HARVARD UNIVERSITY. LIBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY. (k 'XCn CL/T^O- J{mtjy.^l^i,l'^']'j BULLETINS Nov a ^iJf L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. eS""* ANNÉE, 3™*= SÉRIE , T. XXX. 1895. BRUXELLES, F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE l'aCADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX- ARTS DE BELGIQUE, rue de Louvain, 112. HDCCCXCV. BULLETINS DE ;agadémif. royale des sciences DES LETTRES ET DES BEAIX-ARTS DE BELGIQIE. BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. SOIXANTE-ClNQriÈME ANNÉE. — B-^^ SÉRIE, T. :^0. m - BRUXELLES, F. HAYEZ, IMPRIMEUR DE l'aCADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE, rue de Louvain, 112. ^89^ \ Nov 3 n:!-' BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAIX-AHTS DE BELGIQUE. 1895.- ]N°7. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 6 juillet {895. M. G. Van der Meinsbrlgghe, directeur. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpélueL SoDl présents: MM. Brialmonl, vice-directeur; le baron Edm. de Selys Longchamps, Gluge, G. Dewalque, E. Candèzc, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alpli. Briart, F. Plateau, Fr. Crépin, J. De Tilly, Ch. Van Bambcke, W. Spring, Louis Henry, M. Mourlon, P. Mansion, J. Delbœuf, P. De Heen, C. Le Paige, F. Terhy, J. Deruyls, H. Valerius, L. Fredericq, membres; Cil. de la Vallée Poussin, associé; J.-B. Masius, L. Errera, J. Keuberg, Alb. Lancasler et G. Cesàro, correspondants. M. Camille Matignon, agrégé des sciences physiques, docteur en sciences, à Lille, assiste à la séance. 3°" SÉRIE, TOME XXX. 1 (2) CORRESPONDANCE. La Classe s'associe aux senlimenls de regret qui ont élé soulevés dans le monde savant au sujet de la mort de Th.-Henri Huxley, associé de la section des sciences natu- relles depuis 1874, né à Ealing près de Londres le 4 mars 1825, décédé dans celle dernière ville le 29 juin 1895. — M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics envoie, pour la bibliothèque, un exemplaire des ouvrages suivants : Carte géologique de la Belgique à l'échelle du 40,000' dressée par ordre du Gouvernement, feuilles 41, 43, 57 59, . 73,74,85,99, 101, 102 et 112; Diagrammes des variations de niveau de la mer, à Os tende, en 4894. M. le Ministre de la Guerre offre un exemplaire de la Carte topographique de la Belgique à l'échelle du 40,000" (édition en couleurs), 1" livraison; avec note explicative. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages. 1° Bapport annuel sur la situation de la Société royale de botanique de Belgique pendant l'année 4894; par Ch. Van Bambeke; 2° Cosmos, n" 541, contenant une réponse de M. La- grange à l'article publié par M. Folie dans le n° 539 de la même revue (avec une note qui ligure ci-après); 3" A. Notice nécrologique sur J.-E. Bommer; B. La feuille comme plaque photographique ; par L. Errera; (3) A" Histoire de l'école cartographique belge et anversoise du AT/' siècle, lomes I et II; par le lieutenant général Wauwerraans (présenté par le général Brialraont); 5° Berichtigung zu H. Boheman's Milteilung ûber Inter- cellulâibrûcken...; par C. De Bruyne. — Remerciements. M. le D"" Ad. Vandenbcrghe, préparateur à l'Université de Gand, demande le dépôt d'une lettre cachetée dans les archives. — Accepté. — La Classe renvoie à l'examen les travaux manuscrits suivants ; i" Sur le molybdène, par le D' Ad. Vandenberghe, pré- parateur à l'Université de Gand. — Commissaires : MM. Springet Henry; 2° Note cristallographique sur la cotunnite artificielle ; par le D"" F. Slôber, préparateur-répétiteur à l'Université de Gand. — Commissaires : MM. Renard et Ch. de la Vallée Poussin; 3° Sur un appareil géométrique; par J. Rasmussen, de Copenhague. — Commissaire : M. Neuberg. PRIX CH. LEMAIRE EN FAVEUR DE QUESTIONS RELATIVES AUX TRAVAUX PUBLICS. La Classe prend notification de la réception de l'ouvrage suivant pour la deuxième période de ce concours triennal, expirant le 50 juin dernier : Les différents types de portes ( ^) d'écluse et le calcul de leur résistance; par G. Haerens. Gand, 1894, in- 8°. Elle désigne comme membres du jury chargé de juger le concours, MM. Briarl, Yan der Mensbrugghe et De Heen. NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. J'ai l'honneur de présenter à la Classe un exemplaire du numéro du 8 juin 189o du journal le Cosmos. Il con- tient une réponse à l'article publié par M. Folie dans le n" 539 du même journal. Comme il s'agit en tout ceci d'une affaire jugée, je prends occasion de déclarer que quelle que soit la suite que l'on estimera convenable de donner encore au débat, je ne répondrai plus, et ceci sera mon dernier mot. Ch. Lagrange. RAPPORTS. Sur les fonctions hypergéométriques de seconde espèce et d'ordre supérieur (deuxième communication); par M. J. Beaupain. nappoft de n. J, Det'uyia, pt'etnie»' cotntniaBait-e , « Dans un mémoire récent, dont l'Académie a décidé l'impression, M. Beaupain a exprimé par une formule d'intégrale définie la dépendance des solutions des équa- tions x-V"' H- L,x"-'//('-" H- ... j H- L„_,y' = x"'î/"'^ H /»-,x"-Vy'"'"" -^ ••• -*- Ky, ) a"-'(x — l)y") -+- a'-^(a,x — 6,)y" '> -4- •■• I -^ (fl„_,x — 6„ ^)y' -+- a,y = 0, (m < w — 1). j ( ^ ) Les conséquences de ce résultai ont été développées pour l'équalion x-^yi") -t- L,r"-V-" -♦-•••-+- L,._,^' — y = 0, (III) (m = 0), qui correspond à Ij fonction hypergéomélrique F(PlP2-P„-i3c)- Les recherches actuelles forment une suite importante du premier mémoire de l'auteur; elles s'y rattachent de plus par la méthode d'investigation. M. Beaupain établit d'abord la réduction de l'équa- tion (I) à l'équation (IN Uu (IV) sous certaines conditions, les solutions de ([) peuvent s'écrire : y _y^\(»-.»-o (-:)'•-"-', -,^V(/. . (V) Pour m = 0, n > 2, la détermination de la constante p. résulte de l'examen de cas particuliers. En faisant usage de la relation (V), l'auteur a été conduit à exprimer les solutions principales de l'équation (II!) par de nouvelles intégrales (n — 1) uples relatives au champ des variables complexes. La fonction à intégrer est la même pour les n — 1 solutions multiformes; elle se modifie quelque peu pour la solution uniforme (on suppose du reste que les quantités p„ p, — p* ne sont pas entières ou nulles). La démonstration des résultats est basée sur l'étude d'inlé- ( 6 J grales déjà considérées par M. Pochharamer, dans des cas parliculiers. M. Beaupaiii indique d'ailleurs les valeurs des paramètres p pour lesquelles on peut simplifier les contours des intégrales ou abaisser l'ordre de multiplicité. Les formules du manuscrit sont très nombreuses; j'ai dû me borner à quelques vérifications qui me donnent toute confiance dans l'exactitude des résultats. Comme dans ses recberches précédentes, l'auteur a disposé avec une grande habileté des ressources du calcul intégral. J'ai l'honneur de proposer à la Classe d'ordonner l'impression du travail de M. Beaupain dans les Mé- mo it^es in -4°. » MM. De Tilly et Le Paige se rallient à celte proposi- tion, qui est adoptée. Sur une déformation des surfaces de révolution; par M. Alphonse Demoulin. napport do n . J . Defuytgf pt'entiet' comntianaiê^o. a Daii^s la courte note de M. Demoulin, on trouve signalée une classe de surfaces S qui a pour rfs^ l'élément linéaire des surfaces de révolution. Les surfaces S peuvent être définies par V X ■¥■-:= Rapport de n. Malaiae, troisième con*tnia*aire. d Je m'associe aux conclusions des honorables premier et deuxième commissaires. Je suis heureux que plusieurs ingénieurs agricoles de Gembloux nous soumettent leurs travaux scienliflques. Sans vouloir inlirmer en rien le mérite du travail de M. Sluyvaert, je ne crois pas inutile de faire observer que les analyses des terres faites actuellement en Belgique, rappellent singulièrement celles que, pour les roches, les pétrographes appellent une analyse brute : c'est-à-dire que, de même que pour celles-ci, on indique bien la composi- tion, mais nullement la répartition des éléments, ce à quoi l'on pourrait arriver en s'aidanl de l'analyse microsco- pique. De cette manière, on justifierait les déductions que l'on a cru, parfois, pouvoir tirer quant à l'origine de cer- taines terres. » La Classe, adoptant la proposition de ses commissaires, décide que le travail de M. Sluyvaert sera imprimé au Bulletin. ( 10) Des affinités de l'hydrogène à chaud. — Action sur l'ar- senic et Vantimoine ; par le D' A.-J.-J. Vandevelde. itappoft «fe n. W. Spfing, pfenttef comittUanife. 4 M. Vandevelde a soumis à un contrôle minutieux les conclusions que M. Retgers a cru pouvoir tirer de cer- taines expériences faites en vue de s'assurer si l'hydro- gène se combine directement, à chaud, avec le phosphore et avec l'arsenic. Dans une note insérée dans le Bulletin de la séance du mois de mars dernier, l'auteur a prouvé qu'il ne se pro- duit pas de phosphamine quand on chauffe du phosphore rouge dans un courant d'hydrogène. Aujourd'hui, M. Van- develde nous communique le complémentde ses recherches. Il s'est assuré, cette fois, toujours contrairement à Ret- gers, que l'hydrogène ne s'unit pas directement à chaud avec l'arsenic et, allant plus loin, il établit que l'anlimoine ne donne pas lieu non plus à un phénomène de combi- naison avec l'hydrogène moléculaire. 11 se trouve donc acquis qu'aucun des métalloïdes de la série de l'azote ne se combine directement avec l'hydrogène à température élevée; mais le phosphore, l'arsenic et même l'antimoine ont, à un degré plus prononcé qu'on ne l'avait cru jusqu'ici, la propriété de se volatiliser ou d'être entraînés par des courants de gaz, d'ailleurs sans action chimique sur eux. Les expériences de M. Vandevelde sont très bien con- duites; elles ont été contrôlées dans toutes leurs parties et elles me paraissent décisives. Je propose donc bien volon- ( M ) tiers à la Classe l'insertion, dans le Bulletin de la séance, de la nouvelle note de M. Vandevelde. » Celte proposition, à laquelle se rallie M. L.Henry, second commissaire, est adoptée. Recherches sur les aplilndes réactîonnelles des dérivés bromes orf/n>ii(}ues; par Ed. Bourgeois. napftOÈ't de m. II'. Spfittg^ fifentiew cotntniasaife, « M. Rd. Roiirgoois, docteur en sciences et chef des travaux à l'Institut de rhiuiie générale de Liège, a entre- pris d'étudier les vitcsies réaclionnelles des dérivés halo- gènes d'un grand noud)re de substances organiques différanl par leurs structures aussi bien que par leurs fonctions. Le but de ce travail est d'arriver à posséder des renseignements sur l'indiience exercée par la struc- ture des groupes carbonés sur l'attache du halogène et de parvenir, de la sorte, à des conclusions sur l'état dyna- mique comparatif des chaînes carbonées. Avant d'enlrcfirendre les mesures quantitatives des ma- tières formées dans l'unité de temps, il était nécessaire de connaître, par un travail préalable, les réactions suscep- tibles d'être mesurées. C'est celte première partie de ses recherches que M. Bourgeois (»rèsente aujourd'hui à l'Académie. Elle comprend l'exposé de la préparation et la description d'un grand nombre de sulfures cycliques presque tous nou- veaux. L'auteur a constaté, il y a déjà quelque temps, que Ton peut vaincre l'inaptitude réactionnelle des dérivés bromes cycliques si on leur présente, au lieu d'un Ihiol, un thio- (12) late de plomb : la réaction se passe alors aisément. Sou- vent même elle est absolument nette et quantitative. Neuf thiolates de plomb différents (quatre aliphatiques et cinq cycliques) ont été traités par des dérivés bromes cycliques formés par substitution directe, c'est-à-dire par les dérivés les plus stables. En tout il y a eu, de la sorte, quarante-cinq réactions différentes. L'auteur a constaté que ces réactions présentent à peu près la même allure. Le mélange des réactifs forme d'abord une pâte jaune qui, cbauffée à 170°, devient un liquide rouge. Il y a alors dissolution du composé plombique, mais sans réaction chimique. Si l'on chauffe ensuite à 180% la réaction se déclare : il y a formation d'un ihioélher et d'un bromothiolate de plomb, puis enfln la réaction s'achève et aboutit an sulfure organique et au bromure de plomb. De ces trois phases, la deuxième seule se prêle à des mesures quantitatives, la troisième est compliquée de réac- tions secondaires. M. Bourgeois fait connaître ensuite les résultats de l'ana- lyse et de la détermination des constantes physiques de trente-quatre sulfures aromatiques dont cinq seulement étaient connus. S'il a fait mention de ceux-ci, c'est parce qu'il a pu les obtenir dans un état de pureté plus grand et corriger plusieurs données erronées qui étaient répandues à leur sujet. C'est ainsi que le sulfure de phényle pur est presque inodore; il n'a pas cette odeur désagréable qu'on lui a attribuée; son point d'ébullition est à 296° et non à 292" (sous 0^,7 60) ; sa densité est 1 ,1 29 et non 1 ,i 20 à 4*. Voici, au surplus, la liste complète des sulfures étudiés : 1. Sulfure de phényle : (CCIP)^ S, le phène tiophène. ( 15 ) 2. Les trois sulfures de phénylcrésyle C^^H^.S. C^H*. CH3, a. le pbène thio 1,2' mcihyl i phène. 6. le phène tliio 1.5' méihyl l pliène. c, le pbène ihio 1.4' mcihyl i pbène. 3. Trois des six sulfures de phénylxylyle ; a. le pbène lliio 1-4- dimëlbyl 1-2 pbène. 6. le pliène tbio 1-4- dimëlbyl 1-5 pbène. c. le pbène tbio 1-6- dimëlbyl 1-4 pbène. 4. Un sulfure de phénylmésilyle: le phène thio 1,6- Irimëlhyl i, 5, 5 phène. 5. Trois des six sulfures de dicrésyle : a. le niëlbyl 1 phène thio 2-4' mëtbyl 1 pbène. 6. le niëlbyl 1 pbène tbio 5-4' mélbyl 1 pbène. c. le mëlhyl 1 phène ibio 4-4' mëlbyl 1 pbène. 6. Trois des dix-huit sulfures de crcsylxylyle : a. le mcihyl 1 pbène ibio 4-4' dimëlbyl 1-2 pbène. b. le mëlbyl 1 pbène tbio 4-4' dimëlbyl 1-3 pbène. c. le mëlhyl 1 phène ibio 4-0' dimëtli)! 1-4 phène. 7. Un des trois sulfures de crésylmésityle : le méihyl 1 pbène-tbio 4,6' trimëlbyl 1, 5, 5 phène. 8. Les deux sulfures de phénylnaphlyle : a. le phène thio 1,1' napbtène. 6. le phène thio 1,2' napbiène. 9. Les six sulfures de crés}lnaphlyle: a. le mëlbyl 1 pbène tbio 2.1' napbiène. b. le mëthyl 1 phène thio 2.2' napbiène. ( ii ) c. le méthyl 1 phène tliio ~k\' napli'ènc. d le mclhyl i pliènc ihio 5."2' nii|)lilèiic. e. le mélliyl i phène lliio 4.1' iinphtcnc. f. le méthyl \ phène ihio 4. "2' naphlène. 10. Les six sulfures de xyiylnaphiyle : a. le dimélhyl 1.2 phène Ihio 4.1' naphlène. 6. le dimélhyl 1.2 phène Ihio 4.-2' naphlène. c. le dimélhyl 1.5 phène thio 4.1' naphlène. d. le dimélhyl 1.3 phène Ihio 4.!i' naph'ènc. e. le dimélhyl 1.4 phène Ihio G.l' naphlène, f. le dimélhyl 1.4 phène ihio G.li' na|»htène. ii. I^es deux sulfures de mésytylnaphlyle : a. le Irimélhyl 1.3.5 phène Ihio 0.1' napliiènc. 6. le Irimélhyl 1.3.5 phène ihio G.-.:' naphlène. 12. Les trois sulfures de dinaphiyle : a. le naphlène thio 1.1' naphlène. b. le naphlène ihio 1.2' naphlène, c. le naphlène thio 2.2' naphlène. Soil, en tout, Irenle-qualre substances. Le travail de M. Bourgeois a élc exécuté avec branccnp de soin et d'habileté; son imporinnceM^ marquera davan- tage encore lorsque la seconde paille de ces nclierclics sera terminée, savoir : les détenuinalions dynamiques auxquelles il a été fait allusion plus haut. J'ai l'honneur de proposer l'insertion de ce travail dans les Mémoires in-8°. j> ( b MMeett, pfvmief cotutniataife, « L'une des idées qui dirigent l'auteur dans son travail, consiste à dire que les vibrations sonores déterminées dans le phonographe et dans le téléphone sont le résultat, non pas de vibrations élastiques, telles que celles que l'on observe par exemple dans une barre vibrant transversale- ment, mais sont, au contraire, exclusivement dues aux vibrations moléculaires telles que celles que l'on observe dans un barreau vibrant longiludinalement. Mais en réalité, ce travail renferme des considérations dont l'importance est bien autrement grande que celle de la théorie d'un appareil. L'auteur ne paraît pas se douter que la conclusion de ses recherches constitue le renverse- ment d'une des plus belles conceptions de la physique moderne : l'idenlité de l'éleclricilé et du magnétisme. Voici un de ses résultats d'expérience : Si on approche du pôle d'un ainiant une lame d'acier très mince, elle s'ai- mante, tuais les deux faces de celle-ci ont une polarité de même nom. Ce qui revient à dire qu'une lame très mince serait parcourue par deux systèmes de courants moléculaires de sens contraire. M. Bech nous parle de courants magnétiques (?) de (19) signes contraires qui se repoussent dans un aimant, alors qu'il n'y a en réalité que des courants de même sens qui s'attirent, ainsi que cela se passe dans un solénoïde. Je suis d'avis que si des faits paraissent en contradic- tion avec une doctrine aussi importante que la théorie d'Ampère, ils doivent être examinés, mais non pas d'une manière que je pourrais désigner par le qualificalif d'occa- sionnelle. Il faut que toutes les facultés de l'auteur soient concentrées sur ce point de premier ordre. Ce n'est que plus tard, lorsque la nouvelle doctrine est établie ou bien lorsque l'ancienne est convenablement adaptée aux faits nouveaux, que l'on peut songer à l'appliquer afin de don- ner l'explication d'un appareil quelconque. En conséquence, je propose à la Classe de déposer ce travail aux archives. » Kapport de U, Van def lHenabt't*gghe, second coinn»i«saife. « Après avoir examiné la nouvelle rédaction du mémoire de M. Bech, je dois déclarer qu'elle m'a paru aussi peu claire, aussi imparfaite que la première; trop souvent l'auteur formule des conclusions qui ne s'appuient pas sur des faits incontestables. En conséquence, je me vois forcé de me joindre à mon savant confière, M. De Heen, pour proposer le dépôt du travail de M. Bech aux archives. » M. Spring, troisième commissaire, se rallie aux conclu- sions des rapports de ses savants confrères. En conséquence, la Classe ordonne le dépôt aux archi- ves du travail de M. Bech. ( 20} Sur les DiCLiDOPHORiNAE {Cerf.); par Paul Cerfonlaine, assistant à l'Institut zoologique de l'Université de Liège. MSappoft de M. Étt. Vnn Mtenedett, pt'ftnief coitttnittnife» « Le travail que M. Cerfontaine présente aujourd'hui est la suite de ses études sur les Octocotylides, de son mémoire sur le genre Anihocolyle et de ses recherches sur les Dactylocotyles, dont la Classe a décidé l'impression dans le Bulletin. L'auteur nous fait connaître l'organisa- tion d'une espèce nouvelle du genre Dididophora qu'il a trouvée sur les branchies du Labrax Lupus. Après avoir analysé avec soin les caractères extérieurs de l'animal et toutes les particularités que révèle l'examen par transpa- rence, il a recours aux coupes sériées pour la description de l'organisation interne. Les organes de fixation, l'appa- reil digestif, le système nerveux, la musculature, l'appareil sexuel mâle et l'appareil femelle sont successivement passés en revue. Nous remarquons surtout le chapitre relatif à la texture des muscles des ventouses postérieures. M. Cerfonlaine a reconnu que le système des ûbres radiaires de ces ventouses, dont la nature musculaire était encore problématique, se constitue chez le Dididophora labrads âe fibres striées; les unes ne montrent qu'un seul système de stries transversales; chez d'autres l'on trouve des stries répondant au disque intermédiaire, d'autres an disque épais des libres des Arthropodes et des Chordés. Ces différences dépendent de l'état de contraction. Jus- qu'ici l'on n'avait observé de tissu musculaire strié que chez un nombre très restreint de Platodes : (trompe des { 21 ) Télrarhynques (Pinlner), veQloiise postérieure du Merizo- coljjle diaphanum (Cerfonlaine) et du Monocotyle Ijima (Goto)). Constatons encore que M. Cerfonlaine a trouvé chez son Dididopliora un canal génito-intestinal. Le genre Diclidophora a été créé par Diesing pour désigner des vers qui doivent prendre place dans le genre Dactylocoiyle. Tout récemment le nom a été détourné de son sens primitif et employé [)ar Goto pour dénommer quatre Oclocotylides trouvés par lui au Japon. M. Cerfon- taine démontre que leTrématode du Labrax Lupus est très voisin de deux des formes décrites par Goto. Il propose de conserver pour ces trois formes le nom de Diclidophora et de faire des deux autres espèces décrites par Goto, Diclidophora sessilis et Diclidophora letrodontis, les types de deux nouveaux genres, Cyclobothrium et Helerobo- thriiim. Il réunit les trois genres Diclidophora, Cyclobo- thrium et Helerobothrium en une section des Diclido- phorinœ. Le nouveau mémoire qui nous est soumis se dislingue par les mêmes qualités que ceux qui l'ont précédé. Aussi je j)ropose à la Classe de décider l'impression du travail de M. Cerfonlaine dans le Bulletin de la séance, d'ordonner la reproduction de la planche qui accompagne le texte et d'adresser des remerciements à l'auteur, » M. Ch. Van Bambeke, second commissaire, se rallie à la proposition du premier commissaire. Celle proposition est adoptée. ( 22 ) COMMUiNICATlONS ET LECTURES. A propos d'une récente communication de M. W. Prinz sur les photographies lunaires; par F. Terby, membre de l'Académie. Le n° 4 des Bulletins de l'année 189o (1) renferme une noie de M. Prinz, note dont l'Académie a ordonné l'im- pression séance tenante, à la suite d'un rapport unique de M. Folie. De deux choses l'une : ou bien notre confrère n'a pas hi ce travail dans toutes ses parties, ou bien l'au- teur y a introduit, après coup et sous forme de note, cer- tain passage qui aura échappé à l'attention du Commis- saire et du Secrétaire (2), pendant l'impression. L'on est (i) Bull, de l'Acud.roy. de Belgique, 5* sér., t. XXIX, pp. 527-536. (2) M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie m'a fait connaître, depuis, que le manuscrit de la note additionnelle de M. Prinz porte, de la main de celui-ci, après la fin de phrase suivante: « ... plutôt que de les laisser servir aux instables découvertes d'un seul >, les mots : 0 (Note ajoutée pendant l'impression) ■> Vu par le Directeur de l'Observatoire avec qui je suis d'accord « pour cette ajoute. W. Prinz. • En présence de ce fait et conformément au désir exprimé par M. le Secrétaire perpétuel, j'ai cru devoir, dans l'intérêt delà vérité, laisser subsister le premier alinéa de ma note. F. T. (23; réduit à ces deux allernalives, parce qu'il me semble im- possible d'admettre que l'Académie insère dans son recueil, autrement que par le fait d'une surprise, un passage abso- lument désobligeant et injuste à l'adresse d'un savant étranger. Le Docteur Weinek, directeur de l'Observatoire de Prague, est l'auteur de nombreux travaux sélénographi- ques qui, depuis plusieurs années, ont excité l'admiration de tous les sélénographes; le talent dont il a fait preuve a déterminé M. Holden, directeur de Lick Observatory, puis MM. Lœwy et Puiseux, de l'Observatoire de Paris, à lui communiquer leurs clichés pour les soumettre à ses mé- thodes d'agrandissement; Ja dernière de ces méthodes est l'amplilication pure et simple, sans aucune retouche préa- lable; ses photographies lunaires ont surpassé tout ce qui avait été fait jusqu'à ce jour; ses dessins avaient mérité les mêmes éloges. Certes, les travaux de M. Weinek, comme toutes les œuvres de grande portée, ont donné lieu à des controverses, certains détails sur lesquels il a appelé l'attention sont encore soumis à la discussion. Le corps du travail de M. Prinz traite une question connexe avec une sagacité dont l'auteur a déjà donné mainte preuve; mais n'a-t-il pas senti l'instabilité du terrain où il s'engageait avec trop d'assurance, quand, après avoir fait bien des efforts pour arriver à prouver que la limite de grandeur des derniers objets reconnaissables sur les pho- tographies était de 2,000 mètres, il a été obligé d'accueil- lir le récent résultat de MM. Lœwy et Puiseux, qui rédui- sent cette limite à 1,000 mètres seulement, c'est-à-dire du double au simple? Pourquoi donc, en présence de ces éva- luations si récentes, qui n'ont probablement pas dit encore leur dernier mot, pourquoi a-t-il fallu que notre habile (24) photographe introduisît dans son travail une note où, non content de s'aventurer à faire table rase de lotis les résul- tats de M. Weinek, il a glissé ce dernier alinéa : « L'intérêt des photographies lunaires ne réside pas dans > l'interprétation des choses qui sont près d'échapper à » son pouvoir enregistreur, mais dans la fixation de détails > lisibles, sans erreur, par tous les spécialistes. A ce point » de vue, il serait important de hâter la publication des i> originaux, à une échelle convenable, plutôt que de les » laisser servir aux instables découvertes d'un seul, b Le mot découvertes est souligné. On eut pu, à force d'indulgence, laisser passer cette note, dont l'auteur eût assumé la responsabilité; mais il eût fallu l'obliger alors à supprimer la dernière ligne. Celle-ci : « plutôt que de les laisser servir aux instables • DÉCOUVERTES d'uH seul » dépassc tout à fait, à mon avis, les limites permises. Le seul dont parle M. Prinz n'est autre que M. Weinek, comme le reste de la note et les tendances de l'auteur le prouvent suflisamment; M. Prinz trouve donc mauvais que MM. Holden, Lœwy et Puiseux communiquent leurs clichés à M. Weinek pour que celui-ci en tire ces agrandissements qui excitent l'ad- miration et qui sont de beaucoup supérieurs à ceux qu'a publiés le photographe, si habile qu'il soit, de l'Observa- toire d'Uccle. Telle est la prétention que M. Prinz a placée sous le haut patronage de la Classe des sciences, à l'insu de celle-ci, et aux yeux du monde savant! Je citerais, s'il le fallait, les témoignages des plus célèbres sélénographes de l'époque, pour montrer ce qu'il y a d'injuste dans ces allégations; qu'il me sulTise de dire qu'au moment où M. Prinz invoque l'opinion de MM. Lœwy et Puiseux pour saper par sa base l'œuvre de l'astronome (2Î5) de Prague, au moment plus précis même où je prends ici la parole, les deux savants français expriment une fois de plus, dans les Comptes rendus de t Académie de Paris, la haute estime dans laquelle ils tiennent les travaux de M. Weinek (*). Aussi ai-je la conviction que la Classe voudra bien accueillir ma protestation et l'insérer au Bulletin; elle voudra bien exprimer ainsi, j'en ai l'assurance, que son recueil n'anrait pas dû contenir un passage aussi peu bienveillant à l'adresse d'un illustre savant étranger, une insinuaiion visant à mettre des entraves à une œuvre uni- versellement appréciée, exprimer, en un mot, que ces tra- vaux, en thèse générale, ont droit au moins à \a courtoisie et au respect et que, dans l'espèce, ils méritent ["admira- tion. Recherches sur les dérivés monocarbonés; par Louis Henry, membre de l'Académie. § XI. — Sur la condensation du méthanal avec les paraffines nitrées. J'ai continué l'étude de l'action des paraffines nitrées sur les aldéhydes aliphatiques ("'). J'examinerai dans cette communication ce qu'il en est du méthanal (**') dans ses relations avec le nilro-méthane (*) Comptes rendus, t. CXXI, n» 1. (") Voir Bult. de l'Acad. royale de Belgique, t. XXIX (3^ série), juin 1895. (*") Il ne sera question que de la solution aqueuse à 40 "/o du méthanal, delà maison Mercklin et Lôsekann, de Hanovre. En rendant industrielle la préparation d'un composé aussi irapor- (26) H3C-NO2, el ses dérivés raélliyliques, le nilro-élhane H3C - CHg - (NO2) et le nitro'propane secondaire H C jjV >CH- (NO.), les trois types fondamentaux des paraf- fines nilrées actives. A. Nitro-mét/iane H3C-(N02). Le cas le plus simple est celui de la réaction de trois molécules de mélhanal sur une seule de nitro-mélhane. Les deux liquides se dissolvent l'un dans l'autre. L'in- troduction de quelques petits fragments de carbonate bipotassique détermine une réaction instantanée et très vive; la masse s'échauffe rapidement et entre bientôt en ébullition. il est bon de refroidir. Le liquide refroidi est devenu plus ou moins épais, tout en restant incolore. Abandonné dans le vide, sur l'acide sulfurique, il se prend, après quelques jours, en une masse cristalline. C'est le nilro-bulane tertiaire tri-hydroxylé, produit de l'addition du mélhanal au nitro-mélhane : HjC - NO3 + 3H2C = 0 = (NO,)C - (CH, - 0H)3. Le rendement est intégral. Dans une opération où j'avais mis en réaction, en deux fois, 20 grammes de nitro- mélhane et 75 de la solulion aldéhydique, j'ai recueilli 50 grammes de produit cristallisé, c'est-à-dire la quantité théorique. La réaction du nilro-mélhane, dans ces conditions, a tant au point de vue synthétique par l'inlcnsité de ses aptitudes rcactionnelles que l'oxyde de méthylène H,C = 0, MM. Mercklin et Lôsekann ont certainement rendu un service signalé à la science chimique. ( 27 ) donc élé poussée jusqu'au bout et l'on a passé ainsi de l'étage C, à l'étage C4 en un saut, du moins en apparence. La glycérine nilro-isobutylique (XO,) C - (CHj - 0H)5 ainsi formée constitue un beau corps solide, blanc, cristal- lisant en aiguilles ou en grands prismes et doué, comme la généralité des dérivés renfermant un atome de carbone -C- saus hydrogène, d'une grande aptitude à prendre l'état cristallin. Ce corps se dissout aisément dans l'eau, les alcools méthylique, étbylique, etc., l'acétone; il est beaucoup moins soluble dans l'éther. Sa saveur est fraîche et légèrement amère. Il se fond, en tube étroit, à ISS^-ISQ». Inutile d'ajouter qu'il n'est pas volatilisable. Son poids moléculaire a été déterminé, par la méthode cryoscopique, dans l'eau, par mon (ils, M. Paul Henry. SUBSTA^•CE DISSOUTE ABAISSEMENT POIDS dans 100 grammes d'eau. du point de congélation. moléculaire 2g^593 0%524 151 4e^570 0»,352 130 10es927 1%3I7 153 Le poids moléculaire calculé est 151. On y a trouvé 9,51 et 9,27 "/o d'azote. La formule en demande 9,27 "/o- J'ai vainement tenté jusqu'ici d'obtenir, dans un étal propre à l'analyse, les dérivés 1 et (NO,)HC<^^:^^ (28 ) qui devraient être les produits de la réaction de ime ou de deux molécules de mélhanal sur le nitro-mélhane. C'est le produit d'une réaction totale, la glycérine nitro- isobutylique tertiaire (NO2) G - (CHj - OHjs qui se forme de préférence. On sait que l'alcool nilro-éihylique (NOj) H^C -CH2(0H)ne se prête pas à la distillation, même sous pression réduite (*). B. Nilro-élhane H3C - CHj (NO^). J'examinerai encore le cas le plus simple, celui de la réaction de deux molé- cules de mélhanal sur une seule de nitro-élhane ("*). Le nitro-élhane surnage la dissolution aqueuse du mélhanal; l'introduction de quelques menus fragments de K2CO3 détermine la réaction ; réchauffement, lent d'abord, s'accélère hienlôt; vers 35", tout se dissout; la masse s'échaufle de plus en plus et se met à bouillir; il est bon de refroidir; le thermomètre marque environ 80". Aban- donné à l'évaporalion spontanée dans une capsule à fond plat, le liquide laisse déposer des cristaux d'une parfaite blancheur. Le produit de la réaction est le nitro-bulane tertiaire bi-hydroxylé bi-primaire : [^0^)C + 58* + 58» (No,)c <lances donnent aussi de la stabilité aux solutions de 11-0% ce qui se comprend aisément à présent. Néan- moins, avant de tirer une conclusion générale de ces faits, il convient d'attendre leur condrmation par des recherches complémentaires. SECOND GROUPE u'eXPÉRIENCES. J'ai mesuré l'action décomposante exercée par des solu- tions diverses de sels et d'acides sur le peroxyde d'hydro- gène dans des conditions variées de concentration. A cet effet, j'ai abandonné dans un thermostat, chaque fois S centimètres cubes d'une solution de H-O^ avec 5 grammes dos diverses solutions, pendant un temps déterminé et j'ai litre le peroxyde d'hydrogène restant, à l'aille de permanganate de potassium en solution acide. Pour arriver à des résultats comparables, il est de toute nécessité de faire choix d'abord de vases en verre dont l'action de surface soit autant que possible la même. J'ai donc, par des essais préalables, déterminé la vitesse de décomposition, dans des tubes de verre dur, de solutions contenant la même proportion de H-O- et de sels. En opérant exactement à la même température et dans le même temps, les résultats devaient être les mêmes si l'action de surface du verre était la même. Sur trente tubes essayés, j'en ai trouvé vingt et un dans lesquels la décom- position s'est faite avec une égalité satisfaisante (les diffé- rences comportaient entre ces tubes au plus 0,12 "l^ de la quantité de H^O^ à déterminer). ( ii ) Je me suis trouvé de la sorle en élal de comparer en même temps vingt et une solutions. Les sels et les acides ont été choisis nécessairement parmi les substances passant pour ne pas réagir chimique- ment avec le peroxyde d'hydrogène; les corps oxydables et tous les sels des métaux lourds se trouvèrent donc exclus. J'ai préparé des solutions équimoléculaires contenant par molécule-gramme de sel sec 58,5 molécules-grammes d'eau. Cette proportion a été choisie parce que, pour le moins soluble des sels que j'ai employés, le chlorure de baryum, elle représente une solution saturée à la tempé- rature ordinaire (100 grammes de BaCI^ demandent en effet 353^',27 d'eau pour se dissoudre). On le voit, si toutes les solutions sont équimoléculaires, elles ne se correspondent pourtant pas au point de la saturation et elles représentent un ensemble varié, sim- plifié seulement en ce sens qu'un même poids de solution renfermait le même nombre de molécules. Un essai m'ayant appris que ces solutions ne détruisent le peroxyde d'hydrogène à la température ordinaire qu'avec une extrême lenteur, j'ai opéré, en premier lieu, à la tem- pérature constante de 65". D'autre part, il convient d'opérer sur une solution de H'^O- dont la concentration ne soit pas trop forte, sinon les résultats cesseraient d'être comparables. En effet, si la solution est trop riche, la vitesse de réaction devient telle, avec certains sels, que la chaleur résultant de la décomposition de H^O^ n'a plus le temps de s'écouler, la température s'élève et l'on ne se trouve plus dans des conditions physiques égales. Les tubes contenant les solutions (5 grammes) ont donc été chargés de 5 centimètres cubes d'une solution de (4S j H^O"^ lilrant 36,18 "/o- Us étaient fermés par un bouchon muni d'un tube capillaire livrant passage aux gaz; ils ont été exposés ensemble dans le thermostat, pendant cinq heures, sur un support permettant de les manœuvrer en une fois. Comme le titrage des vingt et une solutions exige près de trois heures, la décomposition de H^O^ a été arrêtée après cinq heures d'exposition à 63° en plongeant, à la fois, tous les tubes dans de Veau glacée. A la température (le 0", la décomposition est insensible, même après trois heures. Voici les résultais obtenus comme moyenne de trois séries : yi d TITIIE CULTE o TITRE CHUTE ■5 SOLUTIONS. -■^ SOLUTIONS. Li en ll-O'^. du htre [',. S eu H-^Qî. du titre (•). tr. z 1 HCl. . . - (;,34 29,8 i 12 SrCl^' . . . 31,47 4,71 2 HN03. . . l!V2l 16,97 13 BaCl-^ . . 32,29 3,89 3 H-^SC' . . 33,21 2,97 14 AlCP . . . 25,29 10,89 ■'t Hsro'' . . 33,C2 2,.^6 -15 Li-^SO* . . 32,73 3,43 8 LiCI. . . . 29,48 6,70 ■16 >'a-^SO>. . 32,45 3,73 G KaCl . . . 30.87 8,:J1 17 MySQi . . 31,22 4,9G 7 KCl . . . . 31,07 u,ll 18 K.N03. . . 32,;'0 3,28 8 RbCl . . . 31,o4 4,04 19 INaNO-^ . 32,97 3,21 9 CsCl . . . 3I,?G i,:.2 20 K-'C03 . . - 36,18 10 MgCl^ . . i8,0b ^,ià 21 Na-'C03. . - 36,18 11 CaCl^ . . . 32,-29 3,20 (*) Le tilrc à roiigine cltiil Ô0,I8 (voir plus liaul). (46) Ce tableau conduit à des conclusions inattendues. On voit d'abord que l'acide chloiliydri(|iip, an tiire employé, ne donne aucune stabilité au peroxyde d'hydrogène: au contraire, il fait partie des corps 1rs plus délétères; l'acide nitrique aussi détruit rapidement le ïPO^. Les acides sulfurique et phosphorique ont une action conservatrice sensiblement égale, mais qui ne s'écarle pas nolablewcnt de l'effet exercé par certains sels. On remarquera que Il-SO* et H^PO^ sont sans action chimique de réduction ou d'oxy- dation sur H^O^, tandis qu'il n'en est pas de même de HCI ou de HNO^. Le premier de ceux-ci réagit suivant les équations 2HCI + H^O^ = 2iro -*- Cl- (I) CP -*- H'O' = 211CI -4- 0' (->) mais sans la formation de la moindre trace d'acide oxygéné du chlore. Je me suis assuré du ("ait par des essais spé- ciaux : le nitrate d'argent précipite tout le HCI à l'élal de AgCI, même quand l'acide a servi à la destruction de plus de cinq fois son poids de H^O- (*). L'acide nitrique peut être réduit par H^O^, mais je n'ai pas encore fait d'essai spécial à cet égard. Si nous comparons à présent l'effet des solutions de sels, nous constatons que ceux-ci, comme les acides, exercent les uns une action relativement conservatrice, les autres une action décomposante. Celle-ci est d'aiilanl plus éner- (*) Je tenais à m'assurer de ce point parce qu'on peut se demander si la présence de HCI dans une solulion de Il'O' ne produit pas une substance clilorée explosible (voir, |à cet égard, mon travail sur la couleur de H'O*). I ( 47 ) giqite que les sels dérivent de bases plus faibles et d'acides plus en état d'être oxydés, ou réduits, par le peroxyde d'hydrogène. En effet, les sulfates de lithium ou de sodium ont produit une chute du titre de 3,43 ou de 3,73 seulement. Le chlorure de magnésium, d'autre part, produit une chute de 8,13; le chlorure d'aluminium, une autre de 10,89, et les carbonates de sodium et de potassium ont tout détruit. Ces faits lendent à démontrer que le peroxyde d'hydro- gène n'est pas une substance neutre, mais qu'il remplit une fonction acide vis-à-vis des sels. Il les hydrolyse en bases et en acides plus profondément que ne le fait l'eau elle-même, et dans la mesure dictée par les masses en pré- sence ainsi que par la puissance relative des bases et des acides proprement dits. L'action des sels sur H^O^ apparaît donc sous une forme qu'on peut esquisser, à grands traits, de la manière sui- vante : Les sels en solution équimoiéculaire, qui ne sont pas démontés (hydrolyses) par le peroxyde d'hydrogène, exercent une action décomposante sensiblement égale {comparez surtout les sulfates et les nitrates); l'espèce chi- mique ne paraît donc pas jouer un rôle prépondérant. La décomposition a une cause physique, sans doute la pression osmoliquPf si tant est que celle-ci dépende plutôt du nombre de molécules en jeu que du degré de saturation de la solution. Peut-être la tension superflcielle joue-t-elle également un rôle; c'est à vérifier. Si, au contraire, les sels sont démontés par H^O^, la base et l'acide qui en résultent agissent individuellement sur le peroxyde d'hydrogène restant. La quantité de peroxyde décomposée dans un temps donné sera alors la somme de l'effet de la base et de l'effet de l'acide. V, { i8) J'ai vérifié la fonction acide de H^O^ par les expériences suivantes : i° Si l'on verse peu à peu une solution de H"^0^ dans une solution d'un carbonate alcalin, le gaz qui se dégage est de l'oxygène presque pur; mais si l'on fait finverse, c'est-à-dire si l'on noaintient le H^O^ en excès en y versant la solution de carbonate, le gaz qui se dégage donne avec l'eau de baryte un abondant précipité de BaCO^. On arrive, de cette façon, à décomposer presque complètement le carbonate alcalin en CO^ et en hydrate d'oxyde (ou de peroxyde ?) alcalin qui continue à réagir avec H*0^ et le détruit. En un mot, l'acide carbonique est déplacé par H20^ 2° Si à une solution étendue de chlorure ferrique, non basique, dont la couleur est jaune clair, on ajoute une solution de peroxyde d'hydrogène, on voit la couleur se foncer aussitôt et prendre la nuance brune du chlorure basique ; puis le dégagement d'oxygène commence et s'ac- célère avec l'élévation de la température. Il y a donc ici également complément de l'hydrolyse déjà due à l'eau, déplacement d'une partie deHCI dont la quantité est sans aucun doute en rapport avec la masse active de H^O^ Ce point peut se vériûer directement. En effet, si le perchlo- lure de fer agit surtout par l'hydrate qui se forme et qui demeure dissous, peut être à l'état colloïdal, la vitesse de décomposition du peroxyde d'hydrogène ne doit pas être simplement proportionnelle à la niasse H^O^. Elle doit se ralentir d'une manière notable quand celle-ci est trop faible pour empêcher l'acide chlorhydrique devenu libre de réagir avec l'hydrate formé, et que l'état colloïdal cesse d'exister. (49) J'ai donc ajouté à 18 centimètres cubes d'une solution de H^0^ 10 gouttes d'une solution de F'Ci^ contenant 234 grammes de chlorure pour 1,000 grammes d'eau, et j'ai déterminé les variations de litre de 15' en 15', à la température de la salle (22°). Voici les nombres obtenus : TEMPS. TITRE DE H'^O*. DIFFÉRENCES OU vitesse de décomposition. 0 .35,10 i5' 30,23 4,85 30' 26,26 3,99 45' 22,94 3.32 60' 20,18 2,76 75' 17,98 2,20 90' 16.15 1,83 105' 14,66 1,49 Le résultat devient évident si l'on relève ces nombres graphiquement. A cet effet, il suffît de marquer sur une horizontale de longueur 55,10 des points distants d'une origine des quantités 30,25 — 26,26, etc., exprimant les litres successifs de H^O^ puis d'élever, en chacun de ces points, une ordonnée égale aux différences correspon- dantes. On obtient ainsi une ligne qui est d'abord droite, ce qui prouve que les différences des titres, c'est-à-dire les quantités de H^O^ décomposées dans un même temps, sont proportionnelles à la quantité de H^O^ restant à décom- poser. Mais cette ligne, qui devrait nécessairement passer 5"" SÉRIE, TOME XXX. 4 (30) par le point 35,10 (où le H^O^ serait nul), tend à couper l'axe en un point distant de l'origine de 28,50. C'est là que la réaction peut donc être regardée comme arrêtée. Or, 3o,10 — 28,50 = 6,60 nous représentera etTective- ment le pour cent, ou la masse relative, de H^O^ qui n'est plus détruit qu'avec une lenteur extrême, par la propor- tion du chlorure ferrique employée. Cette expérience prouve que la vitesse de décomposition d'une solution de H-O- par le chlorure ferrique n'est pas proportionnelle jusqu'à la fin à la quantité de H^O^ en jeu. En un mol, ce n'est pas le sel lui-même qui agit, mais hien les produits de sa réaction chimique avec le peroxyde d'hydrogène. La question de savoir ce qui se passe lorsque le per- oxyde d'hydrogène réagit avec un sel pour mettre son acide en liberté, ne peut encore être résolue à présent. Des expériences complémentaires sont d'autant plus néces- saires que le problème touche de près à la constitution des solutions elles-mêmes. En effet, si véritablement un sel se trouve ionisé dans j-a solution, il n'est pas impossible que les ions réagissent avec le peroxyde d'hydrogène. On aurait alors un processus bien différent du cas où le sel conserverait sa structure intégrale. Si nous supposons l'ionisation de KCI, par exemple, nous pourrons écrire : 2KCI = 2K -+- 2C1, puis 2K -+- H-0- = 2K0H et m H- H^0*=2HC1 + 0*; ( SI ) tandis que, dans Taulre cas, on aurait 2KC1 + 2H*0^ = 2K0 . OH -t- 2HCI. On voit tout do suite que dans le cas de l'ionisation, il n'y a pas produciion imnriédiate d'un hydrate de peroxyde; celui-ci se formerait ensuite par l'action ulérieure de H^O^. Dans l'autre cas, nu contraire, l'apparition de l'oxygène serait duc à une réaction secondaire. Nous avons vu plus haut que la destruction du per- oxyde d'hydrogène par certains sels était précédée de la décomposition des sels par le peroxyde d'hydrogène. Pour contrôler ce point, j'ai soumis une solution de peroxyde d'hydrogène à l'action de masses salines de plus en plus grandes et j'ai noté l'abaissement du litre de H^O^ comme précédemment. Cet abaissement nous renseigne sur les événements chi- miques j)récurscuis de la destruction de tPO-. En effet, si la ré&olulion du sel en ses éléments était complète, quelle tjue soit sa concentration, l'abaissement du titre devrait varier proporlionnellement à la quantité de sel (loi des masses), les autres conditions restant égales; mais comme celte résolution est moins complète si la proportion de sel l'emporte beaucoup sur la masse décomposante, il y aura à s'attendre à un ralentissement de la décomposition quand la concentration du sel sera plus forte, jusqu'à ce que les causes physiques (tension superficielle, pression osmotique) deviennent prépondérantes à la suite de la concentration. Toute cette allure devra être d'autant plus accentuée qu'un sel décomposable entrera en jeu. J'ai vérifié ces points, jusqu'à présent, sur quatre sels d'espèce différente. Les solutions de chaque .^el étaient ( S2) enlre elles comme i : 2 : 4 : 8, et en opérant comme il a été dit plus haut, à la température de 65°. Voici les résultats des observations : SELS. 100 centimètres cubes renferment TITRE DE H-O^ après 8 heures. CHUTE du titre {'). Grammes. 1 8,00 31,57 5,43 \ NaNC. . . . < 1 10,00 1 32,00 31,22 30,69 5,78 6,31 •- 64,00 28,72 8,28 [ 4,00 31,83 5,17 \ KNO' . . . . < ) 8,00 ' lf.,0O 31,56 31,17 0,44 5,83 32,00 'M,iî3 5,17 1 2,63 32,70 4,30 CaCl* .... 1 S,2S 1 10,50 30,95 27,18 6,03 9,82 i 21,00 14,91 22,09 3,7o 33,80 3,20 SrCl« .... 1 '7,1)0 1 15,00 33,45 32,22 3,55 4,70 L 30,00 28,45 8,55 On constate immédiatement l'absence de proportion enlre les nombres de la troisième et de la qualrième colonne. Si la concentration passe du simple au double, l'action deslruclive ne suit pas dans le même rapport; (*) Le litre de la solution H'O' était 57.00 à l'origine. (B3) pour les volumes moins résolubles (NaNO^, KNO^), elle est considérablemenl moindre que pour le chlorure de calcium. Enfin, pour chacun de ces sels, la destruction de n^O^ se relève considérablemenl quand la concentra- tion a dépassé une certaine valeur. Malgré leurs lacunes, ces observations permettent de reconnaître que la décomposition de H^O^ est le résultat de fadeurs chimiques et physiques entrant enjeu, les uns et les autres, selon les conditions de température et de tnasse active des réactifs. C'est aux expériences que j'ai en vue qu'il appartiendra de faire la part de chacun de ces facteurs. Conclusions. Les recherches préliminaires actuelles font voir, je crois: 1° Que la catalyse de peroxyde d'hydrogène se produit, en dehors d'actes chimiques, au contact de diverses substances, lorsque des conditions physiques favorables à la formation de l'eau se trouvent réalisées. Ces conditions ont surtout leur expression dans les variations de tension au contact des corps ou dans la pression osmotique. On pourrait for- muler le fait en disant que toute substance qui se mouille ou s'imprègne mieux par l'eau que par le peroxyde d'hy- drogène a le pouvoir de produire une décomposition du peroxyde en eau et en oxygène. Si, par suite de la cour- bure que doit prendre la matière en certains points, les changements de tension qui en résultent favorisent le dégagement de l'oxygène, ou si celui-ci est facilité par une élévation de la température, la décomposition s'achè- vera. Ces phénomènes de décomposition sont, sans doute, à rapprocher de ceux que l'on a observés quand une sur- ( 84) face capillaire de mercure se trouve au contact d'eau aci- dulée. Si la surface est au repos, il ne se passe aucune action chimique entre l'eau acidulée et le mercure; mais si elle est en voie de grandir, elle subit une oxydation; dans le cas opposé, il y a réduction de l'oxyde formé. Ces phé- nomènes ont été ramenés à des manifestations électriques ; mais il n'en est pas moins vrai qu'ici l'électricité apparaît à la suite d'un changement de la tension du mercure. 2° Une solution de peroxyde d'hydrogène contenant des sels est le siège d'une décomposition d'autant plus active que la température est plus élevée. Les sels, toute- fois, n'ont pas, les uns et les autres, une action spécilique, car les uns shydrolhent plus profondément sous l'action d'une solution de fl^O^ que sous l'action de l'eau pure, tandis que les autres paraissent demeurer à l'état intégral ou du moins n'éprouver qu'une hydrolyse à peine sensible. Ces derniers, en solution parfaite, constituent un milieu où règne une pression osmotique, en d'autres termes, un milieu qui tend à grandir en absorbant de l'eau. Si, au lieu d'eau, ce milieu reçoit une substance suffisamment fra- gile en état de fournir de l'eau, il peut arriver que cette substance ne se trouve plus en équilibre sous l'influence de la pression osmotique. Alors la vitesse de décomposi- tion devra être la même pour les solutions équimolécu- laires et indépendante de la nature spéciale des sels. C'est ce qui se vérifie sensiblement. Il est entendu, toutefois que les actions dues à la tension capillaire s'exerceront conjointement avec les précédentes, de sorte que l'on ne pourra constater une égalité complète d'effet que si les solutions équimoléculaires présentent aussi les mêmes variations dans leur tension superficielle, condition qui est à vérifier. (53 ) Si, au contraire, le sel est assez faible pour se laisser résoudre en base et en acide, de nouveaux facteurs entre- ront enjeu pour compliquer le phénomène. I>a décompo- sition de H^O^ sera colligative de l'action propre à la base et de l'action propre à l'acide. Les acides oxydables ou réductibles agissent toutefois seuls comme destructeurs, en solution étendue. Quant aux bases, il y a lieu de distinguer celles qui forment des solu- tions proprement dites et celles qui restent à l'étal de pseudo-solutions (solutions dites colloïdales). Dans le pre- mier cas, leur action est relativement lente; elle paraît de nature chimique en ce sens que l'alcali est d'abord sur- oxydé et ramené ensuite à son éiat primitif. Il s'établit un roulement qui ne cesse qu'avec l'épuisement du peroxyde d'hydrogène. Quand la solution de la base est colloïdale, c'est-à-dire imparfaite, ce cycle d'opérations s'accomplit sans doute encore, mais il est en outre possible que les causes physiques dues aux variations de tension qui se produisent au contact du colloïde agissent de leur côté. La décomposition plus rapide de H^O'^ sous l'infldcnce des sels des métaux lourds serait donc à rapprocher de la décomposition rapide due à la présence des oxydes à l'état de suspension, comme celle dernière serait, à son tour, à rapprocher de l'action des matières solides en poudre. Je termine en répétant que les considérations précé- dentes n'ont encore qu'un caractère indicatif et qu'elles attendent leur confirmation ou leur inlirmation de recher- ches complémentaires que je me propose d'entreprendre silôl que les circonstances le permettront. Liège. Institut de chimie générale, le 29 juin 1895. ( S6) Le Cinabre du Rocheux; par G. Cesàro, correspondant de l'Académie. Dans un éclianlillon de baryline du Rocheux, nous venons de rencontrer d'assez nombreux cristaux rouges, dont quelques-uns ont une dimension moyenne qui atteint ou dépasse un millimètre. Leur transparence, leur cou- leur, leur éclat sont assez variables : les cristaux à moitié inscruslés dans la barytine sont translucides, d'un beau rouge groseille et à éclat adamantin; ceux qui se trouvent dans les intervalles existant entre les cristaux de bary- tine, sont presque opaques, ternes, d'un rouge peu franc, à éclat impaifailemenl métallique, et présentent, par places, des irisations superficielles. La forme, le clivage, les propriétés optiques, la dureté, la couleur de la rayure nous ont montré que la substance dont il s'agit était du cinabre. Nous avons d'ailleurs con- firmé celte déduction par l'analyse chimique. Le cinabre est très rare en Belgique; il y a quelques années, il y était même inconnu. Il a été rencontré, en petites lamelles ou grains cristallins informes, à Dave : par M. le professeur X. Stainier, dans un bloc de doloraie carbonifère, puis par notre savant confrère, M. G. Malaise, dans une veine de calciie spathique du calcaire frasnien. Le cinabre du Rocheux se présente en cristaux rhom- boédriques de forme presque cubique; les cristaux sont formés par un grand nombre de petits rhomboèdres élé- mentaires assemblés avec leurs axes imparfaitement paral- ièles; les arêtes présentent des zigzags dus aux alter- (37 ) nances d'une arête culminante supérieure et d'une face rhomboédrique adjacente inférieure; à cause du parallé- lisme incomplet, les faces sont plus ou moins selliformes. Souvent le rhomboèdre se termine par une très petite face équilatérale a*. L'état des faces rend impossible toute mesure gonio- métrique; maison peut mesurer, au microscope, l'angle que font enire elles deux arêtes culminantes (*) et déduire de cette mesure la notation du rhomboèdre. Cet angle a été trouvé très voisin de 90°. Avant de chercher la nota- tion du rhomboèdre, rappelons quels sont les paramètres adoptés pour la détermination des formes du cinabre. Solide primitif du cinabre. — Il y a deux systèmes de paramètres employés : a) Schabus ('*) prend comme forme primitive un rhom- boèdre dont la face est inclinée sur a* sous un angle de 52° 54' 15", c'est-à-dire un rhomboèdre obtus dans lequel l'angle vrai de l'arête culminante est de 92° 37' 6",5. En faisant a = 1, on en déduit c=- 1,143264; 6) Les cristallographes français (***) adoptent comme rhomboèdre primitif un rhomboèdre aigu de 71° 48'; on en déduit po* = 69" 1 7' 8",4 et c = 2,290 137 (') Il suffit de fixer le crislai sur la lame porte-objet, à l'aide d'une parcelle de cire, de manière que le plan des deux arêtes soit parallèle à celui de la lame. {**) Voir Dana, Descriptive Mineralogy, p. 66. ('**) Voir WuRTZ, Dictionnaire de chimie. ( S8 ) On voit que le c des auteurs français est double du c de Schabus, de sorte que, dans le système de ce dernier, le rhomboèdre primitif des auteurs français aurait pour notation 20Ï1 ='\î^ = e^C). On peut passer aisément de l'un des systèmes à l'autre : Soit hkl la notation d'une face dans le système a), mnp la notation de la même face dans le système 6); en prenant comme rhomboèdre primitif la forme Îl5, on obtient (**) : m = Ah \- k -\- l n = 4A H /* ^- / j> = 4 / -t- /t -H A:. La notation française paraît plus simple lorsqu'il s'agit des formes que l'on rencontre d'ordinaire; ainsi le solide habituel noté par les auteurs français, deviendrait, d'après Schabus : mais, lorsqu'il s'agit des rhomboèdres très obtus que l'on a rencontrés dans le cinabre, les notations françaises deviennent compliquées; ainsi {') Les notations qui suivent sont celles de Miller, ou, ce qui revient au même, celles de Lcvy, rapportées aux arêtes du rhom- boèdre primitif. (**) \oir : Annales de la Socidié géologique de Belgique, t. XXII, pp. 61, 62. (59) de Schabus deviennent respectivement a'"'.9, a'^Uô, a'%, si l'on adopte le rhomboèdre primitif des auteurs fran- çais {*). D'ailleurs, les paramètres choisis par Schabus ont un autre avantage : ils rapprochent le solide primitif du cinabre de celui du quartz, et l'on sait que ces corps sont très semblables par leur caractère hémiédrique holoaxe et par leur pouvoir rotatoire. Dans ce qui suit, nous adoptons les paramètres (a). Nolalion du rhomboèdre du cinabre du Rocheux. — Si cp est l'angle formé par les arêtes culminantes d'un rhom- boèdre Mm, a son angle vrai, z l'angle que sa face fait avec a', on a les relations suivantes, qui permettent de déterminer m, lorsqu'on connaît 'f : sm - 2 2cos-> 2 cos- 2 sin^ = sin 60» w -f- 2 ccotz m — \ sinGO^ (*) Il faut observer que dans ces transformations on suppose le c des auteurs français exactement double de celui de Schabus, c'est- à-dire que les notations ci-dessus correspondent à c = Si'^OOSSS et non à c= 2,290157 qui est le paramètre des Français. On pourrait croire que l'emploi de ce dernier paramètre puisse simplifier les indices; mais il est facile de s'assurer que la différence est trop faible pour influencer les notations. ( 60 ) Dans noire cas, (p = 90° et m= — 45,2277; c'est donc le rhomboèdre T. 1. 45 = e" qui est très approxi- mativement un cube. Parmi les formes connues du cinabre, celles qui se rapprochent de la forme ci-dessus, en la comprenant entre elles, sont : lr.ï.29nc=e" et OOi =p. En employant les formules ci-dessus en sens inverse, on obtient : pour e^^ : ^ = 55»45'44",3, a = SS-SS'SG",?, ? = SS'-Sl'lS"; pour ;; (**) : z= 52° 54' 15", a = 92*37'6",5, ? = 92» 30' 14". Le rhomboèdre en question est donc le primitif de Schabus (a* des Français) ou le rhomboèdre e^^ („i9/^ des Français) (***). Macle. — Un groupe de deux cristaux ayant plus d'un millimètre de côté présente un assemblage analogue à celui qui est si commun dans la calcite : les cristaux ont même axe ternaire, mais l'un d'eux a tourné de 60' autour de cet axe, relativement à l'autre. Les deux indivi- dus n'ont pas exactement la même hauteur, et l'un d'eux seulement se termine par une facette a* à peine visible. (•) C'est le 10 . G. 10 . 9 de Dana (loc. cit.). (") Correspondant à m = co . (*") 11 va sans dire que l'on pourrait avoir affaire à l'un des rhomboèdres cVa et e"/i9 inverses des précédents. ( 6i ) Note sur une déformation des surfaces de révolution; par Alphonse Demoulin, répélileur à l'Université de Gand. On sait que Bour a montré qu'il est toujours possible de trouver une double infinité de surfaces, hélicoïdes ou de révolution, admettant un élément linéaire de révolu- tion donné. Dans le présent travail, nous faisons connaître une déformation des surfaces de révolution, non com- prise dans celles que donne l'application du théorème de Bour. Cette note renferme en outre une forme nouvelle des expressions des coordonnées de la surface minima la plus générale. I. Écrivons les expressions des coordonnées de la courbe minima la plus générale, savoir : 1 — " x= U" + «U' — U, y = i -^*^ {]" — H/U' -t- iL', 2 = nU" — U', puis, dans ces équations, remplaçons la fonction U de u el ses deux premières dérivées U', U" par une fonction V ( «2) de V et ses deux premières dérivées V, V", respeclive- meni; nous obtiendrons ainsi les équations x= Y"-+-«V'— V, 2 . i -t- m' . . ) . . . (2) y = i V" — iu\' -+- i\, z=ii\" — \', qui représentent une surface XI. L'élément linéaire de cette surface est donné par la formule ds'^V'du'' -^^(\'\"' — V"')dudv -h {\"' -2Wy")dv% qui peut s'écrire / V"*— 2V'V"' \ ds* = — V'"^ {dv — du) {du — dvj' Soient « et (3 les paramètres des lignes de longueur nulle, on a V — M = a, (3) /■V"2 2V'V"' — dv = p, ... (4) et le rfs* ci-dessus devient (is^= — V'Vadp (5) Or, par l'addition des relations (3) et (4), on trouve /y"2 oy'v" ^^ dv=x-^P;. . . (6) ( 63 ) par suite, v esl une fonction de a -+- (3, et le ds^ (5) est de la forme rfs*=F(a-+- p)doLdS. On reconnaît là un ds^ de révolution. La surface S est donc applicable sur une surface de révolution. Démontrons maintenant que, réciproquement, il existe toujours une surface 2 admettant un élément linéaire de révolution donné. Soit ds'' = FU-^3)dadp (7) cet élément linéaire. L'identification des formules (5) et (7) donne -V"'=F(«-t-p), d'où « -+- s ^ 2f{\"). Rapprochons cette égalité de la relation (6), nous aurons /V"-— âV'V" — dv^m^"); ou, en effectuant la quadrature indiquée, V' = i;V" — V"/(V"). Telle est l'équation à laquelle satisfait la fonction V. Si l'on pose V = V,, elle devient V. = uv; - v;/-(v;). ..... (8) L'intégrale générale de cette équation de Clairaut ne (64) répond pas à la question, car il y correspond pour V un polynôme du second degré; or, les calculs qui précèdent supposent essentiellement V" ^ 0. Il reste la solution singulière qu'on obtient, comme on sait, en éliminant V-, entre l'équation (8) et sa dérivée par rapport à V',, savoir o = v-/(v;)-v;/-'(v;). La fonction V^ obtenue, on en déduira V par la quadra- ture V=yv,f/v. Dans le cas d'un élément linéaire de révolution à cour- bure constante, et dans ce cas seulement, l'équation (8) se réduit ù une équation linéaire. Ici encore, l'intégrale géné- rale est à rejeter. Pour faire voir que les surfaces 2 ne sont ni hélicoïdes ni de révolution, posons l'élément linéaire (7) deviendra Or, si une surface S était hélicoïde ou de révolution, les courbes /l = const. seraient des hélices ou des cercles, les plans de ces derniers n'étant pas isotropes, mais ceci est impossible, car v étant fonction de l, les courbes >==const. coïncident avec les courbes v ==const., et ces dernières sont des cercles situés dans des plans isotropes (68 ) parallèles. On tire, en effet, des équations (2) les suivantes : ix -\- y = iV", X* -+- î/* -t- 2^ = V — 2VV", lesquelles montrent que la surface 1 est le lieu d'un cercle arbitrairement variable dont le plan est parallèle au plan isotrope ix -<- y = 0; il est d'ailleurs aisé de s'assurer qu'on peut définir par ces équations toute surface engendrée par un cercle dont le plan se meut parallèlement à un plan isotrope quelconque. Nous aurions pu étudier les surfaces 2 en posant a priori l'équation X- H- j/ -\- z^ = f{ix -+- y), mais il nous a paru intéressant de les déduire de la consi- dération des courbes minima. H. Dans les équations (i), remplaçons U, U', U" par [{ii, v), fu[^^t^)i fu^Uyv) respectivement; il viendra X == — — fl, (u, V) -V- ufi {u, v] — f{u, v), y = i — - — fuA^i,v) — iuf„{u,v) -t- if{ii,v), z = uf'U{u,v) — fl{u,v). Sur la surface représentée par ces équations, les S""* SÉRIE, TOME XXX. 5 ( 66 ) courbes u =— const. et y <= consl. forment un système con- jugué; en effet, X, y, z vérifient Téqualion /:; i'ô iuiv / «Se " "• ilt L'élément linéaire de cette surface est donné par la for- mule Disposons de la fonction /"{m, v) de manière à annuler le coefficient de dv^; nous aurons l'équation qui s'intègre aisément et donne /= u -i- u^jT^dv -\- 2w/V,V2f/r -^/\ldv, (10) U désignant une fonction arbitraire de m, et Vi,V2des fonctions arbitraires dey. L'élément linéaire se réduit alors à rfs* = — 'if'^fZzdudv ; par conséquent, les courbes te = const., ?; = const, qui forment, on l'a vu, un système conjugué, sont en même temps les lignes de longueur nulle de la surface; cette propriété caractérise les surfaces minima. Concluons de là que les équations (9) représentent la surface minima In plus générale, la fonction f (u, v) étant définie par l'équa- tion (10). Observons enfin qu'en posant dans les équations (9) /■(î/, r) = (p (u -t- v), on retrouverait le résultat du para- graphe L (67) Étude chimique sur huit terres du Bas-Congo; par E. Stuyvaerl. Bien que l'analyse chimique du sol d'une contrée ne puisse pas seule en établir la valeur agricole, on ne peut contester qu'elle a une réelle importance. En effet, lors- qu'elle est faite par des procédés déterminés, elle permet de comparer utilement des sols vierges de toute interven- tion humaine avec ceux dont la culture a fixé le degré de fertilité. C'est ce qui avait engagé M. Emile Laurent, lors de son voyage dans le Bas-Congo, en 1893, à recueillir différents échantillons de terre dans les terrains cultivés par les indigènes, dans les brousses et dans les forêts. Plusieurs de ces terres proviennent de régions dont la végétation est des plus luxuriantes; l'épaisseur des limons étudiés est très grande et, bien que les échantillons aient été prélevés près de la surface, on a le droit de leur attribuer, a priori, une grande fertilité. Sept terres provenant du Congo ont été analysées, il y a quelques années, à la station agronomique de Gem- bloux {*). Les échantillons analysés provenaient presque tous de terrains situés près du fleuve, défrichés depuis longtemps par les indigènes et mis en culture par nos compatriotes dès leur établissement à Boma, Léopold- ville et Lukungu. On ne pouvait donc en tirer des con- clusions applicables aux terres de l'intérieur, surtout des régions forestières. (*) Journal des anciens élèves de l'Institut agricole de l'Etat, 1 Vannée, p. 410, 1894. ( 68 ) Avant d'exposer la mélhode adoptée dans les analyses, il ne sera pas inutile de donner quelques indications sur l'origine et la constitution du sol du Bas-Congo. A l'exception d'une bande étroite de la région côlière où se rencontrent des fornoations jurassiques, crétacées et tertiaires, le sol appartient aux formations primaires. Il a été transformé par l'action des agents de la désagrégation, recouvert en certains endroits par des dépôts posl- primaires. L'un des facteurs les plus importants de la désagréga- tion des roches, la gelée, n'a aucune influence dans les régions tropicales. Par contre, d'autres agents ont sur le sol une action beaucoup plus puissante que dans les régions tempérées. Telles sont les pluies. Dans la plupart des contrées tropicales, la masse totale d'eau qui tombe sur le sol est de beaucoup supérieure, bien que les préci- pitations soient parfois moins fréquentes, que dans les pays à climat tempéré. L'abondance des pluies et la force avec laquelle elles atteignent la surface du sol leur donnent une action mécanique énergique; aussi provoquent-elles des érosions abondantes. Entin, les phénomènes chimiques qui résultent de l'action de l'acide carbonique, de l'acide nitrique, de l'ozone, de l'ammoniaque, aussi bien des pluies que de l'atmosphère, ainsi que les phénomènes biologiques dus aux organismes inférieurs, sont bien plus actifs sous l'influence de la haute température que dans les régions moins chaudes. Il ne faut donc pas s'étonner si le sol de la plupart des régions tropicales est caractérisé par une formation spéciale, souvent désignée sous le nom de latérite. C'est une terre argileuse rouge et ferrugineuse ( 69 ) qui résulte de l'aclion des eaux sur des roches de nature très «liverse, mais riches en sels de fer. Comme nous le verrons plus loin, une formation analogue existe dans le Mavombe, el c'est elle qui constitue le sol des plateaux si fertiles de Vungu-Mumba et de Masinga. Alîn de pouvoir établir une comparaison entre les sols congolais analysés et ceux de l'erlililé connue, nous nous sommes arrêté au procédé anal) tique adopté par la station agronomique de l'État, à Gembloux. La base des méthodes analytiques consiste dans l'emploi d'un acide comme dissolvant des matières minérales nutritives. Le choix du liijuide extracteur n'est d'ailleurs soumis à aucune règle scientifique quant à sa nature, à son degré de concentration, sa température et sa durée de contact avec le sol. Le procédé suivi consiste à faire l'analyse physico- chimique du sol d'après la méihode de Schloesing, et l'examen chimique co:nnic suit : faire digérer pendant quarante-huit heures 300 grammes de terre iine, sèche, obtenue au tamis de 1 millimètre, dans un litre d'acide chlorhydrique de densité 1,18. Dans l'extrait filtré, on dose les divers éléments d'après les procédés ordinaires de l'analyse quantitative, après avoir préalablement oxydé complètement toute la matière organique qu'il contient à l'aide d'acide nitrique. 