AcA O/VV HARVARD UNIVERSITY. L I H R A H Y MUSEUM OP COMPARATIVE ZOÔLOGY. XckajyvOL \IVjj. IQ BULLETINS DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES , DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 46™ ANNÉE, 2me SÉRIE, T. XLIV. 1877. BRUXELLES, F. RAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. MDCCCLXXVII BULLETINS L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. QUARANTE-SIXIÈME ANNÉE. — 2me SÉR., T. XLIV. BRUXELLES, F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE RELGIQUE. 1877 BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1877. — N° 7. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 7 juillet i811 ' . M. Maus, directeur. M. Liagre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J.-C. Houzeau , vice - directeur ; L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Long- champs, H. Nysl, Gluge, F. Duprez, Ern. Quetelet, Ern. Candèze, Ch. Monligny, A. Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Morren, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, F. Crépin et Éd. Mailly, membres; Th. Schwann et E. Catalan, associés; H. Valerius, F.-L. Cornet, G. Yan der Mens- brugghe et M. Mourlon, correspondants. 2me SÉRIE, TOME XLIV. I (2) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur transmet, pour la biblio- thèque de l'Académie, un exemplaire : 1° des Annales de la Société scientifique de Bruxelles, lre année, 1875-1 876; 2° de la Revue des questions scientifiques, publiée par la môme Société, lre année, lre et 2e livr., janvier et avril 1877; gr. in-8°. — M. le baron Greindl, secrétaire général de l'asso- ciation internationale africaine, remercie pour la somme de 515 francs, formant une partie de la souscription de l'Académie à l'œuvre civilisatrice de l'Afrique. — M. le docteur A. Houzé prie la classe d'accepter pour les archives un billet cacheté portant la date du 16 juin dernier. — Ce dépôt est accepté, après contre- seing du directeur et du secrétaire perpétuel. — L'Institut canadien à Toronto exprime le désir d'entrer en relation d'échange de publications. — Renvoi à la Commission administrative. — Les Établissements scientifiques dont les noms suivent font parvenir leurs dernières publications : La Société néerlandaise de zoologie à Rotterdam, l'Académie des sciences de Cracovie , la « Naturforscher Gesellschaft » de Dorpat, « l'Accademia dei Nuovi Lincei » de Rome, l'Académie des sciences de Munich, l'Institut géologique de Vienne , l'Académie des sciences de S'-Péters- bourg et le Musée public de Buenos-Ayres. (3 ) — La Société des arts et des sciences de Batavia, la « Provinciaal Genootschap van kunsten en wetenschappen » àBois-]e-Ducetla«Smithsonian institution of Washington» remercient pour les dernières publications académiques. — M. le comte G. deSaporta remercie pour la décision d'impression prise à l'égard de son mémoire sur la Révi- sion de la flore heer sienne de Gelinden, écrit en collabora- tion avec M. le docteur Marion. — M. P.-J. Van Beneden fait hommage de la première partie de sa Description des ossements fossiles des envi- rons d'Anvers, qui forme le tome 1er des Annales du Musée royal d'histoire naturelle de Belgique. Cette partie, dont l'atlas, composé de 18 planches in-plano, a été offert dans la séance du 7 avril dernier, a pour sujet la descrip- tion des Pinnipèdes ou Amphithèriens. M. Van Beneden offre ensuite de la part de M. le profes- seur G. Capellini de Bologne un exemplaire de l'ouvrage intitulé: Délia Balena di Taranto confrontata con quelle délia nuova Zelanda e con lalune fossili del Delgio e délia Toscana. Con tre tavole. In-4°. « Ce travail, dit-il, se rapporte à la Baleine faisant l'objet de la note que j'ai publiée dans le Bulletin du mois de juin dernier. » M. F.-L. Cornet fait hommage d'une brochure intitulée : Sur un gisement de combustible dans les Alpes transylva- niennes. Extr. in-8° des Ann. de la Soc. géol de Belgique. Des remerciments sont votés pour ces dons qui seront déposés dans la bibliothèque de l'Académie. ( 4) — La classe renvoie à l'examen de commissaires les travaux manuscrits suivants : 1° Mémoire sur un compteur électrique, par M. Achille Brachet. — Commissaires : MM. Montigny et Duprez; 2° Sur les sous-normales polaires et la courbure des surfaces , par M. Emile Ghysens. — Commissaires : MM. Catalan, De Tilly et Folie. CONCOURS DE 4877. M. le secrétaire perpétuel annonce qu'il a reçu, à la date du 50 juin dernier, un mémoire, avec billet cacheté, en réponse à la question suivante du programme de concours de 1877, dont le terme fatal n'expire que le 1er août prochain : On demande de nouvelles recherches pour établir la com- position et les rapports mutuels des substances albumi- uoïdes. Le billet cacheté porte comme devise les deux vers de Lucrèce (De Natura rerum) : Aliud ex alio reficit natura, nec ullani Rem gigni patitur, îiisi morte adjuta aliéna. Les commissaires chargés de faire l'examen de ce travail seront nommés lorsque le concours sera clos. ( o ) RAPPORTS. De l'influence de la forme des corps sur l'attraction qu'ils exercent; par M. C. Lagrangc, ancien élève de l'École militaire de Bruxelles. ttap/jot'l tic M. d. !'«»• de»' Jtlcnsbfugyhv. « On démontre en statique qu'un corps sphérique homo- gène ou composé de couches concentriques homogènes attire un point matériel extérieur, comme si toute la masse du corps était réunie à son centre d'inertie ; pour un corps de forme quelconque, ce théorème n'est vrai que d'une manière approchée, et encore faut-il que le point matériel soit à une distance suffisamment grande du corps attirant. D'après cela, il semblait naturel de rechercher les varia- tions qu'éprouve l'attraction exercée par un corps, quand on fait varier non-seulement la quantité de matière atti- rante, mais encore la façon dont cette matière est distri- buée dans l'espace, c'est-à-dire la forme du corps. Feu le major Brùck avait entrevu la solution de ce problème, mais ses idées, d'ailleurs fort incomplètes et demeurées inédites, attendaient toujours un travailleur qui pût les développer et surtout en montrer toute la fécondité. Ce travailleur apparaît aujourd'hui; dans le Mémoire qu'il a soumis au jugement de l'Académie, M. Lagrange, ancien élève de l'École militaire, présente une esquisse très-remarquable, selon moi, des lois suivant lesquelles varie l'attraction avec la forme du corps. (0) Le Mémoire se compose de deux parties, l'une purement théorique et rigoureuse, l'autre, plus ou moins hypothé- tique, où l'auteur cherche à appliquer les résultats de ses calculs; comme il a manifesté le désir de revoir et de com- pléter la seconde partie, je ne m'occuperai ici que de la première. M. Lagrange débute par la remarque suivante: si une masse quelconque se trouve à l'intérieur d'une surface fermée, l'attraction exercée par la masse en question sur un point matériel situé sur cette surface, n'est pas la même quelle que soit la position du point ; car l'attraction est une fonction du potentiel du corps considéré par rap- port au point pris sur la surface, et devient ainsi suscep- tible de passer par un maximum et par un minimum. Si le point matériel est pris sur l'une des surfaces repré- sentées par l'équation ? {x, y,z,a)=0, dans laquelle a est un paramètre variable, et qu'on cherche sur chacune d'elles les points où l'attraction atteint des valeurs extrêmes, le lieu géométrique de ces points se composera d'un certain nombre de lignes que l'auteur nomme, en général, lignes d'attraction maximum et lignes d'attraction minimum relativement à la famille de surfaces considérée, et d'une façon absolue, lignes d'attraction maximum ou minimum, si elles se rapportent à une série de sphères concentriques ayant pour centre le centre d'inertie du corps. L'auteur se pose ensuite le problème suivant: étant donnée une quantité de matière de forme quelconque, chercher l'attraction qu'elle exerce sur un point matériel situé à une distance d du centre d'inertie du corps. (7) Dans l'hypothèse où l'on peut négliger^, il arrive aux conclusions suivantes : 1° Pour un point quelconque de la surface sphérique de rayon d, l'attraction est dirigée suivant une droite qui ne coïncide pas avec le rayon de la sphère. 2° La force d'attraction passe, au contraire, par le centre d'inertie, quand la droite qui joint celui-ci au point matériel coïncide avec l'un des axes principaux d'inertie du corps. 5° Aégaliléde distance du centre d'inertie, l'attraction est un maximum sur l'axe d'inertie minimum, et un mini- mum sur l'axe d'inertie maximum. 4° Enfin quand l'attraction passe par son maximum, elle est plus grande que si toute la masse était concentrée au centre d'inertie; au contraire, elle est plus petite que si toute la masse était réunie au centre d'inertie, quand s'opère le passage par le minimum. M. Lagrange examine ensuite le cas où les axes d'inertie principaux du corps sont en même temps des axes de symé- trie, et signale un exemple à l'appui de ce fait curieux que l'inertie minimum ne répond pas toujours à l'attraction maximum , à quelque distance que ce soit du centre d'inertie. Après avoir obtenu ces résultats fort intéressants, l'au- teur démontre qu'à égalité de distance du centre d'inertie, le potentiel est respectivement maximum ou minimum sur les axes d'inertie minimum et maximum du corps; il trouve, en outre, que, dans l'hypothèse où il s'est placé, les surfaces d'égal potentiel ont la forme de sphéroïdes dont les grands axes, les axes moyens et les petits axes coïncident respectivement avec les axes d'inertie mini- mum, moyen et maximum du corps attirant; de plus, ces sphéroïdes admettent des sections circulaires passant par l'axe moyen d'inertie. (S) Restait à faire voir l'importance de la propriété concer- nant la direction de la force attractive exercée sur un point matériel appartenant à une sphère du rayon d ; dans ce but, M. Lagrange fait passer par le point attiré une surface d'égal potentiel, et prouve, d'une manière bien simple, que le point en question non-seulement tend à se rapprocher du centre d'inertie, mais possède encore un mouvement angulaire autour de ce centre. Il suit de là, d'après l'auteur, que 1° si le point attiré se meut sur la sphère, il sera, en général, sollicité vers le point d'intersection le plus voisin de la sphère avec l'axe d'inertie minimum ; les deux points d'intersection de cet axe sont donc des positions d'équilibre stable. 2° Si le point est situé dans le plan des axes d'inertie maximum et moyen, il sera sollicité vers l'intersection la plus voisine de la sphère avec l'axe moyen ; les deux points d'intersection de ce dernier sont des positions d'équilibre stable, dans le plan dont il s'agit, d'équilibre instable, dans le plan des axes maximum et minimum, et d'équilibre indifférent, dans les plans des sections cir- culaires des surfaces d'égal potentiel. 5° Si le point attiré est libre, il y a à la fois mouvement direct vers le centre d'inertie, mouvement angulaire du rayon vecteur vers l'axe d'attraction maximum, et mouve- ment angulaire du plan de cet axe et du rayon vecteur vers le plan des axes d'inertie moyen et minimum. L'auteur termine l'exposé de ces diverses déductions en démontrant que, si l'on peut négliger ys, une masse quel- conque agit comme si elle était symétrique par rapport aux trois plans déterminés par les trois axes principaux d'inertie, et imagine une distribution fort simple de matière pouvant tenir lieu de la masse donnée. (9) M. Lagrange aborde alors le cas général de l'attraction réciproque de deux masses quelconques. Il cherche d'abord comment, étant donnée la distance des centres d'inertie des deux masses, celles-ci doivent être placées l'une par rapport à l'autre, pour que l'action réciproque soit un maximum ou un minimum ; il trouve que l'attraction mutuelle est respectivement maximum ou minimum, quand les axes d'inertie minimum ou maximum des deux masses coïncident, les autres axes d'inertie étant parallèles deux à deux. Comme on pouvait le prévoir d'après les résultats expo- sés précédemment, quand l'action atteint son maximum, elle est plus grande que si les masses étaient condensées en leurs centres d'inertie; elle est moindre dans le cas du minimum. L'auteur établit ensuite les moments de rotation de l'une des masses qu'il suppose douée d'un point fixe ; il fait remarquer que ces moments de rotation ne dépendent pas de la forme des deux masses considérées, mais uniquement de celle de la masse douée dsun point fixe. Il passe enfin au cas où le mouvement de chacune des deux masses est libre, et arrive à conclure qu'elles tour- nent sur elles-mêmes, avec une tendance constante à ame- ner en coïncidence leurs axes d'inertie minimum. Je n'insisterai pas sur les applications que l'auteur se propose de faire à la mécanique céleste et à la mécanique moléculaire ; j'estime toutefois qu'il faut attendre avec quelque impatience le moment où il aura mis la dernière main au travail qu'il nous promet à cet égard. On voit, d'après l'analyse succincte qui précède, que le Mémoire de M. Lagrange présente un puissant intérêt en lui-même; j'ajouterai que les applications auxquelles il ( K» ) donnera lieu, ne pourront manquer d'en augmenter encore la valeur. C'est assez dire que, de même que mon savant confrère M. Folie (1), je regarde le Mémoire de M. Lagrange comme pouvant occuper une place très-honorable dans l'un des Recueils de l'Académie; en conséquence, j'ai l'honneur de proposer à la classe d'ordonner l'impression de la partie théorique (la seule dont je me suis occupé) au Bulletin delà séance, et d'adresser des remercîments à l'auteur pour son importante communication. » Rappoft tle M. Calatat*. « Après le lumineux rapport que Ton vient de lire, je n'ai rien de mieux à faire qu'à me rallier aux conclusions de notre honorable confrère, M. Van der Mensbrugghe. Cependant, je poserai une objection, ou plutôt une simple question, à l'intelligent auteur du Mémoire. Après avoir mis la valeur de u sous la forme 1/5 ) Les valeurs de 9 et 9' peuvent s'écrire b) ?= 2/iMp, hv+d) ïïv-j) ) :j 6\« a!) 1 b,y- 4/»»^ Pour de très-grandes valeurs de d,^ devient négligeable devant l'unité et l'on a On peut donc affirmer que pour de très-grandes valeurs de cl, 9'<9, c'est-à-dire que l'axe d'inertie maximum est axe d'attraction minimum, ce qu'on savait déjà par les formules générales. Il n'en est plus de même pour de petites valeurs de d et l'on peut mettre le fait en évidence en posant ^ = a et donnant à a des valeurs décroissantes. Voici un tableau des valeurs à très-peu près exactes de 9 et 9' pour différentes valeurs de a : a

0 pour a = 1 et^< 0 pour a = 2; c'est-à-dire que 9 atteint un maximum entre d = b et d = 26. On voit également qu'à de faibles dislances l'attraction peut croître bien plus rapidement que l'inverse du carré de la distance au centre d'inertie. Sur l'axe d'inertie maxi- mum, en effet, quand d passe de 106 à 26, c'est-à-dire devient cinq fois moindre, l'attraction cp', au lieu d'être vingt-cinq fois plus grande, le devient cent fois plus. &. Il existe des corps dont deux moments d'inertie principaux sont égaux, d'autres dont les trois moments sont égaux. Pour les premiers, en employant l'approximation précé- dente, on voit que l'attraction est indépendante de la direc- tion autour du centre d'inertie, dans le plan des axes d'inertie égale. Dans ce pian sur une droite qui passe par le centre d'inertie, elle augmente plus rapidement que l'inverse du carré de la distance, mais elle augmente également, quelle que soit celte droite. Pour les seconds, si l'on décrit du centre d'inertie une série de sphères concentriques, d'une sphère à la sphère immédiatement intérieure, sur un rayon donné, l'attrac- tion augmente plus rapidement que l'inverse du carré de ( 3S ) la distance, mais de la même quantité, quel que soit le rayon. Quand il faudra tenir compte des puissances — 5" de la distance 8, on cherchera à placer les axes coordonnés de telle sorte que les coefficients de -^ dans X et Y soient nuls et que le terme en^ clans Z soit maximum ou minimum. Si ces trois conditions sont compatibles , les lignes d'attraction extrême seront des droites dirigées vers le cen- tre d'inertie. S'il existe dans le corps des axes de symétrie, les con- ditions précédentes seront toujours satisfaites par la coïnci- dence de l'axe des z avec chacun de ces axes de symétrie. Si ces conditions ne sont pas compatibles, l'attraction maximum ou minimum ne sera pas dirigée vers le centre d'inertie. La condition générale Rc/R = 0, où la différen- tiation ne concernera que les termes en js, donnera sur la sphère de rayon d les points de maximum et de minimum d'attraction. Si les coefficients des termes entêtaient nuls ou con- stants, il faudrait appliquer la même méthode à ceux des termes en ^, et ainsi de suite. L'influence de la forme sur la distribution de l'attraction s'exercera à des distances d'autant moindres que l'exposant de d dans les termes que l'on doit considérer sera plus grand en valeur absolue. 9. Les surfaces d'égal potentiel sont déterminées par la condition qu'en tous leurs points le potentiel ait une valeur constante. Si l'on fait varier ce potentiel d'une manière continue, de la valeur qu'il a à la surface du corps jusqu'à zéro, on obtient une série de surfaces fermées extérieures au corps, qui deviennent des sphères de rayon infini quand le poten- tiel est nul, c'est-à-dire des plans. (36) On sait que la direction de l'attraction en un point est normale à la surface d'égal potentiel qui passe en ce point. La trajectoire d'un point librement attiré par un corps est donc orthogonale aux surfaces d'égal potentiel de ce corps. Cherchons à donner une idée de la forme de ces sur- faces. Sans entrer dans des développements de calcul faciles à retrouver, nous dirons qu'en partant de la valeur du po- tentiel T donnée au § 5, on trouve y. étant le moment d'inertie du corps autour de la droite qui joint le point attiré au centre d'inertie. On reconnaît facilement que cette valeur approchée du potentiel est celle dont la différentiation reproduit les com- posantes de l'attraction avec l'approximation précédemment employée. L'équation (1) montre qu'à égalité de distance du centre d'inertie, le potentiel est maximum et minimum sur les axes d'inertie minimum et maximum et que ses variations sont proportionnelles à celles du moment d'inertie p. De plus, sur l'axe d'inertie minimum le potentiel est plus grand que si la masse entière du corps existait au centre d'inertie; le contraire a lieu sur l'axe d'inertie maximum. En remplaçant T par une constante 0 dans l'équation (1), on a pour la surface d'égal potentiel 0 l'équation (2) .... 1=1 + j— ( 37 ) La différen dation donne 2 ' Mo- h- ô I / pam y- I tf est donc maximum et minimum quand u est minimum et maximum. On en conclut immédiatement que les surfaces d'égal potentiel ont la forme de sphéroïdes dont les grands axes, les axes moyens et les petits axes coïncident respectivement avec les axes d'inertie minimum, moyen et maximum du corps. Si l'on veut confirmer cette conclusion, qu'on cherche les intersections de la surface d'égal potentiel 0 avec des sphères de rayon 8. L'équation (2) montre que ces inter- sections sont les mêmes que celles de ces sphères avec les surfaces u = constantc = u, , ou encore avec des ellipsoïdes concentriques dont les axes sont proportionnels à ceux de l'ellipsoïde des moments d'inertie de Poinsot. On trouvera pour projection des intersections sur les trois plans coordonnés des courbes du second degré (ellipse et arcs d'hyperbole). On verra aussi que toute surface d'égal potentiel a deux sections planes circulaires dont les plans sont normaux au plan des axes d'inertie maximum et minimum, font des angles égaux avec le plan des axes d'inertie moyen et mini- mum et se coupent suivant Taxe moyen. Les plans de ces sections circulaires sont les mêmes pour toutes les surfaces d'égal potentiel. ïls forment le lieu géométrique des axes autour desquels le moment d'inertie du corps attirant égale le moment d'inertie moyenne I'. (38 ) Les plans des axes d'inertie principaux sont plans de symétrie des surfaces d'égal potentiel. 10. Par un point attiré extérieur faisons passer une surface d'égal potentiel et une sphère ayant pour centre le centre d'inertie. L'attraction est normale à la surface d'égal potentiel et peut être décomposée suivant le rayon de la sphère et dans le plan tangent à cette sphère au point considéré. Cette se- conde composante est dirigée suivant l'intersection du plan tangent à la sphère et du plan du rayon et de la normale à la surface d'égal potentiel, ou normale à l'intersection des plans tangents à cette surface et à la sphère au point considéré. La composante suivant le rayon ne donne lieu qu'à un rapprochement vers le centre d'inertie; la composante lan- gentielle produit un mouvement angulaire du point autour de ce centre. Quand le point est dans l'un des trois plans principaux cette composante y est également comprise. En outre elle est nulle sur les trois axes principaux. 11. La composante de l'attraction dans une direction donnée égale la dérivée du potentiel par rapport à cette direction. La composante de l'attraction suivant le plan tangent à une surface au point attiré est dirigée, on le sait, dans le sens où la variation positive du potentiel est la plus grande sur la surface. Il résulte de là que les points de potentiel maximum peuvent être considérés comme des centres atti- rants situés sur la surface. Dans le cas qui nous occupe, il est facile de reconnaître que si l'on suppose le point attiré assujetti à se mouvoir sur la sphère : ( 50 ) 1° II sera, en général, sollicité vers l'intersection la plus voisine de la sphère avec Taxe d'inertie minimum. Ces deux points d'intersection sont des positions d'équilibre slable; 2° Si le point est situé dans le plan des axes d'inertie maximum et moyen, il sera sollicité vers l'intersection la plus voisine de la sphère avec ce dernier axe; ces deux points d'intersection sont des positions d'équilibre slable quand le dépincement a lieu dans le plan précédent. Ce sont des positions d'équilibre instable dans le plan des axes moyen et minimum. Ce sont des positions d'équilibre indif- férent suivant les deux plans des sections circulaires des surfaces d'égal potentiel (§ 9). Les points d'intersection de Taxe d'inertie maximum et de la sphère sont des positions d'équilibre instable dans toutes les directions ; 5° Les plans des axes maximum et minimum et des axes maximum et moyen sont d'équilibre instable. Le plan des axes minimum et moyen est d'équilibre stable. 12. Il résulte clairement de là que la trajectoire décrite par un point librement attiré se rapproche du plan des axes minimum et moyen et de l'axe minimum d'inertie. On peut caractériser le mouvement du point comme suit : Mouvement direct vers le centre d'inertie; Mouvement angulaire du rayon vecteur du point vers l'axe d'attraction maximum; Mouvement angulaire du plan de cet axe et du rayon vecteur vers le plan des axes d'inertie moyen et minimum, ou plan d'attraction maximum. Si le point est situé dans l'un des plans principaux, sa trajectoire est plane. Dans le cas général cette trajectoire est h double cour- ( *> ) bure et tend à devenir plane et même rectiligne suivant l'axe d'inertie minimum. la. Si au lieu de supposer la masse attirante fixe et le point attiré mobile, on fixait ce dernier point, il est facile de conclure de ce qui précède que l'axe d'inertie minimum se déplacerait jusqu'à ce qu'il passât par le point fixe et que dans cette position seulement la rotation de la masse serait nulle et l'équilibre de rotation stable. Nous allons d'ailleurs examiner le cas de l'attraction réciproque de deux masses quelconques. 14. Il résulte des considérations émises jusqu'ici, qu'à des dislances de son centre d'inertie telles que l'on puisse négliger l'inverse de leur cinquième puissance, une masse quelconque agit comme si elle était symétrique par rap- port aux trois plans perpendiculaires entre eux déterminés par ses trois axes principaux d'inertie. Fig. 2. E P f" /" P jy p. A /A d— C > 4' 0 f p j p B Pour se représenter simplement les choses, on peut ima- giner la masse donnée remplacée par le système régulier de points matériels suivant : Une masse m centrale (fig. 2) au centre d'inertie 0, et ( u ) sur chacun tics axes d'inertie ÀB, CD et EF, de part el d'autre et également distantes de 0 deux masses exié- rieures p., la somme des masses m -+• 6p. étant égale à la masse totale M donnée. Il est très-facile de déterminer quelles doivent être sur les trois axes les distances p, p', p" d'une masse p. à la masse centrale m, pour qu'en conservant l'approximation em- ployée l'attraction exercée par ce système égale en tout point extérieur l'attraction de la masse donnée. Il suffît que l'expression du potentiel soit la même. AB, CD et EF étant respectivement les axes d'inertie maximum, moyen et minimum et I, 1, I" les moments d'inertie correspondants, on trouve facilement V1'-1"-' c2 ▼ « La distance des masses extérieures à la masse centrale est donc maximum moyen et minimum sur les axes d'inertie minimum moyen et maximum. Les distances p, p', p" sont d'autant plus grandes que les masses extérieures sont plus faibles. m et a étant liées seulement par la relation m -+- 6u=M, masse totale donnée, on peut prendre m = p.. Dans ce cas les distances p, p', p" sont inverses de la racine carrée de la masse totale. 15. Les positions d'équilibre d'un point matériel attiré ( m ) par un corps et assujetti à se mouvoir sur une surface, sont les points de langence de cette surface avec les surfaces d'égal potentiel du corps. Si aux environs d'un de ces points les rayons vecteurs de la surface d'égal potentiel sont moindres que ceux de la surface donnée, l'équilibre est stable; s'ils sont plus grands, l'équilibre est instable. Autrement dit, l'équilibre est stable ou instable suivant que le potentiel est maximum ou minimum au point con- sidéré. Si l'on rechercbe les positions d'équilibre stable ou in- stable sur une série de spbères décrites du centre d'inertie, on obtient des lignes desquelles un point matériel attiré tend à se rapprocher ou à s'éloigner tandis qu'il gravite vers le corps. Lorsque les trois moments principaux d'inertie du corps ne sont pas égaux, ces lignes sont (aux limites de distances considérées précédemment) les axes principaux d'inertie; si ces trois moments étaient égaux, il faudrait considérer successivement les termes en ^, p, etc., dans l'expression du potentiel et chercher les coordonnées du point attiré qui, pour une valeur connue de <$, rendent ces termes maximum ou minimum. 16. Abordons le cas général de l'attraction réciproque de deux masses quelconques. Quand deux masses s'attirent, chacune exerce une attraction sur chacun des points de l'autre. La résultante de ces attractions élémentaires trans- portées parallèlement à elles-mêmes au centre d'inertie de l'une des masses attirées, donne le mouvement de ce centre, en y supposant condensée la masse totale. Les mêmes at- tractions élémentaires donnent lieu à un mouvement de rotation. Cherchons d'abord comment, étant connue la distance ( 45 ) des centres d'inertie des deux masses, ii faut les placer l'une par rapport à l'autre pour que l'action exercée sur Fio. 3 chacun de ces centres soit un z maximum ou un minimum. Soient M, M' les (Umx masses de formes quelconques .placées comme on voudra dans l'espace, — D la distance de leurs centres d'inertie 0 et 0' (fig. 5). Prenons pour axe des z la droite 00' et pour axes des x et des y deux axes rectangulaires passant par 0, dans un plan perpendicu- laire à 00'. Si nous imaginons par 0' deux axes O'x', O'y' parallèles à Ox et Oy et que x'y'z' soient les coor- données d'un point de M' par rapport à ces axes, nous au- y =y z' = z — D. On a aussi à cause du choix des origines 0 et 0' (A) f xdm = 0 , Pydm = 0 , /* z jx'dm'=0, fy'dm'=0, Cz'd) dm ■= 0 Soient : d la distance du centre d'inertie 0 de M à l'élé- ment dm' (x'y'z') de M' ; p' le rayon vecteur de dm' par rapport à l'origine 0' ; ( 44) p le rayon vecteur d'un élément dm de M par rapport à l'origine 0 ; 9 l'angle de p' avec sa projection sur le plan x'Oy' ; aX, a Y, vZ les composantes parallèles aux axes coor- donnés de l'attraction de M sur l'élément dm'. Les valeurs de aX, a Y, aZ ont été données § 5. Il suf- fira de remplacer a (3 et X par x'y' et D -+- z', On aura ainsi, par exemple Mx'dm' AX= c?3 'dm'f\ xx'+yy'+(D+z')z p2 dm— 3/1 xx'+yy'-+-(D-t-z')z— -f \zdm et de valeurs analogues pour a Y et aZ. En transportant chacune des composantes ~ parallèle- ment à elle-même au centre d'inertie de M', on aura en étendant les intégrales à toute la masse M', la valeur X de la composante parallèle aux x de l'attraction exercée au centre 0; sur cette masse M' tout entière. Donc Mx'dW r Mx'i /x'dm'fYx'+yy'+{X)+z')z-^ Alm-f\ xx'+yy'+{T)+z)z- - , T/ Y et Z composantes parallèles à O'y' et Q'z' auraient des expressions analogues. Or on voit facilement par la figure que §* = D2 -+- p'2 4- 2DP' sin ? = D2 h- p'2 + Dz' \zdm (48) et, en posant P,2-+-2D:'=K, £2= D* -f- K ; On en déduit : 1 _ 1 5 K 5.5 1.2 S" = D^ _ 2 D* "*" 2^2 "Ô7 _ 1__L 9 K ^_ D4~~ ET6"*" "' E. ±_J_ 5 A ^2 li? ss — D« g " D7 "*" 2~2 ' D9 etc. Remplaçant -75,^4,^... par ces valeurs en série clans les expressions de AX, AY, AZ, X, Y, Z, on obtient toutes réductions faites, en négligeant les termes en p comme plus haut : Mx'dm' ô(Mz'x'dm' ■+■ dm' fzxdm) (B) aX= D3 D4 My'dm' o(Mz'y'dm' ■+- dm' J'zydm) Y==_ Di D4 f m Mdm' mz'dm' 8 . . , , ■ „ . , \ D2 D3 D4 « ^ r r -+- 2Mp'2rfm' — 5(x'2 -+- y")tfm'.M j ^ étant le moment d'inertie de M autour de la droite 00'. X = — —^ifz'x'dm' -4- M' fzxdm) Y = — — (M fz'y'dm' -+- M' J'zydm) (c ) D I ** 1 z==—z-i — : J2M,yp2rfm-t-2My,p'Vm'-ô(fAM'-t-fA,M)| (46) en tenant compte des conditions (A) et appelant p.' !e mo- ment d'inertie de M' autour de la droite 00'. Il est facile de reconnaître que ces formules renferment le cas particulier où Tune des masses se réduit à un point et reproduisent alors celles qui ont été données plus haut. Les formules (c) prouvent qu'à des distances D telles que l'on puisse négliger les termes en ^, les composantes X et Y sont nulles quand deux des axes d'inertie princi- paux de M et M' coïncident et que les deux autres sont parallèles. Dans ce cas les deux masses graviteront l'une vers l'autre de façon que la trajectoire décrite par leurs centres d'inertie soit une ligne droite. En même temps, la valeur de Z est maximum quand p. et fj.' sont les moments d'inertie minimum des masses Met M' et minimum quand ce sont les moments d'inertie maximum. En supposant donc D constant, on aura rfZ = 0. Mais les conditions X = 0, Y = 0, dZ = 0 entraînent la nullité de la différentielle de l'attraction résultante R = Vx1 -+- xf + z*. Ainsi l'attraction réciproque exercée aux centres d'iner- tie des masses est maximum ou minimum, quand leurs axes d'inertie minimum ou maximum coïncident, les autres axes étant parallèles. Dans le premier cas elle est plus grande que si les masses étaient condensées en leurs centres d'inertie, dans le second elle est plus faible. 17. Passons maintenant à ce qui concerne la rotation. Supposons la masse M' douée d'un point fixe que nous prendrons pour origine des coordonnées, 0', et soient L, ( *} ) K, IX les moments de rotation de cette masse autour des axes respectifs des %', des y' et des z' . Ou aura L= f\7..y' — aY.z' K= fàX.z' — àZ.x' N = J^ aY.x' — aX.?/' • les intégrales s'étendant à toute la masse M'. On trouve facilement à l'aide des valeurs (B) du § pré- cédent : 3 M f u'dm' 5M fz'y'dm' 2 r ^ ^ -+- 2 fzydm Jz'dm' — M f{xn-v- yn)y'dm -\- 4M Cz'^y'dmfX — M.fx'dm' 5M fz'x'dm' "2 ' r - „ , v /, K = ^ + - J-^ — [[%ffdm - 3K.) /Vil*' -+- 2 / zxdm J \ 'dm' — Uj^{x'i ■+■ y'2)x'dm' -+- 4M /VVdm'] N = —jCCzxdm fy'dm — fzydm fx'dm'Y On voit que le moment autour de la droite 00' qui joint le centre d'inertie de M au point fixe de M', est d'ordre inférieur aux moments autour d'axes perpendiculaires à cette droite. Lorsque deux des axes d'inertie principaux de M et M' coïncident entre eux, suivant 00', les autres axes étant parallèles, on a fzxdm = 0 , fzydm = 0 , fz'y'dm' = 0 , J*z'x'dm'= 0. Alors N = 0 et les deux centres d'inertie gravitent l'un vers l'autre en ligne droite comme on l'a vu. (48) 18. Si le point fixe 0' est le centre d'inertie de M', les moments deviennent, en remarquant que l'on a alors fx'clm' = 0 , J" y' dm' = 0 , J z'ihri = 0 , r - M + ITT L4 fz*ydm' -J (x'-+ y 2)y'dm' Da D4 (C) K = y p3 -^ [4/V-xV/m' -/ (x 2 -*- 1/ ")x dm J N = 0. Dans ce cas le moment autour de 00' est toujours nul. Les numérateurs des termes en ^ dans L et K sont toujours très-petits, car chacune des intégrales qui les composent renferment des parties alternativement positives et négatives qui se détruisent à peu près. En remplaçant M' par une masse régulière qui aux distances considérées exerce la même attraction qu'elle (§ 14), ces numérateurs seront nuls exactement et les moments de rotation autour des axes O'x' et O'y' se réduiront à — 3>I f z'y'dm' 5 M / z'x'dm' D3 Ils seront nuls et l'équilibre établi quand la droite 00' coïncidera avec l'un des axes d'inertie principaux de M'. L'équilibre sera stable quand l'axe d'inertie minimum de M' passera par le centre d'inertie de M. (49) Ce qu'il importe de remarquer ici c'est que les moments de rotation de M' ne dépendent plus que de sa forme et nullement de celle de M. Ces moments sont proportionnels à cette dernière masse et d'autant plus faibles que la dis- tance D des centres d'inertie de M et M' est plus grande. 19. La rotation de la masse M' autour de son centre d'inertie est la même, que ce centre soit fixe ou que la masse soit libre dans l'espace. Il n'en est pas de même quand on considère la rotation de la masse libre, autour d'un point quelconque. Il faut pour l'obtenir appliquer à tous les points de la masse une force égale et contraire à la force accélératrice qui sollicite le point en question. Toutes les forces égales et parallèles ainsi appliquées se composent en une seule, appliquée au centre d'inertie de la masse et donnant lieu autour des trois axes coordonnés à trois moments de rotation qu'il faut ajouter algébri- quement aux moments L, K et N pour obtenir la rotation de M'. En prenant pour origine des coordonnées le point autour duquel se fait la rotation, on aura les composantes AXt, aY,, aZ,, de la force accélératrice appliquée en ce point en faisant x' = 0, y' = 0, z' = 0 dans les valeurs (B) données au § 16. On obtient ainsi : aX,= aY, / ZX(I) D4 5 / zydm o 2 1 D2 D* v J v J 2me SÉRIE, TOME XLIV. (80) Les composantes de la force motrice qui agit au centre d'inertie sont donc oM'y zxdm aX,- = aY,. D4 5M' Jzydm D4 MM' ^M '/ -, m . Les coordonnées ac.y.z.du centre d'inertie étant T x'rfm' / î/'f/m' / z'dm' M' Jl M' M' les moments de cette force motrice pour faire tourner le corps M' autour des trois axes OV, O'y', OV sont res- pectivement L, = tJLfli — aY^z,- Mfy'dnï faff(lm ~ Wfy'dm'+lSfzydmfz'dm' = D1 D4 M /Vdm' \^ffdm " ^f^àm+ofzxdmfz'dm' Ni = -j( fx'dm' fzydin — fy'dm'fzxdni). Les moments de rotation de M' autour des trois axes sont L' = L-+-L,, K^K-t-K^, N' = N + N„ (SI ) Il vient ainsi : -ai f > , i > S M f(x^+y'2)x'dm' ** -^5 "*" ^< „ , / ^ 2- N'=0. On remarquera que ces valeurs (D) ont exactement la même forme que les valeurs (C) (§ 18) des moments de rotation relatifs au centre d'inertie du corps M', fixe ou libre, mais elles ne sont pas identiques avec celles-là, l'origine des coordonnées ayant changé. Ainsi les numérateurs des termes en g-4 pouvaient être négligés dans les valeurs (C), tandis qu'ils peuvent être très-grands dans (D). On remarquera également que lorsque la masse attirée M' est libre, les moments L', K' sont proportionnels à la masse attirante M et indépendants de la forme de celle-ci. A une distance du centre de M assez grande pour que l'on puisse négliger l'inverse de sa quatrième puissance, L' et K' seront nuls et l'équilibre de rotation sera satisfait quand l'un des axes d'inertie principaux de M' passera par le centre d'inertie de M. L'équilibre sera stable quand l'axe d'inertie minimum de M' passera par le centre d'inertie de M. Il tendra donc toujours à s'établir ainsi. Si l'on ne peut négliger les termes en ^, le résultat précédent sera le plus près d'être exact quand le point (52) autour duquel s'effectue la rotation sera le centre d'inertie de M'. On sait qu'en négligeant les termes en j^, la masse M' agit comme un système matériel symétrique par rap- port à ses trois axes d'inertie principaux. En substituant ce système régulier à M', la rotation s'effectue de manière que l'axe d'inertie minimum aille passer par le centre d'inertie de M et que pour cette posi- tion l'équilibre stable soit atteint. (C'est ce que prouvent les valeurs de L' et K' en supposant le centre d'inertie de M' à l'origine des coordonnées.) 20. En résumé, quand deux masses de formes quel- conques s'attirent, le centre d'inertie de chacune d'elles décrit une trajectoire, qu'on peut, dans une première approximation, considérer comme normale en chaque instant à la surface d'égal potentiel de l'autre masse qui passe en ce point; en effet, le plan tangent à cette surface a une position moyenne entre celles des plans tangents aux surfaces d'égal potentiel qui passent par les autres points de la masse considérée, et l'on obtient la force mo- trice qui agit au centre d'inertie en y transportant parallèle- ment à elles-mêmes les forces motrices, agissant en ces autres points, forces motrices qui sont normales aux sur- faces d'égal potentiel. En même temps, les masses tournent sur elles-mêmes, les axes d'inertie minima coïncident en atteignant une position d'équilibre stable, puis oscillent autour de cette position. Dans la position d'équilibre précédente, les sur- faces d'égal potentiel sont normales à la ligne des centres d'inertie. Ces centres se meuvent donc dès lors en ligne droite l'un vers l'autre ou, plus exactement, décrivent une trajectoire sinueuse dont cette ligne est l'axe. 21. Les calculs qui précèdent constituent, je le crois, la ( 53 ) première esquisse des lois générales de la distribution de l'attraction autour d'une masse de forme quelconque. Grâce à la forme des masses, l'attraction réciproque n'est pas seulement un principe de rapprochement, mais un principe de groupement des masses, un principe détermi- nant leurs positions relatives. — Les applications de ce principe sont immenses dans le monde physique. Il se présente d'une façon évidente dans la cristallisation. Brùck, qui a laissé en germe tant d'idées fécondes, n'a pas man- qué d'indiquer celle-là dans ses notes manuscrites. Pour lui la différence d'attraction des masses dans différentes directions est la cause déterminante de la dureté, qui con- siste, en effet, essentiellement dans la résistance au dépla- cement relatif des éléments des corps, les distances des centres pouvant rester constantes. Dans la cristallisation, un axe de cristallisation n'est-il pas visiblement la ligne sur laquelle les axes d'attraction maximum des éléments sont en coïncidence? — Un fluide matériel élastique, tel que l'élher, ne serait-il pas condensé à des pressions diffé- rentes suivant les axes de maximum et de minimum d'at- traction et n'en résulterait-il pas des réactions plus ou moins grandes qui équilibreraient les pouvoirs attractifs des éléments? Brùck n'a rien précisé relativement à la formation des cristaux. Si l'influence des axes d'attraction des éléments est en évidence dans les cristaux à un et à deux axes, la question des formes des cristaux eux-mêmes subsiste tout entière. Les recherches que j'ai faites sur ce point m'ont conduit à une explication de la formation des différents systèmes cristallins qui permettra, je l'espère, de ramener toute la cristallisation à un simple problème de mécanique rationnelle. (54) Une autre question qui ne semble pas, au premier abord, se rattacher aussi directement à l'influence de la forme des masses attirantes, est celle de rétablissement des mouvements astronomiques (rotations et révolutions). Dès 1847, dans un mémoire présenté à l'Académie des sciences de Bruxelles, Brùck disait: « Des éléments dispersés dans » les espaces doivent y former un ou plusieurs systèmes » planétaires composés: 1° D'un globe central ou soleil » avec mouvement de rotation; 2° d'autres globes (pla- » nètes) distancés, se mouvant autour du globe central à » peu près dans un même plan et tournant autour d'un » axe; 5° d'autres globes (satellites) tournant autour » d'eux-mêmes, décrivant des orbites autour des planètes » et accompagnant celles-ci autour du globe central ou » soleil. » Cependant, ni l'explication qu'il donne dans ses notes manuscrites de l'établissement du mouvement de rotation de l'astre central (soleil) sous l'influence du sys- tème attractif des astres extérieurs (planètes), ni celle de la rotation de ces dernières, ne sont exactes. Le problème général qui se présente ici est le suivant : Une masse déformable (c'est-à-dire un système matériel dont les parties sont soumises à des forces réciproques d'attraction et de répulsion, et dont les distances mutuelles peuvent être augmentées ou diminuées sous l'action de forces extérieures), — peut-elle sous l'influence attractive d'un autre système matériel, prendre sur elle-même un mouvement accéléré de rotation? — J'ai trouvé que l'établissement de ce mouvement de rotation est possible ; c'est ainsi que sous l'attraction du système des planètes le soleil a pris son mouvement de rotation sur lui-même. La forme ellipsoï- dale de cet astre résultant de sa rotation, le plan de son équateur est plan d'inertie minima, c'est-à-dire d'attraction ( 55 ) maximum; de là vient le rassemblement des orbites plané- taires dans le plan de cet équateur. Par la rotation même du soleil et aux dépens de la vitesse de rotation, les pla- nètes sont déviées normalement aux rayons vecteurs qui joignent leurs centres au centre solaire, dans le sens de la rotation de cet astre. Les forces déviatrices agissant d'une façon constante, les vitesses normales aux rayons vecteurs peuvent devenir considérables et en se composant avec les vitesses de chute vers le centre solaire elles donnent lieu à des vitesses résultantes obliques aux rayons vecteurs et qu'on peut traiter comme vitesses initiales, quand les forces déviatrices, par suite même de la condensation et de la solidification des globes, deviennent insensibles. La rota- tion des planètes s'est établie par suite de la rotation du soleil elle-même. Il serait trop long d'en donner ici l'expli- cation. Pour certaines planètes éloignées du centre solaire, la rotation a pu s'établir par l'attraction des satellites, comme celle du soleil par l'attraction des planètes. C'est ce qui est vraisemblablement arrivé pour Uranus , et cette considération explique la rétrogradation des satellites de cette planète. Les notions, nécessairement incomplètes, énoncées dans ce dernier paragraphe sont susceptibles de développements aussi étendus qu'intéressants, qui seront la suite naturelle de ce petit travail. J'ai voulu seulement faire entrevoir la possibilité de déduire du simple et unique principe de l'at- traction réciproque quelques faits capitaux encore inexpli- qués, et aussi confirmer dans leur généralité les idées d'un homme de génie dont les travaux ont ouvert une voie nou- velle dans l'étude du monde matériel. (36) Recherches sur la coagulation du sang (première partie); par M. Léon Fredericq, docteur en sciences et docteur en médecine, préparateur à l'Université de Gand. CHAPITRE PREMIER. INTRODUCTION. Le sang soustrait à l'organisme ne tarde pas à se coa- guler spontanément, par suite de la prise en masse d'une substance qui, depuis Fourcroy (1), porte le nom de fibrine (2). La lymphe, le chyle, un grand nombre d'exsu- dats pathologiques partagent celte propriété; et des chan- gements analogues s'observent dans plusieurs solides de l'organisme ; c'est ainsi que les muscles, les cartilages, cer- tains parenchymes glandulaires (le foie) éprouvent après la mort une augmentation de consistance des plus remar- quables (rigidité cadavérique). Il est peu de problèmes , en physiologie , qui aient été l'objet d'études aussi nombreuses et aussi variées que le phénomène de la coagulation du sang; il en est assuré- ment peu qui aient mis la patience des expérimentateurs à une plus rude épreuve, et qui se soient montrés aussi rebelles à toute investigation. On pourrait écrire des vo- (1) Fourcroy. Système des connaissances chimiques, t. IX, p. 157. An IX de la République. (2) D'après Boll, le sang n'acquiert la propriété de se coaguler sponta- nément qu'à une période assez avancée du développement. C'est vers le 13e au Uc jour de l'incubation qu'elle apparaît chez l'embryon du poulet. Boll. Ein Beilrag zur Kenntniss der Blutgerinnung. Archiv fur Anato- mie, Physiologie, etc., 1870, p. 721. ( 57) lûmes, rien qu'en exposant chronologiquement les hypo- thèses et les erreurs qui, tour à tour, ont régné dans la science à ce sujet. Mon intention n'est pas de refaire ici l'histoire de ces tentatives avortées; je me contenterai de passer rapidement en revue les principaux travaux qui ont contribué réellement à étendre nos connaissances sur la coagulation spontanée, et dont j'ai personnellement pu apprécier les résultats (1). Malpighi (2) fut le premier à reconnaître l'identité de la substance qui constitue la trame du caillot sanguin avec les filaments fibrineux, qu'on trouve si souvent à l'autop- sie dans le cœur et dans les gros vaisseaux de l'homme. Bientôt Ruysch (5) parvint à séparer cette substance par le battage du sang : la fibrine enlevée, ce liquide ne se coagula plus. Il semble naturel de rechercher la cause de la coagula- tion chez Tune des circonstances nouvelles, dans lesquelles se trouve placé le sang au moment de la saignée. Soustrait (1) On trouvera un grand nombre d'indications bibliographiques dans les ouvrages suivants : Hamburger. Dissertatio experimentorum circa sanguinis coagulationem spécimen primum. Borolini 1839. Richardson. The cause of Ihe coagulation of the blood, being Ihe Aslley Cooper Prize Essay for 1856. London 1858, page 460. Milne Edwards. Leçons sur la physiologie et l'anatomie comparée, etc. Article sang. Tome Ier. Schmidfs Jahrbùcher. CannslaWs Jahresbericht ùber die Forlschritte in der gesammten Medicin. Renie u. Meismer. Jahresberichle ùber die Fortschrille der Anatomie u. Physiologie. Schwalbe u. Hofmann. Jahresberichte ùber die Forlschritte der Ana- tomie und Physiologie 1873-1876. ("2) Malpighi. Opéra omnia. De polypo cordis dissertatio 1666. (3) Ruysch. Thésaurus anatomicus seplimus. Amstel. 1707, in-l°, p. 1 1. (58) à l'organisme, il se refroidit; il subit le contact de l'air; il n'est plus animé du mouvement de la circulation. Ces trois facteurs du problème, le froid, l'air et le repos, ont été de la part des physiologistes de la fin du siècle dernier et du commencement de celui-ci, le sujet d'expériences nom- breuses. La conclusion générale qui se dégage des tra- vaux de Hewson (1), Thackrah (2), Scudamore (5), Hun- ter (4), etc., c'est qu'aucune de ces conditions nouvelles ne peut être considérée comme cause de la coagulation , et que la réunion de ces trois agents est-elle même impuis- sante à expliquer le phénomène. Le repos et le froid , loin d'accélérer la séparation de la fibrine, exercent une action défavorable sur sa produc- tion. On savait depuis Ruysch que le sang qu'on agite se coagule plus vite que celui qu'on abandonne au repos. Quant au refroidissement, le fait que le sang des reptiles et des poissons se coagule tout comme celui des animaux à sang chaud, rend déjà son intervention fort improbable. D'ailleurs le sang des mammifères et des oiseaux qu'on empêche de se refroidir, ne s'en coagule pas moins. Hewson démontra, il y a plus d'un siècle, qu'une tempé- rature suffisamment basse suspend complètement le phé- nomène de la coagulation du sang. Il reste fluide pendant (1) Hewson. Expérimental Inquiry into the properties of the bloocl. Chap. I, Exp. III (de 1770), London 1827, p. 76. Sydenham Society Edition. (2) Tarner Thackrah. An inquiry into the nature and the properties of the blood in health and disease, !.•' édition. London 1819, p. 29. (S) (Sir Charles) Scudamore. An essay on the blood London 1824. Ein Versuch ùber das Blut. Wùrzburg 1826. (4) John Hunter. Works edited by Palmer. On the blood, vol. III. London 1837. — Idem. OEuvres complètes, trad. Richelot. Paris 1845, t. III. (59 ) plusieurs heures et même plusieurs jours, si l'on a soin de le recevoir au sortir de la veine dans un vase entouré de mélanges réfrigérants, de façon que sa température s'abaisse brusquement au-dessous de 0°. La coagulation n'est pas abolie : il suffit d'une élévation de température d'un petit nombre de degrés pour que le phénomène appa- raisse de nouveau. Le contact de l'air n'est pas nécessaire non plus. Thackrah put injecter de l'air dans la carotide d'une chienne (1) sans produire de caillots. Scudamore, ayant rec.u du sang dans le vide pneumatique, constata sa coagu- lation. Il en est de même du sang que l'on fait passer di- rectement sous le mercure au sortir de la veine. Le sang possède donc en lui-même tous les éléments de la coagulation : celle-ci ne peut s'expliquer ni par addi- tion, ni par soustraction de quelque chose de matériel; et c'est à tort qu'on a voulu la rapporter tantôt à la vola- tilisation de l'ammoniaque (Richardson, op. cit.) ou au départ de l'acide carbonique du sang (Scudamore, op. cit.), tantôt à l'action de l'un des gaz de l'air (Hevvson, op. cit.), Virchow (2), Eichwald (5), Mathieu et Urbain (4). (1) II existe d'ailleurs un moyen de provoquer la formation de bulles gazeuses à l'intérieur même du système circulatoire clos : c'est de sou- mettre un animal, lapin ou cobaye, à une décompression brusque sous le récipient de la machine pneumatique. Si l'on ouvre rapidement la poitrine de l'animal, on aperçoit par transparence une écume sanguinolente à l'in- térieur des oreillettes (2) Virchow. Archiv fur palholog. Anatomie. Bd. I. (3) Eichwald. S'-Petersburg Med.Zeilschrift XV, Hft. A, p. 259. Ueber die eiweissarligen Sloffe der Blulflùssigkeit und des Herzbeutelwassers. Vorlf. Miltheil. (1) Mathieu et Urbain. Expériences sur le rôle des gaz dans les phéno- mènes de coagulation. Causes et mécanisme de la coagulation du sang. Paris 1875. (60) On fut naturellement conduit à se demander pourquoi le sang reste fluide chez l'animal vivant, quel est ici l'agent qui s'oppose à la coagulation à l'intérieur des vaisseaux. Hewson avait remarqué que le sang compris entre deux ligatures dans un segment vasculaire ne se coagule qu'au bout d'un temps fort long. Scudamore était allé plus loin : il avait extrait sur un cheval vivant, la veine jugulaire liée à ses extrémités et y avait retrouvé le sang encore liquide au bout de 40 minutes. Mais c'est surtout Brùcke (1) qui s'efforça de mettre en lumière l'action anticoagulante de la paroi vasculaire. De nombreuses expériences sur des tor- tues, des grenouilles et des mammifères le conduisirent à formuler cette proposition que le sang demeure fluide aussi longtemps qu'il reste en contact avec la paroi vascu- laire vivante et intacte, qu'il se coagule dans tous les cas où on le soustrait à cette influence. Ayant misa nu chez une tortue vivante les gros troncs vasculaires qui partent du cœur, il pratiqua sur quelques-uns la ligature simple. Chez d'autres, il introduisit au préalable de petits bouts de tubes de verre destinés à s'appliquer contre la paroi vas- culaire et à empêcher ainsi son contact avec le sang. Par- tout où les tubes de verre avaient été introduits, le sang fut trouvé coagulé, partout où il était directement en con- tact avec la paroi vasculaire, il resta liquide, mais se coa- gula ensuite au sortir du vaisseau. Bien que l'influence de la paroi vasculaire sur le main- (1) Ernst. Brùcke. Ueber die Ursache der Gerinnung des Blules. Vir- chow's Archiv fur pathologische Anatomie, Bd. XII, 1857, pp. 81-100. Ibid.,pp 172-196. Vorlesungen ùber Physiologie. Wien 1875. Bd. I , p. 82. Virchow. Gesammelte Abhandlungeu zur Wissenschaftliche Medicin , p. 104 Erste Hàlfte. (61 ) lien de la fluidité du sang soil un fait fort probable, il n'en est pas moins certain que les tubes de verre que Briïcke introduisait dans les vaisseaux de la tortue avaient encore une autre action que celle qu'il leur attribuait : avant tout c'étaient des corps étrangers. Nous savons de- puis les expériences de Yirchow que des gouttelettes de mercure injectées dans les veines, des fragments de caout- cbouc ou de tout autre corps inerte introduits dans le système circulatoire ne tardent pas à se recouvrir de dé- pôts fibrineux et à agir comme centres de coagulation. Je reviendrai plus loin sur les expériences analogues de Glénard (1) avec lequel je termine cette liste, que j'aurais pu rendre dix fois plus longue. Ainsi les efforts persévérants de plusieurs générations d'expérimentateurs n'ont servi qu'à établir ces deux points : 1° Le sang reste liquide tant qu'il est contenu à l'inté- rieur des vaisseaux ; 2° Il se coagule dès qu'il en sort, et qu'il est mis en contact avec des corps étrangers. Il faut l'avouer, les résultats fournis par l'expérimenta- tion physiologique pure sont ceux qu'on aurait pu obtenir en s'adressant au premier garçon d'abattoir venu. Mais autant les procédés physiques d'investigation se sont montrés impuissants à nous révéler quelque chose de positif sur la nature de le coagulation, autant les re- cherches chimiques ont été fructueuses. On peut dire sans exagération que les seuls travaux de Denis et d'Alexandre (1) Frantz Glénard. Contributions à l'étude des causes de la coagula- tion spontanée du sang à son issue de l'organisme. Paris 1875. Comptes- rendus, t. LXXXI, n° 2, et Gazette des Hôpitaux, n° 153, 1875. ( 62 ) Schmidt ont plus fait progresser la science sur ce point difficile, que les centaines de publications accumulées de- puis plus d'un siècle. Cette voie nouvelle fut brillamment inaugurée vers le milieu du siècle dernier par Hewson (loc. cit.). Devançant tous ses contemporains par la netteté de ses vues, il dé- montra, le premier, que c'est dans la partie liquide et non dans les globules que résident les éléments de la coagula- tion. 11 suspendit cette propriété en mélangeant le sang immédiatement au sortir de la veine avec une solution de sulfate de sodium. Ayant attendu que les globules se fussent précipités parleur propre poids, il put décanter la partie liquide surnageant. Ce liquide étendu d'eau se prit spontanément en un caillot transparent. Cette belle expérience n'eut pas tout le succès qu'elle méritait. Elle était à peu près tombée dans l'oubli et la théorie tout opposée de Prévost et Dumas (1), qui faisait jouer aux globules rouges le rôle principal dans le phéno- mène qui nous occupe, était adoptée par la plupart des physiologistes, quand J. Millier (2), par une expérience calquée sur celle de Hewson, parvint à dissiper définitive- ment l'erreur. Il employa une solution de sucre pour re- larder la coagulation du sang de grenouille, et en sépara le plasma par hltralion. Le liquide clair privé de ses glo- (1) Prévost et Dumas. Examen du sang.. Bibliothèque universelle, Genève, 1821, t. XVII. Heynsius soutient encore aujourd'hui une opinion analogue. Voir : A. Heynsius. Der direkte Beweiss dass die Blutkorperchen Fibrin liefern. Arohiv. f. d. gesammt. Physiologie. Bd. III, 1870, p. 414. (2) /. MiiUer. Beobachtungen zur Analyse der Lymphe, des Blutes und des Chylus. Poggendorffs Annalen fur Physik 1852. t. XXV, p 514; trad. française dans les Annales des sciences naturelles, 26 série, t. I, p. 559. (65) bulcs ne tarda pas à se coaguler. Millier restitua ainsi au plasma sanguin sa principale propriété, celle de fournir la fibrine (1). C'est vers la même époque que Denis (2) commençait ses remarquables études sur le sang, qui ont jeté une si vive lumière sur le phénomène de la coagulation, et qui l'ont conduit à la découverte de la substance qui se trans- forme en fibrine. Il donna le nom de plasmine à ce corps nouveau. Voici sa préparation (Mémoire sur le sang, pp. 50 et suiv.) : Denis utilise la méthode de Hewson pour se procurer du plasma sanguin. 11 remplit de sang, lors de la saignée, un vase dont le septième de la capacité est occupé par une solution saturée de sulfate de sodium, ayant soin qu'elle se mêle complètement au fluide sanguin à mesure qu'il arrive dans le vase. Après quelques heures, les globules sont tous précipités et le plasma, sans traces de coagula- tion, se trouve en entier placé au-dessus de ces corpus- cules, de sorte qu'il est facile de le décanter ou de l'aspirer au moyen d'une pipette. Sa transparence est encore trou- blée par une foule de particules solides et par les globules blancs : les uns et les autres peuvent être retenus par le filtre. Dans le liquide parfaitement clair qu'il obtient ainsi, Denis fait apparaître par l'addition de chlorure de sodium en poudre, un précipité floconneux d'une substance ap- (1) La dénomination de plasma est due à Schultz (Das System der Cir- culation 1856, p. 7). (2) Denis (de Commercij). Études chimiques sur les matières albumi- neuses 1842. Nouvelles études chimiques 1856. Mémoire sur le sang, etc. Paris 1859, pp. 50 et suivantes. Comptes- rendus, XLII, XLVII, LU. (64) partenant au groupe des albuminoïdes. Celte substance, la p las mine (\), recueillie sur un filtre, puis redissoute dans l'eau, lui fournit une solution limpide qui se coagula spontanément, lui donnant d'une part de la fibrine {con- crète), de l'autre un liquide séreux contenant une seconde substance albuminoïde, qu'il appela fibrine solnble. Pour Denis la coagulation est donc un phénomène de dédouble- ment d'une substance préexistant dans leszngjaplasmine, en deux autres corps albuminoïdes : fibrine concrète, fibrine dissoute. Cette expérience, l'une des plus belles et des plus fécondes de la physiologie du sang, inaugure une période nouvelle dans l'étude de la coagulation. Elle replace le phénomène sur son véritable terrain, les seules lois de la chimie. Nous tenons enfin le générateur de la fibrine; nous pou- vons étudier sur lui l'action des réactifs et reproduire à volonté le phénomène que nous dominons. 11 ne reste plus qu'à le pénétrer dans ses détails. C'est la tâche qu'Alexandre Schmidt (2) a entreprise. De- (1) Comme on le verra plus loin, la plasmine est un mélange de deux ou trois substances différentes. (-2) Alexander Schmidt. Ueher den Faserstoff unddie Ursachen seiner Gerinnung. Reichert u. Du Bois's Archiv.,p. 545, 1861 , ibid., pp. 675-721. — Idem. Weiteres ùber Faserstofï und die Ursachen seiner Gerinnung. Reichert u. Du Bois's Archiv., pp. 428-469, 1862, ibid., pp. 553-564. — Idem. Ueberdie Fasersloffgerinimng.Vorlàuf.Milthei!ung.Pfluger''s Archiv. Bd. V, p. 481, 25 Februar 1872. — Idem. Neue Untersuchungen uber die Faserstoffgerinnung. Pûiïger's Archiv. Bd. VI , pp. 413-538, 1872. — Idem. TJeber die Beziehung lier Faserstoiïgerinnung zu den KôrpeiiichenElemen- ten des Blutes. Pflùger's Archiv. Bd. XI, pp. 291-370 et 515-577. — Idem. Comptes-rendus LXXXIV, pp. 78 et 112. — Idem. Ueber die Beziehung des Kochsalzes zu einigen thierischen Fermentationsprocessen. Pflùger's Archiv. Bd. XIII , p. 95. (63 ) puis quinze ans , il a fouillé ce terrain avec une ardeur infati- gable et un rare succès. Son point de départ fut différent de celui de Denis. Buchanan avait publié en 1848 (1) une ob- servation fort curieuse : le liquide obtenu par la ponction de l'hydrocèle qui d'ordinaire ne se coagule pas spontané- ment, peut donner un caillot de fibriue au bout de quel- ques heures, si l'on a soin d'y ajouter du sang défibriné. Alexandre Schmidt démontra que dans celle expérience la substance active du sang défibriné est contenue dans le sérum, d'où on peut l'extraire à condition de l'étendre de plusieurs fois son volume d'eau et de le soumettre ensuite à un courant d'anhydride carbonique. Le chlorure de so- dium ajouté au sérum de façon à le saturer de sel, la fait également passer à l'étal insoluble. Les précipités granu- leux qu'on obtient ainsi provoquent la coagulation dans le liquide d'hydrocèle. Cette substance qu'A. Schmidt appela fibrinoplastique , était la même que Panum (2) venait de décrire sous le nom de caséine du sérum, que Stas (3) , Guillot et Leblanc (4) avaient extraite du sang. Enfin, la paraglobuline et Y albu minute de potas- sium décrits par Kùhne (5) dans le sérum sanguin, sont toujours le même corps : les dénominations de paraglo- (1) Buchanan. On the coagulation of the blood and olher fibriniferous liquids. Proceedings of the Glasgow Phil. Soc. Febr. 1848. (2) Panum. Virchow's Archiv. 1851, p. 251, ibid. 1852, pp. 17 et 419. (5) Stas. Note sur le liquide de l'amnios et de l'allantoïde. Comptes-rendus, XXXI, p. 629. 28 oct. 1850. (4) Guillot et Leblanc. Voir aussi Melsens. Note sur les matières albu- minoïdes. Bulletin Acad. Belgique, p. 17, 1851, vol. XVIII, 2e partie. (5) Kiihne. Untersuchungen liber das Protoplasma und die Conlracli- litàt Leipzig 1864. 2me SÉRIE, TOME XLIV. S ( 66) buline et de s. fibrinoplas tique sont même devenues syno- nymes (1 ). A. Schmidt retrouva cette substance dans une série assez nombreuse de tissus et de liquides organiques : la salive, le pus, l'humeur aqueuse, la synovie, le liquide allantoïdien, l'albumine de l'œuf, le corps vitré, l'extrait aqueux de la cornée, le tissu conjonclif, les globules blancs du sang etc. Par ses propriétés la substance fibri- noplastique appartient au groupe des Globulines établi par Hoppe-Seyler (2). Elle est insoluble dans l'eau mais peut s'y dissoudre à la faveur des alcalis libres, des sels des métaux alcalins. On peut la précipiter de ces dissolutions par une simple dilution, par un courant d'anhydride carbo- nique, par une petite quantité d'acide acétique dilué, par le chlorure de sodium en exès. Ce sont, comme on le voit, à peu près les propriétés de la myosine et de la globuline extraite du cristallin. A. Schmidt parvint également à isoler la substance qui dans le liquide d'hydrocèle fournit les matériaux de la fibrine. Il adopta pour elle le nom de fibrinoyène que Virchow et Denis avaient déjà employé, mais dans un sens légèrement différent. Comme le fibrinoplastique, le fibrinogène s'obtient en étendant le liquide d'hydrocèle (ou celui du péricarde) avec plusieurs fois son volume d'eau, et en le soumettant à un courant d'anhydride carbonique. Il se dépose égale- (1) Weyl vient de donner à cette substance le nom de Sérumglobuline. Voir Weyl. Beitrâge zur Kenntniss thierischer und pflanzliclier Eiweiss- kôrper. Zeitsehrif't fur physiologische Chemie I. (2) Hoppe-Seyler. Handbueh der physiologïsch-und pathologisch-che- mischen Analyse, 187S, p. 229. ( 67 ) ment, quand on sature le liquide à l'aide de chlorure de sodium; il est insoluble dans l'eau distillée, mais il peut s'y dissoudre à la faveur d'une petite quantité d'hydrate alcalin ou de sel de métal alcalin. II en est précipité par l'acide acétique dilué, l'anhydride carbonique, etc. Ses propriétés correspondent donc entièrement à celles du tibrinoplastique, et jusqu'ici on n'était guère parvenu à les distinguer l'un de l'autre que parce que le iibrinogène se coagule par addition de tibrinoplastique, et que récipro- quement ce dernier fournit de la fibrine quand on le mélange avec le Iibrinogène (Hoppe-Seyler, loc cit., p. 257.) A. Schmidt admet que ces deux substances existent concurremment dans le plasma sanguin avant sa coagu- lation et produisent de la fibrine par leur réaction réci- proque (1). Si l'on retrouve encore du fibrinoplaslique dans le sérum sanguin alors que la coagulation est terminée, c'est que cette substance existe en grand excès par rapport au fibrinogène, et qu'il s'en forme encore au moment de la coagulation, par suite de la destruction des leucocytes. D'après Schmidt, il faudrait pour la formation de la fibrine une dissolution aqueuse contenant: 1° du fibrinogène; 2° du fibrinoplastique ; 5° un minimum de sels et 4-° peut- être une certaine quantité d'oxygène. Le sang qui circule contient tout cela. La présence de l'hémoglobine natu- relle (non cristallisée) et en général les substances qui catalysent l'eau oxygénée (mousse de platine, charbon animal) favoriseraient la réaction, mais celle-ci ne s'établi- rait que sous l'influence d'un ferment spécial. Ce ferment (1) On a cru assez généralement que Schmidt avait voulu parler d'une combinaison directe entre fibrinogène et fibrinoplaslique. Il s'en est vive- ment défendu tout récemment. Pflùger's Archiv. Bd. XIII, p. 146. (68) qui dérive des globules blancs se forme au moment où le sang est soustrait à l'organisme. ïl agit par sa seule pré- sence et se retrouve intact lorsque la coagulation est ter- minée: il existe donc dans le sérum sanguin. Comme la pepsine, il est soluble dans l'eau, mais il se laisse facile- ment entraîner par les précipités qui se forment dans ses dissolutions. Si l'on coagule les substances albuminoïdes du sérum par un grand excès d'alcool fort, le ferment de la fibrine se précipite en même temps. En reprenant le coagulum par l'eau au bout de plusieurs semaines ou mieux de plusieurs mois, on obtient une dissolution aqueuse de ferment. Cette théorie de la coagulation à laquelle A. Schimdt travaille depuis plusieurs années, a été accueillie en Allemagne avec faveur par un grand nombre de physio- logistes, mais aussi violemment attaquée par quelques- uns. En France les idées de Denis ont généralement prévalu. Olof Hammarsten (1) a récemment publié sur le même sujet des recherches fort intéressantes. Des deux généra- teurs de la fibrine admis par Schmidt, le fibrinogène seul interviendrait dans la production matérielle de la fibrine : au moment de la coagulation , il se transformerait en partie en fibrine, en partie en fibrinoplastique (fibrine soluble de Denis). Le tableau suivant est destiné à résumer les théories de Denis, d'Alex. Schmidt et de Hammarsten. (1) Olof Hammarsten. Unlersuchungen ùber die Faserstoffgerinnung. Nov. Act. Soc. scient. Upsal. Ser. III, vol. X, pp. 1-150. 1876. — Idem. Zur Lehre von (1er Faserstoflgerinnung. Pfliiger's Arebiv. 1876, pp. 211- 274. Dd. XIV. ( M ) Théorie de Denis. Plasma avant la coagulation : Plasma après la coagulation : Plasmine j Fibrine concrète, ( Fibrine dissoute (paraglobuline). Serine (albumine) | Serine (albumine du sérum). Théorie d'Alex. Schmidt (fermentation). Fibrinogène l Fibrinoplastique (du plasma l. . . ) ' nne' et des globules blancs) ..(... Fibrinoplastique (paraglobuline). Albumine | Albumine. Théorie de 0. Hammarsten (fermentation). Fibrinogène ( Fibrim ( Fibrinoplastique (paraglobuline). Fibrinoplastique? I Fibrinoplastique (paraglobuline). Albumine | Albumine. Ce tableau est des plus instructifs. La première chose qui saute aux yeux, c'est que Denis, Schmidt et Ham- marsten sont complètement d'accord sur les produits de la coagulation. Les noms seuls sont différents. Il n'en pouvait être autrement, puisque c'est un résultat de l'analyse du sang coagulé, qui peut aujourd'hui se faire avec une grande précision. Quant au sang avant et pendant sa coagulation, on n'a jusqu'ici pu l'aire que des essais qualitatifs. L'identité de propriétés entre le fibrinogène et le fibrinoplastique , rendait leur dosage séparé impossible, et l'analyse quanti- tative du sang avant sa coagulation restait à l'état de desi- deratum. Grâce à une méthode que j'ai imaginée et qui est basée sur une propriété nouvelle du fibrinogène, il est facile de doser cette substance séparément et d'effectuer une ( 70 ) analyse complète de sang avant sa coagulation. La simple comparaison avec les chiffres de l'analyse du sang après la coagulation permet de suivre les transformations des sub- stances albuminoïdes du plasma dans leurs moindres dé- tails, et de retracer un tableau complet de ce phénomène. L'accord qui existe dans la seconde colonne du tableau précédent finira également par s'établir entre les termes de la première colonne, grâce à l'emploi de la balance , cet auxiliaire indispensable des recherches chimiques. CHAPITRE II. LE FIBRINOGÈNE DU SANG. La difficulté que l'on éprouve à se procurer du plasma sanguin est la principale cause des nombreuses lacunes que présente l'histoire de ce liquide : je décrirai donc avec quelques détails les procédés que j'ai employés pour sa préparation. Le sang des vertébrés étant un mélange de plasma et de globules, le problème consiste à séparer ces derniers avant que la coagulation survienne. Il ne faut pas son- ger à la filtration : les globules rouges sont des corps telle- ment mous qu'ils se glissent à travers les pores du papier le plus fin (1). C'est par décantation qu'on doit les séparer. En effet, grâce à leur densité plus grande, les hématies tendent à se rassembler au fond du vase. Ils se déposent avec une rapidité très-variable chez les diverses espèces (1) On réussit, paraît-il, à séparer les globules en filtrant le sang par différence de pression à travers une cloison poreuse de biscuit. Voir: de Gorup-Besanez. Traité d'analyse zoochimique. Paris, 1875, pp. 13 et 14. ( 71 ) animales (1). Tandis que le sang de bœuf ne donnerait, après plusieurs jours d'attente, qu'une couche de liquide clair à peine perceptible, le sang des solipèdes, celui du cheval en particulier, commence au bout de quelques mi- nutes à se séparer en un liquide jaunâtre qui surnage (plasma) et en une bouillie de globules gagnant les par- ties inférieures. Mais la coagulation le saisit en général au moment où cette stratification ne fait que commencer, de sorte qu'il est à peu près indispensable de suspendre la production de la fibrine par l'un des moyens dont il a été question dans l'introduction. J'ai employé successivement le froid, les sels alcalins et la conservation du fluide san- guin dans son réceptacle naturel, un gros vaisseau lié à ses extrémités. Pour soumettre le sang de cheval à un refroidissement rapide, j'ai fait confectionner, d'après un modèle que j'ai trouvé dans le Handbook for the physiological Laboratory de Burdon-Sandcrson, Londres, fS75,p. 168, un appareil composé de trois vases cylindriques en zinc (2) de gran- deur décroissante. Les cylindres sont placés les uns dans les autres : je remplis de glace le plus petit ainsi que l'in- tervalle qui sépare le cylindre extérieur du moyen. Je reçois alors le sang qui arrive directement de la veine dans l'es- pace en forme de manchon, qui reste libre entre le cylin- dre intérieur et le moyen. La couche de sang n'a dans mon (1) G. Bunge a eu l'idée d'exagérer celte vitesse en soumettant le sang à une rotation rapide dans un appareil à force centrifuge. G. Bunge. Zeitschrift fur Biologie. Zur quantilativen Analvse des Blutes, XII, pp. 191-216. — Voir aussi Gautier. Chimie appliquée, etc., 1871, Paris, p. 488,1. (2) Le choix du zinc est loin d'être heureux. J'ignorais à celte époque l'action spéciale que ce métal exerce sur le sang. ( 72) appareil qu'un centimètre d'épaisseur, elle se trouve re- froidie par ses deux surfaces. Ce procédé permet d'obtenir d'assez grandes quantités de plasma et de les conserver pendant plusieurs heures à l'abri de toute coagulation. Il suffit d'attendre le dépôt des hématies et d'aspirer à l'aide d'une pipette refroidie le liquide surnageant. Le plasma ainsi obtenu est souillé d'un peu de matière colorante du sang. Il est en effet impossible, pendant qu'on achève de remplir le cylindre de sang, d'empêcher qu'il ne se mélange avec quelques gouttelettes d'eau condensées sur les parois métalliques refroidies. Cette eau dissout une petite quantité d'hémoglobine qui donne au plasma une teinte légèrement rosée. Je n'ai pu utiliser ce procédé aussi souvent que je l'aurais désiré, l'abattage des chevaux se faisant à Gand à une heure assez matinale. J'ai au contraire fréquemment employé des dissolutions salines pour suspendre la coagulation du sang. Comme je le montrerai plus loin, ces solutions ne modifient guère les propriétés des substances albuminoïdes du plasma. Le sulfate de magnésium m'ayant donné des résultats bien supérieurs à ceux obtenus par le sulfate de sodium, je n'ai pas tardé à me servir exclusivement du premier. Alexan- dre Schmidl et Olof Hammarsten lui donnent également la préférence. Le vase dans lequel je reçois le sang con- tient un poids connu d'une solution concentrée de sulfate de magnésium (une partie de Mg.SOi pour trois parties d'eau) correspondant environ au tiers du volume de sang à recevoir. J'achève de le remplir avec le sang que je laisse couler directement du vaisseau. La séparation en globules et plasma s'effectue ici comme pour le sang soumis au froid, mais plus lentement. Ce plasma, recueilli au bout de quelques heures et filtré, constitue un liquide cilrin ( 73 ) d'une transparence parfaite et qui se prèle admirablement au dosage du fîbrinogène. Si l'on veut rapporter les chiffres trouvés, à 100 de plasma non dilué, il faut au préalable déterminer le degré de dilution du mélange magnésien, ce qui peut se faire en dosant les substances albuminoïdes en bloc par l'ébullition en présence d'une petite quantité d'acide acétique et com- parant le poids ainsi trouvé avec le poids obtenu en effec- tuant une détermination quantitative du même genre dans une petite portion de plasma non dilué, conservé à l'inté- rieur d'une veine, d'après le procédé suivant. Ce sont les expériences récentes de Glénard (1) qui m'ont donner l'idée d'utiliser pour l'analyse du plasma la propriété qu'offre le sang de cheval de rester pendant long- temps liquide dans une veine extraite du corps, et de s'y séparer en peu de temps en plasma et en magma globu- laire (2). Le cheval n'a qu'une veine jugulaire de chaque côté (3). Ce volumineux vaisseau est situé sur les parties latérales de l'encolure, au niveau du sillon profond très-visible à l'extérieur (gouttière jugulaire) qui s'étend du poitrail à la base de l'oreille, près de l'articulation de la mâchoire. 11 est recouvert par la peau, le tissu cellulaire sous-cutané, le peaucier et les rameaux du plexus cervical. Voici le procédé que j'ai trouvé le plus commode pour utiliser les chevaux sacrifiés dans les abattoirs et extraire (1) Glénard. Loc. cit. (2) Celte séparation s'effectue parfois sur ranimai vivant. Voir : Cl. Ber- nard. Leçons sur les propriétés physiologiques et les altérations patholo- giques des liquides de l'organisme, 1859, 1, p. 433. (3) Voir : Chauvcau. Traité d'anatomie comparée des animaux domes- tiques. ( 74 ) les deux jugulaires par la même incision : le cheval est assommé par un vigoureux coup de marteau asséné sur la région frontale. 11 tombe comme une masse, exécutant parfois quelques mouvements convulsifs des extrémités. Sans perdre un instant, je fais sur la ligne médiane au- devant de la trachée, à la partie inférieure du cou, une incision longitudinale comprenant la peau, le tissu cellu- laire sous-cutané et le peaucier. Je dissèque la peau aussi rapidement que possible, rencontrant le muscle sterno- maxillaire que je dépasse. J'arrive ainsi fatalement sur la veine jugulaire; je l'isole sur une petite étendue en me servant autant des doigts que du scalpel. Je glisse un bout de ficelle sous la veine et je la lie dans sa partie la plus déclive, à l'aide d'un nœud fortement serré. Je passe en- suite à l'autre côté où j'en fais autant. L'opération doit s'exécuter avec célérité, de façon que l'animal puisse en- core être soigné comme d'habitude. L'abatteur plonge im- médiatement son long couteau au niveau de la fourchette du sternum dans la direction du cœur. Un flot de sang noirâtre s'échappe de la plaie. C'est le moment de remplir les vases contenant le liquide au sulfate de magnésium et do recueillir des échantillons de sang pour les dosages de fibrine et pour l'analyse du sérum. L'animal une fois saigné, je puis extraire à loisir les veines jugulaires. Je prolonge l'incision sur la ligne mé- diane jusqu'à la tête , je procède à la ligature d'une dizaine de collatérales et j'isole complètement la veine jusqu'au niveau de sa bifurcation supérieure où je glisse une liga- lure sous elle. Mais avant de la serrer, j'ai soin, par des frictions pratiquées à travers la peau, de faire refluer le plus de sang possible clans le segment veineux que j'en- lève. Je suspends le vaisseau verticalement, en ayant égard ( 75 ) à la direction des valvules qui d'ailleurs sont incomplètes ou nulles. La veine de l'autre côté est extraite avec les mêmes précautions. Il est fort commode pour cette se- conde extraction que l'animal soit changé de position. Les vaisseaux extraits de cette façon peuvent atteindre (10 cen- timètres de long et contenir plusieurs centaines de grammes de sang. Au bout d'un petit nombre de minutes, le sang commence à s'y séparer en deux couches, l'une inférieure, rouge sombre, globulaire, l'autre hyaline, plasmatique. Une ligature intermédiaire permet d'isoler la partie plasmatique. Dans celle opération, l'hémorrhagie est tout à fait insignifiante, le cœur cessant presque in- stantanément de battre après le coup d'assommoir. Les seuls instruments à employer sont un ou deux bistouris bien affilés et un peloton de ficelle. Un aide est tout à fait superflu (1). C'est sur du plasma obtenu à l'aide du troisième pro- cédé, que j'ai découvert la propriété qu'offre le fibrinogène de se coaguler par la chaleur à une température relative- ment basse (-f- 56° C). Avant moi, Kùhne (2) avait em- ployé la méthode des coagulations successives pour séparer les substances albuminoïdes du plasma musculaire : il y avait trouvé de cette façon deux albumines, l'une devenant insoluble à -f- 47°, l'autre à -+- 75°. Si personne après lui n'a songé à l'appliquer au plasma sanguin, il faut l'attri- buer en partie à la difficulté d'élever la température de ce (1) Grâce à la bienveillance de M. le professeur Thiernesse, directeur de l'École de médecine vétérinaire , j'ai pu pratiquer à Curegem cette opé- ration sur un cheval vivant. Je prie M. Thiernesse de recevoir ici l'expres- sion de ma gratitude. (2) Kïihne. Unteisuchungen ùber das Protoplasma und die Contracti- lilàl. Leipzig, 1864. ( 76 ) dernier tout en empêchant la production de la fibrine, et surtout aux résultats décourageants que donne ia même méthode avec le sérum sanguin. Si je chauffe graduellement au bain d'eau un échantillon de sérum de cheval, il reste parfaitement limpide jusque vers -h 65° C. A ce moment il commence à présenter une opalescence manifeste qui s'accentue à mesure que la tem- pérature s'élève. En même temps, il s'épaissit graduelle- ment, de sorte que vers -4- 72° C à -+- 73° G, il a la con- sistance d'une gelée de fruits. Le liquide que j'en extrais par expression est encore fortement opalescent et conti- nue à se troubler si j'échauffe davantage. 11 est ici mani- festement impossible de séparer par coagulation les deux substances albuminoïdes que contient le sérum sanguin. Les températures correspondant au début et à la fin de la coagulation se trouvent fort éloignées l'une de l'autre. Il n'est donc pas étonnant que la même méthode n'ait pas été tentée sur le plasma sanguin. C'est par hasard que j'ai découvert le point de coagula- tion du lîbrinogène du sang, dans le cours d'expériences entreprises primitivement dans le but de déterminer exac- tement la limite supérieure de température que le sang peut supporter sans perdre la propriété de se coaguler spontanément par production de fibrine. Je renferme un segment de veine jugulaire de cheval gonflée de plasma dans un tube de verre à parois minces à côté d'un thermo- mètre. Le tube, convenablement bouché, plonge dans un bain d'eau dont un second thermomètre indique la tempé- rature. Il faut chauffer lentement, de façon que le thermo- mètre intérieur ne soit jamais en relard de plus d'un ou deux dixièmes de degré sur le thermomètre plongé dans l'eau. Si je retire la veine et si je l'ouvre avant d'avoir ( 77 ) atteint le premier point de coagulation , le liquide qui s'en écoule n'a pas changé d'aspect et ne tarde pas à se prendre en caillot à la façon du sang. J'ai pu chauffer ainsi un seg- ment veineux à •+■ 55°,5C; le plasma qui avait été soumis à cette température pendant plusieurs minutes se coagula presque instantanément à son issue du vaisseau. Un second segment emprunté à la même veine, et qui avait été sou- mis à une température de -h 56° C fut également ouvert, mais fournit un liquide qui fut conservé pendant plusieurs jours sans donner la moindre trace de fibrine. Cette expérience fut répétée au moins sur une douzaine de veines et donna chaque fois des résultats identiques. Une température supérieure à h- 56° fait brusquement et irrévocablement perdre au sang ses propriétés librino- gènes. Une addition de sérum est même incapable de les rappeler. Mais en même temps que le liquide perd la faculté de se coaguler spontanément, il change d'aspect par suite de la formation d'un précipité grumeleux. Les granules de ce précipité s'agrègent pour former des flocons qui se laissent facilement séparer par filtration : le liquide filtré passe parfaitement clair. Je puis le chauffer jusqu'à ■+■ 65° à -4- 66° sans que sa limpidité subisse la moindre atteinte. Privé de la substance qui se coagule à -+- 56°, il se com- porte comme le sérum, devenant opalescent vers -+- 56° et se coagulant ensuite complètement si l'on élève davantage la température. Comme le sérum, il contient deux sub- stances albuminoïdes en solution : l'albumine ordinaire et la paraglobuline. L'addition de chlorure de sodium en excès précipite celle dernière substance. On peut également l'ex- traire en diluant le liquide de 10 à 15 fois son volume d'eau et en le soumettant à un courant d'acide carbonique. ( 78 ) La paraglobuline se dépose alors sous forme d'un précipité finement granuleux. La substance qui se coagule à -+- 56° n'existe pas dans le sérum : elle disparaît donc complètement par le fait de la coagulation de la fibrine, et diffère notablement de l'al- bumine et du librinoplastique par son point de coagu- lation. Sans aucun doute, c'est le corps albuminoïde dont Alex. Schmidt admit l'existence dans le sang, et qui cor- respond au fibrinogène du liquide d'hydrocèle. Comme ce dernier, la substance qui se coagule à + 36° appartient au groupe des globulines de Hoppe-Seyler ; elle est précipitée par le chlorure de sodium en excès. Si je sature à l'aide de sel ordinaire, du plasma naturel ou mélangé au sulfate de magnésium, j'obtiens le précipité floconneux qui con- stitue la plasmine de Denis, dont le fibrinogène représente une partie. Je recueille la plasmine sur un filtre, et je la lave complètement avec une solution saturée de chlorure de sodium. J'exprime ensuite le filtre avec le précipité entre plusieurs doubles de papierà filtrer, de façon à le débarras- ser de l'excès de chlorure de sodium. Je recueille le précipité à l'aide d'une spatule et je le dissous dans l'eau distillée; ou mieux encore, je divise le filtre auquel le précipité est resté adhérent en petits fragments que je fais macérer pendant quelques minutes dans l'eau distillée. Les gru- meaux de plasmine se dissolvent complètement grâce à la petite quantité de sel qui leur est restée adhérente. Le liquide ainsi obtenu est filtré pouren séparer les morceaux du filtre. Une portion de ce liquide chauffé au bain d'eau donne à h- 56° C, 5 une coagulation toute semblable à celle que présentait le plasma sanguin. Une seconde portion du même liquide est abandonnée dans un gobelet, à la lem- ( 79 ) pérature ordinaire du laboratoire. Au bout d'un temps qui varie entre quelques minutes, une demi-heure, une heure ou plus longtemps, il se prend spontanément en une gelée compacte, hyaline. Le caillot ainsi formé se rétracte par- fois en laissant suinter un sérum aqueux; d'autres fois il reste adhérent aux parois du vase dans lequel il s'est formé. Dans tous les cas, on peut en exprimer un liquide qui contient de la paraglobuline. Pour Denis, la plasmine s'est dédoublée en fibrine con- crète et fibrine soluble. Mais il m'a été facile de prouver que la fibrine soluble ou paraglobuline existe déjà dans la plasmine avant sa coagulation, et que cette dernière est réellement un mélange de deux substances comme l'admet Schmidt. Reprenons en effet notre solution de plasmine quia été soumise à la température de -f- o7° C; séparons-en le précipité qui s'y est formé et examinons le liquide qui filtre. Ce liquide renferme encore une substance albumi- noïde dont toutes les propriétés correspondent à celles de Ja paraglobuline: il précipite par l'acide carbonique, par le chlorure de sodium, etc. Si nous remplaçons ce liquide filtré, dans le bain d'eau, et si nous continuons à élever la température, nous pourrons monter jusqu'à + 75° avant que les premiers signes d'une seconde coagulalation, celle de la paraglobuline ou fibrinoplaslique apparaissent. La substance qui se coagule à -+- 56° existe donc dans le plasma sanguin alors qu'il est encore contenu dans les vaisseaux; elle disparait complètement pour faire place à la fibrine pendant la coagulation spontanée; elle peut être précipitée en compagnie de la paraglobuline par le chlo- rure de sodium en excès. Le mélange de ces deux sub- stances (plasmine de Denis) se coagule spontanément comme le plasma. La plasmine chauffée offre une première (80) coagulation à -h 56° et perd en même temps la propriété de fournir de la fibrine. Il en est de même du sang privé de cette substance. Toutes ses propriétés se rapportent au fibrinogène dont Alexandre Scbmidt admit l'existence dans le plasma sanguin. Le doute n'est donc guère possi- ble. Il se présente cependant une difficulté. A côté du fibri- nogène hypothétique du sang que Schmidt n'a jamais obtenu à l'état de pureté, qu'on n'a jamais pu y déterminer quantitativement, il existe un fibrinogène réel, dont A. Schmidt a étudié les propriétés et qu'il a extrait du liquide d'hydrocèle. Le fibrinogène du liquide d'hydrocèle et celui du sang sont assurément des substances très-voi- sines puisqu'elles appartiennent toutes deux au groupe des globulines ; mais est-il bien prouvé qu'ils soient identi- ques. Deux propriétés me semblent les différencier nette- ment : 1° Leur point de coagulation par la chaleur est trop différent; le fibrinogène du sang se coagule à -+- 56° C; celui des transsudats devient insoluble à une température voisine de celle de la coagulation de l'albumine. Cette seule propriété suffirait pour les séparer et permettrait de les doser isolément, s'ils pouvaient se trouver réunis dans un môme liquide de l'économie. 2° le liquide d'hydrocèle chauffé vers -+- 60° perd radicalement la propriété de fournir de la fibrine, mais il ne subit aucun changement apparent : « Dagegen verlor jede fibrinbse Flùssigkeit ein mal auf -h 60° erwàrmt ihre Gerinnbarkeit ganz und zwar ohne zich dabei âusserlich sichtbar zu verândern, » dit Alex. Schmidt. Au contraire, le fibrinogène du sang peut être chauffé impunément jusqu'à quelques dixièmes de degré au-dessous de son point de coagulation sans que ses pro- priétés fibrinogènes semblent affaiblies. Il ne les perd que (81 ) si on le précipite par la chaleur. Alexandre Schmidt a donc probablement confondu sous le nom de fibrinogène deux globulines différentes^ Mais la nomenclature des sub- stances albuminoïdes du sang et des liquides qui en dérivent est déjà si compliquée, que je n'ai pas voulu donner au fibrinogène du sang un nom [hémo fibrinogène) permettant de le distinguer de celui du liquide d'hydrocèle (hydrofibrinogène) aussi longtemps que je ne me serai pas convaincu irrévocablement que ce sont des substances différentes. L'occasion ne s'en est pas encore présentée. Je compte, dès que je pourrai me procurer du liquide d'hydrocèle en quantité suffisante, en extraire le fibrino- gène pour en étudier comparativement les propriétés. Je le dissoudrai dans du plasma sanguin , pour voir si , placé dans les mêmes conditions que le fibrinogène du sang, il se coagule par la chaleur à une température différente. Le fait de la coagulation par la chaleur du fibrinogène à l'intérieur même d'une portion du système circulatoire me semble de la plus haute importance. Il ruine définiti- vement l'idée qui a été souvent émise, d'après laquelle le plasma sanguin ne contiendrait qu'une seule substance al- buminoïde d'où dériveraient au moment de la mort du sang, la fibrine, l'albumine, etc. Brûcke (1) soutient une opi- nion de ce genre. Cet illustre physiologiste avait découvert que du plasma de cheval dont la coagulation spontanée a été empêchée pendant quelques heures par l'addition d'acide acétique ou tartrique, ne donne plus de fibrine, même après neutralisation par l'ammoniaque. Ayant chauffé graduellement ce plasma, il trouva qu'il se com- portait comme une solution d'albumine, devenant opales- Ci) Bruche. Vorlesungen uber Physiologie, p. 100. Wien, 1873. 2me SÉRIE, TOME XLIV. 6 (82 ) cent enlre -+- 60° et -f- 65° et prenant vers -+■ 70° un aspect laiteux dû à la coagulation de l'albumine. 11 en con- clut que la fibrine se forme dans le sang aux dépens d'une partie de l'albumine ordinaire, et ne dérive pas d'un corps préformé différent de celle-ci. Vulpian (1) lui aussi n'ad- met dans le plasma sanguin qu'une seule matière albumi- noïde, qui se dédoublerait en albumine et plasmine; la plasmine elle-même donnerait ensuite de la fibrine et de la paraglobuline. Comme je l'ai démontré, l'étude de la coagulation du plasma par la chaleur, faite dans les meilleures conditions, à l'intérieur même de la veine, conduit à des conclusions diamétralement opposées. Le plasma contient bien réelle- ment trois substances albuminoïdes nettement caractéri- sées. L'objection qu'on faisait à Denis, d'après laquelle le plasma serait un produit artificiel résultant d'une altération du sang sous l'action des réactifs, tombe complètement à faux. Enfin , il n'est plus permis de considérer la fibrine comme provenant de l'agrégation de particules solides préexistantes, microzymas ou autres qui se trouveraient primitivement à l'état de suspension dans le fluide san- guin (Béchamp). Revenons à la coagulation du fibrinogène par la chaleur. On sait que le point de coagulation de l'albumine peut être notablement abaissé si la solution est acide et si l'on y introduit des sels neutres. Les alcalis , la dilution élèvent au contraire la température à laquelle l'albumine devient insoluble. Comme la quantité de sels contenus dans le sang et son degré d'alcalinité sont sujets à varier dans des limites assez larges, il est naturel que le point de coagu- (1) Vulpian. Leçons do pathologie expérimentale. ( 83 ) lalion du ûbrinogène s'en ressente. En effet, le plasma provenant de chevaux différents offre, sous ce rapport, des variations légères restant toujours comprises entre les li- mites extrêmes -+- 55° C et-h 57° C. Mais pour un même sang, le passage du fibrinogène à l'état insoluble s'obtient dans des limites de température fort étroites, ne dépas- sant certainement pas 2 à 5 dixièmes de degré. Sous ce rapport, cette substance se comporte donc d'une façon toute différente de l'albumine. Le mélange de plasma avec moitié de son volume de la solution magnésienne abaisse le point de coagulation de 1 à 2 degrés, il se coagule alors entre -+- 54° et -h 55°. Si l'on introduit graduellement du chlorure de sodium dans du plasma où Ton a suspendu la production de fibrine à l'aide de la solution magnésienne, le fibrinogène et la paraglobuline se séparent à l'état de flocons qui donnent au liquide l'aspect crémeux. Mais une partie de ces globu- lines reste en solution. En mélangeant ainsi des volumes égaux de plasma au sulfate de magnésium et de solution de chlorure de sodium saturée à la température ordinaire et en séparant Je précipité par iiltration, on obtient un liquide qui renferme un peu de iibrinogène. Une solution ainsi saturée à moitié de sel marin s'est coagulée entre -i- 45° et -+- 48°. Enfin du plasma au sulfate de magnésium à peu près saturé de sel marin contient encore une minime quan- tité de fibrinogène en dissolution. Je l'ai vu se coaguler alors à -+- 28°. J'avais ainsi l'exemple curieux d'une sub- stance albuminoïde que la chaleur de la main suffît à faire passer à l'état insoluble. Dans ces liquides saturés de sel, l'albumine se coagule également à une température anor- male (entre -h 4o° et -+- 50°). (84) Si l'on cherche à démontrer la coagulation du librino- gène dans le plasma obtenu par le froid, ou dans celui qu'on vient d'extraire de la veine, on réussira le plus sou- vent, surtout si l'on opère sur de petites quantités de liquide que l'on échauffe rapidement. D'autres fois la fibrine se formera avant que le plasma ait atteint -+- 56°. Il est très-facile de distinguer à la simple vue la produc- tion spontanée de fibrine de la coagulation par la chaleur du fibrinogène. Le plasma en train de se coaguler sponta- nément devient fortement opalescent dans toute sa masse à la fois et se transforme en une gelée compacte. La coa- gulation par la chaleur du fibrinogène suit une tout autre marche. Supposons un tube de verre mince, rempli à moitié de plasma filtré et plongeant dans un bain d'eau chauffée entre ■+- 56° et -+- 60°. La coagulation du fibrino- gène commencera toujours dans le voisinage de la surface libre du liquide. Il se forme là un trouble laiteux qui se propage de haut en bas, mais qui dans sa partie inférieure n'occupe que le centre du tube. A un certain moment, les parties coagulées représentent un cône à sommet inférieur. Ce cône s'agrandit de plus en plus et le phénomène finit par envahir toute la masse du liquide. La matière ainsi coagulée se présente à l'état de grumeaux rassemblés en flocons qui nagent dans un liquide clair et se laissent assez rapidement séparer par le filtre. J'ai retrouvé le fibrinogène dans le sang des différentes espèces de mammifères que j'ai pu examiner : sang d'un grand nombre de chevaux, puisé dans la veine jugulaire et dans le cœur; sang de la carotide d'un lapin jeune adulte ; sang des vaisseaux du cou de l'agneau; sang humain puisé dans l'oreillette droite d'une femme qui s'était sui- cidée par strangulation 48 heures auparavant. Les échan- ( 85 ) tillons de sang furent chaque fois reçus dans la moitié de leur volume de solution magnésienne. On laissa aux glo- bules le temps de se déposer et le fibrinogène fut recher- ché par la chaleur dans le liquide surnageant filtré au préalable. Il se coagula pour chacun de ces sangs à une température voisine de h- 55°. Du sang de grenouille verte se comporta de la même façon (1). Grâce à sa coagulation précoce, le fibrinogène peut être dosé seul à l'état coagulé avec la plus grande facilité. On pèsera dans un large tube fermé une cinquantaine de grammes de plasma filtré à une basse température (2) et (1) J'ai relrouvé également le fibrinogène du sang dans un liquide d'épanchemenl pleurétique extrait à l'autopsie 36 heures après la mort Il se troubla à -t- 56° C Le précipité granuleux ayant été séparé par fillra- tion, le filtrat put être chauffé jusque vers -+- 66° avant de changer une seconde fois d'aspect. Au bout de deux heures, la partie qui n'avait pas été chauffée se coagula spontanément. Un liquide extrait d'une ampoule de vésicatoire resta parfaitement clair quoiqu'il eût été chauffe u plusieurs degrés au-dessus de -4- 60°. Jl ne contenait probablement que le fibrinogène de Schmidl, car l'addition de quelques gouttes de sang de lapin défibriné y détermina au bout de quel- ques heures la formation d'un petit caillot fibrineux. (2) On filtrera le plasma sur une série de petits entonnoirs entourés de glace saupoudrée de quelques grains de sel. Mais il faut soigneusement éviter que la température descende au-dessous de — 4° C à — 5« C point auquel le plasma commence à se congeler. Car les cristaux, une fois formés, fondent lentement et doivent alors être réchauffés jusqu'à 0°: ils n'ont pas la même composition que le liquide dans lequel ils nagent Dans une expérience ôsr,808 de cristaux desséchés entre du papier à filtre re- froidi ont donné Usr,241 de matières albuminoïdes coagulées par l'alcool, soit 6sr,55 p. °/o. Le liquide plus riche en albuminoïdes fut soumis de nouveau à un mélange de glace et de sel et donna une seconde récolte de cristaux dont 5?r,333 fournirent Os',475 de matières albuminoïdes, soit 8s--,404 p. °/o. Enfin, le liquide obtenu finalement s'était notablement ap- (80) on le plongera dans un bain d'eau chauffée au préalable à une température qui ne doit pas dépasser -+- 64° C. Il peut être avantageux d'ajouter au liquide une certaine quantité de solution magnésienne pour éviter que la coagulation spontanée delà fibrine ne vienne faire manquer l'analyse. Le précipité est lavé à l'eau, ou mieux avec une solution de chlorure de sodium à 1/2 p. °/0 (pour éviter qu'une par- tie de la paraglobuline ne se dépose.) On le laisse se ras- sembler au fond du vase avant de le recueillir sur un petit filtre de papier de Suède, taré avec le plus grand soin (desséché à -+- 110° et pesé entre deux verres de montre). On l'épuisé sur le filtre à l'eau distillée, puis a l'alcool bouillant pour éloigner les graisses et la lécilhine. On le dessèche ensuite pendant plusieurs heures dans un courant d'air chauffé entre -h 110° et -h 120°. On le laisse refroi- dir dans un exsiccaleur et l'on pèse à différentes reprises entre les verres de montre. On n'admet comme vrai le chiffre du poids que lorsqu'on s'est assuré qu'il ne subit plus de diminution. Pour faire un dosage comparatif de fibrine, je me sers avec avantage du petit appareil de Hoppe-Seyler, qui se compose d'un gobelet recouvert d'une coiffe de caoutchouc à travers laquelle passe la baguette de baleine qui sert à défibriner. Son poids ayant été déterminé exactement, on y introduit une cinquantaine de grammes de plasma filtré. Ordinairement on a tout le temps de peser avant que la coagulation commence. On s'en assurera par un essai préalable sur une petite portion de substance. On réchauffe pauvri en eau. 6sr,-25ô donnèrent 0sr,575 de substances albuniinoïdes, soit 9«',211 P- %• ( 87 ) ensuite le gobelet en le plongeant dans de l'eau à -+- 45°, pour activer la coagulation et l'on procède activement au battage du liquide. La fibrine ainsi obtenue (1) est lavée avec une dissolution étendue de chlorure de sodium jus- qu'à ce qu'elle soit d'une blancheur parfaite. On la recueille sur un très-petit filtre taré, on l'épuisé par l'eau, l'alcool bouillant, etc. Dans les deux cas, on doit ensuite calciner Ja substance et le filtre pour pouvoir tenir compte du poids des cendres. Naturellement le papier dont on fait usage ne doit laisser à la calcinalion qu'une trace imperceptible de résidu non volatil. Je ne donnerai ici qu'un seul exemple d'analyse (la pre- mière que j'ai faite). Je publierai les chiffres des autres quand j'en aurai une série nombreuse. Analyse comparative de la fibrine et du iibrinogène. Cheval abattu à 6 heures du matin. Les deux veines ju- gulaires sont, immédiatement après leur extraction, sus- pendues verticalement dans un long bocal de verre dont les parois intérieures sont maintenues humides. A 5 heures après midi, j'isole sur chacune des veines à l'aide d'une ligature la portion supérieure gorgée de plasma. Les deux segments plasmatiques, renfermés dans un tube de verre, sont plongés dans de la glace pendant quinze minutes. On les ouvre d'un coup de ciseaux, le li- quide citrin qui s'écoule est reçu dans un gobelet refroidi au préalable et distribué sur trois petits filtres maintenus (1) Ce procédé est le seul qui permette de préparer de la fibrine du sang absolument pure. Avec de la patience on peut, il est vrai, l'obtenir à peu près au-si blanche par le battage du sang, mais dans ce cas elle est encore toujours souillée de débris de globules blancs ou rouges. Voir : Melsens. Ann. de chim. et de phys. La fibrine qui dérive de la plasmineest aussi très-pure. (88) à 0°. Au bout d'une heure, les liquides filtrés sont réunis, intimement mélangés, puis divisés en deux portions A etB. A. — Dosage du fibrinogène. Poids du vase et du plasma . . 157g>\270 seul 11 9sr.240 38sr.030 de plasma. On chauffe à -t- 62° C. Poids des verres de montre, du liltre et du précipité 22sr.432 — et du filtre seuls. . . 22b*.266d 0er.lG55 de fibrinoç Poids du creuset et des cendres 17sr.1o5 — seul 17ê"\l53 0sr.002 de cendres. 38sr.030 de plasma donnent Oer.1635 — Oer.002 = 0sr.163o de fibrino- gène, soit Ob'r.4299 pr. et. B. — Dosage de fibrine. Poids de l'appareil Hoppe-Seyler et du plasma. 83s>\520 de plasma, seul 43sr.515 40s'.205 Poids des verres de montre , filtre et fibrine. 22sr.51 1 seuls. . . 22sr.355 0«r.156 de fibrine. Poids du creuset et des cendres 17sr.156 — seul 176M51 0sr.00o de cendres. 40gr,205 de plasma contenaient doncOgr,156 — 0gr,005 = 0gr,151 de fibrine, soit 0gr,575 p. °/0. Le plasma qui contenait 0gr,4299 p. % de fibrinogène ne fournit que 0gr,375 de fibrine, et les autres analyses ont ( 89 j donné des résultats analogues (1). Une partie du poids du librinogène s'est donc converti en une autre substance que de la fibrine. C'est un point que j'exposerai en détail dans une publication qui fera suite à celle-ci. Pour déterminer jusqu'où pouvait aller l'erreur dans le dosage du librinogène, je dosai cette substance dans trois portions d'un même liquide en opérant un peu différem- ment dans chacune des opérations. 674gr,2 de sang de cheval furent reçus dans585gl,5 de solution magnésienne. Au bout de deux jours, le plasma magnésien fut décanté et filtré. Une première portion de 52gr,808 fut chauffée à -i- 6o°. Déduction faite des cendres (0gr,002), elle fournit 0gr,152 de librinogène, soit 0gr,2878 p. %. Une deuxième portion de 45g,,184 fut chauffée à -+- 6l°5; elle fournit 0sr,1355 de librinogène, soit 0gr,29o p. °/0. Une troisième portion de 59sr,795 fut additionnée de la moitié de sou volume de solution magnésienne, puis chauffée à -h 56°; elle fournit 0sr,1595 du précipité, soit 0gr,26675 p. °/0. Une quatrième portion du même plasma dilué servit cinq jours plus tard à déterminer la proportion de fibrinogène qui passe dans la plasmine de Denis. 11 lsr,54 de liquide furent traités par le chlorure de sodium en substance. Le préci- pité de plasmine, délayé dans une grande quantité de solu- tion saturée de Nage, puis recueilli et lavé sur un filtre jusqu'à ce que les eaux de lavage additionnées d'acide acétique dilué ne coagulent plus par la chaleur. Le fil tre fut divisé en fragments et délayé avec le précipité dans une petite quantité d'eau distillée qu'on décanta et rem- plaça plusieurs fois par de nouvelles portions d'eau dis- (1) A. Schmidtet Hammarsten sont arrivés à des résultats semblables, mais en employant des méthodes différentes. v 0(1 ) tillée en ayant chaque l'ois soin de bien exprimer les frag- ments du filtre. Les liquides furent passés à travers un second filtre qui fut lavé avec soin. Ces liquides réunis furent soumis à une température de -+- 60° C pour préci- piter le fibrinogène. On obtint 0gr,269 de fibrinogène, soit 0"r,241 p. °/0. Les liquides filtrés additionnés d'acide acétique dilué furent versés par petites portions dans un gobelet chauffé au bain de sable et contenant de l'eau en pleine ébullition. Le précipité recueilli pesait 0sr,157 (tou- jours déduction faite du poids des cendres), soit 0gr,122 p. °/0. Les 0gr,565 p. °/0 de plasmine se composaient donc de 0sr,241 de fibrinogène et de 0sr,422 de paraglobuline. Dans une cinquième portion de 20sr,091 je déterminai le poids total des substances albuminoïdes réunies, par l'ébullition en présence de quelques gouttes d'acide acé- tique dilué. Les 20gr,091 donnèrent 0gr,643, soit 3gr,2004 p. °/0 de substances albuminoïdes. Ce plasma dilué contenait donc p. % : Fibrinogène I Ogr.2878 II 0sr.29o III 0sr.267 Plasmine 0sr.3G3 se décomposant en : Fibrinogène 0sr.2-il ) chiffres trop faibles. Paraglobuline 0«r.122 J Substances albuminoïdes 5sr.2004 CHAPITRE III. LA TRANSFORMATION DU FIBRINOGÈNE EN FIBRINE. « Le temps que la plasmine dissoute met à se coaguler » varie de 5 minutes à un quart d'heure, à une heure et » plus encore, selon la quantité de sel qu'elle a con- » servée et la dose de l'eau employée. Si elle retient trop » de sel et si elle est trop étendue d'eau, la coagulation (91 ) » est retardée. » Ainsi s'exprime Denis dans son Mémoire sur le sang (page 54. Paris 1859), et j'ai maintes ibis pu vérifier l'exactitude de celte assertion; mais il est un point qui semble avoir complètement échappé à l'illustre méde- cin de Toul, c'est que le temps que met le fibrinogène ob- tenu par précipitation à se transformer en fibrine, dépend surtout de la façon dont le mélange de sang avec la solu- tion saline s'est effectué. Dans mes premières expériences je ne recevais pas directement le sang dans la solution magnésienne. Les grandes dimensions de mes bocaux s'y opposaient, la saignée se faisant dans l'échaudoir au ras du sol. Je faisais couler le liquide dans un gobelet ou toul autre récipient de petites dimensions dont je déversais ensuite le contenu dans la solution magnésienne et je répé- tais cette manœuvre un certain nombre de fois. Il s'écou- lait ainsi quelque temps entre le moment où le sang était soustrait à l'organisme et celui où le sulfate de magné- sium venait à agir sur lui. Dans ces circonstances, j'obte- nais à l'aide du sel marin dans le plasma filtré des préci- pités de fibrinogène et de paraglobuline qui redissous dans l'eau, se coagulaient avec la plus grande rapidité. Je pou- vais répéter la belle expérience de Denis et en démontrer les résultats en quelques minutes. Je fus un jour fort sur- pris d'obtenir un mélange qui trompa mon attente et ne fut retrouvé coagulé que le iendemain. Je me rappelai ne pas avoir employé mon procédé habituel à l'abattoir. Le jet de sang avait été reçu directement dans le liquide ma- gnésien. Depuis j'ai toujours opéré ainsi. De cette façon , l'on obtient des mélanges où la coagulation se trouve ex- trêmement retardée et qui se laissent facilement manier dans l'intervalle. La seule explication possible de ce fait, c'est que le sang, dès son issue de l'organisme, subit avant (92) même que la coagulation soit survenue, des changements qui favorisent cette dernière. Le phénomène est précédé de ce que j'appellerai la période latente de la coagulation. Cette période latente ne peut dépendre de changements survenus dans le fibrinogène, puisque cette substance existe dans le sang et dans la plasmine avec des propriétés absolument identiques. Il devenait fort probable que la transformation du fibrinogène en fibrine s'opère sous l'in- fluence d'un agent qui prend naissance pendant la période latente de la coagulation. Je songeai immédiatement au ferment de la fibrine de Schmidt. J'en préparai quelques échantillons à l'aide de sang et de sérum de bœuf, de cheval, etc., précipitant chaque fois 50 à 75 centimètres cubes de sérum ou de sang exprimé du caillot , avec un litre d'alcool fort. Je ne commençai à faire usage qu'au bout de quinze jours des premières préparations ainsi obtenues. Celles dont je me sers actuellement (mai 1877) datent du commencement de décembre 1876. Le précipité produit par l'alcool, reçu sur un filtre, desséché d'abord à l'air libre, puis sur l'acide sulfurique, délayé dans un peu d'eau et filtré, me fournit une solution qui ne contient plus que des traces de substances albuminoïdes (globuline) coagulable par la chaleur et précipitable par un courant d'acide carbonique. Celte solution, absolument neutre au papier, servit à faire une série d'expériences qui me con- vainquirent pleinement de son activité. Elle contient la substance qui manque à mes solutions de plasmine à coagulation tardive. Expérience : Six petits verres à pied cylindriques sont placés dans une étuve chauffée à -+- 5o°. Les trois premiers contiennent 1, 2, 3 centimètres cubes d'une solution à coagulation tardive additionnés respectivement de 2, 4, ( 93 ) 6 gouttes de la préparation de ferment. Les trois derniers contiennent également \, % 5 centimètres cubes de la so- lution de plasmine, mais au lieu de ferment, j'y ajoute 2, 4, 6 gouttes d'eau distillée. Au bout de 40 minutes, le liquide est pris en gelée dans les trois premiers verres, les autres n'ont subi aucun changement. Ils sont encore dans le même état au bout de plusieurs heures. Je laisse le tout dans l'étuve jusqu'au len- demain. Je retrouve alors les trois verres coagulés éga- lement. Cette expérience a été répétée assez souvent pour ne laisser aucun doute. Comme je l'ai dit, la solution de ferment était exactement neutre. La réaction n'avait d'ail- leurs pas changé pendant la coagulation. Je m'en assurai de la façon suivante. Au lieu de délayer la plasmine dans l'eau distillée, j'employai une solution neutre de tournesol bleu virant au vineux et je répétai l'expérience précédente. Six petits verres furent remplis de cette solution bleue. Trois reçurent quelques gouttes de ferment, les autres, le même nombre de gouttes d'eau distillée. Au bout de peu de temps, les premiers furent trouvés coagulés, les autres restèrent liquides pendant plusieurs heures. Mais il fut im- possible de constater la moindre différence de teinte entre les verres où la coagulation s'était effectuée et les autres. Il semble donc que les changements dans le degré d'alca- linité du sang qui s'observent au moment de sa coagula- tion spontanée, soit un phénomène indépendant de la transformation du fibrinogène en fibrine. J'ai souvent constaté également l'activité de la prépara- tion de ferment sur les liquides pathologiques ne se coa- gulant pas spontanément ou se coagulant tardivement. Nous ignorons complètement la nature chimique de la ( 94 ) substance que Schmidt appelle ferment de la fibrine (1) (Fibrin ferment); il n'est même pas prouvé que la coagula- lion du sang appartienne au groupe des fermentations, quoiqu'elle offre avec ces phénomènes de grands points de ressemblance. Je continuerai provisoirement à me servir du terme de ferment sans pour cela rien vouloir préjuger sur la nature du corps en question. Quel est le lieu de sa production au moment où le sang quille l'organisme? il n'est guère probable qu'il se forme au sein même du liquide : j'ai pu observer quelques faits qui me paraissent parler en faveur de l'opinion d'Alexandre Schmidl, d'après laquelle les globules blancs fourniraient le ferment. Si, à l'exemple de Glénard et de Scudamore, j'extrais la veine jugulaire du cheval et que je la suspende verticale- ment, le sang ne tarde pas à s'y séparer en plasma et glo- bules. D'après Glénard, il ne s'y coagule pas : sa fluidité est indéfinie et n'a pour limites que la dessiccation de la veine exposée à l'air. Cela est vrai, mais dans une certaine mesure seulement: ainsi un, deux, trois, même cinq et six jours après l'extraction de la veine, j'y ai retrouvé du sang liquide et susceptible encore de se coaguler. Mais fort souvent aussi j'y ai rencontré les témoins d'une coa- gulation incomplète. Presque constamment, en y regardant avec attention , on trouvera un petit caillot à forme de len- (1) J'ai constaté que le mélange de ubrinogène, de paraglobuline et de ferment (plasmine de Denis) obtenu par le chlorure de sodium et desséché, peut être chauffé jusque bien au delà de cent degrés sans perdre la pro- priété de se coaguler spontanément lorsqu'on le redissout dans l'eau. La pepsine sèche supporte également la température d'ébullition de l'eau sans perdre ses propriétés digestives. ( 9o ) tille biconvexe situé transversalement et occupant exacte- ment la limite entre la couche plasmatique et la couche globulaire. Or c'est là que les globules blancs se rassem- blent de préférence en vertu de leur poids spécifique lé- gèrement supérieur à celui du plasma, mais inférieur à celui des globules rouges. La zone des leucocytes m'a tou- jours semblé le point de départ des coagulations qui sur- viennent spontanément à l'intérieur de la veine isolée. Le caillot en contient alors un nombre prodigieux emprisonnés dans un réseau de fibrine. Mais si les leucocytes tendent en vertu de leur densité à se déposer à la surface de la couche globulaire, ce phéno- mène s'effectue avec une lenteur extrême, et même après plusieurs jours, les parties tout à fait supérieures du plasma en contiennent un grand nombre. Aussi ce plasma se coagule-t-il d'ordinaire au sortir de la veine. J'ai cepen- dant noté une expérience extrêmement intéressante dans laquelle une veine ouverte le cinquième jour m'a dans sa partie supérieure fourni un liquide qui ne s'est plus coa- gulé spontanément; je le tins en observation pendant deux fois 24 heures, puis je le jetai parce qu'il commençait à présenter des signes de putréfaction. Le fibrinogène ne lui faisait cependant pas défaut : une portion additionnée de sérum fut trouvée entièrement coagulée au bout de quel- que temps. Enfin je rappellerai ici que j'ai pu constater, comme Alexandre Schmidl, que la fillration du plasma à une basse température retarde notablement la coagulation du liquide filtré, ce qui s'explique encore par ce fait que fort peu de leucocytes traversent dans ces conditions les pores du papier à filtre. Les expériences suivantes prouvent que si le sang reste ( 96 ) liquide presque indéfiniment dans une veine de cheval ex- traite du corps, ce n'est pas que la paroi exerce une action prohibitive sur le phénomène, mais bien parce que le fer- ment n'y préexiste pas. Expérience : Un long segment vasculaire de cheval gorgé de sang fut vidé en partie par une ponction prati- quée à sa partie inférieure. Une seconde ouverture à l'ex- trémitée opposée servit à introduire le bec d'un petit en- tonnoir par lequel je versai environ 40 centimètres cubes de sérum provenant du même cheval. Je liai la veine, puis je la retournai à différentes reprises pour opérer le mé- lange des liquides à son intérieur. Le sang qui s'était écoulé par la première ponction fut abandonné dans un verre et commença à se coaguler au bout d'une heure. J'at- tendis encore une heure : le caillot dans le verre était ferme et résistant, la coagulation y semblait terminée. J'ouvris alors la veine et je la trouvai remplie d'un caillot de consistance semblable. Cette expérience ne fut répétée qu'une fois. Je la variai ensuite de la façon suivante : Expérience : Une volumineuse veine de cheval fut divisée en trois segments à l'aide de ligatures. J'opérai sur chacun de ces segments à peu près comme pour l'expé- rience précédente, introduisant une petite quantité d'eau distillée dans la partie moyenne (environ 5 centimètres cubes), et une quantité à peu près égale de solution de ferment dans chacune des portions supérieure et infé- rieure. Le lendemain, à l'ouverture des segments supé- rieur et inférieur, je trouvai deux caillots volumineux et résistants, occupant toute la capacité du vaisseau. La par- tie moyenne qui correspondait justement à la limite de sé- paration entre le plasma et le cruor ne contenait que le petit caillot lenticulaire dont il a été question précédemment. (97 ) Expériexce : Je prépare une assez grande quantité (au moins un demi-litre) d'une dissolution de fibrinogène, de paraglobuline et de ferment (plasmine à coagulation ra- pide). Je laisse complètement écouler par ponction le con- tenu de deux veines de cheval. Je les lave à plusieurs reprises en y faisant passer un courant du liquide plas- mique, je les remplis ensuite de la même solution et j'ap- pose des ligatures. Une partie du liquide abandonnée dans un verre à expérience se prend au bout de lo minutes en un caillot hyalin. Trois quarts d'heure plus tard, les deux veines sont ouvertes : le liquide s'y trouve complètement coagulé. L'absence de coagulation dans les veines extraites du corps ne me paraît donc pas dépendre d'une action que la paroi exercerait sur le contenu, mais bien à l'absence de l'un des éléments du phénomène, le ferment. La coagula- tion a été complète chaque fois que j'y ai introduit soit du sérum (paraglobuline et ferment), soit une solution de ferment, soit une préparation de plasmine (fibrinogène, paraglobuline et ferment). Dans l'organisme vivant, les choses se passent un peu différemment. On peut impunément injecter à un animal du sang défibriné qui pourtant contient des quantités con- sidérables de ferment et de paraglobuline. L'opération de la transfusion en est un exemple. Il semble qu'il y ait ici des dispositions spéciales, ayant pour résultat de détruire le ferment ou d'annihiler son action quand on l'introduit du dehors dans le système circulatoire (1). Il me reste pour le moment à rechercher quel est le pri- (1) Peut-être la coagulation n'est-elle nullement empêchée, les caillots formés étant redissous plus tard. 2nic SÉRIE , TOME XLIV. 7 ( 98 ) mum movens de la coagulation, l'influence extérieure qui provoque la formation du ferment de la fibrine. D'après ce qui a été dit dans l'introduction , nous aurons surtout à prendre en considération l'influence des corps étrangers. Glénard (\) a récemment mis cette influence en relief par des expériences fort démonstratives sur des veines de cheval extraites du corps. II y a vu survenir la coagulation chaque fois qu'il y introduisait un corps étranger : aiguille d'or ou d'acier. Yoici une expérience calquée sur celle de Glénard et des- tinée en outre à empêcher l'entrée simultanée de germes de l'atmosphère à la surface du corps étranger que j'emploie. Expérience : Une énorme veine de cheval est divisée en cinq segments à l'aide de quatre ligatures. Dans trois de ces segments , j'introduis avec précaution à travers la paroi, de minces stylets de verre bien aigus que je viens de fabriquer en étirant une baguette de verre dans la flamme d'un brûleur de Bunsen. Les deux segments res- tants qui alternent avec les autres, serviront de témoins. Au bout de douze heures (le lendemain matin) j'ouvre successivement les cinq segments. Chaque stylet de verre est enveloppé complètement d'un caillot fibrineux, mais la coagulation ne s'est pas étendue à tout l'intérieur du segment veineux. A côté de chaque caillot se trouve une portion restée liquide : ce n'est pas du sérum , il se coagule spontanément après son extraction. Le liquide des seg- ments témoins n'offre pas de traces de fibrine et se coagule quelque temps après son extraction. Cette expérience fut répétée plusieurs fois avec des résultats semblables. D'au- tres expériences sur des lapins vivants conduisirent aux mêmes conclusions. (1) Glénard. Loc. cit. ( 99 ) Expérience. 12 novembre 1876, midi moins quinze. Lapin de 1720 grammes fixé sur le support de Czermak. Je dénude la veine jugulaire externe droite et j'y insinue avec précaution un petit stylet de verre très-aigu, sans faire de ligature et sans répandre une goutte de sang. Je laisse l'animal fixé sur la table d'opération jusqu'à I h. 20, mais je le place près du poêle pour empêcher qu'il ne se refroidisse. A 1 h, 20 double ligature de la veine en deçà et au delà du stylet et résection du segment compris entre les ligatures. J'ouvre la veine sous l'eau dans une cuvette à dissection, et je la trouve remplie d'un caillot résistant dont le stylet occupe le centre. Expérience. 17 novembre 1876. Lapin de 2850 gram- mes. J'incise l'abdomen sur la ligne blanche, je déjette le paquet intestinal et j'isole la veine cave inférieure en amont de la veine rénale. Un segment de la veine cave est com- pris entre deux serre-fines, j'y pratique une boutonnière par laquelle j'introduis un bout de tendon vivant emprunté aux muscles de la jambe du même lapin. Je referme la boutonnière à l'aide d'une petite pince à pression et je lève les deux serre-fines pour rétablir la circulation. Au bout de 20 minutes, je résèque la veine et je l'ouvre avec les mêmes précautions que dans l'expérience précédente, je trouve un caillot à la surface du tendon. Chez un autre lapin j'observai un caillot à la surface d'une esquille osseuse vivante, enlevée aux os de la patte et introduite pareillement dans la veine cave inférieure. Ainsi les corps étrangers solides, morts ou vivants in- troduits dans le sang qui circule ou dans celui qui est con- tenu à l'intérieur d'une veine isolée agissent comme cen- tres de coagulation. En terminant, je relaierai quelques expériences qui prouvent surabondamment que le sang ne se coagule pas ( 400 ) parce qu'il s'en échappe un principe volatil ou parce qu'il subit le contact de l'un des gaz de l'atmosphère. Expérience : Un segment veineux de cheval , gorgé de plasma, est placé pendant six heures sous l'huile d'olives, puis ouvert sans être retiré du liquide : il laisse échapper un plasma qui se coagule sous l'huile en moins de 20 mi- nutes. Dans une expérience calquée sur la précédente, la coa- gulation s'effectua sous le mercure. Je poursuis actuellement ces recherches au laboratoire de physiologie de M. le professeur Boddaert. Je le prie de recevoir ici l'expression de ma profonde gratitude pour la bienveillance qu'il n'a cessé de me témoigner. J'ai également de vifs remercîmenls à adresser à M. le médecin vétérinaire Remy, directeur de l'abattoir de Gand, qui a bien voulu m'assister dans plusieurs de mes expériences. RÉSUMÉ. Les principaux résultats acquis par ce travail sont les suivants : Le sang renfermé à l'intérieur du système circulatoire contient dans le plasma, au moins trois substances albu- minoïdes : 1° Le fibrinogène se coagulant par la chaleur à -+- 56°; 2° La paraglobuline id. id. à -+- 75°; 5° L 'albumine du sérum dont la coagulation commence à -h 65°. La substance qui se coagule à h- 56° (fibrinogène) dis- paraît complètement par le fait de la coagulation spontanée du sang. Le sang et le plasma privés de cette substance ( 101 ) ne sont pins capables de donner de la fibrine. La quantité de fibrine produite est intérieure à celle du fibrinogène employé. Le fibrinogène peut être chauffé jusque tout près de son point de coagulation sans perdre la propriété de don- ner de la fibrine. A l'inverse de l'albumine, la coagulalion par la chaleur du fibrinogène s'effectue brusquement et complètement dans l'espacede quelques dixièmes de degré. De -+- 56°, ce point de coagulalion peut être successive- ment abaissé jusqu'à -+- 28°. La plasmine de Denis est le plus souvent un mélange de fibrinogène, de paraglobuline et du ferment de Schmidt. La coagulation spontanée du sang est précédée d'une période latente, pendant laquelle se produit la substance qui préside à la transformation du fibrinogène. Cette sub- stance dérive probablement des globules blancs. Le point de départ de sa formation, c'est le contact avec des corps étrangers, morts ou vivants. La fluidité persistante du sang à l'intérieur d'un seg- ment veineux isolé doit être attribuée à l'absence de cette substance. La paroi d'une veine isolée n'a pas d'action an- ticoagulalrice ; quand les éléments de la coagulation sont réunis, le contact de cette paroi n'empêche nullement celle-ci de s'effectuer. P. S. Le point de coagulation du fibrinogène se trouve indiqué dans un travail de Hammarsten intitulé: « Under- sôkingar af de s. k. iibringeneratorerna , » etc., qui a paru en 1876dans les « Upsala LàkarefôreningsFôrhandligar. » Je n'en ai eu connaissance que pendant l'impression de ce travail , ce qui s'explique par ce fait que le même auteur ayant publié plusieurs mémoires en langue allemande sur ( 102 ) la coagulation, je pouvais me croire dispensé de me pro- curer le mémoire suédois. C'est à l'obligeance de M. le professeur Hammarsten que j'en dois un exemplaire ainsi qu'un résumé du contenu. Sur un effet singulier du courant électrique; par M. H. Ya- lerius, correspondant de l'Académie. Ayant eu dernièrement, dans mon cours, à répéter l'expérience des empreintes électriques , j'avais, à cet effet, disposé entre deux lames de verre de forme carrée, d'envi- ron 6 centimètres de côté et de 6 millimètres d'épaisseur, une feuille d'or, un portrait de Franklin découpé à jour dans une feuille de papier et une feuille de papier destinée à recevoir les empreintes. Le tout ayant été assujetti dans une petite presse en bois, placée sur la table d'un excita- teur universel, j'avais fait passer à travers la feuille d'or la décharge d'une batterie électrique composée de quatre grandes bouteilles de Leyde. Après le passage de cette décharge, j'ai constaté que l'expérience avait parfaitement réussi, mais que l'une des deux lames de verre, à savoir celle sur laquelle la feuille d'or avait été appliquée, s'était brisée dans toute sa longueur, suivant la direction du mouvement des fluides électriques. La cassure était à peu près recliligne, à surface inégale et traversée par des stries saillantes, parallèles aux faces de la lame. J'avais d'abord pensé que cet effet était dû tout simple- ment à une action mécanique de la presse. Pour m'en assurer, j'ai placé l'un des deux morceaux de la lame, à faux, entre les deux tables de la presse, et je l'ai cassé en serrant les vis de celle-ci. Le verre s'est brisé en plusieurs ( 103 ) fragments , mais les cassures obtenues étaient unies et d'un aspect complètement différent de celui de la cassure précé- dente. Le phénomène observé ne saurait donc être attribué à une simple action mécanique. Il n'est pas dû, non plus, au passage de l'électricité à travers la lame , car les morceaux dans lesquels celle-ci a été divisée ne polarisent pas la lumière. D'ailleurs, la dimension de la lame, parallèlement à la direction de la décharge, était trop grande pour per- mettre le passage du fluide électrique. Il ne reste donc, me semble-t-il', qu'un moyen d'expli- quer le phénomène dont il s'agit : c'est d'admettre que lorsque le courant électrique passe entre deux lames de verre, dans les conditions indiquées ci-dessus, il détermine non-seulement de fortes pressions dans tous les sens, mais encore des mouvements moléculaires, probablement de nature vibratoire, et que c'est sous l'action combinée de ces deux causes que la lame de verre s'est brisée. Ce qui semble militer en faveur de cette explication c'est que la lame brisée a été précisément celle qui, par son contact avec la feuille d'or, a dû éprouver les mouvements molécu- laires les plus étendus. Quoi qu'il en soit, il est rare que dans l'expérience des empreintes électriques une lame de verre soit brisée. En effet, la lame sur laquelle j'ai observé ce phénomène avait déjà servi plus de dix fois à cette expérience sans être endommagée. ( 104 CLASSE DES LETTRES Séance du 2 juillet 1811 . M. Alph. Wauters, directeur. M. Liagre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Érn. de Laveleye, vice -directeur ; J. Roulez, Gachard, P. De Decker, M.-N.-J. Leclercq , le baron J. de Witte, Ch. Faider, R. Chalon, Th. Juste , le baron Guillaume, G. Nypels, Alp. Le Roy, Ëm. de Borchgrave, J. Heremans, membres; Aug. Scheler, Alph. Rivier, E. Arntz, associés; Edm. Poullet, Ferd. Loise, Stan. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, J. Stecher, Eug. Van Bemmel, correspondants. M. Alvin, président de l'Académie, et M. Éd. Mailly, membre de la classe des sciences, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur adresse, pour la biblio- thèque de l'Académie, un exemplaire de l'ouvrage de M. Gustave Van Hoorebeke, docteur en droit intitulé: Études sur l'origine des noms patronymiques flamands , vol. in-8°. ( 105 ) M. F. Loise fait hommage d'un exemplaire de sa confé- rence intitulée : De la formation des nationalités modernes, donnée au Cercle artistique d'Anvers le 28 décembre 1874; broch. in-8°. M. Stanislas Bormans offre, de la part de l'auteur, M. E. Richardson , le 1er volume de son livre intitulé : Geschichte der Famille Mcrode, publié à Prague en 1877 ; in-8°. Des remerciments sont votés pour ces dons. — L'Académie des lettres, sciences, arts et agriculture de Metz envoie son programme des concours ouverts pen- dant l'année 1877-1878. — Le Verein fur Geschichte de Kiel envoie ses der- nières publications. PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1879. La classe fait choix des questions suivantes pour le con- cours de 1879. Le délai pour la remise des mémoires expi- rera le 1er février de la dite année : PREMIÈRE QUESTION. Les encyclopédistes français essayèrent, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, de faire de la principauté de Liège le foyer principal de leur propagande. Faire connaître les moyens qu'ils employèrent et les résultats de leurs tentatives, au point de vue de l'influence qu'ils exercèrent sur la presse périodique et sur le mouve- ment littéraire en général. Les concurrents trouveront d'utiles documents sur ce ( 106 ) sujet dans la Bibliothèque d'Ulysse Capitaine, léguée à la ville de Liège. DEUXIÈME QUESTION. Écrire l'histoire de Jacqueline de Bavière, comtesse de H ainant, de Hollande et de Zèlande, et dame de Frise. Dans leur travail, les concurrents doivent s'attacher, d'une manière toute particulière, aux événements princi- paux de la vie et du règne de celte princesse; ils utilise- ront, sans les suivre servilement, les travaux qui ont été publiés, pour cette époque, tant à l'étranger qu'en Bel- gique. TROISIÈME QUESTION. Faire l'histoire des finances publiques de la Belgique, depuis 1S50, en appréciant , dans leurs principes et dans leurs résultats, les diverses parties de la législation et les principales mesures administratives qui s'y rapportent. Le travail s'étendra d'une manière sommaire aux finances des provinces et des communes. QUATRIÈME QUESTION. Faire connaître l'influence de la poésie néerlandaise (flamande et hollandaise) sur la poésie allemande, et réciproquement, de la poésie allemande sur la poésie néer- landaise au moyen âge. CINQUIÈME QUESTION. Faire l'histoire de l'échevinage dans les anciennes pro- vinces belgiques et la principauté de Liège. Rappeler à grands traits, ses origines, ses caractères, son organisa- ( 107) (ion, son influence et ses transformations jusqu'à la chute de l'ancien régime. Le prix de la première, de la deuxième et de la qua- trième question sera une médaille d'or de la valeur de six cents francs; ce prix est porté à mille francs pour la troi- sième et pour la cinquième question. Les mémoires devront être écrits lisiblement, et pour- ront être rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils devront être adressés, francs de port, au palais des Acadé- mies, à M. J. Liagre, secrétaire perpétuel. L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations ; les auteurs auront soin , par conséquent, d'indi- quer les éditions et les pages des ouvrages cités. On n'admettra que des planches manuscrites. