* ^ ♦-«ÏSS mi SiÉ^i^te f ibrarg of t^e Puseum OF COMPARATIVE ZOÔLOGY, AT HARVARD COLLEGE, CAMBRIDGE, MASS. The gift of ^-n^< ; j ' /_^ / ^ du Jotcww/i J^>tM> cb^ No . lU )tiq o9 ^^ \ BULLETINS DE L'ÂCAUÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-AUTS DE BELGIQUE. BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. QUARANTE-SIXIÈME ANNÉE. — 2"- SÉR,, T. XLIII. # BRUXELLES, F. BAYEZ, IMPRIMEUR DE l'aCADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. 1877 BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DES LETTRES ET DES BEAl'X-ARTS DE BELGIQUE, 1877. — No 1 GLilSSE DES SCIEI^CES. Séance du 6 janvier 4811 . M. Maus, vice-directeur, occupe le fauleuiL M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Stas, L. de Koninclx , P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst,GIuge, F. Duprez, J.-C. Houzeau, Ern. Quetelet, Ern. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, Brialmont, Éd. Du- pont, Éd. Morren, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart, F. Plateau, F. Crépin, Éd. Mailly, membres; Eug. Ca- talan, associé; J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe et M. Mourlon, correspondants. 2""' SÉRIE, TOME XLIII. 1 CORRESPONDANCE. M. le Ministre de Tïntérieiir adresse une expédition de l'arrêté royal du 28 décembre dernier qui approuve l'élec- tion de M. Edouard Mailly, en qualité de membre titulaire. MM. Mailly, Mourlon et Gosselet envoient des lettres de remercîment au sujet de leur élection. — M. le Ministre de l'Intérieur transmet, pour la biblio- thèque, un exemplaire de l'ouvrage intitulé : L'Afrique et la conférence géographique de Bruxelles, par M. Emile Ban- ning. ln-8°. — Remercîments. — M. Edouard Grimaux remercie pour le prix décerné à son mémoire de concours sur l'acide urique, et annonce qu'il s'empressera de faire connaître le résultat de ses recherches sur la reproduction de l'alloxane, qui réalisera, ajoute-t-il , la synthèse de tous les dérivés uriques. — Un comité, composé de MM. T.-H. Huxley, Otto Torell, E.-H. de Baumhauer et T. Sterry-Hunt, propose de convoquer un congrès géologique international, qui se tiendra à Paris pendant l'Exposition de 1878; ce congrès permettra aux géologues de l'aire ensemble l'étude critique des collections qui y seront réunies, aussi bien que de chercher, par des discussions amicales, à résoudre quel- ques-uns des nombreux problèmes qu'offrent encore la classilication et la terminologie géologiques. — L'Académie royale des sciences de Turin adresse le (5 ) programme du prix Bressa, d*une valeur de 12,000 francs, qui sera adjugé, en 1879, au savant, de quelque pays qu'il soit, qui, pendant les quatre années précédentes, c'est-à- dire du 1"' janvier 1875 jusqu'au 51 décembre 1878, aura fait la découverte la plus éclatante et la plus utile; ou qui aura publié l'ouvrage le plus célèbre en fait de sciences mathématiques et de sciences expérimentales, telles que la physique, la chimie, la physiologie; ainsi qu'en matière d'histoire naturelle, y compris la géologie, la pathologie, l'histoire, la géographie et la statistique. — L'Académie des sciences de l'Institut de Bologne adresse le programme des conditions du concours libre sur le galvanisme, qui expirera le oO mai 1878, pour le prix Aldini, de 1;000 lires. — La classe reçoit les hommages suivants : 1° De M. Eugène Catalan, le tome II (1876) de la Nou- velle Correspondance mathématique, faite avec la collabo- ration de MM. Mansion , Laisant, Brocard, Neuberg et Edouard Lucas. 12cah. in-8°; 2" De M. Edouard Yan Beneden, le volume P'' (travaux des années 1875 et 1876) des Recherches faites sons sa direction au laboratoire d'embryogénie et d'anatomie com- parée de rUniversité de Liège, 1 vol. in-8°; 3° De M. Fr. Crépin, l'ouvrage de M. Herman von Sclilagintvveit-Sakiinliinski intitulé : Bericht iïber Anlage des Herbariums wdhrend der Reisen nebst Erlaiiterang der topographischen Angaben, in-4°; 4° De M. De Koninck, un exemplaire de la notice de M. Th. Davidson : Sur la vie et les travaux de sir Charles Lyell. In-8«. (4) L'Académie impériale des sciences et l'Institut géolo- gique de Vienne, le Jardin botanique de Saint-Pétersbourg, l'Académie royale des sciences de Lisbonne, les Univer- sités de Fribourg en Brisgau et de Marbourg, l'Académie des sciences de Munich, la Société royale des sciences à Upsal, l'Observatoire naval de Washington, et le Bureau de statistique commerciale de Hambourg, adressent leurs récentes publications, et remercient pour le dernier envoi annuel de l'académie. — La classe accepte en dépôt un pli cacheté adressé par M. C. Le Paige, de Herstal. — Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires : 1"' Quelques exemples curieux de discontinuité en ana- bjse, parxM. J. Plateau. — Commissaires : MiM. Catalan, Deïilly etFolie; 2° Action de l'acide azotique sur Véthylène et du per- oxyde d'azote sur l'acétylène, par M. L. Chevron. — Com- missaires : MM. Stas, Donny et Melsens; o" Sur les moyens propres à la reproduction photogra- pitique des spectres ultra-violets des gaz, par M. le docteur van Monckhoven. — Commissaires : MM. Donny, Montigny et Van der Mensbrugghe; 4° Sur les sous-normales polaires et les rayons de cour- bure des lignes planes, par M. Emile Ghysens. — Com- missaires : MM. Catalan, De Tilly et Folie. ( 5 ELECTIONS. La classe procède à l'élection du directeur pour 1878. Les suffrages se portent sur M. Houzeau. M. Maus, en prenant définilivement place au fauteuil comme directeur pour l'année actuelle, exprime de nou- veau à ses confrères ses remercîments au sujet de l'hon- neur qu'ils lui ont fait en l'appelant à diriger leurs travaux. 11 ajoute qu'il fera tous ses efforts pour remplir à leur satisfaction le mandat dont il a été investi. 11 installe ensuite M. Houzeau, qui remercie ses col- lègues. RAPPORTS. Observations physiques de Vénus en 4816; par M. Octave Van Ertborn. Rapport de M. J.-C. Hottzeau. L'Académie a renvoyé à mon examen des observations physiques de Vénus, faites par notre compatriote Octave Van Ertborn. Ces notes se rapportent aux apparences des cornes, à la lumière cendrée de Vénus et aux taches de cette planète. Les taches de Vénus sont fort difficiles à voir. Tandis que pour iMars, pour Jupiter et même pour Saturne, les lunettes ordinaires montrent immédiatement les taches ou les bandes de ces planètes, pour Vénus on n'aperçoit, dans (6) les petits instruments, qu'un disque uniforme d'un éclat vif et partout égal. Aussi est-ce seulement à des inter- valles éloignés que l'on a vu paraître des travaux sur les taches de Vénus; et des astronomes qui ont suivi cette planète pendant un certain temps, tels que Béer et Mâdler, n'ont guère trouvé autre chose à noter que les irrégula- rités de la lim.ite de la phase. Les plus anciennes ohservations des taches de Vénus remontent à Cassini. Mais le siècle suivant ne nous offre guère que les observations de Bianchini vers 1726 et celles de Schroter vers 1788, observations qui laissent entre elles un intervalle de soixante années. Un demi- siècle s'écoule ensuite jusqu'aux observations de Palomba et de Vico en 1858, et celles-ci sont déjà loin de nous et n'ont pas été reprises depuis ces astronomes. Ces circonstances prouvent qu'il s'agit d'un phénomène d'une observation difficile. Mais il y a un fait qui le montre encore plus complètement : c'est le désaccord entre les observateurs sur la durée de la rotation de Vénus, que Cassini faisait de 24 heures, et Bianchini de 25 jours. Les taches, en effet, sont extrêmement vagues, le dessin n'en est pas constant, et elles semblent s'étendre et se rétrécir, dit Schroter, comme si nous les apercevions par des ou- vertures dans une couche de nuages. Ce sont des croquis de ces taches pour quatre dates de 1876, que M. Van Ertborn présente à l'Académie. Ils sont faits avec une lunette de 108 millimètres d'ouverture. Ils se rapportent tous à une phase inférieure à la dichotomie, et ne portent, par conséquent, chaque fois, que sur une petite portion d'un hémisphère. Il est donc impossible de s'en servir pour décider si les taches de Vénus sont permanentes. Bianchini avait tracé ( 7) une mappemonde de Vénus, et Palomba avait cru retrou- ver, après plus d'un siècle, les sept taches principales de Biancliini, auxquelles il en avait ajouté quelques autres. Par suite du peu d'étendue de la partie éclairée du disque, dans les esquisses de M. Van Ertborn, l'identification des taches que cet observateur à marquées est fort dilïicile, sinon impossible. Mais il y a un fait qui est commnn aux observations de notre compatriote et à celles de Schroter, faites à peu près dans les mêmes circonstances. C'est que, suivant les expressions de l'astronome allemand, les taches sont allongées dans le sens de la limite de la phase. Indépendamment de ces observations très-difficiles et très-délicates des taches, qu'il faut laisser au jugement des astronomes, M. Yan Ertborn a noté le phénomène plus facile à observer de la déformation des cornes, celui de l'agrandissement de l'arc éclairé, et enfin deux cas de lu- mière cendrée s'étendant au disque entier. C'est ce dernier phénomène que Shafarik attribuait, il y a quelques années , à une phosphorescence vigoureuse des mers de Vénus. Shafarik concluait d'une discussion générale des obser- vations de ce genre que, les circonstances atmosphériques étant égales d'ailleurs, la lumière cendrée de Vénus est visible seulement en certains moments et non d'une ma- nière permanente. Les observations de M. Van Ertborn viennent appuyer cette conclusion. J'ai l'honneur de proposer à la classe l'insertion de la note dont il s'agit au Bulletin de la séance. Ces conclusions ont été adoptées. Sur le rapport favorable de MM. Folie et Catalan, la (8) classe décide l'impression au Bulletin de deux notes de M. L. Saltel : 1° Détermination de l'ordre de la surface enveloppe d'une surface de degré, etc., et 2^ Théorèmes sur les courbes gauches. — M. Ern. Quetelet donne lecture d'un rapport auquel a adhéré M. Duprez, sur la première partie de la Biblio- graphie des phénomènes subjectifs de la vision, par M. J. Plateau. Conformément à l'avis favorable émis par ses commis- saires, la classe vote des remercîments à l'auteur et ordonne l'impression de son travail dans le Recueil des Mémoires. — Elle décide ensuite, sur le rapport de M. Montigny, le dépôt aux archives d'une lettre de M. Léopold Deitz, de Liège, sur un nouveau système pour faire monter ou des- cendre un aérostat à des niveaux différents. COiMMUNlCATIONS ET LECTURES. Apparence anormale sur le disque de Saturne; par M. J.-C. Houzeau, membre de l'Académie. L'observation suivante a été communiquée à l'Observa- toire par le docteur Van Monckhoven , de Gand. Le 6 décembre au soir, par 22 h. 15 m. de temps sidé- ral , il y avait sur le disque de Saturne une tache lumi- neuse , d'un éclat de beaucoup supérieur à celui du disque (») et à celui de l'anneau. Le diamètre de cette tache était environ -du disque. Sa situation était près du centre, dans le quadrant NO, la tache étant comme insérée près du sommet de ce quadrant. Les bords de Saturne parais- saient dans une pénombre. L'observation a été répétée avec des grossissements de i80 et Î270, au moyen d'oculaires simples (pour éviter les reflets), et l'image a été déplacée en déclinaison, sans que les apparences aient changé. L'ouverture de l'équatorial est de 6 pouces. Le 8 décembre au soir la tache a été revue par le même observateur. Elle était encore très-lumineuse, mais beau- coup moins que l'avant-veille, et l'on en soupçonnait une autre un peu plus à l'Est. Les bandes de Saturne étaient étroites et très-nombreuses. Note sur l'existence d'un calcaire d'eau douce dans le terrain tertiaire du Hainaut; par MM. F. L. Cornet, correspondant, et A. Briart, membre de l'Académie. Les idées d'André Dumont sur la constitution géolo- gique de la Belgique sont résumées dans un rapport qui fut lu dans une séance de la classe des sciences, le 10 novembre 1849 (i). A celte époque, l'illustre auteur de la carte géologique considérait le système landenien comme le terme inférieur de notre terrain tertiaire et le système maestrichtien comme la partie supérieure du ter- rain crétacé. Cependant, il signalait l'existence de dépôts (I) Balhtins, t. XVI, 2, pngeôol. ( 10) intermédiaires à propos desquels il s'exprimait comme suit : . « En dessous de ce système (le landenien), on ren- » contre aux environs de Heers et de Gelinden , entre » OreyeetS^-Trond, un dépôt de marne blanche marine, » supérieure au calcaire de Maestricht, et dans le Hainaut, » à Hainin et à Mons,du calcaire argileux d'eau douce, » que je considère provisoirement comme l'équivalent des » sables et des marnes de Rilly, près de Reims. » J'ai observé cette formation en place dans la tranchée » du chemin de fer, près de la station d'Hainin, entre » Mons etQuiévrain. On ne l'a découverte à Mons que par » les sondages exécutés à la prison , à la caserne de cava- » lerie et chez M. Hiroux, près de la porte du Rivage. » M. Lambert, sous-ingénieur des mines distingué, en a » fort heureusement recueilli des échantillons et a bien » voulu m'en donner une série complète. » On voit que lors de la lecture de ce rapport, Dumont n'avait pas encore distingué le système heersien (1). Cependant ce fut dans cette séance du iO novembre 184-9, qu'il présenta à l'Académie royale le premier exemplaire complet de sa carte géologique de la Belgique. La carte du sous-sol ne fut déposée que dans la séance du 15 décembre suivant (2). Il est donc probable qu'entre le dépôt de ses cartes et leur publication, Dumont apporta quelques modifications à la légende et aux tracés. Quoi qu'il en soit, les cartes géologiques, telles qu'elles ont été publiées, comprennent le système heersien constitué par (1) Dans la classificaiion des difrérentes assises tertiaires on ne trouve pas non plus les expressions de laekenien ni de paniselien. (2) Bulletins, t. XVI, 2, p. 614. ( H ) (le la glauconie, du sable glauconifère , du macigiio, de la marne et du calcaire argileux. C'est à propos de la comparaison des terrains tertiaires de Belgique, d'Angleterre et de France, faite par Dumont dans la séance du 2 août 1851, que l'expression système heersien apparaît pour la première fois dans les Biillelins de r Académie (1); mais la seule description que l'auteur de la carte géologique nous ait laissée de ce système, se trouve dans ses notices sur la découverte d'une couche aquifère par le puits artésien de la station de Hasselt (2). Le système heersien traversé par ce puits , entre les pro- fondeurs de lo5'",56 et 165™,60, se montre divisé en deux parties bien distinctes sous le rapport minéralogique. L'étage supérieur, qui a 24™,o5 de puissance, est constitué presque entièrement par de la marne grise ou blanchâtre, tandis que l'étage inférieur, dont l'épaisseur n'est que de 7"\70, ne renferme guère que du sable très-glauconieux. La carte géologique de la Belgique place le système heersien dans le terrain crétacé; mais, dès 1855 (o), M. Hébert, s'appuyant sur des considérations paléontolo- giques et stratigraphiques, le rattacha au terrain tertiaire. Toutes les découvertes faites, depuis cette époque, par MM. G. Dewalque (4), Van den Broeck (5) , et Gosselet (6) , (!) Note sur la position géologique de l'argile rupelienne et sur h' synchronisme des formations tertiaires de la Belgique, de l'Angleterre et du Nord de la France, Bulletins, t. XVIII, S'' partie. (2) Bulletins, t. XV III, 2" partie, el t. XIX, l'-e partie. (5) Lettre à d'Omalius d'Halloy, Bulletins, l. XX, 1^^ partie. (4) Prodrome d'une description géologique de la Belgique. (5) Bulletin de la Société géologique de France. — Compte rendu de la réunion extraordinaire tenue à Mons en 1874. (6) Idem. ( i2) sont venues confirmer l'opinion de l'habile professeur de la Sorbonne. La faune du système heersien est exclusive- ment marine et présente tant d'affinités avec celle du landenien, qu'on pourrait considérer les deux systèmes comme constituant un même ensemble géologique. Nous rappellerons à la classe des sciences que la découverte du calcaire de Mons a été faite par nous, en 1865 , lors du creusement d'un puits domestique dans le parc de M. Goffint , situé sur le territoire et au nord-est de la ville de Mons (1). Plus tard nous avons signalé l'existence du nouveau système tertiaire sous la ville même et près du village d'Hainin, dans une tranchée du chemin de fer de l'État (2). Dans l'introduction du travail que nous avons entre- pris, dans les publications académiques, pour la descrip- tion de la faune du calcaire de Mons (3), nous avons parlé d'une argile ligniteuse qui sépare, à Hainin, les sables landeniens du calcaire. Nous avons émis l'opinion que cette argile appartenait, peut-être, à un puissant sys- tème argilo-sableux dont nous soupçonnions l'existence dans notre bassin, immédiatement en dessous des couches landeniennes inférieures. Dans ces derniers temps , des renseignements plus complets que ceux que nous possédions en 1869, et les occasions que nous avons rencontrées d'étudier les échan- tillons retirés de différents sondages pratiqués dans la ville de Mons, ou plus en aval, dans la vallée de la Haine, nous ont donné la preuve qu'il y existe, en effet, un (1) Bulletins, '2^ série, t. XX, n» H. (2) Ibicl., S*' série; t. XXII, n" 12. (3) Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers, t. XXXVI. ( 15 ) système de couches parfaitement distinctes, sous le rapport pétrographiquc et paléontologique, du calcaire grossier de Mons et du système landenien, entre lesquels elles sont intercalées. Ces couches sont principalement constituées par un calcaire argileux à texture compacte, blanchâtre ou bleu-grisâtre, ayant tout à fait l'aspect ordinaire des calcaires d'eau douce, et par des marnes blanches ou grisâtres renfermant souvent des traces de lignite. C'est dans les années 1848 à 1852 que fut creusé, dans la cour de la caserne de cavalerie à Mons, le puits artésien dont nous avons dit quelques mots dans nos pré- cédentes publications; mais, ne possédant que des ren- seignements incomplets sur les terrains traversés par ce puits, nous avons rapporté au calcaire de Mons toutes les roches qu'on y a rencontrées en dessous de la profondeur deo9^^1. Lors du creusement du puits artésien dont nous par- Ions, M.Guillaume Lambert, actuellement professeur à l'Université de Louvain, était ingénieur au corps des mines à Mons. Ayant suivi les travaux de sondage, il a recueilli de nombreux échantillons qu'il a bien voulu nous permettre d'étudier. Après avoir traversé 1",45 d'alluvions modernes et 57'",66 de sables glauconifères que nous avons rapportés ailleurs au système landenien , le puits artésien de la ca- serne de cavalerie a rencontré, sur une hauteur de 20"" ,28, entre les profondeurs de o9"\H et de 59™,52, des alter- nances de calcaire argileux à texture compacte, gris-bleuâtre ou grisâtre et de marnes de même nuance renfermant quelquefois un peu de lignite. A la partie inférieure de cette assise se trouve un banc de calcaire gris-noirâtre , argileux, contenant des fragments de silex dont la surface est colorée en vert. ( i'^ ) Des fossiles assez nombreux ont été recueillis dans cette assise aux profondeurs de 40™,71 , 42"\16, 45'",51, 48'",6(), 54"\45 et o7"\57. Ils consistent en moules externes qui sont assez bien conservés pour que la détermination géné- rique ne soit pas douteuse. Tous appartiennent à une espèce du genre Physa, genre qui, comme on sait, est exclusivement d'eau douce. Si nous ajoutons que la roche a tout à fait les caractères de certains calcaires lacustres, il ne pourra rester de doute sur l'origine de l'assise dont nous nous occupons. Elle s'est déposée dans un lac qui existait dans notre contrée, antérieurement à l'invasion de la mer landenienne. En dessous de la profondeur de 59™,52, le puits artésien de la caserne de cavalerie a pénétré dans des bancs de cal- caire à texture grenue, dont la faune et les caractères miné- ralogiques sout identiques à ceux du calcaire de Mous, tel que nous l'avons observé au puits Goffînt. De nombreuses coquilles brisées ont été ramenées par la sonde. On y reconnaît, les genres Cardita, Pectunculus , Cerithium, Turritella, etc. D'après les notes de M. Lambert, le tufeau de Maestricht ou de Ciply aurait été rencontré à la profondeur de 0ô"\24 et la sonde y serait descendue jusqu'à 145 mètres sous la surface du sol. Une couche argilo-sableuse glauco- nifère, de 0"\77 de puissance, se trouverait au contact du calcaire de Mons avec cet étage supérieur du terrain cré- tacé. Dans nos précédentes publications, nous avons aussi rapporté au calcaire de Mons toutes les roches traversées enire les niveaux de 15 et de 108 mètres, par le sondage Lebreton situé au NE. de la ville. Une nouvelle étude des échantillons retirés de ce forage nous engage , aujourd'hui, ( ly ) à rapporter au système lacustre, des couches de calcaire bleuâtre, de marne et de lignite qu'on a traversées à par- tir de la profondeur de 15"" jusqu'à celle de o5"\60 où l'on a rencontré une couche de gravier de 0"\60. Divers autres puits artésiens exécutés dans la ville de Mons ont dû rencontrer aussi, sous les sables landeniens, les couches de calcaire et de marne dont nous nous occu- pons; mais les renseignements que nous possédons à ce s*jjet ne sont pas assez précis pour que nous les donnions ici. Cependant, l'étude des échantillons conservés par M. Lambert et provenant d'un sondage exécuté en 1847 et 1848, à l'ancienne prison de Mons, nous a montré qu'il y existe, comme à la caserne de cavalerie, des couches de calcaire d'eau douce intercalées entre le système landenien, dont la base se trouve à la profondeur de 46 mètres, et le calcaire de Mons, dans lequel la sonde est descendue jusqu'à 7o'",80 sous le sol. Les couches lacustres auraient ici une épaisseur totale d'environ 13 mètres. Les sondages et les travaux d'exploitation des mines exécutés aux environs de Mons, ont démontré que le terri- toire de cette ville se trouve au-dessus d'une vaste dépres- sion ou cuve profonde creusée dans la formation houillère. Le point le plus bas n'en est pas encore connu ; mais , sui- vant toutes les probabilités, il se trouve à plus de o50 mètres sous le niveau de la mer, c'est-à-dire , à plus de o80 mètres sous la surface des prairies et des jardins qui entourent la ville. Une seconde dépression de la surface du terrain houiller existe sous la partie de la vallée de la Haine occupée par le territoire de Boussu et les environs, à 12 kilomètres à l'ouest de Mons. Elle est moins profonde que la première; ( i6) cependant il est probable que sa partie la plus basse se trouve à plus de 520 mètres sous le sol dont l'altitude ne dépasse pas 25 mètres. Or, il semble y avoir une relation entre l'existence de ces deux énormes dépressions et la constitution des terrains qui les remplissent. C'est dans ces cuves, en effet, que l'étage supérieur du terrain crétacé se présente avec la plus grande puissance et le plus vaste développement en étendue; et c'est là seulement que l'on a constaté, jusqu'à ce jour, l'existence du calcaire grossier de Mons et des couclies lacustres qui le séparent du système landenien. La partie sud-est de la seconde cuve a été explorée ea 1857 et 1858 par le sondage n° o de la Compagnie des mines du Grand Hornu, situé à 1670 mètres à l'est et à 200 mètres au sud du clocher de Boussu. Entre la base du système landenien rencontrée à la profondeur de 20™,15 et la partie supérieure de la craie blanche atteinte à 85"\50, la sonde a traversé une hauteur de 6o"^,55 de roches con- stituées par un calcaire blanchâtre, à texture grenue, dont une partie appartient incontestablement à l'étage supérieur de notre terrain crétacé. Les nombreux fossiles caractéris- tiques et bien conservés qu'on en a retirés, ne nous laissent aucun doute à cet égard ; mais la grande épaisseur de cal- caire à texture grenue qu'on a traversée, nous porte à j)enser que le tufeau de Ciply ou de Maestricht n'y entre que pour une certaine partie et qu'il est recouvert par le calcaire de Mons, dont il est souvent très-dilïicile, sinon impossible , de le distinguer, quand on ne possède que des échantillons de sondages presque toujours broyés et réduits à l'élal de poudre fine. Ces échantillons n'ont pas d'ailleurs été conservés. A 2000 mètres à l'ouest du clocher de Boussu , se trouve ( 17 ) le gisement du calcaire grossier de Mous de la tranchée d'Hainin, que nous avons décrit précédemment (1). Nous rappellerons que le calcaire de Mons y est séparé du lan- denien par un dépôt d'argile noire qui appartient, peut- être, à la formation d'eau douce dont nous nous occupons. Jusque dans ces dernières années, nos connaissances sur la constitution géologique des terrains qui remplissent la seconde dépression de la surface houillère, se sont bor- nées à celles dont nous venons de parler; mais deux son- dages qui y ont été exécutés en 1874, J875 et 1876 ont fourni des résultats d'une grande importance. Le premier de ces sondages est situé près du canal de Mons à Condé à 1890 mètres au nord et à 470 mètres à l'ouest du clocher de Boussu. II a traversé: 1" Dépôts modernes, argiles . sables el graviers appavleuant aux mètres systèmes ypresien et landenien . 81,10 2« Marne blanchâtre, avec des parties lignileuses 10,40 5° Calcaire blanchâtre, à texture grenue, friable, avec quelques parties silicifiées et des bancs minces de calcaire dur de même teinte et de même texture. On y a rencontré, tout à fait à la partie inférieure, un lit mince ou un noyau de lignite que la sonde a traversé sur une hauteur de O'","2o ....... 28,00 4" Craie blanche 16o,10 5« Craie de Maisières i,40 6° Assise des silex de S^-Denis o,00 7° Fortes-toises 10,23 8» Dièves(avec tourtia?) 5,75 9° Terrain houiller atteint à la profondeur de 505,00 Le second sondage se trouve à 1090 mètres au nord et (1) Bulletins, 2°^^ série, t. XXH, n» 12. 2'"'' SÉRIE, TOME XLIII. ( -18) à 850 mètres à l'ouest du clocher du Boussu. On y a ren- contré : Mètres. 1° Limon, sables et graviers modernes 7,15 2» Sables glauconifères iandeniens 32,83 3» Calcaire avec caractères minéralogiques identiques à ceux de l'assise n° 3 du sondage précédent. 11 repose sur un gravier de 2,70™ d'épaisseur formé de débris de silex empâtés dans du calcaire blanchâtre 35,60 4» Calcaire blanchâtre, à texture grenue. Il a fourni sur divers points de la hauteur traversée , de très-nombreux fossiles : Crania Ignabergensis , Thecidea papillala^ Fissuriroslra pectiniformis, d'une conservation parfaite, d'abondants fragments de Catopygus et (THemipueustes avec des Bryo- zoaires. A la partie inférieure se trouve un gravier de 0«», o5. Épaisseur totale 33,50 5" Craie blanche 176.30 G» Craie de Maisières 1,93 7" Assise des silex de S'-Denis 5,12 8" Fortes-toises 12,70 9° Dièves (avec lourtia?) 13,30 lO» Terrain houiller 10,20 Abandonné à la profondeur de 328,63 L'assise n" 4 du second sondage appartient évidem- ment à l'étage supérieur de notre terrain crétacé. Quant à l'assise n° 5, qui est séparée du tufeau de Maestricht par une couche de gravier, on n'y a pas, à notre connaissance, rencontré de fossiles; mais la position stratigraphique qu'elle occupe et le caractère minéralogique des roches qui la constituent, notamment celui des bancs de calcaire dur, à texture grenue, cristalline, qu'on y a traversés, nous la l'ont rapporter au calcaire de Mons. Dans le premier sondage le tufeau de Maestricht n'existe pas. Un calcaire blanchâtre avec des caractères minéralo- giques tout à fait identiques à ceux de l'assise n*' 3 du ( ^9) second sondage repose directement sur la craie blanche. Le calcaire de iMons s'étend donc très-probablement d'un sondage à l'autre. L'assise n" 2 du premier sondage est intercalée entre le calcaire de Mons et le système landenien. La marne ligni- teuse dont elle est formée n'a fourni aucun fossile (1), mais elle possède les caractères minéralogiques des couches marneuses qui, avec les bancs du calcaire argileux, con- stituent aux sondages de la caserne de cavalerie et de la prison , une formation intercalée aussi entre le calcaire grossier de Mons et le système landenien. Pour ces raisons, nous considérons la marne ligniteuse du premier sondage de Boussu et les couches calcaires et marneuses de la ville de Mons, comme appartenant à une même assise géo- logique d'origine lacustre. Pour terminer nous croyons devoir dire quelques mots sur l'âge relatif de celte assise. Les moules de physes que nous avons observés dans les échantillons de roches conservés par M. Lambert, nous ont semblé se rapporter tous à une même espèce qui nous est inconnue, mais que sa taille relativement petite ne permet pas de confondre avec la Pliysa fjirjantea du cal- caire de Piilly-la-Montagne. Peut-être doit-on considérer les couches d'eau douce dont nous nous occupons, comme des dépôts qui se sont opérés dans un lac, à la même époque géologique où les (1) M. El noil Van don Brorck a soumis à l'étude microscopique des pré- parations de cette marne dont nous lui avions procuré ua échanlilion. Malgré l'emploi des plus foi ts grossissements, cet habile micrograpbe n'y a rencontré aucune trace d'organismes. (20) sables et les marnes du système heersien limbourgeois se déposaient dans la mer. Cependant, nous devons déclarer que nous ne possédons aucune preuve pour appuyer cette opinion. Nos connaissances sur la constitution des dépôts qui séparent, dans le Hainaut, le calcaire grossier de Mons et les sables landeniens, sont encore trop incomplètes. D'après une communication faite à la Société géologique de Belgique, dans sa séance du 24 décembre 1876, par M. le lieutenant Delvaux, il existerait aussi, dans ces dépôts intermédiaires, des couches de marne glauconifère d'origine marine. Ces couches sont-elles supérieures à notre calcaire d'eau douce, ou sont-elles sous-jacentes ? C'est là une question qu'il n'est pas possible de résoudre dans l'état actuel de nos connaissances. Observations de la planète Vénus en 4816-, par M. Octave Van Ertborn, à Aertselaer (Anvers). Les observations qu'on va rapporter ont été faites avec un équatorial de 4.25 pouces anglais d'ouverture (108 mil- limètres) et de 5 pieds 5 pouces anglais de foyer (l'",62o). L'objectif est de Steinheil et la monture de Cooke (d'York). Cet instrument est pourvu d'un mouvement d'horlogerie. Jn'ui 4 t. A 4 heures, t. m., la corne australe offre une apparence granulée. Juin 18. A 5 h. 50 m., la corne méridionale paraît plus diffuse que l'autre, 70, 100, 126. Juin 21. A 5 heures, la corne boréale paraît plus longue que l'autre et la partie obscure entre les cornes paraît plus sombre que la partie voisine du ciel. Juin 2L \ ù heures, la corne australe a une appa- ^ 21 ) rence granulée. Le dcmi-cliamètre, d'après la Connaissance des Temps, est de 24" (fig. 1). Fig- i' Juillet P. A 2 heures, le croissant de Vénus est très-délié, on dirait qu'une lueur cendrée éclaire le reste du contour. Juillet 12. Veille de la conjonc- tion inférieure. On voit très-bien la planète, mais l'atmosphère est trop ondulante; 4 heures du soir. Juillet '/J. Vénus en conjonction inférieure; à 2 heures du soir, une lueur cendrée illumine tout le con- tour. Juillet 4â. A 7 1/2 heures du matin, les cornes sont enveloppées dans une lueur diffuse. Juillet 16. A 2 h. 15 m., une lueur cendrée permet de voir tout le disque (fig. 2). A 4 heures, les diamètres mesurés donnent Fig. 2. La partie éclairée dépassait donc 180". Juillet '17. De 10 à iO 1/2 heures, on aperçoit la lueur cendrée sur le contour. Juillet 50. A 7 heures du matin, la planète est admi- Fie. 3. (22 ) rablement nette. Diamètre mesuré 52". D'après la Con- naissance des Temps, M"Â. Août 43. A 7 h. 15 m. du matin, les cornes sont éga- lement pointues. On observe deux taches sombres dans l'intérieur du croissant «, 6 (fig. o). A 7 h. oO m., on observe une ligne noire en c. AU h. 15m. Les deux taches noires ont disparu. On voit nettement un petit point séparé de la corne australe en d. Août i5. A 9 h. 55 m. et dO heures du matin, on croit revoir le petit point observé le 13; mais la planète est trop ondulante (fig. 4). A i heure du soir on voit tout le contour avec un grossissement de 70 fois. La corne septen- trionale est plus pointue que l'autre. Diamètre 40".5. Plus grande lar- geur de la partie éclairée, 10". 6. A 1 h. 40 m., on voit encore tout le contour, la corne septentrionale est la plus pointue, mais cela peut être attribué à une partie plus ob- scure c que l'on y observe; 6. un point arrondi; «, une tache sombre. Août 16. A 7 h. 50 m., on voit tout le contour (fig. 5). a, 6, c, d. Taches sombres. e. Un point sensiblement plus lu- mineux. /". Un point séparé du bout de la corne australe. Fig. ( 25 ) Août 20. On observe encore quatre taclies et le point isolé, plus éloigné, près de la corne australe. Jamais nous n'avons observé Vénus aussi distinctement ; malheureuse- ment, j'ai oublié d'annoter l'heure. Août 30. A 7 heures du matin, planète très-nette. Grand diamètre 51 ".8. Largeur de la partie éclairée, 1 3".6. Deux grandes taches sombres sur la planète (fig. 6). Fig. 6. ( 24 ) Les observations ont été faites avec des grossissements de 96, 100 et 12o fois, dans les circonstances très-favo- rables quelquefois 200. 1° Déterminalion, par la méthode de correspondance ana- lytique, de Vordre de la surface enveloppe d'une surface de degré 1 dont les coefficients de son équation sont des fonctions de n paramètres variables , liés entre eux seu- lement par u — ^conditions; 2° Théorèmes sur les courbes gauches; par M. L. Saltel , professeur au Lycée de La Rochelle. Problème L — Trouver l'ordre de la surface enve- loppe d'une surface de degré 1 dont les coefficients de son équation sont des fonctions les plus générales de degré m par rapport à deux paramètres a et b. L — Les équations qui définissent le lieu étant /•(x,2/,^,«,6) = 0, (1) £=«■ « (A) le principe de correspondance géométrique, entre trois séries de points, donne tout de suite, pour le degré de ce lieu x\„ = / . [(m _ \f -+- 2m (m — i)"]. ( 2^ ) H. Surface êlranrjèrc. — En observant que l'équa- tion (I) peut s'écrire df h (If 1 df ^ du a 1(0 a al on voit, en faisant tendre a et b vers l'infini , tout en sup- posant le rapport ^ = /) fini, que cette équation se réduit, à cause des équations [% 5) , à une identité. On déduit de là que le système (A) admet , comme surface étrangère la surface définie par les équations {% o), où l'on fait a infini, et où l'on pose ^ = p. La méthode de correspon- dance analytique montre que l'élimination de p entre ces deux équations donne une équation de degré 2 (m — 1) • l. Conclusion. — Le degré du véritable lieu est N = N„ — 2(m — 1) / = "ô[m — 1)' . L Problème IL — Trouver le degré de la surface enve- loppe d'une surface de degré 1, dont les coefficients de son équation sont des fonctions les plus générales de degré m par rapport à trois paramètres variables a, b, c, liés entre eux seulement par une équation la plus générale de degré n. L — En considérant l'une des variables a, b, c comme fonctions des deux autres, on trouve facilement que les équations qui définissent le lieu sont f{x, y,z, a,b,c) = 0, .... '^(«,6,f) = 0, .... d± dl df_ j da db de d'^ d-j d'/ ' ' da db de (A) (1) (2) (3) ( 26 ) Si, au lieu de ce système, on considère le suivant : ! f(x,y,z,a,b,c) = 0, W .(«,6,c) = 0, (S) ] df d-i __ f// (l^ ,gx ^ ^j da de de da ^ rf6 f/c (/c db on se rend immédiatement compte qu'il comprend, avec (A), le système suivant. I /'(x,?/, r, a, 6, c) = 0, (8) Aa,b,c] = 0, (9) (^)j £-^' (*^) I ^^ = 0, (H) ', de La méthode de correspondance analytique donnant tout de suite, pour les ordres des surfaces représentées par les équations (B) et (C) les nombres N, = ni [{m -^n—^f-\- '2m{m ~\-n— 2)] , N, = ni [m(H — 1 ) -t- {m — \ ) (« — 1 ]] , il en résulte N„ = N, — N, = ni ' [(»i H- n — 2)' -4- ^m{m + n — 2) — m(?i — 1) — ('" — \)[n— 1)]. II. Surface étrangère. — En représentant par l la va- (27 ) leur commune des rapports (5), substituant dans l'équa- tion (i), préalablement mise sous la fornie (//• b df c df 1 df ^^ da a dh a de a dl les valeurs correspondantes de r^^ dl^ df da ' db ' de on trouve, pour « = 00, en tenant compte de l'équa- tion (2), que cette équation (1) se réduit à une identité. Ainsi le système (A) admet comme surface étrangère la surface définie parles équations (% 5) où l'on fait a infini, tout en supposant finis les rapports -' = p, ^ = , e) = 0, (*) On se rend assez facilement compte que. dans le cas général, la méthode de correspondance analytique ne serait pas facilement applica- ble à ce système particulier d'équations. ( 2!) ) Théorèmes sur les courbes gauches. Théorème 1. — Le degré tVune courbe gauche, définie par les éqicalions f,{x,y,z,a,b) = 0. (1) f^{x,y, z,a,b) = 0, (î>) f^,{x,y,z,a,b) = 0, (5) o{a,b) = 0, (4) dans lesquelles : 1° les fonctions [Ç\), (fo), (f^) représentent des surfaces de degrés 1|, l^, I3 dont les coefficients sont respectivement des fondions les plus générales de degrés ^■ii «^2? ^3 P(^f^ rapport aux paramètres variables a, b; 2° la fonction » est la fonction la plus générale de degré n par rapport à ces mêmes paramètres , est égal à On démontre tout de suite ce théorème : l"" En observant que le nombre N est égal au nombre des solutions finies communes au système défini par les équations (i, 2, o, 4) jointes à !'é(|uation du plan arbi- traire Ax -+- B^ -f- Cx-+- D = 0; 2° En remplaçant respectivement la lettre 6 , dans les équations (1, 2,5), (4) par p, et poJ 5" En s'appuyant sur un théorème démontré dans l'addition à notre Mémoire : Nouvelle méthode pour déter- miner l'ordre d'un lieu géométrique défini par des condi- tions algébriques. (30) Théorème IL — Le degré de la courbe gauche définie par les équations f,{x,y,z,u,b,c) = 0, . . . (1) fi{x,y,z, a, 6,c)=0, . . , . (2) f,(x,y,z,a,b,c) = 0, . . . (5) fi[a,l>,c) = 0, . . . • (4) y,(a,/-,e) = 0, . . . • (5) dans lesquelles : V les fonctions (f,), (f^), (3) représentent des surfaces de degrés ii, I2 Js «^^^^^^^ ^^^ coefficients sont res- pectivement des fonctions les plus générales de degrés a, , ^2, a- par rapport aux paramètres a, b, c; 2° les fonctions (fi)> {h) sont des fonctions les plus générales de degrés iij, n2 par rapport à ces mêmes paramètres variables ^ est égal à N = Hi ■ n^ • (ai • /, • /s -f- «2 - h-K-^ '^-o ' h • y- On démontre ce théorème comme le précédent, sauf à remplacer la lettre c par p, dans les irois premières équa- tions, et par 0.2 dans les deux autres. Nota. î. — La loi générale est évidente quel que soit le nombre des paramètres variables. Nota if. — Il est facile d'énoncer d'autres théorèmes en affectant, dans une môme équation, les paramètres d'exposants différents. ( 51 ; ADDITION. Remarques sur le cas particulier examiné dans le problème H. Remarque I. — Selon que l'on prend le système [ ax-t-6î/-t- C- — R' = 0, . . . . (1) (A) ou le système (B) df df df ' da db de f{a,b,c) = 0, X df df df df Ih de It ... (2) ... (5) ... (4) ^(«,6,o) = 0, . . . . (o) Ces deux systèmes correspondent respectivement aux deux problèmes suivants qui, par suile, sont en délinilive identiques : 1° Trouver le degré de V enveloppe des plans polaires de tous les points de la surface S représentée par Véqua- îion (5), par rapport à la sphère ayant pour équation x2_Hy2-f-z2 — R2 = 0; S'' Trouver le degré du lieu des pôles de tous les plans tangents de la surface S par rapport à la même sphère (*). {*) Les équations (B) montrent que ce dernier problème est lui-même identique avec celui-ci : Trouver le degré de la condition en (x, y, z) exprimant que le plan Xx-t-Yy-i-Zz — R2 = 0 est tangent à la surface S. Si Ton remplace (— R^) par l'unité, ce dernier problème n'est lui-même ( 32 ) Remarque JI. — Nous avons vu que si, au lieu du sys- lème (A), on considère le système plus général (C) j ax -\- by -\- cz — R- = 0 , . . . . (C) — — -— (7) de ^ da^ d'j do , , nr'jb" • • • • w ^(a,6,c) = 0, .... (9) le degré de ce système est égal, déduction faite des sur- faces étrangères, à n{n — i)^. Supposons maintenant que la surface S ait un point multiple d'ordre /;. On sait que ce point est multiple d'ordre (p — 1) pour les surfaces représentées par les équations rf-^ d'f d-^ dj da ' db de dt donc lorsqu'on fait passer les surfaces génératrices repré- sentées par les équations (7, 8) par des points arbitraires, il y a des valeurs constantes pour les valeurs correspon- dantes des paramètres variables («, 6, c), donc il y a décomposition. On trouve tout de suite, en effet, en appli- quant notre méthode générale qu'il y a p{p — ip plans étrangers. que cel autre : Etant donnée V équation ponclndle d'une surface, trouver réquation tangcntielle de cette même surface. (33) CLASSE DES LETTRES. Séance du S janvier 4817 . M. Faider, diiecteur, président de l'Académie pour 1876. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alph. Wauters, vice-directeur; J. Roulez, Gachard, PaulDevaux, P. De Decker, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, Chalon, Thonissen, Th. Juste, le baron Guillaume, Félix Nève, Alph. Le Roy, Ém. de Borchgrave, J. Hcremans, membres ;L INolet de Brauwere van Steeland, Aug. Scheh r, Alph. Rivier, E. Arn Iz, associés; Edm. Pouller, G. Roiin-Jaequemyns, S. Bormans, Ch. Piot et J. Slecher, correspondants. M. Maiiiy, membre de la classe des sciences^ assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. le ?>!inistre de rintéricur soumet Tinscriplion com- mémoralive destinée à êlre gravée sur la façade du Conser- vatoire royal do Bruxelles en souvenir de l'inauguration de cet édifice, par Leurs Majestés, le 2 février 1876. — Renvoi à M. J. Roulez à titre d'examen. — La Société savoisienne d'histoire et d'archéologie de 2""*^ SÉRIE, TOME XLIII. 3 (34) Chambéry, le Comité royal d'histoire nationale de Turin, le Musée public de Moscou et M. Franz von Holtzendorff, associé à Munich, remercient pour le dernier envoi annuel des publications. — La classe reçoit les hommages suivants : 1" Histoire de l'infanterie ivallonne sous la maison d'Espagne (1500-1800), par M. le baron G. Guillaume, in-4°; 2"^ Opuscules de Sylvain Van de Weyer, 4' série, vol. in-12 (offert par M. Eug. Van Bemmel); o^ Les communes et la royauté, etc., par M. Charles Desmaze, vol. in-12 (offert, au nom de l'auteur, par M.Tho- nissen) ; 4'' L'Afrique et la conférence géographique de Bruxelles, par M. Emile Banning, vol. in-8° (offert, au nom de l'au- teur, par M. Paul Devaux); 5° Concours spécial institué par M. Ch. Grandgagnage, président de la Société liégeoise de littérature ivallonne, sur les buveurs de genièvre (les Pequeteux), brochure in-8'' (deux exemplaires offerts par M. Alphonse Le Roy); 6"" La Mère de Bubens , drame lyrique en 5 actes, par M. Ch. Potvin, in.l2. La note lue par M. Thonissen, au sujet de l'ouvrage de M. Desmaze, figure ci-après. ELECTIONS. La classe procède à l'élection de son directeur pour 1878; les suffrages se portent sur M. Emile de Laveleye. M. Faider, directeur sortant, remercie ses confrères; il ( ^^ ) doit, dit-il, à leurs suffrages, l'honneur d'avoir été appelé deux fois à présider l'Académie tout entière; aussi en exprime-t-il sa profonde reconnaissance. Il installe ensuite au fauteuil M. Wauters, qui, à son tour, remercie la classe de l'honneur d'avoir été appelé aux fonctions de directeur; il lâchera, dit-il, de marcher sur les traces de son éminent prédécesseur, et propose de voter des reniercîments à M. Faider, qui a si habilement dirigé les travaux de la classe et si dignement représenté la Belgique au congrès international de statistique de Buda- Pesth. Les hommes tels que M. Faider, ajoute-l-il, seront toujours un honneur pour leur pays. Les applaudissements accueillent cette motion. RAPPORTS. MM. Rivier, Faider et Leclercq donnent lecture de leurs rapports sur le travail de M. P. De Croos, avocat à Béthune (Pas-de-Calais), intitulé : Ancien droit belgique. De l'auto- rité des père et mèrej tuteurs, curateurs, d'après les Cou- tumes flamandes (XYP et XYU*" siècles). Étude juridique, La classe adopte les conclusions de ces trois rapports ayant pour objet de conserver ce travail dans les archives de l'Académie et d'adresser dos reniercîments à l'auteur. ( 56 ) COMiMUiNICATIONS ET LECTURES. Les communes et la royauté , ouvrage de M. Charles Desmaze, conseiller à la cour d'appel de Paris et associé de l'Académie. Note par M. J.-J. Thonissen, membre de l'Académie. M. Charles Desmaze, conseiller à la cour d'appel de Paris et associé de la classe des lettres, m'a chargé d'offrir à l'Académie un volume intitulé: Les communes et la royauté; lettres des rois , reines de France, ministres, cojn mandants d'armées y gouverneurs des villes , prévôts des marchands (H 81-1 789). Paris, Léon Willem, 1877; Considérées dans leur ensemble, les intéressantes recherches de M. le conseiller Desmaze portent principale- ment sur cinq objets : les règlements civils et criminels, la juridiction municipale, les franchises accordées, les réserves faites en faveur des seigneurs, les charges ou obligations imposées aux communes. Les nombreux docu- ments inédits qu'il met au jour, et qu'il a fortement annotés, jettent une lumière nouvelle sur ces importantes parties de l'histoire des sept derniers siècles. Les historiens du droit criminel trouveront plus d'un fait à glaner dans cette intelligente exhumation de docu- ments oubliés. Us y trouveront notamment des détails précis sur Varsin ou incendie judiciaire, sur V ad jour ou abattis de maison, sur les condamnés graciés à la demande de jeunes fdles qui consentaient à les épouser. (37 ) DfS lelires royales citées par M. Desmaze, les unes ont trait à Thistoire locale du déparlement de l'Aisne et les autres se rapportent à l'histoire générale de laFrance. Parmi ces dernières, nous citerons celle de Louis XI, annonçant à Saint-Quentin le traité d'Arras, celle de Charles IX, engageant hypocritement la ville de Bourges à ne pas imiter le massacre de la Saint-Barthélémy, et celle de Louis XIV, exhortant l'archevêque de Sens, en 1682, à ne se servir que de la force des raisons pour convertir les protestants. En résumé, le livre actuel de M. Ch. Desmaze est digne de figurer à côté de VHistoireclu Parlement de Paris et des Pénalités anciennes. 11 appartient manifestement au vaste plan qui se révèle dans les lignes par lesquelles l'auteur termine ses nouvelles investigations : « Étudions » le passé, dit-il, ses traditions, ses lois, ses grandeurs, » pour mieux et plus solidement fonder et préparer » l'avenir, d M. Gachard donne lecture d'un chapitre d'une Histoire politique et diplomatique de Rubens qu'il compte faire paraître prochainement : la mission dont le grand artiste fut chargé à Londres par Philippe IV, en 1629. Dans ce chapitre, l'auteur raconte le départ de Rubens de Madrid, à la fm d'avril, son voyage à travers la France, les instruc- tions qu'il reçut à Bruxelles de l'infante Isabelle, gouver- nante des Pays-Bas, son passage en Angleterre, son arrivée à Londres, les premières audiences qu'il eut du roi Charles, ses conférences avec les ministres anglais; il fait connaître les dépêches des mois de juin et de juillet où ( 38 ) Rubens rendit compte de ses négociations au comte-duc d'Olivarès, premier ministre et favori de Philippe ÏV. La suite et la fin de ces négociations forment la matière (l'un autre chapitre que M. Gachard communiquera à une prochaine séance. — La classe accepte la proposition que lui fait M. Emile de Borchgrave d'écrire, pour le prochain Annuaire, une notice biographique sur l'un de ses associés, décédé au mois d'octobre 1876, M. George Pertz, ancien conseiller intime et bibliothécaire en chef de la Bibliothèque royale de Berlin. (39) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du â janvier 1877, M. F.-A. Gevaert, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. Alvin, vice-directeur; G. Geefs, Madou, Jos.Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Félis, Edm. De Bus- scher, J. Portaels, Alpli. Balat, le chevalier L. de Burbure, J. Franck, G. De Mail, Ad. Siret, J. Leclercq, Ern. Slin- geneyer, Ad. Samuel , Ad. Pauli , Godfr. Guffens et F. Stap- paerts, membres; Éd. de Biefve, correspondant. MM. Ch. Montigny et Éd. Mailly, membres de la classe des sciences, et M. Ch. Piot, correspondant de la classe des lettres , assistent à la séance. COPiBESPONDANGE. M. le Ministre de l'Intérieur soumet à l'appréciation de l'Académie le texte de l'inscription qui sera gravée sur la plaque commémorative de l'inauguration des nouveaux locaux du Conservatoire de Bruxelles. — Benvoi à la classe des lettres. — L'Académie royale des beaux-arts d'Anvers envoie (40) le programme du grand concours de sculpture qui sera ouvert en 1877. — M. G. Campori, président de l'Académie des sciences, lettres et arts de Modène, fait hommage d'une brochure de sa composition mettant en relief un épisode inconnu de l'art de la tapisserie flamande; cet ouvrage porte pour titre : Uarazzeria estense. Cenni Storici. Jn-8°. Des remercîments sont votés à l'auteur. — La classe prend notification d'une proposition dé- posée par M. De Busscher dans la dernière séance et ayant pour objet de fixer dorénavant le nombre des correspon- dants et, subsidiairement, des associés étrangers, au pro- rata du nombre des membres titulaires de chaque section. Conformément à l'article 11 du règlement intérieur, cette proposition sera inscrite à l'ordre du jour de la pro- chaine séance. RAPPORTS. MM. J. Geefs et Fraikin donnent lecture de leur appré- ciation du huitième rapport semestriel de M. J. Cuypers, lauréat du grand concours de sculpture de 1872. Elle sera communiquée à M. le Minisire de l'Intérieur. 41 ) ÉLECTFONS. La classe se forme en comité secret pour procéder aux élections aux places vacantes, et à l'élection de son direc- teur pour 1878. Les suffrages se sont portés : pour la place d'associé , devenue vacante dans la section de musique par la mort de M. Félicien David, sur M. Victor IMassé, compositeur, membre de l'ïnstitut, à Paris; pour la place d'associé, vacante dans la section des sciences et des lettres par suite de la mort de M. Edmond de Coussemaeker, sur le radja SourindroMahana Tagore, directeur de l'école de musique du Bengale, à Calcutta. M. Alexandre Pinchart, chef de section aux archives générales du royaume, a été élu correspondant de la section des lettres et des sciences. — M. J. Portaels a été appelé aux fonctions de direc- teur de la classe pour 1878. M. Gevaert, directeur sortant, au moment de quitter le fauteuil pour le laisser à son successeur, M. Alvin, re- mercie ses confrères, d'abord pour l'honneur d'avoir été appelé à diriger leurs travaux pendant l'année écoulée, et ensuite pour le bienveillant concours qu'il a reçu, concours qui lui a rendu aussi facile qu'agréable l'accomplissement de sa tâche, 11 installe le directeur pour l'année actuelle, M. Alvin. Le nouveau directeur, en prenant place au fauteuil, rappelle que, lorsqu'il y a trente-deux ans M. Yan De Weyer l'a compris, en réorganisant l'Académie, au nombre des vingt premiers membres de la classe, il a été irès-flatté (42) de ce témoignage; mais il y manquait, selon lui, quelque chose : c'était de devoir sa nomination à l'élection. « Vous avez, à cinq reprises différentes, comblé cette lacune, ajoute-t-il, en m'appelant à diriger vos travaux, et c'est pour la seconde fois que je me vois honoré de la mission de présider l'Académie tout entière. Je ne me dissi- mule pas que je dois plutôt ces distinctions à vos sympathies qu'à mon méiite; aussi je vous en remercie de tout cœur. » Il ne me reste plus qu'à vous i)roposer de voter des remercîments à mon savant prédécesseur, M. Gevaert,qui a si brillamment occupé le fauteuil et qui a prononcé, lors de la dernière séance publique, un si remarquable dis- cours sur l'enseignement de l'art musical à l'époque mo- derne. » Les applaudissements accueillent cette motion. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Les oricjines de Vopéra dans les Pays-Bas espagnols; par M. Ch. Piol, correspondant de l'Académie. Les documents relatifs à l'histoire de la musique dans les Pays-Bas abondent au XVIH' siècle. Il n'en est pas de même au XVH% particulièrement en ce qui concerne les commencements de l'opéra. En Italie, en France, en Angle- terre et en Allemagne on les a déterminés depuis long- temps. Seule la Belgique n'avait pas encore résolu le pro- blème; et malgré les recherches les plus consciencieuses, nos musicologues ne sont pas parvenus à les préciser. ( 'iS ) Grâce à deux dossiers de procédures, nous pouvons indiquer les origines de l'opéra à Bruxelles, et par consé- quent dans le reste du pays. Au XVII" siècle, en effet, la ville de la résidence du gouvernement donnait déjà, dans les Pays-Bas, le ton à la province. Le spectacle à musique commença dans notre pays, au moment où le bien-être s'y fit sentir de nouveau , après en avoir été banni longtemps par suite des événements du XV^ siècle et du suivant. Les guerres entreprises à celte époque par la France et les Provinces -Unies contre l'Espagne avaient plongé notre pays dans la misère la plus profonde. En vain le gouvernement espagnol voulait-il porter remède à cette situation, le mal persistait. Enfin Philippe IV, roi d'Espagne, se décida à mettre à la tête de l'administration, dans les Pays-Bas, un gou- verneur général , à la fois homme d'État remarquable et capitaine habile. A ses yeux, son parent Léopold-Guil- iaume, archiduc d'Autriche, fils de feu Ferdinand II et frère de l'empereur régnant, était capable de remplir celte double mission. Le prince l'accepta et arriva à Bruxelles le 11 avril 1646. L'habileté qu'il déploya dans les affaires lui permit de mettre de l'ordre dans nos finances, en négligeant les siennes, et de faire renaître la prospérité, en dépit des invasions continuelles de la France. Il réussit aussi à faire signer (51 janvier 1648) la paix de Munster, acte impor- tant qui mit fin à la guerre, si désastreuse pour notre pays, entre l'Espagne et la république batave. L'arrivée de Léopold en Belgique exerça non-seulement une influence heureuse sur l'administration, elle fut une bonne fortune pour les arts en ce pays. Pendant ses rares moments de loisir, l'archiduc s'en occupait avec amour, au point de s'endetter outre mesure par suite d'acquisitions de tableaux. Dans le Palais ducal à Bruxelles, résidence des gouverneurs généraux , Léo- pold avait formé une collection de toiles appartenant aux maîtres les plus célèbres des écoles de Flandre, d'Italie et d'Espagne (1). Le Musée impérial de Vienne, dont elles formèrent le noyau, les étale encore aujourd'hui avec orgueil (2). A la Belgique appartient donc l'honneur d'avoir fourni à la capitale de l'Autriche le premier élément d'une de ses plus riches galeries. La peinture n'était pas sa seule préoccupation. Il aimait aussi la musique, spécialement celle de l'Italie, si recher- chée par toute sa famille. A Bruxelles la chapelle royale de l'archiduc était des plus remarquables. Lorsque les Jésuites d'Anvers l'entendirent pendant le séjour du prince en cette ville, ils en furent ravis (5). Aux solennités reli- gieuses et pendant les fêtes du Palais, cette musique rem- plissait un rôle important. Par exemple, à la fête de l'Epiphanie, jour anniversaire de la naissance du gouver- neur général , il y avait grande solennité à la Cour « où, 3> disent les Relations véritables, il y avoit chapelle le D matin dans la chapelle royale à ce sujet et le soir aux (1) Un tableau du Musée à Bruxelles représente une partie de celte galerie. Un autre tableau, dont Waagen fait le plus grand éloge, se trouve à Vienne et représente une autre partie de la même galerie. (Voir Waa- gen, Die vornemsten Kunsidenkmaler in Wien , t. I, p. 146.) Le Musée de Madrid renferme un troisième tableau figurant la troisième partie de la galerie. (2) Krafft, Verzeichniss der Gemiilde-Galerie im Belveder zu Wien, p. 120. (3) Comptes rendus de la Commission royale d'histoire, 4« série, t. m, p. 547. (4S ) » compiles en l'église de S^-Dominique, où sa dite Altesse » assista avec toute la cour pour l'oraison perpétuelle du » Rosaire, dont la confrérie fut établie à Coulogno l'an » 1475 pour terminer les guerres de ce tems-là (1). » 11 n'y avait pas à Bruxelles de fête religieuse à laquelle l'archiduc ou sa chapelle n'assistèrent. Il n'y avait pas, dans une église quelconque de cette ville, une cérémonie, tant soit peu marquante, à laquelle l'aristocratie ne prît une part active, sous la direction du comte de Fuen Saldana (2). Ce personnage, agent en titre de la cour de Madrid, était chargé d'épier tout ce qui se passait au palais à Bruxelles et dans le reste du pays. Homme politique et froid calcu- lateur avant tout, il n'avait ni cœur, ni sentiment artis- tique, comme la plupart des gens de sa trempe. S'il s'occu|)ait de cérémonies religieuses, c'était dans le hut de se mettre en évidence et d'effacer le gouverneur géné- ral (3). Par suite de l'influence toujours croissante de cet agent, Bruxelles faillit prendre la physionomie d'une ville espagnole, si la présence de Léopold-Guillaume et les folies de Charles IV, duc de Lorraine, n'y eussent fait diversion. Malgré la rigidité de ses mœurs et de ses principes reli- gieux, l'archiduc Léopold d'Autriche aimait le spectacle, <( spectacle qui peut divertir innocemment, comme le dit » son biographe, sans offenser les yeux et les oreilles » chastes. D Vienne, la ville aux plaisirs par excellence, Pavait initié depuis longtemps à un nouveau genre de (1) Relations véritables du 3 janvier 1634, n" 1, p. 20. (2) Jbid. des 24 janvier, 1 1 et 24 février, 21 mars et 4 avril 1654. (3) Hollandsche Mercurius , 1636, p. 221, et Parival, Siècle de fer t. II, p. 225. ( 46 ) spectacle inconnu au nord de l'Europe. C'était l'opéra, dont il désirait doter sa nouvelle résidence dans les Pays-Bas. Au Palais ducal de Bruxelles, il fit construire, en 1650, par Léonard van Heil, architecte, peintre et graveur, un théâtre orné de peintures exécutées par François Coppens, Philippe van der Baerlen et van Houck (1). Ces travaux donnèrent lieu à un procès dont le dossier révèle toutes ces circonstances et une autre non moins piquante, déjà signalée par l'histoire. C'est celle-ci : à cette époque la cour de Bruxelles oubliait ses dettes et ses créanciers. En commandant les peintures du théâtre, l'architecte avait fait connaître ces circonstances et avait averti les artistes qu'ils attendraient longtemps les payements. Van Heil avait beau invoquer cet avertissement dans le but d'éviter une condamnatien, les demandeurs lui rappelèrent qu'ils avaient en vain attendu le règlement de leurs comptes pendant huit ans; « qui commande, disaient-ils, doit payer, » argument sans réplique qui força van Heil à s'entendre avec les créanciers. A partir de 1650, l'année même de la construction du théâtre, les Relations véritables font connaître les pièces dramatiques à musique données au Palais ducal de Bruxelles pendant les fêtes. C'étaient des ballets, des mélo- drames, des opéras enfin. Avant l'arrivée aux Pays-Bas du prince Léopold nous n'avons jamais vu mention d'une représentation d'opéra, soit à Bruxelles, soit dans le reste du pays. Les ballets y étaient déjà connus, et pendant le séjour en cette ville de la reine Christine de Suède, en 1655, le gouverneur général fit représenter au nouveau (1) Archives du Conseil privé; procès des peintres précités, layelle G, ( 47 ) théâtre du Palais, Circée ou le Bcdlel comique de la Roy ne, musique de Balthazarini, pièce à grand succès (1). Ce fut donc sous l'administration de ce prince que Ton donna des opéras à la cour de Bruxelles, peu de temps après l'époque vers laquelle ce genre de spectacle avait été introduit en France par le cardinal Mazarin (2). A ces représentations étaient invités seulement les grands seigneurs, les dames de qualité et les hauts fonc- tionnaires de l'État. Elles avaient lieu au carnaval, ou à l'occasion de fêtes extraordinaires; mais le public n'y avait pas d'accès. C'étaient sans doute des troupes ambulantes qui donnaient ces représentations officielles. Malgré ces circonstances, l'opéra de la cour de Bruxelles n'exerça pas moins une influence sensible en ville et en province. Les privilégiés, admis à l'audition du spec- tacle, en répandirent la renommée avec enthousiasme. Par ses annonces la Gazette excitait au plus haut point la curiosité d'un public fatigué depuis longtemps des repré- sentations exécutées par les chambres de rhétorique. En attendant mieux, les amateurs de musique à Bruxelles devaient se contenter, en fait d'opéra, de lire les par- titions publiées par Aerssens, le marchand de musique et l'éditeur à la mode vers ce temps à Bruxelles. Seul il avait le privilège d'éditer de la musique en cette ville. Seul il avait le droit de l'imposer aux acheteurs. Le libraire Claudinot avait beau représenter au Conseil de Brabant (1) Celte pièce, datant de lo81, est longuemeiU décrile dans Celez, Les origines de l'opéra, pp. 89 etsuiv. — La représentation de Circée en présence de la reine de Suède est racontée dans le MS. 800 de la Bibliothèque royale de Bruxelles. (2) Selon l'Histoire du théâtre de l'Académie royale de musique en France, l'opéra y fut introduit en 1643, t. I, p. 2. ( 48 ) c( qu'il avoit fait faire avec beaucoup de solng et de » dépenses des carractères d'une nouvelle invention pour » imprimer la musique, et qu'il souhaiteroit d'imprimer » les opéras de Monsieur Lully et d'autres ouvrages qu'on » luy envoyé de France, et des recueils d'airs sérieux et » à hoir, » l'impitoyable Kïhil fut la seule réponse à ses nombreuses requêtes (1). On sait ce que vaut le monopole en fait d'art. Aerssens éditait ce que bon lui semblait. Le public devait s'en contenter. Enfin la bourgeoisie de Bruxelles voulait arriver de la lecture des pièces de musique aux représentations. Anvers avait bien son opéra, grâce à l'initiative piise par les aumôniers de celte ville. Pourquoi Bruxelles n'aurait-il pas le sien ? Les aumôniers d'Anvers, pris à tour de rôle dans les rangs de la bonne bourgeoisie de cette ville, faisaient des quêtes en faveur des pauvres. Un jour ils eurent l'idée d'organiser l'opéra dans leur ville, à l'instar de ce qui se faisait à la cour de Bruxelles. Les produits des receltes, déduction faite des frais, devaient servir au soulagement de la classe indigente. C'était un attrait irrésistible, une nouveauté destinée à piquer la curiosité des spectateurs. Dès que le projet des aumôniers reçut son exécution , les familles ricbes d'Anvers coururent au théâtre. A partir de 1675 il faisait déjà de bonnes affaires (2): les pauvres et l'arî y trouvèrent du profit. Ces succès inattendus engagèrent deux entrepreneurs de spectacle à créer à Bruxelles un opéra permanent, destiné au public. (1) Archives du Conseil de Brabant. (2) Génard, Bulletin des Archives d'Anvers, t. II, pp. 180 et suiv. ( 49 ) En IG8I, Jean-Baptiste van Gindertaelcn, écuycr, loua à Jean-Baptiste Petrucci et à Pierre Farisseau un terrain sis près du Quai au Foin à Bruxelles. C'était précisément douze ans après la date de la concession qu'obtint du roi de France l'abbé Perrin (28 juin 1669) d'établir, à Paris eJ ailleurs, des académies de musique, à l'imitation de ce qui se faisait en Italie, en Allemagne et en Angleterre (1). Les locataires de van Ginderlaelen élevèrent sur ce terrain un théâtre nommé Académie de musique qui fut ouvert le 24 janvier 1682 (2). Don Estevan de Andréa, amiral de la rivière à Anvers, témoin des succès de l'opéra en cette ville, fournit aux entrepreneurs les fonds nécessaires. Dès l'ouverture du théâtre , les directeurs firent de mau- vaises affaires. En 1688 toutes leurs ressources étaient épuisées. Le matériel fut vendu à la requête des créan- ciers. Petrucci était complètement ruiné. Dans une décla- ration faite par-devant notaire, il s'intitulait: Jean-Baptiste Petrucci, chevalier, et fit connaître « sans induction ou » contrainte aucune, mais en pure faveur de justice, que » le lieu de l'Opéra avec tout ce qui en dépend, tant en » habits que meubles, etc., luy at cousté plus de 50,000 » florins, sçavoir en premier lieu le bastiment, le théâtre » avec toute la décoration, environ 22,000 florins; 2"» les » habits avec tout ce qui convient aux acteurs environ » 6,000 florins; 5° les plumages et pierreries seuls bien » 500 florins; 4*' à d'autres meubles 1,500 florins. » Cette déclaration, qui fait connaître comment un théâtre (1) Histoire du Théâtre de l'Académie royale de musique, \. c , p. 25. (2) Acte du 3 septembre 1681 passé par-devant le notaire Del Dicq, à Bruxelles, Henné et Wauters, Histoire de Bruxelles , tome III, p. 341. 2"^ SÉRIE, TOME XLin. 4 (§0) d'opéra était monté à cette époque, n'eut aucun résultat. Toute protestation contre la vente de cet objet fut inutile, malgré les plaidoiries portées par les intéressés devant le tribunal de l'échevinage de Bruxelles, devant le conseil de Brabant et malgré l'intervention du conseil privé. Le premier essai d'un opéra permanent à Bruxelles était entièrement tombé. Néanmoins Télan était donné. La bourgeoisie de la résidence du gouvernement aura son théâtre. Désormais l'opéra ne sera plus l'apanage de la cour et de l'aristocratie ; il appartiendra à la bourgeoisie. En 1698 une nouvelle scène, destinée au public, fut élevée à Bruxelles par Bombarda. Des représentations y eurent lieu pour tous les goûts, depuis les pièces les plus ordinaires jusqu'à l'opéra. Insensiblement le théâtre de la Cour fut oublié et remplacé par celui de Bombarda. Enfin le succès de celui-ci fut tel, que le gouverneur général et l'aristocratie s'y rendirent à leur tour pour jouir des splendeurs déployées dans les pièces à musique. C'était une conquête toute pacifique, une victoire complète de la bour- geoisie sur les privilégiés. L'opéra conviait tout le monde au théâtre, sans distinction de rangs. Bientôt un esprit égalitaire s'y établit entre les deux castes. L'aristocratie et la bourgeoisie finirent par s'y comprendre, en se plaisant à la musique. Elles apprirent, l'instruction aidant, à s'es- timer; mais la bourgeoisie laissa aux classes supérieures le prestige de la grandeur et de la noblesse, le sentiment de la prééminence (1). Une métamorphose complète dans la société de Bruxelles en fut la conséquence immédiate. Les directeurs du théâtre de Bombarda obtinrent bien- (1) Shaw, Essai sur les Pays-Bas autrichiens, p. 134 (51 ) ((H le privilège exclusif de donner des représentatons pu- bliques d'opéra. Cependant une troupe, composée d'habi- tants de Bruxelles, auxquels s'étaient associés des artistes italiens, donnèrent, dès 1705, le petit opéra au Coffy, près de la Grand'Place. A la suite des réclamations élevées par les directeurs du Grand-Théâtre, l'opéra du Cofîy fut supprimé. Les artistes de la troupe allèrent se fixer à Gand, où ils introduisirent en 1707 un théâtre permanent d'opéra (1). Momentanément le Grand-Théâtre continua à jouir seul du privilège de donner des spectacles à musique. Habent sua fata Ubelli , dit Horace. Une réaction contre l'opéra eut lieu vers le milieu du XVllI" siècle. C'était la conséquence des critiques adres- sées à quelques auteurs de libretti d'opéra. Voltaire, l'oracle de l'époque, n'avait-il pas eu l'impertinence de dire quelque part à propos de certaines inepties introduites dans les libretti : ce qui est trop sot pour être débité, on le fait chanter ? Cette boutade à l'adresse de la partie lit- téraire de quelques mauvais opéras, fut généralisée et dégoûta bien des gens de la scène à musique. Une autre circonstance ne contribua pas moins au désarroi de l'opéra. La comédie française, si favorisée par le maréchal de Saxe pendant la conquête des Pays-Bas sous le règne de Marie- Thérèse, faillit anéantir totalement l'opéra. En organisant une troupe de comédiens français dans notre pays, le ma- réchal disait à Favart : « Ne croyez pas que je regarde » cette troupe comme un simple objet d'amusement; elle » entre dans mes vues politiques et dans le plan de mes (1) Archives du conseil d'État, carton intitulé ; Théâtre. (§2) » opérations militaires. » C'était vrai. Le thécàtre français obtint dans les Pays-Bas, comme ailleurs, le plus grand succès. L'influence de la France dans le monde intellectuel grandissait à vue d'œil. C'était la belle époque de la litté- rature française, si brillante dans ce moment pardes œuvres scéniques et littéraires surtout. Diderot et d'Alembert dominaient à Saint-Pétersbourg et à l'Hermitage. La Ban- cueille régnait à Copenhague. Voltaire trônait successive- ment à Da\vley, à Berlin, à Potsdam et à Sans-Souci. La littérature française, si riche et si pimpante, régnait partout. D'Hannetaire, acteur français introduit au pays par le maréchal de Saxe, obtint la direction du Théâtre de Bruxelles. Comédien avant tout, il écrivit sur son art un livre, qui eut jusqu'à cinq éditions différentes. Vivement soutenu par le prince de Ligne, d'Hannetaire attira à la comédie toute l'aristocratie de la capitale. De son côté la bourgeoisie de Bruxelles resta fidèle à ses [)rédilcctions en faveur de la musique. Une troupe d'opéra, dirigée par M"'' Devaux , eut toutes les sympathies du pu- blic, à tel point que le prince Charles de Lorraine, toujours avide de popularité, y assista également au grand conten- tement de la bourgeoisie. Lorsque d'Hannetaire se retira du théâtre, la direction en fut conliée à Compain et à Vitzthumb, grands partisans de ro|)éra. La musique triompha de nouveau et éclipsa tant soit peu, mais non complètement, la comédie, qui alla chercher l'hospitalité dans les salons de d'Hannetaire et dans les châteaux des grands seigneurs. A dater de cette époque la marche de l'opéra ne subit j)lus, dans notre pays, de bien grandes vicissitudes, si ce n'est pendant la tourmente révolutionnaire de la fin du (53) siècle dernier et du commencement du suivant. Ces détails appartiennent plutôt à l'histoire de l'opéra qu'à ses ori- gines. II nous suffit d'avoir établi que celles-ci sont dues, dans nos provinces, à l'archiduc Léopold-Guillaume d'Autriche. Doué, comme la plupart des membres de sa famille, d'un goût exquis en fait d'art, il introduisit au Palais ducal l'opéra qui se propagea ensuite dans le pays. Il sut rendre aussi à la Belgique des services que peu de nos gouver- neurs généraux ont pu égaler. Enfin, dégoûté des tracas- series de la cour de Madrid, le prince quitta nos provinces, le 11 mai 1656, et fut remplacé par don Juan d'Autriche, fils naturel de Philippe ÎV. L'administration malheureuse de celui-ci pesa singulièrement sur la Belgique et sur les destinées de l'art dans ce pays. Ces détails démontrent que les procès n'ont pas tou- jours le seul résultat de faire vivre les avocats et les pro- cureurs. Les dossiers des plaideurs fournissent parfois des données précieuses et utiles à l'histoire. Sans les ré- pliques, dupliques et tripliques, produites dans le cours des instances précitées , nous aurions peut-être longtemps encore ignoré comment la bourgeoisie de Bruxelles eut son opéra; nous n'aurions sans doute jamais connu toutes les particularités sur les origines de l'opéra dans notre pays. ( u ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Beneden [Éd. Van). ■— Recherches faites au laboratoire d'embryogénie et d'anatomie comparée de l'Université de Liège, tome I, travaux des années i87S et 1876. Bruxelles. 1876; vol. in-8». Guillaume (le baron). — Histoire de l'infanterie wallonne sous la maison d'Espagne (1500-4800). Extrait des Mémoires de l'Académie. Bruxelles, 1876; in-4°. Potvin (Ch.). — La Mère de Rubens, drame en 5 actes, en vers. Bruxelles, 1876; br. in-18. Bremond (Alphonse). — Histoire généalogique de l'ancienne et illustre maison de Beaufort d'Artois. Bruxelles, 1876; vol. in-8^ Diegerick (I.-L.). — Inventaire analytique et chronologique des chartes et documents appartenant aux archives de l'an- cienne abbaye de Messines. — Documents du XVI'^ siècle fai- sant suite à l'Inventaire des chartes, tome III. Bruges, 1876; 2 vol. in-8*'. Fressancoiirt (Gaston de). — Les maisons souveraines de l'Europe. Bruxelles, 1876;br. in-8''. Marlin (Paul). — La Belgique et les États-Unis , lettres de Philadelphie à l'occasion du centenaire américain. Bruxelles. Paris, 1876; br. in-S". Commission royale d'histoire. —Compte rendu des séances, A' série, tome IV, n° 1. Bruxelles, 1876; br. in-S". Observatoire royal de Bruxelles. — Annuaire pour 1877. Bruxelles; vol. in-18. Université catholique de Louvain. — Annuaire de 1877, Louvain; vol. in-12. ( SS) Ville de Bruges. — Inventaire des archives de la ville, tome VI. Bruges, 1876; vol. in-4''. Société belge de microscopie. — Statuts. — Bulletins des séances, tome I, 1874-1873. — Procès- verbaux des séances d'octobre-décembre, I87G. — Annales, tome II, 1875-76. Bruxelles; 5 broch. et feuilles in-S". Société liégeoise de littérature icallonne. — Sur les buveurs de genièvre {Les Peqiieteiix). Liège, 1876; br. in- 8". Société d'émulation d Bruges. — Annales, 4'' série, tome I. Bruges, 1876-77; in-8^ Messager des sciences historiques, 1876, 4Mivraison. Gand; br. in-8". Allemagne. Schlagintweit-Sakûnliinski {Hermann von). — Bericht ûber Anlage des Herbariums wahrend der Reisen nebst Erlaute- rung der topographischen Angaben. Munich, 1876; br. in-4°. Gesellschaft fur Anthropologie, Ethnologie und Urgeschichte. — Verhandlungen, 1876, Januar-Juni. Berlin ; in-8*'. Amérique. Ernst [W Adolphus). — A descriptive Catalogue of the Venezuelan Department at the Philadelphia international ex- hibition, 1876. Philadelphie; br. in-12. U.S. naval Ohservatory. —Instruments and publications. Washington, 1845-1876; in-4°. Muséum of comparative Zoblogy at Cambridge, Mass. — Memoirs, vol. IV, n° 10. Cambridge, 1876; vol. in-4^ (S6 ) France. Flammarion [Camille). — Les Terres du Ciel, descriplion astronomique, physique, olimatologique , géographique des planètes qui gravitent avec la terre autour du soleil. Paris, 1877; vol. in-8». Davidson [Th.). — Notice sur la vie et les travaux de sir Charles Lyell (extr. du Bull, de la Société géologique de France). Paris, 1876; in-S". Lenormant [François). — Êinàç, sur quelques parties des syl- lahaires cunéiformes. Essai de philologie. Paris, 1877; vol.in-8". Tassy [Garcin de). — La langue et la littérature hindousta- nies en 1876. Paris; br. in-8°. Desniaze [Léon). — Les communes et la royauté, lettres (1181-1789). Paris, 1877; vol. pet. in-8^ Gérard [J.-A.). — Satires de Perse traduites en vers fran- çais. Lyon, 1870; vol. in-4''. Comité régional de Marseille. — Expériences faites pour combattre le phylloxéra. Marseille, 1876; br. in-4°. Revue des questions historiques , M" livraison, janvier. Paris; vol. in-8°. Société de géographie de Paris. — Bulletin, octobre-dé- cembre 1876. Paris; 5 br. in-8". Société géologique de France. — Bulletin, t. IV, 1876, n° 7; t. V,1877, n° 1. Paris; 2 br. in-8°. Société géologique du Nord. — Annales, III, 1875-76. Lille, 1876; in-S". Grande-Bretagne et Colonies. Royal Society of New South Wales. — Transactions of the philosophical Society, 1862-63; Transactions and proceedings, vol. IX, 1875. — Minerai map of statistics of N. S. W. — (§7) Resources of N. S. Wales, 1876. — Wincs aiid minerai statis- l\^.^ — Annual mctcorological report, Sydney Obscrvalory, l87o. Sydney, 1862-1 87C ; G brocli. in-8«. Meteorological Society. — Quarterly journal, 1876, july- oclober. — Catalogue of thc library of the Society , to end of 1875. Londres, 5 br. in-8''. Liierarij and philosoplikal Socielij of Manchester. — Pro ceedings, vol. XIII-XV, 4875-70. — Memoirs, third séries vol. V. — Catalogue of thc books in the library of the Society Manchester; 4 br. et i vol. in-8''. Geologkal Society. — The quarterly journal, vol. XXXll n° 127, august 1876. Londres; in-8''. Numismatic Society. — The numismatic Chronicle, 1876 jjart m and IV. Londres; 2 br. in-8''. Asiatic Society of Bengal. — Journal, part I, vol. XLV 11° \ ; part II, vol. XLV, n"" 1 and 2. — Proceedings, 1876 n"' 5-7, march-july. — Bibliolheca indica : a collection of oriental works, old séries, n°' 254 and 255; new séries n°^ 528, 552, 555, 556,558-548. Calcutta, 1876; 25 brochures 10-8". Royal Society of London. — Proceedings , vol. XXIV vol. XXV, n"^ 171-174. — Philosophical Transactions, 1875, part 2 ; 1876, part 1. Londres, 11 br. in-8° et 2 vol. in-4°. NORWÉGE. Broch {D' O.-J). — Le royaume de Norwége et le peuple liorwégien. Christiania, 1876; vol, gr. in-8''. Blix [E.). — De vigtigste udtryk for begreberne herre og fyrsle i de semistiske sprog. Christiania, 1876; br. in-8". Blom [Hans). — Russisk sproglacrc til praktisk behov. Christiania, 1876 ; vol. in-8°. Kong, norske Universitet. — Aarsberctning for 1874-1875. (S8) — Univ.-program for 1875-1876 : Enumeralio in sectorum norvegicorum, fasc. II et III, auctore II. Siebkc. Uiigedruckte, unbeachtete und wenig beachtete Qiiellcn zur Geschicbte des ïaufsymbols und der Glaubensregel von D' Caspari, III. Études sur les mouvements de l'atmosphère par Guldberg et Mohn, 1'^^ partie. Windrosen des siidlichen Norwegens. De skandinaviske og artiske amphipoder af Axel Boeck, andet hefte. On some remarkable forms of animal life from the great deeps of the norwegian coast, by George Ossian Sars. Die Pflanzenwelt Norwegens; ein Beitrag, mit Karte, zur Natur-und CulturgeschiehtcNord-Europas, von D^^ Schiibeler. Oversigt over Norges Almneskolevœsen. — Statsraad Paul Christian Holfts Esterladte Optegnelser om sit Liv og sin Samtid, undgive af den norske historiske forening, hefte i og 2. — Det forste Aarhundrede af den norske Hœrs historié ved Didrik Schnitler. — Det norske landbrugs historié i 1815-1870 af J. Smitt. — Norway. Painting and sculpture. — Christiania, 1875-76; 11 br. in-8% 2 br. et 5 vol. in-4". Phijsiocjraphiskc Forening i Christiania. — Nyt magazin for naturvidenskaberne, Bd. XXI; XXII, 1 og 2. Hefte. Christiania, 1875-1876; 5 br. in-8^ Norske Bigsregistranter tildeels i uddrag,WV Binds, 1"^ Hefte (1628-1651). Christiania, 1874; br. in-8«. Foreningen til Norske fortidsmindesmerkers bevaring. — Aarsberetning for 1874. Christiania, 1875; br. in-8°. Videnskabers Selskabet i Christiania. — Forhandlinger, 1874 og 1875. Christiania, 1875 et 1876 ; 2 vol. in-8«. Archiv for Mathematik og Natnrmdenskab , af Lie, Millier og Sars, I Bd. 1. 2. og 5. Hefte. Christiania, 1876; 5 br. in-8°- Kong, norske videnskabers-Selskab i Throndhjem. — Aars- beretning for 1874. — Skrifter, VIII. Bd. 1. 2. og. 5. — Diplo- matorium Norvegicum, VIII , 2; IX, 1. — Norges Flora 2*^ og D'^ del. Throndhjem, 1875-74; 7 br. et 2 vol. in-S''. ( S9 ) Russie. Jardin impérial de botanique de Saint-Pétersbourg. — Acla, tonius IV, fasc. 1 et 2. — Tables pour les tomes 1-5. Sainl-Pétersbourg, ISTCpiî-S". Société des naturalistes de la nouvelle Russie. — Bulletin, tome IV, n" i. Odessa, i87G; in-S". Société de chimie de Sai?it-Péters()Ourg. — Journal , t. VIII, n° 9. Saint-Pétersbourg, 4876; in-8«. Suisse. Meerens [Charles], Mémoire sur le diapason. Genève, 4877; broch. pet. in-8". Vulliemin [L.]. — Histoire delà Confédération suisse, tomes ï et II. Lausanne, 1875-7G; 2 vol. pet. in-8". Wolf (Rudolf .) — Neue Untersuchungen ùber den Einfiuss der Ocular-und Spiegeistellung aufdieDurcligangszeit. Zurich, 4876; feuilles in-8°. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1877. — IN- 2. CL/ISSï: des SCiEMCES, Séance du 5 février ■1877. M. Maus, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétueL Sont présents: iMM. J.-C. Houzeau, vice -directeur, J.-S. Stas, L. de Koninck , P.-J. Van Beneden, Edm, de Selys Longchamps, H. Nyst, Melsens, F. Duprez, Ern. Quetelel, Ern. Candèze, F. Donny, Ch. Monligny, Slei- chen, Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Morren, C. Malaise, F. Folie , Alph. Briart, F. Plateau, F. Crépin et Éd. Mailly, membres; Th. Schwann, Eug. Catalan, associés; Ch. Van Bambeke, G. Van der Meusbrugghe et M. Mourlon, corres- pondants. 2'"^ SÉRIE, TOME XLIII. S ( 62 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur adresse une expédition des arrêtés royaux suivants : 1" en date du 28 décembre 1876, nommant président de l'Académie, pour 1877, M. Alvin, directeur de la classe des beaux-arts; 2° en date du 17 janvrier dernier nommant MM. Crépin, Cornet, Kickx, Masius, Nyst, F. Plateau et Putzeys membres du jury chargé de juger la 6*" période du concours quinquennal des sciences naturelles. — M. le secrétaire perpétuel annonce que la classe a eu le regret de perdre l'un de ses associés de la section des sciences naturelles, le R. P. Bellynck, décédé à Namur le 14 janvier dernier. En l'absence de M. le directeur, il s'est rendu aux funérailles, auxquelles ont aussi assisté M. Malaise et M. S. Bormans, et il a prononcé, au nom de l'Académie^ quelques paroles sur la tombe du défunt. — La Société nationale des sciences naturelles de Cher- bourg remercie pour la lettre de félicitations qui lui a été adressée à l'occasion du XW" anniversaire de sa fondation. — L'Académie royale de médecine de Belgique, la seconde Société Teyier à Harlem, la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille, adressent leurs pro- grammes de concours pour 1877. — L'Université de Christiania fait parvenir son envoi (63) annuel des publications des établissements scientifiques de la Norwége. La Société royale de Londres adresse ses publications qui ont paru en 187o-187G. — Romercîments. — M. F. Folie offre un exemplaire de son Précis de géométrie élémentaire, nouvellement publié. « Mon but, en écrivant cet ouvrage, dit-il, a été de mettre la plus grande rigueur dans les définitions, les énoncés et les démonstrations, tout en restant assez simple pour pouvoir être aisément compris par des commençants. » La classe vole des remerciments à M. Folie. — Les travaux manuscrits suivants, déposés sur le bureau, seront envoyés à l'examen de commissaires : 1° Bibliographie analytique des principaux phéno- mènes subjectifs de la vision, depuis les temps anciens jusqu'à la fin du XVI JP siècle ; suivie d'une biographie simple pour la partie écoulée du siècle actuel. Deuxième section : Images accidentelles qui succèdent à la contem,- plation des objets colorés ; par M. J. Plateau. — Commis- saires : MM. Quetelet et Duprez; 2° Étude comparative des observations faites sur V ai- guille aimantée et sur les taches solaires , pendant Vanïtée 4815, à l'Observatoire du Collège romain', par M. l'abbé Spée. — Commissaires : MM. Houzeau , Quetelet et Folie; 5° Addition à la note sur certaines courbes gauches, présentée le 2 décembre 4876, par M. Sallel. — Commis- saires : MM. Folie et Catalan ; 4° De la température cVébullition des solutions salines; par M. P. De Heen. — Commissaires : MM. Stas et Donny; ( 64 ) 5** Morphologie du système dentaire des races humaines; par M. le docteur Ernest Lambert. — Commissaires : MM. P. Van Beneden, Schwann et Dupont. RAPPORTS. La classe avait renvoyé à l'examen de MM. Catalan, Folie et De Tilly, une note de M. J. Plateau, intitulée : Quelques exemples curieux de discontinuité en analyse. Cette note, ainsi qu'une intercalation présentée séance tenante , paraîtra dans le Bulletin de la séance, conformé- ment aux conclurions favorables des rapports des commis- saires. — Sur un rapport verbal de M. Houzeau, la classe admet l'impression immédiate au Bulletin d'une note de M. F. Terby, docteur en sciences à Louvain , intitulée : De l'opportunité actuelle d'une nouvelle carte de Ma7^s et d'une nouvelle nomenclature des taches de cette planète, à propos d'un récent ouvrage de M. Flammarion. — Remarques préparatoires aux observations de 1877; — (9'"*^ notice). ( 65) iSotos S117' les équations différentielles homogènes, etc.; par M. Paul Mansion. JRappot*t de lU. Caltetat». I. « Le petit Mémoire présenté à l'Académie, par M. Man- sion, se compose de deux parties. La première, consacrée aux équations différentielles homogènes, ne contient guère, nous semble-t-il , que la généralisation de propriétés et de démonstrations con- nues. Par exemple, l'honorable auteur établit, pour un nombre quelconque de variables, le théorème suivant, déjà connu dans le cas de deux variables : Toute équation Mdx -h Nc/i/ -h Pdz -+- = 0, qui a pour facteur d'intégrabiiité 1 : Mx -i- 'Ny -h 'Pz -i- ..., est homogène, ou réductible à la forme homogène. Nous n'avons donc presque rien à dire sur cette pre- mière partie (*). IL Dans la seconde, M. Mansion s'occupe de X équation de Clairaut. 11 commence par établir ce théorème curieux , sur lequel nous reviendrons : h' équation différentielle du premier ordre, y = xy' -\- f{y'), {*} La rédaction piimitive renfermait quelques inexactitudes, que M. Mansion a fait disparaître. .Noire jeune et savant collègue de Gand ne pourrait-il, lorsque Ton imprimera son Mémoire, remplacer les J~ par des 3? Aujourd'hui, la plupart des Géomètres réservent les J au calcul des Dp variations et représentent, par ^ , la dérivée de V , relative à la lettre x. ox (66) est la seule dont l'intégrale s'obtienne en remplaçant y' par une constante arbitraire c. Au lieu de recourir à la démonstration purement analy- tique, mais un peu longue f), employée par M. Mansion, ne pourrait-on regarder le théorème comme une consé- quence de cette proposition évidente : Si le coefficient angulaire de la tangente à une ligne est constant, cette ligne est droite? Nous soumettons la question à notre jeune collègue, qui est très«capable d'y répondre. IIÏ. Le Mémoire se termine par un théorème fort simple, et, néanmoins, aussi curieux qu'important. L'auteur l'énonce ainsi : Toute équation différentielle du premier ordre , dont on connaît l'intégrale générale, peut se ramener à une équa- tion de Clairaut. On sait que toute équation différentielle a une intégrale générale. Dès lors, à quoi bon la restriction contenue dans l'énoncé ? 11 est possible que, pour effectuer la trans- formation dont il s'agit, on ait besoin de connaître l'inté- grale générale; mais le théorème de M. Mansion doit être considéré d'une manière abstraite, et non au point de vue pratique (**). En conséquence, nous proposons de le formuler ainsi : (*) Elle le serait encore plus, si l'auteur n'admettait un lemme prélimi- naire. (**) On démontre, dans tous les traités d'Analyse, qu'il existe toujours un fadeur > tel que X {Mdx -t- Nrfy) = du. Or, le plus souvent, il est im- possible de trouver ce facteur ). Est-ce que le théorème resterait aussi général, aussi élégant, si on l'énonçait ainsi : On peut, quelquefois, trouver un facteur l tel, que l (Mda; -f- Nrf)/) = d« ? ( 67) Toute équation du premier ordre est réductible à l'équa- tion de Clair aut. IV. On peut chercher la raison géométrique ou Vinterpré- talion géométrique du théorème de M. Mansion. Or, si l'on observe que les équations F(x,y, c) = 0, Y=cX-4-/-(c) représentent, respectivement, une série de courbes et une série de lignes droites, on est conduit à admettre, comme corollaire de ce théorème , la proposition suivante , sur laquelle nous appelons l'attention de Thonorable au- teur : Étant donnée réquation F (x, y, c) = 0 (1), il existe toujours deux fonctions «p, ij;, telles que, si Von emploie les formules de transformation : x = y{X,Y), 2/ = ^(X,Y), l'équation (1), qui représente une série de courbes, est remplacée par l'équation Y=--cX-^ f{c), (2) qui représente une série de droites {') (*) Soit, par exemple, l'équation {\ -\- cf y = c [x + c) {x — c^) (1) Si l'on fait on trouve Y = cXh-c^ (2) Ajoutons que . le paramètre c étant le même dans les deux équations, à chaque courbe correspond, sinon une seule droite, au moins un certain nombre de droites. (68) Précédemment , nous avons cité ce théorème de M. Man- sion : L'équation de Clairaut est la seule dont on forme l'in- tégrale en remplaçant y' par une constante arbitraire c. D'un autre côté, comme on vient de le voir : Toute équation du premier ordre est réductible à l'équa- tion de Clairaut. Il y a là une sorte de contradiction ; mais il y a là aussi , nous semble-t-il , la preuve d'un théorème remarquable, que l'on peut énoncer ainsi : L'intégrale de toute équation du premier ordre est réductible à la forme f{x,y)=c.(x,y)-^ F(c);r) .... (5) et, par conséquent : Toute équation du premier ordre peut être mise sous la forme : i{C F 1^=0, .(4) f et (p désignant des fonctions de x, y. VI. En résumé, le petit Mémoire de M. Mansion nous pa- raît très-digne d'être approuvé par l'Académie, et im- primé dans le Bulletin de la séance. » (*) Celte proposition résulte aussi de la comparaison des équations (1); (2) : celle-ci ne diffère pas , au fond , de l'égalité (5). ( 69) Mlappovi de .W. Folie. G Comme vient de le dire notre savant confrère, la partie du Mémoire de M. Mansion, qui est consacrée aux équations différentielles homogènes, s'occupe surtout de Textension, aux fonctions d'un nombre quelconque de variables, des propriétés des équations homogènes entre deux variables; mais, en outre, M. Mansion a complété cette théorie, en énonçant et en démontrant quelques propriétés nouvelles qui n'ont pas encore, pensons-nous, été formulées explicitement. Celte première partie nous a donc paru fort intéres- sante. La seconde partie , qui traite de l'équation de Clairaut , a donné lieu à plusieurs observations de la part de notre savant confrère; nous croyons devoir entrer dans quel- ques détails à leur sujet. Et d'abord, M. Catalan fait remarquer avec raison que le théorème principal , établi par M. Mansion, est suscep- tible de cet énoncé plus général : Toute équation du premier ordre est réductible à l'équa- tion de Clairaut, en sous-entendant que cette réduction ne peut s'effectuer que dans le cas où l'intégrale générale est connue; ce qui n'empêche nullement de démontrer le théorème dans le cas même où celte condition n'est plus remplie. Peut-être aussi la démonstration de ce théorème : L'équation de Clairaut est la seule dont l'intégrale s'ob- tienne en remplaçant y' par une constante arbitraire, se tirerait-elle immédiatement, comme le suggère notre sa- (70) vant confrère, de celle simple idée que^-= c représente une droite (*). Mais , dans l'interprétation géométrique qu'il donne de la réduction d'une équation différentielle à celle de Clai- raut, il nous paraît que Texpression a un peu trahi la pensée de M. Catalan ; il dit que celte équation Y = CX -+- /"(C) représente une série de droites (**); cela n'est exact que si Y et X sont des fonctions linéaires des coordonnées rec- tilignes oc et ?/, auquel cas les fonctions 9 et 4^, et, par suite, la fonction F elle-même, sont également linéaires en X et y. Au surplus, la proposition énoncée par notre honorable confrère pourrait se généraliser, si l'on donnait à Y la forme /"(X), /"désignant une fonction quelconque, mais déter- minée, et X étant une fonction tout à fait arbitraire, mais déterminée également, des variables x et y. Il suffît, en effet, pour transformer F (x, ?/,c) = 0 en Y = f(X), quelle que soit la fonction X de x et y, de poser X = r^{x,y), ....... (1) Y-/-(X)=^F(x,.v, c); (2) (*) En effet, si l'intégrale d'une équalion différentielle peut s'obtenir en remplaçant -^ par c, il faut que cette intégrale soit identique avec y =z ex -+- b = ex -T- f{c) ; et , par conséquent, que réquation différentielle soit identique avec ?/=?/' ^ H- /■ ((/'). (**) Voir § IV du rapport de M. Catalan. Cela reviendrait à dire que la série des courbes, représentées par l'équation F(J7, y, c) = 0, peut, à l'aide du simple changement des variables x et y en X et Y, se convertir en une série de droites Y = CX -+- /"(C), et même, peut-on ajouter, de droites parallèles. ( 71 ) les équations (i) et (2) serviront à déterminer les valeurs de a; et de ?/ qu'il faudra substituer dans F (x, ?/ , c) = 0, pour obtenir la transformation désirée. Comme cas particulier, on pourrait môme ramener F (a-^ y^c) = 0 à Y = 0, en prenant pour seconde variable, soit une fonction quelconque X de x et ?/, soit x ou y; et l'on voit que, dans ce cas, Y =0 n'en continue pas moins à représenter identiquement la même série de courbes que F{x, ?/, c) = 0, tout comme le fait Y = CX -4- f(C), dans le cas traité par M. Catalan. Ces remarques, que nous pourrions étendre considéra- blement au point de vue géométrique, mais auxquelles nous voulons nous borner ici, pour ne pas sortir des limites d'un simple Rapport, feront immédiatement disparaître la sorte de contradiction que notre savant confrère signale entre les deux tbéorèmes formulés par M. Mansion , et énoncés plus haut dans noire analyse. Enfin, elles nous semblent pouvoir conduire très-aisé- ment à la généralisation du premier de ces théorèmes. Toutes simples que paraissent ces idées, il n'en est pas moins vrai que c'est M. Mansion qui a songé le premier à les tirer de son élude sur l'équation de Clairaut, et nous sommes persuadé que la poursuite de ces études , alliée surtout à des considérations géométriques, mettra leur savant auteur sur la voie de nouvelles découvertes. Nous proposons à la classe d'ordonner l'insertion du travail de M. Mansion dans ses recueils, et d'adresser des remercîments à l'auteur pour son intéressante commu- nication. » ItappoÈ'î fie NI. De Tilly. t beaucoup plus près de la S^ que de la l'*- antécubitale; 1:2-15 poslcubitales. Acier violet. (Thorax bleuâtre pulvérulent chez l'adulte). Tête globuleuse, jaunâtre seulement au rhinarium et à la lèvre infé- rieure ; bord postérieur du prothorax paraissant presque droit, non élevé • indices de raies claires aux côtés du thorax et à la poitrine. Abdomen très-grèle, le dessous des 1-7^ segments jaunâtre foncé et les articulations des 5-7e fuiement jaunes. Bord du 10'' profondément échancré en forme de V large. Appendices anals noir acier, les supérieurs de la longueur du 10^ seg- ment, plus épais à la base, modérément courbés en pince l'un vers l'autre au bout. Les inférieurs moitié plus courts, coniques, moins écartés, poin- tus, un peu inclinés l'un vers l'autre. Pieds courts, robustes, noirs ; exiérieur des tibias jaune, cils médiocres (3 aux tibias postérieurs), onglets non dentés. 2 Inconnue. Patrie: Brésil. Un o^ unique. (Type Rambur). (Coll. Selys.) NB. Se dislingue des espèces du ii)êine genre par la grande extension de la couleur acier foncé sur presque tout le corps ; et se sépare des Leplagrion par la situation reculée de la nervule basale postcostale et les onglets non dentés. Sous-genre 2. — STENOBASIS, de Selys. Ailes pétiolées jusqu'à la nervule basale postcostale ou même un peu plus loin, un peu avant l'oiMginc du qttadrilatère. Secteur médian naissant un peu avant la veine du nodus, d'où part le sous-nodal. Ces secteurs très-rapprochës, mais ne se touchant pas. Le secteur inférieur du triangle ne devenant ondulé que vers la moitié de l'aile. Ptërostigma épais pi^esquc cari^é, à peine oblique; 13 à 15 postcubitales. Lèvre inférieure divisée dans presque sa moitié apicale en deux branches peu distantes, effilées presque droites. Pas de cornes ou pointes redressées au pi^othorax. Des taches postoculaires claires. 0*10'^ segment échancré en demi-cercle. Appendices anals ( i08) supérieurs comprimés, à peu près de la longueur du dernier segment, simples; les inférieurs plus courts, subcylindriques. Patrie : Malaisie. A. Derrière de la tête clair. Sien, oscillans. B. Derrière de la tête noir. St. melanocyana — occipitaiis. IS'B. Il m'a paru nécessaire de créer celte coupe pour placer deux espèces qui tiennent à la fois des Leplobasis et des Telebasis proprement dites. Elles se rapprochent des premières par les ailes relativement moins pétiolées et les appendices inférieurs simples , deux caractères qui les éloignent des Télébasis. — Elles diffèrent enfin de tous deux par la présence de taches posloculaires claires. Le ptérostigma court, épais, presque carré, le prothorax de la femelle simple et les onglets non dentés ne permettent pas de confondre les Stenobasis avec les Agrion du sous genre Pseudagrion (Ps, microceplhalum, etc.), qui leur ressem- blent passablement par la stature et la coloration du corps. 216. Stenobasis oscillaks, de Selys. Abdomen o^ 37; $ 54. Aile inférieure o* 25; $ 26. Ailes étroites, pétiolées jusqu'à la nervule basale po.stcosîale, qui est placée beaucoup plus près tle la 2*^ que delà l^e antécubitale; quadrila- tère long étroit, à côté supérieur ayant aux premières ailes à peu près le tiers du côté inférieur ; 3 cellules anténodales; 13 poslcubitales. Pléro- sligma brun, finement plus clair au bord externe et inférieur, qui forment une courbe un peu convexe. Ce ptérosligma épais un peu plus court que la cellule qu'il surmonte est aussi haut que large et légèrement oblique. cf. Tète petite (large de près de 4 millimètres). Lèvre supérieure pâle (bleue ?;. Le reste de la face brun obscur ou noirâtre ainsi que le dessus, noir à l'occiput avec une virgule postoculaire réniforme, une ligne occi- pitale et le derrière des yeux vers le bas carné clair. Au centre des vir- gules postoculaires se voit l'apparence d'une tache arrondie glauque. Prolhorax obscur, plus clair à la base et aux côtés, le lobe postérieur formant au milieu un feston arrondi peu avancé. Thorax obscur en avant jusqu'à la suture humérale avec le vestige inférieur d'une ligne anléhu- mérale claire, courte. Les côtés bleuâtre terne. ( 109 ) Abdomen très-grêle. 1er segmenl bleuâtre, ayant en dessus une tache noire fourchue touchant le bout par une queue épaisse et les branches la base en renfernianl un espace dorsal oblong (bleuâtre?) ; les 2-7<- vert bronzé foncé en dessus, jaunâtre clair en dessous; les 8-1 0^ bleuâtres; bord du 10^ modérément et peu profondément échancré en demi cercle. Vu de profd , ce segment est presque carré vers le bas, mais le dessus est tronqué ou incliné à angle obtus dans sa seconde moitié jusqu'à l'origine des appendices supérieurs. Appendices anals brun foncé. Les supérieurs presque de la longueur du 10e segment. Vus en dessus ils sont cylindriques, légèrement courbés au bout qui est obtus. Les inférieurs un peu plus courts, de forme ana- logue ou plutôt en raquettes. Vus de profil les appendices ont une apparence tout autre :les supérieurs sont presque droits, comme tronqués au bout qui est subémarginé, et les inférieurs épais à la base sont redressés et amincis en pointe. Pieds courts jaune olivâtre avec une raie obscure aux fémurs. Cils mé- diocres noirs (5 aux tibias postérieuis). Onglets roux, sans dent inférieure visible. Ç. Assez semblable, mais la face roussàtre terne jusqu'aux antennes. Le derrière de la tête plus roussàtre et les deux virgules glauques, bor- nent en arrière les taches posloculaires rousses arrondies Prothorax rous- sàtre. Thorax roussàtre ou olivâtre clair, avec apparence d'une bande dorsale et d'une ligne humérale obscures Abdomen semblable depuis le 5e jusqu'au '^ segment, mais le fond des l-2e et des 8-10^ probablement vert olivâtre, marqués de noir ainsi qu'il suit: au 1" une tache dorsale divisée en deux par Tarète; au 2» une bande dorsale d'un bout à l'autre, épaissie avant le bout; au 8e une tache dorsale oblongue commençant après la base et touchant le bout par une queue étroite; au 9^ de chaque côté de l'arête, une tache basale cunéiforme, dont les pointes ne touchent pas le bout; 10*" segment sans taches. Le ptérosligma ne couvre guère que la moitié de la cellule qu'il sur- monte. Patrie : Banka ou Siam , Musée de Buda-Pe.-t. NB. Cette espèce est moins typique qnela melanocijana , dont elle dififère bien par le derrière de la tête clair vers le bas, le bord postérieur du prothorax avancé en feston au milieu, le ptérosligma moins foncé, les ailes peut-être moins pétio- lées, le 10* segment du mâle moins excavé en dessus, ses appendices inférieurs plus longs. 2""^ SÉRIE, TOME XLIII. 8 ( no ) 217. Stenobasis melanocyana , de Selys. çf Abdomen 31-53. Aile inférieure 21 -2i. Ailes très-élroiles, pétiolées un peu plus loin que la nervule basale postcostale, qui est placée beaucoup plus près de la 2^ que de la l^e anté- cubilale; quadrilatère long, étroit, à côté supérieur ayant aux premières ailes le quart, aux secondes presque la moitié du côté inférieure; 3 cellules anlénodales; 14-15 poslcubilales; ptérostigma noir, à peine brun aux bords, épais, pi'esque carré, légèrement oblique en dedans, presque con- vexe en dehors. Bleu varié de noir bronzé ; stature très-grêle. Tête très-petite (large de 3 millimètres) ; lèvre inférieure pâle ; face bleue jusqu'à l'ocelle intérieur y compris les deux premiers articles des antennes, avec une ligne basale à la lèvre supérieure et le dessus de l'épistome noirâtres. Dessus de la tête noir avec des taches posloculaires arrondies bleuâtres; derrière des yeux noir, mais une bordure pâle étroite contre les yeux vers le bas. Prothorax noir, bleuâtre à la hase et un peu sur les côtés, ainsi qu'une tache dorsale, mais celle-ci souvent oblitérée;le bord postérieur légèrement arrondi. Thorax noir en avant avec une bande antéhumérale bleue, assez large, amincie et un peu interrompue avant le haut; les côtés bleus (olivâtres chez les jeunes), avec une ligne obscure complèteà la 2'' suture. Le des- sous plus pâleou jaunâtre, saupoudré de bleu chez les adultes. Abdomen très -long et grêle, bleu en dessus, un peu jaunâtre en des- sous, marqué de noir ainsi qu'il suit : une grande tache basale au i*»* seg- ment, ne touchant pas le bout ; le dessus du 2* excepté une grande tache dorsale bleu foncé commençant à la base, et finissant vers la moitié; le noir un peu rétréci avant le bout ; les 3-6'^ noirs en dessus, celte couleur à peine dilatée sur ses côtés avant le bout. Au 7^ la raie un peu plus large, l'extrême base de ces segments finement cerclée de jaunâtre; les 8-1 0«, bleu clair en entier, ou bien le bout du 8*= portant une raie dorsale termi- nale transverse noire, un peu élargie latéralement. Le dernier court au milieu, étant profondément et largement échancré en demi-cercle. Appendices supérieurs obscurs, noirâtres en dehors, de la longueur du 10^ segment, droits, écartés, comprimés, dilatés en dessous au bout qui, vu de profil, est arrondi. Les inférieurs moitié plus courts, écartés, droits en tubercule aplati allongé. Pieds très-courts jaunâtres; extérieur des fémurs et intérieur des tibias ( Ml ) noirs; cils noirs assez long (3 aux tibias postérieurs en dehors); tarses livides, obscurs au bout. Onglets allongés sans dent distincte, noirs au bout 9 Inconnue. Patrie : Malacca. (Coll. Selys.) Plusieurs màles. NB. Rappelle par la coloration le Pseudagrion microcephalum , mais bien distinct parla forme du plérostigma, celle du 10^ segment, l'absence de noir à ce dernier segment , les onglets non dentés. :218. Stenobasis? ogcipitalis, de Selys. eu moins au bout (au lieu de former une corne pointue recourbée en bas comme cliez V incisa). De sorte qu'elle forme avec le lobe interne inférieur (qui est arrondi) un angle beaucoup ijIus ouvert. Au contraire, le petit hameçon aigu de la base interne inférieure est plus rapproché de ce lobe. Appendices inférieurs plus longs que les supérieurs ; le bout moins aigu que chevA' incisa, plus élevé avant son extrémité étant vu de profil . à l'endroit oii se voit une petite dent supérieure résultant d'une créle qui est plus rapprochée du bout, la partie oblique interne tronquée étant plus courte. 9 Très-semblable à celle de Vincisa. Lèvre supérieure pourpre mélal- iique, peu bordée de jaune. Lobe postérieur du prolhorax un peu plus large; le bord divisé par l'échancrure en deux lobes plus arrondis , le milieu entre eux plus déprimé. Patrie : Sumatra. Un couple au musée de Leyde. NB. Celte espèce est très-voisine de Vincisa par la coloration et par les appendices du mâle formés sur un plan analogue, mais différents dans les détails. (Décrits d'après une description et des dessins inédits du docteur Hagen ) 245. Agriognemis Mac Lachi-axi, de Selys. Adomen o" 21 ; $ 21. Aile inférieure o^ 13; $ 15 ^/o. o' Très-adullc. — Ailes hyalines, courtes, réseau noirâtre. Ptérostignia un peu épais, ne couvrant pas tout à fait une cellule, son côté externe oblique, un peu prolongé vers la côte, noirâtre; 8-9*" postcubilales. l5ronzé acier métallique, varié d'olivàtie clair. Lèvre supérieure violet acier brillant, épislome probablement de même, mais couvert de pulvérulence bleuâtre , ainsi que le front et le vertex. Tète noire en dessus avec un gros point postoculaire bleu ; derrière l)leuâlre pâle, mais noir vers rarliculation du prothorax, antennes noi- râtres. Prothorax noirâtre (pulvérulent) son bord postérieur subitement prolonge au milieu en un lobe étroit , à demi redressé, épais, conique , tronqué. Devant du thoi'ax noirâtre (pulvérulent) jusqu'à la première suture latérale avec une raie anlehumerale étroite, droite, jaunâtre. Les côtés bleu verdàtre clair avec une petite marque supérieure obscure enfoncée à la l^-^ et à la 2*^ suture, près de chaque aile. Abdomen grêle, bronzé obscur en dessus, les côtés et le dessous oli- vâtres, ainsi que l'articulation des 9 et 10^ segments. Bord du 10' droit. Appendices supérieurs bruns, ayant à peine la moitié du lO*^ segment. Vus en dessus, ils forment deux tubercules obtus. Vus de profil, ils ont ( iS3 ) encore un tubercule irrégulièrement arrondi très-étroit à sa base, tron(iué au l:)Oulel prolongé inférieurement en un lobe court obtus, de sorle qu'ils figurent un marteau court épais. Appendices inférieurs bruns, noirâtres au bout, le douljle plus longs que le 10e segment. Vus de profd, ils sont droits, en lames fortes obtuses au bout. Vus en dessus, ils sont un peu comprimés, peu distants, et leur seconde moitié amincie est inclinée légè- rement Tune vers l'autre. Pieds brun clair, extérieur des fémurs (pulvérulent) noirâtre, ainsi que les cils qui sont médiocres (5 aux tibias postérieurs). $ Adulte. Ptérostigma jaunâtre foncé. Corps brun roussâtre varié de noirâtre. Lèvre supérieure et épislome d'un brun roux luisant; front, dessus de la tète et antennes brun rous- sâtre, les points posloculaires confondus avec la couleur du derrière de la tête qui est jaunâtre foncé , avec du noirâtre contre le prolhorax. Celui-ci, brun roussâtre, paraît avoir le milieu du lobe postérieur un peu avancé et échancré largement à angle droit. Abdomen roux olivâtre en dessus, plus clair en dessous; les aiticulalions finement noirâtres et suivies d'un cercle noir interrompu. Vestige d'une lunule dorsale obscure avant la fin du 2e segment. Après la base du 5^ commence une bande dorsale obscure d'abord , puis noirâtre ensuite , qui s'élargit jusqu'au 9* segment, et est très-étroite au IQe dont le bout est comprimé en toit. Appendices coniques petits, brun jaunâtre ainsi que les valvules. Pieds jaunâtres, un peu obscurs aux fémurs en dehors ; cils noirâtres. Patrie : Le Gabon. Un couple m'a été donné par mon ami xMac Lachian — Sénégal. (Coll. Selys.j NB. Le mâle ressemble à Vexsudans de la Nouvelle-Calédonie par sa taille relativement grande et par sa coloralion; mais s'en distingue de suite par le ptérostigma plus épais, les appendices supérieurs plus courts, non bifurques, et surtout par les intérieurs très-longs, dans le genre de ceux de Yincisa et de la materna. La taille la rapproche aussi de la materna, mais celle-ci a les appendices supé- rieurs longs. Par les appendices c'est à Yincisa que le mâle ressemble. Ici aucune confusion n'est possible à cause de la taille très-petite de cette dernière, chez qui le lobe postérieur offre un prolongement ovale lanje et dont l'abdomen est marqué dés la base d'une bande dorsale noir bronzé. ( iU ) 246. Agriocnemis exilis, de Selys. Aguiocnemis ExiLis, de Selys; Rev. zool. , mai 1872, Abdomen o* environ 16; 9 15. Aile inférieure a* 9 ; $ 10 Va- Paraît voisine de la pygniœa, mais le bout de l'abdomen manquant, on ne peut atlirmer l'affinité avec certitude. Elle diffère de la pygmœa par ce qui suit : d* i° Taille encore plus petite. 2° Ptérostigma peut-être plus petit, semblable aux quatre ailes, livide (o-7*^ poslcubitales). 5° Le jaunâtre du front obscurci. 4" Le feston médian du bord postérieur du prothorax est plus large, presque confondu avec les festons latéraux, et vu de côté il est redressé complètement et perpendiculairement. 5° Les six premiers segments de l'abdomen sont d'un bronzé peu foncé en dessus; les articulations et le dessous jaunes. (Le reste manque.) 9 Lèvre et épistome brunâtres; points postoculaires réunis au jaunàlre du derrière. Ptérostigma Jaunâtre, un peu plus long. Prolhorax noir en dessus, roussàtre sur les côtés , court , divisé en trois festons peu marqués, dont celui du milieu qui est le plus large, a son bord presque droit et moins avancé que les deux latéraux. (C'est le contraire chez le mâle.) Devant du thorax noirâtre jusqu'à la suture humérale, avec une raie anléhumérale peu marquée, les côtés olivâtres. Abdomen bleuâtre ou olivâtre, ayant sur les six premiers segments une bande dorsale noir bronzé un peu dilatée avant le bout de chacun. Les articulations cerclées de noir. Pieds livides; une raie noire externe aux fémurs commençant a!)rès leur base et les cils noirs. 9 Var. orangée. Thorax orangé avec une seule bande dorsale noire. Côlés de l'abdomen jaunâtres. Patrie : Zanzibar et Madagascar ou Maurice. Coll. Selys, provenant de l'ancienne coll. Guerin. NB. Il faudrait voir des exemplaires complets. En allendanl la forme diffé- rente du prolhorax et le lieu de provenance doivent nous faire considérer l'espèce comme disliucle de lapy^mcea. ( 1S5 ) 247. Agriocnemis carmelita, de Selys. 2 Abdomen, 13 '/a-^^'e inférieure, 10. cf (Inconnu). 2 Ailes hyalines à reflets irisés, courtes. Réseau brun clair. Ptéro- ligma petit jaunâtre, entouré d'une nervure noire ne surmontant pas tout à fait une cellule, en losange allongé, à côté externe plus oblique que Tin- terne; 8 postcubitales, 5 cellules anténodales. D'un brun clair varié de gris et de noir bronzé (couleurs peut-être ternies). Tête brun claiT, passant au jaune sale derrière les yeux ; lèvre supé- rieure et épistome obscurs, peut-être noirâtres. Prothorax brun; le lobe postérieur élevé en une plaque presque carrée. .Thorax brun clair sans taches distinctes, un peu plus clair en dessous. Abdomen brun jaunâtre clair en dessous et sur les côtés, portant en dessus sur tous les segments une bande ondulée noir bronzé ainsi qu'il suit : le dessus du 1"" segment ; une bande au 2^ plus large à la base, étranglée ensuite, puis élargie encore avant le bout. Les 3-7^ avec une bande commençant un peu après leur base, étranglée à leur moitié et élargie orbiculairement au bout. Le 8^ avec un cercle basai pâle, plus large sur ses côtés, noir bronzé ensuite ; 9-10'^ brun noirâtre, ce dernier fendu et comprimé en toit au bout. Appendices anals petits, bruns. Pieds brun jaunâtre clair. Cils obscurs (4 aux tibias postérieurs.) Patrie : Annam, coll. Selys, un seul exemplaire. NB. Tiès-dislincte des femelles connues des autres espèces par l'absence de noir au-dessus de la tète, au protborax et au thorax , et par la présence de la bande noire de l'abdomen formant des taches phalliformes très-étranglées dans leur milieu aux 3-7e segments. En supposant que les femelles inconnues des A. lacteola et minima diffèrent complètement des mâles par le dessin, la couleur et le prothorax , ce qui est peu probable, je ne puis encore y rapporter celle-ci à cause du nombre des nervules postcubilales plus grand. .— Quant au lobe postérieur du prothorax , c'est de celui de Xincisa qu'il se rapproche le plus par la forme — mais c'est la seule ressem- blance qui existe entre ces deux espèces. 248. Agriockemis australis, de Selys. 9 Abdomen, 17 Va) aile inférieure, 12 Va- (f Inconnu. 