces curieuses pièces en elles-mêmes, 2"" SÉRIE, TOME XXXII. 15 ( 202 ) i! est dans l'ordre naturel des choses de remonter jusqu'à la source d'inspiration à laquelle a puisé leur auteur. Les héroïques exploits des neuf Preux étaient familiers à nos pères. On les lisait, on les racontait; on les mettait en action. C'était un des éléments essentiels de la science que devaient posséder les gens dits de qualité. Dans ses Mémoires surVancienne chevalerie, De la Curne deSainte- Palayedit, en parlant de François I" : « Non-seulement il aspirait à la gloire des neuf Preux , consacrés par la tradi- tion et par les cérémonies de nos anciens rois d'armes, il se plaisait encore à se produire aux yeux de la cour paré des habillements sous lesquels on avait coutume de repré- senter ces anciens héros. Favin fait un chapitre exprès des neuf Preux; mais il effleure à peine ce sujet, si connu dans nos anciennes cours et sur lequel nous n'avons au- jourd'hui que des idées bien imparfaites. » Les neuf Preux figuraient donc dans les cérémonies chevaleresques dont les nobles de l'ancien temps faisaient leur amusement, et François P"", pour se consoler sans doute d'être battu par Charles-Quint, jouait un rôle dans la fable des neuf Preux mise en action. Cela nous paraît aujourd'hui fort naïf; mais chaque époque a ses divertissements favoris, et, au demeu- rant, nous ne pensons pas que l'on donne son temps, dans les cours, à des choses plus sérieuses. André Favin consacre un chapitre aux neuf Preux dans son Théâtre d'honneur et. de chevalerie; mais, comme le dit De la Curne de Sainte-Palaye, il effleure à peine son sujet. îl n'arrive pas, sans avoir pris un long détour, à l'objet dont on croit qu'il va s'occuper dans ce chapitre intitulé : Des neuf Preux rcnominez en Hiistoire. Jupiter a réuni les dieux en assemblée générale pour décider quelle est la chose « la plus utile et la plus nécessaire pour la vie ( 203 ) de l'homme. » Chacun donne son opinion, non désinté- ressée, car les dieux et les hommes se ressemblent fort sous ce rapport. Vulcain penche pour le feu ; Neptune re- commande l'eau; Cérès se prononce pour le bœuf, sym- bole du labourage; Mercure, comme inventeur de l'art de bâtir, veut que ce soit la maison qui a donné un abri à l'homme et lui a inspiré la pensée de vivre en société. Minerve prend la parole à son tour et soutient que la chose la plus utile à l'homme, c'est la connaissance de l'histoire qui lui apprend à connaître le passé, à se conduire dans le présent et à deviner l'avenir. L'auteur se range à l'avis de Minerve. « L'histoire, dit-il, appartient particulièrement à la noblesse. Elle doit être sa principale estude, à l'exemple d'Alexandre le Grand qui, par la lecture d'icelle, conquesla tout le monde. C'est pourquoi l'histoire l'a mis au rang des plus vaillants du monde que les fabuleux romans ap- pellent les neuf Preux. » Voici comment André Favin, par- tant de Jupiter, passant par l'assemblée des dieux et par l'éloge de l'histoire, arrive aux neuf Preux. Ce n'était pas précisément le chemin le plus court. 11 donne ensuite la liste de ces Preux et décrit leurs armoiries. Les neuf Preux formaient trois groupes de personnages tirés de l'histoire ancienne, de la Bible et des épopées che- valeresques. En voici les noms : Premier groupe : Hector, Alexandre, Jules César. Deuxième groupe : Josué, David, Judas Machabée. Troisième groupe : Charlemagne, le roi Artus, Gode- froid de Bouillon. Cet ordre n'a pas toujours été observé. Quelques auteurs ont mis en tète de la liste des Preux les trois personnages bibliques. C'est ce dernier classement qu'adopte l'auteur anonyme du Triomphe des neuf Preux , ouvrage composé ( 204 ) sous le règne de Charles Vill et dédié à ce prince. L'au- teur déclare, dans son épître dédicatoire, qu'il a pris par modestie la résolution de ne pas se faire connaître, il était, sans doute, de noble extraction et observant les lois delà chevalerie, car, dans une conversation qu'il a avec dame Triomphe, celle-ci lui dit qu'elle a appris qu'il avait jadis servi les dames. Le chevaleresque écrivain raconte comme quoi neuf personnages lui sont apparus en songe, conduits par dame Triomphe dont ils se disputent les bonnes grâces. Ces neuf personnages l'ont chargé de retracer avec impar- tialité les exploits de chacun d'eux, afin que dame Triomphe puisse adjuger en connaissance de cause le prix au plus méritant. Il s'est conformé à leurs désirs et lorsqu'il eut terminé la vie du neuvième Preux, il lui est survenu une nouvelle vision où lui est apparu le connétable Bertrand du Guesclin qui l'a prié de faire aussi un exposé de ses faits et gestes, pour qu'il lût à même de disputer aux au- tres prétendants la couronne de dame Triomphe. C'est à cause de ce dernier passage, que certains généalogistes ont ajouté à la liste des neuf Preux un dixième nom qui est celui de du Guesclin. Le Triomphe des neuf Preux fut imprimé à Âbbevilie par Pierre Gérard en U87. On lit au dernier feuillet : Cij fine le livre intitule le triomphe des neuf Preux auquel sont contenus tous les faits et proesses quils ont achevez durant leurs vies avec li/stoire de bertrand de Gesciin. il y a de cet ouvrage une deuxième édition imprimée à Paris par Michel le Noir en 4507. On en a fait une traduction espagnole qui a eu également plusieurs éditions. Les anciens généalogistes, qui fabriquaient des blasons paur tous les personnages illustres de l'histoire et de la fable, ont attribué aux neuf Preux des armes diversement ( 205 ) composées. Les plus généralement adoptées , quelque apo- cryphes qu'elles fussent, sont celles dont Jérôme de Bara donne le détail et la représentation dans son ouvrage inti- tidé : Le blason des an)ioiries auquel est inotistrée la ma- nière que les anciens et les modernes ont usé en icelles. Voici ce que lurent ou ce que durent être les armoiries en question, suivant ce savant homme qui termine son avis au lecteur par ces vers : Mon livre, mainlenant va vers ceux qui seroiil Nobles, et de sçavoir : à tels lu pourras plaire, Non pas aux ignoransqui le mépriseront, Car jamais , à leur gré , l'on ne sçaurait rien faire. JosuÉ : d'or à une teste de lyon (arrachée) de gueulles , armée et lampassée d'argent. Hector de Troye : d'or à un lyon de gueulles, assis sur une chaise de pourpre, tenant en ses pattes une hallebarde d'argent, armé et lampassé de même, le manche d'azur. Le Roy David : d'azur à une harpe d'or cordée d'argent et une bordure de mesme diaprée de gueulles. Alexandre le Grand : d'or à un lyon de gueulles armé et lampassé d'azur. Judas Machabée : d'or à un basilic de sable, membre et couronné de gueulles. Jules César, premier empereur des Romains : d'or à une aigle esployée ou à deux testes de sable; leurs dia- dèmes et membres de gueulles. Le roy Artus : d'azur à treize couronnes d'or, quatre en rang, une à la pointe. Charlemagne : Party, le premier, moitié de l'Empire, qui est d'or, à une demi-aigle esployée de sable, membrée et diadesmée de gueulles, le deuxième, de France, qui est d'azur, semé de fleurs de lys d'or. ( 206 ) GoDEFROY DE BouiLLON : (l'argent à une croix poten- cée et quatre croisettes d'or. Avant de parler des estampes de la Bibliothèque royale de Belgique, dont un spécimen accompagne cette notice, nous allons rappeler quelles sont les suites plus ou moins complètes de gravures représentant les neuf Preux exé- cutées par différents maîtres. M. Passavant signale, dans le Peintre graveitr [l. i"^^ , p. 21), comme se trouvant au Musée britannique une de ces suites qu'il désigne aussi : Neuf héros de l'antiquité. Ils sont disposés trois à trois sur trois feuilles ayant de hauteur 8 p. il 1. et de largeur 11 p. 9 1. marge com- prise. Au-dessus de chacun des héros on lit son nom et au-dessous une inscription explicative. Après avoir décrit chacune des pièces séparément, M. Passavant ajoute que ces gravures sont d'une impression très-pâle et ont été obtenues au moyen du frotton. Les contours sont lourds et les détails d'ombre sont formés par de longs traits à la pointe sèche, rarement croisés dans les draperies, tandis que dans les chairs les traits sont courts et fins, selon la manière particulière au maître de 1464 ou de celui de 1466. Une épreuve de la planche de cette même suite représentant le roi Artus se trouve dans la collection que M. Heller a léguée à la Bibliothèque de Bamberg. Au bas de chaque personnage est une inscription latine disant d'une manière plus ou moins exacte ce qu'il fut et ce qu'il fît. Une autre suite complète des neuf Preux existe à la Bibliothèque nationale de Paris. Dans celle-ci les héros sont représentés à cheval, réunis par trois sur trois feuilles où chacun d'eux s'encadre dans une arcature cintrée soutenue par des colonnes. Ces curieuses estampes ( 207 ) ont été retrouvées dans un manuscrit contenant les ar- moiries de la noblesse française et composé par Gilles le Bouvier, dit Berry, pourvu , en 1 i20, de roiïlce de liérault d'armes par Charles VU. La comparaison des armures des neuf Preux avec celles des chevaliers représentés dans les miniatures du manuscrit, a donné lieu de croire que les gravures sont de la même époque. Un sixain, imprimé en caractères xylographiques, est tracé sous chaque per- sonnage. Le héros dont on voit l'image est censé adres- ser la parole au spectateur et se faire connaître à lui, en s'exprimant, en langue française, avec plus de naïveté que de modestie. Écoulons -les parler. Hector : Je suis Hecfoi^ de Troie ou li povoir fu grans. — Alexandre : Por me force conquis les yles cfoultreincr. — Jules César : Empereur fu de Roume et en mainlins les drois. — Josué : Dieu fist maintes vertus pour moi c'est vérité. — David : Je trouvai son de harpe et de psaltérion. — Judas Ma- chabée : Je tins Jherusalem et li loy de Moyse. — Le roi Artus : Je fu roy de Bretaingne, d'Escoche et d'Engleterre. — Charlemagne : Je fu roy des Romains, d'Alemagne et de France. Je conquis toute Espaigne — Godefroid de Bouil- lon : Je fu duc de Buillon, dont je maintins lonour. Les blasons ne sont pas oubliés. Ils sont nécessaires, car les Preux étant tous costumés et armés de même, on ne les distingue qu'an moyen du signe héraldique qui leur est attribué par la tradition. Les gravures jointes au manuscrit de Berry, et qui ont dû à cette circonstance leur conser- vation, sont enluminées, sans doute pour ne pas faire disparate avec les miniatures dont on les rapprochait. La suite entière des neuf Preux se trouve également représentée dans un monument ligure d'un tout autre genre que ceux dont il vient d'être question : nous voulons ( 208 ) parler de l'F de la collection Sauvageot; un chef-d'œuvre de sculpture en bois. Ce bijou est le pendant de l'M qui faisait, depuis longtemps, partie des collections du Louvre, quand le don que fit M. Sauvageot de son cabinet au gou- vernement français réunit de nouveau les deux lettres faites de la même main. L'F s'ouvre ou plutôt se dé- double au moyen de charnières de façon à se présenter sous l'aspect de deux '^IF adossées. Extérieurement elle est ornée de délicats ornements; intérieurement elle ren- ferme dix médaillons dont les intervalles sont remplis par des groupes d'enfants et par des animaux fantastiques. Neuf de ces médaillons renferment les images des Preux ; dans le dixième est représenté Jésus-Christ sur la croix. La signification des sujets de ces médaillons n'a pas tou- jours été reconnue. Un très-savant homme, Mercier de Saint-Léger, tomba, à cet égard, dans une méprise dont il ne tarda pas, du reste, à faire l'aveu avec sincérité. Dans une lettre sur l'F en bois sculpté insérée dans VEspril des journaux de février 1779, le critique français décrit le précieux objet d'art, en donnant une attention particu- lière aux groupes d'enfants qui séparent les médaillons. Ici : « Deux enfants, l'un sautant, l'autre couché et ap- puyé sur sa main droite, tenant chacun une pomme ou une balle à jouer. » Là : « Deux enfants nus et assis qui tiennent au milieu d'eux un moulinet à vent. » Ailleurs : « Deux enfants nus et assis, tenant une marotte ailée au milieu d'eux. » Enfin : « Au-dessus de chacun des deux médaillons sont deux animaux chimériques, savoir sur celui de David un dragon ailé à deux gueules dont l'infé- rieure vomit des flammes et par-dessus l'autre médaillon un monstre quadrupède dont la queue forme plusieurs tours; la gueule béante, avec de longues moustaches. » ( 209 ) Après la description vient l'interprétation : « Ce petit morceau de sculpture, ajoute Mercier de Saint-Léger, est l'ait avec un art admirable. Les figures sont d'un dessin hardi et correct. Pas une ne ressemble à l'autre. Le bois est si bien évidé, que, pour détacher chaque figure du fond de la pièce, il a fallu des instruments de la plus grande finesse et une main aussi habile qu'exercée. La forme de ce bijou qui, quand il est fermé, présente la lettre F or- née d'arabesques, peut faire penser (|u'il a été destiné pour notre roi François L". Peut-être cependant n'est-il que la lettre initiale du nom de l'artiste. Je ne pense pas que dans cette composition le sculpteur ait eu un but moral. On pourrait, à la vérité, conjecturer que [>ar la représentation de tous les guerriers qui se trouvent réunis dans la même pièce à Jésus-Christ sur la croix et à des enfants qui jouent et tiennent une marotte, le sculpteur a voulu exprimer cette vérité si connue que les grandeurs du monde ne sont que folie, fumée, vanité, et que la croix seule nous présente un bien réel et solide ; mais dans cette supposition, que signifient les animaux chimériques, le dragon ailé? D'ailleurs, si l'objet du sculpteur eût été de mettre les rois et les guerriers les plus célèbres en oppo- sition avec la croix de Jésus-Christ, il aurait certainement placé cette croix dans un lieu distingué, soit au milieu, soit au commencement ou cà la fin des médaillons. Comme la croix se trouve dans un coin du tableau, j'aime mieux croire que l'artiste a dessiné et sculpté ce morceau sans aucun but moral et dans l'intention seule de faire un ou- vrage qui étonnât par la délicatesse et par la beauté de l'exécution. » Mercier de Saint-Léger n'avait donc pas reconnu que les guerriers représentés dans les médaillons de l'F n'é- ( 210 ) taient autres que les neuf Preux. Deux mois après la pu- blication de sa première lettre, il en adressa une seconde à l'éditeur de V Esprit des journaux pour lui dire que, d'après une observation faite par M. le baron C. de Liège : « l'artiste paraît avoir pris l'idée des sujets de ses médail- lons dans le Triomphe des neuf Preux. » Le critique fran- çais accepte de très-bonne grâce la petite leçon d'érudition iconographique que lui donne l'archéologue liégeois, il fait seulement remarquer que le médaillon où est représenté Jésus-Christ sur la croix est, en quelque sorte, un hors- d'œuvre, l'auteur du Triomphe des neuf Preux n'ayant point parlé de la mort du Sauveur. La tradition des sujets de l'F se perdit de nouveau, à ce qu'il paraît, car M. Jules Labarte, dans sa Description des objets d'art composant la collection Debruge-Dumenil où le chef-d'œuvre était passé, lui consacre les lignes sui- vantes : « Lettre F. Elle est découpée dans un morceau de bois de 13 millimètres d'épaisseur. Les deux côtés sont couverts de rinceaux élégants. La lettre s'ouvre à char- nière et présente ainsi deux F adossées. Elles sont décorées de cinq médaillons réunis entre eux par des groupes d'en- fants et de salamandres, ce qui peut faire supposer que cette pièce a été exécutée pour François I". Ces médail- lons, dont les plus grands n'ont que 15 millimètres de diamètre, présentent chacun un sujet : la crucirixion, Artus, Judas, Charles, Godefroy, Hector, Alexandre, Josué et David. Plusieurs de ces personnages sont revêtus des costumes ou des armures du commencement du sei- zième siècle. Josué porte sur son écu une salamandre, emblème de François î"; Charles, l'aigle impériale à deux tètes sur le caparaçon de son cheval. » Non-seulement M. Jules Labarte n'a pas reconnu que c'était des neuf ( 211 ) Preux qu'il s'agissail; mais il n'a pas su évidemineul à quels personnages se rapportaient les noms d'Artus, de Charles et de Godel'roy. Quant à la salainandre, emblème de Fran- çois P"", qui se trouverait sur l'écu de Josué, c'est le ba- silic dont certains généalogistes formaient ses armoiries, de même qu'ils donnaient à Judas Machabée trois coriieaux passants, comme on le voit sur le médaillon de FF où est représenté ce pei'sonnage. Quelle fut l'origine du petit chef-d'œuvre de sculpture en bois où la tradition des neuf Preux a revêtu la forme plastique? Suivant une hypothèse, l'F serait l'initiale de François i", et l'M qui lui fait pendant serait celle de Marguerite d'Angoulême, sa sœur. D'après une autre, ces deux lettres seraient le reste d'un alphabet aujourd'hui perdu, qui aurait été exécuté pour le Dauphin. Un membre de la Société d'histoire et d'archéologie de la Moselle , M. Abel , a signalé, parmi les monuments auxquels donna naissance la tradition des neuf Preux, les statues qui décoraient jadis une des salles du château de Coucy et dont la description a été fait{ï en vers latins par Antoine Asti qui était, en 1440, secrétaire du duc d'Orléans, possesseur de ce manoir : « En cette salle d'apparat, sur une cheminée, on remarque les statues en pierre i)!anche de neuf hommes célèbres de l'antiquité et parmi les Fran- çais. Trois sont d'origine juive : Josué, Judas Machabée et David; trois sont de race païenne : Hector le Troyen, J. César le Romain et Alexandre le Grand ; les trois autres furent les meilleurs défenseurs de Dieu : le roi Artus, le roi Charlemagne et celui qui soumit Jérusalem pour le Christ : Codefroid. » Cette dernière phrase expliquerait, si elle ne ressortait pas clairement de la disposition des médaillons, quelle fut la pensée du sculpteur de l'F en ( 212 ) ajoutant aux ligures des neuf Preux la représentation du Christ sur la croix. Ce sujet est rapproché des médaillons renfermant les images d'Arlus, de Charlemagne et de Godefroid de Bouillon, avec lesquels il forme un ensemble. Près des Preux qui furent les meilleurs défenseurs de Dieu, il était naturel de placer l'image de Jésus-Christ. Il est étrange que celte intention ait échappé au savant et judicieux abbé Mercier de Saint-Léger. Voilà pourquoi le médaillon du cruciliement se trouve à l'extrémité de l'une des branches de FF. Placé au sommet, comme l'aurait voulu le critique français, ce sujet n'avait pas de signiti- cation juste. Quel rapport pouvait-on établir entre l'image de Jésus-Christ et celles d'Hector, de César, d'Alexandre le Grand. Les anciens artistes ne faisaient rien par hasard. Si Mercier de Saint-Léger y avait songé, il n'aurait pas dit que le sculpteur de ÏF n'avait pas eu de but moral, c'est-à-dire pas de plan. Parmi les suites complètes des neuf Preux, il ne faut pas oublier de mentionner les images de petite dimension et d'exécution plus que médiocre qui servent d'illustration au roman du Triomphe des neuf Preux imprimé à Abbe- ville en L487, Elles n'ont aucune valeur comme objets d'art; le peu d'intérêt qu'elles offrent est purement ar- chéologique, et les citer pour mémoire est tout ce qu'il y a lieu de faire ici. ïl n'en est pas de même de la suite qui fait partie des gravures en bois de Lucas de Leyde, laquelle a été im- parfaitement désignée par Bartsch sous ce titre : « Les héros qui se sont rendus les plus célèbres parmi les an- ciens payens, juifs et chrétiens. » Ainsi que toutes les pro- ductions du célèbre peintre graveur, celle-ci est marquée du cachet d'originalité si apprécié des amateurs. Elle se ( 213 ) . compose de trois feuilles réiuiissant en trois groupes les Preux (le TaïUiquité, des temps bibliques el de l'ère des épopées chevaleresques. Sur la première feuille marchent ou plutôt chevauchent en se dirigeant vers la gauche : Hector Trojanus,Alexander MACEooetJuLius César dont les noms sont heureusement inscrits dans des cartouches placés au-dessus de leurs tètes, car il serait difficile de re- connaître, sans ce secours et sans celui des blasons, les trois héros de l'antiquité dans les trois personnages étran- ges, luxueusement empanachés et bizarrement costumés qu'a représentés la fantaisie de l'artiste. Sur la seconde feuille : JosuÉ rex, David rex Israël et Judas Machabeus, encore plus drôles que les précédents; de véritables gro- tesques, types fantastiques follement ajustés. Sur la troi- sième feuille : Artus rex, Carolus Magnus et Godefridus BiLLiOiMus. Godefroid de Bouillon a sa coiffure surmontée d'une partie des instruments de la Passion : la couronne d'épines, la croix et le fouet. Les trois feuilles sont gra- vées de manière à s'ajuster bout à bout et à former une frise, la queue du troisième cheval de la première feuille se continuant sur la deuxième, etc., pour éviter toute erreur dans l'arrangement des trois pièces. Il existe dans la collection des émaux du Louvre trois plaques circulaires en émaux de couleurs sur fond noir avec détails dorés, reproduisant trois des Preux de la suite de Lucas de Leyde, savoir : Josué, David et Judas Macha- bée, par un peintre connu seulement sous les initiales C. N. Chose singulière, M. de Laborde qui décrit ces pla- ques dans sa Notice des émaux, bijoux et objets divers exposés dans les salons du Musée du Louvre, paraît ignorer de quel ensemble ces sujets étaient détachés et ne fait aucune allusion aux neuf Preux. Il signale seulement ( 244 ) les lettres D, E, F, peints sur le fond comme indiquant une suite. Ces lettres nous l'ont connaître que ic peintre émailleur a dû reproduire la série entière des Preux de Lucas de Leyde. Les lettres A, B, C se rapportaient, sans aucun doute, aux trais héros de l'antiquité, tandis que ceux des chevaliers étaient marquées G., H., L On ignore ce que sont devenues les trois premières et les trois der- nières pièces de la série. Hans Burgkmair a fait aussi une suite des neuf Preux. Bartsch n'a pas reconnu que les trois grandes planches dont elle se compose appartenaient à une même série, il les cite et les décrit séparément ainsi : 1" Les trois bons chrétiens ; Charlemagne, Godefroid de Bourgogne [sk] et le roi Artus. 2" Les trois bons Juifs : Josué, David et Judas Ma- chabée. 3° Les trois bons payens; îîector de Troye, Alexandre le Grand et Jules César. Virgile Solis a gravé une charmante suite de neuf pièces désignée par Bartsch comme représentant les héros les plus célèbres de llnstoire. Ce sont les neuf Preux, repré- sentés en armure complète, appuyés sur un bouclier mar- qué de leur blason et encadrés dans une sorte de por- tique richement orné. Dans cette suite les personnages ne sont pas groupés par trois, chacun est gravé séparément. La tradition historico-poétique s'était perdue; mais la tradition iconologique subsistait. Les artistes ne savaient plus qu'ils représentaient les neuf Preux; mais ils conti- nuaient, ainsi qu'on l'avait fait avant eux, à réunir les images d'Hector, d'Alexandre, de César, de Josué, de David, de Judas Machabée, de Charlemagne, du roi Artus et de Godefroid de Bouillon, sans savoir en vertu de quel ( 215 ) ordre d'idées ils les meltaient en compagnie. Les naïls , maîtres de l'ancien temps n'avaient pas la prétention de faire du nouveau; ils traitaient les mêmes sujets qu'une foule de leurs prédécesseurs et de leurs contemporains, croyant avoir assez fait, lorsqu'ils en avaient quelque i)eu varié la forme et lorsqu'ils avaient imprimé à leurs œuvres le cachet particulier de leur talent. Parlons maintenant des deux suites incomplètes des neuf Preux, (lue le hasard a fait découvrir dans ces der- niers temps et qui méritent, à des titres divers, d'attirer l'attention des iconophiles. Nous nous bornerons à signaler l'une qui a fait l'objet d'un excellent travail publié par M. le comte Van der Straeten-Ponlhoz, et nous nous éten- drons plus longuement sur l'autre dont un spécimen est joint à cette notice. En 1861 M. Proth, archiviste de l'hôtel de ville de Metz, fit la découverte d'une estampe collée sous la feuille de garde d'un registre de compte de l'année 1460. Ce n'était pas une estampe, comme on le crut d'abord; c'étaient les fragments de deux des trois feuilles oii devaient être repré- sentés les neuf Preux. Sur l'un des fragments se trouve Josué et David ; Godefroid de Bouillon est seul sur l'autre. On a donc le commencement et la fin de la série des hé- roïques personnages. Des preuves tirées de l'époque à la- quelle remonte la reliure du volume dans lequel fut trouvée la gravure en question, on a conclu que celle-ci ne devait pas être postérieure à 1461. On a même cru pouvoir en reculer l'exécution jusqu'en 1418 ou 1420, sans donner, il est vrai, à l'appui de cette hypothèse des témoignages très- concluants. Nous ne rappellerons pas ici tout ce qui a été dit au sujet de la trouvaille faite aux Archives de Metz. Les explications et les discussions auxquelles elle a donné ( 216 ) lieu à la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle ont été résumées avec autant d'exactitude que de sagacité par M. le comte F. Van der Straelen-Ponthoz dans un écrit intitulé : Les neuf Preux, gravure sur bois du commeiue- menl du quinzième siècle, fragments de l'hôtel de ville de Metz. Ce que nous pouvons constater d'après le fac-similé qui en a été fait, c'est que les fragments remis presque miraculeusement en lumière méritent d'être rangés parmi les curiosités iconographiques les plus dignes d'attention. Nos fragments de la suite des neuf Preux ne sont pas d'aussi ancienne date que ceux des Archives de Metz; mais il nous est permis de dire qu'ils ont, comme œuvres d'art, une valeur infiniment supérieure. Avant de les dé- crire et de faire ressortir les particularités intéressantes qui les distinguent, nous allons dire quand et comment on en fit l'heureuse découverte à la Bihliothèque royale. En réparant une ancienne reliure recouvrant un exem- plaire des Opusculoe de Jean Huss, on s'aperçut de ce fait étrange que le carton sur lequel était appliquée l'enveloppe en cuir était formé d'une série d'estampes réunies par des couches de colle et formant un tout compacte. Prévenu de cette singularité, M. Alvin , conservateur en chef de la Bibliothèque royale, donna des ordres pour que le carton fut soumis à une immersion dans l'eau chaude qui devait amener la désagrégation des feuilles superposées. Cette opération, exécutée avec soin, réussit pleinement. Les es- tampes se détachèrent les unes des autres et se trouvèrent dans un bon état de conservation, aussi bon du moins que l'avait permis le couteau du relieur qui les avait divisées et rognées, pour les réduire à la grandeur du volume dont elles devaient servir à affermir la couverture. Les moindres fragments furent recueillis, cela va sans dire, très-soigneu- ( 247 ) sèment. On réunit ceux qui appartenaient aux mêmes es- tampes et l'on garda les autres qui , tout incomplets qu'ils fussent, pouvaient servir de point de départ à d'intéres- santes recherches. Outre les fragments de la série des neuf Preux dont il va être question, il y avait des images de sainteté, des feuilles d'arabesques, etc. Les Preux dont l'incident que nous venons de rapporter a enrichi la collection de la Bibliothèque royale, sont au nombre de quatre, savoir : Hector, David, Alexandre le Grand (?) et Godefroid de Bouillon. Aucun d'eux n'est in- tact, malheureusement; mais il manque peu de chose à trois d'entre eux , et si la partie supérieure du quatrième (Hector) fait défaut, en revanche le bas, qui est rogné dans les antres, renferme une incription qui permet de constater l'origine flamande de l'œuvre. Commençons donc par Hec- tor, puisqu'il est le premier dans l'ordre adopté pour le classement des héroïques personnages. Il manque à Hector, comme nous venons de le dire, la partie supérieure du corps jusqu'à la ceinture. La tête et les jambes de devant de sa monture manquent également. Il galoppe vers la droite. Au bord du caparaçon de son cheval est fixé un écusson portant les armes que certains des anciens généalogistes attribuaient au fils de Priam : deux lions affrontés tenant en leurs pattes une hallebarde d'argent au manche d'azur. Au bas se trouve l'inscription suivante : HECTOR VAN TROIEN. By niy Hector des conincx Priamus eerste gheborene sone de vroôl.... (vroomheid vvas) ODder Igeslachte van Troien \v(a)ren xviu coninghë voor Troien.... ic om Paris niyns broeders wille de scone Heleeiie bcscudde en wr.... (wraec uam van Ion) redit eiï de scoffierichede die de Grielië mijnre nioeye dcden. Maer !.... ic hadde begonnen verradelic van Acljiiles verwonnea. S™"" SÉRIE, TOME XXXII. 