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage: ils y inscriront seulement une devise, qu'ils reproduiront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. Les mémoires remis après le temps prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront con- naître, de quelque manière que ce soit seront exclus du concours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que tous les mémoires soumis à son jugement sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuel. ( 108) PRIX TEIRLINGK POUR UNE QUESTION DE LITTÉRATURE FLAMANDE. Feu M. Auguste Teirlinck, greffier de la justice de paix du canton de Ouyshautem (Flandre orientale), domicilié à Elseghem et décédé en cette commune le 7 avril 1875, avait inscrit la disposition suivante dans son testament: « Vijf duizend franks te betalen tôt het slichten van eenen vlaamschen prijs bij de Akademie van kunsten en letteren te Brussel. » Ce legs a été accepté, au nom de l'Académie, par arrêté royal du 12 mars 4875. La classe, interprétant les intentions du donateur, à décidé que cette fondation avait un caractère de perpé- tuité, qu'en conséquence le capital de 5,000 francs devait être placé de façon à former tous les cinq ans un prix de MILLE FRANCS. Conformément à la volonté du donateur et à ses géné- reuses dispositions, la classe a mis au concours pour la première période (1877-1882), la question suivante : Faire l'histoire de la prose néerlandaise avant Marnix de Sainte- Aldegonde. Le terme fatal pour la remise des manuscrits, qui peuvent être rédigés en français, en flamand ou en latin, expirera le 1er février 1882. Les concurrents se conformeront aux règles habituelles des concours de la classe. ( 409 ) CLASSE DES BEAIX-ARTS. Séance du 5 juillet 1877 . M. Alvin, directeur, président de l'Académie. M. Lfagre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J. Porlaels, vice-directeur; N. De Keyser, Guil. Geefs, Jos. Geefs, C.-A.Fraikin, Éd. Fétis, Edm. De Busscher, Alph. Balat, le chevalier L. de Bur- bure, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, Julien Le- clercq, Ern. Slingeneyer, Alex. Bobert, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, membres; Ed. de Biefve et Alexandre Pinchart, correspondants. MM. Éd. Mailly et Montigny, membres de la classe des sciences, et M. B.Chalon, membre de la classe des lettres, assistent à la séance. COBRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur informe la classe : 1° « que le jury chargé de juger le concours institué pour la com- position d'un poème français et d'un poëme flamand des- tinés à être mis en musique au concours de composition musicale de cette année, a couronné l'œuvre française in- titulée: Samson et Dalila, ayant pour auteur M. Clément Michaels, littérateur à Schaerbeek, et l'œuvre flamande ( no ) intitulée : De Klokke Roeland, ayant pour auteur M. Jules Sabbe , professeur à l'athénée royal de Bruges ; 2° « que M. Meynne, compositeur de musique à Bruxelles, a été nommé membre du jury du grand concours de composition musicale de 1877, en remplacement de M. Joseph Dupont, qui a renoncé à remplir ces fonctions pour des motifs de santé. » — La Commission centrale organisatrice du congrès artistique d'Anvers remercie la classe d'avoir bien voulu désigner M. Alvin pour représenter l'Académie auprès du congrès. — M. le secrétaire perpétuel présente, à titre d'hom- mage de la part du rajah Sourindo Mohun Tagore, prési- dent de l'école de musique, à Calcutta, et récemment élu associé de la classe, trois nouveaux ouvrages de sa compo- sition : 1° Victoria Samrajyan, or Sanskrit Stanzas (with a translation) on the various dependencies of the British Crown, in-8°; 2° Bhugola-0-Itihasa ghalita brittanta. Part 1. Europe. Second édition. In-12; 3° Muktabali Na~ tika, a bengali drama, written by the author al the âge of sixleen (original). In-12, en bengali. Des remercîments sont votés pour ce don. ÉLECTIONS. La classe désigne M. Ad. Pauli pour remplacer M. Au- guste Payen comme membre de la Commission chargée de tout ce qui concerne les grands concours artistiques du Gouvernement. (III) COMMUNICATIONS ET LECTURES. MM. Alvin et De Keyser donnent des explications sur le tableau de Rubens qui vient d'être légué par testament au Musée d'Anvers. D'après le dessin de cette œuvre, que possède le Louvre et dont M. Armand Baschet a donné une reproduction, il y a une dizaine d'années, dans la Gazette des beaux-arts, de Paris, c'est un des trois tableaux peints pour l'église de Mantoue, pendant le séjour de Rubens dans cette ville. — M. Alvin a donné ensuite quelques détails sur les gra- vures que l'on se propose d'exposer à Anvers à l'occasion du troisième centenaire de la naissance de Rubens. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Cornet (F.-L.). — Sur un gisement de combustible dans les Alpes transylvaniennes. Liège, 1877; br. in-8°. Loise (F.). — De la formation des nationalités modernes. Conférence. Anvers, 1876; br. in-8°. Goffinet (le P. Hipp.). — Cartulaire de Clairefontaine. Arlon, 1877; vol. in-8°. Le Paige (C). — Notes d'analyse. — Remarques sur la tbéorie des fractions continues périodiques. — Note sur la multiplication des déterminants. — Note sur une équation aux différences finies. Bruxelles, 1877; 4 extraits in-8°. ( 112 ) Félix {Jules). — Considérations sur l'attelage du cheval et du chien. — Des embaumements et de la conservation des cadavres. Bruxelles, 1877, 1876; br. in-8° et hr. in-12. Ministère de l'Intérieur. — Cinq rapports des jurés et délégués belges à l'Exposition internationale de Philadelphie en 1 876 : 1 ° sur la pharmacie, par Jonas ; 2° sur les armements militaires et ustensiles de chasse, par Lesne; 5° sur l'industrie et le commerce des verres à vitre, par Aug. Gobert etP.Marlin; 4° sur les cuirs, peaux, etc., par Marlin ; 5° sur l'amidon et les produits similaires, par le même. Bruxelles, 1877; 5 br. in-8°. Commission internationale de V association africaine. — Session de 1877; Bruxelles; br. in-4°. Cercle archéologique du pays de Waes. — Annales; tome VI, 4e livraison, juin 1877. Saint-Nicolas; broch. in-4°. Musée royal d'histoire naturelle de Belgique. — Annales, tome I, description des ossements fossiles des environs d'Anvers, 1re part. Pinnipèdes ou Amphithériens. Bruxelles, 1877; vol. in-4°. Allemagne, Autriche-Hongrie. Société mathématique à Prague. — Archiv Mathematikv a Fysiky, tome 1, nos 1-4. — Casopis, tomes III, IV et V. Prague, 1876; in-8°. Entomologischer Verein zu Slettin. — Entomologische Zei- tung, 56e et 57e années. Stettin, 1875-1876; 2 vol. in-8°. Société d'histoire naturelle de Colmar. — Bulletin, 16e et 17e années, 1875-1876. Colmar, 1877; vol. in-8°. K. Slernuarle bei Mùnchen. — Annalen, tome XXI. Meteorologische und magnetisebe Beobachtungen , 1876. Munich ; in-8°. Oberlausitzische Gesellschaft der Wissensehaflen zu Gorlitz. — Neucs Magazin, LUI. Bd. 1. Ileft. Gorlitz, 1877; br. in-8°. ( "3 ) Xalurliistorisclies Landes- Muséum von Kârnlen. — Jahr- buch, XIF. Heft. Klagenfurt, 1876; vol. in-8n. Nuturforschende Gesellschaft in Danzig. — Schriftcn , lome IV, lre livraison. Dantzig, 1876; in-8°. Gesellschaft der Wissenschaften in Prag. — Sitzungs- berichte, 1875, 1876. — Jahresbericht, I876. — Abhand- uogen, 6e série, tome VIII. Prague; 5 broeb. in-8° et 1 vol. n-4°. Sternwarte zu Prag. — Astronomische Bcobacbtungcn im Jahre 1876; broch. in-4°. Naturivissenschaftliclier Verein fur Steiermark. — Mitlhei- lungen, 1876. Gratz; br. in-8°. Kon. preuss. geodàtisches Institut. — Vcrbandlungen der in Briissel (1876) vereinigten permanenten Commission der Europaeiscben Gradmessung. Berlin, 1877; in-4G. Université de Leipzig. — Vingt-cinq thèses in-8° et dix- buit in-4° des années 1875-1877. Physik.-medicin. Gesellschaft in Wûrzburg. — Verhand- lungen, neue Folge, XI. Bd. I. u. 2. Heft. Wurzbourg, 1877; br. in-8°. Richardson (E.). — Gcsehichte der Familie Mcrode, tome I, Prague, 1877; vol. in-8°. Amérique. Musée public de Bnenas-Ayres — Description physique de la République Argentine, tomes I et II. Paris, 1876; 2 vol. in-8°. — Acta de la Academia nacional de ciencias exactas, tome I. Buenos-Ayrcs, 1875; in-4°. — Los caballos fosiles de la Pampa Argentina por Dr Burmcister. Buenos- Ayres, 1875; cab. in-folio. ïnstituto historico do Brasil. — Rcvista trimensal, tome XXXVIII, 4e trimestre; tome XXXIX, 1er trimestre. Bio-de- Janciro, 1875, 1876; 2 vol. in-8°. 2me SÉRIE, TOME XLIV. 8 ( 114 ) Republica Mexkana. — Anales dcl ministerio de Fomente- tome I, mars. Mexico, 4877; vol. in-8°. U. S. entomological commission. — Bulletin, nos 1 et 2- Washington, 1877; 2 broch. in-8°. Smith [Lawrence). — Examination of american minerais, n° 6; broch. in -8°. France. Barrai (J.-A.). — Discours sur les irrigations du déparle- ment de Vaucluse. Paris; extrait in-8°. Castan (Auguste). — Note sur J.-B. Bésard de Besançon, célèbre luthiste. Besançon; extr. in-8°. Quel serait le véritable nom de la place Labourey à Besançon? Extrait in-8°. Les évoques auxiliaires du siège métropolitain de Besançon. Besançon, 1877; broch. in-8n. Lejeune (Th.). — Les édifices religieux de Lobbes. Arias, 1877; br. in-8". Delesse et De Lapparent. — Extraits de géologie pour les années 1875 et 1876, tome X, volume in-8°. Brcton(P.). — Notice sur les débats de priorité auxquels a donné lieu l'ouvrage de M. Chaslcs sur les porismes d'Euclide. — Partie complémentaire de l'ouvrage précédent. Paris, 1866, 1872; 2 br. in-S°. Delesse. — Sur les gisements de chaux phosphatée de l'Estramadure. Paris, 1877; extrait in- 8°. Lenormant (François). — Les dieux de Babylone et de l'Assyrie. Paris, 1877; br. in-8°. Delisle (Lèopold). — Inventaire général et méthodique des manuscrits français de la Bibliothèque nationale, t. I. Théo- logie. Paris, 1876; vol. in -8°. Ministère de l'Instruction publique. — Négociations diplo- ( us ) maliques de la France avec la Toscane, documents recueillis par Giuseppe Canestrini et publiés par Abel Desjardins, tome V. — Recueil des lettres missives de Henri IV, tome IX (1 567-1(1 10), supplément, publié parGuadet. — Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny, formé par Aug. Bernard; com- plété, revisé et publié par Alexandre Rruel , tome I (802-954). — Recueil de diplômes militaires, publié par Léon Rémi, I,e livraison. Paris, 1875-1876; 4 vol. in-4°. — Archives des missions scientifiques et littéraires, 5e série, tome III, 2e livr. Paris, 1876; vol. in-8°. Société d'agriculture, des sciences et arts de Douai. — Souvenirs de la Flandre wallonne, recherches historiques et documents relatifs à Douai et aux anciennes provinces; t. XVI. Douai, 1876; br. in-8°. Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux. — Mémoires, 2e série, tome II. Bordeaux, 1877; broch. in -8°. Société d'émulation du Doubs. — Mémoires, 4e série, tomes VIII et IX. Besançon, 1874 et 1875; 2 vol. in-8°. Société linnéenne de Bordeaux. — Actes. 4e série, tome I, Bordeaux, 1877; broch. in-8°. Société nationale des sciences naturelles de Cherbourq. — Mémoires, tome XIX. Paris, Cherbourg, 1875; vol. in-8°. — Compte rendu de la séance du 50 décembre 1876. Cherbourg 1877; broch. in-8°. Société archéologique et historique du Limousin. — Tables générales des Bulletins, tomes I-XXII (1845-1873). — Bulletin, tome XXII, lrc livraison. Limoges, 1875-1876; 2 br. in-8°. Revue des questions historiques, 43e livraison, juillet 1877. Paris; vol. in-8°. Société des antiquaires de Picardie. — Mémoires, 5e série, tome V. Amiens, 1876; vol. in-8°. Congrès archéologique de France, XLIIe session tenue à Chàlons-sur-Marne. Paris, 1876; vol. in-8°. ( 146 ) Société des antiquaires de la Morinie. — Bulletin, livrai- sons 97 et 99. Saint-Omer, 1876; 2. br. in-8°. Société archéologique, historique et scientifique de Soissons. — Bulletin, 2e série, tome V. Soissons, 1875; vol. in -8°. Société des études historiques. — L'Investigateur, novembre- décembre de 1 876, janvier-avril de 1877. Paris; in-8°. A cadémie des sciences et lettres de Montpellier. — Mémoires : section des lettres, tome VI, Ier fasc, section des sciences, tome VIII, 5e et 4e fascicules. Montpellier, 1876; in-4°. Journal de l'agriculture, tomes I et II de 1877. Paris; 2 vol. in-8°. Société des sciences de Lille. — Mémoires, 1874. Paris, Lille; vol. in-4°. Société linnéenne du nord de la France. — Bulletin, avril- juin de 1877. Amiens; in-8°. Giiande-Bretagne-Iklande et Colonies. Sourindro Mohun Tagore (le Rajah). — Victoria Sainrajyan, or sanskrit slanzas. — Muktabali Natika :a bengali draina, written by tbe aulbor at tbe âge of sixteen. — Bhugola-O- itihasa, part. 1. Europe. Calcutta, 1876-1877; I vol. in-8° et 2 br. in-I2. Pbaraob's daugbter, draina, Irc et 2r éditions. Londres, 1868,1874; 2 vol. in-12. Royal irish Acadeing. — Procecdings, 2r série, tome 1, n° II ; tome II, nnS 4-6. — Transactions, sciences, tome XXV, n° 20; tome XXVI, nos 1-5. Dublin, 1874-1876; 4 br. in-8°et 6 in-4°. Philosophical Society. — Procecdings, lomcX, n° 2, 1876- 1877. Glasgow; vol. in-8°. BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1877. — N° 8. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 4 août 4871 . M. J.-C. Houzeau, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Liagre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Ed. de Sel) s Longchamps, H. Nyst,Gluge, Melsens, F.Du- prez, Ern. Quelelet, Ern. Candèze, F. Donny, Ch. Monti- gny, Éd. Morren, C. Malaise, F. Folie, Aib. Briart, F. Pla- teau et F. Crépin, membres; E. Catalan associé; G. Van der Mensbrugghe,Alf. Gilkinet et M. Mourlon, correspon- dants. 2mc SÉRIE, TOME XLIV. 9 ( 118) CORRESPONDANCE. M. le Minisire de l'Intérieur transmet une expédition de l'arrêté royal, en date du 19 juillet dernier, qui décerne à M. Edouard Van Beneden le prix quinquennal des sciences naturelles pour la période de 1872-1876. Les cinquante exemplaires du rapport du jury, joints à la lettre du Ministre, ont été distribués aux membres de la classe. — Le même baut fonctionnaire adresse les six premiers rapports des jurés et délégués belges à l'Exposition inter- nationale de Pbiladelpbie en 1876. — Remerciements et dépôt à la bibliothèque. — L'Université de l'État de îowa, à Iowa City (E. IL), accuse réception du dernier envoi annuel des publica- tions. — M. Liagre fait hommage, au nom de M.J. Graindorge, professeur à l'Université de Liège, d'un exemplaire des Éléments cï algèbre, à l'usage des établissements d'ensei- gnement moyen du second degré, ouvrage publié en colla- boration avec M. le professeur Falisse. M. Crépin fait hommage, au nom des auteurs, des deux ouvrages suivants: 1° Klimatischer Charakter (1er Pflanzengeographischen Regionen Hochasiens, von H. vonSchlaginlweit, in-4°; 2° Diagnoses de cucurbitacées nouvelles, 2e fascicule, par M. Alfred Cogniaux, in-8°. ( H9 ) îommage Manifestation en l'honneur de M. le professeur P.-J. Van Beneden. — Louvain, 18 juin 1877. Compte rendu publié au nom de la Commission organisatrice. Gand; in-8°. Des remerciments sont votés pour ces dons. — La classe renvoie à l'examen de MM. Folie et Catalan une note manuscrite de M. C. Le Paige, intitulée : Sur quelques points de géométrie supérieure. RESULTATS DU CONCOURS POUR 1877. La classe a reçu les mémoires manuscrits suivants en réponse aux questions du programme de concours pour l'année actuelle dont le terme fatal pour la remise des manuscrits expirait le 1er août : 1. Un mémoire portant pour devise : Aliud ex alio reficil natura, ncc ullam Rem gigni patitur nisi morte adjula aliéna. Lucrèce (De Natura rerum). En réponse à la troisième question : On demande de nouvelles recherches pour établir la composition et les rapports mutuels des substances albumi- noïdes. Commissaires : MM. Melsens, Donny et Stas. 2. Un mémoire portant pour devise : Trop souvent l'esprit, avide de généralisation ou enclin à former des associations, oublie les faits qui le gênent sans s'apercevoir qu'en les oubliant il ne les détruit pas et qu'ils subsistent pour le convaincre tôt ( 120 ) ou tard d'erreur. II n'y a pour moi qu'un moyen d'échapper à ce péril : c'est d'épuiser patiemment l'élude des faits avant de généraliser et de former des associations sous l'influence d'idées théoriques. J. Décaisse. En réponse à la sixième question : On demande l'étude du cycle d'évolution d'un groupe de la classe des algues. Commissaires: MM. Morren, Crépin et Gilkinet. RAPPORTS. Note sur une équation de Jacobi; par M. Mansion. Mtapport rie M. Catalan. \. Tous les Géomètres connaissent l'équation (Aie -+- By -4- C) [xdy — ydx) — (A'x -t- B'y + C) dy -*-(A"x-t-B"y-t-C")cfo = 0, . . . . (1) traitée par Jacobi, dans le tome XXIV du Journal de Crelle. L'illustre auteur forme l'intégrale générale de la proposée, au moyen des racines de l'équation caractéris- tique A' — s, A", A, B', B"-.s,B, =0, . . | (*) Cette équation est celle que l'on rencontre dans la discussion des surfaces du second degré, et dans d'autres questions. ( 121 ) ces racines étant supposées inégales. MM. Moigno el Serret, qui ont reproduit la méthode imaginée par Jacobi, n'exa- minent guère, plus que lui , les cas où l'équation (2) aurait des racines égales. En outre, comme Jacobi lui-même, ils admettent qu'un certain déterminant R est différent de zéro (*). Dans le Mémoire présenté à la Classe, M. Mansion a simplitié le procédé de Jacobi, el il discute, avec saga- cité, les cas d'exception laissés de côté par le Géomètre allemand. II. Ce qui frappe tout d'abord, dans l'équation (1), c'est le défaut de symétrie : a priori, on ne comprend pas com- ment l'illustre auteur a pu y être conduit, ni comment il a trouvé les transformations, très-peu naturelles, qui lui ont permis d'en former l'intégrale (**). Quant au premier point, M. Mansion a été heureuse- ment inspiré: il introduit, dans le calcul, outre les varia- bles x, y, une variable fictive z, égale à I ; ce qui lui permet d'écrire ainsi l'équation proposée : (Ax -4- By -+- Ce) [xdy — ydx) -+- [A'x -4- R'y ■+- C'z) (ydz — zdy) -f-(A"x-+-B"?/-+-C"r) (zdx — zdx) = 0', (3) ("**) puis, suivant à peu près la marche indiquée par Jacobi, (*) Ecrivant ce Rapport à Paris, je suis obligé de m'en rapporter aux indications et aux affirmations de l'auteur du Mémoire. (**) Encore une fois, n'ayant pas sous les yeux le Mémoire de Jacobi, je n'écris ceci que sous toutes réserves. (***) L'honorable auteur emploie d'autres notations; mais, pour plus de clarté, nous continuons à nous servir des précédentes. ( m ) il retrouve (*), au moyen de la théorie des déterminants , l'intégrale connue : -4- (S2— S,) 1m, -+- (S3 — S,) Im-2 -+- (S, — S2)l«3 = const ; (4) dans laquelle Si, S2, S5 sont les racines de l'équation (2), supposées inégales. III. Les équations entre x, y, z et ui} u2, w3, sont : ccyx -+- Bii/ -+- n~ = Mu «2 3c -+- fay/tZ = w2, a3x-+- p3r/-+-r3« = «3; (S) a,, [3,,... étant des quantités qui dépendent des données du problème. Ces équations deviendraient incompatibles ou indéterminées si R = était nul. M. Mansion prouve que R est différent de zéro, si les racines S it S2, S3, sont inégales. La démonstration em- ployée par le jeune professeur me paraît exacte; mais, outre l'inconvénient de la longueur, elle a celui d'être peu naturelle; en effet, elle consiste en une réduction à l'ab- surde (**). (*) Dans Yhistorique du problème, M. Mansion dil , expressément: « Notre premier numéro est donc une reproduction du travail de Jacobi, sous une forme plus élégante. » (**) Encore un mot sur ce sujet. Pour le succès de son analyse, M. Mansion multiplie, par R, les deux membres de l'équation (3). Évidemment, celte transformation ne condui- rait à rien, si R était nul. C'est donc a priori, et non a posteriori, semble- t— il, que l'auteur devrait démontrer la proposition dont il s'agit. ( 123 ) IV. Après ces généralités, M. Mansion examine les cas où l'équation (2) aurait une racine double ou une racine triple. Comme M. Serret (*) , procédant d'abord par induc- tion, il conclut, de la formule générale (4), les formes particulières de l'intégrale; mais, de plus, il vérifie que ces intégrales satisfont à la proposée; ce qu'aucun Géo- mètre n'avait fait. M. Mansion a donc complété, utilement, le travail de Jacobi. Le Mémoire est terminé par des généralisations, toutes naturelles, de l'équation (1). V. Aussitôt après avoir reçu le Mémoire, je me suis rappelé une intéressante communication sur l'équation de Jacobi, présentée au Congrès de Clermont-Ferrand, par M. Allé- gret. Sur ma demande, le savant Professeur m'a transmis une note inédite et manuscrite, dont voici l'analyse (**). Soient les équations, simultanées et homogènes : du du du (6] A'u + B'v-+-C'w \"u -+- B"v -+- C"tv AM + Bu-f-Cw; Si l'on pose u = wx, v = wy, (*) « M. Serret s'occupe superficiellement des cas où l'équation en S » n'a pas trois racines inégales, cas dont Jacobi n'a pas parlé. » (Note de l'auteur.) (**) J'ai introduit, dans l'ingénieuse méthode imaginée par M. Allégret quelques simplifications de détail. ( m ) on en conclut, à cause de du — ivdx = xdiv, dv — wdtj = ydiv : dx (\'x -+- B'tj -h C) — (Ax -+- B// -+- C)x~ % ? (A"x h- B"?/ -t- C") — (Ax -i- By -h %) ' équation qui est précisément celle de Jacobi (*). Ainsi, grâce à l'heureuse idée de M. Allégret, toute la question se réduit à l'intégration des équations (6). Ce problème auxiliaire peut, on le sait, être résolu de diverses ma- nières; par exemple, au moyen de la méthode que j'ai donnée dans les Bulletins de l'Académie et dans les Annali di Matemalica. Du reste, dans sa Note manuscrite, le Pro- fesseur de Clermont-Ferrand s'énonce ainsi : « Cette nou- » velle méthode d'intégration dispense, on le voit, de » toute discussion relative au cas des racines égales » Quelle que soit la forme des équations (6), tout est ra- » mené à un procédé connu, sur lequel il n'y a pas lieu » de revenir (**). » (*) On peut se demander sii ce n'est pas ainsi que cette équation a été rencontrée par l'illustre Géomètre. (**) Voici un exemple très-simple, qui nous paraît probant. Il serait facile d'en former d'autres. Dans l'équation de Jacobi, supposons A = A' = A" = B = B = B' = B" = 1 . L'équation en s devient (t -s) [(1 -s)*-l] + 2[l-(l -s)] = 0, ou s5 — 5s2=0 : elle a deux racines nulles. En même temps, les équations (6) se ré- ( 125 ) Ainsi que je l'ai dit à la Classe, il y a quelque temps, cette méthode, si simple et si élégante, rend, sinon inutile, au moins surabondant, le travail de M. Mansion. Naturel- lement, notre jeune et savant Collègue de Gand ne partage pas cette opinion; et, comme il en avait le droit, il a ré- pondu, à mes observations, par une courte Note intitulée : Défense de mon petit Mémoire sur V équation de Jacobi, Note que je dépose sur le bureau. VI. CONCLUSIONS. Le Mémoire de M. Mansion me semble un peu long, un peu compliqué, surtout si on le compare à la Note pré- sentée, par M. Allégret, au Congrès de Clermont-Ferrand. Néanmoins, comme ce travail est exact, qu'il complète celui de Jacobi, et que d'ailleurs il est l'œuvre d'un jeune Géomètre très-honorablement connu, j'ai l'honneur d'en proposer l'insertion au Bulletin. duisent à du = dv=dw, dont les intégrales sont u=w -h g, v=w-\-h. 11 résulte, de celles-ci, y-l=k(x-\), k étant la constante arbitraire. ( 126 ) Mtapjtot't de !tl. Folie. « FI est superflu que je revienne sur l'analyse du travail de M. P. Mansion, après celle que vient d'en faire, d'une manière si complète, notre savant confrère. Je suis loin, toutefois, de penser avec lui que la méthode de M. Allégrel, dont il nous a donné le résumé, rende surabondant le travail du savant professeur de Gand. Il n'y a aucun rapport, en effet, entre la méthode de M. Allégret et celle de Jacobi; tandis que le travail de M. P. Mansion s'occupe de cette dernière méthode elle- même, pour lui donner à la fois plus d'élégance et plus de généralité. De plus, comme le fait voir M. Mansion dans la note qu'il a jointe à son Mémoire, la méthode de M. Allégret ne dispense nullement delà discussion des cas de deux ou de trois racines égales. Enfin, l'historique très-complet de la question, par lequel M. Mansion termine son travail, témoigne de l'in- térêt qu'elle a excité, et de celui que ne manquera pas d'éveiller le procédé ingénieux et élégant du savant pro- fesseur. Afin de mettre cet historique au courant des derniers progrès réalisés dans l'élude de cette question, il pourrait y ajouter l'analyse de la méthode, très-ingénieuse égale- ment, du professeur de Clermont-Ferrand. Par les différentes raisons que je viens d'exposer, j'ai l'honneur de proposera la classe de voter l'impression du travail de M. Mansion, et en même temps des remercî- ments à l'auteur. » ( 127 ) Rapport ç; parfois , après le séjour dans l'acide osmique, l'immersion durant vingt-quatre ou quarante-huit heures dans le picro- carmin très-élendu. Non-seulement, j'ai obtenu à très-peu près les mêmes résultats que par la glycérine étendue et acidifiée, mais, prévenu et dirigé par ces expériences, j'ai pu vérifier l'exactitude de mes observations sur des cœcums soustraits à l'action de tout réactif. Voici, en résumé, la structure de l'épithélium : Il forme à la partie interne de la tunique propre, une seule couche de longues cellules cylindriques quelque peu renflées (cel- lules en massues) dirigées de la périphérie vers l'axe (fig. 50 et 51). Ces cellules dilfèrenl surtout de celles des cœcums de la glande analogue des Crustacés décapodes, en ce qu'elles ne sont point serrées et rendues polygonales par compression mutuelle. Elles sont nettement distantes les unes des autres, ce qui est d'autant plus facile à voir que chaque cœcuin n'en renferme pas un grand nombre. Entre elles n'existe qu'nne matière finement granuleuse et c'est inutilement que l'on cherche entre leurs bases des éléments histologiques de forme quelconque. Le contenu des cellules est constitué par un protoplasme incolore tenant en suspension : 1° de très-petits globules transparents formant une fine poussière (fig. 55a, pi. 1); 2° de nombreux globules graisseux à peu près sphériques, plus volumineux, dont la coloration varie beaucoup, sui- ( 172 ) vant les espèces et même parfois les individus, lis sont en général jaunes ou jaunâtres chez les Tégénaires. Sous l'in- fluence de l'acide osmique, on dislingue deux variétés de ces globules graisseux, les uns, jeunes, sont jaunes, pâles, transparents (fig. 53, b) et se colorent encore, à la longue, faiblement en rose par le picrocarmin étendu; les autres plus vieux, plus volumineux, sont brunâtres et ont une mince pellicule d'enveloppe, parfois un peu ratatinée (fig. 55, g), incontestable parce qu'elle n'est que rarement visible tout autour du globule et se montre comme un petit sac renfermant un globule ayant subi un léger re- trait. Enfin, 5°, il n'est pas rare d'observer, chez les Ara- néides, des cellules épilhéliales contenant, en outre, des concrétions plus ou moins irrégulières d'un brun foncé, produisant, dans les cœcums observés à un très-faible grossissement, un pointillé tout spécial. Quant au noyau des cellules à sécrétion, l'accumulation de tous ces globules ne permet de le voir que dans des cellules isolées après l'action successive de l'acide osmique et du picrocarmin. Tandis que les globules graisseux se colorent peu ou point, le noyau prend une teinte d'un rose vif (fig. 52, pi. 1). Il est circulaire, mit, petit, situé vers la base de la cellule et contient un petit nucléole. Faute d'employer les précautions spécifiées ci-dessus, on n'arrive qu'à un résultat absurde; ainsi si l'on se borne à examiner la glande dans l'eau, les cellules se détachent et deviennent sphériques, se rompent pour un rien et flottent dans une accumulation de granules et de globules rendant tout examen sérieux impossible. Schlemm a découvert que les cœcums de la glande de PÉcrevisse ont une intima qui en limite la cavité inté- ( 175 ) rieure (1). Karslen (2) et H. Mcckcl (3) l'ont décrite et figurée à leur tour. M. Leydig a retrouvé la même cuticule dans les cœcums des Argulus , Gammarus, Oniscus (4); enfin j'en ai constaté la présence chez le Carcinus mœnas. Je crois pouvoir assurer que rien de semblable ne s'ob- serve chez les Aranéides; fait qui est, du reste, d'accord avec l'absence de cuticule dans l'intestin moyen. Si maintenant on compare la description que je viens de donner de la texture de la glande abdominale des araignées à celle que j'ai publiée de la composition des cœcums de l'appareil digestif des Phalangides (5), on ne pourra s'empêcher de reconnaître la grande analogie qui existe entre ces organes. De part et d'autre, des cœcums sans tunique musculaire, sans intima, même contenu des cellules, mêmes concrétions, etc. La glande abdominale des Aranéides peut être regardée comme répondant aux cœcums des Phalangides ramifiés et subdivisés. Il nous reste, à propos de celte glande, à revenir sur un détail signalé plus haut. J'ai rappelé , en effet , que la surface de l'organe est fréquemment granitée de petits points blancs. Dugès avait considéré leur ensemble comme constituant une couche spéciale; mais Wasmann a parfai- (1) De Hepale ac Bile cruslaccorum et molluscorum. Berlin, 1844, p. 15. (2) Disquisilio microscopica et chemica hepalis et bilis cruslaceorum et molluscorum [Nova acta Acad. Cœsar. Leop. Carol. naturae curioso- rum, t. XXI ,1" parlie, 1845., p. 500). (3) Micrographie einiger Drusenapparate der niederen Thicre (An- chiv. de Muller, 1846, p. 36 , pi. Lfig 13). (4) Traité d'histologie , traduction française , p. 411, fig. 196 et p. 412. (5) Note sur les phénomènes de la digestion et sur la structure de l'appareil digestif chez les Phalangides (Bcllet. de i/Acad. roy. de Bel- gique, <2* série, t. XLI1 , 1876, p. 730, fig. 16 et 17). ( 174 ) tement montré qu'ils sont dus à ce fait qu'un grand nom- bre des cœcums superficiels ont, à l'intérieur, leur som- met occupé par un amas granuleux d'une substance graisseuse soluble dans l'éther, blanche à la lumière, réfléchie et presque noire à la lumière transmise (1). j'ai pu aisément vérifier l'exactitude de cette observa- lion : l'extrémité des cœcums superficiels est remplie par une matière grasse incolore, très-finement divisée, et nous verrons, en traitant des Épéires, que des cœcums entiers peuvent être remplis de celte substance. § VIT. INTESTIN TERMINAL. Poche stercoralc. — L'intestin terminal serait réduit, à fort peu de chose, s'il n'offrait dorsalement une volumi- neuse poche de dépôt ou poche stercorale signalée par tous les auteurs depuis Randohr et comparée, avec raison, par Straus-Durckheim au cœcum rectal des Nèpes et des Dytiques parmi les Insectes (2). Les rapports entre l'intestin et son cœcum n'ont jamais été bien élucidés jusqu'à présent; on en a même donné des figures parfois très-fautives. De plus, personne à ce que je sache, ne s'est occupé de la texture histologique , cependant très-intéressante de cette portion du canal alimentaire. Le cœcum est toujours situé dorsalement par rapport à (1) Beitrtige zur Anatomie der Spinnen, op. cit., p. 148, pi XIII fig. 22. (2) Considérations générales sur Vanalomie comparée des animaux articulés. Paris, 1828, p. 243. ( 178 ) l'intestin. Ce n'est point, comme le feraient supposer cer- taines figures, une dilatation interposée sur le trajet du tube digestif à l'une des extrémités de laquelle aboutirait l'intestin pour en naître de nouveau à l'autre bout, mais une véritable annexe surajoutée. Chez les Aranéides, l'in- testin intact suit la face inférieure de la poche stercorale en s'incurvant vers le bas et fournit, en cet endroit, un petit tronc court vertical qui s'ouvre dans la poche en ques- tion (fig. 55, pi. I). Ainsi que nous le montrerons, c'est là que commence l'intestin terminal proprement dit. Ce der- nier, fort court, aboutit à l'anus percé en forme de fente tranversale au-dessus de la paire de libères supérieures (fig.i.0-)- La forme de la poche stercorale varie beaucoup; tantôt elle est presque sphérique, tantôt allongée; nous parlerons de ces formes en décrivant spécialement quelques espèces. Disons seulement ici que, chez les Tégénaires, c'est un sac oblong, arrondi vers son extrémité postérieure, pointu en avant. La région terminale de l'intestin est la seule où l'on observe un revêtement musculaire prononcé. L'intestin terminal et toute la poche stercorale nous offrent, en effet, une musculature fort belle, déjà signalée par Wasmann,et qui contraste avec la faiblesse de la tunique musculaire de l'intestin moyen; elle est composée de cylindres muscu- laires espacés, finement striés, les uns longitudinaux, les autres transversaux et fréquemment bifurques, consti- tuant un réseau à mailles assez larges (fig. 58, pi. I). Aux faibles grossissements, on ne voit bien que les cylind l'es longitudinaux (fig. o, L'épilhélium qui diffère de celui de l'intestin moyen se compose dans l'intestin terminal proprement dit, de petites ( '76 ) cellules allongées, presque plates(fig. 56), qui passent gra- duellement dans la poche stercorale,à l'état de cellules cylindriques volumineuses chargées de granulations fines d'un jaune intense (Tégénaires), très-différentes d'aspect des granulations réfringentes, incolores ou obscures des tubes de Malpighi (fig. 57) et donnant à la poche vide une coloration qui peut aller jusqu'au jaune serin chez cer- taines espèces (Argyronète). Tubes de Malpighi. — Comme ceux des Insectes et des Myriapodes, ils ont été successivement regardés comme biliaires et comme urinaires. Nous reviendrons sur cette partiedu sujet dans la portion physiologique de ce travail. Au point de vue lopographique, le point d'insertion des tubes Malpighiens a une très-grande importance , parce qu'il marque toujours la limite de l'intestin moyen et l'origine de l'intestin terminal. En passant en revue toutes les ligures qui ont été données à cet égard , on ne trouve guère que celle de la Cteniza cœmentaria de Dugès qui soit exacte. Chaque fois qu'on y fera suffisamment atten- tion, on verra les tubes de Malpighi s'ouvrir dans la poche stercorale au point où celle-ci se met réellement en rap- port avec l'intestin proprement dit (fig. 55 et 56, pi. I). On sait que ces tubes se ramifient à l'infini entre les cœcums de la glande abdominale et même entre les sac- cules de la surface, ainsi que nous le montrerons à propos des Épéires. Wasmann avait indiqué leurs extrémités closes comme étant renflées en utricules allongés (1). J'ai pu vérifier l'exactitude de cette observation (fig. 41). Les différentes branches de ces canaux qui présentent de (1) Beitr&ge zur Anatomie der Spinnen, op. cit., p. 149, pi. XIII, fig. 23. ( 177) nombreux renflements et des inégalités fréquentes de diamètre, finissent par aboutir à deux troncs communs représentés presque partout et qui s'ouvrent finalement dans la poche stercorale au point indiqué pins haut. Mais j'ajouterai, comme observation personnelle, que ces deux troncs communs, environ quatre fois aussi larges que les ramifications ordinaires, marchent toujours parallèlement à l'intestin moyen, à droite et à gauche, sur toute leur longueur; ils n'en sont écartés qu'artificiellement, par une dissection faite sans soins (fig. 2). La structure histologique des tubes de Malpighi a été esquissée, pour YEpeira diadema, par H. Meckel (1), et, pour les Aranéidesen général, par M. Leydig (2). Ces tubes comprennent une tunique propre transparente et des cellules à sécrétion polyédriques munies de noyaux aplatis, comme le dit Meckel (fig. 39); mais j'ajouterai que la régularité géométrique de l'épithélium est remarquable , lorsqu'on compare ce dernier à celui des Myriapodes et de la plupart des Insectes. Les cellules sont, par elles-mêmes, incolores, ne renfermant que de petits corps arrondis jau- nâtres; on ne les voit nettement que dans les tubes Mal- pighiens parfaitement frais. L'acide osmique faible, suivi de l'action du picrocarmin étendu, décèle admirablement les noyaux qui se colorent seuls (fig. 40, pi. I) et l'on s'assure alors très-bien , par l'aspect des noyaux vus de champ , que ceux-ci sont effectivement aplatis. M. Leydig s'est borné à signaler une matière pulvéru- lente obscure entourant les noyaux. Ce fait ne s'observe que lorsque les tubes Malpighiens sont chargés de leur (1) Mikrographie einiger Drilsenapparate , op. cit. p. 42. (2) Zum feineren Bau dur Arthropoden , op. cit., p. 166. ( 178 ) produit de sécrétion qui se compose, en effet, d'un liquide tenant en suspension de fines granulations opaques à la lumière transmise. Dans les tubes Malpighiens en partie vidés, on ne voit plus celte substance que sous forme de traînées s'insinuant entre les cellules. Dans la troisième partie, je traiterai de la nature physique et chimique de cette sécrétion. Nota. — Un résumé anatomique général termine la deuxième partie. EXPLICATION DE LA PLANCHE Sauf indications contraires, les figures se rapportent à la Teyenaria dômes tica. Fig 1. Coupe verticale et longitudinale du corps dessinée d'après des coupes effectuées sur des individus durcis suivant le procédé décrit page 164. Les organes qui ne font point parlie du tube digestif sont omis ou simplement indiqués au trait. Les cœcums céphalolhoraciques de l'intestin moyen ont été sup- primés, afin de conserver à la figure toute sa clarté, a. région pharyngienne; b. région œsophagienne; c. organe de succion; d. origine céphalothoracique de l'intestin moyen abdominal; e. portion élargie de l'intestin moyen abdominal; f. poche stercorale ; g. anus ; h. coupe de la glande abdominale ; i. mus- cles rétracteurs du pharynx; k muscles dilatateurs de l'organe de succion, /. saillie tergaleà laquelle ils s'insèrent, x 8. Fig 2. Tégénaire ouverte par la face dorsale. On n'a représenté avec détails que les organes composant l'appareil digestif a. Muscles réfracteurs du pharynx; 6. muscles dilatateurs de l'organe de succion ; c. cœcum antérieur (un peu déformé par la dissec- tion, voyez fig. Ibis), de l'intestin moyen céphalothoracique; (kl. les cœcums latéraux; c. portion élargie de l'intestin moyen abdominal et troncs terminaux des canaux excréteurs de la R ri Jm I W È m ■ ' m :'$>( : ( «79 ) glande abdominale ; f. poche slercorale; g. lubes de Malpighi; /(. portions latérales de la glande abdominale, x 8. Fig. 26/s. Cœcum antérieur intact d'un autre individu (l'orme normale), x 8 Fig. 3. Pièces buccales et pharyngiennes légèrement écartées, a. Lèvre supérieure (on observe dans sa cavité un reste de la glande pharyngienne), b. lame pharyngienne antérieure; c. lame pha- ryngienne postérieure; ci lèvre inférieure. X 30. Fig. 4. Lèvre supérieure vue par-dessus, x 50. Fig. 5. Tronçon de l'œsophage. X 200. Fig. 6. Pièces buccales et pharyngiennes dans leurs rapports relatifs lorsque la bouche est fermée. La glande pharyngienne intacte a été écartée de la lame pharyngienne antérieure ; on voit son canal excréteur court aboutir au fond du pharynx, pies de l'origine de l'œsophage {Amaurubius atrox). x 20. Fig. 7. Glande pharyngienne de V Amaurobius atrox entièrement isolée. X 20. Fig 8. Portion de la même glande de V Amaurobius atrox montrant la tunique et les faisceaux de libres regardées comme muscu- laires, x 300. Fig. 9. Cellules épilheliales en place de la glande pharyngienne de Y Amaurobius atrox X 300. Fig 10. Cellules de la même glande de la Tegenaria domestica isolées par rupture de l'enveloppe et devenues ellipsoïdales arrondies. X 300. Fig. 11. Cloison chitineuse horizontale du céphalothorax, vue par-dessus. C'est sur celte lame que repose l'organe de succion, x 20. Fig. 12. Organe de succion. On y voit la terminaison de l'œsophage, la poche membraneuse, le bouclier chitineux ei une partie des muscles compresseurs du côté droit (Amaurobius atrox). X 200. Fig. 13. Muscles de l'organe de succion de la Tegenaria domestica. On y voit les dilatateurs et les compresseurs avec leurs insertions réelles. X 200. Fig. 14. Organe de succion et intestin moyen céphalothoracique , avec les origines des cœcums antérieur et latéraux (Tegenaria civilis, grand individu). X 50. Fig 15. Extrémité isolée d'un cœcum latéral. Fig. 16. Extrémité terminale d'un cœcum latéral dans le coxopodite de la première patte droite d'un jeune éclos depuis peu. X 200. ( d80 ) Fig. 17. Portion céphalothoracique de l'intestin moyen chez un jeune éclos depuis quelque jours. X 50. Fig. 18. Cellules épithéliales d'un cœcum céphalothoracique latéral (Clu- biona Itolosericea). X 500. Fig. 19. Extrémité d'un cœcum latéral renfermant des groupes de cor- puscules graisseux colorés (Agelena labyrinthica). x 250. Fig. 20. Face sternale du céphalothorax de la Tegenaria domestica: a. Chelicère; 6. lèvre inférieure ; c. coxopodites des pattes- màchoires, d. tissu adipeux slernal mis à nu par enlèvement du plastron slernal et laissant entrevoir par transparence le système nerveux. X 8. Fig 21. Cellules du tissu adipeux sternal frais (Jmaurobius atrox). X 300. Fig. 22. Cellules du même tissu frais chez la Tegenaria domeslica ; elles sont accompagnées de globules sanguins. X 500. Fig 23. Portion dilatée de l'intestin moyen abdominal et les quatre entonnoirs où aboutissent les canaux excréteurs de la glande abdominale. Stries indiquant probablement une tunique mus- culaire délicate, x 500. Fig. 24. Revêlement musculaire de l'intestin moyen abdominal dans la portion qui commence à s'incurver autour de la poche sterco- rale. X 300. Fig. 25. Epithélium de l'intestin moyen abdominal, x 300. Fig. 26. Fragment de la glande abdominale montrant le réseau formé par les tubes de Malpighi. x 50. Fig. 27. Fragment de la glande abdominale très-légèrement comprimé (Tegenaria civilis). x 50. Fig. 28. Cœcum de la glande abdominale ouvert. Cellules épithéliales en place , un peu allongées et contractées (Glycérine étendue et acidifiée) (Tegenaria civilis). x 200. Fig. 29. Cœcum de la glande abdominale intact. Cellules vues par trans- parence. Même réactif (Tegenaria civilis). y 200. Fig. 50. Cœcums intacts, cellules vues par transparence (Acide osmique à Vio °/o) (T. domeslica jeune). X 40. Fig. 31. Cellules sécrétoires de la glande abdominale (Acide osmique à V, %). X 200. Fig. 32. Cellules isolées (Acide osmique à */10 % et picrocarmin). x 500. Fig. ôô. Globules, etc., observés dans les cellules de la glande abdomi- nale (Acide osmique à i/l0 %). o Petits globules transparents constituant une iine poussière; b. globules graisseux jaunes ( 181 ) pâles; c. globules brunâtres à pellicule enveloppante : d. noyaux de cellules, x 500. Fig- 34. Dessin au trait de la glande abdominale vue par la face dor- sale, x 3. Fig. 33. Fin de l'intestin moyen , intestin terminal et poche stercorale vide. Couche musculaire à direction longitudinale, x 30. Fig. 3G. Intestin terminal, poche stercorale vidée et relevée vers le haut, insertion d'un tronc terminal des tubes de Malpighi. x 200. Fig. 37. Épithélium delà poche stercorale vu par transparence, x 200. Ftg, 38. Réseau de cylindres musculaires bifides et entre-croisés à la sur- face de la poche stercorale. X 300. Fig. 39. Fragment d'un tronc terminal des tubes de Malpighi non chargé de produits sécrétés (Clubiona holosericea). x 300. Fig. 40. Noyaux aplatis des cellules d'un tube de Malpighi (Tegenaria domeslica). (Acide osmique et picrocarmin). x 200. Fig. 41. Terminaison périphérique légèrement renflée d'un tube de Mal- pighi (Epeira apociisa). x 300. Rectification à la Note sur /'évolution insérée au Bulletin de mai 1877 (1); par M. F. Folie, membre de l'Aca- démie. Une inadvertance nous a fait donner, des relations de l'évolution dans les hexagones inscrits ou circoncrits à une conique, un énoncé qui n'est pas exact. On trouvera les vraies relations dans le numéro actuel du Bulletin. L'impression tardive du Bulletin de mai ne nous a pas permis de faire plus tôt cette rectification. (1) Voir Bulletins, 2e série, tome XLIII, page 300. 2me SÉRIE, TOME XLIV. 13 ( «2 ) Suite à la note précédente sur /'évolution. — I. Synthèse des théorèmes de Pascal et de Brianchon. — II. Nou- velles extensions de ces théorèmes. — III. De /'évolu- tion dans l'hexagone inscrit ou circonscrit à une coni- que; par M. F. Folie, membre de l'Académie. En cherchant à étendre à l'hexagone la propriété que nous avons énoncée, sous le nom d'ÉvoLUTioN, relative- ment à deux triangles, l'un inscrit à une conique, l'autre circonscrit à la même courbe par les sommets du premier, nous avons dû tout d'abord tâcher démettre l'équation de la conique, rapportée à l'hexagone, sous une forme ana- logue à celle que nous avions trouvée en la rapportant aux deux triangles, et qui nous avait donné l'idée de cette propriété. Or nous avons été étonné de rencontrer, dans le cours de cette recherche, une propriété fort curieuse, et tout à fait inattendue, en ce sens que nous n'en avions, pas plus que nos maîtres, prédécesseurs ou contemporains, nul pres- sentiment, il faut bien le reconnaître. Et pourtant, cette propriété appartient, presque dans ses propres termes, à Desargues. Pascal, s'il avait pensé à combiner la proposition de Desargues avec l'hexagramme mystique, fût arrivé bien certainement au théorème de Brianchon. El il est vraiment surprenant que ce dernier surtout, et les grands géomètres qui lui ont succédé, n'aient ( 183 ) pas trouvé le lien étroit qui unissait la proposition de Desargues à celles de Pascal et de Brianchon. C'est bien ici le lieu d'appliquer ces paroles si profon- dément vraies de M. Paul Serret (1), et qui, dans le cas présent, s'appliquent plus encore à lui-même qu'à tout autre, puisqu'il a rencontré cette propriété sur son chemin, et qu'il s'est arrêté au moment où il n'avait plus qu'un pas à faire pour la saisir : « Mais il est présumable qu'il y faudra surtout infini- » ment de bonheur; et c'est ce que la plus profonde » géométrie ne donne pas toujours. » Afin de mettre notre énoncé sous une forme aussi con- cise que possible, nous rappellerons les définitions sui- vantes , que nous avons données dans nos Fondements d'une géométrie supérieure cartésienne , et dont on trou- vera la justification dans ce Mémoire. Cette justification ressortira au surplus, à l'évidence, des pages qui suivent. « Nous appellerons polygones conjugués de n côtés, » inscrits à une courbe du wm' ordre, deux polygones tels » que chaque côté de l'un passe par l'un des points d'in- » tersection de chaque côté de l'autre avec la courbe. » De même, nous appellerons polygones conjugués de » n -4- 1 côtés, inscrits à une courbe du «""ordre, deux » polygones tels que chaque côté de l'un passe par l'un » des points d'intersection de chaque côté de l'autre, » un seul excepté, avec la courbe; les côtés opposés dans » ces deux polygones seront ceux qui n'auront pas de » point commun sur la courbe. » Ainsi, deux triangles conjugués inscrits à une (i) Géométrie de direction, p. 518. ( m ) » conique sont, par exemple, deux triangles de côtés » respectifs A, B, C, et a, b, c, tels que A passe par l'un » des deux points d'intersection de b et c avec la conique; » B par l'autre intersection de c et par l'une de celles de » a; et enfin C par l'autre intersection de a et de b; et les » côtés opposés, dans ces deux triangles, sont A et a , B » et 6, C et c, parce qu'ils ne se coupent pas deux à deux » sur la courbe. » Pour tracer ces deux triangles, on commencera par » former le premier au moyen de trois côtés A, B, C, qui » coupent chacun la courbe en deux points; le second se » formera en joignant ces points deux à deux par des » droites distinctes de A, B, C, ce qui pourra se faire de b huit manières différentes. » Les deux triangles A, B, C, a, b, c, forment évidem- » ment un hexagone inscrit; mais on verra que la dénomi- b nation de triangles conjugués inscrits se prête immé- » diatement à une généralisation que ne comporte pas b la dénomination d'hexagone inscrit (1). b Cela posé, nous pourrons dire que : (1). Dans deux triangles conjugués inscrits aune coni- que, les droites de jonction des sommets opposés, pris deux à deux, concourent en un même point; c'est-à-dire que les six sommets, qu'on obtient par les intersections succes- (1) Voir Fondements d'une géométrie supérieure cartésienne, pp. 5 et 6. Peut-être un autre terme que conjugués eût-il été préférable, parce que celui de polygone conjugué à une conique existait déjà ; mais on doit éviter, autant que possible, les néologismes; et la confusion est ici d'autant moins à craindre, qu'elle ne pourrait avoir lieu que pour les coniques, et qu'ensuite, dans notre définition, il s'agit toujours, non d'un polygone conjugué à la courbe , mais de deux polygones conjugués inscrits ou circonscrits à la courbe. ( iSo ) sives des côtés alternants d'un hexagone inscrit à une conique, forment ceux d'un hexagone circonscrit à une autre conique. Le corrélatif, qui n'est autre chose, au fond, que la réciproque de ce théorème, est également vrai; on peut donc énoncer cette propriété : (II). Dans deux triangles conjugues circonscrits à une conique, les points d'intersection des côtés opposés, pris deux à deux, sont en ligne droite; c'est-à-dire que les six côtés, qu'on obtient par les jonctions successives des som- mets alternants d'un hexagone circonscrit à une conique, forment ceux d'un hexagone inscrit à une autre conique. Soient, par exemple, 1, 2, 5, 4, 5, 6, les côtés successifs d'un hexagone inscrit à une conique; de sorte que 1, 5, o et 2,4, 6 sont les côtés des deux triangles conjugués; et que 1 et 4, 2 et 5, 5 et 6 sont les côtés, respectivement opposés, de ces deux triangles. Désignons par I, III, V et II, IV, VI les sommets, opposés aux côtés de même nom, dans ces triangles. On voit que les sommets, respectivement opposés, des deux triangles sont I et IV, II et V, III et VI; et l'énoncé (I) dit que les droites de jonction (I, IV), (II, V), (III, VI) concourent en un même point. Réciproquement, I , II , III, IV, V, VI sont les sommets successifs d'un hexagone circonscrit à une conique; de sorte que I, III, V et II, IV, VI sont les sommets des deux triangles conjugués circoncrits, et que I et IV, II et V, III et VI sont les sommets, respectivement opposés, de ces deux triangles. \ , 5, 5 et 2, 4, 6, seront les côtés, opposés aux sommets de même nom, dans ces triangles. On voit que les côtés respectivement opposés des deux • ( i§6 ) triangles sont 1 et 4, 2 et 5, 5 et 6, et l'énoncé (II) dit que les points d'intersections (1 , 4), (2, 5), (5, 6), sont situés en ligne droite. Il résulte de là que : Les intersections successives des côtés alternants d'un hexagone de Pascal forment les sommets successifs d'un hexagone de Brianchon ; de même que : Les jonctions successives des sommets alternants d'un hexagone de Brianchon forment les côtés successifs d'un hexagone de Pascal ; Et, enfin, que ces deux propriétés se retrouvent, au fond, dans la suivante, découverte par Desargues : Si deux triangles sont tels, que leurs côtés se coupent, deux à deux respectivement, en trois points situés en ligne droite, les droites de jonction des sommets opposés, pris deux à deux, concourent en un même point; et récipro- quement. 11 suffit, pour se convaincre immédiatement de l'identité de ces propriétés, de se rappeler : 1° Qu'un hexagone inscrit à une conique est un système de deux triangles tels que leurs côtés opposés se coupent en trois points situés en ligne droite; ou 2° Qu'un hexagone circonscrit est un système de deux triangles tels que les droites de jonction des sommets opposés concourent en un même point. Appliquant le théorème de Desargues au premier cas, on voit que les droites de jonction des sommets opposés des deux triangles concourent en un même point, et que ces sommets sont, par suite, ceux d'un hexagone de Brianchon, comme le dit l'énoncé (I). Dans le second cas, on appliquera la réciproque du théorème de Desargues, et l'on verra que les points ( 187 ) d'intersection des côlés opposés des deux triangles sont situés en ligne droite, et que ces côtés sont, par suite, ceux d'un hexagone de Pascal, comme le dit l'énoncé (II) (I). (1) Plus d'un lecteur se demandera certainement s'il est bien possible que cette liaison si évidente, entre trois des théorèmes les plus fonda- mentaux de la géométrie supérieure, n'ait été aperçue par aucun géo- mètre. Nous nous sommes également posé cette question; et, après avoir vérifié scrupuleusement dans la plupart des traités connus, si nous ne trou- verions aucune trace de cette liaison, nous croyons pouvoir répondre hardiment par la négative. Drianchon, Steiner, Poncelel. Hesse, etc., ont bien cherché les pro- priétés des hexagones dont l'un est le polaire réciproque de l'autre; mais ils ne semblent pas s'être doutés que l'hexagone, dont les sommets successifs sont les intersections des côtés alternants d'un hexagone de Pascal, peut être considéré comme le polaire réciproque de ce dernier. (V. Traité des propriétés projectives, édition de 1865, t. I, n"* 227-228 et 570-57-2. — Steiner-Schroter , Vorlesungen , p. 150. — Hesse, article cité dans la note suivante.) C'est grâce à notre définition des couples de triangles conjugués inscrits ou circonscrits à une conique, que cette liaison apparaît de la manière la plus manifeste; et l'on y verra une nouvelle justification, surabondante du reste, de cette définition, sans laquelle il nous eût été difficile d'étendre, aux courbes et aux surfaces supérieures, les théorèmes de Pascal et de Brianchon. Peut-être n'est-il pas inutile que nous donnions ici. dans des termes aussi analogues que possible à ceux de notre énoncé, celui qu'on trouve dans les passages cités plus haut, de Steiner-Schroter et de Hesse, afin qu'on puisse juger de la différence qui existe entre ces deux énoncés : Les intersections successives des côlés alternants d'un hexagone de Brianchon sont les sommets successifs d'un hexagone de Pascal; et réciproquement : Les jonctions successives des sommets alternants d'un hexagone de Pascal sont les côtés successifs d'un hexagone de Drianchon. Nous ferons remarquer que ces énoncés peuvent se traduire en un théorème analogue à celui de Desargues, que nous avons mentionné; et que leur combinaison avec les nôtres donnera naissance à une série indé- finie d'hexagones alternants de Pascal et de Brianchon. ( 188) Ce théorème donne donc, à ceux de Pascal et de Brianchon, un complément auquel on pouvait d'autant moins s'attendre, que les développements de ces théo- rèmes ont été l'objet des études des géomètres contempo- rains les plus distingués, les Steiner, les Chasles, les Kirkman, les Cayley, les Salmo.i, les Hesse (1). Il est, en outre, un trait d'union aussi remarquable, à un certain point de vue, que celui que fournit le principe de dualité, entre ces deux théorèmes si fameux dans l'histoire de la Géométrie, en ce qu'il les montre, non pas séparément, comme le principe de dualité, dans deux figures diffé- rentes, mais simultanément, dans une seule et même figure. Enfin il pourra devenir quelque jour, grâce aux méditations d'un profond esprit, le germe d'un nouveau principe, comme le théorème de Brianchon a été le germe du principe de dualité. Peut -on appliquer ce théorème aux courbes supé- rieures? Nous avons trouvé, dans le Mémoire cité plus haut (2), l'extension des théorèmes de Pascal et de Brian- chon aux courbes planes, et nous avons démontré qu'elle est tout à fait générale jusqu'au 5e ordre ou à la oe classe. 11 est donc certain que le théorème précédent pourra s'étendre, comme ces derniers, dont il est la synthèse, aux courbes supérieures. Mais ici surgira, tout naturellement, une difficulté qu'il faudra surmonter d'abord. (1) Nous ne voulons pas insister ici sur les nombreux développe- ments que ce théorème va produire dans les propriétés des points et des droites de Steiner, Kirkman, Cayley et Salmon. Voir, au sujet de ces propriétés, Hesse, Ueber das Hexayrammum mysticum. Journal de Grelle-Borchardt.tomeLXVHI, page 193, année 1868, et Bauer, Ueber das Pascal'sche Thcorem, Mém. de l'Acad. de Munich, tome XI, 1874. (2) Voir Fondements dune géométrie supérieure cartésienne, pp. 1 8 à 59. ( 189 ) Les coniques, en effet, étant tout à la fois du second ordre et de seconde classe, on conçoit, pour ces courbes, la synthèse des théorèmes de Pascal et de Brianchon dans une seule et même figure. Faudra-t-il, pour que cette synthèse puisse avoir lieu dans les courbes supérieures, que leur classe soit aussi la même que leur ordre, c'est présumable. Toutefois, nous n'avons pas encore pu vérifier ce point important. Si ces prévisions se confirmaient, la synthèse des théo- rèmes analogues à celui de Pascal pour les courbes du troisième ordre (1), et à celui de Brianchon pour celles de la troisième classe (2), s'énoncerait : Les sommets de deux quadrilatères conjugués , inscrits à une courbe du troisième ordre et de la troisième classe , sont ceux de deux tétragones conjugués circonscrits à une autre courbe du troisième ordre et de la troisième classe, les sommets opposés de ces deux tétragones étant les intersections respectives des côtés opposés des deux qua- drilatères ; Et réciproquement : Les côtés de deux tétragones conjugués, circonscrits à une courbe du troisième ordre et de la troisième classe, sont ceux de deux quadrilatères conjugués inscrits à une autre courbe du troisième ordre et de la troisième classe, les (1) Voici l'énoncé de ce théorème : Dans un système de deux quadri- latères conjugués inscrits à une courbe du troisième ordre, les côtés opposés se coupent en quatre points situés en ligne droite. Fonde- ments, etc., p. 22. (2) Voici l'énoncé de ce théorème : Dans un système de deux quadri- latères conjugués circoncrits à une courbe de la troisième classe, les droites qui relient les quatre couples de sommets opposés concourent en un même point. Fondements, etc., p. 44. ( 190 ) côtés opposés de ces deux quadrilatères étant les jonctions respectives des sommets opposés des deux tétragones (1). Cet énoncé pourrait s'étendre avec la plus grande faci- lité aux courbes supérieures et, probablement aussi, aux surfaces du troisième ordre et de la troisième classe (2), ainsi qu'aux courbes gauches. On voit surgir, dans ce qui précède, l'idée d'un lien, à peine entrevu jusqu'à ce jour, entre les deux grandes divisions que le principe de dualité a créées dans les ligures géométriques. Cette idée deviendra, sans doute, quelque jour, féconde en applications. § H. En appliquant aux courbes du troisième ordre, quelle que soit leur classe, la méthode dont nous avons fait usage dans le cas de l'hexagone inscrit à une conique, nous sommes arrivé également à des résultats intéres- sants. JNous mentionnerons le suivant, que le lecteur traduira (1) Depuis que ces lignes ont été écrites, nous avons pu vérifier que notre théorème sur Y évolution, dans deux triangles, l'un inscrit, l'autre circonscrit à une conique, est applicable également à deux triangles, l'un inscrit, l'autre circonscrit à une cubique (courbe du 3rae ordre et de la 5me classe); et nous présumons que cette propriété caractérise toutes les courbes planes dont l'ordre est le même que la classe. (13 août 1877.) (2) Voici les énoncés des théorèmes relatifs à chacune de ces caté- gories de surfaces : Dans un système de deux tétraèdres conjugués inscrits à une surface du troisième ordre, les faces opposées se coupent suivant quatre droites situées dans un même plan. Dans un système de deux tétragones conjugués inscrits à une surface de la troisième classe, les droites qui unissent deux à deux les sommets opposés concourent en un même point. Fondements, etc., pp. 101 et 118. ( M ) aisément en son corrélatif, pour les courbes de la troi- sième classe : Théorème. Si l'on combine trois à trois, dans un ordre quelconque, les couples de côtés opposés de deux quadrila- tères conjugués inscrits à une courbe du troisième ordre, on obtient un hexagone inscrit à une conique, propriété presque évidente du reste, puisque, dans cet hexagone, les côtés opposés se coupent en trois points situés en ligne droite. Les quatre coniques qui résultent de ces combinaisons jouissent d'autres propriétés remarquables, sur lesquelles nous reviendrons. Par la même raison, on voit que l'on peut énoncer également les théorèmes suivants, qui se déduisent immédiatement de ceux que nous avons donnés dans l'ouvrage cité (1) : Théorème. Si l'on combine trois à trois, dans un ordre quelconque , les couples de côtés opposés de deux quinqué- latères (ou de deux sélatères) conjugués inscrits à une courbe du quatrième (ou du cinquième) ordre, on obtient un hexagone inscrit à une conique. Et de même : Théorème. Si l'on combine quatre à quatre, dans un ordre quelconque, les couples de côtés opposés de deux (1) Voici ces énoncés : Dans un système de deux quinquélatères conjugués inscrits à une courbe du quatrième ordre, les côtés opposés se coupent en cinq points situés en ligne droite. Dans un système de deux sélatères conjugués inscrits à une courbe du cinquième ordre, les côtés opposés se coupent en six points situés en ligne droite. Fondements, etc., pp. 26 et 29. ( 192 ) quinquélatères (ou de deux sélalères) conjugués inscrits à une courbe du quatrième (ou du cinquième) ordre, on obtient un système de deux quadrilatères conjugués in- scrits à une courbe du troisième ordre. Enfin : Théorème. Si l'on combine cinq à cinq, dans un ordre quelconque, les couples de côtés opposés de deux sélatères conjugués inscrits à une courbe du cinquième ordre, on obtient un système de deux quinquélatères conjugués inscrits à une courbe du quatrième ordre. On énoncera les théorèmes corrélatifs de la même manière, en remplaçant simplement les termes de pluri- latères conjugués inscrits par ceux de polygones con- jugués circonscrits, le mot côtés par celui de sommets, et enfin Yordre par la classe (i). De même encore : Théorème. Si l'on combine trois à trois, dans un ordre quelconque, les couples de faces opposées de deux té- traèdres conjugués inscrits à une surface du troisième ordre, on obtient un couple de trièdres conjugués inscrits à un hyperboloïde. Et le théorème corrélatif: Théorème. Si l'on combine trois à trois, dans un ordre quelconque , les couples de sommets opposés de deux tètragones conjugués circonscrits à une surface de la troi- sième classe, on obtient un couple de trigones conjugués circonscrits à un hyperboloïde. (1) Voir Fondements, etc., pp. 6 et 7 et 32 à 49. ( 193 ) § III. Il nous reste à montrer ce que devient, pour l'hexagone inscrit à une conique, la relation de I'évolution, que nous avons trouvée pour un couple de triangles, l'un inscrit, et l'autre circonscrit à une conique. Si nous désignons par 1, 2, 3, 1', 2', 5', les côtés con- sécutifs d'un hexagone inscrit, de sorte que I, et 1', 2 et 2', 3 et 3' sont les côtés opposés de cet hexagone; par /, 2, 5 les diagonales qui relient les sommets opposés, et qui passent respectivement par les intersections 25, 51, et 12; par /', 2', 5' celles qui passent par les intersec- tions 2'5, 5'1 et l'2; enfin, si nous représentons par les mêmes chiffres les points d'intersection dune transversale avec ces diverses droites, il est aisé de démontrer qu'on aura les relations 12'. 25'. 31' X 12'. 2J.' 5./' = 4 '2. 2'5. 51 X l'S. 2'5. 57, \2. 2J. 5/ X \'2- 2'5. 5'/ = 1± 23. Jt. X /2'. 25'. 51', ainsi que d'autres analogues, mais moins symétriques. Il est à remarquer que chacune de ces égalités peut être considérée comme le produit de deux relations sim- ples d'ÉvoLUTiON, qui n'ont, toutefois, pas lieu séparé- ment (1) : la première, comme le produit des relations d'évolution entre 11', 22', 55', et entre !•/', 25', 55'; la seconde, comme le produit des relations d'évolution entre Î4, 22, 35 et l'y, 2'2, 3'3. Le lecteur écrira aisément les relations corrélatives, qui ont lieu pour l'hexagone circonscrit. (1) C'est par inadvertance que nous les avons indiquées, dans le Bul- letin de mai, comme existant. ( m ) Théorème d'Algèbre; par M. Eugène Catalan, associé de l'Académie. a, b, c, ... k étant des quantités quelconques , inégales, la somme la^Tb^a-c*'" ~*~ a — k\ {a — bf (a — cf... (a — kf r \ \ 1 -| 1 "*" |j^ -1" Z"3~c + • " + 6_ J (6__a)»(6 — c)*...(6-'ife)" -+- ••• es£ toujours nulle. Cet énoncé se trouvait dans un billet cacheté, déposé le 7 avril 1877, et ouvert pendant la dernière séance. La propriété qu'il exprime est un cas particulier des théorèmes d'Algèbre indiqués dans mon Rapport sur le Mémoire de M. Ghysens, et qui sont une traduction du remarquable théorème de Géométrie dû à M. Liouville. Jusqu'à présent, je n'ai pu les démontrer directement. ( m ) Note sur une équation différentielle (te Jacobi; par M. P. Mansion, professeur à l'Université de Gand. § I. Cas général. 1. Méthode d'intégration de Jacobi simplifiée. Considé- rons l'équation différentielle a( — dy) ■+- bdx ■+- c(xdy — ydx). (1) ou a= a{x ■+- a^y -+- a3 , 6 = b{x -+■ b^y -t- b- , c= f4ac -f- c^y -+- c3. Introduisons, dans cette équation, la variable fictive s=.1, dont la différentielle dz est nulle. Il viendra a(ydz — zdy) -+- b(zdx — xdz) -+- c(xdy — ydx) = 0. ou encore a, b, c x, y, z 0. (2) dx, dy, dz Multiplions le premier membre de cette équation par le déterminant R = a, , ft. ri <*2> fr> r* as? fr> r3 (•>) dont les éléments a, (3, y, sont indéterminés, et posons f/, = ajX -t- p,y -+- y4Z, ?f2 = atx •+■ P-2^ ■+- Xs2 5 ( 196 ) Nous trouverons - j346 -+- r^ , «2a + && + r2f ? «3« + p36 ■+- 73c «! s «2 , "3 (/î/j , du?. , dM3 Posons ccta -f- [3,6 -t- ^c = /m"i = *i(«ix -+- fr.?/ + y4z) , a.a -+- pj) -+- y2c = fe2M2 = /i2(a2;r •+- {32?/ -+- (6) ky = aaz •*- (363 -+- ycz / aj — k, b{ , Cj 1=0.(4) (30 («y (s») 62— k, 63 , = 0, (7) les Si l'équation (7) a trois racines inégales, k{, A:,, k équations (6) donneront trois systèmes de valeurs (a,, (3,, y,) (a2 (32 y2) (a3 (33 y3), tels que R ne sera pas nul, comme nous le démontrerons plus bas. Par conséquent, l'équa- tion (2) sera une suite de l'équation (4), comme celle-ci est une suite de l'équation (2). Or l'équation (4) prend suc- cessivement les formes suivantes : = 0, (8) k{ux kiUï kzuz k h h 1 1 4 «i Ui Uz = uiuius du{ durr. C3y3. Si R'=0, on a aussi : A2 : A3 = B2 : B3 : = C2 : C3. De ces deux proportions, on déduit et de cette proportion nouvelle, à cause des égalités (a, — k,) a, -4- 6,p, -+- c^ = 0 , («, — fc5)as -t- 6,(33 -+- ot?-3 = 0, on tire : kt = h ce qui est absurde, dans l'hypothèse considérée. On voit donc que R' n'est pas nul. Par suite, les équa- tions^) et (8) sont équivalentes. Or (8) peut s'écrire : kiUt kiDiti kzaz tti Diii t/3 du{ dDui dus ou, en divisant par ifî{ w5, iiidDu, — Duidul dut dit?, 0, (*.-*i) "i du{ dnz 1( AS, — AAr,.Dp,) ■+■ c(An — AÂ:,.Dy,) = kzit-0 — k^i, — Aki.Dklu1 k&t, DA*,^, k~0Ui — klul — aA,D.Â-^( U, , D(/, , ll-a — !/, — a/^Dî/, dui , rfDw, , duz — dut — AkidDiii logi/3 — logt/, — AÂjD log m, = — = 0' c. Divisons ces relations par ( "3 i a'l)" , et faisons tendre k5 — k{ vers 0. A la limite, il viendra, en posant R' — C R" = lim 2 Iîm2 (ks-kf (3") (*3-A,f «i pi ri R"= D«, DS, Dr, D2«, D2(3, DV, aD% -+- &D2p, -h cDV, = D^v, = D2A,(*,x h- (3,y -t- y,*), (a,) | kiiii, DÀr{wn D2ft,w, j «, , Di«, , DV, =0, . . (8") I dut , dDiti , (ZD2w, D2log«, = C" (9") ( 204 ) On peut conjecturer, comme dans le cas précédent , que (9") est l'intégrale générale de l'équation (2), dans le cas où (7) a trois racines égales à ku mais il faut encore vérifier cette conjecture, par un calcul direct. 6. Vérification de la solution précédente. Multiplions l'équation (2), par le déterminant (o"), où nous supprimons les indices 1, parce qu'ils sont inutiles. Nous obtiendrons l'équation (8") (où nous supposons également les indices supprimés, pour plus de facilité), pourvu que l'on ait : «a -+- bp ■+- cy = ku = k(a.x -+- py -+- yz) . (o,) aDa -+- 6D(3 -+- cDy = B(ku) = kD («x +- fiy -+- yz) -+- «x-+- (3y-f- yz, (%) aD2« -+- &D2p -4- cDV = D2 {ku) = kl)2 («x + py + yz) -f- <2D{xx + £y + yz) tSs) L'équation (5j) conduit aux équations (6) et (7), comme dans le cas général. L'équation (o'2) exprime, comme dans le cas précédent, que k est une racine double de l'équa- tion (7). L'équation (5"3) entraîne les suivantes : a,D2a -*- bj)2p -+- c.DV = /^D2a -h 2Da , a2D2a -t- 62D2(3 -+- c2DV = *D*p + 2Dj3, o3D2a -f- 63D2[3 + c3D2r = fcD2r-+- 2Dr, ou encore, I)2 [(«, — h)* -+- 6,(3 + c{y] = 0 , D2[«2a + (62-/t-)(3-+-c2r] = 0, c'est-à-dire, en appelant encore S, le premier membre de l'équation (7) : D2S = 0. Celte équation, avec (5'2), exprime que S=0 a une ra- ( m ) cine triple. L'équation (o"3) peut donc être vérifiée dans le cas actuel. Je dis, de plus, que le déterminant R" n'est pas nul. Appelons encore les mineurs A.^C,, A2, B2,C2, A3,B3,C3, (a, — k)a -4- bfî -f- c ,r = 0 , (6,) (a, — k) Da -+- 6,D<3 -+- c4Dy = a, . . . . (Q (a, — k) D2« h- &,D-(3 -h c.DV = 2D* . . . (61) Multiplions ces égalités par A,, A2, A3 et ajoutons. Il viendra : As« -*- 2A3D* = 0- De même B2(3 + 2B3D(3 = 0. C2r -+- 2C3Dr = 0. On déduit de là a : Da = p : D[3 = y : Dr , et, à cause des équations (6i) (G\) : a = 0, ce qui est absurde, puisque a est arbitraire. R" n'étant pas nul, l'équation (2) est complètement équivalente à (8"). Celle-ci peut s'écrire : kai, kiïïu -+- u, A,DS« -+- 2Dw m Dm B*u du diïu dDhc = 0, 0 u -2Du u Du D2m Pi»7i) («si» Pa, y2)(«3> Ps» 7s) étant des constantes encore indéterminées. Posons a,X -4- (3jY -4- r*Z = U, , a^a -t- p46 -4- 2U = 0. (4) La seconde de ces équations est la dérivée de la première par rapport à k. Il résulte, de cette circonstance curieuse, que l'on peut déduire le système intégral de (4) de l'inté- grale de la première seule des deux équations, comme on va le voir. Posons , DU T=ioSu-a— • La première des deux équations (4) peut s'écrire : lT2dT = 0 • • (5) La seconde, par conséquent, est D(UVT)=0, ou 2UDIMT + U!rfDT = 0 (6) ( 219 ) Les équations (5) et (G) peuvent être remplacées par P2v p« les rayons de courbure; a,, a2... «n les angles que fait la direction commune des rayons vecteurs avec les normales; soient enfin p',, p'2 .... p'„ les rayons de courbure de « nouvelles courbes, respectivement tan- gentes aux premières, en A1v... A„. On a la relation ,i,..y-_l.*(l_I)._!Lfi_L]0l r étant le rayon vecteur des résultantes en leur point de contact A, situé sur OD ; a l'angle que fait la normale en ce point avec le rayon vecteur; p, p' les rayons de cour- bure. On peut mettre la formule (J) sous une forme symé- trique. Si les rayons vecteurs correspondants sont liés par l'équation ? {r, rt... r„) = 0, la dérivée partielle de r, par rapport à rp, est donnée par d? dr drp drp df dr (*) Voir la première Noie. ( 222 ) La formule (1) est donc équivalente à celle-ci en faisant Dans la démonstration de la formule, on a supposé que les courbes CIv... C„ se composaient chacune d'une seule branche. Cette supposition ne restreint pas la généralité du résultat; car on peut assimiler une ligne formée de p branches à un système de p courbes. Ainsi, pour appli- quer la formule (2) à une ligne d'ordre m, on regarde les m branches de cette ligne comme autant de courbes dis- tinctes. La relation (1) conduit à une propriété intéressante des enveloppées. Avant de l'énoncer, nous devons rappeler une définition. Si les rayons vecteurs correspondants, de deux lignes, satisfont à une équation F(r, r,) = 0, l'une d'elles est une transformée par rayon vecteur de l'autre, et l'équation donnée exprime la loi de transformation. On démontre facilement que la transformée d'une courbe enveloppe est l'enveloppe des transformées des courbes enveloppées (*). D'après cela, étant donnés un système de courbes en- veloppées et leur enveloppe, la transformation par rayon vecteur permet d'en déduire un nouveau système d'enve- loppées et leur enveloppe. Soient A j^-J la différence des courbures d'une enveloppée du premier système et de (*) Ce théorème suppose qu'on a transformé l'enveloppée et son enve- loppe suivant la même loi. [VoirATouve//e Correspondance , t. II, p. 167.] ( 225 ) son enveloppe, A fij la quantité analogue, dans le se- cond système, au point correspondant. On aura, par la formule (1 ), [) p) rj cos3« dr (3) 3a dr A " e ' 11. Si les rayons vecteurs correspondants r, r,... r„ de plu- sieurs surfaces vérifient une équation (4) ?(r,r,...O = 0, on peut dire que l'une d'elles est une résultante des au- tres. Dans le plan OAN, déterminé par le rayon vecteur OA d'une surface et la normale AN, élevons, en 0, une per- pendiculaire au rayon vecteur. Le segment intercepté sur cette perpendiculaire , entre le pôle et la normale AN, est la sous-normale polaire de la surface. Représentons par A, AIv... A„ les points d'intersec- tion d'une droite, passant par le pôle, avec les surfaces dont les rayons vecteurs sont r, r, rn. Menons, par cette droite, un plan quelconque S. Les sous-normales polaires y-, fxlv.. f/.„, des sections faites par ce plan, dans les surfaces considérées, satisfont à l'équa- tion do (■) Voir la première Note. ( 224 ) Soient a, a1v.. a„ les angles que font les normales AN, A, Ni,... A„ N„, aux surfaces, avec la direction commune des rayons vecteurs; a, «].... a„ les angles formés par la même direction avec les normales AP, A, P^.. A„ P„ aux sections contenues dans le plan sécant S; #, ^,,... , cos -^ = î^r' Cette relation est vérifiée par les sous-normales, d'une surface d'ordre n et de son plan polaire, prises par rap- port à un pôle et une transversale quelconques. IN. Faisons passer, par les points A1v. A,„ de nouvelles sur- faces, tangentes aux premières en ces mêmes points : les résultantes des deux groupes de surfaces seront tangentes en A (**). On a, de la sorte, (n -+- 1) systèmes binaires de surfaces, tangentes, deux à deux, en des points situés sur une même droite OD. Soient a, u' ; nx, u\ ; .... ; w„, u'n les rayons de courbure des sections faites , dans toutes ces surfaces, par le plan S. On a vjL(i_I)^=o. ^ cos3« \m u'I dr Si p, p^ pi, p'-i ;....; p,„ p'„ sont les rayons de courbure des (*) Cette dénomination s'applique, habituellement, à un plan tout autre. (**) On suppose, bien entendu, que les rayons vecteurs correspondants des nouvelles surfaces et de leur résultante , satisfont à la même condi- tion que les rayons vecteurs des surfaces considérées précédemment. La proposition énoncée est une conséquence delà relation 2J cos»!' — = 0. dr ( 227 ) sections normales ayant mêmes tangentes que les sections obliques, contenues dans le plan S; et si %, %)v... %n représentent les angles que font les plans des sections normales avec le plan des sections obliques, on peut écrire ainsi la formule précédente : V / (i-l)£-q ** cos3 a cos% \p p7 dr Menons, dans le plan S, les tangentes AT, A, T^.... A„T,< aux sections obliques. La normale AN, la tangente AT et la direction AD des rayons vecteurs [voir la ligure] for- ment un angle trièdre qui détermine, sur une sphère ayant pour centre le point A et pour rayon l'unité, un triangle rectilatère, dans lequel (9) et, par conséquent, sin % = sin « cos

Cette valeur de cos2%, portée dans la formule (10), la trans- forme en celle-ci v. r* H 1\ d? (13) • -2 — 7i — ^ — n — -Jt^0- ^ cos a (1 — sura cos*») \p p I dr Cette relation à laquelle satisfont les rayons de courbure des sections normales correspondantes (*) d'un nombre quelconque de surfaces et de leur résultante, permet de calculer celui de cette dernière, les autres rayons de cour- bure étant connus. Nous exposons, dans le paragraphe suivant, quelques conséquences qu'on peut en déduire. (*) Nous appelons ainsi les sections normales qui ont mêmes tangentes que les sections obliques contenues dans un même plan S. ( 229 ) IV. Soit un nouveau plan S', mené par OD, perpendiculaire- ment au plan S. Soient &>', «',,...&>'„ les angles qu'il fait avec les plans OAN,.... OA„ N„. D'après la formule (15), 1 1 \ d? = 0, ^ cos a (1 — sin2a cosV) \v v'I dr v, /; vh v',...; vn, v '„ étant les rayons de courbure des sec- tions normales qui correspondent au plan S'. Si l'on suppose que les plans S, S' soient symétriques par rapport au plan OAN, on a w = w' = ~ , et les for- mules (11), (12) deviennent 2r2 l\ \\_<* r\ dr fl 1 cosa(l -+- cos2,*) \p p'I ^ cosa,(l — sin^cos2»,) di^Xpi p\ 2rs (\ \\ -, r\ dr (X \ cosa (l-+-cos2a) \ v v'I ** cos«1(1 — sin2«1COsV)) (/r, \v, Soient C, C les courbures moyennes des résultantes. Il vient, par addition, 4r2 (14) . . (C — C) K ' COS a (1 + COS2a) V ' ^ cos «! rfri 1 — sii^ajcos2^, \p, pi/ l M Ml d — sin2aj COS2wi Wj V Si les surfaces qui touchent, en A,,... A„, les premières 2rae SÉRIE , TOME XL1V. 16 ( 230 ) surfaces considérées, sont des plans, la formule se sim- plifie : 4r2 (15) . (C — C) COS k(1+ cos a) v_zi_^ir i i T ^ COS aj (//'i Lpi (1 — SÎl^ajCOS2",) v, (1 — sinV.jCOsV,) J La formule (lo) prend une forme remarquable, lorsque les (n -+- 4) surfaces, considérées deux à deux , sont des transformées par rayon vecteur ('). Dans ce cas, les nor- males, aux points correspondants, sont situées dans un même plan, et Il vient, en représentant par Ci5 C2... C„ les courbures moyennes des surfaces qui passent par Ai,... A„ : 4r2 ^ r\ dr cosa(l -t-cosV.) ^cosa,(l — sin^jcos2»,) f/r, On peut déduire, de la formule (15), une relation entre les courbures des sections normales correspondantes d'une surface d'ordre n. Supposons, comme ci-dessus, que les surfaces, qui touchent en Alv.. A„ les premières surfaces (*) Lorsque les rayons vecteurs r, rt, de deux surfaces, vérifient l'équation F(r, r, ) = 0, l'une des surfaces est une transformée de l'autre, par rayon vecteur. Les normales, en deux points correspondants, de deux surfaces, transformées par rayon vecteur, sont situées dans un même plan [voir Nouvelle Correspondance , t. II , p. 172]. Pour avoir un groupe de surfaces, jouissant de la propriété indiquée dans le texte, on déduit, d'une surface quelconque, une transformée par rayon vecteur, puis de celle-ci, une nouvelle transformée, et ainsi de suite. ( £31 ) considérées, soient des plans. La formule (13) devient M- \p p / cos a. (1 — sin'2 a. C0S2w) \p p _ ^ A dr 1 ^ cos a, (1 — sin2a, cos2w,) dr{ p, Si r ,, )\2... rn sont les rayons vecteurs d'une surface d'ordre n, et que l'on ait n — \ L, r ** >\ les courbures y i sont nulles, et l'on obtient (17> ■ • • 2 77-^1 n-==o. *" cos a, (1 — siira, cos^J p, Sur quelques points de Géométrie Supérieure; par M. C. Le Paige. On sait que l'involution du nme ordre peut se définir par une équation de la forme f(x) + kf(x) = 0 0 (1) où x représente le rapport des distances d'un point d'une droite, à deux points fixes pris sur cette droite. Si l'on désigne par p4, p2, ... p„ les racines de l'équa- tion f(x) = 0, et par p,', p,', ... p'„, celles de l'équation

4 — p',) (ii — pâ) — (> — P-) (>s— P'i)0-* — Pi) •••(>*— P») = (A» — pO (A» — p^ — (A» — P») , (*„ - P.) (** - pi) - (K - p») ' où )b ^21 ^ représentent les racines de l'équation (1). Il n'est pas difficile de montrer que cette suite d'égalités revient à l'identité 1 — ï,\, -+- Z>,).2... ±^3 ... Xn ■1 — Zpi -+- 2p,pa ••. ± piPî ••• p„ \ — 2p\ -f- ïp'tp'i ... ± p\pï ... ?'„ analogue à l'équation 1 — (>0 -+- h) *o*i 1 — (i"o -+- y"i) /"o/"i = c 1 — (vo -+- ^l) »Vl = 0. (3) qui définit l'involution du second ordre. Nous nous proposons de montrer comment cette iden- tité se rattache à la théorie des invariants des formes binaires. Toute forme binaire, de degré pair, a un invariant qua- dratique par rapport aux coefficients (*). Soit une forme a0x" h — o,x t y n (n — 1 ) •1.2 CJJ (*) Salmon, Aly. sup., p. 111. ( 235 ) L'invariant dont il s'agit est n (n — t) I = a()ari — HfljO,,., -*- «2a„ 2 — ••• , dont les coefficients numériques sont ceux du binôme, mais dont le terme du milieu serait divisé par deux. On sait que si l'on a deux formes : n . n {n — I ) fl0x" -+- —alx" ~ly h — — «2x" y ■+■ ••• -+- a„y , n "(*-<) _._..,. o0x" -+- - o,x '^/ h «2x "(/-+- ••• -+- a„y", i 1.2 l'on obtient un invariant commun en effectuant , sur un invariant de la première forme, l'opération I d d \ L'invariant quadratique simultané des deux formes sera, par suite, n n (n — 1 ) , I, = o0a„ — - «,«„ , h «2«„_2 — •••-+- ana ,. Si nous représentons par y,, y2, ... y„; >, , ).2, ... >n, les racines des deux équations n . a0x" -+- - djX" \y -t- ••• -+- a„yn = 0, « , _. , a0x" -+- - o,x" '«-»-•■•-+- a,,*/" = 0, 1 Ii = ?'i?'2 ••• y n 2A,2y,y2 ••• r«-i -•-•••■+■ Ma ••• *„• (*) Aronhold , Begrllndung der Inoariantentheorie, Journal de Crelle, t LXII, p. 313. ( 254 ) Les formes de degré impair n'ont pas d'invariant du second degré par rapport aux coefficients, mais deux formes de degré impair ont un invariant commun, qui peut s'exprimer de la même façon, en fonction des racines des deux équations. Maintenant nous pouvons observer que si l'identité (5) a lieu, le déterminant a n — ati . .. ± ain 021 «22 • . =b aîn «n-3 i — ««-sa • • ± ««-s» i — IX, . . ± X,A2 .. • \ 1 — 2p, • ± Plp2 •• • pf 1 — 2P; . • ± pip2- • pi est nul , quelles que soient les [n — 5) premières rangées horizontales. Il en résulte qu'il est toujours possible de trouver n quantités y4, y2, ... yn, telles que les équations «nri?'2...r„ ■a«2y,r8 ... y._i ± «i« 0, n rir 273— r„ — zp^rirs ••• r„-i h — ± pipî — p„ =0, rir2r3 »• r„ i^inr^ — r»* -*- ■•• ± ?\?i ••• pL = 0 , aient un système de solutions communes. Si l'on désigne par A2; A? = <ÎB(B-|,AÎ. Donc ni'"-1 -+- A'Ai ^I"_1 ■+• AA4 p' = = = p. ni'—1 — A' A; ni""1 — AA. En conséquence, la valeur de cette fonction se conserve dans les projections. ( 236 ) Lorsque p = -\, 1 = 0. Dans ce cas, les 2 n points, représentés par les formes f, fu sont conjugués harmoniques. Nous ne nous étendrons pas davantage, pour le moment, sur la signification géométrique de la fonction p. Nous demanderons à l'Académie la permission d'ajouter à cette note une démonstration, qui nous paraît simple, de la remarquable propriété, donnée par M. Folie, dans le Bulletin de mai, et qu'il a désignée sous le nom d'évo- lution. Soit ABC un triangle circonscrit à une conique, et abc, le triangle inscrit, obtenu en joignant les points de con- tact. Supposons qu'une transversale coupe les deux triangles et la droite ka en sept points, que nous désignerons par i,V, 2,2' 3,3',*. Il est visible que les six points 1 S, 22', 55' sont en invo- lution (*). Donc 12'. 23'. or?= — }>< i ! dr M. tff btti-on J. rf«? lYiltr. « L'Académie m'a chargé d'examiner un mémoire qui a pour titre : Les couvertes, lustres, vernis, enduits, en- gobes, etc., de nature organique, employés par les (1) T. XXXIII, pp. llô-UO. ( 242 ) Romains sur leur poterie, par M. A.-D. Van Bastelaer, correspondant de l'Académie royale de médecine, prési- dent de la Société archéologique de Charleroi. J'ai lu avec soin le travail de M. Van Bastelaer. Dès les premières ligues, je me suis aperçu de ma complète insuf- fisance pour faire un rapport convenable sur ce mémoire. Il s'agit en effet dans le travail que j'ai sous les yeux, le litre d'ailleurs l'indique, non de recherches archéologiques, mais d'études et d'analyses chimiques. Il faudrait donc être chimiste pour avoir le droit de porter un jugement sur ces recherches. M. Van Bastelaer a examiné quelques vases de terre, trouvés dans un cimetière belgo-romain à Strée. Les ob- jets recueillis dans ce cimetière, dit-ii , appartiennent à l'époque du Haut-Empire, comme l'attestent quelques monnaies découvertes au môme endroit, monnaies appar- tenant aux règnes de Néron et de quelques autres empe- reurs jusqu'à Marc-Aurèle. L'auteur passe en revue les enduits faits au moyen de la poix, de la cire, de la gomme, de l'huile. Il divise son tra- vail en trois sections : 1° enduits de nature organique; 2° enduits inorganiques; 5° enduits pâteux. Ce que dit l'auteur des vases poissés ou enduits de poix offre de l'intérêt et certes les passages tirés de Suétone, de Columelle, de Pline, sont fort curieux. II est peut-être possible (je n'en réponds pas, car je ne suis pas chimiste) de reconnaître, après une longue suite d'années, des enduits produits au moyen de la poix. Mais je me demande si après quatorze ou quinze siècles d'en- fouissement au sein de la terre, on peut retrouver des traces d'enduits de cire, de gomme, d'huile? Ces enduits étant excessivement délicats, j'éprouve quelque hésitation ( 243 ) à admettre que Ton puisse retrouver et reconnaître la na- ture de tels enduits, après un laps de temps considérable, un enfouissement de plusieurs siècles! C'est à la chimie à prononcer. Je crois du reste que l'opinion émise par l'auteur sur la nature poreuse des vases d'argile, fabriqués par les Ro- mains est quelque peu exagérée ; à mon avis, des terres cuites plus ou moins dures, ayant séjourné au sein de la terre et se trouvant en contact avec des sels et d'autres matières pendant de longues années , ont dû subir des altérations. L'auteur, après avoir cité plusieurs passages empruntés aux écrivains de l'antiquité et desquels il résulte que les Romains employaient des enduits de cire, de gomme , d'huile, convient lui-même que les éludes qu'il a faites à ce sujet sont insuffisantes. Il est certain que pour arriver à des conclusions scientifiques de quelque valeur, il ne suffit pas d'examiner et d'analyser les couvertes de quelques petits vases isolés, de quelques fragments, trouvés en un seul endroit. Il conviendrait de soumettre à des analyses un très-grand nombre d'objets, recueillis dans différents lieux, dans différents cimetières, dans des pays plus ou moins éloignés. Les expériences auraient besoin d'être ré- pétées, renouvelées, contrôlées; ces expériences, ces ana- lyses, devraient être faites non par un seul savant, mais par plusieurs. Je crois qu'en chimie, aussi bien qu'en archéo- logie , si l'on veut arriver à des résultats sérieux, il faut de longues, de laborieuses recherches et des comparaisons multipliées. Je crois en avoir dit assez pour faire comprendre mon insuffisance en fait d'analyses chimiques. Un archéologue ne peut pas émettre un avis de quelque poids sur ces ( Mi ) questions. Il est à désirer que le mémoire de M. Van Bas- telaer, qui contient des recherches curieuses, soit soumis à l'examen d'un membre de la classe des sciences. » tlappor-t de M. J. Mtoulez. « Le mémoire, sur lequel la classe vient d'entendre le rapport de mon savant confrère et ami M. de Witle, se compose de trois paragraphes, dont le premier se subdivise en deux parties. Dans la première partie, il est question de vases poissés. L'auteur, ayant remarqué sur un certain nombres d'urnes cinéraires des restes d'un vernis noir , croit avoir constaté que ce vernis est un enduit de poix ; à l'appui de sa découverte il cite une série de textes latins relatifs aux vases poissés. La seconde partie est' consacrée à l'examen d'autres vases, notamment de cruches et de patères; l'auteur conjecture qu'ils ont été enduits d'une matière organique qu'il regarde comme de la cire, de la gomme ou même de l'huile ; il trouve en effet ces trois espèces de vernis indiqués dans des auteurs latins pour les vases destinés à contenir de l'huile ou certaines con- serves. Si les savants, qui jusqu'ici se sont occupés de la con- fection des vases Romains et Gallo-Romains n'ont pas fait usage du témoignage des textes invoqués par M. Van Bas- telaer (1), ce n'est sans doute pas par ignorance, mais par (1) Un célèbre minéralogiste cependant, Hausmann, dans un mémoire lu en 1825 à l'Académie des sciences de Gôtlingue (De confectione vaso- rum antiquorum fictilium quœ vulgo Etrusca appellantur), dit p. 25, sq.: « A Romanis quidem vernix picluraeque, in vasis sepulcralibus graecis » obviis, in operibus ficlilibus non adhibitae videntur; nullum enim illa- ( 245 ) la raison que ces textes ne traitent pas de la fabrication de la poterie en général, mais de la préparation particulière de certains grands vases (dolia, cadi, amphorœ) destinés à recevoir du vin, de l'huile, du miel, des figues, des salai- sons, etc. Aussi trouve-t-on la plupart de ces textes cités avec d'autres encore non-seulement latins, mais grecs, dans les ouvrages sur les antiquités de la vie privée des Romains (4), à propos soit de repas et de boissons, soit de la fabrication et de la préparation des vins. Si les expériences et les conclusions de l'auteur du mé- moire sont fondées, il faut admettre que la poix, l'huile, etc., s'employaient pour l'enduit de toute espèce de vases aussi bien que pour celui des grands vases de provision. Or, les chimistes qui ont fait des recherches avant lui ne paraissent pas avoir découvert, que je sache, ces matières orga- niques; je n'en rencontre, du moins, aucune mention ni dans le traité des arts céramiques d'Alexandre Bro- gniart, dans lequel le savant membre de l'Académie des sciences donne un tableau de la composition de la pâte et du lustre des différentes poteries romaines, telle qu'elle résulte des analyses qui ont été faites par plusieurs » rum vesligium inter operum fictilium Romanorum reliquias numerosas >> invenilur. (Conf. Rrocehi, Suite vernici usate dagli Anlichi, Bibl. liai., » t. VI, pp. 455, 465). Indumento aulem, quodam respeclu, illi simili, sed » pice vegelabili confecto, in vasis vinariis fictilibus Romani usi sunl ; • cujus praeparalio a Columella accurate relata esl. » (1) Voy. Ruperti, Handbuch der Rom. Aller Ihuemer, t. I , pp. 559 el suiv., 455. — W. Becker, Gallus, oder romische Scenen aus de Zeit Auguslus, t. III, pp. 251 et suiv. de redit, de Rein. — Becker-Marquardl, Romische Privatalterthuemer , t. Il, pp. 67 et suiv. — Pauly's Real- Encyclop. der class. Allerlhumsw., dans plusieurs articles et notamment au mot vinum, p. 2650. 2me SÉRIE, TOME XLIV. 17 ( 246 ) chimistes nominativement désignés (1); ni dans les obser- vations de Grivaud de la Vincelle (2) basées sur l'opinion de savants chimistes, tels que le comte Chaptal et Darcet; ni dans les renseignements recueillis par de Caumont (5) et M. S. Birch (4). Le §2 du mémoire offre une étude sur d'autres vases, dont la couverte avait disparu par l'action de l'eau et qui montraient tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des paillettes jaunes, dont on a déjà signalé la présence sur des vases Belgo-Romains. L'auteur recherche quel est l'enduit de nature organique, qui a servi à agglutiner ces paillettes dorées sur la poterie et quel est le procédé employé par les anciens pour la pose de cette espèce de dorure. Enfin le § 5 contient des recherches chimiques sur un enduit pâteux, formé d'une poudre inorganique délayée et agglutinée par un liquide organique. Cette courte analyse du mémoire convaincra la classe que ce n'est pas sans raison que M. de Wilte et moi, dans la séance, où elle nous a chargés de l'examiner, avons dé- claré, sur le simple énoncé du titre, que des archéologues étaient incompétents pour l'examen de cet écrit. En effet, il n'appartient qu'à des chimistes de contrôler et déjuger des expériences de chimie. Je me rallie donc à la proposi- (1) Traité des arts céramiques ou des poteries, considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie, par A. Brogpiart, professeur de minéralogie, directeur de la fabrique de porcelaine de Sèvres, etc., t. I, pp. 420 et suiv. Voy. encore pp. 586, 467, 483, de la Inédit. Paris, 1844. (2) Antiquités Gauloises et Romaines recueillies dans les jardins du palais du Sénat. Paris, 1807 , pp. 135 et 142 , et Recueil des monuments antiques découverts dans l'ancienne Gaule. Paris, 1817, pp. 152 et suiv. (3) Cours d'antiquités monumentales, t II, pp. 203 et suiv. (4) History of ancient potlery , lre édit. London, 1858, in-8". ( 247 ) tion du premier commissaire de renvoyer le mémoire de M. Van Bastelaer à la classe des sciences. Je finis par une observation qui concerne la forme du mémoire : il a élé dit plus haut que M. Van Bastelaer pro- duit comme preuves de la vérité de quelques-unes de ses découvertes une série de passages d'auteurs latins, princi- palement d'écrivains sur l'agriculture; il ne transcrit pas seulement en entier les textes latins; il y joint encore une traduction française. Ce procédé inusité pour les publica- tions académiques allonge considérablement le mémoire sans profit pour la chose. Ainsi sur les vingt et un feuillets dont se compose le premier paragraphe, seize sont rem- plis par les textes transcrits et leur traduction ; la citation en note des noms des auteurs, des titres, livres et chapitres des ouvrages, laquelle eût pu rigoureusement suffire, eût à peine occupé un tiers de feuillet. » La classe, adoptant les conclusions de ses commissaires, avait renvoyé le mémoire de M. Van Bastelaer à l'examen de la classe des sciences ; celle-ci, dans sa séance du S août 1876, chargea M. Slas de lui faire un rapport sur ce travail. Mais par lettre du 2o septembre suivant, M. Van Baste- laer a demandé à la classe des sciences de pouvoir être remis en possession de son mémoire, « comptant, disait-il , y apporter certaines modifications et améliorations impor- tantes qui préciseront le caractère de ce travail. » Sur l'avis conforme de M. Stas, la classe des sciences, dans sa séance du 21 octobre, a satisfait au désir exprimé par l'auteur, qui, paraît-il , n'a pas jugé à propos de soumettre une seconde lois son travail au jugement de l'Académie. ( m ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 2 août 1811 '. M. Alvin, directeur, président de l'Académie. M. Liagre, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. Jos. Geefs, C.-A. Fraikin, Edm. De Busscher, Alph. Balat,lechevalier L. de Burbure, J.Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, Julien Leclercq, Alex. Robert, Ad. Pauli et F. Stappaerts, membres; Ed. de Biefve et Alex. Pinchart, correspondants. M. R. Chalou , membre de la classe des lettres, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur transmet une copie du procès-verbal de la séance du 24 juillet, renfermant les opérations du jury chargé de juger le grand concours de composition musicale de 1877. Il résulte de ce procès-verbal que le premier prix a été décerné à M. Edgard Tinel, de Sinay (Waes); en outre, il a été accordé un second prix, en partage, à MM. Julien Simar et J.-B. De Pauvv, de Bruxelles, et une mention ( 249 ) honorable à MM. Sylvain Dnpuis, Emile Delhier, nés à Liège, et Léon Soubre, né à Bruxelles. — M. le Minisire fait parvenir, conformément aux dis- positions du règlement des grands concours, une copie du troisième rapport semestriel de M. Lauwers, lauréat du grand concours de gravure de Tannée 1874. La classe renvoie ce documenta l'examen deMM. Franck, Leclercq et Pinchart. — Le même haut fonctionnaire fait parvenir pour les collections de l'Académie un exemplaire de la médaille commémorative du 50e anniversaire de la fondation du Conservatoire royal de musique de Liège.— Remerciments. — L'administration communale de la ville d'Anvers in- vite la classe des beaux-arts à s'associer à la célébration du 500'' anniversaire de la naissance de Rubens, qui aura lieu le 18 août prochain. Indépendamment de M. Alvin, directeur de la classe, MM. Portaels, Slingeneyer et Fraikin sont délégués pour représenter l'Académie à cette solennité. — M. P. Génard, bibliothécaire de la ville d'Anvers, envoie, à litre d'hommage, la première livraison de son ouvrage intitulé : P.-P. Rubens, Aanteekeningen over den grooten me es ter en zijne bloedverwanten. Anvers, 1877, in -4°. M. François Orsoni, de Noto (Palerme), fait don d'une carte scénographique de l'ancien château de Noto, détruit par le tremblement de terre de 1695.— Des remerciments sonl votés pour ces dons. ( 250 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Pinchart lit un chapitre de VHistoire de la tapisse- rie de haute-lisse à Arras, destiné à être imprimé dans l'ouvrage qu'il va publier à Paris en collaboration avec MM. J.-J. Guiffrey et Eug. Mùntz. Ce chapitre concerneles origines de cette célèbre industrie au XIVe siècle, et ren- ferme des renseignements sur les premiers haute-lisseurs artésiens. M. Pinchart s'est chargé de la partie relative aux Pays-Bas. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Kervyn de Leltenhove (le baron). — OEuvres de Froissart, tome XXV, table analytique des noms géographiques (L-Z). Bruxelles, 1877; vol. in-8". Manifestation en l'honneur de M. le professeur P.-J. Van Bencden, Louvain, 18 juin 1877. Gand; vol. pet. in-4°. Potvin (Ch.). — Rubens, 29 juin 1877. Feuille in-8° s. 1. Abbeloos (J--B-) et Lamy (Thomas). — Gregorii Barhebraei chronicon ccclesiasticum, tome III. Louvain, Paris, 1877; vol. gr. in-8°. DeCeuleneer (A.). — De la nécessité des éludes d'archéo- logie classique, discours. Gand, 1877; br. in-8". Génard (P.). — P.-P. Rubens, Aanteekeningen over den grootenmeester en zyne blocdvcrwanlen, lre livraison. Anvers, 1877 ;br. in-4°. ( 231 ) Cogniaux [Alfr.). — Diagnoses de cucurbilacées nouvelles, 2me fascicule. Bruxelles, 1877; br. in-8°. Falaise (V.) et Graindorge («/.). — Éléments d'algèbre. Mons, 1877; vol. in-12. Moulart (le chan. im'i-I . « Je me rallie sur tous les points à l'opinion exprimée ci-dessus par mon savant collègue. Le mémoire envoyé à l'Académie est plein d'une érudition solide et laisse peu à l'aire à ceux qui entreprendront dorénavant d'explorer le même sujet. J'adhère également à la proposition de M. de Burbure relativement à la publication du Mémoire par les soins de l'Académie. » Kappot't tl« M. Éflotiai'fl Vèlis. « Le mémoire adressé à l'Académie en réponse à la question : Faire l'histoire et la bibliographie de la typo- graphie musicale est le fruit de patientes recherches; je partage sur ce point l'opinion de mon savant confrère M. de Burbure; mais je ne puis pas être de son avis quant au degré d'excellence qu'il attribue a ce travail. Je ne m'op- pose pas à ce que la médaille lui soit accordée, parce que nous n'avons rien d'aussi complet sur la matière, et surtout à cause de la deuxième partie renfermant un catalogue soigneusement fait des impressions musicales qui ont vu ( 276 ) le jour, dans les Pays-Bas, de 1559 à 1810 ; mais je ne puis pas m'empêcher de signaler les défauts de l'œuvre. Je ne vois pas, dans le mémoire, ce que j'espérais y trou- ver : des renseignements sur le contenu des recueils si intéressants d'œuvres de nos anciens maîtres, publiés par les typographes anversois et louvanistes du XVIe siècle. Ces renseignements eussent fait diversion à la séche- resse de l'ensemble des documents typographiques, et l'on s'étonne que l'auteur n'ait pas éprouvé la tentation de traiter ce côté intellectuel de la question. Ce n'eût pas été sortir du sujet, car l'histoire de l'imprimerie n'est pas forcément la simple énumération des ateliers typogra- phiques; elle touche à de certains points de l'histoire lit- téraire. On lit les ouvrages qui ont été conçus dans cet esprit en France, en Allemagne, en Angleterre, en Italie, parce qu'ils renferment des pages intéressantes, tandis qu'on se borne à consulter ceux dans lesquels les faits sont exposés sèchement. Les renseignements sur le contenu des éditions musi- cales citées par l'auteur du mémoire eussent été moins étrangers au sujet, que ne le sont certains détails absolu- ment dénués d'intérêt qui grossissent son mémoire. Il reproduit in extenso des pièces qu'il suffisait d'ana- lyser : par exemple un état des biens laissés par Made- leine Phalise, lequel ne remplit pas moins de 20 pages in-folio. A diverses reprises, en nous apprenant où étaient situés les ateliers de tel imprimeur de musique dont il parle, il nomme le précédent locataire de la maison, fait connaître à quelles conditions et pour combien d'années le typo- graphe la prit à bail, dit par qui elle fut occupée ensuite, etc., etc. ( 277 ) Les indications d'état civil qu'il donne pour les impri- meurs s'étendent à toute leur famille, à leur femme, à leurs enfants, aux parrains et marraines de ceux-ci, à leurs alliances, sans oublier les témoins des cérémonies baptis- males et nuptiales. Ce sont là de véritables bors-d'œuvre qui, je le répète, grossissent le mémoire sans profit pour le lecteur que de telles particularités n'intéressent en aucune façon. C'est assez généralement le tort de nos travailleurs, d'avoir du penchant pour les infiniment petits et d'accor- der une importance exagérée à des détails oiseux. On prend aujourd'hui la peine de fouiller dans les archives et l'on acquiert, par ce moyen, une notion exacte des faits; mais on ne consent à sacrifier aucun des résultats du travail auquel on s'est livré. Intéressants ou non, tous les menus renseignements qu'on a recueillis sont publiés. Ce travers est commun à beaucoup d'investigateurs des dépôts d'ar- chives. Au lieu de choisir, dans la somme des matériaux qu'ils ont rassemblés, ceux qui se rattachent directement à leur sujet et qui peuvent intéresser leurs lecteurs, ils donnent tout, au risque de rebuter ces derniers. Lorsqu'il traite de certains points controversés de l'his- toire de la typographie musicale dans les Pays-Bas, l'au- teur, au lieu de discuter, se contente d'affirmer. Par exemple, rappelant l'opinion émise par plusieurs histo- riens de l'art que les premiers typographes flamands imprimèrent leurs éditions avec des caractères gravés et fondus par Haultin, graveur et fondeur français, il s'écrie Nous répondrons carrément non! On suppose qu'a- près avoir fait cette déclaration formelle, il va justifier son dire par des preuves, comparer les caractères de ( 278 ) Ilaullin avec ceux des imprimeurs belges, l'aire voir les différences qui existaient entre les uns et les autres. Ce n'est pas ainsi qu'il procède. Il se borne a faire remarquer qu'il y avait de bons fondeurs de caractères à Anvers et que, par conséquent, il n'est pas supposante que les impri- meurs de cette ville aient fait venir de l'étranger ce qu'ils pouvaient trouver chez eux, d'aussi bonne qualité et à meilleur marché. Les auteurs auxquels il répond avaient fondé leur opinion sur la similitude qu'ils croyaient remar- quer entre les caractères employés pour les imprimeurs ânversois et ceux de Haultin. L'auteur du mémoire ne fait pas mention de cet argument et conséquemment n'en dis- cute pas la valeur. Si les auteurs qu'il veut réfuter se sont trompés, si les caractères qu'ils ont cru semblables offrent des différences, il fallait les faire ressortir. De pareilles questions ne doivent pas être tranchées aussi carrément que l'a fait l'auteur. L'argument du bon marché n'est nullement péremp- toire. Quelles raisons l'auteur du mémoire a-t-il de penser que les caractères d'impression coûtassent plus cher à Paris qu'à Anvers, au commencement du XVIe siècle? Croit-il qu'aujourd'hui même, tout ce qui se fabrique dans notre pays soit à meilleur marché que les productions sem- blables de l'industrie étrangère? La Belgique ne manque pas actuellement de fondeurs de caractères, et cependant on voit encore des imprimeurs de Bruxelles, de Gand, d'Anvers, de Liège, se fournir de certains types à Paris. Pourquoi n'en aurait-il pas été de même il y a trois siècles, surtout pour des types dont on n'avait pas encore fait usage dans nos provinces? Nous ne prétendons pas résoudre ici la question; mais elle valait la peine d'être discutée, et ce n'est pas le non de l'auteur du mémoire, si carrément qu'il ( 279 ) soit prononcé, qui puisse être considéré comme lui donnant une solution. Je voudrais que l'auteur fût invité à se servir des termes que l'Académie a employés pour poser la question qui fait l'objet de son mémoire. L'Académie a demandé une his- toire de la typographie musicale dans les Pays-Bas et spé- cialement dans les provinces qui composent aujourd'hui la Belgique. L'auteur ne parle que de la Néerlande et des Néer- landais. Il serait libre assurément de s'exprimer ainsi dans un ouvrage composé de sa propre initiative; mais lorsqu'il répond à une question posée par l'Académie, il est naturel et convenable qu'il se serve, pour désigner les choses, des termes qu'elle-même a employés. J'ajouterai que la litté- rature flamande, appelée aujourd'hui néerlandaise par quelques-uns, n'est pas intéressée dans la question des origines de la typographie musicale, attendu que les textes mis en musique par les compositeurs dont les typographes belges du XVIe siècle ont publiés les œuvres sont latins, italiens ou français exclusivement. Sous ces réserves, j'adhère à la proposition faite par le premier rapporteur d'accorder à. l'auteur du mémoire le prix fondé par l'Académie; mais il m'est impossible de m'associer au désir exprimé par mon savant confrère M. de Burbure de voir augmenter l'importance de ce prix, et cela moins encore parce que ce serait contraire à tous les usages comme à tous les principes d'équité, que parce que je ne vois pas, dans le travail en question, les mérites supérieurs invoqués en faveur d'une récompense extraor- dinaire. Il sera indispensable, si le mémoire est imprimé, que l'auteur en fasse soigneusement et sérieusement la révision au point de vue du style. On n'exige pas qu'un pareil tra- vail se distingue par l'élégance de la forme littéraire; ( 280 ) mais il faut au moins que les règles de la tangue y soient observées. » La classe, après avoir entendu la lecture des rapports de MM.Gevaertet Fétis, adopte les conclusions de ses com- missaires et décerne sa médaille à M. Alph. Goovaerts, bibliothécaire adjoint de la vilie d'Anvers, auteur du tra- vail. SUJETS S» ART APPLIQUE. PEINTURE. La classe avait demandé le carton d'une frise élevée à 5 mètres du sol et ayant Tm,S0 de haut sur un minimum de 4m, 50 de développement. Cette frise est destinée à un édifice public. Elle aura pour sujet : L'Enseignement de l'enfance. — La Crèche école gardienne. — Le Jardin d'enfants. Les quatre cartons reçus portent comme devise : Le premier : Dieu et patrie ; Le deuxième: Le soleil est lumineux et la terre est ronde ; Le troisième : D'autres temps, d'autres mœurs ; Le quatrième : Tendresse et travail. La section de peinture, assistée des autres membres présents au jugement, propose de décerner le prix au carton n° 5. SCULPTURE. La classe avait demandé le bas-relief d'une frise placée à 5 mètres d'élévation et ayant pour sujet : L'Industrie LINIÈRE PERSONNIFIÉE. La section de sculpture, assistée des autres membres ( 281 ) présents an jugement, propose de décerner le prix au seul bas-relief envoyé et qui porte une clef comme marque distinclive. M. le directeur rend compte du jugement porté sur ces travaux par les sections qui ont été chargées de les exami- ner. Ce jugement sera soumis, également, à la sanction de la classe, dans la prochaine séance. PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PLRLIQTJE. M. Alvin donne lecture du discours qu'il se propose de prononcer en sa qualité de directeur. M. le secrétaire perpétuel donne ensuite lecture du pro- gramme de la solennité, lequel est approuvé. ( 282 ) CLASSE DES BEAUX- A RTS. Séance publique du 24 septembre 4817 , à I heure. (Dans la grande salle des séances solennelles.) M. Alvin, directeur de la classe, président de l'Aca- démie. M. Liagre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Guill. Geefs. Jos. Geefs, C.-A. Frai- kin, Éd. Fétis, Edm. De Busscher, le chevalier L. de Bur- bure, J, Franck, Gustave De Man , Ad. Siret, Julien Le- clercq, Ernest Slingeneyer, Alex. Robert, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, Guffens, membres; Éd. de Biel've et Alex. Pinchart , correspondants. Assistent à la séance : Classe des sciences: MM. L. De Koninck, H. Nyst, Gluge, F. Duprez, E. Quetelet, Ch. Montigny, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Éd. Mailly, membres; M. Mourlon, correspondant. Classe des lettres : MM. Alphonse Wauters, directeur; J. Roulez, le baron J. de Witte, Ch. Faider, Th. Juste, A. Wagener, membres ; Loise, correspondant. Le programme de la solennité se compose : 1° Du discours de M. L. Alvin, directeur de la classe, président de l'Académie; ( 285 ) 2° De la proclamation, par M. J. Liagre, secrétaire per- pétuel, des résultats du concours annuel de la classe et des grands concours du gouvernement (dits prix de Rome): composition musicale et sculpture; 5° De l'exécution de la cantate couronnée au grand concours de composition musicale de 1877 : De Klokke Roeland, poëmedeM. Jules Sabbe, professeur à l'Athénée royal de Bruges, lauréat du concours des cantates, mu- sique de M. Edgar Tinel , de Sinay (Waes). A 1 heure, MM. les académiciens prennent place sur l'estrade qui leur est réservée devant l'orchestre et les chœurs. Le bureau se compose de MM. Alvin, Liagre et Alph. Wauters, directeur de la classe des lettres. Dans la loge ministérielle assistent sir John Savile Lumley, ministre plénipotentiaire de la Grande-Bretagne; M. Delcour, Ministre de l'Intérieur, et M. J. Rousseau, directeur des beaux-arts , ainsi que divers hauts fonction- naires de l'État. Les autres loges, la salle et l'amphithéâtre sont entière- ment garnis par une brillante assemblée, composée en grande partie de dames et d'artistes. M. Alvin ouvre la séance et prononce le discours suivant: « Mesdames, Messieurs, » Il y a vingt ans, à pareil jour à l'occasion de cette même solennité qui nous rassemble aujourd'hui occupant ce même fauteuil auquel m'a appelé de nouveau celle année l'indulgence de mes confrères, j'avais pris pour texte un sujet qui passionnait alors l'opinion publique. L'alliance de l'art et de l'industrie. On était déjà d'accord ( 284 ) à celte époque pour recou aitre qu'avant de l'appliquer à l'industrie, il faut être en possession de l'art lui-même, et que c'est à l'école principalement que revient le rôle d'en propager la notion et de la faire descendre jusqu'aux cou- ches les plus infimes de la société ; mais on reconnaissait également que c'est d'en haut et non point d'en bas que doit venir l'impulsion , c'est-à-dire que s'il faut rechercher avec persistance les moyens les plus propres à former de bons ouvriers en les initiant à la pratique des arts du dessin, il ne faut point négliger la formation des artistes complets, parce que c'est à eux seulement qu'il appartient d'imprimer la direction, de créer les modèles. » Mais quels sont les meilleurs moyens d'assurer à la fois la formation d'adeptes du grand art et l'éducation de l'ouvrier exerçant les métiers qui ont pour objet les pro- duits empruntant aux arts graphiques et plastiques leur principale valeur? » L'enseignement doit-il être différent soit qu'il s'appli- que à l'éducation professionnelle de l'ouvrier, soit qu'il ait pour but de former des artistes? » Faut-il créer des institutions spéciales pour chacune de ces catégories? » Ces questions, qui depuis un quart de siècle ont occupé les hommes les plus compétents appelés à conseil- ler le gouvernement, n'ont encore reçu qu'une solution théorique. » Étant établi que le dessin, considéré comme moyen de reproduire la pensée, est aussi nécessaire au peuple, doit être aussi répandu que l'écriture elle-même, on a admis comme conséquence logique la nécessité d'introduire cette branche des connaissances humaines dans le programme des écoles à tous les degrés. Cela ne veut pas dire que, du ( 283 ) jour au lendemain, l'enseignement du dessin va se trouver installé dans toutes les écoles primaires : il faudra du temps et des sacrifices pour y parvenir, mais c'est avoir fait un grand pas que d'avoir établi le principe avec la ferme volonté de l'appliquer. » L'école primaire va donc servir en quelque sorte de pépinière pour le recrutement des élèves des écoles spé- ciales de dessin, de modelage et d'architecture qu'on dési- gnait exclusivement autrefois chez nous par la dénomi- nation d'académies, et cela permettra à ces dernières de relever leur enseignement. » 11 est reconnu que ces écoles spéciales de dessin réclament depuis longtemps des réformes. Malgré d'im- portantes améliorations introduites dans quelques localités, il reste beaucoup à faire pour arriver à une organisation complètement satisfaisante. Ce qu'il y manque surtout, c'est l'unité de programme, et c'est à combler cette lacune que tendent en ce moment les efforts de l'administration centrale. Les moyens d'action dont elle dispose sont limi- tés. En matière d'enseignement scientifique et littéraire, son autorité est sanctionnée par les lois qui régissent les universités, les athénées les collèges, les écoles moyennes et les écoles primaires, son action s'y trouve définie et limitée. Il n'en est point de même à l'égard des institu- tions destinées à répandre la connaissance et la pratique des arts du dessin. A l'exception de l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers, toutes nos écoles de dessin ont le caractère d'établissement communal, n'ayant avec le gou- vernement que des rapports résultant de l'octroi de sub- sides, sous telles et telles conditions. » On aurait donc tort de rendre le gouvernement seul responsable de la situation de ces établissements. Rendons- ( 280 ) lui celle justice qu'il ue néglige rien pour introduire des améliorations partout où son intervention est acceptée. L'organisation d'une inspection, encore provisoire, les tra- vaux d'un conseil de perfectionnement, qui fonctionne depuis dix-huit ans, sont là pour prouver qu'il n'a point abdiqué ses droits et qu'il n'a point failli à sa tâche. On lui reproche toutefois de n'être point entré assez résolument clans la pratique, d'avoir trop prolongé la période des déli- bérations théoriques, d'avoir enfin négligé certains moyens propres à stimuler le zèle des maîtres. Au nombre de ces moyens figurent en première ligne ces exhibitions dont un essai a été fait en 1868 et les concours qu'on désire voir instituer entre les élèves des écoles de dessin. » C'est de ces derniers que je vais avoir l'honneur de vous entretenir. » Les concours, tout le monde le reconnaît, sont un moyen efficace d'exciter l'émulation non-seulement entre les élèves qui y prennent part, mais aussi entre les profes- seurs dont ils stimulent le zèle : ils sont donc un instru- ment de progrès. Pourquoi alors hésite-t-on encore à employer cet instrument? A mon avis, on s'exagère les difficultés que présente l'organisation de ces luttes dites pacifiques: on s'effraye trop de quelques abus possibles, comme si l'on n'abusait pas de tout ce qui est bon. » Les difficultés existent assurément, mais elles ne sont point insurmontables. Une expérience décisive a été faite, chez nous, dans des conditions analogues. » Lorsque, en 1840, l'honorable M. Charles Rogier tenta le premier essai de concours entre les athénées et les collèges, ces établissements d'instruction , en l'absence d'une loi organique, présentaient une diversité d'organisa- tion, je dirai presque une confusion qui avait beaucoup ( 287 ) d'analogie avec la situation actuelle de nos écoles de dessin, si l'on s'en rapporte au tableau qu'ont fait dernièrement de celles-ci messieurs les inspecteurs. » Les relations des collèges et des athénées avec l'État n'étaient pas mieux définies que ne le sont aujourd'hui celles que le gouvernement entretient avec les communes qui possèdent des Académies. » L'octroi d'un subside était le seul prétexte à l'im- mixion de l'autorité centrale dans l'administration. Celle-ci n'exerçait même plus, d'une manière régulière et perma- nente, son droit d'inpection. Le dernier inspecteur était mort et n'avait pas été remplacé. Le niveau des études baissait sensiblement, l'enseignement supérieur s'en res- sentait. Cette situation inquiétait vivement tous les esprits que préoccupait l'avenir intellectuel de la nation. » Quel remède eut alors la puissance d'arrêter les pro- grès du mal ? » Le concours. » C'est dans ces circonstances que se constituait le ministère de \ 840. L'honorable M. Ch. Rogier, qui avait l'instruction publique dans ses attributions, fut le premier qui entrevit le remède et qui se décida à l'appliquer. A la date du 4 juillet, il adressa une circulaire aux bourgmestres des villes qui recevaient des subventions sur le trésor public pour l'entretien de leurs collèges. Elle débute par cette phrase significative : « Désirant me rendre compte de l'emploi utile donné » aux subsides que le gouvernement alloue à plusieurs » établissements d'enseignement moyen et me faire une » idée exacte du degré d'avancement auquel les études y » sont parvenues, j'ai résolu de faire procéder, avant les » vacances prochaines, à l'inspection prévue chaque » année par la loi du budget. » ( 288 . » Le mode nouveau d'inpeclion , c'était le concours, qui ne devait être appliqué, pour cette année, qu'aux cours supérieurs et à l'enseignement des langues anciennes, de la langue française et des mathématiques. » Le premier effet, l'effet immédiat de l'annonce du concours fut de relever le moral des professeurs qui se croyaient abandonnés de l'autorité centrale. Ceux-ci saluè- rent de leurs acclamations l'idée de M. Rogier. On s'était enfin souvenu de leur existence, on allait s'occuper sérieu- sement de leurs intérêts, de leur avenir ; les plus découra- gés se reprirent à l'espérance et redoublèrent de zèle. » L'effet produit par les résultats du concours, procla- més solennellement aux fêtes de septembre de 1840, fut complexe. Ces résultats révélaient aux uns les imperfec- tions de l'organisation de leur enseignement; ils mettaient en première ligne des collèges jusque-là ignorés qui avaient disputé avec succès les palmes aux institutions les plus en évidence. » Si l'émulation fut vivement excitée chez les uns, d'autres ne supportèrent point sans murmures l'humilia- tion d'avoir été vaincus par d'obscurs concurrents. » Pendant que ces sentiments divers agitaient ce corps professoral, les administrations des communes, qui régis- saient souverainement leurs collèges ou athénées, virent, dans ces résultats, un avertissement qui leur commandait de redoubler de vigilance et de porter elles-mêmes remède au mal qui leur était signalé. Et plusieurs profitèrent de la leçon. » La seconde fois que le gouvernement décréta le con- cours, il le fit par un arrêté royal et ne crut plus obligé de le dissimuler sous l'apparence d'une inspection. L'habile homme d'État qui administrait en 18il le département de ( 280 ) l'instruction publique, M. J.-B. Nothomb, avait reconnu le parti qu'il pouvait tirer de l'institution fondée par son prédécesseur et, — comprenant d'ailleurs combien il lui eût été difficile alors d'obtenir de la législature une loi sur l'instruction moyenne, — il imagina de se servir du con- cours pour réorganiser, sans contrainte, les établissements consacrés à cet enseignement. » Les dispositions nouvelles qu'il décréta pour le con- cours de 1841 tendaient toutes à cet but. » Il publia un programme modèle. » Il admit au concours les établissements libres. » Dès lors, la création de M. Ch. Rogier était fondée sui- des bases solides; elle ne larda point à être acceptée par toutes les opinions. Les ministères qui se succédèrent travaillèrent sans arrière-pensée à la perfectionner et à lui faire produire les meilleurs fruits. Et quand le moment fut venu, dix ans plus lard , de régler par la loi les destinées de l'instruction moyenne, le concours y prit sa place à titre d'institution nationale. Ce qui a été praticable pour cet ordre d'enseignement, ce qui a pu produire de si heureux résultais pour les études scientifiques et littéraires ne présenterait pas plus de diffi- culté et exercerait une inlluence aussi salutaire appliquée à l'enseignement des arts graphiques et plastiques. » On m'objectera que ce n'est là qu'une opinion particu- lière personnelle. Je répondrai qu'elle est fondée sur une expérience déjà longue, expérience que j'ai puisée dans une participation active, durant dix années, à l'exécution de ces mesures. J'ai, de plus, pour la corroborer, le témoi- gnage de deux hommes d'État éminents qui ont pu se trouver en dissentiment sur les questions de la politique, 2me SÉRIE, TOME XLIV. 21 ( 290 ) mais qui étaient également animés de l'amour du bien et du zèle pour le progrès. » C'est dans les rapports et dans les discours émanés de ces habiles administrateurs que je trouve ces témoi- gnages. » Le rapport lu dans la séance du 26 septembre 1842, sous l'inspiration de M. J.-B. Nolhomb, détermine en ces termes le rôle véritable des concours. « Exciter l'émulation entre les élèves, animer et entre- » tenir le zèle des professeurs et enfin amener sans con- » trainte une organisation régulière de l'enseignement » dans les collèges subventionnés par l'État et dans tous » ceux qui peuvent désirer de faire participer leurs élèves » à l'honneur de mériter les couronnes que distribue le » gouvernement. » « Et l'année suivante, le même ministre s'exprimait avec plus de précision encore: « L'instruction moyenne, disait-il, manque encore de » loi organique; le concours n'est que provisoire; mais il » est devenu, dans ses développements successifs, un » moyen d'organisation. » » Enfin le fondateur de l'institution, revenu au pouvoir, exprimait son appréciation à l'égard de l'effet produit par les concours. » Je me plais à reproduire ce passage du discours pro- noncé le 25 septembre 1848, à la séance solennelle de la distribution des prix, par l'honorable M. Rogier : « Le concours institué en 1840 entre les établissements » d'enseignement moyen fut présenté, à son origine, » comme un essai que le temps seul pouvait compléter et » sanctionner. L'institution est aujourd'hui éprouvée par » sept années de pratique, et plusieurs résultats très- ( 291 ) » marquants ont été obtenus. Avant le concours, on peut » le dire, je pense, sans blesser aucune susceptibilité, les » établissements d'enseignement moyen offraient un » spectacle peu rassurant pour l'avenir de l'instruction » publique. Abandonnés à eux-mêmes sans gouvernail ni » boussole, battus par tous les vents de la concurrence, » beaucoup d'entre eux semblaient menacés du naufrage. » Pas de lien commun, pas de règle commune, le décou- » ragement partout. C'est alors que le gouvernement » comprit que le moment était venu de faire acte de pré- » sence et de vigueur. Les concours furent institués. Les » professeurs se sentirent touchés par une main amie. » Les établissements d'enseignement se sentirent ratta- » chés à l'État par un lien plus intime. Un esprit nouveau » les anima : chacun se remit à l'œuvre; au décourage- » ment succéda la confiance; la règle prit la place de » l'anarchie, l'unité fut ramenée dans les études et leur » niveau se releva. » » Le concours pouvant être lui-même le moyen de ramener les écoles à une organisation, à un programme uniforme, l'argument qui s'appuie sur leur diversité ac- tuelle pour faire ajourner l'épreuve, manque de fondement; de plus, si cette cause dilatoire continue à l'emporter, l'ajournement peut être considéré comme indéfini. Ne vaut-il pas mieux renouveler l'expérience qui a si bien réussi et dont je viens de rappeler les diverses phases et les heureux effets? » Cette objection écartée, on en soulève une autre. En excitant l'émulation, sentiment noble et fécond, on en éveille un autre moins avouable, la jalousie, qui suscite chez les uns la défiance, et peut aller jusqu'à suggérer à quelques autres des moyens illégaux pour obtenir le ( 292 ) triomphe. C'est à combattre celte défiance, c'est à rendre la fraude impossible que doit s'appliquer l'autorité qui se donne la mission d'organiser des concours. Ceux que l'on appelle à ces luttes, professeurs, élèves, ainsi que les pa- rents de ces derniers, doivent être pleinement rassurés à cet égard. « On ne saurait trop répandre ce sentiment de con- » tiance parmi les parents surtout, — lit-on dans le rap- » port du 2G septembre 1843. — Ils ont besoin d'être » assurés que leurs enfants ne rencontreront pour adver- » saires que d'autres enfants avant tous les mêmes » chances de succès, et que l'avantage sera exclusivement » réservé à l'intelligence supérieure, à l'application la » plus soutenue, aux efforts des professeurs les plus zélés » et les plus habiles, à la règle, à l'organisation classique » la mieux conçue. » » C'est faire une injure gratuite au corps professoral ainsi qu'aux fonctionnaires qui seraient chargés d'organi- ser et de surveiller les concours, que de croire possibles des fraudes qui exigeraient, pour réussir, la connivence du maître et de l'élève ou même des dépositaires de l'auto- rité. » Dans les premiers temps de l'institution des concours de l'enseignement moyen, ces soupçons injurieux se sont produits ;des mesures précises et énergiques ont été prises par l'autorité pour leur ôter toute apparence de fondement. On ne saurait trop rappeler, à ce propos, les belles et no- bles paroles d'un de nos plus illustres confrères qui, à tant d'autres qualités éminentes joignait, de l'assentiment de tous, le caractère le plus droit et le plus loyal, les senti- ments les plus élevés. » Voici en quels termes s'exprimait M. Sylvain Van de ( 293 ) Weyer, à la distribution des prix du 25 septembre 1845. Après avoir rappelé les précautions prescrites par le gouvernement pour éviter l'apparence même de la fraude, il ajoutait : « Que sont ces précautions matérielles en comparaison » des garanties morales qu'offrent la positionnes habitudes, » le caractère de tous ceux qui président ou participent » aux opérations du concours! » Et d'abord, les fonctionnaires de l'État, habitués, dans » une mission dont ils apprécient la haute importance, à » veiller à l'exécution sévère et consciencieuse de la loi, » devraient perdre tout à coup le sens moral, s'ils oublaient » combien ces devoirs, toujours impérieux, sont plus sa- » crés encore, lorsqu'il s'agit de l'instruction de la jeu- » nesse, de l'appréciation de ses premiers travaux, de » jugements enfin qui peuvent influer sur tout' son » avenir. » Les professeurs offrent-ils moins de sécurité? Il y a, » messieurs (et j'en appelle ici à votre propre expérience, » à des sentiments que vous avez tous éprouvés), il y a, » dans l'éducation de la jeunesse, quelque chose qui » élève et ennoblit l'àme. On ne forme point les autres » sans se réformer soi-même; on ne combat point les » mauvaises passions naissantes, sans en avoir étouffé le » germe dans son propre cœur; et, dans ce tendre et con- » stanl respect, que l'on doit à l'enfance, le professeur » apprendrait, s'il l'ignorait, à se respecter lui-même. » C'est là, messieurs, que je trouve des garanties contre » les abus, la partialité, la connivence, la fraude, et non » dans ces urnes, ces boites, ces cachets, vaines précau- » tions,si le sentiment de l'honneur le plus délicat n'anime » pas ceux qui les emploient. ( 291 ) » Que si l'institution du concours devait l'aire naître » dans tous les cœurs de trisles jalousies, de honteux » soupçons, de basses méfiances; si les professeurs ces- » saient d'avoir loi en leurs collègues, les élèves en leurs » professeurs, et tous en l'intégrité des fonctionnaires de » l'État; si, en un mot, les uns et les autres se croyaient » capables d'user de tous les moyens pour emporter on » favoriser un succès à tout prix, je n'hésiterais pas à le » dire : l'institution du concours serait mauvaise, et il » faudrait se hâter de l'abolir, dans l'intérêt de la morale » publique et de la génération qui s'élève; car rien, à mes » yeux, ne saurait lui être plus fatal que de faire avorter » dans son sein, par des habitudes de passions déni- » granles, ces nobles velléités d'ambition généreuse qui » n'attendent qu'une occasion pour se traduire en grandes » et belles actions. « Oui, jeunes élèves, ajoutait en finissant l'orateur, » soyez-en bien convaincus : pour atteindre à une haute » moralité, il faut croire à la moralité des autres. Con- » sullez l'histoire : la méfiance n'a jamais rien produit de » grand. Elle décèle l'appauvrissement et la caducité de » l'âme. » » On peut conclure, je pense, de ce qui vient d'être dit, que l'organisation d'un concours entre les écoles de des- sin ne rencontrerait pas plus de difficultés aujourd'hui que n'en a rencontré, en 1840, l'organisation de cette même institution pour l'enseignement scientifique et littéraire, que les obstacles qu'on redoute et qui sont d'ailleurs ceux que rencontre toute innovation, seraient aussi facilement surmontés par l'intelligence et la loyauté des fonction- naires du département des beaux-arts qu'ils l'ont été, de- ( 293 ) puis trente-sept ans, par ceux de l'instruction publique (1). L'expérience des uns ne sera pas perdue pour les autres. Et, j'en ai la ferme confiance, le succès sera complet et le résultat des plus favorables à l'égard des écoles et par suite à l'égard du développement de nos industries de luxe. » Ce n'est pas que je veuille prétendre que des écoles seules dépend le renouvellement d'une alliance perma- nente et fructueuse entre l'art et l'industrie; d'autres éléments encore doivent concourir à ce résultat. » Il y a surtout un genre d'enseignement qui peut et qui doit exercer sur toute la population une influence continue, de tous les jours; que l'on subit sans s'en aper- cevoir : je veux parler de celle qui résulte de la vue des monuments et des œuvres d'art s'offrant,à chaque instant, aux yeux du peuple dans les grands centres où se fixent habituellement les industries de luxe. » Là encore, l'intervention des pouvoirs publics est indispensable, et, disons-le sans crainte d'être taxés de flatterie, l'administration supérieure et celles de nos grandes cités ne sont point demeurées, sous ce rapport, au- dessous de leur mission. Il appartient en effet aux admi- nistrations de tous les degrés, au gouvernement, dans sa haute sphère, aux provinces, aux villes et aux communes de multiplier ces moyens de former ou de rectifier le goût des populations en ouvrant largement les édifices qui ren- ferment les chefs-d'œuvre de l'art du temps passé, les mu- (1) Le gouvernement, d'ailleurs, paraît convaincu non-seulement de la possibilité, mais aussi de la nécessité de l'organisation de ces concours, puisque l'obligation d'y prendre part figure au nombre des conditions qu'il impose depuis huit ans aux écoles de dessin auxquelles il octroie des subsides. ( 29(3 ) sées de peinture et de sculpture, en distribuant des pro- ductions des mêmes arts sur les places publiques, sur les façades des monuments, dans les salles accessibles à la foule. Que tout bâtiment, érigé aux frais des contribuables paye la dîme aux beaux-arts et soit marqué au coin du bon goût. Il ne faut pas croire que cette préoccupation du beau dans les constructions entraîne à d'excessives dépenses. Ce n'est pas la richesse des matériaux qui donne un caractère monumental à un bâtiment, c'est la pureté, l'harmonie des formes qui constituent la beauté d'un édifice. » N'a-t-on pas vu des conceptions bizarres blessant tous les principes du bon goût, ou même de plats et vul- gaires lieux communs, exiger des dépenses énormes? L'économie se met plus volontiers d'accord avec une sa- vante et harmonieuse ordonnance. » Il y a donc deux sortes d'enseignements à adresser au peuple : celui de l'école et celui de la rue, si je puis m'exprimer ainsi. Et on ne saurait trop répéter au gouver- nement, aux provinces, aux communes: Fondez, entrete- nez des écoles de dessin ; surveillez-les avec sollicitude, autorités de tous les degrés, laïques et ecclésiastiques; restaurez les monuments du passé, érigez-en de nouveaux, donnez-leur une décoration en rapport avec leur destina- tion, afin que nous puissions les montrer à l'étranger comme l'œuvre d'une nation intelligente, qui a la louable ambition de ne point déchoir du rang auquel se sont éle- vés ses ancêtres, et qui tient à honneur de montrer au monde entier qu'elle a su mériter les bienfaits de l'autono- mie et de l'indépendance dont elle jouit depuis bientôt un demi-siècle. » Des applaudissements ont accueilli ce discours. ( 297 ) M. le secrétaire perpétuel a ensuite proclamé de la manière suivante les résultats des concours : CONCOURS ANNUEL DE LA CLASSE. Sujets littéraires. Un mémoire portant pour devise : L'existence de Rubens fut une lutte contre son originalité, a été reçu eii réponse à la première question du programme : Déterminer quelles ont été les influences qu'ont subies pendant leur séjour en Italie, les artistes flamands P. -P. Rubens et Ant. Van Dyck. Rechercher si, à leur tour, ces peintres n'ont pas aussi exercé une certaine influence sur les artistes italiens. Conformément aux conclusions favorables des commis- saires, chargés d'examiner ce travail, la classe a décerné sa médaille d'or de six cents francs à l'auteur M. Edgar Baes, à Bruxelles. Un mémoire, portant pour devise : Amore et Labore, a été reçu en réponse à la quatrième question : Faire l'histoire et la bibliographie de la typographie musicale dans les Pays-Bas et spécialement dans les pro- vinces qui composent aujourd'hui la Belgique. Conformément aux conclusions favorables des commis- saires chargés d'examiner ce travail, la classe a décerné sa médaille d'or de mille francs à l'auteur, M. Alphonse Goovaerts, bibliothécaire adjoint de la ville d'Anvers. ( 298 ) Sujets d'art, appliqué. L'Académie avait demandé, comme sujet de peinture, le carton d'une frise pour un édifice public, élevée à 5 mètres du sol et ayant lm,50 de haut sur un minimum de 4m,50 de développement. Elle devait avoir pour sujet : L'Enseigne- ment de l'enfance. — La Crèche école gardienne. — Le Jar- din d'enfants. Quatre cartons ont été soumis au concours. Ils portent pour devise : Le premier : Dieu et Patrie; Le deuxième : Le soleil est lumineux et la terre est ronde; Le troisième : D'autres temps, d'autres mœurs ; Le quatrième : Tendresse et travail. Le prix de mille francs a été décerné au carton n° 3, portant pour devise : D'autres temps, d'autres mœurs, et qui a pour auteur M. Auguste Bourotte, à Bruxelles. Pour la sculpture, la classe avait demandé un bas-relief d'une frise placée à 5 mètres d'élévation et ayant pour objet de représenter : L'industrie linière personnifiée. Le prix de mille francs a été décerné à la seule œuvre soumise et portant une clef comme marque distinctive. Ce bas-relief a pour auteur M. Georges Geefs, à Anvers. COICOUUS nU GOUEBMEWEST. GRAND CONCOURS DE COMPOSITION MUSICALE DE 1877. Concours des cantates. M. le Minisire de l'Intérieur, sur les propositions du jury chargé de juger le double concours des cantates devant ( 299 ) servir de thème aux concurrents pour le grand prix de composition musicale de 1877, a décerné le prix des can- tates françaises à M. Clément Michaels, de Schaerbeek, pour son poème intitulé : Samson et Dalila, et le prix des cantates flamandes à M. Jules Sabbe, processeur à l'athé- née royal de Bruges, pour son poème intitulé : De Klokke Roeland. Concours de composition musicale. Le jury chargé de juger le grand concours de composi- tion musicale pour 1877 a décerné, à l'unanimité, le pre- mier prix à M. Edgar Tinel, né à Sinay (Saint-Nicolas). Un premier second prix a été accordé à M.Julien Simar, né à Bruxelles, et un deuxième second prix à M. J.