9 (Probablement variété orangée.) Très-voisine de a pygmœa et de ri7icisa. ( io6 ) Réseau brun. Ptérostigma jaunâtre entouré d'une nervure noire cou- vrant moins d'une cellule, en losange allongé plus oblique en dehors; 8 poslcubitales aux supérieures; 6-7 aux inférieures. Tèle jaune pâle en arrière et en dessous ; face orangée jusqu'aux antennes, avec un vestige basai à la lèvre supérieure et l'extrême base de l'épistome noirâtres. Dessus de la tète noir bronzé acier. La place des taches postoculaires orangées confondue avec le jaune du derrière de la tèle. Prothorax orangé, petit, renflé, sub-arrondi en arrière, sans crête ni prolongement postérieur. Thorax orangé, passant au jaune clair sur les cotés et en dessous, ayant en avant une large bande dorsale unique droite noir acier. Abdomen médiocre rouge orangé en dessus, plus clair en des- sous, Tarticulatiou postérieure des l-5« finement obscure, précédée aux côtés du dos aux 4-3'' d'une marque obscure. Le dessus des 6-9*= noirâtre acier. Bord du 10^ un peu émarginé, un peu relevé. Appendices anals petits, cylindriques, orangés. Pieds jaune sale, cils obscurs assez courts. (4 aux tibias postérieurs.) Patrie .-Queens'Land (Australie). Un seul exemplaire. Coll. Mac Lachian. ISB. Ressemble tout à fait à la femelle variété orangée de Vincisa, mais s'en distingue bien par le prolhorax non redressé en lame échancrée en arrière et aussi (si ce caractère est constant) par moins de noir à l'épistome. Il y a aussi une ou deux nervules postcubitales de plus. Par le prolhorax elle se rapprocherait de la femelle de la pygmœa, variété orangée, mais celle-ci a le dessus de l'épistome noir et deux nervules postcubi- tales en moins. La patrie différente est d'ailleurs un argument en faveur de la diversité des deux espèces. Genre 5. — HEMIPHLEBIA , de Selys. Hemiphlebia, comptes rendus de la Soc. Ent. belge. Mars 1868. Ailes cessant d'être pétiolées un peu avant la nervule basale postcostale, qui est placée à un niveau entre la 1" et la S*" antë- cubitale. Cette nervule postcostale ne s'arrélant pas à la ren- contre habituelle du secteur inférieur du triangle, mais le tra- versant jusqu'au bord de l'aile. Arculus placé plus loin que la 2^ anlécubitale. Aux premières ailes il n'existe que dans sa ( ^S7 ) moitié supérieure (depuis la nervule médiane jusqu'à la nais- sance en un seul point des secteurs principal et bref) de sorte que le quadrilatère est dépourvu de la branche formant son côté interne et se trouve rèiini avec l'espace basilaire. Le côté externe est presque dans le prolongement du supérieur et forme un angle aigu avec le côté inférieur. L'arcuîus des secondes ailes est complet, normal , très-fracturé, de sorte que le quadrilatère est fermé comme de coutume; son côté supérieur a les deux tiers de l'inférieur. Ptérostigma carré long, surmontant une cellule. Le secteur sous-nodal partant de la veine du nodus; le médian auparavant; le secteur infé- rieur du triangle très-ondulé et formant des cellules penta- gones presque dès son origine, le bref et le sous-nodal ondulés à leur extrémité; 7nervules postcubitales; 5 cellules anténodales. Antennes à I" et 2^ articles courts, épais, presque égaux, le 5^ grêle, le double plus long. La soie très-longue. Lèvre inférieure oblongue, fendue dans sa moitié apicale, ses brancbes contiguës, à pointes mousses. Télé large. Abdomen médiocre. Pieds assez longs, à cils assez longs divariqués (o aux tibias postérieurs en debors). Onglets à dent inférieure bien marquée, plus courte que la })rincipale. Coloration vert métallique brillant. Pas de taches postoculaires claires. d' Appendices anals supérieurs aussi longs que le lO'' seg- ment, en crochets semi-circulaires épaissis au bout. Les infé- rieurs un peu plus longs, presque contigus, en palette aplatie ayant une double courbure de haut en bas en forme de S. $ Appendices anals un peu plus longs que le iO'' segment, presque contigus, épaissis à la base, semi-cylindriques ensuite, finissant en pointe. Au-dessous des appendices l'abdomen se termine par un prolongement intermédiaire ])resque aussi 2™'' SÉRIE, TOME XLIII. 11 ( iS8 ) longs qu'eux. Lame vulvaire forte, dépassant l'abdomen. Pas d'épine terminale au 8^ segment. Patrie : Australie septentrionale. Une seule espèce : H. mirabilis. NB. L'espèce unique qui conslilue ce genre extraordinaire ressemble en miniature à la Lesles sponsa^ mais elle diffère de tous les Odonates vivants connus jusqu'ici , par la suppression aux ailes supérieures de la moitié inférieure de l'arculus qui forme le côté interne du quadrilatère et le sépare de l'espace basilaire. Le genre fossile Tarsophlebia du docteur Hageu, provenant de la pierre litho- graphique, présente seul une conformation semblable (un quadrilatère incomplet), mais elle s'étend aux quatre ailes, et ce genre appartient aux Caloptérygines , tandis que V Hemiphlébia est une Agrionine plus voisine par le reste des carac- tères de la légion des Agrions , mais qui pourrait en constituer une particulière si je n'hésitais à proposer d'en créer une pour une seule espèce. Par sa réticulation incomplète elle peut être considérée comme la dernière parmi les Agrionines à quadrilatère en trapèze (Légions Lestes et Agrion) , comme les Protonevra sont les derniers sous un rapport analogue parmi les Agrionines à quadrilatère régu- lier (Légions Pseudotigma — Podagrion — et Platycnemis). Ce n'est, en effet, qu'en deux séries parallèles que l'on peut classer convenablement les Agrionines, et non en une ligne continue. 11 est curieux que ce soit encore la Nouvelle-Hollande, avec sa faune et sa flore tertiaires ou même secondaires, qui nous fournisse cette forme qui rappelle les Odonates fossiles de ces temps reculés. 249. IIemiphlebia mirabilis, de Selys. Hemiphlébia mirabilis, de Selys, Comptes rendus Soc. Ent. belge, mars 1868. Abdomen, o'' 18; $ 16-17. Aile inférieure, 10-12. Ailes hyalines un peu élargies avant le bout ; réticulation J)rua foncé. Plérosligma brun jaunâtre, celui du mâle un peu plus foncé en dedans. Vert métallique brillant en dessus, jaune clair en dessous. a" Dessous de la léle, lèvres et rliinarium jaunâtres; dessus de Tépis- ome noir; le resle de la tète vert métallique. Prothorax vert métallique, ses côtés bordés de jaunâtre, lobe postérieur large, presque droit, légère- ment arrondi sur les côtés. Thorax vert métallique en avant et presque jusqu'à la 2e suture laté- rale; le reste jaune clair avec une raie vert bronzé descendant le long de la 2*= suture. Abdomen vert métallique en dessus, le dessous jaune clair ainsi qu'un ( 1§9 ) cercle étroit à rarliculalion basale des 2-8'' segmenls. 10e segment un peu plus court que le 9«, à bord droit légèrement émarginé. Appendices anals jaunâtres; les supérieurs noirs en dessus et de côté. Pieds jaunâtre pâle à cils plus foncés, bout des onglets noir. Ç Semblable au mâle, mais l'épistome et un vestige de ligne inférieure à la suture humérale jaunâtres. Le lobe postérieur aussi large mais moins longet légèrement émarginé; le cercle basai jaune des segments de l'ab- domen mieux marqué. Appendices jaunâtres. (Pour le détail de la réticulation des ailes, la forme des appendices anals et les pieds, voyez la description du genre.) Aberration. — Parmi plus de vingt exemplaires, se trouve un seul mâle dont la réticulation est monstrueuse, mais seulement à Tune des deux ailes supérieures. Il possède une petite veine qui ferme vers la base le quadrilatère, de sorte que cet espace devient norma> par aberration. La même aile est encore monstrueuse sous deux autres rapports : il n'y a que deux cellules anténodales et la nervule postcostale s'arrête au secteur inférieur du triangle. Ce dernier caractère est encore un retour à ce qui existe dans la légion Agrion. Patrie : Port Denison (Queens' Land), dans l'Australie septentrionale. J'ai examiné une vingtaine d'exemplaires, que je dois à la générosité de mon honorable collègue M. Weyers. iVfi. Voyez les observations à la suite de la description du genre. Fm DE LA LÉGION DES AgRIONS ET DB LA SOUS-FAMILLE DES AgRIONINES. De l'inopportunité actuelle d'une nouvelle carte de Mars et d'une nouvelle nomenclature des taches de cette planète y à propos d\in récent ouvrage de M. Flammarion. — Remarques préparatoires aux observations de i877. — (9' notice); par M. F. Terby, docteur en sciences, à Louvain. Pendant le courant du mois d'avril 1876, je reçus de M. C. Flammarion une lettre dont je me permets d'ex- traire le passage suivant : « Dans un ouvrage que je vais mettre sous presse sur ( 160 ) » les planètes, je voudrais donner un planisphère de » Mars J'ai essayé de construire un planisphère satis- î> faisant aux deux cartes de Kaiser et de Proctor quant à » l'ensemble, mais je n'en suis pas content. J'ai donc re- » cours à vous qui avez fait des comparaisons critiques si » attentives et je viens vous demander de vouloir bien » m'envoyer la carte de Proctor corrigée par vous, en » signalant avec une encre ou un crayon de couleur les » contours qui vous paraissent douteux et en leur substi- » tuant ceux que vous pensez plus probables Diles- » moi aussi, je vous prie, quelle est la région de la carte » de Proctor qui vous paraît la plus sûre. On pourrait la y> dessiner sur une plus grande échelle » Les considérations qui m'avaient empêché de dresser une carte de Mars lorsque j'achevai mon Aréographie n'ayant rien perdu de leur valeur, je les exposai dans ma réponse à l'astronome français. Je lui dis qu'à mon avis il n'était pas encore possible de substituer une carte suffi- samment nouvelle et utile à celle de M. Proctor, qu'il était infiniment préférable de produire cette dernière en y joi- gnant des remarques pour appeler l'attention sur les points douteux; je lui signalai mon mémoire dans lequel j'avais suivi cette marche. Cependant, pour le satisfaire autant que les circonstances le permettaient, je lui indiquai comme contour le plus certain la ligne qui limite au nord l'Océan De La Rue, le Détroit d'Herschel II, la Mer de Kaiser et la Mer de Maraldi, et comme particulièrement douteuses la Mer de Tychoelles Iles de Phillips et de Jacob. L'ouvrage de M. Flammarion vient de paraître sous le tilre : Les Terres du ciel (1), et renferme tout un livre con- (1) Paris. Didier. ( Ifil ) sacré à la planète Mars. L'autenr a bien voulu donner mon nom à une mer dont j'ai signalé l'existence probable et qui serait parallèle à la mer de Hook; il adhère à ma proposi- tion relative à l'introduction dans la nomenclature des noms de MM. Webb et Procter; je lui en suis reconnais- sant. Malheureusement ces détails ne sauraient compenser le préjudice très-grave que son ouvrage pourrait causer au progrès de TAréographie et le trouble considérable qu'il apporterait dans mes travaux antérieurs et dans leur con- tinuation. C'est à ces divers titres que je me fais un devoir de soumettre à l'Académie les considérations qui suivent. Des travaux sérieux et consciencieux sur la planète Mars ont paru; ils sont basés sur une nomenclature ac- ceptée de tous. Guidés par eux, les astronomes se prépa- rent à élucider les points douteux pendant l'opposition si favorable de 1877. Ils emploieront des dénominations uni- formes et éviteront ainsi de déplorables confusions : Yoilà le moment choisi par M. Flammarion pour proposer le bouleversement complet et fantaisiste de la nomenclature! Il faut, dit-il, placer sur la carte les noms des fonda- teurs de l'astronomie moderne, et il appelle Océan Newton ce que nous étions habitués à nommer Océan de Dawes; Océan Kepler ce que nous désignions sous le nom d'Océan De La Rue, etc.. Ces noms de Newton et de Kepler avaient- ils été oubliés par M. Procter? Nullement. On avait le Détroit de Newton, le Continent de Kepler. La même re- marque s'applique aux noms de Tycho, de Copernic, de Mâdler, de De La Rue, etc., qui tous existaient sur la carte de M. Procter et que M. Flammarion ne fait que déplacer par pure fantaisie. M. Procter a voulu donner aux taches de Mars les noms des astronomes qui se sont occupés spécialement de l'as- ( 162 ) pect télcscopique de cette planète. Il n'est pas nécessaire de placer en première ligne ceux des fondateurs de l'astro- nomie qui ne se sont point occupés de l'astre à ce point de vue. M. Flammarion se plaint de la grande part laissée à M. Dawes dans la nomenclature; mais il oublie que M. Proctor ne fait ici que suivre un principe énoncé par l'astronome français lui-même : donner à une tache le nom de l'observateur qui a le plus contribué à la faire connaître. 11 oublie que M. Dawes a, presque seul , constitué toute la carte, et que, presque seul surtout, il a dédoublé la baie qui porte son nom et vu le Détroit de Dawes. Seul encore, il a vu l'île neigeuse de Dawes. M. Flammarion ne tient aucun com[)te de ces droits de i'éminent astronome anglais ; il efface : Dawes forked Bay, Dawes snow^ Island, et ne remplace pas ces noms. 11 efface également le nom de Nasmyth sans le remplacer. 11 sup- prime aussi : Béer Bay, en y laissant une lacune. La seule part laissée à M. Dawes dans ce domaine qui lui appar- tient presque exclusivement est la petite Mer de Dawes! M. Flammarion, qui semble désireux de laisser des places vacantes dans la nomenclature, supprime les noms de Main, de Hind, sans les remplacer. 11 déplace le nom de Kaiser pour y substituer celui de Sablier. Ce nom caractéristique aurait pu être joint à celui de Kaiser pour rappeler des particularités que j'ai signalées dans mon mémoire; on aurait pu dire : Mer de Kaiser (hour-glass-sea; Sablier). Mais placer ce nom exclusif de Sablier au milieu de tous ces noms d'astronomes est au moins étrange. 11 en est de même du nom de Manche substitué à Dawes Strait. Je m'arrête à ces détails; ils suffisent pour donner une idée de la nomenclature de M. Flammarion. Je ne la trouve ( 163 ) point préférable à celle de l'astronome anglais, et, en sup- posant qu'elle l'eût été, elle serait inopportune, car elle ne peut que jeter les observations de 1877 dans une inextri- cable confusion. Ce n'est point le moment de changer; nous ne pouvons avoir que du provisoire; n'y substituons pas un autre provisoire qui n'a pas de raison d'être. Comme le lecteur va en juger, je suis trop intéressé dans ce débat pour me borner à montrer que cette nomen- clature est inacceptable. Je me vois forcé à déclarer qu'elle est la seule nouveauté que l'on puisse trouver dans le cha- pitre et dans la carte des Terres du ciel. Malgré la citation de mon nom, plusieurs fois répétée, le lecteur peu au courant attribuera incontestablement à M. Flammarion toute celle histoire et toute cette minu- tieuse description des taches de Mars, tandis que ces dé- tails sont copiés presque littéralement dans mon Aréogra- PHiE. Si je disposais d'un espace suffisant, je placerais nos deux textes en regard, et l'on constaterait que M. Flam- marion n'a fait qu'un résumé de mes travaux. Je laisserai ce soin aux astronomes qui s'intéressent à l'étude de Mars, et qui, tous, je l'espère du moins, ont reçu les mémoires que j'ai publiés sur ce sujet (1). Pourquoi M. Flammarion n'a-t-il pas dit franchement, avant de commencer sa description et son histoire de Mars, que tous ces détails étaient extraits de mes publications? Moyennant cette simple remarque, il m'eiit épargné la lâche pénible que je remplis aujourd'hui. Voyons quelle est au contraire sa manière de procéder : (1) V'oir Bulletins de l'Académie royale de Belgique, lomes XXXI, XXXII, XXXV, XXXVI, XL, et Mémoires couronnés et Mémoires des savanls étrangers, lomes XXXVII et XXXIX. ( i64 ) depuis la publication de mes travaux, son attention semble s'être portée spécialement sur cette planète. J'en serais heureux si M. Flammarion n'essayait point de se substituer à ma personne dans cette étude que j'ai entreprise depuis 1864. Que l'auteur veuille bien nous montrer ses dessins de Mars et nous applaudirons à son zèle ; mais nous croyons que jusqu'ici les astronomes ne sauraient en trouver qu'un seul, publié dans les comptes rendus de l'Académie de Paris et reproduit dans les Terres du ciel. A la page 418, M. Flammarion nous annonce qu'il a étudié tous les dessins exécutés depuis deux siècles; il y en a plus d'un millier, dit-il. C'est précisément ce que j'avais fait avant lui, comme l'attestent mes publications, que j'ai toujours envoyées à l'auteur des Terres du ciel, avec une exactitude et un soin des plus consciencieux. Non content de cela, l'auteur ajoute plus loin qu'il s'oc- cupe de cette question depuis une quinzaine d'années. J'avoue humblement que je m'occupe de Mars seulement depuis 1864, c'est-à-dire depuis douze ans; mais je puis en fournir la preuve, puisque mes premières observations publiées sont de 1864. Sans vouloir, comme je le disais tantôt, mettre nos textes en regard , je tiens cependant à faire voir, par quelques exemples, le procédé dont je suis victime: l'auteur parle à chaque instant des observations de Schrœter; seul, j'ai pu étudier celles-ci dans le manuscrit de Lilienthal (1) et M. Flammarion ne dit pas que tous ces renseignements viennent de moi. Il donne une nouvelle édition des consi- dérations que j'ai émises sur les caractères de la Mer (1) Voir Areographische Fragmente, dans les Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers de TAcadémie royale de Belgique, tome XXXVII. — Voir aussi Bulletins de l'Académie, tome XXX VI. ( 16o ) Sablier au point de vue de sa forme et de son histoire. L'auteur ne connaît que par moi les observations de Huy- gens et leur explication, et cependant il laisse le lecteur dans l'erreur à cet égard. 11 interprèle comme moi les des- sins de Cassini et de Campani, toujours sans me citer, et j'ai consacré plusieurs pages de mon mémoire à prouver le premier celte interprétation. J'ai publié une notice spéciale pour démontrer que l'apparence de bourrasque annoncée par le père Secchi était due à la Mer de Lockyer, et pour montrer la coïncidence des observations de Rome, de M. Lockyer et de M. Lassell le 18 octobre 1862; M. Flam- marion a aussi trouvé tout cela, et fait connaître tout cela sans me citer (\). M. Dawes aurait pu s'associer à moi dans ces réclamations: M. Flammarion, en effet, nous apprend que la baie Çourdme semble être Vemboxidmre d'un grand fleuve. Cette idée est de M. Dawes (2). Je continue en passant en revue plusieurs traits éton- nants de la part d'un astronome qui prétend avoir étudié tous les dessins de la planète Mars, et cela pendant quinze années. M. Flammarion ne devrait pas avoir beaucoup observé Mars pour connaître la difficulté avec laquelle on voit le Détroit de Dawes. Cependant, nous trouvons à la page 424: « Il est rare qu'on observe Mars sans remarquer la Mer » de Kaiser ou le Détroit de Dawes. » J'oppose le démenti le plus formel à cette assertion : il est très-rare, au con- traire, qu'on distingue-le Détroit de Dawes. On peut savoir qu'il devrait être visible, étant donnée la position de Mars, mais c'est tout. Celui-là seulement s'étonnera de ne pas le (1 ) Voir Bulletins de r Académie , tome XXXV. (2) Voir F. Terby. Aréograpkie , tome XXXIX des Mémoires couronnés de l'Académie, p. 73, et Monthly notices, vol. XXV, p. 225. ( 166 ) voir qui n'a aucune habitude d'observer celte planète. J'avoue que je ne l'ai jamais vu, et je doute fort que M. Flam- marion puisse avoir été plus heureux. L'auteur reproduit aux pages 414 et 415 huit dessins du P. Secchi qu'il attribue à l'année 1860. Ce n'est pas une faute d'impression : l'année 1860 tigure deux fois et est répétée dans le texte. Si M. Flammarion avait appro- fondi l'étude de son millier de dessins, comme il veut bien nous le dire, il saurait que J 860 n'a fourni que très-peu d'observations et que le P. Secchi n'en a point fait à cette époque. Lorsque l'on est habitué à cette étude, on doit voir, chi premier coup cVœil, que ces dessins ne peuvent se rapporter qu'à 1858. De plus, il semble croire que le Détroit de Dawes figure dans les quatre dessins de la page 414; or, c'est la Mer de Kaiser que l'on voit dans les deux derniers. Est-il dès lors difficile d'expliquer que, plus loin , en copiant mon mémoire, l'auteur parle des dessins de 1858, par Secchi, sans paraître savoir qu'il vient de les reproduire (p. 425)? Un mot encore au sujet d'une note insérée au bas de la page 429 : M. Flammarion nous apprend qu'il a souvent suivi les nuages de Mars emportés par le vent. Il rendrait un grand service à la science en publiant les dessins où des faits aussi curieux sont consignés. Mais, à défaut de ces dessins, il nous cite un exemple : « Le 22 juin 1875, D à 9 heures du soir, une vaste traînée nuageuse, tendue » vers l'équateur, donnait un certain air de ressemblance » avec Jupiter. » Je suis en mesure d'affirmer, de la façon la plus catégorique, que le 22 juin , à 9 heures du soir, le Détroit d'Herschel II se trouvait sur le disque et occupait la position signalée. Les calculs les plus rigoureux ne dé- mentiront point mon assertion. M. Flammarion prend donc ( 167 ) ici une tache permanente bien connue pour une traînée nuageuse. Il me reste à examiner les changements que M. Flam- marion a introduits dans le tracé de la carte de Mars ; tous ces changements, sans une seule exception, répondent à des questions que j'ai posées dans mon Aréographie, questions auxquelles l'auteur répond d'avance, sans les soumettre à la sanction de l'observation, attendu que Mars ne s'est plus montré favorablement depuis. L'auteur n'a garde de dire qu'il a trouvé toutes ces questions dans mon mémoire, non, il les a déduites lui-même de ses lon- gues études, c'est bien entendu, et, par une chance toute naturelle, elles coïncident avec les miennes. Quant à la réponse qu'il leur donne, il la déduit également de ses comparaisons de quinze années. Malheureusement, ou conçoit qu'en agissant ainsi, il ne fait que substituer des doutes nouveaux à des doutes préexistants. Enfin, ne fal- lait-il pas faire une carte nouvelle? Prenons quelques exemples : J'ai dit dans mon mémoire : les Mers de Zôllner et de Lambert sont-elles en communication avec la Mer de Phil- lips? Se partagent-elles en plusieurs branches? — J'atten- dais les observations de 1877 pour résoudre ces questions. M. Flammarion est plus habile : sans avoir observé, sans que l'on ait pu observer, il trouve que la Mer de Lambert doit communiquer avec la Mer de Phillips; quant à celle de Zollner, elle ne jouira point de cette faveur; mais, par compensation, elle se partagera en plusieurs branches. J'ai dit aussi : la Mer de Main est-elle simple ou com- posée de plusieurs lobes? Oui, répond aussitôt M. Flam- marion, cette petite mer se compose de deux lobes. Le Détroit de Nasmvth est-il en communication avec ( 168) la Mer de Tyclio?--Oui, certainement, répond encore la carte de l'auteur. J'ai dit aussi : quelle est la configuration des côtes de la Mer de Kaiser et de l'Océan de Dawes? — M. Flammarion aura mal compris cette question qui avait pour objet les détails des côtes et non la forme générale de la mer. Ce- pendant, voulant y donner aussi une réponse intuitive, l'auteur dessine la Mer de Kaiser en l'étranglant tellement au point où elle devrait avoir son maximum de largeur, c'est-à-dire au sud, que ce sablier devient méconnais- sable. Je laisse aux astronomes qui sont en possession de mon mémoire le soin de continuer cette comparaison très- instructive. CONCLUSION. Je crois en avoir assez dit pour décider les astronomes à se servir encore longtemps de la carte de M. Proctor et de sa nomenclature. Je les convie tous à observer la pla- nète Mars pendant l'opposition si favorable de cette année 1877, et à cbercher la solution des questions qui termi- nent les quatre premiers chapitres de mon Aréographie. Ces quatre chapitres, en effet, traitent des régions qui seront spécialement bien visibles en 1877. Je tiens des exemplaires de mon mémoire à la disposition des astro- nomes qui ne l'auraient pas encore reçu et qui désireraient prendre part à ces observations. Ils trouveront d'ailleurs mon travail dans le tome XXXIX des Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers de l'Académie royale de Belgique, dont la première partie a déjà été distribuée. ( i69 ) Après l'opposition de Mars, que je compte observer moi- même en employant tous les moyens à ma disposition, je serai heureux de recevoir communication des dessins de tous les collaborateurs bienveillants qui, jusqu'ici , m'ont secondé dans ces recherches. Note sur les équations différentielles homogènes et sur Véquation de Clairaut, par M. P. Mansion, professeur ordinaire à l'Université de Gand. Les équations différentielles homogènes du premier ordre et du premier degré jouissent exclusivement de quelques propriétés dont les unes n'ont pas encore été signalées, dont les autres ne l'ont été que dans le cas de deux variables. L'équation de Clairaut, les équations simultanées et les équations aux dérivées partielles ana- logues ont aussi des propriétés exclusives qui n'ont pas été remarquées. Nous nous proposons, dans cette Note, de faire connaître quelques-unes de ces propriétés. L ÉQUATIONS HOMOGÈNES. 1. Théorèmes préliminaires. Considérons, pour plus de simplicité, une équation à trois variables, supposée inté- grable : Mt/x -+- Mij H- Vdz = 0. M, N, P, sont des fonctions homogènes dex,y,z, de degré r, par exemple, de manière que ^ = 'P{x, rj, z) = x^ ^('\, s, t) = x^^, ( i^0) S et t étant définis par les relations y = sx^z = lx. On a dy = sdx -+- Xf/s, dz = idx -f- xdt. En substituant ces valeurs de dy, dz, dans l'équation don- née, on la met aisément sous la forme suivante : , !dx i'ds -^xdt ^ (Mx -f- Nv H- Pz — -+- — — = 0. On déduit immédiatement de là le théorème connu : I. Toute équation différenlielle homogène, du premier degré et du premier ordre : Mdx -h iXdy H- Pdz = 0, intégrable et telle que Von n'ait pas identiquement Mx -+- Ny + Pz = 0, a pour facteur d'intégrabilité l : (Mx + Ny + Pz). L'intégrale générale est de la forme x = CF"^ et représente des surfaces semblables. Les solutions sin- gulières, quand elles existent, sont données par Mx-i- Ny -h P2 = 0; c'est-à-dire qu'elles sont réductibles à X \XJ et représentent des surfaces coniques dont le sommet est à l'origine. Dans le cas où Mx h- % -h Pz =^ 0, on a pareillement o + s^ -h ^%==0; l'équation transformée est simplement ( 171 ) X i^.^cls -f- %dt) = 0, ce qui conduit à l'intégrale xJ qui représente une infinité de surfaces coniques. On peut donc énoncer le théorème suivant : ïî. Toute équation différentielle homogène , du premier degré et du premier ordre, Mdx -4- Ndy -h Pdz -= 0, inté- grable et telle que Mx H- Ny -h Pz = 0, a pour intégrale générale une expression homogène de degré zéro égalée à une constante arbitraire, autrement dit une équation ho- mogè)ie. Les équations à plus de trois variables jouissent évi- demment de propriétés analogues. 2. Réciproque du premier théorème. 111. Toute équa- tion Mdx -h jNdy -h Pdz = 0, qui a pour facteur cVinté- grabilité 1 : (Mx -h Ny -h Pz) est homogène ou réductible à la forme homogène. Ce théorème est connu, dans le cas de deux variables. Voici une démonstration pour le cas de trois variables qui s'étend sans peine au cas général. Posons U = Mx H- Nv + Pz. On a, par hypothèse f ) : rj M ri M "^ U ~" ^ ^ U ' s M ê N ^Û^ '' rJx\i' rJ M rJ P Su- 6x U ' (*) ^'ous employons ici, comme dans notre Théorie des équations aux dérivées partielles du premier ordre, les notations Irès-expressives dont Laplace se sert dans sa Mécanique céleste, pour désigner les dérivées d'une fonction par rapport à une lettre. ( 172 ) la première relation élaiit ajoutée pour la symétrie. Déve- loppant, il vient : U M — = U M — âx ^x âx âx u M — = 0- N — ^ij âij ^x âx êx oz âx âx Ajoutons ces égalités, après les avoir multipliées respec- tivement par X, y, z;\\ viendra : / -r. — I très-réfrangible du spectre. £ Une modification très-simple I dans la construction du tube permet d'examiner le gaz in- candescent à travers une lame dequartz qui est parfaitement transparent pour les rayons jj les plus réfrangibles. I AB est le tube large per- ô pendiculaire au tube capil- ( 192 ) laire CD. Ce dernier s'ouvre en entonnoir qui porte une monture métallique dans laquelle on insère une lame de quartz E. Le courant est transmis par cette monture. Quand ce tube est parcouru par le courant, en regar- dant à travers la lame de quartz, on voit l'axe du tube capillaire illuminé. La lumière émise n'a donc plus à tra- verser le verre. Ce sont ces moyens que je crois propres à sa reproduc- tion photographique des spectres des gaz. J'ai, du reste, commencé ce travail depuis plusieurs années et me pro- pose d'en soumettre bientôt les résultats à l'Académie. En attendant, voici quelques plaques photographiques qui permettent de juger avec quelle exactitude les raies brillantes se reproduisent, même au delà de la seconde octave la plus réfrangible du spectre solaire. La plaque A donne le spectre-type du soleil avec ses raies les plus fines de F à M et bien au delà. Cette plaque sert à la mesure des coïncidences des raies des gaz avec celles du soleil. La plaque B représente les raies l)rillantes du gaz hy- drogène conjointement avec celles de l'aluminium prove- nant des électrodes. Ces raies sont reproduites jusque dans la troisième octave du spectre. Enfin , une dernière représente les raies brillantes qui constituent, dans le spectroscope, une protubérance solaire. Cette plaque a été obtenue à l'aide de mon équalorial de 6 pouces, la fente du spectroscope étant maintenue sur une de ces protubérances extrêmement brillantes, dites métalliques. On peut juger par cette épreuve du rôle que la photographie est appelée à jouer dans l'astronomie phy- sique. ( 193 ) Action de Vacide azotique sur VéthyUne et du peroxyde d'azote sur l'acétylène; par M. Laurent Chevron, pro- fesseur à l'Institut agricole de TÉtat, à Gembloux. On sait que M. Berthelot a réalisé la synthèse de l'acide oxalique en oxydant i'éthylène par le permanganate de potassium. Je suis arrivé au même résultat en employant comme oxydant l'acide azotique au maximum de concentration. Densité = 1,50. Pour produire cette réaction, il suffit de faire passer bulle à bulle de I'éthylène, provenant d'un gazomètre, dans l'acide azotique contenu dans un tube à boules de Liebig. L'acide primitivement jaunâtre devient rougeâtre et , à mesure qu'il se charge de vapeurs nitreuses, la teinte se forme de plus en plus au point de devenir noirâtre. Généralement au quatrième jour de l'expérience des cristaux apparaissent au sein du liquide. 11 m'est arrivé plusieurs fois qu'en secouant le tube, je provoquais la cris- tallisation. Après avoir décanté l'eau mère acide, on dis- sout le produit par un peu d'eau qu'on introduit dans le tube. La dissolution, étant convenablement concentrée, abandonne des cristaux qui présentent tous les caractères analytiques de l'acide oxalique. L'essai a été fait avec tous les réactifs usités. Le précipité que l'on obtient en ajoutant à la solution aqueuse du chlorure de calcium a été lavé et desséché à 100°. On a pesé 873 milligrammes du produit et on a cal- ciné. On a obtenu 335,3 milligrammes de chaux vive. Or, 873 milligrammes d'oxalate de chaux séché à lOO'' ( 19i ) (C20%CaO -h H^O) doivent laisser théoriquement à la cal- cination un résidu de 554,8 milligrammes. En outre, 914 milligrammes de matière sécliée à 100" ont été dissous dans l'eau. Pour obtenir la neutralisation, il a fallu employer 85,6 CC. d'une lessive de soude caus- tique titrée par l'acide sulfurique. Ce volume d'alcali correspondait à 815,8 milligrammes SO^ et par conséquent à 915 milligrammes d'acide oxa- lique. Nous avons donc retrouvé en acide oxalique le poids de matière employée. Ces différents résultats mettent évidemment hors de doute la transformation de l'éthylène en acide oxalique par l'acide nitrique. Examen de l'eau mère acide débarrassée des cristaux. Ce liquide est saturé d'acide oxalique. On a cherché à y constater la présence de l'acide acétique. Pour cela, on a réuni les eaux mères de six opérations, on a neutralisé par l'eau de baryte, puis concentré fortement pour élimi- ner la majeure partie de l'oxalate et de l'azotate de ba- ryum. Le liquide, réduit à un petit volume et fort coloré en rouge brunâtre, a été additionné de nitrate d'argent. Le précipité, coloré en brun, fut bien desséché entre des feuilles de papier buvard, puis traité par l'acide sulfurique dans l'appareil suivant. Un tube à essais reçut le précipité qui devait contenir l'acétate d'argent dans le cas oh le liquide nitrique eût ren- fermé de l'acide acétique. Le bouchon de ce tube portait : 1° Un tube en S pour introduire l'acide sulfurique; ^'^ Un second tube courbe venant pénétrer dans un autre tube à essais destiné à servir de condensateur. De ce dernier partait un tube abducteur pour pouvoir recueillir sur l'eau les gaz qui pourraient se dégager. ( \9o ) Dès que l'acide vint au contact de la matière, un peu de vapeur rutilante apparut dans le tube à essais. On chauffa modérément et l'on recueillit sur l'eau un mélange de CO^ et de CO. Pas une goutte de liquide ne se condensa dans le tube condensateur quoiqu'il fiit refroidi dans une dissolution d'azotate d'ammoniaque. Par conséquent, le précipité pro- duit par l'azotate d'argent ne renfermait pas d'acétate et n'était probablement formé que d'oxalate. il nous semble permis de conclure que l'oxydation de réthylène, dans les conditions ci-dessus indiquées, s'effec- tue sans formation d'acide acétique. Gaz dégagés pendant la réaction. Je n'ai commencé à recueillir les gaz que lorsque tout l'air fut balayé de l'appareil et que l'acide nitrique fut de- venu franchement rougeâtre. Afin d'empêcher les vapeurs nitreuses de venir attaquer le mercure, j'ai disposé à la suite du tube à acide un second tube à boules renfermant de l'eau. De ce dernier partait un tube en caoutchouc dont le bout était engagé dans l'éprouvelle pleine de mercure de manière à en toucher le sommet. Pour faire sortir de ce tube le mercure qui s'y était logé, on accélérait le passage de l'éthylène dans l'acide. La pres- sion augmentait dans l'appareil et devenait suffisante pour dégorger le tube en caoutchouc non toutefois sans un petit soubresaut. Aussitôt que l'on voyait le bout du tube émer- ger au-dessus du niveau du mercure, on fermait le robinet d'admission de l'éthylène. De cette manière, la tension dans l'éprouvette est inférieure à la pression atmosphé- rique et le gaz de l'appareil n'éprouve aucune difficulté pour s'y rendre. On constate que le dégagement gazeux est faible; le mercure dans l'éprouvette ne descend que ( 196 ) Irès-leiUement et je devais parfois faire passer une bulle d'éthylène dans l'acide pour pousser dans l'éprouvette le gaz de l'appareil. J'ai ainsi recueilli plusieurs cloches de gaz. Nalurellemenl ce gaz renferme beaucoup d'élhylène échappé à la réaction. Il devient rutilant à l'air et trouble abondamment l'eau de chaux. 11 renferme donc du bioxyde d'azote et de l'anhydride carbonique. On a absorbé : L'éthylène par une balle de charbon imprégnée d'acide sulfurique fumant; Le gaz carbonique par une balle de potasse; Le bioxyde d'azote par une balle de papier à filtrer, im- bibée d'une solution concentrée de sulfate ferreux. Après l'action des absorbants, il est resté un résidu gazeux qui a présenté les caractères suivants : 1° Il n'entretenait pas la combustion; 2"* Mélangé avec l'oxygène, il donnait des vapeurs ni- treuses sous l'influence des étincelles de la bobine d'induc- tion ; 5*' Mélangé avec l'hydrogène et en présence d'un peu d eau ou d'une balle de charbon imprégnée d'acide sulfu- rique, il se contractait avec formation d'ammoniaque par le passage de l'étincelle. En efi'et, l'eau bleuissait le papier rouge de tournesol et la balle pulvérisée et chauffée avec de la chaux dégageait de l'ammoniaque. Ce résidu gazeux était donc formé par de l'azote. Comme les caractères ci-dessus n'excluaient pas la pré- sence d'une petite quantité de protoxyde d'azote, je me suis mis à la recherche de ce gaz. J'ai introduit du résidu gazeux dans un eudiomètre; j'ai ajouté de l'hydrogène, puis du gaz de la pile. J'ai fait passer l'étincelle; pas de contraction, donc pas de protoxyde. (197) En résumé le gaz recueilli renfermait : AzO co^ Az. Comme les vapeurs rutilantes au contact de Peau du laveur devaient donner AzO, il était indispensable de s'as- surer si AzO constaté ne provenait pas exclusivement de cette réaction secondaire. J'ai donc supprimé le tube laveur et lui ai substitué un tube horizontal, long de O'"^^ à O'^oO, et rempli de mor- ceaux de chaux vive et de potasse caustique. Avant son passage dans l'acide azotique, DH^ était des- séché au moyen de fragments de potasse placés dans un tube en U. Dans ces conditions, le gaz ne manifesta plus la présence de AzO : au contact de l'air il ne devenait plus jaunâtre; et si, avant de le recueillir sur le mercure, on le faisait passer dans une solution de sulfate ferreux, celle-ci ne noircissait qu'à la longue et d'une manière très-faible, ce que j'attribue à des traces de AzO^^ non absorbées par les bases alcalines. Lorsqu'on ne prend pas soin de dessécher préalable- ment l'éthylène, AzO reparaît dans le gaz dégagé. Il doit provenir alors de l'action décomposante de l'humidité de l'éthylène sur les vapeurs rutilantes qui forment l'atmo- sphère du tube à acide. Nous concluons qu'en oxydant l'éthylène, l'acide nitrique est réduit à l'état de AzO^ et de Az. En nous servant du chlorure cuivreux ammoniacal nous n'avons pu déceler l'acétylène dans le mélange gazeux dont nous venons d'indiquer la composition. Au surplus, ( 198 ) nous avons ultérieurement reconnu que Texistence de ce carijure est incompatible avec les conditions de Texpé- rience, vu qu'il est brûlé parles vapeurs nitreuses. Oydation de Facétylène par le peroxyde d'azote et l'acide nitrique : Dans un bocal rempli d'acétylène on laisse tomber quel- ques gouttes de AzO^. On met aussitôt le bouchon qui doit être bien rodé et on enveloppe le bocal d'un linge humide pour diminuer la tension des vapeurs rutilantes. On couche le bocal horizontalement et on le serre comme un coin entre deux parois fixes pour que le bou- chon ne soit pas projeté sous l'effort de la pression inté- rieure. Après quarante-huit heures, l'atmosphère du flacon est toujours rougeâtre; on ouvre le bocal sous l'eau et on recueille le gaz dans une éprouvette. Ce gaz renferme Co- : l'eau de chaux donne un précipité et il y a absorption. Il y a aussi présence de AzO qui provient partiellement ou totalement de l'action de l'eau sur AzO^ en excès. Un bocal de 125 CC. suffit pour l'expérience; on le remplit en déplaçant l'air par un courant d'acétylène. J'ai employé de l'eau de pluie bouillie pour recueillir le gaz résultant de l'oxydation, parce que je me suis aperçu que l'eau de pompe perdait Co^ de son bicarbonate de chaux au con- tact du contenu acide du bocal. On peut aussi brûler l'acétylène par l'acide azotique. On se sert d'un bocal analogue au précédent et l'on opère de la même manière. Après une vingtaine d'heures, l'at- mosphère du vase est devenue rutilante et le liquide qui était jaunâtre est devenu rougeâtre. Le gaz recueilli ren- ferme Co^; mais il est encore inflammable; ce n'est qu'après quatre ou cinq jours qu'il perd cette propriété. Dans les deux réactions précédentes on n'obtient pas ( 199 ) d'acide oxalique ou tout au plus des traces qui donnent un trouble insigiiKiant avec l'oxalate d'ammoniaque. On peut cependant obtenir cet acide en modérant l'oxy- dation. Voici comment on peut réussir: Dans un bocal de 225 CC. contenant C^H^, on laisse tomber une gouttelette de mercure, puis un peu d'acide azotique. On bouche le vase qui se remplit immédiatement de vapeurs rutilantes dues à l'oxydation, par l'O de l'air, du bioxyde produit par l'attaque du mercure. Après douze heures, on ouvre le bocal, on traite le contenu par de l'eau et l'on évapore au bain-marie. On ajoute une dissolution de H^S pour précipiter le mercure. On fdtre, on évapore et l'on obtient un résidu cristallisé d'acide oxalique. Dans une autre expérience, j'ai examiné la nature du gaz. Le flacon s'était complètement décoloré comme pré- cédemment ; il a été débouché sous l'eau. Le gaz renfer- mait Co^^ — AzO — Az — Az^O. Comme par la manière d'opérer le flacon renfermait de l'air, que AzO se produit quand on attaque le mercure par l'acide azotique, on comprend qu'il nous est impossible de dire si Az et AzO proviennent aussi de AzO^ successive- ment réduit par G^H^^ ]\îais nous pouvons l'aflhmer pour le peroxyde d'azote. Pour déceler ce corps, l'éprouvette recueillie sur l'eau a été immédiatement portée sur le mer- cure et l'on a fait sortir l'eau en perdant un peu de gaz. On a fait ensuite agir les absorbants : potasse et sulfate ferreux. Dans la crainte que le gaz ne renfermât encore un peu de C^H^, on y introduisit une balle de papier imbibée de chlorure cuivreux ammoniacal. Ce réactif n'a rien absorbé. On s'est débarrassé des vapeurs ammoniacales par une balle de charbon imprégnée d'acide sulfurique;à celle-ci a succédé une nouvelle balle de potasse. Enfin, on a pris un peu de résidu gazeux à part et l'on y ( 200 ) a ajouté de l'air ; on s'est ainsi assuré qu'il était complè- tement dépouillé de bioxyde. Le gaz était préparé pour qu'on pût aller à la recherche du peroxyde. Une portion a été additionnée d'hydrogène. On a noté le volume. On a ajouté du gaz de la pile. L'étincelle a déterminé une contraction notable. Dans un autre essai on a voulu être convaincu de la for- mation de l'eau. On a supprimé l'addition du gaz tonnant et l'on s'est borné à faire passer dans le mélange de résidu gazeux et d'hydrogène une série d'étincelles. A mesure que celles-ci se succédaient, la contraction se produisait et l'on vit bientôt de l'humidité se déposer sur les parois de l'eudiomètre. Le résidu gazeux renfermait donc un gaz oxygéné qui ne pouvait être que Az^O. Supplément au Bulletin de la séance du 6 janvier 1811 . M. De Tilly donne lecture d'une Note dans laquelle il fait valoir de nouveau les motifs à l'appui de la propo- sition (faite dans la séance du 15 décembre par les trois commissaires qui ont jugé le Mémoire de concours sur les imaginaires) de décerner un prix spécial à M. Maximilien Marie, pour l'ensemble de ses travaux sur le même sujet; il combat en même temps toutes les objections qui ont été faites contre cette proposition. Après avoir entendu MM. Folie, Stas et de Koninck, qui font observer que l'Académie ne peut décerner de récom- pense en dehors des conditions réglementaires, la classe décide qu'il n'y a pas lieu d'accueillir la motion précitée. ( 201 ) CLASSE DtS LETTRES. Séance du 5 février i877. M. Wauters, directeur, M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Ém. De Laveleye, vice -directeur; j. Roulez, Gachard, Paul Devaux , P. De Decker, J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, Ch. Faider, le baron Kervyn de Letten- hove, F». Chalon, ïhonissen, T. Juste, F. Nève, Alph. Le Roy, A. Wagener, J. Heremans, membres; Aug. Scheler, Alphonse Rivier, Arntz, associés; Ferd. Loise, Ch. Piol, Ch. Potvin et J. Stecher, correspondants. M. Mailly, membre de la classe des sciences^ assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. Wauters installe au bureau M. De Laveleye, élu vice- directeur pour l'année actuelle, qui était absent lors de son élection. M. De Laveleye remercie ses confrères pour l'honneur qui lui est fait. — M. le Ministre de l'Intérieur envoie une expédition de l'arrêté royal, en date du 28 décembre dernier, nom- mant président de l'Académie, pour 1877, M. Al vin, directeur de la classe des beaux-arts. — Le même haut fonctionnaire envoie pour la biblio- ( 202 ) thèque de TAcadémie, un exemplaire des ouvrages sui- vants : 1° Documents du XVI^ siècle, faisant suite à Vin- ventaire des chartes appartenant aux archives de la ville d'Ypres, publiés par J.-L.-A. Diegericiix, tome III, vol. in-8°: — ^° La Belgique et les États-Unis, lettres de Philadelphie, par Paul Marlier; in-8*'; — S** Les Maisons souveraines de l'Europe, origine, Jiistoire, généalogie, onze tableaux généalogiques, par Gustave de Fressancourt; in-8" ; — 4° Inventaire analytique et chronologique des chartes et documents appartenant aux archives de fan- cienne abbaye de Messines, publié par J.-L.-A. Diegerickx; in-8°. — Remercîraents. — L'administration communale de Bruges envoie un exemplaire du tome YI de VInventaire des archives de la ville. — Remercîments. — La Société littéraire et philosophique de Manchester fait parvenir ses dernières publications. — M. A.-J. ServaasvanRooijen fait hommage du recueil littéraire qu'il a publié en 1842-1844, sous le titre de Braga-S Indien. M. Rivier offre, de la part de M. Léon Vulliemin, pro- fesseur honoraire à l'Académie de Lausanne, un exem- plaire de son Histoire de la confédération suisse, 2 vol. in-12'\ La classe vote des remercîments pour ces différents dons et décide l'impression au Bulletin de la note lue par M. Rivier au sujet de l'ouvrage précité. — La Société de littérature de Londres et l'Université de Budapest remercient pour le dernier envoi des publica- tions académiques. ( 203 ) ÉLECTIONS. La classe procède, par scrutin secret , à l'élection des trois membres , chargés , conjointement avec le bureau, de la formation de la liste des candidatures aux places vacantes. CONCOURS DE 1877. Le terme fatal pour la remise des manuscrits destinés à prendre part au concours expirait le 1" février. Deux mémoires écrits en français, et portant pour devise: Le 1% Servatiir ad imum Qualîs ab incepto processil, et sibi constat. (Horace. Art poétique.) Le 2^^, La nationalité d'un peuple peut survivre long- temps à son indépendance. (E. QUINET.) ont été envoyés en réponse à la première question : Expliquer le phénomène historique de la conservation de notre caractère national à travers toutes les domina^ tions étrangères. La classe nomme MM. De Decker, Thonissen et Faider pour en faire l'examen. — Un mémoire écrit en flamand et portant pour devise : Fortuna tuum ludibrium , ( 204 ) a été reçu en réponse à la troisième question : ÉcnVe l'histoire de Jacqueline de Bavière y comtesse de Hainaut, de Hollande et de Zélande, et dame de Frise. MM. Waulers, Poullet et Heremans sont chargés d'en faire l'examen. — Il n'est parvenu aucun mémoire en réponse aux con- cours de Slassart ni de Saint-Génois, dont le terme fatal expirait aussi le 1*^' février. Le concours de Stassart demandait d'apprécier fin- fluence exercée au XVl^ siècle par les géographes belges, notamment par Mercator et Or félins . — Prix trois mille francs. Le concours Sainl-Genois offrait un prix de 450 francs à l'auteur du meilleur travail en réponse à la question littéraire suivante : De betrekkingen aanduiden, die in verschillende tijd- perken hebben bestaan tnsschen de vlaamsche poëzie en de ontwikkeling van het vaderlandsch en nationaal gevoel, en den invloed bepalen dien zij onder dit opzicht heeft gehad. Indiquer les rapports qui, à diverses époques , ont existé entre la poésie flamande et le développement du sen- timent patriotique et national, et déterminer l'influence qu'elle a exercée dans cet ordre d'idées. ( 20S ) RAPPORTS. Sept mois de la vie d'un peuple. Les Pays-Bas du 4^^ jan- vier au /^'' septembre '1566, d'après les mémoires et les correspondances du temps j par M. Charles Paillard, lauréat de Flnstitul de France. Mlappoti*t de Jtt. Alphonse WatUet^s. « J'ai déjà eu occasion, à plusieurs reprises, d'entretenir la classe des lettres de l'Académie des travaux de M. Pail- lard sur le XVF siècle et de constater les services que l'auteur a rendus à la science historique en publiant, aug- mentés d'excellents commentaires, quatre volumes conte- nant des documents restés inédits. Ces volumes s'arrêtent à la fin de l'année 1565. Le mémoire ci-joint a pour but de les continuer Sous le titre de Sept mois de la vie d'un peuple, il contient l'histoire de la Belgique pendant une partie de la célèbre année 1566. Les intitulés des subdivisions de ce mémoire suffisent pour révéler tout l'intérêt qu'il présente. Ce sont : 1° La dépêche du bois de Ségovie, 17 octobre 1565; 2° Remontrances des chefs-villes de Brabant, des états de Brabant et de Handre, pasquilles, libelles; 3° Protestations des grands seigneurs, remontrances de la duchesse au roi, correspondances diverses, portrait et rôle du comle d'Egmont; 4° Ligue et compromis. Origine et analyse de ce docu- ment. Portrait et rôle du prince d'Orange. Les assemblées de Bréda et de Hoogslraeten; 5" Rapports d'Andrelec (il faudrait écrire Anderlecht), ^'"^ SKHIE, TOME XLI!I. 14 ( 206 ) convocation des gouverneurs et des chevaliers de l'Ordre. Délibération di) la fin du mois; B*" Présentation de la requête ; 7° La modération des placards; S"" Les dépêches du mois de mai et du mois de juin 1566; 9*" Les débuts de l'ambassade du marquis de Berghes et du seigneur de Montigny; iO" Les grands prêches publics; 11 ° Le commencement de la mission du prince d'Orange à Anvers; 12*" Les assemblées de Saint-Trond et de Duffel; 15° Rapports établis à Saint-Trond entre les gueux et les églises luthérienne et réformée des Pays-Bas; 14'' Les assemblées de Duffel et de Saint-Trond , Suite; lo° La correspondance du roi et de la gouvernante pendant la première quinzaine d'août; 16° La mission du prince d'Orange à Anvers. Suite. Le bris des images dans cette ville; 17° Le bris des images. Son caractère et ses effets ; 18° Grande agitation à Bruxelles. L'accord du 25 août 1566. Les lettres d'assurance, les lettres réversales ; 19° La correspondance secrète sur les événements ac- complis du 19 au 25 août 1566. Basé sur une élude attentive des documents originaux et des écrits du temps, le récit de M. Paillard me paraît unir le mérite d'une grande impartialité à ceux que l'on ren- contre d'ordinaire chez les historiens. Au milieu de tant d'agitations, de tant de tendances diverses, il est difficile de ne pas se laisser entraîner par ses propres convictions. L'auteur ne paraît avoir bien jugé les personnages qu'il met en scène, sans dissimuler leurs fautes, mais aussi sans pallier les difficultés contre lesquelles ils avaient à lutter. ( 207 ) La classe comprendra qu'il ne peut entrer dans ma pensée de lui soumettre un examen minulieux du mé- moire de M. Paillard. Mes deux collègues, MM. Gachard et Juste, qui se sont particulièrement occupés du XYP siècle, sont plus à même que moi d'accomplir cette tâche. Je me bornerai à réclamer de M. Paillard quelques modifications à des phrases où l'on retrouve trop nettement le sentiment national de l'auteur. Henri IV peut être «son roi», comme il le dit ï° 50; quelles que soient les qualités du Béarnais, il n'a jamais été « leur monarque », pour les Belges. Cette expression ne peut subsister dans les publications de l'Aca- démie. A part cette réserve, je propose l'inserlion, dans nos Mémoires, du travail que M. Paillard a envoyé à la classe. » Je suis obligé d'abord de faire remarquer la singulière contradiction qu'il y a dans le double titre donné par M. Paillard à son mémoire, contradiction qui ne peut être que l'effet d'une inadvertance. M. Paillard l'a intitulé Sept mois de la vie d'im peuple. Les Pays-Bas du 1^^^ janvier au 4^^ septembre 4566. Or l'intervalle entre le l'^'^ janvier et le 1" septembre est de huit mois, et non pas de sept. C'est bien d'ailleurs des événements arrivés dans une pé- riode de huit mois que l'auteur nous présente le récit. La classe a vu, par le rnpport de mon savant confrère M. Wauters, les divisions de ce travail. Dans les faits que M, Paillard place sous nos yeux, dans les documents dont il donne des extraits ou des ana- lyses, il y a bien peu de choses qui ne soient connues. Mais il a habilement tiré parti de presque tout ce qui a été publié de notre temps, les Mémoires de Wesembeke et de Pontus Payen, la Correspondance française de la duchesse ( 208 ) de Parme avec Philippe II mise en lumière par Reiffen- berg, les Archives de la maison d'Orange, de Groen van Prinsterer, la Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pays-Bas , sans négliger les ouvrages qui jusqu'alors avaient servi de fondements à cette partie de notre histoire nationale. On pourrait reprocher à M. Paillard de s'être trop étendu sur certains faits, sur certains documents. Ce qui lui sert d'excuse, c'est que son ouvrage était évidemment destiné, lorsqu'il l'a écrit, à êlre publié en France, où les événements de nos troubles du XVP siècle ne sont pas familiers à beaucoup de lecteurs comme ils le sont en Belgique. M. Wauters a cité l'expression de notre roi Henri IV qui se trouve au fol. 50; je citerai deux autres passages. Au fol. 27 v% note 2, l'auteur dit: « Pour dé- » truire certaines erreurs accréditées en France, où l'on fait » figurer parmi les confédérés des seigneurs qui jamais ne » firent partie de leur ligue, nous donnerons, à la fin de » cette étude, les noms des principaux confédérés des » gueux, » et au fol. 90, dans la conclusion du mémoire : c( Le conflit (entre le fanatisme catholique et l'autocratie » espagnole, d'une part, le sentiment de l'indépendance » nationale et le fanatisme calviniste d'autre part) durera » jusqu'à la paix de Weslphalie Il changera l'équilihre » européen // nous vaudra enfin la grande politique » extérieure qu'Henri IV allait inaugurer au moment où » la mort le surprit » Comme le fait observer M. Wau- ters, si l'Académie vote l'impression du mémoire, il con- viendra que l'auteur modifie ces différents passages. L'appréciation, faite par M. Paillard, des causes, du ca- ractère, du développement des troubles de 1566, les juge- ments qu'il porte sur Philippe II, sur la duchesse de Parme, sur le prince d'Orange et le comte d'Egmont, sur d'autres ( 209 ) personnages encore qui jouèrent un rôle plus ou moins marquant dans ce grand drame historique, pourraient donner matière à plus d'une observation. Mais lorsqu'il s'agit d'une époque sur les hommes et les choses de laquelle, malgré les trois siècles qui nous en séparent, les opinions sont encore si diverses, toute liberté doit, me paraît-il, être laissée à l'historien de manifester la sienne, sous sa responsabilité. Une réflexion dont M. Paillard accompagne son récit, à propos des prêches publics qui eurent lieu malgré l'opposi- tion du prince d'Orange et des confédérés, ne rencontrera, par exemple, aucun contradicteur, car elle est frappante de vérité : « C'est, dit-il, le propre des agitateurs poliliques » de se flatter que les masses, une fois mises en mouve- » ment, s'arrêteront, pour leur complaire, juste au point » qu'ils ont à l'avance fixé. Singulière illusion, démentie » par tous les enseignements de l'histoire! Le peuple » est comme la mer. Lent à se mouvoir, il brave bientôt D les obstacles et renverse les digues qu'on tente de lui » opposer. » (Fol. 46 v°.) L'auteur est encore dans le vrai lorsqu'il dit, au sujet du bris des images : « Les principales causes de la propa- » galion du mouvement furent le défaut absolu de résis- » tanceetla stupeur dans laquelle les autorités constituées » parurent plongées pendant ces terribles jours. » (Fol. 82.) Il n'est pas besoin de remonter jusqu'au XV!*" siècle, il suffît d'avoir vécu dans des temps d'agitations pour savoir que ces causes-là produisent toujours les mêmes effets. Je signalerai , en passant, à M. Paillard une légère inexactitude. Fol. 39 r il attribue à Thomas Perrenot, sei- gneur de Chantonay, frère du cardinal de Granvelle, une lettre écrite à la duchesse de Parme, en 1566, par l'am- bassadeur d'Espagne à Paris: or cet ambassadeur n'était ( 210 ) pas Chautonay, c'élail don Francés de Alava;Chanlonay avait élé rappelé depuis deux ans sur les instances réité- rées de Charles ÎX et de Catherine de Médicis. Un des faits qui dans les annales de ce temps-là occupent une place importante est assurément la fameuse entrevue de Bayonne. Nombre d'historiens français et belges et , d'après eux, plus d'un historien d'autres pays, rapportent qu'à Bayonne le ducd'Albe, en vertu des instructions de Philippe II, sollicita Catherine de Médicis d'extirper et anéantir la nou- velle religion en France; qu'un traité secret fut même conclu dans ce but entre les deux couronnes; ils ne s'en tiennent pas là, mais ils prêtent au ducd'Albe, dans ses entretiens avec la reine mère, des paroles telles que celles-ci : qu'il importait d'abattre les plus hautes têtes, qu'on perdait son temps à prendre des petites grenouilles, qu'il fallait sérieusement travailler à pêcher des saumons et d'autres gros poissons (1). M. Paillard adopte, sans hésiter, cette version. A l'en- trevue de Bayonne, dit-il, les propositions tendant à « l'extermination des dissidents religieux sans exception » VINRENT POSITIVEMENT DE PHILIPPE 11; Ct si cllCS UC » furent pas acceptées par la teine mère, ce fut parce que » celle-ci n'était pas encore dans la situation où elle se » trouva sept ans plus tard quand elle se décida au mas- » sacre de la Saint-Barthélémy ; c'est aussi parce qu'avant » tout elle voulait expérimenter complètement son sys- » tème de bascule, opposer alternativement les catholiques » aux protestants, les prendre tour à tour sous sa protec- » tion pour leur permettre de respirer et de se relever, j> les user linalement par des coups répétés, et sur les (1) Ce sont les expressions de De Thou, liv. XXXVIII. ( 2H ) » ruines des partis élever rédiiice isolé du pouvoir royal. » Et il ne manque pas de faire ressortir, dans une note, la parole célèbre du duc d'Albe : que la tête d'un saumon valait mieux que celles de dix mille grenouilles. Eh bien! des documents d'une authenticité et d'une autorité également irréfragables, documents qui n'ont pas vu le jour jusqu'ici, que je sache, et qu'on trouvera dans le deuxième volume de mes Notices et Extraits des manu- scrits de la Bibliothèque nationale^ à Paris , actuellement sous presse, donnent un démenti à ces assertions. Au moment où la reine Elisabeth de Valois partit pour Rayonne, Charles ÏX avait pour ambassadeur à la cour de Madrid Jean d'Ébrard, seigneur deSaint-Suplice. Ce diplo- mate accompagna la reine dans son voyage, et il revint de Bayonne en même temps qu'elle. Il arriva, dans les der- niers jours de juillet 1565, à Ségovie, où était Philippe II; le 5 août le roi lui accorda audience. Saint-Suplice le remercia beaucoup du contentement qu'il avait donné à Leurs Majestés Très-Chrétiennes en leur envoyant la reine Elisabeth; Philippe, à son tour, remercia le roi très-chré- tien et la reine mère de la réception qu'ils avaient faite à sa femme, ainsi que des faveurs dont ils avaient comblé les seigneurs et les dames de sa suite. Dans une dépêche du 11 août, Saint-Suplice rend compte de ces particularités à Charles IX, et il ajoute : « Je suiviz à luy dire que, à la vérité, VV. MM. TT. CC. aviez bien tousjours pensé, et tout le monde s'estoit aussy actendu, que ceste veue n'auroit à contenter simplement les ungs et les autres en Payse et plaisir de vous retrouver ensemble, ains qu'elle auroit à produire plusieurs nou- veaulx moyens de plus estroictement confirmer et ac- croistre, non-seullement à ceste heure, mais aussy pour Tadvenir, l'intelligence et confédération de voz deux cou- ( 212 ) ronnes, avec autres bons effectz pour le bien universel de la chrestienté, et que, la royne ayant actendu quelques jours que le duc d'Alva luy en entamast les matières, voyant qu'il n'en tenoit compte, elle-mesmes luy en avoit ouvert ung propoz, conforme à la naturelle amityé et habondance d'affection maternelle qu'elle porte à Vos deux Majestez, ses enfans : en quoy, encore que du commence- ment elle l'eust trouvé aulcunement froid, il avoit toutes- foys depuys monstre tant bien gouster ledict propoz, qu'il avoit traicté avec tant de bonne intention et de suffisance, qu'elle estoit demeurée grandement salisfaicte de luy, et n'avoit peu laisser de me commander bien expressément de bien fort remercier Sa Majesté Catholicque d'avoir voulu ainsy dignement accompaigner la royne vostre seur de ce grand personnaige, qui véritablement s'estoit montré tel qu'on Favoit tousjours estimé, sçavoir est : très-digne mi- nistre du grand prince qu'il servoit, et qu'elle luy avoit BIEN VOULU COMMUNICQUER LE PRINCIPAL ESTAT DE VOZ AFFAIRES, EN CE MESMEMENT QUI CONCERNOIT LA CONSERVA- TION DE LA RELIGION ct l'establisscment de vostre authorité dans vostre royaulme : en quoy elle l'avoit trouvé de si bonne et droicte intention à luy conseiller le bien de vostre couronne, que non-seullement il avoit approuvé ce qui tournoit au proffict d'icelle etseurté de vos Estatz, ains avoit exhorté ladicte dame d'y prendre garde de bien près, et surtout à maintenir vostre obéissance et faire estroicte- ment observer voz édictz, sans permectre que par nul prétexte il fût loysible à aulcung de les enfreindre, sans en recepvoir si notable chastiment qu'il en servît d'exemple aux aultres... » Voilà déjà qui prouve deux choses : en premier lieu, que le duc d'Albe ne prit pas, à Rayonne, l'initiative de propositions tendantes à l'extermination des calvinistes de ( 215 ) France; ensuite que ce fut Catherine de Médicis qui spon- tanément l'entretint de l'état des affaires de la religion dans ce royaume. Mais nous avons, sur ce qui se passa entre la reine mère et le ministre de Philippe II, des renseigne- ments plus précis. L'objet principal des sollicitudes de Catherine de Médicis, l'affaire dont elle avait surtout entretenu, à Bayonne, et la reine sa tille et le duc d'Albe (et c'est à quoi s'applique ce que dit Saint-Suplice dans sa dépêche, que du commence- ment elle avait trouvé celui-ci « aulcunement froid »), était la conclusion d'alliances matrimoniales entre les maisons de Valois et d'Autriche : elle souhaitait que Charles IX épousât l'archiduchesse Anne, le duc d'Anjou la princesse dona Juana, sœur du roi d'Espagne, et ma- dame Marguerite le prince don Carlos. Saint-Suplice eut ordre non-seulement d'agir auprès du roi catholique, pour lui faire goûter ces projets d'union, mais encore de voir les deux ministres influents, le prince d'Eboli et le duc d'Albe, et de ne rien négliger de ce qui pouvait contribuer à les y rendre favorables. Il remplit envers l'un et envers l'autre les intentions de sa cour. A cette occasion il crut devoir toucher un mot au duc d'Albe des communications que la reine mère lui avait faites sur les affaires politiques et religieuses de la France, et voici ce qu'il écrit là-dessus dans un mémoire joint à sa dépêche du 11 août : « Le duc me respondit que, luy ayant la royne faict l'honneur de luy communicquer ce qu'il luy avoit semblé bon de ses présens affaires et des plus généraulx et impor- tans de la chestienté, il s'estoit despouillé de toute autre affection ou passion qu'il pouvoit avoir apportée en luy, fors de celle qui convenoit à luy donner son advis en pareille fidélité et servitude comme s'il eust esté propre et naturel conseillier et subjcct de LL. TT. CC. MM.; et ( 214 ) ainsy, sur le faict de la religion et tranquillité de leurs subjeclz, qui estoit le plus important, tant au particulier du royaulme que au général des autres Estatz chrestiens, après avoir sur ce recueilly diverses choses de plusieurs qui particulièrement luy en a voient parlé, voulut bien dire à Leursdictes Majestez que le temps ne sembloit requé- rir qu'on USAST, NY de la RIGUEUR DES ARMES POUR EXTER- MINER, ny de la doulceur de dissimulation pour excuser les faultes qui ordinairement se commectoient en France : car, comme ne pourroit estre trouvé bon que le roy dres- sast armée dans ses pays pour tourner ses mesmes forces contre ses propres subjectz, aussy n'y avoit-il lieu de tol- lérer que les téméraires et Irop audacieux y demeurassent sans pugnition; qu'il estoit vray qu'iL n'y avoit aulcune SEURETÉ DE COMMECTRE LA RELIGION A UNG SI INCERTAIN ÉVÉNEMENT COMME CELLUY DES ARMES, ET NE LE CONSEIL- LERoiT JAMAIS i Car s'il advcuoit d'y succéder une foys mal, tout iroit à grand danger, mais qu'il falîoil que les armes demeurassent tout entièrement es mains du roy, pour estre manyées par ceulx à qui il luy plairoit les commectre, et que les lieutenans et gouverneurs tinssent la main, par toutes les provinces, que son authorité y fût bien gardée, sesédictz entièrement et exactement observez, et les trans- gresseurs sans dissimulation rigoureusement pugniz, bien QUE AULCUNS EUSSENT PENSÉ Qu'iL AVOIT A CONSEILLER TOUT AUTREMENT LL. MM., ET LES INCITER A PRENDRE LES ARMES CONTRE CEULX DE l'aULTRE RELIGION, MAIS n'eSTOIT ALLÉ EN France pour y faire ung si mauvais office, ni le roy son MAISTRE NE l'eN EUST ADVOUÉ. » EtSaint-Suplice ajoute : « A quoy je respondiz que, à la T) vérité, quelques-uns avoient eu telle opinion de luy, et » que j'avois heu assez à faire de le leur dissuader, mais ( 215 ) » que la royne (Calherine de Médicis) avoit ouvertement » rendu tesmoignage de ce qui en estoit. » I! faut remarquer ces expressions : que quelques-uns avaient eu telle opinion de luy. Elles expliquent les bruits qui circulèrent dès lors en France, et qui, accueillis, pro- pagés par les partisans des nouvelles doctrines religieuses, auxquels Philippe II et le duc d'Albe étaient en horreur, acquirent une consistance telle qu'un historien comme de Thou ne balança pas à les admettre sans ultérieur examen. Ceux qui sont venus après lui n'ont fait que le copier. Et c'est ainsi que les erreurs s'accréditent et se perpétuent dans l'histoire. Combien d'autres exemples n'en pour- rait-on pas citer? Je conclus en proposant, ainsi que mon honorable con- frère M. Wauters, mais sous la réserve des observations qui précèdent, l'impression du mémoire de M. Paillard. Rappot't (te M. Th. Jttate. « Je me joins à MM. Wauters et Gachard pour proposer l'impression du travail de M. Paillard dans les Mémoires de l'Académie. Mes savants confrères vous ont fait connaître la valeur de cette étude. Après ce qu'ils en ont dit, je puis être bref. Je me bornerai donc à constater que M. Paillard a su mettre en relief, avec talent, les grands événements qui remplirent l'année 1566 et dont l'influence fut à cer- tains égards prépondérante; qu'il a su tracer un tableau véridique de cette mémorable période par une conscien- cieuse analyse des documents contemporains et notam- ment des précieuses correspondances que MM. Gachard et Groen Van Prinster ont mises à la disposition du public. M. Paillard, selon la remarque de notre savant confrère, n'a point ajouté des révélations nouvelles à ces imposants ( 2i6 ) témoignages; je dirai même que ses appréciations el ses jugements se retrouvent, pour la plupart, dans les plus récentes Histoires de la révolution des Pays-Bas au XVP siècle. Mais l'auteur de Sept mois de la vie d'un peuple, s'imposant une tâche moins vaste, a su, je le répète, l'accomplir avec un incontestable talent. Nous avons sous les yeux une monographie à la fois solide et brillante. Je dois cependant contester les conclusions de l'auteur. M. Paillard soutient que, après 1566, la lutte s'est exclusi- vement engagée entre le fanatisme catholique et l'auto- cratie espagnole, d'une part, le sentiment de l'indépendance nationale et le fanatisme calviniste, d'autre part. Pourquoi oublie-t~il le parti unioniste, le parti fédéral, celui qui, s'inspirant du Compromis de 1566, voulut, par la Pacifica- tion de (iand, fonder et maintenir l'indépendance des dix- sept provinces en donnant pour base à cette indépendance non le fanatisme, mais la tolérance? Il eût été convenable de signaler tout au moins l'existence de ce grand parti dont la disparition amena la ruine de notre patrie et permit plus tard à la France d'inaugurer ce que M. Paillard ap- pelle complaisamment la grande politique extérieure. Toa- chant cette grande politique, nous ne sommes ni ne pou- vons être du même avis : pour les Pays-Bas méridionaux, pour la Belgique, elle fut un véritable fléau. Elle démembra notre patrie; elle nous imposa les traités à jamais regrettables des Pyrénées, d'Aix-la-Chapelle et de Nimègue. L'auteur du mémoire présenté à l'Académie n'appar- tient pas à la Belgique : on comprend son admiration pour Henri IV, Richelieu, Louis XIV. Je la respecte, cette ad- miration; mais il m'est impossible de la partager. » Conformément aux conclusions favorables de ses trois ( 217 ) commissaires, la classe a décidé l'impression du travail de M. Paillard dans le recueil des Mémoires in-8°. COMMUNICATIONS ET LECTURES. L'Histoire de la confédération suisse, par M. Louis Vidlie- min ^ professeur honoraire à V Académie de Lausanne; note par M. Alph. Rivier, associé de l'Académie. J'ai l'honneur d'offrir à la classe des lettres , de la part de M. Louis Vulliemin, professeur honoraire de l'Académie de Lausanne, deux petits volumes qu'il a publiés récem- ment sous le titre d'Histoire de la confédération suisse: t. I, Des plus anciens âges aux temps de la réforme; t. II, Des commencements de la réforme à notre temps. Lau- sanne, 1875-1876. Le nom de l'auteur est honorablement connu depuis plus d'un demi-siècle grâce à de nombreuses publications, dont plusieurs sont considérables, et qui sont généralement consacrées à la Suisse, à sa description et à ses annales. L'un des traducteurs, avec M. Monnard, de l'Histoire na- tionale de Mùller, Gloutz et Holtinger, M. Vulliemin en est aussi le continuateur. Il a fondé, il y a quarante ans, avec le baron de Gingins La Sarra, l'excellente Société d'his- toire de la Suisse romande, qu'il a présidée dès l'origine et pendant dix-huit ans ; il est aussi l'un des fondateurs de la Société générale helvétique des recherches historiques, et je crois qu'on peut saluer en lui, dans sa verte et tou- jours studieuse vieillesse, le doyen des historiens suisses ( 218 ) d'aujourd'hui. Il a vu s'opérer la transformation de l'étude du passé , l'ouverture et le classement des archives, l'avé- nement de la critique et de l'exactitude, sans cesser un seul instant de prendre une part active aux progrès de la science et de la méthode. Assurément, il y a lieu de se féli- citer lorsqu'un homme ainsi préparé consent à écrire un livre élémentaire, bref, simple, limpide, non hérissé de notes et de citations, pour mettre à la portée de tous la vraie moelle des trésors accumulés durant une longue vie de travail. On a cru longtemps faire acte de patriotisme en accueil- lant dans les ouvrages destinés au grand public et à la jeu- nesse diverses légendes aimables et glorieuses que l'on donnait pour des réalités. Ainsi a fait Zschokke dans son livre plein de foi, de sève et de feu; ainsi a fait encore M. Alexandre Daguet, dans un volume fort bon d'ailleurs et mainte fois réédité, où l'on remarque une certaine pro- pension à transiger avec la fable et à ménager des préjugés séculaires. M. Vulliemin n'a point de ces faiblesses. Ne voulant faire que de l'histoire exacte, il accepte franche- ment, mais toujours prudemment, les résultats de la cri- tique. Non qu'il dédaigne la pure tradition, mais il la met à sa place, et cette place est souvent dans le domaine de l'imagination nationale, de l'art, de la poésie. Aussi n'est-ce pas dans l'exposé des événements du XIV^ siècle qu'il faut chercher les aventures de Tell, mais dans le tableau du développement intérieur de la Confédération immédiate- ment avant la Renaissance, avec les chroniques, les chants populaires et les représentations théâtrales. Quelques pages sont consacrées, d'autre part, conformément à l'état de la science moderne, à la flore, à la faune et à l'humanité pré- historiques. ( 219 ) Commençant ainsi son histoire suisse un nombre indé- fini de milliers d'années avant notre ère, M. Vulliemin la clôt en 1848, au moment où la Confédération s'est donné la constitution qui l'a régie jusqu'en 1874. L'ouvrage est divisé en cinq périodes ou parties, savoir : Les anciens temps, jusqu'à la confédération de 1291 ; l'Empire et la libérien jusqu'à l'alliance française de 1521 ; l'Age de la réforme, jusqu'à la paix de Westphalie; la Domination de l'aristocratie, jusqu'à 1799; enfin la Dé- mocratie moderne. Il est aisé, il peut être très-réellemenî utile, de compo- ser de gros et de nombreux volumes sur une matière aussi abondante que l'est l'histoire des vingt-deux petits pays, si divers et de fortunes morales et matérielles souvent si opposées, qui forment la Confédération suisse. Il est infini- ment plus difficile, et j'ajoute, il est plus méritoire dans l'état actuel des choses, de condenser tant de richesses dans moins de 800 petites pages aussi pleines que concises et de faire ainsi, en même temps qu'une œuvre scientifique d'excellent aloi, une œuvre patriotique, une œuvre litté- raire et même une œuvre d'art. C'est là une tâche que peu d'écrivains sont capables de mener à bonne fin. M. Vullie- min l'a entreprise, ainsi qu'il le dit lui-même, dans le cours de sa soixante-dix-sepiième année. Octogénaire au- jourd'hui, il la voit achevée et il a le droit de se dire qu'il a réussi. M. Ch. Potvin donne lecture d'une notice intitulée : Siècle littéraire des ducs de Bourgogne. Une énigme : Quel est l'auteur de Li ars d'amour, de vertu et de ( 220 ) BONEURTÉ, publié par l'Académie d'abord sous le nom de Jehan le Bel, puis sous celui de Jehan d'Arkel? Après avoir entendu les observations verbales et les réserves exprimées par quelques membres au sujet de cette lecture, la classe décide que la notice de M. Potvin paraîtra dans le Bidlelin. M. le baron Kervyn de Lettenhove, en demandant éga- lement à la classe d'insérer dans son Bulletin le travail de M. Potvin afin que tous les éléments du débat soient placés sous les yeux du public, conteste les conclusions que l'au- teur de cette communication a cru pouvoir adopter. D'après M. Kervyn de Lettenhove, l'attribution de li Ars d'amour et de boneurté ne pouvant être déniée à un évéque d'Utrecht, il faut, pour déterminer son nom, consulter les vers énigmatiques dans lesquels M. Petit a retrouvé le nom de Jean d'Arkel; et il y a lieu de ne pas perdre de vue que les formes du style et de l'orthographe rattachent incontestablement cette œuvre au XÎV*^ siècle et non point à la seconde moitié du XV siècle, comme l'a cru M. Potvin. — Vu l'heure avancée, M. Gachard demande que la con- tinuation de sa lecture, »S?. (x - Xi) (x — Xa) . . . (x — X J = 0 peut servir à définir Vinvolution du n^ ordre. Déduire analijtiquement ou géométriquement, de cette forme, les autres formes de Vinvolution du n^ ordre, qui correspondent aux formes connues de Vinvolution du 2d ordre. Chercher, en outre, la notion qui correspond , pour le xf ordre, à celle du rapport anharmonique dans le second. SCIENCES NATURELLES. QUATRIÈME QUESTION. V Académie, voulant encourager Vétude de la crgpto- gamie végétale, demande la flore des algues, des champi- gnons, des lichens ou des muscinées croissant en Belgique. Le choix du gr^oupe est laissé aux concurrents. La flore sera méthodique et comprendra les renseigne- ments nécessaires sur la morphologie et révolution des espèces qui ont été déjà récollées en Belgique ou dont Vindigénat est à présumer. CINQUIÈME QUESTION. Faire connaître Vanatomie comparée de V appareil urinaire dans V embranchement des vertébrés, en s'ap- puyant sur de nouvelles recherches organogéniques et histologiques. ( ^23^ ) SIXIÈME QUESTION. On demande de nouvelles recherches sur la formation, la constiiuLion et la compositioït de la chlorophylle, et sur Le rôle physiologique de cette substance. Le prix pour la troisième et la sixième question sera une médaille d'or de six cents francs; pour la deuxième, la quatrième et la cinquième, une médaille de huit cents francs; et pour la première, une médaille de m27/e /"rancs. Les mémoires devront être écrits lisiblement et pour- ront être rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils devront être adressés, francs de port, à M. J. Liagre, secrétaire perpétuel, avant le 1" août 1878, au palais des Académies. L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations; les auteurs auront soin, par conséquent, d'in- diquer les éditions et les pages des ouvrages cités. On n'admettra que des planches manuscrites. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; ils y inscriront seulement une devise, qu'ils reproduiront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faule par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. Les mémoires remis après le temps prescrit ou ceux dont les auteurs se feront con- naître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais, en s'adressant,à cet effet, au secrétaire perpétuel. ( 236 ) — La classe accepte, dès à présent, pour le Programme de concours de 1819, la question suivante : Exposer l'état actuel de nos connaissances, tant théori- ques qu'expérimentales, sur la torsion; et perfectionner, en quelque point, ces connaissances, soit au point de vue théorique , soit au point de vue expérimental. RAPPORTS. Sur le rapport verbal de M. Houzeau, la classe décide l'impression, dans le Bulletin de la séance, d'une com- munication de M. Camille Flammarion en réponse à l'article de M. F. Terby sur la planète Mars, qui se trouve inséré dans le Bulletin du mois de février. — La classe vote des remercîments à M. J. Plateau pour la deuxième partie de sa Bibliographie générale des phénomènes de la vision sur laquelle M. Quetelet et M. Duprez font un rapport. Celte deuxième partie figurera dans les Mémoires in-4''. Recherches înicroscopiques sur l'anatomie du limaçon des mammifères, par M. le docteur Nuel. MtappoÈ^t de M. Ch. J^a»% BnHthehe. Tous les bistologistes savent que le limaçon et surtout les parties qu'il renferme, sont des objets dont l'étude est entourée de sérieuses difficultés. Ces difficultés provien- nent notamment de la présence de la coque osseuse, qui protège l'appareil situé à la terminaison périphérique du ( 237 ) • nerf limacien, de la grande complication de cet appareil, et endn de l'altérabilité extrême de ses parties compo- santes. Aussi les auteurs sont-ils loin d'être d'accord sur un grand nombre de points concernant la structure de l'appareil en question. M. Nuel, qui vous présente aujourd'hui un travail in extenso sur la matière, s'était déjà occupé du même sujet et nous possédons de lui un mémoire (1) très-favorable- ment accueilli par les analomistes. Dans le travail soumis à notre examen, l'auteur s'arrête d'abord aux méthodes d'investigation auxquelles il a eu recours; c'est une idée heureuse, du reste généralement suivie aujourd'hui. Com.me le dit avec justesse M. Nuel, le choix de la méthode de préparation employée influence puissamment les résultats obtenus par l'anatomiste; d'ail- leurs comment, sans la connaissance de cette méthode, contrôler les assertions de l'auteur? Après l'exposé des modes de préparation employés par lui, M. Nuel entre dans quelques détails touchant la confection des dessins, et il se range complètement de l'avis de Boettcher, qui dit : « Dans la confection des dessins, on ne procédera pas de la même manière dans tous les cas. Là où il s'agit d'une observation isolée, destinée à résoudre une question pendante, il faudra copier la préparation servile- ment et dans tous ses détails. Mais si l'observateur a vu des centaines de fois et de la même manière un seul point, et s'il a en main des centaines de preuves qui démontrent que ce point se présente normalement sous telle face et non pas sous une autre, alors il ne sera pas seulement permis, mais nécessaire de le représenter tel qu'il est (1) InArchiv.f. mikr. AnaL 1872, vol. VJII,p. 200. ( 238 ) réellement, et non pas tel qu'il se présente par hasard, fortement endommagé, dans nne préparation destinée à élucider une tout autre question. » C'est d'après ces pré- ceptes que l'auteur a confectionné les quatre planches qui accompagnent son mémoire; ces planches, disons-le dès à présent, sont de vrais chefs-d'œuvre de patience et d'exactitude; inutile d'ajouter, croyons-nous, qu'elles sont indispensables pour l'intelligence du texte. M. Nuel a jugé opportun de reléguer à la fin de son travail, sous forme de remarques, certaines questions en litige, certaines considérations critiques; il estime que les allures de son exposé en seront moins embarrassées et que le lecteur ne s'en plaindra pas. A notre avis, si cette manière de faire présente certains avantages, elle a aussi des inconvénients; c'est ainsi qu'il devient souvent diffi- cile de faire la part de l'auteur, de distinguer immédiate- nnent ce qui lui est propre de ce qui appartient à d'autres. Cet inconvénient est si vrai que, dans certaines parties de son travail, notamment aux chapitres oij il est question des cellules acoustiques et des nerfs de l'organe de Corti, M. Nuel se départit du plan qu'il a dit de suivre, et entre dans quelques considérations critiques. Quoique les recherches personnelles de l'auteur n'aient porté que sur l'appareil compliqué qui existe à la termi- naison périphérique du nerf limacien, il a cru ne pas faire chose inutile en rappelant d'abord et en illustrant par un dessin dans le texte la disposition générale du limaçon. Après quelques considérations intéressantes sur la rela- tion qu'il constate entre les trous de la kabenida perforata et les dents de la habenula sulcata, il aborde l'étude de la membrane basilaire. Cette étude lui permet de con- ( 239 ) firmer ses recherches antérieures sur le même sujet, et il arrive à des résultats presque en tout semblables à ceux consignés dans sa première publication. Il répond ainsi aux critiques que Boettcher avait produites contre sa description et, dans la remarque n*" 1, il s'attache surtout à faire ressortir les vraies causes de la divergence qui existe entre la manière de voir de cet anatomiste et la sienne. A la description de la membrane basilaire, succède celle de Varc de Corti. La configuration des piliers de l'arc, leur structure, leurs appendices, leur mode d'inser- tion sur la membrane basilaire fixent plus particulièrement l'attention de l'auteur. Jl n'a jamais rencontré, entre les têtes des piliers internes et externes, la moindre trace des noyaux signalés, en ces endroits, par Waldeyer et Gottstein; il est probable, d'après lui, que, là où ces noyaux existent, ils sont le résultat d'un accident de pré- paration. Après avoir décrit avec soin la membrane réliculairej ce treillis élégant qui sert d'encadrement et de point d'attache aux extrémités supérieures des cellules acous- tiques externes, l'auteur entame la description des cel- lules acoustiques mêmes. Il commence par les externes qu'il distingue en cellules de Corti ou cellules acoustiques descendantes, et en cellules de Deiters ou cellules acous- tiques ascendantes. C'est surtout ici que l'auteur a eu à lutter contre les difficultés résultant de la grande altérabi- lité des éléments. Après avoir vaincu en grande partie ces difficultés, il arrive à des résultats qui, sous plusieurs rap- ports, s'éloignent de ceux obtenus par d'autres histolo- gistes. C'est ainsi, par exemple, qu'il démontre que la surface supérieure du corps cellulaire, et qu'on pourrait ( 240 ) appeler le plateau de la cellule de Corti, supporte un cer- tain nombre de prolongements, non en forme de cils, mais de petits prismes ou bâtonnets; et que, dans une vue de face de l'organe de Corti et de la membrane réticulaire en place, on peut s'assurer que ces bâtonnets sont dis- posés en demi-cercle ouvert en dedans, du côté de l'arc de Corti. L'auteur insiste sur les adhérences entre les cel- lules de Corti d'une rangée et les cellules acoustiques ascendantes. 11 donne de ces derniers éléments, encore plus controversés aujourd'hui que les cellules de Corti, une description qui, d'une manière générale, se rap- proche de celle de Boettcher et de Winiwarter, c'est-à- dire qu'il considère la cellule de Deiters comme formée de deux parties : une base élargie, le cylindre, s'insérant sur la membrane basilaire, une extrémité pointue, le cône, s'insérant sur les trabécules de la membrane réticulaire. Il ne peut comprendre comment Waldeyer et Gottstein parlent d'un simple prolongement que leur cellule acous- tique gémellaire enverrait vers la membrane réticulaire; ce prolongement, en effet, est toujours un cône assez épais et se prolonge en haut en un lilet qui va s'insérer sur la membrane réticulaire. L'auteur donne d'abord une idée générale de ces cellules, de leur forme, de leur contour, de leur direction. Il reprend ensuite l'examen de la constitu- tion intime des deux espèces de cellules acoustiques et des rapports qu'elles affectent entre elles. Contentons-nous de dire ici, en ce qui concerne les cellules de Deiters, que, d'après l'auteur, le cône est une formation solide, tout à fait remplie de substance fibrillaire, tandis que le cylindre est un corps creux; les lignes de contour de ces cylindres sont l'expression d'une substance unissante entre ces éléments, d'un ciment qui a subi une certaine dureté au point de pouvoir être isolé des cylindres. (241 ) Après avoir procédé par analyse, en disséquant aussi loin que possible les cellules acoustiques externes, l'au- teur procède en sens inverse et il réunit, dans leurs véri- tables rapports, les éléments obtenus dans sa dissection; ceci lui fournit l'occasion de parler des rapports qu'affec- tent les fibres de la membrane basilaire avec les cellules acoustiques externes. Il revient aussi sur un point qui, lors de sa première publication, avait déjà attiré son attention , à savoir l'insertion du pédicule de la cellule de Corti, au centre des polygones correspondant à l'insertion inférieure des cellules de Deiters, et il tire de ce fait toutes les con- séquences qui en découlent. Il décrit également, au sein des cellules acoustiques externes un système très -développé de fentes et de lacunes débouchant les unes dans les autres; ce système communique largement avec le tunnel de Corti , par l'in- termédiaire de larges espaces libres entre les piliers de Corti externes, et, par l'intermédiaire des lacunes en forme de rames de la membrane réticulaire, avec l'espace ou les organes situés immédiatement sur cette membrane. Revenant alors sur une particularité de structure des cellules acoustiques externes, l'auteur nous fait connaître que, contrairement à Boettcher, à Gottstein, à Waldeyer, à Hensen et à d'autres, il n'a jamais rencontré de trace d'un fdet central dans la cellule de Corti; tout au plus a-t-il vu quelque chose d'analogue dans le cône de la cellule de Deiters; encore doute-t-il si le filet, en apparence central, se trouve au centre du cône ou bien à sa surface. Il prouve que les cellules fusiformes, dont parle Deiters, sont des productions artificielles, qui s'expliquent par l'in- time adhérence entre les cellules ascendantes et descen- dantes. ( 242 ) II termine sa description des cellules acoustiques externes, par celle d'un système de libres d'une finesse extrême, dont l'existence est constante, et qui courent le long de chaque rangée de cellules acoustiques dans un plan qui ne coïncide pas du tout avec celui des fibres nerveuses, avec lesquelles il importe de ne pas les con- fondre. Décrivant ensuite les cellules acoustiques internes, l'au- teur insiste sur les différences notables qui les éloignent des cellules de Corti. Il n'a pas rencontré, sur les cellules acoustiques internes, le prolongement inférieur décrit par Waldeyer et Gottstein et qui, pour ces histologistes, se continue avec une fibre nerveuse terminale. D'après M. Nuel, l'extrémité inférieure légèrement acuminée de la cellule va se perdre, se cacher au sein d'une couche de gros noyaux amassés sur plusieurs rangées et recouvrant la membrane basilaire. L'auteur n'a rien vu des disposi- tions admises par Boettcher, Waldeyer et d'autres. A propos du revêtement épithélial de l'organe de Corti, nous dirons seulement que, chez le lapin, les cellules de soutien externes sont, d'après l'auteur, un acheminement vers le système des cellules acoustiques externes; en d'autres termes, comme dit M. Nuel, que, dans les cellules de soutien, le système des cellules acoustiques externes est déjà représenté, préparé en quelque sorte. Membrane de Corti. L'auteur avoue qu'il n'a presque rien à ajouter à la description qu'en donne Boettcher. Tou- tefois il n'est pas entièrement d'accord avec cet anatomiste, touchant certains rapports qu'affecterait la membrane de Corti. Ainsi, d'après Boettcher, cette membrane émet des ramifications assez grosses qui s'implantent sur les pla- teaux des cellules de Corti et des cellules acoustiques in- ( 245 ) ternes. Les bâtonnets implantés sur ces plateaux seraient des restes de ces filets déchirés, dans les préparai ions, un peu au-dessus de la membrane réticulaire. La description que M. Nuel donne des bâtonnets, et surtout leur régula- rité, rendent, d'après lui, inadmissible la manière de voir de Boetlcher, au moins pour ce qui regarde la significa- tion des bâtonnets. Comme Hensen, l'auteur constate qu'à l'état frais, la membrane de Corti a une consistance molle, pâteuse. Cette masse pâteuse repose sur la membrane réticulaire, où elle vient en contact avec les bâtonnets des cellules de Corti, qui, probablement même, plongent dans sa masse, à l'instar des cils acoustiques qui, dans les ampoules, plongent dans les otolithes. Partant de là, l'auteur croit pouvoir émettre une hypothèse sur le rôle physiologique de la membrane de Corti. Elle serait très-propre à anéan- tir les vibrations communiquées aux cellules acoustiques (par les fibres de la membrane basilaire probablement) et à jouer à leur égard le rôle de sourdine; elle-même n'est guère susceptible d'être mise en vibration. Plusieurs pages du mémoire sont consacrées au par- cours des fibres nerveuses. On sait que, pour Boettcher, Waldeyer et Gottstein, les fibres nerveuses, après avoir pénétré dans le canal limacien, se mettraient en rapport avec les petites cellules sous-jacentes aux cellules acous- tiques internes. Ce point reste douteux pour M. Nuel. Sans nier la continuité des fibres nerveuses terminales avec les cellules acoustiques internes, il croit pouvoir révoquer en doute la valeur démonstrative des dessins donnés par Waldeyer : ainsi dans la seule figure {Stricker's Handbuch derGewebelehre, p. 949), où cette continuité paraît prouvée pour Waldeyer, la fibre nerveuse aurait une épaisseur ( 244 ) équivalant au tiers de toute la cellule acoustique interne! Dans un travail antérieur déjà cité, l'auteur, confirmant en cela les découvertes de M. Schullze et de Deiters, avait décrit dans la lumière du tunnel de Corti, des fibres ner- veuses spirales. Non-seulement les auteurs les plus ré- cents n'ont pas remarqué ces fibres, mais la plupart ont nié catégoriquement leur existence; c'est ainsi que la première description donnée par M. Nuel fut vivement attaquée par Boettcher. Cependant l'auteur, après de nouvelles recherches souvent répétées et en se servant de méthodes de préparation variées (notamment l'emploi combiné du chlorure d'or et de l'acide osmique), ne peut que confirmer ce qu'il a écrit, il y a cinq ans, sur le par- cours des fibres nerveuses dans le tunnel (chien et chat). Comme preuve décisive de ce qu'il avance, M. Nueî décrit et figure trois préparations obtenues par hasard de l'organe de Corti chez le chien, à la toute dernière extré- mité du limaçon, contre la coupole. Le trajet spiral des fibres nerveuses y est évident. Chose non encore signalée, dans le dernier tour de spire à peu près, chez le chien, les fibres nerveuses conservent leur moelle jusque dans le canal limacien. En dedans des piliers internes, on trouve un stratum très-dense de fibres nerveuses à moelle qui courent en sens spiral. Une fois arrivées dans le tunnel, les fibres ne conservent pas toute leur moelle sur la même longueur. L'auteur ne nie pas l'existence de fibres nerveuses radiaires sous le tunnel; il les trouve, en certains endroits du tunnel, chez le chat et le chien; chez le lapin, le cochon d'Inde et la brebis, il constate leur présence dans toute l'étendue du canal limacien. Il croit pouvoir expli- quer ainsi les contradictions apparentes entre sa descrip- ( 245 ) tion et les assertions de la presque généralité des auteurs les plus récents. Poursuivant les fibres nerveuses au delà du tunnel, l'auteur les voit courir en spirale à la face externe des cellules acoustiques externes. 11 n'a pu constater le rapport intime des fibres avec les cellules, probablement à cause de l'état de conservation trop défectueuse de ces dernières. Toutefois, si de la direction des fibres on voulait inférer quelque chose sur le rapport qu'elles affectent avec les éléments cellulaires, il lui semble probable qu'elles se continuent avec les cellules de Corti et non avec les cellules de Deiters. A considérer ce qui se passe dans les autres organes des sens, celte conclusion lui paraît tout à fait légitimée. Un peu plus loin, revenant sur la terminai- son des fibres nerveuses aux cellules acoustiques externes admise par quelques auteurs, notamment Boettcher et Waldeycr, M. Nuel démontre que cette terminaison est loin d'être prouvée. L'auteur va ensuite au-devant de l'objection qu'on pour- rait lui faire que les fibres spirales observées par lui ne sont pas de nature nerveuse; dans ce but, il montre leur continuité avec des libres dont la nature nerveuse n'est pas contestée. Rappelant encore une fois la divergence qui semble exister entre les auteurs en ce qui concerne le trajet des fibres nerveuses, il insiste sur la nécessité d'indiquer l'espèce animale observée, l'âge de l'animal, l'endroit du limaçon où l'observation a été faite. M. Nuel dit, en finissant, qu'il ne s'arrêtera pas à décrire les différences qui existent, chez les diverses espèces de mammifères, au point de vue de la forme des éléments de Corti; jusqu'ici les observations ne s'étendent pas encore à un assez grand nombre d'espèces pour permettre d'éta- 2"' SÉRIE, TOME XLIII. 17 ( 246 ) blir, à ce point de vue, un tableau tant soit peu complet. D'ailleurs, dans le cours de son travail il a cité des faits de cet ordre, par exemple, à propos de la membrane basi- laire et du parcours des fibres nerveuses. Quelques particularités relatives à la distribution, dans l'organe de Corti, des vaisseaux sanguins et lympha- tiques sont consignées dans la remarque n° 5. Dans cette analyse, très-incomplète d'ailleurs, du travail de M. Nuel, nous nous sommes surtout attaché à faire ressortir autant que possible les résultats obtenus par l'auteur sur les questions encore discutées concernant la structure de l'organe de Corti. On a pu voir que ces questions litigieuses ont été toutes abordées par lui; que, pour les éclaircir ou les résoudre, il a fait preuve de beaucoup de sagacité et d'une connaissance parfaite des moyens d'investigation dont peut disposer l'histologiste; enfin que, sur plusieurs points, il est arrivé à des conclu- sions s'éloignant de celles obtenues par les anatomistes qui se sont occupés du même sujet. C'est dire assez. Messieurs, que nous considérons le mémoire de M. Nuel comme très-digne de figurer dans vos publications. En conséquence, nous vous proposons : 1° De voter l'impression du travail de M. Nuel, avec les quatre planches qui l'accompagnent, dans les Mémoires in-4° de l'Académie ; ^"^ De voler des remercîmenls à l'auteur. » M. Th. Schwann, second commissaire, se rallie aux con- clusions du premier rapporteur. ( 247 ) MtapgiOft de J9I, Ed. Wan Beneilet». Après l'analyse détaillée que M. Van Bambeke a faite du beau travail de M. Nuel, je puis me borner à me rallier à ses conclusions. Ce mémoire est un exposé com- plet de l'état actuel de nos connaissances sur l'histologie du limaçon; il est fait par l'un des hommes les plus autorisés pour traiter ce difficile problème. Les travaux antérieurs de l'auteur, tant sur diverses questions de physiologie que sur l'histologie des organes de sens, sont partout hautement appréciés et ses premières recherches sur l'organe de Corli lui ont donné une place distinguée parmi ceux qui ont le plus contribué à faire connaître l'ana- tomie de l'oreille interne. Ce mémoire renferme, en outre, des résultats nouveaux. Comme l'exécution des planches d'un côté, l'impression du texte de l'autre, prendront un certain temps, je voudrais voir M. Nuel résumer dans une note destinée à prendre place au Bulleliny les découvertes annoncées dans son travail. Je me joins donc au premier commissaire pour prier l'Académie : 1° De décider l'insertion du travail de M. Nuel dans les Mémoires in-4°. 2° De voter des remercîments à l'auteur. En outre, je fais à l'Académie la proposition de deman- der à M. Nuel un résumé de ses recherches destiné à prendre place dans le Bullelin de la présente séance. La classe, adoptant les conclusions favorables de ses rapporteurs, décide l'impression du travail de M. Nuel dans les Mémoires in-4*' et vote des remercîments à l'au- teur, qui sera prié de donner un résumé de ses recherches pour le Bullelin. ( 248 ) — M. Folie fait connaître son avis, auquel a souscrit M. Catalan, sur une addition de M. L. Saltel à sa note sur certaines courbes gauches. La classe en décide l'impression au Bulletin, mais avec la réserve que l'auteur corrige son travail dans le sens indiqué par les rapporteurs. — Le Bulletin de la séance renfermera un théorème de M. Saltel sur les arguesiennes. Étude comparative des observations faites sur l'aiguille aimantée et sur les taches solaires pendant l'année i875, à l'Observatoire du Collège romain^ par M. l'abbé Spée. Rappot*t de Jn. MMonzeat*. d Dans le travail dont nous avons à rendre compte, M. Tabbé Spée examine les corrélations qui peuvent exister entre les perturbations de l'aiguille aimantée et les phénomènes qui se passent à la surface du soleil, et qui se manifestent par les taches. Il prend pour base de cet examen les observations de ces deux genres de phéno- mènes , telles que les fournissent les relevés faits à l'Obser- vatoire du Collège romain pendant l'année 1875. Il forme ce que l'on pourrait appeler deux journaux paral- lèles, l'un dans lequel il nous fait assister à l'apparition et aux modifications des taches solaires; l'autre qui con- tient la mention et la description des perturbations magnétiques, tant en direction qu'en intensité. Il ressort de cette mise en regard de nombreux cas de correspon- ( 2i9 ) (lance, un certain synchronisme dans les phénomènes des deux genres, en un mot d'incontestables rapports. Je reviendrai dans un instant sur le mérite et l'intérêt de ce travail; mais je crois utile de présenter immédiate- ment une remarque au point de vue de la méthode. Pour prouver la liaison des deux ordres de phénomènes qu'il considère, l'auteur se sert de descriptions proprement dites, plus ou moins détaillées, et qui relatent les circon- stances par les nombreux qualificatifs à la disposition du langage. Cette voie, qui peut être concluante lorsqu'il s'agit d'un observateur consciencieux, rigoureux et d'une imagination sobre, pourrait dans d'autres circonstances devenir dangereuse, ou tout au moins conduire à l'arbi- traire. On sait l'abus qu'on a fait en météorologie et en agriculture des mots bonne ou mauvaise année, grands hivers, inondations. Les appréciations générales ont quel- que chose de trop vague pour fournir une base aux dis- cussions scientifiques. Lorsqu'on a voulu démontrer qu'il existe une liaison entre les taches solaires et l'amplitude de la variation diurne de l'aiguille , on a mis en regard, non des descriptions, mais les chiffres exprimant d'une part le nombre des taches et de l'autre l'amplitude de la variation. Ici c'était l'expression du fait et non pas celle du jugement. La voie vraiement concluante me paraîtrait donc de relever d'une part les instants d'apparition des taches, et de l'autre les instants de toutes les perturba- lions magnétiques qui dépassent une limite déterminée. On comparerait ensuite les dates, dont on apprécierait les écarts. Le travail de M. l'abbé Spée n'en offre pas moins, comme je l'ai dit, beaucoup d'intérêt, et je propose de l'insérer dans le Bulletin de la séance. Il est précédé d'une [ TdO ) notice historique où sont passés en revue les progrès successifs des recherches, au sujet de l'influence du soleil sur les phénomènes du magnétisme terrestre. Il conclut en posant comme très-probable la puissante influence de l'état physique du soleil sur notre atmosphère. M. l'abbé Spée fait apprécier l'importance des relations que son travail contribuera à démontrer. Un ordre tout entier de notions nouvelles s'ouvre en ce moment à la science. Les corps célestes ne nous apparaissent déjà plus dans cet isolement absolu, au milieu du vide, où les con- cevait la génération qui nous a précédés. On entrevoit entre eux des rapports physiques, et jusqu'à un certain point des liens matériels, des chaînes conductrices, qui, semblables à d'immenses écheveaux de fils électriques, passent peut- être de globe à globe. Les dernières éclipses totales du soleil ont suggéré l'idée, à quelques astronomes italiens, que les jets de la couronne solaire seraient dirigés aux principales planètes et se mouvraient avec elles. Un autre astronome italien, parlant récemment de la lumière zodiacale, se de- mande si cette lueur, que certains regardent comme une sorte d'eftluve ou de barbe attachée à la terre, n'est pas l'extrémité aboutissante du conducteur électrique. Il y a là un champ nouveau, immense, auquel les recherches de M. Spée se rattachent intimement. Outre l'impression du mémoire, je propose que des remercîments soient adressés à l'auteur. » ( 2ol ) Mtappot*t de 3W. E»*n, Quetetet. « Depuis l'époque où les variations diurne et annuelle de Taiguille aimantée ont été découvertes, les physiciens ont cherché une explication rationnelle de ces phéno- mènes remarquables et, d'après la longueur des périodes, l'attention a tout naturellement été attirée sur le soleil. Quand Schwabe, après bien des années d'observation, eut annoncé sa découverte de la périodicité d'apparition des taches solaires et que la durée de la période eut été déter- minée avec une exactitude sullisante, MM. Lamont et Sabine annoncèrent aussitôt qu'il existait une corrélation entre cette période et une variation dans la grandeur de l'oscillation moyenne des aimants; l'oscillation moyenne était d'autant plus considérable que l'activité solaire, mani- festée par le nombre de ses taches, était plus grande. Lorsque ce point important eut été établi, les physiciens cherchèrent à trouver des relations nouvelles entre ces deux ordres de faits: on chercha notamment à reconnaître si les grandes perturbations magnétiques étaient accom- pagnées de formations extraordinaires de taches à la sur- face du soleil. M. Ferrari, astronome à l'Observatoire de Rome, constata, d'après les données recueillies dans cette ville pendant plusieurs années que ces deux phénomènes étaient intimement liés. C'est ce fait que M. Spée, l'auteur du mémoire présenté à la classe, veut vérifier au moyen des observations du soleil et des aimants faites à Rome pendant Pannée 1875. L'auteur trouve que cette année à été favorable à son but, parce que le nombre des taches ayant été fort limité, l'action de chacune d'elles a pu être étudiée plus facilement. Les conclusions de M. Spée sont d'ailleurs tout à fait conformes à celles de M. Ferrari. ( 2S2 ) . Comme la questioQ à résoudre est d'une grande impor- tance, je pense que la classe doit accueillir le mémoire de M. Spée; je ferai cependant deux observations : d'abord l'intervalle de temps considéré est trop court, ensuite la méthode employée par l'auteur manque de la rigueur nécessaire dans une étude de ce genre. Espérant que l'au- teur traitera de nouveau cette question d'une manière plus concluante, j'ai l'honneur de proposer l'impression de son mémoire. » Rnppoi't de .ff . Folie. Le défaut de temps m'a empêché d'écrire un rapport détaillé, qui n'était du reste plus nécessaire après les rap- ports si complets de mes honorables confrères. D'autre part, je serais désolé que ce travail, que M. l'abbé Spée m'avait déjà expédié de Rome au mois de juin, et qui ne m'est pas parvenu, dut subir un nouveau relard, après que son auteur a déjà été obligé de le recommencer à son retour en Belgique. Je tiens donc à ce que les rapports soient présentés dans la séance de ce jour, et je n'ajouterai qu'un simple mot : c'est pour exprimer le désir que le dia- gramme des observations des taches solaires ainsi que du déclinomètre pendant les années 1871 à 187S, que M. l'abbé Spée a joint à sa note, soit imprimé également. Je suppose que mes honorables confrères seront du même avis, quoiqu'ils ne l'aient pas exprimé explicitement, et je propose, avec eux, à la classe, d'ordonner l'impres- sion de l'intéressant travail de M. Spée, et de voter des remercîments à l'auteur. » La classe a adopté ces conclusions. ( 253 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Noie sur la caisse des veuves des officiers de l'armée belge, par M. J. Liagre, membre de l'Académie. Dans un mémoire sur Torganisalion des caisses de veuves, inséré dans les Appendices aux Bulletins pour l'année 1853, j'ai indiqué le nombre probable de veuves qui, d'après mes calculs, devait venir d'année en année se mettre à la charge de la caisse des veuves des officiers de l'armée belge. Un quart de siècle s'est écoulé depuis cette époque, et je crois intéressant de présenter aujourd'hui le résultat de la comparaison établie entre mes prévisions et la réalité. A la page 27 du mémoire précité figure un tableau indiquant, pour la période comprise entre 1853 et 1900, le nombre probable de veuves calculé dans deux hypo- thèses de mortalité ; la première de ces hypothèses se basait sur les vingt-deux années d'existence qu'avait alors l'instilulion, la seconde sur les onze dernières années seulement. En prenant la moyenne des nombres calculés pour ces deux cas, et en les comparant aux nombres réellement observés, qui tigurent au Journal militaire officiel, on obtient les résultats consignés dans le tableau suivant : (2o4) FIN DE L'ANNÉE. NOMBRE DE VEUVES calculé. observé. Calcul - obs". 4853 1 397 408 419 430 441 451 461 474 480 489 498 507 516 524 532 540 548 555 562 569 576 583 590 597 379 390 406 417 423 436 459 475 482 495 505 505 549 538 5i2 542 539 542 540 559 573 589 596 603 -+- 48 + 18 + 43 + 43 4-48 -f-45 4- 2 - 4 - 2 - 6 - 7 4- 2 - 3 - 44 - 40 4854 4855 -1856 4857 4858 4859 4860 4861 4862 4863 4864 4865 4866 4867 4868". 4869 — 2 4- 9 4870 4- 43 4874 4872 4873 4874 4875 4876 4- 22 4- 40 4- 3 — 6 — 6 — 6 Ces résultats sont représentés graphiquement par la figure ci-joinle. On voit que, dans l'espace de vingt-quatre ans, la courbe observée a été coupée cinq fois par la courbe calculée, et que, sur un total de six cent trois veuves, la différence entre le calcul et l'observation n'est aujourd'hui que de six. La théorie qui a servi de base à l'organisation actuelle de la caisse des veuves des officiers de l'armée belge a donc subi l'épreuve de l'expérience, et l'on peut avoir toute confiance dans l'avenir de l'institution. L" Série. TomoXl. 11, fiiill df 1 Ar:ad K/y Xmtère de Vexiofs __ _^ __ J3 ao T 1 ^ f" i* i i fin ,/^ M 70 6(1 '/<,4 An i^O ! ■\ni .*} Z-^ ; /i .Sîo 4.0 -f ■) f ^ /^1 ! 10 .•ÎO i ^. / nombre i 1 ^0 9X\ /. r^ m i > K 10 H\^ ^ '. __ / ^ r ' 90 i c> ) 90 ^ j 1 1 an 70 i V i ! 1 70 fiO / 1 ! 611 • i-m A ] 1 i 450 4f) ; f / / i ! .0  / ; ) 1 i î 30 20 ./ V\ / / 1 1 ?0 10 -.<:'^ .^ ' } 1 i 1 : 10 4.00 /:k ^/ ^/ 0^^^ j -KM) 90 ' //'^ / j 90 «0 / /■ Ri> 4> 370 Mù .?/ /j,'r(^n/?ro_ 18 )3 54 Sr) 56 57 5S S!) 50 fil 62. ' fi3 (ii 65 66 67 firt G!) .70 71 75 73 74- 7,=) ISrO S/ Décembre ri.J Sevfrf\~s ,Br.-: Addition à la Note intitulée : Quelques exemples curieux de discontinuité en analyse (I), par M. J. Plateau , mem- bre de l'Académie. Encore une application du cosinus d'un radical : il s'agit cette fois d'une courbe qui se dédouble en un de ses points. Partons de l'équation x = y' (l ±[/\—y) [i] On s'assurera aisément qu'elle représente une courbe passant par l'origine des coordonnées, où elle touche l'axe des ?/; que, dans l'angle des x et des y positifs , la courbe forme une feuille; enfin qu'au-dessous de l'axe des X elle se prolonge indéfiniment suivant deux branches situées l'une d'un côté, l'autre de l'autre de l'axe des y. Or si, dans l'équation [1], on remplace y par y — cos \^x, c'est-à-dire si l'on pose x = \y — cos l/x) ( I ± \/\ — ?/-+- cos Vx) , . . . [2] la branche qui s'étend du côté des x négatifs se trouve supprimée, mais l'autre branche indéfinie reste, ainsi que la feuille; seulement toute la courbe est un peu modifiée, et la feuille est placée plus haut au-dessus de l'axe des x. (1) Voir page 84 de ce volume. ( 25*6 ) La courbe est alors telle que je la représente ici Fig. 1. elle se prolonge indéfiniment au delà de 6, et l'on voit qu'en a elle se dédouble pour donner naissance à la feuille. Le point a est donc un point singulier d'une nouvelle espèce; on peut l'appeler point de dédoublement. Pour tracer celte courbe sans trop de peine, il suffît de construire d'abord, ce qui n'offre pas de difficulté, la courbe de l'équation [1] moins la branche indéfinie qui s'étend du côlé des x négatifs, et de faire attention que, pour passer à la courbe cherchée, il faut simplement ajouter à chacune des ordonnées de la première le cosinus de la racine de l'abscisse correspondanle. On pourrait peut-être dire que ce n'est pas là un véri- table dédoublement, mais que la courbe, partant de l'infmi et arrivant au point a continue sa marche par la partie supérieure de la feuille, et vient ensuite, par la ( '2t)7 ) partie inférieure de celle-ci, s'appliquer contre elle-mênie au point a. Or si l'on prend pour équation primitive la suivante : X = mif I [1 + yj ± [1 + y'Y], on se convaincra aisément qu'elle représente une courbe touchant encore l'axe des y à l'origine des coordonnées , s'ouvrant, à partir de là, dans l'angle des x et des ?/ posi- tifs , suivant deux branches inflnies qui vont en s'éloignant toujours l'une de l'autre, et s'étendant, sous l'axe des x, suivant deux autres branches infinies situées respective- ment des deux côtés de l'axe des y. Maintenant, si l'on remplace y par y — cos 1/ se , on supprime, comme dans le cas précédent, la branche indéfinie placée du côté des x et des y négatifs, et l'équation ainsi transformée, savoir x=m{y^cos\^x) j[i+y — cosl/x Jzb[lH- (y/~cosl^x)^]" j' sera celle d'une courbe qui ne pourra donner prise à l'ob- jection ci-dessus, puisque les deux branches résultant du dédouble- ment ne se rejoignent pas. On con- struira cette courbe par le même moyen que celle de la figure précé- dente; mais, à cause des puissances élevées que renferme l'équation, il faudra, pour que la courbe se pré- sente bien, donner au coefficients une valeur très-petite. En faisant m = 0,005, on obtient la courbe figurée ici, qui se dé- double au point c, et se prolonge indéfiniment au delà des points c/, fet g. ( 238 ) Réponse aux critiques imaginées par M. Terby contre la carte de Mars publiée dans les Terres du ciel, par M. Camille Flammarion. Je viens de lire avec attention les longues et singulières critiques imaginées par M. Terby contre la carte de Mars publiée dans les Terres du ciel et contre le chapitre de cet ouvrage qui concerne la géographie de ce petit monde. L'impression qui résuite de cette lecture est que M. Terby est convaincu que la planète Mars lui appartient en toute propriété, qu'il ne permet à nul autre mortel de toucher à son prétendu domaine, et qu'il nous conteste même le droit de diriger nos télescopes vers ce monde voisin. De là il arrive à des personnalités qui ne devraient jamais être mêlées aux questions scienliiiques et nous obligent à y répondre pour éviter des malentendus. Il envoie partout ses plaintes : à l'Académie de Belgique, au journal les Mondes, à l'Observatoire de Paris, en Angleterre, etc., etc., dans le but (assurément excusable) de faire un peu de bruit sur ses travaux aréographiques. Puisqu'il nous convie de la sorte au combat, répondons à l'attaque. C'est une exception sans doute malheureuse aux pacifiques habitudes d'un contemplateur des cieux ; mais à tout bien prendre, il s'agit de Mars, et il n'y a rien de surprenant à ce qu'on se bataille un peu à propos de cet astre-là. Avant tout, rétablissons les faits, sensiblement altérés par l'équation personnelle de l'Astronome belge. Il pré- tend que je l'ai copié et que j'ai voulu m'approprier ses travaux en l'éclipsant ! L'accusation est d'autant plus bizarre, que si M. Terby est connu du public français. ( 2S9 ) c'est à moi qu'il le doit. Non-seulement je l'ai cité neuf fois dans les Terres du ciel (contrairement à (ouïes les habitudes dans les ouvrages d'exposition populaire), mais encore j'ai consacré c?