0 ‘ CA Le o: a LQ , % . à L + + Le: * U LA 4 4 u ‘ v L » L2 s. Vat 4 h A, RTE a, i L . ( v + { N : l | sb: » Lu, v Ju pa eTan NUE es Le J 1: : | : + : UR ri ét où hyen % : : % | | NI LR LL LIT . î ‘ | is + CL PAL - hi CELL 1 Ü i # + « . Ûl { 2 À Res L . | ‘ | ML ue: CORE L : i : LU d | 0 î | à ” L 4 ‘ s rs : ' ‘ \ È k MAROC + | 1 r + , | a LE . 3 ' ‘ ‘ “ °s n : h fi \F #: k lie | LE | : 0 | - , ! + \if- ee ; . + s * . “ à +, “ à s > » k L . Le , - + s * . + h : l . + + : + : < n , à tt. + DE] n . * Lu . ‘ * ‘ | ‘ _ *L au U . ls ... | L : UNE pu k Prési | | sr. : : 8 , iin sh tede . , ‘ : CAPE ii EU le s « . À ' * . . * « ‘ ” . n " L : … L . + Q + F. t A m à a. . D 0 : “h L ' e ‘ + “ °. .. A AC . : ‘ . no 'w” F LUS 11 | 0 APE [ AV ATU 2 NTI #” AS ce bi. D” tre BULLETINS DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. EME 06e tee = _ = TE y >= € ‘Lio «it , Fe nn BULLETINS à © DE | rh L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. YINGT-HUITIÈME ANNÉE. 9me SÉRIE, TOME VII. SONTAN THSTI BRUXELLES. M. HAYEZ, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. 1859. CL W [/ 7 20508. NOV 15 1:32 X 1 1! # f 4 ÿ fs À en 2 fu NU fe 1077 Ÿ STATION AL MUSÉE (OR | Fe nr soi “AE æ . ByT Transfer è DU Aÿeather Bureat | ü BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1859. — No 5. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 6 mai 1859. M. Van BENEDEN, vice-directeur. M. Ad. QuerTecer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d’'Omalius d'Halloy, Sauveur, Tim- mermans, Wesmael, Maertens, Cantraine, De Koninck, À. De Vaux, Gluge, Nyst, Schaar, Liagre, Duprez, Bras- seur, Poelman, membres; Spring, Lacordaire, Lamarle, associés; E. Quetelet, Gloesener, correspondants. M. Ed. Fétis, membre de la classe des beaux-arts, assiste à la séance. 2° SÉRIE, TOME VI. 1 (2) CORRESPONDANCE. M. Paul Gervais, doyen de la faculté des sciences de Montpellier, donne connaissance de la mort de M. Joseph Diez Gergonne, né à Nancy le 19 juin 1771, et décédé à Montpellier le 4 avril 1859. M. Gergonne faisait partie de l’Académie depuis le 8 mai 1824. — La Société royale des sciences de Prague fait hom- mage de ses dernières publications. — M. le secrétaire perpétuel présente les résultats des observations de la végétation qu’il a faites à Bruxelles, le 21 avril dernier, en même temps que celles recueillies à la même époque, à Liége et à Stavelot, par M. G. Dewalque, et à Melle, près de Gand, par M. Bernardin. Il dépose en même temps les observations météorologiques de l’année 1858, faites à Arlon, par M. Loppens, et à Bastogne, par M. le professeur F.-F, Germain. — M. Murchison, associé de l’Académie, fait hommage de la nouvelle édition de son ouvrage intitulé Siluria. — Remerciments. — M. Ch.-V. Zenger, professeur au collége de Neusohl, en Hongrie, fait parvenir deux mémoires manuserits : 4° Recherches sur l'action des forces moléculaires des éléments chimiques (commissaires : MM. Dewalque, De Koninck et Gloesener) ; 2° Recherches sur la vitesse de la lumière et sur la dépendance de l’action des forces moléculaires. (Commis- saires : MM. Duprez, Liagre et Gloesener.) | (5) — M. Florimond, professeur de physique à Louvain, présente une notice manuscrile sur les aimants en fer de fonte trempé et sur la fragilité des fils de laiton exposés à l'air sous l'influence de certaines variations de température. (Commissaires : MM. Gloesener et Ernest Quetelet.) — M. Montigny dépose un billet cacheté. RAPPORTS. Notes sur quelques plantes rares ou critiques de la Belgique ; par M. François Crepin, de Rochefort. Bapport de M. Spring. « Le manuscrit que M. Crepin a présenté à l’Académie est consacré à des observations diagnostiques et géographi- ques relatives à des espèces végétales qui ne sont pas encore définitivement enregistrées dans la flore de la Belgique. Je ne me reconnais pas de compétence pour discuter en détail la valeur de ces observations; mais, je n’hésite pas à déclarer qu’elles m'ont paru consciencieuses et qu'elles dénotent, de la part de l’auteur, un zèle très- louable à faire valoir les curiosités botaniques des Arden- nes, joint à une connaissance suffisante de la végétation des contrées voisines. | | L'Académie à encouragé, en toute occasion, les tra- vaux relatifs à la flore du pays, et je ne doute pas qu’elle ne veuille le faire encore, en ordonnant l'impression de ces notes dans le Bulletin de ses séances. » (4) Rapport de M. Hickx. « Le travail de M. Crepin est un premier pas de fait dans la voie où nous voudrions voir entrer nos bota- nistes. La flore belge, ainsi que nous l'avons déjà fait observer ailleurs, a besoin d’être soumise à une révision critique. Nous nous rallions complétement à l’apprécia- tion de notre honorable confrère, M. Spring, et aux con- clusions qu'il a présentées. » Happort de M. Martens. « J'accepte volontiers les conclusions de mes honora- bles collègues, MM. Kickx et Spring; mais je pense que M. Crepin a peut-être trop multiplié les variétés de cer- taines espèces végétales en les basant souvent sur des caractères trop peu importants, tels que ceux qui se rap- portent à de légères modilications dans la forme du fruit, comme nous les offre, entre autres, la Capsella bursa pas- toris. » Conformément au jugement de ses commissaires, la classe a ordonné l’impression, dans son Bulletin, du tra- vail qui lui était soumis. Sixième notice sur quelques cryptogames ; par M. Wes- tendorp, médecin de bataillon. Rapport de M. Kéickæx. « La notice de M. Westendorp est un complément de (9) celles qu’il a déjà présentées dans le but de combler succes- sivement les lacunes qui existent encore dans la connais- sance de nos cryptogames indigènes. Quatre-vingt-cinq espèces, dont vingt-trois paraissent inédites , figurent dans ce travail. Nous mentionnerons, entre autres, le Claviceps purpu- rea, qui a fait, comme l’on sait, de la part de M. Tulasne, l'objet d’une intéressante étude. L'auteur de la notice a obtenu cette espèce en semant l’ergot; mais de l’un des semis naquit exclusivement le Claviceps, tandis que l’autre ne produisit que le Coprinus papillatus. Nous négligeons le Trichothecium domesticum et l’'Aspergillus glaucus, qui envahirent, dans cette seconde expérience , quelques-uns des ergots restés à découvert, parce que ces byssoïdées se seraient évidemment montrées sur tout autre corps d’ori- gine organique placé dans les mêmes conditions d’humi- dité et de température. Abstraction faite du Trichothecium et de l’Aspergillus, M. Westendorp a donc obtenu de ses semailles des résul- tats différents , quoiqu'il eût opéré chaque fois de la même manière et avec la même sorte de terreau. Il se demande si peut-être le mycélium selérotique ou l'ergot produit, selon les circonstances, tantôt le Claviceps, tantôt le Coprinus, etil fait remarquer que la solution affirmative de cette ques- tion modifierait les conclusions auxquelles M. Tulasne est arrivé de son côté. Nous ne savons ce que l’avenir prouvera à cet égard ; mais nous sommes disposé à croire que l'apparition du Coprinus papillatus n’était ici qu'accidentelle. Les spores de cette Agaricée pouvaient se trouver dans le terreau, el en supposant même que le terreau employé dans les deux expériences eût été pris d’un même tas, lune partie peut (6) avoir contenu des spores de Coprinus, sans qu'il y en eût dans l’autre. Il serait même possible qu'il y eût eu adhé- rence, par suite du développement du mycélium byssoïde du Coprinus sur l’ergot, sans que pour cela celui-ei ait réellement donné naissance à l’autre. Quoi qu'il en soit, l’examen de la notice prouve que l’auteur s’est familiarisé de longue main avec cette mer- veilleuse création cryptogamique, qui semble pulluler d’au- tant plus abondamment autour de nous, que nous l’étu- dions davantage et à l’'envahissement de laquelle l’homme ne saurait même se soutraire, comme nous l’ont révélé les recherches de M. Robin. Nous ferons cependant une remarque au sujet des espèces nouvelles que l’on intro- duit sans cesse dans les genres où précisément la notion de l'espèce est le moins saisissable. C’est, à nos yeux, un tort trop répandu de croire qu'il suffit de donner les caractères d’une plante supposée inédite : en la déeri- vant avec tout le soin possible et avec les détails les plus minutieux, l’on n’a pas fait tout ce qu'exige l'intérêt bien entendu de la science : il faut aussi indiquer exac- tement les affinités de la nouvelle espèce avec celles qui sont connues; et la nécessité d'en agir ainsi devient surtout urgente lorsqu'il s’agit de genres étendus, tel entre autres que le genre Sphæria, qui renferme encore aujourd'hui près de 500 espèces presque toutes micros- copiques. De pareilles indications sont, en effet, le con- trôle de la validité de l'espèce que l’on propose; elles prouvent, en outre, qu'avant de la décrire comme nou- velle, l’auteur a eu soin de la comparer à celles de ses congénères avec lesquelles elle avait été jusqu'alors con- fondue. Cette observation ne doit, du reste , pas nous empêcher (#9 de rendre justice au travail de M. Westendorp. Nous avons l'honneur de proposer à la classe l'impression de la notice et de la planche qui l'accompagne dans le Bulletin de la séance de ce Jour. » Ces conclusions, auxquelles adhère M. Martens, second commissaire, sont adoptées par la classe, et le mémoire de M. Westendorp sera imprimé dans le Bulletin de l’Aca- démie. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Théorie géométrique des centres et axes instantanés de rota- tion; par M. Lamarle, associé de l’Académie. (Suite.) APPLICATIONS. D'UNE DROITE QUI SE MEUT DUNE MANIÈRE QUELCONQUE. Détermination directe de l'axe instantané principal. 52. Soit mA une droite mobile; m un point de cette droite; mn la vitesse de ce point. L'état de mouvement de la droite mA peut être considéré comme se compo- sant : 1° D'une translation qui s'emprunte au point m et qui réalise, pour ce point, sa vitesse actuelle; | 2% D'une rotation autour d’un axe mo passant par le point m. (8) Menons par le point m un plan P, perpendiculaire à la vitesse mn, et décomposons la rotation mo en deux rota- tions simultanées, l’une autour de la droite mA, l’autre autour de l'intersection du plan P avec le plan omA. En ce qui concerne la droite mA et les vitesses actuelles de ses différents points, on peut évidemment faire abstrac- tion de la rotation composante dont l’axe est dirigé sui- vant cette droite. Il ne reste donc à considérer que la rota- tion composante autour d’un axe situé dans le plan P et la translation mn. Or cette translation équivaut à un couple de rotation situé dans le plan P. On voit d’ailleurs aisé- ment que ce couple et la rotation à considérer se com- posent en une rotation simple autour d'un axe situé dans le plan P. On déduit de là, comme conséquences générales, les conclusions suivantes : 1° L'état de mouvement d'une droite quelconque D se réduit, en général, à une rotation simple autour d'une autre droite D’. 2 La droite D' est située à la fois dans tous les plans menés par les différents points de la droite D perpendiculai- rement aux vitesses de ces points. 5° La droite D’ est complétement déterminée par l’inter- section de deux quelconques de ces plans. Un seul cas échappe à cette solution, celui où les vi- tesses des différents points de la droite D sont perpendi- culaires à sa direction : c'est le cas traité précédemment n° 55. La droite D’ est celle que nous avons nommée axe in- stantané principal. (Voir n° 15). On peut aussi la caracté- riser en lui donnant le nom d'axe instantané non glissant. (9) M. Chasles la désigne sous la dénomination de droite con- juguée. Voici pourquoi. Si la droite D fait partie d’un solide, la droite D’, considérée comme faisant partie de ce même solide, ne peut avoir d'autre mouvement que celui qui se compose du mouvement de la droite D et d’une rotation autour de cette même droite. Or, puisque le mouvement de la droite D se réduit à une rotation simple autour de la droite D’, il s'ensuit que ce mouvement est sans effet sur la droite D’, et, conséquemment, que l’état de mouvement de la droite D’ se réduit à une rotation simple autour de la droite D. Cest à raison de la réciprocité qui s'établit ainsi entre les droites D, D’, chacune étant l'axe instantané principal correspondant à l’autre, que M. Chasles leur af- fecte la désignation commune de droites conjuguées. Nous reviendrons plus loin sur cette considération. DES AXES INSTANTANÉS GLISSANTS. 53. Soit D une droite mobile; oA la position actuelle de cette droite; D’ l'axe in- stantané non glissant qui correspond à la posilion oA. Les vitesses des diffé- rents points de la droite D sont les mêmes que si cette droite tournait autour de l’axe D’, avec une certaine vitesse angulaire, conve- nablement déterminée. Il en résulte que parmi ces points, celui qui est silué sur la plus courte distance des droites D, D’ se distingue des autres en ce que sa ( 10 ) vitesse est la moindre en grandeur (). Soit o ce point, nommé point central; oa sa vitesse; Q le plan qui contient à la fois cette vitesse et la droite oA. La droite D' est parallèle au plan Q. La plus courte distance des droites D, D’ se projette en o sur le plan Q. Par le point o concevons une droite parallèle à D’ et autour de cette droite deux rotations contraires, égales à la rotation de la droite D autour de la droite D’, Ces deux rotations, qui s’entre-détruisent peuvent se composer avec la rotation donnée sans modifier en rien l’état de mouve- ment de la droite D. Il s'ensuit que cet état de mouvement peut être considéré comme résultant : 1° D'un couple de rotation équivalent à une transla- ion, rendue commune à tous les points de la droite D et représentée par 04; 2° De la rotation donnée, cette rotation étant transportée autour d'un axe, mené par le point central o, parallèlement à D’, ou, ce qui revient au même, perpendiculairement à la vitesse oa. | Cela posé, si l’on observe que la rotation, transportée en o autour d'un axe parallèle à D’, est décomposable en deux rotations simultanées , l’une autour de la droite D et dont il est permis de faire abstraction, l'autre autour de la droite oa’ située dans le plan Q et perpendiculaire à 0A, l'on peut conclure immédiatement que l'état de mouvement (*) Lorsqu'on transporte, en un même point, les vitesses des différents points d’une droite, le point central se distingue des autres, non-seulement en ce que sa vitesse est la plus petite , mais aussi, parce que les vitesses de deux points quelconques équidistants du point central sont égales en grandeur et dirigées symétriquement par rapport à celle du point central. Celle-ci d’ailleurs est perpendiculaire à la droite sur laquelle sont situées les extrémités de toutes les autres. (11) de la droite D se résout en une translation représentée par oa et en une rotation représentée par ob sur la droite oa'. Sur la droite oa, prise pour diamètre, construisons une circonférence de cercle ohaf et par le point b élevons sur oa! une perpendiculaire BbB. On ne change point l’état de mouvement de la droite D en composant sa rolalion ob avec une rotation quelconque autour de oA. La conséquence est que, sans altérer en rien cet état de mouvement, on peut substituer à la rota- tion ob une rotation quelconque oi, représentée par une droite partant du point o et aboutissant à la droite BbB. Transportons la rotation oi parallèlement à elle-même, en faisant glisser le point o de o en n sur la plus courte dis- tance des droites D, D’ et en avant du plan Q. Pour que cette rotation produise, après ce transport, le même effet que dans sa position première, il faut qu’elle se compose avec une translation dirigée perpendiculairement au plan noi, Ou, ce qui revient au même, parallèlement à la corde am menée du point a au point m, où la droite où vient cou- per la circonférence ohaf. Supposons que cette translation, dirigée de a vers m , soit précisément égale à la corde am. Il s'ensuit que, se composant avec la vitesse oa, elle donne pour résultante une translation totale représentée par om. Concluons que l’état de mouvement de la droite D peut étre considéré comme résultant d'une rotation autour d'un axe parallèle à o1 et d'un glissement simultané le long de ce méme axe. Concluons, en outre, que celle rotation et ce glissement sont représentés en direction, sens et grandeur, l'une par 01, l'autre par om. L’axe dont il s’agit prend le nom d’axe instantané glis- sant. Pour en fixer la position, il suffit de déterminer la (12) distance on. Or, par hypothèse , am est la translation due au transport en n de la rotation oi. On doit donc avoir (4). SUR ES Ron = nm De là résulte am + RE NL it où : Par les points m et a menons deux droites respective- ment parallèles, l’une, me, à oa', l'autre, ae, à oA. Les triangles rectangles ame , iob sont semblables et donnent UT A TRRER + Et Il vient donc, en substituant, ae (2 RSR CE A NC RME NE RE ob Observons que la longueur ob représente la rotation de la droite D autour de la droite oa/ et qu'elle reste la même pour toutes les positions que la droite oi peut prendre autour du point o. La conséquence est que, pour chacune de ces positions, la distance correspondante on est propor- tionnelle à la perpendiculaire abaissée du point a sur la droite menée par le point m parallèlement à oa’. 4. Soient d et m! les extrémités des cordes menées par les points a et m parallèlement à oa'; k et f les extrémités du diamètre parallèle à oA. Il est visible que la droite oh est la bissectrice de l'angle mom’ et qu'aux points k et f correspondent les valeurs extrêmes de la distance on. Cela posé, voici les conséquences qui résultent immé- (15) diatement de la simple inspection de la figure du n° 55 : 4° Il existe pour chaque position d'une droite mobile une infinité d'axes instantanés glissants, chacun d'eux étant tel que l'état actuel de mouvement de la droite peut étre consi- déré comme résultant d'une rotation autour de cet axe et d'un glissement le long de ce méme axe. 2° Soit D la droite mobile, considérée dans une position quelconque; D' l'axe instantané non glissant qui correspond à cette position ; N la plus courte distance des droites D, D': les axes instantanés glissants coupent tous la droite N et lui sont perpendiculaires. 5° Soit q la projection du point a sur le diamètre fh et 0p, op’ deux longueurs prises sur la droite N, à partir du point 0, l’une en avant du plan Q et égale à ee, l’autre en arrière de ce même plan et égale à . : les axes instantanés glissants sont répartis de p en p' sur la distance pp’. 4° À chaque point de la droite pp' correspondent en géne- ral deux axes instantanés glissants, dits axes glissants con- jugués. Les axes glissants conjugués, pris deux à deux, sont également inclinés sur la bissectrice de l'angle Aoa, formé par la droite D et la vitesse oa de son point central. » Les axes instantanés glissants qui correspondent aux points extrêmes p,p' sont uniques et rectangulaires entre eux. L'un est parallèle à la bissectrice oh de l'angle Aoa, l'autre à la bissectrice du supplément de cet angle. 6° L'angle que font entre eux deux axes glissants conju- qués varie de O à 90°. Il est nul aux extrémités de l'intervalle pp’. Il est droit au milieu de ce méme intervalle. 7° Soit$ la moitié de l’angle Aoa : on a trés-simplement lang” 6 — _ ) , We x (14) el en méme lemps 1 x o«a Eos nt: Ge à 8 Parmi les axes instantanés glissants figurent, d'une part, l'axe instantané non glissant D', perpendiculaire à oa et conjugué avec l'axe instantané glissant ob à une distance = du point 0, en arrière du plan Q; d'autre part, la droite D, conjuguée, dans le plan Q, avec l'axe instantané glissant dirigé suivant 0a. 9% Étant donnée une droite quelconque paralélle au plan Q, l'axe instantané glissant, parallèle à cette droite, se dé- termine de la maniere suivante : Soit om la corde menée par le point o parallèlement à la droite donnée; 1 le point de rencontre de cette corde avec la droite BbB; ae la distance comprise sur fh entre les pro- jections des points a et m : L'axe cherché est situé en avant du plan Q. Il coupe la droite N au point n, à une distance du point 0 égale à _ La vitesse de rotation autour de cet axe est représentée par oi. La vitesse de glissement le long de ce même axe est repré- sentée par om. 10° Selon que l'extrémité m de la corde om est située au- dessus ou au-dessous de la droite ad, l'axe instantané glissant parallèle à cette corde est situé en avant ou en arrière du plan Q. Dans le cas particulier où la vitesse du point central o est perpendiculaire à la droite mobile D, l'axe instantané (15) non glissant se confond avec cette droite et cesse ainsi d'exister. Les triangles rec- tangles semblables oib, oam donnent alors où. om = 04 . ob. — cons'®, Cette équation exprime une propriété remarquable qu’on peut énoncer comme il suit : Lorsque la droite mobile ne comporte pas d'axe instantané non glissant, le produit des vitesses de glissement et de rota- tion est constant pour tous les axes instantanés glissants. DU LIEU DES AXES INSTANTANÉS ÊLISSANTS. 55. Il résulte des considérations précédentes que le lieu des axes instantanés glissants est un conoïde. L’équation de ce lieu s'obtient très-aisément en plaçant l'origine au point p' et prenant pour axe des y la droite N, pour axes des z et des x des droites respectivement parallèles aux deux cordes oh, of. | Soit om une corde quelconque; æ l'angle de cette corde avec la corde oh; ms la perpendiculaire abaissée du point m sur le dia- mètre fh parallèle à oA : l’une des équations de l’axe instantané glissant , parallèle à la corde om, est évidemment | mn 3 HEIN PROS LL TA (1) p 5 (16) On à d’ailleurs o) hs ae ps Z . . . . A AS NT fs \mf jé Soit n le point où l’axe instantané glissant, parallèle à om, vient couper la droite N, cet axe a pour deuxième équation SG . SN . y—=pn—= = fe ou, tenant compte de l'équation (2), remplaçant hs par la différence oa-fs et désignant par 2À la distance pp’, (A), 00 © Sy SRE) ER ? La combinaison des équations (1) et (4) donne pour l'équation du conoïde cherché 2 Bio Lié cer fox pit n NN Les sections faites dans ce conoïde parallèlement au plan des æz sont les axes instantanés glissants, conjugués deux à deux, comme nous l'avons indiqué n° 54. Les sections faites par des plans menés par l’axe des x sont des ellipses. Soit LS CU RNPEN SE PE LE l’un de ces plans : l’ellipse correspondante est située sur le cylindre droit à base circulaire, ayant pour équation 2àz C++ —= —: a (17) Ces ellipses se projettent sur le plan des æy suivant d’autres ellipses ayant pour équation ne T Fi a 2Ay 2 « Ces dernières ellipses ont leurs axes principaux dirigés, l’un suivant l’axe des y, l’autre parallèlement à l’axe des x. Le premier est constant et égal à 22; l’autre a pour expres- SION e+. Il suit de là que les ellipses du conoïde ont leurs axes principaux dirigés l’un suivant la droite représentée par l'équation (6) dans le plan des yz, l’autre parallèlement à l’axe des +. Le premier est égal à = Va? + 1, le second à : L’excentricité de ces ellipses est constante et égale à À : le lieu de leurs foyers est la courbe connue sous ie nom de conchoïde de Nicomede. Prenons a — 1 et pour directrice du conoiïde l’ellipse correspondante. Cette ellipse à pour projection dans le plan des xy le cercle 2 + Y — 2)y. Elle est l'intersection du cylindre droit ayant ce cercle pour base, et du plan mené par l’axe des x sous l’inclinai- son de 45°. La génération du conoïde résulte du mouvement d’une droite qui s'appuie sur cette ellipse et sur l’axe des y, en restant perpendiculaire à cet axe. Considérons la section faite dans le conoïde par un plan Pt 19 2€ SÉRIE, TOME VIl. (7). (18 ) parallèle au plan des xy. Cette ligne à pour équation y — 2)h° vec -H Soit p' l'origine. Prenons sur l’axe des y p'p — 2 et p'g —h; sur pp', comme diamètre, décrivons une cir- conférence de cercle, et par le point g menons la droite gt parallèle à pX. p't étant une droite quel- conque partant du point p/ et coupant en { la droitegt, en x la circonférence pp’, menons, par les points { et n, deux droites, l’une tm paral- lèle à l’axe des y, l’autre nm parallèle à l'axe des x. Soit m le point de rencontre de ces deux droites : on voit aisé- ment que la courbe représentée par l’équation (7) est le lieu des points m. En effet, si l’on désigne par 7 l'angle pp'n; si l'on pro- longe mn jusqu’à sa rencontre en à avec l’axe des y et qu’on üre la droite pn, on a d’abord y—= mg = pi —=pn.cos y— pp'. COS y. Le triangle p'tq' donne d’ailleurs H 4 tang, y — à t De là résulte, en substituant, y LP 9)h° Fes tang® > x + h (19) S'il s'agissait d'une section faite par un plan Eh parallèle au plan des yz, cette section aurait pour équation x 2 913 Sans rien changer à ce qui précède, transportons l'ori- gine au point p, et représentons l’axe des z par la perpen- diculaire pz élevée en p sur pp'. Pour des points situés de part et d'autre à égale distance de l’axe des y, la variable z peut être remplacée par l'abscisse æ. Il vient donc pour l’ordonnée correspondante y’ 9)x° LV SEE L'ote SY | à De là résulte, eu égard à l'équation (7), y + y, —= 2) — cons". On voit par là que les sections faites, l’une par le plan 3 — h, l’autre par le plan x — h sont identiquement les mêmes. Elles ne diffèrent entre elles que par leur position sur le conoïde. DE L'AXE INSTANTANÉ GLISSANT COMMUN AUX DEUX DROITES D,D’. 56. Nous avons vu n° 52 que les droites D,D', consi- dérées comme faisant partie d'un même solide, sont cha- eune l’axe instantané non glissant qui correspond à l’autre. Soit w/ la rotation de la droite D autour de D’ et w celle de la droite D’ autour de la droite D. De même que (20) la vitesse oa du point central o de la droite D est perpen- diculaire à D’ et égale au produit (NET ES MR DE D (o! étant le point central de la droite D’) : de même la vitesse v’ du point central o’ est perpendiculaire à la droite D et égale au produit 204 RE RO RE PE ER TE De là résulte L (SE Ut L'AE DOMENN AARE U D à La rotation « de la droite D autour de la perpendiculaire oa! élevée en o sur cette droite a pour expression EE Se De 00 0 SSD, D La rotation o/ de la droite D’ autour de la perpendicu- laire élevée en o’ sur cette droite est représentée de la même manière par DS 0 4, 2 NOb == 50 sin (D D); Projetons en o le point o’ et prenons les longueurs oa/, ob’, telles qu’elles sont déterminées par les équations (2) et (5). De là résulte u ob" — °° sin (D,D'). 00 (21) Les égalités (1) et (4) donnent de mème Où , ob = — sin (D,D'). 00 Il vient donc aussi comme conséquence - 0b,0n —= ob’..0a. Tirons la droite a/a, et sur cette droite abaissons du point o la perpendiculaire om. Il est visible que le point m est à l'intersection des deux circonférences construites sur les droites oa, oa’ prises pour diamètres. | Du point i, où la droite bB perpendiculaire en b sur oa/ coupe la droite om, abaissons sur oa la perpendiculaire b”. Les angles en b, b! et m étant droits on a évidemment WAR 0 ©. 'obaa"=— où .0m —= ob’. ou. La comparaison des équations (6) et (7) montre que le point b/ est en même temps le pied de la perpendiculaire abaissée du point à sur la droite oa, et l'extrémité de la droite suivant laquelle se projette en ob’ la rotation de la droite D’ autour de l'axe instantané qui lui est perpendi- laire. Cela posé, nous pouvons conclure immédiatement que les droites D,D’ admettent toutes deux un axe instantané glissant, parallèle à om. Nous pouvons conclure en outre que, de part et d'autre, la rotation et le glissement, qui correspondent à cet axe, sont représentés respeclivement l’une par oi, l'autre par om. Soient mes, mg'e! deux droites menées par le point m (22) parallèlement aux droites D,D’ : e la projection du point a sur mg; e' celle du point a’ sur mg'. Nous savons déjà que la distance comprise entre les droites D,D’ est représentée par © et que la droite D’ est située en arrière du plan À. Nous savons aussi, en ce qui concerne la droite D, que l’axe instantané glissant parallèle à om est situé en avant du plan Q, à la distance —. Il s'ensuit que cet axe est situé en avant de la droite D', à une distance totale représentée par la somme. eq em mg ob F ob ob Soit g’ le point de rencontre des droites oa et me’. Pour appliquer à la droite D’ les résultats établis précédem- ment par rapport à la droite D, il suffit de substituer aux droites oa, og, mg leurs homologues oa/, og’, mg'. Il en résulte que la droite D est située en avant de la droite D’ à la distance ER et qu'en ce qui concerne la droite D’, l’axe instantané glissant parallèle à om est situé en avant de cette droite à la distance à , La distance des droites D,D/ étant exprimée par l’un et l’autre des deux rapports , 7, on a nécessairement CL NN PE On a d’ailleurs : my ma me (teurs cu on 1 rer es La combinaison des équations (8) et (9) donne (3% ) my me’ (') ob ob’ Concluons que l'axe instantané glissant , parallèle à om, est identiquement le même pour chacune des deux droites D,D’. 57. Les droites conjuguées D, D’ étant considérées toutes deux comme faisant partie d’un même solide, le double mouvement qui leur est commun autour et le long d'un seul et même axe, communique en même temps à tous les points du solide leurs vitesses simultanées. La consé- quence est qu'en général l'état de mouvement d'un solide quelconque se résout en une rotation autour d'un axe avec glissement simultané le long de ce même axe. Soit I l'axe dont il s’agit; w et u les vitesses de rotation et de glissement du solide autour et le long de cet axe. Si les droites D,D’ et leurs rotations w',w sont données, on peut se proposer la détermination de l’axe I et des deux vitesses w et w. De même étant donné l’axe I, les deux vitesses w, 4 et une droite quelconque D, on peut se pro- poser la détermination de la droite conjuguée D’ et des rotations simultanées w, w’. De là deux problèmes dont la solution, purement géo- (*) On parvient directement à ce résultat, en observant que l’on à : 1° Dans les triangles semblables me’a’ oëb”, ma me er 2° Dans les triangles semblables mga/, otb, mg ma’ De là résulte immédiatement mo me’ A "LU ob! L (24) métrique, s'obtient très-simplement de la façon suivante. Prenons pour plan de projection le plan Q mené par la droite D parallèlement à celle des deux droites D’,I qui, par hypothèse, est donnée. Soit oA la droite D; o le point où se projettent sur le plan Q les plus courtes distances des droites D,D’, L; 0,0/,c () les points où chacune de ces droites coupe la droite projetée en o. Cela posé, s'agit-il d’a- bord du premier problème? Par le point o menons la droite oA’ parallèle à D’. La vitesse du point o de la droite D est dirigée sui- vant la perpendiculaire élevée en o sur oA’. Elle est d’ail- leurs égale au produit 00/.w'. Représentons-la par 0a. La vitesse du point o’ de la droite D’ est parallèle à la perpendiculaire élevée en o sur oA. Elle est d’ailleurs égale au produit 00/.w. Représentons-la par oa/. Sur og’ prenons ob — w/ sin (D,D'). Ainsi déterminé, ob est la rotation de la droite D autour de l’axe instantané glissant parallèle à oa/. Tirons la droite aa'; du point o abaissons sur cette droite la perpendiculaire om et projetons les points a et m sur OA , l’un en n, l’autre en s. (*) On voit aisément, d’après ce qui précède, que le point c est le point central de la droite 00’, et que l’on à généralement co ma 1 co ma’ (2%) Par le point b menons une parallèle à oA et désignons par à le point où cette parallèle vient couper om. Partant de là, voici la solution : L'axe instantané glissant L est parallèle à om. Il coupe la droite 00! au point © situé en avant du plan Q, à la distance oc —", . Les vitesses simultanées w et u sont représentées respecti- vement , l’une par 01, l'autre par om. S'agit-1l ensuite du second problème? Par le point o menons une parallèle à l’axe I : sur cette parallèle pre- nons oi—o et om—u ; en m élevons sur om une perpen- diculaire, et désignons par a’ le point où cette droite vient couper la perpendiculaire élevée en o sur oA : sur ma’ prenons ma égal au produit oc. « : tirons oa, et du point à abaissons deux perpendiculaires, l’une tb’ sur oa, l’autre tb sur og! : soient q et q’ les points où ces perpendiculaires viennent couper , l’une la droite oA, l’autre la droite oA’ menée par le point o perpendiculairement sur oa. Partant de là, voici la solution : La droite D' est parallèle à oA’. Elle coupe la droite oc au point 0’, situé en arrière du plan Q à la distance 00° — =. Les rotations w', w sont représentées respectivement l’une par 0q', l'autre par 0q. 58. Des points m et a abaissons deux perpendiculaires, l'une mg sur oa/, l’autre ae sur mg. Des points m et a’ abaissons de même deux perpendi- culaires , l’une mg' sur oa, l’autre a/e! sur mg'. On à, d’après ce qui précède et eu égard à la réciprocité qui subsiste entre les droites D,D’ : _04 = 00". W", 04" —= 00". ( 26 ) ob — w' sin (D,D'}), ob — w sin (D, D”) ns me me’ , TOR == Es , OC—= ——) 00 = — ob ob ob’ ob D —= a, om = U, 04 — W, 0q = W'. OC = — — Si l’on observe d’ailleurs qu’en se composant avec les vitesses de circulation qui résultent, pour les points 0,0’, de leur rotation autour de l'axe I, la vitesse u, représentée par om, doit donner, pour résultantes, les vitesses totales représentées par oa pour le point o, et par oa! pour le point o’, on peut écrire immédiatement ma — ©. 00.,, ME — 0.00. Cela posé, les triangles rectangles moa, moa' donnent, om — ma tang (D’,]) = ma’. tang (D,I). De là résulte, en substituant à om, ma, ma' leurs valeurs respectives (1). . ac tang (D’I) — oc tang (D,I) ——=—"eonst LE Lorsque les droites conjuguées D,D' sont rectangu- laires, les vitesses de leurs points centraux sont dirigées respectivement suivant ces mêmes droites. On a alors tang (D,]). tang (D’,I) — 1 et par suite : u\” RE ZE bunk Ou OCR e — Cons. Q) Le triangle og'i donne les proportions og sin(D,1) og sin(D,1) ig sm(D’, 1) qi sin(D,D oi sin(D,D) oi sin(D, D (27) on à d’ailleurs g'i — 0q — w et og — w’. Il vient donc, en substituant | w sin(D,}) ww’ sin (D) w sin(D,l) (5) w sin(D')) © sin(D,D ny & ” sin(D.D’) et lorsque les droites D,D' sont rectangulaires (4) vw’ —w. 1g (D,1) — sin (D,I), w — wsin (D’,l) — « cos (D,l). Le triangle og'i donne aussi la relation où — og + 19 + 20q'.iq cos (D,D'). De là résulte, en substituant, (5) . . œ°— uw” + w°° + 2w.w’ cos (D,D’) et lorsque les droites D,D’ sont rectangulaires MO. nl. tetes w° + 0" Considérons les deux quadrilatères smib'a, miba' : ils sont inscriptibles dans une circonférence de cercle et donnent en conséquence ob’.oa — oi.om — ob. 04. De là résulte, en substituant, (2) 00’, w.w’.sin (D,D') — u.w.=— const. et lorsque les droites D,D’ sont rectangulaires 0 0e WW. Les équations (1), (3), (5), (7) résolvent numériquement et en général les deux problèmes du n° 57. ( 28 ) n étant la projection du point a sur 0A, les points n el b' sont situés tous les deux sur la circonférence de cercle ayant la droite aq pour diamètre. De là résulte on.0q — 0b'.0a — où.0m. el, par suite, (ds 2 de OIL ON NO = CONS Quelles que soient les vitesses des différents points de la droite D, on est, pour chacune de ces vitesses, sa com- posante suivant la droite D : og est d’ailleurs la rotation du solide autour de cette même droite. L’équation (9) ex- prime en conséquence une propriété générale qui subsiste en même temps pour tous les points d’un solide en mou- vement, et qu'on peut énoncer comme il suit : Lorsqu'un solide est en mouvement, la vitesse d'un point quelconque de ce solide, estimée suivant une droite quel- conque menée par ce point, et multipliée par la rotation du solide autour de cette droite, donne un produit constant. Nous reviendrons plus loin sur cette propriété et sur quelques-unes de ses conséquences. DU MOUVEMENT D'UN SYSTÈME DE POINTS LIÉS ENTRE EUX D'UNE MANIÈRE INVARIABLE ET SITUÉS OU NON SITUÉS DANS UN MÊME PLAN. 99. Soient m;, M9, M; trois points non situés en ligne droite : P le plan déterminé par ces points : v,, ve, v, leurs vitesses respectives el simultanées. Décomposons chacune des vitesses v,, d, v; en deux autres, lune perpendiculaire au plan P, l’autre située ( 29 ) dans ce plan. Soient v’,, v',, v'; les premières compo- santes, et v//,,v//,, v//, les secondes. Par les extrémités des vitesses v/,, v/2,v/; faisons passer un plan Q. En général les plans P, Q se coupent. Soit D leur intersection. La droite D ainsi déterminée est celle que M. Chasles (") a désignée sous le nom de caractéristique du plan P. Nous adopterons cette dénomination. Soient p1, Po, p; les perpendiculaires abaissées des points M, Me, M; Sur la caractéristique D. On a évidem- ment (2) U, V's ds 2 — QD Il s'ensuit que, pour communiquer à chacun des trois points m,, M», Mm;, les vitesses respectives v/, v/2, V3, Il suflit d’une rotation qui commence autour de la droite D avec la vitesse angulaire w. On sait que les vitesses v,, vw, v;, prises deux à deux, ont même composante suivant la droite qui joint leurs points d'application. Cette propriété s'étend d'elle-même et nécessairement aux vitesses v//,,0//,, v//;. Îl en résulte que les perpendiculaires élevées dans le plan P, sur ces vitesses, par les points m,, m2, M; vont loutes trois se couper en un même point o/. Il en résulte aussi que l’on a en désignant par r,, r, r; les distances o/m,, o/m:,0!m;, LA 1 44 2 V; = —— —= |) 1}: à T> ! (*) Voir les Comptes rendus de l’Académie, année 1845, t. XVI, p. 1420. (30) Le point 0’, ainsi déterminé, a reçu le nom de foyer du plan P. Conservons cette dénomination et désignons par D’ la normale au plan P menée par le point 0’. ILest visible que, pour communiquer à chacun des trois points Mm;, Mo, Ms, leurs vitesses respectives v//,, v//,, v/!;, il suffit d’une rotation qui commence autour de la droite D’ avec la vitesse angulaire w/. Concluons que l'état de mouvement des trois points m,, Mo, M; peut étre considéré comme résultant de deux rota- tions simultanées, l'une autour de la droite D avec la vitesse w, l'autre autour de la droite D’ avec la vitesse w!. Concluons, en outre, que s’il s’agit des autres points du plan P ou d’un système quelconque de points , faisant, avec les points donnés , partie d'un méme solide, ces deux rota- tions simultanées communiquent en méme temps à tous ces points leurs vitesses actuelles. 60. Les points situés sur les droites D,D' n'ont d’au- tres vitesses que celles qui résultent pour chacune de ces droites de sa rotation autour de l’autre. Il s'ensuit que les droites D,D’ forment entre elles un système de droites conjuguées rectangulaires, et que les déductions précé- dentes leur sont applicables. La conséquence est qu'elles admettent toutes deux un même axe instantané glissant, et, par suite, que l'état de mouvement d’un plan ou d'un solide peut être considéré comme résultant, à un instant quelconque, d’une rotation autour de cet axe et d’un glissement simultané le long de ce même axe. Cette déduction peut s'établir en suivant la marche in- diquée par M. Chasles dans un article des Comptes rendus de l'Académie des sciences, année 1845, t. XVI, p. 1420. Cet article est intitulé : Propriétés géométriques relatives au (31) mouvement infiniment petit d'un corps solide libre dans l'espace. M. Chasles y énonce, sans les démontrer, une suite de propositions curieuses. Il nous a paru utile de fournir une sorte de criterium de notre méthode, en pre- nant ces propositions dans l’ordre où l’auteur les énonce et en les démontrant à l’aide de nos principes. Voici d’abord quelles sont ces propositions, dont je conserve le texte, sauf à faire observer que, pour les énoncer à mon point de vue, il faudrait supprimer toute notion infinitésimale, et partout où 1l est question de la trajectoire d’un point, écrire vitesse au lieu de trajec- toire. 4° Un plan étant considéré comme faisant partie du corps, les plans normaux aux trajectoires de ses points passeront tous par un même point de ce plan. J’appellerai ce point le foyer du plan. 2° Ce qui distingue le foyer d’un plan de tous ses autres points, c’est que sa trajectoire est perpendiculaire au plan , ce qui n’a lieu pour aucun de ses autres points. 5° Dans le plan il existe une infinité de points dont les trajectoires seront comprises dans le plan même. Tous ces points sont situés en ligne droite. J’appellerai cette droite CARACTÉRISTIQUE du plan. 4 Quand plusieurs plans passent par une même droîte D, leurs foyers sont sur une même droite D'. Réciproque- ment, si plusieurs plans passent par celte droite D’, leurs foyers seront sur la première droite D, de sorte que ces deux droites jouissent de propriétés réciproques. Cela signifie en d’autres termes que si l’on considère une droîte quelconque D , comme faisant partie du corps, les plans normaux aux trajectoires des points de cette droite passe- ront tous par une même droite D’, et réciproquement , les (32) plans normaux aux trajectoires des points de cette droite D’, considérée comme faisant partie du corps, passeront tous par la droite D. Ces deux droites D,D' que j'appellerai DROITES CONIu- GUÉES donnent lieu à un grand nombre de propriétés qui trouveront leur place plus loin. 9 Quand plusieurs plans passent par un même point, leurs foyers sont tous sur un même plan qui a son foyer en ce point. 6° Quand plusieurs plans sont parallèles entre eux, leurs loyers sont sur une droite qui est toujours parallèle à un même axe, quelle que soit la direction commune de ces plans. Cette droite jouit de la propriété que les trajectoires de ses points sont toutes parallèles entre elles, puisqu’elles sont normales aux plans. De sorte que, dans le déplacement du corps, la droite n’a qu’un mouvement de translation pa- rallèlement à elle-même. 7° Si tous les plans sont perpendiculaires à la direction de cette droite, leurs foyers sont sur une certaine droite X parallèle à celle-la et dont les trajectoires de tous les points seront dirigées précisément suivant cette droite T, de sorte que cette droite glissera sur elle-même pendant le mouve- ment du corps. 8° Pendant le glissement de la droite 1 sur elle-même, le corps ne pourra que tourner autour d'elle. On peut donc dire que tout mouvement infiniment petit d’un corps libre se réduit à un mouvement de rotation autour d’un axe qui, pendant cette rotation, glisse sur lui-même. De sorte que le mouvement du corps n’est point autre chose que le mouve- ment d’une vis dans son écrou. 61. Reportons-nous aux déductions et conclusions du (35) ne 59. Elles impliquent directement les conséquences sui- vantes : 1° La caractéristique D est le lieu des points dont les vilesses sont dirigées dans le plan P. Pour chacun de ces points sa vilesse est à la fois perpendiculaire el proportion- nelle au rayon vecteur qui va du foyer a ce point. Le lieu des extrémités de ces vitesses est l’intersection du plan P avec le plan mené par les extrémités des vitesses Vi, Va, Vs. 2 Le foyer o! est le point du plan P dont la vitesse est normale à ce plan. Cette propriété est caractéristique. Sup- posée commune à deux points du plan P, elle s’étend à tous les autres, et le mouvement se réduit à une rotation simple autour de la droite D. 3° Soit o le pied de la perpendiculaire abaissée du point 0! sur la caractéristique D; 0, 0’ sont les points centraux des droites conjuguées D, D’. D’ est la caractéristique du plan P' menée par le point 0! normalement à la droite D. o est le foyer de ce plan. 4 Tout plan passant par la droite D a son foyer sur la droite D’, et réciproquement. ù 5° Soit m un point quelconque du solide , v la vitesse de ce point, Q, un plan mené par le point m perpendiculaire- ment à la vitesse v. Le plan Q, est le lieu des foyers des plans passant par le point m. Ces diverses propositions comprennent évidemment les cinq premiers énoncés de M. Chasles. Transportons au foyer o/ et parallèlement à elle-même la rotation w. Pour ne rien changer à l'état du mouvement du solide, nous devrons lui communiquer en même temps une translation précisément égale à la vitesse du point 0’. Nous aurons donc à considérer cette translation et les deux rotations w,w' devenues concourantes. Or, ces deux 2° SÉRIE, TOME VII. 3 (54) rotalions se composent (‘) en une rotation unique autour d'un axe À passant par le point o’ et situé dans le plan mené par la droite D’ parallèlement à la droite D. Il s'en- suit donc que, si l’on considère l’axe A comme faisant partie du solide, son état de mouvement se résout tout entier dans la translation qui résulte, pour cet axe, de la vitesse du point o’ rendue commune à tous ses points. Concluons que létat de mouvement du solide peut être considéré comme résultant d’une rotation autour de Paxe A et de la translation de ce même axe. Cela posé, s'agit-il d’une suite quelconque de plans tous parallèles entre eux et dirigés d’ailleurs comme on voudra? il est évident que toute droite parallèle à l'axe A coupe ces plans en des points dont la vitesse est, pour tous, la même en direction, sens et grandeur. La conséquence est que les foyers de ces plans sont tous sur une même droite parallèle à l’axe A. C’est la sixième proposition de M. Chasles. Supposons les plans considérés tous perpendiculaires à l’axe A. Les foyers de ces plans sont situés sur une droite I parallèle à l’axe A et Les vitesses de ces foyers, toutes égales entre elles, sont dirigées tout entières suivant la droite I. Il s'ensuit que l’état de mouvement de la droite 1, considérée comme faisant partie du solide, se résout en un simple glissement de cette droite sur elle-même. La conséquence (*) Soit © la rotation résultante et 6 l'angle que l’axe A fait avec la droite D’. On a évidemment NE Q? = uw? + w'> el au lang Conte. [Te / ( 55 ) est que le solide glisse avec la droite X, en méme temps qu'il tourne autour d'elle. Ce sont les dernières propositions de M. Chasles. Toutes, ainsi qu’on le voit, se démontrent ‘aisément. 62. Après avoir énoncé les propositions reproduites et démontrées ci-dessus, M. Chasles écrit une suite d'équa- tions : ces équations sont celles que nous avons déduites au n° 58 de la construction géométrique du n° 57. On obser- vera que les équations du n° 58 s'appliquent directement à tout ce qui concerne, pour un plan quelconque P, la déter- mination de la caractéristique D, du foyer o’, et des deux rotations w, w', à considérer en ce cas. Il suffit pour cela de supposer rectangulaires les droites conjuguées D, D’. Dès lors l’une est la caractéristique du plan, l’autre est la normale au plan menée par le foyer. Viennent ensuite les propositions suivantes : La rotation du corps autour d’une droite quelconque est en raison inverse du mouvement de cette droite estimée dans sa propre direction. Si, sur différentes droites passant par un méme point, on porte à partir de ce point des segments proportionnels aux rotations du corps autour de ces droites, les extrémités de ces segments seront sur un plan perpendiculaire à la tra- jectoire du point. Il s'ensuit que la rotation minimum aura lieu autour de la trajectoire méme du point. Cette rotation multipliée par la trajectoire du point forme un produit constant, quel que soit le point. La première de ces propositions implique les deux au- tres. Déjà nous l'avons établie au n°58. On peut, d’ailleurs, y parvenir directement comme il suit : (56) Soit m un point quelconque du solide ; mn la vitesse de ce point : L'état de mouvement du solide peut | Î Û étre considéré comme résultant d'une trans- | / px" lation représentée par mn et d’une rotation a al LA ma autour d'un axe mo passant par le PA point m. V4 Soit mm’ une droite quelconque passant die par le point m. La rotation oa est décom- posable en deux rotations simultanées, l’une autour de mm, l’autre autour d’un axe passant par le point m et perpendiculaire à mn. Cette dernière rotation se com- pose avec la translation mn en une rotation simple autour de l’axe instantané principal de la droite mm. S'agit-il ensuite de la rotation composante autour de mm’, elle est représentée par la partie de la droite mm’ interceptée entre le point m et le plan mené par le point à perpendiculaire- ment à la vitesse mn. Soit m' le pied de la perpendiculaire abaissée du point n sur mm, et p, q les points d’intersection des droiïtes mn, mm! avec le plan mené par le point a perpendiculaire- ment à mn. Les triangles rectangles mpq, mnm’ donnent LUE ing AM NP MO ICONSE Or, mg est la rotation du solide autour de la droite mm), et mm! la vitesse du point m estimée suivant cette même droite. Cette rotation mg, cette vitesse mm/ sont constantes pour les différents points d’une même droite. L'équation prouve que leur produit ne change pas en passant d’une droite à une autre. Tout est donc démontré. Prenons encore cet énoncé de M. Chasles : Quand plusieurs droites sont situées dans un méme plan, (57) les rotations du corps autour de ces droites sont en raison inverse de leurs distances au foyer du plan. Soit P le plan considéré, o' son foyer; À une droite quelconque située dans ce plan ; m le pied de la perpendi- culaire abaissée du foyer o’ sur la droite A ; w/ la rotation du solide autour de la normale élevée en o/ sur le plan P. La vitesse du point m, estimée suivant la direction de la droite À , a évidemment pour expression le produit 0om.w. Soit Q la rotation du solide autour de la droite A :on a en général, et conformément à ce qui précède, RU lo'm.uw0 .A. — const. —= ©. y, Or, la rotation w’ est constante pour toutes les droites situées dans un même plan : on voit donc comment le der- nier énoncé résulte immédiatement de l'équation (2). 65. Reprenons la relation que nous venons d'établir : om.w’.Q — Const = w.u. S'il s’agit de plusieurs plans passant par la droite A, la rotation 9 reste constante. Îl vient donc œo.Uu OMm.0 —= — =—= Const. 2 Ce qui montre que, pour tous les plans menés par une méme droite À, la rotation d'un plan autour de son foyer est en raison inverse de la distance de ce même foyer à la droite À. L’énoncé que je viens de reproduire m'a été fourni par (58 ) M. Gilbert en même temps que l’énoncé suivant, qui m'a paru curieux, et dont j'ai cherché une démonstration di- recte. Toute droite D passant par le foyer d’un plan a pour con- juguée une droite D' située dans ce méme plan. Concevons un cône droit à base circulaire, ayant pour sommet le foyer du plan P et pour axe la normale à ce plan menée par le foyer. Si l’on prend successivement pour la droite D cha- cune des génératrices de ce cône, la conjuguée D’ aura pour enveloppe une section conique dont le foyer sera le foyer du plan P, et la directrice la caractéristique de ce méme plan. Si, d'ailleurs, © désigne l'angle des droites D avec la nor- male au plan P, w’ et w, les vitesses de rotation simultanées du plan autour de son foyer et de sa caractéristique, la co- nique sera une ellipse, une hyperbole ou une parabole suivant que l’on aura 2 w tang 0. € — : = Considérons ensuite le plan mobile comme faisant partie d’un solide en mouvement. La conique, déterminée ci-dessus, est le lieu des foyers des plans qui sont inclinés sur le pre- mier d'un angle 7 — o el qui passent par son foyer. | € + 7 7 Soit o/ le foyer du plan La P; BB’ la caractéristique de ce plan; N la normale au 0 | point 0’; o/a la projection NE sur le plan P d’une droite [mn quelconque D, passant par le point 0’; 0 l’angle de la ee - droite D et de la normale N. La rotation w/, qui subsiste autour de la normale N, se (39 ) décompose en deux rotations simultanées, l'une © au- tour de la droite D, l’autre w/ tang. 0 autour de la droite o!a. Considérons en même temps cette dernière rotation et la rotation « qui subsiste autour de la caractéristique BB’. Les axes de ces deux rotations concourent en a. Il s'ensuit qu'elles se composent en une rotation unique autour d'une droite située dans le plan P et passant par le point a, soit ac cette droite. Il est visible que la droite ac est la conju- guée D’ de la droite D. On à d’ailleurs, conformément à la règle du parallélogramme des vitesses, w'tang.8 sin BaC w sin o’aC Soit m le point où la perpendiculaire élevée en o/ sur o!a vient couper la droite ac, et n le point de la perpendi- culaire abaïissée du point m sur la droite BB’. Les triangles rectangles mna, mo'a donnent mn —= am .sin BaC, mo’ —= am sin 0'aC. De là résulte mn sin BaC w’ (1). . . . . , = ANTEVE = —— tang 0. mo sin 0’aC w et, puisque, par hypothèse, l'angle 6 est constant, il s'ensuit que le rapport de la distance mn à la distance mo’ demeure invariable pour toutes les positions possibles de la droite D autour de la normale N. Concluons que le lieu des points m est la section conique ayant le point 0’ pour foyer, et la droite BB’ pour directrice, c'est-à-dire une ellipse, une hyperbole ou une parabole selon que la tangente de l'angle 8 est supérieure, inférieure ou égale au rapport *; - ( 40 ) Concluons en même temps que, dans la description de cette courbe, les vitesses du point m sur les droites o!/m et nm sont proportionnelles à ces droites, et peuvent étre repré- sentées respectivement, l’une par mo’, l'autre par mn. Cela posé, observons que les droites o/a, na sont les perpendiculaires élevées respectivement l’une en o/ sur o!m, l’autre en n sur nm. Il en résulte que la droite ma fixe, pour le point m, la direction de sa vitesse sur la co- nique considérée, et conséquemment que cette droite est, pour ce même point, la tangente à cette courbe. On voit ainsi que la section conique déterminée par l'équation (1) est l'enveloppe des positions de la conjuguée D’. Dans la rotation du plan P autour des droites N et BB’, le point m a pour composantes de sa vitesse actuelle v : 4° Ja vitesse o/m.w! située dans le plan P et parallèle à o!a; 2° la vitesse nm .w normale à ce même plan. Soit 0’, l’angle que la vitesse v fait avec la normale N : on a évidemment 0'Mm.w” et eu égard à l'équation (1) tang 6° — cot. 6. Il suit de là que le plan mené par le point o/ et par la droite D, tangentiellement au cône décrit par cette droite, a son foyer précisément en m. La conséquence est que la conique déterminée par l'équation (1) est le lieu des foyers des plans tangents au cône décrit par la droite D. 64. Terminons par quelques remarques générales rela- tives à l’état de mouvement d’un solide. Soit I l'axe instantané glissant. Toute droite N, perpendiculaire à l'axe [ et coupant cet axe, est dans l’état de mouvement de la droite D du n°55. (41) Elle glisse suivant l'axe [avec la vitesse w et tourne autour de ce même axe avec la vitesse ©. | Les droites, suivant lesquelles sont dirigées les vitesses des différents points de la droite N, forment un parabo- loïde hyperbolique , dont le centre est au point de rencon- trer des droites N et I. Tout plan P qui coupe l'axe I contient une droite N, et celle-ci détermine la position correspondante du para- boloïde hyperbolique mentionné ci-dessus. Le plan P touche ce paraboloïde en un point m de Îa droite N, et il lui est normal en un autre point m/ de cette même droite. Le point m' est le foyer du plan P. La droite, suivant laquelle est dirigée la vitesse du point m, est la caracté- ristique de ce même plan. Si plusieurs plans P passent par une même droite N, le lieu de leurs caractéristiques est le paraboloïde déterminé par les vitesses des différents points de la droite N. Si plusieurs plans P passent par un même point de l’axe Ï, et qu'ils coupent cet axe sous un même angle, le lieu de leurs caractéristiques est un hyperboloïde de révolution à une nappe, ayant son centre au point commun d'intersec- üon, et la droite I pour axe. Prenons trois axes coordonnés rectangulaires dont l’un, l'axe des z, coïncide avec la droite I. Soit Q un plan mené par la droite Î perpendiculaire- ment au plan P; L l’intersection de ces plans; y l'angle des droites I, L; « l'angle que fait avec l’axe des x la trace du plan Q sur le plan des xy; z! la distance comprise entre l’origine et le point où l’axe [ perce le plan P. On a pour équation générale du plan P x COS & + y Sin c + 3 (ang y — 3’ (ang .7. (42) Soient Ze; Yes Z les Coordonnées du foyer du plan P, on a u u : TT AA LE 4 SNMx, Y,—=—-Coty.CoSax, 20 —=2Z (@) ! Les points de la caractéristique, situés dans les plans z— 2! et z—0, ont pour coordonnées respectives, le pre- mier : u 2, =2Z, Y,—= NE: YCOSa, ZX u : — —{g y.sin «; (©) le second : : u u ARE) y.=| #sina—"c0s | led [s'e0se+ sine) tg y. La droite conjuguée de la caractéristique passe par le loyer et coupe le plan des xy en un point dont les coor- données %3, ys, z; Ont les valeurs suivantes : u de Z3—=0 y] sin a+ —CO0S à cot 2 ee [s'c0s œ=—=— Sin + cot.y. (e) œ@ Soit m un point quelconque du solide; D la droite sui- vant laquelle est dirigée la vitesse de ce point; [’ une pa- rallèle à l’axe I menée par le point m; n un point quel- conque de la droite D; no la perpendiculaire abaissée du point n sur [’; D’ la conjuguée de la droite D. Cela posé, on démontre aisément et sans caleul les pro- positions suivantes : Les caractéristiques (*) passant par le point m sont les (*) Les caractéristiques se distinguent des autres droites, en ce que les vitesses de leurs différents points sont toutes dirigées dans un seul et même plan. C’est par rapport à ce plan que toute droite jouissant de cette pro- priété prend le nom de caractéristique. (45) génératrices du cône dont le sommet est au point m, el dont la directrice est la circonférence de cercle construite sur le diamètre on dans un plan perpendiculaire à l’axe I. Les plans dont les génératrices de ce cône sont les ca- ractéristiques passent tous par la droite D, et ils ont leurs foyers sur la droite D’. Les projections de ces foyers, sur les caractéristiques qui leur correspondent respectivement, sont situés en même temps sur le cône déterminé ci-dessus, et sur la surface d’un cylindre droit à base circulaire. Ce cylindre est déterminé par les droites [, F qui sont deux de ses génératrices, et dont la plus courte distance est égale au diamètre de la base. Soient plusieurs droites D coupant en un même point et à angle droit une droite N. Les droites conjuguées D’ cou- pent à angle droit la droite N, et sont toutes parallèles entre elles. Lorsque plusieurs droites D sont situées symétrique- ment par rapport à l’axe [, les droites conjuguées D’ rem- plissent cette même condition. Entre un système quelconque de droites D et le système correspondant des droites conjuguées D”, 1] existe de nom- breuses relations numériques : ces relations sont toutes implicitement comprises dans celles que nous avons dé- duites au n° 58 de la construction géométrique du n° 57. Nous laissons au lecteur le soin de poursuivre ces recher- ches, qui ne présentent aucune difficulté. (249) Sur les variations des éléments des orbites planétaires ; par M. Schaar, membre de l’Académie. À: Reprenons les valeurs générales de p, q, p', q', ete., qui, à cause de g — 0, sont p = Nsin 8 + N, sin (g,t + 8,) + N, sin (g,t + B,) +... g —NcosB + N, cos(g,t + B,) + N, cos (g,t + B,) +... p'—N sin 8 + N'' sin (g,t + B,) + N° sin (g,t + B,) +... q = N cost Nes GR BIRT et rappelons-nous que p, — q, p', — q! sont les coor- données des pôles des orbites des planètes m, m', etc., projetés sur le plan xy. Considérons le plan qui a pour équation xNsnB8—yNcos B + z—o. Nous démontrerons bientôt que la somme des carrés des inclinaisons des orbites sur ce plan, multipliés respec- tivement par les facteurs m Va, m/ V’«, etc., esl un mini- mum; on peut donc prendre ce plan pour celui des æy, et les valeurs précédentes de p, q, p', q', etc., se simplifie- ront; car on a alors N — o et, par suite, L p = N, sin (gt + 8) + N, sin (g,t + B,) + gi; CR EE cos (g,t + B,) + ... p = N' sin (gt + B,) + N,' sin (gt + Ft = Ne omQ à 8) à N° 0 s(g2t + 8) (4 ) Il est facile de prouver que le plan que nous venons de considérer est le plan du maximum des aires du système planétaire, ou du moins ce que devient ce plan, lorsque, dans sa détermination , on néglige les termes d'un ordre supérieur au premier par rapport aux masses des planètes, aux inclinaisons et aux excentricités. On sait, en effet, que si l’on représente par CT + C'Yy + C3 —0, l'équation de ce plan, les coeflicients c, €’, c//, en négli- geant les termes qui contiennent les produits des masses des planètes deux à deux, sont déterminés par les équa- tions dz dy Ce =EmMmIy — — ; ra) s dx dz —Em\2—— x ; ta) ; dy dx ER y re) En se bornant à la même approximation, on peut sub- stituer, dans ces formules, aux variables et à leurs dérivées vo. Die tout leurs valeurs elliptiques, et comme les quantités x © — dt , dx z dx dz dz y tl PRE l neue TV 23 sont les projections sur les trois plans coordonnés du double de l'aire décrite par le rayon vecteur de la planète m pendant l'unité de temps, on aura, en observant que les cosinus des angles que le plan de cette orbite fait avec les plans coordonnés sont COS ©, — sin @ cos 8 et sin o sin 8, dy dx EL — — y — —k.cos &, di dl À (46) dx dz : Z— —X— — — À sin : Cos6, dt dt dz dy ne À y — — 3 — k sin o sin 6. 9 dt dt j Les valeurs précédentes de c, c’, cl! deviennent ainsi € — Emksin »sins, c——%mk sin y COS 6, C'— :Emk cos ». En négligeant les carrés des inclinaisons et des excen- tricités, on peut faire cos o — 1, remplacer sin @ par tang o et faire — V” Ma, M étant la masse du soleil; on aura donc c— VMEmV'ap, c —-VM 5m Vu, c'— VMsmVa. Mais nous avons trouvé ($ VIT), 2 K ©m V' ap — < sin 8, ” K Em Vag= N,N,(9, + 9;) D 7 NN; (g, + g.), ‘ + NN: (9, + 9 + … 2" SÉRIE, TOME VII. 4 ( 50 ) ou, ce qui revient au même, 2 (N59, + Nig, + N5g, + …) > (N,g, + N,g (N,+N, + N, + .), + N,g, + …) 2 le mouvement des nœuds de la planète sera constamment rétrograde : c'est ce qui a lieu, en effet, pour les principales planètes de notre système. On a vu, dans le $ VIT, que le mouvement séculaire des orbites est le même que si leurs pôles s’attiraient propor- tionnellement aux masses des planètes multipliées respec- tivement par les racines carrées des demi-axes et en raison directe de leurs distances. Cette remarque conduit immédiatement à la détermination des intégrales que nous avons trouvées précédemment : il est aisé de voir, en effet, que les équations =m V’ap — Constante, = V’agq —= COn- stante se rapportent au principe de la conservation du mouvement du centre de gravité et l'intégrale 2m V’a og? = au principe des aires. Le principe des forces vives conduit à l'équation mx V/av = k,g; + k,g + . dans laquelle v’ v’, etc., sont les vitesses des pôles des or: bites. On peut conclure de là que les orbites des grosses pla- nêtes de notre système se déplaceront toujours avec une très-grande lenteur. XIT. Considérons le cas de deux planètes et déterminons les courbes décrites par les pêles des deux orbites : à (91 ) cause de la petitesse des inclinaisons, on peut supposer ces courbes planes et situées dans le plan mené paral- lèlement au plan invariable par le pôle de ce plan. Trans- portons donc l'origine des coordonnées en ce point, et prenons pour axes des x et des y des droites parallèles aux axes primitifs, en changeant, toutefois, la direction de l'axe des y; p et q seront alors les coordonnées du pôle de la première orbite et p', q' celles du pôle de la seconde. Or, on a DO N; sin (9,t + 8), q = N, cos (gt + B,\, p —=N; sin (gt + 8,), qg — N,' cos (gt + 8,), d’où l’on tire PE tang (g,t + B,), q q p + =N, Donc les deux pôles sont toujours situés sur une même droite passant par le pôle du plan invariable et décrivent autour de ce point comme centre, avec une vitesse an- gulaire égale à g,, deux circonférences de cercle dont les rayons sont Net N/, abstraction faite du signe. Il suit de là que les plans des deux orbites se coupent toujours suivant une droite.située dans le plan invariable et que leurs nœuds sont animés d’un mouvement uniforme et rétro- grade, puisque g, — — (a a’) — (a', a). On sait que NmV'a + N'/mV'u — 0, donc N, et N,/ sont de signes contraires ; par conséquent, (92) l’origine des cordonnées est située entre les deux pôles, et les rayons des cercles décrits sont inversement propor- tionnels à mV/a, m'! V/a'; ce qui résulte, d’ailleurs, de ce que le centre de gravité des deux masses mV/a, m'V/a’ placées aux pôles des orbites, se trouve au pôle du plan invariable. Il est même facile de vérifier que la force cen- trifuge , à laquelle donne naissance la rotation des masses. mV'a, m! Va’, est précisément égale à leur attraction mutuelle, suivant la loi énoncée précédemment. Les or- bites des deux grosses planètes de notre système se dé- placent longtemps, à peu de chose près, d’après les lois que nous venons d'énoncer; l’action des petites planètes sur Jupiter et Saturne reste toujours très-faible; celle d'Uranus, à cause de son éloignement, ne se manifeste d’une manière bien sensible qu'après un grand nombre de siècles. Les courbes décrites par les pôles des deux orbites, pendant l'intervalle d’une révolution de ces points, qui est d'environ 56,000 ans, ne s'éloigne pas beaucoup de la forme circulaire; nous verrons plus loin comment Uranus altère à la longue les mouvements des deux orbites. , Considérons maintenant le cas de trois planètes : on a pour déterminer le lieu des pôles des orbites les équations p —=N, sin (gt + 8, N, sin (g,t + B,), ; cos (g,t + B,), dé g =N, cos(gt + B,) + + N,' sin (gt +-8,), 3 ca + D'UN sin AL + 8, 2) 2) | cos (g,t + B,), ” sin (g,t + B.,), à 7 cos (g,t + B,). On tire de ces formules plusieurs conséquences remar- quables; en ajoutant les carrés des deux premières, on a ( 99 ) pour la distance du pôle de la première orbite à l'origine des coordonnées, ee —N +&N, + 2N, N, cosf(g, — g,)t. + 8, — 8,], on aura de même MN EN," + 2N,/N, cosy, — g.)! + 6, — B,], | ÆH | Aile ie | de LE AN Ne" cos [(g, BCE q,) L +- B, ETS (CHE Soil (9, Li 9) t DT Be es Fr on aura cos [(g, — g,)t+ B —B,]= Æ 1, suivant que n est un nombre pair ou un nombre impair, et par suite, p=N, EN,, Ch DE. N° me N,;';, 1 — WE N7, en ayant soin de prendre les seconds membres avec le signe +. Or, il est clair que ces valeurs sont respective- ment les plus grandes ou les plus petites que puissent prendre les angles &, o', o/', suivant que les deux termes du second membre sont de même signe ou de signes con- traires ; donc les inclinaisons des trois orbites sur le plan invariable deviennent à la fois des maximums ou des mini- mums. Ainsi, dans le système formé par les trois pla- nètes, Jupiter, Saturne et Uranus, N, et N, sont de signes contraires, tandis que N°, N° sont tous les deux positifs (54) et N,/’, N,” tous les deux négatifs; donc, lorsque l'incli- naison de Jupiter est un maximum, celles des deux autres planètes sont des minimums, et réciproquement. Je dis, de plus, qu’au même instant les trois pôles sont situés sur une même droite passant par le pôle du plan invariable, ou, en d’autres termes, que les trois orbites se coupent alors suivant une même droite située dans ce plan. En effet, la condition (g, — g,) t + B, —6,—= nr donne sin (g,t + B,) = + sin (g,t + B,), cos (9,t + B,) — + cos (g,t + B,), el par suite p =(N, ÆN, )jsin(gt+8,), q —=(N: ÆN, )cos(g,t + B), p'=(N) ÆN,')sin(gt +8), qg —(N'+ÆN, )cos(g,t + B,), p'=(N'ÆN,")sin(gt+8) g'=(N'ÆN,")cos (gi + 8). d'où l’on tire — A 2e — tang (gt + B,); q q donc les trois pôles sont situés sur une même ligne droite passant par l’origine des coordonnées, ce qui démontre la proposition. On voit, de plus, que deux intersections consécutives des trois orbites font toujours entre elles le même angle gt + f,, le temps { étant déterminé par l'équation (ga —4it+8, —B8,—= 7. Il est facile de s'assurer que les inclinaisons mutuelles (9ù ) des orbites sont, au même instant, des maximums ou des minimums ; Car On à E—=(p—p) +(g — gg} =(N—-N)+(N—-N)+2(N, —N;) à: “ogg N,") cos [(q1 — #2) ? +- Ps — Be], £ étant l'inclinaison des orbites des planètes m et m'. Il suit de là que la somme des deux quantités N, — Net N,—N,', prises avec leurs valeurs absolues, est une limite supérieure de £, et que leur différence est la limite infé- rieure du même angle. Nous avons pensé qu'un relevé géométrique du mouve- ment des pôles des orbites des trois grosses planètes de notre système et de l’écliptique ne serait pas inutile; on pourra ainsi se faire une idée nette du déplacement de ces orbites; nous avons donc calculé les coordonnées p, q, etc., de 5,000 ans en 5,000 ans, à partir du 1° janvier 1800, pendant 100,000 ans. Nous nous sommes servis pour cela des formules numériques contenues dans le $ 534 du mé- moire de M. Leverrier. Il faut remarquer que ces courbes, surtout celle que décrit le pôle de l'orbite d'Uranus, seront altérées d’une manière assez sensible par l’action de la nouvelle planète Neptune, dont on n’a pas tenu compte. L'action des quatre petites planètes sur les trois grosses masses dé notre système est assez peu sensible; on peut donc considérer le déplacement des orbites de Jupiter, de Saturne et d'Uranus, comme le résultat de leur attrac- tion mutuelle, et s'assurer ainsi de l'exactitude des propo- sitions que nous venons de démontrer. Dans la fig. 1, E représente le pôle boréal de l’écliptique, en 1800, et P, J, S, U ceux du plan invariable et des orbites de Jupiter, de Saturne et d'Uranus; EQ est une droite menée parallèlement à la position moyenne de la ( 56 ) ligne des équinoxes à la même époque; JR , ST, UN sont les courbes décrites par les pôles des orbites de Jupiter, de Saturne et d’Uranus, et la courbe EC représente la marche du pôle de l’écliptique; les chiffres 1, 2, 3... placés en différents points de ces courbes, indiquent les lieux des pôles 5,000, 10,000, 15,000 ans, etc., après le 1% janvier 1800. Nous terminerons en donnant une table des limites supérieures et inférieures des inclinaisons des orbites sur le plan invariable. Limites Limites PLANÈTES. l SUPÉRIEURES. INFÉRIEURES. METCOEEMEREN TE RER ire Le nt. 7° 42’ 42” 3° 58 55 MERS men SUN L'DUAEE EE Le Le 5 44 18 ù AMAAEENEE 00 VE. OEM (LEE à 3 17 50 | » Mars eu NS SRE ATEN R 5 54 58 » JUPLEC A EE TT ES ET UT NP LD | 0 26 56 | 0 16 42 SEUL PT ARE EN MR AT 0 58 27 0 49 55 Dranus: , 3444 | NT MNT 0 58 56 0 53 56 Le mouvement des nœuds des quatre planètes, dont les inclinaisons sur le plan invariable ont une limite infé- rieure, est toujours rétrograde. (57) Variations du grand axe de l'excentricilé et de la longitude du périhélie. XIE. Avant de nous occuper de la détermination des varia- tions des éléments qui fixent la forme et la position de l’elhipse décrite par la planète dans le plan de son orbite, nous rappellerons en peu de mots les formules du mou- vement elliptique. Soient : C le centre de lellipse, S le foyer occupé par le so- leil, AB— 2a le grand axe et e l’excentricité ou le rapport + « Ces deux éléments déter- minent la forme de l’el- lipse; sa position dé- pend de l’angle OSA qui fixe la position du périhélie A par rapport à une droite fixe SO. Désignons par v l’angle OSM qui détermine le lieu de la planète dans son orbite ou sa longitude, et par r le rayon vecteur SM, l'équation polaire de l’ellipse sera (1) PL ner EL | 1 + ecos(v — «) On sait que les aires décrites par le rayon vecteur sont proportionnelles au temps ; donc, si l’on représente par t le temps employé par la planète pour aller du périhélie A au point M et par T le temps d’une révolution de lastre, on aura za VA — € , 3 À ASM — (08 ) D'après une propriété de l’ellipse, les deux demi-seg- ments AMN, AM/N sont entre eux comme les demi-axes de la courbe; les triangles CMN, CM'N sont d’ailleurs dans le même rapport; donc, il en est de même des sec- teurs ACM, ACM’, et l'on a, par conséquent, ACM — ACM/V/1 — e, Si l’on représente par u l'angle ACM/ ou l'a- nomalie excentrique, on aura sect. ACM — ! @uV’1 — +”; le triangle SCM a d’ailleurs pour mesure 1 I Date I +7 FEES 5 SC-MN = de LATE e.MN==aev1 — e? sin U, donc ] HOMME EPS ASM A — e (u—esinu) el par suite 2 2: Mn U 6e)SINUT: (2 ï Exprimons aussi le rayon vecteur en fonction de l'angle u : on à, comme on sait, — a +e.CN; mais CN — — a COS u, donc EU, leu 2 PCT La comparaison des valeurs de r, fournies par les équa- tions (1) et (5), donne sans peine cos u — e 1 sin u V1 —e’ (4). cos (0 — ©) = ——, sin(v — 0)= 1—ecosu 4 —ecosu 5) Le ) Li | BD) . . tang —(0 — «) — ang — 4. 5 9 1 —e 59 _ (59 ) ara?V'1 — e? — ou le double de l'aire décrite par le rayon vecteur de la planète pendant l’unité du temps, on aura Désignons par Æ la quantité Si l'on représente par K la force en vertu de laquelle la planète décrit son orbite autour du soleil, la force accélé- ratrice qui tend à éloigner cet astre du soleil sera l’excès de la force centrifuge sur la force F, et l’on aura 2 d’r dv \° à 7 ÉA ds Mais l'équation (1) mise sous la forme 4 + e cos (uv — «) a (1 — e) 1 HT donne dr ke sin (v —«). dt a (1 — 6°) en dérivant une seconde fois, il vient Er UE k° d® 75 ar’ (4 — e) donc k° M er La force F est donc en raison inverse du carré de la ( 60 ) distance, elle est d’ailleurs proportionnelle à la somme des masses du soleil et de la planète; en représentant cette k somme par g, on aura donc = — bel par suite (Qi EZ NCAA | OUR APE k— V'ua (1 — e). : PRE 27 \ En désignant par n le moyen mouvement — de la planète el en comparant cette valeur de k à la précédente, on aura Wu — n«”, et l'équation (2) donnera, en désignant par ! une constante qui dépend de l’origine du temps, 3 2 a (8) ss += tu —esin 0): a Abaissons une perpendiculaire du centre du soleil sur la tengante menée à l’ellipse au point M, lieu de la planète; en désignant par p cette perpendiculaire, on aura RE CN p 2 r Si l’on représente par v la vitesse de l’astre, on aura pv = k = V'ua (1 — e), et, en substituant, dans l’équa- lion précédente, la valeur de p tirée de cette dernière , 1 vient PREND Curs Sept À présent que nous avons sous les yeux les formules qui (61) se rapportent au mouvement elliptique de la planète, nous allons déterminer les variations que subissent la forme elliptique de l'orbite et sa position dans son plan par l’effet d'une planète troublante m’. XIV. Décomposons la force perturbatrice en trois autres forces rectangulaires dirigées, la première normalement au plan de l'orbite de la planète troublée, la seconde, sui- vant le prolongement du rayon vecteur SM et la troisième, perpendiculairement à ce rayon vecteur et dans le sens du mouvement de l’astre. Nous venons de voir que la première de ces trois com- posantes produit le déplacement du plan de l'orbite ; exa- minons maintenant l'effet que produisent les deux autres forces que nous représenterons par les lettres P et Q. La force Q, dont le moment, par rapport au centre du soleil, est Qr, tend à accroître l’aire décrite, pendant l’in- stant dé, par le rayon vecteur de la planète troublée de la quantité ? Qr; on aura donc la formule dk (a) CE Qr pour la détermination de la variation de la quantité k. On trouvera avec la même facilité, la variation du demi- grand axe a; car si l’on désigne par T la composante tan- gentielle de la force perturbatrice, ou, ce qui revient au même, la somme des composantes des forces P et Q suivant la tangente menée à l'ellipse au point M dans le sens du mouvement de la planète , l'effet de cette force sera de faire prendre à la vitesse V, pendant l'instant dt, l’accroisse- (62) ment Tdt; et comme le rayon vecteur r ne change, pen- dant le même instant, que d’une quantité infiniment petite du second ordre, l'équation (9) donnera, par la différen- tiation, L''au7". 2% a dt 774 Les cosinus des angles Le la Énene MT fait avec MR et MQ Fous évidemment 7 -elr-—, ou, ce qui revient au même + ‘ — let ; Où aura tres " dr 0 V = DAS + Œn dt 1 el par suite da Da? di k (D) CO EEE P— + Q— dt 72 dt r Cherchons à présent la variation de la quantité « ou de la longitude du périhélie. On y parvient très-simple- ment de la manière suivante : si, au moyen de l'équation RUE ER Len trouvée _prévélemment et à laquelle on dt a (1 — e?) peut donner Ja forme =" sin (v —«), on élimine k? l’excentricité e de l ee (1) mise FLE la forme = — 1 + 2 COS (& — «), on aura, en faisant Ÿ Th kr' u tang (D — w) — 1 mr Observons maintenant que les forces perturbatrices P et Q font prendre, pendant l’instant dt, aux quantités r’ et k les (65 ) accroissements Pdt et Qrdt ; on aura done, en différentiant, mo ds kPdt + r'dk 2r'k’dk CE: k° | di : a: ou , à cause nn — 1 — € cos (v — o), PA) do 2k° ue — = — kP cos (v — «) — | cos (U — «) — | Qrr. dt er En substituant dans cette équation à r’ et à cos (v — w), qui se trouve entre crochets, leurs valeurs précédentes, on peut l'écrire ainsi : do k L ar k (e). T° sin (o— «) (1 Me D (UE) Exprimons maintenant les variations de Æ, a et wo au moyen des dérivées de la fonction R—m' Le a M A |: r'5 NY. RC COR SAR. AR Nous avons vu que les dérivées > ==> -— représentent x dy dz ï les composantes de la force perturbatrice suivant les trois axes coordonnés. Mais le rayon vecteur r fait avec ces axes des angles dont les cosinus sont dæ dy dz de dr dr on aura donc dR dx dR dy dR dz ee + dæ dr: dy dr dz dr el par suite La tangente MT fait avec les troix coordonnés des angles dont les cosinus sont dx dy dz ’ ? » rdv rdv rdv on à donc aussi 0 1 = de :'"dR dy dR = - À ——— -t- — dx dv dy dv. dz dv ou bien { dR Q—- — r dv En substituant ces valeurs de P et de Q dans les variations de k et de a, on aura dk dR dt 00 da 2a° {dR dr dR ® di ue Nr En ou da 2a° dR TENUE mr a Puisque, par les formules du $ précédent, v— w + une fonction des contantes a, k et de t + /, et que la constante ( 65 ) l se trouve toujours ajoutée au temps {, on a évidemment dR _dR dR dR dv FL HU à et, par conséquent, dk dk dt do da 2a° dR dt HE & dl | Si l’on substitue la valeur de l’excentricité e tirée de l'équation (7) en fonction de k dans les équations (3) et (8), l’élimination de l’angle w donnerait r en fonction des con- stantes a, k et de { + 1. Cherchons la dérivée partielle de r par rapport à k; sans effectuer celte élimination ces équa- tions donnent dr à du de — == {6 SIN U — — COS U) À —) dk Fa 6-7 du 1 (1 — e cos u) — — sin u = 0, de HAN. du et en éliminant a SR mme — Mais on a de k \ cos u — € — = — —— 3 COS VO) dk ae 1 — ecosu Qc 2e SÉRIE. TOME VIL. (66) et par suite k — = — COS (U — w). ue Cherchons de même la dérivée de v par rapport à k; prenons pour cela les logarithmes des deux membres de l'équation (5) et dérivons ensuite par rapport à cette quan- lité, nous aurons, 1 do [ 1 1 LE sin (U—«)dk 1—e* 7” sin u de |dk - : du , de el par suite, en y substituant pour et leurs valeurs précédentes, ? dv 1 "| k sin (v — «) == + — | ——————— mae ou, ce qui revient au même, dv ur\ k sin (v — «) | LE k° mer l’équa- re dr dv Au moyen des valeurs précédentes de =; et de +, tion (c) pourra s’écrire de la manière suivante : do = 2 Or du = RP dr dt dk dk ou bien do dR dv dr dé dovdk ‘dk (67) et comme la fonction R ne contient pas explicitement la quantité Æ, on aura do dR M dE Il nous reste à chercher la variation de la constante L. Or, si l’on substitue dans l'équation (8) la valeur de u tirée de l'équation (5), on aura € + l'exprimé en fraction de a, k et de la variable r. Cette relation donnera dd dl da dl dk —— nt tort DUR. dE d dk à ou bien, en y substituant les valeurs de T et de —- trouvées précédemment, dl 2a° dR dl dR dl — = ———— == RE dt æ dl da dv dk et 1l suffira de inpshituer lens cette équation les valeurs des dérivées partielles 3; = 1 de Mais on peut se dispenser CEE dr du calcul de © _ , Car On a — + — ——0,- étant la dérivée partielle de r par rapport à a, et, par conséquent, dl Le 2a° dR dl dr dR dl dd à dl dr da do dk Calculons la dérivée Z : A cause de 2 — — À —, ON à dk dk aye dl. kV'a cosu—e k° (cos u — e) ? dk auV’ux esinu me sin uV/1 —e° ( 68 ) ou bien (4) dl k? cot (v — «) dk ny m’e° k2 Fi j L'équation (1), mise sous la forme cos (v — ©) = ——; donne aussi k° it — Tr 4 CO” de k° cos (v — 0) sin (v — &) —— — RARE E ; da er da 2a° ue” d’où dv k° cot (v — «) da 2ua°e° En comparant les valeurs de © — = el de © , On en déduit dl ia 9a° dv dk. de on à donc dl 2a° Ê dl dr dR = be Ne NO dut IE Il est facile de voir que la quantité entre parenthèses est la dérivée de R par rapport à a; car on a dR dR dr. dR dv dr En dr dl dv dr PTE Lee de” et, par suite, à cause de. — dl 2a° É dr dRdvdr dR = dt a \drda dvdrda dv da)! ( 69 ) donc enfin dl à, 2a° dR FR æ da XVI. Rassemblons maintenant les formules que nous venons de trouver, en y joignant celles que nous avons obtenues dans le $ IT pour les variations des inclinaisons et de la longitude des nœuds ; nous aurons les six équations da 9a° dR dl ns 94° dR & op dl HER doit dk dR do dR HETS UN dt dk CET de do 1 dR dt ksin o de dt ksino dé La constante « représente la longitude du périhélie comptée dans le plan de l'orbite de la planète à partir d'une droite fixe; si l’on prend pour cette droite l’inter- section de ce plan avec le plan fixe des xy, la valeur pré- cédente de do ne représentera plus que la partie de la variation de cet angle provenant du mouvement du grand axe de l’orbite, et pour avoir la variation totale, il faut y ajouter celle qui est due au déplacement du plan de l'orbite et que nous avons représentée par dv dans le $ I. On à vu aussi, $ IF, que, dans le calcul de _ on a fait varier non-seulement l’angle © qui entre explicitement dans R, mais encore l'angle v en lui attribuant l’accrois- sement 20 — — d0 cos ®. On peut donc remplacer, dans la (70) . ’ , * ’ dk dernière des équations précédentes, + par dR dR da 2a° dR dl 2a° dR dt Adi un aid dk dR do dR coto dR de cie ir TS do 1 dR ds cot + dR À "4h dt ksingdo dre CE do ksne di Soit € la longitude de l’époque et 7 celle du périhélie comptées à partir de l’axe des n, on aura nm —:—7et z — 0 + ©. De ces équations et des relations k— Vuali—e), n — Farine on déduit de an V1 — e dk 4 — e° da ZE — 0 ——— —© À —————— — ) dt ue dt Jae dt dx de dx (A1) En considérant donc R soit comme une fonclion des constantes a, l,k, w, 0 eto, soit comme une fonction des constantes &, €, e, x, 0 St®, on lrouve sans peine dR dR 4 —e° dR 5e—7 dR da da Er" Jae de PUETRE dR dR = A ——) D à dR dR dR — = — + —) do de dr dR ee +) dR ER CON D do de dr do dR anV1—e dR dk ue do dR té dR dé ds Donc si l'on change dans ce qui précède R en m’'R, R désignant maintenent la fonction À xx + yy + 23° P n° et si l’on fait, pour abréger, À =, on aura les équa- tions | da dB — == A —) dt de de dR xeVi1—e dR 1283 4R — —= — = E —_—_]_—— —— + a dt da LV 1e de PATTES 2 do de AV 1 — e° dR xeV1— ce dR ‘ ANR e dr A14+V1—e de (72) @ 1 xetang = } Re M ln ii dt de VOA Le d | ? dz à dR. Àlan8> É a] en — + — ] dt sin V1 —e ds V1 —e \ de dr de À dR dt sin V1—e d’ Note sur l’aurore boréale du 21 avril 4859 ; par M. Ern. Quetelet, correspondant de l’Académie. J'observais, le 21 avril, dans la salle des instruments méridiens, quand, me tournant vers le nord, à 8°45", mon attention fut attirée par la teinte rouge du ciel. Je sortis aussitôt et reconnus une aurore boréale. Mon père ayant été prévenu, nous pûmes suivre le phénomène. Vers l’ho- rizon nord, le ciel était très-sombre et très-couvert : mais, de 20 à 60° environ de hauteur, il était d’une couleur rouge très-prononcée qui s'étendait du NNE jusque dans l’ouest. De ce côté, la limite ne pouvait être déterminée, le ciel nous étant caché à partir du NO par le bâtiment. Sur ce fond rouge se faisaient remarquer cinq bandes parallèles presque verticales, d’un jaune orangé ardent, l'extrémité supérieure inclinant un peu vers l’ouest (on peut estimer l’inclinaison des bandes à 10° environ). Elles étaient distantes de 6 à 7° et emportées d’un mouvement commun de l’ouest vers l’est. Les instruments magné- tiques consultés aussitôt ne m'offrirent pas de variation. Quand je revins, vers 8"55", la coloration avait presque complétement disparu; mais du haut du bâtiment on pou- vait encore distinguer un nuage rougeâtre dans l'ouest, HER - PCs ù SC LCR D Te "EE PS L'or NU" Ù FREE NT LR VUS ES TER MP TON UT ' ee LEA Pa : 4 el. } Puué dar " Due NT \ ‘ s0ù 4 È à \ TER | CEA LI P 1 d ÿ { \ ; ‘ a n | ÿ : (| « # à L ñ i | L | ui ù | \ 1 1 . ? mn f À (Ar L } Qu n LA LE HA D | S P Fr ‘ 4? L {is i 4 k 7 + FD oi s L 4 À \ £ d g \ | No Eds En \ Ne es | h d 1 AC fu 4 + L Ll ( | , 12 ù LE | ; : [l Le 4 1 L LA NE D'AMREMN ) ; | For PLRL A 4 4 " ÿ | fe à Mid } fl # M: 460 ONE N} DATES # Cet À 4 (ve { PAR 4 F4 SE ñ Fr , dus Y . he + leu A EU } LA É 2 Ll h ê T | | qe , Are] ( ! Pot i . \ | “ | AU L ‘ S + t: \ Le * L'ArÉ? wa Li * n 1 à Le JM { (78) entre 50 et 40 degrés de hauteur. D'après la remarque de mon père, la couleur rouge s'était effacée d’abord à l’est; puis, de proche en proche, vers l’ouest. À 95", les instru- ments magnétiques, consultés de nouveau, étaient en pleine perturbation. Le barreau de déclinaison avait dévié subi- tement de plusieurs minutes vers l’ouest. Il revint ensuite lentement à son état normal, qu’il dépassa vers 10 heures pour dévier en sens opposé. L'heure où le phénomène à commencé ne peut pas être précisée. Cependant M. Bouvy, qui passait dans la rue Royale allant du sud au nord, vers 8 < heures, m'a dit qu'il n’y avait encore rien alors, tandis que, sortant de chez lui à 9 heures moins 40 minutes, il avait été frappé du magnifique aspect du ciel. Vers 75 heures, avant de com- mencer à observer, j'avais remarqué dans le ciel de longues bandes de cirrho-stratus, mais rien ne faisait prévoir une aurore. M. Bouvy et moi nous avons suivi le phénomène jusque vers minuit. L’horizon de l’ouest au nord était nua- geux et fort sombre. Le bord de ce nuage était diffus et présentait l'aspect de fumée. Il paraissait être dans un mouvement continuel. Au-dessus était une partie claire, d’une lumière blanchâtre, quelquefois teintée de rouge pâle. Plus haut se présentaient des cirrho-stratus étroits et fort longs qui partaient de l'horizon NNE et montaient, dans l’ouest, à 20 et 30° de hauteur. Leurs extrémités se fondaient dans la teinte sombre du ciel, rendue encore plus foncée par le contraste avec la clarté de l'aurore. L’intensité de la lumière était assez variable. A deux ou trois reprises, nous avons remarqué des parties où la clarté devenait beaucoup plus vive et quelques jets lumineux qui montaient de l'horizon jusqu'à 20 à 25° de hauteur, en pas- sant derrière les cirrho-stratus. Tous ceux-ci avaient un mouvement commun vers le NE et se déformaient un peu, (74) Nous avons remarqué aussi le phénomène connu des anciens sous le nom de Caprae saltantes. I était assez re- marquable dans le cas actuel, parce que, les nuages aflec- tant la forme de cirrho-stratus parallèles et très-voisins, séparés par des parties claires, on voyait très-distincte- ment que ces parties claires n'étaient pas d’une largeur constante, mais qu'elles éprouvaient de petites contrac- tions et dilatations dans le sens vertical. Le ciel avait été voilé depuis le coucher du soleil. Vers minuit, il s’est un peu éclairci, mais la teinte blanche à persisté dans le NO. Le 22 et le 25, les perturbations magnétiques ont con- tinué, mais elles étaient moins marquées. Le soir, les lueurs blanchâtres de l’aurore étaient encore visibles. Le 22 surtout, on a remarqué des jets de lumière blanehe plus intenses que les parties voisines. Les cirrho-stratus ont persisté, pendant ces trois jours, à peu près dans la même direction du N au SO ; quoiqu'ils se rapprochassent de l'horizon. On pouvait les distinguer dans le jour, sous la forme de légers cirrho-stratus blancs, immobiles dans la partie la plus élevée du ciel, tandis que les régions plus basses offraient d’autres espèces de nuages. Le 24, pendant le jour, on les voyait encore, mais le soir, le ciel s’est couvert complétement. Le 22 au matin, le ciel était voilé par un léger brouillard sec (légèrement odorant), et le 22 et le 25, on a remarqué des halos autour du soleil. Je cite ces faits parce qu'il semble que l’état des cou- ches supérieures de l'atmosphère à été influencé ou, au moins, a présenté des modifications assez remarquables qui peuvent être en relation avec le phénomène de l’au- rore boréale. Sur le méme phénomène. Lettre de M. Maas, professeur de physique à Namur, à M. Ad. Quetelet. « Nous avons eu, le 21 avril, une magnifique aurore boréale. C'est à 8"15" du soir qu'on a commencé à s'en apercevoir; le 22, à 2 heures du matin, elle était encore très-brillante. « Vers 8"50", les bandes lumineuses atteignaient pres- que le zénith, mais ne le dépassaient pas. D'après le récit d’un témoin , il y aurait eu deux couronnes concentriques de couleur amarante dans leur pourtour inférieur : elles étaient réunies par cinq bandes de couleur jaune de feu (ce sont ses expressions) qui s’amincissaient inégalement vers leur contact avec la couronne intérieure. Elles étaient enchàssées dans deux larges bandes verticales de couleur bleue très-prononcée. Les couronnes se déplaçaient avec les nuages. À partir de minuit, 1l s'est élevé successive- ment dans divers azimuts, à l'O. et à l'E. du méridien, une bande blanche qui prenait successivement plus d’ex- tension dans le sens horizontal et passait du violet au rouge, au rouge foncé, au rouge de feu. À ce moment, la hauteur du phénomène était assez grande pour que les colonnes semblassent se recoquiller. » Vous aurez sans doute obtenu des perturbations magnétiques ; mais n'y en a-t-il pas eu non plus d’assez prononcées du 5 au 7? Ce phénomène s’est reproduit ici jusqu’à 2 heures du matin : temps où l’observateur à été interrompu. » Comme suite à la note que vous avez eu l’obligeance de faire insérer dans le Bulletin du mois d'avril, je vous adresse un nouveau tableau des perturbations atmosphé- riques observées dans notre ville. (76) NAMUR, 1859. e FT Pression DATES. HEURES, _ |[Différence.|| DATES. PPS baromét. Maximum. Minimum. | mm, 6 avril. | 9 h. du matin .| 759,68 mm. 6 avril. | 21,0 6,8 —14,83 9 » 9 » » ; 44,85 70% 25,2 6,9 2,45 » 9 » Soir 47,50 D, 2 16,8 12,0 —10,25 11 » MIA ERNEST 37,07 (9) +) 14,2 12,2 8,10 12 » 5 h. du soir. . 45,177 10 » 15,2 9,7 —17,03 15 » 8 » malin . 28,74 44» 12,4 6,9 1,73 » 9 » » : 50,46 12 » 10,1 4,9 12,06 14 » Midi EU 42,52 13 » 7,0 4,6 —15,14 1oL0eS 5 h.50m.dum.| 29,58 | 14 > 10,1 2,0 12,05 » 9 h.dusoir. .| 41,43 15200 8,5 6,2 1,5 167 1 h.30m.dum.| 42,90 | 16 » 6,5 1,4 (*) Tonnerre. (**) Tonnerre (à deux reprises). » Après la dernière observation, la seule prise au ba- rométrographe, la pression n’a presque pas varié pen- dant sept heures entières. Le 15 avril, de 10"15" à 10:20" du maun , il y a eu une ascension barométrique brusque de 0°",7 : ce dépla- cement subit n’a pas altéré la course générale de la courbe des pressions, qui ont continué pendant toute la journée à être rapidement croissantes. Au moment de la secousse, il régnait un vent violent d'O. qui a duré 35",5 avec une vitesse de 16 mètres par seconde. Une rafale plus violente que les autres a donné une vitesse de 20 mètres, d’après l’excessive rapidité de rotation de l’anémomètre comparée à celle qu'il possédait quelques instants après. » EPP Sixième notice sur quelques Cryplogames inédites ou nou- velles pour la flore belge ; par G.-D. Westendorp, médecin de bataillon de 1"° classe, au 12° rég. de ligne, à Ter- monde. | La notice que nous soumettons aujourd'hui à l'appré- ciation de l’Académie royale des sciences de Belgique est la continuation de celles qui ont paru successivement dans les tomes XIT, XVIII, XIX et XXI de la 4'° série et tome II de la 2"° série de ses Bulletins. Le but que nous nous étions proposé dans le temps et que nous avons fait connaître dans les avertissements placés en tête des précédentes no- tices, est resté absolument le même, c’est-à-dire celui d'apporter notre part de matériaux pour la future confec- tion d’une flore cryptogamique générale du pays. Nous avons réuni dans cet opuscule, indépendam- ment de quelques mousses et lichens du Luxembourg et du Hainaut, un certain nombre de Pyrénomycètes qui n'avaient pas encore été signalés dans notre pays et que nos recherches sur les Hypoxylées de la Belgique nous ont fait découvrir. Pour mieux faire connaître leurs caractères microsco- piques, et faciliter ainsi l'intelligence du texte, nous y avons Joint une planche donnant la forme exacte des organes reproducteurs de toutes les espèces que nous avons Cru pouvoir considérer comme critiques ou nou- velles. Quelques espèces mentionnées dans cette notice ont déjà été publiées en nature dans les derniers fascicules de notre Herbier cryptogamique belge : nous les avons dési- gnées par les initiales HCB, placés à la suite du nom. Les (18) autres figureront pour la plupart dans les prochaines livraisons. MM. le docteur Tosquinet, le comte Alfred de Lim- minghe, Crepin, Gust. Aubert, le pharmacien Demey et surtout le R. P. Clém. Dumont, ont contribué pour une large part dans la confection de cette notice, en nous communiquant toutes les espèces intéressantes qu’ils ont trouvées dans les localités qu'ils habitent et explorent avec tant de zèle et de succès. Qu'il nous soit permis de leur en témoigner toute notre reconnaissance. LYCOPODIACÉES. 1. Lycoronium cHamæcyparissus Tabern. — CB, n° 1105. — Lyc. co- PLANATUM 3 CHAMÆC. Spring. Environs de Stavelot, province de Liége, d’où M. F. Crepin nous l’a fait connaitre. MOUSSES. 2, BARTHRAMIA CRisPa SW. — CB, n° 1502. — BaARTH. POMIFORMIS 0. Crispa C. Mull. Deutsch. Moose, p. 262. Entre les fentes et les endroits humides du Luxembourg et du Hainaut. (Le R. P. Clém. Dumont.) 5. Neckera Suirun C. Mull., Deutsch. Moose, p. 591. — ÆCB, n° 1505. — PrEROGONIUM SmiTHI SW. Cette espèce, qui paraît ne jamais fructifier dans nos contrées, a été trouvée sur les troncs des vieux arbres, aux environs de la Roche, dans le Luxembourg. (Le R. P. Clém. Dumont.) . SPHAGNUM COMPACTUM ©. RIGIDUM Nees. — CB, n° 1508. — Desmaz., PL. crypt. de Fr., nouvelle série, n° 284. Dans les fossés des marais tourbeux de la Campine. L LICHENÉES. 5. STEREOGAULON Naxum Ach. — CB, n° 1514. — Desmaz., PL crypt. de Fr., nouvelle série, n° 48. Sur la terre et les rochers, dans les Ardennes. 2 (79) Ü. STEREOGAULON CONDENSATUN Hoffm. — CB, n° 1515. — Schær, Lich. helv. exsicc., n° 509. Sur la terre, dans les bruyères élevées et sèches de la Campine , du côté de Lommel. (M. Dumont.) . STEREOCAULON CEREOLINUM ACh. — CB, n° 1516. — Kôrb., Syst. lich. germ., p. 14. Sur les rochers, dans le Luxembourg. (Le R. P. Clém. Dumont.) 8. PaRmMELIA DENTRITICA Pers. — PARM. OLIVACEA 5 saxicoLa Schær., Lich. helv. exsicc., n° 572. Sur les pierres et roches schisteuses, dans le Hainaut. (Le R. P. Clém. Du- mont.) 9. NEPHROMA LÆVIGATA ACh. — PELTIGERA RESUPINATA GB LÆVIGATA Fr. — Desmaz., PL. erypt., n° 1588. Au pied des arbres, parmi les mousses, dans les forêts du Hainaut et du Luxembourg. (Le R. P. Clém. Dumont.) 10. Lecanora suzeuurea Ach. — Z/CB, n° 1519. — LEc. PoLyTRoPA d sur- PuUREA Schær., Lich. helv. exs., n° 524. Sur les rochers, dans le Luxembourg et le Hainaut. (Le R. P. Clém. Du- mont.) 11. Lecanora sugrusca 3 minura Coem. — ZCB, n° 1524, — Lec. sugr. £ GRAmINICOLA Desmaz., PL. crypt. de Fr., nouvelle série, n° 590. Sur les rhizomes déterrés de l’Arundo arenaria, dans les dunes d’Ostende, aux endroits les plus exposés aux vents de mer. 12. UnceoLaria REPANDA (forma deformata) Schær., Lich. helv. exs., n°574. — LePpRanTA surFusAa Duf. — DiriNa massiLiensis Dur. et Mont. Sur les rochers, aux environs de Mons. (Le R. P. Clém. Dumont.) 15. UrcEoLARIA acTinosroma Pers. — Schær., Lich. helv. eæs., n° 573. — THELOTREMA RADIATUM Pers. — LimBORIA ACTINOSTOMA Kôrb. Sur les rochers , dans le Luxembourg, du côté de la Roche. (Le R. P. Clém. Dumont.) 14. LEGIDEA suBcaRNEA Ach. — Desmaz., PI. crypt. de Fr., n° 849. — Par- MELIA sORDIDA 3 Fr. Lich. Eur. — Zrora sornipa y Kôrb, 15. Lecinea Fumosa B Grisezza Flork. — Kôrb., Syst. lich. germ., p. 255. — Brarora Fumosa B Flot. Sur les rochers, dans le Luxembourg et le Hainaut. (MM. Gust. Aubert et Clém. Dumont.) 16. RuuzocarpoN monTa@ner Flot. — Kôrb., Syst. lich. germ., p. 258. — Lecinea pispora Naeg. et Hepp. — LECIDEA CONFERVOIDES © ATRO-ALBA Schær., Lich. helv. exs., n° 445. Sur les pierres et les rochers, aux environs de Mons, (Le R.P. Clém. Dumont.) “i ( 80 ) 17. SPHINCTRINA MICROCEPHALA Nyl — CB, n° 1527. — Desmaz., PI. crypt. de Fr., nouvelle série, n° 267. Se rencontre parasite sur la croûte du Pertusaria communis, se dévelop- pant sur de vieux troncs de chêne et de hêtre, dans les forêts. (Le R. P. Clém. Dumont.) 18. PERTUSARIA GLOBULIFERA Sm. — //CB, n° 1554. — PERTUSsARIA con- MUNIS B SOREDIATA b GLOBULIFERA Fr., Lich. Eur., p. 492. — VartOLARIA GLOBULIFERA Ach. Syn., p. 158. Sur les troncs d’un châtaignier. (Le R. P. Clém. Dumont.) 19, Isinrum WestrinGn Ach. — Desmaz., PI. crypt. de Fr., nouvelle série, n° 45. — PARMELIA SCRUPOSA , CRUSTA IN ISIDIUM MUTATA Fr., Lich. Eur. Sur les rochers, dans le Luxembourg. (MM. Gust. Aubert et Clém, Dumont.) HYPOXYLÉES. $ 1. — THÉCASPORÉES. 20. CLAVICEPS PURPUREA Tul. # Desmaz., PI. crypt. de Fr., nouvelle série, n° 380. — HCB, n° 1201. — Spnærta PURPUREA Fr. — Corpicers PURPUREA Fr. En semant des ergots du seigle pour obtenir cette espèce, et suivant en tout point les préceptes donnés par M. Tulasne, dans son curieux et savant mémoire (Ann. des sc. nat., 5"° série, t. XX, pp. 45 et suiv.), pour cette culture, nous avons été à même de faire quelques remarques qui ne sont pas dénuées d'intérêt, d'autant plus qu’elles pourraient en quelque sorte infirmer ou tout au moins modifier les idées émises par ce savant, au sujet du développement et de la filiation de l’ergot et du claviceps. Des ergots du seigle, récoltés pendant l’été de 1857 aux environs de Ter- monde et semés au mois d’octobre suivant, dans des terrines de jardi- nier, remplis de terre de bruyère, couverts d’une légère couche de mousse et d’un verre blanchi, et arrosés de temps en temps avec de l’eau de pluie, pour y entretenir une humidité constante et uniforme, n’ont produit aucune apparence de claviceps, pendant plus de quatre mois qu’ils sont restés en terre; mais depuis la mi-novembre jusqu'aux premiers jours de janvier 1858, tous ces ergots ont porté successivement - un grand nombre d'individus d’un petit champignon éphémère, décrit et figuré par Batsch (£lench. fung., p. 81, tab. XVII, fig. 78, abcd), sous le nom d’Agaricus papillatus. Après ce temps, plusieurs ergots, qui étaient à découvert, ont été envahis par le Trichothecium domesticum, d’au- ( 51 ) tres par l'Æspergillus glaucus, tous, enfin, se sont peu à peu détruits. Au mois de février 1858, je fis une nouvelle semaille avec des ergots de seigle récoltés pendant l'été de 1857, au camp de Beverloo, et cette fois je ne vis pas un seul agaric, mais bien le Claviceps purpurea, dont un grand nombre d'individus se sont développés successivement jusqu'au mois de juin, époque où j'ai dû abandonner mes expériences pour aller manœuvrer dans les plaines de Beverloo, Que conclure maintenant des faits qui précèdent? A quoi tient cette diffé- rence dans les résultats obtenus par deux semailles faites de la même manière, avec les mêmes soins, dans la même espèce de terreau, mais à des époques différentes et avec des ergots qui n'avaient par la même provenance ? Devrait-on admettre que l’ergot, ou mycélium scléroïde, comme on l'appelle à présent, peut, suivant certaines circonstances qui nous sont encore inconnues, produire des agarics ou des claviceps? Ne se pourrait-il pas que le Sclerotium fibrillosum, fungorum et lacu- nosum, qui produisent des agarics, proûuiraient aussi des claviceps ou d’autres Hypoxylées, s'ils étaient placés dans des circonstances favo- rables ? Il nous a été impossible, pour le moment, de résoudre les questions que nos observations nous ont suggérées et que nous posons seulement pour engager les personnes placées dans des positions plus stables que nous, de faire de nouvelles recherches sur ce point intéressant de la physiologie cryptogamique. 21. Corpycers WazLaysi1 N. Sp. — Icon. nostr., fig. 1. Tige grosse, tortueuse, courte, d’un peu plus d’un mill. de longueur, d’un jaune safrané, terminée supérieurement par une tête rugueuse, ova- laire, rougeâtre, d'environ 2 mill. de longueur sur 1 1}, mill. de grosseur. Périthèces ovalaires, membraneux, placés à la périphérie de la tête et “devenant proéminents. Thèques en massue très-allongées , presque cylin- driques, de 8 à °/,59°° de mill. de longueur. Sporidies hyalines, capillaires, droites ou flexueuses , longues de 5 à {/,,,*° de mill. S'est développé sur une petite larve d’insecte morte dans un chaume de graminée, aux environs de Courtrai, où M. Wallays, à qui nous la dé- dions, l’a découvert. 22. Spnænia LEUCOSTIGMA Lev., Fragm. myc., dans les Ann. des sc. nat., 3me série, t. IX, mars 1848, p. 142. Sur des branches mortes et tombées à terre dans les bois des environs de Louette-S'-Pierre. (M. Gust. Aubert.) 25. SPHÆRIA DISCIFORMIS 5 GRISEA Fr., Syst. myc., p. 558. — HCB., n°1106. — SrnæÆRIA GRISEA Dec. Qme SÉRIE, TOME VIl. G (82) Sur de vieux troncs de hêtre et de bouleau, dans le bois des environs de Louette-S'-Pierre. (M. Gust. Aubert.) 24. Srnæria Tosquiveru N. Sp. — Icon. nostr., fig. 2. Pustules saillantes, anguleuses, d'un noir mat, raboteuses à la surface supérieure , entourées par les débris de l’épiderme, d’un mill. de hau- teur sur 1 1/, mill. de largeur. Périthèces sphériques, noirs, réunis au nombre de 8 à 15, dans un strome blanchâtre. Ostioles plus ou moins longs et cylindriques, atteignant ou dépassant légèrement la surface du strome et la rendant comme mamelonnée. Thèques fusiformes , longue- ment pédicellées, longues de 5/,,,° de mille, plus !/,,° de mill. pour le pédicelle. Sporidies bisériées, cylindriques, droites ou légèrement cour- bées, hyalines, de ?/,,,° de mill. de longueur. Sur les branches mortes de l’Æcer pseudo-platanus, à Mirwart (Luxem- bourg). C’est à notre ami et collègue, M. Tosquinet, médecin de bataillon et amateur passionné de la belle science, que nous dédions cette sphérie. Se développe entre l'écorce et l’épiderme de la branche; mais on remarque des lignes noires qui circonscrivent chaque pustule et qui pénètrent jusque sur le bois. 25. SrnæÆria PUSTULATA Desmaz., PI. crypt. de Fr., n° 1755. — HBC., n° 1107. — Desmaz., Ann. des sc. nat., 1846 , 15° notice, n° 15. (Non Hoffm., Sow., Moug. et Nestl.) Sur les branches mortes de l’ {cer pseudo-platanus, à Louette-S!'-Pierre. (M. Gust. Aubert.) 26. Spuærta Limmivéun N. Sp. — Icon. nostr., fig. 5. Périthèces petits, sphériques, noirs, groupés au nombre de 6 à 15, nichés entre les fibres corticales et surmontés chacun d’un col cylindrique plus ou moins long. Les ostioles de chaque groupese réunissent en convergeant pour soulever et percer transyersalement l’épiderme, sous forme d’un disque arrondi, proéminent, mamelonné, noir et luisant. Thèques en massue presque cylindrique ou fusiforme , sans paraphyses, longues de 12 à5/,,, de mill. Sporidies uni- ou bisériées, fusiformes, hyalines, de$/,,,°* de mill. de longueur sur !/,,,° de mill. de largeur, et n’offrant à l'intérieur aucune trace de cloison, mais seulement quelques granules peu distincts. Sur les branches mortes de l’orme, au parc de S'-Georges, à Courtrai. C’est à M. le comte Alfred de Limminghe, jeune et zélé botaniste, auteur de la Flore mycologique de Gentinnes , que nous dédions cette hypoxylée. 27. Sruæria Rxekmozrui N. Sp. — Icon. nostr., fig. 4. Périthèces sphériques, noirs, immergés, réunis par groupes de 4, 5 ou 6. Les ostioles cylindriques de chaque groupe se réunissent en faisceaux pour soulever, puis percer l’épiderme du support et le rendre raboteux. (85) Thèques en massue, à double membrane à peine visible, longues de 6 à 700°° de mill, Sporidies hyalines, ellipsoïdes, à une cloison au milieu de la longueur, et mesurant '/,,‘ de mill. de longueur sur !/,59° de mill. de largeur. Cette espèce, que nous dédions à M. le baron De Ryckholt, colonel d’artil- lerie pensionné, connu par ses belles recherches sur la paléontologie du pays, se développe sur les branches du Symphoricarpos racemosa, dans le jardin de Me Van Landeghem , à Termonde. 28. SpnæRIA EXCIPULIFORMIS Fr., Syst. myc., Il, p. 469. Sur les troncs de vieux chênes, à Marck, pres de Courtrai. (M. Wallays. ) 29. SPHÆRIA LANDEGHENIE N. Sp. — Icon. nostr., fig. 5. Périthèces petits, sphériques, membraneux-aréolés, réunis par groupes de 5, 4, 5 ou 6, nichés entre le liber et le bois, sarmontés chacun d'un col cylindrique assez gros, qui soulève et perce isolément l'écorce, aux endroits où existent naturellement des fendillures. Nucléus blanchätre. Thèques cylindriques ou fusiformes, à membranes peu visibles, très- petites, mesurant seulement 1/,,° à 1/,,° de mill. de longueur sur ‘/,6,* de mill. de largeur. Paraphyses nuls. Sporidies ovale-oblongues, hyalines, divisées en deux par une cloison médiane, longues de 1/,,,° de mil. sur une largeur moitié moindre. En arrachant l'écorce, les périthèces lui restent attachés par leurs ostioles , et sur le bois on remarque souvent des taches noires, allongées, assez grandes, au centre desquelles on voit le bois à nu et indiquant la place où notre plante s’est développée, Cette espèce est tout aussi difficile à voir à la surface de l'écorce que l'Æendersonia philadelphi, qui se trouve sur le même support. Sur les branches mortes du Philadelphus coronarius, au jardin de Me: Van Landeghem-Anne, à Termonde. 30. Spxænia Gicaspora Desmaz., PL. crypt. de Fr., n° 2065. — ACP, n° 1108, — Saccornecrun corn Fr., Sum. eg. Sur les branches mortes d’un Acer, à Louette-S'-Pierre, Namur. (M. Gust. Aubert ) 51. SpræRIA cazzimorpua Mont. in Mer. Vouv. fl. des env. de Par., bmcédit,, t. I, p.258, — ACB, n° 1110. — Spuærra rusorum Lib.? Sur les sarments morts et tombés à terre des ronces, dans les bois des environs de Courtrai. 92. SPhÆRIA MAMILLANA Fr., Syst. myc., t. II, p. 487. — Dipzopra MawiL- LANA Fr., Sum. Veg., Il, p. 417. — Icon. nostr., fig. 6. Nous ne pouvons admettre avec M. Fries cette espèce parmi les Diplodia, attendu que l'examen microscopique des spécimens reçus de M. Desma- (84) zières, trouvés sur des rameaux de Cornus sanguinea , et qui sont iden- tiques avec les nôtres, trouvés sur des sarments de ronce, nous ont prouvé que cette espèce a bien des thèques cylindriques , entremêlées de paraphyses, à sporidies unisériées, brunes, ovales ou ovale-allongées, offrant parfois, et d'une manière plus ou moins obscure , 1 à 3 cloisons transversales. Au micromètre, les thèques mesurent 15 à 16/,,,“ de mill. de longueur et les sporidies 1/,ç° de mill. de longueur sur ‘/,;, de mill. de largeur. 95. SPHÆRIA CONJUNCTA Nees. — Desmaz., PL. crypt. de Fr., n° 1958. Sur des sarments de framboisier, dans les jardins, à Mons. (Le R. P. Clém. Dumont.) 54. Spmænta uLicis Fr.? Linnæa, 1. V, p. 544. — Icon. nostr., fig. 7. Les spécimens que nous a communiqués M. le comte Alfr. de Limminghe nous ont offert des thèques en massue sans paraphyses, longues de 1/,,* à ‘/,,° de mill. Sporidies bisériées, ovale-oblongues, hyalines, à 2 ou 3 cloisons transversales et mesurant !/,,° de mill. de longueur sur 1/:00° de mill. de largeur. Nous ignorons si la plante citée par M. Mathieu (F1. gén. de Belg., Il, p- 180), sous le nom de Sphæria Spartii B ulicis, est identique avec la nôtre, Si cela était, sa plante ne pourrait jamais être considérée comme une variété du Sphæria Spartii, à cause de la différence qui existe dans les organes fructificateurs des deux espèces. Sur les branches mortes de l’Ulex europœæus, aux environs de Gentinnes, près de Marbais, Brabant. (M. le comte A. de Limminghe.) 35. Spnæria pecipiens Dec. — Chev., FI. Par., 1, p. 489. — Fr., Syst. myc., IT, p. 371. Les thèques sont fusiformes, longuement pédicellées, très-petites, n'ayant que ’/,° de mill. de longueur. Les sporidies bisériées, ovale-oblongues, hyalines, n'ont que 1},,,° de mill. de longueur sur une largeur trois fois moindre. Sur des branches de charme, aux environs de Louette-S'-Pierre. (M. Gust. Aubert.) 56. Srnæria mecasperma Fr., Syst. myc., IL, p. 589. — Icon. nostr., fig. 9. Les thèques sont cylindriques, ou en massue, de !/,,° de mill. de longueur, sans paraphyses. Sporidies uni- ou bisériées, brunes, ovales, à une cloison et mesurant ‘/,,,* de mill. de longueur sur une largeur moitié moindre. Sur un vieux tronc, aux environs de Mons. (M. Clém. Dumont.) 57. Spnækra Augerru N. Sp. — Icon. nostr., fig. 10. Périthèces petits (/,° de mill.), sphériques, membraneux , aréolés, brun- noirâtres, réunis par groupes de 2 à 5 au plus, nichés entre les fibres (85 ) corticales, et surmontés chacun d’un col court qui soulève l’épiderme, puis le perce, soit isolément, soit réunis plusieurs ensemble, Nucléus blanchâtre. Thèques fusiformes, trés-petites (!/,,"° de mill. de long. sur 1/100° de larg.), sans paraphyses. Sporidies bisériées, ovale-allongées, byalines, offrant quelquefois une cloison au milieu et mesurant 5/,,,°° de mill. de longueur sur !/,,,° de largeur. Sur les troncs morts du #yrica gale, à Kerkhove, près le camp de Bever- loo. (M. Tosquinet.) Nous l’avons dédié à M. Gust. Aubert, jeune et zélé botaniste qui explore avec beaucoup de succès le Luxembourg et une partie de la province de Namur. 58. Seuænia FRuTICUM Rob. — Desmaz., PL. crypt. de Fr., n° 2070. — HCP, n° 1207. Sur les rameaux et les aiguillons de l’'Ononis spinosa, aux environs de Namur. (M. Bellynck.) 89. SenænrA BARBIERI N. Sp. — Icon. nostr., fig. 11. Périthèces épars, sphériques ou lentiformes, très-petits (1/,e de mill.), d’abord recouverts par l’épiderme, puis nus à la moitié supérieure, noirs, lui- sants, surmontés d’un ostiole papilliforme. Nucléus blanchâtre. Thèques en massue, à double membrane, longues de '/,6° à !/,,° de mill., entre- mélées de paraphyses filiformes. Sporidies ovale-oblongues, légèrement pointues aux extrémités, hyalines, partagées en deux par une cloison médiane, longues de 5/,,,‘° de mill. sur !/,,,° de mill. de largeur. Pour la forme extérieure, cette espèce, qui croit sur les troncs morts de l’Erica vulgaris, dans les bruyères de Beverloo, a quelque ressem- blance avec le ’errucaria cerasi ou carpini. Nous la dédions aux frères Joseph et Victor Barbier, qui explorent avec beaucoup de succès les environs de Namur, comme botanistes. 40. Semæria agnira Desmaz., PI. crypt. de Fr., n° 713. — CB, n° 1111. — SPHÆRIA COMPLANATA (nondum Colapsa) Fr. Sur les tiges mortes de l’Eupatorium canabinum, aux environs de Mons (M. Clém. Dumont). Nous l’avons également trouvé au camp de Beverloo. 41. SpuæÆRia FENESTRANS Rabenh.,, ÆZerb. viv. myc., n° 1935. — ÆCB, n° 1208. Sur les tiges mortes de l’£pilobium spicatum , aux environs d’Audenarde. (M. Tosquinet.) 42. Spnæria Maruieut N. Sp. — Icon. nostr., fig. 12. Périthèces épars, d’abord sphériques, puis s’affaissant au centre, noirs, immergés, soulevant légèrement l’épiderme, qui donne passage à un ostiole cylindrique égalant la hauteur de la sphérule. Thèques en mas- sue très-allongée, presque cylindrique, entreméêlées de paraphyses, ( 86 ) longues de 10 à 1/,,,* de mill. Sporidies capillaires, droites ou légère- ment courbées, hyalines, longues d'environ 5/,,,* de mill. Sur les tiges mortes de l'OEnothera biennis, dans les plantations du camp de Beverloo. — C’est à M. C. Mathieu, auteur de la Flore générale de Belgique, que nous l'avons dédiée. 43. Spuærra DEVExXA Desmaz., PI, crypt. de Fr., n° 567, de la nouvelle série. Sur les tiges mortes du sarrasin (Polygonum sarracenicum), aux envi- rons de Termonde. 44. Sruænra Beccyncrir N. Sp. — Icon. nostr., fig. 13. Périthèces épars, très-petits, membraneux, noirs, sphériques, aplatis ou afaissés par la sécheresse, immergés, recouverts par l’épiderme noirci par transparence. Ostiole papilliforme , perçant l’épiderme pour se mon- trer au dehors sous formé d'un point noir et luisant. Thèques en massue à double membrane, entremélées de paraphyses, longués de ?/,;* à 1L0° de mill. Sporidies uni- ou bisériées, hyalines, fusiformes, souvent un peu arqnées, longues de ?/,,° de mill. sur 1/,,,* de mill. de largeur, contenant 4 sporules globuleuses. Sur les tiges mortes du Convallaria polygonatum, aux environs de Namur. Nous dédions cette sphérie à M. l'abbé Bellynck, professeur au collée de la Paix et auteur de la Flore de Namur, qui nous l’a fait connaître, avec un grand nombre d’autres cryplogames intéressantes de la même province. 45. Srivenria HERBaRUM Fr. — MeEsascru Srockir Berk. Var. &. AsparaGi West., ÆCB, n° 1112. Var. B: Enynert West. AÂCB, n° 1112. Var. d. Dianrur West., ÀCB, n° 1915: La var, & se développe sur les tiges mortes de l’asperge, dans les jardins. —- [3 sur celles de l'£ryngium maritimum , ans les dunes d’Ostende (M. Wallays), et la var. 2 sur les calices d’un Déanthus, dans un jardin. (Le R. P. Clém. Dumont.) 46. SpnæntA HELICICOLA Désmaz., PI crypt. de Fr., n° 2085. — ÆCB, n° 1115. Sur les feuilles mortes du lierre, aux environs de Courtrai. 47. SPHÆRIA MELANOPLACA Desmaz., PI. crypt. de Fr., n° 2097. — Ann. des sc. nat., 1852, 20e notice, n° 10. Sur les feuilles mortes du Geum urbanum, aux environs de Namur (M. Bellynck.) 48. SphæÆñtA PERPUSILLA Desmaz., nn. des sc. nat., 1846, 15"° notice, p. 80. — ZCB, n° 1114. — SpnÆnta PUNCTIFORMIS 2 GRAMINARIA Dec., Desmaz., PI. crypt. de Fr., n° 557. (87) Sur les feuilles des graminées, aux environs de Rochefort. (M. Crepin.) 49. Senæria perasiripis Rabenh., Æerb. viv. myc., ed. nova, n° 753. — ACPB, n° 1215. Sur les feuilles du Petasites vulgaris, au parc de S'-Georges, à Courtrai. 50. Seuænia #1 Rob., Desmaz., PL crypt. de Fr., n° 1796. — nn. des sc. nat., 1846, 15% nolice, n° 50. Sur les feuilles des ronces, dans les bois des environs de Mons. (Le R. P. Clém. Dumont.) 51. Senænra (Depazea) Aucuse N. Sp. — ÆZCB, n° 1217. — Icon. nostr., fig. 14. Tache arrondie, épiphylle, brun-foncé devenant blanchâtre au centre, entourée d’une ligne épaissie. Périthèces sphériques, immergés, noirs, peu nombreux, éparpillés sur toute la tache. Ostiole papilliforme perçant l'épiderme. Thèques cylindriques , allongées , assez grandes (!/, de mill.). Paraphyses nulles. Sporidies unisériées, ellipsoïdes, multiloculaires, brunâtres, longues de 7/,,,° de mill. sur 1/,,,° de mill. de largeur. Dans le jeune âge, quelques sporidies offrent un appendice filiforme, hya- lin, dépassant, pour la longueur, celle de la sporidie. Sur les feuilles vivantes de l’Æucuba japonica , dans les jardins. C’est le R. P. Clém. Dumont, jadis professeur au collége S'-Stanislas, à Mons, qui a exploré, avec tant de succès et de zèle, les environs de cette ville, sous le rapport cryptogamique, qui nous a fait connaître cette espèce. 52. Srnæria Micuoru N. Sp. — CB, n° 1218. — Icon. nostr., fig. 15. Périthèces épicaules, sphériques, noirs , immergés, épars, légèrement sail- lants. Ostioles papilliformes perçant l’épiderme. Thèques en massue, de 1/,59° de mill. de longueur. Sporidies ellipsoïdes, jaune-olivâtres, de 1/,,° de mill. de longueur sur /,6,° de mill. de largeur, offrant, à l’inté- rieur , deux cloisons transversales qui la partagent en trois loges à peu près égales. Sur les chaumes morts du Juncus squarrosus, dans les marais des en- virons de Beverloo. Nous dédions cette hypoxylée à M. l’abbé N. Michot, auteur de la Flore du Hainaut et de plusieurs autres opuscules con- cernant les sciences naturelles. 55. SPHÆRIA ALBO-PUNCTATA N. Sp. — CB, n° 1216.— Icon. nostr., fig. 16. Périthèces épars, nichés entre les deux lames de la gaine, noirs, globu- leux, souvent déprimés à la partie inférieure, par la dessiccation, et sur- montés d’un ostiole droit et pyramidal qui perce à peine l’épiderme pour se montrer, à l'extérieur et au milieu d’un petit cercle blanchâtre, sous forme d’un point noir et luisant, imperceptible à l'œil nu. Thèques en massue cylindrique, grêle, à double membrane, entremélées de para- ( 88 ) physes. Sporidies unisériées, ovale-allongées, pâle-brunâtres, un peu plus gros d'un côté que de l’autre, et offrant, à l’intérieur, 4 ou 5 cloisons transversales, Les places occupées par cette sphérie se remarquent à l'extérieur par des taches allongées, noir-brunâtres atteignant jusqu’à 10 centimètres de longueur sur 5 mill. de largeur, et sur lesquelles on voit, par séries linéaires, les points blanchâtres dont le centre est occupé par l’ostiole. Sur les gaines des chaumes de l’Ærundo phragmites, aux environs de Courtrai. 54. Spnæria Crepint West., ÂCB, n° 911. — Spnænia LycoPonina Mont.? — Icon. nostr., fig. 17. Périthèces sphériques, épars, membraneux-réticulés, noirs (ou bruns, vus par transparence au microscope), de ‘/,,° de mill. de diamètre, à ostiole poriforme très-difficile à voir. Thèques en massue gros, presque cylin- driques, se rétrécissant brusquement à la base pour former ensuite un petit tubercule pour s'attacher, longues de 7 à /,4,°° de mill. Sporidies au nombre de 6 à 8, bisériées, ovoïdes, hyalines, renfermant quatre spo- rules qui, par leur jonction, forment trois cloisons, mesurant !/,,° de mill. de longueur sur une largeur trois fois moindre. Cette espèce qui, pour l'aspect extérieur, offre une grande ressemblance avec le Dilophospora graminis Desmaz. (Sphæria alopecuri Auct.), en ce qu'elle tache également le support en noir, se développe sur les bractéoles des épis du Zycopodium annotinum, dans les forêts de S'-Hubert, d’où M. Crepin, jeune botaniste, à qui nous la dédions, nous l'a fait connaitre. 55. Seuænria mEerDanRIA Fr., Desmaz., PI. crypt. de Fr., n° 2067. — Hypo- CROPRA MERDARIA Fr., Summ. Veg. Sur des crottins d'âne’, dans les dunes de Nieuport. 56. SexæÆuia narDi Fr. Rabenh., ÆZerb. viv. myc., ed. nova, n° 640. — HCB, n° 1214. Sur les feuilles du Vardus stricta, dans les bruyères de Beverloo. 57. Necrnia punicea Rabenb., Zerb. viv. myc., ed. nova, n° 654. — Spnx- RIA PUNICEA Schm. — West. ZCB, n° 1109. — Fr., Syst. myc. Sur les branches du Rhamnus frangula, dans les bois des environs d’Au- denarde. (M. Tosquinet.) 58. Necrria Lamyr Rob. in ÆZerb. — Srnænia Lamyi Desmaz., PI. crypt. de Fr., n° 859. Sur les branches et rameaux de l’épine-vinette, aux environs de Courtrai. (M. Wallays.) 59. Necrria Ro8erGer Desmaz., PL. crypt. de Fr., nouvelle série, n° 574. (89) Sur le thalle du Peltigera canina, aux environs de Mons. (Le R. P. Clém. Dumont.) 60. Dormipéa (1) Iripis Desmaz., PI. crypt. de Fr., nouvelle série, n° 54. — HCB, n° 917. Sur les feuilles de l'Zris pseudo-acorus, à la campagne de M. Willems, à Courtrai. 61. Dorminga Prosrir Desmaz., PI. crypt. de Fr., nouvelle série, n° 87. — SPHÆRIA HELLEBORI Chaill.? Sur les tiges mortes de l'Æelleborus fœtidus, à Hamerenne, dans le Luxembourg. (M. J. Crepin.) 62. Paacimiux ini Duby.— Desmaz., PL crypt. de Fr., n° 995. — ACB, n° 920. — TrocuiLa Tixi Fr., Summ. ve. Sur les feuilles mortes et tombées à terre du F'iburnum tinus, dans le jardin de M. l'avocat Biebuyck, à Courtrai. (M. Wallays.) 63. Puacipium LauRo-cERASI 5. Mason Desmaz., PI, crypt. de Fr., n° 992. TroOGHILA LAURO-CERASI (3. Fr., S'umm. veg. Sur les feuilles du Prunus lusitanicus , dans les jardins. (Le R. P. Clém. Dumont.) G4. HysrEROGRAPHIUM LINEARE Fr., Summ. veg., Il, p. 568. — ÆCB, n° 926. — HYSTERIUM LINEARE Fr. Sur de vieux tronçons d’arbres coupés, à Marck, près de Courtrai. 65. HysrenoGRaPuium acERINUM West., CB, n° 927. — Icon. nostr., fig. 18. Périthèces épars ou groupés, saillants, noirs, lisses et luisants, ovales ou ovale-allongés, dépassant rarement 1 mill. de longueur sur '/.° de mill. de largeur. Fente linéaire à lèvres assez grosses. Thèques en massue assez grosses, à double membrane, entremêlées de paraphyses nombreuses et contenant 4 ou 5 sporidies ovale-allongées, brunes, à 4 cloisons trans- versales et mesurant !/,,° de mill. de longueur sur ‘/,6,ç° de mill. de largeur. Sur l'écorce d'un Acer, au parc de S'-Georges, à Courtrai. (M. Wallays.) 66. HysTerium 6RAMINEUM Pers. — Desmaz., PI. crypt. de Fr., nouvelle série, n° 170. — ÆCB, n° 1120. — HysTeRIUM CULMIGENUN B GRAMINEUM Fr. ” Sur les chaumes d'un Poa, aux environs de Namur. (MM. le comte Alf. de Limminghe et J. Barbier.) (1) Nous ferons remarquer que la plante que M. Mathieu a décrite (F1, gén. de Belg., Suppl., p. 25, n° 88) sous le nom de Dothidea impatiens, est, d’après l'examen des spécimens authentiques , le Puccinia nolitangere Corda , que nous avons publié au n° 1185 de notre Herbier. ( 90 ) 67. Hysrentun ruminum Fr., ét la var. © Triconum Fr., Syst. mye. I, p. 591. — ÆCB, n° 11921. . L'espèce se trouve sur les feuilles du hêtre et la var. 5 sur celles du chêne, dans les bois de Dave lez-Namur. (M. Bellynck.) 68. HysSTrERIUM PINASTRI & Mayor et 5 minor West, ZCB, n° 1222. Ces deux variétés, dont les supports n’offrent pas les lignes noires trans- versales du tÿpe de l'espèce, qui croît sur les feuilles du Pinus sylves- tris, s'en distinguent encore par leur grandeur relative. Le type de l’éspèce, pris pour unité, a jusqu’à 1 mill. de longueur. La var. x acquiert jusqu’à 5 mill. et croit sur les feuilles du Pinus maritimus, dans les bois de la Campine (le R. P. Dumont). La var. B, qui croît sur les feuilles du Pinus zembra , dans le parc du palais, au camp de Be- verloo, atteint tout au plus un demi-mill. de longueur. 69. Hysreriun virGucronum Rob. et Desmaz. Var. &. Saricis Desmaz., PI, crypt. de Fr., nouvelle série, n° 1753. Var. B. TnezEpuir. Var. 9. Quencnx West., ÆÀCB, n° 1119. La var. & sur les rameaux secs de saule, dans un petit bois, aux environs de Courtrai (M. Wallays); la var, 5 sur les tiges mortes du Sedum the- lephium , aux environs de Louette-S'-Pierre (M. G. Aubert), et la var. à sur les pétioles des feuilles du chêne, dans les bois des environs de Louette-S'-Pierre. $ 2. — TRICHOSPORÉES. 70. PesraLozzra ROSE N. Sp. Périthèces épicaules, très-petits, bruns, épars et immergés. Ostiole soule- vant et déchirant irrégulièrement lépiderme. Sporidies fusiformes, à trois cloisons transversales, formant 4 loges. dont la supérieure, sur- montée de 2 ou 5 cils divergents, est hyaline et les trois autres pâle- brunâtres. La sporidie mesure de 1/.,° à !/,,° de mill. de longueur sur 1/00 de mill. de largeur ; les cils égalent la sporidie en longueur. Sur des rameaux morts de rosier, dans un jardin, aux environs de Gand. (M. le pharmacien Demey.) 71. Pesrocozzia ILicrs N. Sp. — Icon. nostr., fig. À ei Périthèces épi- où hypophylles, noirs, épars, immergés, assez saillants. Ostioles papilliformes, soulevant et déchirant l’épiderme, pour le pas- sage de la matière sporidifère, Sporidies fusiformes, à 5 cloisons, formant 4 loges, dont la supérieure et l’inférieure sont hyalines et les deux du milieu brunes. Les cils qui surmontent la loge supérieure sont au nombre LA de 2 ou 5, hyalins, divergents et plus longs que la longueur de la L] (91) sporidie, Celle-ci mesure !/,,° de mill. de longueur sur 5/,,° de mill. de largeur. Sur les feuilles de l’Zlex aquifolia. (Le R. P. Clém. Dumont.) 72. MoxopLopia maGNoLiÆ N. Sp. — Icon. nostr., fig. 19. Périthèces épars, noirs, immergés, saillants, à ostioles papilliformes. Spo- ridies globuleuses , brunes, mesurant 1/,,,;° de mill. de diamètre, très- abondantes ; et s’étalant à la surface du support à la manière des Stil- bosporées. Sur les feuilles du Magnolia grandiflora. (Le R. P. Clém. Dumont.) 75. Macropzonta mat N. Sp. Périthèces épicaules, épars, immergés, saillants, noirs, membraneux, à ostioles papilliformes, soulevant et déchirant l’épiderme pour donner passage à la matière sporidifère. Sporidies brunes, ovales, de 1/,ç° de mill. de longueur sur !/,,,° de mill. de largeur, s’étalant par l'humidité à la surface du support. Sur les rameaux d’un pommier, aux environs d’Ath. (M. Tosquinet.) 74. MacropLopia coniGENa West., CB, n° 1230. — DipLobiA CONIGENA Desmaz., PI. crypt. de Fr., n° 1882. Sur les cônes du Pinus maritima , dans les bois de la Campine et du Hainaut. (Le R. P. Clém. Dumont.) 75. Dipropra rRosanun Fr. — ZCB, n° 1227, — Spuænra spurca Wallr.? Périthèces épicaules, épars, nôirs, sphériques, à ostiole papilliforme, dé- chirant l’épiderme noirci par transparence, pour le passagse de la matière sporidifère. Sporidies ovales, biloculaires, étranglées à l'endroit de la cloison, et mesurant 1/,,° de mill. de longueur sur 1/,,* de mill. de largeur. Sur les branches et rameaux du rosier, dans un jardin aux environs de Gand. (M. Demey.) 76. SraurospÆRia (1) RHAMNI N. Sp. — Spuænra succincrA Wallr. ? — Icon. nostr., fig. 20. Périthèces agrégés, noirs, membraneux, d’abord immergés puis super- ficiels et entourés par les débris de l’épiderme, et formant ainsi des pus- tules saillantes de 2 à 3 mill. de diamètre, Ostioles papilliformes cadu- ques. Sporidies nombreuses, arrondies ou irrégulières, brunes, à 2, 3 ou 4 loges, qui, par leur jonction, produisent plusieurs cloisons conver- (1) Ce nouveau genre a été créé par M. Rabenhorst (Herb. viv. myc., ed. nova, n° 736) et caractérisé par la phrase suivante : Perithecia cœæspitosæ-erumpentia , massa sporophora furcta. Asci et paraphyses nulli. Sporæ acrogenæ qlobosæ colo- rate quadriloculares (perfecte evolutæ exacte cruciatum septatæ !). (92) gents vers le centre, de manière à former une étoile plus ou moins régulière. Leur diamètre dépasse rarement 1/,,,° de mill. Sur les branches du Rhamnus frangula, aux environs d’Ath. (M. Tos- quinet.) 77. STAUROSPHÆRIA ROSARUM N. Sp. Périthèces épars, très-petits, immergés, noirs, légèrement saillants. Os- tiole papilliforme soulevant et déchirant irrégulièrement l’épiderme noirci par transparence. Sporidies nombreuses, brunâtres, arrondies, à 2 ou 5 cloisons convergentes, et variant, pour la grosseur, entre !/,,6° à 1/190° de mill. de diamètre. Sur les rameaux des rosiers, dans un jardin, aux environs de Gand. (M. De- mey.) 78. Pnoua LAVATERÆ N. Sp. Périthèces épicaules, très-petits, épars, noirs, immergés. Ostiole papilli- forme, soulevant et déchirant irrégulièrement l’épiderme. Sporidies hyalines, ovale-allongées, de 1/,,,° de mill. de longueur sur 1/,59° de mill. de largeur. Sur les branches mortes du Zavatera triloba, au jardin de Me Van Lan- deghem, à Termonde. 79. Puoxa rusorum West., ZCB, n° 1254. Périthèces épars, immergés, arrondies ou ovales, assez grandes, atteignant jusqu'à 2 mill. dans leur grand diamètre, saillants, bruns et luisants. Ostiole nul. Sporidies hyalines, cylindriques, à extrémités arrondies, droites ou légèrement courbées, mesurant 5j, de mill. de longueur sur !/,609° de mill. de largeur. L'épiderme, bruni par transparence, se déchire souvent longitudinale- ment, et lui donne l’aspect d’un ÆZysterium. Sur les rameaux d'un ÆRubus, dans les fortifications de la ville de Ter- monde. 80. Pnoma SAXIFRAGARUN N. Sp. Périthèces épars, arrondis ou ovales, saillants, se déprimant par la séche- resse, brun-noirs, luisants, à ostiole poriforme à peine visible. Sporidies ovale-allongées, hyalines, de 1/,,,° de mill. de longueur sur 1/,,,° de mill. de largeur. Sur les pédoncules des feuilles du Saæifraga crassifolia , dans le jardin de Me Van Landeghem, à Termonde. 81. Pnoua nusct N. Sp. Périthèces épi- ou hypophylles, épars, noirs, immergés, à ostiole papilli- forme qui soulève et déchire l’épiderme noirei par transparence. Spori- dies ovale-allongées presque cylindriques, hyalines, de 5/,0*° de mill, de longueur sur 1}, de mill. de largeur. (95) Les pustules paraissent un peu plus grandes et plus noires que celles du Sphæria rusci, qui a choisi le même support. Sur les feuilles du Ruscus aculeatus, dans les jardins. (Le R. P. Clém. Dumont.) 82. AsTEROMA POLYGONATI Dec. — Desmaz., PI. crypt. de Fr., n° 1540. Sur les feuilles du Polygonatum multiflorum, aux environs de Louette- S'-Pierre. (M. Gust. Aubert.) 85. Pmicosricra nuscicoLa Desmaz., PI. crypt. de Fr., n° 1654. Sur les feuilles du Ruscus aculeatus, dans les jardins. (Le R. P. Clém. Dumont.) 84. SepToriA sCROPHULARIÆ West, in //erb. — DEPAZEA PURPURASCENS (3 scroPHuLARIÆ West. et V. Haes. Sur les feuilles du Scrophularia nodosa, aux environs de Mons et de Bruxelles. (Le R. P. Clém. Dumont.) 85. SEPTORIA HETEROCHROA Ÿ. PLANTAGINIS Desm., PI. crypt. de Fr., n° 2172. Sur les feuilles du Plantago lanceolata, aux environs de Courtrai (M. Wallays.) EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fig. 1. Cordiceps Wallaysii. a grandeur naturelle, b le même grossi, c coupe de la tête, d et e thèques à différents degrés de grossissement, f sporidies grossies, g une sporidie fortement grossie. 2. Sphæria Tosquinetii. a thèques grossies, b une theque fortement grossie, c et d sporidies fortement grossies. 3, Sphœria Limminghii. a thèques grossies, b et c sporidies fortement grossies. 4. Sphæria Ryckholtii. a thèques grossies, b et c sporidies fortement gros- sies. ù 5. Sphœria Landeghemiæ. a theques grossies, b et c sporidies fortement grossies. 6. Sphæria mamillana Fr. a thèques et paraphyses grossies, b une thèque isolé grossie, c et d sporidies grossies. 7. Sphæria ulicis Fr. a thèque grossie, b et c sporidies grossies. 8. — decipiens Dec. a thèques grossies, b theque fortement grossie, cet d sporidies grossies. 9. Sphœria melasperma Fr, a thèques grossies, b et c sporidies grossies. 10. — Aubertü. a thè ;ues grossies, b et c sporidies grossies. 11. — Barbierii. a coupe d’une périthece , b thèques grossies, c et d sporidies grossies. (%) Fig. 12. Sphœria Mathieui. a une thèque et paraphyses grossies, b thèque isolée grossie, c et d sporidies grossies. 15. Sphœria Bellynckii. a thèques et paraphyses grossies, b et c sporidies grossies. 14. Sphœria Aucubæ. a thèque grossies, b et c sporidies grossies. 15. — Michotii. a une thèque grossie, b et c sporidies grossies. 16. — albo-punctata. a fragment du support grossi, b thèques grossies, cet d sporidies grossies. 17. Sphæria Crepini, u une thèque grossie, b et e sporidies grossies. 18. Hysterographium acerinum. a thèques et paraphyses grossies, b et c spo- ridies grossies. : 19. Monoplodia magnoliæ. 4 sporophores et sporidies grossies, b et c spo- ridies grossies. 20. Staurosphæria rhamni. a sporophores et sporidies grossies, b et c spori- dies grossies. 