500 centimètres cubes de la solution acide ayant été évaporés à sec, le résidu est repris avec de l'eau acidulée par quelques gouttes d'acide chloi hydrique ; on recueille sur UD filtre la silice insoluble. A l'aide d'eau distillée, on refait le volume de 500 centi- mètres cubes. ( 70 ) On dose l'acide sulfurique dans 100 centimètres cul)es, par le chlorure de baryum. Dans le (illrat, on dose, après précipitation du fer, de l'alumine, de la chaux et de la magnésie, les chlorures alcalins, la potasse et la soude. Dans 25 centimètres cubes, on précipite le fer, l'alu- mine et l'acide phosphorique par l'acétate d'ammoniaque, après avoir neutralisé la solution avec du carbonate d'am- moniaque. En retranchant de la teneur en ces trois corps l'acide phosphorique total, on obtient celle en fer et alumine. L'acide phosphorique total est dosé dans 100 centi- mètres cubes de la solution primitive évaporés et repris par de l'eau acidulée d'acide nitrique. Huit terres du Bas-Congo ont été analysées d'après les procédés qui viennent d'être décrits. Voici quelques indi- cations sur ces terres : Terre de Zenze. — Terre sablonneuse, située sur la rive gauche de la Luculla, à une quinzaine de mètres au- dessus du niveau de cette rivière pendant la saison sèche. Elle a été récemment défrichée par les nègres et on y a établi avec le plus grand succès des cultures potagères. Terre de brousse à Zenze. — Plaine sablonneuse, située sur la rive gauche de la Luculla, depuis longtemps défrichée par les indigènes, ensuite abandonnée et recou- verte de graminées et d'arbrisseaux. Terre de brousse à Tsiioa. — Terre depuis longtemps défrichée et cultivée par les indigènes, de consistance sablonneuse, abandonnée depuis quelques années et envahie par des herbes. (71 ) Terre de remblai à Borna. — Limon déposé par le fleuve à environ 200 mètres de la rive aeluelle, formant un dépôt rougeâlre, compact et épais au-dessus de cailloux roulés. Au moment de la prise d'échantillon, la butte constituée par ce dépôt était déblayée pour combler un marais et l'on a pris l'échantillon à environ i mètre de profondeur. C'est donc une terre vierge de toute culture. Terre de Banza-Kasù — Elle provient d'un vaste plateau situé sur la rive gauche du Congo, non loin d'Isanghila, couvert de graminées hautes de 4 à 5 mètres et de très belles cultures indigènes. Dans celte région, il y a beaucoup de plateaux analogues et la plupart sont très peuplés. La terre analysée était très meuble et de couleur foncée à cause de sa richesse en humus. Terre de Musliin-Katinu. — Échantillon prélevé dans une forêt du Mayombe dont la végétation naturelle est magnifique. Terre de Vungu-Mumba, — La région de Vungu- iMumba se trouve à environ 10 lieues au nord-est de Borna, là oîi commence le Mayombe. Elle est formée de collines élevées (jusqu'à 500 mètres d'altitude), recouvertes d'argile rouge; les forêts sont très belles et en maints endroits elles ont été défrichées par les nègres pour y établir des cultures. Grâce à la fertilité naturelle du sol et à l'humidité du climat, les villages y sont nombreux, très peuplés. C'est l'une des régions visitées par M. Laurent qui lui ont paru les meilleures pour la culture du caféier. ( 7-2 ) =. s >.-r -^ 50 s •- ■- ^ o ( 73) Parmi ces terres, celles de Zenze, de Mushin-Kalinu, de Banza-Kasi, la terre de brousse et celle de Tshoa sont essentiellement sablonneuses, d'un gris-noir, d'une consti- tution physique favorable à la facilité du travail. Elles accusent une teneur en oxyde de fer et d'alumine normale. La terre de Banza-Kasi contient une forte proportion de matières organiques; elle est d'une grande fertilité. Les sols de Vungu-Mumba, Borna et Masinga sont des terres forlement limoneuses, de la nature des dépôts argi- leux dont l'origine a été si discutée; elles font partie du groupe que plusieurs ont dénommé latérites et d'autres alluvions anciennes du Congo. La lalérile peut provenir de toute espèce de roches qui contiennent du fer et de l'alumine, et principalement des roches primitives cristallines, et résulte de leur désagréga- tion sur place. Voici l'analyse de deux variétés de latérite du Congo, rapportées par Chavanne, et exécutée par C. Klement (*). SiO- AlçiO'' Fe'O' FcO CaO MgO K*0. Na-0 Ph^O» so^ Cl . H'O f. 11. 03,08 -/„ 52,92 »/. î>,30 4,13 27,05 3G,20 0,5-2 0,29 0,57 0,19 041 0,07 0,00 0,04 0,19 0,08 1,-22 0,51 0,27 0,29 0,13 0,08 /•.7I 0,10 (*) Separat-Abdruck aus dcn Mincralogisc/ien und peirographischcn Mittheiltingen, hcrausgcgebcn von G. Tsclicrmak, bl, 24. (74) D'après Credner, la latérite s'étend de l'Inde au Brésil et en Afrique dans les régions intertropicales, quoiqu'elle les dépasse cependant en certains endroits. Peschuel-Lôsche, Wohitmann (*) et d'autres auteurs allemands ont conclu à l'existence de la latérite propre- ment dite dans le Bas-Congo, en l'assimilant, tant par ses caractères que par son mode de formation, à la latérite de rinde. D'après Peschuel-Losche ('"), la latérite présente les caractères suivants : elle ne donne lieu à aucune efferves- cence avec les acides, ne contient pas de restes d'animaux terrestres, renferme du fer qui peut quelquefois atteindre un taux très élevé, se présente sous une coloration rouge- brique, rouge-carmin, ocreuse, brune ou violet mal; la latérite pure (?) est très cassante, poreuse, friable; la masse mélangée avec de l'eau peut servir à faire des briques; en général, elle est très perméable pour l'eau, ce qui est la cause de la faible teneur en eau des latérites, La terre de Borna seule, provenant d'un déblai, offre quelques-uns des caractères de la latérite typique : c'est une terre contenant des débris de roches silicatées plus ou moins altérés; elle est d'une teinte rose, veinée de blanc, se présentant sous forme de conglomérais friables et poreux, et n'offrant, quant à sa teneur en fer, rien d'extraordinaire. {*) Die nalùrlichen Faklorca dcr Tropischcn Agricullur und die merkmale iltrcr Ucurlcilang , von D"" F. VVoultma.x.n. Leipzig, Dunekcr cl Humblol, iSDi, S. 143. {*') Ausland, 1884, S. 402. — D'' Pesciiuel-Loscub, Komjoland. leua, 1887, S. 552. (75) Les autres ont l'aspect de nos alluvions fluvialiles. Dupont (*) ne considère pas ces terrains comme des produits de la désagrégation sur place, mais comme des terres de transport, comme des alluvions anciennes du fleuve. Les preuves, d'après lui, gisent dans la stratification des dépôts qui reposent sur des cailloux roulés, ce qui, en général, manque dans la latérite indoue, et ensuite, dans la limitation des nappes alluviales, qui s'étendent le long du fleuve, aux lignes de faîte du bassin. L'analyse du limon de Boma, dont l'écliantillon prove- nait, comme nous l'avons dit, d'un déblai, donne absolu- ment raison à l'opinion de notre savant compatriote. Assurément, les terrains argileux de Masiiiga et de Vungu-Mumba, ainsi que tous les dépôts analogues du Mayombe, ont la même origine; ils proviennent aussi des produits des roches primitives modiflées par les agents de la désagrégation et transportés par les eaux, et qui ont subi ensuite l'altération qui leur a donné l'aspect laté- ritique. Le tableau suivant, donnant une série d'analyses du sol belge exécutées à la station agronomique de l'État et publiées par Petermann (**), permet d'établir une compa- raison entre leur composition et celle des terres du Bas- Congo. (*) Di'PONT, LcUrcs sur le Congo. {") Petermann, Recherches de chimie et de physiologie appliquées à l'agriculture, 1886, p. ;:60. ( 76 ) Sols belges. ÉLÉMENTS. Eau à doO" C 18,9o 2-2,81 13,^8 3,97 20,22 19,' JOOO parties de terre fine contieiinenl : Oxyde de fer et alumine . Chaux Magnésie Potasse Soude Acide phosphorique . Acide sulfuiique .... Azote toial 42,96 3,0(1 5,90 10,o8 17,74 1,77 0,6'f 1,2;) 1,02 2,37 ■1.18 (•,61 0,'.C 3,73 1,69 0,42 0,13 0,19 1,03 0,76 0,13 0,07 0,07 Traces. 0,23 (i,.iH 0,13 0,43 0,19 0,63 0,22 0,21 0,27 0,04 0,26 0,48 1,33 2,18 — 0,30 13,92 2,71 0,03 0,44 0,13 0,38 1,19 1,51 En ne considérant que les éléments qui jouent un rôle essentiel dans l'alimentation des plantes cultivées, l'acide phosphorique, la potasse, la chaux et l'azote, un fait frappe tout d'abord pour les terres congolaises : c'est la haute teneur de la plupart de ces sols en acide phosphorique; la terre de Banza-Kasi est remarquable sous ce rapport. Quant à la potasse, pour plusieurs sols elle est également beaucoup supérieure au taux qu'indiquent nos meilleurs sols belges. La chaux cependant pour quelques-uns reste au-dessous de la moyenne qu'indiquent les terres belges. Il (77) convient de remarquer que les terres linooneuses des régions tropicales se distinguent par leur pauvreté en chaux, ce qui s'explique par l'action des pluies, dont les eaux chargées d'acide carbonique dissolvent le carbonate de chaux. Néanmoins, ces terres conviennent parfaitement à la culture et particulièrement au caféier. Quant à l'azote, sa teneur atteint dans toutes les terres un taux normal. Cet élément ne peut du reste s'accumuler en abondance dans les terres des pays chauds et humides par suite de l'énergie des phénomènes de nitrification et de l'entraînement des nitrates par les eaux. A ce sujet, il y a lieu d'observer que le rôle de l'azote combiné du sol semble dans les régions équaloriales avoir moins d'impor- tance que dans nos contrées, par suite de la quantité plus grande d'ammoniaque et d'acide nitrique apportée par les eaux de pluie. En résumé, les huit analyses de terres qui font l'objet de cette note permettent d'affirmer que les terres du Bas-Congo, aussi bien celles de nature sablonneuse que celles qui font partie des formations limoneuses, sont pourvues de réserves d'acide phosphorique et de potasse qui leur assurent une grande fertilité. Et il est certain que dans les territoires où la disparition des forêts n'a pas moditié le régime des pluies, — tel est le Mayombe, — la culture du caféier, du cacaoyer et des autres piaules économiques pourra se faire pendant longtemps sans l'intervention d'engrais. Gembloux, laboratoire de botanique de l'Institut agricole de TEtat. (78) Des affinités de l'hydrogène moléculaire à chaud. — Action sur l'arsenic et l'antimoine; par le D' A.-J.-J. Vande- velde, assistant à l'Université de Gand. Dans un travail antérieur {*), j'ai démontré que le phos- phore rouge ne produit pas de phosphamine quand on le chauffe dans un courant d'hydrogène. Aujourd'hui, j'ai l'honneur de soumettre à l'appréciation de l'Académie les résultats auxquels je suis arrivé en soumettant à un trai- tement analogue l'arsenic et l'antimoine. I. — Réactions avec l'arsenic. Comme pour le phosphore rouge, J.-W. Retgers (") pense que l'arsenic se combine directement à Phydrogène sous l'influencede la chaleur.Voici comment il s'énonce ("*): « Die merkwiirdige Fâhigkeit der direkten Verbindung von Arsen mit warmem Wasserstoff wird meiner Ansicht nach in den chemischen Lehrbûchern nicht nachdriicklich genug betonl. Ueberal steht zu lesen, dass man die As-hal- tigen Kôrper in der Wasserstoffentwickelungsflasche zu (*) De l'action do qrielques gaz à chaud sur le phosphore rouge. (Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 5« scr., t. XXIX, p. 400, 1895.) (**) Die Sublimalionsprodukte des ^rsens. (Zeitscbr. f. anobg. Chem., t. IV, p. 405, 1895.) (***) Loc. cit., p. 450. (79) dem Zink und der Schvvefelsâure fiigen soll, als ob nur Wasserstoff in Statu nascendi sich mit As verbinden kônnte. Die direkle Verbindung von freiem H und As findet in der Wârme ebenso krâflig slatt und ist chemisch eigenllich viel inleressanter. » Quels sont les arguments que Refgers invoque pour affirmer cette puissante production d'hydrogène arséniqué? La simple formation d'anneaux bruns dans l'appareil de Marsh et dans le tube où l'on sublime de l'arsenic dans un courant d'hydrogène, et la solubilité dans certains réactifs des taches déposées sur une plaque froide de porcelaine par la flamme de l'arsénamine. An lieu donc de la réaction devenue classique : 2ASH3 = Asî -+- 3H„ on aurait : AsH3=AsH + Hj. « Die braunen Flecken, welche bei der Zerseizung des gasfôrmigen Arsenwasserstcfles durch Hitze auf Por- zellan oder in der Glasrôhre entstehen, bestehen nicht, wie bis jelzt angenommen, aus Arsen, sondern aus festem Arsenwasserstofl" (*). » L'étendue du travail de Retgers et la multitude d'obser- vations qu'il contient, surtout au sujet de l'allotropie, sont de nature à mettre réellement en doute l'opinion univer- sellement admise du peu d'affinité de l'arsenic pour l'hy- drogène. Quelques-unes de ses conclusions m'ont paru (*) Loc. cit., p. 431. (80) peu fondées, el j'ai cru intéressant de soumettre la question à un examen nouveau. Les résultats de mes constatations font l'objet de ce travail, el j'y démontre, comme je l'ai d'ailleurs fait antérieurement pour le phosphore rouge, que l'opinion de Relgers est basée sur une fausse inter- prétation des faits. Retgers prétend que l'arsenic chauffé dans un courant d'hydrogène s'y combine pour former de l'arsénamine gazeuse, et que celle-ci, sous l'influence de la chaleur, se dédouble en arsénamine solide AsH el hydro- gène. J'ai vainement cherché, dans le long travail de ce savant, la démonstration chimique de ces propositions. Dans la présente note, je prouverai d'abord qu'il ne se forme pas d'arsénamine gazeuse AsHs quand on fait agir l'hydrogène à chaud sur l'arsenic; je m'occuperai ensuite de la nature des taches déposées sur les plaques de por- celaine, et des anneaux bruns produits dans le tube à sublimation et dans le tube de l'appareil de Marsh. On reconnaît facilement l'arsénamine gazeuse AsHs en soumettant ce gaz à l'action de l'iode; il se forme de l'io- dure d'arsenic et de l'acide iodhydrique. La recherche de l'arsénamine AsHj est donc ramenée à une recherche d'acide iodhydrique. J'ai purifié l'hydrogène dont je me suis servi en le fai- sant passer successivement par : 1° un flacon de Wouiff contenant une solution saturée de dichromate de potas- sium additionné d'acide sulfurique concentré (*); 2° un flacon de Wouiff avec du permanganate en solution potas- sique; 3" un tube en U à chaux sodée; 4.° un tube en U (*) E. Varenne et E. Hebré, Préparation de l'hydrogène pur. (Bull. Soc. chim. Paris, 2<= scr., t. XXN'IIl. p. 523, 1877.) (81 ) renfermant des cristaux d'iode (*), couverts de laine de verre, pour détruire les dernières traces d'arsénamine ; 5° un tube en U à chaux sodée pour retenir l'iode entraîné et l'acide iodhydrique formé ; 6° deux tlacons de Wouiff dessiccateurs à acide sulfurique concentré. J'ai pu constater que le dichromate acide et le perman- ganate alcalin sont impuissants à détruire complètement l'hydrogène arséniqué; il se forme, en effet, après quelques heures de passage de l'hydrogène, des quantités déjà appré- ciables d'iodure d'arsenic dans le tube à iode. A la sortie de ce dernier, au contraire, l'hydrogène est totalement purifié ;si, à sa sortie des appareils purificateurs, on le fait barboter quelque temps dans un petit appareil à boules de Liebig à travers une solution de nitrate d'argent, la liqueur reste absolument limpide et ne dépose aucune trace de précipité. Avant de commencer la recherche de l'acide iodhydrique formé dans un courant d'hydrogène aux dépens d'iode et d'arsénamine, j'ai voulu m'assurer que l'hydrogène sec en passant sur l'iode ne produit pas d'acide iodhydrique, même au bout d'un temps assez considérable. J'ai fait bar- boter en conséquence l'hydrogène, soigneusement purifié, par un flacon de Will-Erlenmeyer renfermant une solution aqueuse d'iode absolument neutre. Le courant gazeux, après avoir passé vingt-quatre heures, a décoloré simple- ment le liquide en volatilisant l'iode, et la neulralitéabsolue de l'eau restante prouve qu'il ne se forme pas d'acide iodhydrique. (*) J. Hâbermann, Verhandl. d. nalurf. Ver. in Briinn, t. XVII, p. M. (Rcf. Zeitschr. anal. Chem., t. XXX, pp. 685-687, 1891.) S"* SÉRIE, TOME XXX. 6 ( 82) J'ai répété la même chose avec une solution d'iode dans riodure de potassium, en m'assurant au préalable de la neutralité du liquide; au bout d'une semaine cette fois, le courant d'hydrogène non interrompu avait chassé tout l'iode en laissant la liqueur neutre comme au début. Pour me trouver dans les mêmes conditions que dans les expériences décrites plus loin, j'ai encore modifié l'opé- ration de la manière suivante : je dirige l'hydrogène pur par un tube en U rempli d'iode en cristaux, puis dans un flacon de Will-Erlenmeyer renfermant de l'eau distillée; il se produit un entraînement mécanique d'iode dans l'eau distillée et l'hydrogène ne donne aucune trace d'acide, même après quarante-huit heures. Celte cause d'erreur possible écartée, on peut recon- naître avec certitude la présence de l'hydrogène arséniqué. Ce gaz, en traversant un tube en U renfermant de l'iode pulvérisé, donne de l'iodure d'arsenic jaune rougeâtre et de l'acide iodhydrique. L'acide passe, avec de l'iode mécani- quement entraîné, dans un flacon de Will-Erlenmeyer con- tenant de l'eau distillée dont la réaction devient acide. On évite l'enlraînement trop considérable d'iode en recou- vrant les cristaux dans le tube en U de quelques flocons de laine de verre, et en intercalant entre ce tube et le flacon de Will-Erlenmeyer un tube de verre plusieurs fois recourbé. Avant d'essayer de produire une union directe entre l'arsenic et l'hydrogène, je me suis assuré, pour toute sécu- rité, que la méthode que j'adoptais était exacte. En eflel, faisant passer l'hydrogène ordinaire, non débarrassé de l'arsénamine qui le souille toujours, dans le système du tube en U et du flacon de Will-Erlenmeyer, j'ai observé, au bout de quelques instants déjà, la production d'iodure (83 ) d'arsenic rougeâtre, tandis que l'eau du flacon devenait iortenient acide. En même temps, l'iode mécaniquement entraîné se dissolvait en plus grande quantité à la faveur de l'acide iodhydrique présent. J'arrive à la synthèse de l'arsénamine selon Relgers. J'opère dans un tube en verre de Bohême, long d'un mètre, dans lequel je fais glisser une nacelle en porcelaine renfermant de l'arsenic tout récemment purifié par subli- mation dans une atmosphère d'anhydride carbonique sec. Je fais passer sur ce corps un courant très lent d'hydro- gène, afin de diminuer les entraînements mécaniques; je chauffe d'abord très doucement, au moyen d'un seul brû- leur de Bunsen, entre deux plaques d'asbeste, et puis dans un fourneau, jusqu'à la température de ramollissement du verre de Bohême (environ 800" C). Après avoir chauffé huit heures d'abord à température modérée, et deux heures ensuite à température élevée, je n'ai pu que constater la disparition totale de l'arsenic de la nacelle, la formation d'un sublimé métallique brillant d'arsenic très abondant, et la neutralité la plus absolue de l'eau contenue dans le flacon de Will-Erlenmeyer ; l'iode du tube en U est légèrement attaqué par un peu d'arsenic entraîné par le courant d'hydrogène, surtout quand ce courant devient un peu rapide. Je puis donc affirmer qu'il ne se forme pas d'hydrogène arséniqué gazeux AsHs, puisque je n'ai trouvé aucune trace d'acide iodhydrique. Il me reste à parler des anneaux bruns qui se forment dans l'appareil de Marsh et dans les tubes où l'on sublime de l'arsenic, ainsi que des taches brunes que déposent les flammes d'arsénamine sur une plaque de porcelaine. ( 84 ) A la fin de son mémoire ('), Relgers énonce un certain nombre de conclusions dont quelques-unes ne sont pas conformes, comme je l'ai dit plus haut, aux phénomènes que j'ai observés au cours de mes recherches. Ces conclu- sions, je me propose de les réfuter successivement. Sixième conclusion : a Bei der Sublimation des Arsens in einem wirklich indifferenlen Gase, wie z. B. Kohlen- sàure, enlslehen nur die beiden undurchsichtigen Arsen- modifilialionen (schwarzes und silberglânzendes As). Sobald jedoch Sauerstoir(Erhilzung bei teilweisem Zutritt der Lufl) oderWasserstoff (Sublimation in einem H-Strom) anwesend sind, entstehen braune, durchsichtige Produkle (AS2O, AsH). » Je passe sous silence la formation, probable d'ailleurs, des produits d'oxydation inférieure de l'arsenic, pour ne m'occuper que de l'arsénamine solide AsH. J'ai fait un grand nombre de sublimations d'arsenic, tantôt dans l'hydrogène, tantôt dans l'oxyde de carbone, préparé de l'acide oxalique, tantôt dans l'anhydride carbonique. Il ne s'est jamais formé d'anneaux bruns dans ce dernier gaz ; dans l'hydrogène, au contraire, comme l'a très bien observé Retgers, leur formation est souvent réalisée; mais ces anneaux, je les ai trouvés plusieurs fois aussi dans l'atmo- sphère d'oxyde de carbone, où ils ne peuvent évidemment pas représenter l'arsénamine solide AsH, puisque l'hydro- gène est absent, à l'état libre comme à l'état combiné. Il faut donc admettre qu'il existe une variété brune d'arsenic à laquelle se rapportent les produits de la subli- mation dans l'hydrogène et dans l'oxyde de carbone. (*) Loc. cit., p. 459. ( 85 ) L'arsénamine AsH obtenue, selon Relgers, dans la siibli- malion de l'arsenic dans le courant d'hydrogène (') pro- viendrait de la décomposition de AsHsSous l'influence de la chaleur. iMais Wiederhold a montré, Retgers le dit lui-même (**), que AsH se décompose déjà à 200", et j'ai constaté moi-même la facilité de décomposition de ce pro- duit. (! n'est donc pas possible de croire que AsH, qui se décompose si facilement, puisse se former dans la décom- position de AsHj à une température supérieure à 200°. Enfin, comme je l'ai démontré plus haut, on ne peut trouver de l'arsénamine gazeuse AsHs dans les produits de la sublimation de l'arsenic dans l'hydrogène; on ne saurait donc admettre avec Relgers que AsH puisse se former par la décomposition de AsHg, puisque ce gaz lui- même n'est pas présent dans le tube à sublimation. Cinquième conclusion : « Diebraunen durchscheinenden Flecke auf Porzellan oder in der Sublimalionsiôhre des Marshen Apparates beslehen nicht, wie bis jelzt angenom- mcn vvurde, aus diinnen Schichlen des schwarzen Arsens, sondern aus dem braunen, festen Arsenwasserstoff AsH, welcher hier durch Zersetzung des gasfôrmigen Arsen- wasserstoffes AsHs, durch die Hilze entslanden ist. » Si les taches brunes déposées sur une plaque froide de porcelaine sont AsH, il est clair qu'elles ne peuvent pro- venir que de la décomposition de AsHs, puisque AsH n'est pas volatil. Mais j'ai constaté que ces taches peuvent se former également dans d'autres circonstances, et tout aussi nettement; il sutfit pour cela de chauffer l'arsenic (*) Loc. cit., p. 433. (**) Loc. cit., p. 451. (86) dans un courant d'oxyde de carbone, d'enflammer le gaz qui sort du tube et de présenter à la flamme la paroi d'une capsule en porcelaine. Aussitôt se produit un dépôt brun tout à fait identique à celui de la flamme de l'appa- reil de Marsh. Si même on voulait admettre que dans la sublimation dans l'hydrogène il puisse se produire de l'arsénamine gazeuse, on ne pourrait supposer que dans l'atmosphère de l'oxyde de carbone on puisse trouver AsHs dans le tube et AsH dans les produits de la combus- tion de AsHj. Les taches brunes déposées par la flamme de l'appareil de Marsh ne peuvent donc être de l'arsénamine solide AsH; il est beaucoup plus vraisemblable que la combus- tion de AsHs, entravée par une paroi froide, produise de l'eau et de l'arsenic, ou cet oxyde inférieur brun, mal défini, dont Relgers et d'autres chimistes admettent la formation quand l'arsenic est chaufl'é au contact de l'air. A la page 432 de son mémoire, en parlant de la facile disparition, sous l'influence de la flamme, des taches brunes déposées sur la porcelaine, Retgers prétend que l'hydro- gène arséniqué solide se recombine à de l'hydrogène pour donner l'arsénamine gazeuse qui disparaît. Celte reconsti- tution, au sein de la flamme, d'un gaz aussi altérable que AsHg, rencontrera bien des incrédules et les phénomènes que j'ai observés en démontrent l'inexactitude. On se demande pourquoi l'hydrogène se combinerait aux taches de AsH déposées sur la porcelaine et les ferait disparaître à l'état de AsHs, tandis qu'il ne transformerait pas m ce même gaz les anneaux bruns déposés dans le tube de Marsh. Ne faut-il pas interpréter les faits par la simple volatili- sation des taches arsenicales sous l'influence de la cha- (87) leur? Si les lâches se formeul sur la plaque de porcelaine quand celle-ci esl froide, il est vrai aussi que lorsque celle-ci s'échauffe au boul de très peu de temps, elle ne réalise plus les conditions primitives; elle ne permet plus aux taches de se déposer et de rester à sa surface. D'ailleurs les phénomènes sont les mêmes quand on opère, comme je l'ai dit plus haut, avec la flamme de l'oxyde de carbone, dans des conditions où l'hydrogène est tout à fait écarté. Pour ce qui concerne les anneaux bruns résultant de la décomposition de AsHs dans le tube de Marsh, les chi- mistes les plus éminenis ont affirmé jusqu'ici qu'ils sont de l'arsenic métallique; Retgers prétend qu'ils sont de l'hydrogène arséniqué solide AsH. Pour élucider la ques- tion, j'ai effectué quelques réactions en l'absence d'hydro- gène et où cependant il s'est formé des anneaux bruns; comme ces réactions se font dans l'oxyde de carbone ou l'anhydride carbonique, on écarte l'action de l'oxygène qui pourrait donner un sous-oxyde. Ces anneaux bruns ont été observés dans les quatre cas suivants : i" Dans la décomposition du cacodyle. Du cacodyle As(CH3)2 est introduit dans un petit flacon distillatoire dans lequel plonge un fube abducteur disposé de manière que sa partie inférieure affleure le liquide. De l'anhydride carbonique, amené dans le ballon, entraîne avec lui des vapeurs arsenicales à travers un tube en verre de Bohème chauffe vers 400". La réaction suivante s'accomplit : 2As{CH3)2= ASî -+- 2CH, -+- C^H», et au bout de quelques instants l'arsenic se dépose sous forme d'un anneau brun; (88) 2° Dans la décomposition du mispickel; ce dernier, séché à l'éluve à H0° C, est mêlé à du fer porphyrisé pour retenir tonte trace de soufre, et chauffé dans une nacelle dans un courant d'oxyde de carbone. Le mispickel se décompose : FeAsS = FeS -t- As, en formant un anneau brun d'arsenic; 5° Dans la réduction de l'arsénile de sodium sec par un mélange de craie et de poussière de zinc, dans une atmosphère d'oxyde de carbone; les phénomènes sont les mêmes; 4° Dans la décomposition de l'hydrogène arséniqué solide AsH. L'eau, en agissant sur l'arséniure de sodium, donne un mélange brun noirâtre d'arsenic et de AsFL Ce mélange, lavé à l'eau et desséché dans le vide, dégage de l'hydrogène quand on le soumet à une faible chaleur J'ai reconnu l'hydrogène dégagé en l'introduisant dans un eudiomètre avec de l'air atmosphérique; l'étincelle élec- trique, en jaillissant dans le mélange, produit une contrac- tion qui augmente à mesure que l'appareil se refroidit. Si à présent on chauffe AsH dans un courant d'oxyde de carbone, on ne tarde pas à observer des anneaux bruns d'arsenic. Il existe donc réellement une variété brune d'arsenic qui est celle qui se forme dans la décomposition de l'arsénamine AsHj et qui semble, d'une façon générale, se produire surtout dans la décomposition des substances arsénifères, sous l'influence de la chaleur. Cette variété brune correspond à une variété allotropique très divisée de l'arsenic. (89) Septième conclusion : « Wâhrend das Arsen sogar in feinster Zerteilung uniôslich ist in allen Flûssigkeilen, lôsen sich die braunen AsH-Flecken auf Porzeilan in einigen Fliissigkeiten, besonders deullich in Kohlenvvas- serstoffen der Benzolreihe (z. B. kochendem Xylol), jedoch auch in warmen lodmelhyien und in heisser konzen- trierler Kalilauge. > L'hydrogène arséniqué solide AsH, préparé connme il a é(é dit plus haut, a élé Iraité par du xylol bouillant dans un appareil à redux; l'évaporalion sponlanée de la liqueur filtrée, de même que la distillation du dissolvant, ne laissent aucun résidu; on ne peut trouver aucune trace d'ari>enic ni au microscope ni dans l'appareil de Marsh. Il en est exactement de même pour de l'arsenic récemment sublimé dans un courant d'hydrogène, d'oxyde de carbone ou d'anhydride carbonique. Quant aux anneaux bruns de l'appareil de Marsh et aux taches déposées sur la plaque de porcelaine, Relgers a parfaitement observé que sous l'action de certains liquides chauds, tout disparaissait ; mais si on évapore ces dissolvants, on ne retrouve aucune trace d'arsenic. Comment alors interpréter ce phénomène? Par un simple entraînement de la substance par les vapeurs du liquide en ébullilion ; cet entraînement est rapide et complet quand le dépôt arsenical est peu important, comme dans le cas des taches de la plaque de porcelaine et des anneaux du tube de iVlarsh; mais lorsque le dépôt est plus abondant, il faut un temps beaucoup plus long pour l'entraîner tout à fait, et alors l'arsenic se détache d'abord sous l'influence mécanique du liquide en ébullition et se dépose au fond du ballon. Toutes les variétés d'arsenic, même les plus ténues, de (90 ) même que l'arsénamine solide AsH, sont donc insolubles dans le xylol chaud. En opérant avec des liquides à point d'ébullition plus élevé, comme le phénol, on observe les mêmes phénomènes: les anneaux disparaissent même plus vite que dans le xylol. La variété brune de l'arsenic dont les chimistes les plus éminenls ont proclamé l'existence et dont Retgers veut faire une combinaison arsenicale, a donc bien une existence réelle. Sous ses différentes formes allotropiques, l'arsenic, de par ses affinités, refuse de se combiner directement à l'hydrogène, molécule à molécule, sous l'influence de la chaleur. II. — Réactions avec Canlimoine. L'étude des phénomènes qui se passent quand on chauffe de l'antimoine dans un courant d'hydrogène, nécessite l'emploi d'un produit exempt d'arsenic. L'anti- moine pur se prépare aisément aux dépens du tartre émétique par éleclrolyse. Comme l'ont montré A. Classen et R. Ludwig (*), ce procédé permet de séparer quantitativement l'arsenic de l'anlimoine; l'antimoine se dépose à l'électrode négative, l'arsenic reste en solution. J'ai soumis au courant électrique une solution d'éraé- lique à 5 '/„ légèrement acidulée par une trace d'acide lartrique, et l'antimoine s'est déposé sur le fond de la (*) Quantitative Analyse durch Eleclrolyse, 6"« Mitth. (Bbr. d. CHEM. Gbs., t. XIX, p. 323, 1886.) ( 9i ) capsule de platine servant d'électrode négative, en une mince pellicule, facile à détacher, que j'ai divisée en petits fragments, lavée à l'acide chlorhydrique, à l'eau, à l'alcool et à l'éther, et séchée à l'étuve à 105" C. Comme dans mes recherches sur l'arsenic, je me suis basé sur la réaction que l'iode exerce sur l'hydrogène antimonié, pour rechercher la présence éventuelle de ce dernier. Contrairement aux indications de 0. Brunn (*), j'ai constaté que l'hydrogène antimonié se décomposait comme l'arsénamine, en produisant de l'acide iodhydrique. Pour Brunn, la décomposition de l'hydrogène antimonié est complète au contact de l'iode ; mais ce chimiste semble admettre que l'hydrogène souillé d'hydrogène antimonié soit pur à sa sortie du tube à iode. Voici le texte (**) : « Wenn man durch Antimonwas- serstofT verunreinigtes Wasserstoffgas durch ein lodrohr leitet, so wird das Anlimonwasserstoffgas vôllig zerlegt und es enlweicht reines Wasserstoffgas (***). » L'auteur ne s'explique donc pas au sujet de la produc- tion possible d'acide iodhydrique. Ce fait m'a paru étrange; pourquoi l'hydrogène naissant, produit au moment de la décomposition de l'hydrogène antimonié, ne se Irans- forme-t-il pas au contact de l'iode en acide iodhydrique, (*) Ueber die Einwirkung von lod auf Arsen-und Anlimon- wasserstoffgas. (Ber. n. CHEM. Ges., t. XXI, p. 2546, 1888.) (**) Loc. cit., p. 2548. (***) Ed. Willm (deuxième supplément Dict. Wûrtz, première partie A-B, p. 342), dans son article Antimoine, donne de cette phrase l'interprétation suivante : • L'iode décompose complètement l'Iiydro- gène antimonié en donnant de l'iodure d'antimoine et de l'hydro- gène. » ( 92) tout comme le fait l'hydrogène naissant provenant de la décomposition de l'arsénamine? J'ai repris la réaction et j'ai reconnu que l'hydrogène antimonié, en présence d'iode, donne, comme on pouvait s'y attendre, de l'iodure d'antimoine et de l'acide iod- hydrique. Dans un petit flacon de Wouiff, à trois tubulures, j'in- troduis, d'après la méthode de Th. Poleck et K, Thûm- mel (*), un mélange intime d'antimoine pur et d'amal- game de sodium (**) exempt d'arsenic. Par une des tubulures lalérales, je fais passer un courant d'hydrogène purifié comme il a été dit plus haut, l'autre tubulure ser- vant au dégagement. La tubulure médiane est munie d'un entonnoir à robinet à tube effilé permettant de faire couler goutte à goutte de l'eau distillée sur le mélange d'anti- moine et d'amalgame. Le tube de dégagement est en communication avec un mince tube en verre de Bohême à étranglements, auquel (*) Arsenprobc der P/iarmacoroe imd einige neiic Silberverbin- dungen. (Ber. d. chem. Ges., t. XVIF, Rcf. 88, 1884.) ("*) La formation facile d'hydrogène antimonié aux dépens de l'amalgame de sodium semble due à la production d'un amalgame d'antimoine, amalgame où Tanlimoine est à l'état atomique, et qui se décompose au contact de l'eau ou de l'hydrogène naissant. Cependant l'antimoine compact, de même que l'arsenic métallique, est suscep- tible de se combiner directement à l'hydrogène naissant; en effet, j'ai constaté la formation d'arsénamine et d'hydrogîne antimonié quand dans un appareil de Marsh contenant du zinc et de l'acide sulfurique toxicologiques, j'introduisais respectivement de l'arsenic fraîchement sublimé dans l'anhydride carbonique et de l'antimoine électrolytique. Il faut donc admettre que l'hydrogène naissant est capable de décom- poser la particule complexe de ces deux éléments. ( 93 ) fonl suite un lube en U contenant de l'iode, un tube plu- sieurs fois recourbé et un flacon de Will-Erlenmeyer ren- fermant de l'eau distillée et fermé par un bouchon tra- versé d'un lube effilé. Tout l'appareil est rempli d'hydrogène pur, qu'on laisse ensuite passer très lentement; le mélange d'antimoine et d'amalgame de sodium est soumis à l'action lente de l'eau, et l'hydrogène antimooié se produit: on le reconnaît à l'anneau métallique formé en deçà de la flamme quand on chauffe le tube au niveau de l'un des étranglements. Aussitôt qu'on cesse de chaufl'er, l'iode du tube en U se couvre d'un dépôt brun-orange d'iodure d'antimoine, tan- dis que l'eau du flacon de Will-Erlenmeyer se colore par de l'iode entraîné, en même temps que sa réaction devient franchement acide. Quand on laisse couler l'eau un peu plus vile dans le flacon de Woulff, l'hydrogène el l'hydrogène antimonié se dégagent plus rapidement el, dans ces conditions, à l'extré- mité du lube eflilé qui surmonte le flacon de Will-Erlen- meyer, s'élèvent des vapeurs acides qui échappent à la dissolution à cause de leur formation abondante. 11 est donc hors de doute qu'il se forme de l'acide iodhydrique dans l'action de l'iode sur l'hydrogène anti- monié. Pour démontrer que l'antimoine ne se combine pas à l'hydrogène moléculaire à chaud, j'ai employé le même appareil que pour l'arsenic. La nacelle renfermant l'anti- moine électrolytique esl chauffée d'abord entre deux plaques d'asbeste, puis dans un fourneau à une tempéra- ture voisine du point de fusion du verre de Bohême. Après quelques heures de chauffée à une température peu élevée, ( 94) on constate la formation d'un anneau métallique très peu accentué, qui est évidemment produit par de l'antimoine. L'iode se couvre de quelques taches brun-orange d'iodure d'antimoine et l'eau du flacon de Will-Erlenmeyer reste absolument neutre. A haute température, les phénomènes sont les mêmes, mais se produisent d'une façon beaucoup plus rapide et plus nette; la formation d'iodure d'antimoine est de beau- coup augmentée, l'eau reste toujours neutre. L'absence totale d'acide iodhydrique prouve qu'il ne se forme pas d'hydrogène antimonié. Le tube en verre de Bohème pré- sente à sa partie située en dehors du fourneau et du côté du dégagement, un sublimé important d'antimoine métal- lique, grisâtre dans la partie la plus éloignée de la source de chaleur, puis, en se rapprochant de celle dernière, ce sublimé est continu et fort brillant, et à la limite du four- neau, il est formé de petites masses circulaires à aspect cristallin. La partie sublimée brillante intermédiaire pré- sente à sa face interne des cristaux très distincts. Au bout de deux heures, le sublimé total a une étendue de 7 à 8 centimètres, tandis que la nacelle, qui renfermait environ \ gramme d'antimoine, est presque vidée. Il s'agit par conséquent ici d'une simple sublimation d'antimoine; ce dernier se volatilise donc assez facilement et beaucoup plus facilement qu'on ne le croit en général. Comme j'ai pu le constater, la sublimation se produit déjà avant la température de fusion, qui est d'environ 430° C. J'ai réussi, en efl'et, à déplacer dans le tube à étrangle- ments un anneau métallique que j'avais produit par l'ap- plication d'une chaleur faible sur un courant d'hydrogène renfermant de l'hydrogène antimonié. M'élanl servi de la (98) méthode à l'amalgame indiquée plus haut, j'étais certain de l'absence de l'arsenic. On pourrait ici me faire une objection. L'antimoine est généralement connu comme un élément peu volatil; il faut, en effet, une température d'au moins 1437° C. pour le volatiliser complètement dans une atmosphère d'azote dans un appareil de V. Meyer (") chauffé au four Perrot, et prendre la densité de sa vapeur. En se basant sur ce fait, on pourrait croire que l'hydro- gène peut former à haute température de l'hydrogène antimonié, lequel se décompose ultérieurement, à une tem- pérature moins élevée, en antimoine et hydrogène. On connaît des cas de dissociations analogues; on sait, par exemple, d'après les recherches de V. Merz et E. Holz- mann (**), qu'on peut décolorer des vapeurs d'iode en les entraînant par un courant d'hydrogène à travers un tube en verre de Bohême chauffé peu au-dessous de sa tempé- rature de fusion; la coloration violette ne tarde pas à réap- paraître quand la température diminue; cela veut dire, en d'autres termes, qu'entre certaines limites, une tempéra- ture élevée favorise l'union directe de l'hydrogène et de l'iode. Supposons donc pour un moment que l'objection au (*) J. Mensching et V. iMeyer, Ucher das Verhalten des Antimons, Phosphors iind Arse/is bei Wcisitglûfihilzc (Lieb. Ann., t. CCXL, p. 517, 1887), et H. Biltz et V. Meyer, Uebcr die DampfdichtebeslitH' mung einiger Elemente und Vcrbindungen bci Weissgluth (Ber. d. cuEM. Ges., t. XXII, p. 72S, 1889). (*') Ucbcr Enlslehungsverhdllnisse des Bromxvasscrstoffs und lod- wassersloffs. (Ber. d. deutscii cuem. Ges., t. XXII, p. 867, 1889.) ( 96) sujet de la production momentanée de l'hydrogène anti- monié soit fondée. Si je remplace le courant d'hydrogène par un courant d'anhydride carbonique, aucune sublima- lion ne doit se produire. L'expérience vient prouver le contraire. Au bout du même temps et à la même température, le courant d'anhy- dride carbonique produit l'entraînement de la même quan- tité d'antimoine et la production d'un sublimé de même importance et tout à fait identique. L'entraînement se produit même jusque dans le lube à iode, où il se forme de l'iodure d'antimoine brun-orange, ou bien dans un appa- reil à boules de Liebig renfermant une solution de nitrate d'argent, oii apparaît bientôt un précipité noir. L'antimoine ne se combine donc pas à l'hydrogène moléculaire à chaud et est volatil dans un courant de gaz inerte. Le phosphore, l'arsenic et l'antimoine qui, sous tant de rapports, forment un groupe si tranché dans la série des éléments pentavalents, possèdent tous trois la même pro- priété de ne pas se combiner par union directe au gaz hydrogène et d'être simplement volatils à chaud dans un courant de ce dernier. Je suis heureux, en terminant, d'exprimer toute ma reconnaissance à M. le professeur Th. Swarls, pour les bienveillants conseils qu'il m'a donnés au cours de mes recherches. Laboratoire de chimie générale de rUnivcrsité de Gand. Mai 1895. (97) Sur les températures critiques de dissolution et leur application à l'analyse générale; par L. Crismer. Un corps qui se dissout s'évapore tout simplement dans l'espace du dissolvant; il possède une tension de dissolu- tion, comme les liquides possèdent une tension de vapeur, à une température déterminée; et, de même que la vapeur émise par un liquide dans une enceinte y exerce une pres- sion déterminée, pour une température définie, de même le corps dissous exerce, dans l'espace du dissolvant, une pression (la pression osmolique) qui est fonction, elle aussi, de la température. Les deux phénomènes, dissolution et évaporation, sont soumis à la même loi, subordonnés à la même constante, PV = RT, la loi de Boyie-Mariotte. Telles sont, dans les grandes lignes, les simplifications admirables introduites dans l'étude des solutions par les représentants les plus autorisés de la chimie physique moderne. Van 't Hofî", Ostwald, Nernst et Arrhénius. Mais le parallélisme entre les deux phénomènes, évapo- ration et dissolution, peut être poussé plus loin. Il existe, pour les liquides volatils, une température au-dessus de laquelle ils s'évaporent en toute proportion dans une enceinte, une température au-dessus de laquelle le ménisque qui sépare le liquide de sa vapeur disparaît : c'est la température critique. Sous la température critique, l'espace homogène se différencie, et on voit se reformer le ménisque. Ces phénomènes si intéressants se retrouvent dans les dissolutions. Pour beaucoup d'entre elles, il existe 3""* SÉRIE, TOME XXX. 7 (98 ) une température au-dessus de laquelle le corps considéré se dissout en toutes proportions dans l'espace du dissol- vant; au-dessus de celte température, il est impossible d'isoler le corps dissous, quelle que soit sa pression osmo- lique, quelle que soit sa concentration dans la solution; mais vient-on à amener la solution homogène en dessous de cette température, on voit l'espace liquide se différen- cier, un brouillard apparaît, à peu près comme dans le phénomène de la condensation des vapeurs, à leur tempé- rature critique, puis un ménisque se forme, limitant deux solutions : celle du corps dans le dissolvant et celle du dissolvant dans le corps considéré. C'est Orme Masson (*) qui, le premier, interprétant les expériences anciennes d'Alexejew sur les solutions, a montré ces analogies de températures critiques. Dans ces expériences, Alexejew (**) chauffait de l'acide benzoïque et de l'eau dans un petit tube scellé; il avait observé que, à un moment donné, l'acide se liquéfiait sous sa solution, bien en dessous de son point de fusion, et qu'à Hd%5, les deux couches disparaissaient pour former un tout homogène. HS^S représentait donc la tempéra- ture critique de dissolution de l'acide benzoïque dans l'eau. L'interprétation du phénomène est des plus simples : l'acide benzoïque se dissout dans l'eau, mais en même temps il dissout de l'eau et il se liquéfie en dessous de (*) Eine Folgerung ans der Theonc gasàhnlicher Lôsungen (Zeitsch. FUR pnys. Chbmie, t. VII, pp. 500-801, 1891). (") Lôsimgen (Annalen der Physik, N. F.B. XXVIII, pp. o0o-333, il (99) son point de fusion, car, en vertu de la loi de Raoult, l'ean, en se dissolvant dans l'acide, abaisse son point de congélation, c'est-à-dire de solidification. A partir du moment où les deux couches se sont formées et à mesure que la icmpéralure s'élève, elles changent de concentra- tion ; la solution de l'eau dans l'acide, la couche inférieure, cède de l'acide à la couche supérieure; celle-ci, la solution de l'acide dans l'eau, cède de l'eau à la couche inférieure; à M5°,5, les deux couches atteignent la même concenlra- tion et le ménisque de séparation disparaît. Alexejevv observa des faits semblables avec l'aniline, le phénol, l'acide métanitrobenzoïque el l'eau; le benzol, le toluol et le soufre fondu. En figurant les courbes de solubilité du corps dans l'eau et de l'eau dans le corps, il obtenait la jonction des courbes à la température critique. Il convient de rappeler, à l'occasion du travail d'Alexejew, que déjà en 1876 E. Duclaux Q avait frôlé la mise au point de celte importante question, en produisant des mélanges homogènes, tels que ceux de l'alcool amylique, de l'alcool élhylique el de l'eau, provoquant la formation de couches par l'addition de l'un ou l'autre des consti- tuants, observant l'influence très sensible des variations de température sur de semblables mélanges; l'action d'un sel dissous dans l'un ou l'autre liquide n'avait même pas échappé au savant observateur. Aussi Oswald consacre- l-il une analyse très longue au travail de Duclos, dans son grand traité de chimie; bien plus, ce travail, à la lumière des idées de la chimie physique, l'a amené, avec H. Pfeif- (') Sur la séparation des liquides mélangés (Annales de chimie et DE piivsiQUE, 5' série, t. VII, pp. Sô-i-STO). ( 100 ) fer (*), à prévoir la possibilité de déterminer la grandeur moléculaire d'un corps dissous dans un mélange tel (jue celui de l'alcool amylique, de l'alcool éthylique et de l'eau, à l'aide des variations de la température où s'accomplit la séparation des couches dans la solution. Signalons enlin, pour terminer l'énumération des mémoires se rallacliant à la même question, le travail de B. Rozeeboom (") rela- tif à la formation de deux couches liquides, quand certains solides sont chauffés aux environs de leur point de fusion, en présence de leur solution aqueuse saturée. Mais, comme nous l'avons dit, c'est Orme Masson qui, en 1891, eut l'idée de rattacher tous ces phénomènes aux températures critiques des gaz. C'est en m'inspirant de ces idées que j'ai cherché de nouvelles constantes physiques, applicables à l'analyse; la détermination des constantes physiques présente en général des avantages incontestés sur les méthodes pure- ment chimiques; elles sont ordinairement très faciles à déterminer et conduisent rapidement au but. Il suflît de rappeler l'importance acquise par la détermination du point de fusion, du point d'ébullition, de la conductibilité électrique, de l'indice de réfraction, etc. Si les faits observés par Alexejew se ramènent en réa- lité à des températures critiques de dissolution, ils doivent d'abord être susceptibles d'une grande généralisation ; ensuite, il doit être permis de déterminer cette constante avec une extrême simplicité de moyens, car si, par exemple, la température critique de l'anhydride carbonique (*) Ueber Lôsungen von begrenzler Mischbarkeit (Zeitschrift fur PHVSiKAL Chemie, i892, t. IX, pp. 444-476). (*•) Berlin. Berichte, 1889, R. 630. { 101 ) liquide esl sensiblement conslanle, même quand on lail varier dans des limites très larges la quantité de liquide dans une même enceinte (il sulfil de ne pas laisser descendre la pression sous la pression critique), par voie d'analogie, la température critique de dissolution doit être indépendante de la quantité des corps que Ton met en présence, du moins dans des limites très larges aussi; inutile donc de peser ni de mesurer le corps à dissoudre et le dissolvant. Les laits ont vérifié ces prévisions, pour les soixanle- liuil corps qui ont été étudiés; dans l'espace d'un mois, tant ces déterminations sont rapides, j'ai pu exécuter près de trois cents déterminations de températures critiques de dissolution, en dehors de mes occupations habituelles. Il existe une foule de corps qui n'ont pas de point de fusion bien caractéristique ni de point d'ébullition; ils sont pauvres en constantes physiques : ce sont les matières grasses; c'est ce qui m'a engagé à les soumettre aux essais qui vont être exposés. Mais ces matières représentent toutes des glycérides complexes; elles sont insolubles dans l'eau; l'expérience a démontré que l'hétérogénéité du système matériel n'alté- rait nullement la constance de la température critique de dissolution. Comme dissolvant, j'ai employé des alcools éthyliques de différentes concentrations, sans jamais les mesurer ni les peser. Détermination de la température critique de dissolution. Dans un petit tube d'environ 9 centimètres de long et de 5 à 6 millimètres de diamètre, fermé à un bout, on introduit quelques gouttes de la matière à examiner, ( 102 ) préalableraeiU foiulue et filtrée, s'il y a lieu. Pour ne pas souiller les parois du tube, il est recomraandable de se préparer de petites pipettes, présentant un petit renflement à la partie supérieure. Avant d'aspirer le liquide à exami- ner, on place le reuflement de la pipette un petit instant au-dessus d'une flamme, puis on aspire un peu de liquide. Ou bouche la partie supérieure de la pipette avecle doigt. L'air de la pipette, en se refroidissant, aspire le liquide, et l'on peut ainsi introduire la substance dans le tube à expérience sans mouiller les parois. Après écoulement de quelques gouttes de liquide, on bouche de nouveau avec le doigt, on attend quelques secondes; l'air continue à se contracter, en aspirant le liquide, et on peut sortir la pipette sans maculer le tube. On introduit alors l'alcool avec les mêmes précautions. Pour un volume de matière représenté par 1 , j'ai employé des volumes approximatifs d'alcool de i à 2, toujours au juger. En général cependant, j'ai employé à peu près sem- blables volumes des deux liquides. Les tubes sont scellés à la lampe, et lorsqu'on en a une série, on les applique par deux à la fois sur la boule d'un thermomètre sensible, de manière que la substance dans le tube soit au niveau du réservoir à mercure. On assujettit les deux tubes à l'aide d'un fil de platine. On peut, cela va de soi, surveiller en même temps deux thermomètres concordants et exé- cuter ainsi quatre déterminations à la fois. Le système ainsi préparé est plongé dans un large tube à réaction rempli aux trois quarts d'acide sulfurique con- centré; on chaulTe rapidement le bain, en agitant de temps en temps à l'aide du thermomètre lui-même; puis, quajid le ménisque de séparation des deux liquides a disparu pour faire place à un plan horizontal, indice du voisinage de la ( 103 ) température critique, on enlève le thermomètre et on le retourne vivement deux ou trois fois; bref, jusqu'à obten- tion d'un liquide bien homogène; ne pas laisser se refroidir le système à l'air, sinon on revient à la séparation des couches. On ne peut, thermiquemenl, observer exactement la température critique au momenL où elle est atteinte, à cause de la viscosité des liquides qui s'oppose à leur rapide diffusion. Le mieux est de dépasser cette température d'une dizaine de degrés et d'observer, en laissant insensi- blement se refroidir le bain, le moment où la formation des couches se produit. Ce moment est très facile à saisir; il est, du reste, précédé d'un petit phénomène avertisseur, la formation d'un trouble dans le peu de liquide retenu par capillarité dans la partie étirée du sommet du tube. Une seconde ou deux après que ce peu de liquide s'est troublé, on voit, en général, le ménisque du liquide homogène et transparent « partir » également, et l'opales- cence gagne bientôt toute la masse; puis le liquide s'éclaircit et le ménisque de séparation des deux couches apparaît. Inutile d'ajouter que l'on peut tout de suite élever la température du bain, reformer le liquide homogène et recommencer une nouvelle détermination. Le tableau 1 indique les températures critiques de soixante-huit substances, avec un alcool de densité 0,8195 à 15°,5. Les indications bis, ter, etc., se rapportent à des tubes différents, pour une même substance, et des quantités dif- férentes d'alcool, ad visum. ( 104 ) Tableau I. — Alcool de densité 0,8i95 à iS^S soit 555 "/o d'eaii. N»». SUBSTANCES. TEMPÉRATURES CRITI\JUES. 1 Graisse de beurre .... 100» 100" ioo;2 » Ibis — 100 100 100 » 2 — 101 101 101 » 3 - 100,3 100,5 100,5 » 4 - 99,5 99,5 99,8 - 4bis - 99 99 1 » o - 99 99 » » 6 - 101 100,5 » i 7 - 100 100,2 100 » 8 - 101,5 101 10i,2 » 9 - 100,5 100,5 101 » 10 - 100 99,8 100 » 11 - 101,5 102 102 » Ijbis — 102 102 102 ^ ilter — 101,5 102 D » 12 - 101 101,5 101,5 » 4^2bis - 101,5 B » » 13 - 99 99 99 s 14 — 99 99 98,5 » 15 - 94 93 > » 16 - 98 98,2 » » 17 — 82,5 83 » » 18 — 98,5 98 s t 19 — 106 106,2 106 » 20 — 105 lOo 105 » 20bis — 105 105 105 » ( i05 ) N"'. SUBSTANCES. TEMPERATURES CRITIQUES. 20'" 21 i 2 3 4 5 6 9 10 U Hbis 12 13 ISbis 14 lo Graisse de beurre Oléomargarine . Margarine . . . Arachides . . . Huiles de Arachides . . . Colon .... Sésame .... Olives .... Amandes douces. Colza brute . . — épurée . . Chanvre . . . OEillette . . . Noix Morue .... Ricin Beurre de coco . — coco . — cacao. Axonge .... Spermaceti . . lOao 104 125 123,5 122 124,0 123 llOjO 115,3 120 120 123 120 136 132,0 97 113 100,5 111,5 74 71,3 126,5 124 117 104:8 104 124,8 123 122 124 123 116 116 121 120 122,3 119,5 133,5 132,5 97 113,2 100,5 111,5 74,5 71,3 126,3 124 117 104^3 125 124 116 116 120,2 1) 123 119,3 136,5 132,5 126,5 124,3 123 119,5 0 132,8 ( 106 ) NOS. 16 17 18 19 20 21 22 23 24 23 26 27 28 29 30 31 SUBSTANCES. TEMPERATURES CRITIQUES. Suif de mouton . . . Moelle de bœuf . . . Cire, collection . . . — n" 2 — jaune .... — — n»2. . . Cérésine (ozokérite). . — — bis Paraffine n» 1. . . . n»2. . . . — liquide. . . Pétrole n" 1 . . . . — bis Térébenthine rectifiée . Cinéol Beurre de palme . . 116» 12o 126 81 444,& 129 175 178 141 158 140 91 90,5 14 79,5 116» 123,5 125,5 81 144,5 129 175 175 142 158 91 91 14 D 83,5 116;5 425,5 125 129,2 142 blanche. 92,5 Alcool 0,8195 à 19'>,S. Acide stéarique . . . Cristallisé de sa solution vers 32». — oléique. . . . Au-dessus de sa température critique à la température ordinaire. — palmitique . . Cristallisé de sa solution vers 36». 11 ressort de l'inspection de ce tableau que la tempéra- ture critique de dissolution se détermine avec une grande netteté et une grande constance et qu'elle est indépendante, dans des limites très larges, des quantités de corps en présence, car toutes les températures correspondant à des volumes différents d'une même substance et d'alcool, se confondent. ( 107 ) Avant de commenter les chiffres inscrits dans le tableau, il est nécessaire de préciser le sens un peu vague de l'expression « limites larges ». Afin de déterminer dans quelles limites d'erreur on pouvait fixer les températures critiques de dissolution, à l'aide de volumes différents des corps considérés, j'ai dressé les courbes de solubilité du beurre, de la margarine et de l'huile de colza, dans l'alcool à 9 % d'eau. Pour cola, des volumes variables des corps susdits et d'alcool, mesurés à la pipette de Geissler, ont été chauffés dans de petits tubes scellés au bain d'acide sulfurique; je notais la tem- pérature lorsqu'un trouble se manifestait en refroidissant lentement la solution. Les chiffres obtenus sont consignés dans le tableau II ci-après. Représentés graphiquement, en prenant comme abscisses les lempéraiures de sépa- ration de couches, et comme ordonnées le volume en pour cent de la matière dissoute, ils donnent une courbe très surbaissée, dont les deux prolongements vers l'origine et le point 100 de l'ordonnée figurent les solubilités res- pectives de l'alcool dans la matière grasse et de la matière grass^e dans l'alcool. Ainsi à 75°, il existe une solution de 4,76 de beurre et 95'%24 d'alcool, et une solution de 81 centimètres cubes de beurre et 29 centimètres cubes d'alcool. La première représente, par exemple, la solution du beurre dans l'alcool à cette température; la deuxième, la solution de l'alcool dans le beurre à cette même tempé- rature. Les termes « dissolvant » et «corps dissous» n'ont évidemment qu'une signification relative et arbitraire. Les deux courbes de solubilité se conf »ndent à la température critique, mais on voit tout de suite que les deux courbes réunies, pour n'en constituer qu'une seule, présentent toute ( 108 ) une série de points dont l'abscisse est sensiblement la même, tandis que l'ordonnée varie considérablement. Ainsi un mélange de 54'=%5 de beurre et de A&\5 d'al- cool se sépare en couches à 97°,2; un mélange de 25 centi- mètres cubes de beurre et de 7S centimètres cubes d'alcool se sépare à la même température. Tous les mélanges com- pris entre ces deux limites présentent à peu près la même température de séparation, il s'ensuil que l'on peut déter- miner la température critique de dissolution du beurre dans l'alcool à 9 7o d'eau, en employant un volume de beurre compris entre 2S et 55 % du volume total, sans commettre une erreur de plus de quelques dixièmes de degré. Inutile donc de mesurer ni de peser. On sera dans les meilleures conditions en employant un peu plus d'alcool que de beurre, ad vistim. iMêmes considérations pour les deux autres courbes. {Diagramme /.) Revenons maintenant aux chiffres du tableau I. Ce n'est pas le moment de discuter les écarts de température observés avec des substances de même dénomination, mais d'origines différentes; ce point est du ressort de l'analyse et de la composition des denrées alimentaires ou des pro- duits industriels. Je ferai remarquer cependant que les chiffres correspondant aux quatorze premiers numéros du tableau, variant dans de faibles limites, 99-102, se rap- portent à des beurres purs, d'origines connues. Il n'existe pas la même garantie de pureté pour les autres échan- tillons. Le n° 17, qui accuse une température critique extraordinairement faible, se rapporte à un produit vieux de deux ans et absolument impropre à la consommation. Un échantillon de cire, donnant 81° au lieu de 125°,5, a été reconnu être constitué par nn mélange de stéarine et d'acide stéarique. C'est la personne qui me l'avait fourni qui me l'a confié. ^ . ,0 L .Crismjtr^ ^ull. d& 1'A.ca.d.^ i . XXX, 3' ScWe. 5 20 as 30 35 4o 45 50 5J 60 65 JO fi 80 85 30 flS 100 io5 MO 115 120 125 ISO -135 l4o 0 S 10 15 20 0 35 4o 45 50 55 60 65 70 75 lemp&ratvtre^ de sépajrodtoyx- 85 90 36 100 105 «0 115 120 125 130 135 140 de ■cjlyi cvu.cJ'Les ( 109 ) ce co ïo «yi 'ïi ^ »(?» «î-l G-l S-1 -^ O 50 o W o ao O !0 o 0 w^ G) 02 S^ Oî , iffl 50 SO Ci r- t— t— t— LO ^+ co -^ ^ sffl_ sa^ so_ (î^_ 50_ 30 CD ' jq" ^ o" o r-^ t-^ I— " t-^ t-" 1-^ t— 00O3O5C5C;3îCi3535O5 32 O Ci c; O s-O 10 l.'î_ sa -s}» C3 -r^ -th" o 00 ~ ~ ■ 03 00 i— ro >!}• C5 CO O 10 rS «5 t- O -_-_ — — . - _■ ^ 00 -T^ •*" ctT M s^ s^ ro ?î îo «* «4" 50 J.O sa -j i;s o sn 00 -rH ( 110 ) En général, les produits purs, de même nature, possè- dent des températures critiques de dissolution très voi- sines. Les beurres, huiles, graisses, paraissent posséder une température critique d'autant plus élevée qu'elles ren- ferment une quantité plus grande d'acides gras fixes, inso- lubles, à l'état de glycérides. La détermination de l'identité de ces matières par les températures critiques a donc des points de contact avec la méthode de Hehners (dosage des acides gras insolubles), seulement elle est beaucoup plus sensible et cent fois plus rapide. Tableau III. SUBSTANCES. Densité moyenne à 100». Acides gras fixes moyenne «/o. Températures critiques de dissolution. Beurre pur. . . . 0,866 88 -lOOo — de palme. . I 86 vers 85 — de coco . . 0,869 82-83 7i-75 Margarine n" i . . 0,860 95,29 — 2 . . 0,862 95,21 > -124-125 — ;^ . . 0,863 95,51 1 Huile d'arachides . 0,862 95,25 123 — de sésame. . 0,868 95.04 120,5 — de coton . . 0,867 94,58 116 — d'amandes. . » 94,02 119,5 — de morue . . » 93,87 111,5 Les hydrocarbures, comme les paraffines, la cérésine, le pétrole, etc., présentent des écarts très considérables, et très probablement en relation avec la complexité des chaî- nons carbonés qu'ils renferment. ( m ) Tempéralure critique de dissolution d'un mélange de substances. La température critique de dissolution d'un mélange de corps est approximativement la moyenne arithmétique des températures critiques de chacun des constituants. Si T„ représente la température critique du mélange, Ta celle du constituant a, T. - 6, n le volume du constituant a en 100 volumes, n — 6 — IOO on a ^ _/?T„-f-(IOO-n)T, 100 Voici quelques déterminations exécutées avec des mé- langes de matières grasses, etc. Beurre Ta = iOO». Margarine T* = 124». Tm calculé. Trouvé. 