-B. De Pauw, de la même ville. Une première mention honorable a été accordée à M. Syl- vain Dupuis, né à Liège; une deuxième à M. Emile De- thier, de la même ville, et une troisième à M. Léon Soubre, né à Bruxelles. GRAND CONCOURS DE SCULPTURE DE 1877. Le jury chargé de juger le grand concours de sculpture ouvert cette année a décerné le premier prix à M. Julien Dillens, de Bruxelles; un second prix a été décerné à M. Charles De Kesel, de Somergem, et une mention hono- rable, en partage, a été accordée à MM. François Joris, de Deurne; Georges Geefs, d'Anvers, et Désiré Duwaerts, de Diest. Les lauréats, à l'exception de M. De Kesel, retenu par indisposition, et de M. Michaels, sont venus recevoir leurs récompenses des mains de M. le Ministre de l'Intérieur ( r»00 ) et de M. le président de l'Académie, qui leur ont adressé des félicitations. La séance a été terminée par l'exécution de la cantate, dirigée par l'auteur, M. Tinel. L'assemblée a vivement applaudi celte œuvre, dont les soli ont été chantés par Mlle Gilbert, M. Em. Blauwaert (baryton) et M. J. Van Cauteren (ténor). Les chœurs ont été exécutés par la Société Roland de Lattre, de Hal , et par les demoiselles élèves du Conservatoire royal de Bruxelles. Voici le poè'me de M. Jules Sabbe: DE KLOKKE ROELAND*. Mijn naam is Roeland ! kleppe, 't is storm of branil ; Grijze toren dcr Genieente Rijzend in den avondgloed, WijI de nacht aan uwen voet Reeds de graven dckt der helden, Die U, vrijheidsreus, daar stelden Tôt gctuige van hun moed, — Wees, o Belfort, ons gegroet! En gij, Klokke, daar omhooge, Bronzen ziel in 't steenen lijf, Die de vaadren opgetogen Wektet tôt hun kloek bedrijf , * Roeland was de naam der groote stormklok van Cent. Zij was versierd met het opschrift dat als motto dient. ( 50! ) Daag Iiun schimmen voor onze oogen ! Dat ze ons warmen 't koele bloed! Dat zc leercn aan hct hcdcn Hoe de grootheid van 't verlcdcn 't Werk was van hun mannenmoed! Verrljzende geesten. Roeland! Rocland ! Als hij klept, 't is storm of brand! Aïs hij luidt, o heil en glorie, 't Is victorie In Vlaanderland! Kecfet : Maar ),.. , } lui waakt, in vredcstiid, Koor: ja \ J ' J ' Nu op 't werk van liefde en vlijt! Een wever (in zijn huisje, bij 't getouiv). Lijk het zonncke lacht door de ruiten, Lacht de liefde uit uvve oogen, o vrouw ; En zoo blij als de lente daarbuiten Is het werk hier, bij u , op 't getouw! Want wat gij spint, Dat zal ik weven ; En wat het wint Zal vreugde geven : 't Is al voor u en voor ons kind!... Mijn vrouw ! ons kind! ons werk! o tooverwoprden ! Wat heeft het moed Gekost en bloed, Eer al die schatten ons behoorden ! — Maar nu, geen heer, Geen slaaf ook meer! Nu is de burgerman een koning In zijne woning! Hij stichtte met een kloeke hand Het huisgezin, het vaderland! — ( 502 ) En uit zoo mcnigcr helden gebeente Rees, als een huldigend grafgesteente, 't Grootschc Belfort op, en daar Waakt op het wcrk, wekt in 'tgevaar De klokke der Gemecnte! — Geeste'nkoor. Roeland ! Roeland ! Hoort, hij klept!... Is het storm of brand?. Stemmen. 't Is de vijand in Vlaanderland! Te wapen! Weversvrouw. God ! te wapen ! Weer die kreet, Die zoo vaak in 't hart me sneed! Al wat liefde leven deed Treft die kreet! God! te wapen! Wevcr. Druk den helm mij op de slapen ! Gord het zwaard mij om de leên ! Vrouwe, daarheen Roept me de plicht, Ver van u en het lieve wicht! Wcver. Vaarwel, o levensgezellinne! Vaar immer wel! 't Is 't bloedig spel Dat weer begint ! Weversvrouw. Vaarwel, o zoete droom van minne! Denk, o mijn held, Nog in 't geweld Aan vrouw en kind ! ( 303 ) Laat me al wat ooit in 't hart ik sloot In dczcn kus u geven ! Maar, in de zcge of in dcn dood, Blijve onze liefdc leven ! Vaarwel ! Wee ! uit onze armen Worden alweêr de geliefden gerukt: God heeft vrijheid ons gegeven, Maar ook 't minncvuur! Kost het dan zoo duur Minnend vrij te leven? Cirijzam-tls. Kwcl met geen kermen Helden ter rcdding der vrijheid gerukt! In haar henielgloed te leven Is onwaardig hij, Die niet trotsch en blij Ook voor haar kan sneven! Iteciet ici koor (visioen). Wee ! die hloedwolk voor onze oogen ! Wee! Die zce Van menschcn en paarden En knodsen en lansen En zwaaiende zwaarden ! Wee! dat getier!... Smoort geen kreet van mededoogen!... Hoort gc 't van hier! Ziet ge ze ginder akelig glanzen, De groene wei, De purperen heî, Dampend in den zonnegloed Rood van bloed! — En over de plassen, waar tasscn in vielen Van lijken, gemaald door het morzelend wielen Van 't woeste gevecht Voor het recht, Dreunt nog dreigend krijgsgeschreeuvv ! ( 304 ) Steninicii . Monl-joie et Saint-Denis! Vlaanderen den leeuw! Keciet (vervolg). Ach! wie kan de bange klacht In het harte smoren ? In dien niaalstroom van haat vvordt de Iiefde versmacht! Grijzaards. Maar de vrijheid wordt er herboren!... Hoort ge Roelands bronzen mond , Die haar zegepraal verkondt ! — Hoort, hij luidt, o heil en glorie ! 't Is viclorie In Vlaanderland ! Vronwen, kinclers. Strooit bloemen op hun weg, vlecht kronen voor de belden! Zij keeren uitden strijd, une 't volk in eer herstelden! (Triomfmarsch. — Hel zegevierende gemeenk léger in aantochl.) Weversvrouw. Ach! al is de nood geweken En gewroken recht en eer, 'k Voel me toch het harte breken !... Kind, keert ook uw vader weer? — CiemeeiitcsJrïjtlers (komen in triomf de stad binnen). Hard is de strijd geweest, Hoog onze nioed! Vrijheid, uw hemelgloed Maakt onbevreesd ! Solo en koor. ( 30S ) Menige heldcn, ach ! Blevcn op 't veld!... Maar ook vcrplctterd lag Dwang en geweld! Weversvroiiw. Wee! mijn angstig voorgcvoel! 'k Mis hem in hct blij gevvoel!.. Ons geluk, zijn leven, 0 mijn kind, ons liefde pand, Voor het vaderland Werd het al gegeven. Allen. (S lot koor.) Milder zal het veld nu bloeien, Oogstcn telen, vruchten brocicn, Zwellend van der hclden bloed! Recht en rede zullen tronen!... Maar hoe zullen eens de zonen 't Grootsche werk der vaadren kronen, Dat zoo duur ons koslen moet?... 0 Belfort, uit den nacht van zooveel heldengraven Verrijzend, beeld der trouw, in reinen hemelgloor ! 0 Roeland, heilig brons, waarin de ziel der braven, Totreuzenpsalmen smelt, en lecft de tijden door! Verwekt voor 't nageslacht het epos van ons lijden ! En houdt hun 't offcr voor in vrcugd of bangen nood! Dat hun u\v stemmc leer te leven door te strijden ! Zoo blijve ons volk in eere, en Vlaanderen vrij en groot! 2°°* SÉRIE, TOME XLIV. ( 500 ) LA CLOCHE ROLAND. Traduction de M. Jules Guilliaume. Le Récitant. Vieille tour du beffroi Dont les restes sont les annales De nos franchises communales, Belfort, salut à toi ! La lune aux lueurs indécises Éclaire à tes pieds le champ de repos Où dorment les héros Dont la main jeta tes larges assises. Témoin qui les immortalises, Monument de gloire et d'effroi, Salut, Belfort, mon vieux beffroi! Et toi, cloche altière, Cœur d'airain dans un corps de pierre , Roland, fait surgir à nos yeux Les ombres saintes des aïeux. Parle-nous, de ta voix qui vibre ; Rends-nous meilleurs, en nous montrant Comment un peuple reste libre, Comment un peuple devient grand! Spectres. Roland! Roland! Il donne, vigilant, Le signal des alarmes. Il sonne pour crier aux armes, Il tinte pour crier au feu; ( 307 ) Et quand Roland se fait entendre A toute volée, à plein jeu, C'est victoire, victoire en Flandre! Il SE. < il;. 11! Mais la discorde sans retour A disparu du monde; Partout règne la paix féconde, Et Roland, nuit et jour, Sommeille dans sa tour. Un tiwsei-and. Le soleil qui pénètre A travers la fenêtre Me sourit moins joyeux Que l'amour dans tes yeux. Près de toi, chère femme, Le travail est un jeu ; Quand la joie est dans l'âme, On est riche de peu. Pour m'aider dans ma tâche, Assise à ton rouet, Tu files sans relâche Le lin que je tisse à souhait; Partage où tout est nôtre, La peine et les profits; Travaillons l'un pour l'autre Et tous les deux pour notre fils. Une femme qu'on aime, Un enfant !... n'est-ce pas Le bonheur du ciel même Qui commence ici-bas? Ma femme! mon enfant! doux êtres! A nos ancêtres, Combien d'efforts ( 308 ) 11 a fallu naguères Et combien de sanglantes guerres Pour conquérir ces chers trésors! Aujourd'hui, plus d'entraves! Plus de seigneurs et plus d'esclaves: Chacun chez soi Est libre et roi; Il a son industrie, Sou foyer, sa patrie; Belfort est là, pour protéger A l'heure du danger Nos droits et nos fortunes, Belfort qui porte dans son sein Le fier tocsin, La cloche des communes. £,es Spectres. Roland! Roland! Il entre en jeu, C'est un signal d'alarmes. Appellc-t-il au feu? Voix. Non! Roland crie: aux armes! Les ennemis Menacent le pays. La femme du tisserand. Aux armes! ciel! aux armes! Encore cet horrible cri Qui glace notre cœur meurtri Et fait couler nos larmes. La vie avec ses charmes, Amour, bonheur, tout est flétri, Tout meurt, à cet horrible cri : Aux armes! ( 309 ) Le tisserand. Aux armes! femme, ceins Mon épée autour de mes reins. Je pars, la mort dans l'âme; II le faut! Chère femme, Attache vite mon cimier; Le devoir me réclame, Je serai le premier. Le tisserand Il faut partir, tu m'es ravie, Espère en Dieu qui nous défend. Adieu, compagne de ma vie; Tu veilleras sur notre enfant. La femme du tisserand Toute espérance m'est ravie; Tu vas partir, mon cœur se fend ! Hélas! sans toi, dans cette vie, Que deviendra mon pauvre enfant? Le» femmes. Le sort barbare De nous sépare Tous ceux qui nous sont chers. Cruel départ! regrets amers! Le*' vieillards Cessez vos plaintes, femmes. Vos longs sanglots De nos héros Pourraient troubler les âmes. Les vieillards. La liberté qui les enivre, Il faut savoir la conquérir; Pour elle, c'est trop peu de vivre . Il faut savoir aussi mourir. Les femmes. La liberté qui vous enivre , Vos femmes savent la chérir ; Mais perdre ceux qu'on aime, et vivre, Pour elles, c'est vingt fois mourir. ( 310 ) Récit en chœnr. Quelle effroyable mêlée Vient s'offrir à nos regards! La plaine est foulée Sous les pieds des chevaux hagards. Les lances, les épées Que brandissent des mains crispées Sillonnent Pair Comme l'éclair. La riante prairie, La bruyère fleurie Fument, rouges de sang. En vain le bruit augmente; Un cri de guerre menaçant Toujours domine la tourmente. Voix lointaines. Flandre au lion! — Montjoie et Saint-Denis! Récit en chœur. 0 comble de maux infinis! L'amour va-t-il à jamais disparaître De cette terre à l'aspect désolant? Les vieil lards. Non! la liberté va renaître. Écoutez! la voix de Roland Du haut des airs se fait entendre : Mort à l'agresseur insolent Et victoire, victoire en Flandre! Femmes, enfants. Semez à pleines mains Des fleurs sur les chemins, Semez des fleurs nouvelles. ( 511 ) Pour couronner leurs fronts, A nos guerriers offrons Des palmes immortelles. La femme du tisserand. 0 jour de gloire, jour d'honneur! Le peuple à son bonheur Se livre sans contrainte, Le peuple triomphant. Mon cœur pourtant frémit de crainte. Celui que j'aime, pauvre enfant, Ton père est-il encore vivant? Guerriers (revenant du combat). La lutte est terminée! A nos drapeaux, au nom flamand L'honneur de la journée Acquis, hélas! bien chèrement. Nombre de nos plus braves hommes Jonchent la plaine; mais, Grâce à leur noble ardeur, nous sommes Libres à tout jamais! La femme du tisserand. Malheur dont j'avais le présage ! Celui que j'attends N'est point parmi les combattants Que la foule acclame au passage. Mes pleurs ont été superflus ; Plus de bonheur, plus d'espérance. Peuple, chante ta délivrance! Pleure, enfant; ton père n'est plus. ( 31* ) Le Hu-ilanl. Le sang des martyrs, céleste rosée, Fertilisera la terre arrosée; Plus riche demain scia la moisson. Les fds qui verront des âges prospères Un jour sauront-ils combien à leurs pères De la liberté coûta la rançon? ritœur final. Vieille tour du beffroi Dont les restes sont les annales De nos franchises communales, Apprends-le nous. Et toi, Cloche vaillante, cloche altière, Cœur d'airain dans un corps de pierre, Roland, fais surgir à nos yeux Les ombres saintes des aïeux. Parle-nous, de ta voix qui vibre ! Rends-nous meilleurs, en nous montrant Comment un peuple reste libre, Comment un peuple devient grand! ( 313 ) CLASSE »ES SCIENCES. Séance du 13 octobre 1877 . M. J.-C. Houzeau, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. Liagre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J.-S. Stas, L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Ed. de Selys Longchamps, H. Nyst, Gluge, Mel- sens, F. Duprez, Ern. Quelelet, Eru. Candèze, F. Donny, Ch.Montigny, Steichen, Éd. Dupont, Éd. Morren, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alb. Briart, F. Plateau, F. Crépin et Éd. Mailly, membres; Th. Schwann, E. Ca- talan, associés; 3. De Tilly, F.-L. Cornet, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe et M. Mourlon, correspondants. Avant la lecture de la correspondance, M. le vice- directeur adresse les félicitations de la classe à M. Éd. Van Beneden, au sujet du prix quinquennal des sciences natu- relles qui lui a été décerné pour ses travaux d'anatomie comparée, pour ses travaux d'histologie, et pour l'impul- sion qu'il a donnée à cette branche des sciences. — Applau- dissements. CORBESPONDANCE. La classe a perdu , le 9 septembre dernier, M. Parlatore, directeur du Musée de physique et d'histoire naturelle de Florence, né à Palerme le 8 août 1816, élu associé de ( "14 ) la section des sciences naturelles le 15 décembre 1871. M. Parlatore avait assisté, comme délégué du Musée de Florence, au jubilé séculaire de l'Académie. M. Ulysse Le Verrier, directeur de l'Observatoire de Paris et associé de la section des sciences mathématiques et physiques, depuis le 15 décembre 1874, est mort le 25 septembre dernier. — M. le Ministre de l'Intérieur adresse, en copie, un arrêté royal du 5 juillet dernier, qui ouvre un deuxième concours pour la collation du legs de 10,000 francs institué à perpétuité par le D' Guinard. Il demande en même temps que la classe des sciences, de concert avec la classe des lettres, lui soumette une liste double de cinq membres pour la nomination, par arrêté royal , du jury qui jugera ce concours. La classe procède, par scrutin secret, à la formation de cette liste, qui sera communiquée au Ministre, avec celle de la classe des lettres. — M. le Ministre envoie, de la part de M. le Ministre de l'instruction publique de France, un exemplaire du tome Ier, avec atlas, du Catalogue des pièces du Musée Dupuytren, publié sous les auspices de la faculté de mé- decine de Paris, par M. Houel. Il adresse, en outre, comme suite à ses envois anté- rieurs , la 5me livraison de la première année de la Revue des questions scientifiques , publiée par la Société scienti- fique de Bruxelles, et les Rapports des délégués belges à l'Exposition internationale de Philadelphie. — Remercî- ments. — M. E. Adan, major d'état-major, faisant fonction ( 513 ) de directeur du Dépôt de la Guerre, communique le rap- port sur l'activité scientifique de ce Dépôt, qu'il vient de présenter à l'Association géodésique internationale réunie à Stuttgart. — Pris pour notification et remercîments. — La Société de médecine publique de Bruxelles fait connaître qu'elle vient de se constituer; elle envoie ses statuts et les circulaires relatives à son organisation. — Les Sociétés suivantes ont fait parvenir leurs der- nières publications : la Naturforschende Gesellschaft de Dantzig; la Société des sciences et l'Observatoire de Prague, le Geological survey of Incita, la Senckenbergische naturforschende Gesellschaft, la Société finlandaise des sciences à Helsingfors. — L'Institution smithsonienne de Washington adresse une circulaire imprimée, signée M. Emile Bessels, et com- muniquant le résultat de recherches sur la moyenne de la pression atmosphérique. — Remercîments. — La classe reçoit à titre d'hommage les ouvrages sui- vants, au sujet desquels elle vote des remercîments aux auteurs : 1° Par M. J. Berliner, de Washington, d'une circulaire sur ses découvertes concernant l'électricité; 2° Par M. J. Gosselet, associé de la classe, à Lille, de quelques travaux géologiques dont les litres figurent parmi les ouvrages présentés; 3° Par M. C. Lagrange, d'un exemplaire de son travail, De f influence de la forme des corps sur leur attraction, publié dans le Bulletin du mois de juillet dernier, présenté par M. Liagre; ( 516) 4° Par M. le commandeur G. Capellini, de Bologne, d'un exemplaire de son ouvrage publié dans le recueil de l'Aca- démie des Lincées, de Rome, sous le titre de : Balenotlere fossili e pachyacanthus delC Italia méridionale , et d'une brochure extraite des Comptes rendus de l'Académie de Bologne sur la Marne glauconi fere dei dintomi di Boloyna; offerts par M. P.-J. Van Beneden; 5° Par M. Ch. Antoine, ingénieur delà marine à Brest, de quatre mémoires autographiés sur la physique , dont les litres figurent parmi les ouvrages présentés; 6° Par M. John Ericsson, de Washington, d'un exem- plaire de ses Contributions to the centennial exhibition of Philadelphia. New-York, 1876; gros vol. in-4°. — M. Edouard Sang, delà Société royale d'Edimbourg, adresse un feuillet spécimen de ses Tables de sinus à 25 décimales, ainsi que la brochure sur la construction de ces tables, publiée dans les Proceedingsde la même Société. Il demande en même temps que la classe souscrive à ce travail. — La classe regrette de ne pouvoir accéder à cette demande n'ayant pas de fonds spécial pour achat de livres. — Le comité organisateur du Congrès international géologique qui aura lieu à Paris en 1878, donne connais- sance de sa composition et de son organisation. La Société botanique et la Société d'horticulture de France adressent une circulaire relative à un congrès gé- néral qu'elles tiendront à Paris à la même époque. — La classe accepte le dépôt, dans ses archives, de deux billets cachetés l'un, envoyé par M. F. Folie le 14 août ( 517 ) dernier, el l'autre, présenté séance tenante par M. Folie, au nom de M. Le Paige. — Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires : 1° Remarques sur la théorie des moindres carrés, par M. E. Catalan. — Commissaires: MM. Folie, Liagre et De Tiily; 2° Sur la détermination des volumes et des aires, par M. Emile Ghysens. — Commissaires: MM. Catalan et De Tilly; 5° Morphologie du système dentaire des singes, par M. Ern. Lambert. — Commissaires: MM. P.-J. Van Bene- den , Éd. Van Beneden et Gluge; 4° De l'origine et de l'établissement des mouvements astronomiques, par M. C. Lagrange, ancien élève de l'École militaire, à Ixelles. — Commissaires: MM. Van der Mens- brugghe, Folie et Houzeau; 5° Innovations industrielles , par M. C.-E. Baraquin. — Commissaires : MM. Duprez, Montigny et Melsens; 6° Sur quelques propriétés de l'invariant quadratique simultané de deux formes binaires, par M. C. Le Paige. — Commissaires : MM. Folie et Catalan ; 7° Préparation au collodion d'un vernis fluorescent à base de sulfate de quinine, applicable sur verre, par M. Achille Brachet. — Commissaires : MM. Melsens et Mon- l'gny; 8° Recherches sur les minéraux relges , 4me notice. Sur la Kaolinite (Pholirite) de Quenast et du terrain houiller, par M. Lucien de Koninck. — Commissaires: MM. Malaise, Mourlon et Melsens; ( 318 ) 0° Études sur l'ossification. I. Évolution du cartilage embryonnaire chez les mammifères, par M. H. Leboucq. — Commissaires: MM. Éd. Van Beneden, Schwann et Gluge; 10° Contribution à l'histoire du sucre (Saccharose), par M. Motteu. — Commissaires : MM. Slas, Donny et Melsens. RAPPORTS. Sur les conclusions d'un rapport de MM. Montigny et Duprez, la classe décide le dépôt dans ses archives d'une note de M. Achille Brachet, de Paris, sur un compteur électrique. Contribution à l'histoire du sucre (saccharose); par M. J. Motteu, de Gembloux. Mlapitort dr SI. J -S. Slas. « Sous le titre de « Contribution à l'histoire du sucre » M. Motteu présente à l'Académie l'exposé des essais qu'il a entrepris sur l'action de la lumière directe ou diffuse sur le sucre de canne dissous et sur l'action d'une tem- pérature de 100° sur le même sucre solide ou dissous. A l'aide d'une série d'expériences bien conçues et qui me paraissent avoir été parfaitement exécutées, il est parvenu ( 31!» ) à constater que la lumière seule n'intervertit point Je sucre de canne dissous et qu'une chaleur de 100° n'altère point le sucre sec qu'il y ait présence ou absence d'air pur. Il a trouvé, au contraire, que le sucre solide imparfai- tement séché et le sucre en solution s'altèrent lorsqu'ils sont exposés à une température de 100°. Dans ce cas il y a absorption d'oxygène et production d'acide carbonique. Toutefois cette altération s'effectue moins rapidement que certains chimistes ne le croient. L'inversion d'une solution de sucre de canne, observée déjà, est due, d'après M. Motleu, au développement de moisissures. L'exactitude de ces observations ne me paraît pas dou- teuse; elles sont d'ailleurs conformes aux faits constatés journellement dans l'industrie sucrière. J'ai l'honneur de proposer à la classe d'ordonner l'inser- tion de la note de M. Motleu dans le Bulletin de la séance, de lui voter des remcrcîments pour sa communication et de l'engager à continuer ses recherches » La classe a adopté ces conclusions, auxquelles ont sous- crit les deux autres commissaires, MM. Donnv et Melsens. Sur quelques propriétés de l'invariant quadratique simul- tané de deux formes binaires ; par M. C. Le Paige. Rapport de F#. F. Folie. « Nous avons eu l'occasion , en parlant de la dernière Note de M. C. Le Paige, Sur quelques points de géométrie ( 520 ) supérieure, de faire remarquer que les propriétés de l'in- variant quadratique commun à deux formes binaires du nme degré, dont il a déduit la notion nouvelle de %i points conjugués harmoniques, nous semblaient appelées à jeter du jour sur la théorie de l'involution du nme ordre. Dans son travail actuel, M. C. Le Paige étudie l'équation C == C„ -*- Kt C, -+- ... + Km C,„ = 0 des courbes du nme ordre qui passent pat," , — m points fixes, et il en déduit, au moyen de quelques élégantes trans- formations de déterminants, la propriété, qu'il avait déjà donnée, d'un système de 2/j points conjugués harmoni- ques, ainsi que les suivantes : Si n -h 1 groupes de n points sont tels qu'il soit possible de déterminer n points, conjugués harmoniques d'ordre n, de chacun de ces groupes, ces points sont en involution. Si(n + 1 ) n points sont en involution, les n points nples de cette involution forment avec chacun des groupes de n points, 2n points conjugués harmoniques. En considérant ensuite les polaires successives d'un point relativement à une courbe U„ = 0, comme repré- sentées par les émanants successifs de la forme U„ égalés à zéro, M. Le Paige arrive à des théorèmes nouveaux, dont quelques-uns avaient été donnés, dans certains cas parti- culiers, par MM. Salmon et de Jonquières. Nous citerons les suivants : Pour les courbes d'ordre pair, les 2n points d'inter- section d'une transversale avec la courbe, la première polaire d'un point, et ce point, sont conjugués harmoni- ques d'ordre n. ( r,2i ) L'invariant li néo-linéaire des deux formes de degré pair X ...^,0)(x,, — 0,)" (A, — 02)n... (i„ - «„)" ] = 0, dans laquelle les quantités 1 et les quantités 0 sont, respec- tivement, les racines d'une première et d'une 2e forme binaire, exprime que 2« points sont conjugués harmoni- ques ; et cette forme pourra conduire à généraliser là théorie des points conjugués harmoniques du second ordre. Nous avons dû laisser bien des points intéressants de côté, dans cette brève analyse. Mais elle suffit, pensons-nous, pour montrer l'originalité et l'importance des découvertes de M. Le Paige. Nous avons donc l'honneur de proposer à la classe d'ordonner l'impression de son travail au Bulletin, et de voter des remercîments à l'auteur. » La classe a adopté ces conclusions, auxquelles a adhéré le second commissaire, M. Catalan. ( S25 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Recherches sur la structure de l'appareil digestif et sur les phénomènes de la digestion chez les Arancidcs dip- neumones; par M. Félix Plateau, membre de l'Académie. DEUXIÈME PARTIE DESCRIPTION DE L'APPAREIL DIGESTIF DES GENRES AGELENA, LYCOSA.. ARGYRONETA, AMAUROBIUS, GLUBIONA et EPEIRA. La deuxième partie de ce travail sur l'appareil digestif des Aranéides dipneumones renferme les résultats des études anatomiques auxquelles j'ai soumis un certain nom- bre de genres. A moins d'écrire un ouvrage très-long, il eût été im- possible d'exécuter ce que j'ai fait pour les Myriapodes (1), c'est-à-dire la description de l'appareil digestif chez tous les types principaux. Les types différents chez les Ara- néides sont trop nombreux. J'ai donc choisi quelques es- pèces bien communes que l'on peut aisément se procurer en quantité suffisante. (1) Recherches sur les phénomènes de la digestion et sur la structure de l'appareil digestif chez les Myriapodes de Belgique (Mém. de l'Acad. jioy. de Belgique, t. XLII, 1876). ( 521 ) J'ose espérer que ces petites monographies, ajoutées à la description détaillée du canal alimentaire des Tégénaires constituant la première partie, formeront un tout utile aux naturalistes qui s'occuperont dorénavant d'un des groupes les plus intéressants d'articulés. C'est dans ce but que je termine celte seconde partie par un résumé anato- mique. §YIIf. AGÉLÈNES. Àgelena labyrinthica. Clerck. Le tube digestif des Agélènes présente des analogies incontestables, dans ses parties principales, avec celui des Tégénaires; mais, d'un autre côté, ainsi que je le mon- trerai plus loin , il se rapproche quelque peu de celui des Épéires, de sorte qu'il doit être regardé comme établissant plus ou moins la transition entre ces deux formes. Intestin buccal. — L'étude de la glande pharyngienne m'a conduit aux mêmes résultats que ceux que j'ai décrits dans la première partie; c'est-à-dire que c'est une glande utriculaire s'ouvranl au fond du pharynx, vers l'origine de l'œsophage. Bien que de gros faisceaux musculaires voisins s'opposent à une énucléalion sans déchirure , on voit par- faitement que les parties qu'on parvient à isoler sont en- veloppées par une mince membrane à petits noyaux et que les cellules secrétaires affectent le groupement d'une couche épithéliale générale et non la disposition en acini. Individuellement, les cellules sont elliptiques et chargées de granulations ou globules très-fins d'un jaune vif. L'œsophage offre la structure ordinaire; l'organe de ( -m ) succion a, comme celui des Tégénaires, un bouclier chiti- neux allongé, pointu, en forme de feuille. Intestin moyen, portion céphalothoracique. — Dorsale- ment, la portion annulaire et sescœcums affectent à peu près exactement la conformation remarquable que j'ai in- diquée dans le genre Tegenaria, à savoir un seul cœcum antérieur, présentant encore quelques traces de la fusion des deux éléments primitifs dont il provient (lig. 42, pi. Il); les cœcums latéraux naissant 1 et 2 d'un tronc commun , puis séparément 3, puis 4. Que deviennent les extrémités distales, après avoir plongé dans les coxopodites ; comme chez les Tégénaires ne dépassent-elles pointées limites? C'est ici que se mon- tre le rapprochement vers les Épéires et la différence nette qui sépare les Agélènes des Tégénaires. Si l'on enlève le plastron sternal avec les précautions voulues, on constate que les extrémités des huit cœcums latéraux se sont re- pliées vers le bas et reposent sur les côtés de la niasse de tissu adipeux sternal; quelques-unes de ces extrémités sont un peu bifides, mais toutes sont toujours parfaitement closes, ainsi qu'on peut s'en assurer par des grossisse- ments suffisants (fig. 45 et 44, pi. II). Il est a remarquer, cependant, que chez les Épéires (voyez § XIII) les cœcums s'étendent ordinairement jusqu'à la ligne médiane, tandis qu'ici ils ne parcourent que la moitié du chemin. La coloration ordinaire des cœcums céphalothoraciques est le blanc pointillé de brun. J'ai représenté, pi. 1, lig- 19, de la première partie, un cœcum d'Agélène renfermant des amas de corpuscules graisseux donnant lieu au pointillé en question. Intestin moyen, portion abdominale. — Je n'y ai rien ( 32H ) trouvé d'exceptionnel; l'examen histologique m'a permis d'y observer une musculature transversale très-ténue, un épilhélium rentrant dans la forme générale et de confirmer l'absence de cuticule. La glande abdominale varie du gris verdâlre au gris rosé; sa couche graisseuse superficielle est très-peu déve- loppée. Au point de vue de la forme extérieure, elle diffère quelque peu de la glande des Tégénaires, en ce sens que la gouttière logeant le vaisseau dorsal est à peu près close; cette gouttière n'est indiquée que par une simple fente, ce qui établit encore une analogie avec les Épéires chez lesquelles le tissu glandulaire recouvre le vaisseau complètement. La structure microscopique de la glande est exactement celle des autres Aranéides. Intestin terminal. — Il a la structure de celui des Té- génaires; la poche stercorale est ovoïde, allongée, modé- rément grande et de couleur jaune; ce qui tient à la teinte générale de son épilhélium. Son revêtement musculaire composé de cylindres striés est, comme toujours , très- accusé. § IX. LYCOSES. Lycosa saccata. Lin. On conçoit toute la difficulté que présente la dissection d'une espèce de la taille de la Lycose à sac; cependant je suis parvenu à élucider la plupart des faits principaux de manière à pouvoir montrer qu'il existe une identité presque complète entre le tube digestif de cet animal et celui des Tégénaires. ( 527 ) L'intestin buccal n'offre aucune différence saillante. De même que chez les Tégénaires et les Agélènes, la portion céphalothoracique de l'intestin moyen comprend un seul grand cœcum antérieur impair, très-spacieux, s'étendant ici presque jusque sous l'emplacement des yeux posté- rieurs (fïg. 4o, pi. II); il peut être simple, renflé en massue ou offrir quelques boursouflures accessoires. En exami- nant par transparence les cœcums latéraux d'une jeune Lycosa saccata , M. Leydig a vu les cœcums 1 et 2 naître d'un tronc commun, puis séparément les cœcums 5 et 4(1). Cette disposition qui est celle des Tégénaires, je la re- trouve chez les Lycoses adultes. Comme chez les Tégénaires, les cœcums latéraux ne dépassent pas la cavité des coxopodiles des pattes, et, en enlevant le plastron slernal, on n'observe qu'une mince couche de tissu adipeux à cellules remarquablement pe- tites, chargées de granulations roussâtres; mais aucun prolongement sternal de cœcum (fîg. 46, pi. II). La texture histologique de l'intestin moyen céphalothoracique ne s'écarte pas de la disposition ordinaire. Sa coloration est généralement rosée par suite de la présence d'un grand nombre de gouttelettes huileuses d'un jaune rougeàtre. L'analyse nécessairement incomplète que j'ai pu faire des régions abdominales de l'intestin ne m'a rien révélé de particulier. Comme toujours, la couleur de la glande abdominale est assez variable, le gris, le rose, le jaunâtre. Les tubes de Malpighi n'ont d'autre caractère que leur petit diamètre, en relation, probablement, avec la taille de l'espèce. (1) Zum feineren Bau der Artliropoden, pp. 447 et 448. ( 328 ) §X. ARGYRONÈTES. Jryyroncla aqualica. Clerck. On sait, surtout depuis le beau mémoire de Mengc (I), l'énorme développement que le système trachéen offre chez cette espèce intéressante. Les trachées parfois réunies en faisceaux entourent et masquent les autres organes, aug- mentant beaucoup les difficultés de la dissection et des observations. L'Argyronète est de toutes les Aranéides celle dont l'étude du tube digestif m'a coûte le plus de peines. Intestin buccal. — La région pharyngienne ne m'a rien offert de spécial; la région œsophagienne, au contraire, doit être signalée, à cause de l'aspect de la cuticule qui n'est point finement striée , comme chez les autres arai- gnées, mais forme de gros plis semblables à des côtes transversales (lig. 47, pi. II). L'organe de succion a la structure ordinaire, mais est un peu plus renflé que chez les Tégénaires. Intestin moyen, portion céphalothoracique. — Celte por- tion se rapproche, par sa structure, de celle des jeunes Épéires peu de temps après leur éclosion (voy. § XIII), en ce sens que les deux cœcums antérieurs sont très-courts (1) Ueber die Lebensweise der Arachniden (Neuesten Schriften der Nalurforschenden Gesellschafl in Danzig. 4. Dtl, 1 Heft. 1843), pp. 22 et suiv., pi. I, fig. 6 et 7. ( 329 ) et convergent l'un vers l'antre (fîg. 48, 4(J, 50, pi. 11). Ainsi que l'avait déjà signalé Grube (1), mais sans en donner la figure, les extrémités en contact de ces cœcums sont soudées l'une à l'autre sans fusion; une cloison formée par Paccolement des deux tuniques propres les sépare en effet. Deux causes ont pu faire croire que ces cœcums étaient isolés l'un de l'autre chez l'Argyronète : la pre- mière réside dans ce fait qu'un volumineux faisceau de trachées passe en partie sur le point de jonction des cœcums en les bridant un peu et en ne laissant voir que leurs portions latérales. La seconde que si, en enlevant le bouclier céphalolhoracique, on ne prend pas la précaution indispensable de le faire basculer d'arrière en avant, on détermine toujours des tiraillements qui séparent les cœcums l'un de l'autre, souvent avec déchirure. Les cœcums latéraux naissent comme ceux des Tégé- naires 1 et 2 d'un tronc commun, puis séparément o, puis 4 (fig. 48, pi. Iî). Après avoir plongé dans les coxopo- dites des pâlies, ils se terminent par une extrémité pédi- forme et ne se prolongent pas à la face inférieure du corps, comme il est facile de le voir par la dissection di- recte et par l'enlèvement du plastron sternal (fig. 51, pi. II). Toute la portion annulaire de l'intestin moyen et les cœcums offrent une teinte rosée et les tuniques en sont d'une délicatesse telle qu'elles se rompent presque au moindre attouchement. La figure 50 montre que l'épithé- lium est, comme chez les autres dipneumones , constitué (1) Einige Résultait1 aus Untersuchungen Uber die Jnatomie (1er Araneiden , op. cit., p. 299. ( 550 ) par des cellules en prismes à six pans. Les amas de glo- bules graisseux sont très-peu colorés. En enlevant le plastron sternal, on observe, comme chez les autres espèces, le tissu adipeux sous-jacent. D'un jaune clair, il se montre constitué par un épais réseau de trachées (fig. 52, pi. Il) servant de support à un tissu qui mieux que chez toutes les autres Aranéides nous offre in- contestablement l'aspect d'un tissu adipeux proprement dit (fig. 52, pi. II). Parmi de nombreuses celiules ellip- tiques, des cellules en boudins contournés que nous avons, du reste, retrouvées chez les Agélènes et d'autres, ont un aspect caractéristique qui rappelle quelque peu le tissu graisseux du tube digestif des Phalangides (I) et même de beaucoup d'insectes. Par-ci, par-là, des cellules en voie de division transversale. Les cellules sont les unes hyalines, contenant une fort petite quantité de globules incolores, les autres renferment un liquide brunâtre chargé de nombreux globules brillants d'aspect graisseux. Intestin moyen, portion abdominale. — Elle est enve- loppée par un lacis compliqué de trachées qui en cache les détails et dont on ne la débarrasse qu'avec beaucoup de peines. Bien qu'il me soit impossible de certifier la par- faite exactitude de mes observations, je crois que plusieurs dissections soignées m'autorisent à dire que le nombre de troncs principaux qui déversent dans cette portion du canal les produits sécrétés par la glande abdominale est de six et non de quatre, comme chez les Tégénaires (fig. 57, pi. II). (1) Voyez ma Note sur les phénomènes de la digestion et sur la struc- ture de r appareil digestif chez les Phalangides, op. cit., fig il et 12. ( 331 ) La partie comprise entre les canaux glandulaires et la poche stercorale varie beaucoup en diamètre ; on y voit tantôt un, tantôt deux renflements, parfois très-accusés, suivant l'état de réplélion de l'organe. La minceur de la tunique musculaire, l'épithélium (fig. 55, pi. Il) ne dif- fèrent pas de ce qu'on observe ailleurs. La glande abdominale est rosée, légèrement brunâtre, parcourue à sa surface par des trachées qui encadrent élé- gamment chacun des cœcums superficiels (fig. 54, pi. II). Sa texture histologique ne s'écarte pas de celle que j'ai déjà décrite; j'ajouterai seulement qu'un grand nombre de cellules sécrétoires sont entièrement remplies de globules jaunes brunâtres ou même d'un brun acajou, contribuant à donner à !a glande sa teinte rougeàtre générale. Intestin terminal. — La poche stercorale est volumi- neuse. On sait que le mâle de l'Argyronète diffère de la femelle par un abdomen remarquablement long et étroit. Il en résulte que la poche stercorale n'a pas la même forme dans les deux sexes; elle est renflée en poire chez les fe- melles, et, au contraire, étroite, très-longue et pointue en avant chez les mâles (fig. 58, pi. II). Les cellules cylindriques de l'épithélium de la poche sont chargées de fins globules jaunes brillants donnant à la poche stercorale vidée une couleur jaune-serin. Les tubes de Malpighi m'ont paru différer un peu de ceux de la plupart des autres espèces, en ce sens que les cellules épithéliales sonteuboïdes et non à un grand nom- bre de faces (iig. 56, pi. II). Les granulations du liquide sécrété sont d'un gris obscur à la lumière transmise. ( 532 ) §XI. AMAUROBIES. Amaurobius alrox. De Geer. Amaurobius ferox. Walck. Treviranus est le seul auteur qui nous ait donné une figure , du reste assez exacte , concernant quelques parties du tube digestif d'une Amaurobie; elle représente la por- tion abdominale; intestin, poche stercorale, tubes de Mal- pighi, glande abdominale de V Amaurobius atrox (1). Sa description très-écourtée ne nous apprend rien de spécial. Mes observations personnelles sur toute la région céphalo- toracique du canal alimentaire sont donc absolument nouvelles; quoiqu'elles ne m'aient point conduit à la con- naissance d'un type particulier, elles ont, je l'espère, le mérite de confirmer beaucoup de petits faits déjà indiqués dans le reste de ce Mémoire. Intestin buccal. — J'ai décrit dans la première partie , § V, pi. I, fig. 6, 7, 8, 9, la glande pharyngienne de VA. atrox, je ne crois donc plus devoir revenir sur ce sujet. La région œsophagienne et l'organe de succion ne s'écartent pas de la disposition ordinaire chez les adultes; mais si l'on examine des jeunes (sortis du cocon depuis trois jours), on observe, avec étonnement, que l'œsophage encore fort court est extraordinairement large, son dia- mètre surpassant celui des lames pharyngiennes, et que le bouclier chilineux de l'organe de succion, parfaitement ovale, est tellement énorme qu'il occupe un tiers de la (1) Ueber den innern Bau der Arachniden, op. cit., p. 47, pi. V, fig. 47. ( 5oô ) largeur du céphalothorax (fig. 59, pi. II). Dix jours après la sortie du cocon, la taille des jeunes Amaurobies a peu changé, mais l'œsophage est devenu plus long et notable- ment plus étroit; le bouclier de l'organe de succion a con- servé à peu près son diamètre relatif, mais commence à se rapprocher de la forme en feuille pointue propre aux Amaurobies adultes (lig. 60, pi. II, et tig. 12, pi. I). Il est très-probable que ces dimensions extraordinaires initiales de l'œsophage et de l'organe de succion sont un fait com- mun à toutes les Aranéides (1); mais la moindre transpa- rence de la plupart des jeunes des autres genres ne m'a permis de le constater que chez les Amaurobies. Il est, du reste, très-curieux de voir les jeunes araignées, à une époque de leur vie où elles ne prennent encore aucune nourriture, offrir un œsophage très-large et ce dernier se rétrécir et devenir capillaire au moment où l'alimentation par succion va s'établir. Je reviendrai sur ce sujet dans la troisième partie. Je me permettrai cependant, dès à pré- sent, une remarque à ce sujet: chez beaucoup d'articulés, la forme d'animal suceur à origine du tube digestif étroite et capillaire est précédée de la forme maxillée à origine des voies digestives relativement large; rappelons comme exemple la chenille et le papillon. Les araignées offriraient- elles quelque chose de semblable, et bien que les très- jeunes Aranéides n'absorbent point d'aliments, la succes- sion d'un intestin buccal excessivement étroit à un intestin buccal large serait-elle autre chose qu'une simple ana- logie? (1) En effet la figure esquissée du céphalothorax d'un jeune de Lycosa saccata publiée par M. Leydig dans Zum feineren Dau der Arlhropoden, pi. XV, fig. 15, montre quelque chose d'analogue. ( 554" ) Intestin moyen, portion céphalothoracique. — La colo- ration des cœcums des adultes varie du blanc au blanc pointillé de brun et au rose brunâtre. Il existe deux cœcums antérieurs renflés et courts (lîg. 61 et 65, pi. II), contigus, faiblement adhérents l'un à l'autre et pouvant être facilement séparés. Us offrent fréquemment des bour- souflures ou de petites poches additionnelles. Comme le montre l'examen direct des jeunes (fig. 59, pi. Il) et la dis- section des adultes, les cœcums latéraux naissent, comme chez les Tégénaires, 1 et 2 d'un tronc commun, puis sé- parément 5, puis 4 (fig. 61 , pi. II). Les Amaurobies appartiennent à la catégorie des Ara- néides chez lesquelles les cœcums latéraux se terminent dans les coxopodites par des extrémités coudées en tête de marteau (lig. 62 et 65, pi. II) et ne se prolongent pas à la face ventrale du thorax. L'enlèvement du plastron ster- nal ne montre, en effet, aucun prolongement inférieur; on ne trouve de cette manière, sous une mince membrane doublant les téguments, que la couche ordinaire de tissu adipeux (fig. 64, pi. II et 21, pi. I) translucide, laissant voir la masse nerveuse centrale. Ce tissu adipeux des Amaurobies est formé des mêmes cellules volumineuses et à peu près incolores que j'ai constatées chez d'autres genres, mais j'y ai observé plus souvent qu'ailleurs la pré- sence de nombreuses cellules en voie de division transver- sale évidente. La soude caustique étendue m'a permis encore une fois d'assister à la dissolution du contenu des cellules sous l'influence de ce réactif qui respecte quelque temps les enveloppes cellulaires. Portion abdominale de Vinteslin moyen. — Elle a été assez bien représentée par Treviranus quoique avec un diamètre trop faible. Cet auteur figure quatre canaux ex- ( 335 ) créteurs de la glande abdominale s'onvrant dans la région dilatée de cette partie du tube digestif. La structure histo- logique des parois offre la disposition ordinaire que j'ai décrite. L'aspect extérieur de la glande abdominale n'a rien d'ex- ceptionnel; on y constate le sillon médian logeant le vais- seau dorsal. Sa teinte varie du gris verdàlre au gris violacé granité de brun; chez certains individus d\4. atrox elle est d'un gris foncé presque noir. Intestin terminal et tubes Malpighiens. — La figure déjà citée de Treviranus offre à remarquer deux petits détails ; le faible volume de la poche stercorale et la brièveté relative des troncs communs terminaux des tubes de Malpighi. Il n'y a point là d'erreur de dessin, la poche stercorale des Amaurobies, quoique distendue, est d'une petite capacité, si on la compare, par exemple, à celle des Épéires; elle est allongée, rétrécie à son extrémité postérieure et les troncs communs des tubes Malpighiens sont tout au plus un peu plus longs que la poche elle-même. Les tubes de Malpighi sont construits sur le plan ordi- naire de ces organes chez les araignées; leurs cellules sont parfois très-grandes (fig. 65, pi. II) et se rapprochent par leur forme simple de celles des mêmes tubes glandulaires chez les Argyronèles. § XII. CLUB10NES. Ctubliona holosrricca. De Geer. Presque tous les arachnéologues rapprochent les Clu- biones des Amaurobies. Il est intéressant de voir jusqu'à quel point ce rapprochement basé sur des caractères ex- ( 336 ) clusivement extérieurs est confirmé, au point de vue ana- tomique, au moins pour l'appareil digestif. Les lames pharyngiennes, l'œsophage, l'organe de suc- cion , en un mot l'intestin buccal , ne m'ont pas offert de différences dignes d'être signalées. Quant à l'intestin moyen dont la disposition offre chez les Aranéides des caractères auxquels il faut attribuer une grande valeur, il présente ici un parallélisme remarquable dans les deux genres. Comme chez les Amaurobies, on observe, dans la portion céphalothoracique, en premier lieu deux cœcums antérieurs, courts, contigus, faiblement adhérents; en second lieu des cœcums latéraux naissant suivant la disposition la plus ordinaire (fig. 66, pi. II), ter- minés dans les coxopodiles des pattes par des extrémités en tête de marteau et ne se prolongeant pas à la face ster- nale (fig. 67, pi. II). L'enlèvement du plastron slernal ne montre aussi que le tissu adipeux léger; les cellules de ce tissu sont un peu plus petites. L'épithélium des cœcums est remarquablement net, les cellules très -régulières laissent voir, sans réactif, un noyau et un nucléole distincts (fig. 18 de la planche I). La coloration des cœcums varie du blanc pur au blanc rosé ou verdâtre. L'intestin moyen abdominal reçoit, comme celui des Amaurobies, quatre troncs sécrétoires de la glande abdo- minale, a le même aspect et un épithélium identique. La glande abdominale nous offre aussi sensiblement la même configuration; sa coloration varie du verdâtre au blanc jaunâtre. L'intestin terminal seul nous présente une différence tranchée; la poche stercorale, au lieu d'être petite et al- longée, est relativement énorme et arrondie; remplie, elle a à peu près la moitié de la largeur de la glande abdo- ( 337 ) ininale qui l'enveloppe. Enfin les troncs communs termi- naux des tubes de Malpighi sont notablement plus longs que ceux des Amaurobies; ils s'ouvrent sur la limite entre l'intestin moyen et l'intestin terminal, à la face ventrale de la poche, dans deux espèces de diverticula latéraux que je n'ai point revus chez d'autres genres (fig. 68, pi. 11). Les cellules sécrétoires de ces tubes m'ont semblé plus nombreuses et plus petites que dans les cas ordinaires (pi. I, fig. 39). En somme, les analogies entre le tube digestif des Clu- biones et celui des Amaurobies sont très-grandes et les différences ne dépassent pas celles qui peuvent exister entre genres voisins. § XIII ÉPÉ1RES. Epeira diadema. Lin. (diademata. Clerck). Epcira umbratica. Clerck. Epeira apoclisa. Walck. Le volume que peuvent acquérir certaines espèces d'Épéires et la facilité avec laquelle on se les procure en grand nombre, sont probablement les causes qui ont sou- vent amené les naturalistes à étudier l'anatomie de ce type d'Aranéides; ainsi l'appareil digestif ou certaines de ces parties ont fait l'objet des recherches de Treviranus, Brandt, Grube, Wasmann et H. Meekel. Cependant, faute de termes de comparaison et de procédés convenables, ce sont précisément les points par lesquels le tube digestif des Épéircs diffère de celui des autres genres qui ont échappé, jusqu'à présent, aux observateurs. Ainsi que l'indique le titre de ce paragraphe, je me suis 2me SÉRIE, TOME XLIV. 24 ( 558 ) adressé à trois de nos espèces les plus communes. J'ai pu constater que leur organisation interne est presque iden- tique, de sorte que, sauf pour des détails que je signa- lerai, la description qui suit s'appliquera à toutes trois. Intestin buccal. — La région pharyngienne que j'ai étudiée chez beaucoup d'individus m'a permis de confirmer les observations que j'avais faites chez d'autres genres lou- chant la glande pharyngienne; mais j'ai, de plus, constaté la présence chez VE. diadema d'un autre organe probable- ment glandulaire, situé dans le voisinage de l'origine du canal alimentaire et qui mérite que nous nous y arrêtions un instant; il est peut-être du même ordre que celui que M. Leydig indique en ces termes : « chez le Salticus œneus, » il existe autour du pharynx une couche annulaire pig- » mentée en noir (I). » Chez VEpeira diadema s'observe donc un organe proba- blement glandulaire, d'un roux foncé, sous forme de cordon sinueux adhérant à droite et à gauche tout le long du bord de la lame pharyngienne postérieure; recouvrant les mus- cles qui entourent celle-ci et émettant, de chaque côté, un prolongement le long du bord de la lame pharyngienne antérieure (lig. 69, pi. II). C'est un véritable tube d'où parlent un certain nombre de cœcums accessoires, et con- stitué (fig. 70, pi. Il) par une tunique propre très-mince et un revêtement cellulaire interne formé, en apparence, à l'état frais, de cellules elliptiques très-délicates noyées dans une substance finement granuleuse dont tous les granules sont colorés en roux intense. L'action de l'acide osmique faible suivie de l'imprégnation au picrocarmin étendu (fig. 70bis , pi. II) permet de reconnaître que les prétendues (1) Zum feineren Bander Arthropode», op. cit., p. 447. ( 559 ) cellules elliptiques sont, au contraire, de volumineux noyaux cellulaires irrégulièrement ovales, munis d'un petit nucléole simple, se teignant légèrement en rose, et plongés dans un protoplasme chargé des fines granula- tions rousses déjà citées. A la suite de la légère contrac- tion déterminée par le réactif, les cellules se délimitent assez bien; mais dans l'organe frais (fig. 70) les sépa- rations sont impossibles à discerner; les cellules en question n'ont, évidemment, pas de membrane cellulaire. Ce système semble s'ouvrir dans la cavité pharyngienne le long du bord de la lame pharyngienne postérieure. Il est tout à fait indépendant de la glande pharyngienne pro- prement dite dont il n'est pas une modification. En effet, il coexiste avec elle et ses éléments hislologiques sont beaucoup plus petits et tout autres d'aspect. Jusqu'à présent je n'ai constaté la présence de cet or- gane singulier que chez YE. diadema, mais il y est con- stant, tandis que YE. apoclisa, par exemple, ne me l'a point présenté. La région œsophagienne n'offre rien de spécial. Dans l'organe de succion, le bouclier chitineux de la face dor- sale est proportionnellement plus large et plus court que celui des Tégénaires. Intestin moyen, portion céphalothoracique. — Disons d'abord un mot de la disposition chez les très-jeunes indi- vidus à téguments transparents et éclos depuis peu. La portion céphalothoracique de l'intestin moyen remplie d'une matière chargée de globules bruns ou gris suivant les espèces, s'observe avec la plus grande netteté; sa dis- position que j'ai étudiée, non pas une fois, mais souvent , et avec soin, diffère notablement de ce qu'elle sera chez l'adulte (fig. 71 et 71bis, pi. II). Les cœcums antérieurs ( 540 ) sont très-courts, convergent l'un vers l'autre, mais ne se touchent pas; les cœcums latéraux naissent comme suit : 1, 2, 5, d'un tronc commun , puis isolément 4. Leurs ex- trémités pénètrent dans les coxopodites des pattes et s'y replient sur elles-mêmes, mais sans se prolonger encore à la face inférieure du corps. La pénétration des cœcums latéraux dans les coxopo- dites est incontestable chez les Aranéides; mais s'il en fal- lait de nouvelles preuves, l'examen des jeunes transparents serait là pour en fournir largement. Ainsi l°on voit direc- tement, par transparence, le cœcum se prolonger jusque près de l'extrémité du coxopodite; 2° Chez les jeunes vivants, on assiste au curieux spec- tacle des mouvements des extrémités des cœcums qui par- ticipent à tous les déplacements des pattes; o° Une compression légère étend les extrémités des cœcums jusque dans les articles qui suivent immédiate- ment les coxopodites; 4° Une forte compression amenant la rupture, on voit le liquide coloré fuser très-loin dans l'intérieur des membres. Si nous observons, au contraire, la portion céphalolho- racique de l'intestin moyen chez les adultes, nous remar- querons toujours des modifications profondes portant sur le volume et les rapports des cœcums antérieurs et la lon- gueur des cœcums latéraux. Les deux cœcums antérieurs sont devenus forts longs, ainsi que l'a représenté Brandt (1 ), mais ils ne sont ni complètement séparés, comme chez les jeunes, ni écartés l'un de l'autre et naissant d'une base (1) Brandt et Ratzkburg. Mediziniscfie Zoologie, etc., op. cit., fig. 6. — ISrvndt. An», dus Sciences nat. (Zoologie),^ série, t. XIII, 1840, pi. 1, fig. 2. ( 341 ) commune, comme l'indique le dessin de l'anatomiste que je viens de citer; ils sont accolés et séparés par une cloison, ce que Grubea signalé dès 1842 (I). Grube n'ayant donné ni description proprement dite, ni figure, je comblerai cette lacune: les cœcums antérieurs sont deux longs sacs renflés vers leur base, eflilés vers leur extrémité antérieure; Vs se prolongent parfois [E. umbratica) à peu près jusque sous la région oculaire du céphalothorax. Leurs extrémités sont séparées, mais ils adhèrent l'un à l'autre par accolement de leurs tuniques propres sur le reste de leur longueur (lig. 72, pi. 11). Ce n'est jamais que d'une façon artificielle que l'on parvient à les obtenir détachés l'un de l'autre. Quant aux cœcums latéraux, ils naissent de même que chez les jeunes, c'est-à-dire trois branches d'un tronc commun et la quatrième seule; disposition qui s'éloigne nettement de celle qui existe chez la Tégénaire et chez les genres Agelena, Lycosa, Anjyroneta, Amauroblus et Clubiona. Leur terminaison est tout autre que chez les jeunes individus : après avoir plongé dans les coxopodites des pattes, ils se replient brusquement sur eux-mêmes pour se prolonger à la face inférieure du corps, plus loin que chez toutes les autres formes que j'ai disséquées. En effet, en enlevant, avec précaution, le plastron sternal, on trouve les extrémités des huit cœcums latéraux repliées, convergeant l'une vers l'autre et reposant sur la couche habituelle de tissu adipeux. Chez VE. apoclisa (fig. 75, pi. I!) elles n'atteignent pas la ligne médiane, mais chez les E. umbratica et E. diadema (flg. 7-4, pi. II), (1) Eim'ge Resultate aus Untersuchungen tiberdie Anatomie der Ara- neidenyop. cil., p. 299. ( 342 ) elles atteignent toutes le centre du sternum et quelques cœcums peuvent recouvrir un peu les autres. L'examen microscopique de l'ensemble, dans des conditions conve- nables, c'est-à-dire après un traitement rapide par l'alcool très-faible et le montage dans la glycérine étendue de moitié d'eau, examen très-important à cause des faits in- diqués chez les Mygalides (1), montre nettement (fig. 75 , pi. II) que les cœcums reposent simplement sur la couche de tissu adipeux sternal, qu'ils se terminent par des extré- mités closes arrondies et qu'ils n'offrent aucun prolonge- ment de n'importe quelle nature. La coloration varie d'une espèce à l'autre et même sui- vant les individus; voici les teintes que j'ai notées : E. apoclisa, jaunâtre, blanc-jaunâtre; E. umbratica, jaune d'ocre, verdâlre; E. diadema, blanc-jaunâtre. La texture histologique des cœcums est la même que chez toutes les autres dipneumones; je signalerai seulement ici qu'il m'a semblé qu'on en observait bien plus facilement les cellules épithéliales chez les individus à jeun depuis quelques jours. Quant au tissu adipeux sternal, je l'ai étudié chez les trois espèces qui ont fait l'objet de mes observations et je n'ai rien à ajouter à sa description générale. Je ferai re- marquer que les globules graisseux qui en remplissent les éléments cellulaires n'ont aucune analogie avec la graisse finement divisée des cœcums de la superficie de la glande abdominale. Intestin moyen, portion abdominale. — L'ensemble de l'intestin moyen abdominal et de l'intestin terminal a été (1) Voyez lrc partie, p. 151, note 1, ( 3 i5 ) figuré par Brandi chez YE diadema (l) ; cependant, on ne trouve, dans son dessin, du reste trop simplifié, aucune trace de deux détails remarquables concernant l'un le nombre des bouches sécrétoires de la glande abdominale , l'autre la courbure brusque et spéciale du tube digestif. L'intestin moyen abdominal offre, comme chez les autres Aranéides, une première partie étroite, puis une région médiane élargie, cette dernière m'ayanl paru plus spa- cieuse qu'à l'ordinaire; mais, de plus, si mes dissections sont exactes, et j'en possède plusieurs dessins, le nombre des canaux excréteurs terminaux de la glande abdominale, échelonnés le long de la région élargie en question serait double de celui que j'ai indiqué chez les Tégénaires, c'est- à-dire de huit au lieu de quatre (fig. 7G, pi. II). En second lieu, l'anus des Épéires étant, comme les filières, fortement reporté du côté ventral, l'intestin moyen est brusquement coudé à angle droit au voisinage de la poche stercorale (fig. 77, pi. II). Je n'ai rien à signaler de particulier quant à la texture histologique que j'ai cependant étudiée en détail. Les cel- lules épilhéliales sont fort belles, à noyaux bien distincts et à granulations jaunâtres. La glande abdominale peut offrir, dans ce genre, des teintes assez foncées; ainsi chez YE. apoclisa elle est d'un gris verdâlre, chez YE. umbratica d'un vert obscur in- tense; chez YE. diadema la surface est grise, mais la masse interne est d'un brun violacé. La configuration extérieure offre aussi une particularité (1) Brandt et Rvtzkburg. Medizinische Zoologie, op. cit., fig. Brandt. Recherches sur l'analomie des araignées, op. cit., fig. 2. ( 544 ) propre aux Épéires, c'est que le vaisseau dorsal csl com- plètement caché, entièrement recouvert par de la sub- stance glandulaire, au lieu de reposer dans une gouttière ouverte du côté dorsal (fig. 78, pi. II) (1). La structure microscopique de la glande rentre dans le cadre général déjà décrit à propos des Tégénaires. J'insis- terai seulement quelque peu sur l'aspect des éléments graisseux superficiels. C'est précisément chez VE.diadema que Wasmann avait signalé leur présence (2). Chez toutes les Épéires et surtout chez celte espèce, la glande est gra- nitée de blanc ou de blanchâtre à la surface, fait dû, comme je l'ai indiqué, à propos des Tégénaires, à la pré- sence, vers le sommet des ccecums superficiels, d'une ac- cumulation de graisse incolore finement divisée. Il arrive parfois que cette graisse remplit entièrement les ccecums de la surface; si alors, ainsi que je l'ai observé chez E. apoclisa, on fait macérer la glande abdominale dans l'eau pendant une heure ou deux, puis si on la soumet à une irrigation ménagée, les parties les plus molles de l'or- gane sont emportées, mais les ccecums à contenu graisseux résistent et on les obtient isolés au milieu d'un réseau de tubes iMalpighiens. Ce sont eux qui déterminent, par exemple, la différence de coloration entre la surface de la glande et la masse interne chez l'E. diadema. Intestin terminal. — 11 résulte de la position de l'anus que l'intestin terminal est dirigé ici à peu près verticale- ment de haut en bas. La poche stercorale indiquée en quelques mots par (1) Comparez, fig. 54, pi. I. (2) Beilrage zar Anatomie der Spinnen, op. cit., p. 148, pi. XIII, fig. 22. ( 5iu ) Treviranus (1) et Brandi (2) semble n'avoir élé vue par le dernier que vidée en grande partie, puisqu'il la signale comme ohlongue. Lorsqu'elle est bien pleine, bien disten- due, elle se rapproche de la forme sphérique (fig. 79, pi. II). Elle offre, comme à l'ordinaire, une couche mus- culaire très-développée. J'ai déjà dit, dans la première partie de ce travail, que la structure microscopique des tubes de Malpighi de VE. diadema avait été esquissée par H. Meckel (5). Les tubes de Malpighi des Épéires répondent, en effet, assez exactement à la description de cet auteur; les cel- lules à sécrétion sont polyédriques, très-régulières, à noyaux bien distincts (lig. 80, pi. II); j'ajouterai qu'elles ne laissent dans l'axe du tube qu'une lumière très-étroite dans laquelle s'accumule le liquide sécrété chargé de gra- nules obscurs dont nous reparlerons à propos de la fonction des glandes en question. Les tubes de Malpighi des Épéires débutent par des ex- trémités closes arrondies (pi. I, fig. 41) dont le fond est déjà occupé par une ou deux cellules. Le premier réseau formé par ces tubes est superficiel, entre les lobules de la surface de la glande abdominale. Une macération de quel- ques heures, suivie d'irrigation, montre que ces tubes forment un lacis inextricable dans la masse du prétendu foie, comme Brandi l'avait indiqué le premier, et surtout, ainsi que je l'ai constaté, autour de l'intestin moyen abdo- (1) Vermischte Schriflen,o[). cit., p 9. (2) Recherches sur l'anatomie des Araignées (Ann. des Sciences mat., Zoologie, 2* série, t. XIII, 1840), p. 183. (3) Mikrographie einiger Drllsen Apparate, etc., op. cit., p. 42. ( 346 ) minai. Ils finissent par s'embrancher sur les deux troncs terminaux plus larges, parallèles à l'intestin et dont la dis- position est la même que chez les autres types. §X1V. RÉSUMÉ ANATOMIQUE. Ce résumé comprend les faits exposés dans la première et la deuxième partie. Pour les petits détails qui n'ont pu naturellement y prendre place, le lecteur voudra bien recourir au texte in extenso et aux planches. Comme ceux qui terminent mes autres publications sur l'appareil digestif et la digestion des articulés, il a pour but de réunir, dans un ensemble, les connaissances acquises sur le sujet traité au moment de la publication de ce Mémoire. La structure des pièces buccales est assez connue pour ne pas y revenir; je ferai seulement remarquer que la lèvre supérieure des Aranéides dipneumones n'offre rien d'ana- logue à la fente ou à l'orifice signalé par Wasmann chez les Mygales. Le tube digestif proprement dit se subdivise en trois parties : un intestin buccal, un intestin moyen, un intestin terminal. Mnivstin buccal. — L'intestin buccal est tapissé par une cuticule chitinisée; on y constate trois régions : une région pharyngienne, une région œsophagienne, un organe de succion. La région pharyngienne est accompagnée : 1° chez les Aranéides en général, d'une glande pharyngienne impaire (découverte par Wasmann chez les Mygales). Cette glande fort petite, en forme d'ulricule ellipsoïdale et logée, en ( 3*7 ) avant de la région pharyngienne, en partie dans la cavité circonscrite par la lèvre supérieure, comprend une couche musculaire, une tunique propre délicate et une couche épithéliale de cellules sécrétoires volumineuses, cylin- driques. Le canal excréteur court aboutit non à une l'ente de la lèvre supérieure, mais, dans une direction opposée, au tond du pharynx, vers l'origine de l'œsophage; 2° chez certaines Épéires, d'un organe accessoire pigmenté, pro- bablement glandulaire. La région œsophagienne se compose d'un tube étroit, courbe , dont l'aspect est connu depuis longtemps. 11 est constitué par une tunique externe mince sans revêtement musculaire et une cuticule chitinisée presque toujours finement striée transversalement, offrant, au contraire, parfois, des plis fortement accentués (Argyronète). Cette cuticule forme une gouttière ouverte inférieurement et dont les bords sont épais et solides. L'organe de succion repose sur la cloison horizontale chitineuse du céphalothorax. C'est un renflement terminal de l'intestin buccal a parois membraneuses sans [unique musculaire proprement dite et revêtu intérieurement par un épithélium délicat. A l'état d'affaissement, les parois latérales offrent des plis longitudinaux peu accusés. L'ex- trémité postérieure et rétrécie de la poche se continue en un canal court et étroit d'où naît directement l'intestin moyen. Presque toute la surface dorsale de la poche est occupée par une production cuticulaire constituant une plaque ou bouclier solide dont la description a déjà été donnée par Lyonet, Dugès et d'autres. La dilatation et la compression de la poche n'ont pas lieu sous l'influence d'une tunique musculaire qui manque, mais par l'effet de muscles spéciaux dilatateurs et compresseurs. Les deux ( 548 ) dilatateurs, s'insérant sur le bouclier de l'organe de succion et une saillie interne du tergum du céphalothorax, étaient connus quoique considérés comme un muscle unique. Les compresseurs se composent d'un grand nombre de cylin- dres musculaires striés naissant, au pourtour du bouclier, de la facedorso-latérale de l'organe de succion, descendant obliquement et s'insérant en rayonnant sur la cloison chi- tineuse céphaîothoracique. L'intestin buccal, surtout sa région œsophagienne et l'organe de succion, offrent, chez les jeunes éclos depuis peu, une largeur extraordinaire et ce n'est que graduelle- ment que ces parties prennent les proportions observées chez les adultes (Amaurobius). Mftt'siit» Hinyt'ii. — Il est divisé naturellement en deux portions, l'une logée dans le céphalothorax, l'autre dans l'abdomen. Portion céphaîothoracique. — Mous avons vu qu'à la partie postérieure de l'organe de succion s'observe un tube relativement court d'où naît directement l'intestin moyen. Celui-ci, notablement plus large dès le début, émet, à droite et à gauche, dans un plan à peu près hori- zontal, deux branches symétriques dirigées en avant, s'écartant d'abord, puis formant un angle avec leur direction primitive, convergeant l'une vers l'autre, ordinairement sans s'anastomoser, de façon à constituer un cadre en losange, en grande partie rempli par l'organe de succion et ses mus- cles. De ce cadre naissent (comme disposition générale), dix tubes en cœcums dont les extrémités sont toujours closes, et qui, chez les dipneumones, ne communiquent, par ces extrémités, avec aucun organe , quel qu'il soit. Hislologi- quement ces cœcums se composent d'une tunique propre très-mince, transparente, sans revêtement musculaire et ( 349 ) d'une couche interne simple de cellules épithéliales sécré- toires en prismes à six pans. Il n'y a point de cuticule. (Voyez, pour plus de détails, le texte de la première partie.) Ces ccecums sont groupés en deux cœcums antérieurs et huit ccecums latéraux. Leur disposition relative que j'ai étudiée chez les adultes et, comme comparaison, chez les jeunes éclos depuis peu et encore transparents, peut, chez les individus adultes, varier comme suit : Cœcums antérieurs. 1° Très-courts, petits, convergeant l'un vers l'autre, soudés mais ne communiquant pas (Ar- gyronète et, avec quelques modifications, Clubiones); 2° Courts, larges, très-renflés, soudés, ne communi- quant pas (Amaurobies); 3° Très-longs à capacité considérable , parallèles, con- tigus sur une partie de leur longueur, ne communiquant pas (Épéires); 4° Enfin fusionnés en un seul sac, long, quadrilatère, à grande capacité. Seul cas où le losange est réellement fermé (Tégénaires, Agélènes, Lycoses vraies). Les cœcums latéraux que je numérote \, 2, 5, 4, en comptant d'avant en arrière, ne naissent point comme les rayons d'une étoile , mais comme suit : 1er cas, le plus or- dinaire, 1 et 2 d'un tronc commun, puis, séparément, 5, puis 4 (Tégénaires, Agélènes, Lycoses, Argyronètes, Amau- robies, Ciubiones). 2me cas, 1 , 2 et 3, d'un tronc commun, puis, séparé- ment, 4 (Épéires). D'autres dispositions existent peut-être, mais je n'ai pas eu occasion de les observer. Le mode de terminaison des cœcums varie aussi suivant les genres. Toujours ils plongent dans la cavité des coxo- ( 550 ) podites des pattes. Là, chacun d'eux, un peu renflé, se replie brusquement en formant un angle prononcé de ma- nière à tourner son extrémité vers la ligne médiane ster- nale. Trois cas peuvent se présenter: 1° l'extrémité re- ployée est très-courte et ne dépasse pas les limites du coxopodite (disposition la plus fréquente; Tégénaires, Clubiones, Amaurobies, Argyronètes, Lycoses); 2e l'extré- mité reployée est plus longue, elle occupe une certaine étendue de la face slernale des viscères (Agélènes); 5° les prolongements ventraux des cœcums sont très-longs; ils peuvent se rencontrer sur la ligne médiane (Épéires). Ajoutons que, dans les deux derniers cas, ils sont ap- pliqués sur un tissu cellulaire sternal occupant la face in- férieure du céphalothorax sous la masse nerveuse étoilée; tissu existant là chez toutes les espèces que j'ai examinées. Ce tissu n'est pas glandulaire, mais a tous les caractères d'un tissu conjonclif graisseux ; en d'autres termes, d'un tissu adipeux. Portion abdominale. — La dissection directe et des coupes longitudinales ou transversales effectuées sur des individus durcis, montrent que l'intestin moyen abdominal des dipneumones, après son passage par le pédicule de l'abdomen, ne décrit, suivant le plan médian, qu'une courbe très-simple à convexité supérieure. Vers le sommet de la courbure, l'intestin s'élargit et reçoit là, par de larges orifices, les canaux excréteurs de la glande abdominale; ces orifices sont ordinairement au nombre de quatre (par- fois six, Argyronète, ou huit, certaines Épéires). Les parois comprennent une tunique musculaire exces- sivement peu développée, si on la compare à ce qui existe chez les autres articulés, une tunique propre mince et un épilhélium de cellules cylindriques plus volumineuses et m i ) plus aisément visibles que dans la portion céphalolhora- cique. Il n'y a point de cuticule. L'annexe la plus importante de l'intestin moyen et du tube digestif en général, est la glande abdominale ou pré- tendu foie des Aranéides. Celle-ci est composée, on le sait, de nombreux cœcums glandulaires presque cylin- driques, résultant de la subdivision de saccules plus con- sidérables. Ces cœcums n'ont ni tunique musculaire, ni cuticule interne; leur tunique propre est tapissée, au dedans, par une seule couche de longues cellules cylin- driques ou en massues, dirigées vers l'axe ; nettement dis- tantes les unes des autres et en petit nombre dans chaque cœcum. Entre leurs points d'insertion, n'existe qu'une matière finement granuleuse sans éléments histologiques formés. Le noyau des cellules est circulaire, mat, petit, situé vers la base et renferme un petit nucléole. Leur pro- toplasme incolore est chargé d'une fine poussière de gra- nules transparents, de nombreux globules graisseux à coloration variable dont les plus anciens ont une pellicule enveloppante, enfin, souvent, de concrétions irrégulières d'un brun foncé. Ajoutons, pour terminer, que, dans les cœcums de la superficie de la glande, s'accumule une substance grais- seuse finement divisée, blanche à la lumière réfléchie, pouvant remplir entièrement ces cœcums superficiels (Épéires) et déterminant, à la surface de la glande, le pointillé blanc ou les taches blanches que présentent beau- coup d'espèces. intestin terminai. — Il est fort court et serait réduit à peu de chose sans la présence d'un réservoir volumineux , la poche stercorale. La position de l'anus détermine sa courbure. Ainsi, chez les Épéires dont l'anus est reporté à ( 552 ) la face ventrale de l'abdomen, l'intestin terminal se dirige à peu près verticalement de haut en bas. La poche stercorale est toujours située dorsalement par rapporta l'intestin; un petit tronc court, vertical, la met en communication avec le tube digestif sous-jacent. Sa forme est assez variable, parfois d'un sexe à l'autre , et elle prend un grand allongement chez les Aranéides dont l'ab- domen est long et étroit. La région terminale de l'intestin et la poche offrent seules, dans tout le tube digestif, une tunique musculaire réellement forte; elle est, sur la poche, constituée par un réseau à larges mailles. L'épithélium de l'intestin terminal composé de petites cellules allongées presque plates, de- vient, dans la poche stercorale, un épilhélium cylindrique de cellules volumineuses chargées de granulations fines parfois colorées en jaune intense (Tégénaires, Agélènes , Argyronètes). Les tubes de Malpighi dont l'insertion marque, chez les articulés, l'origine de l'intestin terminal, s'abouchent ici au point où la poche stercorale se met en rapport avec l'in- testin. On sait qu'ils se ramifient à l'infini entre leseœcums de la glande abdominale. Leurs extrémités périphériques sont closes et légèrement renflées. Les troncs terminaux sont toujours au nombre de deux, notablement plus larges que les ramifications, marchent parallèlement à l'intestin moyen et aboutissent quelquefois à l'intestin terminal dans des diverticula latéraux de la poche stercorale (Clubiones). Les ramifications présentent de nombreuses inégalités de diamètre. Au point de vue microscopique, les tubes Malpighiens se composent d'une tunique propre transparente et de cel- h (lll (le l'Aifi.l 80 ( 555 ) Iules à sécrétion polyédriques à noyaux aplatis. Les cel- lules offrent une régularité géométrique souvent remar- quable, en comparaison de ce qui s'observe chez la plupart des autres articulés. Nota. Ajouter aux Indications bibliographiques (lre par- tie, § II) : 1877. V. Grabek. Die Insekten, 1 Theil (Miinchen), page 45, fig. 25. Coupe longitudinale d'Aranéide (figure schématique). Le petit ouvrage de M Graber. très-intéressant et fort neuf dans la forme, vient de paraître; je ne pouvais donc connaître la figure en ques- lion à l'époque de la rédaction de la première partie. EXPLICATION DE LA PLANCHE IL Agelena labyrintStica. Fig. 42. Portion céphalothoracique de l'intestin moyen vu par la face dorsale, x 9. — 43. Prolongements inférieurs des cœcums laléraux, le plastron ster- nal est enlevé, x 9. — 44. Prolongements inférieurs des cœcums latéraux appliqués sur le tissu adipeux sternal. X 30. Lycosa saccata. Fig 45. Portion céphalothoracique de l'intestin moyen vu par la face dorsale, x 8. — 46. Le plastron sternal est enlevé, le tissu adipeux sternal à nu ; on constate l'absence de prolongements inférieurs des cœcums latéraux, x 8. 2"'e SÉRIE , TOME XLIV. 25 ( 554- ) Argyroneta aquatiea. Fig. 47. Fragment de l'œsophage, montrant les plis de la cuticule, x 200. — 48. Portion céphalothoracique de l'intestin moyen vu par la face dorsale, x 7. — 49. Les deux cœcums antérieurs en contact et soudés par l'accole- ment des tuniques, x 30. — 50. Point de contact des mêmes cœcums. x 250. — 51. Le plastron sternal est enlevé, le tissu adipeux à nu. On constate l'absence de prolongements inférieurs des cœcums latéraux. X 6. — 52. Tissu adipeux sternal parcouru par un grand nombre de tra- chées, x 50. — 55. Cellules du tissu adipeux sternal. x 500. — 54. Réseau trachéen à la surface de la glande abdominale. X 50. — 55. Épithélium de l'intestin moyen abdominal. X 200. — 56. Fragment de tube de Malpighi. x 200. — 57. Intestin moyen abdominal, intestin terminal et poche stercorale de la femelle. X 10. — 58. Poche stercorale du mâle. Elle est distendue et renferme des excréments solides dont il sera question dans la troisième partie, x 6. Amaurohius ferox. Fig. 59. Intestin moyen céphalothoracique d'un jeune sorti du cocon depuis trois jours, x 500. — 60. Partie médiane de l'intestin moyen céphalothoracique d'un jeune sorti du cocon depuis dix jours, x 500. — 61. Portion céphalothoracique de l'intestin moyen vu par la face dorsale (adulte), x 5. — 62. Extrémité d'un eœcum latéral isolé, x 50. — 65. Portion céphalothoracique isolée de l'intestin moyen ; les deux cœcums antérieurs ont été détachés l'un de l'autre et écartés par la dissection. Rapports avec l'organe de succion, x 20. — 64. Le plastron sternal est enlevé; on constate l'absence de prolon- gements inférieurs des cœcums latéraux, x 5. — 65. Fragment de tube de Malpighi. x 500. ( 55S ) < lubiona holoserieea. Fig. 66. Intestin moyen céphalothoracique vu par la face dorsale, x 6. — 67. Le plastron sternal est enlevé; on constate l'absence de prolon- gements inférieurs des cœeums latéraux. X fi. — 68. Intestin moyen, intestin terminal, tubes de Malpighi et poche stercorale. x 6. Rpétres. Fig. 69. Lames pharyngiennes et organe probablement glandulaire pig- menté (Epeira diadema). x 50. — 70. Fragment à l'étal frais de l'organe probablement de nature glan- dulaire et pigmenté annexé à la région pharyngienne (Epeira diadema). X 400. — 70bis- Fragment du même organe soumis à l'acide osmique faible. X 300. — 71. Intestin moyen céphalothoracique de jeune Épéire éclose depuis peu. X 40. — 71b!s Cœeums antérieurs du même individu, x 200. — 72. Intestin moyen cephalothoracique d'Epéire adulte, vu parla face dorsale (Epeira diadema). x 6. — 75. Le plastron sternal est enlevé; on observe les prolongements inférieurs des cœeums latéraux n'atteignant pas la ligne médiane (Epeira apoclisa). X 5. — 74. Préparation du même genre. Les cœeums atteignent la ligne médiane et leurs extrémités se recouvrent même un peu (Epeira diadema). x 6. — 75. Prolongements inférieurs des cœeums latéraux appliqués sur le tissu adipeux sternal. La pression a légèrement écarté les extrémités des cœeums (Epeira diadema). X 50. — 76. Portion élargie de l'intestin moyen abdominal, montrant les huit orifices des canaux excréteurs principaux de la glande abdo- minale (Epeira umbratica). x 20. — 77. Intestin moyen abdominal , intestin terminal , poche stercorale (Epeira ambratica). X 10. — 78. Aspect extérieur de la glande abdominale. Le vaisseau dorsal est entièrement caché par la glande- (Comparez pi. I, fig. 3i.) (Epeira ambratica). X i. — 79. Poche stercorale (Epeira umbratica). x 20. — 80. Fragment d'un tube de Malpighi (Epeira umbratica). X 500. ( 356 ) Sur les mouvements, en apparence spontanés, des bulles d'air dans les niveaux, et des bulles vaporeuses dans les enclaves liquides des minéraux ; par M. G. Van (1er Mensbrugghe, correspondant de l'Académie. Dans un Mémoire dont je me propose de soumettre prochainement la lre partie au jugement de l'Académie, je cherche à confirmer ma théorie des variations d'énergie potentielle des surfaces liquides, en présentant une série de preuves tirées de l'étude des lames liquides minces soit à deux faces libres, soit étalées sur un autre liquide ; quant aux preuves expérimentales que fournissent les variations d'énergie potentielle de la surface libre d'une masse liquide pleine, j'en ferai l'objet de la 2me partie de mon Mémoire. Or à cette 2me partie se rattachent intimement les oscilla- tions du niveau à bulle d'air, ainsi que les mouvements si bizarres que manifestent les bulles gazeuses enfermées dans les vacuoles liquides de certains minéraux, et qui, dans ces derniers temps, ont si puissamment attiré l'atten- tion des géologues. Comme je ne pourrai terminer sous peu celte deuxième partie de mon travail, je crois utile de faire connaître brièvement, dès aujourd'hui, les idées qui m'ont servi de base pour tenter l'explication de ces phéno- mènes en apparence si mystérieux. Pour plus de clarté, je rappellerai ici les propositions sur lesquelles je me suis appuyé. 1U L'ensemble des tensions égales distribuées sur une surface liquide concave donne lieu à une traction dirigée ( 357 ) de l'intérieur de la masse vers l'extérieur, et proportion- nelle à la valeur commune de ces tensions (1). 2° Pour peu que la température d'une portion super- ficielle d'un liquide s'élève, la tension y diminue, et réci- proquement, celle-ci augmente même pour un refroidis- sement très-faible. 5° Si la surface libre d'une masse liquide quelconque augmente, la température s'abaisse et la tension s'accroît; réciproquement, pour toute diminution de la surface, le liquide s'échauffe et la tension diminue. Ces effets sont d'autant plus sensibles que la masse liquide dont la sur- face libre s'accroît ou décroît, est plus petite. J'ai déduit la ome proposition à la fois de la théorie et de l'expérience; quant aux développements théoriques, je ne puis que renvoyer à mes deux communications faites récemment à l'Académie (2) ; dans le Mémoire annoncé plus haut, je compte fournir de nombreuses expériences à l'appui de cette même déduction. Les trois propositions ci-dessus s'appliquent immédia- tement à la théorie des oscillations produites par des diffé- rences de température dans un niveau à bulle d'air; les mouvements dont il s'agit ont été signalés pour la première fois par Belli (3) en Italie, et par M. Liagre (4) en Bel- (1) Voir, pour plus de détails, mon Mémoire Sur le problème des liquides superposés dans un tube capillaire (Mém cour, et Mém. des savants ÉTRANGERS DE l'ACAD. ROT. DE BeLGIOjUE. t. XLI). (2) Application de la thermodynamique à l'étude des variations d'énergie potentielle des surfaces liquides (Bulletin de l'Acad, 1876, t. XLI ,p. 769 et t. XLII, p. 21). (3) Osservazioni intorno ad un particolare movimenlo prodolto dal colore nui livelli a bolla d'aria (Journ. de Brugnatelli, 1827, t. II, p. 402). Voir aussi les Mem. di matem. c fisica de Modène, 1829, t. XX, p. 232. (4) Sur les oscillations du niveau à bulle d'air (Billet, de l'Acad. Roy. de Belg., 1844, t. XI, 2m<- partie, p. 274). ( 3S8 ) gique; ils se manifestent chaque fois que l'une des deux surfaces concaves limitant la bulle d'air est à une tempéra- ture différente de celle de l'autre surface limite; on voit alors la bulle tout entière marcher du côté où la tempéra- ture est la plus élevée. Cet effet est du, d'après le physicien italien, à la dimi- nution produite dans l'action capillaire de l'un des ménis- ques concaves par l'augmentation de la température. Cette explication, exacte au fond, peut être précisée et complé- tée à l'aide des propositions énoncées ci-dessus: en vertu de la première, si les surfaces des deux ménisques, qui ont, par hypothèse, la même forme et la même courbure, sont douées en outre de la même tension, ce qui arrive quand la température est la même de part et d'autre, les deux tractionscorrespondantes serontégalesentre elles, et comme elles agissent en sens contraires, elles se feront équilibre; mais si la tension qui règne sur l'un des ménisques vient à diminuer, ce qui, d'après la deuxième proposition, a lieu même pour une très-légère élévation de la température dans le liquide qui le constitue, aussitôt la traction corres- pondante deviendra moindre et ne pourra plus contre- balancer celle qui provient des tensions de l'autre ménis- que; cette dernière traction fera conséquemment mouvoir toute la bulle du côté le plus chaud. Mais, parce mouvement même, il se développe des surfaces liquides fraîches dans la couche mouillante qui est abandonnée sur le verre par le ménisque échauffé, tandis qu'il disparaît une portion de la couche mouillante par le mouvement de l'autre ménis- que; or, en vertu de la troisième proposition, il se produit ainsi, comme on peut le faire voir aisément, une diminution dans la tension de ce dernier, et une augmentation dans celle du premier, et, si l'action échauffante cesse, ce double effet sulïil bientôt, non-seulement pour arrêter le mouve- ( 539 ) ment, mais encore pour faire marcher la bulle en sens contraire, même lorsqu'on opère avec un tube parfaitement cylindrique. J'insiste particulièrement sur deux conséquences théo- riques liées étroitement à la troisième proposition énoncée plus haut; la première, c'est que, par un déplacement quel- conque de la bulle gazeuse, il naît immédiatement des forces qui tendent à développer un mouvement en sens con- traire; la seconde consiste en ce que les variations de ten- sion donnent lieu à des effets d'autant plus marqués que la masse liquide où nage la bulle est plus petite. La première de ces conséquences résulte immédiatement des circon- stances qui accompagnent le déplacement de la bulle. Quant à l'autre, je dirai que, pour une bulle sphérique, la force nécessaire pour produire le mouvement est proportionnelle au contour de la surface chauffée, tandis que la résistance qu'il s'agit de vaincre croît à peu près comme le volume de la bulle, c'est-à-dire comme le cube de son rayon. ïl résulte de là que le rapport de la force en question à la résistance qu'elle doit surmonter, augmente très-rapide- ment à mesure que les dimensions de la bulle diminuent. Je passe actuellement à la question si intéressante des mouvements des bulles gazeuses dans les enclaves liquides de certains minéraux. Nulle part, je crois, on ne pourrait trouver une application plus directe de ma théorie. En effet, d'après des détails exposés récemment par M. Re- nard (1), ces enclaves ne mesurent en général pas plus de (1) L'analyse microscopique des roches et les enclaves des minéraux (Extrait de la Revue des questions scientifiques, 1877, Louvain). ( 560 ) 0mm,06 de diamètre, et l'on en a observé dont les limites ne comprennent qu'un espace de 0mm,000003, et dans lesquelles nageait encore une bulle. Quelquefois la libelle est fixe, mais alors on parvient souvent à la faire osciller en élevant la température de la plaque mince du minéral; toutefois, si l'enclave est très-petite, on ne tarde pas, aussitôt après la mise au foyer d'un microscope à très- fort grossissement, à voir la bulle se mouvoir; tantôt elle n'a qu'une trépidation sur place, tantôt elle s'avance lente- ment, tantôt, imitant à s'y méprendre le mode de progres- sion des organismes inférieurs, elle s'agite, se déplace d'un bout à l'autre de sa prison, s'arrête un instant pour trem- bler sur elle-même, reprend sa course et va butter contre les parois de l'enclave. Pour expliquer ces phénomènes si remarquables, obser- vés d'abord par M. Sorby, M. Delsaulx (I) invoque 1rs mouvements de translation, qui, suivant une doctrine comptant aujourd'hui de nombreux partisans, constituent l'état calorifique des gaz et des vapeurs. Sans contredit, la théorie de M. Delsaulx est ingénieuse, mais, à mon avis, elle est trop abstraite et ne satisfait pas complètement l'esprit. Selon moi, on peut attribuer les particularités si curieuses signalées par M. Renard, à de simples différences de température aux divers points de la surface liquide qui limite les bulles. Tout d'abord on comprend, d'après ce que j'ai dit plus haut, que l'élévation directe de la tempéra- ture de la plaque peut et doit même produire des mouve- (1) Tliermo-dynamic origin of llie Brownian motions. (Lu à la Royal microscopical Society de Londres, 6 juin 1877.) ( 361 ) menls dans la huile gazeuse, car il me paraît bien difficile d'admettre qu'à chaque instant la température de tous les points de la surface limite s'élève exactement de la même quantité ; or, du moment où la huile se déplace , le liquide qui constitue la couche superficielle concave se renouvelle en certains points plus vite qu'en d'autres, d'où résultent successivement de nouveaux changements dans la tension de ces divers points, et, conséquemment, des déplacements dans de nouvelles directions. Mais, dira-t-on, comment con- cevoir une sorte de vitalité dans les libelles alors qu'on n'augmente pas à dessein la température ? Je répondrai que, en raison même du défaut d'homogénéité des roches à enclaves liquides, la température ne peut jamais, du moins dans les circonstances ordinaires, y être mathéma- tiquement la même partout ; or, eu égard aux dimensions microscopiques de l'enclave, il suffît, d'après ma 3me pro- position, d'une différence extrêmement minime de la tem- pérature pour produire des déplacements sensibles, les- quels doivent ensuite, comme dans le cas précédent, en provoquer nécessairement d'autres dans des sens diffé- rents, et ainsi de suite. Ce qui augmente singulièrement , à mes yeux, la valeur de l'explication que je propose, c'est la considération sui- vante : en générai, la bulle mobile d'une enclave contient, non pas de l'air, mais seulement de la vapeur du liquide qui l'enveloppe (eau plus ou moins saturée de chlorure de sodium , acide carbonique liquide , etc.) , et la preuve, c'est qu'en chauffant le liquide, on peut faire disparaître entière- ment la libelle ; puisque nous n'avons affaire qu'à des bulles de vapeur, la plus petite élévation ou diminution de tem- pérature donnera lieu à une évaporation ou à une conden- sation, et dans les deux cas, la surface limite éprouvera ( 362 ) des variations inégales aux divers points, lesquelles doi- vent de toute nécessité donner lieu à des mouvements; ces derniers en produiront d'autres et ainsi de suite. Si mon explication est exacte, elle s'applique encore à tous les mouvements browniens des corpuscules solides en suspension dans les liquides, pourvu, bien entendu, que des bulles gazeuses soient adhérentes à ces corpuscules ; il faudrait donc que les solides qui absorbent le plus avide- ment les gaz fussent ceux dont les poussières manifestent le mieux le mouvement brownien ; or, comme l'avance M. Delsaulx, M. Robin possède des préparations aqueuses de poussière de charbon, faites il y a plus de vingt ans, et où le mouvement en question n'a cessé de se montrer. J'arrête ici ma communication préliminaire, en atten- dant que, par de nouvelles expériences, je puisse confir- mer l'exactitude de mes vues sur l'un des phénomènes les plus étonnants que la nature ait offerts à l'observateur pour mettre à l'épreuve sa patience et sa sagacité. Post-scriptum. — Quelques jours après avoir lu cette Note à la classe des sciences de l'Académie, j'ai eu connais- sance de deux articles de M. Hartley (1) relatifs à la der- nière question que je viens de traiter; dans le premier, l'auteur décrit les phénomènes d'attraction ou de répulsion des libelles sous l'influence d'une source de chaleur voi- sine, puis fait connaître l'opinion de M. Stokes sur la cause probable de ces phénomènes; ce physicien les attribue, comme moi, à des changements de tension provoqués par (1) On attraction and repulsion of bubbles by heat (Proc. Roy. Soc, XXVI, pp. 137-149). On the constant vibration of minute bubbles (Ibid., ibid., pp. 150-152). ( 365 ) des variations de température; mais il ne cherche pas à rendre compte des changements consécutifs de direction dans les mouvements des libelles ; à ce titre, je regarde la théorie du savant physicien anglais comme incomplète, tout en reconnaissant l'exactitude du principe qui on est le point de départ. Dans le second article, M. Hartlev exprime la même idée que moi, quand il dit qu'un espace n'a jamais une température absolument égale partout; je suis heureux de me rencontrer avec lui sous ce rapport, attendu que l'idée en question donne à ma théorie le caractère indis- pensable de l'exactitude et de la rigueur. Observations des étoiles filantes d'août 1877, faites à l'Observatoire royal de Bruxelles, et à Menin, commu- niquées par M. J.-C. Houzeau, membre de l'Académie. Ces observations ont été fortement contrariées par l'état du ciel. Le 9 août elle n'ont pu être faites que par des éclaircies. Pendant plus de la moitié de leur durée, une moitié au moins du ciel était couverte. On a cependant compté : de 10h à 14h .... H étoiles filantes, de 111' à 12h . ... 6 id., dont 4'de première grandeur, de 12»« à 13'' .... S de 13h à 441' .... 7 ici., dont 1 de première grandeur. Total en 4 heures. . .21 Deux observateurs ont été présents en même temps, pendant cet intervalle. ( 564 ) Le 10 août le ciel a été entièrement couvert. Le 11 , toujours avec deux observateurs simultanément, on a noté : de -10'" à Mi. . . . 16 étoiles filantes, dont 1 de première grandeur. de M1' à 12* . . . 16 id., de 12h à 13'' . . . 15 id., dont \ de première grandeur, de 13* à 14h . . . 43 id., dont 2 de première grandeur et 2 aussi brillantes que Jupiter. Total en 4 heures. . 60 Pendant la même nuit, en 30 minutes, de 10h20m à 10''50m, M. le capitaine Waelput a compté, à Menin, 14 étoiles filantes, nombre trois fois supérieur à celui que l'on constatait à Bruxelles, par deux observateurs, dans le même intervalle. M. Waelput ajoute qu'après 11 heures le nombre des météores à diminué. On a constaté, à Bruxelles, une légère diminution, le 11 août, après minuit. En résumé, l'apparition des étoiles filantes, en août 1877, n'a eu rien de bien remarquable, même si l'on tient compte de l'état défavorable du ciel pendant la soirée du 9. Le nombre des météores n'avait rien de vraiment insolite, leur éclat n'était pas vif (au moins pour le plus grand nombre d'entre eux), et la radiation à partir de Persée n'était même pas aussi bien caractérisée qu'on l'observe ordinairement à cette époque périodique. ( 565 ) Sur quelques propriétés de l'invariant quadratique simul- tané de deux formes binaires; par M. C. Le Paige, chargé de cours d'analyse à l'Université de Liège. Dans une précédente communication (*), nous avons montré que l'invariant quadratique commun à deux formes binaires du nme degré, présente une certaine importance dans l'involulion de on points; nous croyons utile de re- prendre cette étude, surtout au point de vue analytique, et de montrer comment on est forcément conduit à la con- sidération de cet invariant : nous déduirons également, de notre méthode, diverses propriétés, nouvelles, croyons- nous, qui appartiennent à cette fonction; nous aurons ainsi l'occasion de démontrer plusieurs théorèmes de géométrie qui nous semblent offrir quelque intérêt, et d'étendre le nombre des cas, susceptibles d'interprétation géométrique, qui se rencontrent dans la théorie des formes algébriques. Comme nous l'avons dit, l'involution de on points peut se définir par l'équation f(x) -*- / c?(x) = 0, ou par l'identité 1 — SA, -4- IX^i. ± h>i 1 — ïpi -+- ïp^ . ± ?i?* 1 — lp\ -4- Spipi . ± P1P2 (1) = 0. (2) (*) Bull, de l'Acad. roy.de Belgique, t.XLIV. Août 1877, p. 231. ( 5()() ) Mais l'analogie entre cette involulion et les propriétés connues de l'involution de six points n'apparaît pas (*), au premier abord, et nous allons traiter cette question d'une manière quelque peu différente. Une courbe de nme ordre étant définie, en général, par N= w(ng points, l'équation de toutes les courbes de cet ordre qui passent par N — m points fixes peut se mettre sous la forme C = Cu ■+- kfii -+- &sCï h »- kmCm = 0 . . (3) Il est visible que la forme la plus générale que l'on puisse donnera cette équation, en laissant compléiement arbi- traires les constantes k, avec la condition qu'il existe une relation entre les distances des points d'intersection d'une transversale avec ce faisceau de courbes ("), s'obtiendra en prenant le nombre m égal an — 1 ('"). Si nous prenons pour axe des X la transversale, nous voyons que les distances, à partir de l'origine, sur celte (*) Nous entendons surtout par là les analogies analytiques, et non les analogies géométriques que M. Folie a pleinement fait ressortir dans ses Fondements d'une géométrie supérieure cartésienne. (**) On emploie généralement le mot faisceau (Bùschel) pour désigner l'ensemble des courbes qui passent par N — 1 points fixes, et celui de réseau (Curvennetz) , pour les courbes qui passent par N — 2 points fixes : nous avons cru, cependant, pouvoir employer la dénomination de faisceau, dans un sens un peu plus étendu , puisque les propriétés dévolution , qui appartiennent aux faisceaux de courbes, entendus dans le sens babituel , appartiennent également aux courbes définies par l'équation (3). (***) Nous ne nous occuperons pas, pour le moment , des involutions où le nombre des constantes est moindre que (n — 1), involutions dont nous devons l'idée à M. P. Mansion , ni des involutions où le nombre des con- stantes est supérieur à n — 1 , mais entre lesquelles existent des relations définies par des équations algébriques. ( 567 ) transversale, des points où elle coupe le faisceau, seront liées par une équation qui peut s'écrire F(*)s/-(*) + Jfei/;(*) + Vi(*) Av,A-.W = o. Désignons par /j, >.2, ... ïn; pl} fx2, ... u.n; ... a,, CT2,... CT„, les (n -+- 1) groupes de racines des équations F(a) = 0, /è(x) = 0, /i(x)=0, ... /L,(x)=0, il existera entre ces quantités la relation dr ^A, . 4 — 2ct( -H Zct,u2 0. (4) Supposons maintenant que les n points de chacun des n derniers groupes se confondent chacun en un point, la relation deviendra : 0 = 1 — lXt -+- ZV-2 ± hh • \ — Hju. -4- (î,')//2 =b w" 1 — ?ta -+- (ô'jcr2 de. xs" = 0, (5) ou, en développant ce déterminant suivant les éléments de la première rangée, et en désignant par #0, dt , ... §n, les mineurs, 0 = oo -f- SA,)2 • t^2 *„ = 0. (6) Nous devons d'abord rechercher la valeur de chacun des mineurs §. ( 568 ) Pour cela, considérons le déterminant \ a, a\ ... akrl a\+l .. a" D* = 1 a2 o\ ... a\~i a2+1 . . «2 1 a„ a* ... a*"1 a*+l . . a" et, pour en obtenir la valeur, formons le déterminant 1 X xz \ a-i a] 1 a2 af 1 a„ «i que nous désignerons, d'après la notation habituelle, par A (x, a,, a2, ... a,). Si nous développons suivant les éléments de la première rangée, nous trouvons A(x,a„a4, ...an) = D0 — xD, +■ X'D? h (— i)kXkDk... ±XnD„. Mais A (x, a,, «o, . . . aj = (a, — x) (a, - x) (a„ — x) (<*2 — «i) («„ - ai) k-«»-.) a = (a, — x) (a2 — x) (a„ - x) A («n «2, • ■ • *„)■ Nous obtiendrons, par suite , la valeur de DA, en déve- (*) Jacobi , Journal de Crelle, t. XXII. De [ormationc et proprietatibus Determinantium, p. 285. ( 5()9 ) loppant le second membre suivant les puissances de x et prenant le coefficient de xk. En conséquence DA=2(a,,«s, ...a,),., A(a,,a2, ...«„) (*) . . (7) Dans celte formule 2 fa, a2,...a„)„ , représente la somme des produits n — k à n — /v des quantités a. Au moyen de la formule (7), il est facile de mettre l'égalité (6) sous la forme A(p,v,...w) XtX2...i„ Zhh-K-iZf-*-' -dtfiy...B =0. (8) La quantité entre crochets n'est autre chose que l'inva- riant quadratique, ou, pour employer la terminologie de AI. Caylev, l'invariant linéolinéaire que nous avons consi- déré dans notre Note Sur quelques points de Géométrie Supérieure (**). Nous rappellerons la définition que nous y donnons, des points conjugués harmoniques : Si deux formes binaires homogènes, de degré n , sont telles que leur invariant quadratique simultané soit nul, (*) Celte valeur de D* peut se déduire, d'ailleurs, d'une formule donnée par Baltzek, Théorie und Anwendung der Determinanten, s. 88. On re- marquera que, par un procédé analogue, on peut trouver la valeur des déterminants formés de A parla suppression de deux rangées et de deux colonnes, etc. Nous reviendrons peut-être un jour sur ces propriétés des déterminants, propriétés qui s'appliquent aisément aux sommes des pro- duits php des nombres naturels, aux nombres de Bernoulli, etc., dont nous nous sommes occupé dans un autre endroit (Anh. de la Soc. scient, de Brdx., 1. 1, p. 43.) (**) Sur ces invariants, voir A. Gatley, .4 fourlh Memoir upotl Quart- tics, Philos Trans , t.CXLVUI, pp. 417 et ss. 2me SÉRIE, TOME XLIV. 26 ( 370 ) les 2n points, que ces formes représentent, sont conjugués harmoniques d'ordre n. Il est utile de démontrer encore, nous semble-t il, que la supposition //, = f*2 = • • • == [i. ; v, ^ v2 = • • • = v, etc. ne contient aucune impossibilité, et, pour cela, de mon- trer qu'il existe réellement des points nples. Si x, y , . . . .z, représentent les distances, à partir de l'origine, des points appartenant à l'involution I W) = o, où nous introduisons une constante kQ pour la symétrie, il existe, entre ces quantités, une relation R(x,y, ...z) = 0, du premier degré par rapport à chacune des variables. Pour trouver celte relation , observons que l'on a k0f0 (x) -+- kfi (x) -+- h kn^f'n j (x) = 0 Wo (y) + N\ (y)-*- ■ • + K^fn-i (y) = o (9) on a donc aussi l±[f0(x)fl(!J)...fn^{z)] = 0, . . . (10) en désignant ainsi le déterminant de ce système d'équa- tions linéaires homogènes par rapport aux k. Ce déterminant est divisible par A (a;, y, ...z), comme on peut aisément s'en convaincre , puisqu'il s'annule lorsque l'on fait x=y, ...#=£, etc. ( 574 ) Après la division par A, le premier membre de l'équa- tion (10) est du premier degré par rapport à chacune des variables. On obtiendra les points multiples d'ordre n , en faisant x = y=...= z. On trouve ainsi l'équation du nme ordre S±[/-o(x)/l(,y).../-._,(S)])_0 _ a (as, y, ...z) j Il est indifférent que les points nples soient réels ou ima- ginaires (*). Dans l'involution de on points, le nombre des con- stantes k se réduit à un, mais, comme nous l'avons dit, cette involution peut se définir par l'identité \ — SA, -+- ZA,A2 . . . ± },A2 . . . /„ 1 — 2p4 -4- Spip-2 ... dz p,p2 ... p„ = 0, 1 — 2pî -+- 2p',p2 . . . =b p',p2 ... pâ ou par le déterminant à (n -+- 1 — 3) rangées arbitraires «Il — «12 ±«1« a», — aM =fc «ï (*) Pour le nombre des points doubles d'une involution de on points voir Em.Weir , Erzeugung der algebraischen Curven durch projecti- visché Involutionen. (Math. Ann . 5,cr Band, s. 55, 1871.) ( 572 ) Il est donc toujours possible, d'une infinité de manières, de choisir ces rangées de façon à obtenir une involution de(n -h 1) n points. Les propriétés de l'invariant Ij trouveront par suite, dans ce cas, leur application. Si les formes /'0 (x), /", [x) sont du second degré, la for- mule (8) devient (f* — v) [~V2 - i () ., -t- ).2) (p. -+- v) -4- pv] = 0. C'est, sous une forme un peu différente, le résultat donné par M. Cayley (*). Il nous reste à montrer d'autres analogies entre l'invo- lution de (n -+- 1) n points et celle de six points. [Nous pouvons dire d'abord, comme conséquence de ce qui précède, que Si n -+- \ groupes de n points sont tels qu'il soit possible de déterminer n points, conjugués harmoniques d'ordre n de chacun de ces groupes, ces points sont en involution. Cette proposition n'est autre chose que la définition, généralisée, de l'involulion de six points. Dans ce dernier cas, la réciproque est vraie. Actuellement, les théorèmes que nous avons démontrés, prouvent qu'il existe réellement une forme F{(x), telle que l'invariant linéo-linéaire de cette forme et de la forme F(x) est nul. Or cette propriété existe, indépendamment du choix des constantes k. Mais on voit que la forme F (x) se réduit à chacune des (*) A. Cayley, .4 pfth Memoir upon Quantics, Philos. ïraks., I.CXLYIIIjp 456. ( â?5 ) formes f0(x), ft (x),... /"„_, (x), par un choix convenable de ces constantes. II suit de là que l'on peut énoncer ce théorème : Si (n -i- J) n points sont en involution , les n points npIes de celte involution forment , avec chacun des groupes de n points, 2n points conjugués harmoniques. Cette propriété s'applique, de la même façon que les autres, à l'involulion de on points. Comme conséquence de l'involulion de on points, nous avons vu que ces 5n points appartiennent à une infinité d'involutions k{n-+-A)n points : il n'est pas difficile, d'ail- leurs, de se rendre géométriquement compte de ce fait. Soit un faisceau de courbes du nme ordre, représentées par C = C, -<- A-C2 = 0. Les points où une transversale rencontre trois courbes appartenant à ce faisceau sont on points en involution. Si parmi les N — 1 points fixes, base du faisceau, nous en prenons N — (n — 1), nous pourrons faire passer par ces N — (n — 1) points des courbes qui forment avec les trois premières un système donnant lieu à une involution de (n-h 1) n points, parmi lesquels figurent les premiers. Nous nous proposons encore de chercher jusqu'à quel point la théorie de l'involulion se rattache à celle des polaires. On a remarqué déjà Q que « le premier système polaire d'un groupe de n points forme une involution du (n — l)mp ordre; » cependant il ne nous parait pas que ce soit là le (*) Clebsch-Lindemann, Vorlesungen liber Géométrie, l,er Banri. s. 208. ( 37i ) rôle le plus important de la première polaire dans la théorie de Pinvolntion. L'équation d'une courbe du nme ordre, en coordonnées homogènes, peut s'écrire symboliquement U = (ax -+- Inj -+- cz)" = 0 , ou, d'une manière explicite, / n n (n — I ) , , \ U = u,xn h — a2x" ly h azx" 2?/2 -+-••• -+- an+trj" \ 1 1 . !2 / n (, n - 1 , , \ -\ — z Io1c"",h lh2x"~ZIJ-\ h6nt/n_1M ^, yfn est nul. Ce théorème d'algèbre donne lieu à l'interprétation géo- métrique suivante : Si Cou prend un point sur une courbe d'ordre impair 2n -+- 1 , toute corde passant par ce point rencontre la courbe en^w autres points et la première polaire en 2n points, qui sont conjugués harmoniques d' ordre 2n. Cette proposition, dans le cas des cubiques, est connue et due, pensons-nous, à M. Salmon (*). Reprenons encore les deux formes U, = aKxn h — b{x -\ ■ • • -\ — /,x -+- g{, n — 1 n — i U2 = b^"-1 h c{xn -+- ■ ■ • -+- — fiX ■+■ g{, i 1 et supposons que deux des paramètres, g, , /i, s'annulent. Les deux formes deviennent U,^*2 Lx»-*+ -biX" " + •- + n{n-j) e) = *2U„ \ \ 1.2/ n U « * M~4 » 5 (n-l)(»-2) \ Uj = a; o,a;n_2 -4- c.x"-û -\ ^ e.x = xU2. V 1 1.2/ Les deux formes U'i, U'2 , sont du même degré, (n — 2). (*) Salmon, Higher plane Curves, p. 142. ( 578 ) Leur invariant linéo-linéaire commun est (n-1)(n-2) n i.2 . n{n — i) \, = ejh -+-••• ± elbi 1 n — 2 1.2 \ Il n'est pas difficile de voir que, si n est pair, \{ = 0. Nous sommes donc conduit à ce théorème : L'invariant linéo-linéaire des deux formes d'ordre pair 1 l\==-{a,b,c, ... 0, 0]x,y)n, x \Jî = -{b,c,...0,0{x,y)"-1, x est identiquement nul. Recherchons-en l'interprétation géométrique. Puisque g, = 0,1e point appartient à la courbe, et comme, de plus, /", = 0, la transversale a, en ce point, un second point commun avec la courbe. Ce fait peut dépendre de la position particulière de la transversale qui est alors tangente à la courbe au point donné. En conséquence: Si par un point d'une courbe d'ordre pair, on mène une tangente à la courbe, cette tangente coupe la courbe, en général, en 2n — 2 autres points, et la première polaire du point en 2n — 2 points {le point considéré n'étant compté qu'une seule fois) qui sont conjugués harmoniques du (2n — 2)me ordre. Cette proposition, pour les courbes du quatrième ordre, a été signalée par M. de Jonquières, dans son Mémoire sur les pôles et les polaires. Nous disons, dans l'énoncé, que le point considéré ne ( 379 ) doit être compté qu'une seule fois. En effet, la tangente à la courbe est tangente à la polaire, car « les différentes polaires d'une courbe quelconque, relatives à un point simple de cette courbe, la touchent en ce point (*). » Mais la condition /", = ,.. . >„ * — ■ »o* -*- (5) »" ••• ...±eï 1 - ne2 + (5) o\ . . ...±o» 1 - «e„ -+- (;) et . . . . . ± es (ï) ©...(•) 2 ±[éW ..6;r«] expression peut-être nouvelle. Nous pourrions partir de cette formule pour montrer que It est un invariant. (*) E. de Jonquières, Mémoire sur la théorie des pôles et des po- lires, Journal de Liouville, 2mc série, t. II, p. 251. ( 381 ) Remarquons encore que le premier membre change de signe, si l'on remplace les 1 par les 8 et réciproquement, dans le cas où n est impair. On doit donc avoir : ..± >,),...).„ l-M8n-4-(SK. ..±e; ou bien encore i)" 1 — Z01-4-2918a...:±:0102...0n i-M).,-+-(a')/?...=b>;' 1— nAn-4-(S)xî...±xï ±wi;...ir l— 2i,-f- zidi,. .±l,A,...), 1 11 i; .. . i"-1 f-n^-t-GJflï . ..dzflï I 12 iî .. . )jr' 1 - nfl„ -4- (?) of, • ■ • ± 0" 1 x„ >l .. . »-i 1- 16, H- 20,0a. ,.±olBi...e„ 1 0, a2 S, . or1 l-Wij-H^lï. . .±r; 1 fl, 01 . . or1 l-w)„-t-(ï)lj. ..=ti; • K 6» • • or1 (-1)' Si nous ajoutons au second facteur de chaque membre la rangée 0, 0, ... 1 , et à chacun d'eux respectivement la colonne 1 , /'/, /•", . . . /^ ; 1,0?, 6" ,. . • Q'n , puis que nous effec- tuions la multiplication après avoir renversé l'ordre des colonnes de ces seconds facteurs, nous trouvons {h -0l)"P-2- -0*)"O-2- -0,r -0,)". 0. -0J"(>-2- -««)" •■(v -«,)" =(-!)" (0i-A,)"(02-A,)"...(e,-A,)" (0,-A2)"(62-A2)"...(0„-A2)" (ô1--An)n{e2-A„)»...(eB-An)' ,(15) ce qui est exact. ( 582 ) Supposons maintenant que les deux formes soient identiques; alors l{ = 0,,X2 = 02, ... X„==8„, et 2±[^M...ir1] = 2±[e^...er]. De plus le carré de chacun de ces déterminants est, à un facteur près, égal au discriminant de la forme. On a donc 0 ()., — /<)".. .(>„ — ).,)" {h- h)'1 0 ...(>„- h)n I,D = m 0 (16) où D représente le discriminant, et m un facteur constant. Lorsque n est impair, le second membre de cette égalité est un déterminant, appelé gauche par M. Cayley (*), et, d'après un théorème dû à Jacobi, ce déterminant est nul. Ceci démontre la propriété que nous invoquions précé- demment, c'est-à-dire que « l'invariant quadratique simul- tané de deux formes identiques de degré impair est nul. » Puisque et que le carré d'un déterminant est un déterminant symétrique (**), nous voyons que « l'invariant quadratique d'une forme de degré pair est, à un facteur prés, égal au quotient de deux déterminants symétriques, » car I, est, dans ce cas, égal au double de ce quadrinvariant. Cette proposition, que nous sachions, n'a pas encore été signalée. O Cayley, Journal de Crelle , t. XXXI I, p. 119. ("*) Baltzer, Théorie und Anwendung der Determinan/cii, s 48. ( 585 ) On peut obtenir aisément une autre expression du quadrin variant d'une l'orme de degré pair, en fonction des racines. Remarquons que le poids de cet invariant est w et son ordre deux. Or, considérons la fonction, f = i (>, - x,)a (h - hf • • • {K-i - Kfi cette somme, dont l'ordre est deux et le poids n, doit avoir la forme t = Ajrtot^ -4- AjC^a,,^ -4- • • • Si nous observons que la quantité cp doit satifaire à l'équation aux dérivées partielles, do df a0 — -+- 2a, — -+-•• = 0, dai aa<î due à M. Sylvester, nous trouvons que