/x-/i?Y«7pages à ses travaux dans le der- nier pelitvolumepublié(tomeVlï) de mes Éludes sur l'astro- nomie— ce qui m'a obligé de passer sous silence d'autres travaux non moins importants que les siens; — et il n'est pas jusqu'au populaire Annuaire Mathieu de laDrôme, oij, parlant de Mars, je n'aie encore trouvé moyen de glisser son éloge. M. Terby veut faire croire que lui seul a étudié cette planète (ne serait-ce pas lui qui l'a découverte ?) et que « tous les détails de ma description de Mars sontextraits de ses publications. » (!) Il est assurément difficile de répondre sans rire à une pareille prétention. La vérité est quej'ai tenu essentiellement, au contraire, à signaler exactement l'ordre chronologique des travaux accomplis sur Mars, et je dois, pour dissiper le brouillard amené par M. Terby, demander à l'Académie la permission de reproduire ici littéralement les passages des Terres du ciel qui mettent en évidence l'erreur de mon Aristarque : « La première carte de Mars, écrivais-je page 418, a été tracée, il y a quarante ans, parMâdler et Béer, astronomes hanovriens, d'après leurs propres observations, faites de 1828 à 1856. Ils ont dessiné une double projection polaire représentant les principales taches, et formant en quelque sorte le premier canevas d'une géographie de Mars. » Après les oppositions de 1862 et 1864, Kaiser, directeur de l'Observatoire de Leyde, traça également, d'après ses propres observations, une autre carte de Mars, qui diffère en plusieurs points de la précédente, quoique plusieurs analogies soient évidentes. 11 y a surtout une étude attentive de la région équatoriale, s'étendant jusqu'à ( 260 ) 55^ de latitude, où les contours sont nettement traces. » Un nouvel essai fut mené à bonne fin en 1869 par M. Procter, astronome anglais, d'après les observations faites par son célèbre compatriote Dawes, en 1864. La construction de cette carte, plus complète que les précé- dentes, a fait faire un pas considérable à la connaissance géographique de la planète. » Vint ensuite une synthèse laborieuse et patiente faite par M. Terby de Louvain, qui parvint à collectionner presque tous les dessins faits sur la planète depuis qu'on l'observe au télescope, et à réunir ainsi tous les éléments de cette géographie. Quoique l'astronome belge n'ait pas dessiné de carte d'après cet ensemble d'observations (au nombre desquelles les siennes propres doivent être comp- tées), son travail mérite d'être signalé ici comme un nouvel essai pour la géographie martiale plus complet que tous les précédents. Il a été publié en 1874. — La carte que je viens de tracer est donc en réalité un cinquième essai, d Voilà pourtant un exposé qui ne peut laisser aucune espèce d'équivoque. Mais continuons. Voici ce que je dis ensuite : « J'ai désiré faire une esquisse aussi exacte et aussi complète que possible de ce globe voisin, établissant une concordance satisfaisante entre les dessins précédemment faits, dessins qui, il faut l'avouer, offrent entre eux de surprenantes différences. Les trois cartes tracées anté- rieurement sont même si dissemblables entre elles, qu'il serait absolument impossible de les fondre en une seule. Depuis une quinzaine d'années déjà, je m'étais intéressé à réunir un grand nombre d'excellents dessins télesco- piques, mais sans être satisfait des ressemblances. Déjà ( 261 ) j'ai essayé d'en donner un dessin typique dans la 2* édition de la Pluralité des Mondes habités (1864), et plus tard de compléter cet aspect par une vue reproduisant en même temps la coloration caractéristique de ce monde (à partir de la 17^ édition du même ouvrage : 1872). Mais je n'osais en entreprendre la géographie générale : MM. Procfor et Terby viennent d'aplanir la difficulté. » Ce n'est pas tout encore. Dans la description de la carte, parlant de la Mer de Maedier et des modifications qu'il paraît utile d'apporter là au tracé de M. Procter, je dis : « La Mer de Maedier est visible sur les figures de Schroeter en 1792, Kunowsky en 1822.... Terby en 1875. La comparaison de ces dessins, et surtout ceux de M. Terby, ne permettent pas de conserver le tracé anglais pour cette région. » Et plus loin : « La Mer de Maedier paraît jeter un bras à l'est vers une autre mer plus orientale, c'est ce qui résulte des observations de.... Terby en 1871 et 1873. » Et plus loin encore : « J'ai cru convenable de donner les noms des illustres fondateurs de Tastronomie moderne aux continents et aux océans principaux. Se sont offerts naturellement ensuite les noms des astronomes qui se sont le plus occupés de Mars: Huygens, Herschel, Maedier, Davves, Secclii, Procter, Terby. Et plus loin encore : « M. Procter ayant déjà proposé des noms pour les diverses configurations de Mars, mon désir eût été de les conserver, et j'ai fait ce que j'ai pu pour cela. Mais je n'ai pas tardé à me sentir contraint à plusieurs changements par la force même des choses : 1^ parce que les noms des fondateurs de l'astronomie y étaient en partie oubliés; 2" parce qu'il est logique de donner à certains tracés les noms même des astronomes 2'"' SÉRIE , TOME XLIII. 18 ( 262 ) auxquels on en doit la connaissance, tandis que les noms de la carte anglaise paraissent tout à fait semés au hasard ; 3° parce que le tracé de ma carte n'est pas le même que celui de la précédente; 4° parce que le nom d'un même astronome se trouve répété plusieurs fois sur la carte ancienne (ex. Dawes 6 fois : Daives océan , — Daices conti- nent, — Dawes sea, — Dawes strait, — Dawes isle, — Dawes bay; Béer 2 fois, Lockyer 2 fois, etc.), ce qui est inutile et peut donner lieu à des confusions; et 5° parce que les deux anciennes mer du Sablier et de la Manche sont si simplement et si naturellement nommées ainsi que leur nom indique en même temps leur forme et même leur histoire. Ce n'est donc point dans un sentiment cri- tique contre les dénominations données par M, Proctor que j'ai agi; au contraire, j'ai respecté ses propres dési- gnations aussi souvent que je l'ai pu, et de plus, j'ai cru légitime de donner son propre nom à l'une des conligura- tions les plus curieuses de la géographie martiale, déjà pro- posée par M. Terby. » Ce n'est pas tout encore : j'ai voulu inscrire le nom de M. Terby lui-même sur Tune des mers de Mars dont il s'est le plus occupé, je lui ai fait hommageavec empressement de l'un des premiers exemplaires des Terres du ciel sortis de la presse, et je lui ai écrit à cet égard, étant intimement con- vaincu de lui être en tout cela fort agréable. Et c'est lui qui m'accuse de vouloir mettre son nom et ses travaux sous le boisseau! et c'est lui qui me reproche de ne pas m'occuper assez de sa personne!... L'astronome belge serait-il aveugle? Or, remarquons-le encore : il ne s'agit pas ici d'un mé- moire destiné aux savants, mais d'un livre d'astronomie populaire, d'où de tels détails sont en général exclus. Si ( 263 ) donc j'ai péché, c'est plutôt par excès que par défaut. J'ai cité l'astronome belge partout où il y avait lieu de le faire, c'est-à-dire dans certains détails de la géographie de Mars qui occupe sept pages de mon ouvrage; quant aux 56 autres pages également consacrées à la même planète, je déclare que M. Terby, malgré toutes ses prétentions, n'a absolu- ment rien à y voir. Il en est à plus forte raison de même de tout le reste de ce volume de 600 pages. J'arrive à ma nomenclature, qui paraît aussi chagriner mon imprudent contradicteur. Comme on l'a vu plus haut, je n'ai pas construit cette nomenclature dans un sentiment critique contre les beaux travaux de M. Proctor, mais seulement parce qu'il m'a paru plus logique de la former ainsi , et j'ai conservé les noms de la carte anglaise partout où cette conservation a pu s'accorder avec le prin- cipe général que j'ai cru devoir adopter. Ainsi, par exemple, le nom d'un même astronome a été donné par M. Proctor à six configurations aérographiques différentes, comme on l'a vu plus haut. M. Terby, qui ne trouve jamais les répétitions de noms assez nombreuses, approuve aussi celle-là; mais tout le monde n'est pas du même avis, et au lieu de répéter six fois le nom de Dawes, il m'a semblé plus logique d'inscrire sur cette carte les noms d'autres astronomes, en laissant le nom de mer de Dawes à l'une des configurations que cet éminent observateur a le plus spé- cialement étudiées. M. Terby, qui se fait juge de ma carte (de quel droit?), me reproche aussi d'y laisser des places vacantes , et de supprimer, par exemple , les noms de Main et de Hind. Je regrette d'avoir à relever de pareilles pué- rilités : désirant que mon planisphère lut aussi clair que possible (pour le public, il ne faut pas l'oublier), je n'ai pas surchargé de noms chaque millimètre carré, et si le nom ( 264 ) du bienveillant astronome Main n'est pas reproduit sur la carte, ce n'est point que j'aie voulu le supprimer ou le remplacer, c'est parce que son inscription eût masqué le tracé. N'est-il pas ridicule de voir de pareilles critiques dans une note académique? Je ne puis répondre à tout, et je ne veux pas abuser davantage de la patience de l'Académie. Mais il faut cependant que j'ajoute encore que je n'ai absolument rien fait pour mériter le reproche que M. Terby se permet de m'adresser, de vouloir jeter le bouleversement parmi les astronomes qui s'occupent de Mars. Il annonce qu'il a en- voyé son travail à tous les astronomes; moi, je n'ai pas envoyé ma carte, ni écrit pour la recommander, à un seul : mon irascible adversaire se démène donc absolument dans le vide. Si les astronomes remarquent mon nouvel ou- vrage et sa carte de Mars, j'en serai tïatté; s'ils jugent que ma nomenclature est plus logique que l'ancienne, j'en serai flatté également; mais je ne fais absolument rien pour les influencer, et je suis tout à fait désintéressé dans la question. Jl en arrivera ce qui est arrivé entre les deux anciennes nomenclatures lunaires: l'usage décidera, en prenant peut être dans chacune ce qu'il y a de bon et en laissant ce qu'il y a de mauvais, et sans doute tout cela n'arrivera-t-il qu'au siècle prochain, car, avouons-le, il n'y a rien encore de bien définitif sur la vraie géographie de Mars. Dans tous les cas, il n'y a pas là de quoi tant se fâcher, ni surtout de quoi faire tant de personnalités. Est-ce que le Père Secchi a envoyé des témoins à M. Proctor quand celui-ci a substitué ses dénominations à celles de Mer atlantique, Mer de Marco-Polo, isthme de Francklin, que l'astronome romain avait déjà proposées?... M. Terby paraît bien nouveau dans la carrière. ( 2Go ) Mon adversaire inattendu va jusqu'à metlrc en doute mes propres observations sur Mars; malheureusement il choisit mal ses preuves, car il cite à l'appui mon obser- vation du 122 juin 1875, dans laquelle j'ai remarqué un air de ressemblance entre l'aspect de Mars à cette heure-là et l'aspect habituel de Jupiter. Sur ce, le voilà qui monte sur ses grands chevaux et, me donnant presque un démenti , déclare qu'à l'aide du calcul il trouve qu'à cette heure-là une tache permanente bien connue traversait le disque. Eh bien! qu'est-ce que cela prouve? — que j'ai précisé- ment observé Mars à cette heure-là, que je n'ai point fait de calcul rétrospectif, et que je n'ai pas cherché si l'effet était produit par une tache permanente ou par des nuages. — Il insinue ailleurs que si je n'ai fait graver qu'un dessin de Mars, c'est une preuve que je n'ai pas fait d'autres dessins de cette planète! Mais assez de temps perdu. La vérité flagrante est que M. Terby est tout simple- ment jaloux que d'autres astronomes s'occupent de Mars. C'est une faiblesse d'esprit. Il n'y a rien de fondé dans toute son attaque contre les Terres du ciel, et je prie l'Académie d'excuser la réponse (à la fois trop longue et trop courte) que la publicité qu'il a donnée à sa critique m'a forcé de lui adresser. Théorème sur les arrjuesiennes; par M. L. Saltel, profes- seur au Lycée de la Rochelle. Théorème. — Si 2' est Varguesienne d'ordre 5m — (a -+- b H- c -h d) d'une surface indécomposable 2, d'ordre m, ayant les sommets A, B, C, D du tétraèdre de ( 266 ) référence, pour points multiples d'ordres a, b, c, à, cette surface 2! est aussi indécomposable. Démonstration. — Si, en effet, 2 était décomposable en deux surfaces 2/ et 2/, comme réciproquement 2' a pour arguesienne 2, il faudrait supposer que 2 se compose des arguesiennes de 2/ et Z/; en d'autres termes 2 serait une surface décomposable, résultat contraire à l'bypothèse. Nota. — C'est uniquement par oubli que le théorème dont nous venons de nous occuper n'a pas été démontré dans notre Mémoire Sur de nouvelles lois générales régis- sant les surfaces à points singuliers. Ce théorème est, en effet, indispensable pour prouver que toutes les surfaces générales énumérées pp. 28, 29, oO, 31, 52 de ce Mémoire sont indécomposables. J •* Applications de la méthode de correspondance analy- tique et de la loi de décoînposition à certaines courbes gauches, notamment à la détermination des singularités du lieu des centres des sphères osculatrices d'une courbe gauche donnée; 2° Stir la détermination du nombre des points communs à deux courbes; par M. L. Saltel, pro- fesseur au Lycée de la Rochelle. Il se présente souvent, dans les applications, qu'une courbe gauche est défmie par des équations de la forme : / Ai(a, 6, c)x-4- Bi((/, 6, c)?/ -4-Cj(a, 6,c)z M- Dj(a,6,c)=0, (1) \ A^{a,b,c)x-\-B.2{a,b,c)y-\-C^{a,b,c)z-i-Di{a,b,c) = 0, (2) ( A3(a,6,c)xH-B3(a,6,c)î/-t-C3(a,6,c)j3-4-D3(o,fe,c) = 0, (3) F,(«,6,c) = 0 (4) F,(a,b,c)=0, (5) ( 267 ) dans lesquelles A|, Bj, C|, Di, A^, B^, C.^, Do, A3, B3, C3, D3, Fi, F2 sont des fonctions quelconques de (a, 6, c). Dans ce cas, en représentant par CCX ^y -^- yz -^ r^ = 0 l'équation d'un plan arbitraire, l'ordre de cette courbe gauche est évidemment égal au nombre des solutions en (a, 6, c) communes aux [équations (4, 5) et à l'équation suivante : A, B, C, D. A. B, Q D, A5 B5 C3 D3 a P r <î = 0 (6) Nota. — Cela suppose, toutefois, qu'aucune de ces solu- tions en (a, 6, c) ne vérifie l'équation : At B, C. A, B. C, A5 B5 C3 = 0. (7) Applications. — Une première application intéressante se présente dans le problème de la détermination du degré de la courbe de rebroussement de la surface considérée à la fin de notre Note insérée aux Bulletins de l'Académie (mois de janvier), surface définie par les équations lax-^by-¥-cz — R^=-0, . . • • (1) (A) X 'y z -R^ rfy df rfy dp • • (2) ida db de dt f(a,6,c) = 0, . . • • (5) ( 268 ) Dans ce cas particulier, la surface a une courbe de rebroussement, définie par les équations (1,2,5), jointes à l'équation H = d\ d'f d'y d^f da' da . db da . de da,dl d\ db . da d^f db^ db . de d\ db . dl d\ d'? d\ d'f de . da do . db de' de . dt d'f rfV d\ d'f dt . da dt .db dt . de dt' = 0; (4) en sorte que le degré cherché est égal au nombre des solu- tions communes en («, 6, c) aux deux équations (5, 4) et à l'équation R2(« df da do df \- y — db de %=-• (5) ce qui conduit au nombre N = 4?i.(n — 4)(n — 2). Remarque. — Si la surface S, représentée par l'équa- tion (3), a un point multiple d'ordre p, ce point est mul- tiple d'ordre Ap — 6 pour la surface (4) et d'ordre p — i pour la surface (5). On déduit de là que lorsqu'on fait passer les surfaces génératrices représentées par les équa- tions (2) par des points arbitraires, il y a des valeurs con- stantes pour les valeurs correspondantes des paramètres variables (a, 6, c); donc il y a décomposition. On voit tout de suite, en effet, en ayant égard à notre méthode générale, que le degré de la courbe gauche est diminué d'autant d'unités qu'il y a de solutions en (a, 6, c), vérifiant, quelles ( 269 ) que soient les valeurs de x, ?/, 2:, ruiie des équations (2) jointe aux deux équations (5, 4) (*). Seconde application. — Il est évident que la courbe gauche, lieu des points de contact des tangentes issues du point P {xq, \jq^ zq) à la surface représentée par les équa- tions (A) est définie par ces équations jointes à l'équation flXj -+- 6j/o + czo — R^ = 0; . . . . (6) en sorte que le degré cherché est égal au nombre des solu- tions en (a, 6, c) communes aux deux équations (5, 6) jointes à l'équation (5); ce qui conduit au nombre N=n(n — 1). Remarque. — La classe d'une section plane d'une sur- face étant égale à Tordre du cône circonscrit proprement dit, on voit que la classe d'une section plane de la surface plane (A) est n [n — \). Conséquences. • — Ayant trouvé, pour une section plane de la surface (A), les trois singularités suivantes : Ordre . . . . . . . n[n — 1)^, Points de rebroussemcnt . in [n — 1) [n — 2), Classe n[n — \), il en résulte, pour les autres singularités, les nombres connus : Tangentes d'inflexion . . n [n — \){n — 2), Points doubles .... ln{n—-\)[n—^)[n^—n^-\-n—\^\ Tangentes doubles . . . in[n — \)[n — 2) (w — 5). (*) Nous avons déjà Irailé celte question par la géométrie pure. Voir les Bulletins de l'Académie, juillet 1875; nous avons prouvé qu'un point multiple d'ordre p diminue la courbe de rebroussemeut de p{p — 1) (4p — 5) unités. ( 270 ) II. — Applications simullanées des formules de M, Cayley et de la loi de décomposition. On sait qu'entre les neuf particularités d'une courbe gauche G désignées comme il suit : l'' r l'ordre de la surface S lieu des tangentes de G, ou, ce qui est la même chose, l'ordre de la surface S enve- loppe de ses plans osculateurs (*). Ce nombre r représente encore le rang ou la classe de la courbe G, c'est-à-dire le nombre des plans tangents que l'on peut mener à cette courbe par une droite quelconque; 2" n la classe de la développable S ou le nombre des plans osculateurs que l'on peut mener d'un point quel- conque à la courbe G ; 3** m le degré de la courbe G; 4'' a le nombre des plans stationnaires, c'est-à-dire le nombre de ceux qui rencontrent la courbe G en quatre points consécutifs (**); 5° X l'ordre de la courbe double de la surface S; 6° h le nombre des génératrices d'un cône, ayant son sommet en un point quelconque, rencontrant la courbe en deux points; 7° (3 le nombre des points stationnaires de G, c'est- à-dire les points doubles de rebroussement de cette courbe (*'*); il existe six relations; par suite, lorsque trois quelconques (*) Cette surface-enveloppe a précisément pour arête de rebrousse- ment la courbe G. (**) En ces points deux plans osculateurs consécutifs sont identiques. (***) En ces points quatre plans osculateurs consécutifs s'y rencontrent. ( 271 ) de ces particularités sont données, on peut trouver les six autres (*). Cela dit, arrivons aux applications : 1 ° Trouver les singularités de la courbe de rebroiissement de la développable définie par les équations générales iax-\-by-\-cz — R2 = 0, . . . . (i) /;(«, 6, cr = o, (2) {f,{a,b,cy- = 0 (5) Toute développable pouvant être considérée comme l'enveloppe des plans osculateurs de sa propre courbe de rebroussement G, on voit tout de suite, en se reportant à notre Mémoire : Applications de la loi de décomposition , que l'on connaît les trois singularités suivantes de cette courbe G r= pi/^2(pi-+-^2 — 2), n=ii.iy.i, a==0, d'où /"if^-/piP2(."i-f-/"2— 2)-— 1 0(>ai-t-.^2)H-28l m=3piU2(p,-+-^2— ^), x= "^ ^, etc., etc. Nota. — En se reportant au même Mémoire, on voit que si les surfaces représentées par les équations (2, 5) ont un point multiple commun, il y a décomposition. 2° Trouver les singularités de la courbe lieu des centres des sphères osculatrices de la courbe gauche R définie par les deux équations les plus générales de degrés pi , y.,- ^ ^|/;(x,2/,>r = 0 (2) (') Nous avons déjà eu l'occasion de présenter d'autres applications des formules de M. Cayley. Voir les Comptes rendus des 24 et 31 mai 1875; les Bulletins de l'Académie, juillet 1875. ( 272.) Cette courbe n'étant autre que la courbe de rebrousse- raent de la surface polaire de R, on voit tout de suite , en se reportant à notre Mémoire : Applications de la loi de décomposition, que l'on a d'où m = 5 /^ 1/^2(2^1 -+- 2/^2 — 3), etc., etc. Nota. — En se reportant au même Mémoire, on voit que si les surfaces représentées par les équations (1, 2) ont un point multiple commun, il y a décomposition. III. Note sur la détermination du nombre des points communs à deux courbes. Reprenons les deux équations fi[x,, pi) = 0, ^(^a, p-2) = 0, considérées à la page 7 de notre Mémoire :iVoMî;e//e méthode pour déterminer V ordre d'un lieu géométrique défini par des conditions algébriques. Cherchons la condition pour que toutes les coïncidences des deux séries soient simples; en d'autres termes, cherchons la condition pour que cette équation, où l'on fait pi =p2 = p, n'ait pas de racines égales. Pour cela , supposons que pour x = a, p, == p^ = (3 il (*) Les plans slationnaires de la courbe lieu- des centres des sphères osculatrices de R résultent des points de rebroussement de celte courbe R. ( 273 ) y ait une coïncidence. En transportant l'origine 0 de la droite A en ce point (il suffît évidemment pour cela de changer a: en x -f- a, et p, , p2 respectivement en p, h- (3, P2 -^- P (*)» i' viendra /2(a-,-^a,p2-4-|3) = a'^— H-P2— -t- .. . = 0. En s'appuyant sur le théorème complémentaire du prin- cipe de correspondance analytique, on voit immédiatement que les conditions suffisantes pour que l'origine actuelle soit un point simple de coïncidencesontqueles valeurs (a, (3) ne vérifient aucune des cinq équations (A), (B) et (C). '''1^ = 0 ^'b^o "^W^ I (/(3 ' [ dp ' \ da. di^ Remarque I. — Interprétées géométriquement, ces con- ditions prouvent notamment que le point commun aux deux courbes doit être simple et que les tangentes en ce point doivent être distinctes. Remarque II. — La méthode que nous venons d'expo- ser est évidemment applicable à un nombre quelconque d'équations. (*) En d'autres termes, par ce changement, on diminue de p les racines de l'équation en p, obtenue en faisant p^-= p^^= p dans Téqua- tion/'(Pi,p3) = 0. ( 27i ) Étude comparative des observations faites sur raiguille aimantée et sur les taches solaires, pendant l'année 4875, à V Observatoire du Collège romain; par M. l'abbé Spée, professeur au petit séminaire de Sainl-Trond. L'étude de la météorologie comprend aujourd'hui celle du magnétisme terrestre; grâce à de nombreux et patients observateurs, on connaît quelques-uns des liens qui unis- sent les variations de cet agent mystérieux à de grands phénomènes météorologiques, et de derniers et importants travaux qui sont loin encore d'avoir donné toutes leurs conclusions, nous les montrent déjà comme dépendantes du soleil, principe de l'activité de toute la nature. Que l'astre, centre de notre système, ait une action sur les mouvements de l'aiguille aimantée, c'est là une idée ancienne: et déjà Arago expliquait la variation diurne du déclinomètre au moyen d'une force répulsive, exercée par le soleil sur le pôle boréal de l'aiguille. Après l'érection des observatoires magnétiques dans les colonies anglaises, on reconnut que la période diurne et la période annuelle existaient dans les deux hémisphères, si l'on considérait le pôle le plus rapproché du soleil. Et Sabine, en Angleterre, et le P. Secchi, à Rome, trouvèrent que le phénomène dépouillé de rinduence horaire, était pour toutes les lati- tudes en rapport avec la déclinaison solaire. Enfin, lorsque Lamont et Sabine découvrirent pour l'aiguille de déclinai- son une variation à plus longue période coïncidant avec la période des taches solaires déterminée par MM. Schwabe et Wolf, l'influence du soleil, acceptée déjà par d'illustres physiciens, devint l'objet d'une étude particulière. L'im- ( 275 ) porlance de celte dernière découverte frappa le P. Secchi, et en 1859 il put réunir à son observatoire astronomique un observatoire magnétique complet : les instruments, tous de premier choix, et leur installation ont été minutieuse- ment décrits par l'illustre astronome, et depuis cette époque les observations régulières, qui ont lieu huit fois par jour et davantage, lorsqu'il y a perturbation, n'ont jamais été interrompues. Les résultats furent précieux pour la science : ils confir- mèrent tous les faits précédents, et notamment la relation entre les deux longues périodes. Les deux séries de courbes qui accompagnent ce travail se rapportent aux années 1871, 1872, J875, 1874 et 1875: la première donne pour chaque mois la valeur moyenne de l'excursion du déclino- mètre en divisions de l'échelle; la seconde indique le nom- bre des taches pour le temps correspondant. Un simple coup d'œil suffît pour faire voir que les deux courbes marchent avec un accord remarquable vers leur minimum. En 1867, le P. Ferrari, assistant du P. Secchi, remarqua que les perturbations extraordinaires et les aurores boréales étaient d'autant plus rares, que l'excursion moyenne de l'aiguille de déclinaison était plus faible. Il eut la pensée de rechercher si la relation entre les mouvements magné- tiques et l'activité solaire n'était pas plus étroite, si les perturbations des aiguilles aimantées ne coïncidaient pas avec l'apparition ou la formation des grandes taches sur le soleil. Grâce à la riche collection de dessins, exécutés à l'Observatoire depuis 1858, il put dresser une courbe exacte des taches solaires, et, marquant sur cette courbe les perturbations extraordinaires aux jours indiqués par les registres météorologiques , il arriva à ces conclusions remarquables : Dans les années de maximum les pertur- ( 276 ) bâtions magnétiques se produisent ordinairement lorsque le nombre des taches, d'ailleurs sujet à de grandes fluc- tuations, est le plus grand. Dans les années de minimum, ces perturbations, toujours plus faibles, coïncident avec l'apparition et surtout avec le développement de quelque tache. Après une interruption de trois ans, l'habile physi- cien a pu reprendre son élude de comparaison et dans plu- sieurs mémoires présentés à VAcademia dei nuovi lincei, il en a discuté les résultats, tous concordants entre eux. Les années de minimum sont très-favorables à l'étude de ces phénomènes : leur rareté permet d'en suivre avec plus d'attention les diff'érentes phases, et de faire un exa- men sérieux des circonstances qui les accompagnent; de plus, elle rend beaucoup moins probable l'hypothèse que leur concordance serait l'effet du hasard. A ce point de vue, l'année 1875 est précieuse: le nombre des taches, qui, en 1874, était encore de 147, est tombé à 77; une diminution analogue a été constatée dans le nombre des facules et des protubérances. J'ai comparé les courbes ma- gnétiques diurnes construites à l'aide des huit observations pour le déclinomètre, le bifilaire et le vertical , à l'état physique du soleil. Il y a entre les deux classes de phéno- mènes un accord si frappant qu'on croirait devoir placer dans l'activité solaire la cause première de tous les phéno- mènes magnétiques. Voici le détail de cette comparaison : Le 2 janvier, premier jour Le 2 janvier, les instruments d'observation, un groupe se trou- magnétiques furent troubles. Le vait sur la surface du soleil , et trouble affecta principalement le déjà était parvenu aux ^ji de sa vertical et le déclinomètre. Ce course. Il mesurait encore 9 mill. dernier descendit de 6 divisions, et Ton y comptait 9 petits noyaux, course tout à fait anormale pour la saison. ( 277 ) Le 3, le centre s'était déve- loppé, au détriment des parties avoisinantes : la tache présentait une forme triangulaire de 18 mill. de surface et avait 2 noyaux. Le 4-, une nouvelle tache se forma à Timproviste, dans l'hé- misphère nord à 2 centimètres du bord occidental. Les facules qui l'accompagnaient ainsi que celles qui entouraient la tache princi- pale étaient très-vives. Le 5 et le 6, le temps fut cou- vert. Le 7, une tache à deux noyaux commençait sa rotation, mais elle fut de peu d'importance. Le 10, bien que très-avancée sur le disque, elle ne mesurait que 6 mill. Du 7 au 17, on ne put faire qu'une fois le dessin du soleil. Cette période est une période de ^rand calme. Le 17, un groupe apparut au bord oriental. On y comptait déjà 7 noyaux , mais l'agitation n'était que superficielle, car les facules étaient très-faibles. En effet, après s'être développé jusqu'au 19, il diminua rapidement, et le 23, alors qu'il se trouvait un peu au delà du diamètre polaire, ce n'é- tait plus qu'une série de petits points noirs. Le dessin du 23 fait voir que 2"*^ SÉRIE, TOME XLIII. Le 3, le bifilaire fut très-irré- guîier. Le trouble augmenta les jours suivants et dans l'après- dîner du 7, il tomba de 15 divi- sions. Ce jour-là aussi, la pertur- bation du déclinomètre et du vertical fut notable. Les instruments furent très- peu agités : les heures tropiques seules furent déplacées. Du 17 au 21, le bifilaire et le vertical furent fréquemment hors d'heure. Le 22, la perturbation fut plus accentuée et commune aux trois instruments. Le vertical parcourut près de 9 divisions, le bifilaire 11 et le déclinomètre resta très: oscillant. 19 ( 278 ) trois petits pores aperçus le 20 se sont énormément développés : ils formaient un système de deux belles taches à noyaux et mesu- raient près de 50 mill. Le 24, les taches étaient envi- ronnées de brillantes facules. Le 26, elles étaient sur le bord, où Ton voyait les jets brillants qui partaient de leurs centres. Du 26 au 29 , rien de remar- quable. La chromosphère seule .fut quelque peu agitée. Les dessins du 50 et du 31, manquent. Mais le l**" février, une tache de 7 mill. était entrée sur le disque. — L'agitation qui lui avait donné naissance devait avoir été peu considérable et se trouvait déjà sur sa fin. La cavité ne tarda pas à se fermer. Le 5, il n'y en avait plus de trace. — Ce jour on des- sina plusieurs petits pores. Le 6, ils formaient un petit groupe de 12 mill. situé sur Taxe: on y comptait 9 noyaux. Mais cette agitation fut encore passagère. Le 9, les noyaux étaient retournés à Tétat de pores qui, le 11, avaient complètement dis- paru. Le 9 , dans la matinée, légère éruption au bord oriental. Dans la région correspondante du dis- que, on voyait déjà de très-belles Le 24, forte perturbation : le vertical monta de 11 divisions et le bifilaire de 19, pour descendre de 20 le 25. Rien d'extraordinaire non plus dans les mouvements du magné- tisme. L'après-dîner du 50,1e bifilaire monta soudainement de 17 divi- sions. Le 31, au contraire, l'oscil- lation ne fut que de 5. Le 1" février, le vertical monta à son tour en quelques heures de 8 divisions. Du 2 au 5, le vertical et le bifilaire restèrent constamment troublés. Le 6, le déclinomètre faisait à peine une division. Le 9, le vertical fut très-oscil- lant et le 10, le bifilaire parcourut plus de 1 5 degrés. (27 facules et une petite laclie , tout près du bord, mais le tout ne tarda pas à s'effacer. Le calme dura jusqu'au 17. Le 17, une éruption lointaine se montra à l'Est. Le 19, une belle tache nu- cléaire, se trouvait dans la région correspondante : une seconde, plus petite, l'accompagnait; la somme des aires était de 18 milL Le 20 et le 21 , le temps fut couvert. Le 22, la superficie des taches était de 56 mill.j une observation spectrale du noyau principal accusa la présence dans la cavité du sodium, de l'hydrogène, du magnésium et du fer. L'activité solaire continua de croître. Le 24, alors que le grand groupe se trouvait sur le méridien central, deux nouvelles taches se formèrent à une petite distance du bord Est. Le 26 , on en comptait en tout 6 ayant 12 noyaux et une super- ficie totale de 66 mill. Les facules étaient nombreuses et brillantes. Le mauvais temps qui fut pres- que permanent pendant le mois de mars empêcha fréquemment les observations. Les dessins du 6 et du 7 mon- trent encore quelque activité : il y a deux petits groupes un peu 9) L'activité qui régnait dans les taches était rendue manifeste par le mouvement des aiguilles. En effet, après avoir été paralysée depuis le 17, l'excursion fut, le 21, de 11 divisions pour le ver- tical et de 18 pour le bifilaire. Le 22,1e déclinomètre resta troublé: le 25, les grandes oscillations re- commencèrent et le 27, eut lieu une perturbation magnétique très- forte, du caractère que les physi- ciens appellent auroral. La course du bifilaire fut de 64,6, celle du vertical de 4-3 et celle du déclino- mètre de 19,5. Le bifilaire fut troublé le l*"»", le 3 et le 5. — L'oscillation du vertical fut de 12 divisions le 5, et de \i le 8. Exagérée aussi fut celle du bifilaire; le 7, elle était de 12 divisions. ( 280 ) au delà de Taxe mesurant, le 6, 16 mill. et26 1e7. Le 1), la portion agitée est tout entière près du bord occidental et mesure encore 14 mill. Après une interruption de quatre jours, deux nouvelles tachesétaient sur le disque : de leur position on calcule que la région qu'elles occupent était au bord Est, le 11 et le 12. Le 18, une tache, de dimension remarquable pour l'époque, se trouvait à 5 mill. du bord oriental : noyau et pénombre avaient une superficie de 15 mill. et étaient entourés de nombreuses facules. Il est à regretter qu'on ne put faire l'observation spectrale : .l'érup- tion eût été certainement con- statée. Le 19 et les jours suivants, l'agitation crût constamment. Le 25, l'aire tourmentée était de 45 mill., répartie en 2 groupes, ayant 7 noyaux. Le 30 mars, l'image solaire ré- véla la présence d'un nouveau groupe de 18 mill. Il était au delà du méridien central. Sa formation remontait au 28 ou au 29, car le 27, il n'y avait dans cette région ni pores ni facules. Le mois d'avril fut plus malheu- reux encore que le mois de mars. Le 10, le vertical descendit, après une oscillation de 15 divi- sions. Le 11,1e bifilaire tomba de 1 9 : l'amplitude de l'oscillation du vertical fut de 14, et le maximum principal du déclinomètre arriva hors d'heure. Du 13 au 17, le bifilaire resta constamment troublé. Le 17, il monta rapidement et atteignit dans la matinée la divi- sion 140 de l'échelle; mais le 19 il descendità 113; l'oscillation du vertical fut de 17 divisions. L'influence du groupe paraît se faire sentir particulièrement sur le vertical , dont les oscillations sont toujours exagérées. Le 24 et le 25, elles sont encore de 17 divisions. Du 20 au 27, l'oscilla- tion moyenne du bifilaire était de 5,8; le maximum fut de 8,3 et le minimum de 4,2. Le 28, elle fut de 17,7 et le 29 de 16,5. ( 281 Dans Tespacc de 15 jours, on ne put faire que six fois le dessin de rimage solaire et trois fois seule- ment l'observation speetrale. Le dessin du 4- montre 4 grou- pes de facules renfermant 7 pe- tits noyaux. La chroniosphère était calme : il n'y avait qu'une protubérance de J2mill.de su- perficie. Le 8 et le 9 , on constata qu'un des groupes du 4^ s'était accru et qu'une nouvelle tache était entrée sur le disque. L'état du ciel ne permit pas l'étude de la chromo- sphère. 1! y eut une nouvelle inter- ruption de 5 jours. Le 15 avril, on voyait 5 taches, dont l'ensemble mesurait 55 mill. Elles se trouvaient dans la période dite de tranquillité; les facules étaient peu nombreuses et à peine visibles: le centre diminua rapi- dement. Du 17 au 22, la chromosphère reprit un peu d'activité : il y eut chaque jour 7 , 8 protubérances, ayant une superficie moyenne de 250 mill. Le 25 et le 21 man- quent. La marche des aiguilles fut très-régulière dans les premiers jours du mois. Le 5, il y eut une légère perturbation dans le bifi- laire ; elle continua le 6. Le 7, elle fut très-forte dans les 5 instruments et coïncida avec une belle aurore boréale observée à Saint-Pétersbourg. Dans la ma- tinée le bifilaire desceendit de 51 divisions; vers midi il monta de 7 pour redescendre de 10 l'après- dîner. Sa chute fut donc de 54 divisions. — Le vertical remonta de 25,4 et l'oscillation du décli- nomètre atteignit 11,8. Le bifilaire resta troublé, mais sans offrir d'exagération dans sa course. L'oscillation du vertical, au contraire, alla croissant du 12 au 15. Le 15, elle comprenait 20 divisions. Elle diminua les jours suivants, mais augmenta à partir du 20. Le 25, elle était de 28 divisions, et le 26 l'aiguille fut hors d'échelle. ( 282 j Le 25, il y avait une grande tache de 11 mill. à 2 noyaux et dont la pénombre était environnée de facules très-vives. Le 27, un nouveau groupe qui a dû se trouver le 26 au bord, apparut. Il était beaucoup plus développé que le premier; quoi- très près du bord, il mesurait déjà 30 mill. et son auréole de facules était considérable. A mesure qu'il Le vertical semble particuliè- rement se trouver sous Tinfluence avançait, on put mieux juger de de ce beau groupe. Son excursion ces dimensions absolues. Le 50, fut constamment exagérée. sa surface était d'environ 50 mill. Dans les premiers jours de mai, l'activité intérieure resta consi- dérable et les facules continuèrent à briller du plus vif éclat. Le 8, le noyau était à 1 mill. du bord. Le 9, la tache disparut du dis- que, mais elle était encore visible au spectroscope qui montra que Péruption n'était pas encore à sa fin. A cette tourmente succéda un temps de repos presque absolu. Du 40 au 20, on ne vit qu'un pore et presque pas de facules. Le 3 mai, alors que la tache avait dépassé d'un peu le centre du soleil, il parcourut 20 divi- sions. Le 4, il alla hors d'échelle et le 3, la perturbation fut générale. Le 6,1e vertical fit encore 33 divisions, et le 7, il fut de nou- veau hors d'échelle ainsi que le 9 et le iO. La perturbation, quoique moins forte, se voyait aussi dans les mouvements du bifilaire et du déclinomètre. Avec la disparition de la tache cessa le trouble magnétique et le vertical reprit son mouvement moyen qui est de 7 divisions en- viron. Du 10 au 20, la seule irré- gularité que présentèrent de temps en temps les instruments, fut un changement dans l'heure tropi- que. L'amplitude de leurs oscil- lations resta toujours dans les limites moyennes. ( ^^83 ) Le 21, la chromosphère fut Le 21, le 22 et le 23, Texcur- quelquc peu en mouvement. Çà et sion du bifilaire fut doublée et le là, on voyait sur le contour du 22, le vertical fut aussi un peu disque des jets brillants. Le 23 , exagéré. Cette légère perturba- Tactivité fut plus forte : une petite tion, qui confirme singulièrement tache entrait par le côté oriental une des conclusions énoncées par et le nombre des protubérances s'éleva à 10, d'une superficie totale de 280 mill. Celle-ci avait été de 114 le 21 , et la moyenne des 7 jours précédents, de 70. — Du 24 à la fin du mois, il ne passa sur le soleil que deux pores qui se fermèrent avant même d'avoir atteint le bord occidental. Le 2 juin, un petit groupe pa- rut. Bien que près du bord, c'est- à-dire dans les meilleures condi- tions de position pour observer les facules, celles-ci étaient très- peu apparentes. Le 3 et le 4, on ne put faire le dessin. le P. Ferrari , fut suivie d'un très- grand calme. Une nouvelle perturbation, com- mença à se manifester dans le bifilaire le 1" juin. Son mouve- ment moyen augmenta ainsi que celui du vertical. Le 4, il tomba de 11 divisions et le vertical en fit 9. Le bifilaire Le 5, il y avait un changement resta agité et le 7 son oscillation notable. Ses dimensions de 15 fut de 17 divisions, mill. étaient montées à 28, et l'on Le trouble diminua peu à peu. distinguait un grand nombre de Le mouvement du bifilaire fut petits noyaux. encore exagéré le 9. Le 13, la Le 6 et le 7, le groupe crût perturbation fut plus sensible encore, bien qu'il eût dépassé le dans le vertical et le U et le 15, diamètre central. Le 12, il se trouvait sur le bord occidental et on fit deux dessins de la protubérance qui le sur- les instruments furent très-régu- liers. — Il est digne de remarque que cette perturbation magnéti- que eut lieu, pendant une série de montait. La période d'activité très-beaux jours, durant lesquels ( 284 était décroissante ; car les jets avaient peu d'élévation. Le 16, le soleil présenta 3 groupes de facules parsemées de petits pores. Le 17, le 18, le 19, le temps fut couvert. — Le 20 , un de ces groupes avait pris un très-grand développement; il mesurait 53 mill. et on comptait parfaitement sur le dessin 7 noyaux- distincts. Les jours suivants il diminua avec rapidité : on ne voyait pas de facules à son pourtour et quand il fut au bord, il était presque com- plètement fermé. Le 22 , un groupe se forma au centre du soleil : il comprenait une petite tache et une série de petits porcs. Le 25 et le 24, l'observation fut empêchée. Le 25, le groupe mesurait 55 mill. Le 27, il se trouvait près du bord, et comme dans le cas pré- cédent, on remarqua l'absence de facules. on ne put constater aucun phéno- mène météorologique extraordi- naire. Le 17, le déclinomètre et le vertical furent hors d'heure, et le bifilaire, après être monté de 18 divisions dans l'après-diner de ce jour, tomba de 20 le lendemain. Le 50, entra sur le disque une Tout d'abord, l'influence de ce groupe sur les aiguilles aimantées ne parut pas cire en rapport avec son étendue; le bifilaire à la vé- rité fut irrégulier du 20 au 29, et le minimum du vertical fut pres- que tous les jours hors d'heure. Mais à l'exception du 30, on ne vit pas les excursions exagérées, qui coïncident avec le passage des grandes taches. On peut supposer que malgré ses grandes dimen- sions, l'activité du groupe n'attei- gnit pas une grande profondeur, de ce fait qu'il ne dura pas même le temps d'une rotation , alors que les grandes taches se représentent jusqu'à trois fois sur le disque. Le 30, la perturbation fut la plus ( 28a ) petite tache nucléaire, d'une for- me elliptique presque parfaite. Il y avait de plus un grand groupe de facules, s'étendant à Toccident, le long d'un arc de SO", dans la région équaloriale. La partie du limbe correspondante était sur- montée d'un beau buisson de flammes hydrogénées. L'activité du soleil, pendant le mois de juillet, fut insignifiante. La petite tache elliptique acheva son excursion en s'effaçant de plus en plus. Le 11 juillet, après une inter- ruption de deux jours, on vit sur le soleil une petite tache, ayant noyau, pénombre et facules. Le 13, un second centre d'acti- vité se joignit au premier. Mais l'un et l'autre devaient durer très-peu. Le 17 on ne vit plus qu'un pore. forte : le bifilaire parcourut 14-, 5 divisions. La marche du bifilaire fut irré- gulière pendant le mois de juillet, sans fournir d'excursion exagérée. Le 5, il fit 12,5 divisions} le i i, l'irrégularité fut plus sensible et commune au déclinomctre et au vertical. Le 43, les trois instruments furent encore troublés. Quant aux perturbations du 15, du 16 et du 17, elles sont sans doute liées aux bourrasques qui passèrent alors sur Rome. Le 25, l'excursion du bifilaire fut le double de la moyenne des huit jours précédents. L'aiguille parcourut 10 divisions. — Le 50, elle en fît 13,2. Rien à constater jusqu'au 25. Ce jour il y eut une petite érup- tion au bord Est. On en prit trois dessins et la tache parut le lende- main. Elle crut sensiblement jus- qu'au 30; elle mesurait alors 18 mill. Le calme du mois de juillet se continua pendant le mois d'août, laire tomba Je 5 divisions, principalement du 1" au 20. La tache du 26 faiblissait à Le 2 août, le maximum du bifi- ( 286 ) mesure qu'elle s'approchait de l'Occident. Une observation intéressante se fit le 2 août. On vit très-dis- tinctement dans la partie centrale du disque un groupe de facules, disposé le long de l'équateur so- laire. Pour être aperçues dans cette position; elles devaient avoir un éclat extraordinaire. Le 5, elles avaient presque complètement disparu, et, à leur place, dans la région la plus avancée, près de la tache du 26, il s'était formé un petit groupe. Les dessins du I, du 5 et du 6 manquent. Le 7 , le groupe était arrivé au bord et l'on put constater qu'il n'était pas encore en repos, mais l'éruption était très-faible. Du 8 au 20, le temps fut ma- gnifique. L'observation fut faite régulièrement tous les jours : la somme des aires troublées s'éleva à 2 mill. Le 3; la perturbation fut géné- rale. Le maximum du déclino- mètre et le minimum du vertical furent en retard de 2 heures et lebifilaire n'eut que son minimum secondaire. Le C août, le vertical sembla paralysé : il parcourut à peine 5 divisions; il eut un second mini- mum anormal à 4- heures. Durant cette période, rien à remarquer dans les instruments magnétiques. Un léger trouble se manifesta du i2 au 16 : le vertical était fré- quemment paralysé. Le maximum et le minimum des divers instru- ments se produisaient en dehors des heures tropiques. Les deux groupes de facules qui passèrent alors sur le soleil, furent-ils la cause de cette perturbation? Tou- jours est-il qu'on ne constata au- cun phénomène météorologique particulier : le temps resta très- beau et tout dans l'atmosphère fut régulier. ( 28 Le 21, un commencement d'ac- tivité se manifesta. Une petite tache se vit presque tangente au bord et au-dessus d'elle, le P. Ferrari dessina plusieurs jets. Le 22 , cette tache était suivie d'une seconde, plus développée et contenant 2 noyaux. L'ensemble présentait une aire de 14 mill. et se trouvait à une distance moyenne de 7 mill. de Téquateur solaire, dans l'hémisphère Nord. Plus bas, sous l'équateur, à peu près à la même distance, il y avait une belle protubérance hydrogénée trcs-élevée. Le 24, dans la région correspondante se trouvait un groupe de belles facules. L'agitation fut courte. Une des taches se ferma avant d'avoir achevé une demi-rotation. L'autre, qui étaitla plus considérable, put être suivie jusqu'au bout de sa course. Le 2 septembre, elle était sur le bord et offrait encore quelque reste d'activité. — Un temps de calme succéda. Le soleil, n'avait plus ni taches ni facules impor- tantes. La chromosphère seule était un peu agitée, comme le prouvaient les panaches dessinés au spectrocope. Le 10, une petite tache se for- mait sur un méridien qui allait disparaître à cause de la rotation. 7) Le 21 , le mouvement du bifi- laire fut raide et le vertical hors d'heure. Le 22, perturbation dans les trois instruments qui dura encore le 23 pour le bifilaire. Le bifilaire resta agité. Son excursion moyenne fut de 12 divisions et souvent il était hors d'heure. Le 2 septembre , le maximum du bifilaire correspondait au de- gré 115 de l'échelle; le 5, il tom- bait à 101. Le 10, le bifilaire fil 10 divi- sions. Il fut hors d'heure, ainsi que le décHnomètre. Le vertical Le 15, il y eut une éruption un peu au-dessus de Téquateur. De 9 h. 7< àll heures, le P. Ferrari en fît 4- dessins. Le 14, tache et facules se trouvaient sur le dis- que 'j on ne distinguait encore qu'un noyau j le do, on en voyait 5. ( 288 ) était paralysé. L'oscillation du 10 fut de 2,2 et celle du 11,0,8. Le 13, le vertical seul fut sen- siblement agité. Le 14, le trouble se fît sentir encore sur le bifilaire. La perturbation fut maximum le 16, elle affecta tousses instru- ments. Une autre éruption se produisit le 18, malheureusement au bord occidental. Le 29 , après une interruption de plusieurs jours, un petit groupe était sur le disque. Sa position avancée indiquait une formation récente. Le !'=•■ octobre, formation d'un groupe qui, réduit le 1" à o pores, mesurait le 5, 11 mill. Les dessins du 3, du 6, du 7, révèlent plus d'activité dans la partie occidentale de l'astre : trois groupes s'y développaient : leur superfîcie augmentait chaquejour, malgré l'effet de perspective qui devait la restreindre. Le 17, le bifilaire fît encore 16 divisions, le 18, le vertical des- cendit fortement et les 3 aiguilles furent hors d'heure. Le bifilaire resta plus ou moins irrégulier. Le 26, sa course devint ascen- dante; il monta jusqu'au 21). — Le 29, petite perturbation dans les trois instruments. Le 30, elle fut plus considé- rable. Dans la nuit du 29 au 30, le bifilaire descendit de 16 divi- sions. Les bourrasques qui passèrent sur Rome, pendant le mois d'oc- tobre, influencèrent probablement les mouvements des aiguilles, mais l'action de l'activité solaire y est encore frappante. Le 2 octobre, il y eut une per- turbation sensible, surtout dans le bifilaire qui fit une excursion de 17, o divisions. Le 5, il y en eut une dans le déclinomètre et le bifilaire. — Le 6, elle fut générale et persista le Du 10 au 17, ciel couvert. Le 18, deux groupes de facules d'un grand éclat étaient à Torient. Elles contenaient des petits pores à peine visibles. L'agitation augmenta. Le 19, un d'eux formait une petite tache de 5 mill. Nouvelle interruption. Le 25, une belle tache était entrée sur le disque. Elle mesu- rait 13 mill. quoique très-près du bord. Elle avait 2 noyaux et la pénombre était particulière- ment nette. — Le 28, la tache avait dépassé le ^/g du rayon : elle était formée de 3 grands noyaux et sa superficie mesurait 55 mill. Elle était parvenue à son maxi- mum d'activité, car tout en mon- tant sur le disque, ses dimensions diminuèrent. — Le 30, deux de ses noyaux étaient confondus en un seul : elle était presque au centre du soleil, sur l'axe, un peu au-dessus de l'équateur. — Le 31 , les noyaux se rétrécirent en- core : ils ne mesuraient plus que 2(1 mill. ( 289 ) 7, dans le bifilaire et le vertical. Du 9 au 14, les mouvements tant du vertical que du bifilaire furent raides. L'amplitude de l'oscillation très-réduite. Le 16, se produisit une légère perturbation, mais générale. Le 17, le bifilaire ne fit que 3,8 et le déclinomètre et le ver- tical furent hors d'heure. Le 18, l'oscillation du bifilaire se réduisit à 3,6 et le 19, à 2,2. — Celle du vertical fut 3,1 et 3,3. Le 24-, nouvelle perturbation du bifilaire, de même caractère que la précédente; l'aiguille oscilla entre 2,5 divisions. Le soir, le ver- tical fut à son tour agité et le 25 commença une série de perturba- tions , qui affecta plus ou moins tous les instruments. La plus forte eut lieu le 28. ( 290 ) Le l**^ novembre, il y eut re- crudescence. On vit ce jour 4- noyaux, bien que la tache se trouvât tout près du bord occi- dental. Temps contraire aux observa- tions. Le 13, on réussit à prendre l'image du soleil : il n'y avait que quelques facules au bord occi- dental. Le 17, apparition d'une tache qui fut le commencement d'une période plus active. Le 18, la tache était un petit groupe de 8 mill. Le 19, une seconde se forma à l'improviste. Deux autres succédèrent et le 2i, dernier jour du mois, où l'on put fairel'obser- vation , leur ensemble mesurait 30 mill. et contenait 15 noyaux. Les dessins manquent jusqu'au 7 décembre. Le 7 et le 8, quelques facules sans importance. Le 12, le 15 et le 11, la chro- mosphère est agitée en différents endroits. Dans la région ordinaire des facules, les buisso?ïs d'hydro- gène étaient nombreux mais d'un pâle éclat. Le 14, deux jets élevés et très- vifs sont observés et dessinés. Le la, une tache de la forme nu- Le i^" novembre, Toscillation du bifilaire fut de 13,3. Le 2, elle fut plus grande et l'aiguille descendit de 20 divi- sions. — Le déclinomètre en par- courut 8j or, la moyenne de cette saison est 3. Du 4- au 10, marche régulière. Le 11, légère perturbation dans le bilifaire. — Le 12, elle gagna le déclinomètre et le vertical. Le bifilaire resta irrégulier, à l'exception du 21. Le caractère de sa perturbation fut d'avoir le maximum et le minimum hors d'heure. — Le 21 , jour de l'ap- parition des deux derniers grou- pes, il fit 1 1 divisions. (Lamoyenne du mois était 5,96.) Le 6 décembre, le bifilaire fit encore une grande excursion. Il fut généralement irrégulier jus- qu'au 23. La courbe est la plus irrégulière le 16, le 17 et le 18. Le 18, aurore boréale à Saint- ( 291 ) cléaire entrait sur le disque et se Pétersbourg. Celle-ci coïncida avec développait rapidement. — Le 19 Tépoquc où la tache présentait elle avait une superficie de 27 ses plus grandes modifications. — mill. et les facules qui Taccom- Le 19, le noyau principal était pagnaient étaient éclatantes. En divisé et les deux parties séparées même temps que se développait par un pont lumineux très-bril- latacheprincipale, plusieurs porcs lant. se formaient àTimproviste, quel- Le 23 et le 24-, les instruments ques-uns s'entourant de nom- furent tranquilles. — Le 25, la breuses facules. Une semblable perturbation recommença , le 26 , formation eut lieu le 26 au cen- Toscillation du bifilaire fut très- tre. Le 27, le point noir était une large. Après une série de petits tache; le 29, il y en avait deux mouvements, il monta de 19 divi- mesurant 7 mill. sions et resta troublé toute la fin de décembre. Les résultats de ce parallélisme s'imposent. Les deux plus fortes perturbations magnétiques de l'année, celles de fin avril et de (in mars, coïncident avec le passage des plus grandes taches, c'est-à-dire, ont lieu lorsque l'activité du soleil est maximum, les unes et les autres grandissent et faiblissent en même temps. D'autre part, les mouve- ments de l'aiguille sont d'autant plus réguliers, que le calme de la masse solaire est plus complet. Entre ces deux limites extrêmes, les oscillations irrégulières sont plus ou moins accentuées, selon que la chromosphère et la pho- tosphère sont elles-mêmes plus ou moins agitées. Quelques- unes de ces perturbations magnétiques éclatent en l'ab- sence de toute perturbation météorologique : pas de variations brusques dans la température, pas de change- ments soudains dans la direction des courants atmosphé- riques, pas de sauts dans la hauteur barométrique ; ce qui force à chercher en dehors de l'atmosphère l'origine de ces agitations mystérieuses. Enfin cette coïncidence ( 292 ) n'est pas un fait isolé, propre à l'année 1875, mais elle se retrouve dans les années antérieures. Seulement, la rareté relative de ces phénomènes, dans l'année 1875, rend la coïncidence plus frappante. Rappelons, toutefois, qu'en attribuant aux mouvements qui se passent au sein de la matière photogénique, une influence sur le magnétisme terrestre, on n'entend pas exclure l'existence de causes secondaires, comme le sont les aurores boréales, les tremblements de terre, etc. Mais ajoutons aussi que le mauvais temps des années 1875 et 1876 a frappé les météorologistes : que l'état physique du soleil pourrait avoir une grande influence sur notre atmo- sphère , et qu'en comparant les observations météorolo- giques aux observations solaires , on arriverait peut-être à des conclusions remarquables. Si l'hypothèse que nous soutenons ici est vraie, il faut que les oscillations extraordinaires se produisent en tous lieux, modifiées tout au plus par des circonstances locales, dépendant soit de la latitude, soit de phénomènes météo- rologiques restreints. Mais la marche de l'aiguille dans les différents lieux du globe étant généralement connue, l'os- cillation extraordinaire doit pouvoir se retrouver. Or, il en est ainsi. Les résultats auxquels sont parvenus Sabine et Loomis , en analysant les observations magnétiques de kew et de Prague, résultats que les travaux du P. Secchi ont pleinement confirmés, sont connus de tous les physi- ciens. Le même parallélisme existe entre les courbes de Toronto, de Hobart-Towen , de Washington, de Munich. En comparant les perturbations de 1872 notées à Rome avec celles qui s'étaient produites à la Havane, le P. Fer- rari a trouvé une concordance extraordinaire. A l'appui de notre hypothèse concourent aussi les tra- ( 295 ) vaux tle M. Tacchini sur la relation existant entre les aurores boréales (dont la connexion avec le magnétisme terrestre est depuis longtemps constatée) et les protubé- rances solaires. L'habileté de M. Tacchini , dans la repro- duction fidèle des formes si variées qu'affectent les protu- bérances, est connue, et l'autorité dont il jouit, dans tout ce qui concerne les études spectroscopiques, est justement établie. A la suite de nombreuses et délicates observa- tions, ce savant astronome fut conduit à croire que les aurores polaires sont moins liées à la présence des taches solaires qu'à la formation de certaines protubérances. Celles-ci diffèrent des protubérances en général, en ce qu'elles sont plutôt le résultat de modifications spéciales, s'accomplissant dans la partie la plus basse de l'atmo- sphère solaire, que d'un soulèvement de la chromosphère ou d'un transport de matières, provoqué par des courants externes. La mobilité excessive de ces appendices lumi- neux, la rapidité de leur formation et de leur disparition, la forme rayonnante qu'ils montrent quelquefois et leur extrême vitesse, lui sont une preuve que ces phénomènes sont de véritables décharges électriques, et il n'hésite pas à les comparer aux aurores terrestres. Les grands change- ments dans l'état électrique du soleil doivent produire, selon lui, un effet sur l'état électrique de la terre; et de l'observation de ces aurores polaires, il lui est arrivé de prédire l'apparition d'une aurore terrestre, prédiction plus d'une fois réalisée. Devant cet ensemble de faits qui marchent tous d'ac- cord, qui embrassent un si grand nombre d'années, et qui ont été constatés par d'éminents observateurs, dans des lieux de la terre, très-éloignés les uns des autres, l'in- fluence du soleil , ou mieux celle de l'étal physique de sa 2°*" SÉRIE, TOME XLIII. 20 ( 294 ) surface, sur les phénomènes magnétiques doit être con- sidérée comme démontrée, et Ton peut se demander com- ment s'exerce celte influence. On admet que les phénomènes magnétiques, ainsi que les courants électriques, sont le résultat de mouvement qui s'accomplissent au sein de cette substance subtile et impondérable, pénétrant tous les corps, remplissant les espaces interstellaires, et appelée élher. Les aimants nous montrent que le fluide éthéré, a, comme l'eau de la mer, ses mouvements réguliers, son flux et son reflux. Comme elle encore, il se trouve parfois violemment agité, et ses mouvements tumultueux sont de véritables tempêtes ma- gnétiques. L'agitation qui éclate, tant à la surface du soleil que dans son atmosphère, peut rompre directement l'équilibre de l'éther du monde planétaire, et cette rupture se mani- fester à nous sous la forme de l'oscillation de l'aiguille. Mais l'agitation solaire pourrait se borner à produire des réactions calorifiques et chimiques dans l'atmosphère des planètes, réactions qui, à leur tour, donneraient naissance à des courants électriques divers. L'action du soleil serait alors indirecte et cette seconde hypothèse s'accorde mieux que la première avec les caractères spéciaux et constants que présentent certains phénomènes électriques, les au- rores boréales, par exemple. L'état actuel de la science ne permet pas de trancher la question. Les progrès qu'on attendait des nouvelles ma- chines d'induction, tant statique que dynamique, n'ont pas répondu à toutes les espérances : nous nous trouvons encore dans la plus complète ignorance sur le mode de propagation des phénomènes électriques en dehors dé la matière pondérable, et, selon la pensée du P. Secchi, il est Bulldel'Aca Hj,y ;! ^ ^ ^ ^ 'l ^ -^ ^^^ ^ y ^ MJ. M. J. J. A. s. O. M Z) J. F M. A. M. J. J. A. S. 0. K D. J. F. MA. M. J. J. A. S. O. N. D. J. F M. A. M. J J. A S. 0. N D j 1 n ~ — — — 1 ■ ' ' sn , 1 ^ ^ X. __^ ^ i 9=; j 1 / ^ z X, -l ~^ V ^ X 1 ' '0 i À i/i — \ z ^ \ / \ V ù u ^ -^ ! 1 : ' / _ \/ \ X- A\ -— -^ \ ^ V ■ n 1 10 _ _ _ _ '' \ /. Y \ ^ \ ' ■ . i , L_ r~ \ ^ .^r- k!a. /-.X / 0 _ _ _ _ , _ _ 1 _ _ _ _ , _ 1 _ L_ _ _ _ _ __ _ L J ^ N/ '^ 1» ' ~ ~ *~~ ~~ ""~ — — — — — — — — — — — r— 1 11 -i \ . _^ 10 1 \l / \ ! , 9 8 i 1 \ /l \ / \ y \ / \ / \ / \ / \ j / / \ / / — ■— - — / \ U.: 1 : / \ / \ / \ / ' ^ / \ --H z >-^ _ 1 i/ i j \ / \ ^ / \ ^ \ \j 7 ■ 1 N 4 y j 1 ! / \/ \ / i / i i\ f-^ — ' 1 2 1 j ! i i ! 1 1 ! i ! 1 ! : ^ 1 ! ' ! 1 : 1 Conrie I jVûm.hre, mensuel des (groupes sur le soleil Courbe J/ Moitenne. Tnensaelle de^ l'e-xairswn du- declmomêtre e-rjj, ■ir/K'c en divisùms d& lecÂelle lîà, 0- SeviEre\-rvî Sri: ( 29o ) permis de croire que la solution du problème qui nous occupe est Jiée à la connaissance des rapports, unissant entre elles les grandes forces de la nature. Analyse, par M. le docteur Nuel, de son travail, intitulé : Recherches microscopiques sur l'analomie du limaçon des mammifères . A. Membrane basilaire. — Pour ce qui en est de la constitution de la membrane basilaire, l'auteur confirme en somme ses idées énoncées antérieurement, à savoir que la membrane basilaire est constituée par un nombre très- grand (54000 au moins chez l'homme), de fibres très- minces, élastiques, et homogènes dans leur substance, qui de la habenida perforala vont en ligne directe s'insé- rer sur le ligament spiral. Sous l'arc de Corti, le calibre des fibres est moindre que dans la zone pectinée. Les fibres sont reliées latéralement entre elles par une lamelle très-mince (moins épaisse que les fibres) d'une substance homogène non élastique. A sa face tympanique, la membrane constituée de cette manière est doublée d'une couche de fibres et de cellules de tissu conjonclif, reliées entre elles par une substance anhiste. A la face vestibulaire, elle supporte, outre l'organe de Corti, une couche continue de cellules épithéliales. B. Insertion des piliers de Corti sur la membrane basi- laire. — A leur extrémité inférieure, les pieds des piliers se résolvent en un certain nombre de prolongements digités, dont chacun se superpose à une fibre de la mem- brane basilaire, qu'il renforce. Chaque fibre de la mem- ( 296 ) brane basilaire reçoit un tel renforcement de la part des piliers externes. Chez le cochon d'Inde, le lapin et la brebis, 7 ou 8 fibres de la membrane basilaire corres- pondent à un pilier externe, tandis que chez le chat et le chien 11 ou 12 fibres correspondent à un pilier externe. C. Cellules acoustiques. — Les cellules acoustiques externes sont de deux espèces : ascendantes et descen- dantes. Chacune des deux espèces forme trois rangées de cellules continues à travers toute la longueur du canal limacien. La cellule acoustique ascendante est composée de deux parties : le cylindre et le cône. Le cylindre, de forme prismatique, est composé d'une substance claire, renfermant quelques fines granulations, et renferme à son extrémité supérieure un noyau. La base en est implantée sur la membrane basilaire. L'extrémité supérieure du cylindre se prolonge en une formation conique (le cône de la cellule ascendante), qui a un aspect plus foncé et oflVe une stria(ion longitudinale. La pointe du cône s'insère sur la membrane réticulaire. Les cellules acoustiques externes descendantes ont un corps cylindrique, mais fortement granulé, qui en haut s'insère dans un Irou hexagonal de la membrane réticulaire, et y supporte un certain nombre de bâtonnets disposés en fer à cheval, ouvert vers la colu- melle du limaçon. L'extrémité inférieure de la cellule acoustique descendante, amincie, se prolonge en un pédi- cule assez fort qui s'insère sur la membrane basilaire. Les cylindres des cellules ascendantes adhèrent forte- ment entre eux, entre ceux d'une même rangée et entre ceux des différentes rangées. De plus, ces cylindres adhèrent fortement aux extrémités inférieures des cel- lules acoustiques descendantes, là oii celles-ci émettent leurs pédicules. A son origine du corps cellulaire, le pédi- ( 297 ) culc (le la cellule descendante est situé au côté interne (vers le tunnel de Corti) des cellules ascendantes. A mesure que ce pédicule avance vers la membrane basi- laire, il pénètre dans le corps de la cellule ascendante, et son insertion sur la membrane basilaire se fait juste au centre de l'hexagone formé par l'implantation de la cellule ascendante sur la membrane basilaire. Les cellules ascendantes ne sont pas situées parallèle- ment aux corps des cellules descendantes : elles se croisent avec elles en sens radiaire et en sens spiral, surtout les cônes. Ces détails ne se prêtant guère à une analyse, nous renvoyons à ce propos au travail original. Les cellules acoustiques internes, moins nombreuses que les cellules descendantes d'une rangée, sont beaucoup plus volumineuses que ces dernières. Elles forniciit une rangée unique, couchée obliquement sur le versant interne de l'arc de Corti. Leur corps cellulaire est fortement granulé, aminci intérieurement, et reçu par son extrémité supérieure dans un anneau dépendant des piliers internes. Dans cet anneau il supporte un certain nombre de bâton- nets, disposés en arc de cercle très-ouvert en dedans, du côté de la columelle (cet arc est beaucoup plus ouvert que le fera cheval des cellules acoustiques descendantes). D. Parcours des fibres nerceuses dans le canal lunacien. — Ce parcours diffère sensiblement selon les différentes espèces de mammifères, et, de plus, il diffère chez la même espèce selon qu'on le considère à la base ou au sommet du limaçon. Ces différences cependant ne semblent porter que sur le parcours de ces fibres dans le tunnel de Corti. La plupart du temps, les fibres nerveuses perdent leur moelle avant de s'élancer dans le canal limacien à travers les trous de la habenula perforata. Arrivées dans ce canal, ( 298 ) elles se dévient en sens radiaire vers le sommet du lima- çon, s'approchent des piliers internes, puis pénètrent dans le tunnel à travers les fentes limitées par les piliers in- ternes. Chez le chat, une, rarement deux libres corres- pondent à une de ces fentes. Chez le lapin, le nombre des fibres qui traversent une fente s'élève à trois ordinaire- ment, peut-être quelquefois à deux seulement. Le sort des fibres nerveuses dans le tunnel de Corti est le suivant : Chez la brebis, le cochon d'Inde et le lapin, elles tra- versent en sens radiaire le tunnel, et arrivent contre les cellules acoustiques externes. Chez le chien et le chat, il en est de même pour la base du limaçon. Mais vers le sommet du limaçon, les fibres se dévient de nouveau en sens (spiral), vers le sommet du limaçon ordinairement, quelquefois aussi vers la base, courent dans cette direction sous une vingtaine de piliers externes, et finissent égale- ment par sortir entre les piliers externes, et viennent donc aussi en contact avec les cellules acoustiques externes. Chez le chien, dans le dernier tour de spire, les fibres ner- veuses conservent leur moelle jusque dans le canal lima- cien et jusque sous le tunnel de Corti. Ici, dans leur direc- tion spirale, elles sont souvent accompagnées de leur moelle à de longues distances : preuve palpal)le de la nature nerveuse de ces libres spirales dans le tunnel. Au sein des cellules acoustiques exiernes, le sort des fibres nerveuses pâles semble être le même chez les diffé- rents mammifères. Elles se dévient de nouveau en sens spiral, s'appliquent à la face interne de chacune des trois rangées de cônes des cellules acoustiques ascendantes, et dans leur parcours spiral, montent peu à peu dans la hau- teur des cellules. Dans la zone où les cellules acoustiques ( 299 ) ascendantes se soudent aux cellules descendantes, elles disj3araissent au regard. E. Le nombre des dents de la habenula denta est le même que celui des trous de la habenula perforala. F. Dans le dernier tour de spire du chien, Nuel a trouvé à la face lympanique de la membrane basilaire, sous les pieds des piliers externes, un tube renflé par endroits, qui suit une direction spirale, et qui pourrait très-bien être un vaisseau lymphatique. ( 300 ) CLASSE DES LETTRES Séance du 5 mars j817 . M. Wauters, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Ém. De Laveleye, \ice-direcleur; J. Roulez, Gachard, Paul Devaux, P. De Decker, J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, Ch. Faider, le baron Kervyn de Letten- hove, R. Chalon, Thonissen, Th. Juste, le baron Guillaume, Alp. Le Roy, A. Wagener, J.-F.-J. Heremans, membres; J. Nolet De Brauwere Yan Steeland, Aug. Scheler, Alph. Rivier, E. Arnlz ^ associés ; Edni. Poullet, Rolin-Jaeque- myns, Ch. Piot, Ch. Potvin et J. Stccher, correspondants. MM. Alvin, directeur de la classe des beaux-arts, prési- dent de l'Académie, et Stas, membre de la classe des sciences, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. La classe a eu le regret de perdre, dans le courant du mois de février dernier, deux de ses plus anciens mem- bres : M. le chanoine De Smet, né à Gand le 11 décembre 1794, élu le 6 juin 1855, décédé à Gand le 15 février; et M. J. Grandgagnage, né à Namur le 24 juin 1797, élu le 7 mars 1855, décédé à Embour (Liège), le 19 février. ( 301 ) M. le directeur fait part de l'impossibilité où il s'est trouvera cause de l'état de sa santé, de se rendre à Gand pour prononcer un discours aux funérailles de M. De Smet; M. le baron Kervyn de Lettenhove a bien voulu le remplacer et parler tant au nom de l'Académie qu'au nom de la Commission royale d'histoire, dont le défunt faisait partie depuis le 26 février 1835. Plusieurs membres de la classe, et notamment ceux qui habitent la ville de Gand , regrettent de ne pas avoir été informés, par une lettre de faire part, de la mort de leur honorable confrère. L'igno- rance dans laquelle ils ont été laissés à cet égard est cause qu'ils n'ont pu représenter l'Académie aux obsèques du défunt. M. le secrétaire perpétuel annonce à ce sujet que ce n'est que la veille des obsèques, dans l'après-midi, qu'il a reçu la lettre de M. J.-B. Billiet, faisant part du décès de M. De Smet. 11 s'est donc trouvé dans l'impossibilité d'en donner connaissance cà ses confrères. D'après les volontés de M. Grandgagnage, aucun dis- cours n'a été prononcé lors de ses funérailles. M. de Lave- leye, en l'absence de M. Wauters, s'est rendu à Embour pour assister à la cérémonie comme représentant de l'Académie. La classe décide qu'une lettre de condoléance sera écrite à la famille du défunt. Voici les paroles prononcées par M. le baron Kervyn de Lettenhove aux funérailles de M. De Smet : « Messieurs, 9 Je viens, au nom de l'Académie royale de Belgique et de la Commission royale d'histoire, rendre un triste et solennel hommage à la mémoire du vénérable membre ( 302 ) de noire compagnie, qui y siégea pendant plus de qua- rante années et qui, jusque dans ces derniers temps, mal- gré son âge et ses infirmités, nous continuait sa docte collaboration. » Mais il faut remonter plus haut encore pour retracer les services rendus à la science historique par le chanoine De Smet. Ce fut en 1821 que parut son Histoire de la Belgique, narration concise et impartiale qui eut pour fruit de réveiller et de répandre le goût des études consa- crées à nos fastes nationaux. » Parmi les travaux dont s'enrichirent plus tard les publications de l'Académie et de la Commission d'histoire, le premier rang restera réservé au Corpus chronicorum Flandriœ. Cet ouvrage offre, à ceux qui veulent appro- fondir nos anciennes annales, une suite de textes inédits qui y sèment une vive lumière. » C'est ainsi, Messieurs, que le chanoine De Smet, comme les Bénédictins d'autrefois, comme les Bollandistes de nos jours, unissait à l'austère pratique des vertus sacer- dotales le zèle infatigable de la science, qui, en évoquant les gloires du passé delà patrie, se proposait pour but de travailler à son avenir. » Pieuses et nobles traditions, devenues trop rares, qu'il faut entourer de respect et rappeler non pas seulement comme un souvenir, mais surtout comme un exemple. » — M. le Ministre de l'Intérieur envoie pour la biblio- thèque de l'Académie, un exemplaire : r de la 12*' livrai- son du Woordenboek der nedcrhindsclie tacd (afvloeien- afwisselen), par M. Devries, gr. in-S''; 2" du cartulaire de la commune de Namur, recueilli et annoté par J. Borgnet et S. Bormans, tome I", l""' livr.^, introduction, vol. in-S"; 5" de l'Annuaire statistique de la Belgique, VIP année, ( 305 ) 1876, gr. in-8% publié par le Ministère de Flntérieur. — Remercîments. — M. le marquis de Godefroy-Menilglaise fait hom- mage d'une copie, ayant appartenu a son bisaïeul Jean Godefroy-d'Aumont, second directeur français à la cham- bre des comptes de Lille, de l'acte de donation par Waer- beecq, le faux duc d'York, de l'Angleterre et de l'Irlande, à Maximilien d'Autriche. L'acte original a été dressé le 14 janvier 1495 par François Busleyden, alors notaire im- périal et doyen du chapitre de Liège, que, trois ans plus tard, Maximilien élevait à l'archevêché de Besançon. La classe vote des remercîments à M. le marquis de Godefroy-Menilglaise et charge M. le baron Kervyn de Lettenhove de bien vouloir faire un rapport sur cette pièce. — La classe reçoit les hommages suivants, au sujet desquels elle vote des remercîments aux auteurs : 1° De M. G. Rolin-Jaequemyns : Le droit international et la question cVOrient. Gand, 1876; br. in-8^ — Annuaire de rinstitutde droit international, V' année. Gand, 1876, vol. pet. in-8°: 2° De M. Nolet de Brauwere Van Steeland : Eene Toet- sing hertoetst. — Eene Dante-Furie. — Stil Heengaan. — Vit de handelingen van het XIV'^^ Taal-en Letterkun- dig Congres, 4 extraits in-8''; 5° De M. Oppert : Les inscriptions en langue susienne, — Salomon et ses successeurs. — Rapport sur le progrès du déchiffrement des études cunéiformes. — Sumérien ou Accadien? brochures in-8''; 4'' De M. Frans De Potter : Geschiedenis der stad Kortrijk, 4*^ deel. Gand, 1876; vol. in-8^ ( 304 ) 5° De Ad. Slorck : Etymology. Ersatzmittel fur eîne Weltsprache. Budweis, 1877; vol. in-18"; 6° De M. A. de Prias : Longfellow. Ëtudes américaines. Louvain, 1877; br. pet. in-4°; 7° De M. Alphonse Baudouin : Revers de médailles (poésies); Paris, 1876; vol. in-12% 8'' De M. Castan : La Franche-Comté et le pays de Montbéliard; Paris; br. in-18. M. Edmond Poullet,en présentant le livre de M. de Prins, ajoute : « Cette étude n'est pas destinée à rester isolée. L'auteur se propose de la faire suivre d'une série de mono- graphies dans laquelle viendraient successivement prendre place Bryant, Lowell, Hawthorne, Emerson, etc., et pro- bablement de fondre un jour ces travaux détachés dans une Histoire de la littérature américaine. Cette histoire com- blerait une véritable lacune. Elle n'a été faite ni en France ni en Belgique; et, en général, à part l'Angleterre , l'Eu- rope reste presque étrangère au mouvement littéraire d'outre-mer. » COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Gachard donne lecture de la seconde partie de son travail Sur la mission diplomatique de Riibens à Londres, dans laquelle il retrace les faits qui se passèrent depuis le commencement du mois d'août 1629 jusqu'au 6 mars 1630, jour où Rubens quitta la capitale de la Grande- Bretagne pour retourner aux Pays-Bas. On y voit que les négociations du peintre diplomate furent couronnées d'un plein succès, puisqu'elles eurent pour résultat l'envoi d'un ambassadeur d'Angleterre à Madrid, chargé de traiter la ( 505 ) paix avec le cabinet espagnol, et Tarrivée à Londres, dans le même but, d'un ambassadeur d'Espagne. M. Gachard fait connaître plusieurs dépêches de Rubcns qui mon- trent que le grand artiste avait une véritable aptitude pour les affaires d'État. 11 n'oublie pas de mentionner la distinction conférée à l'envoyé de Philippe IV par l'univer- sité de Cambridge, laquelle le proclama magister artium. Il dit comment, le 5 mars 1650, Rubens reçut l'ordre de la chevalerie de Charles P*", qui ne se borna pas pour lui à cetie faveur, mais y ajouta le don de l'épée dont il s'était servi en le faisant chevalier, d'une bague en diamant qu'il portait au doigt, d'une chaîne d'or et du cordon de son chapeau ; Charles plus tard le décora d'armoiries empruntées à son propre blason. M. Gachard termine en constatant que l'infante Isabelle, lorsque l'illustre peintre revint à Bruxel- les, lui donna des témoignages signalés de sa satisfaction et de sa gratitude pour les services qu'il avait rendus à la monarchie espagnole. L'assemblée remercie M. Gachard pour cette intéressante lecture. — La classe s'est constituée ensuite en comité secret pour prendre connaissance de la liste des candidatures aux places vacantes, dressée par le comité de présentation. Elle s'est également occupée des préparatifs de sa séance publique annuelle du mois de mai. ( 306 ) CLASSE DES BEATX-ylRTS. Séance du 1^'^ mars iSll . M. Alvin, directeur, président de T Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont 'présents : MM. Jos. Geefs. C.-A. Fraikin , Éd. Fétis, Edm. De Bussclier, A!p. Balat , J. Franck Gust. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq, Ernest Slingeneyer, Alex. Robert, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, Godfr. Guffens et F. Stappaerts, membres ; k\^\. Pinchart, cor- respondayit, M. Chalon, membre de la classe des lettres^ assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur adresse une expédition de l'arrêté royal, en date du 6 février, ouvrant un double concours pour la composition d'un poëme en langue française et d'une poëme en langne flamande, destinés à être mis en musique par les concurrents pour le grand prix de composition m.usicale de 1877. Il demande, en même temps, que la classe veuille bien lui soumettre une liste double de présentation pour la formation du jury qui sera chargé de juger ce concours. ( 307 ) — Par une antre dépèche, M. le Minislie demande à la classe de lui désigner les noms de trois de ses membres qui devront, en conformité de l'arrêté royal du 5 mai 1849, composer la section permanente du jury chargé de juger le grand concours de composition musicale de 1877. — La classe prend notification d'une lettre du même haut fonctionnaire annonçant qu'il a confié à M. le sculp- teur Van Havermaet, de Saint-Nicolas, l'exécution en marbre du buste de Mercator, dont un buste en plâtre figure déjà dans la grand'salle des Académies. — M. le Ministre envoie pour la bibliothèque de l'Aca- démie un exemplaire des trois premiers volumes des Poésies et des trois premiers volumes de la Prose, des OEuvres cV André Van Hasselt, ainsi que la livraison de 1876 (12' année) de la partie profane du Trésor musical, publié par M. R- Van Maldeghem. RAPPORTS. MM. Franck etLeclercq donnent lecture de leur appré- ciation du deuxième rapport semestriel de M. Fraiîçois Lauwers, lauréat du grand concours de gravure en 1874. Cette appréciation sera transmise à M. le Ministre de l'Intérieur, afin d'être communiquée à M. Lau\vers par les soins de l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers. ( 508 ) ÉLECTIONS. La classe procède au choix des quatorze noms parmi lesquels le Roi nommera le jury chargé de juger le con- cours actuel des cantates. M. iMarchal, secrétaire adjoint de l'Académie, remplira les fonctions de secrétaire de ce jury. — La classe s'occupera dans sa prochaine séance du choix des trois membres de la classe qui doivent former la section permanente du jury pour la composition musicale. Elle décide, en même temps, la mise à l'ordre du jour de cette séance d'une proposition de M. Gevaert concer- nant le règlement organique des grands concours. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Alvin annonce qu'il a reçu une somme de 900 francs de la Société pour l'encouragement des beaux-arts à Anvers. Ce(te somme produite parle tantième prélevé sur la vente des œuvres d'art de l'exposition d'Anvers est des- tinée à la caisse centrale des artistes. La classe vole des remercîments pour ce don. ( 309 ) OUVRAGES PRESENTES. Beneden (P.-J. Van). — Notice sur F.-X. De Burtin, membre (le rancienne Académie. Bruxelles, 4877; br. iu-lS. MaiUij (ÉiL). — Études pour servir à rhistoire des sciences et des lettres en Belgique pendant la seconde moitié du XVin<= siècle, I. Bruxelles, 4 877; br. in-8°. Malaise (C). — La paléontologie végétale de la Belgique. Bruxellts, 1877; br.gr. in-8°. Nolet de Brauwere Van Steeland (D' J.). — Stil lieengaan. — Eene toetsing hertoetst. — Eene Dante-furie. — Dit de handelingen van het XIV« taal-en letterkundig congres, gehouden te Maastricbt. Feuilles in-8''. RoUn-Jaeqiiemyns [G.]. — Le droit international et la question d'Orient. — Gand, 1870; br.%r. in-8°. — Annuaire de l'Institut de droit international. Gand, 1877; volume in-8% De Potter [Frans). — Gescliiedenis der stad Kortrijk. tome IV. Gand, 1876; vol. in-8". De Prins(A.). — Études américaines. Longfellow. Louvain, 1877; br. in-8". Soignie (Jules de). — Traité de la nationalité des individus d'après la loi belge. Mons; br. in-12. Sieurs (F.). — De toren van Sint-Rombautskerk te Mecbelen, 3*^^ aflev. — Malines, 1877; br. in-S". — Eenige aanteekeningen rakende de mechelscbe klokgieters. Malines, 1877; br. in-18. Ministère de l'Intérieur. — Bulletin du conseil supérieur d'agriculture. Situation de l'agriculture (1875), tome XXIX. Bruxelles,1877;vol.in-4«. Comniissio7is royales d'art et d'archéologie. — Bulletin, XV^ année, n*^^ 11 et 12. Bruxelles, 1870; br. in-8". 2""^ SÉIUE, TOME XLIII. 2^ ( 310 ) L'Illustration horticole, 1876, 11*^ et 12^ livraisons. Gand; br. in-8". Cercle archéologique du Pays de Waes. — Annales. tomeVI, 3^ livraison. Saint-Nicolas, 1877; br. in-4*'. Académie d'archéologie de Belgique. — Annales, l. XXXIII, l^Mivraison. Anvers, 1877; br. in-8°. Le Bibliophile belge, 1870, n"^ 9.12. Bruxelles; feuilles in-8°. Allemagne, Autriche et Hongrie. Storch [Âdolf-Fr). — Etymology, Ersalzmittel £ûr eine Weltspracbe. Budweis, 1877; vol. in- 18. Germanisches national Muséum. — Anzeiger fiir Kunde der deutsclien Vorzcit, 187G. Nuremberg; vol. in-V. Naturforschender Verein in Briïnn. — Vcrhandlungen, Band XIV, 1875. Brunn, 1876; vol. in-8°. K. K. Sternwarte in Wien. — Annalen , Jahrgang 1875. Vienne, 1876; vol. gr. in-8". K. ungarisclie geologische Anstalt. — Mittbeilungen aus dem Jabrbuche, IV. Bd. 5. Heft. Buda-Pest, 1876; br. in-8°. K. K. Central- Anstalt fur Météorologie und Erdmacjne- tismiis. — Jabrbiicber, Jahrg. 1874. Vienne, 1876; br. in-4^. Kônigl. Sternwarte zu Berlin. — AstronomiscbesJabrbùeb fur 1879 mit Epbemeriden der Planeten ( 1 )-(164j fur 1877. Berlin, 1877; vol. in-8°. Naturwissenschaftlicher Verein zu Hamburg. — Abliand- lungen, VI. Band, 2 u.3. — Uebersichl, 1875-74. Hambourg, 1876; in-4". Naturhistorischer Verein der preussischen Rheiniande tind Westfalens. — Verbandlungen, 4^ série, tome II,2'liv., et tome III, r*' liv. Bonn, 1875-76; 2 vol. in-8°, K. bayer, botanische Gesellschaft in Begensburg. — Flora, botanisehe Zeitung, Jabrgang 1876. Hatisbonne; vol. in-8". ( 31i ) K. b. Akadenùe (1er Wissenschaften zu Mûnclmn. — Zilzungsbcrichtc tler philos-pliilol. iind hislor. Classe, 1876, Bd. I, H. 5 u. 4. Munich; 2 br. in-8«. OberlaKsitzischc Cesellschaft der Wissenschaften. — Noues lausilzisehes Magazin, LU. Bd.2. Ilel't. Gorlilz, 1870; br. iii-8". Geograpliische A/tslult in Gotha. — IMiltlieilungen XXllI. Bd.5; Erganzungshef't irliO. — Inhaltsvcr/.eiebniss 1865-1874 (10 Jaliresbande uiid 5 Erganzungsbande). Gollia, 1877; 5 br. in- 4». K. j}reuss. Akademie der Wissenschaften zu Berlin. — Monalsberiebt, Augustus-JNovember 1876. Berlin; 4 br. in-8°. Deutsche chemische Gesellschaft. — Berichte, 4877,N''' 1-4. Berlin; 4 br. in-8°. Archiv der MaiJiematik iind Phijsik, LX. Teil, 2. lleft. Leipzig, 1877; br. in-8°. Amérique. Howe{H.-A.). — Catalogue of 50 ncw double stars. Cincin- nati, 1876; br. in-8"'. Napp (Ricardo.). — La République Argentine. Buénos- Ayrcs, 1876; vol. in- 8°. Prince (David.). — Consideratioiis in relation to diseases of tbe joints. Jacksonville, 1877; feuille in-8". Zoological Society of Philadelphia. — The fourth annual report of ihe board of direetors. Philadelphie, 1876; br. in-8°. American geographical Society. — Bulletin, session of 1876-77, n° 2. New-York ; br. in-8°. Museu nacional do Rio de Janeiro. — Archivos, tome I, 1", 2' et 5*= trimestres. Rio de Janeiro, 1876; 2 br. in-4". American Journal of science and arts, 1877, jan.-march. New Haven; in-8". The penn monthly, 1877, jan.-march. Philadelphie; 5 br. in-8\ ( 3i2 ) France. Baudouin (Alpfionse). — Revers de médailles (Poésies). Paris, 4 876; vol. in-i8. Carrière [Denis). — Journal d'analyse et de mécanique, 4"'' année, n°' 5 W. Paris, 1876-1877, feuilles in-4°. Castan [A.). — La Franche-Comté et le pays de Montbc- liard. Paris, Besançon; broch. in- 18. Clos (D.). — Variations ou anomalies des feuilles compo- sées. — Notice sur les travaux scientifiques du docteur Clos. Toulouse, 1876; 2 br. in-8". Deiisle [Léopold). — Notice sur vingt manuscrits du Vatican. Paris, 4877; broch. in-8". Duchateau (Julien). — Rapport sur les progrès du déchif- frement des études cunéiformes. Paris, 1875; extrait in-8". Joly {CIl). — De l'épuration des eaux d'égouts. Paris, 1877;br. in-S". Loeivetiberg (le D^). — De l'échange des gaz dans la caisse du tympan. Paris, 1877; br. in-8". Oppert (Jules). — Les inscriptions en langue susienne. Essai d'interprétation. — Sumérien ou Accadien? Paris, 1873, 1876; 2 extr. in-8*'. — Salomon et ses successeurs. Paris, i877;br.in-8^ Académie des sciences, arls et belles-lettres de Dijon. — Mémoires, d'"^ série , t. II et III , 1 874-1 876. Dijon ; 2 vol. in-8\ Société linnéenne de Bordeaux. — Actes, tome XXX; tome XXXI, i" et 2Mivraisons. Bordeaux, 1875, 1876; in-8°. Matton {Louis-Pierre.) —Le bissegment, principe nou- veau de géométrie curviligne. — Première suite et premiers développements de la brochure Le Bissegment. — Résumé des deux premières brochures sur Le Bissegment. — Ré- ponse h une seule et dernière objection contre la tendance des trois brochures sur Le Bissegment. Lyon, 1876; 4br. in-4°.— Quadrature de tous les polygones réguliers depuis le triangle ( 3i^ ) éqiiilatéral, jusqu'au polygone d'un nombre inlini de côtés. — Sommaire des cinq brochures sur la quadrature et sur le bissegment. Lyon, 1877; 2 br. in-4'\ Barrais (Charles), — Note préliminaire sur le terrain silurien de l'ouest de la Bretagne. Lille; br. in-8". — Note sur le terrain devonien de la rade de Brest. Lille, 1877; br. in-8". Société zoologique de France.— Bulletin, 187C, octobre- décembre. Paris; 5 br. in-8°. Sociéié de géographie de Paris. — Bulletin, décembre 1870 et janvier 1877. Paris; 2 br. in-8". Société météorologique de France. — Annuaire, Bulletins des séances, feuilles 1-11. Paris, 1877; br. in-8". Société géologique de France. —Bulletin, 187G, tome IV, n^S. Paris, 1877; br. in-8". Société mathématique de France. — Bulletin, 1877, janvier. Paris ;br. in-8". Grande-Bretagne et Colonies. Bell [Thomas). — The steppers of Siberia. — The dril't ol' Devon and Cornwall. — Geological âge of the deposits con- taining flint implements at Hoxne, and the relation that palaeolithic man bore to the glacial period. — On the loess of the Rhineand the Danube. Londres, 1874-77 ; 4 broch. in-8". Statistical Society. — iouvnal, septembre 1876. Londres; in-8''. Bmjal geographical Society. — Proeeedings , tome XXI, n" 1. Londres, 1877 ; br. in-8". Geological Society. — The qiiarterly Journal, tome XXXII, n" 128. — List of the Society. Londres, 1876; 2 br. in-8". Anthropologiccd instituteof Great Britain and Ireland. — Journal, octobre 1876. Londres; br. in-8". Literary and philosophical Society of Liverpool. — Proeee- dings, session 1875-76. Londres, Liverpool, vol. in-8". ( 314 ) Royal asiatic Sodely of Great Britain and Ireland. — Journal, nouvelle série, tome IX, n" i. Londres, 1876; vol. in-8". Malhematkal Society ofLondon.— Proceedings, n*^' 1 01 - 1 05. Londres, in-S". Astronomical Society of London. — Monllily notices, 1877, l'ebruary. Londres; in-8°. Society of antiquaries of London. — Miscellancous tracts, tome XLIV, n» 2. Londres ; vol. in-4°. Royal Society of F/cfo?ia. — Transactions and proceedings, tome XIL Melbourne, 1870; br. in-8^ Institution of civil engineers. — Minutes of proceedings, tome XLVIL Londres, 1877; vol. in-8°. Royal Society of Edinburgh. — Proceedings, session 1875-7G. — Transactions, tome XX Vil, n° 4. Edimbourg; 1 vol. in-S** et 1 vol. in-4^ Observatory of Dim Echt, Aberdeen. — Publications, tome L Dun Echt, Aberdeen, 1870; in-4°. Asiatic Society of Bengal. — Bibliothcca Indica (A collec- tion of oriental works), old séries, n« 256; new séries n°' 551, 354. _ Proceedings, august 1876. — Journal (Philology), t. XLV, n° 2; Journal (natural history) t. XLV, n° 5. Calcutta. 1876; 6 br.in-8°. Zoological Society of London. — Transactions, vol. IX, part. 10. Londres, 1877; br. in-4''. Entomological Society of London.— Transactions for 1876, part I-V. Londres; S br. in-S". — A catalogue of britiscb Neuroptera.— A catalogue of britiscb Hymenoptera; Aculeata, — A catalogue of britiscb Hymenoptera; Chrijsidae, Ichneu- monidae, Braconidae and Evanidac. —A catalogue of britisb Hymenoptera; Oxyura. — A catalogue of britisb Hemiptera ; Hcleroptera and Homoptera. Londres, 1870-1876; 5 br. in-8". ( 3JS ) Hollande. De Vries. — Woordenboek der Ncderlandschc laal, 12' aflevering (afvloeicn-afwissclen). La Haye, 1876; in-8°. Sncllen van VoUenlwven (5.-C.). — Pinacographia, afbeel- dingen van mcer dan 1000 soortcn van noordwcst-curo- pcesche sluipvvespen, 4""^ livraison. La Haye, 187C; in-i". Servaes van Rootjen {A.-J.). — Braga-sludiën. Arnhem, 1876;brocli. in-8°. Vreede [G.-W.). — Rapport der geheime slaatscommissie, nopens de toekomstige inrigting en liuishouding van den SlaaL Utrecht, 1875; in-8«. Eeden {F.- W. Van). — Flora Batava, afbcciding en beschrij- ving van Ncderlandschc gewassen , afleveringen 252-256. Leyde; 5 br. in-4". Hislorisch Genootschap te Utreclit. — Kroniek , sixième série, tomeVI, 1873. — Joiirnaal van Conslantijn Huygens, den zoon, tome I. — De rekeningen der gral'clijkheid van Holland onder het henegouwsche Huis, door ]y Hamaker, tome II. Utrecht, 187G; 5 vol. in-8°. Enplionia, weekblad gewijd aan Ictlcrkunde en welspre- kendheid, 1877, Januarij-Maart. Utrecht; feuilles in-4". Liste d'ouvrages déposés dans ta bibliothèque de V Académie par ta Commission royale d'histoire. Devillers (Léopold). — Notice sur les archives des établis- sements de charité de la ville de iMons. — Inventaire analy- tique des archives des commanderies belges de l'ordre de Saint- Jean de Jérusalem ou de MalJe. Mons, 1876; br. in-8° et vol. in-4°. ( 316 ) Gilliodts-Van Severen, — Inventaire des archives de la ville de Bruges : section V^, tomes IV, V et VI. Bruges, 1876; 5 vol. in-4°. Ministère de Vlntèrieur. — Annuaire statistique de la Belgique 1876. Bruxelles; br. in-S". Société archéologique de Namur. — Annales, tome XIII, 5^ et ¥ livraisons. Namur, 1876-1877; 2 br. in-8°. — Les fiefs du comté de Namur, publiés par Stanislas Bormans, 2'= livraison. Namur, 1876; br. in-8". Cercle archéologique de Mons. — Annales, tomes XIII et XIV. Mons, 1876-1877; 2 vol. in-8''. Société des sciences , des arts et des lettres du Hainaul. — Mémoires et publications, quatrième série, tome I. Mons, 1876; vol. in-8°. Cercle archéologique du Pays de Waes. — Annales, t. VI, V% 2« et 5*^ livraisons. Saint-Nicolas, 1876-1877; 2 br. in-4^ Institut archéologique du Luxembourg. — Annales, t. VIII, 5^ cahier. Arlon, 1875; br. in-4°. Historischer Verein fur das Grossherzogthum Hessen. — Archiv fur hessische Geschichte und Allerthumskunde, XIV. Bd. 2' Heft. Darmstadt, 1876; br. in-8''. Historischer Verein fur Niedersachsen. — Zeitschrift, Jahrgang 1876, und 38. Nachricht. Hanovre, 1876; br. in-8°. General-Landesarchiv zu Karlsruhe. — Zeitschrift fiir die Geschichte des Obcrrheins, XXVII. Bd. 4. Heft; XXVIII. Bd. Heft 1-4 ; XXIX. Bd. 1 . Heft. Carlsruhe, 1875-1877; 6 br. in-8°. Université de Leipzig. — Thèses universitaires, années 1874-1876. Leipzig; 7 broch. in-S" et 7 in-4". Comité flamand de France. — Bulletin, tome VI, n*^ 12. Lille, Dunkerquc, 1875; br. in-8". BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1877. — INo 4. GLISSE D£S SCiËIlGES. Séance du 7 avril ^877. M. Maus, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétueL Sont présents : MM. J.-C. Houzeau, vice - directeur ; Stas, L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, H. Nyst, Mel- sens, F. Duprez, Ern. Quetelet, Ern. Candèze, F. Donny, Ch. Monligny, Steichen, Éd. Dupont, Éd. Morren, C. Ma- laise, F. Folie, Alph. Briart, F. Plateau, Éd. Mailly, mein- bres; Th. Schwann, E. Catalan, J. Gosselet, associés; F.-L. Cornet, G. Van der Mensbrugghe, M. Mourlon, cor- respondants. 2"^ SÉRIE, TOME XLIII. 22 ( 3i8) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de Tlntérieur envoie, pour la bibliothèque de TAcadémie, un exemplaire des livraisons 232 à 236 de la Flora balava. — Remerdments. — M. G. Dewalque adresse, de la part de la Société géo- logique de Liège, un paquet de brochures consacrées à Texposé des principes que la Société croit devoir être suivis pour l'exécution de la carte géologique détaillée du pays, et la discussion à laquelle ils ont donné lieu. Conformé- ment à la demande de M. Dewalque, un exemplaire a été déposé dans la bibliothèque, et les autres ont été distri- bués aux membres et aux correspondants. — La Société royale et impériale de botanique de Vienne fait savoir que la souscription ouverte en 1873, pour ériger un monument à Ph. von Siebold, à Wiirtzbourg, a produit jusqu'ici la somme de 2,850 florins. Elle fait un appel aux sociétés savantes, afin qu'elles contribuent à cette œuvre. — M. le professeur Rauwenholf, à Utrecht, informe qu'un congrès international de botanistes sera ouvert à Amsterdam, le 13 avril 1877, en coïncidence avec l'expo- sition internationale d'horticulture, et demande que l'Aca- démie veuille bien s'y faire représenter. La classe délègue, à cet effet, M. Edouard Morren. — La Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaul, à Mons, adresse son programme de concours pour 1877. ( 319 ) — M. Allard, consul général de la République Argen- tine à Bruxelles, offre, de la part du comité central ar- gentin pour l'exposition de Philadelphie, un exemplaire de l'ouvrage de M. Rie. Napp sur la République Argentine. Cet ouvrage, dit-il, forme un répertoire intéressant et au- thentique de tous les éléments d'administration , de com- merce et de science qui se rattachent à ce pays. — Remer- cîments. — L'Université de Christiania, l'Académie des sciences et l'Observatoire de Vienne, la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, la Société royale d'Edim- bourg, le Natiirhistorischer Vereinder preussischen Rhein- lande und Westfalens de Bonn, l'Institut géologique de Hongrie accusent réception du dernier envoi des publica- tions académiques, et font parvenir leurs travaux les plus récents. — M. P.-J. Van Beneden offre un exemplaire de l'atlas formant la première partie de la Description des ossements fossiles des environs d'Anvers. Ce travail, qu'il vient de pu- blier dans les Annales du Musée royal d'histoire natu- relle DE Bruxelles, traite des Pinnipèdes ou Amphithé- riens, c'est-à-dire des mammifères généralement connus sous le nom de Phoques. L'atlas se compose de 18 plan- ches in-folio, et l'auteur annonce qu'il espère déposer le texte complet dans une prochaine séance. « Il y a longtemps, dit M. Van Beneden , que les richesses paléontologiques des sables d'Anvers sont connues des naturalistes. Il en est question déjà dans quelques écrits du siècle dernier; mais leur importance n'a été appréciée que depuis les travaux de Cuvier sur les ossements fos- siles en général. C 520 ) Au commencement de ce siècle (1809), en creusant le grand arrière-bassin à flot, les ouvriers mirent au jour quelques ossements qui furent envoyés à Paris par le pre- mier inspecteur général du génie, M. le comte Dejean; ils sont conservés encore aujourd'hui au Muséum d'histoire naturelle, comme les plus précieuses reliques de ces ter- rains sablonneux. C'est avec quelques-uns de ces maté- riaux que le grand naturaliste du Muséum a créé le genre Ziphius. A la suite de travaux exécutés par des particuliers, nous avons reçu, il y a près de cinquante ans, diverses pièces qui nous ont décidé à faire, en 1855, une communication à l'Académie des sciences de Paris. En 1852, on a construit des fortins en avant de l'en- ceinte de la place, et, grâce à l'intelligente activité du gé- néral de Lannoy, qui commandait ces travaux, des colonnes vertébrales de Cétacés, de plusieurs mètres de longueur, ont été conservées avec de nombreuses dents et des osse- ments de toutes les grandeurs. Les travaux d'une écluse maritime construite, en 1854, pour faire déboucher le canal de jonction de la Meuse à l'Escaut sous Anvers, ont mis également au jour des trésors cétologiques. Mais ce sont surtout les grands travaux militaires exé- cutés dans ces dernières années en vue d'y établir la base de la défense nationale et auxquels notre métropole com- merciale doit aujourd'hui ses principaux embellissements, qui ont fait connaître plus particulièrement la prodigieuse richesse de cet ossuaire. Le sol a été creusé sur une lon- gueur de quatorze mille mètres pour l'établissement du fossé de l'enceinte et de dix-sept mille mètres autour des forts détachés. Les coupes géologiques, descendant jusqu'à ( 321 ) huit mètres en moyenne, en ont été publiées par M. Ad. Dejardin, alors capilaine en premier du génie. Les der- niers travaux ont été pratiqués au Kaltendyk, et comme il y a encore des forts à établir, nous pouvons espérer de voir encore sortir du sol ])ien dos richesses paléontolo- giques. Noire regretté confrère le vicomte B. Du Bus, dans un discours qu'\\ a prononcé comme directeur de la classe des sciences, le 17 décembre 1867, proposait d'exécuter des fouilles au fond des fossés, et nul doute qu'elles ne four- niront de nouveaux matériaux scientifiques aussi impor- tants pour la paléontologie, que les objets d'art sortis des ruines de Pompéi et d'Herculanum l'ont été pour l'his- toire. Anvers est bâti au milieu d'un estuaire s'étendant sur une surface très-grande et au fond duquel des couches de sables noirs, verts, gris et jaunes se sont successivement déposées. Chacune de ces couches renferme des osse- ments d'animaux marins qui nous permettent de lire les changements survenus dans la mer et dans ses habi- tants. Les faunes successives que formaient ces animaux con- trastent avec celle des temps actuels. Des Phoques de toutes les dimensions animaient ces plages; des Baleines et des Dauphins sans nombre remplissaient ces eaux ; des Tortues grandes comme des Éléphants, des Requins de cinquante pieds de longueur vivaient au milieu de ces ani- maux littoraux et pélagiques. Et ces reliques de la fin de la période tertiaire se trouvent entassées dans les mêmes couches de sable, depuis les bords de la Meuse jusqu'au Meckîemhourg d'un côté, de Norfolk et de Suffolk en Angle- terre de l'autre. . ( 322 ) L'Angleterre était encore unie au continent et, pendant des temps géologiques fort longs, les courants et les vents dominants poussaient les cadavres Qottanls de l'Atlantique et de la mer du Nord dans la même direction. Il s'est formé là le plus vaste ossuaire qui existe au monde. La mer du Nord de cette époque, le commencement de l'âge pliocène, n'était pas sans ressemblance avec la baie de Baffin et le détroit de Behring de nos jours, où tous les ans des pécheurs de différentes nations vont tuer encore des Baleines, puis des Phoques pour compléter leur char- gement. 11 suffît de jeter un coup d'œil sur le livre intéres- sant et instructif que vient de publier M. Henry W. Elliott, pour se faire une idée des légions de ces animaux qui cou- vrent certaines plages dans des contrées peu explorées. On dirait des armées d'Otaries prenant leurs ébats sur les bords des îles S'-Paul et S'-Georgesdans la mer de Behring. Tous ces os fossiles des environs d'Anvers proviennent d'animaux complètement différents de ceux qui vivent en- core aujourd'hui, et pour donner une idée de la quantité qui a été rassemblée au Musée royal d'histoire naturelle, nous dirons que deux ouvriers ont mis cinq mois à les transporter dans une salle nouvellement construite, et que cette salle, de 65 mètres de long sur 11 mètres de large, n'était pas, à beaucoup près, suffisante pour les étaler con- venablement sur le plancher. L'ensemble des restes de Cétacés transportés au Musée mesure un volume de deux cents mètres cubes à peu près. Et nous ne parlons que des os dont nous avons entrepris la détermination. Comme il appartient à l'historien de fouiller les archives, à l'archéologue de fouiller les tombeaux, il appartient au paléontologiste de fouiller le sol pour faire revivre les (523) faunes et les flores qui ont existé sur le pays avant nous. Quand Thomme cesse de parler, il faut accorder la parole aux pierres et aux os, et écouter avec un respect reli- gieux le langage du Tout-Puissant qui a créé le ciel et la terre. Ces os ont été recueillis pour la plupart à l'époque où la direction du Musée était conliée à notre savant confrère le vicomte B. Du Bus. Qu'il nous soit permis d'exprimer nos regrets qu'il n'ait pu recueillir le fruit de ses der- nières années de recherches. Jl avait préparé un grand tra- vail sur les Ziphioïdes, et si ce travail n'a pas vu le jour, c'est que l'auteur a voulu mettre trop de soins à sa confection. Il espérait toujours faire mieux qu'il n'avait fait, et il était rarement satisfait de ce qu'il avait terminé. Nous devons, en tous cas, lui rendre cette justice, qu'il a mis le plus grand soin à la conservation des objets et, si l'on s'aperçoit aujourd'hui que certains renseignements font défaut, il faut l'attribuer au temps où les fouilles ont été entreprises. Ce n'est que dans ces dernières années que l'on a compris le besoin d'annoter avec précision les couches de sable dans lesquelles les os ont été décou- verts. Ce monde fossile a pu être sauvé, grâce au concours actif et assidu des officiers du génie, qui ont conduit les travaux; et grâce à l'intelligente activité du directeur du Musée royal d'histoire naturelle, M. Dupont, et du contrô- leur des ateliers, M. De Pau>v, nous avons été mis a même d'entreprendre cette publication. Ceux qui ont pu voir ces amas d'ossements recueillis et entassés dans les caves du Musée peuvent, seuls, se faire une idée des efforts qu'il a fallu pour effectuer les triages et pour rapporter ensuite chaque os à son genre et à son espèce. ( 324 ) Nous commençons la description des ossements fossiles des environs d'Anvers par les Phoques et après eux nous publierons les Cétodonles ou Cétacés à dents, puis les Mysticèles ou Cétacés à fanons. Et si Dieu nous prête vie, nous espérons faire connaître successivement les quelques débris d'oiseaux que le sable renferme, les Tortues dont quelques-unes se distinguent par leur forme comme par leur taille, et enfin les poissons osseux qui n'ont laissé malheureusement que peu de débris. Les poissons plagios- tomes ont été étudiés par le capitaine Le Hon, qui y a con- sacré les dernières années de sa vie. » La classe remercie M. Yan Beneden pour le bel ouvrage dont il vient d'enrichir la bibliothèque de l'Académie. — M. Edouard Morren fait hommage, au nom de M. A. Pelermann, à Gembloux, d'une brochure intitulée : La composition moyenne des matières fertilisantes du com- merce. In-8°. — Remercîments. — La classe accepte le dépôt, dans les archives de l'Aca- démie, d'un billet cacheté signé par M. E. Catalan, et por- tant pour titre : Théorèmes d'algèbre. — Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen des commissaires : 1« Bibliographie analytique des principaux phénomènes subjectifs de la vision depuis les temps anciens jusqu'à la fin du XVIIÎ^ siècle, suivie d'une bibliographie simple pour la partie écoulée du siècle actuel. Troisième section : Images qui succèdent à la contemplation d'objets d'un grand éclat. Quatrième section : Irradiation; par M. J. Plateau. — Commissaires : MM. Quetclet et Duprez; ( 5!25 ) 2° Sur le classement stratigraphique des Phoques fos- siles recueillis dans les terrains d'Anvers; par M. Michel Mourlon. — Commissaires : MM. P.-J. Van Bcncden et Dupont; 3^ Quelques remarques à propos de l'hiver de 4816- 4817 . Périodicité des hivers doux et des étés chauds; par M. A. Lancaster, météorologiste-inspecteur à TObserva- toire royal de Bruxelles. — Commissaires : MM. Quetelet, Houzeau et Montigny; 4° Marées extraordinaires de janvier 1877 ; par M. F. Van Rysselberghe, météorologiste à l'Observatoire royal de Bruxelles. — Commissaires : MM. Mailly, Liagre et Houzeau ; 5"* Un dernier mot en réponse à M. Flammarion ; par M. F. Terby, docteur en sciences, à Louvain. — Commis- saires : MM. Houzeau, Liagre et Mailly; 6"" De l'influence de la forme des corps sur leur attrac- tion. Mouvements astronomiques; par M. C. Lagrange, ancien élève de l'École militaire. — Commissaires : MM. Folie, Catalan et De Tilly. RAPPORTS. Hemarques sur la théorie des fractions continues périodiques; par M. C. Le Paige. Miapitot't fie Ite. Catalan. « M. Le Paige, déjà connu par d'intéressants travaux, s'estproposé de résoudre les questions suivantes : (^Quels sont les cas dans lesquels la somme, le produit,... de deux ( 326 ) fractions continues périodiques, est une fraction continue périodique? » I. Considérant d'abord la somme de deux fractions périodi- ques, Fauteur se donne les équations génératrices : x^ — piX-^qi = 0, y' — p.,ij-^q.2 = 0,. . (1) et il forme l'équation îi' — Pi m' -\- P.2n' — Pzu -t- P4 = 0 , . . . (2) dont les racines sont XiH-?/,, Xi-t-2/2, oc^-^iji, x^-\-yi. Ayant observé que les coefficients P^, P2, P5 satisfont à la condition 'f4=Pl — 4PiP2-+-8P3 = 0, mon jeune collègue déduit, de cette remarque, les pro- positions suivantes : 1° Si, dans l'équation (2) , on remplace te par z -4- ^, la transformée est 2° Les valeurs de z seront réductibles en fractions con- tinues périodiques, si la fonction ^2= 3P{ - iOP?P2 -+- i6P,P3 -+- i6P|— 64P, = k\ Arrivé à ce point, l'auteur fait usage de théorèmes dus à MM. Hermite et Salmon : ces théorèmes lui permettent ( 327 ) d'exprimer ©j, 92 par des fonctions symétriques, et lui donnent, en outre, ce résultat : f2==16(pî-47.)(pl-^*92). En conséquence : Si deux fractions continues périodi- ques ont pour somme une fraction continue périodique, le produit des discriminants des équations génératrices est un carré. Presque toujours, un théorème simple peut être prouvé simplement. C'est ce qui a lieu dans le cas actuel (*). M. Le Paige aurait donc pu abréger cette partie de son Mémoire. Mais comme, dans la longue démonstration que nous venons d'analyser, il a fait preuve de savoir et de sagacité, nous croyons pouvoir l'engager à essayer la résolution de cette seconde question, complément de la première : (*) lo Pour fixer les idées, considérons le cas de œ = {/2, î/ = l/3. La somme s = V/i h- V/S n'est pas racine d'une équation du second degré, à coefficients rationnels. Donc quand les valeurs de deux fractions continues périodiques ne sont pas réductibles à x = a-\-h\/c^ y — a'-^b'\/c, la somme s de ces fractions ne saurait être périodique. 2» Soit s = (a -h a') -♦- (6 -+- h') |/^c. Celte quantité est racine de l'équalion du second degré, à coefficients rationnels, m' — 2 (a H- a') w -<- (« -+- «')' — (&-+- &')'<^ = ^^ .\insi, quand les fractions x, y ont la forme indiquée, leur somme s est périodique; etc. ( 328 ) € Connaissant deux fractions continues périodiques j ÉCRIRE la fraction-somme, dans le cas où elle est pério- dique. » IL Les considérations précédentes s'appliquent, évidem- ment, au produit de deux fractions périodiques : ce produit est périodique si (pi^ — 4q-|) (p2^ — 4q^) est un carré. IIL Dans un troisième paragraphe, M. Le Paige démontre que l'équation est réductible au second degré : V quand (j>i = 0; 2° quand les coefficients P,, P5, P4 satisfont à la relation P?P4-PI = 0. Cette démonstration, basée sur une méthode due à Lagrange, est, par ce qui précède, inutile dans le premier cas. Dans le second, l'équation (2) devient, en vertu de l'hypothèse précédente, PJa* — Vlu^ -h ?]py — P;P3?« + P| == 0 ; et celle-ci, devenant réciproque si l'on fait w = 2/ |/— » est réductible au second degré. IV. Le Mémoire est terminé par l'indication d'une méthode qui permet d'appliquer les fractions continues périodiques à l'intégration des équations aux différences f ). L'auteur (*) A ce propos, nous croyons devoir faire observer que le développe- ment de ig x^ en fraclion continue, est dû à Lambert et non à Legendre, ( 329 ) prend , comme exemple, une équation dans laquelle les coefficients sont les (onctions © et h. Ce dernier para- graphe est fort peu développé; mais, probablement, M. Le Paige se propose de revenir sur cette question, intéres- sante et difficile. V. En résumé, et malgré les quelques critiques contenues dans le présent Rapport, nous pensons que le nouveau travail de M. Le Paige est très-digne d'être approuvé par la Classe, et inséré au Bulletin de la séance. » Miappot-t de Mt. Mfe Tilty. « Je ne veux pas m'opposer à l'insertion au Bulletin; mais ne conviendrait-il pas d'appeler d'abord l'attention de l'auteur sur les observations de M. Catalan? Par suite de ces observations, qui sont fort justes, il me semble que le travail pourrait être considérablement simplifié, au moins dans sa première partie , et qu'il gagnerait à être remanié dans son ensemble. » Mtappoiri de Sf, JF»lie. « Je me rallie entièrement aux conclusions de notre savant confrère M. Catalan, et j'approuve les simplifications ingénieuses qu'il indique dans les démonstrations des théo- rèmes énoncés par M. Le Paige. Mais je ne crois pas devoir suivre M. De Tilly dans la proposition qu'il fait d'engager l'auteur à refondre son travail dans le sens des observations de M. Catalan. M. Le Paige s'est proposé, en effet, tout d'abord, de rechercher la somme et le produit de deux fractions conti- ( 330 ) nues périodiques dans le cas le plus général, et d'appli- quer ensuite sa méthode au cas particulier où le résultat est lui-même une fraction périodique. Outre l'uniformité, ce procédé offre l'avantage d^introduire les fonctions cpi et 92» dont l'étude peut offrir beaucoup d'intérêt. Je pourrais , à l'occasion de ce travail , indiquer aussi quelques questions curieuses, qui se rattachent à celles que l'auteur a traitées; mais ce serait sortir des bornes d'un simple rapport, et je préfère revenir sur ce sujet dans une prochaine communication. Grâce à l'impression des rapports, le lecteur des publi- cations académiques ne perdra pas les élégantes démon- strations de M. Catalan; en conséquence, je propose à la classe, avec notre savant confrère, d'ordonner l'impression de l'intéressant travail de M. Le Paige au Bulletin. » La classe a décidé l'impression du travail de M. Le Paige dans les Bulletins. — Sur l'avis favorable de MM. Liagre, Folie et De Tilly, chargés de faire l'examen d'un travail de M. Catalan, inti- tulé : Sur quelques formules relatives aux intégrales eule- riennes, la classe en décide l'impression dans les Mémoires de l'Académie. — M. Melsens est remplacé, sur sa demande, par M.Du- prez, pour faire, avec M. Montigny, l'examen des lames de verre fluorescentes, soumises par M. Achille Brachet, de Paris. M. Melsens remettra, à cet effet, à ses deux confrères une lettre qu'il vient de recevoir de M. Brachet. ( 33i ) Études sur la planète Mars {iO" notice); par M. F. Terby. MtappoÈ't de JfM. Qtietetet. a La notice sur la planèle Mars que M. Terby a pré- sentée à la classe des sciences est un appendice du mémoire intitulé Aréographie ou étude sur la planète Mars, etc., qui a été publié en J874 dans un des recueils de TAcadémie. Il existait une lacune dans ce travail, l'au- teur n'ayant pu se procurer d'anciens documents relatifs à la planète. Depuis lors, il a eu l'occasion d'étudier les dessins originaux et c'est le résultat de cet examen qui fait l'objet de la note actuelle. Dans son mémoire, M. Terby avait jugé que parmi les dessins de Mars reproduits dans les Transactions philoso- phiques, les figures K de Gassini I"" et M de Campani représentaient la Mer de Kaiser, et les figures L et P de Gassini, N de Gampani et 0 de Salvator Serra le Détroit d'Herschel II et la mer de Tycho. D'après les indications plus complètes que l'auteur a recueillies relativement aux époques où les observations ont été faites et en tenant compte de ce qu'à cette époque les astronomes italiens comptaient les heures à partir du coucher du soleil, il a trouvé que son interprétation des dessins mentionnés était pleinement confirmée. Gette notice est donc un inté- ressant complément du travail précédent de M. Terby, et j'ai l'honneur d'en proposer l'impression. » Gonformément aux conclusions de ce rapport partagées par les deux autres commissaires, MM. Mailly et Liagre, la classe a décidé l'impression au Bulletin de la note de M. Terby. ( 332 ) Suite des théorèmes sur les polygones réguliers; par M. le capitaine d'artillerie Reinemund. Rapport de M. MPe Tilly. « M. le capitaine Reinemund a publié, dans le tome XL des Bulletins, une Note intitulée : « Théorèmes sur les polygones réguliers et sommation de quelques séries irigonométriques. » Le Rapport que j'ai présenté à la classe sur ce travail faisait ressortir (*) un manque de généralité dans les résultats obtenus. L'auteur prouve aujourd'hui que sa méthode, qualifiée alors par moi d'« ingénieuse et remarquable », pouvait être facilement étendue à l'hypothèse qui, au premier abord, semblait y échapper. J'estime que le travail présenté est un cowp/eme/ît utile de celui qui a été accueilli par la Classe en décembre 1875 , et je propose, en conséquence, les mêmes conclusions: « insertion de ce travail dans le Bulletin de la séance et remercîments à l'auteur. » La Classe a adopté les conclusions de ce Rapport, aux- quelles s'est rallié M. Catalan, second commissaire. (*) Bulletins, 2" série, l. XL, p. 672, en note. ( 333 ) Sur un fragment de roche tourmalinifère du poudingue de Bousalle; par MM. Ch. de Lavallée-Poussin et Renard. Mtappoft de Mi. Mfuponi, « Dumont avait découvert dans les poudingues qui repo- sent, dans la partie nord de notre massif primaire, sur les couches siluriennes, des fragments d'eurite et de chloro- phyrequi lui parurent identiques aux roches plutoniennes du Brabant. 