21. Pestalozzia ilicis. a sporophores et sporidies grossies, b sporidie forte- ment grossie. Notes sur quelques plantes rares ou critiques de la Bel- gique ; par François Crepin, de Rochefort. Ce n’est pas sans appréhension que je publie ce mince recueil de notes, éloigné comme Je le suis de tout centre scientifique et privé de la société d’hommes instruits, à l’expérience et à l'érudition desquels j'aurais pu soumettre les faits coutenus dans les pages suivantes. Il est bien difficile aujourd'hui, pour ne pas dire impossible, d'affirmer la nouveauté d’un fait ou d'une observation ; ce qu'on croit inédit a souvent élé traité dans l’un ou l’autre des nombreux bulletins et journaux scientifiques, imprimés en Angleterre, en France ou en Allemagne, recueils qui font généralement défaut dans la bibliothèque des jeunes naturalistes, et dont la réunion n'existe que dans les grandes capitales ou chez les riches amateurs. | Bull. de l'Acad Roy L ; À : DFPRONNINNT7 I Lom. VIT 2° serre, Page 94. Grave par GSevereyns lith. de V'acad. A CL M TE (95 ) Cependant la crainte de publier des choses déjà connues ne m'a point arrêté ; J'ai mieux aimé courir la chance des redites que de taire des faits intéressants; d’ailleurs si je viens après d'autres traiter les mêmes sujels, mon tra- vail ne sera point encore inutile : 1l viendra confirmer les observations de mes devanciers. Si, au contraire, cet opuscule contient des choses nouvelles et est accueilli avec quelque bienveillance , je continuerai , d'année en année, dans une suite de fascicules, à faire connaître des faits et des remarques que j'aurai recueillis dans le cours de chaque saison. En Belgique, on me fera peut-être le reproche de n'avoir point fait suivre de descriptions plusieurs espèces nou- velles pour notre pays; à cela je répondrai que les bonnes flores de France et d'Allemagne , étant dans les mains de tout le monde et contenant d'excellentes descriptions de ces espèces, c’eût été grossir inutilement ce livret que de répéter des diagnoses connues. Qu'il me soit permis, avant de finir, de témoigner publiquement ma reconnaissance à deux de mes honora- bles amis, M. le comte Alfred de Limminghe et le révé- rend père Beliynck, dont les nombreux prêts de livres ont contribué à rendre cet opuseule moins défectueux. Le premier de ces savants, non content de mettre à ma disposition ses vastes herbiers et son immense biblio- thèque botanique, à eu l'extrême bonté de m'expédier, à plusieurs reprises, au fond des Ardennes, de grands ouvrages à gravures, des collections de plantes et de nom- breux journaux, sans lesquels j'aurais dû retarder la pu- blication de ces notes. Rochefort, mars 1859. (9% ) Ranunculus trichophyllus Chaix. Gren. et Godr., F1. fr., 1, 25. Var. &. Fiuirans. Gren. et Godr., . c. Mares des terrains sablonneux et schisteux, entre Habay-la-Neuve et Vance; environs de Wellin (Luxembourg). Cette espèce, obscurément signalée dans les flores du pays, se distingue facilement aux lanières de ses feuilles courtes et ne se réunissant pas en pinceau hors de l’eau. D’autres caractères distinctifs sont énumérés dans les bonnes flores de France et d'Allemagne. Arenaria leptociados Guss., Rehb., Ic, 4941, b; Lloyd, F1. ouest., 77; Borcau, F1. centr., 5° éd., 109; Godr., F1. Lor., 2m éd., I, 125. J'ajouterai la note suivante aux caractères spécifiques, déjà signalés par ces auteurs : A. LEPTOCLADOS Guss. Capsule mince, cédant, à la maturité, sous la pression du doigt sans craqueter ni se briser. A. SERPYLLIFOLIA L. Capsule épaisse , crustacée, se brisant avec bruit sous la pression. La première de ces espèces se rencontre dans les moissons , aux environs de Rochefort et dans la vallée de la Meuse, à Anseremme, Yvoir et We- pion (Namur). Dans le centre et l'ouest de la France, elle croit de préférence sur les murs et dans les lieux pierreux. Cerastium brachypetalum Desp. Coteaux calcaires aux environs de Nismes et Dourbe (Namur), où il a été découvert par M. Determe, géomètre, à Mariembourg. N'avait encore été signalé en Belgique, d’une manière positive, qu'aux environs de Verviers et Fays (Liége), par Lejeune. Hypericum lincolatum Jord , Boreau, F1. centr., 5° éd. 125. Bords des champs cultivés, fossés, etc., etc. Rochefort, Éprave. Suivant M. Gravet, cette espèce est plus répandue dans l’Ardenne namuroiïse que l’. perforatum. Papaver Lecogii Lamot., Boreau. FI. centr., 5"° éd., 50. Croit aux environs de Rochefort, Hamerenne, Ave (sur le schiste). M. Gravet l’a découvert à Javingue. N'a encore été indiqué, du moins à ma connaissance, que dans le centre de la France. Comme je n’ai point vu d’échantillon authentique, c'est avec quelque doute que je rapporte cette plante à celle de M. Lamotte. = (97) Je noterai ici plusieurs caractères fournis par une étude attentive du fruit surtout : Capsule atténuée dans ses deux tiers inférieurs; disque relevé au centre en une pointe conique, à crénelures ne dépassant pas le bord supé- rieur de la capsule, arrondies et non tronquées presque carrément, se recouvrant un peu à la base et non écartées; stigmates épais s’avançant très-près du bord des crénelures sans Jamais les dépasser. Suc de la plante jaune et non blanc. Ce pavot, que je considère comme une espèce véritable (la différence de suc éloignant de l'esprit toute idée de variété), se distingue très-bien des formes nouvellement créées aux dépens du P. dubium , à savoir : P. collinum Bogenh, P. modestum Jord., et P. Lamottei Boreau. Dans ces trois papavers, le suc est toujours blanc, le disque de la capsule arrondi ou aplati au sommet à la parfaite maturité, à crénelures obscu- rément arrondies , souvent tronquées et ne se recouvrant point à la base. Le P. Lecogii m'a offert des pieds à graines rosées > Qui ont reproduit la forme ordinaire à graines brunes. Corydalis solida Smith (C. bulbosa. DC.). Var. 5. Ivrecrata Godr., F1. lor., 2e éd. 1,199: Trouvé un seul échantillon de cette rare variété le long d’une haie à Rochefort. Barbarea intermedia Boreau, ZL. centr., 2e éd., 53; 5"° éd., 40; Gren. et Godr., F1. fr., TI, 90. — B. vurcauis Lej. et Court, Choix de pl., n°572. — B. srnicra Lej. et Court. Comp. F1. belg., 1, 279. — Enysinun PRAECOX Tinant, FL. lux., 541. — BanbaREA PRAëCOx Mat., Suppl. FI. gén. belg., 7 (non Brown). Très-répandu dans les provinces de Luxembourg, Namur et Liége, et plus abondant même que le B. vulgaris Br. Croit dans les jachères, mois- sons ; bords des chemins, etc. Jusqu'à présent, on a généralement pris, en Belgique, cette espèce pour le B. praecox Brown, et si j'en juge par des échantillons reçus de la province rhénane, cette confusion a été commise chez nos voisins de l’est. En Angleterre aussi, elle a été, jusqu’à ces derniers temps, con- fondue avec les variétés du B. vulgaris. ou prise pour le 2. stricta Andr., du moins c’est ce que je conclus d’une note de M. J.-G. Baker, communiquée , l’année dernière, à la société d'histoire naturelle de Thirsk (1). Dans cette même note, le botaniste anglais nous apprend que M. Nÿman a déjà signalé le 2. intermedia en Belgique. ne ne MR der (Ne dur (1) Phylologist, oct. 1858, p. 592. 2" SÉRIE, TOME vil. 7 ( 9 ) Il y a quelque chose de singulier dans la distribution géographique de cette crucifère, qui, très-abondante dans le midi et surtout dans le centre de la France, vient à cesser peu au nord de la Loire, pour repa- raître sur les croupes de l’Ardenne, d'où elle descend dans les plaines de nos provinces de Namur, Liége, etc. En effet, dans la flore des environs de Paris, par MM. Cosson et Germain, cette plante n'est pas signalée, et le même silence est gardé dans la récente édition de la flore de Lorraine du docteur Godron. Au delà des Vosges, dans le domaine de la flore d'Alsace, elle ne paraît point exister, suivant M. Kirschleger, et cependant, chose digne d’at- tention, plus au nord, dans la province rhénane, elle croit assez com- munément, surtout sur la rive gauche du Rhin et dans l’Eifel. Il serait superflu de s'étendre sur les caractères si remarquables qui dis- tinguent cette espèce, et si bien décrits dans les ouvrages de MM. Bo- reau, Grenier et Godron, que tout le monde a sous Ja main. J’insisterai toutefois sur la différence de saveur qui existe entre le B, intermedia et le 2. praecoz : le premier est d’une abominable amertume, tandis que le second n’a point de goût désagréable et de plus est mangé en salade. Si les phytographes avaient plus fréquemment insisté sur celte différence de saveur, nul doute que la confusion du B. intermedia avec le praecoæ n’eût été ni si prolongée ni si générale. Avec M. Des Moulins (1), j'attirerai l’attention des observateurs sur la cerne surmontant deux des divisions du calice, qui est courte et ne dépasse point le sépale dans le Z. intermedia, au lieu que, dans le 2, vul- garis , elle est longue et dépasse le sommet du sépale, Barbarea praecox R. Brown., Rchb,, ic. 4558. — B, PATULs Gren. et Godr., F1 fr., 1, 92. Lejeune et Courtois ont publié le véritable 2. praecoz , dans leur Choix de plantes de la Belgique, n° 574, mais sans indication de localité. Dans sa Revue, le D' Lejeune signalait cette espèce aux environs de Liége et Aix-la-Chapelle. Sinapis Schkuhriana Rchb. ic. 4425, b.; Boreau, F1, centr., 5° éd., p. 49. Assez rare. Moissons aux enyirons de Rochefort. Draba aizoides L. Rochers calcaires. Entre Houx et Yvoir (Namur). A été découvert pour la première fois en Belgique, au mois de mai 1854, Ur: bgidglo no PERMET (1) Catalog. ruis. des phun. de la Dord., 2° fase. du suppl. Bordeaux, 1843. (99 ) par MM. J. Barbier et AIf. comte de Limmingbhe. Il paraît que ces bota- nistes n'avaient vu alors qu’une seule touffe de ce rare Draba, et cela dans un endroit très-escarpé. Au mois de juin, l’année dernière, je fus assez heureux pour retrouver celte espèce en grande quantité, Thlaspi montanum L. Var. a. Genuixun Nob. (Rchb., ic. 4187). Ovaire, pendant l’anthèse, élargi au sommet, tronqué ou un peu émarginé; silicule profon- dément échancrée à la maturité, à ailes larges. Var. £. Dusiwx Nob. Ovaire, pendant l’anthèse, elliptique, arrondi au sommet ou un peu atténué ; silicule tronquée ou très-superficiel- lement émarginee , à ailes étroites. Croissent ensemble sur les rochers calcaires de Han-sur-Lesse, Nismes et Dourbes (Namur). 11 n’est pas exact de décrire et de figurer le style plus long que l'ovaire pendant l’anthèse; car, dans de nombreux échantillons de ce pays et d’autres provenant du Jura et du centre de la France, le style égale Povaire pendant la floraison ou est plus court. Phlaspi erratieum Jord. pug., 12. Wirigen, Æerb. crit. select., n° 262. Habite les bois, les champs cultivés et les rochers. Entre Rochefort et Épraye, Han sur-Lesse, Javingue (Namur), Wellin (Luxembourg). Je vais donner , après M. Jordan, quelques notes distinctives, concernant cette espèce et son congénère, le Th. perfoliatum. Tu. EenRaricux Jord. Ovaire, pendant l’anthèse, arrondi au sommet, à style égalant le tiers de sa hauteur; silicule dont la plus grande lar- geur égale les trois quarts de la hauteur de la cloison. Sépales d’un vert jaunûtre, Feuilles des rosettes à limbe ovale-oblong, assez longuement atténue à la base. Tu. reRrouiaTun L. Ovaire, pendant l’anthèse, échancré ou tronqué au sommet, à style égalant seulement le quart de sa hauteur; silicule à largeur égalant la hauteur de la cloison. Sépales brunätres. Feuilles des rosettes à limbe ovale ou suborbiculaire, brusquement atte- nué à la base. En outre, le Th. erraticum se distingue par son style plus allongé, par ses silicules moins gibbeuses, à ailes moins fortement relevées, par ses pétales un peu plus étroits, atténués moins brusquement en un onglet plus large, enfin par ses feuilles radicales moins dentées et les cotylé- donaires moins larges, arrondies au sommet el non échancrées, comme cela arrive ordinairement dans l'espèce voisine. ( 100 ) Pour bien étudier les feuilles radicales, il faut examiner les plantes au sortir de l'hiver; car, pendant l’anthèse et la fructification, il est pour ainsi dire impossible de se rendre compte de leur forme, alors qu’elles sont desséchées et détruites en partie. Capsella bursa-pastoris Mœnch. Jusqu'aujourd’hui, on n’a fondé les variétés de cette crucifere que sur les différences des feuilles et sur l'absence des pétales. Je vais proposer ici trois variétés établies sur la forme du fruit. Var. a. Genuina Nob. Silicule étroitement triangulaire, sa largeur au sommet dépassant les deux tiers de la hauteur de la cloison ; échancrure de profondeur moyenne, à style atteignant le tiers de la hauteur des lobes. Var. 5. Srenocarpa Nob. Silicule étroite, renflée, sa plus grande lar- geur égalant les deux tiers de la hauteur de la cloison; celle-ci plus large que dans les autres variétés; échancrure peu profonde, à style égalant ordinairement le sommet des lobes. Graines plus nombreuses que dans les var. « et 9 Var. 9. Biripa Nob. Silicule exactement triangulaire; échancrure très-profonde, à style caché au fond. Ces variétés se rencontrent pêle-mêle dans les jardins et les lieux cultivés, à Rochefort. Sedum reflexum L. Toutes les formes et variétés du S. refleæum de ce pays m'ont toujours présenté des carpelles granulés-rugueux et des étamines ciliolées à la base par des poils transparents, tandis que le S. elegans Le]. S. globiferum (espèce cultivée dont j'ignore la provenance) et deux ou trois variétés d’un Sedum voisin du $. aureum Wirtg., m'ont toujours offert des carpelles lisses et des étamines à filet glabre. Les carpelles et les étamines sont également lisses dans des échantillons authentiques des S. aureum Wirtg. et S. trevirense Rosbach, que m'a dernière- ment envoyés M. le doctenr Wirtgen, de Coblence. Outre ces caractères importants, à mon avis, il existe encore une particu- larité assez constante qui distingue les nombreuses formes du $. re- fleæum des autres Sedum cités plus haut. Chez les premières, les fleurs ne s’épanouissent que sur les rameaux relevés de l’inflorescence et chez les seconds, les boutons s'épanouissent sur les rameaux encore très- enroules en crosse. Il serait curieux de vérifier ou de rechercher ces caractères chez les autres espèces du groupe : $. albescens Haw., $. altissimum Poir. et S. ano- petalum De. Un jour on en viendra peut-être à considérer les carac- ( 101 ) tères tirés du fruit, des étamines et aussi peut-être du mode de l’inflo- rescence comme suflisants pour établir une sous-division dans le groupe du $#. reflexum. M. Grenier, dans la Flore de France, décrit son S. altissimum avec des étamines à filets couverts à la base de poils transparents, et assigne au $. reflezum des étamines glabres. Ce dernier point me parait douteux et le premier dénote, ce me semble, l’aflinité du S. altissimum avec le S. reflezum , tel que je le connais. Fragaria Hagenbachiana Lang. Koch., Synop., 2%e éd., 234; Tas- chenb. 156. Cette rare forme végète le long d’un chemin et sur le bord d’une prairie à Hamerenne, près Rochefort. Son histoire, avec de nombreux détails, vient d'être exposée par le pas- teur Münch, de Bâle, dans le Flora (1). Agrimonia odorata Miller. Gren. et Godr., F1, fr., I, 262. Boreau. FI. centr., 3"< éd., 211; Godr. F1. lor., 2° éd., 257; Lejeune. F1. sp., IT, 509. Paraît n’habiter, en Belgique, que la petite chaîne des collines arden- naises, où elle remplace l’4. eupatoria L.; je l’ai rencontrée à Harsin; dans le bois de Bande, vers Champlon, à Daverdisse et à Neupont. M. le D' Moreau l’a constatée à Saint-Hubert, et M. Gravet à Malvoisin, Willerzie, Gedinne, Membre et Bohan. N'avait encore été signalée qu’aux environs de Theux, par Lejeune. Quant à la plante de Tinant , elle n’est, à en juger par la description, qu’une variété majeure de l'espèce commune. Le fruit, chez l’4. odorata , offre presque toujours deux akènes à la matu- rité, etsi, par hasard, un des ovaires vient à avorter, les sillons du calice se montrent plus marqués, sans cependant arriver à la longueur de ceux de |’ 4. eupatoria. Dans ce dernier cas, la forme du tube calicinal, celle du bourrelet couronnant le fruit à la maturité, ainsi que la direc- tion des épines ne sont point altérées. Les caractères distinctifs de l’une et l’autre espece ne semblent point dépendre d’un développement plus ou moins considérable : les très-grands pieds de l’ 4. eupatoria, cultivés ou sauvages, conservent toujours le facies propre à cette espèce. Epilobium lanceolatum Sebast. et Maur., Gren. et Godr., F1. fr., I, 581. Crevasses des rochers secs et schisteux, entre Remouchamps et Noncevaux (Liége). C’est dans une herborisation, faite, en 1866, sur les bords de (1) Flora, 28 juillet 1858. (. 10€) l’Amblève, en compagnie de mon respectable ami le D' Moreau, qu’eut lieu la découverte de cette rare espèce Cette plante est parfaitement caractérisée et conforme aux échantillons de VE. lanceolatum des Vosges et de la vallée du Rhin, que m'ont envoyés MM. Grenier et Wirtgen. Myriophylluin alterniflorum DC. Les phytographes se sont accordés jusqu'à présent sur le caractère de l’alternance des fleurs mâles, et le considèrent comme très-important pour la délimitation de cette espèce; cependant, au mois de juin 1856, je découvris, dans une petite mare d’eau vive, sur les bords de l’Am- blève, en amont de Remouchamps, une petite colonie en fleurs de ce Myriophyllum, si reconnaissable à ses épis recourbés èn hameg£on avant l’anthèse, dont un bon nombre dé pieds présentaient, les uns des épis tous à fleurs mâles verticillées ; d’autres seulement des fleurs mâles verti- cillées aux épis des axes primaires et des fleurs mâles alternes aux épis des axes secondaires ou latéraux. Dans des échantillons publiés par M. Wirtgen, sous le n° 297 de son Her- bier de plantés critiques et rares, j'ai aussi observé sur lé mêmé piéd un épi à fleurs mâles verticillées parmi plusieufs à fleurs alternes. La même particularité existe dans dés échantillons récoltés à Gouloux (départ. de la Nièvre). Ces faits me conduisent à penser que l'alternance des fleurs mâles au sommet de l'épi est le résultat d’un appauvrissement habituel. J'engage ici des botanistes qui disposent d’un agharium, à cultiver cette plante de manière à en favoriser le développement, afin de s'assurer si, en deve- nant plus robuste, élle ne produira pas des épis à fleurs mâles verticillées. La longueur relative des bractées est chose variable : tantôt très-entières et atteighant à peine la moitié des étamines, tantôt les égalänt et ser- rulées. Ce Myriophyllum doit être plus répandu qu’on ne le pense, du moins en Belgique ; et c’est à lui que je rapporte la plante si abondante au fond de nos rivières êt ruisseaux de l’Ardenne : l’'Amblève, l'Ourte, l'Homme, la Lesse et leurs affluents. S'il a échappé jusqu’aujourd’hui aux recher- ches dés explorateurs de nos montagnes, cela tient à ce qu'il fleurit très-rarement. Caruim vertieillatum Koch. Taschenb., 205. Découvert dans les prairies fraîches de Brulÿ (Namur), par M. Determe, zélé explorateur du canton de Couvin. N'avait encore été que très-vaguement indiqué dans les Flandres, où per- sonne , que je sache, ne l’a trouvé. (405 ) Répandue dans le centre de la France, cette espèce devient très-rare au nord de ce pays. En 1839, le baron de Melicocq (1) la signalait aux environs de Rocroy (dépar' des Ardennes), où, dix ans après, M. Jules Remy (2) la découvrait de nouveau. M. Schultz de Bitche, en 1854, découvrait aussi ce Carum sur les frontières du Palatinat, entre Wis- sembourg et Lauterbourg (dép' du Bas-Rhin). Enfin en Allemagne la seule station connue de cette ombellifère est Aix-la-Chapelle et ses en- virons (Prusse Rhénane). Saxifraga sponhemica Gmel. Lej. et Court, Choix de pl., n° 143; Koch., Synop., 2°° éd., 502; Gren. et God., F1. fr., 1, 653. Abondamment disséminé à travers la chaîne des collines ardennaïises : à l'est on le trouve sur la Warge et l'Amblève à Renastein et Malmedy, entre Aiwaïille et Comblain-au-Pont; au midi, il $e rencontre fréquem- ment sur tout le cours de la Semoy, à Chiny, Herbeumont, Bouillon (Luxembourg), Membre (Namur) et au delà de nos frontières, à Haulmé (dép! des Ardennes!. Il est probable que c'est cetté espèce encore que MM. De Melicocq et Remy ont signalée à Monthermé, sous les noms de $. aizoon Murr, et S. sternbergi Willd. Je ne l’ai point encore découvert sur le versant nord, dans les vallées de l'Ourte, de l'Homme et de la Lesse. Saxifraga hypnoïdes L. Gren. et Godr., 71. fr., 1, 653; Wirtgen, Herb. crit. select., n° 15175. J'ai observé cette belle espèce en très-grande abondance dans un bois rocailleux et frais aux environs de Waulsort (Namur). N'avait encore été signalée en Belgique que sur un mur à Gembloux (3), où elle existe, sans nul doute, à l’état subspontané ou de naturalisation. N'est-il pas singulier de rencontrer cette plante méridionale dans nos ré- gions, où sa spontanéité ne peut être contestée? Cet exemple de la projection vers le nord et par saut d’espèces du midi n’est pas le seul que nous fournit la vallée de la Meuse, de Givet à Namur : au Saxi- fraga hypnoïdes, on peut ajouter l’Ærthemisia camphorata Vill., si abondant sur les rochers de Givet, le Sisymbrium austriacum Jacq. et Biscutella laevigata L., qui dorent au printemps tous les rochers calcaires, surtout en amont de Dinant, le rare et précieux Draba aizoïdes L etenfin le Buxus sempervirens, dont des forêts envahis- (1) Prodrome de la fl. des arrond. de Laon, Vervins, Rocroy, etc.; 1839. ( ( 2) Excursion botanique à travers les Ardennes francaises; 1849. 3) Bellynck, Flore de Namur ; 1855, p. 107. (104) sent les rochers, les ravines, les taillis des deux côtés de la vallée de la Meuse, de Hastière à Namur. Cirsium anglieum Lobel. Gren. et Godr., F1. fr., IL, 219. Rare espèce trouvée, en juillet dernier, par mon ami, M. Gravet, dans un pré humide , entre Gedinne et Louette-S'-Denis (Namur). L'automne de la même année, ce botaniste me conduisit à l'endroit, peu étendu, où il avait récolté la plante, et une fois cette station restreinte constatée de nouveau, nous nous mimes à parcourir (outes les prairies avoisinantes, arrosées par le ruisseau de Gedinne. Après une heure de recherches persévérantes, nous fûmes assez heureux pour reconnaître la présence du €. anglicum dans toutes ces localités. Autrefois Roucel l’a indiquée aux environs d’Ypres , de Furnes et de Gand, mais elle n’a point été retrouvée depuis lors. Lappa tomentosa Lam. Une étude attentive du genre Zappa m'a révélé plusieurs caractères im- portants, à mon avis, pour la délimitation de ses espèces. Je vais tâcher de les exposer par les phrases suivantes : L. romEnrosa Lam. Renflement supérieur du tube de la corolle glan- duleux , large, arrondi à la base et resserré à la naissance des dents: celles-ci dressées-conniventes ; base de la corolle très- renflee , accrescente , aussi large que le sommet du fruit qu'elle couronne jusqu’à la parfaite maturité. L. masor Gaertn. Renflement supérieur de la corolle glabre, beaucoup plus court que la portion tubuleuse , campanulé et atténué infe- rieurement, non resserré sous les dents; celles-ci étalées-dres- sées; base de la corolle peu renflée, peu ou point accrescente et plus étroile que le sommet du fruit. L. minor Dc. Renflement supérieur de la corolle glabre, égalant la partie tubuleuse, campanulé et attenué inférieurement, non resserré sous les dents; celles-ci étalées-dressées ; base de la co- rolle peu renflée, peu ou point accrescente et plus étroite que le sommet du fruit. Après ces différences dans la forme de la corolle et surtout de son renfle- ment inférieur, le Z. tomentosa se distingue par plusieurs autres parti- cularités; ainsi ses fruits sont plus larges et moins allongés que ceux de ses congénères, à côtes primaires prolongées distinctement jusqu’au sommet , qui est lisse et ne dépasse point le disque sur lequel sont insé- rées la corolle et l’aigrette; cette dernière est plus fournie. Les capitules, chez le Z.tomentosa, sont profondément ombiliqués à l’état frais et non tronqués ou arrondis à la base comme dans les Z. major et L. minor. ( 105 ) Le véritable Z. tomentosa est très-rare dans la partie méridionale de la Belgique : jusqu'aujourd'hui je ne l’ai vu qu’à Orval (Luxembourg). M. Boreau l'indique aussi très-rare dans le centre de la France. Filago lateseens Jord., Obs. fragm. 5, 210, tab. 7; Boreau, F1. centr., 3me éd., 558. Champs de pommes de terre, jachères et bords des chemins : Roche- fort. Filago neglecta DC. Gren. et Godr., F1. fr., 11, 195; Godr., 71. lor., 1, 420; Wiritgen, Zerb. crit. select., n° 278: Se rencontre sur plusieurs points de l'étage schisteux situé au midi de Ja longue bande calcaire de la Famenne : Verdenne (vers Marche), On, Rochefort, Hamerenne. Au nord de ces calcaires, sur un autre étage argilo-schisteux, on le voit à Saint-Remy et à Ciergnon. Cette plante rarissime n'avait encore été signalée qu’en France et sur un seul point, à Badonviller (département de la Meurthe). Les auteurs qui ont écrit sur ce Filago ont toujours conservé quelque doute sur sa légitimité comme espèce, et plusieurs y ont vu une hybride du Filago gallica et du Gnaphalium uliginosum. Quant à moi, qui l'ai étudié pendant plusieurs années, l’ai souvent vu croître solitaire et en abondance, et l’ai toujours observé avec des graines fertiles, je ne puis le considérer comme un produit hybride. Je dois ajouter que le Filago gallica manque absolument dans nos régions et qu’en outre, sa présence en Belgique est très-douteuse. Taraxacum udum Jord., pug. 114; Boreau, FI. centr., 5° éd , 376. Prairies humides des terrains argilo-schisteux. Rochefort, Auffe, Louette- S'-Pierre, Vresse (Namur). Ledum palustre L. Cette très-rare éricinée a été découverte, l'automne dernier, par M. Charles Grün, à Vierveld (Limbourg belge), sur les bords d’un marais, à proxi- mité d’un ancien parc. Non loin de l'endroit où le Zedum se trouve en abondance, ce jeune botaniste a récolté plusieurs pieds d’une plante frutescente exotique, ce qui vient jeter quelque doute sur l’indigénat de l'espèce en question. Cependant M. le vicomte Vilain XIII, proprié- taire de cette portion du pays, assure, m'écrivait M. Grün, que depuis au moins 50 ans il voit croître le Zedum dans cette localité. De nouvelles recherches dans les landes du Limbourg viendront peut-être un jour dissiper nos doutes, en constatant la présence du Zedum sur d’autres points de la Campine. Brunella alba Pallas. Gren. et Godr. F1, fr., II, 704. Il est surprenant de voir cette espèce réunie, à titre de variété, au 2. vul- ( 406 ) garis L. par certains auteurs. Une telle réunion n’a eu certainement lieu que par suite d’une étude superficielle des deux plantes. Nous donnons ci-dessous les caractères distinctifs de la graine. B. acsa Pal., graine oblongue , se délachant avec peine du disque, à la maturité, B. vuccaris L., graine obovale, courte, plus petite, se détachant avec la plus grande facilité du disque. Outre ces différences , les graines en présentent d’autres qu’il est difficile de décrire succinctement sans l’aide de figures; ainsi la disposition des stries colorées , la position du micropyle, l’aspect de la base du fruit, la forme du bec ou hile ne sont point identiques dans les deux plantes, de même que la forme du disque ou carpophore. Les caractères préconisés par plusieurs auteurs sont sujets à varier, Dans le B. alba, la corolle est parfois aussi petite que chez le B. vulgaris ; les dentelures de la lèvre supérieure du calice ne présentent pas de diffé- rence notable, et, quoiqu’en dise Koch (1), les nervures verticales des dents inférieures s’anastomosent entre elles, mais point aussi fréquemment que dans l'espèce voisine, et les veinules n'étant vues que par transpa- rence; enfin l’appendice subulé des étamines est souvent droit où peu recourhé pendant l’anthèse : c’est dans le bouton que cet organe est fortement recourbé, chose qui existe à un moindre degré chez le B. vul- garis. Malgré cette variation dans des caractères généralement admis, ces espèces n’en sont pas moins profondément distinctes, et d’autres caractères plus stables, je pense, peuvent être établis sur la forme géné- rale du calice, sur celle des dents inférieures, sur la couleur de la corolle (blanc jaunâtre dans le 2. alba. violette purpuriné ou blanche dans le B vulgaris). et peut être sur la forme du casque ou lèvre supérieure. Enfin la pilosité, la forme des feuilles sont différéhtes et, si j'ai bien remarqué , les tiges sont radicantes à la base chez le 2. vulgaris, tandis qu'elles ne le sont point chez le B. alba. M. Boreau a déjà indiqué cette différence dans les tiges. Ajuga pyramidalis L. Gren. et Godr., F1 fr., Il, 706. Largement répandu sur tout le plateau ardennais : clairières et lisières des bois, pâturages, bruyères, bords des chemins. En commençant par nos limites de l’est, on le rencontre, suivant Lejeune, à Eupen (Prusse rhénane), Limbourg, Verviers; à mon tour, je lai observé près des ruines de Franchimont , entre Spa et Sart, au hameau (1) Synop., me ed., p. 660; Taschenb., p. 398. ( 107 ) dé Belva, près La Reid, puis sur les côtes de l’Ourte, entre Nadrin et Bériménil, Tinant le signalé à Rambrouch et Folschette (Luxembourg hollandais). C'est surtout au centre du plateau, dans les bassins de l'Homme, de la Lesse et de la Houille, qu'on le rencontre fréquemment : Saint-Hubert, Arville; — Transinne, Redu, Graide, Gembes, Haut-Fays, Fays; — Houdremont , Gedinne, Maltoisin et Felénne. Sur le versant méridional des côtes de la Semoy, M. Gravet ne l’a observé qu’à Baiïllamont, à la ferme de Charneuse, vers Nafraiture (Namur), et à Linchamps (dépar- tement des Ardennes). On ne peut confondre cette remarquable espèce avee lAjuga genevensis , qui sé rencontre sûr quelques points des lisières de l’Ardenne, Thesium prateuse Ebrh. Lej et Court, Comp. F1. belg., 1, 505. — Ta. “omieusum, Bellk., F1. nam., 228 (non DC). Cette espèce, la seule jusqu'ici signalée en Belgique, est indiquée, en pre- mier lieu, par Lejeune, entre Verviers et Bilstain (Liége) et entre Renastein et Malmédy (Prusse rhénane), et ensuite par Tinant, dans les prairies montueuses de l’Ardenne : Neufchâteau, Saint-Hubert et Fays- les-Veneurs. Je l’ai moi-même trouvée au hameau de Belva (La Reid), entre Arville et Mirwart, Grupont, Smuid, baraques de Transinne, environs de Bertrix et Mont (commune de Gembes). Se trouve aussi en plusieurs endroits, aux environs de Rochefort, Observation. —- Je rapporte au Th. humifusum DC. une espèce récoltée sur les dunes, aux environs de Furnes, qui m'a été envoyée, en 1854, par M. l'abbé Coemans, de Gand. Gagea spathacea Schult. Kuntb., £Znum.1F, 257; Koch. Synop., 2° éd., 824; Ledeb , F1. ross., IV, 140; Rchb , Ze., t. 1059. — OrniThuGaLum spa- THACEUM Hayne, in Ust., ann. XV, 11,t. I; Red., Zil., t. CCXXXXII, Sibth., F1. graec., t. CCCXXXI. — Onxira. miximun, F1. dan., t. DCXII (exel. syn). — Ornira. Haynir, Roth. Sturm., F1. h., 27. — Orniru. ris- rucosun, Hocq, Æ1. jem., 151; Desmaz , Suppl. bot. belg., 48 (non Ramend). — Onnira. 8eLGicum Lej., Rev., 67; Lej. et Court., Comp, F1. belg., IT, 19. Bulbes deux , inégaux, le plus gros situé à l’aisselle de la feuille inférieure , dont la gaîne close enveloppe le plus petit, né à l’aisselle de la seconde feuille , l’un et l’autre entourés extérieurement par les débris des anciens bulbes et les bases des feuilles desséchées ; bulbilles nombreux, les plus récents ovoïdes, blanchâtres, cachés, pendant l’anthèse, sous la pellicule du bulbe épuisé de l’année antérieure et situés à la base du petit bulbe, ceux de la saison précédente agglomérés en dessous des premiers et ( 108 ) adhérents encore un peu au plateau desséché de lancienne plante, ovoïdes, à tégument externe mince, d’un fauve pâle , réticulé. Feuilles radicales deux, glabres, filiformes (1-11/, mill. de larg.), quelquefois un peu fistuleuses, semi-cylindriques ; planes ou légèrement canaliculées en dessus, plus longues que la hampe florifère. Celle-ci s’élevant entre les deux bulbes, épaissie au sommet, obscurément triquètre, un peu fistuleuse, glabre, lisse. Feuille bractéale solitaire, glabre, rarement un peu ciliolée, élargie dans sa portion inférieure en forme de spathe el _embrassant le pédoncule commun à la base, rétrécie à sa partie moyenne en forme de capuchon et terminée en une pointe étroite, li- néaire, comprimée, égalant l’inflorescence ou plus longue. Pédoncule commun, glabre, lisse, surmonté par une ou deux fleurs longuement pédicellées, à pédicelles glabres, entourés à la base d'un faux verticille de trois bractéoles, petites, linéaires, ciliolées. Divisions du périanthe glabres, oblongues, arrondies-obtuses, 5-5 nerviées, verdâtres sur le dos, jaunes au bord et sur la face supérieure; étamines à filets étroits, très-peu élargis inférieurement; ovaire arrondi au sommet, subtri- quètre, à angles très-obtus; style une bonne fois plus long que l'ovaire. Hab. — Bords et clairières des bois frais. — Dans la province de Hai- naut : bois de Braine , près de Soignies (Hocquart, 1814); bois des envi- rons de Mons (Desmazières, 1825); Binche (Lejeune, 1824 ); bois de Lombise (J. Willem, jardinier, 1855). Dans la province de Brabant : forêt de Soignes, à une lieue de La Hulpe (J.-E. Bommer, 1856, C. Grün et J. Crepin, 1859), Viv. Avril. Cette plante fut découverte pour la première fois en Belgique par l’abhé Hocquart et décrite par lui, dans sa Flore de Jemmape, en 1814, sous le nom d’Ornithogalum fistulosum; dix ans plus tard (1825), M. Desmazières, dans son Supplément à la botanographie belgique , l’indiquait aussi sous cette même dénomination ; puis, en 1824, le D' Lejeune, considérant la plante comme nouvelle , la décrivait sous le nom d’'Ornith. belgicum, toutefois en signalant son extrême affinité avec l'Ornith. spathaceum de Hayne, dont elle ne différait, suivant lui que par « la hampe et ses feuilles filiformes, par sa spathe foliacée plus étroite, » (Rev. fl. sp., 67). Ce même botaniste, en 1851, dans le t. II du Compendium florae belgicae, conservait sa plante sous le même nom et ajoutait apres la diagnose, p. 19, « 7’alde affine ©. spathaceo, Hayne. M. et K.,2, p. 547, a quo scapo et foliis radicalibus filifor- mibus differt. » Reichenbach, dans son Flora germanica excursoria , p. 106, rapportait POrnith. belgiecum, avec le signe du doute cependant, an Gagea (109 ) stenopetala , rapprochement que Lejeune a condamné à la page 507, t. II, du Compendium. Après Reichenbach, Kunth fit le même rap- prochement et, en outre, p. 241 del Enumeratio , l'Ornith. belgicum , est donné comme synonyme douteux du Gagea bohemica, Roem. et Schult. M. Nyman, botaniste suédois, dans son Silloge florae Europae (1855) signale le Gagea stenopetala Rchb. en Belgique et lui rapporte, avec doute , le Gagea belgica. Dum. (sic), en synonyme. Enfo, pour en finir avec l’histoire de POrnithogalum belgicum , je citerai la notice publiée, en 1856 (1), par M. J.-E. Bommer, du jardin bota- nique de Bruxelles, dans laquelle le Gagea spathacea est décrit, puis signalé comme ayant été découvert dans la forêt de Soignes. Ce bota- niste considérait cette espèce comme entièrement nouvelle pour notre flore et ajoutait en observation qu’elle diffère de POrnithogalum bel- gicum de Lejeune par ses feuilles non fistuleuses, par ses fleurs non disposées en ombelle et surtout par la présence d’une spathe. Il est très-probable que M. Bommer n’a lu la description de la plante de Lejeune que dans la Flore générale de la Belgique, où elle est décrite d’une manière très-incomplète : autrement, s'il avait consulté la Revue et le Compendium , il aurait pu remarquer que les descriptions de POrnith. belgicum s'appliquaient parfaitement au Gagea spathacea de la forêt de Soignes, que j'ai en ce moment sous les yeux en nom- breux pieds vivants (2). Dès 1855, après examen d’un échantillon du Gagea spathacea , récolté à Lombise, non loin de la station citée par Hocquart pour son Ornitho- galum fistulosum , j'étais fortement porté à admettre l'identité du Gagea spathacea et de l’Ornithogalum belgicum, mais je ne pouvais trancher, d’une manière positive, la question sans avoir vu des échan- tillons authentiques de cette dernière espèce. Pour élucider ce point * intéressant, j’eus recours à l’herbier de Hocquart, et, sur ma demande, son possesseur actuel, M. Francqui, professeur de chimie à l’université de Bruxelles, eut l’extrêème obligeance de me communiquer les deux exemplaires, que contenait cette collection, de l’Ornithogalum fistu- losum Hocq. (non Ramond), espèce rapportée, avec certitude, par Lejeune à son Ornith. belgicum. Ces deux exemplaires, étiquetés de la main de Hocquart, sont identiques au Gagea spathacea de Lom- (1) Bulletins de l’Acad. roy. de Belg., t. XXIT, n° 6. (2) Cet article a ete rédige le 16 avril, apres le premier envoi du manuscrit de ces noles. (110) bise, à ceux de la forêt de Soignes, ainsi qu'à des échantillons authen- tiques des diverses parties de l'Allemagne (dont un a été récolté à Hambourg, la localité classique) et provenant des herbiers de Sprengel, Walpers et Graves. Après ceci, on ne peut conserver aucun doute sur la validité du rapproche- ment opéré. La distinction de Lejeune ne reposait , du reste, que sur une mince modification de largeur, qui n’était même pas réelle et pro- venait, à mon avis, du mode différent de dessiccation. En effet, les échantillons du Gagea spathacea desséchés au moyen d’une assez forte pression présentent des feuilles et des hampes sensiblement élargies, comparées à celles des échantillons frais ou préparés par une faible pression. Je ne finirai par cet article sans entrer dans quelques détails sur les bulbes du Gagea spathacea comparés à ceux du G. arvensis Schult. Ces deux liliacées présentent, à l’époque de leur floraison, un petit plateau sur lequel s'élève une hampe florifère, puis deux feuilles, à l’aisselle desquelles se sont développés deux bulbes, dont le plus inférieur est gros et donnera, au printemps suivant, une plante florifère, l’autre est plus petit et se séparera du premier à la fin de la saison, pour végéter de sa vie propre, mais ne donnera de fleurs qu'après deux ou trois ans, alors qu’il aura acquis assez de force par plusieurs renouvellements successifs. La gaine de la première feuille entoure la seconde feuille à la base. Ces particularités sont communes aux deux espèces. Dans le Gagea spathacea , la gaine de la feuille inférieure est mince et ne se soude pas avec le bas de la bampe et la gaïîne de la seconde feuille , comme cela arrive dans le G. arvensis, dont les gaines sont tres- épaisses. Chez celui-ci, le plateau est très-petit, oblique, chez l’autre, ilest assez large et horizontal. C’est surtout par le mode de production des bulbilles , par leur forme et la consistance du tégument externe que ces deux Gagea se distinguent. Disons, en premier lieu, que le G. spathacea produit des bulbilles pen- dant ses périodes foliifères et florifères et que le G. arvensis n’en produit point pendant l’année de sa floraison. Au moment de l’anthèse, la première de ces plantes offre, à la base du petit bulbe et derrière la pellicule du bulbe épuisé de l’année antérieure, une agglomération de bulbilles ovoïdes , blanchâtres et rangés grossièrement en cercle. En dessous de ces bulbilles récents, on aperçoit ceux de la saison précé- dente, encore un peu adhérents au plateau desséché de la vieille plante ; ils sont ovoïdes, à légument mince, d’un fauve pâle, veiné en réseau. (111 ) Dans les plantes simplement foliifères, les bulhbi es sont moins nom- breux , mais disposés de la même façon. Dans le G. arvensis foliifère, les bulbilles naissent au sommet des bulbes, entre les feuilles, en une grappe compacte, courte; ils sont globuleux, blanchâtres et se détachent de la plante mére en automne. Au printemps suivant, on les trouve séparés au sommet des bulbes nouveaux, mais alors ils ont revêtu une apparence extraordinaire qui les ferait presque méconnaitre : leur sae ou tégument extérieur est devenu crustacé, noir et profondément alvéolé, Le petit bulbe séparé de la plante mère a aussi subi ce changement et se distingue des bulbilles par sa grosseur et le stigmate de sa soudure avec la hampe florifère. Allium complanatum Boreau, F1. centr., 5®° éd., 650; Gren. et Godr., F1. fr., 111, 207. — A. oLenaceum Le]. et Court., Comp. fl. belg., IH, 15. — À. OLERACEUX , var. latifolium Koch., Synop., 2"° éd., 851. Trés-répandu dans les champs, les moissons des terrains argilo-calcaires et sur les rochers des provinces de Namur, Luxembourg et Liége. Le véritable 4. oleraceum de Linné n’a point encore été rencontré, à ma connaissance, dans nos régions ; il est commun dans le midi et le centre de la France et devient déjà très-rare en Lorraine, où M. Godron indique seulement trois localités : Nancy, Lunéville et Sarrebourg. Orchis incarnata L,, Gren. et Godr., F1, fr,, IT, 296. Croit dans les prés humides des terrains siliceux. Environs de Spa (Liége); entre Bourdon et Marche; environs de Mirwart (Luxembourg) et Louette-S'-Pierre (Namur). Nouvelle espèce pour notre flore. Triglochin palustre L. La végétation souterraine de cette espèce paraissant avoir passé inaperçue en Belgique, en France et peut-être en Angleterre, je crois bien faire d’en esquisser les particularités les plus remarquables Mes observations datent de 1855. Jusqu’aujourd’hui je croyais avoir été le premier à remarquer la curieuse végétation du Tr. palustre , mais je viens de lire, dans le Botanische Zeitung , deux notes (1855, p. 62; 1858, p. 178) qui annoncent que M. Irmisch a traité dès 1850 le même sujet, dans son ouvrage intitulé : Zur Morphologie der Knollen- und Zwiebel- gewächse. Je regrette beaucoup de ne point posséder cet ouvrage de l’'ingénieux rhizographe allemand, dans lequel J'aurais pu voir jusqu'où nos observations concordent au sujet du Triglochin. Aussitôt apres l’anthése, au pied de la hampe fructifère et au centre de plusieurs feuilles commence à se montrer, ou plutôt à grossir, un bulbe, qui n’atteindra son compict développement qu'à l'automne; il (112) est composé alors de plusieurs écailles charnues, féculifères, l’exté- rieure cachant, à son aisselle, un petit bourgeon qui se développera le printemps d’ensuite en une tige florifère accompagnée d’une rosette de feuilles nées d’un bourgeon caché au centre du bulbe en question et qui, lui, ne donnera sa tige que la troisième année. Outre ce bulbe terminal, ordinairement sessile, la souche du Triglochin donne naissance, à son sommet et à ses articulations, à des bulbes, lon- guement pédicellés, qui, à leur tour, donneront naissance à d’autres bulbes, ce qui fait qu’une plante mère se trouve, après plusieurs géné- rations, entourée de nombreux descendants, conservant avec elle des adhérences au moyen de rhizomes grêles. Depuis le mois d'août 1855, j'observe ce mode intéressant de végétation le long d’un ruisseau, creusé dans un dépôt de tuf calcaire, où il est facile, à toutes les époques de l’année, d'extraire le Tréiglochin. Potamogeton oblongus Viv., Coss. et Germ., F1. par., 569. P. oscoxcus Viv. Feuilles à nervures obscures à l’état frais. P. narans L. Feuilles à nervures transparentes à l’état frais. Ces caractères m'ont paru invariables chez de nombreux échantillons récoltés dans nos provinces. Il serait intéressant de vérifier mon obser- vation sur des plantes fraiches d’autres pays. J'ai recueilli en 1856, dans une mare profonde, entre Bande et Champlon (Luxembourg), des pieds de P. oblongus d’une dimension extraordinaire et dont les feuilles dépassaient d’un bon tiers les plus grandes que j'eusse encore vues du P. natans ; cependant, malgré ce développement dans les feuilles et les tiges, les fruits et les épis avaient conservé leur petitesse ordinaire. Ce fait est loin de justifier l'opinion de certains botanistes, qui voient dans cette espèce une forme mineure du À. natans. Carex muricata L. Var. a. Gexuixa Gren. et Godr., F1. fr., IIL, 594. S.v. IncRassaTa Nob. Utricule présentant, dans son tiers inférieur, un épaississement circulaire. Var. B. Vinens Koch , Synop., 2e éd , 866. S.v. Incrassara Nob. Utricule présentant, dans son tiers inférieur, un épaississement circulaire. Ce renflement de la base de l’utricule est normal et nullement dü à la piqüre d’un insecte, comme on pourrait se l’imaginer en pensant à la déformation bien connue des fruits du C. praecox ( C. syocarpa Leb.). Dans ces deux sous-variétés, les utricules viennent à parfaite maturité et donnent des akenes fertiles. Comme dans le €. praecox Jacq, j'ai observé une fois les utricules du (115) C, muricata var. virens, déformés par le séjour d’une larve à leur base. Carex leporina L. Var. B. PazcesceNs Gren. et Godr., FT. fr., II, 597 (var. #rgyroglo- chèn, Anders., Cyp., 64). M. Gravet a trouvé cetie rare variété dans un bois de haute futaie, à Louette-S'-Pierre (Namur). Carex digitata L Gren.et Godr., FL. fr., XI, 417; Anders., Cryp., 8, fig. 88. Var. Ixrenmenta Nob. Utricules dépassant les écailles , à la maturité. Croit abondamment avee le type dans les bois ombragés et frais et sur les rochers, aux environs de Rochefort. Han-sur-Lesse et Wavreille. Cette variété, qui se rattache au (ype par des variations, n’en diffère que par le caractere précité; les épis sont espacés, l’inférieur longuement pédonculé, le supérieur seul dépasse un peu l’épi mâle, enfin les gaines des feuilles et des pédoncules, ainsi que les écailles sont d’un rouge brun. Plante robuste ou grêle. Le C. ornithopoda. Wild., dont la valeur spécifique me paraît douteuse , du moins d’après les descriptions, se rattache par cette variété au C. digitata genuina. Meliea nebrodensis Perlalore. Gren. et Godr., F1. fr., Ii, 551. — M. ci1- Lara Bellk., F1. nam., 295 (non L.). Il a été reconnu, dans ces derniers (temps, que l'espèce de l’ouest, prise pour le M. ciliata L., n'était pas le véritable F7. ciliata de Linné, plante ne dépassant guère le Rhin, vers l’ouest, mais bien une autre espèce nommée #. nebrodensis par M. Perlatore. Dans la province de Namur et une partie de la province de Liége, c’est cette derniere forme qui abonde sur les rochers calcaires. A propos des caractères assignés aux deux Melica ci-dessus, je vais rap- porter une expérience de culture faite avec soin. Des graines récoltées en 1856 sur des pieds de . nebrodensis à feuilles étroites enroulées et à caryopse chagriné à la face ventrale et lisse sur le dos, ont pro- duit, dans mon jardin, des pieds à feuilles planes n'ayant aucune tendance à s’enrouler, même à la fin de la saison. Une récolte faite sur ces pieds cultivés, le 30 juillet 1858, me donna des graines chagrinées d’un côté et lisses de l’autre, comme celles employées au semis, et par une autre récolte du 21 août suivant, j’obtins des graines dont les trois quarts étaient completement lisses. Aira caespitosa L. 2€ SÉRIE, TOME VIL. 8 (4) Var. Seriroura Koch., Synop.. 2° éd., 914; Ledebour, FL ross.. IV, 421. Feuilles radicales roides très-étroites, sétacées, à bords rapprochés et semblables à celles du Festuca duriuscula. Bords de route, bois. Rochefort. Cette variété, remarquable par sa petite taille, ses feuilles sétacées et souvent glaucescentes, végète au sommet sec des remblais schisteux de la route de Rochefort à Dinant ; elle se relie à V4. caespitosa, type des parties fraîches et herbeuses du bois voisin, ou des bords de mares, par des formes intermédiaires correspondant à des stations mixtes (fossés dénudés et quelquefois inondés des bords de la route). L’'A. caespitosa L. étant rapproché par cette variété de l 4. media Gouan, la détermination de cette dernière espèce devient fort difficile au moyen des caractères décrits par les auteurs. Les différentes dimen- sions des arêtes données par M. Godron, dans la Flore de France, me paraissent inexactes, du moins d’après l'examen de nombreux échantil- lons de _Z. caespitosa du pays et d’un exemplaire de l_{ media Gouan provenant de Bourges, étiqueté par M. Grenier. M. Lloyd, dans sa Flore de l'Ouest, décrit plus exactement la longueur des arêtes et leur insertion chez l’4. media. Il serait à désirer qu'on fit une étude approfondie de ces deux espèces et de leurs variétés. Eromus squarrosus L. | Ce n’est point à titre d'espèce indigène que j’énumère ici cette graminée, mais pour en faire connaitre une particularité intéressante et que je n’ai point encore vue signalée. Tous les auteurs décrivent le Bromus squarrosus avec des arêtes diver- gentes, mais aucun n’a peut-être remarqué qu’elles ne deviennent divergentes qu’au soleil et que, pendant la nuit et les jours sombres ou pluvieux, elles se redressent. On peut provoquer artificiellement ce phé- nomène en arrachant, en plein jour, une touffe de ce Brome et en la transportant dans un lieu obscur; quelque temps après ce déplace- ment, les arêtes, qui étaient étalées horizontalement, se redressent puis s'étalent de nouveau si on remet la plante à la lumiere. Cette propriété hygrométrique explique comment M. de Moor(l) a pu dire que le B. squarrosus ne présente presque jamais, dans notre pays, des arêtes divergentes; il est probable que cet estimable botaniste, duquel je tiens la graine du Brome en question, a étudié la plante pendant des jours pluvieux et qu’en voyant les arêtes redressées, ia cru que cette particularité était une modification due au climat. 1) Traile des graminées el ceéreules , 1854, p. 124. 9 > P ( 145 ) Struthiopteris germanmica Willd. Cette magnifique fougère a été indiquée pour la première fois en 1855, par le D' Lejeune, dans la vallée de la Vesdre, à Fays, et jusqu'aujour- d'hui, c'était sa seule station connue en Belgique. En 1855, MM. Strail, curé à Magnée, et Malaise, docteur en sciences naturelles à Liége, découvraient deux touffes de cette plante dans un bois aux environs de TilfF, dans la vallée de l'Ourte , et l'année suivante, j'avais moi-même, en compagnie de M. Gravet , le bonheur de la trouver aussi, mais en abondance, dans un bois frais de la vallée de l'Amblève vers Aiwaille. Au delà du Rhin, ces trois localités de la province de Liége sont les sta- tions de cette fougère les plus avancées à l’ouest. Asplenium Halieri DC. Gren. et Godr., F1. fr., III, 635. .Lieux pierreux , dans le bois de Saint-Denis. — Trés-rare. C’est à mon jeune ami, M. Martinis, qu'on doit la découverte de cette très-rare fougère et nouvelle, je pense, pour la flore de Belgique, car j'ai cru reconnaître, par un rapide examen, que la fougère publiée par M. Westendorp , dans son Æerbier cryplogamique, n° 152, sous le nom d’Aspidium fontanum Willd., n’était qu'une forme réduite de l Æspi- dium fragile DC. Lycopodium alpinum L. Bruyères entre Odeigne et les baraques de Fraiture (Liége), à 650 metres d’altitude. C'est le 30 août 1854, sur la fin d’une longue herborisation solitaire à travers un des plateaux les plus élevés et les plus sauvages de FAr- denne, que je découvris ce rare Lycopode, nouvelle espèce pour notre flore et dont j'étais loin de soupconner lexistence en Belgique. Lycôpodium complianatum L. Koch., Synop., 2° éd., 971 ; Ettings- hausen, Phys. Plant. Austr. tab. 42. — L. CnamazcyParissus, West., Herb. crypt. belg., n° 119 (non Braun). Trouvé entre Stavelot et Recht (Liége), dans une herborisation faite en compagnie de M. le D' Moreau, le 19 juillet 1855. Ne croît point en France ; à l’est il est signalé en Bohéme, en Moravie et en Silésie. Lycopodium chamaecyparissus À. Braun. Koch., Synop., 2e éd., 970; Gren. et Godr., F1. fr., III, 655. — L. Coupranarum Kickx, F1. cryp. Louv., 18; Mathieu, F1. gén. belq., IX (non L.). Bruyères à Freilange, vers Arlon (Crepin) ; bruyères à Andoumont, entre Gomzé et Fraipont (Strail); bois de sapins, aux environs de Herenthout, province d'Anvers (J. Willem), Helden, Limbourg hollandais (Mathieu). (116) N'ayant point vu la plante que Lejeune indique à Malmedy et Sougnez, Je ne puis la citer parmi les synonymes : il est possible que cet auteur ait compris sous le nom de Z. complanatum les deux espèces ci-dessus, Comme ces deux Lycopodes ont été jusqu'ici confondus en Belgique, je vais indiquer les principaux caractères différentiels, tels que je les ai observés sur les plantes de ce pays et sur des échantillons de Silésie. L. CompLavarun L. Rameaux ascendants à la base, à ramifications lâches , étalées en éventail, très-comprimées à la face ventrale; feuilles du rang intérieur petites, très-appliquées; les latérales à pointes étalées sur les côtés L. CHamaëcyparissus A. Braun. Rameaux roides, dressés à la base, à ramifications denses, dressées-fastigiées, peu comprimées; feuilles du rang intérieur égales aux autres, peu appliquées; les latérales à pointes dressées el souvent convergentes. Ce dernier est beaucoup plus petit, plus grêle, à ramifications plus étroites et à épis moins gros. Les ramifications présentent dans l'agencement et la forme des feuilles des différences notables, mais qu’il est fort difficile d'exprimer succincte- ment dans une diagnose; ainsi chez le Zycopodium complanatum les feuilles latérales sont creusées à la face interne de manière à produire sur les côtés des ramifications un canal très-apparent, tandis que dans l'espèce voisine, ces sillons sont très-peu visibles et fréquemment inter- rompus par les pointes convergentes des feuilles latérales, rejetées sur la face interne des ramifications. Tous les auteurs que j'ai sous les yeux , à l'exception de Lejeune, décri- vent les tiges de ces deux espèces rampantes sans rien ajouter, ce qui fait penser qu’elles sont rampantes à la maniere de celles des Z. alpi- num, annotinum, clavalum, etc., chose qui n'existe pas, du moins dans les plantes de ce pays et celles de la Silésie. Les tiges de ces deux espèces sont souterraines, el Lejeune notait également ce fait quand il disait : Caule subterraneo repente (1). (4) Compendium florae belgicae, LE, 501. (117) CLASSE DES LETTRES. Séance des 4 et 5 mai 1859. M. le baron DE GERLACHE , directeur. M. Ad. QueTELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Grandgagnage, de Ram, Roulez, Gachard, Borgnet, le baron J. de Saint-Genois, David, P. Devaux, P. De Decker, Snellaert, Carton, Haus, Bor- mans, Leclerceq , Polain, Baguet , De Witte, Ch. Faider, Arendt, membres; Nolet de Brauwere Van Steeland, as- socié; Ducpetiaux, Kervyn de Lettenhove, Ad. Mathieu, _ Chalon, correspondants. MM. Baron, membre de la classe des lettres, et Sauveur, mernbre de la classe des sciences, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. S. M. le Roi et les Princes expriment leurs regrets de ne pouvoir assister à la séance publique de la classe. — La commission de statistique générale d'Espagne ( 118 ) fait parvenir deux ouvrages, dont un sur le recensement général de la population de l'Espagne. — Un poëme sur l'établissement des chemins de fer en Belgique est parvenu à l’Académie sous la date du 14 avril et avec l’épigraphe : Paix, liberté, progrès, patrie. Ce poëme ne peut être admis, le terme fatal du concours étant ex- piré à la fin du mois précédent. — M. le chanoine David, président de la commission chargée de la publication des Anciens monuments de la littérature flamande, fait hommage du second volume du Rymbybel de Van Maerlant. — Remerciments, de même que pour plusieurs ouvrages publiés et déposés par MM. de Gerlache, de Ram et de Witte. — La classe reçoit encore les ouvrages manuscrits sui- vants : 1° Un Mémoire sur l’ancienne famille des vicomtes de Montenaken, par M. Kempeneers. (Commissaires : MM. Po- lain, Bormans et Borgnet); 2° Un Mémoire sur les inscriptions grecques; par M.Wa- gner. (Commissaires : MM, de Witte et Roulez.) CONCOURS DE 1859. Six questions avaient été inscrites au programme du concours annuel. Deux questions seulement, celles rela- lives aux chambres de rhétorique et à l’histoire du duc de Brabant Jean [”, ont provoqué des réponses. (419) apport de M. le baron Jules de Saint-Genois. « L'année dernière, il nous a été présenté un volumi- neux mémoire sur la question : Quelle a été l'influence littéraire, morale et politique des sociétés et des chambres de rhétorique dans les XVII provinces des Pays-Bas et le pays de Liége. Les principaux défauts qui entachaient cet ouvrage, plein, d'ailleurs, de recherches consciencieuses et de matériaux importants, ne permirent pas à vos commis- saires d'accorder une distinction quelconque à l’auteur, et les engagèrent à vous demander de reporter la même question au concours de 1858-1859. Ces conclusions furent adoptées par l'honorable com- pagnie , et nous avons à nous féliciter qu'il en ait été ainsi, puisque l’auteur ne s'est pas découragé et qu'il nous a renvoyé son travail revu, mieux disposé et considérable- ment amélioré, quant au style. Nous sommes entré, l’année dernière, dans de longs dé- veloppements au sujet de ce mémoire. Nous n'aurons pas a y revenir aujourd’hui, car l’œuvre émane du même con- current, ainsi qu'il le déclare dans le petit avertissement dont il à fait précéder son manuscrit. L'auteur y remercie vos commissaires pour les observa- tions qu'ils ont faites sur son travail, et il s’est montré empressé d'y satisfaire presque sans réserve, en ce qui concerne les imperfections de détail. Le nouveau manusérit se compose de quatre cahiers in-folio; les deux premiers contiennent l'introduction et le mémoire proprement dit; dans le troisième, se trou- vent les additions, au nombre de soixante et dix, c’est-à- dire cette quantité prodigeuse de détails biographiques et ( 120 ) littéraires qui surchargeaint la première rédaction et dont l’auteur à cru devoir former un appendice de pièces jus- uüficatives; le quatrième cahier renferme la liste des rhé- toriciens. Nous avons reproché à l'auteur, l'an dernier, de ne point résumer ses idées; il a essayé de faire disparaître ce défaut, grave dans un tel sujet, en terminant ses recher- ches sur les chambres de rhétorique flamandes par un apercu général de leur histoire, sous le rapport de la double influence politique et sociale qu'elles exercèrent dans les parties méridionales des Pays-Bas et dans les pro- vinces du nord. C’est en quelque sorte un effort suprême que le concur- rent à tenté pour établir de l’unité dans ce dédale de faits et de particularités littéraires de toute nature, si laborieu- sement accumulés. Malheureusement la nouvelle distri- bution économique du travail n’en fait pas disparaître le défaut d'homogénéité. Il y a abondance de petites disser- tations complètes sur tel ou tel point et sonvent remplies de remarques judicieuses, de vues élevées, mais le tout n’est pas soudé ensemble avec habileté. Quoique sensiblement améliorée, la forme littéraire du travail est encore heurtée et inégale; le stvle, tantôt élevé et même prétentieux, descend parfois au niveau de la con- versation familière et plaisante, sans que rien ne légitime ce changement de ton. C'est là le résultat inévitable d’un travail qui n’a pas été suffisamment digéré et dans lequel la réflexion n’a pas tempéré l’exubérance fatigante des dé- tails. Nous reconnaissons, du reste, volontiers que, dans la rédaction actuelle, la question proprement dite de l'in- fluence exercée sous le rapport littéraire, moral et politique ("EEE ) a élé moins perdue de vue que dans le manuscrit de l'année dernière; mais on sent que l’éerivain n'est pas encore com- plétement maître de son sujet. Nous nous sommes principalement préoccupé du côté littéraire de ce vaste travail, notre honorable collègue, M. Snellaert, plus familiarisé avec l'histoire de la Hittéra- ture flamande, s'étant chargé de vous signaler un certain nombre d'assertions hasardées et inexactes; nous nous rallions entièrement à ses observalions critiques, sans tou- tefois les considérer comme assez graves pour refuser une distinetion à l’auteur. À notre sens, tout imparfait qu'il est encore, le mé- moire nous semble digne d'être couronné, car il contient des documents d’un grand intérêt, des aperçus ingénieux et, çà et là, des parties écrites de main de maître. Nous doutons d’ailleurs que la question remise au concours ob- tienne, dans l’état où se trouvent encore les matériaux propres à l'élucider, une solution plus satisfaisante. Je ne proposerai Loutefois la médaille d’or et l'impression que pour autant que mes deux collègues ou l’un d’eux soient aussi de cet avis. Dans tous les cas, si l’impression était volée, ce serait encore sous la réserve expresse que la rédaction définitive serait revue sévèrement et les maté- riaux réunis sous forme d’appendice considérablement ré- duits, » apport de M, Darid. « Le nouveau mémoire en réponse à la première ques- tion de notre programme est la reproduction de celui (12) adressé à la classe pour le concours de l’année dernière, et dont notre honoré confrère, M. le baron Jules de Saint-Genois, a lu une analyse très-exacte dans notre séance du 6 mai 1858. Les trois commissaires chargés de l'examen de ce travail furent d'accord sur ses mérites et sur ses défauts. Conformément à leurs conelusions, le prix ne fut pas dé- cerné; mais la question fut maintenue au programme, afin que l’auteur, s'il voulait rentrer dans la lice, püût profiter des observations présentées dans les trois rapports. C’est ce qu'il a fait. L’anteur à remanié son travail d’un bout à l’autre ; il en à retranché une foule de détails et de déve- loppements qui encombraient sa première rédaction, et les a réunis dans un long appendice. Par là il a mis plus d'unité, plus de liaison dans la partie principale de l’ou- vrage, où, du reste, 11 a apporté encore beaucoup d’autres changements et beaucoup de corrections. Nous devons donc le reconnaitre, l’auteur a considéra- blement amélioré son œuvre. Mais dans sa forme actuelle, comme dans celle qu'il lui avait d'abord donnée, elle nous semble toujours préseuter une histoire détaillée des cham- bres de rhétorique et des exercices littéraires auxquels celles-ci se livraient, plutôt qu'un mémoire sur leur triple influence demandé par la classe. Ce n'est pas que l’auteur ait négligé de parler de cette influence, mais il le fait ou incidemment, et selon qu’il en trouve l'occasion, ou ex pro- fesso, mais trop succivctement, et comme si ce n’était qu'une partie accessoire, tandis que ce point formait le sujet principal, pour ne pas dire unique, qu'il avait à traiter. [l'est vrai que, jusqu'à présent, nous n'avons pas encore une histoire proprement dite de nos chambres de rhéto- (123) rique : le travail de Guillaume Kops n'est qu'une esquisse, comme il l’a intitulé lui-même. Il] manquait ainsi à notre auteur une base pour asseoir ses jugements ; il [ui man- quait un ouvrage auquel 1l pût renvoyer sans cesse, et y puiser les preuves de ses assertions. Il a donc cru devoir fournir lui-même ces preuves, en compulsant tout ce qui a été écrit sur les chambres de rhétorique, et ce que ces sociétés ont publié elles-mêmes, pour réunir et coordon- ner les mille détails éparpillés dans un grand nombre de recueils littéraires et de monographies. Nous croyons qu'il faut tenir compte à l’auteur des re- cherches qu'il a dû faire et du zèle qu'il a employé pour répondre à l'attente de la classe. Celle-ci ne voudra pas se tenir trop rigoureusement à la signification académique du mot Mémoire. L'auteur nous a plutôt livré une Æistoire, mais une histoire riche de faits, remplie de détails inté- ressanis, de remarques jJudicieuses, de saine critique, et qui figurera honorablement parmi les productions de notre littérature natiovale. Nous pensons donc, avec notre savant confrère, M. Jules de Saint-Genois, quele travail qui nous est soumis mérite la médaille d'or et l'honneur de l'impression. Toutefois, avec lui aussi, nous faisons nos réserves par rapport au style. Celui-ci est généralement pur et élégant ; mais outre qu'il conviendra de le retoucher en plus d’un endroit, il nous à paru que l’auteur affecte d'employer certains tours de phrase ainsi que certaines formes grammaticales qui sont généralement peu usilés, et quelques-unes même injustifiables, au point de vue du génie de la langue. L'auteur pourra également profiter des observalions faites par notre honoré confrère, M. Snellaert, et rectilier ce qu'il y a d’inexact dans son travail, Quant aux deux appen- ( 124 ) dices qu'il y a ajoutés, nous croyons aussi qu'on peut les abréger, surtout en retranchant les citations trop nom- breuses et peu utiles qui s'y trouvent. Par contre, uous désirons voir conservée la liste complète, ou peu s’en faut, des auteurs qui ont écrit sur les chambres de rhétorique. Cette liste fait partie de la première rédaction , et elle épar- gnera beaucoup de peines à tous ceux qui voudront s'oc- cuper du même sujet. » Hiapport de M. Snellaert. « Le mémoire envoyé à l’Académie sur la question re- lative aux chambres de rhétorique est le même que celui qui nous à été présenté l’année dernière. S'il restait quel- que doute à cet égard dans les esprits, l'auteur laurait dis- sipé dans ün avertissement adressé à vos commissaires el placé en tête du travail. Dans cet avertissement, 1l dit avoir accepté, à une seule près (celle relative à la polé- mique de Coornhert avec Juste Lipse), les remarques faites sur son mémoire. Il a, en effet, fait disparaitre les fautes les plus frappantes, et supprimé les paragraphes tout à fait inutiles ou surabondants. Il est même allé au delà en écartant certaines annexes, presque indispensables dans un ouvrage spécial sur la matière. En vous faisant notre rapport sur l’ancien mémoire, il n’élait pas entré dans notre pensée d'écrire un long réqui- siloire pour vous signaler les défauts dont l'ouvrage était entaché: nous constations volontiers qu'il y avait chez l’au- teur assez de connaissance du sujet, assez d'esprit d'obser- ( 425 ) valiou , assez de perspicacité pour apercevoir Loul à la fois les détails de son œuvre et l’ensemble de ses différents élé- ments, en apparence sans connexité entre eux. L'auteur a-t-il justifié sous ce rapport notre opinion? C'est ce que nous allons examiner, sans nous arrêter toutefois aux nom- breux points de détail. En entranten matière, l'auteur se compare, toutes choses égales, à Christophe Colomb. La figure n’est pas heureuse. L'immortel navigateur n'avait pour guides que des notions vagues, des traditions sur une terre qui avait été touchée par d’autres navigateurs plusieurs siècles avant lui, mais dont on avait perdu totalement les traces, comme l’atteste Jacques Van Maerlant, dans son poëme d'Alexandre. Pour retracer l'histoire de nos chambres de rhétorique, nous avons, au contraire, sous la main bon nombre d’éerits spéciaux ; nous pouvons recourir aux jugements de mainl savant, sans parler des recueils nombreux publiés par les chambres de rhétorique elles-mêmes ou par quelques-uns de leurs membres, le tout imprimé depuis le XVI”* siècle Jusqu'à nos jours. Dans son premier mémoire, l’auteur avait donné un tableau synoptique des chambres de rhé- torique aux différentes époques, ainsi qu'une liste de divers traités spéciaux sur ces associalions, publiés de- puis un siècle. C'était parmi les annexes celles qu'il con- venait le mieux de conserver. L'auteur en a pensé autre- ment, Une faute capitale et qui jette sur tout l'ouvrage un faux Jour, c'est que l’auteur confond les anciennes provinces des Pays-Bas avec les limites actuelles de la Belgique et de la Hollande, C'est ainsi qu'il prend la province de Liége pour l'ancien pays de ce nom, et qu'il range les villes sep- ( 126 ) tentrionales du duché de Brabant et du comté de Flandre parmi celles qui faisaient partie de la Hollande, comme si, au XV®° siècle déjà, les Pays-Bas eussent été divisés en deux États politiques distinets. En parlant des plus an- ciennes chambres de rhétorique, il dit (p. 8) : Na het zooge- zegde esbalitementeeren van SLuis in 1441, daagt voor de eerste maal stellig een rhetoricale wedstrijd in Holland ten jare 148%, namelyk in HuLsr. Plus loin, il commet la même erreur pour Bois-le-Duc, Bergen-op-Zoom et Breda; mais, par une de ces inconséquences assez fréquentes que nous avons relevées dans notre rapport précédent, il place, dans un autre endroit de son ouvrage, la ville de Hulst parmi les communes de la Flandre, et plus loin encore, il traite, presque dans la même phrase, celle-ci de ville flamande et Bois-le-Duc de cité hollandaise. À côté de ce bizarre anachronisme, nous signalerons quelques erreurs et lacunes historiques. L'ordre nous force de commencer par relever une méprise qui nous concerne personnellement. Selon lPauteur ($ Rheloricale stijlvor- men), nous aurions soutenu dans le Mémoire couronné par l’Académie sur la poésie flamande, que nos poëêtes du XVI" siècle avaient emprunté au poëte anglais Spencer (dont les poésies parurent en 4579), une facture particu- lière dans la strophe; tandis que c’est tout le contraire. Qu'on nous permette de citer le passage relatif à ce sujet, qui se trouve à la page 158 dudit mémoire. Il y est dit : Omstreeks den tyd van Castelein, bracht de engelsche dichter Spencer hetzelfde in de dichikunst van zyn land. Naer hem is de SPENCERSCHE Mael geheeten, waervan de byzonderste moeielykheid is, dat het laetste vers eenen nadruk aen de vorige moet geven. Ik wil den engelschen dichter de eer zyner dichhoyze niet afnemen; maer zeker is het dat de Vlamingen ( 427 ) het niet van hem hebben afgekeken , dewyl reeds, in het jaer 1490, Jan Van den Dale die kunstgreep kende. Eu parlant de Jan Van den Dale, le concurrent écrit (p. 114) que les deux poèmes de ce rhétoricien, Die Ure van der doot et Die Stove, furent l’un et l’autre également mis à l'index par le gouvernement espagnol. Or, comme le premier de ces deux poèmes obtint encore l’honneur . de la réimpression en 1645, l’auteur en conclut que le clergé flamand lui-même avait reconnu larbitraire des ordonvances espagnoles, qui parfois lémoiguaient plus de fanatisme que de sentiment religieux. Cette tirade perd toute valeur par l'inexactitude de l’assertion, le poëme Die Ure van der doot n'ayant jamais encouru le blâme du gou- vernement. A la page 417-118, il croit avoir reconnu l’auteur du célèbre poème dramatique Homulus dans Jan Van den Berghe, dit Van Diest, de qui la chambre de Violieren d'Anvers représenta, en 1551, le jeu Van den Wellus- tighen Mensche, selon le chroniqueur de cette chambre, J.-B. Van der Straelen. D’après l’auteur de la traduction latine du Homulus, publiée à Cologne en 1556, le poëte se nommerait effectivement Van Diest, si toutefois Van Diest est bien la traduction exacte de Diesthemius, comme l'appelle son interprète latin. Supposé que tel füt son nom, Sur quoi personne encore n’a émis d'objection, il se présente cependant une difficulté, c’est que Diesthemius portait le prénom de Petrus, tandis que le nom de baptême du poële de la p'èce Van den Wellustighen Mensche est Jan. Notre auteur n'a soufflé mot de cette différence de prénom ni de la particularité suivante, qui peut ne pas être sans intérêt. Le litre de la traduction latine porte entre autres les mots Comœædia…….. Anlwerpiae QuoNpan ( 1269 in publico civitalum brabanticarum conventu vulgariter acla, palmamque adepla. » Donc en 1556, quinze ans avantque la pièce de Jan Van Diest, le facteur des Violieren, füt jouée par cette société, un traducteur attesta que le Homulus de Pierre Van Diest parut jadis sur la seène et remporta le prix. Van Diest, de même que Van den Dale, est compris dans une liste de vingt-deux rhétoriciens, dont seize soi-disant belges et six hollandais, jugés dignes chacun d'une mono- graphie. Cette liste est tout à fait arbitraire et ne peut en aucune mapiére servir à montrer la marche qu’a suivie chez nous la poésie ou l'art dramatique; ce n’est pas non plus ce que l’auteur à eu l'intention de soutenir. En tout cas, on S'étonnera de ne pas trouver sur la liste Pauteur dramatique brugeois Everaert, qui, d’une part, est l'ingé- nieux continualeur de la farce du moyen âge, el d'autre part, un rhétoricien pur sang par ses Spelen van sinne. Il aurait d’ailleurs mieux figuré parmi les hommes éminents de l’art que l’auteur anonyme d’une pièce perdue : Hansken Van den Schilden, dont le héros appartient probablement au pays de Twenthe, et dont il est plus que douteux que l’auteur ait appartenu à une contrée faisant partie de la Belgique actuelle. Le premier des six rhétoriciens hollaudais dont l’auteur fait mention est Jacob Celosse, qu'il a appris à connaitre par le recueil Den nederduytschen Helicon, imprimé à Alkmaer en 4610. Celosse n'était pas hollandais. D’extraction noble du côté de sa mére, il était né à Sandwich en Angleterre, en l'an 1564, de parents flamands réfugiés, sortis de la baron- nie de Renaix, afin de pouvoir professer Hbhrement la reli- aioù réformée, Celosse était à fa fois professeur de poesie, ( 429 ) Maitre de musique et facteur (dichtmeester (?), maet-sanger en factor) de la chambre flamande de rhétorique, de Oranie- Lelie à Leyden. La plupart de ses chansons et de ses refrains, dont quelques-uns traitent des sujets histori- ques , ont été publiés un an après sa mort, en 1652, dans un recueil portant pour titre : Het Leydsch vlaemsch Orangien Lely-Hof, v’rciert met veel verscheyden nieuwe vruchten , tsaemghestelt by de brocders in Liefde Groeyende. Leyden, voor Jacob Roels, 1652, in-4°. Ce recueil, que l’auteur ne paraît pas avoir consulté, est, sous bien des rap- ports, d’un grand intérêt pour l’histoire des chambres de rhétorique. Repassant en revue, dans le chapitre suivant, les rhéto- riciens de la Hollande, dont il vient d'esquisser indivi- duellement la biographie, 1l les compare avec ceux de la Flandre et du Brabant. Cette comparaison est défavorable à ceux-ci, quoiqu'ils soient plus nombreux; mais elle manque tout à la fois d’exactitude et de justesse. Pour les Flamands, l’auteur commence son tableau vers le milieu du XV” siècle et le finit en pleine décadeuce, trois siècles plus tard, tandis qu'il ne cite en tout que cinq Hollandais contemporains ayant fleuri aux jours les plus heureux de la république. Nous sommes loin de contester à Coornhert sa supériorilé sur ses confrères de la Flandre et du Bra- bant, nous sommes loin de nier que Bredero reproduise mieux sur la scène le peuple d'Amsterdam qu'aucun dra- maturge d'Auvers ou de Bruges de cette époque n’eût repré- senté le peuple de ces villes; mais nous croyons que, pour donner une certaine valeur à son parallèle, l’auteur aurait dû le poursuivre de siècle à siècle, en tenant compte du rôle utilitaire que les rhétoriciens en général attribuaient à la poésie. Déjà deux siècles avant Hooft, qui rapporta de 2" SÉRIE, TOME VII. ) ( 450 ) Florence aux rives de l’Amstel un langage vraiment poéu- que, le traducteur en prose du Tondalus Visioen ne recon- naissait à une exposition en vers qu'une seule qualité, celle de donner un son plus doux : Want in den rijmm en is gheen ander voordeel dan dat den hooren gheeft soeten luut. Encore du temps de Hooft, en 1630, la société de Wit-Angieren de Harlem, se demandait : Wat nut doch het gedicht, alst den mensch niet en sticht ? Pour être juste, comparez un dramaturge contemporain appartenant aux Pays-Bas du nord avec Everaert, même une seule pièce de la première moitié du XVI”®° siècle, repré- sentée à Amsterdam, à Leyde ou à Middelbourg, avec le Homulus de Pierre Van Diest. Que l’on ne confonde pas la littérature en Hollande au XVII" siècle, littérature si subitement grandie par la concentration des forces intel- lectuelles de tous les Pays-Bas, aidée de létude à la fois profonde et enthousiaste des anciens, et de l'inspiration puisée sous d’autres cieux aux sources enchanteresses de la poésie; que l’on ne confonde pas celte littérature pui- sant sa séve dans l’aitmosphère vigoureuse des orages poli- tiques et florissant à l’ombre de la prospérité, avec sa devancière à la fois témoin et expression de luttes mal- heureuses contre un pouvoir ombrageux des libertés sécu- laires de la commune. Dans maint autre chapitre, l’auteur reconnaît que les chambres hollandaises de la première moitié du XVII" siècle ne se montraient pas en général supérieures aux chambres d'en deçà de l'Escaut. Dans ce tableau des principaux rhétoriciens, l’auteur aurait également dù tenir compte des caméristes émigrés, tels que Zacharias Heyns, Karel Van Mander et d’autres. Une autre opinion inexacte, ou du moins trop vaguement (151) exprimée, concerne le théâtre — romantique au midi, classique au nord, diamétralement opposé dans les deux grandes divisions des Pays-Bas, comme les religions qu’on y professait. — L'auteur finit cet exposé comme suit : « La catholique Belgique resta en général fidèle à son théà- tre romantique ; elle avait pour cela des raisons valables. Les grands auteurs de la Hollande, par contre, donnèrent la prélérence à la forme grecque de l’art. » Ces grands auteurs formaient une sensible minorité au théâtre hollandais, où le goût romantique régnait pour aiusi dire, malgré la vitalité de la religion dominante. Le chef et le grand représentant de l’école classique, Voadel, n'élait-il pas lui-même catholique, par le cœur d'abord et plus tard ostensiblement? Au contraire, dans les provinces rameuées sous la domination espagnole, les plus célèbres parmi les auteurs dramatiques de la première moitié du XVII" siècle manifestèrent une tendance plus ou moins marquée vers le classicisme. Pour s’en convaincre, on n’a qu'à ouvrir les œuvres de Willem Van Nieuwlant, de Jan Valckgrave, de Claude de Grieck. Avant de quitter le théâtre, nous avons à enregistrer une autre opinion hasardée de l’auteur, celle qui est relative à la farce. « La farce, dit-il (pag. 104), ne reünt plus rien de » son caractère néerlandais, une fois qu'elle ne put plus » s'exprimer librement, une fois que les placards l’eurent » déclarée sinon séditieuse au moins suspecte : Ook behield » de klucht niets van haar nederlandsch karakter eens dat » Zzy zichniel meer vri uilen, cens dat de plakkaten de klucht | » oproerig, althans verdacht hadden verklaard. » D’après une déclaration aussi formelle, on pouvait admettre que la farce, dans ce qu'elle offrait de spécialement flamand ou hollandais, était frappée de mort sous les coups du duc ( 192 ) d'Albe pour ne plus se relever. Quiconque est familiarisé avec notre littérature dramatique du XVI® et du XVIF”® siècle ne partagera pas l'avis de l’auteur. A l’appui de ce qu'il avance, 1l cite un passage d'un auteur hollandais, qu'il ne nomme pas; mais ce passage, S'il est relatif au sujet dont il s'agit ici, donne un démenti formel à l’assertion de notre auteur, vu qu'il y est traité de la lutte renou- velée entre les rhétoriciens et les hommes du pouvoir, lutte dans laquelle le clergé calviniste joue un si grand rôle. Je traduis textuellement : « La liberté que les rhéto- » riciens s'étaient permise autrefois contre le roi et la » religion, y est-il dit, et qui fut applaudie alors comme » un puissant moyen en faveur de l'indépendance et de la » réforme, devint coupable du moment qu’ils commencé- » rent à tourner larme contre le gouvernement qui venait » d’être fondé et contre le nouveau dogme. » On voit que la farce était loin d'être morte et qu’elle était toujours néerlandaise, cela se démontre par sa spon- tanéité : elle sortait toujours du peuple, et le peuple n'avait pas encore Joui d'assez de repos pour échanger son origi- nalité contre des formes étrangères. Dans notre précédent rapport, nous avions relevé quel- ques-unes des erreurs dans lesquelles l’auteur était tombé, Dans l'avertissement dont nous avons parlé au début de ce rapport, 11 dit qu'il les a fait disparaître. Nous avions mon- tré, entre autres, qu'il s'était trompé sur l’emploi du dou- ble aa dans les Spelen van sinne de Rotterdam de 1561, en consultant la réimpression de ces pièces de 1614. Sur notre avis, il a supprimé le paragraphe; mais comme sil avait à gagner à uue ruse de guerre, il glisse son assertion dans un autre chapitre; meins formelle celte fois, 1l est vrai, mais sufiisante pour égarer celui qui n’est pas parfai- ( 155 ) tement initié à la bibliographie flamande. En parlant de Roëelaut Van Engelen, il dit notamment : « que, dans la » dédicace des Spelen van sinne de Rotterdam de 1561 » (imprimés à Rotterdam, chez Jan Van Waesberghe), on » s’est servi également de la double voyelle. » Or, voudrait-il par hasard faire accroire que Van Waes- berghe n’ait en rien changé l’orthographe de Sylvius et que celui-ci, dans la dédicace au magistrat d'Anvers, s’est servi du double aa, à limitation du Gantois Lambrecht ? Si telle n’a pas été son intention, le fait de Van Waesberghe n'a aucune valeur, vu que déjà trente ans avant l'impression du recueil, l'emploi du double aa avait été mis en pra- tique par la chambre de rhétorique in Liefde bloeyende. Un fait à ce sujet plus intéressant, et auquel l’auteur semble faire allusion, c’est la découverte faite aux archives de cette ville par un étudiant à l’université de Gand, d’une pièce du XIV” siècle, dans laquelle se trouverait cette forme ortho- graphique. Nous ne suivrons pas plus loin l’auteur dans l'exposition de ses idées. Ce que nous venons d'apprécier prouve qu'il ne fait pas toujours, dans l'énoncé des faits, preuve de l’exactitude nécessaire pour leur assurer de la valeur. Le temps ne lui à pas fait défaut pour une révision soignée de son mémoire, et cependant le travail n’y à pas gagné con- sidérablement. Nous y trouvons encore des redites, des con- tradictions, des erreurs de date, des citations incorrectes, des négligences de style. Faut-il encore ajouter qu’il man- que à l'œuvre un enchaînement rationnel dans l’ordre des idées, qu'il y manque un coup d'œil à la fois clair et profond, conditions indispensables pour assurer un intérêt réel et durable à une telle dissertation? Nous ne croyons pas qu'il y ait lieu de décerner le prix à ( 154 ) l'auteur du mémoire; mais vu les qualités incontestables de recherche et d'esprit critique qui y brillent et qui sont loin d’être sans valeur pour la science, nous proposons de lui décerner la médaille d'argent. » Conformément aux conclusions de ses commissaires , MM. Snellaert, le baron de Saint-Genois et David, la classe accorde une médaille d'argent au seul mémoire présenté en réponse à-cette question. L'auteur est invité à se faire connaître. La seconde question avait pour objet de Tracer un ta- bleau historique et politique du règne de Jean I”, duc de Brabant. Rapport de M. David. «a Chargé par la classe, avec mes honorables confrères MM. de Ram et Gachard, d'examiner le, mémoire nnique qui a été adressé à l’Académie en réponse à la cinquième question de son programme, j'ai cru qu'il ne suffisait pas d'apprécier le mérite propre de ce travail, mais que J'étais obligé, par principe de justice, d’en comparer l’ensemble avec les travaux de ceux qui, antérieurement, ont pris part à ce même concours, et qui n'ont pas réussi. La question, portée pour la première fois au programme en 1854, et maintenue depuis sur les programmes des années suivantes, était conçue en ces termes : Tracer un tableau historique el politique du règne de Jean [”, duc de Brabant. Outre le récit circonstancié des événements, ce tableau ( 1355 ) devra faire connaître l'état social du duché de Brabant sous le rapport de la législation, du commerce, de l'industrie, de l'agriculture , des lettres et des arts. En 1855, un seul mémoire fut présenté, mais ne rem- porta pas le prix. Il se composait de deux parties. Dans la première, subdivisée en quatre périodes, l’auteur rap- portait, avec beaucoup de détails, les événements poli- tiques et militaires du règne de Jean [*; et si l’Académie n’eût pas demandé autre chose, ce travail aurait pu être courouné, car 1l se distinguait par un développement mé- thodique du sujet et un style généralement pur. Mais dans la seconde partie, où l’auteur avait à traiter les points les plus intéressants de la question , il fut moins heureux. Le chapitre ayant rapport à la législation était faible et incomplet; celui relatif au commerce, à l’industrie et à l'agriculture laissait encore plus à désirer; enfin, le troi- sième et dernier chapitre, consacré à la littérature et aux arts, fut également trouvé insuffisant. Par ces raisons, la classe ne put lui adjuger le prix. L'année suivante, 1856, un autre mémoire, en réponse à la même question, fut présenté à l'Académie, mais sans plus de succès. Les défants qui avaient fait écarter le travail précédent, se rencontraient de nouveau dans ce- lui-ci, outre que l’auteur avait négligé une des clauses es- sentielles du programme , celle d'indiquer exactement les sources où il avail puisé. Enfin, en 1857, la classe reçut un troisième mémoire auquel le prix ue fut pas encore décerné, à cause surtout de son insuffisance dans la seconde partie, où l’anteur avait à traiter de la législation , de l’état du commerce, des let- tres , etc., sous le règne de Jean [°. Ainsi, trois fois de suite, la classe éprouva le regret de ( 156 ) ne pouvoir couronner des travaux qui, sous plusieurs rap- ports, étaient cependant remarquables, et dont les auteurs avaient fait preuve de zèle et de talent. Par ce triple échec, elle fut amenée à croire que la question, telle que celle-ci avait été posée, embrassait trop de choses, et demandait de la part de ceux qui catreprenaient de la résoudre plus de lectures et de recherches qu’on ne peut en faire en une année. C’est pourquoi la classe, tout en maintenant la question au programme, résolut de la restreindre, en sup- primant quelques mots de la première rédaction. En conséquence, dans notre réunion du 6 juillet 4857, la question fut admise pour le concours de 1859, et posée dans les termes suivants : Tracer un tableau historique et politique du règne de Jean E°”, duc de Brabant. L'auteur devra surlout faire connaître ce règne sous le rapport de la législation, du commerce, des lettres et des arts. Ainsi, d’après celle nouvelle rédaction, les concurrents n'étaient plus obligés de donner un récit circonstancié des événe- ments; ils étaient également dispensés de parler de l'in- dustrie et de l'agriculture : leur tâche était par conséquent rendue beaucoup plus facile, et ils pouvaient employer plus de temps aux recherches à faire pour caractériser le règne de Jean [° sous le rapport de la législation, du com- merce, des lettres et des arts, ce qui leur était surtout recommandé. Et remarquons que la classe laissait cette fois aux nouveaux concurrents l’espace de dix-huit mois pour produire leur travail, c'est-à-dire deux fois plus de temps que n'avaient eu leurs devanciers. Au terme fixé, un seul mémoire a été envoyé à M. le secrétaire perpétuel. Il porte pour épigraphe : Ecce Bra- bantorum dux, militiae leo dictus et deus armorum. Mais comme si l'auteur n'eût pas voulu se tenir aux termes du ( 157 programme, il a donné à son travail le titre de Réponse à la question proposée par l'Académie : « Ecrire la vie du * » duc Jean F*, et esquisser la situation du Brabant à cette > époque, » Cette inscription semblait promettre autre chose que ce que l’Académie avait demandé; mais comme elle n’est tracée que sur la feuille d’enveloppe , et visiblement à la hâte, je ne m'attendais pas moins à trouver dans ce mé- moire le sujet traité selon les exigences du programme, Le mémoire, se distinguant de tous ceux que la classe a reçus précédemment, ne se compose pas de deux parties distinctes; mais il est précédé d’une assez longue intro- duction , et puis divisé en 14 ou 45 chapitres. L'auteur a quelquefois changé les chiffres, et semble n'avoir pas ar- rêlé définitivement les principales divisions de son travail. L'introduction, très-bien écrite comme tout le reste du mémoire, présente uue esquisse de l'histoire de Brabant sous les six prédécesseurs de Jean 1, c’est-à-dire depuis l’époque où Godefroid le Barbu, comte de Louvain, reçut de l'Empereur la dignité ducale de Lotharingie. Déjà, dans ces préliminaires, l'auteur prouve qu'il est aussi versé dans l’histoire générale du moyen âge que dans celle de nos provinces durant la même période. Aussi passe-t-il rapidement en revue les événements da XTIT"* siècle, tant ceux qui ont pour théâtre la Flandre, le pays de Liége, l’électorat de Cologne ou d’autres principautés féodales de l'Empire, que ceux qui se produisent dans le Brabant même. Ce duché n’en reste pas moins lobjet principal du tableau auquel tous les autres viennent se rattacher, ou servent à faire connaître l'état d'une société au milieu de laquelle Jean I" va paraître et S’illustrer. Après celte introduction, divisée en quatre paragraphes ( 158 ) et remplissant avec les notes plus de trente pages in-folio, l'auteur consacre huit longs chapitres au règne et aux ex- ploits du duc Jean. Le premier chapitre traite de la mi- norité des enfants de Henri HT et de l’avénement de son fils puiné au trône ducal. Dans le chapitre suivant, sont retracées leS alliances matrimoniales entre le Brabant, d’une part, la Flandre, la France et l’Angleterre d'autre part, ainsi que les relations du duché avec l’Empire. Les relations entre le Brabant et le pays de Liége for- ment la matière du troisième chapitre. Le quatrième est intitulé : Soulèvement des paysans hol- landais et frisons , et révolutions d'Utrecht. — [nfluence que ces événements exercent en Brabant et en Flandre. — Guerre des habitants d’Aix-la-Chapelle contre la famille de Juliers, etc. Dans le cinquième chapitre, sont exposés les commen- cements de la guerre de Limbourg; le récit détaillé de la journée de Woeringen remplit tout le sixième ,'et le sep- tième fait connaître les suites de la célèbre bataille, ainsi que la situation de la Gueldre, da Luxembourg, ete. Enfin, dans le huitième chapitre, l’auteur raconte les dernières années du règne de Jean [‘, et donne un résumé des événements contemporains. Tout cela est écrit de main de maître, et porte le cachet du véritable historien. fl est vrai, et l'inscription de cer- tains chapitres le prouve, que l’auteur s'écarte quelquefois de son sujet; mais loin de lui en faire un reproche, je ne pais y voir qu'un mérite de plus, attendu que ces digres- sions mêmes, si elles ne se lient pas directement à l’his- toire de Jean [*, y répandent néanmoins un nouveau jour, et servent à la faire mieux comprendre, (139 ) Le neuvième chapitre est intitulé la Cour ducale et la féodalité. L'auteur y expose la conduite politique de Jean [°° à l'égard de l'Angleterre, de la France, de l'Allemagne. Il rapporte ensuite les acquisitions de territoire faites par le même prince et par ses successeurs, et il insiste sur les moyens employés par eux pour s'approprier Nivelles, Malines et Maestricht. L'auteur donne si peu de détails sur l’organisation de la cour ducale, qu'il à tort de la prendre pour intitulé de son chapitre. Par contre, il parle au long de la noblesse féodale, en parcourant les diffé- rents quartiers du Brabant et en indiquant les principaux feudataires que les ducs y rencontraient , ainsi que les sei- gneuries et domaines de chacun d’eux. Dans un troisième paragraphe, mais dont l'auteur à peut-être l'intention de faire le dixième chapitre de son ouvrage, il donne des ren- seignements pleins d'intérêt sur l’état social des popula- tions rurales au XII” siècle. Le chapitre suivant, que j'appellerai le onzième, est consacré aux villes du Brabant. Il abonde en détails peu connus sur les hanses et les gildes, sur les lignages ou familles patriciennes, sur les confréries ou corporations de métiers, sur les officiers municipaux, sur la condi- tion des classes moyenne et inférieure de la bourgeoisie, . Sur les priviléges accordés aux différentes villes du du- ché, etc. Dans le douzième chapitre, divisé en trois paragraphes, l’anteur parle assez longuement du droit municipal, du système pénal, des officiers judiciaires. Viennent ensuite le système des impôts , les taxes, les assises, les revenus des villes. Tout cela semble encore écrit d'abondanee, et les détails intéressants n’y manquent pas. Mais ici le mémoire commence à faiblir, et les chapitres suivants sont de beau- ( 140 ) coup inférieurs à ceux qui précèdent. Déjà, dans le troi- sième paragraphe de celui-ci, où l’auteur parle de l'orga- nisation militaire, il ne répond plus à ce qu’on croyait pouvoir attendre de lui, et il en est de même dans la suite de son travail. Le chapitre XITF, comptant à peine neuf pages, est in- titulé : Agriculture, industrie, commerce, voies de commu- nication , monnaies, etc. [ y est parlé du défrichement des bruyères et terrains inculles par ies communautés reli- gieuses, ainsi que du droit forestier. Puis l'auteur consacre une demi-page à l’industrie et au commerce, un peu plus aux voies de communication, autant aux monnaies el aux banques, ou maisons de prêt et de change. Le reste du mémoire se compose encore de 44 à 15 pages partagées en deux chapitres, dont le premier, inti- tulé : Clergé, abbayes, hôpitaux, est resté inachevé. A la 5"° page, il S'arrête au milieu d’une phrase, sans doute parce que l’auteur ou son copiste n’a plus eu le temps de le poursuivre, car 1l a laissé plusieurs feuillets numé- rotés en blanc; au reste, le peu qu'il contient n’est pas sans mérite. Le second chapitre, XIV®° on XV°* et dernier du mé- moire, est consacré aux sciences, aux lettres et aux arts. L'auteur indique brièvement la part que prirent les ordres religieux, notamment les dominicains, à la culture des sciences, et cite les Brabançons qui, vers la fin du XIII" siècle et au commencement du XIV", se sont dé- voués à l’histoire nationale. Quant à la littérature pro- prement dite, l’auteur n’en parle presque pas, tout en déclarant qu'il faudrait un volume pour énumérer tous les joyaux dont s'orna à cette époque notre couronne poé- tique. I s'étend un peu plus sur les œuvres de l’architec- ture, dont il siguale les principales : enfin, 1l consacre quelques lignes à la peinture à fresque et sur verre, ainsi qu'aux ouvrages d'orfévrerie. Voilà l'analyse, aussi exacte qu'il m'a été possible de la faire, d’un mémoire comptant 442 pages in-folio. Placé en regard de la question mise au concours , on voit qu'il con- tient trop et trop peu. La classe a demandé un tableau historique et politique du règne de Jean I”, et l’auteur livre une monographie détaillée d’une grande et belle période historique. La classe avait ajouté que les concurrents de- valent surtout faire connaître le règne de Jean I‘ sous le rapport de la législation, du commerce, des lettres et des arts; et l’auteur, tout en trailant divers sujets en dehors du programme, en néglige plusieurs autres expressément recommandés, ou ne fait que les effleurer. Lut-même a senti qu'il sortait des conditions du concours, comme le prouve l'inscription placée en tête de l'ouvrage, et dont les termes diffèrent essentiellement de ceux de la question académique. D'un autre côté, cependant, le travail qui nous est soumis me paraît si remarquable, si important; l’auteur y déploie des connaissances si variées et si solides, que je regrelterais de ne pas le voir publier par l’Académie. Je reconnais qu'il est faible dans les mêmes parties aux- quelles les autres ont dû attribuer leur insuccès; mais pour tout le reste, c’est-à-dire pour plus des trois quarts du tra- vail, son mérite l'emporte de beaucoup sur celui de ses devanciers. | Je pense donc qu’en raison même de la supériorité in- contestable de ce mémoire sur ceux qui nous ont été adressés précédemment, et quoiqu'il laisse à désirer sur plusieurs points essentiels, la classe peut le couronner ( 142 ) sans faire le moindre 1ort aux concurrents des années an- térieures. » Les conclusions de ce rapport sont adoptées par M. le chanoine de Ram, deuxième commissaire. Rapport de M. Gachard. « Je me suis fort peu occupé de l'histoire du duché et des ducs de Brabant. Aussi me serais-je vu forcé de dé- cliner l'honneur que la classe m'a fait, en me nommant troisième commissaire pour l'examen du mémoire envoyé au concours sur le règne du duc Jean [*, si le choix des deux premiers commissaires n'avait rassuré ma Con- science. C'est faire comprendre déjà à la classe que je ne sau- rais rien ajouter au rapport de notre honorable confrère M. le chanoine David, rapport d’ailleurs si substantiel et si complet, et dans lequel la question qu'il s'agissait de résoudre et la manière dont l’auteur du mémoire l’a réso- lue, sont exposées avec tant de clarté. Comme mon honorable confrère M. de Ram, je me range à l'avis et J'adopte les conclusions du savant rap- porteur : car quelques lacunes d’une importance secon- daire , quelques imperfections de détails dans le mémoire sur lequel la classe est appelée à prononcer, sont ample- ment rachetées par le mérite du travail envisagé dans son ensemble, par l'étendue des recherches auxquelles l’au- teur sest livré, par l'abondance et l'exactitude des faits dont il présente le tableau. ( 145 Je ferai une seule remarque, et elle pourrait s'appliquer aussi bien à la plupart des ouvrages que reçoit la classe sur les questions d'histoire proposées par elle. Le mémoire dont il est question en ce moment a 442 pages in-folio d’une écriture serrée, c’est-à-dire qu'il rem- plira presque entièrement, à lui seul, un de nos volumes in-4°. C'est beaucoup, c’est trop pour l'histoire du règne d'un duc de Brabant, quelque éclatant, quelque glorieux qu'ail été ce règne. Ne serait-il pas à désirer que ceux de nos écrivains qui se disputent les palmes académiques s’habituassent à donner plus de précision à leurs travaux? Ils w’y per- draient pas, bien au contraire. En resserrant les faits, eu évitant de les surcharger de détails oiseux, de digres- sions inutiles, d’éclaircissements et de preuves surabon- dantes ; ils seraient lus avec plus de plaisir et de fruit. » La classe approuve les observations finales du rapport de M. Gachard et adopte les conclusions de ses trois com- missaires ; elle décerne, en conséquence, le prix du con- cours à l'auteur du mémoire, M. Alphonse Wauters, ar- chiviste de la ville de Bruxelles. CONCOURS EXTRAORDINAIRES. ——— — L'Académie à reçu deux mémoires pour les deux con- cours extraordinaires inslitués sous son palrouage par uu ami des lettres, el concernant 1° le lieu de naissance de Charlemagne, et 2° l'origine de Carlovingiens. (4144) Happort de FM, Arendfr. « L'auteur du mémoire ayaut pour devise : Omnia vincit labor , a entrepris de répondre, dans un travail comptant vingt-irois pages, à la fois à la question sur le lieu de naissance de Charlemagne et à celle qui concerne l’origine belge des Carlovingiens : toutefois , il ne s'occupe avec quel- que développement que de la première et consacre seule- ment quelques lignes à la seconde, qu'il dit être très-facile a résoudre. I résume les recherches sur le lieu où paquit Charlemagne dans les termes suivants : « S'il ne nous est » pas permis de dire que Charlemagne est né dans les » environs de Mayence, nous pouvons déclarer qu'il n'est » pas né dans la province de Liége. » Pour arriver à ces conclusions, voici Ja marche qu'il a suivie. Il corñmence par dire qu'il n'a trouvé en faveur de l’opinion qui fait naître Charlemagne dans la province de Liége qu'une citation faite par l’auteur des Annales de l’Empire, quo croit être Voltaire, mais qu'on n'en peut induire que Charlemagne soit né dans cette province, puisqu'on ne trouve aucun fait pour le confirmer. D'après l’auteur, l'opinion la plus géné- rale est que Charlemagne est né à Ingelheim ; on dit aussi, ajoute-t-1l, qu'il est né en Bavière; et voulant citer ce qu'ont dit à ce sujet tous les auteurs et tous les ouvrages qu'il a consultés, 1l imdique les suivants : Aventinus, Jean Peut, dans la Chronique de Hollande, Moreri, la Géographie de Hubner, le Dictionnaire géographique de Vosgien , un ouvrage qu'il intitule : Rerum francicarum de Joannes Ri- vius (sic), les annales du cercle de Westphalie, l'Histoire de la Bavière par Blanc. Voilà donc les sources dans les- quelles 11 a puisé. Pour appuyer ses cilations, 1 présente ( 145 ) quelques extraits de chartes de fondation et de donation empruntées principalement au recueil de Miræus, à laide desquels il pense pouvoir établir que Berthe, la mère de Charlemagne, est issue de la maison de Bavière, et que son lils est né dans la Bavière, ou dans un des pays qui en sont voisins, ou bien qui ont été possédés par la maison de Bavière, comme les environs de Mayence (sic). A cette occasion , il entre dans de longues digressions sur un cer- ain nombre de faits relatifs à Charles Martel, à Pepin, Carloman, Griffon , etc., qui n’ont que peu ou point de rapports avec la question du concours, et qu'il ne paraît connaître que d’après les ouvrages cités tout à lheure. Comme résultat, il trouve que, de 757 à 745, Pepin devait avoir sa cour aux environs de Mayence, d'autant plus qu'il y possédait des biens qu'il eut de son père Charles Martel, et par son mariage avec Berthe de Bavière; 1] est probable qu'il y était quand Charlemagne est né. Cepen- dant l’auteur ne paraît pas trop y croire lui-même, car quelques pages plus loin il détruit cette probabilité, en formulant son opinion définitive que nous avons citée plus haut. | » On le voit, l’auteur ne connaît pas les sources dans lesquelles il faut chercher les éléments d’une réponse à la question du concours ; il ignore les méthodes à employer pour arriver à sa solution, ainsi que l'état où l’ont placée des travaux récents. [I m'est impossible de voir dans ce mémoire un essai sérieux de répoudre à la question, el je ne puis que proposer à la classe de passer à l’ordre du jour. » Conformément aux conclusions de ce rapport et à celles présentées par ses deux autres commissaires, MM. Borgnet 2" SÉRIE, TOME VII. 10 ( 146 ) et Kervyn de Leltenhove, la classe a juge qu'il n'y avait pas lieu de couronner le travail qui lui à été présente. Rapport de M. Borgnet. « I y a trois ans, sur la proposition patriotique d'un de nos plus honorables concitoyens, vous avez pris sous votre patronage la fondation d’un prix extraordinaire de 6000 francs, pour l’auteur d'un bon travail sur la question suivante : Exposer l'origine belge des Carlovingiens; discuter les faits de leur histoire qui se rattachent à la Belgique. Un mémoire a été envoyé à ce concours; il est éerit en français, et porte la devise : Non sine Dis animosus infans. Des quatre chapitres dont 1l se compose, le pre- mier à pour sommaire : Les Francs. Leur premier établisse- ment dans la Gaule. Les Saliens. Leurs premieres conquêtes. Leur organisation sociale. Le Roi. La mairie palatine. De- veloppement de cette institution. L'auteur débute en déter- minant le territoire occupé par les Francs dans la Ger- manie, puis il montre ce qu'il appelle assez improprement leurs clans pénétrant en Gaule et s’établissant d’abord dans la Toxandrie. Il signale particulièrement les Chamaves et les Saliens, association qui me paraît inexacte, et à l’occa- sion de laquelle je ferai une observation. Dès leur établissement en Gaule, les Francs apparats- sent divisés en deux grandes fractions : Salienset Ripuaires, dénominations qui, plus tard, se changèrent en celles de Neustriens et Austrasiens. Si le sens des deux premières (447) de ces dénominations est bien connu, il n’en est pas de même de la cause qui les produisit. Il me paraît en tous cas fort probable qu'elles trouvèrent leur raison d’être dans la situation que la conquête de la Gaule fit aux conquérants. Cette conquête, comme celle de la plupart des autres pro- yinces de l'empire romain, fut accomplie au moyen de la bande guerrière, c’est-à-dire par des agrégations d’indi- vidus que le lien du compagnonnage militaire attachait à un chef renommé. Chacune de ces bandes se composait de guerriers appartenant, non à une seule peuplade, mais indistinetement à toutes les peuplades d’une confédération ou ligue, celle des Francs par exemple. Il fallut dès lors trouver une dénomination qui s’appliquât à celte popula- tion émigrante, et c’est ainsi probablement que surgirent les noms de Saliens et de Ripuaires; ils indiquaient les deux grandes trouées par lesquelles les Francs avaient pénétré en Gaule : l'Yssel et le Rhin moyen. Mais pour les populations non émigrées, les anciennes dénominations persistèrent, au moins pendant un certain temps, et le fait bien connu que Clovis était en même temps Salien et Sicambre, prouve que les conquérants s’appelaient tantôt du nom qui précéda la conquête, tantôt de celui qui la suivit. Après avoir parlé de l'établissement des Frances en Gaule, l'auteur aborde le résumé de leur histoire à partir de cette époque , et cherche à déterminer l’origine de la loi Salique, le territoire auquel elle s’appliquait et le caractère de la royauté. Il parle à cette occasion de la truste et de la hoste royales. Dans une œuvre scientifique, il est parfois difficile de se conformer rigoureusement aux lois de l’Académie française; néanmoins, il ne faut pas abuser des néolo- gismes, et Je ne vois pas la nécessité de ceux qui précèdent, ( 148 ) ui du mot terriens, employé comme adjecuif et même comme substantif pour désigner les propriétaires fonciers. Vient ensuite l’histoire de la mairie du palais, appelée parfois du nom étrange de fonction palatine. L'origine de celte importante institution n’est pas exposée d'une ma- nière assez précise. Plusieurs circonstances essentielles sont omises : ainsi, on n’explique pas pourquoi le maire du palais fut d’abord un Romain, et pourquoi les Francs n'occupèrent ce poste que quand il cessa d’appartenir à la domesticité du prince, pour devenir une charge politique fort élevée. Ces indications importaient beaucoup, et l’au- teur reconnait lui-même (p. 28) que c'est le point d'appui sur lequel se fonde la grandeur et se pose la puissance de la race des Carlovingiens. A l’histoire de la mairie du palais succède l’examen des institutions franques. L'auteur mentionne l’accroissement du pouvoir royal comme un des résultats de la conquête, et Je crois qu'il a raison; mais il a tort certainement quand il convertit en concessions volontaires du monarque les usurpations du maire, et il ne paraît pas avoir compris comment le maire, homme du roi dans le principe, devint plus tard l’homme de l’aristocratie. Le premier chapitre finit par un résumé fort court des maires du palais anté- rieurs à Pepin de Landen. Le chapitre que je viens d'analyser forme une introduc- tion dont j'admets volontiers la nécessité pour un travail de cette nature; mais elle aurait dû, à mon avis, com- prendre d’autres éléments. Un grand fait, la lutte de l'Austrasie avec la Neustrie domine l’histoire des Frances sous les Mérovingiens, et la famille carlovingienne est devenue dynastie royale parce qu'elle est parvenue à identifier sa cause avec celle de l’Austrasie, en d’autres ( 149 ) termes, parce que son intérêt était étroitement uni avec l'intérêt national. Je crois donc que, pour l’œuvre deman- dée par l’Académie, l'introduction devait montrer l’Aus- trasie se détachant toujours davantage de la Neustrie, et finissant par rompre complétement avec elle; les Carlovin- siens, Austrasiens eux-mêmes , arrivaient ensuite pour profiter de cette division et étendre leur autorité sur l’une des deux grandes portions de l'empire franc, en attendant le moment de l'étendre aussi sur l’autre avec le secours de leurs compatriotes. Le sommaire du deuxième chapitre (p. 59) est conçu en ces termes : Pepin de Landen. Son origine. Sa famille. Ses domaines. Sa vie. Grimoald. L'auteur aborde ici la ques- tion même du concours. Pour démontrer l'antiquité de la famille carlovingienne, 1l rappelle que les biens du pre- mier Pepin étaient tous situés dans le territoire circonscrit par la première loi Salique (p. 61). Cette antiquité est pos- sible, mais la circonstance alléguée comme preuve , en la supposant exacte, n’a pas la portée qu’on veut lui assigner. Ikexiste dans le texte du partage fait à Aix-la-Chapelle, en 817, par Louis le Débonnaire entre ses fils, un article, le seizième, qui pour la majorité exige annos legitimos juxla Ribuariam legem. Or, que prouve cette disposition ? Que les Carlovingiens, comme le fait remarquer le savant édi- teur des Monumenta Germaniae, étaient, en leur qualité d'Austrasiens, régis par la loi des Ripuaires , et n'avaient par conséquent rien de commun avec celle des Saliens. D'ailleurs, quatre pages plus loin (p. 63), l’auteur lui- même se contredil, en reconnaissant que Landen, qui à certainement occupé une place importante dans les pre- miers domaines de cette famille célèbre, était placé en dehors de la terre Salique primitive, de méme que l'étaient ( 150 ) les nombreux domaines où nous trouvons établis les descen- dants immédilas de Pepin, notamment Herstal, Jupille, Chevremont et tant d’autres qui, plus tard, furent convertis en monastères. Celte aflirmation est reproduite un peu plus loin (p. 66) : constatons, dit l’auteur, que tous les actes de la vie des différents membres de la famille du pre- mier Pepin, s'accomplissent sur une surface territoriale peu développée, et que leurs descendants y restèrent en quelque sorte fixés : preuve évidente que ce sol était leur sol d'origine, leur genitale solum à eux. Or, ce terriloire a pour centre l'endroit où fut bâtie plus tard la ville de Liége. Suivent dix pages consacrées à ce qué j'appellerai des préliminaires, puis commence (p. 69) l’exarnen de la vie politique de Pepin de Landen. Je trouve mal appréciée l'attitude de Clotaire Il, en face du mouvement tout aristocratique qui renversa la reine Brunehaut; présenter l’inamovibilité de la mairie de Bourgogne au profit de Warnachaire comme un acte volontaire du monarque mérovingien, c'est se méprendre étrangement. J'ai relevé tout à l'heure une contradiction. Voici encore deux assertions fort difficiles à concilier : l’une, qui attri- bue à Pepin l'intention d'accepter sincèrement la forme aristocratique que la société franque tend à revêtir (p. 82); l’autre, qui le présente comme le restaurateur du principe monarchique (p. 85). La description du bonheur dont l’Austrasie jouit sous l'administration de Pepin et de son ami Arnulfest évidem- ment exagérée (p. 87), et le récit des faits qui concernent le gouvernement de Dagobert [" en Austrasie (p. 89) me démontre, une fois de plus, que l’auteur du mémoire ne s’est pas fait une idée nette de la lutte des deux grandes divisions de l'empire franc. Sans cela, il eût présenté la ( 151 ) mission confée par Clotaire IE à son fils aîné comme le premier acte par lequel les Mérovingiens reconnurent la nécessité de transiger avec les exigences de la nationalité austrasienne; surtout il n'eùt par écrit (p. 100) que l’Aus- trasie se flattait de l'espoir de voir rester réunies les diverses fractions de l'empire. Après avoir dit la mort de Pepin, l’auteur fait (p. 105), sur la situation de la mairie à cette époque, sur les progrès de la féodalité, des réflexions que j'avoue ne pas avoir bien comprises, et le peu que j'en ai saisi m'a paru manquer d’exactitude. Vient ensuite le récit de l’avénement et de la chute de Grimoald , et les vingt dernières pages du chapitre (pp. 445 à 155) sont consacrées à des détails intéressants, mais par trop hagiographiques, sur la veuve et les filles du premier Pepin. Le troisième chapitre, le plus étendu du mémoire (pp. 156 à 255), en est aussi le plus important, et du reste le sommaire l'indique : Anségise. Begge. Pepin d'Herstal. Charles Martel. Pepin le Bref. Les premières pages expo- sent la situation de l'empire franc après le renversement de Grimoald , puis l’auteur aborde l’histoire de Pepin de Herstal. Au lieu de faire entrer tout naturellement le héros en scène, il use d'un singulier détour , en racontant une légende, celle de Gondovin, qui n’est en définitive qu'un hors-d’œuvre. J'ai déjà signalé le caractère du conflitentre la Neustrie et l’Austrasie, ces deux fractions de la nationalité franque, comme l’auteur lui-même les appelle (p. 145); par moments cette importante question apparaît dans le mémoire, mais Jamais traitée à fond, exposée avec les dé- tails qu'elle exigeait, appréciée avec netteté. Une circon- stance encore où elle trouvait sa place, c’est la lutte de Pepin de Herstal avec le terrible Ebroin. Pour l’auteur, il ( 152 ) ne s’agit que d’une guerre au sujet des limites des deux pays, et la mémorable et décisive bataille de Festry (tels sont les termes mêmes dont 1l use, p. 460) n'aurait, à l'entendre, eu d'autre résultat que de fournir au vainqueur la satisfac- lion de réintégrer les Neustriens (exilés) dans les biens dont ils avaient été dépouillés, de les rendre à leur patrie, d'affer- mir la paix, de préparer l'avenir en réparant les désastres matériels et moraux que l'empire franc avait subis pendant les soixante ans où l'on n'avait vu se succéder sur le trône que des enfants ou des fantômes humains. Aussi le mémoire ne donne-t-il pas une idée exacte de la situation de l’em- pire franc sous l’administration de Pepin de Herstal, l’Austrasien, qui déjà se qualifiait de dux et princeps om- nium Francorum et résumait en sa personne la prépondé- rance obtenue par ses compatriotes sur les Neustriens. La mort du héros fut une crise terrible pour la famille carlovingienne comme pour l’Austrasie, dont la supério- rité sur la Neustrie, et même l'indépendance, furent remises en question. Pour la sauver, il lui fallait le bras d'un grand homme, et elle le trouva dans le fils d’Alpaïde. L'auteur prétend que Pepin , avant de mourir, avait confié à Charles Martel la mairie d’Austrasie (p. 184). Cette dispo- sition me paraît inconciliable avec la présence de Plec- trude dans le palais de son mari repentant; elle n’est d’ailleurs fondée que sur l'assertion d’un légendaire, dont on invoque l'autorité, tout en reconnaissant qu’elle est de mince valeur. Les événements qui signalèrent administration du héros de Poitiers sont encore racontés, Je ne dirai pas avec inexaclitude, mais d’une façon qui atteste une intelligence peu nette de leur caractère. Je me demande, par exem- ple, comment il est possible que les Arabes, en venant ( 155 ) combattre aux bords de la Loire, eussent leur liberté à défendre. Quant à la spoliation exercée au détriment de plusieurs églises de Neustrie, en faire un système de sécu- .larisation générale (p. 204), c'est supposer une thèse qui n'a pas été soutenue, et se faire une tâche facile à rem- plir. Dans les vingt pages consacrées au règne de Pepin le Bref (p. 112 à 122), je ne vois rien de particulier à signaler, mais rien non plus qui rattache l’histoire de ce prince à celle de notre pays. Il n'y a guère sur ce qui constitue le côté important du travail demandé par l’Académie, que le court résumé placé à la fin de ce chapitre. Le quatrième et dernier est exclusivement consacré à trailer la question du lieu de naissance de Charlemagne ; voici l'analyse des cinquante pages dont 1l se compose. L'auteur commence par citer le passage bien connu d'Eginhard. Il soutient que l'ignorance du chroniqueur n'est qu'une feinte, et rappelle plusieurs passages où il a, dit-il, dissimulé des faits défavorables à son héros. Partant de ces données, il conclut (p. 255) : la discussion des faits qui précédent et que nous pourrions continuer par plusieurs autres assertions d'Éginhard, doit sufjire, nous semble-t-il, pour établir que ce biographe est plein de réticences calculées, qu'il s'applique ingénieusement à dérouter ses lecteurs futurs sur des circonstances que Chariemagne ou sa famille voulait tenir cachées, et sur des actes qu'on avait intérét à présen- ler sous un jour tout autre que leur jour réel. Pour arriver à une déduction ultérieure, l’auteur énumère ensuite diverses circonstances plus ou moins vraisemblables, et propres à élablir que Charlemagne est né soit de Berthe avant son mariage, soit d’une concubine inconnue pen- dant que Berthe était déjà la femme de Pepin le Bref, ( 154 ) L'attitude d'Eginhard dans ce débat serait ainsi expliquée, et l’on pourrait définitivement écarter l'argument tiré de l’ignorance des contemporains mêmes du héros sur l’en- droit où il a vu le jour. Examinant ensuite les prétentions des diverses localités qui se disputent l’honneur de Pavoir vu naître, l’auteur arrive au passage de la chronique du moine de S' Gall. À son avis, le genitale solum indique l’Austrasie, et plus particulièrement la région où l'Empe- reur construisit la basilique d’Aix-la-Chapelle, région à iaquelle il donne le nom assez bizarre de polygone carlo- vingien, Quant à la localité même, il flotte entre Liége, Jupille et Herstal , et, sans se prononcer bien précisément, il semble cependant pencher en faveur du dernier de ces trois endroits. J'ai cru devoir présenter une analyse détaillée parce qu'il s'agit d'une œuvre sérieuse. L'auteur n’a pas fait un travail de seconde main; il connaît les sources, les à étu- diées, et la littérature historique de l'Allemagne paraît lui être familière. Malheureusement, l'expérience lui fait défaut, et il est facile de reconnaître l'embarras qu'il éprouve à disposer convenablement ses matériaux. Je lui reproche aussi d'avoir négligé le côté politique de la question, et J'ajou- terai que là où il laborde ses allégations manquent sou- vent d’exactitude ou de clarté. Sous le rapport littéraire son œuvre est loin d’être irréprochable. Sans être positive- ment incorrect, le style présente cependant d'assez nom- breuses négligences ; puis, quand il s'élève, c’est souvent pour tomber dans l'emphase ou pour user de figures qui ne sont ni exactes n1 de bon goût. Ces défectuosités sont assez graves pour que je ne puisse proposer à l’Académie de couronner l’auteur; je ne le fais ( 155 ) pas, pour un autre motif encore, c’est que le travail est incomplet. Des quatre chapitres dont il se compose, 1} ny en a en définitive que deux qui traitent la question; j'écarte en eflet le premier, non comme introduction, mais comme en renfermant une qui n’est pas en rapport avec l’objet du mémoire; j'écarte aussi le quatrième, parce qu'il doit être envisagé comme un travail relatif à un autre concours; celui du lieu de naissance de Charlemagne. Apprécions d'abord ce 4° chapitre ainsi isolé. Je crois y avoir reconnu tous les arguments que contenait déjà un des mémoires soumis, 1l y a trois ans, à votre apprécia- tion, Dans le rapport que j'ai eu l'honneur de vous faire alors , j'ai dit que ces arguments étaient loin de me parai- tre décisifs. Pour entacher d’illégitimité la naissance de Charlemagne, on ne se fonde que sur des suppositions, et d’ailleurs les conséquences qu’on veut en déduire pour fixer le lieu de cette naissance, ne sontelles-mêmes que de nouvelles suppositions, Si les arguments de l'auteur sont présentés cette fois avec plus d'ordre et de méthode, ils restent pour moi aussi faibles que précédemment, et je n’ai pas de motif pour modifier mes conclusions. Reste donc à décider si l’auteur à répondu au vœu de l'Académie, en s’arrêtant à l’avénement de Charlemagne. La réponse ne me paraît pas douteuse, car vous n'avez pas eu, je crois, l'intention d’exclure du travail que vous demandiez, ni le grand homme qui a porté si haut la gloire de sa famille, ni ses successeurs, tout inhabiles qu’ils ont pu être. Je dirai même qu'il y a pour nous autant d'intérêt dans l’histoire des derniers Carlovingiens, que dans celle des héros qui ont fondé la deuxième dynastie franque, puisqu'on y trouve des preuves fréquentes de cette origine belge, qui forme le principal objet de la question. Je ne ( 196 ) sais Si, dans un concours de cette espèce, il y a lieu de décerner une mention honorable. En cas d’aflirmative, l’Académie pourrait ici l’accorder; le travail que je viens d'analyser à une valeur réelle, et l’auteur mérite d'être encouragé à revoir son travail, pour l'améliorer et en élargir le cadre. » Bapport de M. Arendt. « La question du concours extraordinaire, à laquelle répond le mémoire portant pour devise : Non sine Diis animosus infans , est ainsi Conçue : Exposer l'origine belge des Carlovingiens, discuter les faits de leur histoire qui se rattachent à la Belgique (1). Cette question renferme deux points distincts. Il résulte des observations que la classe a placées à la tête de son programme, qu'il s’agit d'abord d'établir plus compléte- ment qu'on ne l’a fait jusqu'ici, l'origine belge des Carlo- vingiens, et de présenter ensuile un aperçu raisonné des faits de leur histoire qui concernent la Belgique. Pour répondre au premier point, 1l faut étudier d’une manière plus approfondie les faits d'une nature quelconque qui se rapportent à l'origine de la famille des Pepins, à leur éta- blissement sur le sol austrasien et plus particulièrement sur celui du pays de Liége. Quant au second point, l'expression de « discuter », dont s’est servie l’Académie, montre qu'elle (1) Voyez Bulletin de l Académie, t. XXII, 2% partie, p. 511, et t. XXII, 1re partie, p. 595. ( 1917 ) demande non pas un simple récit, mais bien un examen critique des faits, en y comprenant les institutions aussi bien que les événements de l'histoire politique proprement dite. Comme la classe a fait usage du terme de « Carlovin- giens » en général , sans le limiter à la désignation de quel- ques-uns seulement des souverains de cette famille, il est évident encore qu'elle a voulu que cet aperçu comprit l’histoire de la race entière dans ses rapports avec la Bel- gique, et qu'il ne s'arrêlàt qu’à ses derniers représentants. Pour marquer l’époque jusqu’à laquelle cette histoire doit être conduite, j'indiquerai l'érection de la Lotharingie en duché bénéticiaire. Pour qu'un travail présenté en réponse à la question ainsi comprise ait une valeur propre, qui réponde à l'importance du prix proposé, il ne suffit pas que l’auteur reproduise simplement les narrations des sources et les opinions des auteurs qui ont traité avant lui ces sujets, il faut encore, et c’est un point sur lequel je dois insister particulièrement, qu'il avance sérieusement les questions agitées vers leurs solutions, soit en présentant des résultats nouveaux, soit en coordonnant mieux les faits, soit en les plaçant dans un nouveau jour , en faisant mieux ressoriir leurs causes, leur véritable caractère et leurs principales conséquences. Les règles qui, à mon avis, doivent servir au juge- ment de ce concours ainsi tracées, je passe à l'examen du mémoire portant pour devise: Non sine Diis animosus infans. Notre savant confrère, M. Borgnet, vous a exposé la marche suivie par l’auteur, les sujets qu’il a traités, les observations critiques et de détail auquel ce travail donne lieu. En présence de ce rapport si circonstancié et si lucide, je crois devoir borner ma tâche à soumettre à la classe ( 158 ) quelques remarques générales sur les trois premiers cha- pitres, et à m'occuper, pour des raisons que j'expliquerai plus loin, d'un examen plus particulier du quatrième. Je commencerai par constater que l’auteur a fait des recherches propres, qui attestent la connaissance et l’étude des principales sources. J'approuve tout à fait qu'il ait fait précéder l’histoire de l’établissement de la famille carlo- vingienne sur le sol belge de celle des origines franques. Ces dernières sont assez bien exposées dans leurs contours généraux , et les deux institutions qui, au point de vue du concours, réclamaient une attention spéciale, la royauté et la mairie du palais, sont bien décrites dans leurs déve- loppements successifs. Toutefois, je ne pense pas que l’auteur rende tout à fait l’état actuel de la science sur les questions qui concernent ces institutions; 1l S’'appuie prin- cipalement sur les travaux de MM. Guizot, Thierry, Roth el Pertz, sans tenir compte des ouvrages plus récents et fort importants de MM. Leo, Sybel et Waitz (Deutsche Verfas- sungsgeschichte). Quant à la partie qui concerne l’histoire politique des Francs, notre honorable confrère, M. Borgnet, me parail être tout à fait dans le vrai, en faisant remar- quer que l’auteur n’a pas donné assez d'attention à un des faits principaux de cette histoire, qui constitue en quelque sorte le mobile des événements pendant une période assez considérable; je veux dire l'éloignement toujours croissant entre la Neustrie et l’Austrasie, éloignement qui, déjà longtemps avant la séparation définitive de ces deux parties de l'empire franc, devint souvent un véritable antago- nisme, Ce fait est capital dans l’histoire des fondateurs de la race, il donne la clef de leur fortune politique. Je re- grette d'autant plus cette omission, que l’auteura bien saisi et bien développé les différences essentielles qui s'établis- ( 159 ) sent entre les Francs de Neustrie et ceux d'Austrasie, par suite de la diversité des milieux où ils se fixent, différences dont sort le grand mouvement qui finit par scinder en deux leur nationalité primitivement une et homogène. Cette omission provient d'un défaut de discernement, qui se manifeste en différents endroits du mémoire, sur- tout dans le choix des faits que l’auteur croit devoir étu- dier plus particulièrement. Il lui arrive de s'arrêter avec complaisance à des faits qui ont certainement de l'intérêt et une importance relative, mais qui, mis en rapport avec la question spéciale qui forme le sujet du concours, sont évidemment secondaires, tandis qu'il passe, en les effleu- rant à peine, à côté d’autres faits majeurs mérilant, à cause de leur connexité avec les destinées politiques des Carlovingiens, une étude tout à fait approfondie. Je loue beaucoup l’auteur d'avoir mis un soin particulier à dé- velopper certains côtés de la vie religieuse de l'époque, d'avoir montré l'heureuse et bienfaisante influence du christianisme sur les populations franques ; les détails que l’auteur donue sur les saintes femmes qui, pendant plu- sieurs générauons, ont illustré la famille des Pepins, for- ment un épisode des mieux traités ; l’action que l'Irlande a exercée sur le développement de la vie religieuse en Austrasie est heureusement saisie et bien dépeinte; mais Je regrette que l’auteur n'ait pas donné les mêmes déve- loppements à d’autres faits sociaux et politiques qui tou- chent de plus près au sujet propre du concours, qui ont dé- terminé le cours des événements et exercé sur les hommes et les choses, pendant des époques entières, une influence puissante et multiple. Tels sont, pour n’en citer que quel- ques-uns, la transformation de la mairie du palais en royauté, sujet des plus importants, que l’auteur est loin (: F00! ) d'avoir épuisé, les expéditions de Pepin et de Charles Martel contre les Frisons, celles de ce dernier contre les Arabes, sur lesquelles il y a bien des choses à dire, que l’auteur a passées sous silence. Il en est de même de la partie du mémoire où l’auteur traite de l’origine de la famille carlovingienne; il paraît ignorer les belles recher- ches de M. Léo sur la famille de saint Arnould, de Metz. Mais le défaut principal que je dois signaler, c’est l’ab- sence de l'esprit de critique. Dans l'état actuel des sciences historiques, toute étude sérieuse et approfondie d’une époque doit commencer par la critique des sources, tâche qui, pour l’époque dont 1l s'agit, se trouve singulièrement facilitée par les travaux si éminents de M. Pertz et d’au- tres savants de son école. Pour avoir négligé ce soin in- dispensable, l’auteur présente souvent des résultats fort incomplets, et reste au-dessous de la hauteur à laquelle, avec Papplication que je me plais à lui reconnaître, 1l au- rait pu atteindre. Pour n’en citer qu'un exemple, 1l raconte louguement l’histoire d’Alpaide, celle du meurtre de saint Lambert, sans tenir compte de la dissertation de M. Dewez sur ces événements, dont l'étude aurait pu lui fournir au moins un modèle de cette discussion critique qui doil être le point de départ de toute recherche sur ces époques reculées. L'auteur s'arrête à la mort de Carloman, qui eut lieu en 771. Soit qu'il ait mal lu ou mal compris la question, arrivé là, 1l déclare que sa tâche est terminée. Les règnes de Charlemagne et de ses successeurs, jusqu’à la fin du IX" siècle, sont omis. Le travail reste ainsi incomplet, et ne répond pas au programme tel que la classe l’a tracé. Par suite de cette circonstance, je me trouve, à regret, dans l'impossibilité de vous proposer, Messieurs, d'accorder Ç 107 ) uu prix à l'auteur, tout en constatant qu'il a fait preuve d'études et de connaissances sérieuses. L'auteur a ajouté à son mémoire un quatrième chapitre, dans lequel il traite du lieu de naissance de Charlemagne. C'est un travail d’une certaine étendue, qui aurait dû être présenté séparément au concours spécial ouvert sur cette question. Toutefois, puisque l’auteur à jugé à propos d'en faire comme l’appendice de son mémoire sur l'origine des Carlovingiens, je crois devoir en rendre aussi compte à la classe. Je vais d’abord donner un résumé succinct du tra- vail, en reproduisant autant que possible les termes mêmes dont l’auteur s’est servi; je présenterai ensuite les obser- valions qu'il m'a suggérées. L'auteur commence par dire que la solution de la ques- tion du lieu de naissance de Charlemagne serait aisée, si l'on savait d’une manière précise la date de sa naissance, et si l’on pouvait déterminer l'endroit où était sa mère en le donnant au monde. Mais les documents qui nous res- tent n’élant pas plus d'accord sur le Jour que sur l’année de sa naissance, et le système qu'on a adopté jusqu'iet d'essayer de suivre Pepin le Bref dans ses pérégrinations pendant l’année 742, d’après l'indication des lieux où il a signé des chartes, et des diverses contrées où 1l a fait Ja guerre (même en supposant que Berthe l’eüût accompagné partout), ne donnant guère l'espoir de parvenir à déter- miner l'endroit cherché, l’auteur a cru devoir entrer dans la question par un côté tout différent, et prendre une autre voie, pour dégager la vérité du voile qui la couvre. Cette voie consiste à révoquer d'abord en doute la bonne foi d'Einbart dans le passage si connu, où il constate l’ab- sence de toute informalion, soit écrite, soil orale, sur la paissance et l'enfance de Empereur. D'après l’auteur, ce 2€ SÉRIE, TOME VII. 11 ( 162 ) silence d’'Einbart, sur des faits qu’il pouvait et devait con- naître, est prémédité; il a été imposé à sa discrétion. Pour prouver son assertion, l’auteur emploie des détours. Il cherche à établir qu'Einbart s’est appliqué dans tous ses écrits à présenter dans leur jour le plus favorable et sous une face qui souvent est loin de s’accorder avec la vérité, une quantité de faits et d'actes de son héros, qui pour- raient nuire à sa gloire, à la considération de sa dynastie, et conséquemment à son affermissement sur le trône. Les passages d’'Einhart, sur lesquels l’auteur s'efforce de baser son appréciation, se rapportent à la conduite de Charles lors de la mort de Carloman, à la répudiation de la fille du roi des Lombards, à Pepin le Bossu, que l’auteur sou- lient avoir été de naissance légitime, au récit des circon- stances qui, d’après Einhart, accompagnèrent l’enterre- ment de Charlemagne. De la discussion de ces passages, il conclut qu'Einhart est plein de réticences, qu'il s'ap- plique ingénieusement à dérouter ses lecteurs sur des @ir- constances que Charlemagne ou sa famille voulaient tenir cachées, et sur des actes qu'on avait intérêt à présenter sous un jour tout autre que le jour réel. Ceci posé, l’au- teur revient à la naissance de Charlemagne, sur laquelle Einhart avait, d'après lui, un motif secret de n'être pas très-explicite, et ce motif, c'est que le grand Empereur était le fils d’une concubine, ou, en tout cas, le fruit d’un commerce illicite. Pour le prouver, voici comment l'au- teur procède. Il rappelle que les rois mérovingiens avaient lhabitude de s’entourer d’une multiplicité de concubines (sic). Pepin le Bref avait-il été enclin au même pêché? Nous n'avons aucune preuve historique pour l’affirmer ou le nier; mais il y a un canon d’un concile que Pepin con- voqua, en 752, à Verberie, et auquel il eut grand soin ( 163 ) d'assister lui-même. Ce canon, l’auteur le cite ainsi : St quis necessitale inevilabili cogente in alium ducatum seu provinciam fugerit…. ille vir.