2-9i)][(>.-e1)(A2-^)+(>1-e2)(>i-91)]=0. ( 38i) Le premier facteur ne s'annulant que si 1, G, ==02, on a (A, - 0,) (A, - 0,) /2, OU (a, — o2) (a2 — e,) = - 1, ce qui exprime que le rapport anharmonique des quatre points est égal à — 1. Nous ne nous étendrons pas actuellement sur les diffé- rentes formes que l'on peut donner à l'équation qui exprime que 2n points sont conjugués harmoniques d'ordre n. Il y a, sur ce point, analogie complète avec la théorie de points harmoniques d'ordre deux. Lorsque n = 4, l'équation (16) donne, si 1 = 0, 0 (aS - hY [h - il)' (14 - Al)1 (a,-A8)* 0 (is-^)*(i*-A2)4 (M-hYi^-h? o (u-hY (i|-i«)*(ia-i*)*(i5-A,)« 0 = 0. expression, peut-être non remarquée, de la condition pour que quatre points soient harmoniques symétriques, d'après la dénomination de M. Cayley, ou équianharmoniques, selon la désignation de M. Cremona, adoptée par Clebsehf ). Nous signalerons, pour finir, une propriété de la forme du quatrième degré. Soit \J =(a,b,c, d, ejx, y)\ une forme du quatrième degré. (*) Sur ce point, voir Cayley, i'h Memoir, etc. ; Clebsch, Vorlesungen liber Géométrie ; Théorie der binàren algebraischen Formen, s. 170, ff. ( 5S5 ) Son hessien est H = [ac-b\ 2(arf— 6c), ae + 2bd- 3c2, 2(6e— cd), ce - dl]x, y)*«.(*). L'invariant linéo-linéaire de ces deux formes est I, = 5 (ace -+- 2bcd — ad2 — 62e — c"). La quantité entre parenthèses est le catalecticant de la forme du quatrième degré U; on le représente générale- ment par la lettre J. Si les quatre points représentés par l'équation U = 0, sont conjugués harmoniques, J = 0 (**). Nous en concluons ce théorème : Si les quatre points, représentés par une forme du qua- trième degré U, sont conjugués harmoniques du deuxième ordre, ces quatre points et les quatre points représentés par le hessien H, sont huit points, conjugués harmoniques du quatrième ordre. (*) A. Catley, A fifth Memoir upon Quart tics, Philos. Traxs. t. CX L VIII, p. 443. (**) Cayley et Clebsch, op. cit. 2me SÉRIE, TOME XLIV. 27 ( 586 ) Contribution, à l'histoire du sucre (saccharose); par M. J. Molteu, aide-préparateur du cours de chimie et de physique et conservateur des collections à l'Institut agricole de l'État à Gembloux. J'ai montré dans une note publiée en 1875 (1), en même temps que M. Kreusler (2), que la lumière solaire seule n'intervertit pas le sucre ordinaire en dissolution. Les résultats étant en contradiction avec ceux annoncés par M. Raoult (5), je me suis demandé si l'air n'était pas intervenu dans les expériences de ce chimiste, et si son action n'avait pas été excitée par la lumière. C'est pour éclaircir ce point que les expériences suivantes ont été faites. Je me suis servi de sucre candi qui a été lavé à l'eau distillée et desséché ensuite dans le vide en présence de l'acide sulfurique. Ce sucre ne laissait rien à l'incinération et ne renfermait pas de sucre interverti; l'absence de ce dernier a été mise hors de doute par l'emploi de la liqueur cupro-potassique, de la chaux et du saccharimètre de Ventzke : 26Kr,048 de sucre dans 100cc de dissolution ont polarisé 100 degrés avec un tube de 0m,200. Dix malras d'essayeur, lavés à l'acide sulfurique et à l'eau régale, reçurent chacun 26ce,5 d'une dissolution de sucre polarisant 85,8 Ventzke. Ces malras furent partagés (1) La sucrerie belge. 1875. (2) Berichte der deutschen Chem. Gesellschafl. 1875. (5) Comptes rendus des séances de l'Académie de Paris, t. LXX1II, page 1049. ( 387 ) en cinq groupes que je désigne par A, B, C, D, E, et traités comme suit : A. Deux matras. — On fait bouillir la dissolution et on scelle à la lampe pendant l'ébullition. B. Deux matras. — On fait bouillir le liquide et on scelle à la lampe 2 minutes après l'ébullition. C. Deux matras. — On fait bouillir le liquide et on scelle à la lampe 6 minutes après l'ébullition. D. Deux matras. — On fait bouillir et on ne scelle à la lampe qu'après refroidissement complet du liquide. E. Deux matras. — Ces matras sont scellés à la lampe sans faire bouillir. Un matras de chaque groupe fut exposé à la lumière diffuse, l'autre fut conservé dans l'obscurité. L'expérience a duré sept mois, du 25 octobre 187 G au 2i mai J877. Tous les liquides furent examinés le 24 mai 1877. Pour polariser, force a été de faire avec le contenu de chaque matras 100cc, le liquide s'étant concentré par suite de la chauffe lors de la mise en expérience. Les polarisations étant en raison inverse des volumes, les 100cc devaient polariser, si du sucre ne s'était pas inter- verti, la valeur x donnée par ce rapport : 26«.3 _ x 100 ~~ 8378 =22.5. Voici les chiffres que j'ai constatés Matras conservés à la lumière. Matras conservés dans l'obscurité. Matras A 22.5 Matras A 22.8 — B 22.5 — D 22.9 - C 22.5 — C 22.9 — D 22.5 — D 22.9 - E . 12.7 - E 43.» On voit que la polarisation du liquide de tous les tubes ( 588 ) A, B, C, D, s'est parfaitement conservée (I). Je me suis assuré par les réactifs indiqués ci-dessus qu'ils ne renfer- ment pas de sucre interverti. Seuls les liquides des deux inatras E qui n'ont pas été chauffés ont éprouvé une dimi- nution considérable dans le pouvoir rotatoire. Au surplus ils accusent une quantité notable de sucre interverti, réduisant abondamment la liqueur cupro-potassique et se colorant par l'action de la chaux. J'ai déterminé le poids du sucre qui s'était interverti en pratiquant l'inversion et en appliquant la formule connue : _ 200 (R -t- K') V ~ 288 - t dans laquelle R = polarisation avant l'inversion. R'= — après — t = température du liquide interverti. ij = polarisation due au saccharose. J'ai trouvé y= 15°4. La dissolution primitive polarisant 22°5; après l'expé- rience, la polarisation due au saccharose tombe à 15°4. La différence 7°1 (22°5 — 1S°4) correspond au sucre qui s'est interverti. Ce poids de sucre est donc les 51.57 °/0 du poids primitif: _ x 100 = 31.57. 22.5 (1) Le lecteur ne manquera pas de constater que les polarisations des tubes A, B, G, D conservés dans l'obscurité sont légèrement plus fortes que la polarisation primitive 22°5. La différence atteint même 4/10 (22°9- 22°o); nous pensons qu'elle est trop forte pour la mettre tout entière sur le compte des erreurs inhérentes aux opérations de l'analyse. Impuissant pour le moment de donner une explication de cette légère augmentation de pouvoir rotatoire d'un liquide sucré conservé dans l'obscurité et à l'abri de l'air, nous nous réservons de revenir plus tard sur ce phénomène que nous avons du reste déjà constaté dans d'autres circonstances. ( 589 ) Le liquide des ma Iras Ë était opalescent, ce qui était produit par des moisissures. Ces essais démontrent que : 1° la lumière n'a pas d'ac- tion sur le sucre en dissolution, qu'il y ait présence d'air ou non dans les matras; 2° quand il y a altération, elle est aussi profonde dans le liquide soustrait à la lumière que dans celui qui est éclairé; celte altération est provoquée par le développement d'organismes inférieurs. Action de la chaleur (J00°) sur le sucre sec. M. Maumené, dans son Traité sur la fabrication du sucre, dit, page 17 : Du sucre chauffé pendant 560 heures a 100° commence par se colorer, perd sa forme cristalline, devient vitreux et son pouvoir rolatoire tombe à zéro. Ces décom- positions ne sont pas dues à des traces d'eau, dit-il, car des tubes dans lesquels il a été introduit 1/10 d'eau n'ont pas offert l'altération aussi rapidement que ceux où le sucre était seul. Ces résultats diffèrent complètement de ceux que j'ai obtenus, comme on va le voir. Dans une première expérience, j'ai constaté que du sucre pulvérisé et desséché dans le vide en présence d'acide sulfurique n'avait pas sensiblement changé d'aspect et n'était pas sensiblement modifié après 132 heures de chauffe à 100°; il avait acquis seulement une très-légère coloration jaune. Une autre quantité du même sucre chauffé pendant le même temps dans une atmosphère sa- turée d'eau s'était, au contraire, profondément altérée; ce sucre était en partie fondu et il était fortement coloré. Pour reconnaître quelle était la quantité de saccharose qui pouvait être détruite, j'ai fait les essais suivants: ( 390 ) Un raatras d'essayeur A reçoit 16gr,235 de sucre des- séché comme précédemment. Un malras B reçoit 16gr;58o du même sucre en y ajoutant 1/10 d'eau. Ces deux malras sont scellés à la lampe et chauffés dans un bain d'eau (100°) pendant 560 heures. Après l'expérience on constate : Mettras A. Le sucre est en poudre sèche comme avant la chauffe, la teinte est légè- rement jaunâtre, ne renferme que peu de sucre interverti, 4.65 °/0 de saccharose se sont transformés. Mat ras B. Le sucre est en partie sirupeux a chaud, s'est solidifié par le refroi- dissement, fortement coloré, ren- ferme beaucoup de sucre interverti, 43.88 °/o de saccharose ont disparu. C'est par la méthode de l'inversion indiquée plus haut que nous avons déterminé le sucre disparu. Il me semble qu'il est permis de conclure de ces essais que l'altération que le sucre éprouve par la chaleur (100°) plus ou moins prolongée est due à l'humidité qui l'imprè- gne. Si le sucre sec a subi une légère altération, cela ne pour- rait-il pas tenir à de faibles traces d'eau? Car malgré la précaution que j'ai prise de n'employer que des vases bien secs, le sucre peut avoir absorbé de l'humidité pendant le temps qu'il a fallu pour le peser et l'introduire dans le ma- lras. On sait du reste que M. M. Berlhelol (1) a aussi con- staté (pour une durée de chauffe de 17 heures) que des traces d'eau sont nécessaires pour produire l'inversion du sucre. Influence de pelites quantités de différentes substances sur le sucre en dissolution. Plusieurs matras d'essayeur reçoivent chacun 26oc,o de dissolution sucrée; avant de les sceller à la lampe, on (1) Annales de chimie et de physique (3), 1855. ( 391 ) fait bouillir le liquide pour détruire les germes dont le développement, comme nous l'avons dit plus haut, provo- querait l'inversion du sucre. Ces matras sont conservés à la température ordinaire et à la lumière depuis le 25 oc- tobre 1876 jusqu'au 25 mai 1877. Polarisation en octobre 1S76. Dissolution sucrée pure. . . . 22.6 Avec 0,sr01 d'acide arsénieux . 22.6 — 0,s>01 — banque . . 22.6 — 0,»r01 — tartrique . 22.6 — l/10cc. — acétiq. crist. 22.6 — 1/10«. — butyrique. . 26.3 — 1/10". soude D = 1.1 i. . 22.6 — 0,sr0i ebaux 22.6 — O.srOl magnésie .... 22.6 — 1M0™. potasse 20.» — 0,?r0i glucose de miel . . 26.3 On voit que tous ces liquides se sont bien conservés sauf les dissolutions contenant les acides tartrique, acé- tique et butyrique. Tous sont restés limpides et ne renfer- ment pas d'organismes inférieurs. Action de l'eau pure et de la chaleur (100°) sur le sucre. Si l'eau à la température ordinaire n'altère pas le sucre, il n'en est plus de même lorsque la chaleur intervient et que le contact a une certaine durée. D'après MM. Mau- mené et Soubeiran (1) la perte du pouvoir rotatoire serait très-rapide. M. W. Clasen (2), au contraire, a annoncé qu'une dissolution de sucre chauffée pendant plusieurs heures à une température voisine de l'ébullition n'éprou- vait pas d'altération. Polar satioi en ma 1S77. 22.3 22.5 22.5 I,:. | Liquide perdu ) 22.5 Précipite f!,i >',>','! chaux. fortement cuprique. très inlen bouillir avec -Co- se en avec 22.5 22 5 20.3 2.63 (1) Maumeîvé. Traite sur la fabrication du sucre, 1876. (2) Bulletin de la Société chimique, t. X , p. 506. ( m ) Ainsi, d'après les premiers chimistes, une dissolution marquant 71° ne marquait plus après 12 heures que 25, après 18 heures que 20, après 20 heures que 0. On conviendra que cette diminution dans la polarisation est énorme et de nature à faire supposer que dans la fabri- cation du sucre les pertes résultant de l'évaporation et de cuite sont considérables. 11 n'en est rien cependant : les technologistes savent très-bien que les pertes importantes sont toutes mécaniques (sucre dans les pulpes, écumes, noir animal , mélasse). J'ai donc repris les expériences de MM. Maumené et Sôubeiran, et par les résultats obtenus, je dois considérer les nombres de ces chimistes comme fort exagérés. Une série de tubes lavés à l'acide sulfurique et à l'eau régale de 25cc de capacité, reçoivent chacun 14"' de liqueur sucrée polarisant 65°7. Ces tubes sont fermés à la lampe sans en expulser l'air et on les chauffe dans un bain d'eau (100°). Polan sation pr mitive . . . . 65.7 Après •1 heur i de chauffe. . 65.7 _ 2 — . 65.5 _ 3 — . 65.3 — 4 — . 65.» _ 5 — . 65.» Faible coloration. — 6 — . 65.» - 7 — . 65.» La coloration va en augmentant — 8 — . 65.» _ 9 — . 68.» 10 _ . 64.5 Décoloration. _ 11 _ . 64.5 _ 12 — . 64.8 Nouvelle coloration. — 13 - . 64.» _ 14 — . . 64.8 _ 15 — . . 64.» 1 Ainsi la polarisation après 15 heures de chauffe est tombée de 65"7 à 64°. ( 393 ) J'ai observé comme M. Maumené, sans pouvoir l'expli- quer, que la coloration après un certain nombre d'heures diminuait d'intensité. Influence de Veau et de la chaleur en présence de l'air sur le sucre. D'après M. Soubeiran (1) l'air n'a pas d'action. Une solution sucrée recouverte d'une couche d'huile se comporterait comme une solution qui serait au contact de l'air. M. Lound(2) est arrivé aux conclusions suivantes : a) Une dissolution de sucre chauffée en présence d'air donne du sucre interverti. b) Quand on chauffe à l'abri de l'air, ou en présence d'air tout à fait purifié, il n'y a pas de transformation. c) Az et 0 n'ont pas d'action ; CO2 agit, mais plus faible- ment que l'air. d) La transformation doit être attribuée en partie à CO2 de l'air, en partie à d'autres substances qui se trouvent dans l'atmosphère, mais qui n'ont pas encore été déter- minées. Je copie les conclusions faisant observer qu'il ne se trouve aucun détail sur la conduite des expériences dans le Bulletin de la Société chimique. J'ai étudié l'action de l'air sur des dissolutions sucrées chauffées à 100°. 11 résulte de mes expériences que pour une même durée de chauffe, l'altération est bien plus pro- (1) Maumené. Traité sur la fabrication du sucre. 1876. (2) Bulletin de la Société chimique de Paris. 1870. ( 591 ) fonde quand il y a présence d'air que quand on fait le vide dans les matras. Mettras privés d'air. Polarisation avant la chauffe. -18.1 — après 30 heures de chauffe . . 18.2 — après 65 heures de, chauffe . . 17.7 (a) Matras avec de l'air. Polarisation avant la chauffe. 18.1 — après 30 heures de chauffe . . 14.3 (/>) — après 65 heures de chauffe . . 5.5 à gauche (/>)■ Tous ces liquides sont restés neutres aux papiers de tournesol; les dissolutions des matras (a) [b) et (c) four- nissent les réactions du sucre interverti. M. Maumené (1) admet que tant que l'action ne dépasse pas la réduction du pouvoir rotatoire à zéro, ou même le maximum d'inversion 58 à gauche, le phénomène chimique se trouve réduit à deux phases : la première est la perte sim- ple du pouvoir rotatoire, qui tombe à zéro par un mouve- ment moléculaire, sans que la molécule de sucre cesse d'être C^H^O11, le sucre devenu optiquement neutre peut encore (M. Maumené le croit sans l'avoir obtenu) redevenir sucre ordinaire avec son pouvoir 100° et sa structure cris- talline. Au delà du 0, lesucre s'altère, absorbe de l'eau, etc. Je pense, contrairement à M. Maumené, que quand le pouvoir rotatoire tombe à zéro, c'est que la dissolution renferme une quantité de sucre interverti qui neutralise la rotation à droite du saccharose restant dans le liquide, car dans toutes mes expériences, chaque fois que la rota- tion à droite diminuait, je pouvais produire les réactions du sucre interverti qui ne sont pas présentées par le sucre optiquement neutre de M. Maumené. (1) Maumené. Traité sur la fabrication du sucre. 1876. ( 595 ) Le rôle de l'air dans l'a Itéra lion du sucre étant manifeste, j'ai fait quelques essais pour reconnaître quel était le corps qui provoquait l'altération. Un ballon de 7oOcc reçoit 150" de liquide sucré polari- sant 68.8. On scelle à la lampe sans faire bouillir le liquide et on chauffe à 100° (bain d'eau) pendant 99 heures. Le liquide après la chauffe est limpide, fortement coloré en brun et a une réaction acide au papier de tournesol. Ce liquide décoloré par le noir animal sec polarise 19.8 à gauche. L'air du ballon avait la composition : C02 5.04 0 10!) Az 84.07 L'O de l'air a donc disparu en partie pour produire de l'acide carbonique. Dans une autre expérience, j'ai fait agir de l'oxygène pur, persuadé que l'oxydation serait alors plus active. Un ballon de 750cc reçoit 150cc dissolution sucrée pola- risant 69u5. Il est rempli d'oxygène pur et on le scelle à la lampe. On chauffe à 100° (bain d'eau) pendant 78 heures. On obtient un liquide limpide fortement coloré en brun, à réaction acide au papier de tournesol. Le liquide décoloré par le noir animal polarise 15°5 à gauche, distillé en présence d'une faible quantité d'acide sulfurique ne donne pas d'acide formique. Le gaz du ballon renfermait 25°/0 de CO2. L'altération a donc été plus con- sidérable qu'avec l'air. Le corps qui intervient activement est donc, comme on pouvait le supposer, l'oxygène. ( 396 ) Ce rôle de l'oxygène a déjà été constaté par M. Mala- guti (1) sur des dissolutions sucrées acidulées. On voit que nous avons étendu l'action à des dissolutions neutres. Pour M. Malaguti, les acides et l'oxygène n'agissent pas sur le sucre de canne, mais bien sur le sucre interverti. Nous pensons que cette affirmation est trop absolue en ce qui concerne l'oxygène; en nous reportant à une expé- rience indiquée ci-dessus, nous voyons que la polarisation d'un liquide chauffé pendant 30 heures dans un matras privé d'air n'a pas bougé, tandis que la présence de l'air qui agit par son oxygène a fait tomber la polarisation de 18,1 à 14,3 pour la même durée de chauffe. Selon nous, l'oxygène agirait directement sur le saccha- rose, à moins que l'on n'admette que le liquide sucré chauffé pendant un certain temps ne donne naissance à CO2, grâce à des traces de sucre interverti, acide carbonique qui, à son tour, contribuerait à l'inversion du saccharose. L'expérience suivante semble ne pas confirmer cette manière de voir : trois matras d'essayeur reçoivent chacun 30e de liquide sucré polarisant 21 °5. Matras I. — On scelle ce matras sans en expulser l'air. Matras II. — On fait bouillir le liquide et on scelle à la lampe pendant l'ébullition. Matras IN. — On fait passer un courant de CO2 pur et on scelle à la lampe pendant que ce gaz passe» Ces trois matras sont chauffés à 100° (bain d'eau) pen- dant 40 heures. Matras 1 avec de I Polarisation primitive ... 21.5 — après la chauffe. l.S (I) Annales de chimie et de physique, t. LIX. liras II sans air. Matras III a 21.5 21.5 20.» 4.» ( 5!>7 ) Ou voit que l'interversion a été plus rapide pour le liquide du malras avec de l'air que pour celui avec CO2. Celle expérience n'ayant été faite qu'une seule fois, je n'oserais pas tirer de conclusions. CONCLUSIONS. 1. La lumière seule, soit directe, soit diffuse, n'inter- vertit pas le sucre de canne en dissolution, qu'il y ait présence d'air ou non. 2. L'altération que le saccharose sec éprouve par la chaleur (100°) est due très-probablement à des traces d'eau qui l'imprègnent. 3. L'eau froide n'altère pas le sucre; quand il y a altéra- tion, elle est déterminée par le développement de moisis- sures. 4. La chaleur (100°) provoque l'altération du sucre en dissolution; l'altération est bien moins rapide que ne l'ont annoncé quelques chimistes. L'oxygène de l'air accélère la transformation; l'oxygène est absorbé et il y a formation de CO2. Ce travail ayant été exécuté dans le laboratoire de M. le professeur Chevron, à l'Institut agricole de l'État, à Gem- bloux, je crois de mon devoir de le remercier pour son obligeance et les conseils qu'il n'a cessé de me donner pen- dant son exécution. ( 598 ) Sur le calcaire dévonien supérieur dans le NE. de V arron- dissement d'Avesnes, lettre de M. J. Gosselet, associé de l'Académie. Les calcaires de la bande de Rhisnes sont classés au- jourd'hui par tous les géologues belges dans le dévonien supérieur (1), mais leur âge exact est encore indéterminé. En 1860, n'y trouvant pas les fossiles caractéristiques du calcaire de Frasnes, ni ceux des schistes de Famenne, je les avais assimilés à la base des psammiles du Condroz. Mais depuis longtemps j'ai abandonné cette manière de voir qui ne reposait que sur des faits négatifs. D'autres opinions avaient été émises par MM. Dewalque, Dupont, de La Vallée-Poussin, Malaise; ni l'une ni l'autre ne me paraissaient étayées de preuves suffisantes pour m'y rallier. Il y a deux ans, après une étude détaillée des calcaires des environs de Philippeville et de ceux du NE. de l'ar- rondissement d'Avesnes, j'acquis la conviction que ces couches, colorées par Dumont comme calcaire de Givet, appartiennent uniquement à l'assise du calcaire de Frasnes. Les calcaires du NE. de l'arrondissement d'Avesnes (1) Sauf le calcaire d'Alvaux. Comme je n'avais pas trouvé de fossiles dans ce calcaire, je l'avais réuni, provisoirement et avec réserve, aux autres calcaires de la bande de Rhisnes. M. Dewalque, en y signalant le Strigocephalus Burtini, a prouvé qu'on devait le rapporter au calcaire de Givet. Il en est de même du poudingue qui lui est inférieur; .car M. Dewalque y a aussi rencontré un Strigoeé- phale. Ce fait confirme mes vues sur les poudingues d'Alvaux et de Wépion. Ils sont de même âge que les calcaires qui les recouvrent immé- diatement. Ils représentent un dépôt littoral formé lors de l'envahissement des eaux marines dans le bassin de Nanmr, à l'époque dévonienne moyenne. ( 599 ) me fournirent une faune fort voisine de celle de Rhisnes, mais intermédiaire cependant entre celle-ci et celle de Frasnes. Quant aux calcaires de Philippeville, ils ont encore plus d'analogie avec ceux de Frasnes, ce qui est en relation avec leur position géographique plus rappro- chée de la bande de Frasnes que ne le sont les calcaires d'Avesnes. Dans le travail que je présente à l'Académie j'établis par la discussion des fossiles et principalement des Coral- liaires, l'analogie des calcaires de Rhisnes et de Frasnes, malgré les grandis différences minéralogiques, stratigra- phiques et paléontologiques qui paraissent au premier abord les séparer. Ces différences dépendent probablement de ce que les conditions de courants et de sédimentation n'étaient pas les mêmes sur le rivage nord et sur le rivage sud du grand bassin devono-carbonifère de Belgique. — M. P.-J. Van Beneden rend compte verbalement des solennités qui ont eu lieu , le 5 septembre, à l'Université d'Upsal, lors de la célébration du 400e anniversaire de cet établissement. Il fait ressortir l'accueil qu'il a reçu comme délégué de l'Académie et qui résulte, ajoute-l-il , de la grande réputation dent celle-ci jouit à l'étranger. COMITÉ SECRET. La classe se constitue ensuite en comité secret pour dresser la liste de présentation des candidatures aux places vacantes, arrêtées parles sections. ( 400 ) CLASSE «ES LETTRES. Séance du 45 octobre 4817 . M. Alph. Wauters, directeur. M. Liagre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J. Roulez, Gachard, P. De Decker, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, Ch. Faider, R. Chalou, Thonissen, Th. Juste, le baron Guillaume, Félix Nève, Alp. Le Roy, A. Wagener, J. Heremans, P. Willems, membres; Aug. Scheler, Alph. Rivier, associés; Edm. Poullet, F. Loise, J. Stecher, E. Van Bemmel, corres- pondants. M. Alvin , président de l'Académie, et M. Éd. Mailly, membre de la classe des sciences, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. La classe apprend avec un profond sentiment de regret la perte qu'elle a faite en la personne de l'un de ses plus éminents associés, M. Adolphe Thiers, né à Marseille le 16 avril 1797 et décédé le 5 septembre à Saint-Germain-en- Laye, près de Paris. M. Thiers avait été nommé associé le 10 mai 1865. (401 ) — M. le Minisire de l'Intérieur transmet, avec un état récapitulatif, les mémoires et les communications qui 1 li ont été adressés, avant le 1er septembre dernier, par divers concurrents, en vue de prendre part au deuxième concours Guinard. — Le même haut fonctionnaire envoie, pour la biblio- thèque de l'Académie, un exemplaire des ouvrages sui- vants : 1° Histoire politique et diplomatique de P.-P. Rubens, par M. Gachard ; 2° La rivalité de la France et de la Prusse, par M. Th. Juste; 3° l'Église et l'État, par le chanoine Ferd. Moulart. — Remercîments. — La Société de l'histoire de France, à Paris, l'Aca- démie de Stanislas, à Nancy, la Société d'histoire, à Gratz, la Commission impériale archéologique de S'-Pétersbourg, la Société d'histoire, à Wurzbourg, font parvenir leurs der- nières publications. — L'Académie de Besançon adresse le programme des prix qu'elle décernera en 1878. — M. J. Nolet de Brauwere van Steeland adresse un exemplaire de son ouvrage intitulé : Poëzij en Proza (1874-1877); M. A. Wagener présente un exemplaire de sa brochure intitulée : Les travaux de M. G. Andresen sur le Dialogus de oratoribus ; M. Aug. Scheler offre un exemplaire de ses deux derniers ouvrages: Aigar et Maurin. Fragments d'une chanson de geste provençale inconnue. — Deux rédactions diverses de la légende de sainte Marguerite, en vers français; M. Stanislas Bormans offre un exemplaire de sa Généa- logie historique de la Famille d'Harscamp ; <2me SÉRIE, TOME XLIV. 28 ( 402 ) M. Ch. Potvin présente un exemplaire de ses lectures publiées dans la Bibliothèque Gilon de Verviers , sous le titre de : Du gouvernement de soi-même ; les principes ; le devoir ; la vie privée ; la patrie; le travail et les nations. Il offre ensuite, au nom de MM. Félix Brassart de Douai et Peigné-Delacourt, d'Amiens, divers ouvrages dont les titres figurent parmi les ouvrages présentés. M. Thonissen offre, au nom de M. le professeur Nicolas J.Saripolos, d'Athènes, différents ouvrages de jurispru- dence. Une notice bibliographique lue à ce sujet par M. Thonissen figure à la page 404. — La classe renvoie à l'examen les travaux manuscrits suivants : 1° La littérature allemande au XVI Ime siècle, sous l'in- fluence de la guerre de Trente ans, par M. Ferd. Loise. — Commissaires: MM. Stecher, Heremans et Scheler; 2° Une page de l'histoire religieuse des Pays-Bas (1 544- 1545), Pierre Brully, successeur de Calvin comme pasteur de rêglise française de Strasbourg, par M Ch. Paillai" 1. — Commissaires : MM. Gachard, Juste et Wauters ; 3° Sur la nécessité de fonder une nouvelle science : la statistique du droit civil, par M. Alexandre de Lubavsky, de Viazma (Russie, province de Smolenzka). — Commis- saire : M. Thonissen ; 4° Étude juridique sur la procédure civile au XVI lme, siècle, d'après les styles des cours échevinales,^ar M. P. De Croos, avocat, à Béthune (France). — Commissaires : MM. Rivier, Faider et Leclercq. ( m ) ÉLECTIONS. La classe procède à l'élection des cinq membres parmi lesquels le gouvernement choisira, avec les cinq membres élus par la classe des sciences, le jury chargé de juger la deuxième période du prix Guinard. Cette liste sera envoyée au Ministre de l'Intérieur. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. J. Stecher donne lecture de la notice biographique qu'il a consacrée à feu M. J. Grandgagnage, membre de la classe, décédé le 19 février de celte année. Des remercîments sont votés à M. Stecher pour cette notice qui sera imprimée dans le prochain Annuaire. — M. Potvin , en offrant les deux nouveaux ouvrages de M. Félix Brassart, de Douai, lit la note suivante : « Le premier de ces ouvrages : Le Pas du perron Fée, est une chronique de la fin du XVe siècle contenant le récit d'un tournoi qui peut être regardé comme le pendant du fameux Pas d'armes de la fontaine des pleurs, tenu par Jacques de Lalaing en 1450. Celui-ci est dû au frère du bon chevalier: Philippe de Lalaing; il avait d'abord été fixé à Bruxelles, à la date du 6 février 1462 (vieux style); il eut lieu à Bruges le 28 avril suivant. M. Brassart attribue ce récit au héraut d'armes Limbourg, et des quatre ver- ( 404 ) sions connues, celles d'Arras, de Londres, de M. Blondel d'Auberset de Paris, il a préféré de publier le texte de ce curieux manuscrit de la Bibliothèque nationale de France, n° 5759, fonds français, qui contient : Le Banquet de Lille, le Trépas du roi Charles, l'Entrée de Reims et l'Entrée de Paris. » Une savante préface est jointe au texte. » Le second ouvrage a trois volumes, c'est Y Histoire du château et de la châtellenie de Douai, deux volumes de texte et un premier fascicule de preuves. » Après MM. Guilmot, Duebet et Desplanque, qui « n'ont soulevé qu'un coin du voile » selon l'expression d'un rap- port présenté à la Société des sciences de Lille, l'auteur ne se contente pas de donner la généalogie des châtelains de Douai; il entreprend l'histoire de l'institution, ou , comme il dit : « l'historique des rapports des officiers féodaux avec une commune grandement privilégiée. » » Cette partie de l'histoire, peu connue, est ici mise au jour avec une érudition puisée aux sources, dans les archives municipales, dans les fonds d'abbaye et dans les grands dépôts de Paris. » La Société des sciences de Lille a décerné, en 1876, le prix Wicar à l'auteur de ce livre, et pour en marquer la valeur, le rapport du jury, déjà cité, s'exprime en ces termes : « L'histoire des chàlellenies sera désormais un terrain sur lequel les érudils pourront s'exercer sans crainte de s'égarer; ils prendront ce travail pour point de départ et pour guide. » — M. Thonissen, en offrant à la classe, au nom de l'au- teur, la collection des œuvres de M. Saripolos, professeur ( 40o ) de droit public et de droit criminel à l'Université d'Albèries, signale particulièrement à l'attention de l'Académie le Traité du droit constitutionnel de la Grèce, le Traite du droit des gens et le Traité du droit criminel de la Grèce , for- mant ensemble douze volumes in-8°. Tous ces livres, écrits avec une élégante concision, sont au niveau de la science contemporaine et attestent hautement le mérite de l'émi- nent professeur d'Athènes, qui a été, dans la dernière assemblée constituante, le rapporteur de la commission chargée d'élaborer la charte constitutionnelle de la Grèce. Avant été le premier à enseigner le droit public et le droit des gens dans la Grèce moderne, M. Saripolos peut être considéré à juste titre comme le père de ces sciences dans sa patrie. Dans l'accomplissement de sa grande et noble tâche, il a eu bien des efforts à faire et bien des obstacles à surmonter. Il ne devait pas seulement combiner les lois et les traditions de son pays avec les enseignements les plus élevés de la science européenne: il s'est vu litté- ralement obligé de créer la langue de la science. Les longs siècles d'esclavage qui ont pesé sur la malheureuse patrie de Platon avaient rendu la langue vulgaire presque bar- bare, et cependant cette langue se montrait, plus que toute autre, hostile à l'admission de mots empruntés à un idiome étranger. Grâce à un travail assidu de trente années, M. Sari- polos a triomphé de toutes les résistances. Les termes scientifiques qu'il a proposés ont fini par obtenir l'assenti- ment de tous. En jetant un coup d'œil sur les livres de M. Saripolos, mes honorables confrères seront heureux de voir rallumer le flambeau de la science sur une terre privilégiée, où toutes les grandeurs de l'esprit humain eurent jadis des ( 406 ) représentants illustres. Aucun ami sincère des lettres ne saurait rester indifférent à la régénération intellectuelle d'un pays qui fut le berceau de la civilisation européenne. Études sur l'histoire du droit criminel de la France ; par M. J.-J. Thonissen, membre de l'Académie. I. Les peines capitales dans la législation mérovingienne. Malgré les nombreux et remarquables travaux dont les institutions mérovingiennes ont été l'objet, il reste bien des controverses à élucider et bien des lacunes à combler. Sans méconnaître le mérite et le fruit des efforts tentés par une foule de savants justement célèbres, qui ont con- sacré leurs veilles à l'exploration des annales de cette importante période de l'histoire de la France, il est permis d'affirmer que la science moderne n'a pas dit son dernier mot sur l'organisation sociale des Gaules, aux premiers siècles de la domination des Francs. C'est surtout dans le vaste domaine du droit criminel que le besoin d'études nouvelles et approfondies se fait vivement sentir. L'orga- nisation des tribunaux, la compétence respective des divers magistrats, les formes et la marche de la procédure, à tous les degrés de la hiérarchie judiciaire, ont été exami- nées et discutées avec un soin minutieux ; mais il s'en faut de beaucoup que les mêmes résultats aient été obtenus pour le droit pénal proprement dit, en d'autres termes, pour la détermination exacte et la classification scienti- ( 107 ) tique des délits et des peines. On a longuement parlé de la perte de la paix , de la vengeance chez les anciens Ger- mains, du Wergelcl, du Fredum, du caractère et du taux des compositions fixées par les lois salique et ripuaire ; mais on a très-rapidement glissé sur les peines corporelles et surtout sur les peines capitales. H en résulte que beau- coup de jurisconsultes se sont formé une idée confuse ou fausse du système de répression adopté par les Francs établis dans les Gaules, ils s'imaginent que le payement d'une amende qualifiée de composition suffisait toujours pour rendre le repos aux criminels et les rétablir dans l'exercice paisible et régulier de tous leurs droits. Ils ne se doutent guère des nombreuses et importantes excep- tions que comportait l'application du système. Ils ignorent que toute une série de supplices, infligés avec une inexo- rable rigueur, servaient de sanction au droit et répondaient aux exigences de l'ordre public et de la sécurité générale. Nous allons nous efforcer de dissiper cette erreur et de combler l'une des lacunes que nous venons de signaler, en décrivant et en classant, d'après les documents contempo- rains, toutes les peines usitées chez les Francs, depuis le jour où ils abandonnèrent les forêts de la Germanie jusqu'à l'avènement, de la dynastie carolingienne. Nous débuterons par la recherche et la détermination des peines capitales (1). (1) Pour prouver à quel point celte intéressante matière réclame de nouvelles recherches et de nouveaux développements, il suffit de citer les faits suivants. Pardessus (Loi salique, etc.) consacre à peine une page aux dispositions de la loi salique sur la peine de mort contre les hommes libres (p. 663) Waitz, dans son savant traité intitulé : Das alte recfit der salischen Fianken,cn agit de même. Walter, dans sa Deutsche Rechts- geschichte, concentre en un seul paragraphe l'indication et la description ( 408 )s A l'origine des temps historiques de la Germanie , Tacite attribue aux habitants de cette vaste contrée un système de répression dont les bases fondamentales sont exactement celles qui servent d'appui à la législation mérovingienne. Certains crimes d'une gravité exception- nelle entraînaient la mort du coupable; ils étaient envi- sagés comme des atteintes directes et immédiates à la sûreté, à l'honneur, à la dignité de la nation. Tous les autres méfaits, quel que fût leur caractère ou leur impor- tance, étaient censés ne produire que des lésions indivi- duelles. Les coupables étaient livrés à la vengeance de la famille offensée, à moins qu'ils ne parvinssent à calmer son ressentiment au moyen d'une « composition » déter- minée par la coutume et dont une partie était remise au roi ou à la nation, en leur qualité de garants de la paix reconquise. Parlant des assemblées générales des tribus germaniques, le grand historien romain s'exprime ainsi : . 573) prttend que le mot farfalius désigne l'avocat romain. La supposition est ingé- nieuse. Tacite, en effet, nous apprend que les Germains haïssaient les avocats. Florus (liv. VI, c. 17) rapporte qu'après la défaite de Varus , ils mutilèrent cruellement les Romains qui exerçaient la profession d'avo- cat. Ils coupèrent la langue à plusieurs d'entre eux, en leur disant: « Vipère, cesse de siffler! » La loi des Goths, malgré les nombreux em- prunts qu'elle avait faits aux lois romaines, portail que les juges devaient chasser de l'audience et condamner à une amende de dix sous d'or celui qui s'aviserait de faire le patron (Liv. II, tir. II, c. 2). Mais ces faits ne suffisent pas pour autoriser la traduction de farfalius par avocat. Gengler (Germanisclie Rechlsdenkmàler, p 589) est d'avis que ce mot servait à désigner ceux qui troublaient la paix pendant la réunion du tribunal et cherchaient à exercer, par des démonstrations illégales, une influence coupable sur l'esprit des juges. (2) Walter, Corpus juris germanici antiqui, t. II, pp. 24 et suiv. Des doutes sérieux existent au sujet de l'authenticité de ce capitulaire. Pertz ne l'a pas reproduit dans son recueil. ( *25 ) lique et ripuaire, ou y ajoutent des dispositions nouvelles, méritent d'autant plus l'attention du jurisconsulte, que celles de leurs dispositions qui, à l'origine, ne concernaient qu'une partie de l'empire dos Francs acquéraient, presque toujours, par la force des choses, le caractère de loi géné- rale. Les mêmes besoins appelant les mêmes remèdes au sein de populations unies par la triple communauté de l'origine, des souvenirs et des intérêts, les règles essen- tielles suivies dans une partie de l'empire étaient bientôt adoptées dans les provinces voisines; elles prenaient suc- cessivement place au Livre des lois (liber legum, liber legalis), dont les comtes de l'époque mérovingienne se servaient dans l'administration de la justice (1). Le mou- vement était d'autant plus naturel que, très-souvent, les Capitulaires ne faisaient que donner la sanction législative à des usages déjà consacrés par la jurisprudence (2). Aussi ne faut-il pas s'imaginer que les crimes cités étaient les seuls que le droit mérovingien réprimait par le dernier supplice. Nous sommes loin de posséder tous les documents législatifs du temps, et les sources historiques ne sont pas assez abondantes pour nous fournir le moyen de dresser la liste exacte et complète des méfaits qui, depuis l'invasion des Francs jusqu'à l'avènement de la dynastie carolingienne, avaient pour sanction directe ou éventuelle la mort de leurs auteurs. Nous pouvons, toute- fois, sans avoir à redouter le reproche d'exagération, (1) Pour le Livre des lois, voy. Laferrière, Histoire du droit français, t. III, pp. 58 et 25D. Pardessus, Préface de la Loi sali que , p. xi, u° 5. (2) On en trouve un remarquable exemple en matière de vol Plusieurs années avant le pacte de 593, qui Tait du vol un crime capital, Grégoire de Tours nous montre un voleur conduit au gibet pour expier ses soustrac- tions frauduleuses (Histoire des Francs, I. VI, 8). ( 424 ) ajouter aux crimes cités la trahison (1), la désertion (2), l'infidélité dans l'exercice des fonctions conférées par le roi (3), la révolte (4), les maléfices et les enchantements dirigés contre la vie d'antrui (5), le sacrilège (6), l'adul- tère (7), la chasse dans les-forèts royales (8) et le crime de lèse-majesté. Ce dernier crime avait pris sous les Mérovin- giens les larges et redoutables proportions que lui avaient attribuées les séides du césarisme romain. Pour devenir passible du dernier supplice, il n'était pas requis qu'on eût commis un attentat contre la personne du roi ou qu'on eût reconnu l'usurpateur du trône. L'accusation ne con- naissait pas ces étroites limites. Agir contre les intérêts du roi, prendre part à une négociation contraire à la dynastie (1) Déjà les anciens Germains retranchaient les jours du traître. (Tacite, de vita ac mor. Germ ,XIl). —La loi des ripuaires , lit. LXXI, range l'in- fidélité envers le roi au nombre des crimes capitaux. Grégoire de Tours dit que Gontran-Boson fut condamné à mort parce qu'il s'était rendu cou- pable de plusieurs trahisons (I. IX, 10). (2) Il n'est pas possible de supposer que les Francs, nation essentielle- ment guerrière, eussent abandonné, sous ce rapport, les traditions de leurs ancêtres. Voy. Tacile, ibid. (3) Grégoire de Tours, liv. VIII, 11 ; liv. IX, 10, 28; 1. X, 19. Loi des ripuaires, loc. cit. Gesta Dagoberti, c. XXI ; ap. D. Bouquet, t. II, p. 585. (4) Grégoire de Tours rapporte plusieurs exemples de révoltés mis à mort. (5) Grégoire de Tours, 1. VI, 55. (C) Grégoire de Tours dit expressément que le sacrilège était puni de mort (1. X, 16; 1 VI, 10). — Déjà avant le christianisme, il avait ce carac- tère chez les peuples germaniques. La loi des Frisons (Add. III, t. XII) renferme ce texte remarquable: Qui fanum effregent, et ibi aliquid de sacris tulerit , ducitur ad mare et ibi in sabulo, qaod accessits maris opsrire solet, findmlur aures ejus et caslralur et immolatur diis, quorum lempla violaverit. (7) Grégoire de Tours, I. V, 53; VI, 36. (8) Grégoire de Tours, i. X, 10. ( m ) régnante, manquer de respect envers le chef de la nation, parler de la reine avec irrévérence : tous ces actes consti- tuaient le crime de lèse-majesté et avaient pour consé- quence le supplice du coupable (1). Nous croyons avoir suffisamment prouvé que, malgré le système général des « compositions », la peine de mort était loin de constituer une rare exception chez les conqué- rants des Gaules. Voyons maintenant quels étaient les modes d'exécution usités sous le règne des Mérovingiens. Ici encore, la pénurie de documents contemporains ne nous permet pas de répondre avec toute la précision dési- rable. Les Capitulaires de l'époque mérovingienne n'indi- quent pas, en parlant des crimes capitaux, le genre de mort que doit subir le coupable; ils sont rédigés de ma- nière à faire supposer qu'on voulait laisser aux juges la liberté de choisir entre les divers supplices admis dans le droit national. Les termes dont ils se servent pour dési- gner la peine capitale sont indécis et vagues : capitali sententia feriatur, vitœ periculo feriatur , vitœ incurvât periculum, de vita componat, vitœ periculum sustineat, vitam main amitlat, judex eum occidat, pereat, in ipsam capitali sententia indice tur, occidatur. Trois foisseulement le genre du supplice se trouve nettement désigné à côté de l'infraction. La loi ripuaire attribue aux héritiers légi- times la succession du voleur pendu, pour vol (2); une disposition additionnelle à la loi salique décide que l'es- clave qui épouse une femme libre doit mourir sur la (1) Grégoire de Tours, 1. V, 17, 27,40; VI, 37; VIII, il, 29; I. IX, 15, 14,28; I. X, 18,19. (2) Tit. LXXXI. ( m ) roue (1), et un décret de Childebert, de 595, parlant du voleur, autre qu'un Franc, saisi sur le fait, porte : in loco pendatur (2). Cependant, en consultant le droit primitif des autres peuples germaniques et en combinant ses prescriptions avec les rares témoignages historiques parvenus jusqu'à nous, on arrive à cette conclusion que, sous la dynastie mérovingienne, les modes d'exécution étaient au nombre de cinq : le glaive, la pendaison, la roue , le bûcher et la lapidation. La mort par le glaive était en même temps le moins douloureux et le moins flétrissant des supplices. Grimm suppose que, dans les temps primitifs de la Germanie, le condamné mettait le cou sur un billot, que l'un des assis- tants y appliquait le tranchant d'une hache, et que l'exé- cuteur enfonçait cette hache à l'aide d'un marteau (5). Rien ne permet de supposer que les Francs aient introduit ce procédé barbare dans les Gaules. La décollation s'y faisait par le glaive; mais on avait aussi parfois recours à la hache (4). Les expressions ordinairement employées par les historiens sont : çjladio interficere , gladio occidere , gladio Irucidare, gladii inlerfectione prostrare , capite plectere , caput absciadere, decollare, decidere cervicem, detrnn- (1) Pardessus, Loi salique, Capila extravagantia , t. V. Periz, Legum t. II, p. 3. (2) Décret de Childebert de TS96, chap. H, IV, VI, VII, VIII. Pacte de Childebert et de Chlotaire, chap. I, II. Édil de Chlotaire M de 595, chap. II et V. Loi salique, XL1I, 7. (5) lïechtsalterthumer, p G89. (4) Grégoire de Tours nous nionlre le roi Contran menaçant de faire tomber sous la hache la tète de ceux qui mépriseront sescommandemeiils (I. VIÏÏ, 50). ( 427 ) çare (1). Les premiers de ces termes peuvent s'appliquer aussi bien à regorgement qu'à l'action de trancher la tète; mais les quatre derniers désignent clairement la décapita- tion (2). Il se peut que la tête fut quelquefois exposée sur un poteau; mais le passage de Grégoire de Tours, invoqué par Grimm pour attester l'existence de cet usage chez les Germains, est loin d'avoir la portée qu'il lui attribue. Si les Bourguignons mirent la tète de Chlodomir au haut d'une perche, c'était uniquement pour montrer aux Francs que l'ennemi de Gondomar avait perdu la vie (3). Le savant philologue allemand eût pu invoquer avec plus de raison le passage de la loi salique qui punit d'une amende de quinze sous d'or celui qui, sans la permission du juge, enlève une tête humaine du poteau où l'ennemi du mort l'a placée (4); mais ce texte même est loin de fournir un argument décisif. Tuer un meurtrier par vengeance était un acte licite, aussi longtemps qu'on n'avait ni demandé ni accepté de composition; mais l'auteur de cet homicide, à la différence de l'assassin ordinaire, était tenu d'avouer son action, de rendre le public témoin de sa conduite, et l'expo- sition de la tète de la victime n'avait pas d'autre but (5). (1) Grégoire de Tours, I. Il, 3, 25; lit, 25, 35; V, 19; VI, 55; VII, 46; X; 21. Frédégaire, c. XLIV (D. Bouquet, t II, p. -431). Vila S. Leodigarii, e. XII (D. Bouquet, t. II, p 619). (2) On aurait tort de voir un supplice légal dans les ligues où Grégoire de Tours raconle le supplice de Leudaste : « Par ordre de la reine (Fré- « dégonde),ou le coucha par lerre sur le dos, et lui ayant mis sous la » nuque une énorme barre de fer, on le frappa sur la gorge, et il finit » ainsi, par une juste mort, une vie tissue de perfidies. » (L. VI, 52) (5) Grégoire de Tours, 111,6. (4) T. LXIX,Ô. (5) Pardessus, p. 658. — Ch-z les Francs ripuaires, le corps devait être élevé sur une claie, au milieu d'un carrefour. (Loi ripuaire, t. LXXIX, 1 ) ( 428 ) La pendaison, réputée plus flétrissante que la mort par le glaive, ne s'opérait pas, chez les anciens Germains, avec l'appareil qui la caractérisait, vers la (in du moyen âge, chez toutes les nations chrétiennes. Ils pendaient le con- damné aux branches d'un arbre ou au haut d'un poteau, et, pour l'étrangler, ils se servaient, au lieu d'une corde de chanvre, de rameaux de bois flexible, principalement de chêne et de saule. Ils s'éloignaient encore des usages mo- dernes pour un détail essentiel. Ils avaient soin de serrer faiblement le nœud coulant, afln de faire mourir le sup- plicié aussi lentement que possible. Le cadavre restait suspendu à la branche, en signe d'ignominie et pour servir d'exemple (1). II paraît que les Francs, malgré leur conversion au christianisme, n'avaient pas adouci la rigueur de ce sup- plice. Le titre LXIX de la Lex emendala punit d'une amende de cent sous d'or celui qui détache du gibet un homme encore vivant (2); un édit que Pertz attribue à (1) Wilda, Strafrecht der Germanen, p. 501. Grimm, Reclitalter- thtimer, p. 685. Vita S. Eliyii, citée à la note suivante. (2) L'art. 1er du t. LXIX de la Lex emendala punit d'une amen le de 4o sous celui qui, sans la permission du juge, détache un cadavre de furca vel bargo. L'art. 4 du même titre porte l'amende à 100 sous, si l'homme est encore vivant. — Pardessus croit que le premier de ces textes se réfère à l'exposition du cadavre d'un homme dont l'assassin n'est pas connu (t. IX de ses Capila extravagantia, p. 332), et il suppose que l'art. 4 s'occupe d'une espèce de question dont parle Grégoire de Tours (1. V, c. 50). L'enlèvement du cadavre d'un supplicié serait ainsi puni par l'art. 2 {Loi salique, pp. 405 et 404). Nous ne saurions admettre cette inter- prétation. L'ait. 4 s'occupe incontestablement du corps d'un condamné à mort, puisque l'une des dispositions additionnelles à la loi salique attri- buée à Cbildebert Ier, prévoyant le même cas, mais renforçant la peine, porte que si le coupable ne paye pas 200 sous d'or, il devra mourir à la place de l'individu qu'il a délivré. Pardessus lui-même a reproduit cette ne ( 429 ) Childebert Ier, porte que l'auteur de ce délit devra mouri à la place du condamné qu'il a délivré, à moins qu'il rachète sa vie (1), et Grégoire de Tours raconte l'histoire d'un voleur pendu à un poteau, qui échappa à la mort, parce que les chaînes et le hois s'étaient rompus après l'éloignement des assistants (2). C'était donc bien réelle- ment le mode d'exécution usité chez les Germains que, du moins pour ses parties essentielles, les vainqueurs des Romains avaient introduit dans les Gaules. Il semble tou- tefois que, dès la première période de leur domination, le gibet fût préféré à l'arbre, et que lesramaux flexibles furent disposition (Capita extravaganlia, XX). Tout le système d'interprétation que nous repoussons croule par ce seul fait. Il n'est, d'ailleurs, pas possible de donner au mol furca de l'art. 1er une signification entièrement diffé- rente de celle qu'il aurait dans l'art. 4 du même titre. Il est bien [lus simple de voir dans l'art. 2 le cas de l'enlèvement d'un corps exposé par celui qui prétend avoir exercé une vengeance légitime. Ordinairement le meurtrier exposait la tète (art. 3 du t. LXIX) ; mais un récit de Grégoire de Tours prouve que l'auteur de l'homicide suspendait aussi le cadavre aux branches d'un arbre. Cliramnisinde agit ainsi avec le corps de Sigebert (Grégoire de Tours, 1. IX, 19). Un passage de la Vie de S. Ëloi, écrite par S. Ouen et datant de la première moitié du septième siècle (1. I, c. 51), est de nature à dissiper tous les doutes au sujet du sens que présente ici \e mol bargus. L'hagiographe dit :« Apud regem obtinuerat, ul omnia humana corpora quœ judicum censura perimebantur , ubicumque invenire poluisset, sive per civitates sive per villas, licentiam haberet et de bargis et. ex rôtis et de laqueis sepelire. » Specilegium d'Acheri, T. II, p. 87 uMit in-f°). Il reste, il est vrai, à expliquer pourquoi, dans l'art. 2 du t. LXIX, l'amende est de trente sous, tandis qu'elle n'est que de 15 sous dans l'art. 5. Mais ce n'est pas là l'unique difficulté que fasse surgir l'interpré- tation du texte de la loi salique. (1) Voy. ci-dessus, p. 419. (2) Un seul prêtre était resté en prière. Grégoire de Tours, avec sa crédulité ordinaire, transforme le fait en miracle (1. VI, 8). ( 430 ) remplacés par des cordes ou des chaînes (1). La loi salique désigne l'instrument du supplice sous les noms de bargus et de furca (2); mais les mots palibulo condemnare se rencon- trent fréquemment dans les auteurs contemporains (3), et rien ne permet de supposer, avec les criminalistes français du dix-huitième siècle, que la mort par la corde ne fut jamais, dans les premiers siècles de la monarchie, infligée aux femmes. Une femme, coupable d'adullère , subit cette peine sous le règne de Chilpéric (-4). Le supplice de la roue est fréquemment mentionné par les chroniqueurs et les hagiographes des premiers siècles du moyen âge. Grégoire de Tours rapporte que Grindion, complice de la révolte de Mérovée , fils de Chilpéric, fut condamné au supplice de la roue : adpreltensum, intextum rolœ, in sublime sustulerunl (5). Le même historien, par- lant des châtiments que la reine Frédégonde fit subir à des femmes de Paris, soupçonnées d'avoir fait périr par des maléfices le jeune fils de Chilpéric 1er, se sert de (1 ) Grégoire tle Tours, VI, 8. Passage de la Vie de S. Ëloi , cité ci-dessus p 429. (2) T.LXIX,i,4. (3) Voy. notamment Grégoire de Tours, III, 15; VII, 47. D'autres expressions employées par les auteurs contemporains pour désigner la pendaison sont : laqueo vitam finir e, pendere, laqueo suspendere , ad peiidendum deducere (Grégoire de. Tours, V, 55 ; VI, 8). Décret de Childe- berl de 595, c. VIII. Loi ripuaire, t. LXXIX. Vita S. Leodigarii, c. XIV ; ap. Bouquet, t. II, p. 621). (4) Grégoire de Tours, 1 V, 55. — Jousse (Traité de la justice crimi- nelle de France , t. I, p. 46) réfute l'opinion de ceux qui prétendaient que le premier exemple de la pendaison d'une femme avait eu lieu en 1449. Il cite une femme nommée Epilingue, pendue en 898, pour avoir voulu empoisonner le roi. On vient de voir qu'il aurait pu remonter beaucoup plus haut. (5) L. V, 19. ( 431 ) l'expression suivante : alias rôtis, ossibus confractis, innec- tit (1). S. Ouen , dans la Vie de saint Eloi, raconte que ce pieux ministre obtint du roi Dagobert l'autorisation d'en- lever des poteaux et des roues les corps des suppliciés et de leur procurer une sépulture décente (2). Mais comment ce supplice était-il exécuté chez les Francs établis dans les Gaules? En Allemagne, le corps du condamné était broyé au moyen d'une roue, puis jeté sur cette roue, les membres « tressés » entre les rayons, et exposé au haut d'un poteau ou d'un échalaud (5). En France, au contraire, au moins dans les temps modernes, le patient était lié sur une croix de Saint-André placée horizontalement sur un échafaud; le bourreau, armé d'une barre de 1er, rompait les osa toutes les jointures du corps et terminait celte horrible opération par deux ou trois coups sur la poitrine. Le cadavre était ensuite exposé sur une roue tournant sur un pivot à l'un des coins de l'échafaud , et le bourreau avait soin de replier les membres brisés (4). Un savant criminaliste du dix-huitième siècle a prétendu que ce dernier mode d'exécution ne datait que du règne de Henri IV. « Il y a, dit-il, des endroits, comme en Alle- » magne, où l'on roue avec la roue; mais... dès le » règne de Henri IV on changea ce supplice (5). » Il est difficile d'admettre cette opinion pour ce qui concerne la (1) L.VI, 55. (2) Vita sancti Eligii. Specilegium d'Acheii, t. II, p. 87. (3) Giinim, Rechlsalterthumer,p 0S8. (4) Rousseaud de la Combe, Matières criminelles , p. n, 4e édit. Jousse, Traité de la justice criminelle, t. Ier. p. 43. Sainl-Edme, Dictionnaire de la pénalité, vis Rompu vif. (5) Rousseaud de la Combe, loc, cit. ( «2 ) pratique suivie sous les prédécesseurs de Charlemagne. Les paroles citées de Grégoire de Tours sont de nature à faire supposer que, dès le sixième siècle, les membres du patient étaient brisés par l'exécuteur et non broyés sous le poids d'une roue. Grimm se trompe, à son tour, en affirmant que, chez les peuples germaniques, le supplice de la roue n'existait que pour les hommes (1). On agis- sait ainsi dans les temps modernes; mais l'exemple des sorcières exécutées sous le règne de Chilpéric Ier prouve que les justiciers des Francs ne connaissaient pas ces scrupules. 31 est inutile d'ajouter que le corps du con- damné « rompu » était, comme le corps du pendu, exposé aux regards de ses concitoyens et livré à la voracité des oiseaux de proie (2). La lapidation n'est pas mentionnée dans les monuments législatifs de la période mérovingienne; mais il n'en est pas moins certain que cet antique supplice, connu de tous (1) P. 689. (2) Grimm, p. 688, suppose que, dans les temps primitifs, les membres des condamnés étaient broyés sous les roues d"un chariot lourdement chargé. La supposition est admissible et donne l'explication de l'emploi de la roue dans l'exécution des peines capitales; mais il n'est pas possible de voir une preuve quelconque dans le passage de Grégoire de Tours, que le savant allemand cite à l'appui de son opinion. L'historien des Francs, parlant de massacres commis par les Thuringiens, s'exprime ninsi : « Ils » suspendirent les enfants aux arbres par le nerf de la cuisse, ûrent périr » d'une mort cruelle plus de cent jeunes lilles, les liant au cou de chevaux » qu'on forçait, à coups d'aiguillons, à s'écarter chacun de son côté, en » sorte qu'elles furent déchirées en pièces; d'autres furent étendues sur » les ornières des chemins et clouées en terre avec des pieux ; puis on » faisait passer sur elles des chariots chargés, et leurs os ainsi brisés, ils » les laissaient pour servir de pâture aux chiens (III, 7). » Il est évident qu'il ne s'agit pas ici de supplices légaux. ( 433 ) les peuples d'origine germanique, figurait parmi les peines légales des Francs (I). Grégoire de Tours la désigne par l'expression lapidibus obruere, lapidibus urrjere, lapi- clare (2). Le palienl était lié à une colonne, à un poteau, à un tronc d'arbre, et les assistants lui jetaient des pierres. Chilpéric Ier donna l'ordre de lapider un grand nombre de soldats qui s'étaient soulevés contre lui (5). Gonlran, fils de Chlotaire Ier, fit attacher à un poteau et lapider son chambellan Chaudon, qui avait osé tuer un buffle dans une forêt royale (4). L'auteur de la chronique attribuée à Fré- dégaire reproche à Brunehault d'avoir fait lapider saint Didier (5). Dans la Vie anonyme de saint Léger, on voit les serviteurs d'Ébroïn lapider Guérin , après l'avoir attaché à un tronc d'arbre (6). La lapidation était le supplice favori du peuple en révolte; il l'infligeait aux grands, clercs ou séculiers, qui avaient encouru sa colère , et, sous ce rap- port, elle offrait chez les Francs plus d'un rapport avec l'antique jugement de zèle usité chez les Hébreux (7). Ce fut ainsi que les habitants de Trêves saisirent Parfhenius, lui coupèrent les mains et le lapidèrent contre une colonne, (t) Les lois des Anglo-Saxons faisaient de la lapidation le supplice de l'esclave voleur. (Davoud-Oghlou, Histoire de la législation des anciens Germains. t II, pp. 582 etG93). Voy., pour les Germains septentrionaux, Grimm, Reehtsalterthumer, p 693, et \Vilda,S/ra/Vec/f< der Germanen, p. 503. (2) Voy. 1. V. 19, et les notes suivantes. Au etiap. 1 du 1. II, il emploie le mot lapidare. (3) Grégoire de Tours, I. IV, 50. (4) Ibid., 1. X, 10. (5) G. XXXII ; ap. D. Bouquet, t. II, p. 423. (6) G. XIII; ap. D. Bouquet, t. II, p. 620. (7) Voy. mes Études sur Vhistoire du droit criminel des peuples ancieris, t. II, p. 20. 2n>e SÉRIE, TOME XLIV. 30 ( m ) parce que, sous le règne île Théodebcrt, il avait imposé de lourds tributs au peuple (1). Le bûcher, pas plus que la lapidation , n'est cité dans les lois franques antérieures à Charlemagne.La Lex emen- data, de même que les Capilulaires, gardent à son égard un silence absolu. Un seul manuscrit de la loi salique en fait mention , pour l'empoisonneur incapable de payer la composition légale, et ce passage est justement soupçonné d'être une interpolation faite par un copiste du huitième siècle (2). Cependant cette peine, plusieurs fois citée dans les lois des autres peuples d'origine germanique, était in- (1) Grégoire de Tours, 1. III, 36 Sous le règne de Chilpéric, le peuple de Paris voulut lapider l'évêque Prétextât, accusé d'avoir comploté l'assas- sinai du roi (Ibid., I. V, 19). Le peuple de Tours chercha à faire périr de la même manière l'évêque Brice, accusé d'incontinence (Ibid., I. II, 1). (2) Manuscrit de Wolfenbullel, XIX, 1. Feuerbach suppose que le copiste était Visigolh et a voulu enrichir la loi salique d'une disposition emprunlée aux lois de son pays (Die Lex salica und und ihre verschiedenen Recensionen, pp. 73 à 78). La peine du feu est, en effet, comminée par la loi des Wisigolhs contre l'empoisonneur (1. VI , t. 11 , 2). Il est plus pro- bable que, du temps du copiste, la peine de mort avait élé étendue à l'empoisonneur, soit par le c. IV du décret de Childeberl II de 596, soit par un capitulaire qui n'est pas parvenu jusqu'à nous , et que l'usage avait désigné le bûcher. On trouve encore la peine du feu, comme châtiment du sacrilège, dans la Lex Frisionum, pour la province païenne (Add. Wlemari, XII); dans les lois des Anglo-Saxons , pour l'esclave voleuse (Aedst. Dunhr. 6); dans la loi des Wisigoths, pour l'homme libre qui , dans une ville,mel le feu à la maison d'autrui , et pour esclave qui commet ce crime, même hors delà cité (1. V1I1 , t. II, 1), pour le serf qui viole un tombeau (I. XI, t. II, 1), pour le commerce illicite d'un esclave avec une femme libre (LUI, 1. 11,2; t. IV, 14). De la combinaison de ces textes, M. Davoud-Oghlou a conclu avec raison que, chez les Visigoths, les mots mors turpissima (1. II , t. II, 2) désignent incontestablement le bûcher (Histoire de la législation des anciens Germains , t. I, p. 160). conteslablement usitée chez les Francs, après la conquête des Gaules. Grégoire de Tours rapporte plusieurs exem- ples d'individus condamnés à périr dans les flammes. Une femme qui avait mal parlé de Clovis, fils de Chilpéric Ier, fut déclarée coupable de lèse-majesté, attachée à un po- teau et brûlée vive (1). Une femme du Mans, concubine d'un clerc, ayant pris des habits d'homme, fut brûlée comme coupable d'adultère (2). La reine Frédégonde fit brûler des sorcières accusées d'avoir pratiqué des malé- fices et des enchantements pour faire mourir son fils (5). Chrammes'étant révolté contre son père Chlolaire, celui- ci le fit brûler dans une cabane où il s'était retiré avec sa femme et ses filles (4). On saurait difficilement voir dans ce dernier fait un supplice légal; mais il n'est peut- être pas sans intérêt de faire remarquer que les Sagas du Nord parlent, à plusieurs reprises, de coupables brûlés dans leurs maisons (5). Aux Deines capitales que nous venons de passer en revue, Grimm, dans ses Reclitsalterthiimer, ajoute la noyade (6). Nous ne saurions nous ranger à cet avis pour ce qui concerne l'empire des Francs sous la dynastie méro- vingienne. Il est vrai que les anciens Germains noyaient dans la fange les lâches et les prostitués (7). Il est vrai encore qu'on rencontre la noyade dans les lois d'autres (1) Grégoire de Tours, !. V,40. (2) L. VI , 56. (3) lbid.,c. 53 (4) Ibid., IV, 20. (o) Grimm, Rechlsalterthûmer, p. 700. (6) P. G96. Wiliia, Strafrecht der Germanen, p. 507, affirme aussi que les historiens des Francs citent la noyade parmi les peines légales. (7) Voy. ci-dessus, p. 408. ( 456 ) peuples sortis, comme les Francs, des forêts de la Germa- nie (1). Il est vrai enfin que, vers le milieu du neuvième siècle, sous la dynastie carolingienne, une empoisonneuse du nom de Gerberge fut condamnée à être noyée (2). Mais le premier de ces faits est antérieur à l'époque qui nous occupe, le second est étranger à la législation des Francs, et le troisième se manifeste plus d'un siècle après la disparition des Mérovingiens; on ne saurait pas plus s'en prévaloir que des noyades pratiquées, longtemps après, sous les règnes de Philippe-Auguste, de Charles VJ, de Charles VII et de Louis XI. Quant aux passages de Grégoire de Tours invoqués par Grimm, ils sont complè- tement dépourvus de force probante; ils ne sont que des récits de quelques-uns de ces effroyables actes de cruauté qui déparent les annales des rois de la première race. Gondebaud égorgea son frère Chilpéric, et, ayant attaché une pierre au cou de sa belle-sœur, il la noya (3). Deutérie, femme de Théodebert, jalouse de sa propre fille, la mit dans un chariot attelé de bœufs indomptés, qui la précipi- tèrent du haut d'un pont dans le fleuve (4). Gonsuinthe, enflammée de colère, prit une jeune fille par les cheveux, la foula longtemps sous ses pieds, et, couverte de sang, ordonna qu'on la plongeât dans une piscine (5). Il suffit de rapporter ces faits pour en déterminer le véritable carac- (1) Chez les Bourguignons, la femme qui quittait son mari était noyée dans la fange ( Lex Burgundionum, t. XXXIV, 1 ). Chez les Anglo- Saxons, la femme condamnée à mort était noyée. Davoud-Oglilou, Op. cit, t. Il, p. 693. (2) Annales Bertiniani , ad. an. 834. Pertz, I, 428. (3) L. II, 28. (i) L. III, 26. (3) L. V, 39. ( «7 ) 1ère. Aucun jurisconsulte éclairé ne consentira à y voir l'application d'une peine prononcée en vertu du droit na- tional. Autant vaudrait convertir en peines légales les horribles tortures qui mirent fin à la vie de Leudaste et à celle de Bru nehault (1). Les seuls supplices qui avaient, chez les Francs, un caractère incontestablement légal étaient la mort par le glaive, la pendaison, la roue, la lapidation et le bûcher. Ces supplices étaient souvent accompagnés de tortures et de mutilations. Aux condamnés pour crime de lèse- majesté, on coupait, avant l'exécution, les mains, les pieds, les oreilles et les narines (2). Les voleurs et les meurtriers, avant d'être suspendus au gibet, étaient parfois mutilés, étendus sur des roues, accablés de coups de verges et de bâton (3). « Mourir d'une manière cruelle, mourir dans les » tourments » sont des locutions familières aux histo- riens du temps (4). Les rois et les juges variaient et mul- tipliaient les tortures avec une fécondité d'imagination digne des implacables justiciers qui parurent à la fin du moyen âge. Il semble même que les Francs avaient poussé l'art de torturer à un très-haut degré. Parlant d'un clerc, condamné à mort comme coupable de lèse-majesté, Gré- goire de Tours s'exprime ainsi : « J'eus grand'peine à ob- » tenir sa vie, et ne pus l'exempter des tourments. Je ne » crois pas qu'aucune chose inanimée, aucun métal eût (1) Grégoire de Tours, 1. VI, 31 Frédég;iire, c. XLII. (2) Grégoire de Tours, 1. V, 19, 27 ; I. VIII, 29. (3) Ibid., I. VI, 8; I VII, 47. (4) Crudeli nece diversis mortibus adfecerunl (Grégoire de Tours, 1. V, 19). Inter supplicia defeerrunt (Ibid., X, 18). ( 438 ) » pu résister à lous les coups que supporta ce pauvre nii- » sérable. A la troisième heure ou le suspendit à un arbre, » les mains liées derrière le dos; on le détacha à la neu- » vième et on retendit sur des roues, où il fut frappé à » coups de bâton, de verges, de courroies mises en double ; » et cela non pas seulement par un ou deux hommes, » mais tant qu'il en pouvait approcher de ses misérables » membres, lous le frappèrent (1). » On cherche en vain l'indice d'un texte de loi ou d'une coutume ayant limité l'action arbitraire des juges dans l'exercice de la redou- table prérogative de désigner les tortures préalables. Le même pouvoir arbitraire desjuges se manifeste dans le choix du supplice. Très-sou vent on voit infliger des peines différentes à des auteurs d'actes de même nature. Le gibet était la peine ordinaire des voleurs (2), et cependant nous savons, par Grégoire de Tours, que les deux fils de Wad- don , qui avaient désolé le territoire de Paris par des vols et des meurtres, furent condamnés, l'un à avoir la tête tran- chée, l'autre à l'exil (3). En matière d'adultère, on ren- contre tantôt le gibet et tantôt le bûcher (i). La même inégalité se manifeste dans la répression du crime de lèse-majesté. L'historien des Francs, racontant la triste fin des complices de la révolte de Mérovée, fils de Chil- péric, s'exprime ainsi: « Gaïlen , ayant été pris, on lui » coupa les mains, les pieds, les oreilles, le dessus des » narines et on le fit périr misérablement. Grindion fut » condamné au supplice de la roue. Cucilion, autrefois (1) L. V, 50. (2) Voy. ci-dessus, p. 429. Grégoire de Tours, 1. VI, 8. (3) L. X, 21. (4) Grégoire de Tours, I. V, 35; VI, 3G. ( 4:,<) ) » courte du palais du roi Sigebert, eut la tête tranchée. » Beaucoup d'autres, venus avec Mérovée, furent mis à » mort de diverses et cruelles manières (1). » Ailleurs, parlant de deux clercs et d'un serviteur qui avaient reçu de Frédégonde la mission de tuer Childebert II, il dit : « On » les appliqua à divers tourments, on leur coupa les mains, » les oreilles et les narines, et ils moururent chacun » d'une mort différente (2). » Ailleurs encore, il raconte que des sorcières, accusées d'avoir pratiqué des maléfices pour l'aire mourir le fils de Chilpéric Ier, périrent les unes sur la roue et les autres sur le bûcher (5). Les juges choi- sissaient le supplice qui, à leur avis, se trouvait le mieux en rapport avec les circonstances concomitantes du crime; et c'est probablement de cette manière qu'il faut expliquer les termes généraux et vagues dont les capitulaires méro- vingiens se servent pour désigner la peine capitale. Il nous reste à rechercher quelle était dans l'opinion des juges du temps la gravité respective des divers supplices que nous avons énumérés. Wilda soutient que, chez les peuples germaniques, l'exé- cution par le glaive ou la hache était la « mort simple », et que toutes les autres peines capitales doivent être rangées (1) L. V, 19. (2) L. VIII, 29. On remarque la même inégalité dans les supplices infli- gés à ceux qui étaient entrés dans un autre complot dirigé contre la vie de Childebert. « Los uns, dit Grégoire de Tours, furent condamnés à la prison, d'autres eurent les mains emportées; plusieurs, les nez et les oreilles coupés, furent livrées à la risée publique... Plusieurs moururent dans les supplices, afin que l'honneur du roi fût vengé. » L. X , 18. (3) L. VI, 55. Il est vrai que, pour ce dernier cas, il est permis de douter s'il s'agissait réellement d'une condamnation judiciaire. L'historien dit que ces femmes furent mises à mort par autorité de la reine. ( MO ) au nombre des morts « qualifiées » ou a exaspérées (1). » Nous n'hésitons pas à nous ranger à cet avis pour ce qui concerne le droit pénal des Francs. D'après une tradition constante, qu'on retrouve chez toutes les nations d'origine germanique , la mort par le glaive était réputée moins déshonorante que la mort au gibet. Il est certain que ce sentiment existait déjà à l'époque reculée qui l'ait l'objet de nos investigations. L'auteur ano- nyme de la Vie de saint Léger dit que la mort au gibet est un supplice très-honteux (2). Il était fréquemment appliqué aux esclaves (5) et avait pour conséquence l'exposition du cadavre aux regards et aux insultes de la foule (4). Au troisième livre de l'Histoire des Francs, nous voyons un barbare , poursuivant deux prisonniers fugitifs, dont l'un était un esclave et dont l'autre appartenait à une famille distinguée, s'écrier en jurant: « Je ferai condamner l'un » au gibet et hacher l'autre à coups d'épée (5). » Le gibet était donc réputé plus flétrissant que le glaive; mais le supplice de la roue, qui entraînait également l'exposition du cadavre, était, de son côté, réputé plus dou- loureux et plus infamant que le gibet. Un capilulaire, ajouté à la loi salique et que nous avons déjà cité, dit for- mellement que l'esclave, assez audacieux pour épouser une femme libre, doit subir la mort la plus honteuse, la mort sur la roue : pessima crucialu (pœna) ponatur, hoc est in rota mittatur (6). (1) Strafreclit der Germanen , p. 500. (2) C. XIV5ap. D. Bouquet, t. II, p. 621. (3) Grégoire de Tours, 1. VII , 46, 47. (4) Voy. ci -dessus, p. 432. (5) LUI, 15. (6) Pardessus, Loi salique, Capita extravaganlia, t. V. ( i M ) On n'éprouve ainsi aucun embarras dans la classilication du glaive, de la polence et de la roue; mais il n'en est pas de même pour les deux autres peines capitales usitées chez les Francs. Il est difficile de constater, en l'absence com- plète de témoignages historiques, quelle place on assignait à la lapidation dans la triste échelle des supplices; mais le bûcher, que les Wisigoths réputaient la plus honteuse des peines (1), fut de tout temps, en France et en Alle- magne, réservé à des crimes qui portaient un cachet par- ticulier de perfidie ou d'infamie, tels que l'inceste au premier degré, la magie, l'empoisonnement, le parricide. On peut, sans méconnaître les lois de la saine critique, faire remonter cet usage jusqu'au berceau de la monarchie française. L'enseignement qui ressort des pages qui précèdent n'est pas difficile à saisir. Ceux qui placent le système de répression des Francs à peu près exclusivement dans le payement d'une compo- sition, mise en rapport avec la gravité de l'acte et la qualité de la victime, commettent une erreur grave. La peine de mort, variée dans son exécution , rendue plus ou moins infamante et douloureuse suivant l'importance ou le carac- tère odieux du crime, occupait une large place dans la législation pénale de la période mérovingienne. Si l'on ne trouve pas dans la loi salique, dans la loi ripuaire et dans les capilulaires de la première race toutes les peines capi- tales qui figurent dans d'autres codes des peuples germa- niques (2); si les sujets de Chlotaire Ier et de Dagobert II (1) Voy. ci-dessus , p. 434. (2) La noyade dans la fange était usitée chez les Burgondes (Lex Bur- gundionum, t. XXXI V, 1). Les Wisigoths connaissaient la mort sous la ( 44^2 ) ne connaissaient pas certains supplices atroces des temps modernes, tels que l'écartèlement au moyen de chevaux attelés aux extrémités du corps, il n'en est pas moins in- contestable qu'ils étaient loin de partager les sentiments d'humanité que manifestait le législateur des Bavarois , en écrivant ces lignes remarquables : « Qu'aucun Bavarois ne » soit condamné à mort, à moins qu'il n'ait comploté la » mort du duc, engagé les ennemis à envahir la province » ou machiné avec l'étranger la prise d'une cité (1). » Ils étaient loin surtout des nobles aspirations qui guidaient le roi anglo-saxon Aedhelred, quand il donnait ce sage con- seil aux justiciers de son royaume : « Il ne faut pas légè- » rement condamner un homme à mort et détruire ainsi » l'œuvre et l'image de Dieu que Jésus-Christ a rachetée » si cher (2). » discipline (Lex Wisigothorum, 1. VI, t. V, § 8). Chez les Anglo-Saxons, la femme condamnée à mort pour vol élait noyée {Davoud-Oghlou , Op. cil, t. II, p. 379). (1) Lex Bajuvâriorum, t. II, c. I, § 5. Le lexle ajoute : « Cetera vero quœcumque commiserit peecata quousque habel subslantiam componat secundum legem. (2) Davoud-Oghlou, Op. cit., t. II, p. 694. ( uz ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du il octobre 1877. M. Alvin, directeur, président de l'Académie. M. Lfagre, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. Portaels , vice-directeur; L. Gallait, Guill. Geefs, Jos. Geefs, C.-A. Fraikin , Éd. Félis, Edm. De Busschcr, Alph. Balat, le chevalier L. de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, J. Leclercq, Ern. Slingeneyer, Alph. Bohert, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, G. Guffens, membres; Éd. de Biefve, correspondant. MM. Éd. Mailly, membre de la classe des sciences, et B. Ghalon, membre de la classe des lettres, assistent à la séance. COBBESPONDANCE. La classe apprend avec un vif sentiment de regret la mort de l'un de ses associés de la section de gravure, M. Jean-François-Antoine Bovy, né à Genève en 1795, M. Bovy avait été élu le 8 janvier 1847. — M. le Ministre demande que la classe s'occupe d'un ( AH ) programme d'études à suivre par les lauréats du grand concours de gravure, pendant leur séjour à l'étranger. — Renvoi à la commission des prix de Rome. — Le même haut fonctionnaire écrit qu'il a invité le conseil d'administration de l'Académie royale des beaux- arts d'Anvers à donner connaissance à M. Cuypers, lauréat du grand concours de sculpture de 1872, de l'avis émis par la classe des beaux-arts sur le neuvième rapport semestriel de ce lauréat. — La classe reçoit à titre d'hommage, les ouvrages sui- vants au sujet desquels elle vote des remercîments : 1° Œuvres d'André Van Hasselt, poésies, 4e et 5e vo- lumes; prose, 4e volume. Ensemble 5 vol. in-12. (Envoyé par le Déparlement de l'Intérieur); 2° P.-P. Rubens, aanteekeningen over den grooten meester eu zijne bloedverwanten, door P. Génard, 2e aflev. In-4'; 5° De klokke Roeland , cantate, avec traduction fran- çaise, par M. J. Sabbe. In-8°. — Le gouvernement du Venezuela annonce la création d'un Institut des beaux-arts à Caracas. ( 445 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Bormans (Stanislas). — La famille d'Harscamp. Généalogie historique. Namur, 1877; extr. in-8°. Juste (Théod.). — La rivalité de la France et de la Prusse d'après de nouveaux documents (1757-1871). Bruxelles, 1877; in-8°. Xolet de Brauwere van Steeland (Dr. /.). — Poëzy en Proza. Amsterdam, 1877; vol. in-8°. Potvin (Charles). — Du gouvernement de soi-même : Les Principes. — Le Devoir. — La Vie privée. — La Patrie. — Le Travail. — Les Nations. — Paris, Bruxelles , etc.; 6 broch. pet. in-8°. Gachard. — Histoire politique et diplomatique de P.-P. Rubcns. Bruxelles, 1877; vol. in-8°. Scheler (Aug.). — Aigar et Maurin. Fragments d'une chan- son de Geste provençale inconnue. Bruxelles, 1877 ; br. in-8°. Deux rédactions diverses de la légende de sainte Marguerite en vers français, publiées avec variantes, d'après des MSS. Anvers, 1877; extr. in-8°. Wagener (A.). — Les travaux de M. G. Andresen sur le Dia- logus de oratorihus. Gand, 1877; br. in-8°. Beco (Jean). — Rapport sur l'industrie du zinc, du cuivre et du plomb aux États-Unis d'Amérique; 2me partie, industrie du cuivre. Bruxelles, 1877; br. in-8°. Deby (Julien). — Rapport sur l'industrie sidérurgique aux États-Unis au point de vue des intérêts commerciaux de la Belgique. Bruxelles, 1877; br. in-8°. Génard (P.). — P.-P. Rubens. Aanteekeningen van dcn grooten meester en zijne bloedverwanten, 2e livraison. Anvers, 1877; broch. in-4°. ( 446 ) Degeorge (Léon). — La Maison Plan tin à Anvers. Bruxelles, 1877 ; br. in-8°. Marchai (le chev. Edmond). — Mémoire sur la sculpture aux Pays-Bas pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, précédé d'un résumé historique. Bruxelles, 1877; vol. in-4°. Sabbe (Jul.). — De Klokke Roeland, cantate. La Cloche Roland, traduction de la cantate flamande. Bruges, 1877; br. in-8°. Hemptinne (A. De). — Appareil de concentration à 66 de- grés de l'acide sulfurique. — Nouveau procédé de fabrication de l'acide sulfurique. — Fabrication de l'acide sulfurique. Bruxelles, 1875-77; 5 extr. in-8°. Royaume de Belgique. — Recueil des rapports des secré- taires de légation de Belgique, tome III, 7rae livraison. Bruxelles, 1877; br. in-8°. Ministère de l'Intérieur. — Statistique médicale de l'armée belge (1870-74). Bruxelles, 1877; vol.in-4".— OEuvres d'André Van Hasselt, prose, tome IV; poésies, tomes IV et V. Bruxelles, 1877; 5 vol. in-12. — Le Doryphora decemliueata, coléoptère du Colorado. Bruxelles, 1877; br. in-12. Société archéologique de Namur. — Table des annales (vol. I-XU). Namur, 1877; vol. in-8°. Annales des travaux publics de Belgique, tome XXXV, 1er cahier. Bruxelles, 1877; br. in-8e. De Vlaamsche School , 2d semestre de 1877. Anvers; 12 feuilles in- 4°. Société royale de numismatique. — Revue belge, 4e Iivr. de 1877. Bruxelles; in-8°. Allemagne et Autriche-Hongrie. Schlagintweil- Sakùnlïmski (H ermann von). — Klimatisuber Charakter der pflanzengeographischen Regionen Hochasiens. Munich, 1876; exlr. in-4°. ( «7 ) Mûhry (Dr. Adolf). — Ueber die exacte Natur-Philosophie. Gottingue, 1877; br. in-12. Biderman (//.-/.). — Die Romanen und ilire Verbreitung in Ôsterreich. Gratz, 1877; br. gr. in-8°. Akademie der Wissenschaften zu Mùnchen. — Sitzungs- berichte der mathem. Classe, 1877 n° 1. — Abhandlungen der hislor. Classe, tome XIII, 2mc livr. Munich, 1877; br. in-8° et br. in-4°. Senckenbergische naturforschende Gesellschaft. — Bericht, 1875-1876.— Abhandlungen, tome XI, n° I. Francfort S/M, 1877; 1 br. in-8° et 1 br. in-4°. Aslronomische Gesellschaft. — Vierteljabrsschrift,2me livrai- son de 1877. Leipzig; br. in-8°. K. Bibliothek zu Stuttgart. — Festscbrift zur vierten Sacu- lar-Feier der Universitat zu Tiïbingen. Stuttgart, 1877; br. in-4°. Historischer Verein fur Steiermark. — Mitlhcilungen, 25. Heft. — Beitrâge zur Kunde steierm. Geschichtsquellen, 14. Jahrgang. Gratz, 1877; 2 br. in-8°. Berliner Gesellschaft fur Anthropologie , Ethnologie und Urgeschichte. — Sitzungen, 11 u. 17 febuar 1877. — Verhand- lungen, Jahrgang 1877. Berlin ; 3 br. in-8°. Historischer Verein fur Unterfranken und Aschaffenburg. — Archiv, XXIV. Bd. 1. Heft. — Die Geschichte des Bauern- krieges in Ostfranken von Lorcnz Fries, lre livraison. Wurz- bourg, 1870-77; 2 br. in -8°. Puscariu [Johann Rilter von). — Das Stcrcometer, privilé- giées Korper-Messinstrument. Buda-Pest, 1877; br. in-8°. Kôn. stalistisches Bureau in Berlin. — Preussische Slalis- tik, XXXXIV. Berlin, 1877; br. in-4°. Gesellschaft fiir Natur- und Heilkunde in Dresden. — Jahresbericht 1870-77. Katalog der Bibliothek der Gesellschaft. Dresde, 1877; 2 br. in-8°. ( 448 i Naturh.-medicinischer Verein zu ffeidelberg. — Verhand- lungen, 2. Band, 1. Heft von 1877. Heidelbcrg; br. in-8°. IVaturwiss. Verein fur Schleswig-Holstein. — Schriften, tome II, 2e livraison. Kiel, 1877; in-8°. Verein fur valerldndische Naturkunde. — Jahreshefte, 55e année. Stuttgart, 1877; in-8°. Nalurforschende Gesellschaft in Freiburg. — Verhand- lungen, Bd. VU, Heft I . Fribourg, 1877; br. in-8°. Geologische Reichsanstalt zu Wien. — Al)bandlungen , tome VII, n° 4. — Jabrbucb, 1877, n° 2. — Verbandlungen, 1877, nos 7-10. Vienne; 1 br. in-i° et 2 in- 8°. Anthropologische Gesellschaft. — Mittbeilungen, Bd. VII, nos 4-6. Vienne; in-8°. Universitàt zu Kiel. — Scbriften aus dem Jalire 187C. Kiel, 1877; vol. in-4°. Amérique. Packard (A.S.). — Beport of tbe rocky mountain locus and olber insects. Washington, 1877; vol. in-8°. Ericsson (John). — Contributions to tbe centennial exhi- bition. New-York, 1876; 1 vol. in-4°. Smith (Lawrence). — A description of the Rochester, War- renton and Cynthiana meteoric stones. Brocb. in-8°. Geological survey of Canada. — Exploration géologique du Canada, rapport des opérations de 1875-76. Montréal, 1877; vol. in-8°. Observatory of Harvard collège. — Annals, tomes VI-VIII. Cambridge, 1871-76; 5 vol. in-4°. Muséum of comparative zoology at Cambridge. — Memoirs, vol. V, n" 1. Cambridge, 1877; in-4°. Meteorological office of Canada. — Sixtb annual report. Ottawa, 1877; vol. in-8°. ( 449 ) Danemark. Société des sciences de Copenhague. — Oversigt, 1876, n° 2. — Mémoires, tome XI, nos 3 et 4 de la classe des sciences. — Tyge Brahes mcteorologiske dagbog for 1582-1597. 'Copen- hague, 4876-77, 1 br. in-8°, 2 br. in-4° et 1 vol. in-8°. Espagne. Observatorio de Marina de San Fernando. — Almanaque naulico pour 1878. Madrid, 1877; vol. in-8°. France. Société des antiquaires de Picardie. — Bulletin n° 2 de 1877. Amiens; br. in-8°. Académie de Stanislas. — Mémoires de 1876. Nancy, 1877 ; vol. in-8°. Société des architectes du département du Nord. — Bulletin n° 6, 1875-74. Lille; br. in-8°. Société linnèenne du Nord de la France. — Bulletin, 1877, juillet-septembre. Amiens; feuilles in-8°. Revue des questions historiques , 12rae année, livraison du 1er octobre 1877. Paris, in-8°. Académie des inscriptions et belles -lettres de V Institut de France. — Mémoires, tome XXV, lre partie. Paris, 1877; vol. in-4°. Société académique d'architecture de Lyon. — Annales, tome V, 1875-76. Lyon, 1877; gr. in-8°. Antoine (Ch.). — Des propriétés mécaniques de différentes vapeurs. — De quelques propriétés mécaniques de la vapeur d'eau saturée. — Des chaleurs totales des vapeurs à l'état de saturation et à l'état de vapeurs surchauffées. — De l'applica- 2me SÉRIE, TOME XLIV. 51 ( m ) tion des lois de Mariotte et de Gay-Lussac aux vapeurs. Brest, 1875-77; 4 broch. in-4°. ffouel. — Catalogue des pièces du musée Dupuytren , tome I avec atlas. Paris, 1877; in-8°. Peigné- Delacourt. — Recherches sur divers lieux des pays des Silvanectcs. Études sur les anciens chemins de cette con- trée. Amiens, 1804; br. in-8°. — Étude nouvelle sur la cam- pagne de J. César contre les Bellovaques. Senlis, 1869; br. jn-8». _ Le vélocifère employé dans le moyen âge en Belgique pour le transport des fardeaux. Namur, 1870; br. in-4°. — L'origine des noms de Bruxelles et de Louvain attribuée à d'anciens appareils de chasse à La Haye. Namur, 1871 ; br. in-8°. Brassart (Félix). — Le Pas du Perron Fée tenu à Bruges, en 1465, par le chevalier Philippe de Lalaing, publié pour la première fois. Douai, 1874; br. in-80.— Histoire du château et delà châtellenie de Douai, Châtelains, Prévôts, Gaveniers, etc., tomes I et II. Preuves, 1er fasc. Douai, 1877; 5 vol. in-8°. Delaborde {le vle Henri). — Notice sur la vie et les travaux de Jean-Joseph Pcrraud. Paris, 1877; br. in-4°. Delisle [Léopold). —Fragment du dernier registre d'Alexan- dre IV. Paris; feuille in-8°. Delisle (Léopold). — La Bibliothèque nationale en 1876. Rapport. Paris, 1877; br. in-8°. Delisle [Léopold). — Notice sur cinq manuscrits de la Biblio- thèque nationale et sur un manuscrit de la Bibliothèque de Bordeaux, contenant des recueils épistolaires de Bérard de Naples. Paris, 1877; extr. in -4°. Giunde-Bretagne et Colonies. Institution of civil engineers. — Minutes of proceedings , tome XLIX. Londres, 1877; vol. in-8°. Zoological Society of London. (4SI ) 2me parties. — Transactions, tome X, lre et 2rae parties. Londres, 1877; 2 br. in-8° et 2 in-i°. Statistical Society. — Journal, tome XL, 2me partie. Londres, 1877; br. in-8". Meteorological Society. — Quarlerly journal, 1877, juillet. Londres; br. in-8°. Society of anliquaries ofLondon. — Proceedings, 2,uc série, tome VII, n° 2. — Arcbcologia : Miscellaneous tracts, tome XLV. London, 1877; 1 br. in-8° et 1 vol. in-4\ Asiatic Society of Bengal. — Proceedings, 1876, novembre et décembre; 1877, janvier-mai. — Journal (nafural bistory), n° IV de 187G et n° I de 1877; (philosopby), n° III de 1876 et n° I de 1877. Calcutta, i 870-77; in-8°. Cambridge philosophical Society. — Proceedings, tome III, lr' et 2me parties. ~ Transactions, tome XI, 5me partie; tome XII, lre et 2me parties. Cambridge, 1871-77; 2 br. in-8° et 5 in-4°. Royal geograpliical Society. — Journal, vol. XLVI. — Pro- ceedings, vol. XXI, nos 4 et 5. Londres, 4877; in-8°. Royal asiatic Society. — Journal, tome IX, 2",e partie. Londres, 1877; in-8°. Guèci:. Saripolos (Nicolas). — Traité de droit criminel, tomes I-V, (en grec moderne). Athènes, 1868-71 ; in-8°. — Traitéde droit public, tomes I-V (en grec moderne). Athènes, 1874-7o; 5 vol. in-8°. — Pro Gracia, lIe et 2,ue parties. — Le passé, le présent et lavenir de la Grèce. — Être ou ne pas être. — La forme emporte le fond, etc., etc. Athènes; brochures in-8°. ( 452 ) Hollande. Vrecde. — Deux protestations de citoyens hollandais contre l'incorporation de la République sud-africaine, dite Trans- Vaal, etc. Utrecht, 1877; br. in-8°. Cosyn en Verwys. — Woordenboek der nederlandsche taal, 5de reeks, 6de aflev. (Gehalte-gekken). La Haye, 1877; br- gr. in-8°. Donders (F. C.) en Engelmann. — Onderzoekingen gedaan in het physiologisch laboratorium der Utrechtsche boogeschool. Utrecht, 1877; br. in-8°. Eeden (F.-W. Van). — Flora Batava, afbeelding en beschrij- ving van nederlandsche gewassen, 257e en 238e afleveringen. Leide; in-4°. Snellen van Vollenhoven (S.-C). — Pinacographia : Afbeel- dingen van noordwest-europeesche sluipwespen, 5e livr. La Haye, 1877; in-4°. Nederlandsche entomologische vereeniging. — Tijdschrift voor entomologie, tome XX, 3me et 4me livraisons. La Haye, 1877; 2 br. in-8°. Société botanique du Grand-Duché de Luxembourg. — Recueil des Mémoires, nos 2-3, 1875-76. Luxembourg, 1877; br. in-8°. Sterrenivacht te Leiden. — Catalogus van de boeken der bibliotheek. La Haye, 1877; in-8°. Alberdingk Thijm (Jos.). — De Dietsche Warande, nieuwe reeks, 2de deel, 2dc aflev. Amsterdam, 1877 ; br. in-8". BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1877. — N° 11. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 40 novembre 1877. M. Maus, directeur. M. Liagre, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. Houzeau, vice-directeur ; J.-S. Stas, L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Long- champs, H. Nyst, Gluge, Melsens, F. Duprez, Ern. Quete- Jet, Ern. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, Éd. Morren, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, F. Pla- teau, F. Crépin et Éd. Mailly, membres; Th. Schwann, E. Catalan, associés ;Ch. Van Bambeke, G. Van der Mens- brugghe, correspondants. 2™ série, tome xliv. 52 ( m ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur envoie, pour la Bibliothèque de l'Académie, les livraisons 237 et 258 de la Flora batava; la 5e livraison de la Pinacographia de M. Snellen van Vollenhoven ; la brochure intitulée : Le Doryphora ; et deux rapports sur l'industrie sidérurgique , par MM. J. Beco et J. Deby, délégués belges à l'Exposition de Philadelphie. — Les établissements scientiliques dont les noms sui- vent ont fait parvenir leurs dernières publications : l'Aca- démie des sciences de Vienne, l'Institut géologique de Hongrie à Bude, le Verein fur vaterlàndische Naturkunde à Stuttgart, l'Université de Kiel et l'Académie des sciences de Stockholm. — La Société royale de la Nouvelle-Galles du Sud, à Sydney, remercie pour l'échange de publications accordé par l'Académie, et annonce le premier envoi de ses travaux. — La classe reçoit, à litre d'hommage, les ouvrages suivants, au sujet desquels elle vote des remercîments aux auteurs: 1° Recherches sur les fossiles paléozoïques de la Nouvelle- Galles du Sud (Australie), par M. L.-G. de Koninck, I vol. in-8° avec atlas in-4" ; 2° Liste des jardins, des chaires et des Musées botani- ques du Monde, 5e édition, par M. Éd. Morren. broch. in-8° ; ( i55 ) 5" Précis de chimie générale élémentaire, 2e édition, tome III, par M. Louis Henry ; vol. in-8° ; 4° Recherches sur les graines originaires des hautes lati- tudes, par M. A.Petermann ; broch. in-8° offerte au nom de l'auteur par M. Malaise ; 5° Études sur les mines militaires, par M. le colonel Cocheteux, vol. in-8°, offert au nom de l'auteur par M. Liagre ; 6° Études sur la dissociation, par M. A. Bouvet; broch. in-8° offerte au nom de l'auteur par le même; 7° Sur l'action locale des acides dilués, par M. le Dr Du Moulin ; — Contributions à l'étude des échinides, par le Dr Fredericq ; — Cristaux de phosphate ammoniaco- magnésien sur les replis péritonéaux d'un python, par Jules Mac-Leod ; o brochures offertes au nom des auteurs par M. F. Plateau. — M. le colonel Cocheteux, sur sa demande, sera remis en possession du billet cacheté dont il avait demandé le dépôt dans les archives le 6 avril 1872. — Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires : 1° Recherches sur les Acinéliniens de la côte d'Ostende, par M. Julien Fraipont. — Commissaires : MM. P.-J. Van Beneden, F. Plateau et Van Bambeke ; 2° De l'action physiologique de la gelsémine, par MM. Fé- lix PutzeysetH. Romiée. — Commissaires: MM. Schwann, Éd. Van Beneden et Gluge ; 5° Recherches expérimentales sur le Daltonisme. Moyens de le produire et de le corriger, par MM. J. Delbœuf et W. Spring. — Commissaires : MM. Schwann, Gluge et J. Plateau ; ( 456 ) 4° Courbes et surfaces focales, par M. J. Bosel. — Com- missaires : MM. Folie, Catalan et De Tilly ; 5° Recherches sur le développement du maxillaire infé- rieur de l'homme, par M. H. Masquelin. — Commissaires : MM. Éd. Van Beneden et Van Bambeke. RAPPORTS. Conformément à l'opinion émise par MM. Van Beneden père et fils et M. Félix Plateau, la classe décide le dépôt aux archives d'un travail de M. Ernest Lambert intitulé : Morphologie du système dentaire des singes. Il sera donné avis à l'auteur que le troisième commis- saire a exprimé le désir de lui voir réduire son mémoire aux proportions d'une courte notice, ne renfermant absolu- ment que les résultats qu'il croit pouvoir signaler comme neufs. — La classe a décidé également le dépôt aux archives d'une note de M. Achille Brachet sur un ternis au collo- dion, examinée par MM. Melsens et Montigny. Sur la détermination des volumes et des aires; par M. Emile Ghysens. Rapport dt- .ff. Catalan. « L'idée première, d'où l'auteur a tiré sa formule fon- damentale (4), n'est peut-être pas absolument nouvelle; mais elle est ingénieuse, et M. Ghysens a su l'appliquera ( «S7 ) des questions intéressantes et difficiles. Nous croyons pou- voir l'engager à étudier, de plus près, les remarquables intégrales I et H, qu'il a imaginées, et qui contiennent, comme cas particuliers, les intégrales elliptiques. Enfin, M. Ghysens pourrait, peut-être, pendant l'im- pression de son travail, étendre un peu le paragraphe V. En résumé, ce petit Mémoire nous paraît très-digne d'être approuvé par l'Académie, et publié dans le Bulletin de la séance. » La Classe a approuvé ces conclusions, auxquelles a adhéré M. De Tilly, second Commissaire. Études sur russification. I. Évolution du cartilage em- bryonnaire chez les mammifères; par M. H. Leboucq. RaftpuÈ't tte- il. Mùtlouut'tl I etit MSetietlen. « Le Dr Leboucq, chef des travaux anatomiques à l'Uni- versité de Gand, a étudié, en se servant d'une méthode nouvelle, le mode de formation du tissu osseux dans les os longs, dans le but d'élucider la question de savoir jusqu'à quel point le cartilage intervient dans la formation de l'os qui se substitue à lui. Le cartilage embryonnaire est-il rem- placé par un tissu de nouvelle formation ou bien l'os est-il un produit de la transformation du cartilage? Cette question souvent étudiée a été diversement ré- solue par les nombreux histologistes qui, depuis Schwann, se sont occupés de l'évolution du tissu osseux. La méthode employée dans les recherches est ici d'une ( 458 ) importance considérable et la valeur des résultats dépend en grande partie de ce que vaut le procédé opératoire que l'on pratique. L'auteur a eu recours au traitement par l'iode, pour colorer les cellules du cartilage, de manière à les rendre bien apparentes au milieu d'autres cellules. Neumann avait constaté que, soumises à l'action d'une solution iodée, les cellules cartilagineuses voisines de la limite d'ossification se colorent en brun-acajou, tandis que les éléments de la couche granuleuse se colorent en jaune. Leboucq décalcifie ultérieurement les coupes en les trai- tant, sur le porte -objet, par la glycérine acidifiée par l'acide formique ou l'acide acétique. Il a constaté que, par l'emploi de ces procédés, les cellules cartilagineuses ne se déforment aucunement et qu'elles prennent une colora- lion tout à fait caractéristique, alors même qu'elles ont été au préalable soumises à l'action de l'alcool. L'auteur expose ce que l'analyse de ses préparations lui a révélé et conclut en affirmant que les cellules cartilagi- neuses prennent une part active à la formation des os longs chez les mammifères. On les trouve en effet dans les canaux médullaires primordiaux où elles remplissent le rôle d'ostéoblastes. Dans le stade d'évolution de l'os, caractérisé en ce que la ligne d'ossification de la diaphyse vers l'épiphyse est nettement marquée, l'auteur trouve encore comme preuve de sa manière de voir, ce fait que les cellules cartilagi- neuses persistent non altérées jusqu'à cette limite. Le travail du Dr Leboucq a été fait au laboratoire d'his- tologie de l'Université de Gand, sous la direction de notre confrère Van Bambeke. L'autorité de ce dernier en matière d'histologie et la valeur des travaux antérieurs du De Le- boucq constituent une double garantie quant à l'exactitude ( 4&9 ) des observations sur lesquelles reposent ces conclusions. Aussi je n'hésite pas à proposer à la classe 1° d'ordonner l'impression de ce travail dans les Bulletins de l'Académie; 2° de voter des remercîments à l'auteur pour son intéres- sante communication. Le travail est accompagné d'une planche indispensable à l'intelligence du texte. J'ai l'honneur de proposer à la classe de la faire reproduire par la cromolilhographie. » La classe a adopté ces conclusions, auxquelles ont adhéré les deux autres commissaires, MM. Schwann et Gluge. Recherches sur le développement du maxillaire inférieur de l'homme; par M. H. Masquelin. Êltipitoft de M. Edouard Van* Mtetteden. « J'ai pris connaissance du travail sommaire que M. Mas- quelin a présenté à l'Académie et dans lequel il a rendu compte de ses recherches sur la formation de l'os maxil- laire inférieur chez l'homme. Il a constaté des faits nouveaux, qui sont d'un haut intérêt pour les questions tant controversées de l'ostéo- genèse. J'ai vu les préparations de M. Masquelin et je suis en mesure de garantir l'exactitude de ses observations. Je n'hésite donc pas à proposer à l'Académie l'impression de son travail dans le Bulletin de la séance. » La classe a adopté ces conclusions, auxquelles a souscrit le second commissaire, M. Van Bambeke. ( 460 ) Note sur l'extension des théories de l'involution et de l'homographie; par M. C. Le Paige. Rapport flf M. Folie. « Dans un travail inséré au Bulletin d'octobre 1877, M. Le Paige a développé la notion nouvelle, qui lui est due, de %i points conjugués harmoniques du ne ordre. Il revient, dans celui-ci, sur la condition qui exprime cette relation, et lui fait prendre diverses formes, analo- gues à celles qui caractérisent les points harmoniques du second ordre, au moyen de simples transformations de déterminants. Partant, d'abord, de la condition, qu'il a donnée précé- demment, de l'involution de [n ■+• \)n points, il montre qu'elle peut se réduire à la forme suivante 2" + ipt(x-it)...(x-K) = 0; 1 = 1 et il interprète les constantes, pour toutes les valeurs de n depuis 1 jusque 4; au delà, l'interprétation géométrique de ces constantes ne deviendrait possible qu'en recourant aux variétés à n dimensions de Riemann. Dans les formes mêmes qu'il trouve, il rencontre des théorèmes très-généraux, dont l'un avait été employé par Hesse, comme un nouveau mode de transformation des figures. II passe ensuite du cas de l'involution au cas des points ( M ) conjugués harmoniques, ce qui transforme la relation pré- cédente en pt ( x — a) -+- pi {x — fi)" -+- pz [x — v)n -+-•••-+- pfl+, (x — o)"= 0. Ces relations générales ont, naturellement, comme cas particuliers, celles qui appartiennent au second ordre. Reprenant les invariants dont il s'était déjà occupé pré- cédemment, et se servant de la notion du rapport anhar- monique du n" ordre, que nous lui avions communiquée il y a quelques jours, M. Le Paige trouve, très-simplement, que ce rapport s'exprime par le quotient de deux inva- riants. Considérant une fonction plus générale, à laquelle il donne le nom de fonction anharmonique , il retrouve la notion qu'il a précédemment développée, de 2n points conjugués harmoniques, et fait voir qu'elle est bien la généralisation de celle de deux couples de points conjugués harmoniques. Il cherche également quelles sont les relations analo- gues, pour les ordres supérieurs, à celles qui expriment, dans le second ordre, l'involution de trois couples de points au moyen de l'égalité de rapports anharmoniques; dans le développement des calculs, il se borne à la considération du troisième ordre, en faisant observer que la même marche est tout à fait applicable aux ordres supérieurs; et il trouve des relations qui offrent, en effet, une analogie complète avec celles qui sont connues pour le second ordre. Le travail se termine par des équations toutes nou- velles, et très-remarquables, de l'homographie, soit pour le second ordre, soit pour les ordres supérieurs. M. Le Paige a montré, par tous ses travaux, combien la théorie des formes peut rendre de services à la géométrie. ( 462 ) Cette dernière science lui sera fort redevable dans la théorie de l'involution du ne ordre, qui était demeurée inachevée, depuis qu'elle avait été découverte par Poncelet et appliquée par nous à l'extension des théorèmes de Pascal et de Brianchon ; aujourd'hui, on peut la dire aussi com- plète que celle de l'involution du second ordre, grâce aux travaux de M. Le Paige , et à sa découverte des points con- jugués harmoniques du ne ordre, qui lui donne un complé- ment indispensable; grâce un peu aussi, oserons-nous le dire, à notre notion du rapport anharmonique du ne ordre, qui permet de rattacher à celui-ci l'involution du même ordre. Nous proposons à la classe d'adresser à M. Le Paige des encouragements et des remercîments bien mérités, et d'ordonner l'insertion de sa note au Bulletin. » La classe a adopté ces conclusions auxquelles s'est rallié M. Catalan, second commissaire. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Éd. Van Beneden donne lecture d'un travail intitulé : Contribution à l'histoire du développement embryonnaire des Téléostéens. L'impression de cette communication a été différée sur la demande de l'auteur, jusqu'à la prochaine séance. ( 165 ) Un nouveau principe de probabilités; par M. E. Catalan , Associé de l'Académie. I. Théorème. La probabilité d'un événement futur ne change pas lorsque les causes dont il dépend subissent des modifications inconnues (*). J'ai appliqué ce théorème, et j'en ai même donné une démonstration, dans une Note insérée au Journal de M. Liouville (tome VI). Antérieurement, dans le célèbre Mémoire sur davantage du Banquier, au jeu de trente-et- quarante, Poisson avait recours, afin d'éviter de longs calculs, à une considération ingénieuse qui ne diffère pas, au fond, de celle qui constitue le principe énoncé ("); (*) Il s'agit ici, bien entendu, de ce que certains Géomètres appellent probabilité subjective, el que l'on désignerait plus clairement, me semble- t-il, sousia dénomination de probabilité extrinsèque, par opposition à la probabilité intrinsèque. Si une urne contient 99 boules blanches et J boule noire, la probabilité intrinsèque de l'extraction d'une boule blanche est à peu près 1 : il est presque certain que la boule attendue sera blanche. Mais, pour une personne qui saurait, seulement, que l'urne renferme des boules blanches et des boules noires, la probabilité, extrinsèque cette fois, serait ^. (**) Cette assertion, émise par M. Emile Mondésir (Journal de Liou- ville, tome II, p. 10), est peut-être trop absolue. En effet, Poisson dit d'abord : «... lorsque ces cartes ont été mêlées, s'il existe une chance « quelconque pour qu'un événement A arrive au premier coup et un » événement B à un autre coup, au dixième, par exemple, il y a exacte- » meut la même chance pour que l'événement B arrive au premier coup » et l'événement A au dixième; car on peut former un autre arrange- » ment de toutes les cartes, qui ne diffère de celui que le hasard a » donné, qu'en ce que les cartes qui sortent au premier dbup sont rem- ( 4(54 ) mais l'illustre Géomètre n'a pas cherché, paraît-il, à géné- raliser cette notion (*). Depuis quarante ans, personne, à ma connaissance, n'a démontré ni même formulé le principe qui fait l'objet de la présente Note : c'est pourquoi je le qualifie de nou- veau. Avant d'en faire des applications, avant de le vérifier sur un exemple, essayons d'en donner une démonstration générale. Comme on le fait ordinairement, assimilons l'événe- ment attendu, à la sortie d'une boule blanche, d'une urne A qui contient b boules de cette couleur, et n — b boules noires, rouges, bleues, etc. Si l'on tire p boule (**), qu'on » placées par celles qui sortent au dixième, et vice versa; il en résulte s qu'avant que le jeu commence, la probabilité d'un refait de 51 est la » même pour le premier coup, pour le dixième, ou pour tout autre » coup. » (Annales de Gergo)ine, tome XVI, p. 191.) Ce raisonnement semble établir, seulement, que la probabilité de l'arrivée de A au pre- mier coup, et de l'arrivée de B au dixième, égale la probabilité de l'ar- rivée de B au premier coup, et de l'arrivée de À au dixième; proposi- tion incontestable. Il est vrai que le célèbre auteur complète ainsi sa pensée : « Elle (la « probabilité dont il s'agit) ne varie pendant la durée du jeu, que pour » les joueurs qui ont la connaissance des cartes sorties; mais un joueur » qui ne les connaîtrait pas devrait parier la même somme à tous les » coups, pour l'arrivée d'un refait de 31. » Autrement dit : « la sortie d'un certain nombre de cartes inconnues, » ne change pas la probabilité de l'événement attendu » Et celte con- clusion est d'accord, uon-seulement avec notre principe, mais encore avec les premières notions de la théorie des probabilités. (*) Il y a plus : dans les Recherches sur la probabilité des jugements. Poisson énonce une conséquence du même principe , et il renvoie, pour la démonstration, au Mémoire, de M. Mondésir. (**) Le nombre p est connu ou inconnu, suivant que l'on a compté les boules, ou qu'en ne les a pas comptées. Dans les deux cas, comme on ( 465 ) les introduise, sans les regarder, dans une urne B; les probabilités d'extraire une boule blanche, soit de cette urne B, soit de l'urne A, dont la composition a été modi- fiée , sont égales à b. Supposons, en effet, que l'on n'ait rien changé à la composition primitive de A. La boule qui va sortir peut être considérée comme faisant partie d'un groupe de p boules, isolés parmi les n boules de A. On peut faire, sur la composition de ce groupe, les mômes hypothèses que l'on ferait sur celle de B : ce groupe inconnu peut donc remplacer B (*). Semblablement, un groupe de n — p boules, complémentaire du premier, peut tenir lieu de l'urne A, modifiée. Le théorème est donc dé- montré. II. Il y a dix ans, un Géomètre, à qui nous avions commu- niqué la démonstration précédente, nous répondit : .. III. Afin de montrer l'utilité de notre théorème, nous allons résoudre, par les méthodes ordinaires, le problème sui- vant, cas particulier de celui que nous avons traité ci- dessus. Une urne A contient 4 boules blanches et 5 boules noires. On en tire, sans les compter ni les regarder, un certain nombre de boules. Quelle est la probabilité d'ex- traire une boule blanche, de turne A modifiée? On peut faire dix-huit hypothèses sur le nombre et la nature des boules tirées (**). Chacune donne lieu à uue ■probabilité de l'événement supposé; d'où l'on déduit, par le théorème de Bayes, la probabilité de cette hypo- thèse, etc. Voici le tableau des calculs. (*) A blanches; (A — 1) blanches, 1 noire; (A — 2) blanches, 2 noires; ...; A noires. (**) Nous taisons abstraction d'une dix-neuvième hypothèse, celle de l'extraction totale, parce que la probabilité correspondante serait nulle. ( 4-68 Nombres Compositions Probabilité de Hypothèses. PROBABILITÉS RELATIVES. proportion- la sortie nels. modifiées. d'une blanche. 1* 4 7 20 3* -4-3" i 1" 3 7 15 46 -4- 2" à 2* 4 5 == 7 10 2» -+-3" | l*-t-l" 2 < 3 7 ' b == 7 20 3'' -+- 2" 3 qn 7j 1 7 5 46-4-1" | 5* « B • ! = 51 4 l*-4-3" 1 4 2» -4-1" 3 4 3 2 ï ' 6 ' 5 18 18 çtb _^_ Qn | 3" » 4 3 2 ta 12 3» -4-1» 4'' 3 s 7 ' b ' S 2 _ 1 35 1 35 1 4 1 6 ' 6 4* | 6 ' 5 ' ï —■à 1 3" 0 3' + l» 4 4 3 2 7 ' 6 * 5 S 12 12 1* 4-2» 1 2* 4_ 2" 6 4 3 3 7 ' 6 ' S 2 US 4 35 18 2* -4-1" 3 l6-+-3" 4 4.3 2 7 6 5 4 35 4 ôb 1 4* + 3" 5 4 3 2 7 ' b ' 5 ! = 'ï 5 2 H 0 3* H- 2" 10 4 3 2 3 5 4 20 1* 4- 1» 2 7 ' 6 ' ï 4 ' 3 7 2* -4- 3" 10 4 S 2 7 ' 6 " 5 2 < 1 2 10 2* 1 46-4-2« 15 7 ' 6 ' 6 1 = f 15 1» 0 34 -+- 5» 20 7 ' 1 ' 1 3 2 1 4 4 ' 3 ' 2 7 Somme : 20 1* 1 210 Ainsi P=-2To[20 X |-4-15 X 1-4-10 x f-4-20 Xf-4-5 X | -4- 4 X,-4 H- 18 X J -4-12X|-+-lXl-4-lX0-4-12Xg-r-18x|-4-4Xl 12 5 X 0 -4- 20 X i + 10xl + 15 X 0-4-20 X 1 _i- [10 -4-10 + 4-4-18-4-4-4- 1 -4-9-4-9 -4-1 -4-4-4- 10-4-10-4-20] conformément au théorème ( 469 ) Extension de la notion du rapport anharmonique. Défi- nition de ce rapport pour le ne ordre en général. Son utilité dans l'étude des courbes et surfaces supérieures ; par M. F. Folie, membre de l'Académie. Tous ceux qui se sont occupés de géométrie supérieure savent qu'elle repose presque tout entière sur les pro- priétés qui dérivent de la considération du rapport anhar- monique; ouvrez les ouvrages des deux géomètres les plus célèbres des temps modernes, Steiner et Cbaslcs, vous y trouverez le rapport anharmonique, comme point de dé- part de toutes leurs théories. Ce rapport fameux, qui était connu des Grecs, et auquel M. Chasles, en écrivant son Histoire des progrès de la Géométrie, a donné le nom qu'il porte et qu'il conservera dans la science, conduit, comme on le sait, à la théorie de rinvolulion,d'où sont sortis les beaux théorèmes de Pascal et de Brianchon. Poncelet, qui a eu tant d'heureuses inspirations a, peut- être, négligé la meilleure d'entre elles : il a généralisé le théorème de Desargues, complété par Sturm, en l'étendant aux faisceaux de courbes supérieures, et ne semble pas avoir aperçu l'importance capitale de son théorème; il a même laissé à M. De Jonquières l'honneur de définir, sous le nom d'involution du n' ordre, la propriété qu'il avait découverte. Plus tard, nous avons nous-même retrouvé, en suivant une voie propre, cette involution qui nous était restée in- connue parce que, jusqu'à cette époque, la géométrie supé- rieure n'avait fait qu'incidemment l'objet de nos études; et nous y étions arrivé par la considération des figures poly- gonales ou polyédrales conjuguées inscrites ou circonscrites 2we série, tome xliv. 33 (470) à des courbes ou à des surfaces. Notre méthode nous avait amené à étendre, à ces figures , les théorèmes de Pappus , de Desargues, de Pascal et de Brianchon, et, en généralisant notre extension du théorème de Desargues, à retrouver le théorème de Poncelet (*). Mais, pour que l'analogie fût complète entre ces théories et celles des coniques, il manquait encore une pierre à l'édi- fice, et même la pierre angulaire. L'involution du second ordre se déduisant du rapport anharmonique, celle du w* ordre devait se déduire d'un rapport analogue à ce dernier. Que des hommes de génie, comme Steiner et Chasles, n'y aient pas songé, cela s'explique : la combinaison de rapports anharmoniques du second ordre leur permettait, en effet, de se passer, dans l'étude des courbes supérieures, de rapports plus compliqués. Maisque Poncelet, l'inventeur de l'involution du n' ordre, n'y ail pas pensé davantage, on le conçoit déjà moins, et c'est là précisément ce qui nous fait penser qu'il n'a pas accordé à sa découverte l'attention, ou, si l'on veut, la méditation qu'elle méritait d'exciter. On eût pu nous adresser, avec bien plus de raison, le même reproche, si, après avoir démontré, pour les courbes et les surfaces supérieures, les théorèmes ana- logues à ceux de Pappus, de Desargues, de Pascal et de Brianchon pour les coniques, nous ne nous étions pas dit que, tous ces théorèmes n'étant, au fond, que des expressions différentes ou des corollaires de la propriété anharmonique de cinq points ou de cinq tangentes d'une conique, les théorèmes que nous avions découverts de- (*) V. Fondements d'une géométrie supérieure cartésienne. Bruxelles. Hayez, 1872. ( 471 ) vaient être, eux aussi, des expressions différentes ou des corollaires d'une certaine propriété anharmonique des courbes ou des surfaces supérieures. Eteependanl, ce n'est que celte année-ci même, en repre- nant, dans nos leçons de géométrie supérieure, la recher- che du rapport anharmonique dans les systèmes de trois bilatères (*) ou de trois digones (**) conjugués entre eux, que nous avons trouvé un procédé se prêtant aisément à la généralisation désirée. En l'appliquant d'abord à un système de trois trilatères conjugués, nous avons eu la bonne fortune de rencontrer un rapport et des propriétés, analogues, de tous points, au rapport et aux propriétés anharmoniques des bilatères ou des coniques. Ce pas fait, la généralisation complète s'ensuivait d'elle- même. Quel nom fallait-il donner à ce nouveau rapport? Fallait-il généraliser le terme de double rapport (*"") , sous lequel Steiner dénomme le rapport anharmonique? C'eut été possible, comme nous le montrerons plus bas; mais cela eût compliqué de beaucoup l'expression de ce rap- port, qui , pour se généraliser commodément, ne doit plus, on va le voir, s'écrire sous la forme d'un double rapport. Fallait-il faire du terme de M. Chasles un genre, et le diviser en sous-genres, qu'on aurait appelés dianharmoni- ques, trianharmoniques, etc.? A côté de certains avantages, celte terminologie avait le grave inconvénient de substi- tuer au mot anharmonique, que les Français, les Anglais (*) Trois couples de droites tels que chacun esl déterminé par les jonc- tions des intersections des deux autres, ('*) . . . points intersections des jonctions . Ces deux systèmes forment, chacun, un quadrilatère complet. (***) DoppeUverhàltniss. ( m ) et les Italiens et même les Allemands ont adopté à la suite de M. Chasles, et qui ne périra pas, un ternie nouveau et même un peu barbare. Nous avons donc préféré de conserver le terme môme de M. Chasles, qui a illustré les publications de notre Académie il y a quarante ans, et qui, sous son acception plus géné- rale,est peut-être destiné à y ajouter quelque lustre encore. Le. rapport anharmonique, dans les coniques, sera donc le rapport anharmonique du second ordre; dans les courbes supérieures, le rapport analogue s'appellera rapport an- harmonique du nmc ordre. Le temps nous fait défaut pour développer les pro- priétés de ce rapport anharmonique du n' ordre. Il faudra que nous nous bornions à en énoncer les prin- cipales, en nous limitant même, dans celte note, au 5e ordre. On sait que, si les chiffres 1, 2, 3, 4 représentent, à la manière des lettres a, b, c, d, quatre points en ligne droite, le rapport anharmonique de ces quatre points, sous l'une de ses formes, est 12 52 (1,2,3,4) = -:-- 1 4 34 Nous l'écrirons sous la forme plus commode, et surtout plus commodément généralisable 12.54 dans laquelle on voit que le numérateur est le produit des dislances mutuelles de deux couples, et que le dénomina- teur est un produit analogue, formé en transportant le der- nier chiffre du numérateur au premier rang, sans altérer le rang des autres chiffres. Ceci posé, considérons six points en ligne droite 1,2.. .6; ( 473 ) l'une des expressions du rapport anharmonique de ces six points, ou du rapport anharmonique du 5e ordre, sera 12.54.56 (1,2,5,4,5,0) 61.25.45 De même, le rapport anharmonique du 4e ordre serait 12-34.56.78 (1,2,3,4,5,0,7,8) 81.25.45.67 et ainsi des autres. On aurait, évidemment, des expressions analogues poul- ies rapports anharmoniques des faisceaux du 2e, du 5e, du 4e ordre, etc. Ces rapports anharmoniques des ordres supérieurs jouis- sent de propriétés analogues à celles du rapport anharmo- nique du 2e ordre. Ainsi, en nous bornant au 5e ordre : Le rapport anharmonique de six points en ligne droite est égala celui du faisceau qu'on obtient en les joignant à un centre quelconque, et réciproquement. Ainsi encore, si le lecteur veut bien se rappeler notre définition de deux couples de trilalères conjugués inscrits à une courbe du 5e ordre (*), il pourra vérifier ce théorème, ainsi que son corrélatif: Si l'on joint un point quelconque d'une courbe du 5e ordre aux extrémités des côtés de deux trilalères conjugués inscrits, le rapport anharmonique du faisceau ainsi formé est con- stant. (J'entends par extrémités d'un côté ses intersections avec les côtés, de noms contraires , du trilalère conjugué; si, par exemple, 1,2, 3 et 1', 2', 3' désignent les côtés des (*) Fondements d'une Géom. sup. cart., p. p11 el 21. ( 474 ) deux Irilatères conjugués, les extrémités du côté 1 seront ses intersections avec les côtés %' et 5', et ainsi de suite, ces intersections étant, du reste, sur la courbe, en vertu de la définition même.) Enfin, nous croyons qu'il nous sera possible de déduire, de cette extension donnée à la notion du rapport anhar- monique, la construction par points des courbes algébri- ques supérieures , au moyen de théorèmes analogues au suivant: Les intersections de trois faisceaux du 5e ordre sont sur une courbe du même ordre, qui passe par les centres de ces faisceaux, théorème dans lequel le terme de faisceaux de 3e ordre a une signification précise, que nous développerons pro- chainement. On voit, par ces quelques exemples, l'analogie frap- pante qui existe entre les propriétés du rapport anharmo- nique du nme ordre, et celles du rapport anharmonique du second. On pressent déjà que ces propriétés sont la source même de celles que nous avons antérieurement données sous le nom d'extensions des théorèmes de Pappus, de Desargues, de Pascal et de Brianchon , et qu'elles sont destinées à de- venir, pour les courbes supérieures, la base de leur étude, comme le rapport anharmonique du 2e ordre Test devenu, pour les coniques, entre les mains de Steiner et de Chasles. Pourquoi ces illustres géomètres ont-il pu se passer, dans la recherche des propriétés des courbes supérieures, de cette notion généralisée du rapport anharmonique, c'est ce que l'on concevra aisément, à l'aide de cette remarque, que le rapport anharmonique du 5e ordre est égal au quotient de deux rapports anharmoniques du 2e (au lieu de quotient, on pourrait évidemment dire produit); remarque qui peut ( 47d ) s'étendre aux rapports anharmoniques d'ordre supérieur. On voit, en effet, que le rapport 12.34.56 6Ï.25.45 peut s'écrire, par exemple, 42.34.56.14 _ (1,2,3,4) ~~ 41.25.45.61 ~" ~ (4,5,6,1)' ïl nous restera bien des propriétés nouvelles à déduire de cette notion du rapport anharmonique du n' ordre : l'homographie du même ordre est appelée à y jouer un grand rôle. Déjà M. Le Paige, à qui nous avions communiqué notre idée ('), a formulé les équations analytiques générales de (*) Je dois rendre à M. Le Paige cette justice que, dans le courant de l'été dernier, il m'a parlé de recherches analytiques qui l'avaient conduit à un rapport auquel il donnait le nom d'hyperharmonique, mais sans pou- voir lui trouver une signification géométrique. Fort occupé en ce moment, et des devoirs de ma charge, et, dans mes moments de loisir, des travaux dont j'ai communiqué différents résultats à l'Académie, dans mes Notes sur l'évolution et sur une synthèse des théorèmes de Pascal et de Brianchon, j'ai tellement perdu de vue celte con- versation, que, quand j'ai trouvé, en octobre, la généralisation de la notion du rapport anharmonique, l'idée de M. Le Paige ne m'est pas même reve- nue un instant à l'esprit. Comme je lui faisais part, selon notre coutume mutuelle, de la découverte que je venais de faire, sans que j'eusse encore eu le temps de la vérifier d'une manière complète, il insista vive- ment pour en avoir l'expression dans le cas du 5e ordre; à peine la lui eus-je donnée, que je reçus, le même jour, une lettre qui me remit en mémoire notre conversation de l'été. Cette lettre écrite, je puis l'attester, avant que M. le Paige eût pu se faire une idée nette de ce que j'entendais par rapport anharmonique du ne ordre, puisqu'en ce moment je m'étais borné à lui en donner l'ex- pression, témoigne qu'il y était arrivé avant moi par l'élude des formes : la signification géométrique lui avait échappé, et c'est pourquoi, sans ( 47(3 ) cette homographie. Antérieurement, il avait découvert, d'une façon tout à fait indépendante, et exclusivement analytique, la notion des points conjugués harmoniques du n« ordre ; et il vient de la rattacher, dans le travail dont j'ai eu l'honneur de rendre compte il y a quelques instants, à notre notion du rapport anharmonique du ne ordre. doute, il n'a pas accordé à ce rapport l'attention qu'il aurait fallu , et qui lui en eût donné, probablement, la notion précise que je viens d'exposer. Voici cette lettre, que je me fais un plaisir et un devoir de transcrire, afin de rendre à chacun ce qui lui est dû : « Mon cher Monsieur, » De retour chez moi, j'ai recherché dans mes notes quelques essais » que j'avais faits en vue de trouver le rapport anharmonique du ne ordre » et j'y rencontre cette indication dans un travail de juillet dernier : ... Oo-^i)Ui — *VOi — **0) « Rapport hyperharmonique = — ■ • » Cette expression concorde entièrement avec votre rapport anharmo- « nique du 5e ordre. » En effet, dans cette expression, x0) Ai, >a représentent les distances, » à partir de l'origine, d'un groipe de trois points; ,«„, u-ll m2 , les dis- » tances d'un second groupe. Or, voire rapport de sinus , étant projeclif, » donne, lorsqu'on remplace les sinus par les segments correspondants, » l'expression que je viens d'écrire. » Je me rappelle avoir, à l'époque où cette note a été écrite, énoncé les » deux théorèmes suivants : » Six points ?.„, m„, *,, nlt >2, m2 sont en involution lorsque le rap- » port hyperharmonique de ces points, pris dans l'ordre direct, est égal » au rapport hyperharmonique de ces mêmes points, pris dans l'ordre » inverse » « Six points )0, /.'„; ),, Mt; ;2; /u2 sont en évolution lorsque le rap- » port hyperharmonique de ces points, pris dans l'ordre direct, est égal , « au signe près , au rapport hyperharmonique de ces mêmes points, pris » dans l'ordre inverse. » « J'avais été amené à la conception du rapport hyperharmonique par « des considérations purement analytiques. » Je me propose de reprendre ces recherches afin de les étendre au cas ( 477 ) Nous comptons bien communiquer à la classe, lors de sa prochaine séance, le résultat des recherches que nous allons poursuivre dans cette direction; et nous croyons pouvoir espérer que les quelques pages qui précèdent ne seront pas lues sans intérêt par les géomètres. Recherches sur la structure de l'appareil digestif et sur les phénomènes de la digestion chez les Aranéides dipneu- mones; par M. Félix Plateau, membre de l'Académie. TROISIÈME PARTIE. PARTIE PHYSIOLOGIQUE, OBSERVATIONS ET EXPÉRIENCES SLR LA DIGESTION. § xv. AVANT-PROPOS. Dans son Traité d'histologie de C homme et des ani- maux (1), M. Leydig s'exprimait ainsi : « Au point de vue » des phénomènes intimes qui se passent dans les organes » isolés composant le système de la digestion, nous » n'avons, à cause de l'exiguïté de nos connaissances sur » du ?ie ordre : j'espère pouvoir compléter, pour la prochaine séance de » l'Académie, un travail sur cet objet, faisant suite à mon précédent Mé- » moire. « Recevez, etc. » C. Le Paige. • Herstal , le 26 octobre 1877. » Ce dernier travail est celui même sur lequel nous venons de faire notre rapport à la classe. (1) Traduction française. Paris, 18G0, p. A\ô. ( m ) » l'économie vitale de la plupart des animaux, que peu de » notions arrêtées. » Cet aveu d'impuissance, nous pou- vions tous le faire pour les invertébrés à l'époque où ces lignes ont été écrites; mais aujourd'hui des efforts ont été effectués en ce qui concerne les Arthropodes ; je citerai le travail de M. Jousset de Bellesme sur la Blatte orien- tale^), les recherches récentes de M. Hoppe-Seyler sur l'Écrevisse (2) et mes propres Mémoires sur la digestion chez les Insectes en général (5), chez les Myriapodes (4), chez la Blatte américaine (5) et chez les Phalangides (6). S'il y a quelques désaccords entre les résultats de ces dif- férents essais, ils ne portent que sur des détails et leurs auteurs sont bien près de s'entendre. Pour les Arachnides en particulier, il n'existait, sauf quelques petites observations de peu d'importance dont je parlerai plus loin en traitant de points spéciaux, que les expériences de M. E. Blanchard sur la digestion chez les Scorpionides (7). N'ayant pas eu l'occasion, jusqu'à pré- (1) Recherches expérimentales sur la digestion des insectes et, en par- ticulier, de la Blatte. Paris, 1875. (2) Ueber Unterschiede im chemischen Bau und der Verdauungs ho herer und niederer Tluere (Archiv. fur die gesammte Physiologie de Pfluger. Dd. 14, 1877, p. 395). (3) Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les Insectes (MÉlH. DE L'ACAD. ROY. DE BELGIQUE, t. XLI, 1874). (4) Recherches sur tes phénomènes de la digestion et sur la structure de l'appareil digestif chez les Myriapodes de Belgique (Mém. de l'Acad. roy. de Belgique, t. XLII, 1876). (5) Note sur les phénomènes de la digestion chez la Blatte américaine (Bullet. de l'Acad. roy. de Belgique, 2e série, t. XLI. juin 1876). (6) Note sur les phénomènes de la digestion et sur la structure de l'appareil digestif chez les Phalangides (ibicl , novembre 1876). (7) Organisation du règne animal, arachnides, pp. 66, 67, 68, 69, 70. — Des fonctions du foie chez les Arachnides (Comptes rendus, t. XLI, 1855), p. 1256. ( «9 ) sent, de me procurer de scorpions à l'état vivant , je ne me permettrai pas de porter un jugement sur les recherches du savant professeur du Muséum d'histoire naturelle de Paris. On a vu que, pour les ai très groupes d'Arachnides, j'ai cherché à combler une première lacune par ma Note sur les Phalangides citée plus haut. La troisième partie du Mémoire actuel qui a pour objet les phénomènes digestifs chez les Aranéides dipneumones , est un pas de plus dans cette voie. Si le travail a tardé longtemps à paraître, c'est que la difficulté du sujet m'arrêtait à chaque pas et que je n'ai voulu livrer mes résultats à la publicité qu'après les avoir soumis au contrôle d'expériences variées et répétées. Les deux premières parties traitant de la structure des organes de la digestion me dispenseront de toute descrip- tion anatomique nouvelle. § XVI. NOURRITURE, ÉTAT DANS LEQUEL LES ALIMENTS SONT INTRODUITS DANS LE TURE DIGESTIF. Les larves d'Insectes, au sortir de l'œuf, mangent, en général, immédiatement la nourriture mise à leur portée (1 ); les araignées fraîchement écloses, au contraire, restent pendant longtemps, ainsi que l'ont observé Claparède (2) et d'autres, sans prendre aucun aliment ; le développement s opérant uniquement alors aux dépens de la masse de vitel- lus non encore assimilé qui remplit le tube digestif dilaté. Quant aux adultes , je ne récrirai pas ici ce qu'on trouve (1) Voyez Lacordaiiu:, Introduction à V entomologie , t. I, pp. 125 et 126, et d'aulres ouvrages généraux. (2) Recherches sur l'évolution des Araignées (Natcurkundige Verham- DELINGF..\ DE LV SoC. DES ARTS ET DES SCIENCES d'UtRECHT, 1862, p. 58). ( 480 ) dans tous les traités généraux sur les Aranéides, touchant la nature de leur alimentation qui se compose, comme on le sait, d'Insectes capturés par différents procédés ; je me bornerai à dire quelques mots sur une question posée il y a deux siècles par Lister (5) : « Les Aranéides se bornenl- » elles à sucer leur proie et n'en avalent-elles aucune î> partie solide? » Je me suis vu obligé de traiter ce point de détail, parce que j'ai pu constater que la question de Lister était résolue d'une façon très-fautive par les auteurs modernes. La plus ancienne hypothèse a consisté à supposer que les araignées suçaient leurs victimes par la petite ouver- ture terminale des crochets de leurs chélicères. Geoffroy (l) puisC. Dumeril (2) soutinrent cette opinion que je ne men- tionne que pour mémoire. Suivant une autre manière de voir qui, je le répète, a encore des adhérents aujourd'hui, l'araignée se livre à une sorte de mastication et avale une plus ou moins grande quantité des parties solides de sa proie. De Geer croyait avoir constaté que les araignées peuvent percer le papier à l'aide de leurs pièces buccales (5). Geoffroy, que je citais plus haut, dit avoir vu des Argyronètes dévorer des Insectes « en sorte qu'il restait à peine quelque vestige des ani- » maux qu'elles avaient mangés » (4). Walckenaer admet- (1) Some gênerai cnquiries concerning Spiders (Philosophical tran- sactions, vol. VI, 1671, n° 72], p. 2172. (2) Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, 1762,t II, p. 636. (3) Zoologie analytique. Paris, 1806, p. 290. (4) Mémoires pour servir à l'histoire des Insectes, l VII. Stockholm, 1778, p. 206. (5) Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, op. cit., p. 636. ( 481 ) tant le même fait comme général dit : « Cependant l'arai- » gnée ne digère que les parties molles des Insectes, et » dans ses excréments d'un blanc de lait on aperçoit sou- » vent des portions de pattes de mouches et autres parties » dures non digérées » (1). Enfin M. Menge (2), puis MM. Will et Gorup-Besanez signalent aussi des débris noirs de téguments d'Insectes dans les excréments des Épéires(o). J'admets parfaitement avec Dorthes (4), Dugès (S) et Menge (6) que les araignées broient plus ou moins leur proie et la rejettent ensuite après en avoir exprimé les sucs ; mais tout le reste est le résultat de mauvaises obser- vations. A quoi se résument, en effet, les faits signalés? à l'Argyronète que Geoffroy aurait vu dévorer de petits arti- culés et aux débris d'insectes indiqués par d'autres auteurs dans les excréments de plusieurs Aranéides. Or, j'ai élevé des Argyronètes et j'ai pu constater que si l'on donne une mouche à un de ces curieux animaux, la mouche est mise en pièces, mais que tous ses fragments, après avoir été sucés, sont fixés, à l'aide de fils, à la paroi du bocal, le tout formant, hors de l'eau , une toile plate, blanche et irrégu- lière. Des Tégénaires, des Amaurobies, des Épéires, etc., (1) Histoire naturelle des Insectes aptères, t. 1, p. 169. (2) Ueber die Lebensweise der Arachniden (Neuesten Schriflcn der Naturforschenden Gesellschaft in Danzig, 4. Bd. I. Ileft., 1843), p. 19. (3) Guanin ein Wesenllicher Bestandtheil gewisser secrète wirbel- loser Thiere (Gelehrte Anzeigen herausgegeben von Mitglidern der K. Bayer. Akademie der Wissenschaften , 27 , Bd. Juillet à décembre 1848, nn255, colonne 825). (4) Observations on the structure and œconomy of some curious species of Aranea {Transactions of the Linnean Society of London, t. II, p. 86. Bead. 1792). (a) Traité de physiologie comparée, t. II. Paris, 1858, p. 525. (6) Op. cit , p. 19. ( 482 j que j'ai nourries, se sont toujours bornées à sucer les Insectes et ne les mangeaient pas. Quant aux prétendus débris d'Insectes dans les excré- ments, je renvoie le lecteur au § XX ; il y verra que le liquide blanc de la poche stercorale renferme toujours de petits corps noirs ou brunâtres, mais que ceux-ci, d'une nature constante et toute spéciale , ne sont jamais des fragments d'animaux. Enfin, j'ajouterai que l'examen microscopique du con- tenu du tube digestif de centaines d'araignées ne m'a , en aucune occasion, permis de constater le plus petit corps avalé à l'état solide. Je puis donc affirmer que les Aranéides se bornent à sucer les Insectes et n'en absorbent que les parties réelle- ment liquides ; l'étroitesse capillaire de l'œsophage aurait, du reste, dû le faire admettre a priori. § XVII. LES ALIMENTS DANS L'iNTESTIN BUCCAL (1). Il est assez aisé,, en s'appuyant sur des faits physiques bien connus et en s'aidant d'expériences simples, de se faire une idée à peu près nette du jeu des différentes par- ties de l'intestin buccal. La proie ou l'une ou l'autre de ses portions ayant été écrasée entre les coxopodiles des paltes-màchoires, les liquides exprimés pénètrent dans le pharynx, l'œsophage et l'organe de succion, pour être ensuite chassés dans l'intestin moyen. Il est plus que probable, il est évident, que la capillarité joue un rôle important dans la première (1) Voyez pour la structure de l'intestin buccal, le § V de la première partie. ( 483 ) partie de ces phénomènes; en effet, on sait que l'eau monte déjà à une hauteur d'environ 3 centimètres dans un tube de verre d'un millimètre de diamètre intérieur, et que cette ascension est d'autant plus prononcée que le tube est plus étroit. Or l'œsophage de nos Aranéidcs indigènes a, au maximum, quelques dixièmes de millimètre de dia- mètre intérieur (1 dixième chez l'Épéire diadème) et la longueur totale de l'intestin buccal ne dépasse guère o millimètres. Par conséquent, dès que l'intestin buccal est en contact, par son extrémité libre, avec des liquides animaux, il se remplit immédiatement au moins jusqu'à l'organe de succion; la dilatation de celui-ci active évidem- ment l'appel. En second lieu, l'étroilesse capillaire de l'œsophage a un autre rôle bien remarquable que je vais faire ressortir : L'organe de succion est une petite pompe aspirante et foulante. Un pareil organe exige ordinairement deux sou- papes (valvules , sphincters musculaires, etc.), l'une au point où y aboutit le tube d'appel (œsophage), l'autre au point d'où part le tube de sortie (intestin moyen). Or le faible diamètre de l'œsophage amène cette simplification qu'une seule soupape suffit, à l'origine de l'intestin moyen. En effet, si l'on construit un peiit appareil composé (fig. 93, pi. III), d'une petite sphère creuse en caoutchouc a de 2 ou 3 centimètres de diamètre, représentant la poche de succion ; la compression exercée par les doigts et l'élasti- cité remplaçant ici le jeu des muscles ; d'un petit tube de verre étiré, très-étroit, b iigurant l'œsophage et d'un tube de verre c de 5 millimètres de diamètre, figurant l'intes- tin moyeu, on peut constater ce qui suit : Forilice du tube large c, étant bouché à l'aide du doigt et la sphère compri- mée, on plonge le tube étroit b dans l'eau et abandonnant la sphère à son élasticité, on la laisse se remplir de liquide; puis retirant le tube étroit de l'eau, laissant les orifices des deux tubes libres, on comprime la sphère; on voit alors la résistance à l'écoulement des liquides dans les tubes étroits faire bouchon du côté du tube b et la totalité de l'eau être projetée par le tube plus large c. Le mécanisme est donc très-simple ; il demande une seule soupape ou valvule à l'origine de l'intestin moyen. Je ne l'ai ni décrite ni vue; mais on comprendra facile- ment qu'il suffirait de petits replis valvulaires ou même de quelques fibres musculaires annulaires qui peuvent échap- per à l'examen pour que le résultat fut atteint. Dans le § XI de la deuxième partie (Amaurobius) , j'ai fait ressortir combien il était remarquable de voir les jeunes, à une période de leur vie où ils ne prennent encore aucune nourriture, posséder un oesophage très-large, œso- phage qui se rétrécit et finit par devenir proportionnelle- ment très-étroit au moment où l'alimentation par succion s'établit. Ce fait curieux me semble apporter un argument d'un certain poids en faveur des idées que je viens d'émet- tre plus haut. La présence d'une cuticule doublant l'intérieur de l'in- testin buccal et l'absence bien constatée d'épithélium, au moins dans le pharynx et l'œsophage, ne permettent d'ad- mettre aucune sécrétion de la part des parois. Un seul organe glandulaire existe sur le trajet de cette portion du canal alimentaire, c'est la glande pharyngienne (je ne parle pas de l'exception présentée par les Épéires). Nous avons vu (§ V de la première partie) que Wasmann et M. von Siebold lui attribuent la fonction d'une glande salivaire. Celle opinion peut être admise et je n'ai aucun argument à lui opposer; mais rien non plus n'autorise une affirma- ( 483 ) lion à cel égard; car, ainsi que je l'ai déjà fait remarquer, lors de la description de cet organe, ses dimensions exces- sivement petites ne permettent aucune tentative expéri- mentale. § XVIII. RÔLE DE LA PORTION CÉPHALOTHORACIQUE DE L'INTESTIN MOYEN. Au point de vue mécanique, les poches nombreuses et souvent spacieuses, les cœcums, en un mol, de la portion céphalothoracique de l'intestin moyen n'ont qu'un rôle passif. L'absence totale- d'éléments musculaires dans la composition de leurs parois exclut toute idée d'appel de liquide par dilatation ou d'expulsion du contenu par con- traction. Si réellement les cœcums servent de réservoirs, il faut admettre que les liquides nutritifs n'y pénètrent que sous l'action de la poussée de l'organe de succion et n'en sortent , pour passer dans l'intestin abdominal, que sous l'influence de l'élasticité des parois ou de la compression produite par des masses musculaires voisines et externes. Il a semblé très-simple aux auteurs qui se sont occupés, jusqu'à présent, de l'anatomie des Arachnides, déconsi- dérer les cœcums céphalolhoraciques comme des réservoirs de nourriture. M. Blanchard seul nous a donné une cer- taine preuve à cet égard ; parlant des cœcums des Thély- phones, il dit : « Dans certains cas on les voit irès-dilatés ; » au contraire, chez les individus qui ont subi un long » jeûne, ils sont plus ou moins flasques et aplatis » (I). Mais la questien est loin d'être aussi aisément résolue; (1) Organisation du règne animal (Arachnides), p. Idd. 2me SÉRIE, TOME XL1V. 34 ( 486 ) ainsi qu'on va le voir, elle est des plus embarrassantes. 1° Les tentatives pour retrouver les liquides alimen- taires dans les cœcums en les chargeant de matières colo- rantes ne m'ont pas réussi. A différentes reprises, j'ai donné à des araignées en captivité de grosses mouches vivantes dans l'abdomen desquelles j'avais injecté une forte dose de carmin délayé dans un peu d'eau. Mais, dans le cas en question, les araignées suçaient les mouches par le thorax, de sorte que l'absence de carmin dans les cœcums ne m'apprenait rien. 2° Le revêtement épithélial des cœcums est assez im- portant pour permettre de les regarder comme constituant un groupe glandulaire. M. Gegenbaur, dans son Traité d'anatomie comparée, admet, chez les articulés, deux formes d'organes appendiculaires sécrétoires s'ouvrant dans l'intestin moyen, les uns dans sa partie antérieure, les autres dans sa partie postérieure; la seconde forme n'étant qu'une modification de la première, « Ces deux » formes d'expansion (cœcums céphalothoraciques et » glande abdominale ou prétendu foie), dit-il , concourent » aussi à constituer les appendices de l'intestin chez les » Arachnides » (1). A la vérité, le savant professeur d'Hei- delberg regarde les cœcums cépbalothoraciques comme n'ayant pas encore atteint la nature de glandes ; mais c'est que, comme la plupart des auteurs de traités généraux, il s'est fié aux descriptions des autres. Ne trouve-t-on pas, en effet , dans un ouvrage récent sur les Aranéides, celte phrase que je citerai comme exemple : « Le tissu de l'es- » tomac examiné sous les plus forts grossissements, » ne présente aucun vestige de glandes ni d'organes sécré- » toires d'un liquide digestif. » On a vu, par toutes les (1) Man. cTaiiat. comp., trad franc. Paris, 1874, p. 588. ( 487 ) descriptions et les ligures que j'ai données, combien une pareille assertion est inexacte. 5° J'ai observé, et les premières fois avec beaucoup d'étonnement, que dans un grand nombre de cas, lorsque j'étudiais les deux régions thoracique et abdominale chez le même individu, la coloration des cœcums céphalothora- ciques répétait en plus pâle celle de la glande abdominale. Ce que l'on peut expliquer, il est vrai, de trois manières différentes : a. Une analogie fortuite entre les couleurs des granula- tions des cellules épithéliales. 6. La pénétration d'une quantité plus ou moins grande des produits de sécrétion de la glande abdominale dans les cœcums. c. L'exactitude de l'hypothèse de M. Gegenbaur ; le groupe des cœcums faisant partie du système glandulaire général de l'intestin moyen. J'ai cru reconnaître parfois, par exemple , chez les Lycoses, la présence dans les cœcums céphalothoraciques, de globules graisseux colorés et d'autres éléments prove- nant de la glande abdominale, ce qui pourrait donner raison à la seconde explication (b). On voit donc qu'il n'est pas si aisé de délimiter nette- ment le rôle des cœcums céphalothoraciques des Ara- néides, et si je n'ai pas à offrir moi-même de solution posi- tive, je crois avoir bien fait en signalant l'existence d'une lacune à combler. Le bel épithélium des cœcums, la nature de leur contenu qui se compose, en général, d'un liquide incolore dans lequel flottent des granulations unes et de nombreuses gouttelettes huileuses colorées, indiquent, dans tous les cas, des organes à sécrétion active. Quelle est la nature de celte sécrétion? Presque tous les auteurs ont appelé celle ( 4S8 ) portion du tube digestif estomac, et, depuis les expériences do M. Blanchard sur le Scorpion (1), M. Simon (2), M. H. Leberl (5) et probablement d'autres y ont admis la digestion des matières albuminoïdes sous l'influence d'un suc gastrique acide sécrété, suivant MM. Blanchard et Simon, par un groupe glandulaire externe à cet estomac et y déversant son produit. Voici ce que j'ai observé chez les Àranéides dipneu- mones: Si la portion céphalolhoracique de l'intestin moyen et ses cœcums recevaient une sécrétion acide, la réaction de leur contenu devrait être acide; or si, employant le procédé de M. Jousset de Bellesme, on dépose sur une plaque de verre posée sur un papier blanc, l'ensemble ou une partie des cœcums d'une araignée , si l'on ajoute une goutte ou deux d'une teinture de tournesol bleu très-sen- sible rougissant pour un vingt-millième d'acide ehlorhy- drique en solution, et si l'on couvre d'un petit verre à couvrir, on n'observe jamais la moindre trace d'auréole rosée même faible J'ai répété ces essais avec des cœcums de Tegenaria domeslica, T. civilis, Amaurobius ferox, Epeira diadema, etc., pris immédiatement après la mort chez des individus capturés pour ainsi dire au moment des expériences. Le même mode d'opérer, à l'aide de la teinture de Dahlia qui accuse aisément une alcalinité faible (4), ne donne rien non plus. La réaction du contenu du prétendu estomac est donc neutre. (1) Organisation du règne animal (Arachnides), op. cit , p, 66. (2) Histoire naturelle des Araignées, Paris, 1864, p. 20. (3) Die Spinnen derSchiceiz. (Nouveaux Mémoires de la Société helvé- tique des sciences naturelles. Bd. XX VII. Zurich, 1877.) Page 24 des tirés à part. (4; Elle indique un dix-millième de soude caustique eu solution. ( 489 ) Mais on pourrait m 'objecter que je n'ai pas essayé la réaction de l'organe sécrétoire externe s'il existe, que l'acidité de la sécrétion peut être masquée dans les cœ- cums, etc. Le seul organe qui , chez les Dipneumones, représente vaguement la masse glandulaire figurée par Wasmann (I)et M. Blanchard (2) chez les Mvgalides, est ce que j'ai appelé le tissu adipeux slernal (§ VI de la pre- mière partie). En essayant la réaction de ce dernier dans lequel il m'est impossible de voir une glande avec la meil- leure volonté du monde, j'ai obtenu quelquefois, à l'aide de tournesol sensible à un vingt-millième d'acide, une très-légère auréole violacée fort difficile à apercevoir et, la plupart du temps, un résultat absolument nul. L'acidité de ce tissu est donc tellement faible qu'il serait futile, sur- tout en présence de sa structure microscopique, de vouloir faire jouer un rôle à celle acidité dans l'acte de la diges- tion. Nous pouvons admettre que les matières ingérées intro- duites dans les cœcums céphalothoraciques, y subissent l'action de la sécrétion de la glande pharyngienne et de la sécrétion neutre des cellules épithéliales de ces poches; mais rien ne nous permet d'avancer l'existence d'un suc gastrique analogue à celui des vertébrés. Bien plus, tout, comme je vais le montrer, nous prouve que, si la diges- tion proprement dile commence dans la partie céphalo- thoracique du tube digestif, elle s'opère principalement plus loin, par l'action puissante du liquide sécrété par la glande abdominale ou prétendu foie des Aranéides. (1) Beilràge zur Anatomie der Spinnen, op cil , pi. XIII, fig.17,; (2) Organisation du règne animal, op. cit., pi XI V, fig. 1,2 el G. ( 490 ) § XIX. DIGESTION DANS LA PORTION ABDOMINALE DE L'INTESTIN MOYEN. A. Historique de la question. Quelques mois d'historique sont nécessaires , les résul- tats que je vais rappeler étant autant de points acquis d'une grande importance. Dans mon Mémoire sur la digestion chez les Myria- podes (1), faisant allusion aux travaux auxquels je me livrais sur la digestion chez les Crustacés décapodes, je disais déjà : « Le prétendu estomac des Crabes et des » Écrevisses n'est qu'une dilatation de l'intestin buccal » (GEGENBAUR,Manwe/ d'anal compar.,trad. franc,, p. 375), » il ne s'y fait aucune sécrétion locale digestive ; cepen- » dant, les aliments albuminoïdes y sont dissous, transfor- » mes en une sorte de peptone par des liquides provenant i> des portions suivantes du lube digestif et filtrant au tra- » vers des fentes 'de l'appareil valvulaire appelé jusqu'à » présent pylorique, tandis que cette même valvule relient » les aliments tout le temps nécesaire dans le faux » estomac. » Quelques mois plus tard, dans mon travail sur les phé- nomènes de la digestion chez les Arachnides Phalan- gides (2), je prouvais expérimentalement que le liquide (1) Op. cit., p. 42, noie 4- (2) Bulletin Acad. roy. de Belgique, 2e série, t. XLII, n° 1 1, novembn 1876. ( *9i ) neutre sécrété en abondance par les cœcums glandulaires représentant ici la glande abdominale des araignées, con- stitue le liquide digestif par excellence, ayant une action faible sur les matières féculentes, émulsionnant active- ment les graisses et dissolvant les substances albumi- noïdes. A la page 748 de la même notice (1) , j'écrivais : « Des » recherches expérimentales déjà très- avancées m'ont » démontré que la glande volumineuse appelée foie chez » les Crustacés décapodes, glande qui déverse son produit » dans l'intestin moyen de ces animaux, n'était autre » chose que l'organe de sécrétion du liquide digestif des- » liné à l'émulsion des graisses et à la dissolution des » albuminoïdes. Récemment, M. Jousset de Bellesme m'a » dit être arrivé à des résultats tout semblables ; enfin, de » nombreuses expériences sur le soi-disant foie des Ara- » néides dont les canaux s'ouvrent aussi dans l'intestin » moyen, m'ont prouvé qu'il n'y avait ici du foie que l'ap- » parence, que le liquide sécrété était encore une fois le » liquide digestif principal émulsionnant les corps gras, » transformant les albuminoïdes en peptones et produi- » sant du glucose aux dépens des matières amylacées. » En dernier lieu, M. Hoppe-Seyler, le savant professeur de chimie physiologique de l'Université de Strasbourg, travaillant d'une façon absolument indépendante et igno- rant l'existence de nos recherches, a publié sur les phéno- mènes digestifs chez l'Écrevisse (2), une notice qui con- (1) Page 3-2 du tiré à part. (2) Ueber Unterschiede im chemischen Bau und der Verdauungs adhé- rer und niederer Thiere (Archiv. fur die gesa.umte Physiologie de Pfluger. Bd. 14, 1877, p. 395;. ( 492 ) firme d'une manière remarquable et bien flatteuse pour nous les résultats auxquels nous étions parvenus. Je résumerai, en quelques mots, la portée du travail de M. Hoppe-Seyler: 1° Une véritable digestion stomacale, comme il existe chez les vertébrés, manque entièrement chez l'Ëcrevisse. 