11 en concluait naturellement que nos amas de roches cristallines sont plus anciens que le terrain anthraxifère. MM. de Lavallée-Poussin et Renard ont poursuivi des recherches dans cette direction. Déjà dans leur mémoire sur nos « roches dites pluto- niennes » qui fut couronné en 1874 par l'Académie, ils décrivaient un petit fragment d'une roche formée de hornblende noire, qu'ils avaient découvert dans le pou- dingue de Bousalle. C'est une roche que les auteurs déclarent n'avoir pas observée dans les affleurements de roches cristallines en Belgique. Ils ont aussi étudié les échantillons recueillis par Dumont et il leur a paru que leurs substances ne peuvent complètement s'identifier avec aucune de nos roches pluto- niennes. La nouvelle note que MM. de Lavallée et Renard viennent de présenter à l'Académie, concerne un exemple plus remarquable encore d'éléments lithologiques étran- gers à nos affleurements et provenant du même horizon géologique. 2™^ SÉRIE, TOME XLIII. 23 ( 334 ) Ils ont extrait du poudingue de Bousalle un gros frag- ment d'une roche tourmalinifère dont l'étude a été faite avec le plus grand soin par la méthode des plaques minces étudiées aux microscope. Cette méthode qui a ouvert une ère nouvelle à la litho- logie, est ici appliquée avec le talent et les connaissances approfondies que l'Académie a déjà pu appréciera propos des mémoiressur nos roches plutoniennes et sur le colicule. La nouvelle roche cristalline du poudingue de Bousalle est formée d'une masse de quartz renfermant de nom- breux prismes et des microlithes de tourmaline. Elle contient aussi des lamelles micacées ou chloriteuses que les auteurs considèrent comme des produits de décompo- sition de la tourmaline. La présence de cette roche dans nos dépôts géologiques est d'un haut intérêt et certainement des plus inattendues, si les déductions que les auteurs en tirent, venaient à se con- firmer. Ses analogues caractériseraient, en effet, les roches granitiques dans lesquelles ils se trouvent en filons dans la vallée du Neckar, à l'île d'Elbe et au Spitzberg. Ce rap- prochement suffirait-il à faire admettre, comme les auteurs le croient probable, que des roches granitiques étaient plus ou moins à découvert en Belgique au commencement de l'époque dévonienne? Il semble, dans tous les cas, cer- tain que la roche dont l'existence nous est révélée, n'existe pas chez nous à l'état d'affleurement. C'est un nouvel exemple de l'importance des résultats que doivent obtenir des recherches étendues sur les élé- ments constitutifs de nos vastes dépôts de poudingues primaires. Il y a évidemment là une riche mine à exploiter pour la connaissance de notre sol avant la période dévo- nienne. Elle vient de fournir l'occasion d'émettre l'une des ( 335 ) vues les plus imprévues qui aient encore été produites dans la géologie belge. J'ai rhonneur de proposer l'insertion du beau travail de MM. de Lavallée-Poussin et Renard dans nos Bulletins et de prier TAcadémie de remercier les auteurs de la commu- nication de leurs intéressantes recherches. » La classe a adopté les conclusions de ce rapport, aux- quelles se sont associés les deux autres commissaires MM. Malaise et Briart. — Conformément aux conclusions favorables du rap- port de M. de Koninck sur la 3^ partie du travail de MM. Cornet et Briart intitulé : Description des fossiles du calcaire grossier de Mons , conclusions auxquelles se rallient MM. Dewalque et Nyst, la classe décide que des remercîments seront adressés aux auteurs pour leur intéressante communication qui sera imprimée dans les Mémoires in-4''. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Remarque sur un Rapport de M. Folie; par M. E. Catalan, Associé de TAcadémie. A propos d'un Mémoire de M. Mansion, publié dans le Bulletin de la séance du 3 février dernier, notre hono- rable confrère s'énonce ainsi : « ... Il nous paraît que l'expression a un peu trahi la > pensée de M. Catalan ; il dit que celte équation Y = ex -+- /(C) ( 336 ) » représente une série de droites; cela n'est exact que si » Y et X sont des fonctions linéaires des coordonnées » rectilignes x ei y^ ... » Je sais très-bien (M. Folie en peut être persuadé) que : toute équation du degr^é n , entre des coordonnées recti- lignes X, y, représente une ligne de l'ordre n. J'ai seule- ment dit et imprimé ceci : fi On est conduit f ) à admettre la proposition sui- vante.... : « Étant donnée V équation F [x^ ?/, C) = 0 (1) , il existe » toujours deux fondions 9, «z^, telles que, si l'on emploie » les formules de transformation : a: = ^(X,Y), 2/ = HX,Y), » l'équation (1), qui représente une série de courbes, est » remplacée par l'équation. Y = CX-t-/(C), (2) » qui représente une série de droites. > Quoi qu'il en soit de ce théorème (dont j'ai même indi- qué une application), la proposition réciproque suivante, contestée par M. Folie, me paraît absolument incontes- table : X, Y étant les coordonnées rectangulaires d'un point M , on fait X = ¥,{x,y), Y=^F,[x,y), Xy y étant les coordonnées rectangulaires d'un point m, et Fi, F2, des fonctions quelconques, données. Cela posé, à chaque courbe représentée par V4x,y) = CF,{x,y) + f{C), (*) En partant du théorème de M. Mansion. ( 537 ) correspond une droite, représentée par Y = ex + /•(€). Exemple. Les coniques à centre, comprises dans l'équa- tion x^-]-y^— ^cxy = c^ ont pour transformées les droites représentées par Y=cX-t-c% si Ton établit, entre les coordonnées de deux points cor- respondants, m, M, des relations. X = 2x3/, Y = x' -+- yK Remarques sur la théorie des fractions continues périodiques ; par M. C. Le Paige. L Proposons-nous de faire la somme de deux fractions continues périodiques. Soient x^'-pix-+-qi = 0,] j^^ «/* — p^y -+- 7i = 0 5 ( les équations génératrices, qu'on peut supposer données, le calcul des paramètres pi, q^ /?2, q^2 n'offrant aucune difficulté (*). Nous devons former une équation dont les racines soient les sommes que l'on peut obtenir en combinant deux à deux les racines x^, x^, 2/1, 2/2- (*) Catalan, Mélanges mathématiques, p. 79. ( 338 ) Cette équation est du sixième degré, mais, si Ton ne tient pas compte des racines elle se réduit au quatrième. Soit W* — PjW' -+- PaW* — P5W + P4 = 0 . . . (2) l'équation ainsi formée. On pourrait déterminer Pi,P2, P3, P4, par la méthode de Lagrange (*); il est plus simple de calculer directement ces coefficients. On trouve: Pi = 2(pi-t-p2), . P3 = [Pi;Î2 -H 2(^1-+- A, 2/1 > B. On voit que x, -f- y^ est compris entre A + B et A' -4- B'. On aura donc une valeur approchée d'une racine w, de Téquation (2). Si Ton développe cette racine par le procédé de Lagrange (") , on trouve l'expression de la somme des (*) Lagrange, Traité de la résolution des équations numériques, p. 105. (**) Lagrange, Ibid ^ p. 21. ( 539 ) deux fractions continues périodiques sous forme de frac- tion continue. 11 est intéressant de savoir dans quels cas cette somme est également une fraction continue périodique. Nous y parviendrons sans peine si nous observons que les coefficients Pi, P2, P5, P4 ne sont pas indépendants. Il existe entre eux la relation Pî — 4P,P, -^ 8P3 = 0 (4) Or, si nous voulons faire disparaître le second terme de l'équation (2) par la substitution Pi nous trouvons que le coefficient de z, dans la transformée, est cette fonction p; — 4P2P1 -4- 8Ps. La transformée est donc ;j*__Bs^-+-A = 0, (5) ou 6P ^ B=— — Pa, 46 De réquation (5), on tire V5.\/f Pour que la somme des deux fractions continues pério- ( 34.0 ) diques soit une fraction continue périodique, il faut que B2 — 4A soit un carré. En développant cette expression, on trouve, pour con- dition nécessaire, 3P} _ 1 GP^P; + i 6P3P4 -^ i 6P| — 64P, == carré. Avant d'interpréter ce résultat, il sera utile de chercher la signification des fondions y, = PÎ-4P,P, + 8P3, ^, = 5P} — 1 6P2PÎ -t- i 6P3P1 -f- 1 6P| — 64P4. Désignons para, (B, y, d les racines de l'équation (2). La première de ces fonctions se rencontre dans la théorie générale des équations (*). Elle satisfait à l'équation aux dérivées partielles „|l^(n_1)P.^.(„-2)P,^-.... = 0, (6) équation caractéristique des fonctions des racines qui ne changent pas quand on augmente, d'une même quantité, toutes les racines f *). Grâce à cette remarque, on trouve aisément que ^i = 2(^-|3)(a-r)(a — (?). La fonction 92 satisfait à la même équation différentielle. (*) Hermite, Sur la théorie des équations modulaires, etc., p. 21. — Si Ton fait n = 4, dans la seconde des fonctions des coefficients, donnée par M. Hermite, on trouve 6[P,'-4P,P,-+-8P3]. (**) Salmon, Algèbre supérieure, p. 37. ( 3ii ) Un calcul assez simple permet également de déterminer la fonction 92, au moyen des racines de l'équation (2). On arrive, de la sorte, à Tégalité ^2 = 2 a (a — (3) (a — r) (« — ^) = 0. Si nous prenons, comme racine de la résolvante , nous verrons que, par les permutations des racines, t peut prendre six valeurs distinctes, égales et de signes con- traires deux à deux. Si l'on pose 6 = i^, et si l'on observe que (ap — yê) [7.§ — pr) (ar — P(?) = G , la résolvante en 0 aura la forme 0(02_^ A0-+-B) =0. Il n'est pas difficile, connaissant cette résolvante, d'ex- primer les racines de (8). Prenons la racine ôa- On trouve {lliU^Y 4- (u^Uif = 02 -f- 2P4, On peut donc former une équation du second degré dont (u^u^f, (^2^4)^ seront les racines. C 545 ) Appelons-les z.^, z^. Un calcul simple donne alors "l •+" "3 ' wi -^ ui = — ^2 Zi Il est aisé de former les équations du second degré qui ont pour racines u^'^, u^^, u<^, u^. L'équation (8) sera résolue par des extractions de racines carrées. Les coefficients A et B, de la résolvante en 0, sont A = -[P1-2P,P3-4PJ, B = X [SIS, - SI H- SSA + âSs] - 2P* (S,^ - S,) + 12P^ S2, S4, Se, Sg désignant les sommes des puissances des racines de l'équation (8). IV. Legendre a montré comment on peut, de la série qui porte son nom, déduire une équation aux différences finies, qui permet de développer , sous forme de fraction continue, la valeur de tang. x (*). Réciproquement, si l'on donne une équation aux diffé- rences P, = A9)P,-. + ?(î)P,-«> .... (12) on en déduit P,-. '.*' Ag-i) , ?(?-^) /■(?-2) . (*) Legendre, Éléments de Géométrie, note IV. ( 346 ) Si l'on peut sommer la fraction continue, ce qui se pré- sente assez rarement, et représenter la somme par une fonction 4^ (g), on a et celte relation permettra de calculer Pc. Ce cas se présente lorsque le second membre de (15) est une fraction continue périodique. Or, il en sera ainsi chaque fois que les fonctions f (ç), ? (q) seront périodiques et jouiront d'une même périodicité, ou seront telles que la période de l'une soit multiple de la période de l'autre. Supposons que l'on ait à intégrer l'équation P, = e(.-.Ç)P,..^H(..-.Ç)P,_„ où 0, H sont les fonctions de Jacobi; e, e^ des constantes, et où dtp -/ On sait que f): 0(m-+-2K) = 0(w), H (m -t- 4K) = A (w). Donc pour çf' = gzt:4n, 0 et h reprendront les mêmes valeurs, et la fraction continue sera périodique. (*) Jacobi, Fundamenta nova, etc., p. 173. ( 347 ) La fonction v// (q), dans le problème actuel , est donnée par régal i té (i4) ^(q) = ( 9A \ n I ilf+~K H H ., + 1 K @[s-^i K H \ n I ( 7-2, \ e f-f--^ K H Pour une valeur quelconque, donnée, de n, il sera donc possible de calculer les coefficients de l'équation du second degré dont vp {q) est racine. Par suite: etc., et si Ton désigne par A la valeur initiale, correspon- dant à q = — 00, on a L'égalité (14) montre que 4^ (q) ne varie pas si l'on fait q =q -h An; donc ^q+in = Pc- Dans ce cas, ou bien dans celui de P+„ = A , on peut dire que Vq est une fonction périodique. ( 3^8 ) La fonction Pq est alors périodique. Outre cette période, qui ressort immédiatement de l'expression de ^b (ç), elle pourra posséder une autre périodicité, résultant de la com- binaison des fonctions h et 0. C'est ainsi que le quotient des deux fonctions simplement périodiques H et 0, jouit d'une double périodicité ('). L'étude des périodes de la fonction \p (q) pourrait donc permettre, dans certains cas, de définir la fonction P^ par ses périodes, et, par suite, de lui donner une forme plus simple que celle qui résulterait de l'intégration directe. ïl est évident que tout ceci s'appliquerait également à des fonctions autres que les fonctions 0, même à des fonc- tions possédant une périodicité multiple, si l'une des périodes seulement est multipliée par un coefficient varia- ble, ou si les périodes sont multipliées par des fonctions convenables de la variable. Études sur la planète Mars (10^ notice). — Explication des dessiiis exécutés en 4666 par J. D. Cassini, J. Cam- pani.Salvator Serra et Hook; par M. F. Terby, docteur en sciences, à Louvain. Lorsque l'Académie royale de Belgique décida l'impres- sion de mon mémoire intitulé: Aréographie, ou étude com- parative des observalioyis faites sur l'aspect physique de la {*) ixcom, Fundamenta, p. 173. — Abel, Œuvres, t. I, p. 303. Celte propriété se démontre d'ailleurs très-simplement, si Ton part de la défini- tion des fonctions 0. V. Hermite, Cours d'Analyse, p. 45.— Briot et Bou- quet, Théorie des fonctions elliptiques, p. 119. ( 549 ) planète Mars depuis Fonlana jusqu'à nos jours (I), je n'avais pu, malgré d'activés recherches, me procurer un ouvrage important de J.-D. Cassini : Martis circa axem proprium revolubilis observationes Bononiae habitue^ et j'avais du me borner à l'étude des seuls dessins de Cassini, de Campani et de Serra publiés dans les Transaciions philosophiques et le Journal des savants (2). Une discus- sion attentive de ces dessins et leur comparaison avec les anciens croquis de Huygens, de W. Herschel et de Hook m'avaient conduit à une interprétation que je trouvais déjà digne de confiance (5). Cependant le peu de précision offert, quant au temps des observations, par les recueils scienti- fiques précités rendait encore hypothétiques les conclu- sions que j'avais formulées. En 1875, pendant un séjour que je fis à Paris, et grâce à l'obligeance de M. Fraissinet, secrétaire de l'Observatoire de France, je pus enfin consulter, dans cet établissement, le mémoire intitulé: Martis circa axem proprium revolii- bilis observationes Ayant rencontré d'abord quelques difficultés dans l'étude de ces anciennes observations, je me suis borné à rappe- ler leur existence dans une de mes précédentes notices (4). Aujourd'hui, je suis parvenu à les interpréter complètement et à confirmer, par leur secours, les considérations émises déjà dans mon Aréographie. J'ai cru utile de soumettre leur analyse à la bienveillante attention de l'Académie. (1) Tome XXXIX des Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers de l'Académie royale de Belgique. (2) Philosophical Transactions for 1665 and 1666, vol. I, p. 242, et Journal des savants pour 1666, p. 157. Paris; 1729. (3) Voir Aréographie^ Mém, cité, pp. 38, 59, 59, 60 et 61. (i) Bulletin de V Académie^ 2^ série, t. XL , p. 549. 2"^ SÉRIE, TOME XLIII. 24 ( 5S0 ) Les ouvrages que j'ai consultés à l'Observatoire de Paris sont les suivants : Salvator Serra. Martts revolubilis observationes roma- nae ab affîctis erroribiis vindicalae. Ce mémoire est accompagné du dessin désigné par la lettre 0 dans les Transaclions philosophiques (i) et que ce recueil attribue à des astronomes romains se servant de verres de Divini. Nous voyons ici que le croquis en ques- tion est dû à Salvator et à François Serra : « Anno 1666, » die 50 Martii , hor. 2, n. s. (2). Typus Martis cum insig» » nibus maculis Romae primum visis DD. Fratribus Sal- » vatori, ac Francisco de Serris, tubo Eustachii Divini )) palmorum 2o , ac subinde 60 a die 24 Martii ad 50, qua » die in aedibus IIP D. Cesarii Giorii hora praedicta et » ipsomet ïll° Domino describenle tubo p. 45 apparuit ut » hic exprimitur inverso modo* » Cassini. Martis circa axem proprium revolubilis obser^ vationes Bononiae habitae. Nous retrouvons ici les figures K, L, M, N, 0 et P des Transactions philosophiques, et, en outre, vingt-deux au- tres dessins de l'illustre astronome; ce sont les princi- paux d'entre eux qui ont fourni le sujet de la présente notice. L'interprétation des dessins des Trans. phil. à laquelle j'ai fait allusion plus haut, consiste à prétendre que les figures K de Cassini et M de Campani représentent la Mer de Kaiser, et les figures L et P de Cassini, N de Cam- pani et 0 de Salvator Serra, le Détroit d'Herschel II et la (1) P/u7. Trans., 1. cit. (2) Noctissequenlis- ( 3ol ) Mer de Tycho (l). Voyons si le mémoire authentique de Cassini justifie cette manière de voir. Les dessins les plus caractéristiques de l'ouvrage inti- tulé : Martîs circa axem proprium sont ceux que l'au- teur a exécutés du 5 au 11 avril 1666, pendant le crépus- cule : « Primae Martis faciei apparens resilienlia vesper- » lina circa crepusculum. » On y voit une tache qui, le o avril, est au hord occidental. Dans les figures suivantes elle se rapproche peu à peu du centre, par l'effet du retard qu'éprouve chaque jour un point de la surface de Mars étudié à la même heure par un observateur terrestre [resi- lientià)^ et, le 9 avril, elle occupe le méridien central. L'inspection attentive de cette tache dans tous ces dessins fait immédiatement reconnaître la Mer de Kaiser, et, le 9, elle offre exactement le même aspect que la figure K des Trnns. phil. Voyons s'il est possible d'identifier cette der- nière figure avec celle du 9 avril. J.-D. Cassini répond lui-même à cette question : il recon- naît avoir observé la première face de Mars, ou l'aspect ïv des Transaclions philosophiques : « a prima die Martii » hora lertia ad diem 18 ejusdem mensis in aurora , ac » demum a die o aprilis in prima Martis apparitione ad » diem seplimam ejusdem. » Pour concilier l'indication de temps donnée dans les Transactions philosophiques : « 3 mars 1666, au soir, ô avec celle du mémoire de Cassini : Martis circa axe m..., : « a prima die Martii hora tertia, » il suffit d'admettre que, suivant l'usage italien (2), Cassini entend ici des heures comptées à partir du coucher du soleil. Il dit aussi, en (1) Voir Aréographie, 1. cit. (2) Voir Arago. Aslron. j)op , lome I, p- 2G8. ( 352 ) parlant du dessin M de Campani, exécuté le même jour, à la même heure que la figure K : « hora 3 V2 noctis se- quenlis. » Les observations du 3 mars (K des Trans. phil.) et du 9 avril (Mer de Kaiser dans Martis circa axem ) ont donc eu lieu pendant la soirée, et sont séparées par un in- tervalle de trente-sept jours, circonstances qui rendent évidente l'identité des taches observées. Les renseignements fournis par le mémoire de Cassini sur le temps de ces anciennes observations permettent de résoudre une autre question que j'avais indiquée dans VAréographie : la présence de la Mer de Kaiser dans le dessin K de Cassini est-elle conciliable avec celle de cette même mer dans les dessins A et B de Hook, exécutés à Londres, le 13 mars 1666, en nouveau style (1)? On peut répondre affirmativement à cette question ainsi que le prouvent les considérations suivantes : Cas- sini a observé l'aspect K des Transactions philosophiques le 3 mars 1666, à la troisième heure, c'est-à-dire vers 9 heures du soir de temps moyen , à Bologne. Cet aspect devait reparaître le 13 mars, vers 15 heures, t. m. de Bo- logne. Hook, observant à Londres, auraitdoncrevu l'aspect K de Cassini à 14 h. 74 environ (t. m. de Londres). Or, il a observé à 12 h. 20 m., c'est-à-dire environ 2 heures trop tôt. La Mer de Kaiser n'avait donc pas encore atteint le méridien central et devait occuper réellement la position que lui assigne le dessin de Hook. Recherchons également dans l'ouvrage de Cassini les (1) Philos, trans. for 1665 and 1666; vol. I, p. 239, et Journal des savants pour 166G, p. 2i0. ( 353 ) renseignements nécessaires à l'interprétation des dessins L, N, 0 et P des Transactions pliilosopliiqnes. D'après les PJiil. ivans. la figure L de Cassini a été exé- cutée le 2i février 1666, au soir. Nous trouvons dans : Martis circa aicein : « a die 2i febr. vespere ad » diem 6 niartii niane; » et ensuite : « a die 25 martii » vespere ad diem 6 aprilis ad mediam noctem. r> Les indications du mémoire de Cassini ne font évidem- ment que confirmer ici celles des PliiL trans. Pour le dessin N de Campani, nous avons dans les Trans. p/iiL : « 28 mars, au soir, » et dans le mémoire de Cassini : « 28 mars, 1 h. ^[i. » ïl est impossible de concilier ces deux temps sans admettre que Cassini compte ici les heures à partir du coucher du soleil (J). De même, pour le dessin 0 de Serra, nous trouvons dans les Transactions philosop/iiques : « 50 mars; » et dans l'ouvrage de Serra : Martis revolubilis observationes romanae : « 1666, die 30 martii hor. 2, n. s. (noctis sequentis ); » puis : « a die 21 martii ad 30. » Quant au dessin P de Cassini, exécuté à la même heure que celui de Serra, nous trouvons, dans l'ouvrage de Cassini : « 30 mars, h. 2, n. s.; 27, 28, 29, 31 mars, au soir; 1,3, 6 avril, vers et après 12 heures (circa et post med. noct.) » Les indications de temps données dans les mémoires de Cassini et de Salvator Serra venant corroborer celles des Transactions philosophiques, nous pouvons appliquer à ces observations tous les raisonnements que nous avons faits dans VAréographie, et, comme nous venons de con- (U Voir la noie 2 de la page 351. ( 5S4 ) firmer l'existence de la Mer de Kaiser dans les dessins K de Cassini et M de Campani, nous trouvons aussi confir- mée celle du Détroit d'Herschel II et de la Mer de Tycho dans les dessins L, N, 0 etP des Transactions. 11 résulte clairement, d'ailleurs, du texte de Cassini que la seconde face suivait immédiatement la première dans le mouvement de rotation : nous trouvons, en effet, que, pendant la même nuit, Cassini a observé la succession des deux aspects : au commencement de mars 1 666, il rembarque la première face de 9 à 12 heures de t. m., le soir par conséquent, tandis qu'il voit la seconde, le 6 mars, pendant la matinée. Aussi ajoute-t-il : « ita ut in eadem nocte » u traque (faciès), prima vespere, secunda mane quandoque » visa si t. » Du 3 au 9 avril, il observe la première face pendant la soirée, et, le 6, il remarque la seconde vers minuit. Aussi dit -il expressément encore : « quo pariter tempore )> utraque Martis faciès eadem nocte successive visa est. » Outre les deux dessins principaux A et B de Hook, cet astronome en a exécuté sept autres de plus petites dimen- sions. J'ai dit dans V Aréographie que le plus caractéris- tique est celui qui a été désigné par la lettre G. Ce dessin semble représenter la seconde face de Mars, ou les taches de l'esquisse L de Cassini. Les considérations émises à ce sujet dans Y Aréographie se trouvent encore parfaitement confirmées ici ; en effet, cette observation de Hook est du 1" avril 1666, en nouveau style, à 8 V2 heures du soir, t. m. de Londres, ou vers 9 h. ^j^ du soir, t. m. de Bo- logne. Or, nous voyons dans le mémoire de Cassini que, le 50 mars, vers 8 72 heures du soir, ce savant observait la seconde face, ou le Détroit d'Herschel lî, à Bologne, tan- dis que Serra la dessinait aussi à Rome. Ce même aspect ( 555 ) a donc du apparaître aux astronomes italiens le 1" avril, entre 9 et iO heures, époque de l'observation de Hook. Pour concilier les temps donnés dans le mémoire : Martis circa axem avec ceux qui sont consignés dans les Transactions, y 3i\ admis que Cassini avait employé les heures comptées à partir du coucher du soleil, suivant un usage bien connu en Italie. Cette assertion trouve sa preuve dans le texte de Cassini lui-même : d'une part, en effet, nous pouvons conclure d'un passage de son mémoire qu'il voyait la première face le 6 mars, au soir, et d'autre part il nous dit, en parlant du môme aspect : « au com- mencement de mars, à la 5' heure. » Il s'agit donc ici d'une heure du soir. De même, nous trouvons encore la désignation : « 24 février, au soir, » et ailleurs : « le 24 fé- vrier, de la 4' heure à la 6" heure de la nuit, » ces deux désignations se rapportant à la même face de Mars (la seconde). On peut donc tirer de ce mémoire les conclusions sui- vantes : Les dessins K de Cassini, M de Campani et A et B de Hook représentent la Mer de Kaiser ou le Sablier; les des- sins L et P de Cassini, N de Campani, 0 de Serra et G de Hook renferment en partie le Détroit d'Herschel H et l'Océan De La Rue et la Mer de Tycho. De plus, il est possible d'établir une conciliation parfaite entre les tempsdonnés dans les Transactions philosophiques et ceux que l'on trouve avec plus de précision et de déve- loppements dans les ouvrages spéciaux de Cassini et de Salvator Serra, et de relier entre elles les anciennes obser- vations de Hook et les observations italiennes. ( 3§6 ) Suite des théorèmes sur les polygones réguliers; par M. le capitaine d'artillerie Reinemund. Dans son Rapport sur ma Note relative à quelques nou- veaux théorèmes sur les polygones réguliers et à la som- mation de quelques séries trigoiiométriques, Note insérée au Bulletin de l'Académie royale de Belgique du mois de décembre 1875, M. De Tilly fait observer avec raison que la formule deStewart , moins générale que la mienne quant à la valeur de m, l'est davantage quant à la position du point 0. Le calcul détaillé ci-après prouve que ma formule peut être facilement étendue à toutes les positions possibles de ce point. Reprenons nos précédentes données; numérotons les sommets A,, Ao, A3, kn du polygone régulier de n côtés, de manière que la droite OC, joignant le point 0 quelconque au centre C de la circonférence circonscrite au polygone, passe entre les sommets A^ et A?i; et désignons encore par p l'angle formé par cette droite OC avec le rayon CA,, par x l'angle au centre du polygone, par R le rayon de la circonférence, et par ^|, à^, (^„ les distances du point 0 aux n sommets du polygone régulier. Appelons enfin p la distance OC du point 0 au centre. Nous aurons : (§,f = R2 -t- p2 _ 2Rp cosp = (R — pf -\- 4Rp sin^ |; (^3r=:(R-p)^ + 4Rpsin^i--— ; (c?„)2 = (R — of -t- 4Rp sm 2 . ,T. _.._,P-*-0* — ^)^. (337 ) équations qui subsistent, quelle que soit la position du point 0, intérieure ou extérieure à la circonférence. Élevant les deux membres de chaque équation à la m^ puissance, et additionnant, nous aurons au premier membre : S^,,,, et au second : 1° n (R — p)""; 2° m séries trigonométriques, dont l'expression générale est : m {m — \) (ni — 2) . . . [m — (3 -+- i ) Silî 2/3 r 1.2.5... 23 ?^ + ^ sin sin (R _ p)2(«.-i3) , (4Rp)i3 2 ]■ et où (5 doit varier entre 1 et m. Sommant ces séries au moyen de la formule donnée à la fin de ma Note précédente, et observant que cette formule ne devra être employée dans toute sa généralité qu'à partir de p = w, [3 — n cessant dès lors d'être négatif, nous aurons : S.,.=»(R-pr m{m — i)...{m — ^-\-\) 1.2.3... S (R-pf •13) .(Rp) 2p(2|3 (P 2.2 (-1)'^. m{m~\)...{ni—^-h\) 1.2.D...f (R_p)2(.«-i3)_(Rp),5^ 1.2.3. 2p(2p-1)...(p+n+l) 4.2.3...(p-?î) 2(3(2(3-4 )...(|34-2/i-f-i) cos np i.2.D...(p-2/z) cos 2n/ 2(3(2(3-1 )...(S-+-e»+l) ± ^ cos QHf 1.2. 5. ..((3-0;?.) ou représente, pour chaque valeur de |3, le nombre entier compris entre ^^et f — 1 ff lui-même s'il est entier]. et où il faut prendre, devant chaque fraction précédée du ( 3S8 ) double signe, le signe supérieur ou le signe inférieur, selon que le dernier facteur du dénominateur est pa/r ou impair. Le second 2 disparaît naturellement si m < n. Quand p = R, tous les termes du second membre s'an- nulent, sauf ceux pour lesquels (3 = wî; et Ton retrouve la formule générale de ma Note précédente. Quand p = 0, tous les termes s'annulent, sauf le pre- mier, et il reste : S,„, = n R^"', résultat facile à prévoir. Application. Cherchons Sjo pour le carré inscrit, le pointO ayant comme coordonnéespolairesp = 2R,;;=170. En appliquant la formule générale, on trouve facilement: S,3 = 62100 R'° H- 5200 R'° cos 68°. Tant que m pour dire : me trompes-tu (1)? L'auteur n'a donc pas dû même inventer le jeu de mots sur lequel il fonde sa pièce; mais qu'importe? Mère Sotlie (qui remplace ici le roi) s'avance, entourée de sa cour. On y distingue Teste verte, c'est-à-dire le vert galant( JacA* in green) qui porte en sa livrée traditionnelle, la couleur des fous, des (!) Dans un manuscrit du XV« siècle, analysé par M. F. Bonnardol(^u/- letin de la Société des anciens textes français, 1876, p. 60), on trouve éga- lement ce jeu de mots : Quant de Ironper on cessera Ma tronpe à hault son Ironpera. ( 393 ) évaporés (1). A Tournai, le chapeau vert était la coiffure obligée de la troupe du Prince d'amour. A Dijon, Mère sottie exigeait qu'on portât le bonnet vert à oreilles d'âne, et le fiscal vert ne pouvait employer que de la cire verte pour les diplômes de la corporation. Dès que les sots sont tous assemblés, Mère sottie fait son Cry, sa proclamation : Solz triomphans, solz biuyans, solz parfaits, Saillez en parc ! Accourez plus viste que le pas. — Que nous deux sotz en ceste \ille ? — Plus de dix mille 1 — Oui, par saint Gille! — El oîi sont-ils? — Partout. Après qu'on a chanté une « sotte chanson » Mère sottie conclut : « Esbatez-vous mes sotz ! chascun est vostre frère. » Chascun est un personnage allégorique comme Fine Mine, le Temps, et même Teste verte. La sottie semble avoir aimé ces abstractions morales (2). Cela donnait de Tesprità peu de frais, comme ici, par exemple : Le Temps dit à chascun : Trompe tout devant et derrière. Et chascun de souffler dans sa trompe ; mais il s'épou- mone et gémit: Ma trompe ne vaut pas deux noix : Par trop tromper, je suis trompé. (1) Tête verte, dit M"^ De Sévigné, un brusque, un évaporé. — Groene malien, dit le Cort verhael der zoUen. Leyden, 1596. — La procession verte, M^^e Clément, p. 417. (2) La sottie est une allégorie satirique à personnages consacrés et à peu près mvariables: ainsi l'on y voyait toujours le Prince des sots, la Mère sotte, etc., et des personnifications comme le sot glorieux, le sot dis- solu, le seigneur de gaieté, etc. On retrouve le même genre d'allégories dans la moralité. (V. Fouroel, Les spectacles populaires , p. 97.) ( 394 ) En vérité, à moins d'accorder beaucoup de valeur mi- mique aux lazzi et aux parades de la circonstance, on se demande, devant un tel fatras, comment Saint-Beuve (Tableau... p. 203) a pu dire : « Plus légère, plus délicate et d'une raillerie plus directe que la farce, la sottie paraît dès l'origine, animée d'un esprit vif et mordant qui, plus tard, inspira chez nous le conte philosophique et le pam- phlet politique, d Le fin critique va jusqu'à parler du badi- nage de Marot et de l'audace d'Aristophane. II cite aussi Marmontel qui songe à la comédie moyenne des Grecs à propos de la « sottie ingénieuse de V Ancien Monde. » C'est pour les frères Parfait (Hist. du théâtre français) et pour M. Adolphe Fabre (Études historiques sur les clercs de la Basoche) le chef-d'œuvre du genre. 11 est vrai qu'ici la traditionnelle troupe des sots sert à symboliser les vices et les abus qui s'abattent sur le monde. Mais où est, dans tout cela, la verve gauloise (1)? Que ce soit, comme on disait à Arras en 1458 (Barante, éd. Marchai, VI, 204) folie pure ou folie moralisée^ ce n'est jamais très-spirituel. Nous ne parvenons pas non plus à partager tout l'en- thousiasme que manifeste M. d'Héricault pour la célèbre satire dramatique de Pierre Gringore (OEuvres de P. Grin- gore, préface (Bibliothèque Elz. Jannet). Certes, le Jeu du Prince des sots, joué aux Halles de Paris, au mardi-gras de l'an 1512 est une comédie aristophanesque, comme l'in- titule M. Géruzez (Essais d'histoire littéraire, I, p. 177); mais il faut se borner à dire qu'elle servit énergiquement la politique de Louis XII contre Jules II (2). Mieux vaudrait, (1) L'analyse des frères Parfait (t. JI, pp. 208-252) est reproduite dans ]e Dictionnaire des mystères (Encyclopédie Migne). (2) M. Géruzez ajoute : « point de caractères, point de personnages vivants. Nous voyons paraître des abstractions revêtues d'un costume. » ( 595* ) pour estimer cette œuvre à sa valeur exacte, la considérer comme une piquante improvisation de carnaval, à l'instar de ce que, dans beaucoup de villes, se permettaient jadis les compagnies de sots, de sans-souci, de verts-galants, de cornuyaux, de cornards, de couards, de coquarts, de coque- luchiers, de fous de toute rubrique. Dans une curieuse élude [Gringore et la Politique bour- geoise) M. D'Héricault nous semble lui-même inviter à considérer sous un point de vue essentiellement historique ces sortes de comédies bizarres, ces odes funambulesques, ces drôleries qui font quelquefois penser aux drames saty- riques des Grecs et aux Atellanes des Romains. « J'ai tou- jours cru, dit ]e savant éditeur de Gringore (p. lxxii) qu'ils [les sots) avaient dû débuter par des mascarades, par des bouffonneries improvisées, où chaque sot, le Prince et la Mère en tête, jouait un rôle. Le costume favorisait la verve, l'improvisation du Mommon. » C'est le train de l'his- toire universelle : partout on peut appliquer la remarque d'Aristote au sujet des improvisations populaires qui ont préparé la comédie (1). « La troupe dessotz, dit encore M.d'Héricault, est restée sur le théâtre où elle forme le chœur et rappelle cette pre- mière bande de sotz qui n'avaient à remplir, dans les mas- carades, qu'un rôle de comparses. » Bientôt, par suite de la multiplicité, de la bigarrure des transformations, on au- rait pu dire comme à Athènes oùâèv Ti^o^rov Môwaov, plus rien du carnaval ni des Satanicae saltationes dont parlent (1) Je retrouve presque h même façon de voir dans une savante thèse de M. Gallée de Leide (1873), combattue en ce point par le professeur Moltzer {Bibliotheek van middelnederlandsche letterkunde, 16'' livraison, 1875). ( 396 ) les plus anciens ailleurs chrétiens; mais quoi! les sols, ces salyres du moyen âge, demeuraient toujours et, comme leurs ancêtres, dansaient toujours. Comme eux aussi, ils aimaient le bruit des clochettes, des grelots de l'antique Dïonusos {Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, art. Bacchus, par F. Lenormant). Dans le Coq-à-Vasne (1) qui ne parait être qu'une strans- formation de la sottie, Clément Marot écrit à Lyon Jamel : Altache-moy une sonnette Sur le front d'un moyne crotté {le cucullusl) Une oreille à chasque costé Du capuchon de sa caboche : Voyia un sot de la basoche Le poêle, qui n'a pas celte fois l'élégant badinage, « semble parler d'une Iroupe de sots de carnaval, déta- chés de la Basoche. Dans un vieux recueil de chansons flamandes que Hoffman van Fallersleben a publié (Horse belgicse XI), parmi les sottes chansons, on en trouve qui rappellent la bande joyeuse à grelots, la gilde » qui honore Bacchus et Sinte Reipiiiyt, Saint Avale-tout (p. 264). Dans le Jeu de la feuillée de maître Adam de la Halle, où Magnin (Journal des savanls, 1858) trouve déjà les éléments de la sottie, on entend la mesnie Hellequin, le courrier Croque-sos « et mainte clokete sonant (2). » Des Henne- quins, dit le proverbe, plus de fous que de coquins. — (1) Ce mot coq-à-l'as7ie qui, au XVP siècle, précéda la dénomination de satire , correspond au farrago par lequel Juvénal caractérisait la satire romaine: nQuicquidagunt homines... nostri est farrago libelli {iu\énâ\^ J, p. 86). (2) « Ol cinc cent cloketes au mains, w Ki demenoient tel tinlin, » Con H maisnie Hierlekin. » Renarl-le-Novel, v. 533. (597) Pas (Je fous sans grelots, ajoute le flamand {(jeen zot zonder bellen) . Caproen met ooren, en cappen met beUen, (lisent les sots (Je Ley(Je en 1596 [Cort verhael, enr.).Dans le Jeu du Prince des sotZj une des plus modernes sotties, jouée en pleine Renaissance, on a encore bien des traces du mardi-gras ; c'est ce jour-là même qu'on fait le cry de la sottie; la politique n'est abordée qu'après les « jeux de passe-passe » ; on s'y interpelle par refrains comme dans les amébées des improvisations antiques ou comme si l'on portait encore la maschera improvisatrice de l'Italie (1). On a « le grant cours, les grants jours de la sottise » et, dans une bonne partie de la pièce, il y a une vraie parade de carnaval « En bas, seigneur du Pont-Alletz; en bas, l'abbé des Verts-galants; en bas l'abbé de Plate Bource {platte borse, Horae belgicae XI, 264).... » et, à tour de rôle, chacun des sots montait et descendait les degrés de l'estrade. M. D'Héricault croit que la sottie est une des formes les plus récentes de la comédie. Rien de plus naturel, s'il ne s'agit que des pièces écrites. Il en fut de ce cadre banal comme de celui des Atellanes. Quoique Tite-Live (VII, 2) y signale la joyeuseté primitive, ce n'est cependant qu'au septième siècle de Rome, qu'on peut citer de véritables rédactions. Qui ne sait que la satyre des Grecs, ou plutôt le chœur des satyres dansants, après s'être pendant des siècles, contenté de rustiques improvisations, n'a revêtu une forme littéraire qu'après la constitution définitive de la tragédie et de la comédie? Remarquons, en passant, que (1) Chez les paysans de Padoue,m lingua pavana,]e dernier maschera improvisatrice de nos carnavals, c'est il Tuogno (Antoine) (Papanti, 7 par- lariilaliani. Livorno, 1875). 2"'^ SÉRIE, TOME XLIII. 27 ( 398 ) la satyre, l'atellane et la sottie ont en commun la persis- tance de certains éléments traditionnels archaïques. L'ana- logie est au moins curieuse et ne saurait être fortuite. La sottie n'a pas toujours pris le cadre dramatique. Elle se reconnaît aussi dans les Monologues des nouveauls sotz, dans les innombrables Crys et Montres des joyeuses bandes {!" volume du Recueil de poésies françaises des XV* et XVI' siècles par Anatole de Montaiglon), dans les Triomphes des conards (1), dans les Plaisants boiUehors d'oisiveté, VExil de mardy gras, les Compliments de la Place Haubert, etc. (7' volume du Recueil de variétés historiques et littéraires, V et IX). Le poëte qui popularisa le type de Roger Bontemps, Roger de Collerye (id. d'Héri- cault, 1855) faisait des Crys pour l'abbé des fous de l'église d'Auxerre, et parmi ses « dyalogues » de carnaval ceux qu'il a intitulés satyres ne sont que de courtes sotties. Plus courtes encore sont les fameuses sottes chansons du recueil publié par Hécart (Paris, 1834) sous le titre Serran- tois et sottes chansons couronnés à Valenciennes. L'ancienne ville «impériale » du Hainaut possédait déjà au treizième siècle ce qu'on appelait « un puy renouvelé. » C'était une première transformation du podium stultitiae, du puy de sotie dont parle Ducange (v. princeps) et dont le prince portait, selon les localités, les titres les plus baroques : prince des sots, prince d'amour, prince de la jeunesse, prince de plaisance, prévôt des étourdis, abbé descornards, abbé de liesse (2), abbé de peu de sens, prince de la (1) Cfr, les Triomphes de l'abbaye des conards, avec une notice sur la fêle des fous, par Marc de Monlifaud. Paris, 1875. (Librairie des biblio- philes). (-2) Les ahhats sont encore aujourd'hui à la tête des farandoles. (Alex. Eyssette, Histoire de Beaucaire. Paris, 1867). A Roclenge sur leGeer, le ( 599 ) sollrecquc et finalement prince de rhétorique. C'est ainsi qu'à Tournai après le puy S' Jacques de 1575 (Reiff. Mousket II, 21) on eut le puy d'eschole de rélhorique (Ilemiebert, Ritmes et Refrains tonrnésiens). Eschole comme Schola a pu signifier corporation. Le puy verd d'Arras fut le plus célèbre de tous (.4. Dlnaux, Les Trou- vères artésiens) (1). C'est là qu'on chantait des sottes- chansons à guérir les plus malades [Monmerqné et Fran- cisque Michel, T/iéatre français au moyen âge, p. 23). C'est là que se montra d'abord la verve effrontée d'Adam de la Halle. Un poëte de Philippe le Bon, Martin Le Franc dénonce ces fêles payennes : Va-f en aux festes, à Touinay A celle d'Arras et de Lille Là verras-tu des gens dix mille Qui servent par salles, par villes A ton dieu, le prince des folz. Au puy d'Arras, cet ancien berceau de la poésie wallonne, la sottie était si triomphante (Harduin, Mémoire sur les abbés de liesse^ Arras 1765) que ce nom finit par désigner toute espèce de « mommeries et joyeusetés. » g Près de Tolède, au premier may, raconte l'artésien Dom Jean Sarrazin, abbé de S*-Vaast [Ambassade en Espagne, p. 256, n° 3 des pièces inédites publiées par l'Académie d'Arras), capitaine de la jeunesse. (Ida von Duringsfeld , Das geistige Lehen der Via- mingen, l. III, p. 178). La Peoene de Malines a pour Princes d'amour en 16^20, Max. Van der Grachl et Pancien bourgmestre J. Van der Hoeven (G van Melckebeke , Geschiedkundige aanteekeningen, bl. 145). (1) Dans lienart le nouvel de Jacques Giélée de Lille, on voit la haute antiquité du puy d'amour de Lille. Dans plusieurs de nos villes flamandes, le balcon ou tribune de Phôtel de ville s'appelait de puy. Cela correspon- dait à la breièque où l'on faisait les crys. ( 400 ) nos voyageurs prirent plaisir à une sottie commune à beaucoup d'autres lieux. Ayant accoustré quelques filles richement, pour en faire des Mayas qu'ils appellent, lesquelles tirent par les rues une longue traînée d'autres filles, à la façon des Reignes que Ton contrefaict aultre part » III. En Flandre et en Brabant il y avait aussi la sotte canchon aux Refereijn feesten^ concours de ballades et de chants divers à l'instar des puys wallons. Aux Servantois sérieux correspondait 'Tvroede, aux canchons amoureuses, 't amoreuze et enfin aux sottes canchons, 't zotte. Il suffît de parcourir les recueils de Refereijnen d'Anvers (1520) et de Gand (]5o9). Mais on voit par le serment carnavalesque du fameux rhétoricien Matlhijs de Casteleijn (p. 189) que la poésie des sots comprenait plus d'un genre. Legghende toi aile zotlernie talenten Wise spelen , faersen , esbatementeu Dat belovick aile tsompen (1) ende aile marotlen. Il semble bien que la sotternie flamande devait être par excellence la pièce du mardi-gras, telle que la sottie des Halles de Paris. Or, il nous reste du quatorzième siècle de curieux échantillons de sotternies^ sotheid, sotte hoerde. On peut les étudier aujourd'hui de fort près, grâce à l'excel- lente édition du professeur Moltzer (Ribliotheek van middelnederlandsche letterkunde, 3' et 9' livraisons). Elle (1) To jump, sauler, cahoter; en patois de GsiUd ^ per-djompe7i, pa- tauger. Gfr. Schuermans, Algemeen vlaamsch Idioticon. V. sompelen, sumpelen. sompeling. ( 401 ) est supérieure à celle des Hoj^œ Belgicœ (VI) de Hoffmann van Fallersleben. Qu'on prenne donc quelqu'une de ces pièces comiques : Lippijn qui croit aux alfes ou lutins ; le souffleur ibuskenblaser) ; la sorcière [die hcxe) ; le maître de trois jours {drie dag lie hère); les truands (de trinvanten); Riibben, le jeune marié. Sauf un ou deux passages où Ton interpelle le public comme à une parade de foire ou de carnaval [een boerdement), il n'y plus rien qui rappelle la sottie française, avec ses personnages allégoriques et stéréo- typés. C'est, au contraire, à une époque bien ancienne, tout le réalisme, tout la netteté, toute la vivacité dramatique des farces de la famille de Patelin. D*" Van Vloten [Het Nederlandsche kluchlspel, Haarlem 18o4) y voit avec raison le même génie d'observation comique qui caracté- rise Teniers, Ostade et Jan Sleen. C'est la franche imitation de la vie populaire; c'est de la photographie impartiale et hardie plutôt que de la satire (1). La même fidélité de dé- tails caractéristiques se remarque dans les Sotie kiuchten, les Cluiten, les Sotielijcke boerden et les Esbattementen qui ont remplacé les sotternies On a beau invoquer l'origine carnavalesque de la plu- part de ces titres. Ils ne désignent plus rien de ce qui pourrait correspondre à une sottie. Au surplus, la farce française elle-même, son antipode, ne doit-elle pas aussi son nom à quelque origine analogue? La farciture, comme on disait au moyen âge, n'était-elle pas littéralement la partie comique, la sotte kluft de la fête populaire ? La farce a pu se transformer, comme on voit l'antique satura des saturnales primitives aboutir successivement à la satire (1) Chez les rhétoriciens flamands, la satire se rencontre plutôt dans les pièces sérieuses et allégoriques. Voir les édils du duc d'Albe. ( 402 ) épistolaire d'Horace, à la satire stoïcienne de Perse et à la satire tragique de Juvénal. La sotternie, qui a été primitivement une improvisa- tion des zotlen^ devint donc de bonne heure une vraie comédie de genre sous l'appareil traditionnel du mardi- gras. En Allemagne aussi, les jeux de carnaval, Fastnacht- spielen (Collection Keller, Stutlgard, tom. XXVIIJ et XLVI, Bibliothek des literarischen Vereins) n'ont presque plus rien de la sancta obscenîtas dont parlait Arnobe,et gardent à peine le souvenir de la danse ou sauterie finale, reien-lanzen, tanz mil scliall, etc. Déjà en 1o51 , \'Olij'f- fak d'Anvers représentait un Vasten-spel van sinnen, ce qui pourrait se traduire parla folie moralisée d'Arras ou la farce inoralisée de Paris. On voit combien tout cela est ondoyant et divers, et combien on est tenté d'appliquer ici ce mot de transformisme, si fort à la mode aujourd'hui. C'est à propos de telles modifications que S*-Marc-Girar- din (Tableau de la littérature française au XVI' siècle, éd. 1862, p. 324) a pu dire : « Le fou est le personnage obligé des moralités; il a son rôle à part, et nous aurons occasion de montrer quelle était l'importance ingénieuse et comique de ce rôle. » Dans les grands concours drama- tiques ou lantjuweelen flamands, il n'y a presque pas de moralité [spel van sinne) qui n'ait ses deux bouffons à titre d'office, Iwee sinnekens que le vieux Kiliaen traduit par : atellanus, scenicits mimiis et qui font penser involon- tairement aux deux sanniones qui ne manquaient à aucune atellane. Si la sottie française ne se retrouve pas dans la sollernie, ne la pourrait-on pas reconnaître au moins dans Vesbale- ment, battement, habatement, elc, dont il est si souvent question dans nos fêtes flamandes? Pas davantage : esbate- ( 405 ) ment est un mot d'une élasticité extraordinaire en néerlan- dais et qui désigne souvent toute espèce de jeu récité par opposition aux staende spelen, littéralement : jeux debout ou représentations muettes (1). Au surplus, en français même, d'où le mot est originaire, nous trouvons une ordonnance du 15 juin 1598 (citée par Magnin, Journal des savants, 1855) laquelle défend « Fesbatement par manière de farces ou de vies de saints. » On doit bien s'attendre cependant à voir prédominer le sens comique dans les deux langues. C'est ainsi que nos sotternies se retrouvent à merveille dans les nombreux et joyeux Esbat- temenlen deCornelis Everaert de Bruges. Ce poète a même gardé , au début du XVP siècle, toute la naïveté des gheseU len van den esbntemente, précurseurs des rhétoriciens. Encore un coup, cherchons ailleurs. C'est sous un tout autre nom flamand que se dérobe le véritable équivalent de la sottie des Enfants sans-souci. On le rencontre dans une des catégories des programmes (Charte der rethorijc- ken) du célèbre lantjuweel et haechspel qui coûta tant de florins à la ville d'Anvers en 1561. Ce qui y correspond à un jeu des sots se nomme factie ou sotte facile. Quel nom bizarre! De provenance wallonne ou du moins latine, il signifie l'œuvre quelquefois facétieuse du fakteur ou poète attitré d'une chambre de rhétorique (2). (1) Dans une ordonnance du magislrat de Malines (22 juin 1534),le mot esbattementen désigne surtout ces moralités allégoriques {sijelen van zinne) où éclatait dès lors l'esprit d'opposition religieuse. (Cfr. Van Mel- ckebeke, Geschîedkundige aanteekeningen rakende de Sint-Jans-Gilde , pp. 30,52 et 36). — Par le mol bâtard batteringhe on désignait la repré- sentation d'une pièce quelconque. (2) Vient-il de fakteur, le factotum poétique des Rederijkers? Vient-il de facetia, bien que dans Ducange ce vocable conserve encore toute la ( 404 ) Mais Pott et d'autres linguistes ont souvent remarqué que le peuple aime à suivre, dans l'emploi des mots, une sorte d'assimilation grossière. Le flamand aura insensible- ment substitué factie, faxie au mot farce des pays de Tournai ou de Lille. De là, zotte faxie, comme quand il dit zotte boerde d'après le wallon, et qu'il est tenté d'y mettre l'idée de paysannerie {boerterij,boerderij),Qn dépit du roman behourder. Si l'on admet cette étymologie, il faudra conclure à un échange curieux d'acceptions entre les mots : farce et sotternie, sottie et factie. IV. Le recueil des Spelen van sinne, vol scoone moralisacien ende bediedenissen {Antwerpen 4562), se rapporte à ce grand concours brabançon dont le luxe a été si amplement décrit dans Van Meteren (Hist. des Pays-Bas), Van Hasselt (Essai sur l'hist. de la poésie en Belgique) et surtout dans l'album de M. Van Even intitulé : Eet lantjuweel van 1561 . La charte du concours entre villes principales (dans le lantjuweel proprement dit) instituait un prix pour le meil- leur Esballement. Il devait être nouveau, honnête, amu- sant et comprendre de trois à quatre cents vers. Aucune fine acception du molle atque facetum d'Horace? Faut-il songer à fatisle, titre attribué à Jean de Pontalais, auteur de satyres (sotties) ainsi qu'à « un prêtre auteur de sotlyes, sermons joyeux , moralités et farces (Aiia- tole de Montaiglon , Recueil de poésies françaises, t. VII, p. 12; t. VIII, p. 10) ? » En tout cas, nous sommes loin du « facteur de bel-esprit, » sobri- quet que l'abbé Nadal donnait à Thiériot, l'ami de Voltaire. On voit même dans le programme du Lantjuweel de 1361, les mots sotte factie ne dési- gner que les lazzis des fous, lors de Ventrée solennelle des chambres de rhétorique. ( 403 ) de ces pièces ne nous a été conservée, mais il est permis de conjecturer par analogie qu'il s'agissait ici de ces farces ou sotternies dont une anecdote, une aventure drolatique, en quelque sorte basochienne, était ordinairement le fond. C'est ainsi que, lors du concours institué par la Peoene de Malines le 3 mai 1620, on publia un esbalement sur l'aven- ture de l'ivrogne Claes dont la femme avait été enlevée par Heyn, déguisé en diable. C'est bien là une farce dans le genre du Cuvier ou de Jenin Landore qu'on trouve dans la collection eizévirienne (Cf. De schadtkiste der philoso- phen endepoeten, enz., Mechelen, 162i). D'après les instructions pour l'ordre des jeux [Aanteeke- ningen voor de boden, Van Even, p. 48), on voit que l'Esbatement devait être joué le matin par chaque société concurrente, selon le tirage au sort. Pour le Haechspel ou lutte secondaire oIj concouraient surtout les petites villes et les bourgades, l'Esbatement pouvait être ancien ou nouveau à volonté; mais on maintenait l'obligation d'éviter toute injure ou vilenie. 11 fallait imiter la vie réelle de façon à faire rire le peuple sans le scandaliser (1). Dans les deux concours il est également question de la factie. Pour le lantjuiveel, on demande un joyeux dialogue qui contienne quelque vérité piquante et qu'on puisse exécuter dans les rues ; mais il est essentiel que la sotte factie aboutisse à une ronde, à un dans-liedeken ou factie- liedekeîi^une chanson qu'un des personnages chante seul et dont le refrain est répété par tous les autres qui dansent en rond. C'est comme un chœur satyrique ou comme la sotte (1) Le Haechspel était aussi accessible aux grandes villes « daer die steden, vrijheden ende dorpen gheroepen ivaren die d'iandt-juweel niet en volghden. (Chaerte de 1 561 ). ( 406 ) chanson de la plupart des concours flamands et wallons dans Tancienne Belgique. Parfois on dirait une parabase. M. Van Even (p. 48) cite un document qui prouve Tanti- quité du dans-liedeken « na d'onde costumen. » Pour le Haechspel, le programme recommande d'éviter les propos blessants, et Ton promet au sot qui s'y distin- guera le plus gaiement, un capuchon ou une marotte d'honneur. Edelstand Daméril qui, dans son Histoire de la comédie, a si bien appliqué aux origines de ce genre le mot d'Aristote concernant les danses populaires et mytho- logiques, rappelle qu'autrefois le prince des sots d'Amiens et ses compagnons étaient tenus d'exécuter une danse (1, 67) (!)! Encore au XVIIP siècle, à Limoges, le peuple chantait : « Saint Martial, priez pour nous, et puis nous danserons pour vous. » Au XVP siècle, à Menin, les pèlerins dansaient devant une statue de saint Jean (/)' Van Vloten, Nederlandsche geschiedzangen, I. 303). On comprend pour quoi l'église eut tant de peine à déraciner de vieilles habi- tudes. » C'est surtout à l'occasion de ses plaisirs, dit Du- méril, qu'un peuple se cramponne au passé et résiste le plus obstinément au changement. » (2). L'église accepta, mais (1) « On lit dans une lettre circulaire de la faculté de Paris, en 1444 : Dans le temps même de l'office divin, des gens ayant le visage couvert de masques hideux, déguisés en femmes , revêtus de peau de lion et habillés en farceurs, dansent dans l'église d'une manière indécente, chantent dans le chœur des chansons déshonnêtes , mangent de la viande sur le coin de Tautel, font brûler du vieux cuir au lieu d'encens, courent et sautent par toute l'église comme des insensés, etc. (M™« Clément Hémery, Histoire des fêtes de la Belgique méridionale^ p. 61.) » (2) « Men kan met weinig moeite het volk eenen anderen godsdienst » doen aennemen, maer de feesten en de vreugde van den eersten lang » zo ligt niet leeren afleggen : dit toonen de historien. De roomsche gods- » dienst duldt duizend dingen meer. (Van Hasselt, Over de eersle vader- « landsche klugtspelcn. « Utrecht, 1780, bl. 103). ( 407 ) purifia, dit Beugnot (Histoire de la destruction du paga- nisme (II). Au IX'' siècle, Agoband, archevêque de Lyon, se plaint qu'on dépense moins pour les pauvres que pour les mimes, c'est-à-dire pour les jongleurs, les danseurs et lès musiciens. Ces mimes, comme on voit par une glose d'Isidore, étaient quelquefois appelés podiarii. (Qui ad podium fabulas agebant, dit Ducange). Le mot pvy, qui au moyen âge désigna les sociétés poétiques et musicales dérive de podium, cette espèce de balcon, cette place d'honneur réservée aux magistrats romains dans les amphithéâtres dont on retrouve les ruines jusque dans le nord de la Gaule, Le prince du puy de sottie, auquel on dédiait toujours le dernier couplet nommé envoy ou prince, n'est jamais oublié dans les plus grotesques dansliedekens des fêtes flamandes. N'est-ce pas ici le cas d'une survivance, d'un sur viv al, commQ dit Ed. Tylor (Civilisation primitive I, 82, de la trad. franc.), c'est-à-dire de la persistance d'une idée, d'une coutume dont le sens s'est perdu avec le temps? Nous voyons partout, et notamment dans Ducange, que l'église a flétri du nom de paganisme toutes ces coutumes bizarres et obstinées. Que l'origine en soit romaine ou germanique ou dérive d'une combinaison des deux éléments, l'article Kalendae ei le tome IX de la col- lection Leber (Collection des meilleures dissertations, etc., nous montrent qu'il s'agit surtout de danses masquées cum larvatis faciebus, de « mommeries(l), faulx visaiges » de gens couverts de capila bestiarum, de vêtements de (1) Dans le Cort verhael van 't principael in Leyclen bedrevm bij sotlen meest (Leyden, 1S96), on interpelle les sots danseurs mommers à oreilles d'àne et qui agitent des vessies comme les Luperques agitaient des fouets et des lanières . ( 408 ) femmes, de cagoules (cucuUi) et qu'on désigne pêle-mêle sous les noms de sots, coquarts, cous, cornarts, cou- quioles, etc. Dans Ducange, au mot Cervulus, on voit déjà saint Augustin et saint Ambroise redoubler d'éloquence pour empêcher des chrétiens de rappeler la nébride des bacchantes ou la tête cornue du dieu Bacchus. Si Ton considère que ce dieu, le plus jeune de tous, a présidé au syncrétisme final des croyances romaines {Prellet\Romisc/ie mrjlhologie, p. 714) (1), on ne s'étonnera plus de retrouver le moi bacchanalia àdius presque tous les actes synodaux, dès qu'il s'agit de lutter contre les survivances payennes. Si ce n'est pas une de ces survivances, c'est, à coup sûr, une étrange analogie qui se rencontre dans les Factien de 1561. D'après le règlement du concours, tel qu'il est conservé aux Archives de l'Académie d'Anvers (Van Even, p. 52), ces joyeusetés ne pouvaient être représen- tées que dans l'après-dîner, comme véritables afler-pieces carnavalesques. Le Taalverbond, 1855, p. 215, cite une ordonnance de l'autorité communale d'Anvers, défendant de troubler les sots dans le jeu de leurs factien, de les empêcher de débiter convenablement leurs tirades [hunne scakelen). On voit par les textes assez courts (car aucune factie n'atteint même les deux cents vers de la sottie des Trompeurs) qu'il s'agissait surtout de lazzis, de grimaces et de danses. De quelque façon qu'on l'explique, il faut du moins une tradition pour justifier la vogue de ces drôleries. La (1) Dans la dernière livraison des Neue Jahrhiicher fur Philologie, de Heckeisen et Masius (li"^livr. de 1877) on trouve une curieuse conjecture sur un fils de Bacchus qui aurait été annoncé dans la fameuse églogue prophétique de Viigile. ( 409 ) factie qui eut le premier prix au Haechspel d'Anvers était l'œuvre des Ongheleerden de Lierre. Or, c'est un icaghenspel qui rappelle les plaustra injuriarum de l'an- tiquité. Le chariot comique de Susarion est ici monté par tous les sots brouillés avec leurs femmes. Après maint quolibet dans le ton des Kokarullen, des hilaria comme dit Kiliaen, le raccommodement conjugal est symbolisé par une sarabande. Le Corembloemken de Bruxelles réduisait sa sottie à une querelle de rhétoriciens qui préparent le factionael liedeken, la ronde linale. Le Bloeijende Wijn- gaerd de Berchem avait fait entrer Bacchus, Cérès et d'autres allégories dans Vamoreus ghilde, c'est-à-dire la joyeuse bande qui se trémoussait avec des gestes grotes- ques. Au concours du Lantjuweel, De Roose, de Louvain, avait conservé l'uniforme des sots avec des additions allégoriques. Le Leliebloem de Diest représentait les divers métiers en goguette. La factie de Léau montrait Bacchus entouré de tous les vins favoris de France et d'Allemagne. On n'avait pas non plus oublié le vin du pays [lantwijn) ni la bierre de Léau [S'out-Leeuwen). La Goudbloem de Vilvorde imaginait les États généraux de la folie [keijen en sotten), La Peoene de Malines se bor- nait à une chanson en l'honneur des ghildekens, des sots à tète verte qui auront la lire -lire {spaerpot). Enfin, Tcoiiwordeken de Herenthals avait une allégorie sur le Temps; le Marie-Cransken de Bruxelles un calembour sur les Cruijen ou épices et ruses du monde , et le Groeijenden boom de Lierre la fête de dame Schaeije [W^^ la ruine) entourée de ses amoureux aux noms trop significa- tifs : Slechtaert, Boltaert^ Liiyaert, Vreckaert, Taeyaert, et Moyaert. Quoique le concours d'Anvers ait eu lieu au mois d'août, ( 4.10 ) ce sont bien là des souvenirs du mardi-gras. Telle est encore la factie du Christusooge de Diest. C'est la fête des têtes folles, des sotte bollen dont le personnage, nommé Marotteken sot, est le plus animé. V. En attendant que M. Anatole de Montaiglon nous donne, comme il Ta promis, les pièces de l'abbaye des Couards de Rouen, il y a une factie du concours d'Anvers, celle de Bois-le-Duc, qui nous semble, malgré sa forme archaïque et entièrement néerlandaise, démontrer l'analogie avec les sotties du carnaval français. Le titre déjà est significatif: Alven-factie j c"est-à-dire la sottie des Elfes, sotais, lutins ou nutons (1). D'" Hermans de Bois-le-Duc {Geschiedkundig Mengelwerk over de proviaeie Noord-Brabant^ ï, 89) rap- proche les Alven des ^acht-merrien (cauchemar, cauque- mare, incube). Dans un poème anonyme du XÏV^ siècle [Natuurkimde) on lit : Coubouten, Alven, Nickers, Maren Miriiie! — Het sijn duvele allen (2). Dans ces démons, Maerlant voyait des anges déchus. îl est question (TAlviiineny dans la vieille sotternie de L/«- pijn. Marcus van Vaernweyck (Van die beroerlicke tijden I, 6o) parlant d'une vieille coutume payenne, heydensche (1) Ou /ut7ons. (Les Évangiles des quenouilles, Appendice, 4^ série, p. 152), Id. P. J. (Bibliothèque Elzévirienne) (2) Dans les chansons de carnaval {Canti Carnascialeschï) du jeune Machiavel, on trouve un chœur de diables (diavoli) qui devait précéder une sorte de sottie à exécuter dans les rues de Florence. (Opère di N. Ma- chiavellijéd. de Florence, 1815, t. V, p. 452.) ( ^^11 ) raserie, qu'on remarquait à l'Ommeganck de S'-Amand près de Gand, dit : « te zotten ende te alven (1). d II regrette même qu'on ne fasse pas de sermons contre ces traditions grossières. C'est à tort que M. Jan Ten Brinck {Schets eener ge- schiedenis der neder. letlerk. 201) voit dans V Alven- factie non pas une sottie , mais une farce ou esbattement qui aurait valu le premier prix aux Rederijkers du Vierighen Doom de Bois-le-Duc. Ce ne fut pas pour celte bouffon- nerie qu'il a raison d'appeler Smakelooze Kiucht (insipide facétie) que Bois-le-Duc obtint sept coupes d'argent. Cette récompense pour l'esbatement fut même contestée : niet verdient, maer qualick gejugeert om eygen baete wille (Van Even, p. 59). Au reste, Wilven-factie n'a que 186 vers, y compris les cinq couplets du dans liedeken. Ce ne saurait donc être un esbatement tel que l'exigeait le programme ou cartel du concours. Le protagoniste, c'est Patroon van den Alven, le prince des sots, le chef d'une mesnie charivarique, comme celle de Hellequin (2). Il est un peu moins bruyant peut-être que ses ancêtres mythologiques les rois des Alfen , Yngri (1) A propos de h bataille annuelle entre la jeunesse de S^-Bavon et celle du quartier du Muicle, il ajoute: a Zoo zeer verblent was tvolck » hier inné, dal vêle meenden dattet al redit was daller gheschiede » Ziel hoe de duvel, onder een schijn van helicheijl , zijn oncruul zaeijen » can » (2) Dans le Jeu de la FeuiWée, Croque-sos, courrier de Hellequin et des fées, arrive en chantant : « Me siel-il bien li hurepiaus? (me va-t-il bien » le chapeau (la couronne de fleurs)? » V. dans Willems : Oudevlaemsche liederen,h\. 327, Het lied van den hoed : Sleet hi mi wale, van violelten desen hoet? C'est du XIV« siècle. ( 412 ) le Scandinave et Freyr le Germanique. (Mannhardt, Die gôtterwelt der Deutschen, 1, 249). Il provoque cependant la joie orgiastique, tschamynckels zotheid dont retentissent les Rcfereijnen int zotle du concours gantois d'avril 1539. Peut-être vient-il de quitter son âne, comme Pappos Silène ou le Prince des sots de Ham (Arthur Dinaux, Les sociétés badines, v. sots.) Il agite le sceptre du puy de sottie et il a le capuchon aux longues oreilles. Een gecxkovel met bellen , moet men hem stellen , Mit ooren van ellen, dats der dwaeser aert. A côté de lui se place mère-sotte, la mère-folle de Dijon, sous le nom d'Alvinne. Mais ce n'est pas Titania auprès d'Obéron. C'est plutôt Vrou Lors (Dame Marie Graillon) la digne épouse de Joncher Mors (sire Souillon); leurs fiançailles ont été célébrées dans la sottie de Leyden en 1596 (Cor/ verhael van tprincipael). Alvinne, c'est, dans le genre grotesque, Freya la mère de tous les com- pagnonnages, de tous les métiers. Elle aussi devait porter le capuchon à oreilles d'âne, comme on voit au frontispice de l'édition gothique du Prince des sotz de P. Gringore. — Femme, dit le Patron, si notre vache vêlait plus souvent, nous aurions assez de graisse pour faire notre onguent. J'en pourrais frotter tout ce monde qui nous contemple. Tous ces sots qui aiment la poussière du mou- lin, qui ont reçu un coup d'aile, qui sentent la pierre de folie, le Keije qui loche et branle dans la tête fêlée; ceux enfin auxquels le cerveau tinte. Die leift naer uwer marotten raedt De keij beghintje int voorhooft te leuleren. (Gand, lo39.) moi, je veux les guérir par la pleine folie. (Ici, pour se ( m ) conformer à l'esprit des sotties, un calembour sur /m//; demi, et alven^ lutins). — Oui, dit l'Alvinne; mais songeons d'abord à nos parents, à nos amis, à nos voisins. — Mes amis, dit l'autre, où donc sont-ils? — Là-bas , de tous côtés , groupés par couples (on reconnaît ici le jeu banal des pièces françaises). — Ohé! les autres! préparons la boîte à onguent. Eh bien ! compagnons, le vent est-il bon? Le moulin tourne- t-il à souhait? (On connaît la locution flamande : een draei van den meulen hebben; qui revient au mot rouchi : // a té à Lile, il a un co d'èle.) — Or çà, convoquons le ban et Tarrière-ban des sots et des sottes.) C'est toujours la donnée du Cry traditionnel de Gringore, de Marot et de Roger de Collerye.) Alors commence le défilé si connu des sotties du mardi- gras. Au lieu du : « Saillez en parc! en bas, seigneurs! Accourez plus vite que le pas! » on a d'autres formules; mais qu'importe! Sous d'autres noms, nous verrons plus ou moins reparaître les personnages de Gringore, le sei- gneur du Pont-Allet, le Prince de Nates, le seigneur du Plat, le seigneur de la Lune, Tabbé de Frévaulx (frais veaux, verts galants), l'abbé de Platebourse, le général Enfance, le seigneur de Gayté, Nonobstant que vous soyez vieulx, Tousjours estes gay et joyeux. C'est donc d'abord Pcerken van Tuyl, Pierrot le sot; car tuylen c'est vivre comme un tuylaert, un sot. Mystifier, c'est op den tiiyl houden. Voici Coppen van Mal^ comme qui dirait à la gauloise Jacquinot de la sottie (cf. Harre- bomé, in den malien molen geraken). Il demande au 2""^ SÉRIE, TOME XLHI. 28 ( Ui ) patron de les guérir tous sur-le-champ. L'insistance est plus grande encore de la part de Maes van Keyendael, Thomas de sotte vallée : « Maître, dit-il, sans votre onguent, nous sommes perdus : Bestrijcktij ons iiiel, wy blijven verleghen Als thuylaerls versleghen, van keydaels winden. On l'entend, il s'agit du vent de la folie. Quant aux Keyaerts , autre nom des sots, on se demande s'ils sont les disciples de Key, le sénéchal d'Arthur, son maître- queux, le héros aux sottes aventures. Toujours est-il qu'on voit un Arthur dans le cortège anversois de 1561 , et qu'il se retrouve déjà, comme frère de la fée Morgue, dans la partie sotte du jeu de la Feuillée. Bientôt survient un autre type d'évaporé : Heyii van Sotteghem, Henri de Sotteville : « Allons, allons. Patron, pas de lésinerie : ne fermez pas la huche au pain pour les amis! — Soit, dit le Patron, je veux hien vous aider de bon cœur, mais qu'on se range , qu'on se mette en ordre de joyeuse bataille. — Moi d'abord, s'écria Peerken van Tuyl, moi, si connu en mainte taverne, je vous présente ma petite femme groote Laudate (1). Nous nous sommes souvent promenés à Oosterweel, rue du Lait-Battu. (S'agit-il d'Oosterwyck près de Bois-le-Duc? Quelle est cette allusion? D' Hofdyk, (1) Rr J. H. Van Dale [Taalgids, 1866, p. 144) dit que dans la Flandre zélandaise on connaît encore groote laudate dans le sens de : grande dinde, grue, jeune filîe aux allures enfantines, kinderachtige deerne. — Le Bel- gisch Muséum, 313, IX, cite un tafelspel de 1600 : 7 Leven van Vrou Aawda^e. C'est une espèce de fée-souillon qui a pour suivante VrouVuyla (Dame Ordure). (Cfr.n° 10 des Feelderhande geneuchlijcke dichten. Aut- werpen, 1609.). ( 4iD ) Geschiedenis der nederlandsche letterkunde, 132, ne croit pas qu'on la puisse découvrir.) — xMa foi, dit le Patron , vous portez tous deux de jolis noms; mais voyons, qu'avez-vous? Où souffrez-vous le plus? — Mon mari sous sa barrette, et moi, sous mon béguin {doek) . — Oh! dit le maître, c'est la place ordinaire; ça, qu'on m'aide et qu'on fasse bien bouillir l'onguent. — Ici, une scène de parade de foire. L'allégorie n'est pas fine; il ne s'agit que de cette ivresse du carnaval qui produit une courte folie.) — Mon onguent ne nuit à personne, dit le héros ba- chique à sa commère; et cependant il passe à travers toute la tête. — Peerken demande le nom de ce spéci- fique; c'est du stultorum dont beaucoup de gens notables ont déjà été frottés. — Dites donc là-haut , s'écrie Coppen van Mal, n'ou- bliez pas ma chère Lisette Romeloose (sans crème ni cer- velle). — L'opérateur se met cordialement à la besogne; il ne veut pas d'argent; c'est par pure amitié. — Çà, voyons cette trogne, inspectons-la pour savoir si , par aventure, il y resterait encore quelque pli de sagesse. — Ne craignez rien , mon maître, se hâte de répondre Coppen; les plis qui restaient nous les avons frottés contre la tête de veau (Kalfshoot) qui fut jadis tué à Blaesvelt (champ des vantards ou plutôt de Blasius, patron des bibe- rons). — Serait-ce une allusion aux Kalverdansers dont il est question à l'Ommeganck de Bréda l{Eelco Verwijs, p. iv, Dit is tspel van den heiligen sacramenle valider ]\yeu' wervaert). Karl Weinhold [Jahrbûcher Gosche I) dit que les fous portaient la peau de veau (la nébride) « kalbshiàle kleiden tumbe liûte (Renner, 4509). C'est le Calf-skin des ( 416 ) Anglais. En Allemand das kalb mislasseii, se trémousser comme au carnaval. — En flamand van't kalfke genezen, devenir sérieux. Ed. Duméril, J, 75, cite le Poeniten- tiale de Théodore, à propos de cet usage universel de courir en se couvrant comme les satyres de capita bestiarunij veaux, moulons, béliers. Le savant chercheur rappelle aussi le correr la tora^ vecolo. Citons encore le Julbock et l'ancien vasten avondsot loopen (Raepsaet, OEuvres complètes, K 254). — Au cortège de 1561 , un des laquais de Jeurkin le sot attitré des Violieren , jouait sur un caexbeen, mâchoire de veau. C'est du veau qu'on mangeait aux petites réunions des gildes de rhétorique. Voilà donc toujours çà et là, comme dirait Magnin, (Origg du théâtre moderne^ i, p. xv), quelqu'une des mille contre- façons des saturnales. — Allons dit le Patron des Alven, venez tous vous placer dans le parc. Joie, remercîments, bénédictions de tous ces demi-fous que l'on guérit du peu de sens qui leur restait. — Oh! dit le chef des Zatte cadullekens, des oubolliche drollen, vous m'en saurez gré, même au delà de sept ans, c'est-à-dire après avoir été verzevenjaard, renouvelé de fond en comble. On voit qu'il s'agit de la septième année climatérique, si superstitieusement observée par tous les Romains et surtout par Auguste. Nouveau couple de coqueluchiers : Keijendael et dame Sotte , Jonkvrou Dante ou Dantelorie, Celle-ci ne se gêne pas: elle traite le Patron de cousin ou de fou, c'est tout un dans cette langue [neefken^ nepos, dit Kiliam). Aussi bien , lui faut-il au moins deux onces d'onguent. Ces deux époux assortis ont trop grignoté {ghepeuselt) à la traditionnelle tète de veau. Ils n'en ont pas perdu une bouchée. Pour le voir, il ne faut ni flambeaux ni lunettes. — Eh bien donc, faites tourner votre moulin (le moulinet du général d'En- ( ^-17 ) fance, chez Gringore); montrez tout votre savoir. — Eh ! Eh! ma subh'me Ihériaque (drîokel), mon spécifique fera merveille. — En vérité, dit Keijendael, nous vous loue- rions comme un vrai petit saint {vrij sankten), si seulement votre nom nous valait par an un jour chômable. Heyn van Sotteghem vient alors se plaindre d'avoir été oublié. 11 réclame particulièrement pour sa tendre moitié Vrou Schieloose, dame de rÉtourneau. —C'est bien mal- gré moi, dit le Patron; car vous êtes, tous deux, mes meilleurs amis. 3'aime tant inven dater, votre crécelle, vos grelots de la folie, vos hochets, vos cliquetites, vos casta- gnettes (dignes de Bacchus qui aimait les crotales) (1) — Ton nez me gêne pour te frotter, sire Heyn! — Ah bien oui, c'est un éteignoir; mais ma femme, elle, a une trogne pour nettoyer les pots. — Dis plutôt, mon cher ami, pour effrayer les nains, les diablotins (ce sont les tatolfs , tatermans, kadoters, kobolds, gobelins (Ducange), follets, farfadets, kabouters, cobali (Lobeck Aglaophamus, 1510). Ce sont aussi les incubes, les faunes et les satyres de la légende ; aduncis naribiis, fronte cornuta, pedibus capri- nis (Lobeck, lo09). En un mot, tous les drôles de la drô- lerie païenne et tous les satellites transformés deDionusos. — Ma foi, Patron, dit Heyn van Sotteghem, s'il vous fallait oindre tous ceux qui en tiennent, il vous faudrait une boîte comme un tonneau de Hambourg ou comme un jopen vat {jopen biei^ bierre médicinale et onctueuse). — (1) Presque tous les mots carnavalesques de noire Alven-factie se rencontrent dans une sotie chanson du Liedekensbouc de Jan Roulans (Anlw. 1344), p. 2o4. (éd. HotFmann.) Wij groelen niijnheer, met grooter eer, Van Keijenborch verheven. Innombrable est la troupe des Tliuijlaerts : « Wij draghen cappen met « bellen , wij ziju al mal, wij brageren, (braguer, blaguer). » ( 418 ) Au fait, dit le maître sot, on trouve des Alve7i en masse dans chaque ville; mais, chut! à cette feuille j'attache une épingle, je n'en dirai pas davantage... Et sur cette vieille plaisanterie de toutes les pièces car- navalesques, voilà toute la mesnie, tout le thiase, toute la ghilde en train. C'est à qui trouvera les mots les plus ba- roques pour décrire la magie de l'ivresse. On dirait qu'ils vont chanter la ronde traditionnelle: « Wîj zijn hier al bij een, zatle kadullekens onder een. Plus on est de fous, plus on rit. » C'est l'heure des gaietés, au prix même de la niai- serie. On pourrait répéter les amphigouris, les baguenaudes et les Cocaridlen de Matthijs de Casteleyn, le phénix des l'hétoriciens. Aussi bien, kokerillen, kokarullen, dans Kiliaen et plus anciennement dans les comptes des villes néerlandaises, signifie se donner du bon temps, celebrare hilaria. Comme les silènes et les personnages semi-mytho- logiques des Alellanes, tous ces suppôts de la pompe dio- nysiaque agitent la marotte en guise de thyrse et se tré- moussent en dodelinant de la tête d'une façon plus que rabelaisienne [knikkebol, schuddebol^ altijd dorstige Silenus (Fokenbroch, 1709). — Orçà, qu'on ne nous reproche plus d'avoir delà sagesse: si elle était à vendre, elle ne vaudrait pas six mijten, six mailles. Vive à jamais notre patron! Nous, alfkensy sotais, coqueluchiers, gallands-sans-soucy, allons- y gaiement et à la bonne franquette (1) ! — Bien dit! s'éerie Peerken van Tuijl, et nous allons, en l'honneur du maître (springhen), danser autour de lui (1) Dans les vingt Facticn que contient le recueil de W. Silvius {Spelen vanSinne, A7itw. 1562), on ne trouve que celte gaieté inoffensive. C'est dans les moralités allégoriques du grand concours brabançon qu'il faut chercher la pensée hardie et redoutable, justement suspecte à la domi- nât on espagnole. (Cfr. Patria Belgica, t. III, p. 522.) ( 419 ) et chanter une bonne chanson. Suivez-moi, je commen- cerai. Et puis, par un plaisant refrain Tous capriolent sur la lin. Robinet, Lettre du 12 décembre 4666. Voici enfin la partie essentielle du concours des sots : le factie-liedeken, la parabase, la chanson primitive du mardi-gras. C'est bien la sotte chanson du puy de sottie; car elle a d'obligation un couplet pour le prince tout aussi bien que les ballades des concours de Tournai, d'Arras ou de Malines. N° 19. Le festin de Balthazar. — Devise : « Mané, Thécel , Phares, d ( 443 ) N° 20. La dernière nuit dCEgmont. — Devise : . K. K. geologische Reichsanstalt. — Jahrbuch, 1876. Ver- handlungen, 1876, n°^ 14-17. Vienne; in-8°. Anthropologische Gesellschaft in Wien. — Mittheilungen, L VI, 1876, n«' 6-10. Vienne; in-8«. ( 430 ) Amérique. Eastmann (J.-R.). — Report on the différence of longitude between Washington and Ogden , etc. Washington, 1876; br. in-4°. Macedo [Joaquim Manoel de). — Anno biographico Brazi- leiro, tomes I, II et III. Rio de Janeiro, 1876; 5 vol. in-8». Newcomb {Simon.). — Investigation of corrections to Hansen's tables of the moon; with tables for their application. Washington, 1876; br. in-4°. Gouvernement brésilien. — The empire of Brazil at the universal exhibition of J876 in Philadelphia. Rio de Janeiro, 1876; vol. in-8°. Lyceum of natural history at Neiv-York. — Proceedings, january 1875 to jime 1874. — Annals, vol. X, n°^ 12-14; vol. XII, n''^ 1-8. New-York, 1875-76; 10 br. in-8«. Smilhsonian Institution. — Annual report of the board of régents for 1875. — Contributions to knowledge, tomes XX et XXI. Washington, 1876; 1 vol.in-8'' et 2 vol. in-4°. Historical Society of Pennsylvania. — Memoirs, tome XII. — Notice biographique sur Willian Penn. Philadelphie, 1876; vol. in-8"etbr. in-i2. France. Paillard (Charles.). — Histoire des Troubles religieux de Valenciennes (1560-1565), tomes I, H, III et IV. — Considé- rations sur les causes générales des Troubles des Pays-Bas au XVP siècle. Paris, 1874-1877; 4 vol. et 1. br. in-8°. Paris (Paulin.). — La civilisation aux temps préhistoriques. Tours, 1876; cxtr. in-8^ Brassart (Félix.). — Une vieille généalogie de la Maison de Wavrin, etc. Douai, 1877; vol. in-S». ( 4SI ) Société des sciences de Nancy. — Bulletin, tome II, fasc.5, 1876. Paris, 1876; br. in-8^ Hevue des questions historiques^ XI" année, 42" livraison. Paris, d 87 7; vol. in-S". Institut de France. — Académie des sciences : Mémoires présentés par divers savants, tomes XXIII, XXIV et XXV. — Académie des Inscriptions et Belles - Lettres : Mémoires, tomes XXVI, 2" partie, XXVII, 2" partie, XXVIII, i-"" et 2" parties. Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, tomes XXIII, 2" partie, XXIV, 2" partie, et XXV, 2" partie. — Académie des sciences morales et politiques : Mémoires, tome Xill. Paris, 1869 à 1877; 13 volumes in-4''. Société industrielle et agricole d'Angers. — Bulletin, o^sér., tome XVII, 2" semestre de 1876. Angers, 1876; br. in-S". Société d'anthropologie de Paris. — Bulletin, tome XI, juillet-décembre 1876. Paris; in-8°. Grande-Bretagne et ses Colonies. Royal historical Society. — Transactions, (second édition), tomes I-V. Londres, 1875-1877; 5 vol. in-8°. R. ohservatory of cape of Good Hope. — Results of astro- nomical observations, 1871-1873. Le Cap, 1876; vol. in 8°. Radcliffe ohservatory al Oxford. — Results of astrono- mical observations, 1874. Oxford, 1876; vol. in-8°. Royal ohservatory of'Greenwich. — Results of the astrono- mical observations, 1874, — Results of the ma^netical and meteorological observations, 1874. — Observations of 1874. Londres, 1876; 3 vol. in-4^ ( 452 ) Hollande - Luxembourg. Treuh (^f.). — Le Méristème primitif de ]a racine clans les inonocotylédones. — Recherches sur les organes de la végé- tation du Sclaginclla Martensii, Spring. Leyde, 1870, 1877; 2 broeh, in-4''. Kon. zoologisch Genootschap : Nalura arlis magistra. — Nedcrlandsch tijdschrift voor de dicrkunde , tomes I-IV. Amsterdam, 18G4-1874; 4 vol. in-8^ Teylers godgeleerd Genootschap. — Vcrhandelingen, tome V. Harlem, 187G; vol. in-8°. Société hollandaise des sciences à Harlem. — Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles, tome XI, n"' 4 et 5; tome XII, n" 1 . — Programme pour l'année 1877. Harlem ; in-8°. Maatschappij der nederlandsche lettei^kiuide te Leiden. — Handelingen en mededeelingen, 487G.— Levcnsberichten der afgestorvene medelcden, 1876. ~ Alphabetische lijst der leden van de Maatschappij. Leyde, 1876; 3 br. in-8°. Université de Leyde. — Annales academici, 1872-1875 et 1873-4874. Leyde, 187G-77; 2 vol. in-4». Zeeiirvsch Genootschap der icetenschappen.—Zehnàïa illus- trala. A' livraison, par Lantsheer. - M. Laurens Pieter Van de Spiegei en zijne lijdgenooten, S*' partie, par G.-VV. Vreede. — Geschiedenis en plaatsbeschrijving van Arnemuidcn, par Kcsteloo. Middelbourg, 187G; 3 vol. in-8''. Provinciaal Utrechtsch Genootschap van kunsten en weten- scliappen. — Verslag der algemeene vergaderingen van 1875 en 187G. -- Aanteekeningcn der sectie-vergaderingen, 1875- 1876. — Het klooster te Windesheim en zijn invloed,tome IL — La construction de l'église S'-Jacqucs à Utrccht. Utrecht, 1875-76; 5 br. in-8° et brochure in-folio. Koninklijke Akademie van Wetenschappen te Amsterdam, ( 4§5 ) — Jaarbock, 1875. — Vcrslagen en inededeelingen : afdec- ^ing rtatuurkunde, 2*^ série, tomeX; afdeeling letterkunde, 2* série, tome V. — Catalogus van de boekerij, tome 111, d" partie. — Processcn-verbaal van de gewone vergade- ringen der afdeeling natuurkunde, van Mei 1875 toi Juni i876. — Hollandia (poënie latin). — Verliandelingen, t. XVI; idem afdeeling letterkunde, tome X. Amsterdam, 4870 77, 4 broch. et 2 volumes in-S", et 2 vol. in-4°. Institut royal grand-ducal de Luxembourg. — Publica- tions de la section historique pour l'année 1876. Luxembourg, 1877; vol. in-S". Italie. Gozzadini {G.). — Inlorno agli seavi archeologici fatti da sig. Arnoaldi Veli. Bologne, 1877; br. in-4°. Orsoni {Fransc). — Note scientifiche. — Lucubrazioni scientifiche. Noto, 1873; 2 br. in-12. Società toscana di scienze naturali in Pisa, — Alli, vol. II, fasc. 2. — Adunanza del 12 marzo, 2 luglio, 19 novembre 1876. Pise;in-8». Beale istituto veneto di scienze, lettere ed arti. — Atti, cinquième série, tome I, n"'' 1-10; tome 11,0°' 1-9. — Memorie, tome XVIII, n°' 1-5; tome XIX, n°' 1-5. Venise, 1874-1876; 19 br. in-8'' et 6 in-4». R. comitato geologico d'Italia, — Memorie per servire alla descrizione délia carta geologica d'Italia, tomes I et II. Florence, 1871-1874; in-4^ R. Accademia dei Lincei. — Atti, vol. I , fasc. 5, février 1877. Rome; br. in-4°. Boot (J.-C.-G.). — Johannis Frederici Gronovii ad Alber- tum Rubenium epistolae X. Rome, 1877 ; br. in~4". S""*" SÉRIE , TOME XLIII. 51 ( AU ) Bartoli {W Adolfo.). — Spicgazione di alcuni fatti relativ, alla teoria del magnelismo di rotazione. — Sulla sens'ibilita deir Occbio nella valutazione dei rapporti di grandezza dcllc lunghezze, etc. Pise, 1875, 1876; 2 br. in-8\ Carrara (Franc.). — Progresso e rcgresso del giure pénale nel regno d'Italia. Opuscoli vol. VI. Lucques, 1876; vol. in-8°. Giovanni ( Vincenzo di). — Catégorie e giudizii studio logico. — Prelezioni dl lilosofia. Palerme, 1877; 1 l}r. et 1 vol. in-S". Russie. Thime {J.)-— Mémoire sur le rabotage des métaux. Saint- Pétersbourg, 1877; br. gr* in-S^ Nyren [Magnas.) — Déclinaisons moyennes corrigées des étoiles principales pour l'époque 1845, 0, déduites des obser- vations faites au cercle vertical, et recherches sur les erreurs de division du cercle. Saint-Pétersbourg, 1875; br. in-i". Dlock (Eugène.) — Hilfstafeln zur Berechnung der Polaris- azimute, etc. Saint-Pétersbourg, 1875 ; br. in-4''. Observatoire impérial de Piilkowa. — Jahresbericht, 1875, 1876. Saint-Pétersbourg; 2 br. in-S". Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg. — Bulletin, tome XXII, n«' 5-4; tome XXIII, n" 1. Saint-Péters- bourg; 2 br. in-4^ Société de chimie de Saint-Pétersbourg. — Bulletin, t. IX, n°^ 1,2. Saint-Pétersbourg, 1877; 2 br. in-8°. C im ) Suède. Académie royale des sciences à Stockholm. — Astrono- miska Jakttageiscr och Undcrsôkningar, I. Bd. n" I. Stockholm, 1876; br. in-4\ Nordiskt medicinskt arkiv, tome VIII, 4^ livraison. Stock- holm, 187(); vol. in-8°. Suisse. Naturforschende Gesellschaft in Zurich. — Vierteljahrs- schrift, XXÏ. Jahrgang, 2. Heft. Ziirich, 1876: br. in-8°. Société de physique et d'histoire naturelle de Genève. — Mémoires, tome XXIV, 2" partie. Genève, 1875-76; br. in-4^ Société de géogi^aphie de Genève. — Le Globe, t. XVJ, V livraison. Genève, 1877; in-8°. Société vandoise des sciences naturelles. — Bulletin, t. XIV, n" 77,1876. Lausanne 1877; vol. in-8^ Naturforschende Gesellschaft in Ziirich. — Vierteljahrs- schrift, 21. Jahrgang, 3. Heft. Zurich, 1876; br. in-8°. - Commission géologique fédérale. — Matériaux pour la carte géologique de la Suisse , 14" livraison. Berne, 1877; vol. in- 4°. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE, 1877. — ]No 5. CLiliSSE DES SCiEl^CES. Séance du 15 mai 1877. M. Maus, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J.-C. Houzeau , vice - directeur ; B.-C. Du Mortier, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, Gluge, Melsens, F. Duprez, Ern. Quetelet, Ern. Candèze, F. Donny, Ch. Monligny, Steicheo, Éd. Dupont, Éd. Morren, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau et Éd. Mailly, membres; Th. Schwann et E. Catalan, associés; F.-L. Cornet, G. Van der Mens- brugghe et M. Mourlon, correspondants. 2""^ SÉRIE, TOME XLIII. 32 ( 4S8 ) Avant la lecture du procès- verbal, M. le directeur an- nonce que l'Académie des sciences de Paris a décerné à M. Melsens l'un des prix Monlhyon, pour ses recherches si longtemps prolongées, sur l'emploi de l'iodure de potas- sium comme moyen préventif et curalif des affections saturnines et mercurielles. — Applaudissements. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire du mémoire que M. Charles Devisscher, élève de l'Université de Gand, avait envoyé au concours universitaire de 1875-1876, en réponse à la ques- tion de médecine [matières spéciales) et qui a été couronné par le jury. — Remercîments. — L'Université d'Upsal annonce qu'elle célébrera, le 5 septembre prochain, le 400' anniversaire de sa fondation et demande que l'Académie délègue l'un de ses membres à cette solennité. — La classe désigne M. P.-J. Van Bene- den. — La'Saturforschende Gesellschaftde Leipzig envoie un exemplaire des quatre premiers volumes de ses Jahrgangen. — Remercîments. — Les établissements dont les noms suivent transmettent leurs derniers travaux , et accusent réception de l'envoi de 1876 des publications de l'Académie : ( 459 ) La fondation Teyler à Harlem, la Société hollandaise des sciences de la même ville, l'Université de Leyde, la Société provinciale des arts et sciences d'Utrcclit, la Société zélandaise des sciences de Middelbourg, l'Acadé- mie des sciences et la Société royale de Zoologie à Amster- dam, le Lycée d'histoire naturelle de New-York, la Société des sciences de Gottingue, la Commission géologique fédérale de la Suisse à Berne et l'Observatoire de Green- wich. — L'Académie des sciences de l'Institut de Bologne adresse le programme des prix Aldini sur le galvanisme; le terme fatal pour la remise des mémoires expirera le 50 mai 1878. — La Société de botanique et la Société centrale d'hor- ticulture de France annoncent qu'elles ont résolu, à l'occa- sion de l'Exposition internationale de Paris, de tenir, dans cette ville, un congrès de botanique et d'horticulture, du 16 au 22 août 1878 inclusivement. — L'Académie des sciences naturelles et économiques de Palerme demande que l'Académie lui continue l'envoi de ses travaux. — M. Crépin adresse un exemplaire du rapport qu'il a fait au Ministre de l'Intérieur, comme directeur du Jardin botanique de PÉtat, sur la situation de cet établissement en 1876. — Remercîments. — M. P.-J. Yan Beneden offre, de la part de M. le pro- fesseur commandeur G. Capellini, de Bologne, un exem- plaire de son ouvrage in-4*', intitulé : SuUa balenoUera dl Mondini, rorqual de la mer Adriatique, 11 profile de ( 460 ) celte occasion pour donner quelques détails sur une Ba- leine qui vient d'être capturée dans la Méditerranée, sur la côte de Tarente. Ces détails sont extraits d'une lettre de M. Capellini. — Remercîments. — MM. A. Namur et P. Mansion adressent, à titre d'hommage, un exemplaire de leurs Tables de logarithmes à 12 décimales, jusqu'à 434 milliards, avec preuves , que l'Académie vient de publier. — Remercîments. — La classe accepte le dépôt, dans les archives de l'Aca- démie, de deux billets cachetés, présentés l'un par M. C. Le Paige, d'Herslal , et l'autre par M. C. Malaise, de Gem- bloux. Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'exa- men de commissaires : 1° Bibliographie analytique des principaux phénomènes subjectifs de la vision depuis les temps anciens jusqu'à la fin du XVÏIP siècle^ suivie d'une bibliographie simple pour la partie écoulée du siècle actuel; S^ section, Phéno- mènes ORDINAIRES DE CONTRASTE; YP et dernière section, OaiBREs colorées; par M. J. Plateau, membre de l'Acadé- mie. — Commissaires : MM. E. Quetelet et Duprez; 2° Révision de la flore heersienne de Gelinden, d'après une collection appartenant au comte de Looz, avec 14 plan- ches, par M. le comte G. de Saporta, correspondant de rinstilut de France, à Aix (France), et M. le D' A. F. Ma- rion, professeur à la faculté des sciences de Marseille. — Commissaires : MM. Malaise, Dewalque et Crépin ; 5° Note sur une équation différentielle de Jacobin par M. P. Mansion, professeur à l'Université de Gand. — Com- missaires : MM. Catalan, Folie et De ïilly; ( 461 ) 4" Documents sur la théorie des deux caractéristiques de M. Chasies; par iM. L. Saltel , professeur au lycée de La Rochelle. — Commissaires : MM. Folie, De Tilly et Liagre; ^'^ Sur la fonction P^yde Lamé; par M. Escary, pro- fesseur au lycée de Chàteauroux. — Commissaires: MM. Fo- lie, De Tilly et Catalan; 6° Théorèmes relatifs aux foyers des conic[ues; par M. Boset, professeur à l'Athénée royal deNamur. — Com- missaires : MM. Folie, Catalan et De Tilly. ELECTIONS. D'après l'article 59 du règlement général, la classe pro- cède à l'élection de son délégué auprès de la Commission administrative pour l'année 1877-1878. M. Stas, trésorier de l'Académie, membre sortant, est réélu. RAPPORTS. Snr les sous-normales polaires, et les rayons de courbure des lignes planes; par M. Emile Ghysens. Stapitot't tic MB. Catalan. « Dans le petit Mémoire soumis à l'examen des Commis- saires, M. Ghysens, jeune Docteur en Mathématiques, déjà connu de l'Académie, a résolu divers problèmes, très-inté- ressants, que nous allons indiquer en peu de mots. ( 462 ) l. Problème I. Soient n H- 1 courbes quelconques, C, Cj,... Cn, situées dans un même plan; soient r, l'i,..- l'n ^^^"^ rayons vecteurs correspondants, OM, OM,..., OM^, comptés sur une même direction, à partir du^ même pôle 0; soient enfin oc ^ a^^... «„ les angles formés par OM,... M^, avec les normales MN, MjNi, ... M^N,, aitx courbes don- nées. En supposant que les distances r, ri,... r„ satisfassent à une équation (p(r,r,,...rj = 0, (1) trouver la relation entre a, «j, «„. Cette relation est 2r-^tga = 0; (4) '^ dr OU, pins simplement, l'i-"-- <»' }. désignant la sous-normale polaire. II. M. Ghysens applique les formules (4), (5) à divers exemples simples. 11 retrouve, comme cas particulier, une construction donnée par M. Fouret. 111. Problème II. A, A^,... A„ étant les points d'intersection des premières courbes avec une même droite OA, passant par le pôle; soient C, C'i,... C'„ de nouvelles courbes. J.2 (;■ (i- 1 cos^a ?\ ( 463 ) respectivement tangentes aux premières, en A, A|,... A„. Quelle est la relation qui existe entre les courbures de toutes ces lignes? Un judicieux emploi des infiniment petits conduit l'au- teur à celte formule remarquable : (8) au sujet de laquelle nous présenterons cependant deux objections : 1** U équation de condition (1) contient, sous forme symétrique, les rayons vecteurs r, ?*],... r^ : la même symé- trie devrait, semb!e-t-il, exister dans la formule (8); ce qui n'est pas. Très-probablement, il n'y a là qu'une faute de signe. 2° M. Ghysens suppose, sans l'indiquer explicitement, que chaque courbe est rencontrée en un seul point, par une droite issue du pôle. Les lignes qu'il a considérées sont- elles donc unicur sales? IV. Si les lignes C, C'i,..- C'n sont les tangentes aux courbes C, C,,... C„, la formule (8) devient (*) 1 1\ '^" ri dr 1 ^ fi _ M -v" ^^ '}L cos"a \p p/ ~iCOS"a,, urp pp Celle-ci, comme le dit l'auteur, fait connaître le rayon de courbure p de la résultante de n lignes^ en fonction des rayons de courbure de ces lignes, de leurs trayons C) Même remarque relativement au signe du premier membre. C 464 ) vecteurs, des angles «, et du rayon de courbure o' de la résultante de n droites. Ici, M. Ghysens répond, en partie, à l'une des questions ci-dessus. Supposant que r|, r^,... r^ soient les rayons vecteurs correspondants d'une ligne du n'^ degré, il prend, au lieu de l'équation générale (!) : d 1 i 1 r 7-, ?\2 ?'„ Cette équation représente la (n — ly polaire d'une courbe d'ordre n, c'est-à-dire la droite polaire Ç). En conséquence, la formule (9) se réduit à l'équation suivante, que j'ai déjà signalée à la Classe : 2 — ^ = 0' ('^) et sur laquelle je crois devoir faire quelques remarques. i° La propriété exprimée par cette équation est très- curieuse, mais elle n'est pas nouvelle, comme je le pen~ sais il y a un mois, et comme M. Ghysens le croyait encore (*) Soit, pour fixer les idées, ?j = 5. I/équation de la courbe peut être mise sous la forme w^p. (sin co, cos ce) -h w^a (si« ^ , cos co) + zi ^^ii^$$$^;^i^$$^^$^ r: ^r% .sX-\ .xxx^\\sX^-:y\\\S » Fi^.2 ^^ Côté r 108 .1 HL , ! Jb^ ^ 5> 'essméparïï.FissoTi Echelle \ Il tK . (7, Sewrejns BrizAs . ( 481 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. De Vapplkation du rhé-électromèlre aux paratonnerres des télégraphes j par M. Melsens, membre de l'Aca- démie. Dans oia troisième note sur les paratonnerres (6i personne ne paraît avoir remarqué qu'il nous reste sur » ce point quelque chose à apprendre. » Cependant, ni M. P. Serret, en écrivant ces lignes, ni les autres géomètres, en les lisant (et je suis de ce nombre), n'ont songé à se demander si, par exemple, l'involution qui a lieu entre les trois couples de points déterminés, par une transversale, sur une conique, sur deux des côtés d'un triangle inscrit, et sur le troisième côté et la tangente au sommet opposé, ne donnait pas lieu à une relation analo- gue entre les couples de points déterminés, par une trans- versale, sur chaque côté du triangle et sur la tangente au sommet opposé; idée toute simple, cependant, d'une véri- fication tout à fait élémentaire, et qui semble tellement naturelle, qu'une fois trouvée, on s'étonne qu'elle ne l'ait pas été tout d'abord par Desargues lui-même. Eh bien , non! l'on ne s'est pas posé cette question; et nous-même, nous n'y sommes arrivé que par une voie indi- recte. C'est celte voie que nous croyons utile d'indiquer, pen- sant qu'il y a, pour les jeunes géomètres, un plus grand profit à retirer de cet historique, que d'une série, même par- faitement coordonnée, de propositions, dont on saisit bien la déduction, mais sans en connaître le point de départ. Ce point de départ, le voici : On sait que, lorsqu'une surface du second degré est cir- conscrite à un tétraèdre, les faces de celui-ci coupent les plans tangents aux sommets opposés suivant quatre droites qui appartiennent à un même hyperboloïde; la démonstra- tion consistant à faire voir qu'une droite, qui rencontre trois de ces intersections, rencontre la quatrième. Or, en rapprochant ce mode de démonstration de celui dont nous avons fait usage pour étendre aux surfaces du ( 50^2 ) second degré le théorème de Pascal, nous avons constaté une ressemblance frappante dans les deux modes; nous en avons conclu que, ce dernier mode reposant sur une pro- priété involutoire (1), il en devait probablement être de même du premier. Nous étions donc induit ainsi à rechercher s'il n'existait pas une relation involutoire entre les faces des tétraèdres inscrit et circonscrit. Mais, si cette relation existait, on devait évidemment pouvoir l'appliquer aux coniques, en remplaçant les tétraè- dres par des triangles inscrit et circonscrit. Or, il est aisé de véritier que, si l'on appelle 1, 1'; 2, 2'; 5, 5', les points d'intersection d'une transversale quelconque avec les couples de côtés opposés de ces deux triangles, on a, entre ces points, la relation : 1 2'.2 Ô'.T)\' = r2.2'5. d'1; relation identique, au signe près, avec celle de l'involu- tion, et à laquelle, pour la distinguer de cette dernière, nous donnerons le nomd'ÉvoLunoN. Nous pourrons donc énoncer ce théorème : Lorsqu'une conique est circonscrile à un triangle, les côtés de celui-ci, et les tangentes menées à la conique par If'S sommets opposés, sont coupés par une transversale en trois couples de points en évolution. (1) Nous sommes parti en effet du théorème suivant : Dans vn quadrilatère gauche inscrit à une surface du second degré, une transversale quelconque rencontre les deux couples de faces oppo- sées, et la surface, en trois couples de points qui sont en involution. Corollaire;. Lorsque deux quadrilatères gauches, inscrits à une surface du second degré, sont situés de telle manière que les intersec- tions de trois de leurs faces deux à deux s'appuient sur une même droite, l'intersection des quatrièmes faces s'appuie sur cette droite. — Fondemenls d'une gvomélrie supérieure carlésienue, pp. 86 el 87. ( S03 ) En Iransportantcelte propriété des coniques aux sui laces du second degré, nous obtiendrons le théorème suivant: Lorsqu'une surface du second degré est circonscrite à un tétraèdre, les faces de celui-ci, et les plans tangents menés à la surface par les sommets opposés, sont coupés par une transversale en quatre couples de points en évolution. Ce dernier se déduirait de notre théorème, cité en note (1), sur le quadrilatère inscrit à une surface du second degré. Tels sont ces théorèmes, dans lesquels on trouve mêlés à la fois les deux éléments d'une courbe ou d'une surface: les points, et les tangentes ou les plans tangents. Ils ont évidemment leurs corrélatifs, qui sont trop aisés à formuler pour que nous nous y arrêtions. Mais l'induction nous amenait naturellement à généra- liser davantage le théorème sur les coniques, c'est-à-dire à remplacer les tangentes par des cordes, et, dans le théorème corrélatif, les cordes par des tangentes. Cette induction s'est encore vérifiée, plus même, peut- être, que nous ne nous y attendions. Nous nous bornerons pour le moment, toutefois, à énoncer le théorème suivant: Une transversale coupe les côtés opposés d'un hexagone inscrit à une conique en trois couples de points en évolu- TIOM , propriété moins frappante que celle de Pascal, mais pour- tant plus primitive, quoique venue plus tard, puisqu'elle a celle-ci comme corollaire immédiat. De même : Les rayons menés par un centre quelconque, et par les sommets opposés d'un hexagone circonscrit à une conique, forment un faisceau en évolution. (1) Voir la note précédeute. ( d04 ) Les propriélés analogues existent pour les surfaces du second degré ; et, chose singulière, elles ont été données, en partie, par iM. P. Serret, pour les cubiques gauches, tandis qu'il a omis de chercher leurs correspondantes dans le plan, et même sur les surfaces du second degré, 11 est vrai qu'il considère son théorème comme étanttout simplement l'analogue de celui de Desargues, ainsi qu'il le dit lui-même, en donnant de ces deux théorèmes les énon- cés suivants (1) : Une corde et un quadrangle étant inscrits à une conique, les deux ex- trémités de cette corde et ses traces sur les côtés opposés du quadran- gle font trois couples de points har- moniquemeut conjugués par rapport à un même système de deux points, ou six points en involution. Et si l'on substitue aux deux cou- ples de côtés opposés de ce qua- drangle les trois couples de côtés opposés du quadrangle complet co7^- respondant , on aura en tout huit points en involution. Une corde et un octaèdre hexa- gonal étant inscrits à une cubique gauche, les deux extrémités de cette corde et ses traces sur les plans des faces opposées de l'octaèdre font cinq couples de points harmonique- menl conjugués par rapport à un même système de deux points, ou dix points en involution. Et si l'on substitue aux quatre couples de faces opposées de cet octaèdre les dix couples de faces opposées de tous les octaèdres con- struits sur les mêmes sommets, on aura en tout vingt-deux points en involution. Mais, pour nous, le théorème de M. P. Serret sur les cubiques gauches se lie plus intimement à un théorème plus général sur les surfaces du second degré, dont ces courbes sont l'intersection. Nous aurons l'occasion de revenir sur ces théorèmes, que nous n'avons pas encore pu développer complètement jusqu'à présent, ainsi que sur d'autres extensions et géné- (1) Géométrie de direction,'^. 325. ( 505 } ralisations dont ils sont susceptibles, particulièrement dans la théorie des surfaces du troisième ordre ou de la troisième classe (1). Nous ferons remarquer aussi que notre théorème fonda- mental sur les triangles inscrit et circonscrit à une conique peut s'étendre ^ux courbes planes supérieures, comme nous y avons étendu les théorèmes de Desargues, de Pas- cal et de Brianchon (2), et qu'il est susceptible, comme ces derniers, de deux ordres de généralisation tout à fait dis- tincts (3). Enfin, de même que nous avons passé, dans les coniques, du quadrilatère à l'hexagone, on pourra passer de celui-ci à Toctogone, composé, soit de 8 cordes, soit de 8 tangentes, soit de 4 cordes et de 4 tangentes, et ainsi de suite. On trouvera, de cette manière, les conditions nécessaires pour que 8 points (ou 8 tangentes), etc., appartiennent à une même conique, et l'on pourra suivre la même marche dans les courbes supérieures, et en essayer l'application aux surfaces. Les théories que nous venons de résumer ouvrent un vaste champ de recherches, même dans cette étude des coniques, qui semblait bien épuisée, depuis lés travaux des Steiner, des Chasles et des Hesse, au moins dans ses théorèmes fondamentaux. (1) Voir à ce sujet nos extensions, à ces surfaces, des théorèmes de Pappus, de Desargues, de Pascal et de Brianchon. — Fondements d'une géométrie supérieure cartésienne, liv. Il, ch. II let IV, pp. 99 à 119. (2) Ibid. Livre V% ch. I et II, pp. 20 à 49. (5) Ibid. Addition aux ch. I et II du Livre 1"% pp. 30 à 62. 2"*^ SÉRIE, TOME XLIII. 55 ( ^06 } Réponse à la note de M. Catalan sur mon Rapport concer- nant le mémoire de M. Mansion; par M. F. Folie , membre de TAcadémie. Malgré la remarque de notre honorable confrère, je ne vois pas qu'il y ait lieu, pour moi, de modifier les termes contre lesquels il s'élève; et je persiste à dire que « l'ex- pression a, en effet, trahi la pensée de M. Catalan » lors- qu'il dit : « Étant donnée l'équation F (x, ?/, c) = 0 (1) il existe toujours deux fonctions y, i telles que, si Ton emploie les formules de transformation x = y(X,Y), 2/ = MX, Y), l'équation (1), qui représente ime série de courbes, est rem- placée par l'équation Y^cX^fie) (2) qui représente une série de droites. » M. Catalan a l'esprit trop français pour ne pas saisir immédiatement que les termes que nous venons de souli- gner sont bien loin d'être équivalents à ceux-ci : à l'équation (1 ), qui représente une série de courbes, cor- respond V équation (2), qui représente une série de droites. Or, c'est là, en réalité, ce qu'il a voulu dire, comme le montre clairement l'énoncé qu'il donne de la proposition réciproque : (1) Bulletin de V Académie, 2e série, t. XLIII, p. 535. (507 ) « X, Yétanl les coordonnées rectangulaires d'un point M, on fait X = F, (x,?/), Y = ¥^{x,ij), X, y étant les coordonnées rectangulaires d'un point w, et Fi, Fo des fonctions quelconques données. Cela posé, à chaque courbe représentée par F,(x,y) = C¥,{x,y)-^f{c), correspond une droite, représentée par Y = cX + f(c). Montrons, par un exemple bien simple, la différence qui existe entre ces deux énoncés, et commençons par le pre- mier. M. Catalan admettra-t-il qu'on dise : Étant donnée l'équation "' =i,..(i) SI je pose X^ — Y^ X = y-\—^2 — \- 4c "^ V 2 \ 4c V équation (1), qui représente une ellipse, est remplacée par l'équation X -4- Y = 2f/, qui représente une droite? Si, prenant au contraire le second énoncé, je dis : X, Y étant les coordonnées rectangulaires d'un point M, je pose X = \/y' -+- (c -V- x)\ Y = [/y' -+- (c — xf, ( 508 ) x,y étant les coordonnées rectangulaires d'un point wi;à r ellipse représenlée par Vrf + (c -H xf -4- Vf -+- (^ — x)' = 2«, correspond une droite représentée par X -f- Y = 2a, personne ne songera, ni à contester cette proposition, ni à trouver qu'elle est la réciproque de la précédente, à moins qu'on n'ajoute à cette dernière que x, y,X, Y sont les coordonnées rectangulaires de deux points différents; et c'est l'omission de ce point essentiel qui constitue le défaut du § lY dans le Rapport de M. Catalan. J'étais tellement convaincu que ce n'était là qu'un lap- sus, que non-seulement j'ai employé les termes a l'expres- sion a un peu trahi la pensée de M. Catalan, » mais que j'ai même insisté à diverses reprises auprès de lui pour qu'il modifiât cette expression, afin de ne pas m'obliger à la relever dans mon rapport. Malheureusement, nous ne nous sommes pas compris alors; sans quoi, cette petite polémique que je regrette, tout amicale qu'elle est, eût été évitée. Aujourd'hui, nous nous comprenons enfin, et je me plais à reconnaître que l'idée de M. Catalan était parfaite- ment juste dans le fond, chose dont je n'ai, du reste, jamais douté; mais il voudra bien avouer que l'on était en droit d'attendre, d'un esprit aussi net que le sien, un peu plus de précision dans la forme. ( 509 ) Quelques remarques à propos de r hiver de i876-JS77. Périodicité des hivers doux et des étés chauds; par M. A. Lancaster, météorologiste inspecteur à TObser- vatoire royal de Bruxelles. L'hiver qui vient de finir occupera une place mémo- rable dans les annales de la météorologie. Pendant toute sa durée, la température a offert le contraste d'une douceur exceptionnelle dans la partie occidentale de l'Europe, et d'une rigueur excessive au Nord de la Russie et des Pays Scandinaves (1). D'un côté, on a vu le thermomètre se tenir, à peu d'exceptions près, continuellement au-dessus de la valeur normale, de l'autre toujours au-dessous de cette même valeur. Les écarts ont plusieurs fois atteint, dans nos contrées, le chiffre extraordinaire de 10° C, et même à Bruxelles, le 9 janvier, on a constaté une tempé- rature de Jl° supérieure à la moyenne générale du jour; les différences en sens contraire ont été, dans le Nord- Est, encore plus remarquables : à Saint-Pétersbourg, entre autres, à fobservation internationale de 8 h. du matin, le 4 janvier, on notait 35° de froid , chiffre inférieur de 2o° à la température normale! Ce ne sont pas là, d'ailleurs, les seuls phénomènes dignes de remarque qu'ait présentés Thiver de 1876-77. On se souvient encore du grand nombre de bourrasques et de (1) Aux États-Unis, le même contraste remarquable a été observé entre les côtes qui bordent l'Atlantique et celles qui longent l'Océan Pacifique. D'une part le froid a été des plus intenses , de l'autre il a été très-peu marqué. Il suffit, pour s'en convaincre, de consulter la Monlhly Weather Review publiée par le Signal Office de Washington. ( olO ) tempêtes qui nous ont assaillis depuis le commencement de décembre, et dont plusieurs ont causé de grands dégâts en Belgique, en Hollande et en Angleterre : les dates des 1*'' et 50 janvier, surtout» ne sortiront pas vite de la mé- moire. Signalons aussi les pluies persistantes des deux derniers mois, qui ont eu pour conséquence le déborde- ment presque général des rivières et des fleuves : l'Angle- terre, particulièrement, a eu beaucoup à souffrir des inon- dations, et les désastres qu'elles y ont occassionnés sont incalculables. A Bruxelles, la quantité d'eau recueillie pendant les mois de janvier et de février réunis s'élève à 225 miilimèlres (1); février seul entre dans ce chitfre pour 125 mill. (2), alors qu'il tombe en moyenne, pendant ce mois, 47 mill. seulement. Lorsqu'on se trouve en présence d'anomalies aussi extraordinaires dans l'état atmosphérique de toute une saison, on est naturellement porté à en rechercher la cause. Tout d'abord, on est amené à reconnaître que cette cause, dans le cas présent, ne doit pas être purement acci- dentelle : elle s'est fait sentir d'une manière trop con- stante, avec une intensité trop marquée et sur une trop grande étendue, pour qu'on puisse assimiler le résultat de son action à une perturbation ordinaire, due à une rupture quelconque dans l'équilibre des forces météorologiques. On devine qu'un agent puissant a dû intervenir. S'il s'agit de savoir quel est l'agent immédiat , c'est-à- dire le plus rapproché de nous, qui a exercé une telle (1) La valeur normale est de 100 millimètres. (2) C'est la quantité la plus forte recueillie en février depuis que des observations régulières se font à l'Observatoire (18ô3) ■. le nombre le plus élevé constaté avant 1877 avait été de 94 mill., en 1866. ( su ) induence sur l'hiver de 1876-1877, la solution du problème ne sera pas chose difficile. Personne n'ignore, en effet, que dans l'Europe occidentale les conditions climatériques dépendent en grande partie du courant maritime auquel on a donné le nom de Gulf-Slream , et dont les eaux, en venant baigner les côtes européennes, y adoucissent par- ticulièrement les rigueurs de l'hiver et tempèrent les cha- leurs de l'été. Il est donc très-plausible d'admettre que ce courant équatorial, possédant vers la fin de l'année 1876 une température plus élevée que d'ordinaire, il en soit résulté un hiver doux et humide dans nos régions. Mais, se demandera-t-on aussitôt, d'où le Gulf-Stream a-t-il reçu cet accroissement inusité de chaleur, quelle est la cause de la modification énergique qu'il a éprouvée cette année, et dont nous avons si vivement ressenti les effets? Du soleil très-probablement. Mais alors, l'activité calori- fique de cet astre a dû être plus grande en 1876 qu'elle ne l'est habituellement, et comment expliquer ce fait (1)? Telles sont aussi les questions qui se sont offertes à notre esprit, et que nous nous sommes proposé de résou- dre, ou tout au moins d'éclaircir. Nous croyons que les (I) ïl nous paraît intéressant de rapprocher de ce que nous venons de dire la remarque suivante d'ÂRAGo, extraite du tome VIII de ses Œuvres. page 6 (Causes perturbatrices des températures terrestres non suscep- tibles d'être prévues) : « L'atmosphère qui, un jour donné, repose sur la mer, devient en peu de temps, dans les latitudes moyennes, l'atmosphère des continents, surtout à cause de la prédominance des vents d'Ouest. L'atmosphère emprunte, en très-grande partie, sa température à celle des corps solides ou liquides qu'elle enveloppe. Tout ce qui modifie la tempé- ture normale de la mer apporte donc, tôt ou tard, des perturbations dans la. température des atmosphères continentales. Y a-t-il des causes, placées à tout jamais en dehors des prévisions des hommes, qui puissent modifier sensiblement la température cCune portion considérable de l'Océan? » ( S12 ) résultats auxquels nous sommes arrivé sont assez con- duants, pour nous permettre d'espérer que nos recherches n'ont pas été vaines. Notre premier soin, en commençant ces recherches, a été de constater si, pendant la période d'observations assez longue déjà que nous possédons pour Bruxelles, on ne rencontre pas de traces d'hivers semblables à celui qui nous occupe. Nous avons vu tout à l'heure que le Gulf- Stream est en quelque sorte le régulateur de nos saisons, et notamment de l'hiver. Si la cause dont il a subi récem- ment l'influence s'est déjà montrée antérieurement, il sera donc aisé de s'en apercevoir par l'examen des tempéra- tures constatées, chaque année, pendant les mois de décembre, janvier et février. Nous aurions pu étendre nos investigations aux docu- ments qui existent pour d'autres localités que Bruxelles, mais nous ne l'avons pas cru nécessaire. La situation de cette ville, à proximité de la mer et à une faible altitude, convenait parfaitement pour l'étude que nous avions en vue. Il sera d'ailleurs toujours facile de vérifier, pour les localités dont il s'agit, les conclusions qui s'appliquent à Bruxelles (1). Notre Observatoire a commencé en 1833 la série d'obser- vations régulières qui se continuent encore aujourd'hui. (1) Le dernier hiver est un exemple frappant de celte loi de Dove: que les variations de température autour des valeurs moyennes ne sont pas locales et qu'elles s'étendent parfois, avec le même signe, sur des espaces consi- dérables. Lorsqu'on s'occupe de ces variations pour un endroit donné, les résul- tats que l'on obtient s'étendent donc également aux localités voisines. (315) Nous avons donc les renseignements de 44- années à notre disposition. Les observations de température ont été discutées dans trois mémoires importants, dus à MM. Ad. et Ern. Que- telet(I). C'est dans ces ouvrages que nous trouverons les éléments de notre travail. Comme ils s'arrêtent à l'année 1872, nous y ajouterons les données relatives à 1875, 1874-, 1875, 1876 et 1877 (puisées dans les Annales mé- téorologiques), en ayant soin de leur faire subir toutes les corrections nécessaires pour les rendre immédiatement comparables aux valeurs des années 1835 à 1872. Le premier tableau que nous avons formé est celui donnant les températures moyennes de chacun des mois de l'hiver depuis 1855, avec une colonne spéciale renfer- mant la moyenne pour la saison tout entière. Nous l'avons fait suivre d'un second tableau présentant les différences des nombres du premier avec les valeurs normales. Par ce moyen, on peut juger très-rapidement de la grandeur des écarts pour chaque année. (i) Ad. Quetelet, Mémoire sur les variations périodiques et non pério- diques de la température à Bruxelles. (Publié dans le tome XXVIII des MÉMOIRES DE l'Académie royale de Belgique; 18o-i.) Ern. Quetelet, Mémoire sur la température de Vair à Bruxelles. (Publié dans le lome XXXVI des Mémoires de l'Académie royale de Bel- gique; 1867.) — Supplément (1803-1872.) (Publié dans le tome XLI des mêmes Mémoires; 1876.) (§14) Tableau I. — Température de Vhiver à Bruxelles , de 1835 à 1877. I =? i K Z -< 1 1 a a b as a S 1 1 1 a c es 1833-34 7,0 7,9 4,6 6,5 1855-56 0,7 4,5 5,5 3,6 1834-35 5,4 4,4 6,3 5,4 1856-57 4,4 1,8 5,4 5,2 1835-36 2,5 3,3 3,9 5,2 1857-58 5,5 1,5 ^o 2,5 1836-57 ^,5 2,6 4,9 5,9 1858-59 4,5 5,9 6,0 4,7 1837-38 4,9 -5,2 0,4 0,0 1859-60 0,9 4,9 1,1 2,5 1838-39 3,0 3,0 4,4 5,5 1860-61 1,9 -2,0 6,0, 2,0 1839-40 5,8 3,8 5,7 4,4 1861-62 3,8 2,4 4,8 5,7 1840-41 -1,9 1,6 1,1 0,5 1862-65 5,7 5,1 5,2 5,5 1841-42 5,1 -1,3 4,6 2,8 1865-64 5,8 0,4 1,5 2,6 1842-43 4,7 5,2 2,2 5,4 1864-65 0,5 2,2 1,2 1,5 1843-44 4,7 1,4 1,5 2,5 1865-66 5,8 6,2 6,2 5,4 1844-45 -1,8 2,2 -2,7 -0,8 1866-67 5,1 1,5 7,7 4,8 1845-46 4,9 5,6 5,9 5,5 1867-08 1,4 1,1 6,0 2,8 1846-47 -2,0 -0,1 1,6 -0,2 1868-69 8,1 5,1 8,1 6,4 1847-48 2,3 -2,4 6.0 2,0 1869-70 2,5 5,1 0,5 2,0 1848-49 5,2 3,0 6,0 4,7 1870-71 -0,6 -1,4 4,8 0,9 1849-50 2,8 -2,1 6,1 2,5 1871-72 0,6 4,7 7,2 4,2 1850-51 3,9 5,1 3,9 4,5 1872-75 6,8 5,5 1,^' 4,6 1851-52 3,7 5,2 4,3 4,4 1875-74 4,5 4,9 5,7 4,5 1852-53 8,0 5,8 0,8 4,9 1874-75 0,6 5,0 0,8 2,1 1853-54 -2,1 5,1 5,4 1,5 1875-76 2,0 0,4 4,4 2,5 1854-55 5,1 -0,. -3,5 0,5 1876-77 6,5 6,5 6,8 6,5 ( SIS ) Tableau II. — Écarts des températures de Vhiver, de 1833 à 1877, avec les valeurs normales. 