…. si se abstinere non potest, aliam uxorem cum poenitentia potest accipere. Cette déci- sion semble à l’auteur un trait de lumière dans les obscu- rités de la vie intime de Pepin, et de l'origine de Charle- magne. À ses veux , l'assemblée de Verberie, en proclamant cette disposition, voulait couvrir une faute de Pepin, soit que celui-ci eût eu Charlemagne d’une concubine, soit qu'ileût avec Berthe des rapports qu'aucune sanction légale ne pouvait consacrer. L'auteur croit trouver dans un pas- sage des Annali d'Italia, de Muratori, une confirmation de celte dernière opinion. Il conclut que Charlemagne a dû incontestablement (sic) voir le jour d’une manière peu or- thodoxe, soit qu'il ait été le fruit d'une rencontre fortuite de Berthe par Pepin, soit que Berthe n'ait été qu'un prête- nom pour couvrir l’état équivoque du fils aîné de Pepin le Bref. L'auteur reconnaît lui-même que ces hypothèses sont hardies, mais il proteste qu’il n’a eu en vue, en les produisant, que la découverte de la vérité. L'auteur passe ensuite en revue les titres sur lesquels se fondent les diverses localités qui forment des prétentions au berceau de Charlemagne, et finit par se servir du pas- sage connu du moine de S'-Gall pour mettre en avant que Charles est né en Austrasie, sans se préoccuper des objec- tions qui ont été élevées contre ce témoignage. Exposant en dernier lieu la situation des biens que sa famille possé- dait dans l’Austrasie inférieure, et invoquant des tradi- tions locales et des considérations puisées dans quelques circonstances de la vie de Charlemagne, l'auteur se montre disposé à placer à Herstal le’ lieu où le héros franc aurait vu le jour. ( 164 ) Il ya, on le voit, deux parties distinctes dans ce travail , l’uve est neuve dans un certain sens, elle tend à établir l'illégitimité de la naissance de Charlemagne, l’autre re- produit, sans les rendre plus forts, des arguments qu’on a fait valoir déjà à plusieurs reprises pour fixer dans le pays de Liége le lieu de cette naissance. L'auteur, pour étayer l'hypothèse qui fait du grand homme un bâtard, cherche à faire suspecter la bonne foi et la sincérité d'Einhart, et invoque à l’appui une disposition du concile de Verberie, et subsidiairement un prétendu témoignage de Muratori, dans les Annali d'Italia. Quant au premier point , je doute que l’auteur par- vienne, au moyen des conjectures qu'il emploie, à ébranler la confiance qu'Einhart inspire à tous ceux qui ont sé- rieusement étudié les sources de l’histoire de son époque, confiance dont le bien fondé a été suffisamment démontré par les éminents travaux de M. Pertz, et plus récem- ment encore par le dernier éditeur des œuvres d'Einbart, M. Teulet, dans la remarquable notice qu’il a placée à la tête de son édition. Je ne pense pas qu'aux yeux de qui- conque juge sans opinion préconçue ces malières, les el- forts tentés par l’auteur puissent jamais prévaloir contre ces autorités. Certes , personne ne niera qu'Einhart ait écrit sa Vie de Charlemagne et même ses Annales avec une prédilection marquée pour son héros; mais de ce senti- ment admiratif assez concevable, quand on tient compte de la position de l’écrivain, à des réticences importantes, à des altérations volontaires de la vérité, 1l y a lom, et rien dans les déductions de l’auteur n'autorise à croire qu'Einhart ait franchi la distance. Le reproche principal que lPauteur du mémoire lui fait, d’avoir passé sous silence les dissensions intestines dans la famille de Charles et la ( 165 } conduite qu'il tint à la mort de son frère Carloman, ce reproche se réfute de lui-même par une lecture attentive du texte d'Einhart. Eu effet, celui-ci ne cache ni l'un ni l’autre dans la vie de Charlemagne; il parle des difficultés qui surgirent entre les deux frères après le partage de la succession paternelle, de l'éloignement qui existait entre Charlemagne et sa belle-sœur, la femme de Carloman; il y revient même à plusieurs reprises, et dans les Annales, il annonce, sans la déguiser, l’intention de Charles de s'emparer, après la mort de son frère, de RUES entier des Francs (1). Ce que l’auteur allègue des dispositions du concile de Verberie est tout aussi dénué de fondement. Pour le prou- ver, je n’ai qu'à citer le texte entier du canon, dont l'au- teur n’a indiqué que quelques phrases. Voici ce qu'il porte : Si quis necessilate inevitabili cogente , in alium ducatum seu provinciam fugerit, aut seniorem suum, cui fidem mentiri non poterat, secutus [uerit; et uxor ejus, cum valet et po- test, amore parentum aut rerum suarum , eum sequi no- luerit, ipsa omni tempore, quamdiu vir ejus, quem secuta non fuit, vivit, semper innupla permaneat. Nam ille vir ejus, qui necessitale cogente in alium locum fugit, si nun- quam in suam palriam se reversurum speral, si se abstinere non potest, aliam uxorem cum poenitentia polest accipere (2). On le voit, il s’agit dans cette décision d'un Franc qui aurait dû quitter son pays pour cause politique , sous l’em- pire d'une inévitable nécessité, et dont la femme refuserait de le suivre au lieu où il se retire. À un homme placé dans (1) Voyez Einh., F'ita Caroli, cap. ITT et cap. F. — Ad ann. 771. (2) Jai pris le texte du canon dans Baluze : Capitularia, etc., 1, p.165 ; celui donné par Sirmond, Concil. Gall., est incomplet. (16 ) ces conditions, qui aurait perdu tout espoir de retour, il serait permis de prendre femme en pays étranger. Je n'ai pas à m'occuper du caractère tout à fait irrégulier de cette disposition, en opposition avec les lois les plus formelles de l'Église, et abolie, du reste, peu d'années après, comme l’auteur le reconnaît lui-même; je me demande par quel effort d'imagination l’auteur à pu trouver dans ce texte une preuve quelconque de l'illégitimité de la naissance de Char- lemagne. Où Pepin a-t-il jamais dû fuir son pays, où l’au- teur a-t-il vu que sa femme ait jamais refusé de le suivre? Quel est le rapport possible entre cette disposition toute spéciale et des prétendus écarts dans la conduite de Pepin ? Quant au passage de Muratori, je suis vraiment embar- rassé, mais embarrassé pour l’auteur. [1 a vu dans les Annali d'Italia ce qui n’y est absolument pas, et n’a pas vu ce qui y est de Ja manière du monde la plus claire et la plus évidente. L'auteur y rencontre un fragment, une terminaison de phrase ainsi conçue : E il re Pippino se ne torno al secolo, e al governo dei suoi stati e repiglio moglie dopo si lungo divorzio, et il y voit que Pepin reprit femme après un long divorce. S'il s'était donné la peine de lire la phrase entière, depuis son commencement, il aurait vu que Muratori y parle d'Hunold d'Aquitaine, qui, après avoir pris l’habit monastique, retourna au bout de vingt- cinq ans, après la mort de son fils Waifer et celle du roi Pepin, dans le monde, et reprit femme. S'il y mentionne Pepin, c’est pour dire qu'il était mort lorsque le fait qui forme le sujet du récit arriva. Voici le texte du passage; il suffit d'y Jeter un coup d'œil pour voir la regrettable méprise de l'auteur: Gli (à Carloman, frère de Pepin qui s'était reliré au Mont-Cassin) era preceduto coll esempio Unaldo , o sia Unoldo duca di Aquitania, che due anni ( 467) prima, ceduto al figliuolo il ducato, e preso l'abito monas- tico, si diede a far penitenza dei suoi peccati, ma con lasciar in fine una svantaggiosa memoria di se presso molti, perché da li à venti cinque anni, ESSENDO MORTO IL FIGLIUOLO WAIFARIO DUCA E IL RE PIPPINO, Se ne torno al secolo, e al governo dei suoi stati, e ripiglio moglie dopo si lungo di- vorzio (1). Mais passons sur ces inadvertances que je mets sur le compte du désir, louable en soi, mais extrême, qu'avait l’au- teur de trouver, ne füt-ce que des apparences de preuves, à l’appui de ses hypothèses : il y a une observation essen- tielle à faire, En quoi tout ceci avance-t-il la question du lieu de naissance de Charlemagne vers une solution ? Ad- mettons un instant, ce qui certes n’est pas, qu’il y eût des preuves ou des indices que Charles n'était pas fils légitime de Pepin, savons-nous pour cela mieux qu'auparavant dans quel pays, dans quel endroit de ce pays, quel jour et quelle année il est né? Évidemment, non. L'incerütude sur ces deux points reste la même, et (1) Le récit des Ænnali d’Italia est tiré d'un passage des Annales ordinis S. Benedicti de Mabillon, t. IT, p. 128, dont voici le texte. « Idem » (Hunoldus) mox Waïifario filio, aetate ac viribus ingenioque praecellenti, » principatum Aquitaniae tradere constituit, et relictis rerum habenis in » monasterium secedere; felix si insons intrasset, et numquam a proposito » defecisset. Erant illi fratres duo Hatto et Remistagnus : e quibus Remis- » tagnum minime suspectum habebat. Hattonem vero qui Pictavos regebat , » Waifario filio suo aemulum futurum verebatur. Hunc data fide ad se » venire jubet, miserumque effossis oculis custodiae mandat. Ipse non post » multos dies, uxore coenobio virginum inclusa, in monasterium quoddam » Sanctonum, positum in insula Radis, se recepit : £x quo vicesimo quinto » post anno , W'aifario filio ac Pippino mortuis, egressus, conjuge in » thorum revocata , denuo principatum recepit, ut posterior appendix » Fredegariana et annales Mettenses tradunt. » ( 168 ) nous sommes loujours obligé à revenir au seul système que la science puisse avouer, à celui qui consiste à discuter les textes et les monuments historiques d’un caractère sé- rieux, qui fournissent des indications sur l’époque et le lieu de sa naissance. Toute tentative de résoudre la ques- tion en dehors de cette méthode par des combinaisons, des conjectures, des hypothèses plus ou moins ingénieuses, plus ou moins probables, demeurera forcément impuis- sante, el il n’est pas, j'en ai la ferme conviction, de corps scientifique qui, ayant conscience de sa mission et de la responsabilité qui lui incombe envers la science, pût vou- loir sanctionner par ses suffrages une semblable entre- prise. Ce n’est pas qu'on ne puisse employer dans cette voie beaucoup d'esprit, un talent réel; dans la seconde partie de son quatrième chapitre, l’auteur a montré l’un et l'autre. Les pages consacrées à établir que le pays de Liége est bien le siége de la famille carlovingienne, que c’est leur pays par excellence, sont écrites avec une chaleur de senti- ment, une habileté dans le choix des faits, une conviction sincère, qui rencontrent mes sympathies. Si l’auteur a voulu réunir dans un rapide aperçu tout ce qui peut êlre dit en dehors des raisonnements rigoureux de la critique historique, pour justifier devant l'opinion le désir d’une partie du pays de s'approprier et d’honorer plus particu- lièrement la mémoire de Charlemagne, je reconnais vo- lontiers qu'il a mené sa tâche à bonne fin; mais c'est là tout ce que Je puis concéder, en réservant les droits de la science auxquels, encore une fois, le mémoire ne satis- fail pas. » ( 169) Rapport de FE. Polain, a Le mémoire que la classe a renvoyé à mon examen se compose des deux parties, correspondant aux deux ques- - Lions de concours mises au programme de l’Académie : l'une relative à l'origine des Carlovingiens, et l’autre concernant le lieu de naissance de Charlemagne. Je n'ai rien à ajouter à l'appréciation raisonnée qu'ont faite de ce travail mes honorables confrères, MM. Arendt et Borgnet. Sur l’un et l’autre point, le mémoire est réelle- ment insuflisant , et je suis d'avis qu'il n’y a pas lieu de lui décerner de prix. » La classe, à la suite de ces rapports et des développe- ments qui lui ont été présentés, n’a pas cru devoir décer- ner le prix du concours. Sur la proposition d’une personne qui désire garder l'anonyme, la classe des lettres avait ouvert un concours de poésie à l’occasion de la loi du 1* mai 1854, décrétant l’exécution des chemins de fer belges. La commission char- gée du jugement de ce concours se composait, pour les poëmes français, de MM. Jules de Saint-Genois, Kervyn de Lettenhove et Baron, rapporteur, et pour les poëmes flamands, de MM. Bormans, David et Nolet de Brauwere Van Steeland. POEMES FRANCAIS. Happort de M. Haren, « Un des plus honorables habitants de Bruxelles an- nonÇa, il y a quelques mois, l'intention de décerner un ( 170 ) prix à chacun des deux meilleurs poëmes écrits, l’un en français, l'autre en flamand, en l'honneur du vingt-cin- quième anniversaire de la création des chemins de fer. L'Académie royale fut invitée à nommer dans son sein une commission chargée d'apprécier le mérite respectif des pièces envoyées, et de proclamer le vainqueur. Elle se compose de trois membres, et c’est le résultat de son tra- vail qu’elle vient vous soumettre. Vous savez que ni le donateur ni l’Académie n'avaient présenté de programme. On pensa que le titre seul suffirait à faire comprendre toute l'importance d’un sujet si grand et si fécond. Vingt poëmes nous ont été adressés, et 1l nous est ar- rivé ce qui malheureusement arrive presque toujours à ceux qui siégent comme juges du camp dans ces tournois littéraires. [faut bien vous dire la vérité, quelque pénible qu'elle soit : plus de la moitié de ces compositions furent immé- diatement rejetées, non-seulement à cause du prosaisme et de l'ignorance des règles les plus élémentaires de la versification, ni prosodie, ni grammaire ; mais à cause de l'absence trop fréquente de logique et de suite dans l’ex- position et le développement des idées. Les autres prêtent moins à la critique. Encore, à l’ex- ception de trois ou quatre, des n° 45 (Aperiunt terram gentibus), 19 (En avant! en avant!), 20 (Nil imortalibus arduum), 15 (mens agitat molem), du n° 14 surtout (Ni plus, ni moins), que nous mettons au second rang, il serait difficile de détacher d'aucune d'elles un morceau d'une certaine étendue qui fût entièrement irréprochable. Le prosaisine ou l'emphase s'y font toujours un peu sentir. Mais, d'autre part, et par une chance assez rare, nous avons rencontré celte fois un poëme qui peut se lire avec (14) intérêt d'un bout à l’autre, et qui, du moins par le mérite de l’expression , révèle un véritable poëte. I s’agit du n° 17 qui a pour devise : Novus... nascitur ordo. Retranchez cer- taines témérités de rhythme ou d'images qui procèdent de l’école poétique de la seconde mouilié du xix° siècle, arrê- tez quelques élans trop brusques d'imagination, et voici ce qui restera : correction irréprochable, élégance soute- nue, images souvent pittoresques, richesse de rime, bonne facture de vers. Quant à la pensée elle-même, au point de vue où l’au- teur a placé son sujet , il y entre dignement par un tableau du génie de l'homme multipliant ses conquêtes sur la matière que Dieu livre à ses travaux et à ses efforts, (Voir plus loin le poème, vers 1 à 50). Il poursuit ainsi la deseription de la vapeur comme agent locomoteur. Il montre la Belgique introduisant, la première, le lendemain du jour de son affranchissement, cette féconde découverte sur le continent européen. Ce pas- sage est un des meilleurs du poëme; seulement, il reste un peu trop peut-être dans les généralités , 1l ne descend dans aucun détail, ne nomme aucun de ceux qui se distinguë- rent dans cette œuvre de gloire. Nous n’en faisons point un sujet de reproche à l’auteur, mais 1ci commence un nouvel ordre d'idées qui prête plus à la eritique. Continuant l’'énumération des avantages que donneront à l'humanité la création des chemins de fer et les autres découvertes, il annonce que ces conquêtes mêmes hâteront l’aurore du grand jour où l'humanité, réconciliée, rentrera dans les murs d'une nouvelle Sion, pour élever à l'unité de ses croyances un temple qui sera éternel. Mais pour justifier cette assertion, le poëte croit devoir revenir sur ses pas, et rabaisser cette même humanité qu'il venait d'élever si baut, et de là résulte une sorte de ( 172 ) contradiction entre les premiers et les derniers vers de la pièce. A la lecture de ces derniers vers, Messieurs, l’un de vos commissaires, plein de respect, d’ailleurs, pour le senti- mentreligieux qui lesanime, a cru pourtant devoir déclarer qu'il ne se ralliait en aucune façon aux conclusions du poëte. Il s'arrête, lui, à la première ligne du poëme : L'esprit de l’homme est grand, il sonde toute chose. Il croit, et d’une foi consciencieuse, à l'énergie sponta- née et libre de l'humanité elle-même dans ses progrès et ses découvertes, qui est aussi sans doute un don de Dieu, mais un don continu, en sorte qu'il est inopportun d'y faire intervenir à chaque instant ce pouvoir élernel dont nous devons adorer les desseins sans vouloir les pénétrer. En un mot, ce qu'il approuve dans la pièce, c’est l'écrivain et non le penseur. Quant à vos deux autres commissaires, ils n’ont vu dans le poëme qu'une forme noble et élevée, donnée à une pensée qui appartient aux poëtes aussi bien qu’aux histo- riens et aux philosophes. Mais, tout en l’approuvant, ils ne regardent pas comme irréprochable la manière dont elle est présentée. Ainsi, unanimes tous trois pour cou- ronner l'artiste éminent en poésie, nous ne le sommes pas moins pour blâmer l’exagération de cette donnée dans la dernière partie de la pièce, où, à des idées exactes et pré- cises, succède la description vague et obscure d’une réno- vation complète de l'humanité, rénovation pacifique et religieuse, sans doute, mais qui semble encore bien éloi- gnée de nous el à laquelle les chemins de fer ne porteraient qu'un faible concours , s'ils continuaient à être à la fois les instruments de la guerre aussi bien que de la paix, les conducteurs de l'erreur comme de la vérité, Nous ajoutons re que , si Le poëte à bien fait sentir l'honueur qui rejatthit sur la Belgique en général de l'établissement des premiers che- mivs de fer qu'ait vus le continent, d'une autre part, les exigences de son système de poésie l’ont peut-être empêché de pouvoir développer les circonstances au milieu desquelles elle sut prendre , entre toutes les nations qui l'entourent, une place si digne de ses traditions nationales. Si jamais la postérité s'occupe de nos humbles travaux, nous aurions voulu qu’elle lût 1e1 le nom du Prince sous lequel le railway réunit en étroit faisceau nos diverses pro- vinces, et qui vivra dans l'éloge reconnaissant et impartial de l’histoire; qu’elle y rencontrât aussi celui de quelques hommes qui conçurent le projet et en assurèrent l’exécu- tion. Au reste, nos annales enregistreront, sans que l’opi- pion puisse se partager à cet égard, les bienfaits de la loi votée le 1° mai sur la proposition de M. Rogier, ministre de l’intérieur. Et l'institution même du prix que nous dé- cernons aujourd'hui rappellera cette glorieuse initiative, qui ne devait trouver que longtemps après des imitateurs chez les peuples les plus puissants de l’Europe. » POEMES FLAMANDS. Rapport de M. Bormans. (8 avril) (1). « Le n° 1, portant pour épigraphe : Liberté et progres, est une histoire rimée de notre indépendance et des pro- (1) On a conservé les dates de ces trois articles , envoyés sous forme de notes à M. le Secrétaire perpétuel. ( 474 ) gres accomplis depuis dans notre pays. Il ne sort pas du ton trop connu de nos poésies jubilaires. Le n° 2 est un morceau de véritable poésie : malgré deux ou trois endroits plus faibles que le reste, c’est, je crois, Ce qui a été fait jusqu’à ce jour de mieux en ce genre par nos jeunes poëtes. S'il n’y avait que les six poëmes que J'ai devant moi, le prix serait dès aujourd’hui acquis à celui-ci, et, pour le lui enlever, il faudra un chef-d'œuvre dans le sens le plus absolu du mot. Épigraphe : Replete lerram et subjicite eam. (Genèse, F, 28.) Le n° 3 n’est pas même un bon travail d'écolier. Son épigraphe est un chronogramme : Ferrei ecce prodigium saech. Le n° 4, avec l'épigraphe : Vlaenderen, est encore un essai d'écolier et une reproduction des banales formules, de cet enthousiasme traditionnel qui est ce qu'il y a de plus opposé à l'inspiration poétique, Le n° 5 n’est d'un bout à l’autre que du verbiage. Il porte pour épigraphe les mots : Wysheid en doorzicht. Le n° 6, avec la singulière épigraphe : Keizer Faustinus, est l’œuvre d’un écrivain de talent et contient quelques strophes assez remarquables. L'auteur possède bien sa langue et la manie avec une grande habileté. Dans les descriptions, son style a beaucoup d'éclat et de force; mais il n’y à que cela; l'expression est tout : on chercherait en vain chez lui une pensée grande et surtout neuve. Si mes deux honorables confrères ne trouvent pas, dans - les pièces qu’ils examinent en ce moment et que je ne ver- rai qu'après eux, cette richesse d'invention, cette ampleur de cadre, cette vigueur de dessin , cette énergie d’expres- sion, cette beauté de couleurs, en un mot cette poésie qui ne pourra manquer de les frapper dans le n° 2, notre juge- ( 175 ) ment sera bientôt porté, et il ne me restera qu'à les prier de vouloir bien formuler un rapport que je signerai des deux mains. (44 avril). — Le n° 7 est l'œuvre de quelqu'an qui a lu des journaux et des poésies d’almanach, mais à qui lédu- cation littéraire a manqué complétement. Il est probable qu'elle vient d’un ouvrier, membre d'une société de rhéto- rique. Épigraphe : Den dampkring, ete. Le n°8 renferme quelques beautés de détail, mais, con- sidéré dans son ensemble, c'est une composition absurde. L'auteur connaît bien sa langue et la manie avec une grande facilité ou, pour mieux dire, avec trop de facilité; car son style n'est ni assez châlié n1 suffisamment soutenu. Son plan et la multiplicité des scènes qu'il décrit prouvent plus d'imagination que de jugement. Il paraît avoir cher- ché à faire l'application de son épigraphe : Stoom is licht. Le n°9, portant pour épigraphe le verset 9° du VIF chap. de saint Matthieu : Die het aanschouwden hebben God ge- loofd , ete., est plus sage, mais trainant et froid. C’est une espèce d'idylle, représentant plutôt les mœurs et les usages d'une famille fermière des Flandres que les avantages de l'institution nationale qui faisait le sujet du concours. Le n° 10 (épigraphe : Mann, dir wird eng die unendliche Welt) se compose de quatre tableaux qui se suivent, mais qui ne tiennent pas essentiellement ensemble. Le deuxième porte pour inscription België. C’est fort heureux, car c’est la seule chose qui rappelle le sujet donné, ce qui ne signifie pas qu'il l'ait traité. En un mot, la disposition, le dessin et la couleur manquent également dans ces tableaux. Le n° 14 transerit, comme épigraphe, l’article 4° de la loi du 1° mai 1854. Tout est vulgaire dans cette pièce, à l'exception du sentimeut patriotique qui paraît seul avoir ( 446 ) soutenu un peu la verve de l'auteur. Ce n'est pas lui qui oublie qu'il s'agit des chemins de fer de la Belgique. Le n° 12 porte pour épigraphe le mot : Vooruitgang. Cette pièce peut aller de pair avec celle qui précède : même enthousiasme palriotique el même absence de talent; tandis que le poëte s’'échauffe , le lecteur reste froid. (17 avril). Le n° 15, épigraphe : O Hemel! etc. (Bilderd.), a tous les défauts signalés dans le rapport de M. David, et un grand nombre d’autres, sur une partie desquels J'ai appelé l'attention de mes honorables confrères, par quel- ques annotations marginales au crayon. Quant aux beautés, dont M. David ne parle que d’une manière générale et avec une restriction dont 1l ne paraît plus avoir tenu compte dans les points qu'il lui assigne, je dois avouer qu'elles m'ont paru fort rares dans un si grand nombre de vers. Il sera bon que la pièce passe de nouveau sous les veux de mes savants confrères, de même que je vous prie instamment, Monsieur le Secrétaire perpétuel, de me fournir l’occasion de m'éclairer de leur critique sur les pièces de la 4" série, parmi lesquelles il y en a au moins trois, entre autres une hollandaise, qui l'emportent de beaucoup, à mon avis, sur le n° 15. J’ignore jusqu'ici com- ment 1ls les ont appréciées. Le n° 14, portant pour devise : Heil, commence par ceé- lébrer notre indépendance et arrive ainsi à la loi du 1% mai 1854; après quoi c’est le commerce de la Belgique qui trace lui-même le tableau de sa prospérité et des pro- grès de l'industrie et des arts. Ce plan est mal calculéet peu favorable à la poésie. Le début de la pièce est la partie la plus remarquable; le reste est faible et trainant. Le n° 15, devise : Magnus ab integro, etc., est d'une assez bonne ordonnance, mais 11 manque de développement QE TEE dans les parties essentielles. Le poëte à de la verve, de la chaleur ; mais l'expression lui fait quelquelois défaut, et, dans ses efforts pour l’atteindre, il tombe dans l'exagéra- tion et le faux. Son début surtout pèche par ce côté. Quel- ques strophes ne sont pas sans mérile; mais le grand nombre (il y en a 22) laissent beaucoup à désirer. — Je remarque aussi, dans une ou deux strophes, beaucoup de conformité avec certains passages du n° 15. N° 16. Devise : Audax omnia. Cette pièce est passable- ment longue, mais, à l'exception de l'endroit où 1l décrit la marche de la locomotive, ce n’est, comme le dit le rap- port de M. David, que « de la prose rimée, » dont par cela même le langage est souvent impropre. Quant au passage que J'excepte et qui se distingue aussi en ce que, par le changement du mètre ,1l se rapproche du genre lyrique, c’est de la poésie de bon aloi et, malgré deux ou trois taches qui le déparent, c’est un morceau fort remarquable : vigueur, rapidité, images, comparaisons, tout est pafai- tement dans le ton du sujet. Celles-ci sont en même temps savantes, telles qu'on n’en rencontre plus guère depuis Bil- derdijk. Malheureusement les alexandrins, dont se com- pose tout le reste du poème, sont généralement dénués de tout mérite. N° 17, avec l'épigraphe : Quaem’t, ik naem’!, empruntée à Cats, dont les vers de ce numéro reproduisent plus ou moins la manière : c’est la même lenteur d’allure et géné- ralement la même coupe. Les mots impropres et les con- structions vicieuses n’y sont pas rares; cependant il y a des strophes entières fort bien réussies, comme presque toutes celles des pages 2 et 5, où il décrit la marche de la locomotive et du convoi et les avantages qui résultent de la eréation des chemins de fer. Il y a de la poésie dans ces 2e SÉRIE, TOME VII. 12 (= 140%) tableaux, dont le ton vrai et naturel n'exclut pas la cha- leur et contraste singulièrement avec les pensées et les expressions fausses et guindées, les froides exclamations et l'enthousiasme factice qu'on trouve dans la plupart des autres pièces. C’est un poème où à côté du médiocre et même du mauvais se trouvent des parties excellentes. » Happort de HF, David. « Dix-sept composilions flamandes ont été envoyées au concours de poésie. Comme d'ordinaire, les bonnes pièces sont en minorité : on n’en peut compter que cinq, qui méritent une mention particulière. Parmi les douze autres, quelques-unes n’ont aucune espèce de mérite, cinq ou six seulement se distinguent par des strophes ou des parties plus ou moins heureuses, mais ne sauraient, dans leur ensemble, prétendre au prix. Restent cinq poëmes; ce sont les numéros 2, 6, 8, 9 et 15 : et même parmi ceux-ci 1l y en a encore un, le n° 6, qui, bien qu'ayant des mérites incontestables, ne saurait, à mon avis, être couronné. Cette pièce est l’œuvre d'un écrivain qui connait très-bien sa langue et la manie avec une grande facilité. On dirait que le vers coule de sa plume sans le moindre effort, et que ce poëme, composé d'environ 250 vers, a été écrit tout d'une haleine. Mais à côté de celte extrême facilité, et probablement à cause de cela, l’œuvre a quelque chose de superficiel, le style en est inégal, les mêmes pensées sont reproduites, et l'élévation poétique manque presque partout. Le n° 8 est l'œuvre d'un poëte doué de beaucoup d'ima- ( 479 ) gination, riche d'idées, et en même temps maitre de la langue. Il traite son sujet sous l’allégorie d’un songe ou d'une vision nocturne. Un convoi de nuit passe le long d'un cimetière; les morts sortent de leurs tombeaux et sont émerveillés. Puis apparaît une vierge qui leur ex- plique la merveille. Après cela le poëte évoque les siècles passés, qui se réunissent dans un temple, et qu’une voix appelle, l'un après l’autre, à rendre témoignage d’un pro- grès réalisé, et à chanter les louanges du Seigneur. Puis, à côté d’une tête de mort ou d’un crâne, où loge un ver- misseau, la vierge plante un bâton aride, qui aussitôt reverdit, et produit une rose, dont il me semble difficile de bien comprendre le but ou la signification. Après cela, la vierge entonne une hymne, que le poëte reprend pour chanter le progrès, en faisant passer devant lui les prin- eipales villes du pays, diversement caractérisées. Enfin le poëête s'éveille au bruit d’un convoi du matin, et il appelle les bénédictions du ciel sur la Belgique et sur son Roi. Il y à dans tout cela beaucoup de bons vers, mais trop de fantasmagorie. Ce n’est pas de la poésie de bon aloi. Et puis l’auteur a trop souvent recours aux épithètes para- sites ou de remplissage. Le choix de ses expressions n’est pas toujours heureux ; la facture de son vers est quelque- fois forcée ; ses périodes ne coulent pas de source. En somme, étant donné qu'un chiffre de cent bons points représenterait la valeur d’un beau poëme, je serais disposé à en accorder soixante au n° 8. N° 9 se distingue par des allures beaucoup plus natu- relles et par une versification facile. Le poëte ayant à chanter la loi du 1* mai 4854, a donné à son œuvre le nom de Landgedicht, qui sy applique parfaitement. C’est en effet une espèce d'idylle où les beautés du genre ne ( 150 ) font pas défaut; mais qui ne voit que ce genre est mal choisi pour chanter les chemins de fer, symbole par ex- cellence du mouvement et du progrès? L'auteur n’a pris, ni pu prendre le ton qui convient au sujet : aussi son poëme n’a pas d’essor vraiment poétique. Je ne pense point qu'il puisse prétendre au prix. La pièce n° 15 est partagée en sept sections. Dans la première, le poëte, après une sortie pleine de verve contre les tyrans qui s'opposent au progrès, exalte les inventions du génie humain. Dans la seconde, il chante les louanges du Roi et du peuple belge devançant ses voisins par l’éta- blissement des voies ferrées. La troisième section est consacrée à la loi du 1° mai, el à la gloire de nos législateurs. Dans la quatrième, le poële chante les travaux de con- struction des chemins de fer et peint la marche des pre- miers convois. La matière de la cinquième section ce sont les merveilles opérées en Belgique depuis la création des chemins de fer. Dans la sixième, le poëte convie le peuple belge à remercier le ciel, d’avoir supprimé les distances , et appelle les malédictions sur ceux qui entra- veront le progrès en ramenant la guerre en Europe. Enfin, la septième section est une apostrophe à la Belgique, ennemie de la guerre et de sa fausse gloire, et étendant, l'olivier de la paix à la main, le domaine de l'esprit et de Part. Dans tout cela 11 y a une foule de beaux vers, de belles pensées, de brillantes images, mais qui manquent quel- quefois de justesse. Ensuite, l’auteur se permet par-ci par-là de forger des mots qui ne sauraient être acceptés. Mais le défaut capital qui règne dans cette pièce, c’est le changement de mesure et de rhvthme dans chaque section ( 481 ) du poëme. Ce défaut ne saurait être assez combattu , car il est devenu presque général parmi nos Jeunes poëles, qui font de leurs œuvres de véritables pots pourris. Ils s’imaginent prouver leur force en variant ainsi leur versi- fication , et ils ne trahissent que leur faiblesse. Ces divi- sions d’une pièce en plusieurs paragraphes , et ces chan- gements répétés de mètre servent uniquement à cacher le manque de transitions , le manque d'ensemble et de liaison , qui font effectivement défaut dans presque toutes les productions modernes. L'auteur du n° 15 connaît les ouvrages de Bilderdyk, dont 1] a emprunté son épigraphe, et comme le prouve d’ailleurs la facture de ses vers. Il aurait donc dû et pu savoir que ce grand poëte n'a Jamais eu recours à ce changement de versification, mais que toutes ses poésies, à l'exception des cantates ou de pièces analogues, où la variété est permise ou même de règle, gardent toujours le même mètre iambique, trochaique ou autre du commen- cement à la fin. Toutefois, malgré ce grand défaut, que du reste il à en commun avec le n° 8 et avec d’autres, je n’hésite pas à donner au n° 15 quatre-vingts points sur cent. Il nous reste à examiner le n° 2. Cette pièce est, comme la précédente, partagée en sept paragraphes ou sections, dont la première, comprenant 27 vers, est consacrée à l’état primitif de l'homme après sa chute, et la seconde, comptant 47 vers, aux premières conquêtes de l’homme, domptant les animaux, ouvrant le sein de la terre, et construisant sa demeure dans la plaine. Dans la troisième section, composée de 71 vers, Île poële chante les principales inventions de l'esprit hu- main, la navigation, la peinture et la sculpture, la musi- ( 1482) que, l'imprimerie, et enfin l’application de la force de la vapeur à la locomotion. Avec cette dernière conquête de l’homme, le poëte entre en plein dans son sujet et prend un nouvel essor. On voit qu'ici il y a de l’ordre et un développement na- turel. Et puis le poëte chante sur un ton convenable, en vers libres, c'est-à-dire plus ou moins longs les uns que les autres, mais généralement iambiques. Ce mètre ad- met certaines libertés, dont les meilleurs poëtes ont su faire usage pour donner du mouvement à leurs vers; mais l’auteur du n° 2 en abuse, au point que les siens sont quelquefois dépourvus de toute espèce de nombre ou de cadence, et ressemblent, pour la forme, à de la prose rimée. | g La merveille des chemins de fer est chantée dans les quatrième et cinquième paragraphes, comprenant envi- ron une centaine de vers. Le poëte soutient assez bien son ton, et quoiqu'il éprouve par-ci par-là de légères défaillances; quoiqu'il manque quelquefois l'expression propre ou le vrai trait de l’image; quoiqu'il n’ait pas tou- jours évité l’épithète oiseuse ou le retour des mêmes idées, l'ensemble est néanmoins digne d’éloges. Le sixième paragraphe, de 45 vers, est consacré aux bienfaits de la grande invention. Enfin, dans le septième et dernier, comptant aussi une centaine de vers, le poëte chante la gloire de la Belgique devançant les autres peu- ples du continent pour la construction des chemins de fer, et étonnant ses voisins par les progrès qu’elle a réa- lisés depuis lors. Ce dernier paragraphe nous a paru inférieur aux pré- cédents. Il y a plus de licences, plus d'expressions hasar- dées, même par-c1 par-là de l’enflure de style. Toutefois, ( 185 ) malgré ces imperfections, qui regardent plutôt la forme que le fond, et que l’auteur parviendra peut-être encore à faire disparaître, du moins en partie, je n'hésite pas à le déclarer supérieur à tous les autres, et par conséquent à lui adjuger la palme. » Rapport de M. Nolet de Braurcere van Steeland. « La poésie s’en va! » Tel est le cri général et l'opinion de ceux qui croient au posilivisme égoiste de notre temps, et à l’absorption de toute idée généreuse par le culte trop exclusif du veau d’or. Aucuns ont affirmé que le dix-neu- vième siècle, entrainé par les soins d'intérêts matériels et vulgaires, avait relégué la muse antique au fond du panier aux rebuts ; que la pauvre déesse s’y trouvait mal à l’aise sous un fatras de cotes oflicielles , d'exploits, de primes, de reports, intérêts et dividendes, et même quelque peu étouffée par le poids accablant des comptes rendus d’une myriade de sociétés, parfois aussi équivoques qu'anonymes. D’au- tres ont prétendu que les chastes sœurs, effarouchées par le tintement des écus, par le roulement grossier des af- faires et les bruits discordants de la bourse, s'étaient envolées à tire-d’aile vers des régions meilleures, cher- chant à s’abriter chez un peuple non embourbé dans la perfectibilité de la matière, mais avivant ses pieuses et primitives croyances à la foi, aux légendes, aux contes, aux mythes d’un autre âge, sans lesquels toute véritable poésie est impossible. Eh bien, il n’en est rien, et la France a pris à cœur de venger notre époque et d'effacer la tache que la calomnie lui avait imprimée au front. Du centre le (184) plus remuant de la grande métropole ont surgi des hommes d'élite, vêtus de banknotes, hérissés de chiffres et bardés de calculs. [ls n’ont pas hésité à reconnaître que l'esprit réclame, au moins à l’égal du corps, sa large part au ban- quet de l'humanité : ils n’ont pas cru déroger en y con- viant les belles lettres par l’appât de concours établis à leurs frais. [ls ont fait plus : chez eux l'esprit de spécula- tion à fait place au bel esprit; la même main qui addition- nait les chiffres sut aligner le couplet avec un succès tout aussi brillant, et le spirituel vaudeville s’est reconnu le vassal de la haute banque. C'est ainsi que jadis les four- nisseurs et fermiers généraux du grand siècle, menaient de front le madrigal et la finance. Il est vrai qu'ils avaient à leurs gages des poëtes pensionnés sur leur cassette par- ticulière; mais, le progrès aidant, nous ne désespérons pas d'arriver un jour à pareil résultat. Ce sera, si l’on veut, un progrès de recul; mais ce progrès-là en vaut bien souvent un autre. Fort heureusement 1! n’y a pas que le mal qui soit con- tagieux ; le bien aussi trouve parfois d'heureux imitateurs. On a souvent reproché à la Belgique d’être par excellence le pays de la contrefaçon. Ce blâme a pu être mérité; mais lorsque l'esprit d'imitation puise à la source du bienfait, il n'exerce plus qu'une noble et généreuse rivalité : il se grandit et prend des proportions dignes d’éloge. C'est ce qu'aura compris l’homme d'esprit et de cœur dont la noble initiative importa en Belgique le bel exemple donné par ses collègues français. Agissant au rebours du financier de La Fontaine (car eclui-là aussi C'était un homme de finance, qui payait cent écus le silence du chanteur son voisin), le ( 185 | généreux Mécène a ouvert un beau crédit aux muses na- tionales flamande et française. Il les a invitées à célébrer les bienfaits de la loi du 1° mai 1854, qui dota le pays d’un réseau de voies ferrées et inaugura une ère nouvelle de prospérité, en reliant la Belgique à ses puissants voi- sins. Bien que ce protecteur des lettres belges abritàt sa modestie sous le voile de l'anonyme, M. Bisschoffsheim ne put se soustraire à la reconnaissance publique qui en souleva les plis. Certes, le sujet n’est pas nouveau. Déjà en 1840 le poëte Da Costa intercala le chemin de fer dans la brillante revue intitulée Vijf en twintig jaren.Voici ce passage remarquable, traité de main de maître et avec la verve fougueuse qui distingue le chantre batave : Ja meer ! de vrije zee, waarin de stoomboot zwemt, En ?’s aardrijks vaste korst in ijzren band geklemd, Waarop de spoortrein gonst, wedijvren met elkander. Lie langs zijn tweelingslijn dien fellen Salamander ! Vuur sist het uit zijn buik, die rammelt over de aard. Hij voert bevolkingen en legers in zijn staart, Metalen tenten, die met bliksemende wielen Wat stand houdt, waar hij schreeuwt, verplettren en vernielen. Hij runt, hij vliegt; hij rukt, verwaten en verwoed, Afgronden in ‘’t gezicht, en bergen ct gemoet, Die wijken, of doorboord, een open heirbaan laten. De steden naadren tot elkander; volken, staten Doorkruisen, mengen zich. Eén zelfde stoomkrachtvaart Sleept heel ons mensehdom voort, en effent heel onze aard. De son côté, mais sous un point de vue bien différent, l’élégant traducteur du Mérite des femmes de Legouvé, ( 186 ) le poète Spandaw, prête au chemin de fer des ailes qui mènent droit au communisme : Haast geeft een spoorwegnet aan ’t communisme vlerken. D’autres enfin, tels que Weismann de Villez ou van Zeg- gelen, empruntent leurs accents à la Muse badine : Een schok gaat door ‘t lijf, en een fluit trilt in ‘toor, Poef-poefe-poef-poef gaat het pijlsnel er door ; Het vuur spat zijn vonken — heel akelig is t! — Om de ooren van stoker en treinmachinist, A son tour la Belgique flamande associa ses chants au concert de ses voisins : en 1859, la société littéraire de Bruges publia une ode de Van Ryswyck qui ne se retrouve point dans les œuvres complètes du poële Anversois. La même sociélé couronna de sa médaille d’or, la cantate, De yseren wegen in Belgie, dé notre savant confrère Van Duyse, dont la verve inépuisable s’exerça sur le même sujet en trois idiomes différents. Son ode française obtint, en 1857, la médaille d'or dans le concours ouvert par la So- ciété des sciences, des arts et des lettres du Hainaut; la même année, l’auteur en publia une traduction poétique flamande, tout en produisant deux odes nouvelles : l’une en thiois (De stoomwagen) avec une traduction anglaise de Lady Somerset {The steam coach), l'autre en latin {Currus vapore motus), accompagnée d’une version française due à la plume de M. Clavareau. Il serait oiseux de tout énumérer : si donc j'en passe, el des meilleurs, c'est pour aborder la partie flamande du concours qui nous préoccupe en ce moment. Des dix- sept concurrents qui ÿ Ont pris part, quelques-uns ont prouvé une fois de plus que la poésie, par les élans de (187) l'imagination et par les formes expressives et heureuses, sait rendre la jeunesse et l'actualité à un sujet soumis depuis vingt ans aux cordes de la lyre. D'autres ont perdu de vue que l'art ne souffre point la médiocrité; d’autres enfin se sont trainés dans l’ornière commune ; et ce serait, à mon avis, leur rendre un service signalé, que d'appliquer à leur veine anti-poétique l'invention du cherche-fuites, afin d'en boucher les fissures et même l’orifice principal. J'analyserai rapidement les deux der- nières catégories. Le n° 1, avec l'épigraphe Liberté et progrès, me rap- pelle ces troubadours modernes qui ont un prix marqué pour les plaisirs et les peines de l'existence, et chantent sur commande les naissances, les mariages et les enterre- ments. Vers pénibles, etremplissages inutiles pour atteindre la rime. Le n° 5, portant en tête le chronogramme Ferrel eCCe proDIqIUM saeCLI, n’est pas même un bon travail d’éco- lier. L'auteur prétend que : Altyd is men poëet voor ’t oude vaderland, mais à l'entendre on ne s’en douterait guère. Le n° 4, « Vlaenderen, » est encore un essai d’écolier et peu digne de fixer l'attention sérieuse de la critique. L'auteur se rend justice en appelant son œuvre myn kuns- teloos lied; mais cet accès de modestie est bien vite effacé par le vers suivant : ’k Treed stout Apollo’s tempel binnen. Le poëte entre en effet dans le temple de Mémoire sans se faire annoncer, sans la moindre carte d'invitation, absolument comme s'il rentrait chez lui; et j'ai le regret ( 188 ) de lui apprendre qu'on l’a éconduit avec tous les ménage- ments dus à sa profonde infortune. Le n° 5 n’est d'un bout à l’autre que du verbiage. Épi- graphe : Wysheid en doorzicht. Le n° G porte la singulière épigraphe Keizer Faustinus. Sauf quelques strophes assez heureuses, cetle pièce est médiocre dans son ensemble. L'auteur consacre à la gloire de M. Rogier deux pages énormes, toutes farcies d'épi- thètes compromettantes pour la modestie de cet homme d'État. Il termine cette partie du poëme en s’écriant : Eer hem die der jonge natie, Zelfbetrouwen, kracht en moed, In het harte weet te kneden, En haer aen het spit doet treden Van den grooten volkrenstoet. Ce lapsus fâcheux amène un quiproquo bien désagréable pour celui qui est le héros de ce pompeux éloge; et parce qu'il a plu à l’auteur d'écrire het spit pour de spits, voilà que le pays, au lieu de marcher à la téte des autres nations, se trouve tout simplement mis à la broche. Le n° 7, avec la devise Den dampkring , elc., est une pièce qui échappe complétement à l'analyse. Ce doit être l’œuvre de quelque ouvrier que je crois doué de toutes les vertus propres à sa classe, mais qui n’était pas tenu de raboter des vers pour faire preuve de zèle. On peut aisé- ment préjuger de la modération des opinions politiques de l’auteur, par les lignes suivantes, que je me fais un vrai plaisir de traduire du texte flamand : Honneur aux ministres Evain, Duvivier; Messieurs de Mérode, Lebeau et Rogier. Après avoir parlé de tont, de la presse, de la poste aux ( 159 ) lettres, de l'Afrique et même un peu de la Chine, le poète termine par l'assurance qu'il a donné ses chants les plus beaux. S'il en est ainsi, je ne voudrais pas être obligé à lire des vers que l'auteur reconnaitrait médiocres. Les n°41 et 12 sont trop bons pour que j'en dise du mal, trop faibles pour que je leur décerne une forte somme de louanges. Le premier porte comme épigraphe Particle 1° de la loi sur les chemins de fer; le second arbore la de- vise Vooruitgang. Le n° 14, avec l'épigraphe Heil! est loin d'être mau- vais. [l serait même bon, s'il avait les allures plus vives et surtout plus poétiques. Des enjambements par trop fré- quents donnent à celte poésie un aspect de prose rimée. C'est un monologue du commerce belge, et l’auteur rompt fort adroitement la monotonie de son récit en ajoutant par-ci par-là quelques pieds de vers de trop. Le n° 15, ayant pour devise Magnus ab integro, etc., est d'un terre à terre désespérant. L'auteur s’écrie quel- que part : Weg, zangster, spoed u uit de baen! et la muse s'empresse d’obéir à cette injonction brutale. C’est aussi ce qu’elle avait de mieux à faire, en supposant qu'elle soit jamais apparue au poëte. Dans le n° 16, avec l'épigraphe Audax omnia, on se trouve successivement en présence de Phœbus, Promé- thée, Phaëton, Zéphire, Borée, Éole et les enfants de Ja- phet. On y voit même apparaître l'ombre du sage Ulysse. Cette nomenclature démontre suffisamment à quelle école appartient l’auteur de pareille revue mythologique. De même le n° 17 est assurément l’œuvre d’un vieux membre d'une vieille chambre de rhétorique, auquel je ( 190 souhaite des idées plus neuves, exprimées par une versif- cation plus facile et dans un langage plus épuré : c’est-à- dire tout ce qui fait défaut à la pièce portant l’épigraphe Quaem't ick naemt. Me voici arrivé au bout du triste chapelet qu'une in- spection pénible et partant peu récréative m'avait forcé à égrener. [| me reste encore à apprécier les travaux de cinq concurrents, et déjà le n° 10 se distingue suffisam- ment pour me faire oublier les travers de ses devanciers. L'auteur, empruntant une épigraphe à Schiller : Mann, dir wird eng die unendliche Welt, divise son poëme en quatre paragraphes, dont le premier est incontestablement le meil- leur. [l établit un parallèle entre le génie de la conquête par la destruction, et celui de la civilisation par les dé- couvertes de l'esprit : Napoléon [° divisant les peuples par la force du sabre; Fulton les réunissant par la force de la vapeur. Si toute la pièce eût été à la hauteur et notée sur la gamme élevée des deux premières strophes, elle eût fait rude concurrence à celles qui brillent au premier rang. Malheureusement il n’en est point ainsi, et les pa- ragraphes suivants laissent beaucoup à désirer. Le poëte a perdu de vue l’ensemble du sujet, et sa manie d’amal- gamer différentes espèces de vers qui ne riment qu’alter- nativement, lui a donné des facilités qu’il ne rachète pas toujours par d’autres mérites. Ces taches relèguent le n° 40 au deuxième plan. Le n° 15, O Hemel! wat ontzettend wonder! etc., est une pièce remplie de belles qualités. Je n’en veux pour preuve que les strophes suivantes, qui certes méritent les honneurs de la citation : Gy, dwingelanden, die de sombre wenkbrauw fronst, Die bliksems voert in ’t oog en vloeken op de lippen, L' 4087) En siddert dat de kroon zal van uw voorhoofd glippen, Als u de voortgangklok van verre in de ooren gonst, Wat baten legermagt en diepgedolven grachten, En wallen van arduin, en bolwerk van graniet, Waerop uw hoogmoed bralt? De springvloed der gedachten Rukt muren om, en dringt door sterkte en rykslimiet! De schrandre menschengeest, met legers van gepeizen, Bestormt uw wetboek en belacht uw snood gebod; Hy schudt de zuilen van uw trotsche vorstpaleizen , En maekt de wapens van uw lyfstaflieren bot. Et plus loin : Dat hier het eerste stoomtuig loope, Op ’t vaste land, langs de yzren baen ; En voel het lichaem van Europe Zyn hart in ’t kleine Belgie slaen! Dees grond, het slagveld waer de volken, Welcer, met zwaerd, geweer en dolken, De raven lokten uit de wolken Naer ’t akelig banket van moord, Zy ’t zoenaltaer van waer de bede Des menschdoms, tot den God van vrede Moog smecken dat hy kluisters smede Voor d'oorlog die den voortgang stoort. De rede, hemelbode, kliefde De schors van hact die de aerde omsloot, En strooit het palmenloof der liefde Met milden glimlach uit haer’ schoot. Komt, vreemden, komt! Gy waert onwetend Toen ge onze vaedren hebt geketend! Komt! Belgie, al uw schuld vergetend Heeft wrok en wrevel afgelegd! God, in zyn plannen steeds verheven, Kiest wagens door den damp gedreven, Tot schietspoel om den band te weven Die volkren acn elkandren hecht! ( 192 ) En faisant abstraction de quelques images trop exagé- rées, ce sont là sans doute de bien beaux vers. Mais à côté de beautés réelles, d'images heureuses et pleines d'énergie , Je crois devoir signaler les défauts de la jeune école romantique, à laquelle l’auteur semble appartenir. Or, quel que soit mon respect pour la verve poétique, pour l'audace de la conception et pour la hardiesse qui constituent le fonds principal de cette école, je pense qu'il faut tenir compte de la forme, dont cette même école à un médiocre souci. Ainsi l’auteur du n° 15 divise sa pièce en sept parties; mais le plus souvent ces divisions cachent limpuissance sous le manteau de la variété. Les changements inattendus et non justifiés de la mesure et du rhythme dans chacune de ces sections, donnent à la poésie des allures négligées, un laisser-aller et des airs penchés, toilette disparate, que l’on pardonne à la muse légère et badine, mais que rejette la poésie sérieuse, telle que l'épopée ou le genre lyrique. Si j'insiste sur ce point, c'est avec l'espoir que des observations si souvent renou- velées, contribueront à engager nos jeunes littérateurs dans la voie de l'amendement. Le n° 8, Stoom is licht, est l'œuvre d’un poëte doué de beaucoup d'imagination, riche d'idées et maitre de la langue. Une critique sévère pourrait signaler plusieurs épithètes de remplissage et quelques expressions peu heu- reuses. La facture parfois forcée du vers tient peut-être à une trop grande facilité de travail, mère de la négligence. Mais dans la fantasmagorie qui se déroule devant les yeux (car tout le poëme est un songe), 1l y a des pas- sages vraiment saisissants ; et je citerai, entre autres, Îles belles pages où une voix mystérieuse évoque les siècles passés el leur fait tour à tour rendre témoignage d'un ( 195 ) progrès réalisé. Ces pages brillantes reportent involon- tatrement mes souvenirs vers la onzième Messénienne de Casimir Delavigne, dont elles sont dignes de tout point. Il est regrettable que le poème entier ne se ressente pas de ce moment de véritable inspiration. Le n° 9, Die het aenschouwden, etc., nous transporte en pleine pastorale. L'auteur, dont le travail trahit une connaissance profonde des classiques anciens, et auquel Virgile doit être familier , intitule sa pièce Landgedicht, et en effet c'est une idylle, mais qui n’a rien de commun avec les fades et mielleuses afféteries de Florian , ou les tièdes sensibleries de Gessner, qui aujourd’hui ne se- ratent plus de mise. Il évite avec un soin égal les berge- ries dramatiques et humanitaires de George Sand, et la rude franchise, si naturelle, mais parfois trop nature et quelque peu risquée des Daphnis de Bilderdijk. Le poëte sest plutôt inspiré du mâle langage de Hermann und Dorothea de Goëthe : même noblesse de sentiments, même simplicité de caractère jointe à une bonhomie pleine de dignité. Cette idylle ne s'élève point au vol hardi de l’ode, mais dans l’espèce ce ton eût été déplacé. Elle offre, au contraire, une série de tableaux qui reposent agréable- ment l'imagination et la bercent dans une douce quié- tude. Ils se trouvent reliés entre eux avec une adresse infinie, avec l’habileté qui trahit une plume exercée, maitresse absolue de la langue et soumettant les idées aux exigences de la forme. Cette dernière est strictement observée et rigoureusement appliquée au moyen de stro- phes de dix vers. En présence d’un résultat aussi heureux, j'ai proposé de décerner la palme au n° 9, mais tel ne fut point l'avis de mes honorables collègues. Préférant les élans audacieux 2° SÉRIE, TOME VII, 19 ( 194 ) de l’ode, ils ont prétexté que l’idylle n’a point la forme requise, ni le ton qui convient au sujet; qu'au surplus l’auteur ne traitait les bienfaits de la vapeur que d'une manière accessoire, et donnait trop d'importance aux vertus champêtres de M. de Chalumeaux : c'était une ques- tion d'appréciation. Je me suis permis de répliquer que ces motifs de rejet me paraissaient au moins spécieux : J'ai voulu démontrer que, aucune forme spéciale n'étant imposée aux concurrents, nous n'avions à exclure aucun genre de poésie; que tous me semblaient bons, dès qu'ils remplissaient les conditions de langage et de style qui leur sont propres; que si la trompette est de rigueur pour mettre la locomotive en mouvement, pas n’est be- soin de l'emboucher pour chanter sa marche rapide. J'ai avancé assez timidement que les chants mélodieux de la muse agreste étaient parfois préférables aux bruissements soutenus, enflés, ronflants et nasillards de la grosse pé- dale des grandes orgues, sur laquelle plusieurs concur- rents s’obstinaient à tenir le pied; j'ai prétendu que, pour ne pas enfourcher lhippogriffe de l’ode, on ne se trou- vail pas nécessairement à califourchon sur le héros des chants d'Apulée. J'ai demandé en dernier lieu si, pour remettre l’idylle en honneur, il fallait attendre qu'il plût à un Mécène fantaisiste de mettre en concours l'arrêté royal sur les expositions agricoles ? Rien n’y a fait, et la majorité des commissaires ayant décidé que l'idylle serait condamnée impitoyablement, et le prix décerné au n° 2 (Replete terram et subjicite eam), je me suis Joint à cette majorité, sans éprouver toutefois un excès de conviction. Qu'il me soit permis de motiver celte décision. | Certes, sous le rapport de l'invention , de l'ampleur du ( 195 ) cadre, de la vigueur , de la richesse de conception , de la force , je dirais presque de la fougue des idées, ce n° 2 constitue une œuvre capitale, dont les tableaux rapides et émouvants enlèvent en quelque manière un vote d'admi- ration. C’est là le beau côté; voici le côté faible : L'auteur a monté sa poésie sur un diapason extrême- ment élevé, mais qui n'est pas toujours exempt de bour- souflure. Ces belles pages, grosses d'événements, sont émaillées de signes interrogatifs, qui ne le cèdent en nombre qu'aux points d'exclamation. Ceci me remet en mémoire la pédale de tantôt. Bien déclamé, ce morceau doit produire certains effets sur lesquels le poëte semble avoir compté; car il l’a évidemment écrit en vue de Ja déclamation théâtrale. Le silence du cabinet, l'analyse à froid , lui enlèvera beaucoup de son charme, et le prestige des quatre-vingt-dix-huit signes d'enthousiasme disparaît devant les quelques imperfections que je me propose de signaler. Si l’on considère que l’auteur prend l'homme au ber- ceau de son origine, parcourant depuis la création jusqu’à nos jours le vaste cycle des inventions humaines, J'accorde volontiers que sur dix-huit pages dont se compose ce bel ensemble, sept pages d'introduction n'étaient point de trop, avant d'aborder le sujet du concours. Mais même en passant de suite au déluge, le poëte eût toujours rencon- tré ce fougueux coursier du désert, cheval romantique sans doute, qui se livre à des exercices extrêmement avancés pour son temps. De ses pieds il brise et broie les pierres du chemin, oubliant que ses fers gisent encore à l’état de matière première dans les profondeurs de la terre. Il écume, il souffle de rage, et ses hennissements sont, au profit de la rime, à la fois sauvages et timides. (Wild ( 196 ) en SCHRIL.) Il n'y à plus de chevaux de cette force-la. Adoptant comme le n° 45 un chiffre cabalistique et qui paraît consacré, l’auteur divise son poëme en sept parlies. Il'écrit en vers libres, qui conviennent mieux aux allures familières de la fable, du conte ou de la légende, qu'a celles plus graves de l’ode, poésie sévère et bien plus collet-monté. Il change plusieurs fois de mesure dans la même strophe, entremêlant des vers de quatre, de cinq, de six pieds, sans régulariser ces variations par des re- tours prévus, mais les jetant de-ci de-là, au hasard, au caprice de l'imagination, et s’octroyant ainsi de bien grandes facilités. Les enjambements fréquents donnent parfois à sa poésie un aspect de prose rimée, et l’auteur en abuse à cœur en veux-tu. Un autre abus est celui de verbes auxiliaires accumulés , tels que : HAD LEEREN wroe- len, — GA vragen, — veslen KOMT, — MAG domplen GAEN, — ZT {e zingen, — DOET dagen, — 1veg KOMT vagen, — HAD DOEN scholiken. La pièce fourmille de ces auxi- laires qui se traînent dans le vers el l’affaiblissent con- sidérablement. Somwylen, nogtans, opdat, etc., de même que les interrogations is het niet? — niet waer? sont autant d'expressions prosaiques que le RUES semble affec- tionner. S'il y a peut-être de l’exagération dans « l’océan en fu- » reur cachant sa tête dans les nues » {’£ hoofd in wolken hullend) , il n’est pas plus juste de dire que « l’homme » pétrit (kineedt) un idéal de marbre ou de métal. » L'homme pétrit ses modèles en terre-glaise. Plus loin l’auteur confond l’espace avec la distance (ruimte pour afstand) ; —- ailleurs il voit poindre une tour dans le loin- tain , sans doute pour ne pas faire croire qu’il la vit sorur de terre à ses pieds. D’autres fois il appelle la locomotive ( 497 ) jukverbreker (briseur de joug), parce que breker rime avec kweeker, el peut-être aussi en l'honneur des chevaux que la vapeur mit à la réforme et qui ne subissent plus le joug du collier. Enfin, le terrible marche, marche, marche toujours, bien fait pour accentuer un mouvement rapide et entrainant, rappelle par des répétitions trop suivies, les infortunes d'Ahasverus et les imprécations de l'ange vengeur. Par-ci par-là l’auteur sacrifie la grammaire aux exi- gences de la rime : Gägeslaen pour gägeslagen et gedegen pour gedyd sont plus que des licences. Je ne parlerai point du verbe snokken, que le poëte invente pour son usage particulier, mais j'appellerai en dernier lieu son attention sur certaines expressions qui ont un singulier air de parenté avec les gallicismes, dont elles sont au moins cousines germaines : De mensch, pas losgeworsteld van (uit) het slyk. Toch vliegt gy, luistrend op (naer) zyn minste gril. En braekt reeds op (aen) den horizon. Verlichtend van (met, door) zyn bliksemgloor. In (onder, by) ’t loeyen van een stactsorkaen Thans, dag voor (aen) dag, etc. Si je me suis permis d'indiquer toutes ces légères défec- tuosités, c'est autant parce que le poëme est une œuvre de mérite, ayant droit aux honneurs d’une critique plus sévère, que pour jusufier de mes scrupules qui ont porté principalement sur la forme. On a prétendu que ces quel- ques taches disparaîtraient à l'impression : je ne pense pas que cela soit permis; ce serait aux dépens des autres concurrents, et la critique y perdrait en outre les béné- fices dn contrôle. ( 198 ) En somme, je me joins à mes deux honorables confrères pour proposer à la Classe de décerner la palme au n°2, imposant silence à mes scrupules quant aux petites mi- sères de la forme, en faveur des grandes et belles qualités du fond. » Conformément aux conclusions présentées par le rappor- teur, le prix de poésie française à été décerné à M. André Van Hasselt, membre de la classe des beaux-arts. L'auteur du poëme flamand portant le n°2 et la devise Replete terram et subjicite eam, ne S'étant pas fait con- naître dans le billet cacheté joint à son poëme, l’Académie aura à statuer ultérieurement en ce qui le concerne (1). PRIX DU GOUVERNEMENT. Par suite d’un arrêté royal en date du 10 juillet 1858, le Gouvernement avait institué un prix triennal pour la composilion d’une œuvre dramatique en langue flamande dont le sujet devait ètre pris soit dans l’histoire, soit dans les mœurs des nations. Ce prix, qui se compose d’une mé- daille d’or et d’une somme de mille francs, a été décerné, pour la première période, 1856 à 1859, à M. H. Van Peene, auteur du drame Mathias de Beeldstormer. (1) Pendant l'impression de ce Bulletin, M. A. Van Beers, de Lierre, a fourni les preuves nécessaires pour faire reconnaître qu’il était l’auteur du poëme couronné, et la classe, considérant qu'il s'agissait, non d’un concours fondé par elle, mais simplement ouvert sous son patronage, lui a décerné le prix. ( 199 ) ÉLECTIONS. La classe des lettres a ensuite procédé à la nomination de trois places de membres, devenues vacantes par suite du décès de MM. Van Meenen, Marchal et Schayes. MM. Éd. Ducreriaux, de Bruxelles: KERVYN DE LETTENHOVE, de Bruges; CHaLon, de Bruxelles, déjà correspondants, ont été élus membres titulaires. Conformément à l’art. 8 des statuts organiques, leur nomination sera soumise à l’approbation du Roi. Cinq places d’associés étaient vacantes; ont été éuls : M. le baron de BaranTE, membre de l’Académie fran- çaise; M. A. Bocazrs , poëte hollandais; M. le baron pe CzoerniG, membre de l’Académie impé- riale des sciences de Vienne ; M. Mier vint, de Naples, membre de l’Académie d’'Her- culanum ; Don Mopesro LAFuENTE , de Madrid. ( 200 ) Séance publique du 6 mai 1859. M. le baron de GERLACHE, directeur. M. Gachard , vice-directeur. M. Ad. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. Grandgagnage, le chanoine de Ram, Borgnet, le baron J. de Saint-Genois, le chanoine David, Snellaert, Carton, Haus, Bormans, N.-J. Leclereq, Polain, de Witte, Arendt, Faider, membres; Nolet de Brauwere Van Steeland, associé; Dacpetiaux Th. Juste, correspondants. Assistaient à la séance : Classe des sciences. — MM. Melsens, directeur; Van Be- neden, vice-directeur; d’'Omalius d'Halloy, Sauveur, Tim- mermans, Wesmael, Martens, Cantraine, De Koninck, De Vaux, Nyst, Gluge, Schaar, Liagre, Duprez, Brasseur, Poelman, membres; Lacordaire, Lamarle, associés, Ern. Quetelet, Donny, correspondants. Classe des beaux-arts. — MM. Fr. Fétis, président de l'Académie, Baron, vice-directeur, Alvin, Navez, Roe- landt, Suys, Erin Corr, Snel, Ed. Fétis, De Busscher, membres; Calamatta, Daussoigne-Méhul, associés. ( 201 ) Discours de M. le baron de Gerlache, directeur de la classe des Lettres. MESSIEURS, Si je voulais faire le bilan de nos richesses historiques seulement depuis l'époque où l’Académie s’est reconstituée sous notre nouveau régime, c'est-à-dire depuis un quart de siècle, il me serait facile de prouver qu'elle n’est point restée stationnaire et que nous avons tout lieu de nous féliciter de ses progrès. Des savants pleins de zèle et d'amour pour la vérité ont exhumé les vieux monuments de notre passé, non-seulement chez nous, mais à l'étran- ger, et ils ont exploité ces mines abondantes et en partie inconnues, avec un succès inespéré. Ce XVI": siècle, qui a enfanté la plus grande révolution des temps modernes, mère de tant d’autres révolutions, ce siècle de Charles- Quint et de Philippe IT, qui ne nous était apparu que cou- vert de voiles , se révèle aujourd'hui sous un nouvel aspect, grace à leurs travaux. La Belgique recueille une part im- portante de ces glorieuses découvertes, qui doivent puis- *samment contribuer à faire connaître nos érudits et nos écrivains dans tout le monde savant. Vous y avez vivement applaudi, Messieurs , et vous vous êtes empressés d'ouvrir vos rangs, quand l’occasion s'en est présentée, à ceux à qui nous les devons. Si jamais nous pos- sédons une véritable histoire nationale, ces laborieux écri- vains, ces esprits invesligateurs en seront en quelque sorte les premiers fondateurs. Aujourd'hui on parle de Charles- Quint avec plus de respect même chez nos voisins; l’on ( 202 ) voit que les préjugés nationaux commencent à céder à la lumière des faits; on rend plus de justice à cet homme qui porla tout un monde sur ses fortes épaules pendant plus d'un quart de siècle, et qui se retira de la lutte brisé mais non vaineu. Quant à Philippe I, que je suis loin d’ailleurs de comparer à Charles-Quint, je pense qu'il a été mal jugé, parce qu'on ne l’envisage d'ordinaire qu’au point de vue exclusivement belge, ou protestant, ou ratio- naliste, au lieu de ne voir en lui que l’athlète intrépide du catholicisme dans une lutte suprême et désespérée eontre toutes les forces de la Réforme et de l’Europe coalisées. Ce n’est pas ici le lieu de développer cette thèse ni de la démontrer; je l'ai essayé ailleurs. Ce que je désire- rais aujourd'hui, c’est d'appeler l'attention de nos jeunes écrivains sur ces grands sujets historiques qui semblent nous appartenir plus particulièrement. Une idée qui vous préoccupe surtout, parce qu'elle rentre essentiellement dans le but de votre institution, c'est de donner une bonne histoire à la Belgique. Je dis que c’est là une de vos grandes préoccupations, parce qu'avant lout vous aimez votre pays; parce que l’histoire d’un peuple se lie tellement à son existence que celui qui n'a point d’his- toire et se montre indifférent aux souvenirs de son passé semble n’avoir point de patrie et par conséquent point d'avenir. Lorsque vous proposez des questions de littéra- ture vous recommandez avec instance aux concurrents de soigner la forme de leurs ouvrages, généralement trop négligée. En présentant ici quelques considérations sur la manière d'écrire l'histoire, je ne ferai que répéter ce que j'ai souvent entendu dire à ceux d’entre vous qui S'oc- cupent plus particulièrement de cette branche importante de nos travaux. ( 205 ) Les nouvelles pièces et les nouveaux faits ont une im- mense portée lorsqu'ils changent ou modilient des opinions reçues et pour ainsi dire passées en force de chose jugée. Ce sont là les bonnes fortunes des érudits; et pourtant tout cela s'enlève. Le style seul assure la destinée d’un livre et en fait la propriété de l’auteur. Seul il peut rendre popu- laire le nom de l'écrivain et le graver en traits indélé- biles sur les tablettes de la postérité. La première con- dition du style c’est d'intéresser le lecteur, et si l’on écrit une histoire c'est de le tenir constamment attaché au récit. « L'histoire est un drame, dit Fénélon (1); jamais le » récit ne doit languir; il faut qu’il coure à l'événement, » semper ad eventum festinat. » Est-il réellement possible de donner à notre histoire l'intérêt de l'épopée? Messieurs, je le crois. Certaines parties de l’Histoire de Liége, par exemple (je parle de préférence de ce que j'ai le plus étudié) , offrent toutes les conditions d’un drame complet : unité, variété, mouvement, progression. La grande famille des Pepins, dont l’origine est toute liégeoise et se lie aux origines de la cité de saint Lambert; la féodalité et la chevalerie; la commune dans toutes ses phases; la lutte des bourgeois contre les nobles et contre leur prince : tels sont les principaux actes de ce drame si animé et si varié; et presque tout le moyen âge est là dans un cadre restreint. Sainte-Palaye à rédigé ses mémoires sur l’ancienne cheva- lerie d'après les poëtes et les romanciers, tandis que d'Hemricourt nous en raconte l’histoire véritable dans ses guerres d’Awans et de Waroux. On a écrit bien des livres, hasardé bien des systèmes sur le régime des com- munes, sur leurs avantages et sur leurs abus, et cependant — ———— ———— ———— ———"———————————————————————— —————— —————————————————— ——————…— — —————“————_—————— ——_—_——_———— (1) Lettres sur l’éloquence, la poësie et l’histoire. ( 201 ) beaucoup de caoses sont encore restées dans l'ombre. Lei, vous voyez la commune elle-même, vivante et agissante dans toute la liberté et l'expansion de ses mouvements. Cela saisit bien autrement l'imagination que toutes les explications et les conjectures des savants. Nos anciens auteurs en parlent, non d’après des hypothèses, mais d'après ce qu'ils ont vu et pratiqué, et d'après ce qui a duré chez nous jusqu'à la fin du XVIII” siècle, quoique plus on moins modifié par le temps. Vous savez les terribles guerres soutenues par les Lié- seois contre les ducs de Bourgogne. Elles forment à elles seules une action des plus émouvantes. Un célèbre roman- cier, dans un livre que tout le monde connaît (1), a mis en scène un épisode de ces guerres. Eh bien, je ne crains “pas de diré que l'histoire, simplement racontée, offri- rail un intérêt beaucoup plus saisissant que le roman de Walter Scott, qui d’ailleurs n’en a décrit qu'un épisode arrangé à sa guise. Les grandes figures du Téméraire et de Louis XI; celle du faible Louis de Bourbon et des chefs du peuple; la résistance héroïque des bourgeois de Liége; les 600 Franchimontois; l'incendie de Liége après lin- cendie de Dinant; la chute du Téméraire, et les Liégeois enfin vengés de leur impitoyable vainqueur, quelle tragé- die, Messieurs! quel sujet pour un peintre (2)! Plus tard, le combat recommence entre le prince et les bourgeois: car à cette époque on se battait toujours. A la fin le pays est pacifié pour un siècle jusqu’à la grande révolution de (1) Quentin Durward. (2) Nous ne faisons que rappeler ici en quelques mots ce que nous avons dit avec plus de détails dans le morceau intitulé : De la Féodalité, de la Chevalerie et des Communes en Relgique : ESSAIS SUR LES GRANDES ÉPOQUES DE NOTRE HISTOIRE NATIONALE, ( 20 ) 89 qui devait renverser et les vieux trônes, el les vieilles communes, et la vieille société, remplacer les constitu- tions historiques et séculaires par des constilutions impro- visées, sorties du cerveau des politiques du XVITI"* siècle, et passer le niveau sur toutes choses au nom de l'égalité et de la centralisation. Quels contrastes et quelles sources d'instruction dans ces rapprochements! Que les uns préfèrent la monarchie, d'autres la répu- blique, d’autres le gouvernement royal mêlé d’aristocratie et de démocratie, d’autres la démocratie pure, que d’autres, frappés des inconvénients d’une liberté sans frein et vou- lant assurer l'ordre et la paix à tout prix préfèrent un pouvoir fort, et que chacun enfin fasse des livres pour sou- tenir son opinion nous trouvons cela tout naturel et nous n'avons rien à y objecter. Mais ce qui n’est point permis c'est de fausser, de torturer l'histoire en prêtant ses pro- pres idées, des idées toutes modernes, à des peuples et à des siècles auxquels elles étaient complétement étrangères. « M. le comte de Boulainvillers et M. l'abbé Dubos, dit » Montesquieu, ont essayé de faire chacun un système, » dont l’un semble être une conspiration contre le tiers » état, et l’autre une conjuration contre la noblesse. » Croirait-on qu'il s’est rencontré parmi nous des conjurés de celte espèce, qui ont essayé de faire disparaître des an- pales de Liége les princes-évêques, lesquels ont pourtant rempli, quoi qu’on en puisse dire, la première place dans cette célèbre cité? Autant vaudrait supprimer les consuls de l'histoire de la république romaine par amour du tribunat. Ces écrivains représentent le prince, laristo- eratie et le clergé comme les ennemis jurés du peuple; ils ne voient de justice, de modération , de raison et de civili- sation que du côté du peuple; selon eux tout date du peu- ( 206 } ple; le gouvernement populaire précède toutes les formes de gouvernement; ils mettent le peuple partout en lumière et ceux qu'ils appellent ses ennemis naturels dans l'ombre, et 1ls disposent les événements de manière à faire triom- pher invinciblement leurs théories. Cela prouve, à mon sens, bien peu de philosophie : quand on a vu tout ce monde d'assez près, depuis les plus grands jusqu'aux plus petits, l'on n’est guère disposé à s'enthousiasmer pour ceux-ci plutôt que pour ceux-là. Mais ces histoires ne sont point vraies, même au point de vue qu'elles affectent. Au moyen àge, la démocratie ne parlait pas comme au XIX"° siècle, Elle n'était pas égalitaire et humanitaire. Elle vou- lait le privilége et non la liberté pour tous; elle n’attaquait point l'Église, elle en portait au contraire l'enseigne sur ses drapeaux; elle voulait lavoir pour auxiliaire dans toutes ses entreprises. Si J'insiste, Messieurs, sur ce genre d'aberration historique c’est qu'il est beaucoup plus com- mun qu’on ne le suppose, sans être, je l’avoue, toujours poussé aussi loin que dans le livre auquel je fais allusion. Ces systèmes sont aussi malheureux sous le rapport de l’art que de l'équité. Au lieu de ces contrastes qui font de lhis- toire un tableau vivant, varié, instructif, parce qu'il est naturel et vrai, vous n’avez plus qu’une œuvre de conven- üon, où le crime, la vertu, l’héroisme et la bassesse, l’homme et la réalité elle-même disparaissent devant un idéal préconçu. Je sais qu’il faut une certaine fermeté de caractère pour écrire au sein de sa ville et de ses amis poli- tiques, toujours plus ou moins passionnés, comme si l’on était loin d’eux et de son époque ; mais l’on n’est historien qu’à ce prix, et ce n'est qu'à ce prix que l’on est impartial. Ce n’est pas tant la forme du gouvernement qui préserve la liberté des peuples que le respect religieux du droit, ( 207) Quand des passions violentes et aveugles entrainent Îles hommes jusqu'au mépris de la justice et des lois fonda- mentales de l'Etat, peu importe que le gouvernement soit sous l'influence de la démocratie, ou d’une assemblée déli- bérante, ou d’un seul homme, la ruine est toujours Inévi- table. Tout roule dans un cercle sans fin: la licence mêne à l’anarchie; l'anarchie au despotisme; puis le despotisme ramèue la liberté, aussi nécessaire à l’homme que l'air qu'il respire. Il n’y à pas de meilleur moyen de réhabiliter la liberté, aux yeux même de ceux qui en désespèrent parfois, que quelques années de despotisme. Quand on considère que le caprice d’un seul homme, souvent poussé par des molifs qu'il n’oserait avouer et contre lesquels la con- science publique se soulève, peut entraîner tout un peuple et même plusieurs peuples dans une suite de calamités incalculables, que penser d’un tel système où la destinée des nations est soumise à de si terribles chances ? L'historien doué d'une âme élevée, indépendante, doit planer au-dessus de tous les systèmes; il ne doit s’affilier à aucune école, à aucun parti, à aucune secte; 1l doit pro- tester contre toutes les injustices et les violences, de quel- que part qu'elles vienneut, convaincu que la vérité, quoique faible et opprimée d’abord, est douée d’une force invincible et finit toujours par triompher. Je ne suis pas de l'avis de ceux qui prétendent que l’his- torien doit se borner au simple rôle de narrateur : c’est une maxime inventée par les égoistes et les politiques sans entrailles. Je veux au contraire qu'il y mette toutes ses convictions; Je veux qu'il y mette toute son âme; c’est le seul moven d’être vraiment éloquent. « Le style, a dit Buf- fon, c’est l'homme même. » Donc, Messieurs, où il n’y a point d'homme il n’y: a point de style. EL voilà préci- ( 208 ) sément pourquoi il y a si peu d'écrivains! H faut éclairer les sommités de son sujet, s'attacher aux grands hommes et aux grandes choses, d'où la lumière doit rejaillir sur les détails et sur l’ensemble des faits. C’est le vrai moyen d'abréger sans rien omettre d'essentiel el sans ennuyer le lecteur. C’est au choix des traits que l’on reconnaît l'écrivain. Celui qui n'oublie rien, qui parle de tout du même ton, n’est pas un historien. I faut écarter les détails sans Intérêt, les petites circonstances et les personnages insignifiants. Mais s'il s'agit au contraire d’un de ces hommes dont le nom seul réveille la curiosité, les moindres traits ont de l'importance pour peu qu’ils servent à le faire connaitre. Qu'est-ce qui rend illisible tant d'abrégés, destinés, dit- on, à l'éducation de la jeunesse? C’est absence de détails qui excitent l'attention. La chronologie en est savante et irréprochable, on y accumule les noms d'hommes et de heux avec une exactitude désespérante; et l’histoire ainsi réduite à l'état de squelette devient pour de jeunes et vives imaginations la plus ennuyeuse, la plus diflicile, la plus impossible de toutes les études. Une fois sorti du collége on n'y pense plus que pour se bien promettre de n'y plus revenir. C’est un grand mal et une bien grande lacune dans l'éducation, car l’histoire, appuyée sur une saine philosophie, est la plus positive, la plus certaine, la plus utile des sciences politiques et morales, celle qui nous donne Ja plus exacte mesure des hommes et des choses, la plus propre à nous mettre en garde contre l'esprit de système si répandu de nos jours. « Qu'est-ce qui sera? dit Salomon. — Ce qui à été. » Le passé prophétise l'avenir. Ainsi, l’histoire nous montre certaines nations, mena- cées depuis des siècles, à chaque grand conflit européen ( 209 ) el ne se sauvant que grace au concours des ambitions rivales, et, ce semble aussi, à une protection toute spé- ciale de la Providence. Mais ne l’oublions pas cependant, il est toujours sage à ces nations d'aider un peu-par leur prévoyance et leur bonne conduite aux bons desseins de Ja Providence. Quand je lis tel ouvrage que l’on appelle, je ne sais pourquoi, une histoire, où se trouvent textuellement co- piées tout d’une haleine des pièces de quinze ou vingt pages, sous prétexte de l’importance ou de la nouveauté de la découverte, Je dis que de tels livres peuvent avoir un très-remarquable mérite d'érudition, mais que ce ne sont point des œuvres d'art; j'en appelle à tous les maitres. Si ces pièces, que vous dites ignorées jusqu'à vous, renfer- ment réellement des faits nouveaux, il fallait vous les approprier dans une mesure convenable et les fondre dans votre récit, au lieu d’infliger à vos lecteurs le mortel ennui d'aller eux-mêmes démêler le point essentiel à travers ces documents d’une facture si lourde et d’une si intermi- nable longueur. Dans un travail bien fait on sent partout la science et elle ne se montre nulle part. C’est ce malheu- reux système qui produit ces mémoires de concours, dont vous vous plaigniez encore hier, dont la diffusion épou- vante et vos rapporteurs qui doivent en rendre compte el votre trésorier qui doit en payer limpression lorsqu'ils obtiennent le prix. D'autres hérissent le bas de leurs pages de citations de vieux livres et de chroniques écrites dans un idiome bar- bare et inintelligible pour la plupart des lecteurs; s'ils croient par ce procédé tout matériel, par cette espèce de travail de marqueterie, atteindre la couleur locale et con- temporaine, c'est une grande erreur. Pour s’'empreindre 2" SÉRIE, TOME VIL 14 ( 210 ) de la couleur locale il faut s'identifier avec ses person- nages, parler comme eux, mais parler soi-même. Je n’en- tends pas assurément proscrire les citations qui sont des preuves et qui donnent de l'autorité à la narration; elles sont, à mon avis, très-nécessaires. Mais 1l y a un art de citer, comme il y a un art d'écrire; il faut savoir citer à pro- pos, avec mesure et avec choix. Il y a, par exemple, dans notre vieux d'Hemricourt, et même dans Jean d'Outre- Meuse, des passages pleins de naïveté et d'énergie, des tours si vifs, si vrais, si pittoresques, que ce serait grand dommage de ne pas les leur emprunter : c’est le goût qui en décide. Mais couvrir, par un pur luxe d'érudition, des œuvres qui devraient se distinguer du moins par la no- blesse et la clarté du langage, de cette rouille épaisse des vieux âges, ce n'est sans doute pas faire preuve de goûL. Il y a souvent une grande habileté à laisser parler ses personnages, au lieu de parler pour eux, en substituant leurs propres expressions à une froide analyse. Le témoi- gnage d’un contemporain éclairé et parfaitement instruit a d’ailleurs bien plus de poids qu’un historien, à qui l'on peut toujours supposer des préventions personnelles. En- fin, il est des actes d’une si haute importance qu'il faut bien les rappeler textuellement , parce qu'ils sont comme le fondement de l’histoire. Tout ceci, je le répète, est une chose de goût et d'appréciation. Les citations peuvent avoir encore un autre mérite, c'est de faire connaître l’état de la ‘langue à ses diverses époques; et c’est un fait curieux à observer. Ainsi, pour ne parler que de notre Belgique, en partant de Jean d'Outre-Meuse et de Jacques d'Hemricourt pour arriver à Froissart, à Commines, à Georges Chastellan , et de là à Charles-Quint, à Granvelle et à Guillaume le Taciturne . 4 ( 211) (dont nous avons la correspondance), on peut parfaitement suivre les variations et les progrès du français parmi nous depuis le XIII®* jusqu'au XVE®* siècle. Malheureusement ce progrès ne se soutient pas. Au XVIF®" et au XVIIF"* siècle, alors que cette langue se polit et s'enrichit chez nos voisins, elle reste stationnaire chez nous. Et depuis lors, nous n'avons pas à citer un seul écrivain hors ligne. Ce n’est qu'au XIXe siècle, quand la Belgique devient un État indépendant, avee une presse et une tribune libres, que la langue s'épure, qu’elle s'élève et se retrempe dans les glorieux souvenirs de notre passé. Ajouter un chapitre à un chapitre, une dissertation à une dissertation, ce n’est point faire une histoire, Il faut avoir un plan, une suite d'idées, ou plutôt une grande idée qui domine tout et tienne constamment le lecteur en haleine. Si l’on raconte la vie d’un homme célèbre, il faut s'identifier avec lui, s'inspirer de luï; c’est là ce qui sou- tient le courage de l'écrivain et l'empêche de faiblir dans une longue course. Ceci n’ôte rien au droit de la vérité. Les plus grands esprits ne sont pas toujours grands. Les plus élevés ont fait des chutes étonnantes. L'historien impartial doit les noter fidèlement, non pour en triom- pher, mais pour les déplorer et pour en tirer de salutaires leçons. Ils n’en restent pas moins ce qu'ils sont : 1] n’ap- partient pas aux êtres vulgaires de tomber de si haut. Le choix du sujet est un des plus grands écueils de l'écri- vain. Il y en à de tellement ingrats qu'il est impossible de les féconder. On nous répète souvent : « Faites des his- toires complètes! » Cela est bien facile à dire; mais l’his- toise même des provinces belgiques , si pleine d'intérêt à certaines époques, offre parfois bien des landes et des dé- serls à traverser. L'homme de talent n’a garde de s’y enfon- ( 2e cer, de crainte de s'y perdre. I se souvient du précepte d'Horace : Quæ desperat tractata nitescere posse, relinquit. L'essentiel n'est pas de faire beaucoup, mais de faire quel- que chose qui demeure. Un célèbre auteur latin, dont il ne nous reste en entier que deux morceaux détachés, d'assez peu d'étendue, disait : « Statui res gestas populi romani, carpüim, ut quæque memoria digna videbantur, præscri- bere. » Et cet auteur passe pour être l’un des plus grands historiens et des plus habiles politiques de l'antiquité. Un tout petit volume a sufli à Salluste pour laisser des traces immortelles de son génie. Il y a aussi des sujets tellement vastes qu’un homme ordinaire en est comme accablé. Je crois que Charlemagne, que Charles-Quint, que Napoléon, n'ont pas encore rencontré d'historien à leur taille; et ils n’en rencontreront peut-être de longtemps. Pour peindre de tels génies il faut des écrivains d’une grande hauteur de génie, et ils sont rares. La Grèce n’a produit que trois ou quatre grands historiens, et Rome pas davantage. C'était pourtant le pays de la politique, de l'éloquence et de la guerre. Le siècle de Louis XIV lui-même ne nous offre guère que le grand Bossuet. Heureusement il est des places encore fort honorables dans des rangs bien inférieurs. Messieurs, nous avons souvent oui dire que les Belges, placés par la nature entre la France et l'Allemagne et par- ticipant en quelque sorte aux aptitudes particulières de ces deux nations, devraient tendre à s’assimiler ce que chacune d’elles a de mieux, l'esprit de recherche et Péru- dition consciencieuse des Allemands, et cet art du style et de la forme qui distingue surtout les Français. C’est cette idée qui m'a inspiré les courtes observations que je me suis permis de vous soumettre aujourd’hui. Si elles sont justes, elles engageront peul-être quelques-uns de ces ( 243 ) jeunes auteurs, dont vous encouragez volontiers la science et le talent et auxquels 1l ne manque, je crois, qu'un peu plus d'expérience, à soigner davantage la forme de leurs écrits. Si au contraire elles vous paraissent contestables elles pourront tourner encore au profit de la critique lit- téraire : j'entends, Messieurs, de cette critique impartiale, éclairée et bienveillante, telle que vous l’aimez et que vous la pratiquez. Captivilé et mort de don Carlos (1); par M. Gachard, membre de l’Académie. L'histoire moderne n'offre pas d'événement qui ait ex- eité un intérêt plus universel, plus soutenu, que l’arres- tation et la mort de don Carlos, fils de Philippe I. Après trois siècles écoulés, cet événement est encore aujourd'hui l’objet d'une curiosité non moins vive que celle qu'il fit naître à l’époque où 1l se produisit. Ce n’est pas seulement la grandeur, la soudaineté, l'éclat de la catastrophe qui frappe l'imagination; c'est aussi , et surtout, l'obscurité, le mystère qui plane sur les causes auxquelles elle doit être attribuée, sur les circon- stances qui l’accompagnèrent. Les historiens espagnols contemporains surent peu de chose des faits dont le palais de Madrid avait été le théâtre, el ils ne dirent pas encore tout ce qui était parvenu à leur connaissance : ils écrivaient sous le contrôle d'une double censure, qui n'aurait pas souffert que la moindre atteinte fût portée à la mémoire de Philippe If. (1) Fragment inédit d’une histoire de dan Carlos, ( 214 ) Parmi les historiens étrangers, tous ou presque tous se plurent à accueillir, à accréditer, à répandre les ver- sions les plus absurdes, les plus invraisemblables, unique- ment parce qu’elles flattaient les préventions populaires, parce qu’elles étaient hostiles à un monarque dont la poli- tique avait soulevé des haines invétérées. Le roman et le théâtre s'emparèrent à leur tour de don Carlos, et mélèrent les fictions de la fable aux réalités de l’histoire. De nos jours, où les: études historiques ont pris un si grand essor, où la recherche de la vérité est la passion des esprits sérieux, la fin prématurée du fils de Philippe, de l'héritier de la plus vaste monarchie de son temps, ne pouvait manquer de donner lieu à des investigations nou- velles et approfondies. | En Allemagne, M. Ranke(1)}, M. Raumer (2), M. Koch (5), M. Helferich (4); en Espagne, M. de Castro (5) et M. La- fuente (6); aux États-Unis, M. Prescott (7), dont la science pleure la perte récente; en Angleterre, une dame que n'a (1) Zur Geschichte des don Carlos, dans les Jahrbücher der Literatur, Bd. 45, 1829, pp. 227-266. (2) Briefe aus Paris zur Erläuterung der Geschichte des sechzehnten und siebzehnten Jahrhunderts ; Leipzig, T851, erste Theil, pp. 115-150. — Geschichte Europa’s Seit dem Ende des fünfzehnten Jahrhunderts, Bd. IX, Leipzig, pp. 120-130. (5) Quellen zur Geschichte des Kaisers Maximilian IT, in Archiven gesammelt und erläutert ; Leipzig, 1857, gr. in-8°, pp. 217-239. (4) Don Carlos von Spanien, dans le Æistorisches Taschenbuch de M. Raumer, 5° série, 10° année, 1859, pp. 1-105. (5) Æistoria de los protestantes españoles; Cadix, 1851, pp. 519-585. (6) Æistoria general de España, t. XII, 1854, pp. 290-540. (7) Æistory of the reign of Philip the Second, king of Spain; London, 1855, €. IT, chap. VI et VIT, pp. 460-551. ( 215 ) point effrayée la poussière des archives et des bibliothè- ques, miss Martha Walker-Freer (1); en France enfin, M. le marquis du Prat (2) et M. Mérimée (5) en ont fait le sujet de travaux plus ou moins considérables, que le public a accueillis avec faveur. La Belgique n’est pas restée étrangère à ce mouvement des esprits; elle n’est jamais en arrière, soit qu'il s'agisse de questions de l’ordre intellectuel ou moral à résoudre, ou bien de progrès matériels à réaliser. Il y a deux ans, à cette même place d'où j'ai l'honneur de parler aujour- d'hui, un membre de cette compagnie, M. Arendt, donna lecture d'une notice où, s'appliquant à examiner quel fut le genre de mort de don Carlos, il démontrait, par la com- paraison des historiens entre eux, et de leurs récits avec des témoignages irrécusables, que don Carlos était mort d’une mort naturelle. Les applaudissements de son audi- toire purent convaincre mon honorable et savant ami que la sagacité de sa critique et la sûreté de ses déductions n'avaient laissé aucun doute à ceux qui l’écoutaient. Si, après tant d'hommes distingués, j'ai osé aborder le même sujet, si j'ai entrepris d'écrire l’histoire non-seule- ment de l'arrestation et de la fin de don Carlos, mais en- core de sa vie tout entière, qu'il faut connaître pour bien comprendre la catastrophe qui la termina, c’est que, grâce à un concours de circonstances favorables, j'ai eu le bon- heur de recueillir, sur ce grave épisode du règne de (1) Elizabeth de Valois, queen of Spain, and the court of Philip 11; London, 1858. (2) Aistoire d’ Élisabeth de Valois ; Paris, 1859, chap. XXIT et XXIIT, pp. 291-551. (5) Revue des deux mondes, t. XX, pp. 576-600, (216) Philippe IT, de nombreux et de précieux documents, qu'il n’a pas été donné à d’autres de consulter avant moi. Je suis loin de me le dissimuler : ces riches matériaux auraient voulu une plume plus exercée pour les mettre en œuvre. Don Carlos aurait dû avoir pour historien lillustre au- teur d’Antonio Perez et Philippe II (1), ou l'écrivain émi- nent qui à peint, d'une main si sûre et si vigoureuse, les princes et les peuples de l'Europe méridionale au XVI”° et au XVII" siècle (2). Ne pouvant pas m'élever à la hauteur de ces maîtres de Part, J'ai pris à tâche de retracer les faits avec simplicité, avec clarté, mais surtout je me suis imposé la loi d’être vrai et impartial. J'espère que l'intérêt saisissant du drame soutiendra la faiblesse de la composition. Le fragment que je vais avoir l'honneur de communi- quer à cette assemblée est celui qui sert de conclusion à mon livre; il est consacré à la captivité et à la mort de don Carlos. Philippe-[f, lorsqu'il eut arrêté son fils, dans la nuit du 48 janvier 1568, commit la garde de sa personne au due de Feria, que devaient seconder le prince d’Eboli, le prieur don Antonio de Tolède, Luis Quijada, le comte de Lerma et don Rodrigo de Mendoca. Les deux derniers, avec Feria, veillèrent cette même nuit dans la chambre du prince; les autres, auxquels furent adjoints don Fadrique Enriquez et don Juan de Velazco, ses majordomes, veillèrent les nuits (1) M. Mignet. j (2) M. Ranke, Fürsten und T'ülker von Süd-Europa im XF 7°" und AJIT® Jahrhundert. (247 ) suivantes, en se relevant par deux, de six en six heures. Nul des serviteurs de dou Carlos, à l'exception de ceux qui viennent d'être nommés, n'eut la permission d'appro- cher de la pièce qu'il occupait. La table était dressée par Lerma et Mendoça; les majordomes allaient chercher les mets dehors; ceux-ci étaient présentés au prince tout dé- coupés, alin qu'il n’eût besoin ni de couteau, ni de four- chette, ni de rien de semblable (4). Les gentilshommes qui le servaient ou le surveillaient avaient soin, avant d'entrer chez lui, de déposer leur épée et leur poignard : ainsi l'avait ordonné le roi. Pendant huit jours, le fils du monarque de l'Europe qui attachait le plus d'importance à la pratique des devoirs religieux, se vit privé de l'office divin (2). Le 25 janvier, le roi appela Ruy Gomez à remplacer le duc de Feria dans la direction du service de surveillance que la reclusion du prince rendait nécessaire. Le même jour, don Carlos fut prévenu qu'il aurait désormais pour prison une tour située au bout de son appartement. Cette tour avait une seule issue, et une fenêtre unique, qui fut grillée de manière à ne laisser pénétrer le jour que par en haut (5). Un grillage fut aussi placé devant le foyer de (1) « Tutto trinciato, — dit l’archievêque de Rossano, nonce de Pie V à » Madrid, dans une lettre du 4 février — per non haverli à mandare cor- » tello, forchetta o simil cosa. » (2) Relacion historica de la prision y muerte del principe don Carlos. — Lettre de Leonardo de Nobili, envoyé du duc Côme de Médicis, du 95 jan- vier 1568. — Lettre de Marcantonio Sauli, envoyé de Gênes, du 25 janvier 1568. — Lettre du baron de Dietrichstein, ambassadeur de Maximilien 11, du 21 janvier 1568, dans Koch, p. 201. (5) « La fenestre bien griilée de fer, » dit le sieur de Fourquevaulx, ambas- sadeur de Charles IX , dans sa dépêche du 5 février 1568. (Histoire d’Élisa- beth de F'alois, par M. le marquis du Prat; Paris, 1859, in-8°, p. 494.) ( 218 ) la cheminée, afin que, s'il prenait fantaisie au prison- nier de se jeter dans le feu, il en fàt empêché (1). On pratiqua, dans la muraille, une ouverture, garnie d'un treillis en bois, au moyen de laquelle il püt assister à la messe, qui serait célébrée pour lui en une pièce voi- sine (2). Les autres chambres dont était formé l’apparte- ment de don Carlos, furent données à Ruy Gomez; 1l s'y établit avec sa femme. À l'exception du comte de Lerma, aucun de ceux qui avaient été attachés à la maison du prince, pas même Luis Quijada, cet ancien compagnon de Charles-Quint au monastère de Yuste (3), ne resta em- ployé près de lui : le roi supposait-il, comme le donne à entendre un historien, qu'il y en eût, parmi eux, qui avaient eu connaissance des projets de son fils, ou qui lui étaient trop dévoués (4)? Indépendamment du comte de Lerma, cinq gentilshommes furent mis sous les ordres de Ruy Gomez, pour la garde et le service du prince : c'était don Juan de Borja, frère du duc de Gandia, don Rodrigo de Benavides, frère du comte de Santistevan, don Gonçalo Chacon, frère du comte de la Puebla de Montal- (1) « Intendo che han posto como una ferrata al foco della sua camera, accid $. A. non possi accostarsi con tutta la persona ad esso. » (Lettre de Sigismondo Cavalli, ambassadeur de Venise, du 11 février 1568.) (2) « … In una stanza assai luminosa con finestra ferrala e una cappella di fuori per la sua messa.… » (Dépêche de Nobili, du 16 février 1568.) (5) On crut que Quijada était tombé en disgrâce, pour son attachement à don Carlos. Cependant le roi le nomma, au mois de mai 1563, président du conseil royal des Indes. (Lettre du garde des sceaux Tisnacq au chef et pré- sident Viglius, du 11 mai 1568.) (4) « Se le apartaron algunos de los criados que mas familiarmenteile ser- vian, que äntes eran instrumento para aguzarle en sus desseos y apelitos, que para apartarle dellos. » (Herrera, Æistoria general del mundo, t. H, liv. X,-chap. 11) - + e.. ( 249 ) van, don Juan de Mendoca et don Francisco Manrique (1). Quand Ruy Gomez, par le commandement du roi, donna connaissance de ces dispositions à don Carlos, le malheu- reux prince lui dit ces seules paroles : « Et don Rodrigo » de Mendoça, mon ami, S. M. me le retire aussi? » — « Oui, monseigneur, » répondit Ruy Gomez. Don Carlos lit venir Mendoça, et l'ayant pris dans ses bras : « Don Rodrigo, lui dit-il, je regrette de ne vous avoir pas témoigné, par des actes, l'affection que je vous porte et que j'aurai toujours pour vous. Plaise à Dieu que je sois un jour en situation de pouvoir vous en donner des » preuves ! » Alors, les yeux remplis de larmes, il l'étrei- gnit de façon qu’on eut beaucoup de peine à l'en séparer. 1! n’y avait que peu de mois que don Rodrigo de Mendoca élait attaché à sa personne ; mais il avait reconnu dans ce jeune gentilhomme de la noblesse d'âme, de la courtoisie, une intelligence élevée, et il avait conçu une vive estime pour lui (2). Dans le même temps qu'il reléguait son fils en une tour du palais, Philippe FI licenciait sa maison, et disposait des chevaux de son écurie (3). Une partie des officiers qui étaient attachés au service du prince, les gentilshommes SO + Y (1) Lettre de Nobili, du 25 janvier 1568. — Lettre italienne écrite de Ma- drid , le 26 janvier. — Lettre de Cavalli, du 27 janvier. — Lettre de Tisnacq à Viglius, du 51 janvier. — Lettre de l'archevêque de Rossano, du 4 février. — Lettre d'Hopperus à Viglius, du 7 février, dans Joachim Hopperi ad F'iglium epistolae, p. 158. — Aviso d'un Italiano plâtico y familiar de Buy Gomez. — Raggquaglio della prigionia del principe del don Carlos. (2) Aviso d’un Italiano plätico, etc. (3) « S. M. a licencié jà comme toute sa maison : dont beaucoup auront aussy ceste particulière cause de regret. » (Lettre de Tisnacq à Viglius, du 31 janvier 1568.) ( 220 ) de sa bouche notamment, ainsi que Martin de Gaztelü , son secrélaire, passèrent à celui du roi (1). Ces mesures ne pouvaient guère laisser de doute à don Carlos sur le sort qui lui était réservé. L’infortuné jeune homme s’abandonna au désespoir, et résolut de mourir, disant qu'un prince outragé et déshonoré ne devait plus vivre (2). Comme 1] n'avait point d'armes, ni aucun instru- ment à l’aide duquel il eût le moyen de se donner la mort, il essaya de se faire périr d’inanition (5). En moins de quelques semaines, il devint d’une maigreur effrayante : ses yeux s'enfoncèrent dans leurs orbites; il ne dormait plus (4). Dans les derniers jours de février, il resta cin- quante heures sans vouloir prendre aucune sorte d’ali- ments. Il fut réduit par là à un état de consomption tel que les médecins crurent sa dernière heure venue (5). (1) Lettres de Nobili, des 25 et 27 janvier 1568. — Lettre de Marcantonio Sauli, du 25 janvier. — Lettres de Cavalli, des 27 janvier et 11 février. — Lettre de Tisnacq, du 51 janvier. — Lettre de l'archevêque de Rossano, du 4 février. — Lettre de Fourquevaulx, du 5 février, déjà citée. (2) « …. Deliberd di voler morire, con dir che un principe affrontato et vergognato non doveva più viver... » (Dépêche de Cavalli, du 24 juillet 1568.) Nobili, dans sa dépêche du 95 janvier, parle, sur des ouï-dire, de messages envoyés par don Carlos à son père : « Nè s’è visto altri motivi senon qualche » imbasciata che ha mandata a suo padre, che non si sa, ma dicesi che non » sono anco digne di considerazione. » Nulle part ailleurs nous n’avons trouvé d'indice de pareilles démarches, qui semblent peu d'accord avee le caractère de don Carlos. (53) « …. Non havendo arme ne modo con che si potesse amazzare, si ri- solse di farlo per via di fame.... » (Dépêche de Cavalli, du 24 ES (4) Dépêche de Fourquevaulx à Catherine de Médicis, du 18 février 1568. (Histoire d’Élisabeth de Valois, p. 494.) (5) « …. Mercoledi sera, a mezza notte, S. M. l’andd a vedere, dopo esser egli stato cinquanta ore senza voler mangiare, talchè i medici ne dubita- vano, » (Lettre de Nobili, du 2 mars 1568.) Cavalli écrit aussi, le 2 mars : 4 Il principe di Spagna, …. vedendo la cosa ( 22 ) Cabrera rapporte que, à ce moment, Philippe I alla voir et conforter son fils (1). Le bruit de cette visite fut en ellet répandu à la cour, et plusieurs des ambassadeurs étrangers s'en rendirent l'écho dans les dépêches qu'ils adressaient à leurs gouvernements (2). Je souhaiterais que l'histoire pût la confirmer, car je ne suis pas de ceux qui se sont faits les détracteurs systématiques de Philippe IE : dans mes longues investigations aux archives de Simancas, Jai recueilli avec un soin égal les actes qui étaient de na- ture à Jusufier ce monarque, et les documents qui l’accu- saient. Maheureusement, la vérité me force ici encore de redresser Cabrera, auquel j'ai eu déjà à reprocher plus d’une inexactitude. D’après un témoignage qui ne saurait être suspect, celui de l'embassadeur de Venise, Philippe ne visita point son fils; 1l ne souffrit même pas qu’on lui portât des consolations, et, lorsqu'on lui annonça que don Carlos se refusait absolument à manger, il répondit sèche- » andar alla lunga con la solita strettezza, si ha posto in gran disperatione, » el spesso entra in humor di non voler mangiar, et e stato tal volta dio * » giorni senza pigliar cibo. » Et Fourquevaulx, le 9 mars : « Le prince s’est trouvé mal quelques jours, » sans vouloir manger ne rien prendre, jusques à tant que son père, comme » lon dict, l’est allé visiter un matin, deux heures devant jour. s (Æistoire d’Élisabeth de F. alois, p. 496.) Cabrera dit que don Carlos fut trois jours sans manger : « Desanimado » como dexado de la esperança de libertad, estuvo tres dias tan sin comer, » con profunda melancolia, que ya cäsi le tenia la mitad de la muerte. » (Felipe IT, liv. VIIL, chap. V.) (1) Le visité y conforté el rey. » (Liv. VIII, chap. V.) (2) Voy. les extraits des lettres de Nobili et de Fourquevaulx, cités à la note 5 de la page 220. Marcantonio Sauli écrivait, de son côté, le 7 mars, au sénat de Gênes : « Intendo che, li passati giorni, il principe hebbe un poco di male, et che il » re lo visit, » ( 222 ) ment : « Il mangera bien, quand la faim le pressera (1). » Les mêmes diplomates qui d’abord avaient fait mention de la visite du roi, revinrent, dans des dépêches posté- rieures, sur ce qu'ils en avaient dit, soit pour n’en parler plus qu'en des termes dubitatifs (2), soit pour déclarer explicitement qu'elle n'avait pas eu lieu (5). La nature vainquit don Carlos, et la faim fut plus forte que sa résolution : il mangea (4). Il arriva alors que sa sauté devint meilleure qu'elle ne l'était auparavant : car, comme il avait le corps plein d’humeurs, à cause des dés- ordres de bouche auxquels il se livrait d'habitude, cette abstinence excessive qu'il venait de subir produisit sur son organisme des effets salutaires (5). Les prévisions du roi se trouvaient ainsi réalisées. Pour (1) « Con tutto ciù il re non ha voluto che se faci niuna dimostrazione » per consolarlo, ne patisse che alcun lo visiti fuorche li ordinarj; et quando » lie detto che non vol mangiar, non dice altro senon che mangiarà quando » haverà fame..….. » (Lettre de Cavalli, du 2 mars 1568.) (2) Dans un duplicata de sa lettre du 7 mars, expédié le 10, Sauli ajouta ‘ de sa main les mots suivants au passage que nous avons cité dans la note 2 de la page précédente : « Ma non l’ho poi verificato. » Nobili écrivit, le 30 mars, à Côme de Médicis : « Scrissi altra volta à V. E. » che S. M. era stata da lui, e me l’aveva detto uomo digno di fede; ma io » non ne ho avulo poi riscontro tale che io lo possa accertare. » (5) «Il fut bruit que le roy son père l’avoit été visiter un bon matin, J'ay sceu depuis le contraire, et qu’il ne passa plus avant que la chambre de Ruy Gomès : car de là il pouvoit ouyr clairement, et croy que veoir aussy ledict prince. » (Dépêche de Fourquevaulx, du 26 mars, à Charles IX.) | (4) « …. Finalmente, astretto dalla fame, si pose a mangiar….. » (Dépêche de Cavalli, du 24 juillet.) (5) «…. Si avide che questa grande inedia li haveva giovato, perchè ha- vendo lui un corpo pien di humori grossi per li molti disordini che faceva, con la dieta si venero à consumar e risolvere..… » (Zbid.) « Ledict prince se porte bien de santé, mais très-malade de contente- ment... + (Dépêche de Fourquevaulx, du 26 mars.) ( 223 ) montrer, d'une manière plus manifeste encore, qu'il était peu touché du désespoir de son fils, il fit, le 2 mars, un règlement destiné à assurer mieux la garde du prince, en déterminant avec précision et minutieusement les devoirs de ceux qui y étaient préposés; ils n'avaient eu jusque-là que des instructions verbales. Ce règlement portait (1) : Que Ruy Gomez aurait grand soin de tout ce qui con- cernait le service du prince, sa table, ses vêtements, la pro- preté de sa chambre; que lui et les gentilshommes placés sous ses ordres traiteraient le prince avec le respect qui Jui était dû; Que le prince ne pourrait sortir de sa chambre, dont la porte serait, le jour et la nuit, entre-bâillée et non fermée ; Qu’aucun autre que les six gentilshommes désignés, le 25 janvier, pour le garder et le servir, n’entrerait dans sa chambre sans la permission expresse du roi, à l'exception du médecin et du barbier, quand on les appellerait, ainsi que du montero (2) chargé du service subalterne ; Que le comte de Lerma, ou, à son défaut, un autre des- dits gentilshommes, dormirait dans la chambre du prince; que l’un d'eux veillerait à tour de rôle; que tous seraient présents jusqu’à l'heure du coucher, afin que, si l’un d’eux était envoyé quelque part, les autres demeurassent ; (1) Dans l'édition francaise de l’ÆZistoire de l’inquisition, de Llorente, t. LI, pp. 165 et suiv., on trouve une traduction de ce réglement; mais elle est faite avec la plus grande négligence. (2) Les monteros étaient des serviteurs de la maison royale dont l'office consistait à veiller, la nuit, dans la piece attenante à la chambre où dor- maient le roi et la reine, pour la garde de leurs personnes. Ils devaient être hidalgos , et naturels ou originaires de la ville d'Espinosa : c’est pourquoi on les appelait habituellement monteros de Espinosa. (22% ) Que les ordres du prince seraient exécutés, mais qu'il ne pourrait recevoir ni donner de message hors de sa chambre sans la permission du roi; qu’il ne pourrait non plus faire de demande étrangère au service de sa per- sonne; que, dans le cas où il voudrait parler de son affaire, on ne lui répondrait pas, parce que cela serait inutile et pourrait nuire (1), comme le lui feraient observer Ruy Gomez et lesdits gentilshommes, quand il entamerait un pareil sujet ; Que les paroles qui se prononceraient dans sa chambre devraient être entendues de tous les présents; qu’on ne pourrait rapporter au dehors rien de ce qu'il ferait ou di- rait sans Ja permission ou l’ordre du roi; que lesdits gen- tilshommes agiraient en cela avec beaucoup de circonspec- tion et de prudence, sous la foi du serment qu'ils avaient prêté; que, si quelqu'un d’eux contrevenait à cette règle, les autres, dès qu'ils en seraient instruits, seraient tenus de le dénoncer; Qu'ils ne porteraient ni épée ni d’autres armes; Que la messe serait dite pour le prince, dans l’oratoire joignant à sa chambre, par les chapelains désignés à cet cflet ; qu'il lentendrait de sa chambre même, au moyen de l'ouverture qui y avait été pratiquée, et en présence de deux desdits gentilshommes au moins; Qu'on lui donnerait les Heures, bréviaires, rosaires, qu'il désirerait avoir pour prier, ainsi que les livres de dé- vouon et de bonne doctrine, mais non d'autres, qu'il vou- drait lire ou se faire lire; (1) «…. Escusando particularmente las (präticas) de su negocio i causa, en que no se avia de responder à lo que quistere saber, porque no seria de eleto 1 podria danar…., » ( 225 ) Que les mets destinés à sa table, apportés jusqu’à la première salle par les monteros qui avaient été mis à la disposition de Ruy Gomez, lui seraient servis par lesdits gentilshommes, et qu'un montero attendrait en la seconde salle, afin de prendre les plats (1); Que lesdits gentilshommes auraient chacun, pour leur service personnel, un seul domestique, qui devrait être digne de toute confiance. Plusieurs autres articles concernaient les devoirs spé- claux des monteros et des hallebardiers. Tout ce qui n'était pas prévu dans ce règlement était laissé à la disposition du prince d'Eboli, dont les ordres devaient être exécutés comme ceux du roi lui-même. L'acte contenant les instructions que nous venons de faire connaître fut lu par le secrétaire Hoyo aux gentils- hommes et aux monteros attachés à la garde de don Carlos: tous promirent et jurèrent de s’y conformer ponctuelle- ment (2). Don Carlos, cependant, n'avait pas renoncé au dessein de mettre fin à ses jours; il en était, au contraire, de plus en plus préoccupé. El avait entendu dire que le diamant, introduit dans l'estomac, était un poison mortel (5) : sans réfléchir que, pour qu'il produisit cet effet, il fallait au moins qu'il fût réduit en poudre, il avala un anneau qu'il portait au doigt, et dans lequel un gros diamant en table était enchâssé. L'anneau lui sortit du corps quelques jours (1) Ou les assiettes. Le mot espagnol platos a cette double acception. (2) Cabrera, Felipe IT, liv. VII, chap. XXI, p. 476. (3) Cette opinion avait cours, en effet, au XVI": siècle; mais elle ne parait pas avoir jamais été admise par la science. Voy. Van Helmont, Ortus medi- cinae, et Pauli Zacchiae Quaestiones medico-legales. 2° SÉRIE, TOME VII, 15 ( 226 ) après, sans lui avoir occasionné aucune lésion intérieure ni aucune souffrance (4). Ceci se passait peu de temps avant la fête que l’Église célèbre, chaque année, en mémoire de la résurrection du Sauveur (2). Don Carlos, que le roi et ses ministres accu- saient de manquer de raison, et dont quelques personnes suspectaient la foi, donna, à l'approche de ce jour solennel, un démenti éclatant aux uns et aux autres (5) : 1l fit appeler fray Diego de Chaves, lui témoigna spontanément Pin- tention de se confesser, et 1l accomplit cet acte religieux avec les marques de contrition et de repentir les plus édi- fiants (4); 11 se disposa ensuite, par plusieurs jours dé (1) « …. Havendo sentito a dir che il diamante mangiato amazzava l’homo, ne ingioti uno che portava in dito legato in annello ; ma per esser cosa soda, et non in polvere, in due giorni li usci del corpo senza nocerli in parte alcuna.…. » (Dépêche de Cavalli, du 24 juillet 1568.) Fourquevaulx , dans une dépêche du 26 mars à Charles IX, parle aussi du diamant avalé par don Carlos; mais, moins bien informé que Cavalli, il en parle comme d'une des extravagances qui étaient habituelles au prince, et prétend qu'il garda le diamant dans le corps durant dix-sept jours, ce qui n’est guère vraisemblable. Voici comment il s'exprime : « Au regard du prince » d’Espaigne …. il luy eschappe tous les jours de faire quelque folie. II tenoit » naguëres el avoit mis en sa bouche un sien gros diamant en table qu'il » porte en l’un de ses doigts, et, sans qu’il s’en print garde, il avala ledict » anneau comme une pillule; puis a esté un nombre de jours à le chercher et » songer ce qu’il en pouvoit avoir fait. Finallement on a deviné ce qui estoit, » pour ce que une fois, il y a trois ou quatre ans, il engloutit, par mesme » inadvertance, une perle de la grosseur du poulce; et à force de médecine, » il a rendu le diamant au xvu”*e jour après qu’il l'avoit avalé. » (MS. Saint- Germain-Harlay. 790, fol. 185.) (2) Pâques tomba, en 1568, le 18 avril. (3) C’est l'observation que fait le baron de Dietrichstein, dans sa lettre du 99 avril 1568 à Maximilien IT. (Quellen zur Geschichte des Kaisers Maxi- milian IT, etc., p. 215.) (4) Dans sa lettre citée à la note précédente, Dietrichstein dit que le prince (227) jeüne et d’abstinence, à recevoir le corps de Jésus-Christ. Lorsqu'il s’y erut dignement préparé, 1l requit son confes- seur de lui donner la communion. Fray Diego de Chaves avait cru devoir demander sur ce point les ordres du roi, qu'il attendait encore : il pria le prince d’avoir un peu de patience. Don Carlos, à ces mots, se figura qu'on avait quelque raison de lui refuser les sacrements ; 1l se mit à pleurer et à gémir. Fray Diego lui dit alors, pour gagner du temps, que diflérents objets nécessaires à l’ornement de la chapelle lui manquaient; qu'il les avait réclamés et ne tarderait pas à les avoir: mais don Carlos répliqua que, si c'était là le seul motif, il ne devait pas être un obstacle; qu'il suflirait d’en agir avec lui comme avec le plus simple particulier. Sur ces entrefaites, fray Diego s’est confessé pendant le temps pascal, et qu’il a reçu, le 21, en grande dé- volion, le saint sacrement. L’archevêque de Rossano écrit, le 1‘ mai, que don Carlos s’est confessé le mercredi saint, et a reçu le saint sacrement la semaine suivante, après une nouvelle confession. Cavalli, le 7 mai, mande au doge que le prince s’est confessé et a communié. On verra, plus bas, la lettre de Fourquevaulx, du 8 mai. Nobili et Sauli ne parlent point de ce fait, du moins dans les lettres que nous avons d’eux. Cavalli ajoute que don Carlos fit demander pardon à son père; que, selon ce qu’il a appris, le roi lui pardonna, et lui fit savoir que, s’il désirait avoir plus d’espace dans sa prison, on le lui donnerait : sur quoi le prince répondit que, comme prison, la chambre qu'il occupait lui était plus que suflisante, mais que, s’il devait être hibre, toute l'Espagne ne lui suffirait pas : « Il prin- » cipe di Spagna richiese di volersi confessar et communicar, il che li fu per- » messo; et cosi S. À. l’esegui, facendo chieder perdon al padre di ogni » offesa. Intendo che S. M. lo henedi et li concesse il perdono, con farli sapere che, desiderando di esser allargato, li daria comodità di più stantie : » alche rispose il principe, che per prigione li bastava assai quella che havea, » ma che per libertà mancho questi regni sariano bastanti. » Ce qui nous fait douter de l'exactitude de ces renseignements, c’est qu’ils ne sont confirmés ni par Dietrichstein, ni par le nonce, ni par Fourquevaulx, qui entre pour- tant dans beaucoup de détails, et parait les avoir puisés à une bonne source, S ( 228 ) de Chaves reçut l'autorisation du roi. Don Carlos commu- nia le 21 avril, après une nouvelle confession, en pré- sence de Ruy Gomez, de don Juan de Borja, qui servit la messe, et de don Gonçalo Chacon. Comme fray Diego l’engageait à passer dans la petite pièce qui avait été con- verlie en oratoire, 1l s’y refusa, disant qu'il ne sortirait point de la tour où il était enfermé sans l’exprès consente- ment de son père, et que la sainte hostie pouvait lui être donnée entre les barreaux du treillis par lequel il enten- dait la messe. La chose s’effectua ainsi. Fray Diego loua beaucoup les scrupules montrés en cette occasion par le prince (1). (1) Tout ce que nous rapportons ici est tiré d’une dépêche adressée par le S' de Fourquevaulx à Charles IX , le 8 mai 1568. Nous croyons cette pièce assez importante pour en donner le texte même : « .…. Le prince d’Espaigne se porte bien de sa personne; je suis adverti qu'il s’est tout santifié ceste semaine saincte, tellement que ses amis disent que Dieu y a mise sa main : car depuis s’estre confessé en caresme jusques au jour de Pasques, et qu’il pensoit recevoir le corps de Nostre-Seigneur, il a faict le devoir de bon chrestien par abstinences, s’estant réconcillié quatre fois avec grande contrition et repentance; et, après qu'il luy sembla de s’estre dignement préparé, il requist la communion à son confesseur, qui dilaya deux jours à la luy donner, attendant certaines demandes et responses qu'il eust cependant du roy catholique, qui estoit à l’Escurial; et au bout de cella, estant advis audict prince qu’on laissoit de Iuy donner le sainct sacre- ment pour aucuns notables respects , il commença de s’affliger et contrister avec pleurs et gémissements. Ce que voyant le confesseur, et de quel ressen- timent il prenoit ladicte dilation, 1l prinst excuse que c’estoit à faulte qu'il n’avoit les appareils nécessaires pour parer la chapelle, et aultres choses re- quises à cest effet; à cella, le prince lui dict que, s’il ne laissoit à le com- munier pour aultre raison, qu'il n’y avoit lieu de laisser pour cella, car suff- roit de le traicter comme il fairoit à un particulier. Et ainsi se feit, car ledict confesseur se revestit et chanta la messe; et sur le poincet de la communion, il vouloit que le prince sortit de la chambre où il est arresté, et qu’il entrast en une petite salle où il disoit la messe : ce qu’il ne voulut faire, disant qu'il ne sortiroit de sa chambre sans l’exprez congé de son père, mais qu'il le ( 229 } . . L4 L'influence de la religion, les conseils et les exhorta- tions de son confesseur, avaient fait de don Carlos un tout autre homme : il était devenu doux et humain; on n’entendait plus sortir de sa bouche de paroles de haine et de mépris contre le roi (1). Dans ces circonstances, pourroit communier par les barres et treillis de bois qui sont entre ladicte chambre et la salle où est la chapelle : ce qui fut faict par ledict confesseur, qui loua grandement que le prince n’eust voulu passer les limites que le roy son père luy a mis. A cest acte furent présents Ruy Gomès, don Jehan de Borge, qui ayda à dire la messe, et don Goncallo Chaquon. Duquel acte, et qu'il est devenu doulx et humain contre sa coustume, s’en faict grand” feste par ceux qui désiroient sa liberté, mesmement par ses serviteurs domestiques, prenant argument là-dessus que ledict prince n’a pas la faute de jugement et discrétion que le roy son père et aultres prétendent, car s’il n’estoit ca- pable de bonne raison, on ne luy eust pas administré le sainct sacrement : par quoy ils espèrent que, parmi cette détention qui luy sert de pénitence et d'amendement, qu'il plaira à sondict père le délivrer et recevoir en grâce devant qu'il passe guères de temps. » Nonobstant toutes ces allégations, j'ay apprins d’un seigneur qui sçait tout ce qui a passé, et plus des affaires dudict prince que ceulx qui en de- visent, qu’en ce qui touche la communion, il a esté advisé par les théologiens qu’il le failloit faire ainsy, pour oster l'opinion à beaucoup de gents, nom- méement aux sacramentaires , qui publient que ledict prince est de leur secte (ce qu'il n’est, ains les hait mortellement), et ont dict iceulx théologiens que aux personnes {ravaillées de l’entendement, qui retournent par intervalles en quelque jugement et cognoissance de raison, leur peult estre donné le sainct sacrement lors dudict intervalle, comme il a esté administré audict prince; mais, en effect, il n’y a en luy aulcun espoir qu’il soyt jamais sage ne digne de succéder, car son entendement empire tous les jours, et, par conséquent, n’y a lieu d'attendre sa liberté... » (1) Lettre de Fourquevaulx à Charles IX, du 8 mai. — L’archevêque de Rossano écrivait, le 1°* mai : « Dicono che si sia molto ben ridotto a supportare » in patienza questa ritenzione. » Fourquevaulx avait écrit, le 26 mars : « …. Il ne se peult tenir de dire et » de faire des folies et de mal parler, lesquelles choses l’accusent de mal sage » et d’ennemy du roy son père. » Et Nobili, le 50 mars : « Con tutto ciù, si » sa ch’ egli sta molto duro e superbo. » ( 230 ) une réconciliation entre le père et le fils paraissait pos- sible autant que désirable. Il y avait des gens qui s’en flattaient : ils trouvaient la détention subie par le prince depuis trois mois, une correction et une peine suffisante des fautes qu’il avait commises, des torts qu'il avait eus (1). Mais Philippe I était implacable. 11 avait bien voulu, sur l'avis de ses théologiens, consentir à ce que la com- munion fût donnée à son fils ; par là on imposait silence aux ennemis de l’Église qui, en Espagne et hors d'Espa- gne, cherchaient à faire croire que le prince était imbu des nouvelles doctrines religieuses (2) : il n’entendait, pour le surplus, modifier en rien ses résolutions précé- dentes. Afin que, à la cour de Vienne, on ne déduisit point de cet acte des conséquences trop favorables à don Carlos, il écrivit à l’impératrice, sa sœur, que, si le prince avait été admis à la communion, ce n’était pas qu'on eût reconnu en lui les dispositions d'esprit et de cœur qu'un sacrement aussi élevé exigeait , c'était parce que son con- fesseur, à qui l’on s'en était remis, l’avait jugé ainsi con- venir (5). « Comme quelques-uns, ajoutait-il, ont voulu » inférer et tirer argument de là qu'il n'y a pas défaut de » jugement dans la personne du prince, j'ai era devoir (1) Lettre de Fourquevaulx, du 8 mai, — Hopperus écrivait à Viglius, le 95 avril : « Quod Dennetierus fortasse recensebit de principis nostri rebus » paulo melioribus, quotidie confirmatur; nec desunt qui sperent brevi fore » ut liberetur, vel certe laxius habeatur : quod posterius satis mihi fit veri- » simile..., o (Zopperi epistolae ad Viglium, p. 172.) (2) Lettre de Fourquevaulx, du 8 mai. (5) «…. No embargante que ni yo ni las personas que asisten al principe estäbamos muy satisfechos de que en él huviese disposicion para ello, pa- resciendo à su confesor que era mas pio y sano coosejo administrärselos, se le remitié, y asi se le administraron... » (Lettre du 19 mai 1568, archives de Simancas, Estado, leg. 150.) ( 251 ) faire connaître à V. A. la manière dont les choses se sont passées , et le motif qui m'a déterminé, afin qu'elle eu soit instruite et en puisse instruire l'empereur. Vos Altesses considéreront que c'est là une question de temps; qu'il y a des moments où l'esprit est plus sain que dans d’autres, et que les imperfections de ce genre doivent être envisagées d’une manière toute différente relativement à ce qui touche le gouvernement et les actions publiques, ou au point de vue des actes person- nels et de la vie privée : car il peut très-bien se faire qu'on soit entièrement incapable des premiers, et que dans les autres on se conduise d’une manière passable et tolérable. Vos Altesses comprendront donc que cet acte particulier n'est pas en opposition avec le défaut d'entendement que, pour mes péchés, Dieu a permis qu'il y ait en mon fils (4). » Philippe transmit des explications semblables à son ambassadeur à Rome, en le chargeant de les communiquer au saint-père, si Pie V, qui serait indubitablement informé par son nonce de ce qui venait d'arriver, croyait devoir l'en entretenir : il ne LIN CET EM CE © Y © | 4 (1) « Porque algunos han querido inferir y hacer argumento desto que en la persona del principe no hay defecto en el juicio, … he querido advertir 4 V. A. de como esto ha pasado, y del fin que en ello se ha tenido, para que lo sepa y pueda decir al Emperador, y que juntamente consideren VV. AA. que esta es materia que tiene Liempos, en algunos de los quales hay mas sereni- dad que en otros, y que asimismo es diferente cosa el tratar destos defectos en respecto de lo que toca al govierno y acciones püblicas, 6 en quanto à los actos y cosas personales y de la vida particular : que puede muy bien estar que para lo uno sea uno enteramente defectuoso, y en lo otro se pueda pasar y permitir, segun que VV. AA. lo podrän bien juzgar, y de lo dicho, que no contradice este acto particular al defecto de entendimiento que, por mis pec- eados, ha permitido Nuestro Señor que huviese en mi hijo... » (Lettre du 19 mai 1568.) voulait pas, du reste, que don Juan de Cüñiga traitàt de ce sujet avec d'autres personnes (1). Dans le moment même où don Carlos annonçait, par sa conduite, un re- tour à de meilleurs sentiments et à des idées plus raison- nables, le roi acheva de licencier sa maison, et donna le reste de ses chevaux. Don Juan d'Autriche et les deux archidues Rodolphe et Ernest eurent part à la distribu- lion qu'il fit de ces derniers (2). Leonardo de Nobili, ambassadeur de Florence à Ma- drid, dans une de ses dépêches au grand-duc, raconte que don Carlos se faisait lire les ordonnances et les lois d'Espagne, à l'intelligence desquelles 11 s'appliquait avec ardeur; il ajoute que don Carlos écrivait beaucoup de sa main, mais qu’il déchirait aussitôt ce qu'il avait écrit (5). C'était dans les jours qui suivirent ceux où la religion avait fait entrer quelque calme, quelque consolation dans l’âme du malheureux prince : il semblait résigné alors à (1) Lettre du 15 mai 1568. (Archives de Simancas, Estado, leg. 906.) (2) Fourquevaulx écrivait, le 6 avril, que le roi « estoit après pour casser » et rompre à plat toute la maison du prince. » Cavalli, le 12 avril : « Si fini ultimamente di licentiar tutti li ereati et fa- » miglia del principe; et li suoi cavalli, parte sono stati posti nella stalla del » re, et alcuni donati alli principi di Bohemia et a don Gioanne, et ne sono » tochi ancor doi belli a quel d'Urbino. » Tisnacq, le 21 avril : « S. M. entent licencier aussy toute la reste de sa 3 maison, et se sont distribuez les chevaulx qu’il avoit en son escuyerye. » Enfin Marcantonio Sauli, le 50 avril : « A tutti pare mal segno per lui, se sarà licentiata tutta la sua famiglia, come si dice, et l’haver S. M. do- nati quasi tutti i cavalli del detto principe, et il resto ritirato nella sua stalla propia. » 3 5 o (5) « .…. Ha domandato che gli siano letti gli statuti e le leggi di Spagna, ne’ quali spende molto studio. Scrive assai di sua mano, e subito scritto strac- cla, » (Lettre du 8 juin 1568.) ( 235 ) attendre patiemment ce qui serait décidé de son sort. Mais cette patience, celte résignation ne fut pas de longue durée. Don Carlos voyait sa détention se prolonger, sans que rien lui donnût l'espoir qu’elle dût avoir un terme : les pressentiments sinistres qu’il avait eus dès le principe renaissaient avec plus de force dans son esprit. Sa situa- tion lui apparaissant dans tout ce qu'elle avait d'humiliant et d'affreux, il en revint à l’idée de se détruire, n'importe par quels moyens qui seraient en son pouvoir. Il avait essayé de mourir d'inaniltion; la nature avait trahi sa volonté : 1} pensa qu'il atteindrait mieux son but en man- geant avec excès ; et, comme cela était plus conforme à ses penchants, 11 y réussit (1). Dans la relation que Philippe If envoya à ses royaumes et aux cours étrangères, la maladie et la mort de son fils sont attribuées aux causes suivantes. Sous prétexte, y est-il dit, de la chaleur de l'été, le prince allait continuellement, presque ou et sans chaussure, dans la pièce où 11 habitait, après qu'elle avait été furtement arrosée; il dormait quel- quefois la fenêtre ouverte et n'ayant rien sur le corps: il buvait, le matin à jeûn et la nuit, de grandes quantités d'eau glacée; souvent même, il mettait de la glace dans son lit; 11 mangeait avec excès des fruits et d’autres choses pernicieuses à sa santé; eufin, pendant onze jours consé- eutifs, il n'avait voulu prendre que de l’eau froide, sans aucune espèce d'aliments (2). (1) « .…. Non riuscendo questo (la tentative de don Carlos de s’empoisonner en avalant un diamant) , entrà in humor di morir con mangiar molto : questa essendo strada pin facile et propria, secondo la inclination della sua natura, li & riuseita.… » (Lettre de Cavalli, du 24 juillet 1568.) (2) Relacion de la enfermedad y fallescimiento del principe nuestro ( 234 ) M. de Castro a pris à tâche d'expliquer la consommation immodérée que, selon les récits officiels, don Carlos faisait d'eau glacée et de glace. Il cite des autorités médicales du XVI" siècle qui recommandaient l'usage de l’eau glacée aux personnes de complexion colérique et à celles qui souffraient de fièvres chaudes ou d’inflammations; il s'ap- puie aussi de ce passage d’un livre publié, un an à peine après la mort de don Carlos, par un professeur de la fa- culté de Séville : « L'usage de la glace s’est tant répandu, » que non-seulement nous en mettons dans les boissons, » mais encore nous nous en servons pour refroidir nos » draps de lit. Je ne vois pas d’inconvénient, l'été, quand » les chaleurs occasionnent de grandes transpirations, à » promener dans le lit une bassinoire avec un morceau de » glace, vu que, ainsi préparé, le lit procure un sommeil » Far }. » Nous pourrions ajouter aux autorités qu'invoque M. de Castro; nous pourrions aussi, à l’aide des comptes qui sont conservés aux archives de Simancas et de la correspon- dance du baron de Dietrichstein avec l’empereur Maximi- lien If, publiée par M. Koch, prouver que, longtemps señor, ete, dans la Coleccion de documentos inéditos para la historia de España , XXVII, p. 58. — Lettre du roi, du 98 juillet 1568, aux corré- gidors et aux scie. (1) « Ha crecido tanto el uso de la nieve que no solo en la bevida usamos della, mas aun para enfriar las säbanas ; ni ternia por inconveniente, en tiempo de estio, quando las grandes calores resuelven la gente con mucho sudor, que se dé una vuelta 4 la cama con un calentador, el qual tenga un pedazo de nieve, porque de prepararse de aquesta manera à la cama se sigue que su dueño duerma placidamente. » Ce passage est extrait d’un 7'ractado de la nieve y del uso della, par Francisco Franco, imprimé à Séville, chez Alonso de la Barrera, en 169. Voy. Historia de los protestantes españoles, p. 370. ( 235 ) avant sa reclusion, don Carlos avait l'habitude de con- sommer des quantités considérables de neige (1). Mais nous ne le croyons pas nécessaire, car personne n’est sans doute disposé à admettre, comme expression de la vérité pure, la relation émanée de la chancellerie de Philippe IF. Ce roi, on ne l’a pas oublié, avait pris des précautions inouies afin que rien ne transpirât de ce qui se passerait dans la prison de son fils : les gardiens de don Carlos étaient avertis que la moindre indiscrétion non-seulement leur ferait encourir la disgrâce du maître, mais encore les exposerait à être traités en criminels de lèse-majesté, Philippe était ainsi, ou il se croyait du moins, bien assuré que les récits qu’il lui plairait de divulguer de la maladie et de la mort du prince ne trouveraient pas de contradicteur ; or, il avait trop d'intérêt à faire croire aux excès et aux désordres de son fils, pour ne point les exagérer, s’il ne les inventait pas. [l atteignait par là un double but: il donnait une couleur naturelle à la fin prématurée du jeune prince, et 1} justifiait sa détention. Un mensonge officiel ne devait rien coûter au monarque qui faisait faire des obsèques solennelles au marquis de Berghes, mort à sa cour, pour (1) Dans les listes jointes à une cédule de Philippe IT, du 14 mai 1564, qui ordonne le payement des dépenses de la maison de don Carlos pour les quatre premiers mois de cette année, on lit : « A Rodrigo Alonso (sommelier), por » la nieve que se trujo para servicio de Su Alteza, desde principio de henero » hasta 21 de marzo, 6,086 maravedis. » Contadurias generales, 1? época, leg. 1051.) Le baron de Dietrichstein écrit, le 22 octobre 1565, à l’empereur : « Le » prince ne boit que de l’eau; mais il veut qu’elle soit passée à travers la » neige et refroidie dans la neige, et encore la trouve-t-il à peine assez » froide (.... Trinkt nur wasser, das mues man ime durch den schne seihen » und in schne khuelen; ist ime denoh kaumb kalt genueg) » Quellen zur Geschichte des Aaîsers Maximilian LT, p. 150. (236) montrer, disait-il, en quelle estime il tenait les seigneurs belges, et qui dans le même temps transmettait à Bruxelles des ordres secrets afin qu’on fit le procès au marquis, et qu'on saisit ses biens (1). Ce n’est pas que nous prétendions que don Carlos ne se soit livré à aucune extravagance. Dans la position horrible où il se voyait réduit, le désespoir aurait égaré une raison plus forte que la sienne. Deux mois environ avant sa der- nière maladie, l'ambassadeur de Venise, causant avec une personne du palais de qui il recevait habituellement des confidences, lui exprimait l'espoir que les souffrances de ce prince le rendraient plus avisé et plus sage à l'avenir : « S'il ne perd pas la cervelle, — lui répondit son interlocu- » teur — ce sera un signe qu'il l'avait perdue déjà (2). » Même en tenant pour vraies toutes les extravagances attribuées à don Carlos dans la relation officielle, l'histoire n’aurait-elle aucun compte à demander à Philippe II? Ne serait-elle pas en droit de lui faire un reproche des plus graves, celui de les avoir facilitées, favorisées même? Car enfin, par les ordres de qui le plancher de la chambre du prisonnier était-1l arrosé incessamment? qui lui procurait l’eau glacée dont 1! faisait un usage si excessif? de qui te- nait-il la glace qu'il introduisait dans son lit? N’était-ce . pas Ruy Gomez, l'âme damnée du roi (qu’on nous passe cette expression), qui présidait à tous les détails du ré- (1) Correspondance de Philippe 11 sur les affaires des Pays-Bas, t. [, p. 555. (2) « …. Sua Alteza .… ogni giorno diventa più magro, seben mangia molto più di quello che facieva. Et dicendo io a questo mio confidente che mi narrd tal cose, come il principe con questi travagli potria forse diventar più avedutto et cauto, anzi, disse lui, e in termine, che se non perde il cervello, sarà segno che prima l’havea perduto... + (Lettre de Cavalli, du 7 mai 1568.) (237) gine auquel était soumis le petit-fils de Charles-Quint? Philippe sentit si bien que ces reproches pourraient lui être adressés, qu'il essaya d'y répondre d'avance dans les instructions qui furent transmises à ses ambassadeurs : NC 0 A NN NO © Il paraîtra peut-être à quelques-uns — leur écrivit confi- dentiellement le secrétaire d'État Çayas — qu'on aurait pu et dù remédier aux désordres du prince, d’abord en le persuadant et le suppliant de ne pas les commettre, en- suite en ne lut permettant pas et en ne lui donnant pas les moyens de le faire. Mais Votre Seigneurie et tous ceux qui ont connu le caractère et le naturel de Son Altesse, ceux surtout qui l'ont pratiquée, en jugeront autrement: car il est certain que, si l’on avait agi ainsi avec elle, elle aurait donné dans d’autres excès plus funestes encore à sa vie, et, ce qui est pire, à son âme. On ne pouvait donc procéder d’une manière différente de ce qu’on a fait, d'autant plus que, selon la complexion du prince, comme selon l’opinion qu’on avait et qu'il avait lui-même de sa force, on ne devait pas supposer que les désordres en question auraient eu de telles con- séquences; et ils ne les auraient pas eues véritable- ment, si Son Altesse ne se fût refusée à manger pendant tant de jours que, quand bien même sa santé eût été excellente lorsqu'elle résolut de ne plus prendre d’ali- ments, elle n'aurait pu vivre : or, il aurait été impossi- ble de faire plus d’instances qu'on n’en fit pour l’engager à se désister de cette résolution (1). » Telle est l’apolo- . (1) « .