2° Le liquide digestif est produit par la glande volumi- neuse appelée improprement foie. 3° Ce liquide faiblement acide renferme un ferment amenant rapidement, à la température ordinaire, la trans- formation et la dissolution des albuminoïdes. 4° Le ferment en question est totalement différent delà pepsine des vertébrés. L'addition de quelques gouttes d'eau contenant 0,2 pour cent d'acide chlorhydrique , loin d'ac- tiver son effet, arrête complètement son action (I). Ce ferment se comporte chimiquement d'une matière très- analogue au ferment pancréatique. 5° Le liquide sécrété par la glande de l'Ëcrevisse trans- forme de plus les féculents en glucose et dédouble les graisses en acide et glycérine. 6° La glande digestive de l'Ëcrevisse n'a aucun des caractères d'un foie; le liquide qu'elle sécrète n'est pas de la bile, il ne renferme ni acides biliaires, ni matières colo- rantes biliaires, substances qui ne font cependant défaut chez aucun vertébré. Cette revue rapide ayant permis au lecteur de se faire une idée de l'état de la question, je vais exposer mes résul- tats personnels louchant les fonctions de la glande abdo- minale ou faux foie des Aranéides, résultats pour la plu- (1) Fait important que j'avais déjà entrevu chez les Insectes. Voyez l'article G, n° 1 de ce paragraphe. ( 495 } part desquels j'avais déjà pris date dans ma note de 187G sur les phénomènes de la digestion chez les Phalangides, antérieurement, par conséquent, à tout autre travail ana- logue. B. Aspect du liquide sécrété par la glande abdominale des Araignées. Ce liquide, qu'on ne peut guère se procurer en quantité appréciable qu'en broyant la glande avec un peu d'eau et filtrant, est généralement jaunâtre. A l'état absolument normal, tel qu'on l'observe au microscope dans l'intestin moyen abdominal, il est jaunâtre aussi, parfois vert (Epeira umbralica) et charrie des cellules épilhéliales devenues sphériqucs,de fins granules colorés provenant de ces mêmes cellules et de nombreux globules graisseux , mais point de cristaux préformés. Une remarque est nécessaire quant à ce dernier fait: lorsqu'on écrase la glande abdominale d'une araignée sur une plaque de verre, le microscope montre parfois une quantité énormede petits cristaux; ces cristaux ne proviennent pas de la glande elle-même, mais des tubes de IVIalpighi qui se ramifient à l'infini entre ses cœcums ; nous y reviendrons plus tard à propos des organes excréteurs. La réaction de la glande est constamment très-légère- ment acide; l'auréole rosée que l'on obtient par la teinture de tournesol bleu sensible à un vingt-millième d'acide chlorhydrique en solution, est incontestable. Le liquide que l'on obtient en broyant la glande avec un peu d'eau ne coagule pas le lait à froid, mais la coagulation a lieu après quelques secondes d'ébullition. Treviranus, en signa- ( 49i ) lant la réaction comme alcaline, a donc commis une erreur (1), excusable, il est vrai, si l'on se reporte aux procédés alors en usage. C. Action sur les matières albuminoïdes (2). J'ai effectué de nombreuses expériences ; j'en détaillerai une pour faire comprendre le mode d'opérer et je ferai suivre du résumé de quelques autres. ï. Un premier tube à réaction reçoit: les glandes abdo- minales de deux Argyronètes broyées avec un volume à peu près égal d'eau distillée, les muscles du vol d'une mouche domestique et trois petites plaques carrées d'albu- mine de l'œuf coagulée de 1 millimètre de côté et de */2 millimètre d'épaisseur. Un tube témoin renferme de l'eau distillée seule, des muscles de vol de mouche et des plaques d'albumine, comme plus haut. Chacun de ces tubes est enfermé dans une chambre humide constituée par un flacon bouché à l'émeri et con- tenant quelques centimètres d'eau. Température -+- 25°, C. Durée de l'expérience, 25 h. 50'. Au bout de ce temps, dans le premier tube, aucun phé- nomène de putréfaction ne s'est manifesté, pas d'odeur particulière. Les carrés d'albumine sont devenus jaunes, diflluents; ce ne sont plus que de petites masses arrondies visqueuses que le faible poids d'un petit verre à couvrir écrase immédiatement. Les muscles de mouche sont entiè- (1) Verm. Schr., op. cit., p. 8. Erreur malheureusement copiée dans des ouvrages récents. (2) Voyez plus loin l'intitulé : La glande abdominale possède-t-elle des propriétés pancréatiques ? ( 493 ) rement dissous; il n'en reste que les trachées qui, en raison de leur nature chitineuse, devaient résister indéfi- niment. Dans le tube témoin à l'eau pure, les corps en digestion sont intacts; ainsi les carrés d'albumine restés blancs, à arêtes nettes, supportent, sans déformation ni écrase- ment, le poids d'un verre à couvrir. (Voyez plus loin , à ce sujet, IV.) II. Expérience à peu près identique : Une seule glande abdominale de Tégénaire domestique, cubes d'albumine de 2/3 de millimètre de côté et muscles du vol de Calliphora vomitoria. Température h- 22° C; durée de l'expérience, 22 h. 30'. Un tube témoin , comme toujours. Résultat analogue; mais la masse glandulaire étant moindre , la température un peu plus basse et la durée quelque peu plus courte, les muscles de mouche, profon- dément altérés, devenus granuleux et se détruisant au moindre contact, ne sont pas encore complètement dis- sous. III. Expérience du même genre: Deux glandes abdomi- nales d'Epeira diadema, température ■+- 21° C, durée de l'expérience, 48 heures. La digestion des muscles est com- plète, mais le mélange dégage une odeur infecte de crus- tacés pourris. Une couche blanche semblable à une pelli- cule surnage. Expérience citée pour montrer que lorsque la durée dépasse 24 heures, on a à compter avec une cause d'erreur grave, la putréfaction. IV. Expérience du même genre : glandes abdominales de deux Epeira diadema broyées sans eau, muscles du vol de mouche domestique et trois petits cubes d'albumine. Un tube témoin avec de l'eau pure et les mêmes corps en digestion. Température -+- 21° C; durée de l'expérience, 24 heures. ( 496 ) Sous l'action des glandes abdominales, les muscles de mouche sont complètement dissous, les cubes d'albumine devenus difïïuents s'écrasent immédiatement sous le poids d'un petit verre à couvrir. Dans le tube témoin à eau pure, les muscles sont intacts, seulement dissociés en fibrilles, comme je l'ai observé dans toutes mes recherches antérieures chez les Insectes, les Myriapodes et les Phalangides; les cubes d'albumine sup- portent, sans s'écraser, un verre à couvrir surmonté d'un poids de 10 grammes! Toutes ces expériences prouvent déjà surabondamment la dissolution des albuminoïdes par le liquide de la glande abdominale. Mais si des muscles de mouche sont des corps désignés naturellement à des essais sur la digestion chez les Arthropodes, on ne peut en dire autant de l'albumine cuite qui est aussi la matière qui s'est montrée la moins facilement soluble dans les expériences de M. Hoppc-Seyler sur l'Écrevisse (1). Comme ce dernier savant, je me snis adressé, et avec succès, à la fibrine fraîche en flocons (fibrine du sang de bœuf). V. Premier tube: deux glandes abdominales ù'Amauro- bius atrox broyées dans un centimètre cube d'eau ; frag- ment de fibrine fraîche coupé en un petit cube de 1 '/2 mil- limètre de côté et traversé par un fil de verre. Tube témoin : eau pure et fragment de fibrine identique. Tem- pérature -h 24° C; durée de l'expérience, 18 heures. Résultat : Tube à glandes abdominales ; fibrine entière- ment dissoute. Tube témoin; fibrine intacte. Je pourrais ajouter une liste d'essais analogues condui- sant tous au même résultat. Les expériences qui précèdent (1) Op. cit,p. 597. ( «7 ) suffisent pour prouver qu'à la température de 21° à 24°, c'est-à-dire à la température ordinaire de l'été, le liquide de la glande abdominale des Aranéides dissout énergique- ment les albuminoïdes, savoir: les muscles d'articulés en 24 heures au plus et la fibrine fraîche en \8 heures au plus aussi. Nous verrons plus loin comment il faut inter- préter cette digestion D. Action sur les féculents et sur le sucre de canne. Le liquide sécrété par la glande abdominale des Ara- néides transforme activement la fécule en glucose; mais, comme la glande elle-même contient toujours une petite quantité de sucre préformé, il faut installer les expériences comme suit : I. Trois tubes à réaction renferment: Tube A. Un peu d'eau distillée, plus les moitiés droites des glandes abdominales broyées de deux Epeira dia- clema. Tube B. Deux centimètres cubes d'empois d'amidon clair, plus les moitiés gauches broyées des glandes des mêmes individus. Tube C. De l'empois d'amidon clair seul. Température -+- 21° C; durée du contact, 3 heures. Résultat obtenu à l'aide de la liqueur de Fehling : Tube A. Faible réduction ; un peu de glucose. Tube B. Réduction abondante, grande quantité de glucose formé. Tube C. Pas de réduction. La production de grandes quantités de glucose est donc bien le résultat de l'action de la glande abdominale sur l'amidon. II. Même expérience avec les demi-glandes abdominales d'un seul individu. Température encore -+- 21° C, mais durée du contact, 1 h. 50', au lieu de 5 heures. ( 498 ) Résultat identique. L'action est donc rapide. Nous ver- rons plus loin, à propos des propriétés pancréatiques, qu'on peut s'assurer, par un autre procédé, qu'elle a lieu presque instantanément. Quant à l'action inversive sur le sucre de canne, action qui a été constatée par M. Jousset de Bellesme dans le tube digestif de la Blatte orientale (1), par M. Balbiani chez le ver à soie (2) et qui est si caractéristique du suc intesti- nal des vertébrés, elle semble appartenir aussi à la sécré- tion de la glande abdominale des Araignées, comme l'indi- quent des expériences du type suivant: Deux tubes à réaction renferment: A. La glande abdominale broyée d'une Tegenaria civilis, plus 5 centimètres cubes d'eau fortement sucrée. B. De l'eau sucrée seule. Température 21°; durée 1 beure. Après ce temps, le contenu du tube A réduit abondam- ment la liqueur de Barresvvil. Celui du tube B ne donne de réduction qu'après une ébullition prolongée. Le sucre de canne paraît donc avoir été transformé en sucre inter- verti (mélange de glucose et de lévulose). E. Action sur les graisses. Nous avons vu que M. Hoppe-Seyler a obtenu la décom- position des corps gras en acide gras et glycérine sous l'influence du liquide sécrété parla glande abdominale de l'Écrevisse. En ce qui concerne les Aranéides, il est im- possible de pousser aussi loin l'examen de la question, vu (1) Op. cit., pp. 37 etsuiv. (2) Claude Iîerpurd. Cours de physiologie générale. (Revue scienti- fique, 2e série, IIIe année, novembre 1873, page 517.) ( 499 ) Ja petite quantité de matière dont l'opérateur peut dispo- ser. On ne peut guère employer ici, en effet, que le pro- cédé décrit par M. Claude Bernard et consistant à traiter, un petit fragment de la glande par l'alcool, pour enlever l'eau, à le malaxer avec une solution de beurre dans l'éther, après l'évaporation de l'éther, à ajouter une goutte de teinture de tournesol bleu et à couvrir d'une lame de verre mince. Dans ces conditions, l'action du pancréas des ver- tébrés amène la formation d'une auréole rouge démon- trant la mise en liberté d'acides (1). Ce mode d'opérer appliqué à de petites portions de la glande abdominale de VEpeira diadema ou de toute autre espèce, en employant la précaution de faire une expérience parallèle, et comparative sur des fragments de glande pris chez le même individu, mais non imprégnés de beurre, donne toujours $ pour les deux essais simultanés, des au- réoles roses de même intensité ou à peu près, se produisant dans le même temps et ne permettant pas, par conséquent, vu l'acidité légère de la sécrétion à l'état normal, de dis- cerner ce qui est dû à l'acidité préexistante ou à celle qui peut résulter de la décomposition de la graisse. J'ai donc dû me contenter de constater l'action émul- sive. Je citerai l'une de mes expériences : Une glande abdominale (VEpeira diadema est broyée avec son volume d'eau ; on ajoute dans le même tube un volume dix fois plus considérable d'huile d'olive. Une action immédiate s'observe au contact des deux liquides et quelques agita- tions de haut en bas transforment immédiatement le tout en une émulsion parfaite et très-persistante. (1) Claude Bernard. Mémoire sur le pancréUs (supplément aux Comptes rekdus, t. I, 18a6), p. 598. ( 500 ) Celle aclion émulsive dont j'ai démonlré l'existence dans le suc digestif de tons les articulés dont je me suis occupé jusqu'à présent, est donc très-intense chez les Arachnides, car le résultat que j'ai obtenu avec le produit des cœcums des Phalangides est de même valeur. F. La glande abdominale a4-elle des propriétés hépatiques? On sait qu'après avoir été regardée comme un énorme corps adipeux par Tréviranus,Straus Durckheim, Audouin, Wasmann,etc, la glande abdominale des Aranéides fut, comme la glande analogue des Crustacés, assimilée à un foie véritable sécrétant de la bile, par la presque univer- salité des naturalistes, parmi lesquels je citerai Marcel de Serres, Cuvier, Oken, Meckel, Brandt, Dugès, Jones, Blan- chard, Simon, etc. M. Blanchard a môme publié le résultat d'expériences qui démontreraient, d'après lui, la nature hépatique de la glande abdominale des Scorpionides: ainsi, il y signale la présence du sucre et l'élimination, sous l'in- fluence de la glande, des matières colorantes introduites artificiellement dans le sang (1). On avouera que les propriétés incontestables, dont tout le monde peut s'assurer dans des expériences soignées, et que nous avons signalées dans le liquide sécrété, éloignent déjà toute idée d'identité avec la bile des vertébrés. Je vais actuellement exposer les expériences multiples que j'ai effectuées pour trouver dans la glande en question quelques propriétés caractéristiques d'un foie véritable. I. Recherche de la cholestérine. — J'ai employé les pro- cédés suivants : 1° Laisser dessécher la glande à l'air (ce qui a lieu très- (1) Des fonctions du fo>e chez les Arachnides (Comptes rendus, t Ll 1853, p. iv256). — Organisation du règne animal (Arachnides), p. 69. ( 301 ) vite), traiter par l'alcool bouillant, observer celui-ci après refroidissement ou le résidu après évaporation. 2° Même mode d'opérer, mais avec de l'éther. o° (Procédé de M. Sirodot.) Broyer dans la concavité d'une lame de verre un fragment de la glande avec de l'ammoniaque, couvrir d'une lamelle de verre et attendre quelque temps. L'ammoniaque devant dissoudre les graisses et laisser cristalliser la cholestérine. Jamais je n'ai observé la moindre trace de lamelles de cholestérine, si aisément reconnaissables cependant. II. Ghjcogène. — L'existence d'un ferment saccharigène dans la glande abdominale des Arachnides doit avoir comme résultat, s'il y existe du glycogène, de fournir toujours les réactions du glucose lors des essais chimiques. Déjà en 1855, M. Leçon te, opérant à la prière de M. Blan- chard, avait décelé le glucose dans la glande du scorpion par la liqueur cupropolassique et par la fermentation. En 1876, j'ai signalé la présence de traces de sucre dans les cœcums glandulaires des Phalangides(l). Plus récemment, en 1877, M. Hoppe-Seyler a trouvé une petite quantité de glycogène dans la glande digestive de l'Écrevisse (2). Enfin, chez les Aranéides, dans un grand nombre d'essais pour la recherche du sucre, j'ai obtenu parfois l'indication nette delà présence de ce corps et le plus souvent une simple trace. Je n'ai cependant pas réussi à démontrer positive- ment l'existence du glycogène par l'iode. La solution d'iode et d'iodure de potassium (3) colore la glande entière en brun, et l'examen microscopique montre que tous les élé- (1) Op. cit., p. 733 du Bulletin et p. 17 du tiré à part. <2) Op. cit., p. 399. (3) Raisviek. Traité technique d'histologie, p. 104. 2me SÉRIE, TOME XL1V. 55 ( m ) ments sont à peu près teintés uniformément, sans qu'il soit possible de retrouver des granulations proprement dites de glycogène. La quantité de glycogène est donc faible, et fût-elle plus considérable , elle ne permettrait pas encore de trancher la question ; cette substance bien qu'étant, avant tout, un élément du foie des vertébrés, se retrouve, en effet, dans un grand nombre d'organes embryonnaires, la chair des herbi- vores, etc. (1). III. Acides biliaires, pigments biliaires. — Comme, ainsi que le fait observer M. Hoppe-Seyler, il n'existe guère de vertébrés dont le foie ne renferme des acides biliaires, de la bilirubine ou de la biliverdine, comme, de plus, la recherche de petites quantités de bile dans les liquides animaux, le sang, l'urine, etc., est basée sur la détermination de la présence des mêmes acides biliaires ou substances colorantes, il y avait un immense intérêt à exa- miner la glande abdominale des Aranéides à ce point de vue. Cependant de grandes difficultés d'exécution s'oppo- sent à un résultat décisif. Acides biliaires. — On connaît la réaction de Petlen- kofer basée sur la coloration en rouge pourpre que pro- duisent le sucre et l'acide sulfurique avec tous les acides biliaires. J'ai vouiu employer la méthode de Pettenkofer modifiée par G. Slrassburg (2). On broie la glande abdo- minale d'une araignée (E. umbratica) dans un peu d'eau sucrée; dans le liquide ainsi obtenu, on trempe des bandes (1) Gorup-Besanez. Traité d'analyse zoochimique. Trad. française. Paris, 1875, p. 128. (2) Modificirte Pettenkofer'sche Probe zum Nachweis der Gallensad- ren im Borne (Archiv. dePfluger, 1871, p. 461). ( 503 ) de papier à filtrer fin où elles se teignent en vert sale dans le cas actuel; on les laisse sécher. Si ensuite on dépose sili- ce papier sec de petites gouttes d'acide sulfurique pur,elles y déterminent des taches violettes à la lumière transmise. Un résultat en apparence si net n'a malheureusement aucune valeur si l'on réfléchit qu'il eût été indispensable d'éliminer les corps alburninoïdes et les matières grasses, parce qu'en présence du sucre et de l'acide sulfurique, ces substances donnent lieu à des réactions colorées analogues à celles de la bile. Or, lorsqu'on se rappelle la série des précipitations, des évaporations et des (îltialions auxquelles il faut soumettre les liquides animaux à priver des sub- stances alburninoïdes et des graisses, on reconnaît qu'il est pratiquement impossible d'essayer avec les petites quan- tités de matière que peuvent fournir même plusieurs Ara- néides réunies. La réaction directe de Peltenkofer, que j'jii tentée aussi par curiosité, donne également une colo- ration rouge. Elle n'a nécessairement pas plus de valeur que la première. Pigments biliaires. — On sait que la coloration verte, même de la bile de certains vertébrés, n'est pas une preuve absolue de la présence de la biliverdine. J'ai pu m'assurer que la couleur verte du liquide sécrété par la glande abdo- minale de certaines araignées n'est pas non plus l'indica- tion de l'existence de ce pigment, comme le prouve l'ex- périence suivante : la glande abdominale d'un vert foncé d'une Epeira umbratica est écrasée; le liquide exprimé est vert. On y laisse descendre avec précaution une goutte d'acide azotique contenant de l'acide azoteux. On voit se former instantanément, sans passer par des teintes inter- médiaires, une tache rousse entourée d'une auréole d'un (jris ardoisé qui, examinée à la loupe, montre qu'elle ne ( 504 ) doit sa teinte qu'à une opacité relative et non à une cou- leur propre. Il n'y a donc aucune trace des colorations suc- cessives bien connues, bleue, violette, rouge, puis jaune, caractéristiques de la biliverdine. Des essais de ce genre variés et répétés sur le liquide des glandes abdominales d'autres espèces ne m'ont donné non plus ni les réactions de la biliverdine, ni celles de la bilirubine. La plupart des urines ictériques mélangées avec de l'acide chlorhydrique et de l'acide acétique donnent une couleur verte qui vire au brun lorsqu'on neutralise par l'ammoniaque, réaction qui indique la présence de la bili- prasine (I). Je n'ai jamais rien pu obtenir de semblable avec le liquide de la glande abdominale des araignées. Du reste, ainsi que l'a montré M. Hoppe-Seyler, les pigments biliaires dérivant de l'bémoglobine, il n'y a théo- riquement aucun espoir de les observer chez les inverté- brés chez lesquels l'hémoglobine fait défaut. Il résulte donc de l'ensemble de mes tentatives que le liquide sécrété par la glande abdominale des Àranéides n'a ni les propriétés physiologiques, ni les réactions colorées de la bile, que, par conséquent, la glande elle-même ne peut être assimilée à un foie, ainsi qu'on l'a fait, jusqu'à présent, d'une manière générale. G. La glande abdominale a-t-elle des propriétés pancréatiques ? Dans mon Mémoire sur la digestion chez les Insectes, j'avais déjà cherché à faire comprendre qu'une digestion (1) Gorup-Besakez. Traité d'analyse zoochimique. Trad. française, ( 505 ) complète pouvait se concevoir en l'absence de toute action gastrique proprement dite, en accordant plus de prépon- dérance aux sécrétions pancréatique et intestinale (1) ; et, dans toutes mes recherches sur les phénomènes digestifs chez les articulés, j'ai insisté sur ce l'ait que le liquide actif chez ces animaux n'avait aucune analogie avec le suc gas- trique des vertébrés. Si mes souvenirs ne me trompent point, M. Joussel de Bellesme m'aurait dit verbalement que ses éludes sur les fonctions digeslives chez le Platy- carcinus pagurus l'avaient conduit à admettre que le pré- tendu foie de ces animaux avait plutôt les propriétés d'un pancréas. Enfin, j'ai dit plus haut que c'est là aussi, à peu près, la conclusion à laquelle arrive M. Hoppe-Seyler par ses expériences sur l'Écrevisse (voyez A. Historique de la question). Voyons si l'on peut soutenir la même opinion pour la glande abdominale des Aranéides. Nous venons de constater que le liquide qu'elle sécrète offre trois des propriétés du liquide pancréatique; disso- lution des albuminoïdes, transformation des féculents en glucose, émulsion (et probablement décomposition) des corps gras. Examinons ces propriétés de plus près. 1. Digestion des albuminoïdes. — Dans mon Mémoire de 1874, déjà cité, sur la digestion des Insectes, j'ai signalé l'absence de pepsine dans la sécrétion de l'intestin moyen des insectes carnassiers et l'effet nuisible de l'addition d'acide chlorhydrique à 2/iooo (2). M. Hoppe-Seyler, à son tour, nous a montré que le liquide sécrété par le prétendu foie des Écrevisscs renferme un ferment qui dissout les albuminoïdes, mais qui diffère tellement de la pepsine que (1) Op. cit., p. 103. (2) Op cit., p. 21 ( 506 ) l'addition de quelques gouttes d'eau renfermant 0,2 pour cent d'acide chlorhydrique, loin d'activer son action, l'arrête au contraire. Ce fait curieux et d'une importance capitale s'observe aussi, avec la plus grande netteté, chez les Araignées, ainsi que je puis le prouver, par exemple, par les expériences suivantes : 2re expérience. Température -+- 2i° C. Tube A. Contient la glande abdomi- nale broyée avec un peu d'eau distillée seule , d'une grosse Amaurobius ferox et un petit fragment de fibrine fraîche évalué à un cube de 1 il-i millimètre de côté. Tube B. Contient la glande abdomi- nale broyée d'une Amaurobius ferox de même taille, la même quantité d'eau distillée, un fragment de fibrine identi- que,mais, de plus, 3 gouttelettes d'eau renfermant 0.2 pour cent d'acide chlorhydrique. Les deux essais ont lieu en même temps ; les deux tubes sont placés dans la même chambre humide. Résultat après 19 heures. Tube A. Fibrine entièrement dissoute. Tube B. Fibrine intacte, un peu gon- flée seulement. 2e expérience. Tube A. Deux glandes abdominales d' Amaurobius atrox broyées avec de l'eau distillée seule. Un fragment de fibrine. Tube B. Deux glandes abdominales de Tegenaria domestica demi-adultes; même quantité, d'eau distillée, même fragment de fibrine, mais 4 goutte- lettes d'eau renfermant 0,2 pour cent d'acide chlorhydrique. Les conditions physiques sont encore identiques comme plus haut. Résultat après 17 h. 30'. Tube A. Fibrine entièrement dissoute. | Tube B. Fibrine intacte. 11 est donc parfaitement certain que le ferment qui ( 507 ) amène ici la transformation des albuminoïdes en peptones n'est pas la pepsine. Sa manière d'agir, qui est la même chez tous les arti- culés, est, du reste, physiquement analogue à ce qui a été observé pour le ferment pancréatique qui ne détermine pas le gonflement, l'état en gelée qui précède la dissolution pepsique; mais dissocie les albuminoïdes en granulations presque moléculaires. Si l'on consulte mes travaux anté- rieurs sur la digestion chez les Myriapodes, page 22, pi. Hï, tig. 49, chez la Blatte américaine, page 20, et chez les Pha- langides,page 20, on verra que j'ai décrit ce mode d'action tout spécial, au moins en ce qui concerne la digestion de la fibre musculaire, mais sans y attacher, alors, l'impor- tance très-grande qu'il mérite. Faisons un pas de plus dans la question. M. Heidenhain a attiré le premier l'attention sur celte particularité assuré- ment curieuse que l'addition de carbonate de sodium accé- lère considérablement la digestion pancréatique , sans que le produit final soit différent de celui que l'on obtient dans les digestions pancréatiques ordinaires (1). Depuis lors plusieurs physiologistes se sont occupés du même fait ; je citerai MM. Otto LNasse (2) et Giovanni Weiss (3) qui ont étendu leurs recherches à l'action d'autres sels. J'ai naturellement voulu répéter des essais de ce genre; voici des exemples des résultats que l'on peut obtenir. (1) Beitrdge zur Kennlniss des Pankrcas (Archiv. de Pfluger, Bel. X, p. 557). (2) Untersuchungen liber die ungeformten Fermente (ibicl., 1873, p. 158). (3) Beitrâge zur Lehre van den Pankreas-verdauung (Archiv. fur path. Anatojiie und Physiologie de Virchow, 1876, p. 413). ( SOS ) Comme M. Weiss, j'ai employé une solution de carbonate de sodium à 10 p. °/0. lre expérience. Température -+- 21° C, durée de l'expérience, 6 heures. Tube B. Solution de carbonate de sodium à 10 p. % et fragment de fibrine. Tube A. Contient les glandes abdo- minales broyées avec 1 centimètre cube d'eau distillée d'une Amaurobius ferox et d'une Tegenaria ciinlis demi-adulte, un petit fragment de fibrine, et reçoit o gouttelettes d'une solution de carbo- nate de sodium à 10 p. °/0. Tube A. Fibrine diffluente en grande l Tube B. Fibrine intacte (même après partie dissoute. | 48 heures). 2e expérience. Température -+-21° C, durée de l'expérience, 14 heures. Tube A. Glandes abdominales broyées d'une grande et d'une petite Tegenaria domestica , fragment de fibrine et 5 gouttelettes d'une solution de carbo- nate de sodium a 10 p. °/0. Tube B. Solution de carbonate de sodium à 10 p. % et fragment de fibrine. Résultat. Tube A. Fibrine à très-peu près dis- I Tube B. Fibrine intacte (même après soute ; il ne reste que des traces. I 48 heures). Si l'on rapproche ces durées de 6 heures et 14 heures de celles de 17 h. 50' et de 18 h., par exemple, que j'ai constatées plus haut pour l'action de la glande seule sur la tibrine, sans addition de sel, il semble que le carbonate de sodium active quelque peu l'action digestivc.Dans tous les cas, ce sel alcalin n'arrête pas la digestion des albumi- noïdes et les tubes témoins prouvent parfaitement que seul il est absolument sans effet. M. Claude Bernard, dans son remarquable travail sur le ( 309 ) pancréas (1), a signalé, chez les vertébrés en général, un caractère du tissu pancréatique qui peut se résumer ainsi: Après un jour ou deux, une infusion de pancréas est pro- fondément altérée; on la fait bouillir quelques instants pour coaguler les matières albuminoïdes ; on filtre. Si au liquide filtré on ajoute peu à peu de l'eau de chlore, on voit se manifester une coloration d'un rose vineux carac- téristique disparaissant sous l'influence d'un excès d'eau chlorée. Dans le cas où l'infusion ancienne, et arrivée au dernier degré de putréfaction ne fournil plus la réaction ci-indiquée avec l'eau chlorée, on peut l'obtenir par l'ad- dition goutte à goutte d'un liquide composé de trois parties d'acide sulfurique et une partie d'acide nitrique. (Le réac- tif de Millon donne le même résultat.) Il m'a été impossible, jusqu'à présent, de constater la moindre réaction colorée analogue avec l'infusion récente ou ancienne de la glande abdominale des Aranéides (même avec une infusion de o jours). M. Claude Bernard a aussi observé que le suc pancréa- tique des vertébrés, en dissolvant des substances albumi- noïdes en présence de yraisses, donne lieu à des produits qui offrent constamment une réaction acide. Or, dans mes expériences de digestion artificielle, il y avait toujours une bonne quantité de graisse en présence, la graisse même des glandes employées, et cependant je n'ai jamais constaté d'acidification nette. II. Action sur les matières féculentes et le sucre. — J'ai voulu comparer la rapidité d'action du suc sécrété par la glande abdominale des Aranéides à celle du suc du (l) Supplément aux Comptes rendus, t. fer, 1850, p. 403. (MO) pancréas d'un vertébré inférieur, la grenouille verte, et j'ai obtenu à cet égard un parallélisme remarquable. Voici une des expériences : On met macérer à part, dans un peu d'eau distillée, du- rant 20 minutes, d'un côté la glande abdominale broyée d'une Epeira apoclisa, d'un autre côté le pancréas coupé en petits fragments d'une grenouille verte. Après filtra- tion, on possède un peu plus d'un centimètre cube de cha- cune des deux infusions. On a préparé une certaine quantité d'empois d'amidon clair que l'on a azuré par quelques gouttes de solution aqueuse d'iode , de façon que , dans un tube à réaction ordinaire, l'empois soit, par transparence, d'un violet pâle. On verse à peu près en même temps l'empois azuré dans : A. Tube à infusion de glande abdominale d'Aranéide : Décolora- tion presque immédiate. B. Tube à infusion de pancréas de grenouille : Décoloration presque immédiate. C. Tube vide : La coloration est naturellement persistante et sert de témoin. L'action de l'infusion de glande abdominale d'Aranéide est si énergique qu'en employant de l'empois non plus azuré, mais coloré en violet relativement foncé, j'ai vu l'infusion décolorer, par additions successives, jusqu'à six fois son volume d'empois iodé et je n'ai cessé d'ajouter de l'empois que parce que le tube était rempli. Si après 40 minutes environ de contact entre les infu- sions respectives de glande abdominale d'araignée et de pancréas de grenouille et un volume double d'empois clair, on recherche le glucose par la liqueur cupropotassique(un tube témoin à empois seul étant toujours employé), on con- ( 511 ) state que le liquide de la glande d'Aranéide a déterminé, ainsi que je l'ai déjà indiqué plus haut (D), la production d'une grande quantité de glucose, mais que le suc de pancréas de grenouille a eu une action encore beaucoup plus active, la réduction étant plus abondante. Enfin, M. Claude Bernard dit avec raison : « lorsqu'au » lieu de le faire agir sur l'amidon, on met le suc pan- » créatique directement en contact avec des matières su- » crées, telles que le sucre de canne, le sucre de raisin, le » sucre de lait, on constate que la fermentation lactique » s'établit très-vite avec les caractères ordinaires et bientôt » la fermentation alcoolique suit. Aucun autre liquide ne » possède la propriété de produire la fermentation lactique » avec autant d'énergie que le suc pancréatique. » Les expériences sur la sécrétion de la glande abdomi- nale des Aranéides indiquent une action analogue : on peut, en effet, employer une teinture de tournesol addi- tionnée de sucre de canne et dont le changement de colo- ration montre aisément l'effet produit. J'ai opéré, par exemple, comme suit : Trois tubes renferment : À. 2 centimètres cubes de teinture de tournesol ordinaire sucrée et la glande abdominale broyée d'une Epeira umbralica demi-adulte. B. 2 centimètres cubes de teinture de tournesol sucrée seule. C. 2 centimètres cubes de teinture de tournesol sans sucre et la glande abdominale broyée d'une Epeira utnbratica demi- adulte. Les trois tubes sont placés dans la même chambre humide. Tem- pérature -+- 20° C. Durée de l'expérience 25 heures. Après ce temps, le liquide du tube A est complètement rouge. Ceux des tubes B et C ont conservé leur coloration bleue primi- tive. (312) L'acidification n'a donc été ici ni le fait d'une modifica- tion du sucre seul en présence du tournesol, ni le fait de l'acidité légère des glandes abdominales d'Aranéides, acidité insuffisante en face de la teinture ordinaire de tournesol qui n'est pas très-sensible; mais résulte positivement de l'action énergique du suc de la glande abdominale sur le sucre de canne. La longue série d'expériences relatées ci-dessus nous conduit, me paraît-il, à cette conclusion que la glande abdominale des Aranéides présente au point de vue fonc- tionnel beaucoup de traits de ressemblance avec le pan- créas des vertébrés, mais que cependant il n'y a point identité complète. H. Quelques mots sur un autre rôle attribué à la glande abdominale. Je n'aurais pas traité ce sujet d'une façon tant soit peu complète, si je ne combattais ici, par des arguments tirés de l'observation directe, une hypothèse qui a été émise à plusieurs reprises louchant les fonctions de la glande ab- dominale. Dans la manière de voir en question , la glande est-elle même le lieu de la digestion ou , tout au moins, absorbe, dans l'ensemble de ses canaux, les liquides chargés des pro- duits assimilables provenant de la digestion intestinale. L'idée est très-ancienne : Ramdohr appelle la glande Magen{\). Treviranus dans ses Vermischte Schriften aban- donne son opinion antérieure qui était de voir dans la (1) Abhandlung iiber die Verdauungswerkzeuge der Insecten. Halle, 1811, p. 207. ( 313 ) glande un corps adipeux, fait quelques grossiers essais chi- miques sur le liquide de la glande abdominale de la Tégé- naire domestique, croit y trouver les caractères d'un chyle et admet que l'organe est le siège de la transformation des substances digérées en sang (1). C'est surtout Dugès qui a été le défenseur de l'idée dont nous nous occupons; il l'a soutenue dans les Annales des sciences naturelles (2) et dans son Traité de physiologie (3) : « Certains faits, dit » Dugès, porteraient à le regarder (la glande) comme pou- » vanl aussi jouer le rôle d'estomac secondaire, de réser- » voir aux sucs alibiles, » et il cite le cas d'une Érèse im- périale qui ayant sucé un gros Géotrupe durant trois jours tripla de volume dans la région abdominale. Pour Was- mann(4), les canaux qui aboutissent à l'intestin, loin d'être des canaux excréteurs, serviraient à distribuer les sub- stances assimilables dans tout le corps adipeux qui consti- tuerait ainsi un réservoir. M. Milne Edwards admet dans son Traité général (5) la possibilité de la pénétration des liquides dont les Aranéides se gorgent dans les grands canaux qui communiquent avec le tube digestif. C'est presque avec regret que je me suis vu obligé de consacrer quelques pages à ce sujet. Du moment où il était parfaitement prouvé que l'organe abdominal dont nous parlons est une glande sécrétant en abondance le liquide digestif principal, toute hypothèse d'estomac accessoire, de réservoir, etc., se trouvait naturellement réfutée. Mais (1) Page 8. (2) Observations sur les Aranéides (Ann. des Se. nat., 2« série, Zoo- logie, t. VI, 1836, p. 180). (3) Traité de physiologie comparée, t. II, 1838, p. 399. (4) Beitràge zur Anatomie der Spinnen, op. cit., p. 150. (o) Leçons, etc., op. cit., t. V, p. 577 en note. (M*) comme nous nous trouvons en face d'une de ces vieilles idées toujours difficiles à déraciner complètement, j'ajou- terai le résultat de quelques observations personnelles : il arrive assez souvent qu'en examinant la portion abdo- minale de l'intestin moyen, on y constate une colonne de matières brunâtres offrant des branches latérales qui pé- nètrent dans les larges canaux excréteurs de la glande; mais un examen microscopique attentif montre que ces substances ne sont que des produits de la glande abdomi- nale elle-même et non des matières en digestion ; il est aisé de retrouver les mêmes granules bruns dans les cel- lules des cœcums glandulaires immédiatement voisins et il n'est pas rare de voir des cellules sécrétoires détachées et devenues sphériques mélangées à l'ensemble dans les canaux excréteurs et dans l'intestin. D'un autre côté , toutes les fois que l'on fend avec pré- caution les parois de l'abdomen d'une Aranéide dont le corps est bien arrondi, il s'en écoule instantanément une masse assez considérable de liquide incolore et l'on con- state immédiatement un affaissement général des parois abdominales. Si ce liquide était engagé dans la multitude de branches des canaux excréteurs de la glande, il ne pour- rait s'écouler que lentement à la suite d'une blessure et il n'aurait pas cette limpidité que l'on remarque toujours. Ce liquide est le sang de l'animal qui circule sous forme de courants entre les viscères, que l'on voit perler en gouttes limpides de la section d'un membre brusquement tranché à l'aide de ciseaux, etc. Le plus élémentaire des examens microscopiques le prouve sans conteste. Il se passe chez les Aranéides absolument ce qui a lieu chez les autres articulés; les produits liquides de la diges- tion filtrent par un phénomène osmotique au travers des ( 3io ) parois intestinales pour se mélanger directement au liquide sanguin et il n'est nullement nécessaire, comme le croyait Dugès, de supposer qu'ils s'engagent dans les canaux ex- créteurs de la glande abdominale, pour expliquer l'accrois- sement relativement rapide de volume d'une araignée mise à même de sucer des proies succulentes. §XX. DES MATIÈRES RENFERMÉES DANS LA POCHE STERCORALE; PRODUITS DES TURES DE MALPIGHI ET EXCRÉMENTS. La poche stercorale des Aranéides sert de réservoir mo- mentané à l'ensemble des excréments intestinaux et des produits de sécrétion des tubes de Malpighi. Son contenu se compose toujours d'un liquide de couleur ordinairement blanche comme un lait de chaux, dans lequel flottent de petits corps solides noirs ou d'un brun foncé. Les Aranéides élevées en captivité évacuent ces résidus par quantités assez considérables à la fois, sous forme de grosses gouttes qui se dessèchent rapidement en formant des taches blan- ches au milieu desquelles s'observent les petits noyaux solides foncés dont nous venons de parler. Les éléments du liquide de la poche stercorale n'étant pas solubles dans l'eau, on peut, en observant des Argyronètes, les voir éva- cuer les substances excrémentitielles comme un petit nuage blanc qui descend lentement au fond du bocal. Plusieurs auteurs, entre autres, Walckenaer ( 1 ), M. Menge (2) et MM. Will et Gorup-Besanez (5) se sont (1) Hist nat. des Ins. aptères, t. t, p. 99. (2) Ueber die Lebensweise der Arachniden, op. cit., p. 19. (3) Guanin ein Weisentlicher Bestandtheil geivisser secrète ivirbel- loser Tliiere, op. cit., p. 825. ( 316 ) assurés de fails analogues ; de plus, presque tous les natu- ralistes qui parlent de l'organisation des araignées signa- lent l'aspect tout particulier du contenu de la poche ster- corale. Occupons-nous d'abord des corps solides foncés qu'on trouve dans les évacuations et dans la poche. J'ai déjà dit § XVI que ce n'étaient point des débris d'animaux arti- culés avalés; je vais en donner différentes preuves; ces corps peuvent être très-nombreux; la poche slercorale d'une Clubiona holosericea en contenait 75. Il n'est pas rare d'en rencontrer 6 ou 8 et ce n'est qu'exceptionnelle- ment que j'ai constaté leur absence complète. Leur forme est assez variable (fig. 81, 82, 83, 84, pi. III) chez la même espèce, quoiqu'il y ait une sorte d'unifor- mité chez le même individu. Tantôt, ce sont de simples ellipsoïdes, tantôt des cônes, tantôt ils offrent un, deux et jusqu'à quatre étranglements successifs. Leur coloration qui est ordinairement noire ou brunâtre très-foncée peut cependant passer par d'autres teintes en général en rap- port avec celles de certains éléments de la glande abdomi- nale; ainsi ils sont bruns ou de couleur cannelle chez l'Ar- gyronèle, noirs verdàtres chez YEpeira umbratica, etc. Les plus longs que j'aie observés sont ceux de la Tégénaire domestique qui ont 1 millimètre; ceux des autres espèces ont ordinairement '/a millimètre de longueur. Directement extraits de la poche stercorale, ils sont toujours solides et il faut parfois employer un véritable effort pour les rompre à l'aide des aiguilles à dissection. Examinés au microscope, ces corps excrémentitiels se montrent tous composés d'un contenu opaque dont nous parlerons tout à l'heure cl d'une enveloppe membraneuse sans structure, transparente, un peu granuleuse, incolore ( 317 ) ou jaunâtre (lîg. 85, pi. III), résistant indéfiniment à l'ac- tion de l'eau froide et de l'acide acétique, mais finissant par se dissoudre, au bout de 4 heures environ dans la soude caustique. Le contenu opaque se compose toujours des mêmes élé- ments provenant de la glande abdominale et que l'on voit former une colonne obscure dans l'intestin moyen. Ce sont de fines granulations jaunâtres, verdâlres ou rousses, des globules graisseux jaunâtres identiques à ceux des cellules sécrétoires de la glande, etc. Jamais on n'y observe ni dé- bris quelconques d'articulés, ni les granulations caracté- ristiques des tubes de Maïpighi qui flottent cependant par millions dans le liquide de la poche slercorale. Dans mes travaux antérieurs, j'ai décrit des excréments analogues entourés d'une enveloppe membraneuse chez les Myriapodes chilopodes et chez les Phalangides et j'ai cher- ché à expliquer leur mode de formation. Je disais, par exemple, à propos des excréments des Phalangides : « A » mon sens, la digestion étant terminée sous l'influence » du liquide sécrété par les cœcums (qui représentent ici » la glande abdominale des Aranéides) et l'absorption » ayant eu lieu, comme chez tous les articulés, par osmose » au travers des parois, l'épuhélium de l'intestin moyen *» entrerait en fonction et sécréterait autour des résidus la » membrane que l'on voit effectivement se former sur » place dans cette portion du canal (1). » Le procédé est ici absolument du même genre. L'ab- sence, dans le contenu des excréments, des éléments du liquide blanc de la poche stercorale ou des tubes de Mal- (1) Note sur les phénomènes de la digestion, etc., chez les Phalan- gides, op. cit., p. 23 des lires à part, p. 759 du Bulletin de l'Académie. 2me SÉRIE , TOME XLIV. 56 ( 518 ) pighi prouve que l'enveloppe n'est pas sécrétée dans la poche stercorale. D'un autre côté, les masses granuleuses obscures de l'origine de l'intestin moyen abdominal n'ont pas encore d'enveloppe membraneuse; celle-ci se produit, par conséquent, entre ces deux points extrêmes, c'est-à- dire vers la fin de l'intestin moyen. Après un grand nombre d'essais, j'ai été assez heureux pour saisir cet instant pré- cis chez une Agelena labyrinthica ; la fin de l'intestin moyen, près de la poche stercorale, contenait une masse excrémentilielle ovoïde qui , au microscope, s'est montrée enveloppée d'une fine membrane en voie de formation. Les corps solides obscurs que renferme la poche stercorale sont donc les véritables excréments intestinaux (1), et non des débris d'articulés. Comme les Aranéides n'absorbent que des liquides, ces excréments ne sont composés que des résidus inutilisables, granulations, excès de corpus- cules graisseux, débris de cellules, etc., de la sécrétion de la glande abdominale. De même que chez les Phalangides, ils sont entourés d'une enveloppe membraneuse sécrétée par l'épithélium de l'intestin moyen, avec celte petite dif- férence que l'enveloppe n'est pas chitineuse comme chez les Phalangides, puisqu'elle ne résiste pas à la soude caus- tique (2). Passons actuellement à l'étude du liquide blanc crayeux de la poche stercorale. J'ai à peine besoin de dire qu'il est le résultat de la sécrétion des tubes de Malpighi. En effet, toutes les fois que l'on examine en même temps et la poche (1) Il n'y a, par conséquent, rien d étonnant à ce que Wasmann n'y ait pas trouvé d'acide urique. (2) Une immersion dans la soude caustique concentrée , duraut trois jours, ne détruit pas l'enveloppe extérieure des excréments des Phalan- gium. ( SJ9 ) et les gros ironcs malpighiens qui y aboutissent, on con- state l'identité du contenu de l'une et des autres. L'aspect physique, au microscope, est presque toujours le même; un liquide incolore ou légèrement jaunâtre tient en suspension d'innombrables corpuscules produisant par réflexion l'aspect crayeux déjà cité. Excessivement petits, exigeant, pour être vus nettement, des grossissements de 400 à 500 diamètres, animés d'un mouvement brownien très-vif, les corpuscules en question affectent le plus sou- vent la forme de biscuits ou de deux petites sphères acco- lées (fîg. 86, pi. III). Ils sont parfois accompagnés de très- petits cristaux en tables rhomboïdales (Tégénaire, Argy- ronète) (fig. 87, pi. III). Ces deux espèces d'éléments proviennent des tubes malpighiens; en effet, non-seule- ment les corpuscules en doubles sphères diffèrent totale- ment des corpuscules des cellules épithéliales de la poche stercorale et ne sont donc pas produits par ces cellules, mais on les retrouve dans tous les tubes de Malpighi, cou- lant en traînées dans l'axe de ces tubes. Et quant aux cris- taux, j'ai déjà dit § XIX, B qu'il suffît souvent pour les obtenir d'écraser, sur une plaque de verre, la glande abdo- minale entre les cœcums de laquelle les tubes malpighiens se ramifient en branches nombreuses. Enfin si l'on veut encore une preuve de leur nature, j'ajouterai que, suivant une observation de Blackwall (1 ), les araignées captives et privées de nourriture continuent à évacuer des déjections provenant de la poche stercorale jusqu'à leur mort. Les corpuscules sont plus denses que le liquide dans (i) Researches inlo the structure, fonctions and œconomy of the Ara- neicla. (Fromthe Report of the Meeting of IheBrilish Association heldal York, 1844.) (Ann. and. Mac. of. Nat. histor, vol. XV, 1845, p. 237.) ( 520 ) lequel ils flottent; en examinant avec précaution une poche slercorale non remuée et en place, on peut voir la portion la plus basse occupée par le dépôt blanc des corpuscules, surmonté d'un liquide à peu près limpide remplissant le reste du réservoir. Plusieurs auteurs se sont occupés de la composition chi- mique des déjections des Aranéides. J. Davy avait cru pou- voir y indiquer l'oxyde xanthique (1). Plus lard MM. Will et Gorup-Besanez ayant étudié au point de vue chimique les matières blanches rendues par des Epeira diadema éle- vées en captivité, matières qui se desséchaient sur les pa- rois du vase ou de la boîte, n'y signalèrent point d'urates, mais la présence constante de la Guanine en abondance (2) au lieu de la xanlhine. Enfin, M. Davy reconnut aussi, à son tour, l'existence de la Guanine dans les produits éva- cués par les Araignées et les Scorpions (3). Au lieu d'examiner chimiquement des matières dessé- chées, j'ai fait directement un grand nombre d'essais sur le contenu frais de la poche stercorale des espèces qui ont été utilisées pour mes recherches anatomiques. Il en ré- sulte que, tout en pouvant confirmer largement la décou- (1) Addition al notice on the Urinary Excréments of Insects, xoilk some observations on thaï of Spiders. (Edinburg New Phil. Journ., I. XL, 1846) et (Berzelius Jahresbericht, 27 Jahrg., 3 Hel't.) (2) Will et Gorup-Besanez. Guanin ein ivesentlicher Bestandtheil gewisser Secrète ivirbelloser Thiere (Gelehrte Anzeigen herausgegeben von Mdgliedern der K. Bayer- Akademie der Wissenschaften, 27 Bd. Juillet à décembre 1848, n° 235, colonne 825. — Gorup-Besanez. Traité d'analyse zoochimique, op. cit., p. 218. — Liebig et H. Kopp. Jahresbe- richt ueber die Forlschrilte der Chemie pour 1848, p. 393 et 936. (3) On the urinary sécrétion of Fishes (Trans. Roy. Soc. of Edin- burg, 1857, t. XXI, p. 547). Cité d'après Milne Edwards (Leçons, etc., t. VII, p 430 en note). ( 321 ) verte de MM. Will et Gorup-Besanez, j'ai eu l'occasion d'observer plusieurs détails qui avaient échappé à ces sa- vants. La réaction du mélange de liquide et de corpuscules est neutre; les réactifs les plus sensibles n'indiquent aucune trace d'acidité. Par évaporalion spontanée sur une plaque de verre, il abandonne, au moins chez certaines espèces, des cristallisations indiquant l'existence de sels en solution dans la portion liquide. Ainsi, en étendant d'eau le con- tenu de la poche d'une Tégénaire et laissant dessécher quelques traînées sur une plaque de verre, j'observe par-ci par-là de petits cristaux groupés semblant appartenir au système cubique et rappelant les groupements du chlorure de sodium dans des circonstances analogues. En traitant par l'eau chaude qui dissout les cristaux mais laisse les autres éléments intacts, on obtient une solution qui four- nit effectivement, par le nitrate d'argent, un précipité cail- lebotté passant au gris d'ardoise à la lumière, insoluble dans l'acide nitrique, soluble dans l'ammoniaque, etc., en un mot caractérisant un chlorure. Le sel en solution n'est probablement pas le môme chez toutes les espèces, car en répétant l'opération ci-dessus indiquée avec le liquide rendu par l'anus chez une Argyro- nète, j'ai obtenu de petits cristaux prismatiques, allongés et des groupements arborescents de petites aiguilles ne ressemblant nullement à ce que j'avais constaté chez les Tégénaires (fig. 88, pi. III). La poussière de corpuscules blancs que l'on peut isoler par des lavages à l'eau et le dépôt lent est insoluble dans l'eau chaude et l'alcool, très-soluble, au contraire, dans les acides azotique et chiorhydrique sans dégagement ga- zeux. ( 522 ) J'ai t'ait une série d'essais pour déceler l'acide urique ou les ura tes, mais sans le moindre succès; mes travaux sur les Insectes m'ayant donné quelque expérience à cet égard , je crois pouvoir affirmer que chez les Aranéides, l'acide urique l'ait défaut, au moins en quantités apprécia- bles, dans les déjections. C'est donc avec un certain éton- nement qu'on lit dans ['Histoire naturelle des Araignées de M. Simon que le réservoir stercoral renferme « un li- quide blanc de lait, assez épais, chargé a" acide urique(i)... » 11 est évident que M. Simon a cru pouvoir appliquer aux Aranéides le résultat des recherches faites sur les tubes malpighiens des insectes. Quant à la Guanine, elle est tellement facile à démontrer par la formation de ses sels , le chlorhydrate et les deux formes d'azotates, que l'exactitude des observations de MM. Will et Gorup-Besanez est incontestable. Ces auteurs n'en avaient indiqué la présence que dans les déjections desséchées de YEpeira diadema; j'ai retrouvé ce corps dans le dépôt blanc (corpuscules) frais de la poche sterco- rale de toutes les espèces : Tégénaires, Argyronèle,Épéires, Clubiones,etc, que j'ai soumises à un examen dans ce but spécial. Comme il peut être utile de répéter ces essais , je résu- merai , avec figures à l'appui , les méthodes que j'ai mises en usage et qui m'ont, du reste, été inspirées par le travail des auteurs cités : Chlorhydrate de Guanine. — Le liquide blanc d'une poche stercorale est rassemblé dans le creux d'une lame de verre à concavité; on ajoute une goutte d'acide chlor- hydrique et on chauffe au-dessus d'une flamme, plutôt dou- (I) Op. cil, p. 20. ( 523 ) cernent qu'avec énergie, jusqu'à évaporation à peu près complète; il n'est pas du tout nécessaire de faire bouil- lir (1). On ajoute une grosse goutte d'eau distillée et on abandonne à l'évaporation spontanée. On obtient ainsi de jolis petits groupements de cristaux de chlorhydrate de guanine comprenant souvent des aiguilles courbes et qu'il faut examiner au grossissement de 200 diamètres au moins (fig. 89, pi. III). Azotate de Guanine renfermant le plus d'acide. — C'est celui des trois sels le plus facile à obtenir. Le liquide blanc de la poche stercorale est traité par l'acide azotique et éva- poré à une douce chaleur dans le creux d'une lame de verre. Dans ces conditions, on obtient les prismes courts et les lamelles hexagonales de l'azotate de guanine, mais excessivement petits (fig. 90, pi. III). Pour obtenir des cris- taux beaucoup plus grands, ne demandant qu'un grossis- sement microscopique de 30, on opère comme suit : le dépôt de la poche stercorale est broyé avec une goutte d'eau qu'on additionne ensuite d'une goutte d'acide azo- tique et on abandonne à l'évaporation spontanée (fig. 91, pi. III). Azotate de Guanine renfermant le moins d'acide. — Il cristallise en aiguilles rayonnantes. Il est très-difficile à préparer à coup sûr à l'aide du contenu de la poche ster- corale des Aranéides; on obtient presque toujours le pré- cédent. Je n'ai réussi qu'en laissant dessécher le dépôt blanc sur une plaque de verre, traitant ensuite par l'acide (1) MM.Will et Gorup-Besanez indiquent l'acide chlorhydrique bouil- lant ; mais comme l'ébulliiion peut amener la rupture de la plaque de verre et que j'ai constaté qu'elle n'est nullement indispensable, on fera mieux de l'éviter. ( 524 ) azotique très-étendu et laissant évaporer spontanément (fig.92, pi. III). On peut ajouter, pour plus de certitude encore, cer- taines réactions colorées. Ainsi l'évaporation totale, à une douce chaleur, de la solution dans l'acide azotique, laisse un résidu jaune citron qui se dissout dans l'ammoniaque en prenant une teinte rouge jaunâtre. J'ajouterai, pour terminer ce sujet, qu'il est assez éton- nant, alors que MM. Will et Gorup-Besanez, Davy et moi- môme constatons la guanine dans les déjections des Arai- gnées, alors que M. Davy retrouve ce corps chez le Scorpion, d'observer que la guanine n'est pas, ainsi qu'on pourrait le croire, un produit excrémenliliel commun à tous les mem- bres de la classe des Arachnides. En effet, j'ai montré qu'elle n'est pas sécrétée chez les Phalangides , qu'elle est remplacée par des uratcs (1) et, récemment, M. Megnin ayant analysé les déjections blanches d'un Ixode femelle et de larves d'Ixodes, a constaté qu'elles étaient entièrement composées d'urates (2). Les fonctions attribuées aux tubes de Malpighi ont eu le même sort, ont passé par les mêmes phases pour les Arachnides et pour les insectes. Les documents ne nous manquent pas pour refaire , à propos des Araignées , un long historique de la question. Cependant, voulant éviter d'abuser de la patience du lecteur, je me bornerai à une (1) Note sur les phénomènes de la digestion et sur la structure de l'appareil digestif chez les Phalangides, op. cit., p. 27 des lires à part, p. 743 du Bulletin de l'Académie. (2) Note sur la faculté qu'ont certains Acariens avec ou sans bouche de vivre sans nourriture pendant des phases entières de leur existence ou même pendant toute la vie (Comptes rendus, t. LXXXIII , 1876, p. 994). ( 523 ) énumération rapide pouvant servir de guide dans des re- cherches ultérieures; deux opinions principales dominent successivement; d'après la plus ancienne, les tubes malpi- ghiens sont des organes sécréteurs de la bile. Ses défen- seurs (pour les Aranéides) furent Ramdohr, Treviranus (Verni. Schr.) et Audouin qui, la même année, en 1835, était amené, par ses observations sur le Lucamis capreolus, à changer complètement de manière de voir, au moins quant aux Insectes, et à admettre la seconde opinion en date. D'après celle-ci, les tubes de Malpighi des Araignées sont des organes urinaires. Dugès, Blanchard, Simon et bien d'autres se rangent de cet avis. Wasmann y a vu des organes excréteurs, mais ne se prononce pas sur la nature de leur sécrétion. Enfin , parmi tous ceux qui se sont oc- cupés de l'anatomie des Aranéides, Brandt se distingue par la singularité de l'hypothèse émise. Ayant cru observer que les tubes de Malpighi sont presque vides en été et très-renflés en automne, il en conclut qu'ils doivent « ser- » vir de réservoirs renfermant une matière propre à » nourrir l'animal plutôt qu'à sécréter la bile (1). » Toute discussion serait ici superflue, les faits que j'ai exposés dans ce paragraphe suffisent pour démontrer, sans contestation possible, que, comme chez les Insectes, les Myriapodes et les Phalangides, et malgré une différence dans la nature de la sécrétion, les tubes de Malpighi des Aranéides sont des organes dépurateurs débarrassant le corps des produits d'usure de l'organisme; en un mot des organes urinaires (2). (1) Recherches sur l'anatomie des Araignées (Ann. des Se. nat., Zoo- logie, 2« série, t. XIII, 1840), p. 185. (2) 11 n'est pas inutile rie signaler ici qu'à la session du Havre (1877) de l' Association française pour l'avancement des sciences, M. Sabatier ( 526 ) § XXI. ABSTINENCE. La plupart des articulés peuvent supporter pendant long- temps la privation de nourriture, mais ce sont très-proba- blement les Aranéides qui possèdent au plus haut degré cette curieuse propriété. Redi, Geoffroy, Blackwall , Menge et d'autres arachnéo- logues se sont occupés de celte question. Mon travail n'eût pas été complet si je n'y avais moi-même consacré quel- ques lignes. Cependant comme le sujet n'a plus aucune nouveauté, je n'ai point cru devoir me livrer à des expé- riences personnelles. J'ai réuni dans le petit tableau ci- joint, les exemples épars dans les ouvrages; la colonne d'observations renferme, lorsqu'il a été possible de s'en assurer, l'indication de la saison, hiver ou été, distinction dont l'importance trop oubliée avait été signalée, il y a longtemps, par Geoffroy. L'engourdissement hivernal avec abstinence est, chez les Aranéides, un fait physiolo- gique normal, tandis que le jeûne prolongé durant les a lu un travail tendant à faire admettre une hypothèse déjà ancienne de M. Leydig; suivant M. Sabalier, les tubes de Malpighi des insectes parais- sent être des organes tantôt exclusivement biliaires, tantôt exclusivement urinairesouhœmatopoiéliques; tantôt ils semblent jouer à la fois ce double rôle. Des différences morphologiques correspondraient à ces différentes fonctions. Jusqu'ici je ne connais les recherches de M. Sabatier que par un résumé de la Revue scientifique (2e série, 1877, p 299) et ne puis donc porter de jugement sur son travail; je me bornerai à rappeler que M. Kôl- liker et moi-même avons réfuté, du moins je le pense, expérimentalement, l'hypothèse de M. Leydig (Voyez mon Mémoire : Recherches des phéno- mènes de la digestion chez les insectes, op. cit., pp. 61 à 63 et 106 à 112). ( 827 ) mois à température douce constitue réellement ce qu'il y a d'exceptionnel dans les aptitudes de ces animaux. DORÉE AUTEURS. i ARANÉIDES. de la privation de OBSERVATIONS. Fr. Redi (1) . . Indéterminées . . . 6 à 7 mois . . Eté (jusqu'en hiver) Geoffroy (2;. . . Indéterminées . . . 3 mois .... Été. Le Vaillant (3). Menge [4) . . . Epeira (diadema ?) . Eucharium quadri- punctatum .... 10 mois .... 6 mois .... Automne, hiver et printemps. Hiver. Blackwall(S) . Eucharium quadri- punctatum .... 1 an et S mois. Hiver, été, hiver. Menge (4). . . . Tegeanaria civilis . 2 mois Eté. Menge (4) . . . Xysticus viaticus . 2 mois Été. Simon (6) . . . Segestria pertida. . 3 mois ? Panzer (7) . . . Artamajejuna . . . oàli mois . . Hiver. § XXII. RÉSUMÉ PHYSIOLOGIQUE. Les Aranéides dipneumones, après avoir blessé ou broyé plus ou moins leur proie, en sucent les liquides nutritifs, mais n'en avalent jamais aucune partie solide. (1) Cité par M. Menge. (2) Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris. Paris, 1762,1. Il, p. 639. (3) Second voyage dans l'intérieur de l'Afrique, 1. 1 (précis historique), p. xxv de l'édition de Bruxelles de 1797. (4) Ueber die Lebensweise der Arachniden, p. 20. (5) Researches into tlie structure, fonctions and œconomy of the Ara- neida (From the Report ofthe Meeting ofthe British Association held nt York, 1844). (Ank.and Mac. of nat. history, vol. XV, 1845, p. 237.) (6) Histoire naturelle des Araignées. Paris, 1864, p. 103. (7) Cité deux fois par Walekenaer. Hist. nat. des Ins. aptères, t. I, pp. 172 el 552. ( 528 ) A cause du faible diamètre du pharynx et de l'œsophage, les liquides pénètrent dans l'intestin buccal par capillarité; la dilatation de l'organe de succion active l'appel. Lors de la contraction de cet organe la résistance à l'écoulement des liquides par les tubes étroits fait bouchon du côté de l'œsophage et les matières sont refoulées dans l'intestin moyen. Dans la première partie du trajet, les liquides nutritifs se mélangent avec la sécrétion de la glande pharyngienne qui a peut-être les propriétés de la salive des Insectes. Aucune expérience n'a, du reste, pu être instituée à cet égard. Au point de vue mécanique les cœcums de l'intestin moyen céphalothoracique n'ont qu'un rôle passif et s'ils servent de réservoirs, les liquides n'y pénètrent que sous l'action de la poussée de l'organe de succion. Au point de vue du rôle physiologique de ces cœcums, j'ai cherché à montrer qu'en présence du développement de leur épithélium évidemment sécrétoire, de l'existence dans leur intérieur de produits semblant avoir été sécrétés par la glande abdominale, etc., il fallait)' voir autre chose que de simples réservoirs; mais aussi que, dans l'état ac- tuel de nos connaissances, il serait peu prudent d'avancer une solution quelconque. Dans tous les cas, la sécrétion assez abondante qui s'y opère n'est pas acide et n'a proba- blement rien d'analogue à un suc gastrique. L'assimilation de l'intestin moyen céphalothoracique des Aranéides dip- neumones à un estomac de vertébré est erronée et tout prouve que la digestion principale des albuminoïdes, des féculents et des graisses s'opère sous l'action énergique du liquide digestif par excellence sécrété par la glande abdo- minale. (S29) Le liquide en question, en général jaunâtre, charriant de fins granules, des globules graisseux et des cellules épi- théliales plus ou moins intactes, est toujours très-légère- ment acide. A la température ordinaire de l'été, il dissout activement les substances albuminoïdes, muscles d'arti- culés (qu'il désagrège d'abord sous forme de petites gra- nulations), fibrine fraîche et albumine cuite. Comme chez les Insectes et les Crustacés décapodes, le ferment sous l'influence duquel se passent ces phénomènes est évidem- ment tout autre que la pepsine gastrique des vertébrés; ainsi l'addition d'une faible trace d'acide chlorhydrique, loin d'aviver son action, la ralentit ou l'arrête complète- ment. De même que pour le suc pancréatique des verté- brés, l'action dissolvante pour les albuminoïdes semble être légèrement augmentée par l'addition de certains sels, comme le carbonate de sodium. Le liquide sécrété par la glande abdominale transforme rapidement la fécule en glucose. Cette action est presque comparable à celle du suc pancréatique des grenouilles. Il agit sur le sucre de canne et produit du glucose à son con- tact; si l'action se prolonge, le milieu devient, comme pour le suc pancréatique, franchement acide, probablement par l'établissement de la fermentation lactique. Enfin le liquide de la glande abdominale émulsionne très-bien les graisses. Je n'ai pu m'assurer s'il les dédouble en acide et glycé- rine. La glande abdominale des Aranéides n'est point un foie, ainsi que tendait à le faire supposer le nom qu'on lui a donné jusqu'à présent. Bien qu'elle renferme du glycogène et que sa forme générale ait pu induire en erreur, le li- quide produit n'a aucune des propriétés physiologiques de la bile, ni aucune de ses réactions colorées. La glande pré- ( 530 ) sente plutôt, au point de vue fonctionnel, de l'analogie avec le pancréas des vertébrés; je ne crois cependant pas qu'il y ait identité parfaite. La colonne de matières qui s'accumule dans l'intestin moyen, composée principalement des résidus inutilisables, granulations, corpuscules graisseux, débris de cellules, etc., provenant de la glande abdominale, chemine sous l'action de la tunique musculaire très-mince de cette portion du tube digestif et aussi, très-probablement, sous l'influence des contractions des piliers musculaires (voyez § VI de la première partie). Elle se fractionne et s'entoure d'une mince enveloppe sécrétée par l'épithélium de l'intestin. Il en résulte des excréments solides de couleur foncée qui s'engagent finalement en nombre quelquefois très-consi- dérable dans la poche stercorale et qui ont été pris parfois pour des débris d'articulés. Dans la poche stercorale s'amasse, en outre, un liquide blanc crayeux , sécrété par les tubes de Malpighi et devant son aspect à la présence d'innombrables corpuscules exces- sivement petits affectant la forme de biscuits ou de sphères groupées deux à deux; ils sont plus denses que le liquide et parfois accompagnés de cristaux microscopiques en ta- bles rhomboïdales. La sécrétion des tubes malpighiens est neutre, elle ren- ferme des sels dissous parmi lesquels le chlorure de sodium; elle ne contient, autant que j'ai pu en juger, ni acide urique, ni urales, mais on y constate toujours aisément la présence de la guanine. Les tubes malpighiens doivent donc, encore une fois, ainsi que chez les Insectes, les My- riapodes et les Phalangides, être considérés comme or- ganes dépurateurs urinaires. La poche stercorale est, par conséquent, un réservoir Bull l'Ara.! 81 îJV'Ir^'r'-V' 6 I; '4 ^ L\<^ H . : I S31 ) où se rassemblent les résidus de la digestion et les pro- duits des tubes de Malpighi. Son contenu est expulsé, à intervalles assez longs, sous l'influence de la contraction de sa tunique musculaire développée. Rappelons, enfin, que les Aranéides dipneumones peu- vent supporter, pendant plusieurs mois, même en été, c'est-à-dire dans la période d'activité physiologique, la privation complète de toute nourriture. EXPLICATION DE LA PLANCHE III. Fig. 81. Excrément solide pyriforme (Argyronèle). x 20. — 82. Excrément solide elliptique ; on dislingue nettement le contenu et la membrane d'enveloppe (Epeira umbratica). x 200. — 85. Excrément solide à deux étranglements (Argyronèle). x 20. — 84. Excrément solide à trois étranglements (Tégénaire), x 20. — 85. Extrémité d'un excrément solide d'Argyrouèle. x 200. — 86. Corpuscules du liquide blanc de la poche stercorale (Argyronète) . X 500. — 87. Petits cristaux accompagnant les corpuscules susdits (Argyro- nète). x 600. — 88. Cristaux provenant du liquide de la poche stercorale étendu d'eau et desséché spontanément sur une plaque de verre (Argyronète). X 200. — 89. Chlorhydrate de guanine (Tégénaire domestique), x 200. — 90. Azotate de guanine renfermant le plus d'acide. Cristaux très- petits; cristallisation rapide à chaud (Argyronète). x 600. — _91. Azotate de guanine renfermant le plus d'acide. Cristallisation lente; évaporation spontanée à l'air d'une solution étendue (Clubione). x 30. — 92. Azotate de guanine renfermant le moins d'acide (Ëpéire diadème). X 500. — 93. Sphère de caoutchouc munie de deux tubes de verre, servant à la démonstration du jeu de l'organe de succion. ( B32 ) Sur la détermination des volumes et des aires; par M. Emile Ghysens. La méthode générale de détermination des volumes et des aires conduit le plus souvent à des calculs pénibles, que l'on peut éviter quelquefois par des artifices particu- liers. Le procédé suivant est utile sous ce rapport. Soit z = f(x,y), (1) l'équation d'une surface rapportée à des axes rectangu- laires OX, OY, OZ; cherchons à évaluer le volume V, compris entre la surface et le plan X Y. Nous supposerons, pour plus de simplicité, que la surface se compose d'une seule nappe, symétrique par rapport aux plans ZX, Z Y et convexe vers les z positifs. La section faite, dans la surface, par un plan contenant l'axe OZ et faisant, avec le plan Z X, un angle 9, est re- présentée, dans son plan, par l'équation z = f(xt cos ?, xt sin Ç); (2) l'intersection OX, du plan sécant avec le plan X Y étant prise pour axe des xv Représentons par U le volume de révolution engendré par cette section en tournant autour de l'axe 0 Z. Si l'on mène, par l'axe, un second plan fai- sant, avec le premier, un angle infiniment petit c/cp, on déter- ( 535 ) mine, dans les volumes V et U, deux éléments que l'on peut substituer l'un à l'autre, en négligeant des quantités infiniment petites par rapport à ces éléments. Le second a pour mesure la valeur de U multipliée par îl, savoir idff x\dz, (3) la limite supérieure Z étant la valeur positive maxima de z qui vérifie l'équation (2). Si l'on fait la somme des élé- ments correspondant à toutes les valeurs de »#)> est donné par V = ifi'rdff\Ri-x\)dz. ... (5) En se laissant guider par des considérations géomé- triques, on trouve aisément, dans les différents cas, les changements que l'on doit faire subir à la formule (4-). La proposition suivante résulte immédiatement de ce qui précède. Toutes les fois qu'on peut déterminer les vo- lumes de révolution engendrés par les sections méridiennes d'un corps donné (*), la détermination du volume de ce (*) Nous appelons sections méridiennes d'un corps les sections faites par des plans qui contiennent l'axe des z. 2me SÉRIE, TOME XLIV. 37 ( S54 ) corps est réductible aux quadratures. Il en sera ainsi, en particulier, si les aires des sections méridiennes sont expri- mables algébriquement. Les applications suivantes montreront les avantages de la méthode indiquée. L'équation de l'illipsôïde étant x2 y2 z1 une section méridienne quelconque est représentée par a2cos2v -+- S2sin2î> r2 ■ x2 -h — = 1 . «2p2 r2 Le volume de révolution engendré par cette section, en tournant autour de l'axe OZ, a pour expression 4 «Y y 5 a2 cos2? -+- S2sin2? Par suite , et, en intégrant entre les limites cp, , tp2, 2«23V ^*2 t/? 3 ,/ a'sin2? -+- |32cos2-,3 -»2 V=?|r[arctggtS?)] (6) f1 Le second membre est la mesure d'un onglet de l'ellip- ( 555 ) soïde. Si l'on fait92 = o1 -+- J, on obtient, en effectuant et supprimant l'indice : apy ap(l + tg2?) On peut évaluer, de la même manière, le volume limité par la surface fermée dont l'équation est i — Z2 =l/(x2 -+- Xf) (X2 +Xf — CY). Les sections méridiennes sont encore des ellipses représentées par tfit/l — c2sin2?-t-z2=l, On aura donc 2 rf? ^V \ — cl sin2? et 3/ |/'l— c2sin2? (') Plus généralement, si les sections méridiennes d'une surface ont pour équation x\ z1 le volume limité par la surface est donné par. la formule 2r /rt'2T v=w [nàï* <8> ( 556 ) Prenons, pour équation de l'ellipsoïde, L'aire A»., comprise entre la surface, le plan X Z et un plan mené parOZ, à une dislance angulaire y' du plan X Z, est donnée par la formule ,_(,_2f)i!_(,_^2: A,. = ^dx'dj,' y / - ^ O, (9) où les intégrations s'étendent à toutes les valeurs de x', y' qui vérifient les relations Si l'on fait K<*t* (,o) X x y 1-^ = 6% .... (M) (*) Le radical est pris positivement. ( 337 ) les formules (9), (10) deviennent respectivement, v-H/T^v^-^y1' • •('2, x' + y'(!«« r)i _** i+A j — dp. IV. L'aire d'un fuseau de l'ellipsoïde peut s'exprimer en nction de deux intégrales définies Représentons par I l'intégrale indéfinie /• fc2 A -4- k En faisant usage de la formule connue - 1 - = 2 / k \-k J \-kH (*) Cette expression de l'aire totale de l'ellipsoïde est due à M. Catalan, qui Ta obtenue en décomposant la surface en rectangles formés par des ligues de niveau et des lignes de plus grande pente. {Bulletins de l'Aca- démie royale de Belgique, 2e série, t. XXX, p. 97.) ( MO ) on obtient d'abord 0 0 puis, par une transformation très-simple, '^HM/^ Mais J i - ay2 y (1 -6¥)sin2?-*-(l -oVjcosV I / /1 - 6V\ / /1 - 6T\ arc tg m \ / =-. , r^ 3\ VI- a2t2j 1/(1 -a2/2) (1 - 62t2) en posant Il vient donc 1 - bH^ rl dtï \- r2 ( m /i - bn 1 = 2 / — 9 — — — — -— arc te \u\ / / «2L l/(t-a¥)(l-6¥) *\ V \~a*i 3t, en remplaçant / par^, 1 = 2 /"\/H y- , * ~ arctg U\/- Q J L ^(/2-«2)(«2-62) ^ V i-a2'2/J Pour transformer cette expression, on observe que rv/(/2_«W_6) / /t2-62 «2 / /** - 62 = — =^^==. arc lg 1 « \ / &/(/»_ a») (t2-b*) \ V «2-« a262 / /«2 - 6 arc tg iV(*2-a2)(<2-62) t< («2 - b*) (1 + My _ (a2 + 6V) I Ml ) On déduit de là = a2''2 / ——————===. arc Ig u\ / — ; u (o8 - É/2) V(«2-a'2)(<2-&2) (l+u2)i2-(a2H-6V) [V(i2-a2)(*2-62) / /?-V\Y Par suite, I a%2-t* ( /t*-b* *V(*2_a2)(<2-62) /~°° dt 2m (a2 - 62) / 1/ (1 -+- w2)f2 - (a2 -t- b2 m2) La première partie du second membre s'annule pour t = oo ; et la dernière, avec son signe, est équivalente à (a2 — V2)s\n-f cosy d -4- A D'après cela, et en remplaçant (1 — a2), (1 — 62) par leurs valeurs ~,nÇ„ on obtient Vr / «\ a2 — 62) sin ? cos ? 1 — arctg m- — ? = — / — |_«p s\ pi *J A 1 /■- a262-*2 / /«"-6t'1 , - 2 / — arc tg m \ / 2 I d« / «V(ÏÏ=a')(l'-6») * V f2-«' ( 542 ) et, en remplaçant encore, dans la formule (16), I par sa valeur , / a\ a.p (a2 — 62) sin f cos $> 1 -+- k A,. = r2arc tg^-j l r-k arctg [u\/- -]dt. Faisons enfin a . o : , sinw = a, c=z-; sin

2 - r2) E (c, p) + r* F( c, ?)} Ka2 - r2 V. On peut souvent évaluer, par des considérations ana- logues à celles du paragraphe I, des aires partielles de surfaces de révo'ution. Prenons, comme exemple, l'ellip- soïde de révolution al- longé ABC, repré- senté par l'équation r m d I. L'aire de la surface, comprise entre le plan Z Y etunplan DE F, parallèle à celui-ci et situé à la distance x de l'origine, a pour expression , comme on sait, S =tt6 xVl ( 544 ) pourvu qu'on pose . «2 ~ b* r2= -— On a donc, en représentant par dX la partie infiniment petite H I H' 1' , comprise entre deux plans voisins, menés parOX, d\ = - ix\/ï — r^x2 h — arc sin rxjd?,

on obtient l'aire A de la partie BCMN. Supposons que l'on ait, Il en résulte par suite 4 -4- HiXi 1 — 2^1 -*- 2ptp2 1 — 2 vt H- 2 Vi Vi conserve la même valeur absolue, lorsqu'on y remplace A\, ^2-> ^ô'i Fi-> F-21 Pô ■> de., par des quantités, /', , V2 , X'3, etc., telles que ).\ = x — lr, Xj = x— is; etc. En effet 2Ai = 5x-2>,; ï/u'i = 5x — ijut ; etc. 2>i>2 = 5a;2 — 2x 2/, -+- 2},/2; etc. (*) Bull, de l'Académie royale de Belgique, l. XL1V. Octobre 1877, p. 565. ( 5*7 ) Il en résulte que D'= 1— 2 >i-+-2 >i >â 1— Z/Cj+Sac^j = 1— 2v'4 -t-S^Vg 1 — ôx-f-s^ 5x2 — 2xï).| + ï/,i4 1 — DX-4-I//.J Sx*— 2x2^-+- 2^,//., 1 — 5x- -).i- *2x 2 v, H- 2 y, j/j Dans le second déterminant, ajoutons, à la seconde colonne, les éléments de la première multipliés par Zx, ce qui n'en change pas la valeur. Nous aurons D'= 1 2).t 5x2 — 2x2>4 -+- 2/,>.2 1 Z[i, ÔX2 — 2x2^, -+- 2pM/u.2 I 2 v, 5x2 — 2x 2 v, -+- 2 y, l/s Si, aux éléments de la dernière colonne, nous ajoutons les éléments de la première et ceux de la seconde, respec- tivement multipliés par — ox2 et %x, nous trouvons D' = -D. On pourrait donner, de ce théorème, une interprétation géométrique simple. Il est visible, de plus, que la démon- stration s'applique à un déterminant de même forme que I) et d'ordre quelconque. Ceci établi, écrivons la condition d'involution de (n + l)« points : 1 — 2).4 -f- 2^/2. . . dr >4>2. . . i„ i — iMi ■+• 2ft1(u2 . . . =b f/,^2 • • • P„ \ — lrs{ -+- 2ctjCT2 . . . do t^CTs . = 0. (I) ( 548 ) Ce déterminant, comme nous l'avons vu, ne change pas de valeur absolue si nous y remplaçons >., , >.2, .... >„, etc., par x — l{,x — l2....x — /„ , etc. : il en sera de même de chacun des mineurs : 1 Xj >2 ' 'I 2ct£ -4- ICTjCTs . . . ^p 2îJiCT2 . . . W„. Par suite, si nous développons le premier membre de l'équation (1) suivant les éléments de la dernière colonne, après y avoir effectué la substitution indiquée, nous trou- vons pl[x-ii){x-x^...{x—^-*-pt{x-iti)(x—f^...[x—/tl,)-^ - -^pn+i{oc~^l){x-rz.2)...[x~rzn) = (), . . (2) où pi , p2, .... p„ + i sont indépendantes de x. Puisque nous en avons l'occasion, nous dirons quelques mots de l'interprétation géométrique des quantités p. Pour n = 2, les coefficients p, , p2, p3 sont proportion- nels aux déterminants sx, etc. par conséquent aux lignes ^ — zpn Vi — iv, , etc.; ou aux distances qui séparent les points milieux des trois couples. Il en est encore ainsi pour les involutions de Zn points, seulement les points milieux sont remplacés par les cen- tres des moyennes distances de chaque groupe de n points. Dans nos involutions, lorsque n = 5,les constantes P\> VnPîi Pi sont proportionnelles aux aires de quatre ( 549 ) triangles; lorsque n = 4, les constantes sont proportion- nelles aux volumes de cinq tétraèdres. Il est inutile de développer ces considérations : on s'apercevra aisément qu'il en est ainsi en se rappelant l'expression de l'aire du triangle, et celle du volume du tétraèdre, au moyen des déterminants. Au delà de n = 4, il n'y a plus d'interprétation géomé- trique possible : nous devrions recourir alors à la concep- tion des variétés nplenoent étendues (*). Remarquons encore que si trois formes («,, a2, o3fx, y)\ (61, 62, h\x, y)\ [Ci, cit f3)x, yf, représentent six points en involution, les droites qui ont pour équations (a,, a2, a-0'x, y, z) = 0, (64, b2,b-o{x,y,z) = 0, (d, c2, cjx, y, z) = 0, passent par un même point. De plus les trois points (oj, o2» az)-> (&i > ^21 ^3)»(ch c2->c*) sont en ligne droite. Cette dernière propriété a été employée par Hesse (*"). (*) Riemann, Ucber die Hypothesen, etc. Math. Werke. S. "2bo. Voir aussi Cauchy, Mémoire sur les lieux analytiques; C. K , t. XXIV, p. 880, Cayley, Introductory Memoir upon Quantics, Philos. Trass., t. CXLIV, p. 246; Gauss, Theoria resid., biquad. Comm. secund. Werke, S. 110. Ibid., S. 178, 2'"- Band,etc. Il y a d'ailleurs d'autres relations entre les involulions à («-+- \)n points et les variétés à n dimensions. (**) Hesse, Ein Uebertragungsprincip, Joirx. de Crelle, t. LXVI p. 15. 2"'e SÉRIE , TOME XLIV. 58 ( 550 ) Dans le cas du troisième ordre, on a des théorèmes ana- logues, où il suffit de remplacer le mot droite par le mot plan. Nous revenons maintenant à l'objet que nous avions spécialement en vue. Si dans la condition dévolution, nous supposons que les n points de chacun de n groupes se réduisent à un seul, nous obtenons la relation qui existe entre 2n points harmoniques (*). En introduisant cette hypothèse dans l'équation (2), nous aurons pi n(x - })-h/j2(x - fx)" -4- ps{x - v)"-i— -f-fWi (ac-o)"=0. (5) Si nous désignons par m un point arbitraire, para,, a2, an, e, /", ... g les 2« points conjugués harmoniques, la re- lation (5) devient p{ .mat. mat...man + p2.?«e"-+-p3. «*/'"-«-•• -t-pn+,.mo =0. (4) Lorsque n = 2, nous obtenons l'égalité connue (") mav . mat . ef -+- me . fat ■+■ m( . ae = 0. Remarquons encore que l'égalité fondamentale I, = 0, (*) Il conviendrait peut-être, pour la brièveté du langage, d'appeler cette relation: Relation l désignant toujours une permutation de 1.2.5.../*, de telle sorte que nous aurons x9,n-.«„ = {xy%S?y')*ii ■ • • (xy')nqn- Chacune de ces fonctions est un invariant, et il résulte de leur définition, que le quotient de deux d'entre elles, tel que est un invariant absolu : il jouit d'ailleurs de la propriété d'être projectif. On voit que l'on peut former n' de ces invariants. Si les formes Uj, Uâ, sont écrites 0|=5{oi, aî5 . . . a„+l\y , i)", Dt = (6n 6„ ... bn+l{e, 1)", ïflW..f„a pour expression (l|-«.,)(li-»,f)-. •(>«-»,„)' En représentant, comme précédemment par I,, l'inva- riant quadratique simultané de II] et de U2, il est facile de voir que «A expression qui nous paraît assez remarquable. ( 5o3 ) Si les points représentés par les deux formes sont con- jugués harmoniques, I, =0. On a donc 2Wf. = ° ^ Parmi les n\ permutation qiq2...qa, se trouve la permu- tation 1.2.5... n. Divisons par I,.2 .,.. «tous les termes de l'égalité (5) et soit 3m* -/« le quotient l'll1î- — e4) m18 32, (>, -e4)(it — e,) »is Nous savons que quatre points sont conjugués harmo- niques lorsque leur rapport anharmonique est égal à — 1. Or, il en est ainsi lorsque mla = m21. Remarquons encore que si nous faisons le produit de tous les invariants Ima .,„ , ce produit est égal à [(>1-ei)(>.-^---(>«-O(^2-eiX>-2-02)-.-(>2-eJ---(>n-9,X),,-e2)...(),;-8„)]»-'!) c'est-à-dire qu'il est égal au résultant des deux formes U-t , U2, élevé à la puissance (« — 1) ! Par suite, si, dans la fonction anharmonique, tous les ( 555 ) coefficients s'annulent, à l'exception d'un seul, le résultant s'annule, c'est-à-dire qu'un point d'un groupe coïncide avec un point du second groupe. Ceci concorde avec la théorie du rapport anliarmonique du second ordre. Lorsque six points" sont en involulion , le rapport an- harmonique de quatre d'entre eux, pris dans les trois groupes, est égal au rapport de leurs conjugués. Pour les involutions des ordres supérieurs, il existe des relations moins simples, mais complètement analogues, entre les invariants 3mâ..,„. Afin d'éviter la longueur des calculs, nous nous conten- terons de développer ce point pour l'involution du troi- sième ordre. Si dans l'équation (2), nous faisons successivement x = cr, , œ = cr2, # = C7:>* nous avons les trois égalités /'i(wi->])(cti— >a)(wi— >-s)-*-Pît>i— Pi)(^i— Pa)(^i— Pz)-*-pz{vi— n) (^\-^)(^t~vz) = 0, ptafg— Xt)(ut— >2)(cr2— i3) -*-/>?(*«- Pi)Oa— P*)ta— <"5)-+-P5(w2— yj)(«ra— Vs)(crf— vs) = 0., Le résultant de ces trois équations, linéaires et homo- gènes par rapport aux p est donc nul et la condition dé- volution peut s'écrire (wf-liX*»*— >i)(wi— h) (»i—/«i)(wi— {*«)(»!— f»s) («*!— Vi)(«r,— v9)(ai— v3) I (tr2— ^^(os— h)(*î— h) (c2-p-i)(^-^2i(w2— fit) (w2— Vi)(cr2-v2)(wj— vs) =0. (îî3-;,)(w5-).2)(ct3-)3) (ct3-p,)(cts— fti)(rss-fis) (Brs-v,)(os— v2)(cr3— >/5) | Développons ce déterminant suivant les éléments de la première rangée, nous obtiendrons une somme de termes ( oq6 ) de la forme (rsi— ) ,)(vi—h){vi—h) (w»-a«i)(o»— ^ï)(w2-A*s) 1*3— ^)(w3— "«)(»»— 's)- Si nous divisons tous les termes du développement par (cr, ->|)(ct, — /"^(CTi-Vi) (©2— >2)(w2— /"2)(w2— V3) (wB— 18)(08— f»8)(ws— "s)» nous trouverons une somme de produits tels que (gt — ).2) (ct2 ~ <"s) (p3 — "i) (»i — >s) (w2 - //4) (w5 — ys) (uj — Vi)(n2— >2)(ct3 — /a3) (si,— ^,)(ct2 — v.2)(ct3— >3) Chacun des facteurs de ce produit est un invariant 3. 11 serait presque impossible, à cause de la complication des formules, d'exprimer sous forme symbolique et au moyen des invariants 3 la condition dévolution, même pour le troisième ordre. Il nous suffit d'avoir montré jusqu'à quel point le théorème connu de l'involution du second ordre s'étend aux involutions supérieures et dans quel sens cette extension doit se faire. Nous voyons que pour l'involution du troisième ordre, une somme de produits deux à deux des invariants 3 se réduit à zéro. En général , c'est la réduction à zéro d'une somme de produits n — \ à n — 1 des invariants 3 qui exprime la condition d'involution. Observons encore que dans chacun des invariants J, 2« points, pris parmi les (n -+- 1) n points et appartenant aux n -+■ 1 groupes, sont associés. L'analogiequenoussignalionsestdonccompîète. De l'ex- pression de L|, au moyen des I9lîl...,npeut se déduire ( 557 ) l'invariant quadratique d'une forme de degré pair. Celle fonction est, à un facteur près, égale à Z(ii- i,t) (*i- >,,)...(*„- a, > On peut aussi exprimer au moyen de ces fonctions le discriminant de la forme. Tout ceci, d'ailleurs, est une conséquence immédiate de la théorie des formes algébriques : nous pourrions, en effet, choisir un certain nombre des invariants 3 comme invariants fondamentaux, au moyen desquels nous expri- mons tous les autres. Remarquons encore que tous les invariants I,„.2..,„ ue sont pas indépendants. Ainsi , dans le cas des deux formes cubiques U, = (6i, 635 6S, Wx, y)\ nous avons les relations Im ■+- I231 ■+" I312 = lus -+■ I«3 "+" ha - = 51,, M43 • '2ZI ■ 'ôl2 = * J32 • '213 • 's2« • = "■• Ceci est encore une conséquence de la théorie des formes. Le procédé que nous avons employé, au commencement de cette Note, pour transformer l'expression de l'involu- tion, conduit à une identité entre les distances sur une droite des points de deux divisions homographiques, ana- logue à l'identité: Pl(x - }t){x - >,) + p2(x - fi,)(x - f*î)+p3[x - vx) (x— ^) = 0 (*). (*) P. Serret, Géométrie de direction, p. 58. ( r>:>8 ) Soient a, b, c, cl , les distances à partir d'une origine fixe de quatre points; a', b', c', ci', celles de quatre autres points. Si ces deux groupes de points sont homographiques, on a la relation (*) \ a a' ace' I 6 6' bb' Y c c ce' \ d d' dd' = 0. (6) Ce déterminant ne change pas de valeur si l'on y rem- place les quantités a, b, c, d par x — a, x — b,x — c, x — rf; a', b', c', d' par y — a', y — b', y — c', y — d'. Il en est de même de chacun des mineurs correspon- dant à aa', bb', ce', dd'. Par suite la condition d'homographie peut s'écrire 1 a a' (x — a) (y — a') 1 6 6' {x -b) (y- b') i c c' (x — c) (y — c') l d d' (x-d)(y-d') = 0. En développant le premier membre, suivant les éléments de la dernière colonne, on a pt{x-a){y-a')+p2{x-b)(y-b') + p5{x-c){y-c') +pi(x-d)(y-d')^0 (7) Cette expression est peut-être nouvelle. Les résultats auxquels est arrivé M. P. Serret montrent (*) A. Cayley, A fîfth Memoir upon Qua.7itics, Philos. Thans. t.CXLVIII,p.457. ( 839 ) toute la fécondité de la belle méthode des identités : il ne nous a donc pas paru sans intérêt d'exprimer, par une identité, l'homographie de deux groupes de points. L'égalité (7) peut être aisément généralisée. Nous dirons que 2" groupes de n points sont homogra- phiques quand il existe entre eux la relation 2 ?i(xi - io (-r-2 ->*)••• (-*•„ - h) = o. (8) De cette identité, on déduit la condition d'homographie sous forme de déterminant. Nous nous bornerons à quelques applications au troi- sième ordre : on s'apercevra sans peine que ces considéra- Huit groupes de trois points sont homographiques si l'on a la relation 1 a, a\ a\ a^ a\a'i ai'a, Ojaia',' 1 a2 a2 a2 a2(4 a'^à^ «2a2 «scW 1 a8 a's a8 asa'8 a'sa's' a'^as a8a8r/8 Cette équation peut s'écrire «, «i a{a\ Uidl \ Kit S«,oi a^di «2 a's «2a2 «2a2 1 2a2 2o2a2 atal2a'î o8 a8 o8a8 a8aè \ ias lasas a^a'î = 0. (9) = 0. De là, cette conséquence : Théorème. Si huit groupes de trois points sont tels qu'en associant d'une manière quelconque quatre de ces groupes . ( 560 ) ils forment une involution, ces huit groupes de trois points forment trois groupes homographiques. Si douze points sont en involution, on a 1 iat 2alal ulalal 1 ia5 ïasa's a3a's(h 1 Icii laka\ ((ia'ia'î = 0. On a donc aussi 1 er, a, a{ a^ii a^as atal alala4 1 a2 a2 ai «2«i «k4 7 ) la face interne de ce dernier et s'y termine au milieu du massif osseux du maxillaire. La plus grande partie du rac- lilage est détruite par résorption, et quelques îlots restants subissent l'ossification indirecte. J'ajouterai ici que, en arrière de la symphyse osseuse, on trouve sur ces maxillaires un cartilage médian qui est plus ou moins développé suivant l'âge de l'embryon et qui ne présente aucun rapport avec les cartilages de Meckel. HISTOLOGIE. Développement du maxillaire inférieur. A un examen même superficiel de coupes faites sur le maxillaire d'un jeune embryon (65-75mm du vertex à l'anus), on est immédiatement frappé par la disposition particulière du tissu osseux. Ici, en effet, on ne trouve rien de comparable à ces réseaux de fines travées osseuses qui constituent les premières phases du développement de cet os, chez le lapin, par exemple, réseaux qui sont géné- ralement décrits comme caractéristiques du développement du tissu osseux dans le tissu conjonctif embryonnnaire. Sur les coupes du maxillaire de l'homme on n'observe en général que de grosses travées osseuses très-riches en cellules, se terminant dans le tissu où elles se développent par des extrémités volumineuses et renflées qui ne rappel- lent en rien ces travées effilées se perdant insensiblement au milieu du tissu ostéogène que l'on observe dans les cas précités. Ces grosses travées ne présentent le plus souvent pas de canaux de Havers, et se réunissent par leurs extrémités de façon à limiter des gouttières ou de très-larges canaux et 2me SÉRIE, TOME XLIV. 41 ( 598 ) à former ainsi un appareil osseux assez simple dans sa configuration. Ces travées ne sont d'ailleurs autre chose que la coupe transversale et verticale de lames osseuses assez épaisses qui constituent les parois de la gouttière alvéolaire, le corps et le bord inférieur de la mâchoire ela branche montante. Des travées moins considérables sont tantôt isoléesdans le tissu conjonctif, tantôt insérées par un de leurs bords sur l'une ou l'autre de ces lamelles principales. Tous les points de ces travées ne sont pas propres non plus à l'étude de leur développement. Parmi ceux où cette élude peut le mieux se faire, on peut citer les suivants : Les extrémités terminales de ces travées, et, particuliè- rement, le bord inférieur de la branche alvéolaire et de la branche montante, les bords supérieurs des parois de la gouttière alvéolaire, celui de la branche montante avec l'apophyse coronoïde et les extrémités antérieures des branches horizontales au niveau de la symphyse. Sur les bords de ces travées osseuses, c'est-à-dire, sur les faces des lames osseuses, le travail d'ossification est très-peu actif; il est même nul en certains endroits. Tantôt il est semblable à celui des extrémités, tantôt encore il est produit par une couche d'ostéoblastes. Mais, dans les points d'élection cités plus haut , on peut étudier facilement l'histogenèse du tissu osseux de ces trabécule's et y trouver le sujet d'observations très-intéres- santes. Ici je devrai entrer dans quelques détails : 1° Sur les embryons de 65 millimètres de longueur, le tissu osseux dans la portion alvéolaire du maxillaire se développe dans un tissu conjonctif embryonnaire, lequel ( 599 ) tissu, au voisinage de l'os en voie de développement, pré- sente les particularités suivantes : Il est formé par une masse de cellules volumineuses, de tonne ovalaire ou arrondie, serrées les unes contre les autres, et entre lesquelles on n'aperçoit qu'une très-petite quantité de substance intercellulaire muqueuse. Cette der- nière ne se colore pas dans les réactifs. Au voisinage de l'os nouvellement formé, cette substance intercellulaire augmente, se colore légèrement en rose et se continue insensiblement avec la substance fondamentale du tissu osseux. Celle dernière forme un réseau très-serré de trabécules colorés en rouge par le picrocarmin, réseau à mailles ova- laires ou fusiformes. Dans ces mailles se trouvent logées les cellules précé- demment décrites; dans une maille, on ne trouve d'habi- tude qu'une seule cellule; cependant, dans certaines mailles plus grandes, on en rencontre jusque deux ou trois, dont la forme est alors altérée par leur compression réciproque. Les travées de substance osseuse qui les sé- parent sont fortement colorées au milieu, la teinte rouge s'affaiblit, au contraire, vers les bords de la cavité cellu- laire. Si l'on examine progressivement des points plus éloignés, on voit les cavités cellulaires diminuer d'étendue, devenir irrégulières, s'écarter les unes des autres par suite de l'augmentation de la substance fondamentale; les cel- lules prennent elles-mêmes des formes éloilées et peu à peu deviennent ainsi cellules osseuses. Dans les points où plusieurs cellules se trouvent réunies dans une même cavité, on voit apparaître entre elles un mince liséré de substance osseuse. Ce liséré s'épaissit et divise la cavité primitive en deux ou trois cavités secondaires, suivant le nombre de cellules y contenues antérieurement. ( 600 ) De celte observation , il résulte que le tissu osseux se développe ici dans le tissu muqueux de la façon suivante: La substance intercellulaire de ce tissu augmente, s'im- prègne de sels calcaires et s'ossifie; les cellules logées dans celle substance intercellulaire deviennent cellules osseuses. Est-ce à dire pour cela que l'on a affaire dans ce cas à une ossification directe mélaplastique du tissu muqueux? Je ne crois pas que ce processus se passe ici dans toute sa pureté. Les cellules de ce tissu jouent en somme le rôle d'ostéoblastes : ce sont elles qui fournissent à l'épaississe- menl du réseau de substance fondamentale. Ce sont elles qui, réunies à plusieurs dans une même cavité, forment les cloisons qui vont ensuite les séparer les unes des autres. Il y a dans ce cas une ossification analogue à celle que je montrerai tantôt s'effectuant dans le tissu conjonctif plus âgé, et, il n'y a d'autre différence que celle-ci : c'est que la substance fondamentale du tissu muqueux est amorphe, tandis que celle du tissu conjonctif d'un embryon âgé est formé surtout par des faisceaux de fibrilles. 2° Le processus d'ossification peut être suivi sur toute l'étendue du bord supérieur de la lame externe de la gout- tière alvéolaire, et, quand ce bord se continue avec le bord antéro-supérieur de la branche montante et avec l'apophyse coronoïde, on peut voir ce mode de développe- ment devenir encore plus régulier. L'apophyse elle-même a sur une coupe une forme elliptique, son extrémité su- périeure arrondie et ses bords se trouvent en rapport avec un tissu conjonctif embryonnaire, semblable à celui qui vient d'être décrit , son extrémité inférieure se continue avec la lame osseuse qui constitue la branche montante. Dans toute son étendue elle est formée par le reliculum de tissu osseux décrit antérieurement; seulement ici ses ( 001 ) mailles sont plus régulières. Cette régularité est si grande qu'au premier aspect, on est tenté de comparer ce tissu à du cartilage hyalin, dans lequel la substance fondamentale serait remplacée par de la substance osseuse. Cependant il faut remarquer que sur ces maxillaires on ne trouve aucune trace de cartilage proprement dit; ce n'est que sur les maxillaires d'embryons plus âgés, 95 millimètres par exemple, que l'on voit ce tissu osseux en continuité mani- feste avec du cartilage hyalin occupant le centre et l'ex- trémité supérieure de l'apophyse coronoïde. Dans ce dernier cas, c'est une ossification directe du tissu cartila- gineux. Sur les embryons de 65 millimètres c'est plutôt une forme de transition de l'ossification du tissu muqueux à une ossification directe du cartilage que l'on observe. 5° Cetie dernière, étudiée sur les embryons de 95 milli- mètres, montre que ce processus consiste en une calcifica- tion, puis en une ossification de la substance fondamentale du cartilage. Les cellules cartilagineuses, globuleuses au début, forment alors des dépôts de substance osseuse à la face interne de leurs cavités, deviennent étoilées et se transforment ainsi en cellules osseuses. (Dans mon travail ultérieur, je devrai entrer dans de nombreux détails à ce sujet.) Cette similitude dans l'aspect du tissu osseux développé directement dans du cartilage hyalin et de l'os développé dans le tissu muqueux pourrait porter à croire que ce der- nier n'est, en somme, que du cartilage hyalin dans la pre- mière phase de son développement, qui s'ossifierait immé- diatement. Il n'en est rien , car, si l'on suit ce tissu le long du bord inférieur de la mâchoire, on le voit se continuer à la branche montante avec du tissu conjonctifà faisceaux i 602 ) de fibrilles déjà bien développés el en voie d'ossification. 4° De plus, sur des maxillaires plus âgés, de 75 milli- mètres de longueur, on peut voir sur une travée le tissu osseux se développer dans le tissu muqueux, suivant le processus étudié plus haut. A côté de ce point d'ossification, quelquefois sur la même travée, d'autres fois sur une travée voisine, on observe que le tissu osseux se développe réel- lement aux dépens d'ostéoblastes. Entre les cellules du tissu ostéogène ne se trouve plus de substance muqueuse fonda- mentale, et, des trabécules osseux formés, on voit s'élever de fines aiguilles fortement colorées en rouge et couvertes d'ostéoblastes. Seulement, elles présentent ceci de particu- lier, qu'elles se ramifient, portent de petites aiguilles laté- rales et forment, en certaines places , des mailles entourant une ou deux cellules ostéoblastiques. Ce mode de dévelop- pement aux dépens d'ostéoblastes a pour résultat de former un réseau de substance osseuse fondamentale très-délicat d'abord, à mailles très-serrées contenant une ou deux cel- lules. Les travées de ce réseau s'épaississent ensuite. Le tissu osseux ainsi développé a l'aspect de celui qui s'est formé dans le tissu muqueux par le premier processus étudié. J'ajouterai que dans le voisinage on trouve aussi de minces travées couvertes d'ostéoblastes et se dévelop- pant suivant le mode ordinairement décrit. 5° Plus tard encore, et surtout chez des embryons plus âgés, on voit ce tissu muqueux remplacé par du tissu con- jonctif à faisceaux bien développés déjà et riche en cellules volumineuses de forme irrégulière, munies de prolonge- ments et jouant le rôle d'ostéoblastes. Dans ce tissu conjonctif, se développent des travées osseuses plus minces que celles étudiées jusqu'à présent et qui se continuent sans ligne de démarcation tranchée ( 603 ) avec les faisceaux de fibrilles du tissu conjonctif. Ces der- niers se divisent, s'anastomosent, forment des réseaux- serrés dans les mailles desquels se trouvent logées une ou plusieurs cellules ostéoblastiques. Ces faisceaux s'im- prègnent de sels calcaires, s'ossifient et les cellules logées dans les mailles du réseau deviennent cellules osseuses, les unes directement, les autres après avoir encore formé de la substance osseuse à leur périphérie. Toutes ces cellules continuent d'ailleurs à produire de la substance fondamen- tale, car, très-rapprochées dans les travées en voie d'ossi- lication, elles vont en s'écar tant de plus en plus, quand on examine des points où l'os est plus développé. 6° Enfin sur le maxillaire d'un embryon de 170 milli- mètres, outre le cartilage de l'apophyse coronoïde, on trouve encore du cartilage hyalin dans la branche horizon- tale. Ce dernier se rencontre et dans le corps de l'os et dans les parois de la gouttière alvéolaire; les noyaux car- tilagineux bien développés montrent d'une façon manifeste l'ossification directe de toute leur périphérie surtout. Cette ossification se fait suivant le mode indiqué brièvement au sujet de l'apophyse coronoïde. Je serais entraîné trop loin, si j'entrais dans les détails du développement, de la forme, de la situation de ces noyaux cartilagineux, et des rapports qu'ils présentent avec le tissu osseux voisin. 7° Il me reste à décrire encore le cartilage du condyle et son ossification. CARTILAGE DU COiXDYLE. Le cartilage du condyle dirigé obliquement de haut en bas et d'arrière en avant, a la forme d'un cône tronqué très-allongé. La base du cône, volumineuse, arrondie, ( 604 ) occupe l'extrémité postérieure et supérieure de la branche montante du maxillaire. Son sommet tronqué vient se ter- miner en avant et en bas, à l'union du corps de la portion horizontale de l'os et de l'extrémité inférieure de la paroi externe de la gouttière alvéolaire. Il se termine là où cette paroi commence à s'allonger dans Je sens vertical pour former la partie antéro-supé- rieure de la branche montante. La situation du cartilage dans cette parliedu maxillaire est la suivante : à partir de sa base, le cartilage occupe d'abord le bord postéro-inférieur de la branche montante, puis s'en écarte peu à peu de telle façon qu'à la partie moyenne de son trajet , il est à peu près également éloigné de ce bord et du supérieur. J'ai déjà dit où se termine son sommet tronqué. Il résulte de celle situation que ses faces supérieure et inférieure se trouvent, dans la plus grande partie de leur trajet, en rapport avec du tissu osseux. Ses faces latérales, au contraire, présentent des rapports différents suivant les places et suivant l'âge du fœtus. Je me bornerai à dire ici que tantôt elles sont en rapport directement avec du tissu conjonctif ostéogène, tantôt avec de minces couches de tissu osseux développées dans ce tissu conjonctif. Le sommet du cartilage se con- tinue avec le tissu osseux de la branche horizontale, tandis que sa base par sa partie postérieure et supérieure se con- tinue insensiblement avec du tissu conjonctif embryon- naire. Quels sont maintenant les processus que l'on peut ob- server dans l'ossification du cartilage? \° Suivant ses faces supérieure et inférieure, le cartilage se continue sans ligne de démarcation tranchée avec le tissu osseux voisin. Il y a donc ici une ossification directe ( 605 ) analogue à celle de l'apophyse coronoïde chez les embryons d'un certain âge (95 millimètres de longueur). 2° Dans les points de ses faces interne et externe où se forment des travées osseuses dans le tissu ostéogène, les couches les plus superficielles du cartilage s'ossifient encore directement en suivant le même processus. o° Enfin dans d'autres points de ses faces latérales, il ne se forme pas de dépôts osseux ; les cellules cartilagi- neuses deviennent très-grandes, leur protoplasme est clair et transparent, la substance fondamentale se réduit consi- dérablement et s'imprègne de sels calcaires, les capsules cartilagineuses disparaissent, les cloisons les plus superfi- cielles de substance fondamentale se résorbent et les cel- lules y contenues sont détruites. En même temps le tissu ostéogène riche en vaisseaux pénètre de proche en proche dans les cavités cartilagineuses, en amenant la résorption de la substance fondamentale et la destruction des cellules. Sur une coupe longitudinale du cartilage, on voit que ce processus se produit à la fois dans différents points de ses faces externe et interne, et l'on observe que le cartilage du condyle est parcouru de canaux ou plutôt d'espaces médul- laires très-irréguliers formant par places de vastes cavités dans l'épaisseur du condyle. Cette formation d'espaces médullaires et cette résorption du cartilage se font sans aucun ordre, dans les directions les plus indéterminées. Cependant, l'on peut reconnaître ces directions à l'as- pect du cartilage hyalin qui forment les parois de ces espaces. Là, où ces derniers vont s'étendre, le cartilage présente les caractères brièvement décrits pour le début de ce processus; là, au contraire, où la destruction du cartilage n'aura pas lieu, on voit à la surface des parois des ( G06 ) couches osseuses développées aux dépens d'ostéoblastes et, souvent même, ces dépôts osseux sont en continuité avec de l'os formé dans le cartilage par ossification directe. ïl se passe ici dans les parois cartilagineuses des espaces médullaires le même processus que celui qui intéresse la surface du cartilage là où le tissu osléogène y dépose de la substance osseuse. Il résulte de cette description déjà trop longue, que le cartilage du condyle croît par son extrémité supérieure et postérieure, que ses faces antéro-supérieure et postéro- inférieure s'ossifient directement , que certaines parties de ses faces latérales sont le siège d'une ossification directe très-peu active, et que c'est par d'autres points de ces faces que pénètre à son intérieur du tissu médullaire. Ce dernier amène la résorption du cartilage dans des directions très-variées. Les parois des espaces médullaires ainsi formés, dans certains points présentent les modifications qui précèdent la résorption des cloisons de substance fondamentale et la destruction des cellules cartilagineuses; dans d'autres points, au contraire, sont garnies d'ostéoblastes, déposant à leur surface des couches de substance osseuse; fort sou- vent, en même temps, ces parois s'ossifient directement dans une petite étendue au voisinage de l'espace médul- laire. Je dois ajouter encore qu'il se forme aussi des îlots de tissu cartilagineux saillant ou isolés au milieu du tissu médullaire. Les bords de ces îlots présentent par places des lisérés de tissu osseux déposés par les osléoblastes, quelquefois des traces d'ossification directe du cartilage, puis, au milieu de la substance fondamentale, on voit quelques cellules de cartilage en voie d'ossification, c'est- ( <;o7 ) à-dire que les bords de la cavité cellulaire sont devenus inégaux et dentelés, qu'à leur surface interne s'est fait un dépôt de substance osseuse fortement colorée en rouge et se continuant insensiblement avec le corps de la cellule plus ou moins fortement réduit dans ses dimensions et de forme très-ii régulière. Au lieu d'une seule cellule ainsi logée dans une cavité cartilagineuse, on peut en rencon- trer deux. Je ne veux pas encore affirmer pour le moment que dans ces points se rencontre cette seconde variété d'ossifi- cation directe du cartilage que Strelzoffa décrite dans son remarquable travail sur le développement du maxillaire inférieur. Je tiens à faire mes réserves à ce sujet et à pour- suivre encore quelque temps mes recherches. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. i° C'est dans le tissu conjonctif embryonnaire que dé- bute le développement du maxillaire inférieur. 2° Dans ce tissu conjonctif se forme d'une part le carti- lage du condyle; d'autre part par le processus particulier décrit au début de celte étude, le tissu osseux de la branche horizontale et du restant de la branche montante du maxillaire. 5° Plus tard, au niveau de l'apophyse coronoïde, ce tissu conjonctif embryonnaire forme d'abord du cartilage hyalin qui s'ossifie ensuite par voie mélaplastique. 4° Dans d'autres points, les cellules de ce même tissu conjonctif embryonnaire deviennent des ostéoblastes et ( 608 ) c'est aux dépens de ces derniers que se développe le tissu osseux. 5° Ailleurs, en même temps que les ostéoblastes, des faisceaux de fibrilles se développent également, et ce tissu s'ossifie à son tour. 6° Enfin, plus tard encore, dans le tissu conjonctif où se produit l'ossification de la partie alvéolaire de l'os, se développe encore du cartilage hyalin qui s'ossifie lui aussi directement. 7° Le cartilage du condyle s'ossifie surtout par voie mé- taplastique; dans quelques points on observe de l'ossifica- tion indirecte de ce cartilage. 8° Le cartilage de Meckel est en grande partie résorbé, ce qui en reste s'ossifie par voie indirecte. Ces résultats ont été obtenus sur des maxillaires de fœtus ayant 65, 75, 77, 95 millimètres de longueur (du vertex à l'anus), et sur la branche alvéolaire d'un fœtus de 170 millimètres de longueur. Je poursuivrai cette étude sur des embryons plus âgés et je ne présente pour le mo- ment que le résumé des résultats obtenus sans les généra- liser encore. Cependant, au point de vue de l'histogenèse du tissu osseux, je crois pouvoir en conclure qu'il est inexact de tracer une ligne de démarcation absolue entre les développements meta- et néoplastiques de ce tissu. Nous avons vu, en effet, le tissu muqueux, le tissu cartilagineux, le tissu conjonctif s'ossifier suivant des pro- cédés se rapprochant d'une part de l'ossification directe et d'autre part se reliant intimement au développement par intermédiaire d'ostéoblastes. En effet, successivement les cellules du tissu muqueux, du tissu cartilagineux et du tissu conjonctif ont dans ces modes de développement joué le rôle (V ostéoblastes, en ( 609 ) ce sens du moins qu'elles ont toutes formé de la substance fondamentale du tissu osseux; en même temps, la sub- stance intercellulaire du tissu muqueux, du cartilage hyalin et du tissu conjonctif s'ossifiait aussi et entrait ainsi pour une part dans la formation de la substance fonda- mentale de l'os nouvellement formé. Ce fait explique comment dans des espèces voisines on peut trouver des variations dans le mode du développe- ment d'un même os. — La classe se constitue en comité secret pour les can- didatures supplémentaires aux places vacantes, et pour la discussion des titres des candidats présentés. ( 010) CLASSE DES LETTRES. Séance du 5 novembre '1811 . M. Alph. Wauters, directeur. M. Liagre, secrétaire perpétuel, Sont présents : MM. Ém. de Laveleye, vice-directeur, j. Roulez, Gachard, P. De Decker, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq, Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalou, Thonissen, Th. Juste, Félix Nève, Alp. Le Roy, A. Wagener, J. Heremaus, P. Willems, membres; Aug. Scheler, Alph. Rivier, associés; Edm. Poullet, F. Loise, Rolin Jaequemyns, Stan. Bormaus, Ch. Piot, Ch. Potvin, Aug. Stecher, correspondants. M. L. Alvin, président de l Académie, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur écrit qu'aux termes de l'article 1er du règlement pour les prix quinquennaux, la sixième période pour la littérature française finira le 31 décembre prochain. Il demande que la classe lui adresse la liste double de présentation pour la formation du jury qui sera chargé de juger ce concours. La classe procède, par scrutin secret, à l'élection des quatorze noms des can- didats; cette liste sera communiquée à M. le Ministre. — M. Galesloot soumet un travail intitulé : Fouilles sur remplacement d'une villa de V époque romaine à Laeken. ( 6U ) Fouilles à A sache , par M. Prosper Crick. — Renvoi à l'examen de MM. Wagener, Piot et Waulers. — La classe reçoit, à titre d'hommage, les ouvrages suivants, au sujet desquels elle vote desremercîments aux ailleurs : 1° Tome IV de la Chronique de Jean Des Preis dit d'Outremeuse, publié par M. Stanislas Bormans dans la collection des chroniques de la Commission royale d'his- toire ; 1 vol. in-4° ; 2° Récils d'un bourgeois de Valenciennes (XIVe siècle), publiés par M. le baron Kervyn de Lettenhove, dans la collection des œuvres des grands écrivains du pays. 1 vol. in-8° ; 5° Histoire politique et diplomatique de Pierre-Paul Rubens, par M. Gachard; 1 vol. in-8°; 4° Essai de numismatique yproise, par M. Alphonse Vandenpeereboom (offert par M. Chalon) ; 1 vol. in-8° ; 5° Curiosités numisma tiques, 25e article, et Discours du président à l'assemblée générale annuelle du 1 cr juillet 1877 de la Société royale de numismatique, par M. R. Chalon ; 2 brochures in -8° ; 6° Programma del corso de diritto criminale, dal prof. Francesco Carrara. Parte générale, vol. Ier et II (offert par M. Thonissen) ; 2 vol. in-8° ; 7° Discours sur le respect, prononcé à la distribution des prix aux lauréats du concours général de l'enseigne- ment moyen, le 23 septembre 1877, par M. Arsène Des- champs (offert par M. Alph. Le Roy) ; 1 broch. in-8°. — M. Thonissen, en offrant les deux volumes précités de M. Carrara, a lu la note suivante : a J'ai l'honneur d'offrir à la classe, au nom d'un de ses ( 612 ) associés, M. Carrara, professeur à l'Université de Pise et sénateur du royaume d'Italie, deux volumes formant la cinquième édition de l'ouvrage intitulé: Programma del corso di diritto criminale dettalo nella université di Pisa. Parte générale. Dans ce livre, que tous les criminalistes de l'Europe sont unanimes à louer, le célèbre jurisconsulte italien traite successivement du Délit, de la Peine et du Jugement criminel. Il ne se contente pas de résumer la doctrine et de grouper les décisions des tribunaux de son pays et de l'étranger. Envisageant son sujet de haut et sous toutes ses faces, il présente les principes sous un jour nouveau et arrive à des déductions théoriques et à des conséquences pratiques que n'ont pas aperçues ses prédé- cesseurs. Quatre éditions rapidement épuisées attestent assez le mérite éminent de l'œuvre. La cinquième, revue avec soin et augmentée en plusieurs de ses parties, ne man- quera pas d'obtenir le même succès. » — M. le directeur, en présentant à la classe, au nom de M. Vandenpeereboom, ancien Ministre de l'Intérieur, un exemplaire de son Essai de numismatique yproise, s'ex- prime en ces termes : « M. Alphonse Vandenpeereboom, Minisire d'État, vient de publier un beau volume in-8°, orné de 42 planches et intitulé Essai de numismatique yproise (Bruxelles, Gobbaerls , 1877). Véritable monument consacré aux an- nales de la patrie de l'auteur, ce volume présente, sous la forme la plus attrayante, un résumé de l'histoire d'une des grandes communes de la Flandre et de sa châtellenie et mille détails, pleins d'intérêt et généralement peu connus, sur les monnaies, les médailles, les jetons qui yont été frappés. » Les médailles exécutées au XIXe siècle ont fourni à M. Vandenpeereboom l'occasion de publier mainte parti- ( 013 ) cularité inédite sur Ypres et ses monuments et celles qui proviennent de corporations laïques ou ecclésiastiques lui permettent de passer en revue une foule d'institutions dont il ressuscite l'organisation. Le chapitre consacré aux plombs nous initie à la vie ancienne et moderne de l'in- dustrie locale. En un mot, le volume entier forme une publication d'un genre tout nouveau et qui mérite une place spéciale parmi les travaux historiques. » COMMUNICATIONS ET LECTURES. La compétence du Sénat de la République romaine en matière d'affaires étrangères; par M. P. Willems, membre de l'Académie. Le droit de décréter la guerre, celui de conclure la paix ou d'autres traités avec des peuples étrangers compélait au peuple (1); mais toutes les négociations préparatoires à la déclaration de guerre, à la conclusion de paix ou d'autres traités définitifs furent pendant toute la durée de la République une des attributions principales du Sénat romain. C'est au Sénat que le magistrat-président introduit toutes les députations envoyées à Rome par les peuples étrangers pour traiter des affaires internationales. C'est le Sénat qui décide de l'envoi de députations romaines aux (1) Polyb., VI, 14: « Rai. to ^êyinTov, ôrèç e/pjfvjf? ovroç, (<5 âijfiot;) PovtëusTcit kixi jrcAku:u. Kcù fxijv neçî , Vil, 6, 12,19, 32, VIII, 22, 25, 29, IX,45,X, 12, 45, XXXI, 5-6, XXXVI. 1 , XLII, 30. Cf. Liv., IV, 30 (427). Il existait avec Véji une simple trêve: non pas, la paix. Quand il s'agit tle déclarer la guerre, on est en désaccord sur le point de savoir s'il faut une loi ou si un sénalus-consulte sutBl. Les tribuns de la plèbe, menaçant d'intercéder contre le recrutement, obligent les consuls à soumettre la demande au peuple. Cf Liv., XXXVIII, 45. (181). Des legati au Sénat accusent le proconsul Manlius d'avoir fait la guerre aux Galtograeci, « cui nalioni non ex senatus auctoritate , non populi jussu bellum illalum ; quod que m unquam de sua sententia facere ausum? Antiochi Philippi Eannibalis et Poenorum recentissima bella esse : de omnibus fus consultum senatum, popuium j assisse, etc. » (3) Il n'y a guère d'exemple que la guerre proposée par le Sénat n'ait été votée par le peuple. En 200, celui-ci rejeta d'abord la rogatio ex s. c. du consul Sulpicius sur la guerre contre Philippe de Macédoine. Mais le consul, sur les instances du Sénat, présenta la rogatio une seconde fois, et la fit adopter (Liv., XXXI, 5, 6, 8). (4) Les différentes phases de la procédure sont résumées par Liv , XXXVIII, 45: « De omnibus fus (bellis) consultum senatum, popuium jussisse , saepe legatos ante missos , res repetitas , postremo qui bellum indicerent missos. » — Cf. Liv., XXXI , 8. ( 616 ) Déclaration de la 2e guerre punique. Sagonte, ville alliée du peuple romain, étant menacée par Hannibal , demande du secours au Sénat romain. Le Sénat décide l'envoi d'une députation en Espagne pour reconnaître si les plaintes des alliés étaient fondées. En ce cas, ils devaient sommer Hannibal de se retirer de Sa- gonte, et se rendre incontinent à Carlhage pour y exposer les griefs du peuple romain. A peine cette décision est-elle prise par le Sénat que l'on apprend à Rome la nouvelle du siège de Sagonte par Hannibal. Aussitôt le Sénat décrète d'envoyer immédiate- ment deux députés à Hannibal pour lui ordonner d'aban- donner le siège. S'il refusait, les députés devaient se rendre à Carthage et demander l'extradition d'Hannibal , l'auteur de la rupture de la paix (1). Hannibal refusa de recevoir les ambassadeurs romains (2), et à Carthage on rejeta leur demande (5). Quant la députation revint à Rome, Sagonte avait été déjà prise par les Carthaginois (4). Le Sénat fait soumettre au peuple le projet de loi qui déclare la guerre aux Cartha- ginois (5), s'ils persistent à refuser satisfaction « nisideiis rébus satisfecissent » (6). Après le vole de la loi, le Sénat (1) Liv.,XXI, 6. (2) Liv.,XXI, 9. App., de reb. hisp , 11. D'après Polyb., HT, 15, Hannibal les aurait reçus, mais il leur aurait donné une réponse fort hautaine. (3) Liv., XXI, 11. (4) Liv, XXI, 16. (5) Liv., XXI, 17 « Lalum inde ad populum vellent j libèrent populo Carthaginiensi bellum indici ». (G) C'est la formule qui se trouve dans le sénalus-con suite soumis aux comices cenluriates, pour déclarer la guerre à Persée. Liv., XLII, 30. (017) envoie une nouvelle députation de cinq sénateurs à Car- thage pour s'informer si le siège de Sagonte avait eu lieu du consentement du peuple carthaginois: si la réponse était affirmative, ils avaient mission de déclarer la guerre (1). Ce qui eut lieu (2). Déclaration de la 5e guerre punique. Caton l'Ancien voulait la destruction de Carthage. Après que les Carthaginois eurent demandé et obtenu le secours d'Ariobarzane contre Massinissa, Caton les accusa au Sénat de violer les traités existants et de préparer la guerre contre Rome; il demanda une déclaration de guerre im- médiate. Son adversaire au Sénat, Scipion Nasica, proposa d'envoyer une députation à Carthage pour examiner la situation réelle. L'avis de Nasica prévalut; mais les députés romains furent mal accueillis à Carthage, et de plus un fils de Massinissa vint dénoncer au Sénat les préparatifs que les Carthaginois faisaient pour la guerre. Malgré l'opposition de Caton, une seconde députation, composée de dix sénateurs, fut envoyée à Carthage. Reve- nus à Rome, ils déclarèrent avoir vu les troupes et la flotte, prêtes à la guerre. A la suite de ces négociations, le Sénat posa l'ultimatum suivant: les Carthaginois devaient brûler leur flotte et licencier leur armée ; s'ils ne s'exécutaient pas, les con- (1) Liv., XXI, 18. Polyb., III, 20, dit qu'ils devaient exiger l'extradition d'Hannibal , ce qui aurait prouvé que les Carthaginois n'approuvaient pas la conduite d'Hannibal; sinon déclarer la guerre. De même App., de reb. hisp., 15. Cf. Dion Cass., fr. 53 (9). (2) Liv., XXI, 19. ( 618 ) suis, après leur entrée en fonction, étaient charges de sou- mettre au Sénat la question de la guerre (1). Les Carthaginois n'ayant pas accepté les conditions de l'ultimatum, la guerre fut décrétée (149 av. J.-C.) (2). La consultation préalable du Sénat sur les questions de guerre, sans être de droit strict, était conforme au mos majorant. Témoin le fait suivant : En 167 un préteur, sans y être autorisé ni par le Sénat ni par les consuls, proposa au peuple de déclarer la guerre aux Rhodiens, et de confier le commandement de l'armée d'opérations à un des magistrats en fonction. C'était, dit Tite-Live, un procédé nouveau et mauvais, car de tout temps la question de guerre avait été soumise au Sénat avant d'être portée devant les comices. Aussi des tribuns intercédèrent-ils contre le projet de loi du préteur (3). Quand la guerre avait été déclarée à un peuple, des questions incidentes pouvaient se présenter sur le point de savoir si le général avait le droit d'étendre les hostilités aux alliés du peuple déclaré ennemi. En 489, le consul Cn. Manlius, accompagné d'une députation du Sénat, fut envoyé en Asie pour exécuter les dispositions du traité de paix conclu avec Antiocbus, et il y fit, de sa propre autorité, la guerre aux Gallograeci. Après le retour du général (181), les députés romains qui (1) Liv.,Ep. XLVIII. App., Pun , 74. Diod. Sic, XXXII, 5. (2) Liv , Ep. XLIX.- Voyez aussi chez Salluste (Jug., 13, 15, 21, 25-28) les négociations qui précédèrent la déclaralion de guerre à Jugurtha. (5) Liv., XLV, 21, cf. Diod. Sic, XXXI, 5. ( 619 ) l'avaient accompagné l'accusèrent au Sénat d'avoir outre- passé ses pouvoirs (1). Le proconsul justifia sa conduite par ces considérants que les Gallograeci, alliés d'Antiochus, avaient été appa- remment compris dans la déclaration de guerre faite à Antiochus; que la paix avait été conclue avec Antiochus nominativement et avec lui seul; partant que les Gallo- graeci étaient restés les ennemis du peuple romain, et qu'il avait eu le droit de leur faire la guerre (2). Celte justification fut admise par le Sénat (5). Ainsi encore, en 195, le Sénat, sans vote préalable du peuple, permet au proconsul Quinctius de faire la guerre à Nabis, tyran de Spartes, s'il croit cette opération favorable aux intérêts romains (4). De même que le Sénat décide s'il convient de demander à un peuple étranger satisfaction d'un grief, de même c'est lui qui reçoit les députations, envoyées par des peuples étrangers, pour demander réparation de dommages causés parle peuple romain (5); et qui décide s'il faut, oui ou non, accueillir leurs demandes (6). (1) Liv., XXXVIII, 45. (2) Liv., XXXVIII, 48. (3) Liv., XXXVIII ,50. (4) Liv., XXXI II, 45, XXXIV, 22, 25. Justin., XXXI, 1. (5) Liv., II , 26, IV, 7. Dionys., V, 61 , VI , 35, VIII, 9. (6) Liv,FV,7. ( 620 ) § 2. Les négociations avec l'ennemi pour la conclusion d'armistices ou de la paix. Le droit de conclure avec l'ennemi la suspension des hostilités pour un temps déterminé (indutiae) appartient au général commandant en chef (1). En règle générale, quand l'ennemi exprime le. désir d'entrer en négociations avec le peuple romain pour la conclusion de la paix, le général romain lui accorde, à certaines conditions, un armistice d'un, de deux, quatre, six mois, et donne un sauf-conduit aux négociateurs, que le peuple ennemi doit envoyer au Sénat romain (2). En effet, le général en chef n'a pas le droit de conclure avec l'ennemi une convention définitive de paix (5). Les conventions qu'il fait avec l'ennemi n'ont qu'un caractère provisoire el ne deviennent définitives que par la ratifi- cation subséquente du Sénat et du peuple. Si le Sénat ne les approuve pas, la ratification n'est pas même soumise au peuple (4). Que si le général seul ou solidairement avec les officiers supérieurs s'est porté caution de la ratification de la con- (1) Même des trêves d'un an : Liv., IX, 41, X , 46. (2) Dion. Hal ., IX, 17, 36, 59. Liv., VII , 22, VIII , 1, 56, IX, 43, X, 37, XXIX, 12, XXX, 16,XXXII,36,XXXI1I, 13,XXX1V,3d, 40, XXXVII, 7. Zonar.,Vl!I, 17 (P. 1,398C. Dind.,11, 222).Polyb., XVIII, i 0,39. App.,de reb.mac.,7§ 1. Sali ,Jug., 104. (3) Liv., IX, 5, 8. App., Maced , 2 § 2. (4) Cf. Liv., Ep. LX1V: « Poslumius legatus pacem quoque adjecit ignominiosam quam non esse servandam senatus cetisuit. « Eutrop., IV, 26: « Pax a Calpurnio Bestia (Consul de 111) fada, a senatu impro- bata. » ( 62! ) ventioo par l'autorité compétente (sponsio), et si le Sénat ou le peuple ne consentent pas à cette ratification, le droit fécial prescrit l'extradition à l'ennemi de tous ceux dont la personne a été engagée. Cette extradition, votée par le peuple ex S.-C, a lieu par le ministère des féciaux [deditio per patrem palralum) (1). On mentionne spécialement la sponsio faite avec les Samnites en 521 au nom des consuls, légats, questeurs et tribuns militaires (2). Le Sénat et le peuple refusèrent la ratification et décrétèrent l'extradition des auteurs de la convention (3). En 157, le Sénat et le peuple refusèrent la ratification de la sponsio, conclue par le consul Mancinus avec les Numantins, et le livrèrent à l'ennemi (4). Depuis cette époque on ne mentionne plus d'exemples d'extradition. La paix conclue en 111 avec Jugurtha par le légat A. Postumius Albinus, ne fut pas ratifiée (5); néanmoins, l'auteur de la convention ne fut pas extradé. Cependant, le général en chef peut entrer en pourpar- lers avec l'ennemi et débattre les conditions de paix, sous réserve de l'approbation du Sénat et du peuple (6). (1) M. Glaudius Clineas (Glicia ?) livréaux Corses en 231 : Val. Max., VI, 3§3 Cf. Dion. Cass., fragm. 45. Zonar.,VIll, 18 (P. 1.400 c. Dind. Il, 225). Voyez la formule de la deditio chez Liv., IX, 10. ("2) Liv , IX, o. App., Samnit , 4 (6). (3) Liv., IX, 8-10, ne cite que le sénatus-consulte qui décrèle leur extra- dition. Aulu-Gelle (N. A., XVII , 21 § 36) et Eulrope (II , 9) mentionnent aussi l'intervention du peuple. Cf. Cic, de off., III, § 109, deinv., II, §91. (4) Cia.deoff., III, § 109, de oral., I, § 181. (5) Liv.,Epit.LXIV. Sali , Jug, 59. (6) Polyb, 1,62, XXI, 17,30. Cf. Liv., XXI, 18- 19, XXIX, 12, XXXIV, 35, 43, XXXVJI,45. « Cwn senaius populusque Romanus pacem compro- baverint. » cf. c. oo,XXXVHI, 10. ; m ) D'ordinaire, le généra! envoie directement au Sénat les députés ennemis, chargés de négocier la paix (l),et parfois, il les fait accompagner par des membres de son état- major, pour donner au Sénat les renseignements néces- saires (2). Le Sénat examine s'il y a lieu de commencer les négo- ciations, de les poursuivre, de débattre les propositions de l'ennemi (3). Quand le Sénat est d'accord avec la partie adverse sur les conditions, il invite les tribuns de la plèbe à faire ratifier la paix par un plébiscite. En effet, sans une loi ou un plébiscite, la paix ne peut être conclue définitivement (4). (1) Dion. Hal., IX, 17, 36, 59. Liv., V, 27, VIII, 1,1X, 20, 40, X, 5,XXXVI, 27,33, XXXVIII, 10. Sali., Jug., 102, 104. (2) Liv., XXXII, 36, XXXVIII, 10. (3) Dion. Hal., XII, 13. Liv., VIII, 1, IX, 45.XXX, 42, XXXII, 37, XXXVI, 33, XXXVII, 1,49, XXXVIII, 3. Polyb., 1,62, XVIII, H, XXI, 25. Plutarch., Pyrrh.,19. Zonar., VIII, 18. (P. I, 400 c. Dincl, 11,223.) Sali., Jug , 104. (4) Liv., VII, 20, IX, S (321). « Ncgarunt consulesmiussv populi foedus fieri posse » IX , 20. Liv., XXI, 18 (242) « quia neque autoritate patrum neque. populi jussu ictum erat, negaslis vos eo teneri. » Cf. c 19.« Cum in Lutatii foedere diserte additum esset, ita id ratum fore, si populus cen- suisset. » Liv., XXIX, 12. Liv , XXXVII, 19 (190) « Cui rata ista pax erit, quant sine ronsule, non ex auctoritate senatus , non jussu p. R. pepige- rimus.... an expeclalurus quid de ea re consuli placeat , quid senatus censeat aul populus jubeat. » Dionys., VIII, 36, Polyb. I, 62, XXI, 10. « cvre toc; vaurixàç, Swâpetc, rhvxrov ènaveïdelv dtinouôev elç ryv iâiccv cure toc; ne Ç/xoc;, l«v /xi; nçôreçov o re cS^us; vj re .i] xoCi tm cfy'pu cîo'Çj» rw rûv ( 623 ) Après que le peuple a validé par son vote le S. C. sur la paix, le Sénat nomme une commission de dix sénateurs (1) pour assister le général romain qui a fait la guerre, dans l'exécution des conditions de paix, et pour régler les questions de détail que le Sénat a laissées ouvertes (2). Les questions importantes et imprévues qui se présentent, ou celles sur lesquelles le général et les dix commissaires sont en désaccord, sont renvoyées à la décision duSénat(o). Après que les commissaires et le général ont fini leur mandat, les cités étrangères avec lesquelles la paix a été conclue envoient des députés à Rome pour obtenir du Sénat la ratification définitive de tous les arrangements intervenus (4). Le Sénat veille ensuite à la stricte exécution des mesures qui ont été prises et ratifiées (5), et il envoie des députations pour aplanir les différends qui peuvent surgir dans la suite (6). TccprAuv. » Polyb., XX [,50. « Scèv/lo^ oè lûxjvvefyin y.<ù -cou typou Guvii-Kilvfbiaav-cc, » ib. 5:2. Sali., « Jug., 59 (1 10). » Senatus decernit suo alque populi injussu nullum poluisse foedus fieri. cf. Liv. Ep., LIV. En présence de ces témoignages expliciles, on ne peut pas déduire le contraire des passages où l'intervention du peuple n'esl pas expressément mentionnée Dion. Hal., V, 49, VIII, C8, IX, 17, IX, 59, X, 21. Liv., lli 25, V, 27, VI, 26, Mil , 1 , IX, 45, XXXIV, 45, XXXVIII, 11. - La men- tion du vote du peuple esi surtout omise chez les anciens quand ils mentionnent une paix conclue pour un certum tempus, Dionys., IX, 175 Liv., IV, 50, VII, 20, 22, X, 57. (1) Liv., XXX, 42, XXXIII, 24,XXXVII, 55 Polyb., 1,62, XVIII, 42, XXI, 24. App , de bell. mac , 7 § 2. (2) Liv, XXXIII, 51, XXXVII, 56. (5) Liv., XXXIII, 54. Polyb, XVIII, 47, XXI, 48, XXXVIII, 59. (4) Liv., XXXIV, 57 (195 : Quinclius après la guerre de Macédoine). (5) Liv, XXXI, 11, 19. (6) Liv., XXXIX, 22, 24, 26, 29, 33. ( m ) Nous allons résumer les négociations préliminaires à la conclusion de certains traités de paix mémorables. Traité de paix avec les Carthaginois après la seconde guerre punique, 205-201 . En 205, les Carthaginois envoyèrent une députation à Scipion, qui opérait comme proconsul en Afrique, pour demander la paix. Scipion leur lit connaître les conditions auxquelles il croyait possible d'obtenir la paix du peuple, et s'ils se ralliaient à ces conditions, il s'engageait à leur accorder un armistice pendant lequel ils pourraient en- voyer une députation à Rome, et régler la question avec le Sénat (1). Les députés carthaginois se rendirent en effet à Rome; mais le Sénat, persuadé que leurs offres de paix n'étaient pas sérieuses, les renvoya pour ainsi dire sans réponse (2). La guerre fut reprise, et Hannibal fut battu à Zama. En 202, les Carthaginois envoyèrent une nouvelle dépu- tation à Scipion (5). Scipion, de l'avis de son conseil de guerre, posa des conditions de paix beaucoup plus oné- reuses, et des conditions plus dures pour obtenir une trêve de trois mois à l'effet d'aller traiter de la paix avec le Sénat romain. Les Carthaginois acceptèrent néanmoins les con- ditions de Scipion, et ils envoyèrent à Rome une députa- tion que Scipion fit accompagner de trois délégués romains pour renseigner le Sénat (4). (1) Liv., XXX, 16. (2) Liv., XXX, 25 Polyb , XV, 1, 4, 8, et App., de reb. pun., 51-33, sui- vent une version un peu différente dans la narration de cette première partie des négociations. (3) Liv., XXX, 56. App., de reb pun., 49. (4) Liv., XXX, 36-38. App., de reb. pun , 55-54, 56. ( 625 ) C'était en l'an 201. Le Sénat était disposé à l'aire la paix ; mais la volonté du Sénat était contrariée par l'oppo- sition d'un des deux consuls (1). Alors deux tribuns sou- mirent directement au peuple la décision de la paix et lui proposèrent de désigner une personne chargée d'en déter- miner les conditions. Le peuple désigna le proconsul Scipion. Le Sénat, autorisé par le plébiscite, envoya une commission de sénateurs pour arrêter et exécuter, de con- cert avec Scipion (2), les conditions de paix. Après que Scipion se fut acquitté de son mandai, il fil partir une nouvelle dépulalion carthaginoise pour Rome à l'effet de demander au peuple la ratification des conditions qu'il avail imposées et exécutées d'accord avec le conseil les dix commissaires (5). Traité de paix avec Philippe de Macédoine , 191-196 av. J.