HARVARD UNIVERSITY. LIBRARY OF ÏHE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY. lid. / i. / Jy7^3.. /^r- BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES , DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 56"^ ANNÉE, S'"^ SÉRIE, T. XI. 1886. BRUXELLES^ F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE l'aCADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE, rue de Louvain, i08. MDCCCLXXXVI. BULLETir^S L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, LETTRES ET DES BEAIX-AKTS DE BELGIQUE, BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. CINQUANTE-SIXIÈME ANNÉE. - 3-*- SÉRIE, T. 11. I m BRUXELLES F HAYEZ, IMPRIMEUR DE L ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE, rue de Louvain , 108. 1886 ffi r -:x BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1886. — N° 1. CLASSE lîES SCIE!^CES. Séance du 9 janvier 4886. M. Éd. MoRREN, directeur pour 1885. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Éd. Mailly, directeur pour 1886; P.-J. Van Beneden, le baron de Selys Lopgchamps, Mel- sens, G. Dewalque, H. Maus, F. Donny, .Ch. Montigny, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, JF... Folie, Al. Briart, Fr. Crépin, J. De Tilly, F.-L. Cornet, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, membres; E. Catalan, associé; MM. Mourlon, P. Mansion, P. De Heen et C. Le Paige, correspondants. 3"*** SÉRIE, TOME XI. i (2) M. le directeur annonce que TAcadémie des sciences de Paris, dans sa séance publique annuelle du 21 décembre dernier, a décerné le prix Cuvier, pour 1885, à M. P.-J. Van Beneden. € M. P.-J. Van Beneden, dit dans sa proclamation le président, M. Tamiral Jurien de la Gravière, s'est signalé pendant un demi-siècle par une longue série de recherches sur l'organisation et le développement des animaux infé- rieurs, par des observations et des expériences de haute valeur sur les métamorphoses et les migrations des vers, par de grands travaux sur les Mammifères de Tordre des Cétacés. » Ce prix a déjà été décerné sept fois ; savoir : à MM. Agassiz, Owen, Miiller, Ehrenberg, Murchison, von Baer et Heer; tous ont été accordés non pour un travail particulier, quelque considérable qu'il soit, mais comme récompense d'une vie entièrement consacrée à la science. Nous avons été témoins, ajoute M. Morren, des travaux de notre confrère, qui enrichissent nos recueils depuis plus de cinquante ans, aussi je félicite bien sincèrement M. Van Beneden de la glorieuse récompense qui lui échoit, et dont Thonneur rejaillit sur l'Académie tout entière. — Applaudissements. M. Van Beneden répond qu'il est on ne peut plus sen- sible aux paroles de M. Morren et surtout à la manière dont elles ont été accueillies par ses confrères; « c'est, dit- il, ce qui me touche le plus particulièrement. j> — Applau- dissements. «^) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de rAgriciilluie, de lindustrie et des Travaux publics transmet une ampliation de Tarrêté royal du 22 décembre 1885 nommant président de l'Académie pour 1886 M. Louis Alvin, directeur de la Classe des beaux-arts pour ladite année. — MM. Ch. de la Vallée Poussin, le général Ibanez et Rudolphe Leuckarl, élus associés; et M. C. Le Paige, élu correspondant, adressent des lettres de remerciements. — M. Armand Jorissen remercie, pour la médaille d'or décernée à son mémoire de concours. — M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics transmet un exemplaire de l'arrêté royal du 8 janvier qui détermine, de la manière suivante, le sujet du concours mixte de 1889, pour le prix du Roi (25,000 francs) : Art. 1". Le prix à décerner en 1889 (concours mixte) sera attribué au meilleur travail sur les progrès de Vélec- tricilé comme moteur et comme moyen d'éclairage, sur les applications qui en sont ou en peuvent être faites et sur les avantages économiques qui sont appelés à résulter de l'emploi de l'électricité. Art. 2. Les ouvrages destinés à ce concours devront être transmis au Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics, avant le 1" janvier 1889. — La commission directrice de l'École royale de viii- (-4:) ciilUire et œnologie de Conegliano, près Venise, envoie le programme du concours international pour les appareils anticryptogamiques et insecticides établi par le Ministre de l'Agriculture, etc., du royaume d'Italie, dans le but de favoriser et de faciliter l'application des remèdes en solu- tion, en poudre ou en mélanges pour combattre et détruire le Peronospora de la vigne. Ce concours, qui sera clôturé le 18 mars 1886, aura lieu à l'École royale précitée. — M. Vincent Strambi, imprimeur-éditeur à Civita- Vecchia, envoie une liste de souscription pour une élude sur la vie et les travaux du graveur Louis Calamatla, ancien associé de l'Académie. — M. Delaey, maréchal des logis en retraite à Roulers, envoie la suite de son travail sur les machines à vapeur. — Dépôt aux archives. — La Classe reçoit, à titre d'hommages, les ouvrages suivants, au sujet desquels elle vote des remerciements aux auteurs : 1" Importance de la cartographie officielle : Étude sur r c Ordnance Survey » du royaume de Grande-Bretagne et d'Irlande, par C.-D. Carusso, de Trieste; 2° a. Contributions à l'étude de la grêle et des trombes aspirantes; — b. Bateaux à vapeur : roues motrices à pa- lettes fixes ou mobiles, etc., [)ar Daniel Colladon ; présentés parM. Melsens. — Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à Texamen de commissaires : . i" Une simple remarque fort utile pour la détermina' ( s ) tion, en voyage^ delà déclinaison magnétique, par F. Folie. — Commissaires : MM. Houzean et Liagre; " 2° Emploi du téléphone dans la recherche des déran- gements des lignes électriques, par Éric Gérard, profes- seur à rinslilut électro-technique Montefiore, à Liège. — Commissaires : MM. Montigny et Mans; 3° Les microbes du sol : Recherches expérimentales sur leur utilité pour la croissance des végétaux supérieurs, par Emile Laurent. — Commissaires : MM. Gilkinet, Morren et Stas. ÉLECTIONS. M. le secrétaire perpétuel l'ait savoir que la Classe des lettres a fait choix de MM. G. Frédérix, Gantrelle, Piot, Stecher et Wagener pour juger les travaux littéraires et historiques envoyés au concours De Keyn, troisième con- cours, 2^ période (1884-1885) : enseignement moyen. La Classe des sciences désigne MM. le baron de Selys Longchamps et Mansion pour examiner les ouvrages scien- tifiques de ce concours. — L'ordre du jour appelle Téloction du, directeur pour ^887. Les suffrages se portent sur M. le lieutenant-colonel DeTilly. M. Morren, directeur sortant, avant de quitter le bureau, remercie ses confrères pour la bienveillance et la sympathie iqui lui ont été témoignées duranf l'exercice de son man- dat. — Applaudissements. ( 6 ) M. Mailly, en prenant place au fauteuil, s'exprime ainsi : « Je suis certain d'être l'interprète des sentiments de la Classe, en remerciant notre honorable confrère, M. Mor- ren, pour le zèle, l'ardeur et le talent dont il a fait preuve dans les fonctions qu'il vient de quitter. j> Quant à moi, Messieurs, je n'ai que du zèle à vous offrir, mais je compte sur votre bienveillance, et cette bienveillance, si vous me l'accordez, pourra, jusqu'à un certain point, me tenir lieu de talent, d — Applaudisse- ments. M. De Tilly remercie à son tour pour la marque de con- fiance qu'il reçoit. RAPPORTS. Description de quelques cristaux de calcite belges ; par M. G. Cesàro. nappoi^i fie m. G. i»0walqt*e. a Sous ce titre, M. le professeur G. Cesàro présente à l'Académie une première série de recherches sur les calcites du pays, comprenant les cristaux trouvés sur la rive gauche de la Meuse, à Rhisne, à Engis, à Chokier et dans quelques autres localités. Les nombreux matériaux qu'il a eus à sa disposition lui ont permis d'y reconnaître trente-deux formes simples, à savoir : i** Les rhomboèdres directs /?, e^, e^'/s î (7) 2" Les rhomboèdres inverses 6*, e'/s» «Va^ ^V?» ^V?» s** Les scalénoèdres directs 6^, ci* Va» ^^» ^Vi' ^Vs» rf*V8,c/V2,rf'Vi3,rf'V8; 4** Les scalénoèdres inverses, e*/*» ^Va» ^Vsi ^Vh» ^^/s» 5" Les deux prismes e^ et d*, la face terminale droite a' et risoscéloèdre L = d^ d^/^ b^/j. Parmi ces formes, trois sont nouvelles : c^'Vsi^Vu ^^ A- Encore est-il probable que d'^/g est le même scalénoèdre que celui que Hessenberg a représenté par le symbole rf^/j. Cette importante contribution à la connaissance des minéraux de notre pays fait honneur à M. Cesàro, et je propose bien volontiers à l'Académie d'en ordonner la publication. Elle est accompagnée de trente figures dans le texte, dessinées avec soin et que je considère comme indis- pensables. » « M. Malaise a pris connaissance du beau travail de M. G. Cesàro, travail parfaitement bien analysé par son savant confrère M. G. Dewalque, aux conclusions duquel il est heureux de se rallier complètement. Il propose éga- lement de voter des remercîments à l'auteur. » « M. Renard adopte les conclusions des deux premiers commissaires et, vu l'importance du mémoire de M. Cesàro, propose à la Classe de voter des remercîments à l'auteur. > La Classe a, en conséquence, voté des remercîments à M. Cesàro et a décidé que son travail prendra place dans le recueil des mémoires in-S**. ;( 8 ; COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Catalan donne lecture de la lettre suivante qu'il vient de recevoir de M. le général de Commines de Mar- silly: « Auxerre, 4 janvier 1886. « ... Je viens de lire dans le Bulletin n'' 11 du tome X, S'' série, de votre Académie royale, la très intéressante observation du général Baeyer, et je viens vous en donner une explication possible, facile à vérifier et très simple. » Il y a peu d'années, on communiqua à notre Académie des sciences le fait suivant : » Un intrépide et habile niveleur, M. Bourdaloue, par- tant des côtes françaises de l'Océan, a poussé un profil jusqu'à Marseille, Gênes et Venise. Il a trouvé le niveau delà Méditerranée inférieur à celui de l'Océan, et décrois- sant de Marseille à Gênes, puis à Venise. On ne songea pas au soleil, mais on mesura les densités, et on trouva que les hauteurs étaient en raison inverse des densités (la loi très connue de physique). Or, n'en est-il pas de même ici? La congélation des mers polaires augmente la salure de l'eau et, par conséquent, sa densité pendant l'hiver; la fonte des glaces pendant l'été dessale l'eau et diminue la densité; donc la mer polaire doit, par ce fait seul, être plus haute l'été que l'hiver; le soleil n'intervient dans tout ceci que comme agent de fusion ou de congélation. Vous ferez de cette observation, si elle n'a pas déjà été portée à la con- naissance de votre Académie par d'autres que moi, tel usage qu'il vous plaira. B Agréez, » etc. ( y ) La pluie d'étoiles filantes du 27 novembre 1885 , noie par F. Folie, directeur de l'Observatoire royal de Bruxelles. La pluie d'étoiles Hlaiites du 27 novembn* dernier a donné lieu à de nombreuses communications. Les observateurs n'ont point fait défaut en Belgique, et un certain nombre d'entre eux, en rapport avec l'Obser- vatoire de Bruxelles, se sont empressés de transmettre à cet établissement les renseignements qu'ils possédaient sur le phénomène. A Bruxelles, ce dernier a été visible dès le crépuscule et son maximum d'intensité s'est produit vers 6 heures. De S h. 30 m. à 5 h. 35 m.. M. G. de Brandner a compté plus de quatre-vingts météores au zénith; de 6 heures à 6 h. 4 m., i\L G. Lagrange en a noté plus de cent cinquante dans la moitié nord de l'héniisphère; de 6 h. à 6 h. 10 m., MM. Byl et Walravens en ont vu quatre cent septante-six et M. Stroobant de 6 h. 2 m. à 6 h. ii m. quatre cent et quatre. A partir de 6 heures et demie, le phénomène a diminué graduellement d'intensité. A l'Institut astronomique de Liège, où j'observais avec mon assistant, M. de Bail, j'ai compté cent météores en 20 secondes , vers 8 heures. M. de Bail a cherché à déterminer le radiant : au moyen de dix-huit trajectoires observées avec beaucoup de soin, il a trouvé, pour le point d'émanation, les coordonnées suivantes : ( 10) L'un des météores fit explosion et sa traînée subsista certainement pendant un quart d'heure. A Louvain, M. Terby a noté plus de mille huit cents étoiles en une heure. A Louvain également, le P. Thirion a fait les observa- tions relatées ci-dessous : a J'ai pu observer, hier soir, pendant une heure environ la pluie d'étoiles filantes. » Le ciel, qui était resté couvert pendant toute la journée, s'est dégagé un peu vers le soir. A 5 h. 20 m., j'aperçois les premiers météores et l'averse paraît bientôt dans son plein. » De 5 h. 58 m. à 5 h. 58 m. trois observateurs, tour- nés vers des parties différentes du ciel, comptaient ensem- ble deux millequatre-vingt dix météores, sensiblement vers Andromède. Le ciel, encore un peu brumeux, ne nous a pas permis de faire, sur ce point, une détermination très précise. » A 6 h. 10 m., on commença à compter avec plus de soin. Deux observateurs placés dos à dos et tournés, l'un vers le nord, l'autre vers le sud, comptent ensemble quatre mille six cent quarante-cinq étoiles en 30 minutes, soit, en moyenne, cent cinquante-cinq par minute. La minute la plus favorisée (cent quatre-vingt-treize météores) a été de 6 h. 30 m. à 6 h. 31 m., la moins favorisée (quatre-vingt-treize) de 6 h. 36 m. à 6 h. 37 m. A ce moment, le ciel se couvrait de nouveau. » Les deux observateurs avaient en vue un peu plus de la moitié du ciel. Celui qui observait vers le nord a compté presque pour chaque minute un nombre plus grand de météores que celui qui observait vers le sud. p Cette différence peut être mise, je crois, sur le ( 1^ ) compte de l'état du ciel plus pur vers le nord que vers le sud. » Une petite éclaircie nous a permis de compter, dans les mêmes conditions que tantôt, deux cent huit météores de 8 h. 54 m. à 9 h. 17 m. Le phénomène semblait avoir perdu de son intensité, mais le ciel était trop brumeux pour que nous puissions l'alTirmer. » M. Thirion a joint à sa communication le diagramme ci-dessous, donnant (en dizaines) les nombres relatifs de météores de minute en minute, de 6 h. 10 m. à 6 h. 58 m. 22kyr M. De Ridder, à Ledeberg-lez-Gand, de 5 h. 30 m. à 6 h. 30 m., a compté par moments de dix à vingt étoiles à la fois, cent et davantage en i minute. M. Waeiput, de Gand, dit que : « la chute d'étoiles filantes semblait plus prononcée dans la direction de l'étoile polaire. > Le phénomène était très intense de o h. 50 m. à 6 h. En 10 minutes, j'ai compté à peu près cent cinquante étoiles filantes, dont que'ques-unes laissaient des traînées ( 12 ) pendant plusieurs secondes. Par moment il devenait im- possible de les compter. A 6 h. 1/4 '« ciel s'est couvert.» A Malines, M. Gilis et d'autres observateurs avaient, à 6 h. Vi^ compté quatre mille météores en 1 heure. M. Schluesner en observait, à Anvers, de 5 72 h. à 6 h., de quinze à vingt par minute. M. De Smet, à Maldegliem, croit avoir remarqué que la vitesse des météores paraissait d'autant plus grande qu'ils émanaient d'un point plus éloigné du radiant; cer- taines étoiles, partant du centre d'émanation, éprouvaient un déplacement très lent. De Hannesche (Liège), M. Tihon nous a écrit : « De 5 h. IS m. à 5 h. 30 m., j'ai pu compter cinq cents étoiles filantes; mais c'était certainement un minimum. A partir de 5 heures et demie et jusqu'à 7 heures l'averse a été continue. Certaines étoiles s'éteignaient en laissant d'immenses traînées rouges; d'autres, plus petites, bla- fardes, glissaient rapidement sans laisser de trace, ou émet- taient une lumière seujblable à celle des étoiles de 4-*^ et de 5^ grandeur. » La plus volumineuse a passé non loin des étoiles « et (3 de la Grande-Ourse; elle émettait une belle lumière orangée et par la trajectoire parcourue et les variations d'éclat qu'elle présentait, paraissait tourner rapidement sur elle-uiême. » A 7 h. le ciel s'est couvert. > M. Montigny nous a signalé que : d plusieurs étoiles avaient un éclat et un diamètre apparent qui les rendaient comparables à Vénus. > La plupart laissaient une traînée vive et persistante, qui présentait parfois des couleurs différentes, l'orangé, le jaune et même le bleu, sur son étendue. » F/abbé Bonino, qui, avec cinq observateurs, a examiné le ( 13 ), phénomène, nous a adressé d'Ivrée (Italie) la lettre suivante: « Nous avons partagé le ciel en six secteurs, à peu près égaux, dont le sommet commun se trouvait fort rapproché du point d'émanation. En douze minutes, de 6 h. 42 m. à 6 h. M m., nous avons observé trois raille six cents qua- rante météores, ainsi répartis : Secteur a, O.-NNO. : HOO b, NNO.-NE. : 759 » c, NE.-E. : 480 d, E.-SSE. : 290 e, SSE.-SO. : 486 f, SO.-O. : 531. » Il en résulte donc un maximum pour le secteur a et un minimum pour le secteur d, les nombres des autres secteurs étant intermédiaires. » La même pro/}or^2on d'étoiles par secteur, à peu près, s'est vérifiée à 9 h. 45 m. et à 10 h. 45 m., quoique le nombre de météores fût beaucoup moindre que dans la première observation. j> Les étoiles observées dans le secteur d décrivaient, en général, une trajectoire plus courte et disparaissaient plus brusquement que les étoiles du secteur opposé a. » La moyenne des étoiles observées était de trois cents par minute vers 7 h., de soixante-deux à 9^/4 h., de cin- quante à 10 ^4 h. On a cessé d'observer à 5 V2 h. du matin. Le ciel est resté serein pendant toute la durée de l'observation. » A Scy, près de Ciney, M. le comte d'Espiennes a faitks observations suivantes : G A 7 h. 10 m. du soir, le nombre d'étoiles observées par minute était de trente-neuf pour un quart environ du cieliUïi des plus beaux météores, observé vers 7 h. 5 tti., Idiâsa Vprès sa disparition une traînée lumineiise, recti- ( >^) ligne et verticale, mais qui se condensa rapidement sous la forme de trois petits nuages complètement ronds et d'un aspect phosphorescent. Ces petits nuages purent être facilement observés pendant plus de sept minutes; ce temps permit de constater, par leur passage devant plu- sieurs étoiles, qu'ils étaient, à cette grande hauteur, entraî- nés par un courant venant du SSO. et dont la vitesse était celle qu'ont ordinairement les cirrhus. Il serait curieux de rechercher si, parmi les observations de cirrhus faites pendant cette journée, ceux-ci participaient à cette direc- tion. Cette observation prouve, me semble-t-il, que, dans les régions les plus élevées de l'atmosphère, il règne encore des courants assez rapides. » Dans la nuit du 28, les observations faites à Bruxelles (9 h. 15 m. à 12 h.) ont permis de constater que le phé- nomène avait considérablement perdu de son intensité. Le nombre horaire des météores était descendu à dix-sept et une partie seulement de ceux-ci appartenaient à l'essaim des Andromédides. Contribution pottr servir à l'histoire de la vésicule germi- native. — Communication préliminaire, par C. Van Bambeke, membre de PAcadémie. Le numéro 12, tome IV (15 août ISSi), du Biologisches Cenlralblatt renferme une intéressante notice de v. Wie- lowiejski, Privât docent à l'Université de Lemberg, por- tant pour titre : Vorlâufige Bemerkungen ûberdie Eizelle. L'année dernière, j'ai donné une courte analyse de ce tra- vail (1). Voici la reproduction de cette analyse : « D'après (ï) c. Van Bambf.ke, £/af actuel de nos connaissances sur la structure du noyau cellulaire à l'état de repos (Annales de la Société de médecine de Gand, 1885). ( IS) V. Wielowiejski, les éléments figurés du noyau ovulaire (vésicule germinative) ne se colorent pas par le vert de mélhyle. Il semble que d'autres cellules — parmi les- quelles probablement toutes celles dont le noyau possède un nucléole auquel aboutissent en rayonnant les fibres de la charpente, fibres qui parfois font presque totalement défaut (cellules nerveuses, Grégarines) — ne montrent pas davantage la réaction par le vert de méthyle acide. » « Dans beaucoup de cellules animales, dit v. Wielowie- jski, nous trouvons au milieu de la masse chromatique qui se colore une ou plusieurs formations qui ne prennent pas le vert de mélhyle, et que Ton considère comme étant des nucléoles. Faut-il assimiler à cette substance le con- tenu de la vésicule germinative dont la réaction est la même? Faut-il remplacer ici Texpression tache germina- tive par les termes nucléoles et achromatine? La solution de cette question reste ouverte d (1). Ajoutons que les recherches de fauteur ont surtout porté sur les œufs d'Ar- thropodes (Insectes, Crustacés, Arachnides); il a examiné aussi ceux de Lymneus et de Nephelis. Dans un travail postérieur, v. Wielowiejski, revenant sur cette question à propos de la formation de fœuf chez une espèce de punaise, le Pyrrochoris apterus, signale la disparition de la chromatine à mesure de l'augmentation de volume de la cellule-ovulaire : « das echte chromatin schwindet nach und nach aus dem Kerne, sich vielleicht direct in die andere, in lypischcn Keimbfàschen vorfin- dende und in Methylgrûn nicht fàrbbare Substanz umwan- delnd » (2). (1) Biologisches Centralblatt, IV, 12, 1884, p. 49. (2) V. WiELOWiKJSKi, Zur Kenntnis der Eibildung der Feuerwanze (Zool. Anzeiger, 29 juin 1885, n» 198. V. p. 373). ( 16 ) Depuis (15 septembre 1885), E. Zacharias, dans une courte notice intitulée : Ueber Eier und Samenfàden (i). arrive à des résultats qui confirment ceux obtenus par V. Wielowiejski. Zacharias a soumis à l'analyse microchi- raique les œufs et les filaments spermaliques chez les Cha- racés, les Mousses, les Fougères, la Grenouille (jeunes œufs ovariques et spermatozoïdes dans les testicules), ainsi que les boyaux polliniques et les œufs chez les Pha- nérogames. Dans tous les cas examinés par lui, l'auteur constate que les noyaux des cellules sexuelles mâles se distinguent par la présence de petits nucléoles ou par l'absence de ces éléments et leur richesse (des noyaux) en nucléine, tandis que les noyaux des cellules sexuelles femelles sont très pauvres en nucléine, riches, eu con- traire, en albumine, et renferment un ou plusieurs nucléoles de volume souvent considérable. Les réactions chimiques de ces derniers ne diffèrent pas de celles des nucléoles d'autres noyaux (2). F^a présence de la nucléine ne fut pas constatée dans le plasma cellulaire. Zacharias arrive à cette conclusion que, proportionelle- ment à leur masse protoplasmique cellulaire, les cellules mâles renferment plutôt plus que moins de nucléine que les cellules femelles; qu'il existe, par conséquent, dans l'œuf fécondé, proportionnellement à ses autres parties constituantes, plus de nucléine que dans l'œuf non fécondé. Korschelt, de son côté, confirme également les résultais (1) Séparât abdruck aus den Berichlen der Deulschen BolaDischen Gesellschafl. Jahrgang 1885. Rd. 111, Heft II. (2) Nous ferons remarquer, à ce propos, que Zacharias réserve le nom ÙQ nucléole aux éléments appelés par Carnoy nuc/6?o/C), chez la même espèce, je n'ai pas constaté, à la température ambiante, de changements de forme évidents. (28) renies : Tune plus pâle, moins susceptible de coloration, l'autre plus foncée et plus avide de matières colorantes (carmin, hématoxyline). Certains points de la substance foncée se colorent davantage, ce qui tendrait à faire admettre l'existence d'une troisième substance de compo- sition différente. La substance foncée est creusée de vacuoles; dans beaucoup de ces dernières (les plus volu- mineuses) se voit un corpuscule, simple granulation. La partie foncée, vacuolée, de quelques vésicules est repré- sentée par une masse centrale, à contour net, paraissant limitée par une membrane, sorte de noyau qu'entoure une zone claire parfois finement granuleuse (réticulaire?), mais dépourvue de vacuoles. Dans les plus jeunes ovules (ceux mesurant en moyenne 37.5 p.), le corpuscule germi- natif est représenté par un simple amas sphérique, gra- nuleux, dépourvu de vacuoles. On y découvre, mais assez vaguement, une tache un peu distincte par sa réfringence du reste de la masse. Ces recherches datent du mois de septembre de l'année 1878. L'occasion m'a manqué, jusqu'à présent, de sou- mettre à de nouvelles observations, et notamment de traiter par le vert de méthyle, les ovules des deux espèces d'Arachnides dont il vient d'être question. Je me propose de revenir sur ce sujet dans un travail plus détaillé et accompagné de figures. ( 29 ) Déterminatioîi des variations que le coefficient de frotle- ment intérieur des liquides éprouve avec la température. Considérations théoriques qui découlent de l'observa- tion de ces grandeurs; par P. De Heen, correspondant de l'Académie. L'importance théorique qu'offre la détermination du coefficient de frottement intérieur des gaz, en ce qui con- cerne les variations que cette grandeur éprouve avec la température, a amené les physiciens à faire de nombreuses recherches afin de vériher jusqu'à quel point l'observation des faits s'accorde avec les résultats du calcul. Je crois inutile de rappeler que les divergences entre la théorie et l'observation sont ici considérables. Il en est résulté que les uns ont cru devoir conclure qu'il fallait rejeter toute théorie cinétique, alors que d'autres, moins impatients, ont pensé, avec raison, qu'il était possible de trouver la cause de cette incompatibilité sans doute appa- rente. M. Clerk Maxwell (4) croit pouvoir rendre compte des faits en admettant que les molécules exercent les unes sur les autres des actions répulsives qui varient en raison inverse de la cinquième puissance de la distance et M. Schumann (2) pense que le rayon d'activité moléculaire diminue avec la température. Sans attacher à ces hypo- thèses plus d'importance qu'elles n'en ont en réalité, elles nous démontrent cependant qu'il est possible de trouver une explication du désaccord; aussi n'en sommes-nous pas encore réduits à renverser de fond en comble les seules idées quelque peu consistantes touchant la consti- (1) Philosophical Transactions of ihe Royal Society, t. GLVII, p. 83, 1867. (2) Annales de Wiedemann, t. XXI II, p. 3o3, 1884. l30) tulion intime de la malière. Nous ne pensons pas avec notre illustre associé M. Hirn qu'il faille rechercher l'expli- cation des phénomènes naturels dans un monde qui cesse pour ainsi dire de Tétre. Dans ce qui va suivre nous allons, en nous plaçant au même point de vue, examiner si la température co^sidèi^èe ISOLÉMENT exerce une influence sensible sur le coefficient de frottement intérieur des liquides. L'appareil dont nous nous sommes servi pour déter- miner cette grandeur se compose de deux réservoirs en verre A et B reliés à leur partie inférieure par un tube capillaire c. A la partie supérieure de ces réservoirs sont soudés des robinets en verre munis d'entonnoirs. Les parties mobiles de ces robinets peuvent être remplacées par la pièce rodée 6, laquelle est mise en communication avec le réservoir contenant l'air comprimé. Le tout est plongé dans un bain d'huile H dont on peut faire varier la température. La pression sous laquelle nous opérions était d'environ 0,4 atmosphère. Les choses étant ainsi disposées, on introduit dans l'appa- reil une quantité convenable du liquide que l'on veut exa- miner, ce que l'on effectue commodément à l'aide du vide. La quantité de liquide (1) introduite est alors déter- minée en prenant la difl'érence entre le poids de l'appareil plein et le poids de l'appareil vide; connaissant ensuite la densité et la formule exprimant les variations de volume avec la température, on peut, en toutes circonstances, connaître le volume du liquide sur lequel on opère. L'appareil étant plongé dans le bain d'huile et l'équi- libre de température étant établi, on mesure le temps (1) Noire appareil pouvait contenir environ 30 c. c. ( 31 ) employé au passage du liquide d'un réservoir dans l'autre, sous la pression que nous avons indiquée. La valeur choisie pour unité n'ayant ici aucune irapor- lance théorique, nous avons simplement représenté le coeffi- cient de frottement par le temps qu'emploie un centimètre cube de liquide à passer d'un réservoir dans l'autre (i). Voici les valeurs qui nous ont été fournies par l'expé- rience : SUBSTANCE. DENSITÉ à TEMPÉRATURE du TEMPS employé pour l'écoule- ment d'un cen- timèlrecubede iOo. liquide. liquide. F 6^7 56,27'/ 40,0 49,00 46,S 40,03 Benzoate d'amyle 4,002 < 37,4 24,07 72,6 42,95 448,2 8,06 473,9 5,82 7,5 45,66 40,0 44,40 ^ 20,5 29,79 Benzoate de butyle 1,002 < ' 36,43 69,6 20,42 42,08 ' 408,4 8,09 457,4 5,84 1 5,5 29,49 7,0 28,60 Benzoate d'éthyle 4,460 10,0 29,0 26,65 46,75 67,0 9,97 \ 115,7 6,63 1 (1) Afin de rapporter les valeurs de F au coefficient de frottement de l'eau pris pour unité, ainsi que l'ont fait MM. Pribrani et HandI, il suffit de multiplier les quantités que nous avons obtenues par le facteur 4,53. (32 j SUBSTANCE. Benzoate de méthyle. Butyrate d'amyle Butyrate de butyle Butyrate d'éthyle Butyrate de méthyle Valérate d'amyle Toluène Xylène DENSITÉ IQo. TEMPÉRATURE du liquide. i,400 0,873 0,873 0,888 0,932 0.867 0.866 10 13,5 34,2 67,2 115,2 10 32,5 71,3 110,4 163,7 10 32,9 65,4 103,2 10 33,6 62,4 104,2 10 33,6 55,3 92,0 10 43,8 91,5 123,9 10 24 45,5 8,5 10 22,8 50 TEMPS employé pour l'écoule- ment d'un ceo- timètre cube de liquide. F 24,13 22,24 14,61 9,38 6,44 13,59 9,66 6,61 5,07 3,89 11,50 8,46 6,29 4,75 8,76 6,78 5,58 4,42 7,74 6,27 5^46 4,59 17,06 9,72 6,25 5,12 7,05 6,24 5,47 7,90 7,80 7,02 5.63 (33) Ces nombres nous ont permis de déterminer graphi- quement les valeurs contenues dans le tableau ci-dessous, représentant la température exprimée en degrés com- prenant 20° centigrades, et ^ désignant la variation du coefficient de frottement pour une variation de tempé- rature de 20'' centigrades. VALEUR VALEUR VALEUR de SUBSTANCE. Température. de de dF TT. F. 1^' j 40" 0 49,0 -20,8 30 4 28,2 - 9,95 50 2 48,25 - 4,90 70 3 43,35 - 2,87 Benzoate d'amyle . . . { 90 4 40,48 - 4,87 410 5 8,60 - 4,24 430 6 7,40 - 0,80 450 7 6,60 - 0.65 470 8 5,95 » 40 0 42,0 - 48,8 30 4 23,2 - 7,45 50 2 45,75 - 3,84 Benzoate de butyle. . . 70 \ 90 3 4 44,94 9,45 - 2,49 - 4,48 440 5 7,97 - 4,07 430 6 6,90 - 0,80 450 7 6,40 » / 40 1 26,65 - 40,45 1 30 2 4i!,50 - 4,30 ] 50 3 42,20 - 2,65 Benzoate d'éthyle . . . ] 70 4 9.55 - 4,65 / 90 5 7,90 - 4,05 \ 440 6 6,85 » 3"' SÉRIE, TOMI î: XI. 3 (34) VALEUR VALEUR VALEUR SUBSTANCE. Température. de de de d¥ TT. F. dr' f 40 0 24,43 - 8,30 30 4 45,85 - 4,36 Benzoate de méthyle . . ) m ) 70 2 3 44,50 9,05 - 2,48 - 4,50 f 90 4 7,59 - 0,95 ilO 5 6,60 » 40o 0 43,59 - 3,64 30 4 9,95 - 2,00 50 2 7,95 - 4,25 70 90 3 6,70 - 0,95 Butyrate d'amyle. ... 4 5,75 - 0,68 flO 5 5,07 - 0,49 130 6 4,58 - 0,39 150 7 4,49 - o,;w 470 8 3,86 » / 40 0 44,50 - 2,80 ( 1 30 4 8,70 - 4.56 Butyrate de butyle . . . < 50 2 7,45 - 4,40 1 70 3 6,05 - 0,83 \ 90 4 5,22 » i 40 0 7,74 -4,29 ( . 30 4 6,45 -0,86 Butyrate de méthyle . . < ' 50 2' 5,59 - 0,58 1 ' 70 3 6,01 - 0,40 \ 90 4 4,61 B f 40 0 47,06 - 5,2i i 30 4 4J,82 - 2,77 Valérate d'amyle. . . . ) 50 2 3 9,05 7,45 - 1,60 - 1,45 ' 90 4 6,30 -0,78 . 440 5 5,62 » ( 35 ) VALEUR VALEUR VALEUR SUBSTANCE. Température. de de de dF ir. F. dTT Toluène . 40 0 7,05 - i,09 30 i 5,96 Xylène l 30 0 \ 7,80 6,58 - 1,22 40 0 8,75 - 4,75 30 i 7,00 -4,05 Bulyrate d'éthyle . . . 50 2 5,95 -0,66 1 70 3 4,74 - 0,55 90 4 5,2) » En 1884 nous avons établi (1) que, si l'on désigne par Fo le coefficient de frottement intérieur d'un liquide quelconque pris à la température de lO'^ et par C une constante, on peut écrire : Fe (!)• rfF = F„»'» X C. A cette époque, nous avons vérifié cette relation pour un grand nombre de corps, en nous servant des observa- lions de MM. Pribram et Handl. Les variations, extrême- ment étendues, que subit le coefficient de frottement des liquides observés nous permettaient déjà alors de conclure avec certitude que les variations que ce coefficient éprouve pour un accroissement de température déterminé dépen- dent uniquement de la grandeur du coefficient de frotte- ment lui-même. (1) Voir Bullelia de r Académie royale de Belgique, 5"^ série, l. VJI (36) Les valeurs indiquées ci-dessous démontrent que nos observations confirment cette conclusion. SUBSTANCE. VALEUR de VALEUR de dF VALEUR de VALEUR da l'exposant Fo. dr,' G. d« Fo- Benzoate d'amyle .... 49,0 -20,8 0,854 1 5.7 Benzoate de butyle . . . 42,0 -18,8 0.894 1 5:3 Benzoate d'éthyle. . . . 26,65 - 10,15 0,868 1 5,3 Benzoate de mélhyle . . . 24,13 - 8,30 0,854 1 5:5 Valérate d'amyle .... 17,06 - 5,24 0,859 1 5,5 Butyrate de mélhyle . . . 7,74 - 1,29 0,827 1 5,5 Butyrate d'éthyle .... 8,75 - 1,75 0,842 1 Butyrate de butyle . . . 11,50 - 2,80 0,848 1 5,5 Butyrate d'amyle .... 13,59 - 3,64 0,850 1 5,5 1 Toluène 7,05 - 1,09 0,829 1 Xylène , 7,05 - 1,22 0,814 1 sis La détermination de cette relation présente un grand intérêt théorique; en effet, nous venons de nous assurer que, si nous considérons différents liquides pris à une même température y la valeur de ~ dépend uniquement de la valeur de Fo. Mais en est-il de même si nous consi- dérons des températures différentes? Si cet élément est (37) sans influence, ainsi que M. Hirn croit l'avoir démontré pour les gaz, la relation (I) subsistera, quelle que soit la température que nous considérions; mais si, au contraire, cette influence n'est pas nulle, l'état dynamique dans lequel se trouvent les liquides nous oblige d'admettre qu'un accroissement de température tend à accroître le coefiicient de frottement. Il résulte de ceci que si nous considérons les coefficients de frottement de deux liquides difl*érents pris à des tem- pératures telles que ces coefficients soient égaux, à la plus basse température correspondra la plus grande valeur de drr Voici les nombres qui confirment ces prévisions. Valérate d'amyle. dY -4,45 -4,60 -2,77 -5,24 70 î>0 30 40 Butyrate d'éthyle. 40 30 -4,77 -4.40 Butyrate d'amyle. -3,64 -4.25 Butyrate de méthyle. 40 - 4,29 Butyrate de méthyle. 40 -4,29 7,45 9,05 44,82 47.06 9,49 7,42 43,59 7.95 7,74 7.74 Benzoate de méthyle. dF dn (58 ) Il serait possible de multiplier indéfiniment ces com- paraisons, qui établissent nettement l'influence de la température sur la valeur de ^. Si nous désignons par 9 (F) une fonction du frot- tement intérieur et par /"(tt) une fonction de n ou de la température, nous pouvons écrire d'une manière générale : (II). = ?(F)AW; pour TT = 0 réqualion l nous donne ^(F) = d? F — CF»'» CF*'' remplaçant 9 (F) par sa valeur dans l'équation II, on obtient: (III) /•w = rfF CF^ di ^' F — CF'*'' Voici quelques valeurs de f{n) calculées à l'aide de cette expression : SUBSTANCE. TEMPÉRATURE. TALEUR de/W. Benzoate d'amyle Benzoate de butyle Valérate d'amyle Butyrate d'amyle 1 *« ' 450 40 [ 70 ' 430 40 90 40 440 4 0,647 4 0,734 0,543 4 0,639 4 0,746 ( 39 ) AOn (le déterminer la nature de cette fonction nous avons recherché Téquation qui exprime les variations du coeflicient de frottement avec la température, et nous avons constaté que la relation I est parfaitement appli- cable, à la condition de modifier simplement la valeur des constantes. Nous pouvons donc poser : (IV). dF dyr ^F'-XA. Voici les valeurs de n et de A qui nous ont été four- nies : a H VALEUR VALEUR SUBSTANCE. < 1 H de n. de A. 1 10 4,32 30 4,26 50 4,38 Benzoate d'amyle ' 70 , 90 4,39 4,30 \ 1,417 liO 4,30 d30 4,26 l 150 4,14 iO 3,84 1 30 4,15 50 4,19 1 1 Benzoate de butyU ( 70 90 4,05 4,08 1,462 410 3,96 130 3,84 (40) SUBSTANCE. VALEUR de n. VALEUR de A. 10 30 Benzoate d'éthyle ^ SO 70 90 10 \ 30 Valérate d'amyle / 50 J 70 f 90 I 10 Butyrate de méthyle j _q ( 10 Butyrate d'éthyle j «^ . 10 Butyrate de butylc j ^^ i 30 Butyrate d'amyle < 70 ( 90 / '' \ 30 Bentoate de méthyle < \ 90 3,91 4,19 4,08 4,05 4,04 4,18 4,00 4,40 4,20 4,16 4,05 3,98 4,00 4,05 4,22 4,03 4,20 4,01 3,85 4,01 4,08 4,06 4,02 1 ï^5 1 1,381 1 1,381 1 1^349 1 1^381 1 045 L'établissement de celte relation nous permet de mettre Téquation III sous une nouvelle forme. En effet, {U ) nous avons dF F — CF«'« ^ ^" F^ Si nous admettons n = 4,1 la relation IV nous donne 5,1 rfF F — AF*' rfT * FM combinant ensuite ces deux équations, nous obtenons finalement : i >_ A F''" ^ ' ' * ' ' V ' po.of.a /,i r'ro.»8â\ * Il résulterait de ceci que la fonction f {n) serait elle- même une fonction du coefficient de frottement, circon- stance qui s'explique aisément si Ton admet que la rapi- dité des mouvements calorifiques, qui sont de nature à exercer une influence sur le coefficient de frottement, dépend elle-même de la facilité plus ou moins grande avec laquelle les molécules se meuvent. Je dis « les mou- vements calorifiques qui sont de nature à exercer une influence sur le coefficient de frottement », parce qu'il se produit sans doute des vibrations au sein même des molé- cules, qui sont sans influence sur cette grandeur. Nous terminerons ce travail en déterminant Téquation de la courbe qui exprime les variations du coefficient de frottement avec la température. Cette courbe est définie par la relation F 1 F- X A rfjT (42) OU \d¥ F*-n— AF Si nous posons 1 — - = m, cette intégrale peut encore se mettre sous la forme i /d(1 — AF*—) i — 7n J T— AF' •*" Nous aurons donc 1 /. (i _ AF*-»^) -f- const 1 —m Et si Ton observe que pour tt =0, F == Fo il vient 1 const. /.(1-AF1-), d'où \ — m r=— i— [;(l-AF»-)-/(i-CF'-)], nous pouvons mettre cette expression sous la forme g5r(i-m) __ \ — AF*-"» 1 — AF»-" Et si nous observons que 1 — m = -, nous obtenons finalement : e -f- AFo" — 4 (VI) F=: Ae' Les constantes n et ^ doivent être déterminées par tâtonnements. Afin de réaliser ce travail aussi aisément que possible, on choisit une valeur de F donnée par Tob- servation et Ton se donne une série de valeurs de n. Les (43) valeurs de A correspondantes sont ensuite calculées par la relation A = 4 — e" Fo' £ J fournie par Téquation (VI). Les valeurs de A ainsi obtenues sont portées dans Téqua- lion (VI) et Ton calcule les valeurs de F correspondant à une autre valeur de t. On trace ensuite une courbe ayant pour abscisses les valeurs n que Ton s'est données et pour ordonnées les valeurs de F qui y correspondent. Connais- sant F donné par l'observation, on détermine graphique- ment la valeur de n qui y correspond. Voici les résultats que nous avons obtenus pour le benzoate d'amyle : A = 0,5563 ; - = 0,361 ; n = 2,77. VALEUR VALEURS VALEURS de de de ir. F, calculées. F, observées. 0 49,00 49,00 1 29,34 28,20 2 49,16 48,25 3 43,63 43,35 4 40,48 40,48 5 8,57 8,60 6 7,40 7,40 7 6,67 6,60 8 5,95 5,95 (U) La différence que Ton observe entre la valeur des con- stantes obtenues à l'aide de la première méthode et la valeur des constantes que nous obtenons actuellement est due à ce que nous avons considéré comme infiniment petites les portions de courbe comprises entre deux valeurs consécutives de tt. Builetirv dtlActtdcme 3 . i>ene -Ei.:,e^:r.--.&,Mp/^2S>:iJ' (45) CL4SSË DES LETTRES. Séance du 4 janvier 4886. M. Ch. PiOT, directeur, président de l'Académie pour 1885. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. P. Willems, directeur pour 1886; P. De Decker, Ch. Faider, le baron Kervyn de Leltenhove, R. Chalon, Thonissen, Th. Juste, Alph. Wauters, A. Wagener, F. Tielemans, S. Bormans, Ch. Potvin, J. Stecher, T.-J. Lamy, P. Henrard, J. Gantrelle, mem- bres; Alph. Rivier, associé; Gustave Frédérix, correspon- dant. M. Mailly, directeur de la Classe des sciences, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. La Classe apprend avec un profond sentiment de regret la perte qu'elle vient de faire en la personne de son doyen M. Louis-Prosper Gachard, né à Paris, le 12 mars 1800, et décédé à Bruxelles, le 24 décembre dernier. M. Piot s'est fait, comme directeur, Torgane de l'Acadé- mie aux funérailles. Son discours est inséré plus loin. Une lettre de condoléance sera écrite à M"" Gachard. ( 46) — M. le Ministre de l'Agriculture transmet une amplia- tion de Parrêté royal en date du 22 décembre qui nomme M. Alvin, directeur de la Classe des beaux-arts, président de TAcadémie pendant Tannée 1886. — Le même Ministre envoie pour la bibliothèque de l'Académie un exemplaire des ouvrages suivants : \° Bulletin de la section littéraire de la Société des Mélophiles de Hasselt, 21^ volume; in-8°; 2" Bibliotheca Belgica, publié par F. Vander Haeghen, livraisons 54 à 66. In-12. — Remerciements. — La Société d'Émulation de Bruges annonce l'ouver- ture d'un concours pour un éloge de Breydel et de Couine à l'occasion de l'inauguration de leur statue qui aura lieu au mois de juillet 1887. Le délai pour la remise des manuscrits expirera le 31 décembre prochain. — M. le secrétaire perpétuel présente VAnnuaire de l'Académie pour 1886. — La Classe reçoit à titre d'hommages, les ouvrages suivants, au sujet desquels elle vote des remerciements aux auteurs : 1" Le génie de la Constitution j discours prononcé, le 15 octobre 1885, par M. Ch. Faider, comme procureur général à l'audience solennelle de rentrée de la Cour de cassation ; 2° De la communication^ dans un intérêt civil, de pro- cédures en matières répressives, discours prononcé par M. Detroz, comme procureur général, à l'audience solen- nelle de rentrée de la Cour d'appel de Liège; 3" Les luttes de la vie, poésies par Georges Delacroix. ( 47 ) Discours prononcé par M. Cfi, Piot, comme directeur de la Classe des lettres aux funérailles de M, Gachard. Messieurs, Un douloureux devoir m'amène devant ce cercueil, au moment où je nourrissais l'espoir de déposer le mandat de directeur de la Classe des lettres, sans avoir eu à déplorer la perle d'un seul de mes confrères. Cet espoir s'est com- plètement évanoui par la mort d'un de nos collaborateurs les plus actifs et les plus dévoués à la science historique. Je crois être l'interprète de notre deuil commun en retraçant à grands traits la carrière du savant, dont vos sympathies rehaussent la réputation, du doyen des membres titulaires de la Classe des lettres. Né à Paris, le 12 mars 1800, Louis-Prosper Gachard suivit ses parents à Tournai. Très jeune encore, il fut nommé employé au secrétariat de cette ville pour le clas- sement des archives communales. C'est là, dans cet humble travail, accompli avec aptitude et ardeur, qu'il préluda aux destinées d'un avenir brillant. C'est là qu'il apprit à déchiffrer les vieilles écritures, à se pénétrer de l'esprit des documents et surtout à connaître d'expérience l'im- portance et l'utilité des archives. Dès ses débuts il se fit remarquer par une activité peu commune, par une grande facilité de travail. Ces qualités lui valurent des recommandations à Van Gobbelschroy, Ministre de Guillaume V' , roi des Pays- Bas. Grâce à une haute protection il fut appelé, en 1826, aux fonctions de secrétaire-archiviste adjoint du royaume, à Bruxelles. Sa mission avait, en ce moment, principale- ment pour objet la recherche et l'examen des documents (48) relatifs à l'opposilion que le clergé belge s'était cru obligé de faire à certaines mesures administratives du premier empire français. Gachard s'occupa avec ardeur de cette tâche ingrate aux Archives du royaume et dans d'autres dépôts de documents formés en Belgique. Par l'examen de ces collections il put se rendre compte de la triste situation qui leur était faite dans le pays. Il en instruisit officiellement le Gouvernement néerlandais. Quant aux Archives du royaume, il comprit tout de suite que les trésors réunis dans ce vaste dépôt ne se compo- saient pas uniquement de titres et de documents utiles aux administrations ou aux particuliers; il s'aperçut que Thislo- rien aussi avait beaucoup à y apprendre. Cet examen fut pour lui toute une révélation. Sans avoir fait des études classiques bien suivies, il sut d'instinct mettre à profit les documents qu'il avait vus et médités. La vraie critique de l'histoire, appuyée sur des docu- ments irrécusables, commençait à renaître dans notre pays sous le règne de Guillaume I", roi des Pays-Bas. Ce monarque fit publier plusieurs dispositions administratives dans le but de faciliter aux hommes d'études les recherches historiques dans les dépôts d'archives. Il conçut aussi une idée très patriotique, celle de l'institution d'un concours pour le meilleur plan à tracer d'une histoire des provinces méridionales et septentrionales des Pays-Bas. Gachard et plusieurs auteurs belges et hollandais y prirent part; Groen van Prinsterer, l'éminenl historien, obtint la palme. Les événements de 1850 amenèrent notre confrère au département des finances belges, où il remplit les fonctions de secrétaire général. Ensuite il reprit son ancien poste aux Archives du royaume. Il en obtint la direction le (49) 50 avril 1851, sur le refus fait par son prédécesseur de se rallier au régime nouveau. Arrivé à la dignité d'archiviste général du royaume, il ne larda pas à introduire lentement et sans relâche des améliorations radicales et notables dans la direction de l'administration qui lui était confiée. Le nombre des fonc- tionnaires et des employés fut largement augmenté. L'accès des archives fut facilité au public. Les personnes qui s'oc- cupaient de recherches historiques se voyaient accueillies avec faveur. Dans les provinces, les dépôts d'archives furent mis sur un nouveau pied. Un arrêté royal autorisa la publication, aux frais du Gouvernement, des inventaires des archivés de l'État à Bruxelles et dans les provinces. Les adminis- trations communales reçurent des encouragements pour faire le classement de leurs archives et en publier les inven- taires. Les inspections des archives communales furent organisées par lui. Le premier livre du à la plume de Gachard fut un recueil de documents inédits. Bientôt d'autres travaux sui- virent cette publication. Lorsque, par suite de la révolution de 1850, la Belgique voulut reprendre sa place dans la famille des nations, des pléiades d'hommes mûris dans la science surgirent sur tous les points du pays. Volontiers ils donnèrent la main aux jeunes gens imbus des idées ardentes et enthousiastes de l'affranchissement du pays et des libertés communales. Tout le monde comprit que pour reconstituer une patrie et justifier des aspirations à un long avenir, il faut qu'un peuple s'occupe de son histoire. Il ne lui suffit pas d'avoir des institutions particulières, une liberté politique très développée; les grandes traditions de son origine, de son 3""' SÉRIE, TOME XI. 4 (50) passé, de son développement, de ses principes religieux el philosophiques, de ses vertus, des avertissements au sujet de ses vices lui sont indispensables. En un mot, il lui faut une histoire, sans laquelle la nationalité est un mythe. Il lui faut des enseignements historiques basés sur l'examen et la critique de ses annales; jamais des vérités de con- vention, admises de confiance. Comprenant parfaitement ces idées au point de vue de la chronologie, de la narration des faits précisés avec soin, Gachard voulut surtout populariser l'histoire à partir du XV' siècle jusqu'à nos jours. Dans ce but V^lmancipation, journal très répandu en Belgique, publia plusieurs articles concernant certains faits historiques, dus à la plume de Gachard. La Revue de Bruxelles, le Messager des sciences historiques, le Trésor national reçurent tour à tour de sa main des notices analogues. Son travail sur les Bollan- distes, inséré dans le Messager des sciences historiques, fut le point de départ de la reprise, par les jésuites belges, de la grande publication des Acta sanctorum. Dans les notes publiées par Gachard sur V Histoire des ducs de Bourgogne par de Barante, dans ses rapports sur les dépôts d'archives et les actes des États généraux de Belgique, le lecteur s'aperçoit du premier coup d'œil des mêmes tendances à préciser les faits et à divulguer les documents historiques. Son premier travail destiné à l'Académie fut une réponse à la question relative à l'histoire des États-généraux de Belgique. Plus tard celte question fut retirée du pro- gramme. Gachard redoubla d'activité, ses travaux l'alles- tent; plusieurs nouveaux ouvrages dus à la plume de Gachard parurent. Ils lui firent ouvrir les portes de l'Académie. Le 15 no- ( SI ) vembre 1837 il en lïit nommé correspondant, le 9 mai 1842 titulaire, directeur de la Classe des lettres en 1860 et 1864. Une université allemande lui délivra à cette occasion le titre ad honores de docteur en droit. Diffé- rentes académies à l'étranger s'empressèrent de le compter au nombre de leurs membres. D'autres distinctions bono- ribques, et elles sont nombreuses, lui écburent en Belgique et à rélranger. Depuis son entrée à l'Académie, il ne cessa de prendre part aux travaux de la savante compagnie, par la publica- tion de plusieurs mémoires, notices et rapports. Il fut membre de la Commission chargée de publier la biographie nationale. Différents articles dus à sa plume figurent dans ce travail. Il prit part aussi à la publication des lettres et documents concernant Rubens. Gachard fut aussi un des promoteurs les plus actifs de la création de la Commission d'histoire. Il en fut nommé membre le 22 juillet 1834, le 7 mai 1850 secrétaire, fonc- tion qu'il n'a cessé de remplir qu'en cessant de vivre. Un nombre considérable de notices, de documents, de lettres et de correspondances, rédigés ou recueillis par lui, figurent dans les Bulletins de la Commission. 11 publia plusieurs volumes in-4" de la collection dite des « Chroniques ». Au moment de mettre sous presse le troisième volume des « Voyages des Souverains des Pays-Bas », il sentit, pour la première fois, les symptômes d'un affaiblissemeiil géné- ral. Il voulut bien me confier la continuation de son œuvre. Les connaissances que Gachard possédait des langues espagnole et italienne Taidèreni dans ses recherche.^ sur les documents de l'histoire des Pays-Bas au XV P siècle. A cet effet, il visita plusieurs dépôts d'archives et des bibliothèques à l'étranger; il consulta des actes et des ( S2 ) documents importants, tels que les correspondances de Philippe IJ, de Marguerite de Parme, du Taciturne et des titres qui lui ont servi à sa dissertation sur don Carlos. Les résumés si habilement faits de la correspondance de Philippe 11 sont une des sources les plus utiles pour l'his- toire des troubles aux Pays-Bas pendant le XVl^ sièle. Ils ont exercé la plus grande influence sur les appréciations des historiens au sujet de cette période néfaste. Nul mieux que Gachard n'a possédé l'esprit d'analyse des documents ni démêlé les faits qu'ils révèlent. Les intro- ductions placées en tête de ses publications en fournissent des téinoignages irrécusables. Il suffisait de lui traduire à vue les documents conçus dans des langues germaniques pour qu'il en tirât le meilleur parti. Gachard a travaillé aussi aux manuscrits de la Biblio- thèque de Bourgogne. 11 a contribué à faire restituer par le Gouvernement autrichien un grand nombre de docu- ments en'evés à la Belgique en 1794. ; La Commission chargée de la publication des anciennes lois du p;iys lui a contié les fonctions de secrétaire. A ce titre il a fait précéder les volumes consacrés à la législation des Pays-Bas autrichiens d'introductions historiques. Une de ces notices, développée et complétée dans un livre spécial, lui valut, en 1880, le prix quinquennal pour V Histoire de Belgique. Coïncidence singulière, c'était lui qui avait préconisé depuis nombre d'années la création de ce prix. Dans ses travaux, Gachard a rarement donné cours à ses propres inspirations en ce qui concerne les apprécia- tions des faits historiques. Il a laissé constamment parler les documents. Jamais il n'a eu recours au système si facile de narration, celui d'exagérer le bien ou le mal. A son sens. ( S3 ) les conjectures ne sont permises en aucun cas. Les discus- sions scientifiques qui n'étaient basées sur des documents irrécusables lui répugnaient. Esprit éminemment positif, il n'a jamais jugé des temps passés par les idées de nos jours. Ses luttes à l'Académie à propos d'Humbercourl et d'Hugonet, ses observations au sujet de Jeanne de Castille fournissent des preuves incontestables au sujet de ces tendances. Une existence si longue, si active, si bien remplie a été brisée par un épuisement complet des forces vitales. Depuis trois ans la santé de notre confrère déclinait visi- blement. A son grand regret il ne pouvait plus prendre part à nos travaux. Depuis six mois il était dans l'impos- sibilité absolue de se rendre aux Archives du royaume. Insensiblement il s'est éteint, sans souffrances ni dou- leurs; si une plainte lui échappait, c'était celle de ne plus pouvoir s'occuper ni de travaux historiques, ni d'adminis- tration. Adieu, cher et vénéré confrère, adieu, cher collègue; à votre dépouille mortelle un dernier et suprême adieu! L'Académie, les corps savants auxquels vous apparteniez sentiront vivement et longtemps encore la perte qu'ils viennent de faire en ce moment. Désormais votre nom disparaîtra de la liste des académiciens encore vivants, mais vos travaux si nombreux le rappelleront sans cesse; votre mémoire, votre souvenir resteront gravés dans nos cœurs ! ( U ) ÉLECTIONS. La Classe procède à l'élection du directeur pour 1887. — iM. Tielemans est élu. M. Piot remercie ses confrères pour le concours bienveil- lant et sympathique dont il a été l'objet de leur part pen- dant Tannée écoulée. « Je crois être l'interprète des senti- ments de la Classe, ajoute-t-il, en rendant un dernier et suprême hommage à la mémoire de son vénérable doyen, M. Gachard, que nous venons de perdre. » — Applaudis- sements. Il installe ensuite M. Willems, lequel remercie ses con- frères pour l'honneur qu'ils lui ont fait en l'appelant à diriger les travaux de la Classe. « J'espère, dit-il, que je ne serai pas trop indigne de votre bienveillance en suivant les traces du directeur sortant, à qui nous devons des remercîments pour la manière avec laquelle il a dirigé nos débats ainsi que pour l'aménité de son caractère. & — Applaudissements. M. Tielemans, invité à venir prendre place au bureau, remercie également ses confrères. — La Classe procède ensuite à l'élection des cinq mem- bres qui, avec les deux membres dont elle laisse le choix à la Classe des sciences, composeront le jury chargé de juger le concours De Keyn pour 1884-1885. Ce concours se rapporte à l'enseignement moyen et à Fart industriel. Sont élus MM. Gustave Frédérix, J. Gantrelle, Ch. Piot, J. Stecheret A. Wagener. La Classe prend ensuite notification des ouvrages tant imprimes que manuscrits qu'elle a reçus pour ce concours. ( SS) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 7 janvier 4886. M. Pauli, directeur pour 1885. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. C.-A. Fraikin, Éd. Fétis, J. Por- taels,Alph.Balat, le chevalier Léon de Burbure, Al. Robert, F.-A. Gevaert, Ad. Samuel, God. Guffens, Jos. Schadde, Peler Benoil, Joseph Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, Charles Verlat, G. De Groot, Gustave Biol, H. Hymans, membres, et le chevalier Edm. Marchai, correspondant, M. Mailly, directeur de la Classe des sciences, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. La Classe apprend avec un vif sentiment de regret la perte qu'elle a faite en la personne de l'un des associés de sa section d'architecture, M. Théodore Labrouste, mort à Paris le 28 novembre 1885. — M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics transmet une ampliation de l'arrêté royal du 22 décembre dernier nommant président de l'Académie ( S6 ) pour l'année 1886, M. Al vin, directeur de la Classe des beaux-arts pendant ladite année. — Le même Ministre communique les trois lettres suivantes : i° Du jury du dernier grand concours de composition musicale demandant au Gouvernement de modifier le règlement du concours des poèmes. — La décision de la Classe sera communiquée au Gouvernement; 2° De M. Rémi Cogghe, prix de Rome pour la peinture en 1880, annonçant l'expédition de son second envoi ori- ginal et de son envoi-copie réglementaire : ces œuvres ont pour sujet le Vendredi-Saint à l'église de San Carlo à Rome et des portraits d'après Rubens dont les originaux se trouvent au palais Pitti, à Florence. — Commissaires : MM. Félis, Slingeneyer, Robert, Guffens et Verlat; 3° De M. G. Charlier, prix de Rome pour la sculpture en 1883, sollicitant de pouvoir reproduire, à titre d'envoi- copie réglementaire, la jeune fille romaine dite la Julie, ou le fragment de frise du Parlhénon, que possède le Musée du Louvre. — Renvoi à MM. Fraikin, Jaquet, De Groot et Marchai. — M. Ch. de Linas, associé à Arras, adresse, à titre d'hommage, les travaux suivants : Les crucifix champlevés polychromes en ptafe peinture et les croix émaillées ; Le diptyque de Saint-Nicaise au trésor de la cathédrale de Tournai. — Remerciements. — M. Vincenzo Slrambi, éditeur typographe à Civitta- Vecchia, adresse une liste de souscription pour une étude sur la vie et les œuvres de Louis Calamalta, ancien associé. ( ^^ ) RAPPORTS. MM. Jaqiiet, De Groot et Marchai, auxquels avaient été adjoints MM. Clays et Robert, donnent connaissance de leur appréciation sur les modèles des bustes Van Hasselt, par M. Cantillon, et Van de W^eyer, par M. Charles Geefs. Cet avis sera communiqué à M. le Ministre de l'Agri- culture. ÉLECTIONS. I.a Classe procède aux élections pour les places vacantes. Sont élus : Section des sciences et des lettres dans leurs rapports avec les beaux-arts. Membre titulaire (sauf approbation royale), en rempla- cement de M. Félix Stappaerts, décédé : M. le chevalier Edmond Marchai, correspondant et secrétaire adjoint de l'Académie, à Bruxelles; Correspondant : M. Max. Rooses, conservateur du Musée Plantin, à Anvers. Section de peinture. Associé, en remplacement de M. Louis Haghe, décédé : Sir Frederick Leighton, baronnet, membre de TAcadé- mie royale des arts à Londres. (88) Section d'architecture. Associé, en remplacement de M. Thomas Leverton Donaldson, à Londres : M, Alfred Waterhouse, membre de l'Académie royale des ans, à Londres. Section de musique. Associé, en remplacement de M. Ferdinand Hiller, de Cologne : M. Johannes Brahms, à Vienne. — L'ordre du jour appelle l'éleclion du directeur de la Classe pour l'année 1887. M. Fraikin est élu. M. Pauli, en quittant le fauteuil, remercie ses confrères, et en particulier M. le secrétaire perpétuel, pour la bien- veillance dont il a été Tobjet de leur part dans l'exercice de ses fonctions. — Applaudissements. M. Fraikin prend place au bureau et exprime aussi ses sentiments de gratitude pour l'honneur qui lui est fait. — Applaudissements. ( S9 ) OUVRAGES PRESENTES. Faider (Ch.), — Le s;éme de la Constitution : discours pro- noncé à l'audience solennelle de rentrée de la cour de cassa- tion, le 15 octobre 18So. Bruxelles, 1885; in-8° (16 pages). Detroz. — De la communication, dans un intérêt civil, de procédures en matière répressive, discours. Bruxelles, 4885; in-8" (48 pages). Carusso {C.-D.). — Importance de la cartographie officielle. Étude sur 1' « Ordnance Survey >» du Royaume-Uni de Grande- Bretagne et d'Irlande. Genève, 1886; in-S» (51 p.). Delacroix [Georges).— Les luttes de la vie, poésies. Ver- viers, 1886; pet. m-S" (77 pages). Schiffers [Le Dr). — Compte rendu des travaux de la Société médico-chirurgicale de Liège pendant l'année 1885. Liège, 1885; in-8° (10 pages). Auhel (Edm. va7i). — Recherches expérimentales sur l'in- fluence du magnétisme sur la polarisation dans les diélectri- ques. Bruxelles, 1885; extr. in-8° (17 pages). De Pauw [Napoléon). — De voorgeboden der stad Cent in de XIV eeuw. Gand, 1885; in-S" (232 pages). Serrure (/?.). — Note sur une légende de jetons bruxellois du XV' siècle. Paris, 1885; in-S" (4 pages). Vander Haeghen {Ferd.). — Bibliotheca Belgica : bibliogra- phie générale des Pays-Bas, livraisons 54-66. In-12. Société chorale et littéraire des Mélophiles de Hasselt. — Bulletin, 21« vol. 1884; in-8". Cercle hutois des sciences et beaux-arts. — Annales, t VI, 2* et 5' livr. Huy, 1885; 2 cah. in-8°. Société géologique de Belgique. — Annales, t. XII, 1884- 1885. Liège; in-8°. (60) Conservatoire royal de musique de Bruxelles. — Annuaire, 9* année, 4885. Gand, Bruxelles; in-18. Université catholique de Louvain. — Annuaire, 1886. In-1l2. Observatoire royal de Bruxelles. — Annuaire, 1886. Bruxelles; in- 12. Ministère de V Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics. — Bulletin administratif, t. I, 1884. Bruxelles, 1885; vol. in-8". Allemagne et Autriche-Hongrie. Nehring [A.]. — Ueber den japanisehen Daclis. 1885; extr. in-8° (9 pages). — Ueber cine neue Grisou Art, Galictis [Grisonia) cras- sidens, n. sp., aus dem tropischcn Siid-Amerika. Berlin, 1885; extr. in-8'* (16 pages). Hoffmann {H.). — Phaenologischc Studien ûber den win- terroggen, Secale céréale hybernum. Berlin, 1885; extr. in-S" (10 pages et 2 planches). Vereiîi fiir Erdkunde. — XXI. Jahresbericht. Dresde, 4885; in-8». Archeologische Gesellschaft, Berlin. — 45. Programm : Ueber antike steininetzzeichen. Berlin, 1885 ; in-4°. Université de Marbourg. — Dissertations et thèses. 60 br. in-8'' et in-4''. Université de Heidelberg. — Dissertations et thèses. 4 7 br. in-8°. Akademie der Wissenschafïen, Mûnchen, — Zum Begriff und Wesen der rômischen Provinz,Festrede(A. von Brinz). — Joh. Andr. Schmeller, Denkrede(K. Hofmann). Munich, 1885; 2 br. in-4». Zoologisch-botanische Gesellschaft, Wien. — Verhand- lungen, 1885, t. XXXV, 2. Halbjahr. In-8». ( 61 ) Verein fur Erdkunde, Halle. — Mittheilungen, 4885. Halle; in-8''. K. k. Central-Anstalt fur Météorologie und Erdmagne- tismits, Wien. — Jahrbûcher, Jahrgang 4884, XXI. Band. In-4». Akademie der Wissenschaften, Wien. — Sitzungsberichte philos-hislor. Classe, Band CVII-CIX. Sitzungsberichte, math, naturw. I. Abthlg. 1884, 1-5; 1885, 4-4. II. Abthlg. 4884, 4-5; 4 885, 4-5. III. Abth. Bd LXXXIX, 5-5; XC; XCI, 4 und *2. Denkschriften, malhera. Classe. Band 48 und 49. — Denkschr. histor. Classe, Band 55. — Archiv. Band CG ; 67, 4. — Almanach, 4885. — Register zu den Bândcn 80-90 der Sitzungsber. der matheni. Classe. Académie des sciences de Hongrie, Budapest. — Almanach, 4 885. — Annuaire. XVII, 2. — Bulletin de l'Académie, 4884, 5-7; 1885, 4-2. — Nécrologues, II, 5-40, III, 4-2. — Rapports de la section philologique, XI, 44-12; XII, 4-5. — Bibliogra- phie des livres anciens imprimés en Hongrie, 2" vol. — Monu- ments de la langue ancienne hongroise, vol. XI, XII. — Mémoires philologiques, XVIII, 2-5; XIX, 1. — L'ancienne, bibliothèque de la paroisse à Bârtfa. — Epislolae Sancti Pauli. — Le plus ancien catéchisme catholique hongrois. — Rapports de la section historique, XI, 7-40; XII, 4, 2, 4. — Rapports de la section des sciences politiques, VII, 8, 9. — Mémoires de la Commission pour l'économie politique, II, G. — Le prince Bethlen et la Diplomatie suédoise. — Vécsey : Aemilius Papi- nianus. — Histoire des mines en Hongrie inférieure, I vol. — Corpus Stalutorum. — Esquisse de l'histoire de l'Académie hongroise, 4830-4880. — Codex Diplomaticus Andegavensis, vol. IV. — L'histoire de Joseph II, 2'= vol. — Vrinnyei, Reper- torium, vol. I, 2. — Monumenta Comitiorum Transsylvaniae, X' vol. — Les nécropoles préhistoriques de Keszthely. — Bulletin archéologique, Uj foly. IV, V, 4,2. — Annuaire statistique, IP vol. — Rapports de la section des sciences ( 62 ) naturelles, XIV, 1-8. — Rapports de la section mathémathlque, XI, 1-9. — Bulletin des sciences naturelles et mathématiques, m, i-.^. — Mémoires des sciences naturelles et mathéma- tiques, vol. XVIÏÏ, XIX. — Théorie des équations aux dérivées partielles du deuxième ordre à deux variables indépendantes. — Observations météorologiques. — Ungarischc Revue, 1885. 1-7. — Bulletin. I, II, III. — Naturwissenschaftliehe Berichte, vol. II. AMÉRIQUE. Hilgard {J-E.). — Methods and results, gravity research : a) Use of the noddy for measuring the swaying of a pen- dulum support; 6) effect of the flexure of a pendulum upon its period of oscillation. Washington, 1885; 2 br. in-4". Martinez [J.-J.). — Un trou à la terre, puits d'observation, 2*= appel. San Francisco, 1886; in-S" (16 pages). Ministerio de fomento de la Republica Mexicana. — Estudiosde meteorologia comparada, t. I. Mexico, 1885: in-8". Surgeon gênerai United Stales army. — Annual report, 1885. Washington, 1885; 10-8». Observatorio astronomico nacional de Tacubaya, — Anua- rio para 1886. Mexico, 1885; vol. in-12. France. Linas {Cit. de). — Le diptyque de Saint-Nicaise au trésor de la cathédrale de Tournai. Paris, 1885; in- 4" (12 pages, 1 planche). — Les crucifix champlevés polychromes, en plate peinture, et les croix émaillées. Paris, 1885; in-4**(26 pages, planche). Colladon (Daniel). — Contributions à l'élude de la grêle et des trombes aspirantes. Genève, 1879; in-8* (52 p. et 3 pi.). ( 63 ) — Bateaux à vapeur Daniel CoUadon : roues motrices à pal- lettes fixes ou mobiles, méthode pour mesurer le travail transmis à l'arbre des roues à aubes, etc. Paris, i885; in-8' (i9 pages et 1 planche). Archives départementales du Nord. — Inventaire som- maire des archives départementales antérieures à 1790, t. V. Lille, i885; vol. in-4». Bévue numismatique, Paris, nouvelle série, t. XV; 5* série, t. I-III, 4874-1885. 4 vol. in-8°. Société d'agriculture de France. — Enquête sur le crédit agricole, t. II. Paris, 1885; in-8°. Italie. Andries [G.), e Luvini (G.). — Sulla rifrazione atmos- ferica latérale. Turin, 1885; extr. in-8*' (4 pages). Baculo {BartoL). — Nuove ricerche intorno l'apparato gan- glionare intrinseco dei cuori linfatici. Naples, 1885; in-8** (10 pages et 1 planche). B. Accademia Virgiliana di Mantova. — Atti e memorie, 1884-1885. In-8». B. Accademia economico-agraria dei georgofili dei Firenze, — Atti 4' série, vol. VIII, 3. In-8" Istituto veneto di scienze, lettere ed arti. — Atti, série sesta, t. II, 3-10; m, 1-9. Memorie, t. XXII. 1 e 2. In-8° et in-4». Osservatorio délia regia Università di Torino. — Bollettino, anno XIX, 1884. In-4° oblong. B. Istituto di studi superiori pratici etc. Firenze. — Archivio délia scuola d'anatomia patologica. — Deila interpcr- lazione panteistica di Platone. — Sulle convulsioni epileltiche. In-8«. ( 64 ^ Pays divers. Ateneo de Madrid. — Actas de la discusion acerca de la cuestion Ferran. Madrid, 1885; in-18. Observatorio de Madrid. — Resumen durante el ano de 1881. Madrid, 1885; vol. in-8°. Biker. — Collecçao de tratados da India, t. IX e X. Lis- bonne, 1885; 2 vol. iii-8\ Seismological society of Japon. — Transactions, vol. VIII, 1885. In-8». Bastîn {J. de). — Aperçu de la littérature française. Saint- Pétersbourg, 1885 ; in-8° (140 pages). Geseltschaft fiir Literatur und Kunsty Mitau. — Silzungs- beriscbte, 1884, In-8^ — Herzog Gotthards von Kurland Friedensvermittelung zwischen Rat ung Biirgerscliaft der Stadt Riga im Ja.hre 1586. Mitau, 1884; in-4» (62 pages). Nalurforschende Gesellschaft iii Bern. — Mittheilungen, 1885, 2. Heft. In-8°. Société de physique et d'histoire naturelle de Genève. — Mémoires, t. XXIX, l""* partie. In-4"'. Société helvétique des sciences natuielleSy Bern. — iSou- veaux mémoires, vol. XXIX, 2^ livr. ln-4^ Plantamour [Ph). — Des mouvements périodiques du sol, accusés par des niveaux à bulle d'air, 7" année. Genève, 1885; extr in-8° (6 pages, planche). BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 4886. — N- 2. CLASSE DES SGIEUGES. Séance du 6 février 4886. M. Éd. Mailly, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpélueL Sont présents : MM. J. De Tilly, vice-directeur; P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Longchamps, Melsens, G. Dewalque, H. Maus, E. Candèze, F. Donny, Ch. Mon- tigny, A. Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, G. Malaise, F. Folie, Alph. Brian, F. Plateau, Fr. Grépin, F.-L. Cornet, Gh. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, membres; E. Gataian, de la Vallée Poussin, associés; M. Mourlon, A. Benard, P. De Heen et G. Le Paige, correspondants, 3"" SÉRIE, TOME XI. S (66) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de rinlérieuret de Tlnstruction publique envoie cinq exemplaires du rapport des Commissions médicales provinciales sur leurs travaux pendant l'année 1884. — Remerciements. — M, le général Ibanez, directeur général de Tlnslitut géographique et statistique de Madrid, accuse réception de son diplôme d'associé. — La Société des naturalistes de Cassel invite l'Acadé- mie à la célébration de son cinquantenaire, fixé au diman- che 18 avril prochain. — La Classe accepte le dépôt dans les archives de trois billets cachetés : i« De M. Folie : Sur la constante de l'aberration, envoyé le 9 janvier; 2' De M. F.-L. Cornet; 5" De M. G. Van der Mensbrugghe, portant pour titre : Sur le travail des forces moléculaires dans les liquides. — Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires : 1" Sur l'oxydation de l'acide chlorhydrique, sous l'in- fluence de la lumière, par Léo Backelandt. — Commis- saires : MM. Donny et Stas; 2° Sur l'étude des événements arithmétiques, par Ernest Cesàro, — Commissaires : MM. Catalan et Liagre; 5° Détermination de la direction et de la vitesse du ( 67 ) transport du système solaire dans l'espace, par P. Ubaghs, 1" partie. — Commissaires: MM. Folie, Houzeau et Liagre; P Examen des critiques de M, Hirn sur la théorie cinétique des gaz, par R. Clausius. — Commissaires : MM. Folie, Van der Mensbrugghe et Melsens. — La Classe reçoit, à titre d'hommages, les ouvrages suivants, au sujet desquels elle vote des remerciements aux auteurs : 1° a) Quelques remarques à propos de la communication, faite par M. le général Liagre, de la note posthume de Bayer; b) Annuaire de l'Observatoire royal de Bruxelles (1886), par F. Folie; â'' Le flux solsticial de la Baltique. Réponse aux remar- ques présentées par M. Folie au sujet d'une note du général Bayer, par J. Liagre; 3*" a) Congrès géologique international, 3* session, Berlin, 1885: Rapport de la commission pour Vuniformilé de la nomenclature, par G. Dewalque ; b) Rapport sur la carte géologique d'Europe et procès-verbaux des trois séances tenues par la commission de la carte géologique d'Europe, par E. Renevier, présenté par M. Dewalque; A° Histologische Studiën an Batrachierlarven, par A.Kôlliker, associé; 5" a) Les récents voyages des Néerlandais à la Nouvelle- Guinée; b) Note sur les récents voyages de M. le D^ H. Ten Rate dans l'Amérique du Sud, par le prince Roland Ronaparte; 6° La chaleur et le froid, 3^ supplément, par L.-C. Vial ; 7" System und Morphologie der Oligochœten, par le D*^ Veydowsky, professeur à l'Université de Prague; ouvrage (68) présenté par M. Éd. Van Beneden, avec une note qui figure à la page suivante. 8° Hortus Botanicus Panormitanus, tom. II, fasc. 4, par Aug. Todaro; 9° Note sur la discordance du Dévonien sur le Silurien dans le bassin de Namur, par Tabbé H. de Dorlodot. La Classe décide l'impression au Bulletin de la tra- duction suivante d'une lettre adressée à M. Folie, par M. R. Clausius, associé à Bonn, à l'appui de la présenta- tion de son mémoire précité : Bonn, le 20 janvier 1886. Très honoré Confrère, Dans les années 1882 et 1885, M. Hirn a envoyé à l'Académie royale de Belgique deux mémoires qui con- testent l'exactitude de la théorie cinétique des gaz, et l'Académie a soumis ces travaux à une commission de trois membres particulièrement compétents, dont vous-même vous avez fait partie. Dans ces circonstances, j'ai cru devoir ne pas intervenir dans la discussion, mais aban- donner entièrement l'appréciation au jugement de ces honorables savants. La publication du rapport de la Com- mission me permettrait également de considérer le débat comme terminé, d'autant plus que votre appréciation, honoré collègue, correspond entièrement à mes vues. Mais comme, dans une addition à son dernier mémoire, M. Hirn présente des objections contre cette appréciation, et que, dans le sein de la Commission elle-même, il a été mani- festé le désir de connaître mon avis sur cette question, j'ai exposé mes vues sur les arguments de M. Hirn dans un (69) travail que je me permets de vous adresser, en vous priant de bien vouloir le présenter à TAcadémie royale de Bel- gique. Agréez, etc. (Signé) R. Clàusius. NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. J'ai l'honneur de présenter à l'Académie de la part et au nom de M. Veydowsky, professeur à l'Université tchèque de Prague, un exemplaire du grand ouvrage qu'il vient de publier : System und Morphologie der Oligochœten. La dédicace que l'auteur a inscrite en tête de son livre porte : A l'Académie royale de Belgique; En souvenir de Jules d'Udekem. Hommage de Vauteur : Veydowsky. Le but de l'auteur, en nous offrant ce superbe ouvrage, produit de plusieurs années de travail assidu et éclairé, a été avant tout de rendre hommage à la mémoire de Jules d'Udekem. Nul n'ignore que les éminenls travaux et les célèbres découvertes de notre regretté confrère sur l'or- ganisation et le développement des Lombricins ont fait époque. M. Veydowsky a désiré aussi témoigner de son respect pour l'institution qui, en publiant les mémoires de d'Ude- kem, en l'encourageant, dès le début de sa carrière, à pour- suivre ses recherches, a rendu aux sciences zoologiques un service signalé. (70) Il entrera, je suppose, dans les intentions de la Classe de témoigner sa reconnaissance à M. Veydowsky et de charger le bureau de lui adresser une lettre de remer- ciements. Je la prie en outre de vouloir bien m'autorisera dire quelques mots de cette superbe monographie, qui fait le plus grand honneur à Téminent naturaliste tchèque. Il serait bien difficile de résumer, même en y consacrant un grand nombre de pages, une œuvre de cette importance. Elle ne comprend pas seulement un exposé complet des recherches personnelles de l'auteur sur la systématique, Tanatoraie, l'histologie et l'organogénie des Oligochètes; M, Veydowsky résume en outre tous les résultats consignés dans une série de 283 mémoires et notices publiés par ses devanciers. Aussi cette monographie est-elle un tableau complet, magistralement conçu et savamment traité, re- présentant l'état actuel de la science sur la systématique et la morphologie de ce groupe important du règne animal, dont le Lombric terrestre est le type le plus connu. Il n'est personne qui ait plus largement contribué que M. Veydowsky lui-même à étendre le cadre de ce tableau et à réunir les éléments nécessaires à son exécution. L^ouvrage comprend deux parties: la première traite de la systématique des Oligochètes. L'ordre est divisé en neuf familles, parmi lesquelles nous remarquons la famille des Discodrilides. L'auteur y range les Branchiobdelles, géné- ralement considérées jusqu'ici comme des Hirudinées. La description de chaque famille comprend, après une intro- duction historique, des données sur la distribution géogra- phique et la synonymie, une étude analomique de tous les genres et de chacune des espèces actuellement connues. Une foufe de formes nouvelles y sont décrites et parmi ces dernières il en est qui présentent en tant que types de transition un très grand intérêt. ( 71 ) La seconde partie de Touvrage est consacrée à Tanaloraie comparée du groupe. Tous les systèmes organiques sont tour à tour passés en revue et quoique Fauteur ail réservé pour un mémoire ultérieur ses recherches sur l'embryo- génie des Oligochètes, sa monographie renferme une foule de renseignements précieux sur l'organogenèse. Le dernier chapitre traite des affinités des Oligochètes. L'ouvrage est accompagné de seize magnifiques planches in-folio, dessinées de main de maître et supérieurement exécutées. On peut affirmer sans crainte d'être taxé d'exagération que l'œuvre de Veydowsky fera époque dans l'histoire des sciences zoologiques, qu'elle constitue le digne pendant de la monographie des Planaires de Lang et de la mono- graphie des Rhabdocèles de v. Graaff. Elle est un modèle que l'on pourra chercher à imiter, mais dont il sera difficile de dépasser la valeur. Edouard Van Beneden. PROGRAMME DE CONCOURS POUR i887. SCIKWCEiîi lMATHÉ]tlATIQUI<:6 CT PHYSIQVElP. PREMIÈRE QUESTION. On demande des recherches nouvelles sur l'écoulement linéaire des liquides chivniquement définis^ par des tubes capillaires, en vue de déterminer si Von peut appliquer aux liquides l'hypothèse des molécules^ telle que l'étude des gaz nous Va fait connaître. On se placera au point de vue des trois hypothèses ( 72) principales admises aujourd'hui pour rendre compte de la constitution intime des gaz. DEUXIÈME QUESTION. Résumer et coordonner les recherches qui ont été faites sur l'intégration des équations linéaires du second ordre, à deux variables, et cotnpléter cette théorie, ou, tout au moins, la faire progresser, par des recherches originales. TROISIÈME QUESTION. On demande de nouvelles recherches spectroscopiques , dans le but de reconnaître si le soleil contient ou non les principes constitutifs essentiels des composés organiques. SCIENCES H'ATIJKELLES. PREMIÈRE QUESTION. On demande des recherches sur le développement em- bryonnaire d'un mammifère appartenant à un ordre dont l'embryogénie n'a pas ou n'a guère été étudiée jusqu'ici. DEUXIÈME QUESTION. On demande de nouvelles recherches sur les premiers phénomènes embryogéniques, consécutifs à la fécondation chez les végétaux phanérogames. TROISIÈME QUESTION. On demande de nouvelles recherches sur Vanatomie et la physiologie de quelques organes moteurs chez les plantes, spécialement la sensitive (Mimosa pudica). (73) La valeur des médailles décernées comme prix sera : De huit cents francs pour les deuxième et troisième questions des sciences mathématiques et physiques; De mille francs pour la première question des sciences naturelles; De six cents francs pour toutes les autres questions. Les mémoires devront être écrits lisiblement et pour- ront être rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils devront être adressés, francs de port, à M. Liagre, secrétaire perpétuel, au palais des Académies, avant le 1" août 1887. — La Classe reporte au concours pour 1888 la question suivante : Établir, par des expériences nouvelles, la théorie des réactions que les corps présentent à l'état dit naissant. — Prix : huit cents francs. CONCOURS EXTRAORDINAIRE POUR 1887. Le Gouvernement a proposé et les Chambres ont adopté une loi qui a pour objet la conservation du poisson et le repeuplement des rivières. L'obstacle capital qui empêche actuellement d'atteindre ce but, c'est la corruption des eaux dans les petites rivières non navigables ni flottables, qui sont contaminées par des matières solides ou liquides déversées par difl'é- rentes industries et incompatibles avec la reproduction et l'existence des poissons. L'Académie fait appel à la science pour faciliter l'accom- plissement des vues des pouvoirs publics. ( 74) Acceptani la proposition d'un de ses membres, qui met généreusement à sa disposition une somme de trois mille francs, elle demande une étude approfondie des questions suivantes, à la fois chimiques et biologiques : 1° Quelles sont les matières spéciales aux principales industries qui, en se mélangeant avec les eaux des petites rivières, les rendent incompatibles avec V existence des poissons et impropres à l'alimentation publique aussi bien qu'au bétail; 2" La recherche et l'indication des moyens pratiques de purifier les eaux à la sortie des fabriques pour les rendre compatibles avec la vie du poisson sans compromettre l'industrie, en combinant les ressources que peuvent offrir la construction de bassins de décantation, le filtrage, enfin remploi des agents chimiques; 3° Des expériences séparées sur les matières qui , dans chaque industrie spéciale, causent la mort des poissons, et sur le degré de résistance que chaque espèce de poisson comestible peut offrir à la destruction; 4^* Une liste des rivières de Belgique qui, actuellement, sont dépeuplées par cet état de choses, avec Vindication des industries spéciales à chacune de ces rivières et la liste des poissons comestibles qui y vivaient avant V établis- sement de ces usines. Si le mémoire est jugé satisfaisant pour la solution des deux premiers paragraphes {i° et 2°), une somme de deux mille francs pourra lui être décernée, quand même aucune réponse ne serait faite aux paragraphes 5° et 4° de la question. ( 75 ) Les mémoires de concours devront être écrits lisible- ment et être adressés, francs de port, à M. Liagre, secré- taire perpétuel, au palais des Académies, avant le 1" octo- bre 1887. L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations; les auteurs auront soin, par conséquent, d'indi- quer les éditions et les pages des ouvrages cités. On n'admettra que des planches manuscrites. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; ils y inscriront seulement une devise, qu'ils reproduiront dans un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse ; faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. Les mémoires remis après le terme prescrit ou ceux dont les auteurs se feront connaître de quelque manière que ce soit seront exclus du concours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que, dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuel. ÉLECTION. La Classe nomm« M. Ch. Van Bambeke membre du jury chargé de décerner cette année les prix De Keyn, en remplacement de M. de Selys Longchamps, qui n'a pu accepter ces fonctions. ( 76 ) RAPPORTS. Sar les conclusions d'un rapport de MM, Houzeau et Liagre, la Classe décide l'impression au Bulletin d'une note de M. Folie intitulée : Une simple remarque fort utile pour la détermination^ en voyage j de la déclinaison magnétique. — MM. Éd. Van Beneden et Ch. Van Bambeke proposent l'impression au Bulletin du travail de M. Emile Gens, intitulé : Note sur un poisson d'eau douce nouveau pour la faune belge, — Adopté. Emploi du téléphone dans la recherche des dérangements des lignes électriques; par Éric Gérard, professeur à l'Institut électro-technique Montefiore à Liège. Mtappo»*! de M, C. Wontigny. a Dans la notice soumise à notre appréciation, M. É. Gé- rard expose une méthode très ingénieuse reposant sur l'emploi du téléphone relié au fil d'une bobine à noyau de fer doux, qu'il a appliquée à la recherche de l'endroit où une ligne télégraphique, enfouie sous terre, présente une solution de continuité accidentelle, et cela, sans qu'il y ait nécessité de mettre à découvert la partie du câble oii l'on soupçonne que cette solution existe. Ce procédé est décrit par l'auteur en termes si clairs et si concis, qu'il ne me serait guère possible d'en donner ici une description plus courte que celle faite par l'auteur lui-même. M. É. Gérard indique ensuite les conditions suivant (77) lesquelles il a opéré, dans diverses expériences, pour arri- ver à obtenir les meilleurs résultats dans l'emploi de la bobine d'exploration au fil de laquelle le téléphone est relié. Je considère cette nouvelle application du téléphone comme très remarquable par son utilité et sa simplicité. J'ai donc l'honneur de proposer à la Classe d'ordonner l'impression de la notice de M. É. Gérard dans le Bulle" tiriy et que des félicitations lui soient adressées. » RappoÈ*i de M, Jttaugf secottd cotnÈni»8ait*e. € M. Ê. Gérard, professeur à l'Institut électro-technique Montefiore, a eu l'heureuse inspiration d'utiliser, pour trouver les défauts de continuité qui existent dans un conducteur électrique souterrain, l'extrême sensibilité du téléphone qui permet d'entendre les signaux transmis par un fil télégraphique voisin du fil téléphonique. Lorsqu'il s'agit de reconnaître l'endroit auquel corres- pond la solution de continuité d'un conducteur souterrain, M. Gérard suit la ligne sous laquelle passe le conducteur défectueux, ayant un téléphone appliqué à l'oreille et tenant à la main une bobine sur laquelle est enroulé le fil du télé- phone; il maintient la bobine dans une position telle que les spires soient dans un plan parallèle au conducteur. Le téléphone fait entendre tous les signaux, que l'on transmet par le conducteur souterrain pendant cette recherche, mais, arrivé au-dessus de l'interruption, le téléphone reste muet et indique ainsi l'endroit oii il faut creuser pour trouver le défaut cherché. Je me joins au premier commissaire pour proposer d'insérer la notice de M. Gérard dans le Bulletin de la séance et d'adresser des félicitations à l'auteur. » — Adopté. ( 78 ) Un projet de machine à vapeur, elc, par J. Martin. Happot't de M. 9Mau». « M. J. Martin, de Visé, a soumis à l'appréciation de la Classe des sciences de l'Académie : 1° Un projet de machine à vapeur régénérée; 2° Un moyen de faire remonter les bateaux contre le courant; 3° Un système de canalisation; 4° Un système de moulin à vent; 5" Une communication électrique. J'ai l'honneur de présenter les observations et conclu- sions suggérées par l'examen de ces propositions : 1° Le projet de machine à vapeur régénérée consiste à réchauffer soudainement, dit l'auteur, la vapeur sortie du cylindre d'une machine, afin de lui rendre la tension nécessaire pour la faire servir de nouveau immédiatement. La même vapeur, ainsi employée et réchauffée succes- sivement, ferait mouvoir la machine indéfiniment. D'après l'auteur du projet, la tension de la vapeur, à sa sortie du cylindre, serait de 2 atmosphères, puis réchauffée au point de lui rendre la tension de 7 à 8 atmosphères, pour être admise de nouveau dans le cylindre. Comme le fait observer M. Martin, la vapeur sèche réchauffée agirait comme un gaz. L'accroissement de volume de la vapeur sèche n'est que de 0,00367 par degré centigrade, de sorte que pour élever la tension de 2 à 8 atmosphères, la température de la vapeur devrait passer de 120 à 937 degrés. A cette haute température, les appareils mécaniques ( 79 ) s'allèrent rapidement, et l'on a dû renoncer à employer l'air chaud pour remplacer la vapeur dans les machines. Le système de vapeur régénérée rencontrerait les mêmes difficultés et subirait le même sort. â*» L'auteur propose d'installer, sur les flancs des bateaux qui doivent remonter des courants, des roues à palettes dont l'axe serait perpendiculaire à la longueur du bateau. Cet axe transmettrait, au moyen d'engrenages, le mouvement à un cabestan. Un câble, amarré sur l'une des rives de la rivière, à une certaine distance en amont du point de départ du bateau, serait enroulé sur le cabestan qui, en tournant, ferait remonter le bateau jusqu'au point d'attache du câble. Les engrenages seraient calculés de manière à donner au bateau une vitesse notablement moindre que la vitesse du courant, afin de tenir compte de la force motrice réa- lisée et des résistances à vaincre. Une série d'étapes seraient parcourues en remonlant à l'aide du même procédé. Nos rivières ne coulent avec rapidité que pendant les crues qui ont peu de durée : le système proposé, inutile pour la descente, ne serait utilisé pour remonter ces rivières que pendant une petite partie de l'année; il dimi- nue le chargement utile des bateaux de tout le poids des roues et des mécanismes et gêne la manœuvre pour accoster les quais ou d'autres bateaux; enfin les roues empêcheraient le bateau de traverser les écluses qui ren- dent navigables la Meuse supérieure et le haut Escaut. Ces inconvénients permanents du système proposé dépassent de beaucoup l'avantage accidentel de faire remonter les bateaux contre le courant. 3° Le but du système de canalisation proposé est de (80J produire des courants dirigés: l'un dans le sens de la pente de la vallée, l'autre dans la direction opposée, et destinés à emporter les bateaux tant en descente qu'en reoionte sans halage. Pour réaliser ce programme l'auteur établit, l'un à côté de l'autre, trois canaux à simple voie : le premier reçoit les bateaux descendants, le second les bateaux montants, et le troisième est un canal de décharge, destiné à ramener en aval le courant qui a fait remonter les bateaux. Le premier canal ne diffère d'un canal ordinaire que par sa largeur, qui n'admet pas le croisement des bateaux, et par la surface de l'eau qui n'est pas horizontale, mais un peu inclinée vers l'aval afln de déterminer le courant en descente. Dans le second canal, des contre-pentes, ménagées entre les écluses, produisent le courant en remonte. Les écluses du premier canal doivent racheter la décli- vité du terrain, moins la chute résultant de la pente de surface, tandis que les écluses du second canal doivent racheter non seulement la déclivité du terrain, mais encore la chute due aux contre-pentes qui servent à produire le courant en remonte. La différence entre les chutes rachetées par les écluses du premier canal et par les écluses du second, est donc égale à la somme des chutes résultant des pentes et des contre-pentes dans les deux premiers canaux. Pour faire servir les écluses du premier canal à la remonte des bateaux qui naviguent dans le second, l'auteur a mis ces deux canaux en communication, en amont et en aval de ces écluses, puis il a établi dans le second canal, et entre les écluses communes aux deux canaux, des écluses intermédiaires pour racheter les chules de la (81 ) pente et des contre-pentes entre les écluses communes aux deux canaux. A l'aide de ces dispositions, le même courant sert à la descente et à la remonte dans l'ordre suivant : Le courant descendant, arrivé à la tète amont d'une écluse commune, enire dans le deuxième canal, qu'il par- court en remonte jusqu'au pied de l'écluse intermédiaire, puis pénètre dans le canal de décharge, qui le fait des- cendre jusqu'à la tête de l'écluse intermédiaire du bief suivant, et de là remonte jusqu'au pied de l'écluse com- mune qui nous a servi de point de départ; il rentre ensuite dans le premier canal, qu'il parcourt en descente jusqu'à récluse suivante, commune aux deux canaux navigables. A partir de celle dernière écluse, le courant décrira le même itinéraire qui vient d'être indiqué, et qu'il recom- mencera successivement à partir de toutes les écluses com- munes aux deux canaux. Le but des canaux est d'établir une navigation artifi- cielle, lorsque la pénurie d'eau ne permet pas d'obtenir une navigation naturelle. La principale difficulté que présente la construction des canaux consiste à réunir le volume d'eau nécessaire pour suppléer aux pertes dues à l'évaporalion, aux fillralions et manœuvres des écluses; s'il fallait trouver le volume supplémentaire qu'exige le courant proposé, la difficulté deviendrait insurmontable. 4° Dans le système de moulin à vent préconisé par M. J. Martin, l'axe est vertical et les ailes sont suspendues à quatre bras horizontaux, elles sont mobiles et leur sur- face, ordinairement verticale, peut devenir horizontale. Lorsque les ailes parcourent la demi-circonférence suivant la direction du vent, elles sont maintenues verti- 3"^ SÉRIE, TOME XI. 6 ( 82 j cales par des ressorts fixés aux bras et placés en arrière, mais lorsqu'elles décrivent l'autre demi -circonférence contre le vent, les ressorts se trouvent en avant et n'em* pèchent pas les ailes de prendre des inclinaisons d'autant plus voisines de riiorizontale que le vent est plus fort. L'action du vent, plus grande sur une moitié des ailes que sur l'autre moitié, fait tourner le moulin proposé comme les anémomètres des établissenients météorolo- giques, les demi-sphères concaves de ces appareils offrant plus de prise au vent que les demi-sphères convexes. Le système proposé appartient à la catégorie des mou- lins appelés horizontaux qui sont peu en usage; on leur préfère les moulins à vent ordinaires, dont les ailes se meuvent dans un plan à peu près vertical. Aussi M. Martin n'invoque- t-il guère, en faveur de son système, que l'avantage de pouvoir être établi sur des constructions élevées, où les ailes recevraient un courant d'air normal. Cet avantage ne me paraît pas bien certain, parce que les remous, que produisent les édifices et les inégalités du sol, modifient la direction du vent à des niveaux qui peuvent dépasser la hauteur adoptée pour installer les ailes. 5° Dans un condensateur électrique, composé de car- reaux de verre couverts de gomme -laque et de feuilles d'étain superposés alternativement, M. Martin met en communication, d'une part les feuilles d'étain de rang pair et d'autre part les feuilles de rang impair. Cette communication est déjà employée par les physi- ciens pour les appareils dont il s'agit. CONCLUSION. En résumé, les propositions concernant : IMa vapeur ( 83 ) régénérée; 2*' la remonte des bateaux; 3" le système de canalisation et 4° le système de moulin à vent, quoique ingénieuses, ne me paraissent pas susceptibles d'une appli- cation utile. La cinquième proposition concerne une disposition déjà employée. Je propose le dépôt aux Archives. » — Adopté. Les microbes du sol et leur utilité pour la croissance des végétaux supérieurs, par E. Laurent. Rapport de JU. Gilkittel, prentiet" conttniasaife. suivant qu'elle est boréale ou australe, son azimut est le » supplément de son angle horaire, ou bien est égal à cet » angle lui-même ». (9d ) La comparaison des formules : sin h = sin f sin rj ^ cos f cos c? cos j^ sin (? =^ sin y sin A -f- cos ^ cos /i cos A', dans lesquelles 9 est la latitude du lieu d'observation, deiïi la déclinaison et l'angle horaire de l'astre, h et A' sa hauteur et le supplément de son azimut, ce dernier étant A, montre en effet que si h=â ona A' = j^ ou A==?r— y; si h=: — c? on a — cos A' = cos jf ou A = »/. 3. Il s'agit maintenant de déterminer l'heure à laquelle ont lieu ces égalités. Si l'on remplace h par y) dans la première formule et en même temps 9 par | — w, w- désignant la colatitude, on trouve aisément qu'elle donne cos Jf = ts - tff (?. 2 Si Ton remplace h par — c^, on trouve u cos j; «= — COt - tg (?. De la formule cos h sin A = cos (î sin v\ on déduit, en faisant A*/? = 0 et A/j = A?, ce qui est vrai d'une manière absolue pour les étoiles, et très approxima- tivement pour le système planétaire, pour un intervalle de temps assez petit A^: — tg/iA/l H- COt AaA= COt yAf. En remplaçant h par ±^ et cot A par qp cot >? respec- (92 ) tivemenl, on trouve ; qz tg â^h = cot i] (it ± aA) ou, puisque cos ^ = tg^ tgd, rs ^k = z^ àt — sin vi cot - ^h ; et, en remplaçant A/i en fonction de A>7 ou An AA. C7 CT — • == zp 1 -+-2 cos^ sin A sin M = =p 1 -+-2 cos* - sin* k. Si donc on commet une erreur A^, dans la détermina- tion de rinstant auquel l'observation doit être faite pour que l'azimut soit exactement égal à l'angle horaire ou à son supplément, l'erreur azimutale correspondante diffé- rera peu de l'erreur horaire si l'observation est faite dans le voisinage du méridien. En hiver, cette condition peut être assez exactement remplie; en été, non. Puisque les déterminations les plus précises se feront près du méridien, la formule : cos >/ = tg - tg (?, poLir/i = J OU COS j/ = cot - tg â^ pour n = — <î À indique que les époques les plus favorables à l'exactitude de cette détermination se rencontrent plutôt en hiver qu'en été, et que, dans l'une ou l'autre saison, il con- vient, sous nos latitudes, d'opérer de préférence vers les solstices. Il est à remarquer toutefois qu'en hiver la méthode n'est applicable que pour autant que la déclinaison aus- ( 93) traie du soleil soit inférieure à f c'esl-à-dire à iS** — ^9, sans quoi cos yj serait plus grand que l'unité (*). Application. I. — On veut déterminer un azimut le 18 novembre 1 885 en un lieu dont la latitude est égale à 50°S0' et dont la longitude est celle de Bruxelles. Des données il résulte ot = 59M0';^== —19°20'50" logcot^ 0.448847 ig(-tgcy) 9.545456 Ig cos JJ 9.994303 d'où j^ 9M5'56" = 0''39'»54' Le temps moyen à midi vrai le 18 novembre est pour le lieu de l'observation H 43 24 Somme 12"25™Ï8^ Si donc on pointe le centre du soleil à midi 25™18' on obtiendra un azimut égal à l'angle horaire, c'est-à-dire un azimut occidental de 9*^1 5'36". Si on l'avait pointé à ll'^5°'30% on aurait obtenu le même azimut, mais oriental. On a négligé dans ce calcul la très minime variation de (*) Ce procédé nous paraît, clans lous les cas, beaucoup plus sûr et plus précis que celui qui est habituellement usité. En employant, en efifet, un réticule composé de deux fils distants entre eux de 35', il sera fort aisé de pointer exactement le théodolite sur le centre du soleil à l'instant calculé d'avance, où l'azimut est égal à l'angle horaire ou à son supplément, et de connaître ainsi, sans calcul nouveau, l'azimut de l'axe optique de l'instru- ment. (94) réquatioM du temps qui se produit entre les passages du soleil au méridien et au cercle horaire de 9°Io'56"; et l'on pourra toujours en agir de même lorsqu'il s'agira de déter- miner la déclinaison magnétique. II. — Même application pour le il juillet 1886, ^ == Iff tff- & ©2 9.55H53 Ig tg (? 9.6078 Igcos.? 9.1589 .^ = 81H2'50" = 5^26'"50* Temps moyen à midi vrai O^'S^IS* En pointant le centre du Soleil à 6''58"-23' du matin ou à 5 52 3 du soir on aura un azimut oriental ou occidental de 98°17'30". Ce dernier exemple montre que le simple calcul qui précède n'est pas toutefois satisfaisant pour l'été. Pendant les 5 72 heures environ qui s'écoulent entre le moment de l'observation et le midi vrai, la déclinaison du soleil a varié, le 11 juillet, de i'50" environ. II con- viendrait donc, à la rigueur, de prendre, après ou avant- midi, I 22«>2'i0" et de recommencer le calcul avec ces données. La différence sera de 5 secondes sur les heures précé- demment déterminées; et les azimuts plus exacts déter- minés en pointant le centre du soleil à ô^oS'^Se' ou à 5^52^6' seront, à l'occident: 98"16'50"; à l'orient: 98-1 8'20'. (95 ; Si l'on lient à quelque précision dans les observations de la déclinaison magnétique, on devra donc, quand on opère en été, ce qui est assez généralement le cas dans nos pays de l'Europe centrale et septentrionale, prendre la peine de refaire à deux fois, comme il vient d'être indiqué, le calcul de l'angle horaire. Dans le premier calcul, tout provisoire, il sera permis, du reste, d'arrondir les nombres de secondes dans la déclinaison comme dans l'angle horaire du soleil. Notice sur quelques roches des iles Cebu et Malanipa (Philippines); par A.- F. Renard, correspondant de l'Académie. Ces observations lithologiques sur quelques roches des iles Cebu et Malanipa forment une suite à la notice relative aux produits volcaniques de Camiguin. Les échantillons à décrire sont peu nombreux; ils ont été recueillis par M. Buchanan, en 1874, lors d'une exploration assez rapide de Cebu et de Malanipa. Ces roches ne représentent que quelques-uns des types lithologiques qui constituent ces îles. Ce qui m'engage cependant à leur consacrer une courte notice, c'est que ces localités sont assez rarement visitées par les géologues. En outre, l'étude des échantillons rapportés par M. Buchanan permettra d'étendre, avec grande probabilité, aux îles de Cebu et de Malanipa, l'in- terprétation admise, pour les grandes îles du groupe, rela- tivement à la nature schisto-cristalline du sous-sol de Tarchipel et à la présence des roches éruptives de type ( 96 ) ancien (1). Cet examen permet aussi de généraliser un autre ordre de phénomènes, constaté aux îles déjà explo- rées de cet archipel : je veux parler de l'altération des roches volcaniques sous l'action d'émanations sulfureuses. On sait qu'aux grandes îles des Philippines on n'a pas ohservé de fumeroles à acide chlorhydrique; tandis que dans cette région essentiellement volcanique les fumerolles sulfureuses jouent un rôle considérable, comme agent de décomposition des roches. On verra qu'à Cebu les masses éruptives ont subi, comme en tant d'aulres points de l'archipel, l'action énergique de ces vapeurs sulfureuses. L'île de Cebu, célèbre par la mort de Magellan, est depuis longtemps connue des naturalistes : c'est presque exclusivement dans les eaux de cette île qu'on draguait autrefois la belle éponge siliceuse Euplectella Aspergilliim. Cebu a 120 milles de long, sa largeur est comprise entre dO et 17 milles, sa superficie est de près de 1,200 milles (1) Depuis que j'ai présenté à TAcadémie ia notice sur le volcan de Cainiguin, dans laquelle, constatant la présence d'inclusions granitiques dans les laves de ce volcan, je concluais à la nature cristalline ancienne du sous-sol de cette île, M. J.-E. Tenison-Woods a fait paraître un résumé de ses recherches sur la géologie de la Malaisie, du sud de la Chine, etc. (Voir Nature, 7 janvier 1886, p. 251.) Les conclusions auxquelles il arrive pour la nature du sol des îles de la Malaisie et de TArchipel des Philippines se rapprochent de tout point des vues exposées par M. .1. Rolh, dans l'appen- dice de Touvrai-e de Jagor, et de celles auxquelles m'ont amené les recher- ches que j'ai faites sur quelques roches des Philippines Cette vaste région parcourue par M. Tenison-Woods présente une remarquable uniformité de structure géologique: les granités et des masses filoniennes forment les roches inlérieuies, elles sont recouvertes par des schistes et des ardoises paléxoiques ; en quelques points apparaissent des couches de calcaire, probablement carbonifère, enfin des gisements de houille appar- tenant à dillérentes formations. On y constate aussi des dépôts marins miocènes et pliocèues. (97 ) carrés. Une chaîne de montagnes la traverse du nord au sud; elle possède des couches de lignite assez puissantes et qui sont exploitées (i). Les roches que je vais décrire ont été recueillies aux environs de la ville de Cebu, où elles affleurent dans le lit d'une rivière. L'une d'elles est noire verdâtre à grains fins ; on voit, à l'œil nu, miroiter dans la masse fondamentale de petites lamelles de plagioclase; à la loupe, on distingue des grains de péridot assez rares. Ces minéraux sont enchâssés dans une pâte de teinte foncée; la cassure de la pierre est plane. La texture microscopique est microporphyrique; le feld- spath et l'augite sont représentés par de grands cristaux ou par des microlilhes. Ces derniers appartiennent à une seconde génération; ils sont groupés dans la masse fonda- mentale. L'olivine s'y observe souvent en individus assez bien développés. Les sections feldspathiques montrent la particularité intéressante d'être souvent maclées suivant la loi de Baveno : deux individus, formés de lamelles albi- tiques, sont accolés à angle droit et éteignent simultané- ment. Les lamelles hémitropes suivant la loi de l'albite, qui sillonnent ces plagioclase?, donnent des extinctions symétriques à 17°; on peut donc rapprocher le feldspath du labrador ou de la bytownite. On observe rarement la macle de la péricline; généralement ces plagioclases sont brisés et corrodés sous l'action du magma. Ils n'ont con- servé leur fraîcheur que pour certaines parties des sections; d'habitude on les voit recouverts d'un lacis de viridite, qui pénètre d'ailleurs tous les grands éléments de la roche. (1) Voir pour l'âge des couches de houille ou de lignite des îles Philip- pinesle travail de M. Tenison-Woods, loc. cit. 5""^ SÉRIE, TOME XI. 7 ( 98 ) L'augite se présente d ordinaire en plages, sans con- tours réguliers. Plus encore que le feldspath, ce minéral a été corrodé et disloqué : on voit fréquemment l'augile cas- sée en un grand nombre de fragments qui gisent les uns près des autres, les contours de ce minéral sont toujours émous- sés; mais on peut cependant reconstituer, par ces pièces de rapport, la forme primitive octogone des sections perpen- diculaires à Taxe vertical. Les clivages et les propriétés optiques ne laissent pas de doute quant à la détermination de cette espèce; elle est quelquefois maclée suivant la loi ordinaire. Son dichroscopisme est très faible; c'est à peine si Ton entrevoit une différence d'absorption pour les rayons qui vibrent parallèlement à a ou à c, l'un et l'autre sont verts. La substance verdâtre, qu'on constate en tilonnets dans les feldspaths, envahit à son tour les sections augi- tiques; celles-ci sont entourées d'une zone de petits pyro- xènes microlithiques semblables à ceux qu'on découvre dans la masse fondamentale. Le péridot est entièrement altéré; on ne découvre que des pseudomorphoses complètes de ce minéral par la ser- pentine. Cette substance moule exactement les cristaux primitifs; elle polarise dans les tons bleus ; cette teinte homogène n'est pas celle qu'on constate d'ordinaire pour ce produit secondaire du péridot. Les sections d'olivine sont traversées par des files de granules noirs opaques alignés parallèlement aux clivages. Ces lignes noires, plus ou moins pointillées, dessinent dans la section des carrés à angles émoussés. Dans les solutions de continuité, répondant quelquefois aux clivages du minéral primitif, la calcite a cristallisé; elle s'y avance en filonnets assez épais, d'où se détachent de fines ramifications pénétrant latéralement dans la matière serpentineuse. Signalons aussi (99) la présence de la calcite en petites plages dans la masse fondamentale. On observe la magnétite en sections assez grandes, mais dans ce cas elle n'est jamais terminée par des contours cristallographiques; elle montre des traces de corrosion, comme presque tous les minéraux de cette roche. La masse fondamentale, où s'observe une texture flui- dale nettement indiquée, est constituée des mêmes miné- raux, sauf l'olivine, que ceux qui viennent d'être décrits; le feldspath et l'augile y affectent la forme microlithique. La viridile pénètre tous les interstices entre les microlithes de la pâle. L'examen d'une autre roche de la même localité montre une composition et une texture identiques à celles qu'on vient de décrire. Il est un détail à noter, c'est que l'épidote se retrouve ici en grains jaunâtres enclavés dans les feld- spaths. Ce minéral joue un rôle tout à fait accessoire; mais sa présence n'est pas sans une certaine signification pour la détermination de l'âge des roches en question. A première vue, on serait tenté de les rapprocher des basaltes; elles en ont en effet la structure et la composi- tion ; mais si l'on tient compte du mode de décomposition, de la présence de l'épidote, on est plutôt porté à les ranger avec les roches anciennes de la série ante-tertiaire : les mélaphyres ou les diabasespéridotiques. On sait d'ailleurs, comme je l'ai fait ressortir dans ma notice sur le volcan de Camiguin, que ces masses volcaniques anciennes sont représentées dans les terrains de l'archipel des Philip- pines. Il n'y a donc rien d'étonnant à rencontrer dans ces îles des roches de la famille des diabases; mais je dois ajouter que cette détermination comme roche ancienne ne peut être établie avec certitude aussi longtemps que ( 100 ) nous ne possédons pas de données sur ses rapports strali- graphiques. Décrivons maintenant les échantillons altérés et les produits secondaires formés sous l'action des fumerolles. L'une de ces roches décomposées est formée d'une masse gris blanchâtre argileuse, à reflet verdâtre; elle est pres- que friable et se laisse entamer par l'ongle. A l'œil nu on n'y distingue que des petits cristaux de pyrite brillants et quelquefois des grains de feldspath laiteux ; la roche est recouverte en certains points d'enduits de limonite; elle dégage une forte odeur argileuse. L'examen microscopique montre que l'altération a surtout porté sur la masse fon- damentale et sur le bisilicate, qui devait autrefois entrer dans la composition. Ce minéral a entièrement disparu pour donner naissance à de la chlorite qui envahit tous les élé- ments. Quelquefois le feldspath est transformé en saussu- rite, dont on découvre les granules et les aiguilles caiacté- ristiques dans les sections plagiosclastiques. Dans certains cas, le plagioclase est encore assez frais pour montrer les lamelles hémitropes suivant la loi de l'albite. On peut même retracer les contours primitifs de cet élément : une section parallèle à M nous a permis de constater les traces des faces P.?