16 (^18) Par moi Hector, fils preniier-iié du roi Priani (la valeur était) parmi la race de Troie il y avait 18 rois devant Troie; moi, pour l'amour de mon frère Paris, je pris la défense de la belle Hélène et (pris vengeance) de l'injustice et des violences que les Grecs commirent à l'égard de ma tante. Mais (à peine) avais-je commencé, je fus traîtreusement vaincu par Achille. L'inscription lïamande est, à quelques variantes près, celle qui se trouve sous l'Hector de la suite des Preux trouvée dans le manuscrit de Berry et dont il été parlé plus haut. Voici le texte français : Je suis Hector de Troye on li povoir fu grans Je vis les greciens qui moult furent puissans, Quassieger vinrent Troie oîi il furent longtemps La occis XXX roys comme preux et vaillans Achils me tua, jà ne soies doublans Devant qui Dieu naquis Xlll et XXX ans. De ce rappi^ochement on peut conclure que l'auteur de l'inscription ilamande avait eu sous les yeux la suite des Preux que possède la Bibliothèque nationale de Paris à titre d'exemplaire unique. Le second de nos Preux appartient également, suivant toute apparence, à la série des héros de l'antiquité. Nous disons suivant toute apparence, parce que cette figure n'offre pas d'indices au moyen desquels on puisse la déter- miner d'une manière certaine. Le personnage a pour mon- ture un chameau. Il tient une large épée de la main gauche et sans doute une lance de la main droite, qui ne se voit pas dans le fragment. On pourrait penser à Josué et à Judas aiachabée comme appartenant aux contrées où le chameau servait de monture; mais la couronne qui entoure le cai;(iue du guerrier donne plutôt lieu de croire que c'est Alexandre le Grand. Dans d'autres suites des neufs Preux , ( 219 ) Alexandre est le seul qui n'ait pas un cheval pour mon- ture. A la vérité c'est sur un éléphant et non pas sur un chameau qu'il est représenté; mais n'est-il pas permis de supposer que l'artiste, n'ayant pas un modèle d'éléphant à sa disposition, a copié l'animal caractéristique de l'une des contrées traversées par le conquérant et dont on voyait jadis souvent des échantillons dans nos villes à l'époque des foires? Le blason qui devait servir à faire reconnaître le personnage, indépendamment d'une inscription sem- blable à celle qui se trouve au bas de la ligure d'Hector, manque malheureusement à notre fragment. Le troisième Preux est David. La figure est entière; au cheval qui galope vers la gauche il manque la tête et les jambes de devant. David est vu de dos, armé de toutes pièces, le casque surmonté d'une couronne. II tient de la main droite une épée la pointe levée et de la gauche un bouclier dont on ne voit qu'un fragment. Sur la housse du cheval est une harpe, conformément à la tradition des armoiries des Preux. Au sommet de la planche on lit le mot Prophète. Le quatrième Preux de notre série malheureusement incomplète est Godefroid de Bouillon. Le héros de la pre- mière croisade est vu de trois quarts, tenant de la main droite une longue épée et de la gauche la bride de son cheval. 11 est revêtu d'une armure complète. Son casque est surmonté, comme dans l'estampe de Lucas de Leyde, de plusieurs des attributs de la Passion : la couronne d'épines, la croix, le fouet et les verges. Les armoiries qui ornent sa cuirasse sont répétées trois fois sur la housse de son cheval. Au sommet de l'estampe on lit ces frag- ments d'inscriptions : oot... van Billi. Les fragments que nous venons de décrire apparte- ( 220 ) liaient sans doute à trois feuilles offrant, ainsi que dans les autres séries des neuf Preux, les trois groupes des hé- ros de l'antiquité, des temps bibliques et des épopées che- valeresques. Elles sont toutes plus ou moins incomplètes; mais le hasard a voulu qu'elles ne fussent pas mutilées dans les mêmes parties et que les fragments qui nous restent renfermassent les particularités essentielles au moyen desquelles on put se former une idée de l'ensemble. Nous devons nous féliciter d'abord de ce que l'inscription placée au bas de l'une des hgures (Hector) a été conservée, car elle établit, comme nous l'avons dit plus haut, d'une manière incontestable, l'origine flamande de l'œuvre dont il s'agit. A quelle époque remontent nos fragments? Ils ne peu- vent appartenir qu'aux i)remières années du XVI" siècle. L'édition (sans date) des Opusciila de Jean IIus, dans la reliure desquels ils étaient renfermés, fut imprimée, selon les bibliographes, vers l'année 1526. Cette reliure est contemporaine de la publication du livre. Le cuir qui la recouvrait et qui a été appliqué sur un nouveau carton pour conserver la reliure restaurée du volume, est mar- qué d'empreintes délicates dans le goût du commencement de la Renaissance. Pas un connaisseur ne lui assignera certainement une date postérieure à 1550. Le relieur a dû prendre d'anciennes gravures pour former son carton de leurs couches superposées. 11 n'aurait certainement pas employé à cet usage des gravures modernes, considérées comme ayant de la valeur. On n'avait jadis ni goût ni res- pect pour les choses anciennes. Le relieur a traité nos Preux comme des vieilleries. 11 est à remarquer que parmi les gravures retrouvées dans la même reliure, quelques- unes étaient antérieures aux fragments des Preux , d'au- ( 221 ) lies peuvent ai)i)arlenii' à ia même époque; mais aucune n'est assurément de date plus récente. C'est donc entre 1500 et lo2o, au plus tard, qu'ont du être exécutées les planches de la série flamande des Preux. Comme spécimens de l'art de cette époque, elles sont ex- trêmement remarquables. Les figures ont un caractère, un mouvement vraiment extraordinaires et sont colorées d'une façon surprenante pour le temps. Les têtes d'Alexan- dre le Grand et de Godcfroid de Bouillon sont su|)erbes; elles ont un cachet de maître. Le mouvement de David est admirable d'énergie et d'ampleur. Celui du chameau qui vient d'être blessé au cou et détourne subitement la tête, est saisissant de vérité. S'il ne s'agissait pas d'un animal, on dirait que cette tête est parfaite d'expression. Il n'y a qu'un excellent artiste qui ait pu dessiner ces belles ligures; il n'y a qu'un graveur habile qui ait pu exécuter des planches si vigoureuses et si colorées. Les Preux du British Muséum, de la Bibliothèque nationale de Paris et des Archives de Metz sont des objets de curiosité; les nôtres sont des œuvres d'art. Comment se fait-il que des productions de cette valeur aient disparu et qu'il ait fallu un heureux hasard pour en conserver des fragments? Il est toujours imprudent d'ailir- mer que tel livre ou lelle estampe n'existe qu'en exem- plaire unique. Ce que nous pouvons dire, c'est que nous avons fait de vaines recherches pour trouver la citation d'estampes ayant de l'analogie avec nos fragments, les- quels, mis sous les yeux des connaisseurs en iconogra- phie, n'ont été reconnus par aucun d'eux comme existant en tout ou en partie dans d'autres collections. ( 222 ) — La classe décide qu'elle continuera, dans la pro- ciiaine séance, l'examen de la question d'un palais des beaux-arts. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Moniirjny [Ch.). — Discours prononce à la distribution solennelle des prix aux élèves de l'Atliénée royal de Bruxelles le 12 août 1871. Bruxelles, 1871 ; in-8''. Catalan (Eugène). — Sur un article du journal des savants. Rome, 1871; in-4''. Morren [Edouard). — Notice sur le Cytisus x. purpureo- Laburnum. Gand, 1871; in-8". Janssens (£".). — Considérations statistiques sur la salubrité comparée de la ville de Bruxelles. Bruxelles, 1871 ; in-8°. Gille{J.-B). — De la vapeur d'un désinfectant. Bruxelles, 1871 ; in-8". Jokorny (A.). — De l'origine des plantes alpines. Traduc- tion de l'allemand par A. Preudbomme de Borrc. Bruxelles, 1871; in-S". Trésor musical , par R.-J. Van Mnldegbem, musique pro- fane, 1871 , 7"*= année. Bruxelles; in-V. (Envoi du ministère de l'intérieur.) Commission royale des anciennes lois et ordonnances de la Belgique. — Coutumes du pays et comté de Hainaut, par M. Ch. Faider. Tome 1". Bruxelles, 1871; in -4°. (Envoi du ministère de la justice.) Commissions royales d'art et d'archéologie, à Bruxelles. ~ Bulletin, X"'' année, n"^ 5, G , 7 et 8. Bruxelles, 1871; 2.cah. in-8''. ( 225 ) Musée de l'industrie de Belgique. — Bulletin, tome 50", 12'' liv., et tome GO", n"^ 1 et 2, 1871. Bruxelles; 2 cali. in-8°. Revue de Belgique, 3™' année, 7'"% S"" et 9'""livr. Bruxelles, 1871; 3 cah. in-S». Le Bibliophile belge, VI'"' année, livr. 3-7. Bruxelles, 1871 ; 2 eali. in-8''. Revue de l'instruction publique en Belgique, XIX'"" année, septembre 1871. Gand; in-S". L'Abeille, \7°"' année, liv. 4 à G. Bruxelles, 1871 ; 5 brocli. in-S". Journal des beaux-arts et de la littérature, XIIl'"" année, ï\°' 13 JH8. S^-Nicolas, 1871 ; 7 feuilles in-4°. De Vlaamsclie school , 1871, bladzn. 9, 10, 11, 12, 13. Anvers; 5 feuilles in-4''. Académie royale de médecine de Belgique, à Bruxelles. — Bulletin , 5""" série, tome V, n"' G, 7, 8. Bruxelles, 1871 ; 2 cah. in-8°. Société rotjale des sciences médiccdes et naturelles de Bruxelles. — Journal de médecine, 29""" année, 55""" vol., juillet à septembre 1871. Bruxelles ; o cah. in-8". Annales (Voculistique, 34"'^ année , 1"^" et 2'"" livr. Bruxelles, 1871; cah. in-S". Écho médical et pharmaceutique belge, 2"'^ année, n"' 7, 8, 9. Bruxelles, 1871 ; 3 cah. in-8°. Annales de médecine vétérinaire , 20"'" année, 7"'" à 9"'" ca- hier. Bruxelles, 1871 ; 3 cah. in-8''. Société royale de pharmacie de Bruxelles. — Bulletin, 15™" année, n°' 7 à 9. Bruxelles, 1871 ; 3 cah. in-8°. Annales de l'électricité médicale, 12'"" année, 4™" à G'"" fas- cicule. Bruxelles, 1871 ; cah. in-S". La presse médicale belge , 23"'" année, n"' 27 à 39. Bruxelles, 1871 ; 13 feuilles in-4". La charité sur les champs de bataille, VU'"" année, n" 2. Bruxelles, 1871; feuille in-4°. Le Scalpel, 24"" année, n"' 1 à 1 3. Liège, 1 87 1 , 1 3 feuilles in-4''. ( 224 ) Société de médecine d'Aiiicis. — Annales, XXII""' année, livr. de juillet à septembre. Anvers, 1871 ; 5 cali. in-8". Société de pharmacie d'A^ivers. — Journal de pharmacie, '■27"'' année, juillet, août et septembre. Anvers, 1871 ; 3 cah. in-8°. La Belgique horlicole, rédigée par Edouard Morren. Mars à septembre 1871. Liège; 3 cah. in-8"'. Académie des sciences de Paris. — Comptes rendus hebdo- madaires des séances. Tome LXXllI, n°' 1 à 15, et tables du tome LXXI. Paris, 1871; 14 cah. in-4°. Société de géogi^aphie de Paris. — Bulletin, mai -juin, juillet, août, sept.-oetobre, 1871. Paris, 4 cah. in-8°. Archives de médecine navale, tome XVI'"'', n"' 4 à 9. Paris, 1871; 2 cah. in-8". Revue hebdomadaire de chimie, publiée sous la direction dcM.Ch. Mène; 5'"" année, n''^ 1,2,0 et 4. Paris, 1871 ;4cah. in-8''. Chasles. — Rapport sur les progrès-de la géométrie, Paris, 1870; in-8°. Grad {Charles A.). — Examen de la théorie des systèmes de montagnes dans ses rapports avec les progrès de la strati- graphie. Paris, 1871 ; in-8°. Société de l'histoire de France, à Paris. — Annuaire his- torique, années 185i, 1859, 1860, 1865; 4 vol. in-12. — Bulletin, 2'"'= série, tomes I et III; 2 vol. in-8». — Table des matières des vingt-trois premières années du Bulletin; 1 cah. in-8". — Annuaire-Bulletin, années 1863 à 1869; 7 vol. in-8°. -— Anchiennes cronicqucs d'Engleterre par Jehan de Wavrin, annotées et publiées par M'"*" Dupont. Tomes I et III. Paris, 1838 et 1863; 2 vol. in-8°. — Choix de pièces iné- dites relatives au règne de Charles VI, publiées ])ar L. Douët d'Arcq. Paris, 1863 et 1804; 2 vol. in-8°. — Chronique de Mathieu d'Escouchy, nouvelle édition publiée i)ar G. du Fresne de Beaucourl. Paris, 1865 et 186'»-; 5 vol. in-8". — Chronique des quatre premiers Valois (1527-1393), publiée ( 225 ) par M. Siméon Liiec. Paris, 1862; in-8^ — Chroniques de J. Froissart , publiées par Siméon Luce. Tomes I (i" cl S""" par- lies) cl 11. Paris, 1869 et 1870; 5 vol. in-8". — Chroniques des comtes d'Anjou, recueillies et publiées par MM. Marchegay elSalmon, avec une introduction par M. Emile Mabille. Paris, 185G-187I ; in-8°. — Chroniques des églises d'Anjou , recueil- lies et publiées par MM. Paul Marchegay et Emile Mabille. Paris, 1809; in-8°. — Commentaires et lettres de Biaise de Monluc, maréchal de France. Édition revue et publiée par M. Alphonse de Ruble. Tomes I à IV. Paris, 18Gi-1870; 4 vol. in-8°. — Comptes de lllôlel des rois de France aux XIV'"" et XV"'^ siècles, publiés par M. L. Douët-d'Arcq. Paris, 18Gy; in-8". — Histoire de saint Louis par Jean sire de Joinville, suivie du Credo et de la lettre à Louis X, publiée par M. Nalalis de Wailly. Paris, 1868; in-8°. — Histoire des règnes de Charles VII et de Louis XI par Thomas Basin, évè({ue de Lisieux, jusqu'ici attribuée à Amelgard, j)ubliée par J. Qui- cherat. Tome IV. Paris, 1859; in-8°. — Journal de ma \k\ Mémoires du maréchal de Bassompierre. Première édition conforme au manuscrit original, publiée |ar le marquis de Chantérac. Tome premier. Paris, 1870; in-8^ — Journal et mémoires du mai-quis d'Argcnsou, publiés i)ar E.-J -B. Ra- thery. Tomes II à IX. Paris, I8r;0 à 1867; 8 vol. in-8°. — La chronique d'Enguerran de Monstrelet, en deux livres avec pièces justificatives (1400-1444), publiée i)ar L. Douët-d'Arcq. Tomes II, IV, V et VI. Paris, 1858 à 1862; 4 vol. in-8". — Le Livre des Miracles cl autres opuscules de Georges Floi'cat Gré- goire, évèque de Tours, revus et traduits par H. L. Bordier. Tomes 111 et IV. Paris, 1862-1864; 2 vol. in-8'\ — Les mira- cles de saint Benoit, écrits [)ar Adrevald. Aimoin , André, Raoul Torlaire et Hugues de Sainte-Marie, moines de Fleuiy , réunis et publiés par E. de Certain. Paris, 1858; iM-8". — Mémoires de Madame de Mornay. Edition publiée |)ar M*^ de Witt, née Guizot. Paris, 1868 et 1869; 2 vol. in-8". — Mé- moires du marquis de Beauvais Nangis et journal du procès ( 226 ) du marquis de la Boula^c, publiés pour In première fois par MM. Monmerqué et A.-H. Taillandier. Paris, 18G2; in-S». — OEuvrcs complètes de Pierre de Bourdeille seigneur de Bran- tôme, publiées par Ludovic Lalanne. Tomes I à V. Paris, 1864 à 1869; 5 vol. in-S». — OEuvres complètes de Suger, recueillies, annotées et publiées par A. Lecoy de la Marche. Paris, 1867; in-8°. — Rouleaux des morts du IX"" au XV™'^ siècle, recueillis et publiés par Léopold Delisle. Paris, 1866; in-8». Journal de l'agriculture, 1871, tome II, n"' 116 à 150. Paris; 15 cah. in-S". Revue britannique, mai à septemb. 1871. Paris; 5 cah. in-8". Revue scientifique de la France et de V étranger , 2"'' série, 1" année, n"' 1 à 15. Paris, 1871 ; 15 cah. in-4". Revue politique et littéraire, 2""' série. 1" année, n°^ 1 à 15. Paris, 1871 ; 15 cah. in -4". 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Salem, 1870; in-8"; — The American naturalist, vol. IV, n" 3 to 12 and vol. V, n" 1, moy, 1870-marcli, 1871. Salem; Tl cah. in-8". BULLETIN DE L'ACADÉMIR ROYALE DES SCIENCES DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1871. — N« 11. CLASSK DES SCIENCES Séance du â novembre 487 L M. J.-B. d'Omalius d'Halloy, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. de Koninck, P. Van Beneden, Edni. de Selys Longchamps, le vicomte P. Du Bus, H. Nyst, Gluge, Melsens, J. Liagre , F. Duprez, G. Dewalque , E. Quetelet, H. Maus, M. Gloesener, A. Spring, E. Can- dèze, Ch. Montigny, Steichen , Brialmont, Ed. Dupont, membres ; E. Cantalan, Ph. Gilbert, Aug. Bellynck, asso- ciés; Ed. Morren, C. Malaise, Ed. Mailly, F. Folie, J. De Tilly, correspondants. 2°"' SÉRIE, TOME XXXII. 17 ( 234 ) CORRESPONDANCE. Deux des plus éminents associés de la classe sont morts pendant le mois d'octobre dernier : Charles BABBÂGE,né en 1790, élu dans la section des sciences mathématiques et physiques le 7 octobre 1826, et décédé le 21 octobre 1871 ; ainsi que sir Roderick împey Murchison, né à Tar- radale (Ecosse) en 1792, élu dans la section des sciences naturelles le 14 décembre 1855, et décédé à Londres le 22 octobre 1871. — Les sociétés savantes qui suivent remercient pour le dernier «^nvoi annuel de publications académiques et adres- sent, par contre, leurs récents travaux : L'École polytechnique do France , l'Académie de mé- decine de Paris, la Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux, la Société des naturalistes de Carlsruhe, l'Université d'Heidelberg , l'Observatoire de Kremsmunster, la Société astronomique de Leipzig, la Société géographique de Vienne, la Société des sciences de Copenhague, la Société finlandaise des sciences, à Hel- singlbrs, la section géologique de la direction générale des travaux géodésiques, à Lisbonne, et l'Onice météoro- logique de Calcutta, — M. le Ministre de l'intérieur demande que la classe procède à la formation de la liste double de candidats, parmi lesquels sera choisi le jury chargé de juger la cinquième période du concours quinquennal des sciences naturelles, finissant au 31 décembre prochain. ( 235 ) Les noms des quatorze candidats désignés au scrutin secret seront communiqués à M. le Ministre de l'intérieur. — M. Ad. Quetelet présente ses observations, faites à l'Observatoire royal de Bruxelles, sur l'état de la végétation au 21 octobre dernier. Des observations semblables pour Waremine, par M. de Selys Longcbamps; pour Gembloux, par M. Malaise; pour Mellc, par M. Bernardin, sont égale- ment communiquées. iM. A. De Borre transmet des observations sur le règne animal faites à Visé et dans quelques autres localités, pen- dant l'année 1871, par M. Louis Quaedvlieg. M. A. De Borre a fait accompagner ces observations des remarques suivantes : « Je crois que les entomologistes et généralement tous les naturalistes devraient se préoccuper beaucoup plus qu'ils ne le font de la question des dates et de toutes les autres questions statistiques qui se rattachent à la vie annuelle des êtres. Ainsi, toute espèce annuelle a une période; celte période devrait être étudiée de ma- nière à en déduire le point maximum quant au nombre d'individus, point à trouver dans l'intervalle qui sépare la première observation de la dernière que l'on a faite de l'espèce pendant l'année. Parmi les insectes, il est beaucoup d'espèces qui vivent plusieurs années à l'état de larves et qui, alors, ne se montrent pas tous les ans à l'état parfait avec la môme abondance, comme les hannetons ; l'étude statistique de ce phénomène périodique est encore impor- tante. D'autres espèces, au contraire, se montrent deux fois par an; il y aurait à étudier quels rapports on peut établir entre les deux générations hivernale ou estivale et automnale, tant pour les dates que pour l'abondance des individus... » ( 236 ) — La Société médico-chirurgicale de Liège sera inscrite sur la liste de distribution des Bullelins en échange de ses Annales, — Une note de M. Renier Malherbe, ingénieur des mines à Liège, Caractère paléontologique de certaines couches du bassin houiller de Liège, est renvoyée à l'examen de deux commissaires, MIVL G. Dewalque et d'Omalius. — Une rectification à leur notice sur la Brijonicine , par MM. Lucien de Koninck et Paul Marquart, sera l'objet d'un examen de la part de 31M. Melsens et Donny. ^ote sur les Iremblonciits de terre en 1869, avec supplé- ments pour les années antérieures de 1845 à 1868 (xxvii* RELEVÉ annuel), par M. Alexis Perrey. MSappot't de US. Éd. .flaitly. « Les tremblements de terre ont fait l'objet de nom- breux écrits, — la Bibliographie séismique, publiée en 1855-56 par M. Perrey dans les Mémoires de l'Acadéinie de Dijon, renferme 1857 numéros (1), — et cependant, cette branche de la physique du globe est encore bien (1) M. R. Mallet a donné dans les Transactions de l'Association Britan- nique pour l'avancement des sciences (1838) des listes d'ouvrages relatifs aux tremblements de terre, qui se trouvent dans différentes bibliothèques de ri'kirope, et dont un grand nombre avaient échappé aux investigations de M. Perrey. ( 257 ) arriérée. Quelques données ont été recueillies par voie d'induction sur le phénomène considéré dans le temps et dans l'espace , et l'on a commencé à rechercher d'une manière plus précise, la nature et le mode d'action de la cause à laquelle on l'attribuait, cause déjà entrevue par Aristote et que de Humboldt définit « la réaction exercée par l'intérieur de notre planète contre ses couches exté- rieures. » On s'est donné beaucoup de peine pour saisir quelque relation entre les tremblements de terre et les phénomènes météorologiques, mais jusqu'à présent on n'est arrivé qu'à des résultats négatifs, bien entendu qu'il ne s'agit ici que des phénomènes météorologiques, observés avant et pendant les secousses. Ce qui manque à la séismologie, c'est un système d'ob- servation uniforme, organisé sur les différents points du globe. Il faudrait que les séismologues s'entendissent sur les faits à observer, sur la manière de les observer et sur les instruments à employer. Les faits recueillis par de bons instruments enregistreurs, étant bien coordonnés et com- parés à ceux fournis par les instruments enregistreurs, météorologiques et magnétiques, conduiraient probable- ment à des conclusions intéressantes. Dès l'année 1858, M. R. Mallet développait devant l'Association Britannique pour l'avancement des sciences les idées que nous rappe- lons ici. Il demandait l'établissement d'un bureau central où les observateurs distribués sur la surface de la terre enverraient périodiquement leurs résultats, pour y être coordonnés et soumis à une discussion approfondie. Pour réussir, un pareil plan aurait besoin de l'appui des sociétés savantes et des gouvernements : les efforts des particuliers sont impuissants à le réaliser. M. Perrey s'est attaché depuis de longues années à recueillir les annonces ( 238 ) des tremblements de terre; de nombreux correspondants lui sont venus en aide , et il n'a reculé devant aucun sacri- lice pour améliorer et étendre de plus en plus sa chronique annuelle. M. Perrey avait été précédé en France, dans cette tâche difficile, par l'illustre Arago , qui , dès i 81 7, commença à faire paraître (1) des listes des tremblements de terre « portés à la connaissance du monde savant par les jour- naux des divers pays du globe. » « J'ai continué ce travail avec persévérance, dit Arago (2), jusqu'en 1830, époque à laquelle la publication des résumés annuels l'ut suspen- due. M. Alexis Perrey a plus tard repris et poursuivi avec un zèle infatigable la tâche que je m'étais imposée; il a publié des catalogues plus complets que les miens et s'étendant à un plus grand nombre de contrées. Les listes insérées dans les Annales (de chimie et de physique) ont donc été un exemple utilement donné; j'ai eu le bonheur de voir cet exemple suivi par un homme éclairé et labo- rieux, » J'ai transcrit ces paroles d'Arago parce qu'elles confir- ment l'opinion émise depuis longtemps dans notre Aca- démie sur les travaux de M. Perrey. Je ferai remarquer toutefois que le mot catalogue ne peut pas s'appliquer aux notes sur les tremblements de terre, publiées chaque année par M. Perrey. Ces notes forment en réalité une chromque dont les matériaux un peu diffus n'ont pas été soumis à une critique bien sévère, et demanderaient à être rangés parfois avec plus d'ordre et un sentiment mieux entendu de l'importance relative des événements signalés. Quoi qu'il en soit , ces notes et les mémoires dans lesquels M. Perrey (1) Dans les Annales de Chimie et de Physique. (2) Œuvres complètes, t. XII, 1859. ( 239 ) a embrassé de longues périodes de temps pour dillérenls pays ont été d'un grand secours à M. U. iMallet, l'auteur du premier catalogue de tremblements de terre, digne de ce nom, qui ait paru (1). Le catalogue de M. Mallet, entre- pris à la demande de l'Association Britannique pour l'avan- cement des sciences , s'étend de Tannée 1606 avant Jésus- Christ à l'année 1842 inclusivement : il embrasse ainsi un espace de 5448 années. Il est divisé en six colonnes, qui donnent 1» la date et l'heure; 2° le lieu; 5" la direction , la durée et le nombre des secousses; 4" les phénomènes en rapport avec la mer : haute mer, marées, etc. ; 5" les phéno- mènes appartenant à la terre; les phénomènes météorolo- giques, précédant ou succédant, etc.; 6" les autorités. M. Mallet, dans la discussion qu'il a entreprise des faits consignés dans son catalogue, a tenu compte des trem- blements de terre survenus depuis le commencement de 1845 jusqu'à la lin de 1850, et consignés dans les notes annuelles de M. Perrey. Sa base d'induction comprend ainsi 6831 tremblements de terre, observés dans toutes les parties