-C. Après la victoire du proconsul Quinclius, en 197, le roi Philippe lui demanda la paix. Le proconsul accorda une trêve de 15 jours, et convoqua un conseil de ses légats et des chefs des peuples grecs alliés pour délibérer sur les conditions de paix à proposer au roi de Macédoine (4). Celui-ci obtint ensuite une nou- velle trêve de 4 mois pour envoyer des députés au Sénat romain (5). Au commencement de 196 avant J.-C, les (i) Zonar., IX, 14 (P. 1, 443 B. Dind. Il, 292) attribue erronément l'oppo ition au Sénat, et fait nommer par le peuple les decem legati. (2) Liv.,XXX,42. (3) Liv.,XXX,45. (4; Liv., XXXIII, 12. (o) Liv.,XXXlIl, 15. Polyb., XVIII, 39. («96) députés du roi de Macédoine, ceux de Quinctius et des alliés grecs sont présents à Rome (1). Après avoir débattu les conditions de paix et après les avoir soumises à la ratification du peuple (2) , le Sénat députa un conseil de dix sénateurs, avec la mission d'exé- cuter les conditions d'accord avec le proconsul (5). Le sénatus-consulte ratifié par la plèbe déterminait les conditions principales, et laissait au général, assisté de la commission des dix, le soin de régler les questions moins importantes. « Quod tempora rei publicae postulassent, id e re publica fide sua facere alque slatuere » (4). § 3. Les traités d'amitié, d'alliance et d'hospitalité publique. Le peuple, dit Polybe, a le droit de ratifier, d'invalider ou de rompre les alliances et les conventions (5). Cependant, toute convention internationale est d'abord soumise au Sénat, qui examine, discute, et fixe les clauses des conventions (6). Si le traité contient une alliance défensive et offensive (1) Polyb., XV1I1 , 42. Liv., XXXIII, 24. (2) Polyb., 1.1. Liv., XXXIII, 25. (3) Polyb., I, I. Nous avons suivi l'ordre indiqué par Polybe , qui est plus conforme aux usages romains que celui qui e;.t indiqué par Tite-Live, et où les X legati sont censés être désignés avant le plébiscite. Liv., XXXIII, 24-25. (4) Liv., XXXIII, 31. — Une procédure identique est suivie dans la conclusion de la paix avec le roi Antiochus en 189. Liv., XXXV1I.44, 45, 55,56, XXXVIII, 38,39. Polyb., XXI, 17, 24, 45,48. (5) VI, 14. (6) Diouys., VI, 18-21. Liv , II, 22, IV, 30, VII, 19, 38. ( C27) (fœdus), ou le droit d'hospitalité (hospitium publicum), en d'autres mots, si le traité impose au peuple romain cer- taines conditions ou charges déterminées, il doit, pour devenir exécutoire, être ratifié par le peuple (1). Mais quand il s'agit d'un simple traité d'amitié ou du renouvellement d'une alliance existante (2), ou de l'exten- sion du protectorat romain à une cité (in sociorum for- mulai)), referre) (5), ou du privilège de l'hospitalité publique à un étranger individuellement (4), le Sénat est compétent, sans l'intervention du peuple. § 4. Les rapports généraux du Sénat avec les peuples alliés et étrangers. Le Sénat romain ne reçoit pas seulement les députalions étrangères envoyées pour négocier les questions de paix et de guerre; mais il est consulté par le pouvoir exécutif sur toutes les questions internationales de quelque importance, (1) Polyb., I, 16. Dionys., XVII, I, IX, 5, XXXII, 23. — Ici encore les anciens ne mentionnent parfois que l'intervention du Sénat (Liv., V, 50, VIII, 1, IX, 41), ou même que du magistrat. Liv. XXVIII, 18. A cette caté- gorie appartient le premier sénatus-consulte sur l'alliance des Romains et des Juifs (Jos., Ant. jud., XII, 10 § 6) qui a du certainement être ratifié par le peuple. La ratification du peuple est encore mentionnée à propos de l'alliance conclue en 59 avec Arioviste (Dio Cass., XXVIII, 44) et avec Plo- lémée, (Caes., B. G., III, 107), cf. Cic, de prov.cons.,§ 3ô, 54. (2) Polyb., XXXI, 7, 14. Liv., Ep.,XLVJ, LVI. Voyez chez Mendelssohn, Acl. soc. phil. lipsiensis,1875, les différents sénalus-consulles sur les Juifs mentionnés par Josèphe, XIII, 5 § 8, 7 § 2, 9 § 2, XIV, 8 § S, 10 § 22, etc. (3) Liv., XLIII, 16. (A) Liv., V, 28. A cette catégorie appartient le s. c. de Asclepiade Polystralo Menisco in amicorum formulant referendis, de 78 av. J.-G. (Corp. Inscr. lai., I, p. 110-111.) ( 628 ) sur toutes les offres, les demandes ou les plaintes que les députés des nations étrangères présentent au peuple romain. Les offres de troupes auxiliaires ou d'argent (1), les pro- positions de soumission (2), les demandes de secours (3), du maintien de leur indépendance (4), les plaintes à l'adresse d'autres peuples (5), les demandes d'arbitrage (6), en un mot, toutes les propositions, adressées par des nations alliées ou étrangères, sont soumises à la délibération du Sénat. Il reçoit les députations envoyées par les nations amies pour féliciter le peuple romain des victoires qu'il a rem- portées (7). il accorde ou reconnaît aux dynastes étrangers le titre de Rois et d'amis du peuple romain (8), ce qui leur assure de la part des généraux romains les égards dus à des sou- verains (9). (1) Cf. Liv., XXXVI, 4, XLIY',14. (2) En 182-181 demande de soumission des Liguriens. Le Sénat laisse la décision aux consuls qui commandent l'armée en Gaule. Liv., XL, 15, 54. (3) Liv., XXX, 26, XXXII, 8. Justin., XXVIII, 1. Polyb., XXXIII, 7, 10. Caes., B. Gall, 1,31, VI, 12. (4) De ce genre est le s. c. de Thisbaeis de 170 av. J.-C.,qui démontre jusqu'à quel point minutieux le Sénat réglait la condition même des villes qu'il déclarait indépendantes. Voyez au sujet de ce s. c. l'étude de Fou- carl, Sénatus-consulte inédit de Tannée 170 av. notre ère. Paris, 1872. (5) Liv., XXXIV, 57, XXXIX, 24. 46-48, XL, 2, XL1, 6, XLII , 5, etc. Polyb., XXV, 6. (6) Polyb, XXXII, 17. (7) Liv., XXXVI, 55, XXXVII, 5, XLV, 13. Polyb., XXX, 17. (8) Liv, XXXI, 11, 19, XL, 58, XLV, 9. Dio. Cass , XXXVIII, 54. Cic.,ad fana., 11,17 § 7, IX, 15 § 4, ad AU., V, 17 § 5, Verr., II, 2 § 76, p. Dejol., §10.Caes,B.Gall., I, 5, 35, IV, 12. Bell. Alex, 67. (9) Sali., Jug.,65. ( 629 ) C'est au Sénat aussi que les nations étrangères exposent les griefs dont elles ont à se plaindre de la part des généraux ou des fonctionnaires romains (I). En 187, des députés d'Ambracie exposèrent au Sénat que le proconsul , sans motifs avouables, eut assiégé, pris d'assaut et saccagé leur cité. Le Sénat décréta la restitu- tion de tout ce qui avait été enlevé aux Ambraciens, et maintint l'indépendance de la cité (2). En 170, des députés d'Abdère se plaignirent au Sénat des cruautés commises par le préteur Hortensius. Les Abdériles lui avaient demandé un délai pour le payement d'une forte contribution de guerre qu'il leur avait imposée, et ils avaient exprimé le désir de pouvoir, au préalable, en référer au consul Hostilius qui dirigeait les opérations de la guerre contre Persée. Au lieu d'accueillir leur demande, Hortensius avait pris la ville d'assaut, décapité les principaux citoyens et vendu les autres à l'encan. Le Sénat, après délibération, notifia au consul Hostilius et au préteur Hortensius qu'Abdère avait été attaquée injustement, et il leur ordonna de rechercher les Abdé- rites vendus comme esclaves et de leur rendre la liberté (5). Le Sénat veillait énergiquement au maintien de ses pouvoirs dans le département des affaires étrangères. C'est ainsi qu'en 169 il fit lire publiquement en Grèce et en Orient un sénatus-consulte qui rappelait aux peuples alliés que le Sénat seul déterminait les contributions qui leur étaient imposées (4-). (1) Liv, XXXIX, oi, XLIII, 6. (2) Liv., XXXIX, 43-44. (5) Liv., XLIII, 4. (4) Liv., XLIII, 17. Polyb.,XXVllI,I6. 2rae SÉRIE, TOME XLIV. 43 ( 630 ) § o. L'audience des députations- étrangères au Sénat romain. Les députés des peuples ennemis ne sont pas admis dans l'intérieur de la ville. Si le Sénat consent à leur accorder une audience (1), i! leur fournit un logement dans la villa pnblica au Champ de Mars, et il se réunit pour les enten- dre dans le temple de Bellona qui se trouvait à proximité de la villa pnblica (2). Cependant, si le Sénat a des motifs pour ne pas entrer en négociations avec l'ennemi, il refuse à ses députés l'en- tretien aux frais de l'Étal et même l'audience (3) ; il leur ordonne de quitter sur-le-champ les abords de la ville et d'être sortis de l'Italie dans un délai (ixé (4); pendant le trajet de l'Italie, il les fait escorter et surveiller par un sénateur (o). Il leur défend même de revenir à Rome pour renouer les négociations, sans en avoir reçu l'autorisation du géné- ral en chef qui leur fait la guerre et sans être accompagnés d'un de ses lieutenants (6). (1) Cf. Sali., Jug., 28: « Senalus a Bestia consultus est placereliw leyatos Jugurthae recipi moenibus. (*( Liv., XXX, 21, XXXIII, 24, XLII, 36. (3) Liv.,XLV, 19. (4) Liv., XXXVII, 1 (190). « Legati Aetoli dimissi urbe eodem die , llaiia intra quiudecim dies excedere jussi. » Cf. 49 (189), XLII,36 (171) « intra undecimum diem », 48 (30 j"). App., de bell. mac, 9 (5) — ùv Té-Afaspai; sk 7;f; Pâ^. Polyb., XXXII, 1, Diod. Sic, XXXI , 23, dit sx r?;'lTaiia;. cf. Polyb., XXXIII, 8. Sali., Jug., 28; « ut in diebus pro- ximis decem Italia décédèrent. » (5) Liv., XLII.56. (6) Liv.,XXXVIl, 49, cf Dion. Cass., fr. 99. ( 631 ) Le roi Eumène, qui pendant la guerre de Macédoine avait joué un rôle fort équivoque, débarqua à Brindes en 166, pour se rendre à Rome. Aussitôt le Sénat, pour ne pas devoir se prononcer sur sa conduite, fil voter une loi interdisant aux Rois le séjour de la ville, et il envoya un questeur à Brindes pour prévenir Eumène du vote de la loi et pour recevoir communication de la mission pour laquelle le Roi était venu (1). Cependant cette loi n'avait été dirigée en réalité que contre Eumène : quatre ans plus tard, le roi Ptolémée le Jeune, chassé par son frère, vint implorer le secours du Sénat, et celui-ci l'accueillit avec une hospitalité extraor- dinaire (2). Aux députés des peuples amis le Sénat envoie au con- traire des guides pour les accompagner sur le territoire romain, et il ordonne aux communes qu'ils visitent de leur l'aire bon accueil (3). Si les députés sont des personnes de distinction, le Sénat donne à un questeur la mission d'aller à leur ren- contre à leur arrivée en Italie, d'être de service auprès d'eux pendant leur séjour à Rome, et de les reconduire à leur départ jusqu'à une certaine distance de la ville (4). La personne des députés est inviolable pendant leur séjour sur le territoire romain. Ceux qui ne respectent pas cette inviolabilité, sont traduits, de l'avis conforme du (1) Polyb.,XXX, 20, qui raconte longuement ce fait, ne parle que du «SoVpa , c'est à-dire du sénatus-consulte: maisTEpitomatorde Tite-Live, XLVI, témoigne que la décision du Sénat fut confirmée par une loi : « in commune lata lex est ne oui régi Romam venire liceret. » (2) Val. Max.V, 1 § 1. Liv., Ep.XLVI. Polyb,XXXI, 18. (3) Liv., XXVIII, 39. (i) Liv., XLV, U. Cf Val. Max., V, i §1- ( 632 ) Sénat, devant le tribunal des féciaux (1). Si les féciaux les déclarent coupables et que le peuple ratifie la condamna - lion (2), ils sont extradés au peuple étranger (3). Le jour d'audience des députations étrangères est fixé par le président du Sénat (4). Les députés attendent dans la Graecostasis, près de la Curia Hostilia (5), jusqu'à ce qu'un magistrat les introduise au Sénat (6). La parole leur est accordée par le président pour exposer leur mission (7). Ils sont obligés d'employer la langue latine; s'ils ne savent s'exprimer en latin, ils doivent se servir d'un interprète (8). Des sénateurs leur rendaient parfois ce service (9). Plus tard, on permit aux députés grecs l'emploi de leur langue : (1) Van-., (le vit p R. cilé par Non. Marc, v. feliales (M., p. 529 R. p. 36'2). (2) Le vote du peuple n'est pas toujours mentionné; mais d'après la Constitution romaine il semble qu'il était nécessaire. Cf. Diod. Sic, XXXVI , 15, et le récit sur ladéputaiion des Fabii. Diod. Sic, XIV, 115, App.,de reb. Gall., 3. Liv., V, 35, 36. Plut., Cam., 18. (3) Val Max., VI, 6, § 3 et § 5. Dio Cass., fr. 42, Cl . Liv , XXXVI11, J42. (4) Liv., XXIX, 16-17. Plut., Cat. maj.,22. Plin.,11. N., Vil, 30(31) § 112. Scol. Rob., p. 320. (Or.) (5) Varro, de 1. 1 , V, p. 154 : « sub dextra hujus [curiae Hosliliae] a comilio locus substructus ubi nationum subsistèrent legati qui ad sena- tum essent missi. Is Graecostasis appetlatus a parte ut multa. » (6) Liv., XXVI , 50. (7) Liv, XXVI, 30. (8) Val Max., II, 2 § 3. La réponse du Sénat était également toujours en latin Val. Max. 1. 1. (9) En 155, le sénateur C. Acilius servit d'interprète à la célèbre dépu- tation des trois philosophes grecs. Gell , N. A, VI (VU), 14. Polyb ., XXXIII, 2. Plut., Cat. maj., 22. Chez Macrobe, Saturn, 1, 5 § 14, le sénateur s'appelle erronément Caelius. ( 653 ) le premier qui obtint ce privilège fut le rhéteur Molon (1). Après que les députés ont exposé le mandat dont ils sont chargés, tout sénateur a le droit de leur poser des questions auxquelles ils sont tenus de répondre (2). Ensuite ils sont invités à se retirer dans la Graecostasis, pendant la délibération du Sénat (5). Quand la décision est prise, le président la leur fait con- naître par un magistrat (4), ou il les prie de rentrer au Sénat pour en entendre la lecture (5). Les demandes formulées par les députalions étrangères étaient parfois si nombreuses et si complexes qu'il était impossible de les discuter convenablement dans la séance plénière du Sénat. Dans ce cas, le Sénat nomme ou fait nommer par le président une commission de sénateurs, et il charge celle-ci de donner aux députés une audience spéciale, d'examiner leurs demandes et d'en faire rapport au Sénat. Ainsi, en 195, les députés, envoyés par Antiochus pour demander l'alliance du peuple romain, sont renvoyés devant Quinctius et les dix sénateurs-commissaires qui avaient exécuté les conditions de paix avec Philippe de Macédoine, et dont plusieurs avaient été en Asie auprès du roi Antiochus. Quinctius, assisté des dix commissaires, fut chargé d'entendre la députation, et de lui donner une réponse conforme à la dignité et aux intérêts du peuple romain (6). (î) Val. Max., II, 2 § 3. (2) Liv., XXX, 22, cf. XXIX, 19, XXXVII, 1, 49. App.,Pun., 74. (3) Liv., XXVI, 50, XXIX, 19, XXX, 23, XLV,2o. SaII.,Jug., 15. (4) Liv., XXX, 40, XLV, 20. (5) Liv., XXVI , 32. (6) Liv., XXXIV, 37. Diod. Sic, XXVIU, 15. ( 634 ) La conférence n'eut pas de résultat. Le lendemain Quinclius exposa au Sénat les conditions formulées par le Roi et la réponse qu'il avait donnée (1). En 184, des députations lacédémoniennes vinrent, au nombre de quatre, exposer au Sénat des demandes diverses et contradictoires. On nomma, pour les entendre, une com- mission de trois sénateurs qui avaient été déjà chargés auparavant d'une mission officielle relativement au même sujet dans le Péloponèse (2). En 170 av. J.-C, les députés thisbéens, introduits au Sénat le 9 octobre, demandèrent de pouvoir exposer eux- mêmes les mesures qu'ils désiraient voir ratifiées par le Sénat. Le Sénat chargea le préteur-président de nommer une commission de cinq sénateurs pour entendre les demandes et formuler un projet de réponse. Le rapport fut déposé et voté en séance plénière du Sénat le 14 octobre (5). § 6. Les députations romaines envoyées a l'étranger. Les membres des députations envoyées par le Sénat aux nations étrangères (leyati (4) ,oralores (5), sont, d'après (1) Liv., XXXIV, 59. (2) Polyb., XXIII, 4. Cf. XXII, 9. (3) Se. de Tlusbaeis, publié par Foucart. Il faut compléter à la 9e ligne: èVco; aura (êiâp)Qua(iv) (a); toc xaQ'aÛTcô; -nçây^ccTa. èfjl^y^ccvlxi (et non pas àwwwlxi). (i) Varr., de 1. 1., V, 16 (25). « Legati qui lecli publiée... nuntii seiiatus aut populi esssent. » Cf. VI, G9 (57) : « icleo etiam legati quod ut publiée miltantur leguntur. » (5) Fest., v. oratores. Paul. Diac , v. adorare : « unde el legati oratores dicunlur qui populi mandata agunt. » ( 035 ) la décision du Sénat, désignés par le sort (1), ou nommés soil directement par le Sénat, soit par le président (2). Parfois le Sénat désigne nominatim une partie des députés, et fait compléter la commission par le sort ou le choix du président (3). Le sénateur désigné a le droit de s'excuser (4). Quel que fût le mode de désignation, le sénalus-con- sulte déterminait le nombre des membres de la députalion et les rangs sénatoriaux dans lesquels ils seraient pris (5). En examinant la composition des députationsqui furent nommées depuis la seconde guerre punique jusque vers 166 av. J.-C. (6), on remarque que le nombre ordinaire des membres est de trois, parfois, pour des missions de moindre importance, de deux. Le nombre s'élève à cinq, quand la députation est chargée de négociations impor- tantes ou quand elle doit visiter successivement plusieurs nations, ou enfin lorsqu'elle a une mission religieuse à laquelle il convient de donner de l'éclat. Les députalions (i) Tac, Hist., IV, 8 : « secundum vêlera exempta quae sortem hga- tionibus imposuissent ne ambitioni aut inimicitiis locus foret. » Le tirage au sort se fait dans une urne, ib , G (2) App , Bell, milhr , 6. Tac , Hist., IV. 6: « eligi nominatim a magis- tratibus juratis » C'est présenté là comme une exceplion. Ces principes s'appliquent également à des députalions nommées à d'autres fins. (5) C'est ainsi qu'en 196 le Sénat désigne pour faire partie de la com- mission deux consulaires qui avaient exercé des commandements en Macé- doine. Liv., XXIII, 24, cf. ib , 55. (4) Cic, ad AU., II 5§ 1. (5) Sali., Jug.,21, 23. Cic, Phil., XIII, 17 §56. (6) Elles sont indiquées chez Tite-Live, XXI, fi, 18, XXIII, 24, 55, XXVII, i, 56, XXIX, 1 1, XXX, 26, XXXI, 2, 11, XXXIII, 47, XXXIV, 59, 62, XXXVII, 55, XXXIX, 24, 48, 54, XLI, 22, 25, XLI1, 6, 17, 19, 25, 26, 55,57, 45, XLIII, 4,5, XL1V, 18, 19,27, XLV, 17,42. ( G36 ) les plus nombreuses se composent de dix membres ; elles sont nommées spécialement pour exécuter, après une guerre, les conditions de paix ou l'organisation provinciale d'un pays conquis. Le président des députalions était ordinairement du rang consulaire, parfois du rang prétorien. Les députations de deux membres se composaient généralement d'un sénateur curule et d'un sénateur pédaire. Dans les députations de trois membres, il y avait géné- ralement deux sénateurs curules (1). Parfois ils apparte- naient tous trois à cette classe. Les députations qui sont composées d'un sénateur curule et de deux pédaires for- ment l'exception. Les députations de cinq membres comprenaient ordinai- rement trois sénateurs curules et deux pédaires, parfois quatre sénateurs curules. C'est surtout la composition de la députalion envoyée en 205 pour chercher la statue de la Magna Mater qui nous fait connaître la répartition ordinaire des membres parmi les différents rangs sénato- riaux. Elle se composait d'un consulaire, d'un prétorien, d'un ancien édile curule et de deux quaestorii (2). On est en droit de conclure de là que les commissions des X legati se composaient généralement de six sénateurs curules et de quatre pédaires. Cependant la députation envoyée en Asie en 189 pour exécuter la paix conclue avec Antiochus, la seule que nous (1) C'était encore la règle à la fin de la République: la députation envoyée aux Gaulois en 60 se composait d'un consulaire, d'un praetorius et d'un pédaire. Cic, ad AU., I, 19 § ± (2) Liv., XXIX, 11. ( 637 ) connaissions au complet, donnait aux sénateurs curules une plus belle part encore; elle comprenait trois consu- laires, quatre praetorii et seulement trois quaestorii (1). Il est curieux de remarquer que même au troisième siècle de l'Empire on observait dans la composition des députations la même proportion entre les différents rangs sénatoriaux. Une députation de vingt sénateurs, envoyée à l'empereur Maximus en 258, après la mort de Maximinus, comptait quatre consulaires, huit praetorii, par conséquent , douze sénateurs curules, et huit quaestorii (2). Le Sénat marquait parfois par la composition de la dé- putation son estime ou son dédain à l'égard de la nation à laquelle elle était envoyée. Ainsi en 149 ou 1 48, le préteur-président, chargé par le Sénat de nommer une commission de trois membres pour réconcilier Prusias, roi de Bithynie, avec son fils Nico- mède. compose la députation de telle sorte : « utunus ex Us mullis cicalricibus sparsum caput haberet, aller pedibus aeger esset, tertius ingenio secors haberelur. » Aussi Calon l'Ancien disait-il que cette députation n'avait ni tête, ni pieds, ni cœur (3). (1) Liv.,XXXVlI,55. (2) Jul.Cap, Max. et Balb , 12; cf. Serv. ad Aen., VII, 15» : « ordine ab omni : ex omni qualilate dignitatum quod apud Romanos in legatione miltenda hodieque servalur. » (5) Liv., Ep. L. Polyb., XXXVII, 6. Diod. Sic, XXXII, 20, App , B. Mithr , 6. Plut, Cat. maj.,9. ( 638 ) § 7. La politique du Sénat au second siècle avant J.-C. Ce fut pendant le second siècle avant J.-C. que le peuple romain s'assura la domination sur l'Afrique et sur l'Asie. La diplomatie du Sénat eut sur ces conquêtes une influence aussi grande que la force des armes. Après avoir remporté des victoires décisives sur une nation ennemie et rivale , le Sénat romain ne lui ravissait pas immédiatement l'indépendance. S'il estimait que la nation vaincue avait encore trop de vigueur, trop d'union, un désir trop vif d'indépendance, il lui imposait d'abord des conditions qui ne semblaient pas excessives, mais qui, en réalité, préparaient son esclavage. Il défendait au peuple vaincu de contracter des alliances avec des peuples étrangers sans le consentement du Sénat romain; il limitait ies forces de terre et de mer qu'il pour- rait entretenir, et il accordait l'indépendance aux cités qui se prétendaient soumises illégalement à la domination de la nation vaincue. Il brisait, s'il en avait l'occasion, l'unité nationale pour reconnaître l'indépendance à chaque cité, à chaque canton. Ce fut la politique adoptée par le Sénat romain à l'égard de la Macédoine, de la Grèce et de la Syrie. Les sénatus-consultes sur la paix avec Philippe de Macédoine en 197-196 et avec Antiochus en 190-189, montreront celte politique en action. Conditions de paix avec Philippe de Macédoine. Outre les contributions de guerre, la reddition des pri- sonniers, des transfuges et des navires de guerre, les Romains imposèrent les conditions suivantes : ( 659 ) Le Roi de Macédoine ne pourra faire la guerre hors de son royaume, sans le consentement du Sénal romain. Il perd certaines parties de la Macédoine et de l'Illyrie qui sont rendues à la liberté ou à des princes indigènes (I); il devra retirer ses troupes de toutes les villes grecques en Europe et en Asie, et livrer ces villes aux Romains avant l'époque des jeux islhmiques (2). L'indépendance complète est concédée à toutes les villes grecques, sauf à Corinthe, Chalcis et Demetrias, dont le sort était laissé à la décision des dix commissaires. Ceux-ci décidèrent que Corinthe serait rendue à la ligue achéenne, sous la réserve du droit de garnison que les Romains conservaient dans la citadelle, que Chalcis et Demetrias seraient retenues par les Romains jusqu'à ce qu'on n'eût plus à craindre une descente d'Antiochus de Syrie (3). L'ile d'Egine est concédée au roi Attalus, Stralonicea et d'autres villes de la Carie, aux Rhodiens; Lemnos, Imbros, Delos et Scyros, aux Athéniens (4). Aux jeux islhmiques, le proconsul Quinctius proclama, au nom du Sénat et du peuple romain, la liberté et l'im- munité des peuples grecs (5). (1) Liv., XXXIII, 54 Polyb, XVI II, 47. (-2) Liv., XXXIII, 30 Polyb., XVIIT, 44, App , Maced., 7 (2). (3) Liv., XXXIII, 51 . Polyb., XVIII, 45. (4) Val. Anlias, cité par Liv., XXXIII .50. (5) Liv, XXXIII, 52. Polyb., XVIII, 46. App., Mac, 7 (2). Val. Max., IV, 8 § 5. Plutarch., Tit., 10. Voyez aussi les conditions de la paix avec les Éto- liens en 189. Liv , XXXVIII, 11. Polyb , XXI, 52. ( 640 ) Conditions de paix avec Anliochus, 490-189. Le royaume d'Anliochus sera borné par le mont Taurus et le fleuve Halys, et le roi de Syrie ne pourra faire la guerre à ses voisins occidentaux (1). L'Asie mineure, qui avait été soumise par Anliochus, sera partagée entre Eumène, lils d'Allale, et les Rhodiens; la liberté sera rendue aux cités grecques de l'Asie (2). Après avoir affaibli les puissances rivales, le Sénat s'immisçait continuellement dans leurs affaires intérieures. Pour toute question de quelque importance, elles étaient obligées d'envoyer des députés au Sénat. Le Sénat, de son côté, envoie d'année en année des députations en Grèce, en Macédoine, en Asie, en Egypte, en Afrique, pour inspecter la situation et en faire rapport au Sénat (3). Il (1) Liv., XXXVIII ,38. Polyb., XXI, 45, 48. (2) Liv. XXXVIII, 55-56. Polyb., XXI, 24. Velt. Paterc , II, 38 § 5. (3) Députations en Grèce et en Macédoine en 208 (Liv , XXVII, 33), en 203 (Liv., XXX, 26), 186 (Liv., XXXIX, 24), 184 (Liv., XXXIX, 48), 176 (Polyb, XXV, 0), 174 (Liv., XLI, 22 et 23), 173 (Liv., XLII, 5, 6), 171 (Liv., XLII, 37), 164 (Polyb., XXXI, 6, 9), 162 (Polyb., XXXI, 23), 147 (Polyb., XXXVIII, 7, 8, 9). Députations en Asie en 193 (Liv., XXXV, 17), 186 (XXXIX, 22), 184 (Liv., XXXIX, 51, 56), 182 (XL, 2), 181 (Liv., XL, 20), 178 (Polyb., XXV, 4), 172 (Liv., XLII, 19), 171 (ib., XLII, 50), 171 (ib., 45), 167 (Liv., XLV, 44), 165 (Polyb., XXXI, 5), 164 (ib., 6, 7, 9), 162 (ib, 19, 23), 156 (ib., XXXII, 28), 154 (ib, XXXIII, 9, 12,13), 153(ib.,15), 149 (ib., XXXVII, 6), vers 127 (Dioci. Sic, XXXIII, 28a), etc. Députations en Egypte en 201 (Liv., XXXI, 2), 196 (Liv., XXXIII, 59), 173 (Liv., XLII, 6),168(Liv.,XLIV, 19), 162 (Polyb, XXXI, 18), 161 (ib., XXXII , 1), 154. (ib., XXXIII, 8) Députations en Afrique en 200 (Liv., XXXI, 11), 195 (Liv.,XXXIIl, 47), 193 (ib, XXXIV, 62), 182 (ib., XL, 17), 171 (Liv., XLII, 35), 155 (Liv, Ep., XLVIII),eic. C m ) entretient la jalousie entre les cités et les royaumes voisins, et se fait l'arbitre de leurs querelles; il excite des différends et intervient ensuite sous le prétexte de les aplanir; il suscite les compétitions aux trônes et décide les questions de successions (1). Après avoir habitué ainsi les cités étrangères à l'inter- vention romaine de tous les moments et dans toutes les questions, après avoir fractionné les grandes monarchies, dissout les alliances et les ligues nationales, il choisit le moment opportun pour intervenir par la force armée (2); il enlève les derniers vestiges d'indépendance et transforme le pays en province romaine. A mesure que le théâtre de la guerre s'éloignait de Rome, il devenait plus difficile pour le Sénat d'exercer sur les actes des généraux en chef un contrôle continuel. Aussi ceux-ci acquirent-ils dès lors, dans leurs relations avec les peuples voisins, amis ou ennemis, une plus grande indépendance. Les premiers symptômes de ce fait se rencontrent dans les guerres des généraux romains avec Milhridate, roi du Pont. Le Sénat envoya une députation en Asie pour rétablir sur leurs trônes les rois de Bithynie et de Cappadoce, chassés par Milhridate, et il ordonna au gouverneur d'Asie, L. Cassius, de seconder les députés dans leur mission. (1) Voyez le s. c. sur la reconnaissance d'Alexandre et de Laodicée comme successeurs d'Antiochus en 152 (Polyb., XXXIII, 18). Cf. Polyb., XXXI, 1-2, XXXII, 1, XXXIII, 8. Diod. Sic , XXXIII, 28a. Liv., XLIV, 1 9. Justin., XXX, 2. (2) Cf. Polyb., XXXVIII , 7-9. ( 642 ) Ceux-ci ne se contentèrent pas d'exécuter le mandat dont ils avaient été chargés ; mais ils entreprirent , malgré les protestations de Mithridate, et sans en avoir été autorisés par le Sénat et par le peuple, la guerre contre Mithri- date (1). La guerre ne fut votée par le peuple que lorsqu'elle était déjà déclarée par les généraux romains (2). La guerre contre Mithridate fut ensuite conduite succes- sivement par Sulla, Muraena, Lucullus et Pompée. Bien que ces généraux, dans leurs négociations avec l'ennemi, invoquent, quand ce prétexte leur est utile, la nécessité de faire légaliser leurs conventions par le Sénat (3), en réalité, ils agissent en tout d'après leur bon vouloir (4). Sulla fait la paix avec Mithridate aux conditions qu'il détermine lui-même (5). Muraena ne respecte pas la con- vention faite par Sulla, sous le prétexte qu'elle n'était pas écrite(6) ; et Sulla dut envoyer un député spécial, A. Gabi- nius, pour intimer à Muraena l'ordre de cesser la guerre (7). L. Lucullus contracte des conventions d'amitié et d'alliance avec des Rois (8), il fait la guerre au roi d'Arménie et il se dispose à attaquer les Parthes (9). Sa conduite excite, il est vrai, les clameurs des démo- li) App, Bell. Mithr., 11-17. (2) App., Bell. Miibr.,22. (3) Cf. App., Bell. Mithr., 55, 106. (4) Cf. Plut, Su»., 22, 24. Dio., Cass., fr. 105 (4). Gran. Lie, p. 33-35 (Bonn.) App., Bell Mithr., 60, 64. (5) App., Bell. Mithr., 55, 58, 60. (6) App,, Bell. Mith , 64. (7) App., Bell. Milhr,66. (8) Liv, Ep.XCVlII Plularch , Lucull., 24. (9) Plut., Luc, 24, 30-31- ( 615 ) crates à Rome, et amène l'envoi d'un successeur (1), mais Lucullus n'est nullement poursuivi pour abus de pouvoirs. Pompée en Asie (2) et César (5) dans les Gaules con- cluenl des conventions, reçoivent des députations et déclarent la guerre sans s'adresser au Sénat pour chaque mesure qu'ils prennent. D'ailleurs, au dernier siècle de la République, le rôle diplomatique du Sénat avait perdu singulièrement de son importance. Après la défaite de Milhridate, il n'y avait plus de peuple qui pût traiter d'égal à égal avec Rome (4). Il y a encore de nombreuses députations reçues par le Sénat; mais ce sont surtout des députations de villes pro- vinciales, venant demander au Sénat quelque exemption ou quelque privilège, ou seulement lui exprimer leurs hommages (5). (1) Plut., Luc, 24,53. (2) Diod. Sic, XL,2.Vell. Pal., II, 37. (3) Suet., Caes , 24, 28. (4) Vell. Pat, 11,40. (3) Aux relations internationales se rapportent différents fragments de s. c. conservés : celui ad Delphos de 186 (Le Bas, n° 832, b), ad Thisbaeos de 170 (Foucart), auxSamiens de 136 (Le Bas et Waddington, Voyage en Asie Min ., n° 193-198), à Aslypalée (Corp. I. gr , T II, n° 2485), et à Aphro- disias vers 56 (Le Bas et Waddington, n° 1627). ( Mi ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 8 novembre 4811 . M. Alain, directeur, président de F Académie. M. Liagre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. L. Gallait, Guill, Geefs, Eug. Verboecklioven, Jos. Geefs, C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, Edm. De Busscher, Alph. Balat, le chevalier L. de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq, Ernest Slingeneyer, Alex. Robert, Adolphe Samuel, Ad. Pauli, G. Guffens, membres; Alex. Pinchart, correspondant. M. Mailly, membre de la classe des sciences, assiste à la séance. M. le directeur, avant la lecture de la correspondance, annonce à la classe qu'il a des nouvelles rassurantes à donner au sujet des suites de l'accident arrivé à M. Portaels, l'honorable vice-directeur. Il fait part, ensuite, de la mort de M. le baron Guillaume, membre de la classe des lettres, décédé subitement hier, mercredi, à 5 heures de l'après-midi. Il invite les membres de la classe à assister aux funérailles du défunt. ( 645 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'intérieur fait parvenir, conformé- ment aux dispositions du règlement des grands concours, une copie du dixième rapport semestriel de M. Cuypers, lauréat du grand concours de sculpture de 1872. Ce document est renvoyé à l'examen de MM. Joseph Geefset Fraikin. PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1879. La classe s'est occupée du programme de concours pour 1879, dont la rédaction définitive sera arrêtée dans sa pro- chaine séance. — Elle s'est constituée ensuite en comité secret, pour prendre connaissance de la liste des candidatures aux places vacantes, arrêtées par les sections. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Chalon (/?.). — Curiosités numismatiques. Monnaies et je- tons rares ou inédits. 25me article. Bruxelles; broch. in-8°. Chalon {R.). — Discours prononcé le 1er juillet 1877, en assemblée générale de la Société royale de numismatique. Bruxelles; broch. in-8°. Crépin (François). — Guide du botaniste en Belgique. 2me SÉRIE, TOME XL1V. 44 ( 646 ) (Plantes vivantes et fossiles). Bruxelles, Paris, 1878; vol. in-18. de Koninck (L.-G.). — Recherches sur les fossiles paléozoï- ques de la Nouvelle-Galles du Sud, avec planches. Bruxelles, 187G-77; hr. in-8° et atlas in-4°. Henry (Louis). — Précis de chimie générale élémentaire. Leçons professées à l'Université de Louvain, 2me édition, tome III. Louvain, 1877; vol. in-8°. Kervyn de Letlenhove [le baron). — Récits d'un bourgeois de Valenciennes (XIVe siècle). Louvain, 4877 ; vol. in-8°. Morren (Edouard). — Liste des jardins, des chaires et des musées botaniques du monde, 5me édition. Liège, 1877 ; br. in-8°. Cocheleux [Th.). — Études sur les mines militaires. Liège , 1877; vol. in-8°. U. W. M. — De l'identité de la matière. Une hypothèse. Louvain, 1877; br. in-8°. Laurent (A.). — Abus des boissons alcooliques. Bruxelles, 1877; br. in- 16. Deschamps (Arsène). — Discours sur le respect, prononcé à la distribution des prix aux lauréats du concours général de l'enseignement moyen, le 23 septembre 1877. Bruxelles, 1877; extrait in-8°. Vandenpeereboom (Alph.). — Essai de numismatique yproise. Bruxelles, 1877; in-8". Du Moulin (le Dr). —Sur l'action locale des acides dilués. Bruxelles, 1877; extr. in-4°. Fredericq. — Contributions à l'étude des Échinides. Extr in-8°. Mac-Leod (Jules). — Cristaux de phosphate ammoniaco- magnésien sur les replis d'un python. Extr. in-8°. Petermann (A.). — Recherches sur les graines originaires des hautes latitudes. Bruxelles, 1877; br. in-8°. Institut archéologique liégeois. — ■ Bulletin, tome XIII. Liège, 1877; vol. in-8°. ( 647 ) Académie d'archéologie de Belgique. — Annales, tome XXXIII , 2me et 5mc livraisons. Anvers, 1877; in-8°. Société archéologique de Namur. — Annales, tome XIV, ire livraison. Namur, 1877; in-8°. Académie royale de médecine. — Mémoires couronnés et autres mémoires, tome IV, 2mc fasc. — Bulletin, n° 8 de 1877. Bruxelles; in-8°. Université de Liège. — Cliniques universitaires. Rapport au conseil communal. Liège, 1877; br. in-8°. Allemagne et Autriche-Hongrie. Clausius [R.\ — Die Potentialfunction un cl das Potcnlial. 3",c édition. Leipzig, 1877; broch. in-8". Scheffler {Dr. Hermann). — Die Naturgesetze und ibr Zu- sammenhang mit den Prinzipien der abslrakten Wissen- schaften : I. Tbeil : Die Théorie der Anschauung oder die mathematiseben Gcsclzc; II. Theil : Die Tbeoric der Erschci- nung oder die pbysischen Gesetze. Leipzig, 1876-1877; 4 vol. in -8°. Gesellschaft fur Erdkunde zu Berlin. — Verbandlungcn, sitzungen vom Mai-Juli. — Zeitschrift, XII. Bd. 5-5. Heft. Berlin, 4877; in-8u. Akademie der Wissenschaften, Wien. -- Sitzungsbericbte : Pbilos.-histor. Classe, LXXX1I. Bd. Heft ô; LXXXIII. Bd. Heft 1-4. Mathem.-naturwiss. Classe, erste Abtheilung. LXXXIII. Bd. Heft 1-5; LXXXIV. Bd. Heft 1-2. Zweite Abtheilung, LXXXIII. Bd. Heft 4-5 ; LXXXIV. Bd. Heft 1-2. Dritte Abtbei- lung, LXXXIII. Bd. Heft 1-5. — Arcbiv fur ôsterreiebische Geschichte, LIV. Bd. Heft 2. — Diplomata et acta, XXXIX. Bd. Vienne, 1870; in-8\ Gesellschaft Nalurforschender Freunde zu Berlin. — Sit- zungsbericbte. Jabrgang 1870. Berlin; in-8°. K. statistisch-topographisches Bureau. — Wurlember- ( 648 ) gische Jahrbûcher, 1876, Hcft 1-4; 1877, Heft 3. — Beschrei- bungdes OberamtsSpaichingcn. Stuttgart, 1876-77; 5 br. gr. in-8°, 1 br. in-8°. Societa adriatica di scienze nalurali in Triesle. — Bollet- tino, tome III, n° 2.Triestc, 1877; in-8°. Schlesische Gesellschaft fur vaterlândische Cultur. — 54. Jabresbericht. Breslau, 1877; in-8°. Verein fur Erdkunde zu Dresden. — XIII. und XIV. Jah- resbericht. Dresde, 1877; br. in-8°. Zooloyische Gesellschaft in Frankfurt a. M. — Der zoolo- giscbe Gnrten XVIII. Jahrgang, Nos 1-3. Francfort, 1877; in-8°. K. k. Stermcarte in Wien. — Annalen, XXVI. Bd. 1876. Vienne, 1877; in-8°. France. Bouvet (A.). — Étude sur la dissociation ou décomposition de l'eau. Paris, 1877; br. in-4°. Chatel {Victor). — Association des instituteurs de la zone communale de Valcongrain, Bulletins nPS 1-12, février 1876 à janvier 1877. Caen 1876 ; vol. pet. in-8°. De Backer (Louis). — L'extrême Orient au moyen âge, d'après les manuscrits d'un Flamand de Belgique et d'un prince d'Arménie. Paris, 1877; 1 vol. in-8°. Grande-Bretagne. Institution of civil engineers. — Minutes of proceedings, 1876-77, 4me partie. Londres, 1877 ; vol. in-8°. Meteorological department of India. — Memoirs, vol. I, part. 1. — Report of the meteorology of India in 1875. — Report of the Vizagapatam and Backergunge cyclones of oc- ( 649 ) tober 1876. — Report on the administration of the départ- aient in 1 875-70. Calcutta ;in-4°. Royal historical Society. — Transactions, vol. VI. Londres , 1 877; vol. in-8°. Stalistical Society. — Journal, septembre 1877. Londres; in-8°. Edinburgh geological Society. — Transactions, tome III, lre partie. Edimbourg, 1877; in-8°. Italie. Société entomologiqitc italienne. — Bulletin, 2mc trimestre de -1877. Florence; br. in-8°. Société dei naturalisa in Modena. — Annuario, 10me année, 4mefasc. — Hme année, 1er et 2d fasc. Modène, 4877; 2 br. in-8°. Aceademia d'agricultura arti e commercio di Verona. — Memorie, 2me série, tome LIV, 2d fasc. Vérone, 1 877 ; in-8°; Tommasi (Donalo). — Ricercbe fisico-ebimiche sui diffé- rent! stali allotropici dcll' idrogeno. Capellini (G.). — Balenottcre fossili e pacbyacanthus dcll' Italia méridionale. Rome, 1877; br. in-4°. Lorenzoni (G.). — Giovanni Santini, la sua vita e le sue opère. Discorso. Padoue, 1877; br. in-8°. R. Aceademia délie scienze di Torino. — Atti, vol. XII (novembre 1870-juin 1877). Turin; in-8°. Osservatorio délia regia universita di Torino. — Bollet- tino, anno XI, 1876. Turin, 1877; in-4°. R. Istitulo lombardo di scienze e lettere. — Rendiconti, 2me série, tome IX. — Memorie, tome XIII, fasc. 5 de la classe des lettres; tome XIII, dernier fasc. de la classe des sciences. Milan, 1 vol. in-8° et 2 br. in-4°. Dattino (Battista). — Il trigregno di Pietro Giannone. Na- ples, 1876; br. in-8°. ( 650 ) Carrara (Fr.). — Programma del corso di diritto criminale, parte générale, volumes I et II. Lucques, 1877; 2 vol. in-8°. Accademia fisio-medico-slatistica di Milano. — Atti, XXXIIIe année. Milan, 1877; in-8°. Portugal. Iiodrigues {Jos.). — La section photographique et artis- tique de la direction générale des travaux géographiques du Portugal. Lisbonne, 1877; hr. in-8°. Section photographique à Lisbonne. — Fac-similé obtido pelos processos da seeçao photographica da direccao gérai dos trabalhos geodesicos das dez primeiras paginas da obra abaixo designada existente na bibliolheca da Àcademia de Lisboa. Lis- bonne, 1877; 1877; in-4°. Russie. Société finlandaise des sciences, à Jlelsingfbrs. — Bidrag tiil Kannedom af Finlands natur och Folk, livraisons 59-61. — Ofversigt af fôrhandlingar 1875- 1876. — Observations météorologiques, 1874. Helsingfors, 1876-1877; 5 br. in-8°. Gesellschaft fur Literatur und Kunstzu Mitau. — Sitzungs- Berichte fur 1876. Mitau, 1877; br. in-8°. Société impériale des naturalistes, à Moscou. — Bulletin, n° 1 de 1877. Moscou; in-8°. Weihrauch (Dr Karl). — Zehnjahrige Mittelvvcrthe (1866- 1875) nebst ncunjàbrigen Stundenmitteln (1867-1875) fur Dorpat. Dorpat, 1877; extrait in-8°. Bas tin (./.). — Étude philologique de la langue française ou grammaire comparée et basée sur le latin, 1re partie. S'-Péters- bourg, 1877; vol. in-8°. Société impériale des naturalistes de Moscou. — Bulletin, n° -2 de 1877. Moscou ; in-8°. ( 651 ) Suède. Holmgren (F.). — De la cécité des couleurs dans ses rap- ports avec les chemins de fer et la marine. Stockholm; in«8° Waern (C.-Fr.). — Minnesteckning ôfver Augustin Ehrens- viird. Stockholm, IS7G; br. in-8°. Suisse. Commission gêodêsique fédérale. — Nivellement de préci- sion de la Suisse, 6me livr. Genève, 1877 ; br. in-4°. Trafford [_F.-W.-C). — Àmphiorama ou la vue du monde. Lausanne, 1877; br. in-8°. Société vaudoise des sciences naturelles. — Bulletin, 2me sé- rie, tome XV. Lausanne, 1877; in-8°. Favre (Alph.). — Rapport du président de la Société de physique pour 1870-77. Genève; extr. in-4°. 1& (iS3) BULLETIN L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1877. — N° 12. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 1er décembre 1877 . M. Macs, directeur. M. Liagre, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. J.-C. Houzeau, vice-directeur; J.-S. Stas, L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selvs Longchamps, Gluge, Melsens, F. Duprez, Ern. Quelelet, Ern. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, Éd. Morreu, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, F. Crépin et Éd. Mailly, membres ; E. Catalan, associé; F.-L. Cornet, Ch. Van Bambeke, G. Vander Mensbrugghe, Àlf. Gilkinet et M. Mourlon, correspondants. 2me SÉRIE, TOME XLIV. 45 ( 054 ) CORRESPONDANCE. MM. les questeurs du Sénat et de la Chambre des repré- sentants envoient des cartes de tribune réservée pour la Remercîments. — L'Association britannique pour l'avancement des sciences annonce qu'elle ouvrira sa 48me session à ftublin, le 14 août 1878. — La Société de physique et d'histoire naturelle de Genève envoie le programme du concours ouvert pour le prix fondé par A.-P. de Candolle pour la meilleure mono- graphie d'un genre ou d'une famille de plantes; le délai pour la remise des manuscrits expirera avant le 14 octo- bre 1879. — L'Université d'Upsal offre un exemplaire, en bronze, de la médaille frappée à l'occassion du 400me anniversaire de sa fondation. — Les établissements scienliliques dont les noms sui- vent ont fait parvenir leurs dernières publications : La Société de physique et* d'histoire naturelle de Genève, l'Institut lombard des sciences et des lettres de Milan , l'Académie des sciences de^Turin, l'Université deFribourg e/ Brisgau, l'Université d'Upsal et l'Institut des sciences, des lettres et des arts de Venise. — La classe reçoit, à litre d'hommage, les ouvrages ( 653 ) suivants, au sujet desquels elle vote des remercîments aux auteurs : 1° Des paratonnerres à pointes, à conducteurs et à rac- cordements terrestres multiples ; description détaillée des paratonnerres établis sur Vhàlel de ville de Bruxelles eu 1865; par M.Melsens. Broch. petit. in-4° ; 2° Guide du botaniste en Belgique; par M. Fr. Crépin. Volume in- 18 ; 3° Sur le relief du sol en Belgique après les temps paléo- zoïques; par MM. Cornet et Briart. Broch. in-8°; 4° Notice sur le Bassin /touiller limbourgeois; par M. Cornet. Broch. in-8°. — Les travaux manuscrits dont les titres suivent, sont renvoyés à l'examen de commissaires : 1° Éludes sur la planète Mars (Ilnie notice); par M. F. Terby. — Commicssires : MM. Houzeau, Quetelet et Liagre ; 2° Navigation aérienne. Théorie du mouvement vertical de V aérostat; par M. Ch. Pion. — Commissaires : MM. Mon- tigny, Duprczet Melsens ; o° Recherches sur les minéraux belges (5me notice) : Sur la présence de l'apalite cristallisée dans Vêlage salmien; par M. Luc. de Koninck. — Commissaires : MM. Cornet et Mourlon ; 4° Sur le pouvoir pénétrant des objectifs à immersion ; par M. Brachet. — Commissaire : M. Van der Mens- brugghe. — M. le Secrétaire perpétuel donne lecture de la lettre ( 656 ) suivante, de M. Chasles, relative à une communication de M. L. Saltel, sur la théorie des deux caractéristiques. Paris, 17 novembre 1877. Monsieur le Secrétaire perpétuel, Le tome XLIf des Bulletins de l'Académie renferme une communication de M. Saltel (séance du 21 octobre 1876), qui me concerne. Je connaissais ce travail depuis le mois de lévrier de l'année courante; mais je ne m'en préoccupais nullement, ne pensant pas qu'il eût pu donner lieu à un Rapport approbalif, surtout séance tenante, a après un examen rapide », comme le dit le Rapport. L'Académie me permettra sans doute de l'éclairer à ce sujet; et j'ai l'honneur de vous adresser ma réponse à ce Rapport, en priant l'Académie de vouloir bien l'insérer dans le recueil de ses séances. L Le Rapport sur la communication de M. Saltel, con- cernant ma théorie des deux caractéristiques d'un système de coniques, me met dans la nécessité de déclarer que les prétendues erreurs, signalées dans mes théorèmes, n'existent point. Il eût élé facile, sans même vérifier les raisonnements analytiques sur lesquels l'auteur fondait ses critiques, de reconnaître qu'elles devaient être bien enta- chées d'erreurs. Ainsi, on y lit: « Le nombre des para- boles d'un système de coniques n'est pas toujours égal à v. » Si cela était fondé, il en résulterait que le nombre des coniques tangentes à une droite quelconque, prise à vo- lonté, n'est pas toujours égal à v : car, par une transfor- mation homographique, celte droite pourrait devenir la droite de l'infini; et réciproquement, la droite de l'infini peut devenir une droite à dislance finie. ( 037) Un autre passage, étranger à mes théorèmes, aurait pu faire aussi impression sur MM. les Commissaires de l'Académie, et les mettre en garde contre la séduction des raisonnements analytiques de l'auteur. On y lit en effet: « Nous sommes en mesure de prouver que toutes les for- r> mules fondamentales de la thèse de M. Maillard sont » absolument fautives. » Or, il s'agit d'une excellente thèse pour le doctoral, admis*; avec éloges par la Facilité des sciences de Paris, et dont les résultais se trouvent confir- més par un autre excellent travail sur le même sujet, de M. Zeulhen, Géomètre et Professeur très-distingué de l'Uni- versité de Copenhague. N'y avait-il pas lieu de demander à M. Saltel de justifier de pareilles assertions, surtout quand il avait imprimé tout le contraire quelque temps auparavant (1)? Une troisième considération encore : c'est n,ue M. Saltel, en déclarant inexacte l'expression de mes théorèmes, ne donne point l'expression exacte qui répondrait aux condi- tions précises de la question. N'y avait-il pas là à douter des raisonnements de l'auteur, cl une marque d'impuis- sance actuelle à rectifier mes théorèmes, et conséquem- ment à traiter cet ordre de questions ? II. Quant à mes théorèmes, ils ont tous pour objet de trouver une propriété du système de coniques défini par deux nombres ^ et v, dont le premier est le nombre des coniques qui passent par un point quelconque, et le second (i) En effet, M Saltel, après avoir nommé MM. de Jonquières, Chastes, Zeulhen et Maillard, ajoute: « Nous engageons le lecteur à lire la belle « thèse de ce dernier Géomètre. (Elle n'exige, pour être lue, que la con- » naissance des premières leçons de la Géométrie supérieure.) » Voir Notice des travaux mathématiques de M. Saltel. Chatelleraull, le 8 fé- vrier 1876. ( 658 ) est le nombre des coniques qui louchent une droite quel- conque. C'est une fonction de ces deux nombres, indé- pendants l'un de l'autre, qui doit satisfaire à une condi- tion unique. Après qu'on a obtenu celle fonction, on peut donner aux deux caractéristiques p. et v telles valeurs que l'on veut. Et l'on ne doit point s'imposer, indépendamment de la condition unique qui fait le sujet de la question, une autre condition particulière relative à quelque partie de l'énoncé général; car on aurait alors à satisfaire à deux conditions, au lieu d'une, et la démonstration ainsi que l'expression du théorème seraient différentes, comme je i*ai dit formellement dans l'exposé de la méthode, dont je reproduis ce passage : « Nous rappellerons que dans toules les parties de la méthode que » nous avons exposée , dans tous les théorèmes, comme dans toutes les »> formules qui s'y rapportent, nous avons supposé que les conditions z, » z', ..de chaque système avaient entre elles une entière indépendance >. Lorsqu'il existe entre les données z , z', .. certaines dépendances, qu'on » appelle en général des cas particuliers ou des conditions subsidiaires, » les résultats sont différents, et ne peuvent pas se conclure immédiate- >> ment des formules primitives. Il faut traiter directement ces cas parti- » culiers, mais par la méthode générale (1). » Voilà comment ma théorie des deux caractéristiques, exposée en 1864 dans les Comptes rendus des séances de l'Académie, et appliquée à de très-nombreux théorèmes, a été comprise et accueillie jusqu'ici par tous les géomè- tres, excepté un seul, M. Saltel. III. Je passe au Rapport même de MM. les Commissaires. Auraient-ils pensé, comme M. Saltel, qu'une communica- tion, laite au Congrès de Clermont-Ferrand, devait infîr- ( I ) Comptes rendus des séances de V Académie, séance du 22 avril 1 864, LIX, p. 3b6. ( 659 ) mer la plupart, ou quelques-uns de mes théorèmes? 11 y aurait là une erreur manisfeste. En effet mes théorèmes dérivent d'un seul procédé de démonstration , le principe de correspondance , démontré à cet effet, et appliqué à de très-nombreuses questions. Or, il est des questions auxquelles le raisonnement, c'est-à- dire le principe de correspondance, ne s'applique pas; et la question de Clermont-Ferrand en est une. Elle est donc étrangère à l'ordre des questions que j'ai traitées, et ne pouvait point être opposée à ma méthode. IV. Je pourrais m'en tenir là. Mais, que l'Académie veuille bien me permettre de citer le passage où j'ai pré- venu cette éventualité d'une question à laquelle ne s'appli- querait point ma méthode. Voici ce qu'on y lit : « Quant au procédé général, qui, » par la considération de deux séries de points qui se cor- » respondentsur une droite, fait connaître immédiatement » le nombre ) sion de plusieurs de ses Noies sur les paratonnerres, dans le Bulletin et dans les Mémoires, de bien vouloir l'autori- ser à laisser au Bulletin une trace de ce travail. Il s'ex- prime à peu près dans les termes suivants : « Le travail, divisé en douze chapitres, contient une description succincte des coups de foudre qui ont frappé l'Hôtel de Ville avant le coup terrible de 1863, époque vers laquelle on signalait les défauts que pouvaient pré- senter les paratonnerres classiques, c'est-à-dire ceux qui sont établis d'après les anciennes instructions; un cha- pitre entier est consacré à cette discussion. Après avoir donné l'étal de la question de l'établisse- ment des paratonnerres en 1864 et signalé les doutes de cette époque sur l'efficacité des paratonnerres construits d'après les instructions classiques, j'ai exposé les motifs pour lesquels j'ai cru inopportun de présenter mon travail à l'Académie, l'Administration de la ville de Bruxelles ayant bien voulu se charger de tous les frais d'impression. Le travail contient une description détaillée, appuyée de planches nombreuses, des dispositions prises à la flèche, à la tour et à toutes les autres parties de l'édifice, qui est un modèle de construction, aussi irrégulière que splendide. J'ai cherché à mettre en évidence le principe général sur lequel je me suis appuyé; il peut se résumer en trois mots : Divide et itnpera. Ce principe a été appliqué au paratonnerre aérien et au paratonnerre souterrain, les con- ducteurs aériens étant mis en communication : 1° par une très -grande surface, 10 mètres carrés, avec l'eau d'un puits toujours rempli; 2° avec la canalisation du gaz; 5° avec celle de la distribution d'eau. La partie faible des paratonnerres anciens, tels que Franklin les construisait, tels qu'on les construit encore en général aujourd'hui, consiste dans leur raccordement ( 604 ) avec le réservoir commun, la Terre; ce défaut, dans la limite du possible, est absolument corrigé dans le para- tonnerre de l'Hôtel de Ville. La question des métaux dans les bâtiments et l'oppor- tunité de les rattacher aux conducteurs du paratonnerre aérien, sont traitées à un point de vue plus général que dans les anciennes instructions, qui ont fait abstraction des tubes à gaz et des tubes à eau; ceux-ci présentent des dangers réels, comme il est prouvé par une série défaits relatés dans le travail. J'ai cru pouvoir, à ce sujet, proposer deux principes nouveaux. Tout en convenant que l'on n'invente plus rien en fait de paratonnerres, je montre l'importance que peuvent pré- senter certaines modifications, qui, sans loucher aux prin- cipes, sont cependant de nature à rendre l'appareil plus efficace, soit au point de vue préventif, soit au point de vue préservatif. J'examine, après avoir donné un tableau synoptique signalant les différences essentielles entre les systèmes anciens et le système adopté pour l'Hôtel de Ville, les avantages que présentent : 1° Les raccordements terrestres multiples; 2° Les conducteurs multiples à faible section ; 5° Les pointes multiples ou les aigrettes déliées. Je fais voir la facilité avec laquelle on peut faire une vérification complète du bon état du paratonnerre. J'ai été obligé d'appeler l'attention sur les opinions de corps savants ou de savants; j'ai cru pouvoir souvent dis- cuter ces opinions, parfois même les critiquer, en étayant ma critique sur des faits d'observation, sur des opinions contradictoires, etc. Je crois l'avoir fait dans des termes dont personne n'a ( 665 ) le droit de se trouver offensé; j'ai critiqué avec respect, car, je n'en disconviens pas, c'est souvent avec mes maîtres en science que je suis en désaccord. Si j'ai pensé pouvoir critiquer certaines dispositions anciennes, généralement adoptées encore, à mon tour je fais un appel loyal et sincère à tous les physiciens et météo- rologistes, certain d'être aidé à perfectionner le système que je me suis permis de présenter comme étant le plus efficace. Leur critique élucidera, sans aucun doute, les questions encore controversées aujourd'hui; ils ont devant eux toutes les données qui leur permettront de signaler les détails défectueux, principalement au point de vue de la préservation des monuments. Je demande la permission de donner ici le résumé et la conclusion du travail : Je crois avoir donné une description minutieuse du para- tonnerre établi à l'Hôtel de Ville de Bruxelles. Après avoir motivé toutes les dispositions prises en les étayant sur les lois les plus précises et les mieux prouvées de la physique, sur les faits, les observations et les expériences connus, je crois pouvoir conclure que le paratonnerre en question réa- lise tous les avantages que l'on est en droit d'attendre. Je considère cet appareil, jusqu'à preuve du contraire, comme capable de réaliser, au plus haut degré, l'action PRÉVENTIVE et PRÉSERVATIVE d'un PARAFOUDRE. C'est donc un appareil moins imparfait que ceux établis jusqu'à ce jour, bien que susceptible, à son tour, de perfectionnements que l'avenir réalisera. Je me suis permis de considérer le paratonnerre de l'Hôtel de Ville comme constituant le prototype de ce genre de protection. Dans un appendice au travail, j'appelle l'attention sur ( 666 ) l'application du système de paratonnerres établi à l'Hôtel de Ville aux cas particuliers qui peuvent se présenter et entre autres : maisons dans les villes qui ont des canali- sations pour l'eau potable et le gaz de l'éclairage, les églises de villages, les phares, les hautes cheminées, les moulins à vent , les magasins à poudre, les granges à toits de chaume et les meules, les paratonnerres mobiles, enfin les châteaux et les fermes isolés dans la campagne. Une table analytique des matières, très-développée, permet d'un seul coup d'œil de voir directement toutes les questions traitées dans le corps du volume. ÉLECTIONS. La classe continue à MM. Gluge, Maus, Montigny, Nyst et P.-J. Van Beneden, membres sortants, la mission de composer sa commission spéciale des finances pour 1878. JUGEMENT DU CONCOURS POUR 1877. La classe a reçu deux mémoires en réponse aux 3me et 6me questions de son programme. TROISIÈME QUESTION. On demande de nouvelles recherches pour établir la compo- sition et les rapports mutuels des substances albumi- noïdes. Le mémoire envoyé en réponse à celte question porte ( 667 ) le titre de : Iiecherches sur les matières albuminoïdes, et la devise : Aliud ex alio rcficit naturel, nec ullam Rem yigni palitur nisi morte adjuta aliéna (I). Mtappofi fie .13. JMalseit» , /n emtef coatutiasaire. « J'ai lu avec la plus grande attention ce travail , remar- quable à tous égards; je l'ai analysé sous tous les points de vue espérant, je l'avoue, pouvoir y trouver de quoi jus- tifier une proposition qui aurait pu m'induire à la faire couronner par l'Académie; cette œuvre, en effet, a été faite par un chimiste Irès-habilc; les analyses nombreuses qu'elle renferme et les expériences ont été conduites avec ordre et méthode; elles ont dû exiger un temps considé- rable et un long travail , j'oserais même, dire pénible; on reconnaît aisément que tout ce qui est expérimental a été exécuté avec la plus grande exactitude et de plus, autant que l'on peut en juger, très-consciencieusement. Mais dès les premières pages on constate que la méthode d'expérimentation, l'appareil employé et les procédés ana- lytiques sont empruntés aux travaux qu'un habile chimiste françaisa publiés dans les Tomes 25, 24 et 25des Bulletins de la Société chimique de Paris, en 1875 et 1876; je ne me suis cependant pas arrêté à cette considération et j'ai voulu poursuivre l'élude du mémoire, car il pouvait con- tenir des résultats en opposition avec les publications pré- (1) Quando alid ex alio refecit Natura : nec ullam Rem gigni palilur, nisi morle adjutam aliéna. Lucrèce (De natura rcrum),\\\. I, vers 2G4 et 285. ( 668 ) citées; mais j'ai reconnu que rien d'essentiel n'avait été ajouté aux formules, aux analyses, et aux déductions don- nées dans les Bulletins de la Société chimique. Or, si l'auteur du mémoire envoyé à notre examen n'était pas M. P. Schutzenberger , il faudrait le considérer comme étant, son plagiaire et l'Académie se refuserait incontestablement à lui décerner une palme quelconque. De plus, l'auteur lui-même se fait nettement connaître, dans l'ignorance, sans doute, des termes précis du premier alinéa de l'article 55 du règlement général de l'Académie, qui porte : Ceux qui se font connaître de quelque manière que ce soit, ainsi que ceux dont les mémoires sont remis après le terme prescrit , sont absolument exclus du concours. En effet, à la page 4, l'auteur dit : Deux ans se sont passés, depuis mes premières publicalious sur ces questions, ce temps a été en grande partie consacré à des travaux de con- trôle et de vérification. Les conclusions générales énoncées précédemment sont sorties intactes de cette épreuve, et ce n'est que sur quelques points de détail que j'aurai à intro- duire des développements nouveaux. Aucun doute n'est permis après celte déclaration. L'Académie comprendra que m 'appuyant sur les considé- rations qui précèdent et malgré la liaute valeur du travail, il m'eût été impossible de lui proposer de décerner le prix. Cependant vis-à-vis d'un travail qui, à tant d'égards, mérite par sa valeur considérable et son -exécution expéri- mentale, si remarquablement bien conduite, la mention la plus bonorable, je pense qu'il convient de motiver ma pro- position par une dernière considération. En effet, la question, telle que l'Académie l'avait posée, n'est pas résolue dans le travail; bien plus, je dirai qu'elle n'est même pas examinée, le titre seul du travail le prouve : ( 669 ) Recherches sur les matières aibuminoïdes , titre modeste vis-à-vis du but que l'auteur avait en vue, car il visait la recherche de la constitution intime des matières aibumi- noïdes, de l'albumine principalement, ou, pour me servir des termes actuels : Recherches sur la structure des matières aibuminoïdes, et peut-être sur leurs fondions chimiques, en considérant chacune d'elles comme une espèce bien déter- minée, un corps chimique pur. L'auteur admet en général les analyses laites par ses devanciers, mais il étudie et donne des analyses élémentaires ou immédiates des pro- duits obtenus dans l'action de l'hydrate de baryte sur les matières aibuminoïdes. Quant aux rapports mutuels des matières aibuminoïdes entre elles, il n'en parle pas, con- statant cependant que ces matières se dédoublent en pro- duits similaires, mais en quantités différentes pour quel- ques-unes d'entre elles, lorsqu'on les traite, en vase clos, par un excès de baryte, en ayant soin de prolonger l'action de cette base pendant un temps très-long, 48 à 450 heures, à la température de 150 à 200° C. Ainsi les quantités d'ammoniaque, que l'action prolongée de la baryte sur une douzaine de matières aibuminoïdes ou azotées quaternaires, met en liberté, ont varié de 2 à 6 p. % du poids de la matière mise en expérience. « La matière protéique soumise à l'expérience se trouve » ainsi décomposée de la manière suivante : » 1° Ammoniaque libre; )y 2° Huiie essentielle à odeur caractéristique; » 5° Sels barytiques insolubles dans l'eau; ■ù 4° Acide acétique avec un peu d'acide ibrmique; » 5° Résidu ûxe. » La matière sur laquelle portent principalement les pre- mières expériences est l'albumine coagulée par l'acide acé tique faible; on petit se procurer facilement cette substance, 2me SÉRIE, TOME XLIV. 46 ( 670 ) qui, bien que se présentant avec des propriétés spéciales à plusieurs produits similaires, différant par leur coagu- labililé, leur pouvoir rota toire, etc..., paraît identique par sa composition et par conséquent très-voisine sinon absolu- ment identique. L'albumine se prête à une étude dont le but, comme l'auteur le dit, est d'obtenir une idée rappro- chée de la constitution des matières albuminoïdes. On me permettra de faire remarquer que ce que je viens de signaler à propos de l'albumine prouve que l'auteur ne s'est pas préoccupé de la première partie de la question posée par l'Académie, car il aurait sans doute vérifié si toutes les albumines, retirées des différentes substances végétales, animales ou de différents organes d'animaux, ne diffèrent pas dans des limites parfaitement, ce me semble, tangibles, par l'analyse. Possèdent-elles toutes la même composition? Les quantités relatives des éléments sont-elles constantes? Dans quels cas voit-on la quantité de soufre augmenter? Dans quels cas celte quantité dimi- nue-t-elle? Toutes les albumines sont-elles absolument privées de pbosphore, de fer? La variation du soufre n'est-elle pas due à un remplacement d'oxygène par cet élément? Le phosphore ne pourrait-il pas remplacer l'azote? Le fer lui-même remplacer l'hydrogène? En un mot, il me semble que la question de la détermi- nation exacte de la composition doit précéder un travail dirigé dans le sens des vues de l'auteur. Tout en conve- nant du mérite incontestable du travail, on peut admettre que l'auteur, sous ce point de vue, a un peu négligé la base sur laquelle on devra s'appuyer dans l'avenir. Je m'explique. Mettant de côté les isomères, sans aucun doute très-nombreux, des corps albuminoïdes, il faut d'abord, si c'est possible, chercher à donner une formule brute aux données centésimales de l'analyse et en déduire ensuite le ( 67i ) poids moléculaire. L'autour, eu effet, se préoccupe de cette question. Il déduit le poids moléculaire de l'albumine de la quan- tité d'acide acétique qui se produit lorsqu'on la traite par- la baryte; or 100 grammes d'albumine donnant 5sr,8 à 5§r,6 d'acide acétique, il en déduit le poids moléculaire 1714. Ce poids correspond assez bien à celui que l'on déduirait de la quantité de soufre; en effet on obtient par ce calcul, pour le résidu organique, un poids moléculaire compris entre 1660 et 1770 en supposant que le soufre varie de 1 ,8 à 2 p. °/0 ; la concordance est assez rapprochée; mais lorsqu'on examine le dosage de soufre dans diffé- rentes albumines, on trouve que la quantité de cet élément ne s'élève très-souvent qu'à Ur,6, ce qui donnerait un poids moléculaire de 1970 environ. De plus, s'il était per- mis de s'appuyer sur l'une des analyses de Mulder, dans laquelle la quantité de soufre ne s'élève qu'à 0,667, on obtiendrait pour poids moléculaire de l'albumine du sérum le nombre 4767. Les nombres seraient bien plus élevés encore si l'on calculait le poids moléculaire en portant des dosages trop incertains, mal connus et trop peu nombreux, du phos- phore; la quantité centésimale de cet élément ne s'élève parfois qu'à 0,4 p. °/0; le poids moléculaire ne s'élèverait pas à moins de 7694. 0,4 99.6 ST." x • s = 76M Quoi qu'il en soit, il arrive à une expression très-voisine deC78Hi26Az20O2*Sfi). (I) C = 12; H = l; Az = i4;0 = l6;S = 32. ( 672 ) Bien qu'il «lit reconnu que les produits de la transfor- mation complète de l'albumine varient avec les circon- stances, il croit pouvoir cependant admettre que la trans- formation se représente sensiblement par l'équation C78 H12G Az2° 02*S -+- 1 8 H20 = C78 WG* Az'* Ô«S- ■ ..,-,. .f/v. ( représentant !a composition du mélange de corps (i0J H ioJ Az' ° u00 & . .. [ ( qui existent dans le résidu fixe du traitement; C 02 — anhydride carbonique; (]- H2 Oi — acide oxalique; C2 Il 15 H * Az8 O2 S - acide acétique; 3 molécules de gaz ammoniac hydrogène sulfuré; C* H« 0 produit volatil contenu dans l'albumi nal. C" ; nies >Az1! s o« s. En considérant les résultats fournis par d'autres ma- tières albuminoïïles (serine, iibrine du sang, caséine, fibrine végétale, hémi-protéine), on est conduit, d'après l'auteur, à des conclusions analogues en ce qui touche le sens de la réaction générale. On me permettra d'analyser en quelques mots ce qu'il dit pour la fibrine pour laquelle il admet la formule G76 H123 Az21 O23 S, formule qui exige que l'analyse donne G — 52.74 - - C™ - 912 H — 7.11 B«» _ 123 Az — 17.00 Az« — 294 S — 1 . 83 S - 32 0 — 2 1 . 30 023 _ 36s 100.0 1729 Le poids moléculaire total est de 1729. ( 675) Déduit du soufre 1.85 p. °/0 le poids moléculaire s'élève en effet à 1700 environ; mais il suffît de jeter un coup d'œil sur les analyses connues de fibrine pour voir combien peu on est fondé à donner une formule moléculaire de ce corps. En effet, je trouve que le soufre varie dans les rapports de 0,63 à 1,6 p. °/0; je ne connais pas d'ana- lyse ayant donné 1 .85 p. °/0 et le poids moléculaire déduit des deux nombres ci-dessus s'élève à 5050, en prenant 0,65 pour le soufre, 1970 » 1,60 » Si l'on considère ensuite que la fibrine contient toujours du fer(Liebig), on se trouve devant une nouvelle difficulté pour déduire le poids atomique; il faudrait prouver d'abord que le fer est accidentel. il faut en outre tenir compte que Le carbone varie de 50,88 à 54,45 p. °f0 , L'hydrogène » 6,84 à 7,22 » L'azote » 15,54 à 18,12 » J'ai obtenu en moyenne 17,7 d'azote dans une série nombreuse et concordante d'analyses. Tous ces nombres offrent des différences trop considé- rables pour qu'on puisse accepter une formule quelconque, aussi longtemps que les chimistes n'auront pas répondu au moins à la première partie de la question posée par l'Académie. Il me paraît inutile de poursuivre plus loin l'analyse des expériences de l'auteur, cette analyse nous écarterait abso- (674) Jument du but de notre mission qui est parfaitement définie; nous pouvons hardiment applaudir aux efforts de l'auteur, et toute critique en nous écartant de notre but n'aurait, ce me semble, aucune raison d'être ; il faudrait la fonder sur une série d'expériences longues et nombreuses, car tout en rendant un hommage mérité au travail, les conclusions ne peuvent pas être acceptées dans tout leur ensemble. En effet, il y a encore beaucoup de questions préalables à trancher avant de pouvoir conclure que les produits de réaction peuvent conduire à la connaissance de la constitution intime des matières albuminoïdes. CONCLUSION. \° Les principales données du travail ayant été publiées; 2° L'auteur s'étant fait connaître, bien qu'indirectement; 5° Le travail considérable et certainement très-remar- quable ne résolvant pas la question posée par l'Académie; Par ces motifs, j'estime qu'il n'y a pas lieu de lui décer- ner le prix. » Mlnp/iofl fie JI. Stas . tlftuiiè me coinnti*taif<* . « J'ai lu attentivement le mémoire envoyé en réponse à la troisième question du programme de concours pour 1877 et qui porte pour devise : Aliud ex alio reficlt na- turel, etc. Je partage l'opinion de mon savant confrère M. Melsens, que ce travail considérable et certainement l îès-remarquable, ne résout pas la question posée par l'Académie. Je suis donc d'avis qu'il n'y a pas lieu de lui décerner le prix. » ( fi?D ) Rapport tle M. nouny, troisième commissaire. a Je partage complètement la manière de voir de mes savants confrères au sujet du mémoire de concours en- voyé en réponse à la troisième question : On demande de nouvelles recherches pour établir la composition et les rap- ports mutuels des substances albuminoïdes. Je suis d'avis qu'il n'y a pas lieu de lui décerner le prix. » Adoptant les conclusions de ses commissaires, la classe n'a pas jugé pouvoir décerner le prix au mémoire en ques- tion, pour les motifs invoqués par ses commissaires. SIXIEME QUESTION. On demande l'étude du cycle d'évolution d'un groupe de la classe des Algues. Rapport tle fïï . Eel. JZori-eit. premier commissaire. « L'Académie a reçu un mémoire en réponse à la H'"c question de son programme de concours: On demande l'étude du cycle d'évolution d'un groupe de la classe des Algues. Ce mémoire a pour épigraphe: Trop souvent l'esprit, aride de généralisation ou enclin à former des associations, oublie les faits qui le gênent, etc. (J. Decaisne.) 11 est intitulé: Prodrome d'une monographie des Lami- nariacées. Ce titre a vivement excité mon intérêt, parce que les I.aminariacées sont précisément un groupe de la classe des (676) Algues don l la reproduction sexuelle est inconnue: leur cycle de développement étant obscur, il règne une cer- taine incertitude sur la place qu'elles doivent occuper dans la systématique. La solution de ce problème aurait une véritable impor- tance et ma curiosité était grande quand j'ai commencé la lecture du mémoire. Il débute par un Avant-propos dans lequel l'auteur expose ses idées sur la morphologie générale ; il s'applique à démontrer qu'il faut se prémunir contre l'exagération de certaines théories et qu'il convient de se tenir toujours à l'observation de la nature. Il fait valoir les difficultés de la tâche qu'il a entreprise et il met en regard les moyens dont il a disposé pour les surmonter. Il a pu observer un grand nombre d'échantillons conservés dans les herbiers et dans les musées botaniques, et grâce à celte abondance de matériaux, il a pu rédiger sinon une description détail- lée des Laminaires , au moins le prodrome de ce travail. La première partie est intitulée : Coup d' œil historique. Il commence par Jean et Gaspard Bauhin , en 1620, Gmelin, Réaumur et d'autres ; il rappelle que Bory de S'-Vincenl sépara définitivement en 1826 les Laminaires des Fucacées, en les constituant en famille distincte ; que M. J. Becaisne fil connaître le premier, en 1859, la fructifi- cation de ces grandes algues marines (Macrocystis et Eck- lônia); que Thurel,en 1851 , posa les bases de la distinction naturelle entre les Fucacées, les Diclyotées et les Phaeo- sporées. Thuret découvrit que ces dernières, parmi les- quelles il range les Laminaires, se multiplient à l'aide de zoospores de forme particulière. Les zoosporanges qui les produisent sont unicellulaires (oosporanges) ou pluricellu- laires (trichosporanges). Chez les Laminaires, il n'existe ( 677 ) que des oosporanges dont la forme ci les proportions varient suivant le genre. L'auteur rend compte des publications pins récentes de MM. Le Jolis, J. Agardh (1867) et Janczewki. Ce dernier a fait connaître que toutes les Laminaires se développenl par un accroissement intercalaire. Le chapitre est terminé par le synopsis de la classification proposée pour les Lami- nariacées, par les principaux auteurs qui s'en sont occupés depuis Borv de S'-Yincent. La deuxième partie a pour titre Analomie et Organogra- phie. L'auteur divise les Laminariacées en trois sous- families qu'il nomme Simplices, Fibrosae et Vasculares : les deux premières sont monocarpiennes, tandis que les dernières sont vivaces et polycarpiennes. Il décrit ia structure et l'analomie de ces trois groupes. Pour les Simplices, il reproduit la description du thalle du Chorda donnée par MM. Thuret et janczewki. Chez les Fibrosea, il signale les fibres allongées, arrondies à leur extrémité, atteignant une longueur de quelques centimè- tres, à parois épaisses, sans ponctuations ni lignification et qui sont réparties sans ordre dans le centre du slipe et dans certaines parties des frondes. Il signale les caractères du rhizoïde par lequel ces Algues sont fixées à leur sup- port. Les VascAtlares sont les plus nombreuses et les plus considérables. L'auteur expose la structure de l'écorce, du bois, de la moelle, de la couche cambiale qui offrent cer- taines ressemblances avec les tissus qui composent la tige des dicotylédones. Il passe ensuite à l'anatomie de la fronde, mais il s'arrête au moment où il y aurait lieu d'exposer la genèse des organes de la reproduction pour s'étendre sur l'accroissement inlercallaire des tissus de nutrition, sur les canaux gommeux creusés dans l'épaisseur de la plupart des ( 678 ) Laminariacées, sur la morphologie des racines primaires et secondaires. L'auteur répartit les Vasculares en quatre tribus qu'il nomme Laminariées, Lessoniées, Arthro- lliamnées et Égrégiées. Il expose sommairement la mor- phologie et l'anatomie de leurs organes végétatifs. Dans la troisième et dernière partie du mémoire, l'au- teur expose la classification des Laminariacées fondée sur la structure anatomique et la disposition de l'hyménium. Il répartit les 17 genres qu'il reconnaît en quatre sous- familles qui paraissent très-naturelles. Celte classification nouvelle appartient à l'auteur du mémoire, et pour cette raison nous croyons devoir nous abstenir de la publier ici, précisément parce qu'elle en constitue la partie principale. Vingt belles planches coloriées, de très-grand format, accompagnent le mémoire et représentent l'apparence générale d'une espèce de la plupart des genres. Le mémoire que je viens d'analyser aune incontestable valeur scientifique : il expose, en y ajoutant quelques faits nouveaux, l'organographie, l'anatomie et la croissance de ces étranges végétaux qu'on peut comparer à des arbres sous-marins ; tenant compte de toutes les descriptions qui ont déjà été publiées et de ses propres observations qui sont nombreuses, il les dispose systématiquement et dans un ordre nouveau et rationnel. L'auteur connaît bien les Laminariacées ; son travail, bien rédigé pour répandre ses connaissances, est réellement le prodrome d'une bonne monographie (1). Mais il faut le déclarer aussi, le mémoire laisse absolu- ment a l'écart tout ce qui concerne la reproduction des (I) La rédaction trahit souvent l'inexpérience de la langue française, nv.iis ce mince défaut serait facile à corriger ( 679 ) Laminariacées. Il ne la discute môme pas. C'est à peine s'il relate une partie de ce qu'on sait à ce sujet, grâce aux belles découvertes de Thuret, et les deux seules figures qu'il donne de l'hyménium avec ses zoosporanges sont copiées d'après les dessins de ce savant. La reproduction sexuelle des Laminaires, avons-nous dit au commence- ment de ce rapport, n'est pas connue; nous espérions que la science allait enfin être renseignée sur cette intéres- sante question. L'auteur semble, au contraire, ne pas s'en être préoccupé; il n'a pas recherché si elle existe; il n'a pas suivi l'évolution de ces Algues, la formation ni le développement des Zoospores. Le mémoire, tel qu'il est rédigé, consiste surtout dans un travail de critique et de systématique : il néglige complètement la question fonda- mentale de la reproduction. C'est une lacune très-regret- table qui dépare le travail et qui nous paraît môme inex- plicable. Nous sommes bien forcé de lui en faire une objection radicale au point de vue de la question posée par l'Aca- démie. Cette question demandait des observations directes sur l'évolution d'un groupe d'Algues, c'est-à-dire sur tout leur cycle de développement. Elle laissait toute latitude aux concurrents quant au choix du groupe, se réservant d'ap- précier la valeur du mémoire d'après la valeur des résultais obtenus. Au lieu de cela, l'Académie a reçu un travail de morphologie et de systématique et le problème de la géné- ration des Laminariacées demeure sans solution. L'auteur a travaillé sur des échantillons d'herbier ou conservés dans l'alcool, tandis que la question exigeait des observations sur des Algues vivantes pendant tout le cycle de leur développement. A mon avis, il n'y a donc pas lieu de décerner le prix, ( 680 ) mais je crois pouvoir ajouter que si l'auteur veut repré- senter son travail à l'Académie, sans compétition pour le prix du concours, je serai le premier à demander son impression, tout en regrettant les lacunes signalées et tout en Taisant des réserves pour les planches, » gZupjioi'l de .fïï. M<\ C'B'épit» y tlvt*jciè»ne coaiMtixs&it'e. « L'auteur du mémoire qui a été envoyé en réponse à la 6me question du concours de 1877 ainsi formulée : On demande l'étude du cycle d'évolution d'un groupe de la classe des Algues, n'a pas clairement compris la portée de la question. Il s'agissait de faire connaître, dans l'ensemble du groupe d'Algues choisi, tous les phénomènes biologiques et morphologiques qui se présentent avant et après la fécondation. L'auteur a cru qu'il s'agissait uniquement de l'évolution morphologique d'un groupe d'Algues et ii a répondu à la question en traitant des Laminariacées au point de vue taxonomique. Il n'a rien fait connaître de neuf sur la fécondation et sur les développement successifs qui suivent ce phénomène. Ainsi que le dit notre honorable collègue, M. Morren, premier commissaire, il n'y a pas lieu de décerner le prix au mémoire précité. Mais , d'autre part, nous souhaitons, avec M. Morren, que l'auteur représente son travail au jugement de l'Académie pour qu'il soit inséré dans les Mémoires de la Compagnie, toutefois à titre de mémoire hors concours. Le travail que nous avons lu avec le plus grand intérêt, nous paraît fort important et nous pensons qu'il ferait honneur aux publications de l'Académie. » ( 681 ) niait/sort tie -T3. Alffbservéc tieul a un ] nuomplet. ( 7U) Dyliscus marginalis 9. Chair de porc fralcue . r.hair.le hiruf avant m'- t deux ou trois jours. Lee . afcali (715 ) i.VliU.'ILIlLs OBStRVtïlU^, Trace d'acidité. Douteuse. Légère acidité. Très-légère acidité Très-légère acdité Trace d'acidité dû» Faible trace d'acidit Pas acide. Acidité franche. Très-légère acidité. Très-légère acidité. Acidité franche. Acidité franche. Trace d acidité. Celle an.liié des glandes - « 1 1 - ■ r r - - rxplhpiP II' l:lll "|i- MintMhciuuAcilmsfnoîJ.) L'acidité apparente de l'in- testin terminal est due à quelqiK'M'oli.v,,!. ■gui- des auules {voyez na 7.) ( 718 ) Locusia viridissina tf. ( 719 ) : firislale ilr|»uïs nssil.lo Je lim'lor i-lègère, peut-être dou- Pas acide. c fr.nn Ire. ( 720 ) . Contenu dujabul Cœcnnis de In moyen. . . . Elndca r;mai!ciisis I Iuscctcs se nourrissant iOEsopliagi1; ['ami r! '."il Intestin trrmmal; i>arm C 721 ) Iran.' il'aejiiliu*. i expliqué ailleurs (Note de oialicrcs végétales. 0 0? 0 TL TTL? L 0 L 0 IL! 0 L 0 0 0 TL TTL 0 0 0 0 0? 0 TTL ° 0? 0 TTL Li>ri?nli Trace .la ( 722 ) ( 725 ) <:vnu.Ti.i;i;s Stctheophymagrossuin 9 Triphœna pronumba Acide . . , / Gœcums / Contenu sde capucine. Neutre Acidité* franche. ■e nciiliiL'. |iro\c- Li.'^iTe nciiiitu. Neutre. Pas acide. Trace d'ac l'iHiiniL' chez -i'aulro^ l.'| .|.>]ii..T.'s, Ils l;|u1iuIls qui ' lLlllpIl^M'iU IfS Li'lIlllcS | ..'■|.illiuli;ik-s iIl l'ii) SLint iialuicIlLlliclH l' ( 724 ) ( 725 ) Deuxième fragment du Neulre ou acidité très- Neutre ou alcalin (inTtrsiiaMCONiisilanv C.nllU'Iill de Alcalinité; douteuse. Alcalinité franclie. .,,„»!, / '';I;'|^1"1I1''1^'1 ik'.ilnuU' li,i 50 726 ) ( 727 ) 1 Glandes antérieures . . Contenu de l'intestin Intestin moyen; paroi Contenu de l'intestin ter- Liquide dégorgé - moyen (feuilles d i i,ll|.|-i'|ii:illl milles de Scdum telc- Cmitenu de l'inieslul Intestin terminal; paroi ï i \u m ii m . Trace d'alcalinité. Légère acidité. Trace d'acidité dou- Acidité franche. Trace d'acidité. ;is[ioii. leur n'Mi'inm n .i [>:)* car,-,]-,' ,■[,. nruir.ili-. ■<■ n.- .11. |-.njr;piiw.-i,:u- lardivoyez le cas suivant). Légère alcalinité. Acidité franche. Trace d'acidité dou- Cas ircs-rcm.ii-(|unhJc et !';)« idilr (ir..|.iv des ali Légère alcalinité. N'.'iivc |>.'i la r-Mi'li il- cahne du liquide ili^.-Miï. Légère alcalinité. Alcalinité franche. Trace d'alcalinité. Alcalinité franche. Trace d'alcalinité. Cas analogue; aliments ■■■ i'li -...i. i.lit. d-'iiuit,. p-n lal.'.iljiu!.- .lu Ii.juhI.' hi- gestif. ( 728 ) ( 7"29 ) Fouilles de tilleul . l'ygaera buccphala (che- nille] Individu prêt à s'en- lerrcr pourln nymphose. [ liguslii dienillej. Illnyrn IV'liillus divisées). . . Paroi de l'intestin mojen c n Contenu de l'intestin moyen (liquide visqueux , brun-rougeâirej . . . Paroi de 1 intestin moyen Paroi et contenu de l'in- testin terminal. . . . 1 Contenu de l'intestin Très légère aie, Alealinitè douie Al'illlll'' ll.IIH.llL'. Ahiiljnnefiainiie. I.^ei'ealejlinitè. OIISIliMIUns. Cas analogue au j ■r.-ct-.k-ni. pendant leslinnmven. siège gestion; 'il ne de- ■■'Me ' illuL ordinairement ( 730) 1 1 i INSECTES. ALIMENTS „L PAKTIES ; l.!îlm!uu.s forficatiis. . . Hniian âiïum Gervaisii . Intestin moyen; paroi coutenu ."..__ Intestin moyen; paroi Intestin terminal; par A l'inspection de ces résultais, je reconnais volontiers que j'ai été trop alïirmalifen assurant que jamais la sécré- tion du tube digestif des insectes n'était acide. Mais entre cet aveu franc et l'acceptation de l'hypothèse inverse que l'acidité serait un phénomène constant, il y a une grande distance que ces nouvelles expériences soignées ne per- mettent pas de franchir. En eiret, il semble résulter des essais ci-dessus, que si on fait abstraction des insectes suceurs qui ne peuvent guère fournir de données sérieuses, les insectes maxillés se partagent naturellement en deux groupes : 1° Les carnassiers et les omnivores ; c'est-à-dire ceux ( 731 ) qui se nourrissent en tout ou en partie de matières ani- males (n°* 1 à 19), chez lesquels le liquide digestif est légèrement acide; mais d'une acidité souvent si faible qu'elle peut ne pas être décelée par du tournesol ordinaire indiquant cependant ~ d'acide chlorhydrique dissous et qu'il faut employer une teinture de tournesol sensible à 2° Les insectes qui se nourrissent de matières végétales (n" 20 à 22, 50 à 52, 54 à 58), chez lesquels le liquide digestif est alcalin. Ceux-ci nous rendent témoins du phé- nomène suivant, surtout accusé chez les chenilles : les feuilles sont presque toujours légèrement acides, cette ( 732 ) acidité est ou neutralisée dans le canal alimentaire, ou même fait place à une réaction alcaline lorsque la digestion est en pleine activité. Ce n'est que dans les excréments et à la suite, probablement, d'une décomposition partielle que réapparaît une certaine acidité (1). Si donc j'ai eu tort d'affirmer que les liquides digestifs des insectes sont constamment neutres ou alcalins, il n'en reste pas moins parfaitement vrai qu'une sécrétion diges- tive alcaline s'observe chez un grand nombre d'entre eux, peut-être chez tous les phytophages. Reste, pour terminer, à répondre à deux objections; la première, que je suis en désaccord avec le principe de l'unité de plan des fonctions organiques, la seconde que je semble oublier l'acidité caractéristique du suc gastrique des vertébrés. Grâce aux travaux de physiologistes éminents et à mes propres recherches antérieures, il n'y a qu'une seule réponse à faire : le liquide digestif des articulés, insectes, myriapodes, arachnides et crustacés, n'est pas du tout l'analogue du suc gastrique des vertébrés; il se rapproche plutôt du suc pancréatique des animaux supérieurs; l'aci- dité qu'on peut y observer assez souvent, n'est qu'un caractère très-accessoire et non le signe d'une propriété physilogique. De plus, j'avais entrevu chez les insectes (2), M. Hoppe-Seyler a démontré chez les crustacés (3) et j'ai (1) L'expérience est frappante pour les chenilles qui se nourrissent de feuilles de capucine (Tropœolum majus). (2) Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les insectes. (Mém. de l'Acad. roy. de Belcique, t. XLI, 1874), page 22. (3) Ueber Unterschiede im chemischen Bau und der Verdanungs hcherer und niederer Thiere. (Archiv. fur die gesammte physiologie de Pfluger, Bd. 14, 1877), p. 393. (733) vérifié chez les aranéides (1) que le ferment sousi'influcnce duquel s'effectue la digestion des albuminoïdes est évidem- ment tout autre que la pepsine gastrique des vertébrés; l'addition de très-faibles quantités d'acide chlorhydrique, loin d'activer son action, la ralentissant ou l'arrêtant com- plètement. J'espère que les naturalistes qui ont cru devoir faire des observations ou des réserves lors de la publication de mes Recherches sur la digestion chez les insectes, recon- naîtront que j'ai fait des efforts pour arriver à la vérité, tiendront compte des résultats et les vérifieront au besoin. Recherches sur les minéraux belges (4e notice). Sur- la Kaolinite (Pholérite) de Qucnast et du terrain houiller; par M. L.-L. de Koninck, Dr Se, chargé de cours à l'Université de Liège. Il y a quatre ans, j'ai rencontré à Quenast, dans la dio- ri te quarfzeuse, des parties de roche formées principale- ment de pyrite en grains irréguliers et d'une matière nacrée, d'une blancheur parfaite, presque sans cohérence et excessivement douce au toucher. C'est dans la carrière du bois de Neppe, aujourd'hui complètement abandonnée, que j'ai trouvé cette substance. Au premier abord, j'ai cru pouvoir la rapporter à l'es- pèce désignée généralement sous le nom de Pholérite; l'analyse est venue confirmer ces vues. (I) Recherches sur la structure de l'appareil digestif et sur tes phé- nomènes de la digestion chez les Aranéides dipneumones , 5e partie. (IÎULLET. I>E L'ÀCAD. ROT. DE BELGIQUE, 2e série, t. XLIV, 1877). ( 734 ) En choisissant, dans les échantillons que j'avais récol- tés, les parties les plus pures, en les broyant simplement entre les doigts et en les passant à un tamis très-fin, j'ai pu séparer presque complètement la pyrite et les grains durs. La matière ainsi obtenue a fourni à l'analyse : Perte au fou 14.49 SiO* 45.58 Al203 36.80 FeX)5 5.68 CaO . . MgO .).... traces Alcalis / 100.55 Ces résultats conduisent à la formule : AIW,' 2Si02, 2H20. La composition correspondante est : H20 13.90 SiO* 46.33 Al203 39.77 100.00 Les différences entre les résultats de l'analyse et le cal- cul s'expliquent par la présence de pyrite. Cette dernière a été constatée qualitativement, mais la quantité de sub- stance que j'avais ne m'a pas permis d'en faire le dosage. La formule que j'indique plus haut n'étant pas admise par tous les auteurs pour la pholérile, j'ai cru faire chose utile en soumettant à l'analyse un échantillon parfaite- ment caractérisé de pholérile du terrain houiller. J'y étais ( "35 ) d'autant plus porté, que nous ne possédons aucune ana- lyse récente de ce minéral, si répandu cependant dans les charbonnages du pays. J'ai fait choix, pour l'essai, d'un échantillon provenant de la houillère de la Haye à Saint-Gilles (Liège). La pholé- rite se rencontre, dans cette exploitation, on petites masses aplaties irrégulières, provenant du remplissage de fentes d'un schiste grossier; elles atteignent par places plusieurs millimètres d'épaisseur. C'est une matière blanche , d'aspect cireux, onctueuse au toucher, facile à rayer par l'ongle, à poussière écailleuse, paraissant parfaitement exempte de tout mélange, infusible mais durcissant au feu comme les argiles. Deux analyses concordantes ont donné : H20. . . . . . 13.88 . . . 10.91 SiO-i . . . . . 45.95 . , . . 45.97 Al*Os . . . . . 40.27 . , . . 40.1-2 100.10 100.00 Traces de Fe2 O3, CaO, MgO et alcalis. Ces analyses conduisent aussi à la formule : A120', 2Si02, 2H20. L'absence presque complète de fer est assez remar- quable, vu la forte proportion de ce métal qui se trouve dans les roches houillères. J'ai enfin analysé également des échantillons de pholé- rite écailleuse, pulvérulente, de couleur jaunâtre parsuite de mélange d'une petite quantité de limonile. Ces échan- tillons appartenaient à feu M. AVigny, collectionneur con- ( 736 ) sciencieux de notre ville; ils étaient étiquetés de sa main, l'un : Pholérite du terrain houiller. — Bagatelle (près Visé); les autres : Talc granuleux, Nacrite. — La Char- treuse (près Liège). Les résultats ont été les suivants : HaO 13.85 SiO* 46.72 Al203, ...... 38.32 Fes03 0.77 CaO 0.60 MgO traces 100.26 Cette composition correspond encore une fois à la for- mule : A1203, 2SÎ02, 2H20. La proportion de Si O2 est un peu trop forte , mais cela provient de quartz, dont la présence dans la substance a été constatée. Quant au gisement de cette pholérite, elle se rencontre, autant qu'on peut en juger par des échantillons de col- lection, comme remplissant des géodes irrégulières dans un grès houiller fortement altéré. L'espèce Pholérite a été créée en 1825 par Guillemin (I). Il avait analysé une substance blanche qui se trouvait « dans le terrain houiller de Fins (Allier) remplissant les fissures de quelques rognons de minerai de fer et les fentes de couches de grès et de schistes argileux et for- mant des taches blanches sur ces diverses roches. » Il (1) Annales des mines, t. XI, 1825, p. 489. ( 737 ) donne comme résultat de ses analyses : i. il. H*0 13.000 .... 15.00 SiO2 42.923 .... 41.65 Al'Oî .... 42.075 .... 43.33 100.000 .... 100.00 Ces analyses, calculées d'après les poids atomiques au- jourd'hui admis, conduisent à la formule : 4A1Î03, 7S102, 8H*0. L'époque à laquelle ces analyses ont été faites, permet de ne leur attribuer qu'une importance relative. Elles con- cordent au reste fort peu entre elles. Guillemin donne la formule : Al Si -+- 2aq (2A1203, 3Si02, 4H«0) et comme composition correspondante : H'O 15 564 SiO* 40.750 Al2Os 43.886 100.000 J'ai eu la curiosité de remonter de cette formule et de cette composition aux poids atomiques employés par Guil- lemin; j'ai obtenu Si = 31.65 et Al = 27.42. Le gisement de la Pholérite de Guillemin ne laisse au- cun doute que c'est bien au même minéral dont j'ai fait l'analyse (Pholérite du terrain houiller) qu'il a eu affaire, d'autant plus qu'il dit lui-même avoir rencontré le miné- ral en question dans la concession de Cache-Après, près Mons. (738; La formule qui se déduit de mes analyses est celie à laquelle conduisent toutes les analyses de Kaolinite. Au point de vue chimique, la Pholérite et la Kaolinite sont donc identiques. Au point de vue physique, il n'y a pas non plus de dif- férences. L'examen microscopique de la Pholérite de la Chartreuse fait reconnaître que ce minéral est formé de paillettes hexagonales, généralement allongées (lig. 1), plus ou moins régulières et appartenant, selon M. l'abbé Renard, qui a bien voulu les examiner, au système rhom- bique; les angles mesurés au moyen d'un microscope à platine tournante et graduée , sont de 120", dans les limites d'exactitude que comporte ce mode de détermination. La plus grande dimension de ces cristaux atteint au maxi- mum 1/4 de millimètre. Les Pholérites ordinaires du terrain houiller présentent le même aspect, mais avec des dimensions beaucoup moindres et une cristallisation d'autant moins nette que la cohésion est plus considérable. C'est ainsi que la Pholérite de La Haye examinée au microscope ne laisse pas recon- naître de cristallisation bien tranchée, tandis que d'autres échantillons, provenant des charbonnages de Mariemont (fosse Abel) et moins cohérents, sont formés de lamelles assez bien définies (lig. 2). La Kaolinite de Quenast est, au point de vue de la cris- tallisation, intermédiaire entre leséchantillons de la Char treuse et de Mariemont (lig. 3); enfin il est reconnu (1) que la Kaolinite proprement dite peut se présenter en écailles hexagonales du système rhombique, avec des an- gles de 120°. Je donne au surplus (lig. 4) comme point de ({) Dana, Descriptive Mineralogy, lbfiS, p. 475. mil. cl.- L'Acad rP Q> Fig. â. Fiq. 4. ( 759) comparaison la figure publiée par Dana, malheureusement sans indication de grossissement. En résumé, il n'y a aucune raison pour conserver l'es- pèce Pholérite dans la nomenclature; au lieu de compli- quer la minéralogie par la création d'espèces fort peu cer- taines, il faut, au contraire, comme dans toute science d'observation, chercher à simplifier et n'admettre des com- plications que lorsqu'elles sont reconnues nécessaires. Il y a donc lieu, comme l'ont déjà proposé MM. Johnson et Blake il y a dix ans (1) et comme le font partiellement certains auteurs, de réunir les minéraux connus sous les noms de Pholérite, de Nacrite, de Lithomarge et de Kao- lin, sous le seul nom de Kaolinite, abandonnant le nom de Kaolin pour les variétés plus ou moins pures employées dans l'industrie. J'ajoute, pour terminer, que la Kaolinite de Quenast ré- sulte bien probablement de l'altération de la diorite sous l'influence d'émanations qui ont amené la pyrite (2). Laboratoire de chimie analytique de l'Université de Liège, Août 1877. (1) The americ. Journ. of Se. and Arts, cond. bj Silliman and Dana , 2« sér. t. XLI1I. (2) Corap. De la Vallée et Renard, Mémoire couronné, p. 17. ( 740 ) Recherches sur les minéraux belges (5e notice). Sur la présence de Vapatile cristallisée dans l'étage salmien; par M. L.-L. de Koninck, Dr Se, chargé de cours à l'Uni- versité de Liège. Le quartz dans lequel a été découverte à Salm-Château la nouvelle espèce minérale appelée Dewalquite par les uns, Ardennite par les autres, se présente en filon en deux endroits différents : d'une part dans un terrain communal qui joint au chemin de fer, en dessous des ruines de l'an- cien château de Salm, d'autre part dans la propriété de M. Jottrand, le long du chemin vicinal qui la traverse. Ces deux affleurements ne sont pas dans le prolonge- ment l'un de l'autre ; je n'ai pas étudié la question de savoir s'ils appartiennent au même filon ou à des filons différents. Grâce à l'obligeance de M. Jottrand, qui a bien voulu m'autoriser à faire des fouilles dans son terrain, j'ai pu suivre sur quelques mètres le dernier affleurement. En cet endroit, la Dewalquite et le feldspath que l'accompagne sont fort altérés ; la plupart des échantillons s'émieltent entre les doigts. Ces minéraux ne se trouvent pas exclusivement dans le quartz ; on en rencontre égale- ment en masses devenues friables, qui paraissent être des ramifications du filon, dans le phvllade violet grossier for- tement altéré lui-même, qui joint le quartz. En examinant plus attentivement un échantillon de ce genre, j'ai trouvé quelques petits grains cristallins, de couleur lilas très-clair, possédant quelques facettes très- brillantes. L'un deux est nettement cristallisé en prisme ( 741 ) hexagonal ; un autre, cristal très-incomplet, possède une complication de facettes telle, qu'il ne m'a pas été possible de définir la forme par les moyens qui sont à ma dispo- sition. A première vue, j'ai cru devoir rapporter ces cristaux à l'apatite, quoique cette espèce n'ait pas été indiquée à l'état macro-cristallin dans le pays. A la suite d'essais chimiques, nous nous sommes convaincus, mon assistant, M. le Dr A. Jorissen, et moi, que cette opinion était exacte. En effet un petit grain, de la grosseur d'une tète d'épingle, chauffé dans un tube fermé, n'a pas donné d'eau. Traité ensuite sur un verre de montre par l'acide nitrique , il s'est dissous complètement sans effervescence. Cette solution a donné par l'ammoniaque un précipité blanc, qu'une nouvelle addition d'acide nitrique a fait disparaître ; enfin celte liqueur, divisée en deux parties, a donné d'une part, par le réactif de Sonnenschein, un précipité de phosphomolvbdate ammonique, et d'autre part, par l'acétate sodique, l'acide acétique et l'oxalate ammonique, un abondant précipité d'oxalate calcique. Cette découverte de l'apatite à Salm-Châleau vient augmenter encore la liste, déjà relativement longue, des phosphates que l'on a rencontrés dans l'étage salmien supérieur de Dumont et qui comprend à ce jour la Libethe- nile, la Pseudomalachite, la Torbernite, la Wawellite et l'Apatite. Laboratoire de chimie analytique de l'Université de Liège, Novembre 1877. 2me SÉRIE, TOME ÏLIV. 51 ( 712 ) Contribution à l'histoire du développement embryonnaire des Téléosléens; par M. Edouard Van Beneden , membre de l'Académie. Lors de mon séjour à Ville-Franche en Savoie, en août et septembre 1874, j'eus l'occasion de faire quelques observations sur le développement d'un poisson osseux. Je m'appliquai surtout à l'étude des premières phases du développement et je cherchai à élucider la question si discutée de l'origine et du mode de formation des feuilles embryonnaires. Je rencontrais journellement, au milieu des produits de la pèche au filet de Muller, de petites perles incolores et parfaitement transparentes; le diamètre de ces petites sphères hyalines dépassait à peine celui d'une forte nocliluque; leur apparence rappelait celle de ces proto- zoaires: aussi ne fut-ce qu'après les avoir examinées à la loupe que je reconnus que j'avais affaire aux œufs d'un poisson osseux. Plusieurs fois les pêcheurs m'apportèrent des masses d'apparence gélatineuse recueillies à la surface de la mer et formées de centaines ou de milliers d'œufs agglutinés ensemble. Ces œufs présentaient tous les caractères de ceux que je rencontrais journellement détachés les uns des autres : ils avaient les mêmes dimensions, la même trans- parence, la même composition. Dans une même masse tous les œufs se trouvaient toujours au même état de dévelop- pement. Celte circonstance facilite beaucoup l'étude des phases successives de l'évolution : les œufs meurent assez rapidement sur le porte-objet, de sorte que l'on ne peut ( 743 ) voir les phénomènes successifs du développement s'accom- piir sous ses yeux. Mais comme tous les œufs d'une même grappe se développent également vite, Ton peut toujours déterminer le temps nécessaire pour l'accomplissement des modifications qui se sont produites, depuis le moment où l'on a détaché de la souche les derniers œufs que l'on a examinés. Dans tous les amas d'œufs qui m'ont été apportés les œufs étaient ou bien en voie de fractionnement, ou bien ils renfermaient des embryons à peine ébauchés. Je n'ai jamais trouvé de grappes composées d'œufs sur le point d'éclore-, ni même d'embryons pourvus de leurs vertèbres primordiales. Par contre, je n'ai jamais péché à l'étal de libellé d'œufs en segmentation, ni même d'embryons assez jeunes pour qu'il fût possible de les utiliser pour l'élude de la formation des feuillets. Il est probable que les œufs agglutinés proviennent du môme poisson que les œufs que l'on pêche isolés. Il semble que, pondus en masses, ils restent quelque temps agglutinés pour se séparer ensuite et flotter alors, libres de toule adhérence, à la sur- face de la mer. Je dois ajouter cependant qu'ayant con- servé ces grappes dans des vases, afin de suivre pas à pas les modifications qui se produisent, je ne vis jamais les œufs se détacher les uns des autres. Mais aussi ne peut-on les tenir indéfiniment vivants dans de semblables condi- tions. J'ai eu beau renouveler l'eau plusieurs fois par jour, je n'ai pu conserver mes embryons vivants pendant plus de vingt-quatre à trente-six heures. Quoique je n'eusse nullement l'intention, en me ren- dant à la Méditerranée, de m'oecuper de l'embryologie des poissons, et que du reste le désir d'arriver à résoudre les (744) diverses questions relatives à l'organisation et au déve- loppement des Dicyémides me laissât peu de loisir, je ne pus résister au désir d'utiliser les matériaux splendides que j'avais sous la main. Aucune des difficultés qui se ren- contrent d'habitude dans l'étude du développement des poissons osseux ne se présentait ici : la membrane des œufs est fort mince et d'une parfaite transparence; le deuto- plasme est constitué par un globe albuminoïde parfaite- ment homogène, hyalin, libre de toute granulation et limité par un contour très-net et parfaitement régulier. Dans le protoplasme de l'œuf, pas plus dans le germe que dans le manteau protoplasmique qui revêt une partie du globe vitellin, il n'existe ni globule de graisse, ni vésicule, ni élément formé d'aucun genre : rien, en un mot, que l'on pourrait confondre soit avec une cellule, soit avec un noyau. Des œufs pélagiques très-semblables, provenant proba- blement d'une espèce très-voisine, ont été observés par Haeckel (I) lors de son dernier séjour sur les côtes de Corse. Il a publié le résultat des recherches qu'il a faites sur leur développement dans la seconde partie de son ou- vrage : Die Gastrula and die Eifurchung der Tlriere. Ces mêmes œufs il les avait trouvés à Nice en 1856. Haeckel n'a pas réussi plus que moi à déterminer, d'une manière positive, l'espèce de poisson dont proviennent les œufs qu'il a eus sous les yeux. Mais, se fondant sur la des- cription qui a été donnée par Retzius des œufs du Gadus Iota, Haeckel émet l'opinion que le poisson dont il a étudié le développement est un Gadoïde voisin du genre Lola, peut-être une Motelie. (1, E. Haeckel , Biolugische Stuuien, 2'" Hel't. Studien zur Gaxlrœa- Theorie. lltc Theil. Die Gastrula und die Eifurchung derThiere. ( 74o ) Les œufs que j'ai trouvés à Ville-Franche el ceux qui ont servi aux recherches de Haeckel présentent les plus grandes analogies. Trouvés daus les mêmes conditions , sur le même point des côtes de la Méditerranée, ils on! à peu près les mêmes dimensions, la même apparence et la même composition. Au moment de la ponte ils sont agglutinés en amas de volume variable, dont la forme ne présente rien de constant. Cependant la quantité de ma- tière qui les réunit était en ce qui concerne mes œufs fort peu considérable, de sorte que je ne pourrais pas dire comme Haeckel que les œufs sont empâtés dans une substance homogène; il n'est pas possible d'isoler des fragments de celte substance unissante et il est à peine possible de l'apercevoir entre les œufs, quand même on se sert de forts grossissements. Mes œufs ont un diamètre de 0,80 à 0,8o de millimètre. Ils sont complètement incolores et ont la transparence du cristal. Leur membrane est très- mince; on ne peut y découvrir ni pores en canalicules, ni ponctuation d'aucun genre; elle est homogène, assez résis- tante, fort élastique et assez étroitement appliquée sur le vitellus. C'est ce qui fait qu'il est presque impossible de l'isoler sans compromettre le contenu de l'œuf. Les plus jeunes œufs que j'ai eus sous les yeux mon- traient le disque segmenté en deux globes. Ils me furent apportés un matin vers sept heures. Je reçus deux autres masses dans lesquelles les œufs étaient au début de la segmentation. Elles furent également recueillies le malin de bonne heure. Il est probable que la ponte se fait vers le moment du lever du soleil. Tous les œufs ont la forme d'un ellipsoïde de révolution, très-voisin de la sphère : le grand axe est d'un sixième à peine plus grand que le petit. À l'une des extrémités du grand axe (pôle ( 746 ) animal) se trouve le disque germinal! f. Celui-ci repose sur le globe vitellin qui a la même forme que l'œuf lui-même. Seulement l'ellipsoïde deutoplasmiqueest tronquée à l'une des ex (remîtes de son grand axe suivant une surface con- cave à son milieu, convexe sur ses bords, il en résulte la formation d'une chambre polaire limitée en dehors par la membrane de l'œuf, en dedans par le globe vitellin; c'est dans cet espace que se trouve le disque segmenlé. Le globe vitellin est formé par une substance hyaline, parfaitement homogène, incolore, peu réfringente, dé- pourvue de toute structure ; il tient en suspension un seul et unique élément formé : c'est une masse sphérique, brillante, à contour très-foncé, et qui occupe dans le globe une position constante. A part cela, le globe vitellin est absolument dépourvu, je le répèle, de toute granulation, de toute vésicule, de tout élément que l'on pourrait prendre soil pour une cellule, soil pour un noyau de cellule. La sub- stance qui la constitue est une matière albuminoïde : elle se coagule par l'alcool, l'acide chromique et se trouble par l'acide acétique. La sphère réfringente tenue en suspension dans le globe vitellin est formée d'une huile ou d'une matière grasse. Elle se colore d'abord, en brun, puis en noir, par l'acide osmique. Ilaeckel a trouvé ce même globe huileux dans les œufs qu'il a étudiés. Il lui donne le nom de OElkugel ou de Fetlkurjel. Seulement cet élément, au lieu d'être tenu en suspension dans le globe vitellin, occu- pait, dans ses œufs le pôle végétatif de l'œuf et était simple- ment engagé dans une dépression de forme sphérique que présentait, en ce point, la surface du globe vitellin. C'est là un caractère qui différencie les œufs de Haeckel de ceux que j'ai moi-même observés. Grâce à cette cir- constance que le poids spécifique du globe huileux est ( 717 ) inférieur à celui des substances qui constituent les autres parties de l'œuf, les œufs étudiés par Haeckel prenaient invariablement la même position. Toujours le pôle ani- mal était dirigé vers la profondeur, le pôle végétatif vers la surface. J'ai constaté que, dans mes œufs, la position du globe huileux était tout à fait constante : il était tou- jours excenlriqnement placé et occupait invariablement l'hémisphère végétatif de l'œuf. J'ai en vain cherché, pour m'expliqucr ce fait, quelque particularité de structure dans le vitellus. Je n'ai pu découvrir aucune trace de filaments reliant le globe huileux, soit à la surface du vitellus, soit au disque germinalif. M. Van Bambeke (I) a décrit récem- ment dans l'œuf non fécondé de la tanche des pseudopodes qui rayonnent dans la sphère vitelline, à partir de la face inférieure du disque. Ces pseudopodes qui s'observent avant le début delà segmentation ont pour fonction d'ame- ner, sous le disque, les éléments vitellins jusque-là dissé- minés. Ransom (2) avait déjà vu des traînées granuleuses comparables à celles auxquelles M. Van lîambeke attribue le rôle de pseudopodes. Il existe du reste d'autres différences de détail cnire les données de Haeckel et les miennes. Quant au mode d'agrégation de ses œufs, voici comment il s'exprime : « Dieser Laich bildel kleine weiche Gallerlkluwpen, in welchc zahlreichc kleine, vollkommcn durchsic/iligc Eier eingebetlet sind. » Ses œufs étaient spbériqucs et mesu- raient 0,64 à 0,65 de millimètre de diamètre. Il me parait (1) Ch. Va* Bambeke, Recherches sur l'embryologie des poissons osseux, Mém. de l'Ac*d. boy. des se. de Belgique, t. XL. (2) W. II Boso.ii, Observations on the ovum of osseous fishes, Philos, Thans.,vo1. 157. ( 748 ) donc certain que nous n'avons pas eu sous les yeux les œufs de la même espèce; mais les différences sont si minimes qu'il n'y a guère lieu de douter des affinités des poissons dont ces œufs proviennent, si toutefois on peut juger des affinités des Téléosléens d'après les caractères que présentent leurs œufs. Comme je l'ai dit plus haut, les plus jeunes œufs que j'ai observés avaient le germe segmenté en deux (fig. 1). Les cellules de segmentation sont convexes en dehors, accolées l'une à l'autre par une surface à peu près plane et limitées du côté du vitellus nutritif par une ligne con- vexe assez nette, mais moins apparente cependant que les lignes qui marquent leurs limites latérales. Les globes de segmentation sont formées d'un protoplasme très-clairet tout à fait homogène. On ne peut y découvrir aucune trace de noyaux. Ils ne reposent pas immédiatement sur le vitellus : ils en sont séparés par une couche d'une substance protoplasmique chargée de fines granulations, mais dépourvue de tout globule adipeux. Je n'ai trouvé dans cette couche rien qui ressemblât ni à une cellule, ni à un noyau de cellule. J'ai mis le plus grand soin à cher- cher de semblables éléments, tant en examinant les œufs frais et vivants, qu'en les étudiant après les avoir traités par l'acide osmique et les matières colorantes (picrocar- min et hématoxyline). Cette couche forme au globe vitellin un revêtement continu de telle sorte qu'en aucun point les globes de segmentation ne se trouvent directement en contact avec le vitellus. Celte couche dépasse de tous côtés les bords du disque segmenté, et partout elle se moule exactement sur le globe vitellin. Il n'est pas facile de déter- miner la ligne limite de ce manteau protoplasmique tant ( 749 ) il devient mince sur ses bords. Il ne présente pas partout la même épaisseur. Au centre du disque segmenté il est assez épais : il y affecte l'apparence d'une lentille bicon- vexe qui occupe tout l'espace compris entre le globe vitel- lin déprimé en ce point et la face profonde des cellules de segmentation. En outre, il présente un épaississement assez considérable sous le bord du disque; cet épaississe- ment forme, tout autour du disque, un bourrelet circulaire à section triangulaire. L'un des côtés du triangle est adjacent à la face inférieure des globes de segmentation; il regarde en liant et en dedans, vers le pôle animal de l'œuf (1); l'autre, appliqué sur le vitellus nutritif, regarde en bas, vers le pôle végétatif; le troisième est libre; il est séparé de la membrane de l'œuf par un espace rempli d'un liquide clair et hyalin; il regarde en haut et surtout en dehors. Celle couche est homologue, comme je le montrerai plus loin, à celle que Van Bambeke a décrite chez le Gardon sous le nom de couche intermédiaire. Ce nom lui convient à raison de son interposition entre le germe et le globe deutoplasmique; en outre il a le grand avantage de ne rien préjuger quant à sa valeur morphologique. Je la désignerai donc sous ce nom; j'appellerai lentille médiane l'épaississement qu'elle présente à son milieu, sous le germe; avec Van Bambeke j'appellerai bourrelet périphé- rique l'épaississement annulaire sous-jaceut aux bords du disque segmenté. J'ai pu voir les phases successives de la segmentation (1) Je suppose l'œuf placé de telle manière que l'axe soil vertical, le pôle animal en haut, le pôle végétatif en bas. ( 7^0 ) du disque, en examinant, à des intervalles peu éloignés, de nouveaux œufs enlevés à cette masse qui me fut apportée vers sept heures du malin et dont les œufs étaient, à ce moment, segmentés en deux globes. Vers huit heures et demie tous les œufs montraient le disque segmenté en quatre cellules; de sorte qu'il s'écoule au moins une heure et demie entre le moment où apparaît le premier sillon et l'instant où les deux premiers globes se segmentent à leur tour. J'ai constaté que le temps qui s'écoule entre deux phases successives du fractionnement est de plus en plus court au fur et à mesure que les cellules diminuent de volume. J'ai constaté du reste le même fait en étudiant la segmentation de l'œuf du lapin. Je ne décrirai pas dans tous leurs détails les phases suc- cessives du fractionnement : ce phénomène a été sou- vent décrit et ligure et je n'ai pu du reste étudier assez complètement ni le mode ni l'ordre apparition des sillons pour pouvoir ajouter quelque chose à ce que l'on connaît de la segmentation chez les poissons osseux. Toute mon attention a été portée sur la couche intermédiaire et j'ai cherché à voir aussi exactement que possible les modifica- tions qu'elle subit dans les premiers temps du développe- ment embryonnaire. J'ai représenté deux phases de la segmentatien propre- ment dite. La figure 2 représente l'œuf au point où en était arrivée la segmentation vers onze heures du matin. A ce moment je n'ai pu découvrir aucune trace de noyaux dans les segments du disque examinés sur le vivant. Mais en traitant ces œufs par l'acide osmique, puis par l'alcool au tiers et, après les avoir lavés, en les soumettant à l'ac- tion du picrocarmin, j'ai pu constater l'existence dans chacun des globes d'un beau noyau sphérique, tout à fait (751 ) homogène el dépourvu de nucléole. Si on laisse mourir les œufs sur le porle-objet, on constate que le protoplasme des globes se trouble et devient légèrement granuleux en même temps qu'il prend une légère teinte jaunâtre. On voit apparaître alors, dans chaque globe, une grande tache claire, très-faiblement délimitée et d'un aspect parfaite- ment homogène. Ces taches sont dues à la présence du noyau qui ne se voit pas quand le protoplasme est vivant, mais qui apparaît après la mort sans que l'on ait besoin d'aucun réactif, pour en démontrer la présence. On peut rendre aussi ces noyaux très-apparents par l'acide acétique à 1 p. °/0. A celte phase du développement une ligue très- nette sépare le disque fractionné de la couche intermé- diaire. Celle-ci a conservé les mêmes caractères qu'elle présentait déjà lors de la segmentation du disque en deux globes. Elle montre toujours son épaississcmenl lentil- laire médian aussi bien que son bourrelet périphérique. L'aspect de cette couche intermédiaire diffère toujours de celui du protoplasme du disque par son caractère fine- ment granuleux. Sur le vivant je n'ai trouvé dans celte couche aucune trace d'éléments nucléaires. Aussitôt après la mort, la couche intermédiaire se ratlatine légère- ment et la limite du globe deuloplasmique devient elle- même irrégulière. Les noyaux jusque-là invisibles des globes de segmentation deviennent alors très-apparents; mais il n'est pas possible de découvrir, dans la couche intermédiaire, aucune trace de noyaux. Le traitement par l'acide osmique, par le picrocarmin, par l'hémaloxyline, n'a pas réussi davantage à y déceler la présence éléments nucléaires. L'acide acétique en solution à un pour cent, qui fait apparaître si nettement ces noyaux dans les globes ( 752 ) de segmentation ne m'a pas donné de meilleurs résultats. Je crois pouvoir affirmer de la façon la plus positive l'absence de tout noyau cellulaire dans la couche intermé- diaire à cette phase du développement de l'œuf. A cinq heures du soir les œufs étaient arrivés au stade que j'ai représenté figure 3. Le disque segmenté pré- sente, pris dans son ensemble, la forme d'une lentille plan-convexe; il repose par sa face plane sur la couche intermédiaire avec laquelle il se trouve partout en contact immédiat. Il est constitué par des cellules polyédriques très-claires, dans chacune desquelles il est facile de distin- guer, même sur le vivant, un beau noyau sphérique ou légèrement ellipsoïdal. Les cellules ne sont pas partout serrées les unes contre les autres. Çà et là on observe entre elles de petits espaces de formes et de dimensions variables. Mais, ni à celle phase du développement, ni à aucun moment de la segmentation, il n'existe dans l'épais- seur du disque de cavité de segmentation. Les cellules superficielles sont polyédriques comme les cellules sous- jacenles et il en est de même des cellules qui reposent sur la couche intermédiaire. De sorte que le blaslodisque ne montre aucune trace de délaminalion : il n'est pas pos- sible d'y distinguer de feuillets différenciés. La seule diffé- rence que présentent les cellules qui constituent le disque est relative à leurs dimensions. Les cellules des couches superficielles sont un peu moins volumineuses que les cellules profondes. La couche intermédiaire a subi dans les œufs arrivés à ce stade du développement une modification importante : on peut constater la présence dans toute l'étendue de la couche d'un grand nombre de noyaux généralement ova- ( 733 ) laires, à contour très-net, pourvus d'un, quelquefois de deux nucléoles punctiformes. Tous ces noyaux ont à peu près les mêmes dimensions; ils sont un peu plus petits que les noyaux des cellules du blastodisquc. Si l'on installe le tube du microscope de façon à voir la surface du globe deuloplasmiquc, et si l'on examine la région qui borde le pourtour du blaslodisque, on y dis- tingue une zone finement granuleuse dans laquelle appa- raissent des noyaux équidistants. Impossible de distinguer aucune délimitation de cellules. Autour de chaque noyau se voit une petite zone granuleuse dans laquelle apparaît une slrialion radiaire bien manifeste. Celle-ci devient beaucoup plus nette par l'acide acétique faible. Les zones granuleuses périnucléaires sont séparées entre elles par des espaces clairs dépourvus de toute granulation. Ces espaces forment ensemble un réseau dans les mailles duquel se voient les noyaux entourés de leur couronne radiaire. C'est cette partie de la couche intermédiaire qui a été observée par Kupfler (1) chez les Spinachia et les Gaslerosteus et qui a reçu de cet excellent observateur le nom de zone nucléaire (Kernerzone). J'ai été frappé aussi de la ressemblance que présente à ce moment la couche intermédiaire avec cette couche cellulaire qui apparaît chez les Céphalopodes à la surface du deutoplasme et dont les éléments découverts et décrits par Ray Lankesler (2) ont reçu de lui le nom de Auloclasles. (1) Kupffeu, Beobaclilungen iiber die Entwickelung der Knochenfische, Max Sciiultze 's Arcuiv fÏ'r MicnosK. Anat., Bd. IV. (2) R\y Lankestkf., Observations 07i the developmenl of the Ceplialo- poda, QuvTEiiLY Journal of miciioscopical science, vol. XV. [New séries.) ( 734) Dans la partie de la couche intermédiaire qui se trouve en dehors du blaslodisque les noyaux sont répartis avec une très-grande régularité en une rangée unique. Mais si l'on installe le tube du microscope de façon à voir la coupe optique de l'œuf, on reconnaît que dans la lentille médiane aussi bien que dans le bourrelet périphérique les noyaux se trouvent dans différents plans et qu'ils semblent disséminés sans ordre dans le protoplasme de la couche intermédiaire. L'apparition simultanée d'un grand nombre de noyaux entourés d'une zone granuleuse dans celle couche proto- plasinique, qui revêt comme un manteau le globe deulo- plasmique et dont la présence se révèle dès le début du fractionnement, ne peut s'expliquer qu'en admettant la formation simultanée par voie endogène de toute une géné- ration de cellules dans cette couche intermédiaire. Dès que les noyaux se montrent le groupement régulier des gra- nules du protoplasme autour de chacun d'eux démontre la subdivision du protoplasme en autant de territoires cellu- laires qu'il y a de noyaux. De ce que l'on ne dislingue par les limites des cellules on ne peut pas conclure à l'absence d'individualisation des éléments: la strialion rayonnéc du protoplasme autour de chaque noyau prouve qu'il ne s'est pas agi seulement d'une génération de noyaux, mais d'une formation de cellules. Noyaux et corps cellulaires apparaissent simultanément. Je ne pus poursuivre ultérieurement les œufs sur les- quels j'avais pu constater les transformations successives que je viens de décrire. Le lendemain un grand nombre d'entre eux étaient morts; chez les autres le blaslodisque considérablement étendu recouvrait une grande partie de ( 755 ) la surface du deuloplasme et montrait les premières traces de l'ébauche embryonnaire dans la partie élargie du bour- relet marginal. Quelques heures après tous mes embryons avaient cessé de vivre, malgré le soin que j'avais pris de renouveler fréquemment l'eau dans le cours de la journée. Mais quelque temps auparavant j'avais été à même d'étu- dier un stade du développement très-voisin de celui que je viens de décrire. Les ligures 4 et 5 représentent vu à la coupe optique (fig. 4) et à la surface (lig. 5) un œuf arrivé à celle phase de révolution onlogénique. Le blaslodisque un peu plus aplati que dans le stade précédent est aussi plus étendu. Il est en contact immé- diat par toute sa face profonde avec la couche intermé- diaire. Il n'existe aucune trace ni de cavité de segmenta- tion ni de cavité germinalive. Le disque se constitue de cellules claires, polyédriques, nucléées; le seul caractère important par lequel il se dislingue du stade précédent consiste dans la différenciation des cellules superficielles. Celles-ci , au lieu d'être polygonales à la coupe, se montrent aplaties; elles forment une sorte d'épilbélium pavimen- teux simple qui délimite extérieurement le blaslodisque. A la coupe ces cellules paraissent lenticulaires; leur face externe est à peu près plane; leur face profonde est régu- lièrement convexe ou présente des facettes par lesquelles ces cellules se moulent sur les éléments sous-jaccnls. Les cellules profondes, adjacentes à la couche intermédiaire ne présentent rien de particulier. En passant de la phase précédemment décrite au stade dont nous nous occupons le blaslodisque s'est donc subdi- visé par voie de délamination en une couche superficielle qui est la lamelle enveloppante [couche épidenno'ùlale de (756 ) Vogt (1) et de Lereboullet (2), Deckschiclit de Gôtle(3)) et une masse profonde qui est le feuillet primaire externe. La couche intermédiaire présente exactement les mêmes caractères que dans le stade précédent. La seule particu- larité que j'aie observée , c'est qu'à la coupe optique on distingue çà et là, tant dans le bourrelet périphérique que dans la lentille médiane, des cellules rondes et finement granuleuses qui paraissent logées dans la couche intermé- diaire et sont beaucoup plus nettement individualisées que les cellules voisines. A la phase que je viens de décrire succède le stade que j'ai représenté (fig.6). Des œufs qui le matin vers 10 heures présentaient les caractères que j'ai figurés (fig. 4 et 5) avaient subi l'après-dîner vers les 5 heures les modifica- tions que je vais énumérer. Le blaslodisque s'est considérablement étendu et con- stitue maintenant une calotte appliquée sur la portion tronquée devenue convexe du globe deuîoplasmique. Le (1) C. Vogt, Embryologie des Salmones, Neuchâlel, 1842. (2) Lerebouelet, Recherches d'embryologie comparée sur le dévelop- pement du Brochet, de la Perche et de VÊcrevisse. Mém. présentés par divers savants à l'Ac. des Se. de l'Institut de France. Se. math, et phys., t. XVII, 1862. 2° Id., Recherches d'embryologie comparée sur le développement de la Truite, du Lézard et de la Limnèe, Ann. des Se. mat., 4e série, t. XVI, 1861. 3° Id., Nouvelles recherches sur la formation des premières cellules embryonnaires, Comptes rendus, 1864, et dans les Annales des Se. nat. Zool., 1864. (5) Gôtte, Beitrdge zur Enticickelungsgeschichle der Wirbellhiere, Archiv fur HIKROSK. A.\AT , Bd. IX. ( 757 ) hlasto lisquc s'est en même temps aplati et notablement aminci. Entre la couche intermédiaire et le disque a paru une cavité excentriquement placée et dans le disque lui- même nous pouvons distinguer deux régions. L'une cen- trale plus mince l'orme la voûte de la cavité genninalive; l'autre périphérique plus épaisse l'orme au blastodisque un bourrelet marginal. Celui-ci consiste en un anneau plus large d'un côté que de l'autre, ce qui détermine l'excen- tricité de la cavité. La constitution cellulaire du blastodisque s'est notable- ment modifiée : les cellules se sont multipliées et sont devenues beaucoup plus petites. On peut distinguer dans le disque en y rattachant tout ce qui se trouve en dehors de la couche intermédiaire proprement dite 1° la lamelle enveloppante constituée par une seule rangée de cellules plates; 2° une couche formée exclusivement de cellules polyédriques, serrées les unes contre les autres, claires et transparentes, dont le protoplasme est à peu près homo- gène et qui toutes sont pourvues d'un noyau très-appa- rent privé de nucléole. Cette couche forme la plus grande partie du gastrodisque; elle est plus épaisse dans la portion la plus large de l'anneau périphérique, de sorte que sur •me coupe optique elle a, prise dans son ensemble, la l'orme d'une virgule dont le point d'origine correspondrait à la partie la plus large de l'anneau marginal; 3° Une couche formée par des cellules rondes, peu adhé- rentes entre elles, finement granuleuses et pourvues rie noyaux à nucléole punctiforme. Celle couche est adhérente à la face profonde du blastodisque, mais elle n'existe pas dans toute son étendue; elle manque à peu près complète- ment à la voûte de la cavité germinalive. Elle n'est repré- sentée en cette région que par quelques cellules isolées. 2ine SÉRIE , TOME XLIV. 52 ( 738 ) Elle n'existe donc à l'état de couche continue que sur le pourtour du disque; elle présenterait, si elle était isolée, la forme d'un anneau. Elle n'est pas partout également développée : elle a son maximum d'épaisseur et sa plus grande largeur dans la partie la plus large du bourrelet marginal du blastodisque. Elle repose immédiatement sur la couche intermédiaire. La couche intermédiaire a subi, elle aussi , des modifi- cations importantes. L'épaississement lenticulaire médian n'existe plus; au contraire le bourrelet périphérique a con- servé le même développement que dans les phases précé- dentes; sa section est toujours triangulaire, de sorte que le bourrelet, pris dans son ensemble, a toujours la forme d'un prisme triangulaire contourné circulairement et appli- qué par l'une de ses faces sur le globe deutoplasmiquc. La courbe intermédiaire forme le plancher de la cavité de segmentation; cependant sur celte couche reposent çà et là quelques cellules arrondies dont les caractères sont très-semblables à ceux qui distinguent les cellules de la couche profonde du blastodisque. Ces cellules paraissent dérivées de la couche intermédiaire; car à côté des cellules complètement isolées on en trouve d'autres qui, tout en faisant saillie dans la cavité de segmentation , sont partiel- lement confondues avec la couche intermédiaire. La sur- face qui indique la limite de cette couche, du côté de la cavité germinative, est bosselée; au centre de chaque émi- nence se trouve un noyau et il semble que les bosselures se détachent de la couche-mère, pour donner naissance aux cellules qui reposent sur le plancher de la cavité. Des cellules arrondies présentant les mêmes caractères se trouvent, en outre, dans le bourrelet périphérique; de sorte que celui-ci n'est plus constitué seulement par une ( 759 ) masse protoplasmique tenant en suspension des noyaux cellulaires; mais il renferme (les cellules parfaitement in- dividualisées. Dans toute l'étendue de la couche intermé- diaire on distingue, au contact du protoplasme, une rangé*; bien régulière de noyaux ovalaires aplatis. Les limites des cellules sont trop peu marquées pour que l'on puisse dire qu'elles forment un épithélium pavimenteux simple; mais il n'est pas douteux qu'une couche épithéliale formée par une rangée unique de cellules plates se développe aux dépens de la partie profonde de la couche intermédiaire; cet épithélium repose immédiatement sur la surface du deutoplasme. (Voir fig. i) et 10.) Telle est la série des phases du développement que je suis en mesure de décrire d'une manière assez complète pour pouvoir en tirer quelques conclusions. Les observa- tions que j'ai faites sur les stades ultérieurs du dévelop- pement sont trop fragmentaires pour pouvoir être publiées. Il me reste à comparer les laits dont je viens de rendre compte à ce que l'on connaît actuellement de la formation des feuillets embryonnaires chez les Téléostéens et à for- muler quelques conclusions. 