1 volume. 1 volume. 112° 112°8 112°8 112°8 2 — i — 108 109 109 108,5 3 — i — 106 107,5 107 107,5 4 — 1 — 104,8 105 105 105,2 Ozok^rite Ta = 17S9. Cire T6 = 42o°,.5. 4 volumes. G volumes. US^S 147'>5 1 — 9 — 153,5 150,5 16^3692 Se^4322 155,4 157° 137 16^5722 ler,3572 152 155-156 Beurre Ta = 100». Oléomargarine T6 = i2o». 1 volume. 1 volume. 112''5 115° 113» 2 — 1,5 - 110,7 113 113 9 1 — 108,3 109 109 4 - 1 — 105 105 105 5 — 1 — 104,1 105,5 105,5 10 — 1 — 102,3 103 103,5 ( 112) Celte dernière série d'échantillons a été mesurée par gouttes et ne présente par conséquent pas une grande rigueur dans la mesure des volumes. La méthode donne donc des résultats approximatifs et permet d'exécuter des dosages dans les mélanges, en appliquant la formule. Cette fois encore, les températures critiques de dissolu- tion de mélanges sont absolument comparables aux tem- pératures critiques d'évaporalion de mélanges liquides. En efifet, en 1882, Pawlewski (*) a trouvé la même for- mule pour la température critique d'évaporation de mélanges. Plus lard, Schmidl (**), reprenant ces recherches, a exécuté toute une série de nouvelles déterminations, confirmant l'exactitude approximative de celte formule. Rudolf Knictsch s'e^t aussi occupé de ce point (**') et il a adressé une réclamation de priorité, tout récemment ("), à l'adresse de Raoul Piclet et Allschul, qui venaient de découvrir à nouveau, non pas la relalion, mais des faits épars relatifs au même sujet ('). {') Ueber die krilischen Temperaturen (lûss'ujer Kôrper (Berlin. BuRicHTE, d882, t. XV, pp. 4(30 et 2460). (*') Ueber die krilischen Temperaturen von Flussigkeits gemischen (LiEBiG's Annalen der Chemie, t. CCLXVl, p. 266, 1892). ('••) Liebig's Aîmalen, 1890, t. CCLIX, pp. 116-11 7. D Zeitschrift fur physikal Chcmie, 1893, pp. 751-732. {') Utilisation de la température critique des liquides pour la consta- tation de leur pureté (Comptes rendus, 1895, t. CXX, pp. 43-46). ( H3) Tableau IV. — Alcool de densité à iS'^yS. 0,1938 0,8061 0,8118 0,8145 0,8195 0,8219 0,8351 0,8483 0,8603 SUBSTANCES. eau eau eau eau eau eau eau eau eau 0 4 6 7 8,85 12 15 20 25 TEMPÉRATURES CRITIQUES. 46^2 72" 82°,5 89°5 99» 117^5 131:5 1620 163» Beum 46,2 72 82,5 » 99 117,2 132,5 160 157,5 ( > 1) .. » » . » 133 » \ 18 44 57,2 64,5 71,5 » 108,5 133 > Coco .... 18 44 57,2 » s " 108,5 135 .' 17,8 s I I s D » » » \ 49 72,5 85 > 100,5 119,5 136,5 165 180 Noii . . . .< 48,5 72,5 85,5 » I) 119,5 136,5 » 169 i a » » » B 119,9 136 > » Coton .... 65 65 89,5 89 101 101 107,5 107,5 113,2 132,5 132,5 143,5 143 162 179 . 78 101 112,8 119 126,5 145 vers 151 175 I Caca'O .... : » 101,5 112,5 119 126,5 145 » » « » 5 112,8 t " » » » » Margarine . . 78 « ' » 126 i )) » » 92 115 .. > 140 158 173 197 209 Paraffine liquide . 92 115,5 » » D 158,5 173 197,5 209 ^ » " » 9 » 138,5 » 1) » ' 133,5 » 162 168 175 » 207 223 >y Ozokérite . . . ) 133,3 1) 162,5 » » » 206 223 » l " - » » » » 206 » » Essence de térében- thine . . . . au- 1 dessous \ de - 40 » » -17 -17 1,0 1,5 14 s > » 86 115,5 f » s -17 1,5 " v » 9 ' 3°" SÉRIE, TOME XXX. ( il4 ) Températures critiques de dissolution dans les mélanges différents d'alcool et d'eau. Le tableau IV renseigne les températures déterminées avec des alcools de différentes concentrations, pour une série de corps. On voit tout de suite, à l'inspection du tableau, que les températures critiques de dissolution s'élèvent assez régu- lièrement, à mesure que la quantité d'eau augmente dans l'alcool. Les différences de température critique présen- tées par deux substances différentes, pour une série d'al- cools dilués, restent approximativement constantes. Si l'on exprime graphiquement toutes ces données, en prenant comme abscisses les pour cent d'eau (en dixièmes) et comme ordonnées les températures critiques, on remarque que les différentes températures critiques constituent très approximativement une fonction linéaire de l'eau; elles se trouvent, dans les grandes lignes, sur une droite dont l'ordonnée à l'origine est fixée par la température déterminée avec l'alcool à 0 % d'eau, c'est-à-dire l'alcool absolu. De plus, les différentes droites sont presque parallèles; de sorte que dès que cette constatation fut faite, il me suffît, pour prévoir approximativement les températures critiques inconnues d'un corps, avec différents alcools dilués, de fixer une température quelconque et de tracer une parallèle à une droite quelconque déterminée précé- demment, à l'aide de quelques-uns de ses points. {Dia- gramme //.) -ri" -s s:? X! i i 1 1 M : 1 j 1 î' 1 1 i i -0" . j i l,„ S 1 »^ 8 a' i ? ! \ 4 \ 1 \ L \ \- \ 1 1 !.. \ « \ V \\! \ V ■ -§- \ ^; 1 1 N « \r i '~~' Y i V 1 ^g ^ \ \ 1 \ 2\ \*- s^ î N « \ \i \^ 1. V \ \ \ N ''^ \, ^ k ^ \ Tf \ •^^ ^1 ^ \J 1 \ \^ ^N: • \ \ — \ \ sV N, '^ g ^ V \ \ \ \'v ■\ \ ~ \ f \s "•,? ^ v^ )\ \ \ \ N s^ y^ — À \ N, \ \ \ s xVl -^ \s- 5 ^ spj s \^ V o\ ^ \ ' o \ \ \ V, — > r ^^ .^^^ •r \ S- K V V \ wi \ L \ f ^ \ ^>i ^ \ \ \j \s \^ >•■ a- 1 \\ : \î \ ^) h t ^b ^o\ ^ \ ! \ \ r^-- r\ K t. \ p \ j ^N \ '■■• \, \ — , ^ \-! 'V V ':tj Û ïl _iJ^ ,? i ( H5 ) Plus des quatre cinquièmes des températures inscrites dans le tableau ont été prévues ainsi, approximativement, et vériûées ensuite par l'expérience. Mais des écarts consi- dérables se sont manifestés aux températures élevées (*). A l'inspection du graphique, en voit en effet la plupart des droites fléchir très sensiblement aux températures élevées. {*) Une cause d'erreur facile à éviter est due aux surchauffes inutiles, si on ne prend pas soin de retourner les tubes, une dizaine de degrés avant d'atteindre la précipitation des couches. Deux beurres donnant : a) 402 102 102 b) lOS 105 lOo ont été chauffés jusque vers 170»; à ce monnent, les tubes ont été retournés pour provoquer le mélange des couches, puis refroidis. La précipitation a eu lieu alors à a) 104 bj 107 Les mêmes tubes ont été de nouveau chauffés jusqu'à vers US»-! 15», agités et ramenés à la précipitation des couches a) 101,5 102 b) 105 104,8 Les tubes sont donc revenus à la température critique normale. Dans l'expérience précédente (104»-! 07»), pendant le refroidisse- ment de 170» à 107», il s'est condensé un peu d'alcool plus riche, à la surface; la solution, sous cet alcool, renfermait donc un alcool plus pauvre, plus aqueux, d'où élévation de la température critique. Mais en agitant et recommençant l'expérience, on évite cette erreur. ( 110 ) Pour le beurre et l'huile de noix, ce phénomène est très accusé. Une série de déterminations exécutées avec un même tube, pour ces substances, donnent des chiffres bai.-sant de plus en plus (162, 160, 133) (180, 169) (163- 157,5). Or, voici comment on opérait : deux tubes étaient fixés à la fois sur un même thermomètre; l'un renfermait du beurre fondu et l'alcool à 20 7o d'eau; l'autre, le même beurre et l'alcool à 25 "/„ d'eau. Dans un premier essai, je déterminais la température critique pour le premier tube, en chauffant jusque vers 172° et revenant en arrière à la séparation des couches, comme je l'ai indiqué précédem- ment. Température critique, 162°. Cela fait, je chauffais de nouveau et je répétais l'expérience. Température, 160". Alors je procédais à la détermination avec le deuxième tube, en chauffant jusqu'à vers 190" et revenant en arrière (163°! au lieu de 182° environ). Chauffe nouvelle; deuxième détermination, 157°,5. Pendant tout ce temps, le premier tube était, lui aussi, évidemment soumis à ces hautes températures; je faisais alors une troisième déter- mination avec le premier tube, et au lieu de 160, je ne trouvais plus que 153°! Il était évident que des modifications profondes s'étaient produites dans le système matériel sous l'influence des températures élevées (*). Et comme la température subit (*) Les tubes servant à la confection des tubes scellés ont toujours été soumis, pendant une dizaine de minutes, à l'action d'un courant de vapeur d'eau. Ce traitement » améliore » le verre et le rend moins attaquable par l'eau; cela a été démontré par une foule de détermi- nations des conductibilités électriques. (Voir Ostwald, Tra'Uè pra- tique des opérations de chimie.) ( H7) une cliule rapide, on devine immédiatement qu'il doit y avoir eu saponification des matières grasses, avec mise en liberté des acides gras. C'est ce que j'ai pu vérifier en ouvrant l'un des tubes (135''); le contenu était chargé d'éthers très parfumés et nécessitait l'addition d'une quantité considérable de soude caustique diluée avant de rougir la phénolphtaléine; la matière primitive, au con- traire, ne nécessitait que très peu de soude pour atteindre ce résultat. Il est très probable que toutes les matières grasses subissent une saponification aux hautes températures; mais dans la série des corps en expérience, c'est l'huile de noix et le beurre qui se distinguent par leur facile altération. Sans doute, les inflexions des droites sur le tableau n'ont aucune signification quantitative, car il n'a pas été tenu compte du temps, de la durée d'action, el le temps constitue un facteur important dans ce genre de recher- ches, car il intervient dans la fixation de la vitesse de décomposition. Néanmoins, ces observations présentent un grand inté- rêt analytique, car elles permettraient, en tenant compte du temps et en opérante des températures constantes, de fixer approximativement ces vitesses de saponification. D'où tout un champ ouvert à l'analyse si pénible des matières grasses. J'ai dit « fixer approximativement », parce que l'on a affaire ici à des systèmes trop hétérogènes pour oser espérer déterminer avec quelque précision les constantes logarithmiques des vitesses de réaction. Bien entendu, il ne s'agirait plus ici de |)réparer des tubes scellés avec des quantités variables de liquides; il fau- ( H8) drait, au contraire, mesurer exacleraenl les volumes des matières réagissantes, car les vitesses dépendent aussi des quantités des corps en présence. [I y a là un champ très intéressant à fouiller. Et il est facile de prévoir les résul- tats analytiques de telles recherches. On sait, en effet, depuis les travaux de Reicher (*), que les constantes de saponification des éthers d'un même alcool, avec différents acides, diminuent à mesure que le poids moléculaire de l'acide augmente. Les matières grasses sont des éthers de la glycérine avec différents acides; leur constante de sapo- nification sera donc d'autant plus forte qu'elles renferme- ront plus de glycérides d'acides gras à poids moléculaires faibles. Ainsi, la droite pour la margarine fléchira peu; pour le beurre, au contraire, elle fléchira fortement. La réalisation d'un semblable travail ne peut être ni longue ni pénible, si l'on n'envisage que lesr ésultats pra- tiques à en déduire. Pour l'essence de térébenthine commerciale, j'avais déterminé deux points de la droite : 86" avec l'alcool à 20 7o, l4-° avec l'alcool à 9 7o- En continuant la droite, on arrive à environ i" pour l'alcool à 7 % d'eau (trouvé, 1°,5) et à H 8° environ pour l'alcool à 25 "/„ d'eau (trouvé, H5°,5). Mais au lieu de -5" avec l'alcool à 8 7o> j'ai trouvé -17". 11 y a là une inflexion importante, due vraisemblablement à la formation de cryohydrates, soit de l'alcool, soit de la térébenthine, car les deux corps sont susceptibles d'en fournir. Ici encore donc, on est averti d'un changement dans le système matériel. (•) Liebig's Annalen, t. CCXXVIII, p. 257, et t. CCXXXII, p. 103. ( 449 ) Nous disions que les températures critiques inscrites dans le tableau représentent, dans leur première partie surtout, des fonctions linéaires pouvant être traduites par la formule générale y = ax -+- b, où y est la température critique de dissolution, x la teneur en eau de l'alcool, et b l'ordonnée à l'origine ou la température critique déter- minée avec l'alcool absolu. Si l'on remplace x, î/ et 6 par leur valeur déterminée expérimentalement, on arrive très facilement à détermi- ner o, et les formules deviennent pour les corps suivants : Térébenthine . . y = 0,650 X — 44° Coco y = 0,594 X -+- 18 Beurre .... y = 0,580 X -+- 48,2 Noix y = 0,578 X ■+■ 48,5 Colon y = 0,558 X -i- 65 Cacao y = 0,539 X -»- 78 Paraffine liquide . y = 0,553 X -t- 92 Ozokérite . . . y = 0,46 X H- 133,5 Et l'on voit que les coefficients angulaires, pour chaque droite, diminuent à mesure que l'ordonnée à l'origine aug- mente, c'est-à-dire à mesure que s'élève la température critique de dissolution dans l'alcool absolu. Pour la térébenthine, cela va de soi, j'ai prolongé la droite passant par 14" et 1°,5 jusqu'à sa rencontre avec l'axe des y, comme si aucune inflexion ne survenait. L'in- tersection des deux droites renseigne -44% et j'ai constaté que le mélange était encore au-dessus de la température ( i20 ) critique, à la température où le mercure se congelait, c'est-à-dire vers - 40°. Il me reste à attirer l'attention sur une méthode spé- ciale de détermination de la température critique de dis- solution : une méthode optique. Ce titre est un peu préten- tieux, eu égard aux quelques faits observés; encore est-il que ceux-ci suffisent à montrer l'analogie qui existe entre les phénomènes de dissolution et ceux d'évaporalion. On sait par les travaux qui ont été publiés sur les tem- pératures critiques des gaz, et ceux de M. De Heen y occupent une large place, que la température où la tension superficielle d'un liquide devient nulle, se confond avec la température critique. C'est-à-dire que si l'on chauffe un liquide jusqu'à sa température critique, on voit le ménisque du liquide s'aplatir de plus en plus et devenir tout à fait horizontal, avant sa disparition complète. Quelques auteurs ont même observé le phénomène où le ménisque, de con- cave qu'il était, devenait convexe (*). Il est intéressant de faire remarquer à ce sujet que la diminution de la tension superficielle, en fonction de la température, représente aussi une équation linéaire, comme l'élévation de la tem- pérature critique de dissolution, en fonction de l'eau con- tenue dans l'alcool. De sorte que, connaissant deux points des droites figurant les tensions superficielles, on a pu tracer celles-ci et prévoir la température où la tension superficielle est égale à 0°, c'est-à-dire la température cri- tique. 11 en est exactement de même des tensions superfi- (') OsTWALD, Lelirbuch der allgemeinen Cheniie, t. 1, 189i, p. 537. ( 121 ) cielles de l'huile, en présence de l'espace du dissolvant (l'alcool). Lorsque Ton verse, au moyen d'une pipette capillaire, l'alcool sur l'huile, dans le tube à expériences, on voit les liquides limités par un ménisque très accentué. En chauf- fant le tuhe scellé dans le bain d'acide sulfurique concen- tré, on voit le ménisque s'aplatir de plus en plus, jusqu'à devenir parfaitement horizontal. Ce phénomène se perçoit très facilement à l'œil nu déjà; quand il se produit, on est averti qu'il est à peu près temps de renverser les tubes, pour obtenir un liquide homogène. Afin de m'assurer si le phénomène présentait une grande constance et était susceptible de mesure, j'ai braqué sur l'appareil servant aux déterminations un microscope fixé sur un support d'électromètre de Lippmann et j'ai amené le ménisque dans le champ de l'objectif, de façon à lui faire occuper à peu près le diamètre horizontal du cercle perçu à l'oculaire. De petits mouvements ascension- nels se produisent pendant l'opération, mais on peut sui- vre tout de même le ménisque, en manœuvrant la vis de l'électromètre. On peut rendre l'expérience bien plus sensible encore en colorant l'alcool par un peu de fuchsine ; alors la moi- tié du champ visuel est rose; l'autre reste incolore, car les huiles ne dissolvent guère la fuchsine. Les deux crois- sants sont séparés par le ménisque qui se dessine nette- ment en noir. Le tout étant ainsi disposé, on chauffe lentement le bain en agitant à l'aide d'un courant d'air ou d'un agitateur en verre, et on fait la lecture sur le thermomètre au moment où la courbe noire se transforme en une ligne horizontale. ( 122 ) Ce point se saisit avec assez de facilité, même par l'œil peu entraîné à ce genre d'impressions. Températores critiqaes déterminées optiquement. thermiquement. Différence. 99",8 Beurre nM . . . { 99,2 99,5 94 Beurre n" 2. . . { 94,2 94 i03°,5 103,S 99 99 Je n'ai malheureusement pu multiplier ces expériences, mais elles suffisent à montrer que l'observation du mé- nisque constitue également un moyen commode pour lixer la température critique de dissolution; mais cette nouvelle température ne se confond pas avec celles où les deux liquides, formant un tout iiomogène, donnent lieu, par refroidissement, à une séparation de couches. Dans les deux séries d'expériences, il y a un écart non insignifiant de 4» à 5° ! Quand on dépasse la température critique, on voit, mais moins distinctement, la droite limitant les deux demi-cer- cles prendre une forme convexe, de concave qu'elle était ; et si l'on refroidit, on assiste parfois à un phénomène étrange : au moment où les liquides se diflférencient de nouveau, apparaissent en un point du ménisque une nuée de petits projectiles sphériques, constitués par de petites bulles de solution : un vrai bombardement de la zone neutre, dirigé vers la couche inférieure et vers la couche supérieure; et c'est en souriant des dérèglements de la ( 123) < foile du logis » que la pensée, à ce moment, se reporte vers les régions de l'univers où, à un moment donné, dans un système homogène, des différenciations ont pu se produire en affectant peut-être, d'une manière grandiose, ces projections de sphères que le microscope me révélait ici. Influence de la pureté de l'alcool sur les températures critiques de dissolution. Si, l'alcool étant constant, on trouve des écarts si consi- dérables dans les températures critiques lorsque l'on fait varier la composition de la matière grasse anhydre ou de l'hydrocarbure, on doit aussi, inversement, en employant une matière grasse constante, retrouver des différences dans les températures critiques, si l'alcool varie de com- position. Pour examiner rapidement ce point, j'ai additionné de l'alcool élhylique de densité 0,8195 à 15°,5, de quantités variables d'alcools isobutylique et isoamylique. Ces al- cools m'ont alors servi à déterminer la température cri- tique de dissolution d'un beurre. Températures critiques. Alcool éthylique 99» 99» vol. alcool isobutylique . 98» 98° 200 -2 ÏÔÔ 95%5 95° 1 vol. alcool isoamylique . 98° 98» 200 ^ ^ 2 ÏÔÔ 94° 94»,2 ( 124 ) Ces essais n'ont pas été poursuivis; ils étaient institués moins en vue de fixer l'influence de l'homologie des alcools dans les températures critiques, que d'éclairer ce point, à savoir: différents chimistes, employant des alcools de même densité, mais de provenances diff'érentes, trou- veront-ils les mêmes constantes pour les températures cri- tiques, et la nature de leurs alcools, malgré l'étiquette, partout la même, ne va-t-elle pas donner lieu à des écarts et des confusions dans les résultats? Je me suis procuré un vieil alcool absolu, de provenance allemande, et je l'ai ramené à la densité de 0,8195 à la température exacte de 15°,5. J'ai ensuite comparé les tem- pératures observées en me servant de cet alcool, avec celles que fournissait un alcool fin du commerce, de den- sité 0,8195. Les résultats ont été identiques, et par consé- quent cette crainte n'est pas justifiée. En résumé : i° La température critique de dissolution constitue, pratiquement, une constante facile à déterminer sans pesée ni mesure de volumes; 2° La température critique de dissolution d'un mélange de corps dans l'alcool est approximativement la moyenne des températures critiques des constituants; 3° Les températures critiques de dissolution d'un même corps dans des alcools de différentes dilutions se figurent approximativement par une droite; 4° Les droites ainsi obtenues pour les différents corps ont un coefficient angulaire d'autant plus faible que les corps considérés ont une température critique de disso- lution dans l'alcool absolu plus élevée; ( 12^ ) 5° Des modifications dans l'état des corps et l'intensité de ces modifications entraînent immédiatement des varia- tions correspondantes des températures critiques de disso- lution. Bruxelles. Laboratoire de chimie générale de rÉcole militaire. Note sur les Diclidophorinae (Cerf.) et description d'une nouvelle espèce : Diglidophora Labragis (Cerf.) ; par Paul Cerfonlaine, assistant à l'Institut zoologique de l'Univer- sité de Liège. Au mois de septembre 1894, j'ai recueilli dans la mer du Nord, au White Bank, un Trémalode vivant sur les branchies du Bars commun : Labrax Lupus. Ce parasite, dont je n'ai pu recueillir qu'un exemplaire unique, appartient au groupe des Octocotylidés (Van Bene- den et Hesse). Les caractères macroscopiques de cette forme sont assez semblables à ceux du genre Daclylocotyle ; mais un exa- men plus minutieux démontre qu'on ne peut la ranger dans ce genre. Un caractère saillant, c'est que, si l'on examine par transparence l'animal vu par la face ventrale, on aperçoit, dans chacun des huit organes de fixation postérieurs, une formation cruciale, faisant partie de la charpente chiti- neuse de ces organes. Chaque organe de fixation présente la forme d'une cupule, dont l'onûce circulaire ou ovalaire est dirigé obli- quement vers la face ventrale. ( 126 ) Par ces caractères el d'autres, celte forme diffère du genre Dactylocotyle, el nous devons la ranger à côté des espèces décrites par S. Goto (1) sous les noms de : Diclidophora smaris (Ijima); Diclidophora elongata (Goto) ; Diclidophora sessilis (Goto) ; Diclidophora tetrodonis (Goto). Nous désignerons cette nouvelle espèce sous le nom de: Diclidophora Labracis (Cerf.). Caractères extérieurs. — Ce ver mesurait environ 4 mil- limètres de longueur. Le corps proprement dit a la forme d'un ovale allongé, présentant son maximum de largeur vers le milieu, et s'atténuant progressivement de ce point jusqu'à l'extrémité antérieure et jusqu'au plateau flxateur. Ce plateau porte huit organes de fixation disposés en fer à cheval et portés sur des pédicules bien développés. La limite entre le corps proprement dit et le plateau est nettement indiquée, par suite de cette circonstance, que la partie postérieure atténuée du corps proprement dit s'insère dorsalement sur le plateau fixateur, de sorte que ce dernier présente en avant un rebord saillant. Les pédicules de la dernière paire d'organes de fixation s'insèrent au voisinage l'un de l'autre, et l'examen par transparence ne m'avait permis de trouver en cet endroit ni prolongement ni crochets. La série de coupes trans- versales m'a démontré cependant qu'il existe en ce point (1) Ectoparasitic Trematodes of Japon (Journal of the Coll. of. Se. Imp. Univ. Tokyo, 1894). ( i27 j une languette, et il est possible que sur le ver intact on trouverait des crochets chitineux à l'extrémité de cette languette (ûg. 12). Organes d'adhésion. — Le Diclidophora Labracis pos- sède différents moyens de s'amarrer à son hôte. I. Le plateau fixateur porte huit organes pédicules, en forme de massues, disposés en fer à cheval autour de l'extrémité postérieure. Chaque organe est pourvu d'une charpente chitineuse compliquée, et cette charpente présente la même consti- tution dans chaque organe. Ces organesfonctionnentcorame ventouses et non pas à la façon de pinces, comme c'est le cas chez la plupart des genres d'Octocotylidés. L'orifice de la ventouse est circulaire ou ovalaire et la cavité est plus ou moins hémisphérique. La charpente chitineuse comprend un nombre assez considérable de pièces; on en compte neuf dans chaque ventouse: La pièce la plus volumineuse (a) présente une forme très irrégulière, mais constante, dans chaque organe. On peut la ramener à la forme d'un T, dont la branche verti- cale serait très développée et recourbée sur elle-même, la branche transversale, au contraire, relativement peu déve- loppée. La branche transversale du T occupe le fond de la cupule; la branche verticale se dirige vers le pédicule de l'organe, puis se rrplie vers la face ventrale et atteint le bord de l'orifice de la ventouse. En ce point, elle présente un prolongement lamelleux se dirigeant parallèlement à une autre pièce (c). La pièce (a) est creuse dans la plus grande partie de ( 128 ) son étendue, et sur le parcours de la branche verticale du T, cette cavité communique par plusieurs orifices avec le tissu ambiant; ces orifices apparaissent comme des crénelures dans la figure 3. Au milieu de la branche transversale de la pièce (a) se trouve une échancrure dans laquelle vient s'articuler une seconde pièce (6); cette dernière est beaucoup plus petite que la pièce (a). Dans l'axe de la pièce (6) existe également une cavité, et latéralement cette pièce présente des expan- sions aliformes. Autour de l'orifice de la ventouse se trouvent dispo- sées plusieurs pièces chilineuses, à savoir : Les pièces (c) et (c'), le long du bord proximal, et les pièces (d), [d') et (e), (e'), le long du bord distal. Les pièces (c) et(c') ont la forme de lames et se con- tinuent chacune, en dehors, dans une tigelle aplatie, se dirigeant vers le centre, pour aller rejoindre et recouvrir une extrémité de la branche transversale de la pièce (a) (fig. 3). Les pièces {d), {d'), (e) et (e'), présentent la forme d'aiguilles à sutures, dont les pointes proéminent sur le bord distal de l'orifice de la ventouse. Enfin, nous trouvons dans chaque charpente une petite pièce anguleuse (/"), située au bout du prolongement lamelleux de l'extrémité de la branche verticale de la pièce en forme de T. La formation cruciale que l'on aperçoit au fond de chaque ventouse, quand on examine l'animal par la face ventrale et par transparence, est constituée par la pièce (6) et par la branche transversale et le commencement de la branche verticale de la pièce en forme de T (Gg. 3 et fig. i). Une coupe longitudinale, dorso-venlrale, d'un de ces organes se trouve représentée dans la figure 4. ( 429 ) Elle passe par les pièces chilineuses (c'), (rf), (c), et elle inléresse deux fois la pièce (a). L'examen de la figure 3 rend bien comple de celle image, la coupe élant faite suivanl la direclion 1,1'. La coupe passe également par la masse musculaire volumineuse, qui occupe le fond dé la cavité de l'organe. J'ai représenté, dans la figure 5, une coupe faite dans une direclion parallèle à l'orifice d'une venlouse. L'exa- men des figures 3 et 5 montrera quelles sont les pièces de la charpente chitineuse rencontrées sur une section semblable. Dans celle coupe, on voit neltemenl indiqués les quatre champs musculaires que l'on trouve dans la paroi de chaque venlouse, et on dislingue les bandelettes chili- neuses (6. ch.) qui se trouvent au voisinage de la face interne de ces organes. Ces bandelettes sont disposées en séries concentriques, comme le montre la figure 3. La figure 6 représente, à un grossissement de 500 dia- mètres, une partie d'un champ musculaire. On dislingue nellemenl la slrialion transversale des éléments muscu- laires. Dans une note publiée l'année dernière (1), j'ai signalé l'existence de fibres musculaires striées dans la venlouse postérieure d'un Trislomide, le Men'zocotyle diaphamnn (Cerf.). Chez ce ver, la slrialion se présentait parloul sous le même aspect, il y avait toujours alternance de bandes foncées et claires, mais toutes les bandes foncées avaient la même épaisseur. Il s'agissait probablement d'éléments musculaires contractés. (1) Paul Cerfontaine, Sur l'existence de fibres musculaires striées chez un Trcmatode (Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, n» 6, 1894). 3"" SÉRIE, TOME XXX. 9 ( 130 ) Chez le Diclidophora Labracis (Cerf.), j'ai trouvé, au contraire, deux aspects bien différents, qui représentent évidemment l'état de contraction et l'étal d'extension des éléments musculaires. Dans la fibre représentée figure 7, a, il y a alternance régulière de bandes foncées épaisses et minces, tandis que dans l'image représentée figure 7, b, tous les disques foncés ont la même épaisseur. S. Goto (1) a décrit et figuré des éléments musculaires striés, dans la ventouse postérieure d'un Trislomide, le Monocotyle Ijimae. Cet auteur a trouvé également l'alter- nance des bandes foncées épaisses et minces. Goto n'a observé des éléments musculaires striés quedans cette seule forme de Trématodes, et, chose digne de remarque, il s'agit précisément d'une forme très voisine du Merizo- cotyle. Dans les organes d'adhésion de différentes espèces d'Octocotylidés, chez lesquelles ces organes fonctionnent comme pinces, j'ai vainement cherché à trouver une structure semblable dans les éléments musculaires. Il semble que cette constitution n'est bien apparente que chez les formes qui changent souvent de place et dont les mouvements sont par conséquent plus énergiques et plus répétés. C'est le cas notamment pour le Monocotyle Ijimae dont Goto écrit ces mots : « Tlie looping move- ment, in Monocotyle, is very rapid and energetic, and is just like Ihat of on exciled leech. » Chez le Merizocolyle, les mouvements sont également rapides et le Diclido^ phora, chez lequel les organes de fixation fonctionnent, (1) Goto, loc. cit. ( 131 ) comme ventouses, se déplace probablement plus souvent que les espèces dont ces organes fonctionnent comme pinces. Th. Pinlner (1) a signalé l'existence d'éléments mus- culaires striés dans les muscles des trompes de Tetra- rhynchus. Il s'agit encore dans ce cas d'organes très mobiles. Comme je l'ai dit plus haut, les organes de fixation du DicUdophora Labracis fonctionnent à la façon de ven- touses proprement dites. Le rôle principal dans la fixation t'st dévolu au gros faisceau musculaire qui se trouve dans l'axe du pédicule de chaque organe (fig. 12). Ce faisceau se termine dans une masse musculaire volumineuse qui occupe le fond de la cavité de la ventouse. Quand l'orifice de l'organe est appliqué sur la branchie, cette masse mus- culaire se contracte et détermine un vide relatif qui fait adhéier l'animal à son hôte. Cette adhérence est augmentée par la contraction des éléments musculaires que l'on rencontre dans la paroi de la ventouse, sur tout le pourtour de la cavité, et qui se trouvent répartis en quatre champs entre les pièces chiti- neuses de la charpente. En troisième lieu, il y a des éléments musculaires dis- posés en sphincter près du bord de l'orifice des ventouses et la contraction de ces éléments musculaires, plus nom- breux sur le bord distal de l'orifice, détermine la pénétra- tion des pointes des pièces (rf), (d'), (e) et (e') dans les tissus de l'hôte (fig. 5 et fig. 4, m. sph.]. (I) Th. PiKTKER, a rbeiten aus d. Zoolog. Instit. der Univ. Wien und d. Zool. Slat. Triéste, III, 1880. ( i32 ) II, Un second moyen de fixation réside dans la pré- sence des venlouses buccales. L'orifice buccal eslovaiaire, à grand axe transversal ; il est situé près de l'extrémité antérieure du corps, mais il est infère. Il donne accès dans la cavité buccale qui communique laigemenl avec les cavités des venlouses situées à droite et à gauche (fig. 8). La paroi musculaire de ces ventouses se perd insensible- ment dans la lèvre supérieure ou dorsale. Indépendam- ment des muscles de la paroi de ces ventouses, il y en a d'autres qui interviennent, je pense, dans le fonctionne- ment de ces organes, il s'agit de quatre faisceaux muscu- laires \olumineux que l'on rencontre dans la partie antérieure du corps et qui s'insèrent aux ventouses buccales. Ces faisceaux sont caractéristiques des Didi' dophorinœ (voir figure 2 de la planche qui accompagne celte note, et figure 6 de la planche X de Goto). Il me semble que les faisceaux internes (/". m. i) aug- mentent l'adhérence, en dilatant par leur contraction la cavité de la bouche et des ventouses buccales, tandis que les faisceaux externes (/". m. c.) sont antagonistes des pre- miers et servent à faire lâcher prise, quand l'animal veut se déplacer. III. Je dois signaler la présence d'une languette à l'extré- mité postérieure du corps. Je n'ai pas trouvé trace de crochets à l'extrémité de cette languette. S'agit-il d'un organe rudimenlaire, ou existe-t-il des crochets chez le ver intact? Je ne pourrais répondre aclucllement à cette question, étant donné que je n'ai eu à ma disposition qu'un exemplaire unique. Organisation interne. — Tube digestif. — La bouche infère se trouve située au voisinage de l'extrémité anté- ( 153 ) rieure; l'orifice est ovalaire, à grand axe transversal; il donne accès dans la cavité buccale qui présente la forme d'un entonnoir, mais qui communique largement à droite et à gauche avec la cavilé des ventouses buccales. Le bulbe pharyngien est sphérique et renferme un certain nombre de glandes; l'œsophage est large et présente laté- ralement des dilatations (fig. 2); la cavité œsophagienne s'étend ventralement en dessous du bulbe pharyngien, ce qui se voit bien dans la coupe représentée figure 9. A l'ex- trémité postérieure de l'œsophage, qui, du reste, est très court, l'intestin se bifurque en deux branches principales qui s'étendent jusqu'à l'extrémité postérieure du corps proprement dit, en donnant naissance à un grand nombre de branches collatérales, dirigées les unes vers la médiane, les autres vers les bords. Ces dernières sont les plus déve- loppées et se subdivisent la plupart en deux ou trois lobes. A l'extrémité antérieure du plaleau fixateur, les deux branches principales de l'intestin s'anasiomostnl pour constituer une poche médiane dans le centre du plateau. De cette poche centrale parlent des diverticules lobules, dont un, parfois deux, pour chaque pédicule d'organe de fixation. La figure d'ensemble se trouve représentée dans la figure i . Appareil iirinaire. — Les pores urinaires sont situés au voisinage des bords, du côté de la face dorsale. Ils se trouvent au niveau de l'orifice du sinus génital, comme cela ressort de l'examen de la figure 10 de la planche (if. Système nerveux. — La bandelette cérébrale se trouve située dorsalement, au-dessus de la moitié postérieure du ( 454 ) bulbe pbaryngien. Elle est relativement développée (fig. \ et fig. 9). Elle donne naissance à deux troncs nerveux dirigés en avant (fig. 8) et à quatre troncs dirigés en arrière (fig. 10). Des quatre troncs postérieurs, les deux externes s'étendent au voisinage des bords jusqu'à l'exlrémilé postérieure du corps proprement dit. Les deux troncs postérieurs exter- nes sont moins volumineux que les internes. Ces derniers courent au voisinage de la face ventrale, en dedans des branches principales du tube digestif. Ils présentent une première anastomose vis-à-vis des points d'émergence des pédicules de la première paire d'organes de fixation et une seconde anastomose vis-à-vis des points d'origine des pédicules de la dernière paire. Ils fournissent un tronc nerveux à chacun des huit pédicules (fig. i). On trouve chez le Diclidophora un certain nombre de cellules nerveuses réparties en différents endroits. Il y en a deux de chaque côté de la médiane, immédiatement en avant du cerveau; dans la figure 8, on aperçoit une de ces cellules à droite et une autre à gauche. On en trouve éga- lement quelques-unes de chaque côté, en arrière de la bandelette cérébrale. Immédiatement en arrière de l'orifice sexuel, on rencontre encore sur les coupes une cellule de nature nerveuse à droite et à gauche de la médiane, au voisinage de la face ventrale. Enfin, dans chacun des pédi- cules des organes de fixation, se trouvent quelques cellules présentant les mêmes caractères. Organes sexuels. — Appareil mâle. — Les testicules se trouvent répartis dans la partie postérieure du corps pro- prement dit, entre les branches principales du tube diges- tif, depuis l'extrémité postérieure du germigène jusqu'au ( ^35 ) point de réunion des deux troncs de l'intestin. Les sper- matozoïdes sont éconduils par des canalicules excréteurs, qui s'unissent entre eux pour constituer en dernière ana- lyse un canal déférent unique. Celui-ci se dirige en avant jusqu'au sinus génital. 11 se trouve situé dorsalement par rapport à l'oviducte et à l'utérus. Près de son extrémité antérieure, il se dilate en une vésicule séminale dans laquelle débouchent les canaux excréteurs de deux groupes de glandes prostatiques (fig. 10); puis il traverse le bulbe génital et débouche dans le sinus génital. Ce dernier s'ouvre à l'extérieur par un orifice unique servant à l'éli- mination des produits sexuels mâles et femelles. Le bulbe génital est garni de huit crochets chitineux disposés en un cercle (fig. 2). Chaque crochet présente deux pointes recourbées en forme de faucilles (fig. 10 et fig. H). Appareil femelle. — L'appareil femelle comprend le germigène, qui se trouve situé vers le milieu du corps pro- prement dit. II a la forme d'un cordon pelotonné, sur le trajet duquel se développent les ovules. Vu par la face ventrale, il présente dans son ensemble la forme d'un N dont une branche serait beaucoup plus développée que les autres. La branche initiale, ascendante, se trouve située (anatomiquement parlant) à droite de la médiane. Elle renferme les ovules les plus jeunes; la branche descen- dante renferme des ovules plus volumineux, et au sommet de la troisième branche, ascendante, les ovules atteignent leur volume maximum. En ce point, le germigène se con- tinue dans le germiducte. Ce germiducte se dirige vers la droite et reçoit bientôt un petit canal venant du réceptacle séminal (fig. 13). Le germiducte décrit ensuite une circon- volution, puis se dirige en arrière; à ce niveau, il donne ( 136 ) naissance au canal génilo-intestinal, qui va directement déboucher dans la branche droite de l'intestin. Le germi- ducle se dirige ensuite obliquement en arrière et en dedans, pour gagner bientôt la ligne médiane, el là il reçoit un canal venant du deuloplasmisac. Le germiducle se con- tinue encore un peu en arrière, décrit une courbe à con- vexité postérieure, et débouche dans l'oolype. Voolijpe, en forme de poire, à grosse extrémité dirigée en arrière, se trouve situé sur la ligne médiane. Dans sa partie postérieure débouchent les canaux excréteurs d'un grand nombre de glandes coquillières situées dans le voi- sinage (fig. 13); dans la paroi de l'oolype se trouvent éga- lement des glandes coquillières pyriformes (fig. ib); l'ex- trémité antérieure de l'ootype se continue dans l'oviducle. Uoviducle se trouve au voisinage de la face ventrale; il se dirige en avant, en ligne droite, en courant sur la ligne médiane. Dans sa partie antérieure, il se dilate en une poche peu développée, qu'on peut appeler utérus, puis il débouche dans le sinus génilal. Les deuloplasmigènes sont constitués par un grand nombre de glandes acineuses, réparties le long des ramifi- cations de l'intestin. Les canaux excréteurs de ces glandes déversent les cellules vitellines dans deux troncs longitudi- naux qui accompagnent les branches principales de l'in- testin. De ces troncs longitudinaux partent deux canaux transversaux qui gagnent la médiane et débouchent immé- diatement en avant du germigène dans le deutoplasmhac. Celui-ci se continue en arrière dans un canal, ou deulO" p/flsmjV/?» Si l'on jette un regard sur une carte géograpliique, on « verra les premières chartes, les premiers appels à la commune, les t> premières interventions énergiques des cités dans les affaires » publiques se produire sur les bords du Rhin, de la Meuse et de » l'Escaut, ces grandes artères du commerce de la Gaule septen- r trionale et de leurs affluents. Dans les campagnes qui séparent » ces fleuves, dans les plaines où la population ne vit que de l'agri- 0 culture, comme sur les plateaux montagneux où le sol est aride, « le système féodal conserve la domination et se maintient avec son » satellite habituel, le servage. » ( 156 ) mon Introduction à la Table des diplômes, lorae VIII. Je n'ai rien à retrancher de ce que j'ai dit précédemment; les anneaux de ma thèse, de cette thèse que je revendique comme mienne, se tiennent parfaitement entre eux. Ailleurs, notre honorable collègue, d'après les travaux de l'écrivain allemand Brunner, attribue à Charles Martel l'honneur d'avoir inventé, pour combattre les Sarrasins d'Espagne, le système féodal. En accaparant les biens des églises, il les aurait distribués à ses fidèles, afin d'or- ganiser une cavalerie en état de résister à celle de ces redoutables envahisseurs. Comment se fait-il donc qu'on trouve si peu de traces d'une organisation de ce genre pendant toute la durée de la monarchie carlovin- gienne? La féodalité, à mon avis, n'a pris de grands déve- loppements en Belgique et dans les pays adjacents qu'au X^ siècle, alors qu'on créa des fiefs de tout genre. (Voir à cet égard ce que je dis, tome I", pages 202 et suivantes, dans : Les Libertés communales.) Je persiste également à considérer, dans l'éclosion et les progrès des communes au XI* siècle, une protestation énergique de la classe pacifique et marchande de la popu- lation contre les abus d'un système qui a pu avoir ses bons côtés, mais qui enserra de plus en plus la majorité de la population dans des obligations oppressives (1). (1) J'ai dit quelques mots dans le livre cité plus haut, t. II, p. 646, des suites funestes qu'entraîna, dans plusieurs contrées, rétablisse- ment du régime féodal et de la répugnance avec lequel il fut géné- ralement accepté. ( ^-^7 } Corrections au texte des Lettres de Sénéque a Ll'cilius (1" série); par Paul Thomas, correspondant de l'Aca- démie. On trouvera dans les notes qui suivent quelques leçons tirées d'un manuscrit de la bibliothèque de Mons que je désigne par M. Ce manuscrit, coté ^q^» P» «vient du monastère de Sainte-Marie de Bonne-Espérance, dans le Hainaut (1). C'est un volume de 139 feuillets de parche- min, hauts de 213 millimètres, larges de 150, en écriture de la première moitié du XII' siècle. Il contient un flori- lège des lettres de Symmaque (fol. 1 v° — fol. 35 r"), une Epistola Frederici cardinalis ecclesiae sanctorum Pétri et Paiili ad imperatorem N. (fol. 35 r" — fol. 36 r"), la cor- respondance apocryphe de Sénèque et de saint Paul (fol. 36 v" — fol. 37 r') et enfin les soixante-six premières lettres de Sénèque à Lucilius, non divisées par livres (fol. 39 r° — fol. 139 r°). On reconnaît aisément un chan- gement de main à partir du folio 109 r°. Il y a une concordance frappante entre la plupart des variantes caractéristiques du manuscrit de L. Tross (T dans Fickert) et celles du manuscrit de Mons. T est beaucoup plus récent que M (il est du XV° siècle). Certains indices me portent à croire qu'il n'a pas été copié directement sur M ; malheureusement, on ne peut se fier entièrement aux collations de Fickert , et je n'ose trancher la question. (1) On lit à la première page : Liber Sancle Marie de Bona Spe. ( 1S8) Quoi qu'il en soit, un fait est acquis : c'est que la tradi- tion de T remonte assez haut, puisqu'elle est en grande partie conforme à celle d'un manuscrit du XII° siècle. On est toujours tenté de s'exagérer la valeur d'un manuscrit sur lequel on a le premier mis la main. Je crois cependant pouvoir dire, sans me tromper, que la famille de manuscrits représentée par MT n'est nullement mépri- sable : elle se rapproche en maint endroit des meilleurs manuscrits de la première partie des lettres de Sénèque ; le Parisinus 8540 (p), le Parisinus 8658 A (P), etc., et fournit çà et là une leçon propre qui est digne d'atten- tion. Je me borne pour le moment à ces brèves indications, me réservant de faire une étude plus détaillée de M, et je passe à la discussion de quelques passages des Lettres à Liicilius. I. Ep. 9, 4 : Vide quant sit se conlentus (se. sapiens) : ali- quando sui parte contentus est. Si illi manuni aut morbus aut hostis exciderit, si quis oculum vel oculos casiis excus- serit, reliquiae illi siiae satisfacient, et erit imminuto cor- pore et amputato lam laetiis, qiiam integro fuit. Sed qiiae sibi desunt, non desiderat : non déesse maviilt. Telle est la leçon des manuscrits. Il est certain, quoi qu'en dise Madvig (1), que la dernière phrase est défec- tueuse. L'idée quae sibi desunt, non desiderat ne peut pas (J) Adversaria critica, t. II, p, M'i, note. ( 1S9) êlre opposée par sed à (sapiens) aliquando sui parte con- tentus est..., erit imminuto corpore tant laetus quant integro fuit, puisqu'elle dit au fond la même chose. C'est dans la proposition non déesse mavitlt que réside l'opposition, c'est donc elle qui doit être rattachée par sed à ce qui précède. Dès lors, la proposition qiiae sibi desunt, non desiderat doit lui être subordonnée comme proposition concessive. M. J, Van der Vliet l'avait parfaitement compris, lorsqu'il a proposé d'écrire (1) : Sed ut quae sibi desunt., non desi- derET, non déesse mavult. Mais sa correction laisse à dési- rer. En effet, lit signifie : « à supposer que... » Or, Sénèque parle du vrai sage, et l'on ne peut pas même supposer que le vrai sage vienne à regretter ce qui lui manque. Dans non desiderat, il y a nécessairement l'énoncé d'un fait positif. C'est pourquoi je lirais : Sed quae sibi desunt, non desiderat, non déesse mavult. Etsi après dest{== desunt] a pu èlre facilement omis par un copiste (2). II. Ep. 9, 18 : Interroganti Demetrio, cui cognomen ab exilio urbium Poliorcetes fuit. La destruction d'une ville se dit en latin EXcmiuM et non exitium urbis. Le terme général et vague exitium a ici d'autant moins de raison d'être que Sénèque paraphrase (1) Mnemosync, t. X (1882), p. 241. (2) Parmi les autres corrections proposées, citons celle de Pin- cianus : Quae sibi desunt, 7ion desiderat, sed non déesse mavult, et celle de Haupt {Opusc, t. Il, pp. 276-277) : Sed quae, ubi desunt, non desiderat, non déesse mavult. ( 160 ) le mol Poliorcetes. Il faut donc lire ab excidio iirbium. Celte correction évidente nous est fournie par M. Cf. ep. 91, 11 : urbium excidia; Consol. ad Helv., 7, 4 : excidia urbium suarum. III. Ep. 13, 12: Nonnunquam nuUis apparentibus signis, quae mali aliquid prommtient, animus sibi falsas imagines fîngit. Il ne s'agit pas ici de déclarations expresses (promm- tiare), mais d'annonces relatives à l'avenir {praenuntiaré). L'édilion de Rome de 1475 et celle de Godefroy (Bàle, 1590) donnent la vraie leçon praenuntient, qui est con- firmée par M. Cf. ep. 103, 2 : praenuntiat fumus incen- dium. La confusion de pro et de prae est, comme on sait, des plus fréquentes dans les manuscrits. IV. Ep. 1 5, 4 : Sunt exercitationes et faciles et brèves, quae corpus et sine mora lassent et tempori parcant, cuius praecipua ratio habenda est. L'expression rationem habere ne forme pour ainsi dire qu'une seule notion verbale. Nous lirons donc avec M : cuius praecipuE ratio habenda est. Praecipue a été changé en praecipua par une fausse accommodation grammaticale. Ibid., à la fin du §, M et T portent ; Quodlibet ex his elige unum, rude, facile. Cette excellente leçon, déjà signalée par Fickert d'après T, a paru sans doute trop simple aux critiques, qui, partant de la leçon fautive des autres ( ^61 ) manuscrits usum ou iisu, se sont évertués à interpoler le texte de toutes les manières. L'expression quilibel unus se rencontre encore ailleurs dans Sénéque : ep. 56, 13; Consol. ad Helv., 13, 2. VI. Ep. 18, 6 : Miles in média pace decurrit sine ullo hoste, vallum iacit (je préférerais ducit) et siipervaciio labore lassatur, ut su/jficere necessario possit. Cette ponctuation est manifestement vicieuse : sine ullo hoste joint à decurrit fait pléonasme avec in média pace, tandis que vallum iacit reste sans déterminatif; de plus, sine ullo hoste ne va pas bien avec decurrit, — car le défilé (decurrere) ne suppose nullement la présence de l'ennemi, — et il irait très bien, au contraire, avec vallum iacit, puisqu'on se retranche par crainte d'une attaque. Nous ponctuerons donc : Miles in média pace decurrit, sine ullo hoste vallum iacit (ou ducit) et supervacuo labore lassatur, etc. 11 y a trois termes qui se correspondent : in média pace, sine ullo hoste et supervacuo. VII. Ep. 20, H : u Nescis, inquis, quomodo paupertatem iste laturus sit, si in illam incident. ■ Nec ego Epicuri angélus (var. angulus) si iste pauper contempturus sit divitias, si in illas inciderit. Madvig dit fort bien (V) • « Certum est, sic Senecam scripsisse, Epicuro eadem forma occurrentem : Nec ego, (1) Âdv. crit., t. II, pp. 4G9-470. 3"* SÉRIE, TOME XXX. 11 ( i62 ) Epicure, an * iste paitpcr contemptunis sit divitias; nam vocativum ordo verborum monsirat, qui velal coniungi Epiciiri istepavper; quaerendiim relinquitur, quid lateat in gelus (1). » Mais j'ai peine à croire qu'il soit dans le vrai lorsqu'il ajoute : « Pulo subcsse : an vêtus iste pau- per. Veterem pauperem dici, qui diu in paupertate fuerit, noium est. » Il n'est pas question dans notre passage d'un pauvre « émérite », mais d'un pauvre qui prêche la phi- losophie. Voici les paroles d'Epicure rapportées par Sénèque (§ 9) : « Magnificentior, mihi crede, sermo tims m grahato videbitur et in panno : non enim dicentur tantum illa, sed probabimtur. » Il me semble que l'épi- ihète que nous cherchons à retrouver dans gelus ou gulus doit renfermer une allusion ironique aux beaux discours de l'homme couché sur un grabat et couvert de haillons. Pour déterminer quelle est cette épithète, il n'est pas indifférent de savoir s'il faut prendre comme point de départ la leçon (an)gelns ou la leçon (an)gulus. Je me déciderais pour celte dernière, car angélus a l'air d'une fausse correction de angnlus, et non réciproquement : rien de plus fréquent dans les manuscrils laiins que les altérations de ce genre qui proviennent des préoccupa- tions religieuses des moines copistes. En intercalant trois lettres nous restituerons avec quelque vraisemblance ; Nec ego, Epicure, an g ulus iste pauper contemp- turus sit divitias, etc. (i) Schweighaeuser avait déjà reconnu que de la leçon corrompue angélus ou angulus, il fallait dégager la particule interrogative an, et que si était dû à une interpolation : « Postquam ita an evanuerat, librarii deinde, intelligentes desiderari aliquam talem particulam, suo more si pro an posuere. « ( i65 ) VIII. Ep. 21, 4 : Nihil illi (se. Attko) profuisset gêner Agrippa et Tiberius progener et Driisus Caesar pronepos : inter tam magna nomina taceretur, nisi Cicero illum applicuisset. Après applicuisset, suppléez , car applicare demande un complément indirect. Cf. ep. 95, SS : iusti- tiam nobis appHcemiis; ep. 112, 2 : surculum... nec appli- cabitsibi; ep. 113, 1 : ut illa, qttae senseris, magis applices tibi; Consol. ad Marc, 25, 2 : Parens tuus... nepotem suum... applîcat sibi. IX. Ep. 26, o. Ce passage est déplorablement altéré. Les meilleurs manuscrits donnent : /re in cogitationem iiibel (var. iuvat; lisez : lubet) et dispicere qiiid exhactran- quillitate ac modestia morum sapientiae debeam, quid aetati, et diligenter excntere quae non possim facere, quae nolim (p : queno limus) prodesse (M T : pro posse) habi- turus. atqui si (p : adquisi) nolim quidquid non posse me (p : e me) gaiideo (dans p, corrigé de gaudere par la !"■ m.). Sénèque, parvenu à la vieillesse, se plaît à démêler en lui les effets de l'àge et ceux de la sagesse, à faire exacte- ment la part de l'impuissance et celle de la modéraiion. Il distingue deux catégories d'actions qu'il ne fait pas : celles qu'il ne fait pas parce qu'il ne peut pas les faire et celles qu'il ne fait pas parce qu'il ne veut pas les faire (alors qu'il pourrait les faire). Comme la moralité d'un acte ( \U ) dépend essentiellenienl de noire volonté, les dernières seules témoignent de son perfectionnement moral. Mais il veut se faire la partie belle : il assimile aux actions de la seconde catégorie celles qu'il ne peut pas faire (alors même qu'il le voudrait), mais qu'il se réjouit de ne pou- voir faire; et en «ffct, il est à présumer que l'homme qui se réjouit d'éire dans l'impossibilité de commettre une action blâmable ne la commettrait pas facilement si l'obstacle venait à disparaître. Tel est, à mon avis, le sens du passage; il est le seul clair, le seul logique, et j'oserai dire qu'il s'impose. Mais il s'agit d'y accommoder le texte, qui est on fort mauvais état. Tout le mal provient, je pense, de l'intrusion de deux gloses. Voici comment je me repré- sente le processus de la corruption. Sénèque avait écrit : pro Eo habiliirus ac si nolim, qiiidquid non posse megaiideu. Cf. ep. 102, 12 : lia pro eo est ac si omnes idem senliant, quia aliud senlire non possvnt. La phrase a été glosée de cette façon : posse aeque pro eo habilurus ac si nolim, etc. La glose posse a expulsé eo; de là, jwo posse vi, par correction arbitraire, prodesse. La glose aeque a expulsé ac et a été transformée en atqui (adqiii); iiolons que deux manuscrits inférieurs (x T dans Fickert) portent aeqne si, et un autre (a), aequis. I X. Ep. 28, 6 : ISum qiiid lam lurbidum fieri polesl quani forum? ibi quoque licel quiète vivere, si necesse si t. Fieri est choquant; l'idée de « devenir » ne convient pas ici. Corrigeons : Nuin quid tain lurbidum fingi polesl quam forum? ( »6-^ ) XI. Ep. 52, 4 : Vis scire, quid sit, cjuod facial homines avi- dos futuri ? nemo sibi contigit. Optaverunt ilaque alia parentes lui... Je remplacerais alia, qui n'offre aucun sens accepiable, par ALIENA. Cf., en effet, ce qui suit : Vota illorum mlltos coMPH^ANT, ut te locuplctent : quidquid ad te fransferunt, Ai.icui DETRAHENDUM EST, et cp. 10, 4-: VotoTum luorufti veterum licct deis gratiam fadas, alia de integro suscipe : roga bonam mentem, bonam valiludinem animi, deinde tune corporis. Quidni tu isln vota saepe facias? aiidacter dcimi roga : nihil illuni de alieno rogaturus es. XU. Ep. 40, 12 : Fabianus, vir egregins et vita et scienliael, qiiod post ista est, eloquentia qitoque, disputabat expedite niagis quant concitate , ut posses dicere facililatem esse illam, non celeritatem. Hnnc ego in viro sapiente recipio : von exigo, ut oratio eius sine impedimento exeat;profcratur lamen malo quant profluat. La fin de ce paragraphe cj^l mal pnnrluée. Comment peut-on opposer avec tamen Vidée : pro fera lur malo quam j.ro final {oralio), à Tidcc : non exigo, ut oralio eius sine impedimento exeat? Ces deux idées sont du même ordre : dans ces deux phrases, Sénèque fait bon marché de la rapidité du discours. S'il y a une opposition, elle existe entre oratio dus sine impedimento exeat et proferatur malo quam profluat : Sénèque admet <]ue le philosophe ait la parole facile, non embarrassée (sine impedimento exeat). ( 166 ) MAIS, celte concession faite, il aime mieux un débit posé (pruferatur) qu'un excès de volubilité (profîuat). Nous ponctuerons donc : Hanc ego in viro sapiente recipio, non exigo. Ul oralio eius sine impedimento exeat, proferatur tamen malo quant profliiat. XIII. Ep. 45, 8 : Sic isla sine noxa délectant^ quomodo praes- tigialorum acetabida et calculi, in quibus me fallacia ipsa delectat. Effice ul, quomodo fiât, intellegam : perdidi usum. On Iradiih perdidi usum par : « adieu le plaisir ». Mais je doute que le mot usus s'emploie en ce sens. El en admet- tant même qu'il en soit ainsi, l'expression usum perdere est mal choisie, car elle est amphibologique: usum perdere (cf. usum amittere) peut signifier : « perdre l'usage ou l'habitude de... » Nous éviterons cet inconvénient en ajou- tant une lettre : perdidi lusum. XIV. Ep. 49, 5 : Negat CicerOf si duplicetur sibi aelas, habi- turum se tempus, quo légat lyricos ; eodem loco dialecticos : tristius inepli sunt. [nepti sunt peut sans doute se défendre, mais comme il s'agit de qualifier les œuvres plutôt que la personne des poètes lyriques et des dialecticiens, je serais tenté de lire : tristius INEPTIUNT. XV. Ep. 50, 2 : Harpasten, uxoris meae fatuam, sois ... m domo mea remansisse... Haec fatua subito desiit videre. Fatua m'a l'air d'une glose. ( *67 } XVI. Ëp. 50, 8 : ... Non dediscitur virtus. Contraria enim mala in aiieno haerent ; ideo depelU et exturbari possunt : fideliler sedent, quae in locum suumveniunt. Virtus seciin- dum naturam est : vitia ininiica et infesta sunt. J'ai cherché en vain une explication satisfaisante de la phrase : Contraria enim mala in aiieno haerent. Qu'est-ce que ces contraria mala? On répond : contraria, se. vir- tuti. L'expression est assurément bizarre : « les maux con- traires à la vertu », lorsqu'il était si simple de dire : « les vices » ! Ensuite on n'a pas remarqué qu'il y a une antithèse entre contraria — haerent et fideliter sedent, quae — veniunt. Le second membre de l'anlilhèse étant général, le premier doit l'être aussi : il doit comprendre non seulement les vices, mais tous les objets qui, se trou- vant sur un terrain étranger, peuvent en être facilement arrachés. Suivons de près le raisonnement de Sénèque, qui consiste en un syllogisme. Proposition : Non dediscitur virtus. Majeure : Fideliter sedent, quae in locum suum veniunt. Mineure : Virtus (autem) secundum naturam est. Conclusion : {Ergo non dediscitur virtus.) Ce syllogisme est doublé et renforcé par un syllogisme parallèle : Proposition : (Dediscuntur vitia. Cf. §§ 6-7.) Majeure : Contraria — exturbari possunt. Mineure : Vitia (autem) inimica et infesta sunt. Conclusion : (Ergo dediscuntur vitia.) Comme on dit en logique, quae dediscuntur (= extur- ( 16S ) bari possunt) est le grand terme ; vilia est le petit terme ; contraria est le terme moyen. Il est absurde d'identifier le terme moyen avec le petit terme. Enfin haerere tout rourt signifie : « être fortement aliaelié, tenir solidement à quelque chose (1) ». De in alieno haerent on n'est pas autorisé à conclure : ideo depelli et exlnrbari possunt ; le sens exige que haerent soit accompagné d'un adverbe exprimant l'insuffisance. Nous n'avons qu'une lettre à changer pour rétablir le texte : Contraria enim mah in alieno haerent. Cf. Coiisol. ad Marc, 11, 3 : precarii spiritus et mâle haerentis; Horace, Sal., I, 5, 31-52 : Mâle... in pede calceus haeret. Contraria, pris absolument, reçoit son explication dans in alieno : ce sont les choses contraires à la naluie de l'objet où elles se fixent. L'antilhèse est parfaite entre contraria maie in alieno haerent et fidcliter sedent, quae in locum suum veniunt, XVII. Ep. 51, 11 : ... C. Marins et Cn. Pompeius et Caesar exstriixerunt quidem villas in regione BaianOy sed illas imposueriint siimmis iuçjis montium. Videbatur hoc magis militare, ex edito spectilari laie longeque subiecla... 12. Habitaturiim tu putas umquam fuisse in imica (sic P. ; var. inimica) Catoiiem, ut praenavigantes adultéras dinumeraret et tôt gênera cgmbarum variis coloribus picta et fluitantem toto lacu rosam, ut audiret canenlium noc- turna convicia? La leçon des manuscrits in imica on inimica est une (i) Voir la note de Fritzsche sur Horace, Sat., I, 5, 31-52. ( i69 ) énigme qui exerce depuis longtemps la sagacité des philo- logues et qui ne paraît pas encore résolue. Je vais essayer à mon tour de déchiffrer la vérité. La pensée de Sénèque est celle-ci : Si Caton s eiait établi à Baies, il eût habité sur les hauteurs, comme Marins, Pompée et César, et non dans un endroit où il eût été témoin des scènes scan- daleuses qui se passent dans cette ville de plaisir. Cet endroit, opposé aux hauteurs (summis iugis montium... ex edito), ne peut être qu'une région basse. Je lirais en conséquence : Habitaturnm ttiputas wmçimm /in'sse infima Catonem. L'origine de la faute doit être cherchée dans la ditlo- graphie de la syllabe ca. XVIIL Ep. 52,9-10 : Numquid aecjer laudat medicutn secanlem? Tacete, favete (P : tacete facete, avec les signes indiquant qu'il faut transposer) et praebete vos curationi. J'écrirais volontiers : Tacite favete et praebete vos cura- tioni. XIX. Ep. S6, 1 5 : Hic aller imperitus est, rébus suis timet ad omnem crepituni expavescens, queni unaquaelibet vox pro fremitu accepta deiecit, quem motus levissimi exanimant : timidum illum sarcinae faciunt. La proposition rébus suis timet rompt la suite du dis- cours, car après hic alter imperitus est viennent naturelle- ment les déterminatifs de imperitus : un participe (expa- vescens) et deux propositions relatives (quem — deiecit, quem — exanimant). Puis, il y a une tautologie dans timet ( i70 ) — expavescens, sans compter que rébus suis timet dit exactement la même chose que timidum illum sarcinae faciunt. Rejetons ce malencontreux rébus suis timet, qui n'est évidemment qu'une glose de timidum illum sarcinae faciunt, et la phrase de Sénèque redeviendra coulante et élégante : Hic aller imperitus est, ad omnem crepitum expavescens, quem, etc. XX. Ep. 58, 7. Sénèque déclare que la locution t6 ô'v est intraduisible en latin; on peut bien la rendre par « quod est » : Sed multum interesse video : corjor verbum pro vocabulo ponere. Sed ita necesse est ponam « quod est ». Ponctuez : Sed ita necesse est : ponam « quod est » . Ita annonce la proposition indépendante : ponam « quod est ». Cette tournure se rencontre à chaque instant dans Sénèque. XXI. Ep. 58, 27 : Imbecilli fluidique intervalla constituimus : ad illa mittamus animum, quae aeterna simt. Madvig (1) fait observer avec raison que intervalla constituimus est absurde, et il propose de le remplacer par inter talia (i. e. res imbecillae naturae, quales ipsi corpore sumus) consistimus. L'idée générale de la correc- tion est juste, mais on pourrait trouver mieux. J'ai pensé à INTER VANA (oU INANIA) CONSTITIMUS. ^i) Adv.cril.,l. II, pp. 481-482. Ci7i ) XXII. Ep. 64, 7 : Mihi ista acquisita, mihi laborata sunt. Le terme coordonné à acquisita doit être Elaborata plutôt que laborata : elaboratiis = « produit, acquis par le travail »; laboratiis = simplement « travaillé ». Cf. ep. 16, 8, où la plupart des manuscrits donnent la bonne leçon elaboravit et quelques-uns laboravit. Note complémentaire. Les commissaires chargés d'examiner ce travail , MM. P. Willems et VollgrafF, ont bien voulu m'autoriser, avec l'assentiment de la Classe, à faire usage des observa- tions consignées dans leurs rapports. Je suis heureux de pouvoir en enrichir mon petit mémoire. Ep. 9,4. M. Vollgraffse demande s'il ne serait pas plus simple d'insérer la conjonction si après sed : sedLUs iste pauper. Après mûre rétiexion, j'avoue que cette correction n'est pas très satisfaisante, et je la remplacerais par celle-ci : an luus iste pauper. Ep. 52, 9-10. M. Vollgraff a attiré mon attention sur la conjecture mentionnée par Juste-Lipse : tacitx favete. ^^^H ( i72 CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 4 juillet 1895, M. Jos. Jaquet occupe le fauteuil. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Ed. Félis, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, Henri Hymans, Joseph Stallaert Alex. Markelbach, Max. Rooses, J. Robie, A. Hennebicq, Éd. Van Even, Ch. Tardieu, Alf. Cluy- senaar, F. Laureys, membres^ Alb. De Vriendl et Flor. Van Duyse, correspondants. MM. Gevaert, président de l'Académie; Th. Radonx, vice-directeur de la Classe ; Ad. Samuel et H. Huberti, membres, s'excusent de ne pouvoir assister à la séance. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics transmet : \° Trois nouvelles compositions musicales de M. Paul Gilson, prix de Rome, en 1891 : A. Francescada Rimini; B. Le feu du ciel; C. Fanfare inaugurale pour Grand orchestre; ( 175) 2° Le deuxième rapport {séjour à Munich) de M. L. Mor- telmans, prix de Rome, en 1893. — Renvoi à l'examen de la section de musique (M. Hubeili, rapporteur); 3° Le premier rapport de la deuxième année d'études de M. Ém. Lambot, boursier de la fondation Godecharle pour l'arcbitecture, en 1893. — Commissaires : MM. Balai et Laureys. — M. le Ministre de l'intérieur et de l'Instruction publique envoie, pour la bibliothèque, un exemplaire des ouvrages intitulés : Les prérapfiaélistes. Noies sur l'art décoratif et la pein- ture en Angleterre; par Olivier Destrée; La pitture délie slanze vaticane dette le stanze di Ra/faele; intagliale a bulino del cav. Pietro de Brognoli; par Fr. Cerroti. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : La mélopée antique dans le chant de f Église latine; par F.-A. Gevaert (présenté par M. Marchai avec une note qui ligure ci-après). Aanteekening over de antwerpsche gilden en ambachten ; par P. Génard. — Remerciements. NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. J'ai l'honneur de présenter à la Classe, à titre d'hom- mage de la part de M. Gevaert, le beau livre qu'il vient de publier sous le litre de : La mélopée antique dans le chant de l'Église latine. C 174 ) Je regrette de ne pas avoir la compétence musicale voulue pour faire valoir ici la haute érudition dont témoigne cette œuvre. Je me permettrai de dire seulement que c'est un hon- neur pour l'Académie de voir des membres tels que M. Gevaert, qui aurait le droit de se reposer sur sa renommée si vaillamment acquise, continuer à rehausser encore la gloire artistique de la Belgique par de nouveaux travaux, tels que celui que je présente en ce moment. Chevalier Edm. Marghal. RAPPORTS. Il est donné lecture des appréciations suivantes : 1° De MM. Balat et Laureys : A. Sur le troisième envoi réglementaire de M. A. Verhelle (villa Adriana, à Tivoli), prix de Rome pour Tarchiteclure, en 1890; B. Sur le pre- mier envoi (Arc de triomphe de Titus) de M. Vereecken, lauréat du même concours, en 1895; 2° De la section de musique (M. Huberti, rapporteur) : A. Sur le premier rapport et la partiJion manuscrite (La fiancée d'Abyclos), de M. Paul Lebrun, prix de Rome pour la musique, en 1891; B. Sur le premier rapport [Verslag eener reis in Holland), de M. L. Mortelmans, lau- réat du même concours, en 1895. Ces appréciations, approuvées par la Classe, seront transmises en copies à M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics. ( 175 ) ÉLECTIONS. A la demande de M. le Ministre de l'Inlérieur et de l'Instruction publique et conformément à l'arrêté royal du 5 mars 1849, portant organisation des grands concours de composition musicale, la Classe fait choix de MM. Gevaerl, Samuel et Radoux pour faire partie du jury qui sera chargé de juger le concours de l'année actuelle. Ces noms seront communiqués à M. le Ministre. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Les sujets imposés aux concours de Rome; par A. Henne- bicq, membre de l'Académie. Je me permets d'attirer l'attention de la Classe sur un point essentiel dans la réforme des concours de Rome. Je le ferai brièvement. Dans une des séances préparatoires du jury des concours de Rome, auxquelles j'assistais, il avait été proposé de donner des sujets plus généraux (1), afin de laisser aux jeunes artistes plus de liberté dans la conception de leur sujet J'étais partisan de cette manière de voir. (1) C'est M. Albert De Vriendt qui en a fait la proposition. ( 176 ) Il est nécessaire, dans rinlérêl de ces concours, de rajeunir leurs tendances et leur art. L'éducation artistique doit certainement rester complète, sérieuse et solide. Des études fortes de dessin, de peinture et d'interprétation doivent mettre l'élève en possession de lui-même. Mais lorsque celle éducation est terminée, il faut lui donner celle liberté qui lui est indispensable et le laisser aller à son sentiment personnel. Si l'éducation qu'il a reçue est suflisanle, si l'élève a une véritable organisation d'artiste, il trouvera lui-même sa voie. Le concours de Rome ne peut donc être qu'une occa- sion de permellre aux natures d'arlisles d'épanouir leurs personnalités; là devrait s'arrêler leur mission. Il n'en est malheureusement pas ainsi. On prolonge, par un déplorable système, les procédés de l'école dans le domaine supérieur des libres activités; on leur impose un sujel. Il est indispensable de porter, dans une juste et oppor- tune mesure, remèJe à celle situation, et s'il est nécessaire qu'il y ait entre les différentes œuvres présentées par les concurrenls une unité de sujel qui en facilite l'appré- ciation, l'obligation dans laquelle l'élève se trouve de devoir le respecter et le suivre à la lettre doit être réduite au minimum d'inconvénient. Le seul moyen de concilier ces diverses tendances, c'est de choisir des sujets d'une généralité si grande, qu'ils ne constituent plus une entrave au libre développement de l'artiste. Si l'on se bornait par exemple à donner : la Douleur, le Désespoir, la Ruine, l'Ensevelissement, etc. (1), comme sujets, nul doute que (1) Les Funérailles, l'Enfant prodigue, le Retour, le Départ, la Paix, la Guerre, la Misère, la l'aminc, le Mariage, la Moisson, la Prière, la Désolation, la Révolte, l'Inondation, le Désastre, la Ven- geance, le Pardon, la Bonne et la Mauvaise Nouvelle, etc. ( 177) chacun des concurrents, choisissant l'époque, le lieu et les circonstances qui répondent à son tempérament, ne puisse ainsi faire une œuvre qui ne soit la pleine expression de son sentiment personnel. Ainsi se trouverait en grande partie écarté le despotisme du sujet. Ce despotisme est actuellement d'autant plus importun pour les concurrents, qu'on se restreint à prendre des sujets dans la Bible, la Grèce ou Rome. Il est vrai qu'on est pénétré de celle idée que seul, l'Art de l'antiquité est classique. Si cela était exact, nous devrions précisément renoncer à faire des œuvres clas- siques. L'Art antique, en effet, était l'expression de la civi- lisation antique, et celle-ci a disparu pour toujours. Mais faul-il qu'une œuvre soit grecque ou romaine pour qu'elle soit classique? Non, il faut qu'elle exprime certaines qualités, dont l'ensemble admirable a été réuni par certains chefs-d'œuvre de l'antiquité, rien de plus : la largeur magnifique et pleine de noblesse de Vélasqiiez, est d'un maîlre classique. Le Titien, Tinloret, Yéronèse, avec leur somptuosité théâtrale et douce, leur admirable et décora- tive harmonie des tons; Léonard de Vinci, alliant aux merveilles plastiques un rayonnement étrange et spirituel; Rubens, Rembrandt, Franz Hais, les Gothiques, malgré les différences de procédé, sont des classiques. Tous ces maîtres, rénovateurs du XVI' siècle, ou inter- prétaleurs fidèles des sentiments du moyen âge, ont exprimé en des représentations puisées dans leur époque même, la sensation d'art qui en fait des œuvres classiques. Ils ne se sont pas efforcés en des restitutions archéolo- giques : ils ont pris les hommes de leur temps avec leurs costumes et leurs manières de vivre et ils ont exprimé 3"^ SÉRIE, TOME XXX. 12 ( 178) ainsi avec plus de sûreté les sentiments d'art qu'ils n'éprouvaient précisément eux-ménaes qu'à titre d'hommes de leur temps. C'est la puissance de réalisation par l'artiste des senti- ments qu'il éprouve et non pas le sujet qu'il a choisi qui fait la grandeur d'une œuvre et qui la rend classique. Je connais des paysages, des peintures de fleurs, des natures mortes qui sont classiques. Teniers lui-même, le joyeux Teniers, est classique. Pourquoi? C'est que de tous ces chefs-d'œuvre, grecs ou modernes, la même émotion d'art se dégage, les appariant dans une égalité supérieure au seuil de l'Art éternel. La distinction des tonalités, le caractère dans le dessin, l'interprétation large et élevée de la forme et ce mysté- rieux sentiment de son œuvre qui la transfigure et l'en- noblit, voilà l'Art classique. La question s'élargit et prend l'allure impartiale et grande qui convient. La Grèce et Rome ne forment plus qu'une époque admirable au milieu des chefs-d'œuvre de tous les temps. C'est de l'ensemble même de ceux-ci que se dégage le sens de l'Art. On l'étudié dans toutes ses manifestations, on le retrouve dans toutes les époques et dans tous les genres. Le néo-classicisme a depuis long- temps cessé d'avoir le privilège déconcentrer les préoccu- pations. Il n'y a plus désormais de genres supérieurs et de genres méprisés. L'Art est partout. 11 est dans une fleur, dans un profil, dans la silhouette d'un vase, dans l'émotion indécise des paysages. 11 y avait autrefois des genres nobles et des genres roturiers. Prolongeant en quelque sorte dans l'Art les principes de la Révolution française et faisant ( ^^9) sa révolution à son tour, le XIX* siècle a proclamé l'égalité dans l'Art et la liberté de l'artiste. L'Art subit donc à notre époque une transformation. Des tendances nouvelles apparaissent. Il est évident qu'il faut permettre aux concurrents qui s'en réclament de pouvoir exprimer librement la tendance qui leur plaît. Nous n'avons pas à combattre dans les concours l'oppor- tunité de certaines écoles, mais seulement à les apprécier à ce point de vue vraiment classique et supérieur du sentiment de l'Art. Les anciens n'ont obéi qu'aux impul- sions de leur tempérament. Les jeunes artistes d'aujour- d'hui font de même, mais vivant dans une autre société, à une autre époque, leur interprétation en dififère par un autre sentiment de la nature. Ce sentiment peut leur inspirer des chefs-d'œuvre comme celui d'où sortaient les chefs-d'œuvre des anciens. L'Art de toutes les époques, l'Art de toutes les écoles a un droit égal à notre respect. Comme ses aînés, l'Art contemporain a ses raisons d'être et son mérite. Tâchons, en nous efforçant de mettre en pratique dans l'institution des concours de Rome ces idées de tolérance envers la jeunesse, et en leur rendant la vie qu'ils ont perdue, d'être des hommes de notre temps. »CC8e<98« ( <80 ) OUVRAGES PRESENTES. Bambeke {Ch. Van). Rapport annuel sur la situation de la Société royale de botanique de Belgique pendant l'année 1894. Bruxelles, 1895; extr. in-8° (H p.). Gevaert {Fr.-Aug.). La mélopée antique dans le chant de l'Église latine. Gand, 1893; gr. in-S" (xxxvi-446 p.). Il Errera {Léo). Notice nécrologique sur J.-E. Bominer. Gand, 1895; in-8» (20 p., portrait). — La feuille comme plaque photographique (Résumé d'une conférence). Bruxelles, 1893; extr. in-8° (6 p.). Génard (P.). Aanleekening over de anlwerpsche gilden en ambachten. Gand, 1895; extr. in-8° (24 p.). Wauwermans {le général). Histoire de l'école cartographique belge et anversoise du XVP siècle, tomes I et IL Bruxelles, 1895; 2 vol. in-8». De Bruyne (C). Berichtigung zu H. Boheman's vorlâufiger Mitteilung ueber Intercellularbrùcken und Saftraume der glatten Musculatur. Jéna, 1895; extr. in-S" (5 p.). Goossens {Charles). Tables générales des cinquante premiers volumes des Annales des travaux publics de Belgique. Bruxelles, 1895; in-8». Matthieu [Ernest). Les abords du château des comtes de Hainaut à Mons. Mons, 1893; extr. in-8'' (50 p., 1 plan). Cumont {Franz). Textes et monuments figurés relatifs aux mystères de Mithra publiés avec une introduction critique, fasc. III. Bruxelles, 1895; in-4«. Destrée {Olivier-Georges). Les préraphaélites. Notes sur l'art décoratif et la peinture en Angleterre. Bruxelles, [1895]; in-8* (109 p., 0 portraits). ( '«1 ) Errera {Paul). Un précurseur de Montesquieu: Jean Rodin. Bruxelles, I89S; exlr. in-8° (31 p.). Anvers. Anlwerpsche Bibliophilen. Uitgaven n' 19 : Van de hooft-deuchden; de eerste tuchl-verhandeling door Arnout Geulinck (J. P. N. Land). 1895. Ministère de la Guerre. Carte topographique de la Belgique à l'échelle du 40,000' (édition en couleurs), I'* livraison. 1895; 21 feuilles in-plano, avec note explicative. Ministère de l'Agriculture, de l'Industrie et des Travaux publics. Carte géologique de la Belgique à l'échelle du 40,000*, feuilles : 41, Zeveneckcn-Lokeren, 43, Hoboken-Contich, 57, Termonde-Pucrs, 58, Booni-Malines, 59, Pulte-Heyst-op-den- Berg, 73, Vilvorde-Sempsf, 74, Haecht-Roisclaer, 85, Hoore- bekc-S"-Marie-Sottegem, 99, Flobecq-Nederbrakel, 101, Len- nick S'-Quentin-Hal,102, Uccle-Tervueren, 1 12, Celles-Frasnes. Bruxelles, 1895; 12 f. in-plano. — Diagrammes des variations de niveau de la mer, à Ostende, 1894. In-folio. Allemagne et Adtriche. Wellner [Max.). Einleitung zur Geschichte der Wissen- schaften. 1895; in-8» (14 p.) CoLMAR. Naturhistorische Gesellschaft. Mittheilungen, 1891, 1894. Metz. Académie des lettres , sciences et arts. Mémoires 189-2-93. Pragde. K. Sternwarte. Magnetische und raeteorologische Beobachtungen, 189i. In-4°. Stuttgart. Verein fur valerlàndische Naturkunde. Jahres- hefte, 51. Jahrgang. 1895. Trieste. Mîiseo civico di storia naturale. Atti, vol. IX, 1 895. ( 182 ) Vienne. Internationale Erdmessvng. Astronomische Arbei- len, BandVI. 1894; in-4». Vienne. K. k. Zoolog. hotan. Gcsellschaft Regisler der Sitzungsbcriclile und Abhandlungen (J.-A. Knopp). 1895, France. Nadaillac {te marquis de). Foi et science. Paris, 1895; exir. in-S" (39 p.). Homolle [Tliéoph.). De antiquissimis Dianae simulacris deliacis. Paris, 1885; in-8'' (102 p., 1 1 pi.). — Les fouilles de Delphes. Paris, 1894; in 4° (17 |).). — Découvertes de Delphes. Paris, 1895; extr. in-4" (40 p.). Lemoine (£".). Le rapport anharmoniquc étudie au point de vue de la géométrographie; application de la gcométrographie à la géométrie descriptive. Paris, 1894;exlr. in-8'' (45 p.). — Étude sur le triangle et sur certains points de géométro- graphie. Edimbourg, 1895; exlr. in-S" (24 p.). Janet {Charles). Études sur les fourmis, les guêpes et les abeilles, 8% 9% 10' et 11' notes. Paris, etc., 1895; 8° (15 -t- 140 -+- 58 -t- 25 pages). — Sur la Vespa crabro. Paris, 1894-95; 2 extr. in-4° (4 H- 3 p.). — Observations sur les Frelons. Paris, 1895; extr. in-4" (4 p.). Perol {A.). Sur l'existence et la propagation des oscillations électro-magnétiques dans l'air. Marseille, 1894; extr. in-8». (11 p.). Brocard [H.). Notices sur ses titres et travaux scientifiques, 1863-1894. Bar-le-Duc, 1895; in-8» (72-26-69 p.). NicB. Observatoire. Annales, tomes IV et V, 1895; 2 vol. in-4". ( 183) Grande-Bretagne et Colonies britanniques. Liversidge [A ). Notes on some australasian and olher stone iraplemeiils. Sydney, 1892; extr. in-8° (15 p., 29 pi.). — Boleile, nantokitc, kerargyrite and cuprite from Broken Hill, N. S. Wales. Sydney, 1894; extr. in-8° (5 p., 1 pi.). Londres. Royal Society. Transactions, vol. 185, parts! and 2. 1895; 2vol. in-4». Italie. Cerroli {Franccsco). Le pitture délie stanze vaticane dette le stanze di Raffaele; intagliatc a bulino del cav. Pielro de Brognoli. Rome, 18G8; in-4'' (82 p.). Giovanni {V. di). Onori resi a Torquato Tasso in Sicilia, dai suoi araici e ainmiratori contemporanei. Florence, 1895; in-S" (21 p.). Guccia [G.-B.). Sur une question concernant les points singuliers courbes gauches algébriques. Paris, 1895; extr. in-4» (4 p.). — Sur les points doubles d'un faisceau de surfaces algé- briques. Paris, 1895; extr. in-4° (5 p.). Rome R. Accademia dei Lincei. Catalogo délie ascensioni rette medie pel 1890,0 di 2438 stellc comprese fra l'equatore ed il paralleio 80° Nord, e di 45 stelle dell' cniisfero australe, osservate al circolo meridiano del R Osservatorio del Garapi- doglio, negli anni 1885-90. (A de Legge e F. Giacomelli). 1894; 111-4° (97 p.). ( 184 ) Pays divers. Crivetz {Théodore). Essai sur le postulai d'Euclide. Bucarest, 1895; in-8''(40 p.). Lange {Joh ). Descriptio iconibus illuslrata planlarum iiovaruni vol minus cognitarun), praecipue e flora Hispanica, adjectis Pyrcnaieis nonnulis, fasc. \, 2, o. Copenhague, 1864; 3 cali. in-folio. Utrecht. Hislorisch Genoolschap. Bijdragen en raededee- lingen, deel XVI. Verslag voor 1895. Calalogus van gesiachtkundige werken, wapens, enz., van het genealogisch en heraldisch Archief, te Oisterwijk. 1893; in-S" (75 p.). Stockholm. K. Bibliolekel. Svcriges offcnlliga Bibliolhek : accessions-katalog, 9. 1894. Christiania. Norwegische Commission (1er europàischen Gradmessting. Résulta le dcr ini Sommer 1894 ausgefùhrten Pendelbeobachtungen (O.-E. Sebiôtz). '189o;in-8°. — Astronomische Beobachlungen, 1895. In-4°. ■ Helsingfobs. Société des sciences. Observations météorolo- giques, l8S9-i890, 1895. 10-4». BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE. i895. — No 8. CLASSE DES SCIENCES. Séance du 5 août 1895. M. G. Van der Mensbrugghe, directeur. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Al. Brialmont, vice-directeur; le baron Edm. de Selys Longchamps, Gluge, G. Dewalque, E. Candèze, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart, Cli. Van Bambeke, W. Spring, Louis Henry, P. Mansion, P. De Heen, C. Le Paige, F. Terby, J. Deruyts, H. Valerius, L. Fredericq, membres; Ch. de la Vallée Poussin, associé; L. Errera, J. Neuberg et G. Cesàro, correspondants. S™* SÉRIE, TOME XXX. 13 ( i86) CORRESPONDANCE. L'Académie royale des sciences de Turin annonce la mort de son secrétaire de la Classe des sciences physiques, malhémaliques et naturelles, M. le professeur Giuseppe Basso, décédé à Turin, le 28 juillet dernier. — L'Académie des lettres, sciences, arts et agriculture de Metz envoie le programme de ses concours pour les années 1895-1896. — M. le D*" F.-V. Dwelshauwers-Dery demande le dépôt aux archives de trois billets cachetés. — Accepté. Ces billets portent en suscription : A. Variation de résistance à la traction de certains métaux ; B. Pureté physique des corps; C. Propriété thérapeutique de quel- ques composés de l'amyle. — Hommages d'ouvrages : 1° Cosmos, n° 547, contenant un article intitulé: La supériorité de la méthode de Loplace; par F. Folie; 2" La géométrie à deux dimensions des surfaces à cour- bure constante; par A. Calinon (présentés par M. Folie, avec une note qui figure ci-après); 5" a. Fossiles caractéristiques des dépôts sédimentaires; b. La race imaginaire de Cannstadt ou de Neanderl/ial ; par J. Fraipont (présentés par M. Dewalque, avec une note qui figure ci-après); 4" Onderzoekingen gedaan in het physiologisch labora- torium van Utrecht, IV*^" reeks, III, 2; par Th. Engelmann, associé ; ( 187 ) 5° Bactéries des temps primaires; par B. Renault, associé; 6" Pflanzenphysiologische Mittheilungen aus Buiten- zorg, IV; par J. Wiesner. — Remerciements. — La Classe renvoie à l'examen un travail manuscrit intitulé : Sur Vhystérésis et les modifications permanentes (troisième mémoire), par P. Duhem, professeur à la Faculté des sciences de Bordeaux. — Commissaires : MM. Ch. La- grange et P. De Heen. CONCOURS ANNUEL, 4895. Un mémoire, portant pour devise : Quisque suis viri- bus, a été reçu en réponse à la première question du programme : Faire^ à l'aide d'expériences nouvelles, Vétude compa- rative des diverses méthodes de détermination des poids moléculaires des corps en dissolution. — Commissaires : MM. De Heen, Van der Mensbrugghe et Spring. NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie, au nom de M. A. Calinon, ancien élève de l'École polytechnique, d'un travail intitulé: La géométrie à deux dimensions des surfaces à courbure constante, et, en mon nom, d'un numéro du Cosmos, du 20 juillet dernier, qui renferme ma dernière réplique à M. C. Lagrange. Folie. ( i88 ) J'ai l'honneur de présenter à l'Académie, au nom de mon collègue de l'Université de Liège, M. le professeur Julien Fraipont, le premier exemplaire d'un petit volume que celui-ci vient de publier sous le titre de: Cfioix de fossiles caractéristiques des dépôts sédimentaires, à l'usage des étudiants en géologie et des ingénieurs des mines. C'est un atlas de trente-cinq planches, représentant deux cent soixante espèces animales ou végétales, réparties dans tous les étages. Une trente-sixième planche représente des instruments, armes et bijoux de l'homme fossile. Les dessins, exécutés avec soin sous la direction de l'auteur, ont été reproduits par la phototypie. Le texte comprend le tableau des dépôts sédimentaires, des tableaux synop- tiques du règne végétal et du règne animal, et l'explication des planches (noms et gisements). Ce petit ouvrage, parfaitement exécuté, me paraît appelé à rendre de grands services. G. Dewalque. RAPPORTS. La Classe décide le dépôt dans les archives d'une note de M. J, Rasmussen, de Copenhague, sur une con- struction géométrique^ note qui lui a été soumise en même temps qu'à l'Institut de France. L'Académie ne fait pas de rapport sur les travaux pré- sentés à plusieurs corps savants. — MM. Crépin et Gilkinet donnent lecture de leurs rapports sur une note de M. Vial {Sur les orties textiles. Importance de leur introduction dans le Bas-Congo). — Restitution du manuscrit à l'auteur. ( «89 ) Recherches arithmétiques sur la composition des formes binaires quadratiques ; par Ch.-J. de la Vallée Poussin, professeur à l'Université de Louvain. Happot't tt0 IH, Mattsion, pfentief contutiasaire, « La seconde partie de la cinquième section des Dis- quisiliones arithmeticae, de Gauss, est consacrée à une élude approfondie de la théorie des formes quadratiques binaires. L'illustre arithméticien s'y occupe de questions nouvelles ou de questions qui n'avaient été qu'effleurées par ses grands prédécesseurs, Fermât, Euler, Lagrange, Legendre, les fondateurs de l'Arithmétique supérieure. C'est dans cette partie de son immortel ouvrage que Gauss établit, avec la rigueur qui le caractérise, les prin- cipes fondamentaux relatifs à la composition des formes quadratiques binaires et à leur subdivision en classes et en genres. Parmi ces principes, il faut citer celui-ci, qui est fonda- mental, parce qu'il permet de déterminer le nombre des genres pour un déterminant donné : Toutes les formes proprement primitives du genre principal peuvent se former par duplication. Gauss lui-même, en parlant de cette proposition et de quelques autres qui y sont étroite- ment liées, dit : » Benedeit, pveinief comtniasait'e. a La genèse du placenta fœtal a été l'objet de nom- breuses recherches, dans le cours des dernières années. Elles ont conduit à une conception qui diffère profondé- ment des notions généralement professées jusqu'ici; les progrès réalisés, nous les devons avant tout aux excellents travaux de Mathias Duval. L'étude des modifications que subit la muqueuse uté- rine, aux différents moments de la gestation, a été beau- coup moins approfondie. J'ai engagé un de mes élèves, M. Nolf, à s'occuper de cette question. 11 a consacré deux années à l'examen de nombreuses séries de coupes d'uté- rus gravides de Vespertilio murinus, que j'ai successive- ment réunies depuis 1876 et qui ont servi à mes propres recherches sur la formation du placenta. Il communique à la Classe un exposé sommaire de ses résultats. Le caractère descriptif de la note soumise à noire appré- ciation et son extrême concision ne me permettent pas d'en faire un rapport analytique; ce rapport ferait double emploi avec le travail lui-même. Je me borne donc à dire que j'ai suivi pas à pas les recherches de M. Nolf et que je me porte garant de la réalité des faits qu'il rapporte. Les observations qu'il a faites sur les transformations des parois endothéliales des veines placentaires mater- nelles et sur la dégénérescence, suivie de résorption, du lissu conjonctif de la muqueuse utérine, sont des plus inté- ( 196 ) ressanles et ne peuvent manquer d'attirer l'attention de tous ceux qui s'occupent d'histologie et d'embryologie. Je propose à la Classe de décider l'impression de la note de M. Noif dans le Bulletin de la séance, d M. Ch. Van Bambeke, second commissaire, se rallie à cette proposition, qui est adoptée. Sur le molybdène; par le D' Ad. Vandenberghe. Hnppoi't fie n. II'. Sprinff, prentie»' cotnmitaait'c. « Le travail de M. Vandenberghe comprend deux par- ties. Dans la première, l'auteur prouve, par des expé- riences bien faites, que le molybdène n'a pas été obtenu à l'état de pureté jusqu'à présent. La méthode due à Ber- zélius (modifiée dans ses détails par plusieurs chimistes), consistant dans la réduction de l'anhydride molybdique par l'hydrogène, fournit, quoi qu'on fasse, un produit renfer- mant des combinaisons oxygénées du molybdène. La puri- fication de ce produit, par l'action de l'acide chlorhydrique chaud, donne de mauvais résultats, quoi qu'en aient dit L. Meyer et Haas. La méthode de préparation du molybdène recom- mandée par von der Pfordlen, savoir la réduction d'un polysulfure de molybdène par l'hydrogène à haute tempé- rature, est également en défaut : le produit obtenu retient du soufre. Dans la seconde partie de son (ravail, M. Vandenberghe prouve que l'hydrogène et l'azote sont sans action sur le molybdène, mais que l'anhydride carbonique l'oxyde pour passer lui-même à l'étal d'oxyde de carbone. ( 197 ) Les faits constatés par l'auteur ne sont pas sans intérêt scientifique. Je propose donc à la Classe de leur donner la publicité de son Bulletin, après que l'auteur aura ramené son texte et ses planches aux proportions voulues pour le recueil académique. » M. L. Henry, second commissaire, se rallie à cette pro- position, qui est adoptée. Sur la sphère attractive dans les cellules fixes du tissu conjonctif; par C. De Bruyne. Rappoi'î de JH. Ch, Wan Mtanihehef jn^enUet' comntigsaii'e . « Depuis qu'Éd. Van Beneden, étudiant l'œuf d'Asca- ride raégalocéphale, a signalé l'importance de la sphère attractive, cette partie constituante de la cellule est devenue l'objet de nombreuses recherches. Et pourtant bien des points de son histoire restent encore à élucider. Ainsi on discute notamment la question de savoir si elle représente un élément constant de toute cellule, quelle est sa constitution et si celle-ci varie aux différentes époques de la vie cellulaire, quels rapports elle aft'ecte avec le cytoplasme, quelle est son origine. Dans le travail présenté à la Classe, le D' De Bruyne s'occupe de la sphère attractive qu'il a rencontrée dans les cellules conjonctives tixes au repos du tissu interstitiel du foie et de la glande génitale mâle ou femelle de Paludina vivipara. Après avoir dit quelques mots de la méthode de fixation et de coloration employée par lui, l'auteur nous fait con- naître la constitution de la sphère attractive, sa forme, sa ( 198 ) continuité avec les filaments cytoplasmiques, les caractères de la zone médullaire, ceux des centrosomes qui, dans les cellules fixes en question, varient au point de vue du nombre, des dimensions, de la forme et de leurs rapports réciproques. Il s'occupe ensuite de la situation de la sphère attractive et en particulier de ses rapports avec le noyau; puis de la constitution des fibrilles radiaires. Ce qu'il a vu le porte à admettre, contrairement à la manière de voir de 0. Hert- wig et d'autres, que, dans l'objet examiné par lui, les centrosomes restent dans le cytoplasme pendant le stade de repos de la cellule. L'auteur termine sa notice par quelques considérations sur certains cas particuliers que lui ont fournis ses prépa- rations : cellules à deux sphères attractives, cellule mon- trant une sphère probablement à l'état de division. Comme le montre un coup d'œil jeté sur la planche jointe au manuscrit, l'objet étudié par le D' De Bruyne lui a donné des images d'une grande netteté. Elles sont une démonstration probante de la présence de la sphère attractive dans des cellules conjonctives fixes au repos. Jusqu'à présent, Flemming avait seul signalé cette pré- sence dans le péritoine de la larve de Salamandre; encore le professeur de Kiel n'a-l-il rencontré qu'un seul cor- puscule ou deux corpuscules centraux. J'estime que la noie de M. le D"" De Bruyne constitue une contribution intéressante à l'élude de la sphère attrac- tive, et je propose à la Classe d'en ordonner l'insertion dans le Bulletin de ses séances. » M. Éd- Van Beneden, second commissaire, s'étant rallié à cette proposition, celle-ci est adoptée. ( i99 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur un hydrate de trisulfure d'arsenic et sa décomposition par la compression ; par W. Spring, membre de l'Aca- démie. A la suile d'expériences qui remontent déjà à une quin- zaine d'années, j'ai formulé (*) comme principe que la matière prend, à une température déterminée, l'état cor- respondant au volume qu'on l'oblige d'occuper. On se sou- vient que j'ai pu réaliser des cbangements d'états allotro- piques en soumettant certains corps , par exemple le soufre ou l'arsenic, à une compression énergique. En outre, en comprimant des mélanges de corps différents susceptibles de réagir chimiquement, j'ai obtenu leur com- binaison, surtout quand le volume spécifique du produit de la combinaison était plus petit que la somme des volumes des corps composants, calculée en prenant ceux-ci à l'état libre. Comme conséquence logique de ces faits, on devait s'at- tendre à constater une décomposition, par la compression, des corps composés répondant à une condition inverse de celle qui vient d'être rappelée : c'est-à-dire des corps com- (*) Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 2« série, t. XLIX, p. 576. ( 200 ) posés dont le volume spécifique est plus grand que la somme des volumes des composants. J'ai vérifié celle conséquence, avec J.-H. van 't Hoff, pour l'acétate cuprico-calcique f); il a été constaté que ce sel double se décompose réellement en acétale de cal- cium, en acétate de cuivre et en eau quand on le soumet à une pression de 6,000 atmosphères à la température de 40». Cet exemple de décomposition est resté unique en son genre jusqu'à présent, sans doute parce que les recherches n'ont pas été poursuivies dans la voie indiquée. Je puis fournir aujourd'hui un premier complément à nos con- naissances à ce sujet en signalant une substance nouvelle, le irisulfure d'arsenic hexahydraté, qui se décompose en eau et en orpiment par la compression, avec une facilité telle qu'il n'est pas nécessaire de faire usage d'une presse de grande puissance. Tel est le résultat que je désire communiquer à la Classe. Si l'on traite une solution de trichlorure d'arsenic dans l'eau par l'acide sulfhydrique, en présence d'une quantité suffisante d'acide chlorhydrique libre, il se produit, comme on le sait, un précipité jaune qui, lavé et desséché à 100°, ou à 20° dans le vide sec, répond à la formule As^S^; c'est un corps privé d'eau d'hydratation. Mais si on opère la des- siccation du précipité à la température ordinaire, dans un courant d'air dont l'humidité relative, ou le degré de salu- (*) Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, Z^ série, t. XIII, 1887. ( 201 ) ration, se trouve aux environs de 70 7o> on obtient une substance de nuance un peu plus claire, et qui, bien que physiquement sèche, contient une forte proportion d'eau combinée. Voici le résultat de l'analyse d'un échantillon séché à poids constant, comme il vient d'être dit, au point qu'un léger souffle en emportait la poussière. L'eau d'hydrata- tion a été dégagée par la chaleur et recueillie dans un tube à chlorure de calcium pesé : Prise d'essai Ob%4442 Eau recueillie 08%1348; d'où l'on calcule : As*S' 69,05 H'0 50,35 100,00 ce qui donne la formule As^S^, eH^O. En effet, celle-ci fournit : As^S' 69,30 6H*0 30,50 100,00 Il existe donc un hydrate de trisulfure d'arsenic qui, comme la plupart des corps hydratés, perd son eau à chaud ou dans le vide sec. Le poids spécifique, rf, de ce corps hydraté a été déter- miné à l'aidç d'un picnomèlre, au sein de xylol pur dont S*"* SÉRIE, TOME XXX. ^^ ( 202 ) j'avais mesuré la densité à Toccasion d'un travail anté- rieur ('); on obtient d = 1,8806 à la température de 25" ,6, d'où le volume spécifique 100 1,8806 = 53,174. Si l'on calcule le volume spécifique de la somme As^S^ H- ôH^O, en prenant 5,45 (**) pour poids spécifique de As^S^ et 0,9971 pour l'eau à 25° ,6, on arrive à 50,626, c'est-à-dire à un nombre plus petit de 2,548 que le précé- dent; ou, si l'on calcule en prenant le nombre 100 pour base, on a une diminution de 254,800 1 = 4,79 %■ 55,174 ' ' En un mot, un mélange de 6H'^0 et As^S^ occupe moins de volume que la combinaison de ces deux corps. La raison de la dilatation réside peut-être dans le fait que l'eau existe à l'éiat solide (glace) dans l'hydrate de trisulfure d'arsenic. En effet, si l'on calcule le volume de la combinaison en prenant la densité de la glace pour base, on obtient le volume 52,662 qui se rapproche de 55,174. La différence tient peut-être (*) Voir: Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3« sérîe, t. XXVIII, p. 258, 1894. (*') Landolt u. Bôrnstein. Tabellen, p. 129, 1894. ( 205 ) à celte circonstance que l'on ne connaît pas la densité de la glace à une température supérieure à 0". Il résulte des considérations précédentes que le trisul- fure d'arsenic hydraté doit se décomposer par la pression. L'expérience démontre d'une manière éclatante qu'il en est ainsi. Le trisulfure hydraté est décomposé quantitati- vement en eau et en trisulfure anhydre, en quelques instants, par une compression de 6,000 à 7,000 atmo- sphères. L'eau devenue libre s'écoule entre le cylindre du compresseur et son piston et se répand abondamment au dehors. On se fera une idée exacte de l'intensité du phéno- mène, si Ton fait attention qu'une molécule-gramme de As^S^ occupe le volume : 246 3,45 et que BH^O occupent ^^, = 108",51, c'est-à-dire que le volume de AS2S3 est moins des -^ de celui de l'eau à provenir de la décomposition ; si l'on mêle 71 centi- mètres cubes deAs^S^en poudre et 108 centimètres cubes d'eau, on a une pâle fluanle. Le trisulfure anhydre s'agglomère en même temps en une masse assez compacte, de couleur à peu près aussi foncée que l'orpiment qui a été fondu. Cette expérience contribue, je crois, à prouver l'exacti- tude du principe que j'ai rappelé au début de celle note; elle donne à penser aussi que la décomposition des hydrates par la pression est sans doute générale. Je me propose de vérifier ce point par la suite. Liège. Institut de chimie générale, 29 juillet 1895. ( 204 ) Sur une lâche récemment observée à la surface de Vénus et sur la durée de rotation de cette planète. (Extrait d'une lettre de M. Schiaparelli, associé de l'Académie, à M. Terby.) « Milan, le 31 juiIieH895. » ... En tous cas, la tache actuelle de Vénus existe bien p réellement, et c'est un mérite pour M. Brenner que de » l'avoir signalée.; car l'étude de cette tache a mis le der- » nier sceau de certitude à la rotation de 224,7 jours, r> dont la démonstration reposait jusqu'à présent sur un » trop petit nombre d'observations, comme vous le savez » bien. » Je vous ai envoyé une petite brochure écrite à la » hâte {]), qui vous mettra au fait des principaux résul- » lais. Depuis le 9 juillet (époque où elle a été écrite), » j'ai pu faire des observations meilleures, et surtout » dessiner la tache d'une façon moins grossière. Je vous » envoie une copie d'un de mes dessins pris avec le » 18 pouces, que je conFidère comme le meilleur de » tous, et qui représente l'étal de la planète pendant les » derniers jours de juillet. Je l'ai comparé plusieurs fois » avec la planète dans tous les détails et j'en suis assez » satisfait, en tenant compte de l'énorme difficulté des » ombres dont il est question. Seule la grande ombre » près de la corne australe est visible avec une certaine » facilité, et mon collègue M. le D"^ Rajna a pu se con- » vaincre de son existence. On la voit plus facilement » pendant le jour, près de la culmination, surtout lorsque i) le ciel est voilé et la planète peu brillante. Cette tache, (1) ncnd. del R. ht. Lomb., série II, vol. XXVIII, 1895. SCHIAPARELLI a.d nat ieU ( 205 ) » avec les ombres qui en dépendent, est bien la mênne 9 (sauf les petits détails) que j'ai observée en 1877 et » dont vous avez publié dans Ciel et Terre quelques » dessins (1). En cherchant dans mes anciens journaux » d'observation, je trouve que j'avais dessiné les mêmes » choses en février et mars 1881 (2). Évidemment il y a j> ici, dans les variations, une certaine stabilité ou du > moins un retour périodique de conditions analogues. » Les conjectures assez hardies que j'avais énoncées sur » ce point en 1890 [voir la cinquième note de mes Con- j> siderazioni, etc. (3)] se trouvent vérifiées d'une manière j> aussi satisfaisante que possible. » Quoi qu'il en soit, il faudra beaucoup de hardiesse » pour s'occuper encore de la rotation de 23" 20"°. La tache » est là, immobile à toutes les heures de la journée, » depuis le 3 juillet au nioins... » EXPLICATIOiN DE LA PLANCHE. Aspect de Vénus observée par Schiaparelli au 18 pouces de Milan, du 28 au 30 juillet 1895. (1) Ciel et Terre, i" août 1890. Voir aussi lîend. del fi. ht. Lomb., série II, vol. XXlll, fasc. IX. (2) Nous ne pouvons passer ici sous silence que nous trouvons la tache dans quatre-vingt-dix-huit dessins pris en 1884 par M. Stanley Williams et que nous avons sous les yeux au moment où nous écrivons ces lignes. D'après nos souvenirs, on la retrouverait encore dans d'autres dessins. Nous espérons pouvoir entretenir l'Académie de ces faits très curieux dans un avenir prochain. F. Terbv. (3) Voir fiendiconti cit., série II, vol. XXIII, fasc. X. ( 206 ) Étude des modifications de la muqueuse utérine pendant la gestation chez Vespertilio murinus; par Pierre Noif. Lélude du placenta et des enveloppes fœtales des Chéi- roptères a occupé plusieurs naturalistes. Ercolani, Tafani et Frommel ont consacré à la description du placenta de ces animaux des mémoires importants. Robin a décrit avec une remarquable exactitude quelques-unes des annexes fœtales du Vespertilio murinus. Dans deux notes successives parues dans les Bulletins de r Académie royale de Belgique, M. Van Beneden publiait, en 1888, les premiers résultats de ses recherches sur la fixation du blastocyste et la genèse du placenta du Murin. Le matériel qu'il avait recueilli depuis 1877 s'accrut d'année en année, et l'examen de nouveaux stades, qu'il n'avait pu se procurer lorsqu'il fit ses premières publica- tions, lui faisait modifier, dès novembre 1888, sa première opinion quant à l'origine de la couche plasmodiale dont il avait décrit précédemment la structure et l'évolution. Ces trois notices, prises dans leur ensemble, renferment un exposé sommaire des faits essentiels, relatifs à l'origine et au développement du placenta fœtal du Mnrin. M. Van Beneden se proposait de publier, avec planches à l'appui, une étude complète de la placenialion et, dès 1889, celle élude était achevée en ce qui concerne la portion fœtale de l'organe. L'examen des nombreux matériaux recueillis dans ces dernières années n'a modifié en rien les opinions qu'il ( Î207 ) s'était faites, dès 1888, sur les diverses questions qui se rattachent à l'histoire des annexes fœtales de ce Chéiro- ptère. Diverses circonstances l'ont empêché de donner suite à son projet de publication. En 1893, il me proposa d'entreprendre — au moyen du matériel qui avait servi à ses propres observations — l'étude des modifications que subit la muqueuse utérine aux divers moments de la gestation. Les très nombreuses séries de coupes exécutées depuis 1877, les photographies faites d'après ces préparations, des utérus gravides et des placentas isolés, fixés par diverses méthodes, furent mis à ma disposition. En 1893 et en 1894, l'occasion m'a été offerte de remplir, au moyen de matériel frais, quelques lacunes relatives surtout à la dernière période de gestation. Après que j'eus été mis entièrement au courant — par lui- même — des résultats acquis par mon éminent maître sur la formation et l'évolution de la portion fœtale du placenta, je me consacrai activement à l'étude de la portion mater- nelle de l'organe. J'ai l'honneur de communiquer, dès aujourd'hui, à la Classe des sciences de l'Académie un exposé sommaire de mes résultats. Cette note étant une simple communication prélimi- naire, faite dans le seul but de prendre date, j'ai laissé intentionnellement de côté la bibliographie de la question, réservant la comparaison des résultats de mes recherches avec ceux qu'ont obtenus d'autres auteurs, soit chez les Chéiroptères, soit chez d'autres Mammifères, pour la publi- cation du mémoire m extenso, accompagné de planches, qui paraîtra prochainement dans les Archives de biologie. Chacun comprendra qu'il est matériellement impossible. ( 208 ) en raison de liens qui unissent entre elles les deux par- lies constitutives du placenta, de décrire les modifications que subit la muqueuse utérine sans parler en même temps du placenta fœtal. M. Van Beneden a bien voulu m'autoriser à faire connaître ici, concurremment avec mes propres observations, le détail de ses recherches à lui. Je tiens à déclarer que tous les faits mentionnés dans ce tra- vail, relativement à l'origine, aux transformations et à révolution du placenta fœtal, il les avait observés et ana- lysés avant moi. Tout ce qui concerne le développement des organes embryonnaires est l'œuvre de M. Van Beneden et non la mienne. Il n'y a qu'un point sur lequel mes conclusions ne sont pas conformes aux siennes : il pensait que, dans les derniers temps de la gestation, le cytoblaste se confond avec le plasmodiblaste. Je crois avoir constaté que celte fusion apparente provient uniquement de ce que le cytoblaste devient discontinu. En ce qui concerne la muqueuse utérine, M. Van Bene- den a constaté depuis longtemps la disparition de l'épilhé- lium; il a décrit les modifications que subit le trajet des glandes au moment de la fixation du blaslocyste; il a montré que ni l'épilhélium ni les glandes ne jouent un rôle quelconque dans l'évolution du placenta ; il a analysé les dispositions vasculaires de la muqueuse avant et après leur enveloppement par le plasmodiblaste, et conclu que le sang maternel circule du centre vers la périphérie, en même temps que de la face fœtale vers la face maternelle du placenta; les artères et les veines siègent dans divers plans parallèles entre eux; les artères répondent à la face fœ- tale du placenta ; les veines siègent dans la profondeur de la muqueuse. Les capillaires suivent une direction nor- ( 209 ) maie aux surfaces de l'organe. Il avait vu enfin que les endolhéliums vasculaires seluméfient à un moment donné; que les cellules endothéliales se séparent ensuite les unes des autres et qu'elles sont entraînées par le torrent circu- latoire, le sang maternel arrivant ainsi au contact immé- diat de la masse plasmodiale. Les capillaires deviennent de véritables trouées, dépourvues de parois propres, de véritables lacunes anastomosées entre elles en un très riche réseau, creusées dans la masse plasmodiale. Les utérus que j'ai observés ont été pour la plupart fixés entiers, quelques-uns après ouverture par le bord opposé au placenta. Les agents fixateurs employés sont nombreux : sublimé en solution saturée dans l'eau; sublimé acétique; acide nitrique à 3%; liquide de Kleinenberg; solutions de Flemming, de Hermann. Les pièces ont, les unes, été colorées en masse par le carmin boracique, d'au- tres sur porte-objet par l'hémaloxyline et l'éosine; celles durcies dans les solutions chromiques ont été traitées par les couleurs d'aniline. Parmi celles-ci, c'est la safranine agissant après le liquide de Flemming et la triple colora- tion par la safranine, le violet de gentiane et l'orangé qui m'ont donné les meilleurs résultats. Les structures nucléaires ainsi que les différenciations protoplasmiques sont particulièrement bien mises en évidence par celle méthode. Les objets colorés en masse ont plutôt servi aux observations d'ensemble, les détails de texture s'y voient moins nettement. La combinaison des deux procédés donne les meilleurs résultais; elle permet le contrôle mutuel des observations. Constitution de l'utérus non gravide. — Je renvoie, pour ( 210 ) loul ce qui a irail à l'élude de l'utérus non gravide, à ce qui a élé dil par M. Éd. Van Beneden dans sa note sur la fixation du blastocyste, sauf à y ajouter qu'on distingue dans la musculaire deux couches : l'une, externe, formée surtout de faisceaux longitudinaux; l'autre, interne, dont les faisceaux sont circulaires. Le derme forme,au voisinage de l'épithélium utérin, une couche plus dense, occupant tout le pourtour de la cavité. Modifications de la muqueuse avant la fixation du blas- tocyste. — Déjà avant le moment où le blastocyste arrive dans l'.utérus, la corne utérine droite, dans laquelle l'em- bryon se fixe, se fait remarquer par son volume plus con- sidérable, déterminé en grande partie par une tuméfaction très considérable de la muqueuse. Microscopiquement, on observe déjà avant la fixation du blastocyste, des change- ments importants, intéressant le derme de la muqueuse et ses vaisseaux. Les cellules dermatiques prolifèrent active- ment. Les vaisseaux, qui affectent tous la forme de capil- laires, se dilatent et bourgeonnent. Les pointes vasculaires forment des prolongements protoplasmiques pleins, très déliés, contenant des noyaux en forme de bâtonnets très allongés, dérivant des noyaux de l'endothélium des capil- laires. En certains points, on voit dans le protoplasme des pointes, des granulations homogènes, très chromophiles, ordinairement sphériques, de taille très diverse, qui ne peuvent pas être considérées comme des hématies de nou- velle formation. Les pointes plus âgées augmentent de diamètre, leur partie centrale se creuse de vacuoles, qui confluent et se mettent ultérieurement en communication avec le capillaire qui a fourni la pointe; les noyaux s'élar- ( 211 ) gissent, deviennent lamellaires, se placent dans le proto- plasme pariétal. Je n'ai pas rencontré de cellules vaso-formatives indé- pendantes. La dilatation des anciens capillaires et la for- mation de nouveaux se font non seulement à l'endroit immédiat où l'embryon s'accolera ou est accolé, mais dans des limites beaucoup plus étendues. Elles s'observent principalement au niveau du fond. Fixation de la vésicule blastodermique. — Pour les modifications de la cavité et de l'épilhélium utérins et l'orientation du blastoderme, je ne puis que répéter ce qui a élé dit par M. Van Beneden. La végétation des papilles interglandulaires vers l'intérieur de la cavité utérine donne à celle-ci la forme d'un hémisphère : la concavité, qui est le fond de la corne, loge l'hémisphère placentaire de la vésicule, le diamètre de l'hémisphère correspond à la partie antiembryonnaire de la vésicule. Stade didermique. Au stade didermique, la vésicule possède deux hémi- sphères. L'hémisphèreembryonnaire, beaucoup plus étendu, est intimement appliqué contre le derme de la corne. Cet accolemenl se fait par l'intermédiaire d'une couche plas- modiale d'origine fœtale à laquelle M. Van Beneden a donné le nom de plasmodiblaste. Ce plasmodiblaste existe dans toute l'étendue du fond. La partie périphérique du plasmodiblaste est doublée par un feuillet épithélial qui est le cytoblaste (Van Beneden). Au centre de l'hémisphère, le cytoblaste quitte le plas- modiblaste et se continue dans le feuillet externe de l'era- ( 212 ) bryon. Il existe entre celui-ci et le piasraodiblaste un vide, qui est la cavité amniotique future. Le cytoblaste se continue au niveau de l'hémisphère anliembryonnaire dans le feuillet externe de cet hémisphère. La cavité blas- todermique est limitée de toutes parts par le feuillet interne qui s'applique successivement en allant du pôle embryonnaire vers le pôle opposé, contre la face profonde du feuillet embryonnaire externe, du cytoblaste et du feuillet externe de l'hémisphère antiembryonnaire. Le derme utérin présente un aspect différent dans la partie glandulaire et dans celle correspondant au fond. Dans la partie glandulaire, les transformations sont nulles ou à peu près : les papilles dermaliques sont serrées les unes contre les autres par suite de leur épaississement. Les espaces interpapillaires ont disparu; les glandes dont répithélium est aminci à ce niveau, débouchent directe- ment à la surface de la muqueuse. Entre la surface du derme et le feuillet embryonnaire se voient les résidus de la dégénérescence épithéliale. La vascularisation des papilles est peu développée. Le derme du fond s'est modifié différemment suivant ses différentes couches. La couche immédiatement sous- jacenle au plasmodiblaste — à laquelle je donnerai le nom de couche paraplacentaire — a un aspect caverneux qui est dû au développement considérable de sa vascularisa- tion. Sur une coupe transversale, on voit à certains niveaux un capillaire artériel partir de l'artère principale siégeant dans la musculaire, se diriger radiairement vers la cavité utérine et venir s'appliquer contre le plasmodiblaste au sommet de la cavité amniotique future. C'est là une dispo- sition constante: toutes les artères sont médianes. Cette ( 213 ) artère ne fournil dans son trajet aucune collatérale. Arrivée contre le plasmodiblaste, elle se divise, dans le plan de la coupe, en deux branches, l'une droite, l'autre gauche, qui vont en divergeant, s'anastomosent avec les branches four- nies par les autres vaisseaux artériels précédents ou sui- vants et forment ainsi un réseau très riche, intimement appliqué sur la face externe du plasmodiblaste. De ce réseau artériel partent des branches fines, capillaires, nor- males à la surface du plasmodiblaste; ces capillaires, après un trajet très court, se réunissent en troncs veineux. Ces troncs veineux siègent dans la partie externe de la couche paraplacentaire. Ils sont réunis par de nombreuses anasto- raoses;leurs lumières, très dilatées, contribuent pour la plus large part à donner à la courbe paraplacentaire son aspect caverneux. Entre les lumières de deux vaisseaux voisins se trouve une mince couche de tissu dermatique en voie de modification. Les cellules s'y multiplient activement. Les vaisseaux qui siègent à la périphérie de la zone placen- taire sont les plus élargis. Immédiatement en dehors de la couche |)araplacentaire, le derme présente un aspect fibreux. Les cellules sont très allongées, fusiformes, les noyaux en forme de bâtonnets. Cet aspect est dû à l'aplatissement des cellules derma- liques à ce niveau. Cette couche se continue insensible- ment dans la profondeur avec le tissu dermatique non modifié. Cet aplatissement des cellules est dû à la distension con- sidérable du fond de l'utérus par la vésicule blaslodermi- que. En raison de la prolifération intense, qui intéresse les éléments conjonclifs et vasculairesdela couche paraplacen- taire, celle-ci suit facilement l'expansion de la surface pla- centaire fœtale. Il n'en est pas de même du derme, plus ( 214 ) profondément situé, dont les cellules ne se multiplient pas et sont en conséquence étirées suivant leur grand axe et aplaties en lamelles dont la disposition est tangentielle par rapport à la surface placentaire. De là l'origine de celle assise d'aspect fibreux. En dehors de celte assise, peu développée au stade didermique, le derme a conservé les caractères qu'il pré- sentait antérieurement. Stade de la ligne primitive répondant a l'embryon de LA planche m DE l'AtLAS DE FrOMMEL. A ce moment, la lame plasmodiale s'épaissit considéra- blement, de façon à doubler et tripler ses dimensions pri- mitives et elle s'insinue insensiblement, en allant de la surface vers la profondeur, entre les éléments dermaliques qui lui étaient adjacents. Cet envahissement du derme par le plasmodium s'accom- pagne du refoulement complet de toutes les cellules du derme, à l'exception des vaisseaux, qui restent en place et qui se trouvent englobés par le plasraodibIaste.il se pro- duit là, sous l'influence de la poussée plasmodiale, une dissociation parfaite des éléments d'un tissu, telle que la dissection la plus savante ne pourrait la réaliser. Cet envahissement se produit sur toute l'étendue de la surface du placenta d'une manière uniforme, de façon que le plas- n^odiblaste présente toujours une surface externe lisse, en rapport avec le tissu paraplacenlaire refoulé. Les vaisseaux englobés en premier lieu sont les branches artérielles qui, au stade didermique, étaient étroitement appliquées sur le plasmodium. Elles se présentent actuel- lement dans la partie la plus profonde du plasmodiblaste ( 215 ) sous la forme de lacunes circonscrites par l'endolhélium vascniaire et entourées de toutes parts par le plasmodium fœtal. Puis, peu à peu, le plasmodiblaste, gagnant toujours en épaisseur, a englobé les branches de diamètre moins considérable, qui réunissent radiairement les capillaires artériels profonds aux veines plus superficielles. Et il se fait bientôt que, tandis qu'au stade didermique la surface externe du plasmodiblaste répondait aux branches arté- rielles du réseau paraplacentaire, maintenant ce sont au contraire les veines qui forment un réseau très compliqué appliqué contre le placenta fœtal. De ce réseau veineux émanent les troncs veineux prin- cipaux qui, sur une coupe tranversale, affectent la disposi- tion suivante : ces veines, partant des troncs sous-péri- tonéaux, suivent d'abord un trajet radiaire sensiblement parallèle à celui des artères médianes. Puis, au niveau de la couche paraplacentaire ou un peu en dehors d'elle, elles s'infléchissent latéralement, suivent dans la partie externe de la couche paraplacentaire un trajet parallèle à la sur- face placentaire et viennent déboucher en des points plus ou moins périphériques du réseau veineux. Dans l'utérus non gravide, veines et artères étaient sensiblement parallèles dans tout leur trajet à cause de l'exiguïlé du fond. Actuellement, à cause de la distension considérable de ce dernier, l'origine des veines tend à s'éloigner de plus en plus du tronc artériel qui est médian et qui ne se déplace pas, et ce changement de direction s'accomplit aux dépens de la portion du vaisseau qui est contenue dans la couche paraplacentaire, vu que celte dernière seule suit le mouvement d'extension du pla- centa. La couche paraplacentaire se trouve privée, du fait de ( 216 ) la poussée plasmodiale, d'une grande partie de son réseau vasculaire. Elle ne contient plus actuellement que des veines. Elle continue néanmoins à former, en dehors de la surface placentaire, une couche se dififérenciant nettement, par ses caractères, du derme sous-jacent. Aussi conti- nuerons-nous à parler d'elle en tant que couche parapla- cenlaire, bien qu'en fait elle ne contienne plus qu'une partie des éléments de l'assise portant ce nom au stade didermique. Dans la partie glandulaire de la muqueuse, les couches dermatiques superficielles montrent un commencement de dégénérescence, qui amènera dans les stades ultérieurs leur résorption complète. Embryon possédant ses premières protovertèbres et l'ébauche d'un appareil cardiaque. (Planche V de Frommel.) La coupe transversale est ovale, la grosse extrémité répondant au bord antimésométrial. Les vaisseaux qui couraient le long de ce bord ont une tendance à le quitter et à se mettre en arrière de lui (l'organe étant considéré en place dans le bassin); la face antérieure de la corne devient plus étendue que la postérieure. Ce mou- vement s'accentue dans les stades ultérieurs. La muscu- laire est légèrement amincie. Immédiatement sous elle, le derme de la muqueuse n'a pas changé d'aspect, les extré- mités des glandes qui s'y trouvent sont souvent distendues par leur produit de sécrétion. Cette couche, relativement mince, où le derme utérin a conservé ses caractères primitifs, se confond insensible- ( 217 ) inenl, en allant de dehors en dedans, avec une zone où les cellules dermaliques affeclenl l'aspect fibreux décrit pré- cédemment. Celte zone s'observe maintenant sur toute la périphérie de la corne utérine, ce qui est en rapport avec l'extension de l'hémisphère antiembryonnaire de la vési- cule biastodermique. Les cellules des couches internes de cette zone sont devenues plus épaisses, leur grand axe se laccourcit, elles prennent une forme losangique ou trapé- zoïdale et s'imbriquent à la façon des moellons d'un mur. Leur limitation très nette est due à l'existence entre elles d'une mince couche , fol. (13. Original sur parchemin. Uull. di.- l'AcadO r Scrif I, X.NX, Sciileiicc prononcée contre Guillaume van Zwoilc par l'inquisiteur gOnéral des Pays-Bas, 1329. m ( ^^67 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 1" aorit 1893. M. F.-A. Gevaert, directeur, président de l'Académie, M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Th. Radoux, vice-directeur. Éd. Félis, Ad. Samuel, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, Joseph Stallaert, Alex. Markelbach, Max. Rooses, G. Huberti, A. Hennebicq, Éd. Van Even, Ch. Tardieu, F. Laureys, membres; Alb. De Vriendt, correspondant. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics transmet, pour appréciation, un rapport de M. Gilson, lauréat du grand concours de composition musicale de 1889, sur son séjour en Italie, pendant sa troisième année d'étude. — Renvoi à la section de musique. M. Verhelle, lauréat du grand concours d'architecture de 1890, envoie le mémoire historique et explicatif de son essai de restauration de la partie méridionale du palais de l'empereur, villa Adriaua, près de Tivoli. — Renvoi à la section d'architecture. { 268 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Folie (F.). La supériorité de la méthode de Laplace. Paris, 1895; exlr. in-S» (2 p.). Discailles {Ern.). Charles Rogicr (1800-1885), d'après des documents inédits, t. III et IV. 1894-93; 2 vol. in-8". Deivèvre [Alfred). Les caoutchoucs africains, étude mono- graphique des lianes du geurc Landolphia. Bruxelles, 1895; exlr. in-8° (80 p.). Godart-Danlueux. Un cas de myxœdème avec ascite, traité par l'extrait thyroïdien. Bruxelles, 1895; extr in-S» (8 p.). Levieux [Ferdinand). Essai sur l'architecture japonaise. Bruxelles, 1895; extr. in-8» (26 p.). Fraipont [Julien). Choix de fossiles caractéristiques des dépôts sédimentaircs, à Tusage des étudiants en géologie et des ingénieurs des mines. Liège, 1895; in-S" (25 p. et 36 pi ). — La race imaginaire de Cannstadt ou de Néanderihal. Bruxelles, 1895; exlr. in-S" (12 p.). Magnelle [F.). Le prieuré de Muno et les cours de Vienne et de Versailles, 1768-1785. Arlon, 1895; gr. in-8» (28 p ). Lambert [Ernest). Langue universelle et volapùk. Aperçu historique. Bruxelles, 1895; in-8» (25 p.). Cumont [G.). Billon noir inédit frappé à Vilvorde, par Jean III, duc de Brabant (1312-1355). Bruxelles, 1895; in-8" (4 p.). — Pièces rares ou inédites et trouvaille de Niel-sur-Rupel. Bruxelles, 1895; in-8'' (13 p. et 1 pi.). de Jonghe [Le vicomte Baudouin). Plaque de Charles IV, comte de Luxembourg, frappée à Marche, et deux autres monnaies de ce prince. Bruxelles, 1895; in-8' (10 p.). BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAIX-ARTS DE BELGIQUE. 1895. — 1N°« 9-10. CLASSE DES SCIEIIGES. Séance du iS octobre 4895. M. G. Van der Mensbrdgghe, directeur. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Al. Brialmont, vice-directeur; le baron Edm. de Selys Longchamps, Gluge, G. Dewalque, E. Candèze, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart, F. Plateau, Fr. Crépin, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, W. Spring, Louis Henry, P. Mansion, J. Delbœui; P. De Heen, C. Le Paige, F. Terby, J. Deruyts, H. Valerius, L. Fredericq, membres; Ch. de la Vallée Poussin, associé ; A.-F. Renard, J. Neuberg, A. Lancasler et G. Cesàro, correspondants. 3""* SÉRIE, TOME XXX. 19 ( 270 ) En ouvrant la séance, M. le Directeur annonce à la Classe, dans les termes suivants, la mort de l'un de ses associés de la section des sciences mathématiques et physiques, Louis Pasteur, décédé à Ville-Neuve-rÉtang (Garches), le 28 septembre 1895. Messieurs, « La science française et j'ose dire l'humanité entière viennent d'essuyer une perle immense : Louis Pasteur n'est plus! Toutes les sociétés savantes élaient fières de le compter parmi leurs membres; la Classe des sciences de noire Académie l'avait nommé associé en 1877. Qui ne se rappelle avec émotion ses admirables expé- riences sur la fermentation, son verdict solennel et irré- vocable contre les générations spontanées, ses belles découvertes relatives au traitement des maladies des vers à soie, du choléra des poules, du charbon? Qui surtout peut songer, sans être rempli d'enthousiasme, à son mode de traitement si efficace de la rage? A la renommée uni- verselle qu'il s'est acquise par ses nombreux triomphes scienliOques, il a ajouté le très grand mérite d'initiateur pour une pléiade de travailleurs, qui, à leur tour, ont mis en pratique ses merveilleux procédés. Tant de travaux mémorables, tant de services rendus à l'humanité souffrante assurent au nom de Pasteur une gloire immortelle! Ce nom traversera les âges en provo- quant toujours l'admiration de tous les savants et les sen- timents unanimes de reconnaissance de tous les peuples! Je crois répondre au désir de tous mes confrères, non seulement de la Classe des sciences, mais encore de l'Aca- démie tout entière, en invitant M. le Secrétaire perpétuel ( 271 ) à transmettre en leur nom à la famille de l'illustre défunt, l'expression de nos plus profonds regrets et de nos con- doléances les plus vives. » Messieurs, « Vous avez tous appris le terrible malheur qui vient de frapper l'un de nos confrères, M. Mourlon. Qu'il me soit permis de rappeler que l'an dernier, à cette place même, M. Mourlon déclarait qu'à son avis, l'Académie forme une grande famille dont tous les membres prennent part aux joies et aux douleurs les uns des autres. Me confor- mant à celte belle pensée, et sans doute aussi aux inten- tions de tous mes confrères, j'ai l'honneur de proposer que M. le Secrétaire perpétuel adresse aussi une lettre de condoléance à notre collègue si cruellement éprouvé par la mort accidentelle de sa femme. » Ces deux motions de M. Van der Mensbrugghe ont été l'objet d'une approbation unanime. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire des ouvrages suivants : 1° A. La pluie en Belgique, premier fascicule; B. Carte pluviométrique de la Belgique; par A. Lancaster; ( 272 ) 2" Le Congo . Quatre conférences publiques ; par H. Droogmans. — Remerciements. — M. le Minislre de la Guerre fait hommage de la deuxième livraison de la carte topographique de la Bel- gique au 40,000' {édition en couleurs). — Remerciements. — Hommages d'ouvrages. 1. Résultats des campagnes scientifiques accomplies par S. A. S. le prince Albert l", prince souverain de Monaco, lasc. 8 et 9; 2. Dernière réponse à M. Folie ; par F. Terby (n" 555 dti Cosmos)\ 5. Sur le mécanisme du sommeil; par L. Errera; 4. a. A propos de phagocytose; b. La sphère attractive datis les cellules fixes du tissu conjonctif; par C. De Bruyne; 5. Les cavernes et leurs habitants; par J. Fraipont (présenté par M. Dewalque avec une note qui figure ci- après); 6. Étude sur les déplacements moléculaires inférieurs opérés par la chaleur dans les milieux solides élastiques ; par Eug. Ferron; 7. Sur les applications de la notion de convergence uni- forme dans la théorie des fonctions d'une variable com- plexe,- par Ch.