connues du globe, sur terre et sur mer, mais les résultats auxquels il est arrivé ne sont pas en rapport avec la grandeur de ce nombre : ceux qui se rapportent aux tremblements considérés dans le temps confirment , quant à la distribution de ces phénomènes entre les saisons, la loi empirique trouvée par M. Perrey. Les bornes et l'objet de ce rapport ne nous permettent pas d'entrer dans plus (1) Le catalogue de M. R. Mallet a été publié dans les Transactions de 1852, 1855 el 185i, de l'Association Britannique pour l'avancement des sciences. La manière dont ce travail a été élaboré est exposée dans les Trans- actions de l'année 1851 , et la discussion à laquelle il a donné lieu se trouve dans les Transactions de 1858. ( 240 ) de détails : disons toutefois que le caractère des faits recueillis, leur insuffisance comme source d'information scientifique, et l'absence de toute méthode dans leur obser- vation, ont porté dans l'esprit de M. Mallet, la conviction que tout ce qu'il est possible de tirer de pareils catalogues et de leur discussion en a été tiré, et que l'observation systématique dont j'ai parlé plus haut est devenue indis- pensable aux progrès futurs de la séismologie. Pour l'appréciation du nouveau travail que M. Perrey a soumis à l'Académie, je m'en réfère à ce que j'ai dit précé- demment au sujet de ses notes antérieures. Je crois que, tout en maintenant le cadre adopté depuis tant d'années par M. Perrey, il y aurait moyen, par une autre forme de rédaction et en élaguant certains détails trop personnels ou sans rapport bien marqué avec le phénomène principal, de diminuer considérablement l'étendue du travail. Il serait bon aussi, peut-être, de ne pas publier, chaque année, un supplément aux notes précédentes, à partir de 1845, et d'attendre que deux ou trois ans se soient passés; en dif- férant aussi de quelques années l'impression de la note principale, les suppléments deviendraient moins considé- rables et les recherches plus faciles : cela pourrait se faire d'autant mieux que les Mémoires in-8° dans lesquels les travaux de M. Perrey sont insérés ne paraissent pas à des époques régulières. Enfin, n'y aurait-il pas lieu de substi- tuer la forme de Catalogne, adoptée par M. Mallet, à la simple chronique, telle que nous l'avons eue jusqu'ici? Je ne pose pas de conclusions, je m'en rapporterai à l'avis de notre honorable secrétaire perpétuel , beaucoup plus compétent que moi pour ces questions. » ( 241 ) MSnifftoê't do M. Atl ifiielrlel. « Je remercie M. Mailly pour ses paroles obligeantes à mon égard. En ce qui concerne le mémoire sur les trem- blemenls de terre, je ne puis que souscrire aux différentes considérations du rapporteur, en invitant l'auteur à revoir son travail et à le réduire à des dimensions convenables par la suppression des digressions trop longues qu'on y rencontre parfois. Depuis vingt à trente ans, je suis avec l'attention la plus grande les nombreux travaux que fait M. Perrey |)0ur rassembler tous les documents relatifs aux tremblements de terre. Ce pbénomène remarquable n'a commencé à être étudié, avec suite et ténacité, sur les divers poinis du globe, que depuis l'impression régulière des docunients, dont l'Académie de Bruxelles a accueilli la publication. J'ai suivi, avec le plus vif intérêt, ces observations pour étudier les relations qu'elles pourraientavoir avec les étoiles niantes et les météores en général. Ces notes se font entièrement par les soins et aux frais d'un modeste professeur de sciences ; et j'ai toujours pensé que notre Académie se rendait utile à la science , en aidant un savant aussi actif et aussi désintéressé à pro- duire le résultat de ses pénibles travaux : je demande donc à la classe de vouloir bien encore continuer son con- cours en votant leur publication dans le recueil des mé- moires in-S". » Conformément à ces conclusions, la classe décide l'im- pression du travail de M. Perrey dans les recueils acadé- miques. ( 242 Note sur le roulement des rouleaux et des roues sur un plan d'appui; par M. J. De Tilly, correspondant de l'Académie. « Dans la première partie de sa note M. De Tilly traite de l'équilibre d'un rouleau pesant, posé sur un plan d'ap- pui horizontal, dans le but d'établir quelques notions préliminaires à la question de la seconde partie : le mobile étant mù d'abord avec une simple vitesse de translation, quelles sont les forces qui agissent à un instant quelcon- que, et quelles sont les diverses phases du mouvement? L'auteur discute quelques questions particulières avec plus de succès que je n'avais pu le faire dans mon essai; j'y avais, en effet, rencontré une difficulté qui n'existe pas, dès qu'on part du principe évident que le frottement est toujours opposé au sens de la plus grande vitesse du point de contact mobile avec le plan d'appui. Quand un corps pesant homogène roule sur un plan d'appui horizontal, la pression dynamique est la même que la pression statique, car la résultante des réactions d'inertie tangentielles et des forces centrifuges est con- stamment nulle. C'est pour avoir omis involontairement la considération des forces d'inertie tangentielles que j'ai été amené à admettre d'abord une diminution de pression. Sans sortir de la question, on parvient aisément à prou- ver, dans le cas de w constant, que la résultante totale des forces d'inertie est nulle, ou que la résultante centrifuge est égale et directement opposée à celle des forces d'inertie tangentielles; il suffit d'examiner la force d'inertie d'une ( 243 ) molécule dm placée à une distance quelconque de l'axe du solide, et celle d'une masse dm' = dm, placée à une dis- tance égale et contraire; les forces de dm. et de dm' sont égales et directement opposées, ce qui donne la propriété énoncée. M, De Tilly présume que la quantité Z ou A doit croître avec la vitesse du mouvement ; moyennant les observa- tions de M. Fèvre, faites sur les amplitudes d'oscillation d'un cylindre roulant sur des courbes en bois, j'ai reconnu que la quantité A augmente, en eflét, sensiblement avec la moyenne vitesse d'oscillation ou avec l'écart initial. Dans la seconde partie, l'auteur traite de la théorie mé- canique des voitures à un et à deux trains, et me semble tenir compte de toutes les circonstances de la question plus exactement qu'on n'avait pu le faire jusqu'à ce jour. 11 y avait défaut de précision dans la manière de concevoir le problème; ce qui provenait surtout de ce qu'on ne mettait pas en évidence le rôle de la réaction horizontale du sol contre les roues. M. De Tilly aurait pu insister davantage sur les élimi- nations, afin de faire ressortir toutes les conclusions à déduire de ses équations de condition, et de nous faire connaître les valeurs, au moins approchées, des inconnues principales. Celte remarque de ma part ne saurait m'empècher d'applaudir aux etïorts de l'auteur, etde voler l'impression de sa note dans le Bullelm. » ( 244 ) HnitpoÈ'l de H. Folie. « Je n'aurais que quelques mots à ajouter au rapport de notre savant confrère, qui a lui-même reconnu l'exac- titude et le mérite des solutions données par M. De Tilly dans son travail, si ce rapport ne me fournissait l'occasion de discuter une question de principe qui y est traitée en des termes dont je ne saisis peut-être pas exactement le sens. M. De Tilly a trouvé , d'accord avec ce que j'appellerais volontiers le sentiment universel en mécanique, que les forces centrifuges ne diminuent en rien la pression exer- cée par un rouleau en mouvement sur un plan d'appui, et il s'est borné à constater ce résultat de sa théorie, sans aborder à ce sujet une discussion qui ne rentrait pas du reste dans le cadre de son travail; mais l'honorable com- missaire a cru devoir expliquer ce fait, et c'est pour préciser le sens que j'attache à son explication que je me permets de revenir quelques instants sur ce point. D'où proviennent les forces, ou , pour parler plus exac- tement, les réactions centrifuges? Des composantes nor- males de l'inertie. Or, dans un système rigide tournant autour d'un axe principal, ces composantes se détruisent deux à deux, et par suite les forces centrifuges n'existent pas; elles existent, au contraire, si le système tourne autour d'un axe non principal, et font alors varier la position de l'axe à chaque instant, si cet axe n'est pas fixe, ou exer- cent sur lui des pressions dans le cas contraire. Dans le mouvement considéré du rouleau, comme ce mouvement peut toujours se ramener à une translation perpendiculaire à l'axe , et à une rotation autour de cet axe, et que celui- ci est principal, la force centrifuge n'existe pas. ( 24-5 ) Il est vrai que quand il y a concordance, le mouvement du rouleau est un simple roulement qu'on peut considérer à chaque instant comme une rotation infiniment petite autour de l'arête de contact; et quoiqu'on puisse ramener ce cas au précédent, il est permis également de considéirr cette rotation comme développant une force centrifuge verticale et dirigée vers le haut. Si l'arête était fixe (auquel cas le plan devrait disparaître), celte force centrifuge exer- cerait sa pression contre cette arête ; mais elle ne l'est pas, et les composantes tangentielles de l'inertie exerceront contre le plan d'appui des pressions qui auront une résul- tante égale et contraire à la force centrifuge. Telle est la manière dont j'entends l'explication donnée par notre honorable confrère en ces termes : « la résultante des réactions d'inertie tangentielles et des forces centri- fuges est constamment nulle; » car il n'a pas certainement voulu parler de la composante horizontale des réactions tangentielles. Quant à l'autre explication donnée par M. Steichen, et qui consiste à dire que les forces d'inertie de deux molé- cules égales et symétriquement placées par rapport à l'axe du rouleau sont égales et directement contraires, elle signi- fie sans doute qu'en ne tenant compte que du mouvement de rotation autour de cet axe, toutes les réactions de l'inertie des molécules prises ainsi deux à deux forment des couples, et par suite n'exercent aucune action centri- fuge, puisque l'axe est principal. Je terminerai par une remarque que m'a suggérée un rapprochement entre deux passages du travail de notre honorable confrère. Dans le premier de ces passages, l'auteur dit qu'il a abandonné la méthode ordinaire dans laquelle il a cru voir ( 246 ) une application vicieuse du principe du travail ou des déplacements virtuels; dans le second, que la méthode des réactions conduit à des résultats d'accord avec la logi- que et l'expérience. Si un lecteur faisait ce rapprochement, il en conclurait peut-être que la première méthode expose plus que la seconde à commettre des erreurs, ce qui n'est pas, je pense, l'opinion de M. De Tiily. Ainsi que je l'ai fait voir dans un précédent rapport sur un autre travail de notre honorable confrère (1), le principe des vitesses virtuelles, de même que la méthode des réactions, ou celle qui con- siste à introduire directement les pressions elles-mêmes et les efforts nécessaires pour vaincre les réactions, toutes ces méthodes, dis-je, conduisent absolument aux mêmes résultats , pourvu qu'on ne veuille pas déterminer à priori les pressions en faisant abstraction des frottements; je pense, au reste, être parfaitement d'accord avec M. DeTilly sur ce point. Je m'empresse d'ajouter que notre honorable confrère détermine rigoureusement les réactions d'un plan d'appui rigide, et définit nettement celle de ces réactions à laquelle on pourrait rapporter l'expression jusqu'aujourd'hui très- vague de frottement de roulement; ce qui ne veut pas dire que des plans plus ou moins déformables ne donne- raient pas lieu à d'autres résistances, comme l'auteur le fait observer du reste. Ces explications données, j'adhère entièrement au rap- port de notre honorable confrère en ce qui concerne les éloges mérités qu'il décerne au travail de M. De Tilly, et je m'associerais également au vœu qu'il exprime de voir (') Bulletin de l'Académie, 2"»^ série, t. XXIX, n» 5. ( 247 ) l'auteur s'étendre davantage sur ses conclusions relatives au mouvement des voilures, si les équations complètes de ce mouvement n'étaient d'une nature telle que la solu- tion générale en serait hérissée de très-grandes dirticultés, et peut-être dépourvue d'intérêt à cause du grand nombre de constantes qui y entrent, et qui peuvent prendre dif- lérentes valeurs suivant la disposition des voitures et la nature des roues et du plan d'appui. J'ai, en conséquence, également l'honneur de proposera la classe de décider l'insertion du travail de M. De Till}' dans ses recueils, et de voter des remercîments à l'auleur. » Conformément aux conclusions l'avorahles des rapports qui précèdent, l'impression du travail de M. De Tilly est ordonnée dans les Bulletins. Recherches sur les minéraux belges, deuxième notice, par M. L.-L. de Koninck. « La notice de M. de Konink fait partie d'un travail que ce jeune savant poursuit sous le titre de Recherches sur les minéraux belges; elle renferme l'analyse d'un sulfure double de fer et de cuivre, auquel l'auteur donne, d'après M. Dana, le nom de Bornite; ce minéral constitue une des nombreuses variétés des sulfures doubles, que les minéra- logistes allemands désignent sous le nom de Buntknpfererz. L'analyse est faite avec soin, et les légères différences entre les résultats calculés et ceux de l'expérience sont parfaitement justifiés; aussi la formule Fe Cu^ S^ doit-elle ( 248 ) être admise comme représentant la composition du corps. Pour le dosage du soufre, l'auteur a employé un pro- cédé qui lui paraît préférable aux procédés connus, et qu'il a déjà signalé avec son collaborateur, M. Dietz, ingénieur, mais dont il fait une application nouvelle; sans avoir à me prononcer sur la valeur de ce procédé, je dois cependant ajouter qu'il me paraît logique, simple et d'une exécution facile. Bien que le contenu de la note sorte un peu de la nature de mes éludes, et tout en regrettant qu'elle n'ait pas été renvoyée à l'un de nos collègues, géologue et minéralo- giste, je me permettrai quelques observations sur la for- mule FeCif^S^ qui d'abord peut paraître un peu bizarre; mais on peut la représenter par Fe S, CwS, {Cii^S)^ ou F^S'^ (G«^S)', etc., en supposant que l'on ait à faire à une espèce cbimique bien déterminée et non à un mélange de divers sulfures de cuivre et de fer, métaux qui peuvent être isomorphes dans quelques-unes de leurs combinaisons au moins, et que l'on pourrait même parfois considérer comme jouissant de la même atomicité. Je me demande s'il n'est pas possible de pénétrer dans la constitution intime des produits naturels disséminés et aussi nombreux que le sont les pyrites cuivreuses. Elles offrent en effet des compositions assez singulières données dans le tableau suivant: 1 POIDS ATOMIQUE. RAPPORTS DE COMBIM AISOIV. Il Fe — a6 1 I 1 I 1 2 4 Cu - 65.3 3 4 3 8 9 7 11 S - 32.0 3 5 4 5 6 6 10 ( "249 ) A ce tahleau nous ajouterons celui dessulluiesde cuivre et de fer, naturels ou artificiels.: Sulfures de cuivre. | Sulfures de fer . . RAPPORTS DE COMBINAISON. 2 1 8 1 1 1 1 2 4 7 8 2 G 1 1 2 8 2 3 2 10 1 2 Il ne parait même pas impossible qu'on ne découvre les rapports 2 : 5 et 2 : 7 pom^ les sulfures de cuivre, et celui de 3 : 4 pour le sulfure de fer correspondant à l'oxyde magnétique. Je me demande si, en combinant dans des rapports convenables les sulfures de ces derniers tableaux, on reconstituerait logiquement les produits naturels du pre- mier. De plus, on peut aussi se poser la question de savoir si la nature, en réalisant les sulfures doubles de fer et de cuivre, a pu placer leurs éléments ou leurs composés bi- naires dans quelques-unes des conditions, simples ou com- posées , dans lesquelles se sont placés MM. Berzelius, Arf- vedson, Stromeyer et autres, pour réaliser les corps dont les formules semblent s'écarter un peu des formules ordi- naires des composés de cuivre et de fer. Il me semble qu'il serait permis d'espérer que l'on pour, rait parvenir à produire artiiiciellement de nouvelles pyrites cuivreuses, dont l'étude pourrait offrir de l'intérêt. En signalant ces vues à l'auteur, je ne fais qu'exprimer le désir de le voir poursuivre son travail et de l'encourager, 2™* SÉRIE, TOME XXXII. 48 ( 250 ) en appelant son attention sur un point particulier de la question. J'ai l'honneur de proposer à l'Académie d'imprimer la note de M. de Koninck dans le Bulletin de la séance. » Happofl de M. Donny. « Je me rallie complètement à la manière de voir de M. Melsens au sujet de la notice de M. L.-L. de Koninck. Ce travail renferme des faits nouveaux et intéressants. J'ai constaté que le mélange d'acide nitrique et de brome employé par ce jeune chimiste pour dissoudre les pyrites, est un réactif commode, très-efficace et très-expéditif; il rendra de véritables services dans l'attaque des minerais. J'ai également l'honneur de proposer l'impression de la notice de M. L.-L. de Koninck dans le Bidletin de la séance. » Conformément aux conclusions de ces deux rapports, la classe vote l'impression du travail de M. Lucien de Koninck dans les Bulletins. — M. Liagre, commissaire pour une notice de M. Albert Verstraete, portant pour titre : De quelle manière acqué- rons-nous par la vue la connaissance des corps, a lu son rapport sur ce travail. Conformément aux conclusions, la classe a décidé que la communication de M. Verstraete serait déposée aux archives. ( mi ) La classe, après avoir entendu la réponse de M. Folie aux rapports de MM. Gilbert et Catalan sur ses Essais de géométrie supérieure cartésienne, décide le dépôt aux archives des rapports précités, et vote l'impression du mémoire de M. Folie dans les recueils académiques. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Une expérience relative à la question de la vapeur vésicu- laire; par M. J. Plateau, membre de l'Académie. On sait, d'après un travail de M. Duprez (1), que lors- qu'un vase plein d'eau est retourné, l'orifice ouvert en bas, il n'est pas nécessaire , pour que l'eau y demeure suspen- due, que cet orifice soit très-étroit : à l'aide de précautions particulières, M. Duprez a soutenu ainsi l'eau dans un tube vertical ayant près de 20™" de diamètre intérieur. Cela étant, supposons que, de l'eau étant suspendue de la sorte avec une surface libre qui regarde le sol, on mette en contact avec cette surface une très-petite bulle creuse d'eau; l'air qu'elle contient devra aussitôt être chassé, par la pression de son enveloppe , dans l'intérieur du liquide , à travers lequel il s'élèvera ensuite en vertu de sa légèreté spécifique. C'est, du reste, ce que j'ai vérifié par l'expé- rience : on a pris un petit tube de verre de 4""" à peu près (1) Mémoire sur un cas parliculier de l'équilibre des liquides (Mém. DE l'Académie, t. XXVI, 1851 , et t. XXVIll, 1834). ( 252 ) de diamètre intérieur, effilé à une extrémité de manière à y présenter un orifice d'environ 0'""\4 de diamètre, et l'on a fermé ce tube à son extrémité large au moyen d'un bou- chon de liège enduit de saindoux; en touchant la pointe de reflfilement avec un morceau de papier à fdtre imbibé d'eau distillée, on parvient à introduire dans le petit ori- fice une colonne de ce liquide ayant au plus un millimètre de longueur; alors en enfonçant le bouchon avec précau- tion, on voit apparaître à l'oritîce effilé une bulle creuse, qui peut avoir moins d'un millimètre de djamètre, et qui persiste en générai sept à huit secondes. Pour cette opération, la partie large du tube doit être entourée de plusieurs couches d'une étoffe non conductrice, afin d'em- pêcher l'influence de la chaleur des doigts. Ayant ainsi la faculté de se procurer de très-petites bulles creuses d'eau, on a suspendu de l'eau dans un tube de verre maintenu verticalement à l'aide d'un support convenable. Ce tube n'avait qu'un centimètre de diamètre intérieur; avec un semblable diamètre , la suspension s'opère très-aisément : il suffit, après avoir rempli d'eau le tube, de le fermer en appliquant simplement sur l'orifice un morceau de papier, puis, lorsqu'il est retourné et fixé, de faire glisser latérale- ment le morceau de papier , pour laisser l'orifice libre. On a produit ensuite, par le procédé indiqué ci-dessus, une bulle creuse d'eau de moins d'un millimètre de diamètre, et on l'a transportée sous la surface libre de l'eau suspen- due; or, aussitôt le contact établi avec cette surface, la petite bulle s'est détachée de l'orifice effilé, et l'air qu'elle contenait, pénétrant dans le liquide, a monté à travers celui-ci; l'expérience répétée plusieurs fois a toujours donné le même résultat. Maintenant imaginons que, d'une certaine distance au- ( 253 ) dessous de la surface de l'eau suspendue, monte un cou- rant de vapeur d'eau visible. Si cette vapeur se compose de vésicules , chacune de celles qui viendront se mettre en contact avec la surface liquide, devra introduire dans l'eau une bulle d'air microscopique, qui prendra aussitôt un mouvement ascensionnel, de sorte que l'ensemble de ces petites bulles devra former, dans l'eau du tube, un nuage qui s'y élèvera lentement, et en altérera la transpa- rence. Or M. Duprez a bien voulu, à ma prière, essayer l'ex- périence. L'eau était suspendue dans un tube en verre de 13™°' de diamètre intérieur; un petit vase en métal pré- sentant un orifice de plusieurs centimètres de diamètre et contenant une certaine quantité d'eau, était installé sur une lampe au-dessous de la surface libre de l'eau du tube; l'orifice de la bouilloire était à 12 centimètres environ de cette surface. On a obtenu ainsi une ébullition continue, et un courant de vapeur visible s'élevant vers la surface de l'eau suspendue; mais, bien que l'expérience ait été pro- longée pendant une demi-heure, aucun nuage ne s'est montré dans l'eau du tube. La vapeur venait se condenser sur la paroi extérieure de celui-ci, qu'il fallait essuyer de temps à autre, mais l'eau intérieure, conservait toute sa transparence. Il me paraît bien difficile, d'après cela, de conserver encore un doute sur la non-existence de l'état vésiculaire. En effet, il n'y aurait ici, me semble-t-il, que trois objec- tions à présenter : on pourrait dire ou bien que les bulles d'air, en pénétrant dans l'eau, s'y dissolvent à cause de leur extrême petitesse et de la pression capillaire considé- rable qu'elles éprouvent de la part du liquide ambiant; ou bien que toutes les vésicules éclatent en atteignant la sur- ( 254 ) face de l'eau ; ou bien entin qu'elles roulent sous cette surface dont elles demeurent séparées par une mince couche d'air ou de vapeur gazeuse, jusqu'à ce qu'elles arrivent au bord extérieur du tube, pour s'échapper en- suite dans l'air environnant. Mais la première de ces suppositions doit nécessaire- ment être rejetée, car d'abord l'eau du tube avait été préa- lablement agitée pendant longtemps avec de l'air, pour l'en bien saturer, et, en second lieu, pendant qu'elle était soumise à l'action de la vapeur, elle s'échauffait, et devait perdre ainsi ce qui pouvait lui rester de faculté dissol- vante; aussi voyait-on, après quelque temps, des bulles d'air relativement grosses se former sur la paroi intérieure du tube vers le haut de celui-ci, c'est-à-dire là où se ren- dait la portion la plus chaude de l'eau. La seconde supposition, sans être tout à fait inadmis- sible, est, du moins, bien peu probable : on a vu que nos petites bulles de moins d'un millimètre n'éclataient nulle- ment au contact de la surface de l'eau; pourquoi en serait- il autrement de toutes les vésicules? Dira-t-on que leur enveloppe est beaucoup plus mince que celle de nos pe- tites bulles? Mais, si les vésicules existent, leurs enve- loppes doivent être assez épaisses pour être incolores, sans quoi un nuage éclairé par le soleil n'aurait pas un éclat si vif; elles doivent, d'ailleurs, avoir une grande persistance, vu la longue durée des gros nuages. Enfin, quant à la troisième supposition, est-il vraisem- blable que toutes les vésicules puissent rouler sous la surface de l'eau, sans qu'une partie au moins viennent la toucher? D'ailleurs M. Duprez a répété l'expérience, en fai- sant en sorte, par ses procédés, que cette surface fût con- cave et se maintînt telle malgré l'augmentation de volume ( 2d5 ) du liquide due à la dilatation par la chaleur et à la con- densation de la vapeur; or, dans ce cas, un grand nombre de vésicules auraient dû rouler vers le sommet de la con- cavité, s'y accumuler, et conséquemment se mettre bien- tôt en contact avec la surface liquide; et cependant rien n'a été changé au résultat, aucun nuage n'a troublé la trans- parence de l'eau. Je regarde donc l'expérience ci-dessus comme consti- tuant sinon une preuve convaincante, du moins un argument très-puissant contre l'hypothèse de l'état vé- siculaire. Qu'il me soit permis de rappeler ici une autre expé- rience, que j'ai décrite dans la 8"°" série de mes recher- ches Sur les figures d'équilibre d'une masse liquide sans pesanteur. L'une des principales objections qu'on a élevées contre l'état vésiculaire, c'est que l'air contenu dans une vésicule serait soumis, de la part de la pellicule liquide, à une pression considérable, d'où résulterait que cet air se dissoudrait dans la pellicule, puis passerait de là à l'extérieur, et qu'ainsi la vésicule serait bientôt réduite à une petite sphère pleine. Or, quand on développe, sur la surface d'une solution de savon de Marseille formée d'une partie de ce savon et de quarante parties d'eau distillée, une calotte laminaire d'un centimètre environ de dia- mètre, et que cette calotte est maintenue dans une atmos- phère saturée de vapeur d'eau, elle persiste quelquefois au delà de 24 heures, après être devenue entièrement noire, et, dans ce cas, on assiste à un phénomène curieux : la calotte décroît progressivement, et finit par s'annuler; d'où il suit que l'air emprisonné a passé peu à peu à tra- vers la lame. A la vérité, cette lame est beaucoup plus mince que celle qui constituerait une vésicule; mais, ( 256 ) d'autre part, la théorie indiqua*, d'après la différence des liquides et des diamètres, qu'à l'intérieur d'une vésicule d'eau la pression serait plus de mille fois aussi forte qu'à l'intérieur de notre calotte d'eau de savon quand celle-ci a ses dimensions originaires. Les oiseaux de l'argile rupelienne ; par M. P.