1. Ce qui ressort tout d'abord, avec une parfaite évi- dence, des observations que je viens d'exposer, c'est que les feuillets embryonnaires ne procèdent pas exclusive- ment du germe segmenté, qui forme, à la (in du fractionne- ment, ce que Lereboullet appelle le blastoderme et ce que nous avons désigné avec Haeckel sous le nom de blasto- disque. Une partie des tissus embryonnaires se développe aux dépens d'une couche qui revêt le globe deutoplas- mique et qui ne prend aucune part à la segmentation. Celle couche, pas plus que le germe proprement dit, ne renferme, au début, aucune trace d'éléments cellulaires; (760) des cellules se forment, par voie endogène, dans la couche intermédiaire, à la fin du fractionnement et les feuillets qui en dérivent ont un mode de formation très-analogue à celui de lectoderme chez les Insectes (1). C'est celte couche que Lereboullet a connue et dési- gnée sous les noms de membrane sons-jacente au germe, et ailleurs de feuillet muqueuse, Elle a été appelée membrane viielliue par OEIIacher (2) ; Rindenschicht par Ilis (3) ; membrane intermédiaire par Van Bambeke. Cette couche a été méconnue par Haeckel, ce qui lui fait dire : So k'ônnen nur die Furchwujszellen einzig und allein die Grundlage des enlslehenden Fischkorpers bilden; il admet la formation de l'endoderme par inva- gination des bords du blaslodisque. Iisl-il possible d'admettre que cette couche ait fait dé- faut dans les œufs que Haeckel a eus sous les yeux, et que le développement de certains feuillets se fait par invagi- nation des bords du blaslodisque, chez certains poissons osseux, aux dépens d'une couche qui ne prend pas part à la segmentation chez d'autres? Je ne le pense pas, et je crois que Haeckel lui-même n'accepterait pas pareille sup- position. Il y a, du reste, diverses particularités, dans les dessins publiés par Haeckel lui-même, qui me paraissent prouverai je les compare à certaines ligures de ma planche, que la couche intermédiaire existait dans les œufs que (1) Aur.. Wkiss.ua>, Beilrtige zur Enhvickelungsgeschichte der [nsec- trn, Zeitscii. fur wiss. Zool., vol. XIII. 1863. (2) OELLAcnF.il, Beitrâge zur Entwickelungsgeschichte der Knocken- fische-, Zeitscii. fur wiss. Zooi.., [>d. XXII. (3) His, Uhtersuchungen ttbsrdie Entwickrlung von Knoclienfischen, besonders iïber diéfonige des Salmens , Zkitsch. fur A;\»t. bhij Entwi'ck , i«» Bel 1876. ( 761 ) ce savant a eus sous les yeux. C'est ainsi que dans les figures 5o et 56 de sa planche IV, Haeckel a figuré les globes de segmentation se prolongeant en dehors par une sorte de queue appliquée sur le globe deuloplasinique. Celle queue correspond évidemment à cette partie de la couche intermédiaire (voir ma planche, lig. 1) qui dépasse en dehors le germe segmenté et qui se trouve intimement appliquée à la surface du deutoplasme. Celte première conclusion de mes observations vient à l'appui des résultais avancés et soutenus en ce qui con- cerne divers poissons osseux par Lereboullet, par Kupffer, par Owsjannikow, par Klein, par His et par Van Bam- beke. Je suis bien loin de vouloir adhérer pour cela à la fameuse théorie du parablaste de His, défendue en ce qui concerne les poissons osseux par Owsjannikow (I). L'idée fondamentale de cetle théorie, c'est qu'une partie des tissus de l'embryon ne dériverait pas de la cellule-œuf, mais procéderait de cellules conjonctives de la mère, qui, immergées dans le jaune de l'œuf, seraient destinées à re- produire des tissus conjonctifs et vasculaires. L'embryon se rattacherait à l'organisme maternel par un double lien : par ses tissus archiblastiques dérivés de la cellule-œuf, l'embryon se rattacherait aux tissus archiblastiques ma- ternels; ses tissus parablasliques dériveraient directement des tissus conjonclivo-vasculaires du parent. Non-seulement celte théorie n'a pas été démontrée par M. His, mais l'idée m'en parait absolument insoutenable, si l'on se place sur le terrain de l'embryologie comparée. D'un autre côté, mes observations ne cadrent aucune- (I) Ow.sjannikuw, Ueber die ersten Vorgdnge (1er Enticickclung in den Eiern des Coregonus lavaretus, Bull, de l'Acad. de S'-Pétkrsb., t. XIX. ( 762 ) ment avec les idées de Rathke(l), de von Baër (2), de Slricker (5), de Rieneck (4) , de Weil (o) et de Œlla- cher, qui tous ont admis que les divers feuillets de l'em- bryon se forment par délamination aux dépens du blasto- derme. Je ne puis me rallier davantage à la manière de voir de Gôtte et de Haeckel, d'après laquelle le feuillet interne se formerait par invagination des bords du blas- todisque et dériverait ainsi comme les autres feuillets du germe segmenté. Est-ce à dire que les poissons osseux s'opposent à la gé- néralisation du phénomène de l'invagination en tant que caractérisant les premières phases du développement de tous les Métazoaires? Est-il impossible de ramener le type du développement des Téléostéens au mode de formation de la Gastrula chez l'Amphioxus, les Batraciens, les Mam- mifères? Nullement. Voici, en effet, comment j'interprète les phénomènes. L'œuf des poissons osseux, aussitôt après la fécondation, se divise en deux cellules très-dissem- blables : l'une est le germe qui se segmente et d'où dérive le blaslodisque; l'autre est formée par le globe deuto- plasmique revêtu, du moins partiellement, d'une mince couche de protoplasme : la couche intermédiaire. Cette (1) Rathre, Bildungs-und Entwickelungsgeschichte des Blennius viviparus, Abiiasd. zur E*TwicKELUNGSGEScnicnTE. Erste Ahhanil., 1835. (2) K.E. von Baeb, Untersuchungen iiber die Entwickelungsgeschichte der Fische. Leipzig, 1835. (3) Stricker, Untersuchungen iiber die Entwickehmg der Bachforelle, WlK'VER SlTZUNGSBER., Bd., LI. (4) Rikheck, Ueber die Schichtungdes Forellenkeimes, Max Sciiultzb 's Abchiv.. Bd.V, 1869. (5) Weil, Beitriige zur Kennlniss der Entwickelung der Knochen- fische, Wiener Sitzumceb., Bd. LXV, 1872. ( 703 ) dernière cellule, qui est l'origine de l'endoderme , pré- sente une conslilulion analogue à celle des cellules adi- peuses. Celte cellule ne se segmente pas ultérieurement; mais il y apparaît, vers la lin de la segmentation du germe, toute une génération de cellules qui se forment par voie endogène. De là un feuillet cellulaire sous-jacent à la couche qui provient de l'extension du blastodisque et ce feuillet est homologue «à l'endoderme des autres verté- brés; la masse cellulaire qui forme le blastodisque repré- sente l'cetoderme. Le blastodisque s'étend peu à peu et tend à recouvrir par épiboliele globe deuloplasmique. Il en résulte que le développement des Téléosléens débute par un fractionnement total du vitellusen deux cellules : l'une d'elles continue à se segmenter, tandis que l'autre conserve ses caractères et reste indivise. Ce fait, d'une plus grande lenteur dans le fractionnement des cellules qui doivent donner naissance à l'endoderme, est très-fréquent non- seulement chez les Vertébrés, mais aussi dans les autres embranchements; il se présente d'une manière constante dans le cas de formation d'une Gastrulà par épibolie. Or, c'est par épibolie que se forme la Gastrulà chez les Téléos- léens. La Discogastrula n'existe donc pas; la segmentation discoulale de Haeckel ne diffère en rien d'essentiel de la segmentation inégale (Inœquale Furchung). On objectera peut-être le mode si particulier de forma- tion des cellules de la couche intermédiaire : ces cellules ne sont pas le résultat d'une vraie segmentation. Je rappel- lerai que Strasburger (1) a démontréque la multiplication des cellules par voie endogène n'est pas un procédé pri- mordial de multiplication cellulaire, mais un mode secon- (1) Strasburger, Ueber Zellbildung und Zelltheilung. Jena , 1876. ( 764 ) daire dérivé de la division pure et simple. Il s'y rattache par toute une série de formes intermédiaires. La forma- tion simultanée, par voie endogène, d'un grand nombre de cellules dans une cellule unique, serait une abréviation ou une condensation d'une série de divisions successives. (I est clair que la formation du blastoderme des Insectes doit être interprétée de cette manière; et l'on trouve dans l'embranchement des Arthropodes, principalement chez, les Crustacés, toute une série de formes de transition. Cette manière de voir trouve ici une nouvelle applica- tion : la formation de l'endoderme des poissons osseux est au développement de ce feuillet par segmentation régu- lière tel qu'il existe chez les Acraniens, les Cycloslomes, et les Batraciens, ce qu'est le mode d'apparition du blas- toderme des Insectes à la formation de ce feuillet par seg- mentation, tel qu'il se montre, par exemple, chez beaucoup de Crustacés. II. Kupfïer est le seul qui ail reconnu et décrit chez les poissons osseux le développement de cellules à la surface du globe vitellin en dehors du germe segmenté. La zone nucléaire {Ke ruer zone), observée par Kupfïer chez les G«.v- (erosteus et les Spinachia , correspond évidemment à la partie de ma couche intermédiaire située sur le globe deu- loplasmique en dehors du blaslodisque. La partie de ma couche intermédiaire qui est située sous le blastodisque, répond à la membrane formée de globules vitellins, ou feuillet muqueux de Lereboullet et à la couche intermédiaire de Van Bambeke. Le bourrelet périphérique à section triangulaire sur lequel repose le bord du blastodisque a été observé par Lereboullet chez la Truite et parfaitement décrit par Van Bambeke chez ( 7«5 ) le Gardon ; mais ce dernier auteur n'a pas trouvé chez les Cyprinoïdes qu'il a étudiés, pas plus du reste que Lere- boullct, d'épaississement lenticulaire médian. Il est même douteux que la couche intermédiaire soit dès le début con- tinue sous le blaslodisque, chez tous les poissons osseux; (voir à ce sujet le travail de Van Bambekc et le dernier mémoire de Klein). La lentille intermédiaire paraît être une disposition propre à notre espèce. iMes observations démontrent, dans tous les cas, que Kupffer se trompait quand il exprimait l'opinion que sa zone nucléaire était toute autre chose que le feuillet muqueux de Lereboullef. Ce que OElIacher a décrit chez la Truite sous le nom de membrane vilelline s'identifie encore avec notre couche intermédiaire; seulement cet excellent observateur a été induit en erreur, quand il a admis que les cellules qu'il a observées dans celle couche, à la On de la segmentation, sont dérivées du blastoderme et immigrées dans la couche sous-jacente à ce dernier. Klein , a non-seulement reconnu celte même couche chez la Truite, mais il a démontré que des noyaux cellulaires s'y montrent en grand nombre, vers la fin de la segmentation; celte couche il l'appelle para- blasle. Ilis l'a décrite chez le Saumon sous le nom de Rindenscliicht (couche corticale). Le bourrelet périphé- rique est désigné par lui sous le nom de Keimwall et les cellules que l'on y observe, à la fin du fractionnement, sont appelées parablastisehe oder Nebenkeimzellen. III. Je n'ai trouvé, à aucune des phases du dévelop- pement, la moindre trace de cette cavité que Van Bambekc appelle cavité de segmentation. En cela, je n'ai pas été plus heureux que Kupffer et plusieurs autres embryolo- gistes, qui n'ont jamais pu découvrir une semblable cavité dans les œufs vivants. ; 7m ; La cavité de segmentation observée par Lereboullel, chez la Perche et chez le Brochet, n'a été constatée qu'après l'emploi de réactifs coagulants; et ce n'est qu'après trai- tement par l'acide sulfurique dilué que Kupffer a trouvé une semblable cavité dans le blastoderme du Gobius niger. Van Bambeke n'a reconnu la présence de sa cavité de segmentation chez le Gardon qu'en procédant à la confec- tion de coupes à travers le blastodisque durci. Elle n'a été trouvée, chez la Truite, ni par OEllacher, ni par Klein (1), ni par His. La présence de cette cavité dans l'épaisseur du blasto- disque n'est donc pas constante chez les poissons osseux; il est même possible que la cavité décrite sous ce nom et qui n'a été observée que sur des œufs durcis, soit une produc- tion artificielle. Dans tous les cas le nom de cavité de seg- mentation donné à cette cavité ne lui convient nullement. La cavité de segmentation, telle qu'on la connaît chez l'Amphioxus, les Cyclostomes, les Batraciens et une foule de vertébrés inférieurs, se trouve invariablement située entre l'ectoderme et l'endoderme. Elle est limitée d'un côté par la concavité de l'ectoderme, de l'autre par celte partie delà vésicule primitive qui, après son invagination, constituera l'endoderme. Si l'on admet que la couche in- termédiaire des poissons osseux est homologue de l'endo- derme des autres Métazoaires, il est clair qu'une cavité développée dans l'épaisseur du blastodisque ne peut être une cavité de segmentation. Seule, une cavité développée entre le blastodisque et la couche intermédiaire, pourrait être désignée sous ce nom. Une semblable cavité existe (1) Kleix, Observations on the earhj development of the common Trou/, Quart. Jocrn. of micr. Se. (Neto séries, n° LXII.) London, 1876. ( 707 ) chez les poissons osseux; elle apparaît à la fin du frac- tionnement; elle a généralement été désignée sous le nom de cavité germinalive ou de Keimhôhle. Il est indispensable, rne semble-t-il, de modifier la ter- minologie dans le sens des observations qui précèdent. Je propose de désigner sous le nom de Cavité de Lere- houllel, la cavité observée par cet auteur dans l'épaisseur du blaslodisque chez la Perche et le Brochet, et signalée par Van Bambeke chez le Gardon, par Kupffer chez le Gobius niger,el retrouvée par Balfour (1) chez les Élasmo- branches. Je le répète, c'est encore une question de savoir si cette cavité existe bien pendant la vie. II faut, au contraire, donner le nom de cavité de seg- mentation (Furchungshôhle) ou de Blastocœlome, à la cavité qui apparaît à la fin du fractionnement entre le blastodisque (ecloderme) et la couche intermédiaire (endo- derme). C'est cette cavité qui a été décrite chez la Truite par Stricker, par Rieneck , par Weil, par OEIIacher, par Klein, par His et par Gôlte, et qui a été tantôt appelée Furchungshôhle, tantôt Keimhôhle. Avec OEIIacher, je considère cette cavité comme homo- logue de la cavité germinalive du poulet; c'est pourquoi je crois que le nom de Keimhôhle peut également lui être conservé. La présence de cette cavité est douteuse chez le Gardon, les Spinachia, Gasterosteùs et Gobius, si l'on en juge par les observations de Van Bambeke et de Kupffer. IV. Une dernière question que je veux examiner est relative à la destinée des deux couches primordiales de fl) Balfocr, The development of elasmobraneh Fishes. Joubkal or AlVAT. AiVD Phts., vol. X. ( 768) l'embryon des poissons osseux : le blastodisque (ecto- derme) d'un côté, la couche intermédiaire (endoderme) de l'autre. A la phase représentée par la (igure 6, l'embryon se constitue, abstraction faite de la lamelle enveloppante, de trois feuillets cellulaires bien apparents dans le bourrelet marginal du blastoderme [Randwulst}. L'externe délimité par la lamelle enveloppante dérive évidemment du blas- todisque; l'interne n'est que la couche intermédiaire dans la profondeur de laquelle les cellules se disposent en un épilhélium pavimenleux simple. Mais entre les deux existe une couche cellulaire incomplète; elle manque à la voûte de la cavité de segmentation et son épaisseur diminue de dehors en dedans. Quelle est l'origine de cette couche? Dérive-l-clle du blastodisque? ou bien est-elle constituée de cellules déri- vées de la couche intermédiaire? Je n'ai pu malheureusement suivre de mes yeux le dé- veloppement de cette couche; cependant je ne doute pas de son origine endodermique; je pense qu'elle se constitue de cellules nées pour la plupart dans le bourrelet périphé- rique de la couche intermédiaire. Je m'appuie sur les considérations suivantes : 1° Les cellules de cette couche ont les mêmes dimen- sions, la môme forme arrondie, l'aspeclgranuleux, le même noyau pourvu d'une nucléole punctiforme que celles qui se trouvent engagées dans le bourrelet périphérique et qui sont incontestablement d'origine endodermique. Elles sont au contraire très-différentes des cellules du blastodisque; 2° Les cellules qui reposent sur le plancher de la cavité de segmentation et qui se sont formées aux dépens de la lentille médiane de la couche intermédiaire, ont tous les ( 769) caractères de celles qui constituent ccltecouche moyenne; 5° Le blastodisque proprement dit est resté délimité inférieu rement par une ligne très-nette, et nulle part on ne trouve de passage insensible de l'une des couches à l'autre; 4° Je ne trouve aucune cellule présentant des carac- tères intermédiaires entre les cellules claires et hyalines du blastodisque, et les cellules granuleuses et à noyau nucléole de la couch 3 intermédiaire. Si mon interprétation est exacte, l'embryon se constitue au moment de l'évolution que j'ai représenté ligure 6: 1° D'une lamelle enveloppante; 2° D'un feuillet eclodermique dérivé du blastodisque et destiné à se subdiviser ultérieurement en un feuillet sensoriel et un feuillet moyen externe; 5° D'un feuillet moyen interne d'origine endodermique, et destiné à fournir les éléments du sang, les vaisseaux et les tissus conjonctifs; 4° D'un feuillet endodermique destiné à fournir ulté- rieurement des cellules au feuillet moyen interne et à donner naissance à l'épithélium du tube digestif. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. 1. Stade l.Le germe est divisé en deux segments. Ceux-ci sont séparés du deutoplasme par la couche intermédiaire. — 2 Stade 2. Phase ultérieure de la segmentation du germe. — 5. Stade ô. Le blastodisque est constitué. Dans la couche intermé- diaire ont apparu des noyaux en grand nombre. (Coupe optique.) — 4. Stade i Le blastodisque s'est étendu et les cellules superficielles, ( 770 ) en se différenciant, ont donné naissance à la lamelle envelop- pante. (Coupe optique.) Fig. 5. Le même œuf vu à la surface — 6. Stade b. Le blaslodisque s'est aplati ; entre lui et la couche inter- médiaire a apparu la cavité germinalive. On distingue, indé- pendamment de la lamelle enveloppante , la couche ecloder- mique, le feuillet moyen conjonclivo-vasculaire d'origine endodermique et le reste de la couche intermédiaire. — 7. Une partie du blaslodique et de la couche intermédiaire du stade 4. (Obj. 8 de Harlnack.) — 8. Les noyaux de la couche intermédiaire entourés de leur couronne radiaire tels qu'ils se présentent quand on les voit étalés à la surface du globe deutoplasmique. (Obj. 8 de Harlnack.) — 9. Une partie plus fortement grossie de l'embryon représenté fig. 6. (Obj. 8.) — 10. Cellules du plancher de la cavité germinative chez le même embryon. (Obj 8.) Recherches sur les Acinéliniens de la côte d'Oslende ; par M. Julien Fraipont. Travail du laboratoire d'embryogénie et d'anatomie comparée de VUniversité de Liège. — Professeur M. Edouard Van Beneden. INTRODUCTION. L'histoire des Polypes, des Vcrs(Turbellariés, Trématodes, Cestodes et Hirudinées), des Bryozoaires, des Tuniciers, des Crustacés, des Poissons et des Cétacés de nos côtes a été écrite de main de maître par P.-J. Yan Beneden, dans une série de travaux qui portent pour titre : Recherches sur la faune littorale de Belgique. Les* Protozoaires n'ont pas été l'objet de publications spéciales de la part de ce savant. Durant un séjour que je fis à Ostcnde pendant les mois d'août et de septembre de cette année, je me suis appliqué o o o o i o o ( 771 ) à l'élude des Acinétinicns de nos côtes. J'ai terminé ces recherches au laboratoire (Yanalomie comparée de l'Univer- sité de Liège. J'ai trouvé huit espèces bien distinctes Cependant je ne doute pas qu'il n'en existe un plus grand nombre et j'es- père, par des recherches ultérieures, pouvoir compléter la liste des Acinélinicns du littoral de Belgique. Quatre des espèces que j'ai étudiées vivent en commensales sur la Cli- tia volubilis; j'en ai trouvé trois autres sur la Campanu- laria dichotoma; enfin, une sur la Sertularia argentea. Il est probable que ces espèces ne se rencontrent pas exclu- sivement sur tel ou tel hydroïde particulier, mais qu'elles peuvent se lixer sur des formes très-différentes et non- seulement sur des Polypes, mais également sur des Bryo- zaires, des Algues et même sur des corps inertes. Je suis en mesure d'aflirmer qu'il en est bien ainsi, tout au moins pour une des espèces, VA. tuberosa, que l'on trouve en abondance sur diverses Campanulaires et Serlttlaires, sui- des Bryozaires tels que Laguncula repens , Laguncula elongala et Boicerbaukea iinbricala. Parmi ces espèces six sont nouvelles; les deux autres ont été décrites et étudiées par Ehrenberg, par Stein et par Claparôde ; ce sont : YAcineta tuberosa (Ehr.) et Y A ci- neta Lyngbyi (Ehr.) Parmi les espèces nouvelles que je crois pouvoir établir, une appartient au genre Ophryodendron (Claparède et Lachmann). Je la désigne sous le nom d'O. Belgicum. Trois appartiennent au genre Acineta. Je les appelle respec- tivement: Acincta divisa, Acineta crenata, Acineta vorticel- loïdes. J'ai rencontré en outre deux Podophrya bien dis- tinctes de toutes les espèces décrites jusqu'à présent: la P. Bvnedeni et la P. truncata. ( 772) Je ne me suis pas borné à l'élude des Acinètes au point de vue systématique. J'ai eu surtout eu xwde revoir et de compléter les connaissances que l'on possède sur l'organi- sation et le développement de ces Protozoaires. Le beau travail de Hertwig sur la Podophnjagemmi- para (1) nous a fait connaître un mode de reproduction qui n'avait été que soupçonné avant lui, la reproduction par bourgeonnement externe. Mais toutes les recherches antérieures deClaparède et de Lachmann, de Slein et de plusieurs autres avaient établi l'existence d'un mode de reproduction bien différent. Ils avaient montré que les Acinétinicns produisent des embryons internes, qui vien- nent au monde couverts d'une robe ciliée, et supposé que ces embryons se forment aux dépens du noyau du parent. Quel est le rapport existant entre ces deux modes de reproduction? Se présentent-ils simultanément chez une même espèce ? Ont-ils l'un et l'autre la signification d'une simple reproduction agame ou bien ce dernier mode de reproduction coexisle-t-il avec la reproduction sexuelle? Voilà autant de questions auxquelles il serait bien diiïicile de répondre dans L'état actuel de nos connaissances et il en est bien d'autres que l'on peut se poser, tant sur l'orga- nisation que sur le développement, sans trouver dans les recherches des naturalistes qui se sont occupés de ce groupe, des éléments pouvant conduire à une solution positive. La reproduction sexuelle tient de bien près à la généra- tion scissipare chez les organismes inférieurs et quand nous voyons divers modes de génération coexister chez une seule et même espèce de Vorticelles, nous sommes (1) Ueber Podophrya gemmipara, Morphologisches Jahrbuch von Cari Gegenbaur. Bd. I,He. I. 1875. ( 773) tout au moins en droit de nous demander, si chez d'autres Protozoaires et chez les Acinétihiens en particulier, la reproduction agame seule admise par Hertwig est réelle- ment la seule existante. Je suis loin d'avoir tranché toutes les questions que sou- lève l'histoire des espèces que j'ai eues sous les yeux; mais j'ai observé, j'ai constaté des faits nouveaux et je n'ai d'au- tre prétention que d'avoir apporté ma pierre à l'édifice. Dans une première partie de mon travail je décrirai à propos de chaque espèce, étudiée séparément, ce que j'ai observé relativement à son organisation, à sa reproduction, à son développement. Dans une partie générale je ferai l'étude comparative et synthétique du groupe au point de vue systématique et organologique et je ferai remarquer ee qui dans mes recherches tend à modifier nos connais- sances sur l'organisation, la reproduction et le développe- ment des Acinétiniens. Je remplis un agréable devoir en exprimant ici toute ma reconnaissance à M. le professeur Edouard Van Beneden qui a été pour moi un guide éclairé et bienveillant et dont l'appui et les conseils ne m'ont jamais manqué. PARTIE SPÉCIALE. OPIlKYODEi\B>RO!V BELGICVM. Le genre Ophrijodendron fut créé parClaparède et Lach- mann pour désigner un groupe d' Acinétiniens d'une organi- sation toute particulière. Ce groupe est caractérisé avant tout par l'existence d'une trompe rétractile, portant près de son extrémité libre des organes ressemblant à des ten- tacules ou à des suçoirs. Le nom d' Ophryodendron abie- 2me série: tome xliv. 53 ( 774 ) tinum fut donné à l'espèce trouvée par eux à Glesnàsholm (écueil situé dans la mer du Nord non loin des côtes de Norwége). Cette espèce fut trouvée sur des Campanulaires qui, elles-mêmes, étaient fixées sur des Zostera (1). Cla- parède et Lachmann distinguèrent chez cet Ophryodendron deux formes d'individus : les uns, ils les comparèrent à des vers, les autres à des œufs fixés par leur petite extré- mité. Quelque temps après, Strethill Wright découvrait en Angleterre un organisme ayant beaucoup d'analogie avec l'espèce décrite par Claparède et Lachmann et lui don- nait le nom de Corethria serlulariœ. Il trouva cette espèce sur la Srrlularia painila. Claparède revendiqua la priorité du nom Ophryodendron ; et Strethill Wright qui, lors de la découverte de son Acinétinien , n'avait pas eu connaissance de l'ouvragé de Claparède, crut plus tard pouvoir identifier sa Corethria serlulariœ avecl'O. abieli- num et accepta ce dernier nom pour désigner l'animal qu'il avait observé (2). Dans un travail récent sur un Ophryodendron de la Médi- terranée, Koch émet l'opinion que la Corethria serlulariœ n'est pas identique à l'O. abielinum, mais une espèce voi- sine (3), et propose de lui conserver le nom spécifique que lui avait donné St. Wright et de la désigner sous le nom de 0. serlulariœ. Je me range complètement de cet avis; (t) Claparède et Lachmann, Études sur les Infusoires et les Rhizopodes. Genève, vol. II, p. 145, pi. S. (2) St. Wright, Tlic Annales and Magazine of Nalural History, vol. VIII ,lhird séries. Lomlon, 1861, p. 120, pi. III, IV el V. (5) Koch, Zuei Acinelen auf Plumularia celacea. EHis. Jena , 1 876 , n. 7. noie 1. ( 775 ) car si l'on s'en rapporte aux dessins des deux auteurs on devra reconnaître que les caractères de forme et d'organi- sation sont suffisamment distincts pour que l'on puisse les considérer comme deux espèces différentes. L'O. abietinum a été trouvé depuis par Hincks près de Bangor, sur YBalecium halecinum , el par P. J. Van Beneden sur la Sertularia abictina à Ostende, comme j'ai pu m'en convaincre par quelques croquis que ce savant a bien voulu me communiquer (1). Hincks a décrit une nouvelle espèce sous le nom (10. pedkcllalum ; elle se caractérise par la présence d'un pédicule à l'aide duquel l'organisme se fixe sur la loge ou la tige de la Plumulaha pinnata.W constate comme Clapa- rède deux formes d'individus. N'ayant pas pu découvrir de formes de transition entre les deux genres d'individus, il admet le dimorphisme de l'espèce et nomme les uns Pro- boscidiens, les autres Lagéniformes (2). Koch a publié, il y a quelque temps, l'histoire d'un Ophryodendron trouvé à Messine et auquel il donna le nom d'O. pedunculalum (5). Cet auteur constate également chez cette espèce, qui vil sur la Plumularia cetacea, la présence de deux formes correspondant aux Proboscidiens et aux Lagéniformes de Hincks; il les désigne respectivement sous les noms de [orme A et B. Koch n'a pas eu connaissance du travail de Hincks sur YO. pedicellatum. La description et (1) M Van Beneden a donné une figure de Y Ophryodendron observe par lui à Ostende dans son étude sur les Commensaux el les Parasites dans le règne animal, p. 68. Paris, 1875. (2) H.ncks, Quarterly Journal of Microscopical Science, vol. XIII, new séries London, 1875, page I, pi. I. (5; Ouvrage déjà cilé. [ 776 ) les figures qu'il donne de son espèce se rapprochent telle- ment de celles faites par le naturaliste anglais, que je pense que les deux espèces sont excessivement voisines, si pas identiques. Toutefois, comme les dessins semblent indi- quer des différences dans l'aspect du protoplasme, je crois qu'il faut considérer provisoirement VO. pedunculatum comme distinct de l'espèce trouvée en'Angleterre. L'Ophryodendron que j'ai trouvé à Ostende sur la Ciitia volubilis diffère de toutes les espèces décrites; de sorte que le nombre des espèces connues du genre s'élève à cinq. On ne trouve jamais en grande abondance VO. belgicnm. Il y a lieu de distinguer chez cette espèce, comme chez VO. abictinum, VO. pedunculatum et VO. pediceUalum,6eux formes d'individus. Avec Hincks, j'appellerai les uns Pro- boscidiens, les autres Lagéniformes. I. - PROBOSC1DIENS. On peut distinguer chez un Proboscidien un corps et une trompe. LE CORPS. Forme générale. — L'aspect le plus fréquent sous lequel apparaît un Proboscidien est celui d'un ovoïde fixé par sa petite extrémité ou celui d'une poire à laquelle on aurait enlevé son pédicelle. Ce caractère le différencie tout d'abord de VO. pedicellatum et de VO. pedunculatum. Chez certains individus la partie rétrécie prend une forme plus allongée et donne à l'organisme l'aspect d'une massue. A la face supérieure et libre, la paroi du corps se creuse souvent en une gouttière plus ou moins profonde. Les bords qui déli- mitent cette gouttière ne sont jamais ou que très-rare- ment identiques; tandis que l'un est convexe et contribue ( 777 ) à donner à VAcinétinien un aspect pyriforme on ovoïde, l'aulre en général moins élevé est concave et sinueux. Le corps protoplasrnique que j'ai «à décrire est délimité par une membrane et renferme une ou des vacuoles et un noyau. Nous aurons donc à distinguer successivement ces différentes parties. La cuticule. — Le corps de l'O. belgicum est recouvert par une membrane assez épaisse, réfractant fortement la lumière et présentant à la coupe optique un double con- tour. La substance qui constitue celle cuticule me paraît amorphe. Si Ton suit la membrane vers l'extrémité b;isale de l'organisme, on voit que, chez certains exemplaires, elle s'épaissit en un disque plus ou moins large qui s'insère solidement sur la loge ou la tige de la Clitia volu- bilis (figure 14 et 24). Lorsque ce disque est considérable il arrive qu'il n'est pas exclusivement constitué par la cuti- cule, mais que la substance protoplasrnique périphérique y pénètre. Chez d'autres individus la membrane se moule simplement suivant une petite surface sur le périsarc du Polype et y adhère fortement (ligure 16). Chez d'autres encore elle forme un épaississement assez considérable ayant l'apparence de deux cônes placés bout à bout. L'un constitue l'extrémité de la base du corps, l'autre l'organe de fixation. Ce dernier est souvent plissé à sa surface dans le sens vertical (fig. 18). La substance protoplasrnique. — Le protoplasme est très-opaque chez la plupart des Proboscidiens adultes et est pourvu de granulations de différentes grosseurs. Les unes sont plus foncées, les autres plus claires; les unes sont sphériques, les autres ont des bords irréguliers. Chez certains individus il existe dans le protoplasme de petits ( 778 ) corps fusiformes à bords très-réfringents (tig. 18). Clapa- rède el Lachmann (1) ont cru d'abord voir en eux 1rs organes urticants de la Campanularia qui auraient été secondairement introduits chez YOphryodendron; mais i!s n'ont pu conserver cette manière de voir. Quant à moi, je ne suis pas en mesure de donner des renseignements précis, d'où l'on puisse induire la véritable origine et la signification de ces corpuscules. J'incline à croire néan- moins qu'ils sont un produit du protoplasme de l'orga- nisme et qu'ils doivent être comparés aux Trichocystes que l'on connaît chez plusieurs Infusoires. Chose remar- quable, certains individus en sont complètement dépour- vus, d'autres en ont un petit nombre; enfin il en est, mais peu nombreux, dont le corps est chargé de ces éléments au point d'en perdre toute transparence. Je les ai vus aussi chez les Lagéniformes. Claparède avait observé que les embryons ciliés eux-mêmes étaient quelquefois pourvus de ces éléments, qui se montraient alors renfermés dans des corps vésiculiformes;ce qui conlirme le rapprochement que j'ai cru devoir établir entre les corpuscules el les tri- chocystes des Infusoires. On peut distinguer dans le protoplasme des Probosci- diens favorables à l'observation une couche corticale claire, finement granuleuse et une couche médullaire plus foncée, plus opaque et tenant en suspension des granules plus volumineux. Si l'on fait agir l'alcool fort et le picrocarmin, la distinction entre Yectosarc el Yendo- sarc devient pi us marquée. Cette différenciation du protoplasme en deux couches (!) Ouvrage déjà cité page 143, vol 11. ( 77!) ) n'a pas été remarquée par les observateurs qui m'ont pré- cédé dans l'étude des Ophryodendron. Vacuoles. — Claparède et Lachmann semblent seuls avoir trouvé chez VO. abietinum une vacuole qu'ils n'ont cependant pas vu puiser avec certitude. Chez VO. belgicum la présence d'une vacuole est constante. Tantôt il en existe une, tantôt deux. Il se pourrait même que l'on eu trouvât un plus grand nombre. Quand la vacuole est unique elle se forme dans la partie renflée du corps, mais pas à la même place chez les différents individus. Quand il y en a deux, l'une se trouve dans la partie antérieure du corps, l'autre dans la portion rétrécie. Cette dernière vésicule n'atteint jamais le volume de la première. La forme de la vacuole est le plus souvent ovoïde; ses bords sont plus ou moins irréguliers et son contenu est clair et hyalin. Jamais je ne l'ai vue puiser; cependant j'ai tout lieu de croire qu'elle se comporte de la même façon que les vacuoles contractiles des autres Acinéliniens. Stein (1) cl après lui Herlwig ont constaté que chez les Protozoaires marins la durée de temps qui s'écoule entre deux systoles est beaucoup plus longue que chez les Protozoaires d'eau douce. Herlwig (2) rapporte même que chez le Podophrya gemmipara il s'écoulait quelquefois plusieurs heures avant qu'une vacuole crevât. On comprendra par là qu'il n'y a rien d'étonnant à ce que je n'ai pas vu puiser la vacuole chez mon espèce, car jamais je n'ai suivi pendant longtemps la même vacuole contractile. Le noyau. — C'est Koch qui le premier a observé d'une (1) Stein, Organisants der Infusionsthierc. Leipzig, 1859, t. F, p. 91. (u2) Herlwig, ouvrage cité. { 780 ) façon certaine et complète le noyau chez VOphryoden- dron (1). Les observateurs qui l'ont précédé, ou bien n'ont pas vu de nucléus, ou bien ne l'ont déchiffré que partiellement. Cela ne doit surprendre personne, vu que le noyau n'est pour ainsi dire jamais visible chez ces organismes en vie et que les auteurs qui ont précédé Koch n'ont pas appelé à leur aide l'action des réactifs. La méthode que j'ai employée avec le plus de succès pour faire apparaître le nucléus consiste dans l'appli- cation de l'alcool absolu (pendant cinq minutes) et du picrocarminate d'ammoniaque (pendant un quart d'heure). L'acide osmique noircit rapidement la substance des Ophrijodendron et ne m'a pas donné d'aussi bons résul- tats. Par la première réaction que je viens de citer, le pro- toplasme ne se teint que faiblement en rose, tandis que le noyau se colore fortement en rouge. Chez l'adulte, le nucléus a une forme peu constante ; cependant il est presque toujours arborescent. On peut en général lui dis- tinguer un corps ou tronc principal et des diverticules. Il est quelquefois massif et lobule, mais le plus souvent il est pourvu de prolongements plus ou moins effilés qui se terminent toujours par un renflement. D'autres fois, il a une forme qui rappelle un E, un F ou un Y, dont les deux bras sont toujours dirigés vers l'extrémité antérieure du corps (fig. 14, 15, 20). C'est ce dernier cas qui est le plus fréquent. Le volume du noyau est aussi fort variable et n'est pas toujours proportionnel à la taille des individus. Le nucléus est moins compliqué chez les jeunes exem- plaires : il a alors le plus souvent la forme d'un bâtonnet (1) Koch, ouvrage cité. ( 781 ) renflé à ses deux extrémités et plus ou moins recourbé sur lui-même. Il ne m'a pas été donné d'observer rien de particulier quant à la structure interne du noyau chez l'adulte. Pour ce qui concerne le noyau des sujets très -jeunes, j'en parlerai dans la partie qui traite du développement. LA TROMPE. Claparède et Lachmann pas plus que Hinks n'ont dé- chiffré la structure intime de cet organe chez les Ophryo- dendron; Koch a pu en donner une description plus com- plète grâce à l'emploi de l'hématoxyline. Pour Wright, la trompe de l'O. abietinum serait constituée d'une substance très-réfringente et contractile, identique à la substance constituant la tige des Zoothamninm. Si j'en juge par mes observations sur la trompe de l'O. belgicum , je ne puis pas partager l'opinion de Wright. La trompe chez l'O. belgicum est insérée dans la dé- pression supérieure du corps, un peu sur le côté. Elle est recouverte par la cuticule amincie. Son diamètre trans- versal est plus large à sa base qu'à son extrémité libre. C'est un organe éminemment contractile : tantôt elle est épanouie, tantôt elle se contracte et disparaît complète- ment à l'intérieur de la concavité et quelquefois s'enfonce assez profondément à l'intérieur du corps protoplasmique. Lorsque la trompe est un peu contractée on aperçoit à sa surface des sillons transversaux qui ont leur siège dans la cuticule. Elle peut aussi s'incliner de tous côtés en s'in- fléchissant sur sa base d'insertion. Remarque intéressante et qui a son importance au point ( 7S2 ) de vue des caractères morphologiques et physiologiques que l'on doit attribuer à la trompe, le protoplasme du corps y circule librement. Cependant il y est plus clair et ordinairement plus finement granuleux. Il n'est pas rare de trouver dans le protoplasme de cet organe des corpus- cules naviculaires (fig. 14). Suçoirs préhenseurs. — L'extrémité libre de la trompe se termine par une couronne d'appendices digitiformes. Quoique je n'aie jamais vu (.YOphryodendron se servir de ces organes pour saisir une proie, je pense qu'ils sont les homologues des appendices de préhension et de suc- cion des autres Acinétiniens. Leur mode d'agir et de se contracter, la constitution et les mouvements de la trompe, tout me porte à croire que c'est bien là leur l'onction. Je propose de nommer ces organes : suçoirs préhenseurs. La disposition radiée des suçoirs préhenseurs autour d'un axe commun est la même que chez l'O. pedunculatum et l'O. Pcdicellatum, tandis qu'elle s'éloigne tout à fait de celle qui caractérise l'O. abietinum et l'O. serlulariœ. La cuticule, plus amincie encore que sur la trompe, recouvre les suçoirs préhenseurs. Contrairement à ce qui arrive chez la plupart des autres genres û' Acinétiniens, ces appendices ne sont pas pourvus de renflements à leur extré- mité libre. Lorsqu'ils sont épanouis, ils sont assez grêles et d'une transparence magnifique. Ils peuvent se mouvoir dans tous les sens et rentrer complètement à l'intérieur de la trompe. Je n'ai pu les y suivre que chez quelques exem- plaires particulièrement favorables et encore leurs con- tours étaient-ils assez values. ( 783 ) II. — LAGÉNIFORMES. Les Individus lagéniformes sont caractérisés par l'ab- sence de trompe proprement dite et de suçoirs préhen- seurs. De plus, leur aspect est complètement différent de celui des Proboscidiens; il rappelle la forme d'une bouteille dont le goulot serait terminé par un renflement à convexité bien marquée. Ce dernier détail les différencie des Lagéni formes , de VO. abietinum , de VO. pedicella- lum et de VO. pedunculatum, dont je m'occuperai dans la discussion des rapports entre les deux formes d'individus, ils sont quelquefois pédicules, comme c'est le cas chez les autres espèces (TOphryodendron. Ce pédicule consiste en une ligelle grêle et rectiligne, qui pénètre assez profondé- ment à l'intérieur du protoplasme. La substance qui le constitue est très -réfringente et paraît complètement amorphe (fig. 50). Mais la plupart des Lagéniformes que l'on rencontre ne sont pas pédicules; alors ils sont iixés au périsarc de la Clitia volubilis par une surface plus ou moins considérable (fig. 51). La cuticule a tous les caractères de la cuticule des Proboscidiens. Quatat au corps protoplasmique, il renferme les mêmes éléments que celui de la première forme. Quelquefois il est un peu plus clair que celui des Proboscidiens. Un ectosarc clair et finement granuleux se laisse facilement constater (fig. 10). Quant à l'endosarc, il est plus foncé, plus opaque, et les granulations y sont plus volumineuses (fig. 10). L'acide osmique, l'alcool fort et le picrocarminale d'ammo- niaque rendent ces deux couches plus manifestes (fig. 50). On trouve souvent chez les Lagéniformes ces corpus- ( 784) eûtes naviculaires dont j'ai déjà parlé, et même quelque- fois en grande abondance (fîg. 31). On distingue également dans le protoplasme une ou deux vacuoles, le plus souvent ovoïdes et occupant une place peu constante chez les dif- férents individus. Noyau. — Le noyau n'est pas visible chez le Lagéni- forme en vie. Il apparaît fortement coloré en rouge après le traitement par l'alcool fort et le picrocarmin. Il est peu compliqué et moins volumineux que celui de la plupart des Proboscidiens adultes. Il a la forme d'un bâtonnet aminci au milieu et renflé à ses deux extrémités (fîg. 31), ou plus rarement celle d'un fer à cheval; mais jamais il ne possède de diverticules (fîg. 30). Enfin, il occupe généralement le centre de la portion endosarcique du corps. Quant aux formes de transition entre les deux caté- gories d'individus, je me propose d'en parler dans un cha- pitre spécial. REPRODUCTION ET DÉVELOPPEMENT. On a observé chez les Ophryodendron deux modes de reproduction : la reproduction par bourgeonnement externe et la reproduction par bourgeonnement interne. La première a été constatée par Claparède et Lachmann, comme le prouvent manifestement la description et les dessins qu'ils en donnent (1). Elle a également été observée par Wright, Koch et Hinks (2). Ce dernier l'a décrite même (1) Ouvrage déjà cilé, 2e volume, 5e partie, p. 1-43 et pi V, fig.-i et 7. (2) Ouvrages déjà cités. ( 785 ) chez des Lagéni formes; de plus, du fait qu'il vit deux indi- vidus attachés par le même pédicule, cet auteur conclut à la possibilité de l'existence d'une reproduction fissipare consistant en une division longitudinale. Quant à la production d'embryons internes, mes prédé- cesseurs, à l'exception deWright, l'ont également observée : Claparède et Hincks ont décrit des embryons internes avant beaucoup d'analogie avec les embryons externes dont parle Hertwig chez la Podopltrya gemmipara. Ils étaient ovales ou allongés, avaient une face légèrement convexe, l'autre aplatie ou concave et pourvue de cils vibraliles. Quant à moi, je n'ai remarqué chez mon espèce que la reproduction gemmipare; et pas plus que mes prédéces- seurs je n'ai pu suivre les différents stades de l'évolution de cet Acinétinien sur le même individu. C'est à la face supérieure et libre du corps des Pro~ boscidiens qu'apparaissent les bourgeons. Tout d'abord ceux-ci ne sont qu'un simple renflement du corps proto- plasmique à convexité parfaitement régulière. Parfois on en observe qui n'ont pas cette forme. On en trouve qui paraissent doubles. Ils se terminent par deux bosselures affectant entre elles les mêmes rapports que les condyles de l'extrémité inférieure du fémur (fig. 25). Le bourgeon, généralement unique, commence à s'in- dividualiser par un étranglement qui se fait à sa base, de la surface vers l'intérieur. Si l'on traite par le picrocarmi- nate d'ammoniaque un sujet parvenu à cette phase, on trouve que le noyau du parent envoie un prolongement grêle qui se termine dans le bourgeon par un renflement sphérique. Je n'ai pas observé que le noyau changeât de place et gagnât de plus en plus l'extrémité antérieure du ( 786 ) corps pour pousser des diverticules dans les gemmes, comme c'est le cas chez la Podophrya gemmipara. J'ai pu voir chez un seul exemplaire de cet âge une lâche se colorant plus fortement à l'intérieur du renfle- ment terminal du noyau (lïg. 2-4). Je pense pouvoir consi- dérer ce corpuscule comme un nucléole. Si l'on étudie des bourgeons plus avancés en âge, on voit que le corps prend une forme plus ou moins sphé- rique et adhère encore au parent par une portion de sa surface dont l'étendue varie avec les individus. Le corps protoplasmique de ces bourgeons est identique à celui des bourgeons plus jeunes. Quaut au noyau, il est compléte- menlséparé de celui du parent. Il possède alors une forme qui rappelle assez bien celle d'un quadrilatère. Il est beau- coup plus clair que celui de l'adulte et par l'action des réactifs que j'ai cités plus haut, on y distingue ordinaire ment deux petits corpuscules très-foncés que je prends pour des nucléoles. Je n'ai pas observé de stade plus avancé chez des exem- plaires encore attachés au parent. Mais on trouve souvent, dans le voisinage des Probosci- diens, de très-jeunes sujets tixés sur des Clitia volubilù. L'absence de cils vibratiles chez les bourgeons les plus développés et le fait que je n'ai jamais vu de formes libres rappelant celle de ces bourgeons me porte à croire que les gemmes se détachant des parents se fixent immédiate- ment dans leur voisinage. Examinons les plus jeunes sujets fixés sur la Campanu- laire. Ils ont une apparence pyriforme et sont caractérisés par l'absence de trompe. A la face supérieure qui est la grosse extrémité on dislingue souvent un sillon plus ou moins bien accentué. Une cuticule à double contour enve- ( 787 ) loppe complètement le corps proloplasmique. Celui-ci est finement granuleux, et je n'y ai distingué ni masse médullaire, ni substance corticale. Il existe dans le proto- plasme une vacuole dont les bords sont assez irréguliers et dont le contenu se colore en rose par le picrocarmin. Le noyau occupe le centre de l'organisme et a plus ou moins la forme d'un bâtonnet renflé à ses deux extrémités. Jamais chez ces individus je n'ai trouvé de nucléole (fig. 27). Nous devons examiner ici le fait de la présence des nucléoles chez les bourgeons et de leur absence chez les adultes. Je ferai remarquer tout d'abord que j'ai observé ce fait chez plusieurs Poriophrya et Acinètes marines. De plus chez YAeineta luberosa, on peut voir un beau nucléole dans le noyau de jeunes individus fixés et ayant déjà repro- duit la forme du parent. Au moment de la production des bourgeons le noyau pousse un prolongement dans l'inté- rieur du gemme en voie de formation. Ce prolongement est toujours renflé à son extrémité. Quelquefois un nu- cléole apparaît dans ce renflement terminal avant la rup- ture du pédicule qui rattache au nucléus du parent le noyau de l'individu en voie de formation. Mais le plus souvent un ou deux nucléoles apparaissent dans le noyau dérivé, après la rupture du pédicule. Ces nucléoles se colorent par le picrocarmin beaucoup plus fortement que le reste du noyau. Dès que les gemmes se sont détachés du parent, il n'est plus possible de distinguer les nucléoles. La présence des nucléoles paraît donc caractériser chez les Acinéliniens un moment déterminé de l'évolution de l'individu. Je ne puis donner actuellement une interprétation dece fait. Mais j'ai cru devoir attirer l'attention sur ce détail ( 788 ) en ce moment où l'étude du noyau de la cellule attire si vivement l'intérêt des histologisles. On peut suivie chez différents exemplaires toutes les phases de transition depuis les plusjcunes individus décrits plus haut jusqu'aux sujets plus volumineux qui ont un aspect d'ovoïde (fig. 29). Chez ceux-ci la constitution du corps et du protaplasme est la môme que chez les précé- dents. Quant au noyau, il est devenu plus voluminieux et a pris la forme d'un bâtonnet renflé à ses deux extrémités (fig. 29). 11 est aisé de passer de cette forme à un individu lagéniforme proprement dit. Il suffit que le diamètre transversal du jeune sujet diminue tant soit peu, et que la partie antérieure de son corps s'étire en avant (fig. 50). Pour ce qui est de la présence d'un pédicule transitoire chez les Lagéniformes, le fait n'est pas si extraordinaire. En effet, bien des organes chez des Protozoaires aussi bien que chez des animaux supérieurs apparaissent dans le cours de leurévolution individuelle pour disparaître ensuite. C'est ce qui arrive chez des Lagéniformes plus âgés et plus massifs (fig, 31). Enfin, que l'extrémité antérieure se diffé- rencie progressivement (fig. 10) et l'on arrrive ainsi par une suite de formes transitoires non interrompues à la forme du Proboscidien (fig. 19 et 20). RAPPORTS DES PROBOSCIDIENS ET DES LAGÉNIFORMES. Discutons maintenant les diverses opinions qui ont été émises au sujet des liens qui rattachent les Proboscidiens aux Lagéniformes. Tout d'abord il n'y a pas lieu de douter que les deux formes n'appartiennent à une seule et même espèce. Mais celle espèce est-elle dimorphe comme le prétend ( 789 ) Hincks et les Lagéniformes onl-ils pour fonction de four- nir la nourriture nécessaire aux Proboscidiens que l'on n'a jamais vus se servant de leurs appendices ? Ou bien, comme semble le croire Koch, les Lagéniformes peuvenl-ils, après s'être détachés de leurs pédicules, se fixer sur les Proboscidiens, se souder, puis se confondre avec eux; et les embryons ciliés ne prendraient-ils naissance que dans les individus formés par suite d'une véritable conju- gaison entre un Proboscidien et un Lagéni forme? Ou bien enfin les bourgeons que produisent les Proboscidiens don- nent-ils indifféremment naissance à des individus à trompe (Clap. et Lachmann, liv. 2, pi. S, fig. 7) ou à des Lagéni- formes, et ceux-ci ne constituent-ils qu'une phase de l'évo- lution de ceux-là? Il est remarquable que cette dernière hypothèse qui est certainement celle qui se présente le plus naturellement à l'esprit n'ait été soutenue par aucun des auteurs qui se sont occupés des Ophyodendron. Constatons d'abord que l'on ne trouve jamais chez mon espècedes individus Lagéni formes fixés sur les Proboscidiens. Ce fait exclut déjà à lui seul l'hypothèse de Koch. Les bourgeons que produisent les individus pourvus de trompe sont notablement plus petits que les Lagéniformes; de sorte qu'il faudrait pour faire cadrer les faits que j'ai constatés, avec l'hypothèse que cet auteur semble accepter, supposer que les Lagéniformes, non-seulement se détachent de leur pédicule, non-seulement changent de forme avant de se fixer sur les Proboscidiens mais admettre en outre qu'ils diminuent de volume, que leur noyau devient plus simple, qu'en un mot les Lagéniformes suivent une série de transformations inverses de celles qui caractérisent les stades successifs de l'évolulion des autres Acinéliniens. 2'"* SÉRIE, TOME XLIV. 54 ( 790) Quant à l'hypothèse du dimorphisme émise par Hincks, elle repose sur l'absence de formes intermédiaires entre les deux sortes d'individus distingués par lui. J'ai fait connaître plus haut plusieurs formes établis- sant le passage entre les Lagéni formes et les Proboscidiens, et je ne doute pas de l'identité morphologique de la trompe de ceux-ci avec l'extrémité antérieure effilée des Lagéni- formes. Des individus comme celui que j'ai figuré pi. I, fig. 10, me paraissent très-démonstratifs à cet égard. Au reste, si Hincks et Koch n'ont pas vu ces formes intermédiaires, Claparède et Lachmann ont été plus heureux. Comment ces auteurs considèrent-ils les individus dont Claparède et Lachmann disent: « L'extrémité antérieure » de ces espèces de vers présentaient une espèce d'enfon- » cernent spécial que nous crûmes devoir considérer » comme une bouche ou comme une ventouse desuccion, » mais que nous reconnûmes bientôt n'être qu'une fos- » sette indiquant l'ouverture d'une cavité dans laquelle » était logé un long organe rétraclile que nous avons à » décrire plus loin ; » El dans un autre passage : « En » compagnie de cet animal en forme de ver, s'en trou- » vaicnl d'autres dont le corps était pour ainsi dire plus d trapu, offrant l'apparence d'un œuf dont la pointe serait » tournée vers le bas. Quelquefois aussi on rencontrait des o individus, qui , tout en présentant une forme ovoïde, » étaient cependant plus allongés, si bien qu'on trouvait d tous les passages possibles de la première forme que » nous avons décrite à la seconde (1). » (1) Claparède el Lachmann, ouvrage déjà cité, 2m« vol., pp. 145 et 144. ( 791 ) Ces savants n'ont pas cherché à s'expliquer la cause de ces formes de transition entre les deux sortes d'individus. Mais que répondront à ces faits les défenseurs du dimor- phisme. Pour moi, il me paraît évident que Claparède et Lachmann ont donné la solution de la question, puisqu'ils ont \u un organe rélraclile, qui est la trompe (comme Clap. et Lachmann le disent dans un autre passage) imaginée dans l'orifice que Hincks a considéré comme caractérisant l'extrémité antérieure des Lagéni formes. Je conçois donc comme suit la reproduction des Ophryo- (tendrons: Les Proboscidiens donnent naissance par bour- geonnement externe à des individus semblables à eux, soit directement (Clap. et L., liv. 2, pi. 5, fig. 7), soit après qu'ils ont passé par la phase d'individus lagéni formes. Les Proboscidiens produisent en outre des germes par bourgeonnement interne ou par voie endogène; et ces germes viennent au monde partiellement couverts de cils vibraliles. Le sort ultérieur de ces derniers n'est pas connu; mais on peut en dire autant de la grande majorité des embryons des Âcinétiniens. Les bourgeons de notre Ophrijodcndron seraient analo- gues aux embryons externes de la Podoplmja gemmipara d'Hertwig. Ce mode de reproduction ne présente donc rien d'exceptionnel si ce n'est que les gemmes ne devien- nent pas ciliés. C'est ce qui ex| lique qu'ils ne se portent pas à de grandes dislances des parents, mais se fixent dans leur voisinage pour contribuer à la formation de colonies. Les embryons internes ont été si souvent observés chez les Acinétiniens qu'à ce point de vue encore la reproduc- tion des Ophryodendron n'a rien d>xlraordinaire. Enfin quant à la coexistence de ces deux modes de ( 792 ) reproduction chez une même espèce, elle est connue chez une foule d'organismes inférieurs, el il n'est pas besoin de sortir du groupe des Protozoaires pour en trouver des exemples. Voici quelques mesures prises sur VOphryodendron belgicum : Le plus grand Proboscidien que j'ai eu sous les yeux me- surait depuis l'extrémité basale jusqu'à l'extrémité supé- rieure convexe : 0mm,1i44. Le plus petit individu fixé sur le polype que j'ai observé mesurait : 0mra,0585. Le plus grand bourgeon que j'ai vu encore attaché au parent mesurait en diamètre : 0mm,0220. La longueur moyenne des Proboscidiens estdeOmm,0750 à 0mm,0800. La hauteur des plus grands Lagéni formes est de 0mm,0990. La plus grande largeur des Lagéniformes est de 0mm,016o. La longueur moyenne de la trompe des Proboscidiens est de 0mn\0350. La plus grande largeur en moyenne est de 0mm,0055. La hauteur moyenne des suçoirs préhenseurs épanouis est de Omm,OMO. La largeur moyenne des suçoirs préhenseurs épanouis : 0mm,0016. .%CIXET.% DIVISA. Le génie Aciiteia créé par Erhenbcrg a reçu de Clapa- rède el Lachmann sa signification actuelle. Les Acinètes proprement dites se distinguent principalement du genre ( 795 ) Podophrya en ce qu'elles possèdent une loge creuse. Ce genre comprend un assez grand nombre d'espèces parmi lesquelles il en est qui ont été assez complètement décrites pour permettre de les reconnaître sans trop de difficultés. D'autres, au contraire, n'ont été que fort imparfaitement étudiées. J'ai observé à Ostende plusieurs Acinètes. [/espèce dont je vais donner la description s'éloigne de toutes les formes connues; je la considère comme nouvelle et je propose de la désigner sous le nom de : Acinela divisa. VA. divisa rappelle, à première vue, une espèce trou- vée par Claparède et Lachmann sur les côtes de Norwége et décrite sous le nom d\A. patula (1). Les détails que ces savants donnent sur l'organisation et la reproduction de celte espèce sont fort insuffisants. Cependant l'insertion de la loge sur le pédicule, les dimensions de celui-ci, les caractères des appendices et plusieurs autres particularités distinguent nettement les deux espèces. J'ai trouvé VA. divisa sur les loges et plus souvent sur les tiges de la Campanularia dicholoma. Ce Polype était lui-même fixé sur des Fucus vesiculosus qui flottaient en abondance à la surface de l'eau d'une huîtrière. La forme la plus ordinaire de cette Acinêle rappelle celle d'un ovoïde placé sur une coupe à Champagne plus ou moins évasée, le pied de celte coupe étant d'une lon- gueur variable mais toujours très-grêle. Cette position du corps sur la loge est la même que chez VA. paiula. (1) Etudes sur les [nfusoires et les Rhizopodes,Zme partie, i'ne volume, I». 135, pi. V, fig 12 à 17. ( 794 ) ORGANISATION. On peut distinguer chez VA. divisa un squelette et un corps protoplasmique. Commençons cette élude par la con- stitution du squelette. LE SQUELETTE. Le squelette comprend le pédicule, la loge et la cuticule recouvrant le corps praloplasmique. Le pédicule. — Le pédicule est l'organe de fixation de YAcincic. Il est très-grêle et peut atteindre en longueur jusqu'à cinq fois la hauteur de la loge. Sa largeur moyenne est de 0mm,0035.Chez VA. patula il a toujours une largeur plus considérable. Le pédicule se constitue de deux parties : une mem- brane réfractant fortement la lumière et une substance centrale d'un aspect mal. Au point d'insertion de la loge sur le pédicule la paroi de celle-là est en continuité avec la membrane de celui-ci. On n'aperçoit pas davantage une limite bien marquée entre la substance cet traie du pédicule et l'intérieur de la loge. Chez YA.palula la loge se termine en pointe à la partie inférieure et celte pointe repose sur le pédicule dont l'extrémité est également effilée. 11 en résulte que les rapports entre le pédicule et la loge sont ceux de deux cônes placés bout à bout. Jamais chez VA. divisa ce mode d'insertion n'existe. Ll l'on ne dislingue au niveau de l'insertion de la loge avec le pédicule qu'un faible étranglement de la membrane et encore n'est-il pas constant. A son extrémité basale le pédicule se renfle en une petite ampoule, plane à sa face inférieure et qui se moule sur le périsarc de la Campanulaire en y adhérant fortement. ( 793 ) La substance centrale pénètre «'gaiement dans ce renfle- ment et s'arrête contre la paroi interne de la membrane. Ce sont là les seuls détails d'organisation que la ténuité du pédicule m'a permis d'observer. La loge. — La loge est l'organe de sustentation du corps protoplasmique. Sa forme est peu constante et, si on a un grand nombre d'exemplaires sous les yeux, il est aisé de voir toutes les transitions depuis une forme très-allon- gée jusqu'à une forme très-évasée. Il faut attribuer cette diversité d'aspect à l'âge et surtout à la quantité plus ou moins grande de nourriture absorbée par l'organisme. La substance qui constitue la loge est d'ailleurs très-élas- tique. On peut distinguer dans la loge : une paroi et une ca- vité. La paroi réfracte fortement la lumière et à la coupe optique on lui voit un double contour. Si l'on observe des loges vides, on s'aperçoit que sur les bords libres la paroi s'invagine à l'intérieur pour constituer un véritable plan- cber, sur lequel vient s'appuyer et se mouler le corps pro- toplasmique (fig. 5). Ce plancber est aussi fort élastique. En effet le corps de VAcinète peut s'enfoncer profondément à l'intérieur de la coupe (fig. 2) ou en sortir presque complètement (fig 1). Quanta la cavité, elle est circonscrite de tous côtés par la paroi delà loge. Elle me paraît remplie d'un liquide qui peut être résorbé par le protoplasme dans certaines cir- constances. C'est ainsi seulement que je puis m'expliquer le fait que le plancher sur lequel repose le corps proto- plasmique de VAcinète peut être plus ou moins refoulé à l'intérieur de la coupe. Quelle est celte substance qui remplit la cavité de la loge? ( 796 ) Slein (1) a fait connaître, chez VA. mystacina, une couche de substance gélatineuse (Gallertschicht) qui enveloppe le corps de l'organisme et qui est traversée par les « suçoirs. » Comme chez loules \esAcinètes, le corps protoplasmique est délimité par une cuticule; il est clair que cette sub- stance est rejelée par VAçinète à travers cette membrane. Rien d'étonnant, si l'on trouve un produit de sécrétion dans l'intérieur de la loge de mon espèce. Celte substance peut être analogue à la gélatine de VA. mystacina et avoir été rejelée par le corps protoplasmique à travers la membrane qui lui sert de surface de sustentation. La cuticule du corps protoplasmique. — Une membrane articulaire recouvre et protège le corps protoplasmique. Elle est en continuité directe avec la paroi de la loge. Voici la façon dont elle se comporte: la membrane de la loge, après s'être invaginée, se dédouble à une petite distance du bord libre; l'une des lames va constituer le plancher cuticulaire; l'autre revêt la portion du corps qui est à dé- couvert. C'est cette dernière portion qui est à proprement parler la cuticule du corps protoplasmique. Elle réfracte fortement la lumière et a un double contour. Chez certains individus, le corps protoplasmique se dé- tache du plancher de la loge et prend, du côté de celui-ci, une forme concave. Il apparaît ainsi, là où le soulèvement a eu lieu, un espace libre circonscrit d'un côté par le plancher, de l'autre par le corps de VAçinète (fig. 16). Le protoplasme est délimité en ce point par une ligne foncée et très-nette. (1) Die Infusionsthiere. Leipzig, 185i. ( 797 ) LE CORPS PKOTOPLASMIQUR. Forme générale. — L'aspect du corps de VA. divisa est. très- variable. Cependant sa forme la plus constante est celle d'un ovoïde trop étroit pour se maintenir sur le bord libre de la loge. Cet ovoïde s'élargit à sa base suivant une certaine épaisseur et peut ainsi se soutenir sur l'espèce de plateau formé par les bords évasés de la coupe et le plan- cher cuticulaire. D'où il suit que l'on peut considérer au corps protoplasmique deux parties distinctes: une portion située dans la concavité formée par l'invagination de la paroi de la loge et que j'appelle portion adhérente du corps; en second lieu, une partie située à l'extérieur de la loge : c'est la portion libre au corps (llg. 4 et 8). Il existe fréquemment des exemplaires, dont la portion adhérente a pris une extension assez considérable pour faire saillie bois de la coupe, en prenant une forme convexe. Du milieu de cette convexité, un peu creusée suivant une certaine surface, s'élève la portion libre. Quelquefois le sillon délimitant les deux parties, est oblique (fig. 5). Mais, comme dans tous les cas précédents, c'est la portion libre seule qui est pourvue d'appendices. J'ai observé un individu, dont la portion libre s'était for- tement étirée en longueur et avait pris l'apparence d'une trompe renflée à son extrémité supérieure. Les organes tentaculifoi mes (fig. 10) étaient fixés sur ce renflement. La division du corps en deux parties distinctes dis- paraît chez les sujets qui ont absorbé une grande quan- tité de nourriture. Alors, le corps gonflé [taries matières alimentaires, prend la forme d'un ovoïde régulier, ou d'une ( ~^s ) sphère, et pénètre assez profondément à l'intérieur de la loge (fig. 2). Nous avons à voir maintenant la constitution de la substance protoplasmique, et à examiner successivement les différents éléments que Ton trouve dans le corps, à savoir : la vacuole pulsatile et le noyau. Constitution du protoplasme. — Le protoplasme, chez l'adulte, est très-opaque et d'une coloration jaune sale. Il est pourvu de granulations de différentes grosseurs. 11 en est un certain nombre plus volumineuses, dont les bords sont très-irréguliers. Ces grosses granulations existent surtout en abondance chez les Acinètes de grande taille gonflées par la nourriture (fig. 2). Quant à la coloration du corps, je partage complètement l'avis de Hertwig (1) à ce sujet : elle n'est pas accidentelle, et due à la présence de matières étrangères colorées, mais un produit du proto- plasme et une propriété qui le caractérise. On peut distin- guer chez certains individus, même vivants : un ectosarc et en endosarc (fig 4 et 8). L'eclosarc est clair et pourvu de fines granulations. Son épaisseur est très-faible en com- paraison de l'endorsarc. Celui-ci lient en suspension les grosses granulations. Et c'est dans son sein que la- colora- lion jaune est la plus accentuée. En traitant par l'alcool absolu et le picrocarminate d'am- moniaque, la délimitation entre la couche médullaire et la couche corticale devient plus manifeste. Enfin, le protoplasme de la portion adhérente est iden- tique au protoplasme de la portion libre; d'ailleurs ces deux parties ne sont séparées, comme je l'ai dit, que par un sillon plus ou moins bien marqué; il s'ensuit que les gra- (1) Hertwig, ouvrage déjà ci lé. ( 790 ) miles protoplasmiques peuvent passer d'une partie à l'autre, sans le moindre obstacle. Vacuole pusaUite. — Il existe une vacuole pulsatile chez VA. divisa; la place qu'elle occupe n'est pas la même chez tous les individus; elle est généralement sphérique et elle prend le plus d'extension chez les exemplaires les plus volumineux et gonflés de nourriture. Les bords de la vacuole sont foncés cl son contenu est clair et a une appa- rence hyaline. Elle apparaît d'abord comme une petite lâche claire, augmente de volume excessivement lente- ment et, arrivée à une certaine grosseur, elle crève et disparaît. Pendant un temps qui est quelquefois Tort con- sidérable, on ne voit plus de trace de la vacuole: puis elle reparaît, comme je viens de le dire. Ainsi que chez d'autres Acinétiniens que j'ai observés à Ostende, la période de diastole est très-longue. C'est ce qui avait été noté chez des Protozoaires marins par Slein et par Hertwig, comme je l'ai fait remarquer à la même occasion chez l'O. belgknm Il est probable que la composition du protoplasme se différencie, en cet endroit où la vacuole se forme et qu'une véritable attraction s'exerce, en ce point, sur les résidus liquides. C'est, selon moi, une véritable cavité qui naît en même temps qu'elle se remplit de liquide. Je me range donc de nouveau à l'avis de Stein, de Hertwig et de Maupas (1), quant à l'absence de membrane circonscrivant la vacuole pulsatile. Le noyau. — Je ne connais le noyau de VA. divisa que (1) Maupas, Sur l'organisation et le passage à l'état mobile de la IV fixa, Archives de zoologie expérimentale et ge.\érale de Lacaze Du- lliiers, t. V, n° 3, p. 401. ( 800 ) par l'action des réactifs. Les méthodes que j'ai employées, pour le l'aire apparaître, sont les suivantes : Traitement par l'alcool fort et le picrocarminate d'am- moniaque. Traitement par l'acide osmique et le picrocarminate d'ammoniaque. Traitement par l'alcool fort et le bleu d'aniline. Traitement par l'acide osmique seul. Traitement par l'acide chromique (très-faible) et le picro- carminate d'ammoniaque. C'est par l'alcool absolu et le picrocarminate d'ammoniaque que j'ai obtenu les meil- leurs résultats. Le nucléus a une forme peu constante, qui dépend surtout de l'âge de YAcinèle. Chez l'adulte, il ressemble le plus souvent à un ruban pelotonné sur lui-même et envoyant quelques prolongements inéguliers (fig. 4 et 17); d'autres fois il a la forme d'un bâtonnet lobule et plus ou moins contourné sur lui-même (lîg. 9). Chez les jeunes individus, il est moins compliqué, mais encore variable quant à la forme; tantôt il a celle d'un ovoïde bosselé et pourvu de trois ou quatre petits ramuscules. Chez certains exemplaires, il est conoïde; à l'angle supé- rieur on distingue très-bien plusieurs petits prolongements rectilignes se colorant un peu plus faiblement que le reste du noyau par le picrocarmin (fig. 16); c'est là, pro- bablement, la naissance de ces ramuscules qui deviennent, dans certaines circonstances, volumineux chez l'adulte. Ayant fait agir l'alcool et le picrocarminate sur YAcinèle pourvue de cette trompe , dont j'ai parlé plus haut, il se ht une belle élection entre la substance de l'eclosarc et de l'en- dosarc; quant au noyau, il avait un aspect tout caracté- ristique : la partie qui se trouvait dans la portion adhérente ( 801 ) du corps était divisée en deux protubérances; une seconde partie se prolongeait dans la trompe sous forme de bande- lette mince; enfin le nueléus se terminait, dans le renfle- ment, par un crochet (fig. M). Les plus jeunes individus, (|ue j'ai observés, possédaient un noyau complètement sphérique, situé au centre du corps protoplasmique. Suçoirs préhenseurs. — Il me reste, pour terminer l'histoire de l'organisation de celte espèce, à voir les appendices du corps. Claparède et Lachmann ont reconnu les premiers la vraie constitution et la fonction réelle des organes tentaculiformes si caractéristiques des Aciné- liniens. Mais, tandis que ces auteurs crurent pouvoir con- fondre, sous une même dénomination, tous les appendices des Acinétiniens, Hertwig, en faisant l'étude de sa Podophrya gemmipara, reconnut la présence, chez cet organisme, de deux sortes d'organes : les uns filiformes, très-longs et fort rétracliles, se terminant en pointe; ils servent exclusi- vement à saisir les aliments. Je leur conserverai le nom de filaments préhenseurs (Fangfàden) que leur a donné Hertwig. — Les autres plus courts, renflés en boule à leur extrémité, ressemblant à des épingles qui se trouveraient fixées sur le corps protoplasmique de VAcinétinien; ceux- là sont de véritables organes de succion et je leur conser- verai le nom de tubes en suçoirs, ou simplement suçoirs (Saugrôhren). J'ai trouvé, chez ma P. Bcnedmi, les deux genres d'appendices que Hertwig a le premier distingués. Il est donc acquis qu'il y a lieu, chez certaines espèces, de faire une distinction entre organes de préhension et organes d'absorption ou suçoirs. Mais tous les Acincliniens n'ont pas ces deux sortes d'appendices; chez la plupart d'entre eux, tous les organes tentaculiformes sont renflés à leur extrémité et leurs caractères sont intermédiaires (802) entre ceux des organes préhenseurs d'un côté, des suçoirs de l'autre. Je démontrerai, dans le cours de ce travail, que filaments préhenseurs et suçoirs sont des différenciations secondaires d'une seule et même espèce d'organes, qui chez les Acinéliniens inférieurs remplissent à la fois les deux fonctions. La division du travail a amené ultérieurement la transformation de ces organes en filaments préhenseurs d'un côté et suçoirs de l'autre. C'est pourquoi je donne ici aux appendices primordiaux le nom de suçoirs préhenseurs, voulant par là rappeler la dualité primitive de leurs fonctions. Les suçoirs préhenseurs s'insèrent à la face supérieure et libre du corps; leur nombre est variable; j'en ai compté jusqu'à cinquante-cinq. Ils sont grêles, transparents et ter- minés à leur extrémité supérieure par un petit renflement en forme de boule ou d'entonnoir. A l'état de repos, et lorsqu'ils sont épanouis, ils sont rectilignes. Alors l'orga- nisme présente tout à fait l'aspect d'une pelote, sur laquelle seraient fichées un certain nombre d'épingles (tig. 1). Les suçoirs préhenseurs peuvent se mouvoir dans différents sens, se recourber et prendre des formes ondulées. Ils peuvent s'allonger et se raccourcir. Contrairement à ce qui arrive chez YA.patula, ils ont la faculté de disparaître de la surface du corps, de façon que l'on n'en voie plus de trace ; c'est ce qui arrive quand l'organisme est sou- mis à une excitation violente, telle que la compression du couvre-objet, ou bien quand il est complètement dis- tendu par l'absorption d'une grande quantité d'éléments nutritifs. Chez VA. paiula, au contraire, les extrémités ren- flées apparaissent encore au niveau de la cuticule, lorsque les suçoirs préhenseurs sont complètement contractés. ( 803 ) C'esl du moins ce qui arrive la plupart du temps, d'après les observations de Claparède et Lachinann (I). J'ai observé une Acinèle qui possédait, indépendamment d'un grand nombre de suçoirs préhenseurs, d'autres appen- dices La l'ace de la partie libre du corps, que j'avais sous les yeux, était garnie d'une rangée de cils vibraliles qui partait de la lace supérieure, faisait un crochet à droite pour redescendre obliquement sur le pourtour latéral. Je n'ai pu m'assurer si cette rangée se prolongeait de l'autre coté de la face supérieure et sur le pourtour latéral opposé. Les cils étaient épais, longs et avaient un mouvement ondulatoire très-lent. Après plusieurs heures d'observa- tion, je n'ai pas constaté de transformation notable dans la constitution de cet individu , si ce n'est des changements de forme du corps protoplasmique et de la loge (lig. 7, 8,9). La présence de cils vibraliles chez des Acinélinîens adultes n'est pas un fait nouveau. Les Sptiœruphrya , qui vivent en parasites chez les Infusoires, peuvent sortir de leurs hôtes, se revêtir de cils vibraliles et mener une vie errante, pour passer ensuite dans le corps d'autres Infu- soires et reprendre leur constitution primitive. Mais la présence de cils vibraliles n'a pas été seulement observée chez les Spkœrophrya. Tout dernièrement Mau- pas a été témoin de phénomènes analogues chez la Podo- phrya fixa (2). Il a vu de ces organismes , après avoir rétracté leurs suçoirs, se revêtir de cils vibraliles, se inou- (1) Éludes sur les Infusoires et les Rhizopodes. ôme partie, 2me volume, p. 135, fig. 15, planche V. (2) Sur l'organisation et le passage de l'état mobile de la P. fixa, Archives de zoologie expérimentale et générale, t. V, 1876. ( 804- ) voir librement, grâce à ces cils pendant un certain temps, et repasser de nouveau à la vie sédentaire après avoir perdu leur revêtement ciliaire. Je suis très-disposé à admettre que la présence de cils vibratiles chez mon espèce a la même signification que chez le P. fixa. J'ai vule mode d'agir des suçoirs préhenseurs vis-à-vis d'une proie et j'ai pu suivre toutes les péripéties d'un véri- table petit drame. Une Microgonidie de Vurlicelle s'était approchée d'une Acinète, elle faisait autour de celle-ci toute espèce d'évolutions telles que le font ces petits orga- nismes autour des Macrogonidies. A un moment donné, elle s'approche à portée des suçoirs préhenseurs; aussi- tôt cinq de ceux-ci les plus épanouis et les plus rappro- chés de l'imprudente se replient sur elle comme des grappins; en même temps, trois ou quatre des appendices, moins étalés, s'allongent et s'appliquent sur la face infé- rieure du petit être. Bientôt celui-ci est entouré de tous côtés par les suçoirs préhenseurs entrelacés et il est réduit à l'immobilité. Alors commence le phénomène de succion. De jaune foncé qu'elle était, la Microgonidie devient blanche ; son volume diminue rapidement et à mesure qu'il décroît des suçoirs préhenseurs s'en détachent; au bout de quelques minutes, il ne reste plus du petit orga- nisme qu'une cuticule rabougrie, contenant un amas de granulations. Le fait que je n'ai pas vu, pendant l'absorp- tion, passer de granules, du corps de l'I illusoire dans celui de V Acinète, et qu'au contraire une petite masse de ces granulations est restée accolée à l'extrémité du suçoir pré- henseur, me porte à croire que chez cette espèce il n'y a que la partie liquide du protoplasme de l'organisme cap- turé qui est absorbée par voie d'endosmose. ( 805 ) REPRODUCTION ET DÉVELOPPEMENT. Chez VA. divisa il existe fréquemment des gemmes sur la face supérieure et sur le pourtour latéral de la portion libre du corps. Je ne me crois pas autorisé à employer le mot de bourgeon pour désigner ces organes. En effet, ils n'ont ni la valeur morphologique, ni la valeur physiolo- gique des bourgeons externes, tels que les a décrits Hertwig chez la Podoplirya gemmipara et tels que je les ai observés moi-même chez la P. Bcnedeni. Je nommerai ces organes: diverticules générateurs, et j'expliquerai plus loin la raison qui me porte à leur donner ce nom. Examinons, tout d'abord, un de ces organes complète- ment développé : il a la forme d'une corne d'abondance fixée par sa petite extrémité sur le corps de VAcinèle et il est circonscrit par une membrane, qui n'est que la cuti- cule amincie de celui-ci; l'orifice de la corne est délimité par un bourrelet à double contour qui est un épaississe- ment de la membrane. Au niveau de cet orifice, le proto- plasme esta nu; celui-ci est clair, finement granuleux et laisse souvent apercevoir à son intérieur une vacuole pulsatile, dont la position n'est pas la même chez tous les exemplaires et qui a tous les caractères des vacuoles pul- satiles en général (fig. 81). Chez les individus traités par l'alcool et le picrocarmin, le diverlicule montre souvent un beau noyau ayant une forme plus ou moins quadrilatérale; ce noyau se colore faiblement en rose et possède un nucléole assez irrégulier, dont la coloration est toujours beaucoup plus foncée (fig. 6). Voyons, maintenant, comment se forme et se développe 2me SÉRIE, TOME XLIV. 55 806 ) grand les yeux, on peut suivre, par comparaison, les différents stades de l'évolution de cet organe. Au début, le diverlicule apparaît sous forme d'un simple tubercule protoplasmique, qui peu à peu soulève la cuticule. Le protoplasme est ordinairement très-clair à ce point et linement granuleux. Je pense que l'ectosarc seul intervient dans la formation de cet épaississement (fig. 15). Je n'ai jamais vu, en effet, l'endosarc se pro- longer à son intérieur. Il se forme bientôt, à la base du tubercule, un étrangle- ment qui progresse de l'extérieur vers l'intérieur; le plus souvent, le diverlicule possède à cette phase la forme d'un ovoïde fixé par une des extrémités de son grand axe et dont l'autre se termine ordinairement par une petite tubé- rosité (fig. 7 et 8). A un stade plus avancé, l'organe dont les dimensions se sont accrues, affecte plus ou moins la forme d'unrhombe (iig. 9); puis augmentant toujours de volume, il prend , le plus souvent, une apparence pyriforme (fig. 1). Plus tard encore, l'axe de la poire s'incurve et l'on voit apparaître, à la face supérieure de l'organe, les premières traces d'un orifice circulaire. Au début on ne distingue qu'une simple tache claire mal délimitée; celle-ci grandit, s'accentue de plus en plus et l'on voit bientôt un bourrelet circulaire à double contour en circonscrire les limites (fig. 8', 7", 9nl). La cuticule est, probablement, résorbée par le protoplasme au point où la solution de continuité apparaît. Le diverticule possède alors la constitution que j'ai décrite plus haut et une forme que j'ai comparée à une corne d'abondance (fig. 6,v). Il est à remarquer que la taille maxima des diverlicules est proportionnelle au volume de YAcinète sur laquelle ils se forment (fig. 6lvet 9111). (807) Jamais, à aucun stade du développement de ces organes, je n'ai vu de cils vibratiles naître sur les faces latérales, ou suivant un plan transversal. Jamais je n'ai observé de Tonnes libres ou de jeunes individus fixés rappelant l'as- pect et la constitution des diverticules. 11 m'est arrivé, cependant, d'observer, pendant des heures entières, les mêmes organes, dans l'espoir de les voir parcourir les phases d'évolution décrites par Hertwîg chez la P. gem- mipara et que j'avais moi-même constatées par I élude de la P. Benedeni. Jamais je n'ai vu le noyau de YAcinète envoyer des prolongements à l'intérieur des diverticules. Jamais je n'ai vu même la moindre trace d'une continuité entre le noyau du bourgeon et celui de YAcinète; bien au contraire, chez des diverticules ovoïdes, c'est-à-dire très- jeunes, j'ai toujours observé un noyau plus ou moins sphérique (fig. 49), complètement individualisé, se colo- rant en rose par le picrocarmin et possédant un nucléole, qui se colore en rouge foncé. J'ai donc tout lieu de croire que le nucléus naît dans les diverticules, sans l'interven- tion du noyau de YAcinète et qu'il se forme par conséquent par voie endogène. Quelle pourrait être la valeur morphologique de ces diverticules? Sont-ils les homologues des bourgeons des Poaophrya et doit-on les considérer comme des embryons destinés à devenir libres, ou bien ont-ils une autre signi- fication ? Un jour, que j'observais depuis plusieurs heures le même diverticule, espérant le voir se détacher, se cou- vrir de cils vibratiles et nager librement dans l'eau comme le font les bourgeons externes d'autres Acinétiniens, je vis tout à Coup des mouvements se faire dans le protoplasme avoisinant l'ouverture circulaire du diverticule; bientôt, je distinguai, à l'entrée de l'orifice, un petit organisme ( 808 ) (fig. 14'). Comme son diamètre transversal était un peu plus grand que le diamètre de l'orifice, il faisait de grands efforts pour se libérer. Je pus le dessiner avec précision lorsqu'il fut sorti de moitié, et je m'aperçus qu'il possé- dait une couronne de cils vibratiles dont il se servait comme de leviers II avait une forme ovoïde et rappelait tout à fait les embryons internes décrits par Stein chez YAcinète du « Cyclops quadricornis » chez la Podophrya de la « Vorlicella microstoma (1) » et les petits embryons internes dont parlent Claparède et Lachmann chez la Podophrya quadripartita (2). Lorsqu'il fut complètement dégagé, il se mil à parcourir la préparation avec une grande agilité et je le perdis bientôt de vue. Il est clair que j'ai assisté là à une véritable parturition et que le petit organisme, que j'ai vu sortir de l'orifice du diverticule générateur, n'est autre chose qu'un embryon interne engendré dans l'organe. En effet, il est tout à fait certain que l'embryon venait bien de l'intérieur du diver- ticule. Il ne peut donc y avoir que deux opinions quant à la signification de cet organisme cilié. Ou bien il s'est agi d'un parasite qui s'est libéré sous mes yeux, ou bien d'un embryon que le diverticule a engendré. Les caractères de cet organisme, aussi bien que ceux du diverticule, d'où je l'ai vu sortir, permettent de tran- cher catégoriquement la question. Tous les caractères des embryons internes des Acinèles observées par Stein et par Claparède se retrouvent chez cet individu, et la (1) Die Infusionsthiere, Leipzig 1854, p. -48, fig 58,59,40, -il delà p|. III: p. 25, fig. 38,39 do la pi. IV. (2) Éludes sur les Infusoires et les Iihizopodes, 3e pari., 2* vol., 1800 à 1801 p. 116, fig. H et 12 de la pi. III. ( 809 ) constitution des diverlicules montre clairement que j'ai affaire ici à des organes qui n'ont rien de commun avec les embryons externes des Podophrya. Pour accepter l'idée du parasitisme, il faudrait admettre que mes diver- licules soient des embryons en voie de développement par gemmation. Or toutes mes observations se dressent contre cette manière de voir. Jl faudrait croire en outre à l'exis- tence d'un orifice préformé, destiné à permettre la sortie du parasite; il faudrait expliquer l'absence de cils vibratiles sur ces bourgeons, en même temps que la persistance de ceux-ci à ne pas se détacher du parent; il faudrait eniin rendre compte de cette inaction des suçoirs préhenseurs, au moment de l'entrée et de la sortie du parasite, tandis qu'ils saisissent dans d'autres cas, avec tant de rapidité, des organismes bien plus volumineux, qui viennent à leur portée. Je ne vois donc aucun fait à invoquer en faveur de cette interprétation, tandis que tout prouve que j'ai eu affaire à une véritable génération. S'il en est ainsi, il me paraît très-probable que le noyau et la vacuole contractile que j'ai observés dans les diverti- cules appartenaient à l'embryon en voie de formation et dont les limites échappent facilement, jusqu'au moment de son complet développement. Et comme je n'ai jamais pu distinguer aucun lien entre le noyau de ces embryons et celui de VAcinèle parente, il faut donc bien admettre que l'embryon se forme tout entier par voie endogène dans un organe spécial, auquel j'ai donné le nom de dicerticule générateur. J'ai trouvé un noyau bien distinct et pourvu d'un nucléole dans le diverticule d'où j'avais vu sortir l'em- bryon. Ce fait démontre que le protoplasme du diverti- ( 810 ) cule peut donner naissance successivement à plusiei rs embryons et qu'il peut exister, à côté d'un germe sur le point de venir au monde, un autre embryon en voie de développement. J'avais cru d'abord pouvoir faire un rapprochement entre ces diverticules de VA. divisa et des embryons enkystés à la surface de VA. mystacina que Stein a décrits; mais après avoir étudié avec soin la description que ce savant a donnée de la reproduction chez son A. mysta- cina (1), j'ai du renoncer à cette idée. En effet, les kystes de Stein sont formés par le soulèvement de la couche géla- tineuse, qui recouvre cette Acinète, et les diverticules ne donnent pas naissance aux embryons; ceux-ci naissent à l'intérieur du corps de Y Acinète; ils soulèvent secondaire- ment la couche gélatineuse du parent et y croissent peu à peu; de sorte que physiologiquement les diverticules de Stein sont plutôt des poches incuhalrices que des organes générateurs; et au point de vue anatomique, il n'y a pas d'analogie entre les deux catégories d'organes, si ce n'est une simple ressemblance de forme. Chez VA. divisa il s'agit de dépendances du corps protop!asmiqncq\ù prennent une configuration déterminée et sont pourvues d'un orifice préformé; chez VA. mystacina les diverticules sont engen- drés par un produit de sécrétion. Par le mode de reproduction que je viens de décrire aussi bien que par l'existence de diverticules générateurs, VA. divisa vient encore compliquer davantage l'histoire de la génération chez les Acinétiniens. On connaissait, en effet, la reproduction par simple division, la multiplication par bourgeons externes, la génération dans l'endosarc d'em- (I) Die Infusionslhiere. Leipzig ISoi, p.35, pi. I, fig. 19 à 21. (811 ) brvons internes (Claparède et Lachmann.Stein et Hertwig); ce dernier mode de formation est, il est vrai, encore peu connu; mais voici un mode de reproduction qui n'avait pas encore été soupçonné jusqu'à présent chez les Aciné- tiniens : il consiste dans la formation par voie endogène d'embryons internes, dans des diverticules générateurs qui très-probablement dépendent exclusivement de l'ectosarc. EXPLICATION DES PLANCHES. Sauf notation contraire, toutes les figures ont été dessinées à l'oculaire deux et à l'objectif dix à immersion de Hartnack, c'est-à-dire à un gros- sissement de six cents diamètres. Planche I. Ophryodendron nelglcum. Fig. I. Ophryodendron belgkum (grossi 70 fois), flxé sur la loge d'un hydrante de Clitia volubilis. — 2,3,4-, 5, 6. Ophryodendron belgicum. — Individu grossi 400 fois. — 7. Individu rendu opaque par la présence de corpuscules tiavicu- laires. — Individu grossi 400 fois. — 8. Proboscidien adulte fixé sur une tige de Clitia volubilis.— Indi- vidu grossi 400 fois. — 9. Jeune Lagéni forme. — Individu grossi 400 fois. — 10. Lagém'forme dont l'extrémité antérieure se différencie en trompe pour passer à la forme Proboscidien.— Individu grossi 400 fois. — 11. Proboscidien adulte — c = cuticule — e = ectosarc — en = endosarc — t = trompe — s = suçoirs préhenseurs — v = vacuole. — 12. Proboscidien traité par le picrocarminate d'ammoniaque ayant la trompe un peu contractée et les suçoirs préhenseurs épa- uouis. ( 812 ) Fig. 13. Grand exemplaire de Proboscidien dout les suçoirs préhenseurs sont rétractés à l'intérieur de la trompe* — Individu vu à la coupe optique. — H. Proboscidien ayant la trompe complètement rétractée à l'inté- rieur du corps. — Individu vu à la coupe optique. — 15. Proboscidien dont la trompe et les suçoirs préhenseurs sont complètement épanouis A'oyau en forme d'Y. — Individu vu à la coupe optique. — 16. Proboscidien dont la trompe est contractée possédant un noyau lobule. — 1 7. Jeune Proboscidien dont le protoplasme contient des corpus- cules naviculaires. — 1 8. Jeune Proboscidien dont la trompe est contractée et dont le corps protoplasmique tient en suspension un grand nombre de cor- puscules naviculaires. — Individu vu à la coupe optique. — 19. Jeune Proboscidien vu à la coupe optique. — 20. Jeune Proboscidien dont les suçoirs préhenseurs se sont retirés dans la trompe. — 21 . Proboscidien comprimé et vu par sa face inférieure. On aperçoit dans la trompe, par transparence, les suçoirs préhenseurs contractés. — - 22. Proboscidien possédant un bourgeon volumineux. — 25. » vu de face ayant deux bourgeons volumineux! dans lesquels le noyau maternel envoit deux prolongements. — 24. Proboscidien contracté dont le noyau envoit un prolongement à l'intérieur d'un bourgeon. — Individu vu à la coupe optique. Fig. 25. Proboscidien possédant un bourgeon de forme anormale dans lequel il envoit un prolongement nucléaire, et un second bour- geon chez lequel le noyau dérivé est complètement indivi- dualisé. — 26 Proboscidien possédant un bourgeon individualisé. — 27,28, 29. Développement d'un jeune individu fixé sur la tige de la Clitia volubilis. — 30. Individu Lagéniforme possédant un pédicule (p.) par lequel il est fixé à la loge du polype. — 31. Lagéniforme ayant perdu son pédicule et dont la forme du corps se rapproche de celle d'un Proboscidien. — 32. Proboscidien d'un 0. abielinum trouvé sur la Sertularia abie- tina par J. Van Beueden et dessiné par lui. — 33. Lagéniforme de l'O. abietinum (même observation que pour la figure précédente). ( 8*3 ) Planche II. Aclneta divisa. Kig. 1. Acineta divisa, adulte, dont les suçoirs préhenseurs sont com- plètement épanouis — b = diverticule générateur pyriforme — c. p. = corps protoplasmique — I == luge — m. c. = membrane cuticulaire — s. p. = suçoirs préhenseurs — p = pédicule. — 2. Individu ayant absorbé une grande quantité de nourriture et ayaut rétracté ses suçoirs préhenseurs, — vu à la coupe optique. — 5. Loge de TA. divisa — pi = plancher cuticulaire sur lequel repose le corps protoplasmique — b. 1.= bords libres — m = mem- brane du pédicule — s. c. = substance centrale. — 4. Individu ayant ses suçoirs préhenseurs à demi contractés. — Il est trailé par le picrocarminate d'ammoniaque — p. a. = por- tion adhérente du corps — p. 1. = portion libre. — 5. Individu dont le sillon qui sépare la portion adhérente de la por- tion libre est oblique. — 6. Individu en train de manger une Microgonidie qu'il a saisie. — I = Microgonidie libre — II = la même capturée — III = restes de la Microgonidie — d = diverticule en forme de corne d'abondance — o = orifice du diverticule générateur. Kig. 7. Individu adulte possédant une couronne de cils vibratiles — c. v. = cils vibratiles — d - diverticules générateurs. — 8 Même individu vu à la coupe optique — c = cuticule — e = eclosarc — en = endosarc. — 9. Même individu vu à la coupe optique et trailé par le picrocarrnin — n = noyau. — 8, 7, 9. — I, II, III = développement de l'orifice chez les diverticules générateurs. — IV, V, VI = développement d'un jeune diver- ticule générateur. — 10. Exemplaire dont la portion libre s'est étirée en trompe. — 11. Même individu traité par le picrocarminate d'ammoniaque — c = cuticule e = ectosarc — en = endosarc. — Vu à la coupe optique. — 12. Individu dont le plancher cuticulaire est devenu concave du côté de la cavité de la loge — v = vacuole pulsatile. — i3. Individu possédant un diverticule générateur ovoïde. ( 8.14 ) Fig. 14. Parturition d'un embryon par l'orifice du diverlicule générateur. — I = embryon se libérant — Il = embryon libre. — 15. Individu possédant cinq diverlicules générateurs à différents états de développement. — I = soulèvement de la cuticule par une simple tubérosité protoplasmique — II = phase plus avancée — III = diverlicule pyriforme — IV = diverticule ayant la forme d'une corne d'abondance. — 16. Jeune exemplaire possédant un noyau conoïde.— A l'angle supé- rieur on aperçoit trois petits prolongements nucléaires — e. 1. = espace libre entre le plancher cuticulairc et le corps pro- toplasmique. — Individu vu à la coupe optique. — 17. Jeune individu vu à la coupe optique, ayant un noyau pelotonné. — 18. Jeune spécimen dont les suçoirs préhenseurs sont rentrés à l'in- térieur du corps. — 19 et 20. Très-jeune sujet possédant déjà un diverlicule générateur — 21. Le plus jeune individu que j'aie vu fixé sur la lige de la Campa- nularia dichotoma — v = vacuole pulsatile. Ophryoderulron Bdgiavn Fraip / f ' Adneta divisa f'raif ( 815 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 5 décembre 1811 . M. Alph. Wauters, directeur. M. Liagre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Ém. de Laveleye, vice-directeur, ,1. Roulez, Gachard, P. De Decker, J.-.I. Haus, M.-N.-J. Eeclercq, CI). Faider, R. Chalon, Th. Juste, F. Nève, ,1. Nypels, Al p. Le Roy, Ém. de Borchgrave, A. Wagener, P. Willems, membres; Aug. Scheler, Alph. Rivier, Arntz, associés ; Edm. Poullet, G. Rolin-Jaequemyns, Ch. Piot, Ch. Potviu et E. Van Bemmel, correspondants. M. L. Alvin, président de l'Académie assiste à la séance. CORRESPONDANCE. Madame Adolphe Thiers écrit de Paris, à la date du 22 novembre dernier, pour remercier l'Académie des sen- timents de condoléance qui lui ont été exprimés, de la part de la classe des lettres, au sujet de la mort de son mari. — M. le secrétaire perpétuel donne lecture d'une lettre du 7 novembre dernier, écrite par M. le baron Paul Guil- laume et annonçant la mort de M. le baron G. Guillaume, membre de la classe. ( 816 ) Aux funérailles, M. Waulers a prononcé, en sa qualité de directeur de la classe, un discours qui ligure ci-après. Il accepte en outre la mission d'écrire pour l'Annuaire la notice biographique du défunt. Une lettre de condoléance sera écrite à Mme la baronne Guillaume. — MM. les questeurs du Sénat et de la Chambre des Représentants adressent des cartes de tribune réservée pour la session législative 1877-1878. — Remercimenls. — M. le Ministre de l'Intérieur envoie, pour la biblio- thèque de l'Académie, un exemplaire de l'ouvrage publié par M. Louis De Backer, sous le titre de : L'Extrême-Orient au moyen âge, d'après les manuscrits d'un flamand de Bel- gique, etc. In -8°. — Remercîments. — La classe reçoit, à titre d'hommage, les ouvrages suivants au sujet desquels elle vote des remercîments aux auteurs : 1° Œuvres de Froissart : chroniques, tome XXIII, 2de partie, vol. in-8°, offert par M. le baron Kervyn de Lellenhove, lequel a remis, au nom de M. Caffiaux, de Valenciennes, un exemplaire de son Mémoire sur la charte de la frairie de la Halle basse de Valenciennes (XIe et XIIe siècles); broch. in-8°; 2° Gazette archéologique, publiée par MM. J. de Witte et François Lenormant, 3e année, n° 5, octobre 1877 ; cah. in-4°, présenté par M. Roulez; 5° De la langue et de la poésie provençales, in-12 ; — Voyage à travers champs (en collaboration avec M. Gra- vrand), in-12; — L'Harmonie des passions humaines, notice sur le fronton du théâtre de la Monnaie, in-12 ( 817 ) oblong ; notice sur le baron de Slassart (couronnée par l'Académie), in-4° \Marc Bruno, etc., in-18; œuvres poéti- ques de Boileau(cr\ collaboration avec M. Gravrand), in-8°; histoire de Saint-Josse-tot-Noodc et de Schaerbeck, in-12; Pafria belgica, 3 vol. in-8° ; Dom Placide, in-12; Guide de l'excursionniste, 6e édition, in-18; Introduction à Vhis- loire de la littérature française, in-12; deux discours de rentrée à l'université de Bruxelles; deux rapports sur le prix quinquennal de littérature française, par M. Eugène Van Bemmcl ; 4° Les successions à cause de mort en Suisse, par M. Alphonse Rivier ; brochure in-8" ; o° Étude philologique de la langue française, lre partie, par M. J. Baslin, de Saint-Pétersbourg, vol. in-8°, présenté par M. Liagre; 6° Des paratonnerres à pointes, à conducteurs et à rac- cordements terrestres multiples, par M. Melsens, gr.-in-8". M. Liagre, en déposant cet ouvrage sur le bureau, ajoute que M. Melsens se fera un plaisir d'en remettre des exem- plaires aux membres de la classe qui lui en exprimeront le désir. Les notes lues par MM. le baron Kervyn et Roulez en présentant les brochures de M. Caftiaux, et de MM. De Witte et Lenormant, se trouvent sous la rubrique Commu- nications et lectures. — La Société philosophique de Cambridge a adressé ses dernières publications. ( 818 ) ÉLECTIONS. Sur la demande de la commission administrative, il est procédé au remplacement de M. le baron Guillaume comme délégué de la classe auprès de la dite commission, pour finir le mandat qui expirera à la prochaine assemblée générale de mai 1878. M. Ch. Faider est élu. — La classe continue à MM. Chalon, Conscience, De Decker, Faider et Gachard, membres sortants, le mandat de membres de la commission spéciale des finances pour l'année 1878. — Les suffrages désignent ensuite M. J. Heremans comme membre de la commission de la Biographie natio- nale, en remplacement de M. le baron Guillaume. RAPPORTS. MM. Gachard, Th. Juste et Wauters donnent lecture de leurs rapports sur un travail de M. Paillard, intitulé : Pierre Brullij. Son arrestation à Tournai, son procès, son supplice ; poursuite dirigée contre ses complices et adhé- rents à Tournai, Valenciennes, Douai, Lille et Arras. Invo- cation et défense des privilèges des dites villes. Ce travail sera renvoyé à l'auteur, qui recevra en même temps communication des objections soulevées par les rapporteurs. — MM. Rivier, Faider et Leclercq donnent lecture de leurs rapports sur un travail de M. P. De Croos, avocat à ( 819 ) Béthune, intitulé : Ancien droit belgique. XVIIe siècle. De la procédure civile d'après les styles des cours échevinales. Étude juridique. Des remercîraents sont votés à l'auteur dont le travail sera conservé dans les archives de l'Académie. Fouilles sur l'emplacement d'une villa de l'époque romaine, à Laeken. — Fouilles à Assche , par M. Crick, com- munication de M. L. Galeslool. Mtap/tofl fie fl . Il'agener. « Déjà en 1851 , M. Galesloot a rendu compte à la classe de quelques fouilles effectuées sur l'emplacement d'une villa romaine, découvert par lui à Laeken. Il nous fait connaître aujourd'hui le résultat de nou- velles fouilles faites au même endroit en septembre der- nier. L'emplacement en question se trouve au milieu de terrains destinés à être transformés en parc public. De nombreux terrassiers y travaillaient à l'époque indiquée et M. Galesloot a profité de cette circonstance pour continuer ses recherches. Les efforts de l'archéologue bruxellois n'ont malheureu- sement, il en convient lui-même, abouti qu'à des résultats insignifiants. Ce qu'il a découvert se borne en définitive à une partie de pavement en ciment poli et à une certaine quantité de fragments en stuc peint. Les couleurs qu'on y remarque sont le rouge, le jaune, le blanc et le vert. Les ornements appliqués sur le fond se composent générale- ment de lignes droites, mais dans leur nombre se trouvent aussi quelques feuilles dénotant une main exercée. ( 820 ) Nous ne croyons pas devoir entrer à cet égard dans d'autres détails et nous ne suivrons pas l'auteur dans ses digressions sur la préparation du stuc et des couleurs chez les anciens, d'autant plus qu'on n'y trouve rien de neuf. A propos des nombreuses écailles d'huîtres que les fouilles de Laeken ont amenées à la surface du sol . M. Galeslool se demande comment ou pouvait transporter ce mollusque d'une manière assez rapide pour qu'il par- vînt, sans être avarié, des bords de l'Océan aux extrémités du pays, alors que les voies de communication étaient dans un étal tout à fait primitif. Nous répondrons à cela que si l'on mangeait à Rome les huîtres de Brindes, plus tard même les huîtres anglaises et celles qui étaient engraissées dans les parcs de Bordeaux (1), il faut bien admettre que les anciens possédaient le talent de les gar- der fraîches pendant un temps assez long. D'ailleurs dans les premiers siècles de l'empire les voies de communication ne devaient pas être aussi primitives que le dit M. Galeslool et en général je me figure, d'après les découvertes de ces derniers temps, la civilisation belgo-romaine bien plus avancée qu'on ne la croyait il y a un demi-siècle. On le voit, le résultai des nouvelles fouilles faites à Laeken est à peu près négatif. Aussi M. Galesloot a-t-il cru utile, pour étoffer un peu sa communication, d'y ajouter quelques renseignements sur deux endroits situés dans la même commune et qui au XVIe siècle portaient l'un et l'autre le nom de Tomberg. M. Galesloot dit que ce nom indique évidemment une tombe romaine. Je veux bien admettre, en me basant sur quelques analogies, que (1) V. Marquardt, Boemische Privatallerthiimcr, l. II, p. 53. ( 821 ) Tomberg veut dire montagne des tombeaux, mais rien ne nous oblige à présumer en cet endroit des tombeaux romains. En effet, les explorations faites à l'un de ces Tombergs n'ont pas fait découvrir le moindre vestige de tombe. M. Galeslool nous apprend encore que plusieurs actes éehevinaux de Laeken, datant de la lin du XVe siècle, renseignent près de l'église le Guldenenbodem, c'esl-a-dire le champ ou le fond d'or. Il n'est pas impossible, ajoute- t-il, que cette dénomination provienne d'une importante découverte de monnaies. Sans doute la chose est possible, mais de telles possibilités ne conduisent à rien. L'archéologue bruxellois termine sa notice en signalant un fait qui, d'après lui, mérite quelque attention. « Un jour, dit-il, en visitant les substructions déblayées d'une très-importante villa à Gerpinnes (arrondissement de Char- leroi), je trouvai, imprégnés de terre, deux fragments dis- joints d'une peinture sur bois, offrant une sorte d'ara- besque en blanc sur fond noir. Elle a bien le caractère de l'ancienneté et ce n'est certainement pas de la peinture à l'huile. » Provenait-elle de la villa? M. Galeslool n'ose pas se prononcer, mais il croit que s'il en était ainsi , sa trou- vaille trancherait en quelque sorte matériellement la ques- tion débattue jadis avec tant d'éclat entre Raoul-Rochette H Lelronne. Nous ne pouvons laisser passer, sans la con- tester formellement, une pareille affirmation, car malgré les exagérations regrettables auxquelles s'est laissé entraî- ner un philologue de la valeur de Letronne, il n'est jamais allé jusqu'à soutenir la thèse vraiment absurde que les anciens n'auraient pas connu la peinture sur bois. Il est vrai que M. Galeslool reconnaît lui même que telle n'est pas précisément la queslion disculée avec tant de passion 2mc SERIE, TOME XLIV. 56 ( 822 ) par 1rs deux académiciens français. Mais dès lors que prouve sa trouvaille , même en la faisant remonter jusqu'à l'époque romaine? Au travail que je viens d'analyser se trouve joint un rapport sur les fouilles faites à Assche par M. Prosper Crick. Déjà à diverses reprises M. Galesloot avait fait part à l'Académie des recherches entreprises depuis plusieurs années à Assche par ce jeune archéologue. Commencées en septembre 1871, ces fouilles sont régulièrement continuées après la levée des récolles. Elles avaient fourni jusqu'en 1875, indépendamment de nombreuses médailles, beaucoup de fragments de poterie, dont plu- sieurs portaient des sigles figulins inédits, quelques frag- ments de verre, des figurines de chevaux et de génisses en terre de pipe, plusieurs lampes, deux figurines en bronze, représentant l'une un soldat romain, l'autre un Mercure, des styles, des fibules et des bracelets, également en bronze, des aiguilles en os, etc. Indépendamment de ces objets, il y en a deux sur lesquels, dans ses précédentes communica- tions, M. Galesloot avait spécialement appelé l'attention de l'Académie: une statuette en argent, d'un travail exquis, et un objet en cuivre, fortement argenté, que M. Galesloot décrit de la manière suivante : « Il se compose d'une tige ronde, de 70 centimètres de longueur, et qui s'amincit graduellement de bas en haut. Elle s'adaptait à un manche ou plutôt à une lance. Des fragments de bois sont restés dans la douille, qui a la grosseur d'un pouce. Trois disques convexes, diminuant également de grandeur, huit, sept et six centimètres, placés de distance en dislance, ornent celle sorte d'insigne, dont le sommet se termine par un anneau de cinq centimètres de diamètre. La partie supé- rieure en est disjointe et portait, selon toute apparence, ( 8"23 ) un autre ornement, peut-être un médaillon. Tel est, aussi exactement décrit que possible, cet objet énigmalique. » Je crois qu'il ne peut y avoir aucun doute sur la nature de cet objet, qui doit être une espèce d'étendard militaire. Il suffît pour s'en convaincre de jeter les yeux sur les signa figuré;; dans l'ouvrage de Marquardt sur les antiquités militaires de Rome (pi. II, fig. 9 et 10). Les fouilles de 1877 ont été moins fécondes que 1rs explorations précédentes de M. Crick. Elles ont fourni, indépendamment de quelques médailles et de quelques petits objets en bronze, une enclume, deux fragments de haches en silex, et un éclat d'un vase en verre, portant en relief les lettres IN.... M. Crick croit en outre avoir trouvé un tronçon d'une des rues intérieures de l'ancienne bour- gade située, non loin d'Assche , sur les champs appelés Kalckhocen. Je crois qu'il est du devoir de l'Académie d'encourager des recherches dans le genre de celles auxquelles se livrent avec tant de persévérance MM. Galesloot et Crick. J'ai donc l'honneur de proposer à la classe d'ordonner l'inser- tion dans son Bulletin de la notice de M. Galesloot, mais je crois devoir ajouter qu'il serait désirable qu'à l'avenir l'auteur se bornât à communiquer à l'Académie les faits nouvellement découverts , sans les entourer, comme il l'a fait cette fois, de considérations un peu hanales, qui ne font en rien progresser la science. » Rapfiot't île .». M*iol. « Je me rallie au rapport de M. Wagener sur les deux notices de M. Galesloot concernant les fouilles effectuées à Laeken près des restes d'une villa romaine, et à Assche. ( 824 ) Si les fouilles de Laekeo ont produit un résultat négatif, elles ont du moins fait connaître des spécimens très-rares de la polychromie usitée en Belgique pendant la domina- tion des Romains. Ces spécimens offrent une singulière analogie avec les débris des peintures murales recueillis dans la villa romaine de Fouron-le-Comte. Au surplus la villa de Laeken paraît avoir une. certaine ressemblance avec celle de Potiron en ce qui concerne les matériaux et la construction, s'il est permis d'en juger par les pierres de sable d'une forme irrégulière trouvées sur place. Je pense, comme M. Wagener, que ces notices peuvent cire imprimées dans les Bulletins de l'Académie. » La classe a adopté les conclusions de MM. Wagener et Piol, auxquelles s'est rallié M. Wauters, troisième com- missaire. COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Roulez, en offrant la livraison de la Gazette archéo- logique de Paris mentionnée page 816, fait remarquer qu'elle contient, entre autres, une dissertation de M.Ana- tole de Barthélémy sur les vases sigillés et épigraphiques de fabrique Gallo-Romaine. Après avoir commenté plu- sieurs de ces vases portant des noms de villes ou de peu- ples, raulcur poursuit ainsi: « A propos d'ethniques in- scrits sur les vases , on ne peut passer sous silence la petite urne du Musée du Louvre qui porte GENIO TVRNACESIV: elle provient de l'ancienne collection Durand. Celle urne en terre cuite très-fine est revêtue d'une belle couleur ( 82S ) rouge : la panse esl décorée d'une guirlande de lierre en relief; la légende esl tracée en creux, à la pointe, sur le col. La forme du vase de Tournai, la manière dont est gravée la légende n'ont aucun rapport avec les coupes dont nous nous occupons; nous ne le citons ici que parce qu'il porte un ethnique. » xM. de Barthélémy ajoute en note : « Je ne pense pas que l'authenticité de ce vase puisse être soup- çonnée, malgré les arguments mis en avant. » En 1852, M. Adrien de Longpérier adressa à notre classe un dessin avec une notice explicative de ce monu- ment, consacré au Génie lutélaire des Touruaisiens. Con- formément aux conclusions de mon rapport, l'insertion en fut ordonnée dans le tome XIX, 2m<' partie des Bulletins L'inscription m'avait d'abord paru un peu suspecte, mais lorsque j'eus appris qu'elle avait été examinée avec soin non-seulement par le savant conservateur des antiques du Louvre et par M. le baron de AYitte, mais encore par deux des plus habiles archéologues d'alors, le duc de Luynes et Charles Lenormant, je m'inclinai devant l'avis de juges aussi compétents. D'autres antiquaires belges n'ont pas suivi mon exemple. L'un d'eux, dans un article qu'a publié le Bulletin des Commissions d'art et d'archéologie de l'an- née 1871 (pp. 70 et suiv.), a cherché à établir la fausseté de l'inscription et, sur son autorité, elle vient encore d'être déclarée décidément suspecte, dans un article du même Bulletin de la présente année. M. de Longpérier avait fixé au commencement du pre- mier siècle de notre ère, l'époque de la confection de l'urne du Louvre. Dans mon rapport j'opposai à son opinion, sans toutefois le produire comme une objection absolue, le fait que le culte des Génies locaux ne paraît s'être répandu dans l'empire romain qu'à partir de la lin du second siècle. ( 8->6 ) J'invoquai le témoignage de Lersch, qui dans son recueil des inscriptions du Rhin (Cenlrahnaseitm Rheinlândi- cher Inschriften /, 4) affirme que, des inscriptions relatives aux génies locaux, ayant une date certaine, la plus ancienne est de l'an 182 et la plus récente de l'an 255 après J.-C. Il est évident que j'avais en vue non pas l'Italie, mais les localités de l'empire éloignées de Rome comme l'est Tour- nai. Mon objection contre l'opinion du célèbre archéologue français était favorable à la thèse soutenue dans le Bul- letin d'archéologie, mais l'auteur n'hésita pas à sacrifier cet argument à l'occasion qu'il crut trouver de me donner une leçon, ii cita à cette fin, d'après des inscriptions anté- rieures au deuxième siècle six Génies locaux, à savoir le Génie de Cliviae [sic), le Génie de Stabiae, le Génie d'Herculanum, le Génie de Puteoli, le Génie de Inleram- nae, le Génie de Carthagène. On remarquera que quatre de ces villes sont situées en Italie et l'une en Espagne. Le savant antiquaire n'a pas fait attention à une circonstance importante : ces villes furent des colonies romaines, orga- nisées par conséquent à l'image de la métropole. Rome ayant son génie, elles eurent le leur. L'existence de ces Génies locaux n'a donc aucune valeur dans la question actuelle. Reste le Genius Cliviae dans les provinces Rhé- nanes. C'est improprement que ce nom lui est donné, car l'inscription qui le mentionne a prétendument été déter- rée non pas à Clèves, mais à Quaiburg, village voisin. Bimard de la Bastie, qui ne l'a connue que par Gruter, conjecture qu'elle est du temps d'Auguste ou de la répu- blique; Henzen, de l'assentiment de Rorghesi, la déclare avec raison fausse ou au moins interpolée (Orelii, Insc. LaL, III, p. 28). ( 827 ) M. le baron Kervyn de Lellenhove, en faisant hommage au nom de M. Caffiaux, de son Mémoire sur la charte de la Halle Basse de Valenciennes, insiste sur l'importance de ce document qui, grâce à l'érudition de M. Caffiaux, se trouve aujourd'hui décrit et analysé dans sa forme si intéressante et dans ses diverses dispositions. M. Caffiaux le fait remonter au XIe ou au XIIe siècle, et à ce point de vue il convient de le comparer aux chartes de ce genre qui à Aire et à Saint-Omer posèrent les règles les plus anciennes de l'association. Soit que l'on considère ce docu- ment sous le rapport du droit communal, soit que l'on y découvre le point de départ des célèbres hanses du moyen âge, le mérite au plus haut degré une étude approfondie, et l'on doit remercier M. Caffiaux, déjà connu par tant de recherches utiles consacrées à la ville de Valenciennes, d'avoir remis en lumière ce précieux trésor des premiers temps de son histoire. Discours prononcé aux funérailles de M. le baron G. Guil- laume, le 9 novembre i817, par M. Alphonse Waulers, directeur de la classe. « Messieurs, la classe des lettres de l'Académie, déjà si éprouvée cette année, vient encore de faire une perte regrettable par la mort inopinée de M. le lieutenant général baron Guillaume. D'autres voix plus autorisées vous diront les phases successives de cette vie si remplie, les postes éminentsauxquelsla confiance royale appela notre collègue, les grades, les distinctions qu'il conquit par ses longs services. Une tâche déjà suffisamment délicate m'est réser- ( 828 ) vée, celle de vous entretenir dignement, devant le cercueil où reposent les restes mortels du général Guillaume, des travaux littéraires auxquels il consacra ses loisirs et ses veilles. » Le grand mouvement qui s'est manifesté il y a qua- rante ans, dans le but de reconstituer notre passé sur ses bases véritables, ne pouvait négliger notre histoire mili- taire, que l'on savait confusément avoir été brillante. Des publications, entreprises à l'aide de documents incomplets ou erronés, n'avaient paru que pour tomber dans un oubli mérité lorsque Guillaume, alors simple capitaine au régi- ment d'élite, aujourd'hui des grenadiers, se jeta dans une carrière où il devait remporter tant de succès. Son Histoire de l'organisation militaire sous les ducs de Bourgogne, qu'il écrivit en réponse à une question posée par l'Acadé- mie, et qui fut couronnée en 1846 (1), constitua un heu- reux début, et un juge compétent, le baron de Stassarl, l'un des commissaires chargés de juger ce travail, donna de grands éloges à la méthode et au style de l'auteur. » Celle première œuvre comprenait une étude sur toute la période qui s'étend depuis l'origine de l'époque féodale jusqu'au règne de Philippe le Beau. Elle embrassait peut- être un cadre trop vaste pour que chacune de ces parties put être traitée avec tout le soin nécessaire: le capitaine Guillaume semble avoir eu cette pensée et, plus lard, il resserra ses écrits dans des limites plus étroites, afin de leur donner un plus grand fini. Depuis lors, passant de grade en grade jusqu'à celui de lieutenant général, devenu correspondant de l'Académie le 9 mai 1860 et membre effectif le 6 mai 1867, il a successivement fait paraître: (1) Elle est insérée au t. XXII des Mémoires couronnés. ( 829 ) V Histoire des régiments nationaux pendant la guerre de sept ans (de 1756 à J763. Bruxelles, 1854, in-8°) , {'His- toire des régiments nationaux pendant les guerres de la révolution française (1792 à 1801. Bruxelles, 1855, iu-8°), ['Histoire des gardes wallonnes au service d'Espagne (Bruxelles, 1858, in-8°), la Notice sur quatre régiments wallons au service de A aples (Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 2e série, l. XXVIII, 1869), {'Histoire des bandes d'ordonnance des Pays-Bas (Nouveaux Mémoires de l'Académie, t. XL, 1875) et Y Histoire de l'infanterie wallonne sous la maison d'Espagne (Mêmes Mémoires. I. XLII, 1876). » Chacune de ces œuvres comble, de la manière la plus satisfaisante, une des lacunes dont on déplorait l'exis- tence. Notre collègue y déploie les qualités que l'on aime à rencontrer chez un narrateur: l'exactitude, la précision, l'impartialité. Partout on sent vibrer le cœur du patriote, l'émotion du soldat qui s'enorgueillit des exploits de ses aînés. Grâce aux efforts, à la patience, aux démarches de l'auteur, le jour luit sur des laits dont le souvenir s'était presque complètement éteint. Les actes de courage et de dévouement ensevelis dans de lointaines archives, les noms des braves tombés au champ d'honneur, il les recueille pieusement et les révèle avec amour. » Les œuvres dont nous venons de donner la liste pour- raient être appelées le Livre d'or de nos vieux régiments. Pendant quatre siècles, du XVe au XVIIIe, c'est tout un passé de loyauté, d'abnégation, de fidélité au drapeau. Là, on nous parle de cette gendarmerie flamande, connue dans l'histoire sous le nom de Landes d'ordonnance, le pre- mier corps de troupes nationales permanentes qui ait existé dans notre pays ; ici, de cette glorieuse infanterie ( 850 ) qui, pendant plus d'un demi-siècle, l'ut, suivant l'expres- sion pittoresque du maréchal comte de Mérode-Westerloo, un des piliers de la puissance espagnole, de celte infante- rie dont Bossuet nous retrace l'altitude à la bataille de Rocroi, dans ces lignes devenues célèbres : « Restait cette » redoutable infanterie de l'armée d'Espagne, dont les gros » bataillons serrés, semblables à autant de tours, mais à » des tours qui sauraient réparer leur brèches, demeuraient » inébranlables au milieu de tout le reste en déroute et lan- » çaientdes feux de toutes parts... (1). » » Et que dire de ces Gardes wallonnes, dont le nom appartient à l'histoire de l'Europe et qui méritèrent la con- fiance absolue des rois d'Espagne par leur vaillante con- duite à Saragosse (le 20 août 1710), à Villa -Viciosa (le 10 décembre de la même année) et dans mainte autre occasion ? » Que dire de ces régiments dont le souvenir vit en- core dans l'armée autrichienne, ces héros de Kollin (18 juin 1756), de Prague (6 mai 1757), de ces légendaires dragons de la Tour, de ces glorieux débris qui, à Marengo, ont disputé aux invincibles légions du premier consul Bona- parte le ruisseau de Fontanone, emporté celte position après des prodiges de valeur et failli changer les destinées de l'Europe. » Notre collègue, dévoué à sa tâche, animé de l'esprit le plus large et le plus impartial, ne voulait oublier per- sonne. 11 aimait à citer, avec les exploits des fidèles défen- seurs de la maison d'Autriche, ceux des Belges qui avaient embrassé les principes philosophiques du siècle dernier, consacré leur épée à la cause de la Révolution française et (1) Oraison funèbre de Louis de Bourbon, prince de Coudé. ( 831 ) signalé leur valeur en emportant les fameuses positions de Quaregnon, lors de la bataille décisive de Jemmapes. Soig- neux à annoter le moindre détail, il n'oubliait pas, au besoin, de dégager de l'étude des faits d'importantes leçons. « Ils offrent, tel était le jugement porté par lui sur ses » écrits, ils offrent, me semble-t-il, des enseignements pré- » cieux aux jeunes militaires, car ils permettent de con- » stater que souvent, à la guerre, c'est la bonne contenance » d'un seul régiment, l'intrépidité d'un bataillon isolé, » parfois même l'audace d'une simple compagnie qui a » décidé de l'issue d'une grande bataille. » « Je ne puis m'étendre sur les nombreuses notices con- sacrées, soit à de brillantes individualités, comme Philippe de Clèves, seigneur de Ravestein, soit à des régiments en particulier, à l'état d'armes spéciales à certaines époques ou à des questions du moment, mais il ne m'est pas possi- ble d'omettre l'édition des Commentaires de Bernadino de Mendoça (1567-1577. Publications de la Société de l'his- toire de Belgique. Bruxelles, 1870, 2 vol. in-8°). Le géné- ral, dans une préface instructive, a su faire ressortir les mérites de cetérivain élégant, à la fois guerrier valeureux et habile diplomate, admirateur du duc d'Albe, serviteur dévoué de Philippe 11, mais exact, impartial et jouissant en Espagne d'une réputation méritée. » Le discours prononcé dans la séance publique de la classe des lettres de l'Académie, le 12 mai 1875, a digne- ment terminé cette longue suite de travaux. Le baron Guil- laume, qui était alors directeur de la classe, l'a intitulé : Du mouvement intellectuel dans l'armée; il produisit, sur l'assemblée et sur le pays une sensation profonde en prou- vant dans quelle forte proportion notre corps d'ofliciers participe aux luttes scientifiques, aux luttes littéraires, aux (832) luttes artistiques, luttes qui parfois, dit avec raison l'ora- teur, n'exigent pas moins de courage, d'abnégation et de persévérance que les combats de la guerre. » Appelé, en 1863, à faire partie de la commission directrice de la Biographie nationale, en remplacement de Mgr de Ram décédé , le général Guillaume en devint le président lorsque notre honoré collègue, M. Gachard, archiviste du royaume, fut obligé, à cause de l'état de sa santé, de renoncer à ces fonctions. Je crois être l'organe fidèle de tous les membres de l'Académie en témoignant que, dans l'accomplissement de ce nouveau mandai, ainsi que chaque fois qu'il fut appelé à présider une commission, un jury, et, en 1871 et 1875, lorsqu'il fut directeur de la classe, il sut se concilier leur affection par le tact, le sentiment des convenances, l'obligeance, que l'on était cer- tain de rencontrer chez lui. » Si cette vie si bien remplie est fatalement terminée, il nous reste, Messieurs, une consolation, c'est celle de penser que longtemps encore la mémoire du général baron Guillaume vivra, comme celle d'un citoyen qui a utilement et noblement employé son existence. La patrie et l'armée lui doivent un souvenir reconnaissant. Pour le pays il a retracé les litres de gloire que ses enfants ont conquis sur les champs de bataille et par lesquels ils ont justifié les termes expressifs dont César à salué le nom belge il y à près de vingt siècles : Belgœ quorum maxima virlus, « les Belges, dont rien n'égale le courage. » A l'armée, il a mon- tré comment les bandes d'ordonnance, les vieux régiments au service d'Espagne et d'Autriche, les gardes wallonnes ont supporté les dangers, les fatigues, les phases souvent si pénibles de la vie militaire. Cette pensée, que les travaux de notre collègue n'auront pas été inutiles à la patrie, doit ( 833 ) être en ce jour une consolation pour tous ceux qui l'ont connu et adoucir l'amertume des sentiments de regret que sa perle nous inspire et que partagent la classe des lettres de l'Académie royale de Belgique et la commission de la Biographie nationale. » Fouilles sur remplacement d'une villa de Vépoque romaine, à Laeken, près rie Bruxelles. — Fouilles à Assche, par M. Prosper Crick. (Communication de M. L. Galesloot.) En 185!, j'ai eu l'honneur de rendre compte à l'Acadé- mie de quelques fouilles partielles, faites sur l'emplace- ment d'une villa de l'époque romaine que j'avais découvert à Laeken (I). Cet emplacement, comme je l'ai dit, est sur un plateau, nommé Stuyvenberg, un peu au delà de la fontaine et de la chapelle consacrées à sainte Anne, et dont la construc- tion est due à la munificence de l'infante Isabelle (2). Il se trouve maintenant au milieu des vastes terrains destinés à être transformés en un parc public, entreprise considé- rable, digne des embellissements de la capitale, si brillam- ment transformée depuis 1850, et qui donnera à ce quartier une physionomie nouvelle et un aspect vraiment grandiose. Nous voilà loin des temps reculés où notre petit, mais riche pays, faisait partie du vaste empire romain, dans lequel il était littéralement perdu, ne comprenant, d'après (1) Bulletins, t. XVIII, 1" parlie, p. 204. (2) Histoire ries environs de Bruxelles, par M. A. Waulers, t. II, p. 343. ( 854 ) les cartes routières , les historiens et les statistiques offi- cielles, que deux villes: Tongres et Tournai. Seulement, on n'y regardait pas de si près alors, et il serait curieux de savoir combien de centres importants de population ont été passés sous silence par les uns et les autres. Comme la parcelle de terre dont il s'agit formait, avec les terres avoisinantes, une des dépendances du palais de Laeken, le Roi avait bien voulu me permettre de l'aire des fouilles en règle (1). C'était au mois d'avril 1875. Mais je reculai alors devant la dépense où j'aurais infailliblement été entraîné et la difficulté de me procurer des ouvriers. Aujourd'hui, qu'une légion de terrassiers est employée sur les lieux, je me suis dit que le moment était venu de mettre la main à l'œuvre et d'interroger plus minutieuse- ment le sol. Après m être entendu avec M. Plaquet, con- ducteur des travaux, de l'obligeance duquel je n'ai eu qu'à me louer (2), je commençai les fouilles le 8 septembre dernier. Elles furent continuées les jours suivants. Le Roi, qui passait par là, les honora un instant de sa présence, et parut s'y intéresser. Contre mon attente et à mon grand regret, il ne fallut pas longtemps pour constater que rien des substructions ou fondations n'était resté à sa place. J'en excepte une faible partie du pavement d'une chambre, composé d'une couche épaisse de ciment, soigneusement poli à la sur- (1) J'avais fait pari de mon projet à M le baron de Crassier, premier président de la cour de cassation, qui, avec l'obligeance qu'on lui connaît, en parla à M. Van Prael, ministre de la maison du Roi. (2) Il en est de même de M. Didier, altaché au ministère des travaux publics, et qui surveille les travaux pour le compte del'ILlat, la création du parc ayant été donnée en entreprise. ( 835 ) face (1). Le reste avait été détruit de fond en comble (2). Les traces d'un incendie se manifestèrent à diverses reprises, la terre étant çà et là noircie par les cendres. Si je ne fus pas heureux sous ce rapport, j'ai été, d'un autre côté, mieux favorisé. En effet, malgré des [neuves évidentes de dévastation, et chose difficile à expliquer, j'ai pu recueillir une grande quantité de fragments de stuc peint, provenant des murs intérieurs ou parois des cham- bres. Le rouge, dans ses différentes nuances, y domine. Les teintes en sont rehaussées par de larges raies et des filets servant d'encadrements, les uns jaunes, les autres blancs. Le vert a été employé comme ornementation sur du fond blanc. Un morceau de ce fond, le plus intéressant de la collection, représente des feuilles d'une plante, et des filaments. Traitées avec arts, elles dénotent une main exercée. M. Ch Piot, membre de la classe des lettres, qui a eu ce spécimen sous les yeux, peut en rendre témoi- gnage. Lorsqu'on les considère dans leur ensemble, ces nom- breux débris, dont la description entraînerait trop loin, font supposer une habitation riche en peintures décoratives. Il serait superflu d'entrer dans de nouvelles explications sur la nature du ciment qui porte ces fines et belles cou- (1) M. C. Van Dessela trouvédes restes d'un pavement à peu prés sem- blable à Rumpst, où il a constaté l'existence, pendant la période romaine, d'un vaste établissement, à proximité du Rupel. Cette découverte me sem- ble remarquable en ce qu'elle prouve, selon M. Van Dessel, qui se fonde sur la situation des lieux, que les crues du Rupel devaient être moins fortes alors qu'elles ne le sont aujourd'hui. (Bulletins des Commissions d'art et d'archéologie.) (v2) Seules, une grande tuile plate et une tuile failièresonl sorties en- tières, ou à peu près, des décombres. ( 836 ) leurs, après celles que j'ai données à l'Académie, eu 1856, à propos d'une autre habitation de cette époque, qui s'éle- vait non loin de celle-ci (1). H suffit de dire qu'il est fait avec un soin tel, que seul il explique sa conservation pendant une longue suite de siècles, au sein d'une terre froide et humide (2). Je crois, en vérité, que les anciens en auraient remontré a noire industriel, M, Blaton-Auberl dont les réclames couvrent les murailles et remplissent les colonnes des journaux. Et il n'est point douteux que le fameux ciment porlland, tant vanté de nos jours, ne dût céder la palme, après plusieurs siècles d'ex- périence, à l'indestructible ciment romain. Le même soin présidait, on le sait, à la préparation et à l'application des couleurs. Delà des résultats analogues de durée. Je ne sache même pas que les procédés employés par les Grecs et les Romains nous soient parfaitement connus, malgré toutes les recherches auxquelles on s'est livré pour les découvrir (3). (1) Bulletins, t. XXIII, 2e parlie, p. 181. (2) Je signalerai pourtant un fragment, de 19 centimètres de longueur sur 11 de largeur et 4 d'épaisseur, composé d'un mélange de chaux, de très-petits silex entiers et de paille hachée, qui a laissé ses empreintes. Sur celle couche en est étendue une de plâtre i ur, d'un millimètre. Elle porte la couleur, qui est d'un beau rouge, traversé par un (ilet jaune délica- tement tracé. A 5 centimètres de ce filet, une bande jaune sépare le rouge d'une couche blanche, sur laquelle on reconnaît des traces d'ornements en couleur verte A. en juger pas d'autres fragments, le fond rouge était aussi relevé par des dessins en couleur blanche, landis que des fonds blancs le sont par des encadremenls rouges. Ainsi, la variété ne faisait pas défaut. Quant à l'effet de l'ensemble, il serait difficile de se prononcer en connaissance de cause. (3) Voyez, entre autres, Raoul -Rochelle et les nombreux ouvrages qu'il cite : Peintures antiques inédiles, précédées de recherches sur remploi de la peinture dans la décoration des édifices sacrés el publics chez les Grecs et les Romains; Paris, 1836, grand in-4°. ( 837 ) Quant au mobilier de la villa, j'entends parler de ses débris, tels qu'objets en bronze, poterie, monnaies, etc., rien n'en a été retrouvé, malgré de soigneuses investiga- tions. Cette absence de choses qui abondent ordinairement dans les explorations de l'espèce, ferait croire que la villa lut dépouillée de son ameublement avant d'avoir été détruite. Quant à l'époque de cette destruction, ce serait se perdre en de vaines conjectures que de vouloir la déter- miner, même approximativement. Le seul indice dont il l'aille, me semble-t-il, tenir compte, c'est qu'aucun objet n'a révélé des temps postérieurs à la chute de l'empire romain. Ordinairement, les Francs ont partout laissé des traces de leur occupation; mais, je le répète, ce n'est pas ici le cas. J'ajouterai ce détail. L'opération des déblais a amené à la surface du sol un grand nombre d'écaillés d'huîtres. On me dira, peut-être, qu'il n'y a là rien d'étonnant, puisqu'on les rencontre ordinairement dans les substruc- tions de l'époque romaine. J'en conviens. Pourtant, lors qu'on y réfléchit, on se demande comment nos gourmets helgo -romains se procuraient ce mollusque, recherché par eux et par les Romains en général (1), comme il l'est encore par nous. Comment en effectuait-on le transport d'une manière assez rapide pour qu'il parvînt, sans être avarié, des bords de l'Océan aux extrémités du pays, alors que les voies de communication étaient dans un état tout à fait primitif? Voilà un mystère, auquel, pour ma part, j'ai (1) Lexicon antiq. roman., par Samuel Pitiscus; La Haye, 1737, au mot Ostrea. (3 vol. grand in-ful ) 2me SÉRIE, TOME XL1V. 57 ( 858 ) souvent songé. Du reste, il est bien d'autres questions que soulève cette civilisation ancienne, sur laquelle nous ne possédons, en ce qui concerne notre pays, aucune notion positive. D'où venaient, par exemple, ces artistes peintres et les artisans qu'il fallait pour bâtir une maison telle que celle qui a existé à Laeken ? Où cherchai t-t-on les ingré- dients pour préparer les fines couleurs et les matériaux en général? Tout démontre, à l'évidence, qu'il y avait dans les contrées environnantes des centres populeux où les habitants des campagnes allaient s'approvisionner de tout ce qui leur était nécessaire et dont l'existence nous est restée inconnue. Il ne serait pas moins intéressant de connaître, dans ses détails, l'organisation administrative et judiciaire du pays, chose dont nous n'avons qu'une idée très-vague, et qu'il y a désormais peu d'espoir d'éclaircir, faute de monuments écrits. Il me reste à faire connaître, concernant les antiquités de la commune de Laeken, les renseignements que voici. Il résulte d'un acte passé devant la chambre de tonlieu de Bruxelles, le 4 novembre 1562, que Roland de Weerl, un des sept seigneurs fonciers de Laeken, y acquit une pièce de terre située, dit le document, à l'endroit nommé Tomberg, ce qui dénote évidemment une tombe romaine. Guidé par d'autres indications que cet acte m'a fournies, j'ai exploré les lieux, à l'extrême limite de la commune, vers Strombeek, sans y avoir remarqué des vestiges d'une tombe, que des travaux de culture peuvent avoir fait dis- paraître depuis bien longtemps. Un autre Tomberg est mentionné dans un acte des échevins de Laeken, du 24 novembre 1571. Par cet acte, François Van Beughem, (ils de l'architecte Louis Van ( 839 ) Beughcm (1), se constitue caution pour son fils Louis, receveur général des domaines, à Utrecht. Parmi les biens qu'il possédait à Laeken, où il était également seigneur foncier, et qu'il donne en garantie, figure une pièce de terre près du Tomberg, sans indication précise de l'endroit, qui n'est pas, toutefois, dans la direction du précédent. Enfin, plusieurs actes échevinaux de Laeken, de la fin du XVe siècle, renseignent près de l'église, le Gulden bodein , c'est-à-dire le champ ou le fonds d'or. Il n'est pas impos- sible que cette dénomination provienne d'une importante découverte de monnaies. Ce champ était voisin de celui portant le nom de la Couronne (de Croon), qu'il a encore aujourd'hui, tandis que le Gulden bodem n'est plus connu. Puisque je me suis occupé de peintures murales dans les lignes qui précèdent, l'occasion se présente de signaler un fait qui mérite quelque attention. J'ai cité plus haut, en note, le savant ouvrage de Raoul- Uochette : Peintures antiques, etc. L'auteur le publia pour établir, contrairement à l'opinion du non moins savant Letronne, que les Grecs et les Romains produisaient des tableaux peints sur bois. Or, un jour en visitant les sub- structions déblayées d'une très -importante villa, à Ger- pinnes (arrondissement de Charleroi), je trouvai, impré- gnés de terre, deux petits fragments disjoints d'une peinture sur bois, offrant une sorte d'arabesques en blanc sur fond noir. Elle a bien le caractère de l'ancienneté et ce n'est certainement pas de la peinture à l'huile. Provenait- elle de la villa? Je n'oserais pas me prononcer à cet (1) Louis Van Beughem ou Van Bodegkem commença à acheter des immeubles à Laeken en 1509. Les actes (1516) le qualifient de mailre ouvrier du roi d'Espagne (depuis Charles-Quint) , fils de feu Livin. Il avait épousé Anne Van Aelst. ( 8i0 ) égard, en présence surtout de la bonne conservation du bois, quoique je possède des débris de bois, encore intact, extraits de la tombe de Cortil-Noirmont, ouverte récem- ment et qui a produit un précieux trésor archéologique. Si pourtant il en était ainsi, si, au lieu d'une supposition, nous avions un fait réel, authentique, cette trouvaille trancherait en quelque sorte matériellement une question soulevée entre d'éminenls archéologues à propos de l'in- telligence des textes d'auteurs grecs et latins, de Pline surtout. Il est vrai qu'il s'agit ici d'un édifice privé, et que Raoul-Rochette a soutenu sa thèse au point de vue de l'ornementation des temples et des monuments publics, notamment de la Grèce, dans la belle période de l'art. Au surplus, en considérant le luxe de décoration que les Belgo-Romains déployaient dans leurs demeures, et ce fut surtout le cas à Gerpinnes, où l'on ne ménagea pas le marbre, il ne faudrait pas s'étonner qu'ils eussent possédé des peintures sur bois, encastrées ou non, dont le même auteur a victorieusement prouvé l'existence. C'est ainsi encore qu'en fait d'objet de luxe, ils ont dû avoir des orgues hydrauliques, comme semble l'indiquer la mosaïque de la villa de Nennig, en face de Remich (Grand-Duché). Celle magnifique œuvre d'art, unique en son genre, en deçà des Alpes, et qui est la propriété de l'empereur d'Alle- magne, représente d'une manière saisissante des combats de gladiateurs. Dans l'un de ses médaillons on remarque un joueur d'orgue hydraulique qu'accompagne un musi- cien jouant du cor (cornicen) (1). (1) Die romische villa zu Nennig und ihr Mosaik erltiulert von domcapitular von Wilmoivsky. Bonn, 186-i; grand in- fol. Publication de la Sociélé der Altherthums Freundeim liheinlande. (841 ) Fouilles à Assche , par M. Prosper Crick. L'Académie, à qui j'ai fait part du résultat des fouilles que M. Crick a faites à Assche, depuis quelques années(l), apprendra, sans doute, avec satisfaction que ce jeune archéologue les a reprises, cette année, après la levée des récoltes. Bien qu'il y ait mis, comme avant, un zèle dont la science doit lui savoir gré, ses explorations ont été moins fécondes en découvertes que précédemment. M. Crick n'a recueilli que les objets suivants : 1° six pièces de mon- naie dont une de l'empereur Trajan, une de Domitien et le reste du bas empire; 2" une jolie anse en bronze; 3° une feuille de lierre en bronze; 4° une petite cuiller du même métal; 5° une enclume de 30 centimètres de hauteur; 6° une petite pierre ronde que M. Crick suppose avoir servi de pierre à aiguiser; 7° deux fragments de haches en silex; et 8° un éclat d'un vase en verre portant en relief les lettres IN...., d'un nom propre ou d'un mot. Ainsi que je l'ai dit en premier lieu, c'est sur les champs appelés Kalckhoven, où s'élevait sous la période romaine une grosse bourgade, que M. Crick se livre à ses (1) Bulletins, t. LX,p. 217, et t. LXI, p. 594. Dans cetle dernière notice, j'ai signalé, sans en indiquer le provenance, une urne cinéraire antique que Pierre Roose, chef et président du conseil privé, légua par son testa- ment à Georges Uwens, son ancien condisciple à l'université de Louvain et qui fut ensuite conseiller au conseil de Brabant. Or, M le conseiller Sehnermans nous avait déjà appris que l'urne provenait de Rome, où elle fut acquise avec d'autres inscriptions pour le compte de Jean Wowerius, ancien élève de Juste Lipse et l'un de ses exécuteurs testamentaires. (Bulletins des Commissions d'art et d'archéologie, année 1869, p. 547.) ( 842 ) explorations. Celles qu'il vient de terminer lui ont été utiles au point de vue topographique. « Les résultats » obtenus, m'écrit-il, complètent, à un certain degré, les » travaux antérieurs. Pour la connaissance des lieux, par » exemple, ils m'ont confirmé dans la pensée que le plus » grand des chemins empierrés, que j'ai reconnu à diffé- » rents endroits, à 1 mètre de profondeur, au lieu d'être » un tronçon de route, est une véritable rue intérieure » de la bourgade, une sorte de plalea. » En dépit du léger mécompte qu'il vient d'éprouver, M. Crick présume que les terres qu'il explore n'ont pas dit leur dernier mot en fait de découvertes archéologiques. Aussi, loin de se rebuter, comple-t-il remettre la main à l'œuvre, au mois d'août de l'année prochaine. On ne peut que lui souhaiter une heureuse chance et une compensa- tion à ses sacrifices pécuniaires. ( 813 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 6 décembre 1877. M. Alvin, directeur, président de l'Académie. M. Liagre, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. L. Gallait, Guill. Geefs, H. Vieux- temps, Joseph Geefs, C.