…. Porque podria ser que à algunos paresciesse que las desérdenes que se refiere que hizo, se podian y devian remediar, y hazerse otras diligen- cias, demäs de persuadirselo y suplicärselo, no le dando aquello que le havia de dañar, ni permitiéndole hazer aquellos tales excessos, en esto Vuestra ( 238 ) sie que Philippe IE nous à laissée de sa conduite, Le lecteur l’appréciera. Nous avons cru devoir faire précéder de ces considéra- Lions le récit que nous avons à donner de la maladie et de la mort de don Carlos. Ce récit, on l’a compris déjà, ne sera pas emprunté aux actes officiels : nous avons puisé à des sources moins suspectes ; nous avons consulté des do- cuments plus véridiques. Les dépêches du nonce, celles des ambassadeurs de France, de Venise, de Florence (1), voilà quels seront nos garantis. En dépit des mesures prises par Philippe IE pour qu'un mystère impénétrable régnât autour de la prison de son fils, les faits dont la tour du palais royal de Madrid fut le témoin ne pouvaient pas Señoria y todos los que conoscieron la condicion y naturaleza de Su Alteza, y le tralaron , no harän escrüpulo, porque es cierto que, si se Ilevara este tér- mino con él, diera en algunas otras cosas que fueran mas peligrosas 4 su vida, y, lo que peor es, à su alma. Y esto es de tal manera assi que no se podia hazer otra cosa, especialmente que, segun su complexion y la experiencia que él de si havia hecho y se tenia de Su Alteza, no se devia con razon temer fuera de tanto inconveniente à su salud, como verdaderamente no lo fuera, si no dexara de comer : lo qual fué por tanto tiempo y por tantos dias que, aunque le tomara en buena disposicion, no pudiera vivir, y en el comer no se le pudo hazer mas fuerza.... » (Lettre du secrétaire Çayas aux ambassa- deurs en France, en Angleterre et en Allemagne, du 29 juillet 1568, dans la Coleccion de documentos inéditos para la historia de España, t. XXVII, p. 59.) (2) Les lettres du baron de Dietrichstein à l’empereur, publiées par M. Koch (Quellen zur Geschichte des Kaisers Maximilian IT), ne vont pas plus loin que le 25 mai 1568. ‘ Dans le Serapeum, XVI" année, pp. 137-140, M. Seidemann, à propos du livre espagnol La selva de aventuras de Contreras, a donné une lettre écrite de Madrid, le 26 juillet 1568, par un envoyé de la maison de Saxe, sur la mort de don Carlos, Les détails qu’elle contient sont, à peu de chose près, les mêmes qu'on trouve dans la lettre de Nobili, du 50 juillet. ( 239 }) tous échapper à l'œil vigilant de diplomates qui avaient tant d'intérêt à en être instruits. Vers le milieu du mois de juillet, on servit, sur la table de don Carlos, entre autres mets, un pàté de perdrix : il avait déjà mangé de plusieurs plats; 11 mangea le pâté de perdrix tout entier (1), avec la croûte qui l'enfermait, Comme celle-ci était fortement épicée, il se sentit bientôt dévoré d'une soif ardente : pour l'apaiser, 1! but, coup sur coup, pendant toute la journée, de l'eau refroidie avec de la neige (2). De pareils excès ne pouvaient manquer d'avoir des suites funestes. Don Carlos eut, là nuit, une violente indigestion, accompagnée de relichement de l'estomac et des entrailles, de vomissements, de flux de ventre inces- sants. Les médecins furent appelés. Le malade, décidé à en finir avec la vie, ne voulut prendre aucun des remèdes qu'ils prescrivirent (5). Le 19 juillet, l'état de don Carlos ne laissait déjà plus d'espoir. Ce fut ce jour-là seulement que le roi permit qu’on divulguàt sa maladie (4); jusqu'alors le secret en avait été strictement gardé. On remarqua, dès ce moment, dans les sentiments et dans le langage du royal prisonnier, un changement dont s'émerveillèrent tous ceux qui l'entou- raient, comme si Dieu — ainsi écrivit l'ambassadeur de Veuise au doge Loredano (5) — eût voulu lui donner, en abondance, à la veille de mourir, le jugement qui lui avait (1) Quatre perdrix formaient ce pâté, selon la lettre de Nobili, du 50 juillet. (2) Nobili dit qu'il en but 500 onces. L’envoyé de la maison de Saxe dont il est question à la note 2 de la page 258, écrivit la même chose à sa cour. (5) Lettre de Cavalli, du 24, et de Nobili, du 50 juillet 1568. (4) Lettre de Tisnacq à Viglius, du 24 juillet. (5) Lettre du 51 juillet 1568. ( 240 ) mauqué pendant sa vie, Certain désormais d’une fin pro- chaine, heureux de penser qu'il était arrivé au terme de ses souffrances, don Carlos ne songea plus qu'à mettre ordre à son àme, et à préparer son salut dans un monde meilleur. Il fit appeler fray Diego de Chaves, et se confessa à lui avec une dévotion exemplaire. Les vomissements continuels qu'il avait ne lui permettant pas de recevoir le saint sacrement, il l'adora avee beaucoup d'humilité et les marques d’une contrition parfaite (4). Bien qu'il eût con- senti dès lors à accepter les soins des médecins, on le vit, — selon l'archevêque de Rossano, qui depuis fut le pape ‘Urbain VIT, — montrer un tel dédain des choses de la terre, et un si grand désir des biens célestes, qu'il sembla véritablement que Dieu lui eût réservé pour ses derniers instants le comble de toutes les grâces. I demanda la faveur de voir son père; mais le crorra-t- on? Philippe IT eut la dureté — ce mot n'est pas assez fort — il eut la cruauté (2) de répondre par un refus; et non- seulement il refusa, mais 1l ne voulut permettre ni à la reine, ni à la princesse doña Juana , ni à quelques servi- teurs dévoués , de visiter le pauvre moribond; que dis-je ? il ne lui fil pas même parvenir une parole de bienveil- lance (5). Cabrera cherche à excuser Philippe, en rejetant son refus sur l'avis de fray Diego de Chaves et de l’ancien précepteur de don Carlos, Honorato Juan, lequel, par parenthèse, était mort depuis plusieurs années (4). Nous (1) Lettre de l'archevêque de Rossano, du 27 juillet 1568. (2) Ce sont les expressions de l’ambassadeur de Venise, dans sa lettre du 24 juillet. (5) Lettre de Cavalli, du 24 juillet, et de l'archevêque de Rossano, du 27. (4) Zelipe IT, Liv. VIH, chap. V, p. 496. ( 241 ) ferons remarquer, d'abord, que l'ambassadeur de Venise, qui se montre si bien informé, ne parle pas de cet avis; le nonce n’en dit mot non plus, et certainement il n'eût pas manqué de relever une circonstance pareille, car 1l prend le soin d'expliquer la conduite du roi : « Peut-être, dit-il, il considéra que, dans l’état désespéré où était son fils, de telles visites auraient été plus propres à porter: le trouble dans son àme et dans celle des visiteurs, qu'à l’aider en façon quelconque; et je crois en vérité — ajoute l’archevêque de Rossano — que, dans le principe, il ne pensa point que le prince fût malade, mais 1l s'ima- gina que c'était une feinte de sa part, pour être mis en » liberté (1). » L’envoyé de Florence, Leonardo de Nobihi, est le seul qui fasse mention de l'opposition de fray Diego de Chaves, et encore il ne l’affirme pas ; 1l en parle comme d'un bruit qui courait (2). Nous n'y ajoutons aucune foi, pour notre part, pas plus que nous ne croyons à la pré- tendue bénédiction que, toujours selon Cabrera, Philippe aurait donnée à son fils, entre les épaules du prieur don Antonio et celles de Ruy Gomez (5). Mais en admettant , bien gratuitement, que le confesseur de don Carlos eût A D Où D (1) « … Forse considerando che, poiche gia si conosceva disperato il caso suo , queste visite simili più presto potevano conturbare l’una et l’altra delle parti, che aïutar lui in cosa nessuna; et credo che da principio non credesse veramente il male , ma pensasse che fosse finto per esser slargato et liberato dalla prigione.….. » (Lettre du 27 juillet 1568.) (2) « …. Tre giorni avanti alla sua morte, domand di veder suo padre, il quale dicono era risoluto di andar da lui, ma il confessor del principe ne lo dissuase... » (Lettre du 50 juillet 1568.) (5) « Algunas horas äntes de su fallescimiento, por entre los onbros del prior don Antonio ide Rui Gomez, le echo su bendicion. » (Felipe 17, iv. VIH, chap, V, p. 496.) 2° SÉRIE, TOME VII. 16 ( 242 ) donné au roi le conseil qu'on rapporte, aurait-il dû le suivre? La voix de la nature ne lui parlait-elle pas plus haut que des raisons théologiques ou morales? N’avait-1l donc pas des entrailles de père? Le 22 juillet, don Carlos dicta son testament (1) à Mar- tin de Gaztelu , qui, dix années auparavant, avail reçu, au monastère de Yuste, l'acte des dernières volontés de Charles-Quint (2). I y affectait à ses créanciers la dot de sa mère, qui était de 200,000 écus, et suppliait le roi de vouloir, pour la décharge de sa conscience, payer le sur- plus de ses dettes; 11 lui recommandait les officiers de sa maison qui l’avaient bien servi, disait-1l, quoiqu'il les eût souvent maltraités; 1l appelait aussi ses bontés sur les gentilshommes préposés à sa garde(5).1l demandait, enfin, d’être inhumé dans l’église du couvent de Saint-Dominique, à Madrid, monastère de religieuses, de fondation royale. C'est tout ce qu’on connaît de ce testament, qui n'existe point dans les archives d'Espagne (4). Le même jour, don Carlos disposa de quelques joyaux et d’autres objets précieux qui lut appartenaient. Il donna au couvent d'Atocha, à Madrid, une bague garnie d’un riche diamant (5), ainsi qu'un crucifix d’or, ouvrage du (1) C’est ce que rapporte Cabrera. Cavalli dit aussi, dans sa lettre du 51 juillet, que le prince « ha testato, etc. » (2) Retraite et mort de Charles-Quint au monastère de Yuste, L. 1, pp. 325 et suiv. (3) Cabrera, 1. c. — Lettre de Cavalli, du 51 juillet, et relation italienne de la mort du prince. (4) Philippe II l'avait probablement retenu par devers lui, avec les autres papiers de don Carlos; et le (out aura été brülé, en vertu de son codicille du 24 août 1597 (voy. Lafuente, Æistoria general de España, t. XII, p. 540), s’il ne l'avait livré au feu auparavant. (5) Déclaration de fray Diego de Chaves, faite, le 12 décembre 1584, au ( 245 ) fameux sculpteur Pompeo Leoni (1), et quatre vases en or, de différente forme, aux repenties de Valladolid (2). Il avait toujours regardé Ruy Gomez comme le principal auteure ses maux : pour prouver qu'il oubliait les injures dont il avait eu à se plaindre, il le pria d'accepter une coupe et deux verres en cristal de roche, artistement tra- vaillés, et qui étaient à son usage personnel. I] fit des pré- sents du même genre au comte de Lerma, au due de Medina de Rioseco, au prieur don Antonio de Tolède, à Luis Quijada, à don Pedro Fajardo, fils du marquis de los Velez, à don Francisco Manrique, frère du comte de Pa- redès. Il ne pouvait oublier, dans cette distribution, son ami don Rodrigo de Mendoca et le docteur Suarez de To- ledo , qui lui avait montré tant d’attachement : au premier il douna une petite coupe de cristal, à pied d’or, et une bague d’or, ornée d’un rubis, où ses armes élaient gravées ; le second reçut une coupe de cristal. Enfin, il fit cadeau au docteur Olivarès, son premier médecin, d’une pareille coupe, et à son confesseur, fray Diego de Chaves, d’une croix d’or pendante à une chaîne aussi en or (3). Il avait une dévotion particulière à saint Jacques de Compostelle, dont la fête se célèbre le 25 juillet. Dès qu'il connut, à n’en plus douter, que sa mort était inévitable, il voulut savoir en combien de jours viendrait la vigile de secrétaire de la Contaduria mayor de cuentas, (Arch. de Simancas, Con- tadurias generales, 1* época, leg. 1051.) (1) Cédule du roi donnée à Saint-Laurent-le-Royal, le 2 avril 1577. (Zbid.) (2) Voy. la note suivante. (5) Tout ceci résulte de la déclaration de fray Diego de Chaves, du 14 août 1568, qui est insérée dans la Coleccion de documentos inéditos para la historia de España, t. XX VII, p. 114. Voy. aussi la lettre de Cavalli, du 31 juillet. ( 244 ) Saint-Jacques; sur la réponse qui lui fut faite par les mé- decins qu'elle arriverait en quatre jours, « c’est donc » quatre jours, leur dit-il, que mes misères et vos fatigues » doivent encore durer. » À mesure que ses forces dé- croissaient, la constance chrétienne, la résignation aux volontés de Dieu augmentaient en Jui. Dans la nuit du 23 au 24, il demanda l'heure qu'il était; il lui fut répondu qu'il était deux heures avant minuit. Il en montra quelque altération, craignant de ne pouvoir vivre Jusqu'à cette veille de Saint-Jacques qu'il avait fixée, dans ses vœux, comme le terme de son existence. Il continua d’adorer un crucifix qu'il avait placé sur sa poitrine, de se recom- mander à la miséricorde de Dieu, de prier qu'on lui par- donnât ses péchés; 1l déclara qu'il pardonnait au roi, son père, qui l'avait fait enfermer, à Ruy Gomez, à Espinosa, à Velazco et à tous ceux aux conseils desquels 1l attribuait sa détention. Après quelque intervalle, il demanda de nouveau l'heure; on lui répondit que minuit venait de sonner. [l repartit alors : « Le moment est venu! » A l'exemple de son aïeul Charles-Quint, il prit en main une chandelle bénite, et se tournant vers son confesseur qu'il n'avait pas voulu laisser s'éloigner un instant : « Mon » père, — fit-1l — aidez-moi. » Il pria aussi les assistants de réciter avec lui une oraison que l’empereur avait dite en mourant. Îl prononça quelques autres paroles, parmi lesquelles on distingua celles-ci : Deus, propilius esto mihi peccatori, tandis qu'il se frappait la poitrine, en signe de repentir. Les forces lui ayant manqué de plus en plus, il expira le 24 Juillet, à une heure du matin, sans avoir perdu une seule minute le jugement, et laissant ceux qui l’entouraient édifiés de sa fin toute chrétienne. Quelques moments auparavant, on avait, à son instante ( 245 ) prière, apporté sur son lit un habillement de franciseain el un capuce de dominicain dans lesquels il désirait être enseveli, comme 1l le fut (1). Philippe IT ordonna que le corps de son fils füt trans- porté, le soir même, au monastère de Saint-Dominique, où il resterait déposé jusqu’à ce qu'il le fit mener à l'Escu- rial. Les ambassadeurs des têtes couronnées et celui de Venise, les grands, la haute noblesse, les conseils furent convoqués au palais pour assister à cette lugubre cérémo- nie. Ruy Gomez, en qualité de grand maître du prince dé- funt, eut la charge de conduire le deuil. Le cortége funèbre partit du palais à sept heures. Le corps de don Carlos avait été renfermé dans un cercueil de plomb que recouvrait un coffre de bois. ! fut porté d’abord, jusqu’en dehors du palais, par les grands, ensuite jusqu’à Saint-Dominique par les gentuilshommes qui avaient servi le prince dans sa prison , et par d'autres membres de la noblesse. Derrière le corps marchaientles princes Rodolphe et Ernest, fils de Maximilien IT (2), ayant à leur côté don Diego de Espinosa, que Pie V avait créé cardinal quelques mois auparavant; puis venaient le nonce au milieu des ambassadeurs, et enfin les conseils et la cour. Tous étaient : en grand deuil; les princes de Bohême le portaient à la flamande. Le roi vit passer le cortége d’une des fenêtres du palais. Une question de préséance s'étant élevée entre plusieurs des conseils, il la décida de cet endroit même. (1) Lettres de l'archevêque de Rossano, du 27 juillet 1568 , et de Leonardo de Nobili, du 50. — Relation italienne, — Lettre de l’archevêque au cardinal Alexandrin , du 28 juillet. (2) Don Juan d’Autriche était parti, un peu auparavant, pour Cartha- gène. ( 246 ) Le cardinal d'Espinosa n’alla pas plus loin que la porte du monastère; il prétexta une indisposition pour revenir chez lui. Il aurait été plus vrai, observe Cabrera, s'il avait avoué qu'il n’aimait pas le prince défunt, car l’on savait que sa mort ne lui avait point déplu (1). Lorsque le cortége fut parvenu dans l’église de Saint- Dominique, on ouvrit le cercueil , afin que les personnes présentes pussent reconnaitre le prince. « Je luy ay vu le » visage, — écrivit l'ambassadeur de France à sa cour — » lequel n’estoit aucunement deffait de la maladie, sinon » qu'il estoit un peu jaune; mais J'entends qu’il n’avoit que » les ossements par le surplus du corps (2). » Le cercueil fut ensuite recloué, et deux monteros de la garde du roi le descendirent dans le caveau qui avait été disposé en toute hâte en dessous du chœur pour le recevoir (5). Cette for- malité de l’ouverture du cercueil et de la reconnaissance du corps qu'il renfermait, se renouvela deux fois en 1575, lors de la translation des restes de don Carlos à l’'Escurial : la première fois, le 5 juin, à neuf heures du soir, dans l’église de Saint-Dominique, en présence de plusieurs per- sonnages notables (4), de la prieure et de la sous-prieure du monastère; la seconde fois, le 9 juin, à cinq heures (1) Cabrera, liv. VIIT, chap. V. — Lettres du S' de Fourquevaulx, du 26 juillet, de l’archevêque de Rossano, du 27 juillet, de Leonardo Nobili, du 30 juillet, et de Sigismondo Cavalli, du 51 juillet 1568. (2) Lettre du 26 juillet, dans l'Æistoire d'Élisabeth de P'alois, p. 547. (5) Auto del depôsito del cuerpo del principe don Carlos, hecho en 24 del mes de julio de 1568. (Arch. de Simancas, T'estamentos y Codicilos , leg. 5.) (4) Entre autres : don Juan Manuel, évêque de Zämora, don Francico Lopez Pacheco, duc d’Escalona, le comte de Chinchon, trésorier général de la couronne d'Aragon, don Rodrigo Manuel, capitaine de la garde espagnole, don Luis Manrique , grand aumônier, etc, ( 247 ) après midi, à l’'Escurial, devant les hiéronymites délégués par le couvent (1). Le lendemain matin (25 juillet}, les princes, les am- bassadeurs, la cour, les ministres, les conseils, qui avaient accompagné la dépouille mortelle de don Carlos au mona- stère de Saint-Dominique, y retournèrent pour assister à la messe de requiem, et cette cérémonie se renouvela huit jours consécutifs; mais le Roi, craignant que les archiducs Rodolphe et Ernest n'en éprouvassent de la fatigue, leur permit seulement d’y figurer le premier jour (2). Philippe se retira, le 28 juillet, au monastère de l'Es- eurial (5), faisant montre d’une grande douleur (4) qu'il ne ressentait pas intérieurement : çar la mort de son fils venait « le tirer de plusieurs soucis, » selon l’expression d’un des principaux ambassadeurs accrédités auprès de sa personne (5). Les obsèques se firent le 40 et le 11 août (6); 1l y fut dé- (1) Archives de Simancas, Obras y bosques, Escorial, leg. 3. (2) Lettres de l’archevêque de Rossano, du 27 juillet, et de Nobili, du 50 juillet 1568. (3) Cabrera, liv. VIE, chap. V. (4) Lettres de Cavalli, du 24 juillet, et de l'archevêque de Rossano, du 927. (5) Lettre de Fourquevaulx, du 26 juillet. (Æistoire d’ Élisabeth de alois, p. 547) Antonio Perez, dans une de ses lettres (Segundas Cartas, CV « à mon- » sieur Zamet, sobre la muerte de doña Gregoria , su hija major »), dit que Philippe IE pleura pendant trois jours la mort de son fils. Voici comment il s'exprime : « No voy à ver à V.S., que no estoy cierto para ser visto, por- » que, aunque me tiene en poco este siglo, me estimaria en menos, vién- » dome hecho niño de sesenta años. Pero mas valor que quantos reyes ay, » tenia un rey que yo sé, y Ilor tres dias por su hijo, con ser stpersegui- » dor. » (Obras y relaciones, édit. de 1631, p. 920.) Mais nous n’ajoutons pas une foi égale à tout ce que rapporte Antonio Perez, (6) Lettre de Tisnacq à Viglius, du 17 août. ( 248 ) ployé une pompe médiocre (1), et l’on remarqua qu'aucune oraison funèbre, aucun discours n'y fut prononcé (2). Les jours suivants, l’ayuntamiento de Madrid fit aussi, en son nom, célébrer un service pour le repos de l'âme du prince défunt (5). Dès le 24 juillet, un bando avait preserit que tous les habitants se vêtissent de noir pendant neuf jours. La cour, les ministres, les ofliciers royaux portèrent le deuil durant une année (4). Rome et Paris, Pie V et Catherine de Médicis témoi- onèrent, par des démonstrations publiques, la part qu'ils prenaient à un événement dont les conséquences, quoique bien diverses pour eux, les intéressaient à un degré presque égal, Heureux de savoir que don Carlos était mort en prince véritablement catholique (5), Pie V lui fit faire des funé- railles, dans sa chapelle, le G septembre, avec la même solennité qui avait été observée, sous Paul ITF, lors de celles du dauphin de France (6); il y assista, suivi de tout le collége des cardinaux (7). Catherine de Médicis ne se (1) « Celebratae sunt exequiae postridie Sancti Laurentii, pompa me- diocri. » (Lettre d'Hopperus à Viglius, du 17 août, dans J. Æopperti epis- tolae, p. 186.) (2) « Notaron los que le vieron morir, que no se predicé en el dia de sus + honras. » (T'heatro de las grandezas de Madrid, por el maestro Gil Gon- calez d’Avila, 1695, in-fol., p. 141.) (5) Lettre de Tisnacq, du 17 août, déjà citée. (4) Lettres de Nobili, du 30 juillet, et de Fourquevaulx, du 1‘ août 1568. (5) « …. Su Santidad holg6 de entender que el fin de S. A. huviese sido de tan catélico principe... » (Lettre de don Juan de Çüñiga à Philippe IF, du 5 septembre 1568 : Arch. de Simancas, Æstado, leg. 906.) (6) « …sDixome que haria honras en su capilla, de la manera que se hicieron en tiempo de Paulo tercio por el delfin de Francia. .. » (Zbid.) (7) Æonras hechas en Roma por la muerte del principe nuestro señor, dans le 28e livre de Bersoza , aux Archives de Simancas, £stado, leg. 2018. ( 249 ) contenta point de prendre le deuil et de le faire prendre à sa cour : par ses ordres, des obsèques, qui durèrent plu- sieurs jours, furent célébrées aussi pour le prince dont la lin prématurée venait de frayer le chemin du trône aux enfants de sa fille (1). Ces démonstrations embarrassèrent plus qu'elles ne satisfirent les ambassadeurs d'Espagne dans les deux capitales. À Rome, don Juan de Güñiga ne rendit les derniers devoirs, à son tour, au fils unique de son souverain, que comme contraint et forcé par l'exemple du pape (2), et, dans le service qu’il fit célébrer, le 10 sep- tembre, à Saint-Jacques des Espagnols, il veilla à ce qu'aucune épitaphe, aucune inscription ne rappelàt le souvenir du prince des Asturies, à ce qu’il ne fût prononcé ni sermon ni oraison funèbre (5); il avait, par des voies détournées, obtenu qu'on s'en abstint également dans la cérémonie présidée par le souverain pontife (4). A Paris, don Francés d'Alava ne se montra pas même dans l’église où s'étaient rendus la reine mère, les ducs d'Anjou et (1) « …. A los xv se comencaron las obsequias de Su Alteza, en las quales se hallé esta reyna, y los duques de Anjû y Alençon... La ceremonia se hizo sin el nuncio y sin mi... Mostrado ha esta reyna sentir mucho el no haverme yo hallado en ella … » (Lettre de don Francés d’Alava au duc d’Albe, du 19 septembre : Archives de l'empire, à Paris, collection de Simancas, B 22, n° 126. ; La reine Élisabeth avait supplié sa mère de faire en sorte que toute l'Espagne sût qu’elle avait appris avec regret la mort du prince. (#istoire d Élisabeth de Valois, p. 545.) (2) « …. Haciendo Su Santidad honras, no me parecié que podia yo escu- sar de hazerlas... » (Lettre du 5 septembre, déjà citée.) (5) Æonras hechas en Roma, etc. — Çüñiga écrivait au roi, le 3 sep- tembre : « No havrä epitaphio, ni letrero , ni oracion ni sermon. » (4) I disait encore, dans cette lettre, à propos des funérailles ordonnées par le pape : « Procuraré, por alguna via que no se entienda que sale de » mi, que no haya oracion ni sermon, porque el oficio sea mas breve, » (208 } d'Alençon (1), et il ne prit le deuil que longtemps après la cour de France, et sur les instructions formelles qui lui furent envoyées de Madrid (2). La mort de doû Carlos causa en Espagne une douleur universelle. Il fut pleuré et pardes grands et par le peuple. Les grands, qu’il avait toujours honorés, se flattaient que, sous son règne, ils reprendraient leur ancienne influence dans les affaires de l’État, dont le roi, son père, s'appliquait à les tenir éloignés (5). Le peuple fondait sur lui l'espoir d'une administration plus favorable aux progrès de la rai- son humaine, d’un régime moins absolu et moins despo- tique : car, selon la remarque d’un diplomate vénitien, c'était par la rigueur et les châtiments, plus que par la clémence et le pardon, que Philippe se faisait obéir (4). (1) Voy. la note 1 à la page précédente. (2) I avait écrit au secrétaire Çayas, le 19 août : « Ni me enlutaré, ni » haré otra demostracion….. » 11 Ini manda le 30 septembre : « Yo me he » enlutado, como Vm. me escrivi6 , de piés à cabeza, con toda mi familia. » (Archives de l’empire, à Paris, collection de Simancas, B 22, n°° 80 et 129.) (3) L'ambassadeur vénitien Cavalli, dans sa dépêche du 51 juillet 1568, déjà plusieurs fois citée, après avoir dit que don Carlos a été inhumé « con » pianto di questo popolo et di ogn'uno, » ajoute : « Certo la sua morte à » dispiaciuta estremamente a tutta Spagna, massime alli signori grandi, » si perché erano accarezzati et stimati da esso principe, et speravano che, » venendo lui a regnare, si haveria prevalso di lora nel governo. » L’archevêque de Rossano avoue lui-même que « il popolo basso ne mostra » molto dolore, et anche alcuni delli principali et grandi di Spagna, che » non governano, et che si stanno alle loro case. » (Lettre du 27 juillet 1568.) (4) «…. Domando et riducendo quella gente più con la severità et con il castigo che con la clementia ovvero il perdono... » (Relation de Francois Yendramino, faite au retour de son ambassade en Espagne, en 1595, dans les Relations des ambassadeurs véniliens sur Charles-Quint et Phi- lippe IT, p. 259.) ( 251 ) On trouve le sentiment populaire à son égard énergique- ment exprimé dans des poésies du temps (1). Cabrera, historiographe d’un des plus tristes monarques qui se soient assis sur le trône de Ferdinand et d'Isabelle, s'écrie avec un accent d’admiration servile : « L'Espagne put appeler un bonheur ce grand malheur de la perte de l’héritier de la couronne, puisqu'elle eut, pour le remplacer, le roi don Philippe HT, notre seigneur, sur qui la libéralité céleste répandit à pleines mains tous » ses dons, le faisant religieux, juste, libéral, constant, » bienfaisant, fidèle, magnifique, digne de régner sur un » plus grand empire, fils enfin des müres et plus sages an- 2 0, ON (1) Fray Luis Ponce de Léon, de l’ordre de Saint-Augustin, docteur en théologie de l’université de Salamanque, mort en 1591, à l’âge de 65 ans, composa pour lui cette épitaphe : Aqui yacen de Carlos los despojos : La parte principal volviôse al Cielo; Con ella fue el valor, quedéle al suelo Mudo en el corazon, llanto en los ojos. Le même religieux fit, sur la mort de don Carlos, une cancion dont le dernier couplet était ainsi concu : No temas que la muerte Vaya de tus despojos vitoriosa; Antes ira medrosa De tu espiritu fuerte, Las inclytas hazaïas que hicieras, Los triunfos que tuvieras, Y vi que à no perderte se perdia, Y asi el mismo temor le di6 osadia. On trouve ces poésies dans la Coleccion de don Ramon Fernandez, 1. X, Madrid, 1790, p. 74. C’est ce que nous apprend un savant article de M Sei- emann , inséré dans le Serapeum de 1855, pp. 113 et suiv. ( 202 ) » nées de son père, rare exemple à tous les siècles de » vertu et d'obéissance (1)! » Un historien de notre temps, qui n’est pas, lui, suspect de courtisanerie ni de prédi- lection pour Philippe HT, M. Lafuente, dit à son tour: « La mort du prince don Carlos ne fut pas un mal pour l'Espagne : car, vu son caractère, la nation ne pouvait espérer de lui aucun bien; elle devait, au contraire, en attendre de grandes calamités, à moins qu'il ne se fût amendé beaucoup, avant de succéder au roi, son père (2). » L'opinion de M. Lafuente, malgré le correctif qu'il y met, est peut-être empreinte encore de trop de sévérité. Quelqu'un qui connaissait bien don Carlos, qui avait pu lire dans les replis les plus cachés de son àme, son confes- seur, fray Diego de Chaves, peu de temps avant Sa mort, entretenait le baron de Dietrichstein des bruits qui avaient couru sur les causes de son arrestation : il l’assura que ce prince élait aussi bon catholique et aussi.convaincu des vérités chrétiennes qu’on pouvait l'être, et que non-seule- ment il ne s'était point rendu coupable d'une entreprise criminelle contre la vie de son père, mais encore l'idée seule d'un pareil attentat ne lui était jamais venue. Il 0 U y ————— mn PE (1) « Pudo España Ilamar venturosa esta gran desgracia de la falta de su eredero varon, pues lo fué el rey don Felipe IE, nuestro señor, en quien vertiô à manos Ilenas la celestial largeza sus dones de religioso, justo, liberal, constante , benéfico, fiel, magnifico, digno de mayor imperio, hijo al fin de los añnos maduros y mas sesudos de su padre, raro exemplo 4 todos los siglos de virtud y obediencia. » (Felipe ZT, liv. VIT, chap. V) (2) « La muerte del principe Carlos no fué un mal para España, pues, atendido su caräcter, ningun bien podia esperar la nacion, y si muchas cala- midades, si hubiera Hegado, por lo menos äntes de corregirse mucho, à suceder à su padre en el trono.., » (Historia general de España, L XI, 1854, P. 555.) ( 205 ajouta que don Carlos avait ses défauts, lesquels il ne voulait ni nier ni excuser, mais que, à son avis, on devait plutôt les attribuer à l'éducation trop libre qu'il avait re- çue , à la dureté de cœur et à l'entêtement qui le caracté- risaient, qu’à un manque de raison; qu'il espérait que le châtiment qui lui était infligé lui servirait de correctio morum et de moyen de se connaître mieux lui-même; enfin que , si cela se réalisait, comme lui, fray Diego de Chaves, en avait la confiance, il était persuadé que don Carlos deviendrait un prince bon et vertueux : car, déjà maintenant , à côté de plusieurs vices, on remarquait en lui de grandes qualités (1). I est digne de remarque que le confesseur de don Carlos, et plus tard de Philippe IL, est ici d'accord avec un historien qui ne se pique pas toujours d'une grande exactitude dans ses récits, mais dont les observations ne manquent point parfois de justesse : « Je (1) « Der sein peihtvater ist …. der hat mier hoh vnd tewer affirmieret, das ich gewislich glauben soll, so vill die Religion petrifft, das der printz ie vnd albeg ain so gueter Catolicq, vnd davon so christlich gehalten alls imer ainer halten khunde. So hab er wider seines vatern person, wie man gesagt, nit allain nix tatlichen zu handlen pretendiert, sunder nit in sin genumen. Der printz hab seine mengel, die wol er nit vernainen noch entschuldigen ; dieselbigen awer wurden mer verursaht das er in aller freihait ertzogen, vnd aines erstorten herten gemuets vnd aigensunig, als das er sunsten an ver- nunft ain mengel haben soll. Verhofft dise haimbsuchung vnd zihtigung die soll ain correction sein morum vnd das er sich selber pas lerne erkhenen; do das, wie er gotttraw, bescheh, hoff er das er ain tugentsamer gqueter furst sein werde, dan, ob er schon etlich untugent, so hab er beineben gar grose tugenten. » Nous suivons, dans cet extrait, la copie, faite sur l'original, qui nous été communiquée par la direction des Archives impériales, à Vienne, Le texte reproduit par M. Koch (Quellen zur Geschichte, etc., p.214) offre quelque différence; notamment, le passage que nous avons souligné y manque com- plétement. ( 254 ) » crois — dit Brantôme — quaprès que ce prince eut bien » gellé sa gourme, comme ces jeunes poulains, et passé » tous ses grands feux de première jeunesse, qu'il se fust » rendu un très-grand prince et homme de guerre et » homme d'Estat (1). » En Espagne et hors d'Espagne, la mort de don Carlos donna lieu à beaucoup de rumeurs; il ne manqua pas de gens qui se refusassent à croire qu'elle eût été natu- relle (2). Plus tard, des écrivains, s'emparant de ces bruits populaires et les exagérant, accusèrent Philippe IL : lun, d'avoir fait prendre un bouillon empoisonné à son fils (3); (1) OEuvres de Brantôme, t. 1, p. 127, édit. Buchon, 1858. (2) Tisnacq écrivait à Viglius, le 24 juillet : « Les langues sont icy fort » desbridées et plus, à mon jugement, que ailleurs, et les discours fort im- » pudens.. » Hopperus lui mandait le même jour : « De morbo, nihil certe perparum » auditum, nisi abhinc tribus aut quatuor diebus. Pie et sancte mortuum » ferunt, Reliqua quae vulgus fert, mis$a facio ; nequaquam enim sunt vera. » (J. Hopperi ad Viglium epistolae, p. 184.) Dans sa lettre du 50 juillet, à Côme de Médicis, Nobili s'exprime en ces termes : « Le cicalerie e novellacce che si dicono sono molto indigne d’essere » ascoltate non che scritte, perchè in vero il satisfar al popolaccio in queste » simili cose & molto diflicile; e meglio e fare siecome porta il giusto € » l’onesio, senza curarsi del giudicio d’uomini insani, e che parlano senza » ragione di cose impertinenti e impossibili, di autori incerti, dappochi e » maligni. » La relation italienne tirée des livres de Bersoza constate aussi les rumeurs qui avaient cours dans le public : « L’occasioni dalle quali e proceduto il suo » male non sono quelle chil volgo publica. » Enfin, don Francés d’Alava, ambassadeur d'Espagne à Paris, écrivait au secrétaire Çayas, le 50 septembre : « De Italia, digo de Roma, se han escrito » harias ruindades y malignidades sobre la muerte del principe nuestro » señnor. » (Archives de l'empire, à Paris, collection de Simancas, B 22, n° 129.) (5) De Thou, Liv. XLIII. ( 255 ) l’autre, de lui avoir fait donner un poison lent (1); un troisième, d’avoir commandé qu'on l'étranglàt, et chargé des esclaves de cette exécution (2) ; un quatrième, de l'avoir fait étouffer (5); il y en eut même qui allèrent jusqu’à sou- tenir que, dans son cercueil (qu'ils n'avaient pas vu), don Carlos avait la tête entre les jambes, preuve irrécusable qu'il avait été décapité (4). Les faits que nous avons racon- tés, d’après les témoignages les plus recommandables, montrent le cas que méritent ces accusations, qui d’ail- leurs se détruisent les unes par les autres, Est-ce à dire que Philippe JE doive être tenu pour tout à fait innocent de la mort de son fils? Nous ne le pensons pas. Sans doute, ce monarque avait eu de graves mouifs de priver don Carlos de sa liberté : il ne pouvait souffrir que le prince appelé à lui succéder se miît en état de rébellion ouverte contre lui, et par des démarches inconsidérées, sinon factieuses, allät porter le trouble et la révolte dans les provinces de la monarchie. Mais ne lui suftisait-11 pas d’avoir fait avorter ses projets, en s’assurant de sa personne? Fallait-il le traiter en criminel d'État? le séquestrer d’avec ses amis et ses serviteurs? lui refuser l’air et l’espace? soumettre à uu espionnage de tous les instants, le jour et la nuit, ses actions, ses paroles el Jusqu'à ses pensées ? Fallait-il enfin, le réduisant au désespoir, le pousser à attenter à ses jours par tous les moyens qui restaient en sa puissance? Il n'y (1) Llorente, Æistoire de l’inquisition, 1. III, pp. 172 et suiv. (2) Pierre Matthieu, Zistoire de France sous le règne de François Ie", etc., Paris, 1751, in-fol., t. 1, p. 505. (3) Brantôme, Vies des grands capitaines, 1. 1, p. 126, édit. Buchon, 1858. (4) Saint-Simon, Hémoires, édit. in-12, 1840, t. XXXV, p. 208. ( 256 ) a pas que le fer, le poison ou le garrote qui tue; les tor- tures morales sont aussi un supplice, et Philippe IE pourra difficilement être justifié, auprès de la postérité, de celles quil fit endurer à l'infortuné don Carlos. Études sur les historiens du XV" siècle. Priippe DE Co- mines. — Notice par M. Kervyn de Lettenhove, membre de l’Académie. Si j'examine la conduite de Commines avec tant de sévérité, c’est parce que les hommes tels que lui, qui connaissent! toute l'étendue de leurs devoirs, sont plus coupables de les violer. (Ducuos.) On ne saurait contester au sire de Commines, né vers le milieu du siècle qui vit mourir Froissart, l’honneur d'avoir fait succéder à la chronique désormais oubliée, l’histoire, telle que la comprennent les temps modernes, car 1l fut le premier qui y porta, comme le dit Montaigne, l'autorité et la gravité que l’on puise dans une part ac- tive aux mouvements et aux vicissitudes de la politique. Rien ne manque aux éloges de l’auteur des Essais, mais il y à peut-être à en retrancher quelque chose. Lorsque nous entendons le philosophe Montaigne, aussi bien que le poète Ronsard, louer, chez l'historien de Louis XI, ces précieuses qualités que nos trois derniers siècles envient au moyen âge, la simplicité, la franchise, la bonne foi, l'absence de vanité, d'affection et d'envie, nous ne pouvons oublier que, dans la patrie de Commines, Meyer et Vivès, qui furent tous les deux à peu près ses contemporains, ( 297 ) lui reprochèrent ses réticences et ses erreurs prémé- ditées (1). | Montaigne et Ronsard avaient pu voir le somptueux mo- nument élevé dans le cloître des Grands-Augustins, de Paris, au sire d'Argenton. En Flandre, sa mémoire était restée flétrie. Les uns ne s’attachaient qu'à l'élégante vi- vacité de ses récits et à la profondeur de ses jugements; les autres ne voyaient que l’homme et ses faiblesses quand ils appréciaient l'écrivain et son œuvre. Il est trop aisé de justifier, soit par les écrits, soit par la biographie de Com- mines, ces opinions contradictoires, el c’est en effet un caractère commun à tous les hommes qui n’ont pas su unir au don d’un génie supérieur une vie sans tache, que cette opposition affligeante entre l'éclat extérieur que revêt l'expression de la pensée, si nette et si lucide, et le trouble secret de la conscience où ont passé tour à tour toutes les passions et tous les remords de l'ambition et du pouvoir. À Commines aussi, 1l a été donné de commander admiration sans pouvoir obtenir l’estime, et nous ne (1) Bodin reproduit le même jugement. — J’examinerai plus tard quelles sont ces erreurs préméditées dans la narration des événements, et plus sou- vent encore dans certains détails, dans certaines couleurs, qui donnent aux événements leur caractère. On comprend aisément que Commines, associé à la plupart des faits qu’il rapporte, ait trouvé de nombreuses difficultés à rester, comme il le disait, le plus prés possible de la vérité. Je n’en citerai que deux exemples. D’après Commines, Louis XI, croyant Charles le Hardi prisonnier, ne fit occuper le duché de Bourgogne, après la bataille de Nancy, que pour le lui restituer et le lui conserver contre l'invasion des Allemands. Ailleurs il raconte que quelques échevins de Tournay, envoyés à Paris par Olivier le Diable , n’osérent point retourner chez eux tant que le roi vécut. M. Gachard a fort bien remarqué que si leur absence se prolongea, ce fut uniquement parce que Louis XI les retint pendant six ans à la Bastille. — Le D' Loebell a publié à Bonn, en 1852, une dissertation De Philippi Comminaci fide historica. 9" SÉRIE, TOME VIL 2 ( 258 ) savons ce qui doit nous frapper le plus, ou sa honte quand il s'associe à tous les vices de son temps, ou son éloquence quand il nous en trace le tableau : de là ce vague scepti- cisme qui flotte entre le mal et le bien, entre le succès et le devoir, soit que Commines encense un pouvoir absolu qu'il nous peint ailleurs sans pitié, soit qu'il exalte les communes anglaises pour railler aussitôt après « ces hom- » mes gros et gras » si inconstants dans leurs résolutions. Commines, 1l ne faut pas l'oublier, écrivait sous Char- les VITE, à une époque où il s’associait à des complots qui cherchaient un appui dans les communes; mais tant qu'avait vécu Louis XT, il ne s'était pas plus indigné de ses exactions que de ses vengeances, et c'est à l’évêque de Li- sieux, Thomas Basin, que nous emprunterons le seul récit où brille encore ce rayon de vives mais trop vaines espé- rances, qui vint un instant éclairer les communes fran- çaises après la mort de Charles VIT. La France, selon Thomas Basin, saluait de ses vœux l’'avénement de Louis XI, parce qu’elle aimait à croire qu'ayant longtemps vécu au milieu des grandes communes de Flandre et de Brabant, il développerait dans son royaume les mêmes institutions et la même prospérité. « Il avait, dit l’évêque de Lisieux, été, en quelque sorte, » élevé et nourri dans les États si florissants du duc de » Bourgogne , comme à l’école du gouvernement le plus » sage et de toutes les vertus héroïques. On espérait qu’à » l'aspect de la déplorable misère de son royaume, il rap- » pellerait à sa pensée les richesses, l'opulence et la pros- » périté qu'on admire dans les célèbres cités de la Flan- » dre. S'il y eût eu en lui quelque émulation, fondée sur » la vertu, quelque amour de la patrie, quelque désir de » gloire, ou du moins quelque sentiment de pitié pour ses ( 259 ) » peuples et de respect pour Dieu, 1l se füt eflorcé, avec » le zèle d’un esprit généreux, d'introduire dans ses États » des règles de gouvernement dont il avait pu apprécier » la légitime autorité confirmée par une longue expé- » rience (1). » Thomas Basin le dit lui-même au roi dès le lendemain de la cérémonie du sacre, et Louis XI, accueillant ses remontrances avec une approbation aussi empressée que peu sincère, avoua qu'en effet, dans Îles États du duc de Bourgogne, l'œil était ébloui de cette éclatante prospérité; que ce n'était qu'une suite non in- terrompue de villes et de bourgs aussi remarquables par le nombre de leurs habitants que par la beauté de leurs édifices ; que dans les campagnes, on ne voyait que de ver- doyants pâturages ou des champs fertiles couverts de mois- sons ; que partout les vêtements annonçaient l'aisance, et les figures le bonheur et la joie; que c'était bien là le caractère de la liberté opposé à celui de la servitude (2). (1) Cum fuisset per annos plures in illustri domo ac terris florentissimis felicis recordationis Philippi, ducis Burgundionum, quadam velut in schola et disciplina moderandae reipublicae omniumque heroicarum virtutum ali- tus et confotus, sperandum de eo cuivis facile videbatur quod, visa totius paene regni sui lamentabili pauperie ac desolatione, mente recogitans glo- riam , divitias, opulentiam atque honestatem quae in oppidis illis insignibus Flandriarum visuntur et sub eodem imperio mirum in modum coaluerunt atque excreverunt, si qua in eo virtutis aemulatio , si quis patriae amor, si qua cupido laudis et gloriae, si qua compassionis et miserationis viscera , si qua postremo Dei reverentia limorque exstitissent, quod generosus pius- que et benignus viri animus incitari atque inflammari debuisset, ut artifi- eium illud moderandae reipublicae in regnum suum, ex his quae viderat et experimento probaverat, transferre atque invehere voluisse deberet, Æpo- logie, p. 246. (2) Quibus sic perstricto sermone sibi expositis, gratias magnas se nobis häbere illico respondit. Aiebat nempe et affirmabat se de his rebus per nos commonitum, quas prae cunctis rebus temporalibus amplius perficere cupe- ( 260 ) Le successeur de Charles VIF, à qui le bon duc Philippe ret et affectaret, nullamque rem sibi posse gratius afferri, nec quae menti suae atque auribus jucundior atque suavior insonare posset, quam ubi de hujuscemodi rebus patrandis et perficiendis adhortaretur atque commonere- tur, videlicet de relevando populum, et in antiquas gloriam , libertates atque opulentiam ipsum restituendo atque instaurando, ac de debito ordine legum el justiliae instaurando atque reformando. Referebat praeterea se, postquam regni et Lerrarum suarum limites fuisset ingressus, illico, nemine etiam sibi indicante, patentem manifestamque differentiam notavisse terrarum regni, quas ingrediebatur, et aliarum sub ditione ducis Burgundiae, e quibus exi- bat, consistentium. Nam agros, ubi pedem in regno posuerat, ubique ferme squalentes, incultos, rubis et sentibus atque dumetis oppletos invenerat , raris et exiguis colonis inhabitatos, ipsos etiam agrorum cultores nudos paene aut tegumentis vilibus atque laceratis, vultus gerere exsangues et ma- cilentos, qui miserandae eorum inopiae et paupertati unicuique eosdem in- tuenti nolorie attestarentur; villarum vero atque aedium tam rusticarum quam urbanarum ubique inveniri ingentes ruinas , materias dirutas et majore ex parte sine habitatore; quae vero incolantur, tam misere instructas, tam vili et rara suppellectile ornatas, ut nibil aliud facies agrorum, hominum atque villarum quam extremam pauperiem, dejectionem atque servitutem praetendere videantur; e diverso vero, in terris ditionis Burgundiae, unde ipse veniebat, omnia florere, omnia velut splendere atque eminere liceat cui- libet intueri; civitates atque oppida frequentissima et prope continua, popu- lorum multitudine, aedificiorum magnificentia et variarum opum atque omni genere pretiosae suppellectilis refertissima; in agris vero et in villis mihil desertum, nihil inutile aut squalens inveniri, sed omnia illic culta, omnia sata vel ad animalium pascua utiliter destinata videri et haberi; nullam illic intueri ruinam, nullam maceriem vacuam aut dirutam, sed omnia colonis aut habitatoribus esse repleta; populos vero tam in oppidis quam in agris, tam culte, tam decenter amictos, tam claros et hilares vultus atque laetos praetendere, ut, procul dubio, utrorumque populorum tam aperta et con- specta diversitas, non aliud quam differentiam conditionis liberorum a pressis dira servitute ostentare videatur. (Æpologie de Thomas Basin, édition de M. Quicherat, p. 248.) Thomas Basin remarque que, si Louis XI ne fit rien pour tenir ses pro- messes , on vit, d’autre part, Charles le Hardi chercher à introduire dans ses États la coutume, depuis longtemps établie en France, de prélever l'impôt par la volonté seule du prince, IL, p. 422. ( 261 ) avait placé lui-même la couronne sur le front (1), ajoutait : « J'ai pu, pendant cinq années, admirer ces nobles cités » où tout retrace le bonheur et la liberté. Je veux que la France recouvre aussi ses anciens priviléges et son an- cienne splendeur (2). » Rien de ceci ne se retrouve dans Philippe de Commines. S'il n'’admire pas moins la prospérité des cités gouvernées par le duc de Bourgogne, il ne loue ni leurs mœurs ni leurs institutions , et il se borne à dire que, selon le juge- ment de Louis XI, leurs habitants étaient, dans la plupart des questions et surtout s’il s'agissait de choses subtiles, « bestes, » comme il appartient à des « gens de ville » (3). » Ces deux expressions étaient des synonymes à peu près équivalents pour le roi de France, qui s’applaudissait d’être allé chercher Olivier le Diable « au village (4). » Étrange contraste! Ces récits si différents appartiennent 2 4 (1) Voici comment une relation manuscrite rapporte le couronnement de Louis XI : « Incontinent ledit Monseigneur de Bourgongne, seul et aparlui tenoit à deux mains en hault dessus le chief dudit roy la très-noble couronne de fin or et de pierres précieuses qui fu au bon roy Loys et l’asist ledit monseigneur le ducq, seul à deux mains sur le noble chief dudit roy, puis dist et cria ledit monseigneur de Bourgongne en haulte voix : Vive le roi, Monjoye et saint Denis! » (A4rchives générales du royaume.) (2) Antiquam dignitatem, dit Thomas Basin. Les historiens du temps remarquent , en effet, qu’en 1457, Louis XI, alors exilé, étudia les institu- tions de Gand et de Bruges ; mais chaque fois qu’il vit dans ces villes la com- mune assemblée, il se sentit troublé et plein de crainte. À Bruges, il prenait les torches des bourgeois pour des lances; à Gand, il se laissait persuader que saint Bertulf s’était agité dans son tombeau : ce qui était le signe ordi- naire de quelque grand péril. (5) Mémoires de Philippe de Commines (je citerai toujours l'édition de Mie Dupont), II, p. 112. (4) Mém. de Commines, IT, pp. 82 et 92. ( 262 ) à deux hommes qui, doués d’une intelligence supérieure , ont occupé les positions les plus élevées dans l’État et dans l'Église; mais l’un a fui de France pour trouver l'hospita- lité dans nos provinces, tandis que l’autre a quitté le sol de ses pères pour chercher en France une puissance plus grande et de plus amples richesses. C’est Thomas Basin qui rend hommage au pays qui offrit la science à sa jeunesse et Le repos à ses dernières années (1). Quant à Philippe de Commines, il n’est rien ni dans ses talents, ni dans ses ser- vices, ni dans les honneurs dont il fut comblé qui ne le sépare de sa patrie. Certes, les contrées qui accueillirent Louis XT, lors de ses discordes avec son père, et qui depuis le trouvèrent si peu reconnaissant, n’ont rien à réclamer dans les bien- faits accumulés sur quelques hommes qu'il y distingua comme plus dignes de ses sympathics. Plusieurs n'avaient mérité leur faveur que par un dévouement aveugle; d’au- tres, en plus grand nombre, appartenaient à des familles qui, devant tout à une élévation rapide et contestée, ne cherchaient qu'à s'attacher à une autorité absolue assez forte pour les soutenir. Plus on étudie leurs annales do- (1) On sait que Thomas Basin étudia à Louvain, ville qu’il appelle Vostrum antiquum Lovanium, et ailleurs, Zovanium nostrum, locus nobis ab ipsis adolescentiae annis notissimus. D'après Valère André (Fasti acad. Lovan., p. 99) , Thomas Basin enseigna à Louvain. — JI serait assez difficile de savoir quels furent les deux chanoines de Saint-Pierre qu'il ÿ connut et qui avaient entendu le dauphin exilé annon- cer ses projets contre des vassaux trop puissants (11, p. 95); mais je re- marque parmi les recteurs de l’université deux astrologues célèbres par leurs relations avec Louis XI, Jean de Wesel et Jean Spierinck. — On conserve à la bibliothèque de Bâle des commentaires de Jean de Wesel sur la métaphy- sique d’Aristote, ( 265 ) mestiques pendant quelques générations, plus on recon- naît ces influences néfastes qui, après avoir préparé la triste fin de Louis de Male au cloître de Saint-Bertin, pesè- rent sur toute la domination de la maison de Bourgogne, toujours empressées à flatter son ambition et ses haines, jusqu’à ce qu’elles jugeassent qu'il était de leur intérêt non plus de se nourrir de ses largesses, mais de s’enri- chir de ses dépouilles. Il semblait que ces familles sor- ties de l’opulente bourgeoisie de nos cités pour entrer à la cour des princes, ne pussent faire oublier leur origine qu'en creusant un abime entre leur fortune de la veille et celle du lendemain. Cet abime, ce seront les sédi- tions populaires tour à tour excitées et réprimées, source de cruels désordres et d’implacables rigueurs. Elles y luttent, elles y mêlent leur sang, mais leur triomphe n’en est que plus complet. Rien n'’égale leur puissance, leurs richesses, leurs dignités, et le nom même de leurs ancêtres s’efface à l'éclat de ces splendeurs comme celui de Jeau Wast, devenu le sire de Montespedon, ou d'Olivier Necker devenu le comte de Meulan (1). Mais comment concilieront-elles le devoir, l'honneur, la fidélité, qui ont des limites sévèrement tracées, et l'ambition, qui n’en connaît jamais? Plus lenr faveur grandit, plus leur orgueil s'accroît, plus est proche le moment où elles trahiront le prince dont elles n'ont plus rien à attendre, comme na- ouère elles trahirent la commune affaiblie et désarmée. Telle est l’histoire de la famille à laquelle appartenait (1) La postérité des sires de Montespedon, comme celle de Commines, s'allia aux princes les plus illustres. Quant à Olivier Necker, personne ne se soucia de porter après lui l'écu où le rameau d’olivier s'était desséché au vent patibulaire de Montfaucon. (Cf. Hém., T, p. 98.) ( 264 ) Philippe de Commines. Nous savons combien sa postérité contracta d'illustres alliances; nous lui restituerons tout à l'heure son titre de prince de Talmont et de Meilleran, et cet autre litre de comte de Dreux, qui fut souvent porté avant lui par des princes de la maison royale de France. Qu'on nous permette seulement un instant de remonter jusqu'à son grand-père, que nous ne connaissons que sous le nom moins illustre de Colard Vanden Clyte. Les ancêtres de Philippe de Cominines n'étaient que «des gens de ville, » c’est-à-dire de riches bourgeois d'Ypres que l’on rencontre plusieurs fois dans l’échevinage, mais toujours comme les adversaires du parti communal. Ainsi Jean Vanden Clyte siégea parmi les juges de Zannequin, et 1l fat successivement envoyé vers Charles le Bel, après la paix d’Arques et vers Philippe de Valois après la bataille de Cassel, pour s’incliner devant des princes profondément hostiles à la Flandre (4). Un demi-siècle plus tard, Colard Vanden Clyte est baïlli de Gand, quand Louis de Male extermine les tisserands (2). Rentré à Ypres quelques an- nées après, Il y signe la charte qui confisque Les franchises de ses concitoyens (5). À Colard Vanden Clyte remontait l'élévation de sa fa- mille. Louis de Male le créa son conseiller, et de plus, lui donna la main de l’héritière de la maison de Wasiers qui avait recueilli la terre de Commines des illustres seigneurs (1) /nventaire des archives 4 pres ; par M. Diegerick, I, pp. 5, 9 et 50. (2) On conserve aux archives du royaume un compte de Colard Vanden Clyte, bailli de Gand, du 25 janvier 1551 au 21 mai 1552. Il y prend le ütre de chevalier et de seigneur &e Nieuwenhove, Une branche de cette fa- mille semble être restée assez obscure. On y trouve un peintre et un procu- reur au grand conseil (Lennot de la Clite, 1460). (3) Charte du 9 août 1577, aux archives de Lille. ( 265 ) de ce nom, cités dans notre histoire dès la première eroi- sade. Lorsque Philippe le Hardi se montra si ingrat envers Jean Vau der Zickele, à qui il devait en grande partie le traité de Gand (le Jean de la Faucille, « moult renommé homme et sage, » de Froissart), ce fut Colard Vanden Clyte qui fut chargé de présider à la confiscation de ses biens (1). Son crédit était si grand, que les bourgeois de Nieuport, désirant entourer leur ville de murailles, constituèrent une dot d'un revenu de trois cents livres à la fille du sire de Ghistelles qui allait épouser son fils, en s'engageant à renoncer à toutes dispenses de papes, d'empereurs et de rois (2). Les fils de Colard Vanden Clyte furent Jean de Com- mines, chevalier de la Toison d’or et souverain bailli de Flandre, et Colard de Commines, qui succéda à son frère dans cette dernière charge. Sous Philippe le Bon, vous les rencontrez partout, dans les camps comme dans les con- seils. En 1435, le duc de Bourgogne leur confie le gouver- nement de la Flandre. Ils sont à Troyes quand les Bour- guignons offrent la couronne aux Anglais; ils sont à Compiègne quand les Bourguignons mettent la main sur la Pucelle, qu'ils leur livreront aussi. Plus tard, 1! est vrai, on les retrouve au siége de Calais, mais les communes de Flandre leur reprochent de les y avoir trahies et les con- damnent à l'exil. Les sœurs mêmes de Jean et de Colaril de Commines sont enveloppées dans ces proseriptions, (1) Charte du 14 octobre 1586, aux archives générales du royaume. (2) Charte du 8 janvier 1588 (v. st.), archives générales du royaume. Au mois d'août 1591, Colard de Commines plaidait contre le baïlli d’Ypres au sujet de la juridiction « de la grande rue de Zillebeke. » Il succomba dans saprétention. (Archives du royaume.) ( 266 ) car elles ont épousé Roland d'Uutkerke, Guillaume d'Hale- wyn, Maurice de Varssenaere. Cependant le duc de Bourgogne sontient ces favoris, dont le dévouement paraissait alors si sincère ; mais voici que les princes joignent leurs griefs à ceux des com- munes, el les accusations qu’ils font entendre sont les plus graves de toutes. C’est le duc de Bourbon, beau- frère du due de Bourgogne, qui demande à poursuivre Jean de Commines comme auteur du meurtre d’un de ses parents, et qui s'étonne de la protection sous laquelle il s’abrite : « Se j'ay fait poursuite contre ledit de Com- » mines, écrit-il au duc Philippe, ne vous en devriez » merveillier, ne estre mal content, car vous estes plus tenu à mondit cousin, dont Dieu ait l'âme, et aux siens » que audit de Commines (1). » Le procès fut étouffé (2) : LL (1) Quelques pièces officielles de ce procès existent aux archives de Gand; la plupart nous ont été conservées par le manuscrit de Bruxelles n° 16735, qui, en 1681, faisait partie de la bibliothèque de François Kervyn. Ce ma- nuscrit est fort précieux, mais il n’éclaircit pas complétement les circon- stances de ce procès. (Voyez mon Aistoire de Flandre, IV, p. 299.) Lorsqu'on entend Gerson raconter que Jacques des Préaux fut assassiné par les parents d’une femme qu'il avait épousée, en lui cachant ses doubles vœux de céles- tin et de cordelier, on arrive à se demander si cette femme était une parente du sire de Commines, et comment celui-ci se trouvait à Plaisance vers 1425 ou 1450. Tout ceci mériterait quelques recherches. Je me borne à faire remar- quer que Jacques des Préaux possédait, en Artois, les terres de Combles et de Puiseux et que les deux valets par lesquels il fut frappé en Italie, étaient nés l’un et l’autre dans les Ardennes. Jean de Commines avait épousé la veuve d’Archambaud de Croy. (2) Deux fils de Charles de Bourbon entrèrent dans la carrière des hon- neurs ecclésiastiques, et y figurèrent dans des partis opposés. L'un fut cet évêque de Liége, contre lequel s'élevèrent des séditions si cruellement punies par le duc de Bourgogne. L'autre, qui eut l'honneur d’être le parrain de Charles VIIF, auquel il donna son nom, ne fut qu’un des joyeux compères de Louis XI, et il oublia les griefs de son père contre la maison de Commines eo. ( 267 ) tel fut toutefois le retentissement de celte plainte, que Jean de Commines se vit réduit à renoncer à ses fonctions de souverain bailli de Flandre (1), mais 1l les transmit à son frère (2). Celui-ci, de plus en plus puissant (5), se venge des Brugeois, lorsque le duc lui remet, en 1437, les clefs de leur ville et le constitue leur juge. Il réussit moins bien à Gand, où il est le premier qui fuie lors des troubles de 1451. La faveur des sires de Commines semblait devoir s'arrêter là; car, vers 1455, le duc de Bourgogne, allé- guant l'irrégularité des comptes qu'ils lui avaient rendus, fait saisir et vendre à son profit leur terre de Rawerschuere ou Reneseure; mais Colard laisse, après lui, un fils dont Philippe le Bon est le parrain, et qui sera , pour le jeune comte de Charolais, le confident de ses premiers rêves d'ambition et de conquêtes : il lui est réservé de porter plus haut qu'aucun des siens la puissance et la renommée de sa maison. pour vivre dans l'intimité du sire d'Argenton. Louis XI offrit en plaisantant « ce bon compagnon » pour confesseur au roi d'Angleterre, Edouard IV. (Commines, I, p. 376.) (1) A sa mort, il n’était plus que capitaine de Rupelmonde, et Bertrand de la Broquière lui succéda. (Quittance de Jean de Commines (le tuteur de Phi- lippe de Commines) du 19 juillet 1445, aux archives du royaume.) (2) Colard de Commines avait été précédemment bailli de Gand, mais il avait été déchargé de ces fonctions le 9 mai 1455. (Archives du royaume.) Un * sauf-conduit du roi d'Angleterre, Henri VI, nous apprend qu’au mois de juillet de la même année, il se rendit en pèlerinage à Canterbury avec une suite fort nombreuse : Cum viginti et quatuor personis in comitiva, ac equis, jocalibus , bogeis, manticis, necnon hernestis quibuscumque. (3) Comme seigneur de Waten, Colard de Commines avait fait établir un pont sur la rivière qui coule de Saint-Omer vers Waten et Gravelines. La ville de Saint-Omer et les quatre membres de Flandre s’y opposèrent; mais le duc se rendit lui-même à Saint-Omer, au mois de mars 1439 (v. st.), pour évoquer l'affaire devant son conseil. (Archives du royaume.) ( 268 ) Lors de l'émeute de Gand en 1467, Philippe de Com- mines n'était qu'écuyer et l’un des échansons de Charles le Hardi (1), dont il partagea ce jour-là les périls, comme déjà il avait partagé avec lui ceux de la mêlée de Montlhéry. Quelques mois après, devenu chambellan et chevalier, il signe, comme premier commissaire du duc, les comptes de la ville de Courtray (2). En 1468, il est désigné, avec le sire d'Humbercourt, pour remplir la même mission près des magistrats d'Ypres (3). Cette même année, il a profité de son influence sur le duc de Bourgogne pour calmer les terreurs du roi de France, captif à Péronne, dans la tour de Charles le Simple, et il lui rend de nouveaux services dans le voyage de Liége, si heureusement et si promptement. achevé (4). À peine revenu des bords de la Meuse, il assiste, (1) Compte de Barthélemy Trottin, cité par M. le comte de Laborde. Charles le Hardi fit donner, à cette occasion, quarante-huit francs à Philippe de Commines « pour soy aidier à deffrayer. » (2) Au mois de janvier 1467 (v. st.). (Archives du royaume.) (5) Le 17 février 1468 (v. st.). Humbercourt, absent, fut remplacé par Pierre Metteneye. (Archives du royaume.) (4) Voyez les lettres de Louis XI, du 21 février 1472 (v.st.). Pr. de Com- mines. Les archives du royaume possèdent un document fort intéressant sur les relations de Louis XI avec les Liégeois, dans les premières années de son règne. L'évêque de Liége s'était plaint de ce que le roi avait envoyé, du côté de Rhétel, 6 à 7,000 combattants sous les ordres de Mouy, de Flocquet et de Rouault. Les Liégeois, d'autre part, y virent une promesse d’appui, et ils envoyérent au roi des ambassadeurs « et viennent encore journelement et par très grant obéissance et parfaite humilitet par devers ledit roy et ceulx de son très noble et discret-conseil, afin de par eulx pour avoir et obtenir ung bon, hounourable, pourfitable el gracieux traictet et appointement, telle- ment et si bien qu'ils puissent estre et demorer à tousjours mais en la très- noble et très puissante grasce et bonvoellance dudit roy. »… Mais le roi parut ne pas vouloir les écouter. « Ledit roy ne les voelt nullement, par quelque ( 269 } avec uue joie qu'il ne dissimule pas (1), à l'amende honora- ble des Gantois, cette première magnificence du duc Charles, comme l'appelle Chastelain ; mais quelques années encore doivent s'écouler avant qu'il ose poser ouvertement cette menaçante question : « Comment Dieu a tant préservé celle » ville de Gand, dont tant de maux sont advenus et qui est » de si peu d'utilité (2). » Les temps étaient bien changés depuis que Froissart appelait cette même ville « la cité » souveraine de conseil, de puissance et de seigneurie, » assise en la croix du ciel. » Ainsi s'explique par des haines héréditaires ce senti- ment hostile qui inspire tout ce que Commines écrit des communes flamandes : il semble n’avoir jamais évoqué dans sa mémoire le manoir de ses aïeux et les riantes prai- ries de la Lys, que pour se souvenir que ce fut par là que voye, ne aultre moyen que soit, plus avant veoir, entendre, escouter, ne oyr en nulles de leurs requestes, ja soit ce que monseigneur le duc de Bour- gogne prie et supplie nuit et jour moult débonnairement et affectueusement audit roy nostre seigneur pour, ou nom et en la faveur de ceulx et ladicte ville, chitet et pays de Liége. $e ainsi est toutes voyes, que tout premier et devant , ledit roy nostre seigneur ait du tout à son très-noble plaisir, volentet et plain volloir et que de fait lui soient livrés et amenés aucunes personnes particulières (de la ville et pays de Liége) pour d’iceulx faire et user à son très-noble plaisir, bonne discrétion et plaine voulentet comme ses subjes ; savoir, messire Jehan la Ruoée (Boverie ?), maistre Gilles de Metz, mais- tre Gilles de Huy, Jehan de Sommaing, Mailhierbe, maistre des moi- nes, elc., etc., etc. (sic). » Louis XI voulait persuader aux Liégeois qu'ils n'avaient rien à craindre du duc de Bourgogne, en s'adressant à lui; mais avant de traiter avec eux, il désirait qu'ils lui remissent des otages, afin d’être plus sûr de la fidélité de ses nouveaux alliés. (1) Et à toutes ces choses povez bien veoir le bien qui advient d’estre vainqueur. (ém., 1, p. 146) (2) Mém., 11, p. 132. ( 270 ) pénétra en Flandre l'invasion triomphante de Charles VI. Dans les écrits de l’évêque de Lisieux, au contraire, la douce image de la patrie absente ne s’efface jamais. Il regrette de ne pouvoir pleurer avec les siens, quelque pénible qu'il Jui eüL été de voir le visage d'un tyran et l'oppression de tout un peuple (1). Il supplie le pape Sixte IV de le décharger de ses fonctions épiscopales qu'il lui est devenu impossible de remplir, tant la colère de Louis XI est implacable; mais il est fier de l'avoir méritée le jour où, en rejetant ses pré- sents, il a mis obstacle à ses tentatives impies d'étendre jusqu’en Normandie les complots qu'il dirigeait contre son père (2). Si Philippe de Commines renonça à ses domaines héréditaires, ce ne fut qu’afin d’en posséder de plus consi- dérables, et il tenait à ce point à ceux qu’il reçut que, pour s'en assurer la conservation, il ne recula ni devant la vio- lence, lorsqu'il jeta au feu les titres qu’on lui opposait, ni devant la fraude, quand, par un misérable subterfuge fondé sur l’existence d'une copie, il osa jurer que ces titres n'avaient pas été détruits. La main qui l’avait enrichi était cette main corruptrice que Thomas Basin avait repoussée, et sa trahison, bien plus importante que n’eût été celle de l’évêque de Lisieux, se lie à des événements qu'il est inté- ressant d'étudier, car ils appartiennent moius à sa biogra- phie qu’à l'histoire générale de son temps. Commines n'avait pas tardé à reconnaître que le duc de Bourgogne, ingrat et avare vis-à-vis des siens, orgueilleux vis-à-vis des étrangers , ambitieux jusqu'à la folie et impé- tueux jusqu’à la colère , d’ailleurs bien inférieur à Louis XI (1) Quod neque tyranni vullum, nec totius regionis calamitates..……… Apologie, p. 369. (2) Æpologie, p. 244. (AE ) dans l’art de conduire ses intrigues, était indigne de con- server un serviteur si habile. I lui était resté aussi de la mélée de Montihéry un souvenir qui l'éloignait de ces guerres rudes et obstinées où se complaisail son maitre: il avait vu de près comment la politique du roi de France avait dissous la ligue du Bien Public, et quand elle voulut se reconstituer sans enthousiasme et sans vigueur contre le roi devenu puissant et redouté, il se mit sans hésiter du côté du roi (1). C'était en 1472. Le duc de Guyenne, qu'on songeait à placer sur le trône de France, afin d'exécuter, disait-on, le dernier vœu de Charles VIE, était mort prématurément à la fleur de l’âge, au milieu des murmures de l’indignation publique qui aceusait Louis XI d’un fratricide (2), et Charles le Hardi, d'accord avec le duc de Bretagne, avait pris à témoin le ciel et la terre qu'il vengerait le crime (5). Cepen- dant Louis XI reste impassible. Il attend dans l'Anjou : il observe, il négocie, il besogne (4). Jamais 1l ne se montra Ps (1) Si Commines rappelle avec quelque émotion que Charles le Hardi fut son seigneur et son maitre, sa fin si malheureuse lui inspire toutefois une froide plaisanterie : « Celluy qui lui osta (son pourpoint ou son signet) lui fut » mauvais varlet de chambre. » (Mém., Il, p. 65.) (2) D'après Adrien de But, le résultat de l'expédition d’Edouard IV, en 1471, où l’on avait vu l’Angleterre changer de roi, grâce à un secours donné par le duc de Bourgogne, avait rempli Louis XI de crainte, et rien ne con- tribua davantage aux événements qui s’accomplirent l’année suivante, (5) Le duc envoya des messagers dans toute la Flandre pour annoncer « [a trahison du duc de Guiene "frère du roy de Franche. » Quelques jours aprés, il fit publier « la manière dudit träïson. » En même temps, d’autres mes- sagers se rendaient à Calais, près des ambassadeurs du roi d'Angleterre. (Compte des exploix du conseil en Flandres.) (4) On chantait en 1472 : Berry est mort, Bretaigne dort, ( 272 ) plus généreux : Six mille livres pour Lescun, qui est tout puissant en Bretagne; six mille livres pour Philippe de Commines, qui n'est pas seulement chambellan du duc de Bourgogne, mais aussi son secrétaire pour les affaires secrètes, secretissarum secrelarius, dit Adrien de But. Quand Phihppe de Commines trahira-t-il? sera-ce après l'assaut de Beauvais? non, car le duc a fait sa retraite en bon ordre: ce sera devant Dicppe, après douze jours perdus dans un siége que ne marqua aucun combat, quand l’armée bourguignonne, épuisée de fatigues et manquant de vivres aura constaté son Impuissance (4), et Philippe de Com- mines lui-même nous expliquera le moment qu'il choisit, dans ces lignes relatives à une autre trahison : « Quant » ceulx qui estoient contre le duc veirent qu'il n'estoit » pas assez fort, ils exécutèrent leurs entreprinses (2). » Bourgogne hongne, Le roy besogne. Leroux de Lincy, Chants hist. et popul. du temps de Louis XI , p. 194. Commines emploie la même expression. Le roi, dit-il quelque part, « be- sognoil en dissimulations. » (Mém., 1, p. 170.) (1) Dés 1472, la décadence de la puissance bourguignonne est manifeste. D'une part, le duc rend la liberté à tout prisonnier qui s’engagera à com- battre sous ses drapeaux « sur promesse de servir Monseigneur en toutes ses armées en personne sur peine de confisquer sa vie » ; d'autre part, il ordonne de pendre les hommes d'armes qui s’éloigneront de son camp. (Compte des exploix du conseil en Flandres, archives du royaume, n° 21841.) Pen- dant qu’il envahissait la Normandie, 1,600 ou 1,800 hommes d’armes, sortis d'Amiens, livrérent aux flammes les faubourgs d'Hesdin, après avoir dévasté trente-deux villages. (Comptes des amendes, explois et confiscations du grand conseil, archives du royaume, n° 21454.) (2) Mém., 1, p. 215. — Le récit des événements qui précédèrent la trahison de Commines, tel que nous le trouvons dans ses Hémotres , donne lieu à de sérieuses difficultés. En effet, Commines rapporte que le duc de Calabre vint à ( 275 ) Le 8 août 1472, à six heures du matin, c'est-à-dire à Arras pour négocier son mariage avec Marie de Bourgogne, et que le lende- main, on apprit, par des lettres de Simon de Quingey, la mort du duc de Guyenne. Il ajoute que Simon de Quingey avait été retenu près de Louis XI jusqu’à ce que l’on eût appris la fin du duc de Guyenne, et qu'il passa huit jours au Plessis à attendre inutilement que le roi confirmât par son serment le traité secret que le sire de Craon et Pierre d'Oriole avaient déjà juré à Arras, en présence de Commines, traité par lequel il était convenu que le duc abandonnerait le duc de Guyenne, et recouvrerait les villes d'Amiens et de S'-Quentin. Commines ajoute (ce qui paraît bien peu vraisemblable) que les envoyés de Louis XI engagèrent eux-mêmes Charles le Hardi à pour- suivre ses armements, afin de forcer leur maitre à tenir ses promesses. La chronologie se prête mal à ces assertions. Charles le Hardi arriva le 16 mai à Arras. Le traité secret ne put être conclu, au plus tôt, que le 17, Simon de Quingey (même en supposant qu’il soit parti dés le lendemain avec les ambas- sadeurs français) eut-il le temps de se rendre au Plessis et d’y passer huit jours avant d'écrire des lettres qui arrivèrent à Arras, non pas le 15 mai, comme le portent les textes imprimés (le duc n’était pas alors à Arras), mais le 25 mai, c’est-à-dire le lendemain du traité d’alliance conclu entre le duc de Calabre et le duc de Bourgogne? Cette lettre pouvait d’ailleurs annoncer tout au plus l’aggravation de la maladie du duc de Guyenne, car il ne mou- rut que le 28 mai. Personne n’a jamais vu le traité secret dont parle Commines en témoin oculaire, et je ne sais s’il ne faut pas reconnaître dans cette assertion une apologie peu sincère des entreprises de Louis XI contre son ffère. Reprenons les faits d’après les sources les plus dignes de foi. Le sire de Craon et Pierre d’Oriole s'étaient rendus à Bruges, pres de Charles le Hardi, au mois d'avril 1472, pour lui faire part de certaines pro- positions de Louis XI. Ces propositions consistaient, comme le dit Com- mines , dans la rétrocession des villes d'Amiens et de S'-Quentin, auxquelles Charles tenait beaucoup, s’il consentait à se séparer du duc de Guyenne. Ces négociations n'avaient pas abouti, quand on convint d’une nouvelle trêve qui devait se prolonger jusqu’au 15 juin, afin (cela y était dit expressément) que l’on püt donner suite aux négociations déjà entamées. Cette trêve fut signée au Plessis, le 22 avril, par Louis XI. Les termes mêmes dont on ÿ fait usage sont caressants pour le duc de Bourgogne, fort laconiques pour le duc de Guyenne, qui, toutefois, est expressément compris dans la trêve. Le roi de France se borne à dire : « Nostre frère Le duc de Guyenne, » mais il 2° SÉRIE, TOME VII, 18 (274) l'heure où Charles le Hardi se met chaque jour au tra- appelle le duc de Bourgogne « son très-chier el tres-amé frere et cousin. » (Archives du royaume.) Louis XI, qui avait déjà tout préparé pour dépouiller son frère, attendait impatiemment le résultat des démarches de ses ambassadeurs... Le 8 mai 1472, il écrit au vicomte de la Bellière (Tannegui du Chastel) de ne rien entreprendre sur la Rochelle et « de ne pas estre chaud à cette fois. » Il ne sait pas encore si la paix est conclue avec le duc de Bourgogne; il n’hésite pas à croire qu’en ce cas, celui-ci, heureux de recouvrer les places qu’on lui avait enlevées, ne s’opposera pas à l'invasion de la Guyenne ; mais 1l ajoute : « toutesfois, se vous pouvez rien avoir par pratique, prenez-le. » (Pr. des Mém. de Commines , éd. Lenglet-Dufresnoy ; IT, p. 186.) Nous savons qu’il y avait à Bruges, le 29 avril, d’autres ambassadeurs du duc de Guyenne et du duc de Bretagne, chargés de faire échouer les tenta- tives de Louis XI. Charles le Hardi, qui, au lieu d’une trêve d’un an, n'avait consenti, au dérnier moment, qu'à une tréve de six semaines, était bien résolu à ne pas abandonner ses alliés, et s’il avait prêté l’oreille aux proposi- tions du roi de France, c'était afin d’avoir le temps d’assembler ses hommes d'armes en Artois. Le 12 mai, nous le voyons quitter Gand pour se rendre à Arras au milieu de l’armée qui se réunit par ses ordres. En effet, le 15 mai, Louis XI écrit à Tannegui du Chastel que, d’après les lettres qu’il a reçues de ses ambassadeurs, il ne faut rien attendre du duc de Bourgogne, « car ce ne sont que toutes dissimulations », et « pour » ce, » il le prie de faire du mieux qu’il pourra. Louis XI juge urgent de profiter de l’agonie du duc de Guyenne pour occuper son apanage par force ouverte. Il annonce à Tannegui du Chastel qu'il ira lui-même le rejoindre, si l'entreprise de la Rochelle est sûre. (Pr. de Commines , éd. Lenglet-Dufres- noy, Il, pp. 94, 245; IT, p. 187.) Tannegui du Chastel, fidèle aux instructions du roi, avait déjà pratiqué le gouverneur de la Rochelle, qui s'appelait Mérichon; le duc de Guyenne l'avait fait seigneur d’Uré. Louis XI, si bizarre dans la phraséologie officielle de ses faveurs royales, lui offrit la seigneurie des halles de Poitiers, et fit de son fils son échanson (c’est lui que Commines, I, p.548 , appelle monseigneur des Halles). La marchandise (Commines n’a pas manqué de la mentionner) s’accomplit, et Louis XI, qui avait quitté Le Plessis vers le 19 mai, entra, le 24, à la Rochelle : nous le savons par une déclaration où il accuse son frere d’avoir oublié ce serment de Saint-Lo, qu’on ne pouvait violer, d’après lui, Ur 0. ( 275 ) vail (4), il apprend la fuite de Commines et écrit aussitôt pour que ses biens soient frappés de confiscation (2). Dans son avarice, il se réjouit en quelque sorte de mettre la main sur les terres d’un feudataire parjure, et ce senti- ment se retrouve jusque dans ces lignes des comptes du grand conseil, évidemment relatives à Commines, qui possédait de nombreux domaines dans la châtellenie de Cassel : « A Josse de le Hove, le xv° jour d’aoust audit an » LXXII, la somme de quarante-huit sols..., pour à toute » diligence avoir été porter lettres closes de par eulx » (les membres du grand conseil) à maistre Jehan de » Janly estant à Bruges, à fin que incontinent il viengne » et retourne à Arras pour y vacquer à l'expédition du fait » de la justice et pour d'illecques aler et porter lettres de sans mourir dans l’année : le duc de Guyenne mourut quatre jours après. (Recueil des ord. des rois de France, XVI, pp. 488-509.) Ne résulte-il pas évidemment de tout ceci qu'aucun traité secret, relatif à l'abandon du duc de Guyenne, ne put se conclure à Arras peu apres le 16 mai? Il n’est pas moins certain que l’on ne peut reprocher à Charles le Hardi d’avoir rompu la trêve. Il avait, il est vrai, réuni des forces pour com- mencer la guerre le 16 juin. Si elle se rouvrit plus tôt, il n’en fut pas respon- sable. On comprend aisément que la nouvelle de l’entreprise de Louis XI contre la Rochelle, qui constituait la rupture de la trêve, lui soit parvenue le 5 juin, jour où il écrivit aux échevins de Mons qu'il allait reprendre les armes; mais il n’était pas encore tout à fait prêt à le faire, car ce ne fut que buit jours après qu’il se présenta devant Nesle. (1) C’est Philippe de Commines lui-même qui nous l’apprend (IE, p. 279). Il ajoute que Charles n’était jamais fatigué , et « que sa personne povoit assez porter le travail. » Ce n'est pas lui qui aurait fait usage de ce chariot bran- lant, garni de velours et de satin cramoisi, que le duc Philippe se fit con- struire , lors du siége de Dinant, par Thomas Portinari. Voyez le compte pré- senté par Hervé de Mériadec , le 4 octobre 1466. (Archives du royaume.) (2) Document découvert par M. Gachard, dans les archives du château de Beaumont. ( 276 ) » par mesdits seigneurs du grand conseil à monsieur le » prévost de Cassel estant à Bruxelles, à fin que aussi 1l » viengne et retourne audit Arras, pour faire le rapport » de certains procès qui grandement touchent mondit » seigneur et dont, comme l’on dit, il est taillé d’avoir » grant proflit (1). » Mais le caractère de Charles le Hardi, quel que soit son avarice, n’en est pas moins dominé par la colère, et le lendemain de la trahison de Commines, on le voit donner l’ordre de marcher en avant et de porter la flamme dans le pays de Caux. C'est aux Ponts-de-Cé que Commines rejoint Louis XF, et celui-ci est si joyeux de sa venue qu’il lui abandonne tout le revenu du tonlieu de soixante sols tournois sur chaque muid de sel passant aux Ponts-de-Cé (2); mais ceci n'était rien. Commines reçut des principautés : Talmont, dont on avait chassé les la Trémouille, Meilleran, qu'on enleva aux la Rochefoucaud. On y ajouta des vicomtés, des villes, des ports où 1l essaya de transporter le commerce de la Flan- dre. Il suffit de faire remarquer que presque tous ces biens provenaient de confiscations et des confiscations les plus odieuses. Talmont n'était-il pas le légitime héritage de ce Louis de la Trémouille qui tomba à Pavie, rival de Bayard, par son courage et par sa mort? Louis XI donna à Com- mines la seigneurie d'Argenton avec la main d'une sœur (5) (1) Compte des amendes , explois et confiscations du grand conseil (archives du royaume, n° 21454). J'ai vainement cherché, dans ces comptes, l’état des confiscations relatives à Commines, mais on y rencontre les pièces originales qui concernent la saisie des biens des sires de Croy. (2) Preuves de Commines , éd. de Mi: Dupont, II, p. 21. (5) Nicole de Chambes, dame de Montsoreau, maîtresse du duc de Guyenne, sœur d'Hélène de Chambes (Ml: Dupont ne l'a pas remarqué , quoique Gode- froy en eut dit quelque chose), était, comme elle, fille de Jean de Chambes , ( 277 ) de cette dame de Montsoreau qui, ayant fui l'oppression de Louis XI, sut charmer le duc de Guyenne, non par sa beauté, mais par son talent comme poële et comme musi- cienne, et qui partagea, dit-on, avec lui le même poison (1). Plus tard, Commines s'enrichit des sanglantes dépouilles du duc de Nemours (2), et quand nous le voyons flétrir les exactions du sire du Lude dans les États héréditaires de Charles le Hardi en 1477, nous ne pouvons oublier que, cette même année, dans les mêmes circonstances, il se vit en butte à de semblables accusations en Bourgogne. Douze ans après sa trahison, Commines, interrogé par maître d'hôtel de Louis XI et de Jeanne Chabot, petite-fille de Thibaut de Chambes et de Brunissende d’Argenton. Jean de Chambes avait acheté, en 1450, la terre de Montsoreau à son beau-frère, Louis Chabot, Nicole de Chambes était veuve de Louis de Thouars que Louis XI avait dépouillé de ses biens, et tel était le motif qui l’avait portée à fuir en Guyenne. Or, ces mêmes biens passèrent des mains du roi de France dans celles de Commines. Chambes- Montsoreau portait d'azur semé de fleurs de lis d'argent. (1) Bouchet, Annales d’ Aquitaine. Bouchet s'étonne de voir Commines citer, parmi les serviteurs du duc de Guyenne, le sire d’Estissac, qui était depuis longtemps vendu à Louis XI, et Commines ne pouvait l’ignorer, En relisant le testament du duc de Guyenne, je me demande si ce document est bien authentique : le doute est au moins permis, quand on remarque qu’il y institue pour héritier le roi, qui, en ce moment, lui faisait la guerre, et qu’il désigne comme exécuteurs testamentaires Montauban, Lescun, Coissier et Malicorne , qui étaient précisément les traîtres aux gages de Louis XI. (2) C’est à Arras, au mois de septembre 1477, c’est-à-dire au moment où Commines fomentait des complots dans le Hainaut, que Louis XI lui donna les biens du duc de Nemours, situés dans le bailliage de Tournay. (Philippe de Commines , éd, de Me Dupont, preuves, III, p. 67.) Les magistrats de Tournay « considérant que ledit seigneur d’Argenton a grand familiarité au » roy et à court, » se hâtèrent de le mettre en possession du don royal. En 1475, ils lui avaient déjà envoyé une belle tapisserie « attendu les paroles » dites et promises au susdit seigneur d’Argenton. » Voltaire dit que Com- . mines fut lun des juges du duc de Nemours. C’est, je pense , une erreur. (278 ) les commissaires du Parlement, leur répondait que, malgré l'importance des domaines qui lui avaient été donnés, Louis XI « estoit tenu de plus grant somme envers lui, » et que, si le roi l'avait traité avec générosité, c'était « pour » crainte que il qui parle eust eu cause de s’en retourner » dont il estoit venu et de laisser ledit roy (1). » Ainsi Commines proclamait lui-même qu'il s'était laissé corrom- pre, et à son avis, 1l n'avait pas reçu assez quand, indépen- damment de ses vicomtés et de ses châtellenies , on l'avait créé deux fois prince. Si nous ouvrons les Mémoires de Commines, ce qui nous y frappe le plus vivement, c’est le dédain pour ceux qui sont malheureux ou malhabiles, c’est le respect pour quiconque réussit à éblouir les yeux du vulgaire par une baute fortune. Il méprise fort les bestes et simples gens : il n'écrit que pour les rois, à qui il reconnaît, en matière de droit et de justice, des priviléges tout exceptionnels (2). J'aime mieux le langage de Thomas Basin, qui s'adresse à tous ceux qui cherchent dans l’histoire la sanction de ces grandes règles morales en dehors desquelles il n’est de place ni pour l'autorité des rois, ni pour la liberté des peuples : « Ceux qui viendront après nous, dit-il, cher- » cheront à imiter le bien, à fuir ce qui est honteux et » injuste; 1ls apprendront comment leurs ancêtres ont » trouvé le bonheur en obéissant à Dieu, et comment, » au contraire, l’abime de leurs vices à été aussi pour » eux l’abîme de leurs misères. Malheureusement il arrive (1) Mém. de Commines, introduction de Mile Dupont, I, p. Lxxxvu, (2) « Et aussi je fais mon compte que bestes ne simples gens ne s’amu- » seront point à lire ces Mémoires; mais princes ou aultres gens de cour y » trouveront de bons advertissements, à mon advis. » (Wém., I, p. 268.) ( 279 ) » trop souvent que des narrateurs peu soucieux de la » vérité cherchent à tromper la postérité, soit par leur » silence, soit par de mensongères apologies. Pour nous, » nous ne nous attacherons qu'à dévoiler la vanité des » choses humaines (1). » Si la pensée révèle moins l’homme habile, elle appartient davantage à l'homme de bien (2). (1) Praefatio in libros histor. (2) On reproche, à la vérité, à l'évêque de Lisieux d'avoir accueilli trop volontiers toutes les rumeurs populaires dirigées contre Louis XI. Cepen- dant, quelle que soit son horreur du crime, quelque chaleureuses que soient ses sympathies pour les malheurs des victimes, il proteste de sa circonspec- tion et de sa prudence. Si nous ouvrons les narrätions inédites de Gilles de Roye et d’Adrien de But, nous y découvrons bien d’autres accusations. Ce n’est pas seulement de son père, mais aussi de sa mère que Louis XI refuse de porter le deuil. On lui impute, non-seulement l’empoisonnement du duc de Guyenne, mais aussi celui du duc Jean de Calabre (mort le 6 janvier 1470 (v. sL.), d’après Adrien de But) et de René I‘, duc de Loraine. Adrien de But ajoute qu’on expliquait de la même manière la mort de l’évêque de Paris, Guillaume Chartier, dont un frère fut poëte et un autre chroniqueur. C'était entre les mains de Guillaume Chartier que Louis XI avait prêté , lors de son avénement, le serment solennel de remplir, selon la justice et l'équité, tous ses devoirs de roi, et il avait eu le courage d’oser le lui rappeler. Le 1‘ mai 1472, Guillaume Chartier assistait à une procession générale qu’il avait cru pouvoir ordonner pour demander à Dieu que le roi de France se réconciliât avec son frère. Quelques heures plus tard, l’évêque de Paris rendait le der- nier soupir, et la foule émue se précipitait vers son lit pour lui baiser les pieds et les mains, comme ceux d’un saint et d’un martyr. Au lieu de s’as- socier à ces regrets, Louis XI parut se réjouir de sa mort, et le même jour où il écrivait à Dammartin qu’il se signait de la tête aux pieds en pensant qu’il était informé du mal de son frère, par le moine qui disait ses heures avec lui, il adressait d’autres lettres aux échevins de Paris pour leur défendre d'élever un tombeau à Guillaume Chartier, coupable, à ses yeux, de lèse- majesté, comme trop favorable au duc de Guyenne. — Gilles de Roye entre- tenait des relations avec les plus hauts seigneurs de France et de Bourgogne. Adrien de But avait étudié à Paris sous maître Guillaume Fichet, le docte ami du cardinal Bessarion. ( 280 ) Selon Commines, les princes sont de deux natures, sages ou fols. Les sages sont sublils, et la sagesse consiste, comme 1l le diten parlant des Vénitiens, dans l'art d’ac- croître sa puissance (1). C'est d’après ces règles que Commines proclame Louis XI « plus sage, plus libéral et plus vertueulx que les princes » qui régnoient en son temps (2). » Assurément Louis XI a accru son royaume; mais n'y a-t-il rien à dire sur les moyens auxquels il a eu recours pour y parvenir? Com- mines s’en inquiète peu, car, d'après lui, « ceux qui gagnent » ont toujours l'honneur (5), » et il ne lui en coûte pas davantage pour avouer que Louis XI et Charles le Hardi cherchaient mutuellement à se tromper (4). En efïet, trom- perie et habileté sont deux synonymes (5). Mais le roi avait plus de sens naturel, ce que l’on ne saurait assez esti- mer, car « en tous estats y a bien à faire à vivre en ce » monde (6). » Ce sens naturel, dit Commines, est une grâce de Dieu accordée aux rois; mais il ajoute qu'il en est une autre non moins grande, c’est de savoir « gagner gens. » Cela prouve que les rois ne sont aveuglés ni par la haine ni par l’orgueil (7), et il n'est sage prince qui ne se mette en peine d’avoir quelques amis dans la partie adverse (8). En- tre tous ces princes, le plus sage fut le roi Louis XT « qui (1) Mém., 1, p. 112; IL, p, 409. (2) Mém., II, p. 252. (5) Mém., IE, p. 66. (4) Mém., I, p. 279. (5) Mém., 1, pp. 257, 241. (6) Mém., I, p. 505. ï Mém., 1, p. 82. (8) Mém., 1, p. 266. (: 28T ) » plus travailloit à gagner un homme qui le pouvoit servir » ou qui lui pouvoit nuire (1). » « Un sage homme, » ajoute Commines, « ne se pouvoit trop acheter (2). » Aussi Louis XI n'épargnait-il rien pour s'attacher « gens d’auc- torité et de valeur (5). » Il « estoit maistre en cette science (4) » de même que dans l’art « de séparer les gens (5). » C'est ainsi qu'on l’a vu « chercher les plus apparens sans y rien plaindre (6); » il les « entrete- noit » et les « pratiquoit, » c’est-à-dire qu'il faisait sonder leurs intentions ; si elles étaient favorables, il les « marchandoit » et je trouve cette expression, dans le réeit de Commines, à l’année 1472, qui fut celle de sa trahi- son (7). Après Louis XI, quels sont les princes les plus sages ? C’est d’abord Mahomet Il, ce farouche exterminateur des populations chrétiennes, depuis les ruines famantes de Constantinople jusqu'aux rivages du Péloponèse. Com- mines qui, à Venise, passait une partie de la nuit à s’en- tretenir avec son ambassadeur (8), le compare assez naïve- ment à son maître, parce qu'il usait aussi « de sens el » de cautèle. » Néanmoins, s'il espère que Dieu aura pitié de l’âme du roi de France, 1l tient « pour vidé ce » point que le Turc est logié avec ses prédécesseurs (9). » CE, v. v v (1) Mém., I, p. 85. (2) Mém., 1, p. 96. (5) Mém., I, pp. 84, 157. (4) Mém., I, p. 108. (5) Mém., I, p. 116. (6) Mém., I, p. 157. (7) Mém., 1, p. 280. Voyez aussi Hém., L, pp. 82, 259; II, pp. 20, 88, 175, etc. : (8) Mém., 11, pp. 412 et 424. (9) Mém., IT, pp. 285 et 288, ( 282 }) Commines à d’autres éloges pour un tyran de l'Italie, Louis Sforza, qui fit périr son neveu et qui flatta les Français pour les trahir plus tard; il l’appelle un homme très-sage , et voici le portrait qu’il trace de cet homme très- sage : « Il estoit bien souple quand il avoit peur et homme » sans foy s’il voyoit sou profit pour la rompre (1). » Mais sans aller jusqu'aux limites de l’Europe, sans fran- chir les Alpes, ne faudrait-il pas citer des hommes d’une habileté presque égale? Commines aime à nommer ceux qui ont partagé ses vues, ses pensées , ses projets, el aussi, il faut bien le dire, ses trahisons. En effet, d’après lui, 11 y à quelque honte à trahir quand on se laisse entrainer par la haine ou la vengeance, mais non pas quand c'est par sens ou par cautêle. « Naturellement, dit Commines, » la plupart des gens ont l’œil ou à s’accroitre ou à se » Sauver, Ce qui aisément les fait tirer au plus fort (2). » On ne saurait les blâmer si, avant « de tourner au service » du roy, » il y a eu marchandise (5). Dès lors on est tenu au prince qui a marchandé (4), et Lescun, se laissant cor- me, Dem me — __—— _ = ee + ER (1) Mém., 1, p. 511. (2) Mém , 1, p. 82. (3) Rex in traditoribus aut flagitiosis plus delectabatur quam in ho- nestis. (Adrien de But.) Tales diligebat, tales honorabat ignominia et mali- tia repletos, dit Thomas Basin, et il cite à ce sujet, après Olivier le Diable, Etienne Louf, né à Utrecht, qui, sous Louis XI, était au Plessis-les- Tours, chargé de la garde des prisonniers qui étaient livrés aux fillettes du roi. Les historiens de Louis XI n’ont pas remarqué une lettre de Robert Gaguin (té- moin assurément digne de foi) où l’on voit Étienne Louf donner à son maître l’affreux plaisir d’une chasse d'homme dans le parc d’Amboise. L'homme, couvert d’une peau de cerf fraichement tué, fut déchiré par les chiens. (Lettres de Robert Gaguin, fol. 29.) (4) « À nostre roy suis tenu , comme chascun scait. » (Aém., I, p. 278.) Ailleurs, parlant d’une dame qui favorisait les intérêts de Louis XI, il la blâme « pour ce qu’elle n’y estoit point tenue. » (Hém., 1, p. 327.) ( 285 ) rompre comme Commines, est qualifié d'homme d’hon- neur ({). Aussi voyez quels sont les hommes que Com- mines appelle très-sages! Ge sont ses amis Hugonet et Humbercourt, avec lesquels il y eut marchandise en 1475 (2); c'est son ami Crèvecœur qui, à son instigation, les imita en 1477. Quant au connétable de Saint-Pol, il mérita ce nom tant qu'il sut se jouer à la fois de ses ser- ments au roi de France et au duc de Bourgogne; mais il compromit sa fortune et sa vie par une seule faute, en oubliant que les princes, s'ils encouragent volontiers un traître, veulent au moins n’avoir rien à redouter de lui (3). Commines appelle aussi trés-sage un seigneur de Tro- chenu, nommé Pierre Claret, qui remplissait l’office de payeur en matière de trahisons, et qui allait jusqu’à oser demander quittance (4) : Olivier le Diable lui-même, à son avis, est un homme « de sens et de vertu (5). » Et ce livre, panégyrique des traîtres, à qui Philippe de Commines le dédie-t-11? À Monseigneur l'archevêque de Vienne; mais ce prélat, qui occupe le siége primatial des Gaules, n’est que l’astrologue Angelo Cato qui abandonna Charles le Hardi après la bataille de Morat et qui, selon une tradition fort douteuse, offrit, au moment même de la déroute de Nancy, la paix au roi, qui assistait à la messe à Saint-Martin de Tours, en lui disant : Sire, vous avez la paix, le duc de Bourgogne est mort (6). (1) Mém., I, p. 295. (2) Mém., 1, p. 298. (5) Mém., L., pp. 504 et 505. (4) Mém., IT, p. 168. (5) Mém., Il, p. 95. (6) Selon une autre version, Angelo Cato avait déjà annoncé au prince de Tarente le désastre de Nancy trois jours avant qu’il s’accomplit. ( 284 ) Louis X[ qui, pour anoblir ses courtisans, ajoutait la fleur de lis royale aux éperviers affrontés d'argent et aux lapins courant d'argent de Jean du Fou et d'Odet Daydie, en décora aussi un missel d’or qu'il plaça dans lécu d’An- gelo Cato, en le créant archevèque de Vienne. Il réservait un rameau d’olivier pour l'écu d'Olivier le Diable : allusion également heureuse à sa sagesse et à son nom. Il n’eût tenu qu'à Angelo de chercher dans les souvenirs de la Rome paienne quelque autre emblème qui eût rappelé le nom et la vertu de Caton. Il aima mieux son missel d'or, et de cette phrase de Commines « le roi n’eust fait par force ce que par intelligence 11 avoit eu (1), » il composa sa devise : Ingenium superat vires, qu’il plaça, à Vienne, sur un palais magnifique, mais ses ouailles l’en chassèrent. Commines, qui avait vu le jeune comte de Charolais con- sulter sur sa destinée le prévôt de Watten et qui depuis avait été le témoin des terreurs superstitieuses de Louis XI, avait en grande estime ces prophètes de la divination et de la nécromancie. Îl était de moitié dans une couronne dé- couverte dans les astres et promise par Angelo Cato au prince de Tarente, car le jour où elle se placerait sur son front, 1l devait recevoir quatre mille livres. Commines attendit patiemment pendant vingt ans (2), mais rien n’ébranla sa confiance: il jugeait son ami si habile et surtout si savant. [l nous est difficile aujourd’hui de ne pas sourire quand Commines exprime à l’astrologue l'espoir qu’il met- tra en latin sa prose française, si énergique et si concise (3), (L)'Mém.,'1l; p. 112. (2) Mém., I], p. 530. — C£. II, p. 26. (5) Nous connaissons une lettre d’Angelo Cato où, à propos d’un traité conclu par le roi de Naples, le 11 août 1486, quatre heures après le coucher du soleil, il se borne à observer « que telle heure ne lui plaist pas fort, » ( 285 ) et surtout lorsqu'il ajoute qu'il ne lui rappellera rien des histoires passées, afin qu'on ne lui reproche pas, selon le proverbe, de vouloir parler latin devant un cordelier (1). Même dans la langue où il écrit, Commines proclame respectueusement la supériorité d'un de ses contemporains e qui sauroit mieulx parler que lui et le coucher en meil- » leur langage. » C'est monsieur du Bouchage à qui Louis XI recommandait, en 1475 « d’estre plus malicieux » que ses adversaires et de les endormir de paroles (2). » Mais Commines, qui place ses Mémoires sous le patro- nage d'Angelo Cato et de monsieur du Bouchage, n'est-il pas lui-même l’un de ces hommes sages capables de con- duire de grandes affaires, dont le premier mérite consiste, comme il le dit, « à estre complaisants et à passer toutes » choses pour venir à la fin de leurs maistres (3)? » Nous regretions pour l'honneur des lettres, que Com- mines servit par ses écrits, pour l'honneur de sa patrie et de son siècle, de devoir rappeler que s’il viola son serment vis-à-vis du duc de Bourgogne , 1l ne garda pas mieux celui qu'il avait prêté en France, et quatorze ans ne s'étaient pas écoulés depuis la trêve de Soleuvre, où le duc de Bourgogne l’avait exclu expressément avec ceux qui avaient conspiré contre sa vie, quand , dans le traité de Francfort, où l'on amnistia les complots formés contre Charles VILE, on vit héritier de Charles le Hardi s'interposer en faveur de Commines. Tour à tour porté au faîte des honneurs ou précipité par les vicissitudes de la politique dans une cage de fer, sombre monument du règne qu'il regrettait, il () Hem., Introd. (2) Pr. de Commines, éd. Lenglet-Dufresnoy, IH, p. 581. (5) Hém., I, p. 267. ( 286 ) semble qu'il ait été constamment mêlé à d’actives intrigues ei à d'odieuses marchandises. Pendant sa jeunesse, en même temps qu’il recevait l'or de Louis XI pour sauver ses jours à Péronne (1), 1l portait l’or du duc de Bourgogne chez les Anglais. À vingt-sept ans (2), il avait déjà corrompu lord Hastings, grand cham- bellan d'Angleterre, et sir John Wenloch, capitaine de Calais, sans compter John Colpin et d’autres hommes d'armes de la garnison de Guines. Mais c’est au service du roi de France que son habileté se développe et se signale le plus. Nous le voyons chargé par Louis XI de s’aboucher avec les agents du comte de Saint-Pol, au moment où l’on croyait, avec quelque raison, que le roi voulait le faire assassiner (5). Il remplit la même mission près de Louis de Bretelles, écuyer gascon, qui trahissait Édouard IV (4). C’est Commines qui choisit les espions qui entourent Charles le Hardi à Granson (5); c’est lui qui reçoit les messagers secrets du duc de Milan (6) et de la duchesse de Savoie (7). Au mois de juin 1475, 1l présente à Louis XI le prince d'Orange, qui a également (1) Mém., 1, p. 171. Une relation de l’entrevue de Péronne, publiée par Mie Dupont, l’appelle « un mignon de monseigneur de Bourgogne, lequel estoit secrètement serviteur et amy du roy. » (ém., III, p. 255.) Commines fut aidé, à Péronne, dans les services qu’il rendit au roi de France, par Charles de Visen « homme honneste, » qui, plus tard, rejoignit aussi Louis XI. (2) A vingt-sept ans, selon Sleïdan, à vingt-cinq ans, selon Ml: Dupont. L'opinion de Sleidan me parait préférable, parce qu’il faut donner plus de vingt ans à Philippe de Commines quand il entra dans la vie politique. (5) Mém., 1, pp. 552 et 559. (4) Mém., 1, p. 580. (5) Mém., I, p. 11. (6) Mém., IT, p. 15. (7) Mém , IE, pp. 18 et 56. ( 287 ) abandonné le duc de Bourgogne. En 1477, il se rend aux portes d'Arras « alin de convertir aucuns particuliers pour » le roy (1), » et 1l ne tarde pas à ourdir les mêmes com- plots dans le Hainaut (2). C'est enfin Commines qui dirige la trahison qui remet plus tard le jeune duc de Savoie entre les mains du roi de France (5). Une seule fois Commines ne réussit point, et cet échec ne fut pas étranger à sa théorie sur le droit des gens et sur la diplomatie, mot nouveau qu'il ignorait et qu’il rem- plaçait, comme l’a observé M. de Barante, par le nom assez vulgaire de marchandise. Commines, qui avait écrit que le caractère des princes sages est d'être les plus soupçonneux et de savoir don- per quelque couleur et quelque apparence à leurs entre- prises (4); Commines, qui avoue que, dans certaines mis- sions, 1l affirmait, sans hésiter, le contraire de ce qui était la vérité (5), a défini en ces termes le péril des ambas- sades, dont le principal but est, à ses yeux, de nouer des trahisons : « Ce n’est pas chose trop seure de tant d’allées et de venues d'ambassades, car bien souvent se traictent de mauvaises choses. Mais voici ce que Je feroye…. Si les ambassadeurs viennent de par princes où la hayne soit telle comme Je l'ay vue entre Lous ces seigneurs, dont CS, D 2 | (1) Mém., II, p.78. (2) Mém., 11, p. 88. (5) Mém., 11, p. 222. (4) Mém., I, p. 208 ; II, p.224. (5) « Je leur respondois que j'en estois bien assuré, nonobstant que je scavois bien le contraire, I, p. 254. Parfois Commines fait un retour sur lui- même. « Et qui bien y penseroit, dit-il, c'est misérable vie que la nostre de tant prendre de peine et de travail pour s’abréger la vie en disant tant de choses opposites aux pensées, 1, p. 345. » ( 288 ) J'ay parlé icy devant, lesquels j'ay cogneus et hantés, en nul temps il n’y a grant seureté, selon mon advis. On les doibt bien traicter et ordonner gens seurs et saiges pour les accompagner, qui est chose honneste et seure; car par là garde-l’on les gens malcontens de leur porter nouvelles... Je les vouldroye tost ouyr et despêcher, car ce me semble très-mauvaise chose que de tenir ses enne- mys chez soy (1). » Ce qu’aurait fait le sire de Commines, les Vénitiens le firent, et vis-à-vis de quel ambassadeur ? vis-à-vis de Com- A mines lui-même; car il avait parfois recours à « ces trom- » peries et mauvaistiés sous telles couleurs » dont il avait vu tant d'exemples (2). « Nous connaissons le seigneur d’Argenton, écrivait le sénat de Venise aux provéditeurs de la république, « pour une personne aussi habile que sagace. Par diverses ou- vertures insidieuses quil vous a faites, vous avez dû vous-même apprendre à le connaître. Nous tenons pour indubitable que sa venue est à quelque mauvaise et dangereuse fin, et cache quelque pensée pernicieuse. Nous aimerions mieux qu'on ue l’eût point reçu, mais la chose étant faite à cette heure, nous vous comman- dons qu’en aucune manière vous ne le laissiez s'arrêter au milieu de notre armée; qu'il soit congédié immédia- tement, ainsi que tous ses gens, de telle sorte qu’au- cun ne reste; qu'ils soient tous surveillés et accom- pagnés , afin qu'ils ne puissent parler ni tenter aucune pratique avec les nôtres (5). » (1) Mém., I, p.264. (2) Mém., 1, p. 267. (5) Préface de Me Dupont, 1 ,p. cxv (d'aprés M. Paul de Musset). ( 289 ) Commines se borne à dire, en parlant de son ambas- sade à Venise : « Je despensois quelque chose pour estre » adverti et en avois bons moyens (1). » Mais il rend lui- même hommage à l’habileté des sénateurs vénitiens « qui » entendoient bien la façon d’eulx detlendre et gar- » der (2). » Il est vrai que, dans cette mission de Venise, les subtiles instructions de Louis XI avaient manqué à Commines ; peut-être aussi n’apportait-il pas le même zèle à servir Charles VITE. Il ne faut pas séparer de Louis XT celui qui, après avoir, pendant sa vie, partagé les haines soulevées contre son règne , l’a défendu avec tant d'éloquence et tant d'adresse devant la postérité. Aussi l’on comprend aisément que Commines ait dit, en parlant de Louis XI, qu'il était « le plus prouchain et le plus privé de luy. » Nous savons que « son bon maître » lui parlait à l'oreille; qu’il le faisait coucher dans son lit, qu'il lui fit prendre un costume en tout semblable au sien , lors de l’entrevue de Pecquigny. H y à dans cette intimité de Louis XI et de Commines un épisode qui nous frappe bien davantage. Louis XF avait failli mourir près de Chinon; quand on conduisit un con- fesseur près de lui, sa voix était si faible que Commines qui « entendoit » le roi mieux que personne(5), put seul le comprendre, et l'historien de Louis XI répéta au prêtre les aveux qui s'échappaient de la conscience du roi. « Il n’avoit » point grandes paroles à dire, » ajoute Commines, et il raconte si froidement cette scène émouvante qu'il semble oublier qu'il vient d’assister au premier acte de cette grande (1) Mém., IL, p. 414. (2) Mém., IX, p. 409. (5) Mém., IL, p.213. 27 SÉRIE, TOME VII. 19 ( 290 ) information dont il parle ailleurs, où il nous montre les pleurs des orphelins et des veuves s'élevant jasqu'à Dieu pour accuser les oppresseurs et les grands du monde (1). Ce qui, en ce moment, préoceupait bien plus le sire de Commines, c'était, faut-1l le dire, sa rivalité avec le prévôt des maréchaux, avec Tristan l’'Ermite, et malgré tant de preuves de dévouement, Louis XT, adressant ses derniers conseils à son fils, lui recommanda, entre tous ses servi- teurs, Olivier le Diable, et oublia entièrement Commines. Était-il pour Commines un châtiment plus profond que de voir tour à tour ces noms méprisés l'emporter sur le sien dans l'esprit d’un prince dont il avait tant vanté l’habileté? C'est dans son livre que l'historien reprendra sa supério- rilé, quand, dégagé du souvenir de ces misérables jalou- sies de favoris et éclairé par l'expérience du malheur, il s'écrie, après avoir raconté la triste agonie de ce même Louis XT : « Or, voyez la mort de tant de grans hommes » qui tant ont travaillé pour s’accroistre. N’eust-il point » mieulx valu plus craindre à offenser Dieu et à persécu- » ter le peuple? Leur mort seroit moins désirée et auroient » moins de doubte de la mort (2). » Noble langage que nous admirerions beaucoup plus si Commines, au lieu de s'étendre ailleurs sur les vertus de Louis X[, avait osé dire, comme Chastelain, « qu'il lui estoit dur de mouiller .sa » plume en cette honte et en cet opprobre (5). » Commines était doué d’une intelligence trop supérieure pour ne pas comprendre le droit et la justice. Il se vante (1) Mém., I, p. 150. Cf. quelques pages fort éloquentes de Chastelain, éd. Buchon , pp. 481 à 435. (2) Mém., Il, p. 289. (5) Chastelain, éd. Buchon, p. 4382. ( 294 ) quelque part d'avoir osé maintenir une fois contre lambi- tion de Louis XI les inspirations de sa conscience; lors même qu'il enseignait la duplicité, le mensonge et la dis- simulation , il ne s'aveuglait pas sur la valeur morale de ces préceptes, mais il croyait que là était le secret de la force des gouvernements, et il Jugeait utile d'en instruire les princes qui viendraient après lui. Néanmoins, même dans son système , il était douteux qu'il y eût quelque avan- lage à ce que les princes cherchassent dans l’étude des en- seignements et des leçons, car la science vient en aide aux méchants comme aux bons : elle permet même au vice de mieux feindre la vertu (1). À ce point de vue, ce n’est guère qu'aux méchants que le livre de Commines pro- fitera, et rien ne sera plus funeste que celte doctrine qui assimile l’habileté et la tromperie, le bon droit et la for- tune : doctrine toute nouvelle que Louis XT inaugura sur le trône, et qui eut Commines pour premier apologiste, mais que nous voudrions toutefois rattacher à lftalie plutôt qu’à la France. Louis XI se proposait les Sforza et les Médicis pour modèles et, l’année même de son avéne- ment au trône, il avait fait venir secrètement près de lui des Vénitiens « qui bien sçavoient démonstrer les causes » et les circonstances (2). » Quand Commines dédiait ses Mémoires à un Italien, il avait admiré lui-même le gouvernement des républiques d'Italie. Les négociations qui lui étaient confiées l'avaient retenu pendant une année à Florence (5). Il y revint plus (1) Mém., 11, 156. (2) Chastelain, Chron. du duc Philippe, 1, 60. « Je croy leurs affaires, dit Commines en parlant des Vénitiens, plus saigement conduites que de prince qui soit au monde. » (Mém , II, p. 321.) (5) Mém., 11, p. 204. A Moulins, il eut une entrevue avec les ambassa- ( 292 ) tard, au moment où Machiavel abordait ses études du droit publie, et ce fut peut-être de la bouche même de Commines que Machiavel recueillit la plupart des préceptes de l’école politique de Louis XI, dans ce fameux livre du Prince offert à Laurent de Médicis, où l’on expose que les vices des rois ne sont à blâmer que quand ils nuisent à leurs États, qu'il leur est permis de ne pas tenir leurs engagements, que les moyens importent peu, et que le résultat obtenu justifie tout (1). Nous dirons, à l'honneur de notre siècle, que ces règles si odieuses dans les écrits de Machiavel ne nous révoltent pas moins dans ceux de Commines, et tout en formant le vœu que la politique, redevenue plus loyale et plus géné- reuse, ne S'en inspire Jamais, nous ajouterons que, pour l’histoire aussi, c’est une autorité bien dangereuse et bien sujette à contrôle, que celle d’un homme qui a médit si souvent de la bonne foi et de la vérité. deurs florentins. A Venise, il vit un autre ambassadeur de Florence, qu'il nomme un des plus sages hommes d'Italie. — Remarquez aussi les rapports de Commines avec les Bentivoglio à Bologne. (1) Louis XI avait en si grande estime les lois et le gouvernement de Flo- rence, qu’il en attribuait l’origine à Charlemagne. (Vaissette, V, p. 55.) ( 295 ) POËÈMES COURONNES. Vinat-cinquième anniversaire de la loi du 1° mai 1854. q q Novus. . . .. nascitur ordo. (Vince, Églog. IV, v. 5.) L'esprit de l’homme est grand. Il sonde toutes choses. La nature pour lui n’a plus de pages closes, Livre prodigieux dont les textes vivants Nous parlent par la voix des forêts et des vents. Pour son œil clairvoyant Isis n’a plus de voiles. Il sait dans tous les cieux les orbes des étoiles, Et quel travail se fait, œuvre obscure des temps, O Cybèle féconde, en tes flancs palpitants. Il s'ouvre dans les airs des routes inconnues. Il prend avec sa main la foudre dans les nues, Ainsi qu’un oiseleur un oiseau dans ses rets. De tout sphinx, comme OEdipe, il surprend les secrets. Dans sa langue nouvelle, idiome électrique, Il fait dialoguer l’Europe et l'Amérique, Et, dans un même instant, ses signaux, faits d’éclairs, Parlent, et sont compris au bout de l’univers. Océan, pour franchir tes gouffres et tes lames, Ses nefs n’ont plus besoin de voiles ni de rames; Dans leur sein, pour donner la vie à leur torpeur, Comme un sang généreux, il verse la vapeur. Du fer, du feu, de l’eau, rompant le long divorce, Il associe en eux sa pensée à leur force. Les éléments lui sont de dociles agents, Des ouvriers soumis et presque intelligents. C’est ainsi que, domptant par degrés la matière, Il la vaincra, Seigneur, quelque jour tout entière ; (294) Et si, devant toi seul, il demeure ébloui, Dans la création il est presque chez lui. Mais c’est vous qui surtout, miracles de ses veilles, Ouvrez à l'avenir une ère de merveilles, 0 routes de métal, où, sur deux rails jumeaux, Vont, comme les coursiers du songe de Pathmos, Vos monstrueux chevaux de fer, zébrés de cuivre, Dont lui-même notre œil a de la peine à suivre, Vers l'horizon, bordé de son cadre d'azur, Le vol plus prompt qu'un dard lancé par un bras sûr. Franchissant tour à tour montagnes et vallées, Et fleuves mugissant dans leurs rives troublées , Et vastes Saharas de sable et steppes verts, Vous reliez entre eux les Océans divers. Vous changez en détroits les isthmes que tourmente . Sans fin le double assaut de la vague écumante. Pour vous rien n'est obstacle. Ici vous traversez Les rochers de granit que la mine a percés. Là, sur des bras de mer jetant vos ponts qui tonnent, Vous courez par-dessus les vaisseaux qui s’étonnent De voir passer plus haut que leurs mâts dans les airs L'orage de vos trains fait de bruit et d’éclairs. Vous rapprochez ainsi, les uns des autres, — races Et peuples dont Babel n’a pu suivre les traces, Et continents déserts et continents vivants, Tous les pays épars sur la rose des vents. Parmi vingt régions qu’on nomme ou qu’on ignore, De l'aurore au couchant, du couchant à l'aurore, De l'équateur au pôle et du Nord au Midi, — Du globe plus étroit mais pourtant agrandi, Vous semez les trésors et faites le partage De tout ce que produit le commun héritage. Aux déserts, endormis dans leur stérilité, Vous apportez la vie et la fertilité, Comme vous dispensez la lumière et la vie ( 295 ) Aux nations dont l'âme, à leur corps asservie, Oublie ou n'a jamais connu le vrai chemin Où l'esprit du Seigneur conduit le genre humain. Belgique, ce fut toi qui traças la première Sur notre continent ce sentier de lumière, Dont un bout touche au lit où dort le flot marin Et dont l’autre à l’Escaut joint son frère le Rhin. C'était le lendemain de ta grande victoire. Tu venais de tirer du tombeau de l’histoire Et de rendre à tes fils, longtemps déshérités, Les titres de nos droits et de nos libertés. Bruxelles de ses morts fermait les nobles tombes. Anvers brülait, battu d'une grêle de bombes, Mais dévorait, brasier plein d’éclairs bruissants, Le joug que ton épaule avait porté quinze ans. Alors à la cité, glorieuse rebelle, Tu dis : « Console-toi; tu renaitras plus belle; » Car je veux voir un jour les trois fleuves du Nord, » L’Escaut, le Rhin, la Meuse, aborder dans ton port (1); » Et tu commenceras ce chemin qui prépare » Aux peuples que la haine ou l'intérêt sépare, » En faisant un courant de leurs courants divers, » Cette fraternité que rêve l'univers. » Et ce projet, ce fut ta dot, ta bienvenue, Quand l’Europe unanime enfin t’eut reconnue, Et que des nations la famille en chantant T'eut saluée ainsi qu’une sœur qu'on attend. Gloire à toi qui jamais ne restas en arrière, (1) On sait que, dans la funeste nuit du 28 octobre 1830, pendant que les membres du gouvernement provisoire contemplaient, du haut du palais de la Nation , les flammes qui devoraient notre métropole commerciale, M. Gendebien proposa de décréter immédiatement, à litre de compensation de cet immense désastre , la construction d’un chemin de fer d'Anvers aux provinces Rhénanes. { V. Thonissen, La Belgique sous le règne de Léopold Ier, t. IT, pp. 58 et ss.) ( 296 ) Ni devant le progres n'élevas de barrière, Mais qui marches toujours, malgré l’ombre et le vent, À travers tout obstacle, à patrie, en avant, Et dont le pied, depuis que l’aube au ciel s'apprête Jusqu'à la nuit, chemine et va sans qu'il s'arrête, Aiosi qu'un voyageur, bien avant dans le soir, Presse encore le pas et ne veut point s'asseoir! Gloire à toi! Car, avec nos jours les plus prospères, Tu rends au cœur des fils le saint orgueil des pères, Citoyens au forum et rois dans l'atelier, Géants que rien jamais ne put faire plier, Et qui, serfs anoblis du sol de l’industrie, Surent faire ton nom si grand, à ma patrie, Qu'en son livre, où des temps souflle l'immense esprit, L'Histoire nous le montre à chaque page écrit. . Sur l’œuvre d'avenir par tes mains commencée Promène, après un quart de siècle, ta pensée. A voir ce que le bras des nations a fait, Notre esprit ébloui demeure stupéfait. Le ruisseau devient fleuve, et le gland devient chêne, Et dans l’ordre éternel des choses tout s’enchaine. A ton labeur chacun à voulu prendre part, Et l'exemple fécond prêche de toute part. Ton rêve s’accomplit, et la route est frayée. De ses lignes de fer vois l'Europe rayée. Vois les waggons actifs rouler incessamment, Trainés par leurs coursiers pleins d'un sourd grondement, Là, vers le sud joyeux où les mers d'Italie Chantent leur chant de gloire au passé qu'on oublie; Là, vers la zone morne où l'Ourse au fond des eieux Fait dans l'ombre nocturne étinceler ses yeux. D'un côté, les voici qui marchent vers l'aurore D'où l’orbe du soleil monte dans l'air qu'il dore; De l’autre, les voilà qui courent en grondant Vers les bords où la nuit va chercher l'occident. ( 297 ) Regarde et bats des mains! Car la route féconde, Sillon où germera l'esprit nouveau du monde, Doit traverser un jour toutes les nations Et faire un but unique aux générations. A l'Europe, l'Asie et l'Afrique liées, Ensemble reliront les pages oubliées De leur commune histoire et des fastes lointains Où la main éternelle a tracé leurs destins. On verra s’accomplir la parole prédite. Plus de race opprimée ou de caste maudite ; Et, selon l'Évangile, enfin, l'humanité Se recomposera dans sa vaste unité. Au banquet du Seigneur chacun aura sa place. De son rôle exécré la guerre sera lasse. Tous ceux qui tireront le glaive seront mis Au ban du monde entier comme ses ennemis. Les hommes, oubliant leurs haines séculaires, Ne se nommeront plus que du seul nom de frères. Tous les cœurs sortiront de leur stérilité. Le vrai trésor de tous sera la liberté; Et les peuples, un jour — avenir magnifique! — Reprenant en commun leur labeur pacifique, S’appliqueront, bannis rentrés dans leur Sion, À défricher le champ de la création. Car vous, produits, et vous, forces de la nature, Que la bonté de Dieu livre à la créature, Gaz qui vous élevez, pesanteur qui descends, Fleuves qui vous tordez dans vos lits frémissants, Torrents qui sillonnez les flancs de la colline, Animaux que le joug ou le frein discipline, Souffles puissants du vent qui dans l’air bruissez, Plantes qui vêtez l’homme ou qui le nourrissez, Météores, saisons, astres, chaleur, lumière, Soleil toujours brillant de ta beauté première, Océans où l'œil voit, comme dans un miroir, ( 298 ) Éclore chaque étoile aux approches du soir, Gazons verts émaillés des diamants de l'aube, Houille et métaux cachés dans les veines du globe, . Moissons dont les épis hérissent les guérets, Arbres, piliers vivants du temple des forêts, Vous êtes le milieu, vous êtes le domaine Que le Créateur donne à la famille humaine, L'atelier qui pour nous travaille jour et nuit Et que l’esprit d’en haut seul dirige et conduit. Mais l'avenir nous marque un but plus haut encore, Et l’homme attend toujours sa véritable aurore. De sa nuit, un matin, le vrai jour doit sortir, Que Dieu, depuis Adam, nous a fait pressentir, La foi, cette unité finale des croyances, Dont tout sage, à travers les brumes des sciences, A cru voir poindre l'aube à l'horizon des cieux, Et qui doit éclairer à la fin tous les yeux; Car il faut bien, quand l'ombre autour de nous s’efface, Que la lumière aussi dans les âmes se fasse, Les siècles trop longtemps ont vu l'humanité Avec des blocs d'erreurs bâtir sa vérité, Architecte insensé dont la main indécise Replâtre constamment cette tour mal assise, Hélas! dont Dieu n’a pas pétri le fort ciment Ni sur le dur granit posé le fondement. Et les hommes disaient : « C’est la tour solennelle , » Le fanal d’où jaillit la lumière éternelle, * » Le phare de clartés où tourne incessamment » Tout œil, comme le fer, à pôle, à ton aimant, » Et, quand chacun de ceux qui vont marchant dans l'ombre, De cette autre Babel montait l'escalier sombre, Et que son pied touchait le faite aérien, Il croyait voir bien loin, — mais il ne voyait rien. Or, les temps vont venir de batir d'autres pierres, ) Ï Ï ( 299 ) O Vérité, splendeur qu'attendent nos paupières, Ton palais éternel, où tout le genre humain, Constructeur unanime, un jour mettra la main. On verra chaque race, architecte ou manœuvre, Apporter son travail et concourir à l'œuvre ; Chaque peuple, sculpteur que le Seigneur bénit, Tailler son bloc de marbre ou son bloc de granit; Et. pour mieux achever la tâche commencée, L'un prodiguer son bras, et l’autre, sa pensée. Ainsi, ce temple, avec l'esprit de Dieu construit, Sera de ceux que rien dans les temps ne détruit; Car toi, douce Espérance, et Loi, Charité sainte, . O sœurs, vous en aurez tracé l’auguste enceinte, Et votre double nom sur la facade écrit, Vous le couronnerez du nom de Jésus-Christ! By de vyf-en-twintigste Verjaring van de Instelling der Spoorwegen in België. Replete terram et subjicite eam. (Genesis, LE, 28.) Hoe stond hy daer, de vorst der aerde, De mensch, pas-losgeworsteld van het slyk, Waeruit Gods hand zyn vleesch en been vergaerde, Hoe stond hy daer, naekt en alleen, — en staerde Bang rond in zyn onmectbaer ryKk! Wat zag hy? — wildernis! — Wat hoorde Hy? — doodsbedreiging l’allen kant! — Wat voelde hy? — hier zonnchrand, ( 300 ) Daer nachtkoù, die hem ‘t rillend lyf doorboorde! — Greep honger hem in ’t ingewand, Wat vond hy om zyn scherpen lust te boeten, Dan ’t ooft, hem door een rukwind voor de voeten Gesmakt, of rauwe wortels, die zyn hand Van ‘’t ever uit den grond had leeren wroeten? Sloot hy somwylen, zwervensmoë, In koortsig sluimren de oogen toe, Waer kon hy ’t hoofd ter ruste schikken, Dan in een duistre steenrotskloof ? Gelukkig, als hem leeuw of tieger, heet op roof, Hol-brullend niet kwam wakker schrikken ! ’t Was of ’t heelal, in bondschap met Zyne eigen broosheid, had gezworen : Hy moet verplet, de laestgeboren, Die, schoon hem slagtand, klauw, noch horen, Noch schubben pantser werd beschoren, Toch waent dat hem ’t gebied der aerde zal behooren, Hy moet verplet, hy moet verplet ! II. Geest! — sprank uit God, aen stof geklonken In ’t menschlyk daerzyn, — wie verhaelt Hoe gy, steeds heller van den glans omblonken Des oorsprongs, waer ge zyt uit neérgedaeld é In stryd op stryd den zege hebt behaeld, Tot eindlyk u de staf der aerde werd geschonken ! Ziet! — daer verheft zich de cerste hut, Die tegen ’t onweër ’£ hoofd beschut Van hem, die ’s weerelds kroon moet dragen. Daer stormt hy zelf, met boog en knods Gewapend, op het roofdier los, Dat in zyn woonst hem durft belagen ; ( 301 ) Daer braekt het monster d'adem uit ; En hy, — ziet hoe hy weërkeert met zyn buit, De warme, bontgevlekte huid Fier om de schouders heengeslagen ! Hier! sombre woudos, hier! — en buk Den kortgehoornden kop, die rotsen Versplintert, vreedzaem onder ‘t juk Van wie uw oog, schoon ’t bloed en vuer rolt, kalm durft trotsen!.… Stil! ros der woestenye, stil! Want, schoon uw trappelende hoeven Den keigrond morzlen en doorgroeven; Al schuimt en snuift gy woede, en hinnikt wild en schril, Toch zal zyn knieëndruk uw forschen rug bedwingen, Zyn hand den breidel in uw tanden wringen, Toch vliegt gy, luistrend op zyn minste gril, Langs vlakten, over heuvelklingen, Trotsch van met hem den dood in d’open muil te springen, In stoutheïd eén, en eén in wil! Maer hoort! wat galmt daer allerwegen Voor zang en bly geklank ons tegen ? Ha! ’t zyn de maeijers, die in ’t graen Het knarzend stael der sikkel slaen, Wyl ginds een herder, langs des heuvels helling Zyn wit-gewolde kudde dryvend, luid De trippelende toonen zyner fluit Versmelt by ’t lied, dat opstygt uit de delling! En in de blauwe verte, — ziet! Hoe hel de zonnestralen glansen Op al die naelden, zuilen, transen, Van marmer en van blank graniet ! Dat heet de stad, dat is des menschen wooning!…. Want al wat groeit of leeft op aerd’, Al wat de tyd heeft saemvergacrd (302 ) In heuren schoot, — hy heeft het zyn verklaerd Hy is der weereld heer en koning! Jaerduizenden zyn op den vloed Des tyds ter ceuwigheid gespoed. Doch, wie den blik in dit verleden Terugslaet, — vast dat hy geen dag ontmoet, Waerop de geest en ’t stof geen nieuwen stryd gestreden, De mensch geen nieuwen zege heeft begroet. Het was vergeefsch, dat de Oceaen, Vol toorn zich ’t hoofd in wolken hullend, En in zyn diepste diep van woede brullend, Hem toeriep : « Worm! gy zult niet verder gaen! » Hy, stout de hand ten sterrenhemel Uitstekend, sprak : « Gy zult myn baen Afteeknen over "t golfgewemel! En gy, o winden, zult gedwee Op uwe vleugelen my dragen, »_ Tot waer cen nieuwe wecreld op zal dagen, » Aen wie ik nieuw genot ga vragen; » Dit is myn wil; en thans — in zee! » En, vrolyk — dansend op den rug der baren, Daer steekt het waterslot van wal, Met donderknal op donderknal Begroetend wie het na blyft staren ; Daer heeft het niets meer om zich heen Dan lucht omhoog en zee beneën ; En, hoe de storm het opzweept naer de wolken, Met steeds verwoeder doodsgehuil, Of plettrend neërsmakt in den muil Der opgesparde waterkolken, — Voort gaet het, dagen, maenden voort, "= ( 505 | Van vreeze wetend noch van ruste, Tot dat het eindlyk aen de moederkuste Weër aenlandt, met den schat aen boord Der tweede weereld, die het ginds heeft opgespoord ! Wat wonderkracht houdt zich verscholen In water, lucht, of ’s aerdryks schoot, Aen wie de mensch niet heeft bevolen : « Wees my een knecht, die meëê myn schat vergroot !.… Een enkele is er, éen ter weereld, Voor wien zyn hoofd, van angstzweet overpeereld, Zich magtloos nederbuigt : — de dood!... En dan nog, waer die dwingeland van de aerde Hem wegrukt, leeft, van eeuwig licht omgloord, Al ’t innigst wezen van zyn wezen voort, In elk gewrocht, waerin zyn ziel zich openbaerde! Ziet! hoe hy ieder ideael, Dat hem ?t geschokt gevoel voor ’t scheppend brein doet zweven, Aen kleur en lyn boeit, kneedt uit marmer of metael, Bewonderd by de laetste neven; Hoe hy ’t onvathaer trillen van de lucht, De melody, die van zyn lippen zucht, En wegsterft, — vangt en kluistert aen het tecken; Hoe, wen het graf sints lang zyn asch bevat, Zyn woord, vereeuwigd op het vliegend blad, Met honderdduizend tongen voort blyft spreken, Gelyk een vonkenregen, heel den schat Van licht of gloed, eens zyner ziel ontspat, Uitstrooijend over alle weereldstreken! . En toch, toch was ’t hem niet genoeg, Dat, waer hy sprak, de Drukpers zyn gedachten Van ‘teen naer ’t ander eind der weereld droeg, Nog sneller dan op aedlaersschachten ; Zoo dikwyls had hy, in haer vlugt, ( 304) De duive, met afgunstige oogen, Nastarend, heimelyk gezucht : « Wanneer, wanneer toch zal ik d’afstand mogen « Als gy bespotten, en wegtuimlen door de lucht? » En daer weëêrklinkt het eensklaps : « ’t Is gevonden! « Ge zyt verwezentlykt, myn schoonste droom ! « De lactste kluister, die my hield aen ’t stof gebonden, Valt af! — de ruimte is voor myn wil verzwonden : « Ik vlieg — op vleugelen van stoom! » IV. Gegroet, o grondverslinder, schattenkweeker, Lichtplenger, volkverbinder, jukverbreker, Gegroet, reuzachtig stoomgevaert! Gegroet, gy zoon der Vryheiïd, jonger broeder Der Drukpers, die met haer ’t ryk uwer mocder Onvwrikbaer vesten komt op aerd’! O! vry moog blinde wrevel klagen : « Wat wrocht onze eeuw toch, dat het knagen » Des tydstrooms zegeryk veracht? » Gy, dwergenras uit onze dagen, » Wat aenwinst hebt ge al bygedragen » By ’t erfdeel van het forsche voorgeslacht? » — Wy, fier op twintig wondren ’t oog geslagen, Wy toonen enkel u, o wonderwagen, En durven dan der toekomst vragen : « Wat eeuwe heeft u meer gebracht? » Daer staet hy, op zyn dry paer raderen Log-rustend, tot zyn meester komt! Hoort! ”t is of in zyn koopren aderen Het rommlen van een vuerberg gromt! Roodgloeijend flonkren reeds zyne oogen, die LEE — ( 505 ) Als peilden zy de onpeilbre bacn, Wacerop hy, bliksmend voortgevlogen, Straks zich in ’t ruim mag domplen gaen. Zweet lekt hem uit den muil, en vonken ; En, by het immer zwacrder ronken, Dreunt soms een siddring door zyn schonken , Als bromde hy : «’k Ben klaer, kom aen! » Ha!”tis genoeg in de yzren longen Den vrecselyken reuzenstryd Van ’t water met het vuer bedwongen! Daer komt de meecster, die den vuerdraek rydt, Hem luchtig op den rug gesprongen ! Daer hceft het monster de aftogtsklok gehoord , Wier helle stem hem vrolyk toeroept : « Voort! » Voort! — en woest-snuivend proest en spuit De draek een dubble golp van dampen Voor zich, en slaet zyn zware klampen Traeg-kuchend van weérskanten uit. Voort! — en het horten en het stampen : Wordt kort en korter; voort! — en luid Gilt over bergen, over dalen Die ’t siddrend wyd en zyd herhalen, Nu ?s monsters wild triomfgefluit. En daer spuwt hy, en stuwt, als een wapprende pluim, Zyn glocijenden adem door ‘t daverend rUuimM ; Daer schokt hy, en snokt hy, in rammlende vaert, Door stof en door nevel zyn eindloozen staert ! En by ’t hollende stoomen, Zie huizen en boomen, Ziet bergen en stroomen , Verschynen Verdwynen In ’t vlugtend verschiet! 2€ SÉRIE, TOME VII. ( 306 ) Ziet ginder een toren Opdagen van verre, Aenrukken naer voren, En — ryzende sterre, — Wegkentelen En wentelen In ’t niet! ve Ja! rol, op breed-ontplooide schachten Uw zwarte wolken door de lucht; Gier, bulder los uit al uw krachten, Orkaen! — hy volgt u in uw vlugt! Hy snort u voor! — en mengt van onder Zyn raetlen tergend in uw donder, En braekt, reeds op den horizon, U nog een laetsten smookwalm tegen, Voor nog het plassen van uw regen t Vuer dat hy uitwierp, blusschen kon! Hier stuwt een vloed zyn breede wateren Hem in den weg : voort! huilt hy, voort! En wipt zyn sleep, met zeegryk klateren, Stout over op den anderen boord. Ginds stuit hy op der Alpen wanden : Voort! voort! dwars door hunne ingewanden! Voort! — en hy boort en ploft er door, Hol-dondrend, en ’t versmachtend donker Van ’s aerdryks hert by ’t woest geflonker Verlichtend van zyn bliksemgloor. Ruk! ja, ruk voort van ’t Oost naer ’t Westen, Ruk voort, o Reus, van Noord naer Zuid! Sprei tot aen de uiterste gewesten Der aerde uw magtige armen uit! ( 307 ) Snoer stad aen stad, hecht land aen landen, Wind d’aerdbol in uwe yzren banden, Langs waer beschaving, overvloed, Gestadig heen en weëêr gedragen, Rondstroomen op uw vleugelwagen, Gelyk door ‘t lichaem ‘t levend bloed! l'an Hoort! wat geruisch van zegeningen Hem t allen kant op zynen togt verzelt! Hier zit eene jonge stad heur danklied hem te zingen, Plots op zyn wenk als uit den grond geweld; Daer zyn het brokkelende wallen, Waer eertyds alles zweeg en sliep als in een graf, En die van ’t bly geraes des arbeids thans weërschallen, Verjeugdigd door zyn tooverstaf; Of ’t is een akker, woest te voren, Nu louter goud van golvend koren; Of wel Germanjes trotsche stroom, Die dankbaer ruizelt : « Wees gezegend, stoom! « Gy, die de schatten van de zee, myn moeder, » Uit d’arm opnemend van myn westerbroeder, » My overvoert op mynen zoom! » En ginder — ziet, dit log gevaert’, Dat, als van hellegloed doorflonkerd , De arduinen schoften opwringt boven de aerd’, En met den smook, die uit zyn tromp ten hemel vaert, Wyd in het rond de lucht verdonkert. — « Heiïl, zuster! — roept de draek haer toe, » Heil u, die in uw remmlende ingewanden, » By elken zwaei der yzren radertanden, » De taek verrigl van millioenen handen, » En nimmer klaegt als t zwakke vleesch : ’k Ben moë! » Heil u! — en moge ras het het tydstip dagen, 4 ( 508 ) » Wacrop de mensch, wacrachtig vry, » Het werk der stoffelyke slaverny, » Alleen aen u, alleen aen my, » Alleen aen ‘t stoflyk werktuig op zal dragen! » En, in zyn daverende krocht Van vreugd opspringend, loeit het zwart gedrogt: « Heil, afstandzwelger, heil myn broeder! » Die elken dag my ’t ruwe voeder » Op vleuglen aenbrengt, en weêr henenspoedt, » Om over land by land de schatten, » Waerin ik ’t heb herschapen, rond te spatten » In onuitputbren overvloed! » Heil u! — en voer by icdre schrede, » Die ge over ’t vlak des aerdbols doet, » Met hooger welvaert, meer verlichting mede, » Opdat de mensch te rasser ’t ryk begroet » Van d’ecuwgen vrede, » Dat eens in liefde, vryheïd, regt en rede » Op aerde hem toekomen moet! » MR Gedenkt u nog, o grys Europe, Hoe daer op eens door al uw leên Nu ’t vierde van een eeuw geleën, Een siddring gleed van blyde hope? Gedenkt u nog, hoe gansch het vasteland Geestdriftig de oogen hield geslagen Op ’t nietigst plekje van uw westerstrand, Uitroepend : « Ziet! daer rolt de wonderwagen, » Die weëêr de gouden eeuw doet dagen, » Die alle grenzen, alle veeten weg komt vagen, » Die alles strengelt in een zelfden broederband! » O!”’k hoor my dunkt het jueblend schallen Van ’t feestkanon nog buldren door de lucht, Lt ( 509 ) Wanneer hy de cerste mael zyn vlugt Door ’t veld nam, buiten Brussels wallen ! Ik zie hem nog zoo als ik toen hem zag, Trotsch in ’t bewustzyn van zyn reuzenkrachten, Aensnorren door de vlakte op bronzen schachten, Omwuifd van Belgie’s jonge vlag! Niet waer, Euroop? gy hadt ze in stil mistrouwen En met een oog vol wrevel gâgeslaen, Die vlag, plots losgewaeid uit heure vouwen, In ’t loeijen van een stactsorkaen ? Maer, toen gy hare drykleur fier zaegt zweven Om ’t hoofd van ’t eerste stoomros, dat uw grond Deed onder zyn getrappel beven, Toen klonk het als uit éenen mond, By al uw volkeren in ’t rond : « Thans is heur oorsprong haer vergeven ! . » De aêm van den stoom, wacrop zy fladdert, heeft » Haer rein gewasschen van de smet, die op haer kleeft! » En gy, die ’t stoomros over zee dorst lokken, Wanneer het duizlig vaderland Nog sidderde in zyn ingewand Van ’t onweêr, dat het op zyn grondvest had doen schokken; Wat, Staetsman, ging er om in uw gemoed, Toen ge u voor de eerste mael van Brussels heuvelen Weg voeldet rukken op des draken vleugelen, Alom door Belgic’s bly gejuich begroet ?.…. O wat een heer van schoone droomen Moest, onder ’t raetlend voorwaertsstoomen , Uw ziele toegefladderd komen, li steeds verhoogden weeldeglans! En toch — niet waer ? — de tooverbeelden, Die toen uw scheemrende oogen streclden, Zy halen niet by ’t heil, dat luttel jaren tcelden ; Zy zyn — siechts droomen — by de werklykheid van thans! ( 510 ) « O! klonk het links en regts, zoo onze vaderen » Eens mogten opstaen uit der graven kuil, » En onverwachts, op donderende raderen, » Dien duivel met zyn helsch gehuil, » Door ’t siddrend landschap zagen naderen, » Vuer knauwende in zyn yzren muil : » Hoe zouden zy, met schrik des doods in de aderen, » Erbarming smeekend storten op de knién, » Of raedloos dwars door veld en bosschen vlién ! » En gy, nogtans, gy, reuzen der gemeente, Die eens met stroomen bloeds het grondgesteente, Waer regt en vryheid op verheven werd, Hebt vastgezegeld in Europa’s hert; Gy, vorsten in het ryk der kunst, gy wyzen, Gy allen, die met hoofd, of hert, of hand Meëwerkend, over ’t vaderland, Licht der beschaving hooger hebt doen ryzen : Gy golfdet, is het niet? — onmeetbre schaer Vol tintelglans van aureoolgewemel, — Op ’t spoor dier stoomkoets door den hemel, En breidet de armen zeegnend, over haer? En, Belgenland! is u die zegen Des voorgeslachts ten heil gedegen ?.…. Hoort! alles arbeidt, alles zingt! Eén biehal is uw boôm, waerover In onophoudlyk harmonygetoover ’t Geruisch van nyverheid en handel klinkt! En ziet! dwars door dit wriemlen, door dit leven ’t Gevleugeld stoomros heen en weder zweven, Om steeds vernieuwde kracht te geven, Aen ’t minste vlekje waer het neven snort! Ziet! slechts eén net, eén doolhof is ’t van sporen, Langs waer ’t op elken uithoek, hoe verloren En dood hy zy geweest te voren, (511) Thans, dag voor dag, den vollen horen Van zyne weldaën ledig stort! Stoomsleper ! schoonste der veroveringen, Die ’s menschen geest in zynen eeuwgen stryd, Aen ’t logge stofryk mogt ontwringen, Wat ziener zal den nacht doordringen Der toekomst, en op gouden harpe zingen Waertoe gy eens geroepen zyt?.