/. T. Cette section nous montrait en même temps le clivage suivant P et ceux du prisme, moins mar- qués que le premier. On était donc, dans ce cas, en mesure d'évaluer avec assez d'exactitude l'angle d'extinction. La moyenne des observations donne pour ce plagioclase une extinction positive à 20^ Le feldspath en question serait donc à rapprocher du mélange oligoclase-albite. En admettant, comne il est probable, que le bisilicate était autrefois représenté par la hornblende, on pourrait ranger la roche avec les diorites riches ou feldspath. On sait que ( 101 ) clans les roches de ce type, la présence de l'oligoclase est un fait souvent constaté; on a même observé de Talbite dans les diorites. L'épidote, dont on découvre parfois quel- ques grains, vient à son tour appuyer cette détermina- lion (1). Signalons, enfin, comme minéral secondaire très fréquent, la pyrite dont on observe de nombreuses sections dans les lames minces. Nous rattachons la décomposition de cette roche surtout à l'action des fumerolles ; c'est aussi l'interprétation que l'on doit donner pour exph'quer la présence à Cebu du gypse associé à la pyrite. Les échantillons de ces minéraux, qu'on a recueillis dans cette île, montrent une masse de gypse blanchâtre, compacte, quelquefois laminaire, et revêtue d'un enduit cristallin pyriteux; quelques-uns des cristaux de pyrite portent les faces du cube ou celles du dodécaèdre penlagonal. Au microscope, on voit que la masse de gypse est un agrégat de lamelles cristallines enchevêtrées, qui se colorent vivement en lumière pola- risée. Quelques-unes des sections montrent des clivages à angle droit et doivent peut-être se rapporter à l'anhydrite. On observe aussi dans les lames minces des sections hexa- gonales incolores, à un axe optique et présentant tous les caractères du quartz. Ces petits cristaux de quartz, qu'on retrouve ailleurs assez fréquemment associés au gypse, sont microscopiques, parfaitement limpides et renfermant des inclusions liquides. (1) Nous devons toutefois faire remarquer que Tépidote se retrouve daus les roches éruptives récentes; par exemple dans des andésites amphibo- liques. (Cfr. Roth, Geol., p. 551). Mais il n'en est pas moins vrai que ce minéral est relativement rare dans les masses cristallines de ce type, tandis qu'il abonde dans les roches plagioclasliques amphiboliques de la série ancienne. ( 102 ) Nous avons attribué aux fumerolles l'altération de ces roches et la formation des produits secondaires dont il vient d'être question. Ces effets des émanations volcaniques sont un fait général pour toutes les régions volcaniques; aux Philippines ils se présentent sur une grande échelle. Toutefois, comme on l'a dit en commençant celte notice, on n'y observe pas d'émanations d'acide chlorhydrique; les fumerolles à acide sulfurique y sont au contraire très fréquentes. Elles permettent d'expliquer parfaitement les produits d'altération que nous venons de signaler à Cebu. Les fumerolles à acide sulfurique agissant sur les roches silicatées éruptives doivent produire du gypse, de l'alun, de l'alunogène, du bianchetto et, suivant l'intensité ou la durée de leur action, elles éliminent entièrement l'alumine ou la transforment en sulfates. Les dépôts de gypse s'ex- pliquent ici par la décomposition des minéraux à base de calcium : la hornblende, l'augite et le feldspath, dont nous avons indiqué la présence dans les roches de l'île. La for- mation de la pyrite s'interprète de la même manière, par l'altération des minéraux ferrifères, constituant les roches cristallines. Des phénomènes analogues sont fréquents en bien des points de l'archipel des Philippines; je me borne à rappeler que M. Semper les a observés à la source sulfu- reuse près de Maquilins, et M. Rolh cite une foule de localités où le D' Jagor a constaté des faits identiquement semblables à ceux que nous montrent les roches altérées de Cebu. La petite île de Malanipa, où les explorateurs du Chal- lenger recueillirent quelques roches que je vais décrire, appartient comme Cebu à l'archipel des Philippines. Elle est située près de Samboangan par N. 66°0., son altitude ( 103 ) au-dessus du niveau de la mer est de 360 pieds (4). Les échanlillons que j'ai examinés sont des roches serpenli- neuses, dérivées de la décomposition de péridotiles. Ces péridolites sont à rapporter, avec beaucoup de probabilité, aux roches cristallines anciennes. Un fragment de serpentine est traversé par des veines de chrysotile; la roche, à surface noire, est tachetée de vert et luisante. Des points foncés de 3 à 4 millimètres, à reflet métalloïde, rappelant la bnstite, se détachent de la masse fondamentale. L'examen microscopique montre que cette serpentine est un produit d'altération d'une péri- dolite à pyroxène rhombiquc et de texture graniloïde. On retrouve rarement des plages où les caractères du péridot sont intacts; presque toujours ce minéral est envahi par une matière serpentineuse jaune pâle ou presque incolore. L'altération paraît avoir mieux respecté l'enstatite; on en observe quelques sections fibreuses, dont les propriétés optiques, quoique déjà troublées, indiquent un pyroxène rhombique non dichroscopique. Dans un autre échantillon, la serpentine se montre revêtue d'une couche de calcédoine. La matière serpenti- neuse, jaune verdâtre, est bréchiforme; tous ces petits fragments sont cimentés par des filaments calcédonieux. Au microscope, on voit les petites esquilles de serpen- tine à contours anguleux présentant les caractères habituels de cette substance; on n'aperçoit plus de traces du minéral primitif. La calcédoine se montre sous la forme d'agrégats fîbro-radiés, offrant la croix noire des sphérolithes; dans d'autres cas elle est fibreuseï et composée d'aiguilles d'une extrême ténuité. La présence de ces veines calcédonieuses, (1) Narrative of Ihe Cruise of H. M. S. Challenger, II vol. p. 605. ( 104 ) souvent associées à la serpentine, s'explique par la silice qui peut s'isoler à la suite de la Iransformalion des sili- cates qui se serpentinisent. Les silicates magnésiens n'ont pas seulement donné naissance, par leur décomposition, à la formation de matières serpenlineuses; on trouve à Malanipa un minéral d'une remarquable pureté qui doit son origine à des faits du même ordre. Les fragments en question sont d'une couleur blanche, à grain serré, se laissant assez difficile- ment rayer par l'acier, à cassure subconchoïdale ; leur sur- face est recouverte de mamelons irréguliers indiquant le concrétionnement de la substance. L'analyse chimique montre que ces échantillons sont presque exclusivement formés de carbonate de magnésie; ils offrent un type, remarquable pour la pureté, de l'espèce minérale magné- site. On sail que ce minéral est fréquemment associé aux roches à silicates magnésiens altérés. Au microscope, les lames minces de cette magnésite montrent qu'elle est formée d'un agrégat de grains cristallins, très petits, se fondant les uns dans les autres; ils ne sont pas terminés par des contours réguliers. Cette masse grisâtre est sillonnée par des fissures microscopiques, le long desquelles les grains de magnésite sont un peu plus grands et à contours mieux marqués; on voit alors qu'ils sont légère- ment irisés comme les grains de calcite des calcaires. Un enduit serpentineux brun, jaunâtre, fibreux tapisse ces fissures. Enfin, un des échantillons de Malanipa est du tuff calcaire, semblable à ceux qu'on trouve dans un grand nombre d'îles, et que j'ai décrit, en particulier, pour celle de Fernando Norohna. Ce tuff est légèrement jaunâtre; à l'œil nu on distingue, parmi ses éléments constitutifs, des grains noir verdâtre roulés qui sont de la serpentine. Au ( 105 ) microscîope, on voit que celle roche est surtout formée de fragments d'organismes à coquilles calcaires, dont les vides sont quelquefois tapissés de calcite fibro-rayonnée formée en place. Sur le bord des sections de calcaire organique, on voit briller des petits cristaux de calcite, à forme vague et qui se sont à leur tour formés en place. Nolicesur les rochesdu volcan de Ternate; par A.-F. Renard, correspondant de TAcadémie. L'activité volcanique se déploie aux Moluques avec non moins de grandeur et d'énergie qu'aux îles Philippines. Le magniiique coup d'œil qui se présente à l'entrée du détroit des Moluques est bien fait pour montrer le rôle considérable que les matières éruptives ont joué dans l'édification de cet archipel. Les voyageurs du Challenger qui, en 1874, explorèrent ces îles furent vivement frappés de ce spectacle; eu s'engageant dans le détroit, ils décou- vraient devant eux, du seul côté de l'est, dix cônes volca- niques dont plusieurs étaient dans la péiiode d'éruption (1). (1 ) Parmi les volcans des Moluques signalons, outre celui de Ternate, le petit cône de Hieri. Cette île, située au nord du groupe, est surmontée d'un pic volcanique d'environ 2,200 pieds de hauteur, il est circulaire el son diamètre, à la base, atteint trois quarts de mille anglais. L'île de Tidore a le cône le plus parfait et le plus élevé. (Voir dans Narrative ofthe Cruise ofH. M. S. Challenger, la fig. 199, p. 598, représentant ce volcan.) Sa hau- teur est de 5,900 pieds. Il est situé par latitude 0"58'N, longitude 1 ST^^S'E. Le volcan de Mareh atteint 700 à 800 pieds de hauteur, il est formé de deux pic . Le cône volcanique de Melir est situé par latitude 0«28'i\, lon- gitude 127o25' et son sommet est à 2,800 pieds. L'île de Mitara est à .son tour surmontée d'un petit cône dont la forme est d'une remarquable régularité. (Voir pour l'histoire naturelle el les détails géographiques de ces îles le Narrative of the Cruise of H. M. S. Challenger, p. 595, Moseley , et Notes of a Naturalist on board of H. M. S. Challenger, p. 392.) r 406 ) Le volcan de l'île Ternale, alors en activité, et l'un des principaux du groupe, a été Tobjet d'une description détaillée par M. Moseley, qui en lit l'ascension, en octobre 1874, avec M. Balfour, lieutenant de la marine anglaise. Ce sont les roches recueillies au sommet du volcan par ces intrépides explorateursque j'étudierai dans cette notice. L'île de Ternate tout entière, peut-on dire, n'est qu'une grandiose montagne volcanique, qui s'élève du fond de la mer et dont le sommet, d'après les observations du Chal- lenger, atteint 5,600 pieds; il est situé sous l'équateur, par latitude 0*'45'oO"N, longitude i27"i9'E. Ternate est séparée de l'île volcanique de Tidore par un petit détroit. Il est rare que l'on tente l'ascension du volcan de Ternate, dont les cratères n'étaient guère connus avant l'expédition de M. Moseley. Je résiime brièvement les observations de ce savant. Ce volcan est formé de trois cônes superposés; le plus élevé s'emijoîte dans le cratère du second, et celui-ci se dresse dans l'ancien cratère qui couronne le grand cône base de la montagne. C'est au sommet du cône récent que se trouve le cratère actuel. Après avoir traversé les champs cultivés et les forêts qui s'étalent sur le versant de la montagne, on atteint à 4,800 pieds le cratère ancien ; sa profondeur est de iOO pieds environ. Dans ce cratère inférieur s'élève un cône surbaissé dont le sommet est à 50 pieds. Quand on a franchi ce rebord, on redescend dans un second cratère, au centre duquel se dresse le cône récent d'éruption. Ce cratère, que je désignerai du nom de cratère intermédiaire, est encombré de masses de lave éjaculées par l'orifice qui couronne le cône supérieur. Cette coulée est formée de matières laviques rougeâtres fendillées dans tous les ( 107 ) sens par retrail. Le cône terminal, implanté dans le cratère intermédiaire, est dégarni de toute végétation, sa hauteur de la base au sommet s'élève à 550 pieds. La pente assez escarpée est de 50°. Arrivé à la partie supé- rieure de ce cône, on descend, par une même pente d'environ 50% au cratère supérieur. Ce dernier cône n'est pas formé de cendres volcaniques, mais de masses de laves basaltiques. Toutes celles qui s'étalent à la surface appa- raissent très fraîches, comme si elles venaient d'être pro« jetées. M. Moseley et son compagnon tentèrent en vain d'explorer ce dernier cratère; ils ne purent y descendre qu'à une profondeur de 60 pieds. Les vapeurs qui le voi- laient, les exhalaisons acides suffocantes et les difficultés de la marche forcèrent à rebrousser chemin. Ils consta- tèrent des dépôts de soufre dans les crevasses aux abords du cratère, et observèrent partout l'altération profonde des roches sous l'action des vapeurs exhalées par le volcan. C'est au sommet de ce dernier cône que furent recueillies les roches dont je vais donner l'analyse lithologique. Les roches du volcan de Ternate appartiennent aux andésites augitiques; dans certains cas, la présence du péri- dot fait ranger ces produits volcaniques parmi les basaltes. Nous allons examiner d'abord les caractères des laves andésitiques. Les échantillonsles plus caractéristiques sont légèrement scoriacés, de teinte foncée; la masse fondamentale est noire et luisante. On n'y distingue à l'œil nu ou à la loupe que des petits points vitreux blanchâtres, qui sont des cristaux de plagioclase. On constate, au microscope, que la roche est vacuolaire; la pâte est formée d'une quantité notable de matière vitreuse. En certains points, cette base est dévitrifiée par les globulites; de nombreux microlithes C i08 ) de plagioclase ont cristallisé dans le verre brunâtre des laves de Ternale. Les grands plagioclases sont zonaires et criblés d'in- clusions vitreuses; ils montrent à la fois les macles de Talbite et de la péricline. Pour les sections où les lamelles albitiques et celles de la péricline apparaissent à la fois très nettement marquées, sections sensiblement parallèles à kj on constate sur les lamelles albitiques des extinc- tions symétriques de 20'' à 16°. Ces valeurs indiquent que nous avons affaire à un mélange plagioclastique qui se rapproche du labrador. Presque toutes les sections d'augite sont maclées poly- synlhétiqueraent; ces lamelles, rappelant dans certains cas celles des plagioclases, sont quelquefois extrêmement déliées, fortement serrées les unes contre les autres; elles donnent à ce minéral, pour certaines plages, un aspect fibreux; souvent c'est à la partie centrale de la plage augi- tique que ces lamelles sont le plus nombreuses. On remarque quelquefois des lamelles maclées qui tendent à former à l'intérieur de la section deux triangles opposés au sommet, imitant ainsi la structure en clepsydre bien connue pour celte espèce. Un cristal d'augite assez allongé, taillé à peu près parallèlement à oo Po), montre ces lamelles d'abord resserrées en faisceau au centre et s'épa- nouissant, par addition de nouveaux individus maclés, à mesure qu'elles s'avancent vers les deux petits côtés de la section. Elles dessinent ainsi une forme étranglée au milieu et qui présente assez d'analogie avec le mode de structure que nous venons de rappeler. On constate pour le dichroscopisme : c, 6, verdâtre ou jaunâtre. Ce pyroxène est à grandes extinctions, les lamelles hémitropes intercalées dans l'individu principal ( i09 ) éteignent à 50° et celui-ci à 44°. Les clivages sont peu marqués : cela lient incontestablement à ce que les lames minces taillées dans cette roche assez scoriacée n'ont pas la minceur qu'on obtient d'habitude lorsqu'on polit des roches plus compactes. Cette forte épaisseur de la plaque mince se traduit en particulier par les teintes très vives de polarisation chromatique que donnent les feldspaths. Signalons, enfin, la magnétite comme élément essentiel de cette andésite; ce minéral ne présente aucune particula- rité à noter. D'autres échantillons, qu'on doit aussi rapporter au type andésitique, possèdent des caractères macroscopiques qui sont à peu près les mêmes que ceux de la roche qu'on vient de décrire, sauf que la masse fondamentale est plus noire, plus irisée et moins vacuolaire; ils se distinguent, au microscope, par quelques détails sur lesquels nous croyons pouvoir insister. La figure ï représente une section plagioclastique, où l'on observe d'abord les lamelles hémitropes sui- vant la loi de l'albite : ces lamelles, intercalées les unes dans les autres, appartiennent à deux individus princi- paux qui se compénètrent mutuellement et prennent, chacun à leur tour, un plus grand développement dans les différentes plages de la section. Ces deux individus albitiques, qui tantôt forment le fond et tantôt les lamelles, sont maclés de la manière suivante : I -+- II macle de l'albite. I-+- r macle de la périciine. II -4- ir macle de la périciine. III -t- (I -V- II) macle deCarIsbad. On remarque pour les deux individus le clivage parallèle ( no ) à la face P; il se montre dans la tiguie par des traits sen- siblement perpendiculaires aux lamelles albitiques. L'ex- tinction se fait à 55° ou 54" de la trace de M. Les lamelles polysynthéliques de la péricline (I', H), éteignant à 27% font entre elles un angle qui répond exactement à la trace de PP', nettement indiquée au bas de la tigure. Le troi- sième individu (III), accolé suivant le plan M au groupe précédent, doit être considéré comme formant avec (Ih-II) une macle de Carlsbad; en effet, nous constatons que, sur cet individu de droite, Texlinction devient asymétrique; il éteint à 20°. Ce feldspath doit se rapprocher du labrador. Les sections augitiques de cette roche montrent un dichroscopisme intense rappelant même pour les teintes ce qu'on observe à Thypersthène. On a : a et 6 > c jaune-rougeàtre verdàire. La forme de Taugite n'est pas non plus celle qu'on constate d'ordinaire dans les andésites; ses sections sont terminées par un toit obtus, à peu près comme on le voit à la bronzite. Toutefois, la valeur des extinctions sur 00 P à) ne laisse pas de doute, relativement à la déter- mination du pyroxène en question comme monoclinique; ce minéral est quelquefois maclé. La roche que nous décrivons possède les caractères généraux des andésites augitiques; on y constate cepen- dant de petites sections hexagonales ou rhombiques de péridot. La masse fondamentale est composée d'une base renfermant un grand nombre de microlithes feldspathiques qui apparaissent comme des béloniles. La magnélite est très fréquente dans la masse fondamentale et comme inclusion dans les minéraux. ( IH ) Un dernier spécimen d'andésite pyroxénique nous a montré des sections feldspathiques zonaires taillées paral- lèlement à M et sur lesquelles nous avons pu exactement mesurer les extinctions; elles indiquent dans ce cas-ci que le plagioclase est constitué au centre par du labrador (extinction — 25°), sur les bords par la bytownite (extinc- tion — 29"). Cette roche est altérée à la surface et recou- verte d'un enduit blanchâtre, sur lequel nous aurons à revenir. La teneur en silice des parties non décomposées est de 55 7o. On doit rapporter aux basaltes un échantillon qui pré- sente les mêmes phénomènes d'altération en matière blan- châtre qu'on vient d'indiquer; il est décomposé sous l'ac- tion des fumerolles, au point qu'on n'y dislingue plus que le feldspath et quelques grains assez rares de péridot. Le microscope montre que cette roche renferme un certain nombre de sections d'olivine assez grandes à contours nets avec le pointement de l'espèce et les clivages suivant ooPco etOP; les augites ont une teinte rougeâtre plus fréquente pour ce minéral dans les basaltes que dans les andésites augitiques, où elle est ordinairement verte. L'augite est en grandes sections microporphyriques, on la retrouve en microlithes dans la masse fondamentale; sou- vent ces petits prismes forment une zone autour de leurs congénères de plus grande dimension. Les feldspaths i)la- gioclases sont maclés suivant la loi de l'albite et quelque- fois suivant la loi de la péricline. Les sections qui mon- trent ces deux systèmes de lamelles avec le plus de netteté et qui sont donc sensiblement parallèles à k, ont permis d'évaluer les extinctions de 30" à 35** à partir de la trace de M, ce qui range ce feldspath près du labrador. La masse fondamentale est celle des basaltes feldspathiques ordi- naires. ( H2 ) L'altération, sous l'influence des fumerolles, a complète- ment envahi l'échantillon que nous allons décrire; au point qu'on le prendrait, à première vue, pour un fragment de ponce, n'élaient sa densité et sa structure; la roche est plutôt concrélionnée que scoriacée. La décomposition se montre au microscope par les caractères suivants. La masse fondamentale est composée presque entièrement d'un agrégat quartzeux; dans cette pâte on ne distingue pas de cristaux à contours nets, mais des grains de plagioclase et d'augite. Les sections assez grandes de ces deux minéraux sont traversées en tous les sens par des cassures; l'augite apparaît comme morcelée. On observe quelquefois des restes de cristaux d'olivine. Cette roche est parsemée de petites plages brunâtres d'une matière, qu'on retrouve aussi cristallisée en petits prismes, dont l'aspect général et le mode de groupement rappellent jusqu'à un certain point la sagenite. Mais ces cristaux sont extrêmements petits, ils sont enchâssés entre les éléments de la roche et trop opa- ques pour permettre de se prononcer d'une manière posi- tive sur la nature du minéral. Le volcan de Goonong-Api aux îles Banda; par A. -F. Renard, correspondant de l'Académie. Tout le groupe de Banda, composé de douze îles et embrassant une superficie d'environ 18 milles carrés, est de formation ignée. L'activité volcanique est concentrée aujourd'hui au Goonong-Api (en malais Montagne de feu), volcan situé sur une des deux îles qui protègent le port de la grande Banda. L'îlot que domine le Goonong-Api est ( J13 ) au nord-ouest do Banda (i). Les éruptions de ce volcan sont célèbres; la première dont on ait conservé la date renionte à 1629; elle fut suivie par celle de i690. Le Goonong-Api entra ensuite dans une phase d'activité qui se prolongea pendant cinq années; puis vinrent les érup- tions de 1765, 1775, 1816, 1820 et 1825. Pendant le mois de novembre de cette dernière année, les phéno- mènes éruptifs furent accompagnés de tremblements de terre, qui ruinèrent la grande Banda et Tîlot de Palo- Neira. Les naturalistes du Challenger explorèrent le Goonong- Api vers la fin de septembre 1874; ils y ont observé un grand nombre de faits que je résume, avant d'aborder la description des produits éruptifs recueillis au sommet même du volcan (2). Sa forme est conique, son sommet atteint 1860 pieds au-dessus du niveau de la mer. Les Hollandais qui résident dans cette possession, ou les Malais tentent rarement d'escalader ce cône escarpé. M. Bickmore, l'un des premiers qui en aient gravi le sommet, avait donné de son expédition une description où les périls de l'ascension sont passablement exagérés; les naturalistes anglais n'hésitèrent [)as cependant à aller étu- dier les manifestations volcaniques au cratère même. Ils firent l'ascension parle versant oriental. Jusqu'à la hauteur de 7 à 800 pieds du sommet, le cône est recouvert de brous- sailles qui, prêtant un point d'appui, rendaient la route, sinon aisée, au moins praticable. Arrivés à la limite supé- '1) Voir la carte du groupe de Banda dans le Narrative of the Cruise of H. M. S. Challenger, carte 35. (2) Voir MosELEY, Notes of a Naluralist on the Challenger, p. 582, et Narrative of the Cruise of H. M. S. Challenger^ vol. II, p. 561. 3™* SÉRIE, TOME XI. 8 ( M4) rieure de la zone où s'étale celle végélalion, ils se trouvè- rent en face d'une vaste accumulation de blocs mal assu- jettis, qui se dressaient comme un mur et s'ébranlaient sous les pieds. Au-dessus de cette zone de fragments amoncelés, le terrain est plus ferme; les blocs de lave et les cendres volcaniques forment une couche résistante sur laquelle on peut s'aventurer. Mais encore cette partie du cône est-elle difficile à gravir à cause des masses laviques dont, en certains points, les angles font saillie sur les lits de poussières volcaniques. Au sommet du Goonong-Api, les exhalaisons de vapeurs acides s'échappent de toutes ces crevasses et s'attaquent avec vigueur à décomposer les laves; quelques-unes sont entièrement transformées à l'extérieur en une matière blanchâtre, qui présente assez bien l'aspect de la craie; cette action des fumerolles s'est souvent bornée à une altération de la surface des roches; les parties internes ont conservé à peu près leur fraîcheur. Les émanations qui s'échappaient des fissures du cratère atteignaient une température de plus de 121" C, elles étaient acides et dégageaient une odeur sulfureuse 1res prononcée (1). A la base du volcan, sur le rivage de l'île, on observe une ceinture de coraux, facilement accessible à marée (1) Nous avoDs indiqué, en décrivant le volcan de Ganniguin, la haute température à laquelle vivent les algues dans les sources chaudes qui jaillissent des crevasses de la lave; au Goonong-Api on peut faire des observations analogues : autour des bouches, d'où se dégagent des jets de vapeur, des masses gélatineuses formées d'algues sont fixées. La vapeur y atteignait une température de 121° G. et ces plantes étaient atta- chées à des rochers où le thermomètre marquait 60" G. Dans une anfrac- tuositéde la lave, qui donnait issue à des émanations sulfureuses, une plante croissait sur un sol dont la température s'élevait à 58» G.; à un pied et demi de ce point la roche atteignait 104» G. ( 115 ) basse. Les polypiers sont fixés à la roche volcanique qui forme l'île; la lêle du banc s'élève d'un pied au-dessus du niveau de la mer. L'île a donc, à une époque assez récente, subi des oscillations telles qu'on doit les attendre d'ailleurs sur un sol de cette nature. Après ces quelques détails relatifs aux phénomènes géologiques de l'île de Goonong-Api, faisons connaître les caractères lithologi- ques des produits éruplifs recueillis au sommet du volcan. Nous étudierons d'abord les laves moins décomposées de la série, et ensuite celles qui nous montrent, par leur altération, l'action des vapeurs acides auxquelles elles ont été soumises. Toutes ces roches appartiennent au type des andésites augitiques. Certains échantillons de lave très peu décomposés sont noirs, très luisants, légèrement scoriacés, pointillés de grains feldspathiques. Au microscope, on voit qu'ils sont formés d'une base jaunâtre, criblée de microlithes de plagioclase et d'augite; de cette masse fondamentale se détachent d'assez grands cristaux de plagioclase, d'augite, des sections de magnétite et accessoirement de l'olivine. Les cristaux microporphyriques de plagioclase, vitreux comme certaines sanidines, sont nettement terminés; ils présentent l'allongement suivant l'arête P/M; dans d'autres cas ils sont moins tabulaires et affectent une disposition prismatique. Les macles habituelles pour les plagioclases de cette roche sont celles de Baveno et de l'albite. Cepen- dant les lamelles hémitropes, maclées suivant cette der- nière loi, sont très peu nombreuses; souvent les sections plagioclastiques se présentent comme formées de deux moitiés accolées et qu'on prendrait à première vue pour une macle de Carlsbad de la sanidine; mais en y regar- dant de plus près, on remarque presque toujours une ( il6 ) ou deux lamelles albiliques, quelquefois d'une extrême minceur, enchâssées dans Tun ou Tautre des individus principaux. Cette intercalation ne laisse pas de doute quant à la nature plagioclastique de ce feldspath. La figure 2 représente une section d'un plagioclase de la roche que nous étudions. Ce feldspath est maclé suivant la loi de Baveno; la section a été menée paral- lèlement à la face M de l'individu (1) et plus ou moins parai, lèlement à la face P (zone P/k) du second individu (II). On voit, en effet, que I est traversé par les clivages suivant P, qui sont eux-mêmes parallèles au plan d'accolement et aux lamelles albitiques de II. En même temps que le cli- vage suivant P, on observe des traces de celui suivant T', On peut déterminer ici avec exactilude le sens et la valeur de l'extinction, elle atteint 40^ L'individu II montre des cassures d'une allure moins régulière que les clivages observés tout à l'heure; elles ressemblent assez bien à celles qui s'observent d'habitude aux sections de sanidine et qui répondent au clivage prismatique. On remarque ici, comme c'est d'ailleurs presque toujours le cas, qu'un seul des clivages suivant les prismes est indiqué. L'extinction mesurée, pour l'individu principal, à partir de la lamelle albitique intercalée est de 30" environ. Ces valeurs dépas- sent pour les extinctions sur M et sur P celle de la bytownite et rapprochent ce mélange plagioclastique de l'anorlhite. Les extinctions observées entre deux lamelles albitiques dans la zone P//: sont de 52°, 21 % 19°; dans certains cas elles dépassaient 55". Ces valeurs sont en harmonie avec la détermination que nous venons de donner. On peut encore voir une confirmation de cette détermi- nation dans le fait, signalé tout à l'heure, de la rareté des ( 117 ) interpositions des lamelles hémitropes albitiques; on sait en effet que les termes extrêmes des mélanges plagioclas- tiques, l'albite et Tanorihite, sont en quelque sorte carac- térisés [)ar la rareté de ces interpositions ou par l'épais- seur relative des lames hémitropes. L'augile ne présente pas de caractères sur lesquels on doit insister, elle affecte une tendance à former des groupes ou des nids plus ou moins irréguliers; elle est souvent maclée. Les sections très rares dolivine sont décomposées en hématite rouge, elles sont quelquefois en inclusions dans les plagioclases. La magnétite est assez abondante. Les microlithes de la masse fondamentale sont, comme on l'a dit plus haut, des petits feldspalhs plagio- clases ou des augites. Les premiers sont souvent en squelettes et fourchus aux deux extrémités. Les roches du sommet du Goonong-Api qu'il nous reste à décrire ont subi l'altération par les fumerolles que nous avons indiquée pour certaines laves de Ternate; mais dans celles du Goonong-Api la décomposition est plus avancée et elle offre quelques phénomènes que nous allons décrire. Les laves dont il s'agit ont au fond le même aspect et la même constitution lithologique que celles dont il fut ques- tion tout à l'heure. Seulement elles sont beaucoup plus friables et recouvertes en certains points d'un enduit fari- neux; on voit à la loupe que les feldspaths ont perdu leur éclat vitreux; ils sont comme porcelainisés. Examinées au microscope, ces grandes sections feldspathiques ne mon- trent presque plus de traces des macles primitives; leurs contours ont été rigoureusement respectés par l'altération qui a effacé, peut-on dire, la structure interne de ce minéral. Ces sections sont sillonnées de fissures dentelées; r 4i8 ) une matière incolore pénètre ces solutions de continuité à peu près comme on voit la serpenlinisation s'avancer au sein d'un cristal de péridot. Certaines plages du minéral primitif sont encore respectées; mais généralement la sec- tion tout entière se comporte, entre niçois croisés, comme une substance isotrope. Les sections plagioclastiques envahies par ce produit secondaire ne laissent guère aper- cevoir les macles des plagioclases, tout au plus voit-on encore certains débris qui réagissent faiblement à la lumière polarisée. Ces cristaux sont souvent comme cra- quelés (voir fig. 3,). L'interprétation qui se présente tout d'abord pour expli- quer cet étrange phénomène de décomposition, c'est que ces roches étant formées par de l'anorthite, plagioclase qui se prête surtout à la zéolitisation , l'altération du feld- spath serait due ici à une modificalion de cette nature. Mais l'analyse chimique vient montrer d'une manière déci- sive que la substance s'infiltrant dans le feldspath est de la silice. En effet, les andésites augitiques du Goonong- Api non décomposées renferment de 56 "/o à 59 7o de silice; lorsqu'elles montrent au microscope l'altéralion que. nous avons décrite plus haut, la teneur en silice s'accroît jusqu'à atteindre près de 80 7» et dans les échantillons transformés en matière blanche, elle peut même monter à 90 7o. Il est donc établi que la silice, sous la forme d'opale, est le corps qui tend à envahir réiément plagio- clastique de ces roches. Les sections augitiques elles- mêmes n'ont pas résisté à ce mode de décomposition; on observe à leur périphérie comme une corrosion; une zone de silice identique, quant à ces caractères physiques, à celle que nous observons dans les feldspalhs, vient enca- drer les sections pyroxéniques; elle les pénètre et, poussant (119) partout ses ramifications, transforme souvent la plage d'augiteen une masse grisâtre isotrope. L'augite n'est plus reconnaissable qu'aux formes externes, généralement res- pectées, ou aux fragments verdâtres ou brunâtres qui gisent enveloppés de toutes parts par la silice. Dans cer- tains cas, la masse fondamentale vitreuse elle-même subit une modification analogue; sa couleur généralement jau- nâtre passe au grisâtre. Tous les contours des microlithes s'effacent, sauf ceux de la magnétite, et les minéraux constitutifs sont comme noyés dans une masse opaline. Il est assez rare que la matière siliceuse passe au quartz; mais ici, comme à Ternate, on observe quelquefois des granules qui possèdent les propriétés optiques de cette espèce ou qui sont delà tridymite. On constate le quartz ou la tridymite surtout dans les fragments revêtus d'un enduit blanchâtre plus ou moins pulvérulent. L'altération de ces minéraux et leur pseudomorpliose, plus ou moins complète, par cette matière siliceuse doi- vent avoir leur cause dans l'action des émanations volca- niques gazeuses, dont les effets sont secondés [)ar l'émis- sion de vapeur d'eau et par la température élevée qui règne au cratère. Les vapeurs qui s'attaquent avec le plus d'énergie aux silicates sont celles de l'acide chlorhy- drique et celles de l'acide sulfurique. Ce dernier, dont on a constaté la présence dans les fumerolles du Goonong-Api, peut éliminer des minéraux constitutifs des laves toutes les bases, qui se transforment en sulfates solubles facile- ment entraînés. Cette remarque s'applique à l'alumine et au fer qui entrent dans la composition des silicates des roches éruptives. La silice seule reste fixe sous la forme d'hydrate. C'est ce que l'analyse des fragments blanchâtres altérés du sommet du Goonong-Api nous a montré. ( 120 ) L'alléralion des leldspaths et des augiles en une sub- stance se rapprochant de l'opale n'est pas un fait nouveau ; je rappelle à cet égard les recherches de Rammelsberg (1) sur les pyroxènes du Vésuve de la lave de 1852 et dans lesquels la teneur en silice montait à 85,34 7o et 5,47 7o d'eau; ce minéral altéré par l'action des fumerolles ne con- tenait plus que des traces des bases. Morawski et Schin- nerer (2) ont montré que la sanidine du trachyte d'une solfatare près de Pouzzolles renfermait 90,19 Vo tie Si O2 et 4,19 7o d'eau. D'après Blum (3) la sanidine de Furnas est de même transformée en opale. La surface de ces cris- taux est encore résistante; l'intérieur, au contraire, est devenu celluleux et poreux. Enfin von Fritsch et Reiss (4) ont trouvé l'oligoclase de la roche phonolithique du Pic de Teide pseudomorphisée en opale. Ces faits, on le voit, pré- sentent la plus parfaite analogie avec ceux que nous venons de décrire et ils doivent être attribués à la même cause. Quant au quartz et à la tridymite, que nous avons constatés quelquefois dans ces rochei^ altérées, leur forma- tion comme produit de sublimation dans les fumerolles est un fait bien connu et sur lequel il n'est pas nécessaire d'insister. (I) Rammelberg, Pogg. Ann. 49, 388, 1H40. (:2) Morawski et Schinnerer, Verh.geoL Reichsanstalt, 187:2, p. 161. (3) Blum, Pseudom, III, 3^. (4) Von Fritsch et Reiss, Geol. Beschreibung der Insel Teiierife, 1868; 423. IxiU de l'Aatil. .')'' Si'rw Tome Xf. F^.l ^'==^-. i^^' ' Ki\ (\. V Fi^.^ '* — 3) H- C„._2, 2(n — /^) (w - A: — 1). Mais nous avons N?-*-^* = ^ -^ m — 2). Si maintenant nous multiplions les égalités précédentes respectivement par m — k — \ {m — k — \){in — k) (m — k — i) {m — k) — {m — 4) 4X. . A; -4- 1 et que nous les ajoutions, nous aurons en posant (m — 2) (ffl — 5) (m — A: — 1) (n — k)(n — k — i) ^ p 1.2.3... A' -+- i (/c H- 2) n;: = P [(/c -+- 1) -t- A; + (/c — 1) - + 3 -H S] En conséquence, nous aurons finalement ce résultat (m— 2) (m — 3) (m — A— 4) {n — k) (n — k — i) ^'^ r2.3T:"^ • i.2 Il sera bien facile maintenant d'étendre ce résultat, car en le comparant à la formule donnée par M. Weyr, pour le cas de deux involutions I,"*, 1^% on aperçoit la loi de formation du nombre qui exprime les groupes communs. Si nous considérons, sur un même support, deux invo- ( \U ) lutions I/', \Z\ le nombre des groupes communs, formés de {k H- A'') points, sera marqué par Nr r/ = (m -— A-) (m — â: — i) ... (m — k — k' -h 1 ) 1.2.3 .../:' (m' — /c')(m' — /c'— 1) ... (m' — k' — k -{- i) " 1.2.3... A Nous n'entrerons pas dans le détail de la démonstration de cette formule, parce que les calculs sont un peu longs et n'offrent d'ailleurs aucun intérêt. Il suffit de faire observer que cette démonstration repose sur la formule de récurrence (^-i-A')Nrur = Nr/ii'^ K-/c-/f'+i)+Nrir-i* {m-k'-k-^\). La relation que nous venons de démontrer peut être utile dans un grand nombre de questions et permettre d'établir aisément de nombreuses propriétés géométriques; nous n'en donnerons que quelques exemples, dans des cas probablement connus. Supposons que l'on prenne, sur une cubique gauche R3, trois groupes de quatre points; les jonctions de ces points donnent trois tétraèdres dont les douze faces sont, d'après un théorème de M. Cremona, tangentes à une même qua- drique ^2; un second système de douze points donne naissance à une seconde surface S'a- ^2, l'i sont les surfaces d'involution de deux involu- lions L2*> h'^- ^'S d'après notre formule, pour m=m'^^, k=k'=% il existe un quaterne commun aux deux invo- lutions. Ce quaterne est formé par les sommets d'un tétraèdre inscrit à R3 et circonscrit aux deux quadri- ques 22>2'2. Ce théorème est aisément généralisable, si l'on consi- dère, sur R3, deux involutions I2", la**'. ( im ) De même, si Ton se donne dans un plan deux triangles ABC, A'B^C et une conique C2, il existe deux coniques, respectivement circonscrites aux deux triangles, qui se coupent en quatre points situés sur Cg. Prenons encore une courbe rationnelle gauche Re, sur laquelle nous considérons six points A/|, A2, ... Ae : Toutes les quadriques passant par ces six points cou- pant Rg en des groupes de six points Bi, B2, ...Bg, appar- tenant à une Is^ De même tous les plans de l'espace coupant Rg en des groupes de six points appartenant à une seconde \^^. Ces deux involutions ont un groupe commun; les six points de ce groupe sont dans un plan et sur une quadri- que, c'est-à-dire qu'ils sont situés sur une conique. On sait d'ailleurs que ces plans particuliers enveloppent une surface de la troisième classe $3. II. Si nous considérons, sur une conique , les groupes de points appartenant à une I^"', on sait que les jonctions des couples de points de ces groupes enveloppent une courbe de la (m — \) classe \im-i\ une seconde involu- tion îj" donne naissance de même à une K„_i. Les (m— i) (,i — i) tangentes communes à ces deux courbes donnent les couples communs aux deux involutions. La conique est le cas le plus simple d'un lieu géomé- trique dont l'existence se manifeste dans un espace quel- conque. Considérons, par exemple, un espace E4 à quatre dimensions; puis dans cet espace les quatre faisceaux d'espaces plans a — >a' = 0 y — >'v'= 0 ^ _- >c?' = 0. ( 126 ) Les espaces correspondants de ces quatre faisceaux se coupent suivant un lieu que l'on peut regarder coname courbe caractéristique de cet espace. Dans le cas actuel, cette courbe est rencontrée par un espace plan de E4, en quatre points. La même chose aurait évidemment lieu pour des espaces Ey, Eg, etc. Nous pouvons prendre ce lieu comme support d'une involution Ig", Fr,etc. Supposons que dans un espace E4 on prenne la courbe caractéristique R4 comme support d'une involution ]{" ; il est facile de déterminer l'ordre du lieu enveloppé par les espaces plans qui joignent quatre points d'un groupe. Pour cela il suffit de considérer un faisceau d'espaces plans; ce faisceau marque sur R4 une Ij*. Or les involutions J^^ I3" ont en commun (m— 3) qua- ternes : le lieu pourra donc être considéré comme un espace de la classe (m — 5) à trois dimensions. On peut arriver autrement à ce résultat. Soit l'équation d'une I3"* . Si quatre points x, y, z, u appartiennent à un même groupe, on a les conditions : «;* + a6;; -t- K' -+- <'* = 0> Entre x, y,, z, u existe donc la relation I {xij){xz)(xu) {yz)(tjii)(zu) = 0. ( 127 ) L'équation est donc du degré (m — 5) par rapport à X, y, z, u. Or on peut considérer ^ ^ ^ Wl Xi î/2 Zi U — 3) (g — 3) quaternes. Ce résultat est évidemment généralisable d'une manière fort simple. La considération des espaces d'involution I^^" à A; dimen- sions, dans un espace E^^+i, peut être utile dans différents cas. Nous ferons remarquer spécialement les cas de A; = 3, n quelconque, et de A; = 4, n = 6. Dans le premier de ces deux cas, on arrive facilement à transporter les constructions dans notre espace, et dans le second, grâce aux théories dues à M. Klein et dévelop- pées récemment par M. C. Segre, on est conduit à des complexes du second ordre. Nous espérons pouvoir, dans une autre occasion, faire des applications de ces divers résultats. ( 128 ) Les microbes du sol, — Recherches expérimentales sur leur utilité pour la croissance des végétaux supérieurs ; par Emile Laurent. Les agriculteurs ont cru pendant des siècles que les matières organiques du sol servent directement à l'ali- mentation des plantes cultivées. Dans celte hypothèse, l'humus était considéré comme une réserve nutritive dans laquelle les racines pouvaient puiser en toute liberté. Liebig fut le premier à affirmer que la nourriture de nos plantes cultivées est essentiellement minérale; que, par conséquent, les débris organiques du sol doivent être réduits en composés plus simples, inorganiques, avant d'être utilisés par la plante verte. On sait combien fut féconde cette théorie du grand chimiste allemand : elle renversa les anciennes idées sur la jachère, l'assolement et sur d'autres pratiques agri- coles; elle eut comme corollaire l'emploi des engrais chi- miques en agriculture. Pendant bien des années, l'humus fut un peu oublié, sacrifié à la doctrine nouvelle. Il n'y a pas si longtemps qu'il attira de nouveau l'attention des chimistes, préoc- cupés de connaître les transformations que subit la matière organique dans la terre arable. Une découverte capitale due à MM. Schlœsing et Muntz (1) fit entrevoir la grande importance des réactions qui s'accomplissent dans le sol. Grâce aux travaux de ces (1) Comptes rendus, t. LXXXIV, p. 301, t. LXXXIX, pp. 891 et 1074. ( i-^9 ) chimistes, complétés par ceux de M. Waringtoh (1), la nitritîcation est aujourd'hui hien connue. Sous Faction de certains microorganismes du sol, désignés par le terme un peu général de Micrococcus nilrificans, il se produit des nitrates dans les sols riches en débris d'origine orga- nique. L'interprétation de ce phénomène a remis en relief le rôle de l'humus et a donné une première notion des ser- vices que les bactéries du sol rendent à la végétation. L'étude de ces microorganismes n'a pas encore été entre- prise d'une façon méthodique; il est à souhaiter que pareil travail se fasse, car il permettrait de résoudre bien des questions encore mal comprises de chimie agricole. Dans ces dernières années, divers microbiologistes ont pensé, avec raison, que les bactéries jouent un grand rôle dans le sol cultivé en détruisant les matières organiques pour les rendre absorbables par les racines. Ces vues a priori ont toutefois provoqué jusqu'ici peu de recher- ches expérimentales. En dehors de celles de MM. Schlœ- sing et Muntz, de M. Waringion, on ne peut guère citer que l'expérience de M. Duclaux sur l'impossibilité oii est la racine des plantes de digérer des corps organiques (Î2). Ce savant a pris des haricots et des pois qu'il a fait germer dans un sol arrosé avec du lait, du sucre candi et de l'empois d'amidon, mais privé de bactéries. Ces matières sont restées intactes et les plantes n'ont pu les uliliser faute de pouvoir sécréter des ferments solubles adaptés à la digestion nécessaire. Celle expérience n'est pas des plus (1) Journal of the chemical Societij, 1878, p. 44, 1879, p. i^9. — Chemical News, t. 55, p. 429, t. 44, p. 207. (2) Comptes rendus, t. C, p. 66. 5™^ SÉRIE, TOME XI. 9 ( 130 ) concluantes à cause de la nature assez insolite des matières mises à la disposition des racines des plantes. Le jour où la communication de M. Duclaux fut faite à l'Académie des sciences de Paris, M. Pasteur émit l'idée de nourrir entièrement un animal en le sous- trayant à l'action des microbes. La culture des plantes vertes dans de humus privé de bactéries me parut mériter aussi un essai et je me pro- mis de l'exécuter pendant l'été. Préparation dea poU de culture. Après avoir examiné avec M. le professeur Léo Errera les conditions de l'expérience projetée , je fis fabri- quer des pots en terre d'un modèle tout particulier. Ils ont la forme ordinaire des pots à fleurs, avec cette ^^Sdifl'érence que le rebord supérieur présente une entaille circulaire pour recevoir un couvercle. Celui-ci est, comme la paroi des pots, épais d'en- viron 1 centimètre; il est percé de cinq trous circulaires, dont trois (fig. 1 et 2, a et b) de 4 centimètres de diamètre et deux (c) de 2 centi- mètres. L'une des premières ouver- tures (rt) est centrale et doit donner passage aux tiges des plantes, les deux autres [b) servent à Faéralion de la terre du pot; quant aux deux trous plus Fig. 1, Fig. 2. [ 151 ) petits, ils sont destinés aux arrosements. Tons les pois, d'égales dimensions, ont 18 centimètres de profondeur, 18 centimètres de diamètre à l'ouverture supérieure et 12 centimètres au fond. Du terreau provenant de fumier de ferme décompose est grossièrement tamisé pour le priver des parties les plus massives, difficiles à stériliser. Dans la partie qui a passé au tamis, il y avait principalement des tiges de céréales plus ou moins recouvertes de cette matière d'un brun noir qui constitue l'humus du fumier de ferme. Des quantités énormes de bactéries se rencontrent dans la moindre parcelle de cet humus. Une partie du terreau tamisé est portée pendant quatre heures à 140° dans une étuve peu profonde de façon à obtenir dans toute la masse une température régulière. Toutes les spores du sol sont tuées par ce traitement, comme je m'en suis assuré par divers essais dans des moûts stérilisés ou dans la gélatine peplonifiée. Chaque pot est renversé au-dessus d'un fort bec de Bunsen jusqu'cà ce que les parois aient pris la teinte de la terre à briques recuite. La température élevée a détruit tout germe qui se serait trouvé sur les parois. Les tessons (fragments de pots) que les jardiniers ont l'habitude de mettre au fond des pots pour en assurer le drainage sont aussi fortement chauffés en les passant plusieurs fois dans la flamme du chalun)eau oxyhydriqne. Avant d'être refroidi, chaque pot est porté sur une assiette stérilisée placée sous une cloche également stéri- lisée et les tessons sont jetés directement au fond du pot. Le couvercle est également stérilisé à la flamme du chalumeau. Les deux ouvertures (0) pour l'aération sont fermées avec de l'ouate stérilisée et dans chacune des deux ( i52 ) ouvertures (c), laissées pour l'inlroduction de l'eau, on ajuste un bouchon auquel est adapté un tube de verre ■ coudé pourvu d'un tampon d'ouate. Bouchons et tubes ont séjourné plus d'une heure dans Teau bouillante. Les pots sont alors prêts à recevoir le terreau. Cette opération se fait par un temps calme dans une atmosphère renfermant peu de germes. J'ai soin de me laver les mains au sublimé et à l'eau stérilisée. Le terreau ne remplit pas complètement l'intérieur du pot : il reste sous le couvercle un espace libre d'environ 3 centimètres afin d'empêcher le contact de la terre et des tampons d'ouate. Aussitôt le couvercle remis, il est soudé au bord du pot au moyen de plâtre stérilisé coulé sur un peu d'ouate roussie introduite dans l'intervalle à fermer. Du plâtre est en même temps versé sur la surface des bou- chons de liège pour en assurer la fermeture hermétique. Le terreau stérilisé, complètement desséché par la cha- leur, doit être mouillé avant de servir à la culture des plantes. Les jardiniers savent qu'il est bien difficile de faire pénétrer l'eau dans une masse de terreau qui a perdu presque tou'e son eau d'imbibition. Force est de laisser la terre stérilisée au contact de l'eau pendant un certain temps sans permettre l'introduction de germes. Pour atteindre ce résultat, chaque pot fermé avec du plâtre ainsi qu'il a été dit plus haut, est remis sur une assiette stérilisée et recouvert d'une cloche. Je soulève légèrement la cloche et à l'aide d'une pissetle j'introduis de l'eau sté- rilisée au filtre Chamberland; la plus grande partie de cette . eau parvient rapidement au fond du pot et se dépose sur l'assiette. La paroi du pot et son contenu s'en imbibent lentement et il suffit en général d'un second arrosement pratiqué le deuxième jour pour ramener le terreau au ( i33 ) degré d'humidilé convenable. Un coup d'œil jelé par les ouvertures d'aération, dont j'enlève l'ouate un instant, permet de s'en assurer à la teinte de la terre. Sept pots sont préparés comme je viens de le décrire. J'en ai trois dans lesquels je compte cultiver des plantes sans micro-organismes du sol; deux autres stérilisés avec les mêmes soins que ces premiers sont inoculés avec des bactéries du sol obtenues en faisant passer un peu d'eau sur du terreau; enfin les deux derniers, privés aussi de bactéries, devaient recevoir plus tard un supplément de nourriture constitué par des solutions minérales nutri- tives. Afin d'avoir un point de comparaison, j'ajoute à ces pots deux autres remplis de terreau ordinaire, fermés aussi au moyen d'un couvercle avec plâtre. J'aurai donc quatre séries de plantes en expérience : d** Dans du terreau naturel; 2" Dans du terreau stérilisé, puis inoculé avec des bac- téries du sol; 5" Dans du terreau stérilisé; 4" Dans du terreau stérilisé avec addition d'engrais chimiques. La deuxième série est mise en expérience pour s'assurer que la haute température à laquelle le terreau a été porté ne le rend pas inapte à la nourriture des plantes. Il suffit pour cela d'établir qu'en lui inoculant des bactéries du sol, on lui fait reprendre peu à peu ses propriétés alimentaires. On peut donc s'attendre à voir les plantes de la deuxième série, inférieures d'abord à cpllesde la première, regagner graduellement la distance perdue. Et c'est ce qui est arrivé. La troisième série comparée à la deuxième montrera la part qui revient aux bactéries dans la préparation de la ( iU ) nourriture souterraine des plantes. Quant à la quatrième série, elle réalisera arlificiellement l'acUon naturelle des bactéries du sol. Culture des plantes. Pendant que le terreau subissait la préparation que je viens d'exposer, des graines de sarrasin (Fagopyrnm) ont été stérilisées par un bain de 20 minutes dans une solu- tion de sublimé au '/boo (20 juillet J885). On les a ensuite laissées germer dans un crislallisoir au préalable stérilisé; pour maintenir l'atmosphère humide, je fermais le crislal- lisoir par une lame de verre portant à la l'ace inférieure un morceau de papier à fillrf^r légèrement imbibe d'eau stérilisée. Le 25 juillet, au moment où les radicules commencent à poindre, je laisse tomber cinq graines dans l'ouverture centrale des pots, jusqu'ici bouchée avec de l'ouate. Les graines sont de volume aussi égal que possible; pour les prendre, je me sers de pincettes passées dans la flamme. L'ouverture (a; est aussitôt fermée avec un verre de mon- tre et par surcroît de précaution j'y ajoute encore une cloche. Les neuf pots sont portés le 27 juillet dans une serre à double versant mise obligeamntent à ma disposition par M. Lubbers; les conditions de chaleur et de lumière sont aussi égales que possible. Chaque pot repose sur deux briques séparées par un intervalle de quelques centi- mètres; par cette disposition, les vers de terre ne peuvent pénétrer par l'ouverture du fond qui sert à l'écoulement de l'eau en excès. M. Pasteur a, en effet, attiré l'attention sur le rôle des vers de terre dans la dispersion des germes des bactéries. ( i3S ) Lorsque les ligelles ont donné trois ou quatre feuilles, deux sont sacrifiées de manièie à conserver dans chaque pot trois plantes de même taille. Dans deux des pots, deux plantes seulement sont conservées, les autres étant trop délicates. Dès que les liges ont dépassé de quelques centimètres le niveau du couvercle, elles sont entourées d'ouate de façon à fermer l'ouverture centrale. Les cloches qui pro- tégeaient les plantes deviennent alors inutiles. Cependant, pour éviter la chute de gouttelettes d'eau sur les tampons d'ouate appliqués aux ouvertures d'aération (6), ils sont recouverts de capuchons en papier assez fort et non collé. De celte façon, l'ouale reste sèche et stérile. Il y a donc en culture 25 pieds de sarrasin répartis entre neuf pois Chaque jour, à deux reprises, l'état des pots est ohservé. Un dixième pot, pourvu d'un couvercle non soudé avec du plâtre, indique approximativement la quantité d'eau nécessaire. Tout en distribuant l'eau aussi réguliè- rement que possible, j'ai soin d'en donner un peu plus aux plantes qui, par leur plus grand développement, annoncent une transpiration pins active. De temps à autre, je soulève également le tampon d'ouate des pots faisant partie des deux premières séries afin de juger directement de l'état de la terre. L'eau employée pour les arrosemenls est stérilisée par le filtre Chamberland et renfermée dans des pissel4es pour- vues d'une tubulure elfilée; celle-ci peut être introduite pour l'arrosage dans les tubes coudés adaptés aux pots. Le petit lamj)on d'ouate de ces tubes est remis, aussitôt l'arrosement terminé. Pendant les journées chaudes, les parois des pots ainsi que les environs immédiats sont fréquemment aspergés ( 136 ) avec de l'eau afin d'éviter la dessiccation trop rapide de la terre des pots et l'aridité de l'atmosphère. Des différences bien sensibles n'ont pas tardé à se montrer entre les diverses séries de plantes. Dès les pre- miers temps après la germination, les plantes des séries 1 et 2 ont pris une avance assez marquée sur celles des deux autres séries. A partir du lo août, c'est-à-dire au moment de l'épui- sement des cotylédons, les plantes de la quatrième série sont arrosées deux fois par semaine avec une solution composée de : Eau stérilisée 925 grammes. Nitrate de potassium 30 — Orthophosphate tricalcique 15 — Sulfatû de calcium 15 — Sulfate de magnésium 45 — Sulfate de fer. . traces. L'état des plantes a été examiné à diverses époques de la croissance. Je copie mes notes prises le 28 août 1885. Pots I et II. — Dans chacun, 3 plantes très robustes, l»"* série. . . \ entrenœuds normaux; feuilles grandes, vertes; grappes florales bien fournies. Pot III. — 3 plantes dont une est restée plus faible, tiges robustes, un peu moins élevées que les plantes des pots I ^' série . . . ( et II; feuilles grandes, vertes; grappes bien fournies. Pot IV. — 3 plantes dont une tige très robuste et deux moins fortes; feuilles grandes, vertes; grappes bien fournies. Pot V. — 2 plantes, tiges grêles, entrenœuds allongés; feuilles petites, jaunâtres; grappes peu fournies. 3* série . . . <( Pot VI et VU. — Dans chacun, 3 plantes, tiges petites et grêles, entrenœuds allongés; feuilles peu nombreuses, jaunâtres; grappes peu fournies. ( 137 ) Pot VIII. — 3 plantes, qui sont devenues plus robustes à partir de l'arrosage avec la solution chimique indiquée plus haut; feuilles moyennes, d'un vert sombre; grappes 4« série . . . { bien fournies. Pot IX. — 2 plantes, ont souffert dans les premiers temps de la plantation; cotylédons petits, feuilles moyennes, d'un vert sombre. Dans le tableau I, j'ai indiqué le nombre des feuilles (outre les cotylédons) que portaient les différentes plantes à la date du 28 août 1885(1). Tableau I . I 14 il 8 7 o 3 5 6 5 8 10 7 6 2 3 5 3 o 6 5 4 2 4 II III IV . • Y VI VII . VIII. . . .... IX (1) Les plantes de la quatrième série sont restées souffrantes pendant tout le mois d'août, bien que j'aie donné la solution minérale à partir du 15 de ce mois. J'attribue le peu d'action des engrais chimiques, dans les premiers temps, à l'époque relativement tardive de leur emploi : j'avais attendu l'épuisement des réserves. Mais avant ce moment, les racines doivent absorber dans la terre des matières minérales, qui n'ont pas été fournies dans le terreau sans microbes. Cette remarque peut avoir son importance dans la grande culture lorsqu'il s'agit de fixer le moment le plus propice pour l'emploi d'un engrais chimique. i38 Le 1i septembre, le nombre des feuilles de chaque plante a de nouveau été noté (tableau II). Tableau II. I 22 21 49 20 8 8 7 il 14 13 45 14 9 6 7 6 10 8 9 10 8 9 8 3 7 . Il m IV V VI VII. VIII IX La comparaison des lal)leaux I et II montre que les plantes de la deuxième série, dont la végétation ne paraissait pas le 28 août ditFérer beaucoup de la troisième série, n'ont pas lardé à croître avec plus de vigueur. Cette influence un peu tardive se comprend aisément si Ton se représente la multiplication graduelle des bactéries ino- culées dans la masse de terreau. La floraison n'est pas moins intéressante à suivre dans les diverses séries que le développement de l'appareil végétatif. Les premières fleurs se sont montrées le 17 août sur I et II, le 20 sur III et IV, le 28 sur VIII et seulement le 50 sur V. Les grappes sont grandes, bien ramifiées sur les plantes cultivées dans du terreau riche en bactéries; elles sont moins belles sur les plantes nourries avec des engrais chimiques. Quant aux pieds de la troisième série, les grappes en étaien' courtes et peu ramifiées; les enve- ^ i39 ) loppes florales mêmes n'étaient pas sans paraître quelque peu réduites. Le tableau III indique le nombre des fleurscomplées jus- qu'au 15 septembre, époque où les derniers boutons com- mençaient à s'ouvrir. Les colonnes de même ordre représentent les mêmes plantes dans tous les tableaux. Tableau /II. I 487 176 173 -169 79 65 7i> iil 85 118 121 112 117 45 61 55 103 72 81 T5 98 99 42 45 71 II . III • . . IV V VI vu VllI IX Le 29 septembre, la floraison est terminée ; les fruits sont en voie de formation et une bonne partie ont déjà atteint l'époque de maturité. Comme je devais quitter Bruxelles dans les premiers jours d'octobre, j'ai compté le nombre des fruits mûrs sur chaque plante en y ajoutant ceux qui étaient sur le point d'atteindre leur entier déve- loppement (tableau IV). L'erreur qui a pu résulter de ce mode de calcul est faible et peut être négligée puisqu'elle s'applique uniformément à toutes les séries. Vers la mi-septembre, un vent violent s'était fait sentir dans la serre, dont les ventilateurs n'avaient pas été (140 ) fermés. Plusieurs plantes ont été renversées et quelques- unes n*ont pas survécu à cet accident. Tableau IV. I •138 444 437 433 36 29 26 83 64 89 plante morte. 95 92 44 24 25 79 44 57 plante morte. 64 68 23 44 plante morte. II III IV V VI . VII VIII 1.x Afin de mieux faire ressortir les différences que pré- sentent les plantes des diverses séries, j'ai calculé, par plante, le nombre moyen des feuilles le 28 août et le 11 septembre, des fleurs et des fruits. Ces moyennes sont réunies dans le tableau V. Tableau V. 4" série .... NOMBRE de feuilles le 28 août. NOMBRK de feuilles H septembre. NOMBRE de fleurs jusqu'au 13 septembre. NOMBRE de fruits le 29 septembre. 9 45 426,33 94,67 (») 2e série . 6 43,17 428 96 3e série .... 3,62 6,62 58 23,5 4» série .... 4,6 40 88,4 66,75 (1) Moyenne du pot I. ( 1*1 ) A Taide de ces moyennes, j'ai dessiné la figure 5 dans laquelle la relation qui existe entre les diverses séries est représentée graphiquement. En réunissant les points qui se rapportent à chacune d'elles, on a des lignes brisées dont la comparaison permet de saisir rapidement les phases de la végétation dans chaque série. Fig. 3. [ i 1 26 2.^ ^|x- — ^, ^T\; ... .. 24 2.1 1 Il i w 1 99 c^ °>,i) 19 18 // ^ fv- 17 ut ^ .X „ 16 tt / ! \ l 15 J 12 1 J 11 1 10 J 9 \ « l 7 3 2 1 a- a c o ^•3 / 1 / - X- / , / / \ / / / / • / / / \ / / / 7^ \ / / / / 1 \ !'•« série . / / / ' \ H a ci / / / t \.„. :2rae série. / / y < 1 - \- / X 1 ^ -\ 4n'« série. / ^ \ r 5"^« série. y _ J .. ■ — , "a Ô n < II 1 div. — 5 Norab de fleurs, ( i42 ) A tous les points de vue, la troisième série est très inférieure aux autres. Il est remarquable que la deuxième série ait donné un peu plus de fleurs et de fruits que la première, qui a cependant été cultivée dans du terreau naturel. Les chiâ"res consignés dans les cinq tableaux ci-dessus montrent à l'évidence que Faction des microbes est des plus utiles dans la terre arable, riche en détritus organi- ques. Et n'oublions pas, en envisageant ces résultats, que les plantes cultivées dans le terreau privé de bactéries ont encore profité des matières minérales produites par ces microbes avant la stérilisation. 11 n'est plus permis de négliger l'importance des micro- organismes du sol dans l'alimentation des plantes pour lesquelles l'acide carbonique et les matières minérales constituent la nourriture principale. Désormais^ la chimie agricole aura à s'occuper des propriétés biologiques des bactéries du sol. Nous ne pou- vons encore entrevoir les découvertes à faire dans celte voie, qui a été si féconde pour la chimie organique géné- rale. Tout permet de présumer que bien des faits observés par les agriculteurs, difficiles à accorder avec les théories actuelles, pourront ainsi recevoir leur véritable inter- prétation scientitique. L'assimilation du carbone par les plantes vertes est actuellement la seule cause connue de production de matière organique. Elles peuvent, lorsque leur alimentation est exclusivement minérale (plantes cultivées dans des solutions nutritives), vivre indépendamment des autres êtres vivants. Toutefois la quantité de matières assimilables qui renferment du phosphore, de la potasse et surtout de J'azole et qui sont à la disposition de la vie végétale à k ( 145) surface du globe, est limitée, et les générations successives sont obligées de vivre les unes aux dépens des détritus des autres. Mais la plante verte est incapable de s'assimiler directement les débris de ses pareilles qui viennent de mourir. 11 faut ici l'intervention des micro- organismes du sol qui vont précisément puiser leur carbone dans les restes des végétations disparues. Une telle dépendance, une mutualité si utile et si simple à comprendre peut être comparée à la symbiose des Algues et des Champignons dans les Lichens et à celle non moins remarquable des racines de Cupulifères avec des Champignons hypogés. Pendant que les feuilles vertes exploitent l'air ambiant, les microbes rendent utilisable l'humus du sol sillonné par les racines. Mais ici encore la symbiose n'est pas également nécessaire aux deux par- ties : les plantes à chlorophylle pourraient se passer quel- que temps des microbes du sol, mais ceux-ci sont impuis- sants à soustraire leur carbone à une source entièrement inorganique. A l'époque où j'avais imaginé la méthode suivie dans cette étude (mai 1885), M. Errera m'avait engagé à l'appliquer à l'étude de la symbiose des racines de Cupulifères avec des mycéliums de Champignons hypo- gés (1). Malheureusement la saison avancée ne me permit pas de trouver des fruits non germes de Chêne et d'autres espèces de la même famille. Je me propose d'aborder cette question plus tard. Bruxelles, laboratoire d'anatomie et de physiologie végétales de l'Université. (1) B. Franck, Ueber die auf Wurzelsymbiose beruhende Ernahrung gewisser Baume durch unterirdische Pilze. (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft, 1885, p. I'i8.) ( 144 ) Emploi du téléphone dans la recherche des dérangements des lignes électriques; par Éric Gérard, professeur à rinslilut électro-technique Montefiore à Liège. Objet de la méthode. Les méthodes employées pour localiser les dérangements des câbles électriques, soustraits à la vue par l'enfouisse- ment sous terre ou sous l'eau, nécessitent en général des électriciens exercés, et il est rare qu'elles permettent de marquer avec précision l'endroit où le défaut s'est produit. Mon expérience personnelle m'a appris qu'il est difficile de déterminer un contact à la terre, dans un câble télégra- phique urbain, avec une approximation supérieure au cen- tième; de sorte que si la ligne a un kilomètre de long, il est nécessaire de creuser des tranchées sur un espace d'une dizaine de mètres, pour arriver avec certitude à la partie défectueuse. Les mesures sont plus difficiles, et les résul- tats moins précis encore, lorsque les conducteurs ont de fortes sections; comme ceux qui servent à l'éclairage élec- trique. On n'arrive alors à localiser les défauts qu'en ménageant dans la ligne de nombreux regards, permettant de vérifier les conducteurs par sections. Ayant eu récemment à rechercher une perte à la terre dans un câble à lumière, Tidée m'est venue de recourir à l'induction téléphonique pour localiser le défaut. On sait avec quelle facilité une audition téléphonique peut être troublée lorsque le circuit du téléphone est voisin d'un circuit parcouru par des courants intermittents. Ce phéno- mène qui constitue un des principaux obstacles à Texten- ( 14;) ) sion (le la téléphonie sur les longues lignes, m'a paru pouvoir être utilisé dans la recherche du dérangement. Description de la mélhode. Dans ce but l'une des extrémités du câble fut isolée; par l'autre extrémité, j'envoyai un courant, fourni par une pile dont l'un des pôles communiquait au sol, et rendu intermittent au moyen d'un interrupteur. Cela lait, je suivis le cable à partir de l'interrupteur, en tenant d'une main une bobine dont le noyau de fer doux conservait une direction normale à celle du câble; de l'autre main, je lixai à mon oreille un téléphone relié au lil de la bobine. Les courants intermittents parcourant le câble, entre la pile et la section défectueuse, provoquaient dans la bobine des courants induits qu'accusait très nettement le télé- phone. Au moment où j'atteignis cette section, le bruit cessa brusquement. Je pus ainsi déterminer, avec une rapidité et une netteté qui me surprirent, la cause du dérangement. Description des appareils. L'inlerrupteuremployé était un mécanisme d'horlogerie, dont le massif métallique communiquait avec le câble; une lame élastique, reliée à la pile, appuyait sur les dents d'un des rouages et provoquait des interruptions au passage d'une dent à la suivante. Un moyen plus simple consiste à intercaler, entre la pile et la ligne, un trembleur électrique, par exemple une son- nerie dont on a enlevé le timbre. O"'"' SÉUIE, TOME XI. 10 ( 146 ) Enfin, si le défaut est très résistant, et si l'on ne possède pas une pile capable de provoquer des courants d'intensité suffisante, on peut envoyer sur la ligne les courants secon- daires d'une bobine d'induction convenablement étudiée. J'ai fait des expériences dans le but de déterminer la forme la plus commode et la plus efficace à donner à la bobine accusatrice, qui doit être déplacée parallèlement à la ligne. La théorie indique que la force électro-motrice d'induc- tion, qui prend naissance dans la bobine, est proportion- nelle au nombre des spires, ainsi qu'à la variation, rap- portée au temps, du flux de force qui traverse la bobine. Un peu de réflexion montre que les règles qui président à la construction des bobines d'induction peuvent être appli- quées par analogie. Le noyau de fer doux destiné à con- centrer dans la bobine les lignes de force engendrées par le courant inducteur, doit être formé d'un faisceau de fils de fer recuits et isolés. La bobine doit présenter le plus de spires possible et sa résistance doit être en rapport avec celle du téléphone employé. Je me suis servi dans mes essais de téléphones dont la résistance variait entre 100 et 200 ohms. Les bobines employées appartenaient à la col- lection de l'Institut électro-technique Montefiore, sauf celle désignée sous le n'^ 5 dans le tableau ci-dessous et qui avait été construite spécialement pour ces expériences. Le courant inducteur moyen était observé dans un galva- nomètre apériodique. Le tableau suivant résume quelques-uns des résultats obtenus. ( ■l'^7 ) Distance maximum à laquelle on peut écarler la bobine accu- satrice d'un conducteur indé- fini parcouru par des courants intermittenis d'une intensité moyenne de 0«'"p^'-%03, pour que l'induction reste percep- tible dans un téléphone de inO ohms de résistance. î -^ ^'^ ?^ i i 1 . ^ i ^ 1 1 5 1 1 § 3 SURFACE totale des spires. SURFACE de la spire moyenne. 1 2 1 1 - § NOMBRE spiiTS. i 1 1 i ^ VOLUME du noyau. i = i 1 « i SECTION du noyau. 1 s 1 1 s î DESCRIPTION du NOYAU. 1. — Noyau cylindrique do 10^''» de long formé par un faisceau de fils de fer de O^m^ de diamètre. . . . IL — Le noyau précédent est remplacé par un noyau jdein eu ier de mêmes dimensions III. — Le noyau précédent est remplace pai' un noyau plein en fonte de mêmes dimensions IV. — Noyau cylindrique de 40'"' de long, formé i)ar un faisceau de fils de fer de 0''"2 de diamètre. . . Y. — Noyau de section rec- tangulaire de I3o"",0''ni8, dont le long côté est placé parallèlement au fil induc- teur. La dimension per- pendiculaire est 6<'»'. . . ( us ) Conclusions des expériences. La comparaison des expériences I, Il et III, montre que les noyaux formés de faisceaux de fils de fer, sont plus avantageux que les noyaux d'une pièce; et que les noyaux de fer sont préférables aux noyaux de fonte. Des expériences I et IV, il paraît résulter que pour des noyaux de même forme les intensités des sons perçus au téléphone sont sensiblement proportionnels aux volumes de noyaux, lorsque ces volumes sont peu considérables. D'autres expériences ont fait voir que ces intensités sont proportionnelles au courant moyen qui parcourt le fil inducteur. Le rapprochement des expériences IV et V prouve que l'on ne gagne rien en allongeant la bobine dans le sens du fil inducteur. Applications et avantages de la méthode. Les résultats ci-dessus montrent que la méthode décrite est applicable à la localisation des défauts des câbles isolés enfouis dans le sol ou sous l'eau, particulièrement les contacts à la terre, sans qu'il soit nécessaire de creuser des tranchées ou de ramener le conducteur à la surface. Ainsi dans le cas d'un conducteur souterrain, il suffira de conduire la bobine accusatrice sur le sol de la chaussée à l'heure où le roulage cesse. Dans le cas d'un câble sous- fluvial, on pourra immerger la bobine dans l'eau et suivre en bateau la ligne du câble. Celte méthode n'exige que des appareils robustes^ qui peuvent être confiés à des mains peu exercées. Enfin, elle est d'autant plus rigoureuse que les conduc- I ( 149 ) leurs essayés sont plus forts^ puisque les courants induc- teurs qjie l'on peut envoyer dans la ligne sont en rapport avec le diamètre des conducteurs. Le moyen est donc particulièrement lUilisable aux canalisations d'éclairage électrique, pour lesquelles il n'existait pas, à ma connais- sance, de méthodes de recherches satisfaisantes. La même combinaison peut être utilisée pour retrouver le tracé exact d'un câble soustrait à la vue. Il suffit de lancer dans la ligne des courants interrompus, pour que le téléphone serve de guide le long du tracé inconnu ou perdu. Cas des câbles sous-marins. Pour que le procédé que je viens de décrire soit appli- cable, il faut non seulement que le courant intermittent ail l'intensité voulue, mais les ondulations du courant doivent être assez accusées pour influencer par induction le téléphone. On sait qu'en traversant les longs câbles, les courants intermittents se fondent les uns dans les autres et qu'ils perdent la propriété d'agir sur le téléphone. Toutefois je ne vois aucune impossibilité à appliquer la méthode aux câbles sous-marins de peu de longueur ou à relever les défauts qu'on soupçonne être situés non loin des points d'atterrisseraent. J'ai réalisé au moyen d'un condensateur Muirhead, de divers condensateurs et bobines de résistance, un câble artificiel équivalent à un câble sous-marin de 55 kilomètres, au moyen duquel j'ai pu répéter les expériences décrites. L'immersion, dans les profondeurs de la mer, de la bobine accusatrice présente- rail des difficultés particulières, mais les ingénieurs chargés des réparai ions des câbles sous-marins, ont vaincu des ( 15*0 ) obstacles autrement considérables.Je laisse aux spécialistes le soin d'étudier les détails de cette application, dans laquelle on peut trouver le principe d'un procédé de son- dage. Note sur un poisson d'eau douce nouveau pour la faune belge; par Em. Gens, docteur en sciences naturelles, à Verviers. Famille des Cyprînoïcles. Genre : Leucaspius (Heckel et Knerr). Espèce : Leucaspius delineatus (Siebold). Syn. (d'après Siebold]. Squalius delineatus (Heckel). — Leuciscus slijm- phalicus (Valenciennes). — Aspius Owsiatika (Czernay). — d'^lMas- lowsky). — d'o (Kessier). — Leucaspius obruptus et Squcdius delineatus (Heckel et Knerr). — Owsianka Czernayi, Leucaspius abruplus et Squa- lius delineatus (Dybowsky.) J'ai trouvé celle espèce en 1880 dans les eaux du fortin n** 4, de l'ancienne enceinte des fortifications d'Anvers (e*" section), près de la longue rue d'Argile. Je joins à cette note quelques exemplaires conservés à l'alcool. Voici les caractères génériques et spécifiques (traduits de V. Siebold, Die Siisswasserfische von Mitteleuropa. Leipsig, 1863, pp. 171 et 172). J'ai pu constater la con- cordance parfaite de ces caractères avec ceux que présentent les exemplaires que j'ai récoltés. Caractères du genre Leucaspius [Heckel et Knerr). — Dents pharyngiennes tantôt sur un rang, tantôt sur deux rangs; la rangée interne portant à droite quatre, à gauche cinq dents; rarement cinq dents sur les deux côtés. Devant la rangée intérieure de gauche se trouve souvent une petite dent simple, très rarement une double dent; parfois se trouve aussi devant la rangée intérieure de droite ( 151 ) une petite dent. Les couronnes des dents de la rangée interne sont comprimées, dentées en scie et courbées en crochet à l'extrémité. Le menton, un peu épaissi, pénètre dans un enfoncement formé par les intermaxillaires. La nageoire dorsale est à courte base; l'anale à base un peu allongée. Les écailles sans stries sont extrêmement ca- duques; le ventre est caréné entre l'anale et la ventrale. Caractères de l'espèce. — Bouche terminale; fente buc- cale fortement dirigée vers le haut (verticale). Le corps plus ou moins allongé est légèrement comprimé par les côtés. Ligne latérale limitée seulement aux huit à douze premières écailles. La nageoire anale contenant 11 à 15 rayons mous, divisés, commence sous l'extrémité de la nageoire dorsale. Bayons des nageoires : Dorsale : rayons entiers 3, divisés, 8 Pectorale: — 1 — 13 Ventrale: — 2—8 Anale : — 5 — 11 Caudale: — 0 — li) Nombre d'écaillés de la ligne latérale 48 à SO. Rangées d'écaillés au-dessus de la ligne latérale 4, au- dessous, 7-8. J'ai élevé cet élégant polit poisson en aquarium ainsi que dans un étang ou bassin situé dans un jardin. Ce bassin a été desséché depuis. Les exemplaires que j'ai eus en ma possession ne dépassaient pas 6 centimètres. Il est extrêmement brillant pendant la vie; c'est un poisson de surface, vivant en troupes fort nombreuses. Son aspect est très caractéristique et l'on peut facilement le distinguer du fretin d'autres espèces plus grandes, à cause de la fente buccale dirigée vers le haut, ce qui lui permet de saisir les moindres objets flottants. ( 152 ) Le Leucaspius n'est pas signalé en F'rance. li n'existe pas que je sache en Hollande. Siebold dit de lui : « Le Leucaspius delinealus habite le sud-ouest de ï> l'Europe; il existe cependant aussi dans l'Europe cen- B traie et pourrait bien ne pas nnanquer dans l'est où » peut-être il a échappé jusqu'ici aux observateurs. D'après » les renseignements des faunistes russes, ce poisson est I» très répandu dans les cours d'eau du sud de la Russie x> où il porte le nom û^Owsianka. Virlet découvrit ce même » cyprinoïde dans le lac du Zaraco en Grèce (ancien lac » Stymphalique), Heckel reçut ce petit poisson de Datschitz » en Moravie, d'AderkIa près de Vienne et des environs i> de Lemberg. Je l'ai péché dans un très petit marais près j> de Braunsberg; il fut pris en ma présence près de Nico- » laiken et près de Dantzig dans le Heubuder See. A » Berlin, on me l'apporta paraii des bouvières amères et » des carassins péchés dans les environs du Havel. » Blasius le trouva en grand nombre dans le Duché de » Brunswick et dans un petit affluent de rOcker . . . j> Le nom vulgaire de ce poisson dans l'Allemagne du Nord 9 est Mutterloseken (privé de mère) et Moderliesken (lisette » de vase), ce qui provient de l'opinion populaire suivant » laquelle ces poissons naîtraient par génération spon- » tanée du limon et de la vase. » Berthold Benecke {Fische, Fischerei und Fischzucht in Ost- und Westpreussen, Kônigsberg 1881) dit: « Il habite, souvent en compagnie de la bouvière amère, » les lacs, les marais et les bords des fleuves; il doit être » plus répandu chez nous qu'on ne le croit. Je ne le coii- » nais que dans le Pregel, à diverses places du golfe de D Courlande, dans le lac de Spirding, le Heubuder See ( i55 ) » près de Dantzig et dans de petits étangs près de Star- 5> gard, Braunsberg et Zapiau. » M. Emile Blanchard {Poissons des eaux douces de la France, Paris 1880, p. 364), dit expressément que le Leucaspius delineatus, petite espèce de l'Europe orientale et méridionale n'a pas été trouvé en France. On pent donc considérer ce poisson comme rare dans le centre de l'Europe et inconnu à peu près dans l'ouest. Dans le petit étang où je l'ai élevé, il se reproduisait et j'ai pu observer l'époque de frai qui tombe dans la pre- mière quinzaine de mai. Si cette découverte a quelque intérêt, c'est, je crois, surtout au point de vue de sa station si éloignée des lieux où il a été signalé jusqu'à présent. Cette station est toute arlilicielle. Le fortin n° 4 n'est pas de construction fort ancienne; il ne communique avec aucun cours d'eau, ni étang. Le Leucaspius y a donc élé transporté; très certai- nement il ne l'a pas été volontairement par l'homme, étant à peine connu de quelques ichtyologues. Sommes- nous en présence d'un transport accidentel d'œul's de poissons à de longues distances par des oiseaux aquatiques voyageurs. C'est la seule explication qui me semble plau- sible. Le forlin n" 4-, compris dans la nouvelle enceinte d'An- vers ne sert plus que de caserne et sera probablement démoli à bref délai. iU ) CLASSE DES LETTRES. Séance du Z^'" février 1886. M. WiLLEMS, direcleiir. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. F. Tielemans, vice-directeur ; P. De Decker, Ch. Faider, le baron Kervyn de Leltenhove, R. Chalon, Thonissen, Th. Juste, Alph. Wauters, Alph. Le Roy, Ém. de Borchgrave, A. Wagener, G. Rolin- Jaequemyns, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin,T.-J. Lamy, Aug. Scheler, P. Henrard, J. Gantrelle, membres; J. Nolet de Brauwere van Steeland, Alph. Rivier, associés; L. Van- derkindere, Al. Henné et Gustave Frédé'ix, correspon- dants. M. Ed. Mailly, directeur de la Classe des sciences, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. La Classe apprend avec un vif sentiment de regret la perte qu'elle vient de Caire en la personne de l'un de ses associés, M. Emmanuel Miller, professeur à l'École des langues orientales vivantes, décédé récemment à Paris. — M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des ( 155 ) Travaux publics envoie une expédilion dos arrêtés royaux nommant : 1° MM. Bormans, P. Fredericq, Gilliodts, Le Roy, Mœl- ler, Piot et Alph. Wauters membres dn jury chargé de juger la huitième période quincjuennale d'histoire natio- nale (1881-1885); 2° MM. Gantrelle, Mœller, Philippson, Rivier, Roersch, Thomas et Wagener membres du jury chargé de juger la première période quinquennale des sciences historiques (1881-1885). — Le même Ministre envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire de l'ouvrage de M.Paul Alber- dingk Thijm : De Gestichten van Liefdadigheid in België. — Remerciements. — M. Alph. Wauters notifie son élection comme secrétaire-trésorier de la Commission royale d'histoire en remplacement de M. Gachard, décédé. Il fait remettre pour être déposés dans la bibliothèque les ouvrages que la Commission a reçus depuis son der- nier envoi. — La Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens, annonce, à l'occasion de son cinquantenaire, l'ouverture au mois de juin 1886, d'une exposition rétrospective d'an- tiquités et d'objets d'art et d'un congrès historique et archéologique. — Les félicitations de l'Académie seront adressées à la Société des Antiquaires de Picardie. — La Classe prend notification de l'ouverture du deu- xième concours littéraire des Muses flamandes, sous la présidence d'honneur de M. Sully-Prudhomme, associé de l'Académie de Belgique et membre de l'Académie française. [ iS6 ) — La Classe reçoit à litre d'hommages les ouvrages suivants, au sujet desquels elle vole des remerciements aux auteurs : i° Philosophie du droit civil, par Ad. Franck, associé de la Classe, à Paris; 2" Alcuni luoghidel Contrasto di Ciulod^Alcamo, ridotti a miglior lezione, e novamente inlerpelrale, par V. di Gio- vanni, associé; 3° Sloria siciliana di anomino autore compilata in dia- letto nel secolo AT, par V. Bozzo; Ces deux derniers ouvrages sont présentés parM.LeRoy avec une note qui figure ci-après; 4° De rimportation du jury sur le continent, discours par J. Lameere ; 5" Études sanscrites : a as î> final devant les sonores; le commentaire de M. Ludwig sur les Vedas, etc.^ par E. de Dillon; présenté par M. C. de Harlez avec une note qui (igure ci-après; 6° La tactique au Xlll^ siècle, tomes l" et II, par Henri Delpech; présenté [)ar M. Wauters avec une note qui figure ci-après; 7** De voorgeboden der stad Gent in de XIV" eeutv, par Napoléon de Pauw; présenté par M. Vanderkindere avec une note qui figure ci -après. — Les travaux manuscrits suivants sont envoyés à l'examen de commissaires : 1" Nouvelles recherches sur la 8^ classe des verbes sans- crits, par J. Yan den Gheyn. — Commissaires : MM. de Harlez, Nève et Roersch ; 2° Le véritable emplacement des Adnatuqiies, par Alph. de Vlaminck. — Commissaires : MM. Wauters, Gantrelle et Henrard. ( 137) NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. J'ai rhonneur de présenter à la Classe, au nom de l'auteur, M. Henri Delpech, de Montpellier, deux volumes qui viennent de paraître, intitulés : La tactique au XIII'' siècle (Montpellier, imprimerie Grollier et fds, l88o). Je ne saurais assez recommander à mes collègues ce travail, fruit des recherches les plus consciencieuses; l'auteur s'est déjà fait connaître par deux études qui ont été fort remarquées et qui étaient consacrées : l'une à la bataille de Muret, livrée par Simon de Montfort à Pierre, roi d'Aragon, l'autre à la bataille de Bouvincs. 11 nous intéresse directement, car l'auteur y entre dans les détails les plus minutieux sur cette dernière journée, qui eut pour notre pays de si graves conséquences. Un grand nombre de plans l'accompagnent et contribuent à répandre le jour le plus vif sur les différentes phases de la lutte. Mais là ne se borne pas le mérite du beau livre que je suis heureux de présenter à la Classe. M. Delpech a pour but principal d'attirer l'attention sur la tactiqjie employée au Xni'' siècle, de montrer qu'il y avait alors de véritables méthodes de combat, employées souvent avec une rare entente et dont la connaissance se perpétuait avec régu- larité dans les cours et dans les armées. Par de nombreux exemples il montre qu'à cette époque aussi les victoires ont été, presque toujours, le résultat du parti que les géné- raux savaient tirer des différentes armes mises à leur dis- position, et non, comme on le croit souvent, le fruit d'un grand déploiement de courage. Les écrivains spéciaux trouveront dans les deux volumes de M. Delpech l'exposé, ( 138) admirablement résumé, de presque tous les faits de guerre du XII' et du XlIP siècle, et l'explication d'une quantité de détails auxquels on n'avait pas jusqu'à présent accordé assez d'importance et dont il lire un excellent parti pour la démonstration de sa thèse. Alph. Wauters. M. le chevalier S. V. Bozzo (de Palerme) et notre hono- rable associé M. Vincenzo di Giovanni nous donnent de nouveau, simultanément, signe de vie. Je dépose sur le bureau, au nom du premier, un exemplaire du tome 1 d'une édition princeps : il ne s'agit pas encore, toutefois, de la chronique sicilienne anonyme écrite en latin, dont j'ai signalé l'année dernière {Bulletin 1885, n° 3, p. 161) l'apparition prochaine. — Le second nous présente le résultat de ses études les plus récentes sur Ciulo d'Alcamo, c'est-à-dire par les origines de la littérature italienne. Le livre de M. Bozzo nous serait parvenu plus lot si la violence de l'épidémie qui a exercé de si cruels ravages en 1885, dans presque tous les pays méditerranéens, n'avait provoqué, pour quelque temps, des mesures sévères de défiance à l'égard de tous les envois provenant des ports de la Sicile. L'embargo est heureusement levé, les communications sont rétablies, les maux endurés ne sont plus qu'un triste souvenir. Le volume qui nous est offert (1) ne nous fournit pas le texte de la Storia Siciliana en dialecte du XV^ siècle, jugée digne par M. Bozzo des honneurs d'une I (1 ) iN" 210 de la Scella di Cuno.sila liUerarie inédite o rare del secolo Xlll al XVn, fondée el dirigée ù Bologne par M. Francesco Zambrini. ( d59 ) édition critique. On n'y trouve que le compte rendu minu- tieux des travaux, soit historiques, soit paléographiques, soit philologiques, auxquelles l'auteur s'est assidûment livré pour préparer cette publication. Le manuscrit ori- ginal se trouve dans la célèbre bibliothèque sicilienne de M. le prince de Fitalia, à qui l'ouvrage est dédié. Il est complaisamment décrit par l'éditeur, avec un soin et une compétence qu'on ne pourrait trop apprécier. Quant au texte même, le commentaire le considérera sous deux aspects, c'est-à-dire, d'une part, sous le rapport de son importance intrinsèque, de l'autre, au point de vue du lan- gage, qui présente, paraît-il, des particularités de formes et d'expressions d'un véritable intérêt. Il nous est impos- sible d'en dire davantage à présent : force nous est d'at- tendre le second volume. Le dernier travail de M. di Giovanni (1) n'est pas davan- tage susceptible d'analyse. Nous signalerons, comme méritant l'attention, le fait que l'auteur a établi les correc- tions qu'il propose au texte du Contrastej d'après des épreuves héliolypiques prises par M. le professeur iMonaci sur le manuscrit 5795 du Vatican, qui a servi de base à l'édition de M. d'Ancona. Grâce à ce précieux procédé, la vériOcation des anciens documents entre dans une phase nouvelle. Alph. le Roy. {\) Alcuni luoghi del Contraslo di Ciulo d'AicamoridotU amiglior lezione, elc Bologne. 1885, in-S». ( 160 ) J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, de la part de M. N. de Pauw, procureur du Roi à Bruges et membre suppléant de la Commission royale d'histoire, un exemplaire de l'ou- vrage : De Voorgeboden der stad Gent in de X/P eeiiiVy qu'il vient de publier dans la collection des Bibliophiles flamands. Les ordonnances des échevins gantois qui nous ont été conservées pour la période si importante du XIV^ siècle, comprennent quinze livres complets et des fragments de huit autres, le tout se plaçant entre les années 1557 et 1578, c'est-a-dire précisément à l'époque où Gand joue le premier rôle en Flandre. Elles jellent une vive lumière sur l'histoire intérieure de la cilé, sur son administration, la police des rues, des marchés et surtout sur l'organisation des métiers. Les événements extérieurs ne sont pas sans influence sur cer- taines de ces dispositions; par exemple, dans les mesures prises pour obliger les bourgeois à ne pas quitter la ville, on voit se refléter les préoccupations auxquelles donnait lieu l'attitude hostile de l'un ou de l'autre voisin. Mais, indépendamment du profit que l'histoire locale peut tirer de ces éclaircissements, l'histoire économique dont la science moderne se préoccupe à juste titre, y pui- sera des documents nombreux. Ce qui frappe au premier abord, ce sont les analogies des règlements gantois avec ceux des autres villes de l'occident à la même époque. On constate une fois de plus qu'un milieu social et des inté- rêts identiques imposent des solutions identiques, et qu'en dépit des divisions politiques et du manque de communi- cations aisées entre les peuples, l'industrie et le commerce du moyen âge obéissaient à des lois générales bien plus qu'au caprice du législateur. Que l'on compare, par exemple, les ordonnances gantoises sur le commerce des i ( i<^l ) vins avec celles de Francfort, qui ont été si bien analysées par Kriegk; que l'on metle en parallèle les règlements des drapiers et des métiers accessoires, à Gand, et ceux de Strasbourg dont Schmoller, avec son talent magistral, a fait l'étude approfondie : on trouvera sans doute des diver- gences, mais au fond les principes sont les mêmes et sur plus d'un point de détail la concordance est surprenante. Le livre de M. de Pauw facilitera ces comparaisons si fécondes. Il est aussi d'un grand prix pour l'histoire de la langue. Mainte expression des ordonnances mériterait tout un commentaire, et ici encore les rapprochements sont instructifs. Voici la pittoresque formule : buucvast en hertvast, attaché par le ventre et par le cœur, pour signi- fier domicilié, assidims. On pourrait croire qu'elle est particulière au dialecte gantois, tout au moins au flamand; or Richthofen la signale dans ses Sources du Droit frison {Friesische Rechtsqiietle?i) : biiikvestich (i), dans le droit du Fivelgo et du Langewold, province actuelle de Groningue, et cet exemple nouveau montre les rapports étroits qui unissaient ces deux rameaux germaniques. M. de Pauw, dont les travaux sur l'époque de Jacques van Artevelde sont justement appréciés, a consacré au pré- sent recueil les soins les plus attentifs. C'est une œuvre vraiment scientifique, correcte et raisonnée; les tables analytiques et les glossaires qui l'accompagnent, spéciale- (1) Richthofen, Friesische Rechtsquellen (p. ô{}i),Fivelgoer Erbrecht. (Fivelgo, dans la province de Groningue, au nord-est de la ville de Groningue). § 4. VVaersoe een nian uud wyfl" kynderen loesamen teen end wiimen, ende de kyndeien niel buickvesUch enwerden. Lamjewolder /^rôrft/iqLangewold, dans la province de Groningue, à l'ouesl de la ville de Groningue). § 17. Soe waer een inan en wyf kinder losainen telen ende winnen, endese beide slerven, ende de kinder niet buyckveslich enwerden.. . S""* SÉRIE, TOME XI. \\ C 162 ) ment le glossaire des mois difficiles, en complètent Tutilité et l'agrément. On a parfois publié en Belgique des éditions d'anciens textes qui donnaient prise à de vives critiques; rien de semblable n'est à craindre pour les Voorgeboden der stad Cent, auxquels, je suis heureux de l'affirmer, ne sont réservés que des éloges. L. Vanderrindeue. J'ai l'honneur de présenter à la Classe des lettres la première partie d'une série d'études sanscrites que publie en ce moment M. E. de Dillon, professeur extraordinaire de sanscrit, de philologie comparée, etc., à l'Université impériale de Kharkoff, et qu'il m'a chargé d'offrir en son nom à l'Académie royale de Belgique. Ce premier opuscule contient trois études. La première traite d'un point de phonétique, le changement supposé de as Hnal en à, en certains cas; la deuxième s'occupe de la traduction des Vedas de M. Ludwig, professeur à l'Uni- versité de Prague; la troisième a pour objet l'élucidation d'une Upanïs liad ou méditation philosophique, courte mais importante et obscure. Toutes ces questions ont été sérieusement étudiées et les solutions nouvellesque M. de Dillon donne en beaucoup de points méritent de fixer Paltention des spécialistes, auxquels leur grande concision les destine surtout. C'est pourquoi j'ai cru pouvoir et devoir être l'interprète de l'auteur auprès de mes honorés confrères d'autant plus que M. de Dillon fut en 1879 le premier docteur en sans- crit et lettres orientales qui ait été fait en Belgique. C. DE HaRLEZ. ( 163 ) ELECTIONS. La Classe procède à réleciion du comité de trois membres lequel, avec les trois membres du bureau, sera chargé de la présentation des candidatures aux places vacantes. MÉMOIRES REÇUS POUR LES CONCOURS. Concours annuel de la Classe (1886). PREMIÈRE QUESTION. Faire l'histoire du cartésianisme en Belgique, Un mémoire portant comme devise : Une citation d'une lettre de Leibnilz au Père Bouvet, Commissaires : MM. Le Roy, Lamy et Loomans. QUATRIÈME QUESTION. Faire, d'après les auteurs et les inscriptions^ une étude historique sur V organisation, les droits, les devoirs et Vin- fluence des corporations d'ouvriers et d'artistes chez les Romains, Un mémoire portant pour devise : Plebi urbanœ majores nos tri convenlicula et quasi concilia quadam esse voluerunt. — ClCÉRON. Commissaires : MM. Wagener, Willems et Rivier. ( i64 ) CINQUIÈME QUESTION. Faire un exposé romparatif, au point de vue économique, du système des anciens corps de métier et des systèmes d^ associations coopératives de production formulés dans les temps modernes. Un mémoire portant pour devise : Labor et Constantia. Commissaires : iMM. Rolin-Jaequemyns, Potvin et de Laveleye. Prix de Stassart pour une notice sur un belge célèbre. (Cinquième période : 1875-1880.) Cette période a pour objet : la vie et les travaux de David Teniers (né en 1610, mort en 1690). Deux mémoires portant pour devise : le premier, Sine labore nihil; le second, Arnica veritas. Commissaires : MM. Stecher, Piol et Hymans. — La Classe prend notification de la réception d'un manuscrit en flamand, avec billel cacheté portant la devise : Verbeter de opvoeding der vrouw en de samenleving zal veranderen. Ce travail se rapporte à la deuxième période du prix Castiau, qui ne sera close que le 51 décembre 1886 et qui a pour objet l'amélioration de la condition morale, intel- lectuelle et physique des classes laborieuses et des classes pauvres. — La Classe passe à Tordre du jour sur une demande qui lui est faite en vue de maintenir à son programme de concours, pour l'année prochaine, la quatrième question de Tannée actuelle. ( 165 ) Le château impérial de Gand et la Fosse Othonienne ; par Alph. Wanlers, membre de l'Académie. Parmi les traditions fabuleuses à l'aide desquelles on est parvenu à entourer d'épaisses ténèbres l'histoire ancienne de la Flandre, il n'en est pas auxquelles on ait plus ajouté créance que la prétendue fondation à Gand d'un château impérial et le creusement entre cette ville et l'Escaut d'un fossé qui aurait servi de démarcation entre l'Empire et la France. Il est inutile de chercher à ce sujet le moindre détail dans les innombrables documents conservés dans les archives flamandes. En vain on les a interrogées pour leur demander un argument en faveur de la tradition ; leur mutisme est resté complet et, aujourd'hui comme il y a cinquante ans, l'ingénieur Vifquain, l'auteur d'un Mémoire sur les voies navigables de la Belgique y serait pleinement autorisé à contester l'existence de la Fosse Othonienne, comme De Bast et Diericx l'avaient déjà fait avec peu de succès (1). On se demandera comment et pourquoi je conteste l'exactitude de faits que tant d'autres ont acceptés. Ma réponse sera concluante. Plusieurs écrivains de mérite, tels que Du Chesne, l'une des gloires de I érudition fran- çaise au XVII" siècle, Kluit, l'évêque de Nélis, etc., sans parler de beaucoup d'autres, ont cru à l'importance de la Chronique de Saint-Bavon, de Jean Van Thielrode, parce qu'ils n'en connaissaient que des fragments; aujourd'hui (1) Voir, pour De Bast, le liecueil d'antiquités..., p. 4A Quant à Diericx, il a tour à tour admis et combattu l'exisience du fossé. ( 166 ) que Van Lokeren Ta reproduite en entier, on peut Pappré- cier à sa véritable valeur. Commençons donc par exposer, dans son intégrité, le passage qui a servi de thème à des commentaires si variés: a L'an 941, le 17 des calendes de mai (ou 15 avril), » eut lieu la première dédicace d'une petite chapelle dans » la ville de Gand, en l'honneur de saint Jean-Baptiste, » de saint Bavon et de saint Vaasl, par Transmar, évéque » de Noyon,etremplacementde cette petite chapelle, entre » l'Escaut et la Lys, s'appelait Herehem. Car les hommes » (ou sujets) de Pabbaye de Saint-Bavon, en émigranl, y ï> établirent un port (ou ville), l'abbaye de Saint-Bavon et » la ville de Gand étant alors privées de leur protecteur, » c'est-à-dire du château de Gand construit par les empe- » reurs romains (les empereurs d'Allemagne) dans le fisc i> ou patrimoine de Saint-Bavon, pour protéger le monas- » 1ère et la ville de Gand, à la séparation de l'Empire et du i> royaume des Français. Ce château fut pris par un che- D valier nommé Lambert, lequel, pour ce motif, fut insti- )) tué le premier châtelain héréditaire par le comte Arnoul. » Celui-ci fonda à Herehem un port, assigna dans le lieu » dit Blandin un emplacement au monastère de Saint- D Pierre, avec le cens, le naulum ou péage et toute la » dîme. En comptant d'après l'incarnation du Seigneur, » la prédite église de Saint-Bavon est plus ancienne que la D première petite chapelle de Saint-Jean-Baptiste dans la » ville de Gand de 555 ans. Aucun des lecteurs ne peut V élever à ce sujet le moindre doute, car on peut actuelle- x> ment prouver le tout par des privilèges des souverains- j) pontifes et des comtes de Flandre. » (Voir le texte latin dans Van Lokeren, Chronique de Saint-Bavon à Gand par Jean Van Thielrode, p. 9. Gand, 1855, in-8^) ( 167 ) Ce début constitue un véritable gâchis, plein d'alléga- tions erronées. On a de nos jours imprimé les chartes de l'abbaye de Saint-Bavon (1) et celles de l'abbaye de Blan- din ou Saint-Pierre (2), et les unes pas plus que les aulres ne confirment les assertions du chroniqueur. Aucune autre chronique, aucun document ne donne à l'emplacement de Gand le nom cYHerehem, aussi inadmissible que la déno- mination de Boerhem, dont Gand est affublée par Van Vaernewyck. Loin d'avoir été établie par le comte Arnoul, la ville existait depuis longtemps et est fréquemment men- tionnée dans l'histoire : elle était, dès le commencement du VII^ siècle, le chef-lieu d'un pagns ; Charlemagne y a fait équiper des vaisseaux et les Normands y ont longtemps hiverné. Quant à la chapelle Saint-Jean, c'est-à-dire la cathédrale actuellement consacrée à saint Bavon, loin d'être f»ostérieure de 555 ans à l'abbaye de ce nom, elle est probablement aussi ancienne que cette dernière, puisqu'elle était l'église-mère, la véritable et principale paroisse d'une grande agglomération : elle fut probablement édifiée dès qu'une partie de la population gantoise eut été convertie au christianisme par saint Éloi et saint Amand. Si l'on en opéra la consécration en ou vers 941, ce fut probablement parce que le temple primitif était tombé en ruine, soit par vétusté ou par défaut d'entretien, soit à la suite de quel- que incendie ou autre accident; sinon il serait incon- cevable qu'un endroit peuplé et déjà commerçant soit resté jusqu'au dixième siècle sans église paroissiale. Dans la pensée du chroniqueur un château aurait été (1) Serrure, Cartulaire de Saint-Bavon à Gand, in-4» de 280 pages, qui n'a été ni achevé, ni mis dans le commerce. (2) Van Lokeren, Charles et documents de l'abbaye de Saint-Pierre à Gand. Gand, i867, 2 vol. in-4». ( 168 ) bâti à Gand par des empereurs à la frontière de la France, longtemps avant 941. Par quels empereurs ou autres sou- verains et à quelle époque? Ce ne peut être dans la période qui sépare les règnes de Charlemagne et de Louis le Débonnaire de celui d'Olbon 1", car la réunion fréquente de la Neustrie (ou France) et de la Lotharingie (ou Bel- gique) sous le même sceptre n'aurait pas légitimé et ensuite les ravages des Normands n'auraient pas permis une pareille construction. Antérieurement, du temps des derniers Mérovingiens et des premiers Garlovingiens, il n'y avait pas d'empereur et il n'y eut qu'accidentellement des luttes entre la Neustrie et l'Austrasie. Pourquoi les souve- rains de cette dernière contrée auraient-ils élevé une for- teresse hors de leursÉtals (car le monastère de Saint-Bavon était en Neustrie, dans le pagus de Gand et l'évêché de Tournai) contre les rois de Neustrie, premiers protecteurs du monastère? Tout cela est contraire à l'histoire, de même que la mention du châtelain Lambert, qui vivait au onzième siècle, quand les deux premiers comtes du nom d'Arnoul n'existaient plus. Je reprends la lecture de ma traduction du texte de Thielrode, en m'excusant de reproduire un amas de circon- stances mensongères et même parfois contradictoires, mais que l'on ne peut mutiler sans en modifier la couleur : « L'empereur Olhon d'après son nom appela Ottingen » le fossé s'étendant devant le pont de Saint-Jacques jus- » qu'à la mer et par lequel il sépara les limites orientales p du royaume des Français vers l'Empire. Avant le temps » de ce prince ce château, qui se trouve sur les rives de » la Lys, avait été établi pour séparer le royaume et l'Em- » pire, non par les rois de France, non par les comtes de D Flandre, mais par les empereurs (c'est-à-dire les empe- ( 169 ) p reurs d'Allemagne) dans le franc domaine (libéra pos- y> sessio) de Saint-Bavon ; c'est à ce litre que les comtes i> ont longtemps payé et payent encore à Saint-Bavon un » cens annuel de cinq sous. Dans ce cliâleau c'étaient, non » des châtelains, mais des comtes qui commandaient et à j> qui étaient aussi soumises les quatre villes, avec leurs x> dépendances: Asscnede, Bouchante, Axel, Hulsl, et toute » la terre de Waes. L'un de ces comtes, appelé Wicman, » voyant sa femme Lielgarde sur le point de mourir, la I» conduisit à l'autel de Saint-Pierre et de Saint-Bavon, » mais la mon ne larda pas à enlever celle dame. Wicman 9 n'eut pas un soin suffisant du salut de son âme; il donna » à Saint-Pierre le village de Thessela (Destelberghe, » Desseighem?), qu'il avait enlevé à Saint-Bavon. Le » château, en effet, n'avait pas été construit pour spolier » le monastère, mais pour le protéger. » Comment ce château passa de la douiination impé- & riale dans les mains drs comtes, c'est ce que rappelle le j) monticule d'une forteresse détruite près de la ville de j> Bouchante, souvenir du fait aux yeux de la postérité. » Le comte de Flandre, afin de ravager les domaines impé- > riaux et de prendre le château de Gand, avait placé en D cet endroit des chevaliers, qui assaillirent sans relâche p le château en traversant une épaisse forêt. Ses efforts » n'aboutissant pas, le comte réunit toute son armée dans » un lieu connu sous le nom de Herehem, où il n'y avait D pas une seule habitation. Là il éleva des loges ou huttes, » il dressa des lentes et tint longtemps le château assiégé. » Un jour de Pâques l'armée implora du comte son retour » dans ses foyers, mais on la pria de tenter encore un p effort vigoureux contre les habitants de la ville » (ici les défenseurs du château, castellum, deviennent des bour- ( i7() ) geois, oppidani). « Ceux-ci, ayant morcelé en petites » parties les fragments d'un demi-jambon (baco), seul mor- » ceau à manger qui leur restât, s'en servirent poursalir les » boucliers desassaillants. Lecomleenconclutqu'ilsavaient D des vivres en abondance, et comme la place ne pouvait » être prise que par famine, il donna le signal du départ » après avoir fait incendier les huttes. » Un nommé Lambert, resté seul en arrière, vit en ce » moment une femme sortir du faubourg [de subiirbio p castri). Cette femme descendit la berge de la Lys avec » un vase afin de puiser de l'eau. En pressant son cheval » il parvint à l'atteindre, il lui demanda ce qui se passait » en ville, et, à prix d'argent, obtint d'elle l'aveu que les » assiégés n'avaient plus même à manger pour un jour. » Après l'avoir payée, il alla rejoindre le comte; en pré- » sence de ses amis, il réclama d'Arnoul : ce qu'il n'avait » pas et n'aurait jamais. Le comte accueillit favorable- » ment celte requête, car, d'après l'avis de tous, il ne ris- D quait rien à céder ce qui ne lui appartenait pas et ne lui » appartiendrait jamais. Alors Lambert réclama, pour lui et D ses héritiers, le château obtenu grâce à lui et où il serait » administrateur et châtelain {procurator et castellanus), » Arnoul en devenant le comte et le seigneur (cornes et » dominus). Ayant ainsi déterminé la règle et les limites » de leur juridiction, le comte attribua à Lambert la for- » leresse assiégée et Lambert en fut investi, comme i> de la seule châtellenie héréditaire qu'il y eut alors en » Flandre. D Lambert s'étant mis à la tête de quelques chevaliers » et ayant fait sonner les trompettes comme pour annon- » cer le combat, rétablit les huttes, range sa troupe, pré- » pare les attaques et agit comme si le comte était revenu. ( 171 ) » Les habitants, épuisés par les privations et n'ayant pas » d'espoir de secours, redoutant les assauts que le comte » allait leur livrer, s'empressèrent de remettre le château, » après avoir obtenu l'autorisation d'en sortir... i> (Voir la Chronique citée plus haut, p. 10.) Cet étrange récit appartient exclusivement à un seul chroniqueur; Thielrode seul en a parlé, lui seul doit en supporter la responsabilité et, du reste, on lui en a fait un honneur. ville de Gand; elle nous a transmis le souvenir de plu- » sieurs événements, qui, sans elle, auraient été perdus » pour nous C'est elle seule qui a conservé les anciennes » dénominations de plusieurs localités de celte ville; c'est » elle seule qui nous a fait parvenir des notions exactes D sur son fossé de démarcation, que l'empereur d'Alle- » magne, Othon 1", fit creuser à partir de la jonc- » tion de la Lys et de l'Escaut, pour déterminer les » limites de l'Empire et de la France; enfin c'est le plus » ancien document qui fasse mention d'un château qui » existait sur le territoire de la petite ville deSainl-Bavon, » château qui fut bâti par les empereurs d'Allemagne, à » une époque inconnue. » Tous ces passages ont été copiés, ajoute Van D Lokeren, soit par les chroniqueurs qui ont suivi Thiel- » rode, soit par les savants qui se sont occupés de l'his- » loire de la Flandre ou de la ville de Gand : tous » ne leur ont reconnu d'autre origine que la Chronique » de Saint-Bavon. p Cette déclaration est pénible à enregistrer. Elle dénote peu d'esprit de critique chez Van Lokeren d'abord, qui ( 172 ) pourtant a rendu à la science, on doit le reconnaître, des services de la plus haute importance. Remarquons-le, Thieirode ne dit pas toujours ce qu'on lui fait dire. Il rejette aux temps ayant précédé l'année 941 et le règne d'Othon I" la première construction du château impérial de Gand et rétablissement des comtes spéciaux chargés d'y commander, et place, vers l'année citée plus haut, le creusement du fossé, la prise du château par le comte de Flandre et l'établissement du portus d'Herehetïij de la véritable ville de Gand. Il est inutile de se préoccuper de ces assertions à la fois vagues et trompeuses. Rien n'est plus facile à démontrer que leur inanité absolue. Procédons avec méthode. Que vaut celle Chronique de Saint-Bavon, longtemps vantée par des gens qui ne Pavaient ni vue ni lue, qui n'en con- naissaient que des fragments? On peut répondre hardi- ment : « très peu de chose ». On y lit en effet, comme dans d'autres médiocres écrits, que Lideric trouva, en Tan 792, la Flandre inculte et couverte de bois (p. 44); on y qualifie de premier duc de Brabanl Carloman, père de Pépin de Landen (p. 48) ; on y apprend que l'armée con- duite par le duc de Lotharingie Godefroid 1" (Godefroid le Barbu) contre Henri de Limbourg, en 1106, était si nombreuse que les oiseaux qui voulurent traverser les airs au-dessus de l'armée tombaient suffoqués par l'haleine des chevaux et des hommes (p. 60) ! Les erreurs y fourmillent dans la liste des abbés de Saint-Bavon (voir pp. 127 et suivantes) et, dans ce que dit Thieirode de ce saint lui- même, il y a presque autant d'erreurs que de mots. Écrite avec peu d'ordre, compilée sans soin, la Chro' nique ne date d'ailleurs que de la fin du XIII" siècle, car l'auteur vivait alors; il s'est considérablement servi de ( 173 ) Touvrage de Martin Polonus, qui se termine en 1276, et son petit poème sur le duc de Brabant Jean l""" fut écrit peu de temps après la mort de ce prince, en 1294 (voir Van Lokeren, pp. \\\ et 54). C'est donc un écrivain séparé de l'épisode qu'il raconte par un terme de plus de 530 ans, dont on a aveuglément accepté le témoignage. Ce témoignage, il est contredit par une ibule de particularités parfaitement établies, il n'est en concordance avec aucune; il introduit dans les annales du comté de Flandre des difficultés dont il est urgent de les débarrasser. On a eu confiance en Thielrode parce qu'on le supposait plus ancien ; aujourd'hui que l'on pos- sède son œuvre dans son intégrité, grâce à Van Lokeren, on peut l'estimer à sa juste valeur. Les idées de Thielrode sur les rapports de l'Empire et de l'abbaye de Sainl-Bavon sont absolument inacceptables. Ce ne sont pas les souverains de l'Allemagne et de la Lotharingie qui ont protégé, à Gand, les biens du monas- tère de Saint-Bavon. Lecartulaire de l'abbaye est là pour en témoigner. Othon I" n'y fit rien pour elle (1); Othon II et ses successeurs se sont bornés à confirmer aux religieux ceux de leurs biens qui se trouvaient dans ses États, (1) L'abbé Womare élait allé le trouver ponr réclamer quelques biens situés dans le royaume d'OUion et injustement enlevés au monastère; Othon avait immédiatement enjoint d'en faire opérer la restitution à Pabbé et à ses religieux. Mais, prévenu par la mort, il ne put prescrire de délivrer à l'abbaye un diplôme impérial : sed humani dfbiti sorte pre- ventus, ôil Othon i[ dans son diplôme du 21 janvier 974, ad meliora ut credimus iransmigrans, nullum super hoc imperialis auctoritatis scri- ptum ediderat. Comme loux cela est positif et logique? d'un autre côté, quel camouflet reçoit la légende? Othon !'