-J. Van Be- neden, membre de l'Académie. Nous ne connaissons d'autres ornitholilhes, découverts en Belgique, dit M. Paul Gervais (1) dans sa Zoologie et paléontologie françaises, que ceux dont Schmerling a parlé et qui proviennent des cavernes des environs de Liège. Depuis l'époque de cette publication, nous avons fait con- naître les restes de quelques oiseaux trouvés dans les ca- vernes des environs de Dinant et dans l'argile rupelienne. La notice que nous avons l'honneur de communiquer aujourd'hui comprend la description de ces derniers. A la dernière séance , nous avons fait connaître un nou- veau Sirénien qui hantait les côtes de la mer rupelienne, et il n'y a pas longtemps, nous avons fait mention des Chéloniens des mômes parages si bien caractérisés par les plaques de leur carapace. En ajoutant à ces vertébrés aériens les curieux poissons dont nous avons parlé et qui sont loin d'être rares, un Homard gigantesque logé dans un Luilus helmontii, dont nous entretiendrons bientôt la classe, et le grand nombre de Mollusques décrits par nos (1) Zoologie et paléontologie françaises , ïn-i". Paris, 18,ï9. ( m7 ) savants confrères MM. de Koiiinck et Nyst, on aura une première ébauche de la faune du pays de Waes, à l'époque où une vaste nappe d'eau déposait son limon argileux dans ces contrées. Nous avons déjà signalé, il y a une dizaine d'années, la présence d'ornitholites dans l'argile de Brabant et de Rupelmonde, et depuis la publication de cette note (1), notre collection s'est enrichie de plusieurs pièces intéres- santes et assez bien caractérisées; elles nous permettent d'établir, sans crainte de nous tromper beaucoup, quel- ques espèces nouvelles, qui rappellent parfaitement les échassiers et les palmipèdes qui hantent encore aujourd'hui nos côtes. il est vrai, la découverte d'ossements de ces animaux dans l'argile à brique a paru fort problématique à quelques confrères, et par la publication de cette note nous leur fournirons l'occasion de s'assurer si les premières déter- minations ont été hasardées. On sait que les débris d'oiseaux fossiles sont partout fort rares, disais-je dans cette notice , et l'on en comprend facilement la raison : les cadavres de ceux qui sont aqua- tiques flottent communément à la surface des eaux, et, s'ils ne sont pas dévorés par les carnassiers, qui sont de toutes les époques et de tous les milieux, ils sèment et éparpillent leurs os dans des eaux généralement agitées. Aussi importe-t-il de faire grand cas de ceux que le hasard fait découvrir, et nous devons de nouveau une vive reconnaissance au doctein^ Van Raemdonck pour les soins avec lesquels il a recueilli et collectionné ces débris de notre ancienne faune. (1) Bull, (le r Académie roij. de Belgique, 1860 , t. X , 2e série, p. ii)o. ( 258 ) On a été longtemps persuadé que les os d'oiseaux n'étaient pas spécifiquement déterminables, mais depuis les recherches de MM. Blanchard et Alphonse Milne-Ed- wards, on a pu s'assurer que, si les difficultés de rapporter les os à leurs espèces respectives étaient plus grandes qu'ailleurs, elles n'étaient cependant pas insurmontables. Les savants naturalistes dont nous venons de citer les noms, ont rendu par leurs travaux sur les oiseaux un grand service à la paléontologie. Pour avoir une idée du progrès que ces travaux ont fait faire à la science, il suffira de lire le savant rapport de M. de Qualrefages sur le grand prix des sciences physi- ques de 1866(1). Les os que nous avons recueillis dans l'argile en ques- tion sont : Deux humérus avec leur surface articulaire inférieure complète. Un humérus presque complet par ses deux surfaces ar- ticulaires. Un tibia brisé , mais dont les extrémités sont heureuse- ment conservées. Un cubitus dont un fragment représente l'articulation huméro-cubitale, l'autre l'articulation cubito-carpienne. Larus Raemdonckii. (Fig. 1.) Nous dédions à notre savant confrère de Saint-Nicolas, l'oiseau dont provient le grand humérus qui est fort bien caractérisé par sa surface articulaire inférieure; c'est l'os (1) Comptes rendus de V Académie des sciences de Paris, t. LXII (séance du 5 mars 1866). ( 259 ) le plus grand que nous possédions de cette localité: il me- sure à peu près dix centimètres de longueur et cinq milli- mètres de largeur sur la plus grande partie de sa longueur. D'après celte dimension, l'oiseau qui nous occupe doit avoir atteint à peu près la taille du goéland à manteau bleu, ou le Larus argentatus. Ce qui caractérise surtout cet humérus , c'est la pré- sence de cette forte apophyse sur son bord antérieur tout près de la surface articulaire et qui fait si aisément re- connaître les oiseaux aquatiques aux ailes aiguës et au vol puissant. C'est l'épicondyle qui se caractérise par une apophyse en forme de crochet. Cet humérus a élé trouvé dans l'argile de Rupelmonde, et nous en avons reçu un second d'Édeghem. Vanellus Selysii. (Fig. 2.) Nous prions notre savant [confrère M, de Selys Long- champs de nous permettre de lui dédier cette nouvelle espèce, dont nous ne connaissons également qu'un frag- ment d'humérus. Heureusement c'est le fragment inférieur, et toute la surface articulaire du coude est intacte. Sur le bord antérieur, tout près de l'extrémité, on voit cette même apophyse que sur l'humérus précédent, mais à un moins grand développement. A en juger par le fragment qui nous est conservé, cet humérus doit avoir eu une longueur de 6 centimètres sur 5 ou 4 millimètres d'épaisseur, et le Vanellus Selysii doit avoir été un peu plus petit que le Vanneau actuel. Cet humérus provient de l'argile de Rupelmonde, ( 260 ) Anas creccoïdes. (Fig. Ô-6.) Nous avons deux humérus de cette espèce, dont l'un est mutilé aux deux extrémités, mais dont l'autre est parfaite- ment conservé à sa partie inférieure. Cet os mesure une longueur de 5 centimètres et indique une taille égale à celle de nos Sarcelles vivantes. Nous avons également fait dessiner ces deux os. Aces fragments correspondent la partie supérieure et la partie inférieure d'un cubitus que nous avons fait figurer en même temps. RUPELORNIS DEFINITUS. (Fig. 7.) C'est la partie inférieure d'un tibia , que nous n'avons pu rapporter à aucun autre oiseau, qui nous a fait proposer ce nom générique. L'os indique un oiseau de la grandeur des Courlis, et nous ne doutons pas qu'il ne provienne d'un Échassier. Ce qui le distingue surtout, c'est la présence d'une gouttière profonde le long de la face postérieure, à commencer des deux condyles articulaires, et qui rappelle , jusqu'à un certain point, la gouttière caractéristique du tarso-métatarsien des Rapaces nocturnes. Nous possédons quelques autres fragm^nits d'os se rap- portant à un oiseau de la même taille que le Rnpelornis, mais sans surfaces articulaires et par conséquent indéter- minables. Riill.rle lAcacl. Ilovale de Belgique 'jU/v.pai' &. Se.vereyiu, Bi^iaxUes. ( m ) FuLiCA Dejardinii, (Fig. 8.) Nous sommes en possession de la moitié inférieure d'un fémur provenant du crag, et qui est très-voisin des Foul- qu )s. Notre oiseau fossile est un peu plus fort que la Foulque vivante. Nous profitons de cette occasion pour le signaler aux paléontologistes. Nous avons reconnu dans les cavernes plusieurs os d'oi- seaux, que nous avons rapportés à des espèces encore vi- vantes, mais dont quelques-unes ne séjournent plus dans le pays. Les oiseaux présentent ainsi le même phénomène que les mammifères; ils ne sont pas détruits, mais ils occupent d'autres régions, soit que l'homme les ait chas- sés, soit que leur nourriture les ait appelés ailleurs. EXPLICATION DE LA PLANCHE. 1. Humérus presque complet de Larus Baemdonckii. 2. Partie inférieure d'un humérus de Vaneîlus Selysii. 5. Humérus presque complet à'Anascreccoïdes. 4. Un autre humérus du même. 5. Un cubitus du même oiseau, sa partie supérieure et sa partie inférieure. 6. La partie supérieure d'un tibia du même oiseau, vue des deux cotés. 7. La partie inférieure d'un tibia, vue par sa face antérieure et par sa face postérieure, de Rupeloniis definitus. 8. Partie inférieure d'un fémur très-voisin de celui des Foulques, Fulica Dejardinii. ( 262 ) Note sur le roulement des rouleaux et des roues sur un plan d'appui i par M. J.-M. De Tilly, correspondant de l'Académie. Dans les cours d'artillerie, on détermine la valeur de l'effort de traction capable d'entretenir le mouvement uni- forme d'une voiture, en équilibrant les résistances dues au roulement des roues sur le sol et au glissement des boîtes de roues sur les fusées d'essieux. Je m'occupe depuis assez longtemps de perfectionner cette théorie qui, dans son état actuel, me paraît laisser beaucoup à désirer, par exemple en ce qui concerne la ma- nière de tenir compte des pertes de force vive résultant des chocs incessants des roues contre les obstacles du sol. Or la question des pertes de force vive est peut-être la plus importante de toutes, car sa solution complète con- duirait probablement à l'explication rationnelle des lois du roulement, au moins pour le cas où les substances en contact sont dures ou peu susceptibles de se déformer. Mais les difticultés du sujet sont grandes, et je ne suis pas encore parvenu, tant s'en faut, à les lever complète- ment. En attendant, je me borne, dans mes leçons, à calculer l'effort de traction comme si le sol était un plan matériel développant à chaque instant une résistance constante, puis j'ajoute au résultat deux termes destinés à tenir compte, l'un des pertes de force vive qui se produisent sur un sol inégal ou parsemé d'obstacles, l'autre de l'adhé- rence particulière que l'on remarque, au contraire, dans les ( 263 ) terrains mous, surtout lorsque les roues doivent se frayer (les ornières. Ce dernier terme est une simple constante dépendant du terrain. Je donne à l'autre la même forme que dans la théorie ordinaire, en prévenant que je ne saurais admettre les rai- sonnements qui y conduisent et en y laissant, bien en- tendu, un coefficient à déterminer par l'expérience. Une pareille méthode est d'autant plus arbitraire que les termes empiriques peuvent, dans certains cas, l'emporter en valeur absolue sur les autres, et elle ne se justifie que par l'impossibilité actuelle de faire mieux. Mais dans la recherche même de l'effort de traction qui correspond au roulement sur un plan matériel dévelop- pant une résistance constante, j'ai abandonné aussi la mé- thode ordinaire, dans laquelle je crois voir une application vicieuse du principe du travail ou des déplacements vir- tuels. Cette partie de mes études étant terminée, je demande la permission de la détacher de l'ensemble et d'en faire, dès aujourd'hui , l'objet d'une communication spéciale, d'abord parce que mes recherches sur le cas général , en supposant qu'elles puissent aboutir, seront forcément in- terrompues pendant quelque temps par la rédaction du travail important dont la classe m'a fait l'honneur de me charger; ensuite parce que la question du roulement sur un plan matériel dur, mais sans obstacles apparents, em- prunte un certain intérêt d'actualité à la publication ré- cente d'une note de M. Steichen (*) sur cette question dans le tome XXXVIII des Mémoires de l'Académie. (*) Essai sur quelques questions élémentaires de mécanique physique. ( 264 ) Le premier paragraphe de ma note actuelle , rédigé de- puis quelque temps déjà, traite à peu près des mêmes ques- tions que la note de M. Steichen , mais les solutions diffè- rent en quelques points, tant par la méthode que par les résultats. J'ai été amené à ces calculs, en apparence étrangers à mon sujet, par la nécessité de me rendre bien compte du mouvement des rouleaux, avant d'étudier celui des roues. § I". — Rouleaux. J'entends ici par rouleau un corps de révolution pesant, homogène, et symétrique par rapport au plan perpendicu- laire au milieu de l'axe, que j'appellerai plan de symétrie du rouleau. Le rouleau est assujetti à rester en contact avec un plan horizontal fixe, parallèle à l'axe de révolution. Tous les points du rouleau ont à chaque instant des vitesses paral- lèles en direction au plan de symétrie, roulant sur un plan horizontal parallèle à cet axe. Je suppose d'abord qu'un pareil rouleau soit soumis à une percussion initiale ou animé de vitesses initiales de translation et de rotation, puis ne subisse plus que les ré- sistances provenant du plan d'appui, et je vais montrer que la méthode des réactions Ç) conduit, pour ce cas, à des résultats d'accord avec la logique et l'expérience. Pour cela, j'observe que le rouleau, une fois en mouve- ment, n'est soumis qu'à son propre poids et à la réaction (') MÉMOIRES COURONNÉS ET AUTRES MÉMOIRES , ill-S", t. XXII. — NotC relative au frottement de glissement sur les surfaces héliçnîdes réglées, page 4. ( 265 ) totale (lu plan d'appui. Tout étant égal de paît et d'auire du plan de symétrie du rouleau, toutes les actions peuvent être ramenées dans ce plan ; dès lors je dis que la réaction du plan d'appui peut être représentée par une force unique. En effet, les réactions de ce plan sur le rouleau, combi- nées avec le poids de celui-ci, déterminent la variation in- stantanée du mouvement. D'un autre côté , cette variation instantanée pourrait être produite aussi par une force ho- rizontale appliquée au centre et donnant la translation, conjointement avec un couple donnant la rotation. Si donc on appliquait cette force et ce couple en sens inverse, ils feraient équilibre au poids du rouleau et à la réaction to- tale du plan d'appui; donc aussi celte réaction totale est la résultante statique d'une force verticale (le poids du rou- leau), d'une force horizontale et d'un couple. Il est donc évident que cette réaction est une force unique. Pour éviter toute erreur et pour rester fidèle, d'ailleurs, à la méthode que j'applique, je n'emploierai jamais que la réaction totale du plan cV appui, qui est une notion précise, et non la résistance au roulement, qui me paraît plus va- gue, surtout quand le mouvement n'est pas uniforme. Je rejette d'ailleurs en ce moment, et d'accord cette fois avec M. Steichen (page 3) l'expression : frottement du second genre ou de roulement, qui est tout aussi vague, à moins qu'on ne la définisse comme je le ferai plus loin. Quand les vitesses de translation et de rotation sont en concordance (terme emprunté au mémoire cité, page 10) et que, par suite, le mouvement actuel du rouleau est une rotation autour de son point ou de sa ligne de contact avec le plan, la réaction totale de celui-ci rencontre l'in- tersection du plan d'appui et du plan de symétrie en avant 2'"<= SÉRIE, TOME XXXII. 19 ( 266 ) du contact, c'est-à-dire dans la direction du mouvement et passe par le centre de percussion supérieur (terme emprunté au mémoire de Coriolis sur la théorie mathé- matique des effets du jeu de billard, Paris, 1855). Quand les mouvements ne sont pas en concordance, il est plus difficile de déterminer à priori la position de la résultante, mais on verra qu'alors cela est aussi moins né- cessaire. J'appellerai point cV application de la réaction du plan d'appui le point où cette réaction totale, située dans le plan de symétrie, rencontre le plan d'appui. Soit z la dis- tance de ce point d'application au point d'appui; en ce point je décompose la réaction totale en deux forces, l'une X horizontale, l'autre Y verticale; je conserverai ces no- tations dans la suite. Il est indispensable, pour l'intelligence des équations, d'établir une convention sur les signes. Je considérerai à chaque instant X comme positif lorsque la composante ho- rizontale de la réaction du pian agira en sens inverse de la translation existante et comme négatif dans le cas con- traire ; j3 comme positif lorsque la composante verticale de la réaction agira en sens inverse de la rotation existante et comme négatif dans le cas contraire; enfin dans chaque question je considérerai v (vitesse de la translation) et w (vitesse angulaire de la rotation) comme positives lors- qu'elles seront dans le sens de la translation et de la rota- tion initiales ; comme négatives dans le sens contraire. J'aborde maintenant les questions proposées. Un solide de révolution posé sur un plan d'appui hori- zontal est percuté par un choc appliqué au centre et en reçoit une vitesse de translation horizontale; quel est son ( 267 ) mouvement après un temps quelconque ? (Mémoire cité, page 9.) Les équations d'équilibre entre les forces appliquées et les forces capables des variations instantanées du mouve- ment (ces dernières prises en sens inverse) sont, en appe- lant M la masse du rouleau, R son rayon, MK'^ son moment d'inertie autour de l'axe : dv 1 /^' . \ (Proj. sur l'axe horizontal) M — == — X; v=i\ / Xat, (h M, y J (Proj. sur l'axe vertical) Y = Mg. ' / \ (Moments) M K'" — = XR — Yjs ; co = w, -+- rrjTi / ^^^^ — "^ / -f^^- ] 0 0 / L'introduction de <»i rend cette dernière équation plus générale, mais dans ce cas particulier, il faut faire M, =0. Telles sont les équations rigoureuses de la première pé- riode du mouvement, pendant laquelle il y a glissement et rotation, mais non concordance. Pour les rapprocher autant que possible de celles de M. Steichen, j'admettrai que J^' zdt soit négligeable, que X 0 soit constant et égal au frottement de glissement sur le plan, ce qui n'est sans doute qu'une hypothèse, mais une hypothèse qui paraît sanctionnée par l'expérience (*). (') Des expériences plus pi'écises pourraient la contredire. Aussi faut-il toujours considérer les équations (x) comme seules rigoureuses et n'in- troduire les approximations qu'après. C'est surtout la petitesse de f'zcU qui est douteuse pour moi. ". ( 268 ) Alors les équations (a) deviennent elau moment de la concordance, quand y; = o)R; d — ^ — , nonr P — K^ ^ R^ (d'accord avec le mémoire fgh' ' cité, p. 10). A partir du temps cl, il y a roulement, et le frottement fMg doit se remplacer par la réaction totale du plan d'ap- pui (X, Y), de sorte que la seule différence entre les deux périodes antérieure et postérieure au temps d consiste en ce que, dans la seconde, on ne peut absolument plus ad- mettre les approximations de la première et qu'il faut en revenir aux équations (a). Au commencement de la seconde période , on a Quand le roulement sera complètement éteint, on aura 1 />('+('■ et MK M ;/ les limites des intégrales couiprenaut ici la durée du roule- ment. (269 ) Ou eu déduit / zdl = -^ -V- = — ^ I -+- — V R9 9 \ «^ -^ (XR- -zUg) ^(l-:^ I = MR9 Mais il y a en outre une équation de condition résultant de ce que la concordance a dû exister entre la translation et la rotation, non-seulement au début et à la fin du rou- lement, mais pendant toute sa durée, ce qui exige que rfy = Rc/w, ou, d'après les équations différentielles du mouvement : (r) Si j'admets maintenant, comme une simple approxima- tion, mais d'accord avec tous les auteurs qui ont traité la question et, entre autres, avec M. Steichen, que les résis- tances pendant le roulement sont constantes, c'est-à-dire indépendantes de la vitesse, je devrai considérer X comme une constante, et par suite z sera aussi une constante d'après l'équation [y). Alors les équations ((3) deviennent x = _ ou ,r = - et R»'/. Kn RX/ K'\ ce qui concorde avec l'équation (y). ( 270 ) Toutes les circonstances du problème sont donc déter- minées, naturellement en fonction d'une quantité X à trouver par l'expérience (*), comme dans toutes les théo- ries possibles, mais sans qu'il soit nécessaire de répudier aucun des principes de la mécanique. Je ferai observer encore que la pression Y = Mg qui entre comme facteur dans les valeurs des deux frottements ne doit subir aucune diminution résultant des forces cen- trifuges ; ces forces, purement lictives d'ailleurs, ne peuvent ici modifier, en quoi que ce soit, la pression verticale qui s'exerce entre le rouleau et le plan d'appui. Je suppose maintenant que le mouvement initial du rouleau ne soit pas une simple translation, mais soit com- posé d'une translation et d'une rotation. Alors on peut distinguer cinq cas : 1° La translation et la rotation sont en concordance. 2° La rotation est dans le sens direct par rapport à la translation , mais trop faible pour la concordance. Ces deux cas sont compris dans ce qui précède. o° La rotation est dans le sens direct, mais trop forte pour la concordance. 4" La rotation est en sens inverse par rapport à la trans- lation, et ^ R ' (*) Si l'on admet que la loi de Coulomb ou celle de Dupuit soit ici appli cable, on aura, pendant le roulement, X := ' OU A =: • ( 271 ) S" Même hypothèse, mais "■ ^ > Se - Pa r = — ; 5 < a -t- r' 2""* SÉRIE , TOME XXXII. 20 < /■ P>Sf-P« <(/-+- r' > P(c~a) ( 282 ) relation qui ne renferme que S, mais on peut .h si l'amener à ne renfermer que f. Suivant que le contact est en avant, au-dessous ou en arrière, on a Fi/-(P-S), d'où ^. > / P — F et en substituant dans il vient On peut donc maintenant déterminer le sens du contact, en fonction de P et de F seulement. II va sans dire, d'ailleurs, que l'on trouverait exactement le point de contact en résolvant les équations par rap- port à a. L'équation (5) montre que la réaction verticale du plan d'appui est égale au poids total du système diminué de l'ef- fort S qui soutient la partie antérieure de la voiture. L'équation (6) donne %ir sin S Yz F = -^ H . R R La pression normale de l'essieu dans les boîtes de roues étant u cos [3, on voit que u sin [3 représente le frottement de glissement de l'essieu dans les boîtes (puisque tg {^=-f) et "'"jI"'^ représente la force tangente à la roue, dans le plan de symétrie et capable de vaincre ce frottement. Cette équation donne donc une idée nette et élémentaire de ( 283 ) l'avantage du roulement sur le glissement, faisant en (jnelque sorte image. En effet, elle prouve que l'on peut considérer la roue en mouvement, comme un simple levier soumis à trois forces se faisant équilibre (ou du moins que le résultat est le même que si la roue était un levier ou un treuil soumis à ces forces) : 1° l'effort de traction F, mais appliqué dans le plan d'appui, tangen- liellement à la roue, comme puissance; 2" le frottement de glissement de l'essieu dans la boîte , appliqué tangen- tiellement à celle-ci comme résistance; 5" la composante verticale Y de la réaction du plan d'appui appliquée à une distance z du centre comme résistance. Si donc on com- pare le transport par roulement au transport par glisse- ment, on voit que le frottement de glissement est d'abord moindre parce que les surfaces en contact sont générale- ment métalliques et graissées, mais qu'ensuite l'effort nécessaire pour le vaincre se trouve encore réduit dans le rapport des rayons de la boîte et de la roue. Il est vrai qu'il faut y joindre l'effort ^ capable de vaincre la composante verticale de la réaction du plan d'appui (effort que l'on peut nommer frottement de rou- lement, et c'est la seule définition précise de ce frotte- ment), mais cet effort est assez faible dans les circonstances ordinaires, à cause de la petitesse de s, pour que la trac- tion totale soit bien moindre dans le cas du roulement que dans celui du glissement. Si l'on fait ;c = 0, ce qui revient à supprimer le frotte- ment de roulement (et non pas la réaction borizontale X du plan d'appui qui reste toujours égale à F), on trouve que la roue devient assimilable à un levier dans lequel la puissance tangentielle à la roue n'aurait plus à vaincre que le glissement de l'essieu. Si, au contraire, on fait f=o, ( 284 ) 011 (3 = 0, on retrouve la formule du rouleau, car alors la résultante des forces actives auxquelles la roue est sou- mise passe par le centre; mais il ne serait pas exact de chercher la formule du cas général en négligeant succes- sivement les deux frottements, pour obtenir les deux termes, sans rien changer à la disposition de la figure, car alors, d'après la théorie du rouleau, le dénominateur du second terme ne serait pas R. On doit remarquer encore que, d'après l'expérience, l'effort de traction n'est jamais plus grand que celui qui serait nécessaire pour vaincre le glissement du système sur le plan d'appui, sinon le roulement se changerait en glissement. Ainsi F<^/"(P + /)), f étant le coefficient du frottement de glissement pour les matières constituant le plan d'appui et les cercles de roue. Avant de quitter ce sujet, je ferai encore observer que, dans le mouvement varié de la voilure, les équations d'équilibre ordinaires seraient remplacées par les équa- tions différentielles du mouvement; ces dernières, si l'on admet l'invariabilité du point de contact de l'essieu dans la boîte, prendraient la forme : P = S -+- M COS (|5 -t- a) , P dv F = ï< sin (S -+- a) H — ' '^ g dt Frf -rh-\- Va — Se = — ur' sin S, , p dv il sin (â -+- a) = X H ? ' 9 dt U COS (p -+- a) -t- p = Y , K'p dv ur sin S 4- Yz = XR -r • ^ Hg dt ( 285 ) h étant la hauteur du centre de gravité du premier sys- tème rigide au-dessus de l'axe de l'essieu et^ K^ le mo- ment d'inertie des roues autour de leur axe. Cas d'une voiture à deux roues roulant sur un plan in- cliné sous l'action d'une force F non parallèle à ce plan. Je conserverai les mê- mes notations, a, c, z, Y, X et S étant mesurés pa- rallèlement et perpen- diculairement au plan d'appui; et 90 — a, , normale au plan d'appui, mais il faudra introduire une force retar- datrice P sin ij parallèle à ce même plan et agissant à une distance h de l'axe de l'essieu. La vraie force de traction sera alors la résultante de F cos 9 et de P sin 4^ (en gran- deur F cos 9 — P sin -4^). De même, dans le deuxième système rigide, composé des roues, il faut remplacer j) par p cos s^, mais introduire une force retardatrice p sin 4> pas- sant par le centre. Les équations d'équilibre deviennent donc : p cos tf = S -f- F sin y -4- « cos ([3 ^- a), F cos y = M sin ([3 -+- a) -t- P sin (f , F cos -f [ -^ + c tg y ) +P cos <\) a — (S+F sin y) c =— ur' sin 8-vP sin . 225. (109) Voir, sur cette controverse, V Histoire de la révolution des Pays- Bas sous Philippe II, par M. Th. Juste, 2°"= part., t. II, p. 179; le Dis- cours de M. N'ypels, 2°" édit., p. 15, note 5, et surtout le Mémoire de M. PouLLET, pp. 223 etsuiv. (110) Voici en peu de mots notre opinion sur ce point historique. La Pacification de Gand, ratifiée par don Juan, avait suspendu l'exécution des ordonnances criminelles de Philippe II, sans les avoir abrocjées. Cette suspension, il est vrai, ne fut jamais expressément révoquée; mais le traité de 1577, qui l'avait sanctionnée, ayant été rompu, on devait la considérer comme non avenue. En conséquence, dès que la tranquillité fut rétablie, on appliqua, en Belgique comme en Hollande, les dispositions de l'ordonnance sur le style (à l'exception de celles qui étaient relatives aux hérétiques), non d'une manière uniforme, mais avec des modifications diverses, selon ( 302 ) vous nous borner à faire remarquer que le premier des deux systèmes qui étaient en présence, reçoit une pleine et entière confirmation du silence gardé par le juriscon- sulte brugeois sur les ordonnances criminelles qui sem- blent ne pas exister pour lui. 11 suffit, d'ailleurs, de lire l'édition posthume de son ouvrage, pour se convaincre que, dix ans après leur publication, ces ordonnances n'avaient encore reçu aucun commencement d'exécution. Les preuves qu'en fournit le traité de Damhouder sont si nombreuses, que nous sommes obligé de faire un choix pour ne pas excéder les limites assignées à notre travail. Les ordonnances de Philippe II avaient pour but de les différents tribunaux. 