1835-34 + 3,6 1834-35 + 2,0 1835-36 - 1,1 1836-37 + 0,9 1837-38 4- 1,5 1858-39 -0,4 1839-40 + 2,4 1840-41 -5,3 1841-42 + 1,7 1842-45 + 1,3 1843-44 + 1,3 1844-45 - 5,'^ 1845-46 + 1,5 1846-47 - 5,4 1847-48 - 1,1 1848-49 + 1,8 1849-50 -0,6 1850-51 + 0,5 1851-52 + 0,3 1852-53 + 4,6 1853-54 -5,5 1854-55 + 1,7 5,3 1,8 0,7 0,0 7,8 0,4 1,2 1,0 3,9 0,6 1,2 0,4 3,0 2,7 5,0 0,4 4,7 2,5 2,6 5,2 0,5 2,7 + 0,9 + 9,8 + 2,6 + 6,4 + 0,2 - 0,2 + 1,2 + 2,1 - 3,3 - 9,6 + 0,7 + 0,7 0,0 + 5,6 -2,6 -8,9 + 0,9 - 1,3 - 1,5 + 0,4 -2,4 - 2,3 - 6,4 -12,0 + 2,2 + 6,7 - 2,1 -10,2 + 2,3 -3,8 + 2,3 + 4,5 + 2,4 -2,9 + 0,2 + 3,2 + 0,6 + 3,5 -2,9 + 4,9 -0,3 - 5,3 -7,2 -V 1855-56 1856-57 1857-58 1858-59 1859-60 1860-61 1861-62 1 862-65 1 863-64 1864-65 1865-66 1866-67 1867-68 1868-69 1869-70 1870-71 1871-72 1872-73 1875-74 1874-75 1875-76 1876-77 - 2,7!+ 1,9 + 1,0 - 0,8 + 1,9 - 1,5 + 0,9 - 2,5 - 1,5 + 0,4 + 2,5 + 2,4 - 2,9 + 0,4 + 1,7 + 1,5 + 2,3 - 4,6 - 0,2 + 2,5 -0,4 + 3,6 - 1,1 - 2,0- 1,5 + 0,5 + 4,/ - 0,9 -4,0 - 2,8 + 5,4 + 0,9 - 2,8 - 1.4 + 0,5 - 4,0 + 2,1 + 2,9 + 2,3 + 2,4 - 99 + 3,1,+ 3,7 + 1,8 -0,3 - 2,7 + 2,3 -2,6 + 2,3 + 1,1 + 1,5 -22 -2,5 + 2,5 + 4,0 + 2,5 + 4,4 - 5,4 + IJ + 5,5 -2,0 0,0 - 2,9 + 0,7 + 3,1 + 1,0 0,1 - 2,1 + 4,5 + 1,3 + 6,3 - 5,8 + 6,5 + 4,6 - 1,2 + 9,6 -5,8 - 6,9 + 2,8 + 4,0 + 5,2 - 3,5 - 2,9 + 9,9 ( 516 ) Si l'on jette un coup d'œil sur le tableau ci-dessus, on remarque de suite que deux autres hivers ont eu une tem- pérature de beaucoup supérieure à celle qui caractérise cette saison. Ce sont les hivers de 18o5-o4- et de 1868-69. Les écarts sont considérables: ils atteignent respectivement 9''8 et 9°6. r/hiver qui vient immédiatement après est celui de 1845-16, qui offre une différence totale de 6°7; sans être aussi remarquable que les précédents, il est néanmoins digne d'être signalé. De plus, si Ion considère les mois séparément, on constate que pour chacun de ces hivers l'écart total se décompose en différences toutes positives également. Nous appelons l'attention sur ce fait, afin de montrer que l'excès de température a été durable; il n'a pas été limité à un intervalle peu étendu, comme le cas aurait pu se présenter. En 18o^-55, par exemple, l'écart est -h i°9: c'est un chiffre élevé, mais dû en grande partie à la chaleur très-anormale qui a régné en décembre; en février, au contraire, la température a été bien au-dessous de la valeur moyenne. Les mêmes remarques s'appliquent à l'hiver de 1866-67. Examinons maintenant si les dates de ces trois hivers extraordinaires par leur douceur coïncident avec quelque phénomène céleste ou terrestre dont l'apparition aurait pu occasionner de telles anomalies. Comme le soleil doit tenir dans la question qui nous occupe la première place, c'est vers lui que nous tournerons d'abord nos regards. Aussi- tôt, nous constatons que les années citées ci-dessus (1855- 54, 1868-69 et 1845-46) tombent un peu après les épo- ques suivantes des minima de taches solaires: 1855,1867 et 1844 (1). Mais cette remarque faile, et si frappé par la (1) Les époques critiques de fréquence des taches solaires ont été très- ( S17 ) concordance des dates on croit reconnaître une liaison quelconque entre le phénomène des taches du soleil et les hivers à température élevée, deux points demandent im- médiatem.ent à être élucidés: 1° L'année 1856, pendant laquelle les taches ont également été rares, est-elle suivie d'un hiver exceptionnel ? 2° L'hiver de 1876-77 a-t-il été précédé d'un minimum de taches (1)? En consultant les tableaux I et II, on reconnaît de suite que l'année d856a été elTectivement suivie, en 1858-59, d'un hiver exceptionnel. Les températures de janvier et de lévrier s'écartent sensiblement de la valeur normale, et si Ton tient compte du mois de mars, que l'on peut considérer bien déterminées par M. Rud. Wolf, le savant astronome de Zurich. En voici le tableau pour la période 1853-1870 : 1835.8 1837.2 1844.0 1848.6 1836.2 1860.2 1867.2 1870.7 (1) Il y a encore deux autres faits à expliquer, maison y parvient sans peine. Ils concernent les hivers de 1835-36 et 1865-66, également très- doux : l'un suit l'hiver tout à fait extraordinaire de 1854-35, le second précède d'un an le minimum de taches de 1867. On peut admettre, pour le premier de ces hivers, une influence plus durable du minimum de 1855, et quant au second, il se rattache évidemment à la période de décroissance des taches dont le minimum a lieu en 1867. Ce cas n'est pas isolé. En 1822, l'Europe entière jouit d'un hiver resté mémorable par sa douceur ; deux ans après, nouvel hiver très-doux 5 or, dans l'intervalle, en 1823.2, on avait constaté un minimum de taches On conçoit aisément, du reste, d?ins l'hypolhèse d'une relation entre les taches solaires et la température, que l'effet de la diminution du nombre de taches peut se faire sentir d'une manière déjà prononcée avant même que la phase mini- mum ait été atteinte, sauf à observer ensuite une recrudescence dans l'intensité de cet effet. ( 3i8 ) comme appartenant encore à l'hiver, la différence devient considérable. En effet, en 1859 ce mois a eu une tempé- rature moyenne deSH, alors qu'elle est généralement de 5^5. Nous retrouverons plus loin, d'ailleurs, des preuves plus évidentes encore de l'influence du minimum de 1856 sur l'état thermique de Tannée 1858-59 (1). Quant au second point à éclaircir, celui de savoir si les taches ont été très-peu fréquentes à une époque plus ou moins antérieure à l'hiver de 1876-77, il ne nous parais- sait pas aisé, de prime abord, de l'établir exactement. Mais nous ne sommes pas, heureusement, resté longtemps dans l'incertitude à ce sujet. Une lettre de M. Wolf, publiée dans le n° 2118 des Astronomische Nachrichten (page 94), vint lever tous nos doutes. En voici un extrait: G Je me permets de vous communiquer un aperçu de mes observations des taches solaires faites en 1876. J'ai obtenu les chiffres relatifs suivants : Janvier 1876 14.3 Février 15.0 Mars 51.2 Avril 2.3 Mai S.l Juin 1.6 Juillet 1876 15.2 Août 8.8 Septembre 9.9 Octobre • • • ^'^-^ Novembre 9.9 Décembre 8.2 » De sorte que le chiffre relatif moyen pour toute l'année est : r = 11.5, tandis que les années 1866 à 1875 ont donné les nombres suivants: 16.5 7.3 37.5 75.9 159.1 111.2 101.7 66.5 44.6 17.1 (1) Pages 329, 5.50 et 533. ( s 19 ) » On voit donc que l'activité des taches sur le soleil a encore un peu diminué en 1876, et, si nous ne nous trompons, a atteint, son minimum. L'époque de ce mini- mum ne pourra être déterminée avec certitude que par la suite. D Dès que nous eûmes pris connaissance de cette lettre, l'existence d'une liaison marquée entre le nombre des taches solaires et le retour des hivers doux nous parut incontestable. Chaque minimum de taches a, en effet, été suivi à un court intervalle d'un hiver remarquable par sa température élevée. La coïncidence est parfaite pour quatre des minima de la période i 835-77: ils ont précédé respec- tivement de un à deux ans les quatre hivers les plus chauds de cette même période; et quant au cinquième minimum , nous avons vu précédemment qu'il correspond aussi à un hiver chaud, mais que son influence s'est fait sentir un peu plus tardivement. Le rapport que nous venons d'établir entre les phéno- mènes solaires et la température, rapport qui ne peut être mis hors de doute, avait déjà été signalé, mais d'une ma- nière très-générale. C'est la première fois, croyons-nous, que le problème est étudié en ce qui concerne une saison prise séparément (1). (1) La seule mention que nous ayons trouvée, d'une relation entre les taches solaires et le retour d'une saison anormale, est la suivante, due à M. PoEY : « Les sept hivers extrêmement rigoureux (à Paris) signalés par M. Renou, depuis 1624, concordent tous avec les maxima des taches solaires (1624, 1663 ,1707, 1748, 1789, 1830 et 1870), sauf l'hiver de 1665 qui correspondrait au minimum de 1666; mais si l'on prend l'hiver de 1677, dans lequel la Seine gela pendant 53 jours, on se rapprocherait du maximum des taches solaires de 1673. » {Comptes rendus de r Académie des sciences de Paris, t. 77, p. 1224.) ( 320 ) La croyance à l'influence des taches sur le climat de nos pays est très-ancienne. Toutefois, et jusque dans ces derniers temps, on n'avait de cette influence qu'une idée très- vague; on n'était même pas d'accord sur la nature de ses effets (1). C'est M. Kôppen qui, le premier, a apporté (1) Nous ne pouvons résister au désir de faire, en quelques lignes, riiistorique des idées qui ont eu cours relativement à PinÛuenee des taclies solaires sur les températures terrestres. Notre tâche sera facile. Nous n'aurons qu'à résumer ce que ditAR.\Go, sur ce sujet, dans le tome II de son Astronomie populaire, pages 174 à 180. L'idée que les taches solaires doivent avoir une influence sensible sur les températures terrestres, se présenta de très-bonne heure à l'esprit des physiciens. Dès 1614, Batista Baliani écrivait à Galilée que, dans son opinion , le froid ne pouvait manquer de devenir plus rigoureux quand le nombre de lâches augmentait. (Nelli, Vita di Galileo Galilei, page 557.) Nous voyons plus tard Herschfl, au contraire, supposer que les taches sont plutôt le signe d'une abondante émission de lumière et de chaleur que d'un affaiblissement de ces deux genres de rayonnement. Comme d'habitude, le grand astronome mit sa conjecture en présence des faits propres à l'étayer ou à la renverser. Les observations météorolo- giques manquant, il prit, faute de mieux, le prix du blé en Angleterre comme un indice de la grandeur des températures annuelles. L'opinion de William Herschel est en contradiction avec les résultats directs obtenus par le pèreSECCHi, qui a trouvé que les taches du soleil produisaient un refroidissement sur sa surface. En 1844, M. Gautier, de Genève, a discuté les observations météorolo- giques faites dans un grand nombre de lieux, en vue de savoir si la tem- pérature de ces lieux a varié partout dans le même sens avec l'apparition des taches solaires. Voici les résultats de cette recherche. {Annales de chimie et de physique, t XII, p. 57 ; 1844.) A Paris, selon M. Gautier, la température moyenne des années ayant présenté peu de taches, surpasse celle des années où l'on en a observé beaucoup, de 0 64; à Genève, de 0''35. Quelques stations ont donné jusqu'à des différences de 1«2 dans le même sens. D'autres lieux ont con- duit à des différences en sens contraire. M. RuDOLPHE WoLF reconnut aussi, conformément aux vues d'Herschel, ( 521 ) le jour sur celte question d'un intérêts! grand. Il rassem- bla d'abord un nombre considérable de documents sur les températures moyennes de différentes années dans toutes les zones de la terre, et, après avoir soumis à un examen critique toutes ces séries d'observations, il en forma des valeurs moyennes annuelles pour des zones entières. Le résultat de ses recherches est consigné dans trois grands tableaux (publiés dans le Journal de la Société météorolo- gique d'Autriche, t. VIII, 1873), contenant les variations de la température de chaque année autour de la moyenne, depuis 1768 jusqu'en 1871, et cela pour un grand nombre de pays. Ces moyennes de pays servent ensuite à former des moyennes de zones, savoir: des tropiques, sous-tropi- ques, zones tempérée chaude et froide et zone polaire. Si on figure la marche de ces déviations de température au moyen de courbes, et si on compare ces courbes avec celles de la fréquence des taches solaires, on aperçoit entre ces deux systèmes de lignes, pour la période 1820-71, un que les années où les lâches solaires sont signalées comme plus nom- breuses , se sont montrées aussi en général plus sèches et plus fertiles que les autres; que les années marquées par de rares apparitions de taches paraissent avoir été plus humides et plus orageuses. Celte opinion avait élé suggérée à rasironome suisse par l'examen d'une ancienne chronique zurichoise qui s'élend du XI*" siècle à 1800. Arago examina également quelles relations pouvaient exister entre les lâches solaires et les divers phénomènes météorologiques il arriva à des conclusions entièrement opposées à celles d'HERscHEL. « A Paris, dit-il, sur 26 années d'observations, les groupes d'années oii les taches ont été plus nombreuses sont aussi celles où le pain a élé |)lus cher, où la tempéra- ture moyenne a été plus faible, et où il est tombé plus de pluie. » De 1 855 à 1 873, quelques recherches ont encore été faites dans la même voie. Les plus importantes sont dues à M. Kôppen. Nous les analysons plus loin d'une manière spéciale. 2"^ SÉRIE, TOME XLIII. 56 ( 322) parallélisme remarquable, qui ressort surtout dans la marche des déviations relatives à la zone des tropiques. Une certaine ditrérence des phases est toutefois digne d'être signalée. Dans les tropiques, le maximum de chaleur apparaît de 6 à 18 mois avant le minimum de taches; en dehors des tropiques, le maximum est en retard par rap- port à ce minimum. En outre, la régularité et la grandeur des variations diminuent de l'équateur vers les pôles (I). 11 résulte donc à toute évidence, des faits cités ci-dessus et de ceux que nous avons établis nous- même, qu'à l'époque des minima des taches l'activité calorifique du soleil est plus grande. Mais on ne peut admettre, toutefois, que cet accroissement d'énergie ait un résultat immédiat, direct sur la constitution thermique de notre globe. Sinon, comment expliquer le froid rigoureux, excessif, qui a régné pendant l'hiver dernier au Nord-Est de l'Europe et à l'Est des États-Unis, alors que dans la partie occidentale de notre continent la température était d'une douceui' extraordinaire. Et, qu'on le remarque bien , ce fait n'est pas accidentel. Chaque fois que l'Europe a joui d'un hiver clément, la situation a été complètement inverse à l'Est des États-Unis et au Canada (2). Nous avons vu, au com- mencement de cette notice (note de la page 5) , combien le froid a été rigoureux dans ces contrées lors de l'hiver qui vient de finir. La même situation a été observée à (1) Le court aperçu que nous venons de donner des recherches de M. KÔPPEN est résumé d'après Haniv, Bericht ùber die Fortschritte der geographischen Météorologie, dans le Geographisches Jahrbuch, V. Band, 1874, page 42. (2) Les documents nous font défaut pour connaître quelle était alors la situation à l'exlréme Nord de l'Europe. ( 523 ) différentes reprises. « L'hiver de 1854-55, dit Arago (I), fut mémorable dans l'Amérique du Nord par des IVoids d'une rigueur extraordinaire; il y eut des températures excessivement basses sur le littoral de l'Océan Atlantique les 5 et 6 janvier. Les ports de Boston, de Porlland, de New-Bury, de New-Haven, de Philadelphie, de Baltimore et de Washington étaient entièrement gelés au commen- cement de ce mois. L'hiver fut, au contraire, d'une grande douceur en Europe. » Même contraste en 1821-22, 18io- 46, 1868-69, etc (2). Nous sommes donc forcé d'admettre que l'influence directe d'un minimum de taches est, tout au moins, très- faible quant aux pays situés à des latitudes élevées. Mais où elle est énorme, c'est dans les régions voisines de l'équateur (5), là où prennent naissance les grands cou- (1) Œuvres, lome VIII, page 257. — Voir aussi Blodget, Climalology of tlie United States. Philadelphie, 1857; vol. iii-S". (2) Ce fait remarquable a é(é signalé plusieurs fois ; il a même fourni à M. DovE les éléments de sa loi de compensation des températures, d'après laquelle les déviations positives sur une partie du globe coexistent avec des déviations négatives dans une autre partie , et vice versa. — Voir ses beaux mémoires : Nichtperiodische Verànderungen der Verbreitung der Wdrme aufder Erdober {lâche. (5) Nous en avons un exemple frappant dans la température qui a régné en Australie récemment. Voici ce qu'on a pu lire dans les journaux scien- tifiques: L'été a présenté des chaleurs extrêmement intenses en Australie (l'hiver régnait chez nous alors), même déjà au commencement de décembre. Le 15 de ce mois, on y a constaté un maximum des plus élevés. A l'Observatoire de Melbourne, le thermomètre placé à l'ombre a marqué Aô"! C, et dans la campagne, à Dunolly, par exemple, on a observé 46o7. Dans les autres colonies, une chaleur torride semblable a été éprouvée le même jour : ainsi, à Adélaïde, on a eu à l'ombre 4o''6, et à Walgett. dans la Nouvelle-Galles du Sud, il a fallu supporter une température, sans pié- cédenl, de 50" à l'ombre! Au soleil , le thermomètre indiquait 86 7!! cen- tigrades. ( 524 ) rants atmosphériques et marins. Ceux-ci acquièrent, par suite, une énergie et une puissance beaucoup plus consi- dérables, et tandis qu'ils sont alors une cause de réchauf- fement prononcé pour certaines contrées, ils donnent lieu ' à un refroidissement notable pour d'autres. Voici, pour les contrées qui bordent l'Atlantique Nord, comment on peut expliquer cette diversité d'action. On sait que « le Gulf- Slream sort du golfe du Mexique par la passe de la Floride, semblable à un fleuve majestueux dont le courant dépasse en rapidité ceux du Mississipi et de l'Amazone. Sa direc- tion est d'abord du SO. au NE. en suivant d'un peu loin les côtes d'Amérique, dont il est séparé par un courant in- verse à température beaucoup moins élevée. A partir des États-Unis, il court franchement à l'Est, puis il s'étale sur les côtes occidentales de l'Europe qu'il enveloppe dans toute leur étendue. Une portion de ses eaux redescend vers le Sud le long des côtes d'Espagne et de Portugal pour se réunir directement au courant équatorial; une autre partie contourne l'Irlande et l'Angleterre pour redescendre par le canal Saint-Georges et la mer du Nord; le reste pénètre jusque dans les mers polaires en suivant les côtes de la Norwége.... Tous nos vents d'Ouest ont parcouru sa surface; ils s'y sont attiédis, mais en même temps ils s'y sont chargés de vapeur. C'est à lui que les côtes Ouest et Nord-Ouest de l'Europe doivent leur température relativement douce, alors que les côtes du Labrador sont emprisonnées par une barrière de glaces. Cet excès de chaleur provient des régions intertropicales, et les courants marins, comme les courants de l'atmo- sphère, en uniformisant la composition des eaux et celle de l'air, ont de plus pour effet de diminuer l'écart des températures du globe entre l'équateur et les pôles; mais ( m ) dans ce double travail de répartition, les parts des diverses régions sont rendues très-inégales par l'effet des contre- courants ou des courants de dérive venus du Nord.... L'eau chaude ne peut pas affluer ainsi vers le pôle sans que des courants contraires n'en retirent des quantités égales d'eau froide (1). » Que le Gulf-Stream vienne donc à posséder une tempé- rature beaucoup plus élevée que de coutume, et Ton aura comme conséquence un contre-courant beaucoup plus froid qu'en temps ordinaire, la débâcle des glaces dans le Nord ayant été plus active (2). C'est ce qui explique le contraste extraordinaire des températures entre les rivages opposés de l'Atlantique, à la suite d'un minimum de taches solaires. Tout ce qu'on vient de lire au sujet des hivers doux et de leur relation avec les taches du soleil, peut se résumer dans la proposition suivante, dont nous croyons avoir suffi- samment démontré l'exactitude : Pour les contrées situées à l'Ouest de l'Europe, chaque minimum de taches est suivi, à un intervalle qui peut varier entre deux mois ou deux ans, d'un hiver à tempé- rature beaucoup au-dessus de la moyenne. On remarque le contraire à VEst des États-Unis. (1) Marié-Davy, Les mouvements de ratmosphère et des mers (édit. de 1866), pages 142 à 148. (2) Voici, cioyons-nous, une preuve évidente de la vérité de cette asser- tion. Nous la trouvons dans le lome VIII des OE uvr es (.VAk.kgo, page 235: « En î 81 3 ou 1-4 eut lieu une immense débâcle des glaces qui entouraient le Groenland. » Or on avait constaté, en 1810.5, un minimum de taches solaires. ( 526 ) Or, on sait que les époques critiques de fréquence des taches reviennent périodiquement tous les onze ans ou à peu près. Les hivers doux suivent donc la même loi, et l'on pourra toujours indiquer à l'avance, avec assez de cer- titude, les dates approximatives de leurs retours. f^ Les recherches que nous venons d'exposer nous furent suggérées, comme nous l'avons dit en commençant, par l'anomalie extraordinaire de température qui distingue l'hiver de 1876-1877. Les résultats intéressants auxquels nous étions arrivé nous donnèrent l'idée d'examiner égale- ment comment se comportent les étés qui suivent un minimum de taches solaires. La même relation qui existe entre ces dernières et les hivers doux s'applique-t-elle aussi aux étés chauds? A l'effet d'élucider cette question, nous avons d'abord construit le tableau suivant, qui donne pour Bruxelles la température moyenne de l'été depuis 1 855 jusqu'à ce jour. Nous Pavons fait suivre, de même que pour les températures de l'hiver, d'un second tableau renfer- mant les écarts avec les valeurs normales. ( S27 ) Tableau III. — Température de Vélé^ de 4855 à 187C. z 1 3 1 1 5 i •M 183Ô 18,1 17,6 13,3 17,0 1855 16,4 18,3 18,6 17,8 1854 ^S,'! 21,1 20,1 19,8 1856 17,1 17,2 19,8 18.0 1835 17,2 19,1 18,5 18,3 1837 1 8,2 20,1 20,8 19,7 18Ô6 17,8 18,4 17,1 17,8 1858 21,0 17,8 18,2 19,0 18Ô7 17,2 17,6 19,3 18,0 1859 18,6 21,5 19,5 19,9 1838 16,6 18,4 16,9 17,3 1860 1 3,9 16,4 16,0 16,1 18Ô9 18,8 18,4 16,7 18,0 1861 18,1 18,2 19,0 18,4 1840 17,1 16,6 17,9 17,2 1862 15,8 17,4 17,6 16,9 1841 15,0 15,4 17,0 15,8 1863 1 r.,9 17,5 19,2 17,9 1842 17,9 17,4 21,1 18,8 1864 16,3 17,7 16,4 16,8 1845 15,1 17,1 18,5 16,9 1865 16,8 19,9 17,5 18,1 1844. 16,6 16,6 15,0 18,1 1866 18,7 17,9 16,4 17,7 j 1 845 17,4 17,5 15,4 16,8 1807 16,7 17,0 18,4 17,4 1846 10,3 19,6 20,2 19,8 1868 18,4 20,5 19,2 19,4 1847 15,3 19,8 18,6 17,9 1869 14,2 19,4 16,6 16,7 1818 17,6 \S,\ 16,7 17,5 1870 16,6 19,7 17,1 17,8 1849 17,3 17,7 16,9 17,3 1871 14,3 18,2 18,8 17,1 1850 17,4 17,9 16,8 17,4 1872 16,7 20,2 17,3 18,1 1831 17,2 18,0 18,3 17,8 1873 17,0 19,6 18,4 18,3 1852 16,2 21,8 19,1 19,0 1874 16,7 20,0 17,0 17,9 1853 17,5 19,1 17,8 18,1 1875 17,0 17,9 19,1 18,0 lf<54 15,8 18,4 17,6 1 17,5 i 1876 16,6 19,6 19,3 18,5 (528) Tableau IV. — Écarts des températures de l'été, de 1835 à 1876, avec les valeurs normales. iC 1 -«1 1 = < : S o û K B c '5 3 1 < s p ! 1833 + 1,0 -0,9 -2,7 -2,6 1855 -0,7 -0,2 + 0,6 -0,3 1834 + 1,1 f2,6 + 2,1 + 5,8 1856 0,0 -1,5 + 1,8 + 0,5 1835 1 + 0,1 + 0,6 + 0,5 + 1,2 1857 + 1,1 + 1,6 + 2,8 + 5,5 1836 + 0,7 -0,1 -0,9 -0,3 1858 + 5,9 -0,7 + 0,2 + 5,4 j 1837 1 + 0,1 -0,9 + 1,3 + 0,5 1859 + 1,5 + 3,0 + 1,5 + 6,0 ■1838 -0,5 -0,1 -1,1 -1,' 1860 -1,2 -2,1 -2,0 -5,3 1839 + 1,7 -0,1 -1,5 + 0,3 1861 + 1,0 -0,5 + 1,0 j+1,7 1 1840 0,0 -1,9 -0,1 -2,0 1862 -1,5 -1,1 -0,4 -%^ 1841 -2,1 -3,1 -1,0 -6,2 1865 -0,2 -1,0 + 1,2 0,0 1842 + 0,8 -1,1 + 3,1 + 2,8 J864 -0,8 -0,8 -1,6 1-3,2 1 1843 -2,0 -1,4 + 0,5 -2,9 1865 -0,5 + 1,4 -0,5 + 0,6 1844 -0,5 -1,9 -3,0 -5,4 1866 + 1,6 -0,6 -1,6 -0,6 1845 + 0,3 -1,0 -2,6 -5,3 1867 -0,4 -1,5 + 0,4 -1,5 1846 + 2,4 + 1,1 + 2,2 + 5,7 1868 + 1,5 + 2,0 + 1,2 + 4,5 1847 -1,8 + 1,5 + 0,6 + 0,1 1869 -2,9 + 0,9 -1,4 -5,4 1848 + 0,5 -0,4 -1,3 -1,2 1870 -0,5 + 1,2 -0,9 -0,2 1849 + 0,2 -0,8 -1,1 -1,- 1871 -2,8 -0,3 + 0,8 -2,3 1850 + 0,3 -0,6 -1,2 -1,5 1872 -0,4 + 1,7 -0,7 + 0,6 1851 + 0,1 -0,5 + 0,3 -0,1 1873 + 0,4 + 1,1 + 0,4 + 1,4 1852 "0,9 + 3,3 + 1,1 + 3.5 1874 -0,4 + 1,5 -1,0 + 0,1 1853 + 0,4 + 0,6 -0,2 + 0,8 1875 -0,1 -0,6 + 1,1 + 0,4 i 1854 -1,3 -0,1 -0,4 -..« 1876 -0,5 + 1,1 + 1,3 + 1,9 1 ( o29 ) Nous savons que les minima des lâches solaires, pour la période que nous éludions, ont eu lieu en J855, 1844, J856 et 1867. Voyons dans les tableaux qui précèdent si, après ces dates, et à un inlervalle assez rapproché, nous trouvons des étés dignes de remarque. Uu seul coup d'œil suffît pour établir immédiatement un rapprochement des plus intéressants. On voit en effet que la température moyenne de l'été s'élève En 1854 .... à 1908, En 1846 .... à lO^S, En 1837 .... à W'I, En 1839 . . . . à 19o9, En 1868 . . . . à IQH. Ces cinq valeurs sont les plus hautes constatées pendant toute la période et elles suivent de très-près les minima de taches. Deux d'entre elles se rapportent au minimum de 1856, qui paraît avoir exercé une influence très-grande sur les trois étés suivants : 1857 (19°7), 1858 (19°0) et 1859 (19°9). Nous croyons inutile d'insister sur ces résultais frap- pants : les chiffres parlent assez d'eux-mêmes. La corrélation que nous constatons entre le phénomène des taches et les élés chauds, a été établie en prenant pour température moyenne de ces derniers la moyenne des températures de chacun des jours dont ils se composent. La même loi se vérifie encore si l'on classe les étés d'après le maximum absolu de chaleur indiqué par le thermo- mètre pendant toute leur durée. Pour permettre de mieux juger ce que nous avançons, nous extrayons du Mémoire de M. Ern. Quetklet, Sur la température de F air à C ly^O ) Bruxelles, le tableau ci-après, qui montre, pour chaque année de la série 1855-1876, quels ont été les points les plus élevés atteints par le mercure. {Les nombres de 1875 à 1876 ont été ajoutés par nous.) Maximum absolu de Vétc, far année (1853-1876). 1853 1 28;7 1848 30';3 1865 30-2 1854 33,1 1849 32,8 1864 27,2 1835 29,8 1830 30,9 1865 32,0 1836 30,1 1851 29,4 1866 28,8 1837 29,7 1832 32,9 1867 29,8 1838 30,8 1855 30,7 1868 51,3 1839 32,9 1S54 30,7 1869 29,8 1840 27,0 1855 28,9 1870 31,8 1841 28,8- 1856 29,8 1871 28,9 1842 32,6 1857 54,6 1872 . 32,7 1843 32,8 1858 34,7 1873 31,2 1844 30,6 1859 31,5 1874 30,5 1845 32,7 1860 28,1 1875 30,7 J84C 34,2 1861 29,8 1876 30,8 1847 32,1 1862 27,2 1877 ? Les quatre plus forts maxima absolus que renferme le tableau ci-dessus s'élèvent respectivement à : 54''7, 54'6, 54°2 et 55"1 ; ils ont eu lieu en 1858, 1857, 1846 et 1854, qui sont précisément quatre des années à été chaud mentionnées plus haut, et ayant suivi de près des époques de minima de taches. La concordance n'existe pas d'une manière aussi prononcée pour le cinquième minimum de la période : l'année 1868, qui y correspond, otïre un maximum de température de 51 •'5 seulement. Sans être extraordinaire, il est cependant sensiblement au-dessus ( ^31 ) de la moyenne. Cette légère exception n'a rien d'ailleurs qui doive beaucoup étonner. Les maxima absolus peuvent parfois dépendre de causes trop secondaires (un ciel serein ou couvert, l'exposition du tbermoniètre jouent un grand. rôle) pour qu'on puisse les considérer comme caractérisant toujours d'une manière sûre, soit la température d'un jour, soit celle d'un mois, et moins encore celle d'une saison. C'est déjà une circonstance importante à noter que les quatre années des maxima les plus élevés enre- gistrés depuis 1835 coïncident si parfaitement avec des époques de minima de taches. En résumé, nous venons de voir que la connexion intime qui relie les hivers doux aux minima de taches solaires subsiste encore pour les étés chauds. On peut même dire qu'elle est plus étroite pour ceux-ci que pour les premiers; c'est ce que montrent clairement les faits que nous avons fait connaître ci-dessus. ■; Nous terminerons notre travail par l'exposé d'une der- nière recherche que nous avons été tenté d'entreprendre. Voici en quoi elle consiste. Nous avons d'abord formé un tableau complet des températures de l'hiver et de l'été depuis 1833, inscrites les unes à la suite des autres, puis nous avons pris les moyennes de ces températures deux à deux. Les nombres obtenus de la sorte représentent, assez approximativement, l'état thermométrique moyen d'une série double d'années météorologiques, comprenant les unes l'hiver et l'été qui le suit, les autres offrant une dis- position inverse, c'est-à-dire composées de l'été et de ( 552 ) l'hiver qui vient après (1). Cette manière de procéder nous semble justiflée, si l'on veut étudier avec quelque certitude et rationnellement l'influence des taches solaires sur la distribution delà chaleur à la surface du globe. Elle a pour avantage de faire ressortir nettement cette in- fluence. Dans le petit nombre de recherches qui ont été faites jusqu'à présent sur ce sujet, on s'est borné à prendre les moyennes annuelles en considérant l'année civile, qui part du 1" janvier pour finir au 51 décembre; mais il peut arriver que l'action des taches commence seulement à se manifester au milieu d'une pareille année et cesse au milieu de l'année suivante; dans ce cas la température moyenne de chacune de ces deux années ne reflétera que la moitié de l'intensité de la perturbation, tandis qu'en adoptant le système dant nous avons fait usage celle-ci montre complètement ses effets. Le tableau que nous donnons ci-après en est une preuve marquante. (1) Nous nous sommes limilé à l'hiver et à Tété, parce que ces deux sai- sons extrêmes convenaient le mieux au but que nous poursuivions. Ce sont celles qui subissent Tnifluence du Gulf-Slream de la manière la plus énergique, et, parlant, qui doivent le mieux l'aire voir Taclion des lâches du soleil. ( 535 ) Températures annuelles (1835-1877). Élé de 18-53 — Hiver de 18ôô-o4 Hiver de 18-3o-ô4 — Été de 1834 Élé de 1854 — Hiver de 1834-55 Hiver de 1854-55 — Été de 1855 Élé de 1855 — Hiver de 1855-5G Hiver de 1855-56 - Été de 1856 Élé de 1836 — Hiver de 1856-57 Hiver de 1836-37 — Élé de 1857 Été de 1857 — Hiver de 1857-58 Hiver de 1857-58 — Élé de 1858 Été de 1858 — Hiver de 1858-59 Hiver de 1858-59 — Été de 1859 Été de 1859 — Hiver de 1859-40 Hiver de 1859-40 - Été de 1840 Été de 1840 — Hiver de 1840-41 Hiver de 1840-41 — Été de 1841 Été de 1841 — Hiver de 1841-42 Hiver de 1841-42 - Été de 1842 Été de 1842 — Hiver de 1842-45 Hiver de 1842-45 — Élé de 1843 Été de 1843 — Hiver de 1845-44 Hiver de 1845-44 — Élé de 1844 Été de 1844 — Hiver de 1844-45 Hiver de 1844-45 — Été de 1845 11,75 15,13 12,60 11,85 10,75 10,50 10,85 10,95 9,00 8,65 10,40 10,75 11,20 10,80 8,75 8,05 9,50 10,80 11,10 10,15 9,70 9,50 7,65 8,00 Été de 1845 — Hiver de 1845-46 Hiver de 1845-46 - Été de 1846 Été de 1846 — Hiver de 1846-47 Hiver de 1846-47 — Été de 1847 Été de 1847 — Hiver de 1847-48 Hiver de 1847-48 - Été de 1848 Été de 1848 — Hiver de 1848-49 Hiver de 1848-49 — Été de 1849 Été de 1849 - Hiver de 1849-50 Hiver de 1849-50 — Été de 1850 Élé de 1850 - Hiver de 1850-51 Hiver de 1850-51 — Été de 1851 Été de 1851 — Hiver de 1851-52 Hiver de 1851-52 - Élé de 1852 Été de 1852 — Hiver de 1852-55 Hiver de 1852-55 — Élé de 1855 Été de 1853 — Hiver de 1853-54 Hiver de 1855-54 — Élé de 1854 Été de 1854 — Hiver de 1854-55 Hiver de 1854-55 — Été de 1855 Été de 1855 — Hiver de 1855-56 Hiver de 1855-56 — Été de 1856 Été de 1856 — Hiver de 1856-57 Hiver de 1856-57 - Élé de 1857 11,15 12,63 9,80 8,85 9,95 9,75 11,10 11,00 9,80 9,85 10,85 11,05 11,10 11,70 11,95 11,50 9,80 9,40 8,90 9,15 10,70 10,80 10,60 11,45 ( m ) Températures annuelles (1855-1877) (suite). Été de 1857 - Hiver de 1857-58 11,10 Été de 1867 - Hiver de 1867-68 10,10 Hiver de 1857-58 — Élé de 1858 10,75 Hiver de 1867-08 — Été de 1868 11,10 Été de 1858 - Hiver de 1858-59 11,85 Élé de 1868 — Hiver de 1868-69 12,90 Hiver de 1858-50 — Été de 1859 12,50 Hiver de 1868-69 — Été de 1869 11,55 Été de 1859 - Hiver de 1859-00 11,10 Été de 1809 - Hiver de 1869-70 9,35 Hiver de 1859-60 - Élé de 1860 9,20 Hiver de 1869-70 — Été de 1870 9,90 Été de 1860 — Hiver de 1860-61 9,05 Été de 1870 - Hiver de 1870-71 9,35 Hiver de 1860-61 — Été de 1861 10,20 Hiver de 1870-71 — Été de 1871 9,00 Été de 1861 - Hiver de 1861-62 11,05 Élé de 1871 — Hiver de 1871-72 10,65 Hiver de 1861-02 — Été de 1862 10,30 Hiver de 187J-72 — Élé de 1872 11,15 Été de 1862 — Hiver de 1862-03 11,10 Été de 1872 - Hiver de 1872-73 11,50 Hiver de 1862-65 — Été de 186ô 11,60 Hiver de 1872-73 — Été de 1875 11,45 Élé de 1863 — Hiver de 1863-64 10,25 Élé de 1875 — Hiver de 1873-74 11,50 Hiver de 1863-64 — Élé de 1864 9,70 Hiver de 1873-74 - Été de 1874 11,10 Été de 1864 — Hiver de 1804-65 9,05 Été de 1874— Hiver de 1874-75 1 0,00 Hiver de 1864-65 — Élé de 1865 9,70 Hiver de 1874-75 — Été de 1875 10,05 Été de 1865 - Hiver de 1865-66 11,75 Élé de 1875 - Hiver de 1875-76 10,15 Hiver de 1865-66 ~ Été de 1866 11,55 Hiver de 1875-76 - Été de 1876 10,40 Élé de 1866 - Hiver de 1866-67 11,25 Été de 1876 — Hiver de 1876-77 12,50 Hiver de 1866-67 — Été de 1867 11,10 ( 53e^ ) Les six nombres les plus élevés de ce labîcau sont : J5°J5, 12°60, 12°65, i2"o0, 1^290 et 12^50; Ils cor- respondent aux années 1 833-54, i 854-35, 1845-46, 1858-59, 1868-69 et 1876-77. Or, les deux premières de ces dates tombent immédiatement après le minimum de taches de 1833; la troisième, 2 ans après celui de 1844; la quatrième, 3 ans après celui de 1856; la cinquième, 15 mois après le minimum de 1867; et la sixième date coïncide avec le minimum qui vient d'avoir lieu. La moyenne de Tannée 1876-77 n'occupe que l'avant-der- nière place. Mais comme l'été de 1876 a probablement précédé quelque peu l'époque précise du minimum de cette année, il se pourrait qu'il lut surpassé par l'été de 1877. C'est ce qu'il sera intéressant de voir. En tout cas, le minimum de 1876 montre déjà pleinement son influence sur la moyenne annuelle qui s'en rapproche le plus. De tous les tableaux que nous avons présentés jusqu'ici, celui qui précède est, à notre avis, le plus décisif quant à l'existence d'une relation entre les minima des taches solaires et le retour des années les plus chaudes. Cette relation apparaît ici dans toute sa force, avec une évidence complète. Il n'en aurait pas été tout à fait de même si nous nous étions contenté de calculer les moyennes an- nuelles de température d'après le système ordinaire. Le tableau suivant, qui renferme ces moyennes, montre que les nombres les plus forts coïncident quatre fois seulement avec des époques de faible fréquence des taches. ( S56 ) Température moyenne de Vannée, de 1855 à 1876. (Moyenne des douze mois de l'année.) \ 8ÔÔ 10?23 1848 10:55 1863 1I°18 1854 12,12 1849 10,53 1864 9,33 1 8ÔO 10,58 1850 9,78 1865 1 0,98 18Ô6 10,59 1851 10,25 1866 10,99 1837 9,80 1852 11,50 1867 10,57 1838 9,15 185Ô 9,59 1868 11,65 1839 10,G-2 1854 10,41 1 869 10,55 1840 9,70 1855 8,85 1870 9,57 1841 10,45 1856 10,42 1871 9,57 1842 10,22 1857 1 1 ,55 1872 11,57 1843 10,18 ! 1858 10,05 1873 10,51 1844 9,12 j 1859 11,50 1874 10,44 1845 8,85 j 1860 9,29 1875 10,17 1846 11,00 i 1861 10,31 1876 10,59 1847 9,60 1862 11,18 1877 Nous croyons utile de résumer en quelques lignes les résultats auxquels nos recherches ont donné lieu. Le fait capital qui se dégage de notre travail , fait que plusieurs auteurs avaient déjà signalé, est celui de Tin- fluence des taches solaires sur l'activité calorifique du so- leil. Nous avons établi d'une manière incontestable que la quantité de chaleur déversée par le soleil sur notre terre est plus grande lorsque les taches sont en plus petit nom- bre, et on a vu, d'après les recherches de M. Kôppen, que le contraire s'observe généralement pendant ou après les ( S57 ) époques de niaxima de taches (1). En un mol, les varia- lions que l'on remarque d'une année à l'aulre dans la dis- tribution de la température sur le globe dépendent en grande partie, sinon entièrement, de la fréquence des taches. Nous avons constaté asssi que l'action de ces der- nières ne se fait pas sentir directement, c'est-à-dire, soit en rendant partout, à une certaine époque, le climat plus chaud, soit en le rendant plus froid à un autre moment. Les choses se passent très-probablement de la sorte dans les contrées situées à Téquateur ou dans son voisinage, là où le rayonnement solaire s'exerce avec une énergie incon- nue ailleurs; mais dans les latitudes élevées, dans les pays où les rayons du soleil tombent toujours plus ou moins obliquement, l'influence des taches ne se révèle bien net- tement que par l'intermédiaire de puissants agents phy- siques, dont les effets sont parfois très-divers suivant la position des lieux soumis à leur influence propre. Pour rester dans les limites de notre travail, n'avons- nous pas vu le Gulf-Stream, ce fleuve d'eau chaude qui longe les côtes orientales des Étals-Unis et baigne les côtes occidentales de l'Europe, ofl*rir, après chaque minimum de taches, le phénomène d'une température beaucoup au- dessus de la moyenne, et rendre en Europe l'hiver et l'été exceptionnellement chauds, tandis qu'en Amérique les mêmes saisons (2) étaient d'une rigueur extraordinaire? Jl serait intéressant d'étudier, pour les contrées au cen- tre des continents, jusqu'à quel point les taches y modi- (1) Celte dernière loi ne se vérifie pas très-exactement pour Bruxelles pris isolément. (2) Voir, pour ce qui concerne les étés froids en Amérique, les mémoires de DovE déjà cilés. 2""^ SÉRIE, TOME XLIH. 37 ( o58 ) lient la température. D'après notre manière de voir, les perturbations doivent y être moindres que dans les pays maritimes. C'est ce qu'il serait aisé de vérifier. Sur notre littoral, l'hiver a toujours été très-doux et l'été très-chaud quelque temps après les minimade taches. Or, on sait que ceux-ci se reproduisent périodiquement, à des intervalles de 11 ans en moyenne. On peut donc dire que les hivers doux et les étés chauds sont aussi soumis chez nous à une périodicité régulière (1); on pourrait même indiquer à l'avance à quelles époques ils doivent avoir lieu. Ainsi, nous avons eu cette année un hiver d'une douceur tout à fait inusitée; nous pouvons par conséquent nous attendre, d'après la loi de périodicité signalée ci- (1) C'est ici le lieu , croyons-nous, de signaler une autre périodicité, mais secondaire , que nous avons découverte dans le retour des hivers doux et des étés chauds. Si Ton examine attentivement les tableaux I et III, donnant la température de l'hiver et celle de Télé depuis 1833 jusqu'en 1877, on verra la succession décennale des années suivantes présenter des hivers et des étés venant en seconde ligne après les plus remarquables de la période : HIVER . . . 1842-43 1852-33 1862-63 1872-73 5«4 4»9 5»3 4»6 ÉTÉ 1842 1852 18CI 1873 18o8 iO^O 18o4 18o3 Nous attirons tout particulièrement l'attention des météorologistes sur cette périodicité, qui n'avait pas encore été signalée, à notre connais- sance du moins. Faut-il la rapporter aux taches solaires? II serait difficile de répondre à cette question. Tout ce que l'on peut dire , c'est qu'il y a évidemment encore, dans le phénomène des taches, bien des particularités importantes qui nous échappent et dont la connaissance ferait peut-être comprendre des faits qui jusqu'à présent restent sans solution. ( 559 ) (Jessus, à un été chaud en 1877, c'est-à-dire un été sensi- l)lenient au-dessus de la moyenne. Nos recherches et celles de nos devanciers conduisent encore à quelques considérations d'un autre genre. Nous croyons utile de les exposer brièvement. On sait que, jusqu'à présent, les astronomes ne sont pas d'accord sur la nature des taches solaires. Les uns les attribuent à des cavités, des ouvertures dans la photo- sphère, laissant apercevoir le noyau obscur; d'autres pré- tendent que ce sont de simples nuages qui se produisent dans l'atmosphère du soleil, etc. Nous ne mentionnons ici que les hypothèses principales. Les rapports qui ont été constatés entre les minima des taches et les températures moyennes annuelles les plus élevées ne seraient-ils pas de nature à jeter un peu de lumière sur cette importante question (1)? Nous le souhaiterions vivement. L'astro- nomie a déjà rendu et rend encore tous les jours de grands services à la météorologie; il serait fort à désirer qu'elle (1) Crewster, qui supposait erronément que les maxima de taches étaient suivis d'un accroissement dans les températures terrestres, se ser- vait de cette hypothèse pour expliquer certains faits de la constitution solaire. Voici ce que nous lisons, à ce sujet, dans Arago, Œuvres , t. III, p. 416 ; « M. Brewster imagine que les rayons de calorique non lumi- neux qui forment une partie constituante de la lumière solaire, sont émis par le noyau obscur du soleil; tandis que les rayons visibles , colores, proviennent de la matière lumineuse dont le noyau est entouré. De là, dit-il, la raison pour laquelle la lumière et la chaleur paraissent toujours être dans un état de combinaison : Tune des émanations ne peut pas être obtenue sans l'autre. Dans cette hypothèse on expliquerait naturellement pourquoi il ferait plus chaud quand il y a plus de taches , car la chaleur du noyau nous arriverait sans avoir été affaibhe par l'atmosphère qu'elle traverse ordinairement. » ( SiO ) lut payée de relour : les deux sciences n'auraient qu'à gagner à cet échange de bons procédés. Un dernier point sur lequel il est utile d'appeler l'atten- tion découle tout naturellement de notre travail. On est déjà parvenu à établir quelques relations entre les époques critiques des taches solaires et certains phénomènes mé- téorologiques ou magnétiques, tels que la pluie (1), les orages (2), les tempêtes (5), les aurores boréales (4), la direction de l'aiguille aimantée (5), les tremblements de terre (6), etc. Ces divers phénomènes ont tous ou presque tous pour causo première la chaleur, l'élément le plus important des forces atmosphériques. Si donc l'on veut étudier d'une manière rationnelle et sûre les lois qui régis- (1) Meldrl'm, Annual report of Lhe Observatorij of Port-Louis [Mau- ritius) for 4876. Broch. in-folio (Les recherches de M. Meidrum sont résumées dans ce rapport) {±) Von Bkzold, Ueber gesetzmassige Schwankungen in der Haufig- keit der GewiUer wlihrend langjdhriger Zeitrdume (Sitzungsberichte DER K. BAYER. Akvdemie IN MiJNCHEN, II. Classe, 1874, Nr. 5). (5) PoEY (A), Lettre sur les rapports entre les taches solaires et les ouragans des Antilles, de r Atlantique Nord et de l'Océan indien Sud. (Comptes RENDUS de l'Académie des sciences de Paris,!. 77, p. 1222.) PoEY (A.), Rapport entre les taches solaires, les orages à Paris et à Fécamp, les tempêtes et les coups de vent dans V Atlantique Nord. (Ibid., p. 1345.) (4) Lovering (.!.), On the periodicity ofthe aurora borealis. {Memoirs of THE American Acad. of arts and sciences, new séries, vol. X, part 1; 1868.) (5) Spéë, Étude comparative des observations faites sur l'aiguille aimantée et sur les taches solaires, pendant Vannée 4875, à l'Observa- toire du Collège romain. (Rulletins de l'Académie royale de Belgique, 1877, 2f sér., t. XLItl , p. 274.) (6) Kluge (Emile), Ueber Synchronismus und Antagonismus von vulkanischen Eruptionen und die Beziehungen derselben zu den Son- /ieuflecken und erdmagnetische Variationen. Leipzig, 1865; în-8». ( 541 ) sent les rapports existant entre les taches solaires et les météores terrestres, c'est d'abord au point de vue de la température que la question devra être pleir)ement réso- lue. C'est la partie la plus importante du problème, et celle en même temps qu'il sera peut-être le plus facile d'aborder avec chance de succès, les matériaux étant plus nombreux pour la température que pour les autres éléments météoro- logiques. Le sujet dont nous venons d'effleurer un côté est vaste. M. J.-C. HouzEAU le disait récemment encore devant l'Aca- démie de Belgique : « Un ordre tout entier de notions nouvelles s'ouvre en ce moment à la science. Les corps célestes ne nous apparaissent déjà plus dans cet isolement absolu, au milieu du vide, où les concevait la génération qui nous a précédés. On entrevoit entre eux des rapports physiques, et jusqu'à un certain point des liens maté- riels, des chaînes conductrices, qui, semblables à d'im- menses écheveanx de fils électriques, passent peut-être de globe à globe... Il y a là un champ nouveau, immense... » La météorologie, après avoir longtemps tenu ses regards fixés sur la terre pour chercher l'explication des phéno- mènes qui s'y produisent, commence à les tourner vers les régions élevées, et principalement vers le soleil , le véri- table régulateur du retour de ces mêmes phénomènes (1). (1) « Le soleil est, pour ainsi dire, le premier moteur duquel dépendent tous les mouvemenls du système planétaire, non-seulement pour la régu- larité des orbites que décrivent les ditïerents astres , mais aussi pour les phénomènes physiques ou physiologi([ues qui s'accomplissent à leur sur- face. Sur la (erre, en particulier, les mouvemenls atmosphériques, le mouvement des eaux, le développement de la végétation , la i)roduction de force qui résulte des combustions el de la nutrition des animaux, tous ces phénomènes sont dus à Tintluenc^ des radiations solaires » (Secchf, Le soleil, ^'' éd., 2<' partie, p. .500). ( M"! ) c( Les rapports intimes de causes et d'etfels qui relient entre eux les phénomènes physico-chimiques de notre sys- tème planétaire, ainsi que ceux des autres systèmes stel- laires, tendent de plus en plus, a dit M. Poey(1), à agrandir le domaine de cette étude nouvelle, jusqu'au jour où elle se constituera en une véritable météorologie céleste et com- parée; car il est impossible de concevoir le plus simple des phénomènes de météorologie terrestre en dehors des phénomènes de météorologie cosmique. Ce n'est plus sur la terre que nous devons chercher l'origine de nos phéno- mènes, c'est sur le soleil et dans notre système planétaire, où nous découvrirons l'impulsion qui émane de causes su- périeures et encore plus lontaines. A cet égard , on peut considérer les taches solaires comme un miroir qui réflé- chit l'action combinée des influences cosmiques que nous éprouvons ici-bas. d Telle est aussi notre pensée. ('// dernier mot en réponse à M. Flammarion ; par M. F. Terby, docteur en sciences, à Louvain. Je regrette beaucoup de devoir encore entretenir l'Aca- démie du difl'érend quia surgi entre M. Flammarion et moi au sujet de la publication des Terres du ciel; mais je serai très-bref, et la faiblesse de la note de mon contradicteur permettra de considérer ce débat comme totalement vidé après la courte réponse que je me crois obligé de faire. Je dirai donc que M. Flammarion aurait évité toute re- (1) Ouvrage cité. ( 54.5 ) marque de ma part en ne me citant qiïiine seule fois, mais pour avouer franchement qu'il avait extrait toute son his- toire et sa description des taches de Mars (1) de mes publi- cations. Voilà ma prétention et je maintiens qu'elle est fondée. Je crois difficile d'y répondre en riant, quoi qu'en dise l'auteur. M. Flammarion essaye de me ridiculiser de plusieurs manières; c'est dans l'ordre, lorsqu'on ne trouve pas d'arguments sérieux. Les passages que l'auteur extrait de son ouvrage pour prouver qu'il m'a cité, ce que je ne conteste pas, et dont le plus important est en petits ca- ractères et en note, méritent d'être mis en regard du grand texte suivant : « J'ai comparé à peu près tout l'ensemble des observa- » tions faites depuis plus de deux siècles qu'on observe » Mars (depuis 1636); il y a plus d'un millier de dessins, » et c'est d'après toutes ces comparaisons que fai con- » struit ma carte Chaque tracé résulte d'une minu- » tieuse comparaison des vues prises au télescope. » Je demande à qui le lecteur non prévenu attribuera l'histoire et la description de Mars des Terres du ciel après celte lecture, malgré les passages où mon nom se trouve cité? Voilà ce dont je me suis plaint, ce dont j'ai le droit de me plaindre. Je demanderai qui a fait des personnalités dans cette discussion? Mon seul tort est de ne point permettre que l'on s'approprie des travaux que j'ai péniblement exécutés, et l'on m'accuse d'être jaloux des astronomes qui s'occu- (1) M. Flammarion sait bien que je ne revendique point tout son livre sur Mars, et encore moins tout le volume des Terres du ciel; il ne devait donc point réfuter une prétention aussi imaginaire. ( Ui ) pent de Mars quand je fais sans cesse les plus grands efforls pour exciter à Félude de cette planète. Voilà ce qu' s'appelle ne point permettre à aucun mortel de toucher à ce domaine et contester le droit de diriger des télescopes vers ce monde voisin ! En résumé et en réalité, M. Flammarion ne m'a point répondu : tous les faits que renferme ma note restent de- bout. Je puis m'en rapporter au jugement du public qui a à sa disposition toutes les pièces relatives à ce débat et qui les trouvera dans le Bulletin de l'Académie, dans les Mondes, dans les Terres du ciel et dans les Mémoires que j'ai publiés sur la planète Mars. Sur les sous-normales polaires et les rayons de courbure des lignes planes ; par M. Emile Gbysens. I Soient r, ri, r.2 les rayons vecteurs correspondants de trois lignes planes; a, a,, a^ les angles aigus que fait leur direction commune avec les trois normales, et 9 l'angle de cette direction avec l'axe polaire. On a dr r ^ " 'de L'accroissement de l'angle 0 sera toujours pris positive- ment; tga aura donc le signe de --• Supposant que les rayons vecteurs satisfassent à l'équa- tion ç(r,ri,'.) = 0; (I) ( ois ) on en déduit dr = Par suite d, dr, dr d, , i -+- -r- dr^i dr., d, dr, dr d? dr d? , 1 -+- . dj\ dr.2 1 Y/0-- dr 'S Introduisons, dans cette relation, les angles ^j, cc^; elle devient, en chassant le dénominateur et faisant passer tous les termes dans le premier membre : df d'f d(f dr dr, dr., ou, en représentant par A, À^, ^o ^es sous-normales polaires des trois courbes, (/ïj d(» d'i dr dr, dr.. D'après la relation r tg« = J, la sous-normale polaire d'une ligne a le même signe que l'accroissement du rayon vecteur. Si la fonction 9 renfermait les rayons vecteurs r, rj, r2,.... r„ de n ■+- 1 lignes, on trouverait, de la même ma- nière, entre les angles a, aj... a„, les sous-normales >, >.i,... \, et lés dérivées partielles de la fonction, les rela- tions plus générales d(f dtf d(p dr dr, ^ dr,, d d'j do dr dr, dr,^ ^ ( U6 ) II I.orsque Téquation (1) a la forme r -+- 7\ -+- ••• -+- r„ = 0, l'équalion (4) devient A -+- ;.i -t- ••• -^ >,j = 0; c'est-à-dire que la sous-normale polaire de Tune quel- conque des lignes est égale et de signe contraire à la somme algébrique des sous-normales de toutes les autres. Ce résultat renferme, comme cas particulier, la construc- tion, donnée par M. Fouret (*), de la sous-normale polaire d'une courbe unicursale d'ordre 7i -h \, ayant, à l'origine, un point multiple d'ordre n. Considérons les cas simples où l'équation (1) est rem- placée par l'une des suivantes : On trouve respectivement, en appliquant l'équation (S), ca -+- «1 1+1 -h -+- -h H- r (*) Comptes rendus de l'' Académie des sciences, t. LXXX, pp. H SS- II 60. ( ^^^7 ) La dernière relation est équivalente à celle-ci : tgai H h tg«„ = tgû;. Soit encore n \ \ i r r, i\ r„ D'après la formule (4), Si r„ r2,... »\ sont les rayons vecteurs correspondants d'une ligne d'ordre n, la résultante f ) , ayant r pour rayon vecteur, est la droite polaire. L'origine et la direction des rayons vecteurs sont arbi- traires. Donc, si l'on prend, sur une transversale quel- conque, les distances r,, r^... r, et r, d'un point fixeO, aux points d'intersection de la transversale avec une ligne d'ordre n et avec la droite polaire, ces quantités satisfont à la relation précédente, où a, a,,... a„ représentent les an- gles que font, avec la transversale, les normales à la polaire et aux n branches de latîourbe. m. Nous conservons, dans les numéros suivants, les nota- lions employées plus haut. Soient, en outre, p, pi... p,;, les rayons de courbure des lignes en leurs points correspon- dants; p', pi',... p'n les rayons de courbure de n h- 1 nou- (*) En général, nous donnons le nom de résultante, à l'une quelconque des lignes dont les rayons vecteurs correspondanls satisfont à une cer- taine relation, f{r, rj,...rj = 0. ( us ) velles lignes, tangentes aux premières aux mêmes points. Enfin, représentons par ©• '©•-(^) les différences des courbures des lignes tangentes. Les courbes considérées forment ainsi n -h 1 groupes de deux lignes tangentes, et les points de contact se trouvent sur une même droite OA. AB, AB' étant les lignes du premier groupe, et AT leur tangente commune, menons les perpendiculaires mp, MP à AT. Des formules connues 'imp Am 2MP ( U9 ) on déduit, en négligeant les infiniment petits d'ordre supé- rieur au second, i 2am cos^a 4 2aM cos'a Retranchant ces équations membre à membre, on trouve 1 i 2i!/mcos'a et, par suite, Ap^ (i i Mm = 2 cos^ûc \ p p OU \p p/ Mm = — — r- A - (6) 2C0S^a \pl ^ ^ On peut obtenir une autre expression de celte quantité. Les rayons vecteurs r, r^,... r„ appartiennent chacun à deux lignes qui se touchent : nous représenterons par Ar, Ar|... Ar„ les accroissements qu'ils prennent quand on passeau rayon vecteur, infinimenlvoisin, de l'une d'elles, et par Ar', Ar',,... Ar',^ les accroissements qu'ils prennent quand on passe au rayon vecteur, infiniment voisin, de l'autre. D'après ces notations, on aura ^dr ^(i dh ^ dh \ — - A r. -f- > - -— ^ Ar/ H- -z — - A'/'iAra di\ ^ \2 rfrf rfrirfr.2 ( 5oO ) et, par conséquent, 1 rd'r jMais, conformément à la formule (6), ►S^aj \p,/ Ar, — Ar, Ar„ — Arl = — 2 cos^a. D'autre part, les quantités (^rf — ^ri^),(^ri, Ara— -^r;, Ara) sont d'ordre supérieur au second ; ce point résulte immé- diatement de ce que les parties infiniment petites du pre- mier ordre, dans Ar, et Arl, Ar^et Arâ, sont égales f). Si, dans la dernière équation, on se borne à conserver les termes du second ordre, et qu'on y remplace les diffé- rences (Ar, — ^ri),... (Ar„ — Ar'„) par leurs valeurs, on obtient rW dr f\\ rW dr H \ \ 2cos^aj(/ri \p,/ 2cos^a2(/r.2 ^p^l (*J La même conséquence se déduit des valeurs de Ar,, Ar',, qui sont, comme il est facile de le trouver, , r d0 "I rfd62 Ar, = r,d6 tga, -t-- (1 -H 2 tg^^,) +__ L__ , L 2 J apiCOS^o:, [dQ ~\ r'^dO^ tgû;,-»— -(i-f-2tg»«,) -H— -î— — -. 2 J 2p, cos^jJi ( mi ) Comparant cette valeur de Mm avec celle que donne la relation (6), on est conduit à la formule ri dr /l cos'a„ (/r., \p„ (») IV En se plaçant dans des hypothèses particulières, on peut, de l'équation (8), en déduire d'autres, plus ou moins remarquables. Supposons que les n derniers groupes se composent de n lignes et de leurs tangentes. Les quan- tités £)• -(si-iy se réduisent à P2 Par suite, nous aurons rWl \\__ r] dr \ ri dr \ cos'alp p7 cos^«i dr, Pi cos^ag dr-i p2 cos" ri dr 1 cos'a,, (/r„ p„ (1>) La formule (9) fait connaître le rayon de courbure p de la résultante de n lignes, en fonction des rayons de cour- bure de ces lignes, de leurs rayons vecteurs, des angles a et du rayon de courbure p' de la résultante de n droites. Dans les cas simples où le rayon vecteur de la résultante est donné par Tune des relations r = Vi -f i\-^ ■•' -+- r„ 5 r = rï -t- rt -h ••• -h r^, r.r. ... r on trouve, respectivement r' (; 1\ p'^ ri \ Pi -+- ri 4 — -+- P2 ... H- »•!. 1 COS^a cosVi COSV2 cos'a,. P. ,.3 (i p^ cosV-, 1 P -+- ... -H r?. COS^a cos^y-„ r (7 p/ 1- '' 1 1 pi -h ... -t- rn cosV, 1 tPn COS^a COs'ai Soit, en dernier lieu, a «1 r r. -+- «2 -h ••• Pn • La résultante des n tangentes étant, comme il est facile de s'en assurer, une ligne droite, la courbure -, est nulle, et la relation (9) devient «„ (.), P COsV. p, COS^^i P2 C0S^a2 p„ COS^'a (*} Un procédé particulier conduit rapidement à ce résultat [voir le Recueil d'exercices sur le calcul mfîiîiiésimal ; par M. Frenel, page 172, n" 2751. ( 5o5 ) On peut tirer, de cette formule, une conséquence inté- ressante. Supposons que ?'|, r^... r„ soient les rayons vec- teurs correspondants d'une ligne du n'^'"' degré; et fai- sons «i=cf2 =•••=«„= 1, a = n. Dans ces hypothèses, la résultante est la (n — 1 )'''""' polaire d'une courbe d'ordre n, c'est-à-dire, la droite polaire. La courbure- est donc nulle aussi, et, par suite, = 0. pi COS^a, p2 COS^aa p„ COs'a^ Comme l'origine et la direction des rayons vecteurs sont arbitraires, la relation précédente existe entre les rayons de courbure d'une courbe, d'ordre n, en ses points d'intersection avec une transversale. Si la courbe donnée est une conique, ou a simplement ' =0. p, COS^^i p2 COS^c/i Représentons par p le demi-paramètre de la conique, par Ni, No les segments compris, sur les normales, entre les points correspondants de la courbe et l'axe focal. Les formules connues N^ Ni nous permettent d'écrire ainsi la dernière relation : i i Nî cos^^-i Ni cos'aa ou 0 4 1 Ni COS a, Na COS ag 2'"'^ SÉRIE, TOME XLIII. 58 ( oM ) On ne peut se servir lUilemenl de la formule (9), que si l'on sait calculer, d'une manière générale, le rayon de courbure p' de la résultante de n droites. Nous admettrons d'abord, pour plus de simplicité, que le rayon vecteur r de la résultante est donné par l'équa- tion r = fi (ri) + /; (r,) -^ •" -^ f„ (rj , OÙ ri,r2... r„ sont les rayons vecteurs des droites. Soient Ar, Ar^,... Ar„ les accroissements que prennent les rayons vecteurs, lorsque l'angle 0, qui fait leur direc- tion commune avec l'axe polaire, augmente d'une quantité positive infiniment petite de. On a Ar ^ dr î ^ (Pr Mais, en tenant compte des infiniment petits du second ordre, An = r,dô [^tg a, -H -^ (1 -i- 2 tg^^,)] f ]. Par suite on aura, avec le même degré d'approximation, dd . 1 dr Ar ^ r de c Idr 2n(^6[tg«, + -(] H-2tg^«oJ^ y^'lrU^'^'% (*) Cas particulier de la formule que nous avons donnée, en note, page 550. ( mo ) Représentons par ^r la différence entre r et le rayon vecteur infiniment voisin de la tangente à la résultante; ,, '■ ^« = nlO Ttga -H — (I -t- 2 tg^a)"]. La substitution des valeurs de Ar et dr, dans l'expression de la courbure. nous donne P~ ^s? • • • • co) 1 cos'a(^r clr clh"] ] ^=-7r-|2[^^(î-^2tg^.0^H-rn.gV,-J-r(i-^2tgV)| 0.(11^ D'après nos conventions, cos a est toujours positif ; et l'on voit, par la formule (10), que p' aura le même signe que (Ar — §r). La tangente à la résultante partage le plan en deux par- ties dont l'une contient l'origine. On s'assure facilement que la courbe tourne sa convexité vers l'origine ou en sens opposé, suivant que Ar est plus grand ou plus petit que dr. Les formules (iO) et (11) font donc connaître, par les signes de leurs seconds membres, le sens de la convexité de la résultante de n droites; la (*) La substitution indiquée introduit, dans Téqualion (II), Pexpres- sioo mais celle ci est nulle, en vertu de la relation (4). ( 5o6 ) formule (9) indique, de la même manière, le sens de la convexité pour la résultante de n lignes quelconques. On peut mettre la formule (11) sous une formule plus commode dans les applications, en observant que elle devient 1 cos^a i^r» f cdr\ dr 1 „.), - = -^\^ ^^'''^''rdrj'^'^'di, -nl-^2tsV)j.(i2) Si Ton a, par exemple, r = 7\ -t- ?'2 -t- -^ r la formule (12) se réduit à 2 cos' n,{ri^§'^ù-ri§' = —J-Z-:^ — (2-f-cos^a); SI m == — % on a L encore \ P r = ]og 2 cos a Soi r (r,?-, ... )-n)- On trouve, en appliquant la formule (12), 1 p' cos' -G-gv,- -r(l-t-2tg^a)- ( 5o8 ) VI Considérons le cas général, où r est égal à une fonction quelconque de r,. r2,... r„ : r = f{ri,r,, ... r„). 11 faut alors, dans la formule (iO), remplacer ^r par l'expression 2dr 1 ^ dh' ^ d''r dr, ' ^l^dii ' ^dr^dr. ou, en ayant égard à la valeur de ^r, (voir n° Y), Cette valeur de Ar peut être écrite plus simplement, en mettant la deuxième partie sous forme symbolique : ^ r dd Idr i J^ dr V 2r,Jâ|^tg.,-^-(l-^2tg%)J--^-rf0^(2^''^S«^;^)- Si, dans la formule (10), on fait la substitution indiquée, et qu'on y remplace aussi dr par sa valeur, on obtient ouj en introduisant les sous-normales polaires, ( 559 ) Lorsque la fonclion Z' est homogène par rapport à r,, )\2,... r,„ on peut prendre la formule m -h 1 étant le degré d'homogénéité. Soit, par exemple, .r = r^r2 ) sérieuses diilicuUés pour cet examen. Cependant j'aurai occasion de montrer qu'elles ont des caraclères dentaires de transition qui permettent, dans une certaine mesure, de les distinguer des groupes de l'autre ordre et même d'éta- blir leurs relations d'une manière différente de celle qui est généralement adoptée. Ainsi, tandis que les anthropo- logistes qui admettent comme distinctes ces races brune et rouge, les rapprochent de la race jaune et que ceux qui ne les admettent pas les réunissent à la race jaune à titre de simples familles, mes recherches tendent à établir que cette affinité n'existe que pour la race brune, mais la race rouge se relie à la race noire d'une manière incontestable par son système deiitaire, au point que j'ai dû la réunir au rameau éthiopique. Avant d'aborder l'exposé des observations qui font l'objet de ce mémoire, il y a lieu de les faire précéder de quelques données générales sur ce sujet : de Biainville , dans ses derniers ouvrages, a proposé pour définir la formule den- taire humaine la notation pseudo-algébrique suivante : 115/2 12 - 1 H — c H — m - av. m. ~ pr. -arr. m, 2 1 o Vl 1^2 OU plus simplement 2 4- 1 -t- 5/2 1 2 2 ï 5\2 î 2 pour chaque moitié de mâchoire. Dans l'espèce humaine, les trois sortes de dents sont en série continue, et en même nombre à la mâchoire supé- rieure aussi bien qu'à la mâchoire inférieure ; elles sont plus ou moins fortes, mais toutes à peu près d'égale Ion- ( 563 ) . La formule dentaire généralement admise aujourd'hui à la notation suivante : 2 — 2 i —\ 2 — 2 3 — 3 Inc. can. prémol. mol. ~ = 32 dents. 2 — 2 i — 1 2 — 2 3 — D Relativement aux dents , M. Gervais (1) fait remarquer ce qui suit : « L'homme a le système dentaire des singes de l'ancien continent. » Le système dentaire de l'homme, analogue, par le nombre et par les formes générales des molaires et des incisives, à celui des singes de l'ancien continent, s'écarte de celui-ci, et surtout par les dimensions des canines, qui, chez nous, ne dépassent qu'à peine les autres dents, et n'exigent pas pour loger leur pointe un espace vide à la mâchoire opposée. » Ce que dit ici M. Gervais, des dimensions des canines et de l'absence de cet espace vide (appelé diasième) pour loger leur pointe à la mâchoire opposée n'est tout à fait exact que pour les hommes appartenant aux races les plus élevées. On constate, en effet, le fait important que, dans les races inférieures, et surtout dans la race noire, le diastème existe à un degré d'autant mieux marqué qu'on se rap- proche davantage des peuples les moins avancés; les canines y ont également atteint des dimensions plus ou moins considérables et dépassent les autres dents d'une certaine longueur : c'est du reste ce qui nécessite chez eux l'existence d'un léger diastème. Au point de vue de la conformation, on peut considérer. (î) Dictionnaire de Ch. d'Orbigtiy, article dents. ( mi ) dans les dents, trois parties : la couronne ou partie libre, la racine ou partie intra-alvéolaire, et une partie étranglée, intermédiaire aux deux autres, le collet. La couronne fournit des indications irès-précieuses; c'est là surtout que Pon trouve les modifications les plus importantes en passant d'une race à une autre. La racine peut aussi fournir certains caractères parti- culiers, mais ils sont d'un ordre tout à fait secondaire. 11 faut considérer surtout : 1° Pour les racines : la longueur, le volume, la direc- tion et le nombre (dans les grosses molaires). 2° Pour la couronne : le volume, la forme et la direction (prognathisme); y compris, aux grosses molaires, le nom- bre de cuspides qu'on trouve à la surface et l'existence d'une progression croissante ou décroissante, allant de la première à la dernière, ou leur égalité de volume; enfin la hauteur de la couronne dans certains cas et le plus ou moins de développement des cuspides interne et externe de la première petite molaire inférieure. Les dents qui subissent les plus grandes modilications dans les diverses races et qui, par conséquent, sont les plus importantes à étudier pour établir une classilication, sont : tout d'abord les grosses molaires qui fournissent les carac- tères les plus fraj)panls et les plus faciles à reconnaître; viennent ensuite les canines et les petites molaires qui ne présentent, pour ainsi dire, que des caractères de second ordre, et enfin les incisives qui offrent moins encore d'in- térêt au point de vue de cette classification. Ainsi que l'a fait observer M. Magitot (J), suivant Owen {Odontography, (1) Lliomme et les singes a??//iropomo?'p/iP6', (Société d'anthropologie de Paris, séance du 18 février 1869.) ( 565 ) p. 454, London , i 840-45) , la couronne des grosses mo- laires inférieures, dans l'espèce humaine, est penlacus- pidëe. Le cinquième tubercule est postérieur et externe, et lié au tubercule postéro-interne par une petite colline; les 4 autres cuspides dessinent une impression cruciale dont la branche postérieure fournit la bifurcation, qui se pro- longe jusqu'au cinquième tubercule. Cette disposition se rencontre, mais elle est loin d'être constante ^ du moins dans la race blanche où elle n'existe guère, quand on la trouve, que sur la première grosse molaire, tandis que dans les races inférieures, c'est surtout sur les deux der- nières qu'on l'observe généralement, et même sur les trois dents à la fois. Webb a signalé les mêmes dispositions dans son ouvrage intitulé : « Dents chez l'homme et les singes anthropoïdes, in-8% p. 33, London 1860. » Mais cet auteur fait observer « que le cinquième tubercule manque assez souvent dans la deuxième molaire chez l'homme de race blanche, tandis qu'il se trouve dans les races infé- rieures, ainsi qu'on peut le constater chez le Cafre, le Nègre, le Groënlandais, le Boschisman et dans les races océaniques, Calédoniens et Australiens. » Toutefois, il y a ici encore quelques restrictions à faire, comme on le verra dans la suite de ce travail. M. Hamy m'a dit avoir rencontré 5 cuspides sur la pre- mière grosse molaire, dans la race blanche, environ dix fois sur cent crânes. Ses observations concordent entièrement avec les miennes sous ce rapport. La présence d'un cin- quième tubercule sur les deux dernières est, au contraire, dans cette race, une exception fort rare. On observe donc, de l'homme de race caucasique à celui des races inférieures, une gradation à peu près régulière quant au nombre de cuspides qui surmontent les grosses ( .^6 ) molaires inférieures, de manière à arriver finalement à la forme penlacuspideà peu près constante. M. -Carter Blake avait déjà attiré Tailention des anlhro- pologistes sur certains de ces points intéressants, dans une communication qu'il a faite à la Société ethnologique de Londres, (séance du l"mai 1864). A la mâchoire supérieure, chez l'homme comme chez les anthropomorphes , on n'observe aux grosses molaires que quatre tubercules. Dans un autre mémoire, je me propose d'examiner les caractères du système dentaire des anthropomorphes et des singesen général dans leur rapport morphologique avec le système dentaire des races humaines ici étudiées, et, dans des publications postérieures, chez les autres mam- mifères. Dans les descriptions qui vont suivre, le nom de diamètre antéro- postérieur des dents sera donné : 1° pour les petites et les grosses molaires, à celui qui correspond aux deux surfaces adjacentes aux dents voisines; 2° Pour les incisives et les canines, à celui qui va de la surface libre antérieure à la postérieure. Les autres diamètres sont dits bilatéraux. Ces divers diamètres sont pris au niveau de la partie la plus épaisse des dents. J'ai procédé, dans mes recherches, par la mensuraj^ion de la couronne et des racines des dents, au moyen du compas d'épaisseur de M. Broca, et par celle des alvéoles qui étaient privées de dents. Il faut remarquer enfin que c'est la mâchoire inférieure qui fournit les principaux caractères morphologiques qui distinguent les diverses races les unes des autres, surtout par le nombre de cus- pides des grosses molaires et parles dimensions de celles-ci comparées entre elles. ( o67 ) En résumé, les caraclèrcs analoniiques sur lesquels ont porté principalement mes rcclierelies sont, sans excepter Texamen des racines : Le volume des incisives, la longueur et le volume des canines, le volume propre des petites molaires inférieures et leur volume relatif, la forme de la première prémolaire inférieure, le volume propre des grosses molaires, leur volume relatif au maxillaire inférieur, puis d'un maxil- laire à l'autre, et enlin le nombre des cuspides qui sur- montent la couronne des grosses molaires inférieures. KACi: Bi..ik?vciir:. A. CouRorv'NE. — Le volume est moins considérable que dans les races inférieures; les diamètres moyens, pris d'après les mensurations faites sur les nombreux crânes appartenant à la race hiancbe ou caucasique de G. Cuvier et qui ont été rais à ma disposition, en France, en Alle- magne et en Belgique, sont : 1° aux grosses molaires infé- rieures, de il à 12 niillimètres pour les deux diamètres, la première et la seconde présentant quelquefois 12 milli- mètres et la troisième 11 seulenient, ou bien, plus généra- lement, la première 12, la seconde 11 V2 et la troisième 11. Dans quelques cas très-rares, la première et parfois même la seconde offrent 15 millimètres de diamètre, la dernière n'ayant que 11 à 11 V2 millimètres. La progression dé- croissante n'est donc pas constante, la première et la se- conde de ces dents étant égales en volume sur un petit nombre de crânes (environ une fois sur 15); S*" aux peliies molaires, de 7 à 8 millimètres pour le diamètre antéro- postérieur qui est toujours plus petit que le bilatéral qui mesure de 8 à 9 millimètres ; 5° aux canines de 9 à 10 rail- ( d68 ) limèlres pour les deux diamètres; 4° aux incisives : [a) médianes supérieures , de 10 à 10 '/2 millimètres pour le diamètre bilatéral et 8 à 9 pour l'antéro-postérieur; (6) la- térales supérieures , de 7 à 8 pour les deux diamètres; •(c) latérales inférieures, elles offrent approximativement les mêmes diamètres que les précédentes; [d) médianes inférieures, de 6 à 7 millimètres aux deux diamètres. Les dents de la mâchoire supérieure sont plus volumi- neuses que celles de la mâchoire inférieure; toutefois, il faut en excepter les trois dernières qui acquièrent, sur celle-ci, leurs plus grandes dimensions. Les premières grosses molaires inférieures sont celles qui atteignent le volume le plus considérable et sont les plus solidement implantées. Le volume de ces trois dents est généralement en pro- gression décroissante, de la première à la troisième (fig. I et fjg. Il); nous avons vu précédemment qu'il existe cependant des exceptions à cette règle. Les incisives mé- dianes inférieures sont les plus petites, dans les trois races. Les prémolaires inférieures présentent générale- ment entre elles un volume égal; toutefois, sur un petit nombre de crânes, la seconde est un peu plus volumineuse que la première, mais cette différence est bien moins sensible que dans les races inférieures (lig. I et fig. II) :e\\e ne dépasse guère 74a V2 millimètre pour chaque diamètre. Celles du maxillaire supérieur sont égales entre elles. La hauteur des grosses molaires est de 8 à 10 millimè- tres; celle des petites molaires de 9 \h2 à 10; celle des ca- nines de 12 à 15, et celle des incisives de 10 à 12, les médianes supérieures étant plus longues que les autres de 72 à 1 millimètre. Ces mensurations prouvent que les canines sont gêné- ( 569 ) ralement, dans les trois races, les plus longues de toutes Fig. Mcâchoîre inférieure d'un crâne appartenant à la race blanche, sans autre indication, — {Muséum , no 2076.) Grand, nat. SÉRIE, TOME XLIII. Fig. II. Mâchoire inférieure d'un cosaque du Don. — {Mu- séum, no 638.) Grand, nat. 39 ( 570 ) les dénis, tant par leur couronne que par leur racine. De plus, leurs dimensions sont d'autant plus considérables qu'on se rapproche davantage des races inférieures. Tou- tefois, la surface triturante des canines ne dépasse pas, dans la race blanche, celle des dents voisines; mais l'échancrure que présente la gencive à la base de la cou- ronne de cet organe est plus profonde que celle qui se trouve au niveau du collet des autres dents. Ceci explique la hauteur plus considérable qu'atteint la couronne de cette dent relativement aux autres, sans que son sommet dépasse la surface triturante de celles-ci. Quant à la forme des dents, le tubercule interne de la première petite molaire est ici bien marqué, contrairement à ce qui a lieu dans les races inférieures et chez les singes. Le diamètre antéro-postérieur des grosses molaires est plus petit que le bilatéral, au maxillaire supérieur, et plus petit que les deux diamètres des mêmes dents au maxil- laire inférieur où ils sont généralement égaux entre eux. Les grosses molaires inférieures sont donc assez réguliè- rement cubiques, tandis que les supérieures sont légère- ment aplaties dans le sens antéro-postérieur. Le diamètre bilatéral de ces dents au maxillaire supérieur est ordinaire- ment égal aux diamètres moyens des mêmes organes au maxillaire inférieur. Le nombre des cuspides des grosses molaires inférieures atteint son maximum dans les races inférieures et chez les singes anthropomorphes, et son minimum dans la race blanche où l'on en trouve de 5 à 5. Le nombre le plus ordinaire y est 4 (fig. 2) ; on en rencontre rarement 5 (en- viron 8 à 10 fois sur 100 crânes), et ce n'est guère alors que sur la première grosse molaire inférieure (fig. 1); la ( S71 ) couronne des autres grosses molaires de cette mâchoire ne présente que tout à fait exceptionnellement 5 cuspides. Au maxillaire supérieur, il n'en existe jamais plus de 4 dans aucune race. La formule dentaire est 52 pour toutes les races, et les anomalies de nombre, comme celles de forme et de direc- tion, sont surtout fréquentes dans les races inférieures. Fig. ni. Crâne de race blanche, sans autre indication. — {Hliiseum, n^ 2706.) ' Vs grand, nat. La direction des dents est verticale. Quelques-unes cependant, par exemple les grosses molaires de la mâ- choire inférieure, s'inclinent un peu en dedans; celles du maxillaire supérieur, tendent, au contraire, à s'incliner en dehors. Ce n'est que dans des cas très-rares qu'on trouve une légère inclinaison, en avant, des incisives supérieures, ( S7^2 ) et bien plus rarement encore des incisives inférieures. 11 n'existe doncpoinl, en général, de prognathisme (fig. IIÎ) dans celte race; tel est le cas, par exemple, pour les Anglais^ les Français, les habitants de la Gnanche, etc., etc., ou bien il est très-peu prononcé, comme chez les Arabes^ les Kabyles^ les habitants de Chaonia (Monts Aurès), de Karabou Kabile, de Barranco Hundo, de Canaries, de Jérusalem, les Turcs de Smyrne, les Syriens, les Jîiifs, les Algériens, etc. Les deux arcades dentaires sont très-régulières; il n'existe pas de diastème. B. Racine. — Le volume des racines dentaires est géné- ralement plus petit d'un et même de 2 millimètres chez ces peuples appartenant à la race blanche que chez ceux de la race noire. La longueur y est aussi moindre d'un et même de plu- sieurs millimètres. Ainsi, pour les incisives médianes sii- périeures, on trouve une moyenne de 14- millimètres de longueur; pour les autres incisives, environ 12 millimè- tres. La moyenne de la racine des canines est de 15 à 17 mil- limètres; celle des petites molaires est de 11 à 12, et celle des grosses molaires de 12 à 14. Les racines ont, chez ces peuples, une direction beau- coup plus rectiligne, surtout pour les incisives et les ca- nines, que dans les races inférieures. La racine est unique pour les incisives et les canines; elle est unique également, ou quelquefois bifide (une ra- cine interne et une externe), pour les petites molaires, et dans le premier cas on observe, sur les faces antérieure et postérieure, un sillon vertical bien accusé; la bifidité, quand (S73) elle existe, reste ordinairement limitée à leur sommet. Quant aux *(/ro5se5 molaires, les racines sont au nombre de 2 ou 3; on en compte quelquefois 4, très-rarement o. Lorsqu'il en existe 2 seulement, l'une est antérieure, l'autre postérieure, et toutes deux sont volumineuses, aplaties d'avant en arrière, allongées de dehors en dedans. Lorsque leur nombre s'élève à 5 ou 4, deux sont externes, et la troisième ou les deux autres sont internes. Elles restent alors rarement parallèles, mais s'écartent le plus souvent, les externes descendant à peu près verticalement, la troi- sième ou les deux internes s'inclinant plus on moins en dedans. On verra plus loin que c'est généralement dans les races inférieures qu'on trouve le plus grand nombre de racines aux grosses molaires supérieures où l'on en compte quel- quefois jusque 5. Au maxillaire inférieur, on n'en trouve que 2 dans toutes les races. Enfin, les dents sont moins solidement implantées dans leurs alvéoles chez les peuples appartenant aux races supérieures que chez ceux des races inférieures, RACE JACIVE. LAPONS. A. Couronne. — Un peu plus volumineuses que dans la race blanche, et un peu moins que dans la race noire, les dents présentent de ^ji à i millimètre de plus dans les divers diamètres que dans la première race, surtout pour les grosses molaires dont les diamètres atteignent 12 à 14 millimètres d'étendue. Le diamètre antéro-postérieur des petites molaires mesure 8 à 9 millimètres et le bila- téral 9 à 10. Les deux diamètres des canines sont de 9 ( S74 ) à il millimètres. Ceux des incisives sont à très-peu près les'mêmes que dans la race blanche. Fig. IV. Mâchoire inférieure d'un Chinois de Singapour. — (Voyagede l'AsIrolabe el de la Zélée. Muséum, coll. Dunioutier, n*" 61.) Grand, nat. ■Fig. V. Mâchoire inférieure d'un Amboinais de Itou. — (Voyage de l'Astrolabe el de la Zélée. Muséum, coll. Dumoulier, n» 47.1 Grand, nat. ( 575 ) Les grosses molaires de la mâchoire supérieure ont un volume presque égal à celui des dents homologues du maxillaire inférieur. La progression décroissante allant de la première à la troisième grosse molaire inférieure n'existe plus, ou bien elle se montre seulement à un degré très-faible, comme elle a été constatée sur 8 des 25 crânes de Lapons que j'ai étudiés. Ces trois dents présentent généralement entre elles un volume égal , de même que chez les Chinois (tig. IV). Sur quelques crânes (environ un sur dix), on trouve même une très-légère progression croissante de la première à la troisième, progression qui varie de 7» à 7^ millimètre, d'une dent à la suivante. L'Amboinais de lion (fig. V) offre des caractères ana- logues. La hauteur diffère à peine de celle qui a été signalée chez les peuples appartenant à la race blanche. Quant à la forme ^ la cuspide interne de la première molaire inférieure est moins saillante que dans la race précédente ; et l'externe est plus saillante, comme l'indique la figure Y. La différence qui existe entre les diamètres antéro-pos- térieur et bilatéral des grosses molaires supéiieures dans la race blanche, est ici moins sensible; ces dents se rap- prochent un peu de la forme cubique, c'est-à-dire de celle qu'affectent les grosses molaires inférieures. La surface triturante des canines paraît aussi un peu plus saillante dans cette race; elle dépasse légèrement celle des autres dents dans certains crânes. Le nombre de cnspides des grosses molaires est de 4 ou 5, mais le plus souvent de 4 seulement. Quand il en existe 5, ce n'est guère que sur la dent de sagesse , et toujours au maxillaire inférieur exclusivement. Ceci se pré- ( S76 ) sente environ une fois sur 4 ou 5 crânes, à l'exemple de FAmboinais (fig. V). Rarement on en observe également 5 sur la première grosse molaire (à peu près une fois sur 10); enfin, quel- ques crânes présentent 5 cuspides aux deux premières grosses molaires ou même à toutes les trois, ce qu'on ob- serve aussi sur certains crânes de Chinois (fig. IV). Le prognatliisme ^ que nous avons vu être nul ou très- peu marqué dans la race blanche, est ici bien évident ^ de même que chez le Chinois (fig. VI). Le prognathisme est le plus souvent alvéolo-dentaire. Il n'y a pas de trace de diastème chez ce peuple. Fîg. VI. Crâne d'un Chinois de Singapour. — (Voyage de l'Astrolabe et de la Zé- lée. Muséum, coll. Dumoutier, n" 61.) */3 grand, nat. ( 577 ) B. Racine. — Le volume est généralement un peu plus fort que dans la race précédente. La longueur est, dans la plupart des cas, un peu plus considérable ici, mais seulement de '/s à i millimètre. Le sommet des racines présente ordinairement, comme direction, une légère courbure surtout remarquable pour les canines et même les incisives. Elle est, en général, à concavité postérieure et un peu interne, principalement aux dents qui viennent d'être citées. Le nombre des racines ne diffère pas de celui qui a été constaté dans les diverses tribus de la race blanche. Les mêmes caractères se rencontrent chez les Finnois, où le prognathisme est cependant mieux marqué que chez les Lapons. 11 en est de même des Groënlandais et des Esquimaux qui diffèrent des précédents en ce qu'ils présentent 5 cus- pides sur les première et troisième grosses molaires infé- rieures dans les ^U ou les % des cas, et même 5 cuspides sur la seconde également environ une fois sur 8. De plus, chez les Esquimaux, on observe d'une manière assez évi- dente, une légère progression croissante de la première à la troisième grosse molaire inférieure sur plus du tiers des 12 crânes que j'ai étudiés. Les Chinois présentent à peu près les mêmes caractères que les précédents; toutefois, chez les uns, le prognathisme est peu marqué, tandis qu'il est assez prononcé chez les autres. Il en est de même d'un crâne de Siamois , de quelques crânes recueillis dans le cimetière de Bongkok [Siam), du crâne d'un individu de la province de Sao [Annam), d'un Bouriate, de plusieurs Calmouks, Baskirs et Tartares. Il y a le plus souvent, sur ces crânes, égalité de volume entre les trois grosses molaires inférieures. ( 578 ) La couronne des six grosses molaires inférieures est également surmontée de 5 cuspides sur les crânes (TAiina- miles; quant aux diamètres de ces dents, ils mesurent 15 à 14 millimètres, et leur volume est à peu près égal pour toutes. Indigènes de la côtede Siam. — A part quelques petits détails qui méritent d'être rapportés, on trouve, chez ce peuple, des caractères dentaires analogues à ceux qui ont été décrits chez les Chinois et les Lapons. Les canines y sont plus développées et plus longues que chez ces derniers peuples. La couronne seule de ces dents mesure 14 millimètres de hauteur. Les incisives y présentent également un volume plus considérable. Les racines des dents antérieures sont un peu moins longues que dans les classes précédentes. Les incisives médianes supérieures présentent 12 milli- mètres de largeur et 14 de hauteur; le diamètre antéro- postérieur atteint 9 à 10 millimètres à sa partie la plus volumineuse. Les incisives latérales supérieures ont de 9 à 10 milli- mètres de largeur, 13 à 14 de hauteur et 8 à 9 de diamètre antéro-poslérieur. Les inférieures mesurent 71/2^8 mil- limètres de largeur, 12 de hauteur et 7 à 8 d'épaisseur. Quant aux petites tnolaires, elles n'offrent rien de par- ticulier en dehors des caractères signalés à propos des Lapons. Les trois grosses molaires inférieures sont égales entre elles quant au volume, et Ton trouve généralement 5 cus- pides sur la première et la troisième. Le prognathisme existe, mais à un faible degré. Les crânes de Mongols^ examinés au nombre de cinq, ( 579 ) offrent des caractères identiques; toutefois on observe, sur îa plupart d'entre eux, l'existence de 5 cuspides sur les trois grosses molaires inférieures. Dix crânes de Nègres présentaient 5 cuspides aux trois grosses molaires inférieures; sur trois autres crânes, il n'en existait 5 que sur la première et la troisième; deux enlin n'avaient ces trois dents surmontées que de 4 cus- pides seulement. Sur un seul crâne, il y avait 5 cuspides à la première grosse molaire de la mâchoire supérieure, ce qui constitue une rare exception, une anomalie véritable. Sur la plupart de ces crânes, les trois grosses molaires inférieures présentent le même volume, tandis que celui-ci est légèrement croissant (de ^4 à 7^ millimètre) sur quel- ques crânes. Le diamètre des grosses molaires est de 12 à lo milli- mètres; celles du maxillaire supérieur sont à peu près égales à celles du maxillaire inférieur et offrent une forme presque régulièrement cubique. Les autres dents sont aussi fortes que chez les Indigènes de la côte de Sianij ou même davantage ; les racines de ces dents sont longues et légèrement incurvées à leur sommet, d'avant en arrière et de dehors en dedans, caractères qui sont surtout bien marqués dans la race noire. Le prognathisme est bien évident. Il existe quelques traces d'un diastème commençant. // faut remarquer qu'il s'agit ici des Nègres à pom- mettes saillantes et à face pyramidale, qui constituent un échelon intermédiaire entre les Nègres Guinéens qui appartiennent à la race noire et les Mongols et les Chinois qui offrent le type par excellence delà race jaune. Les Chulpas de la Bolivie et les Bournous présentent ( o80 ) des caractères analogues, et à peu près dans les mêmes proportions. 11 en est de même des 40 crânes de Kanakes (Iles Marquises), des 10 Tagals, des 8 Dayaks, des 10 Bugis, des 15 Maoris, des 18 Taïtiens et des 3 Porno- tous que j'ai examinés, crânes dont les dents sont généra- lement très-volumineuses, les diamètres des grosses mo- laires atteignant 14 à 15 millimètres. Les mêmes caractères anatomiques s'observent chez les Malais de Vile de Java, dont une quinzaine de crânes ne portaient 5 cuspidesqu'à la troisième grosse molaire infé- rieure, tandis que 9 en présentaient 5 à la première et à la troisième, la seconde seule n'en ayant que A. Sur le reste des nombreux crânes de Malais (une quarantaine) que j'ai pu étudier, i! existait 5 cuspides sur chacune des grosses molaires inférieures. Enfin, sur un de ces crânes, la pre- mière grosse molaire inférieure était surmontée de 6 cus- pides, tandis qu'il n'y en avait que 5 sur les 2 autres. Javanais. — A part quelques petites différences qui existent aux grosses molaires, ce peuple offre les mêmes caractères dentaires que les Malais. Le tiers environ des 50 crânes soumis à l'examen, présentait 5 euspides aux trois grosses molaires inférieures; une vingtaine à la pre- mière et à la troisième, et huit seulement à la dent de sa- gesse. Enfin, les dents de sagesse de trois crânes étaient surmontées de 6 cuspides et les autres grosses molaires de 5, au maxillaire inférieur, à l'exception d'un seul dont la seconde grosse molaire inférieure n'était munie que de 4 cuspides. Le prognathisme est également plus prononcé chez les Javanais proprement dits que chez les Malais. Les racines des dents antérieures (incisives et canines) sont moins longues et plus verticales chez ces deux peuples ( 581 ) que chez les Nègres dont il a été question précédemment. Cette description détaillée montre que, à mesure que Ton descend vers les classes inférieures de la race jaune, les caractères de morphologie dentaire s'éloignent de ceux qui ont été signalés dans la race blanche, pour se rappro- cher de plus en plus de ceux que l'on observe dans la race noire. Le prognathisme subit, à quelques exceptions près, les mêmes modifications, en s'accentuant de plus en plus, du Chinois au Malais. Les deux diamètres des grosses molaires supérieures tendent à devenir égaux et ne diffèrent plus guère que de */4 à 72 ni'il'ïïiètre; ces dents se rapprochent donc de la forme cubique, à mesure qu'on descend vers les degrés inférieurs de cette race et vers la race noire. Enfin, la forme et le volume des grosses molaires supé- rieures et inférieures tendent à devenir égaux. De plus, la progression décroissante que j'ai signalée aux grosses molaires inférieures dans la race blanche fait généralement défaut chez les Malais et les Javanais. Elle y est remplacée par une égalité de volume entre ces dents ou par une très- légère progression croissante (de '/s à V2 millimètre). RA€R KOI HE. Australiens proprement dits (de Queensland, des Nou- velles Galles du Sud, de Victoria et du Sud), et Insulaires de Toud, Détroit de Torrès (Australiens du Nord). Couronne. — J'ai observé et étudié au moyen du compas d'épaisseur de M. Broca, 30 à 55 crânes appartenant à ces peuples. On n'y rencontre plus la progression décroissante qui existe dans la race blanche, de la première à la troi- sième grosse molaire inférieure. ( o82 ) En eifel, sur 10 de ces crânes, on observe que ces dents présentent entre elles un volume tout à fait égal; sur 2, la deuxième grosse molaire est plus forte que la première et la troisième; enfin, sur les autres, qui sont de beaucoup les plus nombreux, la dent de sagesse est la plus volumi- neuse. 11 y existe, comme l'indiquent les figures Vil, VIII, fX et X, de la première à la troisième, une progression croissante mais souvent peu sensible et appréciable seule- ment, alors, par des mensurations rigoureuses. L'augmen- tation du volume de l'une à l'autre de ces dents est, dans ces cas, de ^l^h ^1^ millimètre; dans quelques cas cepen- dant, elle est d'un millimètre. Les diamètres de ces dents varient de 12 à J5 milli- mètres. Il est important de remarquer que, en général chez les Australiens, les grosses molaires du maxillaire inférieur ne dépassent pas en volume leurs homologues du maxillaire supérieur, contrairement à ce qui a lieu dans la race blanche. Elles sont ordinairement d'un volume égal au volume moyen des inférieures. Ce n'est guère que sur 5 crânes que j'ai trouvé, à celles du maxillaire inférieur, une aug- mentation de volume de '/s millimètre environ sur celles du maxillaire supérieur. Quant à l'accroissement de volume de la première à la troisième, ou à la prédominance du volume de la seconde que l'on observe aussi sur certains crânes, c'est là, d'ac- cord avec tous les anatomistes, un caractère simien. Toutefois, chez la plupart des singes, il y a ordinaire- ment 5 cuspides sur toutes les grosses molaires infé- rieures, même sur la première, ce qui n'est pas constant chez les Australiens. Les anthropomorphes eux-mêmes présentent d'ailleurs des exceptions à cette règle. ( 583 ) Fig.VII. Fig.VllI. Fig.lX. Fig.X. lâfhoire inférieure d'un Mâchoire inférieure li'un Mâchoire inférieure d'un Mâclioireinféri'îure d'un Tasnianien.— (Voyage de Lebouka, île Abalaou, Morktac benziar, nègre Insulaire de Toud, dé- la Favorite, B. 111 . 204. Arcliipel Viti.— { Voyage du Soudan.— (J/«seMm, Iroil JuTorrès — (Voy- A. c., 36S7 . i/useum. ) de l'Astrolabe et de la coll Gayon, n" 14. A. âge de l'Astrolabe et Grand, nat. Zélée. Muséum, coll. c, 508.) Grand, nat. de la Zélée. Muséum, Dumoulier, n" 18.) coll. Duinoutier, n» 14.) Grand, nat. Grand, nat. ( 584 ) Les petites molaires ne présentent rien de bien impor- tant; toutefois leur volume est un peu plus considérable que dans la race blanche; leurs diamètres varient entre 9 et 11 millimètres. Il existe une progression croissante de la première à la seconde, au maxillaire inférieur seule- ment, de manière que les diamètres de la seconde l'em- portent sur ceux de la première, d'environ un millimètre. Cette particularité se rencontre également dans la race jaune où elle est bien moins marquée, et on la trouve nième sur bon nombre de crânes appartenant à la race blanche, mais à un degré beaucoup moindre encore, car ici le volume de ces deux dents est le plus souvent égal. Les canines présentent la même forme que dans la race blanche; mais elles offrent ordinairement un volume plus considérable dans la race qui nous occupe. Ainsi leur volume est, pour les deux diamètres, de 9 à 11 millimètres. Le volume des incisives ne diffère pas bien sensible- ment de celui qui a été constaté dans les deux races pré- cédentes ; elles excèdent à peine de 72 à 1 millimètre. Remarque. — On voit d'après ces mensurations, et M. Pruner-Bey l'a déjà fait remarquer, que les dents, comparativement au volume réduit du crâne, sont, chez la plupart des Australiens, d'une] force et d'un volume excessifs. La hauteur de la couronne est généralement un peu plus forte, pour toutes les dents, que chez les individus de race blanche (de V4 à 1 millim.j; mais ce sont surtout les canines qui offrent cette exubérance au plus haut degré. Leur surface triturante dépasse, sur la plupart des crânes, celle des autres dents, et le diastème que nous verrons, dans une publication ultérieure, être très-déve- ( 58S ) loppé chez les singes, existe également sur ces crânes, quoique à un faible degré, au maxillaire inférieur. On y trouve donc les premiers indices d'un diaslème, comme chez l'Insulaire de Toud (fig. XI, a). --a Fig. XI. Crâne d'un Insulaire de Toud ; Détroit de Torrès. — (Voyage de l'Astrolabe et de la Zélée. Muséum, coll. de Du- moutier, n" 14.) V3 grand, nat. (a) Diastème. Quanta la forme, les incisives ne présentent rien de particulier; le h canines ont le sommet un peu plus saillant que dans les races précédentes. Un des caractères les plus importants à noter est que, des deux cuspides qui se trouvent à la surface de la cou- ronne de \^ première petHe molaire zîî/ëneîere, l'externe est très-proéminente, tandis que l'interne s'efface presque 2°'' SÉRIE, TOME XLIIl. 40 ( S86 ) complètement, comme l'indiquent les figures YII, VIII, IX et X; ce qui n'a pas lieu dans la race blanche et commence à se montrer déjà chez les peuples les plus inférieurs de la race jaune oii la cuspide interne est généralement moins saillante que dans la race caucasique et l'externe un peu plus. Le diamètre bilatéral est, dans la plupart des cas, égal à l'antéro-postérieur, aux grosses molaires supérieures, contrairement à ce qu'on observe dans la race blanche. Ces dents se rapprochent donc ici de la forme de celles du maxillaire inférieur, c'est-à-dire qu'elles deviennent assez régulièrement cubiques, caractère qui est surtout très- marqué chez les singes. Le nombre de cuspicles des grosses molaires inférieures trouvées sur 6 crânes d'Australiens est de 4 pour les deux premières et de 5 pour la troisième ou dent de sagesse; sur 3, il y avait 5 cuspides sur les deux premières et 6 sur la troisième; les autres enfin présentaient 5 cuspides aux trois dents. Ces deux derniers cas se rencontrent fréquemment dans la race noire, et surtout le dernier, c'est-à-dire l'existence de 5 cuspides sur la couronne de toutes les grosses molaires inférieures, ainsi que l'indiquent les figures VII, VIII, IX et X. Au maxillaire supérieur, il n'y en a jamais plus de 4, si ce n'est dans certains cas d'anomalies. Il existe un pro- gnathisme généralement bien prononcé des alvéoles et des dents dont la direction, de verticale qu'elle est dans la race blanche, est ici inclinée en avant, de manière qu'elles soulèvent la lèvre supérieure , ainsi qu'on le voit chez le Nègre du Soudan et chez l'Insulaire de Toud (fig. XI et XII). ( 5'87 ) B. Racine. — Le vohime est un peu plus considérable que dans les races blanche el jaune, il l'emporle, sur ces deux races , de 1 à 2 millimètres. Fîg. XII. Crâne d'un Morktacben ziar, Nègre du Soudan, — [Muséum, coll. Gayon, n» 14. A. c. 308.) */3 grand, nat. La longueur excède aussi, dans la plupart des cas, d'un à plusieurs millimètres celle des racines dentaires des crânes appartenant aux races précédentes. Mais cette lon- gueur est surtout remarquable pour les canines, et pour les incisives à un bien moindre degré. C'est ainsi que la racine des canines atteint jusqu'à 20 à 22 millimètres. Celle des incisives ne dépasse guère 12 à 15 milli- mètres. Les racines des molaires sont plus longues de Va à 2 ( S88 ) millimètres, que celles des dents homologues dans les races blanche et jaune. Les racines présentent à leur sommet, surtout pour les canines, une incurvation dirigée d'avant en arrière et de dehors en dedans; cette particularité est moins accentuée aux incisives et bien moins encore aux molaires. Quant au nombre de racines, il n'est pas toujours le même que dans les races précédentes. De plus, quand il y a 3 racines, elles s'écartent de plus en plus les unes des autres, de la base vers le sommet, ce qui rend l'extraction de ces dents très -difficile, et même souvent impossible sans briser les racines. Quand il n'y en a que deux, elles présentent ordinairement vers leur sommet une légère courbure antéro-postérieure qui est moins prononcée pour l'antérieure que pour la postérieure, de manière qu'elles se rapprochent vers leur sommet. La lamelle alvéolaire qui se trouve entre les deux racines doit, dès lors, se laisser déprimer fortement ou être entraînée avec la dent si l'on en fait l'extraction, opération qui est ainsi rendue également très-difficile. Cette lamelle alvéolaire présente, en eff'et, une forme conique, à base regardant vers le corps de la dent, comme l'interstice inter-radicellaire qui lui correspond. Sur trois crânes, il existait 4 racines aux grosses molaires supérieures; sur les autres, 5 seulement; un crâne enfin ne présentait que 2 racines, l'une anté- rieure, l'autre postérieure, aux grosses molaires des deux mâchoires. Quant aux incisives, aux canines et aux petites molaires, le nombre des racines est le même que dans les deux premières races que nous avons étudiées. Les Néo-Calédoniens et les Tasmaniens, dont j'ai étudié soixante crânes, ont donné des résultats identiques et à peu près dans les mêmes rapports. ( 589 ) Papous de Waicjiou. — Ce qui a été dit des Australiens peut s'appliquer également, à tres-peu d'exceptions près, à cette branche de la race noire. Toutefois, les o grosses molaires de chaque côté des deux mâchoires ont généralement entre elles le même volume, de la première à la troisième, et approximative- ment aussi d'un maxillaire à l'autre. Sur quelques crânes cependant (environ 1 sur 5), la seconde grosse molaire inférieure l'emporte de '/^ à 72 millimètre sur les deux autres. Quant au nombre de cuspides, il est toujours de 4 aux grosses molaires supérieures; un seul crâne en avait o sur la dent de sagesse. Les trois grosses molaires inférieures en présentent généralement 5 bien formées et très-saillantes. Le prognathisme ahéolo-denlaire y est aussi très-pro- noncé. Les Aëias , les Amakosas, les Motlapis, les Chamorras hilloonas, les Négritos (race Négrito) de la Sonde, les Né- gritos de la Nouvelle -Guinée, les Néo-Guinéens, les Océaniens, les Sandwichs (Nouvelles-Hébrides), ksLoyalti/ Uca, les Fidjis ou Vitis (Mélanésie) et les Lifu Loyalty, qu'on rencontre en très-petit nombre dans les collections, offrent tous des caractères dentaires analogues à ceux qui viennent d'être étudiés sur les crânes de Papous Wai- giou. Ce qui vient d'être dit de ces peuples s'applique égale- ment aux Nègres Guinéens dont j'ai étudié 40 crânes, aux Calédoniens, aux Nègres du Soudan, aux habitants de Vile Abalaou (Archipel Viti), aux Néo-Hébridais et aux Fidjens. Mais il est à observer que les 40 à 4^ crânes provenant de ces six derniers peuples, et que j'ai pu sou- ( 590 ) mettre à l'examen, présentent 5cnspides, la plupart, aux deux dernières grosses molaires inférieures seulement. Le prognathisme alvéolo-dentaire est tout aussi pro- noncé chez ces divers peuples que chez les Australiens. On trouve sur les crânes d'Éthiopiens des caractères généraux analogues à ceux que l'on observe chez les peuples précédents, à part quelques particularités rela- tives aux grosses molaires. La principale est l'existence, sur trois crânes, de 5 cus- pides aux deux premières grosses molaires inférieures et de 6 à la troisième ou dent de sagesse. Le système dentaire des JSègres de la Nouvelle-Orléans est analogue à celui des Éthiopiens. Les Thiongs (Basse-Casamance) se distinguent surtout des précédents en ce que les dénis de sagesse inférieures présentent seules 5 cuspides, à l'exception de quelques crânes (environ un sur cinq), où Ton en trouve 5 sur les trois grosses molaires inférieures ou sur la première et la troisième. Quant au prognathisme, il y est aussi très-prononcé. Les cinq crânes de Lalats, Nègres de la côte de Guinée^ les 6 Saloiims, un Sambaye (Madagascar), un Ouolof (Sénégal), les Africains de Vintérieur, les Nègres de Griot (Sénégal), les Nègres de Tunis, du Cap de Bonne-Espé' rance, etc., ainsi que ceux de Madagascar et de Mozam^ bique, et les Namaquois, dont o ou 6 crânes de chaque espèce ont été soumis à l'examen, montrent au point de vue de la morphologie dentaire, les plus grandes analogies avec les Thiongs (Basse-Casamance). Il en est de même des Indigènes de Nouka-Hiva (Marquises) , des Mélané- siens (indigènes du Pérou), et des Indous, chez lesquels la proclivité des incisives est moins sensible que chez les ( 591 ) peuples précédents. Mes observations portent sur 4 ou 5 crânes de chacune de ces trois peuplades. Cafres. — Examines au nombre de 20, ces crânes présentent, la plupart, 5 cuspides aux trois grosses molaires inférieures. Les autres caractères dentaires sont analogues à ceux que j'ai observés chez les Australiens. Le prognathisme y est cependant moins prononcé. Le système dentaire des Hotlentots montre avec celui des Cafres les plus grandes analogies. Toutefois, on trouve plus généralement chez ceux-là une progression crois- sante, mais peu sensible, dans le volume des .grosses molaires inférieures, de la première à la troisième. Cette augmentation des diamètres d'une dent à une autre est de '/^ à ^2 millimètre. On observe chez les Bushmans (Côte occidentale d'Afrique) des caractères analogues. Mais la progression croissante qui existe entre le volume des grosses molaires inférieures y est plus appréciable que chez les Hottentots; elle est de ^'2 à 1 millimètre d'une dent à. une autre. Le prognathisme y est plus prononcé que chez les deux peuples précédents. Les Boschismans ont aussi les trois grosses molaires inférieures pentacuspidées, et celles de la mâchoire supé- rieure, n'offrant que 4 cuspides, sont également de forme à peu près cubique, c'est-à-dire que le diamètre antéro- postérieur est presque égal au bilatéral. Quant au volume, toutes les dents y sont beaucoup plus petites que chez les peuples dont il vient d'être question. Les diamètres des grosses molaires ne dépassent guère 12 à 15 millimètres; ceux des petites molaires 9 à ( S92 ) 9 Va; ^e bilatéral des canines 8 à 9 et l'antéro-poslérieur 7 à 8; le bilatéral des incisives médianes supérieures 8 à 9, celui des autres incisives 5 à 7, et l'antéro-postérieur 5 à 6. Les racines ont une longueur assez considérable: 14 à 15 millimètres pour les incisives, 16 pour les canines et 11 à 12 pour les petites et les grosses molaires. Prognathisme assez prononcé, mais un peu moins cependant que chez les peuples précédents. La surface triturante des canines ne dépasse guère celle des dents voisines; il n'existe qu'une légère trace diastème. Quant aux grosses molaires inférieures, des 8 crânes que j'ai étudiés, 5 présentent un volume égal entre elles, les o autres affectant une progression croissante, peu sen- sible, de la première à la troisième de ces multicuspidées. Les caractères dentaires fournis par 6 crânes de Molu- qiies , 4 ISias , 5 originaires des Philippines , 5 Suma- traans , 6 Nouveaux-Zélandais et 7 Péruviens^ sont iden- tiques à ceux des Cafres. Les cuspides qui surmontent la couronne des grosses molaires inférieures sont générale- ment au nombre de 5. Chez les Nouveaux-Zélandais, les canines et les inci- sives, outre l'étendue considérable de la couronne, ont en même temps une racine très-longue (de 25 à 24 millim. pour les canines et de 19 à 20 pour les incisives). Chez quelques-uns d'entre eux également, la deuxième grosse molaire excède de ^4 à Va millimètre le volume des deux autres. Le prognathisme y est très-prononcé. Patagonie {Indiens de la nation Piielche). — Les crânes ( 593 ) appartenant à cette nation présentent généralement 5 cus- pides aux première et troisième grosses molaires, la seconde n'en ayant que 4. Les autres caractères dentaires sont analogues à ceux qu'on observe chez les Hottentols. Le prognathisme alvêolo-dentaire y est peu développé. Amérique du Sud. — Un crâne de la terre de feu de l'île dehI)ésohûon);Z Chiliens ; PompaS'Aborigène de l'Amé- rique du Sud (province de Buénos-Ayres) ; un crâne d'In- dien Mauhès; un crâne d'Arancan; 2 sauvages de l'Amé- rique du Sud^ 5 Indiens Botécudes ; 5 Péruviens de race pure; 6 Indiens Anmaras (Bolivie) ; 4 Brés///ens; 2 anciens habitants des îles et des bords du grand lac Titicoeca (Haut-Pérou) ; 3 Indiens Aimaras (province de Carangas). Les caractères dentaires trouvés sur tous ces crânes sont analogues à ceux qui ont été signalés chez les Indiens de la nation Puelche, à l'exception du prognathisme qui est plus prononcé chez les derniers qui viennent d'être cités, à partir des sauvages de l'Amérique du Sud. Les mêmes caractères ont été observés sur 2 crânes à'Incas tirés des tombeaux de Carocollo, 3 Indiens de la Haute-Vérapaz, 2 anciens Incas ou Quchuas (province de Nomuos, Bolivie), 4 Péruviens d'Arica et 5 Américains méridionaux. Mexicains. Iles Sacrificios. — Analogues aux Cafres par le système dentaire, de 6 de leurs crânes qui ont été soumis à l'étude, 4 ont 5 cuspides sur les première et troisième grosses molaires inférieures, la seconde n'en ayant que 4; les 2 autres présentent 5 cuspides aux trois multicuspidées inférieures. Le prognathisme y est également bien marqué. ( S9i ) Les plus grandes analogies se rencontrent chez les Cheenooks (Coluiîibia River), les Damaras (d'Afrique), les Nègres de Jette , les Maraves, les Cabindas^ les Nègres de Bertint, les Bougos, les Tungos , les Giiarapovaners , les anciens Aztèques de Santiago Tlaltenolco (département de Mexico), les anciens Tépanèques d'Atzcapozalco (départe- ment de Mexico), les Indiens Aztèques; les Modernes Chi- chimèques de San Luis de la Paz (département de Gnana- juato), \es Modernes Mexicains de San Luis Potosi, les Comenches (département du Chihuahua), les Modernes Tépehuanes de Durango, les Modernes Aztèques de Lagos (département de Jalisco), les Modernes Otonites del valle de Santiago (département de Queretaco), les Mexicains Totonaques (Orizala), les Indiens dont les crânes ont été pris dans une église du village indigène de Santa Maria sur le Rio-Grande (Sinaloa), les anciens Toltèques (type Natchez, environs de Durango) , les Mexicains d'origine pure, les Peaux-Bouges, les Sioux des grandes prairies entre le Haut-Mississipi et le Missouri, les Mexicains Totonaques j les Arikaris [bords du Missouri), les Pieds- Noirs (Montagnes rocheuses), les Chactas, les Indiens de Bony-Bone , les habitants du Golfe de la Californie, quel- ques crânes tirés d'un cimetière indien, à Rhode-ïsland (Amérique) et enfin quelques autres d'Indiens yute du Lac Salé (territoire d'Utah). J'ai pu observer de 2 à 6 crânes provenant de chacun de ces peuples qui viennent d'être énumérés et dont le nombre n'a pas été indiqué. Il faut noter enfin, en terminant ce chapitre, que les particularités signalées au sujet des petites molaires infé- rieures, chez les Australiens, se reproduisent également chez tous les peuples appartenant à la race noire. La diffé- ( 595 ) rence qui existe entre les diamètres de ces deux dents est de Vs à i millimètre, et la cuspide externe de la première est plus saillante que dans la race blanche, tandis que rinterne est plus ou moins effacée. Les petites molaires du maxillaire supérieur ne pré- sentent rien de particulier et sont généralement égales entre elles. La plus belle collection de crânes d'Africains que j'aie pu observer est celle de Berlin qui est remarquable par le nombre et surtout par le bon état de conservation de ses crânes avec leurs dents. On y remarque que le prognathisme ah éolo-den taire y est très-accentué sur ceux qui appartiennent aux Afri- cains du Nord, moins chez ceux du centre et moins encore chez ceux du Sud de l'Afrique. La même remarque peut s'appliquer au diastème. Les Égyptiens peuvent être rangés, par rapport aux caractères dentaires, entre les peuples appartenant à la race jaune et ceux de la race blanche. Ils semblent être intermédiaires à ces deux races. J'en ai examiné 425 crânes. Il résulte de toutes les observations auxquelles j'ai pu me livrer que la partie antérieure du maxillaire inférieur est plus saillante, plus aiguë, plus anguleuse sur les crânes appartenant aux races inférieures que sur ceux des peuples blancs, et quelle s'aplatit et s'élargit à mesure qu'on remonte l'échelle des races humaines. Avant de terminer cette partie relative aux races humaines, je crois utile de dire encore quelques mots sur la couleur des dents des diverses races et sur \2i fréquence des caries: Les dents sont, dans la race noire, d'une blancheur ( S96 ) remarquable, luisantes, comme nacrées; de plus, elles restent toujours belles, et cette blancheur qui les distingue persiste même dans la vieillesse. Ces organes sont beau- coup moins blancs dans la race jaune, et surtout dans la race blanche où ils se ternissent assez rapidement et deviennent plus ou moins jaunâtres ou grisâtres à mesure qu'on avance en âge. Quant aux caries, très-communes dans la race blanche, elles sont d'autant plus rares qu'on se rapproche davantage des races inférieures où l'on n'en trouve que fort peu. Elles sont aussi très-rares chez les Simiens, et plus fré- quentes chez les anthropomorphes que chez les singes inférieurs. Il est encore à remarquer que les prémolaires sont bien plus développées dans la race noire que dans les races supérieures. La seconde de ces dents semble même sou- vent, si on ne l'examine que superficiellement, présenter 5 ou 4 cuspides, tandis qu'il n'y en existe que 2 en réalité. On observe surtout cette particularité chez les Australiens, les Tasmaniens et les Calédoniens. M. Pruner-Bey, dans une comparaison qu'il établit sur le système dentaire, entre l'homme et l'animal, dit que les dents sont en général très-volumineuses et vigoureuses chez les Nègres mélanésiens ainsi que chez les Australiens et que la dernière molaire (toujours de la mâchoire inférieure) est fréquemment très-développée et pourvue de 5 tuber- cules, mais qu'alors, en revanche, la seconde est très- petite; cette combinaison se trouve aussi, dit l'auteur, chez les Peaux-Rouges. On a pu voir dans ce travail que l'opinion de ce savant anthropologiste est erronée dans la généralité des cas. Ce ( 597 ) n'est guère que tout à fait exceptionnellement qu'on ren- contre ces caractères dentaires tels que Fauteur les dé- crit ici. CONCLUSIONS. I. — Le système dentaire varie dans l'espèce même, sinon de peuple à peuple, au moins et d'une manière évi- dente, d'une race à une autre race. II. — Il est établi depuis longtemps que la formule den- taire de l'homme est : 2 — 2 i — i , 2 Inc. can. prcmol. 