•'" n'est pas venu à Gand; il n'a fait restituer à l'abbaye que les biens dont ses successeurs s'occupent dans leurs diplômes et parmi lesquels Gand ne figure pas. ( 174 ) c'esl-à-dire flans le Brabant, la Toxandrie, la Zélande, elc. Voir dans Serrure, loc. cit., les chartes du 21 janvier 974, du 18 et du 19 janvier 976, du 22 mars 977, du 5 février 1005, du 28 mai 1040, etc., où il n'y a pas la moindre allusion au prétendu château de Gand. Ce sont les comtes de Flandre, et en particulier le comte Arnoul I", qui ont rétabli et réorganisé l'abbaye de Saint-Bavon, saccagée et détruite par les Normands; c'est un roi de France, Lo- thaire, qui, le 11 décembre 9o8, en a approuvé le rétablis- sement, et, le 5 mai 967, pendant la jeunesse du comte Baudouin 111, à la demande de sa propre mère, la reine Gerberge, sœur de l'empereur Othon ï*"", a confirmé de nouveau au monastère ses privilèges et la propriété de ses biens. Parmi ces derniers (igurent toutes les maisons du port de Gand se trouvant au delà de la Lys, omnes wan- siones ultra Legiam de portu Gandavo (Serrure, loc. cit., p. 7). Le porfus, c'est la véritable cité comprise entre l'Escaut et la Lys; les mansioncs au delà de la Lys, c'est le quartier voisin de l'abbaye, au delà, c'est-à-dire à l'est de la Lys. La ville, tout à fait distincte de l'abbaye, existait donc, groupée autour de son église paroissiale, l'église Saint-Jean, vivant en partie sous l'autorité du comte, en partie d'une autonomie qui prit, dès le Xl^ siècle, des développements considérables. Deux fois seulement la ville fut attaquée par un empereur d'Allemagne, par l'em- pereur Henri 11 : en 1006, après que le comte Bau- douin IV eut pris Valenciennes, et de nouveau en 1020. En 1006 la ville fut emportée, mais la paix ne tarda pas à se conclure et, dans celte occasion comme en 1020, il ne fut question ni des droils de Henri sur Gand, ni d'un châ- teau impérial, ni de ses châtelains. Et cependant tous ou presque tous les auteurs, anciens ( ^7S ) et modernes, tronquent ou dénaturent les faits en accep- tant le récit de Thieirode, dont ils sont toutefois forcés de reconnaître Tinexactitude. Ne sachant comment expli- quer la fondation du château de Gand, qui, d'après le chroniqueur, serait antérieur à la consécration de l'église Saint-Jean, en 941, De Meyere et ses copistes la placent en 946, et, dans ce but^ imaginent une expédition d'Othon 1" en Flandre. Cette expédition eut-elle lieu? Répondons hardiment non. Il n'en est question ni dans Flodoard, ni dans Richer, ni dans Luilprand, ni dans aucun des auteurs qui ont raconté en détail les événements du X*' siècle. Kn l'année 946, après avoir fait assassiner le duc Guillaume de Nor- mandie, le comte de Flandre Arnoul l"" engagea le roi de France Louis d'Outremer à resserrer son alliance avec le roi de Germanie Othon I", son beau- frère, et parvini à les déterminer à marcher ensemble contre le jeune duc des Normands, Richard, dont ils assiégèrent la capitale, Rouen. Mais leurs attaques restèrent infructueuses et Arnoul devint suspect aux deux monarques. Craignant d'être arrêté par leurs ordres, le comte, pendant une nuit, quitta leur armée avec ses Flamands et se retira dans ses domaines. Voilà l'histoire certaine, incontestée. Ici commencent les inventions, les hypothèses. Les écrivains flamands De Meyere, Lesbroussart, dans ses notes sur Oudegherst, l. I", p. io5; Le Glay, Histoire des Comtes de Flandre^ t. I*'', p. 102, prétendent que la levée du siège de Rouen fut suivie d'hostilités commises en Flandre par le roi Othon. Edward Le Glay brode à ce sujet de très jolies phrases : « Othon, dit-il, plus exaspéré que jamais contre » Arnoul, résolut de lui faire payer cher les désastres ( 176 ) » dont il était la cause première. Après s'être un peu » reposé à Amiens et avoir mis Tordre dans son armée, il D gagna le marquisat d'Arnoul. Il n'est pas resté de détails » touchant celte expédition; on sait seulement que l'em- j> pereur, ne pouvant atteindre le souverain, fit peser sur » les vassaux le poids de sa colère. Pillant, brûlant» » ravageant tout en Flandre, il pénétra jusqu'à Gand, » ville alors renfermée entre la Lys et l'Escaut. Ce fut» » pense-t-on, lors de celle expédition que l'empereur prit » sur Arnoul et réunit à l'Allemagne une portion du » pays, etc., elc. p Tous ces détails sont purement ima- ginaires; on ne sait absolument rien des dévastations commises par Olhon, qui, à cette époque, n'était pas « empereur». Guillaume de Jumièges, l'écrivain qui parle le plus longuement de la levée du siège de Rouen, dit textuellement ceci : Otho vero atqtte Lndovicus diluculà consurgunl^ ut didicerunt Arnulphnm fugisse, illico quo venerunt itinere gressum retorquunt, dimissa obsidione ; Hisloria Normannorum, 1, IV, ch. xï, dans Du Chesne, Historiée Normannorum scriptores antiqiii (Paris, 1619, in f°, p. 244), c'esl-à-dire : « Olhon et Louis se levèrent » au point du jour à la nouvelle de la fuite d'Arnoul et» D cessant le siège, retournèrent d'où ils étaient venus. » Le doyen Dudon de Saint-Quentin (De moribus et aclis Normannorum, 1. Ill, dans le même, p. 133) ne parle pas autrement. Tandis qu'Arnoul regagnait rapidement la Flandre [repetebat rura Flandriœ velocissimus), les deux rois, d'après Dudon, partirent pour leurs États. Dans aucune de ces deux chroniques, écrites peu de temps après les événements, il n'y a d'allusion à une invasion en Flandre. On a encore aggravé les ténèbres répandues par Thiel- ( 177 } rode en partageant entre trois périodes distinctes les faits que ce njoine comprend en une seule. Ainsi, d'après l'opi- nion généralement admise, le creusement du fossé d'Othon aurait eu lieu en 980 et la reprise du château par les comtes de Flandre en 1046 seulement. La date de 980 est donnée par une vieille carte dont il existe, aux Archives provinciales à Gand, une copie authen- tiquée, datée de 1617. On y lit en suivant le tracé du Hont ou Escaut occidental : « En l'année 980, l'empereur Othon B (c'est Olhon II) creusa à travers les dunes, entre la » Flandre et la Zélande, ce qu'on nomme ici les Wielin- » gcn et ce qui avait le nom de fossé d'Othon ». On ne peut avoir égard à de pareilles billevesées, évidemment empruntées, non à une source ancienne et sérieuse, mais aux écrits de Marchantius ou de quelque autre érudit de la même force. Et cependant elles ont suffi pour inspi- rer à Warnkônig les réflexions suivantes : « La délimila- » tion (entre l'Empire et la Flandre) aurait-elle été une » suite du traité entre Othon II et Lothaire, conclu à & Reims, ou suivant d'autres sur le Chiers? » Ailleurs, l'époque du creusement du fossé d'Olhon est positivement fixée à l'année 980, et l'autorité de Warnkônig est alléguée à l'appui de cette assertion. Est-il nécessaire de faire obser- ver la fragilité d'une édification de ce genre? Occuper Gand, y bâtir un château, y maintenir des châtelains, faire creuser un fossé de plusieurs lieues, étaient-ce des entreprises réalisables pour des souverains comme les Othon, dont l'autorité dans la Lotharingie, c'est-à-dire dans le pays entre l'Escaut et le Rhin, ne se soutenait que péniblement, à cause du mauvais vouloir de presque tous leurs grands vassaux? S"'" SÉRIE, TOME XI. 12 ( 178) Comme on Ta vu, Thieirodeallribue au comte Arnoul I" la reprise du château de Gand et l'iuslitution du premier châtelain, nommé Lambert. Mais, dit Lesbroussart dans ses notes sur Pierre d'Oudegherst (t. l", p. 252) : a ce fait » appartient évidemment au règne de Baudouin de Lille. » C'est, ajoute-l-ij, l'opinion de Meyerus, de Marchantius, » de Lindanus et du savant Kluit. d C'est aussi celle de d'Oudegherst, d'Edward Le Glay (loc. cit., p. 152) et de beaucoup d'autres. Ce n'est pourtant pas celle de Du Chesne et de Warnkônig, qui ont eu égard aux diplômes. En effet, le comte Baudouin a gouverné la Flandre de 1036 à 1067, tandis que le châtelain Lambert exerçait une autorité incontestée à Gand au commencement du X[^ siècle. Évi- demment il était alors dans cette ville le premier après le comte. Dans le récit des derniers moments de saint Macaire, vers 1012, il est qualifié de senator; en 1026 il figure dans une charte avec le titre d'avoué, en compagnie de son fils Folcard, qui apparaît seul et s'intitule le pre- mier châtelain de Gand en 1046 (voir, pour ces détails, Du Chesne, loc. cit., p. 56, et preuves, p. 52). Lambert n'a pas plus vécu en 1046 que du temps d'Arnoul 1". La date de 1020, proposée par Du Chesne (loc. cit., p. 41) et par Warnkônig, n'est pas plus acceptable. Rien n'auto- rise à admettre l'existence à cette époque, dans la ville de Gand, d'un château ne reconnaissant pas l'autorité com- tale; si, dès cette époque, Gand a eu un château, c'est le comte qui y agissait en maître. A mon avis il a successivement existé à Gand deux manoirs affectés au séjour des souverains de la Flandre. Le second, au sujet duquel je n'ai rien à ajouter aux nom- breux et excellents travaux dont la ville de Gand a été ( 179 ) l'objet, c'est le Chàtemi des comtes {S'Graven Kasleel), que Philippe d'Alsace fil restaurer, auprès duquel s'élevait l'église Sainle-Pharaïlde et qui, après avoir servi long- temps de résidence princière, fut à son tour abandonné pour la Cour du Prince, 'l Prinsenhof, ou 'thoften Walle. Le premier est celui que l'on appelait en 1199 le Vêtus casfrum, le Vieux château (i); on le distingue alors du château du comte et de ses dépendances (m bonis appen- ditiis castello Gandensi), et le comte Baudouin déclare les habitants du Vieux-chàleau, de même que ceux de ces dépendances, dotés des mêmes exemptions de tonlieux que les bourgeois domiciliés à l'intérieur des quatre portes de la ville. L'emplacement du Vieux -château, c'est ce que la grande charte de 1195 appelle la Ville du comte, Villa comitis, le Vies-bourg ou Oudenbourg, que la com- tesse Marguerite et son fils Guy de Dampierre réunirent, en 1274, à la juridiction de l'échevinage gantois (2). Warnkônig nous dit quelque part : « Aucun historien » n'a pu expliquer jusqu'ici d'une manière satisfaisante )) comment les relations juridiques de la châtellenie de » Gand ont pris naissance et se sont graduellement déve- » loppées. » C'est que notre ancien collègue, si savant en droit, avait été complètement égaré par les allégations de Thielrode. La châtellenie de Gand constituait un terri- toire formant, dans le principe, une subdivision du comté de Flandre, tel que l'un des comtes, probablement Bau- (1) Charte du i5 juillet 1199, daus Warokonig et Gheldolf, Histoire de la Flandre, t. III, p. 235. (2j Voir les mêmes, toc. cit., p. 29. —Cet ancieu château n'a jamais rien eu de commun avec Tabbaye de Saint-Bavon, comme le prétend De Bast(/or;. a7.,p.50). ( 180 ) douin à la Barbe, l'avait organisé. La châtelleniede Gand, comme les châtellenies de Bruges, d'Ypres, de Furnes, de Courlrai, de Lille, etc., étaient autant de districts sur lesquels un vassal du comte, appelé châtelain ou vicomte, exerçait une certaine autorité. Ce châtelain, arrière-vassal du roi de France, ne pouvait, à titre de son office, admi- nistrer en dehors du royaume; voilà pourquoi le pays de Waes et les Quatre-métiers ne furent jamais compris dans la châtelleniede Gand ou du Vieux-Bourg. Warnkonig s'en étonne. C'était, au contraire, tout ce qu'il y a de plus rationnel. La cour féodale de cette juridiction dite du Vieux- Bourg, c'est tout simplement la réunion des vassaux dont les tenures étaient situées dans ce district, car en Flandre il n'y avait pas, comme en Brabant, de cour féodale géné- rale; il n'y en avait que de partielles. C'était tellement un corps territorial que Ton y voyait siéger aussi les baillis des abbayes de Saint-Pierre et de Sainl-Bavon, représen- tant les abbés, qui, dans le principe, y paraissaient en per- sonne. On lui donna le nom de châtellenie du Vieux- Bourg pour le motif qu'elle siégeait au Vieux-château, premier centre des domaines du comte à Gand et aux environs. Le châtelain était parmi les vassaux de la châtellenie une simple unité. Quant à sa demeure et à ses dépen- dances, à Gand, elles constituaient un domaine particulier contigu au château des comtes et comprenant la rue de Bruges, mieux nommée rue du Biirg, Btirgstraet, et le Briel ou Groenenbriel. On appelait ce territoire S'Borch- graven gerechte, la Juridiction des châtelains. L'un de ceux-ci, Hugues, accorde de grandes libertés, en octobre ( 181 ) 12M, à ses échevins et bourgeois du Briel, de la Borch- slrale et d'en avant la ville ou du faubourg de ce côlé, de Hrelo, de Borchstrale et ante nrbem (j); cédé, en échange du village de Saeftinge, à Robert de Bélhune, ce quartier fut, en 1299, vendu aux échevins deGand, qui le réunirerjt pour toujours à la ville, comme l'Ancien château des comtes l'avait été peu de temps auparavant. On doit nette- ment distinguer l'un et l'autre et ne pas attribuer au pre- mier ce qui concerne le second. D'épaisses ténèbres entourent encore l'origine des familles dites de Gand, dont le savant Du Chesne, dans un livre resté un monument d'érudition, a tenté l'expli- cation. Warnkônig {loc. cit., p. 79) s'égare lorsqu'il nous dit : « Toutes les terres que nous venons d'énumérer (la » Flandre impériale) avaient été concédées aux comtes de i> Gand, qui y occupaient le château impérial depuis » l'année 941 ou même auparavant. Leurs descendants » possédèrent aussi la Zélande et la Hollande et se parta- j> gèrent leurs comtés de telle sorte que ces derniers pays » restèrent à Tune des branches et le district de Gand et » les possessions en dépendantes à l'autre ligne. Plus » lard une seconde division eut lieu dans cette ligne; le » comté de Gand et celui d'Alost furent séparés et for- » mèrent pendant longtemps deux tiefs distincts possédés » par deux branches de la même famille. » Quant à la véritable famille de Gand, elle apparaît en même temps que celle des châtelains de cetle ville, à laquelle elle se rattachait peut-être, sans que l'on puisse 1) Wanikonjg et Gheldolf, loc. cit., p ^2~ô. ( 182 ) afïirmer leur parenté. Sou origiue n'est pas connue. On ne peut remonter au delà de Rodolphe, cité en 1038, et qur eut plusieurs fils, entre autres Baudouin de Gand (1046, 1050, 1056, etc.), et un second Rodolphe, qui prit le sur- nom d'Alost; de celui-ci descendent les seigneurs de cette ville, depuis comtes, dont l'héritage échut, au XII* siècle, aux souverains de la Flandre. Jamais, disons-le sans crainte d'être démenti par un document historique, il n'y a eu d'autres comtes de Gand que les comtes de Flandre. Wisman, le gendre d'Ar- noul V\ et ses descendants immédiats : Thierri, que Ton dit fils de Wisman; Arnoul, fils de Thierri, qui fut tué par les Frisons vers l'an 997; Thierri, fils d'Arnoul, qui tira vengeance de cette mort et, en 1018, remporta une écla- tante victoire sur les troupes impériales, ont eu des biens en Flandre, mais à litre de seigneurs, de grands possesseurs; ils n'ont été comtes qu'en Hollande, puis en Zélande, et, pour cette dernière contrée, ils étaient les vassaux des comtes de Flandre. C'est même à tort qu'on leur attribue le surnom de de Gand; il ne leur fut donné que plus tard et Sigebert de Gembloux est le plus ancien auteur qui le leur attribue, on ne sait pour quel motif (1). Après avoir longuement et savamment exposé les liens de vassalité rattachant à l'empire d'Allemagne une partie de la Flandre (2), Warnkônig a commis une très grave erreur. Il comprend dans celte Flandre un château impérial (1) Dans Cliapeauville, Gesta poutificum Leodieîisium, l. I, p. 240. (2) T. II, pp. 77 et suiv., de l'édit. de M. Gheldolf. — D'après Paulus. De origine, progressa et solutione nexus feudalis Flandriam in ter et Zeelandiam (Leyde, 1775, iii-S"), et Kluit {Excursus VU). I ( 185 ) de Gand, résurreclion ou conlinuation de la création fan- tastique de Jean de Thieirode. D'après lui, le comte Bau- douin IV, vers 1007 ou 10J8, et Baudouin V, entre i040 et 1057, auraient obtenu, avec d'autres fiels, l'investiture du château de Gand. A l'appui du fait de l'inféodation à Baudouin V il ne cite qu'un auteur moderne, Paulus, mais pour prouver celle qui fut octroyée à Baudouin IV il men- tionne positivement (p. 80) la Chronique de Cambrai et d''Arras de Baldéric (L I, c. 115, et L III, c. 12). Il est regrettable de devoir en avertir. Malgré l'affirmation de Warnkônig, Baldéric, cet auteur si précieux pour la con- naissance de l'histoire du pays pendant la première moitié du XI' siècle, ne dit pas un mot d'un château qui n'existait pas. Jamais, le fait doit être mis hors de contestation, il n'est question d'un château de Gand dans les nombreux docu- ments relatifs à la Flandre impériale. Cette dernière se composait : 1° du pays d'Alost, 2** du quartier d'Outre- Escaut, 5*^ du pays de Waes, 4° des Quatre Métiers et 5% avant la fin du 15*= siècle, de la Zélande. Cette dernière ne fut placée sous la suzeraineté de la Flandre que pen- dant le règne de l'empereur Henri II. Quant aux Quatre Métiers et au pays de Waes, leur union au comté date de plus loin, mais on ne sait à quelle époque elle remonte. Les Quatre Métiers dépendaient de l'évêché d'Utrecht; c'était donc une partie de l'ancien pays des Frisons et, comme toute la Frise, d'après le célèbre partage opéré en 870, faisait partie du royaume de Lotharingie, on con- çoit pourquoi ce territoire s'est trouvé englobé, comme annexe de la Lotharingie, dans l'Empire. Mais, applicable aux Quatre Métiers, l'explication ne l'est pas pour le pays ( i84 ) de Waes, et l'origine du lien féodal entre cette contrée et TAIiemagne reste un mystère (i). Pour le pays d'Alost, situé à l'est de l'Escaut, dans le diocèse de Cambrai, dans l'ancien Bracbanlunif il n'y a aucune difficulté; mais qu'est-ce que le Quariier d'Outre- Escaul, Terra ultra Scaldim? C'est une partie du territoire gantois, se trouvant à l'est de l'Escaut, au delà du cours d'eau dit VAncien Escaut (Oud Scheld) et qui formait d'abord un échevinage particulier, une ville distincte. Cette ville, sous le nom de Pons Brabancie, Pont de Brabant, donna des garanties au roi de France lors de la libération du comte Ferrand, en 1226, et lors de l'avènement de la comtesse Marguerite, en 1245, puis son existence se ter- mina. En effet, Marguerite et son fils Guy la réunirent à Gand, le 29 juin 1254 (2). L'échevinage qui rendait la justice en cet endroit s'intitulait d'Outre- Escaut {scabini de Ultra Scaldim extra Gandavum), selon l'expression d'une charte des comtes Thomas et Jeanne, du mois de (1) Un écrivain allemand, M. Brosien, s'est occupé récemment de la Filandre impériale, mais son travail ne concerne que rhistoire de cette contrée pendant la seconde moitié du XIII* siècle (Der Slreit zum Beiclis- Flanderen in der sweiten Hàlfte des dreizehten Jahrhunderts). Gel écrivain s'occupe fort peu de la formation de celte Flandre féodale et ce qu'il en dit ne concorde pas avec notre travail. Les limites occidentales de l'Empire, dil-il, étaient formées par une embouchure de l'Escaut appelée, au moyen âge, Sincfalla, et qui devint le Zwin, une baie près de l'Écluse. — Sa frontière occidentale était formée par l'Escaut jusqu'à l'endroit où ce fleuve reçoit la Lys, et ensuite par un fossé qu'Othon l^"" avait fait construire dans la direction du nord pour les limites de ses Êlats vers le nord-ouest. — La terre d'Over-Schelde constituait une petite juri- diction aux deux cùlés du fleuve, dans le voisinage de la ville de Gand. (^) DiEiucx, Mémoires sur la villi' de Ganl^ l. I, p. ôGi. ( 183 ) juin 1241 (1). C'est bien là la terre d'Oulre-Escaul, annexée à la Flandre impériale. Seulement, remarquons- le, dans les diplômes des empereurs on ra|)pelle d'abord : citrà Scalclim, « de ce côté de l'Escaut », d'après sa posi- tion relativement à l'Allemagne. Ce quartier oublié pourrait nous fournir l'explication de la confusion qui s'est introduite dans l'ancienne histoire de Gand. Un diplôme de Louis le Débonnaire, du 12 avril 815 (2), place l'abbaye de Saint-Bavon dans le pagiis de Brabant, ce qui est absolument inconciliable avec tout ce que l'on sait de la délimitation du territoire brabançon. N'esl-il pas à supposer que la première abbaye fut bâtie dans le quartier appelé d'Outre-Escaut, c'esl-à-dire dans un emplacement pouvant faire partie du Bracbantum? On s'expliquerait ainsi la double fondation de saint Amand : un premier monastère, Saint-Pierre, entre la Lys et l'Escaut, pour recevoir les néophytes du pagus Gandensis et du restant du royaume de Neustrie; un second, Saint- Bavon, ou, pour nous exprimer comme on le faisait dans l'origine, Saint-Pierre et Saint-Bavon, au sud-ouest du fleuve, ouvert aux nouveaux convertis originaires du Brac- bantum et des au 1res parties de l'Austrasie, l'un et l'autre mis à l'abri des incursions des Frisons par un grand cours d'eau. Au IX" siècle, à la suite des ravages des Nor- (1 ) DiERicx, loc. cil , p. Ô7i. (-2) Voir les expressious même du diplôme : vir venerabilis Einhardus abba ex monaslerio quod dicitur Ganda^ quod est .situm in pago Bra- ùaîitime, construclum in honore sancti Pelri principis apostolorum, ubi etiam sanctus Bavo co7iffSSor C/iristi corpore requiescit. On aurait tort de croire qu'il s'agisse ici du monastère de Saint-Pierre; celui de Saiul-Bavon, où ce dernier saint étail enterré, avait également le prince des apôtres pour patron. ( 186 ) rnands, le second resta très longtemps abandonné; il aura été reconstruit du temps du comte Arnoul 1^*^ en un autre endroit, et l'espace qu'il occupait sera resté entre les mains d'Arnoul et de ses successeurs. Ce sera à ce titre que, en 1256, la comtesse Jeanne aura pu dire, avec quelque fon- dement, que l'abbaye de Saint-Bavon relevait de l'Em- pire (1). Mais de là à admettre des fables auxquelles tout est contraire : histoire, diplomatique, topographie, il y a un monde, et l'on croira d'autant moins à la Fosse Othonienne qu'entre les anciennes Flandres, l'une royale, l'autre impériale, il n'y a pas de trace de cours d'eau (1). Est-il nécessaire de se creuser la cervelle à propos de la direction du Fossé d'Olhon? Si la conquête de Gand par un empereur de ce nom est un mythe, si l'édification d'un château impérial aux bords de la Lys en constitue un autre, que devient notre fossé, fossé dont la direction, au surplus, a été l'objet d'éternelles controverses? Le nom d'Ottegracht à Gand n'est-il pas d'une application tar- dive, le fossé voisin de l'église Saint-Jacques s'appelant uniquement, dans le principe, le Fossé {Graclit), comme (1) Dans une lettre adressée à Tarchevèque de Reinfis, le 14 juin 1256, la comtesse réclame auprès de ce prélat pour que Tinterdit jeté sur le royaume de France, à l'occasion des débals entre le roi et l'église de Beau vais, ne s'étende pas sur l'abbaye de Saint- Uavon, établie dans un emplacement tenu de l'Empire, « comme cela résulte, dit-elle, de divers » diplômes qu'elle a fait examiner {Cum monasterium, Sancti Bavonis Gandensis situm sit in terra quam de imperio nos tenemus, sicut per diversa privilégia que propter hoc inspici fecimus, plene constat... Ser- rure, lac. cit., p. 197). La requête de la comtesse n'a qu'un défaut, c'est de reposer sur une mauvaise base. Aucun des diplômes accordés par les empereurs d'Allemagne à l'abbaye de Saint-Bavon ne place ce monastère dans leurs États. ( 1«7 ) Diericx l'a parfailemeni établi [Mémoires sur la ville de Gand, I. I", p. 475) (1)? Ce fossé, au lieu d'aller rejoindre (1) La question de l'existence du Fossé d'Olhon a été agitée par Kluit {Historia crilica comilatus Hollandiœ et Zeelandiœ, t. I»', pp. 139 el suiv.). De Bast {Recueil iVantiquilés, pp. 55 à 49, el Premier supplé- ment, pp. 115 à 1^0 et 199 à 2-25) el Diericx {Topographie de l'ancienne ville de Gand, Gand, 18U8; Mémoires sur la ville de Gand, L I, pp. 468 à 512, et Appendice aux Mémoires sur la ville de Gand, pp. 6 à 11). Ces discussions, basées sur des extraits incomplets de la Chronique de Saint-Bavon, enfiellées par des rancunes personnelles enire De Basi el Diericx, n'ont pas abouti à une solution satisfaisante, ni anéanti Pinfluence fâcheuse produite par les récits ampoulés et erronés à la fois de Jean de Thieirode. Warnkônig, qui était pourtant un homme de science, a accepté la légende el l'a défendue au moyen d'arguments qui étonnent [loc. cit., t. Il, pp. 17 et suiv.). « On est allé, dil-il, jusqu'à nier l'existence du canal » d'Othon, quoiqu'elle fût attestée par une tradition de six et mérne de » sept siècles. « Depuis quand l'ancienneté d'une tradition établit-elle une présomption en sa faveur? A ce compte il nous faudrait accepter toutes les fables mises en circulation au moyen âge! Plus loin il allègue, à l'appui de lexislence du Fossé que, dans la keure des Quatre Métiers de l'an 1242, on lit cette phrase : « Entre Volmode et Otinghe personne ne doit rece- » voir de qui que ce soit des Quatre Métiers une escorte sur la mer » {Inler Volmode et Otinghe iiullus débet ab aliquo de Quatuor officiis accipere conductum in mari). Mais l'existence d'une localité appelée Olinge, comme le fossé signalé par Thieirode, ne prouve pas plus l'existence de ce fossé que l'existence de la ville de Gand n'établit celle d'un château impérial à Gand. Le préfixe Ot se retrouve fréquemment en Flandre el n'a pas plus de rapport avec les empereurs Othon qu'avec la lune. 11 y a Ottergem {Otringem, 1056) dans le canton d'Alost et près de l'Escaut, Olterschem (Ottersom) à Swynaerde, canton de Nazareth; Ooteghem {Olhengem), près de Gourtrai. Quant à Otinghe, ce devait être (comme Oetinghen) une agglomération d'habitations; telle est la significa- tion donnée d'habitude au final inghe, par lequel le nom de tant de vil- lages se caractérise. Contrairemeni à ce que dit Warnkônig (p. 50), la keure des Quatre Métiers ne fournil aucune preuve de l'existence du Fossé d'Othon; elle se borne à mentionner un lieu dit Otinghe, sans spé- cifier s'il s'agit d'un hameau, d'un polder, d'un fossé. ( i88 ) rOcéan, se dirigeait de la Lys vers... la F^ys, en passant successivement sous les ponts dils SpeUebruggey Suyvel- steegbrugge, Wolfsbrugge, Baudeloobrugge , Sint-Jans- brugge et Combrugge, et en se terminant au Paddegat (1). Il n'allait pas, comme on Ta dit, du Paddegat vers la Lys, par Texcellente raison que les cours d'eau n'ont pas rhabitude de remonter vers leur source; il allait de la Lys vers le Paddegat, en suivant la direction du nord-ouest vers le sud-est, ce qui est, on l'avouera, une étrange manière d'aller rejoindre l'Océan ou même l'embouchure de l'Escaut. Finissons-en donc et jetons au rebut des friperies indignes de la véritable histoire, bonnes seulement à éga- rer les esprits. Un mot pourtant avant de finir. Pourquoi trouvons-nous, chez Jean Van Thielrode, tant de souci des prérogatives im|)ériales, pourquoi a-t-il rallumé le souve- nir des vieilles luttes de l'Allemagne et de la France au sujet de la Lotharingie? Y aurait-il eu, de son temps, dans la cité gantoise, un parti qui tournait ses regards vers le Rhin et aurait voulu voir les drapeaux à l'aigle germa- nique flotter de nouveau aux bords de l'Escaut? Rappelons-nous ce qui se passait alors. La domination de Philippe le Bel pesait de plus en plus sur la Flandre, où déjà s'attisait cette haine qui devait aboutir aux matines (1) Voira ce sujet Diericx, Topographie de rancienne ville de Gand^ p. 6. Voici qui est encore plus bizarre : VOttegracht esl sur la rive droite de la Lys, tandis que le château des comtes (S'Gravesteen) et l'abbaye de Saint-Bavon sont sur la rive gauche; pour le prolonger jusqu'à la mer il aurait fallu traverser celle rivière, — dans quel but, de quelle manière? C'est ce dont on ne se préoccupe pas. Une mauvaise chronique, une seule» a parlé; il faut la croire. ( 189 ) brugeoises et à la journée de Courtrai. Guy de Dampierre, qui lanlôl se faisait le ministre docile des volontés du monarque, tantôt se débattait contre elles sans esprit de suite, n'était guère plus aimé. Pour plus d'un Flamand, l'idéal d'un véritable seigneur c'était Jean l^\ le héros des tournois, le chevalier aimé des dames, le vainqueur de Woeringen, le poète haut-allemand, le prince dont Van Thielrode a déploré la perte dans un poème latin (1), et auquel d'autres contemporains, les poètes Van Heelu et Van Velthem, accordent de si brillants éloges. Lorsque Jean [" meurl, jeune encore, ces tendances ne s'effacent pas et un jour une coalition se forme, réunissant dans un même faisceau la Flandre, le Brabant et la Hollande, appuyés par Edouard I" d'Angleterre et par le roi des Romains, Adolphe de Nassau. Elle se dissout bien vite, il est vrai, mais le sentiment populaire survit. A défaut d'une coalition de princes, c'est le soulèvement des masses qui arrête, sur les bords de la Lys, les légions de Philippe-le- Bel; à Liège, la faction aristocratique qui s'enorgueillissait du nom de Fils des Français (filii Francoriim). Considérées à ce point de vue, les narrations de Jean Van Thielrode conservent une certaine valeur. On entrevoit en lui une intelligence qui, dégoûtée de ce qui l'entoure, mécon- tente de la réalité, cherche un refuge dans des rêves et veut à tout prix donner à ses aspirations une base histo- rique. A ce titre, mais à ce titre seulement, on accordera désormais quelque intérêt aux récits de l'auteur de la Chronique de Saint-Bavon. (1) Voir rédition de sa chronique, publiée par Van Lokeren, p, 55. ( 190 ) Les Suèves des bords de C Escaut. — Réponse à M. Alph, Wauters et à M. Léon Vanderkindere , par J. Gantrelle, membre de l'Académie royale de Belgique. J'ai Irailé cette question, il y a plus de dix ans, dans une séance (1) de la Société pour le progrès des études philologiques et historiques. M. Wauters s'est donné la peine d'appeler l'attention de l'Académie sur un travail plus ou moins oublié, mais, comme je pouvais m'y attendre, c'était surtout pour le critiquer (2). Il me sera facile de réfuter ses critiques. Si, dans l'examen de son mémoire, je me trouve amené à relever les inexactitudes qu'il commet, les erreurs dans lesquelles il tombe, ses suppositions impossibles ou peu fondées et son argumentation nulle- ment concluante, il voudra bien considérer que sa polé- mique m'y a obligé. J'ose espérer que la Classe des lettres me désapprouvera d'autant moins qu'elle est intéressée à ce que la vérité historique, altérée de plus d'une manière par M. Wauters, ne coure pas le risque de rester obscurcie sur plusieurs points. Pour plus de clarté, il me faudra d'abord dire, en deux mots, de quoi il s'agit. Voici le passage de Tacite qui a donné lieu à la discussion : (Usipi) eo ad extremum inopiae (1) Séance du 5 avril 1875. La dissertation a été publiée dans la Revue de linslrnclion publique [supérieure et moyenne) en Belgique, t. XVIII. (2) Voir le Bulletin de l'Académie royale de Belgique^ 3« série, tome IX n* 3, et tome X n" 7, 1885. ( 191 ) venere iit infîrmissimos suorum, mox sorte ductos vesce- rentiir, atqite ita circumvecti Brilanniain, amissis per insciliam regendi navibuSy pro praedonibus habiti, pri- mum a SueviSj mox a Frisiis inlercepli sunt (Agricola, €h. 28). Ces Usipes, originaires de la Germanie Iransrhé- nane (1), formaient une cohorte d'auxiliaires de l'armée romaine en Bretagne; ils étaient cantonnés sur les bords de la mer à l'embouchure de la Clola (Clyde). Pendant que le général romain marchait vers l'est pour soumettre le pays situé au nord de la Bodotria (Firth ol' Forlh), ils se révoltèrent, tuèrent le centurion (]ui les commandait, s'emparèrent de trois bâtiments légers et s'enfuirent. Bientôt exposés à périr de faim, ils se trouvèrent dans la triste nécessité de manger les plus faibles d'entre eux, ensuite ceux que le sort désignait. Après avoir, dans cette situation horrible, fait le tour de la Bretagne, ils perdirent leurs vaisseaux et tombèrent dans les mains des Suèves, puis dans celles des Frisons, atque ita circumvecti Britanniam, amissis... navibus..., intercepli sunt. Le petit mot Ha a ici une signification importante qu'il ne faut pas perdre de vue. Si les Usipes, avant de sortir du Pas-de-Calais, furent réduits par la faim à la cruelle extrémité de se tuer et de se manger entre eux, on ne peut pas supposer, comme on l'a fait, qu'ils entreprirent un long et périlleux voyage dans la mer Germanique; ils devaient au contraire chercher à aborder le plus vite possible sur les côtes les plus voisines, qui se trouvaient à leur droite vers l'embouchure de l'Escaut. (1) Je n'aurais pas besoin trajouter ce détail généralement connu, si M. Wauters ne prétendait pas qu'ils habitaient en deçà du Khin. ( 192 ) C'est cette thèse que j'avais soutenue et développée dans ma dissertation de 1875. Où habitaient les Suèves et les Frisons dont parle Tacite? Les Frisons, comme je l'ai dit dans ma disserta- tion, s'étendaient à cette époque jusqu'à l'embouchure de la Meuse, car Pline l'Ancien, qui est mort en 79, quelques années avant la fuite des Usipes (83), affirme qu'ils occu- paient des îles entre le Flévus (Zuiderzée) et le Hélinium, embouchure de la Meuse (1). Quant aux Suèves, comme ils furent le premier peuple que les Usipes rencontrèrent en sortant du Pas-de-Calais, on peut admettre qu'ils habi - taient au sud des Frisons entre la Meuse et l'Escaut. Il y a cependant une autre hypothèse possible. Si, contrai- rement à l'affirmation de Pline, on admettait, avec Théo- dore Mommsen (2), que les Frisons s'étendaient seulement à l'ouest de l'Yssel, les Usipes, après avoir rencontré les Suèves entre l'Escaut et la Meuse, n'auraient pu se heurter immédiatement contre les Frisons, mais ce ne serait que plus tard que, dans leurs tentatives désespérées pour ren- trer en Germanie, ils seraient tombés dans leurs mains. L'opinion du grand historien de Berlin est loin d'être défavorable à ma thèse. M. Wauters, passant sous silence mon argumentation, affirme, tout d'abord et sans preuve, ce qu'il y a de plus invraisemblable. Voici comment il raconte ce qu'il appelle VOdyssée des Usipes : « Après avoir louvoyé autour de l'Angleterre, ils auront été portés vers le Sund, où leurs galères auront (1) In Rheno aulem ipso... nobilissima Batavorum insula... et aliae Frisioium... qure slernuntur inler Helinium ac Flevum {Natural. Histor, ch 29(13). (2) Romische Geschichte, vol V, p H6, noie. ( ly? ) été brisées sur la côle. C'est là où la eohorlc aura été atta- quée par les Suèves, puis ce qui avait échappé à un pre- mier combat sera tombé entre les mains des Frisons. » Cela est facile à dire, mais malaisé à expliquer. Tacite place sur les côtes du Sund les Suionum civilates, il n'y connaît pas de Frisons. M. Wauters dit lui-même que les Frisons « occupaient, alors comme aujourd'hui, ce que Ton appelle la Frise ». Les Usipes, après leur premier combat contre les Suèves, auraient donc dû aller bien loin pour livrer un second combat aux Frisons. Pour arriver en Frise, auraient-ils de nouveau traversé l'im- mense Océan (Tacite), quoiqu'ils eussent perdu leurs vais- seaux, amissis per inscitiam regendi navibus? Suppose-t-on qu'ils aient pu, vaincus et en déroute, s'emparer des vais- seaux des Suions? iMais le roi absolu (i) des Suions était puissant par ses flottes et ses guerriers [praeter viros armaqiie classibus valent, Germ. 44), et l'on ne se figure pas comment ces pauvres Usipes, déjà décimés dans un premier combat, auraient pu lui échapper. Croit-on peut- être qu'ils aient fait à pied ce long voyage vers la Frise? Mais pour arriver aux côtes septentrionales de la Ger- manie, il fallait encore des vaisseaux. Supposons, par impossible, qu'ils y soient arrivés. Ils auraient été imman- quablement arrêtés par la puissante nation des Cauques, qui habitaient sur les côtes entre l'Elbe et l'Ems jusqu'à la Frise. Ce que M. Wauters affirme est donc tout à fait impro- bable, sinon impossible. Nous avions cependant déjà combattu par d'autres argu- (Ij Unus imperitaù, nullis jam excepUonibus^ non precario jure parendi. Germ., 44. 5"*' SÉRIE, TOME X. i3 ( 194 ) menls celte course lointaine vers le Nord et TOrienl. On n'a pas même essayé de nous réfuter. Au témoignage de Tacite, les Usipes ne savaient pas gouverner leurs vais- seaux, ils n'avaient embarqué ni eau ni vivres, et l'on veut qu'ils aient traversé la mer du Nord, affronté les dangers du Skager Rak et du Cattegat pour entrer enfin dans le détroit du Sund? C'est dans un dénuement com- plet de tout ce qui est nécessaire à la vie qu'ils sortirent du Pas-de-Calais, et l'on se refuse à croire qu'ils ont cher- ché, pour ne pas mourir de faim, à aborder sur la j re- mière côte qui s'offrait à leurs yeux? On prétend, au con- traire, qu'ils ont osé entreprendre un long voyage vers la mer Baltique, sur des bâtiments légers, à travers une mer que Tacite appelle hostile [adversus OceaniiSj Ann. Il, 24), plus violente que les autres mers [violenlior cetera mari Oceanus, Ann. ib.), dangereuse et iQïnb\G[perîculum ftor- ridi et ignoti maris, Germ. 2), oii les vai'-seaux romains n'osaient s'aventurer que rarement [immensus... Oceamis raris ab orbe nostro navibus aditin\ Germ. 2)! Nous concluons de nouveau qu'il n'y a rien de vraisem- blable dans y Odyssée décrite par notre honorable confrère. M. Wauters, après avoir conduit les déserteurs jusqu'au Sund, fait deux objections à notre explication du passage cité de Tacite, « Quanta arriver en Flandre ou en Zélande, dit-il, et à se servir de la Meuse ou du Rhin pour rega- gner la Germanie, la cohorte pouvait-elle y songer? C'eût été se jeter dans la gueule du loup... On ne peut admettre que les Usipètes ont abordé à un point quelconque de l'empire romain, ils auraient été immédiatement saisis et livrés au supplice. i> Tout le monde admettra volontiers qu'ils n'auraient pas voulu de gaieté de cœur se jeter dans la gueule du loup, mais il ne faut point oublier qu'ils [ i98 ) n'avaient pas le libre choix des moyens pour échapper anx Romains. Ils devaient, d'un côté, se tenir plus ou moins éloignés des côtes méridionales de la Bretagne, où domi- naient leurs ennemis, de l'autre, éviter de mourir de faim et chercher à prendre terre le plus tôt possible. Ils étaient donc forcés, en sortant du Pas-de-Calais, de gagner les côtes qu'ils voyaient à leur droite et où ils pouvaient espérer ne pas rencontrer de garnisons romaines. C'est alors qu'ils perdirent leurs vaisseaux, en échouant sjil sur les bas-fonds de la branche orientale de l'Escaut, soit sur les côtes entre l'Escaut et la Meuse. La phrase de Tacite ne peut pas, comme je l'ai démontré, être interprétée autrement. Voici la seconde objection : « Pline, qui énumère tous les peuples de la Gauie-Belgique, même les moins impor- tants, garde un silence absolu sur les Suèves de la Flandre et de la Zélande. Il y a là un argument négatif des plus concluants. » Faisons d'abord remarquer que ce passage pourrait faire croire que j'ai parlé de Suèves établis en Flandre du temps de Pline; je n'ai cependant pas dit un mot qui puisse le faire penser. C'est là une distraction de mon honorable confrère contre laquelle je dois prolester. Elle est assez grande pour que j'y insiste. Quand j'ai cité les Suèves de la Flandre, j'ai dit que l'histoire n'en fait nienlion que vers la fin du IX^ siècle, c'esl-à-dire en 880. Pline était alors mort depuis huit cents ans. Comment n'aurait- il pas gardé un silence absolu sur les Suèces de la Flandre? Mais formulons d'une manière plus sérieuse roi)jection qu'on a voulu faire. J'ai raconté la fuite des Usipes et leur rencontre probable avec les Suèves entre l'Escaut et la ( i9t) ) Meuse en l'année 85 de noire ère. On peut objecter que Pline ne parle pas de ces Suèves. L'argumentum ex silentio n'a pas la valeur qu'on lui suppose. Combien de faits historiques ne devrait-on pas nier si Ton appliquait, sans discernemenl, à l'ethnographie ces sortes d'arguments? Tacite, dans sa (Germanie, ne parle pas des Burgondes (Burgundiones) : est-ce à dire que ce peuple n'existât point? Mais Pline l'avait cité dans son Histoire naturelle (IV, 18 (14) comme faisant partie des Vandales, et Ptolémée, qui écrit peu après Tacite, ne manque pas de le mentionner (III, 5,20). Voici un exemple plus frap- pant. Tacite, dans le même ouvrage, se tait sur les Tubantes; faut-il conclure de son silence à leur non- existence? Nullement, car, quelques années après, il est amené à les cifer dans ses Annales-, ils étaient voisins des Usipes et habitaient, du temps de Germanicus, au sud de la Liipia, où ils avaient remplacé les Sugambres trans- plantés par Auguste; Strabon, avant Tacite, et Ptolémée, après lui, en parlent aussi. Est-ce un oubli de Tacite ou une faute de géographie ethnographique? ni l'un ni l'autre; car il déclare lui-même (ch. 45) qu'il ne veut nommer que les ci lés les plus impor- tantes : valentissimas nominasse snfficiet. Ceci pourrait déjà prouver la faiblesse de Vargumen- tum ex silentio. Mais il y a encore mieux que cela. Voici une phrase de Pline qui montre que lui aussi ne nomme pas tous les peuples qu'il connaît au nord de l'Escaut : A Scaldi , dit-il, incolunt extera Texiiandri (i), pliiribus nominibus(^. H. IV, (17), 21). Ainsi, d'après Pline, il y avait dans la Toxandrie plu- C1) (>elte leçon vaut mieux que celle de Toxatidri ou Taxandrù (197) sieurs peuplades, mais elles avaient si peu d'importance qu'il juge inutile de les citer. Il n'y a rien qui puisse nous empêcher de comprendre parmi ces peuplades les Suèves dont parle Tacite dans son Agricola. Ils avaient été trans- plantés par Tibère au nombre de quinze ou de vingt mille et relégués probablement dans les contrées plus ou moins désertes au sud de la Balavie. Au temps de Pline, ils n'avaient probablement pas encore de demeures fixes, puisque, longtemps après, on les nomme encore erronei. Si Tacite, 90 ans après leur arrivée, est amené par son récit à nommer un groupe de Suèves entre l'Escaut et la Meuse, où nous en voyons encore plus tard, c'est qu'ils s'étaient peu à peu avancés vers l'ouest, cherchant de bons pâturages et de nouvelles terres à cultiver dans les contrées peu habitées auxquelles la carte de M. Waulers donne le nom de Toxandrie. Ils faisaient ce qu'ils étaient habitués à faire dans la Germanie, ils ne restaient pas longtemps dans les mêmes demeures. Plusieurs siècles après, nous voyons encore des Suèves errant entre la Meuse et l'Escaut. Saint-Ouen, dans sa vie de saint Éloi, mort en 659, en parie comme n'ayant pas de sièges fixes : MtilUim in Flandris laboravit (Eligius), jiigi instantia Andoverpis pugncwit, multosque erroneos Suevos convertit (1). M. Wauters n'adopte pas notre traduction û'erroneus et prend ce mot dans le sens de adonné à Verreur. Nous continuons de laisser à ce mot sa significa- tion propre, celle de errant qu'il a dans Columelle (VII, \ 2). La phrase citée nous montre trois peuples payens aux- quels saint Éloi prêche l'évangile. Pourquoi son biographe réserverait-il le nom de payens aux Suèves seuls? Est-ce (1) Vita sancli Eliyii, il, 8. ( 198 ) que les Flamamls et les Anversois Fieiaienl donc pas, comme eux, afionnés à Verreur? L'épilhète donnée aux Suèves doit les di.^linguer des deux autres peuples, qui ne sont pas comme eux erronei, c'est-à-dire changeant de terres et se trouvant tantôt d'un côté, tantôt d'un autre. Dans un autre passage de la vie de saint Éloi, il est dit que ce saint fut d'abord très mal accueilli par les Flamands et les Anversois, par les Frisons et les Suèves et tous les barbares qui vivaient sur les bords de la mer, Flancfrenses alque Andowcrpenses, Frisiones quoqueel Suevi et barbari quique circa maris liltora degentes... primo enm hosdli aiiimo... smceperunl [\. Il,ch.5). On r(^marquera comment ces peuples sont groupés, les Flamands avec les Anversois, les Frisons avec les Suèves et tous les payens voisins de la mer. Déjà avant Saint-Ouen, le poète Venantius Fortunalus, qui vivait entre 555 et 600, avait fait mention des Suèves en même temps que des Frisons, en disant : Terror el extremis Frisionibus alqiie Suevis. Je cite tous ces passages pour montrer qu'on ne peut pas mettre en doute l'existence des Suèves entre l'Escaut et la Meuse au sixième et au septième siècle. Il est vrai que, dans la critique que l'ait M. Vanderkindere de la dissertation de M. Wauters, il cherche à ébranler notre confiance dans les sources du moyen âge. « Les hagiogra- phes ne sont pas des guides irréprochables en matière d'ethnographie », dit-il. Il cite cependant lui-même, quand il s'agit des Wasienses et des AndowerpenseSy la vie de saint Éloi, comme la source unique à laquelle il a puisé. Pour les Suèves seuls, il est plein de défiance. On dirait vraiment qu'il a le parti pris de s'en débarrasser. Quand il en est question dans Suétone sous Auguste, il est disposé ( lî)9 ) à changer la leçon de Suebi en Ubii, comme nous le dirons plus loin; ici i! ne change pas le nom propre, mais il sup- pose que le mot Suèves est une transcription en latin du mot néerlandais actuel Zeeiiwcn. C'est une simple suppo- sition dont nous avons parlé nous-même dans notre disser- tation et que nous avons dû rejeter. Le nom de ces Suèves, voisins des Frisons, ne se dérive pas plus du néerlandais que celui des Suèves établis au milieu de la Flandre. D'où les Suèves étaient-ils venus dans les contrées où nous sommes forcé de les placer, les autres hypothèses sur leurs demeures ne pouvant pas être acceptées? A cette question l'histoire ne fait pas de réponse directe; il faut donc encore ici nous en tenir à ce qui est le plus probable. Nous restons toujours persuadé qu'ils provenaient des Suèves que Tibère transplanta en deçà du Rhin. Il leur assigna des terres, non pas sans doute au milieu des popu- lations qu'ils étaient venus attaquer peu auparavant, mais dans des parages plus ou moins déserts au sud des Bataves. Tacite raconte que les Ubiens avaient été aupa- ravant placés sur la rive gauche du Rhin pour la défendre contre les Suèves et non pour être surveillés, car ils avaient fait preuve de iidélité (1). Les Suèves, qui avaient fait tant d'incursions dans l'empire, ne pouvaient pas être traités de la même manière. Tandis que les Sugambres, qui avaient en même temps fait leur soumission, furent placés au nord des Ubiens sur la rive gauche du Rhin, sur laquelle nous voyons plus tard les Gugernes, les Suèves ne (\) En ô8 avant J.-C. : experimenlo fidei super ipsam Rheni ripam coUocati, ut arcerent, non ut custodirentur (Germ. 28). ( 200 ) purent recevoir des terres que dans les contrées situées plus à l'occident. Quatre-vingt dix ans plus tard, les Usipes rencontrèrent des Suèves entre la Meuse et l'Escaut, et beaucoup plus tard encore nous voyons des Suèves errant dans les mêmes contrées. Est-il dès lors téméraire de penser que ces Suèves, dont on ne nous dit pas Torigine, sont les descendants de ceux qui ont été transplantés sous Auguste? Ce ne sont, pourrait-on dire, que des probabi- lités. Sans doute, mais des probabilités basées sur deux faits historiques que M. Wauters admet comme moi. Mon honorable confrère n'est cependant pas d'accord avec moi sur certains détails. S'appuyant de deux passages de Suétone, que j'ai cités moi-même et que j'ai interprétés, il dit : a Les termes employés par Suétone excluent d'une manière absolue la Zélande et la Flandre qui ne sont ni proches du Rhin ni conliguës à sa rive ». Dans un autre endroit il insiste et me fait dire que a des Suèves étaient déjà installés au premier siècle de notre ère en Flandre et en Zélande, où ils auraient été transplantés du temps d'Auguste ». Je suis obligé de prolester de nouveau et d'opposer aux assertions de M. Wauters une négation absolue : non, je n'ai pas dit que les Suèves avaient été transplantés par Auguste en Flandre et en Zélande; non, je n'ai pas dit qu'ils se trouvaient installés en Flandre au premier siècle de notre ère. Ce sont là, pour un historien et un critique, de regrettables distractions. Au reste, M. Wauters a d'autres distractions plus singu- lières encore. En effet, dans son ardeur de contredire, il va jusqu'à se contredire lui-même. 11 affirme d'abord qu'Auguste plaça les Suèves et les Sugambres dans des terres contiguës à la rive du Rhin; ensuite, quelques ( 201 ) pages plus loin, il suppose que « les Suèves et les Sugam- bres ont été placés, les premiers entre le Rhin et la Meuse, où il prirent le nom de Gugernes, les seconds entre la Meuse et l'Escaut, où on les connut sous la dénomination de Toxandres ». La Toxandrie n'était pourtant pas, que nous sachions, contiguë à la rive du Rhin, car, d'après M.Wauters lui-même, elle ne commençait que sur la rive gauche de la Meuse. En plaçant les Sugambres si loin du Rhin, M. Wauters est beaucoup plus large que moi dans l'interprétation de Suétone; après avoir essayé de me réfuter, il abonde dans mon sens, mais d'une manière tellement exagérée qu'il ne sera certes approuvé par personne. Suivant mon honorable contradicteur, ni les Suèves ni les Sugambres ne conservèrent longtemps leur nom; les premiers devinrent des Gugernes, les seconds des Toxan- dres : « quant aux Gugernes, dit-il, tout autorise à voir en t ux les Suèves dont parle Suétone »; en même temps il a voudrait assimiler les Sugambres aux Toxandres ». Ce sont là des opinions dont il ne parvient pas même à établir la probabilité. Au reste, M. Vanderkindere en a déjà fait justice. J'ajouterai seulement que récemment encore Théodore Mommsen (R. Gesch., V, p. lio, note) a dit, après d'autres savants : Les Sugambres établis sur la rive gauche du Rhin ne sont plus mentionnés plus lard sous ce nom et sont vraisemblablement les Gugernes habitant sur le Rhin au-dessous de Cologne. Passons à une autre partie de la critique. A la tin du IX^ siècle, nous trouvons les Suèves établis dans la Flan- dre, où ils furent attaqués et battus par les Normands. Leur nom s'est perpétué dans les noms des villages de Sweve- ( 20-2 ) ghem, de Swevezeele, comme je l'ai dit dans ma disser- tation. M. Wauters se demande d'où ces Siièves étaient venus : « on peut supposer, dit-il, qu'ils entrèrent dans la Gaule en 406, lors de la grande invasion de cette contrée par les tribus germaniques, et que, séparés du gros de leur nation, qui pénétra en Espagne, ils se dirigèrent vers les bords de l'Escoutet de la Lys ». J'avais combattu cette hypothèse et Zeuss l'avait rejetée avant moi. M. Wau- ters, dans son second mémoire, a l'air, si je le comprends bien, de vouloir l'abandonner à son tour. Voici ce qu'il dit : « J'aurais dû appuyer mon opinion de ce fait qu'à l'époque où a été rédigée la Notice des dignités de Vempire^ il existait, non loin de notre Belgique, deux cantonnements, deux colonies militaires si Ton veut, composées de Suèves, Tune à Lisieux et Coutances, l'autre près du Mans. » D'après lui, ces colonies militaires a ont en partie émigré, soit par force, soit de plein gré, et sont venues s'établir en Flandre d. Voilà une seconde supposition tout aussi arbi- traire que la première. Je suis étonné qu'on n'ait pas songea en faire une troi- sième qui, assurément, a bien ph)s de probabilité r c'est que les Suèves que nous avons vus errer sur les bords de l'Escaut, que saint Éloi a cherché à convertir avec les Frisons, les Anversois, les Flamands, tous plus ou moins leurs voisins, ont bien pu franchir l'Escaut, comme ils avaient franchi le Rhin, et venir s'établir dans la Flandre, dont ils ne se trouvaient certes pas aussi loin que les Suèves que M. Waulers fait venir, sans preuve aucune, du Mans, de Lisieux, de Coutances. Mais voyons de plus près le raisonnement de noire érudit confrère. Il fait deux hypothèses dont l'une exclut néci'ssairem'nt l'nnlre; comment donc peut-il appuyer ( 205 ) la promièro de la seconde? Il suppose que les Siièves proviennent de la gratide invasion de 406, et il appuie celle supposition de ce fait qu'il y avait, sur les bords de la Seine et de la Loire, des colonies militaires de Suèves d'où seraient venus les Suèves de la Flandre. Mais com- ment, je le demande, les Suèves émigrés soit par force, soit de plein gré de la seconde et de la troisième lyon- naise, pourraient-ils prouver que les Suèves de la Flandre soient restés dans ce pays lors de la grande invasion de 406? Loin de s'appuyer Tune l'autre, ces deux hypo- thèses sont absolument inconciliables. Finissons par signaler une erreur bien singulière de géographie ethnographique. « La cohorte des Usipes, dit M. Wauters, avait été recrutée dans les Germanies, c'est à-dire dans les pro- vinces romaines de ce nom, situées le long et en deçà du Rhin B Croit-il vraiment que les Usipes habitaient les deux grandes provinces romaines appelées Germania sttperior ou prima et Germania inferior ou secunda, qui, séparées par la ISava (Nahe), s'étendaient sur la rive gauche du Rhin, à peu près depuis Bâie jusqu'à la mer ? Mais le petit peuple des Usipes n'occupait pas même la plus petite partie d'une seule de ces provinces. C'est au delà du Rhin et non pas en deçà qu'ils avaient leurs demi ures. L'histoire nous apprend que du temps de César ils p;issèrenl le fleuve, furent battus et, en grande partie, exterminés (Bell, gai IV, 4). Ce qui en restait s'enfuit et s'éiablit sur la rive droite de la Liipia (Lippe); plus lard on les trouve aussi sur la rive gauche de cet affluent du Rhin, mais jamais dans les provinces romaines en deçà de ce fleuve. Je suis porté à croire que l'erreur de M. Wauters pro- ( 204 ) vient, du moins en partie, de ce qu'il a mal interprété l'expression lacitéenne per Germanias (1). Après la question des Suèves et des Usipes, la critique de M. Wauters s'exerce sur les quelques lignes consacrées à la déesse Néhalennia. Il ne veut pas qu'on la regarde comme semblable à la déesse romaine Isis. J'ai cepen- dant clairement démontré qu'il y a plus de ressemblance entre ces deux déesses qu'il n'y en a entre les autres divinités germaniques et romaines. On aurait dû réfuter cela, on ne l'a pas même essayé. « Les Suèves, dit M. Wauters, représentent la déesse sous la forme d'une galère et, au surplus, ne permettent pas d'entourer de murs leurs divinités ni de donner à celles-ci une forme humaine. Le culte de Néhalennia présente des caractères tout différents. » On ne fait que copier ici ce que j'ai dit moi-même en d'autres termes, mais on n'a garde de repro- duire tout le passage. Voici ce que j'ai écrit : « On ne saurait déterminer l'époque de la construction du petit temple de Néhalennia à Dombourg. Ce qui est sûr, c'est que le temple et les autels votifs qui l'entourent ont été érigés sous l'influence prépondérante de la civilisation romaine. Tacite ne commît aux Germains ni temples, ni images des dieux; et, de son temps, te culte de la déesse des Suèves était encore symbolisé par un vaisseau. Plus (1) On n'ignore généralement pas que Tacite emploie souvent le plu- riel pourrie singulier dans les noms propres de pays. Voici encore trois exemples : Apud Germanias (Hist. I, 49), en Germanie ; GÉrmomœ (Ann. I, S7), la Germanie; Germanias excussisse jugum (Agric. 15), que la Germanie a secoué le joug. ( 205 ) tard, il se fit un mélange des idées romaines et germa- niques. Les statuaires formés à l'école romaine, ayant à représenter Néhalennia, déesse de la navigation et de la fécondité, lui donnèrent la forme et les attributs de la déesse romaine qui lui ressemblait le plus. Mais ils ne purent se soustraire entièrement à l'influence du milieu dans lequel ils travaillaient; les corbeilles de pommes ou de poires ne sont assurément pas un symbole romain et la pèlerine que porte la déesse n'appartient pas au cos- tume des matrones romaines. C'est la pèlerine des Zélan- daises d'aujourd'hui. Sur un des autels on voit, comme accessoire, un sanglier; sur un autre, une tête de sanglier. C'est là un symbole suévique. Tacite dit en effet des Esthiens, qui demeurent à l'est de la mer suévique : In- signe snperstitionis formas aprorum gestant » (Germ. 4S). M. Wauters ne discute pas la question qui concerne la déesse Néhalennia, il la tranche par ce qu'on appelle en allemand un Machtspruch. « Cette déesse est ménapienne et trévirienne, dit-il, plutôt que suévique. » Je désire qu'il parvienne à justifier cette décision de juge suprême. En attendant, on peut répondre avec Horace : Creclal Jtidaeus Apella. Quant à moi, je ne regarde pas comme résolue la ques- tion qui concerne Néhalennia, malgré les travaux des savants hollandais, français et allemands. Elle mériterait d'être traitée, avec tous les développements nécessaires, par notre honorable confrère,'qui dispose, comme Pline l'An- cien, d'une si vaste érudition. ( 206 ) Dans la question des Suèves, iM. Vanderkindeie a cru devoir venir au secours de M. Wauters par un argument nouveau (1). Voyons la valeur de cet argument, a Puis- qu'il s'agit d'un texte de Tacite, dit-il, c'est dans Tacite que nous pouvons sans crainte chercher son interpréta- tion ; ne le mettons pas en contradiction avec lui-même, d Ce début est excellent. Les deux règles qu'il contient n'ont jamais, que je sache, trouvé de contradicteur sérieux, et je voudrais les voir logiquement appliquées par tout le monde, surtout par notre honorable confrère. M. Van- derkindere nous donne ensuite un assez long résumé de la Germanie et finit par dire : a Sur la rive gauche du Rhin inférieur, Tacite ne connaît d'autres Germains que les Ubiens et les Balaves... Quant aux Suèves, il les ignore, et cependant l'auteur de la Germanie avait dû lire VAgricola. j> L objection est présentée avec concision et d'une ma- nière assez piquante; je regrette que, pour la discussion, il faille la formuler moins élégamment comme suit : Puisque, dans sa Germanie, Tacite ne parle pas de Suèves habitant entre la Meuse et f Escaut, il n'y en a pas de ce côté; si, dans son Agricola, il dit que les Usipes tombèrent dans les mains des Suèves, il faut chercher ceux-ci hors de la Gallia Belgica. Je réponds : Tacite, ainsi que je l'ai prouvé, n enumère pas même toutes les peuplades germaniques de la Ger- manie; comment voulez-vous qu'il cite un petit groupe de Suèves n'habitant pas la Germanie? 11 ne nomme ni tous les Germains des deux rives du Rhin ni tous ceux de la Suévie, et il dit lui-même qu'il se contente de men- tionner les cités les plus puissantes {valenlissimas (civi- 1 H) Voir Bulletin de V Académie, 3* série, t. X. n»» U-IO, p. 431, ( 207 ) tates) nommasse suffîciet, Genn., eh. 45). II ne faut donc pas s'étonner qu'il ne parle pas des Suèves, d'ailleurs peu nombreux, qui se trouvaient hors de la Germanie, dans la Gaule belgique; il ne devait pas, il ne pouvait pas s'occuper d'une petite colonie sans importance. On est donc mal venu de tirer de son silence un argument contre l'existence de ces Suèves. Autre observation. En disant que Tacite ne connaît d'autres Germains sur la rive gauche du Rhin que les Bataves et les Ubiens, on ne tient pas compte de quel- ques peuplades bien connues du temps de l'historien. Ce sont, par exemple, les Canninéfates, voisins immédiats des Bataves, qui habitaient sur les deux rives du Rhin; ils sont cités dans les Histoires comme alliés de Civilis contre les Romains. Ce sont encore les Gugernes, établis au nord des Ubiens sur la rive gauche du Rhin; Tacite en fait aussi mention dans ses Histoires {In proximos Giiger- noriim pagos, qui societafem Civilis acceperant, diictus a Vocula exercitiis, H. IV, 26). Ces deux peuples ne sont pas nommés dans la Germanie, pas plus que les Suèves, beaucoup moins importants. Pourquoi ? C'est ici que M. Vanderkindere aurait pu se souvenir de la règle qu'il a recommandée avec raison : c'est dans Tacite lui-même qu'il faut chercher Vinterpréîalion de Tacite. 11 aurait alors peut-être admis avec moi que l'historien applique aux Germains de l'occident ce qu'il dit au sujet des peuples de la Suévie, à savoir qu'il ne veut nommer que les cités les plus importantes. « Ne mettons pas Tacite en contradiction avec lui- même B, dh-on. Le conseil est excellent; comment est-il appliqué? Tacite ne parle pas des Suèves de l'Escaut dans sa Germanie j où il n'avait pas à en parler. Pense -t-on ( '208 ) sérieusement que ce serait mettre l'historien en contra- diction avec lui-même que de dire que ce sont sans doute ces Suèves-là qu'il désigne dans le chapitre 28 de VAgri- cola? En quoi consisterait la contradiction? On ne sau- rait la démontrer, à moins de prétendre que lorsque, dans un traité ethnographique, on n'a pas cité un peuple, il est défendu de prononcer son nom dans un autre ouvrage. S'il en était ainsi, Tacite lui-même se contredirait plus d'une fois. J'ai déjà cité les Tubanies; il n'en est pas fait mention dans la Germanie, quoiqu'ils habitassent au delà du Rhin, et non pas en deçà, comme les Suèves; ils sont cependant nommés dans les Annales (I, 51) avec les Usipes et les Bructères. Est-ce que Tacite se met donc en con- tradiction avec lui-même? Nous venons de voir d'autres peuples dont ne parle pas la Germanie, mais dont il est question dans d'autres ouvrages de Tacite ; quelles impar- donnables contradictions dans un grand historien! Est -il nécessaire de combattre encore d'une autre manière le raisonnement qui m'est opposé? Je suppose que vous fassiez, dans une histoire plus ou moins détail- lée des anciens Belgae, une description ethnographique de la Gallia Belgica. Vous énumérez naturellement tous les peuples qui habitaient les contrées qu'on comprenait sous ce nom; quant aux Belgae établis dans les pays étrangers, loin de la Belgica, vous vous abstenez d'en parler. C'est votre droit et vous faites exactement ce que Tacite a fait pour la Suévie et les Suèves. Vous composez aussi un livre sur l'ancienne Bretagne, et vous citez, parmi ses habitants, les Belgae des côtes méridionales. Vous faites encore exactement ce que Tacite a fait dans son Agricola, en nommant des Suèves qui n'habitaient pas la Suévie. Que ( 201» ) diriez-vous si un crilique vous reprochait d'être en contra- diction avec vous-même? Je conclus que le raisonnement de mon honorable con- frère pourrait bien paraître peu fondé en logique. M. Vanderkindere avait commencé par dire : « Pour les Suèves de M. Gantrelle, je m'en réfère à l'argumenta- tion de son contradicteur ». Je ne sais si, après la réfu- tation que j'en ai faite, cette argumentation peut encore lui paraître acceptable; j'ose même croire qu'il n'en est plus assez partisan pour placer, avec M. Wauters, sur la côte du Sund un premier combat des Usipes contre les Suèves. Les Usipes n'ont jamais pu aller de ce côté-là. Le simple bon sens, l'allure de la phrase tacitéeune, les faits accumulés dans une seule période, la nécessité pour les fuyards d'aborder le plus tôt possible pour ne pas mourir de faim, l'impossibilité démontrée de faire un long voyage sur mer, tout cela, joint aux autres faits que j'ai allégués, ne montre-t-il pas assez la grande probabilité que les Usipes ont perdu leurs vaisseaux sur les côtes entre l'Escaut et la Meuse et que c'est de ce côté-là qu'ils ont été arrêtés par les Suèves? Comment ces déserteurs, qui étaient sans vivres en sortant du Pas-de-Calais et qui se trouvaient réduits à la triste nécessité de se manger entre eux, auraient-ils pu encore faire cette traversée excessivement longue jusqu'aux côtes du Sund ? Si l'on ajoute à cela qu'ils ne savaient pas diriger leurs vaisseaux, comment peut-on penser qu'ils aient osé affronter les dangers sans nombre de la mer Germanique, où les Romains eux- mêmes n'osaient s'aventurer que rarement? Il m'est impos- sible de croire qu'on ajoute sérieusement foi à cette étrange Odyssée, comme on l'appelle. Les Usipes, pendant ce voyage d'une durée extraordinaire, auraient dû continuer de 5""' SÉKIE, TOMK XI. M ( 210 ) s'entre-dévorer, et combien en serait-il resté pour livrer, dans le Sund, le combat dont on parle, et pour aller ensuite, quoiqu'ils eussent perdu leurs vaisseaux, se battre avec les Frisons sur les côtes de la Frise? J'ai démontré que ce second voyage aurait été encore plus impossible que le premier (1). Ayant réfuté Fargumenlation que M. Vanderkindere m'oppose, j'aurais fini ici ma lâche si, dans la critique qu'il fait du mémoire de M. Wauters, il ne continuait pas à s'occuper des Suèves. Comme M. Wauters adopte, en partie, la même opinion que moi et qu'il ne la défend pas dans sa réplique, je me crois obligé de répondre ici aux objections que lui fait son contradicteur. M. Vanderkindere est un habile avocat. Voulant se débarrasser, sur la rive gauche du Rhin, des Suèves de Suétone, il commence par essayer de faire naître des doutes sur le texte qui doit servir de base à la discussion historique. « 11 est à noter, dil-il, que de bonnes éditions portent llbios au lieu de Suebos.ce qui s'explique puisque nous savons qu'Agrippa a donné aux Ubiens une portion de l'ancien territoire des Éburons de ce côté du fleuve. i> Cela ne s'explique pas du tout, puisque nous savons que ce fui en 38 ou 39 avant Jésus-Christ qu'Agrippa (2) fit passer les Ubiens sur la rive gauche du Rhin; Tibère n'avait donc pas à les y appeler plus de trente ans après. Nous savons encore que ce fut sur la demande des Ubiens et parce qu'on avait confiance dans leur fidélité qu'on leur 1 (I) Ces voyages ne soni, qu'une supposition île Brotier. Ni Tacite ni Dion Cassius n'en parlent. (^) OuP'.ot... o'jç [JLSTT^yaYEv 'AypîirTra; sxdvtai; zU "c^iv evxô; xo5 'Pt^vou. Stral)., IV, 5, 4. ( 211 ) donna des terres en deçà du Rhin, afin qu'ils pussent plus facilement se défendre, eux et l'empire, contre les attaques des Suèves {transgressi olim et expérimenta fidei super ipsam Rheni ripam collocati, ut arcerent, non ut cuslodi- rentur. Tac. Germ. 28). Les Suèves, au contraire, furent forcés de faire leur soumission sept ans avant Jésus-Christ, et c'était pour se débarrasser de leurs incursions que les Romains les transplantèrent en deçà du Rhin, car il n*y avait pas longtemps qu'ils avaient franchi le fleuve pour attaquer les riverains soumis à l'empire (1). Je suis étonné qu'on ne constitue pas tout de suite le texte de Suétone d'après les meilleurs manuscrits, qui ont Suebos et non pas Ubios. La chose était facile. On n'avait qu'à consulter la dernière édition de Suétone, qui est celle de Charles-Louis Roth. Mais si l'on avait suivi cette voie, que serait alors devenu le doute qu'on voulait faire planer sur le nom du peuple? M. Vanderkindere finit cependant par adopter la leçon Suebos, mais il trouve l'argumentation deRolh peu décisive. Je lui donne ici complètement raison. J'ajouterai seulement que nous pouvons nous passer des arguments de Roth, aussi bien que de la conjecture d'un savant, portàt-il le nom célèbre de Casaubon. Nous nous en tenons, comme de raison, aux manuscrits. a Qui nous dit, continue M. Vanderkindere, que ces Suèves aient été fixés en Belgique? » C'est Suétone qui nous le dit, d'abord dans la vie d'Auguste, ensuite dans celle de Tibère. Si, en présence du témoignage répété de cet historien, M. Vanderkindere exprime encore un doute, il devrait tout au moins le justifier. (1) ToLio:; yàp Kapt'va;.,. -où; iouin,3ouc; tov Ty^vov ettI TroXéfxqj oia[iâv-a; 'aTiswaaTO. Dio Cass'us, I-I, 21. ( 212 ) « Qu'on songe, dit-il, à la logique des événements » ; et après avoir donné, immédiatement après, l'historique de la campagne de Driisus en Germanie, campagne qui ne prouve absolument rien contre Suétone, il linit par dire qu'en attaquant les Cattes, a il s'était avancé jusqu'au ter- ritoire des Suèves, riverains du Main ». C'est ici sans doute qu'il veut se servir de la logique des événements ; aussi s'écrie-t-il : « Nous voici bien loin de la iMeuse et de J'Escaut ». Que viennent, je le demande, faire ici la Meuse et l'Escaut, et que peut-on prouver par leur éloignement, fût-il cinq fois plus grand? Il ne s'agit nullement de ces fleuves, mais de la question de savoir si Tibère a placé des Suèves en deçà du Rhin. Admet-on, oui ou non, le récit de Suétone? Si on ne l'admet pas, il faut prouver qu'il est faux; or c'est ce qu'on ne fait pas. Si je comprends bien la logique des événements invoquée par M. Vanderkindere, c'est qu'après la campagne de Drusus contre les Cattes, et après sa mort, arrivée en l'an 9 avant Jésus-Christ, il ne peut plus être question des Suèves et que « ces riverains du Main » n'ont pu s'avan- cer vers les bords du Rhin en l'an 7. Rien ne prouve cependant qu'ils eussent renoncé à des habitudes prises depuis longtemps. Dès l'époque de César, nous les voyons arriver sur le Rhin, d'où ils ne tardèrent pas à retourner dans leur pays, domum suam, comme dit César. Plus tard, ils font des incursions chez les Ubiens, et c'est pour soustraire celte peuplade à leurs attaques continuelles qu'Agrippa l'établit en deçà du Rhin (en 58 avant Jésus- Christ, ou en 39, d'après Zumpt). Plus tard encore, ils franchirent le fleuve et durent être repoussés par Carinas, comme nous venons de le dire. Qu'est-ce qui aurait donc empêché ce peuple, toujours ( 215 ) en mouvcmonl, comme nous le savons par César et par Tacite, de s'avancer de nouveau vers le Rhin deux ans après la mort de Drusus? Son successeur Tibère n'avait pas besoin d'aller les chercher sur le haut Main, et n'au- rait pas voulu le l'aire, puisqu'il désirait la paix ; c'est dans les parages du Rhin qu'il leçut leur soumission ainsi que celle des Sugambres. El si Suétone nous dit qu'il trans- planta les deux peuples en deçà du Rhin, il n'y a aucune raison de repousser le témoignage de cet historien, qui passe pour avoir puisé dans de bonnes sources les biogra- phies des empereurs. M. Vanderkindere n'aime pas les probabilités en his- toire, quoiqu'il soit quelquefois forcé, comme nous tous, d'y avoir recours, pour se rendre compte des événements; il préfère, avec raison, les faits attestés par des auteurs dignes de foi, et en cela il est d'accord avec tous les écri- vains sérieux. Ici nous sommes en présence d'un de ces faits; il est rapi)orté deux fois par un historien exact et judicieux. Dans la vie d'Auguste on lit que Tibère, ayant reçu la soumission des Suèves et des Sugambres, les ht passer en Gaule et les plaça dans les terres voisines du Rhin, Suebos et Sngambros dedetites se Iraduxil in Gai- Uaiii et in proximis R/ieno agris collocavit. Les savants (et M. Vanderkindere est du nombre) s'accordent généra- lement à dire que les Sugambres furent établis au nord des Ubiens le long de la rive gauche du Rhin, où leur nom fut remplacé plus tard par celui . ( 224 ) Lameere {J.). — De l'histoire du droit et de son étude actuelle dans les Pays-Bas, discours. Bruxelles, 1884; in-8". Devillers {Léopold). — Inventaire analytique des archives des États de Hainaut, t. I. Mons, 1884; vol. in-4°. Gailliard (Edw.). — Inventaire des archives de la ville de Bruges, section première, i" série : table analytique, in-4**. Analectes pour servir à Vhistoire ecclésiastique de la Bel- gique, â'' série, t. III, 5* et A" livr. Louvain; in-8'*. Cercle archéologique du pays de Waes. — Annales, t. X, 1 et 2. In-8°. Ministère de Vlnièrieur et de V Instruction publique. — Annuaire statistique de la Belgique, 1884, t. XV. In-8\ Commission centrale de statistique. — Expose de la situa- tion du royaume de 1861 à 1875 : vol. I : titre, introduc- tion et table des matières; vol. II, 14' fasc. Bruxelles; gr. in 8^ Cercle archéologique d'Enghien. — Annales, t. II, 5*» livr. Louvain, 1885; in-8°. Messager des sciences historiques, etc. 1885, 5' livr. Gand ; in-8*. Société archéologique de Namur. — Bibliographie namu- roise, l*"* partie, 52" livr. Namur; in-8''. Zeitschrift fur die Geschichte des Oberrheins, Band XXXVIII, 5 und 4. Carlsruhe, 1884-85; in-8». Bodemann (Ed.). — Leibnitzens Entwurfe zu seinen Anria- len von 1G91 imd 1692 : Festschrift. Hanovre, 1885; in-8°. Universités d'Allemagne. — Thèses inaugurales, etc., 72 br. in-8*' et in-4". Historischcr Verein fur Niedersachsen. — Zeitschrift Jahr- gang 1885. Hanovre; in-8". — Afrika auf der Ebstorfer Weltkarte, Festschrift zum 25. Jubilaiim. In-4^ Société d'agriculture, sciences et arts de Valenciennes. — Revue agricole, etc., 1885, juillet à septembre. Valenciennes; in-8«. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LKTTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1886. — No 3. I CLASSE DES SGIEI^GES. Séance du 6 mars 4886, M. Éd. Mailly, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J. De Tilly, vice directeur; P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Longchamps, Melsens, H. Maus, E. Candèze, Ch. Monligny, A. Brialmont, Éd. Dupont, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briarl, Fr. Crépin, Ch. Van Bainbeke, G. Van der Mensbrugghe, membres; E. Catalan, Ch. de la Vallée Poussin, associés; P. Mansion, A. Renard et P. De Heen, correspondants. En ouvrant la séance, M. Mailly, directeur, prononce les paroles suivantes : O'"*' SÉRIE, TOME XI. J5 ( 126) « L'Académie vient de perdre, à trois jours d'inter- valle, deux membres titulaires, appartenant à l'Université de Liège, où ils avaient professé, l'un pendant cinquante ans, l'autre pendant plus de trente. » Le directeur de la Classe des lettres saura rendre un juste hommage à la mémoire du vénérable M. Nypels. » Je n'ai à parler ici que de notre confrère Edouard Morren, dont la mort prématurée a été pour nous une douloureuse surprise. » Lorsque, dans notre séance de novembre 1885, je félicitais Edouard Morren de sa promotion au grade d'offi- cier de l'ordre de Léopold, « qu'il avait si bien méritée par ses travaux et son infatigable activité »; lorsqu'en janvier dernier je le remerciais, au nom de la Classe, « pour le zèle, l'ardeur et le talent » dont il avait fait preuve comme directeur, j'étais bien loin de m'attend re qu'aujourd'hui je serais l'organe des regrets causés par sa perte. » Je demanderai, Messieurs, que l'expression de ces regrets soit consignée au procès-verbal de la séance et qu'une lettre de condoléance soit adressée à M™^ Morren, la veuve du défunt. D Notre confrère, M. Crépin, avait bien voulu repré- senter l'Académie aux funérailles :je proposerai d'insérer dans le Bulletin^ selon l'usage, le discours qu'il a prononcé. » Enfin, je prierai la Classe de désigner celui de ses membres qui sera chargé d'écrire la notice d'Edouard Morren pour le prochain Annuaire. » Les demandes et proposition du directeur sont agréées et la Classe décide qu'elle invitera M. Candèze à faire la notice de M. Morren (1). (1) M. Candèze a acceplé. ( i27 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture exprime le désir d'avoir l'avis de l'Académie sur une demande d'un subside extra- ordinaire faite par la Société royale Malacologique de Belgique à l'effet de publier, dans ses Annales, un cata- logue illustré des coquilles de Véocène parisien, par M. Maurice Cossmann. — Renvoi à MM. P.-J. Van Bene- den, Briart et Dewalque. — Le même Ministre envoie, pour la bibliotbèque de TAcadémie, un exemplaire des livraisons 271 et 272 de la Flora balava. — Remerciements. Le sous-secrétaire d'État pour l'înde (India office), à Londres, adresse, à litre d'hommage, le travail sur les Araneidea, du Rev. O.-P. Cambridge, M. A., publié par ordre du Gouvernement dans les Scientific results of the second Yarkand Mission. Calcutta, 1885; in-^". — Remer- ciements. — M. le D' Clément Winckler, professeur de chimie à Freiberg, fait connaître à l'Académie, par lettre en date du 21 février dernier, qu'il vient de découvrir un nouveau corps simple non métallique, auquel il a donné le nom de Germanium; il lui assigne le symbole Ge. Il lui a reconnu des propriétés analogues à celles de l'antimoine et le range entre l'antimoine et le bismuth dans le système de classification périodique. — M. G. Chicandard, pharmacien de 1'" classe, licencié es sciences physiques à Paris, revendique, par lettre du ( i28 ) 1'' mars, la priorité de la découverte du microbe de la fermentation panaire qui a fait l'objet d'une notice de M. Emile Laurent, professeur à l'école d'horticulture de Vilvorde, imprimée dans le Bulletin de PAcadémie, séance du 5 décembre, sur le rapport de MM. Crépin et Gilkinet. — Renvoi aux mêmes commissaires. — Les travaux manuscrits suivants sont aussi renvoyés à l'examen : l** Essai sur l'origine des raies de Frauenhofer en rap- port avec la constitution du soleil, par Ch. Fievez. — Commissaires : MM. Stas, Spring et Van der Mensbrugghe; 2" Détermination du reste dans la formule de la quadra- ture de Gauss, par P. Mansion. — Commissaires : MM. Catalan, De Tilly et Le Paige. — F.e comité organisateur de la manifestation qui aura lieu en l'honneur de M. P.-J. Van Beneden, à l'occasion de son cinquantenaire de professorat à l'Université de Lou- vain, envoie une liste de souscription pour la médaille d'or qui sera offerte à l'illustre jubilaire. — La Classe accepte le dépôt dans les archives d'un billet adressé par M. Ch. Lagrange, daté du 26 février dernier et renfermant quelques propositions mathéma- tiques. — La Classe reçoit, à titre d'hommages, les ouvrages suivants, au sujet desquels elle vote des remerciements aux auteurs : 1° La sensibilité et la motilité des végétaux, discours par Éd. Morren ; ( 129 ) 2" Mathesis, recueil mathématique , par P. Mansion et J. Neuberg, t. V; 3° Réactions microchimiques à cristaux et leur appli- cation en analyse qualitative^ par C. Klément et A. Renard ; 4" a) Observations relatives à la ponte du Bufo vulgaris et aux couches protectrices de l'œuf des Batraciens ; b) Note sur les amours, la ponte et le développement du Disco- GLOSSE, suivie de quelques remarques sur la classification des Anoures, par Héron-Royer; 2 brochures présentées par M. Ch. Van Bambeke; 5** Gedàchtnissrede auf Théodore L.-W. von Bischoff, par C. Kupffer; 6° Uépilepsie et son moyen curatif, par H. Bonnewyn, avec une introduction par M. le D*" Hubert Boëns. Discours prononcé au nom de r Académie royale de Belgique lors des funérailles de M. Edouard Morren, par M. Fr. Crépin. Messieurs, Au nom de l'Académie royale de Belgique, nous venons adresser un dernier adieu à Edouard Morren et exprimer, en même temps, la douleur et les regrets que la mort prématurée de notre éminent collègue nous fait éprouver. Richement doué, travailleur infatigable, Morren attira de bonne heure l'attention du monde scientifique sur le résultat de ses recherches. Aussi, dès i86i, l'Académie s'em pressa- t-elle de lui décerner le titre de correspondant. Dix ans plus lard, il fut nommé membre titulaire. ( 130 ) L'activité de Morren au sein de TAcadéraie a été remar- quable. Ses travaux sont nombreux et variés; ils embras- sent, dans leur ensemble, les diverses branches de la botanique. Nous nous bornerons à rappeler spécialement ses mémoires sur les stomates, sur les phénomènes de la panachure, sur les plantes carnivores, sur la sensibilité et la molilité des végétaux. Ses œuvres se distinguent autant par l'exactitude et la profondeur des observations que par les qualités de la forme. Les mêmes éloges sont dus aux nombreux rapports qu'il a rédigés sur les travaux soumis au jugement de l'Académie. Edouard Morren n'était pas seulement un habile et patient observateur des phénomènes physiques, c'était aussi un écrivain dont la plume savait donner la vie, le coloris, aux notions et aux faits scientifiques les plus arides. On lira toujours avec intérêt les discours qu'il a pro- noncés à l'occasion de nos réunions solennelles. 11 y a moins de trois mois, dans la dernière séance publique de la Classe des sciences, il nous a tenus plus d'une heure sous; le charme de sa parole élégante, de son style nerveux et imagé. En 1885, Morren remplit avec beaucoup de distinction et un tact parfait les fonctions de directeur de la Classe. Durant plus de quinze ans, notre collègue ne cessa de prendre une part active et brillante aux discussions scien- tifiques qui furent soulevées dans nos séances mensuelles. Edouard Morren, enlevé dans la force de l'âge et du talent, laissera un grand vide au sein de l'Académie. Nous pleurons en lui un savant qui honora son pays et un collègue qui nous fut cher. ( 151 ) Lettre de Monsieur G. -A. Hirn, associé de la Classe, à Monsieur le lieutenant-général Liagre, Secrétaire per- pétuel de V Académie royale de Belgique. « Cher et très honoré Confrère, » Permettez-moi de rectifier une inadvertance qui m'a échappé dans deux de mes derniers travaux. » Je dis, page 182 du dernier Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie et page 44 du tirage à part de la dernière partie de ce Mémoire (Avenir du Dynamisme) (1), que dans un gaz constitué cinétiquement, c'est-à-dire formé d'atomes indépendants les uns des autres et animés d'ailleurs de telle vitesse qu'on voudra : » La vitesse de propagation des ondes sonores dépen- drait de la vitesse de l'impulsion qui en est la cause; un son aigu se propagerait plus vite qu'un son grave. » Il faut évidemment dire : » Un son intense se propagerait plus vile qu'un son faible. » Chacun sait, en effet, que la vitesse linéaire absolue d'oscillation peut être la même dans un son grave que dans un son aigu et que cette vitesse ne dépend que de l'inten- sité du son ou de l'amplitude de l'oscillation. » Je n'ai pas signalé plus tôt cette espèce de lapsus calami, parce que je m'en rapportais à la bonne volonté de mes lecteurs, dont aucun n'a pu se méprendre sur ma pensée et sur les deux épithètes à changer. Un motif très sérieux me fait revenir sur la question, chacun le saisira (1) Mémoires des membres, t. XLVi, 1886. ( 152 ) de suite; mais j'explique d'abord Torigine de mon inadver- tance. En la commettant, je me suis laissé entraîner à parler beaucoup plus comme musicien que comme phy- sicien. Pour que deux sons d'acuités très différentes et aussi de timbres différents nous semblent avoir la même intensité à l'oreille, il faut toujours en réalité que l'un soit plus fortement accentué que l'autre; il faut en un mot que la vitesse d'oscillation soit autre. Pour le physicien, il n'y a point de corrélation entre le plus ou moins d'acuité d'un son et son intensité effective ; pour le musicien, pour l'exécutant surtout, il en existe au contraire toujours une. Cela étant dit, je passe à la raison qui m'amène à faire une sorte d'errata à mon travail. » J'ai considéré a priori comme démontré qu'un son se propage également vite, qu'il soit très intense ou très faible. Or, d'après plusieurs écrits que le hasard a mis en mes mains récemment, je vois que le fait n'est point admis généralement; l'auteur de l'un de ces écrits va même beau- coup plus loin et dit que, depuis les travaux de Regnault, il est établi pour tous les physiciens que la vitesse de pro- pagation des ondes sonores est une fonction de l'intensité du son. S'il en était effectivement ainsi, l'objection que je fais à la théorie cinétique des gaz tomberait d'elle-même. » Les analystes qui se sont occupés de la détermination théorique de la vitesse du son dans les gaz sont tous d'ac- cord sur ce point que la vitesse de l'onde sonore ne peut varier notablement que très près de l'origine d'oij part le son, et qu'à une certaine distance de cette origine la vitesse devient, au contraire, uniforme, si les conditions de tempé- rature, d'état hygrométrique, etc., restent les mêmes. Poisson, entre autres, établit ce fait avec toute la clarté désirable. Regnault, qui a examiné la question au point de vue expérimental avec la précison qu'il savait apporter à ( 153 ) toutes ses recherches, a montré, dit-on, que les données de la théorie ne se réalisent qu'approximativement. Une remarque toutefois me sera dès l'abord permise ici. Regnault passe en général pour avoir montré l'inexacti- tude de la plupart des lois admises jusqu'à lui en Phy- sique, comme des lois naturelles. Je me permets d'affîrmer que c'est là un très faux jugement quant aux résultats réels qu'a laissés ce grand savant; et, lorsqu'on y regarde de près, on arrive, en effet, à l'idée tout à fait opposée; on reconnaît que ses admirables expériences n'ont fait que mettre en relief les perturbations des lois, troubles qu'il est aujourd'hui possible de scruter dans leurs causes et quelquefois même d'évaluer directement dans leur gran- deur. Un exemple n'est pas hors de propos. Regnault a montré, en poussant la compression de l'hydrogène, de l'azote, de l'oxygène, etc., très loin, que la loi de Mariolle semble en défaut; mais les limites de ces perturbations sont très peu écartées. Il m'a été facile, dans mon ouvrage de Thermodynamique, de montrer que, quand on tient compte de l'attraction moléculaire et du volume total des atomes des gaz et des vapeurs, on parvient non seulement à expliquer les troubles de la façon la plus rationnelle, mais encore à évaluer l'intensité des forces perturbatrices; et l'on rend de la sorte à la loi, ainsi corrigée, son carac- tère de loi rigoureuse et beaucoup plus générale encore. Il en sera absolument de même des résultats obtenus par Regnault, quant à la vitesse du son. Le défaut d'unifor- mité dans la vitesse de propagation est, en définitive, très petit; pour les cas les plus extrêmes, la vitesse ne s'est trouvée altérée que d'une cinquantaine de centimètres sur les 350™,7 qui représentent la vitesse normale dans Pair à zéro; et quand on saura tenir compte des éléments de ( iU ) trouble, on reconnaîtra que les perturbations dans la vitesse sont des effets secondaires sans importance. » Si je m'énonce d'une façon aussi catégorique, en ce qui concerne l'uniformité de la vitesse de propagation du son dans les gaz, c'est parce qu'il existe à cet égard une preuve qui, quoique puisée sur un domaine absolument autre que celui de la Science, est pourtant plus décisive que la plus exacte des expériences de Physique. Un Art tout entier, la Musique, ne pourrait, en effet, plus exister si la vitesse du son était une fonction de son intensité. — Il n'est ni inutile, ni difficile de justifier cette assertion. » En apparence, il serait assez indifférent que les accords produits par un orchestre nous arrivassent plus vite dans les fortissimo que dans les pianissimo. La différence allât- elle de deux à un, il ne pourrait, semble-t-il, résulter de là que des ralentissements ou des accélérations dans la mesure, pendant les passages d'une de ces nuances à l'autre. (Certains musiciens se permettent de bien autres contraventions à la régularité du rythme!) Un pareil phé- nomène, s'il se réalisait, serait pourtant fort loin d'être insignifiant. Pour arriver à une exécution seulement tolé- rable d'un morceau d'ensemble, pour donner par à peu près à la pensée du compositeur le sens qu'elle a, il fau( que chaque exécutant sache gouverner la force du son de son instrument, de façon à ne pas dominer ou écraser les sons des autres instruments qui demandent à ressortir davantage ; il faut que les uns et les autres alternative- ment sachent nuancer à l'infini l'intensité des sons pour lesquels ils concourent à l'ensemble. Ceci étant bien établi, il est difficile de se figurer l'horrible cacophonie qui, pour les oreilles les moins délicates, résulterait de pareilles conditions, s'il existait, en effet, uneditTérence appréciable entre les vitesses de propagation des sons selon leur plus ( iOD ) OU moins d'intensité. Je le répète, toute musique d'en- semble, quelle qu'elle soit, deviendrait impossible. » L'opinion de quelques pbysiciens, relativement à la variabilité de la vitesse de propagation des ondes sonores, est certainement des plus mal fondée, et l'objection que j'ai citée plus haut garde toute sa force. » Agréez, cher et honoré Confrère, l'assurance de ma haute considération. » G. -A. HiRN. » Colmarje 11 février 1886. RAPPORTS. Examen des objections faites par M. Hirn à la théorie cinétique des gaz; par R. Clausius. Après avoir pris connaissance de la réponse faite par M. Clausius aux objections formulées par M. Hirn contre la théorie cinétique des gaz, les trois commissaires, iMM. Folie, Van der Mensbrugghe et Melsens, sont una- nimes à proposer avec empressement : 1" D'ordonner l'impression du travail de M. Clausius dans le Bulletin de la séance ; 2° D'adresser des remerciements à l'auteur pour cette intéressante communication ; 3° De prier notre savant associé de bien vouloir conti- nuer ses relations scientifiques avec l'Académie. Ces conclusions sont adoptées par la Classe. ( 136) Détermination de la direction et de la vitesse de transport du système solaire dans l'espace; par M. P. Ubaghs. Rapport de M. Folie, . Les mêmes parole? sont applica- bles aux recherches entreprises, depuis quatre ans, par le jeune Géomètre de Torre Annunziata. On en jugera tout à l'heure. Tous ces travaux sont empreints d'une grande origi- nalité. Non seulement TAuteur se pose des problèmes auxquels, avant lui, personne n'aurait songé peut-être (C); mais, pour les résoudre, il se crée des méthodes particu- lières. Abordons l'examen de la Note présentée à l'Académie. L Les inventeurs sont rarement compris. Dérouté dès la première page, j'ai demandé, à M. Cesàro, des explications nécessaires, même sur le titre de sa Note, lequel me ( 14i ) plaisait peu. Sa réponse, dont je donnerai des extraits (D), est, presque toujours, pleinement satisfaisante. La page 1 commence ainsi : Soit X= îx,,X2, x,,...,x^\ (E) une quantité quelconque , engendrée^ au moyen d'opéra- tions données, par des nombres Xj, Xg, ..., x„ , que nous supposerons entiers^ pour fixer les idées (F). Il existe un principe général, permettant d'évaluer , très simplement, la probabilité que le nombre X soit doué d'une propriété Q, Après des transformations analytiques assez difficiles à suivre (G), vu l'extrême concision, habituelle à l'Auteur, celui-ci parvient à une formule (i), très générale et très remarquable, qui lui permet de résoudre, presque en jouant, pour ainsi dire, des problèmes tels que celui-ci : Quelle probabilité y a-t-il que, dans une division quel- conque, le quotient le plus approché soit le quotient par défaut? La réponse est P=-—^. 2 = 0,556 «5... 4 A coup sûr, les théories ordinaires seraient, ici, pres- que impuissantes. M. le général Liagre, si compétent, sera, je l'espère, de mon avis. IL Comme problème transitoire, l'Auteur cherche ce que devient la fonction »-4Kî)-H^ ■•-(=)]■ lorsque n augmente indéfiniment, en supposant que f(x) 3"^ SÉRIE, TOME XI. 16 ( m ) ne puisse jamais devenir infinie. S'appuyant sur les trans- formations asymptotiques, exposées ou appliquées dans ses précédents Mémoires, il trouve f[i)-f(i-\) iim .Q„ = 2 Ici, le contrôle prendrait trop de temps; mais, d'après les antécédents de M. Cesàro, je le crois sur parole, bien volontiers. Au moyen de cette formule, l'Auteur transforme, de diverses manières, la relation (1); après quoi il donne plusieurs applications, très curieuses, celle ci, par exemple: Quelle est la probabilité que, si l'on divise un entier, pris au hasard, par la somme de deux autres entiers, pris au hasard, le quotient par défaut soit un nombre impair? La réponse est|^. III. Les pages 5 et suivantes renferment, outre de nou- velles formules, des considérations, très générales, sur ce que l'Auteur appelle groupes ouverts ou fermés, considé- rations qu'il m'est impossible de réduire; puis l'annonce de futures communications. La Note, ou plutôt le Mémoire, se termine par la géné- ralisation d'un théorème sur les déterminants, dû au regretté Smith. IV. En résumé, le nouveau travail de M. Ernest Cesàro, autant qu'il m'est possible d'en juger, me paraît digne d'être approuvé par l'Académie, et publié dans les Mémoires in-quarto. Si ces conclusions sont admises, je serai très heureux de transmettre, à mon ancien et inté- ressant Elève, les félicitations qu'il mérite. » ( 143 ) NOTES. (A) L'un d«^s derniers numéros de ce Recueil conlienl les énoncés de septante Questions (généralement difficiles) proposées par le jeune Étudiant. Le 23 octobre, il m'écrivait: « Quatre douzaines de Mémoires, » Notes, Articles attendent que MM. Teixeira, Mansion, Darboux, Brisse, » Brioschi, Baltaglini les livrent à la publicité. Je vous signalerai : » Expressiojis moyennes asymptoliques ; Quelques mesures dans les » hyperspaces ; Rupture du diamant; Sur une classe de fonctions » arithmétiques; Théorie de la vapeur d'eau ; Formes polyédriques, etc. (B) M. Gesàro est Correspondant de cette Société. (C) Exemple : « Quelle est la probabilité que, dans une division quel- » conque^ le dernier chiffre du quotient est 4 ou 5 ? {Excursions arithmé- » tiques à finflni, p. 76.) Celte probabilité égale ~ tg 18°. » (D) « Les systèmes dont je m'occupe sont conslituos par des nombres pris au hasard. Lorsqu'// arrive qu'un tel système jouit d'une propriété désignée à l'avance, cela constitue, pour moi, un événement: c'est ce que j'appelle un événement arithmétique. » (E) A ma question, toute naturelle : « Comment prononcez-vous ce symbole? » l'Auteur répond : « La vérité est que je ne le prononce point. '- Je ne reconnais pas la nécessité de nommer tout ce que l'on écrit en 0 algèbre. Je suis même convaincu qu'un symbole algébrique est d'autant » plus puissant qu'il est moins énonçable... les symboles ont été inventés, » précisément, dans le but d'abréger le discours, et de condenser, dans une • ligne visible, l'œuvre de la pensée. » Abréger le discours, soit ; mais le supprimer : voilà qui me paraît un peu excessif. (F) X est donc une certaine fonction des nombres entiers XifX^, ..., a?„. Dès lors, pourquoi ne pas employer la notation habituelle? (G) Voici , pour le cas de m = :2, la démonstration contenue dans la lettre de M. Cesàro: « Il s'agit de chercher la probabilité que le nombre j x, y j soit doué de « la propriété û. Je pose : ^,{n) = Q j », 1 j -+- 0 I n, 2 I -t- Q j n, 5 } H h 0 | w, n j , (j^in) = Q j I , n I -t- 0 j 2, 7i j ^- 0 j 5, n j H h 0 j n, « j . ( iU ) » Il est évident que chacune de ces sommes est comprise entre 0 et 1 ; de sorte que si lim = gTi , lim = ^., n les nombres F^ et Fg sont compris entre 0 et 1. Je veux démontrer que la probabilité cherchée est » ce qui est, certes, très remarquable. Si des nombres œ, y sont pris au » hasard, parmi les n premiers nombres naturels, et que ç^ soit la pro- « babilité d'avoir Q j a;, t/ j = 1 , » on a n^Ç^ = 0 j 1, 1 j H- Q I 1, 2 j -H 0 I 1, 3 } -4- ... -4- Q 1 1, n j -i-QJ2,lj + Q|2,2|-f-OJ2,o|-+-...-»-ÛJ2,n| -i-ÙJ3,lj-t-ÙJ3,2|-*-Q|3,3|H h^|3, n| -f- il j n, 1 j H- Ù j n, 2 j -f- Q j n,3 j H ^ù\n,n\. » Donc (n-t-I)2$„+i-n2Ç„=Q I i,n+l j -i-Ù \ 2, n-^l \ h v-ù j n-t-l,n-i-l j +Q|n-M, 1 j-^Q jn-f-l,2J-4 i-Q|nH-l,n-f-l | = (^lin -+- 1) -4- (j^{n -4-1) — Ojn-Hl,n-t-l|- » Changeons d'abord n en n -+- 1, n -t- 2, ... n -4- A — 1, et addition- » nons. Puis remplaçons n par îiv et h par n. Il vient (nv-4-n)2$„v+„— (nv)*$„v = cri(nv + 1) -h ai(nv+2)H l-ai(nv-t-n) H- a2(nv -4- 1) -+- ffat^^ -4- 2) H H a2(nv -»- n) Û jnv-4-1, nv-4-1 j+Q jnv-4-2, nv-4-2 | -4 hû jn+nv, rîv-4-n I [. » La troisième partie du second membre, composée de n termes égaux 0 à zéro ou à l'unité, est comprise entre 0 et n : son rapport à n^ tend ( 145 ) » donc vers zéro. Il en résulte, pour n icdéfiniment croissanl et v coii- « stant, (T) CT.(nv + 1) -h (Ti(nv -+- 2) -+- •.• -h crjnv -+- n) (2v -4- 1 ) ^= 11m n2 aJm -t- 1) -ï- (jJm H- 2) H- ••• -4- a, (nv -t- n) + lim » Parmi les n quantités positives ai(nv-+-l)-ha2{nv-4-l), ai(nv-h2)-4-a3(nvH-2), ... a,(7JVH-n)-t-a2(nv-+-/0, » soient, pour des valeurs données de n et v, o-i(nv -f- p) -H tandis que s'accroît la surface de contact des deux » corps, et leurs dimensions iraient en augmentant du » centre à la circonférence, par suite de la durée crois- » sanle qui s'écoule entre le premier choc et le contact » du projectile avec les divers points d'un même rayon. » Les sillons rayonnants seraient des plis résultant de » l'application de la surface plane de la plaque sur la j> sphère qui limite le boulet. » Pour une vitesse du projectile de 400" le phénomène » se passe en entier à V20000 ^^ seconde. » « Dans le cas du projectile de 0,"24 les ondulations » doivent se propager avec une vitesse de 2400" à la ( m ) » seconde. Cette très grande vitesse permet de s'expliquer » que le mouvement des particules de cuivre ait pu creu- » ser l'acier du projectile. » Notice sur les roches de l'île de Kantavu (archipel de Fidji); par A. Renard, correspondant de l'Académie. Il y a quelques semaines à peine que rallenlion des géologues vient d'être attirée de nouveau sur les îles Fidji. On considérait les roches qui forment ce groupe comme étant, pour la plus grande partie, le produit d'éruptions assez récentes; mais les manifestations volcaniques, qui avaient laissé sur ces îles une si profonde empreinte, étaient depuis longtemps entrées dans une phase de repos. Cette activité vient de se réveiller; vers la fin de janvier, on apprenait par les journaux australiens qu'une nouvelle île s'était formée à l'est de l'archipel fidjien, entre ce groupe et celui des Amis. Cette terre d'environ neuf milles de superficie était surmontée d'un cône volcanique situé sur la côte, elle avait surgi du sein de la mer et s'élevait à 200 ou 500 pieds; son apparition avait été accompagnée de tremblements de terre et de tout le cortège de phéno- mènes associés aux grandes éruptions (1). Les faits que je viens de rappeler engageront peut-être des naturalistes à aller étudier ces manifestations volca- niques aux îles Fidji. Un large champ de recherches est (1) Nature, n» du 28 janvier 1886. Celte île est située par 20«>28' lati- tude et par 175°21' longitude 0 de Greenwich. ( 1S7) ouvert aux explorateurs de cet archipel; car ce groupe, comme un grand nombre d'îles du Pacifique, est relative- ment peu connu au point de vue géologique. Dans la notice que j'ai Thonneur de présenter à l'Académie, j'ap- porte un contingent aux connaissances qu'on possédait sur la constitution liihologique de quelques-unes des îles Fidji. Ce petit travail est consacré à la description des andésites du port de Kanlavu. Les belles recherches du professeur Wichmann (1) ont dévoilé la nature d'assez bien de roches recueillies dans cet archipel par les naturalistes du Muséum Godeffroy à Ham- burg. Ce savant a montré que, dans le sous-sol, on peut observer toute la série des roches cristallines anciennes (2); (1) Beitrag zur Pétrographie des Viti-Archipels [Min. peir. Mithei- lungen, de Tschermak, vol. V, pp. 1-60). (2) Celle notice sur l'île de Kanlavu sera suivie d'un travail sur les roches d'Ovalau et de Naglao, qui apparliennent comme la première à Tarchipel Fidjien; je crois utile de résumer dans cette note, d'après les travaux de M. Wichmann, les quelques détails géologiques qu'on possède .sur ce groupe. Meinicke (Die Inseln des stillen Océans. Leipzig, 1876, il, p. 2) a condensé les observalions minéralogiques de Graffe, Macdonald, Seemann, elc, sur les îles Fidji; on doit à Horne {A ijear in Fidji^ Londres, 1881, pp. 165-170) une publication plus récenle sur cet archipel. D'après cet auteur, les roches les plus répandues seraient des argiles et des cal- caires, des brèches et des conglomérais; en cerlains points on trouve des grès et des argiles schistoïdes; des basaltes et des trachytes constituent les sommets les plus élevés; sur les penles, des roches sédimentaires plus récentes se sont déposées. L'île Taviuni est la seule qui soit de nature exclusivement volcanique; ce serait, d'après Horne, la seule île de forma- lion subaérienne. M. Wichmann fait remarquer toutefois que l'absence de tuffs ou d'autres roches sur les déclivités de Buke-Levu à Kanlavu semble montrer que celle île n'est au moins pas tout entière de formation sous-marine. Les roches recueillies aux îles Fidji par Graffe (1862 et 1865) Z'''" SÉRIE, TOME XI. H ( m ) la série moderne esl représentée surtout par des basaltes et des andésites. Ces dernières roches, associées à des tuffs volcaniques fossilifères tertiaires, constituent à elles seules presque toutes les petites îles de Tarchipel, et c'est aux andésites qu'on doit rattacher en particulier les produits volcaniques de Kantavu. On connaît par le travail de M. Wichmann quelques roches de celte île, elles affleurent au Mount Washington ou Buke-Levu qui s'élève à l'extré- mité ouest de Kantavu ; celles que nous allons décrire proviennent d'un point situé au nord du port de cette île. Elles y furent recueillies, en août 1874, par les explorateurs du a Challenger ». Tout ce que nous connaissons relative- ment à la constitution géologique de Kantavu, c'est que le massif qui forme l'île est un conglomérat volcanique gros- sier où dominent de grands blocs de lave. Le sol esl recou- vert de monticules à sommet obtus et qui s'étalent en ei celles qu'y réuiiil Kleinschmidt (18761878) démontrent qu'à Viti-Levu les roches cristallines et schisto-cristallines anciennes jouent un rôle important Les roches fossilifères y sont d'âge tertiaire. Toutes les autres îles visitées par les explorateurs sont formées d'andésites, de basaltes et des tuffs de ces deux types lithologiques; dans certaines d'entre elles, on a constaté du calcaire corallien quelquefois silicifié. D'après l'ensemble de ces observations on esl amené à admettre que cet archipel formait, aux périodes paléozoïques et mézozoïques, un continent qui fut immergé vers le milieu de la période tertiaire. M. Wichmann fait ressortir que les don- nées fournies par l'étude des roches de l'archipel Fidji présentent, à ce |.oinl de vue, une grande analogie avec ce que nous montrent bon nombre d'îles du Pacifique Contrairement à l'opinion généralement admise, il y a peu de temps encore, que toutes les îles du Pacifique étaient de formation volcanique, on a démontré que plusieurs d'entre elles sont constituées par des roches cristallines ou par des couches sédimentaires anciennes. Dans son travail sur l'archipel de Fidji M. Wichmann a exposé avec beaucoup de clarté et d'érudition les faits sur lesquels se fonde celte interprétation (voir loc.ciL, pp. 1-8). ( 459 ) gradins. M. Moseley attribue la forme régulière des acci- dents de terrain de cette île à des phénomènes de dénu- dation. Ajoutons qu'à Ovalau, île voisine de Kantavu, l'aspect est le même et que les roches semblent y être aussi de même nature (1). D'après les indications de M. J.-Y. Buchanan, toutes les roches que nous allons décrire affleurent près du port de Kantavu, où elles montrent une disposition coionnaire. Faisons connaître d'abord celles qui se rapportent au type des andésites amphiboliques. A l'œil nu on distingue dans une masse fondamentale grisâtre des plages blanchâtres vitreuses assez grandes, qui sont des plagioclases, et des points noirs de hornblende ou de biotite. La roche est rude au toucher, sa cassure est très irrégulière. L'examen microscopique montre que la masse fonda- mentale est formée par une base légèrement jaunâtre ou presque incolore. Cette matière vitreuse est plus ou moins abondante; elle renferme de nombreux microlithes de feldspath et d'augite et des granules de magnétite. Quel- quefois on y trouve des paillettes brunâtres transparentes de biotite. De cette base se détachent, en cristaux micro- porphyriques, les espèces dont nous allons faire connaître les principaux détails de microstructure. Les piagioclases, ordinairement zonaires, sont maclés suivant la loi de l'albite et suivant celle de Carlsbad; géné- ralement ces cristaux sont formés par deux individus assez larges dans lesquels s'intercalent des lamelles hémitropes peu nombreuses et d'une extrême minceur. Dans certains cas, l'un des individus principaux, accolé suivant la loi de (1) WosELEY, Notes of naturalist on hoard of the Challenger^ p 301. ( 160 ) Carlsbad, est polysynthétique, l'autre est simple et pré- sente des traces de clivage se croisant à environ 90°. Les contours de ces sections, caractérisées par la rareté des inlercalations de lamelles plagioclastiques, montrent une face également inclinée sur des traces de P et de M. Celte face paraît répondre à un dôme de la zone P/M {n ou c), sa trace fait avec celles de M et de P un angle d'envi- ron 45". La détermination de l'existence de la macle de Carlsbad pour ce plagioclase se fonde sur le fait que dans les sections où n'apparaissent que deux individus prin- cipaux, la projection des faces verticales apparaît en sens contraire dans les deux cristaux; ces deux individus maclés otfrent des extinctions asymétriques, l'un éteint à 40"* environ de la trace de M et l'autre à 22°. Cette dernière observation suffit à montrer que ce plagioclase est maclé suivant la loi de Carlsbad; elle nous indique en outre qu'il se rapproche du labrador. Dans la zone P/k on a obtenu 17° à 20° comme angle d'extinction symétrique pour deux lamelles albitiques adjacentes. Cette observation s'accorde avec ce que nous venons de dire relativement à la détermination du plagio- clase comme se rapportant à un mélange rapproché du labrador. Les sections de plagioclase offrent souvent des contours à angles rentrants qu'on prendrait, à la lumière ordinaire, pour des indices de macles. L'examen, entre niçois croisés, montre que ces cristaux sont simplement groupés sans hémitropie, accolés avec les axes parallèles. La hornblende joue un rôle important dans cette andé- site; ce minéral y a cristallisé non seulement avec les faces du prisme, mais souvent les deux pinakoïdes sont représentés et l'un d'eux est assez développé. Souvent l'amphibole est décomposée et environnée d'une zone noire ( 161 ) de magnétiie; dans d'autres cas, elle est bordée par un agrégat bacillaire, ou elle renferme au centre de la section ces mêmes petits prismes. Cet agrégat bacillaire doit être considéré comme de formation secondaire; les petits prismes qui le constituent sont accolés parallèlement à l'allongement; ils sont tronçonnés par des cassures paral- lèles à la base, ils sont presque incolores ou légèrement ver- dâtre; leur angle d'extinction n'est pas facile à saisir; exceptionnellement on a pu l'évaluer, il atteignait envi- ron 40°. Il est possible que cet agrégat soit composé de petits prismes d'augite, ils sont disposés de manière à montrer un parallélisme entre leur axe allongé et celui de l'ampbibole, et paraissent se comporter à peu près comme la hornblende fibreuse qui envahit le pyroxène lors de l'ouralitisation ; nous aurions donc ici cette para- morphose renversée. L'altération de la hornblende se traduit non seulement par la zone de magnétiie ou par renvahisseuicnt des prismes augitiques, dont il vient d'être question; mais on observe que la décomposition de l'amphibole est accompa- gnée d'un développement de biotile au sein des sections de ce minéral. Voici la marche que suit cette pseudomor- phose: la teinte de la hornblende devient plus foncée, le dichroscopisme plus intense; les couleurs de polarisation tirent vers les tons rouge-foncé, la section revêt une tex- ture lamellaire; ces lamelles paraissent, en lumière pola- risée, comme ondulées à la surface. On voit, en un mot, se substituer aux caractères de l'amphibole tous ceux qu'on reconnaît d'habitude au mica noir; mais les formes des sections sont encore toujours celles du minéral amphi- bolique. Nous verrons tout à Pheure que la biotile existe dans ( 162) les roches de Kantavu comme minéral primaire ; nous devors donc indiquer les traits qui permettent de distin- guer celle-là du produit secondaire qui envahit la horn- blende. Dans certains cas la forme des sections ne per- met pas de se prononcer avec certitude; la hornblende et le mica noir peuvent en effet l'un et Fautre se présenter dans les latnes minces sous la forme de sections hexago- nales. Cependant on peut démontrer que la biotite est secondaire : on constate en effet, dans ce cas, que des sec- tions hexagonales sont lamellaires parallèlement à l'un des côlés de l'hexagone. Cette observation suffit à prouver que la biotite est de seconde formation : une section hexa- gonale de ce minéral ne saurait présenter cet aspect; les lamelles ne doivent pas s'y montrer; la plage doit appa- raître uniforme. Les lignes dessinées dans ces sections par les lamelles micacées agrégées ne peuvent être confon- dues avec les clivages de la hornblende; cette supposi- tion, alors même que les caractères du mica ne seraient pas si nets, ne pourrait se concilier ni avec les formes de contour ni avec la direction des clivages supposés. Les observations tendent à prouver que les lamelles de biotite sont empilées parallèlement à l'un des pinakoïdes de Pam- phibole. Après les détails dans lesquels nous sommes entré au sujet de la biotite secondaire, il nous rosle peu de chose à dire relativement à ce minéral apparaissant comme élément primaire. A première vue, ce mica noir ressemble assez bien à l'amphibole, il est, comme celle-ci, entouré d'une zone noire opaque; mais son dichroscopisme, sa structure lamellaire très prononcée, ses couleurs de polari- sation rougeâlres, sa teinte presque irisée entre niçois croisés, les ondulations caractéristiques de la section ne per- ( lf^3 ) mettent de confondre ce mica avec aucune autre espèce. 11 se reconnaît comme élément primaire à ses contours bien arrêtés, hexagonaux ou parallélogrammiques, ces sections sont toujours isolées dans la pâte. L'augite apparaît en cristaux microporphyriques assez rares, elle est d'une teinte verte comme celle que ce miné- ral affecte dans les andésites. La bronzite se montre ici plus fréquente que le pyroxène monoclinique; nous ver- rons, en décrivant les roches de INaglao, les caractères qui distinguent cette espèce dans les andésites des îles Fidji. Le péridot est représenté dans un seul des échantillons de Kanlavu; il y joue le rôle d'élément accessoire; ses sections offrent la forme hexagonale ou rhombique habi- tuelle, les contours sont émoussés; c'est une hyalosidérile hématitisée et pénétrée de trichites. Un des échantillons de Kantavu doit se rapporter aux andésites augiliques. Cette roche est à grains assez gros, on y distingue à l'œil nu des cristaux ébauchés de plagio- clase de 2 à 3 millimètres, des petits grains d'augile ver- dâtre, rarement de la hornblende noire; ces minéraux sont enchâssés dans une masse fondamentale grisâtre. Au microscop", cette roche se différencie de celles décrites précédemment par la prédominance de la matière vilreuse qui sert de base et par des individus microporphyriques un peu plus grands que dans les andésites amphiboliques; la hornblende n'y joue plus qu'un rôle secondaire; l'augite la remplace. Dans la masse fondamentale les microlithesiie sont plus si nombreux; mais ils appartiennent encore aux mêmes espèces que dans les roches précédenles. Lesfeldspalhs plagioclases sont représentés par des indi- vidus nettement développés, ils sont criblés de nombreuses ( 464 ) inclusions vitreuses. On en observe qui présentent à la fois la macle de la péricline et la macle de Baveno; la macle de l'albite est subordonnée. Les deux séries de lamelles polysynthétiques qui se correspondent dans les individus principaux s'entre-croisent sous un angle d'envi- ron 90°. Les extinctions des lamelles albitiques se font à 50° environ; ce fait indique que nous avons affaire à un mélange se rapprochant du labmdor. Lorsque les sections présentent les lamelles de la péricline nettement détinies, les extinctions pour ces lamelles sont toujours un peu moins élevées que pour l'individu principal : environ ^7" pour les lamelles en question et 30° à 51° pour les lamelles albitiques. La figure ci-jointe montre les groupements hémitropes que nous venons de décrire. ^^^ ;*#^^^^^ -" 'J l^/'J^^ : -^ ^,^'V5^-3^{ ^^^ *• ''■?'• '■ ■ ■■ ■ —S — if ~~^(r T^i™' mm r ''^^^' t-— ^ 'irv' ^^^'i -■^^^ m I I, II, macle de la péricline. I' ir, id. (I, II) (T, II') macle de Baveiio. III, I macle de la péricline. IV, V, individus maclés avec I el II, ayant la face P commune. ( 165 ) L'augile se montre avec les caractères ordinaires de ce minéral dans les andésites pyroxéniques. Quelquefois elle est maclée polysynthétiquement de manière à présenter Taspect des sections plagioclastiques. Dans d'autres cas ces sections de pyroxène montrent une certaine tîbrosité qui les fait ressembler à la diallage. L'augite contient comme inclusions du feldspath et de la magnétite. La hornblende, dont le rôle est très subordonné, est représentée dans les lames minces par des sections souvent maclées, à angles émoussés et entourés de magnétite, le pléochroïsrae de cette amphibole est c jaune-brun > 6 jaune brunâ're > a jaune pâle. Détermination d'une formule théorique exprimant la force élastique des vapeurs saturées en fonction de la tempé- rature; par P. De Heen, correspondant de l'Académie. Un grand nombre de formules empiriques ont été pro- posées afin d'exprimer la force élastique des vapeurs en fonction de la température. Nous ne pensons pas devoir faire ici l'historique de ces recherches, le but que nous poursuivons différant essentiellement de celui que la plu- part des physiciens ont eu en vue jusqu'ici. En effet, la détermination des causes qui régissent ces phénomènes est restée complètement étrangère aux travaux qui avaient pour principal objet le choix d'une formule traduisant avec exactitude les faits observés. Dans ce qui va suivre nous nous préoccuperons au con- traire uniquement de l'étude théorique de la question. Diverses causes que nous indiquerons ne nous permettront pas sans doute d'exprimer les faits avec une rigueur com- parable à celle que l'on peut exiger d'une formule empi- ( i()6 ) rique, mais l'expression que nous obtiendrons nous per- mettra de tirer des conclusions intéressantes. Nous avons établi en 1884(1) que si l'on désigne parQo la chaleur latente interne de vaporisation à la température 0°, parQ cette grandeur prise à une température t et par a. le coeificient de dilatation du liquide, on peut écrire Q=Qo(l — l,353af). Cette relation repose sur l'hypothèse qui sert de base à notre théorie des liquides; elle consiste à admettre que les molécules s'attirent en raison inverse d'une puissance déterminée de la distance. D'autre part, la théorie mécanique de la chaleur nous enseigne que si l'on désigne par u le volume spécifique de la vapeur, par T la température absolue et par A l'unité divisée par l'équivalent mécanique de la chaleur, on a Q dp -= AT-f u dt remplaçant Q par sa valeur tirée de l'équation I, il vient Qo(l -\"ùal) II dp dt ^ Admettant que les lois de Mariotte et de Gay-Lussac s'étendent aux vapeurs, nous avons encore, en désignant par A le coefficient de dilatation des gaz, pu = /7ol/„ (1 -t- Af), d'où Po1h{\ Ar (1) Bulletin de V Académie royde de Belgique, 5*^ série, l. VIII. ( i67 ) Remplaçons u par sa valeur dans Téqualion H el observons que si Ton pose a == 273, on a ^ = T — a et T i -h A / = -; on obtient alors Qo[l-i,55a(T-a)p] dp ^ i = AT — — Ap. T dT PoUo - a Posons : ApoWo a v = Qo-+-1, ôôaaQo; 1^ = ApoUo a - d,53apo, L'équation précédente pei it alors se mettre sous la forme dT Y2 dT P en intégrant il vient Al.p = ;ul.T-v--t-l.C, OU encore p = CT^ e ^>* Remplaçant (j-, v ell par leurs valeurs on obtient fina- lement III p==CT ^P»"» e ^^°"0 l Telle est la formule approchée qui unit la tension des vapeurs saturées à la température, au coefficientde dilata- tion du liquide, à la chaleur de vaporisation et au volume spécifique delà valeur saturée. Constatons de plus qu'elle ne renferme qu'une seule constante arbitraire. Voici quelques valeurs qui permettent déjuger du degré d'exactitude de cette formule. 