11 en résulta une grande variété dans les fornaes de la procédure criminelle. Pour remédier autant que possible à cet incon- vcnient, Tédit perpétuel du 12 juillet 1611 ordonna que les juges inférieurs qui, en matière criminelle, n'avaient pas un style arrêté {par le conseil de leur province) , suivraient celui du conseil auquel ils rcssorlissaient. En vertu d'un principe généralement reconnu à cette époque, les édits des Princes pouvaient être modifiés par les cours souveraines. En effet, les arrêts de ces cours étant prononcés au nom du Souverain, on en inférait qu'ils devaient avoir force de loi (Zypaeus, Notifia jur. belg., p. 60; De Ghewiet, Institutions du droit belgique , p. 507; Christinaeus, Décision vol. 1, Dec. 1, n" 4; Stockmans, Préface aux décisions du Conseil de Brabanl; Wvnants, De pubiicis judiciis , XVII , 5 ; et supra , note 105). Par application de ce principe, l'édit perpétuel de 1611 devait respecter la jurisprudence de ces cours, mais non pas celle des juridictions subal- ternes. On ne peut donc dire que le gouvernement des archiducs Albert et Isabelle ne reconnut point l'ordonnance de 1570, puisque, au lieu d'un style unique pour tout le pays, il se contentait d'un style par ressort de conseil. Les dispositions de cette ordonnance, qui n'avait jamais été abrogée et dont l'exécution n'était suspendue que temporairement, conservaient leur force obligatoire, sauf quelques articles tombés en désuétude; et si elles n'ont pas reçu dans toutes les provinces une application uniforme, c'était par suite de l'autorité attribuée aux cours souveraines. ( 303 ) réorganiser la justice criminelle et d'établir un mode de procéder uniforme dans tous les tribunaux des Pays-Pas. Les inconvénients graves, résultant de la multiplicité et de la variété des formes de procédure, préoccupent le législateur de 1570 à tel point que, à plusieurs reprises, il les signale et ordonne aux juges d'observer les règles sanctionnées par lesdites ordonnances, nonobstant les usages, coutumes, styles, privilèges, statuts ou ordon- nances particulières de provinces, contrées, villes ou lieux qui y seraient contraires (IH). Or, le livre du cri- minaliste de Bruges nous apprend que, dans la Flandre, les styles, usages et privilèges en matière répressive étaient encore aussi variés , aussi exorbitants du droit commun, et souvent aussi abusifs, en 1580, que trente ans auparavant. Un exemple suffira. L'ordonnance sur le style défend formellement aux juges de prononcer la question, lorsque la preuve de la culpabilité de l'accusé est certaine et indubitable; elle ne permet ce moyen d'instruction que dans les cas où les charges recueillies contre lui forment une pleine demi- preuve, de telle sorte que, pour le convaincre, rien ne manque plus que l'aveu; et afin d'assurer l'exécution de ces prescriptions, l'ordonnance abroge formellement tons usages et statuts contraires, en déclarant que ce ne sont là que des abus (112). On considérait comme preuve cer- (111) Préambule, art. oo et 61 de Tordonnance du 5 juillet ; Préambule art. 42 de l'ordonnance du 9 juillet 1S70. Voir supra, note 97. (112) « Défendons bien expressément à tous juges quelz qu'ilz soyent, d'user de la torture ou question extraordinaire , aultrement qu'es cas où du droit il est permis, savoir est, quand la chose est si claire et la preuves! apparente qu'il ne semble ne rester que la confession du prisonnier, pour indubitablementleconvaincre.Maisoitil u'y-Jt plaine, demye preuve ou bien ( 304 ) taine et indubitable, ou pleine et e^itière , ceWe qui résul- tait soit de l'aveu fait librement par l'accusé, c'est-à-dire loin du banc de douleur, soit de la déposition concordante de deux témoins irréprochables (otnni exceptione majores) et ayant une connaissance personnelle du fait, soit enfin de la notoriété du crime (113). La déclaration d'un seul témoin déposant de visu et les indices ne pouvaient don- ner lieu qu'à la torture, si ceux-ci étaient graves ou véhé- ments (114), c'est-à-dire s'ils constituaient une pleine demi-preuve. Cependant Damhouder affirme qu'en Flandre, quand un crime a été commis, des juges et officiers de justice, avides de sang, s'empressent de soumettre aux tortures où la preuve est ce/Vaùieeelr/ique agricole dans ses rapports avec la Belgique mi- nérale, 1 cali. in-4"; ainsi (jn'à MM. Briarl et J. Weilcr, [)onr IVxemplaire de leur traduction dîi rapport fait à rinslilul des ingénieurs des mines du nord de TAngie- lerie et publiée sous le litre : Du transport mécanique de la honille, 1 vol. in-8". — Les travaux manuscrits suivants feront l'objet d'un examen : 1° Sur les équations différentielles réciproques, par M. ï. Orloir. (Commissaires : MM. Catalan et Gilbert); 2° Sur les dérivés par addition de l'acide itacoJiique et de ses isomères, par M. Th. Svvarts. ( Commissaires : MM. de Koninck, Donny et Melsens.) RAPPORTS. Mémoires sur l'application de la transformation, désar- guesienne à la génération des courbes et des surfaces géométriques, et sur l'étude de certains systèmes de courbes géométriques, par M. Louis Saltel. Mtapport do M . Gilbot'I. « On sait les difficultés singulières et presque insurmon- tables qu'a offertes aux géomètres un problème qui parai! , au premier abord, d'une solution facile, celui de la généra- lion et de la construction, par la règle et le compas, d'inx^ ( 336 ) courbe géométrique définie par le plus petit nombre de points nécessaires à sa détermination. Comme l'a fait re- marquer l'illustre auteur de la Géomélrie supérieure et du Traité des sections coniques (1), bien que ce problème ne dépende, en analyse, que de la résolution d'un système d'équations du premier degré, non-seulement la géométrie ne possède point de méthode générale pour le résoudre dans une courbe d'ordre quelconque, mais il faut des- cendre de Newton et de Maclaurin , qui l'ont résolu pour les courbes du troisième et du quatrième ordre remplissant certaines conditions spéciales, jusqu'aux géomètres de notre temps, pour voir ce problème repris, attaqué de nouveau avec toutes les ressources de la géométrie mo- derne, et résolu dans quelques cas seulement par une suite d'efforts prodigieux. Parmi les plus beaux résultats dont la science se soit enrichie sur ce terrain ingrat, il faut citer la construction de la courbe du troisième ordre, dé- terminée par neuf points simples, dont M. Chasies a donné diverses solutions (2); celle des courbes du quatrième ordre par des faisceaux de coniques; celle de la surface du second ordre définie par neuf points, que l'on doit à M. Hesse, et au grand géomètre que je viens de citer; et enfin, un très-important mémoire ûa M. Ernest de Jonquières sur la génération des courbes géométriques , et, en particulier, sur celle de la courbe du quatrième ordre, dans lequel ce savant a indiqué le moyen de construire les courbes géométriques d'ordre m à l'aide de faisceaux de (1) Rapport sur les progrès de la géométrie en France, par M. Chasies, p. 223. (2) Voir les Comptes rendus de VJcadémie des seicnres de Paris, années 1853 ol suivantes. ( 337 ) courbes d'ordre inférieur. Il importe toutefois de remar- quer que plusieurs de ces travaux s'écartent des condi- tions tracées primilivemenl par Newton, et qui consistent à n'empioNer, dans la construction sucessive et continue des points de la courbe, que des droites et des cercles. C'est à cet ordre de recbercbes dillîciles et méritoires qu'appartient le mémoire dont j'ai rboiineur d'entretenir l'Académie : l'auteur, M. Saltel, s'est proposé d'aborder la construction de courbes géométriques d'ordre quelconque par la féconde méthode de la transformation des ligures, en faisant usage d'une transformation qu'il appelle Dcsargne- sienne, et que nous allons délinir : Supposons, dans un plan, deux coniques Sj, Sg, un pôle 1\ et une courbe quelconque s. Si l'on mène par le point P une transversale quelconque coupant chacune des coni- niques Si et S., en deux points, et que l'on cherche dans l'involution définie par ces quatre points, l'homologue de chacun des points d'intersection de la transversale avec la courbe i, le lieu des points ainsi construits sera une certaine courbe D, qu'on appelle la Désanjuesienne de la courbe s. Le théorème de Desargues généralisé par Sturm ; Trois coniques qui ont les mêmes intersections sont coupées par une même droite en six points qui sont en involution, théorème qui joue un grand rôle dans tout ce mémoire, fournit le moyen de construction du sixième point par la règle et le compas. La première question qui se présente est de déterminer l'ordre de la Désarguesienne d'une courbe géométrique d'ordre m, ainsi que l'ordre de multiplicité de certains points remarquables par lesquels elle passe nécessairement, savoir, les quatre points d'intersection A, B, C, D des deux coniques de référence Si et S^j, et le pôle de transforma- ( 538 ) tioii P. Pour cela, l'auteur suii une marclic ingénieuse. Il cherche d'abord la Désarguesienne d'une droite donnée, et lait voir, par des considérations très-simples, qu'elle est une courbe de troisième ordre dont A, B, C, D sont des points simples, et P un point double. C'est là le cas général ; mais la cubique se décompose en une droite et une coni- que dans certains cas, par exemple, lorsque le pôle P est sur l'une des sécantes passant par deux des points A, B, C, D: cette sécante fait alors partie de la Désarguesienne, et la courbe du troisième ordre est complétée par une conique passant par P et par les deux autres points d'intersection de Si et Sg. S'appuyant sur le résultat qui précède, M. Saltel consi- dère la transformée d'une courbe d'ordre quelconque w, et la coupant par une sécante, il détermine le nombre de ses intersections avec la transformée. Il obtient ainsi ûewx théorèmes généraux, qui lui donnent, pour une courbe d'ordre m, ayant en A, B, C, D, P des points multiples d'ordre quelconque, l'ordre de la Désarguesienne de celte courbe, et l'ordre de multiplicité des points A, B, C, D, P dans cette transformée. Si la courbe donnée a d'autres points multiples, la Désarguesienne aura des points mul- tiples correspondants et du même ordre de multiplicité. Dans le cas où aucun des points A , B, C, D, P n'appar- tiendrait à la courbe primitive, la Désarguesienne serait de l'ordre om, les points d'intersection des deux coniques de référence seraient des points multiples d'ordre m, et le pôle de transformation un point multiple d'ordre 2m , dans cette transformée. Les réciproques de ces deux théo- rèmes fondamentaux se justihent d'elles-mêmes, puis- que évidemment, en vertu du principe de la construction, la transforniation désarguesienne, appliquée à la Désar- ( 35!» ) gnesieiirK! (J'uiie courbe donnée, re[)ro(luil cette dernière. Or, on peut voir facilement maintenant quel usage l'auteur fait de sa méthode pour construire certaines cour- bes d'ordre supérieur définies par le plus petit nombre de points nécessaires. Concevons, par exemple, que l'on cherche la Désarguesienne d'une conique : d'après le pre- mier théorème général, on trouvera une courbe du sixième ordre, ayant les points A, B, C, D pour points doubles et le point P pour point quadruple : réciproquement, la Désarguesienne de cette courbe du sixième ordre serait la conique proposée. Supposons donc qu'il s'agisse de con- struire la courbe du sixième ordre définie par quatre points doubles, un pointquadrupleet le plus petit nombre d'autres |)oints qui soient nécessaires pour la déterminer. Comme il faut 27 points pour déterminer une courbe du sixième ordre, que chaque point double équivaut à trois points simples, et un point quadruple à 10 points simples, les o points multiples équivalent à 22 points simples, et il suf- fira de connaître encore S points simples pour définir la courbe du sixième ordre (1). Cela posé, on prendra les quatre points doubles donnés pour points d'intersection de deux coniques de référence, arbitraires d'ailleurs (par exemple, deux systèmes de deux droites); on prendra le point quadruple pour pôle de transformation, et l'on cher- chera, sur les transversales menées par le pôle et par cha- (1) Il est bon d'observer que M. Saltel n'a pas besoin d'invociuer le lliéo- lème connu, (jui nous apprend qu'un point mulliple d'ordre A- équivaut à ^ — points simples; ses théorèmes réciproques fixent, comme on le voit sans peine, le nombre de points simples qu'il faut associer aux points mulliplos déjà donnés, pour achever la détermination de la Désarguesienne, et par suite de la courbe même que l'on veut construire. ( 340 ) cun des cinq points de la courbe du sixième ordre, les homologues de ceux-ci. On obtiendra 5 nouveaux points, par lesquels doit évidemment passer la conique , Désargue- sienne de la courbe cherchée du sixième ordre, et qui permettent de construire cette conique. Cela fait, il suffira de construire la Désarguesienne de cette conique par rap- port au point quadruple et aux deux coniques passant par les quatre points doubles, et l'on aura tracé la courbe du sixième ordre demandée. Sans qu'il soit nécessaire de multiplier ces exemples, on comprend facilement que la méthode de l'auteur lui permet- tra de construire géométriquement un nombre indéfini de courbes d'ordre supérieur : la courbe du troisième ordre af- fectée d'un point double se construit par la transformation d'une ligne droite; celle de la courbe du quatrième ordre, définie par trois points doubles et par cinq points simples, ou par un point triple et huit points simples, se ramènera à la construction d'une conique passant par cinq points; etc., etc. Ces transformées du quatrième, du cinquième ordre, en donneront à leur tour d'autres d'ordres plus élevés et ainsi de suite. On ne doit pas perdre de vue que la pos- sibilité de décomposer une Désarguesienne d'ordre quel- conque en un faisceau de droites, une conique et une courbe d'ordre moins élevé, par un choix convenable du pôle de transformation , possibilité qui résulte des théo- rèmes généraux de l'auteur, permet de généraliser encore ces constructions et de les appliquer à des courbes qui échapperaient à la loi régulière. Quelque intérêt que présentent ces conséquences de la théorie de l'auteur, il ne faut pas se dissimuler qu'elles roulent dans un cercle tracé en quelque sorte d'avance. Toutes les courbes d'ordre supérieur au second, auxquelles ( 541 ) la méthode est applicable, sont affectées d'un certain nombre de points multiples soumis à des lois bien déter- minées : la construction, par exemple, de la courbe du troisième ordre, définie par neuf points, et dépourvue de points doubles, ou de la courbe du quatrième ordre, dé- finie par quatorze points, échappe à ce procédé. Or, il y a longtemps que Newton faisait observer que la construc- tion des courbes d'ordre supérieur dépourvues de points doubles, offrait de bien autres diflicullés (jue celle des courbes affectées de tels points. Je dois aussi faire remarquer que l'auteur, dans son in- troduction, s'étonne que la fécondité du principe de la trans- formation des figures n'ait pas donné f idée de l'appliquer à la détermination géométrique d'une courbe définie par un nombre ^uffisant de points. Or, si je ne me trompe, la première méthode de M. Cbasles pour construire la courbe du (roisième ordre, passant par neuf points, est basée sur une correspondance entre les droites et les coniques i\u\ appartient au principe de la transformation des figures. Poursuivant les applications de sa méthode, M. Saltel fait voir qu'elle lui permet de construire la tangente en un |)oint simple, ou les tangentes en un point multiple, ainsi que le cercle osculateur et les coniques surosculatrices en i\n point de la Désarguesienne d'une courbe donnée, sans (pie cette Désarguesienne soit construite, pourvu (lu'elle soit définie par le nombre de points nécessaires. ]1 établit ensuite, par le principe de dualité, les théo- rèmes corrélatifs de ses théorèmes fondamentaux, où les points donnés sont remplacés par des tangentes données, les points homologues par des droites homologues, le lieu d'un point mobile par feiiveloppe d'une droite mobile, etc. Ces théorèmes, qui donnent lieu d'ailleuis à une série ( 542 ) d'applications corrélatives de celles que nous avons indi- quées, sont si faciles à concevoir et à démontrer lorsque l'on est familiarisé avec l'application du principe de dua- lité, que je crois inutile de m'y arrêter. La seconde section se rapporte à la génération des sur- laces. Elle offre une grande analogie avec la première, et donne lieu à une série de théorèmes généraux du même oîdre : ainsi l'auteur définit la Désarguesienne d'une sur- face donnée, détermine l'ordre de cette surface, le nombre et l'ordre de ses points multiples ou de ses courbes mulli- i)ies, etc. Seulement, il y a ici de plus à dislinguer les divers cas que peut présenter l'intersection des deux sur- faces du second ordre de référence, qui est en général une courbe du quatrième ordre, mais qui peut se décomposer en une droile et une cubique gauche, en deux coniques, ou même en quatre droites. Chacun de ces cas donne lieu à dos propriétés spéciales de la Désarguesienne d'une sur- face donnée, de même que certaines hypothèses sur la position du pôle de transformation; et il en résulte de nou- veaux théorèmes qui facilitent et étendent les applications de celte transformation à la construction des surfaces de divers ordres, affectées de points et de courbes multiples. Nous avons fait une remarque analogue au sujet de la première section du mémoire. C'est ainsi que la Désargue- sienne d'un plan, qui est en général une surface du troi- sième ordre, se décompose moyennant certaines conditions dans un plan et une surface du second ordre, ce qui permet à l'auteur de construirola surface du second ordre assujettie à passer par une cubique gauche et par deux points donnés. Les théorèmes de cette section se transforment égale- ment par le principe de dualité. ( 545 ) Le second mémoire de M. Saltel, inlilulé Éludes sur cerlaiiis systèmes de courbes géométriques, est au fond une application développée des méthodes exposées dans la pre- mière partie. Dans la partie de ce nouveau travail qui nous est sou- mise, l'auteur considère les courbes du second ordre déter- minées par cinq points, les courbes du troisième ordre délinies par six points simples et un point double ; et en général les courbes d'ordre m affectées d'un point multiple d'ordre m — i. Il enseigne à construire ces différentes courbes, et à résoudre une loule de problèmes auxquels elles donnent lieu, tels que la construction de la tangente en un point donné, simple ou multiple, des intersections de la courbe par une sécante donnée ou par une conique définie par des conditions connues, etc. Les solutions de l'auteur m'ont paru en général simples, élégantes, cl, autant que j'en puis juger, un bon nombre d'entre elles sont nouvelles et ont otïert de grandes difficultés. On voit, par cet exposé, que les recherches de M. Saltel se rapportent à une partie importante et difficile de la géo- métrie ; qu'elles enrichissent cette science de théorèmes et de méthodes qui présentent delà nouveauté et de l'intérêt. Sans prétendre ici marquer le rang qu'elles doivent occu- per dans les nombreux et remarquables travaux de la science contemporaine, ce qui demanderait de moi une connaissance préalable beaucoup plus approfondie de ces travaux, je crois pouvoir dire qu'elles seront vivement appréciées des géomètres, et je proposerai à l'Académie d'en voter l'impression dans ses recueils. Je dois tou- tefois faire une restriction au sujet de la seconde partie, beaucoup plus étendue que la première, dont elle n'est pourtant que l'application. Le grand nombre de problèmes ( 344 ) parliculiers qui y sont traités, les solutions déjà connues sur lesquelles l'auteur est retombé souvent; la répétition même de certains détails suffisamment exposés dans la première partie, allongent peut-être un peu trop ce travail, dont la rédaction, d'ailleurs, est assez négligée. Je pense qu'il y aurait lieu d'engager l'auteur à revoir cette seconde partie et à en faire une rédaction plus soignée, de laquelle les détails inutiles pourraient être élagués avec profit [)Our le mémoire, et avec avantage pour le lecteur. » M. Catalan, second commissaire, ayant adhéré aux con- clusions du rapport de M. Gilbert , la classe a pris les décisions suivantes relativement au travail de U. Saltel : la première partie sera imprimée dans les mémoires aca- démiques in-S", mais la seconde sera renvoyée à l'auteur pour modifications, et pourra donner lieu à un nouveau rapport sur les changeinenls à faire signalés par MM. les commissaires. COMMUNICATlOiNS ET LECTURES. Sur les étoile:^ filantes de la période de nnveiiibre 187 1, et sur les aurores boréales des 9 et 10 du même mois; note par M. Ad. Quetelet, directeur de r(Mjs(M'vatoire royal et secrétaire perpétuel de l'Académie. Pour Bruxelles, toutes les dispositions avaienl été prises à rObscM-vatoire royal afin de suivre les diverses manifesta- tions de l'a ppari lion périodique des étoiles (liantes du mois de novembre. Mais l'état de l'atmosphère, pendant ( 345 ) les soirées du 12 au 18 de ce mois, n'a pas permis d'ob- tenir des résultats lavorables. Un ciel presque constam- ment couvert ne nous a laissé voir qu'une étoile le 14, à 9 h. 4o m. du soir, traversant le zénith , du S.-E. au N.-O., et, dans la soirée du 17, une étoile de o' gran- deur, passant également au zénith ; peu de temps après, le ciel s'est complètement couvert. M. Terby m'a écrit qu'à Louvain les nuages ont em- pêché, le 12, d'obtenir !e moindre résultat; mais le 15, le ciel s'est éclairci, d'abord Irès-impariailement entre 12 h. 59 m. et 14 h. 57 m., puis complètement pour rester d'une grande sérénité jusqu'au jour. Les èclaircies qui se présentèrent de 12 h. 29 m. à 12 h. o6 m., permettaient déjà de conclure qu'il ne se produirait pas d'averse mé- téorique extraordinaire; jusqu'à 14 h. 57 m., M. Terby ne put observer que trois étoiles lilantes; mais, par moments , le ciel fut complètement couvert. De 14 h. 57 m. à 17 h. 48 m., le champ d'obseivation fut serein du côté du SE. et M. Terby annota trente-qualrc météores. En Italie, d'après une communication qu'a bien voulu me faire M. Denza, directeur de l'Observatoire du collège royal Charles- Albert, à Moncalieri, près de Turin, les grandes tempêtes qui ont régné dans ces contrées, pendant le mois de novembre, ont empêché tout genre d'observa- tion d'étoiles filantes. Dans la nuit du 14 au 15 seulement, quelques résultats ont pu être obtenus. A Milan, M. le professeur Schiaparelli a vu neuf mé- téores en observant de 16 '/2 heures à 17 1/2 heures. Tous ces météores ont montré des caractères diflérents et n'ont offert aucune [larticularitè digne d'intérêt. A Alexandrie, M. le professeur Parnisetti et cinq aides ( 346 ) oui noté, de 10 heures à 17 heures, trois cent ironie météores, bien que le ciel fût couvert au commencement (Je la soirée, et ensuite très-variable. Quarante et un de ces météores étaient de première grandeur, cent et dix-huit de 2'", cent et quarante-nenl" de o'' et vingt-quatre de 4'; cinquante-neuf étaient rongeà- tres, cinquante-sept jaunâtres, treize bleuâtres et tous \vs autres blanchâtres; quatre-vingt-trois d'entre eux étaient suivis de traînées. A Volpeglino, près de Tortonc, le professeur Maggi a vu, par un ciel découvert, de 15 h. 15 m. à 18 h. 15 m., cinquante-deux météores, dont vingt et un étaient de première grandeur, y compris deux bolides, vingt-trois de 2% deux de 3'' et six de A''. La plupart irradiaient de la constellation du Lion. A Gènes, M. le professeur Garibaldi et ses aides aper- çurent, par un ciel serein, de 8 h. 15 m. à 13 h. 30 m., cinquante-deux météores, qui tous lurent déterminés; sept étaient de première grandeur, dont un bolide, qua- torze de 2% dix-sept de 3' et quatorze de 4"; douze étaient suivis de traînées lumineuses. Par ce peu de faits, pour l'Italie, il résulte que le nuage météorique continuait à passer pendant la nuit du 14 au 15, et, de plus, par la comparaison des observations décrites ci-dessus avec les observations faites la nuit pré- cédente dans les diverses stations de France et à Lisbonne (où l'on n'a vu que bien peu de météores) , il paraît qu'on doit en conclure que le vrai passage a eu lieu le 14 : il a été par conséquent retardé d'un jour sur les années pré- cédentes. Pourtant le nuage est apparu non-seulement moins dense, m'a fait remarquer M. Denza, mais déplacé un peu de sa position accoutumée, très-troublée et très-irré- ( 347 ) gulièrc, car l'essaim qui à présent traverse l'orbite terrestre n'est qu'un reste et comme une queue très-rare que le centre, plus serré et plus épais, a laissée sur son chemin. M. Denza terminait sa lettre en me disant que de plus, la persistance du passage des Léonides démontre que celles-ci s'étendent de plus en plus dans leur orbite, laquelle linira par devenir entièrement occupée et remplie de matière cosmique ; alors on verra l'apparition mé- téorique de novembre non plus tous les trente-trois ans et demi comme jusqu'à présent, mais d'année en année et à peu près avec la même intensité, précisément ainsi qu'il en est de la période d'aoùl. — M. Ad. Quelelet a ensuite communifjué une note sur Y aurore boréale du 10 novembre 187 1. Le 9 novembre déjà , à Bruxelles, les barreaux aimantés étaient en perturbation le soir, et l'on avait pu observer les lueurs de l'aurore vers H Va heures. On voyait dans l'ouest un nuage d'un rouge assez vif pour faire croire à un incendie. Le 10, la clarté blanchâtre de l'aurore pouvait se re- connaître dès le commencement de la soirée. A 9 h. 50 m., grande clarté rouge autour de a de la Lyre, limitée à droite et à gauche par des rayons légère- ment inclinés vers la gauche , le premier passant à 5" nord de a Lyrae et le second montant vers a du Cygne. Un peu après, la coloration diminue, mais elle reprend ensuite avec vivacité plus au nord. Un beau rayon blanc s'élance au nord de a de la Lyre; un peu après, plaque blanche au nord de la tête du Dragon. Vers 9 h. 40 m., le phénomène diminue d'éclat et les instruments magnétiques se rap- jn-rrhent de leur état normal. ( 348 ) A 9 h. 55 m., deux beaux rayons blancs, par des azi- muts d'environ 25" et 45° vers l'ouest. A 10 heures, deux rayons à gauche de a de la Lyre, à environ 5° et 15° de distance angulaire. A 10 h. 10 ni., rayons dans le nord. A 10 h. 50 m., un nuage très-sombre, qui s'est gra- duellement élevé de l'horizon nord-ouest, atteint presque à la hauteur de a de la Lyre. Un quart d'heure après , il se partage en un grand nombre de petits nuages séparés entre lesquels on continue à voir la lueur blanche de l'au- rore, mais sans distinguer de nouveaux jets jusque vers une heure du matin. Voici quelques renseignements complémentaires donnés pour l'observation faite à Bruxelles : Vers 10 h. 45 m. du soir, l'aspect du ciel vers le nord magnétique était d'un jaune verdâtre assez obscur; un stratus en forme de masse indéterminée et frangée couvrait en partie l'horizon de ce côté; au zénith et au sud des vapeurs formaient le fond du ciel. De temps en temps, la clarté allait en s'accentuant. A 10 h. 50 m., une nuée rou- geâtre est apparue dans le NO. Une nuée semblable s'est manifestée peu de temps après d'une manière assez pro- noncée vers le NE.; puis elles se sont rejointes par inter- mittences, et cet aspect rougeàtre du ciel formait comme une auréole sans détermination exacte. Ali heures ont apparu des traces faibles de rayon, parallèles entre elles. Le principal rayon, qui a montré une certaine persistance, avait i)Our point de départ le méridien magnétique et sem- blait vouloir atteindre le zénith. Pendant ce temps, le stra- tus s'est morcelé et a disparu peu à peu ; vers le zénith ont apparu ensuite des vapeurs blanchâtres. Le ciel avait au sud et au zénith un aspect laiteux. ( 349 ) Les nuées rougeâlres ont été en s'a (faiblissant jusque vers 1 \ '/2 heures, instant on elles n'ont plus laissé de traces. Il est à remarquer qu'aucune scintillation n'accompa- gnait les étoiles, tant du côté de l'aurore, où quelques-unes se faisaient voir, qu'au sud et au zénith. A Louiaiii, M. Terby a également observé les aurores des 9 et 10 novembre. Selon cet observateur, le 9, à 7 h. 30 m., deux arcs blancs superposés et séparés par un intervalle sombre mal défini surmontaient un segment obscur appuyé sur l'hori- zon nord. Le |)hénomène s'élevait jusqu'aux étoiles y et»? de la grande Ourse, et le nord présentait une légère teinte rouge. Le iO, à partir de 9 h. oo m., des rayons jaillirent presque constamment et la lueur rouge parut dans l'ouest , le nord-ouest, le nord et le uord-nord-est. Jusqu'à \\ h. 10 m., la production des jets fut presque continue et la lueur rouge reprit un assez vif éclat; tous ces rayons s'arrêtaient à la hauteur de la petite Ourse. Nous croyons utile de signaler ici que d'après une com- munication de M, Denza, de Moncalieri, la fréquence des aurores polaires dans le nord de l'Italie a été tout à fait inaccoutumée dans la première moitié de novembre. Ainsi , d'après M. Denza, le 2 novembre, une aurore polaire a été vue à Volpeglino et à Aoste. Le 9, à Turin, à Moncalieri, à Volpeglino, à Gênes, à Modène. Le 10, une splendide aurore polaire a été vue à Turin, à Moncalieri, à Volpeglino, à Lodi, à Mondovi, à Gènes, à Aoste. Le 14, la lumière aurorale a été vue à Gênes et à Alexandrie. S™" SÉRIE, TOME XXXII. 