-J. de la Vallée Poussin ; 8. Notes diverses de géométrie; par J. Neuberg; 9. Sixième mémoire à V Académie royale des sciences de Belgique, sur la théorie scientifique rationnelle; par E. Watlier. — Remerciements. ( 273 ) — Travaux manuscrits à l'examen : i° Une question de chromatique; par G. De Lescluze, ù Dadizeele lez-Menin. — Commissaires : MM. Delbœnf et De Heen; 2° Recherches sur les variations anatomiques de la pre- mière côte chez l'homme; par H. Leboucq, professeur à l'Université de Gand. — Commissaires : MM. Éd. Van Beneden et Plateau; 5° Réponse à une note de M. F. Terby sur les photogra- phies lunaires; par W. Prinz, assistant à l'Observatoire royal de Belgique. — Commissaires : MM. Folie, Terby et Ch. Lagrange; 4* Explorations scientifiques des cavernes de la vallée de la Mehaigne; par Julien Fraipont, professeur à l'Uni- versité de Liège, et Fernand Tihon, docteur en médecine. — Commissaires : MM. Dewalque et Briart; 5° Les cellules de Rohon dans la moelle épinière et la moelle allongée de la truite (Trutta fario); par A. Van Gehucbten, professeur à l'Université de Louvain. — Com- missaires : MM. Van Bambeke et Van Beneden; 6° Démonstration simplifiée du théorème de Dirichlet sur la progression arithmétique ; par Ch.-J. de la Vallée Poussin, professeur à l'Université de Louvain. — Com- missaires : MM. Mansion et J. Deruvts. PRIX CHARLES LEMAIRE. La Classe renvoie au jury pour le prix Lemaire, le livre de M. J. Van de Venue, d'Anvers : Joseph Lefebvre en zijn werk. ( 274 ) Sur la demande de M. Spée, astronome à l'Observatoire royal de Belgique, la Classe procède à l'ouverture du billet cacheté suivant, dont elle avait accepté le dépôt dans sa séance du 8 janvier 1887. Projet d'un spectroscope réalisant le phénomène d'une éclipse totale du Soleil. Au foyer de l'objectif d'une puissante lunette se trouve une fente circulaire. Le diamètre du cercle est égal à celui de l'image solaire, de sorte que les rayons qui traversent la fente ne proviennent que de la chromosphère, en faisant abstraction de la lumière réfléchie par l'atmosphère, etc., qui tombe également sur la plaque. Le faisceau divergent est ramené, à l'aide d'une lentille, à un faisceau cylin- drique. L'appareil qui le décompose est de construction nou- velle. On ne saurait mieux le décrire qu'en le disant formé par la révolution de la section d'un prisme à vision directe, autour d'une droite parallèle à la base. Soit ABC la sec- lion : tournant autour de ab, elle engendre un solide, dont les parties A, B, C sont des cônes accolés par leurs bases. Les parties A', B' pouvant présenter de sérieuses diffi- cultés d'exécution, je me propose de les remplacer par un ( 27o ) liquide d'indice de réfraction convenable. Le faisceau cylindrique donnerait ainsi lieu à une série de cercles con- centriques; on aurait un spectre circulaire au lieu du spectre droit habituel. Cette disposition, contre laquelle n'existe en théorie aucune objection, puisque chaque point de la chromosphère se trouve dans les mêmes conditions que dans tout prisme à vision directe avec une fente droite parallèle aux arêtes, permettrait de photographier d'un coup le bord entier du limbe solaire, ou de l'observer comme on le fait dans une éclipse totale. La plaque circulaire remplace ici la Lune et la dispersion atténue, comme dans tout spectroscope, l'effet de la lumière blanche réfléchie qui accompagne la lumière rouge presque mono- chromatique de la chromosphère. En se servant d'une plaque à diamètre un peu plus grand, on arriverait très probablement à photographier également la couronne. Le but serait encore atteint, mais moins parfaitement, en remplaçant le système dispersif cylindro-conique par une série de prismes à vision directe, très étroits, disposés en couronne. Plus les prismes seraient étroits, plus la section perpendiculaire à l'axe ab se rapprocherait du cercle. Cette construction, infiniment plus facile à réaliser, coûterait aussi beaucoup moins. Enfin, un réseau circulaire sur verre mènerait au même résultat : les rayons de la région C du spectre de deuxième rang, provenant de toute la chromosphère, recueillis par une lentille, formeraient une image complète du bord, analogue aux images partielles obtenues avec les réseaux droits. Les grands avantages qu'offrirait l'observation du Soleil dans de telles conditions, tant au point de vue de la distri- bution des protubérances que pour mieux suivre les chan- ( 276 ) gements profonds qu'elles éprouvent et qui sont directe- ment liés à l'activité solaire, méritent que des effort soient tentés dans cette voie. L'abbé Eue. Spée, Astronome à l'Observatoire royal de Bruxelles. Liège, le 3 janvier 1887. M. Folie donne lecture à ce sujet de la communication suivante : « L'idée de réaliser artificiellement le phénomène de l'éclipsé totale du Soleil avait été abandonnée par M. Spée, qui en avait écrit en 1881 à M. Houzeau, à la suite de l'opinion émise par ce savant astronome, qui estimait impossible d'arriver à donner aux surfaces la précision suffisante. Il la reprit plus lard, et, en 1890, M. Lutz, opticien à Paris, construisit, sur ses indications, deux cônes en crown qui, avec le sulfure de carbone, devaient donner la vision directe pour la raie C de l'hydrogène. Celte substitution d'un liquide réfringent à la partie en flinl diminuait notablement les difficultés de construction. M. Spée fit faire également en 1890, par Sacré, construc- teur à Bruxelles, une fente circulaire, de largeur variable, et dont le diamètre intérieur était égal à celui de l'image solaire obtenue au foyer du petit équatorial dej l'Obser- vatoire. Cet appareil n'ayant pas fourni de bons résultats, M. Spée s'adressa à M. Hilger, à Londres. Cet opticien lui fît une première pièce, en tout semblable à celle décrite dans le billet, et ensuite une seconde, qu'on peut se représenter comme étant le solide engendré par la révo- lution autour de son axe de la section droite d'un demi- prisme de Christie. Le cône solide est monté dans un ( 277 ) cylindre de verre et la partie vide reçoit un liquide de nature à obtenir la vision directe pour la lumière de la chromosphère. Avec cette pièce, construite aussi en 1890, et la plaque à fente circulaire, on a l'appareil décrit par M. Ch. Zenger, dans la séance du 2 septembre 1893, à l'Académie des sciences de Paris. J'ai l'honneur de soumettre à l'examen de mes confrères les appareils dont je viens de parler. Le travail dont a été chargé M. Spée au commence- ment de 1891, travail non encore complètement terminé, l'a empêché de poursuivre ses essais ». NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. J'ai l'honneur de présenter à l'Académie, au nom de mon collègue à l'Université de Liège, M. le professeur Julien Fraipont, un volume qu'il vient de publier à Paris, chez J.-B. Baillière et fils, sous le titre : Les cavernes et leurs habitants. Ce livre, de 550 pages avec 89 figures intercalées dans le texte, n'est pas seulement une œuvre de vulgarisation : c'est surtout un résumé scientifique de l'état de nos con- naissances sur l'histoire des cavernes. L'auteur a fouillé un grand nombre de grottes. Il a été mêlé de très près aux principales découvertes faites chez nous depuis dix ans. En ce laps de temps, il a quintuplé les collections, déjà si riches, du préhistorique des cavernes que Schmer- ling, Spring et moi avions réunies à l'Université de Liège. Pendant ses longues recherches, il a rassemblé un nombre considérable d'observations personnelles et il a pu con- ( 278 ) irôler celles des principaux explorateurs, sur les cavernes, leur conslilulion, leur mode de remplissage, sur les mœurs, l'elhnographie et l'anthropologie des troglodytes, et sur les repaires de fauves pendant l'époque quaternaire et la période néolithique. L'habitation des cavernes pen- dant la période de l'introduction des métaux et l'époque historique n'a pas fait l'objet des recherches personnelles de l'auteur, mais il en possède bien la littérature. Il a réuni, en outre, de nombreux documents sur les cavernes, tant au point de vue religieux qu'à celui des légendes et des traditions populaires, notamment de celle du Nuton ou nain métallurgiste. Chacun de ces points est traité dans un des dix chapitres du livre de M. J. Fraipont. Ce qui intéressera surtout les spécialistes, c'est le soin avec lequel l'auteur renvoie aux sources. Plusieurs centaines de travaux spéciaux sont ren- seignés en note. G. Dewalque. ÉLECTIONS. La Classe se constitue en comité secret pour prendre connaissance de la liste des candidatures aux places vacantes présentées par les sections. RAPPORTS. Sur l'avis favorable de MM. Spring et Henry, le travail revisé de M. le D"" Ad. Vandenberghe, Sur le molybdène, sera imprimé dans le Bullelin. ( 279 ) Notice cristallographique sur la cotunnite artificielle ; par le D' F. Slôber. Rapport rfe m. Renafd, pi-^-tnief comminsaife. « Les cristaux naturels de cotunnite, l'un des produits de sublimation du Vésuve, sont en général très petits; ils sont en outre assez rares, à tel point qu'on n'avait pas jus- qu'ici déterminé avec certitude leur système cristallin. Schabus, en étudiant des cristaux artificiels de cette sub- stance, et Miller, en soumettant aux mesures goniomé- triqiies la cotunnite de l'éruption du Vésuve de 1852, avaient été conduits à ranger ce corps dans le système rhombique. Mais ces mesures ne permettaient pas d'arriver à des conclusions certaines; car les angles de la pyramide de ces petits cristaux s'écartaient à peine de ceux exigés par lasymétriedusystèmetélragonal, et on pouvait se demander si les légères différences qu'on constatait ne devaient pas être mises sur le compte d'erreurs d'observation. La ques- tion du système cristallin du chlorure de plomb restait donc à trancher et les propriétés optiques de ce corps attendaient une détermination; c'est ce qu'a tenté M. Sio- ber dans la notice dont il s'agit. L'auteur a fait ses recherches sur des cristaux artificiels; il les obtint par l'évaporation d'une solution de PhClg dans l'acide chlorhydrique concentré. Au bout de six semaines, il s'était déposé des cristaux mesurant jusqu'à 1 centi- mètre sur 7 millimètres. Leur examen cristallographique et optique conduit à la conclusion qu'ils appartiennent incon- testablement an système rhombique. Les formes princi- ( 280 ) pales observées par M- Stôber sont b =■ iOlO{, c = jOOi[, s = |m[,p = jl211, r=}021{, g = 10i2{, m=|011[. Les cristaux obtenus par le procédé indiqué sont ordi- nairement aplatis suivant |010{, tandis que ceux qui se produisent par refroidissement d'une solution aqueuse sont aplatis suivant [001 [ et ils montrent une face fl12{ qui n'a pas été observée aux premiers. L'auleur a constaté des macles de deux et de trois individus d'après le plan }021|. L'examen des propriétés optiques de la cotunnite, qui constitue, peut-on dire, la partie essentielle de ce travail, confirme la détermination de ce minéral comme rhom- bique : des plaques suivant les plans (001), (010) et (100), étudiées en lumière parallèle, éteignent parallèlement aux axes de symétrie qu'elles renferment. M. Slôber a déter- miné les indices de réfraction de la cotunnite artificielle : il trouve, pour la lumière du sodium, Wp = 2.19924, n„ = 2.21723, rig = 2.25965, d'où il déduit l'angle Va = 33° 36' '/g; une mesure directe avait donné Va = 55° 6'. La méthode et l'appareil qui ont servi à déterminer ces indices font l'objet d'un mémoire spécial que l'auteur a présenté à l'Académie en même temps que la notice sur la cotunnite que je viens d'analyser. Comme l'impression de ces deux mémoires dans un seul des fascicules des Bulletins dépasserait la limite ordinaire des travaux publiés dans le recueil et que les deux notices sont indépendantes, j'attendrai la prochaine séance pour déposer le rapport sur le mémoire relatif à la détermination de l'indice de réfrac- lion à l'aide de prismes à grands angles réfracteurs. ( 281 ) Je propose à la Classe de publier dans le Bulletin^ la notice sur la colunnite avec la planche qui l'accompagne. Je propose, en outre, de voter des remerciements à Tauteur pour son travail consiencieux et intéressant. » Ces propositions, auxquelles se rallie M. Ch. de la Vallée Poussin, second commissaire, sont adoptées par la Classe. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Un filet empêche-t-il le passage des Insectes ailés? par Félix Plateau, professeur à l'Université de Gand, mem- bre de l'Académie. § I. — Introduction. En 1889, j'ai publié dans Le Naturaliste (i) un article intitulé : La vision chez les Insectes et chez les Vertébrés, oùjecitais les observations faites en Italie par W.Spence (2), d'après lesquelles il suffit de placer devant les fenêtres ouvertes un filet à grandes mailles (25 à 26 millimètres (1) Le Naturaliste, 11« année, 2« sér., n» 55, p. 123, 15 mai 1889. (2) Spence, Observations on a mode practised in Ilaly of excluding the common Ilousefly from apartmenls (Trans. E^TOM. Soc. Losdon, t. I, cl Mag. of Natural HiSTORY, t. VII, 1834). ( 282 ) de largeur) pour arrêter l'invasion des Mouches domes- tiques dans un apparlement, et les expériences effectuées quelques années après, en Angleterre, par E. Stanley (1), confirmant les observations précédentes. Stanley employa des filets de différentes couleurs, de fil tantôt ordinaire, tantôt très fin, dont les mailles mesuraient depuis 18 mil- limètres jusqu'à 3 centimètres et constata que, si la cham- bre n'avait de fenêtres que sur une face, celles-ci, grâce à la présence du filet, pouvaient rester ouvertes impuné- ment. Malgré l'abondance des Mouches et des Calliphores bourdonnant à l'extérieur, ces Insectes incommodes ne pénétraient plus. « ... Je ne me souviens pas, dit cet au- teur, d'en avoir vu une seule qui osât franchir la limite. » J'ajoutais ensuite : « Les Mouches, animaux considérés comme stupides, ne sont point les seuls Insectes qui ne parviennent pas à traverser un filet grossier ; des Hymé- noptères aux instincts développés, tels que des Guêpes, se comportent de la même manière », et je citais, à cet égard, deux observations personnelles que j'avais eu l'occasion de faire sur des Guêpes [Vespa germanica F.) au Jardin zoolo- gique deGand. Ces Insectes, attirés peut-être par la nourri- ture donnée aux animaux, volaient le long des treillis en fil de fer noirci des cages des Gallinacés et des Cochons d'Inde, montant, descendant, en se tenant à une distance variant de 5 à 20 centimètres, et se montraient aussi incapables de passer que les Mouches dont parlent Spence et Stanley, (\) Stanley, Observations and Experimcnts for excluding the Housc and other Flics from apartments by Means of Nets (Trans. Entom. Soc. London, t. II, 1857). — Voyez aussi un bon résumé dans Hkebm, Les Insectes. Trad. française, t. II, p. 606, Paris, 1882. ( 283 ) quoique les mailles du grillage eussent 2.5 ceotiraètres de largeur. Tout autre est la manière de se comporter des Verté- brés, des Oiseaux, par exemple, pourvu, bien entendu, que les orifices soient d'un diamètre suffisant. J'ai vu une troupe de Moineaux passer, sans hésitation, au vol, chacun par une ouverture distincte d'un grillage de clôture dont les mailles mesuraient 10 centimètres sur 7. Pourquoi ces différences? Pourquoi l'Insecte s'arréle-t-il au vol devant un filet, et pourquoi le Vertébré traverse-t-il l'obstacle à claire-voie sans hésiter? On a mis en avant l'explication absurde que l'Insecte prendrait le filet pour une grande toile d'Araignée. Stan- ley, plus rationnel, mais interprétant les faits en parlant de l'hypothèse fausse des images multiples dans l'œil à facettes (I), attribuait a l'effet heureux des filets à la con- struction particulière de l'œil de la Mouche qui lui fait voir, dans chaque fil, une succession d'obstacles, dont la rapidité du vol augmente et multiplie la puissance. » L'explication que je proposais en 1889 et qui, après toutes les expériences faites depuis, est resiée, je crois, la bonne, repose sur les données suivantes : Les publications (1) Le beau et tout récent travail de G. -H. Parker {The Relina and Optic Ganglia in Decapods, especially in Astacus, (MITTHEILU^GEN A. D. zooLOGiscHEN Station zu Neafel, 12 Bd., I. Heft, 1893, pp. 50 et 31 du lire à part) prouve encore une fois expérimentalement que l'image qui se forme dans l'œil composé est unique, droite et plus ou moins confuse. Les petites images multiples, nettes et renversées observées par beaucoup d'auteurs, parmi lesquels en dernier lieu Viallanes, sont produites exclusivement par les lentilles corncennes dans des préparations défectueuses. ( 284 ) physiologiques récentes sur la vision des Insectes, les miennes, mais aussi d'autres qui ont fait plus de bruit, comme les observations avec reproduction d'image réti- nienne de Sig. Exner (1), ont démontré que, tandis que la vision de la plupart des Vertébrés terrestres est nette et probablement presque aussi nette que la nôtre, la vision des Insectes munis d'yeux composés est plus ou moins confuse, comparable, comme dit l'éminent biologiste, à celle qui s'opère à l'aide de la périphérie de la rétine hu- maine (2). L'œil des Vertébrés est organisé pour la per- ception exacte des formes des objets, l'œil à facettes des Insectes sert surtout à la perception des mouvements. Exner s'exprime ainsi : « Meine Ansicht geht dahin, dass der Typus des Wirbelthierauges in vollkommenerer Weise dem Erkennen von Formen der âusseren Objecte,der Typus des Facettenauges in vollkommenerer Weise dem Erkennen von Verànderungen an den Objeclen dient (3) » ; le terme « Verànderungen » signifie ici des changements de dimension et des changements de position, par consé- quent des mouvements. Ceux qui auront recours à mes recherches (4) constate- ront que j'ai dit tout cela dès 1888, en me basant sur de (1) Exner, Die Physiologie der faccUirten Augenvon Krebsenund Jnsectcn. Leipzig und Wien, 1891. (2) Op. cit., p. 185. (5) Exner, op. cit., p. 185. (4) Plateau, Recherches expérimentales sur la vision chez les Arthropodes. En cinq parties. (Bulletins de l'âcad. roy. de Bel- gique, tome XIV, 1887, tomes XV et XVI, 1888, et Mémoires in-8», tome XLIII, 1888.) Pour les conclusions générales, voyez 5* partie. (Bulletins, tome XVI, n» H, 1888.) ( 28S ) 1res nombreuses expériences différentes de celles de Exner. Telle est l'influence des vieilles idées enracinées que mes résultats ont soulevé des objections multiples, souvent bien faibles. J'espère que l'autorité du nom de Exner fera com- prendre enfin que j'étais dans le vrai. En résumé, la vision des formes étant pour l'Insecte notablement plus confuse que pour le Vertébré, on com- prend alors très bien pourquoi ni les Mouches ni les Guêpes ne cherchent à traverser un filet; les fils de celui- ci, comme pour nous les hachures d'une gravure que nous regardons à dislance, leur donnent l'impression d'une sur- face continue. L'animal se croit devant un obstacle en partie translucide, mais où il ne distingue pas d'orifice. La question en était là, lorsque M. E. Pissot, ayant conçu des doutes sur l'efficacité d'un filet pour arrêter les Insectes, publia, aussi dans Le Naturaliste (1), la descrip- tion d'expériences intéressantes dont je vais rendre compte avec quelques détails, car elles furent le point de départ des recherches personnelles qui font le sujet de ma notice. Dans un premier article, M. Pissot relate une expé- rience faite à l'aide d'un petit garde-manger de CO centi- mètres de large sur chaque face, « fermé de tous côtés par une toile métallique, excepté sur les faces de dessus et de dessous, composées d'une planche. La porte étant (i) Pissot, Uti filet tendu devant une fenêtre cmpêche-t-il les Mouches de pénétrer dans l'appartement ? (Le Naturaliste, n» 88, pp. 179- 180, l*"" août 1889). — Addition à l'article : Un filet empêche- t-il les Insectes dépasser pour entrer dans les appartements? (Ibid., n» 60, pp. 202 et 203, 1" septembre 1889.) S"" SÉRIE, TOME XXX. 20 ( 286 ) ouverte, fui remplacée par un filet dont les mailles avaient 28 millimèlres de côté. » L'appât destiné à attirer les Insectes était de la confiture. Les résultats furent, en résumé, les suivants : 1° Pendant les premières trente-six heures d'observa- tion, aucun Insecte ne pénétra dans le garde-manger; 2* Après trois ou quatre jours, la confiture ayant fer- menté, l'auteur vit plusieurs fois des Cailiphores qui avaient pénétré dans l'intérieur et qui suçaient le liquide sucré; 3° Lorsqu'on introduisait des Insectes, Muscides ou Hyménoptères, dans le garde-manger, aucun de ces ani- maux n'y restait longtemps; les uns effectuaient plusieurs tours avant de sortir, les autres traversaient le filet immé- diatement, soit à pied, soit au vol. L'auteur concluait fort prudemment qu' a on peut dire et affirmer qu'un filet n'empêche pas toujours les Mouches de passer ». Dans un second article, M. Pissot décrit d'autres expé- riences beaucoup plus curieuses, que la présence d'un nid de Guêpes dans son jardin lui permit d'instituer. Il installa d'abord, devant le nid, un fîlet en demi- cercle, n'ayant que 60 centimètres de hauteur et dont les mailles avaient 22 millimètres de côlé. Une moitié seule- ment de l'espace environnant le nid se trouvait ainsi fermée. Les Guêpes arrivantes parurent surprises et volèrent en explorant le filet. Quelques-unes finirent par se poser à terre et par passer à pied par les mailles inférieures; d'autres, après des circuits, pénétrèrent dans le nid par l'espace laissé libre; d'autres enfin, après avoir volé pen- ( 287 ) (lanl quelque temps devant le filet, le traversèrent au vol. Au bout d'un certain temps, à peu près toutes passaient au travers du filet presque sans s'arrêter à le visiter. Quant à celles qui sortaient, aucune ne traversa le filet; elles s'élevaient au-dessus de lui et continuaient leur vol dans la campagne. Le lendemain, l'ingénieux observateur enveloppa entiè- rement le nid de Guêpes, tout autour et au-dessus. Les Hyménoptères ne pouvaient plus ni entrer ni sortir sans traverser le filet. « Au premier abord, il y eut une certaine hésitation. Les Guêpes qui rentraient cherchèrent à tour- ner l'obstacle, mais voyant qu'il était continu, elles en prirent bravement leur parti et le traversèrent presque sans l'examiner, quelques-unes même sans hésitation. Celles qui sortaient du nid furent un peu plus longtemps à se décider, mais après quelques circuits faits dans l'inté- rieur du filet, elles le traversèrent... Après un quart d'heure, il n'y avait presque plus d'hésitantes : elles traversaient le filet tant en sortant qu'en entrant. » L'auteur, après avoir rappelé que les Guêpes sont excessivement méfiantes, ajoute : « Il n'est pas étonnant qu'elles examinent attentivement le filet avant de le tra- verser, mais lorsqu'elles se sont rendu compte que ce n'est pas un obstacle sérieux, elles n'hésitent pas à passer à travers les mailles. » Les expériences de M. Pissot prouvent donc bien évi- demment qu'un filet n'empêche pas les Insectes de passer d'une façon absolue, c'est-à-dire dans tous les cas. Cepen- dant, comme ce naturaliste n'a pas porté spécialement son attention sur le rôle que joue la vision plus ou moins nette des animaux étudiés,dans les phénomènes qu'il a décrits, et ( 288 ) comme ce rôle de la vision est le point principal à éluci- der, j'ai entrepris, de mon côté, de multiples essais qui, sans répondre à tous les desiderata, permettent d'expli- quer le désaccord apparent existant entre le fait de la vision relativement confuse des Insectes et le fait du pas- sage (ïtin certain nombre d'entre eux au travers d'un filet tendu. § II. — Expériences personnelles. Ces expériences, commencées en 1889, continuées en 1800 et interrompues pour des motifs indépendants de ma volonté, furent enfin reprises et complétées en 1895. Je signale ce détail parce que tout travailleur sait qu'une recherche que l'on a été obligé d'abandonner pendant quelque temps gagne en exactitude. A. — Première série. J'avais planté depuis plusieurs années, dans mon jar- din, deux pieds de Succise ou Scabieuse sauvage {Succisa prafensis Mônch., Scabiosa succisa L.). Ces végétaux, bien exposés et devenus très forts, se couvraient vers la fin d'août et au commencement de septembre de nombreux capitules attirant beaucoup d'Insectes, des Abeilles, des Bourdons et d'autres Hyménoptères, des Éristales, quelques Lépidoptères. En outre, sur les feuilles des plantes immé- diatement voisines se posaient souvent des Mouches et des Calliphores. Choisissant l'instant de la pleine lloraison des Scabieuses, ( 289 ) j'enlourai complèlemenl ces plantes d'une grande cage en treillis de ûl de fer, fermée par-dessus comme sur les côtés (fîg. 1). La largeur de chacune des faces était de l^jSO, la hauteur de la cage de l'^jSO. Les mailles avaient 26 à 27 millimètres de largeur. L'observation dura une semaine et pendant ces huit jours le temps se maintint très heau et chaud. L'existence du treillis eut pour premier effet, qui per- sista pendant toute la période, de déterminer l'exclusion absolue de tous les Insectes autres que Apis mellipca et Bombas terrestris. Jamais, ni une Éristale, ni une Mouche, ni une Calliphore, ni un Lépidoptère ne pénétrèrent dans la cage. Quant aux Abeilles et aux Bourdons, leur nombre fut des plus minimes. Alors que l'on pouvait conîpter plus de cent capitules sur les Scabieuses, on ne voyait générale- ment dans la cage que deux Abeilles et deux Bourdons, au maximum. Ces faits déjà très significatifs facilitèrent considérable- ment les observations sur les allures des Insectes, surtout des Bourdons, lors de l'entrée ou de la sortie. Quand un Bourdon, attiré par l'odeur des'' Scabieuses, arrivait à la cage, il ne traversait jamais les mailles d'une façon directe, mais commençait, au contraire, par voler un certain temps le long des parois latérales ou au-dessus du plafond en décrivant des huit allongés, s'éloignant, puis se rapprochant, jusqu'à ce qu'enfin l'un de ces mouve- ments le précipitât contre la surface treillissée; il y avait alors un heurt léger, soit même un accrochage par une patte, très court, mais parfaitement perceptible pour un observateur attentif, et l'Insecte passait. ( 290 ) La sortie était encore moins facile. Lorsque, suffisam- ment chargé de pollen, un Bourdon abandonnait les Sca- bieuses pour retourner à son nid, il tournait dans la cage comme étonné de se voir enfermé et nombre de fois j'ai vu des individus en quelque sorte découragés revenir aux fleurs qu'ils avaient quittées quelques instants aupara- vant. Si la sortie s'effectuait, de même que pour la rentrée, ce n'était jamais d'une façon directe, mais après des tours et des détours, et, ainsi que je l'ai nettement constaté dans certains cas où je pouvais bien voir, il y avait choc ou même accrochage par une des pattes à l'instant qui précédait le passage. Les Abeilles offrirent des phénomènes analogues; cependant, comme ces Insectes sont beaucoup plus petits, je ne pus pas bien saisir les détails. Si l'on introduisait une Guêpe ou un Lépidoptère diurne dans la cage, ceux-ci en sorlaieni immédiatement, mais ce fait s'explique aisément : au moment où on le lâchait, rfcsecle effrayé se précipitait vers la paroi supérieure au travers de laquelle il voyait l'éclat du ciel; il rencontrait cette paroi d'une façon quelconque, ainsi qu'un projectile, et comme les mailles étaient larges, il passait nécessaire- ment. Détail important : lorsque la cage fut supprimée, les Éristales qui, durant l'existence du treillis, n'avaient plus jamais été vues sur les Scabieuses, réapparurent sur ces fleurs. Preuve évidente que c'était bien la présence d'un filet et non une autre cause qui les tenait à distance. ( 291 ) B. — Deuxième série. Je proflle de ce qu'un beau pied (ÏHeracleum sphon- dijlium L., portant cinq grandes ombelles, attire beaucoup d'Insectes et j'entoure complètement l'une des inflores- cences très visitée d'une enveloppe en filet ayant la forme d'un petit ballon. A cet effet, je fixe à l'extrémité supé- rieure d'une tige de bois verticale plantée en terre deux ellipses en lil métallique, situées dans des plans verticaux à angle droit, puis, après avoir introduit l'ombelle au centre du système, je tends sur l'ensemble un sac en filet (ûg. 2). L'instrument est à 4™, 20 au-dessus du sol; la cage a 25 centimètres de bauteur et 15 de diamètre. Le filet neuf a des mailles larges de 1 centimètre. Voici le résultat des observations : Par un jour couvert, mais à température douce, pas de vent, les Insectes attirés par des fleurs â'Heracleum sont : Sijrrpfius Ribesii, Calliphora vomiloria, Lucilia Cœsar, de petits Muscides indéterminés. Dès que le filet est placé, on constate une différence frappante entre les façons dont sont visitées les ombelles restées libres et celle qui est logée dans la cage. Les quatre ombelles libres sont couvertes de Diptères allant et venant; l'ombelle entourée du filet est presque toujours sans botes. Quelques Insectes cependant se rendent à cette der- nière, mais de la manière suivante, pour laquelle la Calli- phore peut servir de type. L'animal, conduit par son odorat, se précipite vers la cage; le filet l'empêcbant évidemment ( 292 ) de voir, il se pose dessus, désappointé, part, revient, décrit des cercles ou des huit, se pose de nouveau sur le filet, au hasard, pour repartir de nouveau ou pour circuler à la surface de l'enveloppe. Dès qu'il se promène sur le filet, l'illusion produite à quelque dislance par le réseau cesse, le Diptère passe lentement par l'ouverture d'une maille et atteint bientôt les fleurs. Si alors on l'effraie en agitant la main, il tourbillonne affolé dans l'intérieur de l'appareil et ne parvient à sortir que lorsqu'une heureuse chance veut qu'il arrive à se poser un intant sur les ficelles. Les autres Insectes se comportent d'une façon analogue; ainsi les Syrrphes planent autour du filet, mais ne le traver- sent jamais au vol; il faut qu'ils se posent et cheminent sur lui avant de trouver une ouverture. La sortie offre les péripéties signalées plus haut pour les Calliphores. En somme, c'est la répétition des phénomènes constatés dans les expériences antérieures : les Insectes au vol sont incapables de distinguer nettement les orifices du filet; il faut qu'ils soient en contact direct avec ce dernier pour qu'ils parviennent à passer au travers. C. — Troisième série. J'emploie une cage cubique dont chaque face a 30 cen- timètres de côté; le plancher seul est en bois; les cinq autres faces se composent de filet de ficelle de chanvre tendu sur des cadres en bois léger (fig. 3). Les mailles du filet, un peu irrégulières, ont de 1 à 1 '/g centimètre de large. Il s'agit donc d'une sorte de garde-manger analogue à celui qui servit à M. Pissot, avec ces différences que les dimensions étaient moindres et que toutes les faces, sauf l'inférieure étaient en filet. t ( 293 ) L'appareil, contenant comme appât un morceau de viande de bœuf crue et deux prunes mûres ouvertes, fut fixé au sommet d'un pieu fiché en terre, en plein soleil. Les observations durèrent huit jours. Bien que le filet des parois eût des mailles relativement étroites, des Calliphores (C. vomitoria) pénétrèrent fré- quemment dans l'instrument , et cela dès le début de son installation; seulement, ces Insectes n'entraient pas à plein vol : attirés par l'odeur de la viande ou des fruits, ils arri- vaient vers la cage, décrivaient en bourdonnant quelques zigzags autour de celle-ci, ce qui prouvait la nature de l'impression du filet sur leurs organes visuels, puis, au bout de peu d'instants, se posaient sur l'une des faces. On conçoit que dès que la Calliphore était posée sur le filet, celui-ci ne l'arrêtait plus, puisque l'image soit nette, soit confuse du réseau ne pouvait plus se produire dans ses yeux. L'animal ayant à ses côtés au moins les deux trous béants de deux mailles adjacentes, passait naturellement par l'un de ces trous. De sorte que les faits, à peu près toujours identiques, pouvaient se résumer ainsi : arrivée au vol, hésitation de- vant le filet, pose sur ce dernier, puis seulement passage. Les particularités concernant la sortie confirment ce qui précède : si l'on effectuait un mouvement un peu étendu devant la cage, alors qu'une Calliphore était à l'intérieur, l'Insecte effrayé quittait la nourriture pour tournoyer dans l'appareil sans trouver immédiatement d'issue. Alors, ou bien il allait simplement se poser sur la face interne d'une paroi, ou bien les zigzags décrits étaient assez amples pour le précipiter contre le filet et déterminer une sortie en quelque sorte de hasard, précédée soit d'un choc, soit d'un instant très court où le Diptère se posait. ( 294 ) Je n'oserais pas affirmer qu'il n'y avait jamais sortie directe, mais, comme le prouvent les essais spéciaux ci- dessous, ce cas devait être rare et en quelque sorte acci- dentel. L'introduction d'une Éristale (Eristalis tenax L.) dans la cage vide, sans appât, était à cet égard très démonstra- tive parce qu'elle permettait de voir beaucoup mieux les détails de la sortie. Afin de me mettre à l'abri de l'objection que l'animal avait été froissé ou était trop effrayé, je procédais ainsi : l'Insecte ayant été capturé au filet de gaze sur quelque plante voisine, j'introduisais dans ce filet une petite éprou- vette de verre et je manœuvrais de façon à y faire entrer l'Arthropode sans le toucher. Ceci fait, j'appliquais l'orifice de réprouvette à l'une des mailles de la cage cubique; l'Insecte sortait du tube de verre et pénétrait dans la cage librement et sans excitation spéciale. Une fois à l'intérieur, l'animal se mettait à voler, soit transversalement le long d'une des faces verticales, soit circulairement sous la face horizontale supérieure, mon- trant par là qu'il ne percevait pas nettement les ouver- tures et que le filet tendu lui faisait probablement l'effet d'une surface translucide continue. Après avoir tournoyé, l'Éristale se fixait sur les ficelles, le plus souvent près du bord supérieur d'une face verti- cale; ensuite elle passait posément à l'extérieur pour ne s'envoler définitivement qu'une fois ce passage effectué. L'Abeille domestique m'a fourni des résultats sembla- bles ; les allures étaient analogues et jamais non plus la sortie n'a eu lieu sans accrochage préalable au filet. Il en fut de même aussi pour la petite Guêpe commune {Vespa vulgarù) ; mais les mouvements étant beaucoup plus vifs, ( 29o ) l'accrochage et le passage ultérieur avaient lieu aussi plus loi. Voici, comme exemples, les durées en secondes des séjours de quelques-uns de ces Insectes dans la cage : ÉRISTALES. ABEILLES Secondes. Secondes. Secondes. H 8 9 J6 59 18 13 9 11 22 18 5 13 10 16 17 25 25 9 16 9 7 7 11 6 25 6 19 15 20 La cage cubique en fîlel a encore été utilisée pour l'es- sai ci-après : un seau de bois exposé au soleil et rempli de pelures de pommes en partie fermenlées est entouré d'une nuée d'insectes, Mouches domestiques, Lucilies, Calliphores et Guêpes (Vespa viilgaris). J'installe la cage à côlé, j'y mets une bonne quantité des pelures de pommes, je chasse tous les Insectes du seau et j'enferme celui-ci dans un réduit clos. Naturellement, après quelques instants, les mêmes Insectes se portèrent vers la cage. Beaucoup entrèrent, mais pas une seule fois nettement constatée d'une ma- nière directe; toujours les animaux, après quelques détours au vol, se posaient d'abord sur le treillis et puis pénétraient généralement en marchant. Ce furent constamment les Guêpes qui mirent le plus de temps à traverser l'obstacle. ( 296 ) Fait en accord avec ce que je dis en plusieurs points de ce travail, l'entrée s'effectuait de préférence par le côté ombré et la sortie par la face la plus éclairée. D. — Quatrième série. ADn de réaliser les conditions dans lesquelles s'était placé Stanley (1), qui tendait un filet devant les fenêtres ouvertes d'une chambre éclairée d'un seul côté, c'est-à- dire qui plaçait un filet entre les Insectes et une baie som- bre, je pris une caisse cubique en bois dont les arêtes avaient 35 centimètres de longueur. Une seule des faces verticales de la caisse fut enlevée et fut remplacée par un filet tendu dont les mailles mesuraient 2 centimètres de largeur (fig. 4). Un assez volumineux morceau de viande crue fut intro- duit dans l'instrument et celui-ci fut placé dans le jardin sur une plate-forme élevée au-dessus du sol de l'",50 envi- ron. La face verticale grillée était tournée en pleine lumière et recevait le soleil les jours de beau temps. Durant les premières journées, il vint peu de Mouches; celles-ci se comportèrent, du reste, commes celles dont je vais parler. Une semaine entière de pluie interrompit les observations. Puis, le temps s'étant éclairci et la viande étant entrée en complète corruption, les Calliphores et les Mouches domestiques affluèrent. La façon d'agir de ces Diptères était la suivante : l'In- secte, conduit par l'odorat, se précipitait au vol et se posait soit sur l'extérieur d'un des panneaux pleins de la caisse, (1) Voyez l'Introduction. ( 297 ) ce qui témoignait alors de sa mauvaise vue, soit sur le filet lui-même. Dans ce dernier cas, fréquent, deux faits s'observaient : ou bien l'animal, déçu par une résistance matérielle, reprenait son vol pour décrire des zigzags devant le réseau, ce qui démontrait encore une fois sa vision indistincte, ou bien il se promenait pendant un cer- tain nombre de secondes le long des (icelles formant le filet. Alors, comme celte promenade sur un support cylin- drique mince ne s'effectuait pas suivant le plan dans lequel l'ensemble du filet était compris, mais plus ou moins sui- vant une hélice allongée, la Mouche finissait, au bout de quelques centimètres, par se trouver sur la face du filet regardant l'intérieur. Le Diptère était alors dans la place et, guidé par ses organes olfactifs, volait vers la viande. En résumé et bien que je ne puisse certifier la chose d'une façon absolue, puisqu'il aurait fallu une observation incessante, je ne pense pas que jamais une Mouche ou une Calliphore ail distingué nettement une des ouvertures du filet et se soit précipitée au vol par cette ouverture énorme pour elle, puisqu'elle avait 2 centimètres de large. Constamment, d'après ce que j'ai vu, le passage par les mailles a eu lieu après que les animaux étaient posés et après certaines recherches de leur part. Il est presque inutile d'ajouter que lorsqu'on effectuait un mouvement devant la caisse alors que des Diptères étaient à l'intérieur, ceux-ci tournoyaient dans tous les sens, ainsi que nous avons dit que cela se passait lors des expériences précédentes. Les uns, ne trouvant pas d'issue, se jetaient contre les parois de bois, d'autres contre le filet et dans ces circonstances passaient souvent, mais la plu- part du temps après s'être heurtés étourdimenl aux ficelles. ( 298 ) E. — Cinquième série. Après avoir longtemps attendu une occasion favo- rable (1), je pus enfin effectuer, dans de bonnes condi- tions, une expérience concluante sur des Guêpes. Une colonie de Vespa vulgaris L. avait construit son nid souterrain dans le vaste jardin particulier de mon collègue et ami M. J. Mac Leod, professeur de bota- nique à l'Université de Gand. C'est là, loin des impor- tuns, aussi tranquille que dans un laboratoire et aidé par un excellent observateur (2), que j'ai constaté les faits suivants : Le nid, placé sous le sol à peu près uni d'une allée, avait deux ouvertures distantes l'une de l'autre de 50 à 60 cen- timètres au plus. Chacun des orifices, un peu évasés, mesurait 5 à 4 centimètres de diamètre dans sa parlie la plus large. Les Guêpes entraient et sortaient par tous les deux, quoique l'un de ceux-ci parût quelque peu préféré. Je plaçai au-dessus de ce dernier une cage en filet h base circulaire et en forme de dôme. Le filet était natu- rellement soutenu par une légère charpente de fil de fer (fig. 5). (1) Dans le voisinage des villes, il est impossible d'installer une expérience quelconque sans être bicnlôt dérangé par des curieux ou des malveillants; le fait est trop connu pour insister. (2) II n'est pas inutile de rappeler ici que M. Mac Leod est auteur de longues et intéressantes recherches sur la fertilisation des fleurs par les Insectes. ( 299 ) Les dimensions de l'appareil étaient : Diamètre de la base circulaire. . 50 centimètres; Hauteur au milieu 52 — Largeur des mailles 1 Va — La base posait partout sur le terrain, excepté en un endroit, visible sur la figure 5, où une légère dépression du sol constituait un passage permettant à des Insectes de s'insinuer par-dessous. L'instrument était si léger, les précautions pour éviter les grands mouvements furent telles que l'installation ne produisit aucun émoi : les allées et venues des Insectes continuèrent dans le plus grand calme, au point que, com- modément assis à i'",50 de distance, nous pûmes observer à notre aise, sans avoir à nous défendre contre les agres- sions d'Hyménoptères irrités. Les choses eurent lieu comme suit : les Guêpes sor- tantes voletaient en tournant dans la cage pendant un temps fort appréciable, jusqu'à ce que, rencontrant le filet, elles s'y accrochaient des pattes, passaient enfin par une ouverture et s'envolaient. Durant tout le temps de notre examen, le passage direct au vol fut rare. M. Mac Leod ayant fixé son attention sur ce point pen- dant quelques minutes, compta deux passages directs seu- lement sur douze sorties; les dix autres Guêpes avaient tâtonné d'une façon évidente. Un peu plus tard, l'observa- teur ne réussit même plus à voir avec certitude aucun passage direct. Pour les Guêpes entrantes, les faits étaient encore plus curieux. Les Insectes tourbillonnaient à l'extérieur de la cage en explorant à distance h surface de celle-ci; de temps à autre, l'un d'entre eux louchait le filet, s'y accro- ( 300 ) chait et entrait alors fatalement. Le passage direct au vol se montrait bien plus rare encore que pour les Guêpes sortantes, ce qui s'explique fort bien : pour les Guêpes sortantes, le filet se projetait sur le ciel et, la tendance des Insectes à voler vers la lumière aidant, les Hyménoptères étaient amenés à se jeter contre le lilet; pour les Guêpes entrantes, au contraire, les fils blanchâtres du filet se projetaient sur le ton relativement sombre du terrain et ['ensemble des parois de la cage était notablement plus apparent. Rien de plus intéressant et de plus démonstratif à voir que ce grand nombre d'Insectes volant autour du dôme en filet et faisant des efforts inutiles pour distinguer une ouverture, alors que les orifices existaient par centaines. Cependant, tandis que la majeure partie des Guêpes revenant au nid voletaient autour de la cage, quelques individus, lassés de leurs recherches vaines, se posèrent à terre et tentèrent de passer sous le bord. Ils ne tardèrent pas à trouver la solution de continuité signalée plus haut et (question d'odorat probablement qui fait suivre à des Hyménoptères le chemin que d'autres ont suivi) furent bientôt imités par plusieurs de leurs compagnons, et enfin par un grand nombre. De sorte que la scène était chan- gée : les Guêpes arrivant volaient encore autour du filet, mais pendant moins longtemps, puis, se posant sur le sol, entraient délibérément par le petit canal. Celui-ci n'était du reste pas une route habituellement suivie antérieure- ment, car, la cage enlevée, les Guêpes abandonnèrent celle voie pour plonger dans l'habitation d'une manière immédiate. Quant au second orifice du nid, il ne s'y passa rien de particulier; les entrées et les sorties n'y augmentèrent ( 301 ) d'aucune manière appréciable, ce qui est assez surprenant, car on aurait pu s'attendre à voir les Guêpes, trouvant l'une des ouvertures obstruée par un fllet, se porter en foule vers l'autre. Y avait-il deux nids distincts et très voisins? Le fait est possible, quoique peu probable. En résumé, bien qu'il soit difficile de suivre de l'œil les mouvements d'Insectes nombreux et agiles, je puis affir- mer que mes observations ne confirment pas celles de M. Pissot, qui nous dit qu' « après un quart d'heure, il n'y avait presque plus d'hésitantes, qu'elles traversaient le filet tant en entrant qu'en sortant ». La partie sérieuse et suivie de notre examen, à M. Mac Leod et à moi, a duré plus d'une heure, et au bout de ce temps les phénomènes étaient toujours les mêmes, démontrant à satiété que pour les Guêpes volant, un filet a à peu près l'aspect d'une sur- face continue. Un seul détail permet d'expliquer, jusqu'à un certain point, la différence entre mes résultats et ceux de M. Pissot: les mailles de son filet étaient très larges, elles avaient 22 millimètres de côté, tandis que les mailles de celui dont j'ai fait usage n'avaient que 15 millimètres; mais la ficelle étant fine, les ouvertures étaient bien suffi- santes pour des Insectes de la faible taille de la Vespa vulgaris. § III. — Conclusions. Des expériences qui précèdent, me paraissent résulter clairement les conclusions suivantes : 1° Un filet tendu n'arrête pas les Insectes ailés d'une façon absolue; S"* SÉRIE, TOME XXX. 21 ( 302 ) 2° Au vol, les Insectes se comportent comme s'ils ne distinguaient pas les ouvertures du filet; ils tournoient devant celui-ci comme devant une surface sans solutions de conlinuilé; 3° Le passage direct au vol est toujours rare. Dans l'immense majorité des cas, l'Insecte doit d'abord heurter le filet ou s'y poser. Dès ce moment, il passe comme tout animal passerait par un orifice à l'entrée duquel il se trouve; A" La seule explication possible de ces faits repose sur le défaut de netteté de la vision à l'aide des yeux compo- sés : les fils du filet, comme pour nous les hachures d'une gravure vue à dislance, produisent aux Insectes l'illusion d'une surface continue. L'Arthropode se croit devant un obstacle plus ou moins translucide, mais où il ne perçoit pas d'ouvertures. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (Pour les dimensions des instruments et la largeur des mailles des Olets employés, voir le texte.) Fia. l. Grande cage en treillis mclalliquc entourant des plantes de Scabicusc en fleur. FiG. 2. Cage en filet enveloppant une ombelle d' Ileraclewn. FiG. 5. Cage cubique en filet. FiG. 4. Caisse dont une seule des parois verticales est remplacée par un filet et destinée à réaliser les conditions d'un filet tendu devant une fenêtre ouverte. FiG. b. Dôme en filet placé au-dessus de l'orifice d'un nid de Guêpes. Vers le centre, ouverture du nid; vers le specta- teur et au bord inférieur de l'instrument, légère dépression du sol formant passage. 'iM.STOBER. Bull de VAcad des sciences < Octobre 1895 > il 1^' Fig.l FigJ. Fig.4. Fiq 5. Fig 7 Fis- 9 F Stôoer iel' Q Lavalecte , exec 'M ( 503 ) Les véritables expressions de la nutation culêrienne et de la variation des latitudes; par F. Folie, membre de l'Académie. Depuis que nous avons terminé nos recherches sur la nulalion diurne, dont la détermination paraîtra in extenso dans le tome VII des Annales astronomiques de rObseroa- toire royal, en cours d'impression, nous nous sommes attaché surtout à élucider la question de la variation des latitudes. On se rappellera peut-être que je l'ai rattachée, dès sa naissance, à la nutation eulérienne (*), et que ma noie a été suivie d'une assez longue discussion (**) qui a pris fin par la publication du Traité de mécanique céleste de M. Tisserand, dans lequel est adopté le point de vue de Laplace, qui est le mien, sur le caractère diurne de celte nutation (rapportée à l'axe d'inertie de la Terre). Postérieurement, j'ai annoncé, le premier (***), que la période eulérienne de 50o jours serait trouvée trop courte, à raison de la fluidité intérieure du globe, démontrée par l'existence de la nutation diurne; et j'ai déterminé une période de 536 jours. iMes recherches sur les variations de latitude m'ont con- duit à penser qu'outre la variation eulérienne il existait une variation annuelle provenant de l'accumulation des neiges hivernales sur le continent (J^). (*) C./î. Février i889. (*•) V. B. A. 1889-1890. ("•) Annuaire pour 1890, p. 299, et pour 1891, p. 272. (■') Id., pour 1894, p. 512. ( 504- ) Lorsque Chandier, par ses innombrables discussions de latitudes, fut arrivé à constater une période de 423, puis de 431 jours, qui m'a toujours paru inadmissible en théorie, j'ai cherché à expliquer cette période par un mou- vement rétrograde du pôle instantané, ce qui ramènerait ce pôle aux mêmes positions que celles assignées par Chandier, après une période de 320 jours environ, tout à fait compatible avec la théorie (*). J'ai même démontré mathématiquement que si la période de 430 jours était correcte, il en résulterait une nutation diurne de 0".6, même pour une Terre solide (**). La formule de Chandier renferme un autre terme abso- lument inexplicable : c'est son terme annuel, dans l'argu- ment duquel intervient, outre la longitude du Soleil, celle de l'observatoire. Les concordances de sa formule avec les observations étaient telles cependant qu'elle a été admise par un grand nombre d'astronomes. J'ai fait voir récemment que cette concordance si belle en apparence n'est qu'illusoire, et que la formule ne résiste pas à l'examen (***). Il s'agissait cependant d'expli- quer comment il peut se faire que, quoique incorrecte, elle s'accommode si bien aux observations. Et je me suis demandé si le meilleur moyen de résoudre la question n'était pas d'en revenir à la formule complète de Laplace relative à la nutation eulérienne. De cette formule on déduit, pour la variation eulérienne de la latitude, une expression de la forme ^f — ;Ucos (Po -i- L H- tt) — vcos (— (3o -t- L -+- d). (*) Annuaire pour 1894, p. 593, et pour 189S, p. 262. {**) Id. pour 1895, p. 266. ("*) Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, mars 1895. ( 305 ) Si l'argument it a, comme je le pense, une période de 320 jours environ, on pourra poser, dans le premier terme, U= Oo -^- O -t- 0".42^, le jour étant pris pour unité, et l'on aura A-f = — vcos(— |3o-4- L + /«)-+-/iCOs(piH- L -4- QOWit), formule identique à celle de Chandier, si l'on y néglige 0M2^ Telle est, pour moi, l'explication de la formule de Chandier, explication purement rationnelle, puisque cette formule n'est autre que celle de Laplace, et puisque la période de 520 jours est parfaitement compatible avec la théorie, du moment que Ton admet la lïuidité intérieure du globe. Toutefois, dans celle formule théorique, l'un des coeffi- cients doit être notablement plus petit que l'aulre, ce qui n'esl pas le cas dans les formules de Chandier. Si le premier est de la forme o' h- b', le second sera, en effet, a' — 6' dans la formule théorique, a' et 6' repré- sentant respectivement les produits d'une môme constante arbitraire par 1/A(G — A) et par l/B(G — B). Nous eslimons donc que le terme proprement annuel dont nous avons parlé existe également, et que la formule complète des variations de latitude (réduites au préalable de la nulation diurne) sera A?^ — vcos ( — Po +L -4- d) H- ^cos ((5o -*- L -+- d) -+- h cos (A-t- ©). C'est dans ce sens que nous avons commencé à étudier la question. Mais il y avait tout d'abord une difficulté pra- tique à surmonter. ( 306 ) Il va de soi que la seule élude des variations de lati- tude ne permet absolument pas de déterminer les quatre inconnues f^, v, p^, L de la nulation eulérienne, puisque, relativement à ces inconnues, leur équation est de la forme xsin U -+- y cos it et ne permet la détermination que de deux inconnues seulement. A l'équation précédente il fallait donc en joindre une seconde; or, la nutation eulérienne existe en M pour des observations faites dans le méridien géographique. Malheu- reusement, les bonnes observations modernes ont toutes été faites dans le méridien astronomique, en sorte que la nulation eulérienne en serait absolument éliminée, si ce méridien pouvait être chaque jour déterminé tout à fiit correctement. Nous devions donc recourir aux observa- lions anciennes, celles de Dorpal, qui, ayant été faites dans un méridien fixe, sont influencées par la nutation eulérienne. Nous avons démontré qu'à raison de cette nulalion, il existe entre une AR supérieure et VM inférieure consécutive une difl'érence : A*a = 2 Igi?) |tc si n (j3o -t- L -»-<()-♦- j/sin ( — ^o -+- L -«- /f) j . Les équations en Acp et A^a permettent de déterminer les quatre inconnues [3o, L, {jl et v, pourvu que ces équations puissent être rapportées à une même origine du temps. Il s'agissait de trouver des observations de latitude faites vers la même époque que les observations en M de Dorpat, c'est-à-dire de i823 à 1838. Nous les avons rencontrées dans les travaux de Chandler ('), qui a formé, de 60 en 60 n A.J., n«315; 14 avril 1894. ( 307 ) jours, le tableau des latitudes déterminées par Pond de 1825 à 1835. Nous avons partagé les unes et les autres en deux séries, dont la prenaière a pour origine le 3 avril 1825 ; la seconde, le 27 janvier 1832, et nous les avons traitées d'abord en supposant nulle la variation annuelle du pôle. Voici les résultats qu'elles nous ont fournis : 1" série: L= iôSMO' E. de Grcenwich 3o = 184° 45' de Grcenwich, 182S, avril 3. 2' série : L = 1 24" 55' E. de Grcenwich Pu = 90» 28' de Grcenwich, 1832, janv. 27. Il est permis de trouver la concordance des deux valeurs de L d'autant plus remarquable qu'il n'a été tenu nul compte de la variation annuelle. Ces valeurs ne diffèrenl pas non plus bien sensiblement de celle que nous avons déterminée par la nulation diurne, quoique le premier méridien, pour celle-ci, ne doive pas nécessairement être absolument le même que pour la nutation eulérienne, à cause des positions différentes que peuvent avoir les axes de A et B dans l'un et l'autre cas. Quant aux deux valeurs de Po, entre les origines des- quelles il s'est écoulé 2460 jours, elles devraient différer entre elles de 255", d'après la période de Chandier; de 275°, d'après la nôtre; et la différence est de 266°. Elle se rapproche un peu plus de la nôtre que celle de Chandier. Mais le hasard des dates nous a mal servi, et nous devons chercher à déterminer par un autre procédé laquelle des deux périodes est la bonne. Or, du calcul des observations de Slruve, que nous avions fait en prenant pour origine le 3 mai, nous avons déduit, en comparant ( 308 ) le résultai à celui qu'avait donné l'origine, du 3 avril, un accroissement A|3 = 34" 10' pour 30 jours, soit i'AA par jour, correspondant à une période de 318.5 jours. Il n'est donc nullement douteux que la période ne soit de 320 jours environ, et non de 430, comme je l'ai tou- jours affirmé depuis cinq ans. Je me propose d'appliquer ma formule des variations de latitude aux observations de Gyidén, et d'examiner si elle résiste aux critiques que j'ai faites de celle de Chandier. Mais on a vu, par l'analyse qui précède, que la question de la variation des latitudes, et, plus spécialement, celle de la nulation eulérienne, ne peut être résolue par les seules observations de latitude, même si elles sont faites en trois lieux dont le moyen est à 6 heures de longitude des deux autres. Ce procédé sera très propre à démontrer cette impossibilité, en même temps que l'existence de la nulation diurne, A ce titre, on peut l'expérimenter pen- dant une couple d'années. Mais la solution définitive ne peut se trouver que par la combinaison d'observations poursuivies, à d'excellents instruments, sur quelques étoiles seulement, en déclinaison et en M, ces dernières dans un méridien fixe ; la méthode de Horrebow-Talcott tourne, en effet, dans un cercle vicieux : elle suppose la connaissance des déclinaisons absolues, et celle dernière celle des lois complètes de leurs variations, c'est-à-dire précisément ce que l'on cherche. Il est vrai que l'on peut espérer des compensations d'erreurs, et que l'on croit même pouvoir éliminer ces dernières en combinant les observations de la manière indiquée ci-des- sus; mais cette élimination suppose une connaissante exacte des formules de réduction quant aux trois mouve- ( 309 ) menls à courte période (y compris la variation annuelle). Or, ce n'est le cas ni quant à la nutation eulérienne, qui renferme quatre inconnues au lieu des deux que l'on suppose, ni quant à la nutalion diurne, qu'on se borne à nier, ni peut-être quant à la variation annuelle. La solution du problème des variations de latitude que nous venons d'exposer est purement théorique; elle part de la formule complète de la nutalion eulérienne d'après Laplace et de celle de la variation annuelle du pôle d'iner- tie; elle suppose une période eulérienne de 520 jours environ, très admissible en théorie. De ces deux variations de latitude, la première (l'eulé- rienne) n'est réelle que si l'on rapporte les observations au pôle instantané, cas pour lequel on n'a pas de formules absolument correctes (*) ; elle est fictive, c'est-à-dire qu'elle provient de la négligence de la nutation eulérienneen décli- naison, si l'on rapporte les observations au pôle d'inertie ; la seconde variation (l'annuelle) est réelle, puisque le pôle d'inertie, auquel sont rapportées les formules, se déplace avec les saisons. Nous avons exposé antérieurement qu'en prenant pour point de référence la position moyenne du pôle d'inertie, on obtient une latitude moyenne constante (**). La variation annuelle est nulle sur le méridien perpen- diculaire à celui du mouvement annuel du pôle d'inertie; maximum, sur ce dernier méridien. L'inverse se produit relativement aux variations an- nuelles en M. Quant à la nutation eulérienne, elle existe en J[\ si l'on observe dans un méridien fixe. (*) Voir sur ce sujet la notice intitulée: De la supériorité de la méthode de Laplace... Annuaire pour 1896. (") Voir Essai sur les variations de latitude, Annuaire pour 1894. (310) Elle n'existera naturellement pas si l'on observe dans le raéridien instantané. Mais comment le déterminer? Comment déterminer dans ce cas les différences de lon- gitude? Comment enfin déterminer l'heure? Ajoutons encore : Comment déterminer les quatre con- stantes de la nulation eulérienne, si Ion n'a pas à sa disposition, outre une série de latitudes, une série d'J\ déterminées dans un méridien fixe? C'est en vain que depuis six ans nous luttons pour ramener Tastronomie dans la voie que lui ont ouverte, à la suite de Laplace, Bessel, Poisson, Peters, Serrel. Le seul souci de la vérité nous a guidé dans ce combat, non celui d'une vaine renommée; nous l'aurions atteinte plus sûrement en nous consacrant exclusivement à nos re- cherches sur la nutation diurne, que nous avons abandon- nées après en avoir déterminé les constantes avec une approximation que nous jugeons suffisante. Serons-nous enfin suivi? Nous osons à peine l'espérer. Quelques-uns seulement sont compétents en la matière, et la plupart, imbus de celte idée que, puisque la Terre tourne autour de l'axe instantané, c'est à celui-ci que doivent se rapporter les formules ainsi que les observa- lions, auront bien de la peine à se débarrasser de cette prévention. L'école de Laplace est cependant encore vivante. Ne relèvera-t-elle pas le glorieux drapeau du maître, qu'elle semble avoir abandonné dans la théorie du mouvement de rotation de la Terre, après l'époque des Leverrier, des Serrel et des Delaunay, pour suivre la théorie nouvelle, en dépit de ses erreurs et de ses inconséquences? ( 311 ) Sur les modifications physiques que subissent certains sul~ fures sous l'influence de la température; par W. Spring, membre de l'Académie. Dans un travail que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie dans la séance de juillet de l'année dernière {"), j'ai fait connaître que les premières manifestations de l'état liquide apparaissent, dans les métaux, bien au-des- sous du point de fusion, c'est-à-dire à un moment où la matière passe généralement pour répondre encore aux conditions caractéristiques de l'étal dit solide. J'ai montré que des parties d'un même métal, maintenues au contact parfait, sans interposition de matière étrangère quelconque, se soudent les unes aux autres si on les expose, pendant un temps suffisamment long, à une température élevée, mais bien inférieure au point de fusion proprement dit. Tout en conservant complètement leur forme et leur état solide, les métaux se confondent là où ils se louchent, comme ils le feraient s'ils étaient à l'état liquide. La faci- lité seule de cette union varie avec l'espèce de métal sou- mis à l'expérience. En chauffant, dans les mêmes conditions, des métaux différents tenus au contact, j'ai obtenu divers alliages, fait démonstratif de la diffusion des corps solides l'un dans (•) DtilL de l'Acad. roy. fie Belgique, 3" sér,, t. XXVIII, p. 23 ; 1894. ( 312 ) l'autre à une température où l'étal liquide ne se trouve pas encore atteint. Enfin, j'ai même pu réaliser la volatili- sation de certains métaux non fondus et obtenir, par exemple sur du cuivre, un enduit de laiton, en chaufTant ce métal avec du zinc maintenu à une faible distance. Pour expliquer ces faits, j'ai admis que dans les corps solides, comme dans les corps liquides et les gaz, les molé- cules ne vibrent pas toutes avec la même vitesse à une température donnée. Si l'on regarde la température comme ayant pour expression la force vive des molécules, on reconnaîtra que, dans un corps donné, il n'y a jamais uniformité complète de température. Certains points seront, pour un instant, plus chauds, d'autres plus froids. Les premières molécules pourront donc correspondre à l'état liquide si ta tempéra' ture mo\jennedu corps est suffisamment élevée el provoquer l'apparition des propriétés caractéristiques de cet étal. Cette explication est évidemment indépendante de la nature chimique de la matière : elle ne s'applique pas seulement aux métaux ou aux corps simples, mais plus généralement à tous les corps composés supportant une élévation de température suffisante sans que leur espèce chimique soil détruite. En s'assuranl si ceux-ci jouissent de propriétés sembla- bles à celles que j'ai constatées chez les métaux, on pourra être fixé sur sa valeur. Je me suis donc proposé de vérifier si les corps compo- sés manifestent également une certaine liquidité, c'est-à- dire une mobilité moléculaire au-dessous de leur point de fusion et je me permets de communiquer à la Classe les observations faites sur quelques sulfures de métaux; dans ( 515 ) un article à venir, je m'occuperai de corps appartenant à d'autres genres. Je le dirai dès maintenant, les expériences que j'ai faites ont conduit à un résultat positif. Comme les métaux, les sulfures que j'ai examinés se soudent bien au-dessous de leur point de fusion, mais avec une facilité inégale, selon leur espèce. J'en ai même rencontré un, le sulfure de zinc, dont les particules ne se sont pas du tout soudées dans les conditions où les autres formaient des masses compactes. D'autre part, tous les sulfures employés, hor- mis celui de zinc et d'arsenic, ont passé de l'état amorphe, ou tout au moins d'un étal où les cristaux n'étaient même pas apparents au microscope, à l'état cristallin sans avoir été liquéfiés; la plupart ont donné des cristaux microsco- piques, tandis que d'autres, par exemple le sulfure d'argent et le sulfure d'antimoine, ont donné des cristaux visibles à l'œil nu. Ce fait me paraît démontrer, d'une manière plus évidente encore que la formation des alliages à l'aide de métaux non fondus, que tout n'est pas au repos dans un corps solide et que, du moins à une certaine température, les molécules jouissent d'une mobilité assez grande pour s'orienter et se grouper comme elles le font quand un corps passe de l'état gazeux ou liquide à l'état solide. Des essais faits à des températures différentes ont établi, en outre, que tout au moins pour le sulfure de bismuth, la mobilité moléculaire n'est pas encore éteinte à la tempé- rature ordinaire; elle se manifeste seulement avec une vitesse considérablement moindre : c'est ainsi qu'à la tem- pérature de 265°, j'ai obtenu en quatre-vingt-dix heures le même effet de cristallisation que celui que présentait un échantillon conservé, à la température ordinaire, depuis onze années. ( 314 ) Cette observation ne me paraît pas sans conséquence pour certaines théories pétrographiques. En effet, s'il est déjà possible d'observer un changement d'état physique dans un agglomérat après onze années d'exposition à la température ordinaire, il est permis de penser que nombre de phénomènes de cristallisation, voire de formation de minéraux, dans les roches agglomérées par la pression, aux dépens de matières à l'état solide, peuvent être ratta- chés au défaut de rigidité complète de la matière à l'état solide, sans qu'il soit absolument nécessaire de faire inter- venir l'action de dissolvants quelconques. Je passe à présent au détail des expériences et des résultats spéciaux : Description des essais. Les expériences ont eu lieu exclusivement sur des sul- fures qui s'obtiennent facilement à l'état amorphe par précipitation cl qui peuvent être lavés et séchés sans alté- ration. Il a élé fait choix : des sulfures d'argent; d'arsenic: As^S^; d'antimoine : Sb^S^; de bismuth; de cuivre : CuS; d'élain : SnS; de cadmium, de plomb et de zinc. La poudre bien sèche de chacun de ces sulfures a élé agglomérés par pression, eu cylindres, en vue de mettre seulement les grains de poudre au contact : la pression a élé ménagée de manière à obtenir des cylindres facilement friables entre les doigts et non une soudure plus ou moins forte, comme c'est le cas quand on agit sous pressions extrêmes. Chaque cylindre a élé coupé en deux parties; l'une de celles-ci, destinée à subir l'action de la chaleur, a été enfermée dans un tube en verre vidé d'air et scellé à la ( 315 ) lampe; l'autre partie, destinée à servir de témoin, a été enfermée dans un tube à part. Enfin, j'ai soumis aussi à l'action de la chaleur de la poudre non agglomérée des sulfures, enfermée également dans un tube vidé. Tous les tubes ont été portés ensemble dans le même thermostat à la température de 265°, excepté le sulfure d'arsenic, qui a été chauffé à 150" seulement pendant le même temps (*), savoir : pendant neuf jours, de 7 à 8 heures ; la nuit, la chauffe était interrompue. Résultats. i" Sulfure d'argent : Ag'^S. a. Le cylindre aggloméré s'est contracté et crevassé d'une manière notable. Sa couleur est devenue gris d'acier, avec éclat métallique prononcé; à la surface apparaissent des soulèvements anguleux produits par la cristallisation. Les grains de sulfure s'étaient soudés au point qu'il n'a pas été possible de briser, à la main, le cylindre malgré son état crevassé. Coupé à la pince, il a présenté une cas- sure cristalline d'outre en outre; elle rappelait entière- ment celle d'un morceau d'acier trempé. 