2 — 2 i — 1 et qu'elle s'applique indistinctement à toutes les races humaines. Les variations portent donc non sur le nombre de dents, mais sur la forme, le volume et la direction de celles-ci. Ilj. — Dans la race blanche, à en juger par l'étude des familles dont j'ai examiné les crânes, les caractères den- taires sont les suivants : 1° Les diamètres bilatéral et antéro-postérieur des incisives sont moins considérables que dans les races infé- rieures. 2° La surface triturante des canines ne dépasse pas celle des dents voisines. 5° Les deux prémolaires offrent généralement entre elles un volume égal; quelquefois la seconde est plus volu- mineuse que la première, mais la différence est toujours peu sensible; leur volume est d'ailleurs fort restreint. ( 598 ) leurs diamètres ne dépassant pas 7 à 9 millimètres d'é- tendue. A" Les grosses molaires inférieures présentent générale- ment un volume progressivement décroissant. Elles sont plus volumineuses que leurs homologues supérieures. Le diamètre antéro-postérieur des grosses molaires supé- rieures est plus petit que le bilatéral. Les cuspides qui surmontent les couronnes des grosses molaires inférieures sont généralement au nombre de 4; on en trouve rarement une cinquième, et ce n'est jamais alors que sur la première (8 à 10 fois sur 100 crânes). Dans la race jaune, d'après l'examen des crânes appar- tenant aux diverses familles que j'ai étudiées, on observe comme caractères dentaires : 1*" Aux incisives, les diamètres sont à peu près iden- tiques à ceux des dents homologues dans la race blanche; ils dépassent à peine ceux-ci d'un millimètre dans cer- taines familles. 2° Aux canines, il n'existe guère non plus de différence avec celles de la race blanche , c'est-à-dire que la surface triturante de ces dents ne dépasse pas celles des dents voisines. o'' Aux prémolaires, elles ne présentent que de bien légères différences, en ce sens qu'elles sont un peu plus volumineuses dans certaines familles et que la seconde présente généralement un volume un peu plus fort que la première. 4^ Aux grosses molaires, le volume de ces trois dents au maxillaire inférieur n'est plus en progression décrois- sante de la première à la troisième que sur quelques crânes seulement, mais il y a égalité de volume de ces dents sur ( 599 ) la plupart, ou progressiou croissante peu sensible sur un certain nombre. Le nombre de cuspides est généralement de 5 sur la troisième grosse molaire, assez rarement on en trouve 5 sur la première et la troisième ou sur les trois simulta- nément. Les molaires supérieures présentent des caractères iden- tiques à ceux qu'elles affectent dans la race blancbe, c'est-à- dire que le diamètre antéro-postérieur est plus petit que le bilatéral; toutefois, cette différence est moins sensible dans la plupart des peuples jaunes que dans la race blancbe. Dans la race noire, les caractères dentaires que j'ai observés pour les différentes familles sont : l"» Les incisives présentent généralement des diamètres un peu plus grands que dans les races précédentes. 2° La surface triturante des canines dépasse celle des dents voisines, et l'on trouve cbez quelques-uns des peu- ples de cette race, tels que les Néo-Calédoniens, les Australiens et les Tasmaniens, un léger diastème destiné à loger le sommet de ces dents. Elles sont également plus volumineuses de 1/2 à 1 millimètre que dans la race blanche. 0° Des deux prémolaires inférieures, la première pré- sente, surtout chez ces derniers peuples, la même particu- larité, quoique à un degré beaucoup moindre que chez les anthropomorphes, c'est-à-dire que le tubercule interne y est bien moins développé que l'externe; et dans ce cas, plus l'externe est saillant, plus l'interne est effacé, à tel point qu'il disparaît même presque complètement sur cer- tains crânes. Les autres prémolaires sont régulières. Toutes les bicuspidées, et surtout les inférieures, sont d'ailleurs plus volumineuses de 1 à 2 millimètres que dans les races ( 600 ) précédentes, et la gradation ascendante qui existe de la première à la seconde est très-marquée intérieurement. La seconde prémolaire inférieure est quelquefois telle- ment volumineuse , par exemple chez les Tasmaniens, qu'elle paraît, à première vue, être surmontée de 3 ou 4 cuspides. Les diamètres de ces dents atteignent jusque il milli- mètres. ' 4*^ Les grosses molaires inférieures sont généralement, surtout chez les peuples de cette race, mentionnés plus haut, en progression croissante de la première à la troi- sième; sur certains crânes cependant il y a égalité de vo- lume entre ces dents. La couronne des trois molaires est surmontée de 5 cus- pides sur hon nombre de crânes; les autres ne présentent 5 cuspides qu'aux deux dernières, ou à la première et à la dernière, ou à la dernière seulement. 5° La différence qui existe entre les diamètres antéro- postérieur et bilatéral , dans les races blanche et jaune, diminue à mesure qu'on descend vers les races inférieures pour disparaître complètement sur la plupart des crânes appartenant à la race noire (de même que chez les anthro- pomorphes) où les deux diamètres des grosses molaires supérieures sont généralement égaux entre eux. D'un autre côté, ces dents présentent un volume à peu près égal au volume moyen des homologues inférieures. Toutes ces multicuspidées sont d'ailleurs plus volumi- neuses que dans les races supérieures, ces deux diamètres l'emportent de 2 à o millimètres sur ceux que l'on observe dans la race blanche. lY. Les caractères morphologiques des dents caracté- risent donc nettement les trois grands groupes humains. ( 601 ) En premier lieu, les évidences se réunissent pour sépa- rer plus profondément la race noire des races jaune et blanche; ces deux dernières ont incontestablement plus de ressemblance réciproque sous ce rapport qu'elles n'en ont avec la race noire. Ainsi, si les incisives varient peu dans les trois groupes, les canines ont dans la race noire un volume et une longueur plus considérable (le volume me- surant 9 à M millimètres et la longueur de la couronne 14 à 15 et même 16 millimètres) que dans les autres groupes. La cuspide interne de la première prémolaire inférieure est peu marquée, tandis que l'externe est très-saillante dans la race noire; de plus, la seconde de ces dents est plus volumineuse de ^2 à 1 millimètre que la première. Cesdentssontau contraire sensiblement les mêmes dans les races blanche et jaune. Mais le rameau malais semble combler l'intervalle qui existe entre la race jaune et la race noire, en établissant une transition entre elles non-seulement parle volume des dents, mais aussi par le nombre des cuspides qui surmon- tent la couronne des grosses molaires inférieures, cuspides qui sont au nombre de 5 sur la troisième seulement chez un certain nombre, sur la première et la troisième chez d'autres et enfin sur les trois dents pour la plupart des crânes. La gradation ascendante de la première à la troisième y est aussi sensiblement plus marquée que dans les autres familles appartenant à la race jaune. Les races natives américaines présentent des caractères dentaires tellement identiques à ceux qu'on observe dans certaines familles de la race noire, que j'ai cru devoir les placer dans cède race. 2"'^ SÉRIE, TOME XLIII. 41 ( G02 ) C'est surtout par les grosses molaires que les grands groupes de l'espèce humaine se caractérisent au point de vue du système dentaire, en présentant de l'un à l'autre de ces groupes des différences très-notables. Nous y suivons en effet une gradation dont les deux extrêmes sont la race blanche (rameau européen) et la race noire (Australiens, Néo-Calédoniens et Tasmaniens). En effet, dans la race blanche, la première grosse mo- laire inférieure est la plus forte, la deuxième présentant de 1/2 à 1 millimètre de moins que la première, et la troi- sième une décroissance de volume analogue relativement à la deuxième. L'inverse a généralement lieu et souvent encore dans des proportions plus marquées dans la race noire où il existe une progression croissante de la première à la troi- sième. En second lieu, le nombre des cuspides qui surmontent la couronne de ces dents est de 4 en général dans la race blanche, et lorsqu'il en existe une cinquième, c'est sur la première qu'on la trouve, tandis que dans la race noire il existe 5 cuspides sur la troisième et souvent aussi sur la première ou la seconde ou sur les trois dents simultané- ment. Enfin, aux grosses molaires supérieures, le diamètre antéro-postérieur est plus petit que le bilatéral dans la race blanche; ces deux diamètres sont généralement égaux au contraire dans la race noire, et le volume de ces dents se rapproche du volume moyen de leurs homologues infé- rieures dans cette dernière race, tandis qu'elles sont moins volumineuses que ces dernières dans la race blanche. V. — Les races humaines varient également entre elles ( 605 ) par la direction des dents. En effet, elles sont droites dans la race blanche où il n'existe pas de prognathisme dans la plupart des familles, tandis qu'il est très-léger dans quel- ques-unes; il est plus prononcé dans la race jaune et sur- tout dans la race noire où il est généralement très-accentué et où les dents affectent une direction très-oblique d'arrière en avant. VJ. — Les caries dentaires sont moins fréquentes dans les races inférieures que dans la race blanche. Sur le classement straiicjraphiqve des Phoques fossiles recueillis dans les terrains d'Anvers; par M. Michel Mourlon, correspondant de l'Académie. Les couches tertiaires connues sous le nom de « ter- rains d'Anvers d et déjà célèbres par leurs richesses en ossements et en coquilles fossiles, sont comprises entre Targile de Boom ou terrain miocène rupelien et les dépôts quaternaires. Elles se présentent sous quatre faciès minéralogiques principaux qui correspondent à autant d'horizons strati- graphiques. Les couches de la base sont formées de sable noir et celles de la partie supérieure de sable jaune-rougcâtre. Entre ces deux groupes de couches se développent des dépôts de sables gris et de sables verts dont l'étude con- stitue la plus sérieuse difficulté des terrains d'Anvers. Dans une note insérée dans les Bulletins de r Académie (1876, 2^ sér., t. XLIl, pp. 760 à 790) , j'ai fait connaître le résultat de mes recherches sur ces dépôts inlermé- ( 604 ) diaires et j'ai montré qu'ils se divisent en deux horizons paléontologiques bien distincts : l'inférieur constitué par un sable vert, parfois d'un gris cendré, formant un étage à faune ostéologique et conchyliologique propres et termi- nant notre série miocène aux environs d'Anvers, tandis que le supérieur, composé exclusivement de sable gris, doit être rattaché par ses ossements et par ses coquilles au crag proprement dit. L'autonomie de l'étage miocène du sable vert a été éta- blie, non-seulement par les différences que présente sa faune avec celle dessables gris et jaune du crag, mais aussi à cause du caractère distinctif de sa faune ostéologique d'avec celle du sable noir qu'il recouvre, ainsi que par les faibles rapports conchyliologiques qu'il présente avec ce même sable noir. Il suit donc de là que si, au point de vue minéralogique, les terrains d'Anvers peuvent se répartir en quatre groupes , au point de vue paléontologique ils ne présentent que trois divisions bien tranchées qui offrent la succession suivante, en commençant par le bas : l'' Sable noir caractérisé par les Mésocètes, les Dau- phins à longs rostres, etc., et présentant deux niveaux conchyliologiques distincts : l'un, qui ne renferme que peu d'ossements, caractérisé par la Panopœa Menardi (Ede- ghem, Kiel, etc.), l'autre caractérisé par l'abondance du Pectunculus pilosus (Berchem , etc.), de VOstrea navicu- lavis, etc.; 2" Sable vert à Hétérocètes dont la faune conchyliolo- gique est caractérisée par la Terebratula grandis, le Peclen Danicus, et renferme aussi VOstrea navicularis, le Pecten Caillaudi et le Pecten Diiwelzi du sable noir, mais moins abondamment que dans ce dernier. ( 605 ) Le sable vert à Hétérocctes a fourni aussi des restes de poissons se rapportant à VOxijrhina hastalis qui paraît être spéciale à ce niveau et au Carcharodon megalodon qui se retrouve aussi dans le sable noir à pétoncles; 5° Crag (gris à la base, jaune-rougeàtre à la partie supé- rieure) caractérisé par les'cétacés se rapportant aux genres Plesiocetus, Balœna, Balœnula , Balœnolus et Megapte- ropsis. La faune conchyliologique de notre crag qui ne diffère pas sensiblement dans le sable gris et dans le sable jaune se particularise principalement par les espèces suivantes qui (igurent parmi les plus abondantes : Fusus antiquiis. Nassa reticusa. Isocardia Cor. Turrilella iîicrassala. Cyprina Islandica. Pectcn Gerardi. Voluta Lamberti. — rustica. — opercularis. Nalica millepunctata. Astarte Burtini. — pusio. Nassa lahiosa. — Omalii. Oslrea edulis. J'avais entrepris mes recberches sur les terrains d'An- vers en vue d'obtenir le classement stratigraphique de leurs riches faunes ostéologiques dont M. Van Beneden vient d'entreprendre la description dans les Annales du Musée. L'éminent anatomiste ayant donné récemment dans les Bulletins de l'Académie (1876, 2" sér., t. XLI, pp. 783 à 802) une description sommaire des Phoques que renfer- ment ces faunes, j'ai l'honneur de présenter à l'Académie le résultat de mes recherches sur la répartition de ces carnassiers amphibies dans les terrains d'Anvers. Voici les données sur lesquelles reposent mes conclu- sions : 1" Lors du dégazonnement des talus des fossés de l'en- ceinte que le génie militaire m'a si libéralement permis ( 606 ) d'exécuter en 1874 pour relever des coupes précises, j'ai découvert en place un certain nombre de restes de Phoques dont la position stratigraphique se trouve ainsi nettement définie ; 2° Plusieurs ossements qui se trouvent dans la collec- tion des Phoques dujMusée étaient encore accompagnés de sables avec coquilles qui permettaient de déterminer les couches dont ils provenaient; S"* La couleur et le degré de conservation des ossements sont nettement en rapport avec les couches dont provien- nent les ossements, ce que confirment mes recherches stra- tigraphiques et les caractères zoologiques des dits osse- ments. Je vais passer successivement en revue les 16 espèces de Phoques décrits par M. Van Beneden en donnant pour chacune d'elles les caraclèies qui m'ont guidé dans leur classement stratigraphique. 1. Tricheciis rosmarus^ L. Gisement : Terrain quaternaire? D'après Taspect et la surface luisante des os, tout à fait sembla- bles, sous ce rapport, aux restes de Mammouth et autres animaux quaternaires de la Basse-Belgique — et d'après la nature miné- ralogique du sable qui en provient. Localité : Borgerhout. 2. Tricliecodon Koninckl, V. B. Gisement : Terrain pliocène scaldisien. — Sables jaune et gris. D'après la couleur des os et le sable qui en provient. Localités : Stuyvenberg; Wyneghem et Borgerhout? 3. Alacbtcrlum Cretsilf, Du D. Gisement : Terrain pliocène scaldisien. — Sables jaune et gris. D'après la couleur des os et le sable coquiller qui les accompagne. ( 4" Par M. De Haisnes, archiviste à Lille, du tome Ifl ( 614 ) de VInventaire des archives départementales du Nord; in-4°. 5° Par M. G.-W. Vreede, de son dernier ouvrage inti- tulé: Jhr. M. Jeronimo de Bosch-Kemper aïs staatsburger en geleerde herdacht; broch. in-S**. JUGEMENT DU CONCOURS. D'après l'article 20 du règlement de la classe il est pro- cédé à la lecture des rapports sur les Mémoires reçus en réponse à la première et à la troisième question du programme de concours de cette année. PREMIÈRE QUESTION. Expliquer le phénomène historique de la conservation du caractère national des Belges à travers toutes les domi- nations étrangères. Rapport de M. De Déchet*. « Lorsqu'on étudie notre histoire politique, on est frappé, d'une part, de la fatalité qui s'acharne sur nos provinces chaque fois qu'une occasion leur semble offerte de conquérir leur indépendance. D'autre part, on est saisi d'admiration devant le spectacle de l'énergie et de la constance de ce petit peuple à sauver, dans toutes les cir- constances et au prix des plus grands sacrifices, les prin- cipaux éléments de sa vie nationale. ( 615 ) II y a donc un patriotique intérêt à provoquer Vcxplica- lion du phénomène historique de la conservation de notre caractère national à travers tontes les dominations étran- gères. Deux Mémoires ont été adressés à la classe en réponse à cette question renaise au concours de cette année. Le Mémoire n° 1, ne comprenant que quelques pages, ne me paraît pas devoir fixer Tattenlion de la classe. Jl n'en est pas de même du Mémoire n** 2 qui est une étude historique sérieuse, écrite sous l'inspiration d'un sincère patriotisme. Aussi, n'ai-je point hésité, comme premier commissaire, à proposer à mes honorables col- lègues d'y accorder la plus haute distinction académique. Le rapport lu à la séance précédente par notre savant confrère, M. Thonissen, contient une rapide et substan- tielle analyse de ce Mémoire; il permet de suivre, de siècle en siècle, la marche des événements qui ont contri- bué à la formation, au développement et à la conservation de notre caractère national. Il est donc inutile que j'insiste à mon tour pour faire ressortir le mérite de ce travail, mérite auquel j'ai été le premier à rendre hommage. Cependant, qu'il me soit permis de répéter ici ce que j'ai eu l'honneur de dire de vive voix à la classe. Il me semble qu'il manque quelque chose à ce Mémoire, en ce sens que les appréciations qui y sont éparpillées auraient singulièrement gagné à être condensées dans un métho- dique résumé. Les diverses phases de notre histoire y sont exposées, au point de vue de la question à élucider, avec beaucoup d'érudition; mais il aurait fallu s'attacher davantage à en rechercher le côté philosophique. Tout en suivant le cours ( ()16 ) des événements, il fallait surtout en étudier les causes. Ainsi, Fauteur constate parfaitement comme quoi notre caractère national s'est conservé à travers les dominations étrangères; mais la question essentielle à traiter, selon moi, c'était celle de savoir pourquoi il s'est conservé. En d'autres termes, il fallait expliquer le phénomène histo- rique sur lequel l'attention des concurrents était appelée. Cela est si vrai, que, après avoir lu le Mémoire, on se dit : je vois parfaitement le phénomène historique, mais comment l'expliquer, c'est-à-dire, à quelles causes posi- tives rattacher celte explication? On est tenté de se demander si l'auteur lui-même ne serait pas embarrassé de déterminer et d'énumérer ces causes. J'aurais donc voulu que l'auteur eût commencé, soi! dans une introduction, soit dans un premier chapitre con- sacré à des considérations plutôt philosophiques qu'his- toriques, par rechercher les causes générales ou particu- lières qui ont contribué à créer, à développer et à con- server, à travers les siècles, les éléments constitutifs de notre nationalité. Puis, il aurait étudié l'action, tantôt latente ou affaiblie, tantôt pleine d'initiative et de vigueur, de ces mêmes causes dans les principaux événements de notre histoire. Ou, mieux encore, il aurait pu, résuaiant son travail dans une philosophique synthèse, donner, sous forme de con- clusion, la véritable explication du phénomène soumis à ses méditations, et atteindre ainsi, plus complètement, le but que la classe s'était proposé en choisissant cet intéres- sant sujet de concours. 11 y avait même, pour adopter ce système, un autre motif qui a bien son importance : celui de donner à son œuvre un caractère d'utilité, je dirai presque d'actualité, ( 617 ) propre à éclairer et à diriger notre patriotisme. En effet, l'aire bien connaître et bien apprécier l'importance relative des divers éléments auxquels nous devons la conservation de notre esprit national sous toutes les dominations étran- gères, n'est-ce pas indiquer les bases essentielles sur les- quelles doit continuer de reposer, mutalis mutandis, la politique normale et permanente de notre Belgique indé- pendante et libre? Je voudrais encore exprimer un autre regret. L'auteur, par les citations nombreuses et généralement bien choisies qui abondent dans son Mémoire, prouve qu'il possède bien la matière qu'il a traitée : les grands travaux historiques lui paraissent familiers, et il les a judicieusement mis à contribution. Il y a néanmoins toute une littérature spéciale dont je ne me rappelle pas avoir aperçu la moindre trace dans son Mémoire. 11 paraît n'avoir pas connu un certain nombre d'écrits publiés en Belgique ou à l'étranger, où se trouve examinée la question, si importante pour nous, de notre nationalité historique. La connaissance de ces écrits aurait pu, sinon ouvrir à l'auteur des perspectives nou- velles, du moins servir à confirmer ses opinions et à com- pléter ses démonstrations. D'ailleurs , les plus remar- quables de ces écrits sont dus à la plume de publicistes de premier ordre tant en France qu'en Allemagne, et c'eût été une bonne fortune de saisir cette occasion de recon- naître les services rendus à la Belgique par des étrangers qui ont eu le courage de défendre notre indépendance et nos libres institutions contre des préjugés dont nous n'avons été que trop longtemps les victimes. Les considérations qui précèdent, et qui sont plutôt des regrets que des critiques, ne m'empêcheront pas de main- 2"''' SÉRIE, TOME XLUI. 42 ( »518 ) tenir ma proposition d'accorder la médaille d'or à l'auteur du Mémoire n° 2. » Mtappoft de SE. Thouiêsen. a La classe des lettres ne pouvait choisir un sujet de concours à la fois plus intéressant et plus patriotique que celui qu'elle a désigné dans les termes suivants : Expliquer le phénomène historique de la conservation de notre carac- tère national à travers toutes les dominations étrangères. Comment les Belges, subissant successivement la domi- nation de la Bourgogne, de l'Espagne, de l'Autriche, de la France et de la Hollande, ont-ils conservé, sous tous les maîtres et sous tous les régimes, leurs tendances natives, leur caractère propre, leurs mœurs viriles, leurs institu- tions populaires, leur amour ardent de la liberté, en un mot , tous les traits distinctifs de leur caractère national ? Comment retrouve-t-on, à la fin du XVIÎP siècle, des traces irrécusables d'institutions démocratiques qui exis- taient déjà, sous une autre forme, à l'époque où les légions de César envahirent les forêts de la Germanie? Tel est le problème historique dont l'Académie a demandé la solu- tion. Deux concurrents ont répondu à notre appel. Un premier Mémoire porte pour devise : La nationalité d'un peuple peut survivre longtemps à son indépendance. II ne réunit aucune des qualités requises pour mériter la palme académique. L'auteur se contente de grouper quel- ques idées, généralement superficielles, sur les vicissitudes que les Belges ont dû subir depuis la conquête romaine jusqu'à leur émancipation politique en 1850. II y ajoute un petit nombre d'aperçus qui ne brillent ni par la pro- (GI9) fondeur des vues, ni par une rigoureuse exactitude histo- rique. Il n'a produit qu'une œuvre à tous égards insuffi- sante. Un second Mémoire, portant une devise empruntée à Horace, se distingue par des qualités beaucoup plus sérieuses. Il révèle une étude approfondie du sujet dans son ensemble et dans ses détails. L'auteur a divisé son travail en deux parties correspon- dant à deux grandes phases de notre histoire nationale. La première, à laquelle il donne le titre de Période de fonda- tion, s'étend depuis l'origine des temps historiques jusqu'au gouvernement des ducs de Bourgogne. La seconde, qu'il nomme la Période de conservation du caractère national, embrasse les temps modernes depuis Philippe le Bon jusqu'à la réunion du Congrès national de 1850. Dans un premier chapitre, consacré aux destinées de la Belgique sous la domination romaine, l'auteur jette un rapide coup d'œil sur les libres institutions de la Germanie, qui étaient celles de nos ancêtres et dont les traces ne furent jamais complètement effacées. Jl constate que les premiers historiens attribuent déjà aux Belges les qualités qui les distinguent encore aujourd'hui : un sentiment pro- fond de l'individualité, un vif amour de la liberté, une grande tendance à l'association, un sens calme et réfléchi, une âme naturellement généreuse et dévouée. Il prouve que, malgré cinq siècles de suprématie étrangère, une grande partie des Belges avaient conservé les mœurs des Germains et que tous les reprirent après l'expulsion des Romains. Dans un deuxième chapitre, intitulé La Belgique sous les Francs, l'auteur montre les Belges, unis aux vain- queurs des Romains, en possession d'un régime politique ( 620 ) issu du développement nalurel des institutions primitives de la Germanie. Dans les assemblées qui recevront plus lard le nom de Placitaj les hommes libres délibèrent sur les intérêts généraux et exercent le pouvoir judiciaire. La liberté individuelle est respectée et le citoyen n'est justi- ciable que de ses pairs. Les rois mérovingiens s'efforcent en vain de bouleverser l'économie de ces institutions ger- maniques, pour y substituer, à leur profit exclusif, les maximes du césarisme romain. Une réaction énergique se montre, grandit et triomphe à Favénement de Pépin de Herslal, pour trouver, un peu plus tard, sa forte et glo- rieuse personnification dans Charlemagne. Celui-ci fonde son empire sur la triple base de la liberté germanique, des idées chrétiennes et des meilleures traditions de Rome. 11 fait rétablir les plaids généraux et y appelle des repré- sentants des classes inférieures (wmores), qui avaient cruel- lement souffert sous la domination des descendants de Clovis. Les antiques souvenirs revivent et reprennent l'ascendant qu'ils avaient, en grande partie, perdu sous les Mérovingiens. Un troisième chapitre, avec la rubrique Période de tran- si lion, conduit le kcieur jusqnk h dissolution de l'empire de Charlemagne et aux événements précurseurs de l'éta- blissement du régime féodal. Le partage de l'empire, intro- duit par les rois et consenti par la nation, fait de nouveau passer la Belgique sous la domination étrangère. Le traité de Verdun en détache la Flandre (845), et le restant du pays est, quelques années après, réuni à la couronne ger- manique, sous le nom de Lotharingie (879). L'auteur prouve que cette redoutable épreuve ne réussit pas à étouffer le génie national de nos ancêtres. Les princes qui régnent à Touest de l'Escaut et sur la rive droite du Rhin ( 651 ) sont en quelque sorte des princes belges, les héritiers légi- times de Cliarlemogne. La constitution qui régit chacun des royaumes sortis du démembrement du grand empire est une constitution nationale, et partout les attributions que confère le titre royal sont déterminées par la loi du pays. Au milieu des dislocations, des luttes et de l'anarchie qui caractérisent les règnes des derniers descendants du glo- rieux empereur d'Occident, on remarque partout des traces encore visibles des sentiments primitifs du peuple et des anciennes institutions nationales. Les plaids généraux n'avaient pas complètement disparu de la scène, et, tout en n'offrant plus l'importance et la régularité d'autrefois, ils avaientcontinuéderappelerledroitimmémorialdela nation d'intervenir activement dans le règlement de ses intérêts. Avec le chapitre IV, embrassant la période féodale, nous arrivons jusqu'aux dernières années du XIV^ siècle. L'auteur passe en revue les événements qui se trouvent en rapport avec son sujet et constate que, malgré tous les bouleversements et toutes les violences, les traditions carlo- vingieniies, encore vivaces au XI'' et au XIP siècle, repa- raissent successivement dans la commune et dans l'État, pour acquérir, dans les deux siècles suivants, une énergie vitale avec laquelle tous les souverains seront désormais obligés de compter. 11 fait ressortir les avantages que les institutions populaires retirent du rétablissement d'un pouvoir central. Il signale l'action de la bourgeoisie dans les cours de justice et dans les assemblées politiques. Il rappelle les garanties d'indépendance et de liberté atta- chées aux formes solennelles de l'inauguration des princes. 11 prouve que, dès cette époque reculée, des intérêts com- muns^ joints à des traditions et à des as|)irations com- munes, font surgir sur le sol belge des tendances vagues ( 622 ) encore, mais indéniables, vers l'unité nationale. Le prin- cipe populaire, un instant étouffé sous la violence, finit par reprendre sa place légitime, tout en laissant à l'au- torité souveraine les droits et les attributions qui lui appartiennent. A la fin duXIV^ siècle, la société belge est fortement constituée. L'anarchie des premiers siècles du moyen âge a définitivement disparu, pour faire place à un ordre de choses permanent et stable qui produira des résultats aussi grands que féconds pour les générations suivantes. Nous voici à la fin de la première partie du ^Mémoire. Avec la seconde, intitulée, comme nous l'avons déjà dit, Période de conservation de noire caractère national, nous entrons dans les temps modernes. Cette seconde partie est, à son tour, divisée en quatre chapitres, dont le premier passe en revue les événements accomplis, depuis la réunion des provinces belges sous le sceptre des ducs de Bourgogne jusqu'à l'abdication de Charles-Quint. Une même souveraineté étendue à toute la surface du pays développe et fortifie les germes d'unité nationale. Les ducs de Bourgogne échouent dans toutes leurs tentatives de restreindre les libertés traditionnelles de la nation; les États et les villes, dont les droits sont désormais bien affermis, leur opposent des barrières in- franchissables. Les États généraux, que les ducs convo- quent à plusieurs reprises, entretiennent le feu sacré de la liberté et rapprochent les divers territoires qui compo- sent la patrie commune. Les belges aperçoivent de plus en plus distinctement leurs intérêts communs et comprennent la nécessité d'unir leurs efforts pour les défendre. Malgré leur puissance et leur habileté souvent très-remarquable, les ducs de Bourgogne sont, en dernier résultat, des princes ( 625 ) conslitulionnels. Ils affaiblissent le lien féodal qui raltache la Belgique à l'étranger et deviennent, en réalité, des pré- curseurs de la nationalité belge Le mouvement continue sous le règne de Marie, sous celui de Philippe le Beau et même sous le redoutable sceptre de Charles-Quint. Les sentiments de solidarité des principaux États belges ne cessent de grandir, et l'université brabançonne, réunissant au pied des mêmes chaires, l'élite de la jeunesse de toutes les provinces, devient, elle aussi, un élément puissant d'union et de vie nationale. Les principaux incidents de nos annales, depuis l'avéne- ment de Philippe II jusqu'à la mort de l'archiduc Albert, fournissent la matière du deuxième chapitre de cette partie du Mémoire. Malgré la puissance et la ténacité du nis de Charles-Quint, malgré la politique audacieuse et cruelle de son lieutenant, la Belgique, aux prises avec l'une des monarchies les plus redoutables de l'Europe, triomphe de toutes les résistances et finit par conserver ses institutions séculaires et ses libertés traditionnelles. Nobles, prélats, bourgeois, tous déploient le même cou- rage et aspirent au même but. Don Louis Requessens con- voque les États généraux et confirme, au nom de son maître, les antiques privilèges de la nation. La guerre civile éclate ensuite, la Belgique se gouverne elle-même par l'intermédiaire des États, et quand, après une déplo- rable scission amenée par les dissensions religieuses, les provinces belges rentrent sous l'obéissance de Philippe, don Juan d'Autriche confirme, de la manière la plus solen- nelle, les libertés nationales. Albert et Isabelle, devenus les souverains du pays, suivent cet exemple, les États généraux apparaissent au premier plan, les libertés pro- vinciales et locales se montrent mieux raffermies que ( 6U ) jamais, et tout atteste que les droits populaires, tels qu'on es concevait à la tin du XVP siècle, sont définitivement acclimatés sur le sol belge. Le chapitre suivant s'occupe des vicissitudes qui rem- plissent la période écoulée entre la mort de l'arcbiduc Albert et l'avènement de l'empereur Joseph IL La Bel- gique, cruellement ravagée par !a guerre, voit s'effacer les derniers vestiges de son ancienne prospérité. Elle est obligée d'abandonner une partie de son territoire, et les Hollandais deviennent les maîtres de l'Escaut. Le génie de ses guerriers et le courage héroïque de ses enfants ne réussissent pas à la préserver de ces désastres; mais son caractère national , tout imprégné de sentiments religieux et moraux, de vertus traditionnelles, de patriotisme et d'indépendance, triomphe de toutes les infortunes. Les institutions et les privilèges de la nation, parfois méconnus par ses gouvernants, finissent toujours par triompher. Les États particuliers et les États généraux veillent au maintien des droits du pays avec une fermeté inébran- lable. La dynastie autrichienne, un instant oublieuse des serments qu'elle avait prêtés à son avènement, ne tarde pas à comprendre qu'elle se trouve en face d'un peuple libre qui, tout en étant soumis à des chefs étrangers, n'entend pas être régi par des lois étrangères. Sous les gouvernements réi)arateurs de Charles VI et de Marie- Thérèse, toutes les plaies se ferment, et la Belgique, heu- reuse et calme, attend l'avenir avec une contiance qui sera bientôt dissipée par de redoutables événements. Le règne de Joseph lï, la domination française, la créa- tion et la dissolution du royaume des Pays-Bas font l'objet d'un quatrième et dernier chapitre. Au milieu des troubles suscités par les réformes imprudentes du fils de Marie- ( 625 } Thérèse, le senliment tle solidarité, la tendance instinctive vers l'unité nationale, déjà antérieurement signalés, se manifestent, encore une fois, avec une évidence impossible à méconnaître. L'expulsion de l'étranger et la proclama- lion de l'indépendance des États-Unis belgiqnes, par le Congrès de 1790, permettent d'entrevoir l'époque où les Belges, trop longtemps désunis, viendront réclamer pour la patrie commune une place honorable dans la famille des nations indépendantes. Mais cette ère de bonheur et de liberté n'est pas à la veille de s'ouvrir. Vingt années de domination étrangère viennent peser sur le pays et épuisent ses ressources, sans altérer le caractère national, sans effa- cer le souvenir des franchises séculaires de nos pères. Unie ensuite à la Hollande et dotée de larges libertés constitutionnelles, la Belgique commence à croire que ses destinées sont à jamais fixées, quand la politique hautaine et partiale de Guillaume i" amène la Révolution de i850 et un nouveau démembrement des Pays-Bas. Enfin, plus heureux que leurs devanciers de J790, les membres du Congrès national réalisent toutes les aspirations des siècles passés, proclament à la fois l'indépendance et l'indivisibi- lité de nos provinces, et ne se séparent qu'après avoir doté leurs compatriotes de la charte la plus libérale de l'Europe. Tels sont les traits les plus saillants des nombreux sujets que l'auteur a successivement examinés et discutés dans les diverses parties de son Mémoire. Il est regrettable que, parvenu au terme de ses vastes recherches, il n'ait pas cru devoir résumer, en quelques pages concises et saisissantes, les résultats généraux de son remarquable travail. On peut aussi lui reprocher d'avoir donné trop de développement à certains faits qui, tout en offrant beau- ( 626 ) coup d'intérêt par eux-mêmes, n'ont pas exercé une influence directe sur le développement successif de la nationalité belge. On pourrait même signaler quelques appréciations qui ne portent pas l'empreinte d'une sévère exactitude historique. Mais il n'en est pas moins vrai que, nonobstant ces imperfections, le Mémoire, considéré dans son ensemble, se distingue par un mérite réel et répond pleinement au but que la classe s'est proposé d'atteindre. L'auteur a prouvé que, malgré les longues et redoutables vicissitudes qu'ils ont dû subir, les Belges ont conservé, à toutes les époques, leurs tendances natives et les traits originaires de leur caractère. II a recherché les causes et déterminé les effets de cette remarquable et étonnante persévérance. Il a nettement démontré que, sur notre sol, la plupart des libertés constitutionnelles ne sont que des fruits mûrs cueillis sur des arbres plantés par nos ancêtres. Il a clairement mis en évidence cette vérité consolante que jamais l'oppression, quelles que soient son intensité et sa durée, ne saura définitivement bannir la liberté du sol belge, parce qu'elle y trouvera toujours un asile inexpu- gnable dans l'âme et le cœur des citoyens. L'auteur a fait ainsi en même temps une œuvre de science et un acte de patriotisme; car, comme il le dit avec raison, l'individualité d'une nation, la permanence de son caractère particulier à toutes les époques, surtout lorsqu'elle a dû porter, durant de longs siècles, le poids de la domination étrangère, est à coup sûr le meilleur titre qu'elle puisse invoquer eu faveur de son indépendance. J'estime qu'il y a lieu de décerner la médaille d'or au Mémoire portant la devise : Serval ur ad imum Qualis ah inceplo processit, et sibi constat. (627) Rapport de M. Faider. « Après avoir lu avec beaucoup d'intérêt le Mémoire n° % je déclare me rallier aux propositions de mes honorables confrères Thonissen et De Decker et je propose avec eux à la classe d'accorder la médaille d'or à l'auteur. Ce n'est pas que je considère son travail comme parfait, et je dois particulièrement faire des réserves expresses en ce qui con- cerne ses appréciations, souvent sévères et inexactes, lou- chant les règnes de Philippe II, de Marie-Thérèse et de Joseph II : tout le monde sait que, à propos du gouverne- ment de ces souverains, les discussions resteront toujours ouvertes et les différences d'opinions toujours considéra- bles et toujours regrettables. Mais, prises dans leur en- semble sous le rapport social et moral, les vues de l'auteur ont quelque chose de patriotique qui doit éveiller la sym- pathie. L'auleur connaît l'histoire du pays; il a signalé, dans un style en général clair, correct et rapide, les divers éléments qui sont, venus se fondre sur notre sol dans une suite de conquêtes, de révolutions et d'alliances. Tout ce qui se rattache au mouvement communal dans son origine et dans ses conséquences, la permanence des libertés locales et des garanties générales, l'appréciation des monuments de législation fondamentale, toute cette partie essentielle, à la fois dramatique et pittoresque, de l'histoire de notre civilisation est bien appréciée. Tout n'est pas neuf, tout n'est pas complet dans les récits et dans les vues de l'au- teur, et il est vrai de dire que la question était vaste et de solution difficile, que la réponse comportait des développe- ments considérables et aurait exigé la production de nom- breux documents historiques et législatifs. On peut s'as- ( 628 ) surer du reste que l'auteur a consulté à la fois les sources et les écrivains et que les caractères essentiels des diverses phases de notre civilisation sont marqués avec soin. Moyennant ces considérations et ces réserves, je déclare Fauteur du Mémoire n° 2 digne du prix, tout en lui con- seillant de revoir son œuvre et tout en regrettant, comme mes savants confrères Thonissen et De Decker, un tableau d'ensemble qui eût été nécessaire pour clôturer éloquem- ment une œuvre au fond essentiellement patriotique. » La classe, adoptant les conclusions de ses trois commis- saires, vote sa médaille d'or, de la valeur de six cents francs, à Tauteur du Mémoire portant la devise d'Horace. L'ouverture du billet cacheté fait connaître comme auteur de ce travail, M. Théophile Quoidbach, docteur en philosophie et lettres, professeur à l'Athénée royal de Hasselt. TROISIEME QUESTION. Faire l'histoire de Jacqueline de Bavière j comtesse de Hollande et de Zélande, dame de Frise, etc. Rapport r#e .W. Atphonse tWatMtvt'S. « Le Mémoire intitulé ; Geschiedenis van Jacoba Van Beyeren et portant en tête quatre vers de Jacques Van Lennep, en guise de devise, n'est pas à proprement parler un travail académique, quoique l'auteur y ait déployé un grand luxe de citations. C'est une biographie peu étendue de la dernière souveraine du Hainaut, biographie qui ne comporte que 75 pages dont 19 consacrées aux faits anté- rieurs à l'avènement de Jacqueline. Je n'ignore pas que le ( 629 ) mérite d'un travail ne se mesure pas sur sa longueur et qu'il est possible d'être clair et intéressant tout en restant concis. Mais, comme le porte un adage latin : est modus in rébus; pour vouloir être court, il ne faut pas être sec et superficiel. Or ces deux défauts me paraissent entacher rœuvre soumise à notre jugement. L'auteur l'a fait précéder d'une bibliographie où sont énumérés tous les travaux littéraires et scientifiques dont Jacqueline de Bavière a été l'objet. Cette liste ne présente rien de méthodique, car elle commence par les poésies d'Adrien Van Overstraeten et d'A. Loesjes, auxquelles, je le suppose, l'auteur du mémoire n'a pu emprunter grand'chose, car c'eût été bâtir sur le sable. Remarquons ici que s'il est assez au courant de la littérature hollan- daise, il se tait sur ce qui appartient à la littéraire fran- çaise et qu'il ne connaît pas la Jacqueline de Bavière de Prosper Noyer. Son examen des sources historiques ne se rapporte qu'à cinq ouvrages de date récente ; il n'y est rien dit, ni des chroniqueurs du XV' siècle, sur lesquels les écri- vains postérieurs se sont basés; ni des recueils d'actes, et en particulier du volumineux recueil de Van Mieris, où se trouvent toutes les pièces importantes qui concernent l'his- toire de la Hollande et de la Zélande à cette époque. Deux pages de description des planches et annexes (armoiries, sceaux, tableau généalogique) complètent l'avant-propos. Le texte même, précédé des mots : Fortuna tuum ludi- briunij se divise en deux chapitres, intitulés : l'histoire du Hainaut, de la Hollande, de la Zélande et la Frise sous la maison de Bavière et Jacqueline de Bavière. L'auteur raconte les événements par ordre chronologique, sans attacher plus d'importance aux faits essentiels qu'aux faits ordinaires. Il passe avec beaucoup de rapidité sur les cir- ( 630 ) constances les plus graves : l'origine des partis dits Hoecks et Kabeljaauws, le mémorable procès pour l'annulation du mariage de Jean IV et de Jacqueline, la rivalité de Phi- lippe de Bourgogne et de Humfroi de Glocesler, qui porta les premiers coups à l'alliance intime des Bourguignons et des Anglais; toutes ces grandes questions ne sont qu'ef- fleurées et l'auteur semble se faire un devoir de les traiter aussi succinctement que possible. La méthode qu'il a suivie ne pouvait, au surplus, que l'engager dans cette voie. Au lieu de recourir aux écri- vains du temps, tels que De Dynter, les Brabantsche Yeesten, Monstrelel, Chastelain, etc., il se plaît à citer des auteurs qui, comme Divaeus, Haraeus, Dewez, ont traduit les précédents dans un style, tantôt pédantesque, tantôt incolore. Il est inutile de dire combien un pareil système est défectueux. A mon avis, le mémoire sur Jacqueline de Bavière ne réunit pas les qualités de style ou de science qui pourraient lui mériter une place dans nos publications. C'est une simple compilation où l'auteur n'a rien fait entrer qui lui appartienne en propre. Cependant, si mes collègues ne s'y opposent pas , je proposerai de lui accorder une médaille d'argent, à titre d'encouragement, et pour le porter à suivre une carrière où il pourrait obtenir des succès s'il' modi- fiait sa méthode. » Rappoft de .If. JPouilct. « Après le rapport clair et complet de notre honorable confrère, M. A. Wauters, la tâche de voire deuxième com- missaire sera facile. Il ne devra pas analyser une seconde fois le Mémoire qui vous est soumis. Il ne trouvera guère ( 631 ) de choses nouvelles à vous en dire. Il ne lui restera qu'à motiver, par quelques courtes considérations, les conclu- sions conformes à celles du premier rapporteur qu'il se croit obligé de prendre. Sans doute , dans le jugement de ses concours l'Aca- démie doit se garder d'une sévérité outrée : ce serait dé- passer le but pour lequel les concours ont été institués, et tuer parfois dans leur germe de jeunes ardeurs au travail et de jeunes talents auxquels un encouragement bien- veillant et mesuré donnerait l'essor. Mais , si elle ne peut être trop exigeante, il importe aussi que l'Académie ne soit pas trop large. Par des causes, qu'il serait hors de propos d'analyser ici, la véritable critique est rare à notre époque: c'est une raison péremptoire pour que l'Académie reste d'autant plus (idèle au rôle élevé qui lui est réservé vis-à-vis des lettres nationales. A elle, dans la sphère de son action et de son influence, de chercher à maintenir le mouvement scientifique et littéraire à un niveau hono- rable; à elle de travailler à élever ce niveau; à elle, spécia- lement en ce qui touche les lettres historiques, d'exiger de ceux qui travaillent pour elle et qui ambitionnent les palmes dont elle dispose, qu'ils s'élèvent au-dessus des simples récits de l'histoire-bataille et des annales dynasti- ques, et s'efforcent de pénétrer jusqu'aux profondeurs du mouvement politique et social. Je ne vous parlerai pas du côté littéraire du Mémoire sur Jacqueline de Bavière que j'ai eu entre les mains : je suis malheureusement incompétent pour l'apprécier en connaissance de cause. Je ne veux donc m'occuper que de son mérite intrinsèque. En mettant au concours la ques- tion relative à la dernière souveraine du Hainaut, la classe a voulu évidemment provoquer un travail neuf, sortant ( 632 ) des sentiers battus, de nature à faire progresser la science historique. Or, je n'hésite pas plus que voire premier com- missaire à déclarer qu'à mon sens le travail, qui vous est soumis, ne répond pas à vos légitimes exigences. Si on le compare aux travaux belges antérieurs, dont Jacqueline de Bavière a été l'objet, on ne voit pas qu'il s'en écarte par quelque caractère saillant. La classe connaît la Vaderlandsche historié de feu le chanoine David, son ancien et éminent collaborateur. Cette histoire, chacun le sait, est destinée au grand public, et non à un corps savant. Si feu M. David l'avait écrite pour l'Académie il l'aurait faite sur un autre plan et lui aurait imprimé un cachet différent. Et cependant, le lecteur qui a étudié le Mémoire sur Jacqueline de Bavière, soumis à la classe, n'en sait pas plus au fond que s'il s'était borné à lire les chapitres consacrés à Jacqueline dans la Vaderlandsche historié, pu- bliée en 1857. Peut-être l'auteur du Mémoire fixe-t-il avec plus de précision certains détails : en revanche, sur une foule de points, M. David avait eu recours à des sources plus sûres, et donne des conclusions plus complètes. Pris en lui-même, et abstraction faite de toute compa- raison, le Mémoire est clair, méthodique et érudit. Il prouve que l'auteur a mis à proht une foule de ces monographies locales hollandaises qu'on ne connaît pas assez généralement en Belgique. Mais, s'il est clair, il est, comme on vous l'a dit, superficiel, effleurant à peine les questions compliquées et délicates; s'il est métho- dique, il est d'une méthode fatigante; la chronologie coule, coule, coule toujours sans temps d'arrêt, sans laisser au lecteur le temps de respirer. S'il est érudit, il laisse de côté quelques sources essentielles, dont la lacune doit se faire sentir d'autant plus vivement que ces sources ont été ( 633 ) mises au jour sous voire patronage direct ou indirect; il laisse également de côté ces nombreux travaux sur l'his- toire brabançonne et bruxelloise, de M. A. Wauters, qu'il était indispensable de mettre à profit pour bien dessiner la personnalité du malheureux époux de Jacqueline, le duc Jean IV. L'auteur ne louche pas sérieusement au mouvement social. Le mécanisme et la vie des institu- tions du temps ne semblent pas l'avoir préoccupé. J'ajouterai que les vues politiques font défaut. Le mé- moire n'explique nulle part, dans quelque tableau solide et nerveux, la politique de Sigismond , ni celle de la maison de Bourgogne.il ne traite pas les graves questions juridiques soulevées par la rivalité de Jacqueline et de son oncle Jean de Bavière. Il n'explique pas suffisamment la nature des grands partis qui divisaient la Hollande, ni la manière dont s'opérait le classement de ces partis. Je n'in- siste pas d'ailleurs pour ne pas tomber dans d'inutiles redites. Je conclus, comme M. Wauters : qu'il n'y a pas lieu, selon moi, de décerner la médaille d'or; mais que la classe, eu égard à certains mérites du Mémoire, et à titre d'encouragement, pourrait décerner à son auteur la mé- daille d'argent. » Mtagtpot't fie Ifi. net'eittaits. 4 « Comme mes honorables confrères, MM. Wauters et Poullel, je suis d'avis que le mémoire flamand Geschiedenis van Jacoba van Beijeren., qui a été soumis à notre apprécia- tion, ne répond pas au but que la classe s'était proposé en mettant au concours l'histoire si intéressante de Jacqueline de Bavière, comtesse de Hainaut, de Hollande et de Zélande, et dame de Frise. L'auteur se contente de suivre pas à pas 2"" SÉRIE , TOME XLIII. 45 ( 634 ) ses devanciers; mais en résumant très-brièvement ce qu'il a trouvé dans les nombreux ouvrages qu'il a compulsés, il n'a pas assez tenu compte des travaux qui ont été publiés récemment en Belgique. Son mémoire manque partout de relief: il n'y consacre pas plus d'espace aux faits les plus considérables de l'bistoire des Pays-Bas au XV^ siècle et aux événements les plus dramatiques de la vie de la mal- heureuse comtesse qu'à des détails et des particularités qui n'ont guère d'importance. Si la Geschiedenis de Jacoba van Beijeren n'a qu'une minimevaleur historique, elle satisfait moins encore, considérée au point de vue littéraire. Le style en est sec et aride; non-seulement il est monotone, mais il laisse même beaucoup à désirer sous le rapport de la correction grammaticale. Je regrette de ne pas pouvoir me rallier aux conclusions favorables de mes honorables confrères qui proposent de décernera l'auteur une médaille d'argent à titre d'encou- ragement; je le regrette d'autant plus vivement que, repré- sentant plus particulièrement les lettres flamandes à l'Aca- démie, j'aurais été heureux, en me rangeant à leur avis, d'avoir pu aider à stimuler le zèle de ceux de nos littérateurs qui, pour leurs travaux historiques, se servent de la langue néerlandaise. » La classe, à la majorité des\oix, décide qu'il n'y a pas lieu d'accorder une récompense à ce mémoire. ( 055 ) ÉLECTIONS. Il a été procédé ensuite aux élections pour les places vacantes; il en sera rendu compte dans la séance publique. — La classe a continué à M. le baron Guillaume le man- dat de délégué auprès de la commission administrative pendant Tannée 1877-1878. Elle a nommé M. Chalon membre de la commission pour le monument Quetelet. PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE. MM. Wauters, de Laveleye et Potvin donnent lecture, conformément à l'article 15 du règlement de la classe, des discours qu'ils se proposent de prononcer en séance publique. ( 636 ) Séance générale des trois classes. (Mardi lo mai 1877.) M. Alvin, président de TAcadémie cl directeur de la classe des beaux-arts. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Assistent à la séance : Classe des sciences : MM. Maus, directeur; J.-C. Hou- zeau, vice-directeur; P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst,Gluge, Meisens, F. Duprez, G. De- walque, Ern. Candèze,.F. Donny, Ch. Montigny, Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Morren, G. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Éd. Mailly, membres; E. Catalan, Th. Schwann, associés; G. Van der Mensbrugghe, F.-L. Cornet, correspondants. Classe des lettres : MM. Alph. Wauters, directeur; Ém. de Laveleye, vice-directeur; J. Roulez, P. De Decker, M.-N.-J. Leclercq, le baron J. de Witte, Ch. Faider, R. Chalon, Th. Juste, le baron Guillaume, G. Nypels, Alp. Le Roy, Ém. de Borchgrave, F.-J.-J. Heremans, membres; J. Noiet de Brauwere van Steeland, Aug. Scheler, Alph. Rivier, E. Arntz, associés; S. Bormans, G. Rolin-Jaeque- myns, Ch. Piot, Ch. Potvin, J. Stecher, correspondants. Classe des beaux-arts : MM. J. Geefs , C.-A. Fraikin, Ed. Féiis, le chevalier Léon de Burbure, Gust. De Man, (637) Ad. Siret, J. Leclercq, Alex. Robert, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, F. Stappaerts, membres. M. le président annonce que M. Edm. De Busscher, secrétaire de la Commission de la Biographie nationale, inscrit en premier lieu à Tordre du jour de l'assemblée générale, pour lire le Rapport annuel sur les travaux de la commission pendant l'année ^1876-^877, est empêché de se rendre à la séance, par suite d'un deuil de famille. Jl donne la parole à M. Félix Stappaerts, secrétaire ad- joint de la commission, pour faire lecture de ce rapport, dont la teneur suit : « Messieurs, » L'article 7 des statuts organiques décrétés pour la publication de la Biographie nationale, impose à la com- mission académique l'obligation de vous rendre compte, chaque année, de Tétat des travaux. » Pendant la période qui a été consacrée à la composi- tion des premiers volumes de la Biographie nationale, la commission a eu, naturellement, à résoudre un grand nombre de questions de principe, et à établir sur des bases fixes Fœuvre confiée à ses soins. » Dans le rapport adressé au Gouvernement et à l'Aca- démie, pour 1875-1876, nous avons esquissé, succincte- ment, les opérations et la marche de la publication , depuis la mise sous presse du premier volume de la Biographie nationale, en 1866. » Il résulte de cet exposé qu'en dix années, cinq vo- lumes in-8% de oOO pages à deux colonnes, ont été rédi- ( 638 ) gés, imprimés, et qu'ils renferment les notices biographi- ques de plus de deux mille personnages. » Durant l'exercice écoulé (1876-1877), les diverses opérations ont continué. L'impression du tome Vi a été entreprise, et le premier demi-volume serait sorti des presses de nos éditeurs, MM. Bruylant-Christophe et C'% si nous n'avions éprouvé de fâcheux mécomptes, par les lenteurs apportées dans l'envoi des articles, lenteurs qui ont arrêté la mise en pages de plusieurs feuilles, déjà cor- rigées, et la continuation des travaux subséquents. De là, pour l'impression , une perte de temps de près de deux mois. » La plus considérable de nos catégories alphabétiques, celle qui contient les noms à initiale D, se termine enfin. Elle nous a donné 584 notices, et de fort importantes, dans les tomes IV et V; 255 dans la partie du tome VI, actuellement à l'impression. Cette série comptait dans la liste provisoire 1,226 noms; la commission, sur les propo- sitions du bureau , du sous-comité et de plusieurs de nos rédacteurs, en a élagué o89. Une certaine quantité de ces articles pourront être revus plus tard par les auteurs, et, s'il y a lieu, insérés dans le Supplément du dictionnaire biographique. » Les plus nombreuses suppressions, faites jusqu'à ce moment, se sont effectuées dans la lettre D, et notamment parmi les noms qui nous restaient pour le tome VL Aux séries A, B et C le chiffre des articles élagués s'était main- tenu dans la moyenne de 25 à 50 p. 7o <^les noms relevés dans les listes provisoires : pour la série D cette propor- tion a été notablement dépassée. » Le volume VI (nous l'espérons du moins) sera achevé vers la fin de l'année actuelle ou au commencement de 1878. ( 639 ) Il comprendra, probablement, les séries E et F, et peut-être une partie de la série G. 9 Des personnes impatientes et ne demandant que la plus prompte réalisation de leur désir, sans faire la part des entraves et des incidents imprévus, peuvent seules estimer que les résultats obtenus ne répondent pas à leur attente; d'autres, appréciant mieux le but et les difficultés de l'œuvre académique, voudraient aller plus lentement, et accorder plus de temps aux études qu'exigent les tra- vaux historiques et la rectilication des erreurs que la Bio- (fraphie nationale est appelée à signaler. » La commission a concilié, dans la mesure du possible, ces deux tendances opposées. Les pouvoirs qu elle a remis à son bureau et au sous-comité d'exainen, réunis, ont simplifié leur tâche et facilité l'accomplissement des dis- positions réglementaires. » Les constants eff'orls de la délégation directrice ten- dent à stimuler l'activité des auteurs qui prêtent à notre publication le concours de leur talent. Mais le désir de hâter notre marche ne permet point de se relâcher de la stricte observation des règles établies, par une sage pré- voyance, afin de garantir la bonne exécution de l'ouvrage. Suivant une disposition expresse (arrêté organique, art. 6), les délégués académiques ont à examiner et à approuver les notices destinées à la Biographie nationale^ avant de les livrer à la révision littéraire et à l'impression. Il est indispensable que ces opérations préalables puissent s'ef- fectuer avec soin et en temps opportun, sinon elles nous forcent de suspendre les travaux typographiques. » Or, comme nous l'avons fait connaître dans le pré- cédent rapport annuel, en dépit de nos instructions, de nos avertissements, de nos pressantes lettres de rappel, ( 6iO ) quelques auteurs persistent à n'avoir point égard aux entraves résultant des envois attardés, ou bien, ils sem- blent ne pas croire aux molifs de notre insistance. » Cependant, ce qui nous est arrivé à la fin de la lettre D nous paraît devoir bientôt se renouveler pour les séries E et F; tous les arlicles devraient être prêts à passer dans les mains des imprimeurs-éditeurs, car les époques de rentrée des noms acceptés par les rédacteurs sont passées, et même la plupart des notices de la série E ne nous sont pas encore parvenues. » On conçoit que le sous-comité et le bureau ne peuvent se réunir pour chaque lacune à combler, ni ies imprimeurs être arrêtés ainsi, à tout instant, dans leur besogne. Déjà la consciencieuse rigueur qu'il faut apporter dans l'examen et la discussion des communications histo- riques et littéraires n'impose que trop d'ajournements. » Nous ne saurions trop le répéter, autant l'exécution de l'œuvre dépend du talent et de l'activité des auteurs, autant sa marche prompte et régulière est subordonnée à leur exactitude à se conformer aux prescriptions, à ne pas dépasser les dates fixées, soit pour la livraison des notices, soit pour le renvoi des épreuves corrigées, munies du visa qui donne à la commission le droit d'en ordonner l'impression. » Le bureau délégué met tous ses soins à obvier aux moindres incidents, et ce au double point de vue de l'avancement de la publication académique et des intérêts de nos éditeurs. Le secrétariat ne néglige pas d'avertir les retardataires, de leur rappeler les époques fatales et la prescription réglementaire du contrôle préalable, contrôle nécessaire et inhérent, d'ailleurs, au mode d'exécution collective adopté pour la Biographie nationale. ( 6il ) y> La liste provisoire G a élé communiquée à tous les membres, associés et correspondants de l'Académie en Belgique, ainsi qu'aux collaborateurs de notre diction- naire biographique. Vingt-neuf rédacteurs ont indiqué leurs choix. Les notices, qui pourront leur être confiées, en vertu des règles suivies jusqu'à ce jour, leur seront notifiées, avec nos instructions et la fixation des dates de rentrée, échelonnées selon les besoins réels de l'impres- sion. Mais bien des choix doivent nous être encore dé- clarés : ces lacunes empêchent la distribution générale. » La série G se compose de 640 noms, dont il y aura à déduire, successivement, les suppressions définitives ou provisoires., prononcées parla commission; 507 person- nages ont, d'après les indications reçues, trouvé leurs biographes. Ces 507 articles sont demandés par dix-huit rédacteurs appartenant à l'Académie et par onze collabo- rateurs étrangers à la Compagnie. Plusieurs de nos coopé- rateurs les plus zélés n'ont pas désigné les notices qu'ils désirent traiter; on attend leur décision : 500 noms sont disponibles. Nous y attirons l'attention, et nous nous féli- citons en même temps de pouvoir constater que quelques- uns des membres de l'Académie, qui jusqu'ici s'étaient abstenus de collaborer à la Biographie nationale, ont manifesté l'intention de lui prêter désormais leur con- cours. Divers écrivains étrangers à notre Compagnie ont également demandé à être inscrits au nombre des collabo- rateurs. » Le résumé rétrospectif de l'année dernière a donc produit l'effet qu'on pouvait en espérer : les adhésions se multiplient, et nous voyons augmenter le chiffre des tra- vailleurs désireux d'apporter au monument historique belge le fruit de leurs études et d'intéressants travaux. ( 642 ) » Ainsi se remplissent les vides regrettables que la mort opère dans nos rangs. Récemment elle nous a enlevé un académicien distingué : M. le chanoine J.-J. De Smet, historien, membre de la classe des lettres, et qui, depuis le commencement de notre entreprise, nous avait accordé son active participation. La perte de ce collaborateur sera difficilement réparée. » La liste des écrivains inscrits pour coopérer à la rédaction s'est élevée, de 1866 à 1877, à quarante-six académiciens (membres titulaires, associés et correspon- dants), et à quarante-cinq collaborateurs n'appartenant point à l'Académie. [Annexe.) D Tel est, Messieurs, l'état actuel de la Biographie nationale. Le Président., Baron Guillaume. » » Le Secrétaire-rapporteur., » Edmond De Busscher. Liste des rédacteurs de la Biographie nationale. Académiciens. MM. Alvin (L.), conservateur en chef de la Bibliothèque royale, à Bruxelles. Beneden (Éd. Van), professeur à l'université de Liège. Blommaert(Ph.), à Gand. Décédé. Borchgrave (Emile de), conseiller de légation, à Berlin. Borgnct (Ad.), professeur à l'université de Liège. Décédé. ( 643 ) Bormans (Stan.), conservateur des archives de l'État, à Namiir. Burbure(le chev. Léon de), compositeur de musique, à Anvers. Coemans (l'abbé Eugène), professeur à Tuniversité de Louvain. Décédé. De Busscher (Edmond), archiviste de la ville, à Gand. Defacqz (E.), premier président de la cour de cassa- tion, à Bruxelles. Décédé. De Bam (P.-F.-X.), recteur magnifique de l'univer- sité de Louvain. Décédé. De Smel (le chanoine J.-J.), à Gand. Décédé. Dewalque (Gustave), professeur à l'université de Liège. Fétis (Éd.), conservateur de la Bibliothèque royale, à Bruxelles. Félis (François), directeur du Conservatoire royal de Bruxelles, Décédé. Gachard (L.-P.), archiviste général du royaume, à Bruxelles. Guillaume (le lieutenant général H.-H.-G. baron), ancien Ministre de la Guerre, aide de camp du Boi, à Bruxelles. Hasselt (André Van), inspecteur des écoles normales, à Bruxelles. Décédé. Juste (Théodore) , conservateur du Musée royal d'anti- quités, d'armures, etc., à Bruxelles. Keryyn de Lettenhove (le baron B.), membre de la Chambre des représentants, ancien ministre de l'intérieur, à Bruxelles. Lamy (le chanoine T.-J.), professeur à l'université de Louvain. ( 644 ) MM. Le Roy (Alph.), professeur à Tuniversité de Liège. Liagre (le général J.-B.-J.), commandant de l'École militaire, secrétaire perpétuel de l'Académie, à Bruxelles. Loise (F.), professeur à l'athénée de Mons. Mathieu (Ad.), conservateur de la section des manu- scrits à la Bibliothèque royale, à Bruxelles. Décédé. Morren (Edouard), professeur à l'université de Liège. Nève (Félix), professeur à l'université de Louvain. Piot (G.-J.-C), archiviste adjoint aux Archives géné- rales, à Bruxelles. Polain (M.-L. ), administrateur-inspecteur de l'uni- versité de Liège, Décédé. Pouliet (Édm.), professeur à l'université de Louvain. Quetelel(Ad.), directeur de l'Observatoire royal, secré- taire perpétuel de l'Académie, à Bruxelles. Décédé. Quetelet (Ernest), astronome-chef de service à l'Ob- servatoire royal de Bruxelles. Rivier (Alph.), professeur à l'université de Bruxelles. Roulez (J.), administrateur- inspecteur honoraire de l'université, à Gand. Scheler (Aug.), bibliothécaire du Roi, à Bruxelles. Sirel (Ad.), commissaire de l'arrondissement de Saint-Nicolas. Snellaerl (F.-A. ), docteur en médecine, à Gand. Décédé. Stappaerts (Félix) , professeur d'archéologie à l'Aca- démie des beaux-arts de Bruxelles. Stecher (J.), professeur à l'université de Liège. Terry (L.), professeur au Conservatoire royal de Liège. ( un ) MM. Thonissen (J.-J.), membre de la Chambre des repré- sentants , professeur à l'université de Louvain. Waulers (iVlph.), archiviste de la ville de Bruxelles. Collaborateurs étrangers à la Compagnie. MM. Al vin (Aug.), préfet des études honoraire de l'athénée, à Liège. Borgnet (Jules), archiviste de l'État, à Namur. Décédé. Britz (J.), docteur en droit, greffier du tribunal de première instance, à Bruges. Décédé. Broeckx (le docteur C.) , membre de l'Académie royale de médecine, à Anvers. Décédé. Capitaine (Ulysse), homme de lettres et bibliographe, à Liège. Décédé. Chauvin, professeur, à Liège. Crombrugghe (baron Albéric de), docteur en droit , à Bruxelles. Delecourt (Jules), vice-président du tribunal de pre- mière instance de Bruxelles. De Pauw (Nap.), procureur du roi, à Bruges. De Vroye (le chanoine T.-J.), à Liège. Driesen (F.), secrétaire de la Société scientifique et littéraire du Limbourg, à Tongres. Dumont (J.), inspecteur général de l'enseignement moyen, à Bruxelles. Éven (Edw. Van), archiviste de la ville de Louvain. Galesloot (Louis), chef de section aux Archives géné- rales du royaume, à Bruxelles. Génard (P.), archiviste de la ville d'Anvers. Goffart (Alfred), greffier adjoint de la cour d'appel de Liège. ( 646 ) MM. Goovaerts (Alph.), bibliolhécaire adjoint de la ville d'Anvers. Helbig (H.), homme de lettres et bibliographe, à Liège. Hennebert (Fréd.), professeur à l'université deGand. Décédé. Heuschling, directeur honoraire au Ministère de l'In- térieur, à Bruxelles. Kerchove de Denterghem (Osw. de), avocat, à Gand. Kervyn de Yolkaersbeke (baron Ph ), membre de la Chambre des représentants, à Nazareth (lez-Gand). Kuyl (l'abbé), à Anvers. Décédé. Lecouvet, professeur à l'athénée royal d'Anvers. Dé- cédé. Limbourg-Stirum (le comte T. de), archéologue, à Gand. Lonay, à Verviers. Loumyer, chef de division et grefTier du conseil hé- raldique au Ministère des Affaires étrangères, à Bruxelles. Décédé. Marchai (le chev. Edmond), secrétaire adjoint de l'Académie, à Bruxelles. Neeffs (Emm.), docteur en sciences administratives, à Mali nés. Raepsaet (Henri), docteur en droit, juge de paix, à Lokeren. Décédé. Rahlenbeek (Ch.), homme de lettres, à Bruxelles. Renier, homme de lettres, à Verviers. Reusens (l'abbé E.), professeur-bibliothécaire de l'uni- versité de Louvain. Robaulx de Soumoy (A. de), auditeur général à la cour militaire, à Bruxelles. ( 647 ) MM. Schaar (Julien), avocat, à Bruxelles. Serrure (Constant), avocat et numismate, à Bruxelles. Schoy (Auguste), architecte et professeur à l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers, à Bruxelles. Van de Putte (l'abbé), curé-doyen, à Courtrai. Vander Meersch (Auguste), avocat, homme de lettres, à Gand. Vander Meersch (Pol.), archiviste de l'État, à Gand. Décédé. Vandenpeereboom (Alph.), Ministre d'État, à Ypres. Varenbergh (Emile), secrétaire du Messager des sciences historiques, à Gand. Vereecke (J.-J.-J.), archéologue, à Gand. Décédé. Après cette lecture et sur la proposition de M. le pré- sident, l'assemblée vole des remercîments à la Commission de la Biographie nationale, pour la bonne direction qu'elle ne cesse de donner à ses travaux. — M. le président rappelle que plusieurs membres de la classe des beaux -arts avaient témoigné, lors de la séance du mois de janvier dernier, l'intention de proposer le vote d'une souscription en faveur de l'œuvre si éminemment chrétienne de la civilisation de l'Afrique centrale. 11 lui a semblé, à cette époque, que ce serait donner à cette pro- position un caractère plus imposant que de la différer jus- qu'à la réunion annuelle des trois classes. Il s'est, en con- séquence, réservé de faire porter cet objet à l'ordre du jour de la dernière séance de la commission administrative, qui, étant composée des délégués des trois classes, est plus particulièrement compétente pour rédiger la formule de la proposition. Dans les affaires de cette nature, ajoute-t-il, il ( 6i8 ) est bon que toutes les classes soient placées sur le même pied et que l'une ne paraisse pas s'attribuer plus de zèle que les autres. 11 estimait que les classes des sciences et des lettres partageraient sa manière de voir, et consenti- raient aussi à différer jusqu'au mois de mai prochain un vole qui doit présenter un caractère d'unanimité aux yeux du pays et de l'Auguste Protecteur de l'Académie. Les trois classes ayant, chacune, adopté celte manière de voir et la commission administrative s'élant également prononcée dans ce sens, l'assemblée adopte à l'unanimité la proposition de M. Alvin. Les souscriptions recueillies seront remises en temps opportun au trésorier de l'œuvre de l'Afrique centrale. — iM. le secrétaire perpétuel annonce ensuite que le comité chargé de l'érection du monument Quetelet a confié l'exécution de cette œuvre à M. Ch.-A. Fraikin. 11 donne lecture de la lettre par laquelle M. Fraikin fait connaître les conditions qu'il s'engage à remplir. Par suite delà mort de M. Payen et de la démission de M. Fraikin, dont le mandat était devenu imconipalible avec la mission dont il a été chargé, la commission pour le mo- nument Quetelet se trouvait réduite à trois membres : MM. Balat, G. Geefs et Montigny. Les trois classes, à la demande de la commission, ont complété le comité, par la nomination de MM. Houzeau, Chalon et Franck, en qualité de membres. — M. Alvin rappelle que lors de la réception au Palais le jour de l'an, M. Faider, président sortant, a remercié Sa Majesté d'avoir donné un palais aux Académies. Il a en même temps prié le Roi de bien vouloir inaugurer les ( 649 ) nouveaux locaux. Sa Majeslé a gracieusement accepté. Il eût été désirable, ajoute M. Alvin, que l'inauguration du palais des Académies eût pu avoir lieu en même temps que la prise de possession qui vient d'en être faite; mais cela a été impossible. Le palais ayant été attribué en commun à l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts et à l'Académie royale de médecine, la commission administrative propose, comme lors de la cé- lébration du jubilé séculaire, de nommer une commission composée des directeurs des trois classes et du secrétaire perpétuel, à laquelle s'adjoindraient les délégués de l'Aca- démie royale de médecine, pour arrêter les préparatifs de la solennité inaugurale. Cette proposition est adoptée et l'assemblée générale décide que chacune des trois classes nommera un délégué dans la prochaine séance; l'Académie royale de médecine sera priée de désigner trois de ses membres pour faire également partie de cette commission. Sur l'interpellation de deux membres, MM. Du Mortier et P.-J. Van Beneden, le bureau donne connaissance des dispositions qui ont été prises entre les Académies, le Mi- nistère de l'intérieur et la direction des bâtiments civils ressortissant au Ministère des Travaux publics, au sujet des locaux respectifs de chacune des Académies. Ces disposi- tions, approuvées par la commission administrative, ont eu pour objet d'assigner à l'Académie des sciences tout le premier et le second étage du palais donnant vers le bou- levard. Le vestibule commun aux deux Académies, et la salle de marbre formant l'antichambre de la Compagnie seront garnis par les bustes des membres décédés; la salle adjacente servira aux réunions mensuelles, les trois salons suivants ont été destinés à la bibliothèque et dans S'"^ SÉRIE , TOME XLIH. 44 ( 6S0 ) la dernière salle sera le secrétariat. Dans la grande salle de marbre contiguë aux deux Académies auront lieu les réunions mensuelles lorsque les classes le jugeront oppor- tun, et les séances publiques des classes des lettres et des sciences; l'Académie de médecine y tiendra ses séances publiques mensuelles. Quant aux séances publiques de la classe des beaux-arts, elles auront lieu dans la grande salle centrale du palais. Sur la promesse de MM. les Ministres de l'Intérieur et des Travaux publics, le mobilier de l'Académie sera mis en rapport avec le nouveau local. ( mi ) CLASSE DïS LETTRES, Séance publique du W mai iSll ^ à i heure. (Palais tics Académies.) M. Alphonse Wauters, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Ém. de Laveleye, vice-directeur; J. Roulez, Gachard, P. De Decker, M.-N.-J. Leclercq,le baron J. de Witte, Ch. Faider, R. Chalon , Thonissen, Th. Juste, le baron Guillaume, Félix Nève, G. Nypels, Alph. Le Roy, A. Wagener, J. Herenians, membres; J. Noiet de Brauwere van Steeland, A. Scheler, Alph.Rivier, E.Arntz, associés; P. Willems, E. Poullet, G. Rolin-Jaequemyns, Stan. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, J. Stecher, corres- pondants. Assistaient à la séance : Classe des sciences : MM. H. Maus, directeur; P.-J. Van Beneden, H. Nyst, Gluge, Melsens, F. Duprez, G. Dewal- que, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, E. Du- pont, C. Malaise, F. Folie, Mailly, membres; Th. Schvvann, E. Catalan, associés; M. Mourlon, correspondant. Classe des beaux-arts : MM. L. Alvin, directeur et pré- sident de l'Académie; Guill. Geefs, Jos. Geefs, C.-A. Frai- kin, Éd. Fétis, le chevalier L. de Burbure, J. Franck, G. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq, Ad. Samuel, Ad. Pauli, F. Stappaerts, mem6re5; Alex. Pinchâvi, correspoiidant. ( 6S2 ) Un public nombreux, parmi lequel se trouvent plusieurs dames, occupe la grande salle de Marbre du Palais des Académies. Divers hauts fonctionnaires de l'État assistent également à la solennité. M. le Ministre de l'Intérieur vient prendre place au mi- lieu des membres de l'Académie. A une heure, M. le directeur déclare la séance ouverte et prononce le discours suivant, qui porte pour titre : Les travaux historiques de jadis et ceux d'aujourd'hui. a Un écrivain du siècle dernier, jugeant avec une sévérité peut-être outrée certaines productions de son temps, a dit de l'histoire que c'était une fable convenue. Pour nous qui sommes habitués à consulter avec respect les grands travaux qu'a produits l'ancienne érudition, ce sarcasme paraîtrait un blasphème si nous ne nous rendions un compte exact de la pensée de Fontenelle. Ce qui dé- tournait ses contemporains de la lecture des travaux his- toriques, c'étaient les graves défauts qu'un esprit observa- teur pouvait y remarquer : la longueur démesurée des récits, le manque d'élévation ou d'indépendance dans les idées, l'indifférence pour tout fait autre que les batailles, les négociations diplomatiques et les cérémonies d'appa- rat, et enfin l'absence presque complète d'art dans la com- position. D Hâtons-nous de le dire, ces reproches n'atteignaient pas les auteurs seuls. Habitués que nous sommes à vivre dans une atmosphère de liberté, nous ne nous rendons pas bien compte des difficultés qui entouraient nos devanciers. Régis par une constitution qui proclame l'abolition com- plète de la censure, nous ne sommes plus obligés de solli- ( 6d3 ) citer d'un fonctionnaire public, qui pourrait être malveil- lant ou capricieux, la permission de publier le fruil de nos veilles, de nos méditations, de nos recberches; nous ne sommes plus exposés à être envoyés au supplice, jetés dans quelque bastille, mis au pilori ou, pour le moins, envoyés en exil, forcés de nous rétracter ou condamnés à voir nos livres brûlés par la main du bourreau. Rappelons seule- ment les restrictions apportées à la publication intégrale de l'excellent travail de Jacques De Meyere sur la Flandre et les poursuites intentées aux éditeurs du Luysler van Brabant. Un gouvernement devait être bien faible pour ne pouvoir rien tolérer, pas même la mise en lumière de quelques vieilles cbartes, encore chéries du peuple, mais dont on comprenait à peine la véritable signification. Au- jourd'hui, la presse est libre et, conséquence naturelle du nouvel état de choses, il se publiemoins de mauvais livres et de pamphlets orduriers que sous l'ancien régime, tandis qu'on imprime sans relâche des livres utiles ou recom- mandables. » Jadis la tyrannie et la défiance générale enlevaient aux historiens les ressources qu'ils se procurent sans peine, maintenant que les bibliothèques et les archives des États et des villes, à peu d'exceptions près, sont accessibles au public. Les ténèbres qui cachaient les causes, les circon- stances et les suites des événements se dissipent peu à peu, grâce à l'étude comparée des récits, des documents et des correspondances. Tandis que la science de la diplomatique, dont Mabillon et Henschenius formulèrent les lois les pre- miers, ne cesse de se perfectionner, de nouvelles branches de connaissances naissent de l'affranchissement de l'esprit humain. L'archéologie prend de jour en jour des dévelop- pements plus considérables. On étudie sous tous leurs ( 654 ) aspects les édifices et les objets d'art, on a découvert le sens des hiéroglyphes et des inscriptions cunéiformes et retrouvé dans le sol des traces nombreuses des popula- tions primitives. La géographie, cette compagne insépara- ble de l'histoire, s'est enrichie par la découverte de contrées restées inconnues et, circonstance qui mérite d'être signa- lée, les explorations récentes ont permis de mieux préciser l'étendue des connaissances des anciens, que l'on a souvent dénigrés pour les avoir mal compris. Les découvertes faites de notre temps en Egypte, dans l'Assyrie et dans le Sou- dan ont réhabilité Hérodote, ce père de l'histoire grecque; puis Livingstone et ses continuateurs, en parcourant cette Afrique centrale dont on n'avait avant eux qu'une pauvre idée, ont rétabli les sources du Nil à peu près à la latitude que Ptolémée leur avait assignée et replacé sur les caries ces grands lacs, ce réseau de rivières que l'on y avait indi- (|uées et que des corrections malencontreuses en avaient fait disparaître (1). » Ainsi, à mesure que le savant, le penseur, le \oyageur agissent et écrivent sans entraves, en dehors de tout sys- tème préconçu, sans autre passion que le culte de la science, ce qui est la môme chose qne le culte de la vérité, la lumière se fait, le passé s'explique, les connaissances humaines s'étendent et se complètent. Les travaux anciens, dans ce qu'ils avaient de bon et d'exact, sont remis en lu- mière et honorés. Là où régnaient le doute, l'incertitude, (1) Voyez dans le savant ouvrage de Lelewel : Géographie du moyen âge, t. I", après les prolégomènes (Bruxelles, 1832, in-S»), les cartes dressées d'après les connaissances des géographes siciliens en 1154 et d'après Edrisi, le planisphère de Mercalor, dédié à Guillaume, duc de Clèves, la carte espagnole de 1575. Leur concordance au sujet de l'Afrique centrale est étonnante. ( m ) l'incohérence, une lueur apparaît faible d'abord, lueur qui persiste, augmente et devient une clarté intense. Et ce qui est vrai pour les détails l'est également pour l'ensemble. On entrevoit, dans la marche générale des événements, à travers ce qui constitue véritablement l'histoire, dont la diplomatique, la chronologie, les travaux monographiques de toute nature, l'archéologie ne sont que des branches secondaires, on entrevoit, dis-je, des lois générales que le souverain, l'homme d'État, le diplomate ne peuvent igno- rer ou méconnaître. » Ces lois, c'est à l'historien de les formuler, en s'aidant de tous les moyens qu'un heureux concours de circon- stances met aujourd'hui à sa disposition. Libre à un degré qu'il n'a jamais connu, entouré de richesses bibliographiques telles que l'imagination n'en a jamais rêvé dépareilles, son rôle s'est agrandi, mais en devenant plus difficile, en aug- mentant aussi la responsabilité de l'écrivain. Éducateur du peuple, il peut élever ou amoindrir son caractère. Disons plus. Aujourd'hui que tous les États sont en quelque sorte solidaires les uns des autres, les travaux scientifiques de premier ordre sont entrés dans leur domaine commun. Les événements, en eff"et, agissent sur eux tous dans une me- sure plus ou moins grande; les querelles secondaires qui les séparaient s'atténuent ou s'effacent; tour à tour les peu- ples entrent dans une direction qui les transforme succes- sivement, et qui, par cela même, les oblige à attacher tous une égale importance aux révolutions d'où est sorti le monde moderne. De jour en jour il devient plus malaisé d'écrire isolément les annales d'une nation; la science affecte de plus en plus un caractère général. » Différents dans leurs tendances des travaux histo- riques des temps passés, ceux des temps modernes doivent ( 656 ) nécessairement revêtir une autre forme. En outre, pour atteindre le but, c'est-à-dire pour instruire et captiver, l'écrivain doit être en communion d'idées avec la foule, j'entends aborder les questions qui l'intéressent, essayer de répondre aux préoccupations du présent. Non que l'histo- rien puisse se plier aux exigences delà multitude, sacrifier ses convictions à un besoin malsain de popularité; mais s'il veut être écouté, il doit pailerà ses lecteurs de ce qui les intéresse, les passionne ou peut les éclairer. » L'histoire est un besoin de toutes les époques. Sœur de la poésie, elle est née avec elle dans les temps les plus reculés. Tandis que la chronologie et l'histoire officielle se formulaient pour la première fois dans les palais et les temples de l'Egypte et de l'Assyrie, les héros et leurs faits d'armes étaient chantés en vers sous les tentes de l'Arabe, sous le ciel delà Palestine e! de la Grèce. La forme poé- tique eut longtemps le don de plaire aux annalistes et ceux d'entre eux qui se servirent les premiers de la langue fla- mande, Yan Maerlant, Yan Heeîu, Yan Yelthem, Yan Boen- dael entre autres, ont écrit en vers. Mais cette mode, avilie par de maladroits imitateurs, ne put se maintenir. On en arriva à comprendre dans les histoires versifiées la liste des guerriers tués ou pris dans les batailles et des textes de diplômes avec l'énumération des personnages qui y avaient apposé leurs sceaux. Pauvre poésie, jusqu'oii étais-tu tom- bée! » En regard de cette décadence, plaçons le progrès des œuvres en prose. Après l'apparition de Yillehardouin et de Joinville, dont la Champagne s'honore, la Belgique pro- duit Jean le Bel, Froissart, le généalogiste Hemricourt, le compilateur romancier D'Outremeuse. Les deux premiers sont à la fois naïfs et élégants; tous deux voyagèrent beau- ( «S7 ) coup, fréquentèrent ies cours, cl furent témoins d'événe- ments mémorables. Leur style s'en ressent et révèle par ses grandes qualités le travail assidu d'hommes qui veulent bien dire des choses vraies et intéressantes. Mais presque aussitôt la décadence se manifeste. Jean de Stavelot est encore nourri de faits et rempli de détails curieux, mais Monstrelet, Saint-Remy, Bu Clercq, Olivier de la Marche sont superficiels, froids, incolores; Chastellain, qui possé- dait à un haut degré le sens moral dans son acception la plus élevée, est verbeux à l'excès et d'une lecture impos- sible. ' K Philippe de Comines appartient à une autre école. Sorti de la cour du duc Philippe de Bourgogne, dont un des grands défauts était la duplicité, Comines met en action les principes de son premier seigneur. Né sujet de nos ducs, il devient Français sans motif apparent, sans vergogne; enfant de la Flandre, il aide à y porter la guerre et à y semer la zizanie; courtisan, il profite honteusement de sa faveur pour obtenir des domaines, qu'une disgrâce lui enlèvera sans qu'on le plaigne, il a donc la conscience large et comme historien il mérite peu de confiance, mal- gré ses prétentions de dicter des règles de conduite aux princes et aux peuples. Mais il commande l'admiration par sa manière souple et nerveuse, qui le classe parmi les maîtres. » Nous avons ensuite peu de chose à citer et la cause en est bien simple. Charles-Quint et Philippe ÎI arrivent et mettent un bâillon à l'histoire. Si la révolution du XVP siècle, si mouvementée, si pleine d'actions gran- dioses, compte des narrateurs, c'est dans les Provinces- Unies : les Hollandais Bor, Hooft; le Belge fugitif. Van Meteren, d'Anvers. Ceux qui, chez nous ou en Espagne ( 638 ) ont écrit sur cette époque, s'attachent de préférence aux événements militaires et aux relations entre le pays et l'étranger; ils passent rapidement, non sans motif, sur les questions intérieures. Quelques travaux partiels, rédigés ou imprimés pendant les troubles mêmes, témoignent pourtant du mouvement des esprits. On y rencontre une grande connaissance des besoins du pays et de ses droits, un siyle plein d'énergie et d'élégance. Toutefois cette période importante n'inspire pas d'écrits de premier ordre. Yis-à-vis de Philippe II et du duc d'Albe il ne se dresse pas de Tacite. » Un jour, un imprimeur d'Anvers, nommé De Coninck, s'avisa de représenter autrement que ne l'avait fait une relation officielle, la conduite des archiducs Albert et Isabelle à l'égard des doyens de Bruxelles en i619. La punition ne se lit pas attendre: il fut poursuivi et forcé de quitter le pays. On comprit dès lors que nous n'avions plus qu'à opter entre le silence et l'adulation. » Faut-il s'étonner si les temps qui suivirent ne pro- duisirent chez nous aucun historien de valeur, j'entends historien dans la véritable acception du mol? Des érudils il y en eut, en grand nombre et de première qualité, surtout pendant la première moitié du XYIP siècle, grâce à l'im- pulsion donnée aux lettres et aux sciences par la Renais- sance. Mais ils s'éteignirent successivement et ne lais- sèrent que de rares successeurs, dont le nombre alla en diminuant jusqu'au réveil des études sous Marie-Thérèse. Comment en aurait-il été autrement? Un joug inexorable pesait sur les esprits et sur les consciences; la moindre tentative d'émancipation intellectuelle rencontrait d'impi- toyables adversaires. Van Helmont, Van Espen furent pour- suivis, incarcérés ou expulsés. Même les savants religieux ( 6d9 ) qui éditaient, aux applaudissements de l'Europe, les Acta Sanctoriim, se virent en butte à mille tracasseries pour s'être refusés à admettre la fondation de Tordre des carmes par le prophète Élie. D La décadence fut écrasante. Vers l'année 1700, il n'existait guère d'autre érudit que le baron Le Roy; puis on cherche en vain un nom à citer, dans ce pays où, un siècle plus tôt, on comptait tant de travailleurs intelligents. Plus tard apparaissent Bertholet, de Marne, le comte de Nény, écrivain des plus remarquables, et peu à peu le feu sacré se rallume; mais le mal se montre lent à guérir. A part quelques exceptions, les travaux historiques res- tent d'une médiocrité désespérante et il faut arriver au commencement du XIX° siècle pour rencontrer deux hommes d'une véritable valeur, dont pourtant l'influence fut médiocre, parce que leurs beaux travaux ne rencontrè- rent guère d'encouragements. Je veux parler du chevalier Diericx et de l'abbé Ernst. L'un et l'autre renoncèrent au système d'écrire uniquement à l'aide des ouvrages publiés avant eux; ils fouillèrent sans relâche les archives et augmentèrent considérablement nos connaissances. Le Mémoire sur les lois, les coutumes et les privilèges des Gantois, du premier, VHistoire du Limbourg, du second, œuvres de patience et de critique à la fois, peuvent être placés au rang des publications les plus utiles des der- niers temps. » Ce sont nos anciens collègues : de Reiffenberg, de Gerlache, de Stassart qui, les premiers, voulurent être aussi des écrivains et des penseurs : ils se préoccupèrent autant de la forme que du fond. Mais ici, permettez-moi de m'arrêter, ou plutôt de dévier de ma route. Loin de moi la prétention de juger ces hommes considérables, qui ont ( 660 ) été, pour la plupart d'entre nous, les compagnons de leur existence. Je préfère d'attirer vos regards sur l'écrivain étranger qui, à mes yeux, a réalisé le type d'un grand historien, tel qu'on le comprend à notre époque. Je veux parler de lord Macaulay, dont l'Angleterre déplore encore la perte. » Dans une phrase assez malheureuse, que plus d'un livre a adoptée pour épigraphe, Quintilien déclare que l'historien écrit pour raconter et non pour prouver [scribitur ad narrandiim, non ad probandiim). L'œuvre historique, en a-t-on conclu, doit être un récit, sans que l'auteur puisse tirer une conclusion des faits qu'il raconte, de la conduite des personnages mis en scène. Mais, dira- t-on, si l'on ne peut y puiser des leçons, quel intérêt nous offre un tissu d'épisodes dont les acteurs sont morls depuis longtemps, accomplis dans des localités qui se sont transformées et dans des conditions dont nous pouvons diiïicilement nous rendre compte? Aussi telle n'était point l'opinion de Macaulay. Son Histoire d'Angleterre depuis l'avènement de Jacques II et son Règne de Guillaume III ont été écrits à un autre point de vue. Rédigés avec un soin scrupuleux, élaborés à l'aide des meilleures sources, ils présentent un tableau vrai, animé, attrayant, instructif. L'auteur s'est imposé la lâche de glorifier la grande révolution de 1689 et celui qui y joua le principal rôle, le stathouder Guillaume d'Orange, depuis roi d'Angleterre sous le nom de Guillaume lil. « Ou je me trompe fort, » dit-il, ou l'effet général de cette narration variée sera » d'exciter la reconnaissance dans les esprits religieux et » res[)érance dans les cœurs patriotiques; car l'histoire B de notre pays, pendant les cent soixante dernières » années, est surtout l'histoire des améliorations maté- ( 6C1 ) » rielles, morales et inlellecluelles. L'homme qui compare » son époque avec un âge d'or qui n'existe que dans son » imagination peut parler de dégénération et de déca- i> dence, mais celui qui a étudié consciencieusement le » passé ne se sentira pas disposé à regarder le présent » d'un œil chagrin et désespéré (1). » « Macaulay a raison : on ne peut sainement apprécier la situation présente, si l'on n'a une connaissance exacte du passé. Les maux, les contrariétés, les misères que l'on ressent et dont on soutïre aujourd'hui sont graves sans doute; mais n'oublions pas les épreuves déchirantes et cruelles de nos aïeux. Célébrons leurs grandes qualités et leurs efforts, cela n'est que juste; mais sondons aussi, pour mieux rendre justice à ce qu'ils ont accompli, les plaies de leur époque. Il est facile et charmant de couvrir les ruines de fleurs et de poésie, mais sous ces ruines il y a des abîmes oij il ne faut pas s'engloutir. En regard de cette Belgique où une liberté illimitée est inscrite dans la loi, plaçons celle qui vit le servage subsister jusqu'en 1794 et où, dans quelques villages de la Flandre, flétris par le nom de 's Graven propre j le Propre du comte, le paysan et ce qu'il possédait constituaient une partie du domaine seigneurial, à tel point qu'un gentilhomme qui était né à Lede, M. Van der Laen, seigneur de Mélin près de Jodoigne, étant mort à Bruxelles en décembre j 759, on revendiqua la moitié de sa succession mobilière au nom du possesseur par engagère des droits du domaine, le jeune marquis de Lede. Par bonheur, il était décédé en Brabant et le conseil du duché, malgré le texte formel d'un article de la coutume d' Alost, déclara non fondées les réclama- (1) Histoire d'Angleterre, t. I*""^, p. 2. ( 66^2 ) lions de la tutrice du marquis (1). Ainsi encore si dans notre belle patrie, grâce à l'initiative d'un souverain éclairé, le glaive du bourreau est passé à l'état de mythe, n'oublions pas les gibets, les roues, les piloris dont elle était parse- mée et qui ne chômaient guère. » Respect donc au passé, mais à condition que ce res- pect soit réservé pour les nobles exemples, les grandes leçons; ne traçons pas un tableau trompeur, où la vérité serait systématiquement cachée. Soyons convaincus que si les institutions anciennes ont péri, c'est surtout sous le poids de leurs fautes et parce qu'elles se sont, en quelque sorte, refusées à vivre plus longtemps. Je le sais, de nom- breux esprits, très-distingués d'ailleurs, ne partagent pas cette opinion et croient que l'humanité peut encore rentrer dans les voies dont elle s*est écartée. » Pour moi, his reconnaissant du XIX^ siècle, c'est avec un sentiment d'étonnement mêlé de tristesse que j'entends accabler notre époque d'anathèmes et de malédictions. Nées de la colère impuissante de ceux qui voudraient diri- ger les esprits à leur gré et les assouplir à leurs volontés, mille prédictions sinistres ont en vain été formulées contre elle. L'oubli le plus complet en a fait justice. « II s'agit » bien, s'écrie Chateaubriand, du naufrage de l'ancien .D monde, lorsque nous nous trouvons engagés dans le nau- » frage du monde moderne (2). d Ce naufrage, signalé dès le mois de mars i851, quand sera-t-il un fait accompli? A mesure que les années s'accumulent, elles réalisent, au (1) Sentence de 1744 dans les registres du conseil de Brabant, n» 1006, f«87. (2) Éludes ou discours historiques. Avant-propos. ( 663 ) contraire, la pensée que Fonlanes a exprimée avec tant de concision et d'élégance: « Un grand siècle finit, un grand siècle commence. » j> Sans doute, lorsque le poëte officiel du premier em- pire Napoléonien saluait par ce vers l'apogée delà grandeur de son maître, il ne se rendait qu'un compte imparfait de la manière dont cette invocation se réaliserait. Semblable à la Pythie de Delphes, à laquelle un souffle mystérieux inspirait de vagues éclaircies sur les temps futurs, Fontanes puisait dans l'inspiration poétique une intuition de l'avenir qui se préparait, mais ne devait répondre, ni à ses vœux, ni à ses espérances. Il comptait voir se perpétuer la domi- nation et les triomphes du nouveau Charlemagne et des princes de sa race. Il ne prévoyait pas, il ne pouvait prévoir les succès éclatants que la civilisation allait remporter : l'esprit de tolérance, de libre examen, de discussion illimi- tée s'infiltrant partout; les contrées européennes, à une exception près, et toute l'Amérique conquises à la vie constitutionnelle; la traite des noirs prohibée, poursuivie, traquée jusque dans ses derniers repaires; les États-Unis sacrifiant des milliards et l'élite de leur population pour en arriver à la suppression de l'esclavage, la Russie abolis- sant le servage, les questions de charité et d'hygiène devenant l'un des sujets principaux des préoccupations des penseurs et des ministres, la crèche, l'école gardienne, la caisse d'épargne, la société coopérative allégeant le far- deau de la misère; l'arbitrage dans les questions interna- tionales tenté avec succès , les distances annulées de manière à permettre aux populations de se connaître, de déposer leurs haines et de sympathiser; les barrières douanières s'abaissant à mesure que les congrès scientifî- ( 664 ) ques, ces grandes assises de la pensée, vont se multipliant; les arts et les lettres produisant de nouveaux chefs-d'œuvre, les sciences prenant d'immenses développements ou même apparaissant pour la première fois, l'astronomie reculant les bornes perceptibles de l'univers dans de telles propor- tions que nos systèmes de numération deviennent insuf- fisants, grandes choses qui toutes ont été effectuées par deux ou trois générations. Déjà noire époque, inquiète, nerveuse pourrait-on dire, mais persistant dans la même voie, approche de sa fin. Tout fait prévoir que lorsqu'elle se terminera, d'une voix unanime et en se rappelant Fontanes, on répétera ces mots: « Un grand siècle finit. » » Et plus tard? Le chaos sera-t-il Tunique récompense de tant d'efforts, de tant de découvertes, de tant d'études ou d'essais? Un bouleversement général naîtra-t-il, comme on affecte de le répéter, de l'élan avec lequel on sonde les questions sociales? C'est ici que l'histoire doit nous servir de guide. Elle nous apprend que les nations ont toujours péri, non pour s'être transformées, mais pour s'être immobilisées ; non pour avoir accompli des réformes, préparées à l'avance et discutées, mais pour les avoir systématiquement repoussées. Poser cet axiome, c'est jus- tifier le mouvement de progrès qui s'accomplit sous nos yeux. » Si, rentrant dans le domaine qui nous est plus spé- cial, nous interrogeons les derniers temps de notre histoire, nous sera-t-il permis de les maudire? Non, c'est nous sur- tout, nous Belges, qui devons repousser un pareil système? Qu'était notre patrie il y a un peu plus d'un siècle! Sou- mises à un pays éloigné, indifférentes ou hostiles aux États voisins, presque sans industrie, sans commerce, sans arts et sans culture littéraire, nos provinces, jadis si ( CArn ) florissantes et si libres, végétaient péniblement. Le gou- vernement énergique et réparateur de Marie-Thérèse fit sortir nos populations de leur apathie et leur donna trente- cinq années de paix et de prospérité, pendant lesquelles se préparèrent bien des germes qui ne devaient éclore que plus tard. Rendue à la tranquillité en 1800 et à l'indé- pendance trente ans après, la Belgique a joui des bienfaits du XIX^ siècle plus peut-être qu'aucune autre contrée. Elle parcourt, on peut le reconnaître, une véritable phase de régénération. » En soixante-seize années notre pays, grâce aux progrès de la civilisation, n'a connu les malheurs de la guerre qu'à de rares intervalles et chaque fois pendant quelques jours à peine: en 1814 et 1815, en 1850 et 1831. Sa population, son commerce, son industrie, sa participation aux travaux de l'intelligence ont grandi énormément. En présence de cette situation exceptionnelle, une même pensée doit nous dominer tous: une pensée de reconnais- sance pour une révolution féconde. Appliquant à la Belgique ces belles paroles de Macaulay que j'ai citées tantôt, attendons la continuation de notre prospérité du maintien des grands principes proclamés après 1830. Groupés sous notre vieille devise nationale: Œnion fait la force, nous pourrons continuera traverser sans danger nos discordes intérieures, suites inévitables de l'existence d'opinions différentes, et envisager sans effroi les compli- cations de la politique extérieure. » A près la lecture de ce discours, M. le secrétaire perpétuel donne connaissance de l'arrêté royal suivant , daté du 13 mai 1877: 2"^^ SÉRIE, TOME XLIII. . 45 ( 666 ) LÉOPOLD II, Roi DES Belges, A tous présents et d venir. Salut. Voulant, par un nouveau témoignage de Notre bienveillance, reconnaître les services rendus aux lettres par M. Wauters (Alphonse), membre de la classe des lettres de l'Académie royale de Belgique, archiviste de la ville de Bruxelles ; Sur la proposition de Notre Ministre de l'Intérieur, Nous AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS ; Art. i". M. Wauters (A.), préqualifié, est promu au grade d'officier de l'Ordre de Léopold. Il portera la décoration civile et prendra rang dans l'Ordre à dater de ce jour en cette nouvelle qualité. Art. 2. Notre Ministre des Affaires étrangères, ayant l'admi- nistration de l'Ordre de Léopold dans ses attributions, est chargé de l'exécution du présent arrêté. M. le Ministre, en remettant la croix d'officier à M. Wau- ters, a saisi cette occasion | our lui exprimer ses vives félicitations. 11 ajoute que les éludes de M. Wauters sur l'histoire et la géographie des communes de la Belgique n'ont pas été étrangères à sa promotion. La parole a été donnée à M. Emile de Laveleye pour faire la lecture suivante: Du respect de la propriété privée sur mer en temps de guerre, La guerre qui commence en Orient, surtout si elle doit se prolonger et s'étendre, remettra probablement à Tordre du jour la question des droits et des devoirs des beliigé- ( 667 ) rants et des neutres. La conférence de Bruxelles de J874 a adopté plusieurs principes qui constituent d'importants progrès sous ce rapport, et quoiqu'ils n'aient pas élé con- sacrés par une convention internationale , il faut espérer qu'à l'avenir ils seront respectés, comme s'ils faisaient partie ce ce que l'on appelle le droit des gens. Malheureusement l'opposition invincible de l'Angelelerre n'a pas permis qu'on abordât un des points les plus importants et qui aurait certainement reçu une solution conforme aux sentiments d'humanité et de justice de notre époque, je veux parler du respect de la propriété privée sur mer en temps de guerre. Les usages qui règlent aujourd'hui cette matière sont encore, je n'hésite pas à le dire, véritablement barbares. N'est-il pas monstrueux qu'en ce moment les navires de guerre turcs et russes aient le droit de saisir les vaisseaux marchands de l'ennemi, de les confisquer avec les mar- chandises qu'ils renferment, et de les livrer aux flammes, si le capitaine du bâtiment capteur le trouve bon? Comment se peut-il que dans un siècle qui se fait gloire d'avoir aboli l'esclavage et le servage, proclamé le libre-échange, re- connu l'immunité des ambulances et imposé le respect absolu de la propriété privée sur terre, il se trouve des juristes, des hommes d'État et des gouvernements qui défendent encore un usage odieux qui nous vient de ces époques de barbarie où le vainqueur croyait avoir le droit d'égorger le vaincu et de faire à l'ennemi le plus de mal possible? Pour prouver que l'opinion publique est opposée à ces traditions du passé, je rappellerai seulement l'éton- nement de l'Europe quand, en octobre 1870, le croiseur français le Desaix brûla sur les côtes d'Ecosse les navires de commerce allemands le Vorwàrts et le Lûdwig. Il faut ( 668 ) dire cependant que la France, à qui nous devons la pro- clamation de tant de principes généreux, condamnait cet acte de guerre, car au mois de juillet 1870, au moment même ou éclatait la guerre entre la France et l'Allemagne, la Chambre française votait Turgence pour une proposition de M. Garnier-Pagès, abolissant complètement la capture des bâtiments de commerce ennemis. Mais le gouverne- ment de l'empereur Napoléon, espérant causer de grands dommages au commerce allemand, maintint le droit de prise, malgré le sentiment du pays et quoique l'Allemagne y eût complètement renoncé dans le décret du 18 juillet 1870, portant: « Les navires marchands français ne seront soumis ni à saisie, ni à capture de la part des bâti- ments de guerre de la Confédération. » Je voudrais montrer premièrement que le droit de cap- ture est contraire au droit naturel, aux sentiments d'équité de notre époque et aux principes aujourd'hui générale- ment reconnus du droit des gens, et en second lieu, qu'il est devenu complètement inefficace et qu'il ne pourrait être nuisible qu'au seul État qui prétend le maintenir, con- trairement aux vœux de tous les autres pays civilisés. Voyons d'abord le premier point. Pour défendre une juste cause on peut avoir recours à tous les moyens légi- times et nécessaires, mais on ne peut ni égorger tous les habitants du pays qu'on combat, comme on le faisait dans l'antiquité, ni livrer aux flammes tout ce qu'ils possèdent, maisons et récoltes, villages et cités, temples et palais, comme l'a ordonné Louvois, lors de la dévastation du Paialinat. — La guerre ne permet an belligérant d'em- ployer ses forces que contre l'État ennemi, jamais contre les particuliers inoffensifs, parce que la guerre est une rela- tion d'État à État, non d'individu à individu ou d'État à ( ()69 ) individu. — En ce momeiil, un particulier russe qui tuerait un particulier turc, parce que la Russie et la Turquie sont en guerre, commettrait un assassinat; si un commandant russe faisait fusiller des habitants des pro- vinces turques qui n'auraient commis aucun acte d'hosti- lité, il se rendrait également coupable d'assassinat. Le projet soumis à la conférence de Bruxelles par l'empereur de lîussie formulait très-nettement les vrais principes en cette matière. Les articles 1 et 2 de ce projet étaient ainsi conçus : « Une guerre internationale est nn état de lutte ouverte entre deux Êiats indépendants et entre leurs forces armées et organisées. » Les opérations de guerre doivent être dirigées exclu- sivement contre les forces et les moyens de guerre de l'État ennemi et non contre ses sujets, tant que ceux-ci ne prennent point part active à la guerre. » De là résulte l'obligation absolue de respecter les indi- vidus inoffensifs et leur propriété. Le dernier point est consacré par l'article 40 du projet admis par la conférence de Bruxelles, où il est dit : « La propriété privée devant être respectée, etc. » Ce principe paraît désormais faire partie sans conteste du droit des gens. Le 8 août 1870, dans un ordre du jour à ses troupes, le roi de Prusse disait : « Nous ne faisons pas la guerre aux habitants paisibles; c'est, au contraire, le devoir de tout soldat sensible à l'hon- neur de protéger la propriété privée. » Et le 12 août de la même année, le roi Guillaume disait encore, dans sa fameuse proclamation au peuple français si souvent mal citée et mal interprétée : « Je fais la guerre aux soldats et non aux citovens français. Ceux-ci con- (670) tinueront, par conséquent, à jouir d'une entière sécurité pour leur personne et leurs biens aussi longtemps qu'ils ne me priveront pas eux-mêmes, par des entreprises hostiles contre les troupes allemandes, du droit de leur accorder ma protection. » Quand les souverains prononcent de telles paroles, n'est-on pas surpris d'entendre certains juristes éminents soutenir que « les propriétés privées mobilières el immo- bilières sont soumises à la loi du vainqueur, qu'elles peuvent être saisies et confisquées? » D'après ces prin- cipes, les Prussiens, en emportant les pendules el les pianos des Français, comme la caricature le leur a repro- ché, n'auraient fait qu'user de leur droit et avec infini- ment de modération, puisqu'ils pouvaient légitimement tout enlever. Mais si la conscience juridique moderne s'élève contre de semblables théories, par quelle subtilité distinguera-t-on la propriété privée sur mer de la propriété privée sur terre? Pourquoi fandra-t-il respecter celle-ci et saisir celle-là? Comment le même souverain peut-il dire, d'un côté, à ses soldats : « Ne prenez rien, l'honneur vous le détend, » et, de l'autre, à ses marins : « Courez sus aux navires mar- chands de l'ennemi, saisissez, confisquez les marchandises des négociants paisibles, et si voïjs ne pouvez les vendre à votre profit, livrez-les aux flammes ou coulez-lès au fond de l'Océan. » Il est impossible de découvrir l'ombre d'une raison juri- dique qui rende légitime sur mer un acte qui est interdit sur terre. La terre et la mer sont, dit-on, deux éléments différents. La guerre doit donc aussi employer des moyens différents en rapport avec l'élément sur lequel elle s'exerce. Sans ( 671 ) doute, sur terre on emploie de la cavalerie et de Tinfanterie, et sur mer il faut se servir de vaisseaux, mais en résulte-t-il que ce qui serait pillage sur terre devienne un acte légitime sur mer? Évidemment non. La guerre ne met pas en hos- tilité un État avec les citoyens paisibles de l'État ennemi , tel est le principe moderne généralement accepté. Un État ne peut donc pas saisir la propriété d'individus avec qui il n'est pas en hostilité. S'il le fait, c'est un vol et un acte de brigandage. Mais, dit-on, sur terre les armées vivent aux dépens des territoires occupés , et la capture sur mer remplace les ré- quisitions sur terre. Ce raisonnement est inexact sous tous les rapports. D'abord dans les guerres modernes, l'armée envahissante paye ou donne un reçu. L'article 42 du projet de la conférence de Bruxelles en fait une obligation ex- presse. 11 n'y a donc point confiscation. Les réquisitions sont faites pour subvenir aux besoins des troupes, tandis que la capture sur mer n'a d'autre but que de ruiner le commerce et de faire à l'ennemi le plus de mal possible. C'est comme si sur terre on brûlait systématiquement les fabriques, les fermes, les chemins de fer parce qu'ils sont des sources de richesse et qu'ainsi on appauvrirait l'ennemi. C'est de cette façon , en effet, qu'on faisait la guerre dans l'antiquité, au moyen âge et chez les sauvages. La capture peut invoquer ces glorieux précédents ! Faire à l'ennemi le plus de mal possible est si bien le but de la capture que c'est l'un des principaux motifs que l'on invoque pour la conserver. Si, dit-on, l'on ne saisit pas les navires marchands, si l'on ne détruit pas le com- merce maritime, l'un des plus sérieux obstacles à la guerre disparaît et les conflits deviendront plus fréquents et plus longs. Mais n'est-il pas monstrueux de se donner pour but ( 672 ) la destruction du commerce, qui est la base de la solida- rité humaine et le lien des nations, alors que les inventions et les réformes dont notre siècle se vante le plus ont pré- cisément pour but de favoriser le commerce international ? Mais si la guerre maritime est faite principalement pour détruire le commerce de l'ennemi, pourquoi a-t-on renoncé à la course et aux corsaires qui étaient le meilleur moyen d'arriver à ce résultat? 