25 ( ooO ) Le 20, la lumière aurorale a été vue à Aoste. Le 24, une aurore a été vue à Volpegliiio. Tous ces phénomènes de l'aurore, moins celui du 14, ont correspondu à de fortes perturbations magnétiques observées ici, ajoute M. Denza, et à Aoste. — En terminant celte note, je reçois de M. H. Tarry, inspecteur des finances en France , une lettre relative au phénomène des étoiles filantes observé à Brest, laquelle contient les détails suivants sur les rapports qui sem- blent exister entre ces météores et les aurores boréales. «.. Les aurores boréales, m'écrit M. Tarry, sont-elles dues à une cause purement terrestre ou à une cause cosmique comme les étoiles filantes? C'est un point qui n'a jamais été éclairci, et l'opinion de M. Ch. Sainte- Claire-Deville, directeur de l'Observatoire météorologique de Paris, me paraît très-sou tenal)le; le fait de la coexis- tence des apparitions d'étoiles filantes et d'aurores bo- réales est digne de réflexion. Vous avez déjà fait remarquer dans votre Phi/siqiie du globe, page 124, que les aurores boréales s'apercevaient simultanément en France et en Amérique; les observa- tions faites aux deux bouts du càble transatlantique con- firment ce fait et donnent le moyen de le constater facile- ment. En eff"et, sir Andrews, directeur de la station française, est un homme de mérite familiarisé avec les expériences de physique ; la Compagnie du câble a mis à sa disposition des appareils excellents, et je ne doute pas que son attention ayant été appelée sur ce point, il ne fasse de bonnes observations sur les courants terrestres et l'intensité magnétique dans le càble, lorsque de nou- velles aurores boréales apparaît roui. ( 3S1 ) Vous savez, Monsieur le Direcleur, que l'Associalion scientifique de France a lait faire des observations simul- tanées d'étoiles filantes au mois d'août et de novembre de cette année. J'ai organisé au mois d'août la station de S'-Lo et au mois de novembre celle de Brest. Dans le cas où vous vous intéresseriez à ces travaux, je me ferais un plaisir de vous communiquer les résultats de nos observations qui n'ont pas été publiés et que le temps a favorisées, notamment le 12 novembre, où la station de Brest est la seule en France et en Italie qui ait réussi à voir une cen- taine de météores... » Les observations de M. Tarry sur l'aurore boréale du 9 novembre ont été insérées dans le Bulletin de l'Asso- ciation scientifique de France, t. IX, n° 215. — M. Melsens a ensuite la parole, pour donner lecture du billet cacheté qu'il avait fait parvenir à !VI. le secrétaire perpétuel le 26 novembre dernier. Voici le contenu de ce billet, ouvert séance tenante : « Je communique à des savants étrangers une expé- rience qui tend à prouver qu'à côté de la maxime : Omue vivum ex ovo, il faut en placer une autre : Omne auteui ovnm ex materiae molu viribusque. » Bruxelles, le 26 novembre 1871 . » [Signé] Melsens. » Une cornue renfermant un liquide susceptible de produire des êtres organisés ou de les y faire vivre, dis- posée d'après les méthodes décrites par M. Pasteur, est restée inerte depuis le mois de juillet 1863. ( 352 ) » Un champignon s'est produit sous l'influence de vibra- lions. » Bruxelles, le 26 novembre 1871. » {Signé) Melsens. » Observation du 25 novembre 1871, à 9 V2 heures du matin. » Extrait d'une lettre de M. Louis Saltel à M. Catalan, associé de l'Académie. 9 Soient, dans un même plan, une ligure quelconque 2; » trois coniques Sj, S^, S3; et un point P. Si, sur la » droite Pm qui joint le point P à un point quelconque m » de 2, et qui coupe Sj S^, S3 en «j, [3,, a^, [^2, «s? ^z-, » on prend le point m' homologue à m dans les deux » séries homographiques délinies par ces trois couples de » points, le lieu 2' du point m' sera dit V hyper-Désar- » guesienne de 1. » Cette transformation générale renferme, comme cas » particuliers : La Iransformalion honiographique , la » transformation homologique , la transformation homo- » thétique , la transformation perspective , la transforma- » tion par rayons vecteurs réciproques et la transforma- » tion Désarguesienne.... » » Presque tous les théorèmes de la géométrie supérieure, » de M. Chasles, peuvent èlre immédiatement démontrés » et transformés... » » Combefouilleuse , près d'Espalion, le 26 octobre » 1871. » ( 355 ) — M. do Koninck lait passer sous les yeux de ses con- ifères des éclianlillons d'une roche grenalifère, récem- menl découverte par MM. de Koninck lils et Paul Davreux, dans le terrain ardennais des environs de Viel-Salm. Il annonce, en même temps, que ces deux ingénieurs ont l'intention de présenter une notice sur ce sujet, à l'une des prochaines séances de la classe. — En dernier lieu, M. d'Omalius a lu le discours qu'il se propose de prononcer à la séance publique de la classe, fixée au samedi \6 décembre. Le programme de la solennité se composera de cette lec- ture, d'une notice sur sir John Herschel, par M. Ad. Que- telet, d'une lecture sur les anomalies du règne végétal , par M. Bellynck, et de la proclamation des résultats du con- cours et des élections. ( 354 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 4 décembre ISl I . M. J.-J. Haus, directeur. M. Ad. Qcetelet, secrélaire perpétuel. Sont présents : MM. J. Roulez , Gachard, Paul Devaux, F.-A. Snellaert, M.-N.-J. Leclercq, le baron Kervyn de Lettenhove, R.Chalon, J.-J. Thonisseii, Th. Juste, Alph. Wauters, H. Conscience, N.-J. Lalbret, membres; J. Noiet de Brauwere Van Stecland, Aug. Scheler, associés; E. de Borchgraveet J. Heremans, correspondants. MM. L. Alvin et Éd. Fétis, membres de la classe des beaux- arts, et M. Éd. MaWh , correspondanl de la classe des sciences , assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire de VAntiuaire statistique publié par son Département pour 187J (S*" année), I vol. in-S", et un exemplaire du tome 2" des Chartes et docu- ments de V abbaye de Saint-Pierre au mont Blandin, à Gand, depuis sa fondation jusqu'à sa suppression, publiés par M. A. Van Lokeren, in-4°. — Remercîments. ( 355 ) ~ MM. les questeurs du Sénat et de la Chambre des représentants adressent des cartes de tribune réservée pour la session législative 1871-1872. — Remercîments. — LesAichives nationales de Paris, la Bibliothèque nationale et l'École des chartes de la même ville, la Société havraise d'études diverses, la Société industrielle d'Angers, la Bibliothèque royale de Stuttgart, les universités do Berlin, Bonn, Gratz et Tubingue remercient pour le der- nier envoi de publications. — M. le baron Kervyn de Lettenhove lait hommage à la classe d'un exemplaire du tome XUl' des Chroniques de Froissart, qu'il vient de publier dans la collection .académique des œuvres des grands écrivains du pays. M. Th. Juste offre un exemplaire de la 2<" édition de sa brochure : M. de Bismarck cl Napoléon III , à propos des provinces belges et rhénanes. La classe a également reçu la traduction italienne, i)ar M. Carrara, associé à Pise, du travail de M. A. Rolin sur la peine de mort, ainsi qu'un exemplaire de la Grammaire indo-européenne de M. F.-G. Eichhoff, associé à Paris. Des remercîments ont été votés aux auteurs de ces dif- férents dons. — M. F. -A. Snellaert promet de rédiger, pour V An- nuaire de 1875, les notices sur MM. Blommaert et Bo- gaers, que l'Académie vient de perdre et que la classe a comptés dans ses rangs , le premier comme correspondant, le second comme associé. — Remercîments. ( 356 ) ELECTIONS.. MM. De Decker, Faider et Gacliard, membres sortants de la commission spéciale des finances de la classe, ont été réélus pour l'année 1872. MM. Chalon et Conscience ont été appelés à remplacer, dans cette commission , M. de (Jer- lache, décédé, et M. Leclercq , taisant partie de la commis- sion administrative. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Thonissen a lu la continuation de son rapport cen- tenaire concernant les travaux de la classe, raj>port qui fera l'objet d'une publication spéciale. La souveraineté liéréditaire du prince d^ Orange dans les provinces de Hollande, de Zélande et d'Ulrecht [1580)\ par M. le baron Kervyn de Lettenhove, membre de l'Académie. Les annales du seizième siècle, objet de tant de travaux, ont rencontré des narrateurs plutôt éloquents qu'impar- tiaux. Les bommes qui ont figuré sur une scène si ora- geuse et troublée par tant de passions, ont eu ou leurs détracteurs ou leurs apologistes : ils attendent encore leurs bisloriens qui, également sévères pour l'oppression des uns et l'ambition des autres, flétriront tous les crimes et blâmeront toutes les fautes. ( 357 ) Pour laeililer ce jugement calme et équitable, il faut surtout recourir aux documents originaux. Bon nombre ont déjà été publiés, et l'un de nos honorables confrères a porté dans l'accomplissement de cette tâche autant de persévérance que d'érudition. Il reste toutefois des pièces importantes qui n'ont pas vu le jour, et la classe me per- mettra, en en faisant paraître quelques-unes sous ses auspices, de les signaler à l'attention dont elles me sem- blent dignes. Je me bornerai aujourd'hui à reproduire un document trouvé récemment dans les papiers de la reine Elisabeth, et relatif à cette célèbre négociation de 1580, où le prince d'Orange, olfrant une part des Pays-Bas à la France et voulant faire de l'autre son domaine héréditaire, avait choisi Maraix de Sainte-Aldegonde pour faire triompher ses intérêts personnels, grâce à un odieux marché avec le duc d'Anjou. Le traité du Plessis-lez-Tours, du 19 septembre 1580, est connu de tout le monde. On sait moins quelles furent les négociations qui précédèrent ce traité. On assure, il est vrai, qu'il fut suivi d'un acte secret par lequel le duc d'Anjou reconnaissait à Guillaume d'Orange la souverai- neté de la Hollande et de la Zélande ; mais le texte, si je ne me trompe, n'en avait jamais été révélé : c'est cette lacune que je viens combler. Copie crime promesse faicte par Son Altesse au prinse d'Orange. « ?sous, Fransois, duc d'Anjou, en ralilian la promesse que nostre cher et bien-aimé le sieur des Pruneaux a fait à mon cher cousin le prinse d'Orange le neuhesme d'août ( 358 ) dernier passé, prometons audit sieur, tanlosl que les estas nous aron choueszy pour prinse souverain de tous les Païs-Bas, nous emploierons nostre autorité anvcrs les peu- ples pour recompanser ledit sieur prinse et l'aquiter des grans deptes dont il est hobligé en Allemagne pour la levée des armées qu'il a conduites contre les Espagnols pour la délivrance dudit pais; et en oultre à rezon des grans et incroïables travaux portés par ledit sieur prinse, avecque les pertes des grans biens qu'il a soufert, nous acorderons et acordons dès à sete heure que ledit sieur prinse et ses houers desandans en drouecte ligne demeurent prinses et seigneurs sou vérins de Holande et Zélande et Uulrec et en général ce qui est des dépandanses dudit gouverneman; prometons en fouez et parole de prinse le mintenir et dé- fendre anvers tous et contre tous sans aucune exzansion, comme aussy ledit prinsse jure et promet de demeurer en bonne et ferme inlelliganse, comunication, amitié saincte et parfaite avecques nous, nous faire à toutes liocasions très-humble servisse et procurer an tout et partout l'advan- seman de nostre grandeur pardessus toutes chozes. Et en confirmasion de ce que dessus, nous avons souscript ce et signé les prézantes de nostre main , à Cotras , se 29 décem- bre 1580. » Puis signé (1). (i) Painers île la reine Élisabelh , dans la collecllon du marquis de Salisbury, à Hallield. L'orthographe de ce document raiipelle cxacte- nienl celle de toutes les pièces écrites de la main du duc d'Anjou. ( 359 ) — La classe s'est occupée, en dernier lieu, de la conti- nuation de l'examen des modifications à apporter à son règlement intérieur. Divers articles nouveaux ont été admis, et il a été décidé qu'ils ligureraient, avec ceux déjà précédemment adoptés, dans VAnmiaire pour 1872, en remplacement de l'ar- ticle 18 du règlement de la classe. ( 360 ) CLA^SSE »ES BEAUX-ARTS. Séance du 7 décembre i87 1 . M. L. Gallait, directeur de la classe, président de l'Académie. M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel. Sont présents : iMM. L. Alvin, G. Geefs, H. Vieuxtemps, J. Geefs, C. Fraikin, Éd. Fétis, Edm. De Busscher, J. Por- taels , Alph. Balat, Aug. Payen , le chevalier L. de Burbure, J. Franck, G. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq, E. Slinge- neyer, A. Robert, membres. MM. R. Chalon, membre de la classe des lettres, et Éd. Mailly, correspondant de la classe des sciences, assis- tent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur transmet à l'Académie un exemplaire des deux premières livraisons de la 6™" année du Trésor musical, publié par M. R. Van Maldeghem. — Remercîments. — Une dépêche du même haut fonctionnaire demande si la classe n'a pas d'instructions à donner à M. G. De Mol, ( 561 ) lauréat du grand concours de composition musicale de cette année, qui se propose de partir pour l'étranger le 1" janvier prochain, conformément aux dispositions ré- glementaires de ce concours. Cette pièce est communiquée , séance tenante, aux deux membres présents de la section de musique, MM. Vieux- temps et le chevalier de Burbure. — Le lauréat sera invité, par voie ministérielle, à se rendre chez le premier de ces académiciens, afin de s'entendre sur l'itinéraire à suivre. ÉLECTIONS. La classe désigne MM. Franck et Slingeneyer pour rem- placer dans la commission des (inances M. yMvin, qui se récuse comme membre de la commission administrative, et M. F.-J. Fétis, décédé. Les autres membres chargés d'exercer ce mandat pendant l'année 1872 seront MM. Fraikin, G. Geefset Partoes, membres sortants. — II est décidé que la liste des candidatures aux places vacantes, telle qu'elle a été arrêtée dans la dernière séance, sera considérée comme définitive, aucune inscription nou- velle n'ayant été ajoutée. PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1872. Par suite de la remise en vigueur du principe admis par la classe en séance du 20 septembre 1849, stipulant qu'il pourra être mis au concours des sujets d'art appliqué, ( 362 ) concurremment avec des questions de théorie ou d'his- toire de l'art, le programme pour l'année 1872 a été arrêté de la manière suivante : SUJET DE PRIIVTURE. On demande le carton d'une frise élevée à 5 mètres au- dessus du sol et ayant l"'oO de haut sur 4"'50 de large. Celte frise est destinée à une grande salle dans un édifice public et doit avoir pour sujet les travaux de la métallurgie. L'épreuve du concours sera faite sur la moitié des dimen- sions susdites, soit O'^TS de haut sur 2'"23 de large. SUJET DE SCULPTURE. On demande l'esquisse d'un bas-relief pour une frise destinée à la décoration du vestibule d'un grand édifice et placée à 5 mètres d'élévation, ayant pour sujet les tra- vaux DE l'agriculture. Les dimensions de l'épreuve de- vront être de 1'"60 de longueur sur 0'"80 de hauteur. Un prix de mille francs sera décerné à l'auteur de l'œuvre couronnée. Les concurrents conserveront la propriété de leur œuvre. Les morceaux destinés au concours devront être reinis au secrétaire de l'Académie avant le 1" septembre 1872. SUJETS LITTÉRAIRES. PREMIÈRE QUESTION. Faire l'histoire de la sculpture en Uelgiiiue aux dix- septième et dix-huitième siècles. ( 363 ) SECONDE QUESTION. Apprécier les tracaux des peintres belges qui ont fleuri dans la deuxième moitié du dix-huitième siècle. La valeur des médailles d'or, présentées comme prix, sera de mille francs pour la première question et de six cents francs pour la seconde. Les mémoires envoyés en réponse à ces questions doi- vent être lisiblement écrits et pourront être rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils devront être adressés, francs de port, au secrétaire perpétuel de l'Académie, avant le i" juin 1872. L'Académie demande la plus grande exactitude dans les citations; elle exige, à cet effet , que les concurrents indi- quent les éditions et les pages des ouvrages qui seront mentionnés dans les travaux présentés à son jugement. Les planches manuscrites seules seront admises. L'Académie se réserve le droit de publier les travaux couronnés. Les auteurs des mémoires insérés dans les recueils ont droit à recevoir cent exemplaires particuliers de leur tra- vail. Ils ont, en outre, la faculté de faire tirer des exem- plaires supplémentaires en payant à l'imprimeur une indemnité de quatre centimes par feuille. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que les mémoires qui ont été soumis à son jugement restent déposés dans ses archives comme étant devenus sa pro- priété. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet , au secré- taire perpétuel. ( 364 ) DISPOSITIONS GÉNÉRALES A CES CONCOURS. \a's auteurs ne iiiellroiit point leur nom à leur ouvrage; ils n'y inscriront qu'une devise, qu'ils reproduiront dans un hillel cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute, par eux, de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. Les ouvrages remis après le terme prescrit ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. — La classe a décidé de comprendre déjà, pour le concours de 1875, la question littéraire suivante : Rechercher l'époque à laquelle Varclnlccture a subi , dans les Pays-Bas, l'influence italienne. Indiquer les per- sonnages auxquels on doit attribuer cette influence et citer les œuvres des artistes. La valeur de la médaille d'or réservée à la solution de cette question sera de mille francs. Les conditions de concours pour cette question seront les mêmes que celles énumérées dans le programme de 1872. Le terme fatal est fixé au 1" juin 1875. — La classe a accepté également pour le concours de 1874, le sujet d'art suivant : Un prix de six cents francs sera accordé à l'auteur de la meilleure gravure au burin, exécutée en Belgique pen- dant la période du i'' janvier 1872 au i"' janvier 1874, d'après l'œuvre d'un maître ancien ou moderne de l'école flamande et dont un exemplaire aura été soumis à la classe. ( 365 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. dallait prend la pnrolo pour fournir des explications au sujet du j)lan d'un édilico pour les expositions trien- nales des beaux-arts, dont il s'est activement occupé avec l'aide des collaborateurs que la classe l'a autorisé à s'ad- joindre. Il avait annoncé, à la dernière séance, qu'il avait un emplacement, un terrain; il a mieux que cela, aujour- d'hui ; il a un plan, c'est-à-dire un projet de plan que la classe pourra modiiier après examen. L'emplacement est celui de l'ancien ministère de la justice, rue de la Régence. Le terrain appartient au gouvernement, qui n'aura, de ce chef, aucune dépense à faire. Sur ce terrain pourra être élevé, comme le prouve le plan mis sous les yeux de l'Aca- démie, un édifice approprié à tous les besoins d'une expo- sition et contenant un nombre d'objets d'art très-supérieur à celui que renfermaient les salies provisoires de toutes les exhibitions précédentes. Le plan remis par M. Gallait n'est qu'un tracé destiné à montrer le parti qu'on peut tirer des terrains disponibles pour la construction de la galerie projetée. Il devra être soumis à de nouvelles éludes, avant d'être proposé au gouvernement. On a cru , pour- suit M. Gallait, qu'en demandant pour l'édifice affecté aux expositions triennales une situation centrale, la classe des beaux-arts était opposée à l'exécution du projet conçu pour élever à la plaine des Manœuvres un ensemble de con- structions destinées à de grandes cérémonies publiques. C'est une erreur. L'Académie serait heureuse, au con- traire, de voir doter la capitale d'un de ces vastes édifices, 2""^ SÉRIE, TOME XXXII. 2G ( 566 ) comme il en laut pour les expositions universelles où se rencontrent les artistes et les industriels de tous les pays, et pour les fêtes nationales où Ton rassemble des milliers d'assistants. Elle a seulement songé aux expositions trien- nales qui , dans l'intérêt des arts et des artistes , réclament impérieusement une situation centrale. L'édifice de la rue de la Régence ne sera pas un obstacle à ceux de la plaine des Manœuvres. La ville de Bruxelles ne peut que gagner à ce que les deux projets se réalisent. Sur la proposition de M. Slingeneyer, la prise en con- sidération du projet présenté par M. Gallait est votée à l'unanimité. Le soin de préparer le plan définitif est confié à la commission qui en avait jeté les bases et qui est com- posée de MM. Gallait, Balat, Portaels, Alvin et Éd. Fétis, avec adjonction de quatre membres nouveaux : MM. Payen , Gustave de Man , G. Geefs et Fraikin. ( -"^e? ) CLASSE DES SCIEUCES. Séance du 'f 5 décembre 1811. iM. J.-B. d'Omalius d'Halloy, vicc-direclour, occupe lo fauteuil. M. Ad. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. B.