6. Le sulfure d'argent en poudre non comprimée a fait prise; il s'est agglutiné, mais sans donner une masse aussi solide que la précédente. La poudre montre, au microscope, des traces évidentes de cristallisation; mais les cristaux n'ont pu grandir parce (*) Dans une première série d'essais, j'avais remplacé l'air du tube par de l'acide sulfhydrlque; mais j'ai préféré vider les lubes pour me mettre à l'abri de la dissociation des sulfures que pouvait pro- voquer Tacide sulfbydriquc. ( 316 ) que leur alimentation était compromise par le défaut de continuité de la matière en poudre. En somme, dans une masse agglomérée de sulfure d'ar- gent, l'élévation de la température provoque la forma- tion de centres de cristallisation et par conséquent de cristaux assez grands pour être constatés à l'œil nu dans la cassure. Le résultat est surtout apparent quand on compare le sulfure chauffé avec celui qui ne l'a pas été; ce dernier est noir, sans éclat métallique et le microscope ne permet pas de constater avec certitude une structure cristalline. 2° Sulfure d'antimoine : Sb^S^. a. Cylindre aggloméré de sulfure rouge. Ce sulfure a abandonné un peu d'eau : il contenait par conséquent encore une certaine proportion àliydrate. Sa couleur était, après la chauffe, d'un gris métallique; il avait la surface tapissée de cristaux visibles à l'œil nu. La masse était entièrement cristalline et très solide; les surfaces des crevasses étaient tapissées de cristaux isolés. b. Sulfure d'antimoine noir aggloméré. Il a fourni un résultat analogue au précédent; la différence se trouve dans l'absence de cristaux isolés à la surface et dans l'ab- sence de vapeurs d'eau. c. Sulfure d'antimoine rouge en poudre. II s'est converti en une poudre micro-cristallisée, mais qui est restée, pour ainsi dire, meuble. 3° Sulfure d'arsenic : As'^S^. Ce sulfure, qui a été chauffé seulement à 150° pour évi- ter sa fusion, n'a pas cristallisé. Il s'est agglutiné seule- ment en une masse, rappelant dans sa cassure l'orpiment qui a été fondu. ( 317 ) 4" Sulfure de bismuth : Bi^S^. a. Sulfure aggloméré. Est devenu très dur, avec éclat métallique à la surface. Il a cristallisé, mais en petits cris- taux. Après avoir laissé ce sulfure trois jours de plus (en tout : douze jours) dans le thermostat, les cristaux sont devenus aussi grands que ceux qui s'étaient formés dans un autre cylindre après onze années d'exposition à la température ambiante. (Voir plus haut.) b. Sulfure en poudre. Tout en ayant foncé de couleur, ce sulfure est devenu moins gris que le précédent. II est passé à l'état cristallin, mais il a conservé, au toucher, l'état onctueux du graphite, propre à la poudre primitive; il tache les doigts, tandis que le sulfure d'abord aggloméré ne laisse plus de trace sur la peau. 5° Sulfure de cadmium : CdS. A un premier examen, ce sulfure apparaît comme n'ayant pas subi de changement, si ce n'est dans son état d'agglomération qui est devenu plus solide. Au microscope, on reconnaît nettement, par places, de petits bouquets de cristaux jaunes, transparents, à facettes triangulaires, rappelant complètement les pyramides de greenokite natu- relle. Le sulfure de cadmium cristallise donc plus diffici- lement que les précédents; il y a tout lieu de croire qu'eu prolongeant la durée de la chauffe, ou bien en élevant la température, on atteindra un résultat plus complet. 6° Sulfure de cuivre. a. Sulfure aggloméré. Le sulfure aggloméré par la pression est bleu foncé à la surface, avant la chauffe. Après avoir été chauffé, il s'est contracté considérablement et il est devenu une masse noire, très dure et très solide, 5""* SÉRIE, TOME XXX. 22 ( 318 ) formée d'un araas de cristaux microscopiques noir bril- lant. b. Sulfure en poudre. Le sulfure de cuivre précipité et séché est vert foncé et sans trace de cristallisation. Chauffé, il devient noir, reste meuble, tout en se convertis- sant en cristaux microscopiques que l'on peut distinguer seulement sous un fort grossissement. 7° Sulfure stanneux : SnS. a. Sulfure aggloméré. Ce sulfure s'est comporté d'une manière particulière, en ce sens que sa modification phy- sique a été accompagnée d'un changement chimique qui s'est opéré sur une partie de sa masse. Environ la moitié est passée à l'état de sulfure stan- nique et d'étain, selon : 2S?zS = SnS' -4- Sn, réaction qui rappelle la décomposition bien connue de l'oxyde stanneux sous l'influence de la chaleur. Le sulfure stannique a sublimé en partie en donnant de fins cristaux. Le sulfure stanneux restant a fourni de beaux cristaux rouge-brun. Sa masse, très solide, pré- sente des crevasses dans lesquelles on retrouve des parti- cules d'étain. Sa surface a l'éclat métallique de l'étaiu, sans doute par suite de la présence de points de ce métal. b. Sulfure en poudre. La poudre a également donné du sulfure stannique et de l'étain. Le sulfure stannique a sublimé tandis que le sulfure stanneux, de couleur noir- bleu, est resté meuble. 8° Sulfure de plomb aggloméré. Il est devenu de couleur plus grise, sans éclat métal- lique proprement dit. Il s'est fortement agglutiné et pré- ( 319 ) sente, au microscope, une infinité de points brillants qui sont autant de facettes de cristaux. La cristallisation, dans le cas présent, n'a pas fusionné les petits cristaux en des individus plus gros. 9° Sulfure de zinc aggloméré. A subi peu de changements et n'a pas permis de recon- naître, avec certitude, s'il y a eu cristallisation ou non. L'ensemble de ces résultats prouve, je pense, que les sulfures des métaux, comme ceux-ci mêmes, se soudent et éprouvent des modifications physiques, même dans l'étal solide. La formation de cristaux ne nécessite donc pas toujours un état de la matière où la mobilité moléculaire est évidente comme dans l'état liquide ou gazeux. Le retour de la matière vers son état d'équilibre stable se poursuit toujours, mais avec une lenteur d'autant plus grande que la température est plus basse, ou mieux, que la solidité ou le frottement intérieur des molécules est plus prononcé (*). Liège, Institut de chimie générale, septembre 1895. (*) Ces lignes étaient écrites quand j'ai eu connaissance du tra- vail que M. Schott, d'Iéna, a fait sur la dilatation des verres, travail dans lequel il dit explicitement que les particules du verre peuvent changer leurs positions relatives à une température bien inférieure à celle où le verre se ramollit. (Voir : Ucber die Ausdehniing von Glàsern und ûbcr Verbundglas, von D' Schott. Berlin, Druck von L. Simion, 1892.) Je suis heureux de constater l'accord de mes expériences sur les sulfures avec l'observation de JI. Schott sur les verres. ( 520 ) De l'influence du temps sur l'agglutination de la craie comprimée; par W. Spring, membre de l'Académie, J'ai constaté, dès mes premières expériences sur la pro- priété des corps solides de se souder sous l'action d'une pression énergique, que l'effet obtenu était loin d'être également prononcé pour toutes les substances chimique- ment déûnies. Les unes se sont soudées d'une manière plus ou moins complète, les autres, au contraire, n'ont fourni que des agglomérats plus ou moins friables. Le succès ou l'insuccès de l'expérience ne m'a pas paru pou- voir être attribué à une cause unique. On constate, par exemple, que la malléabilité de la matière ou sa plas- ticité ne sont pas des conditions exclusives d'un bon résultat; des fragments de soufre ou de bismuth, qui ne sont cependant pas des corps malléables ni plastiques, se soudent néanmoins sous pression, aussi bien que de la limaille de plomb ou d'étain. La dureté ne donne pas non plus une indication certaine sur l'issue de la compression des poudres, car le talc ou le gypse ont fourni des résultats bien moins complets que le nitrate de potassium ou le cuivre. On peut se demander si le phéno- mène de l'agglutination des fragments d'un corps solide n'a pas plutôt pour cause des mouvements moléculaires spéciaux semblables à ceux des liquides, mouvements qui pourraient avoir lieu avec une fréquence diverse au contact des fragments, chez les différentes espèces chimiques, pour une température déterminée. S'il en est ainsi, les corps se ( 321 ) soudant bien seraient des corps se soudant vite, parce que, dans un temps donné, les mouvements moléculaires utiles se produiraient assez fréquemment, tandis que les autres corps ne donneraient un résultat imparfait, ou même nid, comme je l'ai constaté pour le carbone, que parce que pen- dant la durée de la pression ces mouvements intérieurs ne se répéteraient pas un nombre suffisant de fois. Il découle immédiatement de celte remarque que le degré de sou- dure provoqué par la compression doit être une fonction du temps : telle substance qui donne un résultat défec- tueux à la suite d'une compression de quelques instants seulement, peut en donner un de plus en plus complet à la longue. Celte conclusion est susceptible d'une vérificalion expé- rimentale; aussi ai-je tenu à m'assurer, dès la constatation des résultats que je viens de rappeler à grands traits, si le temps exerce une influence appréciable sur l'agglutina- tion d'une poudre soumise à une forte compression. J'ai donc enfermé, en juin 1878, dans le compresseur à vis qui m'avait servi à faire mes expériences prélimi- naires (*), l'une des poudres dont l'agglutination avait laissé beaucoup à désirer, et j'ai abandonné l'appareil à lui-même, à la température du laboratoire, jusqu'à la fin du mois de septembre de cette année, c'est-à-dire pendant dix-sept ans et trois mois. Ce sont les résultats de cette longue expérience que je désire communiquer, à présent, à la Classe des sciences. (*) Voir : Bull, de l'Acad. royale de Belgique, 2« sér., t. XLV, p. 746, 1878. ( 522 ) La substance soumise à l'essai était de la craie séno- nienne, tout à fait blanche et complètement sèche. Par une compression de 6,000 à 7,000 atmosphères durant quelques instants, elle avait donné seulement un agglomérat assez imparfait, plus friable que les bâtons de craie à écrire les plus mous. Cette poudre fut enfermée dans l'appareil et l'écrou fut serré à refus. On peut admettre que pendant les dix-sept années de son emprisonnement la craie a été pressée par suite de la réaction élastique de l'acier du compresseur. Lorsque j'ai desserré l'écrou, j'ai trouvé la partie du piston d'acier de l'appareil qui dépassait encore le cylindre, entièrement déformée; elle avait été comme pélrie par la compression et remplissait les creux de l'appareil. Je cite ce fait parce qu'il nous donne un renseignement sur la grandeur de la pression qui s'est exercée sur la craie : elle a eu pour limite l'effort nécessaire pour produire une déformation permanente de l'acier. Par suite du moulage du piston, il n'a pas été possible de faire sortir de l'appareil le cylindre de craie comprimée. J'ai donc dû me résoudre à scier l'appareil d'acier en deux parties pour mettre la craie à nu. La scie a été conduite, toutefois, de manière à ne pas entamer la craie; les deux parties de l'appareil ont été, finalement, séparées par rupture. La cassure a passé naturellement par la craie. Elle a permis de constater, tout d'abord, que la craie n'était plus ( 323 ) blanche dans toute sa masse. Sur une épaisseur de 1 à i 1/2 millimètre, depuis la surface de contact avecle cylin- dre du compresseur, elle était devenue jaune d'ocré clair, tandis que le milieu de sa masse avait conservé sa couleur blanche. 11 s'était donc produit une diffusion d'un composé ferrique dans la craie malgré l'état solide des corps, les molécules ferriques ayant mis dix-sept ans pour péné- trer à 1 V2 millimètre dans la craie. Ce résultat confirme d'une manière évidente d'autres observations que j'ai faites sur la diffusion des corps solides, et particulièrement celles qui se rapportent à la réaction chimique du sulfate de baryum et du carbonate de sodium à l'étal solide et sous pression (*), réaction qui aboutit à un équilibre chimique comme dans le cas oîi elle s'accomplit au sein de carbo- nate de sodium fondu. On constate ensuite que la nature de la cassure de cette craie comprimée diffère profondément de la cassure de la craie agglomérée : au lieu d'être plus ou moins droite, elle est manifestement conchoïde et rappelle com- plètement celle de certains calcaires lithographiques. La ressemblance est surtout frappante dans les parties oîi le composé ferrique a diffusé, parce que là, la couleur jaunâtre produit un rapprochement plus complet encore avec le calcaire lithographique. La dureté de la masse a considérablement augmenté, il n'est plus possible de tracer des lignes au moyen du cylin- dre comprimé, même sur une planche rugueuse. L'augmen- tation de la dureté n'a cependant pas été égale dans toute {•) Bull.de l'Acad. roy. de Belgique, 3» série, t. X, p. 204, 1883. ( 5U } la masse. Vers les parties centrales, elle est relativement faible : on peut rayer le bloc à l'aide de l'ongle; mais à la surface extérieure, la dureté se rapproche de celle dn marbre, si elle ne l'égale pas complètement. La surface extérieure du cylindre, qui a subi bien cer- tainement la compression la plus forte, s'est montrée, en outre, particulièrement remarquable. Elle est entièrement lisse, comme enduite d'une glaçure, rappelant certaines surfaces diles de glissement que l'on observe assez fré- quemment dans les roches anciennes. A l'aide du microscope, on remarque nettement qu'elle est formée de grains transparents jusqu'à une profondeur de plus de un demi-dixième de millimètre et de couleur plus ou moins brunâtre. A l'endroit des cassures, on voit distinctement des sur- faces planes, très petites il est vrai, mais dont la disposition ainsi que les contours anguleux font naître la pensée que l'on a afl'aire à des surfaces de clivage, par conséquent à une matière cristalline. J'ai détaché, en grattant le cylindre au moyen d'une aiguille, des fragments de celte pellicule transparente et je les ai examinés au microscope dans la lumière polarisée. La plus grande partie de ces raclures paraissait opaque parce qu'elles étaient encore appliquées sur de la craie com- pacte et non transformée; une autre partie était translu- cide brun foncé; enfin, une faible proportion des raclures était bien détachée et rappelait les facettes constatées sur place dans les cassures. Ces parcelles-là sont restées lumi- neuses dans la lumière croisée, ou bien elles ont pris une teinte jaune-rose ou verte par place; d'autres s'éteignaient dans la lumière croisée; ces dernières étaient donc ou ( 325 ) amorphes, ou bien des parcelles brisées perpendiculaire- menl à l'axe optique. J'ai comparé, dans les mêmes conditions, de la poudre fine de craie blanche non comprimée et je crois ne pas me tromper en disant que celle-ci ne m'a pas montré les phé- nomènes lumineux de la pellicule transparente. Notre confrère M. G. Cesàro et M. Arclowski ont bien voulu examiner de leur côté ces produits; leurs constata- lions ont concordé avec les miennes. Il résulte des observations précédentes que la durée de la compression se traduit d'une manière manifeste dans l'agglutination d'une poudre. L'état solide de la matière n'exclut pas complètement les mouvements moléculaires de l'état liquide. Il paraîtseulement que ceux-ci sont d'au- tant plus rares, ou plus contrariés dans leurs manifesta- tions, que la température est plus basse. Les expériences que j'ai faites sur la soudure autogène des métaux au-des- sous de leur point de fusion et sur la soudure des poudres de certains sulfures, parlent aussi en faveur de cette opi- nion. Ce reste de liquidité, si l'on peut ainsi dire, qui serait la conséquence de l'absence de repos dans le mouvement relatif des molécules, n'a pas seulement pour effet de répa- rer des solutions de continuité dans des masses de corps solides; il permet aussi, à la longue, une orientation des molécules et détermine le passage de la matière à sa modi- fication la plus dense, c'est-à-dire la plus stable. Celle-ci est aussi, presque toujours, un état cristallisé. C 526 ) Si l'on embrasse ces phénomènes par une vue d'ensem- ble, on reconnaîtra, ensuite de Pexpérience précédente, que des particules de corps solides, par exemple des grains de sable, rassemblés en un tas meuble dans les conditions ordinaires, demeureront indéfiniment sans se souder, sans former un grès, parce que le contact physique proprement dit fait défaut à ces particules. Entre les grains de sable il y a très souvent de l'humidité et tou- jours de l'air, dont la présence suffît pour isoler chaque grain. Mais si, à la suite d'une pression suffisante, l'air et l'eau sont exprimés, le contact réel sera établi et le travail de la soudure commencera et durera un temps plus ou moins long, selon les circonstances propres à l'espèce de matière comprimée. Si celle-ci admet des états allotropiques plus denses, par exemple des états cristallins, elle cristallisera d'autant plus rapidement que la température sera plus convenable. Les faits que j'ai pu observer contribueront peut-être à jeter quelque lumière sur la question de la solidification des roches dans la nature. Ils peuvent nous faire compren- dre pourquoi, en général, les roches les plus solides et les plus compactes sont aussi les plus anciennes, et ils peuvent nous expliquer la présence de ces milliards de cristaux microscopiques que l'on a observés dans certaines roches, par exemple dans les phyllades, cristaux qui paraissent s'être développés même après le dépôt des alluvions néces- saires à la formation de ces masses neptuniennes. Liège. Institut de chimie générale, il octobre 1895. ï 1t i- =■ s o ; b o I I 1 3 s « I - f s ^ : fc -S 3 « ( 527 ) Sur le Molybdène; par le D"" Ad. Vandenberghe. Au cours de mes recherches sur les composés molyb- diques, recherches dont j'ai eu l'honneur de communiquer quelques résultats à l'Académie, j'ai été amené à étudier les méthodes recommandées pour l'obtention du molybdène pur. Quelques-unes sont absolument défectueuses; mais il en est deux qui, à première vue, semblent devoir fournir de bons résultats : je veux dire la méthode de Berzelius (*), basée sur la réduction de l'anhydride molybdique par l'hydrogène, et la méthode de von der Pfordten (**), basée sur celle du polysulfure. C'est l'examen critique de ces deux méthodes qui fait l'objet de la présente noie. I. — Méthode de Berzelius (dite de Debray). Cette méthode a été successivement modiOée ou perfec- tionnée par Wôhler, Rammeisberg, Debray (***) et Lolhar Meyer et Haas('v). Pour l'appliquer, on purifie l'anhydride molybdique par sublimation dans un appareil de platine et on réduit dans un courant d'hydrogène le produit pur que fournit cette sublimation. Ici se présente une pre- (*) Berzelius, Schweiggcrs Journ. /. ch. d. Physik, 22. (**) VON DER Pfordten, Bcr. d. Deut. ch. Ces., XVII, S. 732. (**') Debray, Comptes rendus, Paris, 56, p. 752. ('V) L. Meyer et Haas, fier. d. Deut. ch. Ges., VI, S. 991. ( 328 ) mière difficulté. Dans quel appareil convient-il d'opérer? Si l'on se sert de nacelles de platine, on obtient un molyb- dène platinifère et des nacelles molybdénées. M. von der Pfordten assure qu'on peut nettoyer les nacelles en les chauffant au rouge à la flamme oxydante et en les traitant ensuite à l'acide nitrique et à l'ammoniaque; mais je ne suis pas parvenu à purifier par ce traitement la nacelle de platine irridié dont je m'étais servi. J'ai même constaté qu'après quelques opérations, le platine devient cassant et est bientôt hors d'usage. J'ai préféré prendre, dans la suite, des nacelles en porcelaine. Après une première opération, la nacelle est fortement attaquée et le produit obtenu renferme une quantité notable de siliciure de molybdène. Celui-ci peut être éliminé en majeure partie, si l'on rejette les portions de molybdène adhérentes à la nacelle. Celle-ci reste tapissée d'un enduit de métal et offre alors moins de danger pour les opérations futures. Pour enlever au molybdène les traces de silicium qu'il peut encore conte- nir, je le lave à l'acide fluorhydrique, à l'acide chlorhy- drique et à l'eau diâtillée et je le dessèche dans le vide. Voici le mode opératoire que j'ai suivi dans la préparation en grand du molybdène. Réduction de l'anhydride molybdique (fig. \). L'hydrogène est fourni par du zinc exempt d'arsenic réagissant sur de l'acide sulfurique pur étendu. L'appareil générateur est formé d'un grand flacon de Wouiff (F) à trois tubulures renfermant l'acide. Ce flacon supporte un réservoir (R) dont un tube descend jusqu'au fond du ( 329 ) flacon de Wouiff. A l'entrée de ce tube se trouve une couche de petits morceaux de porcelaine pour empêcher la chute du zinc. La tubulure t permet d'introduire le zinc. La tubulure t' est reliée à la tubulure t" par un système de tubes en T qui est lui-même en communica- tion avec une bouteille à acide sulfurique placée à hauteur variable, afin de régler la pression du gaz. Le robinet que porte le tube en T a pour but d'amorcer le tube t'". L'hy- drogène ainsi produit est envoyé dans trois appareils de Thôrner contenant respectivement une solution de per- manganate de potassium, une solution de soude caustique et de l'acide sulfurique concentré. Jl passe ensuite dans un tube en verre de Bohême de 2 mètres de long, renfer- mant successivement du cuivre réduit par l'oxyde de car- bone, de la m.ousse de platine, de l'anhydride phosphorique, et dans la partie coudée, des perles de verre pour empê- cher la volatilisation de l'anhydride phosphorique. Le cuivre et la mousse de platine sont chaufl"és au rouge et ont pour objet de retenir les dernières traces d'oxygène. Ce tube en verre de Bohême pénètre maintenant dans un tube en porcelaine de 1°',2 de longueur et de O'^jSS de diamètre intérieur, dont chaque extrémité porte un petit réfrigérant en fer pour éviter réchauffement des bou- chons. Une fermeture absolue du premier de ces bouchons est assurée en coulant de la parafBne dans une gaine qui entoure et le tube en verre et le tube en porcelaine. Ce dernier est placé dans un four à gaz de Mermet permet- tant d'atteindre la température de fusion du cuivre. Il est nécessaire de lui donner une légère inclinaison, pour faci- liter l'écoulement de l'eau résultant de la réduction. C'est pour le même motif que le dernier bouchon est muni d'un tube de dégagement relativement large (8 millimètres) ( 330 ) et placé excenlriqnement à sa partie inférieure. L'appareil se termine par une colonne à chlorure de calcium. Dans le tube en porcelaine sont placées trois nacelles de 9 centi- mètres de long sur 2 centimètres de large et renfermant de l'anhydride molybdique très pur. Avant de procéder à la réduction, je lance dans l'appa- reil un courant d'hydrogène pendant six heures, afin d'en balayer l'air autant que possible. Le tube en porcelaine est alors chauffé graduellement jusqu'à ce que la vapeur d'eau apparaisse dans le tube de sortie, et la température est maintenue constante pendant un certain temps. Il se pro- duit ainsi une réduction partielle à basse température, ce qui permet d'éviter les pertes d'anhydride molybdique par sublimation. Dès que d'abondantes gouttelettes d'eau se montrent dans le tube de sortie, je pousse peu à peu le feu jusqu'à son maximum et j'active fortement le courant d'hydrogène. Il se produit alors de grandes quantités d'eau, entraînées rapidement en dehors de la partie chaude du tube. Le courant d'hydrogène n'est ralenti que quand le tube à dégagement devient sec et je continue encore à chauffer pendant une heure. Le tube en porcelaine se refroidit dans un courant d'hydrogène. Chaque préparation de molybdène fui commencée le matin ; dans l'après-midi, je faisais la réduction, et l'appa- reil se refroidissait pendant la nuit pour n'être ouvert que le lendemain malin. Purification du molybdène obtenu. Le molybdène ainsi obtenu était d'un beau gris pâle. Il renfermait nécessairement des traces de siliciure dont je n'ai plus à m'occuper. Mais ici se pose une question impor- ( 33i ) tante. Le métal réduit même à celle haute température, ne renferme- t-il plus des oxydes inférieurs provenant d'une réduction incomplète? Celle question doit s'être présentée à l'esprit de Lolhar Meyer (*) lorsqu'il a préco- nisé d'enlever les dernières traces d'oxydes inférieurs en chauffant le métal dans un courant de gaz chlorhydrique, ainsi qu'il le dit dans son compte rendu sur un travail de Liechli et Kempe (**) qui venaient de terminer leur élude sur les chlorures de molybdène. D'après ces auteurs, il suffit de chauffer le molybdène renfermant des oxydes dans un courant de ce gaz pour lui enlever tout l'oxygène sous forme de M0O5, 2HC1. Afin de vériller jusqu'à quel point celte assertion est exacte, j'ai pris environ 20 grammes de molybdène et je les ai portés à 500° C. dans une atmosphère d'acide chlor- hydrique séché à l'acide sulfurique. Je n'ai commencé à chauffer le tube en verre de Bohême qui renfermait le molybdène que lorsque le gaz chlorhydrique, qui traversait l'appareil, était intégralement soluble dans l'eau. En opé- rant comme je viens de le dire, j'ai été fort surpris de voir des bulles s'échapper de l'eau qui devait retenir l'acide. Ce gaz aurait pu être de l'air, ou mieux de l'azote, en sup- posant que le molybdène eût fixé l'oxygène. Quelle ne fut pas ma surprise en constatant que le gaz récollé était de l'hydrogène! J'ai cru un instant que le molybdène avait fixé cet hydrogène par adsorption lors de sa préparation. L'expérience suivante est venue me détromper. J'ai brûlé (*) LoTHAR BIeyer, loc. cit. (**) LiECBTi et Kempe (Ann. d. chem. Pharm.v.LîebigfiëQ^S.Zii). ( 332 ) i gramme environ de ce molybdène dans un tube muni d'un appareil de V^olhard. Ce dernier n'a pas changé de poids. Je reviendrai plus loin en détail sur des expériences qui démontrent que l'hydrogène est sans action sur le molybdène. Ce dégagement d'hydrogène pourrait s'expliquer aussi par la présence de traces d'humidité dans le gaz chlorhy- drique, résultant soit de la dessiccation incomplète par l'acide sulfurique, soit d'une attaque qu'il aurait pu exer- cer sur le verre. Il se pourrait aussi qu'à la température à laquelle j'opérais, le molybdène ou ses oxydes inférieurs fussent chlorurés avec mise en liberté d'hydrogène. J'ai, en effet, constaté que tout molybdène traité par le gaz chlor- hydrique donne la réaction des chlorures, malgré tous les soins pris pour me débarrasser de l'atmosphère chlorhy- drique. Ce sont des questions qu'il ne sera possible d'élucider que lorsque l'absence d'oxydes dans le molybdène sera absolument certaine. Voulant réaliser les conditions d'expérience dans les- quelles s'étaient placés L. Meyer et Haas, je me suis adressé au savant professeur de Tiibingen. Lothar Meyer, par une lettre datée du 23 novembre 1893, a bien voulu me répondre ce qui suit : « Die von Thnen gewûnschte Auskunft gebe ich Ihnen sehr gern. Wie Sie schon richtig vermuthen isl die Dammersche Angabe (*) dass man glu- hen solle ganz irrlhiimlich. Man braucht nur gelinde zu erhilzen, ganz wir Debray es angiebt, ob wir aber die Tem- peratur gemessen haben erinnere ich mich nicht mehr. (*) Dammer, Handbuch d. anorg. Chemie, B. III, 590. ( 333 ) Herr Haas hat seine arbeit nich weiler gefûhrt uod ich habe ûber dieselbe nichls weiler verôITentlIcht als die Ihnen bekannle Noliz. » J'ai alors repris l'expérience d'après les indications de Lolhar Meyer. J'ai pris du molybdène purifié par des lavages successifs à l'acide fluorhydrique, à l'acide chlorhydrique et à l'eau dans une capsule de platine. Lorsque, après quelques lavages, le molybdène ne montrait plus la réaction du chlore, je l'ai desséché dans le vide. Environ 3 grammes de ce molybdène ont été introduits dans l'appareil à acide chlorhydrique gazeux. La température fut maintenue à 200°. Il se forma au début un léger sublimé blanc, mais au bout d'une heure, toute sublimation avait cessé. L'opération a été encore prolongée pendant une heure. Après refroidissement com- plet de l'appareil, j'y ai fait passer un courant d'air sec pendant deux heures. Puis le vide ayant été fait dans le tube renfermant la nacelle, j'ai fait de nouveau passer un courant d'air pendant une demi-heure. Un '^ gramme de ce molybdène a été agité avec iO centimètres cubes d'eau distillée. Après une minute de repos, le métal tom- bait au fond de Téprouvetle et la liqueur surnageante, décantée et acidulée par quelques gouttes d'acide nitrique, donnait nettement la réaction du chlore! Ces expériences montrent à l'évidence que le traitement du molybdène par l'acide chlorhydrique gazeux, loin de le purifier, y introduit du chlore et ne peut donc pas être considéré comme une méthode de purification. Ce traite- ment est d'ailleurs impuissant à enlever tout l'oxygène que le molybdène pourrait contenir sous forme d'oxyde, contrairement aux assertions de L. Meyer et Haas, ainsi que je vais le démontrer. 3'°'' SÉRIE, TOME XXX. 23 ( 334 ) Action du gaz chlorhydrique sur le molybdène partiellement oxydé. Du molybdène lavé à l'acide fliiorhydrique, à l'acide chlorhydrique et à l'eau, puis séché dans le vide, fui par- liellement oxydé par un chauffage à l'air. L'augmentation du poids indiquait la quantité d'oxygène flxée. Sa surface libre présentait une tache brune, due à la formation d'un oxyde supérieur. Ce molybdène, partiellement oxydé, a été chauffé dans un courant d'acide chlorhydrique à 200° C. 11 se produisit tout au commencement un faible sublimé blanc. L'opération a été arrêtée lorsque toute sublimation avait cessé. Voici le résultat de celle recherche : Molybdène employé 0^%1775 Oxygène fixé 0es042 Pertede poids constatée après le traitement par l'acide chlorhydrique gazeux à 200° C. G8%063 Perte de poids calculée en admettant que l'oxygène fixé quitte le molybdène sous la forme de M0O5, 2HC1 0g^^26 J'ai ensuite oxydé le même échantillon de molybdène en poussant l'oxydation plus loin, puis j'ai recommencé le traitement par l'acide chlorhydrique gazeux à 200° C. Molybdène, traces d'oxydes de molybdène. Oe'^,7565 Oxygène fixe pendant la seconde oxydation. 0e^l085 Perle de poids observée après le traitement par le gaz chlorhydrique 0S'',091 Perte de poids calculée en partant de l'oxy- gène nouvellement fixé O^^oSSo ( 355 ) J'ai recommencé l'opération une troisième fois, en chauf- fant le résidu de la seconde opération dans le gaz chlor- hydrique, entre 500" et 600° C. Perte de poids observée 0^%'256^ Le molybdène avait conservé les taches brunes. Ce fait seul montre déjà que le gaz chlorhydrique est impuissant à enlever au molybdène les oxydes qui peuvent y être mêlés. En résumé, j'ai constaté que le molybdène préparé en réduisant l'anhydride molybdique par l'hydrogène et lavé ensuite à l'acide fluorhydrique, à l'acide chlorhydrique et à l'eau distillée, donne, après traitement par le gaz chlor- hydrique vers 200", la réaction des chlorures. A une tem- pérature plus élevée, il se produit, indépendamment du sublimé blanc de Debray, une substance rouge et il se forme de l'hydrogène. J'ai constaté en outre que le molyb- dène, purifié comme il a été dit ci-dessus et soumis ensuite à une oxydation partielle, ne peut être débarrassé par l'acide chlorhydrique gazeux de tous les oxydes qu'il con- tient. Il se peut que certains oxydes molybdiques puissent fournir le sublimé de Debray. Un oxyde complexe de la formule Mo — 0 — Mo — 0 — 3Io — 0 1 I 0 — Mo — 0 — Mo — 0 — Mo par exemple, pourrait se transformer aisément en 2 Moj et 2M0O3, qui s'uniraient à 4 HCl. Mais mes expériences démontrent que tous ne se conduisent pas ainsi et ne sont pas aptes à se dédoubler en nMo -+- mMo05,2HCl. Il serait intéressant d'étudier l'action du gaz chlorhy- ( 556 ) drique sur tous les oxydes de molybdène à composition bien établie. J'ai entrepris cette étude pour le bioxyde cristallisé. Il se forme vers 200° C. un léger sublimé blanc, dû probablement à une trace d'anhydride molybdique, mais l'aspect du bioxyde ne change absolument pas, même si je chauffe très fort. Cette étude fera l'objet d'une com- munication ultérieure. II. — Méthode de von der Pfordten. M. von der Pfordten a fait connaître un nouveau pro- cédé de préparation du molybdène, basé sur la réduction du polysull'ure par l'hydrogène. Il prétend que la réduc- tion est complète et que sa méthode peut même servir au dosage quantitatif de l'acide molybdique. Désireux d'obte- nir du molybdène absolument exempt d'oxyde, je me suis servi de son procédé. A cet effet, une solution de sulfomo- lybdale d'ammonium, obtenue en ajoutant un grand excès de sulfure d'ammonium à du molybdate d'ammonium pur, a été décomposée par l'acide chlorhydrique. Le précipité de polysulfure de molybdène et de soufre ainsi obtenu a été lavé à l'eau distillée saturée d'hydrogène sulfuré, puis séché à 100° C. dans une atmosphère d'acide sulfhydrique, purifié par un passage dans une solution saturée de sul- fure de sodium (Slas). J'ai opéré sur 15 grammes environ de polysulfure sec. Je l'ai introduit dans le tube en porce- laine de l'appareil à hydrogène (fig. 1), en opérant avec toutes les précautions que j'ai employées pour la réduc- tion de l'anhydride molybdique. J'ai maintenu le courant d'hydrogène pendant vingt-quatre heures, en opérant à la température la plus élevée que le four puisse donner. Il se ( 337) dégage constamment de l'hydrogène sulfuré, même quand on a lieu de croire que la réduction est terminée, car dans certaines régions du tube doit se produire un système représenté par HaS :;^ S H- H, Quand, après vingt-quatre heures de travail, je pouvais espérer que la réduction était complète, j'ai laissé refroidir l'appareil et j'ai constaté que le molybdène contenait encore du soufre. J'ai recommencé à le chauffer dans l'hydrogène durant vingt-quatre heures, et après cette reprise j'ai encore retrouvé du soufre dans le produit. Je suis amené à croire que la méthode de M. von der Pfordten peut suffire quand il ne s'agit que de décomposer quelques centigrammes de sulfure de molybdène au cours d'une analyse. Elle ne me paraît plus avoir les caractères d'une méthode de préparation. Au surplus, les résultats numériques obtenus par l'auteur lui-même prouvent que Ja réduction n'est pas complète, même en partant de petites quantités de sulfure. Le molybdène Sternberg et Deutsch. On trouve dans le commerce un métal vendu sous le nom de molybdène Sternberg et Deutsch. Il est obtenu en réduisant le molybdate de calcium par le charbon et se présente sous forme d'une poudre très fine, gris foncé. J'ai eu la curiosité d'analyser sommairement ce produit. J'y ai trouvé 6 °/o d'eau et 8 7» de carbone. Il augmente de poids en s'oxydanl, rien que par la dessiccation à 105" G. ( 338 ) Le molybdène Moissan (*). M. H. Moissan a préparé du molybdène en décomposant l'oxyde de molybdène, obtenu par calcination du molyb- dale d'ammoniaque, dans un four électrique. Ce molybdène renferme, d'après Moissan, 10 "/o de carbone. Même en admettant que l'auteur parvienne à décarburer ce produit comme il l'a fait pour le chrome, il est peu probable que le molybdène fondu ne fixe pas un peu d'oxygène pendant le refroidissement. Il n'existe donc encore aucune méthode de prépara- lion du molybdène pur. Je suis parvenu à combler celle lacune par un procédé non décrit jusqu'ici et qui fera l'objet d'un travail spécial. Le principe de celte méthode est consigné dans un pli cacheté que j'ai l'honneur de confier à l'Académie. Au cours de ces recherches, j'ai été amené à étudier l'action de certains gaz, tels que l'hydrogène, l'azote et l'anhydride carbonique sur le molybdène pur chauffé. Ce sont les résultats de ces expériences qui ont fait l'objet de la seconde partie de celte communication. (*) Moissan, Comptes rendus, Paris, 116, p. 1225. I ( 539 ) Action de quelques gaz sur le molybdène chauffé. I. — Action de l'hydrogène. J'ai déjà prouvé dans la précédente note (*) que le molybdène préparé par la réduction de l'anhydride molyb- dique ne ûxe pas d'hydrogène par adsorption. Mais le molybdène ainsi préparé est très compact, tandis que celui que j'obtiens par mon nouveau procédé est, au con- traire, divisé et préparé à une température bien inférieure à celle exigée par la méthode de Berzelius. Il était donc intéressant de reprendre cette étude avec ce nouveau molybdène. L'appareil à hydrogène est identique à celui qui a servi à préparer le molybdène par la réduction de l'anhydride molybdique (**). J'ai opéré sur 1^'.8368 de molybdène pur, placé dans une nacelle en platine à l'intérieur du tube en porcelaine. La nacelle en platine est protégée contre toute attaque de la porcelaine par une feuille de platine. Je me suis assuré de l'absence complète de l'oxy- gène dans l'hydrogène employé par l'appareil d'Orsat ren- fermant des bâtons de phosphore. Le molybdène a été porté à la température la plus élevée du four pendant deux heures. Après refroidissement de l'appareil, le molybdène est placé dans un exsiccateur où je renouvelle trois fois le vide. Une nouvelle pesée du molybdène m'a montré que ce dernier n'avait pas changé de poids. (*) Sur le molybdènCf p. 351. (**) M., p. 328. ( UO ) J'avais donc lieu de croire que le molybdène n'avait pas fixé d'hydrogène, ni par combinaison ni par adsorplion. Mais la quantité d'hydrogène fixée n'était-elle pas telle- ment faible qu'elle échappât à une détermination par pesée? Pour écarter cette objection, j'ai brûlé le même échantillon de molybdène dans un appareil permettant de doser l'eau qui se formerait si le molybdène renfermait de l'hydrogène. Celle nouvelle expérience a donné le même résultat que la première. Je donne ici la description de l'appareil et le mode opératoire pour faire cette combustion. La nacelle renfermant le molybdène est placée dans un tube en verre de Bohême, de 1 mètre de long. Avant et après la nacelle se trouve une couche d'oxyde de cuivre. Ce tube à combustion est précédé d'un appareil dessicca- teur à acide sulfuriquc et suivi d'un tube de Winkler pour le dosage de l'eau résultant de la combustion. Le tube en verre de Bohême possède un bouchon à une de ses extré- mités, l'autre étant étirée et reliée directement à l'appareil de Winkler. Ce dernier est suivi d'un tube à acide sulfu- riquc pour empêcher toute rentrée d'humidité. Après avoir porté au rouge les parties d'oxyde de cuivre les plus éloignées de la nacelle, je chauffais d'abord lentement le molybdène dans un courant d'air, jusqu'à changement de coloration du métal. La combustion du molybdène était achevée dans un courant lent d'oxygène. En opérant ainsi, j'évitais une sublimation trop forte de l'anhydride molybdique. Pour arrêter tout entraînement de ce dernier, j'avais placé un tampon d'ouate dans la par- lie étirée du tube à combustion. La combustion a duré une heure. ( U\ ) Le tube de Winkler, pesé avant et après Texpérience, n'avait absolument pas changé de poids. Je crois donc pouvoir conclure du résultat de ces deux expériences que l'hydrogène est sans action sur le molyb- dène, même à haute température, et que ce dernier ne fixe pas ce gaz par adsorplion. II. — Action de V azote sur le molybdène (fig. 2). Voulant étudier l'action de l'azote sur le molybdène, j'ai rencontré certaines difficultés à obtenir ce gaz exempt d'oxygène, d'autant plus qu'il en fallait préparer de grandes quantités. Je m'étais d'abord arrêté à la méthode de Berlhelot (*). De l'air salure d'ammoniaque passait par un tube chauffé au rouge et renfermant du cuivre réduit par l'oxyde de carbone. Le gaz passait ensuite successivement dans de la potasse caustique et de l'acide sulfurique étendus, ensuite sur de la potasse caustique solide et de la pierre ponce sulfurique, puis par deux flacons de Wouiff renfermant une solution de chlorure chromeux {*') pour fixer les der- nières traces d'oxygène, et enfin sur de la potasse caustique solide et de l'anhydride phosphorique. 11 m'a été impos- sible d'obtenir par cette méthode de l'azote ne possédant pas l'odeur des vapeurs nitreuses. J'ai fait passer alors par le même appareil de l'azote salure d'ammoniaque et préparé en chauffant un mélange (*) Berthelot, Bull, de la Soc. cfiim. de Paris, (3), 2, p. G43. (**) VON DER Pfordten, Licbig's Ann.d. Chcmie, 228, S. 112. ( 34^2 ) de sulfate d'ammonium et de nitrite de sodium, mais sans plus de succès. La méthode suivante m'a donné un produit absolument pur (fig. 2). L'azote préparé par le mélange indiqué plus haut passe directement, après dessiccation, dans le tube en cuivre renfermant le cuivre réduit, puis dans un tube en verre de Bohême contenant successivement du cuivre réduit, de l'oxyde de cuivre et de la potasse caustique fraîche- ment fondue. Il est ensuite desséché sur de l'anhydride phosphorique avant de pénétrer dans le tube en porce- laine. L'azote ainsi préparé était absolument inodore, et l'appa- reil d'Orsat montrait qu'il était parfaitement exempt d'oxygène. Après avoir placé le molybdène (environ 2 grammes) dans une nacelle en platine à rinlérieur du tube en por- celaine, j'ai opéré exactement comme pour l'action de l'hydrogène sur ce métal. (Voir recherche précédente.) Le molybdène, après avoir été soumis à l'action de l'azote à haute température, n'avait pas changé d'aspect et son poids n'avait absolument pas varié. Une portion de ce molybdène, placée au fond d'une éprouvette et au sein de l'eau, n'a pas donné les caractères des azotures : il ne se produisait aucun dégagement gazeux, même à chaud. Il en fut de même en ajoutant à l'eau quelques gouttes d'acide chlorhydrique. Je conclus donc ici également en affirmant que l'azote est sans action sur le molybdène. Ce point était important à établir puisque plusieurs élé- ments se combinent énergiquement à l'azote au rouge. ( 343 ) III. — Action de l'anhydride carbonique sur le molybdène (fig. 3). L'appareil dont je me suis servi pour celte étude res- semble beaucoup à celui que j'ai utilisé pour la réduction de l'anhydride molybdique. Je me dispenserai par consé- quent d'en donner une description. La légende qui accompagne la figure de l'appareil suffira pour en faire comprendre les détails. Le gaz carbonique a été préparé en faisant agir de l'acide chlorhydrique pur, étendu de son volume d'eau, sur du marbre lavé au préalable à l'acide chlorhydiique. Afin de balayer tout l'air de l'appareil, le dégagement du gaz carbonique a marché à blanc pendant un jour. L'appareil d'Orsat indiquait une absence complète d'oxy- gène dans l'anhydride carbonique, et cependant il fut impossible d'obtenir une absorption totale de ce dernier gaz par la potasse caustique. Au bout d'une heure, il se formait encore 1 centimètre cube de gaz non absorbé. Une analyse sommaire m'a prouvé que c'était de l'azote. Celui-ci provenait probable- ment de l'air qui se trouve inévitablement dans les solu- tions de gaz chlorhydrique. Le tube en porcelaine renfermants grammes de molyb- dène a été chauffé vers 700° C, et il s'est formé immédia- tement une quantité notable de gaz non absorbé par la solution potassique. Ce gaz montrait tous les caractères de l'oxyde de carbone. Il brûlait avec une flamme d'un beau bleu et se dissolvait aisément dans une solution ammoniacale de chlorure cuivreux. Le dégagement d'oxyde de carbone n'a pas cessé de se produire, même au bout de huit jours; en une heure, il s'en formait encore \ centi- mètre cube. ( 344 ) J'ai ouvert l'appareil à plusieurs reprises pour juger de l'aspect du molybdène. Au bout de quelques heures, il pré- sentait des taches brunes. Celles-ci se sont étendues pro- gressivement à toute la masse. Je crois pouvoir conclure de toutes ces observations que l'anhydride carbonique était réduit non seulement par le molybdène, mais également par les oxydes inférieurs de ce métal. Je rechercherai prochainement l'action du gaz carbonique sur les divers oxydes de molybdène. En atten- dant, il était intéressant de constater que le molybdène est oxydé par l'anhydride carbonique avec formation d'oxyde de carbone, puisque certains auteurs, et notam- ment Muthmann (*), ont trouvé que l'oxyde de carbone réduit l'anhydride molybdique, non seulement en oxydes inférieurs, mais même, pour peu que l'on chauffe plus fort, en molybdène métallique. On se trouve donc ici en pré- sence d'une réaction réversible complexe dont les étals limites sont représentés par le système M0O3 -4- 5C0 ^ 3CO2 -t- Mo et dont l'équilibre est rompu par la masse d'oxyde de car- bone ou de gaz carbonique. En terminant ce travail, qu'il me soit permis d'adresser mes plus sincères remerciements à M. le professeur Swarls. Il n'a cessé de me guider et de m'assister par ses savants conseils. Qu'il veuille bien accepter l'hommage de ma plus vive reconnaissance. Gand, le 10 juin 1895. (Laboratoire de chimie générale de l'Université.) (*) Muthmann, Liebig's Annalen, 238, S. 123. ( 345 ) Notice cristallographique sur la cotunnile artificielle; par le D"" F. Slôber, répétiteur-préparateur à l'Université de Gand. Monlicelli et Covelli, les deux auteurs de la minéralogie du Vésuve, ont, les premiers, publié une description des cristaux de chlorure de plomb naturel auquel ils donnè- rent le nom de cotunnite, en l'honneur du D"^ Cotungno; ils découvrirent ce minéral, comme produit de sublima- tion, après l'éruption du Vésuve de 1817, mais en si petite quantité, qu'ils renoncèrent à son examen, pour ne pas perdre des échantillons précieux. Ils eurent plus de chance après l'éruption de 1822; ils rencontrèrent le minéral dans les cavités des croûtes sablonneuses qui couvrent les par- ties moyenne et orientale du cône, non loin du grand cratère formé lors de cette éruption. A la profondeur d'un demi-pied, où les cristaux s'étaient déposés, la tem- pérature n'était que peu supérieure à lOO"; mais deux pieds plus bas, elle était tellement élevée que le plomb fondait en trois minutes (554°). Le sable plus ou moins grossier qui servait de roche mère à la cotunnite et aux minéraux qui raccompagnaient (NaCI, FeCls, FeS04, CaCI,, CaS04, MnCU, FcoOs), était agglutiné en agrégats très durs par suite de l'action de vapeurs acides des fume- rolles. La cotunnite se trouvait plus fréquemment dans des roches très tenaces, composées de fragments de scories et de lave de grosseur variable; les fragments s'y touchent sans aucun ciment interposé, ce qui donne à ces roches, colorées en rouge par l'attaque des vapeurs des fumerolles, l'aspect d'un granit plutôt que celui d'un poudingue. ( 346 ) Résumons d'abord les observations de Monticelli et Covelli; ces auteurs ont distingué deux variétés de cotun- nite : la cotunnile cristallisée et le chlorure de plomb corné (Piombo muriato corneo); elles sont identiques au point de vue chimique. La première se présente en cristaux très petits, lamel- laires ou prismatiques, incolores ou blancs, d'un éclat très vif, le plus souvent soyeux ou perlé; ils sont rayés par l'ongle et se désagrègent facilement en aiguilles très fines. Les cristaux, en forme de lamelles, peuvent avoir des con- tours rhomboïdaux avec des angles d'environ 60° et 120", ou bien ils peuvent présenter l'aspect d'un hexagone symé- trique (esagono SYmetrico), mais qui n'est pas régulier. Le poids spécifique des lamelles était de 1.897, tandis que pour des cristaux ayant subi un commencement de fusion, il s'élevait à 5.2386; ce fait montre que les lamelles contenaient une très grande quantité d'air, ce qui s'accorde avec l'éclat perlé que les auteurs ont con- staté. Les cristaux prismatiques, enfin, montrent un prisme quadrilatéral. En général, les cristaux nettement individualisés étaient à peine visibles à l'œil nu et ne se prêtaient nullement aux mesures goniomélriques; c'est pourquoi l'examen des propriétés géométriques a dtj s'arrêter à des résultats peu satisfaisants. Quant aux propriétés optiques de la sub- stance, les auteurs n'ont pu en faire aucune détermination, à cause de l'extrême petitesse des cristaux et surtout par suite de l'imperfection des instruments en usage à cette époque. En revanche, ils ont étudié très soigneusement les pro- priétés chimiques de la cotunnile; ils n'en donnent aucune analyse quantitative, il est vrai, mais les nombreux essais I ( 347 ) qu'ils ont faits sur ce minéral ne laissent aucun doute quant à sa composition. Et, pour montrer qu'on avait réel- lement affaire à une nouvelle espèce minérale, ils ont par- faitement établi les différences qui séparent la cotunnite des autres minéraux de plomb déjà connus. Outre les cristaux déterminables, les auteurs ont encore observé le minéral à l'état de lamelles très fines ou d'écaillés brillantes, à l'état aciculaire, fibro-radié ou plu- meux, formant parfois des grumeaux blancs, soyeux; enfin, en grains cristallins, brillants, répandus sur les roches. Le chlorure de plomb corné, accompagnant les cristaux, semble être simplement de la cotunnite fondue, qui, après fusion et sublimation, a encore subi l'action d'une tempéra- ture supérieure à son point de fusion; cette variété est d'une couleur blanc de perle, jaunâtre ou jaune, tirant sur le jaune de soufre; les échantillons offrent l'aspect de la gomme arabique, sont semi-translucides, à cassure vitreuse, conchoïdale. Le poids spécifique, pris sur un échantillon légèrement impur, était de 5.356. Il résulte de ce qui précède que les auteurs, faute de posséder des cristaux de grandeur suffisante, n'ont pu trancher la question de savoir à quel système cristallin la cotunnite doit être rapportée. Ils se contentent de dire, au sujet des lamelles cristallines, qu'elles avaient des con- tours rhomboïdaux ou hexagonaux; cependant la remarque qu'ils font, que les lamelles à six côtés ne présentent pas un hexagone régulier, semble indiquer qu'ils considèrent comme peu probable que ce minéral appartienne au système hexagonal. Schabus examina des cristaux artificiels de PbCU, qu'il avait obtenus en faisant évaporer, pendant six à huit mois, ( 348 ) une solution de chlorure de plomb dans de l'acide chlor- hydrique concentré; ces cristaux atteignaient souvent 1 à 1 Y2 l'o"^ (2 à 5 millimètres) de grandeur et se présen- taient presque toujours sous forme de tables, hexagonales en apparence, mais qui, en réalité, ne possédaient qu'une symétrie rhombique, comme le prouvèrent les mesures goniométriques auxquelles les cristaux se prêtaient parfai- tement. En prenant comme base (001) la face terminale, d'après laquelle les cristaux étaient aplatis, en la tournant de façon que l'angle obtus se trouve en face de l'observa- teur, et en envisageant la moins aiguë des deux pyramides comme pyramide primitive, l'auteur a pu distinguer les formes suivantes : 1001|, jIH(, 1221{, JOIO}, jOll}, j041|; parmi ces formes, les quatre premières sont toujours domi- nantes. Schabus donne comme rapport paramétrique : a:b:c = i : 1.G85G : 1.0016, ce qui se transforme en : a:b:c= 0.5940 : 1 : 0.5949, 6 étant pris comme unité ainsi qu'on le fait habituelle- ment. A notre connaissance, une description exacte des cris- taux naturels de PbCla ne fut donnée qu'en 1852, par M. H. Miller, dans son Elementary introduction to mine- ralogy, page 616. Ces cristaux, résultant de l'éruption du Vésuve de 1822, se présentaient en formes aciculaires capillaires, ou à l'état de paillettes cristallines; en plaçant ( 349 ) les cristaux de façon que les formes précédentes |001{ et ]010[ deviennent respectivement j010{ et jlOO{ et en prenant la pyramide J22l{ de Schabus comme jHlf, Miller a trouvé les formes suivantes : a = |010f, 6 = jlOO{, c = j001{, e = }01 1{, m = |HO(, r = jl20{,s = }mf. L'auteur ne donne pas de rapport paramétrique; si l'on admet le système rhombique, ce rapport se calcule à l'aide desangles{H0):(H0)==80M4'et(0H):(0îl)=53M6' à o: 6:^ = 0.8426:1 : 0.5015. A en juger par la figure jointe à la description, les formes r, m et e étaient dominantes. En rapportant les formes observées au rapport para- métrique donné par Schabus, on voit que les formes 10411 et jlH[, qu'il indique, ne sont pas mentionnées par Miller; par contre, les formes |110[, |0H{, }001| de Miller ne sont pas observées par Schabus. Quant aux angles des formes correspondantes, il n'y a que des différences insignifiantes entre les données des deux auteurs. Comme on le voit, les valeurs des axes a et c du rapport paramétrique indiquées par Schabus offrent une différence si faible qu'on pourrait être porté à l'attribuer aux erreurs inévitables dans la mesure des angles dièdres. Cela posé, les cristaux seraient quadratiques, avec 6 comme axe qua- ternaire. Schabus, frappé du fait que les paramètres a et c sont presque égaux, s'est demandé si ces cristaux devaient être rapportés au système quadratique; la disposition des faces des autres formes présentées en même temps par les cris- taux lui fait conclure à la négative. En effet, on ne saurait 3°* SÉRIE, TOME XXX. 24 ( 350 ) imaginer, dans le système lélragonal, aucune mériédrie régulière ayant trois pians de symétrie perpendiculaires entre eux et trois axes de symétrie binaires à l'intersection de ces plans, ce qui est le cas dans les cristaux de PbCla. Cependant comme, d'après Schabus, les cristaux étaient presque toujours déformés, allongés suivant l'arête (lH) : (221), par exemple, il ne serait pas impossible que la symétrie fût le résultat d'une mériédrie irrcgulière, c'est- à-dire de phénomènes d'agrandissement tels que les mon- trent quelquefois les cristaux artiûciels et les minéraux. Toutefois, le fait que les axes a et c ont à peu de chose près le même paramètre, reste très singulier, et les études de Schabus sur les cristaux artificiels de colunnite et celles de Miller sur les cristaux du Vésuve ont laissé subsister des doutes sérieux sur le système cristallin auquel appar- tient ce minéral; aussi, le célèbre minéralogiste de Vienne, Schrauf, dit-il, dans son Allas der Kryslallformen, que des recherches nouvelles sont nécessaires pour décider à quel système cristallin il faut rapporter la cotunnite. Nous croyons donc ne pas avoir fait chose inutile en entrepre- nant l'examen des propriétés géométriques et spécialement des propriétés optiques de ces cristaux. Ce sont les résul- tats de nos recherches que nous avons l'honneur de pré- senter à l'Académie. Les cristaux naturels qui se prêtent à l'investigation cristallographique étant très rares et trop petits pour servir aux recherches optiques, il s'agissait d'abord de se procurer des cristaux artificiels d'une grandeur conve- nable. A cet effet, on peut employer les méthodes suivantes : 1. Ciistallisation de PbCla par l'évaporation d'une solu- tion aqueuse à la température ordinaire ; le chlorure de plomb est soluble dans 135 fois son poids d'eau froide. ( 33f ) 2. Cristallisallon par sublimation. 3. CristalIisalioD par l'évaporalion d'une solution de PbClj dans l'acide clilorhydrique concentré. 4. Cristallisation par refroidissement très lent d'une solution aqueuse chaude. 1. Après une évaporation jjrolongée pendant cinq mois, la première de ces méthodes ne m'a donné que des cris- taux extrêmement petits, dont les formes et les faces ne pouvaient être étudiées que sous le microscope. Pour avoir de meilleurs résultats, il faudrait opérer sur une 1res grande quantité de liquide et l'abandonner à l'évaporalion pendant un temps proportionnelle chlorure de plomb dissous forme, par la cristallisation, un nombre presque infini de petits cristaux qui tapissent bientôt le fond et les parois du vase. Les cristaux que nous avons obtenus par cette méthode étaient limpides, incolores et semblaient identiques à ceux dont nous donnerons la description plus bas. 2. La deuxième méthode, celle de la sublimation, n'offre pas plus de chances de réussite; nous avons soumis une petite quantité de PbCla à une sublimation très lente dans une éprouvetle; au bout de quelque temps, les parois de l'éprouvette se recouvrent, immédiatement au-dessus de la substance liquéfiée, d'un enduit blanchâtre qui s'épaissit à la longue. Cet enduit est composé de cristaux brillants, presque imperceptibles à l'œil nu, et se présentant au microscope sous forme de tablettes, hexagonales en appa- rence; elles semblent être identiques à celles qui se sont formées par la même méthode dans le grand laboratoire de la nature et dont Monlicelli et Covelli nous ont donné une description si remarquable. Nous n'avons pas réussi à ( 352 ) obtenir les cristaux prisQiatiques étudiés par Miller et qui pourtant semblent s'être formés de la même manière. Cristaux obtenus par dissolution dans Cacîde chlorhy- drique. 