…. Wy, enkel de oogen op ’t verleden Gevestigd, stroomen los in dankgebeden ; En, waer gy trotsch soms voor ons henenglydi, Daer komt alleen aen onze lippen De heimelyke wensch ontglippen : « God! laet ook ons, ook ons hem zien, den tyd, » Waerop hy alle land als ’t onze omstrengelt, » Waerop hy ‘t menschdom tot eén volk vermengelt, » En de aerde, als Belgie thans, hem benedydt! » CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du à mai 1859. M. F. Féns, président de l’Académie. M. An. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, De Kevyser, G. Geefs, Madou, Navez, Roelandt, Suys , Van Hasselt, Jos. Geefs, Érin Corr, Snel, Fraikin, Baron, Ed. Fétis, Edm. De Busscher, membres; Calamatta, Daussoigne-Méhul , asso- ciés ; Alph. Balat, correspondant. RAPPORTS. — Îl est donné connaissance à la classe que la com- mission chargée de juger le concours des cantates et d’in- diquer la pièce qui mérite le prix biennal proposé par le Gouvernement, s’est réunie avant la séance. — M. Alvin présente, de son côté, un aperçu de ce qui s’est passé dans la première réunion de la commission chargée d'examiner quels seraient les encouragements à donner à la gravure, afin de répondre à la demande faite à ce sujet par M. le Ministre de l'intérieur. COMMUNICATIONS ET LECTURES. De l'état actuel de la gravure et des encouragements à lui accorder. — Notice par M. Érin Corr, membre de l’Aca- démie. Le Gouvernement, dans sa sollicitude pour les arts, vient de saisir l’Académie de Belgique d’une question fort importante ayant trait à la situation de l’art de la gravure en Belgique. Par une missive du 2 avril dernier, M. le Ministre con- state que les sacrifices considérables que s'est imposés l'État en faveur de cet art, ne sont pas restés stériles, puisque l'école belge de gravure a formé des sujets dis- tingués dont les productions tiendront une place hono- rable dans les collections ; mais il observe que les résul- tats, considérés dans leur ensemble, ne répondent point à l'attente légitime du Gouvernement et du public; que l’on regrette dans les travaux de nos graveurs une ten- dance trop exclusive à la reproduction de peintures mo- dernes et qu'enfin, la gravure manque à sa véritable mis- sion, faute d’une direction suffisamment sérieuse. M. le Ministre indique comme une combinaison digne d'être examinée la publication d’une série de gravures représentant les chefs-d’œuvre de l’école flamande: il de- mande sur cette combinaison l’avis motivé de l’Académie, et désire aussi connaître l’opinion de ce corps savant sur les mesures les plus utiles à provoquer dans l'intérêt de la gravure. Cet art, appelé à propager et à perpétuer les œuvres qui ( 514 ) honorent le pays, étant dépourvu du charme de la cou- leur, exige, outre la partie pratique, une étude appro- fondie du dessin et de tout ce qui s’y rattache; mais, contrairement aux autres branches des arts, 41 n'offre aucune ressource aux jeunes artistes qui s’y adonnent et qui doivent être doués d’aptitudes spéciales et de cette patience que réclament les travaux de longue haleine. Néanmoins, les mesures prises en vue de faire revivre la gravure (qui n'existait pas en Belgique, il y a une vingtaine d'années) sont loin d’avoir été stériles; car la direction des études et les moyens persistants employés pour former des artistes dans ce genre, ont été tels que cet art se trouve définitivement implanté dans le pays. Les graveurs de talent y sont nombreux, et la plupart se sont occupés, à leur début, de la reproduction de peintures modernes; mais 1l s'en trouve cependant aussi qui ont prouvé, par des astampes remarquables (lesquelles ont valu à quelques- uns d’entre eux la décoration de l’ordre de Léopold) qu'ils sont capables d'aborder dignement les œuvres des grands maitres de l’école flamande, dont la traduction pleine de difficultés, exige une expérience consommée. Le premier devoir attaché à la direction de l'enseigne- ment exercé avec abnégation, est de maintenir, par tous les movens de persuasion possibles, les jeunes artistes dans les pures traditions de la gravure au burin, et de consacrer ce principe en faveur des œuvres nationales, but qui ne saurait être complétement atteint qu’au moyen de l'inter- vention active et de la sollicitude éclairée du Gouverne- ment. S'il est vrai qu'il est de toute impossibilité à un graveur : d'entreprendre sans appui l'exécution d’une estampe qui, d'ordinaire exige plusieurs années de travail, il est évident (515) que, pour cette branche des arts, plus que pour toute autre, la direction des travaux est inhérente à la direction des commandes et des encouragements dont l'initiative appartient au Gouvernement. L'Académie a lieu de se réjouir d’être appelée par M. le Ministre à se prononcer sur une question qui se rapporte à la direction des travaux d'art. L'harmonie si désirable dans ces travaux et les questions qui se rapportent au sujet qui nous occupe ont été demontrées dès 1854, dans un travail sur la gravure en taille-douce (1). L'Académie à toujours apprécié l'importance qu'il y avait non-seulement à conserver la phalange des jeunes graveurs déjà formés, mais encore à la grandir et à en tirer un parti précieux en faveur de la propagation de l’art belge. L'intention exprimée par M. le Ministre d'accorder à la sravure une protection large et efficace, aurait tout d’abord pour conséquence d'empêcher un exemple fatal et peu fait pour amener de nouveaux adeptes à cultiver cette branche des arts, nous voulons parler de ces jeunes graveurs de talent que nous avons vus abandonnant une carrière de- venue aride ou s’expatriant pour tirer parti, à l'étranger, de leur habileté et du fruit de leurs études. Le système qui a été adopté de faire exécuter, sous le patronage du Gouvernement, des gravures destinées à être distribuées aux souscripteurs des expositions des beaux- arts a été pour ainsi dire la seule occasion qui ait pro- curé aux graveurs quelques commandes ou la vente de planches gravées. Cette mesure, tout en augmentant l’at- (1) Wotice sur la gravure en taille-douce; par Erin Corr, Extr. du t. XXI, n°2, des Bulletins. ( 316 ) trait de ces expositions, a été du plus grand secours au progrès de la gravure; cependant l'obligation imposée par les règlements de choisir les tableaux à graver parmi ceux qui sont exposés, a démontré l'extrême difficulté d'y trouver des productions réunissant les conditions néces- saires de style et de correction. Il y a, en effet, tel tableau qui captive par l'intérêt du sujet et par son exécution, mais qui perd la plus grande partie de son charme, lorsqu'il est, par la traduction, dé- pouillé de sa couleur, tandis qu'une composition savante et bien conçue dans des limites accessibles à la gravure triomphe de toutes les transformations. La supériorité incontestable de l’école belge de peinture, si digne à tous égards d'être popularisée par le burin, nous persuade que dès que nos artistes seront instruits de l'initiative du Gouvernement en faveur de la gravure, les œuvres exécutées avec les qualités requises ne feront pas défaut. On n’ignore pas que, de même que tous les modes de réduction dus aux procédés hâtifs, la gravure, dite ma- nière noire, eau-forte ou aqua-tinte, se trouve ample- ment rétribuée par la célérité avec laquelle ses produits sont exécutés. | Ces différentes espèces de gravures conviennent aux su- jets de circonstance; elles sont propres à satisfaire le goût du public, pressé de jouir d’estampes à effet; enfin ces divers procédés ont leur mission, qui s'étend parfois à la reproduction de peintures de dimension gigantesques les- quelles y trouvent un interprète accessible à la spécula- Lion ; mais pour ce qui est des vrais chefs-d’œuvre, tant anciens que modernes, représentant même de grandes compositions, on à vu des éditeurs se former en associa- CET ) tion pour les confier à l'interprétation de la gravure en taille-douce, et provoquer ainsi l'élaboration d'estampes dont les planches atteignaient parfois le prix de soixante et dix à soixante et quinze mille francs. Parmi ces travaux, considérés comme des monuments d'art et dont l’appari- tion n’a lieu qu'a de rares intervalles, nous citerons : François L” et Charles-Quint visitant ! ‘église de Saint-Denis, par Forster, d’après Gros; la Descente de croix de Daniel de Volterre, par Toschi; l’'Hémicycle du palais des Beaux-Arts, par Henriquel Dupont, d’après Paul Delaroche. Il n’est pas hors de propos de faire remarquer, comme apprécia- tion de l'importance attribuée à la gravure, que cette dernière estampe a valu à l’éminent graveur le prix d'hon- neur décerné à l’œuvre la plus complète de l'exposition ouverte à Paris en 1854. Ces exemples, utiles à rappeler, prouvent suffisamment combien il est essentiel que le Gouvernement accorde une préférence exclusive à la gravure au burin, pour l’inter- prétation des œuvres auxquelles il accordera son patro- nage et Surtout pour celles de la publication proposée. Le projet soumis à l'examen de l'Académie par M. le Ministre et qui consiste dans la publication d'une série de sravures représentant les principaux chefs - d'œuvre de l’école flamande, ne peut manquer d’être bien accueilli par le pays, dont le glorieux passé serait par ce fait mis en évidence. Un certain nombre de ces œuvres n'ont jamais été gra- vées; d’autres ont été reproduites du temps même des mai- tres par le burin des Pontius, Vosterman, Bolswert, elc., qui ont traité d’une manière Supérieure le caractère, l’ex- pression des figures et le sentiment des sujets; mais ce qui nous reste de ces estampes n’en donne qu'une idée (3518) bien imparfaite, par suite des retouches successives qu'ont subies les planches. Les peintres peuvent encore les consulter avec fruit, sous le rapport des compositions; mais les épreuves qui ont conservé quelque apparence de la pureté primitive du travail sont devenues d’une exces- sive rareté. On sait que certaines estampes anciennes inspirent encore de nos Jours une vive admiration. Considérées au point de vue de la gravure même, les beaux portraits bu- rinés par Edelinck, Nanteuil, Drevet, etc., sont de ce nombre; cependant, il faut reconnaitre que l’art de la gra- vure s’est prodigieusement développé depuis cette époque en ressources pratiques, en progrès, en expérience; aussi voit-on, notamment en France, les mêmes chefs-d’œuvre gravés à diverses reprises par suite de la marche progres- sive de l’art. Le grand ouvrage, objet de la combinaison proposée, constituerait donc en quelque sorte l’histoire de la peinture en Belgique, représentée par les chefs-d’œuvre des diverses époques, tels que ceux de Rubens, Hemling, Van Dyck, Quentin Metsys, Van Eyck, etc., lesquels offriraient une variété de style propre à répondre aux aptitudes diverses des graveurs. L'époque contemporaine y figurerait égale- ment par des ouvrages qui assureraient à leurs auteurs une réputation durable et susceptible de passer à la pos- térité. Ces planches seraient commandées aux graveurs et res- teraient la propriété de l'État; il conviendrait qu’elles for- massent une suite et qu’à cet effet une certaine harmomie fût observée dans le format; celui-ci ne pourrait, néan- moins, être irrévocablement le même pour toutes les planches sans sacrifier les proportions exigées par les Pr. — Drew 4 ‘ ( 519 ) figures. Il serait fait une série particulière pour les vastes compositions des grands maîtres , que le format de l'ou- vrage ne comporlerait pas sans inconvénient. Quand la gravure aura reçu cette salutaire impulsion gouvernementale, laquelle à si puissamment contribué à créer la grande école française, l’action commerciale ser- vira aussi les intérêts de l’art sérieux ; mais actuellement, lorsque la Belgique ne possède pour ainsi dire point d’édi- teurs, le système d'exclusion serait très-fatal à la catégorie d'œuvres qui en seraient l’objet. Par ce fait elles se trouve- ralent privées du bénéfice de la gravure et de la publicité, conséquemment en dehors de la publication projetée, parce que les jeunes artistes ne peuvent prétendre à y par- ticiper sans avoir donné des preuves de capacité; il serait donc à désirer que les travaux qui se recommanderaient par des motifs spéciaux, tels que les productions de nos: maîtres anciens et modernes, obtinssent l'appui du Gou- vernement par une souscription qui les aiderait à consacrer le temps nécessaire à l'exécution des estampes. Des encouragements seraient accordés, sous forme de bourses d'étude, aux jeunes graveurs ayant montré des dispositions incontestables. Le projet du Gouvernement l’amènerait naturellement à établir une chalcographie chargée de l’impression et de la publication des gravures de l’État. En ce qui concerne cette impression , elle offre des difficultés que l’on ne peut se dissimuler, mais qu’il sera possible d’aplanir graduelle- ment : déjà il a été fait, depuis quelques années, un pas dans cette voie par l'établissement à Anvers d'un atelier d'imprimerie qui a été utile aux graveurs du pays pour l'impression de certaines planches, avantage dont jus- qu’alors ils avaient été privés; mais il conviendrait que ( 320 ) l'imprimerie à établir fût dirigée par un des premiers ou- vriers de Paris, ayant fait ses preuves par l'impression de planches de réputation, et en qui les graveurs pussent placer une confiance illimitée avec la certitude d'obtenir la représentation scrupuleusement exacte de leurs travaux. Cette mesure leur éviterait de fréquents voyages vers les ateliers de Paris et remplirait une lacune importante. Il conviendrait que cette institution fût organisée à l’in- star de la chalcographie impériale de Paris, qui possède aujourd’hui environ six mille planches, et qui procure au Gouvernement des revenus qui lindemnisent amplement des sacrifices qu'il s’est imposés. On ne peut douter que les sympathies publiques n’ac- cueillent les vues du Gouvernement pour la prospérité des arts en général et en particulier pour tout ce qui peut as- “surer un large développement à la gravure. Ces sympa- thies accueilleront également l’idée de la vaste publication projetée ; elle est de nature à assurer à la gravure et aux industries qui en dépendent le retour de cet état floris- sant qui caractérisait la Belgique au XVI et au X VIF" siècle, alors qu'elle était pour l’Europe le brillant foyer de l’art. Le travail préliminaire et tout personnel que ce projet nous à inspiré a dû être nécessairement restreint. El laisse sans doute à désirer, surlout quant à la forme, mais peut- être les renseignements techniques qu'il renferme offri- ront-ils quelque intérêt à la commission chargée de ‘for- muler sur ce sujet l'expression définitive de son opinion (4). La question relative au progrès à imprimer à la gravure en (1) La commission, nommée par la classe des beaux-arts, se compose de MM. Alvin, Navez, De Keyser, Calamatta et Corr. ( 321 ) taille-douce se résume , à notre sens, par l'ensemble des mesures suivantes : Bourses d'étude aux jeunes artistes qui ont fait preuve de dispositions exceptionnelles pour la gravure ; Souscription aux estampes reproduisant les œuvres transcendantes de l'école belge, tant anciennes que mo- dernes; Commandes de gravures formant une publication natio- nale et représentant les principaux chefs-d'œuvre de l’école flamande des diverses époques, en y comprenant l'époque contemporaine ; Chalcographie royale chargée de l'impression et la pu- blication des estampes du Gouvernement. — La classe s'occupe ensuite de l'examen de ce qui concerne la commission de la biographie nationale et de la proposition faite à ce sujet par M. de Saint-Genois, proposition qui sera discutée, le même jour, dans l’assem- blée générale de l’Académie. M. le président, et plusieurs membres après lui, ex- priment l'opinion qu'il serait utile d'indiquer d’abord les matériaux dont on pourrait faire usage pour cette biogra- phie et de s'attacher à montrer les sources où l’on n’a pas encore puisé. Ces sources sont nombreuses et fécondes, et il conviendrait de les inventorier avant de s'occuper du travail qu'elles doivent enrichir. Ces remarques sont adoptées. 2 SÉRIE, TOME VII. 21 (322) OUVRAGES PRÉSENTÉS, Des races humaines ou éléments d'ethnographie: par J.-J. d'Oma- lius d'Hallov. Quatrième édition. Paris, 1859; 1 vol. in-12, Histoire duroyaume des Pays-Bas, depuis {81%jusqu'en 1850 ; par le baron de Gerlache, tomes If et If, 5° édition. Bruxelles, 1859; 2 vol. im-8°. Venerabilis Nicolai Eschii vita et opuscula ascetica; edidit P.-F.-X. de Ram. Louvain, 4858; 1 vol. in-12. Rymbybel van Jacob van Macrlant ; door J. David. 1° deel. Bruxelles, 4859; 1 vol. in-8°. Examen de l'eau acidule ferrugineuse de Blanchimont, près Stavelot; par G. Dewalque. Liége, 1859; in-8°. Promenades dans Namur; par Jules Borgnet, tome 1°. Na- mur, 4851-1859; 1 vol. in-S°. De vita et scriptis s. Aviti ; dissertatio historico-literaria ; con- scripsit P. Parizel. Louvain, 1859; 1 vol. in-8°. Essai de tablettes liégeoises ; par Alb. d'Otreppe de Bouvette. 27% livraison. Liége, 1859; in-12. Poëtes du XV1P”"° siècle en Belgique : — Jean Polit. Bruxelles, 4859; 1 broch. in-8°. Le prince de Ligne ou un écrivain grand seigneur à la fin du X VIII" siècle; par N. Peetermans. Liége, 1859; in-12. Études critiques sur les poètes du commencement du X LX" sié- cle, en Belgique : — M. Comhaire. Liége, 1857 ; in-12. La couronne margaritique ou définition de l'urbanité en 4505 ; par N. Peetermans. Liége, 1859; 1 broch. in-8°. Études sur le XVI": siècle en Belgique : Henri de Wachten- donck: par le même. Bruxelles, 1858; 1 broch. in-8. Fables ; par J.-M.-G. Marique. 1"° édition. Namur, 1859; in-12. L'ophthalmie dite militaire une fois quérie ne récidive pas sans | J L ( 225 ) l'intervention de nouvelles causes ; réponse à MM. Warlomont, Fallot et Crocq; par M. J.-H. Thiry. Bruxelles, 1859; 1 feuille, in-4°. Annales de l'Académie d'archéologie de Belgique, tome XV, 4e liver. Anvers, 1859; 1 broch. in-8°. Revue de la numismatique belge, troisième série, tome HE. 2m live. Bruxelles, 1859; 1 broch. in-8°. L'abeille, revue pédagogique par Th. Braun, Ve année, 1"° à Sue livr. Bruxelles, 1859; 3 broch. in-8°. Messager des sciences historiques, année 1859, 1" live. Gand; { broch. in-8°. Annales de la Société anatomo-pathologique de Bruxelles. Bul- letin. n° 1. Bruxelles, 1859; 1 broch. in-S°. La presse médicale belge, X1®%° année, n% 13 à 24. Bruxelles, 1859; 42 feuilles in-4°. Annales médicales de La Flandre occidentale, tome VE, n°° 4 à 6. Roulers, 1859; 3 broch. in-56°. Koninklijke Akademie van Wetenschappen te Amsterdam : — Verhandelingen. À fdeeling natuurkunde, IV, Vie en VIfe deel; — Verslagen en mededeelingen afdeeling natuurkunde. VIH deel; — Afdeeling letterkunde, HA deel; — Jaarboek van april 1857- april 1858; — Cataloqus van Boekerij, F'deel, 15 stuk. Amster- dam, 1857-1858 ; 5 vol. et 8 cahiers in-4°. Bijdragen tot de dierkunde ; uitgegeven door het koninkljk zoologisch Genvotschap Natura artis magyistra, te Amsterdam, VII aflevering. Amsterdam, 1858; in-4°. Institut impérial de France : Académie française : — Inaugu- ration de la statue de Froissart; — Discours prononcés aux funcé- railles de MM. Alfred de Musset et Brifaut ; — Discours pro- noncés sur les prix de vertu fondés par M. de Montyon. Années 1851 à 1858. Paris, 1851 à 1858; 3 broch. in-4° et 8 broch. in-19. Académie des inscriptions et belles -lettres : — Mémoires, tomes XVE, 1°° p., XX, 2° p., XXI et XXII, 2 p.; — Mémoires présentés par divers savants, 1'° série, tomes HE, IV et V, 2° série, ( 524 ) tome I; — Votice et extrais des manuscrits de lu Bibliothèque impériale, tomes XVI, 1° p., XVI, 17 p., XVII, 1° p. et XIX, 2° p.; — Séance publique annuelle du 12 novembre 1858 ; — Rapport au nom de La commission chargée d'examiner les travaux envoyés par les membres de l'école française d'Athènes ; par M. Guigniaut ; — Discours prononcés aux funérailles de MM. Augustin Thierry, Fortoul et Dureau de lu Matle. Paris, 1853-1858; 14 vol. et à broch. in-4°. | Académie des sciences : — Mémoires, tomes XXIV et XXVIF, le p.; — Mémoires présentés par divers savants, lomes XI, XIV et XV; — Discours prononcés aux funérailles de MM. Binet, Constant Prévost, De Bonnurd, Brifaut et le baron Thenard. >aris, 1854 à 1858; 5 vol. et 4 broch. in-4°. Académie des beaux-arts : — Discours prononcés aux funé- railles de MM. David (d'Angers), Adolphe Adam, Puul Dela- roche, le baron Boucher-Desnoyers, le marquis de Pastoret et Simart; — Rapport sur les travaux des pensionnaires de l'Aca- démie impériale de France à Rome, pendant l'année 1857. Paris, 1856 et 1857; in-4°. Académie des sciences morales et politiques : — Mémoires, tome IX; — Discours prononcé aux funérailles de A. le comte de Portalis. Paris, 1855 et 1838; 1 vol. et une !/2 feuille in-#. Revue de l'instruction publique en France, XIX"® année, n° 1 à 12. Paris, 1859; 12 doubles feuilles in-4°. Bulletin de lu Société géologique de France, deuxième série, tome XVI, feuilles 15-23; tome XV, feuilles 43-51. Paris, 1859; 2 broch. in-8°. Journal de la Sociélé de la morale chrétienne, tome IX, n° 2. 'aris, 1859; 1 broch. in-8°. Revue numismatique, publiée par J. de Witte et Adr. de Long- périér. Nouvelle série, tome HE, n° 4,5 et 6; tome IV, n°1. Paris, 1858 et 1859; 4 broch. in-8°. L'Investigateur, journal de l'institut historique, XXVr® année, 290-999 Nivr. Paris, 1859 ; 2 broch. in-$". ( 925 ) Bulietin de Lu Société des antiquaires de Picardie, année 1849, n° 1. Amiens; 1 broch. in-8°. Bulletin de la Société linnéenne de Normandie, We volume. Caen, 1858; ! vol. in-8°. Congrès de la propriété litiéraire et artistique tenu à Bruxelles en Septembre 1858 ; par M. Pataille. (Extrait des Annales de lu propriété industrielle, artistique et littéraire, W°% année, n° 5, el Ve année, n° 12). Paris; 2 broch. in-8°. Discours prononcé aux funérailles de M. Gergonne, pro- fesseur honoraire de la faculté des sciences de Montpellier ; par M. Paul Gervais, doyen de la faculté. Montpellier, 1859; ! broch. in-4°. Résumé succinct de diverses notes sur les machines soufflantes ou à compression d'air de A1. lemarquis Anatole de Caligny, publiées avant 1852; rédigé à l'occasion des rélations techniques sur le percement des Alpes. Paris; { broch. in-8°. Note sur la craie glauconieuse de Rouen et les grès verts du Maine; — Note sur les caractères paléontologiques de la craie de Meudon; par Edin. Hébert. Paris, 1857-1858; 2 broch. in-8°. La noblesse flamande de France en présence de l'article 259 du Code pénal, suivie de l'origine de l'orthographe des noms ues familles des Flamands de France; par Louis de Baecker. Paris, 1859; in-12. Histoire de la ville de Montdidier pur Victor de Beauville; compte rendu par le même. Paris, 1859; in-4°. L'art dramatique chrétien dans le nord de la France; — Le tombeau de la première reine chrétienne du Danemark, 47" siècle ; par le même. Amiens et Paris; 2 broch. in-8°. Un monde d'animalcules (anguillules et acarus) dans an débris de truffe; par Victor Chatel. Vire, 1859; 1/2 feuille in-8°. Sociélé vaudoise des sciences naturelles à Lausanne : — Bul- letin, n® 16, 54, 42 et 43; — Catalogue de la Bibliothèque, rédigé par V. Gérésole. 1% mai 1858. Lausanne; 6 broch. im-8"°. Konigl. Gesellschaft der Wissenschaften zu Gütlingen : — (32%) Gelehrte Anzeigen. 1858; —Nachrichten von der Georg.- Augusts- Universilat vom Jahre 1858. Gottingue; 4 vol. in-12. Uber die Krystallformen des Cordierits von Bodenmais in Bayern ; von J.-F.-L. Hausmann. Gottingue, 1859; in-4°. Deutschlands Geschitsquellen im Mittelalter bis zur mitte des dreizehnten Jahrhunderts ; von W. Wattenbach. Berlin, 1858; 1 vol. in-6°. Historischen Vereines für Steiermark : — Mittheilungen, VIS Heft; — Die steiermärkischen Schuken-Freivilligen-Batail- lone und ihre Leistungen in den Jahren 1848 und 1849; — Bericht über die IX allgemeine Versammlung am 24 April i858, Gratz, 1857-1858; 3 broch. in-8°. Archiv. des Mathematik und Physik; herausgegeben von J.-A, Grunert. XXXII theil, 1-5 heft. Greifswald, 1858; 3 broch. in-82. Magnetische und meteorologische Beobachtungen zu Prag, XIX°t' Jahrgang, 1858. Prague, 1859; in-4°. Zeüschrift des Ferdinandeums für Tirol und Vorarlberg, 3e Folge, VIS Heft. Innspruck, 1859; 1 vol. in-8°. Verhandlungen der physicalisch-medicinischen Gesellschaft in Würtzburg, IX!" Band, 2 und 3 Heft. Wurtzbourg, 1859; in-8°. Nyt Magazin for Naturvidenskaberne, X® Binds, 2% og 3ûic Hefte. Christiania, 1858; in-8°. Beskrivelse til kartet over den norske Kyst : — Fra lomfruland og kragerd til Christiansand ; — Fra Ekersund til Lindesnaes. Christiania, 1857-1858; 2 cahiers in-4°. Beretning om K. Norges Okonomiske Tilstand i Aarene 1851- 1833, med tilhorende Tabeller. Christiania, 1858; 1 vol, in-4°. Beretning om Bodsfœngslets virksomhed i Aaret 1837. Chris- Uania, 1838; in-8°. Norske Stiftelser, He Bind et Suppl. Christiania, 4858; 4 vol. et 1 broch. in-8°. Statistiske Tabeller for kongeriget Norge, Udgivne efter Foran- staltning af Departementet for det Indre, XIV® Raekke. Chris- Uiania, 1857, in-4° oblong. Statistiske Tabeller, vedkommende Undervisningsvoesenets Til- stand à Norge à Aaret 1855, Udgivne efter Foranstalining af den K. Norske Regjerings Departement for Kirke-og Undervisnings- voesenet. Christiania, 1857-1858 ; in-4° oblong. Physikalske Meddelelser ved Adam Arndtsen. Christiania, 1858 ; in-4°. Norsk Folke-Kalender 1859. Christinia ; in-12. Universitetets Budget 1857-1860. Christiania; in-S°. Fortsatte Jagttagelser over de erratiske Phaenomener ; af [.-C. Hôrbye. Christiania ; 1 broch. in-8°. Bidrag til khundskaben om Middelhavets Littoral-Fauna, Reise- bemaerkninger fra Italien ; af M. Sars, IL. Christiania ; 4 broch. in-$°. Foreningen til norske fortidsmindesmerkers Bevaring. Aarsbe- retning for 4857, afgiven i Generalforsamling den 20 Juli 1858. Christiania, 4858; in-8°. Karl-Johans-Forbundet ; af P.-A. Munch. Christiania, 1857; 4 broch. in-12. Kart over Bratsbergs-Amt : — Over Nedenaes og Robygdelagets Amt; forfattet if6lge Forantstalting af den K. Norske Regjerings Departement for det Indre. Christiania, 1857; in-plano. Kart over den norske Kyst fra Lindesnaes til Ekersund; — Fra Jomfruland og kragerd til Christiansand. Christiania, 1857- 1858; in-plano. Compte rendu de la Société impériale géographique de Russie pour l'année 1858; rédigé par M. E. Lamanskv. Saint -Péters- bourg, 4859; 4 broch. in-8°. (Traduit du russe.) Royal institution of Great-Britain : — Notices of the procce- dings at the meetings of the members, part VIT; — A list of the members, officers, elc., with the report of the visitors for the year 1857. Londres, 1858; in-8°. Rendiconti delle adunanze della r. Accademia economico-agraria dei Georgofili di Firenze. Triennio. IT, anno 3, disp. 4°-4 Florence, 1859 ; 4 broch. in-8°. ( 528 ) Istoria fiorentina di Leonardo Aretino; tradotta in volgare da Donato Acctiajuoli col testo a fronte, vol. H. Florence, 1858 ; 4 vol. in-8°. É Recherches expérimentales sur les effets du courant électrique appliqué au nerf grand sympathique; par MM. Philippe Comte Linati et Prime Caggiati. Parme, 1859; 1 broch. in-8&. Atti dell imp. reg. Istituto Veneto di scienze, lettere ed arti, tome {V', serie terza, disp. 6°. Venise, 1859; in-8°. The american Journal of science and arts, second series, vol. XXVIT, n° 80. New-Haven, 1859; 1 vol. in-8°. BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1859. — No G. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 4 juin 1859. M. MELsens, directeur. M. An. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Sauveur, Wesmael, Martens, Can- traine , Kickx, Stas, De Koninck, Van Beneden, De Vaux, Edm. de Selys-Longchamps, Nyst, Gluge, Nerenburger, Schaar, Liagre, Duprez, Brasseur, Poelman, membres; Schwann, Lamarle, associés; Ern. Quetelet, Gloesener, Montigny, correspondants. 2° SÉRIE, TOME Vil. 22 CORRESPONDANCE. L'Académie apprend avec douleur la perte qu'elle vient de faire, par la mort de deux de ses associés les plus 1llus- tres, M. Alexandre de Humboldt et M. Lejenne Dirichlet, professeur de mathématiques à l’université de Gôtlingue. M. de Humboldt avait été nommé membre de l'Académie de Belgique, le 5 août 1850, d’après un article de l’ancien règlement qui n’admettait que deux étrangers à ce même ütre. Cet illustre savant atteignait sa quatre-vingt dixième année ; 1] était né le 44 septembre 1769, et il est mort le 2 mai dernier. Le secrétaire perpétuel lui rendra un dernier hommage dans le prochain Annuaire de l’Académie. — Il est donné lecture d’une lettre de M. le Ministre de l’intérieur, exprimant le désir de voir l’Académie s’oc- cuper de la Biographie nationale, demandée, en 1845, par un arrêté royal pris au moment de sa réorganisation et tendant à ce que la commission spéciale de la Biographie nationale soit complétée; M. Wesmael est invité à rem- placer M. Morren , l’un des commissaires décédés. — M. le président du Sénat remercie l’Académie pour l'envoi du XXXI”° volume de ses Mémoires et de ses der- niers Bulletins. — M. le vicomte de Seisal, ministre de Portugal, fait parvenir à l'Académie, par les soins de M. le professeur Mathias de Carvalho, une collection complète des ouvrages (331 ) publiés, dans ces derniers temps, par MM. les professeurs de l’université de Coïimbre. — Remerciments. — L'Académie royale de Munich remercie l'Académie pour la part qu'elle a prise à la célébration du centième anniversaire de sa création, et lui fait parvenir une mé- daille en bronze destinée à consacrer ce souvenir. — L'Académie des sciences de la Nouvelle-Orléans et la Société des sciences des Indes néerlandaises à Batavia, adressent également des remerciments pour l'envoi des dernières publications. — L'Observatoire royal de météorologie de Madrid fait parvenir le résumé de ses observations météorologiques pour 1859. — M. Robert Ellery, directeur de l'Observatoire de Williamstown, Victoria (Australie), exprime le désir de recevoir, pour les comparer aux siennes, les observations de la lune et des étoiles du même parallèle pour différentes époques de 1858. M. Quetelet dit qu'il a rassemblé toutes les observations semblables de l'Observatoire de Bruxelles, pendant les années 1857 et 1858, pour faire suite à celles déjà pu- bliées des deux années précédentes et de 1835 à 1840. — L’impression de la notice est ordonnée. — La classe ordonne l'impression des observations sur la végétation faites à Waremme, le 21 avril dernier, par MM. Michel Ghaye et Edm. de Selys-Longchamps, ainsi que le résumé des observations météorologiques faites à Gand, en 1858, par Mi J. Duprez, membre de l’Académie. M. de Selys présente, à propos de cette communication, ( 332 ) quelques observations sur des infusoires rougeàtres qui coloraient d’une manière intense l’eau d'un vase après plusieurs mois de dépôt. La classe reçoit également les ouvrages manuserits sui- Vanis : 1° Recherches sur la capillarité; par M. Bède, prolfes- seur agrégé à l’université de Liége, 5° mémoire (commis- saires : MM. Piateau, Duprez et Lamarle); 2 Mémoire sur l'origine et la nature de la matiere fibreuse qui garnit le stipe de plusieurs espèces de palmiers et sur l'existence des stipules chez les monocctylédonées ; par M. J.-E. Bommer, attaché au Jardin Botanique de Bruxelles (commissaires : MM. Kickx et Martens); 9° Nuevo metodo de obtencion de la quinquina y cin- conica; par M. Joaquin Aldir y Fernandez, de Madrid. — M. Quetelet fait hommage du XIV”* volume des An- nales de l'Observatoire royal de Bruxelles, contenant les observations astronomiques et météorologiques faites en 1855 et 1856. RAPPORTS. Notice sur les aimants de fer de fonte trempé; par M. Flori- mond, professeur au collége des Joséphites, à Louvain. HMapport de M. Gloesener. « L'Académie a chargé M. Ernest Quetelet et moi de lui faire un rapport sur une notice de M. Florimond, pro- fesseur au collége des Joséphites, à Louväfh. Cette notice comprend trois points distincts. = cr or 999 ) Le premier concerne les aimants de fer de fonte trempé; le second est relatif à la déperdition de magnétisme qu'’é- prouve, dans les machines magnéto-électriques , la lame des aimants qui est en contact ou à peu près avec l’électro- aimant mobile ; le troisième point à trait à une modifi- cation particulière que subissent les fils de laiton exposés à l’air sous l’influence de certaines variations de tempé- rature. Déjà, en 1854, M. Florimond a présenté à l’Académie une notice sur l’emploi de la fonte dans la confection d’ai- mants artificiels, notice sur laquelle feu M. Crahay a fait un rapport favorable inséré dans le tome XX des Bulletins de l'Académie. Depuis ce temps, M. Florimond, qui a réussi le premier, que je sache, à construire des aimants énergiques en fer de fonte trempé, a étendu beaucoup ses recherches sur le même sujet, avec le louable désir de répandre le plus pos- sible de bonnes machines magnéto-électriques à des prix notablement inférieurs à ceux de semblables machines confectionnées avec des aimants en acier, et de constater en même temps ce fait scientifique intéressant, que la fonte convenablement trempée est susceptible de subir une aimantation énergique. Dans la dernière notice, le savant Joséphite modifie quelques-unes des indications données dans la première, et il précise des règles à suivre pour construire des aimants de fer de fonte. Ces règles peuvent être résumées ainsi : 1° La qualité de fonte qui convient le mieux pour faire des aimants est la qualité moyenne; la fonte grise, la fonte blanche, est-il dit dans la première notice, est trop fragile et la fonte de première qualité ne donne que des résultats médiocres. (354) 2 Les lames de fonte destinées à l’aimantation doivent être trois fois aussi épaisses que les lames d'acier. Il est même avantageux d'augmenter encore cette épaisseur. 3° Il faut que les lames de fonte, en forme de fer à cheval, soient très-courtes. Une longueur convenable est celle d’une fois et demie la largeur, mesure prise à l'extérieur. 4 Il faut tremper les lames de fonte à la plus haute température possible et sur toute leur longueur; après les avoir chauffées suffisamment, on les retire du feu une à une, on en saupoudre les deux faces opposées de prussiate de potasse pulvérisé sur la moitié de leur longueur à partir des pôles, et on les plonge dans une grande masse d’eau qu’on agite quelque temps. 5° On aimante chaque lame en frottant successivement ses deux faces opposées avec un électro-aimant en fer à cheval, animé par le courant d’une pile de quatre à cinq éléments Bunsen de médiocre grandeur. 6° IL faut rejeter les lames aimantées qui ne portent pas beaucoup plus que leur poids, sans qu’on puisse espérer d'en pouvoir augmenter la force par une nouvelle trempe ou autrement. 7° Ce sont de petites fentes transversales (dans le sens de la largeur des lames) provoquées par la trempe qui ren- dent les lames mauvaises. Ces fentes se rencontrent sur- tout dans la fonte de qualité inférieure. Les fentes qu’on observe quelquefois dans le sens de la longueur des lames ne paraissent avoir que peu ou point d'influence sur la force des aimants. 8 Enfin une lame de fonte aimantée par le courant de quelques éléments Bunsen, ne peut être aimantée en sens inverse au même degré qu’à l’aide d’un nombre d'éléments notablement plus grand. Il faudrait, d’après M. Florimond, pr pr RL) ( 699 douze à treize éléments, si la première aimantation avait été opérée avec deux. Quant à la désaimantation de la lame antérieure des aimants composés de plusieurs lames et employés dans les machines magnéto-électriques , l'honorable professeur dit: « La lame antérieure en contact ou à peu près avec l'élec- » tro-aimant dans les machines magnéto-électriques perd, » au bout de quelques mois, son magnétisme presque » complétement, si l’axe de l’électro-aimant est perpendi- » culaire à l’axe de la lame. Par là la machine perd, dit » l’auteur de la notice, non-seulement parce que la pre- » mière lame est inerte, mais encore parce que la dis- » tance de l'électro-aimant aux autres est égale à l’épais- » seur de la première lame. » M. Florimond ajoute « qu'on remédie à l'inconvénient susdit, si l'on dispose la » machine de manière que l'axe de l’électro-aimant et » celui de la lame, c’est-à-dire de tout l’aimant, soient » parallèles ou se trouvent sur la même direction. » Il eût été bon d'examiner aussi si la lame extérieure de la face postérieure de l’aimant ne perd pas non plus de son magnétisme comme la première. La notice ne dit rien à ce sujet. J'admets avec l’auteur que, si la première lame a perdu son magnétisme, la puissance de l'appareil est beaucoup diminuée, par la raison que l’électro-aimant est affecté par une lame de moins, et précisément par celle qui, à cause de sa très-grande proximité, eùt agi le plus efficacement, si elle avait conservé toute sa force. Mais les autres lames se trouvent placées, par rapport à l’électro-aimant, à la même distance que la première lame, soit active ou inerte. La machine ne peut, par conséquent, perdre en énergie que par l’inactivité de la première lame. ( 336 }) J'ai aussi des doutes sur l'efficacité de la disposition proposée par M. Florimond pour empêcher la déperdition du magnétisme de la lame voisine de l’électro-aimant dans les machines magnéto-électriques. Il serait important, pour la construction de ces appareils, que les expériences fussent confirmées, ainsi que l'observation citée plus haut, que, s'il faut un certain nombre d'éléments d’une pile pour aimanter une lame de fonte, il sera nécessaire d’en employer un nombre beaucoup plus grand pour aimanter ce même aimant au même degré en sens contraire. La troisième observation faite par M. Florimond est celle-ci : Les fils de laiton exposés à l’air extérieur devien- nent fragiles, cassants par l’action de la gelée. Il cite à l'appui les faits suivants : Les fils de laiton, tendus dans un jardin pendant l'hiver pour supporter du linge à sécher, se sont rompus au bout d’un certain temps; les fils de laiton du carillon de Saint-Pierre à Louvain, placés depuis quel- ques mois, sont tous tombés en petits morceaux, pendant le temps de gelée et de brouillard, vers les fêtes de Noël, en 1858. Le savant professeur de Louvain paraît disposé à croire que les fils de laiton deviennent fragiles, parce que, pen- dant le temps de gelée, ils passeraient d’un état fibreux à un état cristallin ; 1l pense que les barreaux, les coussinets et autres pièces de laiton peuvent subir une modification du même genre que les fils, et croit son observation digne de toute l'attention des mécaniciens. [l a tenté, mais sans succès, de rendre des fils de laiton cassants par des expé- riences spéciales. Mais quelle était la qualité de laiton dont les fils étaient formés? étaient-ils écrouis? quelle tension avaient-ils à supporter ? le vent était-il violent ou faible ? dus ( 397 ) La notice de M. Florimond est intéressante et digne, suivant moi, d'être imprimée, sauf peut-être quelques mo- difications dans la rédaction. J'ai dit plus haut que j'avais des doutes sur plusieurs points. J'ai communiqué à M. Flo- rimond mes remarques basées sur quelques expériences que j'ai faites, mais 1l persiste à croire les siennes con- cluantes. » Sur les conclusions également favorables du second commissaire, M. Ernest Quetelet, la notice de M. Flori- mond sera insérée dans le Bulletin de l’Académie. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Occultation de Saturne par la lune. le 8 mai 1859, à l'Observatoire royal de Bruxelles. M. Quetelet communique les observations suivantes de l’oceultation de Saturne qui a eu lieu au commencement du mois de mai. « Le ciel a été très-défavorable à l'observation de ce phé- nomène. On a vu un instant les deux astres à travers une éclaircie, quand déjà le disque de Satürne était en partie couvert par la lune. » Mon fils a observé l'instant de la disparition de la pla- nète, et j'ai pu observer avec lui l'instant de la complète disparition de l'anneau. Disparition de Saturne. . 11455757 EQ. Temps sidéral de Bruxelles. ” de l’anneau . 11 44 8,5 AQ. » » » » 8,7 EQ. ( 338 ) Ces observations, à cause de l'état du ciel, ne méri- tent pas une très-grande confiance. Observations des passages de la lune et des étoiles de méme culmination, faites à l'Observatoire royal de Bruxelles, en 1857 et 1858. Communication de M. Ad. Quetelet, directeur de l'Observatoire royal. J'ai présenté, dans les n® 4 et 5 des Bulletins de l’Aca- démie pour l’année 1857 (1), les observations des passages de la lune et des étoiles de même culmination, qui ont été faites à l'Observatoire royal de Bruxelles, pendant les années 1855 à 1840 et 1855 à 1856; la première série d'observations comprenait 104 passages lunaires; la se- conde en comprenait 59. Je crois utile de continuer ici cette publication en com- muniquant les observations faites en 1857 et 1858 (2); elles font suite aux deux séries précédentes. Ce ne sont pas des positions absolues de la lune, mais simplement des positions relatives, calculées par rapport aux étoiles de culmination lunaire; elles pourront servir aux astronomes qui s'occupent des longitudes terrestres et qui désireraient rattacher leur position astronomique à la nôtre (5). Les passages lunaires sont au nombre de 83, dont 67 ont été observés par mon fils, et 16 par M. Bouvy, deux de mes aides à l'Observatoire. (1) Bulletins de l’Académie royale de Belgique, 2° série, tome 1, p. 478, et tome II, p. 18. (2) Les réductions de calcul et les corrections ont été faites par mon fils. (3) Voyez plus haut la demande de M. Rob.-J. Ellery, directeur de l'Obser- vatoire astronomique de Williamstown, Victoria, en Australie. — ( 359 ) Observations des passages de la lune et des étoiles de même culmination 1857-58 (5°° série). OBSERVA- : Nombre % OBSERVEE, | vs rass.| TEUR. | | 1857. 5 janvier . . . | 45 Piscium. . . 0h18"19535 5 | EQ. 60 Piscium. .. | 0 59 59,75 1 DDR AS à | 0 58 55,28 5 o Piscium. . 1 57 50,85 5 ERcetr 0 .* 1451705 | 5 51 — € Piscium. . 0 55 51,07 5 EQ ARE AA TE 1 55 25,09 5 | Li, (Mrietis t. . 1 49 52,51 5 B.A.C. 652. . | 1 55 52,29 5 D |, Arietis ….. | 1 49 52,54 5 EQ. BAG 6822. : | 1 55 52,52 5 ONU 2 50 56,60 5 EN Apriefis : .\ | 2 51 2,62 4 d Arietis .. 3 5 27,64 5 2 — € Arietis . | 251 2,64 5 | EQ. FES FAP | 3 392760! 5% | (TA PR OUPTETE 5 29 5,56 5 # Tauri : | 5 58 59,82 b) 8 — A1 Tauri ! 3 56 15,56 5 EQ. (dE. 4 50 55,66 5 Gr Tan 4402 5 17 16,27 5 X Aurigæ... | 5 25 26,57 5 (340 ) Nombre |OBSERVA- DATES. OBJET. & OBSERVÉE. DE FILS: TEUR. 1857 (suite). 4 février. . .. |"BATAau Le. 2 D'146528 0005 EQ. X Aurigæ. .. 5 23 26,50 5 (Gi er 5 55 7,80 5 x Aurigæ. . . 6. 6 17,24 5 æ Geminorum. 6 14 19,61 5 DURE JL Lie k& Geminorum. 6 14 19,98 J B CORRE 6 59 41,40 5 d #eminorum. 7 11 56,28 5 r Geminorum..| 7 16 52,17 5 To LR Dee CATON (+ 0 8.1 51,99 5 EQ. X 1 Gancri | .. | 8/11 24,91 4 CREME EET 8 40 42,09 5 8 — 83 Cancri D Ms Pc 5 EQ. À Leonis . .. 9 23 55,20 5 CHAT ER 9:6704,05 5 h Leonis 9 59 55,66 5 84 Leonis. . .. | 10 3 58,24 5 2 mars +. € PANNO6 ICanCri. 5 58 59,51 5 EQ. Cite re 4 11, 48,90 5 BA M1u20; 4 49 7,54 5 105 Tauri . .. 4 59 24,48 5 6 0, Gone LI7 a SES NS EQ. CALME 2 8 21 51,47 5 d Cancri 8 56 54,94 5 F ie Cancri | 8 56 5496 | 5 EQ. (CRE KE LL LE L'UOMEN 9,54 | 5 " Leonis 1 | 9 59 55,75 5 (541) Nombre |OBSERVA- DATES. OBJET. % OBSERVÉE. | 1857 (suite). DK FILS, TEUR. 10 mars . ...| « Leonis ... | 11:15w47549 5 EQ. T Leonis . .. | 11 20 56,66 4 | QUA: REER 11 40 59,04 5 10 Virginis. . . | 12 9 93,45 5 1 avril .. £ Geminorum. 6 55 8,72 4 EQ. (HR CE TRE 3 54,40 5 5 Geminorum. 7 56 54,78 5 2 — B Geminorum. 7 56 54,80 5 EQ. 2 Geminorum, 7 44 45,63 5 (IRL PET EONES 8 4 6,44 5 #n : Cancri : . . 8 24 27,28 5 M} Cancrt +. 8 55 1,77 5 7 — B Virgiuis. . . | 11 43 16,70 5 EQ. b Virginis. . . | 11 52 39,37 1 | (LAN ie ER 4 12 7 48,86 5 f Virginis. . . | 12 29 97,47 5 V” Virg.(lrcét.) | 12 54 26,84 5 IGN SLA À L : 12 51 11 76 5 EQ. œ Virginis. . . | 13 17 41,65 5 5 mai l Leonis . .. | 10 41 45,87 5 EQ. % Leonis ... | 10 57 39,92 1 (ER ne 11 10 0,05 5 T Leonis .., | 11 20 56,60 5 89 Leonis . .. | 11 27 4,46 5 (34 ) D he 0 IN M Nombre |OBSERVA- DATES. OBJET. Œ OBSERVÉE. | | DE FILS. | Virginis. . . | 12 19:57,07 4 1857 (suite). | | A:ai .. 2. |HruPLeonis ns © X A EE EN; | x XX [ei | AU NO es D À O1 O1 C1 x 19 9 ES © Q0 Nombre DE FILS, OX OX 1 Ot OÙ EX Et EX Où OX EX OX Ex XX HO OÙ OX OO Où Et Ex Qt OX OX O1 x OBSERVA- TEUR. EQ. EQ. EQ. (347) Nombre OBSERYA- DATES. OBJET. & OBSERYÉE, | DK wiLs.| TEUR. 1857 (suite). | | 28 décembre. . | 11 Tauri. . .. | - 5"32"18;83 SOL D 2 | y Tauri..,.|l 359 409| 5 | | due AS en 4 24 51,05 5 | | RU +. 1156Tauri . . . | 5.44 2580 | 5 EQ. X Aurigæ. .. 6 6 21,56 5 | M. 6 49 50,96 | 5 | 1 Geminorum. | 7 16 56,02 | 5 | 8 Geminorum. 7 56 39,20 5 | 1858. | 26 janvier . . . | 136 Tauri. ...| 5 44 25,94 | x EQ. | 139 Tauri. . 5 49 1265 | 5 | Gox ni 5 | 6 11 55,68 5 | T Geminorum. 1241812 5 d Geminorum. 7 11 40,47 5 27 — Tr Geminorum. 7 2/:807 5 EQ. tu AE 7204155 | 5 B Geminorum. 7 56 359,42 5 g Geminorum. 7 44 50,24 5 28 — B Geminorum. 7 56 59,46 5 B. g Geminorum. 7 44 50,29 GRR ou 8 95 40,26 | 5 18 février . .. | y Piscium. .. 1 25 55,20 5 EQ. (RTE TTTE 1 59 47,52 5 y. , Arietis. !. . 2 A4 51,28 5 NL ve ae 2 55 21,63 | 5 EQ. J' ArleUs, . . | 8 8 31,21 ( 348 ) Nombre |OBSERVA- DATES. OBJET. c OBSERVÉE. | RE 1858 (suite). 22 février . BRUN 5:17%20:27 5 EQ. % Aurigæ.. 5 25 50,48 5 GER ES EE 5 46 25,05 5 x Aurigæ 6: 621,21 5 48 Aurigæ. . . 6 19 27,94 5 23 — 48 Aurigæ 6 19 28,18 5 EQ. CARE 6 53 41,56 5 1 Geminorum. 7 16 56,15 5 uv Geminorum. 7 274215 4 QAUNI— rt Geminorum. 7 16 56,19 5 EQ. u Geminorum. 7270412, 5 CAS AME PET 7 58 27,04 5 y Cancri . 8 24 51,74 5 y Cancri . 8 65 6,00 5 26 — CREER T 9 54 47,65 5 EQ. 45 Leonis 10 20 10,91 5 p Leonis 10 25 22,05 5 25 mars CAL A 9 54 49,70 5 B. y Leonis . 9 50 56,94 5 æ Leonis .. 10 0 50,45 5 26 — V'UNLEONE + 9 50 56,92 5 B. & Leonis . . . | 10 0 50,45 5 CMS. M0 /PBMAEGE 5 29 — q Virginis. . 12 26 29,51 5 EQ. x Virginis. . . | 12 51 57,43 5 (O1 LRO 2520471 5 œ Virginis. .. | 13 17 45,07 5 h Virginis. . 15 25 51,71 5 DATES. 1858 (suite). 1. . .. 19 Ex | 25 — ( 349 Geminorum. Geminorum. Cancri . .. Cancri . .. Eeonis”:!. | Leonis. . .. Leonis. . .. Leonis. . | TER Leonis. . .. Leonis. . .. Leonis. . Leonis. . . Leonis. . Ééonis::.":; Leonis . .. Virginis. . . Virginis. . . Virginis. . . Virginis. . œ OBSERVÉE, 7h18m97:83 7 27 11,54 7 56 58,56 9 9 12,69 9 11 4,72 9 18 7,76 9 50 36,74 0 0 50,23 9 50 56,65 10 0 50,15 10 10 47,08 10 25 21,89 10 95 21,88 10 41 49,43 10 59 58,18 11 20 40,19 11 27 7,94 11 20 40,20 11 27 7,90 11 47 0,17 12 9 97,00 2 12 12 40,68 12 9 26,92 12 53 10,27 12 47 0,58 Nombre DE riLs, XX OO XX XX EX OX Où XX XX EX OX OX EX x XX x X ox OBSERVA- TEUR. EQ. EQ. EQ. EQ. EQ. EQ. D Nombre OBSERVA- DATES. OBJET. CG OBSERVÉE. DK FILS. TEUR. | 1858 (suite). | 28Catril ::. | 14158"105;81 | 5 EQ. 14 45 4,11 5 14 59 9,39 5 15 27 6278 028 15 53 48,91 5 21 juin 14 5 7,97 5 EQ. 14 24 95,26 ÿ 19: Libræ 21 2! 14 46,857 5 Libræ. .. . | 14 55 48,77 5 22 — 14 46 8,47 5 EQ. 14 55 48,81 5 Ç 15 12 28,89 5 0 Scorpi. | 15 4610,86 5 0 SCOLDI RAM OT 58 00 5 95 — 8 Ophiuchi.. | 17 15 21,05 5 B. d Ophiuchi.. | 17 18 21,04 5 CL MRC 7 56 50,47 5 d Sagittarii. . | 18 11 57,97 5 À Sagittarii . | 18 19 16,10 5 22 juillet. . . : | A Ophiuc.(2?:). | 17 6 40,81 5 EQ. d Ophiuchi.. | 17 18 21,10 5 (af 2 ST SEE 17 58 11,66 5 16(avûtt. .: . P 20/Libræ. . . . | 14:5%%48,96 5 EQ. (127 RARES 15 29 8,45 5 d Scorpii.. 15 51 59,47 5 DATES. 1858 (suite). TOR... . . 20 octobre . . . 21 — 12 novembre. . 15 — A Ophiuc.(mil.). Re SAR Q A ® % m ee D Er “AS: (3551) OBJET. Capricorni . Capricorni . Aquarii . . . Piscium. Piscium. . . Piscium. . . Piscium. . . Piscium. . Piscium. . . Capricorni . Capricorni . Capricorni . Capricorni . Capricorni . Capricorni . Capricorni . Capricorni . OBSERVA- % OBSERVÉE. TEUR. 1551"59:50 16 22 45,68 17 6 40,59 4 24,05 2 17,24 21 45 24,44 29 16 54,46 95 54 51,93 3 42 15,07 0 13 57,51 0 41 25,05 0 55 38,75 0 41 93,14 0 55 58,55 1 4 50,41 20 11 14,71 20 20 48,48 20 40 40,72 20 58 0,85 91 14 25,58 20 58 0,85 91 14 95,41 21 29 15,03 21 59 15,98 21 45 56,43 ( 532 ) ë : Nombre |OBSERVA- OBJET. % OBSERYÉE. DE FILS. TEUR. 1858 (suite). 15 décembre. . | 3 Piscium. . . 0b 41029;89 À EQ. € Piscium. .. 0 55 58,39 4 CARE 1 4 52,27 3 y Piscium. .. 1 25 57,45 À 101 Piscium. . . 1,28 15,19 À 20 — .. | # Geminorum. 6 6 23,89 Fe) EQ. &æ Geminorum. 6 14 27,71 5 CHERE ES 6 25 57,98 5 b!' Geminorum. 7 20 55,18 5 v Geminorum. 7 27.145,07 3 Gréle extraordinaire observée à Bruxelles, le 28 mai 1859. Note par M. A. Quetelet, directeur de l'Observatoire. Le 28 mai 1859, éclata un orage assez violent vers 1 heure de l’après-midi; la grêle, chassée avec force, pré- sentait des fragments remarquables par leur dimension. Ceux qui furent recueillis à l'Observatoire étaient d’en- viron 1 à 2 centimètres de diamètre; leur partie supérieure se terminait généralement en cône et était d’un blanc terne; leur partie inférieure , en segment sphérique, était plus ou moins transparente, comme si l’eau provenant de la fusion se fût glacée avant de tomber. On avait remarqué ( 355 ) des signes prononcés d'électricité statique et dynamique pendant l'orage : le courant électrique du haut vers le bas avait fait dévier l'aiguille de 52° boréal à 8° austral ; et l'aiguille statique, au point le plus élevé de l'Observatoire, avait marqué successivement + 82° à midi, — 85° pen- dant l'orage et + 79° à 1 heure ‘2, un quart d'heure après l'orage. Ces charges sont les plus fortes que l'instrument puisse donner. Le thermomètre marquait environ 22 à 25 degrés centigrades au rez-de-chaussée de l'Observatoire et vers le nord; le baromètre indiquait 0°,75270. Le vent changea plusieurs fois de direction, quoique celui de lOSO prédominàt. Le tonnerre s'était fait entendre depuis midi, mais ce n’est que vers 1 heure que l'orage éclata avec violence. La pluie tomba à partir de cet instant jusqu’à 4 heure et demie environ. Après la pluie, la température était de 15° centigrades dans le haut de l'Observatoire, et elle descendit à 14°,5 au plus fort de l’orage, d'après les annotations que me donna mon fils. La quantité d'eau recueillie fut assez considérable : elle marquait dans Île récipient 159 divisions de l'échelle, ou 8 millimètres en- viron. D'autres orages ont éclaté presque en même temps sur divers points du royaume. À Remouchamps, près de Spa, le 27 mai, l’un d'eux à provoqué une inondation assez forte et assez rapide pour causer la mort de 10 personnes qui ont été entrainées par les eaux avec leurs habitations. Dans nos bulletins, j'ai cité plusieurs exemples de cas semblables observés en Belgique, et j'en ai donné com- munication à l’Académie, soit d’après des descriptions qui m'en avaient été faites, soit d’après mes propres observa- tions. Le 15 juin 1845, M. Leclercq, professeur à Liége, me ( 394 ) fit connaître qu'entre 4 et 6 heures, 1l avait observé une grêle assez extraordinaire. « Les morceaux de glace étaient transparents, disait-il, et l'apparence qu’ils montraient se confondait avec celle du cristal; ils étaient plans, à l’excep- tion toutefois de quelques morceaux qui étaient concaves vers le milieu et d’un côté; de l’autre convexes, mais assez faiblement; leur épaisseur ne dépassait pas 0",0045 ; leur longueur et leur largeur étaient fort variables. Des morceaux recueillis sur des tas de foin recouvraient la paume de la main, ou étaient aussi longs et aussi larges que le petit doigt; je n’en ai point vu avec des dimensions plus fortes. Quant à la forme, elle était parallélogramma- tique; les bords, quoique sinueux, étaient arrondis; des morceaux recueillis sur des appuis de fenêtres présentaient même ce caractère. » (Bulletins de l’Acad., tome IT, 2°° par- ue, p. 14.) Le 12 juin 1848, M. Mac Leod, d'Ostende, me commu- niqua une autre observation analogue, que j'eus soin de transmettre à l’Académie. Les grêlons, que l’auteur a re- présentés par une gravure ont à peu près 50 millimètres d'épaisseur sur une hauteur de 55, et présentent une forme plus régulière et plus complète. « Beaucoup de ces grêlons, dit-il, étaient brisés sur une ligne transversale et offraient alors des bandes concentriques. » L'auteur n’a pas ajouté d'explication à la lettre qu'il m'adressait, mais il paraît assez que les grêlons étaient plus complets que ceux du dernier orage. (Bulletins de l’Acad., tome XVI, 4'° partie, page 507.) L’orage du 14 août 1852, dont les détails m'ont été donnés par M. Ad. Tommeleyn, professeur à l’école d’agri- culture de Thourout, offre peut-être des circonstances plus exceptionnelles encore : pendant toute la journée du 11 ° ( 999 ) août, il était tombé une pluie abondante, accompagnée, par intervalles, d'éclairs et de tonnerre. Vers 4 heures de l'après-midi, le vent s’accrut, les gouttes d'eau devinrent plus grosses, les éclairs plus multipliés. Bientôt à cette averse succéda une grêle effroyable, suivie de force éclairs et de coups de tonnerre : elle dura environ six minutes. Les grêlons, provenant du nuage orageux avaient un vo- lume tel qu'on n'en avait jamais vu de pareils dans cette localité : le plus grand diamètre de quelques-uns s'élevait jusqu’à 7 ou 8 centimètres, et leur poids égalait au moins 75 grammes; la plupart cependant n’avaieut qu’un poids de 40 à 45 grammes, et un diamètre maximum de 5 à 4 centimètres. La forme des grêlons était en général celle d'un œuf; quelques-uns étaient aplatis et anguleux; tous offraient à leur surface de fortes protubérances et les plus gros des pointes. Leur noyau se composait de couches concentriques généralement translucides et d'inégale épais- seur, dont le nombre variait de 8 à 14; leur température était 2°,1 au-dessous de zéro. Les dégâts causés par cet orage furent déplorables : les terres et les animaux souf- frirent beaucoup, plusieurs de ceux-ci furent même tués et les personnes surprises par l'orage, grièvement blessées à la tête, etc. (Bulletins de l'Acad., tome XIX, 3"° partie, page 28.) Dans la soirée du 28 juin 1855, 1l éclata un orage dont J'ai donné les détails dans le volume X des Annales de l'Observatoire (Climat de la Belgique, 6° partie, de l’Hygro- métrie , p.53). À 10 h. 40 m. du soir, les grêlons avaient de 12 à 14 millimètres de diamètre sur 4 à 5 d'épaisseur ; ils étaient de forme lenticulaire, déprimés et légèrement concaves sur les deux faces, en sorte que le bord formait bourrelet ; les deux faces concaves étaient lisses, tandis que ( 396 ) 6 le bourrelet était rugueux et inégal. Le vent était très-fort ; l'orage, formé en France, avait passé par Valenciennes et franchi nos frontières entre Mons et Tournai; en passant sur Bruxelles 11 se dirigea vers la Campine, qui a proba- blement servi de terme à son parcours. D’autres orages semblables, qui ont été suivis d’acei- dents assez graves, nous ont été signalés encore, mais sans que l’on püt en préciser la date; nous avons cru qu'il pouvait être intéressant de rappeler les principales circon- stances de quelques-uns, surtout de ceux qui furent re- marquables par la grosseur des grélons. Réduction du temps des oscillations d’une aiguille aimantée à un arc évanouissant. — Lettre de M. Hansteen à M. Ernest Quetelet. Si l’'élongation de l'aiguille du méridien magnétique, dans le commencement de la première oscillation ou à la fin de l’oscillation o, est — e,, on trouve que lélon- gation à la fin de l’oscillation n est — e,h", où h est une fraction un peu moindre que 1, c’est-à-dire que, par la résistance de l'air, les élongations successives sont une progression géométrique. J'ai constaté cette loi par des observations, quand e, est — 20°; quand e, — 30°, elle commence à dévier un peu; mais comme la déviation est presque imperceptible pour les 100 premières oscillations, où la réduction est la plus grande, on peut regarder la loi comme assez correcte, même pour e, — 30°. Mais on ne doit pas aller plus loin. S1 £ est le temps d’une oscillation dans un arc évanouis- ( 397) sant, {’ dans l’arc qui commence avec e, et finit avec — eh, on à : ù 1 eg 11 e, (1) =e[1+ 50 + h (4) +2 (0 +) (el | Si l’on à observé le moment a à la fin de l’oscillation o, et le moment b à la fin de l'oscillation n, quand l'élon- gation était eh", b — a — St! sera le temps de n oscil- lations, dont les élongations initiales sont + e,, — eh, + @h°... E eh"7", Si onintroduit ces valeurs pour e, dans la série (1), et que l’on prenne la somme des termes dans les crochets, la somme du premier terme devient — n ; le second terme aura le facteur 4 + >h*; le troisième 4 = xh#, où l’on doit donner à à toutes les valeurs entre i—0o;eti—n—1.Si on représente x’ par T’, on aura : 11+h° ENT ATASER e.\4 = 1 = D AN 0 D, RE TES OR Am NÉ EE T De TOR rer ) nel _— [nat —n) () +8 am Où! (2) Si on observe chaque 10" oscillation, on peut continuer l'observation jusqu’à la fin de l’oscillation n + 10p. Si on prend la différence des moments à la fin de l’oscillation o ÉbnAO en 410... AOp'et.n -+/10p, on à p + 1 valeurs du temps de n oscillations. De chacune de ces p + 1 valeurs du temps de n oscillations on peut déduire le temps d’une oscillation dans un arc évanouissant, quand dans la formule (2) on remplace e, par eh", où t reçoit ( 358 .) successivement toutes les valeurs entre i — 0 et i — p. En divisant la somme de toutes ces valeurs par p + 1, on aura une équation qui donne t avec la plus grande précision. Mais entre les limites susdites, on trouve : 4 — h2(p +1) $ 14 — h#(p +1) L'AMZ x h20i _ : : nat 4 1 — h40 On a donc 1 KE [ A CD) à 1 — h2( +1) pv = + —— | — i— (1 —1h p +1 7 p+1\s4 1 — 2 B (ED 1 — h#0(p + 1) qu | pe 1 NA 20 DR IS Si on place n hors des crochets et que l’on divise les der- niers termes par n, puisque nt — T est le temps de n oscil- lations dans les arcs évanouissants, on 1 : A NE 1h10 7+F1) te —— (1 — h?#) 1 An ph Ve es n ( p +1 p+1)\4 1 — h2 B (£ A me D | MID 1 2) 1 — h# er. ] (3). Quand on soustrait le logarithme de l'expression entre crochets du logarithme de —— ZT’, on a le logarithme p+1 de T. Dans les rubriques lithographiées de mes livres pour l'observation, je note toujours le nombre m de l’oscil- lation dont l’élongation est — + e.. La table suivante contient la valeur du logarithme de la réduction, pour différentes valeurs de e,, m,n, et p + 1, (tab. I a, tab. Ib). Si on a seulement observé 200 oscillations, et si on veut les réduire à 300, la table IT contient la réduction pour ( 559 ) n — 200, p + 1 — 10, mais augmentée du log? — log 1,5. Les tables supposent un calcul de 5 décimales. Table 11. Table 1 G. Table 1 b. n—2%00 p+1—10. SP m | = p+1=7. | n=500.p+1—10 | É LE NR É pe ee = 20°. e, — 30°. | ee — 20°.| e — 30. È = È Ë 60! — 26 | — 60 } — 21 — 47 [+4 0,17578 8 + 0,17539 19 60 10! — 53 | — 74 | — 26 — 60 1+0,17570 D + 411820 19 70 80! — 40 | — 90 | — 33 — 74 |+0,17561 + 0,17501 80 90! — 47 | —105 À — 39 — 88 }+0,17555 $ + 0,17482 Li 90 400! — 54 | —121 — 46 —105 + 0,17544 9 + 0,17462 # 100 110! — 60 | —136 | — 52 —117 |+-0,17556 ë + 0,17444 di 110 120! — 67 | —151 — D& — 152 [+ 0,17528 $ + 0,17426 de 120 130] — 75 | —166 | — 64 — 145 4+0,17520 ë + 0,17408 5 130 140! — 80 | —181 — 71 —159 1+0,17513 ; + 0,17392 sa 140 150! — 86 —195 | — 77 —1735 |+ 0,17506 A + 0,17576 # 150 Pour le retard du chronomètre de n secondes en 24 heures du temps moyen, il faut ajouter 1/2 n à la 5me décimale du logarithme de T’, ou sous- traire pour l'accélération. Logarithmes de réduction pour 6 degrés de Réaumur au-dessus de la température normale. + + + : + + + + + + + + + + + +- + +- + ( 360 ) J'ai trouvé cetle correction pour mon cylindre d’acier fondu anglais : il est possible que pour des aiguilles de diffé- rentes sortes d'acier, elle peut être un peu différente; mais pour la même sorte d'acier, j'ai trouvé presque le même résultat pour des cylindres de dimensions très-différentes. Dans la table À qui se trouve à la suite de cette note, J'ai donné deux exemples de l'observation faite à Chris- tiania et du calcul de réduction pour le 27 juin 1858, 40° 6" avant midi, et 6" 7” après midi, qui donnent la variation diurne à 10"—807°,51 et à 6" après midi 805,65, différence — 1,66. Pour montrer l’usage de Ja table IT, qui suppose n — 200, p + 1 — 10, je veux prendre la différence de 200 oscillations entre les secondes dans la troisième et la pre- mière colonne. À 10 heures avant midi. À 6 heures après midi. 200 oscillations. 200 oscillations. 9m, 453 SM 506 — 1,92 — 59,35 — 0,9 — 59,4 — 0,8 — 59,2 — 0,8 — 59,0 — 0,6 — 58,8 — 0,6 — 58,9 — 0,4 — 58,5 — 0,6 — 58,6 — 05 — 58,7 Moyenxe. .. 9® 0575 8" 5900 à MR fr D 5959500 log T! =, 2,782996!: los T7— 2,78159 Tab.Il m—105 e—20° 0,17540 m—100 +0,17544 0—=-+8;8 — 150 0—+5,75 — 84 Accél. + 4° — 9 Accél. = HA LU EN log T— 2,90707 | CAN 1 2,90617 T = 807557 T — 805;69 un contrôle très- par 500 oscill, 807,51 par 500 oscill. Mes ATEN (361 ) Dans la table B qui termine cette note, on trouvera deux observations faites à Copenhague le 25 juillet avec = 90 Pour contrôle à {4 h.48 m.avant midi, À O0 h. 9 m. après midi temps de 200 premières osc. 527*,24. 200 oseill. T’ — 327,21. log T/ —2,72198 T—78598 log T' —2,72198 T—785:95 m—90 + 0,17482 T—786,01 300osc. m—85 +0,17491,5 T—785,68 300 osc. D NT, — 145 0—10%55— 155,2 Retard. +4 Ret. + 4 logT — 2,89541 log T— 2,89538 Pour montrer la justesse de ma correction pour la tem- pérature, j'ajouterai encore les observations suivantes, faites à Krasnajarsk, en Sibérie. TEMPÉRAT, NUMÉRO. Accélération Filament, 1829. Janvier 23.|10h 44m mat. | 724509} 300! 20°| 85 Août 8 ..| 5 47 soir. |732,13| 300! 20 | 100 6 53 soir. |732,56| 500! 20 | 100 Le filament 4 était un fil de cocon simple, dont la tor- 2e SÉRIE, TOME VII. 24 ( 362 ) sion était nulle; le filament 2 était composé de plusieurs fils et avait une force de torsion considérable. No 1. No 3. log T’ — 2,85979 + 363 log T — 2,86342 . log T’ — 2,86459 — 198 — 92,86261 log T’ — 2,86482 — 146 log T — 2,86336 €o— 200, m—85,, p+1=7 —45 1 oO 11 0, PAGE TER 0 O— — 200,8 — 70,5 — — 980,3 + 417 T — 73016 Acceélérat. du chron, — 141 + 363 eo—200, m—100, p+1=7T —54 Torsi0n 2 MEME NE) 9 = + 1999 — 75 — + 1924 — 183 T—728:,80 Retard'=10.. 41. 0 — 198 eo —200, m— 100, p+r1=7 —54 Torsion 2 7 Vire D = + 16235 — 795 — + 8285 — 131 T —7305,06 Rod Te tps 0 — 146 Quoique la différence de T’ du 23 janvier et du 8 août fût — 8/04, elle s'est évanouie après la réduction à cause de la grande différence des températures de 4077 R. ( 363 Christiania. (Température normale — 7°.) A Chron. n° 1259. Ace. & sec. Ê Le 27 juin 1858, Commencem, 0 20% + 1b°,1 be : RIM: Nr 0 08.270 Temps moyen. . .— 1016%,5 matin. Moyenne , Ob29® + 16,5 Ü — + 8°,8 Temps de 300oscillations. [#4 Q @ Q © 9 Or 00 > À 1 © CI QI & O1 QI à OI QI à 2 > 1 4 1 3 Or > SU vw Log T’ — 2,90885 0—=+8,8 —130 Moyenne. . — 13M 305,69 Tabl. 1 b. m = 105 — 249 8105,69 Mer 2 7 — 807,31 Log T = 2,90704 Chron. n° 4259. Acc. — + 45. Commencement. S8b21n +9430,1 Le 27 juin 1858. Fin 38 + 430,2 Temps moyen . . . . —6h7m soir. Moyenne . 80 29m,5 + 130,25, 0 —%0,75 Temps Are. Sec. Arc. Sec. Are, Sec. Sec. de 300 oscillations. 200 215,1 109 515,4 205,7 505,0 | 13m9288,9 48,2 18,4 47,5 16,8 28,6 15,2 45,2 14,6 43,4 28,2 42,5 12,3 41,5 10,3 28,0 159 9,4 39,1 8,4 37,5 28,1 36,5 6,0 35,3 4,4 27,9 3,4 335,0 2,5 31,3 27,9 30,5 59,9 29,0 58,2 27,7 57,4 26,5 56,0 25,2 27,8 24,3 5° 53,6 23,0 52,2 27,9 Log T’ = 2,90747 à m —= 100 — 46 Moyenne. . — 13M9285,10 = + 5,175 — 84 == s Chron. acc. + 45 — 2 EN LE ni 805,65 Log T — 2,90615 (364 ) L Copenhague. B . Commencement . 10b54m + 172,2 - Le 25 juillet 1845. PIRE TT ie Ce AAA + 17,2 Temps moyen . . . 41h4gu matin. TRES MR i Moyenne . 11 25 0—+ 90,7 de 300 oscillations. 105,2 355,3 585,7 | 215,6 15m415,4 37,0 1,3 25,0 48,0 11,0 3,5 28,1 51,2 14,2 10,7 30,2 54,5 17,6 40,3 10,1 56,7 20,8 44,0 7,0 10,5 23,5 47,1 10,2 33,1 9,8 49,8 13,5 56,5 59,7 9,9 16,2 39,8 3,0 25,9 9,7 42,6 6,1 2954 52,0 9,4 150 9,0 52,4 53,3 18,1 9,1 Log T/—92,89770 | Tabl.1b eç—30°m— 90 — 88 | MoyENNE . . — 13M105,14 0= + 9,7 — 1435 | pd er Retard 85 HUE | Tr TO0LIS T = 786,01 Log T = 2,89543 | | Commencement. 14b45m + 4709 Le 98 juillet 1845. RANCE SC ALP TUE Temps moyen — 09. | Moyenne . Â1 24m + 480,05 —10°,55 Temps de 300oscillations. Log T/ = 2,89756,7 9 = + 100,55 — 155,2 | Moxenne . . — 13m 95/89 m = 85 "181 | T/ — 7895,89 Retard 3 A0 r Log T = 2,89524,5 Il 785,68 ( 565 ) Observatoire de Christiania, le 14 mai 1859. Dans ma dernière lettre, je vous ai communiqué mes tables pour la réduction du temps d'un certain nombre d'oscillations d’une aiguille aimantée à un arc évanouis- sant et à une température normale. J'ajouterai encore ma méthode de réduire ce temps, si le filament de suspension a une force de torsion sensible. Si le filament est un fil simple de cocon de soie, sa force de torsion peut être regardée comme évanouissante (—0}), mais s’il est composé de plusieurs fils collés, la rotation de l'aiguille sera naturellement accélérée. J'ai fait faire un cylindre de laiton du même poids et de la même longueur que le cylindre aimanté; soit dé- signé par M leur moment d'inertie. J'ai observé le temps d'un certain nombre d’oscillations du cylindre de laiton suspendu dans le filament composé et depuis le temps de 500 oscillations du cylindre magnétique dans le même filament, réduit à un arc évanouissant. Si h est la com- posante horizontale de l'intensité magnétique de la terre, m le moment magnétique du cylindre pour k — 1, son moment actuel est km; si le moment de torsion du fila- ment est — y, je désignerai = par q. Si T, est le temps de n oscillations du cylindre aimanté dans un filament, dont la force de torsion est — 0, T, dans un filament dont la force de torsion est v, on à [M Me T,=n7 —, T,=nr DT Vi hm han (1 + q) Û FE TR Si Test le temps de n oscillations du cylindre de laiton ( 366 ) daus le filament dont la force de torsion — y, on à M ofr hmq GE | 1 T;\: Lao GAP parce que Eà est une fraction si petite que son carré A La A La », Lé La Ld T 2 peut être négligé. Si, pour abréger, on désigne (5) par v, on à log T, = log T, + + log (1 + v). Dans mes observations, j'ai fait ordinairement usage d'un filament simple, mais comme tous les observateurs n'avaient pas la main aussi légère que moi, j'ai quelque- fois employé un filament composé. Je citerai un exemple pour mieux faire comprendre ma méthode. Le cylindre de laiton suspendu dans ce filament faisait les oscillations suivantes à Christiania, après le voyage : Temps du chronomètre. 23"56° 24 95 32,5 26 27 28 C1 O1 O1 ©1 > © O1 34 30 28 94 25 19 16 Nombre Temps d'une oscillation. des oscillations, 58 58,5 57,5 58 56 59 56 57 56 57 10 ose. 19 à Temps. 9w35: 7 58 43,5 49 50 _ OU Q La valeur la plus probable d'une oscillation déduite de ( 367 ) ces cinq valeurs est — 57277. Par une autre observation, J'ai trouvé 56812; la moyenne — 57*045 et le temps de 300 oscillations —T— 171155. Le temps T, de 500 oscillations du cylindre aimanté dans le même filament fut observé : Dans le jardin, loin de la maison. . . T, — 816,98 Dans une chambre de la maison . . Ti — 851,58 T, = 851,48 Pour T, — 816598 T — 17115;5 on trouve v — 0.0022791 —T; — 851,58 T — 171155 _ v = 0.0025612 ru0uta = 851,48 T2 17113,5 — v = 0.0025606 En les réduisant à T, — 820;, on trouve (1) v — 0.0022958 v'— 0.0022959 v —= 0.0022959 Pour T, — 820° on trouve log (1.0022958) — 0.000996 et 5 log (1 + v) — 0.00050. La moindre valeur de T, que j'aie trouvée en Sibérie était —600, la plus grande — 940; pour ces deux valeurs, J'ai trouvé la correction (en 5 décimales) pour T, — 600), + 26 et pour T,—940°, + 65. J'ai calculé une table pour T, de 10 en 10 secondes entre 600% et 940; mais elle est naturellement seulement applicable pour mon filament et mon cylindre. Le capitaine Ph. Parker King, qui a fait un voyage de Londres jusqu’à Valparaiso , a commencé ses observa- tions avec un filament simple, que je lui avais donné avec mon appareil; mais quand ce filament fut brisé, il à fait (1) vw est en proportion directe de T;. ( 568 ) usage d’un fil ordinaire à coudre tordu, et repassant, à son retour, par les mêmes lieux, il a trouvé le temps T, d’en- viron 10° plus court que la première fois. Cette correction ne doit donc pas être négligée (1). Note sur les aimants de fer de fonte trempée et sur la fra- gilité des fils de laiton exposés à l'air sous l'influence de certaines variations de température; par M. Florimond, professeur au collége des Joséphites, à Louvain. En 1854, l’Académie à inséré, dans son tome XX, n°8 des Bulletins, une note présentée par feu M. Crahay, au nom de M. Florimond, sur les aimants de fer de fonte trempée. Je désire soumettre à l’Académie quelques nou- velles remarques sur ces aimants et sur leur application aux machines magnéto-électriques. De nombreuses expériences ont démontré que les lames de fonte qu'on destine à l’aimantation doivent être fort épaisses ; cette épaisseur peut être triple de celle qu'on a donnée jusqu'ici aux lames des aimants d'acier. Les lames de fonte, en forme de fer à cheval, ne doivent pas être lon- gues; il est convenable que leur longueur soit 1° fois la largeur, mesures prises à l'extérieur. Ces lames doivent être entièrement trempées à la plus haute température (1) M. Hansteen indique quelques fautes à rectifier. Dans son article in- séré à la page 555 du tome VI de la 2° série : au lieu de : qu’un observateur anglais « peut avec la plus grande facilité se procurer des copies exactes des » valeurs normales anglaises ef françaises » lisez : « qu’il peut avec plus » grande facilité se procurer des valeurs normales anglaises que des fran- » Çaises. » ( 569 ) possible, dans une grande quantité d'eau froide. [1 1m- porte qu'avant de les plonger dans l'eau, ces lames soient frottées dans du prussiate de potasse pulvérisé, étendu sur une planche, de manière qu’elles en soient impré- gnées sur la moitié de leur longueur , à partir des pôles. Il faut les aimanter sur les deux faces, en les faisant glisser sur les pôles d'un bon électro-aimant. Les aimants de fonte, faits dans ces conditions, ne le cèdent, ni en éuergie ni en persistance, aux meilleurs aimants d'acier. L'Académie pourra le vérifier sur le modèle que j'ai l'honneur de lui soumettre. La fonte qui convient le mieux n’est ni la plus fine ni la plus grossière : c'est la moyenne qualité qui fournit les meilleurs aimants. Il est bon de faire observer que toute lame de fonte trempée bien aimantée, qui ne porte pas beaucoup plus que son poids, doit être rejetée, sans espoir de la rendre meilleure par une nouvelle trempe ou par quelque autre moyen que ce soit. Lorsque cela arrive, on peut être certain qu'il existe de petites fentes dans le sens de la largeur des lames, c’est ce que j'ai constamment vérifié en cassant des pièces défectueuses. C’est surtout parce que la fonte de qualité inférieure est sujette à se fendiller ainsi, pendant la trempe, qu’elle ne convient pas pour faire des aimants. Les fentes que la trempe provoque quelquefois dans le sens de la longueur , parais- sent n'avoir que peu ou point d'influence sur la force des aimants. Quant à leur application, on sait que, dans la plupart des grandes machines magnéto-électriques, dite de Clarke, on dispose le faisceau aimanté dans un plan perpendicu- laire à l’axe de rotation de l'électro-aimant. Or, 1l arrive toujours qu'après avoir fait usage de la machine pendant ( 370 ) un temps peu considérable, quelques mois, par exemple, la lame la plus voisine des pôles de l’électro-aimant a perdu absolument tout son magnétisme. Alors l’appareil n'a pas seulement perdu de sa puissance à cause de l’in- action de cette dernière lame, mais encore par la distance qui se trouve entre les lames actives et les pôles de l’é- lectro-aimant. Cet excès de distance est évidemment égal à l'épaisseur de la lame devenue inerte. Les lames de fonte ne résistent pas mieux que les lames d’acier à cette action désaimantante. J'ai vérifié le fait sur sept appareils différents et plusieurs fois sur l’un des sept; le résultat a été constamment le même. La disposition du faisceau perpendiculairement à l’axe de l’électro-aimant est donc vicieuse. On prévient linconvénient signalé en plaçant le faisceau aimanté de manière que son axe longitudinal soit sur le prolongement de l'axe de rotation de l'électro- aimant. Le fait que j'ai l'honneur de communiquer à l’Académie consiste en une modification singulière qu'é- prouvent des fils de laiton tendus à l’air extérieur , sous l’influence de certaines variations de température. J'ai observé, en 1848, après quelques jours de gelée suivis d'un brouillard, que les fils de laiton qui reliaient les télégraphes électriques, s'étaient spontanément rompus, et les fragments en tombant à terre se brisaient en plusieurs morceaux. Ces morceaux étaient tellement fragiles, qu'il était difficile de trouver un bout de 5 centimètres de long qu'on pût plier à angle droit. J'ai essayé plus tard de provoquer ce phénomène en exposant des fils de laiton tendus à l'air; mais, soit que la tem- pérature n’eût pas atteint les degrés convenables, soit que le fil de laiton ne fût pas dans les conditions chimiques qu'il faut, le phénomène ne se produisit pas. Cependant (571 ) voie que le fait vient de se produire d’une manière inat- tendue, au carillon de l'église Saint-Pierre à Louvain. A la Noël 1858, le carillonneur trouva toutes brisées les cordes de laiton qui communiquent le mouvement du clavier aux cloches : ces cordes avaient été placées quelques mois au- paravant. Les morceaux que j'ai pu recueillir et que j'ai l’hon- neur de présenter à l’Académie sont fragiles, mais beau- coup moins que les morceaux que j'ai observés en 1858; ceux-là se brisaient en plusieurs pièces lorsqu'on les lais- sait tomber sur les pierres à trois pieds de hauteur. A quoi est dû cet étrange phénomène ? Est-ce à un état cristallin ou bien est-ce à une sorte de désagrégation que des circonstances atmosphériques provoquent ? (372) CLASSE DES LETTRES, Séance du 6 juin 1859. M. le baron pE GERLACHE, directeur. M. An. QUETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Grandgagnage, De Smet, de Ram, Roulez, Gachard, le baron J. de Saint-Genois, David, De Decker, Snellaert, Bormans, N.-J. Leclereq, Polain, Baguet, Ch. Faider, Arendt, membres; Nolet de Brau- were Van Steeland, associé; Ed. Ducpetiaux, Kervyn de Lettenhove, Chalon, Thonissen, Th. Juste, correspon- dants. MM. Alvin, Jehotte et Siret, de la classe des beaux-arts, assistent à la séance. CORRESPONDANCE. Il est donné lecture des lettres de MM. Chalon, Kervyn de Lettenhove et Ducpetiaux, qui remercient la classe pour leur nomination de membres; de semblables remerciments sont adressés par MM. Barante, Minervini, Modesto La Fuente, Rogaers, pour leur nomination d'associés étran- gers. DRE RE PET TT ET NT TENTE FD PE A LL. dur Er (915 ) —— La classe nomme M. de Saint-Genois pour remplir la place vacante dans la commission chargée de la publica- tion d'une Biographie nationale, publication sur laquelle le gouvernement appelle l'attention de l'Académie. — Une lettre de M. le Ministre de l’intérieur fait con- naître qu'un arrêté royal du 15 mai dernier à décrété l'érection d’un monument au poëte flamand Jacques Van Maerlant, et « qu'il institue un concours pour la compo- sition , en langue flamande, d’un ouvrage en prose, destiné à retracer la vie et à analyser les ouvrages de ce poëte, et d'un ouvrage en vers, consacré à célébrer son génie. » Le Gouvernement, en donnant information de ces dis- positions, demande un projet de règlement pour ce double concours littéraire. Il pense que le délai pour la réception des ouvrages des concurrents, pourrait être fixé au mois de février 1860, époque où l'érection du monument en l’'hon- neur de Van Maerlant aura lieu. Il lui semble aussi que le Jugement des deux concours pourrait être déféré à un seul jury, composé de sept membres à nommer sur une liste double de présentation faite par la classe des lettres. MM. David, Bormans et Snellaert sont chargés de rédi- ger le projet de règlement pour le concours indiqué. -— Une seconde lettre du Gouvernement transmet une expédition d’un arrêté royal en date du 148 mai, portant que le prix quinquennal de littérature française, pour la période finissant le 1* décembre 1863, embrassera, par exception, les dix années antérieures. Cet arrêté stipule qu'il sera décerné deux prix, de cinq mille francs chacun, l’un pour les ouvrages en prose, l’autre pour les ouvrages en vers, publiés durant cette période décennale. ( 374 ) —- M. J. Van Beers, professeur à Lierre, fait connaître qu'il est l’auteur de la pièce de vers couronnée, sur l’in- stitution des chemins de fer en Belgique, portant l’épi- graphe : Replete terram et subjicite eam. Une longue discus- sion s'engage à ce sujet; on est généralement d'avis que l’auteur à manqué à l’une des conditions essentielles du concours, en n’inscrivant point son nom dans le billet cacheté joint à son poëme, comme le prescrivait le pro- gramme; et par suite qu’il ne peut être admis à recevoir le prix. Cependant, considérant que ce concours n'est point fondé par l’Académie, mais seulement ouvert sous son pa- tronage par un généreux ami des lettres, on n'a pas cru devoir appliquer rigoureusement les conditions académi- ques, et 1l a été décidé que le prix de 1,000 francs serait remis au lauréat. — M. Prudent Van Duyse, correspondant de l’Académie, fait connaître qu'il est l’auteur du mémoire sur la triple influence de nos chambres de rhétorique, auquel il a été ac- cordé la médaille d'argent, lors du dernier concours. L’ou- verture du billet cacheté prouve, en effet, l'identité du nom. M. le secrétaire perpétuel donne lecture de l'inscription suivante que M. Roulez a bien voulu rédiger pour la mé- daille destinée à l’auteur. PRUDENTIO VAN DUYSE OB ERUDITAM DE RHETORICIS COLLEGIIS DISSERTATIONEM PROTREPTICUM PRAEMIUM MDCCCLIX. Cette inscription est adoptée. ( 315 ) — M. Rau, de Heidelberg , associé de l’Académie, fait hommage de son ouvrage : Grundsätse der Finanzwissen- schaft. Le Ministère.de l'instruction publique et des cultes de Franec fait également hommage des Négociations diploma- tiques de la France avec la Toscane, par M. Abel Desjar- dins. — Remerciments. RAPPORTS. Quelques considérations sur la théorie du progrès indéfini, dans ses rapports avec l'histoire de la civilisation et les dogmes du christianisme; par M. Thonissen, correspon- dant de l’Académie. Rapport de M. de Decker. « Tel est le titre d’un mémoire que vient de présenter à la classe M. le professeur Thonissen, déjà connu par des travaux dont l'importance a été appréciée dans le pays et à l'étranger. La question est des plus vastes; pour être traitée à fond , elle exigerait des volumes. M. Thonissen l’a résumée en quelques chapitres sub- stantiels, où il trace à grands traits le tableau de la civi- lisation ancienne et moderne, tant sous le rapport de la filiation de la théorie du progrès indéfini que sous le rap- port de la succession des faits qui en révèlent la constante application à travers les siècles. Pour M. Thonissen le progrès continu dans l’humanité (316 ) est un fait incontestable. L'histoire, surtout l'histoire comprise à la façon de Bossuet, l’atteste à chacune de ses pages. On sait que , dans ces derniers temps, un écrivain catholique prématurément enlevé à la science, M. Ozanam, a publié, sous forme d’Introduction à une histoire de la civilisation aux temps barbares, des études du plus haut intérêt sur le Progrés dans les siècles de décadence. Ce point de départ admis, il est essentiel d'examiner quel est le caractère du véritable progrès et dans quelles conditions il doit s’opérer. L'auteur consacre le dernier et le plus important chapitre de son mémoire à examiner la théorie du progrès dans ses rapports avec le christia- nisme. Il s'attache à combattre et à dissiper, d’une part, les préjugés des rationalistes à l’égard des dogmes du chris- tianisme; d'autre part, les préjugés des chrétiens à l'égard de la doctrine du progrès. Les dogmes du christianisme ne sont nullement un obstacle au progrès dont les données essentielles ne sont autre chose que les idées chrétiennes qui répondent, sous le rapport moral comme sous le rapport matériel, à tous les besoins de la société la plus parfaite. Les amis du pro- grès sont donc eux-mêmes intéressés à ce que le christia- nisme reprenne son empire sur les masses; alors tous ces problèmes qui effrayent de nos jours recevront la solution qu'ils doivent recevoir dans les vues de la Providence. Que les hommes sincèrement religieux se rassurent. Sans doute, la poursuite du progrès a donné lieu aux théo- ries les plus hardies, aux utopies les plus dangereuses ; mais les esprits sérieux résisteront aux séductions de ces rêveries philosophiques comme aux entraînements des _ passions déifiées dans tous ces systèmes. pe ven (911) Un sincère et généreux amour de l'humanité, le déve- loppement régulier de toutes les forces sociales par les principes de liberté et d'égalité déposés dans les lois et dans les institutions, la glorification du travail, la vulga- risation des conquêtes positives de la science : voilà les conditions essentielles du progrès au XIX®° siècle. Pour vivilier ce programme social, largement conçu et tracé, M. le professeur Thonissen salue avec un pieux espoir l’'avénement d'une autre Renaissance, d'une re- paissance religieuse déjà entrevue, il y a un demi-siècle, par le grand philosophe chrétien , le comte de Maistre. Le mémoire de M. Thonissen révèle une connaissance approfondie des diverses phases de l’histoire de la civilisa- lion , ainsi qu'une étude sérieuse des intérêts de la société. Une grande élévation de pensée s’y trouve unie à une grande générosité de sentiment. | J'ai l'honneur de proposer à la classe l'impression de ce remarquable travail dans les mémoires de l’Académie. » Conformément aux termes de ce rapport, auquel sou- scrivent les deux autres commissaires, MM. Leclercq et Faider, l’Académie ordonne l'impression du mémoire de M. Thonissen. PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1860. PREMIÈRE QUESTION. : Quelles sont les localités des dix-sept provinces des Pays- Bas et du pays de Liége ou l'on a frappé monnaïe, depuis 2° SÉRIE, TOME VII. 25 ( 578 ) l'invasion des Francs jusqu'à l'émancipation des grands feudataires ? Décrire ces diverses monnaies el, au besoin, en discuter l'attribution. DEUXIÈME QUESTION. Quelles sont les applications utiles et pratiques du prin- cipe de l'association pour l'amélioration du sort des classes ouvrières et indigentes ? TROISIÈME QUESTION. Faire l'histoire de l'ordre des Templiers en Belgique. QUATRIÈME QUESTION. PRIX D'ÉLOQUENCE FLAMANDE. — L'eloge de Cats, au point de vue de l'influence exercée par cet écrivain sur la littéra- ture flamande. CINQIÈME QUESTION, … Quelle a été l'influence littéraire, morale et politique des sociétés et des chambres de rhétorique dans les dix-sept pro- vinces des Pays-Bas et le pays de Liége ? SIXIÈME QUESTION. Faire un exposé historique de l'ancienne constitution brabançonne, connue sous le nom de Joyeuse-Entrée, indi- quer ses origines el apprécier les principes qui y ont tou- Jours élé observés, ainsi que les changements qui y ont élé apportés. Le prix, pour chacune de ces questions, sera une mé- ( 579 ) daille d’or, de la valeur de six cents francs. Les mémoires devront être écrits lisiblement en latin, en français ou en flamand, et seront adressés, francs de port, à M. Ad. Que- telet, secrétaire perpétuel, avant le 1° février 1860. L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations, et demande, à cet eflet, que les auteurs indi- quent les éditions et les pages des livres qu'ils citeront. On n’admettra que des planches manuscrites. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage, mais séulement une devise, qu'ils répéteront sur un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse : faute de satisfaire à cette formalité, le prix ne sera point accordé. Les ouvrages remis après le terme prescrit ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront également exclus du concours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les mémoires ont été soumis à son Jugement, ils sont déposés dans ses archives, comme étant devenus sa propriété. Toutesfois, les intéressés peuvent en faire tirer des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuel. — La classe inscrit, dès à présent, dans son programme de concours pour l’année 1861, la question suivante : Tracer un tableau historique et politique des règnes de Jean IT et de Jean LIT, ducs de Brabant. L'auteur devra surtout faire connaître ces règnes sous le rapport de la législation, du commerce, des lettres et des arts. ( 380 ) CONCOURS EXTRAORDINAIRE. Sur la proposition d’une personne qui désire garder l’anonyme, la classe des lettres a accepté d'inscrire dans son programme et de juger les mémoires qui lui seront adressés en réponse à la question suivante : Exposer l’origine belge des Carlovingiens. Discuter les faits de leur histoire qui se rattachent à la Belgique. Le prix inslitué pour cette question se compose d’un capital de six mille six cents francs, inscrit, au nom de l’Académie, au grand-livre de la dette publique belge à 2 fa p. ‘, et avec la jouissance des intérêts à partir du 1% juillet 1856. Les formalités à observer pour ce concours sont Îles mêmes que pour le concours ordinaire de l’Académie, (381 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 9 juin 1859. M. F. Fénis , président de l’Académie. M. An. QueTeLeT, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin , Braemt, De Keyser, G. Geefs, Navez, Roelandt, Van Hasselt, Jos. Geefs, Érin Corr, Snel, Partoes, Baron, Ed. Fétis, De Busscher, membres ; Calamatta, associé; Balat, Bosselet, correspondants. a ——— a —— CORRESPONDANCE. Il est donné lecture d’une lettre de M. le Ministre de l’intérieur au sujet des œuvres de musique de l’ancienne école. « Les compositeurs belges du XV*° et du XVI”° siècle ont laissé des œuvres musicales précieuses, y est-il dit, mais qui ne sont guère connues que d'un petit nombre de savants. Il pourrait être intéressant et utile pour l’art de réunir et de publier les plus remarquables de ces pro- ductions, d’après le mode de la notation moderne. » Je suis informé que M. le directeur du Conservatoire royal de musique de Bruxelles a eu déjà l’occasion d’ap- peler sur €e point l'attention de l'Académie. J'ai l'honneur ( 382 ) de prier l'honorable compagnie de bien vouloir reprendre l'examen de la question, et de me faire connaître ensuite son opinion, tant sur l'opportunité du projet dont il s'agit que sur les moyens d'exécution , s’il y a lieu. » M. le secrétaire perpétuel fait connaître qu'il a commu- niqué cette lettre à M. Fétis : quelques nouveaux rensei- gnements, donnés par ce savant, faciliteront la réponse demandée. | M. le Ministre de l’intérieur demande également que la classe veuille bien lui transmettre une réponse à une lettre d’une date antérieure, concernant la durée des voyages faits à l'étranger par les lauréats des concours de musique. Par une troisième lettre, le même Ministre exprime le désir que l’Académie statue Sur ses demandes relatives à la publication d’une biographie nationale, conformément à l'arrêté royal du 1° décembre 1845. La question est ren- voyée à l’examen de la commission spéciale nommée pour cet objet. CONCOURS DE 1859. Quatre questions avaient été mises au concours; il a été reçu des réponses à deux de ces questions. La classe avait demandé de Faire l’histoire de l'origine et des progrès de la gravure dans les Pays-Bas jusqu'à la fin du AV" siecle. Un mémoire lui est parvenu avec l’épigraphe : Esto visibile parlare. (DANTE, Purg., canto X.) (Les commis- saires sont MM. Alvin, Ed. Fétis et Braemt.) ( 383 ) Sur la quatrième question du programme : Faire l'his- toire de la tapisserie de haute lisse dans les Pays-Bas. La classe a reçu un mémoire portant l'inscription : La, l'aiguille savante égale les pinceaux. (Sainr-LamBerT, les Saisons, chant. IV.) (Les commissaires sont MM. Ed. Fétis, De Busscher et Balat.) © — RAPPORTS. M. Alvin, secrétaire de la commission chargée d’exa- miner les encouragements qu'il convient d'accorder à la gravure, fait le rapport demandé sur la question soumise par le Gouvernement. Ce rapport obtient l'approbation générale; cependant des remarques sont présentées sur certains points secondaires. La classe, après une longue discussion , ajourne à une prochaine réunion la décision à prendre sur cet objet. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Compte rendu des séances de la Commission royale d'histoire, ou recueil de ses bulletins, deuxième série, tome XIF, 2" bulle- tin. Bruxelles, 1859 ;1 broch. in-8°. Annales de l'Observatoire royal de Bruxelles ; publiées, aux frais de l'État, par le directeur A. Quetelet, tome XIV. Bruxelles, 14859; 4 vol. in-4°, ( 384) Suites à Buffon. — Genera des Coléoptères; par Th. Lacor- daire, tome V, 1'° partie. Paris, 1859; 1 vol. in-8°. Correspondance de Philippe IT sur les affaires des Pays-Bas ; publiée d’après les originaux conservés dans les archives royales de Simanceas; par M. Gachard, tome IL. Bruxelles, 1858; 1 vol. in-4. Histoire du règne de Charles-Quint en Belgique; par Alexan- dre Henne, tome VI. Bruxelles, 1859; 1 vol. in-S°, Vocabulaire des anciens noms de lieux de la Belgique orien- tale; par Ch. Grandgagnage. Liége, 1859; 1 vol. in-8°. Le premier chemin de fer sur l'ancien continent ; pièce de vers par M. Édouard Wacken. Bruxelles, 1859; 1 feuille in-8. Le chemin de fer en Belgique; poème par Jules Guilliaume. Bruxelles, 1859; 1 feuille in-8°. Recueil des lois et arrêtés sur les pensions civiles et ecclésias- tiques, et des arrêtés spéciaux concernant la caisse de pension des veuves el orphelins des fonctionnaires et employés du département de l'Intérieur. Bruxelles, 1859; 4 broch. in-8°. Rapport annuel de lu commission administrative de la caisse de prévoyance établie à Mons en faveur des ouvriers mineurs, année 4858. Mons, 1859; in-4°. De l'extension possible de la formation houillère sous la partie sud-est de l'Angleterre, par R. Godwin-Austen ; mémoire traduit de l'anglais, par J. d'Andrimont-de-Mélotte. Paris et Liége, 1859; 1 broch. in-8°. Compte rendu des travaux du congrès de la propriété litté- raire et artistique; par M. Édouard Romberg, Bruxelles, 1859 ; 2 vol. in-8°. Expériences physiologiques sur la transmission de la sensibi- lité et du mouvement dans la moelle épinière; par E.-M. Van Kem- pen. Bruxelles, 1859 ; 1 broch. in-8. Traité élémentaire d'économie politique ; par M. Rover-de-Behr, troisième édition. Bruxelles, 1859; 4 vol. in-8e. Annales de l'Académie d'archéologie de Belgigue, tome XVI, 4rclivr. Anvers, 1859; 1 broch. in-S&°, ( 585 ) Revue populaire des sciences ; rédigée par M. J.-B.-E. Husson, {Inc année, n° 4 à 6. Bruxelles, 1859; 3 broch. in-8°. Journal belge de l'architecture, NIN®< année, 11% livraison. Bruxelles, 4839 ; 4 broch. in-8°. Revue de l'instruction publique en Belgique, VIV*®® année, nouvelle série, tome If, n®% 4 à 6. Bruges, 1859; 35 broch. in-8°, Bulletin de la Société liégeoise de littérature wallonne, W"° an- née. Liége, 1859; 1 vol. in-8°. Rapport sur la bibliothèque de la Société liégeoise de littérature wallonne; par Ulysse Capitaine. Liége , 1859 ; 1 broch. in-8°. Les premiers documents liégeois écrits en français (1233-1236); par le même. Liége, 1859 ; 1 broch. in-8°. Journal historique et littéraire, tome XXVF, livr. 1 à 5. Liége, 4859; 5 broch. in-8°. Annales de la Sociélé archéologique de Namur, tome VIe, 4re live, Namur, 1859; 1 cahier in-8°. Bulletin de la Société scientifique et littéraire du Limbourg, tome IV, 1° fasc. Tongres, 1859; 1 broch. in-8°. Mémoires de la Société historique et liltéraire de Tournai, tome VI. Tournai, 1859; 1 vol. in-8°. Académie royale de médecine de Belgique : — Statuts orga- niques et règlements; — Catalogue des livres de la bibliothèque, 1857; Premier supplément, 1858-1859 ; — Bulletin, deuxième série, tome II, n° 6 à 9. Bruxelles, 1859; in-&°. Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie, XVIe année, XXVIIM®E vol., avril à juin. Bruxelles, 1859; 3 broch. in-8°. Archives belges de médecine militaire, tome XXHH, 4me à Gme cahiers. Bruxelles, 1859; 3 broch. in-8°. Annales d'oculistique, tome XLI, 4° à Gme livr. Bruxelles, 1859; 2 broch. in-8°. Annales de médecine vétérinaire, VIKME année, 4me à 6e Jivrai- sons, Bruxelles, 1859; 3 broch. in-S8°, ( 586 ) La santé. Deuxième série, X° vol., n° 14 à 24. Bruxelles, 1858-1859; 13 doubles feuilles in-4°. Annales de La Société de médecine d'Anvers, XX" année, avril à juin. Anvers, 1859; 3 broch. in-8°. Journal de pharmacie d'Anvers, XV année, avril à juin. Anvers, 1859; 3 broch. in-8°. Annales et bulletin de la Société de médecine de Gand, XXV»°< année, 4° et 5e livr., avril à juin. Gand , 1859 ; 2 broch. in-8°. Journal d'horticulture pratique de la Belgique, HW année, avril à juin. Bruxelles, 1859; 5 broch. in-8°. L'illustration horticole; rédigée par Ch. Lemaire et publiée par Ambroise Verschaffelt, VI" vol., 4e à Ge livr., avril à juin. Gand, 1859; 35 broch. in-8°. Gedenkwaardigheden uit de geschiedenis van Gelderland, door onuitgegeven oorkonden opgehelderd en bevestigd ; door M. Is.-An. Nijhoff, VIe deel, 15° stuk. Arnhem, 1859; 1 vol. in-4°. Annales Academici, 1854-1855. Leide, 1839; 1 vol. in-4°. Esquisse géologique et paléontoloyique des couches crétacées du Limbourg; par Jonkbr. J. T. Binkhorst Van den Binkhorst, 4" partie. Maestricht, 1859; 1 vol. in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences; par MM, les secrétaires perpétuels, tome XLVII, n® 44 à 26; — tables du tome XLVII. Paris, 1859; 14 broch. in-8°. Journal de la Société de La morale chrétienne, tome IX, n® 3 et 4. Paris, 1859; 2 broch. in-8°. Revue de l'art chrétien, HI"° année, n° 4 à 6, avril à juin. Paris, 4859; 5 broch. in-8°. Collection de documents inédits sur l'histoire de France publiés par les soins du Ministre de l'instruction publique, 1"° série. Histoire politique : Recueil des lettres missives de Henri IV; publiées par M. Berger de Xivrey, tome VIT (1606-1610); — Négociations diplomatiques de la France avec la Toscane; docu- (587) ments recueillis par Giuseppe Canestrini et publiés par Abel Desjardins, tome 1%; — Lettres, instructions diplomatiques et papiers d'État du cardinal de Richelieu ; recueillis et publiés par M. Avenel, tome II (1628-1650). Paris, 1858-1859; 3 vol. in-4°. Recherches sur les météores et sur les lois qui les régissent ; par M. Coulvier-Gravier. Paris, 1859; 1 vol. in-8°. Spicilegium solesmense complectens sanctorum patrum scripto- rumque ecclesiasticorum ancedota hactenus opera; publici cu- rante Domno J.-B. Pitra, tome IV", Paris, 1858; 1 vol. in-4°. Histoire de l'église du Mans; par le révérend P. Dom Paul Piolin, tome IV. Paris, 1858; 4 vol. in-8°. Essais sur le naturalisme contemporain ; par le révérend P. Dom Prosper Guéranger. 1. M. le prince A. de Broglie, histo- rien de l'Église. Paris, 1858 ; 1 vol. in-8$°. Traité pratique du pied bot; par Vincent Duval, 3° édition. Paris, 4859 ; 1 vol. in-&. Noté sur une cloche fondue par M. G. Morel de Lyon; par M. l'abbé J. Corblet. Paris , 4859; 1 broch. in-8°. De l'action des alcalis sur les roches; — Sur la pegmatite de l'Irlande; par M. Delesse. Paris, 1853 ; 2 broch. in-8°. Recherches sur l'origine des roches; par M. Delesse. Paris, 1859; 4 broch. in-8°. Histoire des comtes d'Amiens, par Ch. Du Fresne, sieur Du Cange ; ouvrage inédit, publié par M. Henri Hardouin. Amiens, 1840; 1 vol. in-8°. Essai sur la vie et sur les ouvrages de Charles Du Fresne Du Cange; par le même, Amiens-Paris, 1849; 1 broch. in-&e. Fragments d'un essai sur la vie et les ouvrages de Hugues. Grotius ( Hugo de Groot) ; par le même. Saint-Germain-en-Laye, 1859; 1 broch. in-8&. Lettre sur Pierre l'Hermite et sa patrie, à M. Léon Paulet ; par le même. Amiens, 1854; 1 broch. in-8°. Rapport sur les tomes XXI (2"° partie) et XXII (1"* partie) des bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux- ( 588 ) arts de Belgique; par M. Henri Hardouin. Paris, 1856; 1 broch, in-8°, Compte rendu de l'ouvrage de M. E. Mahon, intitulé : Guir- LAUME LE TaciTurxe ; par le même. Paris, 1853; 4 broch. in-8°. Mémoires de l'Académie impériale de Metz, XXVIN® et XXIXME années. Metz, 1857-1858; 2 vol. in-8°. Histoire du comté de Chiny et des pays haut-wallons; par M. Jeantin, tome second. Naney, 1859; 1 vol. in-8°. fleurs de l'Inde; par M. Guerrier de Dumast. Nancy, 1857; 1 vol. in-8°. Précis analytiques des travaux de l'Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, pendant l'année 4857- 4858. Rouen, 1858; 1 vol. in-8°. Mitiheilunygen über die Sonnenflecken ; von d' Rudolf Woif. Zurich, 4856; in-8e, Zeitschrift für die Gesammten Naturwissenschaften; heraus- gegeben von dem Naturw. Vereine für Sächsen u. Thüringen in Halle, redigirt von C. Giebel und W. Heintz. Années 1853, 1854, 1856, 1857, janvier à juin, 4858, juillet à décembre. Berlin, in-8°. (Manque 1857, juillet à décembre, et 1858, janvier à juin.) (reschäftsordnung und Verzeichniss der Biblothek des natur- wissenschaftlichen Vereines für Sachsen und Thüringen in Halle. Zweite Ausgabe. Halle, 1858 ; in-8°. Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preussischen Rheinlande und Westphalens. Jahrg. IV'r, Vir, VIEr (Supplement Heft),.XUrter, 46e Heft \XIVater 5! Hefts XVrt', Bonn; 48474 4858 ; 7 cahiers in-8°. Clepsine bioculata ; von Julius Budge. Bonn, 1849; 1 broch. in-8°. Die Landtafel des Markgrafthumes Mähren. XWH-XIV Liefe- rung. Brünn, 1859; in-4°. Neues lansitzisches magazin; im Auftrage der Oberlausit- zischen Gesellschaft der Wissenschaften, herausgegeben von G. Kôühler, XXX V5! Band., Heft 1-4. Gürlitz, 4859 ; 4 cahiers in-19. ( 989 }) Mittheilungen aus Justus Perthes geographischer Anstall, 1859, 1-V. Gotha, 1859; 5 broch. in-4°. Grundsässe der Finanzwissenschaft; von d' Karl Heinrich Rau , 1° Abtheïlung, 4" vermehrte und verbesserte Ausgabe. Leipzig-Heidelberg, 1859; 4 vol. in-&. Von dem lebenne Marien von Walther von Rheinau, °° Buch ; herausgegeben von Adelbert Keller. Tubingue, 1852; 4 cahier in-4°. Verhandlungen der K. K. zoologisch-botanischen Gesellschaft in Wien. Jahrgang 1858. Vienne, 1858; 1 vol. in-8°. Jahrbuch der kaiserlich-koniglichen geologischen Reichsanstalt, IX Jahrg., n° 4. Vienne, 1858 ; in-4°. Mittheilungen der kaiserlich-kôniglichen geographischen Ge- selschaft, UX Jahrg., Heft 4. Vienne, 1859 ; in-8°. Bericht über die erste allgemeine Versammlung von Berg-und Hättenmünnern zu Wien (10 bis 15 mai 1858); redigirt und herausgegeben von Comité der Versammlung. Vienne, 1859; 4 vol. in-8°. Compte rendu annuel adressé à Son Excellence M. de Bruck, ministre des finances, par le directeur de l'observatoire physique central, A.-T. Kupffer, année 1856. Saint-Pétersbourg, 1857; in-4°, Monumenti artistici e storici delle provincie Venete; descritt dalla commissione istituita da Sua A. J. R. il S. Arciduca Ferdi- nando Massimiliano. Milan, 1859; 1 vol. in-4°. Sulla notizia di un viaggio del sig. Mailly, fatto in Sicilia, è nèl mezzogiorno dell Italia; nota dal prof. V. Flanti. Naples, 1859; in-8°. Per la XXIII edizione degli elementi geometrici di Euclide e del libro de’ teoremi di Archimede; par le même. Naples, 1859; in-8°, Atti dell’ accademia pontificia de’ Nuovi Lincei ; compilati dal segretario, anno XIL, sessione 2*-3*. Rome, 1859; 2 cahiers in-4°. | ( 590 ) Correspondenzu scentifica in Roma, anno V', n°% 41-52. Rome, 1859; 12 feuilles in-4°. Observations météorologiques faites à l'observatoire de Lis- bonne, année 1859. Janvier à avril; in plano. Elementos de mechanica racional dos solidos ; par F, de Castro Freire. Coïmbre, 1853; 1 vol. in-8°. Elementos de astronomia; pelo doutor R. Ribeiro de Sousa Pinto. Coïimbre, 1858 ; 1 vol. in-8°. Complementos da geometria descriptiva de L. de Fourcy; pelo d'R. R. de Sousa Pinto. Coimbre , 1853; 1 vol. in-S&, Das refracçôes atmosphericas ; por d' R. R. de Sousa Pinto. Lisbonne, 1850 ; 1 broch. in-8°. Curso completo de mathematicas puras por L.-B. Francœur, novamente traduzido, correcto e augmentado pelos F. de Castro Freize e R. R. de Sousa Pinto. Coïmbre, 4853; 5 vol. in-8°. Elementos de geometria de L.-B. Francœur; par les mêmes. Coimbre, 1856; 4 broch. in-8°. Elementos de arithmetica ; pelo d' Rufino Guerra Osorio. (Terceira ediçào). Coïmbre, 1858 ; 1 vol. in-8°. Elementos de arithmetica ; por A. de Moraes Pinto de Almeïda. Coïmbre, 1850; 1 vol. in-8°. Primeiras nocôes de algebra; por J.-L. Sarmento (segunda editäo). Coïimbre, 1854; in-4. Taboas da Lua, reduzidas das de M. Burckhardt a0 meridiano do observatorio da universidade de Coimbra; por Florencio Mago Barreto Feio. Coïimbre, 1852; in-4°. Novas taboas da parallaxe da Lua de J.-C. Adams; reduzidas à mesma forma em que foram publicadas as taboas da Lua de M. Burckhardt; por F. Mago Barreto Feio. Coimbre, 1854; in-4°. Elementos de Algebra; por José Joaquin Manso Preto. Coïm- bre, 14857 ; 1 vol. in-8°. Elementos de trigonometria rectilinea e da sua applicacao à topographia; por J.-J. Manso Preto. Coïmbre, 1856; in-4°. Compendio de veterinaria, ow curso complelo de zooiatrica ( 591 ) domestica; por J.-F. de Macedo Pinto (2° ediçäo). Coïmbre, 1854 ; 2 vol. in-8°. Guia do alveitar ou vade-mecum do veterinario ; por J.-F, de Macedo Pinto (2° ediçio). Coimbre, 14854; 1 vol. in-12, Principios geraes de mechanica; pelo d' A. Sanches Goulào. Coïmbre, 4852; 1 vol. in-&°. Philosophia speculativa ; ensaio d'explicacäo universal; por P. Noberto. Coiïimbre, 1836; in-8°. Index plantarum in horto botanico academico Conimbricensi anno 1852; nominibus a botanicis sancitis, additis Lusitanis, studio A.-J.-R. Vidal. Coimbre, 18392; 1 vol. in-8°. Almanak da instruccäo publica em Portugal, 1"°-2% anno ; por José Maria de Abreu. Coimbre, 4857; 2 vol. in-12. Licôes de philosophia chimica; pelo d' J.-A. Simôes de Car- valho. Coimbre, 1858; 1 vol. in-8°. Institutiones juris civilis Lusitani ; P.-J. Mellii Freiru. Coiïm- 4 vol. in-8°. Historiae juris civilis Lusitani ; par le même. Coïmbre; 4 vol. in-8°. Institutionum juris criminalis Lusilani; par le même. Coïm- bre; 1 vol. in-8°. Elenchus in historia et institutionibus juris civilis et criminalis Lusitani ; par le même. Coïmbre; 1 vol. in-8°. O novo codigo do direilo publico de: Portugal, com as provas ; compilado pelo P.-J. de Mello Freire (primeira ediçâo). Coimbre, 1844; 1 vol. in-8&°. Codigo criminal intentado pela rainha d. Maria TL, com as provas; auctor P.-J. de Mello Freire (terceira ediçäo). Coïmbre, 1844; 1 vol. in-8°. Curso de direito natural ; por V. Ferrer Neto Paiva. Coïmbre, 4856; 2 vol. in-8°. Principios geraes de philosophia de direito; par le même. Coimbre, 4856; 4 vol. in-8°. O cadastro, ou resposta à pergunta : se o cadastro pôde ser ( 392 ) organizado de modo, que sirva para prova da posse, e titulo da propriedade ; par le même. Coïmbre, 1859; 1 broch. in-8°. Elementos do processo civil; por F.-J. Duarte Nazareth, 2 ediçào. Coimbre, 1854-1857; 2 vol. in-8°. Elementos do processo criminal; par le même, 3* ediçào. Coimbre, 1853; 1 vol. in-&. Manual do rendeiro, ou o processo de contrabando, desca- minho e denuncias; pelo d' J.-A. de Freitas. Coïmbre, 1854; { broch. in-12. Instiluicôes de direilo administrativo por tuguez ; por J.-A. de Freitas. Coïmbre, 1857; 1 vol. in-8°. Curso de direito civil portuguez ; do S' P.-J, de Mello Freire. Coïmbre, 1856; 5 vol. in-8°. Instituicoes de direilo civil portuguez ; por M.-A. Cœlho da Rocha, quarta ediçäo. Coïmbre, 1857; 2 vol. in-8°. Ensaio sobre a historia do governo e da legislacäo de Portu- gal; por M.-A. Cœlho da Rocha, terceira ediçäo. Coïmbre, 1851; 1 vol. in-8°, Manual dos juizes eleilos e seus escrivaes ; pelo d' J.-A. de Freitas. (sexta ediçäo). Coïmbre, 1851 ; 1 broch. in-12. A questäo entre os senhorios e os foreiros; por M. A. Cœlho da Rocha. Coimbre, 1836; 1 broch. in-8°. O amigo dos meninos, parte primeira, extrahida principal- mente do Der Deutscher Kinderfreund de M. Wilmsem; do M.-A. Cœlho da Rocha, segunda edicâo. Coïmbre, 1853; 1 vol. in-12. Novos elementos de economia politica e estadistica ; por A.-P. Joyaz de Sampaio, tomo 1°. Coïmbre, 1858; 1 vol. in-8°. Estudos sobre os primeiros elementos da theoria da estadistica; por A. Forjaz. Coïmbre, 1855; 1 vol. in-8°. Estudos de economia politica; por A.-P. Forjaz, tomo 1°, tomo 2, 1° caderno. Coïmbre, 1853; 2 vol. in-8°. Elementos de economia politica e de estadistica ; por A.-P.-F. de Sampaio, quarta ediçäo. Coïmbre, 1852; 1 vol, in-8°. ( 395 ) O amigo dos meninos, parte segunda; por A. Forjaz. Coïmbre , 1854;1 vol. in-8°. O amigo dos meninos, introduçäo; por A. Forjaz, terceira edicâäo. Coïimbre, 1854; { broch. in-S°. Aritmetica da infancia ; por A. Forjaz, segunda ediçâo. Coiïm- bre, 4855; 4 broch. in-S°. Grammatica franceze da infancia ; par le même. Coïmbre. 1856; 1 broch. in -8°. Pensamentos, memoriae e sentimentos, fructo de minhas lei turas ; e Roma e seus Arrabaldes do visconde de Châteaubriand ; colligidos e traduzidos; par le même. Paris, 1838; 1 broch. Memorias do Bom Jesus do Monte ; par le même. Coïmbre; 4 broch. in-4°. Licôes de economia politica ; do B.-J. da S. Carneiro. Coïmbre, 4855; 1 vol. in-8°. Primeiras linhas de hermeneutica juridica e diplomatica; par le même. Coïmbre, 14855; 1 vol. in-8°. Elementos de moral, e principios de direito natural ; par le même, quarta ediçäo. Coïmbre, 1858; 1 broch. in-4°. Elementos de geographia e chronologica ; par le même, quinta ediçäo. Coïimbre, 1859; 4 vol. in-8°. Breves noçôes di geographia; par le même. Coïmbre, 1843; 4 vol. in-12. Elementariae rhetoricae institutiones; ab A. Cardoso Borges de Figueiredo , editio tertia. Coïmbre, 1853 ; 1 vol. in-&. Instituiçôes elementares de rhetorica; par le même, terceira ediçäo. Coïmbre, 4857; 1 vol. in-8°. Bosquejo historico da literatura classica, grega, latina e por- tugueza ; par le même, quarta ediçào. Coïmbre, 1856; À vol. in-8°. Logares seleclos de escriptores latinos ; por M. S. Dias Cardoso. Coïmbre, 1857; 1 vol. in-8°. Breve selecta classica ; par le même. Coïmbre, 1845; 4 broch. in-12. 27° SÉRIE, TOME VII. 26 ( 394 ) Synopsis sacrae hermeneuticae ; auctore F.-A.-R. de Azevedo. Coimbre, 1858; 1 broch. in-8°. Conspectus hermeneuticae sacrae Novi Testamenti; auctore J. de S. Clara. Coïmbre, 1827; ! vol. in-8°. Compendio de historia; por J.-A. de Sousa Doria, quarta ediçäo. Coimbre, 1856 ; 2 vol. in-8°. Elementos de philosophia racional; par le même, quarta ediçâo. Coïimbre, 1857; 1 vol. in-8°. Grammatica elementar da lingua latina; por J. Alves de Sousa, segunda ediçâäo. Coïmbre, 1858; { vol. in-8°. Principios e applicacôes de mnemotechnia ; por J.-A. de Sousa Doria. Coimbre, 1850 ; 4 broch. in-8°. Resumo da historia da egreja do Antigo Testamento, quarta ediçio. Coimbre, 1856; 1 vol. in-8°. Mappa do districto administrativo de Coimbra; elaborado por A.-L, de Sousa Henriques Sécoo. Coimbre, 1854; 4 vol. in 8e. Memoria sobre a utilidade do estudo da lingua grega.Coimbre, 1851 ; 1 broch. in-8°. Principios elementares de musica; por À.-F. Sarmento. Coim- bre, 1849 ; 4 broch. in-8°. Philosophia de direito; por V. Ferrer Neto Paiva. Coiïimbre, 1857; 2 vol. in-8°. Notas ao plano do novo codigo de direito publico de Portugal, do D" P.-J. de Mello ; feitas e appresentadas na junta da censura erevisào pelo D'A. Ribeiro em 1789. Coïmbre, 1844; 1 vol. in-8. Principios de geologia; por A.-J, Pinto d'Almeida. Coïmbre, 1838 ; 1 broch. in-8°. Annotaçôes ao codigo de commer cio portuguez. Coimbre, 4855- 1857 ; 3 vol. in-8°. Pharmacographia do codigo pharmaceutico Lusitano ; por A.-A. da Silveira Pinto. Coimbre, 14836; { vol. in-8°. Demonstracäo da definicäo quinta do livro quarto de Euclides ; por A. de Moraes Pinto d'Almeida. Coïimbre, 1849; { broch. in-8°. ( 595 ) Da sciencia do direilo romano, e canonico na Allemanha desde 1815, por M. L.-A. Warnkoening ; extraido da Revue étrangère et française, por D.-P. Forjaz de Sampaio Pimentel. Coimbre, 1841 ; ! broch. in-8°. Royal Society of London. — Philosophical transactions . vol. 448, part. 1-2; — List of the council, fellows, ete. 30 now. 1858 ; — Proceedings, vol. IX, n°% 52-34; — Report of the joint commiltee of the royal Society and the British Association, for pro- euring a tontinuance of the magnetic and meteorological obser- vatories, — Address of the right honourable the lord Wrot- tesley, ete., the president, delivered at the anniversary meeting of the royal Society, on november 30, 1858. Londres, 1858- 1859; cahiers in-4° et in-S8°. The quarterly journal of the geological Society, vol. XIV, n% 56-57. Londres, 1858-1859; 2 cahiers in-8°. Address delivered at the anniversary meeting of the geological Society of London on the 19" of februray, 1858. Londres, 1858 ; 1 broch. in-8°. The quarterly Journal of the chemical Society, n° XLV. Lon- dres, 4859 ; 1 broch. in-8°. Literary and philosophical Society of Manchester : — Me- moirs, second seriés, XV" vol., part 1 ; — Proceedings, n° 1- 14. Londres, 1858 ; in-8°. Transactions of the Cambridge philosophical Society, vol. Xe, part. 4. Cambridge, 1858 ; in-4°. The american Journal of science and arts; vol. XXVIF, second series, n° 81. New-Haven, 1859 ; in-&°. 6 S 4 L k = . < ; + x i UE mi Mn \ + «WP j Ÿ + ï | "à L : AS NA | À jo ES \ “HER Dm ( L 4 } Ni k \ ; LES 4 L À d # 4 | “ we ÿ ï jl à: t j'y / L * y je ‘ À Cr" Le # 4 A j PR Et » ; 7 7 4 L _ » ‘ " I Y 1 L * Le 1 ; ° | À 4 M H 4 | 1 . 2! u 11 BÜLLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1859. — No 7. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 2 juillet 1839. M. MELSENS , directeur. M. An. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Timmermans, Wesmael, Martens, Stas, De Koninck, Van Beneden, le vicomte Du Bus, Gluge, Nerenburger, Schaar, Liagre, Duprez, Brasseur, Poelman, membres; Schwann, La- marle, associés ; Dewalque, d’Udekem, Montigny, corres- pondants. 2e SÉRIE, TOME VII. 97 ( 398 } CORRESPONDANCE. ee M. Airy, directeur de l'observatoire royal de Green- wich et associé de l’Académie, fait parvenir un exemplaire du rapport de M. C.-P. Smyth, sur les observations astro- nomiques faites au Ténériffe, en 4855. M. Th. Lacordaire, associé de l’Académie, présente le tome V de son Genera des Coléoptéres qui vient de paraître. L'observatoire de Madrid et celui du Capitole à Rome communiquent les résultats de leurs dernières observa- tions météorologiques. — L'Académie reçoit les ouvrages manuscrits suivants : 1° Des altérations que les coquilles éprouvent pendant la vie des animaux qui les habitent, par M. Marcel de Serres ; 2° De l'ancienne existence des animaux invertébrés, perforants et particulièrement des mollusques, conchi- fères et tubicolorés de Lamarck, par le même auteur. (Commissaires pour les deux mémoires : MM. Van Be- neden et De Koninck); : 9° Deux mémoires de chimie par M. le professeur Baeyer, de Berlin. (Commissaires : MM. Stas et De Koninck). — L'Académie royale de Munich a célébré, les 28, 29 el 50 mars dernier, le centième anniversaire de sa fouda- tion. La plupart des Académies et des sociétés savantes s'étaient fait représenter à celte solennité, qui a eu lieu avec magnificence. S. M. le Roi et les hauts fonctionnaires du royaume ont pris part aux fêtes dont ils se sont atta- ( 399 ) chés à relever l'éclat. Parmi les délégués de l’Académie se trouvaient M. de Ram, représentant de Ja classe des lettres, MM. Stas, De Koninck et Spring, représentants de la classe des sciences, lesquels ont rendu compte à la compaguie de leur voyage dans le rapport swvaut, rédigé par M. Spring. RAPPORTS. Rapport de MM. de Ram, Stas, De Koninck et Spring , délé- qués à la fête séculaire de l’Académie royale de Munich. « Répondant au désir manifesté par plusieurs de nos collègues, nous demandons la: permission de présenter à l’Académie une relation succincte des fêtes auxquelles nous avons eu l'honneur de la représenter, à Munich, les 28, 29 et 50 mars derniers. Fondée, le 28 mars 1759, par décret souverain du prince électeur de Bavière, Maximilien-Joseph, l'Académie royale des sciences et des lettres de Munich célébrait l’an- niversaire séculaire de son installation. LL. MM. le roi régnant Maximilien IT et le roi Louis de Bavière, ainsi que S. À. R. le prince Luitpold, les hauts fonctionnaires du pays, les chambres législatives, l’université et la ville de Munich concoururent pour donner de l'éclat à la solen- nité. La plupart des académies et sociétés savantes de l'Europe s'étaient fait représenter par des délégués, et dans la salle ordinaire des sciences de l’Académie étaient étalés des lettres de félicitation, des diplômes calligra- phiés et ornés avec luxe, des livres et mémoires scienti- ( 400 ) fiques, dont plusieurs composés exprès pour la circonstance et dédiés à l’Académie, puis des médailles et monnaies ra- res, enfin, quelques minéraux et objets ethnographiques précieux offerts par des naturalistes voyageurs. L'Académie de Munich, de son côté, avait fait frapper une médaille commémorative dont elle offrait un exem- plaire à chacun de ses membres et aux délégués. Elle avait, en outre, fait imprimer, dans le format de ses mémoires, et distribuer des Monumenta saecularia, trois volumes, un pour chacune des trois classes dont elle se compose. Celui de la classe d'histoire est accompagné d’un atlas, chef- d'œuvre de chromo-lithographie, reproduisant une collec- lion de cartes anciennes jusque-là inédites, et relatives à la marche progressive de la découverte de l'Amérique. Les fêtes se sont ouvertes le lundi 28 mars, à neuf heures du matin, par une cérémonie religieuse. À dix heures et demie, on s’est rendu dans les appar- tements de l’Académie, où les membres et les délégués furent présentés individuellement à S. M. le roi Louis et à S. À. R. le prince Luitpold, chargé par le roi régnant de le représenter dans cette circonstance. La séance publique s’ouvrit vers midi. Le savant prési- dent de l’Académie, M. de Thiersch, ayant été empêché par l’état de sa santé, sa place fut occupée par M. de Maurer, qui, dans une allocution fortement applaudie, établit le caractère et la portée de cette fête, et jeta un coup d'œil sur l’histoire de l’Académie et sur la part qui lui revient dans le progrès scientifique et littéraire en général , et dans celui de la Bavière en particulier. Il termina en signalant à la reconnaissance de l’Europe scientifique les larges en- couragements que le roi Maximilien ne cesse de donner aux sciences et aux lettres, et les mesures généreuses prises par ( 401 ) son gouvernement dans le but de relever de plus en plus le haut enseignement, et de répandre dans les masses le goût du beau et la connaissance des choses utiles. Après M. de Maurer, le secrétaire de la première classe de l’Académie (sciences philosophiques et philologiques), M. Mare-Joseph Müller, obtint la parole pour retracer l’his- toire particulière de cette classe pendant le premier siècle de son existence. Un banquet offert par l’Académie réunit ce jour-là tous les membres et délégués, ainsi que les principales auto- rités. Le soir, on donna au théâtre particulier du roi, à l'intention de l’Académie, les Adelphes de Térence, dans une traduction presque littérale. Le lendemain, 29 mars, eut lieu une seconde séance publique, dans laquelle le secrétaire de la deuxième classe, M. de Martius, dans un diseours brillant et riche de grands aperçus, passa en revue les travaux académiques relatifs aux différentes branches des sciences physiques, naturelles et mathématiques, et rappela les noms des savants qui ont illustré l’Académie dans le cours du siècle. La même tâche a été accomplie ensuite, pour les sciences historiques, par M. de Rudhart, secrétaire de la troisième classe, qui s'est attaché, en outre, à raconter l'histoire des sociétés scientifiques et littéraires qui ont fleuri en Bavière antérieurement à l’Académie. Une grande partie de son discours était consacrée à la mémoire des deux hommes qui ont contribué le plus à la fondation de l’Académie, des conseillers Dominique de Linbrunn et Georges de Lori. Le même jour, les membres indigènes et étrangers, ainsi que les délégués, eurent l'honneur d’être reçus par S. M. le roi Maximilien, qui s’est entretenu avec chacun indi- viduellement. Le banquet royal était ensuite servi dans ( 402 ) une des salles de fête du nouveau palais. Le soir, des places étaient réservées, par ordre du roi, à la représen- tation au grand théâtre, où l'on donna OEdipe à Colone, de Sophocle. La troisième journée était consacrée à la visite des éla- blissements et des musées scientifiques et artistiques. Une soirée brillante et pleine d’entrain, offerte par la ville de Munich dans l'antique salle de l’hôtel de ville, termina les fêtes académiques. | L'accueil qu'on nous à fait à Munich mérite toute notre reconnaissance. Nous y avons constaté avec bonheur les liens sympathiques qui existent entre la Bavière et la Bel- gique en général, et entre les deux académies en parti- culier. | Nous ne croyons pouvoir terminer ce compte rendu qu'en priant l’Académie de décider qu’une lettre sera écrite à l’Académie royale des sciences de Munich, pour lui exprimer ses félicitations réitérées et des remerciments pour l'accueil fait à ses délégués. » Ces propositions sont unanimement accueillies. Sur la nature de la matière fibreuse, ete. Mémoire de M. Bommer. Happort de M. Bickæx. «a M. Bommer a présenté à la classe un mémoire Sur l’origine et la nature de la malière fibreuse qui garnit le stipe de plusieurs palmiers et sur l'eæistence des stipules chez les monocotylédones, ( 405 ) L'auteur regarde cette matière fibreuse comme le pro- duit des expansions engaînantes du pétiole. C’est aussi l’opinion qu'énonça, en 1841, Hugo Mobl, dans l'intro- duetion (1) au grand ouvrage sur les palmiers de notre illustre confrère M. Martius, qui à son tour la reproduisit, chap. HT, pag. xx, $ 55; c’est enfin celle qu'admit en- core plus récemment Kunth (2). L'auteur du mémoire que nous analysons n’a donc rien dit à cet égard qui ne soit connu. Il aurait pu ajouter, d’ailleurs, que, chez plusieurs palmiers, la spathe, restée stérile par défaut de dévelop- pement du spadice, lorsqu'elle naît à l’aisselle des feuilles inférieures trop rapprochées, offre la même üégénéres- cence. Les gaines pétiolaires qui produisent la filasse réticu- lée, dont il vient d'être fait mention, censtituent pour M. Bommer, si pas chez tous les palmiers au moins chez plusieurs d’entre eux, de véritables stipules. A cette oeca- sion , l’auteur envisage d’abord cet organe d’une manière générale : « La plupart des auteurs, dit-il, n’ont fait jus- » qu’à ce jour qu'ébaucher les caractères qui sont propres » à la stipule : pour notre part, résumant le fruit de nos » observations, nous essayerons de la caractériser et de » la définir ainsi qu'il suit... » Or, ce qui suit se trouve dans tous les bons traités de botanique, et notamment dans ceux d’Auguste Saint-Hilaire (3), de Kunth (4), etc. D'autre part, l'idée de voir une stipule dans la gaine pétiolaire des palmiers est bien loin d'être neuve ; elle ap- (1) Page xx, À 56. (2) Enum. plant., IV, pages 248, 983. (3) Leçons de morphologie , page 185. (4) Lehrbüch der Botanik , etc. ( 404 ) partient également à Hugo Mobl et à M. Martius (1). La plante figurée dans le Genera palmarum (tom. F, tab. V, fig. 4), à l'appui de cette opinion, est précisément l’une de celles (Caryota urens) que M. Bommer à fait dessiner dans le même but. La question de savoir si de véritables stipules se ren- contrent parmi les plantes monocotylédones a été traitée d’une manière très-incomplète, l’auteur s'étant contenté de reproduire quelques passages d’autres botanistes sans discuter la validité de leurs opinions. Ce point de doctrine mériterait néanmoins d’être défi- nitivement fixé; mais il faudrait avant tout bien préciser les caractères de Ja stipule, mot dont l'emploi a donné lieu à beaucoup de confusion, et examiner en particulier si la ligule est bien en effet, comme l’a prétendu Auguste Saint-Hilaire, une stipule axillaire soudée. Quant à nous, nous sommes portés à croire que ces deux organes sont distincts. La vraie stipule , la seule qui mérite ce nom, est toujours insérée sur la tige ou sur le rameau, et son point d'insertion est essentiellement distinct de celui du pétiole ou de la nervure du limbe, qu'elle soit du reste soudée ou non et située latéralement ou de toute autre manière : c'est une feuille modifiée en vue d'une destina- tion spéciale, la protection du bourgeon foliacé. La ligule, d'autre part, est le résultat d'un dédouble- ment ou d’une hypertrophie : son insertion a toujours lieu au point de séparation de la gaine et du limbe, ou de la gaine et du pétiole, ou du pétiole et du limbe. Elle existe chez beaucoup de familles monocotylédones, même chez les palmiers, et devient rare et engainante (ochrea) chez (1) Tome I, page xx, À 55. ( 405 ) les dicotylédones, où elle se présente à l'état de ligule flo- rale dans les borraginées , les caryophyllées, ete. Nous croyons avoir démontré, dans ce qui précède, que le travail de M. Bommer ne renferme rien qui puisse nous engager à en proposer l'impression ; nous nous bornons à demander que ce mémoire soit déposé aux archives et que des remerciments soient adressés à M. Bommer, confor- mément à l'usage. » Rapport de M, Martens. « Je partage complétement l'avis de mon honorable col- lègue, M. Kickx, sur le mérite du travail soumis à notre examen. Comme lui, je ne saurais voir une stipule dans la ligule des graminées, qui n’est certes pas un organe de protection du bourgeon foliacé et dont le lieu d'insertion est tout autre que celui des vraies stipules. Celles-ci, au resle, sont toujours au nombre de deux pour chaque feuille et ne deviennent un organe unique que par soudure. Rien de semblable n’a lieu pour la ligule des graminées, qui, comme toutes ou presque toutes les stipules dites axil- laires, ne constitue pas une vraie stipule, mais ne forme qu’une dépendance de la feuille. Quant à la gaine pétiolaire des palmiers, il est loin d'être démontré que ce soit une stipule. Je ne saurais y voir qu'une simple expansion du pétiole, analogue à celle qui constitue l’ochrea des Polygonées. Pour moi, les stipules sont des organes spéciaux, extra- axillaires, partant de la tige de chaque côté du lieu d'in- sertion de la feuille, se soudant parfois au pétiole con- tigu, et ayant pour fonction principale celle de protéger ( 406 ) le bourgeon; aussi tombent-elles souvent immédiatement après le développement de celui-ci, comme chez les Ma- gnoliacées. En résumé, j'adopte les conclusions du rapport de M. Kickx. » Conformément à l'avis de ses commissaires, la classe décide que le mémoire de M. Bommer sera déposé aux ar- chives, et que des remerciments seront adressés à l’auteur. M. De Koninck fait connaître que M. Chapuis a revu son travail sur les fossiles des terrains secondaires de la province de Luxembourg, travail dont l’impression avait été votée précédemment; il croit que les changements qui y ontélé apportés ne sont pas de nature à devoir changer les dispositions déjà prises. La décision précédente est maintenue et le mémoire sera imprimé. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Annales de l'Observatoire royal de Bruxelles. — Communi- cation de M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel. J'ai présenté, dans la séance précédente, le 14% vo- lume des Annales de l'Observatoire royal de Bruæelles; je me permettrai d'ajouter quelques mots sur ce volume appartenaut à une collection qui forme en quelque sorte le complément de nos publications académiques. ( 407 ) En effet, l'observatoire fut créé peu de temps après la réorganisation de l’Académie royale; et c’est sur les in- stances particulières de ce corps savant que M. Falck, l'an de nos honorables confrères, alors placé à la tête du ministère des sciences et des lettres, présida à son orga- uisation (1). L'établissement ne fut cependant pas construit immédiatement, et il n'était point achevé quand éclata la révolution de 1850. Ce ne fut que deux ans après que commencèrent les premiers travaux, intimement liés avec ceux de l’Académie. En instituant un observatoire, le Gouvernement n'avait pas seulement en vue de créer un centre pour les études astronomiques, cehtre qui n'avait jamais existé dans nos provinces, mais encore d'aider au développement de la météorologie et de la physique du globe. Ces dèux dernières sciences, quoique offrant un caractère moins général que l'astronomie, exigeaient impérieusement des recherches qui ne se faisaient encore ni dans la capitale, ni dans les provinces : aussi les premiers soins leur furent-ils consa- crés. On se borna d’abord à déterminer les principaux éléments géodésiques de l'établissement et à poser les bases des travaux astronomiques. Mais dès que les obser- vations météorologiques le permirent, on s’occupa de les coordonner et d’en former un ensemble. Le premier travail publié, fut l’Aperçu historique des observations de météorologie faites en Belgique antérieure- ment à 18553. Il fut facile de reconnaître par cet essai combien étaient incomplètes les données recueillies jus- (1) Voyez la notice sur cet homme d’État distingué, page 104 de l’An- nuaire de l’Académie , année 1844, ( 408 ) qu'alors dans le royaume, et combien il existait même de doute sur les points les plus importants. Aussi l'observatoire dut-il étendre le cadre de ses tra- vaux et demander l'appui de tous les observateurs du pays, pour recueillir les renseignements qui nous manquaient encore. La plupart des savants répondirent à cet appel avec une obligeance et une activité dont on ne saurait leur té- moigner trop de reconnaissance. Le Gouvernement, de son côté, leur donna généreusement les instruments néces- saires, et l’Académie prêta ses recueils pour transmettre au public les observations recueillies. L'observatoire, en même temps, entreprit la tâche difii- cile d'observer nuit et jour, pendant six années, non-seu- lement les instruments de météorologie, mais encore ceux de la physique du globe. On y commença dès lors des études suivies sur la déclinaison, sur l’inclinaison et sur la force du magnétisme terrestre, sur les températures diurnes et annuelles du sol, sur lélectricité statique et dynamique du globe; sur la feuillaison, la floraison, la fructification et la chute des feuilles, etc. Aucun des élé- ments qui constituent la météorologie et la physique du globe ne fut omis (1); on tâcha d’embrasser, dans un vaste (1) Les lieux principaux, pour les observations et pour les observateurs, ont été : Observations météorologiques. Bruxelles, l'Observatoire royal ; Gand, M. Duprez, membre de l’Académie ; Louvain , M. Crahay, membre de l’Académie ; Liége, M. Leclercq, professeur de sciences; Namur, M. Montigny, correspondant de l’Académie et plus tard M. Maas, professeur au collége de la Paix; Alost, M. Maas, professeur au collége; ( 409 ) champ de recherches, tout ce qui sur notre planète est “ soumis à l’action des saisons et des jours. L'entreprise était immense; elle fut continnuée avec ardeur, et tandis qu'on amassait ainsi des observations, on s’occupait déjà du soin de les discuter. C'est par des études semblables qu'il devint possible, après dix années, de songer à publier un aperçu du climat de la Belgique. Ce travail étendu, qui compte deux volumes in-quarto, fut successivement exécuté par parties dans les Annales de l'Observatoire; mais on le compléta, de façon que les matériaux embrassent aujourd’hui les vingt années de 1835 à 1852. À cet ouvrage, il fallut joindre nécessairement son S'-Trond, M. Van Oyen, professeur au collége; Stavelot, M. Dewalque, correspondant de l’Académie; Hesbaye-la-Neuve, M. Raingo, professeur au collége ; Arlon, M. H. Loppens, professeur à l’Athénée; Bastogne, M. Germain, professeur de physique; Etc., etc. Observations des sciences naturelles. Bruxelles, MM. A. Quetelet, Gluge, B. Du Bus de Ghisignies, membres de l’Académie; Vincent Schram, Bommer, Forster; Liége, MM. De Selys-Longchamps, Spring, Schwann, Dewalque, Ch. Morren, membre de l’Académie; Alf. De Borre; Gand, MM. Kickx, Cantraine, membres de l’Académie ; Donkelaer , Spae, Blanckaert ; Melle, M. Bernardin; Louvain, MM. Van Beneden, Martens, membres de l’Académie; Anvers, MM. Sommé, associé de l’Académie, Rigouts-Verbert; Ostende, MM. Mac Leod, Ed. Lanszweert ; Jemeppe, M. AIf. De Borre; Namur, M. Bellynck, Brabant, Bach; Waremme, MM. De Selys-Longchamps, membre de l’Académie; Michel Ghaye; ( 410 ) complément, la physique du globe dans notre royaume, travail à peu près terminé aujourd'hui pour un quart de siècle et qui pourra paraître en entier dans le prochain volume des Annales de l'Observatoire. Ce sera la première fois, je pense, que celte science aura été traitée avec autant détendue. Je m'abstiendrai d'en parler ici davantage; je me réserve d'en donner un aperçu dès que le travail sera achevé. Eu égard à ces œuvres, je regarde comme terminé ce qui concerne la météorologie et la physique du globe dans nos provinces; je ne renonce cependant pas à y ajouter des recherches ultérieures. Il m'a été permis enfin de reprendre, depuis plusieurs Verviers, M. Phocas Lejeune; Chénée, près de Liége, M. Bourdon; Stavelot, M. Dewalque, correspondant de l’Académie; Aerschot, M. Husson; Ostin, M. Bertrand; Lierre, M. Émile Rodigas; La Trapperie, Luxembourg, M. De Gauquier; Virton, M. Husson; Chimay, M. Deperre; Vilvorde, M. A. Wesmael; Thourout, M. René Van Dye; Etc, etc. Je pourrais citer, parmi ces noms, ceux des savants étrangers et ceux des observateurs anciens qui ont discontinué leurs recherches ou leurs envois, tels que MM. Zantedeschi, de Venise ; Martius, de Munich; Fritsch et Kreel, à Vienne; Kupffes , à S' Pétersbourg; Hesse et Dorn, à Stettin; Heis, à Aix-la- Chapelle; De Caisne, Bravais, Martins, Roquemaurel; Dureau de la Malle; d'Hombres Firmas, Moreau, Fleuret, en France; Colla, Rondani, Passerini, Costa, en Italie; Jenyns, Couch, Broun, Black, Wall, Birt, en Angleterre et en Écosse; Van Hall, Breitenstein, Brants, Staring, Martiné, Van Gessen, en Hollande etc. (411) années, les travaux astronomiques. Malheureusement, la partie des calculs laisse de nombreuses lacunes, et les observations de 1850 à 1854 restent encore à réduire. Le Gouvernement, qui se montre bien disposé à aider les travaux scientifiques, surtout ceux qui concernent Île pays, me donnera sans doute les moyens de combler cette lacune. Des mesures sont prises maintenant pour que ces diverses études puissent être continuées simultanément. Au seul aide qui, depuis vingt-cinq ans, me secondait avec zèle dans la partie si importante et si délicate des calculs astronomiques, j'en ai pu joindre un second qui, de plus, prend part aux observations régulières. Le volume que j'ai eu l'honneur de vous soumettre présente le premier exemple de ce que seront désormais nos travaux. Les observations d'astronomie, de météorologie et de physique du globe sont donnés au complet pour les années 1855 et 1856. J'espère pouvoir poursuivre ainsi, en compre- nant dans chaque volume ce qui appartient à chacune de ces sciences, mais en réservant toujours à l'astronomie la première place qui lui appartient sous tous les rapports. L'étude des étoiles doubles et multiples, qui avait fait l’objet de nos premiers travaux, a été reprise, et mon fils vous en présentera bientôt les résultats calculés. Les décli- naisons n'étaient peut-être pas observées avec les mêmes soins que les ascensions droites; mais les mesures actuel- lement adoptées compléteront, je pense, ce qui pouvait manquer encore à ces travaux d'ensemble. Les commen- cements étaient surtout difficiles, il fallait tout orga- niser et combler un vide scientifique qui, peut-être, ne se trouvait aussi fortement prononcé dans aucune autre région de notre vieille Europe. (412) Note sur le fer oxydé octaédrique, dans le grès de Luxem- bourg; par G. Dewalque, correspondant de l’Académie. On sait que M. Breithaupt a donné le nom de martite à des échantillons de fer oxydé rapportés du Brésil par MM. de Martius et Spix et affectant la forme de l’octaèdre régulier, au lieu de présenter la forme rhomboédrique qui caractérise l’oligiste : ce savant minéralogiste les considé- rait comme un état particulier du fer oxydé, qui offrait ainsi un nouveau cas de dimorphisme. La martite a été retrouvée depuis dans un certain nombre de localités, notamment au Pérou, au Puy-de-Dôme, à Framont, au Vésuve et aux États-Unis; mais l'existence de l’espèce a été fortement controversée ; en effet, on pourrait considérer ces cristaux Comme une épigénie de pyrite ou d'aimant, sans compter l'opinion de M. Scacchi, qui a démontré que l’octaèdre pouvait dériver de Ja combinaison de rhom- boèdres basés. Aujourd’hui, on paraît généralement admet- tre le dimorphisme de l’oxyde ferrique. Ainsi, dans la dernière édition de son Traité de minéralogie, Dufrénoy considère les cristaux de Framont et du Vésuve comme essentiellement octaédriques , tandis que ceux du Pérou et du Puy-de-Dôme ne le seraient qu’accidentellement, les premiers résultant d’une épigénie de la pyrite, les se- conds n'étant qu'un mélange d'aimant et d'oligiste auquel l’aimant aurait imprimé sa forme cristalline, comme le calcaire l’a fait pour le sable dans les grès cristallisés de Fontainebleau. Dufrénoy se basait surtout sur l’examen de la dureté et de la densité, propriétés qui, comme on sait, sont toujours beaucoup moindres dans les cristaux pseudo- ( 415 ) morphes que dans les substances à proprement parler eris- tallisées. D'un autre côté, M. T.