-C. Du Mortier, L. de Koninck, Edm. de Selys Longchamps, le vicomte B. Du Bus, H. Nyst, Gluge, Melsens, J. Liagre, F. Duprez, Ern. Quetelet, H. Maus, M. Gloesener, A. Spriug, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen , membres; E. Catalan, Pli. Gilbert, Aug. Bellynck, associés; J. De Tilly, corres- pondant. CORBESPONDANCE. Une lettre du palais annonce les regrets de Sa Majesté de ne pouvoir assister à la séance publique annuelle, fixée au samedi 16 de ce mois. S. A. R. M^' le Comte de Flandre a fait exprimer des regrets semblables. — M. le Ministre de l'intérieur envoie pour la biblio- thèque de l'Académie, les livraisons 2I() et 217 de la ( 368 ) Flora batava et la Statistique médicale de l'armée belge pendant les années 1868 et 1869. — Remercîments. — L'Académie Leopoldo-Caroline des curieux de la nature à Dresde, le Musée germanique de Nuremberg et la Société impériale des naturalistes de Moscou remercient pour les derniers envois. — M. Dewalque communique la liste des orages qu'il a observés à Liège en 1871. M. Cavalier transmet le résumé météorologique pour Ostende pendant le mois de novem- bre dernier. RAPPORTS. Note sur les cardinies rencontrées dans le bassin houiller de Liéfje, par M. R. Malherbe, ingénieur au corps des mines, à Liège. atippoi't de lU. G. Deu-alque. « La note de M. Malherbe a pour but de rappeler l'at- tention sur l'importance des fossiles animaux que Ion rencontre à différents niveaux dans le bassin houiller de Liège, pour établir la synonymie des couches de houille et parvenir à une connaissance exacte de notre étage houiller. L'auteur s'occupe particulièrement de ces co- quilles bivalves qui, après avoir été rapprochées des Vnio ou des Mya, ont été rapportées depuis au genre Cardinia ou constituées comme genre particulier, sous le nom Ôl Anlhracosia. ( 3G<> ) Réunissant les documents connus sur ce sujet , ékiguant toutes les indications incomplètes, dans lesquelles le ni- veau iossililëre n'est pas indiqué, et ajoutant au peu qui leste le résultat de ses observations personnelles, ainsi que de celles de MM. les ingénieurs des mines J. Van Sclierpenzeel-ïhim et Firket, l'auteur arrive à constater la présence de fossiles de ce genre au loit de sept couches de houille seulement. Je crois pouvoir ajouter aux renseignements donnés par l'auteur que les espèces de cardinies que M. de Ko- ninck a fait connaître proviennent des houillères de la Batterie et du Val-Benoît, à Liège, à l'exception de Car- dlnia robiisla, Sow. sp., qui provient de la houillère du Grand-Bac, à Tilleur. Les collections de runi\ersité de Liège renferment en outre C. acutn, Sow. sp., de la houil- lère des Makets, à Jemeppe, et au toit de la couche Belle- au-Jour au Val-Benoît (Liège), C. lellinaria , Goldf. sp., de la houillère Pyre, à Jupille, et diverses espèces du même genre de la houillère du Horloz (Tilleur). Aux cardinies qui proviennent de ces diverses couches, et auxquelles je suis souvent embarrassé de donner un nom spécifique, je puis ajouter : Avkula papyrocea, Sow. sp., des schistes de la partie inférieure de l'étage, au Bleiberg et à Melin; Goniatiles Lîsferi, Sow sp., dans des rognons à la base de l'étage à la houillère de Melin, et Mijlilus Wes- maelanus, de Ryck., de la houillère de la Haye, à Liège, probablement de la couche Veine-de-soie. Enfin , M. l'ingénieur Bavreux , conservateur des collec- tions minérales de l'université de Liège, me signale de petites coquilles dans le schiste houiller de Kinkempois (Angleur), dans le chemin du Sart-Tilman, au pied de la montagne où se trouve l'iiermitage; et une grande quantité ( 570) (le cardinies dans un schiste Irès-noir, accoinpagnanl une série de minces lits de houille entre les couches Grande- Fontaine et Pouplourou , à Trembleur. Je me joins à M. Malherbe pour appeler toute l'atten- tion des ingénieurs de houillères sur la présence de ces fossiles : je m'empresserai de publier tous les renseigne- menss que l'on voudra bien me communiquer. La note de M. Malherbe intéressera les géologues el les paléontologistes. J'ai l'honneur de proposer à la classe de l'imprimer dans le Bulletin de la séance. » M. d'Omalius, second commissaire , s'élant rallié à la proposition de M. Dewalque, la classe a volé l'impression de la note de M. Malherbe dans les BuUclim. CONCOURS DE 1871. La classe a reçu un mémoire portant pour devise : Le travail est la vie de V homme (Voltaire), en réponse à la première question du jjrogramme de concours de celte année demandant de Résumer el simplifier la théorie de Vintégralion des équalious aux dérivées partielles des deux premiers ordres. HMpt'ot'l de n. E. l'filainn. « Ce mémoire, qui annonce beaucoup d'érudition, est un résumé consciencieux de la plupart des travaux pu- bliés en France , en Allemagne et en Angleterre sur Vin- tégrntion des égnations aux dérivées- partielles. Bien qu'il ( •") ) ne renlcrme presque rien de neufC) , je n'hésiterais pas à demander que l'Académie décernât le prix à l'auteur, si , dans son mémoire , la forme répondait au fond. Malheu- reusement, il n'en est rien : cette œuvre de longue haleine est fort mal rédigée; la lecture en est fatigante, surtout quand on rencontre des phrases remplissant une page de texte (**); l'exposition, au lieu d'être claire, précise, comme il convient à un ouvrage didactique ("*), est diffuse, piincipalement dans le premier paragraphe. Enfin, cer- taines parties annoncent une grande précipitation , pour ne rien dire de plus (****). En conséquence, et dans l'intérêt de l'auteur, j'ai l'hon- neur de proposer à l'Académie la prorogation du con- cours. » SSiiinioft df .9B l.ififffC Je suis d'avis, comme mon savant confrère M. Catalan, que le mémoire de concours portant pour épigraphe ces mots de Voltaire : Le travail est la vie de Vhouinie , présente, quant au fond, des qualités sérieuses ; mais ce mémoire a été, me semble-t-il, rédigé un peu rapidement, et gagnerait beaucoup à être remanié sons le rapport de l'exposition. {*) Voir pp. X el XI. (**) Je dois, dans celle crilique, faire une exceplion en fuveiir de 1"//)- Iroduclion. Elle esl l)ien faite, bien écrile, et prouve que l'auteur est capable de perfectionner son travail. C'^*) Le traité de M. Imschenestky, plusieurs fois cité |iar l'auteur, nie paraît un bon modèle à suivre. (***'') Les preuves de ces diverses allégations se Irouvi'nt dans les notes annexées au rapport. ■( 372 ) 11 y aurait donc avantage à ce que ia question lût remise au concours pour l'année prochaine; ce délai permettrait à l'auteur de faire une nouvelle rédaction de son ouvrage, et peut-être d'ajouter quelques recherches originales aux recherches d'érudition qu'il renferme déjà. L'Académie aurait, en outre, l'avantage de pouvoir ap- puyer son jugement sur l'opinion de notre savant collègue M. Gilbert, à qui ses occupations et l'état de sa santé n'ont pas permis de prendre connaissance du mémoire de concours. M. Gilbert s'est occupé lui-même de l'intégra- tion des équations aux dérivées partielles, dans un mé- moire publié il y a plusieurs années , et le secours de ses lumières serait extrêmement précieux dans la question qui nous occupe. » Mtai»itoi'l titf la. Gifbt'i't. ■ N'ayant pu, faute d'un délai suffisant, et empêché par des occupations pressantes et [)ar l'état de ma santé, prendre connaissance du mémoire destiné au concours, je désire ne point parliciper à la décision de la commission chargée de juger ce travail. Conformément aux conclusions des rapports de ces trois commissaires, la classe a décidé de remettre la ques- tion au concours de l'année prochaine. Elle a pris cette décision afin d(; permettre à l'auteur, dont elle n'a pu couronner l'œuvre, de représenter son travail en tenant compte des observations auxquelles celui-ci a donné lieu. (375) ÉLECTIONS. La classe a procédé, en comilé secret, aux. éleclioiis pour les places vacantes. Les noms des nouveaux élus seront inenlionnés dans le compte rendu de la séance publi(iue. PRÉPAHAÏIFS UE LA SÉANCE PUBLIQUE. La classe a ensuite procédé, conlorniémenl au règle- niciit, à la lecture des |»ièces qui fornicront le programme de celle solennité. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur rabaissement de température du mois de décembre 187 1 ; note par Ad. Quetelet, directeur de TObscrva- loire et secrétaire perpétuel de l'Académie. La nuit du 7 au 8 du mois de décembre actuel a présenté un minimum de température que nous n'avions jamais observé dans notre pays à cette époque de l'année, il faut remonter jusqu'à 1859 ou 1788, pour trouver encore en décembre — mais, celte Ibis, tout à la fin du mois, — une température aussi basse. Le 26 décembre 1859, le lliermomètre a marqué — 19",4 C. à Bruxelles, — 22'\0 C. à Namur et — 23", 2 C. à Louvain; le 51 décembre 1788, à Bruxelles, il a donné un minimum de — 1G'\5 C. Cette année, les températures minima centigrades re- levées à ^Ob!^ervatoire ces jours derniers, à un, trois et ( 374 ) dix-sept mètres au-dessus du sol, ont été les suivante: - (sol). (terrasse». (tourelle). le 2 décembre — 4°8 - 3-6 - 67 3 — 1,3 — 1,2 - 5,0 4 — 3,4 - 2,9 - 3,0 5 — 7,1 — 6,0 - 9,5 6 — 4,8 — 3,6 — 5,6 7 - 11,9 — 10,5 - 13,7 8 - 17,2 - 16,4 - 20,3 9 • - 11,0 - 11,2 — 13,6 10 - 6,4 - 6,7 - 8,9 D'après une lettre que vient de m'écrire M. Buijs-Ballot, directeur de l'institut météorologique d'Utrecht, on a ob- servé, le 8 décembre, à Utrecht, — 4%0 F. (— 20°,0 C), à La Haye — 5%0 F. (— 20%6 C), et— 6%0 F. ( — !21M C.) dans d'autres localités des Pays-Bas. M. Terby s'est empressé de m'annoncer qu'à Louvain le thermomètre centigrade a marqué le 8, à 7 h. 50 m. du matin, — 17",0 C; à 8 heures, — 18°,0; à 8 h. 40 m., — 19°,0; à 10 heures, — 15",0; de 10 h. 40 m. du soir jusqu'au lendemain à 9 h. 20 m., la température est re- venue à — 10%0 C. A Ciney, à 200 mètres environ d'altitude, M. d'Omalius a observé, à o heures du matin, ^2o'\5 centigrades; à 9 heures, la température marquait 2 degrés de moins. D'après le Journal de Stavelot, le thermomètre dans cette localité se serait abaissé jusqu'à — 27%0 C. à 7 heures du matin; à Liège, au Jardin Botanique, on a constaté — 25°,5 C.,- tandis qu'au Jardin Botanique de Bruxelles, la température ne serait pas descendue au-dessous de — 16%0C. A Somergem, M. Vertriest a noté, le 8 décembre, — 20",2C. ^ ( Ô75 ) A Malines, d'après M. G. Bernaerls, à 7 h. 50 m. du matin, la température était de — 18°,5 C. I.a veille, le thermomètre centigrade marquait déjà — H°,5 G. à 7 h. SO m. (lu matin. Depuis le minimum du 8 décembre, le thermomètre est remonté assez rapidement : à 8 h. 50 m. du soir, il marquait — 9",oO G.; le 10, il était revenu à zéro degrés. Note sur les cardinies rencontrées dans le bassin houiller de Liège; par M, Renier Malherbe, ingénieur au corps des mines. 11 résulte des recherches auxquelles M. L.-J. Davreux s'était livré, qu'à l'époque où il écrivit son mémoire sur la constitution géologique de la province de Liège (l), trois couches de houille au moins pouvaient être considérées comme présentant à leur toit le caractère de la présence de cardinies, savoir : le Rosier, le Ginq-Pieds et Belle- au-Jour. Le but de la présente note est d'enregistrer les décou- vertes de l'espèce opérées depuis lors dans le terrain houiller de Liège. M. J. Van Scherpenzeel-Thim, ingénieur principal des mines, a constaté la présence de ces fossiles en grandes quantités au toit de la couche Veine-des-Ghamps à Wergi- fosse et dans des terris non spécifiés du charbonnage de la Batterie à Liège. M. Ad. Firket, ingénieur des mines, en a également (Ij Formant la l'-'^ partie ilii tome IX des Mémoires couronnés, (le l'Académie. (376 ) rencontré dans un terris de fraîche date , tonné par les déblais du toit de la couche Platte-Veine, à la mine de Patience et Beaujone à Ans. Un échantillon du toit de la couche Yeine-de-Joie, pro- venant de la mine de la Haye, à Liège, m'en a également fourni des spécimens. J'ai encore constaté l'existence de ces coquilles au toit d'une veinette, appartenant, comme Rosier et Cinq-Pieds, à la série supérieure des couches du bassin de S'-Gilles. Cette veinette, nommée Neppe, et parfois Sarlette, quoi- que, dans l'ordre régulier de succession , ces noms dési- gnent deux veinettes différentes, a 0"',15 d'ouverture et se trouve dans les terrains compris entre les couches Char- napré et Grande-Veine. Son toit est un schiste un peu micacé, avec cardinics plus ou moins nombreuses, dont les dimensions sont variables, quoique généralement de petit format. Je les ai rencontrées au charbonnage de Bonne-Fin, bure S"' -Marguerite, niveau de 147, bac- nure Nord, et à celui du Horloz, bure Braconier, niveau de28o, bacnure Sud. Quoique les divers échantillons de cardinies que je pos- sède soient assez dissemblables quant à leurs dimensions, leuis formes et leurs caractères les rapprochent de l'espèce désignée par M. de Koninck sous la dénomination de Car- dinia oralis. Ces fossiles, généralement nombreux au toit des cou- ches précitées, ne sont pas cependant toujours faciles à découvrir, par le motif qu'ils sont logés à l'intérieur des bancs de schiste, et que, pour les mettre à nu, il faut procéder au clivage de ces bancs. Il est même probable que c'est à cause de cette circonstance qu'ils ne sont pas renseignés plus souvent dans les diverses mines où les couches précitées sont exploitées. ( 377 ) On avait admis que ces bivalves étaient fluviatiles. Selon que leur présence s'accusera à des étages géologiques plus ou moins nombreux , on obtiendra dans cette bypotbèse un argument pour reporter la formation bouillère corres- pondante à un dépôt non marin, ou tout au plus fluvio- marin. Jusqu'à présent, j'ai lieu de croire, par expérience per- sonnelle, qu'ils n'existent que dans le toit d'un nombre de couches peu considérable : si cette prévision se con- firme, leur présence accusera un cariiclère d'autant plus précieux de synonymie. D'après ce qui précède, ce caractère peut être consi- déré comme acquis actuellement pour les couches dont les noms sont renseignés dans le tableau suivant, sans vouloir prétendre toutefois qu'elles le fournissent toujours. 1 XOM NOM DISTANCE normale 5 a ? de LA COL'CHK. de hi veine dans l.ii| 11. Ile réchan- tillon :i Ou- liouvé. les coiu-hes ci-.ioint<:s Ob.< 6 liellc-au-jour. . Vai-Benoîl » La relaMon de cette couche avi-c les précédenles n'est pas encore établie d'une manière précise. 7 Veine-dcs-clianips. Wergifosse Celle couche appartient à un groupe (|ui n'est pas encore raccordé au bassin de Liège. ( •^>7cS ) CLASSE DKS SCIEI^CKS. Séance publique du samedi 16 décembre IS11 (Grand'salle des Académies, au Musée). M. J.-B. d'Omalius d'Halloy, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. de Koninck, P. Van Beneden , Edm. de Selys Longchamps, le vicomte B. du Bus, H. Nys(, Gluge, Melsens, J. Liagre, F. Duprez, Ernest Quetelet, H. Maus, M. Gloesener , E. Candèze, F. Donny, Ch. Mon- tigny, Steichen, Ed. Dupont, membres; E. Catalan, Aug. Bellynck, associés; Ed. Morren, Edouard Van Beneden, J. DcTilly, correspondants. Assistaient à la séance : ('lasse des lettres : MM. J.-J. Haus, directeur; CI). Steur , J. Boulez, Gachard, F. -A. Snellaerl, M.-N.-,I. Leclercq, le baron Kervyn de Lettenhove , B. Chalon, Th. Juste, Alph. Wauters, H. Conscience, membres; J. Noiel de Brauvvere Van Steeland , Aug. Scheler, associés. Classe des beaux-arts : MM. Éd. Fétis, vice-directeur; L. Alvin , A. Van Hasselt, G. Geefs, C.-A. Fraikin , Edm. ( 579 ) De Busscher, Alpli Balat, Aug. Payen, le chevalier L. de Burbure, J. Franck, Gustave De Man, Ad Siret, Julien Leclercq, Ern. Slingeneyer , membres; Ëd. De Bieive, Cil. Bosselet, correspondants. A 1 heure, les membres présents, précédés du bureau de la classe et de M. Haus, directeur de la classe des let- tres, sont entrés en séance et se sont placés dans l'enceinte réservée à MM. les académiciens. M. J. d'Omalius prend en premier lieu la parole en ces termes : Messieurs, Une circonstance douloureuse, l'indisposition de notre savant directeur, M. Stas, m'impose l'obligation de pro- noncer le discours d'ouverture de cette séance; mais à mon âge on n'est plus à même de composer un véritable discours, et je me bornerai à résumer des discussions ré- centes, dans lesquelles le hasard m'a fait intervenir quoi- qu'elles concernent des questions étrangères à mes études. Ayant vu qu'il existe une école soutenant l'inséparabi- lité de la matière et de la force dans les phénomènes biologiques , j'ai témoigné, en 1870 , le désir de connaître l'opinion de nos physiologistes sur une hypothèse qui me paraît contraire à- la véritable explication des faits. Ce désir ou, comme on dit dans le langage parlementaire, cette interpellation, a donné lieu, ici et à l'étranger, à des discussions dans lesquelles je suis intervenu, autant que le permettait mon peu de connaissance dans ces questions , que d'ailleurs plusieurs savants considèrent comme inso- ( 380 ) lubies dans l'élat actuel de la science. Toutefois ces discus- sions m'ayant conduit à formuler une opinion sur les forces naturelles, j'espère que le résumé que je vais en faire dans cette séance solennelle sera un motif pour amener des observations qui répandront quelques lumières nouvelles. Voici comment j'envisage les forces naturelles : 1" Tous les phénomènes naturels sont dus à des causes dont nous ne connaissons pas la nature et que je désigne par le nom de forces; 2° Je divise ces forces en deux catégories très-dis- tinctes : l'une qui produit les phénomènes physico-chi- miques, l'autre qui donne naissance aux êtres vivants et que je nomme, avec les anciens physiologistes, forces vitales; 3" Je me borne, pour ce qui concerne la première ca- tégorie, à dire que s'il n'y a, ainsi que l'annonce la phy- sique moderne, qu'une seule force physico-chimique dont les transformations donnent lieu à des manifestations différentes, l'ensemble doit être considéré comme insépa- rable de la matière, attendu qu'il existe de ces manifesta- tions dont l'inséparabiiité est incontestable; 4" Je considère, au contraire, les forces vitales comme indépendantes de la matière et ne potivant lui être com- muniquées que par l'action d'un être vivant; S" Cette union, qui donne naissance à ce que Ton ap- pelle la vie, n'a lieu que pour un temps déterminé et cesse par la mort; 6" Les forces vitales ont la faculté de se reproduire, c'est-à-dire de donner naissance à d'autres èlres sembla- bles à leurs parents ; ( 381 ) 7" Je crois qu'il existe autant de forces vitales particu- lières qu'il y a de formes d'êtres vivants susceptibles de se reproduire et que tout être vivant est animé par une de ces forces ; 8" Ces forces peuvent être modifiées, soit par le milieu dans lequel se trouvent les êtres vivants, soit par les habitudes de ceux-ci; 9" Elles peuvent se diviser en deux groupes, savoir : celles qui donnent naissance aux végétaux , que nous con- sidérons comme privés de sensibilité, et celles qui donnent naissance aux êtres du règne animal ; 10° On peut encore distinguer dans ces dernières deux subdivisions : l'une comprend les forces qui animent les bêtes , l'autre celle de l'homme , à laquelle je restreins le nom à' âme; 11° Ce classement de l'àme dans les forces vitales n'a rien de contraire au dogme de l'immortalité personnelle de l'âme. Je vais maintenant examiner les diverses objections que l'on a faites contre ces propositions. Il n'est pas à ma connaissance que l'on ait contesté l'as- sertion que nous ignorons quelle est la nature des causes qui produisent les phénomènes naturels. On a seulement dit, d'un côté, que ces causes sont inhérentes à la matière et, d'un autre côté, qu'elles sont dues à des substances particulières; mais dire qu'une chose est inhérente à une autre n'est pas faire connaître sa nature, et l'on ne dit pas ce que c'est qu'une substance qui n'est ni visible ni coer- cible. Je pense donc qu'il est plus simple de désigner ces causes par le nom de forces qui annonce que nous igno- rons quelle est leur nature. 2"'' SÉRIE, TOME xxxir. 27 ( 582 ) Il existe une école qui n'admet dans la nature qu'une seule force qu'elle considère comme inséparable de la matière, comme ne pouvant exister sans celle-ci, comme se transformant de manière à produire tous les phéno- mènes naturels et comme ne pouvant se perdre, mais qui , lorsqu'elle n'est pas à l'état de force vive, est à l'état latent qu'elle appelle force en tension. Je n'ai ni l'envie ni les moyens de contester cette théorie pour ce qui concerne les phénomènes physico-chimiques , mais je ne pourrai l'appliquer aux causes qui donnent naissance à la vie, que quand on m'aura prouvé que la matière peut s'organiser sans l'intervention d'un être vivant préexistant , et qu'on m'aura expliqué la mort d'une manière plus satisfaisante qu'en comparant l'être vivant à une machine qui s'est usée. Je conçois qu'une machine, produit de l'art, ne peut plus fonctionner lors- qu'elle est usée; mais, si la force qui donne la vie était inséparable de la matière, je ne concevrais pas pourquoi un être vivant cesserait de vivre, tant qu'il conserve la matière dont il est composé. Je trouve beaucoup plus simple d'admettre que l'être vivant meurt parce que c'est une loi de sa destinée, et je laisse aux partisans de la conservation des forces le soin de rechercher ce que de- vient la force qui animait l'être mort, question qui me paraît indifférente pour la thèse que je soutiens. Je conviens qu'une force ne peut se manifester à nos sens que quand elle agit sur la matière, mais cela ne me paraît pas suflire pour nier l'existence d'une force sépa- rable de la matière. Je pense, au contraire, qu'une force qui se manifeste seulement quand elle a étéconnnuniquée à la matière par un corps étranger et qui doit cesser d'agir ( 583 ) an hoiit d'un temps déterminé n'est pas inséparable de la matière. C'est ainsi que je crois que la force qui fait mou- voir une bille qui a reçu une cbiquenaude n'était pas dans cette bille avant qu'elle eût reçu la chiquenaude. On invoque en laveur de l'unité des forces la circonstance quêtons les phénomènes de composition et de décomposi- tion qui se passent dans les corps vivants sont opérés par les forces physico-chimiques; mais cette conséquence ne me paraît pas fondée. En effet, les forces physico-chimi- ques étant inséparables de la matière doivent agir chez l'être vivant, mais, si elles n'étaient pas dirigées par une autre force, elles ne produiraient pas chez ces êtres les résultats qui les caractérisent , puisqu'elles ne les produi- sent pas quand elles ne sont pas sous l'empire de cette autre force, qui est ce que j'appelle la force vitale, la- quelle n'agit sur la matière qu'autant qu'elle lui ait été communiquée, sous des conditions particulières, par un être vivant préexistant. En d'autres fermes, je dis que la force vitale joue chez l'être vivant un rôle analogue à celui d'un chef de fabrique qui, dans son laboratoire, dispose les choses de manière à ce qu'il s'opère des décomposi- tions et des combinaisons propres à donner les résultats qu'il veut obtenir. On a également invoqué , en faveur de l'opinion que les forces physico -chimiques j)euvent produire des phéno- mènes vitaux, les mouvements nerveux que l'on détermine au moyen de l'électricité dans un cadavre mort depuis peu; mais ce phénomène s'explique très-bien , soit par la supposition que l'électricité exerce sur ces organes le même effet que la force vitale; soit parce que l'action de cette force s'exerce, dans certains cas, au moyen de l'électricité , car cette manifestation physico-chimique peut ( 384 ) aussi bien se produire chez les êtres vivants que d'autres manifestations , ainsi d'ailleurs que le prouvent les pois- sons électriques. L'inftuence que des excitants matériels exercent quel- quefois sur les fonctions intellectuelles ne prouve pas non plus que la matière puisse produire des phénomènes vi- taux, car on ne peut contester que l'excitation intellec- tuelle agisse sur les fonctions de quelques organes, d'où l'on conçoit que l'excitation matérielle de ces organes puisse, de son coté, réagir sur les phénomènes intellec- tuels. Les mouvements que l'on détermine en irritant cer- taines parties d'un animal mort depuis peu, ainsi que la croissance des cheveux et des ongles que l'on a observée comme ayant eu lieu chez des cadavres, ne prouvent pas l'inséparabililé de la matière et de la force vitale. Elle annonce seulement que l'impulsion donnée par cette force peut, après la retraite de celle-ci, se conserver pendant quelque temps dans certaines parties du cadavre. C'est encore le phénomène de la bille, qui se meut après que la main qui a donné la chiquenaude s'est retirée. Une autre école, moins radicale que celle qui n'admet dans la nature qu'une seule force inséparable de la ma- tière , se borne à dire que les différences entre les forces physico-chimiques et les forces vitales ne sont pas aussi tranchées que je le suppose, à quoi je réponds : Premièrement que les forces physico-chimiques ne pro- duisent que des corps inertes qui ne peuvent s'augmenter que par l'addition superficielle de nouvelles parties et dont l'existence est indéfinie s'ils ne sont pas attaqués par une force autre que celle qui les maintient; tandis que les forces vitales donnent naissance à des êtres organisés qui ( 385 ) ont la faculté de se développer par un mouvement inté- rieur et dont l'existence doit cesser au bout d'un temps plus ou moins restreint. Secondement que les forces physico-chimiques se mani- festent toujours dans la matière, à moins qu'elles ne soient empêchées d'agir par une cause connue. C'est ainsi, par exemple , qu'un fruit se dirigera toujours vers le centre de la terre dès qu'il cessera d'être attaché à l'arbre qui le portail, et que si de l'acide sulfurique se trouve en con- tact avec de la chaux il se formera toujours du sulfate de chaux, du moins à. nos températures ordinaires, tandis que les forces vitales ne se manifestent que quand elles ont été communiquées à la matière par un être vivant. On avait cru pendant longtemps à la production spon- tanée de quelques animaux , mais les progrès de la science ont fait connaître que cette opinion était erronée, attendu que ces animaux se reproduisent de la manière ordinaire; et, s'il y a encore quelques personnes qui croient à la génération spontanée, elles ne l'appliquent qu'à des êtres microscopiques qu'il est presque impossible d'expulser complètement des appareils où se font les expériences et dont les germes sont susceptibles de conserver leur vie latente pendant des temps dont nous ne connaissons pas encore les limites. On a aussi cru voir quelque chose de favorable à la génération spontanée, lorsque les chimistes ont découvert le moyen de fabriquer dans leurs laboiatoires des combi- naisons analogues à des produits de la vie et que, pour cette raison, ils ont nommé matière organique. Mais ce rapprochement et cette dénomination ne sont pas fondés, puisque ces combinaisons ne proviennent pas d'un corps organisé, qu'elles ne sont point organisées et que, de ( 386 ) même que les autres matières, elles ne peuvent s'orga- niser que par l'action d'un être vivant. On a comparé la formation d'un cristal à la naissance d'un être vivant, mais la différence est immense, car le cristal se formera toujours dès que la matière propre à le composer ne sera pas empêchée de se réunir d'une manière régulière. L'être vivant, au contraire, ne peut naître que par l'action d'un être vivant préexistant. On a également comparé la décomposition des corps inorganiques à la mort des êtres vivants, mais je repousse cette comparaison , attendu que l'être vivant doit essen- tiellement mourir, tandis que les corps inorganiques ont, comme je viens de le dire, une existence qui se prolonge tant qu'ils ne sont pas attaqués par une force autre que celle qui les maintient. Le cristal le plus déliquescent serait aussi fixe qu'un cristal de quartz si l'on pouvait le mettre à l'abri des attaques de l'humidité, et s'il existe des com- posés inorganiques qui se décomposent sans être attaqués par une force étrangère , ce ne sont que des alliances for- cées produites dans les laboratoires. Ayant en vue les êtres que l'on peut diviser en morceaux qui continuent à vivre, qui se développent et deviennent des êtres parfaits, j'avais dit, dans la discussion que je résume, que les forces vitales peuvent se diviser; mais on m'a fait observer qu'en m'exprimant de cette manière, je touchais aux hypothèses qui insistent sur l'indivisibilité des forces intellectuelles qui animent les êtres supérieurs, et, comme je tiens à éviter tout ce qui est relatif aux hypothèses qui ne sont pas nécessaires aux thèses que je soutiens, j'ai remplacé les mots se diviser par ceux se reproduire, que personne ne conteste et qui rendent par- faitement mon idée. En effet , les divisions dont je viens ( 387 ) de parler sont