3. La meilleure méthode pour obtenir des cristaux lim- pides et de grandeur suffisante, est incontestablement celle dont Schabus s'est servi : le clilorure de plomb est assez facilement soluble dans l'acide chiorhydrique concentré et cristallise de la solution en cristaux incolores et trans- parents; cependant ces cristaux n'atteignent d'ordinaire une grandeur suffisante pour l'élude de leurs propriétés optiques que si l'opération est entourée de certaines pré- cautions. L'inconvénient qu'il faut éviter, si l'on a besoin de grands cristaux, consiste en ce que, au fur et à mesure que l'acide chiorhydrique s'évapore, il se forme à la surface de la solution une pellicule brillante, composée de très petits cristaux qui, aussitôt arrivés à un poids suffisant, tombent au fond du vase, ne donnant ainsi que des cristaux impropres à l'élude, qui grandissent ultérieurement, il est vrai, mais qui n'atteignent jamais la grandeur voulue, même après un temps relativement long. Il s'ensuit que la cristallisation se fait principalement à la surface de la solution, point où elle est sursaturée par suite de l'évapo- ration des milieux dissolvants, c'est-à-dire de l'eau et du chlorure d'hydrogène, ce qui est nne condition nécessaire pour la cristallisation. Utilisant ce phénomène, nous avons construit, à l'aide de tubes et de petites sphères de verre, creuses et très légères, un flotteur qui, en surnageant sur la solution, sert de support aux cristaux qui s'y attachent et leur permet de se développer sans que leur poids les entraîne au fond du vase; les cristaux qui se fixent au flotteur, à la surface même du liquide, sont ceux qui se ( 353 ) développent le mieux. Par ce moyen très simple, nous sommes arrivé à obtenir, au bout de six semaines, des cristaux de 1 centimètre de long et de 7 millimètres de large; malheureusement, ces grands cristaux, qui ont pro- bablement subi une croissance trop rapide, renferment de fines inclusions d'air et de liquide et manquent de transpa- rence. Les cristaux qui se sont formés plus lentement sont plus limpides et plus petits, ne dépassant pas en longueur et en largeur 3 à 4 millimètres; mais ils se prêtent admi- rablement aux études dont il s'agit à cause de leur homo- généité et de la netteté de leurs faces. Les cristaux que Schabus a obtenus par cette méthode montraient des irrégularités et présentaient très souvent des surfaces courbes; des faces qui devaient être parallèles s'écartaient du parallélisme de 6 à 6 minutes; les faces p et g étaient courbes. C'est pourquoi nous avons cru néces- saire de procéder d'abord à l'étude géométrique de nos cristaux, autant pour atteindre toute l'exactitude possible quant au rapport paramétrique et aux angles des faces, que pour nous rendre compte des formes développées et de leur identification avec celles signalées par Schabus et Miller. Il résulte de nos recherches que ces cristaux appartien- nent au système rhoînbique, que leur rapport paramétrique est a:b:c = 0.501 35 : 1 : 0.84230 (*) (*) Nous avons adopté ici la position donnée aux cristaux par Schrauf, d'après laquelle les faces j 001 { et jOIOj de Schabus échangent leur rôle; mais, d'accord avec Miller, Groth et Goldschmidl, nous avons choisi comme pyramide primitive, la pyramide qui a pour Schrauf le signe ) 2 12 ( et pour Schabus j 22 1 {• . ( ZU ) el qu'ils présentent les formes : 6 = jOlOj, c=|00l},s = jlH},p = jl2I[, r = j021f, 7 = j012f,m = j011{. Les angles suivants ont servi au calcul du rapport para- métrique : (121): (121)== 98° 50' 12" (12t):(i21) = i34<'24'20". Les cristaux sont aplatis suivant }010{, ou bien, mais moins fréquemment, allongés suivant l'arête s : /?. La figure 1 montre un cristal de la première catégorie avec toutes les formes observées, dans leur étendue moyenne. Mais il faut dire que les cristaux ne présentent presque jamais le développement si régulier de la figure : parfois quatre faces d'une pyramide, le plus souvent de la pyra- mide 1121}, disposées de manière à former un sphé- noïde, l'emportent sur toutes les autres formes, et les cristaux offrent alorsl'aspectde cristaux hémiédriques; par- fois aussi deux faces parallèles de JI2I[, (ï^l) et (12T) par exemple, forment avec |010j un prisme à quatre pans, tronqué obliquement par les deux faces de jiSl j, (121) et(Ï2i), de sorte que, les angles (121) : (010) et (121) : (12Ï) étantà peu près identiques,— 49°15' et 45"56' — les cristaux provoquent l'idée de la combinaison d'un prisme monoclinique avec la base. Outre ces déformations, pour ainsi dire régulières, qui tendent à simuler l'hémié- drie sphénoïdale du système rhombique, il y a encore un grand nombre de déformations irrégulières, produites sans doute par le transport inégal de molécules vers le cristal. Cependant, par une cristallisation qui n'avait duré qu'une huitaine de jours, nous avons obtenu de petits ( 355 ) cristaux assez réguliers, mesurant à peu près 0""°,5 et montrant, à l'égard des prismes de profil, une hémiraor- phie prononcée suivant l'axe vertical c (fig. 2); nous n'avons pas réussi à vérifier cet hémiraorphisme, ni par les figures de corrosion, ni en essayant, d'après la méthode de Kundt, d'établir la différence des électricités produites par la chaleur aux deux extrémités de l'axe vertical. Comme, de plus, les cristaux que nous avons obtenus plus tard et qui étaient presque toujours très déformés, ainsi que nous venons de le dire, ne montraient plus aucune tendance à cet hémimorphisrae, nous sommes porléà l'attribuer au fait que les cristaux fixés au (lolteur par une extrémité de l'axe c, n'ont pu, faute de substance, se développer à cette extrémité avec la même vitesse qu'à l'extrémité opposée, où les prismes de profil onl été remplacés par les faces des pyramides. Mades. — Les cristaux sont très souvent maclés; le plan de macle et d'assemblage est parallèle à (021). La figure 5 représente une macle de deux cristaux de la figure 1, où les deux individus ont le même développe- ment; en général, les deux individus sont de grandeur différente et très fortement déformés (fig. 6). Souvent aussi on observe des macles allongées suivant l'arête (021) : (121); ces macles montrent presque toujours une grande régularité à l'égard des deux individus et de l'étendue de leurs faces (fig. 7). La figure 8 représente un cristal formé par trois individus maclés respectivement suivant (021) et (021). D'après la loi indiquée plus haut, les faces (121) du cris- tal II et (12l) du cristal I de la figure 7, de même que les faces (121) du cristal III et (12Î) du cristal II de la figure 8, doivent se disposer dans le même plan, ce qui est si com- ( 356 ) plètement réalisé, que les reflets des deux faces respec- tives apparaissent à la lunette comme un seul reflet d'une netteté parfaite. Les valeurs des principaux angles que nous avons mesurés sur les cristaux simples et maclés sont indiquées dans le tableau suivant: VALEUR MESURÉE. VALEUR CALCULÉE. (1^21) :(I2'1) {Hi):{ï^2\) (001) : (011) (010): (02 i) (001) : (012) (121):(r21) (1H) : (010) (lll):(ni) (1H):(T11) (111): (021) (111) : (111) (001): (001) 98» 30' 1 2" d34'>24'20" 40" 6' 45" 50" 41' 50" 22" 52' 81" 14' 66" 41' 30" 125° 58' 104" 15' 50" 54" 52' 50" H" 52' 30" 61° 21' 45" 40" 6' 27" 30" 41' 38'' 22" 50' 19" 81° 14' 2" 66° 41 ' 57" 123" 58' 4" 104° 15' 12" 54° 35' 0" M" 51' 54" 61" 25' 16" ( 357 ) Caractères optiques. — Pour les recherches optiques, but principal de ce travail, nous nous sommes d'abord procuré des plaques parallèles aux trois plans (001), (010) et (100); aucune de ces plaques ne reste obscure en lumière polarisée parallèle, ce qui prouve que l'on ne peut pas rapporter ces cristaux au système quadratique, comme on serait porté à le faire d'après le peu de différence qui existe entre les paramètres des faces de )121( interceptés sur les axes a et b. Les extinctions bien nettes que ces plaques donnent parallèlement aux axes de symétrie qu'elles renferment, démontrent, au contraire, que les cristaux appartiennent au système rhombique. Cela posé, il s'agissait de déterminer les indices de réfraction principaux n^, w„., w^; à cet effet, nous avons pu nous servir de prismes fournis par la nature elle-même, avantage très important, si l'on considère qu'il eût été extrêmement difficile de tailler et de polir des prismes orientés, étant donné le peu de dureté et les dimensions restreintes des cristaux. a) Les faces (010) et (021) forment un prisme | d, permettant de déterminer l'indice de réfraction du rayon qui exécute ses vibrations || à l'axe à (angle réfractoire = 30° 41'). b) Les faces (121) et (121) forment un prisme de 45° 56', permettant, au minimum de déviation, de déter- miner l'indice de réfraction du rayon qui vibre parallèle- ment à l'axe c. c) Les faces (121) et (Ï2l) forment un prisme de 8r 30' (*), permettant, au minimum de la déviation, de (*) Comme cet angle réfracteur est trop grand pour permettre de déterminer dans l'air l'indice de réfraction de cristaux aussi réfrin- ( 358 ) délerminer l'indice du rayon qui exécute ses vibrations parallèlement à l'axe b. a) Deux prismes ont donné : n = 2.25981, n = 2.25950, d'où la moyenne : n = 2.259C5. b) Trois prismes ont donné : n = 2.21728, n = 2.21722, n = 2.21720, doù : w = 2.21723. c) Deux prismes nous ont donné : w = 2.1 9953 et» = 2.1 99 15, d'où la moyenne : n = 2.19924. Il en résulte : « Il ^ P 11 ê, r 11 a, Wp = 2.19924, n„. = 2.21723, ??, = 2.23905, plan des axes optiques parallèle à (001). gcnts, nous nous sommes servi de la mclhodc ingénieuse qui a clé imaginée par M. W. Ramsay, à l'instigalion du savant prof. Brôgger (P. Groth, Zcitschrift fur Krystallographie, XII, p. 209). Cependant nous avons modifié légèrement le mode d'observation et déduit des formules plus générales que celles de M. Ramsay, ce qui a l'avantage d'éliminer les erreurs ducs à une orientation inexacte du prisme creux; nous décrirons ultérieurement nos expériences avec détail. ( 359 ) D' après la formule : /* i C03V„ = V 1 a V , = = 33° 56'J, ce qui prouve que y est la bissectrice aiguë ou que les cristaux sont optiquement positifs. Ces données ont été vériOées à l'aide d'une plaque tail- lée à peu près parallèlement à (100); nous avons mesuré pour la lumière du sodium, dans l'iodure de méthylène {CHol2,«j = 1.7399): n„ = w 6', d'où, suivant la formule : n sin Va = sin U^, on a : V„ = 33» 6'. La différence relativement légère qui existe entre cette valeur et celle déduite des indices de réfraction, s'explique facilement par les petites erreurs dont les indices sont encore affectés, malgré leur grande approximation, et par des erreurs commises dans la mesure de Ha, par suite de légères imperfections dans l'orientation des deux faces de la plaque. Pour la lumière du lithium, nous avons encore pu s « 5^ II il 11 11 li ii 11 II ,__i il „ o S-1 .^ G^ ^q ^4 i«>. .^. O o -T" ^i« <^x ■^- o r}\ o O o o ^M O o o -r- «-- -?>« o 1 1 o -o o O ** 55- ;:: 11 li il II II 11 ' ' ' 1 1 ■■ i p~~l c: _ o ly< .^ G^ ^_ ^^ ._ ^. o ^ o ^mm ^m ©^ «-« o =3 II 11 Il II II II Il II (S s 1 — 1 f~"l O ^^ ^^ GM *-. <* G^ o -* o ;*"•, ^m ^^ ^^ «-^ ^r^ "^^ ^i> o o_ o_ ZL «1 o_ o o_ £J_ G-l r 1 r— 1 ■< o o ^, ,^, o O ^_ .-, .^, __ < a o (M ^^ G-1 o •^ ^-> o o — — IF" G^ -^ O S^ o 1— -1 ^ i__i e -o ce ^ s *> u es II 1! II 11 II II il ^ r" n (' ' T 1 * — o o „_ ,_, O O o _ ,^, _ o ©« ^ «M «?' ^M o o — -p- ^F- "!" » O o Tl T-l ' — ' ' ' ' ' ' — ' 3"* SÉRIE, TOME XXX. 23 ( 566 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 1â octobre 1895. M. L. Vanderkindere, directeur. M. le chevalier Edm. Margh al, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alex. Henné, vice -directeur; Alph. Wauters, P. Willems, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, T.-J. Lamy, G. Tiberghien, F. Vander Haeghen, Ad. Prins, J. Vuyisleke, E. Banning, A. Giron, le baron J. de Cheslrel de Haneffe, God. Kurlh, Mesdach de ter Kiele, H. Denis, membres; J.-C. Vollgraff, associé; le che- valier Ed. Descamps, J. Monchamp, P. Thomas et V. Brants, correspondants. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur et de l'instruction publique transmet une amplialion d'un arrêté royal en date du 18 août dernier, aux termes duquel le Gouvernement est autorisé à accepter, pour l'Académie, le reliquat de la souscription de Laveleye, destiné, selon les intentions du comité, à la fondation d'un prix de 2,400 francs à décerner tous les six ans et qui aura pour objet l'économie ( Ô67 ) politique el la science sociale, y compris la morale et le droit nalurel. Le même Ministre envoie, pour la bibliothèque de l'Aca- démie, un exemplaire des ouvrages suivants : 1° Africa, drama in 5 bedrijven, overgedicht door J. Van Droogenbropck; par le chevalier Ed. Descamps; 2° De rjilde der Anticerpsche sclioolmees(ers van bij haar oîilstaan lot aan hare afscliajfing ; par Edw. Poffé; 5" Contes de mon village; par Louis Delatlre; A° Fédération archéologique de Belgique : Annales du neuvième Congrès, tenu à Moîis; 5" Bevôlkerungswissenschafitiche Studien ans Belgien; |)ar J.-E. Horn; 6" Woordenboek der Nederlandsche laal, deel II, 7, deel V, 8; 7° Verslag van een onderzoek in Engeland naar Archi- vaiia; par H. Brugmans. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : 1" A. Conseil supérieur du travail: Rapport sur l'or- ganisation de la statistique du travail en Suisse et en Angleterre; B. L'étendue et les conditions de généralisation de l'assurance ouvrière, /" tiote; C. Proudhon el les prin- cipes de la banque d'échange; par H. Denis; 2° Vesalius in Spanje; par D. SIeeckx (avec une note par M. P. Fredericq, qui figure ci-après); 5° M. Tullii Ciceronis pro A Licinio Archia poêla oralio ad judices, 2^ édition; par P. Thomas; 4° A. Observations sur le discours prononcé par M. Vanderkindere dans la séance publique du 7 mai 1895 ; B. Rapport sur les travaux de la Coînmission royale d'Ais- toire, i894; C. Les rues, les places publiques, les boule- ( 368 ) vards, etc., de Bruxelles de jadis et d'aujourd'hui [onze articles extraits de /'Éloile belge) ; par Âlph. Waulers; 5° Notice biographique sur Thierry Marlens, le premier imprimeur belge; par Paul Bergmans; 6" Manuel d'antiquités romaines, mis en rapport avec les cours de latin des établissements d'enseignement moyen; par L. Delvaux ; 7° Estudios numismaticos, Aciamaciones de los monar' cas calôlicos en el nuevo mundo; par Al. Rosa; 8" Deux monnaies frappées à Luxembourg par les archi- ducs Albert et Isabelle; par le vicomte B. de Jonghe; 9' I). Jnnii Juvenalis saturarum libri V. Mit erklà- renden Anmerkunyen ; par L. Friediaender, associé à Stras- bourg, tomes r el II; 10° Bibliothèque de l'Université de Gand. Jurisprudence. Tables du catalogue méthodique. — Remerciements. -- M. A. Wageiier envoie, pour V Annuaire, sa notice nécrologique sur J. Gantrelle, membre de la Classe. — Remerciements. Prix Joseph Gantrelle fondé pour la philologie classique. (Troisième période : 18S.%-1896.) Préparer une édition critique des « Vies des douze Césars », par Suétone. Élude sur l'art oratoire, la langue et le style d'Hypéride. (Quatrième période: 1897-1898.) Ëtude sur l'organisation de Tindustrie privée et des travaux publics dans la Grèce ancienne, au point de vue juridique, économique el social. ( 369 ) Un prix de trois mille francs esl attribué à la sohjtion de chacune de ces questions. Ne seront admis à concourir que des auteurs belges ; les membres et les correspondants de l'Académie sont exclus du concours. Le délai pour la remise des manuscrits en réponse à la troisième période expirera le 31 décembre 1896; et pour les manuscrits en réponse à la quatrième période, le 31 décembre 1898. Les mémoires envoyés devront être rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils devront être adressés, francs de port, à M. le Secré- taire perpétuel, au Palais des Académies, à Bruxelles. L'Académie exige la plus grande exactitude dans les cita- lions; elle demande, à cet ellet, que les auteurs indiquent les éditions et les pages des livres qu'ils citent. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; ils y inscriront seulement une devise, qu'ils reproduiront sur un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse- Faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. Les ouvrages remis après le terme prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre copie, à leurs frais, en s'adressant, à cet efl'et, au Secrétaire perpétuel. ( 370 ) NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. Au nom de noire confrère M. SIeeckx, j'ai l'honneur d'offrir à la Classe des lellres son roman historique inti- tulé : Vesalius in Spanje (André Vésale en Espagne) (1). C'est, à proprement parler, un tableau consciencieux et pittoresque de l'Espagne durant la seconde moitié du XVI" siècle. L'auteur a, pendant des années, étudié soi- gneusement les idées et les hommes du règne de Phi- lippe ïl,- il a scruté leurs mœurs dans la riche littérature dramatique de l'époque (2); il a compulsé les historiens et les chroniqueurs. Il en est sorti une œuvre complexe, à la fois roman et récit historique, écrite dans cette langue élégante, sobre et châtiée qui distingue tout ce qui est sorti de sa plume féconde. Le Nestor des lettres flamandes, qui avait réuni en dix-sept volumes ses œuvres complètes, il y a déjà sept ans (3), n'a pas cessé d'écrire depuis. Son Vesalius, dont il a caressé le sujet pendant longtemps et écrit toutes les pages con amore, est une œuvre digne de sa verte vieil- lesse; il a, du reste, été accueilli avec faveur par la presse littéraire, en Hollande aussi bien que dans la Belgique flamande. Paul Frederigq. (1) Uilijave van hel Taalverbond, n» 12, 296 p. iii-8°. Gand, J. Vuylsteke, 189S. (2) A cette étude du théâtre espagnol, nous devons les monogra- phies suivantes de l'auteur ; Cervantes als looneeldichter (1889) et Guillen de Castro en « Las Mocedades del Cid » (1892). • (5) Gand, Ad. Hoste (1877-1888). (371 ) RAPPORTS. I) est donné lecture des rapports suivants : 1° De iMM. Willems et Vollgraff sur une notice de M. Paul Thomas, portant pour titre: Interprétation nou- velle d'un vers de Térence [Eunuque, 591). — Impression au Bulletin. 2° De MM. Willems, Vollgraff et Thomas sur une note de iM. Maxime Le Gat : Sur l'imparfait de l'indicatif des verbes latins. — Dépôt aux archives. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Interprétation nouvelled'un vers de Térence{Eu7iuque, 591); par Paul Thomas, correspondant de l'Académie. On connaît ce passage du récit de Chaeréa (Térence, VEunuque, acte III, scène 5) : ... Dum adparatur, virgo in conclavi sedet Suspectans tabulam quandam pictara : ibi ineral pictura haec, [lovem S8b Quo pacto Danaae misisse aiunt quondam in gremium imbrem [aureum. Egomet quoque id spectare coepi; et quia consimilem luserat tara olim ille ludum, inpendio raagis animus gaudebat raihi : « Deum sese in hominem convertisse atque in aliénas tcgulas » Venisse clanculum per inpluvium fucum factum mulieri! 590 i> At quem deum! qui templa caeli summa sonilu concutit. -j- » Ego homuncio hoc non facerem? Ego illud vero ila feci ac [iubens. » Dum haec mecum reputo, arcessitur lavatum interea virgo; Etc. ( 372 ) Le texte du vers 591, tel qu'il est donné par les manu- scrits, présente une double difficulté : 1" Il renferme une faute de métrique : la syllabe finale du sixième pied est brève {ità), et il faudrait une longue. 2° Que signifie au juste illud feci? Cet illud feci est embarrassant (1). Tous les commenta- teurs entendent par là le viol de Pamphila, ce qui est abso- lument impossible, comme nous allons le démontrer. D'abord, déterminons exactement la situation. Chaeréa raconte à son ami Antiphon qu'il s'est introduit chez Thaïs sous un déguisement d'eunuque afin de se trouver avec Pamphila, qu'il aime et qui ne le connaît pas. Thaïs sort; on prépare un bain pour Pamphila; Chaeréa, resté auprès d'elle, regarde le tableau représentant Jupiter et Danaé, qui lui inspire les réflexions que l'on sait. Jus- qu'à cet endroit de son récit, il n'a pas été et il ne pouvait pas être question du viol de Pamphila. Ce viol n'a pas été prémédité (2); Chaeréa a saisi une occasion inespérée qui s'offrait à lui (3), et celle occasion, il n'en parle qu'aux vers 601 et suivants. Antiphon soupçonne bien alors le dénouement de l'aventure, mais il ne fait que le soup- çonner (v. 604 : quid tum?). Ainsi, ni hoc facerem ni illud [{) Nous n'avons pas cru devoir citer et discuter les différents changements qu'on a proposés. En essayant de justifier notre manière de voir, nous avons implicitement réfuté les conjectures de nos prédécesseurs. (2) V. 875-574 : AN. Quid ex ea re tandem ut caperes commodi? — CH. Rogas? vidèrent, audirem, essem una quacum cupicbam, Antipho, Cf. v. 565-369, 372-573. (3) V. 604-605 : Occasionem... tant insperatam. ( 373 ) feci ne peuvent faire allusion au viol. Indépendamment de la suite du récit, plusieurs arguments le prouvent : i° Illud feci, dans le sens qu'on lui attribue, enlèverait tout intérêt au reste de la narration; Térence avait trop de talent et de goût pour commettre une faute aussi gros- sière. Haupt l'avait parfaitement compris (1) : « Feci lepidissimam narralionem misère turbat ac pervertit », et M. Fabia, dans sa récente édition de ^Eunuque (2), n'a point réussi à le réfuter. 2° Il n'y a pas moyen de concilier illud feci, s'il désigne un événement ultérieur, le viol de Pamphila, avec ce qui suit (v. 592 : Dum /mec mecum reputo). Aux vers 588-S91, Chaeréa ne fait évidemment que reproduire les réflexions qui lui ont été suggérées par la vue du tableau. 5° Facerem est le subjonctif de la délibération rétrospec- tive (Riemann, Syntaxe, § 167, b) : « Et moi, chétif mortel, je n'en aurais pas fait autant? je ne devais pas en faire autant? » C'est un contre-sens de traduire, comme s'il y avait faciam : « Et moi, chétif mortel, je n'en ferais pas autant? » Ici, nous rencontrons une objection de Haupt (/. cit.) : « Quod addit (Bentleius) facerem praeterita respicere neque in consultando et secum reputando locum habere, nimirum non nunc ille secum reputat, sed quae reputaveril narrât. » Sans doute, Chaeréa rapporte ce qu'il a pensé, mais il le rapporte, sous forme de discours direct (3), tel qu'il l'a pensé au moment même. Conclusion : hoc facerem et illud feci désignent une action (1) Opusc, t. III, p. S21. (2) Paris, 1895. (5) M. Fabia (sur le v. 587) remarque avec raison que la propo- sition Deum sese, elc, est une proposition infinitive exclamative. ( 374 ) antérieure au moment où Chaeréa s'est livré aux réflexions qu'il rapporte. Or, à ce moment-là, il n'avait fait qu'une chose : il s'élait introduit sous un déguisement chez sa maîtresse. Hoc et illud désignent donc une seule et même action. En vain on nous objecterait que la différence des pronoms {hoc et illud) semble indiquer qu'il s'agit de deux actions différentes. Ille s'emploie parfois pour désigner avec plus d'emphase une personne ou un objet désigné pré- cédemment par hic. V. par ex.. Ter., Andr., v. 74, 80: haec ... îllani; v. 129, 133 : haec soror ... lum illa; v. 286, 287 ; huiiis ... illi; Eun , v. 749 : hanc ... pro illa; Phorm., V. 89, 91 : hic ... illi; v. 623, 627 : hanc ... illam ; Hecyr., v. 646, 647 : hoc factum ... illud factura; v. 790, 792 : haec ... nias; Ad., v. 47, 50 : hune maiorem ... ille; Cic, in Verr., IV, 57, 80 : Quid aut lu his respondcre honeste potes, aut ILLI facere nisi ut te ac fideni luant inplorent? {his et illi désignent tous deux les mêmes personnes.) Mais, dira-l-on, si hoc et illud représentent simplement le fait de pénétrer sous un déguisement chez sa maîtresse, comment Chaeréa peut-il se comparer à Jupiter chez Danaé? Car entin le dieu a poussé les choses jusqu'au bout, tandis que Chaeréa, au moment où il regarde le tableau, en est encore aux préliminaires. Il convient d'ad- mirer ici l'art et la finesse de Térence. Il devait excuser autant que possible la conduite de Chaeréa, le personnage sympathique de la pièce. Le viol de Pamphila n'était pas le but du travestissement de Chaeréa; celui-ci s'est lancé dans l'aventure sans trop savoir ce qui en résulterait; tempérament fougueux, tout de premier mouvement, il n'a songé qu'à une chose : se trouver avec celle qu'il aime. S'introduire accoutré comme un eunuque dans la maison d'une courtisane, lui, un citoyen, un jeune homme de ( 375 ) bonne famille, c'était déjà un acte fort blâmable; Chaeréa est heureux de pouvoir s'autoriser en cela de l'exemple de Jupiter : ... quia coiisiniilem luserat lam olim ille ludiim, inpendiu magis aniinus gaudebat mihi. Remarquez les mots quia con^iniilem luserat — ludum : jusqu'ici il n'y a d'autre analogie enire la situation de Chaeréa et celle de Jupiter que le déguisement ou la méta- morphose, et l'entrée subreplice dans la maison de la femme aimée. C'est cette analogie qui frappe Chaeréa; c'est le rôle comique de coureur de gouttière auquel s'est abaissé le souverain des dieux qui l'affermit dans son des- sein et le justifie à ses propres yeux d'avoir pris le costume d'un vil eunuque pour pénétrer chez Thaïs. Deum sese in Iiominem convertisse atque in aliénas tegulas Venisse clanculum per inpluvium,.. Il ajoute, il est vrai : fucum factum mulieri. Mais ce n'est point là le trait saillant du passage, comme le prouve le vers suivant : At quem deura! etc., qui fait ressortir le contraste entre la majesté de Jupiter et le moyen qu'il a employé pour arriver jusqu'auprès de Danaé. La vue du tableau prépare assurément la résolution de séduire Pamphila, mais elle ne la prépare qu'indirecte- ment : elle sert avant tout à faire taire les scrupules qui pouvaient rester à Chaeréa au sujet de sa conduite anté- rieure. On voit donc que hoc facerem et illud feci ne se rapportent nullement à l'idée contenue dans fucum factum mulieri, mais à l'idée de la fourberie, de la métamorphose humiliante à laquelle Chaeréa s'est soumis comme Jupiter. ( 376 ) Le sens général du vers 591 étant ainsi fixé, nous avons maintenant à corriger le texte, qui pèche contre la métrique et qui d'ailleurs n'est pas entièrement satisfai- sant pour le fond de la pensée. En effet, la réponse natu- relle à la question : « Et moi, chétif mortel, je ne devais pas en faire autant? » c'est : « Mais oui, je devais le faire, comme je l'ai fait », et non : « Mais oui, je l'ai fait. » Nous écrirons donc, restituant à la fois le mètre et le sens : Ego homuncio hoc non facerem ? ego illud vero, ita feci, [ae lubens. La tournure elliptique ego illud vero {= « mais oui, je devais le faire ») n'a pas été comprise, ce qui a entraîné et la suppression de ut et les contre-sens signalés plus haut. La faute est très ancienne, car déjà saint Augustin (l) et Ennodius (2) semblent s'être mépris sur la véritable portée du passage. (1) Confess., I, 16: ... nisi Terentius induceret nequam adolesccn- tem, proponentem sibi lovem ad exemplum stupri... Et vide qucmad- modum se concitat ad libidinem, qiiasi caelesti magisterio. (2) Epist., I, 'i : « Ego homuncio hoc non facerem », quem vos contra ingenii vires ad scient iam diligendam verborum stimtdis fodilis. ( 377 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS Séance du 10 octobre 1895. M. F.-A. Gevaert, directeur, président de l'Académie. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Th. Radoux, vice - directeur ; Éd. Fétis, Ad. Samuel, G. Guffens, Jos. Jaquet, J. Deman- nez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, Th. Vinçotte, Joseph Slallaert, J. Robie, A. Hennebicq, Éd. Van Even, Ch. Tardieu, Alf. Cluysenaar, membres; Alb. De Vriendt, correspondant. CORRESPONDANCE. La Classe prend notification officielle de la perte qu'elle a faite en la personne de l'un de ses membres titulaires de la section d'architecture, Alphonse Balai, décédé à Ixelles, le 19 septembre dernier. Des remerciements sont adressés à M. Gevaert pour le discours qu'il a prononcé comme directeur de la Classe. Ce discours paraîtra au Bulletin. — M. le Ministre de l'Agriculture fait connaître que le jury chargé d'examiner les poèmes destinés au grand con- ( 378 3 cours de composition musicale, a altribué le prix pour le meilleur poème flamand, à l'œuvre inlilulée : Ahasvérus, d'Alexis Callanl, de Gand, et le prix pour le meilleur poème français, à l'œuvre inlilulée : Callirhoé^ de Lucien Solvay, de Bruxelles. Le même Ministre transmet une copie du procès-verbal des opérations du jury du grand concours de composition musicale. Le premier prix a été décerné, à l'unanimité, à M. Martin Lnnssens, de Molenbeek-Saint-Jean. Un premier second prix a été décerné, à l'unanimité, à M. Nicolas- Adolphe-Gustave Daneau, de Binche, et un deuxième second prix a été accordé à M. Marie-Alphonse-lNicolas- Joseph Jongen, de Liège. — Hommages d'ouvrages : Louvain dans le passé et dans le présent; par Edward Van Even (présenté par M. le Secrétaire perpétuel avec une note qui figure ci-après). La sculpture et les chefs-d'œuvre de l'orfèvrerie belges; par le chevalier Edm. Marchai. Un musicien flamand, Jean de Ockeghem, d'après un ouvrage récent, par le comte de Marsy (présenté par M. H. Hymans avec une note qui figure ci-après). A. Die bildende Kiinste, 4. Auflage; B. Rubens-Beitràge : der Allar des « Christ à la Croix » in Antwerpen; par Herman Riegel. Pope 's « Universal prager b set to indian raga-mala; par le Raja sir Sourindro Mohun Tagore, associé, à Calcutta. Une loterie de tableaux et d'objets d'art à Malines, en 4559; par Henry Cordemans. — Remerciements. ( 579) CONCOURS D'ART APPLIQUÉ POUR 1895. M. le Secrétaire perpétuel donne connaissance des résultats suivants : SCULPTURE. Sujet proposé : Une figure représentant la Justice, modelée en demi-grandeur naturelle. Huit figures ont été reçues. Elles portent respectivement les devises ou signes suivants : 1. Pro justitia; — 2. The- mis; — 5. Z (la lettre z); — 4-. Justice; — S. La Jus- tice pèse et décide; — 6. Thecel ; — 7. Dat het recht geschiede; — 8. (Une balance), GRAVURE. Sujet proposé : Le portrait en buste, gravé en taille douce, d'un Belge contemporain ayant notoriété reconnue dans le domaine politique, administratif, scientifique, littéraire ou artistique. Deux portraits ont été reçus. Le premier porte pour devise : Pour Vart; le second : Bon vouloir. La Classe se prononcera dans la prochaine séance sur les conclusions des rapports des sections qui ont jugé ces concours. ( 380 ) Discours prononcé aux funérailles d'Alphonse Balat, mem- bre de la Classe des beaux-arts; par F.-A. Gevaert, directeur de la Classe et président de l'Académie. Par une de ces fatalités sans exemple dans les annales de notre Compagnie, la Classe des beaux-arts de l'Aca- démie royale de Belgique voit disparaître aujourd'hui la dernière des quatre personnalités distinguées dont se composait, il y a une année à peine, sa Section d'archi- tecture. La série funèbre s'ouvre par Henri Beyaert, l'artiste vaillant et robuste, qui sut donner une nouvelle jeunesse au style de la Renaissance flamande. Vient ensuite Joseph Schadde, dont le nom restera attaché à la belle reconstruction de la Bourse d'Anvers. Puis Adolphe Pauli, l'érudit professeur d'architecture à l'Université de Gand. Sa ville natale lui doit maint édilice remarquable. Enfin, la fatale liste se clôt par le grand artiste auquel nous apportons aujourd'hui ce suprême hommage, Alphonse Balat, l'un des hommes que l'Académie est le plus fière d'avoir possédés dans son sein. Tous les quatre étaient contemporains et appartenaient à la génération qui a vu 1850. Tous étaient encore enfants lorsque nos anciennes provinces, réunies de fait par la domination étrangère, s'unirent résolument pour fonder une monarchie indépendante et libre. La période des études et des débuts fut pour Balat ce (381 ) qu'elle est encore aujourd'hui pour la plupart des jeunes artistes. Après avoir appris les principes de son art à l'Académie d'Anvers, il voulut donner à son éducation technique le complément indispensable : un voyage à l'étranger, un séjour en Italie, la seule des deux grandes terres monumentales qui fût accessible alors aux artistes. Plein des souvenirs antiques, il retourna dans sa ville natale, à Namur. Il s'agissait maintenant pour lui de fran- chir ce pas terrible de la carrière de l'artiste, de l'archi- tecte surtout : rentrée dans la vie professionnelle. La notoriété ne se fit pas trop attendre pour Balat. L'œuvre qui commença sa réputation fut la reconstruction du superbe château de Presles, près de Châlelet. Bientôt le nom du jeune architecte pénétra jusqu'à Bruxelles. Balat vint y fixer sa résidence définitive dès 1846. Ici également il eut d'abord à conquérir sa place an soleil par des besognes modestes. Quelques cotislructions d'archi- tecture décorative fixèrent bientôt sur lui l'attention du public. Une des dates décisives de cette vie d'artiste est 1852, l'année où Balat devint l'architecte de l'héritier de la Cou- ronne. Api'ès l'avènement de son auguste Mécène au trône, les travaux marquants de l'artiste se succédèrent rapidement. Ce fut d'abord, au Palais de Bruxelles, un ensemble con- sidérable d'agrandissements, de transformations et d'em- bellissements, complété par une merveille de goiJt qui fonda la renommée de Balat, même auprès de ceux qui ne virent jamais son chef-d'œuvre. Je veux parler du célèbre escalier. Ce fut plus tard, à la résidence royale de Laeken, le 3"" SÉRIE, TOME XXX. 26 ( 382 ) jardin d'hiver, avec la grande rolonde et son dôme, d'un effet si prestigieux. Nous passons sur une foule d'autres travaux, moins connus, moins importants, pour arrivera la grande œuvre architecturale qui mil le sceau à la réputation de noire éminent confrère : le Palais des Beaux-Arls de la rue de la Régence. Malgré les conditions défavorables imposées par l'em- placement et par les exigences du programme, cet édiflce révèle les qualités typiques du talent de Balat : la simpli- cité des lignes, l'ordonnance parfaite, et une délicatesse de détail qui se concilie avec la maîtrise de la conception d'ensemble. En ce jour où les règlements de l'Académie m'imposent un devoir cher et douloureux, combien je regrette d'être dénué de toute compétence pour juger un art que je dois me borner à admirer ! Il est évident qu'un maître de la taille de Baiat ne pourrait être dignement loué que par un confrère, dans l'acception étroite du mol, par un émule de haute intelligence et de grand cœur. Je ne ferai donc qu'exprimer l'opinion unanime des artistes et des critiques, en disant que Balat était avant tout un classique, un adeple de l'art gréco-romain, un disciple des maîtres de la Renaissance italienne. II ne rêvait pas de constructions colossales, sinon grandioses, rappelant des civilisations étrangères à nos mœurs, à notre manière de sentir, à nos traditions sociales et litté- raires. Il ne visait pas à éblouir ses contemporains par des tours de force techniques qui ne peuvent prévaloir contre les lois immuables de l'art de la construction. Il savait que le premier devoir d'un monument est de durer. Il ( 383 ) prit pour modèle cet art incomparable où la suprême élé- gance et la raison s'unissent dans une souveraine harmo- nie. Mais il n'y avait en lui rien du sectaire ; jamais il ne préconisa l'imitation, le pastiche. A cet égard, il me suffira de reproduire ici textuelle- ment l'opinion formulée de son vivant par un de ses con- frères professionnels. Dans une lecture académique, mon regretté concitoyen Pauli écrit: « Balat réclame haule- » ment la liberté absolue dans l'exécution, et prêche » d'exemple. C'est à lui que nous devons, pour une bonne » part, le retour de l'application de la peinture et de la T> sculpture aux monuments. Par son art élevé, par la i> salutaire influence qu'il a exercée, par l'activité artis- » tique du pays, Alphonse Balat est une des personna- » lilés les plus éminentes de l'École belge. » Cet éloge, si caractéristique dans la bouche d'un cama- rade, nous démontre à quel haut degré Balat possédait le prestige du talent et du caractère qui se résume dans ce mot magique : « l'autorité d. Honoré de la conûance et de l'affection d'un Souverain qui est un appréciateur délicat de l'Art, dans toutes ses manifestations visibles, Balat était reconnu par l'unanimité des architectes du pays, comme le chef indiscutable de leur corporation. Entré à l'Académie royale de Belgique en 1853, il fut promu en 1862 au grade de membre effectif. Quatre fois il fut élu directeur de la Classe des beaux-arts. Il prenait une part active aux délibérations de la Commission per- manente du Prix de Rome, institution qu'il défendait vigoureusement contre les attaques des novateurs. Depuis des années, sa réputation avait franchi les fron- tières de noire pays; l'Institut de France l'admit au nom- bre de ses correspondants, en 1891. ( 384 ) M'esl-il permis de parler un moment des qualités de l'homme? Noire éminent confrère n'était pas de ceux qui estiment qu'un artiste sérieux ait pour devoir strict de rester tendu, et quelque peu solennel, jusque dans l'inti- mité. Possédant à un degré peu commun les dons de la gaîté, de l'enjouemenl, et aimant la plaisanterie, personne ne sut mieux se faire pardonner son esprit par un fonds de sincère bonhomie. Une maladie impitoyable, sans espoir, qui remontait à plus de vingt ans, n'a jamais réussi à éteindre sa belle humeur. Nous tous, pour qui Balat était un ami, nous n'avons cessé d'admirer la sérénité inaltérable de ce malheureux infirme de 77 ans, et l'héroïsme souriant avec lequel il acceptait sa cruelle situation. Il n'aimait pas à parier de ses maux, et, sans les dissimuler, il mettait une certaine coquetterie à ne pas attirer sur eux l'attention. Bien que, dans ces dernières années, son état valétudi- naire ne lui permît plus de suivre les séances de l'Académie aussi assidûment qu'il l'eût désiré, nous le sentions présent parmi nous, nous étions préoccupés de mériter les suffrages du cher absent. Sa mort fut pour lui une délivrance; elle sera un deuil véritable pour la grande famille artistique. Le nom de Balat perpétuera dans notre pays le souvenir d'une existence d'artiste admirablement remplie; il rap- pellera à ceux qui ont connu l'homme, une personnalité hautement sympathique, dont la disparition laisse en mon cœur des regrets sincères, profonds et durables. ( 385 ) notes bibliographiques. Messieurs, Notre estimé confrère Edward Van Even m'a demandé de bien vouloir offrir à l'Académie le superbe livre qu'il vient de publier sous le litre de: « Louvain dans le passé et dans le présent. Formation de la ville. Événements mémo- rables. Territoire. Topographie. Institutions. Monuments. Œuvres d'art. » Louvain, Auguste Fonteyn, imprimeur- éditeur, 1895. Volume grand in-folio comprenant xvi et 624 pages et de nombreuses planches et figures. Louvain, comme nombre de localités du pays, a compté d'illustres historiens, mais, hélas! il faut bien le dire, ceux-ci ont, généralement, gardé le silence sur les monu- ments, sur les œuvres d'art tout autant que sur les origines et le développement des institutions munici- pales. Combler ces lacunes a été le rêve constant, la passion dominante de notre estimé confrère, dont on connaît le profond amour pour sa ville natale. Déjà, en 1860, il publiait son Louvain monumental, qui fui immé- diatement classé au premier rang des monographies de villes. Aujourd'hui, c'est encore la vieille capitale du duché de Brabanl qui est l'objectif de l'ouvrage que je vous pré- sente. Celte fois, c'est non seulemenl le Louvain du passé, c'esl-à-dire l'œuvre historique et archéologique de 1860 entièrement remaniée et complétée, mais aussi le Louvain moderne, le Louvain qui respire et qui marche, qui tra- vaille, qui produit, qui enseigne et qui intéresse, comme ( 386 ) le dit si piltoresquement notre confrère dans sa dédicace au Magistrat de la ville. Le Louvain dans le passé et dans le présent, auquel il a consacré plus d'un demi- siècle de travail et de recherches dans les riches archives confiées à ses soins, sera accueilli, nous n'en doutons pas, non seulement comme une œuvre de haute érudition, mais aussi comme une œuvre marquée du plus sincère patrio- tisme. Dans son livre actuel, ce sont surtout les trésors d'art ancien que l'auteur s'est appliqué à mettre en relief; c'est la vraie richesse de Louvain et, avec son incompa- rable hôtel de ville, un de ses titres les plus beaux à la renommée. Si je ne craignais de froisser la modestie bien connue de M. Van Even, je dirais que le savant archiviste de Lou- vain est de ceux qui, par leurs travaux d'histoire et d'archéologie, honorent le mandat qui leur a été confié par leurs municipalités, et honorent aussi l'Académie. Le chevalier Edm. Marchal. Un musicien //amanrf: Jean de Ockeghem, d'après un ouvrage récent, par le comte de Marsy. Termonde, 1893, 60 pages in-8°. Bien que n'étant, comme son titre l'annonce, qu'un résumé du livre d'un de nos lauréats, M. Michel Brenet, sur le célèbre musicien flamand Jean Ockeghem (1), — de (1) Ce travail a paru d'abord dans les Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de V Ile-de-France. ( 387 ) Ockeghem, d'après sa signature constante, — l'opuscule de M. de Marsy abonde en informations et en notes faites pour donner à sa substantielle analyse la valeur d'une monographie. Qu'il reste beaucoup à chercher et à décou- vrir louchant la vie et l'œuvre du maître placé par les rois de France Charles VII et Louis XI au premier rang de ceux de son art; que le séjour d'Ockeghem en Italie demeure entouré de mystère; que sa mission en Espagne, entreprise pour le compte du roi, en 1470, soit chose encore inexpliquée, il n'en est pas moins vrai que dès à présent la carrière du fameux compositeur se dessine avec une netteté suffisante pour donner une base d'opération solide aux recherches des savants qui entreprendront de marcher sur les traces de Fétis, de Brenet et du savant commentateur dont j'ai l'honneur d'offrir le travail à TAcadémie. M. de Marsy a eu la bonne inspiration de joindre à sa notice, avec l'éloge d'Ockeghem par Érasme, la très curieuse Déploration sur le trépas du musicien, œuvre de son confrère Guillaume Crétin. Pour l'histoire de la musique au moyen âge, ce poème de plus de quatre cents vers est d'un intérêt comparable à celui de la fameuse Cou- ronne margaritique, de Jean Le Maire, pour l'histoire de la peinture et de l'orfèvrerie à la même époque. Henri Hymans. ( 388 ) CLA8SE DES BEAUX-ARTS. Séance du 51 octobre 1895. M. Gevaert, directeur, président de l'Académie. M. le chevalier Edm. Marghal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Th. Radoux, vice-directeur; Ad. Samuel, G. Guffens, Jos. Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, Henri Hymans, Th. Vinçotle, Joseph Slallaert, Alex. Markelbach, Max. Rooses, J. Robie, G. Huberti, A. Hennebicq, Éd. Van Even, Ch. Tardieu, Alfr. Cluysenaar, F. Laureys, membres; Alb. De Vriendl, correspondant. CORRESPONDANCE. M. le comte P. de Borchgrave d'Altena, secrétaire du Roi, exprime les regrets de Leurs Majestés de ne pouvoir assistera la séance publique. — MM. les Ministres de l'Agriculture, de la Guerre, des Finances, de l'intérieur et de l'Instruction publique et l'Académie royale de médecine remercient pour les invita- tions à la même solennité. — M. le Ministre de l'Agriculture et de l'Industrie transmet une copie du procès-verbal des opérations du jury qui a jugé le grand concours de peinture de cette année. Le premier prix a été décerné à Jean Delville, de Lou- vain, élève de l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles. Un second prix en partage a été accordé à MM. Jules ( 589 ) Van Biesbroeck, de Porlici, élève de l'Académie royale des beaux-arls de Gand, el Emile Vloors, de Borgerhout, élève de l'Académie royale (Inslitul supérieur) des beaux- arts d'Anvers. — Hommages d'ouvrages : 1° Notice sur la vie et les ouvrages de M. Henri Chapu ; par le comie Henri Delaborde, associé de la Classe; 2° VArt appliqué à la rue et aux objets d'utilité publique; par Eug. Broerman. — Remerciements. CONCOURS ANNUEL. La Classe procède au jugement du concours d'art appli- qué pour 1895. Elle adopte : V La proposition de la Section de sculpture de décerner le prix de 800 francs à l'auteur du sujet portant pour devise : Pro Justitia, auteur qui, d'après le billet cacheté, est M. Joseph Geleyn, de Schaerbeek. Une mention hono- rable est accordée à l'auteur du sujet portant pour devise : La Justice pèse et décide ; 2° La résolution suivante de la Section de gravure : La Section estime qu'il n'y a pas lieu de décerner le prix pro- posé de 800 francs pour un portrait en buste, gravé en taille douce, mais seulement de partager entre les deux concurrents une mention honorable et d'accorder à chacun une prime de 500 francs. PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE. Conformément à l'article 15 du règlement de la Classe, M. Gevaert, directeur, donne lecture de son discours des- tiné à la séance publique. ( 390 ) CL4SSE DES BEAVX-\RT8. Séance publique du dimanche 3 novembre 1895. M. F.-A. Gevaert, directeur et président de rAcadémie. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Prennent également place au bureau : MM. Van der Mensbrugghe, directeur de la Classe des sciences, et Th. Radoux, vice-direcleur de la Classe des beaux-arts. Sont présents : MM. Ad. Samuel, G. Guffens, Joseph Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Grool, Henri Hymans, Alex. Markelbach, G. Huberti, Éd. Van Even, Ch. Tardieu et Alf. Cluysenaar, membres. Assistent à la séance : Classe des sciences. — MM. G. Dewalque, C. Malaise, F. Folie, A. Briart, F. Plateau, Fr. Crépin, J. De Tilly, J. Delbœuf, P. De Heen, F. Terby, J. Deruyts, Léon Fre- dericq, membres\ A. Renard, correspondant. Classe des lettres. — MM. Alph. Wauters, P. VVillems, S. Borraans, Ch. Piot, Ch. Polvin, T.-J. Lamy, Ém. Ban- ning, A. Giron, membres; Alph. Rivier, associé. La séance est ouverte à 1 heure et demie. (391 ) La Musique, l'art du XIX^ siècle; discours par M. F.-A. Gevaert, directeur de la Classe et président de l'Académie. Bien que cette formule superlative ait été mise en circu- lation par d'éminents esprits de notre temps, elle pour- rait sembler déplacée dans la bouche d'un musicien si elle n'exprimait un fait visible à tous les yeux. Personne ne niera que parmi tous les arts, la musique ne soit celui qui tient la plus large place dans la vie contemporaine. Objet de distraction et complément indispensable de toute fêle pour les masses, source de jouissances intelli- gentes pour une élite de plus en plus nombreuse, la musique est passionnément aimée de nos populations. Partout oîi elle se produit, au concert, au théâtre, dans la rue, les foules affluent. Et certainement cette séance aca- démique n'attirerait pas un auditoire aussi considérable si elle ne se clôturait par une audition musicale. Sur la scène moderne, le drame musical exerce une prédominance marquée, et tend à reléguer peu à peu dans l'ombre la tragédie et le drame parlé. Des formes théâ- trales mixtes admettant l'élément musical, la pantomime, le drame déclamé avec un accompagnement instrumental, retrouvent aujourd'hui une nouvelle faveur. Les générations actuelles ne se contentent pas de jouir passivement de la musique; du haut en bas de l'échelle sociale l'art des sons est cultivé avec ardeur. Sur le terrain ( 592 ) de l'exécution, maint amateur rivalise de talent avec les professionnels les plus habiles. Dans les classes aisées, la pratique d'un instrument ou du chant est considérée comme un élément essentiel de l'éducation, il est peu de maisons bourgeoises ou aristocratiques où l'on n'entende résonner le piano, l'organe universel de l'art du XIX* siè- cle. Dans les milieux populaires, à la ville comme à la campagne, l'on s'exerce à la musique d'ensemble; des chœurs d'hommes et des bandes de cuivres se rencontrent jusque dans les hameaux les plus reculés. Par une conséquence naturelle de cet état de choses, les connaissances musicales, naguère en possession des seuls artistes, sont entrées dans le domaine commun. Les écoles de musique, généralement gratuites, qui couvrent notre pays ont mis l'enseignement théorique et technique à la portée de tous. Aussi devient-il assez rare, à notre époque, de rencontrer des personnes étrangères à toute culture musicale, et l'avouant volontiers. Cet étonnant mouvement d'expansion, parti de l'Alle- magne, a gagné de proche en proche toutes les nations de l'Europe, et s'est communiqué bientôt aux pays d'outre- mer colonisés par les races européennes. De nos jours, il se fait même sentir en partie chez les vieux peuples civilisés de l'extrême Orient, bien qu'ils aient une musique entièrement différente de la nôtre. La notation musicale dont nous nous servons depuis le moyen âge s'est intro- duite chez eux avec les merveilles de la science et de l'industrie occidentales : elle s'enseigne aujourd'hui dans les écoles de musique fondées, à l'imitation de nos conser- vatoires, au Japon comme dans l'Inde. Plus heureuse qu'aucun des systèmes alphabétiques imaginés pour la transmission du langage parlé, l'écriture des sons créée ( 593 ) par le moine génial Gui d'Arezzo, paraît être destinée à se généraliser sur toute la surface du globe ouverte à la civilisation. TI. L'amour passionné des multitudes pour le chant ou la mélodie instrumentale n'est pas un phénomène nouveau dans l'histoire du monde. C'est que la musique n'est pas seulement un art, une création esthétique, mais en même temps l'exercice d'une faculté primordiale, la manifes- tation d'un besoin inné de l'être humain. Pour communi- quer aux autres ses notions, ses idées, ses volontés, l'homme possède le langage articulé. Pour se traduire à lui-même ses impressions, ses sentiments, il a recours au langage modulé. Sous toutes les latitudes, à toutes les époques, et en toute situation sociale, paix ou guerre, prospérité ou misère, la mélodie, par ses inflexions, a su exprimer la joie de vivre, l'espérance, la terreur de l'invi- sible, de l'inconnaissable. Des races parvenues à un haut degré de culture intellectuelle, les Hébreux, les Arabes anté-islamiques, ont pu se passer totalement des arts plastiques. Nulle part, à ma connaissance, on n'a rencontré jusqu'à ce jour une tribu sauvage qui ne possédât au moins quelques mélopées rudimentaires, quelques rythmes de danse. De tous nos arts occidentaux, la musique est le seul qui se rattache, sans solution de continuité, au monde gréco- romain; le seul qui, dans les siècles du plus grand abaisse- ment intellectuel, n'ait pas subi un arrêt total. C'est à une époque de barbarie absolue pour les pays d'Occident, de 600 à 750, que le recueil des mélodies de l'Église latine, ( 394 ) la première assise de l'art européen, a reçu son complet achèvement. Quant à l'importance de la musique dans la vie sociale, elle n'était certes pas moindre chez les Hellènes de la période classique et chez les Romains de l'époque impé- riale qu'elle ne le fut dans la société chrétienne depuis le moyen âge. Au temps de l'indépendance grecque, Sparte, Argos, Athènes faisaient de la musique une institution de l'État, et la base de l'éducation morale. Pendant la der- nière période de la Rome païenne, les représentations théâtrales mêlées de musique, les concerts de chanteurs et d'instrumentistes formaient la distraction quotidienne de la population des villes, jusque dans les provinces les plus reculées de l'immense Empire. Ce fut la reproduction anticipée de ce qui devait se passer dans nos contrées aux temps modernes. Mais ce qui est sans analogue connu dans le passé, c'est l'orientation particulière que le goût musical a prise au cours de notre XIX* siècle. Les préférences marquées du dilettantisme actuel vont de plus en plus aux formes d'art qui sembleraient tout d'abord exiger une sérieuse initiation technique. Il ne s'agit plus, comme dans l'antiquité, de can- lilènes presque entièrement dépourvues de vêlement harmo- nique, ou, comme naguère chez nous, de compositions vocales ou instrumentales propres surtout à mettre en lu- mière le talent des virtuoses, chanteurs ou instrumentistes. L'auditeur de nos concerts et de nos spectacles se montre aujourd'hui capable de goûter les productions musicales les plus complexes; il suit sans fatigue apparente les combinaisons les plus recherchées de la polyphonie euro- péenne, le jeu savant, capricieux, des timbres; le chroma- tisme le plus hardi ne l'effraye plus. N'avons-nous pas pu ( 395 ) voir récemment, et à plusieurs reprises, un public nom- breux rester arsorbé, captivé et immobile pendant deux heures et demie, sans une minute de repos, à l'audition musicale d'un drame wagnérien dépouillé de tout le pres- tige de la représentation théâtrale? En même temps que le goût des masses s'est porté avec une passion croissante vers les jouissances les plus raffi- nées de la chromatique moderne, d'autre part, le senti- ment des multitudes s'est ouvert à une compréhension plus large des chel's-d'œuvre de la période classique. Même l'art austère des contrepointisles commence à lui devenir accessible. Des maîtres dont le nom à peine était connu des musiciens de la génération passée, figurent maintenant avec succès au programme des concerts. On peut dire sans exagération qu'à cette heure le public se montre apte à se laisser impressionner par toutes les manifestations géniales de l'art des sons; une composition religieuse de Bach ou le Messie de Haendel excite les mêmes transports d'enthou- siasme que la IX^ symphonie de Beethoven ou le Rhein- gold de Richard Wagner. Les faits que nous venons de constater paraissent si incompréhensibles à la saine raison, que beaucoup de personnes en contestent la valeur, en nient la réalité. Pour ces sceptiques, l'enthousiasme du public moderne est simulé; en applaudissant avec frénésie des œuvres musicales inintelligibles à son esprit, l'auditeur se ment à lui-même, uniquement afin d'avoir l'air d'êlre, comme on dit aujourd'hui, « dans le mouvement ». C'est là une explication superficielle, inadmissible en présence de la généralité du phénomène. La vraie solution du problème nous est donnée par la psychologie des foules, sur laquelle les récents travaux d'un éminent philosophe ( 396 ) français, M. Gustave Lebon, ont jeté une vive lumière, assez inquiétante à certains égards (1). Nous savons aujourd'hui qu' — Applaudissements. M. Errera répond qu'il est profondément touché de la manifestation spontanée de sympathie et d'affection dont il est l'objet; il ajoute qu'il en remercie de tout cœur la Classe et qu'il en conservera le plus profond souvenir. — M. le Directeur exprime ensuite les remerciements de M. Mourlon, pour les sentiments de condoléance qui lui ont été adressés au nom de la Classe. ( 443 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de rinlérieur et de l'Instruclion publique envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire de l'ouvrage suivant : Poissons et crustacés des eaux douces et saumâtres de la Belgique et poissons étrangers y intro- duits. — M. le Ministre de Tlfiduslrie el du Travail fait par- venir un exemplaire des Arrêtés royaux réglant l'exécution de la loi sur les poids et mesures, avec atlas. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : 1° Observations comparées de déclinomètres à moments magnétiques différents; par Ch. Lagrange. 2" A. Les chaleurs et la sécheresse de septembre 4895; B. Trois communications faites au Congrès de la science de l'atmosphère : sur les caries synoptiques du temps; sur la nature du vent; sur la force du vent en Belgique ; par Alb. l.ancasler. 5" Extension de l'Université libre de Bruxelles, i895- 1896. Cours de géologie (les grandes époques de l'histoire de la terre); par L. Dollo. — Remerciements. — L'Académie royale de médecine de Belgique envoie le programme de ses concours pour les années 1894-1899. ÉLECTIONS. La Classe arrête définitivement la liste des candidatures pour les places vacantes. { 444 ) RAPPORTS. 11 est donné lecture : i° Des avis de MM. P. De Heen et Ch. Lagrange sur un 3* mémoire de M. P. Duhem, professeur à la faculté des sciences de Bordeaux (Sur l'hystérésis et les modifica- tions permanentes). — Impression dans le Recueil in-4°; 2" Des avis de MM. Delbœuf et De Heen sur une Ques- tion de chromatique ; par G. De Lescluze. — Dépôt de cette note aux archives; 5" De l'avis de M. De Heen sur une Note relative à la composition de la matière aux environs du point critique; par le D"" F.-V. Dwclshauvcrs-Dcry. — Impression au Bulletin. Explorations scientifiques des cavernes de la vallée de la Mehaigne; par J. Fraiponl el F. Tihon. Hnppot't de Bl. f . JOeivnlqite, pretniet' con»ii»i»»ai»'e . « Sous le même litre, les auteurs ont soumis au juge- ment de l'Académie, il y a six ans, la première partie de leur travail; elle a été accueillie favorablement el insérée dans le tome XLHI de ses Mémoires in-8°. Aujourd hui, ayant terminé l'exploration de toutes les cavernes el abris de la région, ils nous apportent la fin de leur travail. La première partie, de beaucoup la plus longue, com- prend la description de quinze grottes, d'importance fort inégale, avec l'énuméralion de tout ce qui a été recueilli dans chacune d'elles. C'est un sujet qui ne se prête pas à un résumé. Je passe à la seconde partie, consacrée à ( 445 ) l'exposé des résultats généraux 'auxquels les auteurs sont arrivés. Au point de vue géologique, l'assise la plus ancienne de notre quaternaire, Moséen de la légende de notre carte géologique, correspondant à l'âge de Rhinocéros Mercki et d'Elephas antiquus, n'a rien fourni dans notre pays, où vraisemblablement l'homme n'était pas encore arrivé. Puis vient la période interglaciaire, âge d'Etephas pri- migenius et de Rhinocéros tichorhinus, qui a vu l'arrivée de l'homme dans nos régions. L'âge du Renne daterait de la fin de cette époque, lorsque la faune boréale fut refoulée chez nous par la seconde extension glaciaire, et elle s'est continuée à l'époque suivante, correspondant â la seconde période fluvio-lacustre qui a donné lieu au limon hesbayen. Cette faune aurait délinitivement émigré vers le nord à l'aurore des temps actuels. Nos cavernes n'ont commeocé à être habitées que vers le milieu de l'âge du Mammouth. Les auteurs admettent, avec la plupart des géologues, qu'elles ont été produites, après le creusement des vallées, par l'inliltralion des eaux météoriques et remplies par le haut. Ils ont observé ce mode de remplissage dans une trentaine de grottes, con- trairement à l'opinion adoptée jadis par M. Éd. Dupont. L'argile rouge ou jaune que l'on trouve d'ordinaire sur le plancher, est habituellement le résultat de la disso- lution du calcaire, mais on en trouve aussi, notamment dans les fissures, qui doit être une argile de transport. La grotte du Bois du Curé, à Moha, est à citer comme un bel exemple de l'introduction des dépôts meubles dans une grotte, La hauteur des cavernes au-dessus du fond de leur vallée ne peut servir à déterminer l'âge des dépôts qu'elles contiennent. ( 440 ) Au poinl (Je vue paléonlologique, il faut remarquer que toutes ces grottes ont été habitées et que les ossements qu'elles recèlent sont des restes des repas de leurs habitants. Ils ne paraissent pas sulTisants pour établir d'une façon rigoureuse le degré d'abondance des diverses espèces rencontrées par les auteurs. Notons seulement l'abondance des chevaux, du grand bœuÇ (Dos primige- nius) et du grand cerf d'Irlande. Les restes d'oiseaux sont extrêmement rares, et l'on n'a recueilli ni ossements de poisson, ni mollusque. Les auteurs n'ont rencontré dans aucune grotte un niveau correspondant nettement à l'âge du Renne. A l'époque néolithique, le cheval était encore relativement commun. Pour ce qui concerne l'ethnographie, il est permis de croire que la population était assez dense, car pres- que toute grotte ou tout abri sous roche renfermait des restes de l'industrie humaine en même temps que des ossements. Les niveaux les plus anciens nous montrent l'industrie chelléenne en décadence, associée à l'industrie mousliérienne; dans d'autres, cette dernière prédomine ou existe seule, mais on n'a pas rencontré des ossements de l'homme de cette époque. H n'en est pas de même pour l'époque néolithique, dont les auteurs ont recueilli des ossements bien conservés. Le mémoire que je viens d'analyser succinctement, constitue une importante contribution à un sujet qui, long- temps encore, comptera parmi les plus intéressants. Aussi je propose volontiers à la Classe de l'imprimer dans ses Mémoires in-S", comme la première partie, et d'adresser des remerciements aux auteurs. Il est accompagné de douze planches qui, en raison de nos faibles ressources, ne présentent pas toutes la même importance. Bien que ( 4-47 ) l'exploitalion des carrières ail déjà délruil plusieurs de ces grolles ol que d'autres soient en Irain de disparaître, j'eslime, d'acr.urd avec les auieius, (|u'on pourrait su[)pri- mer les planches qui représentent les escarpements cal- caires oià elles ont été creusées. » M. Briart, ^econd commissaire, se rallie aux conclusions de ce rapport. En conséquence, elles sont adoptées par la Classe. Les cellules de Rohon dans la moelle épinière et la moelle allongée de la truite (Trutta fario); par M. le professeur A. Van Gehuchten. Knpfjot'l de M, Ch, fan Uanthelie, pfemief cotnntisxaii'e , a Le travail présenté à la Classe par M. le professeur Van Gehuchten, est consacré à l'étude des cellules nerveuses découvertes, en 1884, par Rohon chez les embryons de truite, cellules généralement considérées comme les homo- logues de celles connues sous le nom de cellules de Reissner- Freud chez Petromijzon, des éléments rencontrés par Beard chez les embryons de Lepidosteus et de Raja, et de ceux décrits par Kupffer chez Acipenser à l'état lar- vaire. Ces cellules sont remarquables à maints égards. Elles se distinguent, en effet, par leur volume relativement consi- dérable, leur siège, les rapports qu'elles contractent avec les racines sensitives, leur durée qui semble limitée à la périoile embryonnaire. Malgré les travaux dont elles ont été l'objet de la part de Rohon, Beard, Kupffer, His, Retzius, leur histoire est loin d'être complètement élucidée, v. Kôlliker, après avoir ( 448 ) exposé ce que l'on connaît sur ces formations, ajoute qu'elles réclament impérieusement de nouvelles recher- ches (1). M. Van Gehuchten a cherché à satisfaire à ce desidera- tum, en ce qui concerne la truite. Dans la première partie de son travail, il fournit les données essentielles sur la lit- térature se rapportant aux cellules susdites. Il nous apprend que la plupart de ces données sont empruntées au livre de V. Kôlliker. Dans la seconde partie du mémoire, l'auteur nous donne la relation des observations faites par lui. Les objets sur lesquels ont porté ces observations ont été traités par la méthode de Golgi. M. Van Gehuchten précise, mieux qu'on ne l'a fait jus- qu'ici, le siège des cellules; il trouve, contrairement aux observations de Rohon, Beard et Kupffer, qu'elles ne sont pas toujours disposées en une rangée unique, puisque, dans une même coupe, c'est-à-dire à un même niveau de la moelle ou du bulbe, deux cellules peuvent se trouver placées l'une à côté de l'autre. Après avoir signalé comment se comporte, à son arrivée dans le cordon postérieur, le gros tronc qui dépend des cellules, l'auteur insiste sur la destinée ultérieure de ce dernier et des branches qui en proviennent. C'est l'exa- men des coupes longitudinales qui lui fournit les résul- tats les plus intéressants; il permet d'interpréter ce que montrent les coupes transversales. Voici les conclusions qui découlent de ce double examen : « Ces cellules ont de particulier et de caractéristique qu'elles sont pourvues d'un prolongement unique, lequel, à une distance assez (\) V. Kôlliker, Handbuch dcr Gewebelehre des ilenschen, VI Auflage, Bd. II. ^ Hàlfte, p. 173. ( 449 ) longue de la cellule d'origine, se divise en une branche grêle el délicate devenant une fibre constitutive du cordon postérieur, et une branche plus épaisse qui sort de la moelle, pénètre dans une racine postérieure, pour devenir le cylindre-axe d'une libre périphérique. La branche péri- phérique ou extra-médullaire a été vue par Freud dans la moelle du Pelromijzon, et par Rohon dans la moelle de la truite. La branche centrale ou médullaire a échappé à l'attention de tous les auteurs qui ont étudié ces cellules dorsales. » L'auteur constate en outre, contrairement aux observa- tions de Rohon, l'absence d'anastomoses entre les cellules des deux moitiés de la moelle, et la connexion de ces cel- lules avec les racines postérieures de la moitié correspon- dante de cet organe. Les cellules de Rohon sont-elles propres à l'embryon et, par suite, n'ont-elles qu'une existence temporaire? Se modifient-elles pendant le développement? L'auteur laisse ces questions ouvertes. Dans la dernière partie de son travail, il s'occupe de la signification des cellules de Rohon. Il rappelle l'existence, dans la moelle embryonnaire du poulet, des cellules dites radiculaires postérieures. Ces cellules multipolaires, con- sidérées comme motrices par tous ceux qui les ont décrites, fournissent des fibres aux racines postérieures. M. Van Gehuchten soulève la question de savoir si les fibres des racines postérieures d'origine médullaire observées chez la truite sont les homologues des fibres des racines posté- rieures d'origine médullaire décrites chez l'embryon du poulet. A l'exemple de v. Kôlliker (1), il ne le croit pas, (1) Loc. cit., p. 164. ( 450 ) el il nous fournit les arguments qui plaident en faveur de sa manière de voir. Celle comparaison étant écartée, il s'arrête à la grande ressemblance des cellules de Rohon avec les cellules des ganglions spinaux. Il rappelle l'origine eclodermique el médullaire des cellules des ganglions spinaux, en insislant spécialement sur les résultats auxquels est arrivé v. Len- hossek, et il termine en disant : « Si les laits décrits par V. Lenhossek sont exacts, nous croyons pouvoir consi- dérer les cellules de Rohon comme des cellule>< appartenant au « Ganglienslrang » primitif, cellules qui, dans la moelle d'embryons et de jeunes alevins de Iriiile, auraient con- servé leur emplacement primitif. » Cette explication aurait gagné, nous scmble-l-il, a être rapprochée de la manière dont v. Kôlliker interprèle la signilication des cellules colossales de V Amphioxus décrites [)ar Rhode el Relzius, el des cellules Reissner- Freud de Petromyzon. Après avoir comparé les grandes cellules de VAmphioxus aux crêtes neurales des vertébrés supé- rieurs (1) el avoir fail rem;)rquer plus loin que les racines sensilives chez Petromyzon établissent une transition entre la disposition propre à VAmphioxus et la disposition typique, le savant professeur de Wurzbourg ajoute : n Chez VAmphioxus, les ganglions spinaux manquent et les racines sensilives naissent de certaines cillulcs de la région dorsale de la moelle, que nous avons comparées avec les cellules formatrices embryonnaires des ganglions spinaux, c'est-à-dire avec la crête neurale. Il existe, il est vrai, des ganglions spinaux chez Pelrounjzon, el la [ilupart des hbres sensilives proviennent de ces derniers; mais (1) Loc. cit., p. 158. ( 454 ) d'autres parmi ces fibres ont conservé leur origine primi- tive tlans la moelle, c'est-à-dire dans les cellules dorso- médianes découvertes par Freud, C'est aussi l'explication donnée par ce dernier, etc. » (1). Le travail que nous venoii> d'analyser vient s'ajouter à la série déjà nombreuse di •^ recherches entreprises par M. le professeur Van Gehuchien sur la structure du sys- tème nerveux. Dans la présente communication, l'auteur redresse cer- taines erreurs commises par ses devanciers, et il arrive, d'autre |)arl, à des résultats nouveaux. Elle fournit, sans conteste, une contribution importante à Télude des cellules de Rohon chez l'embryon de truite. Kn conséquence, nous proposons à la Classe : 1" D'insérer le travail de M. le professeur Van Gehuch- ien, avec les tîgures qui l'accompagnent, dans le Bulletin de nos séances; 2° D'adresser des remerciements à l'auteur. » M. .Van Beneden, second commissaire, se rallie à ces propositions, qui sont adoptées par la Classe. Sur la détermination de l'indice de réfraction de prismes à grands angles réfracteurs ; par M. le D' Stôber. ttappot't de U. M.