11 n'y a point de milieu , ou il faut en revenir aux corsaires, ou renoncer complètement à la capture. Le seul argument sérieux que peuvent invoquer les par- tisans du droit de capture est celui-ci : La marine mar- chande est en réalité l'auxiliaire de la marine militaire. Un bâtiment de commerce est facilement transformé en bâti- ment de guerre et les matelots peuvent immédiatement servir à compléter les équipages des flottes en campagne. La marine tout entière et tous les marins doivent être con- sidérés comme un corps d'armée prenant part aux hosti- lités. En saisissant un navire marchand, on ne viole donc pas réellement le principe du respect de la propriété pri- vée. Cet argument pouvait avoir quelque valeur autrefois; mais il n'en a plus aucune aujourd'hui. Les bâtiments de guerre sont maintenant revêtus de puissants blindages et ils portent des canons monstrueux. Il est donc impossible de transformer un nnvire de commerce en bâtiment de guerre. Les navires légers en bois peuvent rendre, il est vrai, des services comme capteurs poursuivant les vais- seaux marchands sur toutes les mers. Mais si la capture est supprimée, cet emploi disparaît, et il est certain qu'ils ne viendront jamais jouer un rôle sérieux dans une bataille navale. S'il faut faire prisonniers les matelots marchands ( 675 ) parce qu'ils peuvent monter sur les navires de guerre, ii faut aussi s'emparer de tous les hommes faits, parce qu'ils peuvent entrer dans l'armée. Dans sa dépêche au gouver- nement de la défense nationale, en dalc du 4 octobre 1870, M. de Bismarck s'éleva vivement contre un moyen de guerre si contraire aux principes actuels du droit des gens. Dans sa réponse, M. de Chaudordy, après avoir invoqué les usages établis, ajoutait que « la France serait la première à se ral- lier à une convention ayant pour but de tempérer les maux de la guerre. » Au fond, les deux pays étaient donc d'ac- cord pour condamner les pratiques anciennes. La capture des matelots n'a plus du tout la même importance qu'au- trefois. Maintenant, les bâtiments et les canons sont énor- mes; mais, relativement, les équipages sont peu nombreux, et ce qui manque, ce ne sont pas les marins, mais les moyens de construire des navires qui coûtent chacun- dix à douze millions. Ainsi donc, ni les vaisseaux ni les mate- lots marchands ne peuvent être considérés comme les auxi- liaires de la marine militaire, et ainsi tombe le dernier pré- texte que l'on puisse invoquer pour justifier la capture. Les faits récents démontrent que cette coutume est con- damnée par le sentiment de toutes les nations, à une ex- ception près, l'Angleterre. Jusqu'à la guerre de Crimée, la France avait défendu et appliqué le système de saisir, avec le navire ennemi, toutes les marchandises trouvées à bord, même celles des neutres ; mais elle respectait, sur le navire neutre, la marchandise ennemie; l'Angleterre, au con- traire, respectait la marchandise neutre sous pavillon en- nemi, mais saisissait la marchandise ennemie sur navire neutre et par suite revendiquait le droit de visite. En 1854, les deux gouvernements se mirent d'accord pour adopter le système le pliis large, qui fut définitive- [ 67i ) ment consacré dans la déclaration de Paris de 1856, conçue en ces termes: « 1° La course est et demeure abolie; » 2" Le pavillon neutre couvre la marchandise enne- mie, à l'exception de la contrebande de guerre ; » 5° La marchandise neutre , à l'exception de la con- trebande de guerre, n'est pas saisissable sous pavillon ennemi. » Ces résolutions furent adoptées par presque tous les États civilisés. Mais les États-Unis, dans une dépêche admirablement rédigée par M. Marcy, déclarèrent, et avec raison, qu'ils ne renonceraient à la course que si on vou- lait adopter le principe, seul logique, seul conforme au droit, le respect absolu de la propriété privée sur mer comme sur terre. La proposition des Etals-Unis fut bien accueillie par les autres États signataires de la déclaration de Paris, sur- tout par la France et par la Russie. Dans une dépêche de septembre 1856, le prince Gortschakoff écrivait au ministre de Russie, à Washington: « L'attention de l'empereur a été excitée au plus haut degré par les ouvertures du cabinet américain. Dans sa façon d'envisager la question , elles méritent d'être prises en sérieuse considération par les puissances signataires du traité de Paris. Elles s'honoreraient en proclamant au monde, dans une résolution unanime, le principe que l'inviolabilité qu'elles ont toujours reconnue à la propriété privée sur terre serait aussi étendue à cette propriété sur mer. Elles couronneraient ainsi l'œuvre de pacification qui les a réunies, et elles donneraient à la paix une nou- velle garantie de durée. » Telle était alors l'influence des idées humanitaires si ( ^75 ) bien exprimées par Tempereur de Russie, que l'Angleterre elle-même n'osa pas y mettre nettement obstacle. En effet, une dépêche du ministre russe à Londres, rendant compte d'une entrevue avec le chef du cabinet anglais, contient le passage suivant : « Le premier ministre, en réponse à votre note du J" septembre, me dit que le gouvernement de Sa Majesté reconnaissait, dans l'amendement proposé par le gouver- nement américain , un principe équitable et qu'il ne voyait aucune objection à en faire l'objet d'une délibération com- mune. » Depuis 1856 la presse, les académies, les chambres de commerce, les parlements et les gouvernements de diffé- rents pays ont souvent appuyé de leurs vœux l'abolition de la capture. H y a plus: ce principe s'im[)ose avec tant de force au sentiment juridique de notre temps qu'il a été proclamé et mis en vigueur dans les guerres européennes qui ont éclaté depuis lors. En 1859, le gouvernement français restitua les navires autrichiens capturés et non encore condamnés par le tri- bunal des prises. En 1865, il restitua de même les navires mexicains. Lors de la guerre de 1866, le respect de la propriété privée fut proclamé par les trois puissances belli- gérantes: FAulriche, la Prusse et l'Italie. L'Italie, ouvrant la voie aux autres peuples, avait même déjà inscrit le principe dans son Code de droit maritime. En 1870, l'Allemagne reproduisit le décret de 1866 et la France aurait suivi cet exemple, sans le faux et cou- pable calcul de l'empereur Napoléon III. Espérons que, dans la guerre qui commence, les belli- gérants n'auront pas recours au système de capture qui ne serait d'aucune utilité ni à Tun ni à l'autre. ( 676 ) La Russie est pour ainsi dire liée par l'expression de la pensée de l'empereur en 1856 et par l'initiative qu'ii a prise au Congrès de Bruxelles de 1874. On peut compter qu'elle proclamera le principe du respect de la propriété privée ^ur mer comme sur terre à condition de récipro- cité, et la Turquie ne voudra pas, en agissant autrement, s'exposer au reproche de recourir à un moyen de guerre barÎ3are. Sans les résistances de l'Angleterre, on peut affirmer que ce principe aurait été adopté au Congrès de Bruxelles, et qu'il serait aujourd'hui généralement considéré comme faisant partie du droit des gens. J'ai essayé de montrer que le droit de capture est con- traire au droit et au sentiment juridique de notre époque. Il me reste à faire voir qu'il est devenu inefficace comme moyen de guerre, sauf contre ceux qui en restent les der- niers partisans. Les Anglais croient que la saisie des navires marchands est indispensable à leur sécurité et à la conservation de leur suprématie maritime. Cette opinion pouvait être fon- dée autrefois, quand les croiseurs avaient le droit de saisir partout les marchandises ennemies. Depuis les déclara- tions de Paris de 1856 et surtout depuis l'emploi des nouveaux moyens de transport sur terre et sur mer, tout est changé et l'on peut afiirmer qu'aujourd'hui la capture peut causer un mal irréparable à l'Angleterre, mais qu'elle serait complètement inutile, employée contre tout autre État. Autrefois, en effet, la marine anglaise, dominant sur les mers, bloquait les ports de l'ennemi et, grâce au droit de visite, saisissait ses marchandises, même sous pavillon neutre. EUe supprimait ainsi complètement le commerce ( 677 ) maritime des Étals qu'elle combattait. Aujourd'hui, il n'en est plus de môme. Aussitôt la guerre déclarée, tous les navires marchands rentrent dans les ports et cessent de naviguer, en attendant le retour de la paix. Les prises sont insignifiantes. Le commerce n'est plus suspendu. Par les chemins de fer, les marchandises sont transportées jusqu'aux ports neutres les plus voisins et là, embarquées sur les navires neutres, elles arrivent sans encombre à destination. Lors de la guerre de 1854, la France et l'Angleterre ont bloqué les ports russes et exercé le droit de capture. Le résultat a été nul. Le commerce russe se faisait par les ports prussiens de Memel et de Kônigsberg (i). En 1870 la marine française a chassé des mers le pavillon de l'Al- lemagne et bloqué strictement tous ses ports. Le total des prises faites par la France s'est élevé à 70 navires d'une valeur de 6 millions pour lesquelles, il est vrai, il a fallu payer , à la paix, 16 millions. Les échanges de l'Allemagne (1) C'est ce que reconnaît le partisan le plus décidé du droit de cap- ture, M Butler Johnstone {Handbook of mari lime rights, pp. 87 et 89). The expérience of Ihe Crimean war was not favorable to the maritime policy whicli had ihus been adopted. It was found that in spite of a prelly strict blockade of the Rnssian porls in the Baltic the Russians found liltle difficulty in bringing their produce, lailow, hemp, and flax, to Memel and Kdnigsberg, Prussian ports near the Russian frontier, by means of the rivers Vistula and Niémen , and there embarking it on board Swedish and Prussian vessels, where, under theorders in Council, it was perfectly safe from capture. In this way the Russian producer was scar- ceiy inconvenienced at ail: he sold £ 10,000,000 a year lo England instead of £ H. 000,000 and he was recouped by the additional price which the English consumer paid him for his slightly enhanced cost of transport ; and the Russian rouble, the index of the rate of exchange belween the two countries, remained during the whole period of the war at par,... » ( 678 ) avec les autres pays se sont faits par Anvers, Rotterdam ou Trieste. La France n'a donc retiré aucun avantage de remploi de la capture. Au contraire, elle Ta payé très-cher et elle a eu la mortification de se voir devancer par l'Allemagne dans la proclamation des principes humanitaires défendus par ses publicistes depuis plus d'un siècle. Je cherche en vain quel est le pays auquel l'Angleterre pourrait causer un sérieux dommage par ses croiseurs. Même autrefois le droit de prise et de visite exercé dans toute sa rigueur n'a empêché ou abrégé aucune guerre. Lord Palmerston le partisan le plus décidé du droit de capture, avouait en 1856 « qu'aucun grand pays n'avait jamais été vaincu par l'effet des perles privées. » Combien cela serait plus vrai aujourd'hui. L'Angleterre seule souffrirait considérablement non- seulement de l'emploi, mais même de l'existence du droit de capture. Elle a une marine marchande plus grande que celles de tous les autres États européens réunis, et ses vaisseaux de commerce dispersés sur tous les océans ne pourraient être partout protégés. Avec l'activité actuelle des transports, il ne peut plus être question de réunir les bâtiments marchands en convoi gardés par des bâtiments de guerre, et il est impossible d'assurer à la fois la sécurité sur tous les océans. Qu'on se rappelle les effroyables et odieux exploits de VAlabama. Et ce n'était là qu'un simple corsaire construit à la hâte pour compte d'une entreprise privée. Si l'Angleterre se trouvait en guerre avec un grand pays, ce serait l'État lui-même qui lancerait sur les mers des bâtiments rapides, insaisissables, et bientôt ils en auraient chassé les navires marchands anglais, malgré toute la supériorité des flottes britanniques. (679) En effet, le mal fait par les capteurs consiste moins dans les prises qu'ils font que dans Télévalion de l'assu- rance et du fret qui en est la conséquence. Pendant la guerre de la sécession en Amérique, les corsaires du Sud ne capturèrent qu'un cinquantième du tonnage total de la marine marchande des États-Unis; 101,165 tonnes sur environ 5 millions. (V. le rapport fait au congrès en 1866 par M. Mac Culloch , secrétaire de la trésorerie.) Mais les navires de l'Union perdirent les cinq douzièmes de leurs transports qui se firent par navires neutres et environ un sixième des navires américains furent vendus à l'étranger. La marine américaine ne s'est pas encore relevée de ce coup terrible. En ce moment, la crainte de voir l'Angleterre entraînée dans la guerre d'Orient et ses navires exposés à être captu- rés, a suffi pour élever de 3 francs à la tonne le fret des navires anglais à Anvers. Supposez la guerre déclarée, l'assurance et le fret de ces navires hausseront encore bien plus, et le commerce trouvera avantage à faire ses trans- ports par navires neutres. La marine marchande anglaise qui transporte non-seu- lement les produits anglais, mais en partie ceux de la plupart des autres pays, sera aussi rudement atteinte que la marine des États-Unis lors de la sécession. Si la guerre devait se prolonger, elle perdrait peut-être la moitié de son tonnage. La situation géographique et économique de l'Angleterre l'expose à des dangers bien plus grands que les autres pays. Elle vit par le commerce international. Elle importe de l'étranger une grande partie de ses subsis- tances et de ses matières premières et , étant une île, tous ses transports se font par mer. Supposez ces transports interrompus ou même notable- ment entravés, et l'Angleterre est exposée à une crise ( 680 ) iîidustrielle et alimentaire, dont on ne peut se figurer les souffrances. La vapeur qui ne permet plus qu'un État continental soit bloqué parce que le chemin de fer lui ouvre toujours des issues, peut prêter à des croiseurs dee moyens de locomotion et de destruction si rapides et si terribles qu'un État insulaire se verra coupé de ses rela- tions avec le dehors. Sans doute, les flottes anglaises l'emportent sur celles de tous les autres pays coalisés, mais qui ne sait que cette supériorité se trouvée la merci d'une invention nouvelle? Déjà Ton vient d'essayer une torpille mise en mouve- ment par l'air comprimé qui , en une seconde, coulerait le plus puissant cuirassé. L'activité toujours agitée et incer- taine de l'Amirauté anglaise prouve qu'on est dans une période de transition où l'on n'est sûr de rien. L'apparition du Merrimac et du Monilor réduisit à l'im- puissance tous les bâtiments à flot de cette époque; un fait semblable peut se reproduire. La capture n'est pas moins périlleuse pour l'Angleterre par les complications qu'elle peut faire naître avec les neu- tres. Que la guerre vienne à éclater entre la Russie et l'An- gleterre, et la flotte russe, réfugiée aux États-Unis, pourra de là fondre sur les bâtiments marchands anglais et cher- cher après un abri dans les ports américains. Les navires de guerre russes auraient-ils dans ce cas le droit de s'y ra- vitailler, d'y acheter du charbon et des armes? Que d'occa- sions de contestations et de conflits, surtout avec un État qui souffre encore si cruellement des conséquences des dé- prédations des corsaires du Sud , sortis des ports anglais ! Et si les États-Unis étaient entraînés dans la lutte, quelle que fût la supériorité des flottes de l'Angleterre, les cor- saires américains balayeraient très-probablement la marine ( 681 ) marchande anglaise de la surface des mers, non point tant par les prises qu'ils feraient que par Faugmentation du taux des assurances qui en serait la conséquence. La situation créée par les déclarations de Paris est donc évidemment transitoire. Il faut aller jusqu'au respect ab- solu de la propriété privée ou il faut en revenir à la saisie de la marchandise ennemie sous pavillon neutre. C'est ce que l'on comprend en Angleterre. Aussi la jeune école de droit international veut-elle, avec Cobdeo, abolir la cap- ture, tandis que les partisans des anciens usages deman- dent qu'on rétablisse le droit de visite et la saisie des marchandises ennemies sous pavillon neutre. Récemment M. Butler Johnstone a soumis au Parlement la proposition de se dégager des déclarations de Paris. La motion a été repoussée et avec raison; elle eût exposé, en effet, l'An- gleterre à une ligue des neutres, bien plus dangereuse que celle de la fin du dernier siècle, car elle aurait à sa tète l'Union américaine. Le pavillon neutre, qui, depuis 1856, couvre la marchandise, ne renoncerait pas aisé- ment à ce privilège, qui fait partie maintenant du droit international. D'ailleurs, comme le fait remarquer le comte d'Airlie(l), la saisie de la marchandise ennemie entraînerait des repré- sailles, d'où résulterait une hausse des prix des matières premières pour l'industrie anglaise , et celle-ci ne pourrait plus lutter avec celle du continent, à une époque où les prix de vente sont presque partout établis au même niveau sous l'influence du libre échange et de la concurrence uni- verselle. (1) The Earl of Airlie, Neulral rights; Fortnighlly Review, april 1877. 2"»" SÉRIE, TOME XLIII. 46 ( 682 ) Je suis convaincu que la première grande guerre mari- time prouvera la nécessité de proclamer le respect com- plet de la propriété privée sur mer comme sur terre. C'est le seul système conforme au droit naturel, aux sentiments de justice et d'humanité de notre époque, le seul qui soit en rapport avec les moyens de guerre, de production et de locomotion que l'on doit à la science moderne. Si, pour réaliser un progrès, il suffisait du raisonnement et s'il ne fallait pas qu'il fût corroboré par les dures et sou- vent sanglantes leçons de l'expérience, on pourrait espérer que, sans attendre de nouvelles prises d'armes, les États civilisés adopteraient ce principe énoncé par les juristes français et italiens dès le XVIII^ siècle, appliqué dans les guerres les plus récentes et qui était certainement dans les vœux du congrès de Paris de 1866 et de la conférence de Bruxelles de 1874. M. Ch. Potvin, correspondant de la classe, est venu en- suite prendre place au bureau pour lire la poésie suivante : JOURNÉE D'AVRIL. A mon ami Eug. Van Bemmel. I. Comme d'un enfant blond la peau fine et rosée, De tons si délicats l'aube était irisée! Tout le jour, j'ai fêlé les premiers rameaux verts , J'ai la fièvre du beau, ce soir : faisons des vers! — « Des vers! Sur quoi, bon Dieu, griffonner un poëme ? Il n'est plus de héros dans ce siècle bohème, Et l'on préfère bien aux plus ronflants couplets Le pavois qu'un journal dresse entre deux filets. • ( 685 ) Là, toute chose prend sa proportion vraie, Rien à faux ne nous charme, à ton ne nous effrave Le télégraphe règne, exact , prompt , supprimant^ ' La fleur de rhétorique et le vain ornement! Là, plus d'épouvantail ni d'idole qui tienne: On constate l'échec sans charité chrétienne, On admire sans peur tout homme réussi , Veut-on de l'art, on a le feuilleton! Ainsi' La presse a conjuré l'apparence fictive , Les efl-ets de lointain, la fausse perspective, L'illusion qui change en nimbes les zéros, L'idéal, les bâtons flottants, et les héros!'» Les héros! Pourquoi donc des héros, quand nous sommes Des hommes, et pouvons peindre au réel les hommes Sous le choc de la passion? ' L'idéal serait-il notre unique domaine? Le clavier tout entier de l'existence humaine Vibre sous l'inspiration. L'histoire a des grandeurs qu'on n'a pas trop chantées Les sciences jamais plus haut ne sont montées, Quand le cœur a-t-il soulevé, Sous plus de battements, de plus profonds problèmes? Et dans quel temps , les vieillards blêmes Ont-ils sur l'avenir plus noblement rêvé? Chaque année on attend que le printemps renaisse; La sève de beauté , le doux feu de jeunesse Dans les veines coule toujours; Les nids sont gracieux, les tombes sont sacrées; Ces vierges deviendront des femmes adorées, Leurs enfants seront des amours; L'aïeule en chancelant suit l'enfant qui trébuche. Puis, elle chante encor, près des berceaux, sa ruche De vieux airs, comme elle tremblants- ( 684 ) Seconde floraison de l'àme maternelle! Mais n'adore-t on plus en elle La poésie en cheveux blancs? Le plus grand inlérèt de l'homme, c'est lui-même, La plus humble existence emplirait un poëme, C'est toujours le roman de soi-même qu'il fait; Le sujet éternel, le héros de toute heure, C'est le moi! c'est le cœur! c'est l'âme intérieure! Tout chef-d'œuvre en est un portrait. Le moi! Chantez le moi! ses grâces, ses tempêtes, Ses triomphes, ses maux! Un tel drame, poètes. Sous la main d'un Shakspeare embrasse l'univers! — Mes strophes n'auraient pas ce vol de longue haleine : Un seul jour, en famille, au bois ou dans la plaine, Suffit à l'amble de mes vers. Rien que cette journée, en l'ombre descendue; Un Titus la croirait absolument perdue, Pas la moindre matière aux princes du roman! Mais qu'un peu de soleil fonde un reste de neige, Voilà que le flâneur s'échappe et dit : que n'ai-je L'aile du moineau seulement? n. Écoulez! L'enfant s'éveille, Il jase dans le berceau ! On dirait un bruit d'abeille Dans les fleurs de l'arbrisseau. La santé brille à sa joue, 11 suffit pour nous. Mais lui, 11 veut qu'on chante et qu'on joue! Un astre en ses yeux a lui : Le sourire! Ah! c'est superbe Et c'est encor plus charmant Qu'un frêle enfant, un brin d'^herbe. Ail un tel ravonnement! ( 683 ) Ce malin d'avril, où Tàme Se dilate sous Tazur, N'a pas de plus douce flamme, N'a pas un éclat plus pur. Tout en lui s'essaye à vivre; Il faudrait le voir au bain! Maintenant l'air pur l'enivre. Quel rose el frais chérubin! Un instinct curieux pousse Tous ses sens à s'exercer; S'il voil des fleurs dans la mousse, Quel soin pour les ramasser! Ses pieds cherchent l'équilibre; Plus de lange, étroit linceul! Il veut qu'on le laisse libre, Il prétend marcher tout seul. Il observe, imite, louche; Il veut voir dessous, dedans; Il porte tout à la bouche Sous ses deux petites dents. Il s'est fait un caquelage, Gai, grondeur, délicieux! Il en dit bien davantage D'un regard malicieux! Son frère avec lui folâtre, C'est son maître et son ami; Sa grande sœur l'idolâtre Et se sent mère à demi. Il a, quand le cœur l'oppresse, Après des pleurs apaisés. De grands élans de tendresse Où volent mille baisers. ( 686 ) Mère, quelle récompense! Père, quel enchantement ! C'est déjà l'esprit qui pense, C'est déjà le cœur aimant. Elle admire, glorieuse, Et moi , j'observe, en rêvant , Celte œuvre mystérieuse Qui se fait dans un enfant. III. Dans un baiser d'amour s'accomplit le mystère : Aussitôt... Mais laissons le voile au sanctuaire, La science peut seule, au doux nid maternel, Voir l'être, armé déjà de l'inslincl personnel , Suivre tous les progrès de la cellule à l'homme. Chantez Noël! il naît! On l'adore, on le nomme; Son lait est prêt; il n'a que des cris : cris et pleurs Annoncent ses besoins, dénoncent ses douleurs; La tempe bat, le cœur fait couler dans l'artère Le sang chaud que l'air pur aux poumons désaltère; Si la blessure à nu met la veine et les nerfs, D'elles-mêmes voyez se resouder les chairs. L'infaillible matière, habilement tissée. Se fait des instruments , même pour la pensée, Et l'on voit dans l'enfant, douce aube de l'esprit, Le cerveau qui s'exerce et l'âme qui sourit. C'est l'homme! Qu'il se hàle! En de courtes années, Il va grandir, il doit fixer ses destinées Et, d'un siècle en un jour s'appropriant les fruits. Recueillir les leçons des empires détruits. Il va parler; mille ans, l'homme a cherché son verbe Il va créer, il met surtout un doigt superbe, Il est roi, sur lui-même il fait autorité, Il est libre, ô sublime, ô sainte liberté. Tu fais le droit, tu fais l'honneur! Il pense, il aime, Et le moi conscient se gouverne lui-même. ( 687 ) IV. Nous étions assis tous aux pieds de la forêt. Là, sur une colline, à l'occident paraît, Étageant de ses toits l'aire monumentale, Dans tout son déploiement la belle capitale. Voici la cathédrale, aux corpulentes tours, Où l'ogive en dentelle a brodé ses contours ; Voilà l'hôtel de ville et sa flèche gothique, Chef-d'œuvre d'art, palais du droit démocratique; Puis, les anciens pignons, aux ornements dorés, Des devises du temps les frontons décorés.... Ohî les froides cités qui, s'alignant sans gloire, Ne portent nulle part le cachet de l'histoire! Ici, tout a gardé, comme des traits pieux, La physionomie ardente des aïeux; Le présent tourbillonne aux méandres des rues, Mais le passé nous laisse un peuple de statues Où l'on voit du pays les fastes resplendir Sur le front d'un croisé, d'un savant, d'un martyr; Là, les palais des arts, des lettres, des sciences, Les inspirations et les expériences, Marbres, bronzes, tableaux, fossiles, parchemins, Dix mille ans de génie assemblés sous nos mains! Quel trésor! quelle force et quel attrait! il semble Qu'on doive être ébloui d'un si brillant ensemble; Mais un cœur maternel palpite en ces splendeurs Et l'on se sent chez soi parmi tant de grandeurs, L'àmedu citoyen, plus noblement nourrie, S'y trouve mieux qu'ailleurs au sein de la patrie. V. Là, cher enfant, lu grandiras. Et déjà, pieuse égoïste, Ta mère en loi rêve un artiste. Ami, sois ce que tu pourras Avant tout, tu dois être un homme! Ici nous sommes bien d'accord : ( 688 ) Ce qui rend sain el bon d'abord, Puis, par surcroît, ce qui renomme! Pour ion cœur, ton esprit, tes yeux, Demande une forte culture Aux faits exacts de la nature, Aux fiers exemples des aïeux. Tu verras les cimes profondes Se peupler d'aslres infinis; ïu vis sur l'un des plus petits De ces myriades de mondes; Mais sur ce terrain limité, Dans ton pays d'une coudée, Les hommes vivent par l'idée, Le peuple vit en liberté. Au travail nul ne s'y dérobe, Tout meurt, rien n'est anéanti ; Les infusoires ont bâti De vastes continents au globe; L'homme crée aussi constamment, Le besoin du progrès l'emporte. Et le plus misérable apporte Son grain de sable au monument. Suis Darwin, Corneille, Descarte, Dans leurs trésors, sur leurs sommets. Mais songe à n'oublier jamais Ceux que la misère eu écarte; Porte en haut ta vue et tes pas : Toute grandeur est abordable ; Puis convie à la sainte table L'ignorance qui jeune en bas. Sois homme avec les plus grands maîtres, Sois frère pour le plus petit; Combats tout ce qui pervertit La libre activité des êtres. ( 689 ) Vis dans le beau, vis pour le bieu; Plane ainsi sur un monde liiste. Puis, si tu le peux, sois ai liste; Mais avant tout sois citoyen. \I. Oh! c'est un touchant phénomène, Pères, c'est une émotion De voir dans une tête humaine Éclater la vocation ; C'est la fleur ouvrant sa corolle, C'est une première parole D'amour aux lèvres jaillissant ; C'est le vent égrenant l'épeautre, C'est au front d'un nouvel apôtre La langue de feu qui descend. L'enfant avait grandi, maniant toute chose, Suivant mainte leçon, jouant à mille jeux, Sans que rien annonçât une métamorphose, Espiègle, rarement pensif, toujours joyeux; Un jour, le fruit mûr se détache : Un mot, au ha.sard prononcé, El voilà l'esprit qui s'attache. Voilà que le cœur s'est lixé. Jean-Jacque a trouvé la pervenche, La pomme du haut de la branche Tombe et Newton s'est absorbé; C'est, ô naturel horoscope, Herschel devant le télescope Ou Grétry devant un jubé. C'est l'aurore du moi ! c'est le jour qui se lève Sur le but préféi é, jusqu'alors obscurci ! Apollon prend la lyre, Achille prend le glaive. Le Corrége a crié : Je suis un peintre aussi! Ne forcez pas ce jeune arbuste A croître en un sol étranger: ( 690 ; Laissez à ce marin robuste L'océan libre et le danger! Le médecin court au malade; L'orateur en songe escalade Toutes les marches du forum; L'adolescent naturaliste Des Jussieux veut grossir la liste, Le rêveur voit son labarum. Alors, il devient fort et beau, le corps s'élance, L'épaule s'élargit, le front a rayonné! Pour l'œuvre de son choix quelle noble vaillance ! Et comme il marche ferme au but qu'il s'est donné ! Son vieux maître, dans la carrière, Fier, de plain-pied, le voit entrer, Et sa mère... Oh ! puisse sa mère Vivre encore pour l'admirer! Ce n'est plus l'enfant qu'on le nomme, C'est le fils, c'est l'ami, c'est l'homme! Son père semble un conquérant. Ami, ta coupe eut de l'absinthe, Mais, n'est-ce pas, celte heure est sainte, N'est-ce pas, ce bonheur est grand. VII. L'amour, vocation exquise, Malgré le sage et le moqueur, Sans attendre l'heure requise, Que l'on soit poète ou marquise, L'amour de même éclate au cœur. 0 matin de printemps , que l'heure est bien choisie Lorsqu'un premier beau jour voit son premier éveil La nature et le cœur mêlent leur ambroisie, Avril aux doux aveux prêle sa poésie Et l'on met tant d'amour dans un peu de soleil ! ( 691 ) Quand Thomme est à genoux devant sa fiancée, Il sent son âme en fleur et son moi complété, il croit à Texislence et suivra l'odyssée, Certain d'avoir toujours une ancre à sa pensée Et toujours une étoile en son obscurité. Alors la loi qui nous fit naître Prend un sens qui vient nous charmer: Le moi vit pour se reconnaître, S'harmoniser dans un autre être Et l'on est homme pour aimer! Alors comme à nos yeux s'est élargi l'espace! Comme tout s'est peuplé d'amis et de héros! De cette ardeur des jours heureux, oh! rien ne passe! Que l'orgueilleux, qui voit dans l'hymen une impasse, Cherche au néant du cœur l'idéal du repos! Aimons! le but est là ! Dans la joie ou les larmes, Aimons! L'âme trempée en de fortes amours Au doute désormais ne rendra plus les armes. Lorsque l'on n'aime pas, qu'importent tous les charmes Qu'importe la douleur si l'on aime toujours? Vin. Ne mêlons point la vile prose A ce chant intime et discret, Ne mettons pas sur celte rose Les chenilles de Tintérêt; Devant ce tendre ministère Que sans crime on ne peut trahir, Sentons les préjui>és se taire Et le respect nous envahir ! Respect pour toutes les noblesses Dont il arme nos plus beaux jours ! Respect même pour ses faiblesses : Elles viennent du cœur toujours. ( 692 ) Mais quand régoïsme le tue Et prend sa place, infâme ou sol, Lorsque l'hymen se prostitue Aux séductions de la dot, Que la mère, triste économe, Veille aux vierges, cœurs innocents Qui ne battront qu'au métronome Du calcul pris pour le bon sens, Que, sur ces mœurs, fatal dilemme, D'adolescent qui réfléchit, Séduit d'abord celle qui l'aime, Pour épouser qui l'enrichit, La nature a des lois austères Qu'elle venge inflexiblement : Des explosions adultères Creusent l'abîme incessamment, Les cœurs qui deviennent arides Se jettent dans tous les excès, La soif de l'or comble les vides. Le vice adore le succès, Le dernier feu d'honneur vacille, S'éteint sous la corruption, Et sans amour meurt la famille, Sans famille, la nation! Ah! pour rendre aux mœurs l'équilibre. Que tout cri du cœur soit sacré! Pas un amour qui ne soit libre ! Pas un hymen qui ne soit vrai ! Libre, l'efllorescence intime, Libre, l'achèvement divin De l'être dans l'amour sublime, De l'homme dans le couple humain ! 093 IX. Les ardeurs du midi couvaient la vaste plaine, Le ciel profond n'était qu'un seul bloc de saphir, Dans l'air chaud il passait à peine Une aile de zéphyr, Mai semblait devancer l'heure et fêter la noce De la terre et du ciel par le printemps unis, Un rossignol, amant précoce, Chanta l'hymne des nids. Les peupliers doraient leur haute silhouelle, La perce-neige aux pieds des chênes s'étalait, Ivre de soleil l'alouette En chantant s'envolait; Les grands hêtres du bois, sous l'effluve abondante Les saules parfumés, les jeunes sauvageons Sentaient la sève plus ardente Gonfler leurs verts bourgeons; Daus ce bain de printemps la nature plongée, S'y complaisait, puissante, en un charme infini, Comme une vie à l'apogée. Comme un astre au zénith! X. Un jour, — déjà nos mœurs prennent ces habitudes N'écoutant que son cœur et que ses aptitudes, Chaque homme réglera sa marche et tous verront La vocation libre illuminer leur front; Pour s'en faire une loi, bien loin d'y mettre obstacle, Le père daus l'enfant épiera cet oracle; Les mères n'auront plus leur pauvre cœur transi De voir un nourrisson leur échapper ainsi. ( 694 I La poule, aj'ant couvé des œufs étrangers, souffre Quand le poussin se perd dans l'air ou nage au gouffre; La mère vraie eût vu, sans détourner les yeux , Le cygne sur le lac el le ramier aux cieux. Alors, on comprendra que chacun a sa sphère, Que l'homme ne fait bien que ce qu'il aime à faire, Qu'on ne peut être utile aux autres comme à soi Que dans l'activité naturelle du moi ; Qu'amour ou célibat, théâtre ou monastère, On trouve le bonheur où l'on peut, sur la terre, Et que nul n'a ce droit, né d'un mépris hautain, De murer devant nous la porte du destin. Car c'est un despotisme, un danger, un martyre D'enchaîner un esprit loin du but qui l'attire. De brûler les deux yeux à la vocation, De déformer un cœur en son éclosion, Comme ces pieds charmants, faits pour porter la femme, Que change en lourds moignons la jalousie infâme. Dans sa liberté sainte, alors, on aidera Ce travail délicat de l'âme el l'on craindra De mettre un homme, un seul, avec lui-même en guerre En clouant un poète aux comptoirs du vulgaire, De même qu'en livrant la colombe au vautour Et le cœur d'une femme à l'hymen sans amour. Les lois alors — les lois des mœurs suivent la piste — Exauçant le penseur — aujourd'hui l'utopiste — Porteront au chaos des inégalités Le libre classement des libres facultés; Plus rien ne se perdra, comme au sein des orgies, De la sève d'un peuple et de ses énergies; Le travail réparti ne craint point de langueur , L'effort mieux partagé doublera de vigueur, Chaque arbre humain aura ses fruits, chaque semence Sa flore naturelle et sa récolte immense; Tous, vierge, mère, époux, artiste, travailleur. Donneront au pays ce qu'ils ont de meilleur, El, l'harmonie allant du riche au prolétaire, La sainte paix pourra descendre sur la terre. ( 695 ) XI. Ainsi, le long du bois, sous un ciel de printemps De ces grands intérêts nous causâmes longtemps Les tilleuls alignaient leur haute colonnade , Rose et calme, l'enfant dormait , la promenade Nous avait entraînés, comme un chant de bonheur Sur la pente sans fin des entreliens du cœur. Et bientôt le moment vint où le jour décline : De larges vagues d'or emplirent la colline, Inondèrent le bois et, filtrant au travers, ' Leur pourpre verdissait du reflet des prés verts Le soleil va-t-il donc, dissolvant sa lumière, D'un déluge enflammé couvrir la ville entière? La haute tour semblait, émergeant au milieu, La hampe d'un drapeau sur cette mer de feu.' Comme un homme se tait sous l'émoi qui l'embrase La nature restait muette dans l'extase ; ' Nous rêvâmes longtemps, nous tenant par la main, Devant ce lac changeant de pourpre et de carmin Qui déployait, avec une grandeur émue, Sur nos chers monuments les splendeurs de la nue. * Comme l'astre, au couchant semant mille couleurs, Comme celte cité, dont les droits font envie, J'admire un beau vieillard, grandi par les malheurs, Le front ceint des clartés dernières de la vie ; Des nobles passions il connut le pouvoir, Et son âme a gravi, de lumière inondée, Plus droit, toujours plus droit, les sentiers du devoir, Plus haut, toujours plus haut, les cimes de l'idée. Si l'outrage jamais se levait sur ses pas. Blessé, mais non souillé par la haine grossière. Il pourrait... A cet âge , on ne méprise pas : Comme un abri d'honneur on a sa vie entière! ( 696 ) Avec de vrais amis on a tout partage, On garde dans le cœur de doux chants de colombes; Sans qu'il en sorte un cri contre soi dirigé, On peut voir les berceaux, les foyers et les tombes: Sur un passé sans tache, on revient sans regrets; Chaque jour moins nombreux, quand le groupe s'assemble, On aime à repasser les combats, les progrès; Sur les morts bien-aimés on s'attendrit ensemble! L'homme, sans crainte, alors, pense à son dernier jour. Espérant, quelque soit l'avenir qu'il ignore, Mourir, l'honneur intact, dans les bras de l'amour, Et, si le moi survit, monter, monter encore. XII. Le moi survit! sublime legs Où toute sa puissance éclate ! J'en crois le Christ après Socrate, El j'en crois Kant après Thaïes; J'en crois l'élan de toute chose, Progressive métamorphose Qui porte au divin le réel ; J'en crois la montée infinie De la nature et du génie; J'en crois l'essor universel ! Ce grand principe d'existence, Mouvement, lumière, chaleur, Qui prodigue en tout la substance, La force, l'odeur, la couleur, C'est l'esprit sous la carapace; A toute heure il jette en Pespace Des mondes au nôtre pareils, Et, les semant à pleine gerbe. Couvre de fleurs leur giron d'herbe, El leurs horizons de soleils; ( C97 ) Mais suOit-il qu'il prenne forme Sous mille aspects, brillants au jour, El doit-il , merveille difforme, Rester muet, aveugle, sourd ? Non! un effort : dans retendue, La voix monte, elle est entendue; Un astre s'allume dans Tœil, Un eflorl, un effort sublime, Et Ihumble cerveau qui s'anime Trouve à penser un noble orgueil. Victoire ! La loi s'est faite être, L'esprit vital s'est incarné, Il peut s'entendre, se connaître, Se voir, se nommer : l'homme est né! Mais, s'il a percé les ténèbres, Est-ce donc, ô doutes funèbres! Pour aller échouer au poit? Et cette première éclaircie, Désespérante prophétie, S'ouvrirait-elle sur la mort ? Progrès est le cri de l'athée, La foi du croyant est progrès! A nous ce feu de Prométhée, Celte lampe des minarets! C'est le mot d'ordre de la marche. C'est la devise de toute arche. Léchant de toute liberté; Un grand prophète : Tespérance, Répond : Progrès, à la souffrance, A la mort : immortalité. XIU. L'ombre étail descendue en paix dans la clairière. Près de nous en amie elle semblait s'asseoir. Des terrassiers, courbés, regagnaient leur chaumière, Sans avoir vu des cienx la grâce printanière. Sans sourire aux beautés du soir; S'"* SÉRIE, TOME XLIII. 47 ( 698 ) Des vagabonds, enfanls, troupe déguenillée, Se jetaient des jurons, des pierres, en fuyant, Pendant qu'un rossignol chantait sous la feuillée; La forêt devenait, sans en être effrayée, La retraite du mendiant. Ab l ne l'enferme pas, mon fils, dans la famille, Ne nous confinons pas, amis, dans l'amitié; Sous nos tentes d'un jour, de soie ou de cbarmille, Ouvrons les yeux aux maux dont la terre fourmille, Ouvrons notre âme à la pitié. L'homme, quand l'homme souffre errant à l'aventure, Aux délices du moi ne peut vivre abrité : Ne nous isolons pas, peintre dans ta peinture , Savant dans ta science, amants dans la nature, Citoyens dans la liberté. C'est pour tous que le ciel a ces beaux jours de fête; Un petit nombre encor sourit à sa splendeur, Ahl qu'ils songent ceux-là, quand ils sont sur le faîte, A tous ceux qui n'ont pas un rayon sur la tête, Pas une flamme dans le cœur. Suivons aux profondeurs obscures de la mine. Suivons au gouffre encor plus noir de l'ignorant Ceux que rien ne réchauffe et que rien n'illumine, Inconscient troupeau que la guerre extermine. Que le travail va dévorant; La misère les tient dans ses limbes funèbres , Ils ne sont plus le serf, pas encor l'ouvrier. Que leur font nos beaux-arts, nos sciences célèbres ? Ont-ils une âme? Elle est dans l'antre des ténèbres ; Un cœur? il n'a point de foyer. Sont-ils libres? Hélas! à peine ils sont des hommes ! Allons vers eux, l'amour au cœur, Tidée en main, Pour ne plus voir croupir, comme au fond des Sodomes Les hontes du passé dans le siècle où nous sommes, La brute dans le genre humain. ( 699 ) A la chaîne sans fin l'œuvre humaine ressemble : Qu'un anneau soil brisé, le mouvement se rompt. Un même sang nous lie, un seul but nous rassemble: Pour s'élever sans cesse il faut monter ensemble; Isolés, les forts fléchiront. Du bien de tous dépend la grandeur personnelle; Peut-être est-ce à ce prix qu'est l'immortalité. Nous n'avons tous qu'un ciel, ah ! n'ayons tous qu'une aile! Le moi se sanctifie en l'amour fraternelle, Et l'homme dans l'humanité. Les applaudissements de l'assemblée ont accueilli les trois lectures. M. le secrétaire perpétuel a proclamé, de la manière sui- vante, les résultats des concours et des élections : CONCOURS DE LA CLASSE POUR 1877- La classe avait reçu deux mémoires en réponse à la pre- mière question de son programme de concours pour l'année actuelle : Expliquer le phénomène historique de la conservation de notre caractère national à travers toutes les dominations étrangères. Le premier porte pour devise : La nationalité d'un peuple peut survivre longtemps à son indépendance ( Be- noit Quinet) ; et le second, les deux vers de VArt poétique d'Horace : Servatur ad imum Qualis ah incepto processit , et sibi constat. Conformément aux conclusions des rapporteurs qui ont { 700 ) examiné ces travaux, la classe a décerné la médaille d'or àTauleur du second mémoire : M. Théophile Quoidbach, docteur en philosophie et lettres, professeur à l'athénée royal de Hasselt. Un mémoire, écrit en flamand, a été envoyé en ré- ponse à la troisième question, demandant de faire l'histoire de Jacqueline de Bavière, comtesse de Hainaiit, de Hol- lande et de Zélande, et dame de Frise. 11 porte pour devise les mots : Forluna tiium ludibrium. La classe, après avoir entendu l'opinion émise par ses trois rapporteurs, a décidé qu'il n'y avait pas lieu de cou- ronner ce travail. M. Quoidbach, présent à la séance, est venu recevoir sa médaille des mains de M. le directeur, aux applaudisse- ments de l'assemblée. Concours triennaux de littérature dramatique : langue française (6^ période), langue flamande {7^ période). M. le Ministre de l'Intérieur, sur les propositions des jurys chargés de juger les derniers concours triennaux de littérature dramatique, a décerné le prix du concours fran- çais à M. Henri Delmotte, littérateur à Bruxelles, pour sa comédie intitulée : Le talent de ma fille, et le prix du con- cours flamand à M. Désiré Delcroix, littérateur à Saint- Josse-ten-Noode , pour son drame en quatre actes, intitulé: Elisa. ( 70i ÉLECTIONS. La classe a eu le regret de perdre, le 15 juin de Tannée dernière, l'un de ses membres titulaires, M. Adolphe Mathieu. Elle a perdu également trois de ses associés, MM. Groen van Prinsterer, à La Haye , Georges Pertz, à Berlin , et Louis Wolowski, à Paris. Dans la séance du 14 de ce mois, M. Pierre Willems, correspondant, a été appelé à remplacer M. Mathieu, en qualité de membre titulaire. Ont été élus associés : MM. F.-G.-H Campbell, biblio- thécaire en chef de la Bibliothèque royale de La Haye: Bluntschli, professeur à TUniversité de Heidelberg, et Georges Bancroft, ancien Ministre des États-Unis, à Paris. M. Eugène Van Bemmel, professeur à l'Université de Bruxelles, a été élu correspondant. ( 702 ) CLA.SSE DES BEAUX-\RTS. Séance du 16 mai 1871 , M. Alvin, directeur, président de l'Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. Jos. Geefs, C.-A. Fraikin , Éd. Fétis, le chevalier L. de Burbure, J. Franck, Gust. DeMan, Ad. Siret, Julien Leclercq, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, Ad. Pauli et F. Stappaerts, membres; Alexandre Pinchart, correspondant. M. Éd. Mailly, membre de la classe des sciences, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. La classe reçoit notification officielle de la mort de l'un de ses membres titulaires de la section d'architecture, M. Auguste l»ayen, décédé à Saint-Josse-ten-Noode, le 16 avril dernier, à l'âge de 76 ans. D'après les dispositions prises par la famille du défunt, les funérailles ont eu lieu mercredi 18 avril. M. Alvin a bien voulu être en cette pénible circonstance l'organe et l'interprète des sentiments de l'Académie, et prononcer le discours d'adieu. ( 703) Une lettre de condoléance sera écrite à la famille de M. Payen. M. G. De Man accepte la mission de faire, pour le pro- chain annuaire, la notice biographique du défunt. — M. F. Stappaerts se charge de faire, pour le même recueil, la notice biographique de J.-B. Madou, que la classe a eu le regret de perdre le 3 avril dernier. — M. Alvin annonce ensuite que M. Jules Devaux, chef du cabinet du Roi, vient d'écrire, au nom de Sa Majesté, la lettre suivante en réponse au toast qui a été porté à la santé du Roi, dans le banquet académique qui a eu lieu le 15 de ce mois, chez Perrin, rue Fossé-aux-f.oups. « Palais de Bruxelles, iQ mai 1877. » Monsieur le Président , » Le Roi me charge de vous dire à quel point il est sen- » sible aux paroles sympathiques et affectueuses que vous » avez prononcées hier soir, en proposant à l'Académie » de boire à Sa santé. Le Roi vous en remercie sincère- » ment et remercie, par votre obligeant intermédiaire, » tous ceux qui ont acclamé son nom. Il y a longtemps » que Sa Majesté est habituée à compter sur les senti- » ments de l'Académie et, de son côté, la Compagnie sait D quels sont les vœux constants que Sa Majesté forme i> pour elle. » — M. Abraham Basevi, associé de la section de musi- que de la classe, à Florence, fait don d'une copie d'un ( 70i ) manuscrit ancien de musique, sur parchemin, qu'il pos- sède. — Remercîments. La classe a reçu ensuite les ouvrages suivants, au sujet desquels elle a voté des remercîments aux auteurs : 1" A Louis G allai t , poésie, par M. Ch. Potvin, corres- pondant de la classe des lettres. ln-8°; 2° Jean-sanS'Terre, opéra dialogué en 3 actes (parti- lion réduite, piano et chant), parole de A. Neul; la Fosse aux Lions, mélodrame {idem), poésie de Turquety; VHjjmwe de la nuit, mélodrame (piano et chant), paroles de Lamartine, musique d'Adolphe de Doss, professeur au collège Saint-Servais , de Liège; 5^ La chiesa de Sanîa Croce di Firenze e il Municipio; — Emeric-David, richerche sulCarte statiiaria, traduzione, per Ulderigo Medici, scultore. In-S*"; 4" Notice biographique sur J.-B. Kindermans , paysa- giste, par François Roifiaen. ln-8". Discours prononcé par M. L. Alvin, aux obsèques de M. A. Payen. « Messieurs, » Il y a quinze jours à peine que l'Académie, par mon organe, exprimait, devant un cercueil, les regrets que lui inspirait la perte d'un peintre éminent. Voici que déjà la tombe se rouvre pour un autre de nos confrères, un archi- tecte savant et habile. Pour nous enlever Madou, la mort n'avait frappé qu'un seul coup, lui épargnant les souf- frances qui accompagnent d'ordinaire notre passage de ce ( 7o:; ) monde dans Tantre. Elle n'a pas été aussi clémenle pour le confrère que nous pleurons aujourd'hui : elle s*est lait précéder de la maladie, qui laissant à sa victime l'usage de ses facultés, lui faisait sentir la privation de ce qui avait rempli toute son existence, le travail intellectuel; et le lenait éloigné de ses chères occupations, de la compa- gnie de ses confrères. » Auguste-Jean-Joseph Payen est né à Bruxelles, le 7 juin 1801. Il fait partie de la classe des heaux-artsde TAcadémie royale de Belgique depuis le 9 janvier 1862. Sa carrière d'artiste, de professeur et de fonctionnaire a été des plus utiles et des plus lionorables. » Architecte de la ville de Bruxelles de 1850 à 1841, il entra, à cette dernière date, au service de l'État en qualité d'architocte-ingénieur de l'administration des chemins de fer, conservant la chaire d'architecture à l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, où il professait, en dernier lieu, le cours supérieur de comj)Osition. Ayant rempli pen- dant dix ans les fonctions de secrétaire de cette institution de haut enseignement artistique, je pourrais témoigner du zèle et du talent que Payen déployait dans ses leçons, mais ce témoignage sera mieux placé et aura plus de poids dans la bouche soit des nombreux élèves qu'il a formés, soit de l'honorable fonctionnaire qui m'a remplacé dans ce poste. Je ne m'étendrai pas non plus sur l'appréciation des travaux qu'il a accomplis comme architecte, des édifices qu'il a élevés pour la ville de Bruxelles, pour le gouverne- ment, pour des particuliers. Dans ces trois ordres de tra- vaux il a laissé des œuvres considérables dans lesquelles il s'est particulièrement attaché à la correction du style. » Formé à l'école classique qui régnait en France, du temps de la restauration, il y avait contracté un goût ( 706 ) sévère qui le tenait éloigné des innovations aventureuses. Les édifices qu'il a construits se ressentent de cette sévé- rité, qui approche de la timidité, repoussant les ornements superflus, s'attachant à Tampleur de la ligne, ce qui nous paraît froid aujourd'hui au regard du luxe exubérant du style tourmenté dont nos yeux sont trop souvent frappés lorsque nous parcourons certains nouveaux quartiers de Bruxelles. Cette fidélité aux principes de l'école classique serait regardée de nos jours comme un défaut chez un praticien; c'était une précieuse qualité chez le professeur, qui doit avant tout enseigner à ses élèves les règles de l'art pur, lorsqu'il s'agit d'un art qui , comme l'architecture, a tant de points de contact avec la science. » Auguste Payen a rempli avec une égale conscience sa triple carrière d'architecte, de professeur et de fonction- naire. L'autorité supérieure lui a donné, à deux reprises^ des témoignages non équivoques de sa haute considéra- lion en lui conférant d'abord la croix de chevalier, puis celle d'officier de l'Ordre de Léopold. » Auguste Payen était un homme simple dans ses habi- tudes, ne recherchant point l'éclat, franc, loyal, fidèle à ses amitiés. Il emporte les regrets de tous ceux qui l'ont connu. » Adieu, cher et honoré confrère, la maladie te tenait depuis bien longtemps éloigné de nos séances, nous privait du concours de tes lumières. C'est surtout dans les acadé- mies que les hommes de science classique et d'art pur sont nécessaires; et tu occupais, dans la nôtre, une place qui ne sera point facilement remplie! » ( 707 ) ÉLECTIONS. D'après l'article o9 du règlement général, la classe pro- cède à l'élection de son délégué auprès de la commission administrative. — M. Édm. De Busscher, membre sortant, est réélu. COMMUNICATIONS ET LECTURES. D'après M. Éd. Fétis, un article du règlement de l'an- cienne Académie des beaux-arts de Paris prescrivait aux nouveaux élus de donner un morceau de réception. Il demande si , au sujet de Tinstallation de l'Académie dans son palais, on ne pourrait faire appel aux artistes pour en orner les salles. Un appel pourrait également être fait au Gouvernement afin qu'il coopère à cette ornementation. M. Fétis formulera, pour une prochaine séance, une pro- position définitive à ce sujet, proposition qui, d'après M. Alvin, pourrait se combiner avec les concours d'art appliqué que la classe ouvre chaque année. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Catalan (£".). — L'enseignement des mathématiques élé- mentaires en Belgique. — Sur la eonstanle d'Euler et la fonction de Binet. Extrait in-S" et extrait in-4''. De Witte (J.) et Lenormant (François). — Gazette archéo- logique, ^"^ année, livraisons 4-6; d"® année, livraisons 1-3. Paris, 1876-1877; 6 broch. in-4°. Jîiste (Théodore). — Les progrès de la puissance russe. ( 708 ) Pierre le Grand, son règne et son testament. Bruxelles, 1877; broeh. in-S". Génard (P.). — Antwcrpsch archievcnblad , tome VIII. Anvers, 1877; br, in-8". Le Non {H.). — L'homme fossile en Europe, son industrie, ses mœurs, ses œuvres d'art. V^ édition, avec une notice bio- graphique et des notes paléontologiques et archéologiques par M. E. Dupont. Cent gravures. Bruxelles, Paris, 1877; vol. in-8°. Bernimolin (Eugène). — L'école populaire et le rationa- lisme contemporain, tomes I et II. Liège, 1870-1870); 2 vol. in-8". Colson (Armand). — De la mortalité dans les orphelinats et parmi la classe ouvrière. Mons; br. in-12. Cogels (Paul). ~ Considérations nouvelles sur les systèmes boldérien et diestien. Bruxelles, 1877; br. in-S". Lejeune [Théophile). — Monogra|)hies historiques et archéo- logiques de diverses localités du Ilainaut, tomes I et II. Mons, 1877; 2 vol. in-8°. Musseli). — La salle échevinale de Courtrai restaurée. Gand; vol. in-8^ Namur (A.) et Mansion (P.). — Tables de logarithmes à 12 décimales jusqu'à 454 milliards, avec preuves. Bruxelles, 1877; br. in-S". N*** (le />'■). — Projet de loi assurant le secret du vote et la libei'té complète de l'électeur. Bruxelles, 1877; br. in-S". Ro/paen (Fr). — Notice biographique sur J.-B. Kinder- mans. Namur; br. in-S". Lehoucq (H.), — Description anatomique d'un acardiaque humain. Gand , 1877 ; br. in-8\ Pulzeijs (le Dr. Félix). — De l'influence de l'iodure et du bromure de potassium sur la digestion stomacale. Bruxelles, 1877 ; extrait in-8°. Monnier (Clément). — Histoire de l'abbaye de Cambron , tome I. Mons, 187G; vol. in-S". ( 709 ) Faider {Amédée). — Histoire du droit de cliasse. Bruxelles, 1877; vol. in-8°. Ministère de Vlnlèrieiir. — Catalogue de la bibliothèque de F. J. Fétis acquise par l'État belge. Bruxelles ; vol. in-8". Commission R. d'histoire. — Table chronologique des chartes et diplômes imprimés concernant l'histoire de la Belgique par M. Alphonse Wauters, tome V (1251-1279).— La Bibliothèque nationale à Paris, tome II, par M. Gachard. Bruxelles, 1877 ;2 vol. in-4°. Commission des grands écrivains. — OEuvres de Froissart publiées par M. le baron Kervyn de Lettenhove, tome XXIV. — Li bastars de Buillon, publié par M. Aug. Scheler. Bru- xelles, 1877; 2 vol. in-8».. Académie d'archéologie de Belgique. — Bulletin, 12* fas- cicule. Anvers, 1877; br. in-8° Willems- fonds te Gent. — Jaarboek voor 1877, bijvoegsel. — Karakterdoor Samuel Smiles. Gand, 1876-1877; 2 br. in-8''. Danemark. Académie des sciences de Copenhague. — Oversigt, 1875, n''^2, 5; 1876, n° 1; 1877, n" i. Copenhague; 5 br. in^". Worsaae [J.-J.-A.].— Discours prononcé devant la Société des antiquaires du Nord, au cinquantième anniversaire de la fondation. Broch. in-8°. Espagne. Sociedad geografica de Madrid. — Boletin , tome I , n°' 5-(l Madrid, 1876; in-8''. Calderon (Salvador). — Considérations on vegetable nutri- tion. Madrid , 1 877 ; br. in-8°. Calderon [Salvador] et Quiroga [Francisco), — Erupcion ofitica del ayuntamiento de Molledo. Madrid. 1877; br. in-S". ( 710 ) France et Egypte. Blunischli. — Théorie générale de l'Etat, traduit de l'alle- mand et précédé d'une préface par Armand de Riedmatten. Paris; vol. in-8°. Marie [Maximilien). — Nouvelle théorie des fonctions de variables imaginaires; extrait du journal de mathématiques pures et appliquées (1858-1862). Paris; br. in-S". — Notice sur les travaux scientifiques de M.Max. Marie. Corbeil, 1877; br. in-8°. Le Bleuit [E,]. — Polyeucle et le zèle téméraire. Paris, 1876; exlr. in-4°; Une chanson hollandaise sur le meurtre du maréchal d'Ancre. Paris, 1876; extr. in-S"; Les martyrs de l'extrême Orient et les persécutions antiques. Arras, 1877; extr. in -8°; Sur une pierre tumulaire portant les mots Christvs hic est. Arras, 1877; in-8°. Lenormant [François). — Les syllabaires cunéiformes. Paris, 1877; vol. in'8^ Paris {Paulin). — La civilisation aux temps préhistoriques. Tours, 1876; extr. in-8°. Dehaisnes [l'abbé). — Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790. Nord, tome IIL Lille 1877; vol. in-4". Hirn [G. -A.). — Complément à la démonstration d'un théo- rème relatif à la détente des vapeurs sans travail externe. Paris, extr. in- 4°. Société khédivale de géographie du Caire. — Notice nécro- logique de M. le M'" de Compiègne, par M. C. Guillemine. — Bulletin trimestriel; décembre 1876 à avril 1877. Le Caire, 1877;2br. in-8''. Société zoologie/ne. — Bulletin, 1877, 1" partie. Paris; in-8^ Société de géographie. — Bulletin, 1877, février-avril. Paris; in-8^. ( 711 ) Société météorologique. — Annuaire, feuilles 12-24. — Nouvelles météorologiques, 1876, novembre et décembre. Paris; in-8°. Société géologique. — Bulletin, tome IV, n°* 9 et 10; t. V, n*»'' 2 et 3. Paris; in-S". Société mathématique. — Bulletin, tome V, n°* 2-4. Paris; in-8°. Société linnéenne du nord de la France, — Bulletin, 1877, janvier-mars. Amiens; in-8''. Bulletin scientifique , historique, etc., 1870, n*** 10-12; 1877, n°* 1-5. Lille; in-8°. Société littéraire, scientifique et artistique d'Apt. — Mé- moires, tome I, n^ 4. Apt, 1877; br. in-8''. Société d'anthropologie de Paris. — Bulletins , tome XII , 1877 , janvier-février. Paris; br. in-8°. Sociétés des antiquaires de Picardie. — Bulletin, 1877, n" 1. Amiens; br. in-8°. La Nature, revue des sciences, 1877, 1" semestre. Paris; vol. in-8**. Société des amis des sciences naturelles de Rouen. — Bul- letin, 1876, 2'"« semestre. Rouen, 1877; broch. in-8''. Grande-Bretagne. Numismatic Society. — The numismatie chronicle, 1877, part I. Londres; br. in-8*'. Statistical Society. — Journal, décembre 1876. Londres; br. in-8"'. Institution of civil engineers. — Minutes of proceedings , tome XLVIII. Londres, 1877; vol. in-8°. Royal institution of Great Britain. — Proceedings, tome VII, n«^ 5 et 6 ; tome VIII, n°^ 1 et 2. Londres, 1873-1 876 ; in-8''. Zoological Society of London. — Proceedings, 1876, IV. — Transactions, tome IX, n" 2. Londres, 1877; vol. in-8'' et br. in-4'*. ( 712 ) Italie. Genocchi {Angelo). — Sopra la publicazionc di undici letlere di Luigi Lagrange a Léon Eulero. Turin, 1877; br. in-8^ Medici [Ulderigo).— Eméric-David. Riccrche Sull' arte sta- tuaria, tomes I et II. — La ciiiesa di sanla croce di Firenze e il municipio. — La Capella dei principi corsini in S. Spirilo e un quadro di Raffaello de Garli? Flopencc, 1857 à 1875; 5 br. in-18 ctbr. in-S". Marzo [Gualberto de Marzo). — La perpetuità dell' csis- lente. Florence, 1877; br. in-8". R. accademia dei Lincei. — Atti, S""* série, tomel, 4"*^ fascicule. Rome, 1877 ; br. in-i". Socîeta enlonwlogica italiana. — Bulletlino, 9""® année, 1877, l*'^ trimestre. Florence, 1877 ; br. in-8°. Russie. Sociélé impériale des lîaturalisles à Moscou. — Bulletin , 1876, n°= 3 et 4. Moscou, 1877 ; 2 br. in-S". Phijsikalisclies cenlral-Observaloriitm. — Annalen, 1875. S. Pelersbourg, 1876; vol. in-4^ Société des naluralisles de la Nouvelle -Russie à Odessa. — Bulletin, tome IV , n° 2. Odessa, br. in-8° Université impériale de Kazan. — Bulletin et mémoires, 1876, n"^ 1-6. Kazan; 6 br. in-8«. Dorpater Naturforscher-Gesellschaft. — Arcbiv fiir die Naturkunde, l""" série, tome VII, 5°"^ livr.; tome VIII, r« et 2"^« livraisons; S"^'^ série, tome VII, d-"^ livr. — Sitzungsbe- richte ,tome IV, 2"°^ livr. Dorpat, 1876-1877; 5 br. in-8°. BULLETirV DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE, 1877. —N« 6. CLASSE DES SCIE]¥CES. Séance du ^ juin 1871, M. Maus, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont }wésents : Wli. J.-C. Houzeau, vice - directeur ; L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Gluge, H. Nyst, Mel- sens, F. Duprez, Ern. Quetelet, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden., C. Malaise, F. Folie, Alb. Briart, F. Plateau, F. Crépin et Éd. Mailly, wîemôres; Th. Schwann et E. Catalan, associés; H. Valerius, F.-L. Cornet, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe et M. Mourlon, correspondants, 2"''' SÉRIE, TOME XLIII. 48 ( 714 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur envoie, pour la bibliothè- que de l'Académie, un exemplaire de l'ouvrage intitulé: V homme fossile en Europe, son industrie, ses mœurs, ses œuvres d'art, par H. Le Hon, 4""^ édition, avec une notice et des notes, par Éd. Dupont , vol. in-8**. — Remer- cîments. — M. Liagre offre, au nom de M. le major E. Adan, chef du Dépôt de la Guerre, un exemplaire du Précis auto- graphie d'un cours d'astronomie à l'usage des explorateurs de l'Afrique centrale. — Remercîments. — M. Melsens présente, de la part de M. G.-A. Hirn , associé de la classe, au Logelbach (Alsace), un exemplaire de sa dernière communication faite à l'Académie des sciences de Paris sous le titre de : Complément à la démon- stration d'un théorème relatif à ladétente des vapeurs sans travail externe ; cah. in-4-°. — Remercîments. — M.Félix Plateau dépose, au nom de M. le docteur Léon Fredericq, préparateur à l'Université de Gand, la première partie d'un travail manuscrit intitulé : Recherches sur la cogualalion du sang. Ce travail est renvoyé à l'examen de MM. Melsens et Schwann. ( 71S ) ÉLECTIONS. La classe désigne M. Maus, son directeur, pour faire partie de la Commission chargée, de concert avec une délé- gation de l'Académie royale de médecine, de s'occuper des préparatifs de l'inauguration solennelle du palais des Académies. — MM.Houzeau et Donny sont élus membres de la Com- mission des paratonnerres en remplacement de MM. Gloe- sener, décédé, et Dewalque, démissionnaire. RAPPORTS. M. Quetelet donne lecture de son rapport , auquel a souscrit M. Duprez , sur les 5^ et 6^ sections (fin) du travail de M. J. Plateau concernant les phénomènes de la vision. Des remercîments sont votés à l'auteur, et la fin de son travail sera imprimée avec les sections précédentes dans les Mémoires in-4''. Théorèmes relatifs aux foyers des coniques; par M. Boset, professeur à l'Athénée royal de Namur. Mtappot^t de IfM, Folie, c( Dans une première partie de son travail, l'auteur établit les deux théorèmes suivants : I. Si, d'un point situé, sur ie grand axe d'une conique, à une distance du sommet égale au demi-paramètre, on ( 7-16 ) décrit un cercle d'un rayon égal à celte même dislance, et que, d'un point quelconque pris sur la conique, on mène à ce cercle une langente, supposée limitée au point de contact, la longueur de cette tangente est une fonction rationnelle de l'abscisse du point pris sur la conique. II. Si, d'un point quelconque pris sur une ellipse, on mène une tangente au cercle décrit sur le petit axe de la courbe comme diamètre, la longueur de cette tangente est une fonction rationnelle de l'abscisse de ce point. La même propriété existe pour l'hyperbole. L'auteur déduit , de ces deux propriétés, différentes con- séquences faciles à trouver, et auxquelles nous ne nous arrêterons pas. La seconde partie du travail, qui n'a, du reste, rien de commun avec la première, traite de la détermination du foyer dans les coniques. Ce que le petit mémoire de M. Boset renferme d'inté- ressant se trouve résumé dans le présent rapport. Mais le travail lui-même, quoique bien fait, est trop élémentaire pour prendre place dans nos publications. " J'ai donc l'honneur de proposer à la classe d'adresser des remercîments à l'auteur pour sa communication. » Mtapitoi't de M. Catalat». c( M. Boset, professeur à l'Athénée de Namur, s'est proposé ce problème': Une conique C étant donnée^ trouver une circonférence telle que, si^ cVun point quelconque M de C, on mène une tangente MT à la circonférence , la longueur de cette tan- ( 717 ) fjente soit une fonciioii ralionnellcj du premier degré (*), des coordonnées x, y du point M. Ce problème, très-intéressant, généralise la théorie des foyers. M. Boset ne l'a résolu, ni complètement, ni d'une manière simple. C'est ce que je me propose d'indiquer dans les remarques suivantes dont l'objet est d'appeler l'attention de l'honorable auteur sur un sujet qui , déve- loppé, pourrait produire un véritable Mémoire. ï. L'énoncé donne l'équation [x — af -\-(y — pf — R' = [my h- nx + l)\ . ( I ) laquelle doit pouvoir être identifiée avec l'équation de C : î/2 =^ ^2px -^- qx^ . . . . • , (2) Identifiant, et appliquant, mot à mot, la théorie connue, on trouve, en supposant on = 0 (**), puis, par l'élimination des inconnues l, n: R-^ = «^_(^ (5) L'auteur arrive à ce même résultat, mais par une mé- thode un peu longue. (*) Condition sous-enlen lue. {**) L'hypothèse de n = 0 serait inadmissible. ( 718 ) II. L'équation de la circonférence focale est {^_^Y^,f^,^-^Ill^ . ... (4) Si Ton y remplace y^ par la valeur (2) , on trouve que l'équalion en 3c a ses racines égales. Par conséquent : l'' Chaque circonférence focale est doublement tangente à la conique (*); 2° /es circonférences focales sont celles que l'on obtient quand on projette, sur un plan parallèle aux sections circulaires , une surface du second ordre Ç*). m. Supposons, pour lixer les idées, que C soit une ellipse, rapportée à son centre et à ses axes. Dans l'équation (A) , posons : b' b' X = X-\'a, a = aH-rt, p=—,q=r -. a a^ Celte équation devient (oc-o^f-^-y' = b^{\-Çj .... (5) Il en résulte, pour la longueur de la tangente MT : a c ^ = - a X. C a (*) Le contact est, bien entendu, imaginaire ou réel. ('*) La conique G est la projection du contour apparent de la surface. Voir, par exemple, nos Mélanges mathématiques , p. 288. ( 71!) ) La longueur de la tangente MT', menée du même point M de Tellipse, à la circonférence focale^ conjuguée de la première, serait donnée par la formule a c - a H X. C a Par conséquent a ^-t-(J'=2-a= consL c On a donc ce théorème, qui n'a peut-être pas été remar- qué 0 : Si un fil y de longueur constante, est tendu de manière que ses deux parties soient constamment tangentes à deux cercles égaux, le sommet de V angle, foî^mé par le fil, décrit une ellipse doublement tangente à chacun des deux cercles, et symétriquement placée par rapport à ceux-ci. IV. De même que le premier Commissaire, nous n'insisterons pas sur les détails, un peu prolixes, dans lesquels est entré l'honorable Professeur; mais nous croyons devoir relever cette singulière allégation : « On voit, par ce qui précède^ que la définition du » foyer, par Eîiler^ est peu convenable. » M. Boset n'ignore certainement pas que la théorie d'Euler, retrouvée ou reproduite, d'abord par Alfred Franc- fort, ensuite par Auguste Comte, permet de résoudre, avec la plus grande facilité, une foule de problèmes, inaborda- bles par la théorie de Lefébure de Fourcy. (*) Hypothèse fort peu probable. ( 7^0 ) Ces réserves faites, je m'associe aux conclusions de notre savant Confrère, M. Folie. » M. De Tilly déclare, par écrit , qu'il s'associe également aux conclusions de ses confrères. La Classe, sur les propositions de ses Commissaires, vote des remercîments à l'auteur pour sa communication, laquelle sera déposée aux archives. Révision de la flore heersienne de Gelinden; mémoire accompagné de 16 planches in-4% par MM. le comte de Saporla et Marion. Mtappovt de J9M. C. Malaise. a En 1875, MM. le comte G. de Saporta et le docteur A.-F. Marion présentaient à la classe des sciences de l'Académie royale de Belgique un mémoire intitulé : Essai sur Vélat de la végétation à l'époque des marnes heersiennes de Gelinden (1). Les vingt-sept espèces dé- crites provenaient d'une collection mise à la disposition des auteurs par M. le professeur G. Dewalque. Celte flore, doublement intéressante, nous faisait connaître des es- (1) Bull, de VAcadémie royale de Belgique, 2^ sér., t. XXXV, p. 463. Mémoires couronnés, etc., de VAcadémie royale de Belgique, t. XXXVII, 1873 (Coll. in- 4".) ( 7^21 ) pèces existant en Belgique et venait combler une lacune dans la série végétale fossile. Le nouveau mémoire que les mêmes savants nous adres- sent aujourd'hui sous le titre de Révision de la flore heer^ sienne de Gelinden, a sa raison d'être dans une série de documents nouveaux, mis récemment entre leurs mains et de nature à jeter un jour très-vif sur la végétation paléo- cène d'une partie de la Belgique. Le principal de ces documents est une collection aussi remarquable par le nombre et la variété que par la beauté des échantillons, recueillie dans le gisement de Gelinden par M. le comte Georges de Looz-Corswarem. Celte col- lection, riche de plusieurs centaines d'empreintes, a fourni une proportion notable d'espèces nouvelles; elle a permis de déterminer plus sûrement et de décrire d'une façon plus complète plusieurs autres dont on ne connaissait encore que des fragments. Enfin elle a introduit les au- teurs plus avant qu'ils n'avaient pu le faire en premier lieu, dans le secret d'une végétation aussi opulente que curieuse, qu'ils n'avaient pu envisager d'abord que par des côtés restreints et partiels. Un certain nombre d'em- preintes et de précieuses indications ont été fournies par M. le professeur G. Dewalque et nous avons été assez heu- reux pour pouvoir communiquer, nous -même, une suite d'échantillons recueillis, soit à Gelinden, soit en différents points où se prolonge le même horizon. Le mémoire est divisé en trois parties. Dans la première partie, MM. le comte G. de Saporta et le D'" A.-F. Marion, après avoir exposé l'objet du mémoire, jettent un coup d'œil rétrospectif sur la flore crétacée des deux continents, comparée à celle de Gelinden. L'imper- ( 722 ) fection des moyens d'exploration dont on dispose et l'in- terposition d'une série de lacunes ont empêché jusqu'ici de déterminer la nature des liens qui rattachent la végé- tation paléocène à celle de la craie supérieure. Les élé- ments d'information que Ton possède sur la flore des étages récents de la craie étant encore épars, les auteurs sont obligés de chercher des termes de comparaison dans des niveaux plus inférieurs et de recourir aux flores du cénomanien. Ils passent en revue les remarquables travaux de M. Léo Lesquereux sur la flore fossile du Dakota-groiip. Ils montrent dix-huit formes ou types crétacés du Dakota- rjroup, comparables à douze formes paléocènes correspon- dantes de Gelinden ou à six de Sézanne. En présence de ces faits, on peut admettre avec eux « qu'aucune révolu- tion brusque ni radicale n'est venue s'interposer entre les deux époques, qui ne se trouvent séparées l'une de l'autre par aucune barrière infranchissable. » L'étude des plantes cénomaniennes du quadersandstein inférieur des environs de Prague a fait retrouver aux au- teurs les mêmes types dominants qu'en Amérique. Le trait saillant de cette flore comme de celle du Dakota-groiip et de la plupart de celles des derniers temps de la craie, carac- tère que Pon retrouve dans la végétation de Gelinden, c'est l'importance ou la prédominance relative de certains groupes, en premier lieu des familles polycarpiennes (Ma- gnoliacées, Ménispermées, Helléborées), puis des Aralia- cées et Ampélidées, enhn des végétaux mal définis, dont les Credneria sont le ty|)e. On voit en même temps que si le Dakota-group a fourni un nombre relativement considé- rable de formes alliées à celles de Gelinden, ces sortes de liaisons ou de correspondances d'espèces sont beaucoup moins marquées vis-à-vis du cénomanien de Bohême. Les ( 723 ) rapprochements individuels que Ton pourrait établir entre les deux flores seraient peu nombreux; ils le seraient pourtant davantage s'il s'agissait de Sézanne au lieu de Gelinden. Ils croient devoir attribuer ce défaut de liens directs, mêmes partiels, à la différence de station, plus encore qu'à l'éloignement des deux époques. La flore de Gelinden est celle d'une région boisée et montagneuse; celle du cénomanien de Bohême a dû croître en plaine, dans le voisinage et sur les bords d'une lagune. Il existe, au contraire, plus de rapports directs entre la flore de Gelinden et celle de la craie blanche de West- phalie, bien que celle-ci soit encore très-pauvre. La seconde partie donne la description des espèces nou- velles ou mieux connues de la flore de Gelinden. On y lira avec beaucoup d'intérêt les nombreux détails relatifs à la discussion des espèces, etc. L'étude de celles-ci est accom- pagnée de planches magnifiquement bien dessinées. Trente-trois espèces nouvelles viennent s'ajouter aux vingt-sept précédemment décrites. Fougères. Benitzia minima, Sa p. et Mar. Cycadées. Zamites palœocenicus, Sap. elMâr. Graminées. Poacites lalissimus , Sap. et Mar. IVaïadées. Posidonia perforata , Sap. et Mar. Zostera nodosa , Sap. et Mar. ( 724 ) Ciipulifères. Quercus Loozi, Sap. et Mar. — arciloba, Sap. et War. — diplodon , Sap. et Mar. — odontophylla, Sap. el Mar. — pa/œod/-?/s, Sap. et Mar. — parce.serrata , Sap. et Mar. Pasianopsis reiinervis , Sap. et Mar. — sinuata, Sap. et Mar. Saliciiiéps. Salix Malaisei , Sap. et Mar. Urtlcées ? Mac-Clintockia heersiensis , Sap. et Mar. Laiirinées. Cinnamomum ellipsoideum, Sap. et Mar. Phœbe? tetranlheracea, Scliimp. Persea palœomorpha , Sap. et Mar. Oreodaphne apicifolia, Sap. et Mar. Litsœa expansa , Sap. et Mar. — elatiiiervis , Sap. el Mar. — ? viburnoides , Sap. el Mar. Caprifoliacées. Viburnum vitifolium, Sap. et Mar. — arcineroium, Sap. el Mar. A rai lacées. Hedera Malaisei, Sap. et Mar. Aral ta Looziana, Sap. et iMar. — transversinervia, Sap. et Mar, — spiîiescens, Sap. et Mar. (*). Ilaniainél idées. Hamamelites gelindenensis , Sap. et Mar. (*) VAralia venulosa devient Aralia phleboneura , Sap. et Mar. ( 725 ) Dilléiilacécs. Diltenia palœocenica , Sap. et Mar, Célasd'inées. Celastrophyllum helcjicum, Sap. et Mar. — Deivalqueanum, Sap. et Mar. — Crepini, Sap. et Mar. — serratum, Sap; et Mar. 11 y a en outre comme species incertae sedis : Carpolitlies delineaiiis , Sap. et Mar., et Cnrpoliihes sulcalifrons , Sap. et Mar., deux espèces de fruits qui se rapportent peut-être à une des espèces de Cupulifères décrites. Dans la troisième partie, considérations finales, MM. de Saporta et Marion établissent les analogies qui rattachent les espèces de Gelinden , soit à la flore tertiaire des étages plus récents, soit à la nature actuelle. D'après un très-bon tableau qui résume exactement l'état des connaissances actuelles, on voit que le nombre des espèces décrites de la flore de Gelinden s'élève à en- viron soixante (59) (*). Ces espèces se répartissent en vingt familles et celles-ci, en s'attachant au nombre re- latif des espèces comprises par chacune d'elles, sont dis- posées dans l'ordre suivant : Cupulifères (12); Laurinées (11); Araliacées (7);Célastrinées (7); Fougères (5). Trois familles comptent deux espèces (Naïadées, Salicinées, Mé- nispermées) et toutes les autres une seule. L'importance relative des Cupulifères et des Laurinées ressort de ce rapide examen, mais les Laurinées, au point de vue de la (*) Soixante en y comprenant Sphœria vetusla, Sap. et Mar., et soixante- deux avec les deux espèces de fa rpo/i7/tes. ( 726 ) fréquence des empreintes, demeurent bien en arrière des Cupulifères. Le Dewalquea geliiidenensis , espèce caracté- ristique, est aussi remarquable par sa présence souvent répétée. Pour l'appréciation de la flore de Gelinden , deux élé- ments ont servi de base principale et de point de départ à l'appréciation des auteurs. Le premier résulte de la nature même du sédiment. L'assise heersienne, qui renferme les plantes, se compose d'une marne crayeuse, qui doit sans doute son origine à des érosions exercées aux dépens des rocbesde la craie blanche. Il faut, disent-ils, nécessaire- ment admettre, à peu de distance de Gelinden, l'existence de berges, de falaises ou d'escarpements dont les talus in- clinés auront été sillonnés par les ruisseaux servant d'af- fluents à la rivière heersienne à l'action de laquelle est dû le transport des débris végétaux. Ces restes ainsi charriés, peut-être de loin, sont venus ensuite s'ensevelir au fond d'un bassin assez calme et assez profond pour favoriser la décantation des eaux limoneuses et pour amener la situation horizontale de la plupart des feuilles. Cependant l'horizontalité des empreintes n'est pas tellement générale ni si régulière, dans les marnes de Ge- linden, que l'on ne puisse admettre une certaine agitation ou plutôt un léger remous dans la masse des eaux, au sein desquelles s'opérait le dépôt. Le second élément d'appréciation des caractères du dépôt ressort de la présence certaine de deux plantes ma- rines dont l'une au moins, le Posidonia, marque le voisi- nage d'une mer aux eaux vives et limpides. Nous sommes donc transportés par l'observation de ce type aux envi- rons immédiats d'une plage et au niveau de la mer. C'est là sans doute, au fond d'une baie couverte, que venait ( 727 ) aboutir le courant à Taction duquel doit être attribué l'ap- port des végétaux de Gelinden. Tous ces débris ont été entraînés jusque dans le lit du fleuve à l'aide d'afïluents secondaires et de ruisseaux venant d'une région intérieure, après avoir raviné les flancs d'escarpements boisés, dont le sol aurait fourni à la fois et les débris de plantes et le limon crayeux, auquel les marnes de Gelinden doivent leur ori- gine. Si l'on fait abstraction des deux plantes marines, toutes les autres ont dû faire partie d'une association forestière montagneuse. Les plantes riveraines d'un estuaire, celles qui fréquentent le bord des lacs, celles des plaines, des lagunes tourbeuses, des vallées profondes, du voisinage des eaux vives, jaillissantes ou tranquilles font entièrement défaut. Le tableau précité montre la comparaison des 59 espèces de Gelinden avec 21 espèces correspondantes ou analogues éocènes, avec 34 espèces mio-pliocènes et enfin avec 59 espèces actuelles. Pour ces dernières, à de rares excep- tions près (5 ou 4), on ne les rencontre que dans les ré- gions chaudes des deux hémisphères. Les espèces de Gelinden présentent beaucoup plus de genres ou d'es- pèces analogues dans la végétation actuelle pour l'excel- lente raison que celle-ci est mieux connue que les termes intermédiaires. Un autre tableau non moins intéressant résume les liai- sons et enchaînements d'espèces de la flore paléocène de Gelinden et de Sézanne avec les flores du miocène infé- rieur arctique, du mio-pliocène européen et de la nature actuelle. Douze espèces de Gelinden ou de Sézanne figu- rent et constituent autant de types possédés en commun par l'Europe paléocène et la région arctique miocène. Trois ( 728 ) seulement, l'osmonde, le lierre et le châtaignier, sont de- meurés indigènes et se trouvent représentés sur notre sol par des espèces sensiblement rapprochées des espèces pri- mitives. Toutes les autres sont devenues exotiques et ha- bitent de nos jours, soit l'Amérique, soit l'Asie et plus par- ticulièrement le Japon. Quelques-unes enfin paraissent avoir entièrement disparu. Après une savante discussion, les auteurs établissent que malgré la pauvreté relative des documents, tout tend à démontrer que les éléments essentiels et constitutifs de la végétation tertiaire ne se sont pas renouvelés à plusieurs reprises, de façon à substituer chaque fois un ordre nou- veau à Tordre ancien éliminé. Tous les changements, au contraire, n'ont été que des renouvellements partiels, tou- jours solidaires les uns des autres. La liaison par enchaî- nement d'un certain nombre d'espèces paléocènes de Ge- linden avec des formes tertiaires plus récentes qui ne seraient que le prolongement des premières, et l'analogie de ces dernières avec des formes actuelles, nous porte à considérer ces espèces anciennes comme les ancêtres de celles qui existent actuellement. Lemémoire, dont je viens de résumer les déductions les plus remarquables, a dû coûter énormément de peine. Grâce à M. de Saporta et au D"" Marion , la flore deGelinden nous apparaît sous un jour nouveau et réellement intéressant. Certains types dont ces savants paléontologistes n'avaient fait que soupçonner l'existence se trouvent maintenant sûrement déterminés. La nouveauté des espèces, la beauté des échantillons, l'importance de l'ensemble, ne font qu'a- jouter au mérite qui revient aux auteurs pour les recher- ches difficiles et ardues auxquelles ils ont dû se livrer, et justihent les résultats obtenus. ( 729 ) Le groupe entier des chênes est curieux et par les formes qu'il révèle et par Tancienneté qu'il est maintenant possible d'attribuer à ce groupe lui-même; enfin les deux plantes marines Posidonla et Zostera n'avaient pas encore été signalées d'une façon aussi explicite à l'état fossile. La comparaison établie entre les espèces de Gelinden et celles du crétacé d'Amérique et de Bohême l'a été d'après des documents originaux et entièrement inédits. L'association désormais acquise de plantes marines et de plantes ter- restres, le rôle prépondérant dévolu aux Cupulifères, l'existence à peu près certaine de vrais Querms, l'assimi- lation des Dryophyllum aux Castaninées, l'abondance rela- tive des La urinées, enfin la présence des mêmes types qu'à Sézanne, des Viburnum, des Aralia, des Célastrinées aux- quelles il est naturel de joindre une Urticée, une Dillé- niacée, peut-être même une Cycadée : tels sont les points que les auteurs ont pu préciser, et dont les amis de la pa- léontologie végétale ne pourront s'empêcher de reconnaître l'importance. C'est une œuvre belge qui donne le dernier mot en ce qui concerne la belle flore de Gelinden. J'ai l'honneur de proposer à la classe : 1° L'impression du travail de MM. de Saporta et Marion, et des belles planches qui l'accompagnent, dans les Mé- moires in -4°; 2° D'adresser des remercîments aux auteurs pour leur remarquable travail. » M. Malaise déclare que M. Dewalque, deuxième commis- saire, a décliné l'honneur d'être rapporteur. La classe, consultée par M. le directeur, décide, à la majorité , de prendre une résolution immédiate sur le mé- moire en question; elle entend, en conséquence, la lecture du rapport de M. Crépin, troisième commissaire. 2"™' SÉRIE, TOME XLIII. 49 (750) JtappotH de NI. JF. Ct'épitt. « L'analyse que mon honorable confrère M. Malaise a faite du mémoire de MM. de Saporta etMarion me dispense de passer en revue les considérations et les faits exposés par ces deux savants. Seulement, qu'il me soit permis d'ajouter, au premier rapport, quelques remarques supplémentaires. La partie descriptive du mémoire en question est traitée avec tous les développements que comporte le sujet et avec une entente parfaite des besoins de la paléophytogra- phie. Dans les Conclusions finales qui forment la 5""' partie du mémoire, les auteurs ont traité avec beaucoup de détails une question de la plus haute importance, tant au point de vue de la stratigraphie, qu'au point de vue de la succession des flores fossiles : celle des associations végé- tales. Déjà, en 1876, M. de Saporta, dans la Revue scien- tifique de France et de l'étranger, avait abordé cette ques- tion ; il avait démontré que certaines flores locales qu'on avait décrites comme étant distinctes et indépendantes, ne sont au fond que de simples florules appartenant à une même période, au même horizon, et qu'elles ne sont que des associations d'espèces propres à certaines stations. Tous ceux qui s'occupent de paléontologie comprendront l'im- portance capitale de cette façon d'envisager l'origine et la nature de ces flores locales et les services qu'elle est appelée à rendre à la science. Si les auteurs n'ont rien négligé pour rendre leur tra- vail aussi parfait que possible sous les rapports de la mor- phologie et de la distribution des espèces, on peut dire, ( 731 ) d'autre part, qu'ils ont apporté un soin extrême dans la confection de l'atlas joint à leur mémoire. Les figures qui composent les 14 planches de cet atlas sont admirablement dessinées. Le travail de MM. de Saporta et Marion est une œuvre d'une grande valeur et j'en propose l'impression dans les Mémoires in-4'' de l'Académie. » La classe vote des remercîments à MM. de Saporta et Marion, et décide l'impression de leur travail dans le recueil des Mémoires in-4°. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Note sur quelques massifs tertiaires de la province du Hainaut; par MM. F.-L. Cornet, correspondant, et A. Briart, membre de l'Académie. A la suite d'une exploration faite avec l'un de nous, M. Faly, ingénieur au corps de^mines, à Mons, a signalé, dans la séance de la Société géologique de Belgique du lo avril dernier, l'existence de puissants dépôts tertiaires aux environs de Masnuy-Saint-Jean où les cartes géologi- ques de Dumont indiquent la présence du calcaire carbo- nifère immédiatement sous le limon hesbayen. Ces dépôts constituent une colline dont le sommet, qui atteint la cote 124 en dominant de 30 à 40""" la plaine environnante, est couronné par une mince épaisseur de roches fossilifères appartenant au système paniselien. Cette butte n'est pas ( 752 ) isolée, mais, avec plusieurs autres qui i'avoisinent, elle forme un massif important qui se relie vers l'Est aux col- lines tertiaires du Rœulx, par une ligne de hauteurs déter- minant le partage des eaux des bassins de la Haine et de la Senne. On peut se demander comment dans une région où le relief du sol est toujours en relation intime avec la con- stitution géologique du terrain tertiaire, un accident oro- graphique aussi important que celui dont nous venons de parler, n'a pas attiré l'attention de Dumont, d'autant plus que les profondes tranchées du chemin de fer, entre les sta- tions de Jurhise et de Soignies, pouvaient lui montrer le limon hesbayen reposant sur l'argile ypresienne et non sur le calcaire carbonifère. Mais il n'y a dans l'omission faite ici rien de bien étonnant pour les personnes qui ont exploré notre contrée. Elles ont eu l'occasion de constater, pour certaines parties du pays, tant de lacunes dans les cartes géologiques qu'elles en sont venues à se convaincre que Dumont n'a pas exploré par lui-même ces parties, ou du moins qu'il n'a pas porté ses pas en dehors des dépres- sions où passent les cours d'eau. [.a classe des sciences peut être certaine que personne n'apprécie plus que nous l|s travaux de l'illustre géologue belge. Personne plus que nous n'est convaincu que l'exé- cution de ses cartes l'a placé au premier rang des savants de son époque. Aussi ce n'est pas à des erreurs d'observa- tion que nous attribuons les lacunes que nous rencontrons, mais bien à cette circonstance que le temps et les forxîes physiques ont fait défaut à Dumont. Quoi qu'il en soit, les lacunes existent et celles que nous connaissons sont assez nombreuses et assez importantes pour que, si elles étaient comblées, nos cartes géologiques ( 735 ) acquièrent un loul autre aspect que celui qu'elles possèdent actuellement. Afin de faire apprécier cette importance nous choisirons quelques exemples. D'après les cartes géologiques il existerait au nord du bassin houiller, dans la province du Hainaut, une vaste surface sous laquelle le terrain dévonien et le calcaire car- bonifère ne seraient recouverts que par le limon besbayen. Cette surface, dont les angles principaux sont occupés par la ville d'Ath et les villages de Blaton, Mignault et Feluy, ne mesure pas moins de 410 kilomètres carrés. Or, nos explorations nous ont démontré que cette région est bien, en effet, presque totalement occupée par le limon besbayen, mais que ce limon n'y repose sur le cal- caire carbonifère ou sur le terrain dévonien que dans le voisinage de certains cours d'eau tels que la Dendre, la Senne, la Sonnette, la Samme, la Gageotte, la Verne et les ruisseaux de Sirault et de Saint-Denis. Ailleurs le limon est superposé à des épaisseurs plus ou moins considé- rables de terrain tertiaire, constitué principalement par les deux étages du système ypresien. Dans l'angle S.-E. de la surface dont nous parlons, Du- mont a figuré l'îlot tertiaire du Rœulx, mesurant environ 10 kilomètres carrés et reposant au Nord sur le calcaire carbonifère et au Sud sur le terrain houiller. Il y a indiqué la présence du système bruxellien au-dessus du système ypresien représenté par ses deux étages. Cette superposi- tion est exacte et les limites données au lambeau bruxel- lien sont bien sensiblement celles qui existent, mais l'extension du système ypresien est bien différente de ce qu'indique la carte. D'après Dumont l'argile ypresien ne, qui est l'assise infé- rieure du terrain tertiaire dans le massif du Rœulx, ne ( 75i ) s'élendrail que jusqu'à 1600°" au nord de Montauban, c'esl- à-dire qu'elle ne dépasserait pas, dans cette direction, le hameau de l'Enfer. La source de la Senne, qui se trouve à 1700™ plus loin, serait sur le calcaire carbonifère- Or, nos explorations nous ont démontré que non-seule- ment l'argile, mais aussi l'étage supérieur du système ypresien, s'avancent à plus de 7 kilomètres au nord de l'Enfer, assez pour réunir le massif tertiaire du Rœulx à celui du Bois de la Houssière situé à l'est de Braine-le- Comte. La source de la Senne se trouve au contact de l'ar- gile et du sable ypresiens, à l'altitude de 129°\ Au Sud le massif tertiaire du Rœulx s'étend à quelques centaines de mètres plus loin que Dumontne l'a figuré, mais son extension est interrompue, dans cette direction, par les dépressions relativement profondes où passent le Thirriau et le ruisseau du Sart, qui coulent sur le terrain houiller et sur le terrain crétacé. A l'est du massif du Rœulx aucune solution de conti- nuité n'existe dans les dépôts tertiaires. L'argile et même sur certains points le sable ypresien , y reposent sur le ter- rain houiller et le calcaire carbonifère que Dumont indique comme n'étant recouverts que de limon. Les collines sur lesquelles se trouve la ville du Rœulx ne constituent donc pas un îlot géologique. Elles font partie de la grande nappe tertiaire qui recouvre le Brabant à l'est de la Senne et qui s'avance au Sud, dans le Hainaut, jusque sur les bords de la Sambre. L'extension de 7 kilomètres que nous avons trouvée vers le Nord au massif dont nous nous occupons, est moins importante que celle qui existe au Nord-Ouest. En s'avançant de ce côté à partir de la ferme de Montauban, on peut constater, là où le limon est enlevé, l'existence du terrain ( 755' ) tertiaire dans toute la région qui sépare le bassin de la Senne de ceux de la Haine et de la Dendre. L'argile s'y montre principalement, mais plusieurs collines sont con- stituées par le sable de l'étage supérieur du système ypre- sien, et même, comme nous l'avons dit en commençant, on trouve, près de Masnuy-S'-Jean , un lambeau du sys- tème paniselien. Si l'on s'avance plus loin encore vers le Nord-Ouest, au delà du chemin de fer de Mons à Bruxelles, en passant par Neu villes et Chaussée-Notre-Dame, on acquiert la preuve de la continuité du terrain tertiaire, jusqu'à la limite sud assignée par Dumont à la grande nappe d'ar- gile ypresienne des Flandres, à peu de distance au nord de cette dernière commune. Jusqu'à ce jour nous n'avons fait dans la région carboni- fère de la rive gauche de la Dendre, que des explorations peu importantes. Cependant ce que nous avons appris ne nous permet pas de douter que, dans cette partie de notre pays, le calcaire carbonifère ne soit, comme plus à l'Est, recouvert presque entièrement de terrain tertiaire repré- senté principalement par l'argile d'Ypres. Il nous semble même très-probable que certains des points les plus élevés sont occupés par le sable de l'étage supérieur du système ypresien. En résumé, quant à ce qui concerne la partie de notre province où, d'après Dumont, le calcaire carbonifère et le terrain dévonien ne seraient recouverts que de limon , on peut dire que plus des trois quartsde la surface de 410 ki- lomètres carrés qu'elle mesure, ne sont pas dans les con- (756) ditions indiquées par les cartes géologiques. Ils sont recou- verts de terrain tertiaire. Au nord de la région dont nous venons de parler, il en existe une autre, très-vaste, occupée presque entièrement, d'après Dumont, par le limon liesbayen reposant sur l'ar- gile ypresienne. C'est celle qui est limitée à l'Ouest par les collines tertiaires de Renaix, au Nord par les ruisseaux d'Angre et de la Marcq, et à TEst par la route de Soignies à Ninove. Il sufïit d'étudier cette région sur les cartes du Dépôt de la Guerre, pour être convaincu que sa constitution géo- logique n'est pas celle que lui donne Dumont. C'est ce que nous avons fait pour la partie de cette région comprise dans le triangle formé par les routes de Soignies à Enghien, d'Enghion à Ath et de Soignies à Lessines. Après avoir déterminé à l'avance les points où doivent exister des assises géologiques supérieures à l'argile ypresienne, nous nous sommes rendus sur les lieux et nous avons pu constater l'exactitude presque complète de nos prévisions. La station de Bassilly, du chemin de fer d'Ath à Hal, se trouve à l'attitude de 50"' dans la dépression peu sensible où coule la Sille, affluent de la Dendre.Toutela plaine envi- ronnante est formée de limon superposé à l'argile d'Ypres qui est exploitée, principalement aux environs de Ghis- lenghien, pour la fabrication des tuiles et des tuyaux de drainage. A 4 kilomètres au sud-est de Bassilly les bois dits d'En- ghien, de Ligne et de Silly recouvrent des collines dont le point culminant, qui se trouve à peu de dislance au sud de Saint-Marcoult, atteint la cote 126"^. A 1200"" au sud-est de ce point il existe un autre sommet à l'altitude de 1 Jo'". ( 757 ) Enfin, des coles de 110 à IIS'" sont aileinles, à l'est du bois , par les collines des hameaux de Boskanle et de Belle- croix. L'argile ypresienne se montre, sur le pourtour de ces collines , jusque vers la cote 80 à 85"\ Le sable ypresien, avec ou sans limon superposé, la recouvre et peut s'obser- ver sur de nombreux points jusqu'à la cote 105. Plus haut le sol est encore sableux, mais l'absence de coupes ne nous a permis d'observer que sur un point, vers l'aUitude de ilo"\ un sable argileux, jaunâtre, légèrement glauco- nifère qui nous a semblé appartenir à un niveau géolo- gique supérieur au système ypresien. Enfin la partie tout à fait culminante de la colline, à partir de la cote 120, est parsemée d'une immense quantité de blocs de grès ferru- gineux qui nous ont paru identiques à certaines rocbesque l'on rencontre sur les collines de Renaix et de Gramm(»nt , dans des dépôts sableux rapportés par Dumont au système laekenien. Sur aucun point nous n'avons rencontré de fragments de grès glauconifères provenant du système paniselien. L'assise sableuse supérieureàl'argile ypresienne s'avance, au sud de la route de Soigniesà Lessines, jusque sous le village de Tboricourtet jusqu'à peu de distance de Gondre- gnies. Avec ces extensions la surface entière qu'elle occupe, tant dans les bois que dans les campagnes environnantes, ne mesure pas moins de 25 à oO kilomètres carrés. Les lacunes dans les relevés géologiques de Dumont ont aussi une importance considérable pour la partie de noire pays comprise dans le bassin de la Haine. Ayant ailleurs signalé plusieurs de celles qui existenl dans le terrain cré- ( ■•■58 ) tacé (1 ), nous nous bornerons ici à ce qui concerne le ter- rain tertiaire. Le golfe crétacé de Mons est, en grande partie, recou- vert par des dépôts modernes, quaternaires et tertiaires. Selon la carte géologique ces derniers constituent plusieurs massifs dont l'un, si tué à l'est de Mons et au sud de la Haine, aurait pour limite méridionale une ligne passant par Saint- Symphorien etTrivières. Ce massif ne renfermerait, d'après Dumont, que l'étage supérieur du système landenien, excepté dans sa partie occidentale où le lambeau panise- lien des collines montoises serait environné d'une étroite ceinture de sable ypresien reposant directement sur le lan- denien. Les choses sont loin d'être telles que Dumont les a représentées. Le sable ypresien du Mont-Panisel est super- posé à l'argile et cette argile s'étend, au Nord et à l'Est, sur la partie de la bande landenienne comprise entre Nimy et Boussoit, c'est-à-dire sur une longueur dépassant 8 kilomètres. Déplus, au-dessus de l'argile, on trouve dans le bois du Rapois, au sud-est d'Havre, un vaste lam- beau de sable appartenant à l'étage supérieur du système ypresien. La limite sud de la bande tertiaire dont nous nous occu- pons, présente, avec la ligne tracée par Dumont, assez de différence pour enlever toute utilité à la carte géologique du sous-sol, dans l'étude de la partie de notre province comprise entre cette ligne, la frontière française et la crête de partage des bassins de la Haine et de la Sambre. L'ar- gile ypresienne, formant un cap qui se détache de la bande (1) Description du terrain crétacé du Hainaut. (Mémoires de la Société des Sciences du Hainaut, 3^ série, t. I«i".) (759) principale entre Boussoit et Havre, s'avance vers le Sud jusqu'au Jelà de la route de Mons à Charleroi. Elle est superposée à des dépôts sableux, très-remarquables, qui ont donné lieu, sur les communes de Bray et de Péronnes- lez-Binche, à des exploitations relativement importantes et remontante des temps très-reculés. Il est étonnant que Dumont n'ait pas eu connaissance de ces sablières dont quelques-unes ont laissé des excavations d'une assez vaste étendue, aujourd'hui plus ou moins remblayées. Celles qui sont encore ouvertes nous ont fourni des coupes fort inté- ressantes au point de vue stratigraphique. L'une d'entre elles nous a montré du sable tin, exclusivement siliceux, d'une blancheur éclatante, surmonté d'un banc de grès également blanc, de 0'",80 à 1 >" de puissance, le tout recou- vert par de Targile ligniteuse, d'un noir intense, avec petites veines ondulées de sable blanc. L'étage supérieur du système landenien auquel se rap- portent les sables de Bray, se montre, en dehors du tracé de Dumont, au levant jusqu'à la liujite sud-est du village de Haine-Saint-Paul et au coucliant jusque près du village de Saint-Symphorien. Sur une longueur de H kilomètres la bande n'est interrompue que par quelques vallées creu- séesdans la craie blanche,entre autres par cellesdes rivières la Samme et des Eslinnes. Plus à l'Est le système se conti- nue par quelques lambeaux isolés, sur les territoires de Haine-Saint-Pierre et de Morlanwelz, jusqu'à Carnières où Ton irouve, à l'est de la Haine, un dépôt de sable blanc que nous avons fait connaître ailleurs (1). La limite méridionale du système landenien supérieur, (1) Bulletin de la Société géologique de France^ 3^ série, t. II. Réu- nion extraordinaire à Mons et à Avesnes. ( 740 ) dans la bande dont nous venons de parler, se trouve, pour la partie située entre la Samme et la rivière des Estinnes, à quelques centaines de mètres au sud de la route de Mons à Charleroi , c'est-à-dire à 5 ^2 kilomètres plus loin, dans cette direction, qu'elle n'est indiquée sur la carte géolo- gique. Mais son extension méridionale atteint presque io kilomètres à l'ouest de la rivière des Estinnes. Une bande constituée par des argiles et des sables souvent ligniteux, se détache du massif principal entre Bray et Villers-Saint-Ghislain. Sans présenter aucune solution de continuité importante, elle se prolonge au Sud, en suivant la ligne de partage des eaux de la Trouille et de la Haine, jusqu'au massif tertiaire des bords de la Sambre dans lequel sont ouvertes, sur les territoires d'Erquelinnes, de Grandreng et de Jeumont, de vastes excavations où l'on exploite un dépôt sableux remarquable, reposant sur la craie blanche et non pas sur le système quartzo-schisteux eifelien, comme l'a admis Dumont. Nous connaissons dans la carte géologique de la Belgique bien d'autres lacunes que celles dont nous venons de nous occuper, mais nous croyons devoir nous arrêter ici, pour aujourd'hui, car les exemples que nous avons donnés suf- fisent, pensons-nous, pour démontrer une fois de plus à la classe des sciences, la nécessité de l'exécution d'une nou- velle carte dont l'utilité sera , nous l'espérons , aussi grande pour l'industrie que pour les études scientifiques du sol qui tendent à prendre, dans notre pays, une exten- sion considérable. . ( 741 ) Un mot sur une Baleine capturée dans la Méditerranée ; par M. P.-J Van Beneden, membre de l'Académie. En faisant hommage, à la dernière séance de la classe, au nom de l'auteur M. le professeur Capellini , de Bologne , d'un Mémoire intitulé : Snlla balenottera di Mondini, j'ai fait mention de l'apparition d'une vraie Baleine dans la Méditerranée; je demande la permission de donner lecture d'une lettre du savant professeur de Bologne sur la capture de cet animal. L'apparition de cette Baleine dans la Méditerranée est tout aussi imprévue et extraordinaire pour les cétologues que le passage des Pseudorques, qui a eu lieu, il y a quel- ques années, sur les côtes de Danemark. Voici la lettre de M. Capellini : .... « Je vous envoie un Mémoire sur les restes de la petite Balénoptère du Musée d'anatomie comparée de Bologne; vous y trouverez des renseignements bien inté- ressants sur son origine et sur les opinions émises par Cuvier et Alessandrini , identiquement à celle exprimée par vous à l'occasion de votre visite à Bologne. » J'avais à peine accompli mon travail et exprimé mon opinion sur la petite Balénoptère préparée par Mondini, lorsque une véritable Baleine est entrée dans la Méditer- ranée pour confirmer ma thèse et corroborer mon opinion!! » La Baleine que l'on a chassée à Tarente et pour laquelle j'ai proposé le nom de Balaena Tarentina, a la plus grande analogie avec la Balaena auslralis et le Macleayus austra- ( 7-i2 ) liensis de Gray; mais elle en diffère par la forme de l'occipital, par l'appareil auditif, par la région cervicale laquelle présente bien des caractères de vos Balaeniila et Balaenotus fossiles de la Belgique et de la Toscane. La septième cervicale est tout à fait libre, les autres sont soudées en partie comme dans les genres fossiles indi- qués; toujours moins, en partant de la 2' vers la 6^; Vatlas a une forme caractéristique. La caisse tympanique est presque identique à une caisse tympanique fossile que je possède de la Toscane; elle est à peine un peu plus forle; elle n'a rien à faire avec la Balaena bijscayensis et la Balaena antipodum, dont vous m'avez donné des moulages. » J'ai déjà fait une première communication à notre Académie des sciences de Bologne et j'espère avoir bientôt achevé un Mémoire sur cet intéressant animal qui est venu troubler tous les calculs faits jusqu'à présent par les cétologues qui avaient démontré que les Baleines à présent ne pouvaient pas pénétrer dans la Méditerranée, comme elles l'avaient fait dans l'époque pliocène. Bientôt j'espère pouvoir vous donnner d'autres nouvelles. » C'est bien d'une véritable Baleine qu'il est question dans la lettre de M. Capellini et c'est bien la première fois que l'on signale dans la Méditerranée un animal de ce genre; mais cette Baleine est-elle nouvelle pour la science? Est-ce un animal qui aurait échappé jusqu'à présent à l'at- tention des naturalistes? Ou est-ce un individu égaré d'une espèce connue, et, dans celte supposition, vient-il des mers du Sud ou se rapporte-t-il à un animal des mers d'Europe? 11 n'y a pas de raison, je pense, de s'arrêter à l'idée que la Baleine de Tarenle appartienne à une espèce qui serait ( 7i5 ) restée ignorée jusqu'à présent. Cherchons plutôt à l'iden- tifier avec Tune ou l'autre espèce connue. Jusqu'à présent l'on ne connaît pas d'exemple de Baleine ayant passé l'équateur pour sortir d'un hémisphère et en- trer dans l'autre, et les cétologues sont d'accord avec le capitaine Maury, pour dire que l'équateur est pour ces Cétacés un cercle de feu qu'ils ne franchissent pas. Nous ne parlons pas des Cachalots que Ton pêche à toutes les latitudes et qui passent d'un hémisphère à l'autre depuis les côtes du Groenland jusqu'à celles de la Nou- velle-Zélande. Nous ne pourrions donc admettre que cet animal soit arrivé du Sud. On sait, d'un autre côté, que la Baleine franche ne quitte jamais les glaces et qu'il n'y a pas d'exemple qu'elle ait dépassé à aucune époque le 64^ degré de latitude nord; il n'y a donc pas lieu de songer à elle non plus. Si donc on ne doit pas chercher à l'identifier ni avec une Baleine du Sud ni avec une Baleine du Nord, il reste l'espèce des régions tempérées que les Basques ont chassée pendant plusieurs siècles dans le golfe de Gascogne et dans la Manche. Nous sommes très-disposé à croire que l'ani- mal de Tarente n'est qu'un individu égaré de celte der- nière espèce. Ce qui parle en faveur de cette supposition, c'est que M. Capellini lui-même reconnaît qu'il existe une grande ressemblance entre la Balaena auslralis et la Balaena biscayensîs. Cette ressemblance est connue depuis long- temps, et elle est même si grande que les baleiniers hollan- dais, en allant faire la pêche au Sud, ont cru reconnaître leur Nord Caper, qu'ils avaient chassé si longtemps au Nord, dans la Baleine qui hante le cap de Bonne-Espérance. ( 744 ) Nous ne pouvons malheureusement d'ici à longtemps en parler que par supposition. Cet animal, que Ton a chassé pendant des siècles à notre porte, n'existe en squelette dans aucun Musée d'Europe, si ce n'est dans celui de Copen- hague , où l'on voit le squelette du jeune individu qui a été capturé à côlé de sa mère, le 17 janvier 1854, dans le golfe de Gascogne et que Eschricht a obtenu par échange pour son Musée. II y a une autre considération à faire valoir en faveur de ce rapprochement, c'est l'époque de l'année à laquelle la Baleine de ïarente a été capturée. On sait que c'est pendant les mois de janvier et de février que la Baleine des Basques fait son apparition dans le golfe de Gascogne et qu'elle passe, au contraire, son été sur les côtes des États-Unis d'Amérique; or c'est le 9 février que cette appa- rition a eu lieu. 11 y a tout lieu de croire que cet animal est venu en Europe à l'époque ordinaire de sa migration, mais que, au lieu de se rendre au golfe de Gascogne, il est entré dans la Méditerranée. On s'est demandé souvent pourquoi les Basques ont appris à harponner les Baleines avant les autres nations maritimes. La raison en est toute simple : ils ont été les premiers à l'apprendre, parce que c'est sur leurs côtes que ces animaux venaient se montrer. Nous voyons la même chose en Amérique : ce sont les pêcheurs des côtes visitées par cette Baleine pendant l'été, qui ont été les premiers baleiniers américains (1). Je terminerai en signalant une découverte importante (1) Le squelette de Baleine du Musée de Cambridge provient d'un ani- mal capturé au cap God; c'est là que l'on faisait autrefois régulièrement la pèche de ces animaux. ( 74d ) de trois verlèbres que j'attribue à la même Baleine des Basques et qui ont été mises au jour non loin de la côte près de Dunkerque. Cette découverte a été faite par M. De Bray, conducteur des ponts et chaussées à Lille (1). Je me propose d'en entretenir l'Académie à une des pro- chaines séances. Quant à la Balénoptère de Mondini qui fait l'objet du Mémoire du professeur Capellini, je ne la considère que comme la Balenoplera rostrata de Fabricius. Je trouve dans mes notes prises sur les lieux, à propos de la tête de cet animal qui est conservée au Musée de l'Université de Bologne : Balenoplera rostrala, tèle, ainsi qu'un membre, mais sur lequel on a fait figurer cinq doigts. (1) Ann. Soc. géolog. du Nord, t. III, 1876, 2"^^ SÉRIE, TOME XLIII. 50 ( 746 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 4 juin 1877. M. Alphonse Wauters, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J. Roulez, J.-J. Haus, M.-N.-J. Le- clercq, Ch. Faider, R. Clialon, Th. Juste, le baron Guil- laume, F. Nève, Alph. Le Roy, Ém. de Borchgrave, J. Heremans, membres; J. Nolet de Brauwere van Stee- land, Aug. Scheler, Alph. Rivier, E. Arntz, associés; Ferd. Loise, Ch. Potvin, Eug. Van Bemmel, correspon- dants. M. Alvin, président de l'Académie et membre de la classe des beaux-arts, et M. Éd. Mailly, membre de la classe des sciences^ assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur adresse une expédition de l'arrêté royal en date du 29 mai dernier, qui approuve l'élection de M. Pierre Willems comme membre titulaire de la classe. (747) — Le même haut i'onctionnaire transmet : 1° pour être conservées dans les archives de l'Académie, une expédi- tion de l'acte passé le 21 mars 1877 devant le notaire Ceulemans, à Lierre, acte par lequel la dame veuve Antoon Bergmann fait donation, entre vifs, à l'État belge, d'une somme de 5,000 francs, destinée à l'institution d'un prix décennal pour la meilleure monographie écrite en langue néerlandaise d'une ville ou d'une commune de la Belgique flamande; et une expédition d'un arrêté royal , en date du 11 mai suivant, qui approuve cet acte et charge l'Académie de prendre les mesures nécessaires pour l'accomplissement de la volonté de la donatrice; 2** pour être déposé dans la bibliothèque, un exemplaire de l'ouvrage intitulé: Philo- Sophie et éducation. L'école populaire et le rationalisme contemporain, par Eugène Bernimolin , 2 vol. in-8°. — MM. Pierre Willems, élu membre, Campbell et Bluntschli , élus associés, et Eug. Yan Bemmel , élu corres- pondant, remercient pour la distinction dont ils ont été l'objet. — M.Gachard fait hommage d'un exemplaire du tome li des Notices et extraits des manuscrits qui concernent l'his- toire de Belgique appartenant à la Bibliothèque nationale de Paris et qui vient de paraître dans la collection des chro- niques de la Commission royale d'histoire. — M. Chalon présente, de la part de M. le baron Ker- vyn, le tome XXI Y" des Chroniques iigurant dans les OEuires de Froissart publiées par la Commission de publi- cation des œuvres des grands écrivains du pays. Ce volume est consacré aux lettres A-K (inclus.) de la table analytique des noms géographiques; M. Kervyn y a fait figurer un certain nombre de cartes. ( 748 ) — M. Amédée Faider adresse, à litre d'hommage, un exemplaire sur papier vélin de V Histoire du droit de chasse, que la classe a couronnée le 10 mai 1876. — M. le lieutenant-colonel Monnier, à Diest, envoie le tome V de son Histoire de l'abbaye de Cambron. 11 sera fait dépôt de ces ouvrages dans la bibliothèque de l'Académie, et des remercîments seront adressés aux auteurs. — M. Roulez communique un projet d'inscription pour la médaille décernée à M. Théophile Quoidbach, de Has- selt, auteur du mémoire couronné relatif à la conservation du caractère national des Belges à travers toutes les domi- nations étrangères. Des remercîments sont votés à M. Roulez. ÉLECTIONS. M. Wauters, directeur, est désigné pour faire partie de la Commission qui sera chargée, de concert avec une délé- gation de l'Académie de médecine, d'organiser la cérémonie de l'installation solennelle des académies dans leur nou- veau local. PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1879. D'après l'article 19 du règlement intérieur, la classe procède à la formation de son programme de concours pour 1879, dont le terme fatal pour la remise des mé- moires expirera le l^"" février de la dite année. ( 719 ) Elle complétera ce programme dans sa prochaine séance. Elle proroge jusqu'an 1" février 1880 les questions suivantes des prix de Stassart et de Saint-Génois, qui n'avaient pas reçu de réponse à la date du J" février 1877. GRAND PRIX DE STASSART. Concours pour une question cr/iistoire nationale. Troisième période (1871-1876.) Conformément à la volonté du fondateur et à ses géné- reuses dispositions, la classe offre, pour la troisième pé- riode sexennale de ce concours, un prix de trois mille francs au meilleur travail en réponse à la question sui- vante : Apprécier l'influence exercée au XV l^ siècle par les géo- graphes belges, notamment par Mercator et Ortelius. Donner un exposé des travaux relatifs à la science géo- graphique qui ont été publiés aux Pays-Bas, et de ceux dont ces pays ont été l'objet, depuis l'invention de l'impri- merie et la découverte de FA mérique jusqu'à l'avènement des archiducs Albert et Isabelle. On s'attachera, à la foiSj à signaler les œuvres, les voyages, les tentatives de toute espèce par lesquels les Belges ont augmenté la somme de nos connaissances géographiques , et à rappeler les publi- cations spéciales , de quelcpie nature quelles soient , qui ont fait connaître nos provinces à leurs propres habitants et à l'étranger. ( 7S0 ) PRIX DE SAINT-GENOIS. Concours pour une question littéraire flamande. Première période (1868-1877.) Conformément à la volonté du fondateur et à ses géné- reuses dispositions, la classe offre, pour la première pé- riode décennale de ce concours, un prix de quatre cents cinquante francs au meilleur travail , écrit en flamand , en réponse à la question littéraire suivante : De betrekkingen aanduiden , die in verschillende tijdper- ken hebhen bestaan tussc/ien de vlaamsche poëzie en de ont- wikkeling van het vaderlansch en nationaal gevoel, en den invloed bepalen dien zij onder dit opzicht heeft gehad. — indiquer les rapports qui, à diverses époques, ont existé enlise la poésie flamande et le développement du sentiment patriotique et national , et déterminer l'influence quelle a exercée dans cet ordre d'idées. Les concurrents devront se conformer, pour ces deux concours, aux formalités et aux règles des concours annuels de l'Académie. ( 751 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 7 juin 4877 . M. Alvin, directeur, président de l'Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents :WA. N. De Keyser, Jos. Geefs, C.