-S. Hunt, qui a fait connaitre les cristaux de martite de Monroé, dans l’État de New-York, pense que leur association avec la hornblende dans laquelle ils sont engagés, ne permet pas de les regarder comme le résultat d’une épigénie ; en effet, celle-ci ne paraît point pouvoir s’opérer sans altérer profondément l'oxyde ferreux que la hornblende renferme en grande quantité. En parcourant dernièrement le Luxembourg avec les élèves de l'Université, nous avons rencontré aux environs d'Arlon, dans une carrière ouverte derrière Frassem, sur la route de Guirsch, une substance noirâtre , tapissant des fissures du grès calcarifère bien connu des géologues sous le nom de grès de Luxembourg. Elle s'y présente sous forme de petits cristaux octaédriques qui atteignent jus- qu'à quatre millimètres de côté, et qui sont groupés irré- gulièrement par petites plaques à la surface de la roche veptunienne. Leurs arêtes sont très-nettes, ainsi que les faces, mais celles-ci sont fréquemment marquées de pro- fondes stries parallèles aux arêtes, de sorte qu’on ne pour- rait guère prendre de mesures d'angle au goniomètre à ré- flexion ; avec le goniomètre de Haüy, j'ai trouvé les angles d'environ 109° de l’octaèdre régulier. Quelques cristaux sont régulièrement groupés, réunis par la face de l’octaèdre. Leur couleur est souvent d’un noir terne, mais certains échantillons sont d’un beau noir de fer avec un vif éclat métalloïde; ils sont inclivables; leur cassure, un peu inégale, est terreuse, mate, noire, mais la poussière est d'un beau rouge brique. Leur densité est de 4,55; leur dureté de 7-5; ils rayent le verre avec facilité. Lorsque ces cristaux sont enlevés de la roche au moyen 2° SÉRIE, TOME VII. 28 (414) de la gouge et du maillet, on peut facilement les débar- rasser de la croûte de grès qui y adhère, en les laissant digérer dans l'acide acétique étendu , puis les brossant for- tement. D’après l'analyse que j'en ai faite, ils sont formés d'oxyde ferrique, avec un peu d'argile : j'ai trouvé, sur 1,000 parties, 355 de silice, 57 d’alumine et des traces de chaux et de magnésie. Le manganèse n’y existe qu’en quan- Uté tout à fait inappréciable : c’est à peine si j'ai pu en constater la présence au moyen du chalumeau, après avoir séparé presque toul le fer par le succinate ammonique. Les cristaux ayant été attaqués par l'acide nitrique additionné d'un peu de chloride hydrique, j'ai pu reconnaître dans la dissolution la présence de 3 à 4/00 d'acide sulfurique, soit 2 ‘Joo de soufre. Malgré la grande rareté de la pyrite dans le grès de Luxembourg, je considère ce contenu de soufre comme la meilleure preuve que les cristaux que je viens de décrire doivent être considérés comme une épigénie de fer sul- furé. Je ne terminerai pas sans rappeler que Dumont a meu- tionné le fer oxydé octaédrique, par épigénie du fer oxy- dulé, dans les phyllades de l’Ardenne et du Brabant, mais cette indication , donnée dans sa belle: et minutieuse des- cripuion du terrain ardennais et du terrain rhénan, paraît avoir échappé à l'attention des minéralogistes. On sait que les phyllades de ces terrains contiennent souvent, dans cer- taines zones métamorphiques, surtout dans la bande de- villienne de Monthermé, sur les bords de la Meuse, des quantités considérables de petits cristaux d’aimant, ordi- nairement orientés : exposées aux influences atmosphé- riques, ces roches finissent par se convertir en terre argi- leuse; mais longtemps avant le terme de cette altération, ( 415 ) les cristaux se sont modifiés et transformés en oligiste, puis en limonite; celle-ci finit à son tour par disparaître. Sui- vant Dumont, le changement du fer oxydulé en fer oxyde précéderait même parfois toute altération appréciable du phyllade. Sur la réunion des fibres nerveuses sensibles avec les fibres motrices ; par G. Gluge, membre de l’Académie des sciences, et A. Thiernesse, membre de l’Académie de médecine. Introduction. -— L'existence des fibres nerveuses, sen- sibles et motrices, ayant été bien établie par l'expérience, il devait nécessairement se présenter la question suivante : les fonctions si différentes des fibres nerveuses sont-elles inhérentes à l’organisation de ces dernières, ou les effets si variés que produit l’action des nerfs dépendent-ils uni- quement des centres où 1ls naissentet des organes où ils se rendent? La force nerveuse est-elle la même dans toutes les fibres nerveuses, et le produit seul varie-t-il selon la cause qui met celte force en mouvement et selon l'organe sur lequel le nerf doit agir? Plusieurs physiologistes se sont occupés à résoudre ce problème intéressant de physiologie sans obtenir un ré- sultat satisfaisant. Nous avons donc cru utile de reprendre l’étude de la question, el nous croyons avoir été assez heureux pour obtenir une solution satisfaisante , en insti- tuant, pendant un an et demi environ, une série d’expé- riences. 1. Flourens, l'illustre secrétaire perpétuel de l’Aca- ( 416 ) démie des sciences de Paris, est le premier qui ait fait des expériences se rapportant à notre sujet (1). Il coupa sur un coq les deux nerfs principaux qui du plexus brachial vont l’un à la face supérieure, l’autre à la face inférieure de l'aile. A la section de ces nerfs, l'aile traina , et son extrémité ne se mut plus du tout. Il croisa ensuite les bouts des nerfs coupés, en croisant le bout supérieur d’une surface, avec le bout inférieur de l’autre el réciproquement, et maintint les bouts croisés par une suture. Au bout de quelques mois, l'animal avait repris l’asage complet du bout de l'aile. L'animal cria et l'aile se mut, quand on pinça le nerf au-dessus et au-dessous de Ja cicatrice et le point grossi de la réunion (la cicatrice). De plus, quand on pinçait le nerf supérieur au-dessus du point de réunion, c'étaient les muscles de la face infé- rieure de l'aile qui se contractaient; les muscles de la face supérieure se contractaient quand on pinçait le nerf inférieur au-dessus du point de la réunion. Sur un autre coq, Flourens coupa le nerf pneumogas- trique droit en travers, et réunit son bout inférieur avec le bout supérieur du nerf de la 5° paire cervical préala- blement coupé. La réunion par cicatrice eut lieu après trois mois; mais l’animal mourut le second jour de la se- conde opération du côté gauche. La même opération fut faite sur un canard. D'abord, d’un côté; de plus, le bout inférieur du cinquième nerf cervical fut réuni avec le bout supérieur du nerf pneumo- gastrique. La réunion était complète, et les bouts réunis (1) Recherches expérimentales sur les propriétés et les fonctions du système nerveux dans les animaux vertébrés ; 2% édition. Paris, 1842, p. 272, mémoire présenté à l'Académie en 1827. ( AIT ) très-crossis au bout de trois mois; mais l’animal mourut également après la section du second pneumogastrique. Ces expériences ne furent évidemment pas faites pour nier ou pour aflirmer l'identité des fibres nerveuses; mais elles prouvèrent incontestablement la réunion par une ci- catrice formée de fibres nerveuses, de nerfs de nature dif- férente, quant à leurs fonctions. Cependant les expériences faites par Flourens, sur les nerfs qui tirent leur origine des parties différentes des centres nerveux, offrent encore un autre intérêt; elles nous semblent prouver que, malgré la réunion parfaite qui avait eu lieu entre le pneumogas- trique et le nerf cervical, d’un côté, le pneumogastrique ne peut pas tirer le principe de ses fonctions de la moelle épinière, au lieu de le tirer de l’encéphale comme à l’état normal ; car, s'il en était autrement, les animaux survi- vant longtemps à la section d'un seul nerf pneumogas- trique, n'auraient pas succombé à la section du second. 2, C’est notre honorable confrère, M. Schwann, auquel la physiologie doit lant de grandes découvertes, qui le premier posa nettement la question, et fit une expérience des plus ingénieuses, mais qui resta sans résultat. M. Schwann (1) coupa sur une grenouille les deux nerfs sciatiques , et les laissa se réunir par une cicatrice. La moelle épinière fut ensuite mise à nu, et les racines postérieures furent coupées, pour voir si leur excitation produirait des mouvements dans le cas où des fibres mo- trices se seraient réunies dans la cicatrice à des fibres sensibles. On n’obtint des contractions que par l’excita- tion des racines antérieures. a mo (1) Müller, Physiologie; n° édition, L T, p, 415. ( 418 ) Müller fait observer à cette occasion que ce fait ne prouverait rien contre la possibilité de la réunion de fibres de nature différente, parce que les fibres sensibles ne pos- sèdent peut-être pas de courant nerveux centrifuge. On sait cependant maintenant que, même dans les fibres sen- sibles, l’excitation se propage dans toutes les directions (Dubois-Raymond). La même expérience, faite par Steinrueck, donna le même résultat, et l'examen microscopique démontra, en outre, un développement incomplet de fibres nerveuses dans la cicatrice. 4. Bidder, en considérant ces résultats négatifs comme insuffisants pour décider la question, entreprit huit expé- riences sur six chiens, en suivant le plan adopté par Flourens. C’est sans doute le travail le plus considérable qui ait paru sur ce sujet. M. Bidder choisit le nerf lingual et le nerf hypoglosse, l’un purement sensible et l’autre essentiellement moteur. Quatre fois on opéra de deux côtés dans des intervalles de 50 à 56 jours; quatre fois d'un côté seulement; six fois le bout central de l’hypoglosse fut réuni avec le bout péri- phérique du lingual; deux fois le bout central du dernier avec le bout périphérique du premier, de manière que deux des nerfs coupés furent seulement réunis, et les deux au- tres éloignés ou extirpés le plus loin possible. Outre la paralysie et la perte de la sensibilité de la moitié de la langue ou de l'organe entier, M. Bidder remarqua des ulcérations déterminées par les dents qui se guérissaient après quatre semaines, la langue s'atrophiait; cependant, daus quelques cas, cet organe paraissait reprendre som vo- lume normal. Là où les nerls avaient été coupés d’un seul côté, la ( 419 ) pointe de la langue penchait de ce côté; quand les deux côtés avaient été opérés, la langue ne sortait pas de la bouche ; elle n’atteignait pas les dents incisives, et l'animal ne pouvait plus laper. Après trois ou quatre mois, la langue pouvait être avancée un peu hors de la bouche : évidem- ment l'action des nerfs commençait à se rétablir. Un com- mencement de retour de la sensibilité put également être constaté dans quelques cas. Il s'agissait maintenant de déterminer quelle part le lingual et lhypoglosse prenaient à ces phénomènes. L'excitalion galvanique de l’hypoglosse par une pile de douze à vingt couples produisit dans le crâne des mouve- ments musculaires de la langue, après 136, 151 et 80, et non pas après 60 jours; mais ces mouvements élaient tou- jours faibles ; de plus forts furent déterminés immédiate- ment au-dessus de la cicatrice. Par contre, l'excitation du lingual au-dessus et au-des- sous de la cicatrice ne détermina aucune contraction. Le résultat négatif fut expliqué par lautopsie, qui prouva que les nerfs ne s'étaient réunis, dans aucun cas, d'après l'intention de l’opérateur, mais étaient retournés plus ou moins dans leur position normale. Des six cas où le bout périphérique du lingual avait été réuni au bout central de l’hypoglosse, trois fois ce nerf s'était uni à sa propre con- tinuation périphérique; le lingual s'était réuni de la même manière ou était resté divisé; trois fois la réunion avait eu lieu, mais les autres nerfs avaient concouru à la for- mation de la cicatrice. Des deux expériences où le bout périphérique de l'hypoglosse avait été réuni avec le bout central du lingual, le bout central de l’hypoglosse était rentré dans la cicatrice et une fois ces nerfs avaient repris leur rapport. naturel. ( 420 ) La cicatrice, après 151 à 136 jours, montrait, dans quel- ques endroits, très-peu de différences avec le nerf sain. Les éléments nerveux ne paraissaient pas après 62 jours, mais bien après 82, et les fibres pouvaient être partout iso- lées après 156 jours, et paraissaient distinctement après 82 jours. M. A. Bidder ajoute qu'il ne pouvait pas démon- trer la réunion des fibres de différente nature dans le cas où une cicatrice commune s'était formée. Ces résultats complétement négaüfs firent douter M. Bidder de la possi- bilité de la réunion des fibres nerveuses différentes, et il croit qu'après la section des nerfs mixtes, les fibres homo- nymes seules se réunissent. En terminant, M. Bidder mentionne la différence entre l'excitation extérieure et celle de la volonté; Nasse l'avait déjà observée. Bidder déclare également que plusieurs fois il n'a pu remarquer pendant la vie des animaux la moindre influence de la volonté sur les nerfs au-dessous de la cica- trice, pendant que le galvanisme déterminait des contrac- tions à travers celle-ci. Pour finir cet aperçu historique, nous ajoulerons que l'anatomie n'a pas donné jusqu’à présent des différences entre les fibres sensibles et les fibres nerveuses motrices d'un nerf mixte (1), et que le seul fait physiologique qui paraît parler en faveur d'une telle différence est le sui- vant : Des fibres nerveuses sensibles de la cinquième paire pénètrent dans les muscles de l'œil, mais leur excitation ne produit pas des contractions. Ce fait est cependant suscep- tible d’une autre explication, et la question reste entière, ————————— (1) Ces différences anatomiques existeraient, au moins dans l’origine des fibres, si les importantes recherches de M. Jacubowitch se trouvaient’con- frmées, M (421 ) Expériences relatives à la réunion des fibres nerveuses sensibles aux fibres motrices (1). Afin de décider si les nerfs sensitifs se réunissent avec les nerfs moteurs et si, dans l’affirmative , les tubes sensi- tifs sont susceptibles de servir de courants moteurs, nous avons fait une série d'expériences dont nous allons donner le détail et les résultats. Ces expériences, au nombre de dix, ont été faites, à l’école de médecine vétérinaire, sur des chiens qui devaient y servir au cours d'anatomie et que M. le directeur de cet établissement a eu l'obligeance de mettre à notre disposition (2). 1" expérience. — Le 2 mars 1858, nous opérons, sur un chien, la section du nerf lingual du trijumeau et de l’hypoglosse d’un côté, et nous réunissons, au moyen d'un point de suture, le bout central du premier avec le bout périphérique du second. Cet animal n’a éprouvé de cette opération aucun déran- (1) Nous avons fait seulement des expériences qui permettent de con- stater le résultat par la contraction musculaire. Nous n’avons pas voulu expérimenter sur la sensibilité, parce qu'une expérience très-longue nous a appris combien l'erreur est facile. Il y a, parmi les animaux de la même espèce, des stoïciens pour qui la douleur n'existe pas, comme il y a des peu- reux auxquels une légère secousse arrache des cris. De là, sans doute, tant de divergence entre les physiologistes, quand il s’agit de déterminer la sen- sibilité des nerfs. Nous devons, à cette occasion, exprimer le regret qu’en l’absence d’un institut physiologique, qui manque en Belgique, les règlements de l’école n'aient pas permis de conserver, aussi longtemps que nous l’aurions voulu, les sujets de nos expériences. (2) M. Derache, répétiteur d'anatomie, et M. De Wilde, répétiteur de chimie , à l’école vétérinaire, ont hien voulu nous assister dans l'exécution de ces expériences, ( 422 ) gement. Le 22 mai 1858, nous le sacrifions et nous con- statons que le bout central de lhypoglosse, — que nous avions négligé de réséquer, — est soudé à la cicatrice très- solide qui unit le bout central du lingual au bout péri- phérique de l’hypoglosse. Le courant galvanique établi sur le nerf lingual ne pro- voque néanmoins aucune contraction dans la langue, tandis que, quand il est dirigé sur le bout central, puis sur le bout périphérique de l’hypoglosse, il éveille de vives contractions dans les muscles de cet organe. 2e expérience. — Le 29 mars 1858 , sur un chien, les nerfs lingual et hypoglosse étant disséqués, on les coupe, sans résection de l’un ni de l’autre, comme dans le cas précédent; puis, au moyen de simples points de suture, on réunit le bout central du lingual au bout périphérique de l’hypoglosse, et le bout central de celui-ci au bout pé- riphérique du lingual. L'animal n’a nullement été dérangé à la suite de cette opération. [l fut aussi tué le 28 mai suivant. On constata qu'une forte cicatrice d'un centimètre d'étendue réunissait crucialement les quatre bouts nerveux, le bout central du lingual ayaut dû être dirigé en bas-pour être fixé au bout périphérique de l'hypoglosse et réciproquement, et aucune précaution n'ayant été prise pour que les anses superposées en X restassent isolées l’une de l'autre au point de contact. Or, la galvanisation de l'extrémité centrale de lhypo- glosse provoque de fortes contractions dans la langue; tandis que, opérée sur le nerf lingual, elle est absolument sans effet. On peut observer les nerfs réunis, comme nous we- nons de l’exposer, sur la tête de l’animal disséquée et conservée dans l'alcool, à l'école de médecine vétérinaire, ( 425 ) 5° expérience. — Chez le chien qui est le sujet de cette expérience, on a opéré, le 28 mai 1858, du côté gauche, la section du lingual et de l’hypoglosse; puis, on a réuni le bout central du premier au bout périphérique du second, après avoir fait la résection de près de deux centimètres du bout central de l'hypoglosse et du bout périphérique du lingual, dans le but d’avoir plus tard une cicatrice dont seraient isolées l'extrémité centrale de l’hypoglosse et l’extrémité périphérique du lingual. Une veine ayant été ouverte pendant l'opération, il'en est résullé une hémorragie assez forte; puis, 11 s’est dé- veloppé, dans la région gutturale, un engorgement con- sidérable qui, pendant quatre jours, a rendu difliciles la mastication et la déglutition. | Le 14 juin 1858, l'animal étant très-bien portant, on l’opère, à droite, de la même manière qu'à gauche et sans le moindre accident. Il n’en paraît pas souffrir : 11 conti- nue à manger et à boire, comme s'il n'avait subi aucune opération; seulement il ne sait plus laper. Il boit à la manière du porc, par un mouvement de màchoires qu'il plonge dans le lait qui lui est présenté. La déglutition se fait aussi avec difficulté, la langue, ulcérée sur ses bords, restant contractée dans le fond de la bouche. Huit à dix jours après, le chien devint triste, anxieux, perdit inseusiblement lappétit, maigrit de plus en plus, el tomba bientôt dans uni marasme profond qni le con- duisit à la mort. Il succomba le 1“ juillet suivant et fat autopsié le lendemain. Du côté gauche, le bout central de l'hypoglosse est ter- miné par un moignon renflé, uni et grisàtre, dont émer- gent des fibres qui se perdent à une distance de près de deux centimètres du bout périphérique du même nerf, le- ( 424 ) quel est réuni au bout central du lingual par une cicatrice complète, mais peu solide, et d’un aspectgrisàtre contras- tant avec l'aspect nacré du nerf. Cette cicatrice forme une bandelette aplatie, légèrement adhérente au muscle basioglosse. L'analyse microscopique nous y révèle, dans un tissu conjonctif de nouvelle forma- tion, de jeunes fibres nerveuses, sous forme de cellules allongées en fuseau et réunies par leurs extrémités, parmi lesquelles on aperçoit quelques tubes complétement déve- loppés et pourvus de la fibre centrale ou eylindre axile. En général, on remarque pour toutes ces expériences que les cicatrices ont la couleur grisàtre, qui est ordinaire chez les nerfs de l'embryon ,et qui fait place à la couleur blanche avec l’âge de la cicatrice; mais elle n’atteint pas compléte- ment la couleur des nerfs de l'adulte. L'examen microscopique du moignon grisàtre qui ter- mine en bas l’hypoglosse, démontre que ce renflement est également composé de tubes nerveux en voie de déve- loppement, plus pâles et moins larges que les tubes nor- maux du nerf. Du côté droit, le bout périphérique de l’hypoglosse est terminé contre l'extrémité inférieure de la grande branche de los hyoide par un moignon renflé, grisâtre, dont pro- cèdent des fibres blanchâtres qui se perdent dans le tissu conjonctif sur la surface du musele basioglosse, Le bout central du lingual n’est pas soudé au bout pé- riphérique de l’hypoglosse. Ces deux extrémités nerveuses sont à deux millimètres l’une de l’autre, mais elles se trouvent néanmoins reliées, sur la surface du muscle ba- sioglosse, par du tissu conjonctif dans lequel on aperçoit quelques fibres blanchâtres qui paraissent être de nature nerveuse, ( 425 ) La langue, raccourcie et rétrécie, est ulcérée sur ses bords dans une étendue de trois à quatre centimètres. 4° expérience. — Elle est commencée, le 51 mai 1858, sur un chien de grande taille, par la section, à droite, du lingual et de l'hypoglosse. On raccourcit de trente-quatre millimètres le bout central de lhypoglosse et de deux cen- timètres le bout périphérique du lingual; puis, on réunit, par un point de suture, le bout central du lingual avec le bout périphérique de l’hypoglosse. Le 21 juin suivant, ce chien n'ayant pas cessé de jouir d'une bonne santé, on lui pratique la même opération du côté gauche. Sauf la gêne qu'il éprouve pour avaler et l'impossibilité de laper, la langue étant rétrécie ; ulcérée sur ses bords et contractée dans le fond de la bouche, il ne manifeste aucun dérangement. Le 12 juillet, les ulcères sont eicatrisés. Du 15 au 19 du même mois, on observe que l'animal avale avec plus de difficulté, surtout les liquides qu'il ne saisit qu'avec grande peine. Il à grande faim , il perd beau- coup de salive et maigrit sensiblement. Le 20, il prend du lait auquel on a mélangé deux grammes de coloquinte, privée préalablement, au moyen de l’éther, de son principe purgatif et qui, par conséquent, ne recèle plus que le principe amer. Du 20 au 26, il ne salive plus, mange mieux et parait reprendre de l’embonpoint. Le 29, il est bien portant; il prend avec avidité du lait contenant environ un demi-gramme de coloquinte pure. Un chien sain, non opéré, avait refusé ce lait, bien qu'il füt à jeun quand on le lui a présenté. Le 24 août, il prend encore du lait renfermant de la coloquinte; mais une levrette, non opérée, à laquelle on ( 426 ) offre la même potion, n’hésite pas à en boire également! Le 45 octobre, ce chien n’a pas cessé de se bien porter, Après avoir de nouveau constaté qu'il ne sait plus laper, on le tue par une piqüre à la moelle allongée, et on en fait immédiatement l'autopsie. On constate que les bouts nerveux ne sont réunis ni à droite n1 à gauche. Il est pro- bable qu'après l'opération le fil de la suture se sera déta- ché. Cette expérience est donc restée sans résultat. Nous nous sommes bornés à observer la persistance de la con- tractilité musculaire dans la langue et le degré d'irritabi- lité de l’extrémité périphérique de l’hypoglosse, au moyen du courant galvanique. La galvanisation du bout périphérique du nerf hypo- glosse, coupé depuis le 51 mai dernier, n’éveille que de faibles contractions dans les muscles extrinsèques de la langue. Il en est de même quand on applique les conduc- teurs de la pile sur ces museles qui sont pâles et atrophiés. Les mêmes observations sont faites sur les muscles intrin- sèques du même côté. Le couränt galvanique établi sur le bout périphérique de l'hypoglosse gauche, coupé le 21 juin 1858, éveille de fortes contractions dans la langue. De ce côté, les mus- cles tant intrinsèques qu’extrinsèques sont rouges, assez volumineux, et se contraclent vivement quand on les touche avec les conducteurs de l'appareil galvanique. Nous examinons au microscope le tissu des muscles frappés d’atrophie : les faisceaux primitifs sont très-pâles, et la plupart, dépourvus de stries transversales, sont ré- duils au sarcolème rempli de petits globules graisseux. Mais il existe une plus grande quantité de cette matière entre les faisceaux primitifs. ( 427 ) Dans ces muscles, les tubes nerveux ne présentent au- cune altération. 5e eæpérience. — Le 51 mai 1858, on opère de la même manière, du côté gauche, un chien griffon , qui, n'ayant cessé de se bien porter, est ensuite opéré, le 25 juin, à droite, en ayant soin, chaque fois, de réséquer un morceau d'environ deux centimètres au bout central de l’hypoglosse et au bout périphérique du lingual. Le résultat en est le même, quant à l'impossibilité de laper et la difficulté d’avaler, la langue étant de même ré- trécie, raccourcie et profondément ulcérée sur les bords. Du reste, l'animal est gai et vif. Le 12 juillet, après avoir de nouveau constaté qu'il ne peut laper, et que, quand il boit, il plonge le museau dans le liquide; ayant observé la cicatrice des ulcères de la langue, nous le tuons et nous disséquons les nerfs du côté droit, puis du côté gauche. À droite, le bout central de l’hypoglosse est terminé, comme dans les expériences précédentes, par un moignon grisâtre, lisse et renflé. L’extrémité périphérique du même nerf est réunie au bout central du lingual, — dont on ne sait plus découvrir l'extrémité périphérique, — par un commencement de cicatrice, où on voit encore le fil qui a servi à faire la suture. À gauche, le bout central du lingual est bien soudé à l'extrémité périphérique de l’hypoglosse, dont le bout cen- tral présente, comme à droite, un moignon renflé et gri- sàtre, fixé sur le côté de l’hyoïde, à deux centimètres environ de la cicatrice. Le courant galvanique, établi sur le nerf lingual du côlé droit, ne suscite pas de contraction musculaire, tan- (428 ) dis que dirigé sur le même nerf du côté gauche, — même après l'avoir isolé en maintenant sous lui une plaque de verre, — il en éveille de fortes du même côté de l’organe gustatif. Cette dernière épreuve de l'expérience a été ré- pétée une dizaine de fois, et toujours avec le même ré- sultat. Ces nerfs sont disséqués et conservés avec la tête, dans leurs rapports naturels. Cette préparation, reproduite sur la planche ci-jointe que nous devons à un habile artiste de Bruxelles, M. Edmond Tschaggeny, est conservée dans l'alcool, à l’école de médecine vétérinaire. 6" expérience. — Le 27 juillet 1858, un jeune chien, paralysé du membre postérieur gauche, d'un tempérament très-excitable, est opéré, à gauche, de la même manière que dans les précédentes expériences. Le 25 août, cet animal étant en bonne santé, nous lui faisons les mêmes sections, résections et suture à droite. Le lendemain , il est souffrant et refuse toute nourri- ture. Le 29, il est gai et mange avec appétit, mais il éprouve une grande gêne dans la mastication et la déglutition , et est dans l'impossibilité de porter la langue hors de la bouche et, par conséquent, de laper. Nous comptions retrouver ce chien en vie à notre re- tour des vacances, mais 1l mourut pendant notre absence. La lête nous en ayant élé conservée, nous avons pu la disséquer et constater la réunion des nerfs du côté gauche par une cicatrice solide, et du côté opposé l’absence de cette cicatrice; le fil qui avait servi à la réunion des bouts nerveux n'était pas détaché. 7" expérience. — Sur un petit chien bien portant, les mêmes sections, réseclions el sulures sont faites : à Te, ( 429 ) gauche, le 48 octobre 1858, et à droite, le 15 novembre suivant. On observe les mêmes altérations dans la langue, et par suite l'impossibilité de laper et une difficulté dans la déglutition. Il s'est bien porté jusqu’au mois de décembre, époque à laquelle il a commencé à dépérir; 1! mourut le 20 décembre. A l'autopsie faite le lendemain, nous observons la cica- trisation des ulcérations de la langue, dont le volume n'a pas subi une diminution notable. Le nerf lingual est, des deux côtés, solidement réuni à l'extrémité périphérique de l’hypoglosse. Les cicatrices et les bouts nerveux qu'eiles réunissent sont soumis à l'examen microscopique, et on distingue dans la plus ancienne cicatrice des fibres nerveuses avec leur moelle. De chaque côté, le bout central de l'hypoglosse est ter- miné, sur le muscle basioglosse, par un moignon renflé duquel on voit irradier des fibres déliées. 8" expérience. — Les mêmes opérations sont exécutées sur un petit chien bien portant, à droite, le 419 octobre 1858, et à gauche, le 16 novembre suivant, avec Îles mêmes résultats du côté de la langue, etc.; mais sa santé ne subit aucune altérauon. Le 5 janvier 1859, cet animal fut tué. Le lingual et l'hypoglosse sont solidement réunis des deux côtés, et le bout central de ce dernier est remarquable par le même moignon, dont on voit awssr parür des fibres qui se rendent vers la cicatrice et se per-- dent sur les muscles basioglosse et styloglosse. Le courant galvanique appliqué sur le nerf lingual et sur: la cicatrice qui lunit à l'hypoglosse ne provoque pas de: contraction, tandis que, dirigé sur les fibres qui partent. 2" SÉRIE, TOME VII. 29 ( 430 ) du moignon de l'hypoglosse, il en éveille dans les muscles basioglosse et styloglosse. Où fait les mêmes observations des deux côtés. Chez ce chien, la langue n’est pas atrophiée. Elle ne présente d'autre altération que les cicatrices d’ulcères sur les bords. | La cicatrice des nerfs réunis du côté droit est flocon- neuse à la périphérie, dense à l'intérieur; on y voit dis- Uinctement les fibres du lingual se continuer dans celles de l’hypoglosse ; du reste, les fibres sont difficiles à isoler. Du côté gauche, on distingue seulement des corps fusi- formes ou allongés dans une substance finement granulée, alors que le tissu coujonctif qui environne la cicatrice est bien développé. Du reste , l'examen microscopique de la cicatrice du côté gauche donne une image analogue au dessin de M. Schwann, tab. IV, fig. 6, du nerf sciatique d'un embryon de pore (1). 9" expérience. — Le 7 juin 1859, nous tuons un jeune . chien, qui à été opéré comme les précédents : à droite, le 28 février, et à gauche, le 14 avril dernier , et chez qui ou a fait les mêmes observations, quant à l’atrophie et l’ulcé- ralion des bords de la langue, ainsi qu'à la gêne de la déglutition et l'impossibilité de laper.… Le bout central du lingual est, des deux côtés, solide- ment réuni au bout périphérique de l'hypoglosse, et le bout central de celui-ci est terminé à deux centimètres de Îa cicatrice par un moignon renflé, dur et grisàtre, duquel part un tissu de nouvelle formation qui atteint cette cica- trice. (1) Schwann, Hikroscopische Undersuchungen. Berlin, 1859. ( 451 ) L'excitalion galvanique du lingual ne détermine aucune contraction; tandis que, opérée sur le bout central de l’hypoglosse, elle en éveille de vives. Lorsqu'on applique de la même manière les conducteurs de l'appareil galvanique sur la cicatrice, de légères con- tractions se manifestent dans la langue. Cet organe n’est pas notablement atrophié. Il se contracte vivement et frappe le palais, quand on touche sa face supérieure avec les fils conducteurs. L'examen microscopique démontre le développement complet des fibres nerveuses dans la cicatrice et de nou- velles fibres naissant du moignon de l'hypoglosse; mais quelques filets nerveux qui naissent au-dessous de la cica- trice de l’hypoglosse ont subi la transformation graisseuse complète. Les tubes nerveux ne sont plus reconnaissables el sont remplacés par des séries régulières de globules de graisse (1). Il est à remarquer qu’à côté de ces fibres ner- veuses dégénérées, 1! y en a d'autres parfaitement normales, et que les fibres dégénérées se trouvent seulement dans les rameaux et non dans le tronc de l'hypoglosse. (Voir les figures.) 10"° expérience. — Le sujet de cette expérience est un petit chien bien portant, auquel on fait les mêmes sections, résections el sutures : le 1° mars 1859, du côté gauche, et le 46 avril suivant du côté droit. La langue s'atrophie considérablement, s’ulcère sur les (1) Disons en passant que c’est M. Fick, de Marbourg , qui, le premier, a donné une description exacte de la transformation graisseuse des fibres ner- veuses même (Müller, Ærchiv., 1842), pendant que l’un de nous avait déjà signalé, en 1858 (Gluge, Bulletins de l’Académie, t. V), le dépôt de graisse dans le moignon des nerfs des amputés. (432 ) bords et reste contractée dans le fond de la bouche, comme dans la plupart des expériences précédentes. Ne pouvant plus la porter hors de la bouche, l’animal est dans l’impossibilité de laper et éprouve une grande: sêne dans la déglutition. Pendant les premiers jours qui suivirent l'opération du deuxième côté, il ne prit presque pas de nourriture et maigrit considérablement. Ce chien fut tué le 7 juin dernier. La dissection des nerfs du côté gauche fait constater la réunion du bout cen- tral du lingual avec le bout périphérique de l’hypoglosse, par une cicatrice solide, à laquelle aboutit un tissu blan- châtre partant du moignon qui termine le bout central de l’hypoglosse, à deux centimètres au moins de cette cicatrice. Le courant galvanique appliqué sur le nerf lingual est sans effet; quand on l’établit, au contraire, sur la cica- trice qui l’unit à l'extrémité périphérique de l'hypoglosse ou sur le bout central de celui-ci, il provoque de fortes contractions dans la langue. On observe les mêmes faits anatomiques du côté droit ; mais l'excitation galvanique du bout central de l'hypo- glosse, de la cicatrice résultant de la soudure de l'ex- trémité périphérique de ce nerf avec le bout central du lingual, ainsi que de cette dernière partie nerveuse, n'éveille aucune espèce de mouvement dans la langue. L'examen microscopique donne le même résultat comme dans l'expérience 9. Le côté le plus anciennement opéré, a été seul examiné au microscope. On voit, du reste, par cette expérience, comme par les précédentes, qu'il faut un temps assez considérable pour développer un nouveau tissu nerveux capable de remplir la fonction physiologique, mais qu'il existe des différences individuelles qui échap- pent à une apprécialion exacte. dt ès. de CNT in. 7e ONU Te à 7 ( 455 ) A la relation que nous venons de faire de nos expé- riences, nous devons ajouter que, chez tous les chiens qui y ont été consacrés, le pincement du nerf hypoglosse a déterminé une vive sensibilité, manifestée par des cris et des mouvements pour s’y soustraire. On sait au reste que c'est là une sensibilité d'emprunt. Résumé. — Dans toutes nos expériences, le nerf sensitif {lingual du trijumeau) et le nerf moteur (hypoglosse) de la langue ont été coupés. On a raccourci ordinairement d’au moins deux centimè- tres le bout central de l’hypoglosse et le bout périphérique du lingual, et le bout central du lingual a été réuni, par un point de suture au bout périphérique de l’hypoglosse. Celte opération a été pratiquée le plus souvent, sur chaque animal, des deux côtés, à un intervalle de trois à cinq semaines environ entre la première et la seconde opération (1). L'animal à toujours accusé de la douleur au moment où on saisissait l’hypoglosse avec la pince. Il n’a jamais éprouvé de dérangements notables après la première opération ; mais, après avoir subi la seconde, il a constamment manifesté une grande gêne dans la masti- (1) Dans la plupart de nos expériences, le bout central du nerf lingual avait été coupé avant d’y appliquer le galvanisme. Cette précaution n’avait pas été observée dans la 5®° expérience, destinée à servir pour le dessin, et c'est la seule où le lingual ait donné des contractions. Nous croyons donc qu'il y a eu ici transmission de l'électricité par une mince couche de liquide répandu sur le verre placé sous le nerf et qui a échappé à notre attention, et nous devons refuser toute valeur affirmative à la 5° expérience. Du reste, nous nous sommes servis, pour produire le courant électrique, des machines électromagnétiques avec pile de Bunsen ou de l'appareil à rotation, qui permettent tous les deux de modifier sensiblement les forces du courant. ( 454 ) cation, el surtout dans la déglutition. Il s'est aussi trouvé dans l’impossibilité de laper, la langue s’atrophiant alors plus ou moins, s'ulcérant sur les bords et se trouvant désormais contractée dans le fond de la bouche. Les ulcères de la langue, quoique profonds, sont tou- jours cicatrisés au bout de quelques semaines. Trois à six semaines environ après l'opération, le bout central du nerf sensitif est solidement soudé au bout péri- phérique de l'hypoglosse ou nerf moteur, et l’extrémité périphérique de celui-ci est terminée, près du niveau de l'extrémité inférieure de la grande branche de l’hyoïde, à deux centimètres au moins de la cicatrice, par un moignon renflé, dur, uni et grisâtre, qui est plus ou moius relié à celle-ci par du tissu conjonetif dans lequel on voit des fibrilles ayant l'aspect de filaments nerveux et dont fa na- ture est confirmée par l'examen microscopique. Le courant galvanique appliqué sur le nerf lingual wa éveillé des contractions dans la langue que chez le chien de la cinquième expérience, où le bout central de l’hypo- olosse n'était pas manifestement relié, par un tissu de nou- velle formation, à la cicatrice ou soudure nerveuse. Cette excitation appliquée sur le bout central ou sur le bout périphérique de lhypoglosse, ou seulement sur le tissu intermédiaire au moignon et à la cicatrice prélndi- quée, a suscité des contraëlions plus ou moias fortes dans la langue, Nous avons ainsi démontré par l'expérience l’existence d’un nouveau tissu nerveux dans le moignon Jes nerfs, capable de faire contracter les muscles. Il est bien remarquable que ce nouveau Uissu nerveux moteur se dirigeait Loujours vers la cicatrice ou vers l'hypoglosse ou vers les muscles, et jamais vers le lingual. On aura vu, dans l'analyse des expériences, que les contractions manquaient ( 435 ) toujours du côté où le nouveau tissu nerveux n’avait pas eu assez de temps pour se développer. L'analyse microscopique du tissu de la cicatrice ner- veuse et du moignon terminal de l’hypoglosse y a démontré l'existence de fibres nerveuses en voie de développement. Nous avons constaté en outre que les nerfs isolés de leurs centres nerveux conservent encore, pendant quatre mois, la faculté de produire de fortes contractions musculaires. Les faibles persistent jusqu’à quatre mois et demi, contrai- rement à l'opinion reçue (1). Nous concluons done : 1° Que les fibres sensibles ne peuvent être transformées en fibres motrices ; 2 Que le mouvement organique dans les fibres ner- veuses, qui détermine la sensation, doit être différent de celui qui produit la contraction musculaire (2). (1) C’est ainsi que nous lisons dans l'excellent traité de physiologie de Ludwig, 2% édit., 1858, p. 123, que le bout du nerf séparé du cerveau et de la moelle perd, dans l’animal vivant, son irritabilité après cinq ou six jours, selon Müller et beaucoup d’autres observateurs. L'un de nous a même vu le nerf sciatique coupé d'une grenouille conserver, pendant douze jours, son irritabilité, Müller parle du reste de cinq semaines, après lesquelles il a constaté l’absence d’irritabilité, comme du temps le plus court chez les mammifères. Il est évident qu’il y a des différences individuelles dépendant des animaux, et surtout des nerfs opérés. — S’il est exact de dire que les nerfs perdent in- sensiblement leurs propriétés, il est donc impossible d'indiquer exactement le temps où cela arrive avant d’avoir examiné un plus grand nombre des nerfs. (2) Ceci pourrait expliquer pourquoi la régénération des nerfs coupés ne détermine pas nécessairement une reproduction de la fonction; c’est ainsi que Nasse, tout en constatant la première, n’a jamais vu la seconde; dans ces cas, n’y avait-il pas union de fibres de nature différente ? ( 436 ) EXPLICATION DES FIGURES. Fig. 1. Cette figure représente la tête du chien de la 5° expérience, vue à droite, et à laquelle on a enlevé la branche droite du maxillaire inférieur, a. Section de la branche maxillaire. b. Surface articulaire du temporal avec la branche maxillaire enlevée. c. Articulation de l’os malaire avec l’apophyse zygomatique du temporal. . Hiatus auditif externe. Branche postérieure ou maxillo-dentaire du nerf trijumeau. Nerf lingual. . Cicatrice de réunion du nerf lingual avec l'extrémité péri- _ phérique de l’hypoglosse. h. Extrémité périphérique du nerf hypoglosse. . Bout central du nerf hypoglosse. j. Moignon terminal du précédent nerf. k. Un vestige du muscle mylo-hyoïdien. l. Glande sub-linguale. m. Muscle génio-hyoïdien. CRIS re — génioglosse. — basioglosse. . Muqueuse linguale. . Muscle styloglosse ou kératoglosse. Artère linguale. Grande branche de l'os hyoïde. Muscle hyo-pharyngien. . Extrémité hyoïdienne des muscles sterno-hyoïdiens., . Muscle thyro-pharyngien. . Artère carotide primitive. SE D IS IS. S S & . Muscle crico-pharyngien. z. Nerf pneumo-gastrique. Fig. 2. Lingual et hypoglosse du chien qui a servi à la 9e expérience. l. Lingual, h. Hypoglosse. Bull. de F 4 de ad. À 07. V2 2 + Solo “1: mA st Lomme NU gene Serte, page LI Lidl par E Severeyres Lit, de Tara, (457) e. Cicatrice nerveuse. nn. Tissu conjonctif attaché à l'hypoglosse avec des filaments nerveux, dont quelques-uns paraissent nouvellement formés; grandeur naturelle. Fig. 5. Fibres nouvelles partant de l'hypoglosse, grossies 500 fois environ. Fig. 4. Moïgnon central de lhypoglosse ; on distingue des fibres nerveuses qui en partent ; le moignon est considérablement grossi par un tissu nerveux cicatriciel nouveau; grandeur naturelle. Fig. 5. Fibres nerveuses nouvelles de ce moignon, qui en partent pour se diriger vers la cicatrice. Fig. 6. Fibres nerveuses nouvelles de la cicatrice; on remarquera le peu de largeur des tubes, leur moelle LA A des doubles contours peu distincts. Toutes ces figures proviennent de l'expérience n° 9. Fig. 7. Moignon central de l’hypoglosse de l’expérience n° 10, avec les nerfs, qui partent du moignon. Au gonflement du bout s’est ajoutée une nouvelle intumescence formée de tissu conjonctif et de fibres ner- veuses nouvelles. Fig. 8. Fibres nerveuses de la cicatrice résultant de la réunion du nerf lin- gual avec lhypoglosse de l'expérience n° 7. Additions au SyNopsis DES CALOPTÉRYGINES ; par M. Edm. de Selys-Longchamps, membre de l'Académie. Ïl y a six ans que j'ai publié, dans les Bulletins de l’Aca- démie, le travail auquel je donne aujourd'hui une suite. Je me bornerai à présenter la diagnose des espèces nouvelles, découvertes depuis 1855, et à indiquer la sup- pression de deux Caloptéryx, dont l'existence, comme types distincts, ne parait pas constatée à mon collabo- rateur, M. le D’ Hagen (1). (1) Sylphis elegans, Hag., n° 1, qui serait la femelle de S. angustipennis, ( 458 ) En 1855, j'ai décrit cent espèces. Le nombre de celles que j'y ajoute aujourd'hui est de dix-huit. On conçoit que celte adjonction importante, qui forme le cinquième des espèces que je connaissais alors, donnerait lieu à beaucoup de remaniement dans les diagnoses des anciennes espèces, d'autant plus qu'il y a des genres, des sous-genres et des groupes nouveaux qui nécessiteraient aussi un changement dans la classification. Si l'on y ajoute la découverte de sexes ou d’âges inconnus en 1855, celle de nouvelles localités, et enfin les erreurs et les fautes typographiques à redres- ser, on s'aperçoit que tout cela, présenté comme additions, donnerait lieu à un travail assez fatigant pour celui qui voudrait l’étudier avec fruit. Une nouvelle édition du Synopsis serait préférable, mais ne serait pas de nature à figurer dans les publications de l’Académie, qui n'admet avec raison que des travaux originaux. C’est pourquoi J'ai renfermé ces additions dans la caractéristique des groupes el des espèces tout à fait nouvelles. Parmi les dix-huit espèces nouvelles, ici décrites, il y en à six qui m'ont été communiquées par M. Hagen, qui les à observées soit pendant un voyage qu'il a fait en Angleterre, soit d'après des exemplaires qu’il a reçus direc- tement de l'Amérique septentrionale et de ses correspon- dants en Allemagne. La plupart des autres espèces que je fais connaître proviennent des chasses faites à Malacea et à Bornéo, par Wallace, l’infatigable explorateur anglais. On remarquera sans doute, comme étant des décou- vertes de premier ordre, les genres Caliplhæa et Aniso- nevra, et celle d'un nouveau sous-genre d'Amphipteryæ. n° 2.— Calopteryx smaragdina De Selys, n°15, qui paraît une C. atrata, n° 15, à laquelle on aurait collé quelques segments de €, virgo, ( 439 ) La Caliphæa est tellement intermédiaire entre la légion des Calopteryx et celle des Euphœæa, qu'il est difficile de décider à laquelle des deux elle appartient. L'Anisonevra est tout aussi intéressante. Il ne m'est pas possible de dire avec certitude si elle est de la légion des Euphæa, de celle des Dicterias ou de celle des Amphip- teryæ. Quelle que soit la place qu'on lui assigne, il faudra, pour ce genre comme pour la Caliphæa, modifier les carac- tères donnés aux légions. Le nouveau sous-genre d'Amphipteryæ est également fort curieux , ainsi que la découverte de la patrie réelle de l’A, lestoïdes, qui provient réellement de l'Australie, où l’on n'avait encore observé, comme je l’ai dit, aucun 1n- secte de la sous-famille des Caloptérygines. Le nombre total des espèces se trouve porté à cent seize. Genre 5". — CALIPHÆA, Hacrx. Ailes pétiolées jusqu'au niveau de l'arculus, qui n'est pas frac- iuré. Quadrilatère quatre fois plus long que large, élargi au bout, traversé par une nervule; plus court que l'espace basilaire, qui est libre. Secteur inférieur du triangle droit, sans ramean inférieur, Espace postcostal d'un seul rang de cellules, finissant beaucoup plus loin que le niveau du nodus, qui est au tiers de l'aile. Sectenr principal contigu à la nervure médiane, le nodal et le médian un peu ramifiés au bord postérieur par des secteurs interposés. Ptérostigma petit, à peine plus long que large. Tête assez forte; corps grêle. Pieds grêles, ciliés. œ* Abdomen un peu élargi au bout. Appendices anals en feuilles contournées, courbés en dedans après leur première moitié, denticulés au milieu en dehors; les inférieurs presque aussi longs, écartés, bidentés au bout en dedans. N. B. Ce grand genre est tellement intermédiaire entre la légion des Calopteryx et celle des Enphæa, qu'il est difficile ( 440 ) de le placer avec certitude, I participe de la première (et surtout des Sapho) par le ptérostigma court ; de la seconde (et surtout des Dicterias) par la forme et la rétieulation des ailes, qui est fort simple. C'est la forme des appendices anals et la disposition un peu ramifiée de plusieurs des secteurs qui me portent à pla- cer ce groupe après les Vestalis, dans la légion des Calopteryx. 2718, CaAtIPHÆA CONFUSA, Hagen. Abdomen 56%", Aile inférieure 51. 0" Taille moyenne, Ailes longues, étroites, hyalines. Ptérostigma brun, 15 nervules antécubitales, 50 posteubitales, Corps bronzé obscur, Nasus vert luisant, Devant du thorax vert cuivreux, les côtés et le dessous jaunes. Abdomen euivreux, plus foncé au bout. Lèvre inférieure, dessous de l'abdomen, appendices anals et pieds noirs. Q Inconnue. Patrie : Le Népaul (par Hardwicke, Mus. Brit.). AJ, HETÆRINA CALIFORNICA, Hagen. Abdomen 55", Aile inférieure 28 !/,. Taille petite, o* 24-27 anticubitales aux supérieures. Le bout des ailes supé- rieures non limbé, celui des inférieures à peine sali, La tache basale rouge très-grande, touchant la nervure costale et le bord postérieur dans presque toute l'étendue de la tache qui occupe les ‘/, de la base au nodus, est droite en dehors; celle des supérieures cesse de toucher la côte vers sa fin; celle des inférieures un peu plus prolongée, au contraire, vers la côte, Lèvre supérieure roux brun, linférieure jaune au bout; épistome, front et ventre bronzés cuivre rouge foncé. Devant du thorax noir bronzé à reflets cuivrés violets; ligne humé- rale jaune suivie de deux larges bandes noir bronzé jusqu'à la 2° suture, et d’une moins large, plus noire entre celle-ci et le bord pos- térieur; le reste des côtés et du dessous roux jaunâtre terne. Appen- dices supérieurs noirâtres, plus longs que le 10° segment, peu courbés ; la dilatation médiane en forme de gros tubercule quadrangulaire, suivie d’un autre tubereule beaucoup plus petit; appendices infé- (4M ) rieurs moitié plus courts, gros à la base. Pieds noirs, longs, une bande latérale aux fémurs, et l'extérieur des tibias jaune roussâtre. à Inconnue. Patrie : Le nord de la Californie. (Collect. Hagen.) N. B. Cette espèce est du groupe de la Cruentala, parce qu'elle n'a pas de ptérostigma, mais elle est excessivement voisine de la Basalis. 50%, HETÆRINA BASALIS, Hagen. Abdomen © 56-37" ; © 52, Aile inférieure 26-29. Ce n'est probablement qu'une race occidentale de l'Americana ; elle en diffère surtout par ce qui suit : g" La tache basale sanguine est plus convexe en dehors et beau- coup plus étendue, puisqu'elle envahit les ailes jusqu'aux ‘/, au moins de la base au nodus, et touche le bord costal et le postérieur dans presque toute la longueur de la tache (la dilatation médiane des appendices supérieurs en tubercule triangulaire). © Corps moins robuste , vert bronzé plus vif; épines de l'abdomen plus prononcées. La base des ailes fortement lavée de brun jaunâtre jusqu’au delà du quadrilatère. Patrie : La rivière Pecos, dans la haute Californie, (Collect. Ha- gen, Selys.) | N. B. Cette espèce appartient au groupe de la T'itia. 621%, Eupuæa impar, De Selys. Abdomen © 50m"; © 95. Aile inférieure 24. Taille médiocre, ptérostigma grand. Secteur sous-nodal naissant à mi-chemin de l’arculus au nodus; le nodal trois cellules après le nodus. Pieds assez longs, noirâtres; intérieur des fémurs jaunâtres. g Ailes hyalines un peu jaunâtres; un petit limbe apical aux su- périeures, brun; les inférieures plus courtes, et leur 5/, apical subi- tement noirâtre chatoyant. Thorax noir, avec une grande plaque bleu clair, occupant presque tous les côtés du thorax. Lèvre supé- rieure et côtés de la face bleu clair. La lèvre avec un point cet une bordure noirs. Abdomen brun noir; un bouquet de poils aux cotés du 9° segment. Q Ailes hyalines, un peu verdàtres, le bout des supérieures légè- ( 442 rement limbe d'enfumé. Thorax verdàtre avec des vestiges de sutures latérales et une large bande dorsale médiane brun noirâtre. Abdomen brun noir; la crête dorsale des quatre premiers segments et les côtés d’un jaune brunûtre. Patrie : Le mont Ophir, à Malacca. Pris par M. Wallace. La femelle unique est de Singapore. (Collect. Selys.) N. B. Cette espèce, l'inæquipar et la Tricolor appartiennent au groupe de la Dispar. LA 627, Eupnxa INÆqQuirar, De Selys. Abdomen 517", Aile inférieure 95. o* Taille médiocre. Ptérostigma grand. Ailes hyalines un peu jau- nâtres. Un petit limbe apical brun aux supérieures; les inférieures beaucoup plus courtes et un peu plus larges, ayant environ leur 5], apical, subitement noirâtre chatoyant. Thorax noir avec deux bandes latérales bleuâtres, la première très-large. Lèvre supérieure et côtés de la face bleuâtres; la lèvre avec un point et une bordure noirs. Pieds assez longs, noirs; l’intérieur des fémurs jaunätre. Ab- domen noirâtre; un bouquet de poils aux côtés du 9° segment. Q Inconnue. Patrie : Saratoga, dans l'ile de Bornéo. Prise par M. Wallace, (Collect. Selys.) N. B. M. Hagen doute que l'espèce soit différente d’E. impar. Gaauarl, EuvpHÆA TRICOLOR, De Selys. Abdomen 55"", Aile inférieure 25 /.. 0" Taille médiocre. Ptérostigma grand, Ailes hyalines un peu jau- nâätres; un fin limbe apical enfumé aux supérieures; les inférieures notablement plus courtes et un peu plus larges; leur moitié apicale subitement opaque, noirâtre, ayant presque la moitié interne de cet espace d'un bleu acier brillant. Thorax noir, avec deux lignes laté- rales très-fines brunes. Lèvre supérieure et côtés de la face bleuâtre ou jaunâtre, la lèvre avec un point et une bordure noirs. Pieds noi- râtres. Abdomen noirâtre, un bouquet de poils aux côtés des 8° et 9e segments. Q Inconnue. (445) Patrie : Saratoga, dans l'ile de Bornéo. Prise par M, Wallace. (Gol- lect. Selys.) N. B. Diffère notablement des deux précédentes par le bout des ailes inférieures elliptique et non en demi- cercle. 64, EupnÆEa OCHRACEA, De Selys. Abdomen 54", Aile inférieure 27. 9 Taille médiocre. Ptérostigma grand. Les quatre ailes légèrement pétiolées, étroites, égales. Le secteur nodal naissant un peu après le nodus. Ailes hyalines, notablement lavées de jaune ocracé (moins colorées dans la seconde moitié des supérieures). Tête noirâtre sans taches. Thorax brun noir avec sept raies rougeàtres de chaque côté, Pieds longs, brun rougeàtre foneé; l’intérieur des fémurs plus clair. Abdomen brun, une fine crête dorsale claire sur les premiers seg- ments. Patrie : Le mont Ophir, à Malacca. Prise par M. Wallace. (Col- leet, Selys.) N. B. Espèce assez voisine de l’Aspasia, mais différant de ce groupe par le manque de pointe latérale à la gaine du pénis. Res- semblant au groupe de la Dispar, dont elle diffère par le système de coloration des ailes. C’est peut-être un groupe particulier. 70. Addition à la Dysphæa dimidiata , De Selys: Race : DysPHÆA LIMBATA, De Selys, Abdomen 0° 34-58" ; © 94. Aile inférieure 0° 28-51]; Q® 28. ©" Diffère de la Dimidiala en ce que le limbe noir du bout des ailes est plus épais, ayant de 2 à 5 millimètres de diamètre, et coupant le bout de l'aile au niveau de l'extrémité du ptérostigma. Le noir, qui occupe la première moitié de l’aile s'étend souvent jusqu’au nodus. Q Aïles salies, lavées de jaunàtre ocracé surtout à la base; le bout des supérieures enfumé à partir du ptérostigma ; aux inférieures la couleur enfumée commence insensiblement vers le nodus. Corps noirätre, avec une bande au front; 5-6 raies de chaque côté du thorax, et une raie latérale interrompue des sept premiers segments de l'abdomen olivâtres. (444 ) Patrie : Mont Ophir, à Malacca ; Singapore; Saratoga, à Bornéo. Prise par M. Wallace. (Collect. Selys.) N. B. Ce n’est certainement qu'une race de la D. dimidiata de Java. 71/5. IELIOCHARIS BRASILIENSIS, Hagen. Abdomen 59m, Aile inférieure 51. o Diffère d'A. amazona en ce que la taille est un peu plus forte; l'occiput plus taché, les bandes du thorax moins arrêtées, une seule nervule basilaire au lieu de quatre; trois rangs de cellules dans la partie de l’espace postcostal qui se trouve un peu avant son extré- mité (chez l’'Amazona, il n’y a qu'un seul rang dans tout l’espace post- costal). Q Inconnue. Patrie : Bahia. (Musée de Berlin. Envoi de M. Boeck.) 7205, DicTerIA sPROCERA, Hagen. Très-analogue, pour la forme et la coloration, à la D. atrosangui- nea, mais de taille plus forte. Patrie : Santarem, dans l'Amazone, envoyée par M. Bates. (Musée britannique.) Genre 9’, — ANISONEVRA, DE Seys. Ailes très-étroites, non colorées, très-longues, pétiolées jus- qu'au niveau de l'arculus. Le nodus placé aux ?/5 de leur lon- gueur; quadrilatère libre; le côté supérieur à peine plus court que l'inférieur, ayant le quart de l’espace basilaire; secteur prin- cipal non contigu à la nervure médiane, le médian s’en sépa- rant à un tiers de l'arculus au nodus, le sous-nodal au second tiers, le nodal bien après le nodus. Secteur inférieur du triangle presque droit, aboutissant au bord postérieur plus loin que le niveau du nodus. Espace postcostal de deux rangs. Un seul et court secteur supplémentaire interposé entre le bref et le mé- dian. Secteur principal droit depuis l'arculus. Les deux pre- mières nervules costales antécubitales seules prolongées jusqu'à la nervure médiane, les autres plus fines, non coïncidentes avec ee. ( 445 ) les sous-costales, qui sont plus nombreuses qu'elles. Ptérostigma oblong, à bords obliques, surtout en dedans. Corps court, très-robuste. Tête robuste; derrière des yeux très-renflé; ceux-ci gros, peu distants. Lèvre supérieure à bord tronqué au milieu seulement; l'inférieure très-fendue, à bouts pointus. Pieds très-longs, gréles, à épines très-courtes, égales. Onglets bifides. go Inconnu. @ 10° segment beaucoup plus court que le 9°; le bord pos- térieur non fendu. Patrie : L'Himalaya. N. B. Ce genre est peut-être le plus extraordinaire de la sous- famille. C’est, jusqu'ici, l'espèce la plus grande. Sa place dans la série est encore douteuse. Elle se rapproche des Dicterias amé- ricaines par ses longs pieds et ses ailes péiolées; mais la non- coïncidence des nervules costales et sous-costales ne se retrouve que chez les Thore et les Rhinocypha. Enfin, la force des deux premières, qui seules coïncident, indique une sérieuse analogie avec les Amphipteryx. D'un autre côté la coupe des ailes et celle du corps sont analogues aux Rhinocypha, et le point de sépa- ration du secteur principal et sous-nodal, la position du nodus et le quadrilatère, sont à peu près comme chez les Euphæa du sous-genre Anisopleura. 72ter, ANISONEVRA MONTANA, Hagen. Abdomen 47°. Aile inférieure 52", o Inconnue. Q Ailes hyalines, un peu salies, surtout au bout, Ptérostigma noir. 12 antécubitales, surmontant 19 sous-costales ; 29 postcubi- tales aux supérieures, 24 aux inférieures. Corps noirâtre, pruineux surtout au thorax. Lèvre inférieure, derrière des yeux, quatre bandes de chaque côté du thorax (dont les médianes contiguës) deux bandes longitudinales de chaque côté de l’abdomen jaunâtres. Pieds longs, noirs, avec une bande latérale brune. Appendices anals bruns, longs, un peu courbés l’un vers l’autre. Patrie : Les monts Himalaya. (Collect. Hagen.) 27° SÉRIE, TOME VII. 50 (446 ) 86°, RHINOCYPHA BISERIATA, De Selys. Abdomen o° 27m%: © 95, Aile inférieure 23. Ailes pointues, étroites. Le nodus plus rapproché de la base que du ptérostigma. Le dernier tiers des supérieures, et presque la dernière moitié des inférieures insensiblement brun foncé ; la partie brune marquée aux inférieures de deux bandes transverses, courbées, vitrées, iri- sées, la première entre le nodus et le ptérostigma, composée de trois taches ; la seconde plus large, de 5 à 5 taches oblongues rapprochées, finissant à la première moitié du ptérostigma. © Aüles hyalines un peu verdâtres, le bout des inférieures légère- ment limbé de brun. Ptérostigma un peu pâle au centre. 12 ner- vules antécubitales aux supérieures. Patrie : Saratoga, dans l’ile de Bornéo. Prise par M. Wallace: (Col- lect. Selys.) N. B. Cette espèce et la Biforata se placent entre la Fenestrala et la Bisignata, ayant en outre une analogie marquée avec la Perforata. 86ter, RHINOCYPHA BIFORATA, De Selys. Abdomen og 26"; Q 98. Aile inférieure o 23"; © 97. Ailes pointues, très-étroites. Le nodus plus rapproché de la base que du ptérostigma. o Le dernier cinquième des supérieures, et presque le dernier tiers des inférieures insensiblement brun foncé. La partie brune marquée aux inférieures de deux bandes transverses, courbées, iri- sées; la première entre le nodus et le ptérostigma, composée de trois taches entamant l’espace brun en dedans seulement; la seconde plus large, de quatre ou cinq taches oblongues rapprochées, finissant à la première moitié du ptérostigma. | Q Ailes hyalines un peu verdâtres. Le bout des inférieures légère- ment liséré de brun. Ptérostigma un peu pâle au centre. 16 nervules antécubitales aux supérieures. (Diffère de RA. biseriata par la lon- gueur des ailes.) Patrie : Le mont Ophir, à Malacca. Prise par M. Wallace. (Collect. Selys, Hagen.) (447) 88", RHiINOCYPHA PETIOLATA, De Selys. Abdomen 15", Aile inférieure 20 !/.. Ailes pointues, très-étroites, pétiolées jusqu'à l'areulus, hyalines ; les inférieures ayant leur dernier quart subitement brun (excepté le sommet extrême, qui est limbé de blanc à partir du ptérostigma) ; celui-ci brun, mais son quart apical pâle aux supérieures, blanc aux inférieures. Le nodus plus rapproché de la base que du ptérostigma aux supérieures, à mi-chemin aux inférieures. Pieds bruns; fémurs avee deux ou trois anneaux noirâtres. Patrie : Malacca. Prise par M. Wallace. (Collect. Selys.) N. B. Voisine de la Rh. heterostigma, mais très-distincte par le point de départ du bord postérieur, qui ne commence qu’au niveau de l’arculus, et par la bande apicale brune, droite, courte des infé- rieures. 90!5, Micromerus nyxALiNxus, De Selys. Abdomen c* 13-15%" ; © 15. Aile inférieure &' 18-20; © 19. Ailes hyalines dans les deux sexes. très-légèrement salies. Ptéro- stigma surmontant 2 !/, à 5 ‘/, cellules. Dessus de la tête noir, avec quatre petits points jaunes, souvent oblitérés. Pieds noirâtres. a Ptérostigma noir, existant aux quatre ailes. Prothorax noir sans points distincts. Thorax noir de charbon avec deux lignes laté- rales mal distinctes et vestige d’une humérale très-fine. Abdomen violet rougeàtre chatoyant au milieu, passant au noir aux deux extré- mités, parfois en entier bronzé verdâtre. Q Ptérostigma blanc, noir à la base. Les quatre points du dessus de la tête, un point médian au lobe postérieur du prothorax, une ligne antéhumérale interrompue, une ligne humérale fine et deux bandes latérales au thorax jaunâtres. Abdomen noir avec une raie dorsale et une de chaque côté jaunes, maculaires. Patrie : Malacca et Mont Ophir. Prise par M. Wallace. (Collect. Selys.) N. B. Le mâle est distinct de tous par ses ailes supérieures sans taches, portant un ptérostigma, et la coloration noir violàtre de l’en- semble du corps; la femelle, analogue à celle du Lineatus, est dis- tincte par l’exiguiïlé des dessins jaunes. (448) 9047, NEICROMERUS STIGMATIZANS, De Selys. Abdomen 15-14vm, Aïle inférieure 16-17. d Ptérostigma existant aux quatre ailes, noir, surmontant 5 !/, cellules. Tache noire apicale des supérieures de 5 !/;w», plus longue que large, égale au cinquième de la longueur de l'aile. Deux taches cunéiformes oranges près des antennes, touchant celles du front ; deux points et une ligne occipitale jaunes. Un point médian jaune au lobe postérieur du prothorax. Bande antéhumérale très-large; l'humérale nulle. Abdomen noir, avec des taches latérales oblongues, jaunâtres sur les 2e, 5°, 4e, 5° segments. Bandes latérales entières. Q Inconnue. Patrie : Malacca, Mont Ophir, Singapore. Pris par M. Wallace. (Collect. Selys.) Race ? Un exemplaire de Bornéo (même collection) a des taches jaunes aux 6e et 7° segments, et les bandes latérales jaunes du tho- rax sont maculaires. Si c’est une espèce, je le nommerai Micromerus sticticus. N. B. Analogue au Lineatus pour l'apparence. En diffère par l'existence d’un ptérostigma aux ailes supérieures, la tache apicale plus longue et le détail des dessins jaunes de tout le corps. Le Linea- tus a d’ailleurs l’épistome plus subitement tronqué que les trois es- pèces nouvelles que je décris aujourd’hui. L'existence des deux espèces que je viens de décrire, chez les- quelles le mâle porte un ptérostigma aux ailes supérieures, et dont l’un a ces mêmes ailes sans tache noire apicàle, nécessite la suppres- sion du caractère générique qui se trouve infirmé par ces espèces. 9Oguert, NÉICROMERUS AURANTIACUS, De Selys. Abdomen 12-15", Aile inférieure 15-16. g' Ptérostigma noir, surmontant 2 1}, cellules, n’existant pas aux supérieures. La tache noire apicale de celles-ci (de 5w) plus longue que large, ayant le cinquième de la longueur des ailes. Ordinaire- ment 5 nervules antécubitales. Quatre points oranges au-dessus de la tête. Un point médian orange au lobe postérieur du prothorax. Raie antéhumérale orangée et très-étroite, l’humérale réduite à un ves- ( 449 ) tige supérieur, les latérales entières; abdomen orange, les articula- tions et une ligne latérale interrompue noires. Base du 2e segment et une raie transverse avant la fin, interrompue au milieu, noire. Q Inconnue. Patrie : Malacca et Singapore. Pris par M. Wallace. (Collect. Selys.) N. B. Voisin du Blandus par les couleurs. Le Blandus en diffère par la taille plus forte, deux points et une ligne occipitale jaunes, le bord postérieur du prothorax orange, le 2e segment avec une raie dorsale noire, les autres tachés de noir; enfin il a 6 antécubitales et 4, aréoles sous le ptérostigma. Genre AMPHIPTERYX (additions). En 1854, lorsque j'ai publié la Monographie des Caloptéry- gines (1), je prévoyais déjà que les deux espèces connues pour- raient constituer deux groupes. Aujourd'hui la découverte d’une troisième espèce, plus différente encore, rend la subdivision en sous genre tout à fait convenable, d'autant plus que ces divisions sont en même temps géographiques , et qu'il y aura probablement lieu de placer encore à la suite le genre Anisonevra décrit plus haut. 1: sous-genre. — TETRANEVRA, DE SELys. Les quatre premières nervules costales seules prolongées dans l’espace sous-costal. Quadrilatère divisé en trois cellules. Le nodus placé au tiers de l'aile. Le secteur nodal ne se séparant du principal que 4-5 cellules après le nodus. Des secteurs inter- posés entre le bref et le premier du triangle. Patrie : Malacca. 9918, TETRANEVRA ARGYOÏDES, De Selys. Abdomen 351"". Aile inférieure 27. d" Ailes hyalines, limbées de brun après le ptérostigma, qui est (1) (Formant le tome IX des Mémoires de la Société royale des sciences de Liège). ( 450 ) brun, peu allongé, entouré d’une nervure noire, très-pointu en de- dans, ne touchant la côte qu'après sa moitié. Côté inférieur du qua- drilatère un peu plus long que le supérieur. 2° secteur du triangle aboutissant au bord postérieur plus loin que le niveau du nodus. 8 antécubitales, 27-29 posteubitales aux supérieures, 21-95 aux infé- rieures. Tête médiocre, acier métallique en avant et en dessus, mar- quée de livide. Thorax noirûtre, rayé de livide en avant et sur les cotés. Abdomen noirâtre à anneaux blanchâtres étroits à la base de presque tous les segments. Appendices supérieurs semi-circulaires bruns, un peu épaissis au bout; les inférieurs livides, épais, coniques, un peu écartés, plus courts. Q Inconnue. Patrie : Singapore. Pris par M. Wallace. (Collect. Selys.) 9me sous-genre. — AMPHIPTERYX, De Selys. (Caractères rectifés.) Les trois premières nervules costales seules prolongées dans l’espace sous-costal. Quadrilatère libre. Le nodus placé un peu avant le tiers de l'aile. Le secteur nodal ne se séparant du prin- cipal que 4-5 cellules après le nodus. Pas de secteurs interposés entre le bref et le premier du triangle. Patrie : Colombie. Espèce : À. agrioïdes. (De Selys, n° 99, col- lect. Selys.) 9me sous-genre. — DINEVRA, De Serys. MS. Les deux premières nervules costales seules prolongées dans l'espace sous-costal. Quadrilatère libre. Le nodus placé un peu avant la moitié de l'aile. Le secteur nodal se séparant du princi- pal une cellule après le nodus. Des secteurs interposés entre le bref et le premier du triangle. Patrie : Australie. Espèce : Amphipteryx lestoides. (De Selys, n°93, de Melbourne, collect. Selys.) 991. THORE FASTIGIATA, De Selys. Abdomen 40. Aile inférieure 30. 9 Le nodus à mi-chemin de la base au ptérostigma, qui est médio- Le PE RE C n Es. (451) ere noir. Ailes un peu arrondies, assez larges, un peu élargies au milieu. Environ 57 antécubitales aux supérieures, 26 aux inférieures ; et 54 posteubitales aux quatre ailes, qui sont hyalines, un peu jau- nâtres. Le bout subitement brun (formant le huitième aux supé- rieures, le quart aux inférieures), mais aux supérieures, le sommet, après le ptérostigma, est hyalin. Corps noirâtre; lèvre supérieure noire avec deux petites taches pâles. Thorax ayant cinq raies livides de caque côté. Q Inconnue. Patrie : Bogota. (Collect. Selys.) La strobilation des scyphistomes ; par M. Van Beneden, membre de l’Académie. Depüis l’époque où je publiais mes premières observa- tions sur les Campanulaires et les Tubulaires, je n'ai pas été une année sans observer quelques polypes ea voie de développement, dans la perspective de compléter, d’une part, leur curieuse embryogénie et de réunir, d’autre part, des matériaux pour écrire la faune du littoral de Belgique. Parmi ces observations, il en est une que je m'empresse de communiquer aujourd'hui, et qui décide un point im- portant de l'histoire du développement de ces singuliers êtres, point resté en suspens aux yeux de divers natura- listes. Je veux parler de la formation des strobiles et du passage de ceux-ci en méduses. La question à décider est celle-ci : Comment le scolex ou scyphistome devient-il strobile? Est-ce une transforma- tion de la substance du corps lui-même, et le scyphistome se métamorphose-t-1l, ou bien la strobilation n'est-elle qu'une apparition de gemmes engendrés par le seyphis- ( 452 ) tome? La première opinion est celle de M. Sars, dont le nom rappellera toujours cette belle découverte. La seconde opinion est celle de M. De Sor, qui a été longtemps aussi la nôtre. D'après plusieurs observations successives, j'avais cru devoir partager ce dernier avis et, je l’avoue, cette manière d'envisager ce curieux phénomène correspondait beau- coup mieux avec l’ensemble des faits constatés dans les polypes en général. C'est même cette dernière opinion que Jai exprimée dans le discours que j'ai eu l'honneur de prononcer à la séance publique de la classe, au mois de décembre dernier. Tout en envisageant le phénomène comme un phéno- mène de gemmiparité, il restait toutefois encore divers points à élucider : 1° Que devient le pied ou la base du polype scyphis- tome après la naissance des méduses; continue-t-1l à vivre sous sa première forme et produira-t-1l de nouvelles géné- rations agames ou sexuelles ? 2% Si les méduses naissent par voie gemmipare, où ces gemmes surgissent-ils et comment deviennent-ils libres? En envisageant, au contraire, le phénomène, dans le sens de Sars, c’est-à-dire comme une transformation, il restait à décider : 1° Les longs bras qui entourent la bouche du scyphis- tome que deviennent-ils? 2 La partie terminale du corps qui porte les bras tombe-t-elle avec ces appendices pour se flétrir, ou se transforme-t-elle ? 3° Si la partie terminale du corps se transforme, quel rapport existe-t-il entre la bouche de la mère scyphistome et la bouche de sa fille méduse ? ( 455 ) 4 La méduse terminale, l’ainée de la colonie strobi- loïide, parcourt-elle les mêmes phases de développement que ses sœurs, qui sont moins âgées ? 5° Si les bras de la mère scyphistome disparaissent dans cet enfantement strobiloïide, et si elle continue à vifre, êes bras lui reviennent-ils et le corps reprend-il sa bre et son volume primitifs ? Des circonstances favorables m'ont mis à même, au mois de mars dernier, de répondre à ces divers deside- rata : deux scyphistomes, attachés l’un à l’autre par la base, ont commencé à se strobiler, dans mon aquarium, à quelques jours d'intervalle, et si un phénomène se dérou- lait trop rapidement ou s’il restait du doute sur le mode d'évolution d’un organe chez l’un, toute mon attention était fixée sur l’autre scyphistome au moment précis de son apparition. J’ai tenu ces strobiles en observation pendant toute la durée de leur gestation, constatant jour par Jour, je pourrais dire heure par heure, les progrès de leur évo- lution embryonnaire. C'est le résultat de ces recherches que j'ai l’honneur de communiquer à la classe, et je ne crois pouvoir mieux faire que d’y ajouter deux des nombreux dessins que j'ai faits et qui représentent les deux principales phases du développement strobilaire. Je tenais depuis longtemps (huit à dix mois) des scy- phistomes en observation, lorsque, le 6 du mois de mars, je m’aperçois qu’un de ces polypes est en pleine strobila- tion. Outre le pédicule, je compte onze segments, dont les bords sont déjà régulièrement découpés ; les plus âgés, au nombre de sept, portent, déjà sous forme de pendeloques, les capsules sensoriales qui ornent les bords de l’ombrelle; ( 454) les autres segments, au nombre de quatre, ne montrent encore que les premiers indices de leur individualisation. Le pédicule n’a aucune apparence de bras ou de tentacules, tandis que le segment terminal, c’est-à-dire la méduse la plus âgée, porte encore les débris des bras qui entou- raient la bouche du scyphistome avant la strobilation. On comprend toute l'importance de cette première forme qui nous était tombée sous les yeux. Jusqu’alors, j'avais toujours vu le pédicule des strobiles, garni de bras comme le scyphistome avant la strobilation, porter des méduses plus ou moins développées, prêtes à se détacher, comme dans les loges à méduses des Campa- nulaires ou comme un bourgeon d’'Hydre devenue méduse et implantée à côté de la bouche; mais voici positivement un exemple de bourgeons qui n'ont pas pu naître par voie gemmipare sur le corps du pédicule. Ces filaments que l’on découvre sur le dernier segment, sont-ce bien les bras flétris du scyphistome? Les faits de cette période d'évolution devaient être ob- servés avec soin, car c’est de l'appréciation exacte de ces faits que dépend la solution de la question. Si le scyphistome engendre, par voie gemmipare, les jeunes méduses, le pédicule ou strobile doit nécessairement conserver ses bras; si, au contraire, il y a transformation du scyphistome, les longs bras implantés sur le corps de la méduse terminale doivent nécessairement disparaitre. À côté de ce premier strobile, qui est figuré à un âge un peu plus avancé sous le n° 1 de la page’ suivante, j'en trouve heureusement un second, notablement plus jeune qui porte le n° 2, dans lequel la segmentation ne fait'que commencer et qui est pour ainsi dire encore scyphistome et strobile à la fois, Il a la bouche entourée de ses longs dl (455) bras qui enlacent la proie comme aux plus beaux jours de la vie seyphistomaire. La première question est donc tranchée : les bras de l’âge polypiaire disparaissent et ils disparaissent même sur le corps du segment terminal. Mais ce segment se déve- loppe-t-il entièrement en méduse, et cette méduse est-elle en tout semblable aux méduses ses sœurs, qui n’ont jamais porté de bras? Le strobile n° 1, au bout de vingt-quatre heures, ne laisse plus apercevoir aucune trace de filaments au segment terminal, et je ne puis m'empêcher de me demander si j'ai bien vu la veille; les segments se complètent et avancent, tandis que le pédicule ne présente aucun changement. Au bout de vingt-quatre heures, le strobile n° 2 subit aussi de notables changements; les bras , tout en restant étalés et prêts à saisir la proie, perdent plus ou moins de leur faculté de s'étendre aussi loin ; ils deviennent plus ou moins noueux, mais rien n'indique encore que le seg- ment qui les porte deviendra une méduse ou s’il se déta- chera avec sa couronne pour aller continuer ailleurs la vie de seyphistome, comme M. Sars l'avait supposé d’abord. Dans le strobile n° 1 , le segment terminal, armé de bras, était peut-être tombé déjà. Quarante-huit heures après, 11 n’y a d’autre changement dans les deux strobiles qu'un progrès dans la séparation des segments; dans le n° 1, les segments terminaux se sont notablement élargis , et les premiers mouvements de pulsation se manifestent. Le strobile n’est pas sans res- semblance avec une robe à volants largement tendue par la crinoline et dans laquelle le vent souffle par intervalle. Les premiers rudiments de tentacules commencent à poindre sur le bord uni du pédicule. (456 ) Le troisième jour, dans la matinée, mercredi 9 mars, une première méduse s’est détachée du strobile n° 4; une seconde la suit de près et une troisième naît dans l’après- midi. Les tentacules du pédicule croissent sensiblement. Les bras du strobile n° 2 se raccourcissent de plus en plus, des nœuds plus gros se forment, et on voit en eux des organes dont la vie semble se retirer. Je représente 1ci le n° 4 sous l'aspect que présente le stro- bile mercredi matin, après avoir donné le jour à deux mé- duses. Le pédicule indique l'apparition des bras nouveaux. Jeudi matin, deux autres méduses naissent du n° 1 et le Strobiles de Cyanea Capillata, vus le 9 mars. “ | soir Je n’en compte plus que cinq dans le strobile. Nous avons vu plus haut que ce strobile montrait d’abord onze segments, c’est-à-dire onze méduses à naître. Le strobile n° 2 devient fort intéressant à ce degré de développement : le segment terminal commence à prendre ue die b, « NO DT ne CR, JA Re PER Ne € RP A ( 457 ) tous les caractères d’une méduse, pendant que les bras noueux, aux trois quarts flétris et résorbés, garnissent encore le bord de l'ombrelle. Il est digne de remarque que ces bras, qui ne sont que des organes d’un autre âge, sont situés cependant sur le bord de cette ombrelle avec Les mêmes strobiles de Cyanea capillata, la plus grande régula- vus le 12 mars. rilé; On en voit un à chaque échancrure, et ce sont Ceux qui oC- cupent l’échancrure la moins profonde, celle au fond de laquelle loge la capsule du sens, ce sont ceux-là qui disparaissent les premiers, comme on peut le voir dans la figure ci-contre. Vendredi 11 mars, il ne reste plus que quatre segments mé- dusaires au n° 4,et les nouveaux bras ont at- teint à peu près la lon- gueur même du pédi- cule, Il ne reste plus au strobile n° 2 que la moitié de ses bras, | c’est-à-dire ceux qui occupent l’échancrure entre les lobes. Les autres sont tous résorbés. ( 458 ) Samedi 12 mars, le strobile n° 1 ne présente plus que trois méduses et la couronne de bras est presque com- plète. Dans le strobile n° 2, les bras, au nombre de einq ou six au plus, gros, noueux et fort courts, ont presque disparu. Le pédicule n’en a pas encore. Cette figure repré- sente les deux strobiles à cet âge. Tous les autres changements qui surviennent au stro- bile n° 2, on les devine aisément d’après ce que nous avons vu au n° 4, et 1l est superflu de poursuivre plus loin les phases de cette seconde évolution. Il est donc évident que le scyphistome, contrairement à l’hydre qui a donné des bourgeons, ne reste pas ce qu'il est ; les anciens bras sont résorbés et de nouveaux bras surgis- sent au pédicule, qui se complète après la strobilation. Les méduses ne se forment donc pas ici par gemmation : c’est la substance même de la mère, y compris les bras et la bouche, qui se transforme et se métamorphose en plu- sieurs individus. M. Sars à donc bien interprété les phéno- mènes, et l'origine de l'opinion contraire , qui ne voit que des gemmes dans les segments, provient, comme MM. Sars et Gegenbaur l'ont dit, de ce que les bras nouveaux des pédicules de strobiles avaient été pris pour les bras an- ciens et que les premières phases de la'strobilation avaient échappé. Du reste, ce qui devait augmenter la confiance dans cette interprétation, c'est que la gemmation faisait mieux rentrer ce phénomène dans le cadre général. La strobilation n'a pas lieu simultanément dans toute la longueur du scyphistome; elle commence au bout, gagne successivement jusqu’au pédicule, et quand les der- niers segments sont déjà fort avancés, de nouveaux seg- ments surgissent encore à la base. Tous les scyphistomes se strobilent-1ls? Y a-t-1} parmi ( 459 ) eux des formes qui correspondent aux individus nourri- ciers et générateurs des Campanulaires et d’autres polypes”? Le pédieule redevenu scyphistome, au point qu'on ne peut le distinguer des autres, se trouve-t-1l dans les mêmes conditions que les autres pour Jeter des stolons et pour se strobiler plus tard de nouveau? Nous en sommes per- suadé ; mais, pour qu'il n'y ait pas de doute, nous pour- suivons encore toujours les mêmes individus dont nous esquissons 1ei les phénomènes d'évolution. Nous bornerons cette communication à la constatation de ces faits, nous réservant de les coordonner avec les phé- nomènes de digenèse de leurs congénères, dans un travail général que nous aurons bientôt l'honneur de présenter à la classe. Nous résumons ainsi les faits : 4° Les seyphistomes n’engendrent pas de gemmes, mais une partie de leur propre substance se transforme en méduses. 2° Le segment terminal, chargé de bras, ne se dé- tache pas sous la forme de seyphistome pour aller vivre ailleurs, mais il devient méduse, comme les autres, et les bras se résorbent sur place à mesure que la forme médu- saire apparait. 3° Le pédicule de strobile montre une nouvelle cou- ronne de bras avant que les premières méduses se dé- tachent. 4 La méduse terminale, portant des bras qui se résor- bent et conservant la bouche de la mère scyphistome, ne subit donc pas les mêmes phénomènes d'évolution que les autres méduses ses sœurs. ( 460 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 4 juillet 1859. M. le baron DE GERLACHE, directeur. M. An. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. de Ram, Roulez, Gachard, le baron J. de Saint-Genois, David, De Decker, Snellaert, Carton, Bormans, Leclercq, Polain, Arendt, Kervyn de Lettenhove, Chalon, membres ; Nolet de Brauwere Van Steeland , associé; Thonissen , Th. Juste, correspondants. M. Alvin, membre de la classe des beaux-arts, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. Il est donné lecture de l'arrêté royal: qui approuve la nomination de MM. Ducpetiaux , Kervyn de Lettenhove et Chalon, comme membres de la classe des lettres. — M. le baron de Czærnig écrit de Vienne pour re- mercier l’Académie de sa nomination d’associé. M. le baron de Czœrnig, président du Congrès de sta- Ustique qui s’est réuni à Vienne, en 1857, fait connaître ( 461 ) que le Gouvernement britannique à informé, il y a quel- ques semaines, le Gouvernement autrichien, qu'il ne juge pas les circonstances actuelles propres à la réunion d’un congrès international de statistique, et, par suite, qu'il croit devoir retarder jusqu’à l’année prochaine la convoca- tion des délégués des différents gouvernements. — M. le duc de Caraman, associé de l’Académie, fait parvenir un exemplaire d’un ouvrage qu'il vient de pu- blier sur Charles Bonnet, de Genève, ainsi que sur sa vie el ses œuvres comme philosophe et naturaliste. — Remer- ciments. — M. De Pouhon, fondateur des deux prix d'histoire relatifs à l’époque carlovingienne, fait connaitre ses vues sur la marche que l’on pourrait suivre pour obtenir des réponses satisfaisantes. Sa lettre sera soumise à l'examen d'une commission spéciale, composée de MM. Polain, Arendt et de Ram. La classe statuera dans la prochaine séance. RAPPORTS. MM. Bormans, David et Snellaert présentent le projet de règlement qui leur avait été demandé pour le double Concours institué par le Gouvernement, en l'honneur de Jacques Van Maerlant. Après avoir entendu la lecture de ce projet, la classe a décidé que, selon les usages établis, l'examen et l'adoption en auront lieu dans la prochaine séance. 2%° SÉRIE, TOME VII. 91 ( 462 ) — L'Académie entend les rapports de ses commissaires, MM. Roulez et de Witte, sur un ouvrage qui lui a été présenté par M. A. Wageneer, professeur à l’université de Gand, concernant les Inscriptions grecques recueillies en Asie Mineure. Les inscriptions qui, dans cette série, s'élèvent au nombre de quinze, proviennent de Koula, de Goerdes et d’Akhissar. Sans offrir toutes un égal in- térêt, elles méritent cependant, d'après l'avis des com- missaires, d'être publiées; trois d’entre elles ont même une véritable importance. La classe décide que le mémoire de M. Wageneer sera imprimé, et qu'on donnera, comme complément, daus le même recueil, les rapports des deux commissaires, MM. Roulez et de Witte. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Études sur l'histoire du XV" siècle. — TaierR1 GHERBODE et Pierre CaucHoN; par M. Kervyn de Lettenhove, membre de l’Académie. | Dans les premières années du XV”* siècle, au milieu des controverses et des débats du schisme, l’université de Paris se montrait plus puissante que jamais, et des étu- diants appartenant aux plus nobles familles des divers pays de l'Europe continuaient à venir en grand nombre prendre place sur ses banes. Ce fut à celte époque que Thierri Gherbode, premier garde des chartes conservées à la trésorerie de Lille, ( 405 ) adressa la lettre suivante à Pierre Cauchon , maitre ès-arts de l’université de Paris : Venerande domine et magister, recommendatione praemissa cordiali. Cum Edwardus natus et Petrus ae Walterus mei nepotes, una cum nepote socii mei magistri Johannis de Keythulle, domini ducis Burgundiae secretarii, in hospitio vestro, sub custodia magistri Johannis de Galeida manentes, a quatuor annis citra, Parisius continuo steterunt studentes, quibus , ut a praedieti de Galeida concepi relatu , plures favores pro eorum honore et pro- fectu ostendistis, unde vobis regratior quantum possum, et quia praedictorum promotionem, si juxta seientiam acquisitam commode fieri posset, multum desidero, ut ad altiora honorifice tendere possent, quo cirea Dominationis Vestrae amicitiam deprecor cordis ex affectu, quod quater ipsos in promovendo dignemini habere favorabiliter recommissos, quemadmodum dominus de Galeida, cui latius super his seribo, Dominationem Vestram vice mea requiret et mentionem meam plenius explica- bit, tantum , si placet, faventes ut proinde strictius Dominationi Vestrae maneam obligatus, me jussis vestris semper promptum possetenus offerens el paratum. Script. Insulis. : Vester in omnibus, TuEopericUs GHERBODE, Domini Burgundiae consiliarius. Suscription : Venerabili et circonspecto viro magistro Petro Cauchon, magistro in artibus et domino suo speciali (1). Nous apprenons par cette lettre que Pierre Cauchon, (1) 4rchives générales du Royaume, carton 279; Miscellanées (fonds ( 464 ) qui n’était encore que maître ès-arts, dirigeait l’un des colléges de l’université, vers 1405; mais ce qui nous y frappe le plus, c’est le témoignage d'une gratitude aussi vive qu'empressée, ce sont ces offres de services présentées en termes si respectueux. Thierri Gherbode devint, quel- ques années plus tard, l’un des principaux conseillers du successeur de Philippe le Hardi. L'intervention de Pierre Cauchon, pour faire obtenir à quelques étudiants flamands des grades universitaires qu'ils méritaient plus ou moins, lui valut l'amitié de Thierrt Gherbode. Ne fut-elle pas aussi l’occasion des relations qu'il forma avec Jean sans Peur ? Il nous suflira de rappeler que Pierre Cauchon, créé également conseiller du duc de Bourgogne, parut au con- cile de Bâle pour justifier le meurtre du duc d'Orléans, au parlement de Paris pour faire enregistrer le massacre des prisons. Jeanne d'Arc gardait encore les brebis autour de la chaumière paternelle, quand les Bourguignons, aus- sitôt après le traité de Troyes, installèrent ce même Pierre Cauchon sur le siége épiscopal de Beauvais. Que n’était-1l resté dans la poussière de la rue du Fouarre! Si une cita- Lion latine était permise à propos d’une lettre latine adres- sée à un maitre ès-arts, nous dirions volontiers avec un ancien : À maximo bono liberales diclae artles in contra- rium cecidere (1). de la Chambre des comptes). Ce carton renferme plusieurs lettres intéressantes de Thierri Gherbode et de son fils. (1) Plin., Æist. nat., lib. XIV. (465 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS, Séance du 7 juillet 1859. M. F. Féns, président de l'Académie. M. Ad. QuereLer, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, De Keyser, G. Geefs, Navez, Roelandt, Suys, Joseph Geefs, Érin Corr, Snel, De Braekeleer, Partoes, Baron, De Busscher, membres; Daus- soigne-Mébul, associé; Balat, Bosselet, Siret, correspon- dants. CORRESPONDANCE. Un rapport de M. Benoît, lauréat du concours de com- position musicale de 1857, est communiqué à la classe par M. le Ministre de l'intérieur. M. Benoît, qui a visité successivement Berlin et Mu- nich, s’est rendu ensuite à Leipzig et en dernier lieu à Paris. Il fait connaître ce qui a fixé plus particulièrement son attention dans ces différentes villes, et annonce qu'il espère pouvoir bientôt envoyer quelques nouveaux ou- vrages. ( 466 ) RAPPORTS. Rapport sur une question posée par M. le Ministre de l'Inté- rieur concernant une modification à introduire dans le règlement des concours de composition musicale. Par sa lettre au secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Belgique, en date du 15 février 1859, M. le Mi- nistre de l’intérieur à demandé S'il ne serait pas à propos de réduire à deux années le terme des voyages à l'étranger que font les lauréats des concours de composition musi- cale, ainsi que la pension qui leur est accordée pour cet objet, sauf à conserver à ceux qui rentreraient en Bel- gique, à l'expiration de ce terme, une partie de cet avan- tage pendant deux autres années, à titre de subside. La classe des beaux-arts de l’Académie a pensé que, n'ayant pas été chargée de la formation de ce règlement, puisqu'elle n'existait pas à l’époque où il à été fait, et n'ayant pas connaissance des motifs qui ont présidé à sa rédaction, elle ne pouvait mieux faire que de renvoyer la question à l’avis des membres de sa section de musique, lesquels font partie du jury des concours de composition musicale, et ont pris part à la formation du règlement qui serait à modifier. Ces membres, après avoir délibéré sur la question, sont d'avis : 1° Que les motifs du doute éprouvé par M. le Ministre de l’intérieur, à l'égard d'un séjour prolongé des lauréats dans les diverses contrées désignées par le règlement, sont fondés, en ce qu’on a pu remarquer, dans les dix neuf ( 467 ) années écoulées depuis la rédaction de ce règlement, un affaiblissement progressif dans la situation de l'art en ces contrées, Il n'est que trop vrai que d'illustres maîtres ont disparu dans cet intervalle sans être remplacés par des talents de même portée, et que les traditions classiques sont de plus en plus oubliées. La conviction de cet état de choses a déjà fait modifier le règlement dans la pratique; car plusieurs lauréats des concours de composition ont été autorisés à ne pas se rendre dans les pays indiqués par lui, et à en visiter d’autres qu'il ne mentionne pas; enfin, à passer le terme des quatre années pendant lesquelles ils étaient pensionnés dans une seule ville, notamment à Paris, s'ils y trouvaient certains avantages pour leurs études. Les membres du jury, appartenant à la section de mu- sique de la classe des beaux-arts, sont donc d'avis qu'il y a lieu de modifier le règlement, en accordant aux lauréats le choix des lieux qu'ils visiteront , à raison de leurs pen- chants et des avantages qu'il croiront apercevoir pour leur carrière. 2° A l'égard de Mb uti on qui serait imposée aux lau- réats de rentrer dans leur patrie, après deux ans d'absence, pour qu'ils pussent y jouir pendant deux autres années des secours de l'État , les membres de la section de musique se sont demandé quel serait le but de cette mesure? [ls n'en ont aperçu qu'un seul, à savoir l'espoir de fixer dans leur pays de jeunes artistes à qui l’on suppose de l’avenir, et par qui l’on voudrait voir donner une impulsion aux progrès de la composition musicale en Belgique. Cette noble pensée honore le Gouvernement; mais malheureuse- ment l’expérience démontre l'impossibilité de la réaliser. Si l’on cherche en effet quel emploi les jeunes composi- teurs pourront faire de leur talent en Belgique, on ne (468 ) l'aperçoit pas. Il n'y a point de chapelle dans le pays pour la musique d'église; conséquemment ni position, ni exis- tence de ce côté. Qu'en sera-t-il de la musique instrumen- tale? On ne trouve pas en Belgique, comme en Allemagne, le pays divisé en un certain nombre de cours souveraines, grandes et petites, ayant un orchestre, des chanteurs, un maître de chapelle et un maître de concerts, entretenus par la munificence du prince : pas une seule chose de ce genre n'existe en Belgique. Si l'instinct, si la nature du talent de l'artiste le porte à la composition des symphonies, des oratorios , ou de la musique de chambre, tels que les quatuors, quinteltes et autres ouvrages de même espèce, qu'en fera-t-11? Où les fera-t-il exécuter? Qui viendra les entendre? Quelle rémunération en tirera-t-il ? Où est l’édi- teur qui les publiera” Rien de tout cela ne lui sera donné, et la misère sera le résultat de ses travaux. Une seule voie reste donc pour le compositeur belge : le théâtre; mais celte ressource n’est pour lui qu'une illusion, En France, en Italie, en Allemagne, la composition dra- matique donne une existence et de la considération : en Belgique, elle engendre les soucis et le découragement. L'État, n'accordant rien aux directeurs de spectacles, ne peul rien exiger d'eux en faveur de ses artistes composi- teurs. Ces entrepreneurs, certains, ou à peu près, de réussir en faisant jouer sur leurs théâtres les opéras que le succès a couronnés dans les pays étrangers, ne feront jamais re- présenter qu'avec défiance un ouvrage inconnu, non éprouvé; et si leur cahier des charges leur impose l’obliga- tion d’en faire jouer quelqu'un, ils prennent des mesures pour que lauteur ne soit pas tenté de recommencer l'épreuve. C’est ainsi que de pauvres jeunes artistes ont dû, pour obtenir deux ou trois représentations d’une ; PR TT RÉ on gt mme unit om “ot de … due. dé AGE SES ASS Se ee D de Cd D és tt te nou tr :: ( 469 ) œuvre produite par six mois de travail, faire des conven- tions par lesquelles ils renonçaient à la perception de tout droit d'auteur, s’engageaient à payer de leur bourse, ou à l’aide du Gouvernement, les frais de copie, et consentaient à ce qu'il ne fût fait aucune dépense de costumes et de dé- corations. Ce n’est pas tout encore : quand venait le mo- ment des répétitions, ils perdaient, pendant un mois ou six semaines, le produit des leçons qui leur donnent du pain; par compensation, ils trouvaient un orchestre peu bienveil- lant qui exécutait leur musique avec négligence, et la salle était vide à la première représentation. Telle est l’histoire de tous les opéras composés et représentés en Belgique. Si l’on veut supposer que des mesures seront prises pour indemniser les directeurs de spectacles qui feront représenter des opéras belges, afin que ces ouvrages soient bien exécutés, et que les auteurs jouissent de la plénitude de leurs droits, la condition de ceux-ei ne sera guère meil- leure; car, que peuvent être des droits d'auteur par repré- sentation dans un petit pays tel que la Belgique? Les com- posileurs dramatiques ont quelquefois, en France, des opéras représentés dans vingt villes le même soir; M. Auber a reçu pendant longtemps cinquante à soixante mille francs de droits par année pour ses ouvrages, tandis qu'un com- positeur belge ne parviendra jamais à une somme annuelle de mille francs pour les siens, et pas un éditeur ne se trou- vera pour graver et publier sa partition; encore moins pour la payer. Il est une observation importante qu’il ne faut pas per- dre de vue : c’est que le public des villes principales de la Belgique, sans excepter celui de la capitale, est un public de province, par une multitude de traditions qu’on ne par- viendra pas à faire disparaitre. En Italie, en France, et | ( #70 ) surtout à Paris, le publie est bienveillant : il ne l'est pas en Belgique. Pour les Ftaliens, pour les habitants de Paris, un opéra nouveau est un événement auquel tout le monde s'intéresse; en Belgique, l'indifférence est invincible pour ce qui-n'a pas obtenu la vogue ailleurs. Les opéras de Grisar, de Limnander et de Gevaert ont eu du succès à Bruxelles, à Gand, Liége et Anvers, parce qu'ils en avaient eu à Paris; mais Quentin Durward, s'il eût été Joué au théâtre de la Monnaie avant d’être applaudi à l'Opéra-Co- mique, n'aurait pas eu cinq représentations. Rien ne pourra changer ces dispositions du pays. La Belgique a produit de grands musiciens aux XV"* et XVP siècles : ils ont tous vécu à l'étranger, et c’est par là qu'ils ont fait rejaillir leur gloire sur leur patrie. Au XVII siècle, Gossec, Grétry et Gressnick ont dû suivre la même voie et se sont également illustrés : leurs ouvrages ont brillé partout. Beaucoup d’autres compositeurs belges n'ont pas quitté leur pays, et tous sont restés dans l’obseu- rilé. Cent opéras indigènes ont été représentés à Bruxelles, à Gand , à Liége, depuis le milieu du XVIT”* siècle ; pas un n’a franchi la frontière; à peine sait-on les titres des plus modernes là où ils ont été joués. Par ces considérations, la section de musique est d'avis que liberté entière doit être laissée aux lauréats pour la direction de leur carrière, et que le but d’institulion des concours de composition sera atteint d’une manière plus sûre, en leur continuant le payement de leur pension, en quelque lieu qu'ils se trouvent, pendant le terme de quatre années fixé par l'arrêté royal , qu’en les obligeant à rentrer dans leur pays après deux ans. Si, cependant, ilse trouvait quelque lauréat qui préféràt passer les deux dernières années de sa position de pen- ( 471 ) sionnaire en Belgique, la faculté pourrait lui en être laissée, à la condition expresse de faire preuve d'activité artistique par la présentation d'un ouvrage sérieux à l'examen de la section permanente du jury, laquelle don- nerait un reçu du manuscrit avant que le payement fût ellectué. M. le Ministre de l'intérieur avait consulté la classe, désirant savoir s'il pouvait être intéressant et utile pour l'art de réunir et de publier les compositions les plus re- marquables des compositeurs belges du XV®° et XVI" siècle, d'après le mode de la notation moderne. M. Fétis a présenté le rapport suivant, qui a reçu l’as- sentiment de la classe el qui sera communiqué au Gou- vernement,. Rapport sur la publication des œuvres musicales des com- positeurs belges du XV""et du XVI" siècle; par M. Fétis, membre de l’Académie. « L'idée généreuse et patriotique exprimée dans la lettre de M. le Ministre de l’intérieur, en date du 10 mai 1859, concernant la publication des œuvres des compositeurs belges des XV" et XVI": siècles, sera sans doute accueillie avec autant de satisfaction que de reconnaissance. Sur la communication qui m'a été faite de cette lettre, pour avoir mon avis, J'ai jeté sur le papier quelques observations qui pourront servir de renseignements pour la suite à donner au projet dont il s’agit. J'ai eu l'honneur d'entretenir la classe, 1l v a quelques aunées, de la pensée qui m'a souvent préocenpé de la né- ( 472 ) cessité de publier les œuvres des plus célèbres composi- teurs belges qui ont vécu dans les XV" et XVI"* siècles, dont la rareté est maintenant excessive, nonobstant les éditions qui en ont été faites par les presses de Venise, de Rome, de Francfort, de Nuremberg, d’Augsbourg, de Munich, de Paris, de Lyon, de Louvain et d'Anvers. L'usage incessant qui était fait de ces compositions, tant à l’église que dans les cours, dans les palais des grands comme dans les plus modestes demeures; le mode de publication adopté alors, et qui consistait à imprimer séparément les parties destinées à chaque genre de voix, à chaque instru- ment, en petits cahiers portatifs, sans les réunir jamais en une seule partition; le système de la notation de cette époque éloignée, système connu sous le nom de notation proportionnelle, et qui, modifié par degrés, a été définiti- vement abandonné depuis plus de deux siècles et remplacé par un autre système beaucoup plus simple et rationnel ; enfin , les transformations successives et radicales du principe tonal , de l'harmonie et des formes de la musique depuis deux cent cinquante ans, auxquelles il faut ajouter les révolutions politiques, les guerres, les dévastations d'archives, les suppressions de monastères et la dispersion de leurs bibliothèques, toutes ces causes, dis-je, ont con- tribué, d’une ‘part, à l’abandon de l’ancienne musique pour des formes plus jeunes; de l’autre, à l’anéantisse- ment de ce qui en avait été placé dans les anciens dépôts. Aucun soin n'étant donné à la conservation des éditions qui en avaient été faites dans le XV["®* siècle, la plupart des cahiers qui ont échappé au sort du vieux papier sont dépareillés, et ne représentent plus rien de la valeur pri- mitive des œuvres; car, que faire d’une partie de basse ou de ténor, lorsque celles du soprano et du contrallo sont ( 475 ) égarées ? La totalité des parties d’une œuvre a seule une valeur réelle : chaque partie séparée n’en a aucune. Cependant, après avoir montré beaucoup d'indifférence, ou plutôt de dédain, pour les œuvres musicales des XV" et XVI" siècles, il y a eu réaction, et le goût des vieilles choses , réveillé par les tendances du romantisme, a ra- mené l'attention publique vers l'art du moyen âge et de la renaissance, si longtemps oublié. Une nouvelle et bonne direction donnée aux études historiques a fait comprendre qu’en toute chose il est nécessaire de s'attacher aux mo- numents de chaque époque pour la connaissance des faits et pour leur juste appréciation; et l’on s’est convaincu que dans la musique de nos vieux maîtres, considérée pendant longtemps comme morte à jamais, il se trouve des beautés inconnues, dignes d'être admirées dans tous les temps; car les variations de goût ne s’attachent qu'aux formes; elles n'ont rien à faire avec le sentiment et les idées. Malheureusement, le moment où l’on a compris quelle est la valeur des compositions anciennes est précisément celui où l’on s’est aperçu de la dificulté de les retrouver. Tels ont été les effets des causes indiquées tout à l'heure, que des innombrables éditions des œuvres musicales de nos anciens maîtres publiées par les Plantin , les Tylman Susato , les Waelrant, les Bellere et les Phalèse d'Anvers et de Louvain , on ne trouverait peut-être pas aujourd'hui, dans toute la Belgique, un seul ouvrage complet, sauf quelques acquisitions faites en pays étranger pour la bi- bliothèque royale, et par votre rapporteur pour la sienne, Au surplus, partout aujourd'hui la rareté des anciennes œuvres musicales est déplorable, et leur valeur vénale s’est élevée dans des proportions exagérées, même lorsqu'elles sont incomplètes, et conséquemment inutiles. ( 474 ) Dans cette silualion, des associalions se sout formées en diverses contrées de l'Europe pour faire de nouvelles publications des œuvres de compositeurs nationaux. L'An- gleterre a donné l'exemple, et sa société d’antiquaires mu- siciens a ressuscité les compositions de ses maîtres du XVI®* siècle, Byrd, Tallys, Morley, Wilbie, Gibbons et autres, en notation moderne et en partition. En Hollande, une association semblable s'est constituée, et sous le titre latin Collectio operum musicorum Batavorum sæculi XVI, elle publie, depuis plus de vingt ans, un recueil d'œuvres de compositeurs néerlandais de cette époque, dans les mé- mes conditions, et poursuit avec persévérance l’achève- ment de cette honorable entreprise. L'Espagne a vu pa- raitre depuis huit ans, grâce à la protection de la reine Isabelle I, huit volumes in-folio de composition de ses anciens maitres, dont la collection a pour titre : Lira sa- cro-hispana. L'Allemagne se distingue depuis plusieurs années par le luxe et la correction des collections d'œuvres de ses plus illustres compositeurs; enfin, par les encouragements du souverain pontife actuel et de son prédécesseur, une partie des œuvres de Palestrina et de quelques autres maitres célèbres de l’école romaine ont été mise à la portée des artistes, en notation moderne el en partition. Ce sont ces exemples que M. le Ministre de l'intérieur propose d'imiter : pour atteindre ce noble but, 1l demande le concours de la classe des beaux-arts. La Belgique, plus qu'aucune autre contrée, semble devoir s'associer de cœur à une si belle entreprise; car nous ne devons pas oublier que c’est de notre pays qu'est partie l'impulsion du mou- vement musical dès la fin du XIV siècle, et que ce sont n0s artistes qui ont été les instituteurs de toute l'Europe ee Dpt © Ce MÉRR Sd ( 470 ) dans l’art de la musique pendant toute la durée du XV"*et la première partie du XVI"*. Guillaume Dufay, lun des trois musiciens qui perfectionnèrent la notation et l’har- mouie, dans la seconde moitié du XIV" siècle, était Belge de naissance et fut chantre de la chapelle pontificale, à Rome, en 1580, suivant les registres de cette chapelle. I y resla jusqu'à sa mort, arrivée en 1452. Ses œuvres de musique religicuse et profane sont le point de départ de l’art régulier. Gilles Binchois, aiusi nommé parce qu'il était né dans la petite ville de Binche, en Hainaut, partagea sa loire de réformateur de l’art, et fut son contemporain, bien qu’un peu plus jeune. F brilla à la cour de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Tous deux furent les dominateurs de la musique de leur temps; leur mérite, célébré par les poêtes et les chroniqueurs, est resté en honneur dans l’his- toire; mais leurs noms seuls ont traversé les siècles , parce qu'ayant vécu antérieurement à l'invention de l'imprimerie, ils n’ont pu répandre les copies de leurs ouvrages, et que ceux-ci sont restés cachés dans un petit nombre de ma- nuscrits. Naguère, leur existence était ignorée : des dé- couvertes récentes en ont fait retrouver les précieux restes dans les manuscrits de la chapelle pontificale, et parmi ceux qui proviennent de la maison des ducs de Bourgogne. Il est d'autant plus désirable que ces vénérables monu- ments soient mis en lumière, que c’est par eux que com- mença l'art d'écrire en harmonie pure, conformément aux lois de Ja tonalité, Avant l'époque des travaux de Dufay et de Binchoïs, on ne trouve que des tàtonnements, d’in- formes essais, qu'une oreille quelque peu délicate ne pour- rall entendre. Successeurs iminédiats de Dufay et de Binchois, Bar- bireau , maitre des enfants de chœur de l’église Notre-Dame ( 476 ) d'Anvers, dont le nom a été défiguré de vingt maniéres, et qui n’est connu aujourd'hui que sous celui de Barbingant; Jean Ockeghem, Hobrecht, Regis (ou de Roy), De Busne ou Busnois, Tinctoris ou Teinturier, Domart, Guillaume Fau- ques, tous Belges, impriment à l'art un mouvement rapide de progrès et l’enrichissent de formes auparavant incon- nues, dont l'étude offre encore de l'intérêt. La supériorité de leur savoir et de leur habileté les fait rechercher par les rois et les princes les plus puissants. Ockeghem qui, après avoir été chantre de la collégiale d'Anvers, devint premier chapelain de la chapelle des rois de France, Charles VIL et Louis XF, fut le maître des musiciens les plus célèbres de la fin du XV”° siècle et du commencement du XVI". Antoine Busnois occupa une position semblable à la cour du duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, et de sa fille Marie. Tinctoris, appelé à Naples par Ferdinand d'Aragon, roi de Sicile, comme premier chantre de sa chapelle, y fonde la plus ancienne école de musique dont on trouve les traces en Italie, écrit des traités sur toutes les parties de l’art de son époque, lesquels deviennent classiques et sont la source de connaissances où puisent les maîtres contempo- rains et les théoriciens de l’époqué postérieure; enfin, Tinctoris se fait aussi connaître comme compositeur : ses messes, ses motets, ses chansons à plusieurs voix, seuls genres de musique cultivés de son temps, ont élé conservés dans quelques manuscrits. Les premiers essais de typographie musicale nous ont transmis un petit nombre d'ouvrages de ces maitres re- nommés du XV"* siècle; mais les recueils où se trouvent ces monuments d’un art qui se forme et se développe sont devenus si rares, qu'il en est dont on ne connaît aujour- ( 477 ) d'hui qu'un seul exemplaire. Le reste a été conservé dans les manuserits. Les dernières années du XV"* siècle, et presque tout le XVI", ont vu naître une multitude de compositeurs belges d’un mérite remarquable , et parmi lesquels se dis- tinguent en première ligne Agricola et Josquin Desprès ou Deprès ; Josquin surtout, l'artiste incomparable de son temps, dont la gloire a été célébrée dans toutes les lan- gues en termes admiratifs, et qui brilla comme une étoile à la chapelle des papes, à la cour de Ferrare et à celle du roi de France Louis XIT. I serait trop long d’énumérer ici les successeurs de ce grand homme, lesquels, pendant près d’un siècle, furent l'ornement des chapelles de Rome, de Venise, de Milan, de Parme et de Mantoue, des cours de tous les princes souverains de l'Italie, des empereurs, des dues de Bavière et des rois d'Espagne, ou qui, dans leur patrie, maintinrent la culture de la musique dans un état de prospérité envié de toutes les nations. Ce même XVI" siècle, inauguré avec tant d'éclat dans les premières années par Josquin Deprès, ne se ferme qu’au bruit des applaudissements prodigués au génie de notre illustre compatriote Roland de Lassus, dont le seul digne rival fut Pierluigi de Palestrina, le plus grand maître de l'Italie. Tels sont les hommes dont les productions ne sont plus connues que d'un petit nombre d'érudits; productions qui ne se trouvent que dans quelques grandes bibliothèques, et qui ny sont que dans une notation inconnue à tous les musiciens. Traduire en signes intelligibles pour tous, et rassembler en un corps, les plus beaux ouvrages des artistes belges dont la renommée fut autrefois répandue dans le monde civilisé, serait donc leur élever un monu- ment digne de notre patrie : ce serait raviver la gloire du 2° SÉRIE, TOME VII. 32 (478 ) passé. La pensée exprimée dans la lettre de M. le Ministre de l’intérieur sera donc accueillie avee la plus vive sym- pathie dans cette enceinte, et la classe s'empressera d’of- frir au Gouvernement son concours pour cette belle œuvre. Pour la réalisation de ce projet, un premier travail se- rait à faire, à savoir la liste des compositeurs belges les plus justement célèbres, et celle de leurs ouvrages les plus importants; puis une statistique des lieux où ces vé- nérables monuments de l’art ancien se trouvent aujour- d'hui ; mais cette besogne préliminaire a été faite autrefois par votre rapporteur pour la Biographie universelle des musiciens et pour les concerts historiques. Là se trouvent les renseignements nécessaires pour la direction à donner aux travaux de traduction. Pour la collection importante dont il est question, plusieurs traducteurs devront être employés. Il est indispensable que ces traducteurs soient harmonistes et connaissent le mécanisme de divers genres de contrepoint. Les élèves qui se sont distingués dans les concours de cette partie de la musique, aux Conserva- toires de Bruxelles et de Liége, seraient particulièrement propres à ce genre de travail, mais ils auraient besoin d'acquérir la connaissance des anciennes notations, par- ticulièrement des variétés qui furent en usage dans les XIV et XV”* siècles, lesquelles sont plus difficiles que les autres et présentent des cas d'autant plus embarras- sants, que les copistes et les auteurs mêmes y ont fait des fautes. Trois mois d’études bien faites suffiraient pour qu'un jeune homme intelligent et suffisamment instruit püt traduire la musique écrite dans les divers systèmes de notations. Je me chargerai volontiers d’un cours de paléo- oraphie musicale à l’usage de ces jeunes harmonistes. Le travail de traduction et de mise en partition des ( 419 ) œuvres du XV®° siècle exige beaucoup de temps et de pa- tience; à vrai dire, celui qui s'y livre pour des ouvrages d'une grande étendue, y est absorbé et ne peut faire autre chose. Il serait donc nécessaire de rétribuer deux ou trois personnes qui se livreraient à ce travail pour la collection projetée. On pourrait leur donner un traitement fixe. Les premiers travaux de traduction auraient pour objet les œuvres des maîtres possédées par la Bibliothèque royale et celles qui se trouvent dans la collection de votre rappor- teur. Lorsque cette source serait épuisée, on pourrait ob- tenir communication , par les voies diplomatiques, des choses rares et précieuses qui sont dans les bibliothèques impériale et royale de Vienne, de Berlin et de Munich, ainsi qu’à la chapelle pontificale de Rome et au Muséum britannique. Ce qui ne pourrait être déplacé exigerait des voyages et des frais de séjour. L'ordre chronologique serait suivi dans le travail de mise en partition des messes, motets, hymnes, psaumes et cantiques, chansons et madrigaux, composés par les maitres belges, et les productions de la fin du XIV”* siècle et de tout le XV”° seraient les premières mises au jour; car celles-là sont d'autant plus dignes d'intérêt, qu'elles sont pour la plupart inconnues même aux histo- riens de la musique. Puis viendrait tout ce qui à été pro- duit. de meilleur dans la première moitié du XV" siècle par Josquin Deprès, Agricola, Gaspard, Pierre de la Rue, Ghiselin et Adrien Willaert, fondateur de l’école si remar- quable de Venise. Plusieurs de ces artistes se sont fait con- naître dans les dernières années du XV”° siècle; mais leurs travaux les plus importants appartiennent au XVI". Les œuvres de leurs successeurs immédiats viendraient en- suite; parmi eux se sont trouvés des artistes de premier ( 480 ) ordre, tels que Jacquet de Berchem, Nicolas Gombert , Jacques Clément, dit non papa, Créquillon, Pierre de Manchicourt et quelques autres. Enfin, la dernière division de ce musée des anciens musiciens belges renfermerait les œuvres des compositeurs de la seconde moitié du XVI"° siècle, à la tête desquels se place Roland de Lassus. Il appartiendrait au Gouvernement de fixer l’époque et le mode de publication d’un si beau monument élevé à la gloire du passé de notre patrie; mais si des événements imprévus venaient retarder cette publication, on aurait déjà rendu un digne hommage à la mémoire de ces artistes si renommés dans l’histoire , en recueillant religieusement leurs œuvres sous une forme accessible à tout le monde musical; enfin, lorsque l’étranger viendrait demander ce que nous avons fait pour sauver ces œuvres de l’oubli, notre front ne rougirait plus : le conservateur de la Bi- bliothèque royale pourrait lui répondre avec un Juste or- gueil, en mettant sous ses yeux un manuserit immense : Voilà ! » COMMUNICATIONS ET LECTURES. Conformément à la demande duGouvernement, la classe invite la commission précédemment nommée à reporter son attention sur la question relative aux encourage- ments qu'il convient de donner à l'école belge de gravure. Cette commission se réunira lors des prochaines séances; M. Siret y remplacera M. Calamatta, actuellement absent; les autres commissaires sont MM. Erin Corr, Navez, De Keyzer et Alvin. ( 481 ) — Quelques membres font connaître que d'anciennes peintures murales viennent d’être mises à découvert dans l’église de Notre-Dame des Victoires, à Bruxelles. M. Alvin donne quelques renseignements sur ces tableaux , qui lui semblent être assez anciens. M. Navez dit que les peintures sont en partie faites à l’huile et qu’elles ont moins d'im- portance qu’on ne paraît le croire. | A DA —— OUVRAGES PRÉSENTÉS. Collection de chroniques belges inédites : Le Chevalier au Cygne et Godefroid de Bouillon, poème historique; publication com- mencée par le baron de Reïffenberg et achevée par M. A. Bor- guet, tome IE, 2% partie; — Glossaire; par M. Em. Gachet. Bruxelles , 1859; 1 vol. in-4°. Charles Bonnet, philosophe et naturaliste, sa vie et ses œu- vres ; par le duc de Caraman. Paris, 1859; 1 vol. in-8°. Monographie des Élatérides ; par M. E. Candèze, tome Il. Liége, 1859; 1 vol. in-8°. Collection de mémoires sur l’histoire de Belgique : — Mémoire anonyme sur les troubles des Pays-Bas, 1563-1580, avec notice et annotations ; par J.-B. Blaes, tome 1; — Mémoires de Fery de Guyon écuyer, bailly général d'Anchin et de Pesquencovrt , avec un commentaire historique et une notice sur la vie de l'auteur; par A.-P.-L. de Robaulx de Soumoy; — Mémoires de Viglius et d'Hopperus, sur le commencement des troubles des Pays-Bas, avec notice et annotations; par Alph. Wauters; — Mémoires de Pasquier de le Barre et de Nicolas Soldoyer, pour servir à l'histoire de Tournai, 1565-1570, avec notice et annotations; par Alex. Pinchart, tome [. Bruxelles, 1858-1859; 4 vol. in-8°. (482) Les chefs belges de la première croisade, d'après les historiens arméniens; — Pierre Castellanus, de Grammont, helléniste et archéologue; — Quelques recherches sur la carrière de Guy Morillon, secrétaire de Charles-Quint; — Ozanam, ou les lettres chrétiennes; par Félix Nève. 1857-1859; 4 broch. in-8°. De twee tooneelschryvers, of de letterkundigen in twist, kluch- üg zangspel door K. Vanden Broucke-de Vooght; getoonzet door d'heer P. Cools. Bruges, 1859; 1 vol. in-12. Guide de la correspondance télégraphique. Bruxelles, 1859 ; in-8°. Portefeuille de John Cockerill, 48° à 52e Tivraisons. Paris- Liége, 1859; in-4° oblong. Revue de l'administration et du droit administratif de la Bel- gique, VI®e année, 4e à 7° livraisons. Liége, 1859; in-8°. Mémoires de la Société royale des sciences de Liége, tome XIV; Liége, 1859; 1 vol. in-8°. Journal des beaux-arts, 1"° année, n°% 9-12. Anvers, 1859; 4 feuilles in-4°. Annales de la Société médico-chirurgicale de Bruges, XX":* an- née, mars à mai. Bruges, 1859; 2 broch. in-8°. Ægyptische monumenten van het nederlandsche Museum van oudheden te Leyden ; uitgegeven op last der hooge regering, door C. Leemans, 195! aflev. of 195 aflev. van de Il afdeeling. Leide, 1859; in-folio. Bulletin de la Société géologique de France, 2"° série, t. XVI, feuilles 24-35. Paris, 1859; 1 broch. in-8&. Revue et magasin de zoologie pure et appliquée ; par M. F.-E. Guérin-Méneville, 2° série, tome XI, n°5 4 à 6. Paris, 1859; 5 broch. in-8°. d L'Investigateur, journal de institut historique, XXV": année, 293€ Jivraison, avril et mai. Paris, 1859; 1 broch. in-8°. Essai sur les systèmes métriques et monélaires des anciens peuples , depuis les premiers temps historiques jusqu'à la fin du khalifat d'Orient ; par don Vasquez Queipo. Paris 4859; 3 vol. in-8°. (483) Monatsbericht der koniglichen preuss. Akademie der Wissen- schafien zu Berlin, juillet à décembre 1858. Berlin; 5 broch. in-8°. Uebersicht der Witterung em nôrdlichen Deutschland nach den Beobachtungen des meteorologischen Instituts zu Berlin, Jahrg. 1855-1858. Berlin; in-4°. Novus Codex diplomaticus Brandenburgensis; par le docteur A.-F. Riedel, HE, 1; XVH, 4. Berlin, 4859; 2 vol. in-4°. Verhandlungen des naturhistorisch-medizinischen Vereins zu Heidelberg, VI. Heidelberg, 1859; 1 broch. in-8°. Erinnerung an Mitglieder der math.-physik. Classe der k. bayr. Akademie der Wissenschaften ; rede von D' C.-F.-P. von Martius. Munich, 1859 ; 1 broch. in-4°. Rede bei der hundertjaehrigen Stiftungsfeier der k. Akademie der Wissenschaften am 28 maerz 1859 ; gehalten von G.-L. von . Maurer. Munich, 1859; 1 broch. in-4°. Rede zur Vorfeier des Geburtesfestes Seiner Majestäts des K. Maximilian Il; gehalten von Geheim-Rath Fr. v. Thiersch. Munich, 14859; 1 broch. in-4°. Monumenta saecularia; herausgegeben von der k. bayerischen Akademie der Wissenschaften, It Classe, 41. G. M. Thomas ; — Franscisci Petrarcae Aretini carmina incognita. Munich, 1859; 1 vol. in-4°. Almanach der k. bayerischen Akademie der Wissenschaften, für das Jahr 1859. Munich; 4 vol. in-12. | Anzeiger für Kunde deuischen Vorzeit, neue Folge, VI" Jabrgang, n°% 1-6. Nuremberg, 1859; 6 feuilles in-8°. Compte rendu de la troisième session du congrès international de statistique, réuni à Vienne en 1857; publié sous la direction de M. Ch. baron de Czærnig, par les soins de M. le docteur A. Ficker. Vienne, 1858; 1 vol. in-{°. Vom nordischen Hausbau und Hausgeist ; ein Schreiben an herrn Geheimen Justiz-Rath Michelsen, von E.-M. Arndt. léna, 1857; in-8°. ( 484 ) Solemnia disputationis publicae quam in hac literarum uni- versitate provenia docendi die VII. m.maji. h. XT; habebit Ern. L.-B. de Stockmar coburgensis; indicit A.-L.-J. Michelsen. léna, 1859; in-4°. Frisiae septemtrionalis vetus jus aggerale ; textum recensuit lectionis varietatem adjecit notis instruxit A.-L.-J. Michelsen. léna , 1859 ; in-4°. Acta judicialia in causa quae inter comites Holsatiae et consules Hamburgenses medio saeculo XIV. agitata est de libertate civitatis Hamburgensis publica; par A.-L.-J. Michelsen. Iéna, 18..; in-8°. Die Hausmarke, eine germanistiske Abhandlung ; von D' A.-L.-J. Michelsen. léna , 1853; in-8°. Ueber die Festuca notata und die germanische Traditions- symbolik; von D' A.-L.-J. Michelsen. léna, 1856 ; in-8°. Ucber die Ehrenstücke und den Rautenkranz als historische Probleme der Heraldik; von A.-L.-J. Michelsen. Iéna, 1854; in-4°. Urkundensammlung der Schleswig - Holstein - Lauenburgis- chen Gesellschaft für vaterlandische Geschichte; namens der Ge- sellschaft redigirt von A.-L.-J. Michelsen, It" Band, IS'e Abth. Kiel, 1849; in-4°. À Die ältesten Wappenschilde der Landgrafen van Thüringen ; von À.-L.-J. Michelsen. Iéna, 4857; in-4°. Codex Thuringiae diplomaticus. Sammlung ungedruckter Urkunden zur Geschichte Thüringens, K*° Lieferung ; herausge- geben von A.-L-J. Michelsen. léna, 1854 ; in-4°. Johann Friedrich's des Grossmüthigen Stadttordnung für Jena ; von D' A.-L.-J. Michelsen. léna, 1858; in-4°. Urkundlicher Ausgang der Grafschaft Orlamünde ; von A.-L.-J. Michelsen. IJéna, 1856; in-4°. Der Mainzer Hof zu Erfurt am Ausgange des Mittelalters ; von A.-L.-J. Michelsen. léna, 1853; in-4°. Archiv für Staats- und Kirchengeschichte der Her zogthiümer Schleswig, Holstein, Lauenbourg und der angrenzenden Länder PE RE oo PR. PURE, CS 1 UE CR | ( 485 und Städte ; redigirt von D'A.-L.-J. Michelsen und J. Asmussen. Band I-IV. Altona, 1833-1840; 4 vol. in-8°. Sammlung altdithmarscher Rechtsquellen: von A.-L.-J. Mi- chelsen. Altona, 1842; 1 vol. in-8&. Grundriss zu Vorlesungen über positives Vôlkerrecht ; von Dr A.-L.-J. Michelsen. Kiel, 1840 ; 1 broch. in-4°. Palaimon, periodische Publikationen. I. Ueber prof, D' Mi- chelsen. Erfurt, 4858; in-8°. Urkundenbuch zur Geschichte des Landes Dithmarschen ; her- ausgegeben von A.-L.-J. Michelsen. Altona, 1834; 1 vol. in-4°. Die Rathsverfassung von Erfurt im Mittelalter ; herausge- geben von A.-L.-J. Michelsen. Iéna, 1855 ; cahier in-4°. Die vier wichtigsten Actenstücke der schleswigschen Stande- versammlung von 1846; herausgegeben von D' A.-L.-J. Michel- sen. Iéna, 1847; 1 broch. in-8°. Grundriss zu vorlesungen über katholisches und protestantis- ches Kirchenrecht: von A.-L.-J. Michelsen. léna, 1847; 1 broch. in-8°. * Ueber die Genesis der Jury; eine germanistische Untersu- chung von A.-L.-J. Michelsen. Leipzig, 1847; 1 broch. in-8°. Rechtsdenkmale aus Thüringen ; herausgegeben von A.-L.-J. Mi- chelsen. Iéna, 1853; 2 broch. in-8°. Grundriss zu Vorlesungen über algemeines und deutsches Staatsrecht ; von A.-L.-J. Michelsen. léna, 1843; 1 broch. in-8&e. Ueber die erste holsteinische Landestheilung ; von A.-F..-J. Mi- chelsen. Kiel, 1838; 1 broch. in-8°. Quellenkunde zum deutschen Privatrechte ; von A.-L.-J. Mi- chelsen. 1 broch. in-8°. Berichte der k. Sächs. Gesellschaft der wissens.- philosoph.- histor.- Classe Sitzung , am 12 December 1858; 1 broch. in-&e. Leopoldina amtliches Organ der k. Leop.-Carol. deutschen Akademie der Naturforscher. We Heft. Téna, 1859; in-4°. Memorie della reale Accademia delle science di Torino. Serie seconda , tomo XVIL Turin, 1858; 1 vol. in-4°. Th D Ce — 2"° SÉRIE, TOME VII. G 5! 1 0 à si dt 4 » à 7 M k " NP : ME A0 ti # * à * 0 t LAC l d , CNT: L 4 Pa h "+ - M W F4 " h } L C4 È y ' L | LL. k . . ; ” \ ‘ L BULLETIN L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1859. — No 8. CLASSE DES SCIENCES. © ————— Seance du 6 août 1859. M. MELSENS, directeur. M. An. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Sauveur, Tim- mermans, Wesmael, Martens, Cantraine, Kickx, Stas, De Koninck, Van Beneden , Devaux , Nerenburger, Schaar, Liagre, Duprez, Brasseur, Poelman, membres ; Schwann, associé; Maus, d'Udekem , Gloesener, Montigny, Candèze, correspondants. M. Chalon , membre de la classe des lettres, assiste à la séance. 2% SÉRIE, TOME VIL. 34 ( 488 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l’intérieur adresse, pour la biblio- thèque de l’Académie, les exposés de la situation adminis- tralive des provinces en 1859, le tome XIV des Annales de l'Observatoire royal, et les livraisons 48 à 52 de l’ou- vrage intitulé Portefeuille de John Cockerill. — LL. EExe. les Ministres de France et des Pays-Bas font connaître qu'ils transmettront avec plaisir aux établis- sements scientifiques de leur pays, les publications acadé- miques qui leur sont adressées. — Sir William Logan, directeur de la commission géo- logique du Canada, annonce l'envoi de l'ouvrage : Geolo- gical Survey of Canada , 2 vol. in-8°, avec atlas. — L'Institut de France accuse la réception des derniers envois de l’Académie royale de Belgique. — M. le secrétaire perpétuel dépose, de la part de M. A. D. Bache, associé de l’Académie, la carte pour l’oc- cultation des Pléiades, telle qu’elle sera vue à Brüxelles. le 17 septembre prochain. MM. les astronomes sont invités à prendre part à ces observations. — L'Université impériale de Kharkoff annonce que, du 1° au 40 septembre prochain (nouveau style), elle fera exéculer, au moyen d’une puissante machine galvanique, Le :- Mit | | É | ( 489 ) une série d'expériences dont elle donne le programme. Elle y joindra avec plaisir les expériences qui lui seraient recommandées par des membres de la compagnie. — M.J. Van Raemdonck annonce qu'on vient de dé- couvrir, en creusant la terre à Saint-Nicolas, pour y établir une usine à gaz, des ossements fossiles nombreux d’une grande dimension. Ces ossements ont été transportés à l'hôtel de ville, où les délégués de l'Académie pourraient en prendre connaissance. MM. Nyst, De Koninck et Van Beneden sont nommés commissaires. — M. Ch. Save envoie, de Paris, un mémoire sur les lois de coordination des corps célestes. (Commissaires : MM. Liagre et Ernest Quetelet.) — M. E. Candèze, correspondant de l'Académie, fait hommage du tome II de sa Monographie des Élatérides. — Remerciments. RAPPORTS. Sur deux notices de M. le docteur Adolphe Baeyer, intitu- lées : l’une, SUR UN NOUVEAU DÉRIVÉ DE L’ACIDE PICRIQUE; l'autre, SUR LA NATURE DE L’ACIDE ALLOPHANIQUE. Happort de M. J.