en réalité un mode de reproduction et, d'un autre côté, la génération peut être considérée comme une espèce de divisibilité de la force vitale, puisque celle-ci, après avoir donné l'existence à une nouvelle force, con- tinue à exister telle qu'elle était. Quant à la faculté que j'attribue aux forces vitales de se modifier par les milieux dans lesquels se trouvent les êtres qui en sont animés ou par les habitudes de ceux-ci, je ne reviendrai pas, en ce moment, sur ce que j'ai déjà dit à ce sujet, tant dans cette enceinte que dans mes élé- ments de géologie. Je me bornerai à rappeler que c'est l'hypothèse qui me paraît expliquer le plus facilement les variations de la série paléontologique et les races nouvelles qui se forment sous nos yeux. L'hypothèse qui admet autant de forces vitales qu'il y a de formes d'êtres vivants susceptibles de se reproduire, est repoussée non-seulement par l'école qui ne veut qu'une force générale inséparable de la matière, mais aussi parles écoles qui admettent, soit une force vitale unique, soit plu- sieurs forces vitales générales correspondantes aux princi- pales fonctions des êtres vivants. Je conçois comment une force générale physico-chimique peut produire le nombre, relativement petit, des formes des corps inorganisés qui ont une forme déterminée, c'est-à-dire des cristaux, parce que ces formes sont le résultat de la forme des molécules qui se réunissent pour former le cristal, mais je ne puis concevoir comment une même force vitale pourrait pro- duire, avec des éléments qui sont à peu près semblables, l'immense variété de formes que présente la série des êtres vivants. Cette manière de voir ressemble, selon moi, à celle qui admettrait que, dans une fonderie, on pourrait faire des milliers de statues différentes avec un même moule. ( 388 ) On a cherché à écarter cette difficulté en invoquant l'ex- trême complexité des éléments qui composent les êtres vivants, mais je ne puis accepter cette explication parce que la complexité dont il s'agit n'est pas la cause, mais le produit de la force qui donne naissance à l'être vivant. Il me semble donc qu'il est beaucoup plus simple et plus conforme aux faits d'admettre l'existence d'autant de forces vitales générales qu'il existe de formes d'êtres vivants sus- ceptibles de se reproduire, et que chaque être vivant est animé par une de ces forces qui détermine toutes ses fonc- tions par des transformations analogues à celles que la physique moderne attribue à la force physico-chimique. Il existe, à la vérité, une école repoussant l'opinion que la force qui détermine les fonctions intellectuelles et in- stinctives soit la même que celle qui détermine les fonctions nutritives, parce que la volonté ne peut arrêter ces der- nières. Mais cette objection ne me paraît pas plus fondée que celle qui dirait qu'une machine n'est pas l'œuvre de son constructeur, parce que la volonté de celui-ci ne peut l'arrêter lorsqu'elle est en mouvement. Je ne vois pas non plus pourquoi la force qui produit la formation et la nutri- tion d'un être vivant ne pourrait pas produire l'intelli- gence de ceux qui en sont doués, toutes ces fonctions étant également mystérieuses et incompréhensibles pour notre esprit. La réunion , sous l'empire d'une même force vitale, de toutes les fonctions d'un être vivant et l'admission d'une série de forces vitales présentant la même série de perfec- tionnements que celles qu'offrent les fondions de la série des êtres vivants a aussi l'avantage de dispenser d'établir pour les phénomènes intellectuels une troisième catégorie de forces en général, catégorie dont il est impossible de ( 389 ) bien déterminer les limites, car on ne peut contester qu'il existe des bêtes douées d'une certaine intelligence, et si l'on accorde de l'intelligence à toutes les bètes, il est dif- ticile de la refuser aux végétaux, puisqu'il existe des êtres, réputés animaux, qui ne paraissent pas avoir plus d'intel- ligence que les végétaux. La division des forces vitales en deux groupes, l'un qui se rapporte aux végétaux, l'autre aux êtres du règne ani- mal, est une conséquence naturelle de l'admission des forces particulières. Quant à la subdivision que j'établis entre les forces vitales qui animent les bêtes et celles de l'bomme, je pense que, quelles que soient l'intelligence et la sociabilité dont sont douées quelques bêtes, on ne peut contester que l'homme a des aptitudes qui n'existent pas chez les bêtes. Or, comme je crois pouvoir rapporter toutes les fonctions des êtres vivants à la force vitale, il me paraît convenable de placer celle de l'homme dans une subdivision parti- culière. Je termine en faisant remarquer qu'en considérant l'àme de l'homme comme une force vitale, je suis loin d'émettre une opinion contraire au dogme de l'immortalité de l'âme; j'ajouterai même qu'en restreignant le nom d'àme à la force vitale de l'homme, je me crois plus dans l'esprit de nos livres sacrés que ceux qui admettent une âme chez des bêtes. ft]n effet, la Bible nous dit que Dieu, après avoir créé les végétaux et les bêtes, créa l'homme à son image. Or, ainsi que je l'ai déjà dit dans cette enceinte. Dieu étant un être essentiellement spirituel, son image ne peut se rap- porter à nos formes matérielles, mais bien à la force qui nous anime, laquelle, pour être l'image de Dieu, doit être immortelle, qualité que je ne crois pas appartenir aux forces vitales des bêtes, d'où il me paraît convenable de réserver ( 390 ) à la force vilale de l'homme une dénominalion qui la dis- lingue de celle des bêtes (1). — La parole a ensuite été donnée à M. A. Quetelet pour la lecture de sa notice sur l'un des plus éminents associés que la classe a perdus récemment, sir Jolin Fré- déric William Herschel , notice ayant pour objet de rap- peler les rapports que l'illustre astronome anglais a eus avec la Belgique et principalement avec l'Académie. Ce travail paraîtra dans VAnnuaire de l'Académie pour \812. — Le R. P. Bellynck, associé de la classe, est venu en- suite prendre place au bureau pour donner lecture de la notice suivante : Les anomalies dans le règne végétal. Messieurs, Je cède à des instances réitérées pour prendre de nou- veau la parole dans cette réunion solennelle. Notre vénérable vice-directeur m'a représenté que ma lâche de l'an passé n'était pas remplie, que les anoma- (1) Dans le discours que j'ai prononcé le 16 décembre 1866 (lome Xil, page S61 du Bulletin), où je voulais, comme en ce moment, indiquer que la science n'esl point en opposition avec nos croyances religieuses, et à une époque oîi je n'avais d'autre notion sur lassimilalion de l'àme avec les forces vitales dentales de la Zelandc, 80; commissaire |iour la nulicede M. De Potier eoiicernaiil les d'Arlevelde, !8i; lecture de son rapport sur (;e travail, 296. Snellaert (F.-J.) — Lecture de son rapport sur le mémoire de M. De Smel concernanl les Quatre-Métiers et les iles occidentales de la Zélande, 80 ; cliargé do la publication de l'ouvrage intitulé : Spieghel der Wijsheil, dans la collection des anciens monuments de la littérature flamande, 183; commissaire pour la notice de M. De Potter concernant les d'Ar- levelde, 18-{.; lecture de son rapport sur ce travail, 296; promet de ré- diger les notices biographiques de MM. Blommaerlet Bogaers,553. Société astronomique de Leipzig. — Annonce que sa réunion annuelle aura lieu à Stultgard, du 14 au IG septembre 1871, 2. Société d'émulation de Cambrai. — Ailresse le |)rogramme de ses ques- tions de concours pour 1872 , 554. Souljre (Et.). — Annonce de sa mort, 126; rapport sur la notice de M. Mee- rens concernant le diapason et la notation musicale, 194. Slas (.t. -S.}. — Commissaire poui' les notes de M. Dubois concernant la formation du sulfate diéthylique et la transformation de l'acide citrique en acide tricarballylique, ô; commissaire pour le mémoire de M. Havrez sur la teinture des laines, ibid.; empêché de remplir ses fonctions de directeur de la classe des sciences , à la séance du 3 août 1871, 38. Steichen (M.). — Commissaire pour la note de M. De Tilly concernant le roulement des rouleaux et des roues sur un plan d'appui, lo3; rapport sur ce travail, 242. Swarts (Th.). — Présentation d'une notice sur les dérivés par addition de l'acide itaconique et de ses isomères . 335. T. Terby (Fr.). — Présentation d'une note intitulée : Aspect de la planète Mars en 1871, 5; rapports de MM. Liagre et Montigny sur cette noie, 40, 41 ; impression, 57; dépôt de ses observations sur les orages qui ont eulieu à Louvain en 1871, 39. Thonissen (/.). — Lecture de son rapport sur les travaux de la classe des lettres depuis la fondation de l'Académie, 105, 190, 319, 55G; accepte de rédiger la notice biographique de M. le baron de Geriachc, 184: un autre précurseur de Malthus; notice, ibid. Tillii (J.-M. De). — Présentation d'une note intitulée: Sur le roulement des rouleaux et des roues sur un plan d'appui, 153; rapports de MM. Steichen et Folie sur celte note, 242, 244; impression, 262. !2""" si-:r.iE, TOME xxxii. 50 430 TABLE DES AUTEURS. Tilman {Alfred). — Lauréat (mention honorable) du grand concours de conoposilion musicale de 1871, 122, 139. Tommaiii (Donato). — Présentation d'une note concernant l'acl ion de l'iodure ploml)ique sur les acétates métalliques, 59. Vnn Ikmeden {Éd.). — Dépôt d'un l)illet cacheté, 15i; note sur la conser- vation des animaux inférieurs , 179. Vnn lleiieden (P.-J.) — Communication verbale sur une IJalénoplère , i; les Phoques de la mer scaldisienne, 3; un Sirénien nouveau du terrain rupelien , 164; les oiseaux de l'argile rupelienne, 256. Van der Mensbrugghe [G.). — Dépôt d'un billet cacheté, 154. la» Weslrheene {Tobie). — Annonce de sa mort, 191. Versimete {Alb.\. — Présentation d'une note concernant la manière dont nous acquérons par la vue la connaissance des corps, 135; lecture du rapport de M. Liagre sur cette note , 230. Vieuxlemps {H.). — Accepte de rédiger la notice biographique de M. Sou- bre, 192; chargé de donner des instructions de voyage à M. De Mol, lau- réat du grand concours de composition musicale de 1871, 561 . W. Weiler (/.). — Hommage d'ouvrage , 335. Willems (Fr.). — Lauréat du concours des cantates flamandes , 138. ¥3i TABLE DKS MATIÈRES. Anatomie comparée. — Commuriicalion verbale de M. P.-J. Vaii HoMedeii, sur une balénoptère , 4. — Voir Paléontologie. Architecture. — L'auteur du mémoire de concours concei-nant l'inllueiice italienne sur l'architeclure aux Pays-Bas, envoie la fin du chapitre VI de son travail, 265 lecture des rapports de MM. De Man et Balat sur ce mémoire, 124; communication de M. Gallaft au sujet d'un édifice pour les expositions triennales des beaux-arts, 326, 565. Astronomie.— La Société astrononiiquede Leipzig annonce que sa réunion annuelle de 1871 aura lieu à Sluttgard du 14 au 16 septembre, 2; pré- sentation, par M. Terby, d'une Note sur l'aspect de la planète Mars en 1871 , ô; rapports de MM. Liagre et Montigny sur celte note, 40, 41; impression, 57; M. Malaise communique une note sur un i)olide aperçu à Floreffe, 154; d'un moyen de mesurer directement la dislance des centres du soleil et de Vénus , pendant les passages de celle planèle; par M. Houzeau, 158; sur les étoiles (ilantes de la période de no- vembre 1871, par M. Ad. Quetelel, 544. IlilUiographic. — La Bibliothèque de Melbourne (Australie); notice par M. L. Alvin, 525. Billets cachetés. — Dépôt d'un billet cacheté par M. Lamarle, 39; par M. Ëd. Van Beneden, 154; par M. Van der Meusbrugglie, ibid. ; lecture, par M. Melsens,du billet cacheté qu'il avait déposé le 26 novembre 1871,551. Biographie. — Lecture, par M. Ad. Quetelel, d'une notice sur la vie et les travaux de sir John Herschel , 590. 452 TABLE DES MATIÈRES. Came cenlrale des arlisle.s belges. — Lecture, par M. lid. Fétis, de l'ex- posé général de radminislralion pendant Tannée 1870, 115; comnuini- calion, par M. Alvin, de la situation de la caisse au 5 août 1871, ibid.] adoption, par la classe des beaux-arts, de dillérentes mesures prises par le comité-directeur de la caisse, 5"23. t7i///ue. — Présentation, par M. Dubois, de deux notes intitulées : Sur un nouveau mode de formation du sulfate diélhylique, el : Transformation de l'acide citrique en acide tricarballyliqtie, 5; l'apporls de MM. de Ko- ninck el Donny sur ces notes, 42, 45; impression, 70, 74; renvoi du mémoire de M. Ilavrez, sur la teinture des laines, aux commissaires nommés pour son examen, 5; présentation, par M. D. Tommasi, d'une note concernant l'action de l'iodure piombique sur les acétates métalli- ques, 39; note sur la conservation des animaux inférieurs, par M. Éd. Van Beneden, 179; présentation, par MM. Lucien de Koninck et P. Marquart,d'un travail intitulé : Rectification à la notice sur la Bryo- nicine, 256; présentation d'une note sur les dérivés par addition de l'acide ilaconique et de ses isomères, par M. Swarts, 553. — Voir Géo- loyic et minéralogie. Classe des lettres. — Délibérations au sujet de modifications à apporter au règlement intérieur, 24, 519, 359; lecture, par M. Thonissen, de son rapport pour le jubilé, sur les travaux de la classe depuis la fonda- lion de l'Académie, 105, 190, 519, 556. Commission de littérature flamande. — Annonce de la publication des ouvrages suivants dans la collection des monuments flamands : Oiid- dietsche fragmenten van den Parthonopeus van Bloijs , par M. Bor- mans, et : Spieghel der Wijsheit, par MM. Snellaert cl Boimans, 185 Coinmi.ssion pour la publication des œuvres des grands écrioains du pags. — Présentation à la classe des lettres, par M. le baron Kervyn de Letlenhove, des tomes XII et XIII des Chroniques de Froissart, 21 , 555. Commission rogale d'histoire. — Demande d'échange de publications, 21. Concours d'architecture (grands). — Rapports de la commission chargée de l'examen des propositions de M. Schadde, tendantes à modifier le programme d'admission aux grands concours d'architecture, 26, 107; résultats du concours de 1871, 127, 139. Concours de composition musicale (grands). — Résultats du concours de 1871, 122, 158; exécution de la cantate de M. De Mol, lauréat de cecon- TABLE DES MATIÈRES. 435 cours, 140; demande d'instruclioiis de voyage pour M. De Mol, par M. le Ministre de l'inlérieur, 5G0. Concours de la classe des beaux-arls. — L'auteur du mémoire concer- nant l'influcuce italienne sur rarchlteclurc aux Pays-Bas, envoie la fin du chapitre V[ de son travail, 26 ; lecture des rapports de MM. De Man et Balai sur ce mémoire, 124; résultats du concours de 1871, 157; pro- gramme pour 1872, 192, 361 ; commission nommée pour l'examen de la question dos concours pratiques, 194; résultat des délibérations de cette commission, 521; questions de concours pour 1875, 564. Concours de la classe des lettres. — Programme pour 1875, 22; ratifica- tion de ce programme, 79; prorogation du délai fatal du concours de Stassart pour une question d'histoire nationale, ibid. Concours de la classe des sciences. — Mémoire reçu pour le concour.s de 1871, en réponse à la question concernant l'intégration des équations aux dérivées partielles des deux premiers ordres, 40; rapports de MM. Catalan, Liagre et Gilbert sur ce mémoire, 570, 571, 572; procla- mation du résultat du concours de 1871, 409. Concours des cantates. — Lettres de M le Ministre de l'intérieur au sujet des rapports et des procès-verbaux dressés par le jury du concours de 1871, 106; résultats de ce concours, 158; le songe de Colomb, poëme de M. Cl. Michaëls, 141; Colombus' Droom, traduction du poëme de M. Michaëls, par M Hiel, 147. Concours quinquennal des sciences morales et politiques. — Lettre de M. le Ministre de l'intérieur, informant que le jury du concours de 1871 n'avait pas encore terminé son travail d'examen à la date de la séance publique de la classe des beaux-arts, 185. Concours quinquennal des sciences naturelles. — Formation de la liste double de candidats peur le jury chargé de juger la cinquième période 234. Discours. — Discours prononcé par M. Gallait en séance publique de la classe des beaux-arls, lôO; discours sur les forces naturelles, prononcé par M. d'Om'alius en séance publique de la classe des sciences, 579. Dons. — Médaille, par M. le Ministre de l'intérieur, 2; cartes, par M. le Ministre de la guerre, 2; par M. Airy, lo6; par M. Delaunay, 136; ou- vrages , par MM. Duprez et Dupont , 3; par M. le Ministre de l'intérieur, 20, 78, 124, 155, 520, 354, 560, 367; par M. le Ministre de la justice, 21, 185; par M. le baron Kervyn de Lettenhove, 21, 353; par M. le baron B. de Koeline, 26, 79; par M. Henry, 59; par M. de Reumont, 79, 454 TABLE DES MATIÈRES. 296; par M. de Cauraonl, 124; par MM. Monligny et Morreu, 154; par M. Cliasles, 137; par la Société de l'histoire de France, 183; par- M. Noiel de Brauwere, 296; par MM. Malaise, Briart et Weiler, 335; par iMM. Th. Juste, Carrara et EichhoH', 3od. E. Élections et nominations. — Demande de M. le Ministre de l'intérieur, relative au remplacement de M. le baron Leys comme membre du comité mixte et permanent des objets d'art près la commission royale des monuments, 123; M. Fraikin nommé membre de ce comité, 128; MM. Gallait, Al vin et Éd. Fétis nommés membres de la commission chargée d'examiner la question des concours pratiques pour la classe (les beaux-arts, 194; formation de la liste double de candidats pour le jury chargé de juger la cinquième période du concours quinquennal des sciences naturelles , 254; élection des commissions spéciales des iïnances des classes des lettres et des beaux-arts, pour 1872, 536, 361 ; commission nommée pour préparer le plan d'un édifice affecté aux ex- positions triennales des beaux-arts, 566; M. Morren élu membre titu- laire de la classe des sciences; M. Félix Plateau, correspondant; MM. Fries et Parlalore , associés, 410. Épigraphie. — M. Roulez communique une inscription poui' la médaille jubilaire, 182. , G. Géologie et minéralogie. — Présentation d'un travail intitulé : Recherches sur les minéraux belges (2""^ notice) , par M. Lucien de Koninck, 135; lappoï'ts de MM. Melsens et Donny sur ce travail, 247, 230; impression, 290; communication verbale de M.Laurent de Koninck, au sujet d'une roche grenatifère découverte aux environs de Viel-Salm, 333. H. Histoire. — Lecture des rapports de MM. Snellaert,De Decker et Gachard sur le mémoire de M. De Smet concernant les Quatre-Métiers et les îles occidentales de la Zélande, 80; présentation de deux notices concernant les d'Artevelde, par M. De Polter, 184; lecture des rapports de MM. De Smel, Snellaert et Conscience sur ces travaux, 296; la souveraineté héréditaire du prince d'Orange dans les provinces de Hollande, de Zé- lande et d'Utrecht (1380), par M. le baron Kervyn de Lettenhove, 336. — Voir Jurisprudence. Hydrographie. — Don, par M. Delaunay, de la |)remière curie de l'Atlas physique de France, 136. TABLE DES MAÏIÉHES. 43-') Iconoçjraphic. — Niniveaux documents pour la Iradilion icoiioiiiapliiiiue des Neul Preux: notice par M. Éd. Félis, 201. Jurisprudence. — La Pratique criminelle de Dandiouder cl le nances de Philippe ]I (suite), par M. Haus, 81 ; (suite et lui), 29^ Mathérnaliijues pures et appliquées. — Renvoi du mémoire de M Sallel concernant certains systèmes de courbes géométriques, aux commis- saires nommés pour son examen, ô; dépôt d'une noie concernant la géométrie sans postulat et la théorie des parallèles, par M. Lamarle, 59; présentation d'une note concernant les produits indéfinis, par M. Cata- lan, 134; présentation d'un travail intitulé : Note sur le roulement des rouleaux et des roues sur un plan d'appui, par M. DeTilly, 153; rappo^ts de MM. Steichen et Folie sur ce travail, 242, 244; impression, 202; lec- ture des rapports de MM. Gilbert et Catalan sur le mémoire de M. Folie concernant les fondements d'une géométrie supérieure cartésienne, lo6; décision de la classe des sciences au sujet de ce mémoire, 251; don, par M. Chasies, de son Rapport, sur les progrès de la géométrie, 157; pré- sentation d'une note sur les équations diflférentielles réciproques, par M. Orloff, 333; rapports de MM. Gilbert et Catalan sur deux mémoires de M. Saliel, concernant, le premier. rap|)l!calion de la transformation désarguesienne à la généiation des courbes et des surfaces géomé- triques, le second : l'étude de certains systèmes de courbes géométri- ques, 303,344; extrait d'une lettre de M. Louis Saltel à M. Catalan, 532; rapports de MM. Catalan, Liagre et Gilbert sur le mémoire de concours concernant l'intégration des équations aux dérivées partielles des deux premiers ordres, 370, 371, 372. Météorologie et pj/iysique du globe. — Présentation des listes d'orages observés à l'ruxelles, à Gembloux, à Louvain et à Liège en 1871 ,39, 568; M. Cavalier communique les résumés météorologiques de juillet et de novembre 1871, pour Ostende, ihid.; note sur la production succes- sive d'éclairs identiques, aux mêmes lieux de l'atmosphère, pendant l'orage du 2 juillet 1871 ; par M. Montigny, 54; présentation, par M. Per- rey, de notes sur les tremblements de terre ressentis en 1869, 135; rap- 436 TAELE DES MATIÈRES. ports de MM. Mailly el Ad. Quelelet sur ces notes, 256, 241 ; don , par M. Airy, de la Carte magnétique de Halley , 156; sur les aurores boréales des 9 et 10 novembre 1871, par M. Ad. Quetelet, 547; sur rabaissement de température du mois de décembre 1871 , note par M. Ad. Quetelet, 575. Musique. — Rapports de MM. Soubre , de Burbure et Bosselel sur la notice de M. Meerens concernant le diapason et la notation musicale, 194, 199. N. Nécrologie. — Annonce de la mon de sir John Herscliel, 2; de M. Grole, 20; de M. Ramon de la Sagra, 78; de M. Soubre, 126; de M. Blora- maert, 182; de M. Van Westrheene, 191 ; de M. Ch. Babbage, 254; de sir R. Murchison, 254, 354. Notices biographiques pour r Annuaire. — M. Ad. Quelelet présente une notice sur la vie et les travaux de sir John Herschel , 15S; MM. Candèze et Malaise promettent des notices sur MM. Lacordaire et l'abbé Goe- mans, ibid.; M. Thouissen accepte de rédiger la notice sur M. le baron de Gerlache, 184; M. Éd. Fétis annonce qu'il a terminé la notice sur M. le baron Leys, 192; notices sur MM. Hanssens, Soubre et Bock, promises par MM. de Burbure, Vieuxtemps et de Reumonl, ibid.; ajournement de la notice sur M. Fr. Fétis, ibid.; envoi, par M. de Reu- mont, de sa notice sur M. Bock, 320; M. Snellaert promet de faire les notices sur MM. Blommaert et Bogaers, 355. Ouvrages présentés. — En juillet, 27; en août, 116; en septembre et octobre, 222; en novembre, 528; en décembre, 410 Paléontologie. — Les Phoques de la mer scaldisienne, par M. P.-J. Van Beneden, 5; note sur les dents de poisson du dépôt de transport de la Meuse et de ses atïluenls, par M. Dewalque, 50; sur quelques fossiles des ardoises coblenciennes de TArdenne, parle même, 52; un Sirénien nouveau du terrain rupelien , par M. P.-J. Van Beneden , 164; présenta- tion, par M. Malherbe, d'un travail intitulé: Caractère paléontologique de certaines couches du i)assin houiller de Liège, 256; rapports de TABLE DES MATIERES. 457 MM. Dewalque el d'Omalius sur celte note, 568, ô7U; impression, 575; les oiseaux de l'argile nipeiienne, par M. P.-,I. Van Benedeii, 256. Phénomènes périodi'iui'.'i. — Documents présentés par M. Duprez,5; p;ir M. Uelljnck, 59, Ô5i; par MM. Ad. Quciclel, de Selys Longcbamps, Malaise et Bernardin, :255; par M. de norre,au nom de M. Quaed- viieg, ibid. l'hysiologie. — Conimuiiicalion verbale de M. Schwann, au sujet d'un instrument destiné à obtenir la respiration artiticielle chez les animaux opérés, 4; quatrième note sur les forces naturelles, par M. d'Omalius d'Halloy, 44; lecture, par M. Melsens, du billet cacheté !« conromiés, tomes i~XV (1817- ) 842); in-4". — .wé- •no3r.;.H eoiiroiiné.>< et néiiioâi*e!« des savatal^^ étranger.^, tome^ X Vl-XXXVI (1845-1871); in-4". — Prix : 8 Ir. par vol. à partir ilii tome XI I .^lémoirc.v eoui'omié.s . in-8», tomes I-XXI. — Piix : 4 (V. jinr vol. 'Taitfe.o des Mémoires (1816-1857). 1858. ln-18 iiieiuaii-e. i" b 08"'" année, 1855-1872; in-18. Fr. 1,5(1. Uiille«iiiN, 1" série, tomes I-XXIII; — 2'"<^ série, tomes 1-XXXIi; in-S». — .-iiLnexe.*! aux Bulletins de 1854, in-S". — Prix : 4 fr, par vol. ISibliogmitliiie «icadéiniqiie. 1854; 1 vol. ii!-18. TabloH générales des Bulletins : tomes I-XXIIi, 1" série (1852-56). 1858, in-8". — 2'"'' série, tomes I-XX (1857-66). 1867, m-H«. Catalogue de la bibliothèque de l'Académie. 1850; in-8». ratalogiie de la bibliothèque de M. le b»" de Stassari. 1865; in-S". Commission pour la publication des monuments de la littérature flamande. OEinvres de Van Maerlant : Der : iTCREN bloeme, tome I", publié par M. lîormans, 1857; 1 vol. in-8»; — Khibyrel, avec Glossaire, publie par M. .1. David, 1858-1860; 4 vol. in-8", Alexandep. geestex, public par M. Siiellaerl , 1860-1862; 2 vol. in-8». - Dedei-land^iclie gedich- teia, etc., publiées par M. Sneliaerl, 1869; 1 Vol. in-8". — Partliono- peiis van Bloys , publié par M. Bormans, 1^71 ; 1 vol. in-8°. Commission pour la publication d'une collection des œuvres des grands écrivains du paijs. OEuvrei^ de €bastellain , publiées par M. Kervyn de Lettenhove. 1865-1865, 8 vol. in-8°. — I-e l'^'- livre tics Chronique.^ de Froi.<«- i^art, publié parle même. 1865, 2 vol. in-8». - Chrouiqiiies de Jelian il aiél, publiées par M. Polain. 1865, 2 vol. in-8». — »,î Kouanans de €léomadc.s, publié par M. Van Hasselt. 18('i6, 2 vol. in-8". — Dit»; et couteK de Jean et Uaudouin de €oudé, publiés par M. Auguste Scbeler. 1866, 5 vol. in-8". — 1.1 ai".«* d'amoui-, etc., i. l" publié par M. J. Petit. 1866, 1 vol. in-8". - Chronlque»i de Frol^sart, publiées par M. Kervyn de Lettenhove. 1867-1870, 14 vol. in-8». — Lettres de Conimincs, publiées par le même. 1867:2 vol. in-S». — nit."* e!e vrati'iqnet fie Convin , publiés par M. A. Scheler. 1868, 1 \ol. in-8". — Poésie.««le Frois-sart, publiées par le même. 1870; 5 vol. in-8". Commission roi/alc d'histoire. Collection de caironlques belges inédites, publiée par ordre du Gouvernement; 56 volumes in-4". Compte rendu des séances, 1"" série (1857-1849), 16 vol. in-8". — 2"»^ série (1850-59), 12 vol. in-8°. — S-n» série, tomes I-Xll (186;)-70). ilnnexes aux Bulletins, 8 volumes' in-S°.— Taliles générales lU"^ Bulletins de la !••« série, par E. Cachet, et de la 2"»^^ séri<>, par M. Ern. Van Bruyssel; 2 vol. in-8" (1852 et 1866). Commission pour la publication d'une liiographie nationale. Biographie u île, tomes I , Il el III (1"- p.). Hriivelles, 1866- 1870; 5 vol. r 3 2044 093 256 923 <^ \}:^^\ >^^^ ^^^-*M «^^^ .-\^ ^^1^: ^^SfS \^c^ 'vWj ^