-A Frai- kin, Éd. Fétis, Edm. De Busscher, Alph. Balat, le cheva- lier L. de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, Julien Leclercq, Ernest Slingeneyer, Alex. Robert, F. Ge- vaert, Ad. Samuel, Ad. Pauli et Godfr. Guffens, membres; Alex. Pinchart, correspondant, M. Éd. Mailly, membre de la classe des sciences, M. R. Chalon, membre de la classe des lettres, et M. Ch. Piot, correspondant de la même classe, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur écrit que, par arrêté royal du 19 mai, MM. Radoux, directeur du Conservatoire de musique de Liège; Benoît, directeur du Conservatoire d'Anvers; J. Dupont et Mailly, professeurs au Conserva- toire de Bruxelles, ont été désignés pour former le jury ( 752 ) chargé de juger le grand concours de composition musi- cale de cette année, conjointement avec MM. Samuel, le chevalier Léon de Burbure et le baron Limnander, délé- gués par la classe des beaux-arts. Par une seconde lettre, M. le Ministre approuve la pro- position de faire passer M. Radoux dans la section per- manente du jury, en remplacement de M. le baron Lim- nander, empêché par ses occupations. M. Auguste Dupont a été appelé à remplacer M. Radoux. L'entrée en loge des aspirants au grand concours a été fixée au mardi 5 juin. — M. l'ingénieur Huberti remercie la classe pour les témoignages de sympathie exprimés par l'Académie aux funérailles de son beau-père , M. Auguste Payen. — La Commission centrale organisatrice du prochain congrès artistique d'Anvers envoie sa circulaire et demande que l'Académie délègue un de ses membres à celte solen- nité. La classe désigne M. Al vin. — M. J. Franck fait hommage d'un exemplaire, avant la lettre, de sa gravure du Saint-Martin , d'Antoine Van Dyck, et d'un exemplaire de la gravure: la Descente de croix, de Rubens, commencée par feu Erin Corr, et ter- minée par M. Franck. M. L. Alvin fait hommage d'un exemplaire de l'étude qu'il vient de consacrer à André Van Hasselt, sa vie et ses travaux. Bruxelles, vol. in-8°. M. Gevaert fait hommage d'un exemplaire de V Annuaire du Conservatoire royal de musique de Bruxelles , 1" année, 1877, vol. gr. in-12. La classe vote des remercîments pour ces dons. ( 753 ) RÉSULTATS DU CONCOURS LITTÉRAIRE DE 1877. Conformément au règlement, le terme fatal pour la remise des mémoires expirait le 1" juin. La classe a reçu, avant cette date : i*" Un mémoire portant pour devise: Vexistence de Rîibens fut une lutte contre son originalité, en réponse à la PRE3IIÈRE QUESTION : Déterminer quelles ont été les influences qu'ont subies, pendant leur séjour en Italie, les artistes flamands P.-P. Rubens et Ant. Van Dyck. Rechercher si, à leur tour, ces peintres n'ont pas aussi exercé une influence sur les artistes italiens. MM. Alvin, Gallait et Siret sont nommés pour faire l'examen de ce travail ; 2'' Un mémoire portant pour devise: Amoreet Labore, en réponse à la quatrième question : Faire l'histoire et la bibliographie de la typographie musicale dans les Pays-Bas, et spécicdement dans les pro- vinces c^ui composent aujourd'hui la Belgique. MM. le chevalier Léon de Burbure, Gevaert et Fétis sont chargés d'en faire l'examen. ELECTIONS. La classe désigne son directeur pour faire partie de la Commission mixte chargée des préparatifs de l'installation solennelle des deux Académies au Palais Ducal. ( 73i ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Alvin lit !a note suivante : Messieurs et honorés confrères, Je me vois dans la nécessité de vous entretenir encore de la question relative aux deux estampes des Grandes armoiries du duc Charles le Téméraire. M. De Brou, comme c'était son droit, a cru devoir répliquer à la réponse que j'ai faite à un article de M. Alex. Pinchart, cet article reproduisant une lettre du savant conservateur de la collection d'Arenberg. Mon con- tradicteur n'a pas jugé à propos de discuter les objections que j'avais pris la liberté d'opposer à son jugement; il a mieux aimé faire intervenir dans le débat l'avis de per- sonnes dont l'opinion fait autorité en ces matières. Le moyen , je me plais à le reconnaître, est des plus réguliers. M. De Brou a donc inscrit dans sa réplique des lettres émanant de ces personnes, lesquelles, pour la plupart, lui donnent complètement raison. Les lettres que publie M. Ch. De Brou sont signées des noms honorables que voici : H.-C.-J. Weiss, conserva- teur du cabinet des estampes de Berlin; Henri Delaborde et Georges Duplessis, du cabinet des estampes de Paris; Clément, marchand d'estampes du même cabinet; Dru- gulin, marchand d'estampes, à Leipzig; Eugène Dutuit, amateur et possesseur d'une des plus riches collections de France, à Rouen; le baron Schwiter, amateur à Paris; le docteur Strâter, à Aix-la-Chapelle; Kuhnen, artiste peintre. ( 755 ) à Bruxelles, et A.-W. Franks, attache au Musée britanni- que, à Londres. L'une de ses lettres n'est pas signée, mais elle émane, assure M. De Brou, d'un des principaux con- naisseurs du pays. Voilà, messieurs et honorés confrères, un ensemble imposant de témoignages. Toutefois, sans contester en quoi que ce soit la com- pétence et la bonne foi de ces experts, on peut se deman- der sur quels documents se sont appuyés ces messieurs pour émettre un jugement. C'est la question que je me permis d'adresser, le 1"'" de ce mois, à chacune des personnes dont le nom est inscrit en toutes lettres dans la réplique de M. De Brou, à l'exception de M. le baron Schwiter, dont l'adresse ne m'est pas connue. N'ayant eu connaissance de cette réplique que le 50 mai, grâce à l'obligeance de notre honorable confrère M. Éd. Félis, et n'ayant pu, par conséquent, m'adresser qu'après cette date aux correspondants de l\L De Brou, il est lout naturel que les réponses de ces derniers ne me soient pas encore toutes parvenues; j'en ai pourtant déjà reçu une, datée du 3 courant. FJle émane de M. Eugène Dutuit, de Bouen. Cet honorable amateur m'écrit qu'il ne croyait pas que sa lettre serait publiée. C'est sur les fac-similé qui lui ont été envoyés qu'il a assis son jugement. J'ai donc lieu de croire que les autres experts choisis par mon contradicteur se trouvent dans le même cas; d'autant plus que, d'après les dates que portent leurs lettres (1), leur appréciation doit avoir précédé la connaissance qu'ils (1) Les 6, 7, 19, 20, 21 et 50 décembre 1876 et 23, 26 janvier, 26 février et l"" mars 1877. (756) peuvent avoir prise, seulement depuis huit jours, de ma réponse à l'article de M. Pinchart et des fac-similé qui, d'après la décision de la classe des beaux-arts, accom- pagnent l'impression de cette réponse. Avant donc de me reconnaître condamné par ces messieurs, j'attendrai le résultat de l'examen qu'ils auront fait de ma brochure. J'ai d'autant plus de confiance dans cet appel à nos juges mieux informés, que, de mon côté, j'ai reçu aussi des lettres qui ne cadrent guère avec celles que M. De Brou a trouvé bon de publier. Comme il s'agissait d'un intérêt sérieux pour l'établis- sement que j'ai l'honneur de diriger, qu'il y allait de ma réputation, de celle d'un de mes collaborateurs les plus éclairés et les plus compétents, j'ai prié le Gouvernement de faire parvenir des tirés à part de ma réponse aux con- servateurs des principales collections de l'Europe. Ma lettre, datée du 27 janvier, sollicitait un avis motivé de mes honorables collègues. Par suite d'un retard dans les bureaux du Département des Affaires Étrangères, mon envoi n'est parvenu que très tardivement à destination (J). Les personnes honorables, dont les lettres viennent d'être publiées par M. Ch. De Brou, n'avaient donc point pris connaissance de ma réponse et des fac-similé lidèles qui l'accompagnent, lorsqu'elles ont formulé leur avis. N'ayant pas encore reçu tous les accusés de réception que j'attends, je m'abstiendrai, pour le moment, de rendre publics les avis que j'ai entre les mains. (1) Il n'est parvenu à Vienne, à Dresde, à Berlin que vers le milieu du mois de mai, à Londres que dans les premiers jours de juin. A la date du 7, je reçois de M. le vicomte Henri Delaborde avis que mon envoi du 27 janvier n'est pas encore parvenu à la Dibliolhèque nationale de Paris. ( 757 ) Il me reste, mes chers et honorés confrères, à vous faire comprendre comment il se fait que des hommes aussi expérimentes que ceux dont M. De Brou a publié les avis ont pu s'exprimer comme ils l'ont fait, et comment moi- même je ne puis souscrire à leur jugement. A cet effet, je place sous les yeux des membres ici pré- sents l'estampe originale, conservée, dans un cadre fermé à clef, à la Bibliothèque royale, les invitant à la comparer au fac-similé qui a été joint aux tirés à part de l'article de M. Pinchart, ainsi qu'aux reproductions jointes, d'après votre décision, à ma réponse du mois de novembre dernier. Sans prétendre accuser personne, admettant même, au besoin , quelque accident survenu lors du tirage des planches, je ne puis me dispenser de déclarer que les deux pièces jointes aux tirés à part de l'article de M. Pinchart représentent très inexactement les deux objets du litige. Les tableaux enlevés à la Belgique en i785 ; notice par M. Ch. Piot, correspondant de l'Académie. Lorsque j'eus Thonneur d'entretenir la classe des objets d'art emportés de la Belgique, en 1794, je disais que l'on pourrait écrire des volumes sur des enlèvements sembla- bles faits à différentes époques. Je n'entreprendrai pas un pareil travail. Ni le temps, ni mes occupations ne me per- mettraient de le faire au complet. Néanmoins si la classe veut bien me continuer son atten- tion bienveillante, je lui communiquerai successivement mes notes sur ce sujet. Aujourd'hui je parlerai des tableaux enlevés par l'Au- ( 7d8 ) triche, à la suite de la suppression des couvents belles, sous le gouvernement de Joseph II. En vertu d'un placard du 17 mars 1785, l'empereur anéantit, dans les Pays-Bas autrichiens, cent soixante-deux couvents, abbayes et prieurés, qualitîés dans l'acte d'inu- tiles. Par suite de cette suppression tout l'avoir, tous les meubles et immeubles de ces établissements religieux échurent à l'État. Le domaine public s'enrichit de cette manière d'un grand nombre de biens. Ceux-ci furent vendus plus tard pour faire face aux dépenses résultant des mesures prises par le souverain. On ne doit pas s'imaginer que la confiscation des dé- pouilles des établissements religieux supprimés, ait pro- curé de gros bénéfices au gouvernement. Ce fut précisé- ment le contraire. Selon un état de la situation financière de ces corporations, les revenus des biens confisqués s'éle- vaient à 926,21 9 fl. 7 s. 7 2/5 d. et les dépenses à 951 ,5oo fï. 17 s. 2 -/s (1. Il y avait, par conséquent, un déficit annuel de 5,156 fl. 9 s. 7 d. (1), auquel les finances belges devaient pourvoir. Dans le but de combler le déficit, Joseph II prit difl'érentes mesures tendant à faire procéder, sans délai, à la vente des meubles, livres, manuscrits, tableaux, sculptures et autres objets précieux provenus de ces cor- porations religieuses. Toutes ces résolutions étaient les résultats des délibé- rations d'une commission spéciale, appelée Comité de la caisse de religion. Ce comité, composé d'administrateurs capables, mais peu au courant de l'art, n'était pas en état de pouvoir apprécier les sculptures et les peintures. Il fal- lait, suivant le protocole de la caisse de religion, examiner (1) Conseil privé, carton 1419, aux Archives du royaume. ( 739 ) 22,000 tableaux recueillis dans les établissements sup- primés et en déterminer la valeur artistique et mercantile. Le comité jeta à cet effet les yeux sur un amateur d'ob- jets d'art, nommé Bosschaert, greffier de la Chambre d'UccIe à Bruxelles, jouissant, à cette époque, d'une grande réputation à titre d'iconophile distingué. Il fut chargé de l'aire l'examen des sculptures et des tableaux conlisqués, d'y choisir ceux qui pourraient être vendus avantageuse- ment, et de les réunir en trois dépôts différents à former dans les villes de Bruxelles, d'Anvers et de Gand. Quant aux tableaux de minime valeur, il devait les laisser sur place, et les vendre à l'enchère aux habitants de la localité. Dans le but de bien se renseigner sur les noms des maî- tres des tableaux et sur la valeur artistique de ceux-ci, le peintre André Lens fut adjoint à Bosschaert. Ces deux agents en titre du gouvernement étaient autorisés à faire, dans les archives des établissements supprimés, les recherches nécessaires pour s'éclairer sur ce point. Un catalogue des tableaux et sculptures réunis dans les trois dépôts précités de Bruxelles, de Gand et d'Anvers, fut dressé par Bosschaert, et indique en marge le prix auquel chacun des objets y décrits fut évalué. Cet inven- taire comprend quelques numéros en plus que ceux in- diqués au catalogue imprimé à Bruxelles chez Flou et dont Bosschaert était également l'auteur (J). La vente des 272 objets y décrits fut fixée au 12 septembre et jours suivants 1785. (1) La Bibliothèque royale à Bruxelles, fonds Van Hulthem n» 9408, ■possède un exemplaire de ce catalogue, sur lequel sont annotés les noms des acquéreurs et les prix de vente. ( 760 ) Au catalogue manuscrit de Bosschaert figurent en plus les tableaux enlevés par l'Autriche et mentionnés plus loin, et une sculpture du couvent de DeynzeàGand, repré- sentant un Christ couché. L'auteur donne la description suivante de celle-ci : « Au milieu du cloître, à l'endroit où » les religieuses venaient se laver, se trouve un Christ en » marbre de grandeur naturelle couché dans toute sa » longueur, présentant le devant du corps vers le bassin, » qui est en avant. L'attitude de ce Christ est remarquable » en ce qu'il soutient d'une main la draperie qui lui cou- » vre le milieu du corps. Le reste est nu. Il paraît que » l'eau jaillissait de toutes les plaies du Seigneur, sans » même excepter la main dont on vient de parler. Du » reste, cette statue, sans être excellente, n'est pas abso- » lument mauvaise. L'inscription qui est au-dessous date » de l'année 1645 (1). On serait embarrassé de fixer un » prix à ce monument, qui ne peut servir décemment ni » au sacré ni au profane. » Que devint ce groupe? Nous n'avons pas pu le reconnaître. Un Christ en ivoire, style de Van Beveren, et deux belles statues de marbre représentant la Vierge et saint Jean, attribuées à Jérôme DuQuesnoy et provenant du prieuré de Terbanck, sont les seules sculptures indiquées au catalogue imprimé. Celui-ci, comme le catalogue manuscrit, fournit bon nombre de renseignements au sujet des tableaux. On y trouve : 1° le nom du peintre; 2° la description du tableau ; o'' l'indication s'il est peint sur toile, sur panneau ou sur cuivre; 4" la hauteur et la largeur en pieds et pouces; (1) L'inscription figure au dessin de ce singulier monument joint au catalogue. (761 ) o° la désignation de l'établissement dont il provient. Parmi les noms des maîtres on voit ligurer : Van Eyck, Hem- linck, Van Orley, Otto Venins, Maubeuge, Frans Floris, Franck, Rubens, Van Dyck, De Crayer, Jordaens, Sailaert , Volders, Rombauts, d'Arthois, De Clerck, Coeberger, Van Loon, Mertens, Van de Venne, Snyders , Van Mol , Hou- braeken, Van Heil, Deîmont, Boyermans, Van Helmont, Cossiers, Pépin, Beschey, Bosschaert, Qnellin, Langhejan, Segbers, Janssens, Van der Goes, Van Thulden , De Béer, Van Oost, Verrycken, Gérard de Bruges, Brueghel, Giot- lino. Van Cleef, Roose, Mille, Van Audenaerde, De Vos, Heemskerke, etc. Deux tableaux provenant d'un collège supprimé des jésuites, en 1775, y sont également catalo- gués; mais on n'y voit la mention d'aucune toile prove- nant des couvents supprimés dans les provinces de Guel- dre, de Limbourg et de Luxembourg. Ce travail a, pour l'histoire de l'art en Belgique, une importance incontestable. Il forme en quelque sorte le complément de ceux de Descamps et de Mensaert concer- nant les tableaux conservés dans les Pays-Bas autrichiens au XVIIF siècle. Des 272 numéros indiqués au catalogue de Bosschaert, Descamps en cite à peine 52. Il passe sous silence les panneaux de Van Eyck, de Hemlinck, de Mau- beuge et d'autres grands artistes de Ja période ogivale et de la transition. Au XVIIP siècle on ne se préoccupait guère de ce genre de peintures, sur lesquelles tout le monde passait volontiers condamnation, comme sur toutes les autres productions de l'art ogival. A titre de preuve du peu d'intérêt qu'inspiraient les œuvres des anciens maîtres, nous citerons le n° 70 du catalogue imprimé de Bosschaert et attribué par lui à Hemlinck. Ce panneau, représentant une sainte Famille, haut 5 pieds 7 pouces, et large 2 pieds 2""" SÉRIE, TOME XLIII. 51 ( 762 ) o pouces, provenu delà Chartreuse de Bruxelles, fut adjugé à M. de Biefve moyennant 8 florins. Une Adoration des mages et une Madeleine couchée, au pied d'un rocher, attri- buéesàVan Eyck, furent vendues au prix de 2 fl. 15 sous. Avant de procéder à la vente des tableaux, le catalogue manuscrit de Bosschaert fut soumis à l'empereur, afin de lui permettre de faire un choix des meilleures toiles à ré- server pour sa collection à Vienne. Le prince de Kaunitz, chancelier de l'empire, lui écrivit : c( Sire, 9 Le comte de Belgioïoso m'a remis le catalogue ci-joint » des tableaux, qui, parmi ceux qui ont appartenu aux » couvents supprimés aux Pays-Bas, ont paru d'un cer- » tain prix. Et comme il se pourrait que Votre Sacrée » Majesté Impériale et Royale Apostolique trouvât à propos » d'en réserver quelques-uns pour sa gallerie, le ministre » a cru devoir en difl'érer la vente jusqu'à ce qu'il sera » informé de ses souveraines intentions à ce sujet. » Je supplie donc Votre Majesté de daigner me les » faire connaître, et je suis à ses pieds avec le plus pro- » fond respect. » Kaunits, R. » Vienne, 19 avril 1785. » L'empereur ne se fit pas prier longtemps. Il coucha sur la lettre l'apostille suivante : « Des tableaux contenus dans le catalogue ci-joint, j'ai » choisi les numéros suivants, savoir : » N° 1097 par Caribaldi {sic); 2> N" 4127 par Van Oost; (763) » N" 5719 par un inconnu; » N" 5726 par Van cler Gabel ; » N° 5729 par Honthorst, » auxquels on ajoutera les deux pièces de Crayer recon- » nues pour les plus belles et les mieux conservées. » Selon le rapport qui m'a été fait, continue l'empe- » reur, il doit se trouver, dans l'église des Jacobins à D Anvers, deux tableaux, qui méritent également d'entrer » dans la gallerie, et dont l'un, formant un tableau d'autel )) dans la chapelle de S*-Dominique, est de Michel-Ange, » l'autre de Caravagio, représentantsaint Dominique, qui, » accompagné de quelques religieux, distribue des chape- » lets au peuple. » Je ne doute point qu'il n'y auroit moyen d'acquérir » ces deux tableaux , en les trocquant contre deux autres » contenus dans le présent catalogue, soit de Rubens, de » Crayer ou de quelques autres maîtres qui pourront être » à la convenance de ces religieux. Le département en » instruira le comte de Belgioïoso en conséquence, en lui » recommandant de tâcher qu'on prenne tous les soins » possibles tant à l'emballage qu'à l'envoi de ces ta- » bleaux. » Joseph. » Une dépêche fut adressée dans ce sens, le 5 mai 1785, au ministre plénipotentiaire de l'empereur des Pays-Bas autrichiens. Il s'y conforma. Le n° 1097, convoité par l'empereur, figure comme suit au catalogue manuscrit de Bosschaert: « L'Adoration des » bergers, avec saint François et une religieuse de son » ordre agenouillée devant l'enfant Jésus. Peint sur toile » par A. Garibaldo. — Provient des Capucines à Bruxelles. ( 76i ) » — Ce tableau est peint avec force et bien groupé; mais » l'anachronisme de saint François et de la capucine ne » peut manquer de lui faire tort. Bien conservé. Haut » 8 pieds, large 7 pieds 6 pouces. » Cet anachronisme, s'il y en a, n'est pas, comme le sou- tient Bosschaert, un défaut capital. C'est une licence admise bien souvent par les artistes du XVIP siècle. Les plus grands maîtres des écoles d'Italie, d'Espagne et de Belgique ne se sont jamais fait scrupule de composer des groupes de personnages vivant à des époques différentes. Personne n'y a reconnu un défaut capital, un motif suffi- sant pour porter atteinte au mérite du tableau, et le faire déprécier. Quant à Marc -Antoine Garibaido , c'était un peintre espagnol établi en Belgique, où il peignit entre autres toiles celle des Capucines de Bruxelles, citée par Descamps comme une œuvre de mérite (1). Le n° 3212 est décrit au catalogue manuscrit de Bos- schaert de la manière suivante : « Paysage où estreprésenté » saint Norbert, à qui un ange présente le livre de son in- » stitut, peint sur toile par A. Van Minderhout. — Pro- » vient de Leiiendael à Malines. — Ce paysage, de la plus » riche ordonnance ;, présente dans le fond une mer avec » des vaisseaux et à droite une ordonnance d'architecture. » Le devant est enrichi de deux arbres groupés et de plu- » sieurs plantes sauvages. On voit à gauche une élévation, » des arbres et quelques bâtiments. Ce tableau est orné de » plusieurs groupes de figures qui représentent différents » sujets, entre autres saint Augustin et l'enfant qui veut (1) Voyage pittoresque, p. 80, V. aussi Mensaert, Le peintre amateur, p. 118. (76o) )) renfermer toute l'eau de la mer dans une petite fosse. » Ailleurs sont des marchands qui voyagent, des Levan- » tins occupés à Fenlour de vaisseaux , etc. Ce tableau est ô bien peint, d'un beau clair obscur et d'un effet de lu- » mière qui ne le cède guère à Claude Lorrain. Les arbres » et les plantes sont touchés avec infiniment d'esprit. » L'ensemble est très-piquant et très-agréable. Bien con- B serve. Haut 8 pieds o pouces; large 11 pieds 15 pouces. » Descam|)s et Mensaert citent la toile, mais sans entrer dans aucun détail (1). Bosschaert décrit dans son catalogue manuscrit le n° 4127 de la manière suivante: « L'Adoration des ber- » gers. Tableau du maître-autel, cintré par le haut et peint » sur toile par Van Oost, père. — Provient des Pauvres » Claires à Bruges. — Le tableau est d'une belle couleur, » peint avec le plus grand soin et la plus grande vérité. » Un jeune berger, agenouillé devant l'enfant Jésus, le » regarde avec une naïveté admirable. Tous les acces- » soires de ce tableau sont parfaitement exécutés. Très- » bien conservé. Haut 8 pieds, large 5 pieds 1 1 pouces (2). » Cette toile mentionnée au catalogue du Musée de Vienne (o) est très-bien appréciée par M. Waagen, dans son beau travail intitulé : Die vornehmsten kiinst Denk- màler in Wien, lorsqu'il dit: Ce peintre, qui représente d'une manière remarquable l'ancienne école de Bruges, se montre ici en bon réaliste. Les têtes sont vraies, mais (1) Voyage pittoresque, p. 150. Le peintre amateur^ p. 179. Mensaert assure que la toile avait été retouchée par Huysmans. (2) V. Descamps, loc. cit., p. 298. (3) Krafft, Verzeichniss der Kais kon. Gemalde-Gallerie im Belve- der zu Wien. Vienne, 1843, p. 122. ( 7(i6 ) d'un type néerlandais très-commun. Il manque aussi d'une bonne ordonnance dans les lignes. Par contre le ton clair et vigoureux, et la bonne distribution de la lumière témoi- gnent qu'il a bien compris les qualités de l'école de Rubens (1). Au n'' 5719 du catalogue manuscrit de Bosschaert se trouve le détail suivant- « Le Christ mort soutenu par » deux anges, peint sur toile par un maître de l'école » ilalienne. — Provient de la Chartreuse de Gand. — Il » est dessiné d'une grande manière, et, quoique fort sale, » il paraît d'une coulenr brillante et vigoureuse. Assez » bien conservé. Haut 4 pieds 11 pouces, large 4 pieds » 2 pouces (2). » Le n° 5726 provenant de la même Chartreuse est décrit par Bosschaert comme suit : « Païsage avec figures etani- » maux, peint sur toile par Van der Cabel. On y voit sur » le devant quelques moutons et une chèvre , qui se déta- » client au clair. Un bœuf et deux autres chèvres termi- » nent ce groupe, qui est très-bien composé. Le fond » laisse apercevoir, dans le milieu , quelques chaumières » entourées d'arbres et quelques montagnes dans le loin- » tain. En avant de ce paysage est une rivière, qui le 9 sépare des animaux , et d'une bergère portant sur l'épaule » deux corbeilles de fruits et conduisant un troupeau. » Peint sur un fond rouge. — Haut 1 pied 10 pouces , large ô 2 pieds 4 pouces. » Cet artiste nous est aussi inconnu que le tableau l'est à Descamps et à Mensaert. Nous n'avons (1) Waagen, Die vornehrnsten kunst Denkmaler in Wien, 1. 1"^'", p.l48. (2) Nous n'avons pu reconnaître ce lableau ni dans le catalogue de Krafft, ni dans le travail de M. Waagen. Ces deux auteurs citent une toile de Trevisani, représentant le Christ mort, soutenu par cinq anges. ( 707 ) pas pu le reconnaître dans le catalogue du Musée devienne dressé par M. Krafft, ni dans le travail de M. Waagen. Le n° 5729 est de la même provenance. Bosschaert le décrit ainsi : « Un homme qui, à la lueur d'une chan- » délie , joue d'une espèce de flûte recourbée; sur toile par » Honthorst. Ce tableau est peint avec assez de vérité, » comme effet de lumière. Assez bien conservé. — Haut » 2 pieds 6 pouces, large 2 pieds. » Aucune mention n'en est faite par Descamps et Mensaert ni dans le catalogue du Musée de Vienne. Est-ce la toile dont M. Waagea donne la description suivante : un jeune homme, avec lumière, agaçant un chien; bien que d'un effet saisissant, il est effrayant (1)? Nous n'oserions pas décider la question, quoique le tableau décrit par M. Waagen soit également attribué à Gérard Honthorst. Les deux plus beaux tableaux de De Crayer et les mieux conservés, dont Joseph H demanda l'envoi à Vienne, furent choisis par Lens. A cet effet l'artiste jeta les yeux sur les ,^os jYl et 6240 du catalogue imprimé de Bosschaert. Le n° 171 représente la Vierge tenant sur les genoux l'enfant Jésus et entourée de plusieurs saints personnages. Cette magnifique composition, provenant du couvent de Saint- Pierre à Bruxelles, est citée avec éloge par Descamps et par Bosschaert. A la couleur la plus séduisante, dit celui-ci , se joignent les grâces du dessin et de la composi- tion. Une expression naïve et touchante anime toutes les ligures. On croirait voir, continue-t-il, la beauté, la can- deur, l'innocence personnifiées dans cet ensemble, qui ne laisse rien à désirer. M. Waagen s'exprime avec non (1) Waagen, loc. cit.^ p. 150, n° o. (768) moins d'enthousiasme au sujet de celte toile (1) qui fait encore partie du Musée du Belvédère à Vienne (2). La seconde peinture de De Crayer, réservée au Musée impérial, provenait du maître-autel des Carmélites à Alost. Elle représente la Vierge décorant d'un riche collier sainte Thérèse, derrière laquelle se trouvent saint Joseph et un ange tenant un vêlement orné de perles et de pierreries, destiné à la sainte précitée. Descamps fait une description de cette toile, que M. Waagen qualifie d'œuvre admirable de l'un des artistes les plus remarquables de l'école fla- mande après Rubens et Van Dyck. Le célèbre iconophile voit dans la figure de la Vierge un effet visant à l'idéal, et au brillant coloris du prince de nos peintres (5). Quant aux deux tableaux de Michel-Ange et de Cara- vage , appartenant aux Dominicains d'Anvers et tant convoités par l'empereur, il y a une confusion facile à expliquer. Peu au courant de l'art, Joseph II consulta sans doute une personne qui avait lu le Voyage pitto- resque de Descamps. Cet auteur y commet une erreur inexplicable. Il y parle premièrement, sans le décrire, d'un tableau placé à l'autel de la chapelle de S*-Dominique dans l'église des Jacobins. « Il est très-beau, dit-il, d'un » maître italien , et attribué assez légèrement à Michel- » Ange; je n'y ai rien remarqué qui puisse justifier les » soupçons que l'on a sur le véritable auteur. » Ensuite (1) Waagen, /(/cm, p. 108,n« 27 : « Mitrichtigem Slylgefuhlcomponirt, » die Kopfe von der diesem Meister eigenlhumlichen Milde und Gute » und in einer ebenso wahren als klaren Farbe sehr fîeissig ausge- fûhrt. » (2) Catalogue de M. Krafft, p. 85, n" 27. (3) Waagen , loc. cit., p. 106, n° 14. Catalogue Krafft , p. 82, n» 14. ( 769 ) Descarnps fait la descriplion du même tableau de la ma- nière suivante : « Il est placé à l'autel du Rosaire. On voit » la Vierge et l'enfant Jésus accompagnés de saint Domi- » nique et d'autres religieux, qui distribuent le rosaire au » peuple. Ce tableau, peint par Carravagio, est d'un effet » vigoureux; mais les oppositions y paraissent trop tran- » chées, en sorte que tout y devient dur et noir (i) » Ces deux descriptions se rapportent à une seule et même toile, peinte par Michelangelo da Carravagio , comme il est facile de s'en convaincre par les écrits publiés au sujet des pein- tures conservées dans les établissements publics et reli- gieux d'Anvers au siècle dernier (2). La lettre de voiture, dont nous avons une copie sous les yeux, constate égale- ment l'envoi à Vienne d'un seul tableau de Michelangelo da Carravagio. « C'est, dit M. Waagen, un chef-d'œuvre » de ce maître. La composition a plus de style que d'or- » dinaire. Si les têtes de la Vierge et de l'enfant ont moins S) de noblesse, celles des autres personnages ont plus de 0 distinction et d'expression. La tête du fondateur, peinte » avec vigueur, est de main de maître (5). » Comment cette toile était-elle arrivée en Belgique? Selon la Description des principaux ouvrages de peinture et de sculpture à Anvers, un négociant de cette ville en avait fait l'acquisition en Italie, et en fit don aux Jacobins, après y avoir fait peindre son portrait par Van Dyck. L'empereur obtint ce tableau, grâce aux sacrifices (1) Descamps , idem., p. 191. (2) V. à ce sujet : Beschryving der bezonderste iverken van de schil- derkunst te Antwerpen, 1736, p. 63. Id. édition de 1765, p. 65; Descrip- tion des principaux ouvrages de peinture et de sculpture à Anvers, édition de 1765, p. 60. Id. éd. de 1768, p. 71. Meusaert, lac. cit. (o) Waagen, toc. cit., p. 55, n» 25. (770) imposés à la Caisse de religion. Celle-ci fut obligée de faire exécuter une copie de la toile de Michelangelo da Carra- vagio pour remplacer l'original dans la chapelle des Jaco- bins. Celte copie confiée à DeQuertenmont, directeur de l'Académie d'Anvers, coûta à la Belgique l,OoO florins. Outre cette copie, les Dominicains reçurent encore un tableau provenant du couvent des Façons à Anvers, coté n" 2023 au catalogue manuscrit de Bosschaert. Il repré- sentait la Vierge et l'enfant Jésus apparaissant à un cha- noine agenouillé et soutenu par un ange. Suivant le cata- logue ce tableau, dû au pinceau de Van Dyck, était dans un état pitoyable. Bepeint en plusieurs endroits, il était, selon Bosschaert, entièrement gâté et détruit, sauf dans la • partie où se trouvent l'enfant Jésus, la tête et les vête- ments du chanoine. Enfin, dit Bosschaert, la toile n'a plus aucune valeur. C'est ce qui explique comment l'adminis- tration la céda volontiers aux Dominicains d'Anvers. f/empereur enleva de cette manière à la Belgique ses meilleurs tableaux provenant des couvents supprimés. Ces peintures, propriétés inaliénables de notre pays et dont nous avions payé la valeur au moyen de nos propres finances, passèrent à Vienne, où les Belges peuvent aller les admirer et en déplorer la perte. Tous les frais d'emballage et de transport furent même mis à charge du pays. Le tout fut évalué par le comité de la Caisse de religion à la somme de 3,485 fl. 10 s. que le pays dut payer au profit de l'Au- triche, toujours prête à nous enlever nos chefs-d'œuvre. Soyons néanmoins justes envers nos spoliateurs. Des auteurs attribuent au gouvernement autrichien un autre enlèvement qui aurait été perpétré au moment de la sup- pression faite, le 28 avril 1785, du couvent des Dames blanches à Louvain. ( 771 ) Cet établissement religieux possédait un tableau d'autel de Rubens représentant l'Adoration des mages, dont Wilh- doeck nous a laissé une bonne gravure (1). A tort ou à raison on prétendait que cette toile avait été peinte au cou- vent précité et qu'elle était par conséquent de la main seule de Rubens. Celte circonstance lui donnait, aux yeux de Cobenzl , une valeur extraordinaire ; et lorsque le cou- vent fut supprimé on crut généralement que l'Autriche s'en étaitemparée. Rien ne semble moins fondé. Aucun des catalogues que nous avons vus du Musée de Vienne, ni M. Waagen n'en disent mot. Aux Archives du royaume nous n'avons pas trouvé de trace de cet enlèvement, et lors de la vente publique des tableaux provenant des cou- vents supprimés, il fut adjugé au prix de 8,400 florins à M. Horion, propriétaire d'un cabinet de tableaux établi à Rruxelles. Que devint-il ensuite? Nous l'ignorons complé- ment par suite du défaut de renseignements suffisants au sujet des cabinets appartenant à des particuliers en Rel- gique. Il y aurait un beau livre à écrire sur les différentes collections artistiques, qui existaient autrefois dans notre pays, en mettant à profit tout ce qui a été publié à ce sujet. D'autres établissements religieux furent encore sup- primés plus tard par Joseph IF. Tels sont les abbayes de S'-Jacques-sur-Coudenberg à Bruxelles, du Val-des-Écoliers à Mons, de Cambron et de Parc. Nous avons sous les yeux un inventaire très-sommaire des tableaux de ces établis- sements, inventaire qui n'a jamais été publié, parce que de l'avis du gouvernement les frais d'impression auraient (1) Mensaert, loc. cit., p. 273; Descanip?, loc. cit.^ p. 104. ( 772 ) absorbé à peu près les prix de la vente de ces peintures. Ceci s'exph'que Irès-bien. L'abbaye de Coudenberg, supprimée le 25 mai 1786, ne possédait plus à cette époque les tableaux si remarquables de Rubens, enlevés par Marie-Thérèse en 1777. Ces pan- neaux servaient anciennement de retable à l'autel de la confrérie de SMIdephonse, érigée en 1588 dans l'église de SWacques-sur-Coudenberg. Elle y éleva à ses frais cet autel, pour lequel Rubens peignit un tableau à volets, sans exiger d'autre rémunération que celle d'avoir l'honneur de faire partie de l'association. Jusqu'en 1641 le tableau resta fixé dans l'autel. Pendant cette année le cardinal infant don Ferdinand, gouverneur général des Pays-Bas espa- gnols, fit transporter de Bois-le-Duc dans l'église de S*-Jacques à Bruxelles une image de la Vierge, et requit les prévôts et religieux de Coudenberg de la substituer au tableau de Rubens. Par suite de cette opération le panneau du célèbre peintre a été placé à côté de l'autel. II fut à cette époque, et peut-être plus tard encore, divisé de la manière indiquée par Mensaert : « A côté de l'autel, dit-il, » et à droite on remarque un tableau qui passe pour un » des chefs-d'œuvre de Rubens. Il représente la sainte » Vierge assise qui revêt d'une chasuble le cardinal Ilde- » fonse ; l'on y voit aussi quatre vierges si gracieusement » peintes, que la vue en est frappée d'admiration. Sur le » haut de ce tableau est une gloire, où trois anges se tien- » nent par la main. Quoique de près les couleurs paraissent » dans plusieurs endroits être empâtées et dans d'autres » assez légères et transparentes, il ne laisse pas pour cela » de paraître à distance très-lini. Tout y est animé. Aussi j> je dois avouer que je n'ai jamais vu rien de plus beau , » de plus tendre, ni de plus délicat. Ce tableau se fermait ( 773 ) B autrefois avec deux battants. Il y a plus de quarante ans » qu'on les a sciés en deux dans leur épaisseur. De sorte » que les portraits de l'archiduc Albert et de Tinfante » Isabelle, qui étaient peints sur le dehors, sont portés » depuis ce temps à côté du tableau. Ces portraits » sont grands comme nature. On voit l'archiduc qui D est à gauche et à côté de lui saint Jacques. Un morceau » d'architecture, un rideau rouge et un ciel éloigné termi- » nent le fond. L'archiduchesse est de même à genoux, et » derrière elle sainte Elisabeth. Le fond est à peu près » dans le même goût. » La sainte Famille qu'on voit à l'opposite était peinte » sur le revers de ces portraits. Les deux morceaux ont » été joints avec tant d'adresse , qu'on a de la peine à s'en » apercevoir. Dans ce tableau la Vierge est assise tenant » l'enfant Jésus sur son giron ; sainte Anne à côté d'elle » tenant le petit saint Jean debout. De l'autre est saint » Joseph qui présente une branche de pommier à l'enfant s Jésus. Trois anges paraissent entre les branches du pom- » mier, lequel est entouré d'un rideau de couleur jau- » nâtre. Le principal tableau est en estampe, gravée par » H. Witdouc. C. Harrewyn est celui qui a gravé les » deux portraits (1). » L'abbaye de Coudenberg à Bruxelles avait été forcée, par le gouvernement, d'élever près de la place Royale , en cette ville, les constructions les plus somptueuses. Les dépenses qu'elle fit à cet effet épuisèrent complètement ses ressources. Dans le but d'y faire face, elle fut obligée de demander à l'administration supérieure l'autorisation (1) Le peintre amateur, pp. 10 et suiv. ( 774 ) de pouvoir vendre les tableaux de Rubens. Sous préte?ae que la confrérie de saint lldefonse n'existait plus, l'abbaye revendiquait la propriété de ses peintures et comptait par conséquent en toucher le prix. Avant d'accorder cette auto- risation, le gouvernement voulut examiner la question au point de vue du droit. Les conseils privés et des finances, les conseillers fiscaux du conseil de Brabant et la chambre des comptes furent consultés à ce sujet. Les fiscaux pré- tendaient que, par suite delà dissolution de la confré- rie, les peintures appartenaient, à titre d'épaves, à l'État. Les autres conseillers, se fondant sur une disposition publiée par le concile de Trente, soutenaient qu'elles étaient la propriété de l'abbaye. Pour terminer ces diffé- rends le ministre plénipotentiaire allait se prononcer en faveur du monastère et l'autoriser à les vendre, lorsque, par lettre du 3 décembre 1776, le chancelier de l'empire fit arrêter toute décision (1). Enfin Marie-Thérèse accorda cette autorisation en 1777, mais à condition de les vendre au Musée de Vienne moyennant 15,000 florins à payer par la Belgique (2). La volonté de l'impératrice-reine fut exécutée à la lettre. Ces peintures, hautement appréciées par M. Waagen (5), sont en quelque sorte les perles du (1) Répertoire de la chancellerie de 1776. {'2) Voici ce qu'on lit à ce sujet dans le compte de la vente générale des finances de Belgique, année 1777: aux abbé et religieux de l'abbaye de Coudenberg de Bruxelles la somme de 13,000 liv. à compte du prix des tableaux de Rubens, qui se trouvoienl ci-devant dans l'église de la- dite abbaye et acquis maintenant pour la galerie impériale et royale de Vienne (fol. 5:24 v"j. (.") Waagen, loc. cit., p. 135, n» 1 ; p. 140, n» 21 Cet écrivain prétend que Marie-Thérèse en fit l'acquisition de l'église de Coudenberg en 1774. Les actes officiels que nous avons sous les yeux constatent les fiiits comme nous les racontons. ( 77S) Musée de Vienne. Les Belges les ont payées, puis l'Au- Iriclie s'en est emparée et les a placées dans le Musée de Vienne, où elles font l'ornement de cette galerie. Notre pays fut à cette occasion, comme toujours, la victime de l'étranger. Il perdit ses chefs-d'œuvre, dut en payer les valeurs, y compris les frais de transport et d'em- ballage, avant de les voir enlever à jamais. Témoin de spoliations bien cruelles, il n'eut pas même la force, ni le droit de protester contre des actes semblables, exécutés à l'ombre par une puissance appelée à protéger nos provinces contre les déprédations et les envahissements de l'ennemi. C'étaient les préludes des vols commis en Belgique sur une échelle bien plus grande pendant la domination de la France. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Alvin (L.). — André Van Hasselt, sa vie et ses travaux. Étude. Bruxelles, 1877; vol. in-18. Delvaux {Emile). — Notice sur un forage exécuté à Mons en septembre 4876. Liège, 4877; br. in-S". Rousseau {Jean). — Types grecs et types modernes com- parés pour servir à l'étude de l'antique. Bruxelles, 4877; cahier in-4''. Adan [le major Emile). — Précis autographié d'un cours d'as- tronomie à l'usage des explorateurs de l'Afrique centrale. In-4^. Bastelaer {D.-A. Vati). — Opuscules historiques sur la ville de Charleroi. Mons, 4876; vol. in -8". — Le cimetière belgo-romano-franc de Strée. Mons, 4877; in-8". ( 776 ) Bastelaer {D.-A. Van) — Les couvertes, lustres, vernis en- duits, engobes , etc., employés en céramique chez les Romains. Anvers, i877; broch. in-8°. — Collection des actes de franchises, de privilèges, etc., donnés à la ville de Charleroi, 4^ et 5^ fascicules. Mons, 1872, 1875; in-S". Hoorebeke [Gustave Van). — Études sur l'origine des noms patronymiques flamands. Bruxelles, 1876; vol. in-8''. Commission royale d'histoire. — Bulletin, 4™^ série, t. V, n" 5. Bruxelles, 1877; br. in-8°. Commissiotis royales d'art et d'archéologie. — Bulletin, 16' année, n"^ 1-4. Bruxelles, 1877; in-8°. Conservatoire royal de musique de Bruxelles. — Annuaire, l''^ année, 1877. Bruxelles, vol. pet. in-8°. Société scientifique de Bruxelles. — Annales, 1" année, 1875-1876. — Revue des questions scientifiques, 1877, janvier-avril. Bruxelles, Louvain, 1877; 5 vol. in-8°. Société belge de géographie. — Bulletin, l""" année, n*** 1 et 2. Bruxelles, 1877; in-8°. Société de géographie d'Anvers. — Bulletin, t. I, 1" et 2' fascicules. Anvers, 1877; in-8°. Revue belge de numismatique, 1877, 2^ livraison. Bruxelles, 1877;in-8^ Société de médecine d'Anvers. — Annales : 1876, novembre et décembre; 1877, janvier-mars. Anvers; in-8''. Société de pharmacie. — Journal, 1877, janvier -juin. Anvers ; in-8°. Académie royale de médecine. — Bulletin, 1876, n*"* 11 et 12; 1877, n°* 1-5. Bruxelles; in-8°. Musée de V Industrie. — Bulletin, janvier-mai de 1877. Bruxelles; in-8°. Bibliographie de Belgique^ 1876, n''" 11 et 12; 1877, n*" 1 à 5. Bruxelles; in-8''. Annales d'oculistiquej 1877, n°'l-4. Bruxelles; in-S". ( 777 ) Société des scieticcs médicales et naturelles. — Journal, 1877, janvier-mai. Bruxelles; in-S". Illustration horticole^ revue mensuelle, 1876, n°' î>et 10; 1877, n"" 1 et 2. Gand; in-8«. Revue de instruction publique, t. XX, n°* 1 et 2. Gand; in-8\ Le Scalpel, journal de médecine et de pharmacie, SO*" année, 1876-1877. Liège; in-4°. Allemagne et Autriche. Jack [J.-B.). — Hepaticae Europaeae. Jungermanideae Europae post semisaeculum recensitae adjunctis Ilepaticis , auctore B. G. Du Mortier. Leipzig, 1877; broch. in-4°. Chemische Gesellschaft zu Berlin. — Bcrichte, 1877, n"* 0-1 1. Berlin; in-8°. Archiv fiir Mathematih und Pliysik, 60. Teil, o. u. 4. Hefle. Leipzig; in-8°. Geographische Anstcdt zu Gotha. — Mittlieilungen, 23. Bel. 1877, IV-VII; Ergânzungsheft, n" 51. Gotha; in-4^ HaUauer (0.). — Moteurs à vapeur. Expériences dirigées parM. G.-A. Hirn. Mulhouse, 1877; br. in-S". Beibldtter zu den Annalen der Physik und Chemie, t. L n°^ 1-6. Berlin; in-8°. Naturhistorisch-medîcimscher Verein zu Heidelberg. — Verhandlungen, nouvelle série, tome I, 5^ livraison. Heidel- berg, J877; br. in-8». Ncdurwissenschaftlicher Verein zu Bremen. — Abhand- lungen. tome V, 2" livr. Brème, 1877; br. in-8*'. Physikalischer Verein zu Frankfurt am Main. — Jahres- bericht fiir 1875-1876. Francfort s/M, 1877; br. in-8^ Zoolocjisch-botanische Gesellschaft in Wien. — Verhand- lungen, 1876, Vienne, 1877; vol. in-8°. 2"°* SÉRIE, TOME XLIII. 52 ( 778 ) , Aslronomische Gesellschaft. — Vierteljahrsschrift, 1877, 1. Heft. Leipzig; br. pet. in-S". Metlicin.-naturw, Gesellschaft zu Jena. — Jenaische Zeit- schrift, Band XI, 2. Heft. lëna, 1877; br. in-8°. Beriiner Gesellschaft fur Anthropologie, Ethnologie iind Urgeschichte. — Sitzungen vom Juli bis December 1876. Berlin; in-8''. Physikal.-medicin. Gesellschaft zu Wïirzhurg. — Verhand- langen, neue Folge, X. Bd. Heft 5-4. Wurzbourg, 1877; br. in-8''. Naturforschende Gesellschaft in Bamherg. — Elfter Be- richt. Bamberg, 187G; br. in-8^ Gesellschaft fur Erdkunde zu Berlin. — Zeitschrift, XII. Bd. Heft 1 und 2. — Verhandlungen, Sitzungen vom Januar bisApril 1877. Berlin, 1877; 5 br. in-8°. Kon.preiiss. Geoddlisches Institut. — Astronomisch-geodâ- tische Arbeiten im Jahre 1876. Berlin, 1877; br. in-4°. Società adriatica di scienze naturali in Trieste. — Bolle- tino, Annata II, n"* 1-5; tome III, n*' 1. Trieste, 1876-1877; 4 br. in-8°. Kôn. bayer. Akademie der Wissenschaften zu Mïmchen. — Abbandkingen der philos.-philol. Classe, XI V^ Bd. 1. Abth. Abhandlungen der matiiem.-pbys. Classe, XII. Bd. 5. Abth. — Verstehen und Beurtheilen, Festgabe. — Die geognostische Durchforschung Bayerns, Rede. Municb, 1877; 4 br. in-4". Verein fur Geschichte und Alterlhum Schlesiens. — Scrip- tores rerum Silesiacarum, X. Bd. Zeitschrift, XIII. Bd. i2. Heft. Breslau, 1877; br. in-4'' et vol. in-8«. Geologische Reichsanstalt. — Abhandlungen IX. Bd. Ver- handlungen, 1877, n°^ 1-6. Jahrbuch, 1877, Janner-Mârz. Vienne; 1 vol. in-4° et 2 brochures in-8''. Anthropologische Gesellschhaft. — Mittheilungen, 1877, jjos /|.5^ Vienne; feuilles in-8''. Verein fur Erdkunde. — Notizblatt, III. Folge, 15. Heft. Darmstadt, 1876; br. in-8''. ( 779 ) Gesellschaft fur Schleswig-IJolstein-Lavenhurgische Ge- ichichte. — Zcitschrift, VU. Btl. llegister ziim Diplomalariiini des Klosters Arciisbôk. Kiel, 1877; vol. in-8" et brocli. in-4^ K. Akademie der Wissenschaflen zu Berlin. — Monatsbe- richt, d876, décembre; 1877, janvier-avril. Berlin; in-8°. Amérique. American geogruphical Society. — Bulletin, session 187G- 1877, n° 5. New-York; br. in-8°. Zoologiccd Society of Philadelphia. — The fiflh annua, report. Philadelphie, 1877; broch. in-8°. Republica Mexicana. — Anales del ministerio de fomentol tome I. Mexico, 1877; br. in-8". Journal of arts and sciences, iS77, avril-juin. New-Haven ; in-8». ThePenn monthly, 1877, avril-juin. Philadelphie; in-8". Peabodg institutc of the city of Baltimore. — 10^ rap- port annuel. Baltimore, 1877; br. in-8^ France. Académie des sciences de Paris. — Comptes rendus des séances, l'^'" semestre de 1877, tome LXXXIV. Paris; in-4''. Les Mondes, revue hebdomadaire des sciences, 1877, janvier-juin. Paris; in-8°. Ecole normale supérieure de Paris. — Aimales, 1877, n°' 1-7; supplément n** 2. Paris; in-4". Société centrale d'agriculture de France. — Bulletin, 1876, n°* 4-10; 1877 n°^ 1-4. Paris; in-8°. Bévue britannique; Revue scientifique ; Revue politique et littéraire; Archives de médecine navale, 1"" semestre de 1877. Paris. ( 780 ) Société d'agriculture^ sciences et arts de Valeiiciennes. — Revue agricole, etc., 1876, mai-décembre; 1877, janvier-avril. Valenciennes; in-8^ Grande-Bretagne et Colonies. Mueller [B"" von). — Select plants eligible for industrial culture in Victoria. Melbourne, 1876; vol. in-8". Royal geographical Society. — Proceedings, tome XXIj n"' 2 et 5. Londres, 1877; 2 br. in-8^ Statistical Society. — iourmxl, tome XL, 1'^'' partie. Londres; in-8''. Mathematical Society of London. — Proceedings, n"' 104 à 111. Londres; in-S". Astronomical Society. — Montbly notices, tome XXXVII, n"^^)-7. Londres; in-8°. Meteorological Society. — Quarterly journal, t. III, n°' 21 et 22. Londres; in-8°. Geological Society. — Quarterly journal, t. XXXIII, 1877, février. Londres; in-8". Iron, journal of science, metals, etc., 1877, janvier-juin. Londres; in-folio. Hollande -Luxembourg et Colonies. Nederlandsclie entomologische Vereeniging. — Tijdschrift voor entomologie, tome XX, 1" et 2^ livraisons. La Haye, 1877; 2 br. in-S". Société historique et archéologique du duché de Limboifvg. — Publications, t. III, 1876. Ruremonde; vol. in-S". Bataviaasch Gejiootschap van kunsten en ivetenschappen. - Tijdscbrift, t. XXIII, livr. 5 et 6; L XXIV, livr. 1-3. Noluîen, t. XIV, n°' 2-4. Het maleisch der Molukken, door ( 781 ) A. De Clcrcq. Verslag van cène verzameling handscliril'lcn, par Van den Berg. Catalogus der elhnologischc afdecling van het Muséum, 2' édition. Batavia, 187C-1877; 8 brocli. in-S" et brocli.in-4**. Koninkl. instituut voor de taal- latid- en volkenkunde van Nederlandsch-Indië. — Tijdschrift, 4^ série, tome I, !''•' partie. La Haye, 1877; in-8°. Provinciaal genootschap van kunslen en wetenschappen in Noord-Brahant. — Handelingen, 1875 et 1876. Bijdrage tôt de handelingen, 1875. Analytische catalogus der oorkonden met opgave der handschriften berustcnde in de boekerij van het Genootschap, doorVan der Does de Bije. Belcg van S'Hertogen- bosch in den jare 1629, 4* partie. Bois-le-Duc, 1875-1876; 0 br. Ln-8°. Institut royal grand-ducal de Luxembourg. — Chartes de la famille de Reinach déposées aux archives du Grand-Duché. Luxembourg, 1877; vol. gr. in-8°. Nederlandsche dierkundige vereeniging. — Tijdsehrift, t. II; t. III, livr. 1-5. La Haye, Rotterdam; 6 br. in-8°. Bataafsch Genootschap der procfondervindelijke irijsbe- geerte, te Rotterdam. — ^-^^ reeks, 2*^"= deel, '2^' stuk. Rotter- dam, 1876;in-4''. Alberdingk Thijm(A.). — De dietsche Warande, tijdsehrift, t. II, V" livr. Amsterdam, 1877; br. in-8°. Vr^eede {J.-W.). — Jeronimo de Bosch-Kemper als staats- burger en geleerde herdacht. Utrecht, 1877; br. in-8^ Italie. Broglio. — Cenni sul Lavoro délia carta geologica. 1876. Rome, 1877; extr. in-8^ Capellini (G.). — Sulla balenottera di Mondini rorqual de la Mer Adriatique. Bologne, 1877 ; br. in-4°. ( 782 ) Grosso [Stefano). — Del supplemento di Antonio urceo codro alla pentolinaria di Plauto. Milan, 1876; br. in-S". Medici iUlderigo). — Emeric-David; Ricerche snll' arte statuaria, t. I et II. — La chiesa di Santa Croce, di Firenze e il raunicipio. Florence, 1857, 1869; 5 br. in-12. Omhoni (G.). — Il mare glaciale e il pliocène ai piedi délie Alpi lombarde. Milan, 1877; extr. in-8°. Papanti (Giov.). — Novelline popolari livornesi raecolte e annotate. Livourne, 1877; br. in-S". Accademia dei Lincei, — Atti, 2^ série, t. III, I*"^ et 2^ par- ties. Atti, 1876-1877, 5*^ série, t. I, fascic. 1, 2, 3 et 6. Rome, 1876-1877; in-4^ Socielà malacologica italiana. — Bullettino, tome II,fasc. 5. Pise, 1876; br. in-8°. Scuola normale siiperiore di Pisa. — Annali, tome III. Pise, 1877; vol. in-8«. Atleneo di Brescia. — Commentari per 1875 c 1876. — Studi di enologia del cav. Ang. Mona. Brescia, 1875-1876; 3 brocb. in-8°. R. Accademia Petrarca di scienze, lettere ed arti in Arezzo. Atti, fasc. 1 et 2. — I. trionli di M. Fr. Petrarca, etc., Arezzo, Ferrara, 1870-1874; 3 br. in-8°. Societd dei naturalisti in Modena. — Annuario, 2" série, tome X, 2' et 5^ fascicules. Modène, 1876 ; br. in-8°. R. Comitato geotogico d' Italia. — BoUetino, t. VII. Me- morie, tome III, 1" partie. Rome, 1876 ; vol. in-8''. et vol. in-4". Fin du Tome XLIII de la 2">' série. BULLETINS DE L ACADÉ3IIE UOYALE DE BELGIQUE. TABLES ALPHABÉTIQUES DU TOME QUARANTE-TROISIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE. 1877. TABLE DES AUTEURS. Académie des sciences de l'Institut de Bologne. — Adresse le programme du prix Aldiiii, 5, 459. Académie royale de médecine de Belgique. — Adresse son programme de concours pour 1877, 62, Académie royale des beaux-arts d'Anvers. — Adresse le programme du grand concours de sculpture de 1877, 40. Académie royale des sciences de Turin. — Adresse le programme du prix Dressa, 2. Adan (Le major E.). — Hommage d'ouvrage, 714. Administration communale de Bruges. — Hommage d'ouvrage, 202. Allard. — Hommage d'ouvrages, 319. AMn {L.). — Nommé président de l'Académie pour 1877, 62, 201, 221; communications relatives à la Caisse centrale des artistes, 223, 308; membre du jury du concours des canlates, 440; propose : 1° une sous- cription en faveur de l'œuvre de la civilisation de l'Afrique centrale , 647; 2" la nominalion d'une Commission pour l'installation des Acadé- mies au Palais Ducal, 648; membre de cette Commission, 753; dis- cours prononcés : aux funérailles de M. Madou, 455; aux funérailles 784 TABLE DES AUTEURS. de M. Payeii, 704; délégué au Congrès artistique d'Anvers. 752; lioni- mage d'ouvrage, ibid. ; commissaire pour le mémoire de concours con- cernant les influences subies par P.-P. Rubens et A. Van Dyck pendant leur séjour en Italie, 753; sur deux estampes représentants les Grandes armoiries du duc Charles le Téméraire , 754. B. Baes. — Adresse une photographie de son projet de pont monumental couronné par VAcadémie, 222. Bambeke {Ch. Van). — Rapport sur le travail de M. le D^ Nuel concer- nant Tanatomie du limaçon des mammifères, 256. Bancroft {Georges}. — Élu associé, 701. Banning {Emile). — Hommage d'ouvrage, 54. Basevi {Abraham). — Hommage d'une copie d'un ancien manuscrit mu- sical, 704. Baudouin {Alp.). — Hommage d'ouvrage, 504. BeUijnck{Aug.). — Annonce de sa mort, 62. Bemmel{Eug. Van). — Hommage d'ouvrage, 54; élu correspondant, 701; remercie, 747. Beneden {Éd. Van). — Hommage d'ouvrage, 5; rapport sur le mémoire de M. le D^ Nuel concernant l'anatomie du limaçon des mammifères, 247. Beneden {P.-J, Van). — Commissaire pour un travail de M. le D"" Lam- bert sur le système dentaire des races humaines, 64; rapport, 467; le Rhachianectes glaucus des côtes de Californie, 92 ; hommage d'ouvrages, 252, 519; sur les ossements fossiles des environs d'Anvers, 519; com- missaire pour un travail de M. Mourlon sur le classement stratigra- phique des Phoques fossiles recueillis dans les terrains d'Anvers, 52o; rapporl,475; délégué pour représenter l'Académie au 400*= anniversaire de la fondation de l'Université d'Upsal, 458 ; interpellation au sujet de la répartition des salles du Palais Ducal entre les deux Académies, 649; un mot sur une Baleine capturée dans la mer Méditerranée, 741. Benoît. — Membre du jury du grand concours de composition musi- cale, 751. Blunlschli. — Élu associé, 701 ; remercie, 747. Boset. — Présente un travail concernant les foyers des coniques, 461 ; rapports de MM. Folie, Catalan et De Tilly, 715, 716, 720. Br achet {Achille). — Adresse une lettre relative à des lames en verre rendues fluorescentes, 255, 550; avis de MM. Montiguy et Duprez sur ce tte communication , 479. TADLE DES AUTEURS. 785 Brassarl {Félix). — Hommage d'ouvrage, 375; noie bibliographique sur ce volume, par M. Potvin, Ô8ô, Briarl {Alp.). — Commissaire pour un travail de MM. Ch. de la Vallée Poussin et P.enurd sur un fragment de roche tourmahnilere du Pou- dingue de IJousalle, 232; rapport, 333. Briarl (Alp.) et Cornet (F.-L.). — Existence d'un calcaire d'eau douce dans le terrain tertiaire du Ilainaul, 9; présentent la troisième partie de leur mémoire concernant les fossiles du calcaire grossier de Mons, 232 ; lecture des rapports de MM. De Koninck, Dewalque et Nyst, 333; sur quelques massifs tertiaires du Hainaut, 731. Burbure (Le chev. L. de). — Membre du jury du concours des cantates, 440; membre de la section permanente du jury des grands concours de composition musicale, 752 ; commissaire pour le mémoire de con- cours concernant la typographie musicale dans les Pays-Bas, 733. C. Campbell (F.-G-H.). — Élu associé, 701 ; remercie, 747. Campori{G.). — Hommage d'ouvrage, 40. Capellini (G.). — Hommage d'ouvrage, 459. Carrara [F.). — Hommage d'ouvrage, 375. Castan. — Hommage d'ouvrage, 304. Catalan (Eiig.).— Hommage d'ouvrage, 3; commissaire pour les travaux suivants : 1° de M. J. Plateau sur des exemples curieux de disconti- nuité en analyse, 4; lecture de son rapport, 64; 2° de M. Ghysens sur les sous-normales polaires, etc.j4; rapport, 461; 5« de M. Reinemund concernant les polygones réguliers, 232; rapport, 332; 4° de M. G. Le Paige sur la théorie des fractions continues périodiques, 233 ; rapport, 325; 5° de M. C. Lagrange concernant l'influence de la forme des corps sur leur attraction, 325; 6° de M. Mansion sur une équation différen- tielle de Jacobi,460; T^deM. Bo>et concernant les foyers des coniques , 461 ; rapport, 716 ; rapport verbal sur trois notes de M. Saltel concer- nant les surfaces et les courbes gauches, 8, 63, 248 ; rapport sur un travail de M. Mansion concernant les équations différentielles homo- gènes, 65 ; remarque sur le rapport de M. Folie concernant le travail précité de M. Mansion , 333 , 506; présente un travail concernant les in- tégrales euleriennes, 232; lecture des rapports de MM. Liagre, Folie et De Tilly, 330; dépose un billet cacheté, 524. Cercle arlistique, littéraire et scientifirjue d'Anvers. — Annonce l'ouver- 786 TABLE DES AUTEURS. Une d'un Congrès litléraire, 441 ; M. Alvin y représentera l'Âcadé- mie,752. Chalon (/?.). — Élu membre de la Commission pour le monument Que- lelet, 654, 648. Chevron (L.). — Présente un travail concernant l'action de l'acide azo- tique sur réthylène et du peroxyde d'azote sur l'acétylène, 4; rapport de MM. Slas, Donny et Melsens, 79, 80; impression, 195, Club scientifique à Vienne. — Fondation et but de cet établissement , 250. Congrès de botanique et cT horticulture à Paris. — Durée de la session. 459. Congrès international de géologie. — Appel fait aux géologues et but à atteindre, 2. Conscience {H.). — Membre du jury du concours des cantates, 440. Cornet (F.-L.). —Membre du jury du concours quinquennal des sciences naturelles, 62. — Voir : Briart (Alp.) et Cornet (F.-L.). Crépin (Fr.). — Membre du jury du concours quinquennal des sciences naturelles, 62; hommage d'ouvrage, 439; commissaire pour un mémoire de MM. G. de Saporla et Marion concernant la flore heersienne de Gelinden, 460; rapport, 750. Cuypers (J.). — Appréciation de son 8« rapport semestriel (lecture par MM. J. Geefs et Fraikin), 40,222; envoi de son 9*^ rapport semes- triel, 440. D. Davidson {Th.). — Hommage d'ouvrage, 3. De Borchgrave {Emile). — Rédigera pour l'annuaire la notice biogra- phique de M, G. Pertz, 58. De Busscher {Edm.). — Proposition relative à la fixation du nombre des correspondants et des associés, 40, 222 ; rapport annuel sur les travaux de la Commission de la Biographie nationale, 657; réélu membre de la Commission administrative, 707, De Cross {P.). — Lecture des rapports de MM. Rivier, Faider et Leclercq sur son mémoire concernant l'Ancien droit belgique, etc., 55. De Decker (P.). — Commissaire pour les mémoires de concours en réponse à la question concernant la conservation du caractère national belge, 205; rapport, 577, 614; membre du jury du concours des cantates, 440. De Doss {Adolphe). — Hommage d'ouvrages, 704. TABLi: DES AUTIilUUS. 787 Dehaisnes. — Hommage d'ouvrage, 613. De Heen (P.). — Présente une note concernant la Icmpéralure d'ébulli- tion des solutions salines, 63. Deitz {Léopold). — Rapport verbal de M. Montigny sur sa lettre relative aux aérostats, 8. De Koninck {L). — Observations relatives à une proposition de décerner un prix spécial à M'' M. Marie, 200; commissaire pour la 3*^ partie du mémoire de MM. Briart et Cornet concernant les fossiles du calcaire grossier de Mons, 232 ; lecture de son rapport, 335; nommé membre des académies de Philadelphie et de Saiul-Louis, 714. De la Vallée Poussin (Ch.) et Renard {A.). — Présentent un travail sur un fragment de roche tourmalinifère du Poudingue de Bousalle, 232 ; rapports de MM. Dupont, Malaise et Briart, ôô3, 535; impression, 339. Delcroix [D.). — Lauréat du concours triennal de littérature dramatique en langue flamande, 611, 700. Delmotle {Henri). Lauréat du concours triennal de littérature dramatique en langue française, 700. De Man (G^/5^). — Accepte de rédiger la notice biographique deM.Payen pour Tannuaire, 703. De Polter (F.). — Hommage d'ouvrages, 303. De Prins {A.). — Hommage d'ouvrage avec note bibliographique, 504. Desmaze (Ch.). — Hommage d'ouvrage, 34; note bibliographique sur ce volume par M, Thonissen, 36. De Smet {Le chanoine). — Annonce de sa mort, 500; paroles prononcées aux funérailles par M. le baron Kervyn de Leltenhove, 501. Devaux {Jules). — Remercie, au nom du Roi, pour le toast qui a été porté à S. M. au banquet annuel de l'Académie , 705. Dewalque (G.). — Demande relative à l'exécution de la nouvelle carte géologique de la Belgique, 231 ; commissaire pour la 3^ partie du mé- moire de MM. Briart et Cornet concernant les fossiles du calcaire gros- sier de Mons, 232; lecture de son rapport, 333; hommage d'ouvrages, 318; commissaire pour un mémoire de MM. le comte C de Saporta et Marion intitulé : Révision de la flore heersienne de Gelinden, 460, 729; démissionnaire comme membre de la Commission des paratonnerres, 713. De Witte {Le baron /.). — Hommage d'ouvrage, 612. Donny (F.). — Commissaire : 1° pour un travail de M. Chevron concer- nant l'action de l'acide azotique sur l'éthylène et du peroxyde d'azote sur l'acétylène, 4; rapport, 80 ; 2" pour un travail de M. le Dr Van 788 TABLE DES AUTEURS. Moiickhoven sur la reproduction photographique des spectres ultra- violets des gaZj4; rapport, 80 ; 3« pour une note de M. P. De Heen concernant l'ébullilion des solutions salines, 65; membre de la Com- mission des paratonnerres , 715. Du 3Jortier (B.). — Interpellation au sujet de la répartition des salles du Palais Ducal entre les deux Académies, 649. Dupont (Aug.). — Membre du jury du grand concours de composition musicale, 752. Dupont {Éd.). — Commissaire : 1° pour un travail du D' Lambert sur le système dentaire des races humaines, 64; rapport, 469; 2° pour un travail de MM. Ch. de la Vallée Poussin et A. Renard sur un frag- ment de roche tourmalinifère du poudingue de Bousalle, 252; rapport, 355; 5'' pour un travail de M. Mourlon sur le classement stratigra- phique des Phoques fossiles recueillis dans les terrains d'Anvers, 525 ; rapport , 474, Dupont (J.). — Membre du jury du grand concours de composition mu- sicale, 751. Duprez (F.). — Commissaire pour un travail de M. F. Plateau intitulé: Bibliographie analytique des principaux phénomènes subjectifs de la vision, etc., 65, 524,460; lecture de ses rapports, 8, 256, 480,715; com- missaire pour une lettre de M. Brachet relative à des lames en verre rendues fluorescentes, 550; avis sur cette communication, 479. E. Empereur du Brésil {S M. V). — Remercie pour son élection d'associé, 250. Ertborn {Octave Van). — Rapport de M. J.-C, Houzeau sur son travail intitulé : Observations physiques de Vénus en 1876, 5; impression, 20. Escary. — Présente une note sur la fonction P f - j de Lamé , 461. Exposition internationale d'horticulture, à Amsterdam. — Adresse son programme supplémentaire, 251. Faider {Amédée). — Hommage d'ouvrage , 748. Faider{Ch.). — Lecture de son rapport sur le mémoire de M. P. De Cross concernant l'Ancien droit belgique, 55; commissaire pour les mémoires de concours en réponse à la question concernant la conservation du caractère national belge. 205; rapport, 577,627. TABLE DES AUTEURS. 789 Fétis {Ed.). Hommage d'ouvrage, 222; lecture d'un rapport sur la Caisse cenlrale des artistes pendant l'année 1876, 223; proposition relative à rornementaiion des salles du Palais des Académies, 707; commissaire pour le mémoire de concours concernant l'histoire de la typographie musicale dans les Pays-Bas, 7oô. Flammoiiou (C). — Réponse aux critiques imaginées par M. Terby con- tre la carte de Mars publiée dans les Terres du ciel, 258; rapport verbal de M. Houzeau, 236. — Voir Terby. Flandre {Monseigneur le comte de). — Fait exprimer ses regrets de ne pouvoir assister à la séance publique de la classe des lettres, 611. Folie {F.). — Commissaire pour les travaux suivants : 1» de M. J. Plateau concernant des exemples curieux de discontinuité en analyse, 4; lec- ture de son rapport, 64; 2" de M. Ghysens sur les sous-normales polaires, etc., 4; rapport , 466 ; 3" de M. l'abbé Spée concernant les per- turbations de l'aiguille aimantée et les taches solaires, 63; rapport, 232; 4» de M. Catalan concernant les intégrales enleriennes, 252; lec- ture de son rapport, 330; S» de M Le Paige sur les fractions continues périodiques, 235; rapport, 329; 6° de M. G. Lagrange concernant l'in- fluence de la forme des corps sur leur attraction, 325; rapport, 472; 7"^ de M. Mansion sur une équation différentielle de Jacobi, 460; 8» de M. Saltel sur la théorie des deux caractéristiques de M. Chasles,460; 9" de M. Boset relative aux foyers des coniques, 461 ; rapport, 715; rap- port verbal sur des notes de M. Saltel concernant les surfaces et les courbes gauches. 7, 63, 248; hommage d'ouvrage avec note explicative, 63; rapport sur un travail de M. Mansion concernant les équations ditfé- rentielles homogènes, 69; remarque sur ce rapport, 335, 506; observa- tion relative à une proposition de décerner un prix spécial à W M.Marie, 200; sur l'évolution ou nouvelle proposition fondamentale dans la théorie des coniques et des surfaces du second degré, etc. , 500. Fraikin {Ch.). — Donne lecture de sou appréciation du 8^ rapport semes- triel du lauréat Cuypers, 40; fait connaître ses conditions d'exécution du monument Quetelet, 648. Franck {J.). — Commissaire pour le 2e rapport semestriel du lauréat Lau- wers, 221 ; lecture de son appréciation, 307; membre de la Commission pour le monument Quetelet, 648 ; hommage de deux de ses œuvres (gravures), 752. Fredericq {Le D' Léon). — Présente un travail intitulé : Recherches sur la coagulation du sang, 714. 790 TABLE DES AUTEURS. Gachard{L.-P.). — Mission diplomatique de Rubens à Londres, en 1629 (lecture), 37, 220, 504: rapport sur un mémoire de M. Cli. Paillard concernant les troubles des Pays-Bas (1S66), 207; adresse les volumes offerts à la Commission royale d'histoire, 374; hommage d'ouvrage, 747. Gallait (L). — Commissaire pour le mémoire de concours concernant les influences subies par P.-P. Rubens et A. Van Dyck pendant leur séjour en Italie, 7o3. Grandgagnage (/.). — Hommage d'ouvrage , 54 ; annonce de sa mort, 300. Grimaux {Edouard). — Remercie pour le prix décerné à son mémoire sur l'acide urique , 2. Grosso {Stefano). — Hommage d'ouvrage, 615. Geefs {].). — Donne lecture de son appréciation du %^^ rapport semestriel du lauréat Cuypers, 40, Gevaert {F.-A.). — Note bibliographique sur plusieurs ouvrages concer- nant la musique dans l'Inde, 224; proposition relative au règlement organique des grands concours de composition musicale, 308; membre du jury du concours des cantates, 440; hommage d'ouvrage , 752 ; commissaire pour le mémoire de concours concernant l'histoire de la typographie musicale dans les Pays-Bas, 753. Gliysens {Emile). — Présente un travail sur les sous-normales polaires et les rayons de courbure des lignes planes, 4; rapports de MM. Catalan, De Tilly et Folie , 461 , 466 ; impression , 544. Giovanni (Vincenzo di). — Hommage d'ouvrages, 573; note bibliogra- phique sur ces volumes, par M. Alph. Le Roy, 578. Godefroid-Menilglaise {Le marquis de). — Présente un manuscrit con- cernant la donation de l'Angleterre et de l'Irlande à Maximilien d'Au- triche, 503; rapport sur ce document (lecture par M. le baron Kervyn deLettenhove), 576. Gosselel {Jules). — Remercie pour son élection d'associé, 2. Guillaume {Le baron G.). — Hommage d'ouvrage, 34 ; réélu membre de la Commission administrative, 654; rapport annuel sur les travaux de la Commission de la Biographie nationale, 657. TABLi: OKS AUTEUIIS. 7!)| H. Heremans (J.). — Commissaire pour le mémoire de concours concernant Jacqueline de Bavièie , 204; rapport, 577, 653; membre du jury du concours des cantates , 440. flirn {G- A.). — Hommage d'ouvrage , 714. Houzeau {J.-C). — Élu directeur de la classe des sciences, 5; rapport sur une note de M. Van Erlborn intitulée : Observations physi- ques de Vénus en 187G, 5; apparence anormale sur le disque de Saturne, 8; commissaire pour un travail de M. Tabbé Spée concernant les perturbations de l'aiguille aimantée et les taches solaires , 65 ; rap- port, 248; rapport verbal sur des notices de MM. Terby et Flammarion concernant la publication d'une nouvelle carte de Mars, 64, 256, 525, 480; commissaire pour un travail de M. Lancasler sur la périodicité des hivers doux et des étés chauds, 523; rapport, 478; commissaire ponr un travail de M. Van Rysselberghe sur les marées extraordinaires à Ostende, en janvier 1877, 523; lecture de son rapport, 480; membre de la Commission pour le monument Quetelet, 649; membre de la Commission des paratonnerres, 713. Huherti. — Remercie pour les témoignages exprimés aux funérailles de M. Payen, 732. J. Juste {Th.). — Rapport sur un mémoire de M. Paillard concernant les troubles des Pays-Bas (1366), 215 ; hommage d'ouvrage ,612. R. Kervyn de Lettenhove {M. le baron). — Réponse à une notice de M. Pot- vin concernant le véritable auteur de Liars d'amoz/r, etc., 220; paroles prononcées aux funérailles de M. le chanoine De Smet, 501 ; commissaire pour un document concernant la donation de l'Angleterre et de l'Irlande à Maximilien d'Autriche, 503; lecture de son rapport, 576; hommage d'ouvrage, 747. Kickx. — Membre du jury du concours quinquennal des sciences natu- relles , 62. 792 TABLE DES AUTEUHî L. Lagrange {€.). — Présente un travail concernant l'influence de la forme des corps sur leur attraction, 523; rapport de M. Folie, 472. Lambert {Ern.). — Présente un travail intitulé : Morphologie du système dentaire des races humaines, 64: rapports de MM. P.-J. Van Beneden, Schwann et Dupont, 467, 468, 469 ; impression, 559. Lancaster {Alb.). — Présente un travail sur la périodicité des hivers doux et des étés chauds; 325; rapports de MM. Quetelet, Houzeau et Moiiligny, 475, 478, 479 ; impression, 509. Lauivers (F.). — Envoi de son deuxième rapport semestriel, 221 ; appré- ciation de ce rapport, (lecture par MM. Franck et Leclercq), 307, 440. Laveleye {Emile de). — Élu directeur de la classe des lettres, 34, 201 ; du respect de la propriété privée sur mer en temps de guerre, 666. Le Blant {Edm.). — Hommage d'ouvrages, 612. Leclercq (/.). — Commissaire pour le 2"i''' rapport semestriel du lauréat Lauwers, 221; lecture de son appréciation, 307. Leclercq {M.-N.-J.). — Lecture de son rapport sur le mémoire de M. P. De Cross concernant l'Ancien droit belgique, 35. Lenormant [Fr.). — Hommage d'ouvrages , 612. Le Paige (C). — Dépose des billets cachetés, 4, 460 ; présente une note sur la théorie des fractions continues périodiques, 233; rapports de MM. Catalan, De Tilly et Folie, 525,329; impression, 357. Le Roy {Alp.). — Note bibliographique sur les Prelezioni di Filosofja de M. Vincenzo di Giovanni, ôlH. Liagre{J.). — Commissaire pour les travaux suivants : 1» de M. Catalan concernant les intégrales euleriennes, 252; lecture de son rapport, 330; 2° de M. Terby sur la planète Mars, 252; rapport, 351; ô? de M. Van Rysselberghe sur les marées extraordinaires à Ostende, en jan- vier 1877, 325; lecture de son rapport, 480; 4° de M. Terby concernant la carte de Mars, 323; lecture de son rapport, 480; 5» de M. Saltel sur la théorie de deux caractéristiques de M. Chasles, 460; note sur la caisse des veuves des officiers de l'armée belge, 235; délégué du Gou- vernement à la passation de l'acte de donation faite par M™« veuve Bergmann, 575; membre de la Commission pour l'installation des Aca- démies au Palais Ducal, 649; proclame le résultat des concours et des élections de la classe des lettres, 699. Limnander {Le baron Arm). — Membre de la section permanente du jury des grands concours de composition musicale, 732; ne peut accepter celle mission, ibid. TABLE DES AUTEURS. 795 M. Madou (J.'B.). — Annonce de sa mort, 435; discours prononcé à ses funérailles par M. Alvin, 435. Mailly {Alp.). — Membre du jury du grand concours de composilion musicale, 751. Mailly (Ed.). — Approbation royale de son élection de membre titu- laire, 2; hommage d'ouvrages, 252 ; commissaire pour les travaux sui- vanls: 1» de M. Terby sur la planète Mars, 252; rapport, 551; 2^ du môme auteur concernant la carie de la planète Mars, 525 ; lecture de son rapport, 480; 5» de M. F. van Rysselberghe sur les marées extraor- dinaires observées à Ostende en janvier 1877, 525; lecture de son rap- port , 480. Malagola {Carlo). — Hommage d'ouvrages, 612. Malaise {€.). — Rapport sur un travail de MM. Pelermann concernant les graines originaires des hautes latitudes, 75; hommage d'ouvrage, 252 ; commissah-e pour un travail de MM. Ch. de la Vallée Poussin et Renard sur un fragment de roche tourmalinifère du poudingue de Bousalle, 252; rapport, 555; dépose un billet cacheté, 460 ; commissaire pour un mémoire de MM. G. de Saporta et A.-F. Marion intitulé: Révi- sion de la flore heersienne de Gelinden, 460; rapport, 720. Mansion (P.). — Rapports de MM. Catalan, Folie et De Tilly sur sa note concernant les équations difTérenlielles homogènes , etc., 65, 69, 71 , 355, 506; impression, 169; hommage d'ouvrage, 460; présente une note sur une équation difî"érentielle de Jacobi, ibid. Marchai (Ed.). — Chargé de remplir les fonctions de secrétaire près le jury du concours des cantates, 508, 441. Marion {A.-F.) — Voir Saporta {Le comte G. de). Masius. — Membre du jury du concours quinquennal des sciences natu- relles, 62. Massé {Victor). — Élu associé, 41 ; remercie, 222. Maus {H.-J.). — Membre de la Commission pour Tinstallation des Acadé- mies au Palais Ducal, 715. Medici {Ulderigo) — Hommage d'ouvrages, 704. Melsens {L). — Commissaire pour un travail de M. Chevron concernant l'action de l'acide azotique sur l'éthylène et du peroxyde d'azote sur l'acétylène, 4; rapport, 80; rapport sur un travail de M. Petermann concernant les graines originaires des hautes latitudes, 75; commis- 2""" SÉRIE, TOME XLIII. 55 794 TABLE DES AUTEURS. saiie pour une lettre de M. A. Brachet relative à des lames en verre rendues fluorescentes, 235, 330; lauréat de l'Institut (prix Monthyon), 458; de l'application du rhé-électromètre aux paratonnerres des télé- graphes, 481 ; commissaire pour un travail de M. le D" L. Fredericq intitulé: Recherches sur la coagulation du sang, 714. Ministre de la Justice (M. le). — Hommage d'ouvrage, 611. Ministre de l'Intérieur {M. le). — Hommage d'ouvrages, 2, 201,250, 302, 507, 518, 574, 459, 458, 611, 714, 747; de médailles, 440; soumet une inscription commémorative destinée à être gravée sur la façade du Conservatoire rojal de Bruxelles, 55, 59; adresse copies des rapports semestriels des lauréats Lauwers etCuypers, 221, 440; fait savoir qu'il a commandé le buste en marbre de Mercator, 250, 507; demande la désignation des trois membres qui devront former la section perma- nente du jury des grands concours de composition musicale, 507; adresse une expédition de son arrêté décernant à M. Delcroix le prix triennal de littérature en langue flamande, 611 , 700. Monckhoven [Le Z)^ Van). — Présente un travail sur la reproduction pho- tographique des spectres ultra-violets des gaz, 4; rapports de MM. Donny, Van der Mensbrugghe et Montigny,80, 82, 85; impression, 187. Monnier {Le lieutenant-colonel). — Hommage d'ouvrage, 748. Montigny [Cit.). — Commissaire pour les travaux suivantes : 1" de M. le D"" Van Monckhoven sur la reproduction photographique des spectres ultra-violets du gaz, 4; rapport, 85; 2" de M. Brachet concernant des lames en verre rendues fluorescentes, 255; avis sur cette communica- tion, 479; 5° de M. Lancaster sur la périodicité des hivers doux et des étés chauds, 525; rapport, 479; rapport verbal sur une lettre de M. Deitz relative aux aérostats, 8. Morren {Éd.). — Rapport sur un travail de M. Petermann concernant les graines originaires des hautes latitudes, 72; délégué au Congrès inter- national des botanistes d'Amsterdam, 518. Mourlon {Michel). — Remercie pour son élection de correspondant, 2 ; présente un travail concernant le classement stratigrapbique des Phoques fossiles recueillis dans les terrains d'Anvers, 525; rapports de MM. P.-J. Van Beneden et Dupont, 475, 474; impression, 605. TADLE DES AUTEURS. 71)5 N. Namur (A.). — Hommage d'ouvrage, 4G0. Nolet de Brauwere van Steeland (J.). -r- Hommage d'ouvrages, 505. Nuel {Le /)«".). — Rapports de MM. Van Bambeke, Schwann et Éd. Van Beneden sur son mémoire concernant Tanatomie du limaçon des mam- mifères, 256, 246, 2i7; analyse de son travail, 295. Nijpels (G.). — Hommage d'ouvrages, 575. Nyst{H.-P.). — Membre du jury du concours quinquennal des sciences naturelles, 62 ; commissaire pour la 5^ partie du mémoire de MM. Briart et Cornet concernant les fossiles du calcaire grossier de Mons, 252; lecture de son rapport, 555. O. Oppert (Jules). — Hommage d'ouvrages, 505. Ovary {Lipot). — Hommage d'ouvrage, 575. P. Paillard {Ch.). — Rapports de MM. Wauters, Gachard et Juste sur son mémoire concernant les troubles des Pays-Bas (156B), 205, 207, 215. Papanii [Giovanni). — Hommage d'ouvrages, 615. Paris (Paulin). Hommage d'ouvrage, 575. Payen(Aug.). — Annonce de sa mort, 702; discours prononcé aux funé- railles par M. Alvin, 704. Pedo II d'Alcantara (Dom). — Remercie pour son élection d'associé, 250. Petermann [L.). — Rapports de MM. Morren, Malaise et Melsens sur son travail concernant les graines originaires des hautes latitudes, 72, 75; hommage d'ouvrage, 524. P inchar t (Alexandre). — Élu correspondant, 41 ; remercie, 222. Piot (Charles). — Les origines de l'opéra dans les Pays-Bas espagnols, 42; les tableaux eulevés à la Belgique en 1785, 757. Plateau (F.). — Membre du jury du concours quinquennal des sciences naturelles, 62. Plateau (J.).—- Exemples curieux de discontinuité en analyse, 4,84,255; lecture des rapports de MM. Catalan, Folie et De Tilly sur ce (ravail, 796 TAIÎLE DES AUTEURS. 64 ; présente une bibliographie analytique des principaux phénomènes subjectifs de la vision, 65, 524, 460 ; lecture des rapports de MM. Que- (elel et Duprez, 8, 256, 480, 715. Portaels [J ). — Élu directeur de la classe des beaux-arts, 41. Potvin {Cil.).— Hommage d'ouvrages, 34, 704; lecture d'une notice sur le véritable auteur de Li ars d'amour, 219; note bibliographique sur un ouvrage de M. Félix Brassarl, 585; réclamation en faveur du poète Pierre Gringore, 450 ; Journée d'avril (poésie), 682. PouUet (Edm.). — Commissaire pour le mémoire de concours en réponse à la question concernant Jacqueline de Bavière, 204; rapport, 577, 650 ; note bibliographique sur une brochure de M. A. de Prins, 504. Putzeys. — Membre du jury du concours quinquennal des sciences natu- relles, 62. Q Quetelet {Ern). — Commissaire pour les travaux suivants: 1°, de M. J. Plateau intitulé: Bibliographie analytique des principaux phénomènes subjectifs de la vision, etc., 65, 524, 460; lecture de ses rapports, 8, 256, 480, 71 5; 2°, de M. l'abbé Spée concernant les perturbations de l'aiguille aimantée et les taches solaires, 65; rapport 2ol ; 5° de M. Terby concernant la planète Mars, 252; rapport, 551; 4° de M. Lancaster concernant la périodicité des hivers doux et des étés chauds, 523; rap- port , 475. Quoidbach {Théophile). — Lauréat du concours de la classe des lettres, 628, 700; rapports de MM. De Decker, Thonissen et Faider sur son mémoire couronné concernant la conservation du caractère national belge, 614, 618, 627; inscription pour la médaille qui lui est décernée, 748. 11. Radoiix (Th.). — Membre: du jury du concours des cantates, 440; du jury du grand concours de composition musicale, 751 ; de la section perma- nente de ce jury, 752, Bauwenhoff. — Annonce qu'un congrès de botanistes se tiendra à Amsterdam, 518. Ri-nard {A.). — Voir De la Vallée {Ch.). Rtinemund {Le capilaine.). — Présente une suite à son travail sur les polygones réguliers, 252 ; rapports de MM. De Tilly et Catalan, 552; impression , 556. TADLi: Di:S AUTEURS. 797 Rivier {Alp.). — Lecture de son rapport sur un ménioiro de M. P. De Cross conceniani rAiicicni droit Belgique, 55; noie bibliographique sur un ouvrage de M. Vulliemin, ^17. Roffiaen {Fr.). — Hommage d'ouvrage, 704. Roi (S. M. le). — Fait exprimer ses regrets de ne pouvoir assister à la séance publique de la classe des li'ttres,6IO; remercie pour le toast qui lui a été porté au banquet académique, 703. RoUn-Jaequemijns {G .). — Hommage d'ouvrages , 503. Roulez{J ). — Commissaire pour une inscrii;tion commémorative destinée à êlreplacéesur la façade du Conservatoire royal de Bruxelles, 35, 39 ' communique un projet d'inscription pour la médaille de concours décernée à M. Quoidbach , 748. Rysselberghe {F. Van). — Présente un travail sur les marées extraordi- naires à Ostende, en janvier 1877, 3-2.'); lecture des rapports de MM. Mailly , Liagre et Houzeau , 480. S. Saltel (L). — Rapport verbal de MM. Folie et Catalan sur ses notes con- cernant les surfaces et les courbes gauches, 7 , 65, 248; impression, 24, 266 ; Théorèmes sur les arguesieunes, 248, 205; présente un tra- vail sur la théorie des deux caractéristiques de M. Chasles, 460. Samuel [Ad.). — Membre de la section permanente du jury des grands concours de composition musicale, 732. Saporta (Le comte G. de) et Marion {A.-F.). — Présentent une révision de la flore heersieime de Gelinden , 460 ; rapports de M.VI. Malaise et Crépin, 720 , 730. Scheler (Auguste). — Hommage d'ouvrages , 612. Schlaginweit-Sjikuiihinski{H. von). — Hommage d'ouvrage , 3. Schwann. {Th.). — Commissaire pour un travail de M. le U^ Lambert sur le système dentaire des races humaines, 64; rapport, 468; rapport sur un mémoire de M. le D^ Nuel concernant l'anatomie du limaçon des mammifères, 246; commissaire pour un travail de M. le D' Léon Fredericq concernant la coagulation du sang, 714. Selys Longc/iamps {Edm. de). — Synopsis des agrionines (Agrion),97. Servaas van Rooijcn (A -J ). — Hommage d'ouvrage, 202. Siret [Ad.). — Commissaire pour le mémoire de concours concernant les influences subies par P.-P. Rubens et Ant. Van Dyck pendant leur séjour en Italie, 755. 798 TABLE DES AMÏEUKS. Société des sciences de l'agriculture et des ans de Lille. — Adresse son programme de concours pour 1877, 6:2. Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut à Mons. — Adresse son programme de concours pour 1877, 318. Société Dunkerquoise. — Adresse sou programme de concours pour 1877,251. Société royale et impériale de botanique de Vienne. — Adresse une liste de souscription pour le monument von Siebold, 518. Société Teyler à Harlem. — Adresse son programme de concours pour 1877, 62. Sourindro Mohum Tagore {Le Rajah). — Élu associé, 41 ; remercie , 441 ; note bibliographique sur plusieurs de ses ouvrages, par M. Gevaert, 224. Spée {Vahhé). — Présente un travail concernant les perturbations de Taiguille aimantée et les taches solaires , 6ô; rapports de MM. Houzeau' Quetelet et Kolie, 248, 231 , 232 ; impression , 274. Stappaerts (F.). — Lecture du rapport annuel sur les travaux de la Com- mission de la Biographie nationale, 657; accepte de rédiger pour l'Annuaire la notice biographique de M. Madou, 705. Slas {J.-S.) — Commissaire pour un travail de M. Chevron concernant Taclion de Tacide azotique sur Télhylène et du peroxyde d'azote sur l'acétylène, 4; rapport, 79: commissaire pour une note de M. P. De Heen concernant l'ébullilion des solutions salines, 65; observations relatives à une proposition de décerner un prix spécial à M»" M. Marie , 200 ; réélu membre de la Commission administrative, 461. Stec/ier {J.). — La sottie française et la solternie flamande, 588; réponse à une réclamation de M. Polvin en fave;irdu poêle Pierre Gringore, 431. Storck {Ad). — Hommage d'ouvrage, 304. T. Terby {F.). — Rapport verbal de M. Houzeau sur sa notice intitulée : De l'opportunité actuelle d'une nouvelle carte de mars, etc., 64; impres- sion, 159; adresse un dernier mot en réponse à M. Flammarion, 323; lecture des rapports de MM. Houzeau, Liagre et Mailly, 480; impres- sion, 542; présente une notice concernant la planète Mars, 252; rap- ports de MM. Quetelet, Mailly et Liagre, 351 ; impression, 548. — Voir Flamjnarion. TABLK DES ACIKCRS. 799 Thonissen{J.-J.). — Note bibliographique sur un volume de M. Cli. Des- maze intitulé : Les communes et la royauté, 56; commissaire pour les mémoires de concours en réponse à la question concernant la conser- vation du caractère national belge, 205; rapport, 377, 618. Tilly [J.-M. De). — Commissaire pour les travaux suivants : 1" de M. J. Plateau concernant des exemples curieux de discontinuité en analyse, 4; lecture de son rapport, 64; 2° de M. Ghysens sur les sous-normales polaires et les rayons de èourbure des lignes planes, 4; rapport, 466; ";" de iM. Catalan concernant les intégrales euleriennes, 232; lecture de son rapport, 550; A" de M. Reinemund sur les polygones réguliers, 232; rapport, 552; 5° de M. Le Paige sur les fractions continues périodiques, 255; rapport, 529; 6" de M. Lagrange concernant l'influence de la forme des corps sur leur attraction, 523; 7" de M. Mansion sur une équation différentielle de Jacobi, 460; 8" de M. Sallel sur la théorie des deux caractéristiques de M. Chasles, 460; 9» de M. Boset relatif aux foyers des coniques, 461 ; rapport, 720 ; rapport sur un travail de M. P. Mansion concernant les équations différentielles homogènes, 71 ; note relative à la proposition de décerner un prix spécial à M. Marie pour l'ensemble de ses travaux concernant les imaginaires, 200. U. Université d'Upsal. — Annonce la célébration de son 400^ anniversaire de fondation, 438. Vander Mensbruggfie {G.). — Commissaire pour un travail de M. le D»" Van Monckhoven sur la reproduction photographique des spectres ultra- violets des gaz, 4; rapport, 82. Vandeveld. — Adresse une photographie de son projet de pont monu- mental couronné par TAcadémie. 222. Varenherg [Emile). Adresse le programme de l'Exposition des arts indus trielsdeGand eu 1877, 612. Vreede[G.-W.). — Hommage d'ouvrage, 614. VuUiemin [Léon). — Hommage d'un exemplaire de son Histoire de la Confédération suisse, 202; note bibliographique sur cet ouvrage, par 800 TABLE DES AUTEURS. w. WaïUers {Aîp.). — Commissaire pour le mémoire de concours en réponse à la question concernant Jacqueline de Bavière, 204; rapport, 577, 628; rapport sur un mémoire de M. Ch. Paillard concernant les troubles des Pays-Bas (1566), 203; dépose le tome V de sa Table des Chartes, etc., 375; les travaux historiques de jadis et ceux d'aujourd'hui, 632; promu au grade d'officier de l'Ordre de Léopold, 666; membre de la Commission pour l'installation des Académies au Palais Ducal, 748. Willems (P.). — Élu membre titulaire, 701; approbation royale de sou élection, 746; remercie, 747. TABLE DES MATIÈRES. A. Académie. — Proposition de M. De Bussche:* relative à la fixation du nombre des correspondanls et des associés, 40, 222; observalions relatives à une proposition de décerner un prix spécial, 200 ; fondation à Vienne d'un club scientifique oîi les savants de tous pays seront reçus, 250; souscription en faveur de Tceuvre de la civilisation de TAfrique, 647; répartition des locaux du Palais Ducal et installation des Académies, 648; S. M. fait remercier pour le toast qui lui a été porté au banquet annuel, 705; proposition de M. Fétis relative à Torne- mentation des salles du Palais des Académies, 707. Anthropologie. — M. le D"" Lambert présente un travail intitulé : Mor- phologie du système dentaire des races humaines, 64; rapports de MM. P.-J. Van Beneden, Schwann et Dupont , 467 , 468, 469; impres- sion, 3o9. Arrêtés royaux. — M. le Ministre de Tlntérieur transmet les arrêtés royaux suivants nommant : 1" MM. Mailly et Willems membres titu- laires, 2, 746; 2o M. Alvin président de l'Académie, 62, 201. 221 ; 3" les membres du jury du concours quinquennal des sciences naturelles, 62; 4» M. Wauters officier de Tordre de Léopold, 666; ouvrant le double concours des cantates, 306, 308; nommant les membres du jury de ce concours, 440; approuvant l'acte de donation du prix Bergmann, 747 ; nommant le jury du grand concours de composition musicale, 751. Astronomie. — M. Ghysens présente un travail concernant les sous- normales polaires, etc., 4; rapports de MM. Catalan , De Tilly et Folie, 461, 466; impression, o44; observations de la planète Vénus, en 1876, par M. Van Erlborn, 20; rapport de M. Houzeausur ce travail, 5; appa- rence anormale sur le disque de Saturne, par M J.-C. Houzeau, 8 ; M. l'abbé Spée présente un travail concernant l'aiguille aimantée et les taches solaires, 65; rapports de MM. Houzeau, Quetelet et Folie, 248, 231, 252; impression, 274; M. Terby présente une note concernant la carte de Mars, etc., 4; rapport verbal de M. Houzeau, 64; impression, 159; rapport verbal de M. Houzeau sur une note de M. Flammarion 802 TABLE DES MATIÈllES. iiililulée ; Réponse aux critiques imaginées par M. Terby contre la carte de iMars publiée, etc. , 236; impression de cette note, 238; M. Terby présente une nouvelle note intitulée : Un dernier mol en réponse à M. Flammarion, 525; rapport verbal de MM. Houzeau, Liagre et Mailly, 480; impression, 542; M. Terby présente une notice concer- nant la planète Mars, 232 ; rapports de MM. Quetelet, Mailly et Liagre, 331; impression, 348; M. Lagrange présente un travail concernant l'influence de la forme des corps sur leur attraction, 325; rapport de M. Folie, 472. B. Beaux-arts. — \o\r gravure , musique^ -peinture et concours Bibliographie. — Note de M. J.-J. Thonissen sur un ouvrage de M. C. Desmaze intitulé : Les communes et la royauté, 36; M. J. Plateau pré- sente une Bibliographie analytique des principaux phénomènes sub- jectifs de la vision, 63, 324, 460 ; lecture des rapports de MM. Quetelet et Duprez sur ce mémoire, 8, 236, 480, 715; note sur un Précis de géométrie élémentaire, par M. Folie, 63; note de M. Alp. Rivier sur un ouvrage de M. Vulliemin concernant la Confédération Suisse, 217; sur les ouvrages concernant la musique dans ITnde du rajah Sourindro Mohun Tagore, note par M. F. Gevaerl,224;sur les Prelezioxi di filo- soFiA de M. Vincenzo di Giovanni, par M. Le Roy, 378; note par M. Ch. Potvin sur un ouvrage de M. F. Brassart concernant la maison de Wavrin, 385. Billets cachetés. — Dépôt de plis cachetés par MM. : Le Paige, 4, 460; Catalan, 324; Malaise, 460. Biographie. — Histoire politique et diplomatique de Rubens; lecture par M. Gachard, 37, 220, 304; rapports de MM. ^Yau^ers, Poullet et Here- nians sur le mémoire de concours concernant Jacqueline de Bavière, 628, 630, 633. Botanique. — Rapports de MM. Morren, Malaise et Melsens sur un travail de M. Petermann concernant les graines originaires des hautes lati- tudes, 72, 73. Bustes. — M. le Minisire fait savoir qu'il a commandé le buste de Mer- cator pour l'Académie, 230, 307. Caisse centrale des artistes. — Communications de MM. Félis et Alvin sur l'état de la Caisse, 223; don de 900 francs fait à la Caisse, 308. Chimie. — M. Chevron présente un travail concernant l'action de l'acide TABLE DES MATIÈRES. 805 azotique sur l'cthylène et du peroxyde d'azote sur racélylùne, i; rap- ports de MM. Slas, Donny et Melsens, 79, 80 ; impression, 193; M. De Heen présente un travail concernant la température d'ébullilion des solutions salines, 63. Commissions : Royale d'histoire. Dépose les volumes qu'elle a reçus dans la Bibliothèque de rAcadémie, 374; dépôt sur lo bureau du tome V de la Table des chartes par M. Wauters, 375; du lome TI des notes et extraits concernant l'histoire de la IJeli^ique, par M. Gachard, 747^ — Administrative. MM. Stas, le baron Guillaume et De Ijusscher, réélus membres, 461, 634, 707, — Pour l'installation des Académies AL- Palais Ducal. Membres, 649, 715, 748, 755. — Des paratonnerres. MM. Ilouzeauet Donny nommés membres, 71 5 — De la Biographie NATIONALE. Rapport annuel sur les travaux de la Commission pendant l'année 1876-1877, 637. — Pour le monument Quetelet. MM. Houzeau. Chalon et Franck, élus membres, 648. — Pour la publication des œuvres des grands écrivains du pays. — M Scheler fait hommage du volume : Li Baslars de Bnillon , 61^; M Chalon dépose au nom de M. le baron Kervyn le tome XXI V« des Chroniques de Froissart, 747. Concours de la classe des beaux-arts. — MM. Vandeveld et Baes adressent une photographie de leur projet de pont monumental, 2^22; mémoires reçus et nomination des commissaires, 753. Concours de la classe des lettres. — Mémoires reçus et nominations de commissaires, 205; lecture des rapports sur ces mémoires, 377; rap- ports de MM. De Decker, Thonissen et Faider sur le mémoire concer- nant la conservation du caractère national belge, etc. , 614, 618,627; rapports de MM. Wauters, Poullel et Heremans sur le mémoire concer- nant Jacqueline de Bavière, 628, 630, 633; proclamation des résul- tats, 099. — Voir Prix. Concours de la classe des sciences. — Communication de M. Grimaux relative à son mémoire couronné sur l'acide urique, 2; note de M. De Tilly relative à une proposition de décerner un prix spécial, 200; pro- gramme pour 1878 , 253. Concours des cantates. — Ouverture du concours et formation du jury, 306, 308; membres du jury, 440 ; liste des poèmes reçus, 441. Concours (grands). Prix de Rome : Sculpture. L'Académie royale des beaux-arts d'Anvers adresse le programme pour 1877, 40; apprécia- tion du 8e rapport semestriel du lauréat Cuypers (lecture par MM. J. Geefs et Fraikin), 40, 222; réception du O*" rapport du même lauréat, 440. — Gravure. Réception du 2** rapport semestriel du lauréat Lau- wers, 221; appréciation de ce rapport (lecture par MM. Franck et Leclercq), 307, 440. —Composition musicale. Jury et section perma- 804 TABLE DES MATIÈRES. uente du jury, 307, 508,447, 751; proposition de M. Gevaert relative au règlement des concours, 308, Concours quinquennaux. — Sciences naturelles. Jury de la 6*^ période, 62. Concours triennaux de littérature dramatique. — Langue flamande. Lauréat pour la 7e période (1874-1876), 611, 700. Langue française. Lauréat de la 6"^ période, 700. Discours. — Discours prononcé par M. le baron Kervyn de Leltenhove aux funérailles de M. le chanoine De Smet, 301 ; discours prononcés par M. Al vin aux funérailles : de M. Madou, 455 ; de M. Payen ,704; les travaux historiques de jadis et ceux d'aujourd'hui , par M. Wauiers, 6o'2. Dotis. — Ouvrages par MM. : le Ministre de l'Intérieur, '2, 201, 250, 502, 507, 318, 374, 439, 458, 611 , 714, 747; Catalan, Éd. Van Beneden, Schiaginweit-Sakunslanski, Davidson, ô; baron Guillaume, Van Bemmel, Desmaze, Banning, Grandgagnage, 34 ; Potvin, 54, 704 ; administration communale de Bruges et Servaes Van Rooijen, Vuillemin, 202; Éd. Fétis, Meerens, 222; Malaise, Mailly, 252; P -J. Van Beneden, 252,519; Rolin-Jacquemyns, Nolet de Brauwère van Steeland, Oppert, F. De Potier, 505; Storck, de Prins, Baudouin, Caslan,ô04; Dewalque, 518; Comité central argentin pour l'Exposition de Philadelphie, 519; Peier- mann, 524; Nypels, Carra ra, Brassart, di Giovanni, Ovary, 575; Crépin, Capellini, 459; Xamur, Mansion, 460; M. le Ministre de la Justice, 611 ; Scheler, Juste, le baron de Witte, Lenormant, Le Blant, Malagola , 612; Grosso, Papanii, Dehaines , 613; Vreede, 614; Basevi, De Doss , Medici, Roffiaen, 704; de Lettenhove, 747; Gachard, le baron Kervyn E. Adan, Hirn, 714; A. Faider, Monnier, 748 ; Alvin, Gevaert, 752. — Gravure: par M. Franck, 752.— Médailles: par M. le Ministre de l'Inté- rieur, 440. Élections et nominations. — Élections des directeurs des trois classes pour 1878, 5, 34, 41, 201 ; élections aux places vacantes: 1° dans la classe des beaux-arts, 41 ; 2" dans la classe des lettres, 701. Voir : Arrêtés royaux et Comniissious. Épigraphie. — M. le Ministre adiesse une inscription commémorative destinée a être gravée sur la façade du Conservatoire, 55, 59; M. Rou- lez communique un projet d'inscription pour la médaille de concours décernée à M. Quoidbach, 748. TABLE DES MATIÈr.LS. 805 Géologie et paléontologie. — Projet d'un congrès géologique inlerna- lional à l'Exposition de 1878, 2; sur rexistence d'un calcaire d'eau douce dans le terrain tertiaire du Hainaut, par MM. F.-L. Cornet et A. Briart, 9; demande de M. Dewalque relative à l'exécution de la carte géologique de la Belgique, 251 ; MM. Briart et Cornet présentent la ô^ partie de leur mémoire concernant les fossiles du calcaire grossier de Mons, 252; lecture des rapports de MM. De Koninck, Dewalque et Nyst, 355 ; MM. Ch. de la Vallée Poussin et Renard présentent une note sur un fragment de roche tourmalinifère du poudingue de Bousalle, 252; rapports de MM. Dupont, Malaise et Briart, 555, 553; impression, 559; sur les ossements fossiles des environs d'Anvers, par M. P.-J. Van Benedeu, 519; M. Mourlon présente un travail concernant le classe- ment des Phoques fossiles recueillis dans les terrains d'Anvers, 523 ; rapports de MM. P.-J. Van Beneden et Dupont, 475, 474; impression, 605; MM. le comte G. de Saporta et le D"" Marion présentent un travail intitulé : Révision delà flore heersienne de Gelinden, etc , 460; rap- ports de MM. Malaise et Crépin , 720, 750; sur quelques massifs ter- tiaires du Hainaut par MM. Briart et Cornet, 751. Gravure. — Sur les deux estampes représentant les Grandes armoiries du duc Charles le Téméraire, note par M. Alvin, 734. II. Histoire. — Histoire politique et diplomatique de Rubens , lecture par M. Gachard, 57, 220, 504; rapports deMM. Waulers, Gachard et Juste sur un mémoire de M. Paillard concernant les troubles des Pays-Bas (1366), 205, 207, 215; M. le marquis de Godefroy-Menilglaise adresse un document manuscrit de 1493, concernant la donation de l'Angleterre et de l'Irlande à Maximiiien d'Autriche, 505; M. le baron Kervyn donne lecture de son rapport sur ce document, 576; rapports de MM. De Dec- ker, Thonissen et Faider sur le mémoire de concours concernant la conservation du caractère national belge, etc., 614, 618, 627; rapports de MM. Wauters, Poullel et Heremans sur le mémoire de concours concernant Jacqueline de Bavière, 628, 650, 655; les travaux histo- riques de jadis et ceux d'aujourd'hui, par M. Wauters, 652. Voir : Bibliographie (notes de MM. J.-J. Thonissen, Rivier et Potvin). Histoire littéraire. — Siècle littéraire des ducs de Bourgogne. Quel est 806 TAULE DES MATIÈRES. Fauteur de Li ars d'amour, etc. (lecture par M. Potvin), 219; la sottie française et la sotternie flamande, par M. Stecher, 588; réclamation de M. Potvin en faveur du poète Pierre Gringore, 430; réponse de M. Ste- cher à cette réclamation, 451. Histologie. — Rapports de MM. Van Bambeke, Schwann et Éd. Van Bene- den sur un travail de M. le D"- Nuel concernant l'anatomie du limaçon des mammifères, 256, 246, 247; analyse de ce travail par M. leD"- Nuel, 295. L. Législation — Lecture des rapports de MM. Rivier, Faider et Leclercq sur un travail de M. P. De Cross concernant l'Ancien droit belgique,elc., o5; du respect de la propriété privée sur mer en temps de guerre, par M. Ém. de Laveleye , 666. Voir : Bibliographie (note de M. J.-J. Thonissen). Mathématiques pures et appliquées. — M. J. Plateau présente quelques exemples curieux de discontinuité en analyse, 4; lecture des rapports de MM. Catalan, De Tiily et Folie, 64; impre.'ision, 84, 255; théorèmes sur les arguesiennes, par M. L. Saltel, 248, 265; problèmes concernant les surfaces et théorèmes sur les courbes gauches, par le même, 24, 266: rapport verbal de MM. Folie et Catalan sur ce dernier travail, 7, 6ô 248; noie bibliographique sur un ouvrage de géométrie élémentaire de M. Folie, 65; équations différentielles homogènes et équation de Glairaut, par M. Mansion, 169; rapports de MM. Catalan, Folie et De Tilly sur ce travail , 65, 69, 71 ; remarque sur le rapport de M. Folie, par M. Catalan, 335 ; réponse de M. Folie à cette remarque, 506; M. Ca- talan pré.sente un travail concernant les intégrales euleriennes, 232; lecture des rapports de MM. Liagre, Folie et De Tilly, 530; M. le capi- taine Reinemund présente une suite à son travail sur les polygones réguliers, 252; rapporis de MM. De Tilly et Catalan, 552: impression, 356; M. Le Paige présente un travail sur les fractions continues pério- diques, 253; rapports de MM. Catalan, De Tilly et Folie, 325, 529; impression , 357 ; M. Mansion présente une note sur une équation diffé- rentielle de Jacobi , 460; M. Saltel présente une note sur la théorie des deux caractéristiques de M. Chastes, 460; M. Escary présente une note sur la fonction P ~ de Lamé, 461 j M. Boset présente une noie relative TAIÎLE DES MATIÈUES. 807 aux foyers des coniques, 461; rapports de MM. Folie, Calalan et De Tilly, 713, 71C, 7:20; sur I'évolution ou nouvelle proposition fon- damentale dans la théorie des coniques et des surfaces du second degré, etc. , par M. Folie , oOO. Météorologie el physique du globe. — M. l'abbé Spée présente un travail concernant raiguille aimantée el les taclies solaires, (35; rapports de MM. Houzcau, Quelelet el Folie, 248, 251, 252; impression, 274; M.Lan- casler présente un travail concernant l'hiver de 1876-77 el la périodi- cité des hivers doux el des étéschauds, 525; rappoits de MM. Quelelet, Houzeau et Monligny,473, 478, 479; impression, 309} M. Van Ryssel- berghe présente un travail sur les marées extraordinaires à Oslende en janvier 1877, 525; lecture des rapports de MM. Mailly, Liagre et Houzeau, 480; de l'application du rhé-éieclromèlre aux paratonnerres des télégraphes, 481. Monuments. — Souscription pour le monument Von Siebold, 518;M.Frai- kin est chargé de Texécution du monument Quetelet, 648. Musique. — Les origines de l'opéra dans les Pays-Bas espagnols, par M. Ch. Piot, 42; sur les ouvrages concernant la musique dans l'Inde du rajah Sourindro Mohun Tagore, note par M. F. Gevaert, 224. N. Nécrologie. — Annonce de la mort duR. P. Bellynck, 62; de M. le cha- noine De Smet, 500; paroles prononcées aux funérailles par M. le baron Kervyn de Letlenhove, 501; annonce de la mort de M. J.-J. Grandga- gnage, 500; de M. Madou, 455; discours prononcé par M, Alvin aux funérailles, 435; annonce de la morl de M. Payen, 702; discours pro- noncé aux funérailles par M. Alvin , 704. Notices biographiques pour r Annuaire. — M. de Borchgrave accepte de rédiger la notice de M. G. Perlz, 58. M. Stappaerls rédigera celle de M. Madou, 705; M. De Man rédigera celle de M. Payen, 705. O. Ouvrages présentés. — Janvier, 54; février, 227; mars, 509; avril, 447 ; mai, 707 ; juin, 775. P. Peinture. — Les tableaux enlevés à la Belgique en 1785, notice par M. Ch. Piot, 757. 808 TABLE DES 31ATIÈRES. Philosophie. —Sur les Prelezioni cli fîlosofia de M. Vincenzo di Giovanni; note bibliographique par M. Alp. Le Roy, 378. Photographie. — M. le D"" Van Monckhoven présente un travail concer- nant la reproduction photographique des spectres ultra-violets des gaz, 4 ; rapports de MM. Donny, Van der Mensbrugghe et Montigny, 80, 82,83; impression, 187. Phijsiologie. — M. L. Fredericq présente un travail intitulé: Recherches sur la coagulation du sang, 714. Physique. — M, J. Plateau présente une Bibliographie analytique des principaux phénomènes subjectifs de la vision, 63, 524, 460 ; lecture des rapports de MM. Quetelet et Duprez sur ce travail, 8, 236, 480,715; rapport verbal de M. Montigny sur une lettre de M. Deitz relative aux aérostats, 85 M. Brachet adresse une lettre relative à des lames en verre rendues fluorescentes, etc., 233 , 330; avis de MM. Montigny et Duprez, 479. Voir : Photographie et Télégraphie. Poésie — Journée d'avril, par M. Gh. Potvin, 682. Prix Aldini. — Programme pour 1878, 3, 459. Prix Dressa. — Programme pour 1878, 2. Prix Bergmann. — Acte de donation, 373, 747 ; question pour la l^e pé- riode décennale, 374. Prix de Stassart [question d'histoire nationale). — Prorogation du terme fatal de la 3« période, 749. Prix du baron de Saint-Génois. — Prorogation du terme fatal de la Ire période, 7o0. R. Rapports. — Sur une note de M. Van Ertborn intitulée : Observations physiques de Vénus, en 1876, 5; sur des notes de M. Saltel concernant les surfaces et les courbes gauches, 7, 63, 248; sur une Bibliographie des phénomènes subjectifs de la vision, par M. J. Plateau, 8,236,480, 71 S; sur une lettre de M. Deitz relative aux aérostats, 8; sur un mémoire de M. P. De Gross concernant l'Ancien droit Belgique, etc., 35; sur le 8« rap- port semestriel du lauréat Cuypers, 40, 222; sur une note de M. J. Pla- teau intitulée : Quelques exemples curieux de discontinuité en analyse, 64 ; sur des notes de MM. Terby et Flammarion concernant la carte de Mars, 64, 256, 480 ; sur des notes de M. Mansion concernant les équa- tions différentielles homogènes, 65, 69, 71 , 335, 506; sur un mémoire de TABLE DES MATIÈRES. 809 M. Petermann coiicernanl les graines originaires des hautes latitudes, 72, 75 ; sur un travail de M. Chevron concernant l'action de Tacide azotique sur réthylène et du peroxyde d'azote sur l'acétylène, 79, 80; sur une note de M. le D'" Van Monckhoven concernant la reproduction photographique des spectres ultra-violets des gaz, 80, 82, 83; sur un mémoire de M. Paillard concernant les troubles des Pays-Bas (15G6), 205, 207, 215; sur un travail de M. le D»" Nuel concernant Panalomie du limaçon des mammifères, 27)6, 2i6, 247; sur un travail de M. Tabbé Spée comparant des observations faites sur Taiguille ainjantée et sur les taches solaires, pendant l'année 1875,248,251, 252 ;sur le deuxième rapport semestriel du lauréat Lau\vers,507, 440; sur une communica- tion de M. Le Paige concernant la théorie des fractions continues pério- diques, 525, 529; sur un travail de M. Calalan concernant les inté- grales euleriennes, 550; sur une notice de M. Terby concernant la planète Mars, 551 ; sur la suite du travail de M. Reinemund concernant les polygones réguliers, 352; sur un travail de MM. de la Vallée Poussin et Renard concernant un fragment déroche tourmalinifère du poudingue de Bousalle, 555, 555; sur la 5*^ partie du mémoire de MM. Briart et Cornet concernant les fossiles du calcaire grossier de Mons, 535;sur un document manuscrit de 1495 concernant la donation de TAngleterre et de rirlande à Maximilien d'Aulriche, 576; sur un travail de M. Ghy- sens concernant les sous-normales polaires, 461, 466; sur un travail de M. le D"" Lambert intitulé : Morphologie du système dentaire des races humaines, 467, 468, 469; sur un mémoire de M. C. Lagrange concer- nant l'influence de la forme des corps sur leur attraction, 472; sur une notice de M. Mourlon concernant le classement stratigraphique des Phoques fossiles recueillis dans les terrains d'Anvers, 475, 474; sur un travail de M. Lancaster concernant la périodicité des hivers doux et des étés chauds, 47.i, 478, 479 ; sur le travail de M. Van Rysselberghe con- cernant les marées observées à Ostende en janvier 1877, 480; sur les mémoires de concours concernant: 1° la conservation du caractère national belge, 614, 618, 627 ; 2" Jacqueline de Bavière, 628, 650, 635 ; sur les travaux de la Commission de la Biographie nationale pendant Tannée 1876-1877,637; sur un travail de M. Boset relatif aux foyers des coniques, 715, 716, 720; sur le mémoire de MM. le comte G. de Saporta et le D^ Marion intitulé: Révision de la flore heersienne de Gelinden, 720 , 750. '2'"*' SÉRIE, TOME XLIII. 54 810 TABLE DES MATIÈRES. S. Sciences médicales. — Voir Physiologie. Sciences morales et politiques. — Du respect de la propriété privée sur mer en lemps de guerre, par M. Em. de Lavelj'e, 60G. Statistique. — Note sur la caisse des veuves des officiers de l'armée belge, par M. Liagre, 253. T. Télégraphie. — De Tapplicalion du rhé-électomèlre aux paratonnerres des télégraphes, par M. Melsens,481. Zoologie. — Le Rhachianectes glaucus des côtes de Californie, par M. P.-J. Van Beneden, 9!2; Synopis des agrionines (suile et fin de la 5« Légion : Agrion), par M. Edni de Selys Longchamps, 97; un mot sur une Baleine caplurée dans la mer Méditerranée, par iM. P.-J. Van Beneden, 741. Voir Géologie et Paléontologie ei Histologie. TABLE DES PLANCHES. Page 96. Tète du Rhachianecles giaucus des cûles de Californie. (Prolil et faces.) — :2o4. Tableau graphique du nombre probable des veuves des ou 250. oflficiers de l'armée belge. — 29-i. Diagramme (observations faites à Rome sur l'aiguille aimantée et sur les taches solaires pendant Tannée 1875). — 572. Roche tourmalinifère du poudingue de Bousalle (plaques minces étudiées au microscope). — 481. Application du rhé-électromètre aux paratonnerres des télé- graphes. — 569. Mâchoire inférieure d'un crâne appartenant à la race blanche. — ibid. — d'un cosaque du Don. — 571. Grâne de race blanche. — 574. Mâchoire inférieure d'un Chinois de Singapour. — ibid. — d'un Amboinaisde Ilou, — 576. Crâne d'un Chinois de Singapour. — 585. Mâchoire inférieure : 1° d'un Tasmanien; 2° d'un Lebouka; o» d'un jNègre du Soudan; 4» d'un insulaire de Toud. — 585. Crâne d'un insulaire de Toud. — 587. Grâne d'un Nègre du Soudan. ERRATA Page 206, ligne 51, au lieu de: U auteur ne paraît avoir bien jugé, lire : U auteur me paraît avoir bien jugé. — 554, ligne 5, au lieu de : étudiées aux microscope, lire : étudiées au microscope. — 574, ligne 15, au lieu de: Le prix s' élevant à la somme de 2000 francs, lire: à la somme de 2250 francs. — 615, dernière ligne, au lieu de M. De Haisnes, lire : M. Dehaisnes. PUBLICATIONS DE L'ACADEMIE ROYALE DE BELGIOUE. Nouveaux Mémoires, lomes I-XIX (1820-1845); in-4", — mémoires, tomes XX-XL; lomo XLI, U<^ et 2^ parties (1846-1875); in-4». — Prix: 8 fr. par vol. à partir du tome X. Mémoires coiironués, tomes i-XV (1817-1842); 111-4". — Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers, tomes XVI-XXXVlli ; tome XXXIX, l"et 2« fase.; tome XL; tome XLI, lerfasc. (1845-1876) ;in-4". — Prix : 8 fr. par vol. à partir du tome XII. Mémoires couronnés, 111-8", tomes I-XXVII. — Prix : 4 fr. par vol. Tailles des Mémoires (1816-1857). I11-I8. Annuaire, l^"^ à 43'"^ année, 1855-1877; in-18. Fr. 1,50. Bulletins, U^ série, tomes I-XXIII ; — 2«»e série, tomes I-XLllI;in-8». — Annexes aux Bulletins de 1854, in -8". — Prix : 4 fr. par vol. Tables générales des Bulletins : tomes I-XXllI, U'^ série (1852-1856). 1858, in-S". — 2'"^ série, tomes I-XX (18.57-1866). 1867; in-8°. Ilibliograpiiie académique. 1854; 1 vol. in-18. — 1874; 1 vol. in-18. Catalogue de la bibliothèque de l'Académie. 1850; in-8". Catalogue de la bibliothèque de M. le baron de Stassart. 1865; in-8". Centième anniversaire de /b/if/a/io/i (1772-1872). 1872; 2 vol. gr. in-8. Commission pour la publication des monuments de la littérature flamande. OEuvres de Van Maerlaiit : Der natuuen bloeme, tome h'', publié par M. J. Dormans, 1857; 1 vol. in-8"; — Rymbybel, avec Glossaire, publié par M. J. David, 1858-1860; 4 vol. in-8"; — Alexanuers Geesten, publié par M. Snellaert, 1860-1862; 2 vol. in-8". — .^'ederlandsche gedichten, etc., publiées par M. Snellaert, 1869; 1 vol. in-8''. — Parikonopeus van Kloys, publié par M.J. Bormans, 1871 ; 1 vol. in-8", — i§pegiiel der ^Vyskeit, door Jan Praet, publié par M. J. Bormans. 1872; 1 vol. in-S". Commission pour la publication d'une collection des œuvres des grands écrivains du pays. OKuvres de Chastciiain, publiées par M. Kervyn de Lellenhove , 1865-1865, 8 vol. in-8". — Le fe»" livre des Chroniques de Froissart, Itublié par le même. 1865, 2 vol. in-8''. — Chroniques de Jehan le Bel , publiées par M. Polain. 1865, 2 vol. in-8". — Li Koumans de Ciéomadès, publié par M. Van Hasselt. 1866, 2 vol. in-8". — Bits et contes île Jean et Baudouin de Condé, publiés par M. Auguste Scheler. 1866, 5 vol. in-8°. — Li ars d'amour, etc., publié par M. J. Petit. 1866-1872, 2 vol, in-8". — Ol'^uvres de Froissart : Chroniques , publiées par M Kervvn de Letlen- hove. 1867-1S76, 24 vol.in-8"; - Poésies, publiées par M. Scheler. 1870-1872, 5 vol. in-8"; — Glossaire , publié par le même. 1874, un vol. in-8". — Lettres de Commines, publiées par M. Kervyn de Lettenhove. 1867,- 5 vol. in-8'. — Bits de Watriquet de Couvin, publiés par M A. Scheler. 1868, 1 vol. in-8", — Les Enfances Ogier, publiées par le même. 1874, 1 vol. in-8.— Bueves de Commarchis, par Adenès li Rois, publié par le même; 1874, 1 vol. in-8''. — Li Koumans de Berte ans graas pies, publié par le même. 1874, 1 vol. in-8". — Trouvères belges du XII^ au X.IV« siècle, publiés par le même. 1876, 1 vol. in-8''. — Li Bastar.^ de Bulllon , publié par le même, 1877, 1 vol. in-8". Commission royale cVhistoire. Collection de Chroniques belges inédites, publiées par ordre du Gouvernement; 42 volumes in-4". Compte rendu des séances, l""»^ série, avec table (1857-1849), 17 vol. in-8". — 2'"e série, avec table (1850-1859), 15 vol. in-8". — 3'"^ série, avec table (1860-1872), 15 vol. in-8". — 4n^e série, tomes 1, II, I11,IV, ii"l (187Ô-77). Annexes aux Bulletins , 15 volumes in-8". Commission pour la publication d'une Biographie nationale. Biographie nationale, 1. 1 à V. Bruxelles 1866-1876 • gr. in-8". fm. ^Pr r ^'^■■^^ :^^im- ^ ^ ^ -. V.:î^ f<^ m 5*^ ^i '''^^