-S. Slas. « M. Schlieper a observé que l'acide picrique éprouve une altération profonde par son contact avec les cyanures alcalins; de jaune qu'il est, il se transforme en une ma- ( 490 ) tière rouge. M. Carey Lea (1), qui vient tout récemment de soumeltre l'acide picrique et les picrates à un nouvel examen, ayant également reconnu la réaction des cya- nures sur ces Corps, à pris ce corps rouge pour l'acide picramique, découvert par M. Woehler, en soumettant l'acide picrique à des causes désoxydantes, et est appelé par cet illustre chimiste acide nitro-hématique. M. Baeyer, en étudiant de près le phénomène observé par M. Schlie- per, à constaté que l’action des cyanures sur l'acide pi- crique diffère suivant la concentration de la solution du cyanure employé. Ainsi, en mêlant une solution diluée d’un cyanure alcalin à du picrate de soude dissous, le liquide se colore en rouge au bout de quelques minutes et abandonne, après douze heures de repos, un précipité rouge volumineux, formé de petites aiguilles microscopi- ques. Ces aiguilles, insolubles dans une solution de cya- aure de potassium, se dissolvent dans l’eau pure, surtout à chaud. La solution faite à chaud fournit, par le refroi- dissement, des cristaux opaques doués d’un éclat métal- lique vert foncé. Un cyanure alcalin en solution concentrée attaque vivement l'acide picrique; le mélange s’échaufle, dégage de l’ammoniaque et finit par se prendre en une masse d'un rouge brun. Ce corps rouge brun paraît se produire également, lorsqu'on fait bouillir pendant longtemps la solution des cristaux dont je viens d'indiquer la forma- tion. M. Baeyer n'a pas déterminé jusqu'ici la nature et la composition de ce corps; son allention s'est portée sur la (1) Répertoire de chimie; par M. A. Wurtz. Mars 1859. (49) matière cristalline; il a reconnu qu'elle constitue un sel de potasse auquel il a trouvé une composition pouvant être représentée par la formule C'SH?Az5KO', Ce n'est done pas du picramate de potasse , comme Carey Lea le croit. Il fait remarquer avec raison que si cette formule exprime réellement la composition du sel, elle est dans un rapport fort simple avec l'acide picramique. Cet acide, en effet, est généralement regardé comme de l'acide pi- crique dans lequel le groupe AzO‘ est remplacé par AzH?. Dans le nouvel acide, ce dernier groupe serait à son tour remplacé par AzCy*. Mais AzCy° représente l’amide ren- fermant 2 molécules de cyanogène au lieu de 2 molécules d'hydrogène. M. Baever propose, en conséquence, de donner au nouveau sel le nom de picrocyamate de potasse. Cette manière d'envisager la composition de ce corps est fort simple, ingénieuse et tout à fait conforme aux analo- gies. < M. Baeyer donne ensuite les propriétés du sel de po- tasse dont jusqu'ici il n’est pas parvenu à isoler l’acide picrocyamique. En effet, lorsqu'on essaye de mettre l'acide en liberté, 1l se modifie en donnant naissance à un corps rouge brun qui, à l'aide de la potasse, ne régénère pas le picrocyamate. L'auteur à reconnu l'existence d’autres pi- crocyamates : ceux qui sont solubles peuvent se préparer par l’action de l'acide picrique sur le cyanure du métal dont on veut obtenir le sel picrocyamé; les picrocyamates insolubles se produisent par double décomposition. Le sel d'argent est dans ce cas ; malheureusement les lavages à l’eau paraissent le décomposer, de manière que ce sel se prête mal à l'analyse. On conçoit que la réaction des cyanures sur lacide pi- erique ne doit pas être une propriété exclusive de cel ( 492 acide. Il est probable qu'en grand nombre de corps ren- fermant le groupe Az0* éprouveront une modification ana- logue. M. Baeyer a déjà constaté que l'acide binitrophénique produit, sous l'influence du cyanure de potassium, un corps semblable, cristallisé en mamelons rouges et sus- ceplibles de prendre un reflet métallique; il se réserve d'étudier ce composé, ainsi que l’action qu'exercent en général les cyanures sur les composés nitrés. L'auteur à Joint à son travail une note dans laquelle il fait connaître que, depuis la rédaction de sa notice, il a paru, dans le numéro de juin des Annalen der Chemie und Pharmacie, un mémoire de M. Hlasiwetz, sur le même sujet. Ce chimiste déduit de ses analyses une formule qui diffère de celle admise par M. Baeyer de H°0*, c’est-à-dire par de l’eau en plus. M. Baeyer croit devoir attribuer cette diflérence à de l’eau retenue par le sel de potasse analysé par M. Hlasiwetz. Toutefois, il s'abstient de se prononcer et promet de soumettre la question à un nouvel examen, lorsqu'il sera dans la possibilité de reprendre ses tra- vaux. Dans la deuxième notice, M. Baeyer expose les recher- ches qu’il a faites dans le but de découvrir la véritable na- ture des corps qui résultent de l’action des vapeurs de l’acide cyanique hydraté sur les alcools. MM. Liebig et Woehler ont observé, il y a longtemps déjà, qu'en faisant réagir sur l'alcool ordinaire l'acide cyanique que l'on ob- tient par l’action de la chaleur sur l'acide cyanurique, cet acide cyanique s’unit directement à cet alcool en donnant naissance à un corps solide blanc, dont la composition peut être représentée par une combinaison directe de deux équivalents d'acide cyanique et d’un équivalent d’al- cool. MM. Liebig et Woehler ont regardé cette combinaison … Fa in Re, ro tel dti tt antibes dal, ur ( 495 ) comme un éther renfermant un acide particulier auquel ces illustres chimistes ont donné le nom d'acide allopha- nique. Deux molécules d'acide cyanique hydraté, en s’assi- milant les éléments d'une molécule d'eau, produiraient l'acide C'Az*H50*. Le résultat de l’action de l'acide cya- nique sur l'alcool , 1ls le représentent donc par de l’allo- phanate d'oxyde d'éthyle : C‘H°O, C‘H°Az0°. Is sont parvenus à remplacer le groupement C*H°0 par de l’oxyde de baryum , de potassium , etc. Depuis, en faisant réagir l'acide cyanique hydraté sur les autres alcools de la formule C'H"+?20?, on a découvert les composés correspondants, pouvant par conséquent être représentés par des combinaisons directes de deux molé- cules d'acide cyanique et d'une molécule de lalcool em- ployé, soit par de l’acide allophanique uni à l’éther de cet alcoo!. Dans le but de découvrir la nature de ces compo- sés, M. Baeyer a fait réagir l’acide cyanique hydraté sur deux alcools polyatomiques , le glycol et la glycérine. Il a découvert ainsi que la glycérine absorbe avec fa- cilité la vapeur cyanique, en donnant naissance à un composé blanc, cristallisable en petits mamelons, ino- dores, fusibles, solubles dans l'alcool et dans l’eau. Les analyses que M. Baeyer en a faites conduisent à la for- mule C'HAz701, qui est égale à la somme d’une molé- cule de glycérine et de deux molécules d'acide cyanique : C'HSOS + 2 (C2HAz 0?) — CHA z2 01. Ce composé que l’on peut, par analogie, appeler allo- phanate de glycérine, traité par la barvte hydratée, fournit (494 ) du carbonate de baryte et de l’urée; tandis que les allo- phanates d'éthyle et de méthyle fournissent, dans la même circonstance, de l'allophanate de barvyte. Le glycol absorbe les vapeurs cyaniques avec plus d’avi- dité encore que ne le fait la glycérine, et produit ainsi une masse cristalline formée d’aiguilles blanches, bril- lantes, inodores, insipides, fusibles, solubles dans l’eau et dans l'alcool. L'analyse de cette matière a donné des nombres qui concordent avec la formule C'H°Az° O0". Ce corps se représente par une combinaison d’une mo- lécule de glycol avec deux molécules d'acide cyanique : CH5 05 + 2 (C?HAz 0?) — C'HS Az? 08. On peut également le regarder comme de l'allophanate de glycol. En contact de la baryte hydratée , il se conduit comme l’allophanate de glycérine, c'est-à-dire que les éléments de l’acide cyanique se transforment ainsi en acide carbo- nique et en urée, au lieu de fournir.de l’allophanate de baryte, comme le font les allophanates des alcools de la formule C'H"+ 20°. | M. Baeyer fait remarquer que le mode de formation des deux composés qu'il vient de découvrir est analogue à celui de l’allophanate d’éthyle, et que la basicité de lal- cool parait être sans influence sur leur composition. Ce sont Loujours 2 molécules d'acide cyanique qui s'unissent à 4 molécule d'un alcool, que cet alcoo! soit monoba- sique, bibasique ou tribasique. On pourrait done leur ( 495 ) appliquer la manière de voir que MM. Liebig et Woebhler Ont imaginée pour expliquer la formation et la nature de l'allophanate d’éthyle. D'après celf, ce seraient des éthers basiques d'alcools polyatomiques, comparables au mona- célate de glycol et au monacétate de glycérine. Toutefois, cette manière d'interpréter la nature de ces composés glycolique et glycérique ne rend pas, suivant lui, suffi- samment compte ni de leur formation ni de leur mode de décomposition. Elle explique, surtout, difficilement pourquoi ces deux alcools polyatomiques, qui devraient donner, l’un deux et l’autre trois composés distincts, le mono- et le biallophanate de glycol, le mono, le bi- et le triallophanate de glycérine n’en produisent chacun qu’un seul, le monoallophanate de glycol et le monoallophanate de glycérine. L'hypothèse de ces illustres chimistes n’ex- plique pas, d’ailleurs, la décomposition de l’allophanate d'éthyle en alcool et en acide cyanurique. Ces motifs le portent à rattacher tous les allophanates à l'acide cyanu- rique lui-même. Il considère donc ces corps comme ap- partenant à des types intermédiaires entre l’ammoniaque et l'eau. De même que l’on a déjà comparé l'acide cyanu- rique à un type égal à trois molécules d’ammoniaque, C202 de même aussi M. Baeyer compare les allophanates à un type formé de deux molécules d'ammoniaque et d’une, deux ou trois molécules d’eau. On aurait ainsi C? 0° \ i He 106. À l'appui de son hypothèse, M. Baeyer rappelle la pro- priété parfaitement connue que présentent plusieurs déri- vés du cyanogène, de tripler leur molécule; il y joint le fait suivant, complétement imprévu. En faisant réagir les vapeurs cyaniques sur l'acide eu- génique, il a obtenu un composé solide, très-facilement cristallisable, soluble dans l'alcool, insoluble dans l’eau, et auquel il a reconnu une composition représentée par la formule C*#H4Az*0$, contenant, par conséquent, deux molécules d'acide cyanique et une molécule d'acide eu- génique. C’est donc encore un allophanate. La baryte (1) H°0? — % vol. de vapeur d’eau, ( 497 ) hydratée le transforme en eugénate ct en allophanate de baryte. Soumis à l’action de la chaleur, 1l se décom- pose en acide eugénique qui distille et en acide cya- nurique qui reste pour résidu, absolument de la même manière que l'allophanate d'éthyle se décompose en alcool et.en acide cyanurique. Quelque différence qu'il y ait entre les alcools monoatomiques et l'acide eugé- nique, l’analogie de composition et de propriétés de l'allophanate eugénique et des allophanates de ces alcools est complète. | L'idée qui consiste à regarder l'acide allophanique comme appartenant à un type intermédiaire entre l'am- moniaque et l’eau n’est pas nouvelle. Dans son mémoire (1) Sur les combinaisons copulées et sur la théorie des radicaux polyatomiques, M. Kekulé l’a déjà exprimée, En effet, il a représenté cet acide par la formule typique qui est bien identique à celle que j'ai tracée en interpré- tant l'hypothèse de M. Baeyer : (1) Ann. der Chemie und Pharmacie, 1. CIV, 2e part., pag. 157. ( 498 ) Les chimistes qui n’admettent pas dans toute leur étendue les notions introduites tout récemment dans la science sur la nature fonctionnelle des alcools, et qui croient que le mode de formation et de décomposition des corps peut conduire à la connaissance de leur struc- ture intime, n'auront certainement rien à objecter à l'hy- pothèse de M. Baeyer sur la nature des allophanates. Cette hypothèse explique, en effet, beaucoup mieux la transformation de ces corps que celle imaginée par MM. Liebig et Woehler ; mais il me semble qu’elle soulève la même objection que celle qui a été faite contre la ma- nière de voir de ces illustres chimistes. En assimilant les allophanates à un type intermédiaire entre l’ammo- niaque et l’eau, ou, ce qui revient au même, en les rapprochant de l’acide cyanurique ou, ce que je préfé- rerais, de son isomère la cyamélide, dans lequel une molécule d'acide cyanique est remplacée par une molé- cule d’un alcool quelconque monoatomique ou polyato- mique, ou d'une molécule d'acide eugénique, on pose un principe contraire aux idées sur la nature fonction- nelle de ces alcools. En effet, on admet ainsi l’équivalence des molécules monoatomiques et des molécules polya- tomiques, ce qui est évidemment contradictoire dans les termes. L'hypothèse formulée par M. Baeyer est, je le sais, la simple expression des faits observés; mais, je le répète, ces faits, que j’admets parce que je considère leur exacti- tude à l'abri de toute contestation, sont, sinon le renver- sement de la théorie sur la nature fonctionnelle de certains corps composés, du moins la preuve qu'il faut apporter à celte théorie des changements qui en limitent la géné- ralité. _ ( 499 ) On a constaté que toute action chimique ne s’accomplit pas nécessairement par double décomposition, comme Gerhardt l'avait pensé et proclamé. Des matières com- plexes peuvent se former, en effet, par addition de corps simples à des corps simples, de corps simples à des corps composés, et de corps composés à des corps com- posés. L'action chimique est donc double dans son es- sence, comme on l'a cru depuis Lavoisier; la nature fonctionnelle de certaines matières peut également être double. Lorsque deux corps se forment par double dé- composition, les molécules polyatomiques conservent in- variablement leur qualité; le double échange est même le seul moyen d'établir la nature fonctionnelle de ces molécules. Dans la formation de corps par simple addition, les molécules polyatomiques des matières qui les constituent, qu'elles soient simples ou complexes, agissent ou comme éléments monoalomiques ou comme éléments polyato- miques. L'oxygène, le soufre, l'azote, dont la wature polyato- mique me parait parfaitement prouvée dans certaines cir- constances, ne montrent pas cette basicité dans toutes leurs combinaisons binaires, faites probablement par la simple addition de ces éléments à d’autres. La composition du chlorure de soufre S?Ch, de l’oxyde d’azote AzO* est inconciliable avec la nature bibasique du soufre et de l'oxygène. La composition des oxydes d'azote Az°0? (1) et AzO° est en désaccord avec la nature tribasique de l'azote. Dans l’ordre d'idées de la permanence de la nature polya- (1) Az°0° — 4 vol, de gaz protoxyde d’azote. ( OÙ ) Lomique révélée par ces éléments dans certdines combi- naisons, les composés que je viens d'indiquer ne devraient pas exister, mais leur formation serait même radicalement impossible. Je reviens au travail de M. Baevyer. L'auteur termine ce mémoire par l'annonce d'un fait nouveau, qui lui permet de prendre une conclusion générale sur l'action exercée par l'acide cyanique hydraté sur deux classes de corps. On sait déjà que les vapeurs de cel acide n’agissent pas de la même manière sur l'alcool ordinaire et sur son aldéhyde. Ses combinaisons avec cet alcool, comme avec tous les autres, se font sans élimination aucune, tandis qu'en réa- gissant sur l’aldéhyde pour former l'acide trigénique, 1} v a dégagement d'acide carbonique. M. Baeyer s'est assuré que des aldéhydes, et entre au- tres laldéhyde valérique, se comportent comme l’aldé- hyde ordinaire. Quoique le temps ne lui ait pas encore permis de terminer l'étude de cette nouvelle classe de corps, Il se croit cependant en droit de déduire dès à pré- sent de ses expériences, qu'en général l'acide cyanique, en réagissant sur les alcools, s’y combine directement, tandis qu'en réagissant sur les aldéhydes, 1l s’y unit avec élimination d'acide carbonique. Cette découverte importante démontre bien la diffé- rence fondamentale qui existe entre les alcools et les aldé- hydes, que quelques chimistes sont tentés de regarder comme des alcools nouveaux. En résumé, les deux travaux que je viens d'analyser se recommandent par les découvertes positives qu’elles ren- ferment et par les considérations théoriques importantes que l’auteur en a déduites. Ils révèlent un chimiste habile et ingénieux, qui d’ailleurs s'est fait déjà une position ( oÛI ) distinguée dans la science par ses belles recherches sur les combinaisons de l'arsenic avec le méthyle. D'après ce qui précède, j'ai l'honneur de proposer à l’Académie de voter des remerciments à M. Baeyer, pour ses communications, de les imprimer dans les Bulletins de nos séances, et de l’engager à continuer ses recher- ches. » Rapport de M. De Koeninck. « Les deux travaux de M. Baeyer, que mon savant con- frère, M. Stas, a parfaitement résumés dans son rapport, présentent un grand intérêt. Les résultats obtenus par l’auteur, en faisant réagir l'acide cyanique sur les alcools mono-, bi- et triatomiques, pouvaient être difficilement prévus. Ils ont démontré que si la théorie émise par MM. Liebig et Woehler, sur la con- slitution de l'acide allophanique, n’était pas probable, celle de Gerhardt, qui l’envisage comme bicarbonate d’urée, ne l’est pas davantage. Aussi M. Baeyer essaye-t-il de rat- tacher cette constitution à un type intermédiaire entre celui de l’eau et celui de l’ammoniaque, ou plutôt à un type dans lequel l’un et l’autre se trouveraient représentés simultanément. Quoique l'admission d’un type semblable ne me pa- raisse présenter aucune difficulté, je crois devoir faire observer que rien n’oblige à y avoir recours. En effet, on peut tout aussi bien assimiler l’acide cya- nurique à trois doubles molécules d'eau qu’à une triple ( 002 ) molécule d’ammoniaque : Au lieu de . . : C°0° | On aurait. . Cy,H | H | 212 C0 |'Ass Cy,H 06 H C°0* Cy,H En appliquant cette théorie à la constitution de l'acide allophanique et à celle des divers allophanates, l'acide allophanique serait représenté par : Cy,H Cy,H LE H,H l'allophanate éthylique par : Cy,H Cy,H CSH°,H 0°, l’allophanate glycolique par : Cy,H Cy,H C‘H‘,H° co et l’allophanate glycérique par : < Cy,H Cy,H Ç Of. CSH°,H5 C'est-à-dire que les deux premiers auraient pour type trois doubles molécules d’eau, le troisième quatre et le qua- trième cinq de ces mêmes molécules. Cette réserve faite, ( 905 ) Je n’ai rien à ajouter au rapport de M. Stas; comme lui, je suis persuadé que les recherches de M. Baeyer ont été faites avec le plus grand soin et que ses analyses méri- tent la plus entière confiance. Je me rallie très-volontiers aux conclusions de mon sa- vant confrère. » D'après les conclusions de ces rapports, la classe a ré- solu d'imprimer dans son Bulletin les deux notices de M. Baeyer et de lui exprimer ses remerciments. Sur la berbérine et ses sels; par M. Henry. Happort de HT. Æasrlens. « Le mémoire de M. L. Henry, sur la berbérine et ses composés, présente d'autant plus d'intérêt que cette sub- stance est encore peu connue. M. Henry a, par de nombreuses expériences, cherché à compléter autant que possible l’histoire chimique de ce corps, et confirmé l’opinion, déjà émise par M. Fleit- mann, qu'on devait classer la berbérine parmi les alca- loïdes, puisqu'elle forme des composés salins définis avec les principaux acides. Ce mémoire, qui renferme une foule d'analyses de sels de berhérine qui paraissent avoir été faites avec beaucoup de soin, mérite, suivant nous, d'être imprimé dans les recueils de la compagnie. » 2€ SÉRIE, TOME VII. 39 ( 304 ) Rapport de M. Slas. « Dans ce travail, M. Henry s’est proposé d'établir les propriétés et la composition de la berhérine et de ses principaux sels. Cet alcaloïde, qui se rencontre dans des plantes très-différentes, n’est connue que d’une manière fort incomplète, malgré le travail auquel M. Fleitmann s’est livré sur cette substance. Ce chimiste a montré, le premier, que ce corps, qui Jouit de toutes les propriétés des matières colorantes et qui est employé comme tel, est une véritable base organique; il a assigné à la berbé- rine combinée la formule de C* H'$Az0°, et à la berbé- rine desséchée à 120° la formule de C#? H'$ Az0°, 2H0. Gerhardt, dont la science déplore la perte, se basant sur la loi empirique établie par Laurent et lui concernant la divisibilité des atomes composant les matières orga- niques, a proposé d’y substituer la formule C*? H'° AzO"!, tout en révoquant en doute la composition assignée par M. Fleitmann à la berbérine desséchée à 120°, hydratée sui- vant M. Fleitmann , anhydre d’après Gerhardt. M. Henry démontre péremptoirement, dans son travail, que le doute émis par Gerhardt est fondé, et que la berbérine chauffée à 120° est réellement anhydre. Il déduit de l'analyse de la berbérine anhydre et des principaux sels qu'il a produits et examinés pour la première fois, la formule donnée par Gerhardt. En effet, un grand nombre d'analyses consi- gnées dans ce mémoire, analyses qui me paraissent faites avec soin et habileté, conduisent directement à cette composition. Cependant l’ensemble de ce travail et les résultats publiés antérieurement par MM. Fleitmann, Boe- deker et Stenhouse, sur le chloroplatinate de berbérine, ( 505 ) ne me paraissent pas susceptibles de cette interprétation. La berbérine anhydre doit renfermer, d’après la formule donnée par Gerhardt et adoptée par M. Henry: CR 1 . ù OU MEène © . . . . « Ru AR Deux combustions faites dans l’oxygène ont donné à M. Henry : Carbone. . . . . . . 69,58 — 69,42 Hydrogène. . . . . . 5,51 — 5,33 c'est-à-dire 0,50 en moyenne de carbone de plus que n’en exige la composilion. Ses analyses du bromhydrate, de l’iodhydrate, de pi- crate, du bitartrate, de l’azotate et du chloroplatinate présentent sur le calcul le même excès de carbone. Un écart aussi considérable s’observe entre cette formule et les déterminations publiées par Boedeker et Stenhouse du chloroplatinate, et par Fleitmann, du nitrate et du chlo- roplatinate. L’excès du carbone s'explique aisément dans l'analyse de quelques composés d'un corps, lorsque ces composés sont d'une purification difficile ; mais la repro- duction du même fait, observée par plusieurs chimistes pour un grand nombre de combinaisons bien définies et stables, ayant une origine différente, et susceptibles d’une purification facile, cette reproduction, dis-je, doit tenir à une autre cause. Je suis porté à croire qu'elle tient à l'inexactitude de la formule déduite de ces analyses. Je pense que la formule C** H*° AzO'° représente l’ensemble des résultats obtenus tant par M. Henry que par les diffé- rents chimistes que je viens d'indiquer. Cette formule en effet exige : Pour la berbérine chauffée à Carbone Hydrogène Pour le bromhydrate : Carbone ,. Hydrogène Pour l’iodhydrate : Carbone Hydrogène Pour le picrate : Carbone . Hydrogène Pour le bitartrate : Carbone . Hydrogène Pour l’azotate : Carbone. . 60,00 Hydrogène. 4,54 Pour le chloroplatinate : Carbone . Hydrogène Platine. ( 506 1200 : CALCUL, 70,00 5,04 EXPÉRIENCE. de | Henry. 5 | ‘ 60,15 59,64 47$— 4,69 | Fleitmann. ) bas) ‘ L'analyse du chloroplatinate a fourni : À FLEITMANN. Carbone . 44,44— 44,55 Hydrogène . 5,42— 5,58 Platine. 18,11— 0,00 A BOEDEKER. A STENHOUSE, 17 44,92—44, 6—45,10 92 5,95— 5,55— 5,93 04 17,55 —17,56— 17,72 En exceptant les données fournies par l'analyse du chlo- roplatinate, qui, en ce qui concerne Île carbone, coïnci- ( 907 ) dent entièrement avec le calcul, l’expérience offre sur la formule une perte moyenne de 0,50 pour 100, ce fait s’ob- serve en général pour les déterminations des matières d'une combustion difficile, et la berbérine est dans ce cas. En eflet, M. Henry a prouvé, dans son travail, qu'on commet, sur le dosage du carbone, une erreur s'élevant à 2 p. ‘o, lorsqu'on se borne à brüler cet alcaloïde libre avec l’oxyde de cuivre seul , au lieu de se servir d’un courant d'oxygène. Mais l’auteur ne dit nulle part qu'il a pris cette précau- tion pour l'analyse des composés de la berbérine, qui doi- vent également présenter à la combustion complète une certaine difficulté. Cette difficulté dans la combustion ex- plique, suivant moi, le léger écart entre l'expérience et le calcul déduit de la formule qui me paraît devoir être substituée à celle admise par M. Henry. Je crois donc qu'il ferait bien de faire disparaître l’objection que je viens de soulever, en soumettant de nouveau à l'analyse, soit le chlorhydrate, soit le bitartrate de berbérine, composés qui sont faciles à purifier. L'analyse de ces composés devrait s’exécuter dans un courant d'oxygène, en faisant passer toutefois les produits de la combustion sur du cuivre métallique chauffé au rouge, afin de détruire les composés oxygénés de l'azote qui peuvent se produire et fausser l'exactitude de la dé- termination du carbone. Quoi qu’il en soit de l'interprétation du résultat des analyses, le travail est fait avec soin et mérite l'approba- tion de l’Académie. J'ai, en conséquence, l'honneur de proposer de voter des remerciments à l’auteur, et d’im- primer son mémoire dans nos recueils. » ( 508 ) Happort de M. De HKeninci. « J'ai examiné avec beaucoup d'attention ce travail, et, de même que mon savant confrère, M. Stas, J'ai été frappé, de l’écart qui s'observe dans les quantités de carbone obtenues par l'expérience et celles indiquées par le calcul, d'après la formule de la berbérine admise par l’auteur. On remarque qu’en général, la première est supérieure à la seconde; les analyses du sulfocyanhydrate, du succi- nate et du chloraurate de berbérine sont les seules dans lesquelles la quantité de carbone ait été trouvée inférieure à celle que le calcul aurait dû y faire constater. Il en résulte qu'il reste encore quelque doute sur la formule réelle par laquelle la berbérine doit être repré- sentée; car si, d’un côté, M. Stas a fait voir que la formule C# Az O s'applique sinon mieux, au moins aussi bien aux analyses de la berbérine pure, du bromhydrate, de l’iodhydrate, du picrate, du bitartrate, de l’azotate et du chloroplatinate de cette base, de l’autre côté, on peut dire que celle représentée par C* H° Az O'° et adoptée par M. Henry, concorde plus exactement avec les analyses du chloraurate, du succinate et de l’oxàlate. En effet, ces trois sels ont fourni par l'expérience : Le chloraurate. Le succinate. L’oxalate. _— — — Carbone. . . . 25,50 Carbone. . .. 61,99 Carbone. . . . 60,78 Hydrogène, . 2,94 Hydrogène, . 5,80 Hydrogène. . 4,67 AZDLer se - e 27 Calculé d’après la formule C# H1° Az O1: Carbone. . . . 35,74 Carbone... . 62,11 Carbone... . 60,66 Hydrogène. . 2,85 Hydrogène. . 5,17 Hydrogène... 4,61 Azote, .*. : .. 27,94 ( 509 ) Caleulé d’après la formule Cf! H1° Az O'2: Carbone. . . . 56,82 Carbone. . . . 63,05 Carbone. . . . 61,67 Hydrogène... 92,79 Hydrogène. . 5,05 Hydrogène... 4,49 Azole.. .... 27,47 De nouvelles analyses semblent donc être requises avant que l'on puisse se fixer d’une manière définitive sur la composition de la berbérine. Personne mieux que M. Henry ne serait en état de les entreprendre. J'ai donc l'honneur de proposer à l’Académie de décider que l’auteur sera engagé à continuer ses re- cherches, et que son mémoire, qui semble fait avec beau- coup de soin et qui révèle un chimiste de talent, sera 1n- séré au Bulletin. v Les conclusions des rapports de MM. Martens, Sias el De Koninck sont adoptées par l’Académie. ——_— Recherches sur l'action des forces moléculaires des éléments chimiques ; par M. Ch. V. Zenger. Rapport de M. Dewalque. « Le travail que la elasse m'a fait l'honneur de renvoyer à mon examen est consacré à une des questions les plus obscures de la physique générale : la forme des corps cris- tallisés , dans ses rapports avec les forces qui la détermi- nent. Pour plus de simplicité, l’auteur s’est borné, comme le titre l'indique, à rechercher la cause de la forme cristal- line des éléments chimiques, de ces corps que nous con- sidérons comme simples tant qu'on n’aura pas réussi à les décomposer. Malgré les rapports qui existent, ou qui sont admis, (510 ) entre la forme des molécules et celle des cristaux, l’auteur se lait sur ce premier point; il me paraît d’ailleurs qu'il suppose les molécules sphériques. Je ne puis mieux faire, pour donner une idée de la manière dont il à compris son sujet, que de rapporter ici le dernier paragraphe de son travail. « Nous pouvons résumer les lois de l’action moléculaire des forces et de leur influence sur la forme cristallo- graphique des éléments chimiques. > 4° Il y a deux forces moléculaires, l’une attractive, l’autre répulsive. » 2 L'une est une force continue, inhérente à la ma- tière; l’autre est momentanée, extérieure et n’agit que me le contact. 5° La tangente de l'angle dièdre PA du a ou de l'angle moléculaire exprime le rapport de la distance moléculaire et de la chaleur spécifique des éléments chimiques. Par conséquent, les éléments ne peuvent cristalliser sous des formes entièrement régu- lières. » 4° La force continue ne pouvant être en équilibre avec la force instantanée, l’action simultanée des forces moléculaires produit un mouvement et les molécules oscillent autour d’une position d'équilibre, ainsi que M. Clausius l’a démontré pour les gaz. » 5° Îl n’y a point de raison pour attribuer à ces forces moléculaires une virtualité différente de celle de Pat- traction universelle et de la force centrifuge. » Go De là, il paraît recevable que les mêmes forces qui causent les mouvements des corps célestes dans les espaces incommensurables, produisent aussi les mou- vements perpétuels des molécules qui échappent à nos (511) » sens et qui, par leur action simultanée, déterminent >» leur position mutuelle et la figure des corps. » Le simple énoncé de ces conclusions peut faire com- prendre l'étendue du champ que l’auteur embrasse, ainsi que l'importance des problèmes dont il cherche la solu- lion. L'examen de ces lois exigerait des développements que l’auteur n’a pu donner dans la note que j'ai à analyser, et J'espère que l’on me pardonnera de ne chercher à relever ni ces lacunes, n1 les assertions qui nous paraissent con- testables : nous serions bientôt entrainé, sans grand profit pour personne, dans un travail beaucoup plus long que celui qui est soumis à notre examen, et dans une catégorie de recherches pour lesquelles nous ne sommes pas compé- tent. Malgré notre penchant pour les théories, nous ne pouvons nous empêcher de ne voir dans de tels problèmes qu'un vaste champ ouvert aux spéculations les plus aven- tureuses sans que le contrôle immédiat des faits y vienne jamais apporter des bornes salutaires à la liberté de l’ima- gination. Au fond, la note de M. Zenger à pour but d'éta- blir la troisième loi : appelant & l'angle dièdre fondamental du cristal, c’est-à-dire l'angle des arêtes terminales des rhomboëdres ou celui des arêtes latérales des octaèdres, r la distance moléculaire, qu’il fait égale à la racine cubique du volume moléculaire rapporté à celui de Peau pris pour unité, s, la chaleur spécifique du corps, il cherche à éta- blir l'équation : 1g « ==, qu'il traduit comme suit : la tangente de l’angle dièdre fondamental exprime le rapport entre la distance moléculaire et la chaleur spécifique. Et comme la chaleur spécifique n’est jamais nulle, ig &, ne peut jamais être infinie ou & devenir un angle droit; d’où suit le corollaire qu'aucun corps simple ne peut appartenir au système régulier, (512) L’exactitude de la loi que je viens de transcrire peut être établie de deux manières, à priori et à posteriori : on peut partir de certains principes admis, que l’on traduit en chiffres qu'on transforme légitimement de manière à obtenir l'équation finale tg 4 —*; ou bien, on peut con- sidérer la loi comme une donnée hypothétique et en cher- cher la vérification expérimentale. L'auteur a fait lun et l’autre, de sorte que sa note peut être divisée en deux par- lies. Dans la première, l’auteur commence par faire remar- quer que les formes des éléments polymorphes sont en rela- tion intime avec leurs densités et leurs chaleurs spécifiques; elles présentent d'autant plus de régularité que la densité est plus grande et la chaleur spécifique plus petite. Il con- clut de là que la forme cristalline des corps simples est une fonction de la densité et de la chaleur spécifique. Après des considérations très-contestables sur celle-ci, ou la force répulsive considérée comme force instantanée , il rapporte une formule donnée par Nordenskiôld pour cal- culer la densité des corps composés au moyen des poids atomiques et des poids spécifiques de leurs éléments. Cette formule consiste dans l’équation suivante que je n'ai pu vérifier, faute de citation : | M m m, Dai Qu oùM,m,,M,...représente les poids atomiques, d;, de, les densités. Si l’on fait PET A EE SIS nn [4] | E PS =|S ee. —"" < ci | Es ( 515 ) on obtient : MmiR= mir, Em ir, +... m Et comme = — v, ou le volume atomique, nous avons : 1 a AM AR nn en NN Il considère r comme représentant la distance molécu- laire. Puisque la densité ne peut être que l'effet de l’action simultanée des forces moléculaires, la distance molécu- laire doit être une fonction de ces forces ; et comme l'exa- men des corps polymorphes a montré que leurs formes cristallines varient avec leurs densités et leurs chaleurs spécifiques , la forme des éléments doit dépendre de ses propriétés , que l’auteur considère comme cas particuliers de l'attraction universelle et de la force centrifuge. Examinant le cas de deux molécules soumises à l’action de ces forces , l’auteur obtient une résultante, faisant avec “ la normale à la ligne des centres un angle « tel que one, : \ 1} sui ; : ga—-, équation où om!" est la distance moléculaire et op une fonction de la chaleur spécifique. « Et comme » la force répulsive est une forme momentanée » , on a Si tous les calculs que je viens d'analyser aussi briève- ment que possible, sont exacts, en tant qu'opérations ma- thématiques, 1l est facile de voir qu'ils pèchent par les raisonnements qui leur servent de base. Aïnsi r, la dis- tance moléculaire, ne peut être fait V/v, le volume ato- mique, qu à condition que le corps appartienne au système régulier et que ses molécules soient placées rectangulai- ( 014 ) rement, de manière que huit d’entre elles correspondent aux buit angles solides d’un cube. En outre, je n’ai pu parvenir à comprendre comment l’auteur admet que fs=s : la circonstance que la chaleur spécifique serait une force instantanée , force qui serait proportionnelle à la vitesse, ne me parait pas suffire à expliquer cette transformation. Enfin, l'auteur n’examine que le cas de l'attraction réci- proque de deux molécules : il me semble qu'il aurait dû en faire intervenir au moins trois, puisqu'il s’agit de s0- lides. D'un autre côté, je ne sais jusqu’à quel point il est exact de dire que l'examen des corps polymorphes ayant montré que leurs formes variaient avec leurs densités et leurs chaleurs spécifiques , la forme des éléments ne doit dépendre que de ces propriétés. Si lexactitude de la formule n’est pas mathématique- ment démontrée, nous pouvons la considérer comme une donnée hypothétique et chercher si elle se vérifie par l’ob- servation. C'est ce que l’auteur a fait et les résultats sont résumés dans un tableau contenant 24 corps simples, métalioïdes et métaux. Il faut observer que la distance moléculaire est la racine cubique du volume moléculaire, et que, pour obtenir celui-ci, les poids atomiques sont rapportés à celui de l'eau—1, la densité et la chaleur spé- cifique étant rapportées à ce liquide. L'examen de ce tableau montre un accord frappant entre les angles observés et les angles calculés pour les corps cristallisés en octaèdres ou en rhomboëdres, tandis que pour les corps simples du système cubique, il n'y a nulle concordance; nous avons déjà fait remarquer que la formule ne peut conduire à &— 90; l’auteur trouve qu'il ne peut dépasser 89°8/, et nie positivement l'existence de cristaux réguliers dans les éléments chimiques : il expli- ( 91 ) que l'opinion contraire par des imperfections dans les cristaux et dans les mesures d’angles. Mais je dois faire remarquer que nous possédons d’autres moyens pour dé- terminer le système cristallin et que, par exemple, les formes à vingt-quatre et à quarante-huit faces du diamant caractérisent absolument le système régulier. Je ferai encore observer que la formule ne donne qu'une valeur d'angle, et qu'elle laisse indécis le système cris- lallin ; c'est l'observation seule qui le fait connaître. Cette lacune est d'autant plus regrettable que l’auteur mesure les angles dièdres terminaux des rhomboèëdres et les an- gles latéraux des octaèdres, sans qu’on apercçoive la raison de cette différence. Quoi qu'il en soit, on ne peut qu'être frappé de l’accord qui existe dans les formes appartenant aux systèmes non réguliers : une telle concordance ne peut être l'effet du hasard , et il doit y avoir dans les idées de l’auteur quelque vérité encore obscure qui mérite d'attirer l'attention des physiciens. Il est quelques éléments dont la chaleur spécifique n'est pas encore connue, mais pour lesquels on connaît celle de certains composés; l’auteur calcule la chaleur spécifique approchée au moyen de la formule MS — (19282 + M3Ss + oc.) : S: == M et l’angle fondamental par l'équation Si MS — (M2So + MS; + ..….) ie murs Les résultats obtenus sont réunis dans un tableau qui donne lieu aux mêmes observations. ( 16 ) En résumé, la loi que l’auteur cherche à établir ne nous parait pas suffisamment fondée, et elle ne se vérifie que pour certaines catégories de faits. Son travail laisse en outre beaucoup à désirer au point de vue de la clarté et de la méthode, ce qui ne tient pas entièrement à l’igno- rance de la langue française; c’est pourquoi je me trouve à regret dans la nécessité de ne pouvoir en proposer l’im- pression; mais comme il contient une idée qui me paraît digne d'attention, j'ai cherché à le résumer aussi claire- ment que possible, et j'ai l'honneur de proposer à la classe d'annexer aux rapports de ses commissaires le tableau où l’auteur résume ses résultats, avec les principaux exem- ples, de déposer le travail aux archives et de remercier M. Zenger de sa communication, en l’engageant à déve- lopper ses recherches. Si la classe adopte ces propositions, Je me chargerai de l’extrait à joindre au Bulletin. » M. L. De Koninck, second commissaire, souscrit à ce rapport. Æapport de M. Gloesener. « Le mémoire de M. Zenger sur l’action des forces molé- culaires des éléments chimiques a pour objet de faire voir que les formes cristallines des éléments chimiques sont pro- duites par deux forces moléculaires, dont l’une est attrac- tive et permanente, et l’autre répulsive et momentanée. A cet effet, il calcule, au moyen des valeurs de ces deux forces que nous déterminerons à l'instant, la tangente de l’angle dièdre fondamental du cristal, c'est-à-dire de l'angle des arêtes terminales des rhomboèdres ou celui des arêtes latérales des octaèdres. Il compare l'angle trouvé au moyen (o17) d'une formule empirique, pour un grand nombre de sub- stances , à l'angle donné par l'observation pour la même substance; et de l'accord trouvé entre les résultats du calcul et ceux de l'observation, il conclut que la formule admise représente des faits réels de la nature, et que, par suite, les deux forces moléculaires supposées suffisent pour expliquer les formes cristallines des éléments des corps. Voici les caractères de ces deux forces : La force attrac- tive est inhérente à la matière, et, par conséquent, celle en vertu de laquelle les molécules s'attirent; et elle ne dif- férerait même pas, d’après M. Zenger, par sa nature, de l'attraction universelle. L’attraction des molécules variant, conformément à l'observation, avec leur densité et leur chaleur spécifique, le physicien de Neusohl la représente en grandeur par la distance entre les centres de deux molé- cules contiguës, y compris les espaces laissés entre elles et uniformément répartis ; ou bien, en d’autres termes, par la racine cubique des volumes moléculaires qu’on obtient en divisant par le poids spécifique du corps simple son poids atomique rapporté d’abord à celui de l'hydrogène pris pour unité de poids, et ensuite à l’eau par la division par 9. La force répulsive serait, d’après M. Zenger, la chaleur spécifique rapportée à l’eau et à l'unité de poids. Il admet que la chaleur spécifique des éléments agit comme les vitesses dans la théorie du choc des corps. Lorsqu'une force extérieure et momentanée imprime aux corps une impulsion suivant une direction déterminée, les éléments oscilleront, dit l’auteur du mémoire, autour d’une posi- tion d'équilibre, comme l'a admis Clausius pour les gaz, et de la même manière que les planètes tournent autour du soleil, en vertu de l'attraction et d’une impulsion primitive communiquée suivant une direction déterminée. ( 518 ) M. Zenger suppose que la répulsion oblique par rapport à la force attractive, soit décomposée en deux autres forces, dont l’une diminue un peu lattraction réciproque des mo- lécules et dont l’autre est perpendiculaire à cette dernière. Il admet aussi que la force répulsive qui est perpendicu- laire à la distance moléculaire ou à la force attractive est proportionnelle à la chaleur spécifique. C’est sur la résul- lante de ces deux forces que les molécules du cristal se réunissent ; elle fait avec la composante répulsive un angle « dont la tangente est égale à la distance moléculaire divisée par la chaleur spécifique. Les développements que donne M. Zenger à ses idées sont un peu obseurs et hardis. Il faut regarder comme empiri- que la formule par laquelle il calcule l'angle dièdre fonda- mental , et chercher à la vérifier par les résultats qu’elle fournit. Or, les tableaux annexés au mémoire que nous analysons montrent que les résultats du calcul s'accordent avec ceux de l’observation d’une manière telle qu'on ne peut s'empêcher de croire que M. Zenger, continuant ses recher- ches, parviendra à des résultats dignes de toute l'attention des cristallographes. Je dois faire remarquer que les valeurs trouvées par le calcul pour les indices de réfraction et pour les angles de polarisation confirment celles que M. Zenger a trouvées pour les angles des arêtes fondamentaux; et réciproque- ment, par la raison que les formules qui ont servi à cal- culer les unes et les autres ne diffèrent qu'en ce que la racine carrée de tangente + est égale à l'indice de réfrac- lion et à la tangente de l’angle de polarisation. Je laisse à notre honorable collègue, M. Dewalque, l'exa- men de la question, si et jusqu’à quel point, les résultats du mémoire de M. Zenger sont applicables à tous les sys- BP ER LE ( 519 ) tèmes eristallins : j'adhère à son opinion sur cette question. Il faudra certainement des recherches ultérieures pour apprécier toute l'importance du travail de M. Zenger. Il les fera sans doute lui-même; mais celles qu'il a com- muniquées dans son mémoire suflisent pour m’engager à prier l’Académie de vouloir bien remercier M. Zenger de sa communication, l’engager à continuer ses recherches et à faire insérer dans son Bulletin les tableaux qui con- tiennent les résultats de ses observations (1). » Les conclusions du rapport de M. Gloesener sont adop- tées par la classe. — MM. Van Beneden et De Koninck présentent leurs rapports sur deux notices communiquées par M. Marcel de Serres, professeur dont la Faculté des sciences de Mont- pellier vient de célébrer le cinquantième anniversaire. L'une de ces notices concerne l’ancienne existence des animaux invertébrés perforants et particulièrement des mollusques conchifères et tubicolés de Lamarck; l’autre traite des altérations que les coquilles éprouvent pendant la vie des animaux qui les habitent. La classe décide qu'il sera adressé à M. Marcel de Serres des remerciments pour ses deux communications, ainsi que des félicitations sur la cinquantième année de son professorat. (1) Conformément aux propositions du rapporteur, les tableaux calculés par M. Zenger ont été insérés dans le présent Bulletin. Voir pp. 608-610. 9e SÉRIE, TOME VII. 36 ( 520 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur la variation des éléments magnétiques. Lettre du Père A. Secchi, directeur de l'Observatoire de Rome, à M. Quetelet. Il y a longtemps que j'aurais dû répondre à votre aimable invitation et vous Lenir au courant des travaux exécutés à notre observatoire; mais le temps qu'il m'a fallu employer pour mettre en ordre la plus grande partie de ces observa- ons ou pour en préparer de nouvelles, m’a privé du plaisir de m’entretenir avec vous. En laissant de côté maintes choses que J'aurais à vous communiquer, Je me permettrai de vous entretenir des résultats des observations magné- tiques que je viens de faire avec la collection d’instru- ments que nous avons, Vous appreudrez avec plaisir com- ment je suis arrivé à obtenir des indications exactes et régulières, surtout de l’instrument à force verticale, sem- blable à celui que vous possédez, J'ai abandonné la lec- ture de l'échelle qui se fait à l’aide de deux microscopes, et je ne me sers de ceux-ci que pour les rectifications nécessaires : la lecture différentielle habituelle a lieu de cette manière : mn mn/ ù à = y TÈ ZE % ;=0 Le barreau AB à été garni de déux appendices en alu- minium, semblables à ceux de cuivre qu’il porte dans sa ( 521 ) construction originale; seulement un de ces appendices, À , porte une petite pince dans laquelle j'ai fixé une échelle de cristal divisée en dixièmes de millimètre. On observe cette échelle avec un long microscope m, m' qui grossit environ 40 fois, ce qui permet de rester éloigné de l’instru- ment d'une distance de deux mètres. On éclaire l'échelle de cristal à l’aide de la lumière réfléchie par un prisme P. Depuis que je suis parvenu , au moyen des vis de registre du barreau, à rendre très-sensible l'instrument dont je me sers, Je lai trouvé toujours régulier dans sa marche, et Je pourrais même dire qu'il est le plus exact de tous. Un dixième de millimètre d'oscillation correspond à 0,000071 de la force verticale, et on peut apprécier les dixièmes de ces divisions très-facilement. Pour garantir l'instrument des variations brusques de température, la salle est préservée avec soin des influences personnelles, et celui-ci est recouvert par une seconde boîte qui couvre la première et les deux microscopes, et même la dalle de marbre qui supporte tout l'instrument. Les différentes parties du support de l'instrument et du long microscope sont lixées à un mur très-épais et souterrain du bâtiment. J'ai disposé l'appareil dans le méridien magnélique. Je ne doute point qu’en faisant de semblables améliorations à votre magnétomètre vertical, vous ne réussissiez à en tirer un bon parti. Je passe maintenant aux résultats des observations. Aux époques des équinoxes et près des solstices, nous faisons, pendant 5 ou 4 jours et nuits, des observations horaires ou demi-horaires, en nombre suffisant pour fixer la marche des instruments: si en ces jours arrivent des perturbations, nous remettons nos observations à un temps où l'aiguille est moins agitée. (022) Déclinometre. — La marche de cet instrument est si connue qu'il paraît superflu de s’y arrêter; cependant, J'y ai fait une attention spéciale, espérant trouver un fil qui puisse nous guider dans ce dédale des variations. On est accoutumé à prendre des moyennes et à en discuter les résultats : cela est bon pour plusieurs choses, mais cela gûte bien souvent les lois des détails : j'ai donc préféré de construire, l’une après l’autre, les courbes de mes obser- valions pendant plusieurs jours et d’en observer la marche générale. Ce qui frappe au premier abord, c’est qu'on voit dans leur marche particulière des périodes évidemment tronquées : il n’y a pas de véritable continuité du jour à la nuit. J'avais tàché, en 1854, de réduire les variations à une période composée, diurne et semi-diurne, qui, en se superposant, représentait assez bien les moyennes des ob- servalions réduites par M. Sabine; mais une telle période donne nécessairement une loi de continuité dans le pas- sage du jour à la nuit qui ne subsiste réellement pas. La marche de l'aiguille est interrompue à certaines heures du Jour et durant presque toute la nuit. Pendant cette dernière période, 1} y a réellement un petit mouvement qu'on peut appeler la répétition de celui du jour extrêmement af- faibli (1). La période véritable de l'aiguille, sans la suspen- sion nocturne, serait une période semi-diurne, c'est-à-dire qu'entre les deux maxima consécuuis, 1l y aurait 12 heures comme dans le flux de la mer. Pour toute démonstration, il suffit de jeter un coup d'œil sur les dernières courbes (1) La continuité apparente provient de ce que les moments de rebrous- sement arrivent à des heures diverses, en différents jours, et se superposent en s’oblitérant mutuellement dans les moyennes. ( 25 ) du solstice que je joins à cette lettre. Les lignes continues montrent la courbe telle qu'elle est décrite par l’instru- ment, et leur continuation ponctuée ce qu'elles seraient si le mouvement avait lieu avec la même intensité pendant la nuit. Je vous prie de remarquer avec attention les particu- larités suivantes : 1° le mouvement de l'aiguille se fait, dans l'est, depuis le lever du soleil, à 4 heures, jusqu’à 7 h. {du 1 4 matin; alors l’aiguille rebrousse chemin, marche à l’ouest jusqu’à une heure et demie du soir; de là elle marche de nouveau à l’est jusqu'à 6 heures du soir, où elle semble s’ar- rêter. Ce phénomène est caractéristique; car si la chaleur solaire produisait, soit directement soit indirectement, le mouvement, celui-ci devrait commencer dans le même temps que celui de la température au lever du soleil, passer au maximum avec lui et ne s'arrêter qu’à son coucher. J'ai tracé pour cela, pendant les jours d'observation, la courbe du thermomètre déduite de celle du thermographe. On re- marquera la grande disparité qui existe entre ces deux courbes. De plus, on peut se demander pourquoi l'aiguille marche en sens contraire jusqu’à 7 5 heures, pourquoi son mouvement s'arrête à 6 heures, moment auquel elle paraît paralysée, malgré la présence du soleil. 11 est difficile, sans doute, de répondre positivement à ces questions; mais on peut affirmer que la marche n'étant pas d'accord avec celle de la température, celle-ci n’est pas la seule et véri- table cause. Arrêtons-nous pour un moment, et avant de conclure positivement , ayons soin de démontrer négative- ment l'exclusion de la cause prétendue de ces phénomènes. C’est ce que nous allons essayer, en nous servant d’un autre instrument qui nous éclairera davantage. Composante verticale. — La courbe de cet instrument, ( 524 ) placé aussi dans le méridien, est frappante. La nuit, l'in- strument reste presque fixe, il a seulement un petit mou- vement; au lever du soleil, il commence sa marche par un abaissement du pôle nord jusqu'à 6 heures; après cela, ce pôle se relève très-régulièrement jusqu’à midi, puis 1l redescend jusqu’à 5 à 6 heures du soir; ensuite il remonte jusqu'au coucher du soleil, moment où sa marche s'arrête presque entièrement jusqu'au matin. Je demande ici aux physiciens qui soutiennent l'opinion de la température, s’il n’y a aucune relation entre ces mou- vements et ceux du thermomètre. L’illusion de la coïnei- dence des maxima et minima du thermomètre et du bar- reau disparaît même complétement; et nous voilà conduits à des fonctions de doubles angles horaires et d'une pé- riode semi-diurne qui frappe l'œil le moins exercé, si l'on complète les courbes nocturnes par des points, comme vous pouvez le voir. Je viens d'appliquer ces discussions aux observations d'été comme étant les plus remarquables, puisque le soleil reste sur l'horizon pendant les heures mentionnées ci-dessus et exerce une action opposée sur l'aiguille. Les observations du printemps montrent la même particularité, seulement les intervalles entre les maxima sont de plus courte durée. Près des équinoxes , M l'aiguille de déclinaison se met en mouvement, vers l’est, au lever du soleil, et arrive au maximum à 8 ou 9 heures; elle est au maximum ouest à 2 heures: elle marche vers l’est jusqu'à 6 heures, temps où elle s'arrête et n’a plus que dem petites oscillations dont la eause est assez problématique. Le pôle nord du magnétomètre vertical se met en mouve- ment descendant à 6 heures et arrive à sa plus grande dépression à 8 heures, ensuite il se relève jusqu'à 42 À ( 52 ) heures de l'après-midi, pour redescendre jusqu’à 4 heures et remonter ensuite jusqu'à 6 heures, temps où, après une petite ascension encore, il se trouve arrêté. Pendant la puit, la marche de l'instrument est arrêtée. La seule dif- lérenee entre les saisons est un rétrécissement dans l’ou- verture de la courbe, du côté diurne. Passons au troisième instrument. Le bifilaire. — Malheureusement cet instrument ne fonc- tonne pas avec la remarquable régularité des précédents. La construelion en est si simple et tous les arrangements si bien combinés, que je ne doute point que les nom- breuses irrégularités auxquelles 1l est sujet ne soient dues qu'à des causes réelles et magnétiques. C’est pour cette raison que les observations ont été continuées pendant plusieurs années consécutives, presque d'heure en heure, surtout l’après-midi, partie du jour où les irrégularités sont plus remarquables. Cependant une forme constante règne toujours dans la période de tranquillité, qui a un minimum entre 9 et 10 heures du matin et un maæxi- mum à 4 heures du soir. Ce maximum est bien sou- vent suivi d'un autre minimum relatif qui est plus petit que celui du matin; et, au coucher du soleil, le barreau commence à descendre lentement pour arriver à la posi- tion matinale pendant la nuit. Quoique naturellement im- parfaites, ces conclusions nous montrent que la période semi-diurne est très-bien indiquée dans la distance de 6 heures environ du maximum au minimum principal. d’es- père même que les irrégularités de l’instrumert ouvriront quelque voie pour reconnaître leur source. En général, nous avons remarqué qu'elles sont très-nombreuses dans les jours chauds el avant les vents de N.-E; ce qui prouve ( 526 ) l'existence d'une influence météorologique non douteuse qui trouble la période principale. En effet, après avoir constaté l’action des aurores boréales, les grands éclairs pendant les orages (ce que j'ai vu plusieurs fois), et une variation assez sensible des oscillations après de grands refroidissements de l’atmosphère, on ne peut se dissi- muler l'action des météores atmosphériques sur le ma- gnélisme terrestre; mais le caractère général de ces in- fluences est celui de causes perturbatrices et non de causes principales. Je ne vous rappellerai pas les essais que j'ai faits pour réduire tous ces phénomènes à un principe, car je suppose que vous les connaissez. Ce qui intéresse pour le moment , c’est de bien établir la partie négative de la question, c'est-à-dire la diversité essentielle de période dans les variations des instruments magnéti- ques et de la température. Toute explication qui ne satis- fait pas à ces conditions, ou qui ne donne pas la raison de la loi de la période semi-diurne que le phénomène ma- nifeste d’une manière si éclatante, doit être rejeté. Déjà on doit regarder comme un pas assez grand fait par la science moderne, que de considérer toutes les composantes de la force magnétique, et non pas seulement sa direc- tion, comme on faisait autrefois. Nous avons encore à ex- pliquer le rapport relatif de ces divers instruments, dont même les extrêmes horaires ne s'accordent ni entre eux ni avec la température. Je ne prétends pas que les observations que je viens de faire puissent rivaliser avec les nombreuses obser- vations qui se font habituellement; si je suis entré dans tous ces détails, c'est parce que Rome étant une station tout à fait nouvelle, il était très-intéressant de connaître : ( 527 ) iei la marche des phénomènes avec exactitude. Vous voyez donc que notre station est assez favorable pour la grande régularité du déclinomètre et du vertical. Pour le bifi- laire, elle ne paraît pas st avantageuse. Cependant cela ne m'étonne pas : tout l'ensemble des lois magnétiques fait connaitre des phénomènes que j'appelle complémen- taires, et dans ce dernier instrument, Je vois clairement l’instrument complémentaire du déclinomètre; car il peut bien arriver que lorsque l’un est calme, l'autre est troublé. J'avais déduit cette loi de complément de ma théorie, et je la vois vérifiée dans la série des intéressantes observations publiées par Sabine (dans le vol, 447, part. IT, pag. 515, des Transact. philos. de Londres) et qui ont été faites à Point-Borrow , au cercle polaire. Là on voit la tendance du déclinomètre à une période simple, comme celle qu'on obtient à l'équateur avec le bifilaire. » Je crois devoir insister sur la loi des périodes des heures tournantes (turning hours des Anglais), car cela est très- important pour découvrir la loi des faits et ensuite leur cause. C’est ainsi qu'on agit pour le flux et reflux dela mer et pour la variation barométrique diurne, qui coincident, on ne peut plus en douter, avec les actions thermiques du soleil. Pour les phénomènes magnétiques, l'expérience nous à prouvé que ces périodes dépendent beaucoup des positions du soleil, et non de la période thermique seule- ment ; de plus, 1} y a l'influence des latitudes géographi- ques, laquelle a été heureusement constatée par des obser- vations faites dans les colonies anglaises. Mais, par leur théorie, on ne pourra obtenir aucun bon résultat, sans avoir fait une comparaison de toutes les données obtenues des principaux observatoires du globe. Malheureusement (528 ) les observations sont encore trop peu nombreuses, pour qu'on ne soit pas disposé à preudre de simples exceptions pour des lois générales. Je finirai cette lettre déjà trop longue, en vous donnant le résultat de nos observations magnétiques pour Rome : Intensité totale (unité de Gauss) . . . .— 4,4079 Déclinaison, 1 janvier 1859. . . . . . — 15°48:6 laclinaison 51. rs RU AR ES Note sur un arc-en-ciel remarquable ; par M. A. Quetelet, membre de l’Académie. Le 51 juillet dernier, après une journée assez chaude, des nuages épais se sont formés; et, entre 5 et 8 heures du soir, 1la plu à plusieurs reprises. Vers7 heures et demie, le ciel était extrêmement chargé près de l'horizon, à l’exception du nord et de l'ouest, et l'on a eu le spectacle d'un fort bel arc-en-ciel double. Son éclat était très-vif, Il a persisté longtemps; près d’un quart d'heure. A l’intérieur de l’are principal, à côté du vert, on distinguait une bande d’un violet pâle, et plus à l’inté- rieur encore, une seconde bande d’un vert très-faible. La différence d'éclat du ciel, à l’intérieur de l’are central et entre les deux arcs concentriques, était très-sensible : cette dernière partie était beaucoup moins claire que l’autre. Le phénomène a continué à être visible pendant que le soleil se couchait; mon fils en a relevé les principaux ea- ractères. Ce qu'il y à de curieux, c’est qu'au même moment un ‘ " d ï U re { : Û ‘a = . ” . 4 # ) | 1 ! ï Ê" 148 4 s : 1. PEU Lt : QUE ñ Ù ü le 4210008 PU (LE re , 5 Ù A Na” 14 ER Pull.de llcadenie. sr, toute VA page 6. Lettre du PESecehe, Juin 1859. ; 6 ! ; ÿE Mate ee BL Son Mort 6 Le F à une es p'! Matur. ele. “Jour: 7 ; À " A ÿ S = . s (0 latur (172 (77172 dt (0 | 6" Midi. 6 Ve FA rte ñ j à ï og UE La Déclinometre | ke Magnetisme|vertioal da de, AV | Sr a, < mA EL, 2, or Bifilaire. s° les orl ÿ net LITE ee qe 7 —" Fe ai) temperzs ji “ Ale Le d eZ Nu Cù QoŸ Lee Thermomketre. ( 529 ) phénomène analogue atlirait l’attention d'un ‘autre obser- vateur à Louvain et présentait des caractères analogues. Les journaux nous apprennent que, le même jour, un orage épouvautable a éclaté sur le haut Rhin, et que la chute des grêlons , ou plutôt de véritables glaçons de 6 à 8 centimètres, à été si abondante qu'on a dû employer des voitures pour les emporter. M. Florimond a écrit à M. Quetelet que le phénomène aperçu à Bruxelles a été vu aussi à Louvain. « À 7 heures 20 minutes, des nimbus couvraient à peu près tout le ciel. Tout à coup, les nuages du N.-0. se pei- gnirent uniformément d'une couleur orangée des plus vives, embrassant environ le tiers du ciel. Au N.-N.-0, on vit des nuages en forme de trombes, assez bien dessi- nées. Vers l'endroit du soleil apparurent des cumulus éblouissants entre lesquels se montrèrent des ouvertures semblables à des fournaises, quoique le soleil ne fût pas visible. Sous ces cumuius et fort près de l'horizon, appa- rut une bande qui reflétait un ciel bleu des plus purs. Tandis que dans la direction opposée, au S.-E., il y avail un maguifique arc-en-ciel, un des plus complets el des plus brillants qu'on puisse voir. Cet arc-en-ciel a persisté jusqu'à 7 heures 48 minutes. À 7 heures 40 minutes, 1l a commencé à perdre de son éclat, mais il n’en a pas moins été bien visible jusque 2 minutes aprés le coucher du soleil, qui a eu lieu ce jour-là (d’après l'Annuaire de l'observatoire de Bruxelles) à 7. heures 46 minutes. La couleur rouge orangée du ciel a disparu graduellement et en même temps que l'arc-en-ciel. » (530 ) Additions au Synopsis des Gompxines; par M. De Selys- Longchamps, membre de l’Académie. Je présente aujourd’hui, pour le Synopsis des Gom- phines, publié dans les Bulletins de l’Académie en 1854, un supplément analogue à celui que j'ai donné récem- ment pour le Synopsis des Caloptérygines. De même que pour celui-ci, je n’entrerai pas davantage dans la rectifi- cation des erreurs de détail ni des fautes typographiques. Je me renfermerai dans la description’ des sous-genres et des espèces qui ne figurent pas au Synopsis, et je profite- rai de l’occasion pour éliminer quelques espèces dou- teuses et remettre à leur place véritable quelques autres qui ont été mal classées. Les additions aux Gomphines ont un caractère un peu différent de celles que J'ai données pour les Caloptéry- gines, la Monographie de ces derniers ayant paru pres- que en même temps que le Synopsis, ne comprenait que les mêmes espèces. [l n'en a pas été de même pour les Gomphines, dont la Monographie (formant le tome XI des Mémoires de la Société royale des sciences de Liége) n'a été publiée qu'en 1858; de sorte que, parmi les vingt- neuf espèces que j'ajoute au Synopsis de 1854, il n’y en a en réalité que six qui ne figurent pas dans la Monogra- phie; ce sont : Erpelogomphus boa, Neogomphus? specu- laris, Gomphoides suasa, Cyclophylla protracta, Aphylla tenuis et Aph. dentata. Le nombre des espèces décrites au Synopsis était de 117. Nous aurions done maintenant 146 espèces de Gom- phines décrites, mais ce chiffre doit être réduit à 158, parce qu'il v a huit espèces à supprimer, savoir : (do ) N° 11. Onychogomphus Lefebvrei, De Selys, ne paraît être qu'une race du forcipatus n° 10. N° 20. Ophiogomphus Menetriesii, De Selys, est proba- blement identique avec le crotalinus n° 21. N° 41. Gomphus villosipes, De Selys, est le mâle du pal- lidus n° 40. N° 45. G. sordidus, Hagen, est le mâle du lividus n° 42. N° 50. G. elongatus, De Selys, est la femelle du notatus n° 49. N° 65. Hemigomphus elegans, De Selys, dont l’exem- plaire n’a pu être examiné suffisamment et n'existe plus, doit être réuni provisoirement au molestus n° 64. N° 91. Zctinus prœcox, Hagen, n’est qu’une race du rapax n° 8. N° 411. Cordulegaster pictus, De Selys, n° 111, est une simple race du bidentatus n° 109. Il y a lieu de transférer dans d’autres groupes les espèces qui suivent. N° 8. Onychogomphus assimilis, Schneider, est encore incertæ sedis, cependant je crois plus juste de le placer parmi les vrais Ophiogomphus. N° 24. Ophiogomphus cerastes, De Selys, est au con- traire un Onychogomphus. N° 29. Gomphus bistrigatus, De Selys, est également un Onychogomphus. N° 58. Austrogomphus Gouldii, De Selys, est un vrai Hemigomphus , à peine distinct de l’heteroclylus, et cc dernier, comme le Gouldi, est de la Nouvelle-Hollande, et non de l'Amérique. N° 62. Austrogomphus ? interruplus, De Selys, est pro- bablement un Onychogomphus voisin du ruplus et du prœruplus que je décris aujourd'hui. ( 232 ) N° 71. Progomphus? stigmatus, Say, est une vraie Gom- phoides voisine de l’audax et de la fuliginosa. Les appen- dices anals du mâle sont analogues à ceux de la semicir- cularis. Je rectifie en même temps la patrie de la fuliginosa, qui est de la Guyane et non du Chili. Des découvertes remarquables faites depuis la publica- tion du Synopsis, sans parler des espèces nouvelles, qui augmentent d'un quart environ celles que je connaissais, je citerai : "Le sous-genre Microgomphus ; la connaissance du mâle de l'annulatus et du parallelogramma qui out donné lieu à créer le sous-genre Macrogomphus ; la formation du sous-genre Érpetogomphus ; les deux espèces de Gomphus, : qui consutuent le groupe du dorsalis; la création du sous- senre Neogomphus par suite de la découverte de la patrie australienne des vrais Hemigomphus; le sous-genre PAyllo petalia, fondé sur deux magnifiques espèces du Chili, enfin le sous-genre Tachopteryx, de M. Uhler, créé pour une espèce des États-Unis, doublement remarquable par sa beauté et par sa provenance, puisqu'elle constate lexis- tence, dans le nord de l'Amérique, d’un insecte de Ja légion des Petalura jusqu'ici restreinte à deux espèces de la Nouvelle- Hollande et de la Nouvelle-Zélande, cette dernière formant aussi un nouveau sous-genre sous le nom de Uropetala. Le nombre des sous-genres était de 35 en 1854. J'en ai ajouté sept, mais le nombre total ne doit être porté qu'à 59, parce que J'ai cru conforme aux principes de la classification de ne voir que de simples groupes géogra- phiques dans les sous-genres Dromogomphus, Tecagaster et Tœniogaster, me rangeant en cela à l'opinion de M. le docteur Hagen, mon collaborateur pour la Monographie LE, 24 299 des Gomphines, pour celle des Caloptérygines, et pour la Revue des Odonates d'Europe. ADDITIONS. Sous-genre 105, — MICROGOMPHUS, De SELys, snhen LC des Gomphines, 1857. o Appendices anals supégieurs ayant à peu près le double du 10° segment, coniques, avec une fine branche interne basale, parallèle à la principale et aussi longue; appendice inférieur étroit, fourchu, un peu divariqué au bout seulement. Thorax noirâtre en avant, avec deux bandes verdâtres confluentes avec le collier. Les côtés olhivâtres, avec une raie noire. Abdomen noir, non dilaté, un peu annelé d'olivâtre; 8° et 9° segments égaux, 10° moitié plus court. 12 nervules antécubitales aux supérieures ; ptérostigmia brun, médiocre, sa nervule interne non prolongée jusqu'au secteur principal; membranule nulle; angle anal obtus. Q Inconnue. Patrie : Malacca. 2b , Microcouraus cuELirErR, De Selys, #onog. des Gomph., n° 98. + Abdomen 25", Aile inférieure 18 !/,. o* Ailes hyalines. Costale noire. Ptérostigma brun, surmontant 5 cellules. Tête noire, une bande au-dessus du front, une tache laté- rale au nasus, une au rhinarium, deux à la lèvre supérieure et la base des mandibules olivâtres. Les deux bandes cunéiformes olivâtres du devant du thorax confluentes par en bas avec le collier, qui est très-interrompu au milieu; les côtés jaunes, avec une seule raie su- périeure brune. Abdomen noir, avec un anneau basal oblitéré, étroit, interrompu à l’arète, et une fine ligne dorsale olivâtre jusqu'au 7° segment, Pieds noirs, avec une bande livide aux fémurs intérieurs. Q Inconnue. Patrie : Le mont Ophir, à Malacca. Pris par M. Wallace. (Collec- tion Sclys). (534) Cette Gomphine, la plus petite de celles connues jusqu'ici, est voi- sine des Macrogomphus. Sous-genre 17. — MACROGOMPHUS, DE Seryxs, Monographie des Gomphines. Hererocomenus 1% groupe, De Selys, Syn. Ce nouveau sous-genre se compose des trois espèces du groupe Robustus, dont les mâles n'étaient pas connus. Voici le caractère de ce sexe : g Appendices anals supérieurs à peu près de la longueur du 10° segment (qui n’a que le quart du 9°, ou à peu près la moitié du 8°}, divisés en deux branches, la principale conique; l'interne plus fine, plus longue, divariquée. Appendice inférieur fourchu, formant deux branches aussi écartées que les supérieurs. 2° article du pénis avec une dent. Oreillettes fortes. N. B. Les mâles des M. parallelogramma et annulalus sont décrits dans la Ho- nographie des Gomphines, pages 405 et 405. . Ce sous-genre et le précédent (Microgomphus) sont très- voisins, et diffèrent au contraire beaucoup du sous-genre ete- rogomphus, tel que je l'ai restreint dans la Monographie. bis OnxchocomPBus RuPTUS, De Selys, Monog., p.595, n° 30bis, Abdomen 52". Aile supérieure 29. ° o* Jeune. Costale finement jaune en dehors. Triangle discoïdal des inférieures peu allongé, suivi de 2-5 cellules; ptérostigma jaune. Tête jaune, une bordure brune antérieure à la lèvre supérieure et derrière des yeux noirs. Occiput jaune cilié assez haut. Devant du thorax avec six bandes noires, très- épaisses, presque droites; les médianes presque contiguës, réservant de chaque côté un dessin jaune en forme de 7; l’antéhumérale et l'humérale séparées par une fine ligne jaune, qui est interrompue avant le haut. Les côtés jaunes avec une raie noire complète, et le commencement inférieur d’une seconde. Les taches jaunes dorsales des 5°, 4° et 5° segments arron- dies. Pieds jaunâtres. Fémurs assez longs, olivatres en dehors. Appen- dices (brisés). Q Inconnue. Patrie : Le fleuve Amour, en Asie orientale. (Collect. Hagen.) N. B. Voisin de l'Austrog. interruptus , n° 62, qui doit être un Onychogomphus. 7%, OxxcuOGOMPHUS PRERUPTUS, De Selys, Honog. p.595, n°3". Abdomen 58, Aile inférieure 98 ?/.. o* (Inconnu). Q Adulte. Costale noire. Triangle discoïdal des ailes inférieures assez allongé, suivi de 5 cellules; ptérostigma long, noir. Tête noire. Occiput jaune, cilié, portant au milieu deux petites pointes noires contiguës. Rhinarium, trois points au nasus et front jaunes. Lèvre supérieure jaune, largement traversée de noir. Devant du thorax avec six bandes noires très-épaisses, presque droites; les mé- dianes presque contiguës, laissant de chaque côté un espace jaune en forme de 7; l’humérale et l’antéhumérale confondues, n'étant séparées qu’en haut, par un point jaune. Les côtés jaunes, avec une très-large bande noire médiane, qui porte en haut, sous les ailes, un gros point jaune. Abdomen avec une raie dorsale jaune, interrompue aux articulations, en anneau plus large au septième; les deux der- niers sont noirs. Appendices jaunes. Écaille vulvaire prolongée en lames contiguës. Pieds médiocres, noirs, l’intérieur des fémurs anté- rieurs jaune. Patrie : Adélaïde, en Australie. (Collect. Saunders.) N. B. Voisine de l'interruptus. Cette espèce, par l’occiput, montre aussi de l’affi- nilé avec le cerasles. Sous-genre 5°, — ERPETOGOMPHUS, Dr SEuys, Monog., 1857. Opmiogowrnus, 1 groupe, De Selys (Syn.). Abdomen noirâtre, à tâches dorsales Jaunes, lancéolées, très- larges. Pieds très courts. Occiput droit ou à peu près. Tête jaune. Costale jaune en dehors. os 8° et 9° segments dilatés, égaux. Appendices anals supé- rieurs simples, subeylindriques, peu écartés, de la longueur du 10° segment; l'inférieur presque égal, divisé jusqu'à la base en deux branches contiguës, très-recourbées en haut. Pas de dent 2° SÉRIE, TOME VII. 97 ( 236 ) au 2 article du pénis. Bord anal des ailes inférieures excavé; membranule très-étroite, allant jusqu'à l'angle. © 8°, 9° et 10° segments diminuant successivement de lon- gueur. Écaille vulvaire échancrée. Oreillettes presque nulles. Appendices anals plus longs que le 10° segment. Patrie : Amérique septentrionale, tropicale et chaude. N. B. Dans le Synopsis ces espèces formaient le 1€ groupe du sous-genre Ophiogomphus. Je les divise en deux groupes. 1 groupe : (DESIGNATUS). Ptérostigma noir. Thorax avec six bandes d'un brun noirâtre en avant. oGbis, ERPETOGOMPHUS DESIGNATUS, Hagen, De Selys, Monographie, p. 401, n° 161er, Abdomen &œ 37, Q 58. Aile inférieure o 50, Q 55 '}. Ptérostigma noirâtre, un léger vestige brun à l'origine des sec- teurs de l’areulus. Occiput renflé en tubercule en avant; espace des ocelles brun foncé. Thorax jaune, ayant en avant deux raies médianes subcontiguës brunes, isolées, ne touchant pas le bord; une antéhu- mérale isolée, assez courte, et une humérale étroite. Les côtés avee une ligne à la 2e suture, et un vestige à la 4°. 5° à 6e segments à fond noir; les autres mélangés de brun roux et de jaune. Pieds jaunes, avec une raie externe aux fémurs et aux tibias, et les tarses noiratres. o Appendices supérieurs renflés en dessous jusqu'au 4 tiers, et en dessus jusqu’à la moitié, où ils s’'amincissent en pointe fine. L'in- férieur à branches très-peu distantes, subitement recourbées en haut, atteignant les deux tiers des supérieurs, leur bout tronqué, aplati. @ 10° segment jaune, les 8° et 9° bruns en dessus, Patrie : La rivière Pecos, au Texas occidental. (Coll. Hagen et Selys.) 9er, ErPETOGOMPHUS GCOMPOSITUS , Hagen, De Sel;s, Honog., p. 400, n° 16Pis, Abdomen 34°". Aile inférieure 50. o Inconnu. Q Occiput renflé en tubercule en avant; espace des ocelles noi- À er = ( 057 râtre, thorax jaune, ayaut en avant deux bandes médianes subcon- tiguës noires, épaisses, ne touchant pas le bord, une antéhumérale touchant finement le bord antérieur, et une humérale assez épaisse. Les côtés avec deux raies épaisses noires, complètes aux sutures. Fond de l'abdomen noir jusqu'au 8° segment; 9e et 10° jaunes. Appen- dices anals jaunes. Écaille vulvaire courte, peu échancrée. Pieds jaunes avec une bande externe aux fémurs et aux tibias, et les tarses noirâtres. Ptérostigma noir. Patrie : La rivière Pecos, au Texas occidental. (Collect. Hagen.) N. B. Très-voisin du designatus. 2we groupe : (CROTALINUS). Ptérostigma brun ou jaune. Thorax jaune à dessins bruns peu distincts. 21quart, ERPETOGOMPHUS B0O4, De Selys. Abdomen 9° 39, © 55. Aile inférieure © 55, 9 52. Ptérostigma brun jaunâtre clair. Tête et thorax jaunâtres, fémurs jaunâtres, à bande externe brune, courte, les quatre tarses antérieurs d’un brun noir. æ Appendices supérieurs renflés à la base, avec une dent mousse supérieure au bout du renflement; leur pointe arrondie, légèrement fléchie en dedans, veluc. Appendice inférieur pas tout à fait divisé, à branches un peu distantes, atteignant les deux tiers des supérieurs. Occiput presque droit. Tibias bruns. Q Appendices jaunes, pointus, de la longueur du dernier segment, séparés par une forte protubérance jaune. Écaille vulvaire échancrée dans la moitié de sa longueur. Tibias jaunes en dehors avec une ligne noire. Occiput un peu échancré. Patrie : Vera-Cruz, Mexique. Par M. Sallé. (Collect. Selys.) N. B. Espèce voisine du crotalinus et du cophias. 21auint, Erp£srocomPaus coPHras, De Selys, Monog., n° 17. Abdomen 54", Aile inférieure 30. o Ptérostigma brun clair. Tête jaune. Espace des ocelles et celui ( 298 ) entre les yeux brun foncé. Thorax jaune, ayant en avant l'apparence d'une bande humérale roussâtre pâle. 8° segment semblable aux pré- cédents; 40e jaune, avec deux taches basales noires presque conti- guës en dessus. Fémurs jaunes, à bande noirâtre en dehors ; tarses et tibias noirs. Appendices anals supérieurs renflés à la base, avec une dent inférieure avant Ja moitié; leur pointe mousse. Appendice inférieur à branches un peu distantes, atteignant les deux tiers des supérieurs. Q Inconnue. Patrie : Mexique. (Musée de Paris). Par M. de Salle. N. B. Espèce très-voisine du crolalinus. 91sext, EnperocomPaus EeLaPrs, De Selys, Æonog., n° 16. Abdomen 50", Aile inférieure 25. o* Ptérostigma brun. Tête jaune; espace des ocelles brun foncé ; celui entre les yeux jaunâtre. Thorax jaune, ayant en avant lap- parence d'une bande humérale roussâtre pâle. 7° segment à large anneau basal jaune; le 40° brun foncé, un peu plus clair au bout et sur les côtés. Appendices anals supérieurs non renflés à la base; leur pointe mousse, comprimée, un peu inclinée en dedans. Appendice inférieur à branches un peu distantes, atteignant les trois cinquièmes des supérieurs. Fémurs jaunâtres, à bande externe noiratre. Le reste des pieds noirûtre, o* Jeune : Tête et thorax roux jaunâtre. 7° segment à dessins oblitérés. Q Inconnue. Patrie : Mexique. (Musée de Paris et de Vienne.) Par MM. Sallé et Hell. N. B. Assez voisin des précédents. Genre GOMPHUS. Groupe 1is : (G. DORSALIS). De Selys, Monog., p. 119. Ptérostigma brun, assez court. Occiput cilié sur les côtés. Thorax jaune; presque sans tache sur les côtés; le devant noi- ( 599 ) râtre, avec une bande dorsale droite (et parfois une humérale) jaunes. Abdomen non dilaté, noir, à raie dorsale jaune, pro- longée sur presque tous les segments. Membranule nulle, Pieds noirâtres, fémurs jaunes, à bandes noirâtres. o Appendices anals supérieurs de la longueur du 10° seg- ment, écartés, non divariqués; l’appendice inférieur plus court, très-fourchu, à branches très-divariquées. (Occiput redressé en pointe ?). © Écaille vulvaire courte, arrondie. Oreillettes distinctes. (Oceiput bas, arrondi ?). N. B. Si ce groupe devait former un sous-genre, on pourrait le nommer Noto- gomphus. Patrie : Afrique orientale et Afrique tropicale. 98h, Goupnus Rurrezrit, De Selvs, Monog., n° 56. ) YS g.; Abdomen 37 1/,"". Aile inférieure 29. æ Costale jaunâtre en dehors. Ptérostigma assez court, brun. Occiput jaune, redressé en pointe au milieu. Face jaune, avec une courte bande noirâtre en haut, et une latérale en bas du nasus; la lèvre supérieure légèrement bordée et presque traversée de noirâtre. Pas de raie humérale jaune, mais un vestige supérieur. Raie dor- sale jaune de l’abdomen prolongée sur tous les segments. Q Inconnue. Patrie : Le Simmen en Abyssinie. Pris par M. le docteur Rüppell. ‘(Musée de Francfort ). 28tr, Gompaus DoRSALIS, De Selys, Monog., n° 57. Abdomen 26%, Aile inférieure 26 /.. o* Inconnu. Q Costale noirâtre; Ptérostigma court, brun jaunâtre. Occiput jaune, arrondi, Face jaune, avec une raie au bas du front et le nasus noirs, excepté une tache jaune latérale. Lèvre supérieure jaune, largement bordée et traversée de noir. Une raie jaune humérale complète. Raie dorsale jaune de l’abdomen nulle sur le 9e segment, Patrie : Abyssinie. (Musée de Paris.) N. B. Tres-voisin du G. Ruppellii. (540 ) 5105, GomPHUS EXTERNUS, Hagen, Le Selys, Monog., p. 411, n° 37b5, Abdomen © 57"m, © 58. Aile inférieure & 50, Q 32'/,. Ptérostigma brun, mince ; costale jaune en dehors. Face toute jaune. Les six bandes noires du devant du thorax assez épaisses, l’humérale rapprochée de l’antéhumérale., Deux raies noires complètes sur les côtés. Bande dorsale maculaire jaune prolongée sur tous les segments. Pieds noirâtres, une bande aux fémurs et une ligne aux tibias jau- nâtres. Une douzaine d’épines plus fortes aux fémurs postérieurs, qui sont assez longs. o* Appendices anals bruns, peu divariqués ; les supérieurs épaissis au milieu, coupés ensuite en biseau pour former la pointe finale. @ Écaille vulvaire prolongée au bout en deux lamelles un peu écartées à leur extrémité, où elles sont courbces en dehors. Patrie : La rivière Pecos, dans le Texas occidental. (Collect. Hagen, De Selys.) N. B. Espèce voisine du dilatatus , mais plus petite et distincte par sa face jaune. 34bis, GouPpaus KURtLIS, Hagen, De Selys, Honog., n° 41. Abdomen 57%", Aïle inférieure 51. o Costale jaune en dehors. Ptérostigma brun foncé. Occiput pres- que droit, jaune (non cilié). Vertex noir. Face et lèvre supérieure jaunes, sans lignes noires. Thorax jaune, avec six raies assez épaisses, brun noirâtre en avant; les médianes contiguës , ayant un prolonge- ment médian vers le prothorax, l'antéhumérale et l'humérale plus. épaisses, presque contiguës, séparées seulement dans leur partie moyenne par une courte et fine ligne jaune. Une raie brune complète sur les côtés. Poitrine en partie jaune. Abdomen avec une raie dor- sale maculaire jaune prolongée jusqu’au 8e segment, qui, ainsi que le 9e, est dilaté. Pieds tout noirs. Appendices anals noirs, les supé- rieurs, insensiblement pointus, dilatés en-dessous vers leur milieu ; l'inférieur à branches plus divariquées. Ç (Inconnue.) Patrie : Les iles Kuriles. (Musée de St-Pétersbourg.) N. B. Tres-voisin du vu/galissimus, distinct par la face jaune et les appendices SuUPerieurs, (51) 54tr, Gouruus apriraus, De Selys, Monog., p. 415, n° 38bis. Abdomen 32%», Aile inférieure 25. o* Costale noire. Ptérostigma court, brun foncé. Occiput un peu arrondi, cilié de noir. Face jaune avec deux lignes noires dilatées, confluentes. Lèvre supérieure bordée ct presque traversée de noir. Thorax jaune avec six raies noires en dessus ; les médianes contiguës, ayant un prolongement médian vers le prothorax, plus étroites que l'humérale et l'antéhumérale, qui sont épaisses et’ confluentes avant le haut. Poitrine noirâtre. Abdomen avec une raie dorsale maculaire jaune sur les sept premiers segments seulement, qui, aux 5°, 6e, 7e, ne portent qu'un court triangle basal; les 8e ét 9€ dilatés, sans taches latérales. Picds noirs, avec un point jaune à l'articulation des tibias. Appendices anals noirs, également divariqués, les supérieurs for- mant en dessous une pointe penchée vers le bas, à la place où ils sont coupés en biseau pour former le bout. Q Inconnue. Patrie : New-York, par M. Asa Fitche. (Collect. Selys.) N. B. Voisin du vulgalissimus. Remarquable par la forme des appendices su- périeurs. 40bis, GOMPHUS PILIPES, Ilagen, De Selys, Monog., n° 48. Abdomen ç' 59", © 54. Aile inférieure © 52, © 531}. Costale jaune en dehors. Ptérostigma mince, jaune; 10-13 anté- cubitales aux supérieures; 9-11 postcubitales. Occiput et face jaune pâle. Thorax olivâtre, avec six raies brunes étroites en avant; les mé- dianes non contiguës, oblitérées, l’antéhumérale et l'humérale assez éloignées ; des vestiges presque nuls sur les côtés. Abdomen un peu dilaté au 8° segment, brun clair, avec une bande dorsale maculaire large jaunâtre clair sur les six ou sept premiers segments. Pieds bruns, l’intérieur des fémurs et une raie externe aux tibias jaunàtres. æ Occiput assez élevé, un peu arrondi, cilié. Fémurs finement velus. Appendices anals jaunes, les supérieurs à pointe aiguë, un peu tournée en dedans, précédée en dehors par un tubercule inférieur noirâtre ; l’'appendice inférieur à branches plus écartées. Q Occiput assez élevé, un peu échancré, presque glabre. Écaille vulvaire saillante, un peu arrondie et presque fendue à son extrémité, \ (542) Patrie : Amérique septentrionale, Nouvelle-Orléans, (Collection Hagen et Musée de Francfort.) N. B. Tres-voisin du pallidus (dont le villosipes est le mäle). La forme de l'occiput l'en sépare. 4bis, GomMPuus MiLITARIS, Hagen, De Selys. Honog., p. 416, n° 515, Abdomen 09° 55", © 57. Aile inférieure 0° 29 1L, Q 52 1}. Costale jaune en dehors. Ptérostigma jaune, assez long. 11-15 an- técubitales et 12-15 posteubitales aux ailes supérieures. Occiput droit, jaune. Face jaune. Thorax jaune un peu verdàtre, avec deux bandes médianes contiguës égales, une antéhumérale, une humérale, très- rapprochée de la précédente et deux lignes latérales équidistantes noirâtres bien arrêtées. L'espace jaune entre la médiane et l’antéhu- mérale étant large et égal, ne forme pas un 7. Abdomen noir avec des taches dorsales lancéolées bi- ou trilobées jusqu’au 6° segment; les 9 et 10° d’un jaune roussâtre; le 9e un peu plus long que le 8°. Pieds bruns; une double bande aux fémurs et extérieur des tibias jaunes. o* Occiput glabre. Raie noire antéhumérale touchant les sinus et l'humérale. Appendices anals jaunâtres; les supérieurs assez rappro- chés à la base, subconiques, tronqués obliquement au bout en des- sus, de manière à former une pointe externe et une interne : celle-ci la plus longue. L’inférieur à branches également divariquées. © Occiput très-bas, un peu cilié. Raie noire antéhumérale ne tou- chant pas les sinus. Appendices anals jaunâtres. 8° et 9e segments jaunâtres. Écaille vulvaire très-courte, presque droite. Patrie : La rivière Pecos, dans le Texas occidental. (Collection Selys et Hagen.) N. B. Espèce voisine du spicatus et du minutus. 441, GOMPHUS INTRICATUS, Hagen, De Selys, HMonog., p. 418, n° 5147. Abdomen 521/.. Aile inférieure 27 1}. o" Costale jaune en dehors. Ptérostigma livide, court. 12 antécu- bitales aux supérieures; 7-10 posteubitales. Vertex jaune, occiput jaune, élevé, droit, un peu cilié. Thorax jaune un peu verdâtre avec deux bandes médianes contiguës, épaisses, brunes, une antéhumérale touchant les sinus, une humérale assez éloignée, et deux latérales très-fines peu marquées. L'espace jaune entre la médiane et l'antéhu- ( 545 ) mérale formant un 7 jaune, en se réunissant au demi-collier méso- thoracique qui est interrompu au milieu. Abdomen brun noirâtre, avec une raie dorsale maculaire jaune jusqu'au 8° segment; les 9e et 40° jaunes; les trois derniers segments diminuant successivement de longueur. Pieds bruns, intérieur des fémurs et extérieur de ti- bias jaunes. Appendices anals jaunâtres; les supérieurs très-rapprochés à Ja base, subconiques, pointus, coupés en biseau en dessous pour for- mer la pointe ; l'inférieur à branches également divariquées. Q Inconnue. Patrie : La rivière Pecos, dans le Texas occidental, (Collection Hagen.) N.B. Espece voisine du minutus. 22h, Gompuus sPOLIATES, Hagen, De Selvs, Honog., p. 409, n° 36Pis, Abdomen 45. Aile inférieure 55. o* Costale jaune vif en dehors. Ptérostigma jaune. Face toute jaune. Bandes antéhumérales jaunes non confluentes avec le demi-collier mésothoracique; les côtés jaunes avec des raies noires isolées com- plètes. Pieds noirâtres; fémurs antérieurs et postérieurs avec une raic jaunâtre, les derniers portant sept épines fortes. Les quatre derniers segments de l'abdomen presque tout jaunes. Appendices anals jaunes, à pointe noire; l’appendice inférieur à pointes un peu plus divari- quées que les supérieurs. à Inconnue. Patrie : La rivière Pecos, dans le Texas occidental. (Collect, Hagen.) N. B. Voisin de l’armatus. Differe surtout par l'absence de bande noire au- devant du front, L'armatus et le spinosus formaient , dans le Synopsis, le sous-genre Dromogomphus, que je crois devoir supprimer, comme n’élant pas assez caracté- risé, le groupe de l'armatus surtout paraissant trop voisin des vrais Gomphus du groupe du dilatatus. Sous-genre 1515, — NEOGOMPHUS, De SELYs, Honog., p.419. Hevicoupuus , 1° groupe, De Selys, Syn. J'ai formé ce nouveau sous-genre, démembré des Hemigom- ( 544 ) phus, pour y placer le 4% groupe, composé de l'A. molestus, attendu que le dessin du corps et la forme des appendices anals sont notablement différents de ceux de l'héteroclytus qui, avec l'Austrogomphus Gouldii, forment le sous-genre Hemigomphus proprement dit et habitent la Nouvelle-Hollande. La patrie des Néogomphus est au contraire l'Amérique. Les caractères donnés pour le groupe molestus serviront pour le sous-genre nouveau, si ce n'est ce qui est dit du ptérostigma et des oreillettes, qui ne s'appliquerait pas au specularis, si ce dernier est bien un Neogomphus. G4bis, NeocomPpnus? SPECULARIS, Hagen. Abdomen 52", Aile inférieure 28. og Inconnu, © Ptérostigma noir brun, assez long, plus long aux inférieures (où il a 5mm), Costale brune; membranule cendrée. Face et front jaunes; lèvre supérieure finement bordée et presque traversée de noir; vertex jaune, occiput très-bas, légèrement relevé au milieu, brun. Devant du thorax noirâtre, avec une grande plaque dorsale jaune médiane subovale, s’élargissant un peu au bord mésothora- cique qu'elle touche, et une fine ligne humérale jaune, interrompue avant le haut, où elle reparait en forme de point jaune; côtés et des- sous jaunes. Abdomen égal, noirâtre, avec une strie dorsale jaune sur les sept premiers segments, large et lobée aux {tr et 2°, fine sur les autres; 8e, 9e et 10° non dilatés, diminuant successivement de lon- gueur, ayant quelques petites taches jaunes, dont un point basal au 8e et un médian au 10°. Appendices anals jaunes, couchés sur un tubercule fourchu de même couleur, qui termine l'abdomen. Oreil- lettes distinctes. Écaille vulvaire ayant les trois quarts de la longueur du 9e segment, fendue, figurant deux festons accolés. Pieds courts; fémurs velus. Patrie : Californie. (Collect. Hagen.) N. B. Cette espèce est difficile à classer, le mâle étant inconnu. Par le dessin du devant du thorax, elle imite assez bien les Gomphus africains du groupe du dorsalis. Elle devrait , en tout cas, former un groupe dans les Neogomphus, à cause de la longueur du ptérostigma, (545) 670$, PRoOGOMPHUS INTRICATUS, Hagen, De Selys, Monog., p. 421, n° GSbis, Abdomen 4; 44, © 45. Aile inférieure o* 24, © 26. Triangle discoïdal des supérieures divisé en 5 cellules; les trois autres triangles en 2 (ou même l’interne des inféricures accidentel- lement libre). Ptérostigma jaune roussâtre (de 5'/, à 4mm); une petite ombre basale ocracée n'atteignant pas l’arculus. Occiput jaunûtre, liséré de brun, droit. Lèvres et face jaunâtre clair passant au gris sur Je devant du front; le dessus du front avec une bande basale étroite, grisâtre, élargie au milieu. Thorax brun clair avec deux bandes en avant, un collier mésothoracique étroit, interrompu au milieu, une ligne humérale entière, un peu élargie à son sommet, deux bandes latérales très-larges, et une intermédiaire ovale distincte, jaune verdâtre. Abdomen jaunâtre; les articulations, les sutures et des taches latérales mal arrêtées, brun foncé. Pieds jaune olivâtre avec deux raies externes brun clair, mal arrêtées; l'intérieur des tibias noir. o Appendices anals supérieurs jaunätres, brun roux à la base. Les branches de l’inférieur brunes, courbées en dedans, bifides au bout ; la dent externe assez forte. Q Appendices anals coniques, écartés, pointus, brun jaunâtre, de la longueur du 10: segment. Écaille vulvaire courte, très-échancrée en demi-cercle. Patrie : Les bords de l’Amazone, au Para; par M. Bates. (Collec- tion Selys et Saunders.) N. B. Très-voisine du costalis et du complicatus ; en diffère par la ligne humé- rale entière et une coloration plus claire. 72bis GOMPHOIDES SuASA, De Selys. Abdomen 45"", Aile inférieure 41. o* Inconnu. © Très-jeune. Triangle discoïdal de 3 cellules aux quatre ailes, qui sont hyalines. Ptérostigma brun (de 51/,mm), Tout le corps d’un gris brun olivâtre, à dessins jaune pâle. Un collier mésothoracique très- étroit, et deux traits antérieurs assez courts non confluents avec lui; une raie humérale et trois latérales jaunâtres. Abdomen brun olivâtre, ( 546 ) avee les vestiges d’une ligne dorsale interrompue, et des taches laté- rales jaunâtres, ces dernières plus larges au 7° segment. Bords des 8° et 9e non dilatés en feuilles. Appendices anals blanchâtres, ayant le double du dernier segment, écartés, droits, pointus. Pieds gris brun, un peu plus clairs aux fémurs. Patrie : Vera-Cruz, par M. Sallé. (Collect. Selys.) N. B. Espèce voisine de l’infumata du Brésil , dont la femelle est inconnue. 791. CycLoPHyYLLA ELONGaTA , De Selys. Monog., n° 81. Abdomen 47", Aile inférieure 55. co 16 antécubitales aux supérieures, dont le triangle discoïdal est de trois cellules, à côté supérieur un peu plus court que les autres; l'angle inférieur de 45°; triangle des secondes ailes de 2-5 cellules. Ptérostigma roussâtre (de 41/,mm), Ailes hyalines. Face olivâtre; lèvre supérieure largement entourée et traversée de noir. Thorax noirûtre, ayant en avant un collier mésothoracique, deux bandes droites con- fluentes avec lui, une humérale et trois latérales olivâtres (ces einq raies de chaque côté presque égales et équidistantes). Abdomen long, noirâtre avec des taches basales courtes en anneaux complets, suivies d’une raie dorsale du 5° au 7° segment, l'anneau plus large sur ce der- nier, Feuilles du 8° allongées, arrondies; celles du 9° petites, tron- quées à angle droit. Fémurs antérieurs blanchätres en dedans, les autres un peu brunàtres. © Inconnue. Patrie : Mexique, par M. Sallé. (Musée de Paris.) N. B. Différe des espèces voisines par le dessin de la lèvre supérieure. 7911. CYxcLOPHYLLA PROTRACTA, De Selys. Abdomen oc 48, Q 47m, Aile inférieure o° 56, Q 59. Triangle discoïdal des supérieures de trois cellules; à côté supé- rieur un peu plus court que les autres; l'angle inférieur de 40; le triangle des inférieures de deux cellules. Ptérostigma jaune brunûtre (de 5mm), Ailes hyalines (enfumées chez le mâle), 20-22 anticubitales aux supérieures. Face olivâtre marquée de jaunâtre ; lèvre supérieure non traversée de noir. Thorax ayant en avant un collier mésothora- cique, deux bandes droites, confluentes avec lui, une humérale et ( 547) trois latérales claires (ces cinq raies de chaque côté presque égales et équidistantes). Abdomen long, avec des taches basales en anneaux complets du 5° au 7° segment (l'anneau plus large sur ce dernier). Fémurs pales. © Fond de la coloration noirâtre, à dessins verdàtres ; feuille du 8e segment allongée, arrondie; celle du 9e petite, ayant une double courbure, non anguleuse. Les côtés du 10° prolongés en pointe à leur bord inférieur. © Fond de la coloration brun jaunâtre, à dessins jaune foncé. Abdomen dilaté en petites feuilles arrondies aux 8° et 9° segments. Écaille vulvaire courte, échancrée. Appendices anals pointus, de la longueur du 10° segment. Patrie : Matamoras, dans le Texas. (Collect. Hagen.) N. B. Voisine de l’elongata ; remarquable par sa grande taille et par un prolon- gement latéral inférieur terminal du 10€ segment du male, rappelant les Aphylla. 80Pis, APHYLLA TENUIS, Hagen. Le) Abdomen 55""., Aile inférieure 52. d" Très-jeune. Triangle discoïdal des supérieures de trois cellules; celui des inférieures de deux cellules. Aïles hyalines assez larges. Ptérostigma jaunâtre (de 4m), Bord anal des inférieures très-obli- quement excavé. Tout le corps d’un gris brun olivâtre. Devant du thorax brun noirâtre sans dessins visibles. Articulations et sutures de l'abdomen cerclées de noirâtre; 8e et 9 segments à peine dilatés. Appendices anals supérieurs un peu courbés en haut au bout, non renflés en dent à la base. Pieds courts, tibias et tarses noirs. © Inconnue. Patrie : Nouvelle-Grenade. (Collect. Hagen.) N. B. Très-voisine de la brevipes. Differe par l’absence de dessins noirs et oli- vâtres à la tête et au thorax ; par les ailes inférieures plus larges et leur bord anal excavé à angle plus obtus. L’exemplaire étant tres-jeune et ayant séjourné dans l'alcool, il serait possible que le caractere tiré du dessin ne füt pas valable. 81/5, APHYLLA DENTATA , De Selys. Abdomen ©' 48, © 44mm, Aile inférieure, g 35, © 57. Triangle discoïdal des supérieures de trois cellules, celui des infé- rieures de deux cellules. Ptérostigma brun foncé de (4 ’/, à 5m). ( 548 ) Lévres et facc variées de roussâtre, de vert ou de jaune. Thorax noi- ratre, avec un collier mésothoracique; deux bandes antéhumérales ; une raie humérale et trois latérales distantes jaune olivâtre. Abdo- men noiratre, avec une marque à l'articulation basale et un vestige dorsal à la fin de l’arête des six premiers segments, et le 40° en partie olivâtres. o" Bandes antérieures olivâtres du thorax isolées, non confluentes avec le collier. Appendices anals supérieures légèrement eourbés en bas au bout, leur base très-épaissie en-dessous, et formant une dent obtuse au premier tiers. @ Bandes antérieures du thorax restant assez éloignées du collier. Appendices anals bruns, coniques , un peu plus courts que le 40 seg- ment, qui est plus court que le 9e. Échancrure de l'écaille vulvaire assez arrondie. Patrie : Les bords de l'Amazone, par M. Bates. (Collect. Selys.) N. B. Très-voisine de la producta. Le mâle en diffère bien par la dent basale des appendices supérieurs et le prolongement latéral du 402 segment moins courbe en bas, plus droit. La femelle a l’occiput plus bas, plus droit, Fabdomen plus mince au bout. Dans les deux sexes, les fémurs sont un peu plus courts. 90Pis, Icrinus merænops, De Selys, Monographie , n° 92. Abdomen © 44, Q 41®®, Aile inférieure © 55 1/,, Q 59. Triangle discoïdal des supérieures de trois cellules, formé par trois veines confluentes au milieu. Lèvre supérieure, nasus et devant du front noirs, excepté une ligne fine égale supérieure jaune au front. Bande jaune humérale nulle, réduite à un point supérieur. Pas de raie jaune intermédiaire entre les deux bandes latérales du thorax, qui sont étroites ; la bande terminale très-large. 5e, 4°, 5e, 6e segments à taches dorsales très-bifides en arrière, occupant le tiers basal; 7° à anneau jaune complet en dessus, mais bordé de noir sur les côtés, occupant moins de la moitié basale; 8e et 9 noirs, à taches basales tout à fait latérales jaunes ; 10e noir. Feuilles du 8° étroites (9°), plus étroites (©), médiocrement longues, denticulées. o* Appendices supérieurs brun noirâtre ayant une fois et demie la longueur du 10° segment, à pointe presque mousse, précédée en dedans de 4-5 dentelures. Pieds tout noirs. Q Appendices noirätres un peu plus longs que le 10° segment. (549 ) Pieds noiràtres. Les premiers fémurs avec une petite bande jaune. Patrie : Malacea, pris par M. Wallace. (Collect. Selys.) N. B. Voisin du dicoratus , mais très-distinet par la face noire et l'absence de bande jaune humérale. 11505, CORDULEGASTER DORSALIS, Hagen, De Selys, Monog., n° 115. Abdomen 58m, Aile inférieure 49. o* Inconnu. Q Costale brune en dehors; triangles discoïdaux de deux cellules ; les internes libres; membranule blanchâtre. Occiput et derrière des yeux jaunâtre pâle. L’occiput triangulaire en avant, renflé en ar- rière, non élevé. Lèvre supérieure jaunâtre, largement bordée de brun. Rhinarium brun; nasus et front jaunâtres, ce dernier ayant en ayant une bande transverse grise. Pas de raie intermédiaire entre les bandes jaunes latérales du thorax. Abdomen ayant des taches dorsales médianes uniques du 2e au 6° segment; le 7° à tache semblable mais double ; les 8° et 9 à raie basale transversale. Lame vulvaire plus longue que l'abdomen, jaunâtre, brune ensuite. Pieds assez longs, bruns. Fémurs jaunâtres en dehors. Patrie : Sitka, dans l'Amérique russe. (Musée de St-Pétersbourg.) N. B. Cette espèce, qui appartient au groupe de l’obliquus, en differe notable- ment par l’occiput non élevé en pointe, ce qui justifie la suppression du sous- genre Fœniogaster que , dans le Synopsis , j'avais proposé pour l’obliquus. Genre 14. — PETALIA, Hacen. (Addition) Deux nouvelles espèces forment un nouveau sous-genre : Sous-genre 55), — PHYLLOPETALIA, De Serys, Monog., p. 556. … Piérostigma brun unicolore. do Une tache au bout des ailes, une basale, une nodale, une entre la base et le nodus, et une contre le ptérostigma d’un brun opaque. Une nervule transversale avant les triangles internes. Secteur nodal ondulé. Haut du front non échancré; le dessus noir, sans tache. Appendices anals supérieurs en feuilles peu courbées; l’inférieur plus long que les supérieurs. Abdomen cylindrique, le 7° segment au moins dilaté en petites feuilles glabres en dessous, Oreillettes grandes. Raïes jaunes du devant ( 290 |) du thorax étroites, égales. Deux raies latérales analogues, Pieds médiocres. Fémurs grêles. 1% Groupe : (STICTICA.) Une feuille étroite aux 7° et 8° segments de l'abdomen. Front très-large, le double plus haut que le nasus. 1145. PHYLOPETALIA STICTICA, Hagen, De Selys, Monog., n° 118. Abdomen 46%. Aile inférieure 35 1/2. o Membranule presque nulle ; 12 antécubitales. Espace postcostal d’un rang aux supérieures, La tache basale brune très-courte, m’attei- gnant pas la première nervule antécubitale. Front noirâtre, excessive- ment large, le double plus haut que le nasus; son bord supérieur fine... ment jaune. Nasus jaune. Lèvres roussâtres. Abdomen brun foncé avec des taches dorsales basales, oblongues, oblitérées, jaunâtres, séparées par l’arête dorsale, occupant la première moitié des segments jus- qu'au 8°, et des petites taches basales latérales de même couleur. 7° et 8° segments dilatés en feuilles. Q Inconnue. Patrie : Valdivia, Chili. (Collect. Hagen.) 2me groupe : (APICALIS.) Une feuille étroite au 8° segment seulement. Front médiocre, de la hauteur du nasus. 114tr, PuxLLOPETALIA AvICALIS, De Selys, Æonog., n° 119. Abdomen 57", Aile inférieure 40-42. g Membranule courte; 14 antécubitales. Espace postcostal de deux rangs aux ailes supérieures. Tache basale brune, presque double;æ dépassant la première nervule antécubitale. Front médiocrement large, de la hauteur du nasus. Lèvres roussâtres, la supérieure bordée de brun. Abdomen brun foncé, avec des taches basales, dorsales oblon- gues jaunàtres, séparées par l’arête dorsale, occupant plus de la pre- mière moitié des segments jusqu'au 8e, et des taches latérales de même couleur. 8° segment seul dilaté en feuilles étroites. Q Inconnue. Patrie : Valdivia, Chili. (Collect. Hagen et Muséum de Paris.) Genre 15. — PETALURA, Leacu. (Addition.) Le sous-genre 34 (Petalura) doit être restreint au 1" groupe (P. gigantea). Deux autres sous-genres sont à ajouter : Sous-genre 54, UROPETALA, DE SEeLys, Monog., p. 568. Peraruna, 2° groupe, De Selys, Synopsis. Triangle discoïdal des supérieures divisé en 3 cellules, dont deux supérieures; le côté supérieur plus long que l'intérieur; l’externe le plus long. Soie des antennes articulée. o Appendice inférieur en triangle allongé, rétréei et échancré à son extrémité, plus court que les supérieurs, qui sont très- dilatés en feuilles, avec une dent médiane au-dessous. Patrie : Nouvelle-Zélande. (Espèce unique : P. Carovei, White, Syn., n° 116.) Sous-yenre 5417, TACHOPTERYX, Uurer. UroperaLa , 2° groupe. De Selys, Monog., p. 369. Triangle discoidal des supérieures divisé en 3 cellules, dont deux supérieures; le côté supérieur plus long que l'intérieur; l'extérieur le plus long. Soie des antennes articulée. o Appendice inférieur élargi et échancré au bout, rétréci et muni de deux dents au milieu; les supérieurs à peine dilatés en feuilles rudimentaires, avec un vestige de dent médiane en- dessous. Patrie : Amérique septentrionale. 116, Tacnorrerxx THOREYI, Hagen. Unoreraca Taoreyi, De Selvs, Monog., n° 122. Abdomen 48», Aile inférieure 5. go Réticulation noiratre, costale jaunâtre. Front et face jaunatres; bord antérieur du nasus, extrême base du front en-dessus, rhina- rium et tour de la lèvre supérieure noirs. Occiput arrondi, un peu granuleux, jaune, bordé de noir. Thorax jaune olivâtre; les sutures noires ; le devant du thorax à points noirs élevés, très-petits, très- 2ME SÉRIE, TOME VII. st ( 902 ) nombreux. Abdomen olivâtre tacheté de noir. Les 3e, 4e, 5e, Ge, 7e et 8° segments ayant leur première moitié olivâtre avec une bande dor- sale noire; leur seconde moitié noire avec une tache latérale olivâtre; le dessous tout noir. Pieds noirs. à Inconnue. Patrie : New-York. (Collect. De Selys et Hagen.) Notice sur quelques parasites du JULIUS TERRESTRIS; par M. d'Udekem, correspondant de l’Académie. En étudiant l'anatomie des Myriapodes, le hasard n’a fait découvrir, dans le canal intestinal d’une espèce de ce groupe (le Julius terrestris), plusieurs parasites dont deux Nématoïdes, un Infusoire et un Cryptogame. La description de ces différentes espèces fait le sujet de la présente communication. Les deux espèces de Nématoides sont nouvelles; elles appartiennent au genre Rhabditis créé par Dugès : ce sont elles qui m'ont principalement occupé. L'étude de leur organisation m'a fait découvrir plusieurs particularités du plus haut intérêt pour l'anatomie et la physiologie comparées des Entozoaires. La grande transparence des téguments de ces animaux et le grand nombre des exemplaires que j'ai eus à ma dis- position, ont fait que j'ai pu étudier, Je dirai à loisir, leurs organes de mastication et surtout leurs organes génitaux. Dans aucune autre espèce de Nématoïde, je ne suis par- venu à distinguer avec la même netteté tout ce qui à trait au développement des œufs dans les différentes parties qui composent l'organe femelle. ( 299 ) Mais ce qui a le plus spécialement attiré mon attention, ce sont les Spermatozoides, si curieux par leur forme et par leurs énormes dimensions, quand on les com- pare à ceux de la plupart des autres animaux. L'intérêt qui s'attache à ces parasites est encore augmenté par les tra- vaux remarquables auxquels 11s ont donné lieu, ainsi que la polémique qu'ils ont soulevée entre plusieurs savants du premier mérite, parmi lesquels je citerai Nelson, Meiss- ner, Schneider, Bischoff et Claparède. Les auteurs que je viens de citer se sont presque tous occupés des Spermatozoides et de la fécondation considérés dans le genre Ascaris. Je ne crois pas que le genre Rhab- ditis ait déjà fait le sujet de semblables investigations. La partie la plus importante de mes observations est celle qui traite du développement des Spermatozoïdes, de leur passage dans l'organe femelle, des modifications qu'its y éprouvent, du chemin qu'ils y font à la rencontre de l'œuf, de leur absorption par ce dernier. J'ai done pu voir se passer sous mes yeux cette mystérieuse fonclion de la fécondation, je me suis assuré que le contact de l'œuf et du Spermatozoïde a lieu dans la partie des organes géni- taux qui sécrète le vitellus, et que la fécondation a lieu avant la formation dé la membrane vitelline. Les autres parasites du Julius terrestris, quoique ne pré- sentant pas un aussi grand intérêt que les deux Rhabditis, sont cependant"très-remarquables. Il est, en effet, rare de trouver dans le canal intestinal d’un articulé des Infu- soires, surtout d'en rencontrer chez un animal terrestre. Quant au Cryptogame, il a déjà été vu par M. Robin, qui l’a décrit, sous le nom d’Enterobryus juli terrestris, dans son excellent ouvrage sur les végétaux qui croissent sur l’homme et les animaux. ( 004 ) J'ai donné le nom de Rhabditis acuminatus à la plus grande des deux espèces de Nématoïdes trouvées dans le canal intestinal du Julius terrestris. C’est un vers fili- forme, long d'environ trois quarts de centimètre, large de 0"",10, cylindrique, aminci à une extrémité inférieure qui se termine par une queue longue et pointue. Le mâle est un peu plus petit que la femelle. (PI. I, fig. 4.) Les téguments sont nus, transparents ; on y aperçoit des stries transversales très- fines, si on emploie de forts grossissements. Elles sont probablement dues à la présence de fibres musculaires transversales placées au-dessous du derme. La bouche présente à son ouverture trois lèvres apla- ties contenues par une espèce de replis des téguments. (Fig. 2.) Elle est suivie d’un pharynx prismatique élargi en arrière et se continuant avec un ventricule musculeux arrondi. L'intérieur du pharynx est tapissé par trois lames solides, qui, chacune, se composent de deux parties allongées réunies sous un angle obtus; la partie angulaire ne présente pas destries transversales à sa partie inférieure; chaque lame solide est arrondie. Les trois lames, que l’on pourrait comparer à autant de limes, s'emboîtent par leur face interne et jouent l’une sur l’autre longitudinale- ment. (Fig. 4 et 5.) Le ventricule est également armé d’un appareil mastica- teur compliqué, dont les détails sont difficiles à saisir. Il m'a paru qu'il se composait de trois petites plaques trian- gulaires sillonnées transversalement sur leurs faces supé- rieures et internes; elles sont, de plus, légèrement courbées et à concavités inférieures et internes. Cet appareil est sou- tenu par six petites baguettes réunies deux par deux et A a a ( 999 }) articulées. La figure fera comprendre cette disposition beaucoup mieux que ne pourrait le faire une longue des- cription. (Fig. 5.) L'intestin est droit, couvert de grandes cellules hépa- tiques ; 1l paraît Jaunâtre sous le microscope et s'ouvre à l'extrémité inférieure du corps. Le mâle, comme je l'ai déjà dit, est un peu plus petit que la femelle, mais a la même forme qu'elle. Il se distingue de cette dernière par les organes génitaux, qui s'ouvrent près de l'anus, et par les spicules qui s’y trou- vent; ensuite par des tubercules, en forme de ventouse, qui se trouvent au nombre de cinq paires au-devant de l'ouverture des organes génitaux. (Fig. 10, b.) On aperçoit encore un tubercule immédiatement en arrière de l'anus et deux autres plus petits placés l’un derrière l’autre au- dessous de l'extrémité de la queue. L'organe génital mâle se compose d'un tube allongé terminé en cœcum , replié sur lui-même et qui atteint à peu près la longueur du corps de l'animal. (Fig. 11.) On voit plusieurs parties bien distinctes dans cet or- gane ; d’abord la partie terminale : elle représente le testi- cule; elle est plus étroite que les autres et fait plusieurs circonvolutions; elle contient des granules nageant dans un liquide clair et des cellules spermatiques à différents degrés de développement. La seconde partie des organes génitaux, que l’on peut considérer comme représentant une vésicule séminale, est remplie de Spermatozoïdes complétement développés. La troisième partie, qui est la dernière de l’or- gane mâle, est étroite, allongée ; elle représente le canal déférent; elle ne sert qu’à conduire les Spermatozoïdes au dehors. L’orifice externe est placé immédiatement au- devant de l'anus; il est armé de deux longs spicules (56 ) transparents et incolores, à l'extrémité courbée en arc et creusée en carène sous leur courbure. La partie supé- rieure de ces spicules est un peu plus large. Le spicule entier ressemble à un sabre dont l'extrémité élargie for- merait le manche. L'animal peut faire saillir ces spicules assez loin hors de l’orifice génital. Des muscles attachés à leurs extrémités internes les retirent en dedans. Quant à la structure intime des parois de l’organe mâle, elle est partout musculaire, mais principalement dans les deux dernières parties, où l'on distingue aisé- ment les fibres musculaires longitudinales et circulaires, surtout dans la partie que J'ai comparée aux canaux déférents : c'est elle aussi qui possède les parois les plus épaisses : on peut y constater des mouvements vermicu- laires. Les Spermatozoïides se développent entièrement dans le testicule, ce qui n’a pas lieu chez l’Ascaris mystax, comme nous l'ont appris les recherches de Nelson et Meissner, qui ont constaté que la dernière période de leur développement avait lieu dans l'organe femelle. Les Spermatozoïdes ressemblent, à s'y tromper, à des Grégarines, surtout à la Grégarine enchytrée .[ls sont très- grands; ils mesurent 0"",09 ; ils ont une forme allongée, renflée d'un côté, attenuée de l’autre : ce sont de véritables cellules à enveloppes très-transparentes et à contenu fine- ment granulé, possédant un petit noyau composé de quatre on cinq granulations accolées. Ces Spermatozoïdes m'ont paru complétement immo- biles; je n’ai pu y constater que les mouvements dépen- dants de l’élastieité de leur paroi; je ne les ai jamais vus animés d’un mouvement de translation analogue à celui ri D97 ) des amibes el qui paraît avoir été observé par Schneider, chez les Spermatozoides des Ascarides (1). Le développement de ces Spermatozoïdes a lieu de la manière suivante : ce sont d'abord des granules qui, en descendant dans le testicule, s'entourent de granules plus petits, deviennent ensuite des cellules par la formation d'une membrane autour d'eux. Ces cellules grandissent, et dans leur intérieur se forment les Spermatozoïdes. Dans l’intérieur des organes femelles, les Spermatozoïdes subissent quelques altérations de formes dont nous nous oceuperons plus loin. La femelle diffère du mâle par sa taille plus grande, per l'absence de tubercules qui ornent l'extrémité inférieure de ce dernier, par l'absence de spicules et, enfin, par l'ori- fice génital qui est placé au-devant de la réunion du tiers postérieur avec les deux tiers antérieurs du corps. ‘Les organes génitaux femelles se composent d'une vulve on orifice externe, d’un vagin prolongé en un tube qui se divise en deux branches opposées terminées en cœæcum. (Fig. 6.) Chacune de ces deux branches opposées présente la même structure; elles sont très-longues, quelquefois un peu repliées sur elles-mêmes; elles remplissent presque tout le corps de l’animal, et contiennent ordinairement des œufs à différents degrés de développement. (1) Depuis la présentation de cette notice, j'ai eu l’occasion de lire l’excel- lent travail de M. Claparède, Sur la formation et la fécondation des œufs chez les vers nématoïdes ; d'aprés les indications qu’il donne, j'ai recom- mencé mes observations sur les Spermatozoïdes en me servant d’eau sucrée au lieu d’eau pure; j'ai pu constater alors de très-légers mouvements amibi- formes chez les Spermatozoïdes du Rhabditis acuminatus ; je n’ai pas été aussi heureux chez le Rhabditis macrocephalus. ( 528 ) Dans chacune des deux branches opposées , on peut dis- tinguer facilement plusieurs parties. La portion terminale est transparente; on aperçoil à son intérieur des cellules (fig. 6, a), pourvues d’un nueléole (fig. 8) et d’un nucléolus: ce sont des vésicules germinatives en voie de développe- ment, et la portion qui les contient est le germigène. Après le germigène, le tube génital s’élargit; il contient une grande quantité de granules opaques : le vilellogène et ces granules sont des granules vitellins. On trouve dans cet or- gane un grand nombre de vésicules germinatives d'autant plus entourées de vitellus qu’elles se trouvent plus éloi- guées du germigène. Les parois du vitellogène sont trans- parentes ; on y distingue difficilement une structure; il m'a paru cependant que de grandes cellules entraient dans sa composition. La portion du tube génital qui suit le vitel- logène est destinée à sécréter l’albumen et les capsules des œufs. Ses parois sont épaisses; on y aperçoit des fibres mus- culaires longitudinales et circulaires ainsi que de grandes cellules à contenu transparent , qui sont les glandes dans lesquelles se forment les produits de la sécrétion. Ces cel- lules, quand elles ont acquis le maximum de leur dévelop- pement, crèvent et versent leur contenu dans l'intérieur du tube génital. Après cette portion glandulaire à laquelle je donnerai le nom de capsulogéne, se trouve une espèce de bourrelet muni d’un rétrécissement. Les fibres musculaires circulaires paraissent y former une espèce de sphineter. Ce petit organe est probablement destiné à agir sur la capsule et à lui donner sa forme définitive. On pourrait le comparer à l’ootype des distomes. (Fig. 6, L.) Le tube génital devient ensuite beaucoup plus large; ses parois sont uniquement musculaires; aucune glande n'entre plus dans sa composition; les fibres musculaires ( 599 ) minces y sont nombreuses et apparentes. Cette dernière portion fait l’oflice de matrice; elle contient des œufs complétement formés et entourés de capsules. (Fig. 6, e.) Les deux branches opposées de l'organe femelle se réu- nissent, forment un canal unique qui conserve, pendant quelque temps, la même structure que ces branches, et qui se continue directement avec le vagin. Ce dernier est long d'environ trois à quatre fois la largeur du corps eylindri- que ; ses parois, très- musculaires, présentent à sa partie supérieure un bourrelet composé de quatre lobes dans les- quels on voit se perdre les fibres musculaires. (Fig. 6, f.) Il n’y a aucune continuité entre les fibres musculaires du vagin et celles de l'utérus; ces dernières sont plus minces et plus grêles. L'orifice externe du vagin est arrondi. Les œufs, dans leur complet état de développement, sont ovales; on n’y aperçoit plus de vésicule germinative; le vitellus présente des granulations nombreuses et opaques ; il montre constamment le phénomène du sillonnement qui à lieu de la même manière que chez les œufs des autres Nématoides. La membrane vitelline est mince, transpa- rente; la capsule est dure, résistante, à parois épaisses s'écrasant avec difficulté. Les œufs se développent de la manière suivante: la vésicule germinative naît dans le germigène ; elle possède une tache germinative d’abord claire et transparente qui se trouble ensuite et devient granuleuse à mesure que la vésicule germinative grandit. À sa sortie du germigène, la vésicule germinative s’entoure petit à petit de granules vi- tellins que lui fournit le vitellogène, et qui deviennent de plus en plus nombreux et unis à mesure quel’œuf, dès lors formé, se rapproche du capsulogène. On voit apparaître ( 560 ) ensuite la membrane vitelline et la capsule; l'œuf, expulsé alors du capsulogène, pénètre dans la matrice par le rétré- cissement dont nous avons parlé, et là il parcourt les premiers degrés de développement. Où se fait la fécondation? Je suis à même de répondre à celte question d’une manière péremptoire; car j'ai pu suivre avec facilité la marche des Spermatozoïdes dans les organes génitaux femelles. J'en ai trouvé en grande quan- tité dans la matrice , vis-à-vis du rétrécissement ; je les ai retrouvés ensuite dans le capsulogène et jusque dans le vitellogène , ils disparaissent dans les granules vitellins qui entourent les vésicules germinatives. La fécondation a donc lieu avant que l’œufs’entonred’une membrane vitelline; le micropyle devient dès lors inutile; aussi ne trouve-t-on aucune trace de son existence. Pendant leur parcours dans les organes génitaux femel- les, les Spermatozoïdes subissent quelques changements de forme : d'aplatis qu'ils étaient, ils deviennent coniques; l’une de leurs extrémités se renfle en forme de sphère; 1ls ressemblent alors un peu aux Spermatozoides de l’Ascaris mystan, tels qu'ils ont été décrits par Nelson. Je crois que ce changement de forme est dû à l’endosmose. Les Spermatozoïdes absorbent les liquides contenus dans l’or- gane femelle, et 1ls finissent par éclater et verser leur contenu dans les œufs. Comme je l’ai déjà dit, dans mon introduction, je n’ai pu saisir la cause de l'ascension des Spermatozoïdes dans l'organe femelle; 1ls m'ont toujours paru immobiles. Un mouvement péristaltique des parois de l'utérus rendrait peut-être compte de cetie ascension. (Voir la note p.557.) J'ai donné le nom de Rhabditis macrocephalus à la plus A | petite des deux espêces de Nématoïdes que j'ai trouvées ( o61 ) dans le canal intestinal du Julius terrestris, à cause de la largeur de l'extrémité antérieure comparée au restant du Corps. Ce Rhabditis macrocephalus est un ver filiforme à extré- mité antérieure élargie; 1l est long d'environ un millimètre et large de 0"",18. Les téguments sont épais, transparents couverts çà et là de poils minces effilés, plus nombreux à l'extrémité inférieure que partout ailleurs. La queue est amincie brusquement, quelquefois terminée en fer de lance. (PI. IF, fig. 1.) La bouche forme une cavité très-distinete qui s'élargit et se rétrécit à la volonté de l'animal; son ouvertnre pré- sente trois lèvres, dont chacune possède une petite échan- crure médiane. (Fig. 2.) La bouche est suivie d’un pharynx musculeux fusiforme qui présente à son intérieur trois lames solides, dont cha- cune est formée de deux pièces striées transversalement et réunies vers un augle obtus; le coin de la lame ne pré- sente pas de stries, et paraît au milieu d'elle comme une ligne claire, (Fig. 4.) Les trois lames s'emboîtent et ont un jeu semblable à celui d'une lime. Un œsophage très- mince fait suite au pharyax; il est ordinairement légè- rement courbé en $, et s’ouvre dans un ventricule arrondi musculeux, armé d'un appareil dentaire assez compliqué, composé de trois lames triangulaires et recourbées qui se réunissent par leur sommet et qui présentent à leur face supérieure et interne des sillons transversaux. Au sommet de chacune de ces lames s'articule nne tige solide qui, après s'être dirigée en dehors, s'articule à son tour avec uue autre tige dont la direction a lieu vers l'intérieur. Entre ces tiges, il s'en trouve trois autres plus petites qui parient également du sommet des lames, (Fig. 3.) ( 562 ) Le pharynx, ainsi que le ventricule, sont munis de mus- cles qui les fixent aux téguments externes : sur le pha- rynx, on aperçoit trois taches brunâtres qui semblent être des corps glandulaires pourvus de pigment coloré. Après le ventricule naît l'intestin, qui se dirige en ligne droite vers l'extrémité inférieure du corps. Au sortir du ventricule, il est ordinairement un peu renflé; il est cou- vert de grandes cellules hépatiques, et paraît jaunâtre sous le microscope. Le mâle est un peu plus petit que la femelle; il en dif- fère extérieurement par un organe qui doit servir proba- blement pendant l'accouplement. Il-est situé au-devant de l'ouverture des organes génitaux, où il forme une élé- valion arrondie qui paraît creusée d’un grand nombre d'ouvertures microscopiques qui sont probablement l’ou- verture d'autant de glandes. Vu de profil, cet organe paraît denté sur ses bords. En arrière de l’anus, il existe encore un tubercule en forme de ventouse. Les organes génitaux mâles se composent d’un tube long terminé en cœeum, replié sur lui-même, ayant à peu près la longueur du corps et dont le diamètre varie sui- vant l'endroit où on l’observe. Il s'ouvre immédiatement au-devant de lanus et est armé en cet endroit de deux paires de spicules. On distingue facilement quatre parties dans l'organe génital mâle, d'abord la partie terminale, c'est la plus étroite; elle représente le testicule proprement dit; on y trouve des Spermatozoïdes en voie de dévelop- pement. La partie de l'organe mâle qui suit est beaucoup plus large ; elle est constamment remplie d’une grande quantité de Spermatozoïdes parfaitement formés: Je la con- sidère comme représentant la vésicule séminale. Ces deux premières portions que nous venons (le décrire sont trans- ( o09 ) parentes ; les muscles n’y sont pas très-apparents. La troi- sième portion est plus courte; elle se distingue des pre- mières par ses parois rendues opaques, par de grandes cellules à contenu granuleux. Cette portion est manifeste- ment glandulaire et produit probablement un liquide qui doit se mêler au sperme. Enfin, la dernière portion de l'organe mâle est longue et étroite, à parois épaisses et à fibres musculaires très-marquées ; elle représente le con- duit déférent. Les spicules qui arment son extrémité sont au nombre de deux paires, deux grands et deux petits; tous sont transparents et incolores. Les grands spicules sont très-allongés , légèrement recourbés et pointus; les plus petits sont aussi un peu recourbés et creusés sur leur face interne; les plus grands peuvent saillir assez loin du corps de l’animal. Les Spermatozoïdes sont extrêmement remarquables par leur grandeur; ils mesurent 0"",10. On peut facile- ment les apercevoir avec un grossissement de 50 à 100 diamètres; ils ont la forme d’un disque ovale allongé, l’une extrémité arrondie et l’autre effilée. Ces Spermato- zoides sont de véritables cellules à parois très-transpa- rentes, à contenu finement granuleux et à noyau petit et muriforme. Le développement de ces Spermatozoïdes est extrêmement simple, et a lieu identiquement comme dans l'espèce précédente. Ils se forment dans l’intérieur des cellules spermatiques. La femelle de notre Rhabditis diffère du mâle par l’ab- sence des tubercules qui sont placés en avant et en ar- rière de l’orifice des organes génitaux de ce dernier, par l’orifice des organes génitaux qui est placée à la réunion du quart postérieur du corps avec les trois quarts anté- rieurs; enfin, la femelle ne présente pas de spicules. ( 04 ) Les organes génitaux femelles sont formés par un vagin très-long et très-volumineux suivi d’un tube plus étroit, lequel se divise en deux branches, dont l’une se dirige en avant, l’autre en arrière du corps; ces deux branches se terminent en cœcum et présentent chacune plusieurs par- ties distinctes. La partie terminale est étroite, courte, très-transpa- rente, et ne contient que de petites cellules qui sont les vésicules germinatives à différents degrés de développe- menL. Cette portion est le germigène; 1l est beaucoup plus petit que dans le Rhabditis acuminatus. La seconde partie est globuleuse, large, rendue opaque par des granules nombreux qui la remplissent: c'est le vitellogène. Vient en- suite la troisième partie, qui est plus longue et plus étroite, à parois épaisses et revêlues intérieurement de grandes cellules glandulaires qui sécrètent la substance dont se forme la capsule. Puis arrive un rétrécissement en forme de sphincter qui est beaucoup moins prononcé dans cette espèce que dans la précédente. Enfin, la dernière partie des branches de l'organe femelle est la seule qui contienne des œufs complétement formés et munis de leur capsule ; elle est plus manifestement musculaire que les autres: c'est la matrice proprement dite, Les deux branches se réunissent alors, forment un canal unique, lequel fait plusieurs circonvolulions ; ses parois ont la même struc- ture que celles de la matrice. Le vagin qui suit alors est très-grand , claviforme ; ses parois sont épaisses et musculaires; les fibres qui entrent dans sa composition paraissent beaucoup plus fortes que celles qui forment les parois de la matrice. L'orifice externe est large et arrondi; les œufs se déve- loppent entièrement de la même manière que chez le ( 969 ) Rhabditis acuminatus, mais leur développement est beau- coup plus difficile à étudier, à cause du peu de longueur de la glande vitellogène et de son opaeité. Les œufs entiè- rement formés sont ordinairement très-peu nombreux dans la matrice, deux à quatre au plus; ils sont grands, mesurent 0"",16; ils sont ovales; leur capsule n’est pas à beaucoup près aussi solide que celle du Rhabditis acu- minatus. Le vagin est ordinairement rempli d’une très- grande quantité de Spermatozoïdes. Il est beaucoup plus difficile que dans l’espèce précédente de suivre ces Sper:- matozoides jusqu'aux œufs, cependant avec un peu de peine on y parvient; ils présentent les mêmes phéno- mènes que ceux du Rhabditis acuminalus, que j'ai décrits plus haut. L'Infusoire que j'ai trouvé dans le canal intestinal du Julius terrestris, en même temps que les Nématoïdes dont je viens de donner la description, appartient au genre Para- mécie; 1] m'a paru plus globuleux et plus petit que le Pa- ramecium aurelia. Sa bouche est grande, latérale, disposée comme chez l'espèce que je viens de citer; la vésieule con- tractile est grande et est placée à la partie inférieure de l'animal; des granules nombreux et fins remplissent son canal intestinal. Je n'ai eu à ma disposition qu'un trop petit nombre d'exemplaires pour pouvoir donner de ce parasite une description exacte. Je me contenterai donc actuellc- ment d’avoir constaté son existence. Quant au Cryptogame, comme je lai dit dans mon introduction , il a déjà été découvert par Robin qui eu à donné une excellente description sous le nom d'Entero- bryus juli terrestris. Je n'ai rien à ajouter aux détails si précis que nous en a donnés le judicieux micographe fran- çais. Je constaterai simplement que ce végétal se déve- ( 966 ) loppe très-souvent sur le corps même des Rhabditis acu- minatus et occupe ordinairement l’extrémilé antérieure du corps; Je n’en ai jamais trouvé sur le Rhabdilis macro- cephalus. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I, — Ænatomie du RuABDITIS ACUMINATUS. Fig. 1. Rhabditis acuminatus fortement grossi. — a. Pharynx. — b. Ven- tricule. — d. Intestin. — e. Anus. — f. Vitellogène. — h. OEufs contenus dans l’oviducte, — 2. Orifice interne du vagin. — 9, Extrémité antérieure pour montrer la bouche entourée de ses trois levres. — 5. Appareil masticatoire du ventricule. — 4. Plaques rayées qui garnissent le pharynx. — 5. Coupe transversale des trois plaques du pharynx pour montrer leurs rapports. — 6. Organes génitaux femelles. — a. Germigene. — b. Vitellogèene — e. Albuminogène. — L. Organe analogue à l’ootype. — &. Utérus. — à. Deuxième utérus. — e. Oviducte, — f. Vagin. — 8. Germigène. — a. Vésicules germinatives. — b. Vésicules germina- tives dont la tache germinative est granuleuse. — 9. Œuf contenu dans le vitellogène. — 10. Extrémité inférieure du mâle. — a. Spicule. — b. Tubercules en forme de verrues. — e. Muscles. — c. Orifice externe. — 11. Organes génitaux mâles. — a. Partie du testicule dans lequel com- mence la formation des Spermatozoïdes. — b. Partie du testicule dans lequel les cellules spermatiques sont toutes formées. — c. Vé- sicule séminale. — d. Partie glanduleuse. — e. Canal déférent. — [. Orifice externe. — 12. Spermatozoïdes à différents degrés de développement. PLANCHE IT. — Ænatomie du Ruaappiris MACROCEPHALUS. Fig. 1. Représente une femelle fortement grossie. — a. Pharynx. — b. OEso- phage.— c. Ventricule. — d. Intestin — é. Anus. — e. Vitellogène. LCR ÉVITE Pull de Ulead loy DRCRLLUTLE TES = Zone. VIL 97° serte, page D06 pl 1. Tom. VII. 27° serie, page 566 pl_L. Ball de Ulead Lo CL E PASSA = EI == RS NT er LÉ sens _— nl 0 page 566, pl. 1. 2 Jerte, Tom. UE ave À à ù | à ei 5 | Es | 7 ve à - D. en ns , L es TITRE EN ( 67 ) — f. Œuf contenu dans l'utérus. — q. Oviducte. — h. Vagin con- tenant des Spermatozoïdes. . Extrémité antérieure fortement grossie. . Appareil masticatoire du ventricule. — a. Plaques rayées. — b et e. Tiges articulées. — d. Autre tige non articulée, — 4. Plaque rayée du pharynx. — 5. Coupe transversale des trois plaques du pharynx. — 6. Organes génitaux femelles. — a. Germigène. — e. Vitellogène. — g. Albuminogène. — k. Ootype. — b. Utérus. — f. OŒEuf contenu dans l’utérus. — d. Commencement du second utérus. — c. Ovi- ductes. — k. Vagin contenant des Spermatozoïdes. — à Orifice externe. — 7. Extrémité inférieure d’un mâle. — a. Glande. — b. Spicules de la première paire. — d. Spicules de la deuxième paire. — c. Extré- mité de l'intestin. — ?. Protubérance en forme de verrue. — 8. Organes génitaux mâles. — a. Testicule proprement dit, — b. Vé- sicule séminale. — c. Partie glanduleuse. — d. Canal déférent. — 9. Développement des Spermatozoïdes. — a. Granules. — b. Cellules spermatiques naissantes. — c. Les mêmes cellules plus avancées. — d et e. Cellules dans lesquelles les Spermatozoïdes commencent à se fermer. — g et f. Spermatozoïdes. Fig. O1 19 Sur la nature de l'acide allophanique; par M. Adolphe Baeyer, docteur en sciences. On connaît une série de corps très-curieux produits par l’action de l'acide cyanique sur les alcools. Liebig et Woehler, qui ont découvert ces corps, les considèrent comme des éthers formés par un acide particulier, l'acide allophanique. Les réactions remarquables offertes par ces éthers m'ont décidé à poursuivre leur étude. Dans ce but, j'ai recherché l’action exercée par lacide cyanique sur deux alcools polyatomiques, le glycol et la glycérine. La glycérine absorbe avec facilité les vapeurs de l'acide 2Me SÉRIE, TOME VI. 39 ( 268 ) cyanique; elle se transforme ainsi en une masse blanche onctueuse. Cette masse, reprise par de l’alcoo! bouillant qui la dissout, fournit une solution abandonnant par le refroidissement de petits mamelons blanes et transpa- rents, et formant des croûtes dures; la glycérine excédante reste dissoute dans l'alcool. L'analyse des cristaux, con- venablement purifiés, a donné les nombres suivants : CALCUL. EXPÉRIENCE. CoH0Na010 | ae Carbone: . Lt ste NA 154.8 89,7 Hydrogène … v: 0 sn au T LPy | 5,6 Aadtes io te CONRAD à 15,7 Oxygène, . .!. Ces analyses démontrent donc que ce corps s’est formé par la simple addition de 2 molécules d’acide cyanique à 1 molécule de glycérine. 2(C, NHO,) + C,H,0, = Cio Ho O0 No Cette substance, que l’on peut appeler allophanate de glycérine, est assez soluble dans l’eau et dans Palcool; elle ne présente n1 saveur, ni odeur. Chauffée, elle se fond à 160° environ en produisant un liquide qui se prend, par le refroidissement, en une masse gélatineuse. Sous l'in- fluence d’une température plus élevée, l’allophanate de glycérine se décompose; 1l dégage du carbonate d’ammo- niaque en quantité considérable et finit par se brunir; dans ce cas, il émet une odeur de corne brûlée. Les acides dilués ne l’attaquent pas, mais les acides nitrique et sulfurique concentrés le décomposent. Broyé avec de la baryte hydratée et de Peau, il produit un liquide incolore, lequel, filtré, dépose, quelques moments ( 269 ) après, des aiguilles fines formées uniquement de carbonate de baryte; le liquide retient de l’acide carbonique et de l’urée, On sait que l’allophanate d'éthyle , traité par de la baryte hydratée dissoute, produit de l'alcool et de lallo- phanate de baryte. L’allophanate de glycérine, au con- traire, ne donne naissance qu'à une très-petite quantité de ce sel barytique. On n'obtient que les produits de sa décomposition. Le glycol absorbe les vapeurs eyaniques avec plus d'avidité encore que la glycérine; aussi est-il nécessaire de refroidir le vase contenant le glycol, lorsqu'on fait réagir l'acide eyanique sur lui. On obtient alors une masse blanche, soluble dans l'alcool bouillant; cette solution dépose, par le refroidissement, des paillettes ou des aiguilles blanches et brillantes. Les produits de deux cristallisations différentes ont donné, à l'analyse, les nombres suivants : CALCUL. EXPÉRIENCE. C,H,N,0, Cawhone su. + |. : 990 : 59/0 52,5 Den. . . -),. ‘0, 5,6 9,4 A2. 19,2 Oxygène . Cette substance représente donc l’allophanate de glycol correspondant à la combinaison glycérique : 9 (C, HNO,) + C,H,0, = CH,OSN, L’allophanate de glycol se dissout plus facilement dans l’alcool et dans l’eau que le composé glycérique corres- pondant. IL est sans saveur et sans odeur, fusible sans altération ( 070 ) vers 160° environ. Après la fusion, il se prend en une masse cristalline par le refroidissement. Sous l'influence d'une température plus élevée, il dégage du carbonate d'ammoniaque; il distille, en même temps, un liquide visqueux et laisse un peu d'acide cyanurique pour résidu. Les acides concentrés le décomposent. En contact avec de l’hydrate de baryte et de l’eau, il se comporte absolu- ment comme l’allophanate de glycérine. On voit facilement que le mode de formation des deux corps que je viens de faire connaître est absolument ana- logue à celui de l’allophanate d’éthyle. Deux molécules d'acide cyanique se combinent avec l'alcool employé. La basicité de l'alcool paraît être sans influence. Une molécule d'alcool, quel qu'il soit, se com- bine à deux molécules d'acide cyanique; on a en effet : 2(C,HNO,) + C,H,0, = C H, 0, N, allophanate éthylique. 2(CHNO,) + C,H,0, = C H, 0, N, allophanate glycolique. 2(C,HNO,) + CH, 0, = C0 H0 O0 Na allophanate glycérique. On pourrait donc appliquer aux deux corps nouveaux, décrits dans les pages précédentes, la manière de voir que Liebig et Woehler ont imaginée pour expliquer la nature de l’allophanate d’éthyle; c’est-à-dire qu'on pourrait envi- sager ces deux corps comme des éthers basiques d’alcools polyatomiques; on aurait ainsi : Allophanate d'éthyle. Allophanate de glycol. Allophanate de glycérine. GHNO: CHN,0, È CHN, O0, 2 CH; C,H, : CH; ? O0 H H, Par cette manière de voir, on assimile ces corps à l’éther acélique, au monacétate de glycol et à la monacétine ( 271 ) {monacétate de glycérine). Cependant cette interprétation ne me parait pas rendre suflisamment compte de la for- mation et de la décomposition de ces substances. Elle explique diflicilement pourquoi l’action de l'acide cyanique sarrêle toujours au premier degré de combinaison. En effet, puisqu'un alcool monoatomique se combine directe- ment à deux molécules d'acide cyanique , le glycol étant biatomique et la glycérine triatomique, en s’unissant à ce même acide, devraient prendre l'un tantôt 2, tantôt 4 mo- lécules d'acide cyanique, et l’autre respectivement 2, 4et6 molécules d'acide cyanique pour produire le mono- et bial- lophanate de glycol, et le mono-, le bi- et le triallophanate de glycérine; tandis que l'expérience paraît prouver qu’on n'obtient, dans les deux cas, que la combinaison corres- pondante à celle produite par un alcool monoatomique. D'un autre côté, l'hypothèse qui consiste à regarder la combinaison du glycol et de la glycérine avec l'acide cya- nique comme des éthers basiques, n’explique pas non plus pourquoi l’une et l’autre, en contact avec de l’hydrate de ba- ryte, se comportent différemment de l’allophanate d’éthyle. La décomposition de lallophanate d’éthyle par la cha- leur, en alcool et en acide cyanurique, et la décomposi- tion tout à fait analogue d’un corps que je viens de décou- vrir et que je vais décrire plus bas, me semblent si nettes et rapprochent tant ces matières de la modification qu'é- prouve l'acide cyanurique par la chaleur, qu'il me paraît nécessaire de rattacher les allophanates à l'acide cyanu- rique. Dans cet ordre d'idées, on doit considérer ces corps comme appartenant à des types intermédiaires entre l’eau et l’'ammoniaque. De la même manière que l’on a comparé l'acide cyanurique à un type égal à une triple molécule (572) d'ammoniaque, on pourrait dire que les allophanates appartiennent à un Lype formé de deux molécules d'am- moniaque et de 4, 2 ou 5 molécules d’eau. Ces corps se présentent alors comme de l'acide cyanurique dans lequel une molécule d'acide eyanique est remplacée par une mo- lécule d'alcool, de glycol ou de glycérine; on aurait ainsi : Acide cyanurique. Allophanate d’éthyle. Alloph. de glycol. Alloph. @e glycérine. C, HNO, C, HNO, C, HNO, C, HNO, C,HNO, C, HNO, C, HNO, C, HNO, C, HNO, C,H,0, C,H,0, CH, 0, Comme on sait qu'un grand nombre des dérivés du cyanogène ont une tendance prononcée à tripler leurs mo- lécules, notre manière d'envisager les allophanates ne paraitra pas étrange. L’acide cyanique agit d’une manière semblable sur des corps qui n'offrent qu'une faible ressemblance avec les alcools. Les vapeurs de cet acide dirigées dans de l'acide eugénique, sont absorbées en produisant un corps solide blanc, soluble dans l'alcool bouillant, qui le dépose par refroidissement sous la forme de belles aiguilles blanches inaltérables à l’air. Convenablement purifié par des cristallisations succes- sives dans l'alcool et soumis à l'analyse, ce corps a fourni les résultats suivants : CALCUL, EXPÉAIENCE. CI 4N208 Carbone 4,007, SH AOROTS CATS 57,6 HyGronene ue Don Dr CD 5,0 AZI se Mel sens RON. cle 11,2 DXVSCNE 280 Len t PREETRES ( 275 ) Ce corps est done encore un allophanate contenant deux molécules d'acide cyanique et une molécule d’acide eugénique : 2(C, HNO,) + C,,H,,0, = CN, 0, L'allophanate eugénique n’est pas soluble dans l'eau; il est peu soluble dans l'alcool froid , mais très-soluble dans l'alcool bouillant. 