168 ) SULFURE DE CARBONE (1) a = 0,001l!26, kpoUo = i;2i:\ Qo = 82,79. TEMPÉRATURE. VALEUR de;; calculée. VALEUR de p observée. 0 50 100 150 133,0 877 3196 8207 TÉTRACHLORURE DE CARBONE ^ = 0,001184, Apo^to = '^^^% Qo = 48,50. 1-27,9 857 3323 9095 10 50 400 -150 55,0 55,9 312,7 314,3 1486,7 1467,1 4471,5 4543,1 CHLOROFORME ix = 0,001107, A/;o"o = 4,530, Qo = ^'^Z*^- 0 HO 100 150 56,73 59,7 750,0 755,4 2412,0 2428,5 7393,5 7280,6 i (1) Ces valeurs onlélé tirées de la Théorie mécanique de la Chaleur, par Zeuner, 2^ édilion, 1869. ( 169 ) Ces résultais sont très satisfaisants en égard aux diffi- cultés que Ton rencontre dans la détermination expéri- mentale des constantes. De plus, il importe de remarquer que réquation IIl doit être considérée comme un cas-limite, car faute de données plus précises nous avons été obligé d'admettre la relation T a Il résulte de ceci que nous sommes conduit à une con- clusion qui n'est pas absolument exacte, car notre expres- sion tendrait à prouver que p ne devient nul qu'au zéro absolu. Or, s'il en était ainsi, un liquide quelconque émet- trait déjà des vapeurs alors qu'il serait doué d'une tempé- rature infiniment basse rfT; ce qui revient à admettre qu'une molécule animée d'une force vive de translation infiniment petite serait capable de s'échapper du sein du liquide, alors que la cohésion, qui représente une grandeur déterminée, s'oppose à l'accomplissement de ce phénomène. Notre équation ne serait donc rigoureusement applicable qu'au cas-limite d'une cohésion nulle. Remarquons cependant que cette circonstance n'altère que faiblement l'exactitude de notre formule, car aux basses températures qu'il faut considérer ici les tensions de vapeur calculées sont si faibles qu'on peut les considérer comme nulles ou négligeables. Nous allons cependant déterminer une relation qui satisfait davantage aux exigences de la théorie. Choisissons pour origine une température telle qu'elle satisfasse à la relation (IV) ] -t- Ai = - , ( m) A désignant le coefficieaL de dilatation de la vapeur saturée, y une quantité plus petite que a et 0 la tempéra- ture comptée à partir de la nouvelle origine. Si Ton désigne par P Tintervalle compris entre le zéro absolu et la nouvelle origine de température, on peut écrire n 1 -*- Af = nous avons encore T = (3-4-ô et « = e-+-jB — a. Remplaçons ces quantités par leurs valeurs dans l'équa lion II et admettons toujours la relation pu = PqUo(\ -*- Af). Nous aurons alors Qop(l — 1,33a<) dp Et si nous posons (1 -+■ l,o5aa — l,DDaP)Qo == A i ,35aQ — ApoMo = ^^ ApoUo a— p D nous aurons A-'-^ cJ^^v'-P En intégrant et en désignant par H une constante arbi- traire il vient 4 / S\ C l.p = l.H--l.(i.^)--l.(P ( ili ) Les données expérimentales que nous possédons nous permettent de reconnaître que C est négatif. Si m et n désignent des constantes, notre équation s'écrira donc sous la forme 'T'm (V) p: - (-) PV H est facile de voir que pour 0 = o on a aussi p = o. A ce point de l'échelle des températures, l'équilibre s'établit donc entre la force vive de translation des molé- cules liquidogéniques qui tend à projeter ces molécules en dehors de leur sphère d'activité et la force de cohésion qui tend, au contraire, à les maintenir au sein de la masse liquide. Concluons donc que la force de cohésion d'un liquide est étroitement liée au coefficient de dilatation de sa vapeur saturée lequel est nécessairement plus grand que celui d'un gaz parfait, car si l'on cherche la vraie valeur de A dans l'équation IV on trouve A =1 > i. Les valeurs de A n'ayant pas, jusqu'ici, été déterminées par l'expérience, nous ne pouvons appliquer dès à présent notre formule. Qu'il me soit permis de terminer cette note par quel- ques considérations d'un ordre général. En nous basant sur l'hypothèse que les molécules s'atti- rent en raison inverse d'une puissance déterminée de la distance, nous avons réussi à réunir un grand nombre de faits qui jusqu'ici n'avaient entre eux aucun lien apparent. C'est ainsi que nous avons calculé d'une manière appro- ximative la grandeur des variations que subissent avec la température, le volume, la tension superficielle, la chaleur ( 172 ) latente interne de vaporisation, la compressibilité et la tension de vapeur des liquides. Enfin nous avons été amenée émettre diverses conclusions qui découlent direc- tement de notre hypothèse, telles sont notamment la néces- sité de l'existence d'une température critique et l'établis- sement du parrallélisme qui existe entre les courbes qui représentent les variations de la chaleur spécifique des corps à l'état liquide et à l'état de vapeur. Je dis que nous avons réussi à établir ces choses approximativement. Je crois devoir insister sur ce point afin de me prémunir contre l'opinion de certains savants qui semblent admettre qu'il est dans l'ordre des choses de voir la nature découvrir d'un seul coup au chercheur non seulement la marche générale d'un phénomène, mais encore la cause des moindres particularités qui l'accom- pagnent. El cependant l'histoire apprend que telle n'est pas la marche des sciences, lorsqu'elle nous montre Mariotle formulant l'une des premières lois de la physique malgré les irrégularités dont les causes sont aujourd'hui en grande partie dévoilées, lorsqu'elle nous montre Dulong et Petit formulant leur loi magistrale bien que la science d'alors n'eût pas permis de soupçonner la cause des irrégularités qu'elle présente, enfin lorsqu'elle nous montre Kepler formulant ses lois immortelles malgré les perturbations auxquelles elles sont soumises. Ceux qui cherchent les lois qui régissent le monde moléculaire se trouvent en ce moment dans une situation à peu près analogue à celle dans laquelle se trouvaient les astronomes à l'époque de Tycho et de Kepler. Dans ce monde il se produit également des perturbations, mais les causes qui les produisent sont d'une nature plus com- plexe encore que celles qui se manifestent dans le I ( 173) monde sidéral. Aussi est-ce à litre de première approxi- mation que nous avons soumis nos calculs au monde savant. Examen des objections faites par M. Hirn à la théorie cinétique des gaz; par R. Clausius , associé de l'Aca- démie, professeur à l'Université de Bonn. Dans les deux mémoires présentés successivement à l'Académie royale de Belgique sous les titres : Recherches expérimentales sur la relation qui existe entre la résistance de l'air et sa température (1 ), et Recherches expérimentales et analytiques sur les lois de l'écoulement et du choc des gaz en fonction de la température (2), M. Hirn décrit, d'une part, plusieurs séries d'expériences, d'autre part, prend les résultats de celles-ci comme sujet de considéra- tions théoriques, qui, selon lui, autorisent à conclure que la théorie cinétique des gaz est en contradiction avec l'expérience. En présentant à mon tour à l'Académie mon opinion sur ce sujet, opinion qui diffère de celle de M. Hirn, je tiens à déclarer que ma critique ne se rapporte nullement à la partie expérimentale des recherches de ce savant. Les expé- riences qu'il décrit sont très bien conçues; elles ont été continuées pendant plusieurs années avec une remarquable persévérance, à laquelle auront répondu, je n'en doute pas, le soin et l'habileté dans l'exécution, de sorte que les résultats obtenus méritent une entière confiance; leur (1) Mémoires in-4°, t. XLIII (1881). (2) Ibid., t. XLIV (1884). 3"* SÉRIE, TOME XI. 18 ( 174 ) valeur est acquise à la science et est entièrement indépen- dante du jugement porté sur les conclusions que M. Hirn en a tirées. Parmi ces conclusions, celle qui se rapporte au choc des gaz a été surtout exprimée d'une façon bien précise. Nous nous en occuperons en premier lieu. D'un gazomètre contenant de l'air sous pression, M. Hirn a fait sortir un courant d'air s'échappant d'un conduit recourbé à son extrémité, à angle droit, vers le bas et garni à cette extrémité de l'ajutage d'écoulement. A quelque distance sous cet ajutage, se trouvait, horizonta- lement placée sur l'un des plateaux d'une balance, une plaque circulaire qui recevait normalement le choc du courant d'air. Pour contre-balancer la pression exercée sur la plaque, on chargeait le second plateau de poids, qui servaient à mesurer la grandeur de la pression exercée. Ces expériences furent faites, en partie, avec de l'air ayant la température de la salle, et en partie avec de l'air porté à une température plus élevée, dépassant un peu 200^ On constata que la pression exercée sur la plaque par le courant d'air dépend uniquement de la quan- tité d'air écoulée pendant l'unité de temps et de la vitesse d'écoulement et non de sa température. M. Hirn pense que ce résultat est en contradiction avec la théorie cinétique des gaz. C'est surtout dans le septième paragraphe (p. 97) de son second mémoire que ce savant a exposé les motifs de son appréciation. En parcourant cette partie de son tra- vail on peut s'assurer que ses déductions contiennent des erreurs importantes. Remarquons d'abord que M. Hirn fait un usage trop étendu de certaines hypothèses simplificalives, qui, dans ( 17S) (Jes circonstances spéciales, peuvent être employées pour faciliter la compréhension. Suivant la théorie cinétique des gaz, les molécules d'une masse de gaz apparemment en repos, sont douées de mouvements rapides et diverse- ment alternants. Elles se meuvent dans toutes les direc- tions possibles, mais la distance qu'elles parcourent entre deux chocs consécutifs est très courte. Lorsque le gaz a la densité qui correspond à la pression d'une atmosphère et à la température de la glace fondante, les courses ont une longueur moyenne qui est, pour tous les gaz, l'hydro- gène excepté, moindre qu'un dix millième de millimètre. De plus, les chocs entre deux molécules sont en général obliques et excentriques, de sorte qu'après chaque choc les directions et les vitesses des deux molécules sont tota- lement changées. Ce sont ces mouvements compliqués que M. Hirn rem- place par d'autres, beaucoup plus simples, en admettant que les molécules se meuvent seulement suivant trois directions rectangulaires entreelles; qu'elles ne se troublent pas mutuellement dans leurs mouvements, mais qu'au contraire chacune continue à se mouvoir en ligne droite jusqu'à la rencontre d'une paroi solide. De semblables hypothèses ne peuvent être appliquées qu'avec réserve; car si, dans certains cas, elles fournissent des résultats exacts, il n'en est pas moins vrai qu'en d'autres circon- stances elles induisent en erreur. On verra dans la suite qu'elles sont en partie inadmissibles dans le cas considéré par M. Hirn. Lorsque la masse gazeuse, au lieu d'être en repos appa- rent, a commencé à s'écouler, au mouvement moléculaire vient s'ajouter le mouvement d'écoulement; et celui-ci doit, pour chaque molécule, être composé avec son mouve- (176) ment moléculaire actuel, pour obtenir le mouvement véri- table de la molécule. En effectuant celte composition pour le courant d'air qui sort de Torifice et qui est lancé contre Ja plaque, M. Hirn commet une erreur notable que M. Folie a déjà relevée dans son rapport. En effet, M. Hirn admet que, pour un tiers des molé- cules, les mouvements moléculaires sont parallèles, et, pour les deux autres tiers, perpendiculaires à la direction du courant; puis, après avoir désigné la vitesse des mou- vements moléculaires, qu'il suppose égaux pour toutes les molécules, par la lettre U et la vilesse du courant par la lettre V, il forme, pour le tiers des molécules, dont le mou- vement moléculaire se fait parallèlement à la direction du courant, la somme U -H V comme étant l'expression de la vitesse totale résultant des deux mouvements. Cela est absolument inexact. Si nous nous rallions pour un moment à la première hypothèse de M. Hirn, suivant laquelle tous les mouvements moléculaires se font selon trois directions perpendiculaires entre elles, dont l'une, que nous désignerons par x, coïncide avec la direction du courant, nous ne pouvons cependant pas supposer que tous les mouvements moléculaires parallèles à la direction ac se dirigent dans le même sens que le courant; nous devons au contraire admettre comme évident, qu'une moitié va dans le sens positif de la direction x, Pautre moitié dans le sens négatif. Si l'on voulait conserver aussi la seconde hypothèse de M. Hirn, à savoir que les molécules suivent, sans se trou- bler mutuellement, une ligne droite jusqu'à la rencontre d'un obstacle rigide, il serait nécessaire, en admettant que U > V, d'attribuer aux molécules qui se dirigent dans le sens des x négatifs des conditions de mouvement tout ( «77 ) à fait distinctes. Ces molécules retourneraient, en effet, alors vers l'orifice d'écoulement et rentreraient par celui-ci dans le réservoir au lieu d'en sortir. On voit par là que la seconde hypothèse n'est pas admissible dans le cas dont nous nous occupons. On doit bien plutôt ne pas perdre de vue que les mou- vements moléculaires sont des mouvements alternatifs; on se fera alors une tout autre idée de la manière dont se meuvent les molécules dont les mouvements molécu- laires sont parallèles à l'axe des oc, et, par suite, à la direction de l'écoulement. Si Ton suppose que le courant d'air soit coupé par un plan perpendiculaire à la direction de l'écoulement, on voit facilement que chaque molécule traversera ce plan non seulement une fois, mais plusieurs fois, passant toujours alternativement du côté négatif au positif et du côté positif au négatif. Le nombre de ces passages est d'autant plus grand que la fraction ^ est elle-même plus grande, et il sera toujours représenté par un nombre impair, car le nombre des passages du côté négatif au côté positif est plus grand de 1 que le nombre des passages du côté positif au côté négatif. Si l'on admet que deux passages ayant lieu en sens inverse s'annulent mutuellement, il restera pour chaque molécule un passage du côté négatif vers le positif, et il est satisfait ainsi au mouvement d'écoulement du gaz. Considérons maintenant, à un moment donné, les molé- cules, formant le tiers de la totalité des molécules existantes dans le courant d'air, dont le mouvement moléculaire est parallèle à la direction du courant. La moitié de ce tiers aura des mouvements moléculaires dirigés dans le même sens que le courant. Pour cette moitié nous aurons, comme ( 178 ) expression de la vitesse totale résultant des deux mouve- ments, la somme U -f- V; Tautre moitié du tiers a des mouvements moléculaires dirigés en sens inverse du cou- rant, et nous exprimerons la vitesse totale résultant des deux mouvements par la différence — U -+- V. On voit que la somme U -h V par laquelle M. Hirn exprime la vitesse totale de toutes les molécules à mouve- ment moléculaire parallèle à la direction du courant, ne correspond nullement à la réalité des faits. C'est là la cause principale des conclusions erronées qui se présentent dans la suite de son mémoire. 11 calcule d'abord pour une unité de volume d'air qui s'écoule la force vive du mouvement perpendiculaire à la plaque, en prenant, pour un tiers des molécules, la somme précédemment mentionnée U h- V; et, pour les deux autres tiers, dont les mouvements moléculaires ont lieu perpendiculairement à la direction du courant, et par con- séquent parallèlement à la plaque, il fait simplement entrer dans le calcul la vitesse du courant V comme étant la vitesse du mouvement considéré. En désignant la den- sité de l'air, c'est-à-dire le poids de l'unité de volume, par c^, et l'accélération de la pesanteur, comme d'habitude, par g, il obtient ainsi, pour la force vive, l'expression : C'est à l'aide de cette expression que M. Hirn déter- mine la pression que l'air exerce sur la plaque. La section I (1) '^9 9^ qui se réduit à la suivante : (!•) g\ô 5 ( 179 ) du courant d'air à l'endroit où il a le maximum de vitesse V est désignée par le produit ms, dans lequel s est la sur- face de l'orifice d'écoulement et m le coefficient de con- traction. En admettant ensuite que le courant, lorsqu'il arrive contre la plaque, est dans le même état qu'en cet endroit, il déduit, de la force vive du mouvement perpen- diculaire à la plaque, la pression sur la surface ms qu'il frappe, de la même manière que, dans la théorie cinétique des gaz, on déduit la pression de l'air en repos. Il arrive à l'expression suivante : â{ms) [i ^^, 2 (^U'.-?UV-.V'). 9 L'air qui est en repos à la surface postérieure de la plaque y exerce une pression, qui, pour une surface de même dimension, est exprimée par i â{ms) ^^ 5 9 Cette pression doit être retranchée de celle qui est exercée sur la face antérieure, pour obtenir l'excès de pression résultant du courant, et qui constitue la pression directement perceptible. En désignant cette dernière pres- sion par p, M. Hirn obtient l'équation suivante : (.2) j,^S^[-VV.V'], qu'il considère comme le résultat qui dérive de la théorie cinétique des gaz, appliquée au cas dont nous nous occu- pons. Cette équation ne concorde pas avec ce résultat qu'il a déduit de ses expériences, à savoir que la pression est ( 180 ) indépenclaule de la température. Car la grandeur U est proportionnelle à la racine carrée de la température abso- lue. D'où M. Hirn conclut que la théorie cinétique des gaz est en désaccord avec l'expérience et qu'elle est, par suite, inadmissible. Mais il s'agit de voir ce qui se passe lorsqu'on tient compte, dans les calculs de M. Hirn, du fait qu'une moitié seulement des molécules, dont les mouvements molé- culaires sont parallèles à la direction du courant, a la vitesse U-^-Vetque l'autre moitié est animée de la vitesse — U-hV. On obtient alors, pour la force vive du mouve- ment perpendiculaire à la plaque, au lieu de l'expres- sion (1) donnée plus haut, l'expression suivante : (3) li[î,„.V,..l,-U.V,].î(,-! qu'on peut réduire à (3, ^C-^^-V')- Cette expression diffère de (1 J par l'absence du terme |UV dans la parenthèse. Si l'on applique cette expression à la détermination de la pression, de la même manière que M. Hirn y a employé son expression (i„), on obtiendra, au lieu de l'équation (2), l'équation suivante : (4) P^'^V, 9 qui de nouveau diffère de (2) par l'absence du terme affecté du facteur U. Ce terme étant précisément l'origine de l'ob- jection de M. Hirn contre la théorie cinétique des gaz, il en résulte que cette objection se trouve détruite par le fait de sa disparition. ( 181 ) Afin d'augmenter la certitude de sa conclusion, M. Hirn a généralisé ses vues. Au lieu d'admettre que le tiers de tous les mouvements moléculaires sont parallèles à la direction du courant, il n'a fait cette supposition que pour une fraction indéterminée a des mouvements moléculaires; puis il a introduit pour cette fraction la vitesse U -4- V dans les calculs. Cette généralisation, outre que rien ne la jus- tifie, ne pouvait nullement contribuer à redresser son erreur. Quelque petite qu'il ait supposé la fraction a, il ne pou- vait jamais introduire que pour la moitié de cette fraction la vitesse Uh-V dans les calculs; pour l'autre moitié il devait introduire la vitesse — U+V; ce qui de nouveau eût fait disparaître dans l'expression de p, le terme affecté ûu facteur U. Peut-être pourrait-on présenter, contre le mode de cal- cul que nous venons d'employer, une autre objection, qui serait capable de produire, à première vue, un certain effet par son apparente simplicité, et qui mérite par consé- quent qu'on s'y arrête. Dans le cas de U > V, la différence — U -h V est néga- tive, et représente une vitesse, non pas dirigée vers la plaque, mais s'en éloignant. On pourrait donc faire remar- quer que si, dans la détermination de la force vive des mouvements produits dans un espace, on doit tenir éga- lement compte des vitesses négatives et des vitesses posi- tives, il ne saurait en être ainsi dans la détermination de la pression exercée sur la plaque; car une molécule ani- mée d'une vitesse négative ne saurait frapper la plaque. Par conséquent, des deux vitesses Un- V et — U-i-Vil convient de ne considérer que la première. Cette manière de voir contiendrait une grave erreur, ( 182 ) car il ne serait pas tenu suffisamment compte des modi- fications intervenues dans le cours des circonstances qui existent lorsque le courant d'air frappe la plaque, et change, en cet endroit, ses conditions de mouvement. Afin de pouvoir poursuivre exactement le phénomène dans un cas aisément abordable au calcul, nous admet- trons provisoirement l'hypothèse de M. Hirn suivant laquelle le courant d'air, lorsqu'il frappe la plaque, est dans le même état qu'au-devant de celle-ci, et que chaque molécule qui arrive dans une direction perpendiculaire rebondit normalement avec une vitesse égale. Il en résulterait, à la vérité, un état qui n'est pas pos- sible dans la réalité. L'espace cylindrique de section ms, contenant le courant d'air qui arrive à la plaque et que nous nommerons courant progressif, contiendrait aussi le courant d'air qui s'éloigne de la plaque résultant du rebon- dissement des molécules et que nous nommerons courant rétrograde. Il serait donc rempli d'air ayant une densité double et se composerait de deux courants opposés l'un à l'autre, qu'il faudrait supposer ne pas se contrarier. Quoi- qu'un semblable étal ne puisse se présenter en réalité, on peut se l'imaginer comme existant, et se demander quelle serait, dans ce cas, la pression exercée sur la surface ms de la plaque. Cette pression, quoique diff'érente de la pression réelle, est dans un rapport simple avec cette dernière, de sorte qu'il est possible de conclure de l'une à l'autre. En réa- lité il n'existe pas de courant d'air rétrograde; mais, au contraire, l'air s'écoule du milieu de la plaque dans toutes les directions radiales possibles vers les bords, où il la quitte. L'air, en s'étalant suivant le mouvement radial, diminue de vitesse avec la distance au centre, de sorte ( 183) qu'en employant une plaque ayant les dimensions de celle de M. Hirn,on peut considérer la vitesse de l'air, lorsqu'il quitte la plaque, comme étant très faible et négligeable dans le calcul. L'effet produit par la résistance de la plaque se bornera donc à annuler le mouvement primitif du courant, tandis que, dans le cas idéal, cette résistance produira encore un mouvement égal, de sens inverse, qui doublera l'effet. En outre, dans le cas idéal, la sur- face ms est en contact avec de l'air d'une densité double, de sorte que la partie de la pression, indépendante de l'écoulement, est deux fois aussi grande que dans le cas de la densité simple, qui existe réellement. 11 faut en con- clure que la pression correspondante au cas idéal est deux fois aussi forte que l'est la pression réelle. Après nous être ainsi rendu compte de la signification du cas idéal, nous allons le traiter mathématiquement. Considérons une molécule, dont les mouvements molécu- laires sont parallèles à la direction du courant, et qui soit amenée assez près de la plaque par le courant d'air progressif, pour qu'elle commence, par suite de ses mou- vements moléculaires, à l'atteindre. Non seulement elle choquera une fois la plaque et rebondira, mais, après avoir rebondi et être entrée dans le courant rétrograde, elle reviendra rebondir une seconde fois contre la plaque et sera de nouveau renvoyée dans le courant progressif; elle reviendra une troisième fois rebondir contre la plaque pour rentrer dans le courant rétrograde, et cette succession de phénomènes, accompagnés chaque fois d'un rebondisse- ment, se répétera jusqu'à ce que le courant rétrograde ait amené la molécule assez loin de la plaque, pour qu'elle ne puisse plus l'atteindre dans ses mouvements molécu- laires. Le nombre de chocs de la molécule contre la plaque ( 184 ) sera d'autant plus grand que la fraction ^ est elle-même plus grande. La surface-limite de la plaque joue ici le même rôle que le plan perpendiculaire que nous supposions tout à l'heure couper le courant; avec cette différence qu'au lieu de tra- verser la plaque, les molécules rebondissent sur elle. Ici encore, on peut admettre que le nombre des chocs est représenté par un nombre impair, les chocs, faisant passer la molécule du courant progressif dans le courant rétro- grade, devant être d'une unité plus nombreux que ceux dans lesquels s'effectue le passage inverse. Il est à remar- quer, en outre, que les premiers chocs s'effectuent avec une vitesse U-h V, tandis que, pour les derniers, c'est la vitesse U — V qui a lieu; cette dernière joue, comme vitesse positive, dans le courant rétrograde, le rôle de celle qui se présente comme vitesse négative — U -h V dans le courant progressif. Cette circonstance, que chaque molécule vient plusieurs fois choquer la plaque, a échappé à M. Hirn, parce qu'il a admis que les molécules se meuvent en ligne droite sans se troubler mutuellement, jusqu'à ce qu'elles rencontrent une paroi solide, d'où il suivrait que chaque molécule ne frapperait qu'une fois la plaque pour l'abandonner aussitôt. Dans ces circonstances il ne pouvait attribuer d'influence sur la pression qu'à la vitesse U -h V qui avait lieu lors du premier choc. Déterminons maintenant la pression exercée par les chocs sur la plaque, en tenant compte d'une manière com- plète du phénomène décrit plus haut. Nous considérerons d'abord les chocs qui font passer la molécule du courant progressif dans le courant rétrograde, et qui s'effectuent avec la vitesse U-+-V. La masse totale qui participe aux « ( 18S ) chocs de celte espèce, [jendanl l'unité de temps (la masse des molécules plusieurs fois choquées est à introduire autant de fois dans le calcul qu'elles effectuent des chocs de cel'e nature), est égale à la sixième partie de la masse contenue dans un espace cylindrique de section ms et de longueur U + V, par conséquent égale à^-ms (U -h V). Les chocs enlèvent à cette masse la vitesse U-hV, et la lui communiquent de nouveau en sens inverse; ce qui néces- site une force, double de celle qui est nécessaire pour communiquer la vitesse U-f-V, et qui sera représentée par le double produit de la masse et de la vitesse, c'est-à- dire par \â — ms(\] -^ Vf. Nous devons considérer ce produit comme exprimant la pression résultant des chocs mentionnés sur la plaque. Nous obtiendrons de même, pour les chocs qui s'effec- tuent avec la vitesse U — V, 1 ^ --ms(l]- V)^ Considérons enfin les deux autres tiers de la totalité des molécules, dont les mouvements moléculaires sont paral- lèles à la plaque, pour le choc desquelles nous n'avons donc à tenir compte que de la vitesse V du courant. Nous aurons pour leur pression — ms V\ ^9 En faisant la somme de ces trois quantités, on a pour la pression totale exercée sur la surface ms -ms 9 [J(U-.V)^-.i(U-V)»-.^r] ( 186) OU J 2- ms 9 (î- Celle pression, calculée pour le cas idéal, doit, suivant ce que nous avons vu plus haut, être double de la pression réellement exercée. Nous aurons donc comme expression de cette dernière : msi~V' -+- VM. g \3 Nous devons en déduire la pression exercée sur la surface postérieure ms de la plaque et représentée parg-msU^, pour obtenir séparément la pression exercée par le courant. Si donc nous exprimons comme précédem- ment cette pression par p, nous aurons Téquation p = -ms V% 9 qui concorde avec celle que nous avons donnée plus haut (4). Les choses sont, en réalité, bien plus compliquées que dans le cas idéal que nous avons admis pour la détermina- tion de la pression, et dans lequel on peut se rendre compte des moindres détails. Le courant d'air n'arrive pas contre la plaque sans avoir subi de modifications; il subit un arrêt devant celle-ci par ce que l'air, empêché dans son mou- vement primitif, ne peut pas assez rapidement s'écouler sur les côtés et faire place à l'air qui le suit. L'air qui arrive doit donc se mélanger partiellement à celui qui se trouve encore devant la plaque, ce qui ne peut pas se faire sans qu'il s'exerce dans les directions les plus variées des chocs très nombreux entre les molécules des deux masses d'air. 1 ( 187 ) Il ne s'agit naturellement plus ici sinaplement de chocs rectilignes et centraux, dans lesquels les molécules cho- quées échangent simplement leurs mouvements, mais hien de chocs irréguliers dans lesquels les directions et les vitesses des mouvements se modifient de façon très variée suivant les points de contact dépendant du hasard. Les molécules à mouvement négatif prennent part, aussi bien que celles à mouvement positif, à ces modifications réci- proques de mouvements qui s'effectuent constamment entre toutes les molécules, de sorte que les uns et les autres influencent également l'état de l'air qui se trouve devant la plaque et qui exerce sur elle sa pression. Sans qu'il soit nécessaire d'entrer dans le détail de l'ensemble du phénomène, on voit immédiatement qu'il n'est nullement permis de négliger, dans la détermination de la pression, les vitesses négatives qui existent dans le courant d'air; mais, si celte permission ne peut être con- cédée, les objections que M. Hirn a faites à la théorie cinétique des gaz en s'appuyant sur son équation (2) se trouvent dénuées de fondement. Les objections, déduites par M. Hirn de ses expériences sur la résistance de l'air et sur l'écoulement des gaz, sont absolument de la même nature que l'objection dont nous venons de nous occuper, et qui est déduite du choc d'un courant d'air contre une plaque. Dans la résistance de l'air, il s'agit d'un cas absolument analogue à celui qui a été traité précédemment. Ce dernier se rapportait à l'action de Pair en mouvement sur un corps au repos; ici, il s'agit de l'action de l'air au repos sur un corps en mouvement. Aussi l'objection de M. Hirn, et les (188) raisonnements qui le conduisent à la faire, sont-ils les mêmes dans les deux cas. Ce savant a reconnu, par ses expériences, que la résistance de Pair dépend uniquement de sa densité, et non de sa température. Ce résultat lui paraît être en désaccord avec la théorie cinétique des gaz, mais il n'est arrivé à cette conclusion que parce qu'il n'a considéré, dans la déduction théorique de la résistance de l'air au moyen de la théorie cinétique des gaz, que les mouvements moléculaires dirigés vers le corps et non pas ceux qui sont dirigés en sens inverse. L'inexactitude de ce procédé pouvant être démontrée absolument de la même manière que tout à l'heure, il ne sera pas nécessaire de revenir sur les explications qui précèdent. Quant à V écoulement des gaz, M. Hirn a trouvé une con- cordance satisfaisante entre les résultats de ses expériences et les formules usuelles de la vitesse d'écoulement. Mais il lui semble que, suivant la théorie cinétique, on ne doit pas appliquer cette formule à la vitesse V, mais à l'expression l/2aUV -h V^^, dans laquelle a représente de nouveau la fraction de la totalité des molécules, dont le mouvement moléculaire est parallèle au courant gazeux. C'est dans le manque de concordance entre cette expression et la for- mule que M. Hirn croit trouver une objection à la théorie cinétique. Le radical précédent est le même que celui qu'il a employé dans la généralisation rappelée ci-dessus qu'il a faite de son analyse relative à la détermination de la pression exercée par le courant d'air contre la plaque. Sa déduction repose sur ce qu'il n'a fait usage, parmi les mouvements parallèles au courant gazeux, que de ceux de vitesse U -i- V et non de ceux, en nombre égal, de vitesse — U -+- V. En employant ces dernières, le terme ( 189) 2aUV disparaîtrait du radical. Il s'agit donc de nouveau de Terreur qui a déjà été signalée, et dont la réfutation ne nous conduirait qu'à répéter ce que nous en avons dit ci-dessus. Je crois devoir dire encore quelques mots d'une affirma- tion relative à l'écoulement des gaz, dans laquelle il s'agit de considérations d'un autre ordre. Dans les expériences sur l'écoulement décrites dans le mémoire, la difl'érence de pression qui produisait le cou- rant d'air était toujours faible, relativement à la pression qui régnait tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du vase. La pression extérieure était généralement celle de l'atmos- phère et celle de l'intérieur ne la dépassait que iO à 27 millimètres de mercure; aussi les vitesses d'écoulement de l'air étaient-elles inférieures à iOO mètres. Par contre, dans une note (p. 117) M. Hirn cite des expériences, faites plus tard, dans lesquelles il dit avoir obtenu une vitesse de 5700 mètres en diminuant la j)res- sion extérieure jusqu'à JO millimètres de mercure, tandis que la pression intérieure restait environ d'une atmos- phère. Dans l'addition à son mémoire (p. 198), M. Hirn com- plète celte communication et fixe la vitesse d'écoulement à 4266 mètres. Suivant la théorie cinétique, les mou- vements moléculaires ne peuvent avoir dans l'air à la température donnée qu'une vitesse moyenne d'environ 500 mètres, et ils sont, par conséquent, impuissants à fournir une vitesse dépassant 4000 mètres. Aussi M. Hirn croit-il avoir trouvé un argument décisif dans cette expé- rience el il termine son exposé en disant : a Cette consi- dération devient un argument mortel contre la théorie cinétique telle qu'elle a été établie jusqu'ici. » 5"*' SÉRIE, TOME XI. i9 ( 190 ) On doit naturellement, après cela, avoir le plus vif intérêt à savoir comment M. Hirn a mesuré cette grande vitesse. Mais, en lisant la suite de son travail, on verra qu'il n'a pas du tout effectué de mesures de vitesse : il a seulement mesuré la quantité d'air écoulée du vase pen- dant l'unité de temps et en a déduit la vitesse par des conclusions théoriques. Les expériences ont montré que si Ton diminue de plus en plus la pression extérieure, la pression intérieure res- tant invariablement de 750 millimètres, la quantité d'air qui s'écoule ne croît que jusqu'au moment où la pression extérieure s'est abaissée jusqu'à 400 millimètres. En dimi- nuant davantage la pression extérieure, l'écoulement reste à peu près constant. Cette circonstance que la quantité de gaz qui s'écoule tend vers un maximum, à mesure que la pression diminue, sans pouvoir le dépasser, concorde très bien avec la théorie cinétique. Suivant cette dernière, en effet, on doit admettre que, si la pression extérieure est zéro, les molé- cules, arrivées à l'oriûce par suite de leurs mouvements moléculaires et du courant formé à proximité de l'ouver- ture, s'échappent uniquement avec la vitesse qu'elles ont précisément au moment où elles atteignent à l'orifice. Dans ces circonstances, une certaine quantité d'air, déterminée par la densité et les mouvements intérieurs, abandonnera l'ouverture pendant l'unité de temps; c'est elle qui constitue le maxinmm. De plus, il est fort possible que la quantité écoulée ne croisse pas continuellement d'une manière régulière avec la diminution de la pression extérieure, mais qu'elle se rapproche, au contraire, relati- vement vite du maximum, de sorte que le décroissement « ( 191 ) de la pression extérieure, en se continuant, n'amènerait alors plus de changement notable dans cette quantité. Quant au processus d'écoulement lui-même, il différera suivant qu'il aura lieu par une pression extérieure très faible ou par une pression extérieure forte. Dans le pre- mier cas il ne se formera pas un courant à peu près cylindrique, dans lequel l'air aura déjà, près de l'orilice, la densité nécessaire pour égaliser la différence entre la pression à l'intérieur du courant et la pression extérieure. Par suite des diverses directions prises par les molécules au sortir de l'orifice, le courant s'étalera, au contraire, rapidement, et, comme les molécules restent trop peu de temps aux environs de l'ouverture pour permettre à la pression de s'égaliser déjà en ce point, leurs distances réciproques au voisinage de l'orifice seront entièrement différentes de celles qui existeraient si cette égalisation pouvait se produire. Ces distances dépendent presque uniquement de l'état de l'air à l'intérieur du récipient et fort peu de la pression extérieure; d'où il suit que la densité de l'air qui s'écoule peut être considérable près de l'orilice, malgré la faible pression extérieure. Si M. Hirn avait tenu compte de ces circonstances, il aurait pu pro- duire le résultat de ses expériences comme étant une confirmation de la théorie cinétique des gaz. Au lieu de cela, il présente de tout autres considérations. Dans le cas d'une forte pression extérieure, on peut déterminer, à l'aide des lois ordinaires, au moyen du rap- port entre la pression intérieure et la pression extérieure, la densité à que l'air qui s'écoule prend lors de l'égalisa- tion de pression au voisinage de l'orifice, en fonction de la densité <^o dans le récipient. Si, en outre, la section ms du courant et la quantité d'air écoulé pendant l'unité de ( 192 ) temps sont supposées connues, on pourra calculer de ces dates la vitesse V. Soit Wo le volume, mesuré dans le réci- pient, de Tair écoulé pendant Tunité de temps, on pourra exprimer par ^^ son volume accru par la dilatation. D'autre part, si le courant restait constant, l'air qui s'écoule pendant l'unité de temps formerait un cylindre de section ms et de longueur V, dont le volume est msY. On a donc, en égalant ces deux expressions du volume, d'oiî l'on tire (5) ms V = 6 Wo^o nis^ Cette manière de calculer, admissible seulement pour une forte pression extérieure, est également appliquée par M. Hirn dans le cas d'une pression intérieure de 750 milli- mètres et d'une pression extérieure de 10 millimètres, quoi- qu'alors le mode d'écoulement soit entièrement différent. Il conserve pour la section du courant la valeur ms qu'il a déterminée pour une forte pression extérieure, en tenant compte de la contraction, puis il calcule le rapport des densités y également au moyen de la même formule, qui n'est applicable que dans le cas d'une forte pression exté- rieure, ce qui est inadmissible dans le cas actuel, puisque celle formule suppose l'égalisation de la pression. Comme la valeur deT^Jéduite de celte formule est très petite et qu'on l'a utilisée dans l'équation (o), la valeur V tirée de cette dernière deviendra excessivement grande, soit 4266 mètres. Si la pression extérieure était nulle, ce calcul assignerait même à V une valeur infiniment grande. Mais il est clair qu'on ne peut pas accorder la moindre l 195 ) valeur à des nombres qui ont été calculés de celle manière. Dans les considérations générales qui constituent une grande partie de ses deux mémoires, M. Hirn a protesté avec vivacité contre la tendance de certains écrivains à étendre la théorie cinétique des gaz, qui a expliqué cer- taines forces par des mouvements, de telle sorte que toutes les forces pourraient s'expliquer de même. Je suis sous ce rapport entièrement d'accord avec M. Hirn, et je consi- dère, avec lui, cette tendance comme une exagération, qui résulte de ce que l'on attribue une portée trop haute à un résultat acquis, et que l'on perd de vue les limites aux- quelles il est attaché. Jamais, dans mes travaux sur la théorie cinétique des gaz, je n'ai soutenu cette opinion que toutes les forces peuvent s'expliquer par des mouvements; j'ai, au contraire, établi un théorème qui démontre l'opposé, je veux parler du théorème du Viriel. Ce théorème dit que tout mouvement stalionnaire a besoin, pour persister, de certaines forces qui lui font dynamiquement équilibre, et il exprime la condition de cet équilibre dynamique par une équation dont un des membres est la force vive du mouvement, tandis que l'autre est une expression qui est formée des coordonnées des masses en mouvement et de composantes de forces. Cette équation permet de conclure avec certitude que, sans forces attractives, aucun état de stabilité ne serait possible dans la nature. ( 194 ) Sur l'oxydation de l'acide chlorhydrique sous V influence de la lumière; par le D"" Léo Backelandt, assistant au laboratoire de chimie générale de l'Université de Gand. Souvent, nous avons remarqué dans les laboratoires que des solutions d'acide chlorhydrique pur, incolores au début, deviennent jaunâtres quand on les conserve dans des flacons incomplètement bouchés et exposés aux rayons solaires. Si après quelques semaines on ouvre les bouteilles en question, on perçoit nettement l'odeur du chlore. J'ai été amené à supposer que sous l'efl'et de l'insolation l'acide chlorhydrique peut se laisser oxyder par i'oxygène atmo- sphérique, même à la température ordinaire. Je ne doute pas que bien des chimistes n'aient eu l'occasion d'observer des faits semblables. Cependant j'ai vainement cherché dans la bibliographie des indications concernant ce phénomène. C'est tout au plus si dans Fehling's Handworterbuch der Chemie on trouve le passage suivant: « Wàsserige Salzsaure soll im Sonnenlicht Chlor entwickeln (1). » Sur le conseil de M. le professeur Th. Swarts, j'ai institué quelques expériences plus précises sur ce sujet et c'est le résultat de ces recherches que j'ai l'honneur de communiquer à l'Académie. Mes premières expériences ont eu pour but d'étudier (I) Fehliisg, Neues Handworterbuch der Chemie^ Band II, page 646. ( i95 ) Faclion de la lumière sur l'acide chlorhydriqiie mélangé d'air et de rechercher l'influence de la concentration sur la marche du phénomène. Une série de ballons, d'environ 1 litre de capacité, furent étirés à la lampe, de façon à amincir leur col en tube capillaire. Par ces tubes effilés je pouvais introduire ensuite l'acide à tel état de concentration que je le dési- rais; au moyen du chalumeau il m'était facile de fermer les tubes, sans avoir à craindre l'oxydation de l'acide chlorhydrique sous l'influence d'une élévation de la température. Un essai spécial m'a, du reste, rassuré sur ce dernier point (i). Dans le premier ballon j'ai introduit quelques centimè- tres cubes d'une dissolution d'acide chlorhydrique fumant à58,7 «/o;D = l,19. Le second ballon reçut une solution moins concen- trée que la précédente, D = l,ll correspondant à 22,4 ''/o d'HCI. J'ai mis dans le troisième ballon une solution chlorhy- drique normale à 3,65 %• Ces trois ballons contenaient la quantité d'air nécessaire pour produire l'oxydation éventuelle. D'autre part, un quatrième ballon a été rempli aussi complètement que possible d'acide chlorhydrique concen- tré; il fut chauffé pendant un instant pour entraîner tout l'air par le gaz chlorhydrique qui se dégagea ainsi et fut fermé ensuite à la lampe. L'acide chlorhydrique qui m'a servi dans ces expériences (1) En effet, en ouvrant un des ballons que je venais de préparer ainsi, peu d'instants après sa fermeture, il ne me fut pas possible d'y déceler l'existence de la moindre trace de chlore libre. ( i96 ) était de préparation récente et avait été conservé dans l'obscurité. Avant de remployer, je me suis bien assuré qu'il était sans action sur l'iodure de potassium en prenant les précautions qui seront indiquées plus loin. Tous les ballons préparés comme je viens de le dire furent exposés le 8 décembre 1884 devant Tune des fenêtres de notre laboratoire, où ils recevaient cbaque jour pendant quelques heures les rayons directs du soleil. En même temps j'avais mis dans une armoire bien obscure deux ballons identiques aux précédents contenant des solutions chlorhydriques à 38,7 ""U et à 22,4 7o- Le 25 mai 4885 j'ai procédé à l'ouverture des ballons. L'atmosphère des deux premiers ballons possédait une coloration jaunâtre. Cette coloration était très prononcée dans le ballon contenant l'acide chlorhydrique le plus concentré. On y sentait nettement l'odeur caractéristique du chlore à côté de l'odeur piquante du gaz chlorhydrique. Le contenu de chacun des ballons fut largement étendu d'eau distillée. En y ajoutant une solution d'iodure de potassium, le mélange prit une forte coloration brune. La quantité d'iode mis en liberté était si grande que je ne dus pas même recourir à l'empois d'amidon pour en constater la présence. Le sulfure de carbone et le chloro- forme secoués avec la solution brune lui enlevèrent l'iode et prirent la coloration violette caractéristique. Tous les autres ballons, à savoir le ballon 3 contenant la solution normale d'acide chlorhydrique, le ballon 4 con- tenant une solution d'acide chlorhydrique concentrée, mais privée d'air, les ballons o et 6 contenant de l'acide à 38,7 °/o et à 22,4 °/o, mais qui avaient été conservés à l'abri de la lumière, furent traités de la même façon. ( 197 ) Aucun ne donna avec Tiodure de potassium la moindre coloration; ni le sulfure de carbone ni le chloroforme ne donnèrent la réaction caractéristique. C'est tout au plus si l'empois d'amidon y produisit après une heure une coloration légèrement violette qui devint plus foncée par la suite. Il semble résulter de là que sous l'action combinée de l'air et de la lumière les solutions concentrées d'acide chlorhydrique subissent une oxydation partielle et déga- gent du chlore. J'ai voulu rechercher si l'acide gazeux et sec peut subir une transformation du même genre. A cet effet j'ai soufflé une grosse pipette d'environ un litre et demi, dont les pointes très minces me permettaient une fermeture très facile. Dans cette ampoule je fis arriver un mélange de gaz chlorhydrique et d'air parfaitement desséchés. L'ampoule fut scellée et exposée devant une fenêtre à l'action de la lumière diffuse depuis le 9 novem- bre jusqu'au 16 décembre 1885. Pendant cette période d'hiver, les rayons solaires ne possèdent pas beaucoup d'actinisme. Malgré ces conditions défavorables à l'expérience, j'ai pu constater en ouvrant l'ampoule et en me servant des moyens déjà indiqués que des quantités très notables de chlore libre s'étaient pro- duites. La recherche de petites quantités de chlore au moyen de riodure de potassium m'a permis de faire une remarque intéressante. J'ai dit plus haut qu'un mélange incolore d'iodure, d'acide chlorhydrique étendu et d'empois d'amidon bleuit à la longue. L'acide chlorhydrique chimiquement pur et bien exempt ( 198 ) de chlore n'est pas le seul acide qui fait apparaître la teinte bleue; l'acide sulfurique et l'acide phosphorique même très étendus la produisent également. La mise en liberté de l'iode ne doit pas être attribuée à la présence de quelque trace d'iodate, car dans ce cas la coloration de l'empois serait immédiate. J'ai eu bien soin de n'employer dans mes expériences que de l'iodure de potassium bien pur, et préalablement chauffé jusqu'à fusion pendant une heure, dans un courant d'hydrogène (1). Un sel ainsi purifié et soumis à l'action de l'acide chlorhydrique ou de l'acide phosphorique colore l'amidon en violet après une heure d'exposition du mélange à l'ac- tion de l'air. C'est donc l'oxygène atmosphérique qui intervient dans le phénomène. En effet, j'ai pu mêler les trois solutions à l'abri de l'air au sein d'une atmosphère d'anhydride carbonique et en conserver le mélange sans altération pendant six jours. Après ce temps le liquide incolore fut exposé à l'air ; au bout de trois heures il avait pris une nuance violette. L'expérience réussit aussi bien dans l'obscurité qu'à la lumière. Ces expériences démontrent que les solutions d'acide iodhydrique sont facilement oxydées au contact de Tair atmosphérique, que cette oxydation peut se faire même en l'absence de la lumière et qu'elle est plus rapide pour les solutions étendues qu'on ne le croit généralement. (1) A celte occasion j'ai pu constater que l'iodure de potassium est encore plus volatil qu'on ne le suppose : bien avant d'avoir atteint le point de fusion il se sublime déjà en quantité appréciable et les vapeurs du sel viennent se condenser sous forme de dépôt blanc sur les parties froides du tube dans lequel on fait l'expérience. ( 199 ) Pour résumer tout ce qui précède, nous pouvons dire que l'acide chlorhydrique gazeux ainsi que les solutions quelque peu concentrées de ce gaz subissent, au contact de l'air-atmosphère, une oxydation lente sous Vinfluence de la lumière. Il est donc nécessaire de conserver Tacide chlorhydrique concentré, dans des flacons bien remplis et à Tabri de la lumière; pour les solutions normales de cet acide il me semble que cette précaution est inutile. Qu'il me soit permis d'adresser ici mes remerciements à iM. le professeur Th. Swarts pour les conseils bienveillants qu'il m'a donnés pendant la durée de ces recherches. ( 200 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 4" mars 1886. M. P. WiLLEMS, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. F. Tielemans, vice- directeur; P. De Decker, Ch. Faider, le baron Kervyn de Leitenhove, R. Chalon, Thonissen, Th. Juste, Alph. Wauters, Alph. Le Roy, Em. de Borchgrave, A. Wagener, Ch. Piol, Ch. Potvin, J. Stecher, T.-J. Lamy, Aug. Scheler, P. Hen- rard, J. Gantrelle, membres; Noiet de Brauwcre van Slee- land, Alph. Rivier, associés; G. Tiberghien, L. Roersch, L. Vanderkindere, Al. Henné et Gustave Frédérix, cor?^es- pondants. M. Mailly, directeur de la Classe des sciences, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics envoie pour la Bibliothèque de TAca- déttiie un exemplaire du tome VIII de la o^ série des Annales de l'Académie d'archéologie de Belgique. — Remerciements. I ( 201 ) — Le comité organisateur de la manifestation en l'hon- neur de M. P.-J. Van Beneden, à l'occasion de sa cinquan- tième année de professorat à l'Université de Louvain, envoie une liste de souscription pour la médaille d'or qui sera offerte au jubilaire. — L'auteur du mémoire reçu pour le prix Castiau désire rentrer en possession de son travail, afin d'en faire une revision, jusqu'au 3i décembre, époque fixée pour la fermeture de ce concours. — Accordé. — L'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon fait savoir qu'elle décernera cette année aux lettres les prix libéralement mis à sa disposition par le conseil municipal de Dijon. Ces prix consistent en deux médailles d'or et plusieurs médailles de vermeil et d'argent. Seront admis à concourir : 1** les auteurs nés dans le département de la Côte-d'Or, quel que soit le genre de leurs ouvrages; 2*^ les auteurs de travaux sur l'histoire littéraire, artistique, politique et religieuse de l'ancienne Bourgogne. Les manuscrits inédits seront reçus au concours, mais les œuvres imprimées ne devront pas porter la date anté- rieure à 1876. Les manuscrits et volumes, qu'accompagnera une lettre d'envoi, devront parvenir à M. le président de l'Académie, à Dijon, avant le 1" juillet J886, terme de rigueur. Ne seront point admis les ouvrages qui auraient été déjà l'objet d'une récompense quelle qu'elle soit. Les membres résidants de l'Académie sont seuls exclus du concours. — La Classe reçoit, à titre d'hommages, les ouvrages ( â02 ) suivants, au sujet desquels elle vote des remerciements aux auteurs : i" La cour de cassation, discours, par Ch. Faider; 2" a) Correspondance du cardinal de Granvelle, 1565- i 583, tome V ; b) Histoire des troubles des Pays-Bas par Messire Renon de France, t. P""; 2 vol, in-4'*, publiés par Ch. Piot, dans la collection des chroniques belges inédites. Une note bibliographique de l'auteur est insérée ci-après; 3" Onderteekende vêle tegenbemerMngen op naamlooze eenige bemerkingen over L. De Koninck's pseudo epos, par J. Nolet de Brauwere van Steeland; 4° Grammaire pratique de la langue sanscrite, 2^ édit., par C. deHarlez; 5° Éléments d'archéologie chrétienne, par le chanoine Reusens, 2^ édit., t. H. Ces deux derniers ouvrages ont été présentés par M. Willems avec une note pour le Bulletin. 6" Les précurseurs de la réforme aux Pays-Bas, œuvre posthume de J.-J. Altmeyer, tomes I" et II; avec une note bibliographique destinée aussi au Bulletin, par M. Alph. Rivier; 7° Le parfait grec, sa signification et son emploi, par J. Delbœuf, correspondant de la Classe des sciences. NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. J'ai l'honneur de présenter à la Classe deux volumes dont je viens de terminer l'impression. Ils appartiennent aux publications de la Commission royale d'histoire. Ces volumes sont : 1 Me tome V de la Correspondance du cardinal de Granvelle, comprenant des lettres et docu- ( 203 ) ments des années 1574 et 1575; 2° le lome P' de VHis- toire des troubles des Pays-Bas, par messire Renon de France. Le tome V de la Correspondance du cardinal de Gran- velle renferme des lettres du cardinal adressées au roi et de celui-ci au cardinal, des lettres de l'empereur Maxi- milien II, de l'impératrice Marie, de l'archiduc Charles d'Autriche, de Guillaume, prince de Bavière, du prince de Clèves et de Juliers, de don Ferdinand de Lannoy, du comte de Berlaymont, du cardinal Alciat, d'Anne, princesse de Pologne, du duc de Soria, de i\larguerile de Parme, de plusieurs ambassadeurs, ministres et personnages haut placés dans le mouvement politique de Tépoque. Le correspondant le plus actif est et reste toujours Morillon. Ce prélat donne sur les affaires du pays pen- dant les années 1574 et 1575 des renseignements pré- cieux sur les hommes et les choses, spécialement sur le compte de la noblesse et du Grand -commandeur de Castille. Les documents réunis dans ce volume constatent, comme ceux publiés dans les précédents, l'aversion du cardinal à propos de l'emploi de la violence. Constamment il se déclare Tennemi décidé des Espagnols. Parfois, il se permet des observations piquantes et aigre-douces sur la politique suivie par le roi. Toujours patriote avant tout et surtout, il rebute les étrangers et leurs adhérents. Le tome P' des Troubles des Pays-Bas, dû à la plume de Renon de France, est un travail qui révèlle des faits importants concernant l'histoire de la révolution du XVP siècle. A la vérité, l'auteur ne se préoccupe pas beaucoup du détail des événements. Il veut en rechercher les causes et ( 204 ) les effets. Aux yeux de Renon, les résultats sont là pour expliquer les causes, seul objet de ses investigations, seul but de ses études. La philosophie révolutionnaire en Europe au XV!** siècle lui échappe complètement. Il prétend tout maintenir dans la situation ancienne, sans se rendre compte de l'influence des idées nouvelles surgies à cette époque. Les hommes de la révolution, surtout en matière religieuse, sont sou- vent rudoyés. En même temps, il blâme parfois les hommes du pouvoir. Ces appréciations constituent un des mérites du travail de Renon. Ch. Piot. J'ai l'honneur de présenter à l'Académie la 2^ édition de la Grammaire pratique de la langue sanscrite que vient de publier notre confrère M. de Harlez. Tout en conser- vant les bases et le système adoptés pour la 1" édition, l'auteur a développé la partie linguistique et tenu compte des progrès accomplis en ces dernières années par la science comparative des langues indo-européennes; mais il s'est tenu, sous ce rapport, dans une réserve bien justi- fiée par la rapide succession et évolution des théories. La 1'' édition avait paru à la fin de 1878. Bien que depuis lors les ouvrages de MM. Withney, Bergaigne, etc., aient vu le jour, cette première édition s'est cependant rapidement écoulée. Ce fait à lui seul prouve que le livre de notre confrère a été apprécié par les juges compétents et quant aux connaissances et quant à la méthode. P. WlLLEMS. J'ai l'honneur de présenter également à la Classe le deuxième volume de la nouvelle édition des Éléments d'archéologie chrétienne par M. le chanoine Reusens. Ce ( 205 ) volume a reçu des améliorations et des additions impor- tantes. Parmi ces dernières nous remarquons : i° Une définition claire et nette des caractères des Hallen-Kirchen, églises-halles, communes en Allemagne, en Autriche et même en Hongrie; très rares, en Belgique, inconnues en Angleterre et dans l'Europe occidentale et méridionale; â'' Des données intéressantes : a) sur une école d'orfè- vrerie qui surgit, au XIII^ siècle, sur les bords de la Sambre et dans l'Entre-Sambre-et-Meuse, et b) sur une école de sculpture qui florissait, à Tournai, au XV" siècle; 5" Un exposé succinct de l'histoire de la tapisserie en Belgique depuis le XIV' siècle; 4" Une notice complète sur les dentelles et les gui- pure?; Enlin 5** des aperçus lumineux, dus à la plume de M. Jules Helbig, sur l'art de la période ogivale et de la Benaissance, et principalement sur les écoles de peinture qui ont existé en Allemagne et dans les Pays-Bas au XV^ siècle. Cette dernière partie renferme des détails très précis sur la biographie de tous les grands peintres fla- mands et allemands du XV^ et du commencement du XVP siècle. P. WiLLEMS. « L'ouvrage posthume auquel on a donné pour titre : Les Précurseurs de la réforme aux Pays-Bas, part des hérésiarques du XII' et du XIII' siècle pour aboutir aux lettrés, aux érudits, aux poètes, artistes, philosophes et savants du XVI' et au parallèle d'Érasme et de Luther. Fruit de longues années d'un travail consciencieux, cet ouvrage n'était sans doute pas destiné à voir le jour dans 5"" SÉRIE, TOME XI. 20 ( 206 ) la forme sous laquelle on vient de le publier. L'auteur n'y a pu mettre la dernière main, ni même grouper définiti- vement les riches matériaux qu'il avait laborieusement colligés et qu'on a jugé, avec raison, ne pas devoir laisser disperser après sa mort. Il ne faut point perdre ceci de vue si l'on veut porter sur les deux volumes de M. Allmeyer un jugement équi- table. Les éditeurs ne se sont nullement dissimulé qu'il est dangereux de publier en i886 un livre auquel l'auteur, mort depuis 1877, déjà brisé par la maladie quelques années auparavant, n'avait guère travaillé depuis 1872. Ils ont compris aussi qu'il faut mettre une réserve et une délicatesse absolues à la publication de l'œuvre d'un savant qui n'est plus. Peut-être trouvera-t-on qu'ils se sont mon- trés trop timides, qu'ils n'ont pas osé suffisamment retran- cher, compléter ou même changer, et ici je pense spécia- lement aux. notes qu'on lit au bas de chaque page et surtout aux ouvrages que M. Altmeyer y a mentionnés, si je ne me trompe, à titre d'indications provisoires devant lui servir à lui-même d'aide-mémoire et de jalons pour des recher- ches ultérieures, plutôt qu'à titre de sources scientifiques, propres à édifier le lecteur. Il semble aussi que plus d'une hésitation, plus d'un doute émis avec simplicité par M. Altmeyer auraient pu sans inconvénient disparaître à la lumière des investigations récentes. Je crois enfin que mainte digression aurait dû être impitoyablement sup- primée. Mais, je tiens à le constater, ces défauts, dont M. Altmeyer n'est point responsable, proviennent de la manière infiniment scrupuleuse dont les éditeurs ont entendu leur tâche. « On n'a voulu », dit la note prélimi- naire, « rien ajouter, dans aucun sens, à un texte qui doit, avant tout, demeurer l'œuvre de l'auteur. » { ( 207 ) Cette œuvre profitera aux études historiques; sa publi- cation rend un service réel à la science, à la vérité. L'esprit qui Ta inspirée est celui de l'historien, non l'esprit de parti, ni en religion, ni en politique. On en a fait déjà la remarque, ainsi que d'une chose surprenante; rien cependant ne saurait paraître plus naturel à qui a connu Allmeyer et à qui sait quel respect profond de la mission de l'histoire et quel amour sincère de la vérité animaient ce travailleur à la parole fougueuse et aux allures indisciplinées. » Alphonse Rivier. RAPPORTS. Nouvelles recherches sur la huitième classe des verbes sanscrits; par J. Van den Gheyn, S. J. Mtappoft fie .tf. C. fie MMartcSy |i»»©i*itef couHntisaaiwe. « L'impression de ce nouveau travail de M. Van den Gheyn me paraît nécessitée par la publication des précé- dents traitant du même sujet, puisque celui-ci n'est que la justification des premiers. L'Académie, ce me semble, se doit à elle-même de ne point laisser infirmer les résultats des travaux auxquels elle accorde les honneurs de l'im- pression. Envisagée en elle-même, la nouvelle note me paraît atteindre convenablement son but, celui de prouver, non la certitude exclusive, mais la légitimité de l'hypothèse défendue dans les notes antérieures et sa supériorité sur les autres. La linguistique actuelle a des hardiesses et des enthousiasmes que le froid observateur ne s'explique guère. Est-il rien de moins naturel, par exemple, que ces évolutions que l'on fait faire aux racines en an ? a tombe ( 208 ) d'abord — on ne sail trop pourquoi — et il reste un n vocalique! qui donne, par exemple, tnta} après quoi a reparaît bénévolement pour la plus grande satisfaction du faiseur d'hypothèses, et de plus il élimine le son nasal qui n'est pas une voyelle nasale, mais une nasale voyelle. Il est bon, me paraît-il, qu'un corps savant de premier ordre donne asile aux explications qui ont toute chance de sur- vivre à la submersion de celles qui n'avaient point le lest suffisant pour surnager. » Rappot't de 9M. W. nfève^ deuaciètnc cotntnissaiwe. a. Appelé deux fois à donner à la Classe un avis sur la tentative philologique de M. Vanden Gheyn concernant la 8^ classe des verbes sanscrits, je ne puis refuser mon assentiment à la publication d'une troisième étude par laquelle il justifie les deux premières : il les a lui-même condensées et développées à la fois dans un mémoire qui est un des meilleurs chapitres d'un volume de savants mélanges (voir Essais de mythologie et de philologie comparée. Bruxelles, 1885, pages 516-549). On n'attendra pas de moi que je produise en détail les nouvelles preuves alléguées aujourd'hui par le même écri- vain à propos de sa première thèse. Notre Classe n'est pas accoutumée à assister à l'énumération d'une kyrielle de radicaux pris comme exemples, à l'analyse d'éléments minces et ténus dont se compose un tel problème philo- logique. Dans ce genre de discussion, elle n'a pas à son service une de ces loupes qui grossissent les infiniment petits, et qui autorisent les recherches prolongées dans plusieurs branches des sciences naturelles en progrès. Qu'il me suffise d'affirmer que l'auteur a suivi de près les observations analytiques reprises l'an dernier sur ( 209 ) le même ordre de faits par des critiques étrangers, par des indianistes américains, MM. Whitney et Edgren, dont l'autorité s'étend jusqu'en Europe. ïl en a donné une analyse assez explicite, sans dissimuler les objections, pour corroborer sa propre théorie qui aboutit à modifier le système indien de conjugaison en faisant rentrer la huitième classe des verbes dans la cinquième, » MSappo»*i de W» 1j. Mtoefschf tvoiaiètnc c otnmiasaife . « Un assez grand nombre de verbes sanscrits forment le thème du présent en ajoutant à la racine le suffixe no, nu. Ils constituent ce qu'on appelle la 5^ classe. Une dizaine de verbes, dont on a fait la huitième classe, augmentent, au même temps, la racine, de la voyelle o, n. Mais comme leurs racines sont toutes, à l'exception d'une seule, terminées par n (n), Bopp a cru pouvoir les ranger dans la 5^ classe, en supposant que Vn du suffixe, com- binée avec la nasale finale de la racine, a fait tomber cette dernière, autrement dit que les deux n réunies ont fait place à une n unique. G. Curtius, tout en admettant avec Bopp l'identité des deux classes, croit une seconde explication possible. Il se peut, d'après lui, que la nasale des verbes de la 8^ classe appartienne exclusivement au suffixe, et que dans lanomi, par exemple, on ait ajouté no non pas à tan mais à ta. 11 ne se prononce pour aucune des deux hypothèses et laisse la question indécise {Das Verbum der Griechischen Sprache. T. l. 2^ édition, 1877, p. 168). M. Van den Gheyn adopte, pour un verbe, l'hypothèse de Bopp; il explique la conjugaison des autres par l'hypo- thèse de Curtius. Il a exposé son système, avec beaucoup de science, dans deux notices auxquelles l'Académie a ( 210 ) donné une place dans son Bulletin, et dont la première a fait l'objet d'une récente étude d'un linguiste américain, M. Edgren, professeur à Lincoln. M. Edgren approuve l'explication de noire savant compatriote pour les verbes arnomi, gharnomi, tarnomi et kschinomi, dont la racine, de l'avis des indianistes modernes, est ar, ghar, tar et kschi, mais il se tient au système de Bopp pour expliquer la conjugaison de hschan^ tan, man et van. C'est pour répondre aux objections de M. Edgren que M. Van den Gheyn a présenté ce nouveau travail. Il est en quelque sorte le complément naturel des deux premiers, qui ont été accueillis par l'Académie, et nous pensons, avec nos éminents confrères, qu'il y a lieu de lui accorder la même faveur. Il renferme sur plusieurs points de philologie des observations utiles et intéressantes. Nous doutons cependant que l'auteur, malgré le talent dont il a fait preuve, soit parvenu à lever toutes les difficultés. En grec, comme en sanscrit, les racines sur lesquelles on discute se présentent sous deux formes, avec et sans nasales; par exemple, d'un côté tsv et tan, de l'autre Ta, ta. Il faut donc admettre qu'il en était déjà ainsi dans la langue commune. Or, si les deux formes existent parallèlement, il devient fort difficile de décider laquelle des deux, tan ou ta, a servi à former le présent tanomi. Il semble même que la première hypothèse doive avoir la préférence, puisque, de l'aveu de M. Van den Gheyn, ce sont les thèmes nasalisés man, tan qui ont régi la conjugaison. Il est vrai que, selon lui, la forme non nasale w?a, ta, est la plus ancienne, mais c'est là une sim- ple affirmation, et le contraire paraît même plus probable. M. Brugmann a expliqué, d'une façon très ingénieuse, comment ten se ramène, dans certains cas, à ta. L'auteur n'accepte pas sa théorie, parce qu'elle implique Texis- (211 ) tence, dans la période commune, d'une nasale sonore, mais la question de la priorité de ten ou tan est indépen- dante de celle de l'existence de cette nasale; elle est admise, en effet, par les linguistes mêmes que M. Van den Gheyn cite comme adversaires de la théorie de la nasale sonore. D'ailleurs, les faits sont là pour prouver que le grec du moins remplace assez fréquemment, par un simple a, une nasale précédée d'un e. Ainsi yeyova et |jL£p.ova, parfLiits de gen et de merij font au pluriel ysya(jL£v, p.£[jiajjL£v ; 7r£v9 a pour aoriste ETiaOov, è-xaTov correspond au latin centum, Saoruç à densus, uoLjùq à pingiiis (pour pen- guis), et dans le grec même pàQoç équivaut à pÉvOoç ». La Classe a adopté les conclusions de ces trois rapports. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Les origines de la population flamande. — Réponse à M. Alphonse Wauters, par Léon Vanderkindere, corres- pondant de l'Académie. Je réponds à M. Wauters plus tardivement que je ne l'eusse voulu; mais le Rulletin de décemhre qui renferme sa communication (1) n'ayant été distribué que dans le cou- rant de février, j'ai dû forcément attendre. Sur les questions qui nous divisent, le désaccord ne s'explique que trop par l'indigence de nos informations. J'ai cru que dans son étude sur les Origines de la popu- lation flamande, M. Wauters n'avait pas tenu compte (1) Bulletin de l'Académie de Belgique, 3« série, t. X, pp. 794 et suiv. ( 212 ) suffisamment d'une des données du problème; Tinlérêt que je porte aux travaux de l'Académie me faisait un devoir d'exposer mes objections avec toute la sincérité que réclame la science. Sans doute, il n'est pas agréable de se mettre en opposition avec un collègue que l'on estime profondément, mais chacun me croira quand j'affirmerai que cette divergence sur une question aussi peu brûlante que celle de la présence des Suèves ou des Saxons en Flandre n'altère en rien les sentiments que m'inspirent sa longue expérience et sa vaste érudition. La thèse de M. Wauters était celle-ci : les Francs for- ment le fonds de la population flamande; à côté d'eux, il faut laisser une place aux Suèves. Quant aux Saxons, ils n'ont chez nous qu'un rôle insignifiant. Je répondais (1) : l'action des Francs est incontestable; celle des Suèves est douteuse et, en tous cas, d'une impor- tance minime; mais les Saxons ont exercé sur une partie de notre pays une influence qu'on ne peut mécon- naître. Dans sa réplique, M. Wauters accentue outre mesure, je crois, notre désaccord; nous ne sommes pas près, dit-il, de nous entendre. Au fond, cependant, nous ne sommes pas si éloignés que la vivacité de son argumentation le ferait supposer : j'admets avec lui la part prépondérante que les Francs ont prise à la colonisation de la Belgique flamande; il admet avec moi qu'une influence saxonne a pu se faire sentir en Flandre. Nous ne difl'érons guère que sur le degré de cette influence et sur la façon dont elle s'est pro- duite. M. Wauters insiste beaucoup sur son caractère paci- fique; je ne ferais aucune difficulté de lui concéder ce (1) Bulletin, 0'^ série, l. X, pp. 431 el suiv. I ( 213 ) point, si nos sources nous permettaient plus que des con- jectures. M. Wauters n'a fait valoir d'ailleurs aucun argument nouveau en faveur des idées qu'il avait développées précé- demment; il s'est borné à battre en brèche mes conclusions en contestant la valeur des raisons que j'apportais. Il me suffira d'établir que ses critiques, et j'espère pouvoir dire toutes ses critiques, manquent de fondement réel. ï.a principale, celle qui tout au moins ressort de l'en- semble du travail, c'est que j'ai tort de ne pas me tenir strictement sur le terrain historique et d'invoquer l'aide incertaine de la philologie. M. Wauters s'est acquis comme historien une compétence que personne ne songera à amoindrir, mais il a tort, à mon sens, de dédaigner une alliée qui n'est pas une rivale et à laquelle l'histoire doit déjà de précieux éclaircissements. La philologie existe, elle a droit à l'existence, on ne la détruira pas en la niant; il n'est plus possible de l'ignorer. J'ajoute que ses données ont souvent un caractère plus authentique que le témoi- gnage insuffisant d'un médiocre chroniqueur. C'est elle qui, remontant au delà de tous les faits historiques, a révélé la parenté des peuples indo-européens et qui nous a montré le degré de culture auquel chacun d'eux était arrivé au moment où il s'est détaché du rameau commun. Je suppose que dans un coin de notre pays il existe des villages dont les noms se signalent par des terminaisons slaves, en gorod, par exemple. Le silence de tous les écrivains de l'antiquité et du moyen âge ne prévaudrait pas contre cette vérité d'observation, qui nous obligerait à con- clure que des Slaves ont passé par ici ; et la réciproque est vraie : d'anciennes chroniques mentionnaient des Rutheni sur la côte de Flandre et prétendaient les ( 214 ) rattacher aux Russes (1). Où sont les traces linguistiques (Pun pareil établissement? Je dois donc maintenir ce que j'ai dit à cet égard. Ce n'est pas une théorie, c'est un fait que le flamand se ratta- che intimement à la langue de tout le nord de l'Allema- gne. « Le pays entre le Rhin et l'Elbe, dit Schleicher, l'une (les autorités les plus compétentes en cette matière, est la patrie de V ancien- saxon; la forme moderne de cette langue se trouve dans les dialectes bas-allemands et platt- deutsch; le néerlandais, c'est-à-dire le hollandais et le flamand, s'en distinguent si peu qu'anciennement ils devaient entièrement se confondre (2). » Au surplus, je ne crois pas nécessaire de répéter ici ce que j'ai exposé dans ma première notice, et je préfère aborder immédiatement point par point l'examen des objec- tions qui me sont faites. I. M. Wauters me reproche d'accepter ou de rejeter les témoignages historiques selon qu'ils se concilient ou non avec mon système. « Les noms de Sweveghem, de Sweve- zeele, de Zwyveke ne signifient rien quand il s'agit de prouver l'existence des Suèves en Flandre; mais pour constater la transplantation des Saxons en Belgique, parlez-moi de Sassenrode, de Sassegnies, etc., ces dénomi- nations sont tout à fait concluantes. » M. Wauters ne s'aperçoit pas qu'en parlant ainsi il se fait à lui-même son propre procès. C'est lui, en efî"et, qui tire argument des noms de Sweveghem, Swevezeele, et qui refuse de tenir compte de ceux de Sassenrode, de Sas- senheim, parce qu'il a décrété qu'il ne pouvait pas y avoir (1) J. Meyeri, Rerum Flandricarum, tom. I. (2) Die deutsche Sprache, p. 93. ( 215 ) de Saxons en Belgique (1). Quant à moi, j'ai dit que si l'on ne pouvait accueillir l'hypothèse qui dans les Suevi de la Flandre voit des Zélandais, j'acceptais parfaitement la présence de petits groupes suèves dans les villages en question; j'ai contesté seulement que ces Suèves aient formé un élément important delà population flamande. Pour les localités dont le nom rappelle celui des Saxons, j'ai proposé d'y voir, de la même façon, des établissements isolés, peut-être dus aux mesures de Charlemagne. Je n'ai jamais prétendu que ces établissements aient eu une grande extension. J'applique donc aux deux cas les mêmes règles et la même interprétation; ce procédé n'a rien de systématique, il est conforme aux prescriptions de la méthode la plus sévère. IL M. Wauters m'accuse de lui opposer « des auteurs étrangers, sans même résumer leurs arguments d. On s'imaginerait que j'ai dit à mon contradicteur : vous avez tort, car M. X est d'un autre avis que vous. Non, voici la faute dont je me suis rendu coupable : j'ai signalé dans une note l'opinion d'un savant historien allemand qui a beaucoup étudié les questions dont nous nous occupons, a M. Lamprecht, disais-je, assigne aux Anglo-Warins comme domaine la Toxandrie », et j'avais soin d'indiquer la source de cette information. Je ne devais pas en dire (1) A la p. 812, M. Wauters commel encore la même inconséquence : de Vrankrijksche slraal, de Vrankenberg sont des vestiges du séjour des Francs, mais le Sassenberg et le Sassenboscli situés près du Walenbosch et du Strijthempt n'ont aucune valeur. M. Wauters a passé à côté de la vérité; sa première impression était la bonne ; il était « entouré des souvenirs d'une Invasion à laquelle un peuple autre que les Francs avait été mêlé » . ( ne ) davantage, car je n'entendais pas discuter moi-même ce point, et je ne soutenais pas que M. Lamprecht fût dans le vrai, ni que M. Wauters, dont je ne mentionnais pas même l'opinion, eût tort. Si M. Wauters voulait connaître les raisons invoquées par M. Lamprecht, il pouvait aisément les découvrir dans le recueil dont je citais le titre, le tome et la page (i). Puisqu'il semble croire que ces raisons n'existent pas, je consens volontiers à en apporter ici le résumé. Grégoire de Tours, dans un passage bien connu (2), raconte que les Francs en venant du Rhin ont traversé la Thoringie et que Clodion, leur roi, s'est fixé ensuite à Bispargum, sur les frontières des Thoringiens. Dispargiim est sans doute Duisbourg, entre Louvain et Bruxelles, M. Wauters n'y contredira pas (3). La Thoringie n'a donc rien de commun avec la Thuringe; on doit la chercher sur la rive gauche du Rhin. Trouve-t-on des traces de ce nom quelque part ailleurs? Parmi les Leges Barbarorum figure une loi qui a donné lieu à bien des controverses, c'est la Lex Angliorum et Werinorum, hoc est Thuringonim. Est-il permis de croire que cette loi ait eu pour domaine une partie de la Belgique actuelle? M. Lamprecht relève l'article i du titre XVII : « qui qua- drupedia alterius in sepem cujusiibet seu fossam minave- rit.... ï> et il fait remarquer que la coutume d'entourer les champs de fossés au lieu de haies, absolument étrangère à la Thuringe, est au contraire encore en usage aujour- d'hui dans la Campine flamande. (1) Zeitschriftdes Aachener Geschichtsvereins, IV, ^'25 et suiv. (2) Gregor. II, 9. (3) BulletinyZ" série, X, p. 167. ( 217 ) En second lieu, l'examen attentif de la Lex Thurin- gorum montre qu'elle n'était, de même que la loi des Cha- maves {Lex Francorum Chamavorum), qu'une loi subsi- diaire à la loi Salique ou à la loi Ripuaire; elle est loin d'être aussi complète que ces dernières; ses dispositions ne portent que sur un nombre restreint de points. Enfin, elle renferme une partie ancienne qui, dans le système des compositions, paraît originale, et une partie plus récente, antérieure au IX^ siècle, mais postérieure au Vp, et où elle suit fidèlement la gradation de la loi Salique. Lintluence frisonne, inexplicable en Thuringe, mais dont on se rend parfaitement compte dans la Toxan- drie, apparaît dans la composition de 80 solidi. De ces considérations il résulte que l'on ne peut cher- cher les Thoringiens de Grégoire et ceux de la Lex Werinorum bien loin des Saliens, des Ripuaires, des Chamaves et des Frisons, que probablement leur nom n'est qu'une adaptation de celui des anciens Tongriens(M. Wau- ters l'admet aussi), et que par conséquent rien ne s'oppose à ce qu'on place les Angles et les Warins dans le Limbourg actuel. Tels sont les arguments de M. Lamprecht et je ne pense pas que l'on doive regretter d'avoir « passé son temps à les examiner ». Ilï. Pour la question desSuèves, je ne m'appuie, suivant M. Wauters, que sur une variante du texte de Suétone. Je persiste à croire, en effet, que Suétone a écrit Ubios au lieu de Suebos. Mais la force de mon argument n'est pas à chercher là. Ce que j'ai opposé à M. Wauters, c'est que, même avec la leçon Siiebos, il ne parviendra jamais à démontrer que ces Suèves aient été transplantés en Belgique. Aucun ( 218 ) texte ne le dit et il n'existe aucune autre preuve pour l'établir. C'est celte difficulté que M. Wauters esquive sans y répondre par un mot. Que Ton veuille bien remarquer en effet qu'il ne s'agit pas ici des Suèves de la Flandre, pour l'existence desquels on peut invoquer les chroniqueijrs du VIP siècle et les fameux villages déjà si souvent cités. Il s'agit de Suèves qui auraient été élablis entre le Rhin et la Meuse et qui seraient devenus les Cugernes? Or c'est là une pure hypothèse, sans la moindre base, et la seule apparence de preuve que M. Wauters fournisse à l'appui, c'est qu'ils auraient été extrêmement bien placés en cet endroit, entre les Cha- maves, les Bructères de la Westphalie et les Sicambres de la Toxandrie (1). Ici je l'arrête; car ces Sicambres de la Toxandrie, c'est lui-même qui les imagine (2); il greffe ainsi une hypothèse sur une autre hypothèse, justifiant la (1) M. Wauters ajoute : entre les Saliens et les Bataves. Ce qu'étaient les Saliens du temps d'Auguste, je l'ignore absolument. Les événements eux-mêmes se chargent d'ailleurs de troubler sa com- binaison. Car dans la guerre des Bataves, les Cugernes se rangèrent du parti de Civilis, et ils montrèrent aux Ubiens l'animosilé dont ils avaient hérité des Sicambres. L'arrangement n'élait donc pas aussi heureux que se plaît à le dire M. Wauters. (2) M. Wauters, qui ne s'appuie que sur Suétone, oublie de faire atten- tion aux termes mêmes qu'emploie cet auteur. Aug. XXI : traduxit in Gailiam atque m proximis Rheni agris collocavit; Tib. IX: quadraginta millia dediticiorum trajecit in Gailiam, juxtnque ripam Rheni sedibus assignalis collocavit. — Il s'agit donc de la rive même du Rhin, ce qui s'applique parfaitement aux Ubiens et aux Cugernes-Sugambres, mais point du tout aux habitants de la Toxandrie. Pour la forme Cugcrni, qu'il faut préférer, voir Mùllenhoff dans HermeSyWl, 272, et aussi, dans le Zeitschrift fUr deutsches AUerthum, XXIII, 30, l'article Die Sugambern : le savant archéologue déclare qu'il est impossible de conclure autrement que Clûver et Zeuss au sujet de l'identité des Cugernes avec les Sugambres. ■t ( !219 ) première par la seconde. C'est une véritable pétition de principe. Avec ce procédé commode on prouvera tout ce que Ton voudra, et il n'est pas un archéologue pro- vincial qui ne puisse enrichir ses environs d'une colonie quelconque, à sa fantaisie, en soutenant que le terrain était admirablement bien disposé pour la recevoir. M. Wauters déclare qu'il a ses raisons pour préférer son opinion à celle des autres. Le malheur, c'est que ces rai- sons nous ne les connaissons pas. Des Suèves dans l'Est de la Belgique, je ne les vois nulle part. Dans l'Ouest, je suis moins aûirmatif, mais je répète que s'il faut leur laisser un rôle, ce n'est guère que celui de comparses (1). IV. Le rapprochement entre les noms des Siiebi de la Flandre et celui des Zélandais, Zeeuwen, n'est pas accueilli favorablement par M. Wauters. Je tiens à faire observer encore une fois que je ne l'ai rappelé que comme une hypothèse. Ce n'est d'ailleurs pas Lubach seul qui l'a formulée; un auteur justement estimé, Van den Bcrgh, dans son Manuel de la géographie néerlandaise au moyen âge (2), s'en déclare partisan. (Ik houd het voor eene verbastering van Zeeuwen; vroeger had men voor zee ook den vorm sewe, golh. saivs, waarvan nog de genilief des sewes in den roman van Walewein voorkomt.) Cependant M. V^auters objecte que le nom de Zélande n'apparut que très tard, et il va même jusqu'à l'expliquer (1) On ne m'accusera pas d'atlénuer ici l'opinion que j'ai défendue dans ma première notice. Voici ce que je disais (p. 438) : « Ou bien ces Suèves doivent disparaître de notre carte ethnographique, ou bien ils étaient si peu nombreux que leur influence a été nulle N'en faisons point un facteur important de la population flamande. » (2) Van den Bergh, Middelnederl. Géographie, p. 112. ( 220 ) uniquement par Topposilion que l'on a établie entre cette partie maritime et la partie continentale de la Flandre; ridée d'appeler les îles de l'embouchure de l'Escaut des terres marines n'aurait donc surgi que lorsque ces îles étaient devenues des fiefs flamands. Cela est-il bien exact? Je me permets d'en douter. D'abord le nom de Zeelanden ne fut pas exclusivement donné au groupe qui l'a conservé aujourd'hui; au moyen âge la Frise elle-même était divisée en sept Zeelanden (1). Ensuite, dès le IX^ siècle, par conséquent bien avant l'établissement de la suzeraineté flamande, on applique à cette région le nom latin cleMaritima, qui paraît n'être que la traduction de Zeeland. (Igitur ïmperator, disposita Frisise Maritimœque custodia, iter suum Romam... indixit. Prudentii Tricensis episc. ann. ad. a. 857 Perlz, I, 430.) Or, la suite des événements montre qu'il s'agissait surtout de défendre l'île de Walcheren, que les Normands et les Danois ne cessaient de ravager. Aussi Spruner et Menke, dans leur grand Atlas historique, désignent-ils par Mari- lima les îles zélandaises. C'est vers la même époque que nous reporte le poème de Gudrun (2), dont la rédaction autrichienne du XIP siècle qui est parvenue jusqu'à nous, laisse transparaître encore (1) RicHTHOFEN, Untersucllungen ilber Friesische Rechtsgeschichle, Il,î. (2) La fixation de ceUe date résulte de nombreux indices qu'il est superflu de rappeler tous ici; la scène est évidemment celle des incursions normandes; l'uu des guerriers, le roi Siegfried, a le nom d'un chef normand qui, en 887, périt dans une attaque contre les Frisons. Voir ScHERER, Geschichte der deutschen Litteratur^ 133; Koberstein, 1^ 47 et suiv.; Grimm, Beldensagen^ 325; Gervinus, Geschichte der deutschen Dichtung, ï*, 351 ; Jonckbloet, Geschiedenis der nederl. Letterkunde, 1,27. ( 221 ) clairement l'origine bas-allemande; elle n'a pas conservé seulement la scène primitive des événements, les côtes de la mer du Nord, mais elle a laissé à plusieurs noms de lieux leur forme différente de celle du dialecte qu'em- ployait le poète. Nous y trouvons mentionné le Wulpensant (le haut-allemand exigeait f au lieu de p), c'est-à-dire l'île de Cadsand (voir la Keure du Franc de Bruges, 1190 : § 15. Homines de Wulpia sive de Cassand....), et l'un des principaux acteurs, le roi Herwic, est appelé tantôt von Sêlant, tantôt vo7i Sèiven (1). Ces désignations, comme celle du Wulpensant, sont évidemment emprun- tées aux anciens chants dont s'est inspiré l'auteur du texte définitif. Mais il y a plus; les gloses de la loi Salique elle-même viennent ici à mon aide (2); il y est fait mention à plu- sieurs reprises des amendes de 62 '/a sous, d'après le Seolando ewa; ewa signifie droit; cwa C/iamavorum, droit des Chamaves. Seolando ewa se traduira donc par 5ee- landsrecht, droit du pays maritime. Ce qui confirme cette interprétation, c'est que, à côté du Seolando ewa, les gloses citent le Shaldewa (Schelderecht) et le Dîscolandewa (pro- bablement Toxanderlandrechl). Rien n'empêche donc d'admettre que les habitants d'un pays essentiellement maritime fussent appelés de très bonne heure les Marins, de Zeeuwen. ]l reste maintenant cette objection que saint Éloi, évêque de Noyon et de Tournai, n'a pas vraisemblable- (1) KuDRUN, Ed. de K. Bartsch, 1375, 706, 867, 1214, 1257, 1674. (2) Cf. SoHM, Die frdnkische Reichs-und Gerichlsverfassung, p. 563. — Grimm. Vorrede zu Merkels Lex Salica, p. o7 et s. — Schroeder, die Ausbreitung der Salischen Franken {Forschunyen zur deutschen Geschichte,X\X^ p. MO). 3"* SÉRIE, TOME XI. 21 ( 22^2 ) ment prêché la doctrine du Christ en dehors de son double diocèse. « La Zélande ayant toujours , depuis l'époque de sa conversion au culte nouveau, ressorti à l'évêché d'Ulrecht, les Zélandais ne peuvent avoir été confondus avec les Suèves. » Ici je ne comprends pas. Saint Éloi est mort en 658. Or, l'évêché d'Utrecht ne date que de 696(1). Avant cette date, les pays frisons ne faisaient partie d'aucun diocèse; pendant longtemps encore, on hésita à les rattacher à l'une ou à l'autre métropole. Cologne et Mayence se dis- putèrent sur eux la suprématie (2). Qu'y a-t-il d'éton- nant que saint Éloi, obéissant à son zèle, allât enseigner l'Évangile aux Zélandais de Flandre ou de Zélande, aussi bien qu'aux Anversois ou aux Frisons proprement dits (5)? Il faut songer que dans l'hypothèse : Suevi = Zeeuwen, il n'avait pas même besoin de sortir de son diocèse, puis- qu'il trouvait ces Suevi aux environs de Courtrai. Mais, dit M. Wauters, pourquoi distinguer ces Zeeuwen des Frisons, puisque c'était un même peuple? Je réponds : pourquoi citer les Andoverpenses, puisque d'après M. Wau- ters ils étaient Francs? V. Je me suis rendu coupable d'une singulière contra- diction en rapprochant, d'une part, les trois groupes de Germains mentionnés par Tacite : Ingaevones, Istaevones, Herminones, des trois confédérations des Saxons, des Francs et des Souabes, et d'autre part, en reconnaissant (1) PoTTHAST, Supp/em., p. 432. (2) OElsner, Jahrbucher unter Kônig Pippin (pp. 54 et suiv.). (3) Je rappellerai ici celte phrase du biographe de S' Éloi : ... nec erat ejus fama conlenla circumjectas lantum Gallias illuslrare, sed exteras utique provincias implebat .... AA. SS. Belgii, t. III, p. 231. ( 223 ) dans une note que les dialectes n'étaient pas encore fixés à l'époque de Tacite. Ma réponse est bien facile, et je pourrais me borner à dire que si des dialectes ne sont pas fixés, définitivement arrêtés, cela ne signifie pas qu'ils n'aient encore aucune existence. Le travail de différenciation se poursuit en effet à travers les siècles, les nuances s'accusent, mais dès l'antiquité la plus reculée, leur variété a dû se mani- fester de quelque façon : il n'y a jamais eu, dit Max Mul- 1er (1), un langage teutonique uniforme, commun à toutes les tribus. Si Tacite distingue trois groupes de Germains, c'est évidemment qu'ils s'affirmaient par certains caractères, car ce n'est pas l'unité politique qui les constituait; or, le trait le plus marquant qui serve à reconnaître et à séparer les peuples, c'est leur langue. Aussi les savants les mieux qualifiés pour émettre un avis raisonné sur cette question, se rallient-ils à l'idée que déjà chez les Ingsevones, les Istaevones et les Herminones, l'existence de dialectes par- ticuliers est très probable (2). Faut-il en conclure que ces dialectes sont reproduits complètement par ceux que parlaient quelques siècles plus tard les Saxons et une partie des Francs, d'un côté, le reste des Francs, les Bavarois et les Allamannes de l'autre? Assurément non. Je n'ignore pas les solutions auxquelles (1) Lectures on the science of language, t. I,p. 197. (2) Il y a lieu de rappeler ici le passage de Tacite, Germ.^ XLIII:Mar- signielBurisermonecultuqueSuebosreferuDt. — Scherer, Zur Geschichte der deutschen Sprache, p. 164 et passitn, arrive à la conclusion que dès les temps les plus reculés la langue des Germains occidentaux différait de celle des Germains orientaux (Golhs et Scandinaves); de la même façon, parmi les Germains occidentaux, le germe des dialectes actuels existait déjà. ( 2U ) on tend à s'arrêter de nos jours sur cette intéressante question; c'est vers le V^ et le VP siècle que la séparation entre le haut-allemand et le bas-allemand semble être devenue définitive et que la fameuse loi de Grimm sur la permutation des consonnes paraît avoir opéré ses effets les plus marquants. Mais je prie de remarquer que les établissements suèves dont M. Wauters affirme l'existence en Flandre ne datent pas du temps de Tacite. Nous ne les connaissons que par des chroniqueurs du VIP siècle. Admettons qu'ils aient été fondés chez nous au VP siècle. Ce que j'ai dit, c'est qu'à cette époque, les confédérations des Saxons et des Francs étant formées et bien distinctes, on ne peut plus donner au mol Suevi ce sens vague, qu'il a encore chez César et même chez Tacite; il ne désigne plus tous les Germains de l'occident ou du centre de l'Allemagne actuelle; il s'ap- plique, lui aussi, à une confédération déterminée, et préci- sément à celle qui, par opposition aux Saxons et aux Francs du Bas-Rhin, a poussé le plus loin l'évolution haut-alle- mande (1). Ne serait-il pas surprenant qu on ne retrouvât dans la langue de ces Suèves de la Flandre aucune trace caractéristique de leur origine? Et je ne parle pas seule- (1) M. Baumann dans un article très important : Schivaben und Ala- mannen {Forscliungen zur deutschen Geschichle, t. XVI, p. 217) a établi, sans trouver de contradicteurs, que les Souabes et les Allamanues ne for- maient qu'un seul et même peuple. Les deux noms ùq Suevi et Alamanni sont employés indistinctement à partir du IV*^ siècle (Ausone, Aniinien Marcellin, Claudicn, Jonas de Bobbio, le géographe de Ravenne, Paulus Diaconus: {Suevorum , hoc est Alamannorum gens. H. Long., t. III, 18, elc). La désignation de Suevi, Schivaben, paraît seule avoir été usitée par la tribu même; celle d' Alamanni leur a sans doute été appli- quée du dehors. (Cf. Grœci pour les Hellènes en général.) ( 225 ) ment ici du langage moderne, quoique à vrai dire, si ces colonies suéviques avaient été nombreuses, elles eussent pu conserver certaines particularités de dialecte; mais dans le passé on n'en voit pas davantage, et les noms de lieux, qui sont un indice d'une rare permanence, ne sem- blent rien laisser deviner dans cette direction. M. Wauters, il est vrai, oppose la forme de Cassel aux Kessel du Brabant; mais il me paraît bien difficile de conclure quelque chose de cette diff'érence; c'est la per- mutation des consonnes qui a éloigné le haut-allemand du bas-allemand. Quant aux voyelles, elles ont certes leur importance pour la détermination des dialectes, mais c'est cependant un élément instable qui passe aisément d'une forme à l'autre (par nmlaut), et pour que leurs variétés soient décisives, il faut qu'un usage constant en établisse la permanence dans un même dialecte. Or, les dérivés de castrum^ caslellum ont tantôt conservé Va en anglais (Lancaster), tantôt l'ont remplacé par e {Chester, Wroxeter); le maintien du / serait plutôt une caractéris- tique du bas-allemand {Bernkaslel et le nom propre Kestelool) ; le double s , étranger au flamand, est aussi surprenant dans Kessel que dans Cassel (France); il est dû à une assimilation qui s'explique peut-être par l'ori- gine étrangère du mot. M. Wauters nous réservait une assertion plus hardie et que je vois formulée pour la première fois, c'est que « l'oberdeutsch et le niederdeutsch n'ont été nettement distingués que lorsque la première efflorescence de ces deux grands dialectes, au XIII*' siècle, fut complétée par la révolution littéraire du XVP siècle ». Faut-il rappeler dans cette enceinte que le Heliand bas-allemand date du IX* siècle et VHarmonie des Évangiles (Otfried's Evange- ( 226 ) lieDharmonie), en haut-allemand, de la même époque, et que nous avons même des fragments en prose haut-alle- mande et bas-allemande qui remontent au VHP siècle (1)? Je suppose que l'expression a trahi la pensée de mon savant contradicteur qui n'a pu songer à défendre sérieu- sement une pareille hérésie, et je n'insiste pas : la vérité est que le XVI^ siècle a enlevé la vie au niederdeutsch au lien de la lui donner. VJ. Vient maintenante carte de Peutinger. a On pré- tend lire, dit M. Wauters, au lieu de Chamavi, qui et Franci, les mots Chaci vapii, qu'il faudrait peut-être remplacer par Chaccuarii (2), mais l'ancienne lecture était plus conforme aux indications du César Julien etd'Ammien Marcellin... d Le mémoire de M. Wauters Ta mal servi, et personne n'a proposé de corriger l'ancienne lecture. Chamavi, qui et Franci garde parfaitement ses droits, mais à côté de cette mention en quelque sorte classique, figurent en toutes lettres, sur la rive même du Rhin, comme M. Wauters aurait pu facilement s'en assurer, les mots Chaud varii (Chaci vapii). Les Chauques ne sont donc pas des fantômes évoqués par les poètes, et tout l'argument s'écroule. VIL M. Wauters est partisan de l'opinion, défendue aussi par Miillenhoff (3), que la mention des Sicambres n'a plus de portée au V'^ siècle. Je ne veux pas m'inscrire (1) Cf. MoRiTZ Heyne, Kleinere aUniederdeutsche Denkmàler ex Kober- stein-Bartsch, Grundriss, l"' pp. 80 et suiv. (2) On trouve les formes Chattuarii, Hattuarii, Hattoarii, Attuarii, Cha- suarii, mais jamais Chaccuarii. (5) MuLLENHOFF, Zeitscfirift fur deutsches Allcrlhum, XXIII, pp. 26 et suiv. {Die Sugambern und Sicambern). ( m ) en faux contre cette assertion, au sujet de laquelle je n'ai pas de conviction faite. Je noterai seulement que la raison mise en avant par M. Wauters, à savoir que les poètes seuls parlent encore des Sicambres, est inexacte. Voici, en effet, toute une série de citations tirées de prosateurs : Vifa Sigismundif Bouq., III, p. 402 : In ipsis temporibus cum Sicambrorum gens... F. Arniilfi, c. 16 : Ut in Secambrorum natione rex nul- lus ilii similis fuisse narrareter. Jonas. V. Columbani prœf. : Veteres Sicambrorum erro- res evangelio mucrone coercet. F. Salabergae, c. 9 : Et ipse ex Sicambrorum prosapia spectabili ortus; c. 17 : nam inter ceteras nobilium Sicam- brorum filias. Bobolenus v. Germani Grand., c. 7 : Vir egregius ex génère Sicambrorum. Hariulfî c/iron. CentuL, Bouq,, III, p. 549 : Intermisso Sicambrorum vocabulo Merovingi dicli sunt, etc. Ces citations que j'emprunte à Waitz (1 ), me paraissent, aussi concluantes que celles du biographe de S* Éloi à propos des Suèves. VIII. M. Wauters veut bien admettre que des Saxons se soient rendus volontairement sur le continent et qu'ils aient été accueillis avec bienveillance par les Francs, mais il repousse avec énergie l'idée d'un établissement opéré par la force des armes. Pour démontrer la première proposition, il se fonde sur le passage de Procope (2) où il est parlé de l'excès de popu- lation d'une île nommée Brittia, qu'habitent des Angles, (1) Verfassungsgeschichte^U^, 25. (2) Procope, De bello gothico, IV, 20. » ( 228 ) des Frisons et des Bretons; nous ne pouvons y voir que l'Angleterre, bien que l'historien la distingue nettement de cette dernière, qu'il nomnrie Britannia et qu'il affirme être beaucoup plus éloignée du continent. Forcés à l'émigra- tion, ces peuples affluent chez les Francs qui leur assignent les parties les plus désertes de leur territoire. A ce préam- bule Procope rattache l'histoire romanesque d'une prin- cesse angle qui, abandonnée par son fiancé warin, se met à la tête d'une flotte, débarque vers l'embouchure du Rhin et contraint Tinfidèle à l'épouser. Voilà certes le récit d'une expédition guerrière; c'est sur la rive droite du Rhin, dira- t-on. Je le veux bien, quoique les détails géographiques de notre auteur soient d'une extrême confusion, comme on a pu déjà en juger. Quant aux établissements effectués dans les parties les plus désertes (eç yr\ç ttÎ; o-cpsTépaç ty\v epïjp.CTepav ^oxou- <7av dycd), ces termes font songer aux sables de la Cam- pine bien plutôt qu'à la Flandre, et l'on se demande si au fond de ce récit tout à fait légendaire, il n'y a pas une tentative d'expliquer la présence des Angles et des Warins dans une partie du territoire franc. Nous serions ramenés ainsi à l'hypothèse mentionnée plus haut à propos de la lex Thuringorum, Ce qui montre d'ailleurs combien les hasards de la guerre devaient avoir disséminé de Saxons sur les côtes de la Gaule, c'est le passage dans lequel le biographe de S. Éloi raconte que ce missionnaire se plaisait à racheter de nombreux captifs: praecipue ex génère Saxonorum qui abunde eo tempore velut grèges a sedibus propriis evulsi in diversa distrahebantur (1). (1) AA. SS. Belgii, l. IH, p. 207. ( 229 ) S. Éloi avait pour compagnon en Flandre un disciple nommé Thille (ou Thillo), Saxon d'origine, et qui put vrai- semblablement, par la connaissance du dialecte, lui rendre de grands services pour la conversion des infidèles ; aussi devint-il le patron d'iseghem (1). IX. Uhypothèse que j'ai émise au sujet de la présence d'un élément ethnique distinct des Francs dans le nord de la Belgique ne trouve pas grâce aux yeux de M. Wauters. Je ne nie aucunement le caractère conjectural de cette proposition; elle repose presque entièrement sur la théorie des noms de lieux que j'ai exposée dans ma première notice. Où est, dit mon honorable contradicteur, la ligne de séparation entre les Francs et les Saxons (ou Friso- Saxons)? Je ne puis ici que renvoyer à ma carte (2). Un simple coup d'œil montrera que toute la zone du nord est presque dépourvue des noms que l'on s'accorde à consi- dérer comme caractéristiques des établissements francs. Les Francs sans doute ont passé par cette région, mais elle était peu fertile et ils n'y sont pas demeurés; ils ont préféré se fixer dans le bassin de l'Escaut et de ses affluents brabançons. Les sables du nord sont restés alors inoccupés, et nous avons vu qu'il n'est pas impossible d'admettre que les Anglo-Warins y aient pénétré. Gré- goire de Tours rapporte (5) que Clovis, en 491, soumit les Thoringiens (nam decimo regni sui anno Thoringis bellum (1) AA. SS. Belgii, p. 206, et la note de Ghesquière, p. 210. (2) Si cette carte n'a pas encore été distribuée, bien qu'elle soit achevée depuis le mois d'octobre dernier, la faute n'en est pas à moi, mais au graveur chargé du travail. (5) Greg. 11,27. ( 230 ) inlulit eosdemque suis dicionibus subjugavit). Il s'agit ici encore une fois probablement des Thoringiens de la rive gauche du Rhin, et quelque conclusion que Ton adopte au sujet de la patrie de la lex Thuringorum, on devra tout au moins reconnaître que si ce territoire des Thoringi devait être conquis par les Francs, c'est que les Francs n'en étaient plus les maîtres et qu'ils avaient été remplacés par une autre tribu. J'en suis, du reste, encore à me demander quelle est l'opinion précise de M. Wauters sur les populations du nord de la Belgique. Dans une annexe à son premier travail, il a insisté avec raison, je pense, sur l'individualité des AndoverpenseSj des Wasienses, des Flandrenses. « Les Flandrois, dit-il, constituent un groupe bien particulier L'existence d'un peuple appelé les Andoverpiens est indé- niable. j> Seulement la conclusion fait défaut : si ces « peuples » ne sont que des Francs Salions, comme leurs voisins, on ne voit plus leur raison d'être. Les Saliens avaient pris possession de la Ménapie entière, et cependant le pagus Flandrensis se détache du Mempiscus. Si Ton n'admet pas un caractère ethnique différent, tout cela reste inexpliqué et inexplicable. X. M. Wauters cherche à affaiblir la portée de l'argu- ment tiré des noms de lieux, en montrant l'instabilité de leurs formes et les erreurs auxquelles leur interprétation peut entraîner. Je tiens à faire observer d'abord qu'il n'est jamais entré dans ma pensée de présenter des suffixes tels que heim, beekj weiler, ingen comme propres exclusivement à l'un des dialectes germaniques. Ce que j'ai rappelé après bien d'autres, c'est que certains de ces suffixes semblent avoir été adoptés de préférence par telle ou telle tribu. Quant aux variétés d'une même terminaison, par exem- (251 ) pie hem, heim, ham, um, elles se rattachent évidemment à des particularités dialectales ; c'est ce que M. Wauters ne paraît pas accepter; à ses yeux, si je le comprends bien, le hasard seul fait rencontrer les ham en Angleterre, et c'est le hasard aussi qui sème indistinctement sur notre sol les heim, les ham ou les um. Au sujet de cette dernière forme, um, et de sa fréquence dans une partie de la Hesbaye, les critiques de M. Wau- ters ont une apparence très sérieuse. Ces noms en um, dit-il, ne se rencontrent que tardive- ment; le type le plus ancien est toujours hem, et il cite Kerckom pour la première fois en 1515, Miscum en 1686, Vulmersum en 1642, etc. A cela je réponds que l'orthographe des noms de lieux, surtout de villages, a toujours été très vacillante; il n'y a rien d'étonnant à ce qu'un rédacteur habitué aux hem francs en ait doté également les localités hesbayennes auxquellesia prononciation populaire conservait fidèlement leur um primitif. On sait que l'on peut souvent reconnaître la chancellerie d'où émane un acte par ses particularités lexigraphiques. Je n'ai pas sous les yeux les documents dont a fait usage M. Wauters, dans la Belgique ancienne et moderne, et je ne puis vérifier leur origine; mais déjà je constate que les hem et les um [om) se trouvent indif- féremment et pèle-mèle pendant plusieurs siècles, par exemple Binckem, Binkem, Binchem au XII% au XIV", au XV% au XVI% au XVII% au XVIIl^ siècles; Binckum, Binckom au XIV% au XV% au XVIP, au XVIIP siècles (1). (1) Wauters, La Belgique ancienne, X, pp. 77 et 84. — De même Wolmersheym^ qui est cité au XII* siècle, se représente au XIV*, au XVe et au XVI», en même temps que IVolmershom, 1297, Wolmersum, 1453, IVulmerzum, 15o9 (76. VITI, 36). ( -232 ) L'une des deux formes était la vraie et cependant Taulre se montre avec persistance. Que faut-il en conclure? D'abord, que chronologiquement om ne vient pas après heniy il l'accompagne; ensuite, que probablement hem doit son existence à l'erreur des scribes qui tendent toujours à généraliser une orthographe courante, et que la forme primitive et réelle en um n'a survécu que grâce à la persistance d'une prononciation que le style officiel n'a pu déraciner. Il serait d'ailleurs extrêmement difficile d'imaginer la cause qui aurait bien pu, au XVP ou au XVIl^ siècle, faire surgir en plein pays brabançon une terminaison dont le caractère frison est évident pour quiconque a jeté les yeux sur une carte. Il y aurait là un phénomène de génération spontanée qui défierait, je crois, toute analyse. Autre considération. Dans le nom de Binkom, ce n'est pas seulement la terminaison qui est frisonne : le corps du mot lui-même, Binke, est un prénom essentiellement frison (I). Binkom est l'habitation de Binke. XI. M. Wauters me prend à partie au sujet des noms en wyck, en donck et en clrecht, que je considère comme étrangers au pays franc. Wyckf dit-il, peut venir du viens latin. Pourquoi ne pas dériver vader de pater, moeder de mater, puis le latin du 0) WiNKLER, De nederlandsche Geslachtsnamen^ pp. '28 et 102 : « De friesche mansvôornamen Binke, verkleinform van Binne, Benno » « In Friesland zijn de Benno's, vooral ook in den gewijzigden form Binne^ niet zeldzaam. » De là les noms de lieux : Bennekom, en Gueldre, Bingum, dans rOstfrise, Benningbroek, en Nord-Hollande, Benningbrough, dans le Yorkshire, Bennebroek, dans le Kennemerland, Benninghusum, en Nord- Frise, Benninghofen, dans le Hanovre, Bennington, dans le Herlshire, elc, tous en dehors des pays francs. ( 233 ) grec? Cela se fait encore dans certaines revues de pro- vince. Wyck et vicus sont évidemment deux mots de la même famille, absolument comme le olxoç grec, le sanscrit viç, habitation, le zend vîç, maison, village, l'ancien slave visi (prsedium), l'ancien irlandais flcli (pagus), comique gwiCj village; mais il n'y a aucune raison pour refuser ce radi- cal aux langues germaniques, et il se retrouve dans le gothique veihs et dans l'ancien -haut -allemand wîch, l'anglo-saxon etl'ancien-nordique vik^ le frison et l'ancien- saxon wik (1). Les noms en wik, wyck, wich n'apparaissent pas d'ail- leurs uniquement dans les régions où s'est exercée l'influence romaine, mais en Angleterre, dans le nord de l'Allemagne (Bruneswic, Bardanwich, Alhalheringvvik, Aslerwic, Baldrikeswich, Bardarnaraswick, etc., etc.). Les donck, dit encore M. Wauters, sont particuliers à notre pays. C'est une erreur. On les rencontre en West- phalie : dès le IX^ siècle, Aheresdung (Averdunk); puis en assez grande abondance aux environs de Dusseldorf (2). « C'est l'ancien dunum, élévation. » Je ne le crois pas : le gaulois latinisé dûnum, vieil irlandais dim, lieu fortifié, a comme correspondant germanique tun, enclos (en alle- mand zaun, haie) (5). L'étymologie de donck est encore incertaine. On pour- rait, ce semble, le rapprocher du moyen haut-allemand tune, avec le même sens que le screuna de la loi salique, (1) Cf. GuRTius, Grundzuge der griechischen Etymologie,A^ éd., p. 162. — FoERSTEMAiNN, AUdeutsclies Namenbuch, 2« éd. p. i583; Ortsnamen, p. 100. (2) 76., p. 274. (5) D'Arbois de Jubainville, Les Origines gauloises {Bévue historique, XI, 51). ( 234 ) rhabilation souterraine que Tacite signale déjà (1). Ever- donck serait la lanière du sanglier, Ursidongiis (S. Ghis- lain), la tanière de Tours, Ramsdonck, du bélier, etc. Quant à drecht, en le faisant dériver du latin trajeclus, M. Wauters renverse, je crois, la question. L'eaiploi du mot Trajeclus (ou Trajcctum), comme nom de lieu, est étranger à l'usage romain; on ne le trouve ni en ilalie, ni en Espagne, ni en Afrique, ni sur le Danube; les pays celtiques le possèdent seuls (2) : en Gaule, Trajectum (Utrecht), Trajectum (Maestricht), Trajeclus (Bergerac, dans la cité des Pefrocorii); en Bretagne, Trajeclus (sur TAvon). Il semble donc n'être que la traduction latine du celtique traeth, passage d'eau, gué (3). Et de même on a proposé de rattacher directement les drechl néerlandais, sans l'intermédiaire d'aucune forme latine, à ce vocable celtique (4). Foerstemann, de son côté, rappelle l'anglo-saxon dricht (1) Tacit. German. c. 16 : Soient et sublerraneos specus aperire.... suffugium hiemi. — Plin. Hist. nat., 19, 1 : in Germania defossi atque sub terra id opus agunt (les tisserands). — Grimm, Wœrlerb. : Dunk, unterirdisches gemach, weberslube unter der erde. (2) Cf. FoRBiGER, Handbuch der alten Géographie, III, pp. 16i et !2a4; Smith, Dictionary of Greek and Roman Geography, II, p. 1220; BiscHOFF und MÔLLER, Vergleichendes TFôrterhuch der alten, miltleren und neuen Géographie, p. 978. (3) Zeuss, Grammatica Celtica, 2^ éd. p. 156 : Traeth (tractus au tra- jeclus? (*) traeth sych, sabulum maris siccum; cf. Girald. Cambr. Itin. 2, 6 : « Traeth mawr et Traeth bechan id est tractus maris major et minor. Dicilur autem traeth lingua cambrica sabulum mari influenle lon- gius et se retrahenle nudatum. »; trait, arena). (4) R. ScHROEDER, dic Hevkuujt der Franken {Histor. Zeitschriftt 1880, p. 12). (*) Beda, hist. eccl., 5, 42. Castellum Wiltaburg i. e. oppidum Wiltorum lingua gallica Trajeclus vocatur. Trajeclus etiam Britanniae oppidum in Itin. Ant. Aremorice hodie quoque/?'e/z (trajectus), unde treiza (traicere). ( 23S ) et Tancien-frison drecht dans le sens de gens, famille et par extension village (1). Qui a raison? Je ne le dirai point. L'important, et c'est le seul point sur lequel j'aie insisté, c'est que le mot ne se rencontre pas dans les régions vraiment franques : il est propre à la Hollande, à la province d'Anvers et à la Flandre (un seul exemple dans le Limbourg). Est-ce parce que, dans le reste du pays, « les conditions lopographiques étaient différentes » ? Ceux qui acceptent le sens de gué, passage d'un cours d'eau, seraient embar- rassés de le soutenir. Il y a des gués partout, et la preuve ce sont les noms en furt^ ford, voort, voirt, vaard, qui abondent dans toutes les directions. Restent une série de mots que M. Wauters signale comme saxons, mais qu'il retrouve dans le Brabant, à Bruxelles même, ce qui jetterait le désarroi dans mes conclusions toponymiques. Pour Slalhille, village de la Flandre occidentale, il est possible, comme il le dit, que Mlle signifie colline, et dans ce cas j'accepte l'argument en ma faveur. Bill est en effet un mot purement anglo-saxon, qui n'a pas de correspon- dant dans les autres dialectes germaniques, et qui paraît avoir été introduit en Angleterre par les Scandinaves (ancien-nordique hjalli. Fick, Vergleichendes Wôrterbuch der indogermanischen Sprachen, III, 70). Mais hille peut aussi avoir le sens de grenier à foin : Grimm, Wôrterbuch : Hille, hilde, in Westphalen und Niedersachsen der Speicher iiber den Viehrâumen; Kilian, hilde, pabulalorium, fœnile; Schiller und Liibben, Miftel- niederdeutsches Wôrterbuch : hillen ruslici vocant dor- (1) Ortsnamen^ p. 100. ( 256 ) mitoria, quae ad latera domuum preparata siint, sub quibus slabula pecudum (à Brème). Dans les deux cas, nous sommes ramenés vers une origine saxonne; mais quelle trace avons-nous de cette forme dans le Brabant? M. Wauters dit que la rue de la Colline à Bruxelles tire son nom d'une maison qui s'appelait de Hille. Cela n'est guère admissible. Elle est déjà connue, en 1522, sous la désignation de Hovelstrate, alors que l'existence de la Hille est encore constatée en 1340; ce qui est piquant d'ailleurs, c'est que M. Wauters lui-même, dans son His- toire de Bruxelles (III, 54), traduisait ce mot par V Enfer, Pourquoi a-t-il changé d'avis? Dans Hildenberg (pour Huldenberg), comme dans Hil- desheim, Hillesbach, etc., Hilde est probablement un nom propre dérivé de l'ancien allemand hilti, combat; car l'explication montagne de la colline n'a aucun sens. Hilta, Hilda est la Bellone germanique (1). Quant à horse, il appartient à tous les dialectes germa- niques, avec ou sans meta thèse de r: ancien-nordique, hross; ancien-saxon, hros et hors; anglo-saxon, hors; ancien- haut-allemand, hros, vos. La forme ors, mentionnée par M. Wauters, est plutôt propre au moyen-haut-allemand; cf. Ziemann, Mittelhochdeutsches Wôrterbiich: ors, streit- ross; orsen^ mit einem orse versehen; et les nombreux exemples fournis par Lexer, Mittelhochdeutsches Wôrter- buch, II, 487 : von Spanje ein ors (der Jùngere Titurel); ze orse und ze fûssen (Gudrun) ; ze orsesitzen (Gregorius von Hartmann von Aue); mit mime orse bin ich wol geriten (Erec), etc., etc. — La pointe de l'argument est donc émoussée: ors n'a rien de spécifiquement anglais ou saxon. (1) Grimm, Deutsche Mythologie, I*, p. 172. ( 257 ) Born est dans le même cas que ors; on le rencontre dans le moyen-haut-allemand dès le XIII' et le XIV^ siècle (btirne à côté de brunne), comme dans l'allemand moderne. Luther a écrit : dein Born sel gesegnet, et Gœthe : Ein holder Born, in welchem ich bade, Ist Ueberlieferung, ist Gnade. Ces phénomènes de métathèse sont fréquents dans toutes les langues. En ce qui concerne les hani, notamment sous la forme hamm, tous ne doivent pas être confondiis avec la variante saxonne du heim. Hamm, d'après Grimm, ÏV, 2, 308, signifie un enclos, une métairie fermée, surtout une prairie entourée de haies (encore aujourd'hui dans l'Ol- denbourg et la Frise. Cf. Schiller et Lurben, II, 182). L'idée qui s'y rattache est toujours celle d'un endroit muni d'une défense, d'une barrière; de là parfois le sens de rive élevée d'un fleuve. Je ne revendique pas ces hamm comme caractéristiques d'un établissement saxon ; il n'y a rien d'étonnant à ce qu'on les rencontre même dans le Brabant wallon. XII. Pour prouver que la Flandre est franque, M. Wau- ters invoque l'autorité d'une charte de 745, dans laquelle se rencontre « la plus antique mention d'un scabin ou échevin » ; or l'échevinage est une magistrature franque et qui appartient essentiellement à nos contrées. Je regrette de devoir le constater, mais M. Wauters joue de malheur : cette thèse n'est plus, en effet, soute- nable. Qu'est-ce d'abord que la mention : Giimbarii scawini de la charte de Roxem de 745? Les paléographes les plus éminents en contestent Tauthenlicité. Wailz qui, on me 3™^ SÉRIE, TOME XL 22 ( ^38 ) raccordera, n'esl pas le premier venu, déclare qu elle est certainement fausse : unzweifelhaft falsch (1). Ficker est du même avis (2). On dira que l'autorité de ces savants n'est pas infail- lible. Soit; acceptons la pièce en question comme datant du VHP siècle. Que fera-t-on alors du diplôme florentin (16 724, qui porte en toutes lettres: Ego Alfuso Scnvino (5)? Il n'est ni flamand celui-là, ni franc; il est de vingt et un ans plus ancien que l'autre. Niera-t-on son authenticité? On peut le faire assurément et on le fait, mais exactement pour les mêmes raisons que lorsqu'il s'agit du diplôme de Roxem. Si vous admettez la compétence de Waitz quand il juge l'un, vous devez l'admettre quand il juge l'autre. Où chercherons-nous maintenant des arguments qui militent en faveur de l'origine plutôt italienne que flamande, plutôt flamande qu'italienne des échevins? Les mentions subséquentes les plus rapprochées de ces magistrats se rencontrent surtout en Italie; ce sont, dans l'ordre chrono- logique : En 774, un diplôme de Pistoja (Ego ambrosius, nota- rius et scabinus subscripsi) (4); En 777, un diplôme de Milan (douteux) (5); En 780, un placitum de Digne, en Provence (6); En 781, un placitum de Charlemagne à Cressy sur Somme (7); (1) Verfassungsgeschichte, IV, p. 389. — Cf. GoUing. gel. Anzeig., 1864, p. 348. (2) Ficker, Forschungen zur Reichs-und Rechtsgeschichte Italiens, m, p. 207. (3) Troya, Cod, diplom., d° UQ. (4) Mon. Germ. Legg., IV, 660. (5) MuRATORi, Antiq., II, 1029. (6) Galliacliristianayl. Instrumenta, p. 1C6. (7) Bouquet, V, 746. ( 259 ) Deux autres documents émanés du même prince, l'un de Thionville (1), l'autre de Dortmund, et qui se placent entre 781 et 790; En 796, un diplôme de Pise (2). Faut-il conclure de tout ceci avec Hermann (5) que l'origine des scabini est lombarde ou avec Ficker qu'un développement parallèle de l'organisation judiciaire s'est produit chez tous les Germains, mais d'une manière spé- ciale en Italie, et que c'est l'observation des progrès réa- lisés chez les Lombards qui a conduit Charlemagne à généraliser l'institution des échevins? La question mérite une étude spéciale et Je ne me hasarderai pas à la trancher au pied levé. Mais ce qui est évident, c'est qu'il faut renoncer à faire de l'échevinage une création franque et flamande pour en conclure ensuite que tous les Flamands sont des Francs. Je crois avoir répondu aux critiques de mon savant contradicteur. Et en maintenant mes conclusions anté- rieures je ne crains pas d'être sérieusement accusé d'obéir à « l'esprit de système ». L'esprit de système consiste à ne pas envisager les choses dans leur complexité réelle, à faire abstraction des données gênantes pour ne concentrer son attention que sur les détails qui cadrent avec une idée préconçue. Mais il n'y a pas de système à vouloir élargir son horizon, à proûter des clartés de toutes les sciences connexes, sur- tout à sortir du domaine restreint de l'histoire nationale (1) BÔHMER, Begesta imper., P, p. 9i. (2) FiCKEK, Forschunge?i, IV, 4. (3) Hermann, Ueber die Enlwicklung des altdeutschen Schfiffenge- richts, p. 17o et suiv. C 240 ) pour établir d'utiles comparaisons avec le dehors. L'étude de nos institutions et de nos antiquités^ comme on disait naguère, ne peut que gagner à s'appuyer sur les grands travaux réalisés par nos voisins de France, d'Allemagne ou d'Angleterre. M. Wauters se trompe étrangement s'il croit que je me suis donné pour tâche de reproduire toutes les erreurs qu'il a réduites à néant : Lyderic, les forestiers, la dynastie d'Harlebeke et même la transplantation en Flandre de Saxons par Charlemagne. Tout cela n'a rien de commun avec mon travail, et je ne vois pas l'intérêt scienliOque qu'il peut y avoir à faire supposer que j'y ai donné mon adhésion. J'ai étudié consciencieusement une question sur laquelle plane encore beaucoup d'obscurité, non pour avoir le plaisir de contredire un éminent confrère, mais pour rechercher la vérité. Le jour où j'aurai la conviction que je me suis trompé, je n'hésiterai pas à le reconnaître. Jusqu'ici je ne vois pas que mes arguments soient ébranlés. La théorie franque est fondée quand elle s'oppose aux thèses de fantaisie qui prétendent rattacher la Belgique flamande aux Belges de César; elle dépasse le but quand elle s'affirme seule, avec un exclusivisme que les faits bien compris ne justifient nullement. Note explicative de la carte toponymique. La carie toponymique que je me hasarde à publier comme annexe à mes deux notices sur l'origine de la population flamande n'est qu'un premier essai et je ne me dissimule nullement son imperfection. Pour être tout à fait satisfaisante, une carie semblable devrait ne tenir compte que des formes les plus anciennes des noms de lieux; c'est ce que j'ai pu faire dans une certaine mesure en m'appuyanl sur les travaux de MM. Piot, Wauters, Duvivier, Fœrslemann, etc.; malheureusement les ( 241 ) données obtenues de la sorte sont insuffisantes pour fournir une repré- sentation exacte de la distribution des groupes ethniques dans le pays et force m'a été d'y joindre tous les autres noms sous leur forme actuelle. J'ai pris pour base de cette recherche les cartes de l'élat-major beige et français. Les inexactitudes qu'entraîne nécessairement cette façon de procéder ne sont d'ailleurs, j'en suis persuadé, pas assez fortes pour vicier les con- clusions générales. Un grand fait se dégage de l'observation de la carte, c'est que dans le nord de la Belgique les dénominations familières aux Francs manquent presque complètement II en est de même de la partie wallonne. Le Hainaul seulement et les régions voisines de la France se signalent par un nombre considérable de noms en in, ain, cfiin Je ne prétends pas que tous dérivent de heim francs; mais assurément la prédilection pour cette terminaison entre la Lys et l'Escaut méritait d'être constatée. Au sujet des noms en ingen, qui pour le Luxembourg sont universel- lement rapportés aux Allamannes, je dois déclarer que j'ai négligé de renseigner ceux qui se présentent en assez grande -abondance dans le sud du Limbourg. En effet, je ne crois pas que l'on puisse leur attribuer la même origine; ce point demanderait une élude spéciale. L'interprétation de la plupart des terminaisons portées sur la carte a été donnée dans mes notices. J'ajouterai seulement que «c/îo/ (Aerschodl, Bixschoote, Blommeschot, Boisschot, Hoebenschot, Isschot, Kuidschot, Noordschoot, Schot, School, Schooten, Zuydschoote, Brasschaet, Wyt- schaele, etc.) doit être rapporté à l'anglo-saxon sceat, angulus, pars, porlio (cf. Fœrslemann^ Ortsnamen, 72); que werf (Andoverpum, VHP siècle) se rattache à l'ancien frison warf, werf, dans le sens d'amoncellement de terre et ensuite de demeure surélevée au-dessus du sol pour éviter l'inondation [ibid., 45). Quant à le (Aechterle, Aerle, Baarle, Casterle, Gierle, Heerle, Heverle, Lille, Maerle, Meerle, Poederle, Pulle, Veerle, Zoerle), il signifie également élévation de terre, colline. Il est probable qu'il faut avec Arnold (Wati- derungen, 1 1 7) n'y voir qu'une forme affaiblie de loo. Dans ce cas, j'aurais pu représenter les deux terminaisons par le même signe graphique. Si j'ai séparé les loo, c'est que leur dispersion est très digne d'attention et que leur interprétation ethnique ne paraît pas définitive. M. Lamprecht, qui a publié, dans le Zeitsclwift des Aachener Geschichtsvereins, une carie analogue à la mienne, y voit des établissement chamaves. Je n'ose pas être aussi affirmatif. ( 242 ) Nouvelles recherches sur la 8^ classe des verbes sanscrits, par J. Van den Gheyn, S. J., membre de la Société asiatique de Londres. Déjà à deux reprises différentes, nous avons occupé la Classe des lettres d'une intéressante controverse philolo- gique relative aux racines sanscrites de la 8^ classe (1). Il semblerait que la question n'est pas destinée à disparaître de sitôt de Tordre du jour de la linguistique indienne et il paraîtrait même que nos modestes notes lui ont donné un regain d'actualité. En effet, le dernier fascicule paru des Proceedings de la Société orientale américaine, qu'une aimable attention de M. le professeur William Dwight Whitney nous faisait tenir récemment, résume une discussion qui a eu lieu, à la séance générale du 6 mai 1885 à Boston (2), sur les verbes de la prétendue 8^ classe. M. A. Hjâlmar Edgren, professeur de sanscrit à Lincoln, et M. W. D. Whitney, professeur de sanscrit au Yale Collège à New Haven, nous ont fait l'honneur d'examiner les idées que nous avons développées dans le Bulletin de l'Académie de Belgique (3). (1) En 1880 et en 1884. \o\v Bulletin de l'Académie, 2* série, t. L, n» 7, et 3« série, t. Vli, n" 2. (2) American oriental Society. Proceedings at Boston, may 1885, pp. i-xLiv of JouRN. Am. Or Soc, vol. XIII. Voir pp. xxxix et xl. (5) 11 est à regretter que les savants indianistes américains n'ont pas eu connaissance de notre deuxième notice publiée en 1884, où notre thèse est singulièrement fortifiée. Us ne discutent que notre premier travail datant de 1880. [ 245 ) M. Edgren se déclare d'accord avec nous pour iden- tifier complètement la 5' et la 8' classe des racines sanscrites. Mais il diffère d'appréciation sur la manière d'établir celte identité et croit devoir se séparer de nous pour plusieurs explications de détail. Comme les objections du savant indianiste américain ne nous ont pas convaincu et que d'autre part, depuis deux ans, des recherches ultérieures ont confirmé noire théorie par des faits nouvel- lement produits (1), nous osons, une troisième fois, solliciter la bienveillance de la Classe des lellres pour lui demander de défendre dans son Bullelin les vues qu'elle nous avait permis d'y exposer jadis et lui soumettre les résultats de nos récentes investigations. Dans sa grammaire sanscrite qui vient de paraître en 1885 (2), M. Edgren admet, pour assimiler la 8"^ classe à la 5% l'hypothèse de M. Brugmann et des néo-grammai- riens. On sait que, pour la jeune école, tan-no-mi (racine lan et non ta, avec suffixe na de la 5^ classe) s'est réduit à ta-no-mi pour tn-iio-mi ; c'est-à-dire que la voyelle radicale a de tan a disparu et que la nasale sonnante n s'est vocalisée. (1) Surtout dans le récent ouvrage de M. Whitney Die Wurzeln, Verbalformm und primàren Stcimme der Sanskrit-Sprache. Leipzig, 1885. (2) Sanskrit Grammar, pp. xii-178. Chez Trùbner dans la collection intitulée : Simplified Grammars of the principal asiatin and european Languages. ( 244 ) Il faut en convenir, cette explication n'a pas le mérite (le la simplicité et il est permis de douter que ce soit la nature, en général si avare de l'effort, qui ait suggéré des transformations phonétiques si compliquées. Si la voyelle radicale a de tan-no-mi devait reparaître comme vocali- sation de la nasale, il n'était pas besoin qu'elle disparût d'abord. Puis par quels exemples pourrait-on bien appuyer cette transformation de tan-no-mi que rien ne justifie, car la combinaison des sons ann est fréquente en sanscrit et n'a rien de contraire aux lois de l'euphonie. En outre, nous nous retrouvons ici en face de l'hypothèse si fragile de la nasale sonnante. Or on n'a pas encore, que nous sachions, réfuté les objections que nous avons fait valoir contre elle dans notre deuxième notice (1). Bien au con- traire, ces objections ont été accentuées (2) et l'on n'a eu à leur opposer que des affirmations sans preuves (3). D'ailleurs, dans les Proceedings de Boston, M. Edgren est moins exclusif que dans sa grammaire (4). 