-A. Fraikin , Edm. De Busscher, Alph. Balat, le chevalier L. de Burbure, J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, Ern. Slingeneyer, Alex. Robert, Ad. Samuel , Ad. Pauli, G. Guffens,et F. Stappaerts, membres; Alex. Pinchart, correspondant. MM. Éd. Mailly, membre de la classe des sciences, et R. Chalon, membre de la classe des lettres, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. MM. les questeurs du Sénat et de la Chambre des repré- sentants envoient des cartes de tribune réservée pour la session législative 1877-1878. — Remercîments. — M. le Ministre de l'Intérieur envoie, conformément aux dispositions du règlement des grands concours, une copie du 14e rapport semestriel de M. Ern. Dieltiens, lau- réat du grand concours d'architecture de 1871. Ce docu- ment est renvoyé à l'appréciation de MM. Balat et De Man. ( 844 ) MM. Van de Kerkhove frères annoncent qu'ils ont ouvert, depuis le 1er décembre, place de Brouckere, n° 26, à Bruxelles, une exposition permanente de tableaux anciens et modernes. — M. Liagre dépose sur le bureau l'exemplaire d'un ouvrage dont M. Melsens a l'ait hommage à la classe des sciences, intitulé : Sur les paratonnerres à pointes, à con- ducteurs et à raccordements terrestres multiples. Bruxelles, 1877 ; vol. gr. in-8°. — Remercîments. Il ajoute que l'auteur se fera un plaisir de mettre à la disposition des membres de la classe les exemplaires qu'ils lui demanderont. ÉLECTIONS. La classe continue à MM. De Man, Fraikin, Franck, Gme Geefs et Slingeneyer, membres sortants, la mission de composer sa commission spéciale des finances pour l'année 1878. PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1879. La classe a ensuite adopté définitivement les sujets sui- vants pour son programme de concours de l'année 1879 : SUJETS LITTÉRAIKES. PREMIÈRE QUESTION. Faire l'histoire de l'architecture qui florissait en Belgi- que pendant le cours du XVe siècle et du commencement du XVIe, architecture qui a donné naissance à tant d'édifices ( 8iS ) civils remarquables, tels que halles, hôtels de ville, beffrois, sièges de corporations, de justices, etc. Décrire le caractère et l'origine de l'architecture de cette période. DEUXIÈME QUESTION. Faire une étude critique sur la vie et les œuvres de Grètry, étude fondée autant que possible sur des documents de première main; donner V analyse musicale de ses ouvrages, tant publiés que restés en manuscrit; enfin, déterminer le rôle qui revient à Grètry dans l'histoire de l'art au XVIIIe siècle. TROISIÈME QUESTION. Déterminer, en s' appuyant sur des documents authen- tiques, quel a été, — depuis le commencement du XIVe siè- cle jusqu'à l'époque de Rubens inclusivement, — le régime auquel était soumise la profession de peintre, tant sous le rapport de l'apprentissage que sous celui de l'exercice de l'art, dans les provinces constituant aujourd'hui la Bel- gique. Examiner si ce régime a été favorable ou non au déve- loppement et aux progrès de l'art. QUATRIÈME QUESTION. On demande la biographie de Théodore-Victor Van Berckel, graveur des monnaies belges au siècle dernier, avec la liste et la description de ses principales œuvres, ainsi que l'appréciation de l'influence que cet é minent artiste a pu exercer sur les graveurs de son époque. La valeur des médailles d'or présentées comme prix ( 846 ) pour ces questions est de mille francs pour la première, de huit cents francs pour la deuxième, et de six cents francs pour les troisième et quatrième questions. Les mémoires envoyés en réponse à ces questions doi- vent être lisiblement écrits, et peuvent être rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils devront être adressés, francs de port, avant le 1er juin 1879, à M. J. Liagre, secré- taire perpétuel, au Palais des Académies. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage ; ils n'y inscriront qu'une devise, qu'ils reproduiront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute, par eux, de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. Les ouvrages remis après le temps prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. L'Académie demande la plus grande exactitude dans les citations ; elle exige,. à cet effet, que les concurrents indi- quent les éditions et les pages des ouvrages qui seront mentionnés dans les travaux présentés à son jugement. Les planches manuscrites seules seront admises. L'Académie se réserve le droit de publier les travaux couronnés. Elle croit devoir rappeler aux concurrents que les manu- scrits des mémoires soumis à son jugement restent déposés dans ses archives comme étant devenus sa propriété. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre copieà leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuel. ( 847 ) SUJETS D'ART %5*B'H IQI É. ARCHITECTURE. On demande un projet de fontaine monumentale à pla- cer à l'extrémité d'une place publique avec cascades, bas- sins, gradins , etc. MUSIQUE. On demande une sjjmphonie à grand orchestre. Elle devra être entièrement inédite et n'avoir jamais été exécutée en public. Les plans et les partitions destinés au concours devront être remis au secrétariat de l'Académie avant le 1er septem- bre 1879. Un prix de mille francs, attribué à chacun des sujets précités, sera décerné à l'auteur de l'œuvre couronnée. L'Académie n'acceptera que des travaux complètement terminés ; les plans et les manuscrits devront être soigneu- sement achevés. Le manuscrit de la partition musicale et une reproduc- tion du projet d'architecture couronnés deviendront la propriété de l'Académie. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; ils n'y inscriront qu'une devise, qu'ils reproduiront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute, par eux, de satisfaire à celte formalité, le prix ne pourra leur être accordé. Les ouvrages remis après le terme prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. ( 848 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Alvin fait connaître les dispositions qui ont été prises pour la fête solennelle d'installation des Académies, fixée au samedi 15 de ce mois, à 1 heure. Il donne connaissance du programme, qui se compose de deux parties : la première, consacrée à la solennité pré- citée, et la seconde à la séance publique annuelle de la classe des sciences. — La classe s'est ensuite constituée en comité secret pour la présentation des candidatures supplémentaires aux places vacantes. ( 849 ) CLASSE DES SCIENCES. Séance du 14 décembre 4817 . M. Maus, directeur. M. Liagre, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J.-C. Houzeau, vice-directeur; B.-C. Du Mortier, J.-S. Stas, L. de Kc-ninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, Gluge, Melsens, F. Duprez, G. Dewalque, Em. Quetelet, Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Morren, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, F. Crépin et Éd.Mailly, membres; Alf. Gilkinet, correspondant. CORRESPONDANCE. La Société royale de médecine publique de Belgique an- nonce sa constitution définitive et demande les publica- tion académiques. — Renvoi à la Commission adminis- trative. ■ — M. Chasles remercie la classe d'avoir bien voulu ( 850 ) ordonner l'impression dans le Bulletin de sa réclamation concernant la communiation de M. Saltel. « On me propose, ajoute-t-il, de réunir divers théorèmes nouveaux concernant cette môme théorie des deux carac- téristiques, tous démontrés par la même méthode, et vérifiés souvent d'une manière évidente. J'aurai l'honneur de vous adresser ce travail, en vous priant, M. le secrétaire perpé- tuel, de vouloir bien être mon interprète auprès de l'Aca- démie. » — La classe renvoie à l'examen des commissaires les travaux manuscrits suivants : i° Deux théorèmes de géométrie de l'espace analogues à celui de Pascal en géométrie plane , par M. Sautreaux- Félix, étudiant en mathématiques à Nice. — Commissaire : M. Folie ; 2° Description d'un photomètre stellaire, par M. Ad. de Boë. — Commissaire : M. Houzeau ; 5° Podophrija Benedeni. Acineta tuberosa, par M. Ju- lien Fraipont. — Commissaires : MM. P.-J. Van Beneden, F. Plateau et Van Bambeke. JUGEMENT DU CONCOURS POUR 1877. M. le directeur procède à l'ouverture du billet cacheté joint au mémoire envoyé en réponse à la sixième question du programme, demandant VÊtude du cycle d'évolution d'un groupe de la classe des Algues; il fait connaître comme auteur : M. Rostafinski, correspondant de l'Aca- démie des sciences de Cracovie, à Cracovie. ( 851 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Note sur un Cachalot nain du crag d'Anvers (Physeterula Dubusii; par M. P.-J. Van Beneden, membre de l'Aca- démie. Parmi les nombreux matériaux que les travaux d'Anvers ont mis au jour, se trouve un animal d'un intérêt majeur que M. du Bus n'a pas eu entre les mains et que je m'em- presse de faire connaître. C'est un Ziphioïde du groupe des Cachalots, on pour- rait presque dire un vrai Cachalot, mais qui ne dépasse que de fort peu la taille de notre Hyperoodon. Nous maintenons toujours l'opinion que nous avons exprimée depuis longtemps, que les Cachalots sont de vrais Ziphioïdes. Il est fort remarquable que celle mer scaldisienne, qui nourrissait de vraies Baleines avec et sans ailerons de très- petite taille, ait nourri également à côté de ces nains mysli- cèles un Cachalot nain. Il est peut-être encore plus remarquable que la mer du crag se trouvait dans le même cas où se trouvent aujour- d'hui quelques parages éloignés qui nourrissent des espèces naines à côté des espèces géantes. On sait, en effet, qu'à côté de la Balœna marginata d'Australie vit la Balœna antipodum, et qu'à côté des grands Physétères habitent des Kogia qui n'ont pas plus de neuf pieds de lon- gueur. Les mers d'Australie ont conservé en vie plus d'un ani- mal que l'on ne voit plus ailleurs qu'à l'état fossile, et l'un ( 8oi2 ) des exemples les plus remarquables est ce poisson Cerato- das, de nos terrains primaires, que l'on vient de découvrir vivant dans les fleuves de l'Australie. Voici ce que nous possédons de ce Physétère fossile de la mer du crag auquel nous proposons de donner le nom de Physeterula Dabusii. Le Musée royal a reçu des ossements de trois individus. Celui qui sert de type pour celle description a son maxil- laire inférieur à peu près complet. Un second a la tête à peu près complète, mais la partie antérieure est perdue. Un troisième possède également une grande partie du crâne. Indépendamment de la tèle, nous possédons plusieurs côles, quatre vertèbres caudales et une partie du sternum. Une des vertèbres a encore son os en V. Ces os ont été trouvés dans le sable noir, à peu près à la même place et à côté d'eux gisaient un humérus el un temporal de Heterocetus hupschii, un humérus et un tem- poral de Dauphin non encore déterminé. L'éliquette qui accompagne ces os porte : Nouvelle en- ceinte, 3e section, fossé du ravelin, partie droite en face du gazomètre de la fabrique Woot, sur le canal de Heren- thals, 20 novembre 4863. L'os maxillaire inférieur a pu être reconstitué à peu près complètement; nous possédons les branches de droite et de gauche. La forme du maxillaire est fort gracieuse, et le bord in- férieur est élégamment ondulé. Les deux branches s'écartent fortement en arrière ( 853 ) comme dans le Physétère vivant, tandis qu'en avant elles se réunissent sur une longueur considérable; elles forment une symphyse qui occupe à peu près le tiers de la longueur totale. Le Cachalot vivant a celte symphyse de la moitié de la longueur totale, ou même plus. La brièveté de la symphyse est un caractère de jeune âge; le jeune Cachalot que M. Flower a figuré a une sym- physe qui dépasse un peu le tiers de la longueur du maxil- laire, tandis que l'adulte a cette même symphyse de plus de la moitié de la longueur (I). En arrière l'os est fort élevé et l'entrée du canal den- taire est extrêmement large comme dans tous les Céto- dontes. Du reste, le canal dentaire conserve une grande largeur dans toute son étendue. Tout l'os en avant n'est pour ainsi dire qu'un étui du canal avec des cloisons pour les dents. On distingue à sa surface externe cinq trous menton- niers, échelonnés à une dislance à peu près égale vers le milieu de la hauteur de l'os. 11 y en a un qui est double. Les dénis sont fort intéressantes ; elles sont au nombre de vingt-deux, non pas qu'il en existe autant en place, mais nous tenons compte du nombre d'alvéoles. Il y a douze dents en place à droite et dix à gauche. Ces dents sont à peu près toutes semblables, mais on peut cependant reconnaître fort bien celles de gauche et de droite. Elles ont à peu près treize centimètres de longueur sur deux centimèlres et demi d'épaisseur. 11 n'y en a qu'une , nous supposons que c'est l'anlérieure, qui n'a que la moitié en épaisseur des autres. (1) Flower, Trans. zool. soc, vol. VI, pi. LVI, fig. 1 et 2. 2me SÉlilE, TOME XL1V. î)8 ( 854 ) Toutes sont fort légèrement courbées. Leur base est assez large et ouverte pour îe bulbe den- taire; elles se renflent faiblement vers le milieu, puis se terminent en haut en pointe. De la quatrième à la huitième les dents présentent, à la base de leur couronne, une surface usée en avant ou dans la partie convexe et une autre en arrière, dans la partie concave. La première usure est plus étendue et plus élevée. La surface antérieure ou externe de chaque dent est plus ou moins arrondie, tandis que la face interne est aplatie sur presque toute la longueur. Chaque dent a sa partie osseuse entourée depuis la base jusqu'au sommet d'une couche de cément, dont la couleur comme la structure contraste avec la substance osseuse. Celle-ci a un aspect de silex, tandis que la substance cor- ticale ne semble formée que de poussière accumulée. Le cément est facilement attaqué. L'ivoire se brise comme un silex et présente la même cassure. Le cément est très-mince aux deux bouts, assez épais au milieu; en avant il devient assez mince pour produire l'effet d'une légère altération de la surface. La substance osseuse, dégagée du cément, présente à sa surface des stries circulaires et des stries longitudinales, ces dernières sont moins bien accusées que les premières. Les dents antérieures ne semblent ni plus faibles ni plus usées que les autres. Les dents antérieures sont représentées par la partie profonde des alvéoles. Le bout du maxillaire est brisé. Il y a quatre vertèbres caudales moyennes dont trois fort complètes et une avec un os en V. ( 855 ) Ces vertèbres sont à peu près aussi hautes que larges; le disque est parfaitement circulaire et légèrement concave des deux côtés. La surface articulaire pour les os en V l'ait une forte saillie en avant et en arrière. L'os en Y est proportiouellement fort. Les côtés sont au nombre de plusieurs. Les deux ou trois antérieures se distinguent par leur largeur et par leur courbure. Elles forment un angle presque droit en haut, puis se courbent fort légèrement. Le sternum est représenté par une moitié de la pièce antérieure et un fragment de la pièce moyenne qui est perforé au milieu. On connaît quelques débris de Physétère recueillis dans le midi de la France par M. Paul Gervais, en Italie par MM. Pedroni et Lawley, dans la Caroline du Sud par M. Gibbes. Mais tous ces débris sont trop incomplets et trop mal conservés pour permettre de faire une compa- raison rigoureuse avec les Physétères vivants. La pièce que nous faisons connaître est d'une conservation assez complète pour ne laisser aucun doute ni sur le genre ni sur l'espèce. 'La mandibule que nous représentons ici a été rapportée à P Homœocetus villersii, mais il est à remarquer que ce genre Homœocetus a été établi sur une région cervicale qui a été reconnue après pour une région cervicale de Balénide.M.du Bus, voyant une région cervicale à vertèbres soudées mais à allas libre, a cru qu'il avait un Cachalot sous les yeux. Il a reconnu lui-même cette erreur, car aucune région cervicale n'a conservé son étiquette d' Homœocetus. En terminant nous ferons remarquer que, dans la mer de nos antipodes, vivent encore aujourd'hui , comme ( 856 ) dans la mer du crag, de petites espèces de Kogia à côté de grand Cachalots, de Neobalœnah côté de grands Mysticètes. EXPLICATION DE LÀ PLANCHE. Mandibule de Physeterula Dubusii, vue au dixième. Fig. 1 . Les deux mandibules vues d'en haut, pour montrer la symphyse, la direction des mandibules en arrière et les dents qui sont encore en place. — 2. La mandibule droite. — 3. Trois dents isolées. ÉLECTIONS ET PRÉPAKATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE. La classe se forme en comité secret pour s'occuper des élections aux places vacantes et des préparatifs de la séance publique du lendemain. Les résultats des élections paraîtront dans le compte rendu de la séance publique. Bull.de lÀcad. Royale ujjnn a Litii.G.Severejas, Physetenda dubusii (ny SOLENNITE D'INAUGURATION DU PALAIS DES ACADÉMIES ET SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DE LA CLASSE DES SCIENCES, Samedi, 15 décembre 1877, à I heure. Le bureau est composé de la manière suivante : MM. Alvin, président de l'Académie des sciences, des lettres et des beaux-arts, président; le Ministre de l'Inté- rieur; Soupart, président de l'Académie de médecine; Maus, directeur de la classe des sciences ; Hairion, Ier vice- président de l'Académie de médecine; Wauters, directeur de la classe des lettres; Chandelon, 2d vice-président de l'Académie de médecine; Liagre, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, des lettres et des beaux-arts; et Thiernesse, secrétaire de l'Académie de médecine. Assistent à la séance : Classe des sciences: MM. B.-C. Du Mortier, L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys Longchamps, H. Nyst, Gluge, Melsens, F. Duprez, G. Dewalque, E. Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steicben, Éd. Dupont, Éd. Mor- ( 8o8 ; ren, Éd. Van Beneden, C. Malaise, Alb. Briart, F. Plateau, Éd. Mailly, membres; Th. Schwann, E. Catalan, associés ; H. Valérius, F.-L. Cornet, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, AH'. Gilkinet et M. Mourlon, correspondants. Classe des lettres: MM. Gachard, P. De Decker, J.-J. Haus, M.-N.-J. Leclercq,Ch.Faider, Th. Juste, F.Nève,G. Nypels, Ém. de Borehgrave, A. Wagener, J. Heremans , P. Wil- lems, membres; Aug. Scheler, Alph. Rivier, Eg. Arntz^ associés; Edm. Poullet, Loise, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, correspondants. Classe des beaux-arts: MM. L. Gallait, Guill. Geefs, H. Vieuxtemps, Jos. Geefs, C. Fraikin, Éd. Fétis, Edm. de Busscher, le chevalier Léon de Burbure, 3. Franck, Gustave De Man, Ad. Siret, Ern. Slingeneyer, A. Robert, F. Ge- vaert, Ad. Pauli, F. Stappaerts, G. Guffens, membres; Éd. de Biefve et Alex. Pinchart, correspondants. Académie royale de médecine : MM. Bellefroid, Rich. Boddaerl, Borlée, Boni vin, Bribosia, Cousot, Craninx, Crocq, Delwart, De Roubaix, Foelen, Gille, Kuborn, Le- febvre, Lequime, Michaux, Pigeolet, Rommelaere, Warlo- mont, Willième, membres titulaires; MM. Decaisne, Mal- corps, L. Martin, membres honoraires; MM. Blas, Belval, Boè'ns, Debaisieux, Degive, Dugniolle, Du Moulin, Ham- bursin, Hayoit, Henriette, Hubert, Hugues, Janssens, La- rondelle, Masoin, Motte, Sacré, Van Aubel, Van Bastelaer, Vanden Corput, Van Welter, Vleminckx, Wehenkel et Willems, correspondants. Absents pour motif de santé : MM. Deneffe, Sovet et Thirv, membres titulaires. ( 851) ) Se sont excusés : MM. Fossion, Gallez, Gouzée el Mas- cart, aussi membres titulaires, À 1 heure, les bureaux des deux Académies, auxquels s'était joint M. le Ministre de l'Intérieur, ont eu l'honneur de recevoir Leurs Majestés au pied du grand escalier du Palais. LL. AA. RR. le Comte et la Comtesse de Flandre, reçues un instant avant, attendaient également le Roi et la Reine. Leurs Majestés ont été complimentées par les présidents des deux Académies. Le cortège royal a d'abord parcouru les locaux, où deux bouquets ont été présentés : l'un, à la Reine, par M. le président de l'Académie des sciences, des lettres et des beaux-arts; l'autre, à la Comtesse de Flandre, par M. le président de l'Académie de médecine. Au moment où Elle a paru dans sa loge, la Famille royale a été saluée par les acclamations de la nombreuse assemblée qui se trouvait réunie dans la grande salle du Palais, et par la Brabançonne exécutée par la musique des grenadiers, sous la direction de son habile chef, M. C. Bender. Dans la loge ministérielle se trouvaient, entre autres : M. Beernaert, Ministre des Travaux publics, et sa dame; M. le baron Gericke de Herwynen, Ministre des Pays-Bas; M. le comte de Barrai de Monteauvrard, Ministre d'Italie; M. de Thomar, Ministre de Portugal; MM. Rogier, Des- camps et Demeur, représentants. La solennité a commencé par l'ouverture d'Obéron, in- terprétée par le môme corps de musique. — M. le Ministre de l'Intérieur s'est levé et a prononcé le discours suivant : ( 860 ) Sire, Madame; Monseigneur, Madame; Messieurs, Encourager la culture des sciences, des lettres et des arts est l'un des premiers devoirs du gouvernement dans les pays civilisés. En Belgique, ce devoir n'a jamais été perdu de vue el le gouvernement s'est toujours attaché à s'en acquitter avec une sage et bienveillante impartialité. Les institutions diverses, fondées et agrandies depuis 1850, les dotations accordées pour leur permettre de fé- conder leurs travaux, les collections de tout genre ouvertes aux éludes, tout, en un mot, démontre que les pouvoirs publics n'ont à aucune époque méconnu leurs obligations à l'égard du développement de la vie intellectuelle de la nation. Pour ne parler que des faits principaux accomplis dans ces derniers temps, je citerai, dans l'ordre scientifique : l'organisation du Jardin Botanique acquis au prix d'un mil- lion, la réorganisation du Musée d'histoire naturelle, qui est devenu une institution scientifique de premier ordre, l'Observatoire muni d'instruments nouveaux et d'un maté- riel scientifique complet, enfin l'établissement des premiers jalons pour la confection d'une nouvelle carte géologique du pays. Dans l'ordre littéraire, je rappellerai l'organisation nou- velle, les accroissements considérables et les locaux recon- struits de la Bibliothèque royale, les Archives mieux dotées et logées prochainement, je l'espère, dans un bâtiment spécial, enfin les encouragements divers donnés à l'art dramatique et à la plupart de nos institutions destinées à la culture d'une branche quelconque de la littérature. Quant aux beaux-arts, l'intervention bienveillante de ( 86J ) l'État s'est manifestée sous des formes variées : le Conser- vatoire royal de musique doté d'une organisation nouvelle et de locaux parfaitement appropriés, les Musées de pein- ture reconstruits et enrichis, le Palais des beaux-arts dé- crété et déjà bâti en partie, tels sont les principaux actes par lesquels le Gouvernement a manifesté son intention d'encourager le développement des beaux-arts, et de prê- ter à ceux qui les cultivent un concours sympathique, surtout lorsque des crises comme celle qui sévit aujour- d'hui menacent de tarir les sources de leur activité. Le concours des pouvoirs publics était naturellement acquis aux Académies, qui occupent le premier rang parmi les institutions destinées à animer la vie intellectuelle du pays. C'était pour le Gouvernement un devoir patriotique de leur témoigner sa bienveillance dans toutes les occa- sions où eile peut se produire avec fruit. C'est ainsi que, tour à tour, il a étendu le cercle d'ac- tion de l'Académie royale de Belgique, en complétant son organisation, en augmentant sa dotation et en lui permet- tant de multiplier ses travaux par le concours de corps spéciaux. L'Académie de médecine, de fondation plus récente, a reçu le même encouragement et a montré, par son activité féconde, qu'elle en était digne à tous égards. L'influence de nos sociétés savantes grandira de plus en plus dans l'avenir : c'est parce qu'il est convaincu de ce résultat, que le Gouvernement leur a affecté le palais dont l'inauguration solennelle a lieu aujourd'hui. En daignant rehausser celte cérémonie par leur pré- sence, leurs Majestés le Roi et la Reine donnent un nou- veau témoignage de leur vif intérêt pour tout ce qui peut contribuer à élever le niveau intellectuel de la nation. En ( 862 ) d'autres occasions, cet intérêt s'est manifesté avec éclat, et il ne saurait pas être inopportun, en inaugurant le palais des Académies, d'exprimer hautement les sentiments de gratitude que tous nous en éprouvons. — M. Alvin prononce l'allocution suivante au nom de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux- arts : Sire, Madame, Altesses Royales, Au renouvellement de l'année, mon honorable prédé- cesseur dans la dignité de président de l'Académie, M. Ch. Faider offrant à Votre Majesté l'hommage respec- tueux et reconnaissant ainsi que les vœux de la Compagnie pour le bonheur de la Famille royale, avait fait allusion à l'inauguration du palais que le Gouvernement du Roi venait d'assigner aux Académies. Le Roi avait daigné promettre d'honorer la solennité de son auguste présence. Cette fête, toute de reconnaissance, coïncide avec la séance publique annuelle de la classe des sciences, date qui a l'avantage de rappeler la fondation de notre Compagnie, il y a cent quatre ans, par l'impératrice Marie-Thérèse, de glorieuse mémoire. Les deux Compagnies savantes qui occupent en com- mun ce palais depuis quelques mois, — l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts, et l'Académie royale de médecine, — y ont vu l'occasion de resserrer les liens de confraternité si désirables entre les hommes de bonne volonté qui consacrent leur existence aux arts libé- raux, et en même temps de témoigner, avec un ensemble plus imposant, leur profonde gratitude envers leur auguste Protecteur. ( 865 ) Le Roi, — la Belgique entière le sait et elle s'en glo- rifie, — le Roi prend vivement à cœur tout ce qui se rat- tache au développement intellectuel de la nation et même aussi à l'extension de la civilisation universelle. C'est un des soins les plus constants et ce ne sera pas le moindre honneur de son règne. L'acte de l'autorité qui a motivé la fête d'aujourd'hui est un nouveau témoignage de la sollicitude royale. Les Académies occupent désormais un palais distinct, exclusi- vement affecté à leur service et digne de l'idée que se fait notre souverain de l'importance du rôle dévolu aux œuvres de l'intelligence dans les sociétés modernes. En voyant briller les mots : Palais des Académies, sur la façade de cet édifice, destiné d'abord à abriter des per- sonnes royales, le peuple paprendra, par l'exemple que lui donne un monarque, à honorer le talent et le savoir dans la personne de ceux qui ont su les acquérir et les cultiver avec succès. Oui, le peuple comprendra que ce palais est son domaine à lui; que l'accès lui en est ouvert; que des sièges y atten- dent non pas ceux-là qu'y appellerait le hasard de la nais- sance ou le caprice de la fortune, mais ceux qui se seront distingués par l'étude et par un travail fructueux. Il saura que l'instruction est la seule route qui y conduit, route aujourd'hui largement ouverte, grâce au concours de tous les pouvoirs publics du pays. En remerciant le Roi et son Gouvernement d'avoir assi- gné ce palais au service des Académies, ce n'est donc point à un sentiment d'égoïste et puérile satisfaction que nous obéissons; les locaux que nous venons de quitter étaient assurément fort convenables. Nous nous réjouissons sur- tout parce que la mesure se rattache à un ensemble de ( 864 ) dispositions intéressant au plus haut degré les sciences, les lettres et les arts, et qui leur seront éminemment pro- fitables en permettant de réunir et de grouper, suivant leurs analogies, les grandes collections artistiques, scienti- fiques et littéraires de l'État. Nous avons été heureux, Sire, et fiers aussi, de recevoir dans ce palais notre hien-aimé Protecteur, son auguste frère, cœur si sympathique, et les deux illustres princesses qui perpétuent, sur le trône et à côté du trône, les tradi- tions de grâce et de vertu qu'y avait fixées jadis notre tant regrettée reine Louise-Marie. L'installation des Académies laisse encore à désirer ; Votre Majesté l'a pu constater en parcourant nos salles de réunion ainsi que nos collections; mais nous nous repo- sons, pour les améliorations désirées, sur la sollicitude du Roi. ?^ous savons d'expérience que Sa Majesté ne perd jamais de vue les besoins légitimes qui lui ont été signalés. L'Académie n'a point oublié l'empressement avec lequel le Roi a pris en main l'intérêt des artistes, dans une cir- constance que je me plais à rappeler. De celte même place, il y a six ans, notre président d'alors, Louis Gallait, faisait parvenir la plainte de ses con- frères jusqu'aux oreilles du Roi : « Les artistes, disait-il, n'ont pas même obtenu qu'on » leur donnât un local convenable pour les expositions de » leurs œuvres. » Votre Majesté a entendu cette plainte. Un édifice s'est élevé, malgré bien des obstacles que la persévérance royale a surmontés. Le monument sera digne de son origine et de l'objet auquel il répond. Il ouvrira ses portes aux œuvres de nos artistes lorsque le pays célébrera le cinquantième anniversaire de son indépendance. ( 865 ) — M. Soupart, au nom de l'Académie royale de méde- cine, s'exprime en ces termes : Sire, Madame, Altesses Royales, L'Académie royale de médecine, par mon organe, remer- cie Vos Augustes personnes d'être venues honorer de leur présence cette solennité inaugurale, et lui donner— ainsi revêtue du sceau royal — un caractère exceptionnel de la plus haute signification pour les deux compagnies savantes dont elle consacre l'union confraternelle. Sire, La fondation, par le Roi, votre illustre et vénéré père, de l'Académie royale de médecine de Belgique, est un de ces actes qui signalent un progrès dans la vie d'une nation , un de ces actes qui, sous une apparente simplicité, con- courent puissamment à glorifier un règne, car ils laissent derrière eux une trace lumineuse, une marque ineffaçable de la haute sollicitude du souverain pour la culture des sciences et, notamment, d'une science étroitement liée au bonheur du peuple par ses moyens d'action sur la santé publique. Aujourd'hui, Sire, en prenant l'Académie de médecine sous Votre Royal patronage, en l'installant dans ce palais, Votre Majesté montre tout le prix qu'elle attache à son développement. Elle l'entoure d'un prestige qui exercera la plus salutaire influence sur ses travaux, et contribuera à étendre les bienfaits qui doivent en résulter pour l'hu- manité. Pour mériter cet insigne honneur, l'Académie de méde- cine doit avoir rempli sa mission à la satisfaction du gou- ( 866 ) versement de Voire Majesté; elle doit avoir répondu à l'attente de son Fondateur. Eh bien, qu'il nous soit permis de le dire, avec un sen- timent de légitime orgueil: oui, Sire, l'Académie royale de médecine de Belgique, grâce au zèle et à l'activité de ses membres; grâce à l'initiative et à la liberté d'action qui lui lurent octroyées, et dont elle à largement usé; grâce aussi à la direction qui lui fut imprimée par celui dont nous déplorons la perte récente, et qui s'est illustré en la présidant pendant une période de trente-deux années, l'Académie de médecine a su mériter l'estime et la consi- dération du monde savant. Aucune partie des sciences médicales n'est restée élran- Consullée sur une foule de points qui intéressent la santé publique, elle a lait une étude consciencieuse de toutes les questions qui lui ont été soumises; de plus, elle a pris l'initiative de beaucoup d'autres. L'hygiène des ouvriers mineurs, — le travail des en- fants dans les manufactures, — les falsifications des matiè- res alimentaires et médicamenteuses, — la vente des objets contenant des substances toxiques ou nuisibles à la santé, — la police des décès et des inhumations, — la police sanitaire, — le travail des femmes dans les mines, — la prophylaxie des maladies épidémiques et contagieuses : tels sont, en fait d'hygiène publique qui, on le sait, est, de la part de Votre Majesté, l'objet de préoccupations constantes, les principaux points qui ont servi de thèmes à des discus- sions approfondies, où le gouvernement et la législature ont déjà puisé et pourront encore puiser d'utiles éléments au double point de vue social et humanitaire. (867 ) A ces travaux que l'on peut dire d'utilité publique, vien- nent se joindre des productions scientifiques d'une impor- tance pratique incontestable et formant une sorte de monument, à l'édification duquel ont concouru tous les membres de la Compagnie chacun dans la sphère de sa spécialité. La plupart de ces œuvres revêtent un cachet d'origina- lité qui mérite d'autant plus d'être signalé, qu'il réalise, en quelque sorte, une pensée toute nationale, développée par l'éminenl Ministre qui attacha son nom à la fondation de notre Académie de médecine, et résumée dans ces pa- roles simples et éloquentes : Être soi et demeurer soi, pro- noncées dans la séance d'installation de la Compagnie par le savant et vénérable Fallot qui la présidait. Peu d'entre nous ont été à même d'entendre celte sage et patriotique exhortation, et la plupart de ceux qui oui pu la recueillir pour nous la transmettre, après l'avoir mise eux-mêmes en pratique, ne sont plus. Qu'il nous soit per- mis, en ce moment solennel, de payer à leur mémoire un juste tribut de regrets et d'afiirmer qu'ils ont bien mérité de la science et de l'humanité. Les vides que leur mort a laissés dans nos rangs sont heureusement comblés par d'ardents et courageux pionniers chez lesquels le feu sacré de la science restera vivace. L'Académie de médecine n'a pas borné son activité aux questions d'intérêt actuel. Remontant dans le passé, et cherchant, dans l'histoire de nos gloires nationales, des exemples à suivre, des modèles à imiter, elle s'est attachée à rehausser l'éclat qu'ont jeté, à diverses époques, sur la Belgique, les Vésale, les Van Helmont, les Palfyn, les ( 868 ) Verheyen, les Dodëns, les Vandenspiegel, les Rega, dont les écrits et les importantes découvertes ont fait l'admira- tion des savants. Préoccupée aussi de l'avenir scientifique du pays, l'Aca- démie de médecine étudie, en ce moment même, les moyens propres à améliorer, à perfectionner l'enseignement médi- cal et à procurer de bons guides à la jeunesse studieuse, en provoquant parmi elle le goût de la carrière ardue du professorat. Forts de ces antécédents, en présence de pareils éléments et de pareilles dispositions, nous pouvons, Sire, envisager sans crainte le sort de notre Académie royale de médecine, et dire avec assurance : son passé répond de l'avenir. Pla- cée sous l'égide lutélaire de Votre Majesté, elle saura tou- jours se rendre digne de la sollicitude du gouvernement en justifiant de plus en plus la confiance du pays. Sous l'empire de cette pensée de progrès et. d'encoura- gement, c'est avec joie que nous nous livrons à l'espoir fondé que Vos Majestés et Vos Altesses Royales pourront, pendant de longues années, contempler d'un œil satisfait le chemin parcouru par l'Académie royale de médecine et par l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux- arts, fraternellement unies dans un but commun : le pro- grès SCIENTIFIQUE. La musique exécute ensuite le premier des C'Sardas de V. Nemeth, Rosza Bokor, inscrits au programme. — Après cette première partie de la séance, M. Maus, ( 869 ) directeur de la classe des sciences, remplace M. Alvin au fauteuil delà présidence, ct,s'excusantsur l'état de sa santé, il prie M. Liagre de donner lecture, en son nom, du dis- cours suivant : Sire, Madame, Altesses Royales, Messieurs, Je dois aux fonctions de directeur de l'une des classes de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts l'honneur de prendre la parole dans celle séance publique, à laquelle la présence de Leurs Majestés et de Leurs Altesses royales, el l'installation de deux corps savantsdans un palais princier, donnent une solennité exceptionnelle. Je me propose d'attirer votre attention sur l'utilité pra- tique des sciences mathématiques, physiques et naturelles, dont l'ensemble compose le programme des éludes de la classe qui a bien voulu m'associer à ses travaux. En faisant connaître la composition de l'écorce solide de la planète que nous habitons; en expliquant les phéno- mènes qui se produisent à sa surface, et les effets de la force mystérieuse qui règle le cours des astres, ces sciences ont donné aux hommes les moyens d'extraire les métaux pour les transformer en instruments de travail, de se diri- ger sur la mer et d'aborder à tous les continents; enfin de faire concourir des forces naturelles considérables à l'exé- cution de ces grands travaux, dont notre siècle s'enor- gueillit, et qui marqueront une époque brillante dans l'his- toire de l'humanité. Un simple coup d'oeil, jeté sur les principales applica- tions des sciences mathématiques, physiques et naturelles, justifiera cette assertion. c2me SÉRIE, TOME XL1V. 59 ( 870 ) La chimie a déterminé les éléments des corps com- posés, qui abondent dans la nature, et fourni la hase de tous les procédés que l'industrie emploie, pour extraire du sol les matières premières et leur donner la composition et la forme qui les rendent utiles. Je signalerai la production économique du fer et de l'acier, employés à construire les machines, les rails, les navires, les ponts, les charpentes des éditices et des mai- sons. Je citerai ces lentilles qui permettent aux astronomes de sonder les profondeurs de l'espace, et aux naturalistes de rechercher les êtres microscopiques qui compromettent notre santé, et le moyen d'empêcher leur développement. On doit à la chimie ces corps impressionnables à l'action de la lumière, qui reproduisent instantanément et plus exactement que ne pourrait le faire le dessinateur le plus habile, les chefs-d'œuvre de l'art, les objets d'une grande délicatesse et les phénomènes fugitifs qui intéressent le naturaliste et l'astronome. Les procédés chimiques perfectionnés sont mis en œuvre pour former, avec les métaux les plus inaltérables, ces règles qui donneront, avec une extrême précision, la même unité linéaire, à toutes les nations qui doivent concourir à déterminer la mesure et la forme du globe terrestre. La connaissance du cours des astres est nécessaire pour indiquer sur les caries la position des continents entourés par la mer, et annoncer, longtemps d'avance, les heures de marée haute, qui permettent aux navires d'entrer dans les ports de l'Océan. L'observation du ciel, complétant les indications de la boussole, donne au navigateur le moyen de figurer sur la ( "I ) carie les positions successivement occupées par son navire, d'éviter les écueils et d'arriver à destination. Un accident, survenu pendant la pose du câble transat- lantique^ mis en évidence l'exactitude des calculs astro- nomiques. Le câble, enroulé dans le navire, se dévidait el s'étendait sur le fond de la mer, lorsque, arrivé au milieu de la traversée, il se rompt; après quelques tentatives pour ressaisir l'extrémité de la partie noyée, on a dû y renoncer et, après avoir déterminé la longitude et la latitude du lieu de l'accident, retourner au port chercher des grappins. L'année suivante, le navire était ramenéà l'endroit indiqué, on repêchait le bout du câble à la profondeur de 1,000 mè- tres , el l'on terminait heureusement celle hardie entre- prise. Quoique les physiciens ne connaissent que bien impar- faitement encore toutes les propriétés de l'électricité et du magnétisme, ils ont cependant déjà indiqué les moyens de soustraire les édifices et les navires aux ravages de la foudre, et de transmettre à des distances prodigieuses avec une vitesse qui ferait le tour du globe en moins d'un dixième de minute, nos correspondances et bientôt nos conversations. Cette transmission rapide est particulièrement utile pour assurer le service des chemins de fer, pour réclamer contre l'incendie, des secours d'autant plus efficaces qu'ils sont plus prompts, avertir les populations menacées d'une inondation, et les navigateurs de l'arrivée d'un cyclone. L'emploi du télégraphe électrique, pour faire ouvrir si- multanément toutes les retenues d'une rivière canalisée, chaque fois qu'il survient une crue, et les refermer aus- sitôt qu'elle cesse, rend les débordements moins fréquents et moins désastreux. ( 872 ) Les courants électriques produisent une lumière très- vive déjà utilisée pour l'éclairage de phares et de grands ateliers. Ces courants appliqués à des électro-aimants produisent une force motrice, dont l'emploi se généralisera aussitôt que les courants électriques seront obtenus par des pro- cédés chimiques peu coûteux. On pourrait provisoirement les produire à l'aide de machines hydrauliques et les trans- mettre dans les villes voisines par les (ils télégraphiques. L'étude des lois qui régissent le règne végétal et le règne animal, permet au naturaliste de donner d'utiles conseils en indiquant, soit les plantes les plus productives qui supportent notre climat, soit les espèces d'animaux qui conviennent le mieux à leurs diverses destinations. Les nombreuses assises du sol, que la végétation couvre d'un manteau de verdure, portent les traces degrands bou- leversements : à des couches verticales succèdent des cou- ches horizontales; certaines roches renferment des cailloux roulés, qui ont appartenu à des roches déposées avant celles qui les contiennent aujourd'hui, les roches ont des com- positions différentes, les débris fossiles d'animaux et de végétaux abondent dans certaines d'entre elles tandis qu'ils font complètement défaut dans d'autres. En classant les roches d'après leurs caractères, leur po- sition relative et les fossiles qu'elles contiennent, le géo- logue a pu rapporter leur formation à plusieurs périodes distinctes, reconnaître les substances utiles, particulières à chacune d'elles, épargner par ses conseils des recherches dispendieuses dans des roches stériles, et guider le mineur dans ses pénibles travaux. Le calcul mathématique a perfectionné les machines ( 875 ) hydrauliques et augmenté la force motrice que les chutes des ruisseaux et rivières procurent presque sans fraisa de nombreuses usines. Après avoir démontré que l'ascension du mercure dans un tube privé d'air, et de l'eau dans les pompes aspirantes, était due à la pression que l'atmosphère exerce sur tous les corps terrestres et constaté par des expériences publi- ques l'énergie de celte pression, qui, exprimée en mesures modernes, équivaut à 10,000 kil. par mètre carré, les phy- siciens du XVIIe siècle ont cherché à obtenir de leur décou- verte une nouvelle force motrice. Parmi un grand nombre d'essais infructueux, une ma- chine employée à extraire l'eau d'une mine de houille, obtint un succès durable. Celte machine, composée d'un cylindre et d'un piston, faisait mouvoir les pompes du puits par l'intermédiaire d'un balancier. Le dessus du piston était constamment soumis à la pres- sion de l'atmosphère, et le dessous à l'action de la vapeur, qui équilibrait la pression atmosphérique, lorsque le cylin- dre communiquait avec la chaudière, tandis qu'elle se condensait et formait le vide dans le cylindre, quand la communication avec la chaudière était interrompue. Il suffisait donc d'établir et d'intercepter la communica- tion entre la chaudière et le cylindre, pour élever et abais- ser le piston, et faire manœuvrer les pompes. Cette machine qui procurait une nouvelle force motrice au moyen d'un combustible minéral, fourni par d'immenses dépôts souterrains, a excité un intérêt universel. Un modèle, qui servait à la l'aire connaître aux élèves d'un cours de physique, devint le sujet d'études et d'expé- riences qui ont introduit dans la machine plusieurs perfec- tionnements importants : ( 874 ) La vapeur, au lieu d'être condensée dans le cylindre par l'introduction d'un jet d'eau froide, a été envoyée dans un appareil spécial appelé condenseur, et le cylindre a pu con- server une température élevée. Le dessus du cylindre ayant reçu un couvercle, la vapeur sortant de la chaudière a remplacé la pression atmosphé- rique et fait alternativement monter et descendre le piston. Le mouvement alternatif a été transformé en mouve- ment circulaire. En interrompant l'introduction de la vapeur dans le cylindre, avant que le piston ait atteint l'extrémité de sa course, on a utilisé" l'action de la détente de la vapeur et augmenté son effet utile. Enfin la forme et la résistance données aux chaudières ont permis de porter la tension de la vapeur à plusieurs atmosphères. Ces divers perfectionnements ont réduit la consomma- lion du combustible, au point qu'un même poids de houille produit aujourd'hui environ huit fois autant de travail que primitivement. La haute pression a permis de supprimer la condensa- tion, lorsque l'on ne disposait pas d'un volume d'eau suffi- sant, ou qu'il était nécessaire de réduire le poids de la machine. Il est bien remarquable que les philosophes, ou savants de l'antiquité, qui nous ont transmis l'Éolypile, appareil mû par ia vapeur, n'aient pas eu la pensée d'utiliser cette force et inventé la machine à vapeur dix-huit siècles plus tôt. Ce long retard se comprend, lorsqu'on sait que les hommes de génie de celte époque reculée étudiaient la ( 873 ) nature à un point de vue philosophique, et n'appliquaient pas aux phénomènes physiques le calcul mathématique, qui seul en donne une connaissance précise et complète. Quoi qu'il en soit, la machine à vapeur recevait de nombreuses applications à mesure qu'elle consommait moins de combustible, et que sa construction, mieux appro- priée à ses diverses destinations, devenait plus parfaite. Aujourd'hui, elle extrait la houille à nue profondeur qu'elle seule peut atteindre, forge les plus grosses pièces de fer qui entrent dans la composition de ces puissantes machines, dont la force égale et parfois dépasse celle de 1,000 chevaux. Elle lamine avec une célérité remarquable les rails des chemins de fer et fournit la force motrice à des myriades d'usines et d'ateliers. installée sur les navires, elle réduit à douze jours la traversée de l'Océan. Enfin transformée en locomotive remorquant les waggons des chemins de fer, elle exécute les transports avec rapidité et économie, deux conditions inconciliables sur les autres voies de communication. La locomotive remorque les marchandises avec une vitesse plus grande que les anciens services de poste les mieux organisés. Les trains rapides parcourant- de 80 à 100 kilomètres à l'heure, dépassent la vitesse du vent pendant la tempête, bien supérieure à la vitesse idéale du poète latin, Ocior Euro. L'économie est le résultat de la puissance de la locomo- tive qui entraîne une longue file de voitures, les mar- chandises transportées avec célérité arrivent au moment opportun. La locomotive et le bateau à vapeur peuvent faire affluer en temps utile, dans un pays dont la récolte a manqué, ( 876 ) des denrées alimentaires amenées de contrées lointaines, en quantités assez considérables pour préserver la popula • lion des calamités d'une famine. Les nombreux avantages des chemins de fer desservis par locomotives ont engagé toutes les nations à en con- struire, et déjà ils relient les principales villes des conti- nents de l'ancien et du nouveau monde. En se développant dans toutes les directions, les chemins de fer ont rencontré des obstacles considérés jusqu'alors comme insurmontables, de larges fleuves, des bras de mer à traverser, de hautes montagnes à percer. La physique a indiqué l'emploi de l'air comprimé pour descendre à une grande profondeur sous l'eau, et fonder sur un terrain solide les nombreuses piles de ponts d'une longueur inusitée. Le calcul mathématique a déterminé la forme et les dimensions de ces poutres en fer, à la fois légères et so- lides posées sur des piles laissant entre elles un intervalle qui dépasse souvent ioO mètres. La proposition de percer le Mont Cénis par un procédé mécanique, utilisant la force des torrents qui roulent au pied des deux versants, a été présentée en août 1845 Les travaux ont été commencés en août 1857. Les mineurs partis des deux extrémitées opposées, et guidés par un tracé géométrique, se sont rencontrés le 26 décembre 1870 dans la montagne dont la cime dispa- rait dans les nuages; et le 17 septembre 1871 la locomo- tive traversait le tunnel de 12 kilomètres, qui ouvre un chemin facile vers le pays du soleil et des arts. On croirait, en voyant les nombreux et féconds résul- ( 877 ) tais obtenus par l'application des sciences mathématiques , physiques et naturelles, qu'ils ont été accueillis avec la- veur, si l'on ne savait que toute idée neuve rencontre des opinions arrêtées, et contrarie des intérêts qui suscilenl des oppositions persistantes. Si les mêmes épreuves ne peuvent être épargnées aux améliorations futures, il faut du moins chercher à en abréger la durée. Depuis plusieurs années, on discute les moyens qui doivent être préférés pour fournir aux centres de popu- lation une abondante distribution d'eau, afin d'éloigner prompteinent toute matière susceptible de corrompre l'air que l'on respire dans les villes, et pour épurer les eaux cor- rompuesqui ne peuvent, sans gra\e inconvénient, s'écouler dans les rivières. Permettez-moi d'exposer très-brièvement la manière la plus naturelle, qui est aussi la plus simple et la plus économique, de résoudre ces deux problèmes qui intéres- sent la sanlé de nous tous. L'eau est très-abondante dans la nature, elle couvre les trois quarts de la surface du globe, elle constitue celle im- mense plaine liquide qui s'étend d'un pôle à l'autre et dans laquelle le continent américain forme une île. Soumise à une température très-basse aux pôles et très- élevée à l'équateur, l'eau éprouve des variations de densité qui déterminent des courants, superficiels et chauds allant de l'équateur vers les pôles, et sous-marins d'eau froide des pôles vers l'équateur. Ces courants tempèrent la rigueur du froid des régions polaires, et modèrent Pévaporation sous la zone loi ride. La vapeur, fournie par levaporation des eaux de la mer et des terres humides chauffées par le soleil, s'élève dans ( 878 ) l'air et forme les nuages qui circulent dans l'atmosphère au gré des vents. Lorsqu'un nuage est refroidi par un vent du nord, ou par le contact du sommet glacé des hautes montagnes, il se transforme en pluie ou en neige qui tombe sur le sol. Une partie de l'eau de la pluie et de la neige fondue coule à la surface, et l'autre pénètre dans les terrains perméables jusqu'à la rencontre d'une couche imperméable. L'eau ainsi retenue remplit les pores du terrain perméa- ble, et monte jusqu'au niveau qui lui procure une issue dans une vallée voisine el forme une source. Les eaux des sources, des pluies et des neiges fondues forment les ruisseaux, les rivières el les fleuves qui ren- dent à la mer toute l'eau que l'évaporation lui avait enlevée. La mer peut ainsi continuer à fournir la vapeur aux nuages qui, transformés en pluie ou en neige, alimenteront indéfiniment les fontaines, les ruisseaux elles tleuves. Les sources oui un débit plus régulier que les pluies qui les alimentent, parce que l'eau qui pénètre dans le sol ne coule pas librement, mais suinte à travers les pores du terrain perméable, chemine lentement et n'arrive à la source que longtemps après la chute de la pluie; l'eau ainsi retenue dans la terre rend l'écoulement de la source d'au- tant plus régulier qu'elle est fournie par une plus grande étendue de terrain perméable. On donne ordinairement le nom de nappe souterraine au volume d'eau qui remplit les pores du sol perméable, et constitue le réservoir des sources. J'emploierai celte expression, mais en priant de remar- quer qu'elle s'applique à un volume dont la surface n'est pas horizontale, comme celle d'un étang, mais présente une ( 879 ) inclinaison d'autant plus grande, que le terrain est moins perméable et oppose plus de difficulté à son écoulement vers la source. L'existence de ces nappes souterraines, dans le sol per- méable qui constitue la très-grande partie du territoire de la Belgique, est attestée par cette multitude de puits que les habitants creusent près de leurs maisons, et qui leur proeurent l'eau dont ils ont besoin. Le niveau auquel l'eau se maintient au fond de ces puits indique la surface de la nappe souterraine dans laquelle ils ont pénétré. En comparant le niveau de l'eau au fond de tous les puits d'une région, il est facile de déterminer la surface de la nappe souterraine qui s'étend sous le sol. La quantité d'eau fournie par les pluies et les neiges pendant une année est, en moyenne, d'après les indications de l'Observatoire de Bruxelles, équivalente à 7,000 mètres cubes par hectare. Cette quantité se partage, comme il vient d'être dit, en deux portions : l'une coulant à la surface, l'autre péné- trant dans la terre. D'après les observations faites dans plusieurs localités, et notamment dans la province du Brabant, la quantité d'eau qui alimente les nappes souterraines, équivaut à peu près à 20 ou 25 % du volume total d'eau tombée, soit de 1,400 à 1,750 mètres cubes par année et par hectare, ou de o à 5 mètres cubes, en moyenne, par jour et par hectare. L'eau des nappes souterraines est généralement préférée par les habitants, parce qu'elle est limpide et possède une température constante; sa bonne qualité est attestée par la bonne santé dont jouissent les personnes qui en font usage. ( 880 ) Il semble donc bien naturel de puiser, dans les nappes souterraines qui alimentent, d'une manière satisfaisante, la plus grande partie de la population, l'eau nécessaire aux villes. Le moyen est simple et peu coûteux, il consiste à ou- vrir dans le terrain aquifère, à un niveau notablement in- férieur à la surface de la nappe souterraine, une galerie à peu près horizontale, munie d'un revêtement en maçon- nerie, dans lequel on a soin de ménager, au niveau du radier, un grand nombre d'ouvertures destinées à laisser affluer l'eau dans la galerie, dont l'orifice deviendra une véritable source artificielle, débitant la même eau que les sources naturelles et les puits du voisinage. La surface de la nappe souterraine s'abaisse à mesure que l'eau s'écoule par la galerie, et prend la forme d'une vallée dont le fond est occupé par la galerie. La largeur de cette vallée, ou la distance entre les som- mets de ses deux, versants, peut être déduite de leur incli- naison qui différera peu de l'inclinaison de la nappe vers la source voisine. Multipliant cette largeur par la longueur de la galerie , on connaîtra le nombre d'hectares de terrain perméable qui recouvre noire vallée souterraine et, par suite, le nombre de mètres cubes d'eau qui pénétreront dans la galerie et s'échapperont par son orifice. Les galeries pour alimenter les villes ont déjà été employées avec succès : Elles amènent à Liège l'eau qui pénètre dans les terrains du plateau de la rive gauche de la Meuse. Des galeries creusées sous le bois de la Cambre, et sous une petite partie de la forêt de Soignes, fournissent par ( 881 ) jour un supplément de 8,000 mètres cubes d'eau qui per- met, maintenant, de satisfaire aux demandes des habitants et d'assurer les services publics de Bruxelles. Monceau-sur-Sambre reçoit, d'une galerie, 2,500 mè- tres cubes par jour. Charleroi fait étudier un projet de galerie destiné à remplacer l'eau puisée aujourd'hui dans la Sambre, par l'eau d'une nappe souterraine. La ville d'Amsterdam est alimentée par l'eau recueillie dans les dunes voisines de Harlem. Les villes qui auront besoin d'eau la chercheront bientôt dans les nappes souterraines des plateaux les plus rap- prochés de leur territoire, et n'hésiteront pas [dus à percer une galerie que les particuliers à creuser un puits. L'eau distribuée aux habitants des villes sert à entraîner toutes les substances organiques inutiles ou nuisibles, dans la canalisation souterraine des maisons et des rues, pour aboutir au collecteur destiné à les éloigner de la ville. Les matières ainsi emportées forment un excellent engrais, qui a créé et entretient la fertilité de nos provinces voisines de la mer dont le sol, composé en grande partie de sable, était naturellement aride. Les engrais des villes sont transportés sur les champs où ils sont délavés dans de l'eau, et le mélange est étendu sur le terrain cultivé. Ce mélange contient les mêmes substances que l'eau du collecteur de Bruxelles, laquelle peut en conséquence fer- tiliser les terres cultivées. L'eau du collecteur, en contact avec les racines des plantes et le terrain qu'elle traverse, s'épure et sort lim- pide lorsqu'elle s'échappe du terrain irrigé, comme j'ai eu l'occasion de le constater à Crovdon et à Gennevilliers, en ( 882 ) buvanl un verre de cette eau qui ne décelait aucune trace de son origine. On purifiera donc l'eau du collecteur de Bruxelles en la répandant sur une grande étendue de terrain cultivé, au moyen d'une galerie maçonnée qui sera munie de vannes, destinées à distribuer l'eau qu'elle contient sur les terrains situés à droite et à gauche de son parcours. La ville de Bruxelles donne un commencement d'exé- cution à ce système. Une machine à vapeur, installée à l'extrémité du collec- teur, élèvera l'eau sur le plateau du versant de la rive droite de la Senne, pour servir à l'irrigation d'un sol aride composé de sable, qui rappelle le sol primitif d'une partie des provinces d'Anvers et des Flandres, ce terrain devien- dra fertile, aussitôt qu'il recevra à la fois l'eau et l'engrais qui lui ont manqué jusqu'à présent. En distribuant l'eau du collecteur, gratuitement pendant les premières années et en n'exigeant ensuite qu'un prix inférieur à la valeur de l'engrais qu'elle contient, la ville de Bruxelles fera concourir l'intérêt privé d'un grand nombre' de cultivateurs au développement des irrigations qui tri- pleront le produit des terres. Il n'est pas douteux qu'en peu d'années l'irrigation s'étendra sur des milliers d'hectares: comprenant des prai- ries, des champs, et des jardins potagers qui, arrosés en diverses saisons, absorberont tout le débit du collecteur. L'eau pure des nappes souterraines et les irrigations agricoles donnent la solution des deux problèmes: d'as- sainir les villes et de fertiliser les campagnes. Ces résultats obtenus par l'application de lois que les sciences mathématiques, physiques et naturelles ont fait ( 883 ) connaître, donueronl à ces sciences de nouveaux litres à la reconnaissance du monde civilisé. Après l'exécution du second des C'Sardas de V. Nemelh M. Liagre communique de la manière suivante le résul- tat des derniers concours et des élections de la classe des sciences. RÉSULTATS DU CONCOURS ANNUEL POUR 1877. Un mémoire portant pour devise : Trop souvent l'esprit avide de généralisations, etc. (J. Decaisne), avait été envoyé en réponse à la sixième question : On demande l'étude du cycle d'évolution d'un groupe de la classe des Algues. La classe, après avoir entendu la lecture des rapports des commissaires, a décerné à ce travail la médaille d'or du prix de six cents francs. L'ouverture du billet cacheté a l'ait connaître comme auteur M. J. Rostafinski, membre correspondant de l'Aca- démie des sciences de Cracovie, à Cracovie. Un mémoire portant pour devise : Aliud ex alio reficit natura, nec ullam , etc (Lucrèce), avait été envoyé en réponse à la troisième question: Ou demande de nouvelles recherches pour établir la com- position et les rapports mutuels des substances album i- noïdes. Adoptant les conclusions de ses commissaires, la classe ( 884 ) n'a pas jugé pouvoir décerner le prix au mémoire en ques- lion, pour les motifs suivants : 1° Les principales données du travail ont déjà été publiées ; 2° L'auteur s'est fait connaître, bien qu'indirectement; 3° Le mémoire, quoiqu'il soit une œuvre considérable et certainement très-remarquable, ne résout pas la question posée par l'Académie. RÉSULTATS DE LA SIXIÈME PÉRIODE DU CONCOURS QUINQUENNAL DES SCIENCES NATURELLES. Sa Majesté, sur la proposition de M. le Ministre de Pïn- lérier, faite conformément au rapport, du jury ebargé de juger la sixième période du concours quinquennal des sciences naturelles, a décerné le prix de cinq mille francs à M. Edouard Van Beneden, professeur à l'Université de Liège. M. le secrétaire perpétuel ajoute à celte proclamation les paroles suivantes : L'Académie, dont j'ai l'honneur d'être ici l'interprète, félicite chaleureusement le jeune professeur, qu'elle est heureuse de compter parmi ses membres. Elle est heu- reuse également de voir le fils marcher dignement sur les traces de son illustre père. Ces paroles sont accueillies par des applaudissements. ÉLECTIONS. La classe a eu le regret de perdre, pendant le courant de l'année, quatre de ses associés : M. Ulysse Le Verrier, appartenant à la section des sciences mathématiques et ( 885 ) physiques, et MM. Ernesl von Baer, Auguste Bellynck et Parlatore, de la section des sciences naturelles. Elle a appelé, par ses suffrages, à la première place, M. W. Weber, professeur à l'Université de Gôttingue et, aux trois autres, MM. Daubrée, membre de l'Institut de France, à Paris ; Albert Kolliker, professeur à l'Université de Wùrtzbourg, et le comte G. de Saporta, correspondant de l'institut de France, à Aix (Savoie). M. Walthère Spring, professeur à l'Université de Liège, a été élu correspondant de la section des sciences mathé- matiques et physiques, et M. J. Delbœuf, professeur à la même Université, a été élu correspondant de la section des sciences naturelles. M. Thiernesse a donné ensuite les résultats du dernier concours et des élections de l'Académie royale de mé- decine. BANQUET D'INSTALLATION DES ACADÉMIES. Le samedi 15 décembre a eu lieu, à 5 heures et demie, au Grand-Hôtel, Boulevard Central, le banquet d'installa- tion de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts et de l'Académie royale de médecine de Bel- gique. La grande salle, brillamment décorée et éclairée, avait été disposée de manière à comprendre, en cinq grandes tables , les cent huit convives qui ont pris part à cette fête. La table d'honneur, occupant le milieu, était présidée 2me SÉRIE , TOME XLIV. 60 ( 886 ) par M. Ahin , président de l'Académie royale de Belgique, qui avait à sa droite M. Delcour, Ministre de l'Intérieur, M.Maus, directeur de la classe des sciences, et M. La vallée, inspecteur général , chef de service des bâtiments civils de l'État; à sa gauche, M. Bellefroid, secrétaire général du Ministère de l'Intérieur, M. Hairion, premier vice-prési- dent de l'Académie de médecine, M. Liagre, secrétaire perpétuel de l'Académie de Belgique. Vis-à-vis, M. Sou- part, président de l'Académie de médecine, avait à sa droite M. Beernaert, Ministre des Travaux publics, et M. Alphonse Wauters, directeur de la classe des lettres; à sa gauche, M, Vergole, directeur général au Ministère de l'intérieur, M. Chandelon, second vice-président de l'Aca- démie de médecine, M. Thiernesse, secrétaire de l'Acadé- mie de médecine, et M. Lequime, commissaire du banquet pour ce même corps savant. M. Edmond Marchai, secré- taire adjoint de l'Académie de Belgique, avait été placé à la même table, en sa qualité de secrétaire de la Commis- sion mixte d'installation. D'après les dispositions prises par la dite Commission, la table d'honneur avait été arrangée de manière à y mettre les invités ainsi que les membres des bureaux des deux Académies. Les autres membres des deux corps savants avaient été libres de se placer selon leur spréférences. Au dessert, M. Alvin a prononcé en ces termes le toast au Roi : « Chers confrères, » Je vous propose la santé du Roi, notre Auguste Pro- tecteur. » Et je comprends dans ce toast toute la Famille royale. ( 887 ) t> C'esl boire, on même lemps, au bonheur el à la pros- périté de la Belgique. » Depuis un demi-siècle bientôt, ne nous sommes-nous pas accoutumés à confondre dans un même amour la Pairie et la Dynastie. d Je n'ai pas dessein de vous l'aire un long discours; il faudrait, en effet, trop de paroles si je voulais énumérer tous les titres du Roi à notre reconnaissance.. » Mais, pour exprimer nos sentiments, il suffit de trois mots : vous les répéterez avec moi : Vive le Roi. » Une triple salve d'applaudissements a accueilli ce toast qui a été transmis à l'instant même à Sa Majesté. Le Roi a fait écrire du palais de Bruxelles le 17, par son secrétaire, M. Jules Devaux, la réponse suivante : « Monsieur le président, » Le Roi a eu connaissance du toast que vous lui avez porté le 15 de ce mois au banquet d'installation des Aca- démies. » Sa Majesté me charge de vous dire combien Elle a été sensible aux sentiments que vous avez exprimés. Ce n'est pas d'hier qu'Elle les connaît et Elle vous en remercie sincèrement. Sa Majesté serait heureuse de remercier par votre organe tous ceux qui, dans la fête du 15, ont acclamé son nom. » M. le Ministre de l'Intérieur s'est levé ensuite pour boire à la santé des Académies. Voici comment il s'est exprimé : ( 888 ) Messieurs » A ce banquet, où se trouvent associées pour la pre- mière fois nos deux grandes compagnies savantes, je suis heureux de porter un toast qui, en rappelant leur passé, fécond en travaux utiles, présage un avenir plein de pro- messes. » L'importance d'un pays ne se manifeste passeulement par le progrès de l'industrie et du commerce, elle s'affirme surtout par le développement scientifique, littéraire et artistique résultant de l'intelligente activité de la nation. » La Belgique, depuis 1850 surtout, n'a cessé de mar- cher avec succès dans une voie féconde et l'impulsion de ses Académies n'a pas peu contribué à lui assigner le rang distingué qu'elle occupe en Europe. » L'Académie royale des sciences, des lettres et des arts qui à son origine n'était qu'une société littéraire bien modeste, a grandi successivement, avec le concours sym- pathique des pouvoirs publics. Fondée par Marie-Thérèse, comme Académie royale et impériale, elle fut réorganisée en 1816, sous le titre d'Académie royale des sciences et des lettres et complétée en 1845, par l'adjonction de la classe des beaux-arts; dans ses travaux elle embrasse donc aujourd'hui le champ tout entier de la science, de la litté- rature et de l'art. » Lorsque nous avons célébré en 1872 le centième anniversaire de sa fondation, les voix les plus autorisées ont rappelé dans un magnifique langage les services nom- breux rendus par l'Académie de Belgique. Je ne pourrais rien ajouter à ces témoignages élogieux , si ce n'est que ( 889 ) l'Académie continue à remplir consciencieusement sa noble mission. Oui! elle est digne du haut rang qu'elle occupe parmi les sociétés savantes de l'Europe. » L'Académie royale de médecine, née plus récemment, n'a pas eu à subir les vicissitudes qui ont marqué la car- rière de l'Académie de Belgique. Sa mission n'esl pas seulement scientifique, comme le disait le Ministre émi- nent (1) qui a présidé à son installation ; l'Académie royale de médecine est appelée à éclairer le Gouvernement sur les nombreuses question que soulève l'hygiène publique; elle fait, en quelque sorle, partie de l'administra lion du pays. » Si je parcours les publications de ses membres, celles que par ses concours elle a suscitées dans le corps mé- dical, je constate, avec une vive satisfaction , qu'elle peut se placer avec honneur à côté de sa sœur aînée. » Dans l'ordre administratif, elle n'a pas été moins dé- vouée à l'accomplissement de sa mission. Bien des ques- tions touchant à l'organisation de l'enseignement médical et aux intérêts de l'hygiène publique ont l'ait l'objet de ses délibérations. L'Académie a été ainsi pour l'adminis- tration un auxiliaire éminemment utile et jamais le Gou- vernement n'a fait en vain appel à ses lumières. » En buvant à l'avenir et à la prospérité de nos Acadé- mies, nous buvons aussi, Messieurs, au développement et au progrès des lettres, des sciences et des arts dans notre chère patrie. » Les applaudissements les plus chaleureux ont accueilli (1) M. Nolhoml» ( 890 ) ces paroles, auxquelles JYI. Soupart s'est empressé de répondre de la manière suivante : « Messieurs, » J'ai l'honneur de porter un toast à MM. les Ministres de l'Intérieur et des Travaux publics. » Leur présence ici , l'empressement courtois qu'ils ont mis à répondre à notre invitation et à venir s'asseoir au milieu de nous témoignent assez de leur sympathie et de leur sollicitude pour les deux corps savants qui représen- tent les sciences, les lettres et les beaux-arts dans notre pays. » A eux l'honneur d'avoir, sous les auspices de notre bien-aimé Roi, assigné comme temple de la science, le palais dont nous félons aujourd'hui l'inauguration. » A eux aussi l'honneur de stimuler parmi nous le zèle scientifique, comme vient de le faire M. le Ministre de l'In- térieur par des paroles si élogieuses à notre adresse. » Au nom des deux Académies ici réunies et se don- nant fraternellement la main , je remercie MM. les Minis- tres Delcour et Beernaert de leur bienveillance et de leur sollicitude envers elles. » En leur adressant ce toast de félicitations et de re- connaissance, qu'il me soit permis d'associer à leurs noms celui du Ministre M. J.-B. Nothomb qui , comme j'ai eu l'honneur de le rappeler tantôt, a proposé au Roi Léo- pold Ier l'arrêté de fondation de l'Académie royale de médecine et dont le souvenir nous est cher. » Veuillez donc, Messieurs, vous unir à moi en buvant à nos protecteurs MM. les Ministres Delcour, Beernaert et Nolhomb. » ( 891 ) M. Beemaert, Ministre des Travaux publics, a remercié les Académies, tant au nom de son collègue qu'au sien, en s'ex primant à peu près en ces termes : « Il y a quelques heures (1) mon honorable collègue, M. le Ministre de l'Intérieur, vous disait avec raison qu'à aucune époque, en Belgique, le Gouvernement n'a négligé ses devoirs envers les sciences, les lettres et les arts. » \ous n'avons donc droit à aucun remercîmenl. spé- cial pour ce que nous avons pu faire de bon et d'utile dans le cours de ces dernières années; nous n'avons fait que remplir notre devoir et permettez-moi d'ajouter que quand nous nous sommes occupés des Académies, c'était le plus agréable et le plus cher de nos devoirs. » C'est nous, Messieurs, qui sommes et qui devons vous être profondément reconnaissants et pour votre accueil si cordial et pour les choses aimables que M. Soupart a bien voulu nous dire en votre nom et pour l'honneur que nous font les Académies, en nous admettant aujourd'hui dans leur sein, dans une occasion où nous pouvons — pour une fois au moins — sans infériorité, participer à leurs tra- vaux. Merci donc, Messieurs, et merci de grand cœur. » Et maintenant, permettez-moi de proposer un toast à mon tour, en reprenant celui que portait tout à l'heure mon collègue. » Il a dit ce qu'a été et ce qu'est l'Académie; c'est presque l'histoire du pays. » Quand on se reporte aux temps qui ont précédé la date bénie à laquelle remonte notre existence nationale, (lï Pendant la séance solennelle d'installation. ( 892 ) on peut dire que tout ou presque tout était à faire ou à refaire. » Nos anciens monuments, témoins des grands jours d'autrefois, étaient délabrés ou en ruine et les derniers siècles n'en avaient point construit; les collections succes- sivement formées en Belgique avaient pris le chemin de l'étranger, de Madrid, de Vienne, de Dusseldorf et les rapines de la dernière invasion n'avaient été qu'imparfai- tement réparées; en fait d'artistes on en était réduit à admirer Lens et Paelinck; l'état des lettres et des sciences n'était guère plus brillant et l'Académie — unique alors — faisait peu parler d'elle. » Dès aujourd'hui, Messieurs, la Belgique peut se faire honneur des progrès accomplis. Disons-le sans flatterie, depuis notre régénération politique, nous avons fait un bond prodigieux. » Par l'importance de ses affaires, la Belgique dépasse de grands pays, l'Italie, l'Autriche, la Russie; dans l'ordre des choses intellectuelles, quel est le pays — parmi les plus grands aussi — qui ne serait pas fier de la couronne d'illustrations de tout genre que cette table réunit? Quel est le savant étranger qui n'aspire à l'honneur d'être affilié à vos compagnies? » Eh bien, Messieurs, cette situation brillante, presque privilégiée, ne doit être pour tous qu'une excitation à faire plus et mieux, de manière à augmenter encore le renom et la splendeur de notre chère patrie. » Beaucoup de choses ont été faites, mais il en reste beaucoup à faire. Il faut les faire! Plus heureux que d'au- tres, nous pouvons y consacrer les ressources d'une paix- féconde. La Belgique doit grandir encore. » Le Gouvernement le comprend, Messieurs, et vous ( 895 ) pouvez compter sur son concours comme il compte sur le vôtre. » Buvons, Messieurs, buvons ensemble à l'avenir du pays, à son développement, à ses progrès. » La fête était terminée à dix heures. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Bemmel (Eug. Van). — De la langue et de la poésie pro- vençales. Bruxelles, 1840; pet. in-8°. Bemmel {Eug. Van) et Gravrand {F.). — Voyagea travers champs. Bruxelles, 1849; in- 12. Thyes (Félix) et Bemmel [Eug. Van). — Marc Bruno, prolil d'artiste. Bruxelles, 1855; vol. in- 12. Bemmel [Eug. Van). — Notice sur « l'harmonie des pas- sions humaines » fronton du grand Théâtre à Bruxelles, par M. Eug. Simonis. Bruxelles, 1854; hr. in- 12 oblong. Bemmel (E. Van). — Notice sur le baron de Stassart. Bruxelles, 1856; extr. in-4°. — Introduction à l'histoire de la littérature française. Bruxelles, 18GG; extrait pet. in-8°. — Histoire de Saint-Josse-ten-Noode et de Schaerbeek. Saint-Josse-ten-Noode, 18G9; vol. pet. in-8n. Boileau. — OEuvres poétiques, édition classique colla- tionnée sur les meilleures textes avec des notes, par Van Bemmel et Gravrand. Mons, 18G9; vol. in-8°. Bemmel (E. Van). — Discours d'ouverture prononcé en séance publique de l'Université libre de Bruxelles, le 9 octobre 1871. Bruxelles, 1871 ; br. in-8°. — Discours d'ouverture prononcé en séance publique de ( 894 ) l'Université de Bruxelles, le 14 octobre 1872. Bruxelles, 1872; br. in-8°. — Dom Placide. Mémoires du dernier moine de l'abbaye de Villers. Bruxelles, 1875; vol. pet. in-8°. — Rapport du jury ebargé de décerner le prix décennal de littérature française pour la période de 1855-1862. Bruxelles, 1863; extr. in-8°. — Rapport du jury chargé de décerner le prix quinquennal de littérature française pour la période de 1868-1872. Bruxel- les, 1875; extrait in-8°. — Guide de l'excursionniste, 6e édition. Bruxelles, 1876; vol. in-18. — Patria Belgica, encyclopédie nationale ou exposé métho- dique de. toutes les connaissances relatives à la Belgique, ■Ire partie : Belgique physique; 2mc partie : Belgique politique et sociale; 3me partie : Belgique morale et intellectuelle. Bruxel- les, 1875-75; 3 vol. in-8°. Cornet. — Notice sur le bassin houillcr limbourgeois. Liège, 1877; br. in-8". Cornet et Briart. — Sur le relief du sol en Belgique après les temps paléozoïques. Liège, 1877; in-8°. Kervyn de Lettenhove (le baron). — OEuvres de Froissart, chroniques, tome XXIII, 2de partie. Bruxelles, 1877; in-8". Melsens. — Des paratonnerres à pointes, à conducteurs et à raccordements terrestres multiples. Description détaillée des paratonnerres établis sur l'hôtel de ville de Bruxelles en 1865. Bruxelles. 1877; gr. in-8°. Juste (Th ). — Les progrès de la puissance russe. Pierre le Grand, son règne et son testament. Bruxelles, 1877; in-8". Rivief (Alphonse). — Les successions à cause de mort en Suisse. Gand, 1877; extrait in-8°. Massart-Janssens (A.). — Hygiène et sauvetage pour la femme, pour la famille et pour la société, lre et 2de parties. Bruxelles, 1877; 2 br. in-8°. ( 895 ) Dessel {Camille Van). — Topographie des voies romaines de la Belgique. Bruxelles, 1877; vol. in-8°. Gregoir {Ed.). — Panthéon musical populaire, ouvrage en six volumes, sixième volume. Bruxelles, etc., 1877; in-8°. Wilte (le baron J. de). — Discours prononcé à l'Académie d'archéologie de Belgique dans la séance du 27 mai 1877. An- vers, 1877; hr. in-8°. Rapport triennal sur la situation de l'instruction primaire en Belgique, présenté aux Chambres législatives parle Ministre de l'Intérieur. Bruxelles, 1877; vol. in-4°. Société chorale et littéraire des Mèlophiles de Hasselt. — Bulletin de la section littéraire, 15rae volume. Hasselt, 1 8 7 G ; hr. in-8°. Willemsfonds. — Jaarhoek voor 1878. Gand, 1877; vol. in-18. Observatoire royal de Bruxelles. — Annuaire pour 1878. Bruxelles, 1877; vol. in-10. Académie royale de médecine de Belgique. — Bulletin, 1877, nOÏG-I0. Bruxelles; in-8°. Revue de l'instruction "publique, t. XX, Iivr. 5-6. Gand; in-8°. Annales d'oculistique , t. LXXV1I et LXXVIII. Bruxelles, l877;in-8°. Illustration horticole, t. XXIV. Gand, 1877; in-8°. Société belge de géographie. — Bulletin, lre année, 1877. Bruxelles, in-8°. Société royale de botanique de Belgique. — Bulletin, tome XVI, n° 1. Bruxelles, 1877; in-8". Société entomologique de Belgique. — Annales, tome XX, 2d fasc. Bruxelles; in-8°. Annales des travaux publics de Belgique, tome XXXV, 2",e cahier. Bruxelles; in-8°. ( 896 ) Allemagne, Autriche-Hongrie. Barrande {Joachim). — Céphalopodes. Etudes générales. Extraits du système silurien du centre de la Bohême, vol. II, texte S. Prague, Paris, J 877; vol. in-8°. Kundrat (Hans). — Die Selbstverdauungs-Processe der Magenschleimhaut. Gratz, 1877; br. in-8°. 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Akademie der Wissenschaften zu Munich. — Sitzungs- berichte, mathem.-phys. Classe, 1877, I, II. Munich; in-8°. Medic.-naturw. Gesellschaft zu Jena. — Zeitschrift fur Xaturwisscnscbaften, XI. Bd., nos 5 und 4. léna; in-8°. ( 807 ) Amérique. U. S. Coast Survey. — Meteorological researches for the use of the Coast pilot, part I. Washington, 1877; hr. in-4°. Museu nacional do Rio de Janeiro. — Archivos, vol. I, 4me trimestre de 1876. Rio de Janeiro, 1877; in-4°. Boston Society of natural history. — Procecdings, vol. XVIII, 5me et 4me parties. — Memoirs, vol. Il, 4me partie, n" 5. Boston, 1877 ; 2 hr. in-8° et 1 hr. in-4°. U. S. navy départaient. — Scientific results of the United States arclic expédition , vol. I, physical observations by Emil Bessels. Washington, 1876 ; vol. in-4°. American philosophical Society . — Proceedings, tomes XV et XVI, nos 98 et 99. Philadelphie, 1876; in-8°. Davenporl Academy of natural sciences. — Proceedings, tome I, 1867-1876. Davenport, 1876 ; in-8°. U. S. geological and geographical Survey of the territories. — Supplément to the fifth annual report. — Preliminary re- port of the U. S. geological Survey of Montana. — Annual report, 1875, embracing Colorado. — Miscellaneous publica- tions : n° 1 lists of élévations principally in that portion of the U. S. west of the Mississipi river, fourth édition; n° 7 ethno- graphy and philology of the Hidatsa Indians by Washington Matthews. — Bulletin, n°2; vol. III, nos 1-5. — Catalogue of the publications of the Survey, 2'1 édition. — Bulletin of the U. S. entomological commission, nos 1 et 2. Washington, 1872- 1877; in-8°. Journal of sciences and arts, tome XIV. New-IIaven, 1877; in-8°. The Penn monthly, juillet-décembre de 1877. Philadelphie; in-8°. ( 898 ) Espagne. Real Academia de la historia. — Boletin, tome I, cuaderno 1 . Madrid, 1877; in-8°. Société de géographie de Madrid. — Bulletin, t. II, nos 2 et 3; t. III, nos 1-4. Madrid; in-8°. France. Mannheim (A.). — Nouveau mode de représentation plane déclasses de surfaces réglées. Paris, 1877; extrait in-4°. Mannheim (A.). — Sur le déplacement infiniment petit d'un dièdre de grandeur invariable. Paris, 1877; extraitin-4°. Baillij [Jules). — De Bruxelles à Tervueren, poëme nou- veau. Paris, 1878; br. in-8°. Bernier (Théodore). — Le Besogné de Mont-Bliart, en 1 G08, précédé d'une notice sur ce village. Angre, Mons , 1877; br. in-8°. Collin de Plancy [V.). — Note sur les insectes diptères parasites des Batraciens. Paris, 1877; extrait in-8°. Talon (Ed.). — Sur les diptères parasites de la Rana escu- lenta. Paris, 1877 ; extr. in-8°. Garcin de Tasstj. — La langue et la littérature hindousta- nies en 1877, revue annuelle. Paris, 1878; br. in-8°. Deydier. — La locomotion aérienne. Oran , 1877; br. in -8°. Société zoologique de France. — Bulletin, 1877, 5m£ et 4me parties. Paris; in-8°. Les Mondes, revue des sciences , t. XLIV, octobre-décembre de 1877. Paris; in-8°. Ecole normale supérieure. — Annales, 1877. Paris; in-4". Revue britannique, juillet-décembre 1877. Paris; in-8°. Société des études historiques. — L'Investigateur, mai-juin de 1877. Paris ; in-8°. ( 899 ) Société de géographie de Paris. — Bulletin, mai-août. Paris, 1877; in-8». Société d'anthropologie. — Bulletin, t. XII, février-juin 1877. Paris ; in-8". Société linnéenne de Bordeaux. — Actes, tome XXXI. jjrae livraison avec atlas. Bordeaux, 1877; in-8n. Caffiaux (H.). — Mémoire sur la charte de la Frairie de la Halle Basse de Valenciennes (XIe et XIIe siècles). Paris, 1877; exlr. in-8° Société des sciences, de V agriculture et des arts de Lille. — Mémoires, 4e série, tome III. Paris. Lille, 1877; vol. in-8°. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon. — Mémoires : classe des lettres, t. XVII; classe des sciences, tomes XXI et XXII. Lyon, 1876-77; 3 vol. gr. in-8°. Société d'agriculture de Lyon. — Annales, 4me série, tome VIII, 1875. Lyon, 187G; vol. gr. in-8°. Société des sciences de Nancy. — Bulletin, tome III, 1877, fasc. 6. Paris, 1877; in-8°. Grande-Bretagne. Observatoire de Greenwich. — Beport. of the tclescojiic observations of the transit of Venus, 1874. Londres, 1877; in-4°. Mathematical Society, n03 112-121. Londres; in-8°. Astronomical Society. — Monthly notices, t. XXXVII, nos 8 et 9; t. XXXVIII, n° I. Londres; in-8°. Geographical Society. — Procccdings, tome XXI, n° 6. Lon- dres; in-8°. Anthropological Institute of Greal-Britain and Ireland — Journal, vol. VII, n° 1. Londres; in-8°. Numismatic Society. — The numismatic chronicle, 5°" par- lie de 1877. Londres; in-8°. ( 900 ) Hollande - Luxembourg. Institut R. grand-ducal. — Section des sciences naturelles : Carte géologique du grand-duché de Luxembourg, par MM. Wies etSicgen, avec guide par M. Wies. Luxembourg, 1877; 8 feuilles in-plano et br. in-8°. Donders (F.-C). — 18,,e verslag betrekkelijk de verpleging en het onderwijs voor ooglijders. Utrecht, 1877; in-8°. Italie. Ardissone (Fr.). — Le Floridee italiche descrilte ed illus- tiale, fasc. 1. Milan, 1874;in-8°. Boldù [Roberto). — Délia liberté ed eguaglianza dei culti. Florence, 1877; vol. pet. in-8°. Lemaire (Enrico). — Problema délia trisezione geometrica di un angolo o di un arco dato risoluto dall' ingegniere. Naples, 1877; br. in-8°. Vulcanismo italiano, anno IV, 1877. Rome; in-8°. R. htituto veneto di scienze, lettere ed arti. — Àtti, 5me série, tome III, nos 4-7. — Memorie, tome XX. Venise, 1876-77; 4 br. in-8° et 1 vol. in-4°. Accademia délie scienze dell' Istituto di Bologna. — Me- morie, tome VII, fasc. 1-4. — Rendiconto, 1876-77. Bologne, 1877; 4 br. in-4° et 1 vol. in-8°. Société Toscana di scienze naturali in Pisa. — Atti, vol. III, 1er fasc. Pise, 1877 ; gr. in-8°. Acudemia olimpica di Vicenza. — Atti, 1876 et 1er semestre de 1877. Vicence; 2 br. in-8°. Fin nu Tome XLIV de la 2rae série. BULLETINS DE E ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. TABLES ALPHABÉTIQUES DU TOME QUARANTE-QUATRIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE. 1877. TABLE DES AUTEURS. Académie d'archéologie de Belgique. — Adresse son programme de con- cours pour 1878, 240. Académie des lettres, sciences, arts et, agriculture de Melz. — Adresse le programme de ses concours pour 1877-1878, 103. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon. — Adresse son programme de concours pour 1878,401. Académie R. des beaux-arts d'Anvers. — Demande relative à une loi protectrice des œuvres de l'intelligence, 258. Adan (£.). — Hommage d'ouvrage, 51 4. Alvin (L.). — Délégué au congrès artistique d'Anvers, 110, 249; donne des explications relatives à un tableau de Rubenset aux gravures que l'on se propose d'exposer à Anvers, 111 ; rapport sur le mémoire de con- cours concernant les influences subies par P. -P. Rubens et A. Van Dyck pendant leur séjour en Italie, 265; discours prononcé à la séance publique de la classe des Beaux-Arts, 281, 285; discours prononcés au nom de l'Académie : 1° à l'inauguration du buste de Rubens, à Anvers, 259; 2° à la séance d'installation des Académies, 862; toast au Roi lors du banquet d'installation, 886. Antoine (Ch.). — Hommage d'ouvrage, 516. 2me SÉRIE, TOME XLIV. 61 ()0-2 TA18LE DES AUTEURS. Association britannique pour l'avancement des sciences. — Annonce l'ouverture de sa 48e session. 654. Association internationale africaine. — M. le baron Greindl remercie pour la souscription de l'Académie, 2; communication relative à la 1"' expédition pour l'Afrique centrale, 237. B. Baes Edgar). — Rapports de MM. Alvin, Siret, Slingeneyer sur son mé- moire de concours concernant les influences subies par P.-P. Rubens et Ant. Van Dyck pendant leur séjour en Italie, 263, 270, 271 ; proclamé lauréat, 297. Balat (Alphonse). — Commissaire pour l'examen du 14e rapport semes- triel du lauréat Dielliens, 845. Bambeke (Ch. Fan). — Commissaire pour les travaux suivants: 1° de M. Fraiponl sur les Acinéliniens de la côle d'Oslende, 455, 850; rap- port, 694; 2° de M. Masquelin concernant le développement du maxil- laire inférieur de l'homme, 456; rapport, 459. Bancroft [George). - Remercie pour son élection d'associé, 240. Baraquin (E.). — Présente un travail intitulé: Innovations industrielles. 517. Bastelaer (Fan). — Rapports de MM. le baron deWitle et Roulez sur sou mémoire concernant les enduits, engobes, etc., des poteries romaines , 241, 244. Bastin(J.). — Hommage d'ouvrages, 817. Bemmel{Eug. Fan). — Hommage d'ouvrages, 816. Beneden {Ed. Fan). — Lauréat du concours quinquennal des sciences naturelles, 515, 1 18, 884; commissaire pour l'examen des travaux sui- vants : 5° de M.Lambert, intitulé : Morphologie du système dentaire des singes, 517; lecture de son rapport, 456; -2» de M. Leboucq, concernant le cartilage embryonnaire chez les mammifères, 518; rapport, 457; 5" de MM. Putzeys et Romiée, concernant l'action physiologique de la gelsémine, 455; 4° de M. Masquelin, concernant le maxillaire inférieur de l'homme, 456; rapport, 459; contribution à l'histoire du développe- ment embryonnaire des Téléostéens, 462, 742. Beneden (P.-J. Van). — Hommage d'ouvrage, 5 '.renseigne ses confrères sur le départ de la lrc expédition pour l'Afrique centrale, 237; commissaire pour les travaux suivants : lu de M. Lambert, intitulé : Morphologie du système dentaire des singes, 517; leciure de son rapport, 456; 2° de TAlîl.E DES AUTEURS. 903 M. Fraipont sur les Acinétiniens de la côte d'Osteude, 453, 8o0;rap- port, 692; rend compte de la célébration du W0C anniversaire de l'uni- versité d'Lpsal, 399; réélu membre de la Commission spéciale des finances, 6G6; cachalot nain du crag d'Anvers, 851. Berliner (/.). — Hommage d'ouvrage, 515. Bessels {Emile). — Hommage d'ouvrage, 515. Bormans (Stanislas). — Hommage d'ouvrages, 401,611. Boset (/.). — Présente un travail concernant les courbes et surfaces locales, 456. Bourotle (Aug.). — Lauréat du concours d'art appliqué de la classe des beaux-arts (peinture), 298. Uouvcl (A.). — Hommage d'ouvrage, 453. Bonj (J.-F.-A.). — Annonce de sa mort, 445. Brochet (Achille). — Présente les travaux suivants concernant : 1" un compteur électrique, 4: lecture du rapport de MM. Montigny et Duprez, 518; 2° un vernis fluorescent applicable sur verre, 517; lecture des rapports de MM. Melsens et Montigny, 456; 3° le pouvoir pénétrant des objectifs à immersion, 655. Brassart (Félix). — Hommage d'ouvrages, 402; note bibliographique sur ces volumes, par M. Polvin, 405. Briart (Alph.). — Hommage d'ouvrage, 655. Burbure (Le chev. L. de). — Rapport sur le mémoire de concours concer- nant l'histoire de la typographie musicale dans les Pays-Bas, 272. Caffiaux. — Hommage d'ouvrage, 816; note bibliographique sur celle brochure par M. le baron Kervyn de Leltenhove, 827. Capellini(G:). — Hommage d'ouvrages, 5, 516. Carrara (F.). — Hommage d'ouvrages, 61 1 ; note bibliographique sur ces volumes, par M. Thonissen, ibid. Catalan (Eug.). — Rapports sur les travaux suivants : 1° de M. Lagrange, intitulé : De l'influence de la forme des corps sur l'attraction qu'ils exercent, 10; 2° de M. Mansion, concernant une équation de Jacobi, 120; 5° de M. Le Paige, concernant l'extension des théories de Pinvo- lulion et de l'homographie, 462; lecture de son rapport sur la note de M. Escary concernant la fonction P <—> de Lamé, 127; commissaire pour l'examen des travaux suivants : 1° de M. Ghysens concernant : a, les sous-normales polaires, etc., 4; lecture de son rapport, 127; b, la Daubrée (J.). — Élu associé, 880. De Boé (Ad.). — Présente une description d'un photomètre stellaire, 850. De Cross (PX — Présente un travail concernant la procédure civile au XVII'' siècle, 402; lecture des rapports de MM. Rivier, FaiderelLeclereq, 818. De Kesel (Charles). — Lauréat du grand concours de sculpture (2i1 prix), 258, 299. De Keyser (X). — Donne des explications sur un tableau de R'ubens, 111. De Koninck (L.-G.). — Hommage d'ouvrage, 454. De Koninck (Lucien). — Présente deux notices sur les minéraux belges, (kaolinite et apalile cristallisée), 317,655; rapports de MM. Malaise. Mourlon. Melsens et Cornet, 689, 690, 691 ; impression, 753, 740. Delbœuf (J.) el Spring (W.). — Présentent un travail concernant le dal- tonisme, 455; élus correspondants, 883. Dp Man (G.). — Commissaire pour l'examen du 14e rapport semestriel du lauréat Dielliens, 843; réélu membre de la Commission spéciale des finances, 844. De Pauw (J.-B). — Lauréat du grand concours de composition musicale (2d prix), 248, 299. Deschamjis (Arsène). — Hommage d'ouvrage, 611. Dethier (Emile). — Lauréat du grand concours de composition musicale (mention honorable), 219, 299. Devaux (Jules). — Remercie au nom du Roi pour le toast porté à S. M. au banquet d'installation des Académies, 887. De Wille (Le baron J.). — Rapport sur un mémoire de M. Van Rastelaer concernant les enduits, engobes, etc., des poteries romaines, 241; hom- mage d'ouvrage, 816. Dielliens (Ern.). — M. le Ministre transmet une copie de son 14e rapport semestriel, 843. Dillens (Julien). — Lauréat du grand concours de sculpture, 238, 299. Donny (F.). — Commissaire: l°pour le mémoire de concours concernant les substances albuminoïdes, 119; rapport, 675; 2° pour un travail de M. Molteu, relatif à l'histoire du sucre (saccharose), 518; rapport, 519. Du Moulin (Le /Jr). — Hommage d'ouvrage, 455. Duprez (F.). — Commissaire pour l'examen des travaux suivants : 1" de M. Brachet, concernant un compteur électrique, 4; lecture de son rap- 900 TABLE DES Al'TEUilS. port, 518; 2° de M. Baraquin intitulé : Innovations industrielles, 317 ; 3° de M. Pion concernant le mouvement vertical de l'aérostat, 655. Dupuis (Sylvain). — Lauréat du grand concours de composition musicale (mention honorable), 249, 299. Duwaerts (Désiré). — Lauréat du grand concours de sculpture (mention honorable), 258, 299. E. Ericsson (John). — Hommage d'ouvrage, 316. Escary. — Lecture des rapports de MM. Folie, Catalan et De Tilly sur sa note concernant la fonction P ~ de Lamé, 127. Faider (Charles). — Commissaire pour un mémoire de M. P. De Cross concernant la procédure civile au XVIIe siècle, 402; lecture de son rap- port, 818; élu membre de la Commission administrative, 818; réélu membre de la Commission spéciale des finances, ibid. ■Falisse. — Hommage d'ouvrage, 1 18. Félis (Ed.). — Rapport sur le mémoire de concours concernant l'histoire de la lypographie musicale dans les Pays-Bas, 275. Flandre (Ma'\ le Comte de). — Fait exprimer ses regrets de ne pouvoir assister à la séance publique de la classe des beaux-arts, 262 ; assiste à la séance d'installation des Académies, 859. Folie (F.) — Commissaire pour l'examen des travaux suivants : 1° de M. Ghysens concernant les sous-normales polaires, etc., 4 ; lecture de son rapport, 127; 2° de M. Le Paige concernant: a. la géométrie supé- rieure, 119; rapport, 127; b, l'invariant quadralique simultané de deux formes binaires, 517; rapport, 319; 3° de M. Catalan sur la théorie des moindres carrés, 317 ; 4° de M. Lagrange concernant les mouvements astronomiques, 317; 5° de M. Boset concernant les courbes et surfaces focales, 456; 6° de M. Sautreaux-Felix concernant deux théorèmes de géométrie de l'espace, 850; rapport sur une note de M. Mansion concer- nant une équation de Jacobi, 126; lecture de son rapport sur la note de M. Escary concernant la fonction P y de Lamé, 127; rapport sur une note de M. Le Paige concernant l'extension des théories de l'involulion et de l'homographie 460; rectilication et suite à sa note sur 1 évolu- tion, 181,182; extension de la notion du rapport anharmonique. Défini- tion de ce rapport pour le ne ordre en général : son utilité dans l'étude des courbes et surfaces supérieures 409; dépose un pli cacheté, 516. — Voir: Chastes (Michel). TABLE DES AUTEURS. ï)07 Fraikin (Ch.). — Délégué au Congrès artistique d'Anvers, 2 19 ; lecture de son appréciation du 9'- rapport semestriel du lauréat Cuypers,259, 444, commissaire pour l'examen du 10L' rapport du même lauréat, 645; réélu membre de la Commission spéciale des finances, 84 i. Fraipont (Julien). — Présente des travaux concernant les Acinétiniens de la côte d'Ostende, 455 , 850; rapports de MM. P.-J. \an Beneden, F. Plateau et Van Bambeke, 09-2. 693,694; impression, 770. Franck (J.). — Commissaire pour l'examen du 5e rapport semestriel du lauréat Lauwers, 259; lecture de son rapport, 263; réélu membre de la Commission spéciale des finances, 844. Fredericq (Léon). — Rapports de MM. Melsens et Schwann sur la lrc par- tie de son travail concernant la coagulation du sang, 12, 16; impression de ce travail, 50; hommage d'ouvrage. 455. G. Gachard (P.). — Commissaire pour un travail de M. Paillard concernant Pierre Brully, etc., 402; lecture de son rapport, 818; hommage d'ou- vrage, 8M. Galesloot (L.). — Présente une notice sur des fouilles effectuées à Laeken près des restes d'une villa romaine, 610; rapports de MM. Wagener, Piol et Wauters, 819, 823, 824; impression, 853. Geefs (Georges). — Lauréat du grand concours de sculpture (mention ho- norable), 258, 299; lauréat du concours d'art appliqué de la classe des beaux-arts (sculpture), 298. Geefs (Guillaume). — Réélu membre de la Commission spéciale des finan- ces, 844. Geefs (Joseph). — Lecture de son appréciation du 9e rapport semestriel du lauréat Cuypers, 259, 444; commissaire pour le 10e rapport du même lauréat, 645. (ienurd(P.). — Hommage d'ouvrages, 249, 444. Gevaerl. — Rapport sur le mémoire de concours concernant l'histoire de la typographie musicale dans les Pays-Bas, 275. Ghysens (Emile). — Présente les travaux suivants concernant : 1° les sous- normales polaires et la courbure des surfaces, 4; lecture des rapports de MM. Catalan, De Tilly et Folie, 127; impression du travail, 220; 2° la détermination des volumes et des aires, 317; rapport de MM. Catalan et De Tilly, 456, 457 ; impression, 532. Gilkinet (Alf.). — Commissaire pour le mémoire de concours intitulé : Pro- drome d'une monographie des Laminariacées, 120; rapport, 681. Giovanni (Vincenzo di). — Hommage d'ouvrage, 241. 908 TABLE DES AUTEURS. Ghtge (Th.). — Commissaire pour les travaux suivants : lu de M. Leboucq concemani le cartilage embryonnaire chez les mammifères, 518; rap- port, 459; 2» de MM. Pulzeyset Romiée concernant l'action physiolo- gique de la gelsémiue, 435 ; 5° de MM. Delbœuf et Spring concernant le daltonisme, 43o; réélu membre de la Commission spéciale des finan- ces, C66. Goovaerls (Alp.). — Rapports de MM. le chev. L. de Rurbure, Gevaert et Fétis sur son mémoire de concours concernant l'histoire de la typogra- phie musicale dans les Pays-Bas, 272, 275; proclamé lauréat, 297. Gosselet (J.). — Hommage d'ouvrages, 515; calcaire devonien supérieur dans le N. E. de l'arrondissement d'Àvesnes, 398. Graindorge (J.). — Hommage d'ouvrage, 118. Greindl (Le baron). — Remercie pour la souscription de l'Académie :'t l'œuvre de la civilisation de l'Afrique, 2. Guillaume (Le baron G.). — Annonce de sa mort, 644, 815; discours pro- noncé à ses funérailles par M. Wauters, 827. Guilliaume (Jules). — La cloche Roland (traduction delà cantate couron- née), 506. H. Henry (Louis). — Hommage d'ouvrage, 455. Heremans (J.). — Commissaire pour un travail de M. Loise intitulé : La littérature allemande au XVIIe siècle sous l'influence de la guerre de Trente ans, 402; élu membre de la Commission de la Biographie natio- nale, 818. Houzé (A.). — Dépose un billet cacheté, 2. Houzeau (J.-C.) — Commissaire pour l'examen des travaux suivants : 1° de M. Lagrange, concernant les mouvements astronomiques, 517: 2& de M. Terby, concernant la planète Mars, 6o5 ; 5° de M. De Boë, con- cernant un photomètre stellaire, 850; étoiles fdanles d'août 1877 , 365. I. Institut canadien, à Toronto. — Demande d'échange de publications, 2. Institut des beaux-arts, à Caracas. — Annonce sa fondation , 444. Joris (François). — Lauréat du grand concours de sculpture (mention honorable), 258, 299. Juste (Th.). — Commissaire pour un travail de M. Paillard, concernant Pierre Brully, etc. , 402; lecture de son rapport, 818. 909 K. Kervyn de Lettenhove {Le baron). — Hommage d'ouvrages, 240, 611, 816; note bibliographique sur une brochure de M. Caffiaux , 827. Kôlliker {Albert). — Élu associé, 885. L. Lagrange (C). — Rapports de MM. Van der Mensbrugghe, Catalan et De Tilly sur son mémoire intitulé : De l'influence de la forme des corps sur l'attraction qu'ils exercent, 5, 10, 11; impression, 25; présente un tra- vail concernant les mouvements astronomiques, 517; hommage d'ou- vrage , 5 1 5. Lambert (Em.). — Présente un travail intitulé : Morphologie du système dentaire des singes, 517; lecture des rapports de MM. P.-J.VanBeneden et F. Plateau, 456. Lauwers. — Envoi de son 51' rapport semestriel, 249; appréciation de ce rapport, lecture par MM. Pinchart, Franck et Leclercq, 265. Leboucq (H.). — Présente un travail concernant le cartilage embryon- naire chez les mammifères, 518; rapport de MM. Éd. Van Beneden, Schwann et Gluge, 457,459; impression, 561. Leclercq (/.). — Commissaire pour l'examen du 5e rapport semestriel du lauréat Lauwers, 249; lecture de son appréciation, 265. Leclercq (M.-N.-J.). — Commissaire pour un travail de M. P. De Cross concernant la procédure civile au XVIIe siècle, 402; lecture de son rapport, 818. Lenormanl (/■>.). — Hommage d'ouvrage, 816. Le Paige {€.). — Présente les travaux suivants concernant : l°la géomé- trie supérieure, 119; rapport de MM. Folie et Catalan sur ce travail; 127, 128; impression, 251; 2" l'invariant quadratique simultané de deux formes binaires , 517 ; rapport de MM. Folie et Catalan, 519, 522; impression, 565; rapport des mêmes commissaires sur son travail con- cernant les théories de l'involution et de l'homographie, 460, 462; impression , 546; dépose un pli cacheté, 317. Le Verrier {Ulysse). — Annonce de sa mort, 314. Liagre (/.). — Fait une communication relative à la lre expédition de l'Afrique centrale , 258; proclame les résultats des concours du gouver- nement et de la classe des beaux-arts , 297; et de la classe des sciences, 883 ; commissaire pour l'examen des travaux suivants : 1° de M. Catalan 910 TABLE DES AUTEURS. concernant ia théorie des moindres carrés, 517 ; 2° de M. Terby, con- cernant la planète Mars, 655. Loise (F.). — Hommage d'ouvrage, 105; présente un travail intitulé : La littérature allemande au XVIIe siècle, sous l'influence de la guerre de Trente ans. -10:2. Lubavsky {Alexandre de). — Présente un travail concernant la statistique du droit civil, 402. Mac-Leod (Jules). — Hommage d'ouvrage, 455. Malaise (Consl.). — Commissaire pour une notice de M. L. de Kouinck sur la kaolinite de Quenast et du terrain houiller, 517; rapport, 689; communique un extrait d'une lettre de M. Pisani concernant l'apatite cristallisée, 709. Mansion (Paul). — Rapports de MM. Catalan, Folie et De Tilly sur sa note concernant une équation différentielle de Jacobi, 120, 126, 127; impression de cette note avec addition, 195, 212. Marchai (Edm.). — Hommage d'ouvrage, 258. Marion (A. -F.). — Voir Saporta (Le comte G. de). Masquelin (H.). — Présente un travail concernant le maxillaire inférieur de l'homme, 456; rapport de MM. Éd. Van Beneden et Van Bambeke, 459 ; impression , 589. Maus (Henri). — Réélu membre de la Commission spéciale des finances , 666: discours sur l'utilité pratique des sciences mathématiques, phy- siques et naturelles, 868. Melsens(L) — Rapport sur la lrc partie du travail de M. Fredericq con- cernant la coagulation du sang, 12; commissaire pour l'examen des travaux suivants : 1° mémoire de concours concernant les substances albuminoïdes, 119; rapport, 667; 2» de M. Baraquin intitulé: Innova- tions industrielles, 517, 5" de M. lîrachet concernant un vernis fluores- cent applicable sur verre, 51 7 ; lecture de son rapport, 456 ; 4° de M. de Kouinck sur la kaolinite de Quenast et du terrain houiller, 517; rap- port, 691 ; 5° de M. Motteu relatif à l'histoire du sucre (saccharose), 518; rapport, 51 9; 6° de M. Pion concernant le mouvement vertical de l'aérostat 655; hommage de son travail concernant les paratonnerres établis sur l'hôtel de ville de Bruxelles en 1865, 655, 817, 844; note sur ce volume, 662. Meynne. — Membre du jury du grand concours de composition musi- cale. 110. TABLE DES AT il. CHS. [)\ | Michaels (Clément). - Lauréat du concours des cantates, 109,299. Ministre de l'Instruction publique de France (M. le). - Hommage d'ou- vrages, 314. Ministre de Vlntérieur{M. le). — Hommages d'ouvrages , 2, 10*, 118, 240, 258, 514, 400, 414, 45 i, 816; d'une médaille , 249 ; demande que la classe des beaux-arls s'occupe d'un programme d'études à suivre par les lauréats du grand concours de gravure, 4*4 ; discours prononcé lors de l'installation des deux Académies, 860; toast porté aux deux Acadé- mies au banquet d'installation, 887; réponse à ce toast, par M. Sou- part, 800. Montigny (Charles). — Commissaire pour l'examen des travaux suivants : 1° de M. Brachet concernant : a, un compteur électrique , 4; lecture de son rapport. 5I8; 6, un vernis Quorescenl applicable sur verre, 317; lecture de son rapport, 456; 2» de M. Pion concernant le mouvement vert'cal de l'aérostat, 655; réélu membre de la Commission spéciale des finances, 666; variations d'intensité delà scintillation et changements de couleurs qui caractérisent ce phénomène , 694. Morren {Ed.) — Commissaire pour le mémoire de concours intitulé : Prodrome d'une monographie des Laminariacées, 1-20: rapport, 675; hommage d'ouvrage. 45-1 Motleu. — Présente un travail relatif à l'histoire du sucre (saccharose), 518; rapport de MM. Stas, Doiiny et Melsens, 518, 319; impression, 586. Mourlon (Michel). — Commissaire pour les notices de M. de Koninck (fils), concernant la kaolinite et l'apatite cristallisée, 317 , 655; rapporls, 691. N. Nolet de Brauwere van Steeland (7.). — Hommage d'ouvrage, 401 . Nyst{H.-P.). — Réélu membre de la Commission spéciale des finances, 666. O. Orsoni (François). — Hommage d'ouvrage, 249. Paillard (Charles). — Présente un travail concernant Pierre Brully, suc- cesseur de Calvin comme pasteur de l'église française de Strasbourg (1544-1545), 40-2; lecture des rapporls de MM. Gachard, Juste et Wau- ters, 818. 912 TABLE DtS ACTEURS. Parlatore (Philippe). - Annonce de sa mort, 513. Pauli (Ad.). — Membre de la Commission chargée de tout ce qui con- cerne les grands concours artistiques du Gouvernement, 110. Peigné-Delacourt. — Hommage d'ouvrages, 402. Petermann(A). — Hommage d'ouvrage, 455. Pinchart (A.). — Commissaire pour l'examen du 3e rapport semestriel du lauréat Lauwers,249 ; lecture de son appréciation , 263; sur l'histoire de la tapisserie de haute-lisse, à Arras, 250. Piot (Cli.). — Commissaire pour deux notices de MM. Galesloot et Crick concernant des fouilles effectuées à Laeken et à Assche, 010; rapport, 823. Pisani (F.). — Sur la découverte de l'apalite cristallisée à Salm-Chàleau, 709. Plateau {Félix). - Structure de l'appareil digestif et phénomènes de la digestion chez les Aranéides dipneumones, 129, 323, 477; phénomènes de la digestion chez les insectes, 710; commissaire pour les travaux suivants: 1° de M. Fraipont sur les Acinétiniens delà côte d'Ostende, 455,850; rapport, 693; 2° de MM. Delbœuf et Spring concernant le daltonisme, 455; 3° de M. Ern. Lambert, intitulé : Morphologie du système dentaire des singes, 317 ; lecture de son rapport 456. Pion (Cli). — Présente un travail sur le mouvement vertical de l'aéro- stat , 655. Porlaels(J.). — Délégué au congrès artistique d'Anvers, 249. Potvin (Charles). — Hommage d'ouvrages, 240, 402; note bibliogra- phique sur des ouvrages historiques de M. F. Brassart, 403. Putzeys (Félix) et Romiée (H.). — Présentent un travail concernant l'ac- tion physiologique de la gelsémine, 455. Quetelet (Ern.). — Commissaire pour une notice de M. Terby sur la pli nète Mars, 635. R. Revue nouvelle de l'architecture et des travaux publics de Paris. ■ Demande de renseignements biographiques, 239. Richardson (E.). — Hommage d'ouvrage, 105. Rivier (Alp.). — Commissaire pour un travail de M. P. De Cross concei TABLE DES AUTEURS. î) I 3 iiuni la procédure civile au XVII« siècle, 402; lecture de son rapport, 818; hommage d'ouvrage, 817. Roi (S. M. le). - Fait exprimer ses regrets de ne pouvoir assister à la séance publique de la classe des beaux-arts, 26-2; assiste à la séance d'installa- tion des Académies, 839; fait remercier pour le toast qui lui a été porté au banquet d'installation, 887. Romiée (H.) et Putzeys (Félix). — Présentent un travail concernant l'action physiologique de la gelsémine, .455. Rostafinski. — Rapports de MM. Morren, Crépin et Gilkinef sur son mémoire de concours intitulé : Prodrome d'une monographie des Lami- nariacées, 675, 680. 681, 850; proclamé lauréat, 883. Roulez (/.). — Rapport sur un mémoire de M. Van Bastelaer concernant les enduits, engobes, etc., des poteries romaines, 2-14; note relative à l'urne du musée du Louvre, qui porte : GEN'IO TVRNACES1V. 824. Sabbe (J.). — Lauréat du concours des cantates, 110, 229; de Klokke Roeland (cantate couronnée), 300; hommage d'ouvrage, 444. Saltel (L.). - Voir Chasles [Michel). Sang (Edouard). — Hommage d'ouvrage, 516. Saporta (Le comte G. de). — Élu associé, 885. Saporta (Le comte G. de) et Marion (A.-F.). — Remercient pour la déci- sion d'impression de leur mémoire concernant la flore heersienne de Gelinden, 5. Saripolos (Edouard). — Hommage d'ouvrages, 402; note bibliographique sur ces volumes par M. Tbonissen, 404. Sautr eaux-Félix. — Présente une note concernant deux théorèmes de géométrie de l'espace, 850. Sellon (La comtesse Valentine de). — Hommage d'ouvrage, 240. Scheler (Auy.). — Hommage d'ouvrages, 401 ; commissaire pour un tra- vail de M. Loise, intitulé : La littérature allemande au X VIL siècle, sous l'influence de la guerre de Trente ans, 402. Schlagintweit (H.iwi). — Hommage d'ouvrage, 118. Sclnvann (Th.). — Rapport sur la lrc partie du travail de M. Fredericq , concernant la coagulation du sang, 16; commissaire pour l'examen des travaux suivants : 1° de M. Leboucq concernant le cartilage embryon- naire chez les mammifères, 518; rapport, 459; 2" de MM. Putzeys et Romiée concernant l'action physiologique de la gelsémine, 455; 3° de MM, Delbœuf et Spring concernant le daltonisme, 455. 914 TABLE DES AUTEUKS. Simar Julien). — Lauréat du grand concours de composition musicale (2 Commissions : Chargée de discuter toutes les questions relatives aux lauréats des GRANDS concours. M. Pauli, élu membre, 110. — ROYALE d'histoire. Envoie pour la bibliothèque de l'Académie les derniers ouvrages qu'elle a reçus, 241 ; publication du tome IV de la chronique de Jean Des Preis dit d'Outremeuse, 611. — Spéciales dis finances. Réé- lection des membres dans les trois classes, 66G, 818, 844. — Adminis- trative M. Faider, élu membre , 818. — De la biographie nationale. M. J. Heremans, élu membre, 818. Concours de la classe des beaux-arts. — Rapports de MM. Alvin, Siret et Slingeneyer sur le mémoire concernant les inlluences subies par P. -P. Rubens et Ant. Van Dyek pendant leur séjour en Italie, 263, 270, '271; rapports de MM. le ebev. L. de Burbure, Gevaert et Fétis sur le mémoire concernant l'histoire delà typographie musicale dans les Pays- Bas, 272, 275; appréciation des sections de peinture et de sculpture sui- tes sujets d'art appliqué, 280, 281 ; proclamation des résultats du con- cours, 297; programme pour 1879, 844. Concours de la classe des lettres. — Programme pour 1879, 105. Concours de la classe des sciences. - Mémoires reçus et nomination des commissaires, 4, 119; rapports de MM. Melsens, Stas et Donny sur le mémoire concernant les substances albuminoïdes, G67, 674,675; rap- ports de MM. Morren , Crépin et Gilkinet sur le mémoire intitulé : Prodrome d'une monographie de Laminariacées , 675 , 680, 681, 850; proclamation des résultats, par M. J. Liagre, 885. Concours des cantates. — Lauréats en 1877, 109, 299; impression des cantates couronnées, 300, 306; de klokke Roelaud, cantate couronnée, par M. .1. Sabbe, avec traduction par M. J. Guilliaume, 300,506. Concours (grands). Prix de Rome: Composition musicale. M. Meynne nommé membre du jury, 1 10; lauréats en 1877, 248, 298. — Gravure. Projet d'un programme d'études pour les lauréats, 444; réception du 3e rapport semestriel du lauréat Lauwers, 249; appréciation de ce rapport, lecture par M M Franck et Leclercq, 263. — Sculpture. Lauréats en 1877, 238,299; appréciation du 9e rapport semestriel du lauréat J. Cuypers, lecture par MM. J. Geefs et Fraikin, 259, 444; réception du 10e rapport semestriel du même lauréat, 645. —Architecture. Récep- tion du 14e rapport semestriel du lauréat Dieltiens, 843. Concours quinquennaux. — Sciences naturelles. M. Fd Van Beneden, lauréat, 118, -315,884.— Littérature française. Formation du jury de la 6e période, 610. — Voir Prix. 920 TABLIi UES MATIERES. Discours. — Discours prononcés : 1° lors de L'inauguration du busle de Rubens, à Anvers, par M. Alvin , 259; 2° à la séance publique de la classe des beaux-arts, par le même, 281, 285; 3° à l'inauguration du Palais des Académies : a, par M. le Ministre de l'Intérieur, 860; b, par M. Alvin, 862; c, par M. Souparl, 865; cl, par M. Mans, 868; 4° au ban- quet d'installalion des Académies : a, toast au Roi, par M. Alvin, 886; b, remercîments de S. M., 887; c, toast aux deux Académies, par M. le Ministre de l'Intérieur, 887; d, toast à MM. le Ministre de l'Intérieur et des Travaux publics, par M. Soupart, 890; discours prononcé aux t'uné- railles de M. le baron Guillaume, par M. Waulers, 827. [)uns _ Ouvrages par MM. : le Ministre de l'Intérieur, 2, 101, 118, 240, 258, 514, 400, 444, 454, 816; P.-J. Van Beneden , -3; Capellini ,5, 516 : Cornet, 5, 655; Loise, Richardson, 103; le rajah Sourindro Mohun Ta- gore, 110; Graindorge, Falisse, Schlaginweit-Sakunlunski, Cogniaux, 1 1 8 ; Warlomont ,119; comtesse de Sellon , 240 ; Pot vin , 240, 402; Gio- vanni,241 ; Orsom',249 ; Génard, 249,444; Marchai, 258; Adan, Ministre de l'Instruction publique de France, 514; Berliner, Bessels , Gosseltt, Lagrange, 515; Capellini, Antoine, Ericsson, Sang, 516; J. Noie t de Lirauwère Van Steeland, Wagener, Scheler, 401 ; S. Bormans, 401, 611; Brassait, Peigné-Delacourt, Saripolos, 402; J. Sabbe, 444; de Koninck, Morren, 454; Henry, Petermann, Cocheteux , Bouvet, Du Moulin, Fre- dericq, Mac-Leod,453; Kervyn de Lettenhove, 240, 01 1 , 816; Gachard, Vandenpeereboom , Chalon, Carrara, Deschamps, 611; Melsens,655, S17, 814; Crépin, Biïart, 655; Cafïiaux , baron de Witte, Lenormant, Van Bemmel,816; Rivier, Bastin, 817. — Médailles par M. le Ministre de l'Intérieur, 249; par l'Université d'Upsal , 634. Élections et nominations. — Réélection des membres des Commissions spéciales des finances. Classe : des sciences, 666; des lettres, 818; des beaux-arts, 844; M. Pauli, élu membre de la Commission chargée de tout ce qui concerne les grands concours artistiques du Gouvernement; 110; M. Faider élu membre de la Commission administrative, 818; M. Heremansélu membre de la Commission de la Biographie nationale, ibid.; résultat des élections dans la classe des sciences, 884. TABLE DES AUTEURS. 9"JI Géologie. — Sur le calcaire devonien supérieur dans le N E. de l'arron disseiiieni d'Avesnes; lettre de M. J. Gosselet, 398. Voir Minéralogie. Gravure. — Communication de M. Alvin sur les gravures à exposer ; Anvers, lors du 3e centenaire de Ruheus. 111. Voir Concours (prix de Home). 11. Histoire — M. Paillard présente un travail concernant Pierre Brully, successeur de Calvin comme pasteur de l'église française de Strasbourg. 402; lecture des rapports de MM. Gachard . Juste et Wauters, 818; la compétence du Sénat de la république romaine en matière d'affaires étrangères, par M. P. Willems, 613. Voir Bibliographie. (Notes de MM. Potvin el baron Kervyn de Letlen- bove.) Histoire littéraire. — M. Loise présente un travail intitulé : La littérature allemande au XVIIe siècle, etc., 402. Histologie. — M. Leboucq présente un travail sur l'évolution du cartilage embryonnaire chez les mammifères, 518; rapport de MM. Ed. Van Beneden , Schwann et Gluge, 457, 459; impression, 561 ; M le Dr Lam- bert présente un travail intitule: Morphologie du système dentaire des singes, 317; lecture des rapports de MM. Van Beneden el de M. F. Pla- teau, 456; développement embryonnaire des Téléostéens, par M. Ed. Van Beneden, 462, 742; contribution à l'étude du développement em- bronnyaire des poissons osseux , lecture par M. Ed. Van Reneden , 462, Jurisprudence. - M. P. De Cross adresse un mémoire intitulé: Etude juri- dique sur la procédure civile au XVII'' siècle, etc., 402; lecture des rapports de MM. Bivier, Faider el Leclerq,818; M. Lubavsky présente un travail concernant la statistique du droit civil, 402; études sur l'his- toire du droit criminel de la France, par M. J.-J. Thonissen, 406 Voir Bibliographie. (Notes de M. Thouissen .) 922 TABLE DES MATIÈRES. Mathématiques pures et appliquées. — r.jpporls de MM. Van der Mens- brugghe, Catalan et De Tilly sur un travail de M. Lagrange intitulé : De l'influence de la forme des corps sur l'attraction qu'ils exercent, 5, 10, 11; impression du travail, 23; M. Lagrange présente un travail concer- nant les mouvements astronomiques, 517; M. Le Paige présente les tra- vaux suivants concernant : 1° quelques points de géométrie supérieure, 119; rapport de MM. Folie et Catalan, 127, 128; impression, 251 ; 2° l'in- variant quadratique simultané de deux formes binaires, 317; rapport de MM. Folie et Catalan, 319, 322; impression , 565 ; rapport des mêmes commissaires sur un travail du même auteur concernant les théories de l'involulion et de l'homographie, 460, 462; impression, 546; rap- ports de MM. Catalan, Folie et De Tilly sur une note de M. Mansion concernant une équation différentielle de Jacobi, 120, 126, 127; impression de cette note avec addition, 195, 212; lecture des rap- ports des mêmes commissaires : sur une note de M. Escary concer- nant la fonction P -^- de Lamé, 127; M. Ghysens présente les travaux suivants : 1° concernant les sous-normales polaires et la courbure des surfaces, 4; lecture des rapports de MM. Catalan, De Tilly et Folie, 127; impression du travail, 220; 2° la détermination des vo- lumes et des aires, 317 ; rapport de MM. Catalan et de Tilly, 456, 457 ; impression , 532; théorème d'algèbre, par M. Catalan , 194; M Catalan présente une note concernant la théorie des moindres carrés, 517; un nouveau principe de probabilités, par M. E. Catalan, 465; M. Boset présente un travail concernant les courbes et surlaces focales, 456 ; rectification à ma note sur I'Évohjtio.\ et suite à cette note , par M. Folie, 181, 182; extension de la notion du rapport anharmonique. Définition de ce rapport pour le ne ordre en général : son utilité dans l'étude des courbes et surfaces supérieures par M. Folie, 469; lettre de M. Chasles relative à une communication de M. Saltel sur la théorie des deux caractéristiques. 656; observations de MM. Folie, Catalan et Chasles relatives à la lettre précitée , 660, 661, 662, 849; M. Sautreaux- Félix présente une note concernant deux théorèmes de géométrie de l'espace , 850. Météorologie et physique de ç/lobe. — M. E. Bessels communique, par cir- culaire, le résultat de ses recherches sur la pression atmosphérique, 315; observations des étoiles fdantes du mois d'août 1877 : communi- cation de M. J. Houzeau, 565. TABLE DKS MATIÈRES. i>23 Minéralogie. — M.de Koninck(ûls) présente deux notices concernant : l'une, la kaolinite de Quenasl, el l'autre, l'apatite cristallisée, 317, 655; rap- ports de MM. Malaise, Mourlon, Melsens et Cornet, 689, 690, 691 ; impression 735, 740; découverte de l'apatite cristallisée à Salm-Chà- teau , extrait d'une lettre de M. Pisani à M. Malaise, 709. Musique.- Rapports de MM. le chev. L. de Burbure, Gevaerl et Félis sur le mémoire de concours concernant l'histoire de la typographie musi- cale dans les Pavs-Bas , 272, 275. Nécrologie. — Annonce de la mort de M. Parlatore, 513; de M. Le Ver- rier, 51 i 5 de M. Thiers, 400, 813; de M. J.-F.-A. Bovy, 443; de M. le baron Guillaume, 644, 813. Nulices biographiques pour V Annuaire. — Lecture par M. Slecher de sa notice sur feu Grandgagnage, 403; M. Wauters accepte de rédiger pour l'Annuaire la notice biographique de M. le baron G. Guillaume, 816. O. Ouvrages présentés. — Juillet, 111 ; août, 230, septembre-octobre, 443; novembre, 645 ; décembre, 893. P. Peinture. — Communication de MM. Alvin et De Keyser relative à un tableau de Hubcns, 1 1 1 ; rapports de MM. Alvin, SiretelSlingeneyer sur le mémoire de concours concernant les influences subies parP.P.Bubens et A. Van Dyck pendant leur séjour en Italie, 263, 270, 271. Physiologie. — Rapports de MM. Melsens et Schwann sur un travail de M. Fredericq concernant la coagulation du sang, 12, 16; impression de la \r< partie de ce travail, 56; MM. Putzeys el Romiée présentent un travail concernant l'action physiologique de la gelsémine, 435. Physique. — M. A. Brachet présente les travaux suivants concernant : i" un compteur électrique, 4; lecture du rapport de MM. Montigny et Duprez, 318; 2° le pouvoir pénétrant des objectifs à immersion, 653; sur un effet singulier du courant électrique, par M. Valérius, 102; M. Baraquin présente un travail intitulé: Innovations industrielles, 517; MM. J. Delbœuf etW. Spring présentent un travail concernant le dalto- nisme, 455; mouvement des bulles d'air dans les niveaux et des bulles vaporeuses dans les enclaves liquides des minéraux, par M. G. Van der !)24 TABLE DES MATIÈRES. Mensbrugglie, 556; M. Pion présente un travail concernant le mouve- ment vertical de l'aérostat ,655; note de M.Melsens relative à son travail concernant les paratonnerres établis sur l'Hôtel de Ville de Bruxelles, en 1865,662. Poésie. — De klokke Roeland (La cloche Roland), cantate couronnée, par M. J. Sabbe, avec traduction par M. J. Guilliaume, 500. 506. Prix de Home. — Demande, par M. le Ministre de l'Intérieur, d'un pro- gramme pour les lauréals des concours de gravure, 444. Prix Guinard. — Arrêté royal ouvrant le 2e concours, 259 ; formation du jury, 5 14, 405, réception des mémoires et des communications, 401. Prix Teirlinck. — Question pour la lre période du concours, 108. Publications académiques. — Demande d'échange de publications, 2, 849. II. Rapports. — Rapports sur les travaux suivants concernant : l'influence de la forme des corps sur l'attraction qu'ils exercent (M. Lagrange), 5, 10, 11 ; la coagulation du sang (M. Fredericq), 12, 16 ; une équation de Jacobi (M. Mansion), 129, 126, 127; quelques points de géométrie supé- rieure (M. C. le Paige), 127, 128; l'invariant quadratique simultané de deux formes binaires (M. Le Paige), 519, 522; l'extension des théories de l'involulion et de l'homographie (M. Le Paige), 460, 462; les enduit-, engobes, etc., des poteries romaines (M. Van Bastelaer), 241 , 244; le 9f rapport semestriel du lauréat Guypers, 259; le 5e rapport semestriel du lauréat Lauwers, 265; les mémoires de concours sur : 1° les influen- ces subies par P. P. Rubens et A. Van Dyck pendant leur séjour en Ita- lie, 265, 270, 271; 2° l'histoire de la typographie musicale dans les Pays-Ras, etc., 272,275; 5° les substances albuminoïdes, 667, 674, G75; 4° une monographie des Laminariacées, 675, 680, 681, 850; un comp- teur électrique (M. Brachet), 518; un vernis au collodion (M. Rrachet). 456; l'histoire du sucre (M. Motleu) 518; le système dentaire des singes (M. Lambert), 456 ; la détermination des volumes et des aires (M. Ghy- sens),456, 457; le cartilage embryonnaire chez les mammifères (M. Le- boucq),457, 459; le développement du maxillaire inférieur de l'homme (M. Masquelin), 459; la kaolinile de Queuast et l'apatite cristallisée (M.deKoninck),689,691;lesAcinéliniensdelacôte d'Ostende (M. Frai- pont), 692, 695; Pierre Rrully (M. Paillard), 818; l'Ancien droit belgique XVII' siècle (M. De Cross), 819; fouilles effectuées à Laeken et à Assche (MM. Galesloot et Crick), 819, 825, 824, TABLE DES MATIÈRES. 925 Sculpture. — Voir Concours i prix de Rome) Statistique. — Voir Législation. Z. Zoologie — Structure de l'appareil digestif et phénomènes de la digestion chez lesaranéides dipneumoneSj par M. F. Plateau, 129,320,477; note additionnelle au mémoire sur les phénomènes de la digestion chez les insectes, par le même, 710 ; M. Masquelin présente un travail concernant le développement du maxillaire intérieur de l'homme, -io6; rapport de MM. Éd. Van Beneden et Van Baniheko, 159: impression, 589; M. Frai- pont présente des travaux concernant les Acinétiniens de la côte d'Ostende, 455,- 850; rapports de MM. P.-J. Van Beneden, F. Plateau et Van Bambeke , 692, 693, 694; impression, 770; note sur un cachalot nain du crag d'Anvers, par M. P. ,1. Van Beneden, 831. - Voir Histo- logie. TABLE DES PLANCHES. Page 178. Appareil digestif des aranéides dipneumones. — 353. id. id. 531, jd. id. (observations et expériences sur la digestion). — 588. Cartilage embryonnaire chez les mammifères. — 739. Kaolinite (Pholëriti:) de Quenast et du terrain houiller. — 760. Développement embryonnaire des Téléostéens. — 81i. Acinétiniens de la côte d'Ostende (Ophryodendkon belgicum). — i