11 cristallise si facilement d’une solu- tion alcoolique qu'une petite quantité de matière fournit des cristaux assez grands. L’éther le dissout aisément. Les acides concentrés le décomposent. Broyé avec de la baryte hydratée et de l’eau, il donne naissance à une pâte cristalline formée d’eugénate et d’allophanate de baryte. Chauffé, l’allophanate eugénique se décompose en acide cyanurique et en acide eugénique, comme le fait la com- binaison éthylique. Cette réaction ressemble compléte- ment à la décomposition de l'acide cyanurique : les diffé- rentes molécules qui entrent dans l’allophanate sont séparées; mais comme la chaleur qui suflit pour mettre en liberté l’acide eugénique est insuffisante pour dégager des vapeurs cyauiques, les molécules de cet acide se grou- pent pour former l'acide cyanurique, qu'une augmentation de chaleur subséquente divise à son tour dans ses parties constituantes. | Les allophanates de glycol et de glycérine ne se décom- posent pas par la chaleur d’une manière si simple, comme je l'ai dit plus haut, mais, d’après moi, cette différence ne prouve rien contre leur comparaison avec l'acide cya- nurique. . Ces alcools polyatomiques ont un point d’ébullition très-élevé, et possèdent en même temps les éléments de l’eau qu'ils fournissent à l'acide cyanique, très-facilement ( 274 ) décomposable par ce corps, comme l'expérience le dé- montre. Ainsi une molécule d'acide eugénique se combine direc- tement à deux molécules d'acide cyanique. L’acide eugé- nique se comporte donc vis-à-vis de l'acide cyanique comme un véritable alcool; ils s'unissent pour donner naissance à une substance indifférente. L'expérience à prouvé déjà que l’action de l’acide cya- nique sur l’aldéhyde est tout à fait différente de celle qu'il exerce sur l'alcool. La formation de l'acide trigénique n'a rien d'analogue avec la production de l’allophanate d'éthyle et des substances correspondantes que je viens de faire connaître pour le glycol, la glycérine et l’acide eugénique. Je me suis assuré que d’autres aldéhydes, l'aldéhyde valérique, par exemple, se comportent vis-à-vis de l’acide cyanique comme l’aldéhyde ordinaire, en don- nant naissance à des corps dont l'étude m'occupe encore. Mais je crois pouvoir déduire dès à présent de mes expé- riences, qu'en général , l'acide cyanique, en réagissant sur les alcools, s'y combine directement, tandis qu'en réagissant sur les aldéhydes, il s'y unit avec élimination d'acide car- bonique. Sur un nouveau dérivé de l'acide picrique ; par M. Adolphe Baeyer, docteur en sciences. M. Carey Lea à publié, dans le journal de Silliman (novembre 1858 (1)), un travail sur l’acide picrique dans (1) Répertoire de chimte, par A. Wurtz, mars 1859. ( 79 } lequel il annonce que cet acide se transforme en acide picramique sous l'influence du cyanure de potassium. La réaction du cyanure de potassium sur l'acide picrique a été observée pour la première fois par M. Schlieper : c’est sur l'invitation de ce chimiste que j'en ai entrepris l'étude. J'ai reconou bientôt que le produit qui prend naissance n'est pas de l'acide pieramique, comme le dit M. Carey Lea, mais bien un corps nouveau, restant combiné au potassium du cyanure employé. En présence d'une solution concentrée d’un cyanure alcalin, l'acide picrique est vivement altaqué; il se déve- loppe considérablement de chaleur; le mélange devient rouge brun, s'épaissit et finit par dégager de l’'ammo- piaque. Si, au contraire, le cyanure est en solution diluée, la réaction s'accomplit encore, mais cette fois-ci sans déga- gement appréciable de chaleur. Le liquide rougit et dé- pose, au bout de 12 heures, un précipité rouge, volu- mineux, formé de petites aiguilles microscopiques. Ce précipité cristallin constitue le nouveau corps en ques- tion. Pour l'obtenir toujours identique à lui-même, voici les conditions que je crois les plus convenables : on dissout un équivalent de picrate de soude dans quarante fois son poids d’eau, et on y ajoute une solution d'au moins trois équivalents de eyanure de potassium. Le liquide, qui se remplit immédiatement de petits cristaux de picrate de potasse, rougit après quelques minutes, et fournit, après 12 heures de dépôt, un volumineux précipité rouge et cristallin. Ce corps, insoluble dans une solution de cya- nure de potassium, se dissout un peu dans l’eau, surtout à chaud, et s'en sépare, par le refroidissement, sous la (276 ) forme de cristaux opaques doués d’un éclat métallique vert foncé qui donne une poudre rouge-brun. Ces cristaux soumis à l’analyse ont donné les résultats suivants : CALCUL. EXPÉRIENCE. CN; KO, ne. 0 MN Carbone" Pr PS OR Te TT 93,4 HyUTODENE 7 TL NN OPRMENENNESS 0,7 AZote, es US 0, CANNES 24,4 Potassium et) Gun os GO in 15,6 Oxygène. Si la formule Gr H Ne BO,; représente en réalité la composition de ce sel de potasse, ce qui cependant devra être vérifié par l'analyse d’autres sels du même acide, elle est dans un rapport très-simple avec la formule de l'acide picramique. Ce corps, on le sait, est considéré comme de l'acide picrique, dans lequel le groupe NO, est remplacé par NH. Dans l’acide du nou- veau sel , NCy, prendrait la place de NH. Je propose donc de donner au sel analysé le nom de picrocyamate de po- lasse. On aurait ainsi : Picrate de potasse C Picramate de potasse. . . . C Picrocyanate de potasse . C 12 H, (NO, ), (NO;) KO, 12 H, (NO, ), (NH, ) KO, 12 2 (NO, (NCy;) KO, Dans ce cas, la formation du picrocyamate peut s'expliquer de la manière suivante : C,;,H,(NO, KO, + 5KCy + 5H,0, = CG, H,(NO,), (NCy, )KO, + NH, + 0,0, +-5(KH0,). ( 911 ) Le picrocyamate de potasse détone violemment par la chaleur, en laissant un résidu charbonneux. Sa solution aqueuse maintenue en ébullition se décompose; il se pro- duit un corps brun probablement identique à celui qui se forme par la réaction d’une solution concentrée de cya- nure de potassium sur l'acide picrique et dont je n’ai pas encore achevé l'étude. Jusqu'ici je ne suis pas parvenu à isoler l'acide picro- cyamique. En effet, les acides faibles, comme l'acide acé- tique, ne réagissent point sur le picrocyamate de potasse; tandis que les acides forts produisent, dans sa solution, un précipité rouge brun qui ne régénère pas le sel de po- tasse par une addition d'alcool. Le précipité rouge brun produit par les acides forts dans une solution de picrocyamate de potasse, est attaqué et dissous à chaud par l'acide azotique, en donnant un liquide jaune qui ne paraît pas ‘renfermer de l'acide pi- crique. Par une action prolongée, ce liquide jaune fournit de l'acide oxalique. L'acide azotique concentré et l’eau régale attaquent le picrocyamate de potasse avec beaucoup de violence. La plupart des autres picrocyamates s’obtiennent par double décomposition. Ils sont tous des corps rouges, peu solubles dans l’eau, présentant un reflet métallique qui se produit surtout par le frottement avec un corps dur. Le picrocyamale de baryte s'obtient en ajoutant du chlorure de baryum à une solution saturée à chaud de sel de potasse ; il se dépose par le refroidissement en aiguilles dont la couleur est moins foncée que celle du sel de po- tasse. On peut le préparer directement en faisant réagir le cyanure de baryum sur lacide picrique, absolument par le même moyen que J'ai décrit pour le sel de potasse, ( 578 ) Il est moins soluble dans l’eau que ee dernier, et sa solu- ion se décompose moins vite par l'ébullition. Les picrocyamates solubles produisent, dans les sels d'argent, un précipité rouge très-volumineux, peu solu- ble dans l’eau pure et tout à fait insoluble dans l'eau con- tenant des traces de nitrate d'argent. Par la dessiccation , ce précipité diminue beaucoup de volume; tout à fait sec, il se présente sous la forme d’une masse amorphe douée d’un reflet métallique vert foncé. Ce corps paraît se décomposer par les lavages; du moins les produits de différentes préparations n’ont pas donné des nombres constants. La réaction des cyanures alcalins sur l'acide picrique n'est pas un fait isolé; elle parait avoir lieu avec d’autres corps nitrés. Ainsi l'acide binitrophénique m'a donné un corps semblable, cristallisé en mamelons rouges, qui prennent également un reflet métallique par le frottement. J'ai intention d'étudier encore l'acide picrocyamique et l’action qu'exerce, en général, les cyanures sur les autres composés nitrés. La présente note était déjà écrite depuis trois semaines, lors de Ja publication, dansles Annalen der Chemie und Pharmacie, tom. CX , p. 289 (juin 1859), d’un travail de M. Hlasrwetz sur la même substance. Ce chimiste déduit de ses analyses une formule conte- nant H,0, de plus que celle que je viens de proposer. Je dois faire remarquer que j'ai trouvé, dans l’anälyse de plusieurs sels, un excès d'hydrogène et une quantité plus faible de carbone (1); ce qui me parait indiquer la (1) Deux analyses du sel de potasse, par exemple, ont donné carbone : ( 579 ) présence d'une certaine quantité d’eau. Mais, me basant sur les analyses citées plus haut, j'ai cru devoir attribuer cette différence à des traces d’eau de cristallisation retenue, par ces sels, lors de leur dessiccation. Plusieurs picrates pré- sentent également la propriété de retenir fortement l'eau. J'ajouterai que, d’après mes observations, les picrocya- mates sont éminemment hygroscopiques. La formule que j'ai déduite de l'analyse des sels de po- lasse purifiés et desséchés avec soin me paraît d’ailleurs exprimer, d’une manière assez simple, et la réaction qui donne naissance à l'acide picrocyamique et les relations de ce corps avec l'acide picrique et l'acide picramique. Quoi qu'il en soit, étant, pour ce moment, dans l’impos- sibilité absolue de continuer mes travaux, Je ne puis déci- der laquelle des deux formules représente la composition du picrocyamate de potasse. Dès que les circonstances me permettront de reprendre mes recherches, je tàcherai d'éclairer ce point et j'aurai l'honneur de communiquer mes résultats à l’Académie. De la berbérine et de ses sels; par M. Louis Henry, profes- seur à l’université de Louvain. La berbérine n’a presque pas d'histoire. Quelque remar- quable qu’elle soit sous le rapport de ses qualités physi- ques, elle n’a guère joui jusqu’à présent du privilége de 52,8 et 32.85; hydrogene 1, 2, et 1,7, nombres qui se rapprochent de ceux * calculés d’après la formule de M. Hlasiwetz (carbone 51,4). ( 580 ) fixer d’une manière bien soutenue l'attention des chi- mistes. Peut-être faut-il chercher la cause de cet abandon dans le peu détendue de ses applications aux arts indus- triels, où dans son inulilité presque complète en théra- peutique. Ce fut en 1856 que M. Buchner, de Munich (1), trouva dans l'écorce de la racine de l’épine-vinette (Berberis vul- garis, L.) une matière cristalline jaune, à laquelle 1! donna, pour rappeler son origine, le nom de berbérine. Après l'étude incomplète qu’il fit de ce nouveau principe, il le rangea dans la classe des sous-acides, au milien des ma- tières colorantes. Il en décrivit quelques-unes des pro- priétés physiques et chimiques , et crut remarquer que les alcalis et les terres alcalines, en le précipitant, s’y com- binent. En étudiant l’action des acides sur cette substance, il fut conduit à les grouper en trois classes : la première comprenant ceux qui, à l'état concentré, comme l'acide sulfurique et l’acide azotique, la détruisent; la deuxième, ceux qui, à l’état dilué, comme l'acide chlorhydrique, la précipitent de ses dissolutions; la troisième, enfin, ceux qui, comme l'acide acétique, la dissolvent de même que l'eau. En ajoutant une solution de nitrate d'argent à la solution de son nouvel acide, M. Buchner erut obtenir une combinaison; ce fut de celle-ci qu'il se servit pour déter- miner la formule et l’équivalent de la berbérine qu'il re- présenta par le symbole C;;H,$NO,. En 1846, à l'invitation de M. le professeur Will, de Giessen, M. Fleitmann reprit l'étude de ce corps, dont 1l n'avait plus été question depuis la publication du travail Li (1) Buchner, Ænn. der Chem. und Pharm., X XIV, 298; 1837. ( 81 ) de M. Buchner (1). E fut d'abord surpris, en remarquant, au début de ses recherches, que cette matière qui avait été prise pour une espèce primitive, n'était elle-même, au fond, qu'une combinaison d'une autre substance avec l’acide chlorhydrique. Il isola la véritable berbérine et fit voir à l'évidence que ce que l’on avait auparavant appelé de ce nom n’était que son chlorhydrate. La signification chimique de la berbérine fut dès lors changée. De la classe des matières colorantes, où semblait devoir la retenir son aspect physique, M. Fleitmann, se fondant sur sa nature fonctionnelle, la transporta au milieu des alcaloïdes où elle est restée depuis. Il en fit plusieurs analyses élémen- taires d’où il déduisit la composition centésimale; 1l en établit l'équivalent par l'analyse de quelques sels, tels que le chlorhydrate, le chloroplatinate, le chromate, etc. C’est à cette occasion qu’il constata pour la première fois le fait si intéressant de l'union de l'acide chromique avec une matière organique. On n’entendit plus parler dès lors de la berbérine que pour en apprendre l'existence dans d’autres végétaux que l'épine-vinette. En 1849, M. Bœdeker (2), en faisant l'étude chimique de la racine de colombo (Cocculus palmatus, D. C.), y ren- contra, en quantité relativement considérable, une ma- lière colorante jaune, cristalline, que l’ensemble de ses propriétés et les analyses qu'il en fit, lui démontrèrent être identique avec la base isolée par M. Fleitmann. En 1852, M. Perrins (5) la rencontra également dans (1) Fleitmann , Ænn. der Chem. und Pharm., LIX, 160. (2) Bœdeker, Zun. der Chem. und Pharm., LXVI, p.584; LXIX, p. 40. (5) Perrins, 4nn,. der Chem. und Pharm., LXXXIIL, 276. ( 282 ) la racine de colombo de Ceylan (Menispermum fenestra- tum). Pendant tout ce laps de temps, la liste des com- binaisons berbériques resta à peu près telle que l'avait constituée M. Fleitmann; elle ne s'enrichit que de deux sels doubles : le chloromercurate décrit par M. Huiter- berger (1) et le cyanomercurate, par MM. G. Kohl et A.Swoboda (2), ceux que forme le chlorhydrate de berbé- rine avec le chlorure et le cyanure mercuriques. L'étude de la berbérine semble avoir été réservée à l'initiative de M. le professeur Will; c'est aussi à son invi- tation que nous avons entrepris nos recherches. C'est dans son laboratoire, à Giessen , sous ses yeux et sous sa direc- tion, qu'elles ont été exécutées. Qu'il nous permette de lui en offrir ic1 nos bien sincères remerciments. PREMIÈRE PARTIE. L'ammoniaque ne précipitant qu'incomplétement la berbérine de ses sels, nous avons toujours employé pour sa préparation le procédé dont M. Fleitmann s'est servi le premier avec tant d'avantage. Le chlorhydrate de berbérine, préalablement purifié, est transformé en sulfate; la solution de ce sel est addi- tionnée d'eau de baryte jusqu’à apparition d’une couleur brunâtre, signe de la décomposition complète du sel. On fait passer dans la liqueur filtrée un courant d'acide carbonique, pour précipiter l’excès de baryle; puis on la porte à l'ébullition, laquelle est maintenue pendant quelque (1) Liebig und Kopp, Jahresbericht, ete., 1851, p. 474. (2) Bulletins de l’Académie des sciences de Vienne, 1852, p. 253. ( 285 ) temps, afin de faire déposer complétement le carbonate de baryte que l’excès d'acide carbonique eût pu conserver en solution. Le liquide est filtré une seconde fois et évaporé jusqu'à siccité au bain-marie. On dissout dans l'alcool la masse desséchée; on la précipite par l’éther et on la soumet en- suite à des cristallisations successives dans l'alcool et dans l’eau. Malgré tous les soins que l’on peut apporter pour rendre les précipitations complètes et les filtrations par- faites, malgré de nombreuses cristallisations, il est extré- mement difficile d'arriver à se procurer de la berbérine tout à fait libre de substance minérale; nous n’avons été qu'une seule fois assez heureux pour en obtenir qui ne laissàt aucun résidu sur la lame de platine : c’est celle-là qui nous a servi pour exécuter les analyses que nous rap- portons plus bas. Nous n’avons que très-peu de choses à ajouter à ce que l’on connaît déjà sur les propriétés de la berbérine; cris- tallisée dans l'alcool et dans l’eau , elle s’est toujours pré- sentée à nous sous forme de petites aiguilles ou de prismes d'un jaune foncé, qui se disposent les uns à l'égard des au- tres de manière à former des surfaces veloutées. La poudre en est jaune, mais devient d'un rouge foncé quand elle reste soumise, pendant quelque temps, à la tempéralure: de 100° centigrades. Elle paraît être sans action sur la lumière polarisée, c'est du moins ce qui résulte des essais que feu M. le pro- fesseur Zamminer a bien voulu faire avec nous. Ces sortes de déterminations sont, du reste, rendues très-difficiles par la coloration trop intense des solutions; 1l est impos- sible d'en atténuer suffisamment la nuance, à moins de 2€ SÉRIE, TOME VII. 40 ( 284 ) les étendre à un degré où l’on courrait risque de leur faire perdre toute activité. Elle a une grande tendance à former des solutions sur- saturées. Une fois dissoute dans l'alcool à chaud, on la voit souvent ne se déposer qu'avec une lenteur extrême. Nous avons observé un cas, où elle était maintenue en solution dans 25 parties d'alcool froid. La formule donnée à la berbérine anhydre par M. Fleit- mann, CyoHisNO, reste en debors des lois empiriques qui règlent le nombre des équivalents d'oxygène et la somme globale des équivalents d'hydrogène et d'azote des matières organiques. Nous n’avons pu croire que cette exception fût réelle. C’est pourquoi nous en avons refait l'analyse dès le début de notre travail. | Voici le résultat de trois combustions que nous avons faites, en nous plaçant dans les mêmes conditions que M. Fleitmann : 1. 0‘,2194 de berbérine, desséchés au bain d’air de 110 à 120 degrés centigrades, brûlés par l’oxyde eni- vrique, ont donné (,5577 d’acide carbonique et 0,1007 d’eau. IL. 05,5029 de la même substance, brûlés par le chro- mate plombique, ont fourni 0*,7548 d'acide carbonique et 0:,1470 d’eau. III. 05247 de berbérine fondue, desséchés au bain d'air à la température de 450° ou 140°, brûlés par l’oxyde cuivrique, ont fourni 0“,8011 d'acide carbonique et 05,1467 d’eau. Ce qui correspond en centièmes à C—.... 67,19 67,66 67,28 Men 4 0e 000 0 0507 CH PE ( 289 ) M. Fleitmann avait trouvé C—.... 67,35 66,66 H—.... 5,67 5,68. Ces nombres s'accordent très-bien avec la formule cor- rigée de la berbérine C42 Ho NO1o + Aq, renfermant un équivalent d’eau de cristallisation : Ce 252 67,57 l'A 19 5,54 N 14 0, 80 AG he" 00 EU Ci H9 NOy0 + Aq = 574 Quelque soin que nous eussions pris à faire ces com- bustions, nous n'avons pu croire que ces nombres fussent réellement exacts. Il était difficile d'admettre qu’une ma- tière organique, spécialement un alcaloïde maintenu en fusion, pût retenir encore de l’eau de cristallisation ; évi- demment nos combustions, par une circonstance sans doute inhérente à la nature du charbon produit par Ja berbérine, étaient incomplètes. Nous avons eu l'idée de faire passer dans l'appareil, à la fin de l'opération, un courant d'oxygène. Voici ce que nous avons obtenu : I. 05,41953 de berbérine fondue, desséchés au bain d'air à la température de 130? à 140°, brûlés par l’oxyde cui- vrique, ont donné 15,0525 d'acide carbonique et 0,1972 d’eau. IL. 05542 d'un 2"° échantillon, desséchés au bain d'air de 120° à 150°, ont fourni 0,9019 d'acide carbo- nique et 0‘,1704 d'eau. Ces nombres correspondent à la ( 86 }) composition centésimale suivante : 1 li. =. et 69,58 69,42 MN dt 5,81 5,53 D’après la formule C2 H19 NO1o, formule corrigée par Gerhardt, on devrait obtenir : Canet Are 9252 69,04 ee Me M 19 5,20 NA MA EUR 14 ON LR Een 80 Ci Ho NOy0 = 365 L'accord entre les résultats que nous avons obtenus et ceux que l’on devrait obtenir d’après la formule C:2 H19 NOso est assez satisfaisant pour nous faire regarder cette der- nière comme exacte. Que l'équivalent de la berbérine doive être réellement représenté par le symbole Cx Has NOo, c'est ce qui résultera surabondamment de l'analyse des différents sels que nous décrirons plus loin. Le chlorau- rate, sel dont M. Hoffmann s’est si souvent servi avec avantage, nous à surtout donné les meilleurs résultats. Nous pouvons pleinement confirmer ce que M. Fleit- mann avait déjà remarqué et ce que Gerhardt semble n'accepter qu'avec peine (1), que la berbérine peut être assez longtemps maintenue en fusion sans subir de varia- tion dans son poids. La berbérine nous paraissant avoir de la ressemblance avec les matières colorantes, nous avons fait quelques (1) Trailé de chimie organique, t. IV, p. 207. ( 87 ) essais dans le but de la dédoubler en sucre et en une ma- uière nouvelle, mais sans succès. Bouillie pendant long- temps avec l'acide chlorhydrique ou l'acide sulfurique dilués, elle n'a éprouvé aucune altération, et sa solution est restée complétement inerte sur les sels de cuivre. Les alcalis libres la dissolvent comme l’ammoniaque; mais employés en exeès, ils la précipitent. Cette insolu- bilité de notre alcaloide dans les solutions basiques fait qu’il nous à été impossible de le dédoubler sous l’action d’une solution alcoolique de potasse, ainsi que la fait M. Strecker pour la pipérine, après MM. Babo et Keller. Nous n'avons obtenu, après une ébullition de quelques heures , qu'une masse résineuse dure el cassante. Soumise à chaud à l’action d’une solution de baryte concentrée, la berbérine s’altère très-vite et très-profon- dément ; il se dégage une vive odeur ammoniacale au mi- lieu de laquelle 11 est possible de reconnaître la présence des ammoniaques composées inférieures; 15 grammes de berbérine, quantité relativement considérable eu égard à l’élévation de son prix, n’ont pas suffi pour nous donner des vapeurs assez abondantes qui, recueillies dans l'acide chlorhydrique, eussent pu être livrées à l'examen. DEUXIÈME PARTIE. Les sels que forme la berbérine constitüent un groupe bien distinct au milieu de ceux de tous les autres alca- loïdes. À défaut d’autres caractères, leur aspect physique suffi- rait déjà pour les différencier. ( 88 }) Tous ont une couleur jaunâtre qui varie, en passant par toutes les nuances, du jaune-serin parfait jusqu’au rouge presque pur. Leur saveur est d’une franche amer- tume; tous sont inodores. Chauffés sur la lame de platine, ils se boursouflent considérablement en produisant un charbon spongieux très-léger, très-difficile à brûler; en même temps, 1l se dégage des vapeurs jaunes d’une odeur nauséabonde tout à fait spéciale. La plupart sont solubles dans l’eau et dans l'alcool; l’addition d’un acide dilué les précipite de leurs solutions quand elles sont neutres. L’acide sulfurique concentré en dissoutun grand nombre en leur faisant prendre une coloration verte ou rouge. L’'ammoniaque et les alcalis colorent leurs solutions en rouge en meltant l’alcaloïde en liberté. Quelques-uns s’électrisent très-facilement par le frotte- ment; le chloroplatinate et le chloraurate sont spéciale- ment dans ce cas : ils se chargent si vite d'électricité par la compression que leur poudre est projetée au loin hors du mortier quand on les pulvérise. Bromhydrate de berbérine. Co H, NO, HBr. Nous l'avons obtenu en sursaturant une solution aqueuse de berbérine par le bromide hydrique liquide. Il se forme lentement au sein des liqueurs un abondant dépôt cris- tallin que l'on recueille sur un filtre et que l'on fait eris- talliser, après lavage, dans l'alcool. Ce sel cristallise en fines aiguilles d’un jaune fauve, il est très-soluble dans l'eau et l'alcool, spécialement à chaud. ( 89 ) I. 02205 de ce sel, desséchés au bain d’air de 400° à 110°, brülés par l'oxyde cuivrique, ont fourni 0f,4599 d'acide carbonique et 0*,0951 d’eau. IF. 0°,5195 d'un second échantillon de la même sub- stance ont donné 0f,1569 de bromure argentique. Ces nombres correspondent à la composition centési- male suivante : Trouvé, Calculé. 2 LS II. GR: :.), 2D2 ‘œU S6,52 (2e 96:67 ” M. vo0 4,48 4,78 ” ON ARR ” » » OU E IA +80 » » » De 1317 4 80 17,91 » 18,16 Cie Hi NO Br — 446 lodhydrate de berbérine. Co H, NO»; HT. Sa préparation est la même que celle du bromhydrate; sa grande insolubilité dans l'eau en favorise et active beaucoup le dépôt. Cristallisé dans l’eau, il se présente sous forme de très- petites aiguilles d’un jaune roussâtre très-pur; il exige pour se dissoudre 2150 parties d’eau froide; à chaud, il est beaucoup plus soluble; d’une insolubilité presque complète dans l'alcool à Loute température, I. 05,551 de ce sel, desséchés au bain d’air de 400° à 120°, ont fourni 06655 d'acide carbonique et 0‘,1340 d'eau. JL. 0°,5001 d’un second échantillon de la même sub- slance, pris dans les mêmes conditions, ont donné 0*,1430 d'iodure d'argent. Ces nombres correspondent à la composition centési- male suivante : ( 590 ) Calculé, 952 51,12 20 4,05 tirl4 » . 80 » MAT LT T Cye Ho NO 1 — 495,1 Trouvé. A I. II. 51,59 » 4,25 » » » D} » ù 25,71 Ferrocyanhydrate de berbérine. On précipite une solution de chlorhydrate de berbérine par le ferrocyanure de potassium. Le précipité recueilli sur un filtre est soigneusement lavé; puis on le fait eris- talliser dans l’alcool ou dans l’eau. Ce sel est très-peu soluble dans ces deux liquides, même à chaud. De ces deux solutions il se dépose sous forme d’aiguilles microscopiques d’un brun verdâtre, mais plus régulières et mieux définies quand on a employé des solu- tions alcooliques. Il exige pour se dissoudre 1250 parties d’eau froide. À la température de 100°, quand il est hu- mide, il se décompose lentement en dégageant une vive odeur de cyanide hydrique. 05,5359 de ce sel, desséchés au bain d'air de 400° à 120°, ont fourni 05,0187 d'oxyde ferrique. D'où il suit, par le calcul : Co N. O0 Fe Coo H4o N5 Oo Fe = 858 Hs Le Calculé. 540 75,17 A0 5,42 70 9,48 160 » 98 3,19 2 ( Cyo Ho NO HCy), Fe Cy. Trouvé. (591 ) Ferricyanhydrate de berbérine. 3 (Cyo Ho NO, HCy), Fe, Cy; Nous l’avons oblenu comme le précédent dont il se rapproche en tous points. Il ne s'en différencie que par sa couleur d'un jaune beaucoup mieux accusé; quand il est bien desséché, il devient vert-pomme. 05,4615 de ce sel, desséchés de 100° à 110", ont fourni 05,0284 d'oxyde ferrique. Nous en déduisons la composi- ion suivante : Calculé. Trouvé, MT. 808 65,20 » MU et 6ù 4,57 » DUT ‘196 9,61 ) 1 5 CARTE TA 240 » » RUN 56 4,27 4,50 Cis5 H6o No Ho Fe> = 1510 Chloraurate de berbérine. Cu H, NO, HCI; Au CL. Ce sel se prépare directement en précipitant une solu- tion de chlorhydrate de berbérine par du chlorure aurique. On doit employer des solutions très-étendues et agiter constamment pendant le mélange, afin d'éviter l’agglomé- ration du précipité. Avec des solutions dans l'acide chlor- hydrique à chaud, on obtient un sel beaucoup plus stable. C'est une poudre brune, amorphe, légèrement soluble dans le chloride hydrique concentré bouillant, plus solu- ble dans un mélange de chloride hydrique et d’aleool, d’où il se dépose sous forme de masses floconneuses formées (592 ) d’aiguilles microscopiques. Il se décompose à la longue sous l'influence de la lumière, spécialement quand il est humide. 1. 0“,4698 de ce sel, desséchés au bain d’air de 100° à 110°, ont donné, après calcination, 0%,1504 d'or. IT. 05,5656 d’un second échantillon de la même sub- stance, pris dans des conditions identiques, ont fourni, brûlés par l’oxyde cuivrique, 0f,4754 d'acide carbonique et 0*,0967 d’eau. De là résulte la composition centésimale suivante : Trouvé. Calculé. 00e I. II. OA 0 Nes 35,74 9 35,50 Hi. sp uen 9,83 » 9,94 NAME EAN » ù » D TUE) ane , ; AU ANT 97,94 97,75 » RARE APE L » , . C2 H20 NO Au Cl; = 705 Picrate de berbérine. Cy> Hyo NO, HO; Ce H, (NO, ):, 0. On l’obtient directement par la précipitation d’une solu- tion moyennement concentrée de berbérine par une solu- tion bouillante d’acide picrique. On recueille sur un filtre le précipité qu'on lave soigneusement et qu'on fait cristal- liser dans l'alcool bouillant. C'est un des plus beaux sels que nous ayons préparés. Il se présente sous forme de lamelles ou de paillettes brillantes jaune d'or, très-éclatantes, assez semblables à la chloranile; d’une insolubilité presque absolue dans l'alcool froid , légèrement solubles dans lalcoo! bouillant, ( 095 ) 0°,5410 de cette substance, desséchés à 100”, brûlés par l'oxyde cuivrique, ont fourni 05,6857 d'acide carbonique et 0f,1212 d’eau; d'où il résulte : Calculé. Trouvé. “HR 524 54,54 54,85 RE 7. on 3,70 5,95 N, 56 » » 0, 192 » ” Css H> N4 On = 594 Succinate acide de berbérine. Cys H,, NO,, 2H0 ; Ce H, 0, On sursature une solution aqueuse de berbérine par l'acide suceinique : le mélange dépose à la longue des aiguilles cristallines, On recueille ce dépôt et on le fait cristalliser dans l’eau plusieurs fois, afin de le débarrasser de l’excès d'acide, Ce sel cristallise sous forme d’aiguilles brunâtres; sa poudre est jaune; 1l est soluble dans l'eau et dans l’alcool, spécialement à chaud. 05,2401 de ce sel, desséchés au bain d’air de 100 à 110°, brûlés par l’oxyde de cuivre, ont donné 05,5458 d'acide carbonique et 0‘,1262 d’eau. Ce qui correspond à la composition centésimale sui- vante : Calculé. Trouvé, Br faur LOU 62,11 61,99 + 2e Ph va 25 5,17 5,80 F, RP 14 » » | SAOIPEHPNNIEE 0 » Ù Co Ha; NO18 — 485 ( 594 ) Bilartrate de berberine. Ce H, NO, PA: (02 CG H, (OR EF Ag. On l’obtient directement, comme le précédent, par la sursaluralion d’une solution aqueuse de berbérine par l’acide tartrique; la couleur brune de la solution fait place à une couleur jaune clair, et, au bout de quelque temps, le mélange dépose une grande quantité de longues aiguilles S'arrangeant en groupes radiés. On recueille ce dépôt et on le soumet à des cristallisations successives, afin de le débarrasser de toute trace d'acide libre. Ce sel se présente sous forme de longues aiguilles soyeuses d’un jaune-serin parfait; il est soluble dans 150 parties d’eau froide et dans la même quantité d’aleool fort; à chaud, sa solubilité, dans ces deux liquides, est beau- coup plus considérable. Ï} renferme un équivalent d’eau de eristallisation qu'il perd à 100°. | I. 0,2751 de ce sel, séchés à 100°, brûlés par l’oxyde de cuivre, ont donné 05,5777 d'acide carbonique et 0‘,1274 d’eau. IT. 0°,5525 de la même substance ont fourni 0°,7152 d'acide carbonique et 0*,1494 d’eau. TE. 0°,4105 d’un second échantillon ont fourni 05,2118 de chloroplatinate d’ammoniaque. IV. 05,8402 d'un troisième échantillon, desséchés dans le vide sur l'acide sulfurique, ont perdu, à la température de 100° à 120°, 05,0156 d’eau. Ces nombres correspondent à la composition centési- male suivante : ( 295) Trouvé. Calculé. I. [LR XII. - IV, D... 600 58,25 57,09 58,60 » » DT... D 4,85 5,18 4,99 ” » N Mir 14 2,71 » » 5,16 » 1 708 Rs à 176 » » » » » à 9 1,71 » » » 1,62 Co Has NOX + Aq = 524 Bioxalate de berbérine. Cr NO" 2H0:"C "0; Même préparation que la précédente. Il se produit à la longue au sein des liqueurs un abondant dépôt cristallin que l’on purifie par des cristallisations successives. Ce sel diffère totalement de ceux que nous avons décrits jusqu’à présent ; il cristallise en petits mamelons arrondis de la grosseur d’une tête d’épingle, formés d’aiguilles groupées concentriquement. Ces mamelons ont une cou- leur brunâtre; la poudre est jaune. : 05,4568 de ce sel, brülés par l’oxyde de cuivre, dessé- chés de 100° à 110°, ont fourni, 05,9738 d'acide carboni- que et 05,1842 d'eau. Ce qui correspond aux nombres suivants : Calculé. Trouvé. D 7 076. LEGRé6: | 6078 200 NN” 4,61 4,67 LM EURE 14 » » 2 PTETANORE 114 » » Ci6 Ha NO18 = 455 Cyanhydrate de berbérine. Co Hi NO5, GC NH. Il s'obtient par double décomposition en précipilant une solution de chlorhydrate de berbérine par le cyanure de ( 596 ) potassium. La liqueur, d’un jaune clair d'abord, devient instantanément d'un rouge foncé, en même temps qu'il se forme un abondant précipité floconneux jaune sale. On le recueille sur un filtre, on le lave soigneusement à l'eau froide et on le fait cristalliser dans l'alcool. Ce sel se distingue totalement de tous les autres com- posés de berbérine par son aspect extérieur et ses qualités physiques. Il cristallise sous forme de paillettes rhomboi- dales très-bien définies; d’une couleur jaune brunâtre, analogue au sphène; sa poudre est d'un gris pâle. Il est très-peu soluble dans l’eau où il ne cristallise pas; sa solubilité dans l'alcool est plus grande, surtout à chaud ; à 100°, quand il est sec, il ne subit aucune altération; mais quand il est humide, il se décompose à la longue. Ses solutions exhalent toujours une forte odeur Fa cyanhydrique. Au contact de l'acide azotique, même très-dilué, il prend une belle couleur rouge-sang qui se fonce de plus en plus Jusqu'à devenir ponceau. Nous avions pensé que ce sel jouerait, à l'exemple des cyanhydrates de quelques autres alcaloïdes, le rôle d’uue base; mais il ne paraît pas pouvoir se combiner aux acides, ou du moins s’il le fait, les composés qu'il forme sont d'une très-grande instabilité. Nous avons humecté d'acide chlorhydrique dilué du cyanhvdrate de berbérine réduit en poudre fine; la poudre est redevenue aussitôt d’un jaune clair; en même lemps, l’on pouvait remarquer une forte odeur d'acide cyanhy- drique. I. 0°,5745 de ce sel, cristallisés dans l’alcool et des- séchés ensuite à 100°, ont fourni, 0*,4530 de chlorure d'argent, soit 8,78 (0. ( 97 } Le chlerhydrate de berbérine en exige 8,84 ‘o, alors que le chlorhydrate d'hydrocyano-berbérine, sel que nous croyions obtenir, n’en demande que 8,28 °/o. I. 05,2152 de cette substance, desséchés au bain d'air de 100° à 110 et brûlés par l’oxyde de cuivre, ont fourni, 05,5222 d'acide carbonique et 0£,1005 d’eau. IF. 0f,5405 d’un second échantillon ont donné 0#,109% de cyanure d'argent. Ces nombres correspondent aux résultats suivants : Trouvé. Calculé. ne L. IL. MN. 961 67,54 66,93 » Doi | 2 5,10 5,22 ; : , * is 28 » ” » 90 ; ; ' MM... (26) 6,65 » 6,22 Cys H20 N2 O10 = 392 Nous avons préparé, en humectant d'acide azotique dilué du cyanhydrate de berbérine, une certaine quantité de ce produit rouge dont nous avons déjà parlé plus haut. Le phénomène de coloration est instantané, et l’on n’observe aucun dégagement d'acide cyanhydrique. Avec l’acide azotique concentré, on obtient une matière rouge foncé presque noir. Celte matière est assez soluble dans l'eau et dans l'alcool. De ces deux solutions, elle se dépose sous forme d’aiguilles microscopiques; cristallisée dans l'eau, elle a une nuance rouge foncé analogue à celle du sesquioxyde de fer anhydre; dans l’alcoo!, elle a une cou- leur rouge vif avec un reflet orange. Voici le résultat d’une combustion que nous en avons faite : 0°,2160 de cette substance, desséchés au bain d’air de ( 598 ) 100° à 110°, brûlés par l’oxyde de cuivre, ont fourni 05,4780 d'acide carbonique et 0,0935 d’eau. Ce qui corres- pond à Le cyanhydrate de nitro-berbérine C;9H;8 (NO;) NO; HCy, exige : MR A 60,41 He CNE no 4,54 N; Rat tate "ta 49 » Dir 40 SC QUE ; C4 Hy9 N5 Ou = 457 L'accord entre les nombres que nous avons obtenus et les nombres calculés est assez satisfaisant pour que nous nous croyions aulorisé à regarder cette substance rouge comme de l'hydrocyano-nitro-berbérine. Sulfocyanhydrate de berbérine. Cy Ho NO»; H, CG NS». Nous avons obtenu ce sel, comme le précédent, par double décomposition. L'addition d’une solution de sulfo- cyanure de potassium, à une solution chaude et concentrée de chlorhydrate de berbérine, y occasionne un énorme précipité pulvérulent très-dense jaune verdâtre. On le re- cueille sur un filtre, on le soumet à des lavages réitérés à l’eau froide, afin de lui enlever toute trace de sulfocya- nure de potassium employé en excès. On le fait dissoudre dans l’eau ou lalcool bouillants, d’où il cristallise par refroidissement. ( 99 ) Ce sel se présente sous forme d’aiguilles allongées d’un Jaune-serin parfait ou d’un jaune brunâtre, suivant qu'il s’est déposé dans l'alcool ou dans l’eau. Nous l'avons ob- tenu une fois d’une solution alcoolique par évaporation spontanée sous forme d’aiguilles contournées comme de la tournure de cuivre. 11 est très-peu soluble dans l’eau et l'alcool froids. 4500 parties d’eau et 470 parties d’al- cool fort n'en dissolvent qu’une seule à la température ordinaire. Il ne renferme pas d’eau de cristallisation : 25,5582 de ce sel, desséchés dans le vide sur l'acide sul- furique, puis tenus au bain d'air à la température de 100° à 120°, n'ont subi aucune perte appréciable dans leur poids, après quelques heures. [. 05,5442 de sulfocyanure, desséchés de 400° à 110p, ont fourni, brülés par du chromate de plomb, 0£,7794 d'acide nique et 05,1455 d'eau. IE. 0°,5050 d’un second échantillon, ont donné 0,1229 de sulfocyanure d'argent. IIL. 05,6166 d’un troisième échantillon, calcinés dans un tube de verre avec un mélange de chlorate de potasse et de carbonate de soude, ont fourni 0£,5665 de sulfate de baryte. Ces résultats nous conduisent à la composition centésimale suivante : Trouvé. Calculé. I IL. [LL DU lnLNO64 . 62,26 -./61,85 ° ’ MOULE 90 | ATL LU N 464 > : N, 28 » » » » 0, 80 o Ù » » S, 2 Er 7 EU. » 1810 (CNS, pe. (58) 15,67 ” 14,16 » Cie Ho NO 0 HO NS = 494. 2" SÉRIE, TOME VII. A1 ( 600 ) Nous avons constaté que le chlorhydrate de berbérine s’unit très-facilement pour former des sels doubles avec la plupart des chlorures métalliques; nous avons obtenu les combinaisons avec les chlorures de magnésium , de manga- nèse, de zinc, de cadmium et d’urane, avec ceux de fer, d'étain et d’antimoine, etc. Tous ces sels cristallisent faci- lement en aiguilles, tous sont assez solubles dans l’eau; la plupart sont jaunes. Nous regrettons que le temps et la substance nous aient manqué pour les soumettre à l'analyse. Nous rapportons ici quelques analyses de chloroplau- nate de berbérine qui serviront, avec celles d’autres sels que nous avons exposées plus haut, à conlirmer l'équivalent de notre alcaloïde. Dans la préparation du sel de platine, nous n'avons fait usage que de solutions dans l’acide chlor- hydrique, chauffées à une chaleur modérée. Les précipités ont été soigneusement lavés, jusqu'à ce que les eaux ne donnassent plus de résidu sur la lame de platine. FE. 05,5254 de cette substance desséchés au bain d'air de 100° à 110°, brülés par l’oxyde de cuivre, ont fourni 05,5281 d'acide carbonique et 0f,1073 d’eau. IL. 05,5160 d'un second échantillon, brûlés par du chro- mate de plomb, ont donné 0“,5177 d'acide carbonique et 0:,0992 d’eau. HT. 05,5025 ont laissé, après calcination, 0f,0899 de platine. IV. 05,6177 — — 0,1108 de platine. V. 05,5089 — — 0,0550 — VI. 05,4456 — — 0,0787 — Ces analyses correspondent aux nombres centésimaux suivants : ( 601 ) Trouve. EE. “CU à 2 E, IL, HE IV. Va VE Caleule, RE .. ... 959 44,11 44,96 44,49 » EE ° Le... 20 5,50 3,66 3,48 » AR NS 14 » » NE 7 nn.» » 90 > » CE » » » MT Navi) 987 1797 "17,89 17,90 17,80 17,66 0 1075 » » HE ps Le » Cy2 Ho NO Pt Cls = 572,2 Axotate de berbérine. — La détermination du carbone dans l’azotate de berbérine, faite par M. Fleitmann, s’éloi- gnant assez notablement des nombres que l’on doit obtenir en admettant l'équivalent de la berbérine que nous avons adopté, nous avons cru utile de reprendre l’analyse de ce sel ; la voici : I. 0f,1914 de cette substance, desséchés au bain d’air de 100° à 110°, ont donné 0*,4150 d'acide carbonique et 0£,0857 d’eau. | Il. 0°,2557 d’un second échantillon ont fourni 05,5140 d'acide carbonique et 0f,1026 d’eau. Ces nombres s'accordent assez bien avec là composition centésimale calculée : Trouvé, Fleitmann. Calculé. ne 7 PCT CRETE Cys -:.+ 252 58,87 69,09 59,44 60,15 59,64 M 000. 467, 495... 4844, dx) 46 N, ds ,S dd 28 » » » ” » 0, 6 d'a 128 L] » nes » »” Ci Hso N2 O16 = 428 TROISIÈME PARTIE. Action du chlore. — L'action du chlore sur la berbérine el ses sels ne nous a douné aucun résultat positif, Quand ( 602 ) on a fait passer un courant de chlore dans une solution aqueuse de berbérine, la coloration brune de la liqueur ne tarde pas à faire place à une nuance orange clair: Si l'on continue le passage du chlore, le liquide se trouble et dépose en grande abondance des grumeaux jaunà- tres. Ne les ayant pas pu obtenir à l’état cristallin, nous n'avons pas cru pouvoir les soumettre à l’analyse. Ils sont probablement constitués d’une matière fortement chlorée. Nous avons fait aussi réagir deux équivalents de chlore à l’état d’eau chlorée sur un équivalent de chlorhydrate de berbérine en solution aqueuse. Le liquide rougit très- intensément, l’'ammoniaque y occasionne un précipité noir pulvérulent qui se dissout avec difficulté dans l’alcool et dans l’eau, mais qui s’en sépare sous forme de masses floconneuses. Action du brome. — Quand on ajoute par peutes por- tions deux équivalents de brome en solution aqueuse très- étendue à un équivalent de berbérine en solution froide, l'odeur du brome disparaît rapidement, la liqueur rougit intensément en même temps qu'il se forme un abondant précipité jaune sale. Nous avons recueilli ce précipité sur un filtre et l’avons soigneusement lavé pour le débarrasser de toute eau mère. Dissous dans l’alcool bouillant, il a eris- tallisé par le refroidissement en longues aiguilles soyeuses jaunâtres. Voici les résultats que cette substance a donnés à l'analyse : I. 05,5196, desséchés de 100° à 4110, ont donné 05,6595 d'acide carbonique et 0,1455 d’eau. IL. 05,6660 d’un second échantillon, calcinés dans un tube avec de la chaux vive, ont fourni 0°,2819 de bro- ( 605 ) mure d'argent : ces nombres correspondent à Cr AGP OPEL À és RE Le bromhydrate de berbérine demande : Nous n'avions donc obtenu, contre notre attente, que du bromhydrate de berbérine au lieu du bromhydrate de berbérine bromée. L'ammoniaque précipite des eaux mères une matière noire résineuse que nous n'avons pas pu faire cristalliser. Avec le chlorhydrate de berbérine en dissolution nous avons obtenu des phénomènes complétement identiques. Le précipité jaunâtre recueilli, lavé, puis cristallisé dans l'alcool, a donné, comme le précédent, 17,27 et 17,59 p. ° de brome. C'était aussi du bromhydrate de berbé- rine. Ces insuccès ont droit de nous étonner, lorsque nous voyons la harmaline , avec laquelle notre alcaloïde parait avoir de grands rapports, donner, dans les mêmes condi- tions, des produits bromés avec tant de facilité. Action de l'iodure d’éthyle. — Nous avons chauffé ensem- blo, au bain-marie, une solution alcoolique concentrée de berbérine additionnée d’un excès d'iodure d'éthyle, dans un ballon mis en rapport avec un réfrigérant de Liebig, renversé de façon que les vapeurs condensées pussent toujours retomber. Il ne tarde pas à se former au sein du liquide un dépôt cristallin qui augmente progressivement et que l’on doit enlever à plusieurs reprises afin d'éviter les violents soubresauts qu'il provoque. En même temps ( 604 ) la coloration de la liqueur s'éclaircit jusqu’à disparaître presque complétement. La réaction est terminée en quel- ques heures. Cette matière se présente sous forme d’aiguilles d’un jaune très-clair. Elle est peu soluble dans l’eau froide; notablement plus soluble dans l’eau bouillante, d’où ellese dépose, sous forme de groupes radiés. L'alcool à chaud et à froid ne la dissout qu’en quantité très-minime. Ce sel ne renferme pas d’eau de cristallisation. I. 05,2509 de cette substance, desséchés à 100°, ont fourni 0f,4921 d'acide carbonique et 0*,1068 d’eau. IT. 05,2559 d’un second échantillon ont donné 05,4605 d'acide carbonique et 0$,1015 d’eau. IT. 0“,1620 d’une seconde portion ont fourni 05,3128 d'acide carbonique et 05,0717 d’eau. Ces nombres con- duisent à la composition centésimale suivante : l, IT. UT. Came doc 5848. 5891 ! 5266 Hi UN ED 4,77 4,91 qui s'accorde sensiblement avec les résultats qu'eût dù donner l’iodhydrate d’éthyl-berbérine : Co Hig (CH) NO,0, HE. De à 216" 59,07 Hi: 24 4,60 N 14 » 0» 80 » il , 127,1 Cy6 He NO: I — 51 Î sil Nous n'avons pu, faute de matériaux, nous livrer à une étude plus complète de ce composé. ( 605 ) Le chlorure d'amyle n’a exercé aucune action sur la berbérine. L’iodure d’amyle a donné lieu à Ja même réaction en apparence que l’iodure d’éthyle; mais, au fond, il ne s’est produit aucun phénomène de substitution. Le dépôt cris- tallin présentait en tous points la composition centésimale de l’iodhydrate de berbérine. Action de l'acide azotique. — Nous avions entrepris d'examiner l’action de l'acide azotique sur la berbérine pour en obtenir des composés nitrés en même temps qu'un nouvel alcaloïide renfermant deux équivalents d'hydrogène de moins, Cx Hir NOuo (1). Le temps nous a fait défaut pour achever cette étude. L'action de l'acide azotique sur la berbérine est très- difficile à régler : ou bien elle est nulle, ou bien elle est trop énergique. Voici ce que nous avons observé : Une solution concentrée de chlorhydrate de berbérine additionnée d'acide chlorhydrique est traitée à chaud par 10 ou 15 fois son poids d'acide azotique concentré que l’on ajoute par petites portions. La liqueur rougit avec intensité; l’on aperçoit au bout de quelques instants un abondant précipité d’aiguilles parfaitement définies. On enlève loin du feu la solution, on sépare par filtration le dépôt d’aiguilles, qui s'est augmenté beaucoup par le refroi- dissement, et on le fait cristalliser dans l'alcool. La solution de ce sel ne précipite plus par le nitrate d'argent ; ce n'est autre chose que du nitrate de berbérine. (1) La harmaline donne assez facilement ces PE de substitution et de déshydrogénation. ( 606 ) Voici ce qu'il nous a donné à l'analyse : Nitrate de Berbérine. 58,20 58,40 59,26 58,87 4,80 4,88 4,89 4,67 C H I If Quand on prolonge l’ébullition, le précipité se dissout de nouveau : une action violente se manifeste, et il se dégage des vapeurs rutilantes. Le liquide, concentré par l’évaporation au bain-marie, laisse déposer de petits cristaux mamelonnés, l’eau mère renferme en grande quantité de l'acide oxalique; l’eau en précipite une matière résineuse sous forme de flo- cons, qui, en s'agrégeant, forment de petites masses très- dures. Ces petits mamelons sont très-peu solubles dans l’eau et dans l'alcool; au microscope, ils paraissent être com- posés de cristaux de différente nature. La quantité que nous en possédions était trop minime pour pouvoir essayer de faire le triage de ces diverses substances. Dans le but de produire ce nouvel alcaloïde renfermant deux équivalents d'hydrogène de moins, Cæ Hir NO, nous avons soumis, pendant quelque temps, à une cha- leur modérée une solution de chlorhydrate de berbérine, dans un mélange d'acide chlorhydrique et d'alcool, à l’ac- tion de l’acide azotique dilué. Les cristaux que la liqueur a déposés par le refroidissement nous ont donné : Lu 2 Hi IN ESERETe Le chlorhydrate de berbérine exige C H 62,76 1,98 Ï ( 607 ) celui du nouvel alcaloïde Cs2 Hair NO, L'—, , Kù. 0807 L'une Le Nous dirions diflicilement auquel de ces deux composés nous avions affaire. La matière que nous avons analysée se rapprochait, du reste, beaucoup du chlorhydrate de berbérine par l’ensemble de ses caractères. Avant de terminer, nous placerons ici la liste des com- binaisons de berbérine jusqu’à présent connues : Berbérine séchée à 1209 . . . C2 H35 NO40 (Henry). Chlorhydrate de berbérine. . . C,, H,, NO,,, HCI+-4Aq (Fleitmann). 0 Gi Hy NO,,, HBr:. 0 2,0 OS, re Gi, HS'NO.,, HE: 0 à OH: NO, HGry- Nitro-cyanhydrate . . . . . C,, H4, (NO, ) NO,,, HCy. UE 0. « . .… OC, H,, NO,,, HC, NS. Ale Un , _ H,, NO,,, HCI, Au CI,. | 6 1,45: NO, HO: NO: 4 LG, NO; ; 2HO0S, O.. 20. 8, N0,, HO: CIO: AT. 4 GR HS NO, 2HO: Cr,0.. mentale, . . . : , CS EH, NO,,, HCI: Hg Cy. Chloromercurate . . . . . . C,, H;9 NO, HCÏ; Hg CI. Picrate . 2 Ho NO; HO; C;, H, (NO, ): O > C Bioxalate . te oO het 240: C0. Ca Hs NO 240; GRH, ©, C 2 5 Bitartrate . Mo NO, 2H0 : CH; 0. Ferrocyanhydrate (Cye Ho NO,0) HCY); Fe Cy. Ferricyanhydrate. (Cie Hio NOu0 HCY); Fe, Cys. ( 608 ) Tableau des angles fondamentaux des corps simples , observés el calculés d’après la formule : \g 4 —"; par M. Zenger. Abréviations. — Les abréviations signifient : B., Breithaupt; H., Haïdinger; M., Mitscherlich ; Mh., Mohs; R., Rose; Rm., Rammelsherg; Sc., Scecchi; Se,, Sella; D., S'*-Claire Deville. RQYDS CHALEURS CORPS. atomiques | DENSITÉS. (HO=1). spécifiques. observés. calculés, 0,20259 | 8506’ Sc.-84058/ M. | S5o58/ 0,20684 84014 M. 83054/ 0,16992 | 78021 Se.-77050/ D.| 77°51/,4 0,14687 Régulier. 77057” 0,20009 Hexagonal, 76030/,7 0,08010 Régulier. 85°17/,6 — 3, L 0,11100 » 83029",5 PO TRES 2 | 4,948 | 0,05412 87°5 M. 87058/,2 Phosphore . | 3,485 - 0,17880 Reégulier M. 81°23/,2 Soufre &. . ) 2,045 CARE 1,962 Bore 4. .. 2,680 Carbone &. 3,550 — B. 2,270 Silicium «. 2,490 Arsenic. . , E 5,960 | 0,08140 { 85°26’ B.- 8504 R. | 85034/,9 Antimoine , 3 6,715 0,05077 | 87059 Mh.-87055/R.| 87041/,5 Tellure. . . | 6,245 | 0,04737 86057” 86°55,6 Bismuth . . ) 9,799 0,0508% | 90052’ H.-87040/ R. | 87045/,6 Plomb ... 11,445 | 0,03140 Régulier ? 88014 Platine. . . ,95 21,500 Reégulier? 880 9,2 Iridium .. 3 21,830 S84°52/ R. 86058",2 Osmium . , 10,000 Rhomboëédrique. 88014’ Palladium . ), 11,500 > Rhomboedrique. 85048/,3 19,340 32 Regulier. 88013 10,507 Regulier. 87013/,5 Mercure . . 13,596 ; Régulier. 88e 9/ Etain. . .. j 7,177 Prismatique. 86°41/ Eine 3,616 | 6,862 ie) Prismatique, 83°12 Here | 7,844 Régulier. 81012” Sodium. . . | 0,972 Régulier? 820 9 Potassium . | 0,865 Regulier? 83059" N. B. Les poids atomiques du carbone, de l’antimoine et de l'or sont doublés ; celui de l’iode est les 5/4, celui du bore , la moitié et celui de l’iri- dium , les ?/5 de ceux qui sont généralement admis. G. D. Antimoine. — Le poids atomique rapporté à l'eau est m—15,567; la densité m d — 6,715; ——0 = 1,991 et V0 — r — 1,258. (4 ( 609 ) De là on tire 1,258 — 0,05077 — _ oo œ ; log. ts. « — 11,39404, et l'angle fontamental à — 87°41/,5. Karsten à trouvé u— 92,142; d'où log. tg. « —11,40467 et x — 870447. L'angle observé par Rose est « — 87°55/ et par Mohs 01067. Arsenic. — Le volume atomique est v — 1,598 ou, sui- vant Karsten, v— 1,484; de là on tire V/4,598 V'1,484 = — 0 ———— Lt —= Ron "9 LUE So”, MO Goes: Gong 70e 2 85°59 L'angle observé par H. Rose est à — 85°4/ et par Breit- haupt & — 85°26/. Odling a trouvé la chaleur spécifique s — 0,086; de là 1,118 | ig. «a — — et «x — 8534). 0,086 Tellure. — La chaleur spécifique du tellure est s —0,04757, suivant Regnault; — 0,05155, suivant Reg- nault; —0,0571, suivant Karsten. De là, « — 87°20/,6... 87°10/,5... 86°55/,6. Bismuth. — Le volume atomique est v — 1,179 ou, suivant Berzélius, 0,8057 ; ce qui donne « — 88°19/,6 et a — 88°6/. Dulong et Petit ont trouvé s — 0,0588; de là on trouve à — 87°45/,6. Platine. — La distance moléculaire r — 0,798, ce qui conduit à « — 87°40/,4; en doublant le poids atomique, on obtient z — 88°9/,2. ( 610 ) Le platine étant toujours accompagné d’'osmium et d'iridium, ces trois métaux sont vraisemblablement iso- morphes. Mercure. — On arrive à « — 87°59/. Le mercure cris- tallisé aura une chaleur spécifique moindre, probablement 0,05 environ : on obtient alors « — 88°9, Soufre «.— Il faut doubler la distance moléculaire pour obtenir «— 85°58/. Dulong et Petit ont trouvé s—0,188, ce qui donne & — 84°24/. Bore. — La chaleur spécifique calculée au moyen de celle des borates de soude et de potasse est s — 0,16992. En admettant que, dans les modifications du bore, la cha- leur spécifique varie de la même manière que dans celles du carbone, c’est-à-dire que Cx: C6 : Cy — Ba: BB: By, on peut trouver la chaleur spécifique des divers états du bore au moyen des relations : Ca X By 0,1469 X 0,279 SR A 4 Lu ne TON: - 4 1 0,2412 el C8 X By n, 0,201 X 0,279 FE — 10,215 Cy 0,2412 B3 en admettant que le borate renferme le bore 7. (611) CLASSE DES LETTRES. Séance du 1” août 1859. M. le baron DE GERLACHE, directeur. M. An. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Grandgagnage, De Smet, de Ram, Gachard, Borgnet, le baron Jules de Saint-Genois, David, De Decker, Snellaert, Bormans, Leclereq, Polain, de Witte, Ducpetiaux, Chalon, membres; Nolet de Brauwere Van Steeland, associé; Th. Juste, correspondant. M. Alvin, membre de la classe des beaux-arts, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. Un exemplaire de la 19° livraison des Monuments égyptiens , publiés par M. Leemans, directeur du Musée de Leyde, est transmis par les soins de Son Excellence le Ministre de l’intérieur du royaume des Pays-Bas. La Société historique et littéraire de Tournai fait par- venir le 6*° volume de ses Mémoires. M. le baron J. de Witte, membre de l’Académie, fait hommage de différentes publications. Remerciments pour ces envois, (612) CONCOURS INSTITUÉ EN L'HONNEUR DE JACQUES VAN MAERLANT. Le Gouvernement, par arrêté royal du 45 mai 4859, avait institué un double concours en l'honneur de Jacques Van Maerlant, et avait invité la classe des lettres à en rédiger un projet pour servir de programme à ces con- Cours. La commission chargée de ce travail se composait de MM. le chanoine David, Snellaert et Bormans, rappor- teur. La classe a approuvé le projet suivant, qui sera soumis au jugement de M. le Ministre de l’intérieur : Concours en prose. 1. Dans la biographie de Maerlant, les concurrents se proposeront avant tout de prouver sa nationalité belge, et ils examineront la valeur des différents arguments qui ont été produits jusqu’à ce Jour pour ou contre celte opinion. 2. Leur travail comprendra la liste exacte de tous les écrits qui ont été attribués à Maerlant, tant de ceux que l'on regarde comme perdus que de ceux que nous possé- dons encore. Après en avoir discuté l'authenticité, ils classeront par genres et analyseront sommairement ceux qu'ils croiront être véritablement de lui, en déterminant, autant qu'il sera possible, à quellé époque de sa vie ils doivent être rapportés. 5. En appréciant le mérite de Maerlant, ils le considé- reront comme poëte, comme historien, comme philosophe naturaliste et moraliste, et tàcheront de caractériser lin- fluence qu'il a pu exercer sur son siècle et même au delà. (615) Concours de poésie. 4. Aucun poëme ne sera admis à concourir, s'il n'a une étendue de quatre cents vers au moins. Dispositions générales. 5. Le prix de chacun de ces concours est une médaille d'or de la valeur de deux cents francs et une somme de mille francs. 6. Les concurrents adresseront leurs ouvrages au Mi- nistère de l’intérieur, avant le 1° janvier 1861. 7. Le jugement des concours sera déféré à un seul Jury composé de cinq membres nommés par le Gouvernement, sur une liste double de présentation, dressée par la classe des lettres de l'Académie. Le jury ne pourra décerner le prix qu’à la majorité de quatre membres. 8. Les membres du Jury sont exclus du concours. 9. Dans l’un et l’autre concours, le prix sera décerné intégralement et sans partage. 10. Aucun travail ne sera couronné, s’il n’est compléte- ment terminé et écrit de manière à pouvoir être livré à l’impression sans révision ultérieure, 41. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ou- vrage, mais seulement une devise, qu'ils répéteront sur un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse : faute de salisfaire à cette formalité, le prix ne leur sera point accordé. Les ouvrages, remis après le terme prescrit ou ceux dont les auteurs se feront connaître de quelque ma- nière que ce soil, seront également exclus du concours. (614) COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. le secrétaire perpétuel donne lecture de la lettre sui- vante, qu'il a reçue de M. Th. Juste, correspondant de l’Académie : | « Dans la séance tenue par la classe des lettres le 9 août 1848, M. Gachard fit la motion suivante : « J'ai l'honneur de proposer que la classe prenne l'ini- » tiative d’une démarche auprès de M. le Ministre de l’inté- » rieur, afin qu'une statue soit élevée au comte d'Egmont, » et qu'elle soit érigée sur la grand’place de Bruxelles, » où périt ce martyr des libertés nationales. » » Cette proposition ayant été adoptée, M. le secrétaire perpétuel fit connaître au Gouvernement le vœu de l’as- semblée. » Le 6 novembre suivant, M. le Ministre de l’intérieur avait écrit à l’Académie que le vœu émis par la classe des lettres rentrait entièrement dans les vues du Gouverne- ment; mais que, les circonstances exigeant l’ajournement des dépenses qui n'étaient pas de stricte nécessité, force était de renoncer momentanément à l'exécution du monu- ment demandé. » En 1848, la noble et malheureuse destinée du comte d'Egmont était encore respectée, et M. Gachard n'eut pas même besoin de motiver sa proposition. Celle-ci ne ren- contra, que Je sache, aucun contradicteur, bien que le public fût déjà en possession d’une partie importante de la Correspondance de Philippe LI, uürée des archives royales de Simancas. ( 615 ) » Or, celle même motion, qui paraissait si naturelle en 1848, vient de donner lieu, onze années après, à une controverse inattendue pour les uns, presque inexplicable pour d’autres. A peine le Gouvernement a-t-il annoncé la patriotique résolution d'exécuter la promesse dont il avait dù naguère ajourner l’accomplissement, à peine est-il ques- tion de consacrer, par un monument, la mémoire des comtes d'Egmont et de Hornes, mémoire chère aux Belges depuis trois siècles, qu'une partie de l'opinion publique se prononce vivement contre ce projet. Je n’apprécierai point, en ce moment, les jugements rigoureux, je ne veux pas dire les sentences plus ou moins improvisées, qui ont exercé tant d'influence sur un grand nombre d’esprits; je ne discuterai point les accusations tantôt si graves et tantôt si puériles qui ont élé adressées aux plus grandes et aux plus illustres victimes de Philippe IF. Je me borne à faire un appel à l'équitable modération de l’Académie, en la priant de contribuer, autant qu’elle peut, au triomphe de la vérité. » Je souhaiterais, en conséquence, que la proposition adoptée par la classe des lettres, le 9 août 1848 (1), reçüût les développements qui avaient paru inutiles, il y a onze ans, Mais qui, aujourd'hui, sont indispensables. Personne ne pourrait mieux justifier le vote du 9 août que notre honorable confrère M. Gachard : cette tâche appartient de Poeme re rem re pl (1) Étaient présents : M. de Gerlache, directeur; M. Quetelet, secrétaire perpétuel; MM. Cornelissen, Marchal, Steur, de Stassart, de Ram, Lesbrous- sart, Gachard, David, Van Meenen, Haus, Leclercq, Carton, Schayes, Snel- laert, membres ; Ramon de la Sagra, associé; Bernard, de Witte, Gruyer, Faire, Arendt, correspondants. (Voir Bulletins de tools royale , 1848, 2"e partie, p. 500.) 2e SÉRIE, TOME VII. 42 ('hE0 ) | droit à l’éminent et impartial éditeur des archives secrètes de Philippe IT et de la correspondance de Guillaume le Taciturne. » Pour ma part, je me déclare l'adversaire de l’espèce de réaction qui tend à rabaisser, sinon à détruire, tantôt: l’une et tantôt l’autre des renommées les plus imposantes de la Belgique. Il faut plus de respect filial pour les hommes célèbres qui ont tant contribué à faire honorer notre patrie. Les uns ne peuvent-ils pas admirer les grandes actions de Charles-Quint, et les autres glorifier les services éminents de Marnix de Sainte-Aldegonde, sans abaisser outre mesure le mérite des comtes d'Egmont et de Hornes ? » Pour affaiblir le prestige attaché pendant si long- temps à ces noms patriotiques, on a même invoqué l’auto- rité du prince d'Orange. On a cité un déplaisant jeu de mots imaginé par Je ne sais quel bel esprit. La vérité est que Guillaume le Taciturne se sentit frappé au cœur par l'inique condamnation et la fin tragique de ses deux amis. Il déplora, dans une lettre qui n’était pas destinée à rester secrète, il déplora la grande perte que venaient de faire les Pays-Bas, et jura sur la foi qu'il devait à Dieu et sur son honneur qu'on avait fait tort aux comtes d'Égmont et de Hornes devant Dieu et le monde. » J'ai un respect sincère pour toutes les convictions ; mais la mienne aussi est profonde. Je crois donc, pour employer les expressions du Taciturne, qu’on a fait tort aux comtes d'Egmont et de Hornes devant le monde, et je voudrais faire prédominer ce sentiment, sans exagérer les qualités ou les services des seigneurs injustement con- damnés par le Conseil des troubles. » Je ne demande ni ne désire une mission officielle qui ( 617) devrait être confiée par l’Académie à M. Gachard. Quelle que soit cependant la détermination de notre savant con- frère, je me propose, sous ma propre responsabilité, de communiquer prochainement à la classe un exposé de la carrière politique du comte d'Egmont et de celle du comte de Hornes; car il est impossible de séparer ce que la mort et l'histoire ont indissolublement uni. Quelles que soient aussi mon Insuflisance et la défaveur qui, à cerlains mo- ments, semble s'attacher dans le public aux opinions mo- dérées, je croirai avoir rempli un devoir si Je parviens à placer sous son vrai jour la conduite tenue par Egmont et Hornes, pendant les premiers orages de la grande révolu- uon du XVI®* siècle. J'ai raconté les événements qui ont rendu si mémorable cette première époque des troubles des Pays-Bas. Je voudrais démontrer maintenant, par une discussion également impartiale, que les illustres conseil- lers d'État, décapités le 5 juin 4368 sur la grand'place de Bruxelles, n’ont mérité ni la réprobation des uns ni les dédains des autres. » Je vous prie, Monsieur le Secrétaire perpétuel, de vouloir bien communiquer ma leltre à la classe, et d'agréer, etc. » Bruxelles, 25 juillet 1859. » TH. JUSTE. » (618 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 4 août 1859. M. Baron, vice-directeur. M. An. QuETELET, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alvin, Braemt, De Keyser, G. Geefs, Navez, Roelandt, Suys, J. Geefs, Érin Corr, Suel, Frai- kin, Partoes, De Busscher, membres; Balat, Siret, cor- respondants. CORRESPONDANCE. M. le secrétaire perpétuel fait connaître que la lettre de félicitations adressée an Roi à l’occasion de la naissance du comte de Hainaut, lettre approuvée par la classe et adoptée aussi par les directeurs des deux autres classes de l’Académie, a été transmise au palais. M. le Ministre de l’intérieur informe l’Académie que l’auteur des paroles de la cantate couronnée par la classe des beaux-arts et portant pour titre le Juif Errant, est M" Pauline Braquaval, institutrice à Warcoing (Hainaut). ( 619 ) Une autre lettre du mème Ministre annonce que le pre- mier prix pour le concours de composition musicale a été décerné, à l'unanimité, à M. Jean-Théodore Radoux, de Liége. Un second prix à été accordé à la composition de M. Jules Conrardy, qui déjà avait obtenu cette même dis- tinction au concours de 1857. Le jury a décidé, en con- séquence, qu'en vertu des règlements, un second prix ne pouvait plus lui être décerné cette fois. Une première mention honorable a été décernée à M. Jean-Baptiste Vardervelpen, de Malines, et une seconde mention à M. Frédéric Wantzel , de Liége. © RAPPORTS. La commission ayant pour objet d'examiner le meilleur mode d'encouragement à donner à l’art de la gravure, fait son rapport, et propose, comme conclusion, d'adresser la lettre ei-jointe à M. le Ministre de l'intérieur : « Appelée à donner son avis sur un projet dont le but est d'encourager l’art de la gravure, en commandant des travaux qui puissent à la fois être profitables aux artistes formés par nos écoles et contribuer aux progrès des arts du dessin, la classe des beaux-arts se plaît à reconnaître que le Gouvernement n’a cessé de montrer beaucoup de sollieitude pour les arts en général , et qu'il a fait, en par- ticulier, de grands sacrifices pour relever la gravure, qui était déchue dans notre pays, au moment de l'érection des écoles spéciales de cet art. Elle est d'avis que les encoura- ( 620 ) gements déjà acquis à la gravure, et notamment les sub- ventions aux écoles et pensions aux lauréats, doivent être continués et qu’ils ne pourraient, sans de graves inconvé- nients, subir des réductions. En passant en revue les productions dues au burin des élèves sortis des écoles d'Anvers et de Bruxelles , on peut se convaincre que, assurément, les sacrifices de l’État n'ont pointété stériles, et, si l’on est amené à regretter que les résultats, dans leur ensemble, ne répondent point complétement à l’attente légitime du Gouvernement et du pays, l'examen des faits et la réflexion démontrent que l'absence d’une direction supérieure à été pour une grande part dans les résultats dont on se plaint. La classe des beaux-arts pense, comme vous, Monsieur le Ministre, qu'une direction sérieuse, suffisante, a fait défaut jusqu'ici aux travaux de nos graveurs et que c’est à celte cause qu'il faut s’en prendre si, en effet, l’art de la gravure à manqué à sa véritable mission. Il ne nous appartient point de rechercher jusqu'où doivent remonter ces reproches ; mais l'étude des faits nous semble démontrer qu'on ne pourrait, sans injustice, les faire retomber sur les chefs de nos deux écoles de gra- vure qui, chaque fois qu'ils ont été dans le cas d'exercer quelque influence sur le ehoix des travaux à confier à leurs élèves, se sont efforcés d'imprimer à ce choix une direction tout à fait conforme aux principes que vous dé- veloppez dans votre lettre. S'il est vrai que, dans l'intérêt de l'art en général, comme dans celui du progrès de la gravure en particulier, les graveurs doivent prendre pour modèle les chefs-d’œuvre de nos anciens maitres, il est malheureusement tout aussi vrai de dire que le graveur qui, sans être assuré d’un puis- ( 621 ) saut secours, se lancerait dans une telle entreprise, cour- rait le risque d'y perdre son temps et son travail. La combinaison à laquelle le Gouvernement paraît vou- loir s'arrêter est le seul moyen de ramener l'art de la gravure dans la bonne voie et de lui faire accomplir sa véritable mission. Commander des travaux importants aux graveurs belges dont le talent a déjà été éprouvé; choisir, principalement, parmi les chefs-d'œuvre de l’ancienne école flamande, les tableaux à reproduire; en former, à la longue, une sorte de galerie nationale; assurer aux artistes choisis pour l’exécution une existence honorable pendant la durée de leur travail; limiter les encouragements à la gravure au burin, c'est un projet dont l’Académie accueille l’idée avec reconnaissance et dont elle appelle la réalisation de tous ses vœux. La classe des beaux-arts est disposée à vous - prêter, Monsieur le Ministre, son concours le plus dévoué pour l’accomplissement de la tâche généreuse que s'impose votre administration. La principale condition de succès d'un pareil projet, c'est l’adoption préalable d’un plan d'ensemble dont la réalisation puisse se poursuivre, avec constance et unité, nonobstant les changements éventuels que l'administration est souvent exposée à subir. Vous nous demandez, Monsieur le Ministre, de vous faire connaître notre manière de voir à l'égard, non-seulement de la combinaison qu'indique votre lettre, mais aussi de toute autre mesure qui nous paraîtrait utile dans l'intérêt de la gravure. La classe pense que les personnes auxquelles vous con- fierez l’exéculion de votre projet rencontreront une foule de questions qu'elles devront résoudre successivement et ( 622 ) à mesure qu'elles se présenteront, mais qu'il serait dange- reux de vouloir décider à priori. La mesure que nous regardons comme la plus eflicace, et dont la réalisalion pourrait être très-prochaine, c’est donc de charger l’Académie de nommer dans son sein une commission qui élaborera d’abord un plan d'ensemble jetant les bases de l'opération. Cette commission examine- rait successivement tous les cas qui se présenteront dans la pratique, tels que : le choix des tableaux à reproduire; la désignation des graveurs auxquels les travaux seront confiés; la durée de chacun de ces travaux; le mode de rétribution des artistes et les moyens de publication des planches gravées. La classe des beaux-arts saisit cette occasion, Monsieur le Ministre, pour vous offrir l'assurance, etc. » Les conclusions de la commission sont adoptées. Le rapport sera adressé à M. le Ministre de l'intérieur. a — — ss COMMUNICATIONS ET LECTURES. en Quelques mots sur la lettre ministérielle concernant les encou- ragements à donner à l’art de la gravure; par M. Adolphe Siret, correspondant de l’Académie. Ce n’est pas en ma qualité de membre de la commission que vous avez nommée que je prends en ce moment la parole, mais bien comme membre correspondant de la classe des beaux-arts à qui la question soulevée est chère à tous les titres. ( 625 ) Il n'est point de sujet plus sympathique à la classe des beaux-arts que celui qui lui a été soumis par M. le Ministre de l'intérieur. C’est comprendre sa mission que de la considérer comme pouvant aider puissamment à la marche progressive de l’art dans notre pays, c’est lui rendre service que de lui fournir l’occasion de montrer le vil in- térêt dont elle est animée pour tout ce qui concerne la prospérité intellectuelle de la Belgique. Naturellement des lumières spéciales devaient se produire au milieu de nous; elles ont éclairé la question et on peut avancer qu'à quel- ques nuances près, nous sommes tous d'accord pour dire au Gouvernement ce qui serait désirable qu'il fit. M. Alvin, dans un excellent rapport dont la concision seule est re- grettable, M. Erin Corr, dans un bon travail où dominent des convictions appuyées par vingt-cinq années d’une enviable expérience, et un autre membre de la classe que je ne puis nommer puisqu'il ne s’est pas nommé lui-même, dans un article, puissamment raisonné, publié par un Journal très-répandu, ont traité la question avec ce patrio- isme et cette lucidité qui seront mes modèles dans la note que je me permets d'ajouter à celles qui vous sont déjà connues. Puisse cet ensemble de travaux prouver au Gou- vernement la part que nous prenons à sa généreuse el nécessaire tentative ! La lettre de M. le Ministre se résume dans les quatre points suivants : 1° Gravure des chefs-d'œuvre des anciens maitres, sans toutefois négliger les œuvres des maîtres contemporains; intention d'employer dans ce sens la plus grande partie des fonds destinés à l’encouragement de la gravure, en les por- tant, sil y a lieu, à un chiffre plus élevé; 2° Nécessité de ne point éparpiller les efforts; impor- tance d'une direction d'ensemble ; ( 624 ) 3° Combinaison à examiner : publication d’une série de gravures représentant les principaux chefs-d'œuvre de l'école flamande qui sont disséminés dans les galeries pu- bliques, les églises et même dans les collections particu- lières; demande d'avis à l’Académie sur ce projet avec développement de son opinion à cet égard; 4° Mesures que l’Académie jugerait utiles dans l'intérêt de la gravure. D'abord, 1l ne sera pas inopportun de faire remarquer que la question de l'encouragement de la gravure a, depuis quelques années, vivement occupé l'opinion publique. Nos journaux et nos revues se sont étendus avec une grande sollicitude sur ce sujet intéressant; plusieurs membres de la classe des beaux-arts ont employé à cette fin des efforts personnels et persistants, et si l’on doit se féliciter au- jourd’hui de l'initiative prise par le Gouvernement, il n’y aura que justice à dire que l’ensemble des vœux exprimés par le public du monde des arts, en précédant cette initia- tive, l’a vraisemblablement fait naître. C’est là, du reste, le cours ordinaire des choses : les bonnes mesures sont celles que réclame l’opinion. 1% point. — La gravure des chefs-d'œuvre des anciens maitres dont parle M. le Ministre de l'intérieur, est plus qu'une bonne mesure, c’est un devoir. Il doit, en effet, paraître inconcevable à l'étranger autant qu’à nous-mêmes, que nous fassions en apparence si peu de cas de nos oloires artistiques. Nos vieux peintres n'ont pas encore trouvé dans notre école moderne un seul graveur qui les ait reproduits. Depuis trente ans, qu'avons-nous fait? I] faut avoir le courage de le dire, rien. Tandis que, chez d'autres nations, on s’est appliqué avec un orgueil légitime à po- pulariser les œuvres ualionales, non-senlement par la gra- ( 625 ) vure au burin, mais par tous les procédés possibles de reproduction, nous sommes restés froids et indifférents en présence de l'exploitation naturelle de nos plus chers in- térêts. Quelles que soient les causes de ce fait, il existe, il n'a que trop existé, il importe de le faire cesser, et cela doit être facile à une nation qui, eu égard à ses artistes, à leur nombre et à sa population générale, est évidemment le centre artistique le plus favorisé du globe. La reproduction par la taille-douce de nos anciens chefs-d'œuvre doit done être considérée eu principecomme une obligation qu'il importe à notre dignité nationale de ne pas laisser plus longtemps en souffrance. En ce qui concerne la reproduction des œuvres des maitres contemporains, il ÿ aurait lieu d'exprimer l'avis qu'elle doit marcher parallèlement avec l’autre. Cependant, Messieurs, ne perdons pas de vne que, quelque grande que puisse être dans celte circonstance la générosité du Gouvernement, on ne pourra graver qu'un nombre nécessairement restreint de tableaux en une fois. Dans les commandes à faire et où naturellement le goût de l'artiste devra être au préalable consulté, il y aura cer- taines réserves, certains ménagements, certaines précau- ions à prendre résultant de mille circonstances qu'on ne peut prévoir; on ne saurait donc déterminer les détails précis de celte marche simultanée dans la reproduction des tableaux anciens et modernes. Tout ce qu’il faut faire, c’est d'adopter le principe et de laisser à l'action du Gouverne- ment le soin de l'appliquer comme 1l le jugera convenable. La raison qui nous porte à conseiller cette marche, est que nous croyons obtenir de cette manière une double popularité aux débouchés de la gravure belge. Une partie du public à le goût des tableaux anciens, une autre partie ( 626 ) a celui des tableaux modernes; or, en les satisfaisant toutes les deux, le Gouvernement fera une chose logique. De plus, il imprime à cet encouragement un caractère complexe : il popularise à la fois Ja gravure et la peinture en faisant connaître le graveur et le peintre. Un autre avantage à résulter de cette manière d'agir est que l’on répandra ainsi dans les masses le goût du beau. Il ne sera pas inutile de rappeler iei que si l'on voit en Allemagne un peuple si vif appréciateur des arts, c’est à la gravure qu’on peut en attribuer le mérite. Il n’est point rare en effet de voir dans ce pays les murailles des demeures les plus modestes couvertes de gravures presque toujours en taille-douce. À part donc le grand levier de patriotisme que donne la gravure populaire, on voudra bien consi- dérer quelle branche industrielle fructueuse elle devient lorsqu'elle est ainsi exploitée au profit de l'intérêt moral des masses. 2% point. — Si l’on est sincèrement animé de la pensée d'encourager l’art de la gravure, il faut, Messieurs, s'y dévouer courageusement et ne reculer devant aucune difñ- culté. Ces difficultés, du reste, comme nous allons le voir, s'évanouiront d'elles-mêmes au fur et à mesure de la mise en train des moyens que nous proposons. Afin de ne pas éparpiller les efforts, le Gouvernement juge à propos de leur donner une direction d'ensemble. C'est ainsi qu'il faut penser, mais qui imprimera cette direction d'ensemble ? Évidemment, dira-t-on, c'est la Direction des beaux-arts, c’est le Gouvernement, mais le Gouvernement éclairé; car on ne peut exiger qu'il ait la science infuse, et il faut bien qu’il consulte ceux en qui il a foi. Messieurs, le conseiller naturel du Gouvernement c'est la classe des beaux-arts de l'Académie royale de Bel- ( 027 ) gique, et ce serait lui faire injure que de soupçonner quel- qu'un mieux en état qu'elle de remplir cette utile mission. Rien ne sera plus facile que d'établir entre le Gouverne- ment et la classe des relations à ce sujet. Celle-ci pourrait désigner une commission de manière à ne jamais laisser en souffrance des questions qui nécessitent une solution plus ou moins prompte. La direction d'ensemble ne nous parait donc pas un obstacle très-sérieux. Nous venons d'indiquer le moyen le plus naturel de l’obtenir. Dans la dernière partie de cette note, nous examinerons l'opportunité d’une mesure qui aura pour résultat l'emploi à faire des efforts et des res- sources du Gouvernement. Développée en ce moment, notre proposition sortirait de l’ordre fixé à l'examen des points de la lettre ministérielle. 5"° point. — La publication d’une série de gravures, ainsi que l'entend le Gouvernement, est dans le vœu de tous; on peut même dire qu'elle est devenue un besoin. Alors que partout les chefs-d’œuvre nationaux sont gra- vés, seuls nous ne pouvons rien offrir en ce genre. Les études littéraires artistiques en souffrent; les ateliers de nos peintres réclament aussi ce complément indispensable de travaux comparatifs, et le commerce verrait sans doute avec plaisir ces gravures remplacer les épreuves douteuses qui nous viennent de l’étranger et que le public achète à défaut d’autres. Conformément au vœu exprimé par le Gouvernement, nous allons développer notre opinion au sujet de cette publication , qui n’est que la conséquence de la première proposition posée dans la lettre de M. le Ministre. Nous voudrions que cette publication fût divisée en quatre grandes parties. La première se composerait de (628 ) gravures de grand format propres à être encadrées, et qui formerait collection ad libitum. Dans cette série seraient naturellement compris les grands chefs-d'œuvre de l’école flamande, ainsi que les tableaux modernes de l'école belge désignés. La deuxième série constituerait une publication d'un format moyen uniforme. Dans celle-ci entreraient toutes les gravures auxquelles ce même format conviendrait. La troisième partie serait spécialement consacrée aux portraits. La quatrième partie, enfin, serait destinée à la repro- duction des vieux monuments, des trésors d’orfévrerie, d'armes, de meubles, de ces mille objets précieux qui oisonnent chez nous. Nos musées, nos églises, nos collections particulières sont des sources inépuisables. Ils aideraient avec le temps à constituer une œuvre admirable dont la Beluique aurait le droit d'être fière. Il va sans dire qu'on n'admettra que la gravure en taille- douce à la reproduction dont il s’agit. Ce genre est le seul qui soit l’expression de l’art de graver; tous les autres n’en sont que les dérivés plus ou moins parfaits dont 11 faut laisser l'emploi à l'exploitation privée et qui ne sauralent recevoir d'encouragements qu’à un autre titre que celui qui nous occupe aujourd’hui. Le pays qui a vu naitre Pontius, Vosterman, Bolswert, Edelinck et tant d’autres burineurs illustres, doit vouloir maintenir intacte la valeur de l'art de la gravure belge. Nous croyons qu'a cet égard, 1} ne saurait exister aucune divergence d’opi- nion. Une condition importante de succès sur laquelle on ne saurait trop insister, c'est le prix auquel ces gravures . w; . rss ( 629 ) devront être répandues dans le public. Nous connaissons tous la profonde indifférence qui règne en Belgique pour les gravures nationales; mais, Messieurs, laissez-nous vous faire partager notre conviction que cette indifférence est simplement causée par le haut prix auquel jusqu'ici nos gravures se sont vendues. Ne croyez pas que nos masses soient insensibles aux belles planches gravées. Jetez un regard dans nos habitations, vous y trouverez, en même temps que des estampes étrangères acquises à bas prix, la preuve que ce genre d’ornementation intelligente serait plus populaire s’il était plus accessible à la bourse de tous. Il faudra donc s'attacher à les débiter à aussi bas prix que possible, c'est le seul moyen de faire acheter des œuvres d'art à une nation qui aime l’art, mais qui a le droit bien naturel de ne l'aimer que quand cet art est à sa portée. Du reste, c’est là un précepte élémentaire d'économie commerciale : si vous voulez qu’un produit se vende et pénètre partout, livrez-le à bon marché : peu à peu il deviendra un besoin, et peut-être le producteur ünira-t-il par dominer le consommateur. Vous pardonnerez sans doute au prosaisme de ce lan- gage, mais c’est une des nécessités les plus graves du sujet que nous traitons et sur lequel nous avons encore quel- ques considérations à présenter. Personne n’est mieux placé que le Gouvernement pour diriger cette opération dans ses conditions matérielles et commerciales. [l peut exercer une influence décisive sur la vente des gravures, il peut subir une perte momen- tanée , 1l peut faire naître et diriger des négociations, il peut, pour vulgariser les gravures, employer des moyens qui seraient ruineux ou impossibles pour un particulier, il peut tout, enfin , et à ceux qui nous diront que le Gou- ( 650 ) vernement ne doit point se faire colporteur et marchand de gravures, nous répondrons qu'il ne s’agit pas plus d'une opération mercantile que d’être agriculteur en vendant de la chaux à prix réduit ou des taureaux de Durham. Le Gou- vernement est un Mécène pour les arts qui sont en souf- france; quand son rôle de protecteur est fini, quand il a aidé et soutenu ceux qui avaient besoin de lui, les choses changent de face : l'éclat des arts qu'il a portés si haut rejaillit sur lui et lui rapporte en patriotisme , en popula- rilé el en influence le centuple de ses sacrifices. Voilà, Messieurs, ce qui arrivera avec une protection intelligente accordée à un art si oublié à l'heure qu'il est, qu’on surprendrait beaucoup de personnes dans le pays en leur apprenant que nous avons des graveurs de grand talent, Il est vrai qu'à cela elles vous répondent : « Où » sont leurs œuvres? » Les voit-on jamais à la vitrine. d'un éditeur? les revues les analysent-elles ? les journaux les ont-ils annoncées? Par un concours étrange de fata- lités réunies, toutes les voies de la publicité leur sont fermées. De temps eu temps, on les voit à une exposition triennale; si vous vous rendez chez un marchand pour les acquérir, on ne les connaît pas, et si par hasard on les connait, le haut prix qu'on en demande vient refroidir votre enthousiasme ou entraver votre bonne volonté. C'est cette situation qu'il appartient au Gouvernement d'améliorer, et il y parviendra comme il est déjà parvenu à améliorer bien des services spéciaux dans les diverses branches de notre organisalion. | Dans le dernier paragraphe de sa lettre, M. le Ministre demande quelles seraient les mesures que l’Académie juge- rait utiles dans l'intérét de la gravure. C'est ce quatrième et dernier point qui nous parait mériter quelque déve- ( 651 ) loppement, c'est aussi celui sur lequel nous avons à vous soumettre d'importantes considérations. Dans un récent travail, lu à la séance mensuelle du 5 mai dernier et inséré au Bulletin n° 5, un de nos hono- rables collègues a exposé, dans un langage appuyé par l'autorité d'une longue expérience, quels étaient, selon lui, les moyens à conseiller au Gouvernement. Ces moyens sont au nombre de quatre : 4° bourses d'étude aux jeunes artistes qui ont fait preuve de dispositions exception- nelles. À y regarder de près, il n’y a de changé, dans cette proposition , que le mode d’allocation adopté aujourd’hui : c'est une modification facile à introduire avec un règle- ment particulier renfermant des conditions spéciales à déterminer. La deuxième et la troisième mesure sont relatives à la souscription et aux commandes. Ce sont là, Messieurs, deux points qui paraissent actuellement faciles à résoudre en leur appliquant un programme particulier à arrêter par l’administration des beaux-arts et par la classe, si le Gouvernement le juge opportun. Seulement, dans ce programme , il faudrait admettre le principe d'allocations aux éditeurs qui se produiraient, et, autant que possible, y déposer le principe d’une certaine surveillance à exercer sur les commandes, afin d'éviter en Belgique ce qui s'est produit en France. En effet, dans ce pays, on a été obligé d'en revenir à l'ancien mode d'envoyer les lauréats des grands concours en Îtalie, parce qu’à Paris, ils se trou- vaient entraînés par la spéculation. L'honorable académi- cien à émis à cet égard des vues pratiques d’une grande simplicité d'exécution, Si le Gouvernement éprouvait quel- que difficulté à en faire l'application, le dévouement et les lumières de la classe ne lui feraient pas défaut. La quatrième mesure consacre une innovation impor- 2° SÉRIE, TOME VIL. 45 ( 632 ) tante et sans l'exécution de laquelle il semble évident pour nous que l’art de la gravure ne pourra jamais exister en Belgique. il s'agit de l'institution d’une chalcographie. À quoi nous sert-il d'avoir des graveurs si nous n'avons pas d'imprimeurs? Dans l'état actuel des choses, nos plan- ches sont tirées à Paris et nécessitent des sacrifices pécu- niaires dont le chiffre vous effraïerait, si nous étions au- torisé à le placer sous vos yeux. Ces frais sont tels que, pour les solder, plus d’un artiste s'est vu forcé d’aban- donner la propriété de son travail. On s'étonne à bon droit que dans ce pays où, au XVI®° el au X VIF" siècle, la chalcographie jetait sur les marchés de l'Europe des milliers de douzaines d’estampes, où cette branche d’in- dustrie constituait un revenu considérable, on s'étonne et on s'afflige de voir ce même pays, reniant de vieilles et excellentes traditions, devenir tributaire de l'étranger, et sacrifier ainsi, non-seulement ses intérêts commerciaux, : mais ceux des artistes. Ceux qui ont vu les planches con- servées dans la maison de Plantin, à Anvers, pourront se faire une idée de l'importance qu'avait pour celte maison seule l'impression des estampes. Mais ce ne sont pas des doléances que nous avons à présenter 101 : examinons plutôt les moyens de doter la Belgique d’une insutution qui est le corollaire indispen- sable de l’art de la gravure. La question d'argent est la première à attaquer de face. Il y a quelques années, Messieurs, à l’occasion d’un crédit de 500,000 francs, accordé par le Gouvernement fran- çais pour la gravure de plusieurs tableaux importants du Louvre, le président de l'Académie des beaux-arts (Institut de France) disait : « Malgré cette libéralité, la gravure est » la seule branche des arts qui, lorsqu'elle est bien admi- ( 053 » nistrée, ne coûte rien à l'État. » Cette parole est pré- cieuse à recueillir, et nous trouvons sa Justification dans les revenus considérables de la chalcographie impériale. Pour obtenir chez nous un résultat semblable, 11 parait juste d'établir, dans des proportions relativement iden- tiques, une chalcographie royale belge. Le Gouvernement belge pourra, quand il le voudra, solliciter du Gouverne- ment français la communication des documents néces- saires. Nous estimons que les frais n’ont rien qui doive effrayer, et nous n’hésitons nullement à affirmer qu’à la rigueur, le Gouvernement n’a pas besoin d'augmenter les sacrifices qu’il fait en faveur de la gravure. Il s’agit simplement de donner aux dépenses une direction nouvelle et fructueuse. C'est là une vérité dont la démonstration nous paraît dé- fendue dans le présent travail, parce qu'elle soulève des questions de chiffres et de rouages administratifs d’une solution facile, mais dont le Gouvernement seul nous semble pouvoir provoquer l'étude. Ce qu’il importe de con- stater ici, c'est la possibilité de fonder en Belgique une chalcographie sans frais nouveaux pour l'État. Bien plus, cette chalcographie pourrait avec le temps réaliser des bé- péfices qui tourneraient au profit de Pinstitulion. Prouvons ce résultat et constatons les bienfaits qu’une chalcographie peut introduire en Belgique : 1° Suppression radicale des entraves et des frais nom- breux qui attendent les artistes qui font tirer à Paris. Au nombre de ces entraves, il faut placer l'obligation pour l'artiste d’un assez long séjour hors de chez lui pour pou- voir surveiller lui-même le tirage de sa planche. On sait que de ce tirage dépendent les effets si multiples d’une gravure en taille-douce; ( 634 ) 9 Garantie dans le prix du tirage. L'artiste ne sera plus soumis à l'arbitraire; 1l pourra aussi, de son côté, faire un sacrifice plus considérable si besoin est, puisqu'il aura | réalisé une forte économie en ne quittant pas SOn pays; | 5° Extension donnée par l'action gouvernementale à la | propagation des gravures sortant de la chalcographie; 4 En supposant que Île Gouvernement soit l'éditeur d'une estampe, il lui arrivera, Sans aucun doute, de gagner en moyenne au moins 25 p. /o. On a vu des plan- ches qui, achetées 60,000 francs par un éditeur, lui en ont rapporté 300,000 ; so Garantie constante offerte aux graveurs sous tous les rapports, en même temps qu'une émulation trouvant immédiatement de quoi se satisfaire. Ces deux résultats moraux sont à consigner ici, parce qu'ils Se traduisent en résultats matériels qu'il importe de ne point perdre de vue ; G° Conservation des planches gravées qui formeraient au bout d'un certain temps une collection nationale des plus intéressantes ; Te L'exploitation de l'artiste par l'industriel supprimée. L'histoire de la gravure en Belgique présente à ce sujet des faits désolants. On a vu certains cuivres gravés achetés au poids par d’adroits exploitateurs; 8° Facilités offertes aux éditeurs belges, qui bien souvent ne placent point de gravures dans leurs livres à cause des frais considérables résultant des envois à l'étranger. Ces mêmes facilités seraient mises à la disposition du public; œ Introduction en Belgique d'une nouvelle branche de commerce; marché ouvert; vulgarisation de l'art de la gravure; etc., eLC. Il ne serait pas diflicile, Messieurs, de prolonger cetle ( 655 liste; nous nous arréterons avec l'espoir que nous vous aurons convaincus que l'institution d’une chalcographie, loin d'être un établissement onéreux, réalisera, au con- traire, des avantages dignes d’être sérieusement appréciés. Il importe, et c’est là le devoir d’un gouvernement con- stitutionnel, de ne point laisser déchoir tout ce qui peut contribuer au développement de la valeur artistique du pays. Il ne faut pas se le dissimuler, l’art de la gravure pé- riclite en ce moment chez nous; l’art sérieux paraît vouloir céder la place à un art facile, futile, séduisant, mais qui n’a jamais eu et qui n’aura jamais de consistance : la manière noire, avec ses complications de procédés mécaniques et autres, fait un tort considérable à l’art élevé dans lequel une seule œuvre absorbe quelquefois tout le génie et toute la vie d’un homme. Loin de nous la pensée de nous op- poser en quoi que ce soit à la manifestation de ce vœu et de ce besoin du public; mais nous devons instamment demander qu'au moins le Gouvernement ne donne pas les mains à la popularisation de ces procédés qui peuvent vivre suffisamment des fluctuations et des travers du goût. La taille-douce s'est maintenue grande et pure à travers les siècles; elle a marché tantôt au milieu des applaudis- sements, tantôt au milieu des dédains, et on l’a vue sortir éternellement jeune et belle des perturbations du monde des arts. La gravure en taille-douce subsistera toujours, parce qu’il faut du génie pour la pratiquer, tandis que les milliers de procédés qui cherchent à la supplanter substi- - tuent à ce génie la mécanique ou la chimie. Le graveur au burin, qui a péniblement acquis les pré- ceptes de son art dans les institutions du pays, arrive, au bout de dix ans d’études, à se demander ce qu'il va faire pour vivre. Il a une planche gravée laborieusement, avec ( 656 ) amour, d’après un tableau qui a surpris et saisi son âme d'artiste; d’abord il cherche un imprimeur en Belgique, il n'y en a pas; il s’informe d’un éditeur, il n’y en a pas (1). Il faut aller à Paris. Oui, mais la plaque de euivre paye un droit d'entrée très-fort, le voyage coûte, le séjour sera long, la vente incertaine... T1 se décourage, reste chez lui, vend son cuivre au poids ou au rabais, et il se trouve, en résumé, que le Gouvernement à formé un artiste pour en faire fatalement un graveur de cachets et de boutons. Il ne suffit pas d’avoir des écoles et des académies, il faut encore une carrière au bout de ces institutions. Un pays qui n'offre pas cette garantie logique doit immédia- tement la créer, sous peine de voir ses enfants le maudire et l'abandonner. De brillantes destinées nous semblent promises à la gravure belge, si les intérêts de cet art sont soigneusement défendus et si on travaille avec persévérance à lui tracer une voie. Il ne s’agit plus de faire des graveurs, nous les avons ; nous sommes dans la position de capitalistes qui . ne savent placer leurs capitaux. La situation qui est done faite à nos légitimes espérances est admirable, et l'initia- tive que vient de prendre le Gouvernement nous donne le droit de penser que ces espérances ne tarderont pas à de- venir des réalités. (1) Il faut en excepter M. Van der Kolk, qui, avec un courage que je ne crois pas récompensé comme il le mérite, s’est fait depuis peu l'éditeur de plusieurs belles gravures belges. OUVRAGES PRÉSENTÉS. Académie royale de médecine de Belgique : — Mémoires, t. WI, Due fase; — Bulletin, 2 série, tome IF, n°5 40 à 11. PrIReRES 1859; 4 cahier in-4° et 1 broch. in-8°. La révolution des Pays-Bas au XVI" siècle, par John Lothrop Motley ; traduit de l'anglais par Gustave Jottrand et Albert La- croix, tome 1°", Bruxelles, 14859 ; 14 vol. in-8&, Histoire du règne de Charles-Quint en Belgique ; par Alexandre Henne, tome VII. Bruxelles, 1859; in-8°. Le jugement de Paris, Cylix de Brylus; — Médailles de Bonosus ; — Doubles têtes; par le baron J. de Witte. 2 broch. in-8° et 1 in-4°. Le droit administratif belge ; par J.-H.-N. De Fooz, tome [*, Paris-Tournai, 1839; 1 vol. in-8°. Points fondamentaux de la législation des mines, minières et carrières; par le même. Paris-Tournai, 4858 ; 1 vol. in-8. Journal des beaux-arts, K° année, n° 13 à 16. Anvers, 1859 ; À feuilles in-4°. | Exposés de la situation administrative des neuf provinces de la Belgique, session de 1859; 9 vol. in-8°. L'Abeille, revue pédagogique, V"® année, 4" à 6 livraisons. Bruxelles, 1839; 3 broch. in-8. Journal d'horticulture pratique de la Belgique, I®® année, juillet à septembre. Bruxelles, 4859; 3 broch. in-8°. Revue populaire, des sciences , 2% année, n° 7 à 9. Bruxelles, - 4859; 3 broch. in-8&. Annales de la Société anatomo-pathologique de Bruxelles, bulletin n° 2. Bruxelles, 1859; 1 broch. in-8°. Archives belges de médecine militaire, tome XXIV, 1° cahier. Bruxelles, 4859; 4 broch. in-&°. ( 638 ) La Presse médicale belge, X{"° année, n°% 25 à 38. Bruxelles, 1859 ; 14 feuilles in-4°. Annales de médecine vétérinaire, VI": année, 7% à 9%e çah. Bruxelles, 1859; 3 broch. in-8&. Annales d'oculistique, tome XXI, 1% à 3° livr. Bruxelles, 1859; 1 broch. in-8°. Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie, XVIe année, XXIX®: vol., juillet à septembre. Bruxelles, 1859; 3 broch. in-8°. Journal de l'imprimerie et de la librairie en Belgique, 5" année, n°14, titre et table; VIe année, n° 4et 5. Bruxelles, 1858; in-8°, L'illustration horticole ; rédigée par Ch. Lemaire et publiée par Ambroise Verschaffelt, VIe vol., 7% à 9m livraisons. Gand, 1859; 3 broch. in-8°. Annales médicales de la Flandre occidentale; publiées par les docteurs René Van Oye, Joseph Ossieur et Hubert Boëns, 1. VI, n° 7 à 9. Roulers-Thourout, 1859 ; 3 broch. in-S$. Rapport sur l'authenticité des restes mortels du bourgmestre Sébastien de Laruelle, conservés au musée provincial de Liége; par Ulysse Capitaine. Liége, 1859; 1 broch. in-8°. Lu Belgique horticole; rédigée par Ed. Morren, IX"° année, Sme à 40e livr. Liége, 1859; 3 broch. in-8°. Journal historique et littéraire, tome XXVI, livre. 4 et 5. Liége, 1859; 2 broch. in-8°. Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, tome IF, 3° livr. Liége, 1859; 1 broch. in-8°. Essai de tablettes liégeoises ; par Alb. d'Otreppe de Bouvette, 28": livraison. Liége, 1859; 1 broch. in-12. Le Scalpel, X1®® année, n° 30 à 56. Liége, 1859; 7 feuilles in-4°. Bulletin de la Société paléontologique de Belgique, tome [°*, feuilles 4 à 4. Anvers, 1859; 1 broch. in-8°. Annales de la Société de médecine d'Anvers, XX"° année, livr. de juillet à septembre. Anvers, 1859; 3 broch. in-8°. ( 639 ) Journal de pharmacie, XV®%* année, juillet à septembre. An- vers, 1859; 5 broch. in-8°. De vlaemsche Schoot, V® |aergang, 1-13%° aflev. Anvers, 1859; in-4°. De la Musique ; par le baron J.-A.-H. Michiels van Kessenich (suite). Ruremonde , 1859 ; in-12. Tijdschrift voor entomologie ; uitgegeven door de nederland- sche entomologische Vereeniging, onder redactie van professor J. Vander Hoeven, D" M. C. Verloren en Mr. S.-C. Snellen van Vollenhoven, Ie deel, 5%, 44e en 5e aflev. Leide, 1858 ; in-8°. Eïinige kritische Erürterungen über die frühere Geschichte der Grafschaft Luxembourg ; von D' Johann Schôtter. Luxembourg, 4859; 1 boch. in-8°. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences ; par MM. les secrétaires perpétuels, tome XLIX, n°° 1 à 6. Paris, 4859; 6 cahiers in-4°. Revue de l'instruction publique en France, XIX année, n° 13 à 20. Paris, 1859; 7 doubles feuilles in-4°. Revue de l'art chrétien, HI®® année, n° 7 à 9. Paris, 1859; à broch. in-8°. A-1-on réservé le précieux sang dans les siècles primitifs et au moyen âge; par l'abbé J. Corblet. Paris, 1859; 1 broch. in-8°. L'Investigaleur, journal de l'Institut historique, XXVr° année, 295% livraison. Paris, 1859 ; 4 broch. in-8°. Bulletin de la Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et-Loire, XXIX"®° année. Angers, 1859; 1 vol. in-8°. _ Bulletin historique de la Société des antiquaires de la Morinie, VIE année, 30° livraison. St-Omer, 1859; 1 broch. in-&. Annuaire de l'Institut des provinces, des sociétés savantes et des congrès scientifiques, 2° série, [°° vol. Caen, 1859; in-8°. Jacques Dumé et Nicolas Dumé d'Aplemont , marins havrais, chefs d'escadre au X VII" siècle (documents inédits, 1625-1672); par E. Borély. Havre, 1859; in-8°, ( 640 ) Rapport sur les travaux de la Société impériale d'agricul- ture de Moscou, pour l'année 1857. Paris, 1858; 1 broch. in-8°. The Atlantis, a register of literature and science; conducted by members of the catholie university of Ireland, n° 4. Londres, 1859; 1 vol. in-8°, Die Fortschritte der Physik im Jahre 1856, XI“ Jahrg., 2t Abth. Berlin, 1859; 1 vol. in-8°, Atlas zur Entdeckungsgeschichte Amerikas, aus Handschriften der k. Hof- und Staats-Bibliothek, der k. Universitaet und des Hauptconservatoriums der K. B. Armee; herausgegeben von Friedrich Kunstmann, Karl von Spruner, Georg. M. Thomas, Zu den Monumenta saecularia der K. B. Akademie der Wissen- schaften, 28 Maerz 1859. Munich, 1829; in-plano. Anzeiger für Kunde der deutschen Vorzeit, neue Folge, IV'* Jahrgang, n° 4 à 7. Nuremberg, 1855; 7 feuilles in-8°. Heidelberger Jahrbücher der Literatur, LHS® Jahrgang, 45t°- 65e Heft, avril à juin. Heidelberg, 4859; 3 broch. in-8°. Neues Jahrbuch für Pharmacie und verwandte Fächer, Band XI, Heft 5. Heidelberg, 1859; 1 broch. in-8°. Des Bartholomüus von Sct. Ægidius Chronik von Prag im Reformationszeitalter. Chronica de seditione et tumultu Pra- gensi, 1524-1531; von C. Hôfler. Prague, 1859; 1 vol. in-4. Mitiheilungen aus Justus Perthes geographischer Anstalt, 1859, VL Gotha; 1 broch. in-&. Archiv der Mathematik und Physik; herausgegeben von J.-A. Grunert, XXXIFSt Theil, 45 Heft. Greifwald, 1859; 14 broch. in-8°, Vierteljahrsschrift der naturforschenden Gesellschaft in Zü- rich ; vedigirt von D' Rudolf Wolf, ISte'-JVte Jahrg., 217 Heft. Zurich, 1856-1859; 14 broch. in-8°. Dlittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Zürich, Heft I-X. Zurich, 1847-1856 ; 10 broch. in-8°. Meteorologische Beobachtungen angestellt auf Veranstaltunq ( 641 ) der naturforschenden Gesellschaft in Zürich, 1837 à 1846. Zurich; 10 broch. in-4°. Denkschrift zur Feier des hundertjährigen Stiftungfeestes der naturforschenden Gesellschaft in Zürich am 50 November 1846. Zurich , 1846; 1 broch. in-4°. Su à terremoti avvenuti in Siena nell aprile del 1859 e nei tempi precedenti; memoria dei professori G. Campani e C. Tos- cani. Pise, 1859; 1 broch. in-8°. Giornale agrario Toscano, nuova serie, n° 5-12. Florence, 1854-1856; 10 cahiers in-8°. Archivio storico ilaliano, nuova serie, tom. I-IV. Florence, 4855-1857; 8 cahiers in-S°. Rendiconti delle adunanze dell accademia economico-agraria dei Georgofili di Firenze, triennio If, anno 5, disp. 5. Flo- rence, 1859; 4 broch. in-8°, Continuazione degli atti della r. Accademia economico-agraria dei Georgofili di Firenze, nuova serie, vol. HII-IV. Florence, 1856- 1857; 8 cahiers in-8°. Degli studj e delle vicende della reale Accademia dei Georgofili nel primo secolo di sua esistenza, sommario storico dell avv. Marco Tabarrini, corredata di un catalogo generale dei soci e di due indiei degli atti accademici compilati da Luigi de Marchesi Ridolfi. Florence, 1856; 1 vol. in-8°. is nee scientifica in Roma, vol. VI, n°5 4 à 5. Rome, 1859; 5 feuilles in-4°. Observations météorologiques fuites à one de Lis- bonne, année 1859. Mai; in-plano. _ Sulla vita e le opere di Alessandro de Humboldt; discorso di Caterina Scarpellini. Rome, 1859; in-4°. Reports of progress of the geological ns of Canada, for the years 1855-1857. Toronto, 1857-1858; 2 vol. in-8° et 1 ca- hier in-4°. À paper and resolutions in advocacy of the establishment of a uniform system of meteorological observations, threughout the VE TL TS ( 642 ) whole american continent; by major R. Lachlan. Cincinnati, 4859; 1 broch. in-8&°. Memoirs of the geological survey of India, vol. F, part. 2. Calcutta, 1858; 1 vol. in-8°. FIN DU TOME VII DE LA 2 SÉRIE, BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. TABLES ALPHABÉTIQUES DU TOME SEPTIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE. 1859. TABLE DES AUTEURS. A. Académie des sciences de la Nouvelle-Orléans. — Remerciments pour envoi d'ouvrages, 531. Académie royale de Munich. — Remerciments pour la part prise par la Compagnie à sa fête séculaire et hommage d’une médaille en bronze, 351. Airy. — Envoi d’un ouvrage de M. Smyth, 598. Aldir (Joaquin y Fernandez). — Présentation d’un mémoire intitulé : Nuevo metodo de obtencion de la quinquina y cinconica , 352. Alvin. — Membre de la commission pour les encouragements à donner à l'art de la gravure, 480; aperçu des travaux de cette commission, 512; lecture du rapport fait au nom de cette commission , 583, 619 ; obser- vations relatives à la lettre envoyée au Ministre de l’intérieur, 622; com- missaire pour un mémoire de concours, 582. Arendt. — Rapport sur un mémoire de concours en réponse à la question sur le lieu de naissance de Charlemagne, 144; rapport sur un mémoire de concours en réponse à la question sur l’origine des Carlovingiens, 156; commissaire pour une lettre de M. de Pouhon, 461. 644 TABLE DES AUTEURS. B. Bache. — Envoi d'une carte pour l’occultation des Pléiades à Bruxelles, le 17 septembre 1859, 488. Balat. — Commissaire pour un mémoire de concours, 585. Baeyer.— Notices sur un nouveau dérivé de l'acide picrique et sur la nature de l'acide allophanique, 598, 567, 574; rapports de MM. Stas et De Ko- ninck sur ces notices, 489, 501. Baron. — Rapport sur les poëmes français du concours de poésie, institué à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de l'inauguration des chemins de fer en Belgique, 169. Bède. — Présentation d’un travail intitulé : Recherches sur la capillarilé, 5me mémoire, 532. Benoît. — Envoi d’un rapport trimestriel comme lauréat du grand con- cours de composition musicale, 465. Bernardin. — Dépôt des phénomènes périodiques observés à Melle en 1859, 2. Bogaers (4.).— Élu associé de ja classe des lettres, 199; remerciments pour son élection, 572. Bommer.— Présentation d’un travail intitulé : Mémoire sur l’origine et la nature de la matière fibreuse qui garnit le stipe de plusieurs espèces de palmiers, et sur l’existence des stipules chez les Monocotylédonees, 552; rapports de MM. Kickx et Martens sur ce mémoire, 402, 405. Borgnet. — Commissaire pour un mémoire de M. Kempeneers, 118; rap- port sur un mémoire de concours, en réponse à la question relative à l’ori- gine des Carlovingiens, 146. Bormans. — Commissaire pour un mémoire de M. Kempeneers, 118; rap- port sur les poëmes flamands du concours de poésie pour le vingt-cin- quième anniversaire de l'inauguration des chemins de fer en Belgique, 175; commissaire pour le programme du concours institué en l'honneur de Van Maerlant, 375; présentation de ce projet de règlement, 461. Braemt. — Commissaire pour un mémoire de concours, 582. Braquaval (Pauline). — Auteur des paroles de la cantate couronnée du grand concours de composition musicale de 1859, 618. C. Candèze. — Hommage d’un ouvrage, 489. Chalon. — Élu membre de la classe des lettres, 199; remerciments pour son élection, 572; approbation royale de sa nomination de membre, 460. "a Ét ls cmt ce dé est + TABLE DES AUTEURS. 645 Commission de statistique générale d'Espagne. — Hommage d'ouvrages, 15, Conrardy (Jules). — Lauréat du grand concours de composition musicale de 1859, 619. . Corr (Érin). — De l'état actuel de la gravure et des encouragements à lui accorder, 515; commissaire pour l'examen d’encouragements à donner à la gravure, 480. | Crepin (François). — Notes sur quelques plantes rares ou critiques de la Belgique, 94; rapports de MM. Spring, Kickx et Martens sur ce (ra- vail, 5, 4. D. David. — Hommage d’un ouvrage, 118; rapport sur un mémoire de con- cours en réponse à la question relative aux chambres de rhétorique, 121; rapport sur un mémoire de concours en réponse à la question concernant Jean I‘, duc de Brabant, 154; rapport sur les poëmes flamands du con- cours de poésie pour le vingt-cinquième anniversaire de l'inauguration des chemins de fer en Belgique, 178; membre de la commission chargée de rédiger le programme du concours institué en l'honneur de Maerlant, 573; présentation de ce projet de règlement, 461. De Barante. — Élu associé de la classe des lettres, 199 ; remerciments pour son élection, 372. De Busscher. — Commissaire pour un mémoire de concours, 385. De Caraman (le duc). — Hommage d’un ouvrage, 461. De Carvalho. — Hommage, au nom de MM. les professeurs de l’université de Coïmbre, d’une collection de leurs travaux , 530. De Czoernig (le baron). — Élu associé de la classe des lettres, 199; remer- ciments pour son élection, 460 ; annonce que le gouvernement autrichien a ajourné le congres international de statistique, 461. De Decker. — Rapport sur un mémoire de M. Thonissen, intitulé : Quelques considérations sur la théorie du progrès indéfini, 375. ‘ De Gerlache (le baron). — Hommage d’un ouvrage, 118; discours sur la manière d'écrire l’histoire, 201. | De Humboldt (le baron Alexandre). — Annonce de sa mort, 350. De Keyser. — Membre de la commission pour les encouragements à donner à la gravure, 480. De Æoninck. — Commissaire pour deux mémoires de M. Marcel de Serres, 598; rapport verbal sur ces mémoires, 519; commissaire pour deux mé- moires de chimie de M. Baeyer, 398; rapport sur ces mémoires, 501 ; rap- port sur la fête séculaire de l'Académie de Munich, 599; rapport verbal sur des modifications faites par M. Chapuis à son mémoire, 406; commis- L +: dent 646 TABLE DES AUTEURS, saire pour l'examen d’ossements fossiles découverts à Saint-Nicolas (Flandre orientale), 489; rapport sur le mémoire de M. Henry, intitulé : Sur la berbérine et ses sels , 508 ; commissaire pour un mémoire de M. Zenger, 2. De Pouhon. — Fait connaître la marche que l’on doit suivre pour les con- cours relatifs à Charlemagne , 461. De Ram. — Hommage d'un ouvrage, 118; rapport sur la fête séculaire de l’Académie de Munich, 599; commissaire pour une lettre de M. de Pou- hon, 461. De Saint-Genois (le baron Jules). — Rapport sur un mémoire de concours en réponse à la question sur les chambres de rhétorique, 119; proposition relative à la biographie nationale, 521; remplace feu M, de Stassart comme membre de la commission pour la biographie nationale, 5753. De Seisal (M. le vicomte). — Envoi d’un paquet de livres de M. Carvalho, 550. De Selys-Longchamps (Edm.). — Présentation des observations sur la végétation, faites à Waremme le 21 avril 1859, 551; présentation de quel- ques observations sur des Infusoires, 531 ; additions au Synopsis des Ca- lopterygines, 457 ; additions au Synopsis des Gomphines , 550. De Serres (Marcel). — Présentation de deux mémoires intitulés : 1° Des altérations que les coquilles éprouvent pendant la vie des animaux qui les habitent ; 2 De l’ancienne existence des animaux invertébrés perforants, et particulièrement des mollusques conchifères tubicolores de Lamarck , 598; rapports verbaux de MM. Van Beneden et De Koninck sur ces mémoires, 519. D'Udekem. — Notice sur quelques parasites du Julius terrestris, 552, Dewalque. - Présentation de phénomènes périodiques observés à Liége et à Stavelot, en 1859, 2; note sur le fer octaédrique dans le grès de Luxem- bourg , 412 ; commissaire pour un mémoire de M. Zenger, 2; rapport sur ce mémoire , 509. De Witte (le baron). — Hommage d'ouvrages, 118, 611; commissaire pour un mémoire de M. Wagener, 118; rapport sur ce mémoire, 462. Ducpetiaux. — Élu membre de la classe des lettres, 199; remerciments pour son élection, 572; approbation royale de sa nomination de mem- bre, 460. Duprez. — Présentation des observations météorologiques faites à Gand, en 1858, 531; commissaire pour un mémoire de M. Bède, 552; commis- saire pour un mémoire de M. Zenger, 2. E. Ellery (Robert). — Demande d'obtenir les observations de la lune et des étoiles de même parallèle pour différentes époques de 1858, 551. + (ABLE DES AUTEURS. 64 F. l'étis ( Éd.). — Commissaire pour deux mémoires de concours, 582, 583. Fétis ( Fr.). — Commissaire pour une lettre de M. le Ministre de l’intérieur, concernant une modification à introduire dans le règlement des grands concours de composition musicale, 582; rapport sur cette question, 466; rapport sur la publication des œuvres musicales des compositeurs belges du XVe et du XVI”: siècle, 471. Florimond. — Sur les aimants de ler de fonte trempé et sur la fragilité des fils de laiton exposés à l'air sous l’influence de certaines variations de température, 5, 568; rapport sur cette notice par M. Gloesener, 532; sur un arc-en-ciel remarquable observé à Louvain, 529, G. Gachard. — Rapport sur un mémoire de concours en réponse à la question concernant Jean 1°", duc de Brabant, 142; captivité et mort de don Car- los, 215. Germain. — Dépôt des observations météorologiques faites à Bastogne en 1858, 2. Gergonne (Joseph-Diaz). — Annonce de sa mort, 2. Gervais (Paul). — Annonce la mort de M. Gergonne, 2. Ghaye (Michel). — Présentation des observations sur la végétation, faites à Waremme le 21 avril 1859, 551. Gloesener. — Commissaire pour une notice de M. Florimond , 5; rapport sur celte notice, 552; commissaire pour un travail de M. Zenger, 2; rapport sur ce travail, 516. Gluge. — Sur la réunion des fibres nerveuses sensibles avec les fibres mo- trices , 415. Hansteen. — Réduction du temps des oscillations d’une aiguille aimantée à un arc évanouissant, 356. Henry (Louis). — Sur la berbérine et ses sels, 579; rapports de MM. Mar- tens , Stas et De Koninck sur ce mémoire, 505, 504, 508. I. Institut impérial de France. — Accuse la réception des dernieres publica- tions académiques, 488. d 2€ SÉRIE, TOME VH. 4% 645 TABLE DES AUTEURS. d. Juste (Théodore). — Lettre concernant le projet d’ériger une statue au comte d'Egmont, 614. K. Kempeneers. — Mémoire sur l’ancienne famille des vicomtes de Montena- ken, 118. Kervyn de Lettenhove. — Élu membre de la classe des lettres, 199; études sur les historiens du XV: siècle : Philippe de Commines , 256 ; remerci- ments pour son élection, 572; approbation royale de sa nomination de membre, 460; études sur Phistoire du XV: siècle : Thierri Gherbode, 462. Kickæ. — Rapport sur une note de M. Crepin, 4; rapport sur une note de M. Westendorp, 4; commissaire pour un mémoire de M. Bommer, 532; rapport sur ce mémoire, 402. L. Lacordaire. — Hommage d’un ouvrage, 398. Lafuente (don Modesto). — Élu associé de la classe des lettres, 199; remer- ciments pour son élection, 572. Lamarle. — Théorie géométrique des centres et axes instantanés de rota- tion (suite), 7; commissaire pour un mémoire de M. Bède, 552. Lejeune Dirichlet. — Annonce de sa mort, 559. Liagre. — Commissaire pour un mémoire de M. Zenger, 2; commissaire pour un mémoire de M. Save, 489. Logan {sir William). — Envoi d’un ouvrage, 488. Loppens.— Dépôt des observations météorologiques faites à Arlon en 1858, 2. M. Maas.— Lettre adressée à M. Ad. Quetelet, sur l'aurore boréale du 21 avril 1859, 75. Martens. — Rapport sur une note de M. Crepin, 4; commissaire pour un mémoire de M. Bommer, 552; rapport sur ce mémoire, 405; rapport sur le mémoire de Henry, intitulé : Sur la berbérine et ses sels , 505. Minervini. — Élu associé de la classe des lettres, 199; remerciments pour son élection, 572. Ministre de l’intérieur. — Exprime le désir de voir l’Académie s'occuper de la biographie nationale décrétée en 1845, 550, 582 ; annonce de l'arrêté TABLE DES AUTEURS. 649 royal décrétant l'érection d’un monument à J. Van Maerlant et de- mandes de formuler un programme de concours institué en même temps, 575; lettre relative au prix quinquennal de littérature française, 575, lettres relatives à la publication des anciennes œuvres musicales et sur la durée des voyages des lauréats des grands concours de musique, 581; envoi d’un rapport trimestriel de M. Benoît, 465; envoi d'ouvrages, 488 ; communique les noms des lauréats du grand concours de composition musicale de 1859, 618. Ministre de l’intérieur des Pays-Bas (S. E.). — Envoi d'un ouvrage, 611. Ministre de France ($. E.). — Annonce de l'envoi d’un paquet de livres de l’Académie pour les institutions scientifiques de la France, 488. Ministère de l'instruction publique et des cultes à Paris. — Hommage d’un ouvrage, 575. Ministre des Pays-Bas ($. E.). — Annonce de lenvoi d’un paquet de livres de l’Académie pour les institutions scientifiques des Pays-Bas, 488. Montigny.— Dépôt d’un billet cacheté, 5. Murchison. — Hommage d’un ouvrage, 2. N. Navez. — Membre de la commission pour les encouragements à donner à la gravure, 480; indications relatives à des peintures murales découvertes à Bruxelles dans l’église de Notre-Dame des Victoires, 481. Nolet de Brauwere van Steeland. — Rapport sur les poëmes flamands du concours de poésie, institué à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de l'inauguration des chemins de fer en Belgique, 185. Nyst. — Commissaire pour l'examen d’ossements fossiles découverts à Saint- Nicolas (Flandre orientale), 489. À 0. Observatoire du Capitole, à Rome. — Envoi d'observations météorologi- ques faites en 1859, 398. Observatoire royal de météorologie de Madrid. — Envoi d'observations météorologiques faites en 1859, 331, 598. P. Plateau. — Commissaire pour un mémoire de M. Bède , 332. Polain. — Commissaire pour un mémoire de M. Kempeneers, 118; rap- port sur un mémoire de concours en réponse à la question relative à 650 TABLE DES AUTEURS. l'origine des Carlovingiens, 169; commissaire pour une lettre de M. de Pouhon, 481. Q. Quetelet (Adolphe). — Présentation de phénomènes périodiques observés à Bruxelles en 1859, 2; hommage d’un ouvrage, 332; occultation de Sa- turne par la lune, le 8 mai 1859, à l'Observatoire royal de Bruxelles, 337 ; observations des passages de Ja lune et des étoiles de même culmination , faites à l'Observatoire royal de Bruxelles en 1857 et 1858, 558; grêle extraordinaire observée à Bruxelles le 28 mai 1859, 552; notice sur le tome XIV des Annales de Observatoire royal de Bruxelles, 406; note sur un arc-en-ciel remarquable, 528; annonce de l'envoi d’une adresse de félicitations au Roi à l’occasion de la naissance du comte de Hainaut, 618. Quetelet( Ernest). — Note sur l'aurore boréale du 21 avril 1859, 72; com- missaire pour un mémoire de M. Save, 489. KR. Radoux (Jean-Theodore). — Lauréat du grand concours de composition musicale de 1859, 619. Rau. — Hommage d’un ouvrage, 571. Roulez. — Commissaire pour un mémoire de M. Wagener, 118; rapport sur ce mémoire, 462 ; inscription pour une médaille de concours décernée à M. Van Duyse, 574. S. $. M. le Roi et les Princes. — Expriment leurs regrets de ne pouvoir assister à la séance publique de la classe des lettres, 117. Save (Ch.). — Mémoire sur la coordination des corps célestes, 489. S$chaar.— Sur les variations des éléments des orbites planétaires (suite), 44. Secchi (le père). — Lettre sur la variation des éléments magnétiques, 520. Sénat (AI. le président du). — Remerciments pour envoi d'ouvrages, 550. Siret. — Remplace M. Calamatta comme membre de la commission pour les encouragements à donner à la gravure, 480 ; quelques mots sur la lettre ministérielle concernant les encouragements à donner à Part de la gra- vure, 625. Smyth. — Hommage d’un ouvrage , 598. Snellaert. — Commissaire pour le programme du concours institué en Pr ut per l'honneur de Van Maerlant, 575; présentation de ce programme, 461; TABLE DES AUTEURS. 651 rapport sur un mémoire de concours en réponse à la question sur les cham- bres de rhétorique, 124. Société des sciences des Indes néerlandaises, à Batavia.— Remerciments pour envoi d'ouvrages, 551. Societé historique et littéraire , à Tournai. — Envoi d'un ouvrage, 611. Société royale des sciences, à Prague. — Hommage de ses dernières publications, 2. Spring. — Rapport sur une note de M. Crepin, 5; rapport sur la fête sécu- laire de Munich, 599. Stas. — Commissaire pour deux mémoires de chimie de M. Baeyer, 598 ; rapport sur ces mémoires, 489; rapport sur la fête séculaire de Munich, 499; rapport sur le mémoire de M. Henry, intitulé : Sur la berbérine ct ses sels, 504. 1 Thiernesse. — Sur la réunion des fibres nerveuses sensibles avec les fibres motrices, 415. Thonissen. — Rapport de M. De Decker sur son mémoire intitulé : Quelques considérations sur la théorie du progrès indéfini, 575. U. Universite de Coiïmbre (MM. les professeurs de l'). — Hommage de leurs travaux, 550. Université impériale de Kharkoff. — Annonce d'expériences électriques, 488. VW: Van Beers ( 4.). — Lauréat du concours de poésie flamande sur le vingt- cinquième anniversaire de l'inauguration des chemins de fer en Belgique, 198, 574 ; poëme couronné, 299. Van Beneden. — La strobilation des Scyphistomes, 451; commissaire pour l'examen d’ossements fossiles découverts à Saint-Nicolas (Flandre orien- tale), 489; commissaire pour deux mémoires de M. Marcel de SerresT 398 ; rapport verbal sur ces mémoires, 519. _ Van der Velpen (Jean-Baptiste). — Lauréat du grand concours de com- position musicale , 618. Van Duyse (Prudens). — Auteur du mémoire couronné en réponse à la question sur les chambres de rhétorique, 374; inscription de sa médaille de concours, 374. 652 TABLE DES AUTEURS. Van Hasselt. — Lauréat du concours de poésie française sur le vingt-cm- quième anniversaire de l'inauguration des chemins de fer en Belgique, 198; poëme couronné, 295. Van Peene ( H.). — Lauréat du concours triennal institué par le Gouverne- ment pour la littérature dramatique flamande , 198. lan Raemdonck (J.). — Annonce la découverte d’ossements fossiles à Saint-Nicolas (Flandre orientale), 489. VW. IV'agener. — Mémoire sur les inscriptions grecques, 118. IWantzel (Frédéric). — Lauréat du grand concours de composition musi- cale de 1859, 619. W'auters ( Alph.). — Lauréat du concours de la classe des lettres, 145. IF'esmael. — Remplace feu M. Morren comme membre de la commission pour la biographie nationale, 556. IVestendorp. — Sixième notice sur quelques cryptogames inédites ou nouvelles pour la flore belge, 77; rapport de M. Martens sur ce travail, 4. 4. Zenger (Ch.-V.). — Recherches sur l’action des forces moléculaires des éléments chimiques, 2; rapports de MM. Dewalque et Gloesener sur ce mémoire, 109, 516; recherches sur la vitesse de la lumière et sur la dépendance des forces moléculaires, 2; tableaux des angles fondamentaux des corps simples, observés et calculés d’après la formule tg & = 3 608. RS TABLE DES MATIÈRES. À. Adresses. — Lettre de félicitation au Roi à lPoccasion de la naissance du comte de Hainaut, 618. | Anniversaires. — Rapport de MM. de Ram, Stas, De Koninck et Spring, délégués à la fête séculaire de l’Académie royale de Munich, 599. Antiquités. — Découverte d'anciennes peintures murales dans l’église de Notre-Dame des Victoires à Bruxelles, 481 ; découverte d’ossements fossiles à Saint-Nicolas, 489. Arrêtés royaux. — Approbation de la nomination de MM. Ducpetiaux, Kervyn de Lettenhove et Chalon, comme membres de la classe des lettres, 460; arrêté royal relatif à l'érection d’un monument en l'honneur de Van Maerlant., 375. Astronomie. — Sur les variations des éléments des orbites planétaires par M. Schaar (suite), 44; occultation de Saturne par la lune, le 8 mai 1859, à l'observatoire royal de Bruxelles, communiqué par M. Ad. Quetelet, 537; observations des passages de la lune et des étoiles de même culmination, faites à l'observatoire royal de Bruxelles, en 1857 et en 1858, communiqué par M. Ad. Quetelet,558 ; Annales de l’Observatoire de Bruæelles,t. XIV ; notice par M. Ad. Quetciet, 406; envoi d’une carte pour l’occultation des Pléiades à Bruxelles, le 17 septembre 1859, par M. Bache, 488. B. Biographie. — Remarques concernant la biographie nationale, 321, 550, 375. (Voyez Histoire.) Botanique. — Notes sur quelques plantes rares ou critiques de la Belgique, par M. Francois Crepin, 94; rapports de MM. Spring , Kickx et Martens sur ce travail, 5, 4; sixième notice sur quelques Cryplogames inédites ou nouvelles pour la flore belge, par M. G.-D. Westendorp, 77; rapport de M. Kickx sur cette notice, 4; rapport de MM. Kickx et Martens sur un 654 TABLE DES MATIÈRES. mémoire de M. Bommer, intitulé : Sur l’origine et la nature de la matière fibreuse qui garnit le stipe de plusieurs palmiers et sur l'existence des stèipules chez les Monocotylédones , 402. Chimie. — Sur la nature de l’acide allophanique, par M. Baeyer, 567; sur un nouveau dérivé de Pacide picrique, par le même, 574; rapports de MM. Stas et De Koninck sur ces deux notices, 489, 501 ; de la berbérine et de ses sels, par M. Louis Henry, 579; rapports de MM. Martens, Stas el De Koninck sur ce mémoire, 505, 504, 507 ; rapports de MM. Dewalque et Gloesener sur un mémoire de M. Zenger, intitulé : Recherches sur l’action des forces moléculaires des éléments chimiques , 509, 516; tableau des angles fondamentaux des corps simples, observés et calculés d’après la for- mule tg & + par M. Zenger, 608. / Concours de composition musicale (Grands). — Envoi d’un rapport tri- mestriel par M. Benoît, 465; lettre de M. le Ministre de l’intérieur concer- nant une modification à introduire dans le règlement, 581; rapport de M. Fr. Fétis sur cette lettre, 466; lauréats du grand concours de 1859, 618. Concours de la classe des beaux-arts. — Résultats du concours de 1859 et nomination de commissaires , 582. Concours de la classe des lettres. — Rapports de MM. le baron Jules de Saint-Genois, David et Snellaert sur un mémoire en réponse à la question relative aux chambres de rhétorique, 119, 121, 124; rapports de MM. Da- vid et Gachard sur un mémoire de concours relatif à Jean I‘, duc de Brabant, 154, 142; rapport de M. Arendt sur un mémoire en réponse à la question relative au lieu de naissance de Charlemagne, 144; rapports de MM. Borgnet, Arendt et Polain sur un mémoire en réponse à la ques- tion relative à l’origine belge des Carlovingiens, 146, 156, 169; pro- grammes de concours de 1860 et 1863, 577 et 579; programmes du con- cours extraordinaire sur l’origine belge des Carlovingiens, 580; lettre de M. de Pouhon, relative à ce concours, 461. Concours du Gouvernement. — Concours institué en l’honneur de Jacques Van Maerlant, 612. Concours extraordinaire de poésie. — Réception d’un poème après le délai fatal, 118. (Voyez Poésie.) D. Discours. — Sur la manière d'écrire l’histoire, lu à la séanee publique de la classe des lettres, par M. le baron de Gerlache, 201. TABLE DES MATIÈRES. 635 Dons. — Ouvrages par la Société royale des sciences de Prague, 2; ouvrage par M. Murchisen, 2; ouvrages par la Commission centrale de statistique d'Espagne, 117; ouvrage par M. David, 118; ouvrage par M. le baron de Gerlache, 118; ouvrage par M. de Ram, 118; ouvrages par M. le baron de Witte, 118, 611; ouvrages par MM. les professeurs de l'université de Coïmbre, 550; ouvrage par M. Ad. Quetelet, 552; ouvrage par M. Rau, 575; ouvrage par le Ministre de l’instruction publique de France, 575; ouvrage par M. Smyth, 598 ; ouvrage par M. Lacordaire, 598 ; ouvrage par M. le duc de Caraman, 461; ouvrage par M Île Ministre de l’intérieur , 488 ; ouvrage par M. Logan, 488; ouvrage par M. Candèze, 489; ouvrage par M. Leemans ,611 ; ouvrage par la Société historique et littéraire de Tournai, 511. Élections. — MM. Ducpetiaux, Kervyn de Lettenhove et Chalon nommés membres, et MM. le baron de Barante, Bogaerts, le baron de Czoenig. Minervini et Lafuente, nommés associés de la classe des lettres, 199. Entomologie. — Voyez Zoologie. Epigraphie. — Inseription d'une médaille d'argent décernée à M. Van Duyse, 574. G. Gravure. — Notice sur l’état actuel de la gravure, par M. Érin Corr, 515; rapport adressé à M. le Ministre de l’intérieur par la commission pour les encouragements à donner à l’art de la gravure, 619; quelques mots sur la lettre ministérielle concernant les encouragements à donner à l’art de la gravure, par M. Ad. Siret, 625. [TE Histoire. — Rapports de MM. le baron J. de Saint-Genois, David et Snel- laert sur un mémoire en réponse à la question concernant les chambres de rhétorique, 119, 121, 124; rapports de MM. David et Gachard sur un mémoire en réponse à la question relative à Jean 1°", duc de Brabant, 154, 142; rapport de M. Arendt sur un mémoire de concours en réponse à la question relative au lieu de naissance de Charlemagne, 144; rap- ports de MM. Borgnet, Arendt et Polain sur un mémoire de concours en réponse à la question relative à l’origine belge des Carlovingiens, 146, 156, 169; sur la manière d'écrire l’histoire, par M. le baron de Gerlache .201; captivité et mort de don Carlos, par M. Gachard, 215; 27€ SÉRIE, TOME VII. 45 656 TABLE DES MATIÈRES. études sur les historiens du XV: siècle, par M. Kervyn de Lettenhove: Philippe de Commines, 256; Thierri Gherbode, 462 ; rapport de M. De Decker sur un mémoire de M. Thonissen , intitulé : Quelques considéra- tions sur la théorie du progrès indefini, dans ses rapports avec l’his- toire de la civilisation et les dogmes du christianisme , 575; lettre de M. Th. Juste sur le projet d'élever une statue au comte d’Egmont, 614. Histoire litteraire, — Voy. Histoire. L. Littérature flamande. — Projet de règlement pour un double concours, institué par le Gouvernement en l'honneur de Jacques Van Maerlant, 461; règlement, 612. È i L Mathématiques pures et appliquées. — Théorie géométrique des centres et axes instantanés de rotation, par M. Lamarle (suite), 7; sur les varia- tions des éléments des orbites planétaires, par M Schaar (suite), 44. Metéorologie et physique du globe. — Note sur l'aurore boréale du 21 avril 1859, par M. Ernest Quetelet, 72; sur le même phénomène, lettre de M. Maas, 75; note sur une gréle extraordinaire observée à Bruxelles, le 28 mai 1859, par M. Ad. Quetelet, 352; lettre sur la réduction du temps des oscillations d'une aiguille aimantée à un arc évanouissant, par M. Hansteen, 556; Ænnales de l’Observatoire royal de Bruxelles, tome XIV, notice par M, Ad. Quetelet, 406; lettre du père A. Secchi à M. Ad. Queteïet, sur la variation des éléments magnétiques, 520; note sur un arc-en-ciel remarquable, par M. Ad. Quetelet, 528; sur le même phé- nomène, par M. Florimond , 529. Minéralogie. — Note sur le fer oxydé octaédrique dans le grès de Luxem- bourg , par G. Dewaique, 412. Musique. — Lettres du Ministre de l’intérieur relatives à la publication des anciennes œuvres musicales, d’après le mode de notation moderue, et sur la durée des voyages des lauréats des grands concours de musique, 581 ; rapports de M. Fr. Fétis sur ces questions, 466, 471. N\. Nécrologie. — Annonce de la mort de M. J:-Diaz Gergonne, assogié, 2; annonce de la mort de MM. le baron A. de Humboldt et Lejeune Dirich'et, associés, 330, TARLE DES MATIÈRES. 657 0. Ouvrages présentes. — 522, 585, 481, 658. P. Peinture. — Découverte d'anciennes peintures murales dans l’église de Notre-Dame des Victoires, à Bruxelles, 481. Phénomènes périodiques. — Dépôt des observations faites, 2, 551. Physiologie. — Sur la réunion des fibres nerveuses sensibles avec les fibres motrices, par G. Gluge et À. Thiernesse, 415. Physique. — Note sur les aimants de fer de fonte trempé et sur la fragilité des fils de laiton exposés à l’air sous l'influence de certaines variations de température, par M. Florimond, 568; rapport de M. Gloesener sur cette note, 352; annonces d'expériences électriques à l’université de Khar- kofF, 488. Puésie. — Poëme français, couronné, sur le vingt-cinquième anniversaire de l’inauguratien des chemins de fer en Belgique, par M. Van Hasselt, 295; rapport de M. Baron sur le concours institué en l'honneur de cet anniversaire, 169; poëme flamand, couronné, sur le vingt-cinquième anniversaire de l'inauguration des chemins de fer en Belgique, par M. Vau Beers, 299 ; rapport de MM. Bormans, David et Nollet de Brauwere van .Steeland sur le concours institué en l’honneur de cet anniversaire, 175, 178, 185. S. Statistique. — Ajournement du congrès international qui devait se réunir à. Vienne en 1839, 460. Z. Zoologie. — Additions au Synopsis des Calopterygines, par M. Edm. de Selys-Longchamps, 457 ; sur la Strobilation des Scyphistoines, par M. Van Beneden, 451; rapports verbaux de MM. Van Beneden et De Koninck sur deux mémoires de M. Marcel de Serres, 519; additions au Synopsis des Gomphines, par M. Edm. de Selys-Longchamps, 550; notice sur quel- ques parasites du Julius terrestris, par M. d'Udekem, 552. — — — # Ÿ l 1 1 ral Î « À j w' 7 j ‘ î : rs ET A ï . ! 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