11 y accorde que tan-no-mi a pu produire tanomi par simple chute de la première nasale. C'était l'hypothèse de Bopp. Mais comment justifier cette disparition de la nasale? M. Edgren (1) Bulletin^ 3« série, t. VII, n-» 2, pp. 193-198. (2) ^egnauô, Mélanges de linguistique /nc?o-i?Mropéenne, 1885, pp. 9-40, passim. Revue critique, n° du 29 juin 1885, p. 504. Revue de linguistique ET DE PHILOLOGIE COMPARÉE, n" 1, 1886, pp. 44-66 (laus l'article iulilulé : « Les Principes de la nouvelle grammaire ». — G. Curlius, Zur Kritik der neuesten Sprachforschung, 1885, pp. 125-1.50. (3) Brugmann, Zum lieuiigen Stand der Sprachwissenschaft, 1885, p. 115. Cf. notre récent ouvrage Essais de mythologie et de philologie comparée^ p. 342. (4) Voir p. XL. ( 245 ) observe avec beaucoup de justesse que si la phonétique ne fournit guère d'exemples pour la perle d'une nasale initiale ou de toute autre consonne initiale dans un suffixe ou dans une terminaison, en revanche la disparition de la nasale finale d'un thème devant un suffixe consonnanlique est, en sanscrit surtout, un fait très fréquent. Enfin l'accent peut bien avoir joué un rôle prépondérant dans la constitution des formes verbales. De même que dans tatà, la perle de l'accent subie par la racine a pu provo- quer l'affaiblissement de cette dernière, de même que, pour un motif analogue, str-no-ti remplace slar-no-li, ainsi tan-no-mi a pu se réduire à ta-no-mi. Que faut-il penser de la théorie de M. Edgren ainsi modifiée? Nous venons de le dire, celle théorie coïncide avec les idées depuis longtemps émises par Bopp; nous- niême l'avons toujours admise pour celles des racines de la 8*^ classe qui semblaient se refuser à notre thèse du caractère advenlice de la nasale. Toutefois, nous demeurons persuadé qu'il y a un chemin plus court pour démontrer l'identité de la 5^ et de la 8^ classe et que les faits se présentent en nombre suffisant pour admettre, à côté des thèmes à nasale, l'exislence de racines vocaliques. Mais précisément, c'est ici que surgit enlre M. Edgren et nous la divergence fondamentale. Le savant professeur de Lincoln lient, contrairement à ce que nous prétendons, que dans les thèmes verbaux kshan, tan, man.van et san, la nasale est non pas surajoutée, mais primitive, genuine and original. Elle ne serait pas, d'après ce que nous avons voulu démontrer, le résultat d'une confusion qui a fait reporler la nasale du suffixe à la racine, non, elle est réellement radicale, really radical. ( 24G ) Avant d'examiner en détail les arguments de M. Edgren disons un mot de la manière dont il écarte de sa route les racines rn, ksfiin, ghrn et trn pour limiter la discussion aux thèmes kshan, tan, man, van et san. Remarquons aussi, au préalable, que la racine m, resti- tuée par notre deuxième notice à la prétendue 8^ classe (1), n'entre plus en ligne de compte pour M. Edgren. Il faut pourtant bien qu'on choisisse une interprétation quel- conque des formes inotî, inoshi, inuhi. Croit-on avoir tout dit quand on y voit avec M. Lanman de simples dou- blets (2)? A notre sens, ce n'est là qu'une constatation en d'autres termes d'un fait dont il reste à trouver la cause ou du moins Pexplication plausible. Dans son récent ouvrage sur les racines sanscrites (3), M. Whitney donne trois racines, i, in, inv, qu'il rapporte respectivement à la 5^ et à la 1'^ classe. En outre, il alTirme très explicitement l'identité de ces trois racines avec la racine i de emi (4). Un point nous a surpris, c'est que M. Whitney, tout en notant la forme immasi d'un point d'interrogation, la maintient contre les objections si fondées de Grassmann (5) et de Delbriick (6). Car il est évident que dans le passage du Sâma Véda oii se rencon- tre immasi (7), il faut lire minimasi, si l'on veut donner à la phrase un sens intelligible. Au reste, et ceci est (1) Bulletin, ù'^ série, t VII, pp. 182-184 (2) Proceedings at Boston, p. xxxviii. (3) Die Wurzeln, etc., pp. 7, 8. (4) Cfr un travail de M. Edgren lui-même, On the verbal roots of the sanskrit language, p. 20. (o) Wurterbuch zum Rig Veda, p. 218. (6) Das altindische Verbum, p. 155. (7) I, 176 ( 247 ) péremploire, au Rig Véda (1), d'où est tiré le vers repro- duit par le Sâma Véda, le texte porte mimmasi et pour iiaki du Sâma Véda, on trouve nakis^w Rig. Voilà, nous sem- ble-t-il,des présomptions plus que suffisantes pour écarter définitivement des lexiques la l'orme suspecte immasi, qui n'a d'autre origine que Voscitantia librariorum. En ce qui concerne les racines rn et kshin, M. Edgren est d'accord avec nous pour ramener directement les présents rnoti et kshinoli à des thèmes r et kshi. Aussi, M. Whitney, dans sa liste des racines sanscrites (2), range décidément r dans la 5^ classe et ne parle plus même d'une racine rn. Même solution pour A.s/t/?/, qui disparaît également de la nouvelle liste de M. Whitney (5) pour devenir kshi et kM donnant kshinàti de la 9' classe et kshinoti de la 5^ M. Edgren reproduit aussi notre manière de voir quant à la racine ghrn. Nous disions que, parallèlement au thème terminé par une nasale, il existait une forme ghr, cfhar, appartenant à la S' classe. Nous invoquions comme second argument le fait qu'aucun des idiomes apparentés ne laisse voir la nasale. C'est encore cette dernière raison que M. Edgren fait surtout valoir. Avec M. Whitney (4), il constate ensuite que la racine ghr, d'où sont dérivés les termes gharma, ghrna, ghrni, n'a fourni aucune forme (1) X, J54, 6 : Voici le texte en question : Nakir devà mimmasi nakir à yopayàmasi mantraçruttjam caràmasi. On traduirait : « 0 dieux, nous n'empêchons pas, nous ne troublons pas (votre culte), nous marchons dans l'obéissance ». (2) Die Wurzeln, p. 14. (3) Ibid., p. 29. (4) Ibid., p. 43. ( 248 ) verbale. Voilà un second fait acquis : il n'existe pas de racine verbale ghrn. Encore une fois, même conclusion pour la racine trn. M, Whitney ne la recense plus parmi les thèmes de la langue sanscrite. Après tout, elle pourrait bien n'avoir jamais existé que dans l'imagination de Pânini, désireux de donner un radical au mot trna a gazon ». Mais, dans le riche fonds aujourd'hui dépouillé de la littérature san- scrite, Irn, non plus que ghrn, n'apparaît comme racine verbale. Après ces remarques préliminaires, discutons sommai- rement la thèse principale de M. Edgren. IL M. Edgren ne souscrit pas à notre manière de voir au sujet des cinq thèmes suivants de la prétendue hui- tième classe, kshan, tan, man, van, san. Il affirme qu'on a toute raison de soutenir le caractère primitif de la nasale. Observons d'abord que celte affirmation si catégorique est immédiatement tempérée par un correctif qui nous paraît avoir la plus haute importance. En effet, par ce correctif, M. Edgren lui-même limite l'existence de la nasale radicale aux époques où les formes flexionnelles et déri- vatives avaient achevé leur complète évolution. Le savant indianiste américain ne préjuge donc pas la question d'origine, ni celle de la physionomie primitive des racines. Or, précisément, nous avons toujours placé la question sur le terrain des origines, et notre but a été constamment de déterminer la forme primordiale des thèmes de la 8*^ classe. C'est pour cette forme primordiale seulement que nous revendiquions l'absence de nasale radicale. Il nous était ainsi permis de conclure que, par la suite des ( 249 ) temps, une distinction subtile des grammairiens hindous avait seule séparé la 5^ et la S'' classe et il nous était facile de rapporter à la racine primitive les formes non nasali- sées dont l'interprétation continue à diviser les philo- logues. Mais, d'un autre côté, tout en signalant des vestiges non équivoques de thèmes vocaliques, à nos yeux plus anciens, nous disions expressément que, pour avoir établi une présomption en faveur des racines kfisa, ta, ma, va et sa, nous ne prétendions en aucune façon nier que les thèmes nasalisés ks/ian, tan, man, van et san avaient régi la con- jugaison. Cette déclaration revient à plusieurs reprises dans notre deuxième notice. Nous y avons même insisté pour qu'on ne se méprît pas en ce point sur notre pensée (1 ). Toute la question est donc de savoir si la nasale ter- minatrice de tous les thèmes de la prétendue 8^ classe remonte ou non à la première couche de l'idiome hindou. Malheureusement, pour résoudre ce problème, il manque des éléments de solution directe. Les récents travaux aux- quels M. Whitney s'est livré sur l'âge respectif des diffé- rentes formes verbales du sanscrit et dont il a consigné les résultats statistiques dans l'ouvrage déjà cité (2) n'ont abouti à aucune conclusion en ce qui concerne les racines de la 8' classe. M. Whitney, qui n'y range plus que huit thèmes (5), les fait tous remonter à l'époque ancienne de (1) BuUelin, 3« série, t. Vil, pp. 198, 199. (2) Die Wurzelïiy etc. (5) Die Wurzeln, p. 214. Ce sont kr, kshan, Lan, man, van et san de rancienne division. M. Whitney a exclu rn, kshin, ghrn et Un donnés par le Dhàlupatha. In est placé dans la 3<^ classe. En outre, M. Whitney fait une innovation importante en introduisant tr et han dans la h" classe. Nous en reparlerons plus loin. ( 250 ) la langue, en constatant que quatre ont persisté aux époques plus modernes. 11 faut donc chercher ailleurs des inductions. M. Edgren en signale trois qui lui paraissent suffisantes pour mainte- nir le caractère primitif de la nasale. C'est que la nasale apparaît à toutes les formes de la conjugaison, à tous les dérivés et dans les idiomes congénères. Mais, à notre avis, aucune de ces trois preuves ne sau- rait trancher les questions d'une manière péremptoire. Pour ce qui est de la présence de la nasale à toutes les formes verbales, M. Edgren lui-même doit constater deux exceptions importantes : ce sont les thèmes verbaux ter- minés en 'ta, -tvà, -tya et les formes telles que tâyale, sishasati, kshayate. Nous pouvons y ajouter vivàsati, vasl- mahi, sasavàn dont nous avons parlé dans notre deuxième note(l), puis encore akshala, atala, atasi, tauti, amala, sâyàt. Voilà des exceptions assurément trop nombreuses pour confirmer une règle générale. Le savant professeur de Lincoln attribue la première de ces anomalies à la perte de l'accent que fait subir à la racine l'adjmction des suffixes -m, -tvà, -tya. En se dépla- çant, l'accent aurait entraîné l'amincissement de la racine et donné tatà pour tdnta. (1) Voir Bullelin^Z'' série, t. VII, pp. 188, 189. Eu ce qui concerne sasavûn, nous ferons remarquer, ce qui n'a pas été relevé Jusqu'ici, qu'on le trouve sous la forme sasavânt au Taitlirvja-Samhitâ, 4, 2, 3,4, 2. Voir Indische Studien, L XI, p. 539. M. Weber, Ibid., t. XII, p. 19, voit dans ce terme sasavânt l'aflixe tadditha {-vant}] toutefois il trouve étrange cet oxyton avec a thématique, sa- savant, et il renvoie au sasa-van du Rig Véda. Mais p. 87 du même volume, le savant indianiste fait remarquer que sasavûn pourrait bien être un participe parfait et avec Benfey, Glos- sar zum Sumaveda, il renvoie à la racine san. ( 251 ) Or, celte explication nous paraît contredite par les faits. S'il en était ainsi, pourquoi, par exemple, les racines dhvan, kram, çram donnent-elles dhvântà, krântà, çràntà? Là aussi l'accent a passé de la racine sur le suffixe et cepen- dant voyons-nous la nasale disparaître pour cause d'amin- cissement? Nullement; bien plus, au lieu d'un allége- ment, nous avons encore un allongement de la voyelle radicale. Ce n'est pas non plus un amincissement que le changement de l'accent a amené dans/â^â, khâtà, mâtami, vâtâ et scità de /an, khmiy man, van et san. La raison invo- quée par M. Edgren est donc bien faible et, en particulier, elle nous semble démentie à l'évidence par l'emploi simul- tané des deux formes mantavai et mâtavai (1). Pour ce qui est de tayale, sishâsali, etc., M. Edgren nous dit que ces formes n'ont pas d'autre signification que celle de la forme jâyale subsistant à côté de jan. Nous serons très aisément de l'avis de notre savant contradic- teur sur ce point; car tout juste nous nous demandons, et non sans fondement, si le présent jâyate n'atteste pas une forme jâ, coexistant avec jan. M. Edgren a simplement déplacé la question et pour nous, nous n'avons aucune peine à admettre qu'on a khan et khâ, bhan et bhâ, jan etyâ, et, nous allons plus loin, kshan et As/m, tan et là, man et wm, van et ta, san et sa. Ouvrez, du reste, le plus récent catalogue des racines sanscrites dressé par un des maîtres incontestés de la philologie indienne (2). Au témoignage de AL Whitney, il (1) % V>da,VlI,4, 8ell, 164,28. (-2) Die Wurztln, pp. 28,29,60, 62, 155, 185. ( 252 ) existe, à côté de la racine kshan, un autre thème ksha qui a fourni le présent kshâyati et le causatif kshâpayali, ainsi que les dérivés kshâna, kshati, kshâmay kshàra. Il est vrai de dire que M. Whitney fait de kshà une racine distincte de kshan et n'ayant avec elle aucun rapport. Mais d'autres lexicologues, Grassmann et Delbriick par exemple, identifient toutes ces racines : kshà, kshi, kshan, kshin, qui ont d'ailleurs le même sens fondamental. Bien plus, dans son intéressant travail, On the verbal roots of the sanskrit language (I), M. Edgren lui-même rapproche kshi, kshan, ksha et il déclare que cette dernière forme est primitive (2). Pour tan, M. Whitney affirme explicitement la coexis- tence d'une racine ta et il en rapproche même une troi- sième tay. Il en est de même pour van et va (5), san et sa. En second lieu, M. Edgren assure que la nasale se trouve à tous les dérivés des racines kshan, tan, man, van et san. Mais de nouveau, il établit lui-même des exceptions, celles des dérivés en -ti, qui, d'après lui, se sont formés par ana- logie des participes en -ta. A celte exception constatée par M. Edgren nous pouvons en ajouter d'autres. Elles sont réunies dans le tableau sui- vant, où l'on voit d'autres dérivés que ceux en -ti dépour- vus de nasale. (1) Journal of the arnerican oriental Societi/, t. XI, 1879. (-2) Voir pp. 23 et 24. (3) Cfr Regnaud, Mélanges de linguistique indo-européenne, p. 29. M Regnaud considère van comme forme secondaire de va. M. Edgren, On the verbal roots, etc., p. 43, donne m comme racine principale. Il fait de même pour san = sa, p. 47. ( 283 ) KHSAN. TAN. MAN. VAN. SAN, Kshâna. Tâna. Mâna. Yânya. Sâtu. Kshâma. Tânaka. Mânaka. Varna. Sanuka. Kshâra. Tànuka. Mntam. VâvcLta. Sâman. Satvam. Enfin, M. Edgren essaie tle démontrer que la nasale apparaît dans les langues congénères. Il cite comme exemples xt6v-oç; telv-w, len-do, ten-ax, than^jan; fjiev-oç, moU'eOy ga-miin-an ; ven-us. A ces exemples il est facile de répondre par tous ceux que nous avons déjà produits si nombreux dans nos pré- cédentes notices et dans lesquels la nasale n'intervient pas. On a Ix-axa, elc, ska-tha, sc/ia-den; zéza-zoLi, etc.: jjLSjjLaa, etc., oruTOfjLaTo;, r.Xs-jjiaTo;, uiaTeùto, {jLaip.àw, anu-- maiti, ma-mis, màds (1). Nous savons bien que M. Edgren a une réponse toute prête et qu'il nous dira que dans ces cas la disparition de la nasale est due aux causes qui l'ont fait tomber dans le (1) En pariiculier pour les thèmes man eima, on peut consulter avec intérêt la disser.aHoa spéciale de M. Jonas Babad, De grœca radice man, cognatarum linguarum râlions habita. M. Babad est tout à fait de notre avis pour l'interprétation du mot ma-n-us, dont M. Wagener croyait devoir contester l'exactitude comme ne valant ahsolument rien. Voir BiiUefin de F Académie royale de Belgique, t. VII, n" 2, p. 169. 5"" SÉRIE, TOME XI. 25 ( 2S4 ) sanscrit tata, etc. Mais cette réponse demeure forcément insuffisante après les objections que nous avons opposées plus haut à l'interprétation de M. Edgren relative aux participes tata, etc. Après cette discussion détaillée des arguments produits par le savant professeur de Lincoln en faveur de sa thèse, nous croyons avoir le droit de conclure que, pour ne pas dire davantage, le caractère primitif et original de la nasale dans les thèmes kshan, tan, man, van et san demeure en question. M. Edgren n'a certainement pas réfuté l'induc- tion que nous avons tirée de certaines formes caractéris- tiques pour affirmer, à côté des thèmes kshan, tan, man, van et san, l'existence de racines plus primitives ksha, la, ma, va et sa ou du moins kshâ, ta et (ày, ma, va et sa, comme l'admettent M. Delbriick et jusqu'à un certain point MM. Whitney et Edgren eux-mêmes dans leurs ouvrages que nous avons cités (1). m. Pour terminer, nous avons à parler de la confirmation donnée par MM. Edgren, Whitney et Bartholomae à nos idées sur la formation du verbe karomi. Puis nous dirons un mot des deux nouvelles racines, tr et han, que M. Whit- ney vient d'ajouter à la 8^ classe. M. Edgren constate avec nous la flexion anormale de la racine kr et il pense que le fréquent emploi de ce verbe l'exposait à subir des influences dialectales. Quoi qu'il en (1) Pour man = ma, cfr Edgreo, On the 'verbal roots of the sanskrit language, p. 36. ( 235 ) soit, M. Whilney avoue que le passage de krnomi à knromi, kuriife, n'est pas facile à tracer. Il est disposé à voir, ce qui est d'ailleurs fréquent en sanscrit, surtout dans les radicaux secondaires, dans knromi la simple addition d'une lettre intercalaire u. C'est aussi le cas pour tarute venant de ti\ M. Bartholomae s'accorde avec nous pour rejeter la théorie de M. Brugmann sur la formation de karomi, kurmi, el il fait valoir la plupart des objections que nous avons proposées nous-méme (1). Pour M. Bartholomae, tout le secret de la formation de ce verbe doit être demandé à l'analogie. Quand krnomi eut donné cakàra^ cakre et akar, comme tanomi avait fait talâna, latne, atan, on oublia krnomi pour dire karomi, comme on disait tanomi. Quant au thème kurn, en voici la genèse. Il se serait développé aux aoristes athémaliques si nombreux pour la racine kr en sanscrit (2) et en zend (5). Ce serait de l'optatif aoriste kuryàl que Vu aurait pénétré comme suffixe dans la flexion postvédique de la racine kr. Nous aurions bien certaines réserves à faire sur cette théorie, qui, pour plausible qu'elle paraisse, aurait besoin d'être appuyée par une démonstration plus forte. Mais ce n'est pas le moment d'insister. Il suffît à notre but d'avoir constaté avec M. Bartholomae les inconvénients et le peu de solidité du système de M. Brugmann et avec MM. Edgren et Whitney que la racine kr semble difficilement rentrer dans le cadre général des racines de la 8*" classe. La forme tarute qui apparaît une fois dans le Rig Véda (1) Arische Forschungen, 1885, t. II, pp. 86-89. (2) Indische Grammatik, §831. (3) Handbuch der iran. Spr., § 33o. ( 256 ) avait jusqu'ici passablement intrigué les grammairiens. M. Whilney vient de trancher le nœud gordien en rappor- tant celle forme à la S*' classe. Nous n'opposerons à cette décision que la remarque suivante. Si tarute doit être rangé dans la 8" classe, si Vu est ici un véritable suffixe, ce que nous avons de la peine à admeltre, il faut bien garder la 8" classe dans la grammaire sanscrite; car il n'est pas possible de faire rentrer larute dans la 5^ classe. Dès lors disparaît Tidentité de la 5' et de la 8^ classe que les gram- mairiens modernes aiment à enseigner et que M. Whilney insinue plusieurs fois dans sa grammaire, il esl vrai que dans le supplément à sa grammaire (1), il semble revenir sur cette prédilection. Nous avons déjà dit que M. Whilney a découvert une nouvelle racine de la S*" classe, la racine /mn.En effet, dans un passage des Grhyasûtrâni de Paraskara (2), on trouve le présent hanomi. M. Whilney considère cet exemple comme ayant une valeur très contestable (3) ; néanmoins il l'a mentionné dans son ouvrage sur les racines (4). Nous ne partageons pas la manière de voir de M. Whilney et nous croyons que ce présent hanomi, apparaissant dans une formule consacrée, doit avoir une antiquité plus grande que celle du texte des Grhyasûtrâni et une autorité toute spéciale. On en jugera par l'étude du contexte. Il s'agit à cet endroit des formalités à accomplir J30ur recevoir un hôte avec la cérémonie appelée argha (5). Cette (1) Die Wurzeln, p. 2i4. (2) I, 3, 27. , (3) Proceedings de Boston, p. xl. (A) Die Wurzeln, p. 202. (5) On appelle ar^Aa la réception solennelle d'un hôte. Elle consiste à lui présenter, en signe d'honneur, de IVau pour lui laver les pieds. Celte première formalité porte le nom dérivé de arghya. On a longtemps hésité ( 287 ) cérémonie avait lieu, par exemple, quand on reçoit un brahmane qui vient Caire un sacrifice. C'est le cas de notre passage. Au cours de ces formalités, le père de famille saisit un couteau et dit trois fois : gau/i (1). L'hôte répond par le vers VJII, iOl, 15 du l»ig Véda, en ajoutant : marna camushya ca pâpmmam hanortûli, c'est-à-dire « je tue mon péché et celui de cet homme d. La forme hanomi ne vient [)as, comme tarute, opposer un insurmontable obstacle à ridfnlification de la 5" et de la S'' classe. Nous pourrions sans trop de peine lui appli- quer les principes émis au sujet de kshan (2), tan, etc. Car rien n'empêche de rapporter fia'uo-mihho^ classe. Encore une fois, il y a des traces nombreuses d'une racine ha. Citons hafhas, ahata, hâta, halvà, hatya et les dérivés hati, hatha. Le parallélisme de hanmi, hanomi est aussi frappant que celui de kurmi,karomi, cladmi.dadâmi, 11 prouve en faveur de l'antiquité de hanomi, puisque le Rig Véda emploie déjà régulièrement hamni. Pour terminer ces nouvelles observations sur la 8^ classe des verbes sanscrits, précisons l'état actuel de la contro- pour savoir si l'ensemble de la cérémonie se nomme argha ou arghya, parce que les manuscrits confondent souvent ces deux termes. M. Slenzler {Orhyasûtrâni, "2 Hefi, p. 4, en noie, Abhandiungen (1er D. M. G., B. VI, n° 4. Leipzig, 1878) a rélabli la dislinclion exacte d'après Pânini, V, 1, 66 et V, 4, 25. On offrait aussi de l'eau pour rincer la bouche, puis du miel, madhuparka, du lait caillé et du beurre fondu. (1) Gauriti trih prâha. Voir Grhyasûtrâni, Indische Hausregeîn. Sanskrit und deutsch herausgegeben von A. F. Stenzler, II, Pâraskara, 1 Heft, texte, p. 3. Abhandiungen der D. M. G. ; VI B., u« 2. Leipzig, 1876. (2j S'il fallait en croire M. Regnaud, La Question des aspirées en sanskrit et en grec, p. 9 (Annales du Musée Guimet, t. X), /lan, gkaa seraient des variantes de kshan, primitivement 'skhan. ( 258 ) verse, tel qu'il ressort surtout de la récente discussion de Boston. Comme nous, M. Edgren conclut à la suppression de la 8' classe pour en ramener tous les thèmes à la 5*. M. Whitney semble vouloir maintenir la division. Quoi qu'il en soit, parmi les racines mentionnées par le Dhâlupalha, on peut ramener directement r et kslii à la 5^ classe; ghrn et trii n'existent pas; in de inoshi^ inoti, etc., n'est autre chose que i. Si M. Edgren affirme pour les thèmes kshan, tan, man, van et san le caractère primitif de la nasale, nous croyons ne pas devoir renoncer à notre idée de la coexistence de racines vocaliques. Cette thèse peut même s'étendre à la racine han que la forme hanomi relevée par M. Whitney rattache à la 8^ classe. Quanta kr et /r, les avis demeurent partagés et il n'existe pas encore d'explication satisfaisante de leurs formes si variées et si multiples. La Classe se constitue en comité secret pour prendre connaissance de la liste des candidatures aux places vacantes, arrêtée par le comité de présentation. ( 2S9 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 4 mars ^886. M. Alvin, directeur, président de l'Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. C.-A. Fraikin, vice-directeur; Éd. Fétis, le chevalier Léon de Burbure, Ernest Slinge- neyer, Al. Robert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, God. Guffens, Jos. Schadde, Joseph Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier Edm. Marchai, membres; Joseph Slallaert et Max. Rooses, cor- respondants. CORRESPONDANCE. MM. Frédéric Leighton, président de l'Académie royale desarls de Londres, et Alfred Waterhouse, architecte, de la même ville, accusent réception de leur diplôme d'associé. — Le conseil d'administration de l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers adresse le programme du grand concours de gravure qui sera ouvert le 24 mai prochain. — Le comité organisateur de la manifestation en l'hon- neur de M. P.-J. Van Beneden à l'occasion de son cin- quantenaire de professorat à l'Université de Louvain, envoie une liste de souscription pour la médaille d'or à offrir au jubilaire. ( 260 ) RAPPORT. li est donné lecture du rapport de MM. Fétis, Slinge- neyer, Robert, Guffens et Verlal, sur le second envoi-ori- ginal et l'envoi-copie réglementaire de M. R. Cogghe, prix de Rome pour la peinture en 1880. Ce rapport sera transmis à M. le Ministre de l'Agriculture. OUVRAGES PRESENTES. Morren (Éd.). — La sensibilité et la motilité des végétaux, discours. Bruxelles, 1885; in-8° (54 pages). Nolet de Brauwe.re van Sleeland (/.). — Onderteekende velc tegenbemerkingen op naamlooze « Eenige bemerkingen » over L. de Koninck's pseudo epos. Roulers, 1885; ext. in-8° (68 pages). Delbœiif'(J.). — Le parfait grec, sa signification et son emploi. Gand, 1886; in-S" (19 pages). Harlez (C. de). — Grammaire pratique de la langue sans- crite, 2* éd. Louvain, 1885; in-8''(146 pages). Piot (C/f.). — Histoire des troubles des Pays-Bas par Mes- sire Renon de France, tome L — Correspondance du Cardinal de Granvelle, tome V. Bruxelles, 1886; 2 vol. in-4° publiés dans la collection des Chroniques belges inédites. Faider [Ck.) — La cour de cassation, discours prononcé à l'audience solennelle d'installation, le 7 décembre 1885, de M. le conseiller Lclièvre. Bruxelles, 1886; in-8'' (12 pages). Mansion (P.) et Neuberg (/.). — Mathesis, recueil mathé- matique, t. V, 1 885. Gand ; vol. in-8°. ( 261 ) Klément (C.) et Renard {A.). — Réactions microcl;! iniques h cristaux et leur application en analyse qualitative. Liruxelles, 1880;. in-8° (9(; pages, 8 pi.). Delvaux {£.). — Compte rendu de l'excursion de la Société d'anthropoloiçie de Hruxelles à Mesvin et Spiennes, 1885. Bruxelles, 1886; in-8'* (28 pages, caries). Cesàro (G.). — Mémoire sur la reproduction de (juelques phosphates de fer naturels par l'action de l'oxygène de l'air sur unesoluiion ferreuse acide. Liège, 1886;in-8'* (15 p , pi.). Pdque (E). — Note bibliographique sur l'ouvrage de Fran- çois Crépin : Guide du boîaniste en Belgique. Louvain, extr. in-8'' (5 pages). — Les progrès delà botanique. Bruxelles, 4870; extr. in-8" (16 pages). — Note sur le Splachnum sphraericum. Bruxelles, 1884- extr. in-8° (4 pages). — Note sur quelques observations botaniques. Bruxelles , 1884; in-S» (4 pages). — Herborisations de 1881. Gand, 1882; in-8^ (8 pages). — Recherches pour servir à la flore cryptogamique fie la Belgique. Bruxelles, 1885; in-8° (50 pages). — Additions aux recherches pour servir à la flore crypto- gamique de la Belgique. Bruxelles, 1886; exir. in-8° (7 pages). — Nouvelles recherches sur la flore belge. Bruxelles, 1885; extr. in-8'' (15 pages). — Note sur les mouvements des pollinies chez les Orchi- dées. Bruxelles, 1885: in-S" (4 pages). Pâque (E.). — Deuxième note sur les mouvements des pol- linies chez les Orchidées. Bruxelles 1885; extr. in-8° (7 p.). — Quelques observations botaniques faites en 1885. Bruxelles, 1886: extr. in-8° (5 pages). Altmeyer {J.-J.). — Les précurseurs de la Réforme aux Pays-Bas, tomes I et IL Bruxelles, 4886; 2 vol. Jn-8" (ouvrage posthume). 3"^ SÉRIE, TOME XI. 24 ( 262 ) Reusens {Le chan.). — Éléments d'archéologie chrétienne, 2"'* éd., tome II cl dernier. Louvain, 1886; vol. in-S". Bonnewijn (//.). — L'épilepsie et son moyen curatif, avec une introduction par M. le D"^ Hubert Boëns Charleroi, 1886; in-8' (20 pages). Ministère de la Guerre. — Catalogue de la Bibliothèque, l"^" partie : 1" supplément. Bruxelles, 1886; in-S". Musée de V Industrie. — Bulletin, t. LXXXIV, 1885, novem- bre et décembre. Bruxelles, 1885; in-8°. Allemagne. Universitdt zu Tûbingen. — Inaugural- Disserlalionen, 1884-85 (36 br. in -8° et in-4*'). Physikal.-medicin. Gesellschaft, Wiirzburg. — Sitzungs- berichle, 1885; in-8''. Nassauischer Verein fur Naturkunde. — Jahrbiicher, 1885. Wiesbade; in-8°. K. stalist. topogr. Bureau. — Vierteljahrshefte, 1885. Stuttgart; vol. in-8°. Germanisches Muséum. — Mittheilungen, Band I, "2 Anzei- ger, Band I, 2. Nuremberg; in-8". Scnckenbergische naturforschende Gesellschaft. — Bericht, 1885. — Reiseerinnerungen aus Algérien und Tunis, von D"^ Kobelt. Francfort-sur -le-Mein, 1886; in -8**. France et Algérie. Hèron-Royer. — Observations relatives à la ponte du Bufo vulgaris et aux couches protectrices de Fœuf des batraciens. Bruxelles, 1885; extr. in-8" (14 pages, 1 pi.). — Note sur les amours, la ponte et le développement du DiscoGLOSSE, suivie de quelques remarques sur la classification des Anoures. Meulan, 1886; extr. in-8*' (18 pages, pi.). ( 263 ) Drivai {Le chan. E. Van). — Histoire de Charlemagne. Amiens, 1884; vol. in-8° (296 pages). Richard (/.). — Recherches physiologiques sur le cœur des Gastéropodes pulnionés. Clermont-Ferrand, 1886; extr. in-8*' (16 pages). Bracqiiemont {Léopold de). — Lettres sur l'art de la pein- ture et les principaux peintres des diverses écoles (du XIV* au XIX* siècle). Montdidier, 1886, in-18 (138 pages). Bonaparte {Le prince Roland). — Note sur les récents voyages du D"^ H. Ten Rate dans l'Amérique du Sud. Paris, 4886; in-4'' (Il pages). — Le^ récents voyages des Néerlandais à la Nouvelle-Gui- née. Versailles, 1885; in-4" (16 pages, carte). Franck {Ad.). — Philosophie du droit civil. Paris, 1886; in-S*» (292 pages). Delpech {Henri). — La lactique au XIII*^ siècle, tomes I et II. Paris, 1886; 2 vol. in-8** avec cartes et plans. Vial [Louis-Charles- Emile). — La chaleur et le froid, 3* suppl. : attraction moléculaire. Paris, 1885; in-8° (150 p.).. Carapanos {Constantin). — Dodone et ses ruines, texte et planches. Paris, 1878; 2 vol. in-4''. Ministère de la Guerre. — Catalogue de la Bibliothèque, t. III. Paris, 1885; in-8°. Société havraise d'études diverses. — Recueil, 1880-1884. Le Havre, 1884; 2 vol. in-8°. Société linnéenne de Bordeaux. — Actes, vol. XXXVIIÏ, 1884; in-8°. Société des amis des sciences naturelles, Rouen. — Bulletin, 1885, 1" semestre. In-8". Société libre d'émulation, Rouen. — Bulletin, 1884-85, 2« partie, ln-8^ Académie de Stanislas, Nancy. — Méjnoires, 5" série, t. IL ln-8°. Académie d'Hippone. — Bulletin, n" 21, fascicule 1. Bone, 1885;in-8°. ( 264 ) Académie de Dijon. — Mémoii-es, i883-84. In-8\ Société des antiquaires de Picardie. — Mémoires, S'' série, t. VIIJ. Amiens, 188o; in-8°. Académie nationale de Reims. — Travaux, vol. LXXV, 1885-84. In-S". Comité international des poids et mesures. — Procès-ver- baux des séances de ] 884. Paris, i 885 ; in-8*. Société d'émulation de Cambrai. — Mémoires, t. XL, 1885-84. Cambrai, 1885; in-8». Musée Guimet, Lyon, —Annales, t. VIII. Revue de Thisloire des religions, t. XI, 5; XII, 1. Paris, 1885. Société archéologique, historique et scientifique de Soissons. — Bulletin, t. XIV. 1885; in-8^ Ecole polytechnique, Paris. — Catalogue delà Bibliothèque. Paris, 1881; vol. in-8^ — Journal, 55^ cahier. Paris, 1885; in-4". Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux. — Mémoires, 5* série, t. I; II , 1 avec deux appendices. Académie nationale des sciences ... de Caen. — Mémoires, 1885. In-8°. Académie des sciences, des lettres et arts d'Arras. — Mémoires, S'' série, t. XVI. In-8°. Société des études historiques. — Revue, 4* série, t. IIÏ, 1885. Paris; in-8°. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon. — Procès-verbaux et Mémoires, 1884. Besançon; \n-S\ Société d'émulation du Doubs. — Mémoires, 5'sér., vol. IX, 1884. Besançon, 1885; in-8°. Société archéologique du Midi de la France. — Bulletin, 1884-85. Mémoires, t. XIII, 5Mivr. Toulouse; in-4°. Ministère de l' Instruction publique, Paris. — Collection de documents inédits : 1" série, histoire. Procédures politiques du règne de Louis XII (de Maulde).In-4''. Mission scientifique du Cap fforn, iSS^-Sô , tome II, météo- rologie, par J. Leplay. Paris, 1885; vol. in-4". BULLETIN DR L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 4886. — No 4. CLASSE DES SCIEUCES. Séance du 3 avril i886. M. Éd. Mailly, directeur. M. LiAGRÊ, secrétaire perpétueL Sont présents : MM. Jos. de Tilly, vice-directeur; J.-S. Stas, L.-G. de Koninck, P.-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Longchamps, Melsens, J.-C. Houzeau, G. Dewalque, H.Maus, E. Candèze,F. Donny,Ch.Monligny, A. Brialmont, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, G. Malaise, F. Folie, Fr. Crépin, Ch. Van Bambeke, Alf. Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, membres; E. Catalan, Ch. de la Vallée Poussin, associés; M. Mourlon, A. Renard, P. De Heen et G. Le Paige, correspondants. S"' SÉRIE, TOME XI. 25 Avis pour le relieur : Par suite d'une erreur coniiiiise par le typogr.(2); ju moins quand f[x) esl un polynôme entier ("*). Les coeffi- cients /"(a, 6), /"(a, 6, c), ... appelés, par Ampère, fonctions interpolaires, sont des fractions rationnelles; savoir : /Y l^ ^(^^ f'^^^ a — h b — a Quand /"(x) n'est plus un polynôme entier, la formule (2) doit être complétée par un reste, dont Cauchy a trouvé une expression, analogue à la forme ordinaire du reste, dans la série de Taylor (";). IL La formule (2) ne diffère pas, au fond, de la formule de Lagrange : f{x) = f(a) 1- fib)--. ; 1 — (o); '^ ^ '^ ^[a — b)(a — c)... '^ '{b-a){b — c).,. ^' et V identification des deux se fait à vue. D'un autre côté, (*) Principes de la Philosophie naturelle, traduction de M">« du Chas- lellet, t. Il, p. 120. Je dois ce renseignement bibliographique à M. Mansion, ainsi que la plupart de ceux qui vont suivre. (*•) Cauchy, Comptes rendus, t. XI, pp. 785 et suivantes. (***) Annales de Gergonne, t. XVI, pp. 320-349; Lacroix, Calcul des différences, t. III, p. 51. Ce savant Géomètre, ordinairement si exact, ne ciie ni Newton ni Ampère. (") Loc. cit. ( !27-i ) depuis Cauchy, la formule (5) se démontre en quelques instants ('). Au lieu de faire servir la formule de Newton à l'expo- sition de la formule de Gauss, ne serait-il pas plus court de conclure celle-ci de la formule de Lagrange? Je sou- mets la question à mon savant et honorable Confière. III. Supposant ,, , AX)-A^) * ^^) = -^ — :;—> A X M. Mansion donne, sous forme d'intégrale définie, l'ex- pression, simple et remarquable, de V(x). Partant de là, il met, sous une forme semblable à la précédente, la dérivée p'^"* d'une fonction interpolaire quelconque. Dans l'une des deux méthodes employées, un point m'a paru contestable. A propos d'une intégrale imaginaire A, M. Mansion dit, à peu près : « elle diffère, aussi peu quon le veut, de l'intégrale imaginaire B ». A proprement parler, la différence entre deux imaginaires n'est ni grande ni petite; mais, dans le cas particulier dont il s'agit, la phrase critiquée a une définition : elle est donc admissible. IV. La formule de Gauss, étudiée et perfectionnée par notre Confrère, donne la quadrature (exacte ou approchée) des courbes paraboliques, représentées par y = Ao x" -♦- A, x""* -+- . . -f- A,,. Le Géomètre de Gœttingen s'est proposé, surtout, cette (*,i Manuel des Ca7ïdidats à l'École polytechnique, 1. 1, p. ;ào5. ( "273 ) question : « Comment doit-on prendre les abscisses a, b, c, ... k, pour que l'erreur, provenant de la formule ap- proximative, soit un minimum? (') » M. Mansion fait, pour la formule de Gauss, ce qu'ont fait Laplace et Liouville pour la série de Taylor; c'est-à- dire qu'au moyen des résultats trouvés ou rappelés au commencement de son Mémoire, notre Confrère complète, par une intégrale définie, cette formule de quadrature, laquelle devient applicable, ainsi, aux courbes non para- boliques. V. Il y a bien des années, xMalmestein a publié, dans le Journal de Crelle, une démonstration de la formule som- matoire d'Euler, avec une expression du reste, sous forme d'intégrale définie. N'y aurait-il pas lieu de comparer la formule d'Euler, perfectionnée par Malmestein, avec la for- mule de Gauss, perfectionnée par M. Mansion? Voilà une question qui me paraît intéressante. Notre Confrère est fort en état de la résoudre. VI. En résumé, le nouveau travail de M. Mansion est, à mon avis, très digne d'être approuvé par TAcadémie et imprimé dans l'un de ses recueils. La Classe adopte ces conclusions, auxquelles MM. de Tilly et Le Paige se sont ralliés. {•) Voir, par exemple, la Noie inlilulée : Sur la quadrature des courbes paraboliques {Académie de Belgique, Mémoires iu-4% t. XLIII); et, dans la Nouvelle Correspondance mathématique (t. VI), l'analyse d'une com- munication faite au Congrès de Reims. Je crois pouvoir rappeler que ma formule (?) est plus simple que celle de Gauss. (274) Réclamation de priorité (1). M. G. Chicandard, pharmacien de 1'^ classe, à Paris, avait adressé la lettre suivante à TAcadémie. Paris, le 1" mars 1886. « Monsieur le Secrétaire, Je lis dans la Revue scientifique du 27 février 1886 que M. Emile Laurent, professeur à l'École d'horticul- ture de Vilvorde, a adressé à l'Académie royale de Bel- gique un travail dans lequel il annonce la découverte du microbe de la fermentation panaire. Permettez-moi de revendiquer la priorité de cette découverte. J'ai exposé la théorie complète de la fermentation panaire dans un mémoire que M. le D"^ Méhu, votre correspondant, a adressé en mon nom à l'Académie royale de médecine (2) à la date du 27 octobre 1885, et dont vous avez bien voulu m'accuser réception à cette époque. Voici d'ailleurs la copie des conclusions dudit mémoire : 1° La fermentation panaire ne consiste pas dans une hydratation de l'amidon suivie d'une fermentation alcoo- lique; (1) Celle réclamation, adressée à rAcaciémie royale de médecine, vise un iravail publié par TAcadémie des sciences. (2) Séance de l'Académie royale de médecine du 27 oclobre 1883: M. Méhu présente au nom de M. Chicandard un exemplaire de son travail inlitulé : La fermentation panaire. ( 275 ) â** Elle nVsl pas déterminée par un saccharomyces; 3" La matière fermenlescible est le gluten. Le gluten est rendu assimilable pour le microbe, grâce à une zymase sécrétée par celui-ci, cette zymase le rend d'abord soluble, puis Fhydrate en produisant de la peptone. Le microbe assimile cette peptone et fournil des pro- duits d'excrétion nombreux : acide carbonique, hydrogène, azote, alcool,acide acétique, acide butyrique, acide lactique, leucine, lyrosine et phénol; 4" Mamidon cru n'est modifié ni par le microbe, ni par la zymase, la cuisson seule forme de l'amidon soluble des erythrodextrines et des achroodextrines. Ces dexlrines se rencontrent surtout dans les parties les plus chauffées; 5° L'agent de la fermentation panaire existe normale- ment dans le grain de blé sous forme de sphaerobactérie mobi'e, c'est le Microzyma glulinis; il évolue à la longue en nacillus glulinis et cette évolution est accélérée par les albuminoïdes solubles que renferme la levure des boulan- gers J'espère, Monsieur le Secrétaire, que vous voudrez bien faire droit à ma réclamation et vous prie d'agréer l'assu- rance de ma respectueuse considération. G. Chicandaud. V La Classe ayant renvoyé cette réclamation à MM. Crépin etGilkinet, qui avaient examiné le travail de M. Laurent, celle-ci a donné lieu aux rapports suivants : ( 276 ) Sur une réclamation de priorité de M. Chicandard a propos d'un travail de M. Emile Laurent. Mt appoint de Jf. C»*épin, pt'einiet* conttttigaaife. « Dans une lettre qu'il vient d'adresser à l'Académie, M. Chicandard revendique pour lui la découverte du mi- crobe de la fermentation panaire, contestant ainsi la nou- veauté des observations que M. Emile Laurent a faites sur ce microbe et qu'il a exposées dans une notice publiée dans le tome X, n*» 12 (1885) du Bulletin de l'Aca- démie. M. Chicandard paraît n'avoir pris connaissance de la notice de M. Laurent que par un résumé qu'en a donné la Revue scientifique dans son n° 9 du 27 février dernier, p. 204. S'il s'était donné la peine de lire le travail de M. Laurent, il aurait immédiatement reconnu que les recherches exposées par celui-ci sur l'origine et la nature de la bactérie de la fermentation panaire ont donné des résultats tout à fait différents de ceux relatés par lui dans une notice intitulée : La fermentation panaire [Moniteur scientifique. Quesneville, 1885). Quant à la simple question de priorité de la découverte du microbe de la fermentation panaire, on peut faire remarquer à M. Chicandard qu'il n'a pas été le premier à observer ce microbe, que, dès 1876, M. Pasteur en avait déjà signalé l'existence. La réclamation de M. Chicandard n'a aucune raison d'être et M. Laurent conserve entièrement le mérite d'avoir précisé la nature de la bactérie de la fermentation panaire et d'avoir fourni les premières connaissances sur son cycle d'évolution. » ( 277 ) Rappot't de M. Gilhittetf second cont*ni»anife , « J'ai relu très attentivement le travail de M. Chican- dard et celui de M. Laurent. Le premier s'occupe spécia- lement des phénomènes chimiques de la panification, le second, des phénomènes biologiques auxquels elle doit son origine. M. Chicandard a déterminé soigneusement les dif- férents produits de la fermentation panaire; M. Laurent s'est surtout imposé comme tâche de cultiver et d*éludier la bactérie qui donne lieu à cette fermentation. Seul le § IV du travail de M. Chicandard présente une certaine ressemblance avec l'élude de M. Laurent. Dans ce chapitre, en effet, M. Chicandard attribue la fermentation panaire à l'action d'une bactérie; mais j'ajouterai, avec l'honorable premier commissaire, quel'onne peutaccorder à cet auteur le mérite de la découverte du microbe panaire. Dans sa chimie biologique, imprimée avant l'opuscule de M. Chicandard, Duclaux dit en propres termes (1) : a La fermentation panaire n'est pas une fermenta- » tion alcoolique, comme on le croit d'ordinaire, en se » fondant sur ce que le boulanger peut faire lever sa pâle, » en y mélangeant de la levure de brasserie ou de la » levure pressée. Le rôle de celle levure est inconnu. Ce » qu'il y a de sûr, c'est qu'elle ne se développe pas et » qu'il n'y a jamais de trace d'alcool formé ni dans le » levain, ni dans le pain. On y trouve, en revanche, lève- » toppés par milliers, des bâlonnels de diverse nature et (1) Duclaux, Chimie biologique^ dans V Encyclopédie chimique de Frémy. Paris, 1883, pages 584 el S83. ( 278 ) D de diverse grandeur, auxquels il faut attribuer le déga" » gement gazeux qui gonfle la pâte. Ces êtres sont, en » apparence, les mêmes que ceux que l'on rencontre dans » le levain de boulangerie et qui est formé de pâte aban- » donnée à elle-même, sans aucune addition de levure. D Les germes de ces êtres microscopiques sont sans doute » apportés en quantité suffisante par la farine, et pro- » viennent, comme ceux qui président à la formation de D la Chicha, de la surface du grain. Peut-être y en a-l-il » qui, accidentellement, donnent de l'alcool; mais ce que » je peux affirmer, c'est que la fermentation panaire n'est p pas une fermentation alcoolique produite par la levure » de bière » Il me semble impossible qu'en présence de cette note, M. Chicandard réclame la priorité de la découverte de la bactérie panaire. Quant au développement de l'organisme lui-même, M. Chicandard le décrit tout autrement que M. Laurent. Ce dernier, conflrmant les idées de Duclaux, trouve le bacille à la surface des graines de céréales; le premier croit l'avoir découvert à l'intérieur des cellules, sous forme de granulations auxquelles il donne le nom de Microzyma glutinis. Ainsi donc, à l'exemple de Béchamp, dont il déclare adopter les idées , M. Chicandard considère le Microzyma comme la première étape de l'organisation des substances albuminoïdes; en poursuivant son évolution, il se transformerait en Bacillus glutinis, qui leprésente très probablement les bâtonnets signalés par Duclaux et le Bacillus panificans de M. Laurent. Comme on le voit, les deux auteurs ont des vues diffé- rentes au sujet de l'origine et du développement de l'or- ( 279 ) gauisme qui produit la fermentation panaire. J'ajouterai que M. Laurent a étudié la maladie du pain visqueux et qu'il Tattribue à l'action de son Bacillus panificans, M. Chicandard ne s'occupe pas de cette question. En résumé, je crois, avec l'honorable premier commis- saire, que M. Chicandard n'est pas fondé à formuler une réclamation de priorité; tout au plus pourrait-il prétendre à la priorité du nom de Bacillus glutinis qu'il a donné à l'agent de la fermentation panaire, et encore, ainsi que je l'ai fait remarquer ci-dessus, le Bacillus glulinis ne repré- sente-t-il qu'une phase de l'évolution de l'organisme décrit par lui. » La Classe a adopté les conclusions de ces deux rapports. Sur le calcul approché de certaines intégrales définies^ par J. Deruyts. Rapport de Bi, C, EjC Paige. « La note présentée à l'Académie par M. Deruyts se prête difficilement à l'analyse : elle est en effet destinée à faire connaître succinctement les résultats essentiels des recherches que poursuit l'auteur et ne consiste pour ainsi dire qu'en formules analyiiques. Notre jeune collègue de Liège s'est inspiré de la méthode suivie par M. Hermite pour la démonstration des résultats dus à Gauss. ( 280 ) Il fait observer que l'on peut écrire a . I = * comme formule approchée de Tintégrale qui figure dans le premier membre, en ne négligeant que les puissances de X dont le degré est supérieur à 2„ — 1, si les quantités «,. sont les racines d'une équation P„ == 0, du n^ degré, les polynômes P^ satisfaisant à la condition a Ces fonctions P„ comprennent donc, comme cas parti- culier, les fonctions X„ de Legendre. Il examine ensuite ce que devient cette formule d'ap- proximation lorsque /"(x) satisfaite des conditions données ou possède une forme spéciale. Dans ce dernier cas, il montre que Ton peut introduire, comme fonctions P„, les polynômes U„ de M. Flermite, ou certaines fonctions analogues aux polynômes R„ consi- dérés par M. Radau et donne en outre, sous forme explicite, les coefficients A,. Ce travail me paraît digne à tous égards d'être approuvé par l'Académie; en conséquence, je propose à la Classe d'en ordonner l'insertion au Bulletin de la séance en invi- tant l'auteur à poursuivre ses recherches. » La Classe adopte ces conclusions, auxquelles M. Catalan se rallie. ( 281 ) COMMUiNïCATIONS ET LECTURES. Sur quelques ossements de Cétacés recueillis au pied du Caucase; par P.-J. Van Beneden, membre de l'Académie. A quelques mois de distance, j'ai reçu des ossements de Cétacés fossiles du bassin géologique de la mer Noire, recueillis dans deux localités différentes. Ils présentent le plus grand intérêt, en ce qu'ils nous permettent de recher- cher jusqu'à quel point les Célacés dont nous trouvons les restes dans les couches tertiaires des environs d'Anvers étaient ou non identiques à ceux qui, à la même époque, hantaient les eaux de la mer iNoire. Le premier envoi est du professeur Dames, de Berlin: il consiste en une portion de crâne et la base du rostre d'un même animal, avec quelques vertèbres recueillies, à la même place, au pied du Caucase, à l'est de Wladikaw- kas. — Le savant professeur de paléontologie m'envoie ces objets en communication et m'engage, s'ils olFrent quelque intérêt scienlitique, à en faire l'objet d'une note pour la Société géologique de Berlin. Le second envoi est du professeur Bogdanow, de l'Uni- versité de Moscou : il se compose d'une colonne vertébrale presque complète, de fragments de côtes, d'omo[)late, de radius et d'humérus, recueillis, m'écrit i\I. Nicolas Zaga- rolT, dans le lit de la rivière Kouban, qui traverse la pro- vince des Cosaques de la mer Noire. Ces ossemen ts se rapportent à u ne même espèce de Cétacé, le Cetotherium Rathkei de Brandi, et ils me permettront de donner les véritables caractères des Cetotherium. S""' SÉUIE, TOME XI. 26 ( 282 ) Ces Cétacés sont bien, comme Rathke et Brandt l'avaient dit, des Baleines de petite taille; mais le directeur du Musée de Saint-Pétersbourg a méconnu la disposition véritable des évents et a eu tort de placer les fosses nasales au-dessus du corps de l'Ethmoïde. Les conduits des évents sont disposés, comme dans les autres Cétacés, non pas au-dessus de l'Ethmoïde, mais à droite et à gauche de cet os médian, et leur direction est à peu près horizontale, comme dans les Balénides, et non pas verticale, comme dans les Ziphioïdes et les Delphinides. Les vertèbres présentent également un haut intérêt; il ne serait pas possible de les confondre avec des vertèbres de Tun quelconque de nos Cétacés fossiles; d'abord les épiphyses sont fort minces, surtout sur les bords, et l'arc neural aussi bien que les apophyses sont tous notable- ment plus épais que dans nos Cétacés; les Cetolherium se rapprochent des Pachy acanthes du bassin de Vienne aussi bien par les apophyses des vertèbres que par leur canal neural, qui se rétrécit de manière à oblitérer plus ou moins le passage de la moelle épinière. Nous avions cru un instant devoir placer quelques-uns de nos Cétacés fossiles dans le même genre que ceux de la mer Noire ; mais l'étude des pièces que nous venons de recevoir justifie pleinement la séparation que nous avons proposée dernièrement. Les Cétacés qui habitaient le bassin de la mer Noire et de la mer Caspienne, à la même époque où d'autres Cétacés remplissaient l'estuaire du bassin d'Anvers, ont laissé leurs os au nord jusqu'en Bessarabie el ces petites Baleines remontaient la vallée du Danube jusqu'en Bavière, au Wurtemberg et en Suisse. Les nom- breux Siréniens dont on trouve les restes dans le bassin de Mayence étaient directement en communication, non avec la mer du Nord, mais avec la mer Noire. ( 283 ) Tous ces Cétacés existaient bien à la même époque, c'esi-à-direà la fin de l'époque miocène, mais ilsdififéraienl, nous pouvons bien le dire maintenant, des Cétacés de nos bassins septentrionaux. Nous nous bornerons à celte communication, espérant, d'ici à peu de temps, pouvoir donner un résumé de nos recherches sur les ossements qui composentces deux envois. Notice sur les roches draguées au large d'Os tende; par A.-F. Renard, correspondant de l'Académie. Dans la communication faite à l'Académie par M. Éd. Van Beneden sur les recherches entreprises à la station biolo- gique d'Ostende pendant la campagne de 1885 (1), notre savant confrère a signalé, d'après les observations de M. le capitaine de vaisseau Petit, l'existence au large d'Ostende d'un grand amas de blocs pierreux qui s'étalent en traînée sur plusieurs milles. Ce banc de fragments de roches est remarquable au point de vue de la richesse faunique; il n'était pas indiqué sur les cartes marines, j\J. Petit Ta relevé récemment. Pendant l'été de 1884, M. Van Beneden a examiné avec soin tous les blocaux et galets retirés du fond de la mer. Il en a conservé un grand nombre choisis parmi les matériaux dragués; il m'a offert d'en faire l'exa- men au point de vue lithologique en attirant mon attention sur l'intérêt qui s'attache à la détermination positive de leur origine. L'étude des conditions du gisement et les carac- tères des roches draguées durant ses diverses campagnes à la station d'Ostende, avaient conduit M. Éd Van Bene- den à penser que ces fragments venaient de la Manche. (1; Compte lendu sommaire des recherches entreprises à la staiion biologique d'Ostende pendant les mois de l'été 1883. Bultelin de l'Aca- démie royale, i885, n" 11, p. 438. ( 284 ) En me demandant d'examiner ces matériaux, notre savant confrère m*exposa cette manière de voir : je ne la partageais pas au début; mais j'y fus amené ensuite par l'étude de ces échantillons. Dans la notice que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, je ne fais que con- firmer par les détails lithologiques l'interprétation que M. Éd Van Beneden m'avait fait connaître en me confiant la détermination de quelques-unes des roches qu'il avait recueillies au large d'Ostende. Il est de mon devoir aussi de reconnaître l'extrême obligeance avec laquelle mes savants amis MM. Barrois et H. Reusch m'ont fourni des matériaux de comparaison et des renseignements bien précieux pour la détermination des roches que j'avais à décrire. Nous avons dit ailleurs (I) les difficultés que présente la détermination géologique des pierres draguées sur le fond de la mer; ces roches sont souvent profondément altérées par les agents de transport et par l'action chimique de l'eau de mer; elles sont hors de leurs relations stratigra- phiques, mélangées pêle-mêle à des blocs d'âge et de com- position entièrement différents. D'un autre côté, dans un même gisement de blocs sous-marin, on en trouve dont le mode de transport est aussi énigmalique que le lieu d'origine. Les incertitudes qu'amène l'étude des amas sous-marins de débris de roches, et contre lesquelles nous avons eu souvent à lutter M. Murray et moi dans l'examen des son- dages océaniques, se sont représentées, dans une certaine mesure, lorsqu'il s'est agi de déterminer les roches dra- guées en rade d'Ostende. Nous avons retrouvé, dans cet amas, des pierres appartenant aux différentes formations géologiques et d'une grande variété de structure et de (I) J. Murray et A. -F. Renard, On the Nomenclature, Origin and Dislribution of Deep-Sea Deposits. ( Proc. Roy. Soc. Edinb. ,1883, p. 496.) ( 285 ) composition. Toutefois, en s'appuyanl sur les analogies que présentaient certaines roches du littoral du Boulon- nais, il a été possible, dans la majorité des cas, de con- clure avec probabilité à leur nature et à leur lieu d origine. D'autres roches draguées en vue de notre littoral, appar- tenant à la série cristalline ancienne, doivent avoir été apportées de régions plus éloignées à leur gisement actuel ; nous dirons tout à l'heure les conclusions auxquelles on peut arriver relativement à ce point. Avant d'aborder cette partie du travail, voyons quels sont les caractères externes des roches que nous avons examinées. De tous ces échantillons, au nombre d'environ cinquante, nous en avons observé relativement peu qui présentaient nettement l'aspect de galets; sauf les nodules de silex cré- tacé, dont il sera question tout à l'heure et qui doivent leur forme arrondie au concrélionnement originaire, presque tous les autres sont à arêtes assez vives. C'est |)rincipale- ment le cas pour les blocs du type granitique. Si certains fragments de calcaire sont à bords émoussés, on ne doit pas, à notre avis, l'aire intervenir les agents mécaniques de transport pour expliquer celle forme à arêtes arrondies : la décomposition de ces roches, plus facilement attaquables, donne une interprétation suffisante des faits. Tous ces blocs sont revêtus d'une couche épaisse de bryozoaires, de serpules, d'alcyons, etc.; dans certains cas, cet enduit a plusieurs centimètres d'épaisseur. On remarque, au sujet de cet enduit de calcaire organique récent, plusieurs points qu'il n'est pas sans intérêt d'indiquer ici : on voit d'abord que ces organismes incrustent toutes les surfaces des blocaux; ce fait, qui n'a rien d'analogue avec ce que nous observons dans les roches des mers profond<'s où nous avons trouvé qu'une seule surface était revélue d'orga- nisme, celle qui lui était opposée étant enfoncée dans la ( 286 ) vase, ce fail, diso!ts-nous, permet de déduire que ces blocs sont amoncelés les lîiis sur les autres à un point de h mer où il ne se fail pas de dépôt sensible et permanent de matières sableuses ou argileuses. Cet enduit de calcaire nous donne en même îemp> la preuve que ces cailloux ne sont plus aujourd'hui Tobjet d'aucun transport. Comme il était imporiant d'étudier atienlivement la surface des pierres ainsi incrustées de calcaire, nous avons soumis des blocs de granité à l'action de l'acide chlorhydrique dilué. Disons (ont de suite qu'après cette opération les échantil- lons, examinés à l'œil nu ou à la loupe, n'ont pas montré de traces de stries glaciaires. Roches cristallines. — Los blocs des roches de ce type sont, après les nodules de silex, les plus nombreux parmi les échantillons dragués ; ils varient beaucoup quant à leur volume : quobjups-uns atteignent environ 35 centi- mètres, d'autres ont 20 centimètres, d'autres enfin sont beaucoup plus petits. Ces blocaux sont en général angu- leux, quelquefois les arêtes sont émoussées; mais c'est moins l'usure que l'altération qui a déterminé ces formes légèrement arrondies sur les bords. Les plus volumineux sont entièrement recouverts d'un épais enduit calcaire dotii il fut question tout à l'heure. On peiil rapporter ces roches cristallines au granité et à ses roches de contact, aux syénites, aux diorites quartzifères et aux porphyres. Granités. Les blocs les plus fréquents et les plus volu- mineux sont d'une roche à structure granitique porphy- roide, à très gros grain?, où dominent de l'orlhose rou- geâtre, du plagioclase, du quartz plus ou moins opalin, du mica noir et parfois de l'amphibole. On voit au premier coup d'œil que cette roche est identique au type désigné sous le nom de granité de Cherbourg; c'est le granité du ( 287 ) Cotenlin à lexlure porphyroïde, auquel Élie de Beaumont et Dufrénoy donnent, sur la carte géologique de France, Tappellation de granité stjéniiiqiie. Cette roche constitue, en particulier, les masses granitiques qui affleurent près de Cherbourg. On trouve aussi un granité analogue sur les côtes de Bretagne; mais on en observe de nombreux affleurements le long du cap de la Manche, où il prend un très grand développement {!). Quelques échantillons, moins volumineux, montrent un grain plus (in, et beaucoup plus d'éléments noirs, mica et amphibole; la leinte rosée persiste toujours. On peut les considérer comme une variété bien connue du granité syénitique des auteurs de la carte de France et qui se rattache au granité de Cherbourg. Parmi les blocs dragués à Ostende se trouvent des fragments d'une roche granitique qui est à rapprocher de celle désignée sous le nom de syénite de Coutances. En admettant que les granités dont il vient d'être question soient bien ceux de Cherbourg, on peut s'attendre à trouver ici la roche de Coutances. Cette pierre, qui forme des falaises près de cette localité, est considérée par les géologues français comme étant associée d'une manière constante avec le granité de Cherbourg; elle ne se retrouve pas aveclegranitedeViredont nous allons parler. Les frag- ments dragués an large d'Ostende qu'on peut rapprocher de la syénite de Coutances sont d'un grain assez fin, de ( 1 ) « Le granité el les roches qui y sont associées constituent la pointe ï de Cherbourg. Le phare de BarHeur et celui de la Hague sont construits » sur des roches de celle nature : ou en trouve encore quelques témoins » le long de la côte du Cotenlin, à Flamanville el près de Coutances. Le » granité cesse pendant quelques lieues, puis il forme toutes les côtes de » la Manche depuis Avranches jusqu'à Brest, et celles de l'Océan depuis » ce porl jusqu'à l'embouchure de la Loire. » Dufrénoy el Élie de Beau- mont, Explication de la carie géologique de la France, t. I, p. 181. ( 288 ) couleur gris-bleuâtre; à l'œil nu on y observe des petits cristaux de feldspath, de l'amphibole, du quartz, de la pyrite. Associés aux blocs granitiques que nous venons de décrire, se trouvent des blocs moins volumineux d'une roche de même type; elle est de couleur grisâtre à élé- ments moins développés, à structure graniloïde, avec plages de feldspath et de quartz et où le mica noir est très abondant. Si l'on cherche des rapprochements avec les roches de la Manche, on reconnaît dans ces blocs une analogie parfaite avec l'une des roches les plus répandues dans cette région : le granité de Vire. Des masses grani- tiques, identiques au point de vue lithologique, affleurent non seulement en de nombreux points de la côte française, elles constituent en outre le groupe des îles Chausey; ces îles nous présentent des phénomènes de dénudation qui pourraient très bien se concilier avec l'apport de ces frag- ments granitiques (1). Ce qui paraît devoir justifier l'assimilation au granité de Vire des blocs de granité gris dragués près d'Ostende, c'est que parmi les fragments il s'en trouve dont les caractères pétrographiques sont les mêmes que ceux des roches qui accompagnent presque toujours le granité de Vire. On sait que ce granité est associé à des roches métamorphiques se rattachant aux cornéetines des litho- logistes français. Or, parmi les échantillons qui ont été soumis à l'étude on a pu en constater deux qui sont du type des cornéennes. Ces pierres sont à grains très tins, massives, noires et dures, pailletées de lamelles de mica noir submicroscopiques : ce sont des schistes ou des quart- zites métamorphiques. L'un de ces cailloux de quartzite (1) Voir Léyende de la feuille de Granville, par M. Barrois. ^Ann. Soc. géol. du Nord, l. Xil, p. lo4.) ( :289 ) métamorphique, portant sur plusieurs faces des traces d'usure, peut être considéré comme un caillou roulé. Biorite. Parmi les échantillons de roches cristallines, nous constatons la présence d'un fragment appartenant au type dioritique. Cette pierre est d'une teinte bleu grisâtre, certaines plages sont à grain très lin, d'autres montrent une accumulation de cristaux mieux développés. On y dislingue à la loupe des plagioclases, du quartz et un élément noir à rapporter à l'amphibole. Cette roche doit être classée parmi les diorites quartzifères. Elle est analogue aux roches dioritiques dont les gisements sont si fréquents en Bretagne. Cette diorite ressemble beaucoup aussi à celle de Bommelô au sud de Bergen en Norwège. Les échantillons qui viennent d'êlie décrits peuvent donc se rapprocher des roches du même type qui afïleurent sur les côtes de la Manche; ils sont d'une identité parfaite avec les masses granitiques de cette région. On doit être un peu moins affirmatil relativement à un petit fragment de granité amphibolique, où la hornblende prend un grand développement; tel qu'on ne le constate pas d'ordinaire dans les granités de la Manche ou de la Bretagne. Toute- fois on peut le considérer comme un type aberrant du granité syénitique. Étant donnée la variabilité de texture et de composition de cette roche, il est très probable, pour ne pas dire certain, que des masses semblables au fragment dont il s'agit se retrouveraient sur le littoral français. Porphyres. Signalons enfin parmi les roches cristallines deux fragments du type des porphyres; nous ne trouvons pas pour ces roches de représentants sur les côtes de la Manche ou de la Bretagne; mais elles pourraient peut-être bien se rattacher aux masses porphyriques des îles de la Manche et en particulier à celles de Jersey. L'altération ( 290 ) profonde que ces deux échantillons ont subie rend leur détermination incertaine. Ils apparaissent l'un et l'autre de teinte rosée et sont formés de grains feldspathiques unis à du quartz en plages de très petites dimensions. Roches primaires. — Deux blocs dragués doivent se rapporter aux terrains sédimentaires anciens. Le premier est un fragment de schiste à feuillets contournés, noir bleuâtre, luisant, pénétré de grosses veines de quartz de filon. Ce schiste ressemble assez bien à bon nombre de nos roches ardennaises; on en trouve aussi d'identiques sur la côte de la Manche, le long de la baie de Cancale. Le second fragment est un grès très micacé, grisâtre, se divisant parfaitement en feuillets plans parallèles assez épais; les lamelles micacées blanches sont étalées sur les joints de feuilletage. Cette roche, se rattachant aux psam- mites, rappelle exactement certains psammitescondrusiens. Roches secondaires. — II nous reste à voir maintenant les blocs de roches appartenant aux terrains secondaires. Quelques-unes sont à rapporter au jurassique, d'autres au crétacé; toutes, sans exception, affleurent dans les falaises du Boulonnais. Un grand nombre des bancs durs de ces falaises doivent avoir fourni des fragments au dépôt d'Oslende. Signalons d'abord un calcaire lumachelle, bleu foncé, formé d'une agglomération de coquilles où se distinguent de nombreuses Exogyra virgula. Cette roche est parfai- tement caractérisée comme se rapportant à l'étage kimm- ridgien [virgulien). Elle affleure aux environs de Boulogne- sur-Mer, oii elle forme des amas calcaires dans les argiles. Les fragments de ce calcaire lumachelle sont peu altérés au centre de la pierre, en général ils sont plus ou moins aplatis et de forme discoïde. On doit rattacher au même ( 291 ) calcaire lumachelle deux fragments moins caractéristiques, mais qui présentent cependant avec les premiers des ana- logies de structure et de composition. On sait que les argiles kimmridgiennes avec calcaire lumachelle, dites argiles de Ronfleur, forment aussi des falaises sur la côte normande. Les fragments de roches secondaires les plus nombreux sont ceux qui proviennent du terrain /)or//«?if//e/2 ; quel- ques-uns sont des blocaux d'un calcaire marneux gris jaunâtre, à grain fin, qui forme des bancs assez minces d;u]s l'argile portlandienne. D'autres sont des éclats des septaria bien connus, avec géodes et enduits de carbo- nate de chaux, tels qu'on les trouve dans les bandes à Ammonites gigas. D'autres enfin proviennent des bancs calcaro-marneux et se rattachent aux mêmes couches port- landiennes du Boulonnais. Presque tous les fragments portiandiens dragués près d'Ostende sont perforés par les mollusques lithophages; les fragments de septaria sont recouverts d'un enduit épais de bryozoaires. Signalons comme se rapportant avec doute au wealdien un petit fragment de grès fissile en plaquettes, pointillé de blanc par la présence d'un grand nombre de têts de coquilles, étalés sur les joints. Des roches wealdiennes ayant un aspect lithologique semblable affleurent sur les côtes du Boulonnais. Trois ou qua!re blocs, dont deux atteignent 25 centi- mètres en moyenne, se présenteni avec des caractères plus nets; ils proviennent incontestablement des couches du « Loiver Greensand ». Ces échantillons sont de teinte bleu grisâtre, avec plages cristallines irrégulières de cal- ciie, réfléchissant la lumière. Les gros grains quarlzeux qui constituent cette roche sont cimentés par du calcaire, empâtant aussi de très gros grains de glauconie et des grains brun-noir de phosphate de chaux. Ce grès calca- ( 292 ) reux forme des bancs résistants dans les Folkeslone beds, il affleure dans les falaises de cette localité. Il se trouve aussi dans le Bas-Boulonnais. C'est ce grès qui forme à Wissant (Pas-de-Calais) la zone à Ammonites mammilaris. Enfin une vingtaine de nodules de silex de la craie ont été dragués avec les fragments qui viennent d'être décrits. Presque lous ces silex, recouverts d'une couche épaisse de cacliolong, appartiennent à la variété des silex noirs. Comme conclusion de l'étude des caractères lithologiques de ces roches, nous pouvons admettre que toutes celles du type granitique, leurs roches de contact et les roches dioritiques se retrouvent sur le littoral français ou dans les îles de la Manche, et qu'il ne faut pas même dépasser, au sud, le cap de Cherbourg pour trouver à la côte des types identiques. Il va sans dire que nous ne mettons pas en doute qu'on pourrait trouver des roches assez sem- blables dajis les régions Scandinaves. Quant aux roches des terrains secondaires, on a pu voir que toutes affleu- rent aux falaises du Boulonnais ou à la côte anglaise. ï.es roches dures intercalées dans les matières plus meubles de ces couches jurassiques ou crétacées ont pu résister, sans se désagréger, aux phénomènes mécaniques de trans- port et à l'action chimique de la mer : les matières meubles et les roches moins compactes de ces terrains auront été réduites en sable ou en matières argileuses, l/ensemble de ces roches secondaires, si nettement caractérisées, per- met d'affirmer, pensons-nous, qu'elles dérivent des falaises les plus voisines et qu'il ne faut pas aller chercher plus loin leur lieu d'origine. Ce qu'on vient de lire ne fait donc que» confirmer, comme nous le disions en commençant cette notice, les observations que M. Éd. Van Beneden nous avait formellenjenl indiquées en nous remettant les ( 295 ) échantillons à décrire. Ajoutons aussi que la présence des roches secondaires, qu'il avait interprétée comme étant due à lin transport venant du sud, l'avait amené à admettre que les blocs granitiques sont arrivés par le même chemin au point où ils sont venus échouer en (ace de notre littoral. Défennination du reste, dans la formule de quadra- ture de Gauss ; par P. iMansion , correspondant de l'Académie. I. Préliiminaires. I. Objet de celte note. Gauss a fait connaître, en 1814, la célèbre formule de quadrature qui porte son nom. Depuis lors, elle a été l'objet des travaux de plusieurs géomètres : Jacobi, Christoffel, Mehler, Catalan, etc., qui ont simplifié ou généralisé la solution des questions trai- tées par Gauss (*). Mais, jusqu'à présent, aucun auteur, que nous sachions, n'a donné, sous forme finie, une expres- sion de l'erreur commise en employant la formule de qua- drature de l'illustre géomètre de Gœtlingue. Nous nous proposons de montrer, dans celte note, qu'il est possible d'arriver à une expression simple du reste, dans la formule de Gauss, en partant de la formule d'interpolation de Newton et en s'appuyant sur une propriété. des fonctions interpolaires, qui ne semble pas avoir été remarquée. Nous avons démontré cette propriété (*) Voir le résumé de ces recherches clans Heine, Handbuch dcr Kugel- funclioneii, Zvveile Aufllage (Berlin, Reimer), t. II, 1881, pp. 1-31. Le mémoire de M. Catalan : Note sur la quadrature des courbes parabo- liques, présenté à la Classe des sciences le 7 octobre 1880 et publié dans le t. XLIII des Mémoires de r Académie de De'gique, n'a pu être utilisé par Heine. ( :294 ) dans les Comptes rendus (t. Cil, n'' 8, 22 février 1886, pp. 422-425), en nous servant de la théorie des résidus de Cauchy; mais on peut l'établir d'une manière assez élémentaire, sans recourir à la théorie des intégrales des fonctions d'une variable imaginaire, comme on le verra plus bas. Les procédés de démonstration, employés dans cette note, s'étendent à des questions plus générales, par exemple à une formule de quadrature nouvelle basée sur la Loi suprême aux différences de Wronski. Aussitôt que nos loisirs nous le permettront, nous reviendrons sur diverses questions que Ton peut ainsi rattacher à la for- mule de quadrature de Gauss, et nous donnerons des renseignements bibliographiques complets sur les travaux antérieurs des géomètres f). !^. Notations, Dans tout ce qui suit, nous désignons par (*) Nous avons publié antérieurement plusieurs notes élémentaires sur les méthodes d'approximation des intégrales définies : 1° Sur l'évaluation approchée des aires planes {Malliesis, l. p[). 17-22; 33-36, supplément à la livraison de septembre, et Annales de la Société scientifique de Bruxelles, 1881, V, 2*^ partie, pp. 251-290); 2« Sur les cubatures appro- chées [Mathesis, t. II, supplément, /l?în. Soc. scient, /irua;., 1882, VI, 2« part., pp. 228-252); 5° Sur l'approximation des intégrales définies el en particulier du périmètre de V ellipse {Mathesis, t. IV, supplément 5 Ann. Soc. scient. Brux., 1884, VIll , 2<^ part., pp. 1 1-24) ; 4» Sur les qua- dratures et les cubatures approchées (Comptes rendus de Pai'is , 1882, l. XCV, pp. 584-585; Mathesis, t. IV, supplément). Les trois premières notes contiennent la démonstration, par la géométrie élémentaire, de la formule des trapèzes, de celles de Poncelet, Parmentier, Du[tain, Catalan, Weddie, Woolley, Jean Bernoulli et Prouhet, et de plusieurs formules nouvelles, avec la détermination de l'erreur maxima qu'elles comportent. La qua- trième note est un résumé des deux premières. La seule formule impor- tante d'intégration approchée (jui ne soit pas étudioe dans ces mémoires, la formule sommatoire de Maclauren et d'Euler, a été l'objet de recher- ches approfondies de Poisson, Malmsleen, etc. ( 295 ) Fx une fonction réelle de la variable réelle oj, continue, ainsi que toutes celles de ses dérivées que nous employons, pour les valeurs de x considérées et pour toutes les valeurs intermédiaires. Nous supposons connue la formule de Taylor, avec les formes du reste, données par Liouville et par Laplace : X-x (\-xf „ (X— x)"-* ^ , i 1.2 i.2..(w— 1 (X — xY p = .î^ (F"x -♦- £) (X - xY 4.2... (n — 4) / (1 — 0"~*F"[x -t- /(X — x)]rfr 6 ayant pour limite zéro en même temps que X — x; puis la formule générale d'interpolation de Newton (*) : Fx = A -i- B(x — Xi) -h C{x — Xi(x — Xa) -h — -+- L(x — X,) (x — Xs) ... (x — x„_i) -+- (x — X,) (x — X,) ... (x — x„) P(x) . La quantité A est égale à Fx^. Quant à B, C, ..., L, P (x), ce sont les expressions appelées fonctions inierpolaires par Ampère et définies par les relations suivantes: ^ ^^ ^ Fx,-Fx2 ^, , Fx,-Fx3 B=Fxi,x, = , F(x,, X3) = — ; etc. X, Xa Xi Xz F(xi,xa) — F(x,,X5) C = F(x,, Xa, X3) = — , Xg — X3 F(x„xa) — F(xi,x,) F(xo Xi, X4) = , etc. Xj X4 , F(Xi,Xa, X5) — F(x,,Xa,X,) F(x„ X2, X3, X,) = , etc. Xz Xi (*) Cette formule générale étant peu connue, surtout avec le reste de Cauchy, nous la donnons en appendice. ( 296 ) On trouve aisément, de proche en proche, la formule suivante, due à Ampère : Fac, Far„ (x,-x^)[x^-x^) ... {x^—xJ {x„-Xi){x^-x.) ... {x^—x„_i) ' et de même, pour la fonction interpoiaire suivante, qui contient x de plus, Fx P{x] {x — xi) [x — 0:2) -. {x — xj Fx, Fx„ (Xi—x) (x^-Xs). .(Xj— x„) {x—x) (x„- X,) ... (x„ _x„_«) Si Ton décompose la première fraction du second membre en fractions simples, on trouve P(x) = /Fxi — Fx\ /Fx„ — Fx\ V X| — X / \ x„ — X I (Xi— X2)(X,-X3)... (x,-x„) (x, — xi)(x, — x,)... (x„-x„_,) (A) Enfin, d'après un théorème dû à Cauchy et démontré d'une manière simple et rigoureuse par M. H. Schvv.\rtz (.4/// de l'Académie de Turin, 1881-1882, XVII, pp. 740- 74-2), on a ''(^)=ixfe;' (^) ^ étant une valeur intermédiaire entre la plus grande et la plus petite des valeurs oc, x^, x<^, ... x„, qui servent à for- uier P(x). ( 297 ) II. Dérivées d'ordre quelconque de la fonction FX — Fx ^x X — X 3. Cas où X est différent de X. On a, par le théorème de Leibniz, t^,Px = DP(FX — Fx) (X — x)-* = (FX-Fx)xl.2...p(X-x)-''-*-i-^(-F'x)xi.2...(p-1)(X-a:)-' -*- ^^7T^(-P"^) X ^-^ - (P-^) (X-x)-'+' 4- ... -i- (-F^x) (X-x)-* ==.±!:^rFx-Fx-^F^.--i^bfrp^._..._(i^ La quantité entre parenlhèses, d'après la formule de Taylor, complétée par le reste de Laplace, est égale à 0 Donc, enfin, ^"x = y (i — t)" FP-*-' [x -^ f(X — x)]dt . . (1) 0 Si, au lieu de Texpression du reste de Laplace, on emploie celle de Liouville, on trouve F'"*"*x (X x) en faisant n = p -+- 2, dans la formule rappelée au n** 2. Corollaire. On déduit de là "^ ^""p -4- i F'+*x — F''-*-*X F^+'x -^ £ X — X (p-*-d)(x— X) (p -t- 1) (p H- 2) 3"' SÉRIE, TOME XI. 27 ( 298 ) et, à la limite, en faisant tendre indéfiniment x vers X, '^"^'^y:^ F^+«x Fp+*x ___F^+»x *'"* X — X ""p-+- l~"(p -f- 1)(p-*-2)~"p-h2' 4. Cas où X est égal à X. Pour cette valeur particulière, on a ^X = F'X. On ne peut évidemment, dans ce cas par- ticulier, trouver les dérivées de l^lx au moyen des calculs du n" 3. Mais on les obtient aisément en s'aidant de la formule (3). D'après la définition même d'une dérivée, Tjc — FX Aix — 4^X vf;'X = lira ^ = lira (i__,_F'X X — X X — X Fx-FX-(x-X)F'X ,. i(a:-X)^[F"X-+-5] F"X '- — ^r:i^^ -''"^ — ^TTxF— ==-T- On a ensuite, d'après la formule (o), ^' X = lim t 1^ == hm I — - = { F"'X, ^ X — X X A a;"'X = lim -î^ -L_ =lim-^^ '— = i F-X, ^ X — X X — X et ainsi de suite. En général, ^'^=^Ti w Corollaire. En faisant tendre x vers X dans la for- mule (2), on trouve FP+»X limtLPx = r^^'X. p-nl Donc les dérivées de ^x sont des fonctions continues, même pour x == X. De plus, la formule (1) est vraie, même ( 299 ) pour x = X. En effet, dans celte hypothèse, elle donne .* * ¥^*\ t|;PX = / ( 1 — tfF'^^X fit == F^^^X f{\ — tfdt = , • 0 % P -«- 1 ce qui est exact, d'après la formule (4). La formule (1) peut donc être employée pour toutes les valeurs de x, lïl. Dérivée d'ordre quelconque d'une fonctioa INTERPOLAIRE. 5. Première méthode. La formule (1) du § Il nous donne immédiatement pour la dérivée p'*'"* de l'expression P(x) du n" % mise sous la forme (A) : 0 ((Xi-Xa). .(X,-X„) (Xn—Xi) ...[X^- X„_i)) Posons, pour abréger, /y^¥^-^^[x+t{y-^x)], ce qui entraîne La quantité entre parenthèses, sous le signe intégral, pourra s'écrire Al f^n \- ■'• H ' (x, — X2) ... (X, — x„) (x„ — X,) ... (x„ — X„ i) et sera la fonction inlerpoiaire formée au moyen de la fonction fy et des valeurs x^, x^, ..., x„ de y. D'après le théorème (B), du n*' % elle sera donc égale à \.'l...{n—i) i.'À ... (/* — 1) Y} étant une valeur de y, fonction de / probablement, comprise entre la plus grande et la plus petite des valeurs ( 500 ) Xf, Xj, ..., X, de y. Nous avons donc P'(x) __i__/'(i _ t/ r- F-[x -H t(, _ X)]*. Quand t varie de 0 ai, F'"*' ' [x -+- t (/} — x)] reste compris entre une valeur maxima M et une valeur minima m. Par suite, P^ (x) est compris entre les produits de M et m par 1.2... (w-^ 1)/ ^ ' 1.2...(w— i)Xl.2...(p-+-n) (p-i- i)... {p -*- n) Entre M et m, F"'^''a: varie continuement. Il y a donc une valeur ^ telle que formule fondamentale à laquelle nous voulions arriver. «. Seconde méthode. Pour en confirmer l'exactitude, nous allons reproduire sommairement la démonstration publiée dans les Comptes rendus. Toutes les intégrales con- sidérées dans ce numéro sont prises le long d'un contour enveloppant les points ayant pour abcisses x, Xi,x2,...,x„; Fz est supposé syneclique le long et à l'intérieur de ce contour. On trouve sans peine, de proche en proche, la formule suivante, due à M. Peano [Atti de l'Académie de Turin, 1882-1883, t. XVIII, pp. 573-574) : <2tiJ {z — x) (z — X.) ... (z — xj Par suite, 1.2.3... p/^ Fzdz P(x) = 1:2:^^/1- ^ 2W / (z— {z—x)p^i{z— X,)... (z — xJ L'expression du second membre diffère, aussi peu ( 301 ) qu'on le vent, de 4.2.5...^/* Fzdz 2ti / (z — x) (z — t/0 ... (z — t/p) (z — Xi) ... (z — JcJ ' Vi. 2/2» •••' .Vp étant des quanlités suffisamment voisines de X. Or, la dernière intégrale, divisée par 2ni, est la fonction interpolaire F (x, ?/,, ..., y^, Xj, ...,xj, et celle-ci, d'après la formule (B) du n° % est égale à i.2 ... (p H- «)' f^ étant une valeur intermédiaire entre la plus grande et la plus petite des valeurs x, z/^, 1/3, .. ?/,, ac^, Xj, ... , x^. On a donc enfin, en faisant tendre î/j, y^, ... ^p vers x, pp(x)= ^— ' (pH- l)...(p-^ w) { étant la limite de 4,. C'est la formule (C) du n° 5. IV. Formule de quadrature de Gauss. 7. Lemme. Véquatîôn D" (x^ — 1)" = 0 a n racines réelles et inégalesj comprises entre — \ et -^ i {*). Les dérivées successives de la fonction (px = (x^ — i)* = (x— i)''(x + iy s'obtiennent par la formule de Leibniz. On trouve y'x = (x— .t)".w(x-t- !)"-*-+- ?i(x — iy~' (x-f- 1)", ^"x = (x— O^.wCw— i)(x-+-4r-'-+-2n(x— l)"-*.7i(x-+-i)''~* -\-n{n — \)(x — i)'-'(xH-ir, (•) Théorème connu, dont nous rappelons ici la démonstration élémen- taire, parce que Heine, dans le ffandbuch der Kugelfunctionen (Berlin, Reimer), t. ï, 1878, pp. 47-48, en donne une beaucoup trop compliquée. La lonciion fx, à un facteur consiant près, esl le polynôme X„ de Legendre. ( 302 ) et ainsi de suite. La fonction cp'x contient le facteur (j;2 — l)-*; de plus, puisque (px s'annule pour x== — l,x=-+-l, cp'a?, d'après le théorème de RoIIe, s'annule pour une valeur intermédiaire ac,|. De même, "x contient le facteur {x^ — i)"*; en outre, puisque 9'a; s'annule pour x = — l,jc = a?,, et3c = -+-l, (p"x s'annule pour x = a:,2, valeur comprise entre — 1 et a:,,, et pour x = X22, valeur comprise entre x^^ et a; = 1 . On prouve, de la même manière, que (^"'x est divisible par (x2 — l)"-' {x — ar^s) {x — x^-,) (x — X33), x^j, X23, x^^ étant compris, respectivement, entre — 1 et a;,^, X|2 et 0-22» a;22et-hi. De proche en proche, on arrive à ce résultat : 9"x s'annule pour n valeurs réelles distinctes xi, X2, ... , x„, comprises entre — et -1- i . Le premier t(Tme deç^xa pour coetïicient 2/i {2w — 1)... (n-h 1); on a donc fx = '2n(^n — i) ... (w -t- 1)(x — X,)... (x — xj. 8. Formule de Gauss. La formule d'interpolation de Newton, rappelée au n" 2, peut être écrite en abrégé, comme il suit : Fx = Gx -*- (x — X,) (x — X2) ... (X — x„) P(x) , Gx étant le polynôme entier A -4- B (x — X,) -4- C(x — X,) (x — X2) -+- .- -t- L (x — Xt) (x — X2) ... (x — x„_|). Ce polynôme, comme on sait, est tel que Fx^^Gx^, Fx2 = Gx2, ... , Fx. = Gx„. Évidemment f) f (Fx — Gx) dx ==y (x — xi) ... (x — x„) P(x) dx. (•) Si les limites de l'intégrale à calculer sont Xo et X et non — 1 et -+- 1, on les y ramène en posant x = ^ (a?, -f- X) -f- ^ (X — Xq)u, ( 303 ) Supposons maintenant que .x,, x^, ..., x^ soient les n racines de9"x = 0. On aura alors f (Fx - Gx)dx = t — . Intégrons n fois par parties, en observant que les fonc- tions 9'*~*ac, 9""'x, ... 9'x sont nulles pour ac = zb1. Il viendra 1 ( \ Y i f [Yx - Qx) dx = , -; Tzr-ir- f fX P^x dx f\\ ^xyv\x)dx. (n-t- i)(?n-2).. 2ii Quand x varie de — \ à + 1, P-x reste compris entre une valeur maxima P"(xm) et une valeur rainima P'*(xJ. Donc, pour une valeur intermédiaire ^\^^^ on a /(Fx — Gx)rfx = ^ T}'^'^^ ^ f\\ - x')" dx. D'après la formule (C) du n' 5, F'"? P"(^A.) = {n-v- \) [n -f- 2)... 2;i' i étant une valeur intermédiaire entre — i et -h 1. D'ail- leurs r',, , j 2 2.4.6 ...2n ./. ^ ' fJTTT 1.3.5 ...(2n—1) Donc enfin, après quelques transformations, •/. ^^"^ ~ ^""^ ~ 2;riT \l.3.S...(2n - i)/ 1.2.3...2n' ce qui est la formule de Gauss, avec une forme finie du reste. ( 304 ) Remarque. Au moyen de la formule d'inierpolalion de Lagrange, on peut écrire Gx (X- -x,){x. - X,) .. .{X- -^''^ Tx . {x>- -x,)(x, -X,). .. (X. -x/"'" . (^- - X,) (x -X,). .{X- — )f... Donc f Gxdx = giFxi -f- ••. -4- gf„Fx„, '* (x — x^) ... {x — x„) J (^i dx,etc. Xa) ... {x — X,., et la formule de Gauss devient f Fxdx = giFXi -4- g^Fx^ -t- ... -f- g^Fx, 2n / 1.2.3 ...n y 1 U.D.5... (2n— 1)/ T (2n— 1)/ i.2.3...2n Les coefficients du gi, g^, ... 5f„ sont indépendants de la forme de la fonction F. Ils ont été calculés par Gauss, avec un grand nombre de décimales, ainsi que les racines Xn, X2, ..., x„ dont ils dépendent, pour les valeurs w == 1, 2,3,4,5,6,7. Application. Appliquons la formule précédente à la fonction fx fX ... %aj fXi fXi ... x^i Fx = nulle pour x = x^, ..., ac„. Nous trouverons ^1 2 / 1.2...W y F«"| 2.3... 2n ( 305 ) C'est la formule nouvelle de quadrature basée sur la Loi suprême aux différences de Wronski dont il est parlé dans les préliminaires. APPENDICE. a. Formule géïnérale de Newton , complétée par le RESTE DE Cauchy. Soient i<^, Wg, u^^u les valeurs que prend une fonction fz pour z = Xi, z== X2, 2 == ocj, 2 = x. Posons tt, = A, Ma = A -+- B (X2 — X,), Mg = A -♦- B(x3 — Xi) -f- C (X3 — X,) (xs — X2), u=A-t-B(x— a?,)-+-C(x— Xi)(x— X2)h-K(x— x,)(x— X2)(x— X3). Soustrayons la première de'ces relations de chacune des suivantes, puis divisons les égalités ainsi obtenues, respec- tivement par x^ — ac,, Xj — x,, x — x^. En posant V, W2- — w, = t;2, W3— Wl u - 11 -Ml Xa- — Xi X3 — X, ""'' X. -Xi il viendra V2=B, «3 = = B4-C(X3- -^2), V = = 8-+- C(x — X2) -t- K(x - oc,) (a ^-x,). Soient encore V3 — -V2 w. V — Va w — ■w^ X3 — -X2 X— X^ X — X3 s. Les relations en B, C, K donneront évidemment t/;3 = C , ti? = C -♦- K (x — X3), puis ( 306 ) Donc enfin, on pourra écrire /"X = Mi -4- Vi {X — X,) -*- Wz(x — Xi) (X — Xi) -+- s{x — Xi) {x — Xi) (x — Xj) . . . . (N) C'est la formule générale de Newton. Si fz est une fonction entière a -h bz -h cz^ -+- kz^, K = s est égal à k et est indépendant de ac/|, acj, Xj, x et, par suite, on peut remplacer dans la formule (1) oc par z. Les coefficients v^, lOs, s sont, d'après leur loi de formation, les fonctions interpolaires f{Xi , X2) , f(xi. Xi, X3), f{Xi , X5, X3, x) (*). Considérons maintenant la fonction Fz = fz — [«1 -h «2 {z — Xi) -+- Wz(z — Xil(z — Xi) -+- s(z — X,) (z — X2) (z — X3)]. Elle s'annule pour z==x-,, z = 0^2, z = acj, z = x. Par suite, ¥'x s'annule pour les valeurs x,2, X23, X34 intermé- diaires, respectivement, entre x^ et x^, x^ et xj, Xj et x; puis, F"x s'annule pour les valeurs Xjas, X234 intermé- diaires entre x,2 et X23, X23 et X34; enfin F"'x s'annule pour une valeur | intermédiaire entre Xi23 et X234 et, par conséquent, comprise entre la plus grande x^ et la plus petite x„ des valeurs x^, Xg, X3, x. Mais r"z^f"'z — i.±Z.s. On a donc /*'"S— .i.2.3.s = 0, (') En pratique, le calcul en est très rapide, comme on peut s'en assurer sur des exemples, et, à cause de cela, la formule (l)oùxest remplacé par z est d'un usage plus facile que la formule équivalente de Lagrange : {z-x^){z-x^)(z-x) ^ {z-x^){z-x;^{z-x^) ^ ~" (X»- x») (Xj - X,) (Xt - X) "* "* ^ (X - Xj) (X— X,) (x-x,) ( 307 ) c'esi-à-dire ,=,/■(..,. .x„.)= ri, 1.2.0 ce qui est le théorème de Cauchy, rappelé an n° 2. Dans ce qui précède, nous avons supposé implicitement que fz, fz, f'z, f"'z sont des fonctions continues depuis z = x„ jusque z = x^. la formule générale de Newton a été publiée par Til- luslre géomètre dans la Methodus differentialis dès 1711, puis dans l'édition des Principes, imprimée en 1714 à Amsterdam. Malgré cela, la plupart des auteurs n'attri- buent à Newton que la formule spéciale relative au cas où X — x^ = x-^ — X2 = oc^ — ^1 ( )• Sur le calcul approché de certaines intégrales définies; par J. Deruyts, assistant à l'Université de Liège. Soit Po, Pi, P2, . • Pn, ••• une suite de polynômes, de degrés 0, 1,2, ... n, ... en x et tels que Ton ait /VWPnPn.^^ = 0(m^fi), a f(x) désignant une fonction qui ne change pas de signe entre les limites a et b. Si l'on représente par (p{x) un polynôme et par a^, «3, ... a„ les racines de P„==0, on (') On lit, par exemple, dans le Traité d'Analyse par H. Laurent (Paris, Gauthier-Villars, 1885), t. 1, p. 104: « Avant Lagrange, Newton a fait connaître une formule d'interpolation fondée sur la théorie des différences, mais qui suppose ebsentiellement que les valeurs données de la variable soient en progression géométrique ». Deux pages plus loin, la formule générale de Newton est attribuée à Ampère. ( 308 ) peut écrire, avec la précision In — \ : /V(x)y(x)dx = 2A.-f(«.); . . . . (1) les constantes A, sont indépendantes de Ja forme de 9(ac). La formule (1) est encore applicable lorsque 9(0;) repré- sente une fonction satisfaisant à certaines conditions : elle est rigoureusement exacte quand cp(ac) est un poly- nôme de degré inférieur à 2/i. La valeur explicite des coefficients A^ n'a été donnée, du moins à ma connaissance, que pour la formule de Gauss et son extension indiquée par MM. Mehler et Chris- toffel. L'analyse suivante a pour objet d'étendre les résul- tats connus à l'approximation des intégrales de la forme +« y e ~ *^ 'f{x) dx , au moyen des polynômes auxquels M. Hermile a consacré d'élégantes recherches (C. R. 1864). La méthode suivie s'applique également aux intégrales de la forme /"e-' x*"-* ^(x)dx. I. Je suppose que la fonction f{x) satisfait à la condi- tion -[^[■{x) \x - a\\x - b\]=^ f{x)[lx - k) ^ l et k étant deux constantes convenablement choisies pour que [r{x)\x^^a\] et[Ax)ix-/)j] ( 309 ) soient nuls. Si a est infini, je conviens de remplacer jx — a\ par Tunité et je suppose a'f(a) = 0, pour s > 0 ; de même pour 6. Soient on aura, par la formule (1), f'f(x)F^F'^\x-a\ jx--6jrfx=AF»F«(a)t«--aj \a-b\. a Le premier membre de cette égalité peut être remplacé par -i/^'o:~[f{oc)\x-a\\x-b\]dx=^ on déduit de là, en désignant par â:, une constante : -[Ax)ix-aiJx~6jxP',.]=/:*A^)P» • (2). II. Soient — [xf(x)\x—a\ jo:— 6j] = /'(x)[Tx'-+-Sx+U] = /(x)B(a;), f(x) = x¥^F;\x-bl\x-b\; en tenant compte de l'erreur commise par l'emploi de la formule (1), je trouve : AaF^ (a) F'^(a) ja _ a! |a - 6] + {n - 1) f' f{x) ?\ dx ( 340 ) = -h / fV) F^a B (X) dx = - I F^, [.) B (a) -l/ll^)Kdx (2'). J'obtiens ensuite, au moyen de Téquaiion (2) : A = {«_aï|«-6jP;^(a) c^ étant un facteur numérique variable avec w. lîl. Si a et 6 sont finis, je prendrai a = — 1,6= -f-i, P„ = T„ = (x — d)-^^-*'!^-*- 1)-^''-*^ x^Ux- ir^^- * (X -4- ir-^-^-a (a, ^ > o). ax" L -" Si6 = -hoo,a = — 00, on peut prendre f(x) = e"' : les polynômes P„ se ramènent aux polynômes U, de M. Hermite. Enfin, si Tune des limites est infinie, on fera a==0, 6 = 00 , f{x) == e-'x^-\ P„ = R„ = e' x*-" -—\e" x"-""*], {p > o). (XJL Les polynômes R„ ont été indiqués par M. Radau dans lecasdep = l (C. R. 1885). Les formules d'approximation, relatives à ces trois cas, sont : f^'n — xy-*(x + Vf-'-f (x)rfr n (/* -f- A + ^ - 2) -* (1 - «'] T;' (a) ' ( 3il ) /*%- , (X) dx = 2-n(«) V-. 2 y^, Liège, le 15 mars 1886. P. 5. Dans la première des égalités (2*), le icrrae (n-1)^'V(x)P„'(/x doit être remplacé par zéro, quand a ou 6 est infini. ( 312 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 5 avril i886. M. P. WiLLEMS, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. F. Tieleraans, vice-directeur ; P. De Decker, Ch. Faider, le baron Kervyn de Leltenhove, R. Chalon, Th. Juste, Félix Nève, Alph. Wauters, Alph. Le Roy, A. Wagener, S. Rormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, J. Stecher, T.-J. Lamy, Aug. Scheler, P. Henrard, J. Gan- irelle, membres; J. Noiet de Brauwere van Steeland, Alph. Rivier, associés; G. Tiberghien, L. Roersch, J. Van Beers et Gustave Frédérix, correspondants. M. H. Hymans, membre de la Classe des beaux-arts, assiste à la séance. — M. le directeur félicite, au nom de la Classe, M. le baron Kervyn de Lettenhove pour le premier prix Therouenne (valeur 1500 francs), décerné par l'Académie française, à son livre intitulé : Les Huguenots et les Gueux. — Applaudissements. M. le baron Kervyn de Lettenhove remercie pour ces félicitations; il ajoute : « Cette distinction m'a été d'autant plus flatteuse qu'elle émane d'un corps très éminenl et qu'elle a été décernée à l'unanimité >. (315) CORRESPONDANCE. La Classe apprend avec nn profond sentiment de regret la perte qu'elle a faite en la personne de l'un de ses mem- bres titulaires, M. Guillaume Nypels, né à Maestricht le 3 juillet 1803, décédé à Liège le 3 mars dernier. Elle vote des remerciements à M. Loomans, qui a bien voulu se faire Torgane des sentiments de l'Académie lors des funérailles. Le discours de M. Loomans figure ci-après. Une lettre de condoléance sera adressée à la famille. La Classe prend également notification de la mort de l'un de ses associés, M. le baron Bernard de Koehne, con- seiller privé et adjoint scientifique du directeur du Musée impérial de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, né à Berlin, le A juillet i8i7, et décédé à Wurzbourg (Bavière), le 5 février 1886. — M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics envoie, pour la bibliothèque de l'Acadé- mie, un exemplaire des ouvrages suivants : 1'' Bijdrarje lot een Hagelandsch idioticon, par J.-F. Tuerlinckx ; 2" Lefi conscrits belges en 1798 et 4199, par Augustin ïhys. Anvers, in-S"; 3^ Les distractions poétiques d'un juge de paix, par Lucien Springuel. — Remerciements. — L'Académie royale de littérature, histoire et anti- quités de Stockholm annonce qu'elle célébrera son centième anniversaire le 25 avril. 5"''' SÉKIE, TOME XI. 28 ( 314 ) Sur sa demande, M. Piot représentera la Classe des lettres à cette solennité et adressera les félicitations de l'Académie à ce corps savant. — La Classe reçoit, à litre d'hommages, les ouvrages suivants, au sujet desquels elle vote des remerciements aux auteurs : 1° a) L'ethnologie des Iles Britanniques^ d'après le livre de M. J. Beddoe : The races of Britain; b) Les caractères physiques des anciens Grecs; c) L'enquête anthropologique en Autriche; d) Les crânes de Pompéi recueillis par M. Nicolucci, par L. Vanderkindere; 2° a) Rapport du Ministre de la Justice sur Vadminis- tration de la justice en Suède pendant Cannée 488i; b) Rapport du conseil d'administration des prisons pour l'année '1884, ouvrages en suédois, offerts par M. d'Olive- crona, associé à Stockholm ; 3" a) M. Joan Bohl en diens Canzonen; b) Dichter Pol. DE MoiNt's Fladderende Vlinders, par J. Noiet de Brau- were van Steeland; 4" Note par A. Van Weddingen sur l'ouvrage : Une page de psychologie scolastique : de la sensation et de la pensée, par Théodore Fontaine. Discours prononcé par M. Loonians au nom de l' Académie lors des funérailles de M. Nypels. Je viens, à mon tour, remplir ici la mission pénible de parler au nom de la Classe des lettres, qui m'a été confiée inopinément par l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. ( 31 s ) Je ne puis me servir de la parole écrite el je dois me borner à quelques n)ots de regrets et d'adieux. Notre savant confrère appartenait à cette génération forte de 1850 qui par son patriotisme, par ses talents de tout genre, par son initiative variée et féconde, par ses labeurs et sa sagesse sut conquérir en peu d'années, pour notre patrie, une place distinguée, toujours respectée, sou- vent enviée, parmi les Ëiats de l'Europe. Plus qu'aucun autre peut-être il contribua à porter au loin, en Hollande et en Allemagne, en France et en Italie, le renom de la science du Droit pénal et de son enseigne- ment en Belgique. 11 lui fut donné de prendre une part active à l'élabo- ration des projets de modifications de notre législation criminelle et il eut l'honneur de voir adopter par la légis- lature de son pays une partie des réformes qu'il avait projetées. Il s'était préparé depuis longtemps par des études appro- fondies d'histoire du droit et de législation comparée à cette lâche laborieuse et dilFicile. Il savait que la science du droit n'a pas seulement pour mission d'interpréter le droit établi, mais de rechercher en outre le droit à établir. Par ses principes philosophiques il se rattachait à celle école de criminalisles, illustrée par l'infortuné Uossi, qui, au lieu de fonder le droit de punir sur le sable mouvant des conventions, de l'utilité générale, de la défense sociale, l'appuie sur la base immuable de la loi morale absolue et notamment sur le principe de la justice rétributive infli- geant au mal moral du délit le mal de la souffrance méri- tée, avec propoilion et mesure pour le maintien de l'aulo- l 51(5 ) rite du droit sur les volontés libres et responsables qui lui sont soumises et ne peuvent prévaloir contre elle. On vient de vous rappeler ses nombreux écrits, fruit d'une vie laborieuse vouée tout entière à la science et à l'enseignement, étrangère aux préoccupations du dehors, poursuivant de bonne heure un même but avec un courage et une persévérance à toute épreuve et toujours fidèle à elle-même, sibi conslans! Faut-i! ajouter qu'il avait été initié de bonne heure et sous la direction de maîtres habiles à l'élude des lettres? Il s'était familiarisé surtout avec les classiques latins, qu'il lisait encore quelques jours avant sa mort. C'est là, sans doute, qu'il a trouvé le secret de ce langage simple et vrai, honnête et sincère, plein d'abandon, de tact et de mesure, quelquefois aussi d'une franchise naïve et originale, qui faisait le charme de ses entretiens et qu'on retrouve dans ses discours. Vous l'avez entendu, ici même, il y a quel- ques mois à peine. Ne vous rappelle-t-il pas cet homme de bien expert dans l'art de bien dire dont ()arle l'orateur romain? Aussi sa place était-elle marquée d'avance à la Classe des lettres de l'Académie. Il fut élu correspondant en 1869, n)embre titulaire en 1872, directeur pour l'année 1880. Il apporta dans l'exercice de ces fonctions, souvent déli- cates, un sens pratique, une rectitude de jugement et une aménité de caractère qui ont laissé de vivants souvenirs parmi nous. Le discours sur la loi pénale qu'il prononça, en qualité de directeur de la Classe, à la séance publique du 13 mai 1880, a été justement apprécié au dedans de l'Aca- démie et au dehors. [.(\s rapports qu'il rédigea sur des ( 517 ) mémoires el des publications adressés à la Classe, outre qu'ils témoignent d'une érudition variée, portent le caciiet d'une critique aussi judicieuse que bienveillante. Certes, il a connu les biens de la vie et ses joies, celles surtout qui sont le fruit et la récompense de l'esprit de rechercbe et d'une activité intellectuelle bien réglée. Mais il en a éprouvé aussi les mau.\ et les douleurs. De cruelles infortunes ont accablé son âme. Il les a acceptées avec une muette résignation. Elles ont donné je ne sais quoi de touchant el d'achevé à sa vertu et à la dignité de sa vie. Parvenu au terme de sa longue carrière, il n'a pas été surpris par l'approche de la mort. Bien au contraire, il l'attendait avec le calme, la sérénité et les espérances infi- nies de l'homme de bien et du chrétien. Il avait appris l'art difficile de bien vivre et celui plus difficile encore de bien mourir. Il quitta la vie sans plainte, à l'heure voulue, ayant rempli sa tâche comme l'ouvrier quitte son travail quand le soir est venu. Pourtant, lorsque je le visitai pour la dernière fois, il m'exprima un regret. « Ma vie finit, me disait-il, lorsque je commence à savoir quelque chose i>, parole modeste et digne du vrai savant, « la vie est courte, et la science est immense » (1). Ce jour-là je m'en allai avec le triste pressentiment d'une séparation prochaine. Et maintenant, cher Nypels, je l'adresse les dernières paroles au nom de l'Académie, au nom de l'amitié, au nom aussi du lieu natal dont tu aimais à m'entretenir en évoquant les souvenirs de l'enfance et de la famille. Désor- mais je n'entendrai plus ta voix éteinte. Adieu. (1) Plalon. (518) CONCOURS. Il est donné lecture des rapports suivants : 1° De MM. Le Roy, Lamy et Loomans sur le mémoire concernant V Histoire du cartésianisme en Belgique ; 2" De MM. Wagener, Willems et Rivier sur le mémoire concernant l'organisation y les droits, les devoirs et /'m- fluence des corporations d'ouvriers et d'artistes chez les Romains ; 3° De MM. Rolin-Jaequemyns, de Laveleye et Potvin sur le mémoire exposant, au point de vue économique, le système des anciens corps de métiers et des systèmes d'as- socialions coopératives de production formulés dans les temps modernes ; A" De MM. Steclier, Piot et Hymans sur les deux mémoires du concours de Slassart ayant pour objet la biographie de David Teniers (1610-1690). La Classe prend également nolificalion des propositions du jury chargé de décerner le prix De Keyn de celle année pour les ouvrages se rapportant à l'enseignement moyen et à l'art industriel (3" concours, 2' période, 1884-1885). Conformément au règlement, elle se prononcera dans sa prochaine séance sur les propositions de ses commis- saires. La Classe se constitue en comité secret pour discuter les lilres des candidats présentés aux places vacantes et pour Tadoplion de candidatures nouvelles. ( 519 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance dn 1" avril i886. M. ÂLViN, (lirecleur, président de TAcadémie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. C.-A. Fraikin, vice- directeur ; Éd. Fétis, Ern. Slingeneyer, Al. Robert, F. -A. Gevaert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, Godfr. Gufftns, Joseph Scliadde, Joseph Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, Charles Verlat, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier Edm. Marchai, membres; le chevalier X. van Elewyck, Joseph Stallaert et Max. Rooses, correspondants. M. R. Chalon, membre de la Classe des lettres, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics demande, conformément à l'article 17 du règlement pour les grands concours de peinture, que la Classe nomme une commission de trois membres, chargée de fixer le prix de la copie du tableau de Rubens : les Quatre philosophes, du Palais Pilti, à Florence, copie envoyée par M. Rémi Cogghe, lauréat du grand concours de 1880, et au sujet de laquelle un rapport favorable a été adressé au Gouvernement. — L'avis des trois commissaires nommés MM. Fétis, Robert et Verlat sera transmis au Ministre. ( 320 ) Le iiiériic Ministre communique ; i° Le 4* rapport semestriel de M. E. Verbrugge, piix de Rome pour la peinture en 1883. — Renvoi à MM. Fétis, Slingeneyer, Robert, Guffens et Verlat; 2' Le 6^ rapport semestriel de M. G. Charlier, prix de Rome pour la sculpture en 1882. — Renvoi à MM. Fraikin, Jaquet, De Groot et Marchai; 3** Le 8^ rapport semestriel de M. Lenain, prix de Rome pour la gravure en 1881. — Renvoi à MM. Deman- nez, Biot et Hymans. — M. Charles Dewuif envoie un exemplaire de la repro- duction photographique de son Projet de cimetière pour une ville de iOOflOO cimes couronné par la Classe dans la séance du 22 octobre 1885. — M. le vicomte Henri Delaborde, secrétaire perpétuel de l'Académie des beaux-arts de Paris, fait hommage d'un exemplaire de son livre sur Gérard Edelinck. Ouvrage accompagné de 54 gravures. — Remerciements. RAPPORTS. La section de sculpture fait savoir qu'elle vient d'exa- miner le modèle du buste d'André Van Hassell, par M.Cantillon. La section reconnaît que l'auteur a tenu suffisamment compte des observations qui lui ont été faites, tant sous le rapport de la ressemblance que sous celui du modelé; elle estime, en conséquence, qu'il y a lieu de proposer au Gouvernement d'accepter ce buste. Il sera écrit dans ce sens au Ministre. ( 321 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. La Classe reprend et termine la discussion relative à Texanfien préalable anx grands concours dits de Rome. — Les résolutions prises seront communiquées au Gou- vernement. — M. Fétis rappelle que, plusieurs fois, le comité direc- teur de la caisse centiale des artistes a eu l'idée d'ouvrir une exposition rélrospecîive de tableaux, etc., au profit de la caisse. — !l pense que le moment est venu de melire cette idée à exécution. La Classe autorise le comité à s'adjoindie les personnes qui pourraient apporter un utile concours [»our cette œuvre philanthropique. La Classe se constitue en comité secret pour examiner les litres des candidats présentés à la place de membre, vacante dans h section de sculpture. ( 322 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Bamheke {Cli. Van), — Pourquoi nous ressemblons à nos parents, discours. Bruxelles, 1885; cxtr. in-8* (48 pages). — Contribution pour servir à l'histoire de la vésicule ger- minativc. Bruxelles, 1883; extr. in-8* (16 pages). Hirii {G.-A.). — Recherches expérimentales et analytiques sur les lois de l'écoulement et du choc des gaz en fonction de la température. Conséquences physiques et philosophiques qui découlent de ces expériences suivies, de réflexions générales au sujet des rapports de MM. les commissaires examinateurs de ce mémoire. Paris, 1886; extr. in-4° (205 pages). — Nouvelle réfutation générale des théories appelées ciné- tiques. Paris, 1886; extr, in-4''(41 pages). — Lavenir du dynamisme dans les sciences physiques. Réflexions générales au sujet d'un rapport lu à l'Académie ro}ale des sciences de Belgique par M. Folie, premier commis- saire Paris, 1886; extp. in-4** (()9 pages). ^^^ let de Brauwere van Steeland (/.). — Dichter Pol. de Mont's « Fladderende Vliriders ». 1886; extr. in-8° (12 p.). — Mr. Joan Bohl en diens ce Canzonen ». 1886; extr. in -8" (15 pages). Vanderkindere {L.). — L'ethnologie des Iles britanniques, d'après le livre de M. J. Beddoe « The races of Britain ». Bruxelles, 1886; extr. in-8° (12 pages). — Les caractères physiques des anciens Grecs. Bruxelles, 1885; exlr. in-8'' (6 pages). — L'enquête anthropologique en Autriche. Bruxelles, 1884; extr. in-8'' (8 pages). — Les crânes de Pompéi recueillis par M. Nicolucci. Bruxelles, 1885 ; extr. in-8".(2 pages). ( 5^3 ) Preudhomme de Borre (Alfred). — Matériaux pour la faune cntoniologiquc des Flandres; coléoptères 3' centurie, Bruxelles, 1880; extr. in- 8*^ (40 pages). — Note sur le Geotrupes sfercorarins L., et les espèces voi- sines. Bruxelles, 1880; extr. in-8» (8 pages). — Discours à l'assemblée du 20 décembre 1883 de la Société cntomoiogiquc de Belgique Bruxelles, 1 880; extr. in-8" (8 pages). Carnoy (Le chati. J.-B.). — La biologie cellulaire, étude com- parée de la cellule dans les deux règnes, fascicule 1. Lierre, 1884; gr. in-8'>. — La cellule, recueil de cytologie et d'histoire naturelle, tome 1 (en 2 parties). Lierre [1885]; 2 vol. pet. in-4°. Tuerlinkx (J.-F.). — Bijdrage tôt een hagelandsch idio- licori. Gand, 1880; vol. in-H". Tliys (Augustin), — Les conscrits belges en 1798 et 1799. Anvers, I88J); vol. in-8». Springuel (Lucien). — Les distractions poétiques d'un juge de paix. Liège, 1885; vol. in-8". Weddingen (Le D\ A. Van). — Une page de psychologie scolastique : de la sensation et de la pensée. Dissertations pour l'obtention du doctorat en philosophie selon S' Thomas, par Théodore Fontaine, docteur en droit. Lancasier (A.). — Tableaux -résumés des observations météorologiques faites à Bruxelles, pendant une période de cinquante années (1835-188-2); I. Température de l'air. Bruxelles, 1886; extr. iu-18 (79 pages). — Liste générale des observatoires et des astronomes, des sociétés et des revues astronomiques. Bruxelles, 1880; extr. in-18 (114 pages). Matthieu (Ernest). — Charte-loi de la commune de Hoves. Louvain, 1885; in-8*' (34 pages). Weller [Guillaume). — Nouvelle méthode pour apprendre la valeur des suffixes et des préfixes. Luxembourg, 1885; in-S" (25 pages). ( 324 ) WeUer [Guillaume). — Valeur des différents préfixes des verbes divisés en préfixes séparables et inséparables, 2" partie. Arlon, 1884; 20 p). — Grammaire allemande comparée à la grammaire fran- çaise à l'usage de l'enseignement moyen. Arlon, 1885; in-8" (100 pages). Cumont (Georges). — Les monnaies des États-Belgiques- Unis. Révolution brabançonne 1789-1790. Bruxelles, 1885; in-8'' (57 pages, planches). Institut archéologique liégeois. — Bulletin, t. XVIII, 5* livr. Liège, 1886; in-8". Ministère de V Intérieur . — Statistique médicale de l'armée belge (1880-5884). Bruxelles, 1886; vol. in-4°. Cercle archéologique de Mons. — Annales, t. XIX 1886. In-8°. Société royale des sciences de Liège. — Mémoires, il" série» t. XL Bruxelles, 1885; in-8°. Allemagne et Autriche Hongrie. Albrecht (Paul). — Ueber die Wirbelkôrperepiphysen und Wirbelkorpergelenke zwischen dem Epislropheus Atlas und Occipitale der Saugethiere. Copenhague, 1884; in-8". (10 p.). — Épiphyses en Ire loccipi lai et le sphénoïde chez lhonime,elc. Bruxelles, 1885;exlr. in-8'' (5 pages). — Ueber die morphologische Bedeutung der Pharynx- divertikel u.z. w. Berlin, 1885; extr. in-8''(10 pages). — Zur Zwischenkieferfrage. Berlin, 1885; exir. in-8''(14 p.). — Sur la non-homologie des poumons des vertébrés avec la vessie natatoire des poissons, etc. Paris, 1886; in 8° (44 p.). Nehring [Alfred). — Beitrage zur Kenntniss der Galictis- Arten. Brème, 1886;.in-8'* (36 pages). Naiurf. Gesell.des Oslerlandes, Altenburg. — Mittheilungen, Bd. IIL In-8«. ( 325 ) Naturhistorischer Verein, Bonn. — Verliandlungeii, 4^2. Jalirgang, 2. In-8°. Universitàt zu Kiel. — Schriften aus dem Jahrc, 1884-1885. 58 br. in-8° et in-4°. Gvsellschaft der Wissenschaften, Prag. — Jahresbericlit, 188^2-1885. Silzimgsberichte, 188-2-4884. Abbandlungeii Folge 4, Band X!I, Regesta Bohemiae III, 1-5; IV, 1. Beiicbl liber die Publikalioiien der Gesellscbaft, Hefte I uiid II. Verzeiehniss der Mitglieder, 1784-1884. Geschiehte der Gesell- scbaft I und II. Generalregister zu den Scbriflen der Gcsell- schaf 1,1784-1884. Gesellschaft fur Schleswig- Holslein-Lauetihiirgische Ge- schiehte. — Zeifscbrifl, Baud XV, 1 und 2. Kiel, 1885; in-8''. — Regesten und Urkunden. Bd. I, 4; II, 1. ^1-4". Physikal. medizin. Socielàt, Erlangen. — Sitzungsbericbte, Heft 1 7. In-8". Bolanische GeselL Regensburg. —Flora, 1885. In- 8°. JVaturwiss. Vereûi, Graz. — Mitllieilungen, 1884. In-8". Société d'histoire naturelle de Colmar. — Bulleliu, 1885- 1885. Vol, in-S" avec supplément in-4°, oblong. France. Delaborde {Le vicomte Henri). — Les artistes célèbres : Gérard Edelinck. Paris, 1886; pet in -4° (96 pages, gravures). Dutilleul (Georges). — Conlribuiions à l'élude analoniique des hirudinées Rbyncobdelles : I. Sur i'appnreil générateur de la Pontobdella muricala. Paris, 1886; in-8''(ri p. 1 pi.). Faye {H.). — Remarques au sujet des récentes expériences de M. Hirn sur la vitesse d'écoulement des gaz. Paris, 1885; exlr. in-4° (5 pages). Oppolzer (Théodore cl'). — Traité de la détermination des orbites des comètes et des planètes. Édition française publiée, ( 3-26 ) d'après la deuxième édition allemande, par Ernest Pas(piier, i" volume. Paris, 1886 ; vol. gr in-8°. Sandras (Le D\). — Les modificalions de la voix humaine obtenues par les inhalations à l'accordeur du larynx. Paris, i886;in-4°(8 pages). Darget [L.). — La division à la Nique ou la irisection de l'angle. Extraction delà racine cubique, etc. Aueli, l.SJd; in-i** (8 pages). Grande-Bretagne et Colonies Britanniques. Pelsp.neer [Paul). — The ccphalie appendages of ihe Gym- nosoraatous Pteropoda and especially of clione. Londres, 1885; extr. in-8" (21 p. et 1 pi.). MerlUe de Colleville. — Belgique et Congo, ou richesse, bienfaisance et gloire. Brighton, 188{); in-8''(i>4 pages). Dallas [James). — On the priinary divisions and çjeogra- pln'cal distribution of mankind. Londres, 1886; in-8" (128 p.). Mueller [le baron F. von), — Select extra-tropical plants, readily eligible for induslrial culture or naluralization, with indication of their nalive connlries and some of their uses. New édition, Melbourne, 1885; In-H" [^(JC) |)ages). Report on the scienlific results of ihc voynge of H. M. S. Challenger, Zoology. vol. XIV. Londres, 1885; vol. in-4". Sualh-african pliilosoplncal Societf/. — Transactions, vol. III, 2, 1885-85. Cape Town, 1885; in-8o. Entomologkal Societij. — Transactions for 1885. Londres*; in-8». Uotanical Society, Edinburgb. — Transactions and procee- dings, vol. XV, 2. In-8«. Royal Society of Canada. — Proccedings and transactions, vol IL Montréal, 1885; in-i". Linnean Society of N. S. Wales. — Proceedings and trans- actions, vol. 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Milan, 1885;in-4°(64 pages). Sansoni {Fr,). — Sulle zeoliti dell' Isolo d'Elba. Florence, 1880; exir. in-8''(16 pages). — Sulle forme cristalline délia calcite di Andreasberg (Hartz). Rome, 1884; extr. 10-4" (82 pages, pi ) — Sulla barite di Vernasca. Bologne, 1883; extr. in-4*» (12 pages, pi.). — Ueber die Krystallformen des Andreashcrger Kalkspalh. Leipzig, 1885 ; extr. in-S" (56 pages, pi ). Città di Genova. — Statuto dei padri del Comune délia Republica genovese. Gènes, 188r);vol. gr. in-8". Rosa {Gabriele). — I cenoraani in Italia. Brescia, 188G; in-8" (16 pages). ( 328 ) Zoolog. Station zu IVeapeL — Zoologischer Jahresbericht fur 1884, IV. Abtheiliing. Berlin; vol. in-8". Accademia délie scienze fisiche e matemntiche. — Ren- diconto, 188-2-1885; 1886, fasc. 1-3. Naples; in-4». Pays diveks. Biker [J.). — Collecçâo de Tratado> de pazes, t. XL Lis- bonne, 1886; vol in -8". Academia de ciencias morales y politicaSy Madrid. — 1886 : Discursos; Resumen de sus aeios; Anuario; Rcglamenlo. — El poder civil en E^paîïa, memoria preiuiada (Manuel Dauvila y Collado), t. MU. Madrid, 188a-86; 9 vol. et br. in-8° et in-12. Academias de la hisloria y de bellas arles de San Fernando. — Necropolis de Carmona, memoria por D. Juan de Dios de la Rada y Delgado. Madrid, 1885; vol. gr. in-8". Inslitulo y Ohscrvatorio de Madrid. — Almanaque naulico para 1887. Barcelone, 1885; vol. in-8''. Olivecrona (K. d'). — Rapport du conseil d'administration des prisons du royaume sur l'état des prisons et le régime pénitentiaire en Suède pendant 1884. — Rapport sur l'admi- nistration de la justice en Suède pour 1884. Stockholm, 1885; 2 vol. in-4". Institut météorologique danois. — Annuaire météorologi- que pour les années 1882-1884. Copenhague; 8 cahiers in-f*. liergens Muséum. — Bidrag til myzostomcrnes Anatonii og Hisiologi (F. Nansen). Bergen, 188o; vol. in-4'' (80 p., pi. résumé anglais). Université de Christiania. — Les lois anciennes de Norvège jusqu'à 1387, vol. IV. Christiania. 1885; vol. in-i°. (En langue norvégienne.) Pliysikalisches Central-Observatorium^ S'-Pefersburg. — Aiiiialcn, 1884, I und II. In-4". Muturucissenschaftliche Gesellschaft, S'-GaUcn. — Bcricht, 1883-1884. In-8«. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAllX-AKTS DE BELGIQUE. 1886. — N« 5. CLASSE DES SCIE]¥CES. Séance du 11 mai ^886. M. Éd. Mailly, directeur. M. LiAGRÊ, secrétaire perpétueL Sont présents : MM. Jos. De Tilly, vice-directeur; J.-S. Stas, L.-G. de Koninck, P,-J. Van Beneden, le baron Edm. de Selys Longchamps, Gluge, J.-C. Houzeau, G. Dewalque, H. Maus, E. Candèze, Ch. Montigny, A. Brialmont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, A. Brian, F. Plateau, Fr. Crépin, F.-L. Cornet, Ch. Van Bambeke, G.Van der Mensbrugghe, W. Spring, membres; E. Catalan, associé; A. Benard, P. De Heen et C. Le Paige, correspondants. M. le baron Kervyn de Lettenhove, nnembre de la Classe des lettres, assiste à la séance. 3"' SÉRIE, TOME XI. 29 ( 550 ) Au début de la séance, M. Éd. Mailly, directeur, se lève et prononce les paroles suivantes : « Depuis notre dernière réunion, un coup bien douloureux est venu frapper la Classe des sciences: Louis Melsens est mort le 20 avril. C'était, vous le savez, un excellent confrère, très instruit, très laborieux, fort assidu à nos séances et tout dévoué aux intérêts de l'Académie. J'ai essayé, dans un discours prononcé à ses obsèques, de résumer sa vie et ses travaux. Je demanderai que ce discours soit inséré au Bulletin (i) et qu'une lettre de condoléance soit adressée à M"^ Mel- sens, au nom de la Classe, d — Assentiment. Sur les instances de la Classe, M. Stas se charge d'écrire la notice de M. Melsens pour le prochain Annuaire de l'Académie. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics adresse une expédition d'un arrêté royal en date du 10 mai qui ratifie la décision prise, le 15 février dernier, par le jury du concours international de 1881, pour le prix de 25,000 francs institué par le Roi. Ce con- cours avait pour objet un ouvrage sur les moyens d'amé- liorer les ports établis sur des côtes basses et sablonneuses comme celle de la Belgique; le jury a attribué le prix à M. P. De Mey, ingénieur principal des ponts et chaussées, à Bruges, pour son Étude sur le régime de la côte et sur les ports 7narilimes de la Belgique, (1) Voir plus loin page 553. ( 331 — M. le Minisire de l'Agriculture envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire de la Série des diagrammes gravés par le marégraphe du porl d'Os tende ^ pendant l'année 1885 , ainsi que du Traité de la détermi- nation des orbites des comètes et des planètes, par le che- valier Th. d'Oppolzer; édition française publiée par E. Pasquier, tome /*'". — Remerciements. M. Dupont, directeur du service de la carte géologique, offre les Feuilles de Sautour, Marche et Diirbity, avec les Planches de coupes de la feuille de Durbuy ; ainsi que les Textes explicatifs des feuilles de Thourout, RoulerSj Wacken et Meix-devant-Virton. — Remerciements. M. John Murray envoie, au nom du Gouvernement anglais, le volume XIII, Zoology, du Report on the scien- tific results of the voyage of H, M. S. Challenger, — Remerciements. La Classe reçoit encore les hommages suivants : 1° La 'mémoire chez les hypnotisés, par J. Delbœuf; 2** Correspondance de René-François de Sliise, publiée par C. Le Paige; 3° Nouvelle théorie servant à calculer le mouvement de la lumière, etc., par de Colnet-d'Huart, associé de la Classe; 4-" Recherches de chimie et de physiologie appliquées à l'Agriculture : analyses des matières fertilisantes et alimentaires, par A. Pelermann, présenté par M. Stas; 5° Elernente der Théorie der Determinanten mit vielen Uebungsaufgaben, 5' Aufîage, par P. Mansion. Une note sur cet ouvrage est insérée ci-a[)rès. — Remerciements. — Sur sa demande, M. Lissignol rentre en possession de son Mémoire manuscrit sur l'application de la théorie ( 332 ) mécanique de la chaleur, au sujet duquel il n'a pas encore élé fait de rapport. — La Classe a reçu un mémoire, accompagné d'un billet cacheté avec la devise : Der Fisch ein nûlzlich Thier ja ist, etc.^ envoyé au concours extraordinaire sur le repeuplement des cours d'eau, dont le délai fatal n'expire que le oO septembre 1887. — M. A. Boblin, de Paris, envoie une note manuscrite dont la Classe décide le dépôt aux archives : Moyens d'éviter d'une manière automatique les rencontres de trains. — L'Académie des sciences de Munich fait savoir que le prix de 2»500 francs, fondé par Christakis Zographos, aura pour objet la question suivante : On demande la géographie et la topographie des îles helléniques [en totalité ou en partie) que Bursian n'a pas encore décrites dans sa Géographie Griechenlands, telles que: Thaso, Samothrace, Imbre, Lemnos, Lesbos, Chios, CoSj Samos, Rhodes, Chypre. Les mémoires doivent être écrits en allemand , en latin ou en grec; ils doivent être adressés, accompagnés d'un billet cacheté, avant le 51 décembre 1888. — Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à l'examen de commissaires : 1^ Histoire naturelle de la baleine des Basques; par P.-J. Van Beneden. — Commissaires: MM. Van Bambeke et le baron de Selys Longchamps ; 2" Sur une classe de polynômes conjugués , par J. De- ruyts. — Commissaires : MM. Le Paige, Catalan et Man- sion. ( 333 ) BIBLIOGRAPHIE. Elemente cîer Théorie der Determinanten mit vielen UebungsaufgabeUy von D"" P. JVlansion. Zweile ver- meil rie Auflage. Cette seconde édition contient, de plus que la pre- mière, une introduction et un appendice. L'introduction est un exposé extrêmement élémentaire, pour les commen- çants, des premières propriétés des déterminants à deux ou trois lignes. Dans l'appendice, on trouve une discussion complète des cas difficiles de la théorie des équations linéaires, la démonstration du principe fondamental relatif aux déterminants nuls, et enfin la méthode dialytique d'élimination. La remarque qui termine l'ouvrage permet d'établir cette méthode avec rigueur, sans s'appuyer sur le théorème : Toute équation algébrique a une racine, ce qui semble représenter quelque intérêt au point de vue scientifique et pédagogique. P. Mansion. Discours prononcé aux funérailles de M. Melsens par M. Éd. Mailhjy directeur de la Classe. Messieurs, L'Académie royale de Belgique, si cruellement éprouvée depuis quelques mois, vient de faire une nouvelle perle en la personne de M. Melsens, membre de la Classe des sciences. Louis-Henri-Frédéric Melsens était né à Louvain le 1 1 juillet 1814. Après avoir achevé ses humanités au col- lège de celte ville, il fréquenta pendant plusieurs années les ( 334 ) bureaux d'une maison de commerce d'Anvers. Mais ayant reconnu « son inaptitude pour les mœurs commerciales », ainsi qu'il le disait plus lard, il résolut de cultiver les sciences, et dans ce but il se rendit à Paris, où l'avait pré- cédé notre confrère M. Stas. Sur la recommandation de ce camarade d'école, il fut admis au laboratoire particulier de M. Dumas et ne tarda pas à s'y distinguer par des recherches fort remarquables de chimie organique. Son travail sur la transformation de l'acide chloracétique de M. Dumas en acétique, et la transformation de l'acide acétique en acide sulfacétique, mérite particulièrement d'être cité; les résultats qu'on y trouve consignés ont reçu la consécration du temps. Lorsqu'il eut terminé ces recherches, voulant acquérir un titre académique, il partit pour l'Allemagne, fréquenta le laboratoire de fJebig et se (it recevoir docteur en sciences à l'Université de Giessen. De retour en Belgique, il fut nommé professeur de chimie et de physique à l'École de médecine vétérinaire de l'État, et, plus tard, examinateur permanent à l'École militaire, fonctions qu'il remplit pendant près de quarante ans avec zèle, dévouement et distinction : nul ne fut plus que lui esclave de son devoir. Pendant sa vie professorale, il exécuta nombre de tra- vaux parmi lesquels il y a lieu de distinguer : 1° Ses recherches sur la saponification aqueuse des corps gras, destinée à remplacer la saponification calcaire et la saponification sulfurique employée dans l'industrie; 2° ses recherches sur l'action exercée par l'administration de l'iodure de potassium sur les personnes atteintes de coliques de plomb ou d'intoxication mercurielle : recher- ches qui lui ont valu en France un prix Montyon et en ( 335 ) Belgique le prix Guinard; o'' ses recherches de balistique bien connues, quoique restées inédiles dans leur ensemble; 4° ses recherches sur les paratonnerres qui Font conduit à proposer et appliquer pour la préservation des monuments, la construction de paratonnerres à pointes, à conducteurs et à raccordements terrestres multiples. Tous ces travaux portent le cachet de sa persévérance à atteindre le but qu'il s'était proposé: il n'abandonnait son sujet que lors- que, dans sa pensée, il avait trouvé la solution du pro- blème posé; dès lors il défendait avec une grande insis- tance ce qu'il croyait être la vérité. Melsens était un lettré, d'une imagination vive et ardente. Lorsqu'il se destinait au commerce, il avait étudié soigneusement l'anglais, l'allemand, l'italien, sans négliger les langues anciennes qui lui étaient familières. Il avait été nommé correspondant de l'Académie le 16 décembre 1846, membre titulaire le 15 décembre 1851. Très assidu aux séances, il prenait une part active à nos travaux, sauf les interruptions occasionnées par une santé délabrée qui, à différentes reprises, avait donné des craintes sérieuses. Un violent chagrin — la perte de sa fille — était venu attrister ses dernières années. Aujour- d'hui il est allé rejoindre son enfant chérie, il est allé retrouver son vénéré maître Dumas, à qui, lors des funé- railles de cet homme illustre, célébrées il y a deux ans , il disait: Adieu, ou plutôt à bientôt! ÉLECTION. M. Stas est réélu, paT acclamation, délégué de la Classe pour 1886-1887, auprès de la Commission administrative. ( 336 ) RAPPORTS. Note sur la transparence du platine; par Ed. Van Aubel. Mtappo»"! de fS. Stas. « M. Edmond Van Aubel, candidat en sciences physiques et mathématiques à Liège, m'a adressé une a Note sur la transparence du platine », en me priant de la présenter en son nom à l'Académie au cas où je pourrais donner mon approbation au contenu de son travail. Après avoir constaté expérimentalement qu'un miroir de cobalt, de fer, de nickel, obtenu par voie électrolylique, sur un miroir transparent d'argent, manque de véritable transparence, contrairement à ce qui a été admis dans ces derniers temps, M. Van Aubel a voulu s'assurer s'il en est de même des miroirs de platine produits par voie chimique, c'est-à-dire par le dépôt du platine sur une lame de verre, et dont M. Kundt admet la transparence. En opérant sur un grand miroir fourni par M. Paul Lohmann à Berlin près de qui M. Kundt s'est procuré ceux qu'il a employés, et doué, aux dires de celui-ci, d'une véritable transparence, M. Van Aubel a reconnu, à l'aide d'obser- vations spectroscopiques indiquées dans sa note, que le métal de ces miroirs ne possède pas de transparence proprement dite. ïl résulte, en effet, de ses recherches que la lumière filtre au travers des interstices laissés entre les particules formant le dépôt de platine. Les recherches spectroscopiques d'où M. Van Aubel déduit sa conclusion (557) ont été exécutées à l'Observatoire royal, à l'aide des instal- lations dont dispose M. Fievez, et ont été contrôlées par l'habile et ingénieux physicien. Elles méritent donc tonte confiance et la conséquence que M. Van Aubel en tire me semble absolument fondée pour les miroirs sur lesquels il a opéré. J'ai engagé M. Van Aubel à contrôler l'exactitude de sa conclusion en recourant à l'examen microscopique de ses miroirs. Cet examen a confirmé le résultat de ses recherches spectroscopiques. Ayant disposé du miroir de platine fourni par M. Paul Lohmann et employé par M. Van Aubel pour ses recherches speclroscopiques, j'ai tenu à contrôler l'exactitude de l'examen microscopique du dépôt constituant le miroir de platine de M. Lohmann. En procédant à cet examen à l'aide des grossissements employés par M. Van Aubel, j'ai constaté, en effet, que le miroir est le résultat d'un dépôt discontinu de métal sous trois étals très distincts : la majeure partie du miroir est formée de noir de platine, qui, on le sait, est absolument opaque; une autre partie est constituée par du métal plus divisé, également opaque et émettant une lumière d'un bleu très sombre; enfin la troisième partie, la moins abondante, est formée par du platine cohérent, opaque, identique à celui qu'on obtient par la compression ou le frottement énergique du noir ou de la mousse de platine. Le dépôt métallique est irrégulièrement distribué; il y a des parties où les interstices représentent le tiers de la surface couverte; il y en a d'autres où les interstices équivalent à peine au dixième de la surface. Quoi qu'il en soit de l'irrégularité relative de cette distribution, la lumière qui filtre au travers des interstices paraît blanche^ même aux endroits couverts par le platine coloré en bleu sombre. ( 338 ) Mes observations microscopiques confirment donc la conclusion déduite par M. Van Aubel de ses recherches spectroscopiques et microscopiques et tendent à prouver que le métal du miroir de platine sur lequel il a opéré est réellement opaque. On peut se demander si dans tous les cas les miroirs de platine sont opaques, c'est-à-dire que le métal-platine n'est pas susceptible de revêtir un étal dans lequel il est en réalité transparent, comme le sont l'or et l'argent. Je pense qu'il convient d'être réservé sur ce point. J'ai constaté, en effet, que des miroirs d'argent, laissant passer une lumière bleue ou une lumière jaune, suivant l'état du métal constitutif du dépôt et partant parfaitement transparent, deviennent sous l'influence de la radiation solaire directe, ou opaques, ou permettent le passage de la lumière blanche au travers des interstices laissés par suite du changement d'état physique de la pellicule infiniment mince du dépôt métallique. Quoi qu'il en soit de cette réserve, je considère comme vraie la conclusion tirée par M. Van Aubel de ses obser- vations spectroscopiques et microscopiques sur les miroirs sur lesquels il a opéré, et j'ai l'honneur de proposer à l'Académie d'ordonner l'impression de la courte note de ce jeune physicien dans le Bulletin de la séance. » Ces conclusions sont mises aux voix et adoptées. — La Classe vote l'impression au Bulletin du travail de M. Van der Mensbrugghe, examiné par MM. Spring et De Heen, Sur l'instabilité de Véquilibre de la couche superficielle d'un liquide, /'"' partie. ( 539 ; Contribution à V étude des sels de platine; par M. Eugène Prost, docteur en sciences et assistant de chimie à rUniversilé de Liège. Mtapptit't fie un. Slas. « L'état de nos connaissances sur les oxysels de platine est très insuffisant. On admet généralement, sans apporter des preuves analytiques à l'appui, que la composition de ces sels correspond aux composés halogéniques platineux et platiniques dont quelques-uns ont été soumis à une étude convenable. Dans sa note présentée à l'Académie, M. Prost a essayé de combler cette lacune en ce qui concerne le produit de l'action de l'acide azotique et de l'acide perchlorique sur l'hydrate platinique et de l'action de l'acide azotique sur le sulfure platinique précipité. Il a essayé de former ainsi les azotate, perchlorate et sulfate platinique, dits normaux. En opérant sur le produit, laissé par l'évaporation dans le vide maintenu sec, du liquide obtenu par la dissolution de l'hydrate platinique dans les acides azotique et perchlo- rique et par l'oxydation du sulfure platinique à l'aide de l'acide azotique normal, il a constaté que l'eau dissocie ces résidus. En ce qui concerne le produit de la dissolution de l'hydrate platinique dans l'acide azotique, la dissociation s'accomplit de manière à remettre en liberté de l'acide azotique, avec formation concomitante d'hydrates plati- niques de composition variable suivant la quantité d'eau employée et d'après la température à laquelle la dissocia- tion s'accomplit. M. Prost indique dans sa note le rapport ( 340 ) existant entre l'acide azolique et l'hydrate de platine devenus libres; ce rapport conduit à un azotate basique de platine hydraté. Le résidu de l'évaporation du liquide provenant de la dissolution, à froid, de l'hydrate platinique dans l'acide perchlorique, repris par de l'eau, fournit une poudre rouge- brique qui, après lavage et dessiccation, présente la com- position d'un perchlorate basique de platine. Le sulfate plalinique, obtenu par l'oxydation du sulfure platinique, produit à l'aide de l'eau froide et de l'eau chaude des sulfates basiques de platine. Ayant échoué à se procurer les azotate, perchlorate et sulfate platiniques dits normaux, M. Prost a essayé de produire des sels doubles de composition normale en les combinant à des sels alcalins à acides correspondants. Il expose dans sa note les résultats auxquels il est parvenu. Ces résultats démontrent que tons les composés obtenus par lui corres[)ondent encore à des sels platiniques basi- ques. De sorte qu'à l'heure actuelle on peut dire qu'un azotate plalinique de composition normale ne peut pas être obtenu. Le travail entrepris par M. Prost était d'une exécution difficile et d'après ce qui était connu sur ce sujet il y avait peu de chance d'aboutir à un résultat favorable. Les recherches ont été bien faites et sont appuyées de données analytiques nombreuses et habilement exécutées ; elles confirment les faitsactuellement admis et de plus elles ont pour base des données analytiques qui leur manquaient. En conséquence, j'ai l'honneur de proposer l'impression de la note de M. Prost dans le Bulletin de la séance. » La Classe adopte ces conclusions, auxquelles M. Spring, second commissaire, s'est rallié. I ( 34i ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur l'instabilité de l'équilibre de la couche superficielle dhm liquide, 1'^ partie; par G. Van der Mensbrugghe, membre de l'Académie. i. Au mois de mai i88o, j'ai publié un essai d'une théorie mécanique de la tension superficielle (1), essai qui, dans ma pensée, devait provoquer de nouvelles recherches sur la vraie cause des phénomènes capillaires ; ce travail, quoique fort imparfait, était une première tentative pour montrer que la couche superficielle d'un liquide est, en général, dans un état d'équilibre instable, rendu manifeste, par exemple, dans le phénomène de l'évaporation. Il y a lieu, en vérité, de s'étonner de ce que tous les physiciens qui se sont occupés de l'étude des phénomènes capillaires soient toujours partis de l'hypothèse formelle de l'équilibre des particules liquides de la couche superficielle d'un liquide, sans même examiner si l'équilibre supposé est possible ou non. On prévoit sans peine qu'en agissant de cette manière, on est arrivé, d'une part, à des conséquences théoriques que personne n'a pu vérifier expérimentalement, tandis que, d'autre part, on n'a pu trouver l'explication théorique de nombreux faits accusés par l'observation directe; c'est (1) Essai sur la théorie mécanique de la tension superficielle^ de l'éva- poration et de rébullition des liquides (Bull, de l'Acad., S*' série, t. IX, p. Ô46). ( 342 ) ainsi que beaucoup de physiciens ont admis et admettent encore avec Laplace l'existence d'une pression moléculaire dirigée vers rinlérieur de la masse liquide, pression qui n'a jamais été rendue évidente, tandis que plusieurs savants n'osent pas encore regarder comme réelle et incontestable l'existence d'une force contractile qui pourtant est accusée par mille preuves diverses. 2. Dans le travail actuel, je tâcherai de montrer l'insta- bilité des couches superficielles d'un liquide exposées fraî- chement à l'air libre; à cet effet je m'appuierai sur les hypothèses suivantes : i" Les choses se passent comme si les molécules étaient soumises, d'une part, à des forces attractives qui décrois- sent très rapidement lorsque la distance intermoléculaire augmente ; d'autre part, à des forces répulsives qui augmentent ou diminuent plus rapidement que les pre- mières; ^° A mesure que la température s'élève, les forces répulsives deviennent de plus en plus intenses. 3. Avant de raisonner sur la couche superficielle d'un liquide, c'est-à-dire d'un corps essentiellement élas- '^" 'tique, quoique très peu compressible, considérons a. une file idéale de dix points matériels soumis aux b. mêmes forces et équidislants o, b, c, d, ... A;(fig. 1); c. admettons de plus que les dislances mutuelles de- d. meurent invariables; pour plus de simplicité, nous e. supposerons qu'un point matériel quelconque e, par f. exemple, soit attiré par trois points voisins tels que «. d, c. b ou f, g, h; le même raisonnement serait appli- /i, cable au cas d'une file de points plus nombreux, l chacun d'eux étant attiré par 4, 5, ... n points voisins. ^ Cela étant, cherchons l'ensemble de toutes les forces mises en jeu dans le système, en n'introdui- ( 545 ) sant aucune action sans tenir compte de la force qui lui sert de réaction : c'est parce que Laplace n'a pas eu égard à cette précaution bien simple que le fond même de sa théorie a été souvent mal compris ou mal interprété. I.e point matériel a est attiré par b, par c et par cl avec des forces respectives a,, «3, a- dirigées de haut en bas; mais réciproquement 6, c, d sont sollicités de bas en haut avec des forces respectivement égales à — «,,—«2, — a-. Désignons l'ensemble de ces actions comme il suit : Faisant de même pour chacun des neuf autres points, nous obtenons le tableau suivant, qui contient l'ensemble de toutes les actions exercées soit dans un sens, soit en sens opposé : a J H- (^1 -+- cfç, -V- a-,); ^1 — a,; ^t--2 ^/î--3 ff^ -^ (^-i -^ ^^2 -^ «ô); ^■| — ^'-i; f/i-a, ^' 1 — «3 cf -^ (^1 ■+- '^■i -+- «3); ^/î--; ^'l---2 /|-«5 f/f-f- (a, -^ a, -+- a,); (.4 — a.,; /■|--2 .7 î - '^3 e ï -t- (aj H- ao ■+- a^) ; /î-^^^2; .91— «2 ; n-«3 /■fH- (a, -4- a-, -4- a^); .9t— '^^2; /ij— ^, ■'■|-«3 (/f -f- (a, -4- ao -+- a-,); n-«.; /l-a^ ^ ^"i-^5 /l Jh- ('5', -+- a,); «'t — ^^-.; n--2 «ÎH- «.; '4 — '^i; Nous déduisons de là pour la force qui sollicite chacun des dix points du système; a J -4- (a^ -4- ^2 -4- ^-3); / 0; 6 1 -t- (a, -+- «3) ; 9 0; cî -+-«-,; At-a3; d 0; «J-(-2 e 0; n-h ■3)- ( 344 ) Tel est donc le système des forces qui sollicitent la lile de points matériels considérés; comme on devait s'y attendre, le principe d'égalité entre l'action et la réaction est pleinement satisfait. 4. Rapprochons-nous du cas d'un liquide et concevons que la force exercée sur chaque point de la file tende à se transmettre au suivant, sans que, bien entendu, les dis- tances mutuelles soient changées; dès lors les forces de signes contraires qui sollicitent les points extrêmes a ei k tendront à produire un état de compression que nous dési- gnons par C^; de même les forces -i- (a^ -^a-), — [a^ -4- a^), qui s'exercent respectivement sur 6 et i auront une ten- dance à faire naître un degré décompression Cg, moindre que Ci; enfin les forces -1-^3, — a^ seraient capables de produire entre c et h une compression C3 moindre que C,; il résulte de là qu'entre a et 6, i et k, c'est-à-dire près des points extrêmes de la série, régnera une compression C| ; entre 6 et c, h et /, une compression Ci -h C2; entre c et rf, h et g une compression Ci -i- Cg ^- C5, laquelle sera la même dans toute la partie intermédiaire de c en g. 5. En l'absence de forces antagonistes, il est évident que les points matériels tendront à se rapprocher en mar- chant les supérieurs vers les inférieurs, et vice versa, et que le degré de compression ira en croissant de a en d comme de k en g. Pour que les points matériels n'obéissent pas à leur tendance à se rapprocher, admettons l'existence de forces répulsives comme celles qu'on attribue à la cha- leur. Concevons, par exemple, que l'intensité de ces forces soit précisément suffisante pour empêcher le rapproche- ment des points d, e, /; 9; toutes auront pour effet d'an- nuler de proche en proche le degré de compression Cl -h C2 H- C3 qui tendait à se développer entre ces points, ( un ) ainsi qu'entre c et (/, g et h; tous les points c,d,...g, h demeureront donc en équilibre; mais en sera-t-il de même entre a et b, b el c d'une part, k et /, i et h de l'autre? En ce qui concerne l'intervalle bel c, il tend à subir un état de compression C, H-C2, tandis que la force répulsive s'exerçjnt par hypothèse entre tous les points est capable de détruire un état de compression C, -^- C2 -f- C3; il s'en suit qu'entre 6 et c il tend à se développer une dilatation du degré C3, il en est de même entre h et i. On prouve- rait de même qu'entre a et b, i et k, il y a une tendance à une dilatation plus forte encore, à savoir du degré C2 h- C3. Cela revient à dire que si les points intérieurs c/, e, .../", 7 sont maintenus en équilibre, les points a, 6, c, h, i, k doi- vent tendre à s'écarter entre eux, et cela d'autant plus fortement que ces points sont plus voisins des extrémités de la file. 6. Actuellement, supposons que les forces attractives, au lieu de déterminer une simple tendance au rapprochement mutuel des points qu'elles sollicitent, puissent, au contraire, produire leurs effets : dès le moment où a se rapprochera de 6, b de c, etc., et de même k de i, i de h, toutes les forces attractives iront en croissant très rapidement à mesure que les distances mutuelles diminueront, et le rap- prochement, une fois commencé, se prononcera de plus en plus jusqu'au contact même de tous les points de la file; mais si, comme nous l'admettons, il se développe aussi entre tous les points des forces répulsives dont l'intensité aille en croissant plus rapidement que celle des forces attractives, le rapprochement cessera bientôt et tout d'abord pour les points intermédiaires; les forces répul- sives développées auront non seulement annulé les forces 3""^ SÉRIE, TOME XI. 50 ( 546 ) attractives elles-mêmes, mais encore acquis une énergie capable de détruire la demi-force vive engendrée lors du rapprochement; il est clair, d'après ce qui précède, que les forces répulsives agissant à l'intérieur dépasseront celles qui s'exercent entre les points voisins des extrémités a et k et cela d'autant plus que c^s derniers sont {)lus voisins de a et de k; les points a, b, c, k, i^ h s'écarteront donc entre eux, mais a et 6, k et i plus que b et c, i et h. Mais de pareils écarts déterminent un affaiblissement des forces attractives transmises à l'intérieur, et, par ce motif, les forces répulsives exercées entre les points intermédiaires de la file acquièrent une nouvelle prépondérance, d'où résultent de nouveaux écarts entre les points matériels «, b, c, k, i, h. Dès lors, les deux espèces de forces dimi- nueront à la fois, seulement les répulsives plus rapidement que les attractives; celles-ci ne tarderont donc pas à l'em- porter, et l'écartement graduel cessera bientôt pour donner lieu à un nouveau rapprochement de tous les points de la file considérée, et ainsi de suite. Il est à peine nécessaire d'ajouter que les raisonnements précédents s'appliqueraient mot à mot au cas où le rayon d'activité de l'attraction moléculaire, au lieu de s'étendre à quatre points matériels, en comprenait 5, 6, 7 n. 7. Remplaçons maintenant notre file idéale de points matériels par une (ile de véritables molécules comme celles d'un liquide, soumises aux seules forces moléculaires; pour nous placer, à l'origine, autant que possible dans le cas déjà étudié, isolons, par la pensée, au sein d'une masse liquide d'eau, par exemple, une lame plane, horizontale et soumise exclusivement aux actions réciproques de ses molécules; concevons-y une file de molécules équidisiantes et distribuées «1, «21 «3» ••• Fig. 2. ^'i ÎA, eu î A, «3 ÎA3 Cfi î A. ( 547 ) sur uue verticale; désignons-les par :„,... a\, ... a^, «'2, a\ (iig. 2). Imagi- nons que toutes les masses du liquide qui sont au-dessus et au-dessous de la lame soient enlevées au même instant; dès lors a^ eta'i se trouveront dans des conditions identiques, puisque nous faisons abstrac- tion de la pesanteur. Admettons enfin que «1 soit attiré par des molécules telles que tto, «3, ... a„, et de niême a\ par a'g, «'5, ...a'„; la distance a^ a,, ou a', a'„ î A„_, représentera dès lors le rayon d'activité r î 0 de l'attraction moléculaire. Les distances mutuelles de toutes les molécules pour- ront-elles rester les mêmes après la sépa- ration de la lame et des masses liquides ambiantes qu'avant cette séparation ? Évi- demment non; car la molécule cr,,, qui d'abord était sollicitée par le liquide qui JO l'environnait de toutes parts, ne sera plus j — A„_i atlii'ée que par les molécules comprises dans l'bémispbère ayant a^ pour centre et «!«„ pour rayon; soit A^ la résultante de toutes les actions élémentaires estimées t_A4 verticalement; cette action résullanle A, I A- ^^^ dirigée verticalement de haut en bas; t ^. de même a'i est sollicitée par une force l_^ résultante égale précisément à Aj, mais dirigée en sens contraire : c'est cette force qui constitue la réaction de A^. Quant aux molécules a^» «'2, elles seront sollicitées par les masses comprises dans un a a'. «4 «'3 a'. ( 348 ) segment sphérique de hauteur r — d, d étant la dis- tance «^«2 011 «'ift'a» d'où deux forces résultantes verti- cales A2 et — A2 égales et dirigées aussi en sens contraires, mais moindres que A^. Les molécules «3, a'3 sont sollicitées par deux forces A5 et — A5 moindres que A2 en valeur absolue et ainsi de suite (voir la figure); si Ton envisage maintenant les unes après les autres les actions combinées des forces (A^, — A^), (Ao, — A2), (A3, — A3), etc., on doit conclure que l'effet de toutes ces forces prises deux à deux sera une tendance à produire un état de compression de plus en plus prononcé depuis a^ jusqu'à a'„, et depuis a'^ jusqu'à a'„, la compression étant la plus forte, mais uniforme entre a„ et «'„. Afin que celte dernière compression ne se réalise pas, il faut que la température du liquide soit suffisante pour produire des forces répulsives capables d'annuler l'effet des forces attractives dans la portion «„«'„; mais le degré de cohésion de la masse liquide intérieure restera le même que primitivement, tandis que celui des couches superfi- cielles tendra à varier; car les forces répulsives produiront une tendance à écarter les molécules de ces tranches d'au- tant plus fortement qu'elles sont plus près de a\ et de a\ ; le travail moléculaire qui tend à s'opérer sera donc d'autant plus grand que la tranche liquide considérée dans la couche superficielle est plus voisine de la surface. Si l'équilibre qui existait, par hypothèse, dans toute la lame liquide avant sa séparation de la masse totale primi- tive, est rompu en réalité; si les molécules «i, «2 ••• «« d'une part, a'^, a'2 • • • «'« ^^ l'autre s'écartent effectivement, aussitôt les forces attractives np ^i^ ^ ^2, q= A5, ... iront en diminuant rapidement d'intensité; mais, comme nous ( ^^^ ) l'avons admis plus haut, les forces répulsives décroîtront plus rapidement encore, ce qui rendra la prépondérance aux forces attractives; les mêmes phénomènes se reprodui- ront périodiquement et ainsi devront s'exécuter une infi- nité de mouvements vibratoires tels que les distances moyennes de deux particules voisines aillent en décroissant depuis la surface jusqu'à l'intérieur où elles seront les plus petites, mais les mêmes partout. 8 Jusqu'à présent, nous n'avons considéré qu'une seule file verticale de molécules dans la lame plane et horizon- tale, file limitée de part et d'autre au milieu ambiant; que se passera-t-il dans un grand nombre de filets verticaux et voisins les uns des autres, à partir du moment de la nais- sance de la lame liquide? A cet égard, il paraît naturel de supposer que les molécules de ces filets ne se trouveront pas toutes dans la même phase de vibration au même instant, et qu'un écart entre les molécules d'un filet corres- pondra à un rapprochement de celles d'un filet voisin et vice-versa; toutefois, la densité du liquide ira en augmen- tant très rapidement, à partir delà surface, jusqu'à une pro- fondeur égale au rayon d'activité de l'attraction molécu- laire; comme cet arrangement tout à fait spécial doit s'etïectuer par le jeu des forces moléculaires, et non pas sous l'influence d'une force extérieure, il est évident que, dans la lame naissante, la température ne pourra pas être uniformément la même partout, mais sera d'autant plus faible que le travail moléculaire aura été plus prononcé, c'est-à-dire qu'on se rapproche davantage de la surface, bien entendu à partir d'une profondeur égale au rayon r d'activité de l'attraction. 9. Comme cette conséquence est d'une importance ( 330 ) capitale pour la suite de mon travail, je crois utile d'en donner une démonstration fondée sur les principes de la thermodynamique. Si l'on communique à l'unité de poids du liquide une quantité dQ de chaleur, il se produira : 1" une variation rfW dans le travail intérieur d'où dépend la température; 2" une variation rfJ dans le travail dû au changement de distribution des molécules; 5" un travail extérieur c/L, de sorte que nous pourrons écrire d'après le principe de l'équivalence de la chaleur et du travail : dQ = X\ dW -+- dS -+- (/L 1 , A représentant l'inverse de l'équivalent mécanique de l'unité de chaleur. Comme le travail extérieur développé par les liquides est très petit relativement aux quantités de travail intérieur effectuées par les forces moléculaires, nous pourrons négliger dL sans erreur sensible et écrire simplement : dQ = A\dW -i- di\. Appliquons maintenant cette équation au cas d'une lame liquide fraîchement produite et abandonnée ensuite à ses actions moléculaires, sans addition ni soustraction de chaleur; dès lors dQ s'annule et nous [)ouvons écrire W -•- J = constante, c'est-à-dire que l'énergie totale de l'unité de poids du liquide est la même partout. Or dans la couche superficielle le travail d'orientation des molécules va en augmentant, nous le savons, à partir de la profondeur égale à r jusqu'à la surface libre; conséquemment, si nous divisons cette ( 3.^1 ) couche en n tranches parallèles et qu'on représente par W,, J,, W2, J2. W5, J5, ... W„, J„ respectivement le travail d'oscillation et le travail (l'orientation de la première, de la deuxième, ...de la n''"" tranche à partir de la surface libre, nous pouvons écrire : Il suit de là que si Ji>J2, W^ sera plus t)etit que W2; de même W2• B 26.718 169.1 23.53 4.33 0,03664 » 7 24.617 194.2 16.83 2.34 0,05858 100.69 8 26.218 199.7 13.93 2.82 0,03894 » ( 373 ) Valeurs moyennes : Température initiale. Température iinale. Chaleur spécifique. 20.84 409.2(i 0,0oo06 i6.40 196.95 0,0S876 23.33 469.1 0,05716. En comparant ces valeurs avec celles trouvées par Bède et par Bunsen, savoir : De 15 à lOOo 0,05443 (Bède). '13 172 0,05753 (Bède). i6 214 0,05832 (Bède\ 0 à 100 0,0359 (Bunsen). raccord est également satisfaisant. Les valeurs obtenues conduisent à la relation C20-196 93 =0,05052 -+■ 0,0000564() t -h 0,00000006545 t' (5), qui permet de calculer c pour toute température ne dépas- sant pas beaucoup les limites 20 et ^96^95. On a procédé ensuite à la détermination de la valeur de u (de la formule (j)). Pour cela on a déterminé la durée du refroidissement de 100 grammes de plomb et de iOO grammes d'étain, à l'aide de l'appareil décrit plus haut, de lO** en 10^ depuis 200" jusque 100^ On possé- dait alors tous les éléments nécessaires pour résoudre PC -+- ;a t par rapport à f/.. Onze déterminations ont été faites; elles ont fourni la valeur moyenne pt = 6,6200. On a maintenant tous les éléments nécessaires pour déterminer la chaleur spécifique de l'étain et du plomb (574) pour des températures supérieures aux limites indiquées plus haut pour les valeurs de c des équations (2) et (5) et même pour déterminer leur chaleur latente de fusion. En effet, de lOO*' à IQO'' on connaît exactement la cha- leur spécifique du plomb aussi bien que de Tétain; on calculera donc pour chacun des deux métaux, à titre de contrôle réciproque, les valeurs respectives de pour tous les intervalles de iO" en 10" compris entre 100° et 190°. Ces valeurs de q doivent être égales; nous les donnerons plus loin dans les tableaux généraux de la chaleur du plomb et de l'étain. A partir de 190 on peut encore calculer de 10** en 10° depuis 190 jusque 310, mais pour le plomb seulement ; ensuite, on se servira de ces valeurs pour déter- miner la chaleur Q de l'étain de 10° en 10° depuis 190" jusque 310°, en résolvant, pour chaque intervalle de 10°, tX q = Qsn-^ P- On a de la sorte la chaleur de l'étain à l'état solide jusqu'au point de fusion (trouvé à 227.5), puis la chaleur latente de fusion et, enfin, la chaleur spécifique du métal fondu jusque 510°. Le résultat a été satisfaisant; en effet, j'ai trouvé» pour la chaleur latente de fusion L, L = U.r351 et pour la chaleur spécifique du métal fondu C = 0,0657. \ ( 37S ) Or, Person, auquel on doit les seules déterminations pouvant inspirer confiance, avait trouvé, par la méthode calorimétrique des mélanges, L = 44.255 C = 0,0657; si l'on fait attention que ces nombres sont obtenus par deux méthodes différentes, on se convaincra que les pro- babilités d'exactitude sont très grandes. En admettant, enfin, que la chaleur spécifique de l'étain fondu varie très peu avec la température, ce qui est sensiblement le fait, on pourra prolonger les valeurs de c pour l'étain jusque 360°. Revenons maintenant au plomb que nous avons aban- donné à 510°, Calculant, cette fois à l'aide de l'étain, les valeurs _ Qsn -+- /^ de 10 en lO** depuis olO° à 360°, on aura la chaleur du plomb, y compris la chaleur latente de fusion par On a trouvé, de cette manière, la chaleur latente de fusion 1 = 5.5:20 et la chaleur spécifique du plomb fondu C = 0,4096. Person avait trouvé, par la méthode des mélanges, L = 5,569 C = 0,0402, résultat également satisfaisant. ( 376 ) Voici maintenant les tableaux généraux de la chaleur (lu plomb et de l'étain, calculée de 0" à 560% ainsi que les tableaux généraux de la chaleur des alliages de plomb et (l'étain calculée de 100*' à 360" pour les motifs indiqués plus haut. On n'a cependant pas calculé, pour les alliages, la chaleur spécifique parce que le quotient ^ ne comprend pas seulement la chaleur spécifique, mais aussi la chaleur de transformation. ce CHALEUR CHALEUR CHALEUR VALEURS DURÉE VALEURS 5 . eu spécifique de OàT. a de lOo en lOo. totale de 0àT(2Q). de du refroidiss. de lOo. de t =^- Plomb. c 0,02729 » » » » » 10 0,02747 27.47 27.47 » » » 20 0,02769 27.90 55.38 » » » ao 0,02787 28.23 83.61 » » » 40 0,02809 28.75 112.36 0 » 0 50 0,02833 29.29 141.65 » » » 60 0,02854 29.59 171.24 " » » 70 0,02877 30.15 201.39 « » » 80 0,02901 30.69 232.08 « » 1) 90 0,02924 3198 263.16 »> » •' 100 0,02949 31.74 294.90 » » » 110 0,02973 32.13 327.03 98.33 56"25 1.748 m 0,02999 33.76 369.88 99.96 50.20 1.991 180 0,08028 33.78 393.64 99.98 44.83 2.230 140 0,03053 34.43 427.42 100.63 40.15 2.506 ( 377 ) M X. H < ce H ■S CHALEUR spécifique de 0 à T. CHALEUR Q de 10" en 40°. CHALEUR totale de 0 à T(2U). VALEURS de DURÉE du refroidiss. de lOo. VALEURS de Plomb {suite). loO 0,03079 35.44 464.85 404.34 36.43 2.804 160 0,03106 35.97 496.96 402.47 32.60 3.434 470 0,03129 36.45 534.93 402.35 29.75 3.444 180 0,03456 36.50 568.08 402.70 27.04 3.802 190 0,03482 37.42 604.58 403.62 25.04 4.438 200 0,03240 37.56 642.00 405.48 23.50 4.479 210 0,03236 38 96 67956 406.75 22 37 4.772 220 0,03266 38.48 748 52 407.24 20.40 5.255 230 0,03290 39.62 756.70 407.70 49.00 5.668 240 0,03348 39.68 796.32 408.55 4832 5.926 2o0 0,03344 39.68 836.00 109.35 47.64 6.200 260 0,03373 40.35 876.35 440.05 46.93 6.500 270 0,03402 41.35 947.70 444.10 46.35 6.795 280 0,03435 49.57 967.27 415.77 46.00 7.236 290 0,03464 59.97 4027.24 426.47 46.50 7.647 300 0,03496 446.76 4170.00 212.96 26.00 8.498 307 fusion (1) 532.00 « » » (4) La température brute 307 correspond à la température corrigée 322.3S. — Pendant la solidification du plomb la température finit par décroître lentement de manière à fournir un raccordement à la courbe des refroidissements du plomb solide. La figure 4 (courbe du plomb) met en évidence la marche de la chute des chaleurs. La chaleur latente 532 n'a donc pas été observée directement, mais elle se rapporte à la partie ponctuée de la figure : cette circonstance explique pourquoi dans la 4™^ colonne du tableau les nombres ne sont pas, entre 300 et 340*', la somme de Lous les nombres de la colonne précédente. Cette marche du thermomètre pendant la solidification du plomb a dû nécessairement échapper dans l'emploi de la méthode calorimétrique des mélanges. SEKIE, TOME XI. 52 ( 578 ) R- CHALEUR CHALEUR CHALEUR VALEURS DURÉE VALEURS TRMPÉRATl T. spécifique de OàT. Q de 400 en 400. totale de OàTdQ). de Q-+-H- du refroidiss. de 40o. de t ='' Plomb {suite). ;5io 0,03556 664.09 4620.00 730.30 83.50 8.746 mo 0,04096 44.74 4664.74 407.91 44.50 9.375 330 0,04096 39.64 4701.32 405.84 40.50 40.077 340 0,04096 42.40 4743.42 408.33 40.00 40.833 350 0,04096 44.49 4784 64 407.34 9.50 44.304 360 0,04096 40.46 4824.77 406.36 9.00 44.848 Éta m. 100 grammes. 0 0,01959 >- » » » » 40 0,04997 49.97 49.97 ■■ » 20 0,05032 50.67 400.64 " « » 30 0,05072 54.52 452.46 " « 40 0,05107 52.42 204.28 " » » 50 0,05450 53.22 257.50 " » " 60 0,05489 53.84 344.34 - » » 70 0,05230 U.16 386.40 '■ » 80 0.05278 56.44 422.24 » >' » 90 0,05318 56.38 478.62 )i » » 100 0,05354 56.78 535 40 >• 1) » ilO 0,05407 59.37 594.77 425.57 74.75 4.750 420 0.05459 60.34 655.08 426.54 64.25 4.969 130 0,05509 61.09 746.47 427.29 57.40 2.248 440 0,05562 64.51 776.68 427.74 54.45 2.482 450 0,05647 63.87 842.55 430.07 46.25 2.842 ( 379) TEMPÉRATURE T. CHALEUR spécifique de OàT. CHALEUR Q de 40 en 40o. CHALEUR totale de 0 à T(iQ;. VALEURS de DURÉE du refroidiss. de 40°. VALEURS de Étain. 100 grammes (.suite] 460 0,03669 64.49 907.04 430.69 44.73 3.430 470 0,03722 63.70 972.74 434.90 38.29 3.443 480 0,03786 68.74 4044.48 434.94 33.40 3.840 490 0,03842 68.50 4409.98 434.70 32.38 4.434 200 0,03898 69.62 4479.60 433.82 30.32 4.479 m 0,03937 74.37 4230.97 437.37 28.82 4.772 220 0,06023 74.33 4323.30 440.33 26.73 3.233 223 fusion (1) 4463.40 >. » (258.48) i> 230 » '■ 2889.40 1393.03 374.3 3.668 2t0 0,0637 63.70 2932.80 429.93 22.00 5.907 230 '- « 3016.30 429.95 21.00 6.488 260 » " 3080.20 429.93 20.00 6.498 270 « " 3443.90 429.20 49.00 6.803 280 >' » 3207.60 430.20 48.00 7.236 290 •• " 3274.30 430.00 47.00 7.647 300 » " 3333.00 434.06 46.00 8.494 310 w 3398.70 434.20 43.00 8.746 320 » " 3462.40 434.26 44.00 9.373 330 » >' 3326.40 434.00 43.00 40.077 340 » » 3589.80 430.00 42.00 40.833 330 » « 3653.50 130.00 44.30 44.304 .00 » 3747.20 430.00 44.00 44.848 (4) Température corrigée 233o. ( 380 ) VALEURS de^ DUREE du refroidis, t. Q=fy(--[i.. totale 2(Q). DUREE du refroidis, t. Q=g«-P'. totale i:(U). dOO 110 -120 430 14U ioO 160 170 180 490 200 210 220 230 2'fC 250 260 270 280 290 300 310 4.746 4.948 2.224 2.494 2.808 3.432 3.443 3.806 4.136 4.479 4.772 5.2oo 5.668 3.907 6.488 6.495 6.803 7.236 7.647 8.494 8.746 Alliage no 1 VbSn. 61.00 56.50 54.50 72.0 42 0 36.5 37.0 222.0 37.5 40.0 37.50 42.50 42.50 26.50 49.00 48.50 46.88 45.70 45.42 44.43 43.44 40.30 43.65 55.01 44337 54.73 48.49 64.49 778.73 88.90 442.96 442.75 457.44 174.69 90.33 54.37 53.95 48.70 47.40 49.46 52.92 48.80 40.30 83.95 440.96 254.33 305.70 333.89 445.08 4493.81 4282.74 4395.67 4508.42 4665.56 4840.23 4930.58 4981.95 2035.90 2084 60 2432.00 2484.46 2234.38 2283.48 Alliage no 2 Pb^Sn. 68.00 62.00 60 50 69.00 42.50 40.50 42.C0 447.00 33.00 32.00 30.00 32.00 32 00 35.50 44.00 37.00 26.00 45 30 43.00 44.00 42.50 32.53 56 36 68.35 403.88 53.44 60.64 78.40 379.40 70.29 77.43 76.96 401.96 445.47 443.50 487.54 474 44 440.73 45.96 48.50 48.47 43.42 32.53 409.09 477.44 283.32 336.46 397.10 475.50 854.60 924.89 4002.02 4078.98 4480.94 4296.14 4439 64 4627.42 4801.23 41^41.96 4937.92 2008.42 2034.89 2098.04 (381 ) s H ■< es -a s H VALEURS de q. DURÉE du refroidis. t. CHALEUR ,. totale '■^='"-"- m. DURÉE du refroidis. l. CHALEUR totale \niase n« 1 : PbSn. Alliage u° 2 : Pb^S>n. 3^20 9.375 42.00 47.07 2330.25 42.00 46.30 2444 32 330 40.077 44.70 54.62 2384.87 44 50 49.68 2494 00 340 40 833 40.94 52.36 2434.23 44.00 46.96 2240.96 350 44.304 40.40 47.87 2482.40 44.00 44.14 2285.40 360 44.848 9.65 47.90 2530 00 40.50 43.89 2323.00 y%Iliji ige II" 3 : P6^S/i. AlSiase n" 4 : P^^Su. 400 » .. .. « » „ „ 110 4.746 67.00 50 78 50.78 67.50 51.65 51.65 420 4 980 64.00 60.52 414.30 60.50 53.59 405.24 430 2.224 73.50 97.26 208 56 58.50 63 90 469.44 440 2 494 48.00 53.54 262.07 44.50 44.78 243.92 4oO 2.808 39.00 43.31 305.38 38.00 40.50 254.42 460 3432 36.00 46.55 354.93 35.00 43.42 297.84 470 3.443 35.60 56.03 407.96 35.00 54.30 352.44 480 3.806 74.00 245.44 623.40 54.00 427.90 480.04 490 4.436 30 00 57.88 681.28 28.00 49.64 529.65 200 4.479 27.50 56 97 738.25 26.00 50.25 579.90 210 4.772 27.50 65.03 803 28 25.00 53.40 633.00 220 5.255 26 50 73.06 876.34 24.00 59.92 692 92 230 5.668 28.00 92.50 968.84 24.00 69.83 762.75 240 5.907 28.00 99.49 4068.03 23.00 69.66 832.41 ( 38-2 ) VALEURS de q. DUREE du •efroidis CHALEUR Q=. » .. " dlO 4.746 65.50 48.46 48 16 72.00 59.51 59.54 120 4.980 60.50 53.59 101.75 66.50 65.53 425.04 i;-;o 2.224 57.50 64.li8 168.43 59.50 66.13 191.17 140 2.494 54.C0 85.43 248.86 56 00 70 97 262.14 loO 2.808 45.00 60.16 309.02 47 10 67.18 329.32 j 460 8 482 88.50 54 38 363.40 44.50 73.17 402.49 , 170 8.443 87 50 62.94 426.31 47.00 95.62 498.1 1 180 3.808 374.50 4847.73 1776.04 395.50 1439 07 1937.18 490 4.436 87.00 86.88 1860.87 67.00 210.91 2148 09 !200 4.479 37 50 101.76 1962.68 80.00 68.17 2206.26 210 4.772 30 00 76.96 2089.59 27.00 62.64 2258.90 220 5.2oo 25.50 67.80 2107.39 25.50 67 80 2846.70 280 5.668 22.00 58.49 2165.88 22.50 55.66 2872.86 240 5.907 49.72 50.33 2216.21 21.50 60.80 248316 250 6.488 49.56 52.37 2268.58 20.00 57. 5() 2490.72 260 6.495 48 45 53.64 2322.22 18.50 53.96 2544.68 270 6.805 47.40 52.48 2374.65 18 50 59.69 2604 37 180 7.231) 46.40 52.35 2427 00 46 00 49.57 2653.94 290 7.647 45.24 50.87 2477.37 48.50 75.27 2729.21 300 8 491 45.40 57.47 2584.84 41.00 28.90 2758.11 :m 8.746 43 60 52.69 1 2587.53 44.50 60.62 2813.73 ( 385 DURÉK CHALEUR 1 DURÉE 1 CHALEUR II VALEURS du ^ .^.^-^ du ■ — ^ ce -w de (]. refroidis. t. Q=ryi-H.. totale s(U). refroidis. t. Q^ryf-ii. totale 2:(Q). Ailla ge n« 7 : PbSn\ Alliage uo 8 : ?bSn~\ 320 9.375 42.70 52.81 2640.34 43.50 60.36 2874.09 330 40.077 42.C0 54.74 2695.08 12 50 60.72 2934 81 340 40.833 44.36 c6 92 2752.00 41 51 58.49 2983.30 3o0 44.304 40.24 49 30 2804.30 40.71 54.92 3038.22 360 44.818 40 00 52 93 2851.23 1015 53.78 301.2.00 .%llr-a ge 11° 9 : ?bSnK Alliage n° 10 : PfcSn". dOO » » » .. 410 4.746 74 (JO 63 04 63 41 72.C0 59.51 59.51 420 4.980 68.50 68.46 434.87 65.60 62.50 422.01 430 2.224 63 50 75.02 206.89 59.50 66.13 488.14 440 2.494 57 00 75.96 282.85 55.00 70.97 259.41 450 2.808 49.00 72.44 355.26 47.50 67.18 326.29 460 3.432 43.00 66.50 421 75 43.00 68.47 394.76 470 3.443 40.00 68.77 490.53 38.00 64.63 459.39 180 3 806 454.00 4640.30 213J.83 60.C0 162.16 624.55 490 4.436 32.40 434.01) 2265.18 286.00 4146.69 1738.24 200 4.479 32.00 77.42 2342.60 183.00 753.46 2494.70 240 4 772 26.50 60 23 2W2.83 27.00 62 64 2554.34 220 5.255 25.00 65.47 2468.00 25.00 65.47 2619.54 230 5.668 23.50 67.00 2535.00 23.00 64.46 2683.67 240 5.907 22.00 63.75 2598.75 21.50 60.80 2744 47 1 ( 386 ) DURÉE CHALEUR DURÉE CHALEUR II 3 H VALEURS Ju — du ^ / -.^^ — ^ a: -a H de q. refroidis. t. q=qt-ii. totale refroidis. t. Q=.yî-/x. totale 2(Q). Alliage no 9 : P6Sn*. Alliage 11" 10 : P6Sn5. | 2o0 6.488 21.00 63.75 2662.50 20.00 37.36 2802.08 260 6.495 49.50 60.45 2722 95 49.00 37.20 2859.23 270 6.803 47,80 34.98 2777.88 48.00 56 29 2915.52 280 7.286 46.50 58.49 2881.07 47 00 56.81 2972.38 290 7.647 46.00 56.45 2887.22 46 26 38.43 8030.48 300 8 494 43.20 58 30 2945.52 13.86 39 66 8090.44 810 8.746 48.70 58.62 2999 44 44.50 60.30 3450.64 820 9.37o 48.07 56.60 3053.44 43.24 37.67 3208.31 880 40.077 42.40 58.63 8144.07 42.40 38.72 3267.03 840 40.888 44.27 56.00 8470.03 44 55 38.97 3326.00 850 41.304 40.09 37.03 8227.08 40.92 57.28 3888.23 860 44.848 40.50 37.93 8283.08 1 40 40 36.77 3440.00 DURÉE CHALEUR II H VALEURS du ■" — '' ce -w Oh S u H de (]. refroidis. t. Q='y^- f^- totale 2(0). Alllae;e ii» 11 : P6S/î6. 400 '> » '■ •' dlO 4.746 76.00 66.80 66 80 120 . 4.980 (8.00 68.44 485.2 i 480 2.224 64.00 69.42 204.66 440 2.494 fc 9.00 80.95 2S5.64 ( 387 DUREK du refroidis. t. CHALEUR Q=7^ — f^- totale 4oO 460 170 180 -190 200 210 220 280 240 2o0 260 270 280 290 300 310 320 330 340 350 360 2.808 3.132 3.443 3 806 4.136 4.479 4.772 0.255 5.668 5.907 6.188 6.495 6.805 7.236 7.647 8.191 8.746 9.375 10.077 10.833 11.304 11 818 Alliage IV 11 : P6SwC. 53.50 84.03 369.64 53.00 99.80 469.44 61.50 145.54 614.98 218.00 763.51 1378.49 139.00 508.70 1887.19 130.00 516.07 2403.26 28 00 67.42 2470.68 25.00 65.17 2553.85 23.00 64.16 2600.01 21.00 57.85 2657.86 20.00 57.56 2715.42 18.96 56.96 2772.38 18.32 58.48 2830.86 18.82 55.57 2886.43 16.45 59.60 2946.03 15.46 60.47 3006.50 14.45 60.24 3066.74 13.42 59.67 3120.41 12.40 58.72 3185.13 11.50 58 38 3243.51 11.00 60.39 3303.90 10.40 56.80 3360.70 C 388 ) Discussiun des résultats, — Conclusions. Afin d'obtenir une vue d'ensemble des résultats men- tionnés dans les tableaux précédents, on a construit, pour chaque alliage, un diagramme dans lequel les températures sont les abscisses et les quantités totales de chaleur (^(Q)) les ordonnées. Ces diagrammes sont reproduits, à petite échelle, dans la planche annexée à ce travail. On y a fait ligurer aussi le diagramme de la chaleur du plomb et de la chaleur de Fétain. On le voit, la chaleur des alliages diminue d'abord pro- portionnellement à la température, puis la perte de chaleur s'accentue davantage. Pour les alliages riches en plomb le rapport T cesse bientôt d'être constant. Les alliages Vb'^Sn et Pb^Sn montrent même une chute complète pour la même tem- pérature de ^86%5 (corrigée = 297,5). C'est en ce point que l'on observe une première station de la température; les métaux perdent une partie de leur chaleur latente de lusion. A partir de ce point la diminution de (Q) change successivement avec la température jusqu'à la seconde station. Pour les alliages moins riches en plomb le rapport -^- reste constant jusqu'à des températures d'autant plus basses que la composition se rapproche plus de P6Sw^. Quand la teneur relative en étain dépasse PbSn^, le rap- port ^ paraît de nouveau perdre de sa constance. Mais pour aucun autre alliage que les deux premiers men- tionnés, on n'a pu observer une véritable station de la température à un point supérieur au point de solidification ( 589 ) proprement dit. Ceci est enlièrement d'accord avec ce que Wiedemann avait déjà vu (1). On n'a pas trouvé que le point de soliditicalion propre- ment dit fût enlièrement identique pour chacun de ces alliages. Le tableau suivant indique la position de la station pour huit alliages. Point de solidification Alliages. (température brute), P*S» 17703 P/^'-^Sm 17605 Pb^Sn 47700 Vb^Sn 47500 Pb^Sn 475«»0 Vb^ii"- 47305 VbSn'^ 47900 P^S;i* 483O0; l'alliage Vb^Sn présente un point de solidification de si courte durée qu'il n'a pas pu être déterminé exactement et les alliages PbS'hi et PbS^'n ont leur température s'abais- sant continuellement de 200° à 175°, ou à 170°, sans jamais présenter de véritable station. Il est clair qu'on n'a pas pu reproduire ces faits dans le diagramme à petite échelle figurant dans la planche. Après avoir terminé cet examen superficiel qui n'avait d'autre but que de faciliter notre orientation, passons à la comparaison des quantités de chaleur ^Q) des alliages avec la chaleur de leurs constituants. Nous arriverons à un résultat qui, me paraît-il, n'est pas sans importance pour la connaissance de la structure des alliages. On a calculé la quantité de chaleur que renfermerait chacun de ces onze alliages de 100° à o60° dans l'hypo- thèse où leurs constituants ne seraient pas alliés, en y comprenant bien entendu la chaleur latente de fusion : (1) Annales de Wiedemann, l. Ill,i). 2ô7. ( 390 ) le résultat des calculs se trouve dans la colonne A du tableau suivant; la colonne o renferme, d'autre part, la chaleur 2(Q) 100'' à 360° trouvée pour chacun des alliages. ALLIAGES. CHALEUR de Vb. CHALEUR de Su. ENSEMBLE. trouvé. llilîérences. P^S». . . . 974.52 1153.31 2129.83 2530.00 401.52 Pft'-^S» il91o6 7a2.54 1895.10 2323.00 427.90 Vb-^Sn 1283.90 507.81 1793.71 2176.34 382.63 Vb^Sii 1339.45 396.45 1735.90 2006.15 370.25 Vb^Sn 1373.57 323.50 1699.07 1930 06 230.99 Vb^Sn 1397.28 276 18 1673.46 1910 91 237.45 pz>s»--^ 714.86 1695.26 2410.12 2854.23 344.11 VbS7i-- 564.60 2007.71 2572.31 3092.00 519.69 VbSn^ 466.37 2211.98 2678.35 3285.03 606.68 PZ>S»5 397.52 2355.17 2752.69 3440.00 687.31 P^S»6 346.10 2462.07 2808.17 3318.70 510.53 Ainsi donc la quantité de chaleur contenue dans chacun de ces alliages est considérablement supérieure à la somme des chaleurs de leurs constituants. La différence est si forte qu'il ne peut être question, ici, d'une erreur d'observation : il s'agit, en nombres absolus, de plusieurs centaines de calories pour un poids de matière de 100 gr. Pour interpréter d'une manière aussi certaine que pos- sible cet écart considérable, il est nécessaire de posséder, au préalable, un renseignement essentiel : on doit savoir dans quel rapport se trouve la chaleur spécifique des alliages à l'état fondu avec la chaleur spécifique de leurs constituants, évaluée entre les mêmes limites de tempé- rature. ( 591 ) On a donc calculé la chaleur spécifique de chaque alliage dans rhypothèse où ses constituants ne seraient pas alliés et on l'a comparée avec la chaleur spécifique déduite direc- tement de Tobservalion. Pour diminuer autant que possible les erreurs, on a com- paré les chaleurs spécifiques pour chaque métal entre les intervalles de température les plus grands possible. La limite supérieure de température s'indique d'elle-même, c'est 560"; quant à la limite inférieure on l'a choisie à la température où le rapport T cesse de rester constant pour un alliage donné. Voici le tableau résumant le calcul : ALLIAGES. Intervales de température T. calculé. Q trouvé. trouvés. c --^ calculés. DitlereDces. ?bSn ^240 à 360 o90.o8 599.22 0,04924 0,04972 0.00051 Pb-^8n ^290 360 321.83 322.58 0,04597 0,04608 0.00014 Vb->Sn 280 360 356.71 360.33 0.04159 0,04504 0,00045 PÔ^S» 290 360 306.00 306.12 0,04379 0,04393 0,00014 Vbo^n 290 360 302.99 284.49 0,04328 0,04060 0,00268 PbGSn 290 360 300.53 290.38 0,0 293 0,04146 0,00147 PbSn'i 230 360 689.98 688.35 0,05374 0,05295 0,00079 ?bSn^ 230 360 749.01 721.64 0,05530 0,05554 0,00021 VbSn^ 240 360 681.22 68628 0,05657 0,05719 0,00052 PÔS«5 230 360 635.7 1 637.97 0,05779 0,05799 0,00020 PZ;S//6 230 360 764.23 760.69 0,05855 0,05851 0,00004 ( 392 ) Ainsi, si Ton excepte les alliages les plus riches en plomb, Pb^Sn et P66S», les différences des valeurs des chaleurs spécifiques n'onl aucune signification réelle : elles sont tantôt positives, tantôt négatives et elles rentrent dans les limites des erreurs d'observation. [.es alliages Vb'^Sn et Pb^Sn ont présenté, on se le rap- pelle, un point de fusion supérieur; on ne pouvait donc pas s'attendre pour eux à une concordance aussi satisfai- sante que pour les autres alliages. On est fondé à conclure que la chaleur spécifique des alliages, prise assez loin au-dessus du point de fusion, est égale à la chaleur spécifique moyenne de leurs constituants. Ce fait prouve qu'à ces températures les alliages se comportent comme de simples mélanges mécaniques. En outre, Regnaull ayant démontré qu'à des tempéra- tures suffisamment basses il en était de même, on peut écrire, en posant : P le poids de l'alliage; c sa chaleur spécifique à l'état solide; 0 la température oij commence le travail de la modifica- tion moléculaire; 1 la chaleur nécessaire pour opérer cette modification rapportée à 1 degré; t le point de fusion; C la chaleur spécifique à l'état liquide : Q = Pc« -+- Vx[t _ ô) -i- PL H- PC(T — 0. (i ) Cette équation ne s'applique qu'aux cas où il n'y a plus de modification moléculaire au-dessus de la température t, c'est-à-dire aux cas où le rapport preste constant à partir de t: les alliaejes P6S^n et PbS/t* réalisent cette condition. ( 395 ) Quand il n'en est pas ainsi, le second membre de (1) doit renfermer encore un terme de la forme PA(r-0. Pour l'un des constituants de l'alliage, on a de même : i^pj, -+- p,l,), B Ou bien la chaleur qui opère les transformations molé- B 5"^ SÉRIE, TOME XI. 55 ( 594 ) culaires des alliages est supérieure à la chaleur latente de fusion des constituants supposés non alliés. Il serait absurbe de considérer cet excès de chaleur comme provenant de ce que la fusion de l'alliage a lieu à une température inférieure aux points de fusion des constituants, car Person a démontré qu'au contraire la chaleur latente de fusion diminue, pour une même sub- stance, quand la fusion s'accomplit à des températures plus basses (1). Ainsi l'eau, par exemple, en se solidiûant à — 10 degrés, dégage seulement 74,2 calories, au lieu de 79 qu'elle dégage quand elle se solidifie à 0 degré. Il en résulte que dans un alliage fondu la liquidité est plus parfaite que dans les constituants fondus séparé- ment. Voici comment on peut concevoir commodément ce fait. Le plomb à 1 état solide serait formé de groupes d'ato- mes, ou molécules, tels que Pô^o, par exemple (le nombre 10 n'a évidemment qu'une signification indicative et non res- trictive). Un fragment de plomb solide d'un poids donné devrait alors être figuré ainsi : p/,10^ p/,10^ p^lO P/>io, pz,io, p^w L'acte de la fusion aurait pour effet de dépolijmériser, en partie, ces molécules, pour les amener à l'état de P6^, par exemple ; de cette manière, le même poids de plomb fondu devra être figuré par : Pi», Vb^, Vb^ Vb\ Vb\ P/jS. (1) Annales de chimie et de physique^ t. XXI, p. 295. { 393 ) Le travail de dépolymérisation serait effectué par la chaleur latente de fusion; celle-ci servirait de mesure à ce travail. De même pour l'étain solide on aurait un groupement et pour rélain fondu S»«o, Sm'o^ Sn»o S??>o, Sji'o, S>i'o ShS, S?/5, s»5 S/j5, Sm», S«5. La chaleur latente de fusion de l'étain serait plus grande que la chaleur latente du plomb parce que le travail néces- saire pour dépolymériser l'étain serait supérieur au travail demandé pour le plomb. En un mot, ces métaux seraient formés, à l'état liquide, de molécules plus petites qu'à l'état solide, et comprenant 5 atomes au lieu de 10, par exemple. D'autre part, dans la formation d'un alliage de compo- sition P6S/i^, par exemple, par le mélange de P6^-h3Sn^, à Félat fondu, il se produirait des groupes PbSn^ au nombre de 5 : l'/JSM^ ?b^n^, PZ>S7H P6S//% P/>S»3, ?bSn^, qui ne contiendraient chacun que 4 atomes au lieu de 3, en d'autres termes, le plomb fondu et l'étain fondu subiraient une nouvelle dépolymérisation nécessitant un supplément de chaleur. En fait, Mazzotto (i) a montré que ^1) Bendiconti del R. IstUuto Lomhardo, série 2, vol. XVIII, fasc. 5. ( 596 ) si l'on mélange du plomb et de Tétain fondus il se produit un abaissement de la température. Or, s'il est vrai que, toutes autres conditions étant sup- posées égales d'ailleurs, les corps sont d'autant plus fusi- bles que leurs molécules comptent un plus petit nombre d'atomes, on conçoit qu'im alliage doit avoir un point de fusion situé en dessous des points de fusion de ses consti- tuants. L'abaissement de ce point devra être évidemment une fonction de la dépolymérisation. D'après ce que nous avons vu plus haut, les alliages fondus, de plomb et d'étain, se comportent, à une tempéra- ture suffisamment élevée, comme des mélanges mécani- ques de plomb et d'étain; il ne serait donc pas impossible que les groupes P6Sw^, dans l'exemple choisi, fussent décomposés eux-mêmes de manière que l'on n'aurait, pour ainsi dire, qu'une dissolution mutuelle et réciproque de plomb et d'étain. On est plus ou moins porté à admettre ceci si l'on fait attention que l'excès de chaleur trouvé dans les alliages a été en augmentant (voir plus haut) jus- qu'à P6Sn^, puis pour PôS/i^ on a cependant eu une quan- tité plus petite. La dépolymérisalion des métaux serait donc produite par la présence d'une quantité suffisante d'étain. Portons maintenant notre attention sur un autre point. Si, à la vérité, la décomposition dégroupes P6«o et Sn^^ consomme de la chaleur, la formation des groupes PbSn^ doit en dégager, sinon le plomb et Fétain n'auraient aucune affinité chimique l'un pour l'autre. A la chaleur consommée dans le premier acte vient donc s'ajouter algé- briquement la chaleur dégagée de l'autre, la différence pourra être positive ou négative selon que la chaleur de foimaiion de l'alliage sera plus petite ou plus grande que (397) la chaleur de dépolyraérisation. Et, en effet, Person et après lui Mazzollo ont déjà observé un dégagement de chaleur pendant la formation des alliages de bismuth et de plomb. Person ne savait s'expliquer ce dégagement de chaleur dans sa théorie (1) ; d'après lui il n'y aurait pas là le témoignage d'une combinaison chimique, mais le fait proviendrait de ce que l'alliage ayant un point de fusion inférieur à celui de ses constituants et la chaleur latente de fusion devant alors être plus faible, une partie de la cha- leur doit se réaliser. Il n'est pas nécessaire de montrer que l'explication de Person est en contradiction avec les faits. Examinons maintenant les phénomènes qui se passent quand un alliage tel que PbSn^ est exposé au refroidisse- ment à partir d'une température très élevée T. De T au point de solidification, si le rapport | reste constant l'alliage n'éprouve aucune modification molécu- laire. Au point de solidification la polymérisation se repro- duit et l'alliage passe à l'état solide, il se forme des groupes (P6S^)n, en même temps une partie de la chaleur latente se réalise; mais, la solidification achevée, nous voyons que le travail moléculaire n'est pas terminé, il se continue accompagné encore d'un notable dégagement de chaleur. Ainsi, pour P6S/^^ de 100° à 170", il y a 154,68 calories de plus que si les métaux, au poids total de 100 grammes, n'étaient pas alliés. Ces calories donnent la valeur du terme Pa (t - 6). Quelle peut être la nature de ce dernier travail? Si l'on (1) Annales de chimie et de physique, L XXIV, 1848. ( 598 ) tient compte qu'à des températures assez basses non seu- lement la chaleur de l'alliage est égale à celle de ses consti- tuants mais que les autres propriétés physiques, telles que le poids spécifique, la dilatabilité, la conductibilité pour la chaleur et pour Télectricité (Matthiessen, loc. cit.), sont identiques à celles que l'on trouverait pour un mélange mécanique des constituants, on est conduit à conclure qu'à ces basses températures l'alliage chimique PôSn^, même polymérisé, n'existe plus : il s'est résolu en ses con- stituants. Pour continuer l'exemple numérique utilisé plus haut, je dirai que des groupes tels que (P6S7i^)'^ se sont transformés comme il suit : (PZ,S»5)io = p/,10 ^ s??io + s«io + Snio pour reformer les métaux à l'élat solide tels que nous les connaissons. Person avait déjà émis l'opinion qu'à des températures assez basses les alliages se décomposaient. Cette manière de voir n'a pas été généralement accueillie parce que l'on s'expliquait difficilement une décomposition accompagnée d'un dégagement de chaleur; on s'attendait au contraire. Je crois qu'en complétant l'idée de Person, ainsi que je l'ai fait, les difficultés disparaîtront : la décomposition de l'alliage faisant place à une recomposition plus solide des constituanls. Ce travail de décomposition spontanée accompli dans des corps solides pendant le refroidissement est certaine- ment intéressant. Comme on observe aussi l'inverse quand la température s'élève, on peut trouver, dans ces faits, une preuve de plus de la continuité de propriétés des corps solides et des corps liquides. Les échanges d'atomes ne se produisent pas seulement à l'état liquide entre des corps ( 399 ) différents, mais il se fait un transport de matière, de molécule à molécule, même à l'état solide. On serait porté à penser qu'entre deux molécules de deux corps solides il y a un va-et-vient perpétuel d'atomes. Si les deux molé- cules sont de même nature, l'équilibre chimique ne paraîtra pas troublé, mais si leur nature est différente ce mouve- ment sera révélé par la formation de substances nouvelles et dès lors on pourra en poursuivre les effets. Il me paraît même que la raison de la cohésion dans les corps solides doit être cherchée dans ce mouvement en ce sens que deux molécules dont les atomes ne participeraient à aucun transport réciproque seraient plus faciles à écarter l'une de l'autre que deux molécules dont les atomes joue- raient entre eux. Dans ce cas, en effet, la division ne passerait pas entre deux molécules vraiment distinctes, mais plutôt entre les atomes d'une molécule. Ce ne seraient pas seulement des attractions de molécules à molécules qu'il faudrait vaincre, mais des attractions d'atomes à atomes. La cohésion ne serait qu'un cas particulier de la force qui unit les atomes: de l'affinité chimique en un mot. Si ces considérations sont exactes, il faut que les corps solides soient doués de la propriété d'entrer en réaction chimique sitôt qu'ils seront au contact réel. On se rappelle sans doute que j'ai vérifié le fait depuis plusieurs années déjà (i) et qu'en particulier j'ai produit divers alliages fusibles, et même du bronze et du laiton, en comprimant à froid leurs constituants en poudre fine, c'esl'à-rlire en les mettant au contact aussi parfaitement que possible. (1) Bulletin de r Académie de Belgique, t. XLiX, n° 5, 1880; et Berichte d. deutsch. chem. Gesellschaft, t. XV, p. 595. ( 400 ) Il nous reste encore deux points à examiner relative- ment aux alliages de plomb et d'étain. Nous avons vu la raison probable pour laquelle le point fusion d'un alliage est plus bas que celui de ses consti- tuants; elle se trouverait dans ce que les molécules de l'alliage sont plus simples que les molécules de chacun des constituants. Nous devons nous demander maintenant pourquoi tous les alliages de deux métaux déterminés, de plomb et d'étain, par exemple, ont sensiblement le même point de fusion. Rudberg avait déjà interprété le fait en supposant qu'il n'existait entre deux métaux donnés qu'une seule combinaison chimique, pour le plomb et l'étain elle répondrait à la formule P6Sn^. Cette combinai- son fondrait à une température déterminée. Ensuite, en alliant le plomb et l'étain dans d'autres proportions que celles de la formule P6Sn^, l'excès de l'un des métaux resterait simplement dissous dans l'alliage chimique, aussi longtemps que ce dernier serait fondu. Si cette manière de voir est exacte, il faut que la cha- leur latente de fusion des alliages soit sensiblement égale à la chaleur latente de la partie de P6Sïi^ qu'ils ren- ferment augmentée de la chaleur latente de l'excès du métal libre. Le fait peut être immédiatement vérifié pour les alliages P6Sn^, P6Sn3 et PôSn^ chez lesquels le rapport ^ reste constant jusqu'au point de solidification. On trouve : Alliages. Chaleur latente calculée. Chaleur latente trouvée. 15.475 17.000 18.685 15.800 L'accord n'existe donc pas. La chaleur latente trouvée VbSn- » PÔS«* 15.303 PôSnS 16.227 PÔS^e 15.081 ( 401 ) €st sensiblement trop grande. L'étain en excès ne se trouve donc pas à l'état de dissolution simple dans P6Sw^ mais, conformément à ce que nous avons vu plus haut, à un état de dissolution plus parfait, c'est-à-dire à un degré de dépolymérisation plus avancé que celui qui définit J'étain liquide proprement dit. L'interprétation de Rudberg, si on veut la conserver, doit donc être corrigée en disant que l'alliage chimique contiendrait l'excès de métal étranger à un état sur- liquide (1). Les alliages pour lesquels^ ne reste pas constant jus- qu'au point de fusion ne permettent pas une vérification immédiate, puisqu'une énorme partie de la chaleur latente se réalise déjà à des températures supérieures au point de fusion. Cependant on peut, sans erreur grave, ramener ce €as au précédent en prolongeant la partie du diagramme de ces alliages où ^ est constant jusqu'à la ligne de solidi- fication et en mesurant sur cette ligne la partie comprise entre le point ainsi déterminé et l'origine elle-mêïne de cette ligne. Le nombre obtenu exprimera à peu près la chaleur latente qui se serait réalisée si le changement d'état de l'alliage s'était accompli entièrement au point de fusion. Voici les résultats de la comparaison : Alliages. Chaleur latente calculée. Chaleur latente trouvée. 41.60 9.54 9.11 8.25 7.96 7.02 (1) Le mot surfondu coDvieodrait mieux, mais il est employé pour exprimer un autre fait, celui de l'état d'un corps resté liquide en dessous de son point de fusion. Vb^n 11.16 l?b'^6n 8.88 Pô'Sm 7.89 Vb^^n 7.32 ?b^Sn 6.96 ?b^Sn 6.71 ( 402 ) Ici encore les valeurs trouvées sont plus grandes que les valeurs calculées. On conclura, comme tantôt, que le plomb en excès se trouve dans l'alliage P6Sn^ à l'état sur- liquide. Nous devons compléter encore ces considérations. Con- sidérons l'un des alliages riches en plomb, P6%S, par exemple. Si cet alliage fondu pouvait être simplement assimilé à une dissolution de plomb dans PbSn^ (18P6 -h Vb^n^ = P6'2Sn^=5P6^^Sw), la chaleur de solidification de la partie PbSn^ qu'il renferme devrait se réaliser sensiblement au point de fusion. Eh bien cette chaleur serait, comme le calcul l'établit pour iOO grammes d'alliage, 305.79; or on ne trouve expérimentalement que 80.00; l'énorme différence 505.79 — 80,00 = 225.79, soit 74 7o s'est réalisée déjà au-dessus du point de fusion de l'alliage. Il en résulte que pendant le refroidissement de l'alliage fondu, non seulement il se produit une polymérisation de l'excès de plomb supposé libre bien avant le point de fubion, mais 74 ^o de l'alliage chimique sont entraînés aussi dans ce mouvement de polymérisation. On arrive à des résultats semblables pour les autres alliages : Chaleur de la partie P^Sn^ contenue dans liages. dOO gr. d'alliage. Chaleur trouvée. Différences. PôSn 890.43 692.0 , 198.43 Pô^S» 543.95 304.0 513.95 Vb-Sn 391.52 164.0 227.52 P6*Sm 305.79 80.00 225.79 VbsSn 250.85 57.00 193.85 P66S,î 242.78 56.00 156.78 ( 405 } On doit donc reconnaître que le phénomène du refroi- dissement d'un alliage fondu n'est pas aussi simple que Rudberg et d'autres physiciens après lui l'avaient cru. Avant la solidification proprement dite le métal en excès se reforme; mais il entraîne avec lui une énorme quantité du dissolvant de manière que si, à la vérité, l'alliage de deux métaux détermine un abaissement du point de fusion de chacun d'eux, un excès de l'un des métaux agit pour avancer la solidification de l'alliage proprement dit. En résumé, à de basses températures les alliages de plomb et d'étain se comportent comme de simples mélanges de leurs constituants, chacun conserve ses propriétés spé- cifiques. A partir d'une certaine température il se produit, dans la masse toujours solide, un travail moléculaire qui a pour effet de simplifier les molécules des constituants tout en produisant des molécules nouvelles comprenant des atomes de chaque métal. Ce travail est d'abord lent, puis il va grandissant en vitesse et il atteint un maximum. Alors il y a station de la température: toute la chaleur fournie au métal est consommée par ce travail, l'alliage fond. Bientôt cependant le travail moléculaire redevient plus lent, la température peut s'élever de nouveau et la simplification des molécules s'achève. Enfin, à une tempé- rature suffisamment élevée et variant avec la composition de l'alliage, tout travail de division cesse. L'alliage se comporte alors de nouveau comme un mélange de métaux libres, mais chacun d'eux est à un état moléculaire plus simple que celui qu'il prend quand il est fondu isolément. Cette simplification des molécules est la raison pour laquelle un alliage a un point de fusion situé en dessous de la moyenne des points de fusion de ses constituants. Pendant le refroidissement des alliages fondus, les ( 404 ) mêmes phénomènes se produisent en sens inverse, A partir d'une température donnée, mais variant d'un alliage à l'autre, le travail de reconstitution des métaux alliés commence au sein même de la partie encore fondue. Cette première phase dure d'autant plus longtemps que l'un des métaux est en plus grand excès sur l'autre relati- vement à l'alliage P6S/i^; elle rappelle, comme Wiede- mann l'a déjà montré, les phénomènes observés pendant la solidification, par refroidissement, d'une solution d'jin corps. Ensuite, ce qui demeure de l'alliage chimique se soli- ditie à son tour et le travail de reconstitution des métaux s'achève, à l'état solide, avec une grande lenteur. Les pages précédentes étaient déjà sous presse lorsque a paru un travail de C. L. Weber (1) sur la conductibilité électrique de quelques alliages fusibles, il montre aussi que la fusion des alliages ne s'achève pas au point de fusion proprement dit, mais qu'elle commence avant ce point et se termine après lui. Je suis heureux de con- stater que les voies si différentes suivies par Weber et par moi ont conduit cependant au même résultat. (1) Wiedemann's Annalen,l.X\\l\,\\'iAti,\^HQ. ]letras, 3^ Série, Tome XI W Spring._ Sur la chaleur des alliages de plomb et d'étam. Litfb CrSevereyr^. Bruxelles. ( 405 ) Sur l'état de la végétation, le 2i avril i886; par G. Dewalque, membre de l'Académie. Les observations du 21 mars n'ont pas été faites à cause de la rigueur de la saison. Pour le 21 avril, iM. le baron de Selys Longchamps a observé à Waremme, M. le profes- seur Malaise à Gembloux, et moi à Liège et à Spa. D'après mes observations, à Liège, l'état de la végétation, à la date indiquée, était celui d'une année ordinaire. M. de Selys, à Waremme, trouve un peu de retard. Voici, du reste, la note qu'il a jointe à ses observations : « L'hiver de 1885-1886 a été remarquable, non par de grands abaissements de température, mais par le nombre énorme de jours de neige, et la continuité des petites gelées, au moins pendant la nuit, de sorte que la neige n'a jamais fondu entièrement dans les endroits abrités du soleil. Cet état météorologique a commencé bien avant le jour officiel du commencement de l'hiver; de sorte que rien n'a été à noter le 18 mars; mais, le 19, le temps s'est réchauffé brusquement, et le 21, on eût pu noter la végétation des plantes hâtives, qui, d'ordinaire, donnent signe de vie du 15 au 28 février. Il y avait donc environ un mois de retard. » Le mois suivant, les choses ont marché rapidement, tellement que le retard qui existait le 20 mars sur l'année précédente (1885) est effacé, même avec une certaine avance pour quelques plantes; mais la notation montre encore du retard sur une année ordinaire. » ( 406 ) Fcuillaisou. GEMBLOUX. WAREMME. LIÈGE. SPA. Acer pseudoplatanus. . . V4 . bourgeons. • ^sculus hippocastanum. . Ali-ino rrl II ti n ACO V4 V2 V^ '/4 '/s Amygdalus persica . bourgeons. Arislolochia sipho. . 0 Berberis vulgaris . . ^/. .... .... 'Ai Betula alba .... 'U .... '/. '/s Carpinus betuliis . . . '!, 'U .... Vs Cornus mas bourgeons. — sanguinea . . bourgeons. '/4 Corylus avdlana . . V4 '1-2 V.2 *'4 Cratsegus oxyacantha. .... v-> ^/4 'Ai Cytisus laburnum . . V4 Evonymus europœus. 'U- Fagus sylvatica. . . u bourgeons. 1 Fraxinus excelsior . 0 0 0 0 Juglans regia . . . bourgeons. Larix europaea . . . ... ^4 -^u 'Ai Ligustrum vulgare . v. .... V4 Mespilus germanica . V4 Philadelphus coronariu s . bourgeons. .... ^/4 Populus alba . . . .... '4 — fastigiata bourgeons. 'U Prunus armeniaca bourgeons. — cerasus. bourgeons. — domestica bourgeons. Pyrus communis '!i — cydonia . , bourgeons. — japonica. "i .... V-> — malus, . bourgeons. Sorbus aucuparia 'U 0 Syringa persica. • '!a .... ■•/4 "t> ( 407 ) Syringa vulgaris . Tilia europœa . . Ulmus campestris. Viburnum opulus . GEMBLOUX. bourgeons. VVAREMME. LIEGE. SPA. bourgeons. Floraison. Acer platanoïdes . . . générale. presq. termin. générale. partielle. générale. 0 • Alnus glutinosa Amygdalus persica . . . Anémone nemorosa . . . Bellis perennis Caltha palustris .... Cardamine pratensis. . . boutons, générale, générale, commence, générale. avancée, générale, générale, générale, commence commence commence commence Carpinus betulus .... Cheiranthus cheiri . commence. Convallaria maïalis . . . Corchorus japonica . . . .... boutons. Dielytra eximia Fritillaria imperialis. . . Iberis sempervirens . . . initiale. avancée. commence. Hyacinthus botryoïdes . . générale. Lamium album — purpureum . . . générale. 0 boutons. presq. génér. générale. presq. génér. Leontodon taraxacum . . Magnolia vulan .... commence. commence. Mahonia aquifolium . . . Primula auricula .... — elatior. . . — officinalis. . . . Prunus armeniaca. . . . — cerasus — domestica .... — spinosa commence, générale, générale, générale, commence, boutons, générale. générale, générale, générale. générale. générale. générale, commence commence. boutons. boutons, boutons. générale. commence, commence. commence. commence. générale. | commence. I commence. ( 408 ) Pyrus communis .... — cydonia — japonica — malus Ranunculus ficaria . . . Ribes grossularia. . . . — nigrum — rubrum — sanguineum . . . GEMBLOUX. WAREMME. LIÈGE. SPA. boutons, boutons, générale, boutons, générale, générale, boutons, générale. générale. commence. générale. générale. générale, générale commence, générale, générale, générale. petits boutons commence, initiale, générale, générale. commence, générale. petits boutons commence, commence. commence. Saxifraga crassifolia . . Syringa persica — vulgaris .... Trollius europaeus. . . . boutons, boutons. . . . . Tussilago petasites . . . Valeriana dioïca . Vinca minor. . . . . partielle. Waldsteinia geoïdes Note sur la transparence du platine, par Edmond Van Aubel, candidat en sciences physiques et mathéma- tiques, à Liège. En 1884 et 1885, M. Kundt (1) a publié, dans les Bul- letins de C Académie des sciences de Berlin, deux mémoires dans lesquels il étudie la rotation électromagnétique du (1) Sitzungsberichle der Akademie der Wissenschaften zu Berlin, juillet 1884, ou Philosophical Magazine, 5* série, vol. 18, 1884, p. 508. — Sitzungsberichte der Akademie der Wissenschaften zu Berlin, novembre 1885. — Annalen der P/ujsik, 1884, Bd. XXlll, p. 228; 1886, Bd. XXVII, p. 59. ( 409 ) plan de polarisation de la lumière qui a traversé des lames transparentes de fer, de nickel et de cobalt, ou s'est réflé- chie à leur surface. Dans son premier travail (1), le savant physicien de l'Université de Strasbourg indique, d'une façon détaillée, la manière de préparer les miroirs dont il s'est servi. On peut, à cet effet, employer une lame de verre argentée, dont on se sert comme électrode négative pour faire Pélectrolyse de solutions convenables de fer, de nickel et de cobalt. Ce procédé, employé d'abord par M. Kundt, a été rem- placé par lui, dans la suite, par un autre plus commode, dans lequel le miroir d'argent transparent est remplacé par un miroir de platine, comme ceux dont M. Kœnig de Paris se sert pour les expériences d'acoustique. M. Kundt pense que les lames métalliques ainsi obte- nues sont transparentes et indique même pour le fer, le nickel et le cobalt, la couleur de la lumière transmise. Voici ce qu'il dit à ce sujet (2) : « Die Metallschichten kann man leicht so diinn erhalten, dass dieselben und das Platin zusammen noch durch- sichtig sind. » Einfallendes weisses Licht ist nach dem Durchgang durch Eisen braun, durch Cobalt grau, durch Nickel grau mit einem stich ins Blaue. » J'ai été amené à préparer également, par le même pro- cédé, de tels miroirs, en vue d'étudier les spectres d'ab- (1) Philosophical Magazine, loc. cil., p. 510. (2) Philosophical Magasine, loc. cit., p. 511. — Annalen der Physik, 3™' SÉRIE, TOME XI. 34 ( 410 ) sorplion du fer, du nickel et du cobalt, et l'influence du magnétisme sur ces spectres(l). A cet effet, des lames de nickel ainsi obtenues ont été placées dans un faisceau de lumière parallèle que Ton observait au spectroscope. Dans ces conditions, on ne put constater aucune bande, aucune absorption particulière, mais seulement un assom- brissement général dans tout le spectre. Le résultat de cette expérience fut d'abord attribué à une trop grande épaisseur de la couche de nickel qui pou- vait rendre opaque la couche métallique du miroir. On a donc préparé de nouvelles plaques avec une couche moins forte de nickel, mais les mêmes phénomènes se sont encore montrés. En plaçant ensuite le côté métallique du miroir contre la fente du spectroscope, le spectre de la source lumineuse était traversé par des raies longitudinales, parallèles entre elles et excessivement rapprochées sur toute la longueur du spectre (2), et identiques à celles que l'on observe lorsque des poussières se trouvent interposées entre les deux lèvres de la fente du spectroscope (5). En présence de ces résultais, j'ai songé à examiner, de la même manière, un miroir de platine non recouvert de (1) M. Fievez avait déjà étudié Tintluence du magnétisme sur les spectres d'émission (voir Bulletin de VAcadémie royale de Belgique, 3e série, t. IX, n» 5, 1885). (2) Si les raies longitudinales avaient élé plus rapprochées dans une partie du speclro, on aurait pu admettre une absorption d'une partie (le la couche métallique. (3) Plusieurs physiciens se sont occupés des raies longitudinales du spectre; voir nolammeut: Fortschritte der Physik, t. 111, p. 126; l. IV, ()p. 163 et 164; t. V, p. 134; t VI, pp. 411 et 412. —Archives des sciences physiques et iiaturelles de Genève, t. XII, p. 43, etc., etc. ( 411 ) nickel el n'ayant jamais servi à Félectrolyse. J'ai raême étudié par ce procédé toutes les parties d'un grand miroir de j^;latine(1), et les phénomènes observés précédemment se sont encore montrés. En résumé, dans la lumière parallèle, les miroirs de platine montrent une absorption générale, la même pour toutes les couleurs; placée contre la fente du speclroscope, la couche de platine produit le même effet que des pous- sières opaques. Ceci démontre suffisamment, nous semble-t-il, l'opacité de la couche de platine de nos miroirs, résultat auquel nous ne nous attendions guère au début de notre travail, lorsque nous nous proposions d'étudier l'influence du magnétisme sur les spectres d'absorption du fer, nickel et cobalt. Dès lors, il est bien clair que les miroirs de fer, nickel, cobalt sont, à fortiori, recouverts également de particules métalliques non transparentes. Ces couches présentent bien, à la vérité, l'apparence de miroirs transparents, si l'on regarde une source lumineuse au travers. La lumière traverse le verre et passe entre les particules métalliques opaques. Dans le cas du fer, la lumière transmise paraît brune, mais cette couleur peut être due à la réflexion de la lumière sur les surfaces internes de petites particules de (1) Les miroirs de plaliue dont il est question dans ce travail nous ont été fournis par M. Lohmanu, à Berlin, chez qui M. Kundl s'était égale- ment procuré ceux dont il s'est servi dans son second travail (voir Annalen der Physik, février 1886, p. 195). C'est la seule raison que nous ayons de croire que nos miroirs de platine aient quelque analogie avec ceux du savant professeur de Strasbourg. ( 412 ; fer. La même observation s'applique aux couches de nickel et de cobalt. Dès lors, les phénomènes de rotation électromagnétique du plan de polarisation de la lumière par passage à travers le fer, le nickel et le cobalt, observés par M. Kundt (1), ne pourraient-ils pas être considérés comme étant plutôt des phénomènes de réflexion de la lumière sur de petites par- ticules placées dans un champ magnétique? J'ai encore examiné, par les procédés décrits plus haut, un miroir d'aluminium que M. Fievez a bien voulu me prêter, et qui avait été obtenu en faisant passer une décharge électrique dans un tube de Geissler dont les électrodes étaient en aluminium (2). Ce miroir cylindrique, quoique paraissant transparent et brun à la lumière transmise, nous a donné le même résultat que les miroirs de platine. Dans mes expériences, je ne me suis pas fié aux indi- cations d'un seul instrument; j'ai employé successivement le spectroscope de Joung à réversion où la dispersion est produite par deux prismes de flint, et un autre spectro- scope à très grande dispersion (5) formé d'un réseau Ruther- furd combiné à un prisme Christie. Dans le premier cas, la source lumineuse était une lampe à huile; dans le second cas, nous avons employé la lumière solaire. (1) Philosophical Magazine, loc. cit., p. 51 1. (2) M. Wright est parvenu à obtenir par ce procédé des couches minces de différents métaux sur des lames de verre. — Silliman 7our/ja/, jan- vier et septembre 1877. (3) Pour la description de cet instrument, voir Annales de l'Observa- toire royal de Bruxelles, t. IV, nouvelle série (Fievez, Élude du spectre solaire). ( ^13 3 J'ai également examiné atlenlivement au microscope, en me servant de grossissements variant de 80 à 680 dia- mètres, le miroir de platine de M. Lohmann, et j*ai de nou- veau constaté l'opacité du métal qui le constitue. Le dépôt discontinu se compose de métal sous trois états physiques distincts : I'' De platine à l'état de noir de platine, absolument opaque, tel qu'on l'obtient par le procédé de Liebig ou par la réduction à 60° du chloroplatinate d'ammonium dissous dans l'eau et le formiate acide ou alcalin d'ammonium ; ^2" De platine phis divisé que le noir, opaque et émet- tant par réflexion une lumière d'un bleu noirâtre; 5" De platine en masse cohérente, absolument opaque et réfléchissant de la lumière blanche. La lumière qui traverse un tel miroir passe au travers des interstices considérables qui existent dans le dépôt métallique, quel que soit l'état de celui-ci. La surface de ces interstices représente parfois le tiers de la surface couverte du dépôt métallique. Je me propose, dans un autre travail, de soumettre au même examen spectral des miroirs métalliques obtenus par le passage de la décharge électrique dans des tubes de Geissier, en employant des électrodes formées de métaux autres que l'aluminium, à cause de l'utilité de miroirs transparents pourTélude du phénomène de Kerr(i). Je me fais un devoir, en terminant, de remercier (1) Afin de comparer le phéi)omèoe de Faraday avec la découverte de Kerr. Un récent travail de M. Kundl (Wied. Annalen der Physik, jan- vier 1886, p. 59) sur la double réfiaciion de la lumière dans des couches métalliques obtenues par pulvérisation d'une cathode augmente encore l'intérêt que présente cette recherche. ( 4i4 ) M. Fievez, astronome à l'Observatoire royal de Bruxelles et chargé du cours d'astrophysique à l'Université de Liège, qui a bien voulu mettre à ma disposition son installation spectroscopique de l'Observatoire de Bruxelles et con- trôler mes observations. OBSERVATOIRE ROYAL DE BRUXELLES, avril 1886. Contribution à l'élude des sels de platine; par Eug. Prost, assistant à l'Université de Liège. D'après la théorie généralement admise actuellement en chimie, les sels normaux résultent de l'union de molécules de bases et d'anhydrides dans un rapport simple conforme à la valence. Cette manière de voir, toute a priori, entraîne certaines conséquences difficiles à admettre. Elle implique, en effet, que l'avidité d'une molécule d'un anhydride donné peut être saturée par une molécule de base forte ou une molécule de base faible, et inversement qu'une molécule de la même base épuise son activité chimique en s'unissanl à une molécule d'un anhydride fort ou d'un anhydride faible. En d'autres termes, dans le sulfate de potassium K^^SO^ et dans le sulfate de zinc ZnSO^, l'anhydride sulfu- rique serait également saturé respectivement par l'oxyde potassique et par l'oxyde de zinc. En fait, la chose n'est guère admissible, et l'on peut se demander si, dans certains cas, les molécules d'oxydes, qui entrent dans la composi- tion des sels dits basiques, ne sont pas là pour suppléer au manque d'énergie chimique de la base vis-à-vis de l'anhy- dride. Dans cette hypothèse le véritable sulfate de cuivre normal serait, par exemple, CuSO^'CaiO et non CiiSO^. D'une manière générale, on peut supposer que plus la dif- ( 415 ) férence d'avidilé de la base el de l'anhydride qui entrent dans la composition d'un sel sera grande, plus la formule de ce sel aura, pour employer l'expression actuelle, un caractère basique. Je me suis pro[)Osé de vérifier ce fait en étudiant la nature des sels qui résultent de l'union de l'oxyde de platine, une des bases les plus faibles, avec quelques anhydrides choisis parmi les plus énergiques. Sans doute, on trouve mentionnés dans les traités de chimie un grand nombre de sels de platine auxquels on accorde des formules de sels normaux , mais dans la plu- part des cas ces formules sont purement imaginaires. On écrit le sulfate platinique P/(SO^)^ parce que le platine est lélravalent et l'anhydride sulfurique bivalent. Pour des raisons analogues on écrit encore : P/(NOVS P'SOs P/(S05)-, etc. En fait, les choses ne sont pas aussi simples. Je n'ai pu, comme on va le voir, obtenir à l'état solide aucun sel « normal ». Toujours l'insuffisance de l'oxyde de platine vis-à-vis des anhydrides qui m'ont servi dans mes expériences s'est manifestée d'une façon évidente ; en d'autres termes, je n'ai réussi à préparer que des sels basiques. J'ai appliqué au platine du commerce qui m'a servi dans ce travail la méthode de purification indiquée par J.-S.Stas. Dans les calculs, j'ai pris pour poids atomique du platine le nombre 196.7. § I. — Du nitrate platinique. Pour préparer ce composé j'ai dissous dans un excès suffisant d'acide nitrique concentré de l'hydrate platinique préparé par la méthode de Fremy ; la solution brune, ainsi obtenue, a été chauffée au bain-marie à l'abri des pous- ( 416 ) sières de Tair jusqu'à élimination complète de Tacide nitrique. Dans ces conditions, Ton obtient d'abord une masse gommeuse, qui, par une dessiccation prolongée, se fragmente en de nombreux grains rougeâtres. L'analyse de ces grains séchés jusqu'à poids constant a fourni les nombres suivants : Pt 69,-26 o/o. NO' ... . 10,96 H*0 . . . . 9,55 (diff.) 0 10,23 100.00 Cette composition centésimale conduit au rapport ato- mique 2P/, INO^ 5,01 H20, 3,650, et, par suite, à la for- mule brute : P/'*(N05)26H20, 0^. On peut donner à cette formule la structure semi-rationnelle suivante : INO'Xp /OH ^pQ2 5JJ2Q Comme on le voit, cette formule est celle d'un nitrate platinique basique. La composition centésimale théorique de ce composé s'accorde avec celle qui se déduit de l'ana- lyse. On a, en effet : Trouvé. Théorique. P/ 69,26 o/„ 69,57 NO' 10,96 10,96 H'^O 9,55 9,55 0 10,25 9,90. 11 se produit donc pendant l'évaporation de la solution de nitrate platinique une dissociation dont la cause ne peut être attribuée qu'à l'eau contenue en puissance dans l'hydrate platinique. En présence de ce résultat, j'ai lecherché par des expé- ( ^'i? ) riences spéciales jusqu'à quel point l'eau pouvait agir sur la solution acide de nitrate platinique. J'ai dissous de nouveau dans un excès d'acide nitrique concentré de l'hydrate de platine séché dans le vide. La solution, addi- tionnée d'eau distillée, se trouble rapidement; le trouble augmente avec la quantité d'eau ajoutée, et, finalement, il se dépose une matière jaune complètement insoluble, dans laquelle l'analyse qualitative n'a pas permis de reconnaître la présence d'acide nitrique. L'analyse quantitative a montré que l'on avait affaire à un hydrate: elle a fourni les résultats suivants : Pl 69,63 o/o H^O 19,60 (diff.) 0 .... . 10,57. On déduit de ces nombres la formule P/0^ 3H-0, pour laquelle le calcul indique : P^ 69,61 o/o H^O 19,08 0 11,50. II y a donc concordance entre le calcul et l'expérience. Le filtrat séparé de l'hydrate précédent était encore très sensiblement coloré en jaune; en y ajoutant une nouvelle quantité d'eau, j'ai déterminé la précipitation d'un nouveau corps jaune, exempt aussi d'acide nitrique. L'analyse de ce corps, séché dans le vide, a donné : Pt 72,040/0 H*o 20,11 (diQ'.) 0 7,85. Et par suite la formule P/^O^OH^O, pour laquelle la ( 4i8 ) théorie exige la composition centésimale suivante, voisine de celle qui se déduit de l'analyse : Pt 72,33% H-^O 19,82 0 7,13. Ces deux premières expériences ont été faites à la lenï- pérature ordinaire. Dans une troisième, j'ai fait intervenir la chaleur. La solution de nitrate platinique a été addi- tionnée d'eau jusqu'à ce qu'il se produisît un trouble, puis chauffée à l'ébullition et maintenue à cette température pendant quelques minutes. Dans ces conditions, la disso- ciation atteint tout le sel en solution; le précipité jaune obtenu renferme tout le platine et le liquide surnageant est complètement incolore. Le précipité séché dans le vide renfermait : VI 72,42 «/o H^O 14,71 (diff.) 0 12,87. Ces nombres conduisent à la formule P/^O'SilH^O, très peu en rapport avec la valence du platine et corres- pondant probablement à un mélange. Cependant, la théorie indique pour un corps Pf^O^'jIlH^O une composition voisine de celle que j'ai trouvée. On a, en effet : Pf 72,47 '>/o H^O 14,57 0 12,94. En résumé, les faits précédents montrent combien est faible l'avidité du platine pour l'acide nitrique. Le nitrate platinique subit de la part de l'eau une action dissociante qui n'est entravée que par la présence d'un excès suffisant d'acide nitrique. La chaleur agit comme l'eau. Pour une ( 419 ) température et une quantité d'eau données, il existe très probablement un état d'équilibre caractérisé par la pré- cipitation d'une certaine quantité de platine à l'état d'hydroxyde. § 2. — Du perc/dorate platmiqiie. Je me suis proposé ici d'amener à l'état solide le sel auquel on attribue par analogie la formule P/(C/0^)'^. Dans ce but, j'ai dissous à froid, dans un excès d'acide perchlo- rique, de l'hydrate platinique; la solution brun -rouge obtenue a été ensuite évaporée dans le vide sur l'acide sulfurique. A mesure que la concentration augmentait, la couleur se fonçait davantage, sans qu'il se produisît cepen- dant de précipitation. Finalement, la masse s'est prise en une gelée rouge complètement insoluble dans Peau. Après lavage à l'eau distillée et dessiccation dans le vide, j'ai obtenu une poudre rouge -brique, renfermant platine, chlore, eau et oxygène. L'analyse a montré que cette substance était un perchlorate basique de platine. Elle a donné : Pt 73,0 )0/o Cl 2,09 H'O 16,06 (diff.) 0 8,80. D'où la formule brute P^^^C/O^ISH^O, correspondant à une composition théorique exprimée par : Pt 75,24% Cl. 2,29 H«0 13,5o 0 9,15. N'ayant pu réussir à obtenir par évaporalion un sel ( 420 ) normal, j'ai essayé d'isoler le corps existant dans la solu- tion acide primitive, en traitant cette solution par l'alcool. L'essai a été infructueux; il semble que l'alcool n'ait pas agi seulement comme précipitant. § 3. — Du sulfate platinique. Pour la préparation du sulfate normal, j'ai employé la méthode de Davy; elle consiste à traiter du sulfure plati- nique convenablement séché dans le vide par de l'acide nitrique fumant, et à évaporer la solution obtenue au bain-marie jusqu'à élimination complète de l'acide nitrique en excès. Le résidu de l'évaporation est une masse noire, gommeuse, brillante, qu'il est impossible d'amener à un état de solidification convenable pour l'analyse. Du reste, quelque soin que l'on mette dans la dessiccation du sulfure de platine, l'on ne peut éviter une oxydation superficielle de ce corps, avec mise en b'berté d'acide sulfurique; cet acide se retrouve mélangé au sel de platine après dessic- cation; il est donc impossible d'obtenir un produit pur. Le sulfate de platine étant tout aussi soluble dans l'alcool que dans l'eau, il ne peut être question de l'isoler de sa solution aqueuse par précipitation. En présence de ce résultat peu satisfaisant, j'ai dû me borner à étudier l'action dissociante de l'eau et de la chaleur sur le sulfate de platine, comme je l'avais fait pour le nitrate. Les résultats auxquels je suis arrivé sont résumés dans les quatre expé- riences suivantes : 1. Si, dans la préparation du sulfate, l'on arrête l'éva- poration au moment où le sel commence à se prendre en masse, mais renferme encore une quantité notable d'acide nitrique, la solution obtenue après reprise par l'eau se ( 42i ) conserve indéfiniment sans altération, même à un fort degré de dilution. Même à Pébullition, le liquide ne subit aucun changement. 2. Dans un second essai, j'ai continué Tévaporation jusqu'à ce qu'il ne restât plus que des traces d'acide nitrique mélangées au sulfate platinique. La solution aqueuse moyennement concentrée du sel ainsi préparé donne après trois ou quatre jours de repos en flacon bouché un dépôt jaune-clair; en même temps la teinte brun-rouge primitive du liquide pâlit considérablement. Le précipité était malheureusement trop peu abondant pour pouvoir être analysé. Le filtrat fut additionné d'eau à plusieurs reprises sans qu'il se produisît de nouvelle pré- cipitation, même après un repos prolongé. Je l'ai fait alors bouillir; au bout de quelque temps, il s'est troublé et a fini par donner un abondant précipité brun dont une partie est restée en suspension dans le liquide. Cette fois encore j'ai dû renoncer à l'analyse; le précipité, recueilli sur un filtre, s'est peu à peu redissous dans l'eau employée au lavage. 3. Un troisième cas est celui où l'évaporation de la solution acide de sulfate platinique est entretenue jusqu'à élimination complète de l'acide nitrique. La solution aqueuse du sel donne alors après trois ou quatre jours de repos en flacon bouché un abondant précipité rouge- brique; la décoloration à peu près complète du liquide surnageant fait prévoir que la dissociation a atteint presque tout le sel en solution. Ce liquide renferme, du reste, une très forte proportion d'acide sulfurique. Le précipité séché dans le vide, après lavage à l'eau distillée, subit une dimi- nution considérable de volume et devient complètement noir. Par la pulvérisation, la matière sèche reprend la ( 422 ) teinte rouge du précipité humide. L'analyse a montré que l'on avait affaire à un sulfate platinique basique, renfer- mant : P^ 69,1 70/0 SO^ 6,56 ir^O 14,72 (diff.) 0 9,5o. Le rapport atomique déduit de ces nombres conduit à la formule brute : P^3SO*0»12H-20, que l'on peut écrire : {{q^P^^^SO*, 4P^^0H)S 3H20. La composition centésimale théorique de ce corps est : Pt 68,57 «/o S0« 6,66 H^O 14,98 0 9,98. La concordance entre ces nombres et ceux de Fanalyse est satisfaisante, surtout si l'on tient compte du fait que ce corps, comme tous ceux d'ailleurs dont il est question dans ce travail, a été obtenu par précipitation et n'a donc pu être complètement purifié avant d'être analysé. 4. Dans les trois essais précédents l'eau intervenait seule comme agent de dissociation et ne provoquait que des décompositions partielles. J'ai recherché si en faisant bouillir une solution diluée de sulfate platinique, aussi exempte que possible d'acide libre, je n'arriverais pas à une dissociation totale, comme je l'avais observé pour le nitrate à la température ordinaire. J'ai constaté après ( m ) quelques minutes d'ébullilion la formation d'un précipité rouge-brique, se déposant rapidement. En même temps, le liquide est devenu complètement incolore. Le précipité, séché dans le vide, s'est comporté comme celui que j'ai obtenu dans l'expérience précédente. Contre mon attente, il renfermait encore de l'acide sulfurique. L'analyse a donné la composition centésimale suivante : P^ 72,56 "/o SO* 4,40 H'O 15,37 (diff.) 0 9,67. La formule Pt^SO'^O^^l 611^0 qui se déduit de ces nom- bres correspond à la composition centésimale suivante, suffisamment concordante avec les résultats de l'analyse : Pt 7-2,69 »/o S0« 4,42 H^O 13,28 0 9,39. Quoique les expériences précédentes faites sur le nitrate, le perchlorate et le sulfate platiniques ne soient pas rigou- reusement comparables entre elles, puisqu'elles ont été faites dans des conditions différentes, elles suffisent à montrer l'ordre dans lequel on doit ranger les trois acides nitrique, perchlorique et sulfurique au point de vue de leur avidité pour le platine. Le fait que l'acide nitrique se sépare déjà du platine à la température ordinaire et même en présence d'acide libre autorise à donner à cet acide la dernière place dans l'ordre des avidités; la pre- mière revient à l'acide sulfurique qui, même à l'ébullition, n'abandonne qu'en partie le platine auquel il est combiné. Entre les deux se range l'acide perchlorique. Les faits ( 424 ) précédents montrent aussi l'insulfisance de l'énergie chi- mique de l'oxyde de platine vis-à-vis des anhydrides forts. Aucun des sels normaux ne résiste à Taclion disso- ciante de Teau ou d'une chaleur modérée. Les précipités d'hydrates ou de sels basiques dont il a été question repré- sentent autant d'équilibres chimiques, en rapport avec le degré de dilution et la température du liquide dans lequel ils se produisent. Pour une valeur déterminée de ces deux facteurs, une partie du sel est dissociée avec mise en liberté d'acide qui maintient en solution le res- tant du sel jusqu'à ce qu'une nouvelle dilution du liquide ou une élévation de température affaiblisse son action et détermine l'écroulement d'une nouvelle quantité de oiolé- cules. Les faits de ce genre sont nombreux. Le chlorure anti- monieux, par exemple, traité par l'eau, donne une série d'oxychlorures dont la composition varie suivant le degré d'acidité des liquides, la quantité et la température de l'eau ajoutée. Si la précipitation se fait à froid, l'on obtient un corps de la formule S60CI. En laissant le précipité quelque temps en contact avec le liquide, puis chauffant, la composition devient : 2S6C1% 586^0^. On arrive au même corps en traitant par l'eau chaude une solution très acide de chlorure. L'eau chaude ajoutée à une solution aussi peu acide que possible précipite un composé : ^0S6d2O^ S6CP. On cite encore les oxychlorures S680"C12, S6^0^C12, etc. 11 est évident que, dans ces exemples, les facteurs qui interviennent sont les mêmes que dans mes expériences. Les différents oxychlorures d'an- timoine apparaissent comme des corps ou des mélanges de corps dont la précipitation est liée à un état d'équilibre déterminé des liquides au sein desquels ils se produisent. ( 42S ) Sels doubles de platine et de métaux alcalins. Après avoir échoué dans la préparation du sulfate pla- tinique normal, en ce sens que je n'ai pu l'obtenir à l'état solide, j'ai recherché si, en mélangeant à la solution de ce sel des solutions de sulfates alcalins, je n'obtiendrais pas des espèces d'aluns de platine dans lesquels le sulfate platinique existerait en puissance; mon but était de pré- parer des composés de la formule générale P^(S0^pR2S0^ analogues aux chloroplatinates, dans lesquels on peut admettre l'existence du chlorure P^CI^. Il y avait là, me semblait-il, un moyen de vérifier si, oui ou non, la solu- tion de sulfate platinique renferme le corps répondant à la formule P/(S0^)2. L'expérience a été négative. Dans les difTérents sels que J'ai obtenus, le sulfate platinique était déjà dissocié à des degrés variant avec les conditions de l'expérience. J'ai successivement fait agir sur le sulfate platinique les sul- fates d'ammonium, de rubidium et de potassium. Voici les résultats auxquels je suis arrivé. I. Sulfate double de platine et d'ammonium. En ajoutant à une solution aqueuse concentrée et froide de sulfate platinique, une solution concentrée de sulfate ammonique en quantité telle que le sel platinique soit en léger excès, on obtient après addition d'alcool un précipité brun-clair paraissant amorphe et se déposant rapidement. Ce précipité a été analysé après lavage à l'alcool et des- siccation dans le vide. 3"^ SÉRIE, TOME XI. 35 ( 42G ) La composition centésimale trouvée est exprimée par : NH* 2,87 S0« 7,65 Pt 60,11 S0« 11,55 H^O 17,81. D'où l'on déduit la formule brute (NH*)* P/»(S0*)5 SdH^O. Cette formule peut encore être écrite 2(NH*)2SOi, Pl\SO'f, 25H«0. La composition théorique de ce composé dans lequel on ne peut voir du sulfate plalinique normal concorde avec les nombres donnés par l'analyse. On a : NH* 2,79 S0« 7,43 Pt 61,09 S0« 11,1 H^O 17,47. II. Sulfate double de plaline et de rubidium. Le mode de préparation est analogue à celui du sel précédent. L'addition d'alcool à la solution mixte préci- pite un corps amorphe, brun clair, qui, lavé à l'alcool et séché dans le vide, renferme : Pt 48,41 «/o SO* 16,04 R6 22,08 H'^0 12,55. La formule Pt^Rb^{SO^)HimO, qui se déduit de ces nombres, ne renferme pas de sulfate plalinique nom al. La composition centésimale théorique est : Pt 49,38 «/o S0« 16,10 R6 21,48 H^O 12,82. ( 427 ) III. Sulfates basiques de platine unis an sulfate de potassium. A. Le sulfate de platine qui a servi à la préparation de ce sel a été chauffé au bain-marie pendant un certain temps alors que déjà tout l'acide nitrique était évaporé. En reprenant par l'eau après refroidissement, on obtient une solution limpide dans laquelle l'addition successive de sulfate potassique et d'alcool détermine la formation d'un précipité brun, très foncé, complètement insoluble dans l'eau. L'analyse de la matière séchée dans le vide a fourni les nombres suivants : Pt 57,67 K 6,75 SO* 13,66 H20 17,28 (diff.)0 4,74. Ces nombres conduisent au rapport atomique P^*" K21 135H20 (80^)2'' 0*°. Celle formule se simplifie beaucoup si l'on pose pour H^O le coefficient 156 au lieu de 155. Tous les termes sont alors divisibles par 4 et l'on peut écrire : P/'0K6(SO*)^34rOO'0 OU encore : La composition théorique suivante concorde avec les chiffres cités plus haut : P^ 57"/, K 6,77 SO* 13,88 H20 17.71 0 4,62. B. A la suite du résultat de l'expérience précédent ( 428 ) j'ai recommencé la préparation du sulfate double de pla- tine et de potassium en ne chauffant le sulfate de platine que juste le temps nécessaire à l'élimination de l'acide nitrique. J'espérais ainsi obtenir un corps soluble dans leau. J'ai constaté, en effet, que dans ces conditions le sel double était soluble dans l'eau au moment de sa prépa- ration. Mais il s'est altéré pendant le lavage et la dessic- cation dans le vide et est devenu complètement insoluble dans l'eau. L'analyse a du reste montré qu'il s'agissait bien d'un sel basique. Elle a donné : Pt 58,61 SO* 18,81 K 6,47 H«0 10,25 (diff.)O 5,88. D'où la formule brute : que l'on peut écrire : 5K2SO*Pf»»(SOi)7 54H20 0^* et pour laquelle la théorie indique : PI 58,55 "/o SO* 19,05 K 6,44 H*0 10,12 0 5,82. L'ensemble des faits précédents montre à l'évidence combien est faible Ténergie chimique de l'oxyde de pla- tine; aucun des sels qu'il forme avec les différents anhy- drides ne résiste à l'action dissociante de l'eau. Les pro- duits de celt^ dissociation varient avec la proportion d'eau et la température et donnent lieu, en s'unissant, à des sels basiques à composition variable qui sont, en réalité, l'expression de véritables équilibres chimiques. Laboratoire de la Faculté des sciences de l'Université de Liège. ( 429 ) CLilSSE DES LETTRES. Séance du 10 mai 4886. M. P. WiLLEMS, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. F. Tielemans, vice-directeur ; P. De Decker, Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove, J. Thonissen, Th. Juste, Félix Nève, Alph. Wauters, Ém. de Laveleye, Alph. I.e Roy, Ém. de Borchgrave, A. Wage- ner, G. Rolin-Jaequemyns, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Pot- vin, J. Stecher, T.-J. Lamy, Aug. Scheler, P. Henrard, membres; J. Nolet de Brauwere van Sleeland, Alph. Rivier, associés; G. Tiberghien et Gustave Frédérix, corresjoon- dants. M. 11. Hymans, membre de la Classe des beaux-arts, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. Une lettre du palais du Roi exprime les regrets de Leurs Majestés de ne pouvoir assister à la séance publique du 12 mai. Des regrets semblables sont exprimés par M. le général ( 450 ) Burnell, au nom de LL. AA. RR. le Comte et la Comtesse (Je Flandre. MM. les Ministres de rAgriciilture, de l'Industrie et des Travaux publics, des Chemins de fer, Postes et Télégraphes et de la Guerre remercient pour l'invitation qui leur a été faite d'assister à ladite solennité. — M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics adresse : i" Une expédition de l'arrêté royal du 17 avril dernier qui décerne le prix triennal de littérature dramatique flamande (10^ période, 1883-1885) à l'ouvrage intitulé : Karel Slolk {De Boerenkrijg), drama in 5 bedrijven, door H.-B. Peeters, traducteur à l'administration des chemins de fer à Bruxelles; S*" Une expédition d'un arrêté royal du 10 mai qui attribue le prix quinquennal d'histoire nationale, pour la période de 1881-1885, à l'ouvrage de feu Edmond Poullet, intitulé : Histoire politique nationale. — M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics envoie, pour la bibliothèque de l'Acadé- mie, un exemplaire de l'ouvrage intitulé : Histoire des frères mineurs de l'Observance de Saint François, en Belgique et dans les Pays-Bas, par le P. F. Servais Dirks. — Remerciements. — L'Université d'Heidelberg annonce qu'elle célébrera du 2 au 7 août prochain le SOO*" anniversaire de sa fon- dation. MM. Rivier et Vanderkindere y représenteront l'Aca- démie. ( 451 ) — La Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut envoie son programme de concours pour Tannée 1886. — Hommages reçus avec gratitude : i" La civilisation de Vhumanilé primitive et la Genèse^ par C. de Harlez; 2" Vendidad, tramlated into gujarali from Avesta, livre sacré du zoroastrisme traduit du texte zend par N.-C. de Harlez, with a summary of the Pehlevi commentary and copions notes, par Aerpat Melierjibhâi Palanji Mâdan, présenté par M. P. Willems; 3" Canzonen, par Joan BohI, associé; ouvrage présenté par M. Noiel de Brauwere avec une note pour le Bulletin; 4-° a. L.-P. Gachard ; b. Il Marchese di Prié, nel Belgio, par A. de Reumonl, associé; S*' a. La Mythologie Scandinave (R.-B. Anderson), tra- duction de Jules Leclercq, b. La terre des merveilles, par le même; 6" Les grès wallons, grès-cérame ornés de V ancienne Belgique ou des Pays-Bas, improprement nommés grès flamands, par D.-A. Van Bastelaer; 7° a. Bibliographie gantoise, tomes II à VII; b. Biblio- graphie lipsienne. OEuvres de Juste-Lipse, 1" série, I et II, par F. Vander Haeghen; présentés par M. Wagener; 8° Liège au X/X' siècle: La vie, par Aug. Hock ; présenté par M. Stecher, avec une note pour le Bulletin; 9° MoREiUM, conjecture sur la situation de cet atelier monétaire, et considérations sur la numismatique de Gau- cher de Chatillon, par R. Serrure; présenté par M. Wau- ters. ( 432 ) Notes bibliographiques. « J'ai rhonneur de présenter à la Classe, au nom de M. Aug. Hock, son troisième volume sur les transforma- tions de Liège. Liège au XIX'' siècle : la vie, tel est le titre de cette nouvelle étude. On y poursuit le piquant parallèle institué déjà entre la société d'autrefois et celle d'aujour- d'hui. On y achève d'établir un bilan exact des avantages et des inconvénients des deux régimes. C'est le nôtre qui l'emporte en lin de compte. 11 est vrai que le XV* siècle qu'on lui oppose est bien l'un des plus orageux, des plus tristes de la principauté épiscopale. Là comme ail.eurs, c'est le moyen âge qui s'écroule aux approches de la Renais- sance. En revanche, ce sont d'autres luttes, d'autres difficultés que l'auteur porte à Pordre du jour de notre siècle. Tout en plaisantant à coups de proverbes, de spols, d'anecdotes, tout en charmant les amis du folklore, des traditions, des chansons, des légendes, des naïvetés, des crédulités, des routines et des instincts populaires, il attire l'attention sur des modernités qui ne sont pas toutes à notre avantage, à notre honneur. Il fait la leçon aux contemporains, il les raille finement comme il a fait de leurs ancêtres. Mais, aussi peu pessimiste que le bon docteur Bovy {Prome- nades historiques dans le pays de Liège), s'il trouve du bien un peu partout, il ne croit pas que le mieux en soit l'ennemi. Chemin faisant, s'il décrit en humoriste un inté- rieur bourgeois, un quartier populaire, un hôtel aristocra- tique, une grande usine, une institution charitable, c'est ( 433 ) pour indiquer quelque réforme pratique et facile. Au demeurant, M. Hock aime son pays, son coin de terre tel qu'il est, tel qu'il fut, tel qu'il sera. Liégeois avant tout, il excelle à faire les honneurs de sa ville et de ses pitto- resques environs. Son patriotisme parfois excessif fait penser au vieux dicton que cite Guichardin : « Nous avons du pain meilleur que le pain, du fer plus dur que le fer et du feu plus chaud que le feu. » J. Stecher. « J'ai l'honneur de présenter, au nom de M. Joan Bohl, associé à Amsterdam, un exemplaire de son ouvrage Conzonen. Bilderdijk autrefois, Potgieter après lui, et de nos jours bien d'autres poètes encore, avaient déclaré l'appli- cation métrique des tercets italiens aux vers néerlandais « un problème littéraire difficile à résoudre ». Toutefois, depuis la traduction très réussie de l'œuvre principale du Dante par M. Hacke van Mijnden et celle non moins magis- trale de notre honoré confrère M. Bohl, on admit assez volontiers que la poésie néerlandaise s'assimilât les diffi- cultés de la forme italienne; mais en serait-il de même si, au lieu d'une traduction, on appliquait le même régime métrique à une œuvre originale? D'aucuns prétendaient que la réussite de pareil essai était de rigueur, pour accorder définitivement à la terza rima gain de cause et droit de bourgeoisie aux Pays-Bas. L'honneur d'avoir surmonté la difficulté et résolu le problème revient à notre savant associé M. Joan Bohl. Déjà sa traduction de la trilogie Dantesque avait suffisam- ment acclimaté parmi nous le tercet italien ; mais off'rir aujourd'hui à la Classe des lettres de l'Académie, au nom ( 434 ) du même auteur, son volume des Canzonen, équivaut au dépôt des lettres de grande naturalisation, octroyées aux terze rime, pour le coup détinitivemenl néerlandisées. Non seulement le poète s'astreint scrupuleusement au mode endécasyllabique de tercets, alternant entre eux leurs trois rimes exclusivement féminines; mais il se joue, comme à plaisir, d'une dilficulté déjà si grande, en doublant et triplant parfois ces mêmes rimes, intercalées au milieu du vers. Pareille surabondance de fluidification poétique fut nécessairement fort appréciée aux bords du Pô, et M. Stofano Castelli , ancien consul général d'Italie à Amsterdam, en fit un éloge bien mérité dans une revue illustrée de son pays (i). Citer quelques extraits de l'œuvre dépasserait sans doute les bornes d'une simple notice; mais la description d'une toilette de jeune mariée (pp. 254-56), et surtout l'ode composée en 1885, lors des fêles iriséculaires en l'hon- neur de Grolius (pp. 367-72), sulTiront pour se convaincre des beautés de la forme métrique italienne, dont le charme adoucit la mâle sévérité de l'idiome néerlandais. Terminant son œuvre par une justification en prose, l'auteur nous apprend que ( 433 ) sciemment égaré dans le domaine des belles-lettres.... Lui, qui chaque matin aspire à ouvrir le Code, se trouva forcément et comme par surprise amené à sacrifier aux Muses. Preuve nouvelle jusqu'à quel point la société des dames est parfois compromettante. » Ceci s'appelle pécher à la fois par trop de modestie et par la plus noire ingratitude envers les neuf sœurs, com- blant ce poète malgré lui de leurs célestes faveurs. On pardonnerait dilïicilement pareil excès en partie double, si Ton ne savait M^ BohI atteint de paradoxisme aigu : maladie souvent propre au bel esprit, mais incurable lors- qu'elle est poussée jusqu'à Timpénitence finale. Les Canzonen n'en obtinrent pas moins aux Pays-Bas un succès de bon aloi. Des critiques sérieux et d'une incontes- table autorité louèrent sans restriction l'œuvre nouvelle (1). Inutile d'ajouter que je me range modestement à l'avis de ces hommes compétents. » J. NOLET DE BrAUWERE VAN StEELAND. ELECTIONS. Il est procédé aux élections pour les places vacantes. Les résultats seront proclamés dans la séance publique. — M. Faider est réélu, par acclamation, délégué de la Classe auprès de la commission administrative pour Tannée 1886-1887. (1) M« C VosMAER, dans la revue Nederlandsche Spectator, 19 décem- bre d88o et 6 mars 1886; M^ J. N. van Hall, dans la revue De Gids, i*"^ janvier 1886; M. le professeur A Dupont et M. J. W. Brouwers, dans la revue De ivetenscliappelijke Nederlander, n» 18, 1883; M. le docteur A. De Bruin, dans la revue De Portefeuille, 19 décembre 1885. ( 43f) ) JUGEMENT DU CONCOURS DE 1886. Première question. Faire V histoire du Cartésianisme en Belgique. napiiot't €lc Jft. Aiph. lic Roy, pretniet* co»ntni8saiv*e. « Un seul mémoire nous est parvenu en réponse à la première question. Il porte pour épigraphe : « Je vois que quantité d'habiles gens croient qu'il faut » abolir la Philosophie des écoles et substituer une toute » autre à sa place, et plusieurs veulent que ce soit la Car- » tésienne. Mais, après avoir tout pesé, je trouve que la » Philosophie des anciens est solide, et qu'il faut se servir » de celle des modernes pour l'enrichir, et non pas pour » la détruire. » C'est le grand Leibniz qui s'exprime ainsi, dans une lettre au P. Bouvet (Ed. Dutens, t. II, V' partie, p. 262). Et, en effet, Leibniz pensait que si la scolaslique s'était trop souvent égarée en prenant les mots pour les idées, il y avait cependant de l'or dans son fumier (1); et s'il s'attachait à la méthode de Descartes, il se gardait bien de s'associer aux mépris dont le réformateur avait accablé « la machine {\ ) Nouveaux essais, t. IV, ch. 8. C 457 ) syllogisiique ». Ce paint de vue paraît être celui de notre auteur, aussi peu disposé à méconnaître un seul des pro- grès réalisés par le génie cartésien qu'à opposer des fins de non-recevoir aux objections quelquefois très sérieuses que ses doctrines ont provoquées. Au surplus, le mémoire dont je viens rendre compte est l'œuvre d'un historien qui ne veut être qu'historien et qui, s'il est entraîné en pas- sant à se prononcer sur le fond des questions, se montre scrupuleux de garder une position etfacée, et ne s'aban- donne jamais aux écarts de la passion, si bien que tout d'abord il inspire confiance. Pour mieux dessiner l'attitude de l'auteur, je citerai quelques passages de ses conclusions. A propos des subti- lités scolastiques qui trônaient dans les écoles belges à la veille de l'apparition de Descartes, il a soin de rappeler que « l'obscurité et la complication des hypothèses étaient » senties partout, et par quelques-uns si fortement que » chez plusieurs philosophes d'alors nous retrouvons » l'expression énergique du désir de voir enfin éclore de » nouvelles idées ». 11 essaie ensuite de mesurer l'impor- tance de la révolution qui frappa au cœur le péripatétisme dégénéré. « René Descartes, passionné par la vérité, dit-il, » avait voulu consacrer toute sa vie à la chercher, car il » s'était persuadé, à tort il est vrai, que l'humanité ne la » possédait dans aucune science. Ce philosophe conçut » donc un vaste système embrassant tous les objets de nos » connaissances, depuis Dieu jusqu'à l'être le plus infime » de la création. Apercevant d'une part cette prodigieuse » variété de phénomènes qui se révèlent aux sens et à la » conscience, épris d'autre part, comme tant d'autres j> génies, pour Tordre et Tunité, il voulut expliquer ces ( 458 ) D faits multiples et variés et l'harmonie qui les reliait les » uns aux autres, par un petit nombre de principes » simples. Il commença par supprimer d'un trait de plume » toutes les qualités réelles, ce fatras d'entités scolasli- j) ques, comme il les appelait dédaigneusement. Resté en » présence des substances capables d'être modifiées, il » ramena à deux seulement toutes ces modifications : la » pensée pour les esprits et l'étendue pour les corps. » Par une nouvelle simplification, il identifia le mode » avec la substance, et il appela Tâme une pensée et le j> corps une étendue capable de se mouvoir. Dieu, en » créant les corps, les crée en mouvement : il suffit. » L'univers avec ses soleils et leur cortège de planètes, » notre terre avec son satellite, la succession du jour et » de la nuit, le retour des saisons et toutes les conditions » favorables au développement de la vie: tout cela est » expliqué par l'impulsion donnée dans le principe par le » Créateur. L'École mettait dans la plante et l'animal des » principes substantiels supérieurs; Descartes n'en veut » plus, et par les seuls principes de la mécanique, il D explique la formation, la croissance, la reproduction de » Tune et de l'autre, les phénomènes merveilleux de la » vie et ceux de l'instinct plus merveilleux encore. Arri- » vaut enfin à l'homme, il donne complètement au corps » loutcequi n'est pas pensée, et une seconde fois, il explique » mécaniquement chaque fonction vitale; l'âme devient le j) facteur unique non seulement des perceptions intellec- » tuelles, mais encore des sensations. Dans l'ordre de la » connaissance va apparaître de nouveau cet amour de » la simplification portée jusqu'à l'excès. Jusque-là, les » sensations avaient été considérées comme de vraies ( 439 ) » connaissances, quoique imparfaites; pour lui, elles ne » sont que des mensonges qui font voir à l'humanité cré- » dule des fictions enchanteresses. On avait admis à côté ù des jugements certains des jugements d'un ordre infé- » rieur; on les appelait des opinions et Ton croyait que la B science ne pouvait s'en passer. Ce philosophe déclara » qu'une opinion n'était pas digne du nom de connais- D sance : on ne connaît véritablement que ce que l'on » connaît évidemment. Jusqu'à lui, on avait cru qu'une » barrière infranchissable séparait la science de l'étendue » de celle des nombres : toujours conséquent avec lui- D même, il ramena la première à la seconde et créa la 2> géométrie analytique. Jusqu'à lui, les démonstrations î> scientifiques de l'existence de Dieu exigeaient des élé- » ments assez nombreux; parlant de l'idée seule de l'être » infiniment parfait, il arrive du coup à l'existence de cet » être et déduit de son infinie perfection tous ses attributs. ï> En s'occupant ainsi de tous les êtres et en codifiant les » lois générales qui les régissent, la réforme devait fata- » lement s'élendre à toutes les sciences humaines et même » aux sciences révélées : aussi Descartes inséra-t-il dans » ses ouvrages et dans ses lettres des aperçus nouveaux, » non seulement sur la philosophie et les mathématiques, » mais encore sur toutes les parties de la physique, sur » l'astronomie, la géologie, la médecine et la théologie. La » supériorité incontestable de son génie en mathématiques » et en physique faisait croire qu'il n'avait pu défaillir » dans les autres branches du savoir humain, et d'ailleurs > la clarté de ses explications, le brillant de ses hypo- » thèses, la nouveauté de ses idées, le ton de conviction » qu'il mettait à les exposer, la belle langue française du ( 440 ) » Discours de la méthode : tout cela, mis en regard » des énoncés obscurs, des suppositions compliquées, des » thèses ressassées, de la timidité des affirmations et » des difficultés du langage latin dont se servaient les » partisans de la philosophie aristotélicienne, explique » suffisamment la faveur que devait rencontrer le système » de Descaries. » Mais ce triomphe l'ut l'affaire du temps; le cartésianisme se trouva de bonne heure affaibli par des adversaires qui ne pouvaient lui pardonner son allure indépendante, et qui laissèrent des successeurs, notamment dans les rangs du clergé soit régulier, soit séculier, jusqu'à la fin du XVII P siècle. Les uns s'installèrent sur le terrain de la physique ou de la médecine, les autres prirent fait et cause contre la théorie de l'inséparabilité de la substance et des accidents, et repoussèrent la définition de la matière par l'étendue, les théologiens surtout, qui la jugeaient absolu- ment incompatible avec le dogme de la présence réelle dans le sacrement de l'Eucharistie. Mais si ces polémiques arrê- tèrent le mouvement et rendirent certains points de la nou- velle philosophie suspects dans les écoles religieuses, celle-ci s'infiltra pourtant peu à peu, et avec une puissance irrésis- tible, dans ces mêmes écoles, par la vertu de ses principes généraux et avant tout de sa méthode, qui est le vrai titre de Descaries à l'immortalité. Sur les questions spéciales, les progrès des sciences ont enlevé à peu près tout intérêt à des débats qui ont passionné nos ancêtres; en pure philo- sophie, l'idée cartésienne de la substance a fait son temps; néanmoins on peut dire que les conséquences diverses que les penseurs en ont tirées ont dominé l'esprit humain jusqu'à l'époque où Kant, qui lui-même relève de Des- .( ^41 ) cartes, déclara inaccessibles les noumènes (ou l'essence intime des choses), préludant ainsi au positivisme contem- porain. H est donc encore instructif, à ce dernier point de vue — ne fiit-ce que pour s'édifier sur la genèse des idées qui se font jour autour de nous, c'est-à-dire pour en mieux saisir la portée et les côtés faibles, — il est encore instructif d'étudier l'influence cartésienne dans son rayon- nement, dont la lueur s'est projetée sur des doctrines plus récentes, qui ne iui sont tout à fait étrangères qu'aux yeux des gens superficiels. Notre auteur n'a pas pris les choses de si haut : il s'est contenté de compléter le beau livre de M. Francisque Bouillier, qui n'accorde qu'un petit nombre de pages à l'histoire du cartésianisme en Belgique, à part un chapitre sur Arnold Geulincx. Cette histoire est pourtant curieuse en elle-même, ne fût-ce que parce qu'elle nous révèle à l'Université de Louvain un mélange d'audaces et de timi- dités de pensée dont on se fait difficilement une idée à l'époque actuelle, où la science a cessé de compter avec la théologie. Nous y apprenons aussi que dans le cours du siècle qui suivit celui de Charles-Quint et de Philippe II, les témérités philosophiques et même religieuses furent plus largement tolérées en Belgique qu'en France, bien longtemps avant l'avènement de nos princes autrichiens. Il suffit de rappeler les conquêtes successives des carté- siens dans VAlma mater et les affinités de leurs doctrines avec celles des jansénistes, qui avaient pris naissance à Louvain même. Les adversaires implacables de ces der- nières, les jésuites, s'ils ne transigèrent pas avec elles, en vinrent par contre, finalement, à s'incliner devant Descartes, et ce ne fut pas une mince victoire pour l'indépendance de la pensée. 3"^ SÉRIE, TOME XI. 56 ( U'2 ) L'ouvrage se compose de XXVIll chapitres, dont le pre- mier est consacré à un aperçu intéressant de renseigne- ment philosophique qui se donnait avant la crise dans notre unique université. C'était le pur péripatélisme com- menté et adapté à la théologie par S. Thomas, après Tavoir été par l'auteur des Libri s en l end arum, qui cessa d'être classique en 1596. Cependant il y a je ne sais quelle élec- tricité dans l'air. Quelques esprits clairvoyants ou déçus, sans oser s'en prendre directement à Arislole, semblent déjà prêts à secouer son joug. C'est Juste-Lipse se rappro- chant du Portique; c'est Puteanus réhabilitant Épicure avant Gassendi : Tinfluence de la Renaissance commence à se faire sentir. Le docteur Fienus est un bon croyant; mais in dubiis libertas, et il lient en grande estime la rai- son individuelle, qui vient de Dieu aussi bien que la foi. Yan Helmont, à la fois mystique et expérimentateur, entreprend hardiment une réforme complète de la méde- cine, en dehors de la sphère académique; sa théorie des ferments sourira à Descartes; seulement celui-ci en pro- posera une explication mécanique. Ce qui résulte de tout ceci, c'est qu'on se déshabitue peu à peu, les philologues et surtout les médecins, de jurer in verba magislri; une lutte est imminente. Le chapitre H traite du cartésianisme en Belgique depuis l'arrivée de Descartes en Hollande (1629) jusqu'à la publi- cation du Discours de la méthode en juin 1657. Descarlcs fut connu chez nous de bonne heure, par suite de ses rela- tions avec Libert Froidmont, le même qui se chargea de publier, avec Caelen, V Augustinus^ mais nonobstant péri- patéticien convaincu en physique et resté jusqu'à son der- nier jour anticartésien obstiné; citons encore parmi les ( Uù ) correspondants du nouveau maître le fameux docteur Plempius, qui, son ami d'abord, devint son adversaire le plus décidé, sur la question du mécanisme physiologique du corps humain ; enfin le jésuite Ciermans, qui n'estimait que la géométrie du novateur, le prit à partie sur sa théo- rie de la lumière et des couleurs, et plus tard affecta même d'avouer qu'il n'avait pas lu jusqu'au bout le Discours de la méthode. Tandis qu'on poursuivait ici une i^ajerre d'escarmouches, au delà du Moerdijck Descartes trouvait des admirateurs, et ce fut un Belge, Reneri de Huy, qui le premier introduisit ses idées dans l'enseignement, à l'Uni- versité de Deventer. Mais à Louvain, dans les commence- ments, elles firent leur chemin avec une certaine lenteur, quoique plus sûrement peut-être, et malgré les ripostes parfois victorieuses de Plempius dans la controverse sur la circulation du sang, par exemple. Le récit et l'analyse de ces polémiques embrassent plu- sieurs chapitres, où notre auteur fait preuve d'érudition patiente, d'esprit critique et de modération : je ne pourrais en donner ici une idée sans allonger démesurément mon rapport. Mais tout d'un coup l'attention du lecteur est attirée sur le jansénisme naissant, dans un chapitre qui n'est pas le moins remarquable de l'ouvrage, mais qui, à la place qu'il occupe, produit jusqu'à un certain point l'effet d'un hors-d'œuvre.  ce propos, je me permettrai d'adresser une ou deux observations à l'historien. Il a cru devoir suivre un plan rigoureusement, exclusi- vement chronologique. La division générale du mémoire est très naturelle : i« depuis les premiers travaux de Dcs- carles jusqu'à sa mort (1650); 2" depuis sa mort jusqu'à la condamnation de quelques-uns de ses ouvrages par la con- ( 444^ ) grogation de lindex,en 1664; 5° depuiscetle dernière date jusqu'à la iin du XVIU^ siècle. Ces Irois périodes se des- sinent d'elles mêmes; en revanche, dans les détails, l'adop- tion pure et simple de la chronologie fait passer plus d'une fois le lecteur, sans transition aucune, d'un ordre d'idées à un autre, si bien que lorsqu'on en revient au premier, ce qui arrive forcément, on éprouve une certaine diffi- culté à renouer le fil interrompu. Je commençais à prendre quelque intérêt aux discussions entamées par Froidmont ou Plempius; la suite à plus tard : Jansénius me réclame; soudain Plempius reparaît : à peine a-t-il la parole que voici venir les jésuites. Ceux-ci expédiés, rentre Plempius, vieux et solide comme Nestor. N'eûl-il pas mieux valu, pour l'auteur lui-même et surtout pour le lecteur, grouper les matières par ordre de questions, et épuiser tour à tour chacune d'elles, de façon à n'y plus revenir? Ainsi, Des- cartes et les physiciens; Descartes et les médecins; Descartes et Démocrite; l'Eucharistie et la théorie carté- sienne de la substance; le mécanisme cartésien et l'auto- matisme; le cartésianisme et le jansénisme; les cartésiens et les jésuites, etc. L'ouvrage se lirait avec plus d'intérêt et l'on s'y orienterait plus à l'aise. Mais il faudrait alors tout remanier : je n'aurai pas cette exigence, d'autant moins qu'en définitive on consultera l'auteur plus souvent qu'on ne le lira d'une manière suivie. Je me bornerai à l'engager sérieusement à compléter son œuvre par une bonne table analytique, oii l'on trouverait résumé, au mot Plempius par exemple, tout ce qui concerne ce personnage. J'ai posé un point d'interrogation; j'en pose un second, plus spécial. Pourquoi abandonner Geulincx, de tous les cartésiens belges le plus important, lorsqu'il s'est établi en Hollande? Plempius était un Hollandais fixé en Belgique; ( 443 ) esl-ce à celle dernière circonslance (iii'il tloil tPavoir élé suivi jusqu'au houl? A ce lilre, Descailes devrait passer pour un philosophe hollandais. Mais il ne s'agit pas de la résidence de nos penseurs; il s'agit de leurs pensées. Geulincx, élève du cartésien heige Philippi et Belge lui- même, devrait ce me semble, ai à fortiori, être traité comme un Belge. A son nom se railache, comme à celui de Malebranche, la théorie de l'occasionalisme, l'une des thèses qui ont le plus défrayé nos querelles d'école. Il y a ici une lacune, qu'il ne serait pas au reste bien dilïicile de combler. Entin l'auteur s'occupe de Geulincx au chapitre XI, tandis qu'il ne nous fait connaîlre Philippi qu'au chapitre XVÏ. Je sais bien ce qu'il pourrait me répondre; je n'en signale pas moins un inconvénient de son plan. Une dernière critique. Nous trouvons dans l'ouvrage l'histoire des philosophes plutôt que celle de la philoso- phie. Comme nos philosophes cartésiens ou anlicarlésiens, à quelques exceptions près, n'ont pas précisément brillé par l'originalité, ce procédé, ou pour être plus précis cette absence de synthèse, oblige l'auteur à revenir à satiété sur les mêmes points, c'est-à-dire à n»arquer le pas quand on serait heureux de le voir avancer. C'est surtout dans la troisième partie que ce défaut est sensible : notre écrivain l'a reconnu lui-même et de temps en temps il éprouve le besoin de s'excuser. En revanche, non ego paucis offendar maculis; les cha- pitres les plus essentiels méritent à mes yeux des éloges, et somme toute l'ensemble est assez instructif et assez neuf pour répondre convenablement à l'attente de l'Académie. Je citerai d'abord les pages consacrées au jansénisme, dont les affinités avec les doctrines cartésiennes sont heu- reusement relevées. On voit très bien, par exemple, que { 446 ) Geulincx, en passant au protestantisme, ne fut qu'un janséniste logique. Un Froidmont seul a pu concilier le péripatétisme pur avec Tauguslinianisme du successeur de Baius. En général, qui dit janséniste dit cartésien, et vice versa. Les uns et les autres en veulent à Aristote ou plutôt aux arguties qui se couvrent de son égide; les premiers aboutissent, par la théorie de la grâce et de la délectation, à un déterminisme très voisin de la doctrine calviniste; Descartes de son côté confond l'acte libre avec l'acte spon- tané, et la liberté d'indifférence qu'il nous accorde se résout dans la non-conscience d'une contrainte extérieure [liberlas a coactione). Malebranche dira bientôt : tout vient de Dieu et rien de la créature. L'auteur poursuit ce parallèle en insistant sur quelques points secondaires. Ainsi « Jansenius prétendait que les » souffrances d'un être ne s'expliquaient que par des fautes » antérieures; il fallait de là en venir à nier l'existence » de la souffrance dans les animaux ». Voilà l'automa- tisme de Descartes justifié par une thèse janséniste. Ainsi encore, Arna;:ld s'est plu à faire ressortir la conformité des sentiments de S. Augustin avec les idées favorites de Descartes sur l'incertitude du témoignage des sens et la certitude des choses que nous voyons par l'esprit. Les oratoriens, de leur côté, penchaient vers le cartésianisme, qui s'infiltrait j)eu à peu à Louvain; les jésuites, par contre, se tenaient sur leurs gardes; bientôt ils prirent l'initiative de l'attaque. Descartes avait toujours ménagé la compagnie de Jésus; elle a laissa passer», dit Cousin, qui s'avance un peu trop ici. L'orage éclata en 1649, à propos de l'Eucharistie; Arnauld l'avait prévu. Le P. Compton Carleton, du collège des Jésiiifes anglais de Liège, s'en prit directement à ( 447 ) toute la philosophie de Descartes, sans toutefois lui opposer des arguments théologiques, ce dont notre auteur lui sait gré, avec raison. Il n'en reproche pas moins à Coniplon des exagérations : de toute évidence, l'Anglais ne faisait de la science que pour un résultat voulu : il n'y a pas lieu d'insister, d'autant moins que les cartésiens louvanistes étaient visés plutôt que le maître. Compton n'a d'impor- tance que parce qu'il personnifie, après le P. Ciermans, l'opposition de la Compagnie. Cependant à Louvain,on se divisait de plus en plus en deux camps : le bruit de ces querelles se fit entendre jusqu'à Rome; l'internonce Jean de Vecchi intervint pour provoquer de la part des facultés des mesures contre le cartésianisme. La Faculté des arts résista tant qu'elle put; finalement elle transigea en modi- fiant le programme de l'enseignement philosophique. Les théologiens et les médecins allèrent plus loin : des censures officielles frappèrent des thèses tirées des œuvres de Des- cartes, et la congrégation de l'Index proscrivit quelques-uns de ses traités, donec corrigantur. Les jésuites étaient empiristes, avec une pointe de scepti- cisme. Ils l'étaient même en théologie naturelle, puisqu'ils ne faisaient nul cas des preuves métaphysiques de l'existence (le Dieu, chères à leurs adversaires. Ils eurent l'honneur de défendre la liberté humaine contre les janséniles, mais en haine des cartésiens ils soutinrent, sauf à s'en repentir plus tard, des thèses de nature à compromettre jusqu'aux bases de toute croyance et de toute certitude en morale. On doit, avec Bouillier, admettre leur parfaite bonne foi ; mais en préférant absolument la philosophie de Huet à celle de Descartes, ils jouèrent gros jeu. Ce n'est pas que la physique et la physiologie cartésiennes fussent à l'abri de tout reproche : ce n'est certes pas l'au- ( 448 ) lomatisme, ce n'est pas le mécanisme universel, ni Tocca- sionalisme qui ont l'ait la gloire de Descartes : c'est tout simplement, je tiens à le redire, la réforme de la méthode. Mais ce que nous apprécions facilement à dislance était à peine aperçu de près; les polémiques roulaient sur des théories spéciales, sur des hypothèses plus ou moins aven- tureuses, auxquelles on donnait aisément de grandes pro- portions, par inquiétude des conséquences qu'elles pou- vaient avoir, dès qu'on les appliquerait à la science sacrée. Poursuivre les cartésiens, aux yeux des jésuites, c'était protéger l'arche sainte du dogme catholique. La condamnation prononcée, il y eut donc des carté- siens orthodoxes, ceux qui crurent la conciliation possi- ble; il y eut des éclectiques, et de plus en plus jusqu'à la lin du XVIIF siècle, non seulement à Louvain, où la grande majorité des professeurs avaient rompu finalement avec Aristoie, mais dans le sein des ordres religieux et chez les jésuites eux-mêmes. Il est très intéressant de suivre pas à pas notre auteur, exposant les phases successives de ce développement ascendant, tantôt arrêté par des retours, tantôt animé d'une impulsion nouvelle, jusqu'au moment oii la passion scien- tifique changea de direction et où les débats des écoles s'éteignirent définitivement, les questions soulevées par les dialecticiens n'étant plus que des questions mortes. Aux Philippi, aux Caterus, aux van Gulschoven et d'autre part aux Froidmont et aux Plempius, en un mot à tous les jou- teurs de la première prise d'armes, dont l'auteur du mémoire a étudié con nmore le rôle et les œuvres, succè- dent des Epigones se perdant à droite ou à gauche dans un dédale de subtilités fastidieuses et stériles, qui ne fran- chissent pas les murs de VAlma mafer ou des couvents, et ( 449 ) laissent indifférent le public, si aHentil* autrefois à ces luttes dont l'écho et l'iniluence indirecte pénétraient par- tout. D'aucuns trouveront peut-être qu'il ne valait guère la peine de s'appesantir, comme l'a fait notre auteur, sur les travaux ou les agissements d'hommes médiocres et restés à bon droit obscurs : je répondrai avec lui que ce sont justement ces esprits moyens qui donnent une idée exacte de l'état général de l'esprit public à une époque déterminée. Ilsnousmontrenten tous cas combien sont lents les mouvements des idées scientifiques, et ce qu'il en coûte au génie lui-même d'avoir trop tôt raison, jusqu'à ce que, de guerre lasse, l'heure des persécutions passée, à l'aube d'une ère nouvelle, on lui érige enfin une statue, Pour la gloire du genre humain. A ce point de vue, je tiens en haute estime le mémoire qui nous est soumis, bien qu'il m'ait fallu quelque patience pour le lire jusqu'au bout. Il est cependant écrit avec clarté, et j'y ai même trouvé plus d'une page entraî- nante. Les curieux auront aussi de quoi se satisfaire amplement, en assistant au cortège des correspondants belges de Descartes et des autres contemporains qui ont porté des jugements sur lui. Je signalerai en passant le parti que l'auteur a tiré des lettres de René de Sluse (le célèbre mathématicien visétois) que publie à Rome noire savant confrère M. le professeur Le Paige. Plusieurs cha- pitres offrent l'attrait de la nouveauté; des documents inédits ont été utilisés, des erreurs traditionnelles recti- fiées, des dates importantes rétablies. L'histoire externe a ici le pas sur l'histoire interne; pourtant çà et là des ques- tions de fond sont abordées, par exemple à propos des objections de Calerus, dont M. Bouillier fait à tort, selon ( 4dO ) l'écrivain belge, une sorte de précurseur de Berkeley et de Kant. Sont à relever encore les détails, un peu surabon- dants peut-être, qui concernent la polémique de Plempius et les paragraphes qui ont rapport au malebranchisme. On remarquera, de plus, que l'auteur est resté scrupuleuse- ment dans les limites de son sujet; ce n'est qu'à la der- nière extrémité qu'il se permet des excursions dans l'his- toire générale du cartésianisme. Son plan eût pu être agencé avec plus d'art, je l'ai dit plus haut; tel qu'il est cependant, on s'y retrouve sans peine, moyennant un peu de bonne volonté : si le fil d'Ariane y est quelquefois rompu, il est aussitôt renoué. L'impression générale est satisfaisante, et le contraste de la passion qu'on mettait au XVII^ siècle à combattre pour ou contre des idées dont on entrevoyait vaguement l'influence future sur la société, le contraste de cette lutte de fortes convictions avec les pâles controverses de l'âge suivant, qui n'attestent plus guère que l'agonie de la sco- lastique, est rendu d'une manière très frappante. Au XVIIF siècle, la vie s'est retirée des écoles, la philosophie est ailleurs; les encyclopédistes lèvent la tête et viennent préparer la Belgique et surtout le pays de Liège à faire table rase du passé : de Descartes il ne reste qu'une méthode triomphante et ses conséquences éloignées, non les plus saines, puisqu'on se jette tète baissée dans le sen- sualisme, ce qui provoquera plus tard une réaction ; quant à l'Aristote du moyen âge, il n'est plus qu'un sou- venir, si ce n'est dans le monde étroit des séminaires. Tout bien considéré, je propose à la classe des lettres, pour l'œuvre de notre concurrent, la médaille d^or^ et les honneurs de l'impression dans le recueil in-4° des mémoires de l'Académie. » ( 4d1 ) Rapport de .fM. Etnêttfff dcttaciètttc con»»»tis*aii'c a Mon savant confrère M. Le Roy a donné, avec Tau- torilé d'un juge comiélent, une analyse exacte et suffi- samment détaillée du mémoire sur le cartésianisme. Vous avez entendu son jugement et sa critique impartiale. Je n'abuserai pas des moments de l'Académie en refaisant ce qui est bien fait. L'auteur du mémoire a traité son sujet en historien véridique et exact, qui ne se laisse égarer ni par ses pré- férences, ni par l'esprit de système. N'épargnant ni peines ni recherches, il a parcouru les ouvrages nombreux, sou- vent volumineux, des théologiens, des philosophes et même des médecins du XVII'' et du XVllF siècle; il a fouillé le recueil plus volumineux encore des thèses défendues, durant plus d'un siècle, à l'Université de Lou- vain, dans les maisons religieuses et au séminaire de Liège; il a compulsé les actes de la Faculté des arts et de rUniversité de Louvain aux archives de l'État; il a inter- rogé les œuvres et la correspondance de Descartes, ses historiens, ses partisans et ses adversaires; en un mot, il a puisé à toutes les sources où il trouvait quelque chose d'utile à son but. Il est ainsi parvenu à retracer l'histoire du cartésianisme en Belgique, à décrire ses luttes, ses ennemis et ses défenseurs, ses défaites et ses triomphes. C'est un chapitre en grande partie nouveau de l'histoire générale des doctrines cartésiennes. L'auteur remarque qu'en France la plupart des jansé- nistes ont été cartésiens et qu'il en est de même en Bel- gique. Il attribue ce phénomène aux nombreuses affinités qui existeraient entre les deux doctrines. J'avoue qu'à ( 452 ) part un certain déterminisme dans les actes de la volonté, je ne saisis guère les autres rapports que découvre l'au- teur. Je reconnais avec lui que les jansénistes, comme les cartésiens, se sont débarrassés des formules péripatéti- ciennes et de l'autorité d'Aristote, qui avait jusque-là régné avec une autorité trop exclusive sur la philosophie et sur les sciences naturelles. Mais leur accord en ce point vient-il de l'affinité des doctrines? Ne leur est-il pas commun avec des philosophes et des théologiens qui ne furent ni jansénistes ni cartésiens? Toujours est-il que Libert Froidmont, un des premiers propagateurs du jan- sénisme, fut, comme d'ailleurs l'auteur du mémoire le reconnaît et l'établit longuement, un ardent adversaire de Descartes et un péripatéticien obstiné. La faculté de théologie de Louvain censura, en 1662, les doctrines de Descartes. C'est un fait important pour l'histoire du cartésianisme. L'auteur donne tous les docu- ments puisés aux archives mêmes et en fait ressortir le sens et la portée exacte. C'est un des plus beaux chapitres du mémoire. L'année suivante, la congrégation de l'Index censura nommément quelques écrits de Descaries. L'au- teur remarque avec justesse que la censure romaine porte les mots do7iec çorriganlur, mais il me semble trop res- treindre les mots opéra philosophica en les rapportant aux ouvrages énnmérés auparavant. Ce ne sont là que des imperfections inhérentes à tout ouvrage de longue haleine. Ils ne doivent pas empêcher de reconnaître le mérite du travail^ qui a exigé de patientes recherches et indique un auteur versé dans les sciences philosophiques. Le mémoiie se distingue par une grande clarté d'exposition, un style net, précis, sobre, qui ne manque pas d'élégance; il est parsemé de détails intéressants, quelquefois piquants qui le font lire avec agrément malgré l'aridité du sujet. ( 435 ) J'adopte donc entièrement les conclusions du rapport de mon honoré confrère M. Le Roy en proposant à la Classe de couronner le mémoire. » Mtappot'l «fe MM. l.oomaÊ»Sf ti'oisiètite cotnmiHsaire . a L'auteur du mémoire soumis à votre jugement, aux termes mêmes de la question proposée, n'avait pas à faire l'histoire générale du cartésianisme, il ne devait s'occuper que de l'histoire particulière de cette philosophie en Bel- gique. Cette tâche ainsi limitée, l'a-t-il remplie avec succès et de manière à mériter vos suffrages? Je n'hésite pas à dire oui. Sans se livrer à une critique approfondie de la méthode et des principes du cartésianisme, il a fait une histoire vraie des cartésiens helges. Son travail est l'œuvre d'un esprit très cultivé, judicieux et correct. Il présente un tableau toujours fidèle, parfois animé des controverses et des querelles des partisans et des adversaires de la phi- losophie nouvelle. D'un bout à l'autre il dénote une éru- dition patiente et consciencieuse. La partie qui traite de la naissance du cartésianisme est très intéressante; celle qui s'occupe de son développement, de ses succès et de ses revers à l'Université de Louvain ne l'est pas moins; celle qui concerne son déclin ne pouvait inspirer le même intérêt : elle paraît même un peu longue et trop détaillée. Sans doute, l'ordonnance du tableau laisse à désirer : il présente certaines imperfections et certaines lacunes rele- vées dans le rapport très exact et très complet de notre savant confrère M. Le Roy. Geulinx surtout, de l'avis de tous et de l'auteur du mémoire lui-même, le plus impor- tant des cartésiens belges, n'y occupe pas la place qu'il ( AU ) mérite; il n'y est pas même question de VEthica du philo- sophe anversois et de l'influence qu'elle a exercée sur le développement de la philosophie morale. Mais, malgré ses imperfections et ses lacunes, le mémoire présente une histoire instructive, puisée aux meilleures sources du car- tésianisme en Belgique et du mouvement intellectuel qu'il suscita parmi nous pendant plus d'un siècle. A ce titre surtout il mérite les encouragements de l'Académie. En conséquence, je me rallie aux conclusions de mes honorés confrères MM. Le Roy et Lamy. » La Classe adopte les conclusions favorables de ces trois rapports; l'ouverture du billet cacheté qui accompagne le mémoire fait connaître que celui-ci est l'œuvre de M. l'abbé Georges Monchamp, professeur de philosophie au sémi- naire de Saint-Trond. Quatrième question. FairCy d'après les auteurs et les inscriptions , une étude historique sur l'organisation, les droits, les devoirs et Vinfluence des corporations d'ouvriers et d'artistes chez les Romains. Mtttppot'l de Mi. Wagener, prentict* cotnmisBairc. G Le seul mémoire envoyé en réponse à cette question se compose de 160 pages in-folio. Indépendamment de l'introduction et de la conclusion, qui occupent chacune 6 pages, ce travail est divisé en quatre parties, où l'auteur s'occupe successivement des corporations d'ouvriers et d'artistes sous les rois de Rome, sous la république, sous les empereurs païens et sous les empereurs chrétiens. ( 455 ) On pouvait s'attendre à trouver dans l'introduction l'indication des sources anciennes et modernes, leur valeur respective et l'état actuel de la question. L'auteur n'a pas jugé convenable de nous l'ournir des renseigne- ments à cet égard ; en échange il nous donne des consi- dérations générales sur l'origine des sociétés politiques, sur la constitution primitive des Aryas et autres lieux communs, qui ne nous apprennent absolument rien. Th. Mommsen dit dans sa dissertation sur les collèges et les sodnlicia à Rome, p. 28 : fabulis somniisque indulgere non vacat. Pourquoi l'auteur du mémoire que nous examinons n'a- t-il pas imité cette sage réserve^ Le chapitre P^ où il est question des corporations ouvrières et artistiques sous les rois de Rome, ne com- prend pas moins de o5 pages. Comment l'auteur a-t-il pu s'étendre aussi longuement sur un point spécial d'une époque au sujet de laquelle nous ne savons presque rien de certain? Voici le procédé auquel il a eu recours. Dans les onze premières pages de ce 1" chapitre il reprend à nouveau, en les développant, les considérations générales de l'inlroduclion. 11 remplace l'histoire par une série de conjectures; mais dans tout cela il n'y a rien de nette- ment saisissable, rien qui résiste à la critique. La suite du chapitre I"' n'est qu'un commentaire sur un texte de Plutarque, qui nous dit que le roi JXuma Pompilius avait inaitué neuf corporations d'artisans. Chose singu- lière, l'auteur du mémoire que nous analysons ne paraît pas même s'être donné la peine de lire le texte original, car dans l'énumération des neuf collèges d'artisans de Numa il commet plusieurs fautes grossières. Plutarque distingue nettement les cordonniers des tanneurs, tandis ( 4S6 ) que l'auteur du mémoire les confond sous la dénomina- tion générique d'ouvriers en cuir. Mais comme de cette manière une des neuf corporations vient à lui manquer, il introduit sans hésiter celle des nautoniers, dont Plutarque ne parle point. En outre il donne à la neuvième corporation de Plutarque le nom de collège des manouvriers, tandis que l'auteur des Vies parallèles y groupe toutes les indus- tries (koiTioLÏ -ueyvy.i) non comprises dans les huit premiers collèges. Mommsen prétend (De collegiis, p. 29) que ce neuvième collège est de l'invention de Plutarque. Une pareille opinion, venant d'un pareil savant, méritait assurément l'honneur d'une discussion. L'auteur du mémoire n'y a pas songé, pas plus qu'il ne s'est demandé à quelle source Plutarque avait puisé ses renseignements. Il se horne à dire que le respect de la tradition mentionnée par les historiens et admise par la législation l'engage à dater de l'époque de Numa Pompilius les neuf corporations d'arts et de métiers énumérées par Plutarque. Raisonner de la sorte, c'est complètement renoncer à la critique. Personne, en effet, n'ignore aujourd'hui que les Romains faisaient remonter en bloc à Numa Pompilius, personnage très probablement légendaire, toutes les institutions religieuses dont ils ne pouvaient préciser l'origine. L'auteur fait la description détaillée des neuf corpora- tions soi-disant instituées par Numa. Comme nous ne savons en réalité rien de précis touchant ces corporations à l'époque royale, l'auteur emprunte ce qu'il nous en dit soit à l'époque républicaine, soit même à l'époque impé- riale. Cette indication suffirait au besoin pour faire con- damner tout le premier chapitre du mémoire soumis à ( 457 ) noire examen. Mais il y a plus ; ce chapitre abonde en erreurs regrellables. Confondant les tibicines et les tiibicînes, les joueurs de flûte et les sonneurs de trompette, l'auteur prétend que d'après Tite-Live (I, 45) les fastes de la corporation des instrumentistes ne remonteraient qu'àServius Tullius. Mais Tite-Live ne prétend rien de pareil, il dit seulement que dans l'organisation, toute militaire, de Servius Tullius deux centuries étaient réservées aux cornistes et aux trompettes. Or, ce détail n'a rien de commun avec ce que nous dit Plutarque touchant la corporation des aulètes, dont il attribue l'institution à Numa Pompilius. Mommsen avait depuis longtemps établi cette différence. Mais l'auteur du mémoire, quoiqu'il cite une fois en passant la dissertation du savant berlinois, paraît ne pas même s'en douter. Il n'a pas non plus l'air de soupçonner que les détails qu'il nous donne sur les joueuses de flûte et la légèreté de leurs mœurs n'ont absolument rien de commun avec la ques- tion mise au concours. A propos de la corporation des orfèvres sous les rois, il entre dans de nombreux détails sur le luxe des femmes, détails empruntés à toutes les époques de l'histoire romaine. A ce propos il nous apprend que les opulentes patriciennes possédaient un monde de bijoux. L'expression est d'au- tant plus bizarre qu'elle provient d'un incroyable contre- sens. En effet, dans l'expression mundus muliebris, le mot mundus n'a nullement la signification de monde. Il suffît pour s'en convaincre d'ouvrir le premier dictionnaire venu. Le substantif mundus se rattache à l'adjectif de même forme, qui veut dire propre, poli, élégant. Il est étonnant que notre auteur, qui aime tant à citer les juris- 5"' SÉRIE, TOME XI. 37 ( 4o8 ) consul les, ne se soit pas souvenu d'un passage d'Ulpien (D. L. 2,2o) qui dislingue netlement les ornamenta nniliebria, du mundus muliebris. D'après ce texte, en effet, mundus muliebris est, quo millier mundior fit : d continentur eo spécula, matulaeyunguenta^vasa unguen- taria et si qua similia dici possunt, veluli lavatio, riscns » (coffret). Il résulte de cette définition que les bijoux des opulentes patriciennes ne font pas même partie du mundus muliebris. Ils doivent, au contraire, être rangés parmi les ornamenta muliebria, tels que inaures, armillae, viriolae, nnuli (Ulp. ibid). A la suite des ouvriers en bâtisse, Fauteur du mémoire place les ouvriers en laine, qu'il désigne plus loin comme Collegium fullomnn. Mais Plutarque donne à cette corpo- ration le nom de (jacpsrç, teinturiers, tandis que les foulons s'appelaient yvacperç ou xvacperç. Le premier chapitre se termine par la peinture des vexa- tions auxquelles, d'après J3enys d'Halicarnasse, furent soumis les artisans sous le règne de Tarquin le Superbe. Il faut être doué d'une foi robuste pour prendre à la lettre les amplifications de Denys d'Halicarnasse, qui, pour dépeindre Tarquin le Superbe comme un lyran accompli, emprunte visiblement ses couleurs à la politique d'Aristole. Dans le chapitre II, relatif aux corporations d'ouvriers et d'artistes du temps de la République, nous trouvons des erreurs non moins considérables que celles que nous avons déjà rencontrées au chapitre Y\ On y dit que d'après Pline le Collegium pistorum fut fondé lors de la guerre contre les Perses (174 av. J.-C). Voici ce que dit Pline, N.-H. XVilI, 18, 107 : Pislores Romœ non fuere ad Persicum usque bellum annis ab urbe condila super DLXXX. Par une distraction vraiment impardonnable, l'auteur a trans- ( 459 ) formé en guerre contre les Perses la guerre que vers 583 les Romains firent à Persée, roi de Macédoine. D'ailleurs, il n'est pas question dans ce texte de Collegiiim pistorum. Celui-ci ne date probablement que de l'empire. Tout ce qu'on peut dire de certain à cet égard, c'est qu'il existait déjà à l'époque de Trajan (V. Marquardt, Das Privatleben der Rômer, II, p. 400, n** 8). Nous avons également les doutes les plus sérieux au sujet de l'existence, à Tépoque de Sylla, d'un Collegium medicorum. L'auteur du mémoire l'affirme, mais n'apporte aucune preuve à l'appui de cette allégation. Toute la partie relative aux lois qui, vers la fin de la République, furent portées contre les collèges et les soda- licia est sujette à caution. Mommsen a prouvé qu'il ne s'agit dans la plupart de ces lois que d'associations politiques et nullement de corporations ouvrières. Celles-ci ne furent pas, comme le dit le mémoire, abolies par le sénatus-con- sulte de 64 (non pas 68) av. J.-C, et la lex Clodia de Collegiis n'eut pas à les rétablir. Il en résulte que la longue tirade sur les corporations ouvrières qui remplit les pages 53 à 55 n'a aucune raison d être. A la fin de la République et pendant les premiers siècles de l'empire, nous trouvons dans les armées romaines un corps de fabri, remplissant les fonctions de ce que nous appelons aujourd'hui le génie militaire. A la tête de ce corps se trouvaient des prœfecli. Le mémoire donne à ce corps de fabri le nom de corporation, pure affirmation, absolument dénuée de preuve et très invrai- semblable. En effet, d'après Marcien (Dig. XXXVII, 22, 1) : Mandalis principalibus prœcipilur prœsidibus provincia- rum ne patiantur esse collegia sodalicia neve milites collegia in castris habeant. Il n'est pas non plus exact ( 460 ) qu'on ait investi des fonctions de prœfectiis fahrum des tribuns de légions. Ce qui est vrai, c'est que l'exercice de ces fonctions était parfois un acheminement vers le grade de tribun. Le chapitre III, dans lequel il est question des corpora- tions d'ouvriers et d'artistes sous les empereurs païens, est supérieur aux deux précédents. Cependant on y trouve également plus d'une assertion inexacte ou hasardée. 11 y est dit, par exemple, que c'est l'empereur Tibère qui admit le principe des monopoles. Or, les textes invoqués à l'ap • pui de cette opinion ne la confirment nullement. Il n'y a pas, dit Suétone, d'affaire petite ou grande, publique ou privée au sujet de laquelle Tibère ne demandât l'avis du Sénat. Il le consultait sur les revenus du domaine et les monopoles, la construction ou la réparation de travaux publics, etc. Ce passage ne contient évidemment pas ce que l'auteur du mémoire prétend y voir. Il en est de même du passage suivant (Tib. 34- et non 59), où Suétone nous apprend que, dans son désir de favoriser l'économie, Tibère ht défendre la vente des pâtisseries [opéra pistoria) dans les auberges et les cabarets. Il est évident qu'il s'agit ici d'une simple mesure de police, n'ayant rien de commun avec un monopole qui aurait été établi en faveur des bou- langers. Il n'y a rien à tirer non plus du texte de Pline (d'ailleurs mal cité : XXXV, 56 au lieu de VIII, 57, 56) invo- qué par l'auteur à l'appui de son opinion. Dans ce passage, qui du reste paraît altéré, il est dit que la chasse au héris- son donna lieu à un monopole, qui provo(jua de nombreux sénatus-consulteset fut l'objet, de la part des provinciaux, «le plaintes adressées successivement à tous les empereurs. Tibère fut si peu l'introducteur du principe des mono- poles que celui-ci était appliqué à Rome dès l'époque repu- ( 461 ) blicaine, peiit-êlre même dès l'époque royale, du moins en ce qui concerne le sel. Le monopole du cinabre espa- gnol est déjà mentionné par Gicéron (Pliil. If, 19, 48. V. Marquardt, Rômische Staatsverwaltung, 11, 2** édil., pp. 252 et suiv.). Caligula, dit l'auteur du mémoire, favorisa la création de nouvelles associations d'artisans, mais Claude les sup- prima, revenant ainsi à la politique de César. Ces faits considérables sont attestés sur la foi d'un passage de Dion Cassius (LX, 6), qui, d'après Mommsen, a une tout autre portée. Mommsen croit, en effet, que dans ce passage il s'agit tout simplement des Collèges des Juifs, expulsés par Tibère, ramenés à Rome par Caligula et de nouveau dis- sous par Claude. En supposant que Mommsen se trompe, son opinion méritait en tout cas l'honneur d'une réfu- tation. Trajan, dit l'auteur du mémoire, constata que, de son temps, la plupart des architectes de Rome étaient des étrangers venant de Grèce. Or, Trajan se borne à répondre à Pline (X, 49), qui l'avait prié de lui envoyer un architecte de Rome, pour inspecter certains ouvrages entrepris à Nicomédie : les architectes ne peuvent te manquer, car la Grèce en envoie même chez nous. D'autre part il a été établi par Friediânder (Darstellungen^ etc., ill^, 265) et par Marquardt (/. c, p. 596) que du temps de l'empire les principaux architectes de Rome étaient des citoyens romains. Pour prouver qu'à l'époque de Trajan on ne pouvait léguer en faveur d'une corporation, ni directement, ni par voie de fidéicommis, l'auteur du mémoire cite le texte suivant dePline(Epist. V, 7) :« Nec heredem institut, nec prœcipere posse rempublicam constat ». Il y a dans la ( 462 ) <;onclusion Urée de ce texte une double erreur. D'abord, il y est question de communes et non de corporations. Ensuite si les communes ne peuvent pas prœcipere, c'est- à-dire recueillir un legs par préciput, il n'en résulte nul- lement qu'elles ne puissent pas recevoir par fidéicommis. Ulpien dit formellement qu'à partir du règne de Nerva il était permis de faire des legs au profil des communes (XXIV, 28). Les conjectures de l'auteur sur les cenlonaires et les dendrophores, dont il fait respectivement des portefaix et des ouvriers charpentiers attachés aux pompes funèbres, ne rencontreront probablement pas l'assentiment des per- sonnes qui se sont sérieusement occupées de ces ques- tions. La partie du mémoire qui est relative à l'organisation intérieure des corporations est une de celles qui donnent le moins lieu à la critique. On est cependant étonné d'y rencontrer une phrase comme celle-ci : C'est probablement sous l'empire, lorsque les souverains se firent conférer pour un lustre le litre et le pouvoir de chef des armées impériales, qu'à l'imitation des collèges sacerdotaux les corporations élurent des maîtres quinquennaux, magistri quinquennales. Il est, en effet, notoire que des deux éléments dont se composait le pouvoir impérial, Vimperium était accordé à vie, tandis que la puissance tribunicienne était à la fois perpétuelle et annuelle, en ce sens que l'empereur comp- tait les années de son règne d'après les années de sa tri- bunicia potes tas. On est également étonné de voir citer Piaule au sujet de ce qui se passait sous l'empire (p. 82). A propos du collège des utricularii, l'auteur nous dit ( 465 ) que les membres de celte corporalion étaient ainsi appelés parce qu'ils faisaient flotter des radeaux chargés à Taide d'outrés gonflées de vent (sic). Il parait ignorer que cette question est extrêmement controversée, que la plu- part des auteurs modernes considèrent les utriculaires comme des fabricants d'outrés, quoique d'autres revien- nent à l'ancienne opinion, et que par conséquent de toute manière la nature de cette corporation aurait dû être discutée d'une façon approfondie. (V. notamment Can- tarelli, Bullelin épigraphique de la Gaule, III, p. 252.) Le chapitre ÏV, relatif aux corporations d'ouvriers et d'artistes sous les empereurs chrétiens, est de beaucoup le meilleur de tout le mémoire. L'auteur, s'appuyant sur- tout sur le Code de Théodose, donne des indications généralement exactes (1). Nous n'oserions pourtant pas considérer avec lui les scusores (le texte du Code de Théodose porte scasores) comme des tailleurs (p. 102). Nous avons constaté aussi que, faute de se servir d'une bonne édition du Code de Jiistinien, l'auteur a été entraîné à commettre des erreurs plus ou moins graves dans Ténu- mération des artisans mentionnés au livre XI, 64- (et non 44). Ainsi il transforme les laccarii (probablement = laqiiearii, plafonneurs) en arcarii, fabricants de coffrets; des fabri il fait des fabricarii, armuriers; aux bracarii il ajoute les particarii, aux Irigarii (lifjnarii?)\iis chiarii, fabricants de cabriolets. Mais à part ces détails nous constatons avec plaisir que la condition des artisans, emprisonnés dans leurs corpora- tions respectives sous les derniers empereurs, est exposée avec clarté et d'une façon suflisamment correcte. (1) C'est néanmoins à tort qu'il prétend que les mulomedici ne figu- rent pas au Code de Justinien. ( 464 ) Enfin la conclusion, quoiqu'on pourrait y noter encore des assertions très contestables, est beaucoup plus nourrie de faits que l'introduclion et dénote, en outre, un cer- tain talent de généralisation. Que si, après avoir examiné en détail le mémoire soumis à notre appréciation, nous voulons porter un jugement sur la valeur de l'ensemble, nous sommes à regret obligé de constater que l'auteur n'a pas réussi, d'après nous, à remplir le cadre tracé par l'Académie. Ce que demandait celle-ci, ce n'était nullement une étude générale sur la technologie chez les Romains, mais un travail spécial dans lequel on aurait tâché de se rendre compte, d'une manière exacte et précise, de l'organisation, des droitii, des devoirs et de l'influence des corporations d'ouvriers et d'artistes. Ce travail devait se faire d'après les auteurs et les inscriptions. Or, visiblement fauteur n'était pas préparée cette tâche. Ainsi tout d'abord son mémoire est déplora- blement incomplet au point de vue des inscriptions. Il n'a pas même l'air de se douter de l'existence de ce monument admirable qu'on appelle le Corpus Inscriplionum Latina- rum, et qui comprend déjà dix volumes in-folio. Nulle part il ne le cite; il renvoie toujours et exclusive- ment au recueil, très estimable sans doute et très utile, d'Orelli-Henzen, qui naturellement ne renferme qu'une partie des nombreux matériaux qu'il fallait consulter. Il ne connaît ni VEphemeris epigraphica, ni le Bulletin épi- graphique de la Gaule, ni les Mémoires des Lincei, si riches en monuments épigraphiques. L'auteur ne paraît pas connaître non plus les auteurs modernes qui se sont occupés de la question. Jamais il ne mentionne ni Blûmner, ni Marquardt, ni Friedfànder. ( 4()5 ) Il ne sail pas que Rabanis a publié à Bordeaux, en 1841, Ce qui était tout d'abord indiqué ici, c'était la compa- raison entre les nécessités économiques auxquelles les anciennes corporations ouvrières ont été appelées à pour- voir, et celles qui tendent à faire désirer l'extension, dans la mesure du possible, du mouvement coopératif à l'œuvre de la production. Au moyen âge, ce qu'il fallait, c'était la sécurité du travail et de l'échange. Aujourd'hui cette sécu- rité est absolument garantie. Le travail est respecté; la liberté de l'ouvrier, du fabricant, du commerçant est com- plète, et aucun État civilisé ne songe à l'entraver. Mais ce qui manque, c'est le sentiment réciproque d'une commu- 3'"*' SÉRIE, TOME XI. 38 ( 474- ; naulé réelle d'intérêls entre le patron ou le chef d'industrie et Touvrier. Il en résulte que ce dernier est livré sans défense aux agitateurs qui lui persuadent qu'il est exploité, qu'il est esclave, que capital et capitalistes sont ses enne- mis naturels, et qu'il y a réellement là un joug à secouer, un obstacle à détruire, [.e but, économique autant que social, de la coopération appliquée au travail est d'inté- resser l'ouvrier à la conservation de l'outil, l'employé au profit de l'entreprise, et en même temps d'assurer aux époques de prospérité une plus juste répartition des béné- fices et une réserve collective pour les temps difficiles. De ce premier point de comparaison résulte déjà la nécessité d'une organisation nouvelle destinée à répondre à des besoins nouveaux. Mais en reconnaissant ce que cette organisation offre de désirable, il eût été sage d'en signaler les difficultés et même les périls. Pour élever le mouve- ment coopératif à la hauteur de l'association coopérative de production, il faut de toutes autres conditions indivi- duelles chez les intéressés que celles auxquelles devaient répondre les membres des corporations ouvrières du moyen âge. Schuize-Delitsch s'est, à diverses reprises, dans ses ouvrages et dans ses beaux rapports annuels sur le mouvement coopératif allemand, occupé de cette question. Il serait trop long et hors de propos de répéter ici ce qu'il a dit de ce qu'il appelle, en termes caractéristiques : die Innungen der Gegenwart. A mon avis, la plus grande diffi- culté réside aujourd'hui dans l'ignorance de l'ouvrier lui- même. C'est donc cette ignorance qu'il faut s'appliquer à faire disparaître. Aucun mécanisme d'organisation, si ingé- nieux qu'il soit, ne comblera l'effrayante lacune que pro- duirait dans le fonctionnement d'une association coopéra- tive de production à laquelle on appellerait des ouvriers ( 475 ) ignorants, l'absence de notions saines sur les lois naturelles de la production et de l'échange. La conclusion d'un exposé comparatif, développé dans cet esprit, eût été sans doute que l'on aurait tort de con- fondre les anciennes corporations ouvrières avec nos modernes sociétés coopératives, et de s'imaginer qu'il serait désirable, ou même possible, de ressusciter les premières. Mais elle eût été aussi que les anciens corps de métiers ne méritent pas tout le mal qu'on en a dit, qu'ils ont répondu pendant le moyen âge à un besoin réel, et que, d'autre part, il faut se garder d'attacher aux associa- tions coopératives de production la valeur d'une panacée économique, dont il suffirait de décréter l'application pour obtenir la guérison du malade. Ici, comme en bien d'autres matières, la condition première pour que l'ouvrier puisse élever sa situation économique et son rôle dans l'œuvre de la production industrielle, c'est que sa valeur morale et intellectuelle soit élevée par l'instruction et par l'éducation. Je crois avoir suffisamment indiqué mon opinion sur le fond du travail soumis à l'Académie, pour me dispenser d'insister sur ce que la forme a de défectueux. Ma conclusion est que le prix ne doit pointétre décerné. » Rappo»*t de Mi, de Eiaveieye, dcuxiènne co»t»»ni«aai»'e. tf Je me rallie sans réserve aux conclusions si bien expo- sées et si clairement motivées de M. Rolin-Jaequemyns. Le mémoire qui nous est soumis est complètement insuffisant pour ce qui concerne les corporations anciennes; il ne l'est guère moins pour les sociétés coopératives actuelles. Une institution qui s'est développée et qui a duré des siècles, dans tous les pays, non seulement de l'Europe, ( 476 ) mais de l'Asie et de l'Afrique, c'est-à-dire partout où la division même élémentaire du travail a fait de l'industrie une branche spéciale de la production, une institution qui existe encore de nos jours dans plus d'un État, a dû répon- dre à des besoins économiques profonds et partout iden- tiques, auxquels elle a donné une satisfaction réelle. Il est hors de doute que l'ouvrier trouvait dans les corporations du moyen âge une sécurité pour l'existence, des joies par- tagées, le sentiment d'une famille agrandie et un foyer de culture qui lui manquent aujourd'hui, et je ne m'étonne pas que certains écrivains conservateurs, tant en France qu'en Allemagne, songent à les ressusciter. Com- parez l'artisan de l'une de nos communes flamandes au XÏIl^ et au XIV' siècles avec louvrier actuel dans les mêmes villes: le premier est supérieur au second dans tous les rapports. Comment obtenir les avantages de l'an- cien corps de métier sans sacrifier la liberté du travail et de rindustrie, voilà le difficile problème qui se pose. En quelle mesure la société coopérative de production l'a-t- elle résolu, voilà ce qu'il fallait examiner. La question exige une étude approfondie de l'état social d'autrefois, ainsi que des résultats obtenus par l'associa- tion dans les différents pays. Ce travail reste à faire. » ftappoi't fie Mf. Rotrify troisième co»ntni»»aii*e . « Je me rallie sans réserve à l'opinion de mes honora- bles confrères, et je n'ai rien à y ajouter relativement au Tiémoire, mais je demande à présenter quelques réflexions à propos du concours. C'est la seconde fois que, sur celte question, la Classe va constater, non seulement « l'insuffisance des données ( 477 ) historiques et statistiques » et par conséquent l'absence d'esprit scientifique, mais aussi la manière défectueuse de poser les termes de la comparaison, qui est une absence complète de tout esprit de logique. Ce dernier point me semble un défaut capital, défaut plus général qu'on ne le croirait, dans une société où l'on discute tant, où l'on écrit trop. Ce n'est pas d'aujourd'hui que pour ma part j'y vois une des causes les plus dangereuses de ce que votre pre- mier commissaire a nommé « un mal présent et une menace plus grande pour l'avenir d. Car l'ignorance, déjà à craindre chez l'ouvrier qui ne vote pas, devient un fléau aux mains des classes qui se réservent le droit de diriger la société, sans prendre la peine de former leur raisonne- ment à ce qu'on a appelé la loyauté de Tesprit. La Classe ferait donc bien de ne plus exposer à ces hasards l'étude de questions aussi importantes, d'où dépend, non seulement la paix civile, mais aussi la liberté des peuples; car les moindres perturbations sont épiées comme des prétextes, interprétées comme des vices réd- hibitoires contre les droits les plus légitimes et les pro- grès les plus justes. Il y a bien des siècles que Démos- thènes représentait le rusé roi de iMacédoine écrivant aux Oritains : « Je vous envoie une armée vous visiter, par amour pour vous, car j'ai appris que vous êtes déchirés par des factions, et le devoir d'un bon allié, d'un ami, est de se montrer en ces circonstances )>. Faut-il cependant renoncer à ces études ? Elles n'ont jamais paru plus nécessaires. Mais pourquoi la Classe ne prendrait-elle pas en main cette cause, n'en ferait-elle pas l'objet d'études suivies? Ce ne serait ni la science ni la logique qui lui manqueraient, ni l'intérêt profond dû à ce problème que votre deuxième commissaire déclare ( 478 ) difficile et qu'il définit en ces termes : « Obtenir les avan- tages de l'ancien corps de métier sans sacrifier la liberté du travail et de l'industrie ». Pour moi, je ne puis trop engager ceux d'entre nous qui le peuvent, à nous faire des lectures sur ces questions capitales, et j'ai des motifs de penser que l'ouvrier belge ne verrait pas sans en ressentir un bon effet moral, ces académiciens, qu'on lui présente si souvent comme de célèbres niutilités, débattre, éclairer peut-être, les ques- tions économi(jues, avec cette sympathie intelligente que Sénèque, bien avant M""* de Staël, exprimait en ces termes : « Nous excuserions plus souvent si nous com- mencions par comprendre. » Les conclusions de ces rapports sont adoptées par la Classe. CONCOURS EXTRAORDINAIRE. PRIX DE STASSART POUR UNE NOTICE SUR UN BELGE CÉLÈBRE. (Cinquième période : 1875-1 880) (1). DAVID TENIERS (1610-^690?) HappofI de JU. Sleeher, prcÈnict* cotnntissaifc. Deux mémoires ont été envoyés pour le prix de Stassart (Notice sur un Belge célèbre). Le premier, en flamand, a pour devise : Sine labor nihil; le second, en français, est provisoirement désigné par Arnica Veritas. Je dois m'en rapporter plus spécialement à la compétence de mes (1) Prorogée jusqu'à raniiée 1886. ( 479 ) savants confrères iMM. Piol et Hymans pour ce qui con- cerne la possession directe des sources supérieures et pour déterminer jusqu'à quel point l'histoire authentique a été enrichie ou rectifiée. Mais dans un concours qui porte le nom si littéraire du l)aron de Slassart, on ne saurait faire abstraction des exigences de la forme. Une notice sur un Belge célèbre doit donc se recommander par un certain soin de composer et d'écrire. C'est ce que l'auteur du n" i semble avoir mieux compris que son concurrent. Le style est assez élégant et les faits se groupent et s'enchaînent sans effort, sauf dans l'énuméralion des tableaux qu'on n'apprend à connaître qu'au hasard des acquisitions des Musées. D'un autre côté, si l'homme, l'époux, le père, le bour- geois nous est bien représenté dans Teniers, si nous nous initions et intéressons à sa vie intime, le peintre n'est guère expliqué que par ces détinitions et ces épithètes qu'on rencontre un peu partout. Dans le n° 2, au contraire, l'homme apparaît moins, mais l'artiste est étudié con amore. Les appréciations sont plus chaudes, plus vivantes, et elles le seraient plus encore si l'auteur ne les avait pas un peu éparpillées au hasar^ Glaremonl, le 21 avril 28. « Dans une lettre du prince de Liéven qui représentait la Russie à Londres, une lettre du 28 mai 1850, citée par M. Saint-René Taillandier dans son livre : Le roi Léopold et la reine Victoria, je lis, à propos de la note en anglais où le prince Léopold renonçait au trône de Grèce, je lis ces lignes : « Jusqu'ici toute la correspondance du prince avait été rédigée en français, et probablement par lui- même ou tout au plus avec l'aide de son médecin et con- seiller intime, M. Stockmar ». On ne croira pas que la ( 499 ) plume de M. Slockmar ait eu quelque pari à celte lettre intime. Et celui qui écrivait avec celle netteté et cet agré- ment avait le style assez sain, pour n'avoir pas eu souvent à le faire purifier ou redresser, même par un habile et dévoué médecin. Il paraît que le roi Léopold qui a laissé, avec sa réputa- tion de sagacité et de sagesse, le souvenir d'un prince peu enclin à sourire des obligations du cérémonial, avait cependant pesé, à leur poids, les fêtes officielles. Ses craintes pour ses épaules surchargées et ses jambes immobilisées sont d'une philosophie assez railleuse, qui n'est pas trop soumise au dogme de rétiquette. Le retour au Claremont solitaire et silencieux, le chien aux gambades joyeuses et dont les yeux parlent, les deux perroquets, le perroquet taciturne et le perroquet musical, mais musical à la façon primitive, inapte aux modulations modernes, tous ces détails ont quelque grâce et sont marqués d'une touche fine. Il y a, dans cette lettre du 21 avril 1828, un jugement, en un mot, que celui qui l'a prononcé aura pu, mieux que personne, vérifier. C'est le mot sur « celle douce princesse Louise », qui devait partager le trône de Belgique avec l'hôte reconnaissant et clairvoyant de Neuilly. Cette douce princesse Louise, d'après les mémoires du prince de Poli- gnac, étail disposée aussi à partager avec le prince Léopold de Saxe-Cobourg, ce trône de Grèce qu'il refusa dignement et heureusement. Ce jugement a persisté et il sert encore à caractériser la première reine des Belges, depuis trente six ans qu'elle est morte. Ainsi, on se plaît à retrouver dans une lettre confidentielle, dans des feuillets jaunis, un mot dit en passant, et que l'histoire a pris à son compte. — Applau- dissements. ( 500 ) M. J. Stecher vient prendre place au bureau pour donner lecture comme rapporteur du rapport du jury chargé de juger la seconde période du troisième concours des prix Joseph De Keyn. — Enseignement moyen et art industriel (1" janvier 1884 au 31 décembre 1885). « A voir le nombre et la variété des œuvres présentées au concours De Keyn, on reconnaît une des grandes préoccupa- tions de notre époque. De tous côtés on semble se dire : a Pour toutes les libertés qu'on possède ou qu'on réclame, hâtons-nous d'étendre la science, qui permettra d'en pro- fiter. » Hâtons-nous aussi de propager les connaissances chaque jour plus généralement nécessaires dans le monde de la concurrence industrielle, où le moindre retard peut être la mort. Dans ce tournoi cosmopolite, on crie avec plus de raison encore qu'au moyen âge : Au mieux faisant! Mais ici, le mieux faisant, c'est le mieux sachant. On se hâte donc, et quelquefois trop; car la hâte est mauvaise conseillère. Elle fait oublier qu'il y a des écono- mies ruineuses, même en pédagogie. Abréger, faciliter, vulgariser, ce n'est pas s'en tenir commodément à la sur- face des choses; c'est, au contraire, les avoir assez appro- fondies pour en pouvoir tirer la moelle et la vraie sub- stance. N'a-t-on pas dit d'un grand historien qui fut un grand peintre : « Il a tout abrégé parce qu'il a tout vu? » Il faut, sans doute, se baisser jusqu'à la portée du grand nombre; mais sans que la science, qui est notre honneur, ait à gauchir. Aussi bien, la science la plus sévère fait trouver « ces roules ombrageuses, gazonnées et doux fleu- rantes » que souhaitait Montaigne. ( SOI ) « C'est, dit i'aimable philosophe, un bel et grand agen- cement sans doute que le grec et le latin, mais on l'achète trop cher. » Voici des Éléments de grammaire grecque qui sem- blent répondre à ce desideratum. MM. les professeurs Roersch et Thomas se sont entendus pour faire un livre solide et tout ensemble avenant, jusque par son aspect matériel. A force de contrôler les meilleures grammaires d'Allemagne, de France et de Hollande, à force de vérifier et de retrouver à leur véritable place les textes décisifs et caractéristiques, ils ont pu obéir au mot d'ordre des Ra- mus, des Lancelot, des Fénelon : « Peu de préceptes, beaii^ coup d'usage, d Ils n'ont donc pas songé à faire un gros répertoire comme il en faut pour les étudiants spécialistes, mais un vrai livre d'enseignement clair, net, exact et bien groupé. « Cette excellente grammaire, dit la Revue de ren- seignement secondaire de Paris, destinée à des élèves qui ne commencent l'élude du grec qu'en quatrième, nous paraît appelée à rendre à l'enseignement les plus grands services. » Tout en laissant sa part à l'initiative du professeur, MM. Roersch et Thomas rencontrent toutes les difficultés utiles. Peut-être ont-ils mis trop de discrétion à user des ressources de la grammaire historique et comparée. Ils se sont dit, sans doute, qu'il est plus dangereux, au moins dans les classes, d'en mésuser ou d'en abuser que de n'en pas user du tout. Pourquoi cependant, sans renouveler l'exagération de Henri Estienne qui < tirait tout le fran- çois du grégeois », ne pas recourir davantage à tant de vieux gallicismes qui se rapprochent de la désinvolture hellénique? ( 50^2 ) La syntaxe, toutefois, est complète, et, bien que très facile à suivre, a été construite scientifiquement. Une expé- rience déjà longue a pu apprendre aux auteurs combien il importe de donner, surtout aux commençants, des expli- cations sérieuses et satisfaisantes même pour l'apparent caprice des idiotismes. « Beaucoup d'élèves, disent-ils avec raison, sont rebutés de l'étude du grec, quand leur grammaire n'explique pas les constructions qui les em- barrassent. » H suffit de parcourir la table analytique pour apprécier l'excellence de la méthode. Tout en se tenant dans les bornes assez étroites du programme officiel, on a voulu empêcher une étude trop machinale, stimuler l'es- prit d'observation et contribuer par là aux humanités vrai- ment dignes de ce nom. Les hommes du métier reconnaî- tront aisément un manuel bien conçu et bien exécuté, rien que par l'Accentuation associée aux Lois de la Pho- nétique et par la sévère exclusion de tout ce qui n'est pas atlique depuis Thucydide jusqu'à Démosthène. Des appendices suffisent pour caractériser ce qui est particulier à Homère et à Hérodote et faire goûter enfin Ce langage sonore, aux douceurs souveraines, Le plus beau qui soit né sur des lèvres humaines. La même justesse de ce qu'on pourrait appeler le tact professoral se retrouve dans un Traité d'arithmétique e/é- men/a/re composé par M. l'abbé Gelin du collège de S'-Quirin de Huy. Dans une édition sérieusement refondue pour faire droit àdes critiques sérieuses, l'auteur, qui s'était déjà fait valoir par sa clarté d'exposition et par sa rectitude démonstrative, a fini parfaire un livre remarquable tant au point de vue pratique qu'à celui de la théorie. Comme ( 505 ) l'a (Jil un critique autorisé de la Revue de Vinslruclion pu- blique en Belgique, c'est incontestablenfient la meilleure des arithniétiques publiées en français. C'est un traité vraiment complet. Plus d'une question y est mieux présentée, mieux résolue que dans les Leçons de Cirodde ou dans le Cours de Bourdon. Pour cet ordre de travaux, le jury croit pouvoir citer honorablement, malgré son exiguïté, l'opuscule de K, P. Brasseur, Note sur la décomposition en facteurs des quan- tités algébriques. Ces 56 pages in-8'' contiennent un exposé clair et méthodique des principes qui doivent guider les commençants dans les décompositions en fadeurs des expressions qui se présentent le plus souvent en algèbre élémentaire. A tout prendre, la valeur de l'œuvre est dans la pratique plutôt que dans la théorie. C'est également le côté pratique qui doit recommander la seconde édition du manuel de MM. Fleury et Duguet. Le traité de physique élémentaire (655 pages in-12) a été, à juste titre, considéré par le Conseil de perfectionnement de l'enseignement moyen comme un livre utile à nos éta- blissements d'instruction secondaire. Malheureusement les étroites limites de nos programmes semblent avoir forcé les auteurs à exposer d'une manière trop sommaire, trop peu mathématique, les notions de mécanique rationnelle qui sont aujourd'hui les préliminaires indispensables d'un cours de physique. N'est-ce pas Leibnitz qui disait déjà : « Plus on connaît la nature, plus on la trouve géomé* trique? » On a donc eu à signaler en plusieurs théories, notam- ment dans celles qui touchent à la Thermodynamique, un certain manque d'idées générales, de vues d'ensemble per- mettant au lecteur de s'orienter dans les détails des divers sujets à traiter dans ce manuel. On sait que la physique moderne a trouvé son principe d'unité dans la doctrine de la conservation et de la dissé- mination de l'énergie. Là est le lien qui, manifeste ou caché, doit rattacher entre elles les parties qui semblent les plus éloignées, soit qu'il s'agisse d'un grand traité, soit qu'on se rabatte aux modestes proportions d'un livre de classe. On regrette aussi quelques négligences de style en même temps que l'exécution trop peu soignée de quel- ques-unes des figures insérées dans le texte. Pour ces choses le public des écoles devient de plus en plus exi- geant, et nos redoutables voisins le savent bien. C'est ainsi qu'un manuel français très répandu doit en partie sa vogue à ces détails qu'on aime à appeler aujourd'hui intuitifs. Malgré les imperfections signalées, le Traité de MM. Fleury et Duguet se recommande, en somme, par un exposé fidèle des conquêtes de la science. S'il ne peut prétendre, sous sa forme actuelle, à l'un des prix De Keyn, il est naturel d'espérer qu'une édition ultérieure, revue soigneu- sement pour les parties théoriques, pourra mériter un jour les suffrages de l'Académie. Ils peuvent sembler acquis dès maintenant à l'œuvre complètement modifiée du professeur J. xMerten. Son Manuel des sciences commerciales à l'usage des Athénées et des Collèges (un volume in-8% de VIII, 565, xxxvii pages et 4 tableaux) a été scrupuleusement mis en rapport avec le nouveau programme. C'est un vrai manuel répondant à toutes les exigences scientifiques et pédagogiques. L'auteur domine son sujet aussi bien dans les grandes lignes que dans les moindres détails. Se conformant ponctuellement à ( 505 ) l'ordre imposé par le gouvernement, il a divisé son ouvrage en quatre livres intitulés : Programme de la quatrième pro- fessionnelle (Comptabiliié générale), de la troisième profes- sionnelle (Comptabilité spéciale), de la seconde commer- ciale (Change) et de la première commerciale (Emprunts). Mais ces subdivisions obligatoires ne sont pas des entraves pour fauteur : il s'y meut à l'aise. S'il arrive toutefois que le champ soit trop restreint, il l'élargit pour y mettre ce qu'exige la science moderne qui ne s'arrête pas (Tontines, Sociétés de secours mutuel, etc.). En maint endroit, par exemple pour les Comptes en participation. Réouverture des comptes, il. expose plus simplement que ses devanciers des points spéciaux de comptabilité. C'est surtout la seconde partie de cet ouvrage qui contient d'innombrables renseignements pratiques. L'autre partie, la première, n'est pas moins riche au point de vue didactique, en exemples, en applications, en exercices. Quant au slyle, le jury a dû reconnaître qu'il n'a pas toujours été possible d'éviter la barbarie qui sévit dans la langue technique du commerce. La même fidélité au programme des écoles du gouverne- ment caractérise le Cours de géographie de M. Roland. Guidé par une pratique dont un membre du jury a donné d'excellents témoignages, l'habile régent de l'école moyenne à Namur a d'abord publié un premier cours préparatoire. C'est une grande promenade géographique ou un tour du monde en quarante leçons. Aux termes mêmes du programme, il s'agit d'une sorte de voyage descriptif, en partant de la Belgique pour parcourir les différents États de l'Europe et traverser l'Afrique, l'Asie, l'Australie, le grand Océan, l'Amérique et l'Océan atlantique. Sans se permettre les pittoresques perspectives et les poétiques échappées de M. Onésime Reclus, dans sa Terre à vol 5™^ SÉRIE, TOME XI. 40 ( 506 ) d'oiseau, M. Rolani a néanmoins essayé d'animer son panorama, sa circumnavigation par mille détails heureux, attrayants et par quelques illustrations bien choisies. Dans son second cours intitulé : Géographie physique et politique (288 pp., in-12) s'adressant à des élèves plus avancés, il s'attache à traiter son sujet d'une manière ments aux influences. Aussi, malgré quelques oublis, quel- ques termes un peu vagues et une certaine prodigalité de superlatifs, le jury croit-il devoir mentionner très honora- blement un ouvrage qui témoigne à la fois d'une vocation professorale et d'une érudition de bon aloi. Dans Tordre des sciences, sans sortir de la sphère des écoles secondaires, il convient de citer un ouvrage néerlan- dais sur les mollusques de la Belgique {De Weekdieren van Belgie). M. Willem Eben l'a publié dans la Collection de la Société des sciences naturelles de Gand. Cette élude, que recommande un style simple et clair, sera très utile aux jeunes naturalistes désireux de se mettre au courant de la faune malacologique de notre pays. Dans une première partie, l'auteur s'occupe de la structure interne et externe des mollusques. 11 les décrit en détail et joint à son ( S07 ) texte de nombreuses figures destinées à parachever la description. Après quelques bons conseils sur Téquipement du chas- seur de mollusques, M. Eben indique les meilleurs moyens pour conserver ses récoltes ainsi que pour arranger une collection. — « Ce qui frappe dans ces chapitres, dit M. Cogels, président de la Société malacologique, c'est le caractère pratique des recommandations de l'auteur. Avant de conseiller autrui, il a essayé pour son compte, éprouvé, comparé les procédés et les systèmes... » Nous aurions voulu parler encore d'un autre livre flamand : Reinaert de Vos, mis en vers modernes par M. Julius De Geyter. Mais ce charmant rifazimentOy où sans obscurité archaïque on retrouve la verdeur thioise et jusqu'au rythme du moyen âge, n'est qu'une nouvelle édition, trop peu modifiée, d'un livre déjà paru en 1874. Si M. De Geyter met dans le Second Reinaert qu'il pré- pare la verve qui l'a si bien servi dans le premier, peut- être un autre jury pourra-t-il le leliciter d'avoir surmonté de nouveaux et, disons-le, de plus grands obstacles. Peut- être aussi préférera-t-il signaler du même auteur un poème historique : Keizer Karel , déjà à moitié achevé. Il a fallu renoncer également à juger les Sept merveilles du monde moderne, dont le sujet était si bien assorti à la pensée de la fondation De Keyn. « Inspirer à la jeunesse, trop disposée à s'étioler, une plus large conception de la vie », remplacer les merveilles à demi fabuleuses de l'anti- quité par les prodiges authentiques de la science et du travail, captiver comme en un roman par l'énumération des études et des dépenses exigées pour le percement des isthmes de Suez et de Panama, pour la perforation du S*-Golhard et du Mont-Cenis, pour le chemin de fer trans- ( 508 ) conlinenlal du Pacifique, l'interocéanique de Panama et le lacet colossal des Andes péruviennes, n'était-ce pas là un beau programme de vulgarisation et de propagande intel- lectuelle? Mais M. Félix Belly, qui l'avait déjà fait con- naître par la Revue de Belgique, ne possédait pas le titre de citoyen belge sans lequel on ne peut concourir. Pour ce concours essentiellement national, on comprend que l'histoire du pays inspire des eflbrls, des essais de tout genre. Ce qui les stimule, ce n'est pas seulement l'exemple de l'Allemagne, de la France et de toutes les nations civi- lisées; c'est pour la Belgique la conviction qu'il s'agit d'un des facteurs les plus importants de l'éducation populaire. Le spectacle de nos anciennes luttes et de nos vaillantes fédérations apprend à retrouver, en dépit des origines et des traditions les plus diverses, la prépondérance d'une même âme, d'un même esprit de fidélité constitutionnelle. Ce n'est pas d'hier, comme on l'a dit, que nous savons ce que signifient Neutralité et Union nationale. Mais les travaux soumis au jury pour la 6^ période, ou bien dépas- sent l'horizon de l'enseignement secondaire, ou, quand ils s'y renferment, n'apportent que des contributions insuffi- santes. Parfois même on s'en tient à la banalité des faits ou des formules. On semble croire que pour les jeunes lecteurs il est superflu de remonter jusqu'aux sources. Pourtant, ulile dutci, le vieil adage a toujours raison. Si vous voulez dramatiser des biographies ou des épisodes de nos pro- vinces, que ce soit désormais le document proprement dit qui éveille l'intérêt sans préjudice de la réalité historique, vraiment utile. Ce besoin si moderne de concilier le plaisir et l'instruc- tion semble inspirer de plus en plus deux de nos collec- tions de bibliothèque populaire. Celle de M. Gilon de ( 309 ) Verviers a même pris pour devise ces paroles si justes et i]ui conviendraient également à la Collection nationale de M. Lebègue : « De petits traités ressemblent à de légers bateaux qui peuvent pénétrer dans les baies les plus étroites, pour approvisionner toutes les parties d'un pays. » Aussi, voit-on, à côté d'écrivains qui débutent, les vétérans de la science ne pas dédaigner de se rendre utiles ici comme ailleurs. C'est ainsi que M. Théodore Juste se détourne de temps en temps de ses grandes compositions historiques pour raconter, d'une façon avenante et popu- laire, au meilleur sens du mol, des événements qu'il est bon de faire connaître au plus grand nombre. D'autres, tels que MM. J. Chalon, Cauderlier, Léon Dumas, Lucien Solvay, racontent des voyages où l'humour se met au service de l'inslruction, ou bien initient la jeu- nesse curieuse aux miracles de la grande nature, ou bien encore nous parlent de nos grands artistes qui sont encore nos meilleurs poètes. Enlin, dans un aperçu bien pris, M. Rosy, de l'École normale de Mons, discute les dan- gereux préjugés qui circulent au sujet de la Monnaie et des Machines. La superstition qu'il combat n'est pas la moins rebelle puisqu'elle se rendurcit souvent par l'utopie, par la licence, par la misère. Aujourd'hui, comme aux temps de naïve ignorance, elle s'obstine encore à nier la solidarité de la Science, du Capital et du Travail. Il n'est pas inutile non plus de vulgariser l'histoire litté- raire ma'gré la redoutable concurrence de nos voisins. M. de Baslin, un Belge de Pétersbourg, l'a tenté pour une des trois littératures classiques. Son Aperçu de la littéra- ture française a peut-être le tort de s'étendre des Druides jusqu'au Naturalisme; cette passion de ne rien omettre de omni re scibili a dû nuire à ce (ju'il importait de mettre ( olO ) en relief pour en être plus instructif. Puis, malgré toute l'expérience du savant professeur déjà connu par de bons travaux de grammaire historique, que de détails mal placés et par là même inexacts, tout au moins inopérants! A vrai dire ce sont des notes spirituelles, ingénieuses, mais qui manquent de cohésion, d'agencement et qui ne peu- vent servir qu'à préparer un cours. Il y a plus d'ordre, plus de composition dans certaines parties de la Mosaïque littéraire de M. Thil-Lorrain, préfet de l'Athénée de Verviers. Professeur renommé pour l'art de donner aux élèves l'habitude d'écrire, il a voulu formuler une méthode de rédaction, iMais, outre qu'il s'y agit de l'en- seignement primaire encore plus que de renseignement moyen, le jury a regretté de voir l'auteur s'attarder trop longtemps à des détails trop minces, à des prescriptions trop mécaniques, à des divisions et subdivisions presque subtiles. Ce qu'il faut louer sans réserve, c'est la sagacité qu'il déploie pour tout ce qui concerne l'art d'interroger pour la rédaction orale et celui de corriger pour la rédac- tion écrite. Il y a aussi une partie suggestive fort intéres- sante, soit pour faire trouver les idées principales ou acces- soires, soit pour en "varier l'expression. Nous avons été unanimes à proposer une mention très honorable pour ces pages littéraires, ainsi que pour des biographies nationales, notamment la dernière notice sur le général Jardon. Nous avons aussi à témoigner notre sympathie pour une petite nouvelle sans prétention de M™* De Ros (Violette). Son Pierre le Hiercheur tient, sans doute, un peu de l'inaltérable douceur de Florian; mais cette idylle char- bonnière nous a plu par contraste avec tant de descrip- tions pessimistes et naturalistes qui ne peuvent semer que des ruines. ( 5H ) Un style plus vif et plus varie recommande la jolie boutade de M. Edmond Catlier, La ligne de S^-Macaire. Tableau de petite ville lestement croqué, mais un peu fait de chic, s'il est permis d'emprunter ce mot au langage des ateliers. La fantaisie l'emporte trop sur la vraisem- blance sacrifiée en plus d'un détail. En revanche, quel brio élincelant pour ressusciter, en quelque coin peu trouvable, des scènes de mauvais gré contre un nouveau chemin de fer! C'est donc encore un épisode de l'éternelle bataille de la Routine contre le Progrès. L'entrain du dialogue, la netteté des ligures, l'originalité des types provinciaux, je ne sais quelle chatoyante lumière d'un style primesau- tier, tout cela fait oublier l'exagération de quelques pro- portions, et l'on rit de bon cœur. On rit moins dans Filleul du roi de M"' Marguerite Van de Wiele; mais est-ce un mal? Ne faut-il pas envi- sager quelquefois de près la réalité la plus triste, non pas pour l'enlaidir jusqu'au répugnant, jusqu'à l'horrible, mais pour aider à la corriger par quelques lueurs d'espé- rance? C'est ce dernier parti que M"' Van de Wiele a charitablement préféré. Si elle a voulu montrer par un réalisme nécessaire le danger des vocations qu'on entrave, combien, d'autre part, elle s'attache à faire ressortir tout ce que peut le travail audacieux, la persévérance obstinée. Peut-être, dans ces tableaux si frappants de la vie ouvrière du bas-Bruxelles, y a-t-il de ces traits entassés qu'on ne pardonne guère qu'à Dickens; peut-être comme chez lui, mais sur un espace plus restreint, y a-t-il trop de person- nages. Ce qui est sûr, c'est que tous ces personnages sont bien vivants et encore qu'ils se tiennent presque tous au premier plan, bien distincts les uns des autres. Le cabarelier entêté, despote, Moeder Sancke, une Griseldis ( 312 ) résignée, le jeune professeur âpre à Télude, la tante maniaque mais compatissante, le malingre etchétifMïV teke, tant choyé clans cette famille de pauvres, — autant de figures qui se détachent en vigueur, en plein relief. Jamais encore l'auteur n'avait eu cette grande fortune d'observation qu'on pouvait déjà se promettre par Maison flamande^ publié à Paris (1). Heureusement cet art de voir, de fixer et d'analyser n'est pas compromis parla manie du jour, la description à outrance. L'expression, souvent forte, n'a pas de surcharge, et des néologismes prétentieux ne viennent pas s'interposer entre le tableau et le spectateur. Le drame est réel, quelquefois émouvant, bien que certaines scènes soient esquissées plutôt que franchement menées jusqu'au dénouement en action. La portée morale de l'œuvre est saine; car en s'attachant aux petits, aux misé- rables, au lieu de les exciter contre la société, désormais bouc émissaire de toutes les fautes, de toutes les iniquités, on fait un appel incessant au self-help, à la responsabilité individuelle, au travail, au courage. Voilà, sans doute, ce qui a valu à ce livre l'honneur de (igurer dans la Biblio- thèque de famille de la maison Hachette. Voilà, du moins, ce qui décide le jury à proposer un prix de mille francs pour Filleul du roi, en même temps qu'il propose la même récompense pour les Éléments de grammaire grecque de MM. Roersch et Thomas, le Traité d'arithmétique élémen- taire de M. Gel in et le Manuel des sciences commerciales de M. J. Merten. » Le jury : A. Wxge^e^^ président; J. Gantrelle, P. Man- siON, Ch. Piot, Ch. Van Bambeke, G"^* Frédérix, secré- taire; J. Stegher, rapporteur. (1) Après avoir paru dans l'Étoile belge. ( 513 ) — La séance a été terminée par la proclamation sui- vante, faite par M. le secrétaire perpétuel, des résultats des concours et des élections. CONCOURS ANiNCEL DE LA CLASSE (1886). Un mémoire écrit en français et portant pour devise une citation d'une lettre de Leibniz au père Bouvet (éditeur Dutens, t. II, partie 1, p. 262) a été reçu en réponse à la première question. Faire V histoire du Cartésianisme en Belgique. La Classe, ratifiant les conclusions des rapports des trois commissaires qui ont examiné ce travail, a décerné à l'auteur sa médaille d'or d'une valeur de huit cents francs. L'ouverture du billet cacheté fait savoir qu'il est l'œuvre de M. l'abbé Georges Monchamp, professeur de philoso- phie au séminaire de Saint-Trond. La Classe a également reçu : 1 ° Un mémoire écrit en français et portant pour devise : Plebî urbanae majores nostri conventicula et quasi concilia quadam esse voluerunt{C\GÈROîi) en réponse à la quatrième question : Faire, d'après les auteurs et les inscriptions, une étude historique sur V organisation, les droits, les devoirs et l'influence des corporations d'ouvriers et d artistes chez les Romains. 2° Un mémoire écrit en français et portant pour devise: Labor et constantia, en réponse à la cinquième question: Faire un exposé comparatif, au point de vue écono- ( bl4 ) miqiie, du système des anciens corps de métiers et des sys- tèmes d'associations coopératives de production formulés dans les temps modernes. La Classe, ratifiant les conclusions des rapports des commissaires qui ont examiné ces deux mémoires, a décidé qu'il n'y avait pas lieu de leur accorder de prix. PRIX DE STASSART POUR UNE NOTICE SUR UN BELGE CÉLÈBRE. (Cinquième période.) Conformément à la volonté du donateur et à ses géné- reuses dispositions, la Classe des lettres avait offert, pour la 5^ période de ce concours, un prix de mille francs à l'auteur de la meilleure notice, écrite en français, en flamand ou en latin, consacrée à la vie et aux travaux de David Teniers (né en 1610, mort en 1690). Deux mémoires ont été reçus; le premier écrit en fran- çais porte pour devise : Arnica veritas, le second en flamand porte pour devise : Sine labore nihil. La Classe a décidé qu'aucun des deux mémoires ne mérite la palme académique. PRIX JOSEPH DE KEYN. Troisième concours. — Deuxième période (1884-1885). Enseignement moyen et art industriel. La Classe, ratifiant les conclusions du rapport du jury chargé de juger cette période, a décerné quatre prix de mille francs : ( OÎD ) V A M"' Marguerite Van de Wiele, pour son roman intitulé : Filleul du roi; 2° A MM. Roersch et Thomas, pour leurs Éléments de grammaire grecque; 5" A M. l'abbé Gelin, pour son Traité d'arithmétique élémentaire; 4" A M. Fr. Merten, pour son Manuel des sciences com- merciales. PRIX QUINQUENNAL D HISTOIRE NATIONALE. Par arrêté royal du 10 mai, pris sur les conclusions du rapport du jury chargé de juger la huitième période (1881-1885) du concours quinquennal d'histoire nationale, le prix de cinq mille francs a été décerné à Touvrage d'Edmond Poullet, de son vivant membre de l'Académie, intitulé : Histoire politique nationale. PRIX TRIENNAL DE LITTÉRATURE DRAMATIQUE EN LANGUE NÉERLANDAISE. Par arrêté royal du 17 avril, sanctionnant les conclu- sions du rapport du jury chargé de juger la neuvième période du concours triennal de littérature dramatique en langue néerlandaise (1883-1885), un prix de quinze cents francs, en numéraire, et une médaille d'or ont été décernés à M. H.-B. Peeters, auteur du drame en cinq actes : Karel Stolk (De Boerenkrijg). ( 516 ) PRIX DU ROI. Par arrêté royal du \0 mai, ratitiant la décision du jury, le prix de vingt cinq mille francs institué par Sa Majesté pour le concours ouvert en vue d'un ouvrage Sur les moyens d^améliorer les ports établis sur des côtes basses et sablonneuses comme celles de la Belgiquej a été attribué à M. P. De Mey, ingénieur principal des Ponts et Chaussées, à Bruges, pour son Etude sur le régime de la côte et sur les ports maritimes de la Belgique. ÉLECTIONS. La Classe avait à procéder au remplacement : l** D'un membre titulaire, par suite du décès de M. Louis-Prosper Gachard ; 2** De qualité associés, par suite du décès de MM. Léon Renier, Emile Egger et Emmanuel Miller, de l'Institut de France, à Paris, et de M. Jonckbioet, ancien professeur de l'Université de Leyde. Elle avait décidé de nommer aussi un correspondant. Ses suffrages se sont portés : i** Pour la place de membre titulaire (sauf approbation royale), sur M. Charles Loomans, correspondant; 2** Pour les places d'associé : sur MM. Georges Perrot, rédacteur de la Revue des deux mondes, à Paris; Mar- tin Philippson, professeur à l'Université de Bruxelles; Mariano Carreras y Gonzalez, économiste, directeur de la Banque d'Alméria, en Espagne; Auguste Snieders, homme de lettres, rédacteur en chef du Handelsblad, à Anvers; 5° Pour la place de correspondant : sur M. Tabbé A. Van Weddingen, aumônier de la Cour, à Bruxelles. (517 ) Séance générale des trois Classes du ii mai 1886. M. Alvin, président de TAcadémie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : Classe des sciences. — MM. Éd. Mailly, directeur; J. De Tilly, vice-directexir ; L.-G. de Koninck, P.-J. Van Beneden, le baron Edn). de Selys Longchamps, Gluge, J.-C. Houzeau, G. Dewalque, H. Mans, Ch. Monligny, Brialmont, Éd. Van Beneden, G. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Fr. Crépin, F.-L. Cornet, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, membres; E. Catalan, associé; C. Le Paige, correspondant. Classe des lettres. — MM. P. Willems, directeur; F. Tielemans, vice-directeur; P. De Decker, Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove, Th. Juste, Ém. de Laveleye, A. Wagener, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, J. Stecher, T.-J. Lamy, A. Scheler, P. Henrard, membres; J. Noiet de Brauwere van Steeland et Alph. Rivier, associés. Classe des beaux-arts. — MM. C.-A. Fraikin, vice- directeur; le chevalier de Burbure, A. Siret, A. Robert, Ad. Saniuel, Ad. Pauli, Jos. Schadde, Jos. Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, Gustave Biot, H. Hymans et le chevalier Edm. Marchai, membres. Conformément à l'article 19 des statuts organiques de l'Académie, les trois Classes sont réunies en séance générale pour régler, entre elles, leurs intérêts communs. D'après l'ordre du jour, M. Ad. Siret, secrétaire de la ( 318 ) Commission de la Biographie nationale, vient prendre place au bureau pour lire le rapport suivant sur les travaux de la Commission pendant Tannée 1885-1886 : a Nous avons perdu, dans le courant de celle année, deux collègues des plus méritants: M. Gachard, membre de la Classe des lettres, et M. Morren, membre de la Classe des sciences. » M. Gachard, qui avait succédé, en 1868, à M. le baron Jules de Saint-Génois comme président de la Commission de la Biographie nationale, s'était passionné pour notre entreprise à laquelle il a prêté le concours de son activité et de sa science, tant que ses forces le lui ont permis. En 1872, il céda le fauteuil de la présidence à M. le général baron Guillaume, mais il continua à fréquenter assidûment les séances et à nous éclairer de ses conseils. » Il rédigea pour la Biographie nationale les notices - de Agarto, André d'Autriche, la famille (VAremberg (neuf notices), Ayttona, de Barbançon (k\beYl) , de Barbançon (Octave) ,de la Barre, Basse, Bathiany, Bedmar, Belgiojoso, de Berghe, Bonaventure, Berly, Bruneau, Busbecq, Calonne, Caracena, de Caron, Carondelet (CI.), Caron- delet (J.), Carondelet (J.), Cazier et enfin Charles-Quint. Cette dernière notice forme à peu près un demi-volume. De l'aveu des hommes marquant dans la science histo- rique, cette monographie de Charles-Quint a été saluée comme un des travaux les plus importants et les plus complets qui aient paru sur le grand empereur. » Éd. Morren est mort, prématurément, au milieu de ses travaux. C'était un collaborateur dévoué qui, lui aussi, avait prêté toute son énergie à l'établissement de notre œuvre alors qu'elle n'était pas encore solidement assise. » On doit à cet honorable et bien regretté confrère les ( 519 ) notices sur les botanistes et les horticulteurs : de Bavay, van Baveghem (P.-J.)i ^'«^^ Baveghem (P.), Beyts, Boude- tvyns, Christian, Cockerill père, Cockerill tils, Coiidenbergy de CEsciusef de l'OOel, Dossin, Esperen, Fusch, Goede. Les notices sur de Œscluse et de VObel sont des monographies qui se distinguent par le charme du slyle et la préoccu- pation de la science. Morren avait traité ces notices avec un soin particulier. » Il y aura lieu de pourvoir, dans le sein de la Commis- sion, au remplacement de ces deux membres décédés. » Nous avons aussi perdu un collaborateur assidu, un criminaliste célèbre, dans la personne de notre collègue Nypels. On lui doit les biographies de Dupret , Ghe- wiet (G. de), Godet (E.-V.), Goudelin (P.), plus quelques notices manuscrites. » Le fascicule que nous distribuerons dans quelques jours renferme la longue série des Henri, souverains du Brabant et autres lieux, ainsi que des nombreux person- nages de ce nom qui se sont distingués dans les sciences, les lettres et les arts : les van Belmont, les de Hemptinne, les Hemricoiirt, etc. » Ce premier fascicule du tome IX renferme dix feuilles et demie d'impression. C'est donc vingt feuilles que nous aurons publiées en un an. C'est, Messieurs, tout ce qu'il est possible de faire. Nous vous le disons avec une convic- tion basée sur l'expérience: il serait dangereux de chercher à forcer cette production. On peut difficilement se faire une idée des obstacles de tous genres qui peuvent entraver l'impression d'une feuille à laquelle beaucoup de monde travaille. Les décès, les maladies, les absences, les oublis, la recherche de documents nouveaux, ou entrevus ou signalés, l'encombrement du travail et, peut-être, un peu ( S20 ) de négligence, tout est à prendre en considération dans une entreprise de ce genre. Au reste, Messieurs, depuis plus de quinze ans nous avons essayé d'aller plus vite, cela ne se peut. Et c'est encore une justice à rendre à ceux qui ont institué la Biographie nationale, c'est qu'ils ont tout prévu et qu'ils ont parfaitement équilibré dans tous ses détails la conduite de cette publication quand ils ont eu à ia mettre en mouvement. » On ne doit pas perdre de vue que l'impression de la Biographie nationale n'est pas la seule occupation du secrétariat; il lui incombe une besogne lente, longue, délicate et parfois difficile : c'est la préparation des listes sur lesquelles les collaborateurs ont à fixer leur choix. Il serait oiseux d'entrer à cet égard dans les innombrables détails que les hommes du métier doivent comprendre, mais il faut les rappeler sommairement afin qu'on se rende un compte exact des responsabilités acceptées. Il faut aussi qu'on ne perde pas de vue qu'une correspondance d'une nature exceptionnelle s'impose non seulement à propos des modifications à apporter aux notices manu- scrites, mais aussi à propos de la correction des épreuves. Il y a là. Messieurs, toute une série d'échanges de corres- pondances lesquelles ne constituent pas la partie la moins ardue de nos travaux. Vous en aurez une légère notion quand vous saurez que pour les dix feuilles imprimées du premier fascicule et la formation de la liste complète de la lettre L, il a été écrit, en douze mois, plus de 2,500 lettres. » Vous vous rappelez. Messieurs, qu'il a été décidé que la Biographie nationale contiendrait à partir de la lettre L la biographie de toutes les notabilités belges disparues de 1850 à 1875. En 1860, on avait pris la résolution de n'admettre parmi les modernes que ceux qui étaient ( 521 ) décédés depuis dix ans. Celait donc l'année 1850 qui formait la limite. Cette date a été rapprochée de nous de vingt-cinq ans, en même temps que la Commission avait décidé que la liste des noms de la lettre L, qui allait être soumise au choix des académiciens et des collaborateurs, serait accompagnée d'un avis ayant pour objet d'inviter tous nos collaborateurs à nous faire connaître les noms qui, d'après eux, pouvaient figurer dans la catégorie comprise entre les années 1850 et 1875. On pouvait également saisir celte occasion de soumettre à la Commission les noms des notabilités omis sur la liste officielle parmi les anciens. » Ainsi que nous vous l'avons fait connaître dans notre rapport de l'année dernière, cet appel n'a obtenu qu'un très faible succès. Nous ne saurions supposer que ce résultat doive être attribué à la négligence de nos confrères; nous préférons croire qu'il provient de ce qu'on lit peu les rapports, les circulaires et, en général, les avis de ce genre. Donc à la date indiquée par nous pour le renvoi des listes avec les indications demandées, nous n'eûmes qu'une dizaine de réponses parmi lesquelles il faut noter celles de MM. le général Liagre, Alvin et Le Roy. De nouveaux noms furent également proposés par nos collaborateurs étrangers. x> La Commission, Messieurs, aura à se prononcer sur la question de savoir s'il y a lieu d'admettre les personnages cités, en même temps qu'elle aura à émettre son avis sur un travail de ce genre que lui soumettra le secrétariat dès qu'il sera terminé, travail que lui a inspiré l'insuccès relatif de l'appel dont nous venons de parler et qui consiste dans le dépouillement attentif et raisonné, si l'on peut le dire, de toutes les nécrologies belges qui ont figuré dans nos journaux de 1850 à 1875. C'est, nous a-t-il semblé, 5"^ SERIE, TOME XI. 41 ( 52-2 ) le seul mode à employer pour arriver à constituer un travail homogène, exact et qui échappera aux influences du patriotisme de clocher, si enclin à l'exagération. C'est un grand travail, sans doute, mais il s'impose. » Si Ton veut bien nous permettre de nous livrer à un calcul hypothétique, nous estimons, d'après des relevés tracés dans de grandes lignes, que le chiff're des notices nouvelles à consacrer aux Belges morts dans la période de vingt-cinq ans (de 1850 à 1875) de la lettre A à Z peut s'élever à 2,000, ce qui, avec les 10,000 noms officiellement arrêtés jusqu'en 1850, donne 12,000 notices pour toute la Biographie. Subsidiairement, nous dirons qu'avec cet accroissement nouveau notre livre aura vingt volumes et la Biographie nationale sera terminée dans dix à douze ans. » Le nombre des collaborateurs académiciens a été, en moyenne, de vingt quatre par volume. D'après les inscrip- tions prises, liste L, il semble que cette moyenne diminue. Toutefois, il faut remarquer qu'une centaine de noms restent encore libres, sur les 680 noms de la totalité. Nous faisons appel à nos collègues et nous espérons qu'ils s'empresseront, sur le vu de la liste qui va leur être envoyée, de nous faire connaître leur décision. » Les notices des lettres I, J et K sont, pour les deux tiers, à pied-d'œuvre. Nous allons procéder aux derniers rappels pendant que nous imprimons les cinq ou six feuilles qui termineront la lettre H. Après quoi nous aborderons la lettre L, qui formera vraisemblablement les tomes X et XL Nous serons ainsi parvenus à la moitié environ de l'œuvre. Nous espérons distribuer la liste des noms de la lettre M avant la fin de l'année. 11 sera adressé ( 525 ) pour cette liste, que l'on communiquera comme la précé- dente à rétat d'épreuve, un appel à tous les collaborateurs alin qu'ils nous fassent connaître les noms qui pourraient avoir été omis. » L'assemblée vote des remerciements à la Commission de la Biographie nationale et, en particulier, à M. Siret, pour les soins apportés pendant Tannée écoulée à l'œuvre entreprise sous le patronage de l'Académie. ^®®®®®®« ( §24 ) CLASSE DES BEA€X-ARTS. Séance du 12 mai 4886, M. Alvïn, directeur, président de l'Académie. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. C.-A. Fraikin, vice-directeur ; N. De Keyser, L. Gallait, Éd. Fétis, Alph. Balat, Ad. Siret, Ern. Slingeneyer, Al. Robert, F. -A. Gevaert, Ad. Samuel, Ad. Pauli, Godfr. Guffens, Joseph Schadde, Th. Radoux, Peter Benoit, Joseph Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, Charles Verlat, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, le chevalier Edm. Marchai, membres; Alex. Markelbach, Joseph Stallaert et Max. Rooses, correspondants. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics envoie une expédition de l'arrêté royal qui alloue, pour un terme de quatre ans, une pension de cinq mille francs au sieur J. Anthone, lauréat du grand concours de sculpture de 1885. — Pris pour notification. — Une dépêche du même haut fonctionnaire autorise ( 525 ) la Caisse centrale des artistes à organiser, au Palais des beaux-arts, une exposition rétrospective de peinture, pen- dant les mois d'août et de septembre de cette année. — M. le Ministre de l'Agriculture envoie, pour la Bibliothèque de l'Acadéraie : l'' Les parties religieuse et profane (année 1886) de la publication musicale intitulée : Trésor musical, par R. Van Maldeghem; 2^ L'ouvrage intitulé: Anvers à V Exposition universelle de 4885, par R. Corneli et P. Mussely. — Remerciements. — M. de Linas, associé à Ârras, fait hommage d'un exemplaire de son ouvrage : Le livre d'ivoire à la Biblio- thèque publique de Rouen. — Remerciements. RAPPORTS. Il est donné lecture de l'appréciation faite par MM. Hy- mans, Demannez et Biot du 8*^ rapport semestriel de M. Lenain, lauréat du grand concours de gravure de 1881. Ce document sera communiqué à M. le Ministre de l'Agriculture. ÉLECTION. La Classe se constitue en comité secret pour procéder à la nomination d'un membre titulaire dans la section de sculpture, en remplacement de M. Jos. Geefs décédé; les ( 826 ) suffrages se portent sur M. Thomas Vinçotle, statuaire à Bruxelles. Celte élection sera soumise à la sanction de S. M. le Roi. — La Classe renouvelle ensuite, par acclamation, le mandat de M, L. Alvin comme membre de la commission administrative pour l'année 1886-1887. OUVRAGES PRESENTES. Mansion (P.). — Elemente der Théorie der Determinanten, mit vielen Ucbungsaufgaben, 2* Auflage. Leipzig, 1886 ; in-S" (XXIV-54 pages). Delbœuf (J ). — La mémoire chez les hypnotisés. Paris, 1886; extr. in-8'' (50 pages). Le Paige (C). — Correspondance de René-François de Sluse, pubHée pour la première fois et précédée d'une intro- duction. Rome, 1885; extr. in-4" (252 pages). Harlez (C. dé). — La civilisation de l'humanité primitive et la Genèse. Louvain, 1886; extr. in-8*' (5 pages). — Vendidad, translated into Gujarati from Avesfa, livre sacré zoroastrisme traduit du texte zend, with a summary of the Pehlevi commentary and copious notes: by Aerpat Mehcrjibhai Palanji Madan. Bombay, 1886; vol. in-8''. Servais Dirks [Le P. F.), — Histoire littéraire et bibliogra- phique des Frères Mineurs de l'Observance de St-François, en Belgique et dans les Pays-Bas. Anvers; in-8" (450 pages). Leclercq (Jules). — La terre des merveilles. Paris, 1886; in-18'' (384 pages). Serrure (Raymond). — Moreium, conjecture sur la situation ( S27 ) de cet atelier monétaire, et considérations sur la numisma- tique de Gaucher de Chalillon. Extr. in -8" (14 pages). Hock (Aug.). — Liège au XIX" siècle: La vie. Liège, 188G; voL in-8*'. Vander Haeghen {F.). — Bibliographie lipsienne. OEuvres de Juste-Lipse, 1'^'' série I et H. Gand, 1886; 2 vol. in- 12. Cambier [Charles). — Le livre des bons ouvriers : Manuel de prévoyance ou moyens d'améliorer la condition des classes laborieuses. Gand, 188G; vol. in-18 (266 pages). Eletvyck [Ernest Van). — Les ports intérieurs et la commis- sion des Canaux brabançons. Bruxelles, 1886; in-8°(144 p ). Petermann [A.). — Recherches de chimie et de physiologie appliquées à l'agriculture, ^^^ édition. Bruxelles, 1886; vol. gr. in-8°. Maldeghem (R.-J. Vaii). — Trésor musical, 1886 : musique religieuse et profane. Bruxelles ; in-4°. Corneii [René) et Mussely [Pierre). — Anvers et l'Exposition universelle de 1883. Anvers, 1886; in- 4" {166 pages). Bastelaer [D.-A. Van). — Les grès wallons, grès-cérame ornés de l'ancienne Belgique ou des Pays-Bas. Mons, 1885; vol. in-8". Preudhomme de Borre(A.). — Listes des espèces de coléop- tères carnassiers terrestres et aquatiques authentiquement capturées en Belgique, avec le tableau synoptique de leur dis- tribution géographique dans le pays. Gand, 1886; extr. in-8° (17 pages). — Descriptions de deux espèces nouvelles du genre iEgi- dium Westwood, etc. Bruxelles, 1886; extr. in-8° (3 pages). — Note sur les crustacés isopodes de la Belgique. Gand, 1886; extr. in-8*' (15 pages). Ministère de V Agriculture, e^c— Diagrammes des variations de niveau de la mer observées au port d'Ostende, pendant l'année 1885. Bruxelles, 1886; in-fol. Musée royal d'histoire naturelle de Belgique. — Carte ( §28 ) géologique du royaume : (exle explicatif des feuilles de Thou- rout, Roulers, Wacken et Meix- devant- Virton; Feuilles de Sautour, Marche et Durbuy, avec les planches de coupes de la feuille de Durbuy. Bruxelles, 1885; 4 br. in-8% et cartes in-plano. Société d'émulation de Bruges. — Codex diplomaticus Flandriae, fasc. 2-4. In-4''. Allemagne et Autriche-Hongrie. Dohbert (Eduard). — Die Kunstgeschichie als Wissenschaft und Lehrgegenstand, Rede. Berlin, 1886; gr. in-8° (16 pages). Lôffelholz von Colberg (Cari). — Die Drehung der Erd- kruste in geologischen Zeilrâumen. Eine neue geologisch-astro- nomische Hypothèse. Munich, 1886; in-8'' (62 pages). Sternwarte^ Berlin. — Berliner astronomisches Jahrbuch fur 1888. In-8°. Verein fiir Geschichte und Alterthum Schlesie7is. — Zeit- schrift, Band XX. — Regesten, III. Breslau. PhysikaL-medicin. Gesellschaft zu Wurzburg. — Verhand- lungen, Band XIX. In-8°. Naturw, Verein, Bremen. — Abhandlungen, Band IX, 3. In-8°. Naturf'orschender Verein, Brilnn. — Verhandlungen, Bd. XXIII. In-8». — Berichtder meteorologischen Commission, 1885. Brùnn, 1885;in-8«. Amérique. Ashburner (Charles A.), — The product and exhaustion of the oil régions of Pennsylvania and New-York. Philadelphie, 1886; exlr. in-8'' (10 pages). — The geology of natural gas in Pennsylvania and New- York. Philadelphie, 1886; extr. in-8'' (1 1 pages). ( 529 ) Castillo {Antonio del) y Bàrcena (Mariano). — El Nombre del pcnôm. Mexico, 1885; in-S" (20 pages, pi.). Pickering (Echo. C). — Observations of variable stars in 1885. Cambridge, 1886; extr. in-8° (17 pages). Huergo [Luis A.). — Examen de la propuesta y proyeeto del puerlo del Sr. D. Eduardo Madero, P y 2^ parte. Biienos- Ayres, 1886; 2vol.in-8°. r. s. geological Siirvey. — Bulletin, n"" 15-25. — Minerai resources of the United States, 1885-84. Wasbington, 1885; vol. et cab. in-8''. Historical Society of Pennsylvania, — Tbe Pennsylvania magazine, vol IX. Pbiladelpbie, 1885; in-S". Peabody Academy of science, Salem. — 3Iemoirs, vol. IX; in-4". Philosophical Society, Washington. — Bnlletin, vol. VIII. In -8°. Signal Office, Washington. — Annual report, 1884. — Summary and review of international meteorological obser- vations, 1884 : august.-december. — Monthly weatber review, 1885 : august.-december. California Academy of sciences. — Bulletin, 1886; 4. In-8®. American Academy of arts and sciences. — Proeeedings , ncw séries, vol. XIII, 1. — Mëmoirs, vol XI, part III, n"* 2-5. Second geol. Survey of Pennsylvcmia, Philadelphia. — Grand allas: Division I, county geological maps, part I; divi- sion II, antbracite eoal fields, parts I and II; division III, petroleum and biluminous coal fields, part 1; division IV, south raountain and great Valley topographical maps, part I: division V, central and soutb-eastern Pennsylvania, parti. Harrisburg, 1884-1885; 5 vol. in-plano. — Report of progress, AA, T^, iP [avec atlas]. 4 vol. in-8*. A'"'^ SÉKIE, TOME XI. 42 ( 530 ) France. Anderson (R.-B). — Mythologie Scandinave. Légende des Eddas, traduction de Jules Leclercq. Paris, 1886; vol. in-12 (500 pages). Teslut[L.). — Contribution à l'anatomie des races nègres : dissection .d'un Boschiman. Paris, 1 884 ; extr. in-i" (48 p., 3 pi.). Chavée-Leroy. — La théorie microbienne à l'Académie de médecine de Paris. Paris, 1886; in-4" (4 pages). Linas (Ch. de). — Le livre d'ivoire à la Bibliothèque pu- blique de Rouen. Paris, 1886; extr. in-4'* (12 pages, 1 pi.). Société de l'histoire de France. — Journal de Nicolas de Baye, 1 400- 1 41 7, t. I«^ — Lettres de Louis XI, t. IL — OEu vres de Rigord, tomes 1 et IL — Extraits des auteurs grecs, t. V. — - Annuaire-Bulletin, 1885. Paris, 1885; 6 vol. in-8^ Société des architectes, Lille. — Bulletin, n"" 16-20. In-8*. It.alie. Reumont {A. de). — L.-P. Gachard, 1886 ; extr. in-8- (28 p.). — Il marchese di Prié nel Belgio. Florence, 1886; in-S'* (35 pages). Maltese [F.). — Vero e il nuovo nel libro Cielo. Vittoria, 1886; in-8'' (55 pages). Accademia fisio-niedico-statistica, Milano. — Atti, 1881- 1885. 5 vol. in-8°. Socieladd naturalisti di Modena. — Atti, série III, vol. IV; in-8^ R. Scuola superiore d'agricolluva in Portici. — Annuario, vol. V, 1885, 1. In-8». (S51 ) Pays-Bas et Indes néerlandaises. Coinet d'Huart (de). — Nouvelle the^-orie servant à calculer Je mouvement de la lumière dans les cristaux biréfringents symétriques et dans les cristaux hémiédriques non superpo- sables. Luxembourg, 1886; in-8° (48 pages, fig.). Bofil [Joan). — Canzonen. Amsterdam ; vol. in-8". Genootschap « Natiira Arlis Magistra », Amsterdam. — Bijdragen lot de dierkunde, aflevering 15. In-i". Société historique et archéologique du Limbourg. — Publi- cation, nouvelle série, t. II, 1885. Ruremonde; in-8''. Akademie van Wetenschappen. — Jaarboek, 1884. — Regis- ter op den Catalogus van de boekerij. — Prijsvraag : Venite ad me. — Afdecling natuurkunde : Verliandelingen, XXIV. Verslagen, ù^^ reeks, I. — Afdeeling letterkunde : Verhande- lingen, deel XVI. Verslagen, 5*^* reeks, II. Historisch Genootschap, Utrechl. — Bijdragen en mededee- lingen, deel ÏX. Werken, n'^^ 40-42. In-8^ Jardin botanique de Buitenzorg — Annales, V, 2. In-8^ iVederlandsche dierku?idige vereeniging. — Tijdscbrift, 2*** série, I, 2. Leyde, in-8°. Utrechtsch Genootschap van kunsten en wetenschappen. — Verslag, 1885. Aanleekeningen, 4884 en 1885. In-8^ — Proeve eener ontwikkelingsgesebiedenis van Lineus Obscurus. Utrecbt, 4885; in -4». Pays divers. Warl'vinge (F.-W.). — Arsberâtlelse fran Sabbatsbergs Sjukhus i Stockholm, 4884. Stockholm, 4 886; in-8». Mouchkelow {l.-W.). — Le Turkestan. St-Pétersbourg, 1886; vol. gr. in-8% en langue russe. ( .H32 ) Société khédivale de géographie. — Bulletin, 2^ série, n" 8. — Notices biographiques de S. E. Mahmoud-Pacha el Falaki. Le Caire, 1886; 2 br. in-8°. Real Academia de ciencias naturales y artes de Barcetona. — Acta de la sesion inaugural (1885-86). ln-4^ Gesellschaft fiïr JVatur- und Volkerkunde Ostasiens. — Miltheilungen, 54. Heft. Yokohama, 1886; in-4". Université de Lund. — Acta, 1884-85: Medicin, Philosophi, Mathematik. 5 vol. in-4°. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. 1886. — No 6. CLAlSSE des SCIE]1CES. Séance du 5 juin 4886. M. Éd. Mailly, directeur. M. LiAGRÊ, secrétaire perpétueL Sont présents : MM. J.-S. Stas, L.-G. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Gluge, G. Dewalque, F. Donny, Ch. Montigny, A. Brialmonl, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Fr. Crépin, F.-L. Cornet, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, W. Spring, membres; E. Catalan, Charles de la Vallée Poussin, assodes; Léon Fredericq, P. Mansion, P. De Heen et C. Le Paige, correspondants. MM. J. De Tilly et le baron de Selys Longchamps expriment leurs regrets de ne pouvoir assister à la séance. 3""* SÉRIE, TOME XI. 45 ( S34 ) M. le directeur prend la parole pour remplir, dit-il, un devoir bien agréable. il s'exprime en ces termes : « Vous savez que notre confrère M. Stas a été promu au grade de grand-officier de l'Ordre de Léopold. Au nom de la Classe, au nom de l'Académie, dont M. Stas est aujourd'hui le plus ancien membre, je viens le féliciter de cette promotion à laquelle il avait tous les titres, et remercier le Ministre, M. de Moreau, d'en avoir fait la proposition au Roi. — » (Applaudissemenls.) M. Stas remercie M. le directeur pour les paroles si bienveillantes à son égard, qu'il vient de prononcer; il remercie également la Classe pour l'accueil sympathique qu'elle y a fait. — {Applaudissements.) CORRESPONDANCE. Sous la date du 24 mai dernier, le collège des bourg- mestre et échevins de la ville de Louvain a adressé la lettre suivante : « Nous avons l'honneur de vous faire connaître que le conseil communal de la ville de Louvain, saisissant l'occa- sion de la haute distinction que vient de conférer la « Royal Society » de Londres à M. J.-S. Stas, doyen des trois Classes de l'Académie, a résolu de faire frapper une médaille d'or, aux armes de la ville, en témoignage d'es- time et d'admiration de la cité pour son éminent con- citoyen. » La remise de la médaille se fera en séance solennelle du conseil communal , dans la salle historique de l'hôtel de ville, le dimanche 30 mai, à midi. ( 55S ) — La commission organisatrice de la manifestation en riionneur de M. P.-J. Yan Beneden, à l'occasion de son cinquantenaire de professoral, invite les membres de l'Académie à assisler, le dimanche 20 juin, à midi, dans la salle du grand auditoire du Collège du Pape à Louvain, à la remise solennelle de la médaille d'or qui a été votée à l'honorable professeur. — M'"'' Melsens remercie la Classe pour la lettre de condoléance qui lui a été adressée au sujet de la mort de son mari. — Le bureau de l'Association française pour l'avance- ment des sciences informe l'Académie que sa quinzième session aura lieu à Nancy du jeudi i2 au jeudi 19 août prochain. M. Edouard Lucas, président des 1'^ et 2*^ sections (malhémaiiques, astronomie et mécanique), exprime le désir de savoir au plus tôt les litres des mémoires ou des communications que l'on désire présenter. — M. le Minisire de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics envoie, pour la bibliothèque de l'Acadé- mie, un exemplaire de l'ouvrage intitulé : Applications industrielles de l'électricité : réleclrocliimie et V électro- métallurgie; par H. Ponthière. — Remerciements. — Le bureau de la Société royale de médecine publique de Belgique adresse un exemplaire des rapports et des débats du Congrès national scientifique tenu à Anvers du 21 au 31 août 1885. Ce volume porte pour titre : Prophylaxie des maladies pestilentielles exotiques. — Remerciements. ( 536 ) — La Classe accepte le dépôt dans les Archives de l'Académie d'un billet cacheté de MM. Julien Fraiponl, chargé de cours, et Max. Lohest, assistant à l'Université de Liège. — M. le secrétaire perpétuel donne lecture de la lettre suivante qu'il a reçue de M. Hirn : Colmar, 28 mai 1886. « Monsieur et très honoré Confrère, J'ai l'honneur de vous envoyer un Mémoire nouveau sous le titre : La Cinétique moderne et le Dynamisme de l'avenir. Veuillez, s'il vous plaît, en faire hommage en mon nom à l'Académie. Je me suis servi de l'épithète nouveau. J'insiste, en effet, sur ce terme. Quoique ce mémoire renferme une réponse développée aux critiques que, dans le Bulletin de mars, m'a opposées notre illustre confrère M. Clausius, il con- stitue, en réalité, un travail original qui peut être considéré comme faisant suite aux deux précédents travaux que l'Académie m'a fait l'honneur d^nsérer dans ses Mémoires. Je me suis efforcé, d'une part, de présenter sous une forme accessible à tous les esprits la Doctrine du Dyna- misme, à laquelle appartient, dans ma conviction de plus en plus ferme, l'avenir de la philosophie scientifique. D'autre part, j'ai eu la satisfaction de trouver dans l'ordre à la fois expérimental et analytique, quelques objections nouvelles aux théories cinétiques qui ont cours aujour- d'hui; j'ai eu la satisfaction bien plus vive encore de reconnaître que la critique de M. Clausius, loin de porter (S57) atteinte aux objections que j'ai déjà opposées à ces doc- trines, a, au contraire, donné la plus grande solidité à mes arguments. Je puis espérer que ce nouveau travail décidera, aux yeux du monde savant, du sort de la Doctrine que je crois être l'expression des faits et la traduction des phénomènes du monde physique. » Veuillez agréer, etc. La Classe nomme MM. Folie et Van der Mensbrugghe pour examiner ce Mémoire. Une note de M. E. Pâque, S. J., Sur un ouvrage inédit mentionné dans /'Historia Plantarum, de John Ray, sera examinée par M. Fr. Crépin. — Hommages reçus : i" Recherches sur la respiration et la circulation, 5^ article, exploration des battements du cœur par la sonde œsophagienne^ par Léon Fredericq ; 2° Solution du problème universel de Wt^onski et d\in autre problème relatif à l'intégration des équations diffé- rentielles, par Ch. Lagrange. — Remerciements. RAPPORTS. La Classe entend la lecture des rapports de MM. Van Rambeke et de Selys Longchamps, qui ont examiné le mémoire de M. P.-J. Van Beneden, intitulé : Histoire naturelle de la Raleine des Rasques. Conformément aux conclusions favorables de ces rap- ports, la Classe vote l'impression dudit travail dans les Mémoires in-S"". ( S38 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur Vorigine du phosphate de chaux de la craie brune phosphatée de Ciply , par F.-L. Cornet, membre de TAcadémie. A propos de l'origine du phosphate de chaux qui se rencontre si abondamment dans la craie brune phosphatée de Ciply, nous avons émis une idée que nous croyons nouvelle, dans une communication lue à la séance de la Société géologique de Londres, tenue le 21 avril 1886(1). On sait que, sous le rapport minéralogique, la craie brune de Ciply est caractérisée par d'abondants granules phosphatés, très petits, disséminés dans la roche et lui donnant, lorsqu'elle est récemment extraite, une teinte très prononcée gris-brun ou brun-verdâtre, suivant que l'échantillon provient d'au-dessus ou d'en dessous de la nappe aquifère souterraine. Sur les points où le dépôt des bancs phosphatés a été complet et où leur gisement n'a pas été entamé par des dénudations, l'épaisseur totale varie de 18 à 25 mètres. On peut admettre une moyenne de 21 mètres. La richesse en phosphate des grains bruns et leur abondance, relativement aux autres parties constituant la roche, sont très variables. Aussi les divers bancs de craie présentent-ils des teneurs en phosphate très différentes. (1) On Ihe Upper cretaceous Séries and the Phosphatic Beds in the neighbourhood of Mons, (|^tmr/er/y Journal of The Geological Society of London.) ( 539 ) Dans les parties exploitées jusqu'à ce jour, la richesse a varié de iO à 30 p. c. On peut admettre comme teneur moyenne le chiffre de 18 p. c, ce qui correspond à 279 kilog.de phosphate tribasique par mètre cube de roche: le poids spécifique de la craie brune débarrassée de son eau de carrière étant de 1,55. Chaque mètre carré de sur- face du gisement, là oii il est complet, renferme donc 279 X 21 = 5,859 kilogrammes de phosphate de chaux tribasique. A quelle cause peut-on attribuer le dépôt d'une aussi considérable quantité de phosphate sur une même verti- cale stratigraphique? Telle est la question que nous nous sommes posée et à laquelle nous croyons avoir trouvé une solution. Des études géologiques, paléontologiques et chimiques qui ont été faites sur la craie brune phosphatée de Ciply, il résulte les trois faits suivants qui sont indiscutables : 1" Le phosphate est d'origine animale, ce qu'atteste la grande proportion de matières organiques azotées qu'il contient. Les expériences de notre collègue regretté Melsens et les analyses de M. le D*" Petermann et M. le professeur Blas ne laissent aucun doute à ce sujet ; 2** La craie Lrune s'est déposée dans une mer qui nour- rissait une faune nombreuse d'animaux invertébrés et dans laquelle nageaient des poissons et de grands sauriens marins ; 5" Le dépôt s'est effectué durant un temps très long et avec tranquillité, ce qui est prouvé par la grande puissance de l'assise phosphatée, la régularité parfaite des couches et l'état des coquilles fossiles qu'on y rencontre. Jusqu'à ce jour, à notre connaissance du moins, on n'a pas signalé l'existence, sur d'autres points du globe, de ( UO ) gisements de phosphate de chaux analogues à ceux des environs de Mons; mais il se passe dans la nature actuelle un phénomène qui peut expliquer la formation des cou- ches de craie brune de Ciply. On lit, dans la Nouvelle géographie universelle, par Elisée Reclus, les lignes sui- vantes (1) : « Lors du changement de la mousson, principalement en octobre et en novembre, des milliards de poissons morts de toutes espèces sont rejelés par la vague sur les côtes de Perim et d'Aden. Afin que Tair n'en soit point empesté, il faut que les habitants se mettent à la besogne pour enfouir ces amas de chair putréfiée. Quelle est la cause de cette mortalité des poissons? Les indigènes l'attribuent à une laitance vénéneuse, tandis que King y voit l'effet de phénomènes électriques causés par le changement des saisons. {Geographical Magazine , 1877.) Les myriades d'organismes qui périssent sous les couches incessamment renouvelées d'organismes successifs suffisen t en maints endroits pour alimenter des sources huileuses suintantau bord des plages. (Oscar Fraas.>4t«sc/emOnen^.)» La connaissance de la cause qui amène la mortalité parmi les êtres habitant le golfe d'Aden nous importe peu pour la question qui nous occupe. Le fait important, c'est qu'à certains moraenis de chaque année, c'est-à-dire d'une manière périodique, il y a accumulation sur certains points de la côte méridionale de la péninsule arabique, de sub- stances organiques, animales , très riches en acide phos- phorique. 11 n'y a pas de raisons pour ne pas admettre que le même phénomène a pu se produire à différents moments des temps géologiques. On peut donc se demander si ce n'est pas une action (1) Tome IX, pages 869 et 870. ( 541 ) semblable, coïncidant, peut-être, avec un affaissement lent du littoral, que l'on doit attribuer la formation de la craie brune phosphatée de Ciply? Telle est l'opinion que nous avons émise dans la séance du 21 avril de la Société géologique de Londres et à laquelle plusieurs des éminents savants présents ont paru se rallier. Notice sur le parallélisme entre le calcaire carbonifère du nord-ouest de f Angleterre et celui de la Belgique ; par L.-G. de Koninck, membre de l'Académie, et iMaximin Lohest, ingénieur honoraire des mines. A l'ouest du Yorkshire on rencontre reposant en stra- tification horizontale sur les couches fortement redressées du terrain silurien, de puissants dépôts de conglomérats de calcaire, de schiste et de grès, dont l'ensemble est généralement rapporté au système carbonifère. Les géologues anglais y distinguent de bas en haut le Mountain Limestone, la série d'Yoredale et le Millstone- grit^ ce dernier constituant spécialement les sommets les plus élevés de la région. Nous croyons que les divisions n'ont pas été poussées plus loin en Angleterre et M. Geikie constate (\) que « tandis qu'en Belgique la succession des zones fossilifères du calcaire carbonifère a été bien établie. Ton n'a presque rien fait d'analogue en Angleterre pour les puissants dépôts si fossilifères du Mountain Limestone. D'ailleurs le synchronisme entre les dépôts du système (1) Though it is abundaiilly fossiliferous, lillle lias yet been done in working out in détail ihe successive life-zones of his greal Mass of Rock, as bas been done so wel for ihe corresponding Limestone séries of Bel- gium {Textbook of Geology, p. 758 \ ( 542 ) carbonifère anglais et ceux de la Belgique est loin d'être parfaitement établi. Si l'on consulte le tableau synchro- nique des assises permo-carbonifères de M. de Lapparent, on remarque que d'après cet auteur, notre calcaire de Tournai se serait déposé avant le Mountain Limestone, tandis que d'autre part les calcaires connus en Angleterre sous le nom de série d'Yoredale seraient contemporains de notre calcaire de Visé. L'un de nous a eu récemment l'occasion d'accompagner dans une excursion aux environs de Lancaster, et spécia- lement aux environs d'ingleborough, le savant professeur de géologie de l'Université de Cambridge, M. Hughes, et ses assistants MM. Marr et Roberts. Pendant cette excursion sous un guide aussi expéri- menté, il a pu recueillir un grand nombre de fossiles aux divers niveaux qu'il a traversés, fossiles dont le gisement et la détermination permettent aujourd'hui de fournir quelques faits qui nous paraissent nouveaux au sujet du parallélisme entre certains étages du système carbonifère anglais et celui de notre pays. Ordinairement la base du système carbonifère repose aux environs d'ingleborough sur le silurien et est con- stituée par un conglomérat à cailloux de quartz blanc, de quartzites et de différentes roches siluriennes. Les cail- loux sont cimentés par du calcaire. Cependant en quelques points on trouve inférieurement au conglomérat calcareux des psammites gris micacés, des schistes verdâtres et un conglomérat à ciment siliceux et argileux. L'ensemble de ces dernières couches comprises entre le silurien et le conglomérat calcareux n'a souvent que quelques mètres d'épaisseur. L'âge de ce dépôt où les fossiles font ordi- nairement défaut peut être discuté. (S45) Dans le conglomérat à ciment calcareux les fossiles sont assez nombreux, mais souvent en mauvais état. Nous y avons trouvé le Lit/iostrotionbasalli forme, Conyheare et Phillips, de nombreux Amplexus et Zaphrentis. Nous avons eu également l'occasion d'y recueillir quelques dents de Placoïdes, parmi lesquelles nous avons cru reconnaître celles de Lophodus lœvissimus, L. Agassiz et Copodns cor- nutus, L. Agassiz. L'une d'elles a été trouvée à un mètre environ au-dessus du silurien. La stratification horizontale de ces couches facilite leur étude. Les conglomérats calcareux ont une puissance très variable et font même défaut en certains points. Au sud d'ingleborough dans un calcaire gris reposant sur les conglomérats, nous avons trouvé en abondance le Chonetes papilionacea, J. Phillips, fossile qui devient beau- coup plus rare à mesure qu'on s'élève dans la série des couches. Cet ensemble de couches, compris entre le silu- rien et la zone à Cfionetes, ne dépasse pas ordinairement une cinquantaine de mètres. Nous n'y avons pas trouvé le Productus giganteus, fossile excessivement commun dans les calcaires supérieurs, bleu-foncé et gris, souvent exploités comme pierre à chaux. La zone à Productus giganteus atteint un développe- ment considérable. Nous n'avons pas pu nous assurer si ce fossile existait dans les calcaires de Yoredale. Les conglomérats, base du calcaire carbonifère du nord de l'Angleterre, n'ayant pas d'équivalent minéralogique dans le calcaire carbonifère belge, le parallélisme de ces couches ne peut être établi que par des arguments paléon- tologiques. On sait qu'en Belgique le Chonetes papilionacea carac- ( 544 ) lérise par son abondance quelques couches siluées à la base de nos calcaires à Productus cora et giganteus. En prenant le même point de repère sur le massif cal careux d'ingleborough, nous voyons que les conglomérats à ciment calcareux doivent, selon loule probabilité, représenter un ensemble de couches inférieures à nos calcaires à Pro- dîicfus giganteus ou calcaire de Visé. Malgré le mauvais élat des fossiles, nous croyons bien que certaines dents de Placoïdes recueillies au sud d'ingle- borough sont analogues à celles que l'on rencontre en abondance vers la partie inférieure de notre calcaire car- bonifère. Dans le sud-ouest de l'Angleterre, la base du calcaire carbonifère est également caractérisée par l'abondance de ces dents palatales. Nous ajouterons que la partie inférieure de notre cal- caire carbonifère est caractérisée de même qu'aux environs d'ingleborough, par la présence de nombreux polypiers se rapportant spécialement aux genres Amplexus et Z a- phrentis. Il s'ensuivrait que les nombreuses couches qui existent en Belgique entre la zone à Chonetes papilionacea et le devonien supérieur seraient en partie représentées aux environs d'ingleborough par quelques dizaines de mètres de conglomérats, base du Mountain Limestone. La zone à Productus giganteus atteindrait d'autre part dans le nord de l'Angleterre une puissance bien plus considérable qu'en Belgique, ainsi que cela été constaté par l'un de nous, en Yorkishire, aux environs de Rich- mond et dans quelques autres localités de la même région. ( 545 ) ^ote touchant la loi qui régit la dilatabilité des liquide par P. De Heen, correspondanl de rAcadémie. En publiant noire dernière noie sur la formule Ihéo- lique qui régit les variations de la tension des vapeurs saturées avec la température (1), nous avons terminé Texamen des conséquences directes qui découlent de nos deux propositions fondamentales. Nous avons admis : 1° que pour les liquides stables tant au point de vue physique qu'au point de vue chi- mique, à des accroissements égaux de température corres- pondent des travaux égaux de dilatation; 2° que les molécules s'attirent en raison inverse d'une puissance déterminée n de la distance La première de ces propositions peut se vérifier par l'expérience, car si elle est l'expression de la réalité, la chaleur spécifique d'un liquide serait représentée par une quantité constante, indépendante de la température, si outre les travaux employés à écarter les molécules il ne s'en produisait d'autres au sein même des molécules gazo- géniques. Or s'il en est ainsi, si les travaux qui donnent lieu à la variabilité de la chaleur spécifique des liquides ont leur siège au sein même de ces molécules, il en résuite, comme conséquence nécessaire, que ces travaux varient de la même manière, soit que ces molécules existent à l'état d'isolement pour constituer un gaz ou une vapeur, soit qu'elles constituent des systèmes propres à amener l'état liquide. Ainsi que nous avons eu l'occasion de le signaler anté- (ï) Bulletins de rAcadémie royale de Belgique, 5* sér , t. XI, 1880. ( S46 ) rieurement, les faits vérifient cette conclusion d'nne manière satisfaisante. Mais il y a plus : si nous admet- tons que les molécules s'attirent en raison inverse d'une puissance déterminée n de la distance, et si nous dési- gnons par Cl la chaleur spécifique de la substance à l'état liquide, par C^ la chaleur spécifique de la substance à l'état de vapeur, par a le coefficient de dilatation du liquide pris à l'origine des températures et par p la cha- leur de vaporisation prise à cette même température, nous devons nécessairement admettre la relation (I) Q-C.^g-lJapoO. Il résulte de ceci que non seulement nous sommes en mesure de calculer la grandeur de la différence qui existe entre les deux chaleurs spécifiques (qui exprime le travail de dilatation), mais nous voyons encore que cette relation implique la nécessité d'admettre notre première proposition, qui est incompatible avec l'hypothèse d'une valeur variable de n. Nos deux propositions, qui trouvent leur confirmation dans l'élude des chaleurs spécifiques, sont donc liées entre elles d'une manière indissoluble. Nous avons non seulement admis que n est invariable lorsqu'on considère une même substance, ainsi que cela résulte de ce que nous venons de dire, mais nous avons encore cru pouvoir admettre que cette quantité est indé- pendante de la nature de cette substance. (*) Voir : Premier essai de théorie des liquides (Annales de chimie el de physique, 6« série, t. V, mai 1885 et Bulletins de l'Académie royale de Belgique, ô' série, I.VIII, 1884.) ( 547 ) Cependant si l'on calcule les valeurs du coefficient vrai de dilatation ^ à l'aide de notre équalion théorique d\ 'L ^»' rfr=«^'n- on constate que pour les liquides très dilatables n prend généralement une plus grande valeur. Quelle est la cause de cette anomalie? Une étude com- plète des chaleurs spécifiques des substances à l'état liquide et à l'état de vapeur nous permettrait de savoir si cet écart doit être attribué à une variation continue de constitution physique lorsque la température s'élève. Dans ce cas la différence existant entre les deux chaleurs spécifiques varierait avec la température. Mais s'il en était autrement, on serait obligé d'admettre que n varie réelle- ment avec la nature du corps que l'on examine. iNous pouvons cependant faire valoir dès à présent un argument sérieux en laveur de l'invariabilité absolue de n. Nous avons en effet fait remarquer (**) que la formule théorique de M. Dupré ('*') exprimant les variations de la compressibilité avec la température peut se ramener à celle qui résulte de notre théorie. En combinant les équations 189 et 190 de M. Dupré on a Po To 40 1,06503 0,001803 0,001871 1,06302 0,001733 0,001789 60 1.10475 0,002141 0,002111 1,10423 0,002032 0,002023 80 1,15035 0,002431 0,002412 1,14433 0,002319 0,002311 100 1,20230 0,002794 0,002794 1,19423 0,002679 0,002679 Chloroforme. TEMPÉRATURE m =-- 2,830 V t. observé sous une dV dt dV dt pression de 15'»,50. observé. calculé. 0 1,00000 0,001190 » 20 1,02465 0,001277 0,001275 40 1,05113 0,001376 0,001372 60 1,07980 0,001465 0,0014«0 80 1,11065 0,001605 0,001605 ( m\ ) Il est inutile de dire que notre équation exprime main- tenant les faits avec autant de précision qu'une équation empirique. Les expériences entreprises par M. Grimaldi afin de déterminer la dilatabilité des liquides sous pression lui ont permis de déterminer en même temps la compressibilité |3 de ces corps à diverses températures. Voici les valeurs obtenues par ce physicien et par M. Avenarius pour l'éther : VALEUR P P àet. (Grimaldi). (Avenarius). 0 0,000207 0,000435 20 0,0002S8 0,000186 40 0,000346 0,0C0244 60 0,000407 0,000306 80 0,000347 0,000387 100 0,000632 0,000496 Si Ton calcule la valeur de m (m = j) au moyen de notre équation (IV). on trouve à Taide des observations de M. Grimaldi m == 2,775 alors que les valeurs de M. Avenarius donnent m = 5,289, quantité qui se trouve d*accord avec celle qui fournit la dilatabilité. (*) Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 3« série, tome IX, juin J885. ( 5d2 ) Nous pensons ne pas devoir poursuivre plus loin cet examen à l'aide des valeurs obtenues par M. Grimaldi, ce physicien ayant eu pour principal objet la détermination de la dilatabilité. Dans ce qui suit nous allons appliquer notre formule aux observations de MM. Schuck , Jouck et Avenarius (*), effectuées entre des limites de température beaucoup plus étendues que les précédentes. C'est ainsi que ces physiciens ont trouvé : pour l'alcool V =: 2,^037 — 0,5091 log. (253o.O — t) pour l'acide sulfureux . . . V = 2,2075 - 0,5515 log. (153«0, — t) pour la dielilamine .... V = 2,4073 - 0,5994 log. (222o,8 — 0 pour réther chlorhydrique . V = 2,4131 — 0,6202 log. (189»,9 — t) pour rélher (sous près, consl). V = 2,5475 — 0,5898 log. (192o,6 — t) Voici les chiffres qui permettent de comparer les résul- tats fournis par la formule empirique de M. Avenarius à ceux que nous avons obtenus à l'aide de notre formule générale 'y^- ■ ■ ■ ^-Vr-^hir.P (*) Beiblalter, vol. VI el VIII. (**) Il faut délermlner m de la manière suivante : on choisit une valeur (le V délerniinée par l'expérience (de préférence celle qui correspond à la température la plus élevée), puis on se donne diverses valeurs de m et l'on calcule les valeurs de a correspondantes. On trace ensuite une courbe ayant pour ahcisses les valeurs de V calculées à l'aide de ces données pour une valeur intermédiaire de t et pour ordonnées les valeurs de m corres- pondantes. Il suffit alors de déterminer graphiquement la valeur de m correspondant à la valeur de V donnée i)ar l'observation et de calculer la valeur de a qui y correspond. ( 5S3 ) Chlorure d'élhijle. Acide sulfureux m — i = = 4 a = 0,001267 m-l = 4 a = 0001483 Température. Volume Avenarius. Volume De Heen. Température. Volume Avenarius. 1 Volume De Heen. 1 0 1,000 » 0 1,000 » 30 1,046 1,042 30 1,0515 1,0501 60 1,102 1,095 60 1,117 1,116 90 1,173 1,165 90 1,208 1,210 120 1,269 1,264 120 1,356 1,365 150 1,420 1,429 140 1,559 1,559 180 1,796 1,796 Èther. Diélylamine. m — 1 = = 4 a = 0. 301242 m — 1 = = 3,8 a 0.001091 iTempéralure. Volume Avenarius. Volume De Heen. Température. Volume Avenarius. Volume De Heen. 0 1,000 .. 0 1,000 » 30 1,043 1,041 30 1,0378 1,0350 60 1,095 1,092 60 1,0817 1,0781 90 1,161 1,158 90 1,136 1,131 120 1,250 1,254 120 1,201 1,200 150 1,387 1,407 150 1,291 1,291 180 1,755 1,755 180 1,429 1,434 200 1,593 1,593 ( IIM ) Alcool. a = 0,000934, m — 4 = 4,2 TEMPÉRATURE. VOLUME VOLUME (Avenarius). (De Heen). 0 4,0000 4,0000 30 4,0306 4,0300 60 4,0655 4,0656 90 4,4078 4,4087 420 4,475 4,463 450 4,228 4,234 430 4,325 4,336 240 4,506 4,506 On voit par ce qui précède que notre formule n'est pas seulement applicable aux liquides stables, qui seuls pré- sentent un intérêt théorique, mais qu'on peut encore l'appliquer avantageusement aux liquides dont la consti- tution physique varie avec la température, à la condition cependant d'attribuer à la constante m une valeur conve- nable. Il est inutile de faire observer que dans ces condi- tions elle exprime les faits avec autant de précision que celle du savant physicien russe. ( 5S5 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 7 juin i886. M. P. WiLLEMS, directeur. M. LiAGRE, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. F. Tielemans, vice-directeur; P. De Decker, Ch. Faider, R. Chalon, Th. Juste, Alph. Le Roy, A. Wagener, Ch. Piot, Ch. Potvin , J. Stecher, T.-J. Lamy, Aug. Scheler, P. Henrard, J. Gantrelle, wiemôres; J. Nolet de Rrauwere van Steeland, Alph. Rivier, M. Philippson, associés; G. Tiberghien, L. Vanderkindere, A. Henné et A. Van Weddingen, correspondants, M. Doiiny, membre de la Classe des sciences, assiste à la séance. CORRESPONDANCE. La Classe apprend avec un profond sentiment de regret la perte qu'elle vient de faire en la personne de deux de ses associés : M. Léopold Ranke, historiographe du roi de Prusse, né à Wiehe (Thuringe), le 21 décembre 1795, élu associé le 15 décembre 1840, mort à Berlin le 25 mai 1886; et ( §56 ) M. George Waitz, continuateur des Monumenta Germaniœ historica, né à Flensborg (Schleswig) le 9 octobre 1815, élu associé le 5 mai 1884, décédé le 25 mai à Berlin. — M. le Ministre de TAgriculture, de l'Industrie et des Travaux publics adresse une expédition de l'arrêté royal, en date du 20 mai, qui approuve l'élection de M. Charles Loomans en qualité de membre titulaire de la Classe des lettres. — MM. Loomans, Van Weddingen, Perrot, Philippson et Snieders adressent des lettres de remerciements pour leur élection. — La commission de la Fédération des sociétés d'his- toire et d'archéologie de Belgique fait savoir que la seconde session du Congrès s'ouvrira à Namur, le 17 août prochain, à une heure. — F^a Société des antiquaires de Picardie envoie le programme des questions dont elle s'occupera, lors du Congrès historique et archéologique ouvert à l'occasion de son cinquantenaire. — M. l'abbé G. Monchamp ainsi que MM. Roersch et Thomas remercient la Classe pour les prix qui leur ont été décernés. — M. le Ministre de l'Agriculture, de lindustrie et des Travaux publics envoie pour la bibliothèque de l'Aca- démie : 1° Un exemplaire de l'ouvrage intitulé : Les origines de la civilisation moderne, par Godefroid Kurth; 2*» La 9' livraison de la 3* série du Woordenboek der ( ^^S7 ) Nederlandsche taal, par De Vries et A. Kluijver. — Remerciements. Des remerciements sont également votés aux auteurs des dons suivants : l'' a) Étude égijplienne II. Le Papyrus de Lejjde, 1,549, revers traduit et transcrit; b) Le Papyrus de Leyde, 1,544, revers transcrit et traduit; c) Choix de textes égyptiens, traduits en vers; 5 broch. in-S" par A. Massy, avocat à Gand, offertes par M.Wagener, au nom de l'auteur, avec une note qui figure ci-après; 2" Les tribunaux de commerce eîi Belgique, 1840-1881, élude statistique par Éd. Nicolaï. Brochure présentée, au nom de l'auteur, par M. Alph. Le Roy. NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, de la part de M. l'avo- cat Massy, de Gand, trois nouvelles brochures relatives à un certain nombre de textes égyptiens. La première de ces brochures est la suite d'un travail consacré à la transcription et à la traduction du papyrus de Leyde,], 549. Ce papyrus, qui ne contient que trois pages, renferme des formules magiques destinées à préserver de la mor- sure des scorpions. Le texte, peu intéressant en lui-même, se recommande néanmoins à l'attention des savants par sa haute antiquité. A en juger d'après l'écriture, l'égyptologue gantois estime que le papyrus en question appartient à l'époque dite classique qui s'étend de 1600 à 1000 avant J.-C. D'autres indications chronologiques font complètement défaut. ( oS8 ) La deuxième brochure contient la transcription et la traduction du papyrus de Leyde, ï, 344, déjà publié dans le grand ouvrage du D^ Leemans (pp. 114 à 125). On y trouve un hymne en l'honneur du Soleil. Ce qui diminue la valeur de ce document important, comprenant douze pages d'une dizaine de lignes en moyenne, ce sont les nombreuses et grandes lacunes qui le déparent. Les propositions qu'on parvient à y déchiffrer sont groupées d'une manière parallèle; ce qui fait qu'on peut les considérer comme une œuvre de poésie, analogue, à ce point de vue, aux poésies assyrienne et hébraïque. La troisième brochure, composée exclusivement de tra- ductions, offre un intérêt plus général. C'est un choix de dix-neuf textes, que l'auteur a rangés sous les six rubriques suivantes : Littérature religieuse. Poésie, Récits historiques. Inscription géographique. Inscriptions monumentales, Genre épistolaire. Cette espèce de chrestomathie égyptienne est précédée d'une introduction fort bien faite, où l'auteur indique les motifs qui l'ont guidé dans son choix et précise la nature des morceaux qui font partie de son recueil. Comme M. Massy n'a voulu y faire entrer que des textes non encore traduits, il a dû laisser à l'écart des spécimens de littérature qui, au point de vue de leur valeur intrin- sèque, auraient peut-être présenté un plus grand intérêt. On ne peut s'empêcher, en parcourant le recueil de l'érudit gantois, de constater que la majeure partie de la littérature égyptienne est envahie par le chiendent des formules théologiques. Les sentiments humains y sont noyés dans un fatras de conceptions monstrueuses et les quelques faits qu'on parvient à y découvrir sont déformés par des exagérations ridicules. ( 5S9 ) Il faut savoir gré à M. Massy d'avoir reproduit fidèle- ment, sans les enjoliver, les documents qu'il s'est donné la peine de traduire. Après ravoir suivi dans les ténébreux labyrinthes de la littérature égyptienne, on se sent en quelque sorte soulagé lorsque, tout en restant dans le domaine de l'antiquité, on remet les pieds sur les gazons fleuris de celte littérature hellénique qui a servi de modèle à toutes les littératures modernes et qui, jusqu'à présent, qu'il me soit permis de le dire incidemment, ne semble pas encore avoir été dépassée. A. Wagener. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur l'existence de vestiges d'un établissement gallo-romain dans les dunes de La Panne; par G. Donny, ingénieur, à Gand. En faisant quelques observations sur les mouvements des sables accumulés sur noa côtes, j'ai découvert dans les dunes de La Panne (commune d'Adinkerke) des vestiges d'installations anciennes qui m'ont paru présenter un certain intérêt au point de vue archéologique. A quelques centaines de mètres de la frontière fran- çaise et à peu de distance de la laisse actuelle de marée haute, une dune assez considérable a laissé à nu en se retirant une série de monticules constitués, autant qu'un examen superficiel m'a permis d'en juger, par un mélange de sable tourbeux et de débris divers. ( S60 ) A la surface, le sable et les matières légères ayant été enlevés par les vents, les débris se montrent à découvert et forment un amas de plusieurs mètres cubes. Parmi ces débris on remarque, d'abord de nombreux tessons de poterie grossière, les uns formés d'une terre homogène et les autres de texture assez variée. Quelques pièces sont recouvertes de couleur blanche et d'autres permettent de déterminer la forme de l'ouverture du vase ou portent la trace du travail du potier. On trouve ensuite une autre série de débris formés d'une terre plus fine, quoique altérée, et dont quelques- uns conservent des formes déterminées. Des fragments plus rares sont constitués d'une terre jaunâtre recouverte extérieurement et intérieurement d'un enduit noir; deux de ces fragments peuvent se juxtaposer et montrent le profd et les ornements du vase dont ils proviennent. Une dernière catégorie de poteries se compose d'éclats d'une terre rouge très fine recouverte d'un vernis brillant; quelques fragments, malheureusement fort petits, portent une ornementation caractéristique et sur un autre on peut lire la partie d'inscription bien conservée T M P E. On trouve également, à la surface de ces monticules, de nombreux débris de fer, principalement des clous, des fragments de verre et de cuivre. Une petite pièce de ce dernier métal paraît avoir appartenu à un anneau et porte une ornementation de perles. Enfin de nombreux matériaux de construction qui semblent avoir été formés d'argile et .)•— ^^ mobilier de iMonseigneur deStrick- land, évéque de Namur (1725-1746). Gand, 1886; extr. in-8' (24 pages). S"** SÉRIE, TOME XI. ^^ ( 566 ) Matthieu {Ernest). — Un procès de sorcellerie à Ronquières. Loiivain, 1886; in-S" (11 pages). Société royale de médeciîie publique de Belgique. — Congrès national scientifique : prophylaxie des maladies pestilentielles exotiques, Anvers, 26-51 août 1885. Bruxelles, ISSGp'n-S". Caisse de prévoyance des ouvriers mineurs, à Mous. — Rapport annuel de 1883. Mons, 1886; in-4°. Allemagne et Autriche-Hongrie. Jack [J.-B), — Monographie der Leberraoos-gattung Phy- siotiurn. 188G; exlr. 10-8" (40 pages, fig.) K. K. Naturhistorisches Hofniuseum. — Annalen , Band I, 1 und 2. Vienne, 1886: gr. in-8''. Geschichts- iind Alterthums-Vereinj Leisnig. — Mitthei- lungen. 7. Hcft. ^1-8". Naturwissenschafllicher Verein in Magdehurg. — Jahres- berichtund Abhandlungen. Magdebourg, 1883; in-8*'. Bureau statistique de Budapest. — Pubîicationen XX. — Catalogue de l'Exposition nationale 1883. Académie de Metz. — Mémoires, 1881-83. 2 vol. in-8". Società adriatica di scienze naturali, Triesle. — Bolleltino, vol. IX, 1 e2; in-8». Verein fiir Erdkunde Dresden- — Verzeiehniss von For- schern in wissenschaftlicher Landes- und Volkskunde Mittel- Europas (P.-E. Riehter), 1886; in-S". Pays divers. Morondotti {£.). — Manuale ragionalo del laboratorio di precisione. Rome, 1886; in-8°. Biker (J.- F.- J.-B.). — Collecçao de tratados e concertos de pazes, etc., t. XII. Lisbonne, 1886; in-8^ Real Accademia dei georgofili di Firenzc. — Atti, V série, vol. VIII, 4; IX, 1. Florence, 1885-86; iii-8". BULLETIW DE l'aCADÉMIE HOYALE DE BELGIQUE. TABLES ALPHABÉTIQUES DU TOME ONZIÈME DE LA TROISIÈME SÉRIE. 1886. TABLE DES AUTEURS. N. B. — Par suite d'une erreur typographique, la pagination 125-224 est double. Pour faciliter les recherches, les tables renseignent 125-224 et 'i25*-224*. Académie des sciences^ arts et belles-lettres de Dijon. — Programme des prix à décerner en 1886, 201*. Académie des sciences de Munich. — Adresse le programme du prix fondé par Chrislakis Zographos, 552. Académie royale de littérature, histoire et antiquités de Stockholm. — M. Plot délégué à la célébration de son centième anniversaire, 515. Académie royale des beaux-arts d'Anvers. — Adresse le programme du grand concours de gravure, 259. Altméyer {Feu J.-J.). — Noie de M. Rivier sur son ouvrage posthume intitulé : Les précurseurs de la réforme aux Pays-Bas, 205*. Alvin(L.). — Nommé Président de l'Académie, 5, 46, 56; lecture de son rapport sur l'état des recelleset des dépenses de la Caisse centrale des artistes, 218; se démet de ses fonctions de trésorier de ladite institu- tion, 218; réélu délégué auprès de la Commission administrative, 526. Anonymes. — Envoi d'un mémoire pour le prix Casliau 164; l'auteur rentre en possession de son travail, 201. — Rapports sur les niémoires 568 TABLE DES AUTEURS. de concours concernant: a) les corporations d'ouvriers et d'artistes chez les Romains, par MM. Wagener, Willems et Rivier, 45-4, 466; b) les anciens corps de métiers et les associations coopératives dans les temps modernes, par MM. Rolin-Jaequemyns, de Laveleye et Potvin, 466, 475, 476; c) David Teniers, par MM. Stecher, Piot el Hymans, 478, 482, 483. Anthone (J.). — Allocation de sa pension de lauréat du grand concours de sculpture de 1885, 524. Association française pour l'avancement des sciences. — Quinzième session à Nancy, 535. Aubel {Éd. Van). — Sur la transparence du platine, 408; rapport sur ce travail par M. Stas, 336. B. Backelandt {Léo). — Sur l'oxydation de l'acide chlorhydrique sous Tin- fluence de la lumière, 194*; rapports de MM. Donny et Stas sur ce travail, 146*, 147*. Balat{Alph.). —Rapport: voir Colfs. Bambeke {Ch. Van). — Contribution pour servir à l'histoire de la vésicule germioative, 14; membre du jury pour le prix De Keyn, 75; rapport, 500; hommage d'ouvrage, 268. — Rapports : voir Beneden [P.-J. Van), Gens. Bastelaer {D.-A Va7i). — Hommage d'ouvrage, 431. Baudry (P.). — Annonce de sa mort, 217. Beneden [Éd. Van). — Rapport : voir Gens. — Notice bibliographique : voir Veydowski. Beneden {P.-J Van). — Félicitations pour le prix Cuvier que lui à décerné l'Académie des sciences de Paris, 2; manifestation à l'occasion de son cinquantenaire de professorat, 128*, 201*, 259, 535 ; sur quelques ossements de cétacés recueillis au pied du Caucase, 281 ; soumet un mémoire sur l'histoire naturelle de la baleine des Basques (impression dans le Recueil in-S»), 332; lecture des rapports de MM. Van Bambeke et de Selys-Longchamps sur ce travail, 337. — Rapport: voir Société royale malacologique. Biot{G.).' — Rapport : voir Lenain. Boblin {A.). — Dépôt aux archives de sa note relative à la rencontre des trains, 332. Bohl (Joan). — Hommage d'ouvrage (Canzonen), 431 ; note sur ce volume par J. Noletde Brauwere van Steeland, 433. Bonaparte {Ld prince B.). — Hommage d'ouvrage, 67. Bonneivyn (//.). — Hommage d'ouvrage, 129*. TAULE DES ACTEURS. 569 Bormans (Stan.). — Membre du jury poui la 8' période qui iquennale du concours d'histoire nationale, 155. Bozzo{V.). — Hommage d'ouvrage (Sloria siciliana di anonimo autore), 156; note sur ce volume par M. Le Roy, 158. Brachet {Achille). — Dépose un billet cacheté, 563. Brahms (/.). — Élu associé, 58. Briart (Alph.). — Rapport: \o\v Société royale malucologi que. C Calamatla {Feu L.). — Voir Strambi. Cambridge {O.-P.). — Hommage d'ouvrage, iil*. Candèze {Ém.). — Désigné pour faire la notice de M. Morren, 126. Cantillon {F.-J.-J.-E.). — Appréciation de son modèle du buste de Van Hasselt (lecture par MM. Jaquet, De Groot et Marchai), 57,320. Carreras y Gonzalez {Mariano). — Élu associé, 516. Carusso {C.-D.). — Hommage d'ouvrage, 4. Catalan {Eug.). — Rapports : voir Cesàro (£".), Deruyts, Mansion. Cesàro (E.). — Soumet un travail (imprimé dans les Mémoires in-4'') intitulé: Sur l'étude des événements arithmétiques, 66; rapports sur ce travail par MM. Catalan et Liagre, 159*, 146*. Cesàro {G.). — Rapports de MM. Dewalque, Malaise et Renard sur son travail (imprimé dans les Mémoires in 8o) décrivant quelques cristaux de calcite belges, 6, 7. Charlier {G.). — Demande à pouvoir reproduire la Julie ou la frise du Parthénon du Musée du Louvre 56; lecture du rapport fait sui- celte demande par MM. Fraikin, Jaquet, De Groot et Marchai, 217;communi- cation de son 6* rapport semestriel, 320 ; lecture de l'appréciation de ce travail, par les commissaires précités, 564. Chicandard [G.). — Revendique, par lettre, la priorité de la découverte du microbe de la fermentation panaire, découverte qui a fait l'objet d'une notice de M. É. Laurent, 274; rapports sur cette réclamation par MM. Crépin et Gilkinet, 276, 277. Clausius (/?.). — Examen des critiques de M. Hirn sur la théorie cinétique des gaz, 68, 173*; avis exprimés sur ce travail par MM. Folie, Van der MensbruggheetMelsens, 135*. — Voir Hirn. Cloquet {L.). — Hommage d'ouvrage, 563. Cogghe (/?.). — Expédition de son second envoi original et de son envoi- -' copie réglementaire, 56; lecture de l'appréciation faite de ces peintures par MM. Fétis, Slingeneyer, Robert, Guffens et Verlat, 260; prix à 570 TABLE DES AUTEUKS. fixer pour son envoi-copie précité (les quatre philosophes de Rubens), 319. Colfs (7.-F.). — Lecture des nippons faits par MM. Schadde, Pauli, Balat et Rooses sur son ouvrage intitulé: La filiation généalogique de toutes les écoles gothiques, 5G4. Colladon {D.). — Hommage d'ouvrage, 4. Colnel-(VHuart{de). — Homm;ige d'ouvrage, 331. Comité organisateur de la manifestation P.-J. Van Beneden. — Adresse une liste de souscription pour une médaille d'or, 128*, 201*, 259; invitation à la remise solennelle de la médaille, 535. Commines de. Marsilly [Le général de). — Lettre au sujet de la communi- cation du général Baeyer relative à une oscillation annuelle du niveau de la mer Baltique, 8. Cornet {F.-L). — Dépose un billet cacheté, 66 ; sur l'origine du phosphate de chaux de la craie brune phosphatée de Ciply, 538. Cossmann [M.]. — Voir Société royale malacologique de Belgique. Crépin (F.).— Discours prononcé aux funérailles de M. É. Morren, 129". — Rapport : voir Chirandard, D. De Groot {G.}. — Rapports : voir Cantillon, Char lier, Geefs, C/i. De Heen{P.}. — Détermination des variations que le coefficient de frotte- ment intérieur des liquides éprouve avec la température. Considérations théoriques qui découlent de l'observation de ces grandeurs, 29 ; déter- mination d'une formule théorique exprimant la force élastique des vapeurs saturées en fonction de la température, 165*; note touchant , la loi qui régit la dilatabilité des liquides, 545. — Rapport: voir Van der Mensbrugglie. De Koninck (L-G.). — Médaille Clarke pour sa publication relative aux fossiles paléozoïques de la Nouvelle-Galles du sud, 266; sur le parallé- , lisme entre le calcaire carbonifère du nord-ouest de l'Angleterre et celui delà Belgique, 541. Delaborde (H.). — Hommage d'ouvrage, 320. Delacroix [G.). — Hommage d'ouvrage, 46. Delaey. {C.-H.).— Hommage de travaux manuscrits, 4. De la Vallée Poussin [Ch). — Remercie pour son élection, 5. Oe/ôœu/' (7.). — Hommage d'ouvrage, 202*, 331. Delpech (H.)— Hommage d'ouvrage ^La tactique au Xlll' siècle), 156{ note sur ces volumes par M. Wauters, 1.57. TABLE DES AUTEURS. 57i Demannez (Jos.). — Rapport : voir Lenain, De Mey iP,). — Prix du Roi pour son élude sur le régime de la côle et sur les porls maritimes de la Belgique, 550; proclamé lauréat, 516. De Pauio {N.). — Hommage d'ouvrage (De Voorgeboden der slad Genl In de XlVeceuw), 156; note sur ce volume par M. Vanderkindere, 160. Deruyls (7.). — Dépose un billet cacheté, 267 ; sur le calcul approché de certaines intégrales définies, 307; rapport de MM. Le Paige et Catalan sur ce travail, 279, 280; soumet un mémoire sur une classe de poly- nômes conjugués, 332. Detroz. — Hommage d'ouvrage, 46. De Vlaminck (Alph.). — Soumet un travail manuscrit intitulé: Le véri- table emplacement des Adualuques, 156; lecture des rapports de MM. Wauters, Gantrelle et Henrard sur ce travail, qui est déposé aux archives, 489. Dewalque (G.). — Sur l'état de la végétation le 21 avril 1886, 405; hommage d'ouvrage, 67. — Rapport ; voir Cesàro {G.); Société royale malacologique, Dewulf {Ch.). — Remet une photographie de son projet de cimetière couronnéen 1885, 320. Dilloîi {É.da). — Hommage d'ouvrage (Études sanscrites), 156; note sur celte brochure par M. de Ilarlez, 162. VOlivccrona (C). — Hommage d'ouvrages, 514. Donny{Fran.)— Rapport: voir Backelandt. Donny [Georges). — Sur l'existence de vestiges d'un établissement gallo- romain dans les dunes de La Panne, 559. Dorlodot (H. de). — Hommage d'ouvrage, 68. Dupont (É.). — Hommage d'ouvrages (feuilles de la carte géologique), 331. École de viticulture et œnologie de Conegliano. — Adresse le programme d'un concours pour les appareils anlicryptogamiques et insecticides, 3. Evrard [H.), — Soumet un travail traitant de la situation de l'art en France, des arts décoratifs et spécialement de l'enseignement des arts plastiques, 563. F. Faider {Ch.). — Hommage d'ouvrages, 46, 202* ; réélu délégué auprès de la Commission administrative, 435. 572 TABLE DES AUTEURS. Paye {H.). — Hommage d'ouvrage, 268. Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie de Belgique. — Ouver- ture du 2« congrès, 556. Fétis {Éd.). — Lecture de son rapport sur l'adminislralion de la Caisse des artistes pendant Tannée 1885, 218; projet d'une exposition rétrospective au profit de ladite Caisse, 321 ; autorisation d'organiser celle exposition au Pala's des beaux-arts, 524. — Rapport : voir Cogghe. Fievez {Ch.). — Soumet un Essai sur l'origine des raies de Frauenhofer en rapport avec la constitution du soleil, 128*. Folie (F.). — Une simple remarque fort utile pour la détermination en voyage de la déclinaison magnétique, 90; lecture d'un rapport fait sur ce travail par MM. Houzeau et Liagre, 76; la pluie d'étoiles filantes du 27 novembre 1883, 9; réponse à la note de M. Liagre concernant l'influence de l'attraction lunaire sur le baromètre à mercure, 86, 87; dépose un billet cacheté, 66; hommage d'ouvrage, 67. — Note biblio- graphique; voir Pasquier. — Rapports : voir Clausius, Ubaghs. Fraikin {Ch.). — Élu directeur pour 1887, 58. — Rapport : voir Charlier. Fraipont {Julien). — Dépose un billet cacheté, 536. Frank {Ad.). — Hommage d'ouvrage, 156. Fredericq {Léon). — Hommage d'ouvrage, 537. Fredericq {P.). — Membre du jury pour la 8« période quinquennale du concours d'histoire nationale, 155. Frédérix {G.), — Membre du jury pour le prix De Keyn, 5, 54; rapport, 500 ; une lettre inédite du prince Léopold de Saxe-Cobourg à la duchesse Marie- Amélie d'Orléans, 491. Froville (Alph.). — Dépose un billet cacheté, 563. Gachard {L. P.). — Annonce de sa mort, 45; discours prononcé à ses funérailles par M. Piot, 47. Gantrelle {J.). — Membre des jurys : 1» pour le prix De Keyn, 5, 54; rapport, 500; 2» pour la 1" période quinquennale du concours des sciences historiques, 153; les Suèves des bords de l'Escaut. Réponse à M. Alph. Wauters et à M. Léon Vanderkindere, 190. — Rapport : voir De Vlaminck. Geefs {Ch.). — Appréciation de sor\ modèle du buste de Van de Weyer (lecture par MM. Jaquet, De Groot et Marchai), 57. Gelin {L'abbé). — Prix de mille francs (3« concours De Keyn, 2« période), 488; proclamé lauréat, 515. TABLE DES AUTEURS. 575 Gens (É.). — Sur un poisson d'eau douce nouveau pour la faune belge, 150; avis exprimé sur ce travail par MM. Éd. Van Beneden et Van Bambeke, 76. Gilkinel {Alf.). — Rapports : voir Chicandard, Laurent. Gilliodts Van Severeyn.{L). — Membre du jury pour la 8« période quin- quennale du concours d'histoire nationale, loo. Giovanni {V. di\ — Hommage d'ouvrage (Alcuni luoghi del conlraslo di Ciulo d'Alcamo), 156; note sur celle brochure par M. Le Roy, 158. Gérard {Éric). — Emploi du téléphone dans la recherche des dérange- ments des lignes électriques, 144; rapports sur ce travail par MM. Mon- ligny et Maus, 76, 77. Guffens (J.-G.). — Rapport : voir Cogghe. Harlez {C. de). — Hommage d'ouvrages, 202*, 431 ; note sur la 2« édition de sa grammaire de la langue sanscrite, par M. Willems, 204*. — Note bibliographique : voir Dillon (E, de). — Rapport : voir Van den Gheyn. Henrard {Paul). — Rapport : voir De Vlaminck. Héron-Iioycr» — Hommage d'ouvrages, 129*. Hirn {G.-A.). — Lettre à M. Liagre, secrétaire perpétuel de l'Académie, 131*; adresse un mémoire manuscrit sur la cinétique moderne et le Dynamisme de l'avenir, 556; hommage d'ouvrage, 268. — Voir Clausius. Bock (Aug.). — Hommage d'ouvrage (Liège au XIX« siècle : la vie), 431 ; noie sur ce volume par J. Stecher, 452. Houzeau {J.-C). — Rapports : voir Folie, Ubaghs. Hymans (//.). — Rapports : voir Anonymes, Lenain. Ibanez (Le général). — Remercie pour son élection, 3; accuse réception de son diplôme, 68. Jaquet (/.). — Rapports : voir Cantillon, Charlier, Geefs, Ch. /ormen (/!.).— Remercie pour la médaille d'or décernée à son mémoire, 3. Kervyn de Lettenhove {Le baron J.-B.-M.-C). — Prix Therouenne pour son ouvrage intitulé : Les Huguenots et les Gueux, 512. 574 TABLE DES AUTEURS. Klément{C.). — Hommage d'ouvrage, 129*. Koehne {B. de). — Annonce de sa mort, 313. KGlliker {A.). — Hommage d'ouvrage, 67. Kupffer (C). — Hommage d'ouvrage, 129*. Labrouste {Théod.). — Annonce de sa mort, 55. Lagrange {Ch.). — Dépose un billet cacheté, 128* ; soumet un travail inli- lulé : Théorèmes de mécanique céleste indépendants de la loi de l'attrac- tion, 267; hommage d'ouvrage, 537. Lameere {/.). — Hommage d'ouvrage, 156. Lamy {T.-J.). — Rapport : voir Moncliamp. Lancaster (A.). — Hommage d'ouvrages, 268. Laurent (É). — Les microbes du sol : recherches expérimentales sur leur utilité pour la croissance des végétaux supérieurs, 128 ; rapports sur ce travail par MM. Gilkinet, Morren et Stas, 83, 85. - Voir Chicandard. Lavelerje (E. de). — Rapport : voir Anonymes. Lecîercq (Jules). — Hommage d'ouvrages, 431. Leigthon (Fred.). — Élu associé, 57; remercie, 217; accuse réception de son diplôme d'associé, 259. Lenain{L.). — Communication de son S" rapport semestriel, 520; appré- ciation de ce travail (lecture par MM. Hymans, Demannez et Biot), 525, Léopold de Saxe Cobourg [feu Léopold /«'*, Roi des Belges]. — Lettre à la duchesse Marie-.\mélie d'Orléans, 495. Le Paige {C ). — Remercie pour sou élection, 3 ; sur le nombre des groupes communs à des involutions supérieures marquées sur un même rapport, 121; hommage d'ouvrage, 331. — Rapports : voir Deruyts, Mansion. Le Boy[Alph.). — Membre du jury pour la 8« période quinquennale du concours d'histoire nationale, 155. — Notes bibliographiques : voir Bozzo^ Giovanni. — Rapport : voir Monohamp. Leuckart (R.). — Remercie pour son élection d'associé, 3. Liagre(J.-B.-J.). — Hommage d'ouvrage, 67; note concernanirinfluence de l'attraction lunaire sur le baromètre à mercure avec réponse de M. Folie, 86, 87. — Rapports : voir Cesàro, E., Folie, Ubaghs. Linas {Ch. de). — Hommage d'ouvrages, 56, 525, 563. Lissignol (E). — Remis en possession de son manuscrit concernant l'application de la théorie mécanique de la chaleur, 331. Lohest {Maœimin). — Dépose un billet cacheté, 536 ; sur le parallélisme entre le calcaire carbonifère du nord-ouest de l'Angleterre et celui de la Belgique, 54L TADLE DES AUTEURS. 575 Loomans (Ch.). — Discours prononcé aux funérailles de M. Nypels, 314} élu membre titulaire, 516; remercie, 556; approbation royale de son - éleclion, 556. — Rapport : voir Monchamp. Louvain [Collège des bourgmestre et échcvins de la ville de). — Remise à M. Stas d'une médaille frappée en son honneur, o3i. Mailly (E). — Discours prononcé aux funérailles de M. Melsens, 533. Malaise (C.) — Rapport : voir Cesàro{G.), Mansion [P.). — Membre du jury pour le prix De Keyn, 5; rapport, 500; détermination du reste dans la formule de la quadrature de Gauss, 293; lecture du rapport sur ce travail par MM. Catalan, DeTilly et Le Paige, 270, 275; hommage d'ouvrages, 129*, 351; note sur la 2« édition de son ouvrage : Elemenle der Théorie der Determinanlen, 555. Marchai {Le cliev. Edm). — Élu membre titulaire, 57; approbation royale de son élection, 217; remercie, 217; nommé trésorier de la Caisse des artistes, 218. — Rapports : voir Canlillon, Charlier, Geefs, Ch. Marlin (J.). — Rap{)ort de M. Maus sur ses cinq notes (déposées aux -archives) concernant une machine à vapeur régénérée, la progression des bateaux contre les courants, la canalisation, etc., 78. Massy {A.). — Hommage d'ouvrages (traductions de textes égyptiens) 557; note sur ces brochures par M. Wagener, 557. Maus {fi.). — Rapports : Gérard, E., Martin. Meerens {Ch.). — Adresse une lettre relative à ses travaux d'acoustique musicale, 565. Melsens {L). — Rapport : voir Clausius. — Communication relative à la balistique expérimentale, 149*; annonce de sa mort, 350: discours pro- noncé à ses funérailles par M. Mailly, 553. Melsens {M"" v*}. — Remercie l'Académie pour sa lettre de condoléance» 535. Merten(Fr.) — Prix de mille francs (2« période, 3' concours De Keyn), 488; proclamé lauréat, 513. Miller {E.). — Annonce de sa mort, 154. Ministre de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics. — Hommage d'ouvrages, 46, 155, 127*, 200*, 267,313, 531,430, 525, 535, 556. Ministre de la Guerre. — Hommage d'ouvrage, 267. 5r76 TABLE DES AUTEURS. Ministre de Vlntérieur et de l'Instruction publique. — Hommage d'ouvrages, 66, 267. Moeller {C.-C.-A.-M.). — Membre des jurys: 1" pour la 8' période quin- quennale du concours d'histoire nationale, 153; 2« pour la 1" période quinquennale du concours des sciences historiques, 155. Monchamp {L'abbé Georges). — Rapports de MM. Le Roy, Lamy et Loo- mans sur son mémoire couronné (Imprimé dans le Recueil in-8«) concernant l'histoire du cartésianisme en Belgique, 436, 451, 453; pro- clamé lauréat, 513; remercie, 556. Montigny {Ch.). — Rapport : voir Gérard, Ë. Morren{Éd.}. — Rapport : voir Laurent. — Hommage d'ouvrage, 128*; annonce de sa mort, 126'; discours prononcé à ses funérailles par M. Crépin, 129*. Mueller{F.von). — Hommage d'ouvrage, 268. Murray{J.). — Hommage d'ouvrage, 331. W. Neuberg {J.). — Hommage d'ouvrage, 129. Nève (F.). — Rapport : voir Van den Gheyn. Nicolaï (Edm.). — Hommage d'ouvrage, 557. Nolel de Brauwere van Steeland {J.). — Hommage d'ouvrafcs, 202*, 314. — Noie bibliographique : voir Bohl. Nypels (G.). — Annonce de sa mort, 315; discours prononcé à se» funérailles par M. Loomans, 314. Pâque {E.). — Soumet une note manuscrite sur un ouvrage inédit men- tionné dans l'Historia Pl\nt.\rum de John Ray, 537. Pasquier (£".). — Hommage d'ouvrage (édition française du Traité de la détermination des orbites des comètes et des planètes par Th. d'Oppol- zer), 268; note sur ce volume par M. Folie, 269. Pauli (AdoL). — Rapport : voir Golfs. Peeters (H.-B.). — Prix triennal de lillérature dramatique en langue flamande (10* période), 430; proclamé lauréat, 515. Perrol {G.). — Élu associé, 516; remercie, 556. Petermann{A.). — Hommage d'ouvrage, 331. Philippson{M.). — Membre du jury pour la !»•• période quinquennale du concours des sciences historiques, 155; élu associé, 516; remercie, 556. TABLE DES AUTEURS. 577 Piot{Ch.), — Membre des jurys : 1"pour le prix De Keyn, 154j rapport, 500; 2° pour la 8« période quinquennale du concours d'histoire nationale, 155; discours prononcé aux funérailles de M. Gachard, 47; hommage des ouvrages suivants avec note bibliographique : Correspondance du cardinal de Granvelle, tomeV; Histoire des troubles des Pays-Bas, tome 1"", 202*. — Rapport : voir Anonymes. Potvin (Ch.). — Rapport: voir Anonymes. ProstÇEug.). — Contribution à l'étude des sels de platine, 414; rapport de MM. Stas et Spring sur ce travail, 339, 340. Poullet {Feu Edm.). — Prix quinquennal d'histoire nationale décerné à son Histoire politique nationale, 430, 515. R. Ranke {Léopold). — Annonce de sa mort, 555. Renard {A.-F.). — Sur quelques roches des îles Cebu et Malanipa (Philippines), 95; sur les roches du volcan de Ternate, 105; le volcan de Goonong-Api aux îles Banda, 112; sur les roches de l'Ile de Kantavu (Archipel de Fidji), 156*; sur les roches draguées au large d'Ostende, 283; hommage d'ouvrage, 129*. — Rapport : voir Cesàro {G.). Renevier {E.). — Hommage d'ouvrage, 67. Reumont {A. de). — Hommage d'ouvrages, 431. i?eM5ens(£dm.).— Hommage d'ouvrage (Élémentsd'archéologicchrétienne, tome n, 2« édition), 202* ; note sur ce volume par M. Willems, 204*. Rivier {Alph.). — Membre du jury pour la 1« période quinquennale du concours des sciences historiques, 155; délégué à la célébration du 500* anniversaire de l'Université d'Heidelberg, 430. — Note bibliographi- que : voir AUmeyer. — Rapport : voir Anonymes. Robert {Alex.). — Rapport : voir Cogghe. Robie (Jean). — Hommage d'ouvrage, 564. Roersch {J.). — Membre du jury pour la 1« période quinquennale du con- cours des sciences historiques, 155; prix de mille francs (3« concours 2» période du prix De Keyn), 488; proclamé lauréat, 515; remercie. 556. — Rapport : voir Van den Gheyn. Rolin-Jaequemyns (G.). — Rapport: \ oir Anonymes. Rooses {Max.), — Élu correspondant, 57; remercie, 217. — Rapport; voir Colfs. 578 TABLE DES AUTEURS. Schadde{J.). — Rapport : voir Colfs. Selys-Longchamps {Le 6<"*. Edm. de}. — Membre du jury pour le prix De Keyn, 5; ne peut accepler celle mission, 7o ; revision du Synopsis des Agrionines (communication imprimée dans les Mémoires in-8<»), 148*. — Rapport : voir Benedea {P.-J. Van). Serrure {R.). — Hommage d'ouvrage, 431 . Siret {Ad.). — Rapport sur les travaux de la Commission de la Biographie nationale pendant l'année 1885-1886, S18. Sîingeueyer [Ern.). — Rapport : voir Cogghe. Snieders {Aug.). — Élu associé, 516; remercie, 556. Société d'émulation de Bruges. — Concours ouvert pour un éloge de Breydel et de Coninc, 46. Société des antiquaires de Picardie. — Annonce la célébration de son cinquantenaire, 155; programme des questions du congrès historique et archéologique, 556. Société des naturalistes de Cassel. — Célébration de son cinquautenaire,C6. Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut. — Adresse son programme de concours pour 1886, 431. Société royale de médecine publique de Belgique. — Hommage d'ou- vrage, 535. Société royale malacologique de Belgique. — Demande de subside pour la publication, dans ses Annales, d'un travail de M. Cossmann concer- nant les coquilles de l'ancien éocène parisien, 127*; lecture des rap- ports de MM. P.-J. Van Beneden, Briart et Devvalque sur ce travail, 270. Spring {\V.). — Sur la chaleur des alliages de plomb et d'étain, 355. — Rapports : voir Prost, Van der Menshrugghe. Stas {J.-S.). — Accepte de rédiger la notice de M. Melsens, 550; réélu membre de la Commission administrative, 533; promu au grade de grand-officier de l'Ordre de Léopold, 534; remise de la médaille frappée en son honneur par la ville de Louvain, 534. — Rapports : voir Aubel {Van)y Backelandt, Laurent, Prost. Siecher (/.). — Membre du jury pour le prix De Keyn, 5, 54; rapport, 500. — Note bibliographique : voir Hock. — Rapport : voir Anonymes. Sframbi { V.). — Adresse une liste de souscription pour une biographie de Calamatla, 4, 56. TABLE DES ABTEUHS. 579 Thomas (P). — Membre du jury pour la 1" période quinquennale du concours des sciences historiques, 155; prix de mille francs (ô*" concours De Keyn, 2e période), 488; proclamé lauréat, 515; remercie, 556. Tielemans{F.). — Klu directeur pour 1887, 54. Tilhj {J. De). — Élu directeur pour 1887, 5. — Rapport: voir Mansion. Todaro (A.). — Hommage d'ouvrage, 68. U. Ubaghs (P.)- Soumet un mémoire sur la détermination de la direction et de la vitesse du transport du système solaire dans l'espace, 67; rapport sur ce travail (imprimé dans les Mémoires in-4<'), par MM. Folie, Houzeau et Liagre, 136', 159*. Universilé (fHeidelberg. — Délégués à la célébration de son 500« anni- versaire, 430, V. Van de Casteele (D). — Hommage d'ouvrage, 564. Vanden Gheyn (/.), — Nouvelles recherches sur la 8" classe des verbes sanscrits, 242; rapports sur ce travail par MM. C. de Hariez, Nève et Roersch, 207*, 208*, 209*. Vander Haegixen (F.). — Hommage d'ouvrage, 431. Vanderkindtrc {L). — Les origines de la population flamande : réponse à M. Alph. Wauters, 211*; hommage d'ouvrages, 514; délégué à la célé- bration du 500* anniversaire de l'Université d'Heidelberg, 450. — Note bibliographique: voir Z)ePau?^. Van der Mensbrugghe (G.). — Dépo.se un billet cacheté, 66; sur l'instabi- lité de l'équilibre de la couche superficielle d'un liquide, 1" partie, 341 ; lecture du rapport fait sur ce travail par MM. Spring el De Heen, 338. — Rapport : voir Clausius. Van de Wiele {Marg'".). — Prix de mille francs (3« concours De Keyn, 2« période), 488; proclamée lauréat, 513. Verbrugge (E.). — Communication de son 4« rapport semestriel, 320. Verlat {Ch.). — Rapport: voir Coggfie. Veydowskg (F.). — Hommage d'ouvrage (System und Morphologie der Oligochoeten), 67; note sur ce volume par M. Éd. Van Beneden, 69. Vial{L'C.). — Hommage d'ouvrage, 67. Vinçotte {Th.). — Élu membre titulaire, 526} remercie, S62; approbation royale de sod éleclioD, 563. 580 TABLE DES AUTEURS. w. Wagener{A.). — Membre des jurys : l^ pour le prix De Keyn, 5, 54; rapport, 500; 2" pour la 1" période quinquennale du concours des sciences historiques, 155. — Note bibliographique : voir Massy. ~ Rapports : voir Anonymes. Waitz {George). — Annonce de sa mort, 556. Walerhouse (Alf.). — Élu associé, 58; remercie, 217; accuse réception de son diplôme, 259. Wauter^iAlph.). — Membre du jury pour la 8* période quinquennale du concours d'histoire nationale, 155; élu secrétaire-trésorier de la Com- mission royale d'histoire, 155; remet pour la Bibliothèque les livres reçus par celte Commission, 155; le château impérial de Gand et la fosse Olhonienne, 165. — Note bibliographique : voir Delpech. — Rapport : voir De Vlaminck. Weddingen {A Van). — Hommage d'ouvrage, 514; élu correspondant, 516; remercie, 556. Willems{P.). — Les élections municipales à Pompéi, 491. —Notes bibliographiques : voir Harlez (de), Reusens. — Rapports : voir Ano- nymes. Winckler{C.). — Annonce sa découverte d'un nouveau corps simple non métallique (Germanium), 127 ". TABLE DES MATIÈRES. Archéologie. — Noie sur l'existence de vestiges d'un établissement gallo-romain dans les dunes de La Panne, par G. Donny, 559. Architecture. — Lecture des rapports de MM. Schadde, Pauli, Balat et Rooses sur l'ouvrage de M. Golfs, intitulé : La fdiation généalogique de toutes les écoles gothiques, 564. Astronomie. — La pluie d'étoiles filantes du 27 novembre 1885, par F. Folie, 9; M. Ubaghs soumet un travail sur la détermination de la direction et de la vitesse du transport du système solaire dans l'espace (impression dans les Mémoires in-4''), 67; rapport sur ce travail par MM. Folie, Houzeau et Liagre, 136*, 139*; M. Lagrauge soumet un travail intitulé : Théorèmes de mécanique céleste indépendants de la loi de l'attraction, -267. — Voir : Speclroscopie. B. Bactériologie. — Voir Botanique. Balistique. — Communication de M. Melsens relative à la balistique expérimentale, 149*. Beaux-arts. - M. H. Evrard soumet un travail traitant de la situation de l'art en France, des arts décoratifs et spécialement de l'enseignement des arts plastiques, 563. — Voir Architecture^ Concours {Prix de Rome), Musique. Bibliographie. — Notes sur les ouvrages suivants : Les précurseurs de la réforme aux Pays-Bas (feu J.-J. Altmeyer), par Alph. Rivier, 205'; Canzonen (Joan Bohl), par J. Nolet de Brauwere van Steeland, 433; Storia siciliana di anonimo autore (V. Bozzo), par Alph. Le Roy, 138; La tactique au XIll^ siècle (H. Oelpech), par Alph. Waulers, 157 ; De Voorgeboden der stad Gent in de XIV< eeuw (N. de Pauw), par 3"" SÉHIE, TOME XI. ^^ 582 TABLE DES MATIÈRES. L. Vanderkindere, 160; Études sanscrites (E. de Dillon), par M. de Harlez, 162; Alcuni luoghi del contrasto di Ciulo d'Alcamo (V. di (iio- vanni), par Alph. Le Roy, 158; Grammaire sanscrite (2^ édition par G. de Harlez), par P. VVillems, 20 i*; Liège au XIX« siècle : la vie(Aug. Hock), par J. Sleclier, 452 ; Elemente der Théorie der Determinanien ( P. Mansiou), par l'auteur, 533 ; traductions de textes égyptiens (A. Massy ), par Wagener, 557; traduction de la 2« édition du traité de la détermi- nation des orbites des comètes et des planètes de Tb. d'OppoIzer (E. Pasquier), par F. Folie, 269; Gorrespondance du cardinal de Granvelle, t. V; Histoire des troubles des Pays-Bas, t. I (Ch. Plot), par Tauteur, 202*; Éléments d'arcbéologie chrétienne (2^ volume de la nouvelle édition, par le chanoine Reusens), par P. VVillems, 204'; System und Morphologie der Oligochœten (Veydowski), par Ed. Van Beneden, 69. — Voir Botanique. (Noie de M. Pâque.) Billets cachetés. — Dépôt par MM. Folie, 66; F.-L. Gornet, 66; G. Van der Mensbrugghe, 66; Gh. Lagraiige, 128*; J. Deruyts, 267 ; J. Fraipoul et Max. Lohesl, 556; Alph. Froville et Achi. Brachel, 565. Biographie. — Mise en vente d'une étude sur la vie et les œuvres du graveur L. Galamatta, 4, 56; discours prononcé aux funérailles de M. Gachard, par M. Piot, 47; aux funérailles de M. Ed. Morren, par Fr. Grépin, 129*; aux funérailles de M. Nypels, par M. Loomans, 314; aux funérailles de M. Melsens par M. Éd. Mailly, 355. — Voir Commission de la Biogra- phie nationale; Prix de Stassart [Notice sur David Teniers); Notices biographiques pour l'Annuaire. Biologie. — Voir Zoologie. Botanique. — Les microbes du sol. Recherches expérimentales sur leur utibté pour la croissance des végétaux supérieurs, par E. Laurenl, 128; rapports sur ce travail par MM. Morren, Gilkinet et Stas, 83, 85; M. Ghicandard revendique, par lettre, la priorité de la découverte du microbe de la fermentation panaire qui a fait l'objet d'une notice de M. E. Laurenl, 274; rapports sur cette réclamation par MM. Grepin et Gilkinet, 276^ 277 ; M. Pàque soumet une note intitulée : Sur un ouvrage inédit mentionné dans I'Historu Plantardm, de John Ray, 557. Bustes 'des académiciens décédés. — Avis sur les modèles des busies Van Hasselt et Van de Weyer exécutés par MM. Gantillon et Ch. Geefs, 57, 320. Caisse centrale des artistes. — Lecture par MM. Fétis et Alvin du rapport sur l'administration de la Caisse pendant l'année 1885, 218; M. Marchai TABLE DES MATIÈRES. 585 élu trésorier en remplacement de M. Al vin, 21 S; projet d'une exposition rétrospective de peinture, au prolit de la Caisse, par M. Fétis, 521; autorisation ministérielle d'organiser celte exposition au Palais des beaux-arts, 524. Chimie. — Sur l'oxydation de l'acide chlorhydrique sous rinfluence de la lumière, par Léo Backelandt, 194"; rapports sur ce travail par MM.Donny et Stas, I46*, 147*; M.leD"^ C.Winckler annoncequil vient de découvrir un nouveau corps simple non métallique auquel il a donné le nom de Germanium, iUl"] contribution à l'étude des sels de platine, par M. Eug. Prost, 414; rapport de MM. 8las et Spring sur ce travail, 539, 340; sur la chaleur des alliages de plomb et d'étain parW. Spring, 355, — Voir Géologie . . . , Spectroscopie. Commission royale d'histoire. M- Alph. Wauters notifie sa nomination de secrétaire et remet pour la Bibliothèque les livres reçus par la Commission, lo5, 225. — administrative. MM. Stas, Faider et AI vin réélus délégués, 555, 455,526.— de la Biographie nationale. Rapport sur ses travaux pendant l'année 1885-1886; |)ar Ad. Sn-et, 518 ; dépôt du 1" fascicule du tome IX de la Biographie, 565. Concours. — Les institutions ci-après adressent leurs programmes : École de viticulture et œnologie de Conegliano (appareils anticryptogamiques et insecticides), 5; Société d'émulation de Bruges (éloge de Breydel et de Couine), 46; Académie des sciences, des arts et belles-lettres de Dijon, 201*; Académie des sciences de Munich (prix fondé par Christakis Zographos), 552; Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut, 451 . — Ouverture du deuxième concours littéraire des Muses flamandes, 153. — Voir Prix. Concours de la Classe des beaux-arts. - 1885. Sujet d'art appliqué : M. Ch. Dewulf remet une photographie de son projet de cimetière, 320. — 1886 Partie littérai-.e. Résultat négatif, 564. Concours de la Classe des lettres. - 1886. Demande relative au main- tien de la 4« question du programme, 164; mémoires reçus et nomi- nation des commissaires, 165; lecture des rapports, 518; rapports de MM. Le Roy, Laniy et Loomans sur le mémoire concernant l'histoire du cartésianisme en Belgique, 456, 451, 455; rapports de MM. Wagener, Willems et Rivier sur le mémoire concernant les corporations d'ouvriers et d'artistes che^ les Romains, 454, 406; rapports de MM. Rolin-Jaeque- myns, de Laveleye et Potvin sur le mémoire concernant les anciens corps' de métiers et les associations cooi)ératives des temps modernes, 466, 475, 476; proclamation des résultats, 515. ~ Voir : Prix De Keyn et Prix de Stassart. 534 TABLE DES MATIERES. Concours de la Classe des sciences. — 1886. M. Jorissen remercie pour la médaille d'or votée à son mémoire relatif aux dépôts nutritifs dans les graines, 3 ; — programme pour 1887 et question pour 1888.— Concours extraordinaire pour 4881 (conservation du poisson et repeuplement des rivières), 73; mémoire reçu, 332. Concours des cantates. — Demande relative à une modification du règle- ment, 56. Concours {Grands). Prix de Rome. — Continuation et fin de la discussion relative à l'examen préalable à faire subir aux concurrents, 218, 321 ; dépêche ministérielle relative aux modifications à introduire dans le mode de formation des jurys des grands concours, 217; avis, S64. — Gravure. 1881. Communication du 8^ rapport du lauréat Lenain, 320; lecture de l'apprécia lion de ce travail,25. — Peinture. 1880. Dépèche ministérielle annonçant l'expédition du second envoi original et de l'envoi-copie réglemenlaire du lauréat Rémi Cogghe, 56; lecture de l'appréciation faite de ces peintures, 260; prix à fixer pour l'envoi-copie précité (les quatre philosophes de Rubens), 319; — 1883. Communication du i^ rapport de M. Verbrugge, 320. — Sculpture. 1882. Demande du lauréat Charlier de pouvoir reproduire la Julie ou bien la frise du Parlhénon, 36; lecture du rapport fait sur cette demande, 217; communication du 6^ rapport du même lauréat, 320; lecture de l'appré- ciation de ce rapport, 56i. — 1885. Allocation au lauréat J.Anlhona de sa pension annuelle de 5,000 francs, 524; — 1886. l'Académie royale des beaux-arls d'Anvers adresse le programme du concours de gra- vure, 259. Concours quinquennal d'histoire nationale. — Membres du jury pour la huitième période, 155; prix décerné à l'ouvrage de feu Edmond, Poullet : Histoire politique nationale, 430; proclamation du résultat 515. — des sciences historiques. Membres du jury de la pre- mière période, 153. Concours triennal de littérature dramatique en langue flamande. iO» période. — Prix décerné à M. H.-B. Peeters pour son ouvrage intitulé : Karel Stolk, 430; proclamation du résultât, 515. Congrès, sessions. — Quinzième session, à Nancy, de l'Association fran- çaise pour l'avancement des sciences, 535; la Société royale de médecine publique adresse un exemplaire des rapports et des débats du congrès national scientifique tenu à Anvers, 535; 2^ session, à Namur, de la Fédération des Sociétés d'histoire et d'archéologie de Belgique, 556 ; congrès historique et archéologique ouvert à l'occasion du cinquante- naire de la Société des antiquaires de Picardie, 556. TABLE DES MATIÈRES. 585 Cristallographie. — Rapports de MM. Dewalque, Malaise et Renard sur le travail de M. G. Cesàro, (imprimé dans les Mémoires in-8«»), décri- vant quelques crislaux de calcile belges, 6, 7. D. Dons. — Ouvrages imprimés par MM. Bambeke (C. Van), 268 ; Bastelaer (D. A. Van), 4.51 ;Bohl, 4-31 ; Bonaparte(Ie prince R.), 67; Bonnewyn, 129*; Bozzo, 136; Cambridge, 127*; Carrusso, 4; Cloquet 563 ; Colladon, 4; Colnet-d'Huart (de), 351; Delaborde, 320; Delacroix, 46; Delboeuf, 202*, 331 ; Delpech, 136; De Pauvv, 136; Detroz, 46; Dewalque, 67; Dillon (de), 156; D'Olivecrona, 314; Dorlodot (H. de), 68; Dupont, E., 331 ; Faider, 46, 202*; Paye, 268; Folie, 67; Franck, 156; Fredèricq (L.), 357; Giovanni(V.di), 156; Harlez (G. de), 202*, 451; Héron-Royer, 129*;Hirn, 268; Hock,431;Klément, 129*; Kôlliker,67; Kupffer, 129*; Lagrange, Ch., 337; Lameere, 156; Lancaster, 268; Leclercq, J., 431 ; Le Paige, 331 ; Liagre, 67 ; Linas (Ch. de), 36, 323, 363; Mansion, 129*, 351 ; Massy, 337; Minisire de TAgriculture, de l'Industrie et des Travaux publics, 46 , 1 53, 127*, 200*, 267, 313, 351, 430, 325, 553, 356; Minisire de la Guerre, 267; Ministre de l'intérieur et de l'instruclion publique, 66, 267 ; Morren, Éd., 128*; Mueller (F. von), 268; Murray, J., 331 ; Neuberg, 129; Nicolaï, 557 ; Noiet de Brauwere Van Sleeland, 202*, 514; Pasquier, 268; Petermann, 331; Piot, 202*; Renard, 129*; Renevier, 67; Reumont, 451 ; Reusens, 202*, Robie, 564; Serrure, 451; Sociélé royale de médecine publique de Belgique, 555; Todaro, 68; Van de Casleele, 364; Vander Haeghen, 451; Vanderkindere, 514; Veydowski, 67; Vial, 67; Weddingen (Van) 314. — Ouvrages manuscrits par M Delaey, 4. E. Élections, nominations et distinctions. — M. Al vin, élu Président de l'Académie, 3, 46, 36. — Classe des sciences. Prix Cuvier, décerné à M. P.-J. Van Beneden, 2; médaille Clarke décernée à M. L.-G. de Koninck, 266; M. Sias promu au grade de grand-officier de l'Ordre de Léopold, 354; M. De Tilly, élu directeur pour 1887, 3; remerciemenls pour les dernières élections, 3, 66. — Classe des lettres. M. Tielemans, élu direcleur pour 1887, 54; prix Therouenne décerné à M. le B»" Kervyn de Leltenhove, 512; M. Ch. Loomans, élu membre titulaire, 516; approbation royale de son élection, 536; M. A. Van Weddingen, élu çorrespondaul; MM. G. Perrot, M. Philippson, Mariano Carreras y 586 TABLE DES MATIÈRES. Gonzalez et Aug Snieders, élus associés, 516; remerciemenis, 556. — Classe des beaux-arts. M. Fraikin, élu direcleur pour 1887, 58; MM. Marchai et Vinçotte élus membres titulaires, 57, 526; approbations royales de leurs élections, 217, 562; M. Max Rooses, élu correspondant, 57; sir Fr. Leigthon, A. Waterhouse, J. Brahms, élus associés, 57, 58; remerciements pour les élections el pour les diplômes, 217, 259. Expositions. — La Société des antiquaires de Picardie annonce l'ouver- ture d'une exposition d'antiquités ei d'objets d'art, 155. Géographie. — Prix fondé par Christakis Zographos (géogr. et topogra- phie des îles helléniques), 552. — Voir : Géologie, Météorologie. Géologie, minéralogie et paléontologie. — Sur quelques roches des îles Cebu et Malanipa (Pliilippines), par A.-F. Renard, 95; sur les roches du volcan de Ternate, par A.-F. Renard, 105; le volcan de Goonong-Api aux îles Banda, par A.-F. Renard, 112; sur les roches de l'île Kantavu (archipel de Fidji), par A -F. Renard, 156*: sur les roches draguées au large d'Ostende, par A.-F. Renard, 285; demande de subside faite par la Société royale malacologique de Belgique à l'etlet de publier dans ses Annales un catalogue illustré des coquilles de l'ancien éocène parisien, par Maurice Cossmann, 127"; lecture des rapports de MM. P.-J. Van Beneden,Briart el Dewaique sur ce travail. 270; sur quelques ossements de cétacés recueillis au pied du Caucase, par P.J Van Beneden, 281 ; sur l'origine du phosphate de chaux de la craie brune phosphatée de Ciply, par F.-L. Cornet, 558; sur le parallélisme entre le calcaire carbonifère du nord-ouesi de l'Angleterre et celui de la Belgique, par L.-G. de Koninck et Max .Lohest, 541. — Voir Cristallographie. Gravure. — Mise en vente d'une étude sur la vie et les œuvres de L. Calamatta, 450. — Voir : Concours {Grands). Prix de Rome. H. Histoire.— M. Alph. De Vlannnck soumet à l'examen un travail concernant le véritable emplacement des Aduatuques (dépôt aux archives), 156; lecture des rapports faits sur ce travad par MM. Waulers, Gauirelle el Henrard, 489; le château impérial de Gand et la fosse othonienne, par Alph. Wauters, 165; les Suèves des bords de l'Escaut. Réponse a M. Alph. Wauters et à M. Léon Vanderkindere par J. Gantrelle, 190; les origines de la population flamande. Réponse à M. Alph, Wauters par TABLE DES MATIÈRES. 587 Léon Vanderkiodere, 211*; les élections municipales à Pompéi, lecture par P. Willems, -491. — Voir Concours quinquennal et Littérature épislolaire. Jubilés et manifestations. — Cinquantenaire de la Société des naturalistes de Cassai, 66; cinquantenaire de la Société des antiquaires de Picardie à Amiens, 155; médaille d'or à offrir à M. P.-J Van Beneden, à l'occa- sion de son cinquantenaire, 128*, 201*. '259, 535; remise à M.Stasd'une médaille frappée en son honileur par la ville de Louvain, 534; M. Piot délégué au centième anniversaire de la Société royale de littérature, histoire et antiquités de Stockholm, 313; MM. Rivier et Vanderkindere délégués au 500"^ anniversaire de l'Université de Heidelberg, 430. Littérature épislolaire. — LJne lettre inédite du prince Léopold de Saxe- Cobourg à la duchesse Marie-Amélie d'Orléans, par G. Frédérix, 491. M. Mathématique. — M. Ern. Cesàro soumet un travail Intitulé: Sur l'étude des événements arithmétiques (imprimé dans les Mémoires in-4°), 66; rapport sur ce travail par MM. Catalan et Liagre, 139*, 146*; sur le nombre des groupes communs à des involutions supérieures marquées sur un même rapport, par C. Le Paige, 121; détermination du reste dans la formule de la quadrature de Gauss, par P. Mansion, -i93; lecture du rapport fait sur ce travail par MM. Catalan, De Tilly et Le Paige, 270, 273; M. Ch Lagrange soumet un travail intitulé : Théorèmes de mécanique céleste indépendants de la loi de l'attraction, 267; sur le calcul ap[iroché de certaines intégrales définies, par J. Deruyls, 507; rapport sur ce travail par MM. Le Paige et Catalan, 279, 280; M. Deruyls soumet un mémoire sur une classe de polygones conjugués, 332. Mécanique. — Rapport de M. Maus sur diverses notes de M. Martin concer- nant une machine à vapeur régénérée, la canalisation, la progression des bateaux contre les courants, etc , 78; restitution à M. Lissignol de son manuscrit sur Tapplicalion de la théorie mécanique de la chaleur. 588 TABLE DES MATIÈRES. 331 ; dépôt aux archives d'une note de M. Boblin, relative à l'évitement des rencontres des trains, 332. Météorologie et physique du globe. — Lettre de M. le général de Commines de Marsilly au sujet de la communication du général Baeyer relative à une oscillation annuelle du niveau de la mer Baltique, 8 ; de l'inQuence de l'attraction lunaire sur le baromètre à mercure, par J. Liagre, 86 ; réponse à la note précédente, par F. Folie, 87; une simple remarque fort utile pour la détermination en voyage de la déclinaison magné- tique, par F. Folie, 90; lecture d'un rapport fait sur ce travail par MM. Houzeau et Liagre, 76; sur l'état de la végétation, le 21 avril 1886, par G. Dewalque, 405. Musique. — M. Ch. Meerens adresse une lettre et une brochure relatives à ses expériences d'acoustique musicale, 363. N. Nécrologie. — Annonce de la mort de MM. L.-P. Gachard, 43; Th. Labrouste, 33; Emmanuel Miller, 134; Paul Baudry, 217 ; Éd. Mor- ren, 126*;G. Nypels,313; B»" Bernard de Kœhne, 313; L. Melsens, 330; Léopold Ranke, 533; Georges Waitz, 356. Notices biographiques de Cannuaire. — M. Candèze désigné pour faire la notice de M. Morren, 126; M. Stas rédigera celle de M. Melsens, 330. O. Ouvrages présentés. — Janvier, 59; février, 219, mars, 260; avril, 322 ; mai, 526 ; juin, 565 l». Philologie. — Nouvelles recherches sur la 8^ classe des verbes sanscrits, par M. Van den Gheyn, 242 ; rapports sur ce travail par MM. C. de Harlez, F. Nève et L. Roersch, 207*, 208*, 209*. Philosophie. — Voir Concours de la Classe des lettres. Physique. — Détermination des variations que le coefficient de frottement intérieur des liquides éprouve avec la température. Considérations théoriques qui découlent de l'observation de ces grandeurs, par P. De Heen, 29; détermination d'une formule théorique exprimant la force élastique des vapeurs saturées en fonction de la température, par P. De Heen, 163* ; note louchant la loi qui régit la dilatabilité des liquides TABLE DES MATIÈRES. 589 par P. De Ileen, 5i5; lettre de M. G.-A. Hirn à M. Liagre, secrélaire perpétuel de l'Académie, 131*; examen des critiques de M. Hirn sur la théorie ciiiéiique des gaz, par R. Clausius, 175*; avis exprimés sur ce travail par M.M. Folie, Van der Mensbnigghe et Melsens, 15o*; M. Hirn soumet un nouveau travail intitulé : La cinétique moderne et le Dyna- misme de l'avenir, 536; emploi du téléphone dans la recherche des dérangements des lignes électriques, par Éric Gérard, 536 ; rapports sur ce travail par MM. Momigny et Maus, 76, 77; sur Tinstabilité de l'équi- libre de la couche su|)er(icielle d'un liquide, par G. VanderMensbrugghe, 541 ; lecture du rapport fait sur ce travail par MM. Spring et De Heen, 558; sur la transparence du platine [)ar Éd. Van Aubel, 408; rapport de M. Stas sur ce travail, 336. — Voir : Musique^ Speclroscopie. Physiologie. — Voir Botanique, Zoologie. Prix Casiiau. — Mémoire reçu pour la S*" période, 164; sur sa demande l'auteur est remis en possession de son manuscrit, 201, Prix De Keijn (5* concours, ^1^ période). — .Membres du jury, 5, 54, 75; notification des propositions du jury, 318; lauréats, 488; rapport du jury, 500; proclamation des résultais, 514; remerciements, 356. Prix du Roi. — Programme du prix à décerner en 1889, 3; prix du con- cours internationn;il de 1881, attribué à M. P. De Mey pour sou étude sur le régime de la côte et sur les |)orls mari.imes de la Belgique, 330; proclamation de ce résuliat, 516. Prix de Slassarl pour une notice sur un Belge célèbre {David Teniers).— Mémoires reçus, 164; lecture des rapports de MM. Stecher, Piot et Hymans, 318; impression de ces rapports, 478, 482, 483; proclamation des résultats, 514. S. Scieîices sociales. — Voir Concours de la Classe des lettres et Histoire. Séances de la Classe des sciences : janvier, 1; février, 65; mars, 125'; avril, 265; mai, 330; juin, 583; — de la Classe des lettres : janvier, 45;février, 154; mars, 200*; avril, 512; mai (10), 429; mai (séance publique du 12), 490; juin, 558 ] — de la Classe des beaux-arts .-jan- vier, 55; février, 2)6; mars, 259; avril, 319; mai, 52^; juin, 565; — .séance générale des trois Classes du 11 mat 1886, 517. Speclroscopie. ^ M. Fievez soumet un essai sur l'origine des raies de Frauenhofer en rapport avec la constitution du soleil, 128*. 5™* SÉRIE, TOME XI. ^' 590 TAHLE DES MATIERES. Zoologie. — Contribution pour servir à l'histoire de la vésicule germina- live Communication préliminaire par Ch. Van Bambeke, 14; note sur un poisson d'eau douce nouveau pour la faune belge, par Ém. Gens, 150; avisexprimé sur ce travail par MM. Éd. Van Benedenet Ch.Van Bambeke, 76; revision du Synopsis des Agrionines; communication de M. de Selys Lonchamps (imprimée dans les Mémoires in-S»), 148* ; M. P.-J. Van Beneden soumet un mémoire intitulé : Histoire naturelle de la baleine des Basques (imprimé dans le Recueil in-8"), 332; lecture des rapports faits sur ce travail par MM. Van bambeke et de Selys Longchamps, 537. — Voir Géologie, etc. TABLE DES PLANCHES ET DES FIGURES. Page 11. — Diagramme (étoiles lilanles du 27 novembre 1883). — 44.— Appareil pour la détermination des variations que le coefficient de IVoltemenl intérieur des liquides éprouve avec la tempé- rature (P. De Heen). — 120. — Volcan de Goonong-Api (section de roches); par A.-F. Renard, — 164*. — Roches de l'île de Kanlavu (macles), par A.-F. Renard. — 130, 141. — Les microbes du sol; recherches expérimentales (figures par Ém. Laurent). — 404. — Chaleur des alliages de plomb et d'étain. (Appareil d'expé- rimentation et diagramme), par W, Spring. ERRATA. Page 494, ligue 18, au lieu de : Cromivel, lisez : Cromwetl, — 495, ligne 3, au lieu de : 12 avril 1828, lisez : 21 avril 1828. — 497, ligne 16, au lieu de : îion, lisez : iiow. — 498, ligne 2, au lieu de : Darwing, Usez : Draicing. ►®'S>'S'S«< PLBLICATIOiNS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQIE. IVoiiveuux JVIi'nioircM, lonies i-XIX (1820-1845); in-4". — Mémoires, lomes XX-XLVI, l"'' et 2^ fasc. (1846-1880); in-i". — Prix : 8 fr. par volume à partir du tome X. , Alénioires couronnés, tomes 1-XV (1817-1842); in-4". — illénioires couronné.*! et Ménioli-es clés Haraiit.^ étrang;erM, tomes XVI-XLVI; XLVIll, l'Masc. (1845-1886); in-4"'— Prix: 8 fr. par vol. à partir (^ tome XII. ItléniaircH couronnés, in-S", tomes I-XXXVjj. Prix : 4 fr. par vol. Tablée* de L,og;uri(hnies, par MM. Namur el Mansion, iii-8". Tables des Mémoires (1816-1857) (1858-1878). ln-18. Annuaire, l"^*^ à 52"'^ année, 1855-1?<86; in-18. Fr. 1,50. nulletins, l""*" série, tomes l-XXIIl; — 2« sér., t. I-L; — 3« sér., l. I-X, in-80. — Annexes aux Bulletins de 1854, in-8°. — Prix : 4 fr. par vol. Tables générales des Bulletins : tomes 1-XXIll, l»"' série (1852-1856). 1858, in-«". — 2»^ série, tomes 1-XX (18.57-1866), tomes XXI-L (1867- 1880), 1885; in-8". lllbliographie académique. 1854; 1 vol. in-18. — 1874; 1 vol. in-18. Catulotfue de la Bibliothèque de TAcadémie. 1850j nouvelle édition, l'''" partie; S''*" partie : sciences 1881-81; in-8". Catalogue de la bihiiolliécpie de M. le baron de Slassart. 1800 5 in-8«. Centième anniversaire de foiidation(ni^-lS'i'2). 1872; 2 vol. gr. in-8. Commission pour In publication des monuments de la littérature flamande. OlCiivres «le l'an Jlnerlant : Deii N.ATunEN RLOEME,lome I""»", publié par W. J. Bormnns, 1857; 1 vol. iii-8"; — Hvmiîvbel, avec Glossaire, publié par M.. I. David, 1858-1800; 4 vol. ln-8°; — Alexam>ers Geesten, publié par M. Sncllaert, 1860-1862; 2 vol. in-8". — i\c. aî,-3-.iff||jf| 256 675