>-W. ttenai'd, ftt'etniet' coiMÈnissaiê'e. Les prismes naturels formés par deux faces cristallines orientées de façon que leur arête ait une direction voulue, offrent de grands avantages pour la détermination des (I) Loc. cit., p. 164. ( 452 ) indices de réfraction; mais le plus souvent l'angle dièdre de ces prismes est si grand que les rayons réfractés subissent, à la face de sortie, la réflexion totale si les mesures se font dans l'air. C'est ce que M. Brôgger a cherché à éviter en plongeant les prismes à grands angles réfracteurs dans un vase à parois planes et parallèles, rempli d'huile. De cette façon, l'écart entre l'indice de réfraction du cristal et celui du milieu environnant étant diminué, il n'y a pas de réflexion totale à la face de sortie. M. Ramsay a perfectionné la méthode de M. Biôgger en remplaçant le vase rectangulaire par un vase triangulaire prismatique (prisme creux); il a obtenu ainsi des détermi- nations d'indices dont la moyenne arithmétique s'écarte très peu des déterminations exactes faites par d'autres observateurs. Il est à remarquer cependant que les mesures de M. Ramsay, envisagées individuellement, montrent sou- vent des écarts notables avec la moyenne arithmétique, ce qui nécessite, pour arriver à un résultat satisfaisant, de nombreuses déterminations. Pour éviter cette difliculté, M. Stôber a été amené à modifier la méthode de MM. Brôgger et Ramsay : aux trois observations nécessaires dans cette méthode, il ajoute l'observation du rayon réfléchi à la face d'entrée du prisme creux. On doit donc observer le rayon direct non réfracté et non réfléchi; puis le rayon réfracté par le liquide seulement; le rayon réfracté à la fois par le liquide et par le cristal, et enfin le rayon réfléchi à l'entrée du prisme creux. Ces quatre valeurs, en combinaison avec l'angle réfracteur du prisme creux et celui du prisme cristallin, permettent, à l'aide d'une formule très simple, de déduire l'indice de réfraction du cristal. La déter- mination de n^Nfl d'un cristal artificiel de cotunnite faite ;4S3) par le procédé qu'on vienl de décrire, conduit à des résul- tais tels que les écarts entre la moyenne arithmétique et les différentes mesures sont pour ainsi dire nulles. J'ai l'honneur de proposer à la Classe d'imprimer la notice de M. Slôber, avec les deux ligures qui l'accompagnent, dans les Bulletins et d'adresser des remerciements à Tauleur. > Kafijtoft de JV. ces consitléralions préliminaires, le D' Van der Slrichl s'occupe successivement : i" De l'œuf ovjrien avant la ponle; 2° De l'apparition des pronucléus mâle et femelle après la ponle ; 3° De la conjugaison des pronucléus; 4° De la division de la première sphère embryonnaire. Je m'attacherai surtout à faire ressortir en quoi les résultats auxquels est arrivé le D' Van der Slricht dilTèrenl de ceux obtenus par le D' Sobotta. On verra de la sorte que le travail soumis à notre appréciation ne fait pas double emploi avec celui de l'embryologiste allemand. Ncus trouvons d'abord des détails très précis sur les caractères de Vœuf ovarien avant la formation du premier fuseau de direciion. Notre attention est surtout attirée sur la présence, autour de la vésicule germinalive, d'une couche dense (couche périnucléaire), de forme irrégulière, et sur la délimitation du vitellus par une vraie membrane vitclline qu'il importe de ne pas confondre avec une seconde enveloppe ovulaire plus externe et plus épaisse, la seule décrite par Sobotta. Suit la desciiption du fuseau de direciion. De même que Sobotta, Van der Slricht n'a pas rencontré, au niveau des pôles, de corpuscules centraux ; mais, sur les coupes d'un œuf dans lequel avait déjà pénétré un spermatozoïde, il a vu une radiation très manifeste autour du pôle central. A ce stade, la couche vitelline périnucléaire a disparu, ou plutôt elle s'est transformée en des amas compacts, surtout accumulés dans le voisinage du fuseau de direction. ^ 456 ) L'auleur soulève ensuite une question dont l'importance ne peut être contestée. Le fuseau décrit prélude-l-il à la formation d'un globule polaire unique, opinion déjà sou- tenue par Hatschek et à laquelle Sobolla s'est rallié, ou bien l'œuf û' Amphioxus donne-t-il naissance à deux glo- bules polaires? Van der Strichl est d'accord avec Sobotta quand ce dernier alTirme que le fdseau de direction propre à l'œuf pondu fait son apparition dans lovaire avant la mise en liberté de l'ovule; mais, contrairement à la manière de voir de Sobotta et de Hatscbek, il arrive à la conclusion qu'il y a formation de deux globules polaires. En examinant attentivement l'ovaire àWmphioxus sur le point de pondre, Van der Stricht a rencontré, sur toutes ses préparations, un certain nombre d'ovules mûrs qui, dans le voisinage du fuseau de direction, possédaient un globule polaire en tout semblable à celui qui se détache après la ponte. Ajoutons à ce propos — et ceci est égale- ment en opposition avec ce que dit Sobotta — que ce premier globule polaire, de même que le second, est entouré d'une mince membrane à double contour. Je glisse rapidement sur ce que relate l'auteur touchant certains œufs logés soit dans l'ovaire, soit dans la cavité péribranchiale, et qui tranchent sur leurs congénères par leur aspect et leur constitution. L'auleur croit pouvoir expliquer les particularités que ces œufs présentent en partie par la polyspermie, en partie peut-être par une fécondation ayant eu lieu dans l'ovaire même, peut-être enlin, dans certains cas, par une division parlhénogénétique de la vésicule germinative. Dans la partie de son mémoire consacrée à l'examen des œufs pondus, l'auteur insiste sur les modifications surve- nues dans l'aspect et la constitution du viiellus; il note. ( 457 ) sur quelques œufs, la persistance du premier globule polaire. Parlant de la formation du second globule polaire, Van der Stricht rappelle qu'une fois seulement il est parvenu à évaluer le nombre des chromosomes; sur une coupe équa- toriale du fuseau, on en comptait dix, dont plusieurs dédoublés dans le sens de la longueur. Il décrit ensuite la métaphase et le mode de genèse du pronucléus femelle. Il constate que, chez VAmphioxus, le globule polaire pré- sente tous les caractères d'une cellule complète, possédant non seulement un noyau, une partie cytoplasmique et une membrane, mais encore une portion de la figure achro- matique entraînée à l'intérieur du corpuscule en question. Il a pu s'assurer aussi, lors du détachement du second globule polaire, de la présence d'un corpuscule intermé- diaire. Il arrive à ce résultat que la figure achromatique et la figure chromatique précédant la formation du cor- puscule polaire, présentent tous les caractères d'une ligure rnitosique ordinaire. Dans la partie du travail où il est question de la forma- tion du pronucléus femelle, l'auteur attire l'attention sur le déplacement de la figure astéroïde qui, après avoir eu pour centre le pronucléus, se rencontre plus tard à côté de ce dernier et plus rapprochée du centre de l'œuf. En ce qui concerne la formation du pronucléus mâle. Van der Stricht, d'accord en cela avecSobotta, trouve que si les spermatozoïdes peuvent déjà pénétrer dans les ovules renfermés dans la cavité péribranchiale, règle générale, cette pénétration n'a lieu qu'après la ponte; mais l'auteur se sépare de Sobotta quand ce dernier soutient que seule la tète du spermatozoïde pénètre dans l'ovule; en effet, Van 3"" SÉRIE, TOME XXX. 31 ( 458 ) (Jer Slricht a constaté la présence, dans certains ovules, d'un spermatozoïde complet. Il est ainsi amené à croire que le bâtonnet irrégulier, souvent fragmenté, correspond à un gonflement irrégulier de la tête et d'une partie de la queue du germe mâle. Les transformations ultérieures du spermatozoïde inclus sont décrites avec soin. L'élude de ces transformations conduit l'auteur à celle conclusion que seule la tète de î'élémenl se transforme en le pronucléus mâle. Pour celui- ci, de même que pour le pronucléus femelle, les irradia- tions vitellines ne tardent pas à occuper une position excentrique par rapport au pronucléus, et se trouvent dirigées vers le centre du vilellus. L'élude de la conjugaison des pronucléus a fourni d'inté- ressants résultats. Van der Slricht s'est assuré, par l'exa- men de nombreuses préparations, qu'à un moment donné, chaque pronucléus est accompagné de deux sphères attrac- tives. Comment se comportent ces (igures achromatiques lors du rapprochement et de la conjugaison des noyaux mâle et femelle? Quoique l'attenlion de l'auteur ail tou- jours élê tixée sur ce point et malgré le grand nombre de préparations très nettes montrant les deux pronucléus en contact, le problème n'a pu être résolu. Un peu plus tard, apparaît une (igure de division mon- trant une sphère attractive à chacun de ses pôles. Van der Slricht n'a pu établir si, conformément à l'opinion de Fol, chacune doit son origine à la fusion d'un ovocentre avec un spermocentre; toutefois, comme il le remarque avecjustesse, la présence de deux asters mâles et de deux asters femelles à côté de chaque pronucléus avant la conju- gaison, parle fortement en faveur de la fusion susdite. ( 459 ) La dernière partie du mémoire est consacrée à l'exposé des phénomènes qui accompagnent la division de la pre- mière cellule enibrjjonnaire. Au stade diaster, l'auteur a observé, au niveau du plan équatorial des filaments réunis- sants, une formation analogue à la plaque fusoriale décrite par Carnoy chez les cellules de plusieurs arthropodaires. Il nous fait connaître ensuite le mode de division du vilel- lus, les transformations subies par les noyaux issus de la division du premier noyau embryonnaire, les modifications concomitantes de la figure achromatique et des sphères attractives. J'ai pu m'en assurer de visu, les nombreuses prépara- lions qui ont servi à la confection du travail que je viens d'analyser sont très démonstratives; le D' Van der Stricht les a exactement interprétées. Les résultats consignés dans son mémoire complètent et, sous certains rapports, recti- lient ceux auxquels est arrivé Sobotta. J'estime que le travail du D' Van der Stricht sera favora- blement accueilli par les biologistes. En conséquence, je propose à la Classe : i° D'insérer le mémoire du D' Van der Stricht, ainsi que les deux planches qui l'accompagnent et qui sont indis- pensables à l'intelligence du texte, dans le Bulletin de nos séances; 2° D'adresser des remerciements à l'auteur. » M. F. Plateau, second commissaire, se rallie volontiers, dit-il, à ces conclusions; celles-ci sont, en conséquence, adoptées par la Classe. ( 460 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. M. Cil. Lagrange soumet à la Classe des Diagrammes d'observations comparées de la déclinaison, faites en 4895, en 189â et en 1895, à l'aide de déclinomètres de moments magnétiques différents. II demande à pouvoir les joindre à son mémoire sur le même sujet, dont l'impression a été volée dans la séance du 5 janvier 1895. — Adopté. Observations à l'occasion du carbure de glucinium; par Louis Henry, membre de l'Académie. Malgré ses imperfections et ses lacunes, le « Système périodique des éléments chimiques » constitue une des conceptions les plus remarquables de la chimie générale moderne. Il restera dans l'exposé didactique de la science parce qu'il exprime, sinon toute la vérité, au moins une partie de la vérité en ce qui concerne les relations des propriétés des éléments, tant au point de vue physique qu'au point de vue chimique, avec leurs poids atomiques, c'est-à-dire entre la qualité et la quantité des unités ultimes des actions chimiques. C'est par conséquent faire chose utile de perfectionner cette doctrine et d'en écarter les difïicullés. C'est ce qui m'amène à parler d'un travail de M. P. Lebeau, paru récemment dans les Comptes rendus {*). Ce travail présente un haut intérêt au point de vue expérimental, mais les conclusions que l'auteur en tire, O Tome CXXI, p. 496, 7 octobre 1895. ( 461 ) au point de vue doctrinal, doivent être, ce me semble, absolument écartées. Il s'agit du carbure de glucinium. Avec le poids atomique 13,48 qu'on lui assignait après Berzélius, le glucinium constituait une difficulté dans le système périodique. Il devait se placer, comme élément trivalent, analogue à l'aluminium, entre le carbone 12 et l'azote 14. Or, il n'y a pas, à cet endroit de la série des corps simples, place pour un élément possédant les pro- priétés et la valence que l'on admettait exister dans le glucinium, alors que l'on assimile son oxyde à l'alumine. Toute difficulté disparaît lorsque l'on admet, à la suite de M. Debray, que le poids atomique du glucinium est 9 environ (H = 1), et que la glucine constitue un monoxyde de la formule GIO. Le glucinium, dans ces conditions, devient un élément bivalent qui trouve une place natu- relle entre le lithium 7 monovalent, et le bore 11 triva- lent. M. Mendelejeff se rangea, pour diverses raisons que je crois inutile de rappeler, à cette manière de voir qui, depuis, fut partagée par la généralité des chimistes. En 1884, MM. Nilson et Pettersson déterminèrent la densité de vapeur du chlorure de glucinium (*). De 686" à 800% elle fut trouvée d'accord avec la formule GICI2, Gl = 9,l. Dans ces derniers temps, le poids atomique et la valence généralement attribués au glucinium reçurent une confir- mation d'ordre expérimental de la plus haute valeur par la composition du dérivé glucinique de l'acétyl-acétone CH5 - CO - CH2 - CO - CH3 ("). (*) Berichte, etc., t. XVII, p. 987. (") Comptes rendus, t. CXIX, p. 1221 (24 décembre 1894). ( 462 ) D'après les conslalaiions de M. Alph. Combes, un atome I d'hydrogène du chaînon central H2C de l'acétyl- acétone est susceptible d'être remplacé par certains métaux et notamment par l'aluminium et le glucinium. Il résulte de là des composés solides, bien définis, cristallins, volatils, dont il est possible de prendre la densité de vapeur et auxquels par conséquent on peut assigner avec certitude un poids moléculaire. On voit de quelle importance peu- vent être ces combinaisons pour la fixation des poids atomiques et la détermination de la valence des éléments susceptibles de réaliser cette substitution hydrogénée. Or, tandis que le dérivé aluminique répond à la formule (C5iH702)3 AI, Al = 27, le dérivé glucinique appartient au type(CsHA)2GI, Gl =9. Il semblait donc que la localisation du glucinium dans le système général des corps simples et sa valence fussent désormais à l'abri de toute contestation et de toute diffi- culté. C'est cette situation que remet en question M. P. Lebeau, comme conclusion finale de son mémoire sur le carbure de cet élément. Il est nécessaire de s'arrêter un instant à ce composé nouveau. Le carbure de glucinium est le produit de la réduction de la glucine par le carbone dans le four électrique de M. Moissan. Ses propriétés physiques et chimiques le rapprochent du carbure d'aluminium. Il se présente en cristaux microscopiques, transparents, d'un jaune-brun, rayant facilement le quartz, d'une den- sité 1,9 à 15°. ( 463 ) Sa propriélé chimique fondamentale est l'action qu'i subit de la part de l'eau, déjà à froid. Comme le carbure d'aluminium, il fournil de la glucine et du méthane CH4. Cette réaction, très lente avec l'eau seule, même en liqueur acide, se produit rapidement et d'une manière complète en présence des liqueurs alcalines, à chaud, qu maintiennent en dissolution la glucine formée. C'est sur cette analogie de propriétés que se base M. P. Lebeau pour rapprocher, quanta la composition, le carbure de glucinium de celui d'aluminium et lui assigner la formule GI4C3. « Dans ces conditions, dit-il, le poids r> atomique du glucinium serait un nombre voisin de 14 » et la glucine deviendrait un sesquioxyde GI2O3 (*). » Quelle est la valeur de ces conclusions? Je n'hésite pa.^ à les déclarer inacceptables. Il y a au fond de ce débat une question générale a examiner, à savoir l'usage que l'on peut faire de l'ana- logie de propriétés des corps composés dans la détermina- tion des nombres proportionnels ou des poids atomiques, et par conséquent des formules représentatives des com- binaisons chimiques. L'usage qui a été fait jusqu'ici dans ce but de l'analogie de propriétés a été fort restreint. Dans les cas peu nom- breux où elle a été employée, il s'agissait même, nor: seulement d'analogie, mais d'équivalence parfaite de pro- priétés, de cette analogie étroite qui se manifeste par l'isomorpliisme vrai. Je n'en citerai qu'un seul exemple • la détermination du nombre proportionnel et du poids ato- mique de l'aluminium, et par là même de la formule de l'alumine, basée sur l'isomorphisme de ce composé avec le sesquioxyde de fer. Ces déductions ont été conlirmées plus (*) Comptes rendus, t. CXXI, p. 499. ( 464 ) tard par la densité de vapeur du chlorure d'aluminium et la chaleur spécifique du métal lui-même. Si l'on sortait de cette condition stricte qui limite sin- gulièrement l'emploi de l'analogie, on arriverait à repré- senter par des formules analogues des composés de type moléculaire essentiellement différent et à 'modifier par conséquent les poids atomiques les plus solidement établis. L'acide iodhydrique et l'hydrogène sulfuré présentent sous bien des rapports une parfaite analogie; ce sont deux gaz essentiellement réducteurs et fournissant l'un et l'autre comme produits de ces réductions, à l'état de liberté, l'élé- ment négatif q[i"i\s renferment : 2HI . . h + 0 = II2O + US S 2HI I2 4- CI..FeXI* = KeXI* + 2HCI + ^ H.S - - - s 2HI 21 + 2HN0, = N,Oi + II.O + ^ H„S " S ^"' + H«SOi = SO. + 2H,0 + ^ H,S " S. Personne jusqu'ici n'a songé et personne ne songera à modifier, dans le but de les rapprocher, les formules de ces hydrures, à en tirer des conséquences quant aux poids atomiques de l'iode et du soufre. La raison en est que l'on constate parfois des propriétés analogues dans des composés de type moléculaire divers, mais renfermant des éléments différentiels entre lesquels se fait apercevoir une certaine analogie de propriétés réac- îionnelles. ( 4t)5 ) Pour me rapprocher du cas particulier qui est on ce moment en discussion, je citerai la magnésie, la silice et l'alumine. Voilà trois oxydes entre lesquels on ne peut méconnaître une grande analogie de propriétés à bien des litres. Je ne pense pas toutefois qu'il se rencontre un seul chimiste qui ait l'intention de modifier, pour les rapprocher, les formules représentatives de ces trois composés et d'en tirer des conséquences quant aux poids atomiques du magnésium, du silicium et de l'aluminium. Je reviens au carbure du glucinium. L'analogie de ses propriétés avec celles du carbure d'alu- minium n'est pas une raison suffisante pour lui assigner la formule GI4C3 et en revenir au poids atomique ancien du glucinium 13,48. Celui-ci a été rejeté et remplacé par le chiffre générale- ment admis aujourd'hui 9,1, lequel repose sur des faits et des considérations qui restent debout. Alors que le poids atomique du glucinium est 9,05 (H = l), le carbure de glucinium doit être représenté par la formule GI2C, qui concorde d'ailleurs d'une manière satisfaisante avec les résultats des analyses faites par M. P. Lebeau, le carbone C étant représenté par 11,97 (H = l). TROUVÉ. I. Il III. IV. Glucinium . . 59,53 59,17 00,91 59,76 Carbone . . . 40,47 40,85 39,09 40,24 La formule GUC correspond à GL. .... 18,06 (iO,15 Vo C . . il,97 39,86 ( 466 ) Comment les fleurs attirent les Insectes. — Recherches expérimentales; par Félix Plateau, professeur à l'Uni- versité (le Gand, membre de l'Académie. § 1. — Introduction. Le rôle important que jouent les 'Insectes dans la fécon- dation des fleurs n'est plus discutable. Auxiliaires actifs et inconscients des végétaux, ils remplissent leur utile fonction tout en récoltant les liquides sucrés et le pollen. Mais si ce fait capital ne peut être mis en doute, certai- nes questions connexes demandent encore une solution. Ainsi, quelle est la cause principale qui dirige l'Insecte ailé vers la fleur; est-ce la couleur des corolles ou des inflorescences qui, pour {"œil humain, tranche souvent sur le vert du feuillage, est-ce la forme, est-ce l'odeur ? Je sais bien que pour la plupart des auteurs qui se sont occupés de la fécondation des organes floraux par les Insectes, Chr.-C. Sprengel, Delpino, H. Miiller, Ch, Dar- win, Lubbock, Dodel-Port, Th. Barrois, etc., la couleur constitue ici le signe attractif par excellence. Delpino appelle fonction vexillaire la fonction d'étendard avertis- seur que remplirait la corolle colorée, et Hermann Miiller a posé ce principe que, toutes choses égales d'ailleurSy une fleur est d'autant plus visitée par les Insectes qii'elle est plus voyante. ( 467 ) Cependant, plusieurs des naturalistes que je viens de citer, Delpino et H. Mùller, par exemple, ont reconnu que les émanations odorantes attiraient aussi les Insectes d'une façon incontestable, parfois même d'une manière pins elTi- cace qu'une coloration vive. Nàgeli, L. Errera et G. Gevaert font jouer un rôle important aux odeurs. Enfin, d'autres encore nient ou sont bien près de nier la fonction attractive de la couleur; tels sont: Gaston Bon- nier, pour lequel ni la coloration plus ou moins voyante, ni la présence des pétales ou des sépales colorés consti- tuant, à notre point de vue bumain, le plus bel ornement de la plante, n'influencent le choix des Insectes féconda- teurs, et mon collègue et ami J. Mac Leod,qui a cherché à démontrer par des exemples qu'on attribue aux couleurs des fleurs un rôle exagéré (I). Les expériences relatées dans cette notice, effectuées, il est vrai, sur des plantes d'une seule espèce, mais à inflorescences très éclatantes et très visitées, me semblent indiquer clairement de quel côté est la vérité. § 2. — Conditions générales des expériences. Devant un mur bien exposé, d'une vingtaine de mètres de longueur, et à deux mètres de ce mur sont dix touff'es de Dahlia simple. (1) J'ai cru inutile d'accompagner cette introduction de notes bibliographiques. L'historique complet de la fécondation des fleurs par les Insectes a été publié plusieurs fois. Pour une bibliographie détaillée, voyez l'édition anglaise de l'ou- vrage de Hermann Muller : The fertilisation of flowers by H. Mûller, translatedby D'Arcy W. Thompson, London, 1883. ( 468 ) Le mur est tapissé de Vigne-vierge et, entre le mur et les Dahlias, il y a des Lilas ou autres buissons élevés, de sorte que les inflorescences se détachent d'une façon bien nette sur un fond vert à peu près uniforme. En raison de celle disposition et de la tendance des fleurs à se diriger vers la lumière, presque tous les capi- tules de Dahlia ont la même orientation, tournant leur centre jaune vers le spectateur et leur face opposée vers le mur. Afin d'éviter des confusions, rappelons en quelques mots la constitution d'un capitule de Dahlia simple. La chose paraîtra puérile aux botanistes, mais je désire être com- pris de tout le monde (1). L'inflorescence, qui reproduit en grand ce que chacun a vu chez la pâquerette de nos pelouses, est celle d'une Composée radiée ofl^rant au centre un groupe de nombreux petits fleurons tubuleux jaunes, formant par leur réunion ce que le vulgaire appelle le cœur, et, au pourtour, un cercle de fleurons ligules, c'est- à-dire se prolongeant chacun vers l'extérieur par un large pétale coloré (tîg. i). L'ensemble, très voyant, est donc celui d'un disque dont le milieu est jaune vif et la périphérie d'une autre colora- tion, vive aussi. Sur les plantes que j'ai utilisées, les couleurs dominantes des fleurons périphériques étaient le rouge, le rose et le saumon. (Il n'y avait ni capitule à pourtour blanc, ni capi- tule uniformément jaune.) (1) Sir John Lubbock {Les Insectes cl les fleurs sauvages, traduc- tion française, p. 153, Paris, 1879) n'a pas cru s'abaisser en donnant une description élémentaire et populaire de l'inflorescence des Composées. ( 469 ) Les Insectes nombreux qui visitaient les inflorescences de Dahlia, étaient surtout des Hyménoptères [Bombus terreslris, B. horlorum, B. miiscorum, Megachile ericelo- rMm[/ascia/a]) et des Lépidoptères diurnes (FanessaMr/Jcae, V. Atalanta, Pieris rapae). On notera une fois pour toutes que les observations se taisaient dans un grand jardin entouré d'autres jardins, au voisinage immédiat de la pleine campagne; que, de plus, sur le même terrain, il y avait beaucoup de fleurs difl'érant des Dahlias et attirant les Insectes, telles que Pétunias, Giroflées, Capucines, Liserons {Ipomœa purpiirea),Zinnhs, Phlox, Tagetes, Symphoricarpus, etc., etc. De sorte que les Insectes avaient largement le choix et ne se portaient pas vers les Dahlias parce que c'était la seule espèce attrac- tive présente. § 3. — Première série. — Expériences préliminaires. On découpe dans des papiers légers, de couleurs vives, des carrés de 8 à 9 centimètres de côté, au centre de cha- cun desquels on pratique un trou circulaire du diamètre d'un cœur jaune (groupe de fleurons tubuleux) de Dahlia. Les couleurs des papiers sont le rouge vif, le violet, le blanc, le noir. A l'aide d'une épingle (1) à Insectes, de grosseur moyenne, on attache ces carrés de papier sur quatre capi- tules de Dahlia, de façon à masquer complètement les (t) Pour toutes ces expériences, celles-ci et les suivantes, les épingles à Insectes doivent être neuves. Il importe en effet de ne pas nuire aux résultats en employant un matériel imprégné des odeurs de naphtaline ou de créosote, propres aux collections entomologiques. ( 470 ) fleurons périphériques colorés el à ne laisser à découvert que le cœur jaune (fig. 2) (1). On aurait pu supposer que les Insectes se seraient por- tés exclusivenaent sur les autres capitules intacts, voisins, en grand nombre et auraient négligé complètement les inflorescences masquées. Il n'en fut rien : les animaux volaient vers les fleurons centraux jaunes sans s'inquiéter de ce que les fleurons ligules du pourtour n'étaient plus visibles. En une heure et sur ces quatre seules inflorescences, on nota les nombres de visites suivants : Carré rouge. Carré violet. Carré Liane. Carré noir. TOTAUX. Bombus . . 2 0 9 0 H Vanessa . 8 6 3 1 18 Megachile • \ 0 0 0 1(2) 30 Les Dahlias garnis du carré de papier rouge et du carré de papier blanc semblent, dans ce premier essai, avoir attiré plus vivement les Insectes que les inflorescences garnies des carrés violet et noir. Comme on va le voir plus loin, c'est un résultat illusoire dont on aurait tort de tirer argument. On découpe ensuite dans du papier vert et dans du papier blanc des disques de 2 à 2 '/a centimètres de dia- [{) Les capitules masqués sont distribués sur des plantes de Dahlia différentes. (2) Le petit nombre de visites de Megachile tient au voisinage immédiat d'un buisson de Symphoricarpus qui attirait ces Hyméno- ptères d'une façon à peu près exclusive. ( 47i ) mètre et au moyen d'une seconde épingle, on attache un de ces disques sur le centre des capitules déjà garnis d'un carré, de manière à cacher, sans l'écraser, le groupe de lleurons jaunes tubuleux (fig. 3). Les capitules ainsi habillés n'avaient, pour l'observateur, plus rien qui rappelât des fleurs; on aurait dit de petites cibles pour tirer à la carabine. Malgré cela, les Insectes les visitèrent encore; ils arri- vaient au vol, hésitaient un peu, gênés par la présence du disque central, mais trouvaient bientôt à introduire leur trompe ou à se glisser tout entiers entre ce disque et les fleurons jaunes, de façon à opérer leur récolte. En une heure, on put noter les nombres de visites ci- dessous : Carré rouge Carré violet Carré violet Carré noir et disque blanc, et disque verl. et disque blanc (1). et disque blanc. TOTAUX. Bombus. . 1 0 1 i 3 Vanessa. . 11 G 4 5 24 Megachile . 1 0 0 1 2 29 Le chifl're total des visites est resté sensiblement le même, malgré l'adjonction des disques centraux, et cepen- dant les circonstances étaient moins favorables; l'après- midi était avancée, le soleil n'éclairait plus la plate-bande et, sur tous les Dahlias intacts, les Insectes se faisaient relativement rares. J'ai aussi exécuté, avec des résultats analogues, quelques expériences dans lesquelles je garnissais le capitule de (1) On avait substitué un carré violet au carré blanc primitif pour ne pas avoir la superposition blanc sur blanc. ( 472 ) Dahlia soil simplement d'un disque central cachant les fleurons tubuleiix, soit d'une cylindre de papier blanc entourant ces fleurons (fig. 4), soit enûn d'un cylindre semblable, plus un carré noir masquant en même temps les fleurons ligules du pourtour (flg. 5). La conclusion à tirer de ces essais préparatoires est évidemment que la forme des fleurs ou des inflorescences, forme qui difl"ère cependant si profondément de celles du feuillage qu'on représente aisément ce contraste en sculp- ture, ne joue pas de rôle^ ou n*a qu'un rôle très peu impor- tant pour attirer les Insectes. § 4. — De la soi-disant distinction des couleurs par les Insectes et du sens de l'odorat chez ces animaux. Avant de passer à la description des expériences princi- pales et décisives qui coustiluent la partie la plus impor- tante de ces recherches, je dois exposer brièvement la question de la distinction des couleurs par les Insectes et rappeler en quelques mots ce que l'on sait de leur sens olfactif. Sans une connaissance suffisante de ces deux sujets, l'observateur s'expose toujours à commettre les erreurs d'interprétation dont la science ne renferme que trop d'exemples. \° Distinction des couleurs. — On oublie généralement que V impossibilité pratique ùe donner à deux éclairages de couleurs différentes la même intensité absolue, rend illu- soires toutes les expériences faites pour constater si les animaux, autres que les Vertébrés, perçoivent les couleurs. En outre, les préférences que peuvent montrer tel Insecte, telle Araignée, tel Crustacé ou tel Mollusque pour ( 473 ) une lumière ou une surface d'une couleur déterminée, portion du spectre solaire, verre coloré, solution colorée, papier coloré, etc., ne prouvent pas du tout la distinction des couleurs, étant donné qu'on sait, depuis les recherches de V. Graber (1) et d'autres, que les Invertébrés leuco- philes (2), c'est-à-dire préférant les lieux éclairés, soumis à des lumières colorées, choisissent toujours celle qui répond aux rayons les plus réfrangibles; que ceux, au contraire, ' ( 514 ) (1er erslen Aniage ohne scharfe Grenze beiderseils an die Medullarplalle anschliesst. Dieser « Ganglienslrang > nimml im Sladium der Medullarrinne gerade die vorsprin- gende Firsle der Medullarfallen in Ansprucli, vereinigt sicli bei der Meduliarabschnijrung voriibergehend mil dem der anderen Seile zu eiiiem einheillichen mediancn Slrange nnd wird als Scblusssliick in das Mednllarrobr aufgenora- niei),oder nimml auch bei mancben Tieren (wie z. B. beim Axololl) aïs selbsi'andiger « Zwiscbenslrang » cine Weile zwiscben Deckpialte der Meduliarrobres und Ekloderm eine freie Lage ein. Dieser Ziisland isl aber nicbl von Dauer, denn bald iôsen sich die Elemenle dièses Slranges nacb und nacb in lockerem Schwarm ans dem Mednllar- robr oder dem Zwiscbenslrange ab, um sicb zu beiden Seiten des Meduliarrobres zwiscben diesem und den Somiten zu nunmebr segmentai angeordnelen Zellen- gruppen, den Ganglienanlagen anzuordnen. » Si ces fails décrits par v. Lenbossek sont exacts, nous croyons pouvoir considérer les cellules de Robon comme des cellules appartenant au « Ganglienslrang » primilil', c'est-à-dire à la colonne cellulaire, d'origine médullaire, dont tous les éléments constitutifs vonl devenir plus tard (les cellules des ganglions spinaux, cellules qui, dans la moelle d'embryons el de jeunes alevins de truite, auraient conservé leur emplacement primitif dans la moelle. Ces cellules restent-elles déflnitivemenl localisées dans la moelle, comme une observation de Robon semble devoir le faire admettre, ou bien ne sont-elles que transitoires el disparaissent-elles (Beard, Kupffer), ou se modifient-elles (Kolliker) plus lard en se déplaçant jusque dans le gan- glion spinal? C'est ce que nos observations ne nous per- mettent pas d'éclaicir. ( 815 ) Appendice (1). Pendant la correction de ces pages, nous avons consulté les travaux originaux de Reissner (2) et de Freud (5), se rapportant aux cellules médiales dorsales de la moelle épinière du Pelromyzon, travaux que nous ne connaissions, lors de la rédaction de celte note, que par les citations de Kôlliker et de Ilallcr. Nous basant sur ces citations, nous croyions qu'il n'y avait aucun rapprochement à faire entre les cellules du Pctromyzon appelées par Kôlliker cellules (le Reissner-Frmd et les cellules de la truite désignées par lui sous le nom de cellules de Rolion. La lecture des tra- vaux de Freud nous a convaincu du contraire; nous croyons que les cellules dorsales de la moelle épinière de la truite correspondent aux cellules dorsales de la moelle du Petromyzoîi, et c'est pour rendre à chacun ce qui lui revient — sinim cuique — que nous résumerons en quelques mois les observations importantes faites par Freud en 1877 et 1878. Les cellules dorsales de la moelle du Petromyzon n'ont pas élé découvertes par Reissner, comme semble le croire KoIliker; la dénomination de cellules de Reissner-Freud n'est donc pas justifiée. D'après les indications bibliogra- phiques que nous trouvons dans les travaux de Freud, ;^l) Cet appendice a clé ajoute après rédaction et lecture du rapport sur le présent travail. {"1) RErss^ER, Bcilragc znr Kcnntniss vom Ban des Ruckcnmarkes von Pethomyzok fluviatilis (Akcuiv f. Anat. und Phvs., 1860, pp. 543-588.) (5) Freud, Ucbcr dcn Ursprung der hintcren Nervcnwurzcln im Rûckenmark von Ammocoetes (Petkomyzon Planei\i) (Sitzungsber. de V|EN^E, 1877, III. Ablli., pp. 15-27). — Ucber Spinnlganglien und Jiûckenmark des Petromyzon (Ibid., 1888, III. Abtli., pp. 81-167). ( 516 ) ces cellules onl été signalées par beaucoup d'auleurs sous le nom de grossen runden ou grossen bipolaren Zellen. Reissner les a simplement désignées, en 1860(1), d'après la place qu'elles occupent dans la moelle, sous le nom de millleren grossen Nervenzellen. Dès 1859 déjà, Slilling les a considérées comme représentant, dans la moelle du Pelromyzoti, les cellules de la colonne de Clarke de la moelle des mammifères; « er statuirt, dit Freud, dass Fasern der hinteren Nervenwurzein ans ilinen entsprin- gen, wenngleich es ihm, wie er ausdriicklicli sagt, nicht gelungen ist, dièses Verhàltniss wirkiich zu beobachten ». Reissner a combattu cette manière de voir. D'après lui, ces cellules sont pourvues de deux ou de trois prolonge- ments, mais, dans la généralité des cas, aucun de ces pro- longements ne se dirige vers la racine postérieure : « Nur hôcbst selten bemerkte ich, dit-il (1), in Querschnitlen einen wagerecbt nach aussen oder senkrechl nach oben gehenden Fortsatz, dessen Lange hôchstens dem grôsse- ren Durclimesser der Zelle gleichkam; in der Regel l'ehlen solche Fortsàlze. » En 1875, Langerlians, dans ses recherches sur Pelro- myzon Planeri, a reproduit une cellule dorsale pourvue d'un prolongement se dirigeant vers la racine postérieure et, dans le texte de son travail, il relève que ce prolonge- ment postérieur pénètre dans la racine postérieure. Mais celte observation incomplète était insuffisante, comme le remarque Freud, pour décider « ob die Hinterzellen in der von Slilling vermulhelen Beziehung zu den hinleren Wurzein stohen ». (1) Reissner-, loc. cit., p. 854. ( 517 ) En 1877 parurent les premières observations de Freud sur la moelle épinière û'Ammocoetes, éiablissant, d'une laçon indiscutable, qu'un des prolongements de cha- cune de ces cellules spéciales, appelées par Freud cellules dorsales (Hinlerzellen), sort de la moelle pour devenir une libre de la racine postérieure. « Das wesenllichsle der hier milgelheilten Resullate, conchit-il (i), scheint mir der wenigslens an eincm Wirbelthiere gefùhrte enl- schiedene Nacluveis des Ursprungs hinterer Wurzelfasern ans grossen Nervenzellen, die im ganzen Rùckenmark vorhanden sind, zu sein. » En 1878, Freud a complété, dans un travail très étendu, ses obscrvalions sur les cellules dorsales de la moelle du Pelromyzon. Il reconnaît s'être trompé quand il a cru avoir été le premier à décrire l'origine cellulaire de certaines libres des racines postérieures du Pelromyzon. Ce mérite revient à Kutschin qui, en 1865, a observé, sur des préparations démonstratives, l'origine de fibres radi- culaires postérieures dans des cellules dorsales. Ces cel- lules spéciales de la moelle du Pelromyzon mériteraient donc le nom de cellules de Kulschin- Freud. Freud décrit alors ces cellules dorsales comme des cellules bipolaires, identiques aux cellules bipolaires des ganglions spinaux. Comme pour ces dernières cellules, la forme des cellules dorsales de la moelle n'est pas toujours opposito-polaire, mais « die Fort^aize kônnen an den ver- schiedensten Punkten derZelleund einandersehr genâbert entspringen (2) ». il confirme ses observations anté- rieures et montre en toute évidence que, quelle que soit la situation de ces cellules dorsales, un de leurs prolonge- (1) Freud, loc. cit., p. 25. ("2) Freud, loc. cit., p. 15o. ( SIS) raenls sort toujours par la face postérieure de la moelle pour devenir une libre radiculaire périphérique. Il ajoute à celle confirmation de faits antérieurement signalés par lui, celle découverte importante que sur toute l'élendue de la racine postérieure, depuis le ganglion spinal jusqu'au groupe correspondant de cellules médullaires dorsales, on rencontre des cellules bipolaires pourvues d'un prolonge- ment interne devenant une fibre constiiulive de la moelle et d'un prolongement externe devenant libre périphérique. Le prolongement périphérique des cellules dorsales de la moelle traverse le ganglion spinal correspondant sans entrer en connexion avec ses cellules constitutives; de même, les libres des racines postérieures qui proviennent des cellules d'un ganglion spinal ne se mettent plus en connexion avec une ctllule médullaire dursale. Les cellules dorsales de la moelle, les cellules des ganglions spinaux et les cellules éparpillées sur le trajet des fibres des racines postérieures sont des éléments qui appartiennent au même type et qui remplissent les mêmes fondions; on fera donc bien a S|)inalganglien und Hinter- horn in Bezug auf ihr Veihàllniss zur hinteren Wurzel als ein Ganzes zu belrachlen (1) ». Recherchant la valeur de ces cellules dorsales dans la moelle du Petromyzon, Freud a fait, il y a près de vingt ans, le même raisonnement que nous avons déve- loppé plus haut pour les cellules de Rohon de la moelle de la iruile, sans avoir eu connaissance du mémoire de Freud. Se basant sur des observations embryologiques de Hensen et de Schenk, observations d'après lesquelles les ganglions spinaux naissent « als Verdiekungen der Rùc- kenmarksanlage und enifernen sich spàier von derselben, (1) Freud, loc. cit., p. 150. ( Si9 ) indem sicli ihr Sliel, die hinlere Wiirzel, bildel und ver- làngert (1) », Freud conclut : « Wenn die Aniage des Spinalganglions dieseibe isl wie die des Hinlerhorns, und die Spinalganglien sich durch Verlàngeruug ihres Sliels vom Rûckenmark enlfernl haben, darf es nichl Wunder nehmen, wenn bei einem Thier, dass in dieser Hinsichl einen permanenlen Embryo darsteit, sich ziirùck- gebliebene Zellen vorfinden, die den Weg bezeichnen, den die Spinalganglienzellen einsl gewandert sind (1) ». Les cellules dorsales de la moelle du Petronnjzon ou cellules de Kulschin-Freud sont donc des cellules des ganglions spinaux ayant conservé d'une façon permanente, chez le Pctromijzon, la place qu'elles n'occupent que tem- porairement, pendant les premiers jours du développe- ment embryologique, dans la moelle des vertébrés supé- rieurs. Les cellules de Rohon dans la moelle d'embryons de truite sont, d'après les observations consignées dans celle note, des productions analogues, avec cette différence que dans la moelle du Pelromyzon les cellules dorsales conser- vent la forme bipolaire primitive, tandis que chez la truite elles se sont transformées en cellules unipolaires, cellules en T de Ranvier, identiques aux cellules des ganglions spinaux des vertébrés supérieurs. Contrairement à la manière de voir de Haller, les cellules de Rohon vues par Rohon, His, Beard, Kupffer et Reizius dans la moelle épinière de Trntia, Lepidosteus, Raja et Accipenser, sont donc comparables aux cellules de Kutschin-Freud de la moelle des Cyclostomes. (i) Freud, loc. cit., p. 159. ( 520 ) Noie sur la détermination de l'indice de réfraction de prismes à grands angles réfracteurs ; par le D"" F. Slôber, répéliteur-préparateiir à l'Université de Gand. Pour la délerminalion des indices de réfraction dos cristaux, les prismes naturels, répondant aux conditions voulues, offrent des avantages inappréciables sur les prismes taillés. En effet, en se servant de prismes naturels, on est sûr d'avoir affaire à des prismes qui, au point de vue de l'orientation, sont d'une exactitude parfaite; puis on ne perd pas de matériel, souvent très précieux et irrépa- rable, et enfin, par ce procédé, il est possible de déterminer les indices de réfraction de cristaux, ou trop petits pour être taillés, ou trop mous pour être bien polis. En général, dans les systèmes cubique, hexagonal, quadratique, rbom- biquc et même dans le système monoclinique, on a son- vent des cristaux qui fournissent des prismes orientés de manière à permeiire, par la méthode du minimum de déviation, la détermination d'un ou de deux indices, mais les angles réfracteurs de ces prismes sont le plus souvent si grands que le rayon réfracté est totalement réfléciii à l'intérieur du prisme par la face de sortie. Cet incon- vénient est évité par la méthode ingénieuse qu'on doit à réminent minéralogiste de Stockholm, M. W. C. Brogger, et qu'a perfectionnée ensuite son élève, M. W. Ramsay(*). (*) W. ^AMSAY, Méthode ziir Be&timmung der Brechuixgsexponcnleii in Prismen mit yrossen brechendcn Winkrln. P. Groth, Zeitschrifl fiir Kryslallographie, XII, page 209. ( ^n ) M. Brôgger plonge le prisme dans un liquide très réfringent renfermé dans un vase rectangulaire en verre à parois planes parallèles, placé sur un support de manière que deux de ses parois soient perpendiculaires à l'axe du tube collimateur du goniomètre. Comme on le voit, cette méthode a beaucoup d'analogie avec celle dont on se sert depuis longtemps pour la détermination de l'angle des axes optiques, dans le cas où cet angle est trop grand pour que les images des axes puissent être observées dans l'air. On comprend qu'alors on peut procéder à l'obser- vation du minimum de déviation en faisant abstraction de l'existence du vase et de son liquide. Soit a l'angle du prisme, m la valeur de la déviation minima, et n' l'indice de réfraction du liquide; on trouve l'indice de réfraction du cristal n : a sin — n=n' , ou sin 6 = a n' sin - <-) Cette méthode est incontestablement très commode, mais les conditions nécessaires pour que les résultats soient exacts sont nombreuses et difficiles à remplir. Il faut d'abord que les deux plaques de verre traversées par les rayons soient parfaitement planes parallèles et qu'elles soient exactement parallèles l'une à l'autre, condition qui est des plus difficiles à réaliser ; il faut aussi qu'elles soient perpendiculaires aux rayons incidents, ou, ce qui revient au même, perpendiculaires à l'axe du tube collimateur. Enfin, comme l'indice de réfraction d'un liquide varie souvent beaucoup avec la température, il est absolument 3""* SÉRIE, TOME XXX. 55 ( 522 ) nécessaire de noter, au moment de l'observation, la tem- pérature du bain dans lequel le prisme est plongé. Quoique l'exactitude de celte méthode dépende de beau- coup de circonstances, M. Brôgger a cependant démontré, par les mesures de n^,, v,,, et n^ d'un cristal d'anglésite de Monte Poni, qu'on peut obtenir, sans aucune correction, par un nombre d'observations suffisamment grand, des valeurs en général encore exactes jusqu'à la troisième décimale, ce qui est déjà très précieux pour l'examen optique de beaucoup de cristaux. Encouragé par ces résultats et stimulé par M. lirôgger, M. Ramsay a continué l'étude de la méthode; mais, se rendant compte des inconvénients que présentait l'emploi d'un vase rectangulaire, il l'a remplacé par un prisme creux, à base triangulaire, ayant les trois angles approxi- mativement de 60°, 70" et 50°. Le prisme creux, contenant le liquide fortement réfringent, est placé de sorte que son axe soit perpendiculaire au limbe du goniomètre; on plonge dans le liquide le prisme à examiner, on le tourne de façon que son arête réfractrice et celle du prisme creux se trouvent dans la position du minimum de déviation, et qu'elles soient dirigées en sens inverse. Le limbe étant fixé au goniomètre, on prend les valeurs angulaires au vernier : 1" lorsque la lunette est dirigée sur les rayons directs, non réfractés du collimateur (C); 2" lorsqu'elle est dirigée sur les rayons réfractés par le liquide seul, se trouvant au minimum de déviation (L); 3" lorsqu'elle est dirigée sur les rayons réfractés par le liquide et le cristal, se trouvant également au minimum de déviation (S); soit alors l'angle CL==rn, l'angle SL = />; soit ensuite a l'angle réIVacieur du prisme creux, b celui du prisme à ( 525 ) examiner; soit enfin n' l'indice de réfraction du liquide el n celui du prisme du cristal; il suit : I, pour m ■+■ a V -+- • V 2 sin ou II, pour on a ou sm - 2 sm smu == m p> — sm sm - 0 sm sin v" = — M. Ramsay obtient ainsi deux formules, I et II, corres- pondant aux deux cas possibles; dans le premier cas (p <'^"), les positions S et L se trouvent du même côté de C; dans le second cas fp >— J-^), C se trouve entre S ( dU ) et L. En réalité ces deux formules sont identiques et, par conséquent, il nVsl pas nécessaire de distinguer les deux cas; en eH'et, si l'on fait dans les formules II, par exemple, v" = — v', ces formules donnent en se transformant les formules I, et il suffît d'admeiire alors que la valeur de v' peut devenir négative, ce qui, du reste, résulte de la formule sni V = elle-même, qui donne pour v' une valeur négative dans le cas où /} > '-^^-^, et une valeur positive si p < ^^^-^. Le remplacement du vase rectangulaire par un prisme creux a de sérieux avantages : d'abord il est beaucoup plus facile de construire un prisme creux à parois planes parallèles qu'un vase rectangulaire dont les parois doivent èire exactement parallèles; ensuite on obtient à la fois l'in- dice de réfraction du cristal et celui du milieu dans lequel il est plongé, condition qui exerce une grande influence sui' l'exactitude des résultats. M. Ramsay a déterminé, d'après celte méthode, les indices de réfraction de la topaze, de l'anglésite, de la blende et de l'harstigite, en se servant de prismes formés par les faces des cristaux ou obtenus par le clivage. Il a fait chaque fois dix déterminations; la moyenne arithmétique de ses résuliats est bien d'accord avec les valeurs que d'autres auteurs ont trouvées à l'aide de prismes artificiels, mais, en considérant séparément les différents résultats, on constate qu'ils s'écartent souvent beaucoup de la moyenne. Ce fait n'a pu échapper à la perspicacité de M. Ramsay; il l'explique par les considérations suivantes: que les parois du ( 525 ) prisme creux n'étaient pas tout à fait planes parallèles ; que la disposition qu'il avait prise pour maintenir le prisme cieux, ne pernieilail pas de régler, à l'aide de vis, les mouvements servant à placer l'axe du prisme perpen- diculairement au limbe du goniomètre; que tout le réglage devait être fait à la main; qu'enfin la condition dans laquelle la formule a été dérivée n'est qu'exceptionnelle- ment réalisée : elle demande que, au minimum observé pour le liquide, le plan bisecteur de l'angle réfracteur du prisme creux passe par la ligne bissectrice de l'nngle formé par les axes du tube collimateur et de la lunette. Celle dernière remarque est très juste, puisque, à la déviation minima, l'image du rayon réfracté reste sensiblement à la même place pour un petit mouvement (de 2 ou 3 minutes) du prisme. Ce fait n'a presque aucune importance pour la détermination de l'indice de réfraction du liquide, mais il a une grande influence sur la détermination de celui du cristal plongé dans le liquide et peut rendre les résultats tout à fait inexacts, ce dont nous nous sommes convaincu en mesurant l'indice n^ des cristaux de PbCIg. Nous avons cberché à éviter celle cause d'erreur essentielle du procédé de Ramsay, et aux trois observations nécessaires dans ce procédé nous en avons ajouté une quatrième, celle du rayon réfléchi par la face d'entrée du prisme creux. Par ce moyen bien simple, on peut se rendre chaque fois exacte- ment compte de la position du prisme creux, el les résultats ne dépendent plus, par conséquent, des erreurs commises par une orientation incorrecte de ce prisme. Soient L, S, C el R, respectivement les positions consé- cutives de la lunette lorsqu'elle est dirigée: 1° sur l'image des rayons réfractés par le liquide seul au minimum de déviation; 2° sur l'image des rayons réfractés par le liquide ( 526 ) et le cristal également au minimum de déviation ; 3" sur l'image des rayons non réfractés, et 4." sur l'image des rayons réfléchis par la face d'entrée du prisme creux ;soit, de plus, «1 l'angle réfracteur du liquide; a, celui du prisme à examiner; «j et n, les indices de réfraction respec- tifs du liquide et du cristal; soit l'angle CR = r, l'angle es = s; admettons, en outre, que s soit positif lorsque S se trouve avec L du même côté de la normale (N) à la face de sortie du prisme creux; que s soit négatif si S et L ne sont pas situées du même côté de celle normale. Nous avons alors, si n, < w : r CCS - V) sin • e, = a, — Wj , où a sin - cos I s 2 ^ I; au cas que n^ > w, on a a — e^ r cos - 5> sin ^ e, = «1 — u ; sin v = 2 n, n = n, sin - cos i s -«- a, -+- - 2 \ 2 sin e = Ces formules sont générales; pour en démontrer l'exac- titude, il faut distinguer différents cas. 11 résulte de la figure 1 que l'angle compris entre la ligne N, normale à la face de sortie du prisme creux, et la direction C, est de a, -h ^ — 90°; on voit, en outre, que IN se trouve du même côté de C que L, lorsque celte valeur est négative, ou a, h- ^ < 90°, et que le contraire a lieu si a, -4- ^ > 90". ( 527 ) Quant aux formules I, considérons d'abord le cas : A. 3(| -I- Y > 9^°- 'ci encore, nous avons à distin- guer : S est placé à droite (*) de C, S se trouve entre C et N ou se confond avec C ou N, ou enfin S est à gauche de N. 1. S à droite de C (s positif) (fig. \). D'après la figure, la déviation des rayons qui ont tra- versé le cristal est, dans le liquide, égale kê = e^ — e. Or on a, comme on le voit facilement, r cos - 2 6, = «j — V, OU sin V = (*) Il est bien entendu que les expressions « à droite » et « à gau- che • , dont nous nous servirons dans la suite, pour plus de simplicité, n'ont trait qu'à la position que nous avons donnée au prisme creux ; si l'arête réfringente de ce prisme était tournée en sens inverse, cos expressions devraient changer de rôles. ( 528 ) de plus : sin ff r sine = » (T = s -4- a, -4- - — 90» ; n, 2 or, comme s est positif et il suit que «, -4- ^ > 90°, sm<7 = — cos \s -4- --i)- On trouve donc, si les rayons S sont au minimum de déviation : r cos - a -*- Bi — e 2 sin e, == a, — r;smi7 = sm - — cosi « -4- ûf, -t- - 2 sine^ 2, S entre C et N ou se confondant avec C ou N (s négatif). Les formules pour n et ei restant les mêmes, il ne s'agit que de la détermination de e; on a : smc r sin e = et (t = s -t- a, -*- - — 90"; n. 2 s est une valeur négative, mais reste toujours numérique- ment comprise entre 0 et «1 H 90°; ( 529 ) d'où il suit que 90» <«,-+-- H- s - 2 et, par conséquent, / Sin (7 = — cos .s -H «, H — \ 2 On arrive donc aux formules A^. 3. S à gauche de N (s négatif). Nous avons encore : siiio- / ^ \ / '■ siiu'=— et ff = — s — (a, -H - — 90» 1 = 90° — («+''i-^â s représentant une valeur négative comprise entre — [a, -t- J— 90») et _L, -4-^^; r s •*- a, -* 2 reste toujours inférieure à 90°; d'où il suit que sincf = cos I s -t- a, H — 1; nous avons donc, comme (? = e, -h e, r cos- a -4- c, -+- « 2 sin e, = a, — t;;sinu = 2 n, sin - cos .s -t- a, H — 2 \ 2 sine= A.. n. ( 530 ) B. Si «1 -f- T < 90°, nous avons à examiner 1. S à droite de N (s positif) (fig. 2). 11 résulte de la figure que a = s -*- comme ou on a : s y — a, + - — 90» , s -+- a, -+- - > 90% sm ff = — ces l s -t- «i -+- g è étant égal à e, — e, les formules sont les mêmes que A t. (S5t ) 2. S entre N et C ou coïncidant avec N ou C (s posiiil}. Nous avons : s -(a. + 1-90") 90° — ls-t-«, -H -I; comnïe ou il suit que 0 n, on peut donc admettre, comme formules générales, celles que nous avons indiquées plus haut sous I et qui sont identiques aux formules A3. Pour «, > w, S et C sont toujours situés de côtés opposés par rapport à L; les formules correspondantes (II) se déduisent facilement de la même façon que celles de I. Si nous mettons l'angle SL = p et l'angle CL = q, nous avons s==q — p; comme cette différence change de signe en même temps que s, on peut avantageusement remplacer s par {q — p) dans la formule de sin e : co sine = ^ (7 — P + «' + 2) de même, en se servant de l'angle q, on dérive une autre formule pour e^ ; on trouve facilement : — CCS ^7 -♦- a. H- -j 810^4 = La valeur de e^ donnée par cette formule est la même que celle qui résulte de r cos - e. = a, — t? ; si n V = . pourvu qu'on se soit servi, pour le calcul de «,, de la même valeur de q qui entre dans la formule; si, au con- traire, nj est dérivé de la moyenne de plusieurs valeurs différentes de q, comme cela arrive souvent, ladite valeur ( 535 ) de e^ sera, en général, tant soit peu différente de celle donnée par r ces e, = a, — v; sinu =» Aussi la désignons-nous par e'i, et nous obtenons : Ia(«i«)( n = ni sin «1 -^ e', + e\ 2 a sin - 2 cos sin Cl = ^qr-+-a,-+--j «, — Cl- sin - COs|9-4-a,-+-- — /> Ces formules, s'appliquant à tous les cas sans exception, sont plus commodes que celles données plus haut. Si l'on suppose que le prisme creux se trouve exactement au minimum de la déviation, les formules I et I„ se transfor- ment en celles de M. Ramsay, qui, comme nous l'avons dii, ont été déduites dans celte hypothèse. De cette manière, le défaut essentiel de la méthode de M. Ramsay est éliminé ; il ne reste que quelques mots à dire sur le support du prisme creux dont nous nous sommes servi. Cet appareil très simple, qui est représenté, ainsi qu'une partie du goniomètre n° II de Fuess, par la figure 3, est fixé au montant du support du tube collima- teur par quatre petites vis de pression dont deux sont visi- bles dans la figure; le réglage du prisme creux s'opère aisément et très exactement à l'aide de deux vis T et L, dont l'usage s'explique facilement par la figure elle-même. ( 534 ) La plaque P, servant de support au prisme, tourne à frottement doux, dans un anneau, autour d'un axe verti- cal, ce qui est très commode pour donner au prisme la position de la déviation minima. Le support S du cristal, fait d'un fort fil de cuivre, porte sur la tablette de son bras ( 535 ) descendant une tige de bois ou de cuivre, longue de 12 millimètres, qu'on peut fixer sur la tablette à l'aide d'un peu de cire; cette tige est très commode pour le manie- ment préliminaire de petits cristaux et peut être enlevée si 1 on a affaire à des cristaux plus grands. Quant au prisme creux, on peut le construire soi-même en se servant de verres porte-objets; ces verres ne sont jamais, il est vrai, parfaitement plans parallèles, mais en faisant un triage, on en trouve facilement quelques-uns dont une portion du moins suffît aux conditions voulues. Le prisme qui a servi à nos essais a une hauteur de 21 millimètres, et le côté du triangle à peu près équilatéral, formant sa base, est de 25 millimètres. La figure o est à peu près à moitié de la grandeur réelle. Si l'on donne au support du cristal et au prisme des dimensions convenables, les opérations néces- saires pour le réglage du cristal et du prisme ainsi que le placement de celui-ci se font sans aucune difficulté. Après avoir mesuré l'angle réfracteur du prisme creux, on fixe l'appareil et le support S avec le cristal au gonio- mètre et on mesure l'angle réfracteur du cristal, après quoi on fait remonter, autant que possible, le cristal et son sup- port à l'aide de la petite vis qui se trouve en-dessous du goniomètre, afin de glisser le prisme rempli de liquide sur la plaque P de l'appareil. Le réglage de ce prisme ajant été opéré à l'aide des vis P et L, on fait redescendre le cristal à sa place primitive, on fixe le limbe au goniomètre, et tout est prêt pour les mesures; à cet effet, on donne au prisme creux la position de la déviation minima en tour- nant la plaque P et on fait les quatre lectures L, S, C, R, caractérisées page 525. Ces mesures peuvent être répétées autant de fois qu'on le voudra. ( 336 ) Prisme n* I ( ingle réfracteur = SI" 30' 30"). c? :2, ^- siî r" ^ os ~- SS « •= a « ss - i mesures possédait [iatement. D'après RAMSAK np. 3> 05 eo O ■>- ■r< ^- .^ "^ ^^ .^ " — 3 »^ ®i <îi ffi S^' <î^" ©4 34 S « " T5 - -g -^ ~ Il < v> ce co CO CO CO CO 0 xT 3 0, « 9t « .^^ -<3 e- r* ^ •• "■ £ - c= II o 00 oo os 00 30 os 3 42 - «*> ce co CO CO CO co ô o .^ -r< -r< -T< .^ .2 3 -0 s s cb CO CO CO co ^ tsi V.' » « « "O « 0 Il CO 00 ■* î« o co ^ co A es co «3-1 «*• -«r* r- S 5. 1 23 o 20 t- co <5^ CO b\ -J- 34 "^ 3 " 5^ ^ (U i i" *^ r- o OS sn w 00 vi S «^ ^ -* CO .- « s A î» -* S-l -* (SI 1— 0 _ p s os -r« co co 34 «0 i 00 •ô-l S-1 — CO 31 SI 9* i" ^ - 'i. 1 i co oo os 00 «SI ■* '-S tn £ -a 3 0 = s; y co co i-O co -r- sa co 50 co (jq co -- SO 0 g . - « g eu -* co 5C t- 05 (34 (?ï ce G •yi — S -r> «^ co •* so co r- Z ( ^37) l'iisme n" II (ang e réfracteur = 810 29'). ^- Ci Ci » « D'api'ès formule I ©^ o i i i ^ CO i i CO G^ G^ o o o CO CO ^ C5 Cl i î? 2? Ol Ol o Ol s4 (H i i Cl Cl ©<■ GJ CO £2 g Gi "<ô" ^r O 'îl Cl -r- I— — CO CO Gl G1 O O O CO CO 11 <à p o 1 5 o o 1 1 G-l CO O 1 ■3- js> CO ce o o 1 1 i i o o 1 1 F o p o 8 o Gl O o o o CO CO tl o S s CD CO 1- o CO t- r- CO CO il ci i r- 1- «î i.O o CO iO CO -j 13^ -r« G-l 1~ C-. 00 i~ o CO Ex s? CO t- 3^ -T" cô 1 1 i 2 § Ol Ol SO 00 00 01 CO G-» G1 ci Sî ©» 00 G-l 5 o o ■<*" iO CO o CO vj. CO -^ 1- oo o 5^ t~ O O G-l G^ CO ce lO LO 00 -r- t- G< G^ Z 00 C5 o ^ <î^ CO ^ 3"" SÉKIE, TOME XXX. 56 ( 558 ) Nous avons délerminé de celte manière l'indice de réfrac- lion iip des cristaux de PbCIs, en nous servant d'un prisme d'environ 81" 50', formé par les faces (121) et (Ï2T); il nous aurait fallu, pour faire celte mesure dans l'air, un prisme dont l'angle réfracteur fût inférieur à 54° 4' 72- L'iodure de méthylène (CH^ia), dont l'indice de réfraction est environ 1.74, servait de liquide réfringent; les indices iip onl été déduits d'après les formules I„. Dans la dernière colonne, nous avons ajouté, aux sept premières observations, les \aleurs de ii^, qui résulteraient, d'après les formules de M. Ramsay (page 523), des mesures de p et ç ; ces valeurs oscillent considérablement autour de leur moyenne arithmétique 2.19958, qui, de son côté, s'accorde assez bien avec la valeur 2.19915, résultant de nos formules. Ce fait montre que ladite oscillation est due aux erreurs commises dans l'orientation du prisme creux à l'égard du minimum de déviation, comme il avait été déjà constaté par M. Ramsay. Dans la dernière colonne verticale des mesures faites sur le deuxième prisme sont inscrites les valeurs correspon- dantes de e, d'après les formules 1. On voit, comme nous l'avons indiqué, que ces valeurs diffèrent un peu de celle de e'i dans ions les cas où la valeur moyenne de q, servant au calcul de «,, diflerede la valeur observée; mais les diffé- rences sont minimes. Nous espérons que par la légère modification que nous y avons apportée, l'ingénieuse méthode de Brôgger-Ram- say se trouvera perfectionnée, en ce sens que les résultats, ne dépendant plus de la position de la déviation minima pour le prisme creux, deviennent beaucoup plus exacts et ne s'écarieni presque plus de leur moyenne arithmétique, et que cette méthode ayant acquis un haut degré d'exacli- ( 559 ) tude, sera mieux appréciée par les eristallograplies et miné- ralogistes qu'elle ne Ta été jusqu'à ce jour. Qu'il nous soit permis, en terminant, d'exprimer notre profonde reconnaissance à M. le professeur Renard pour l'appui précieux qu'il nous a donné ei le bienveiliani inté- rêt dont il n'a cessé d'entourer noire travail pendant loute la durée de nos recherches. Laboratoire de minéralo"ic de l'Université de Gand. La riialuralion et la fécondation de Cœuf c/'Amphioxis LANCEOLATLS- par le D' Vau derStricht, chef des travaux analomiques de l'Universilé de Gand. Les matériaux qui nous ont servi à l'élude de la matu- ration et de la fécondation de cet œuf, ont été recueillis du 20 au 50 mai de l'année courante, au lac de Torre del Faro, aux environs de Messine, lîutre 5 et 6 heures de l'après-midi, nous retirions du sable bordant le lac nn grand nombre iïAinphioxus adultes. Nous plongions ces derniers dans un vase contenant de l'eau du lac, et après quelques minutes, quehjuefois immédiatement après que les animaux éiaientdéposés dansleréservoir,on apercevait au niveau de l'extrémité caudale d'un, de deux ou de plu- sieurs individus, la présence d'un amas de granulations blanchâtres, très petites. Ce sont les œufs fraîchement pondus. En examinant la femelle en question de plus prés, on voit les œufs sortir rapidement du pore abdomi- nal, l'un après l'autre, ou bien par groupes de deux ou de plusieurs ovules, plus ou moins agglutinés. Ceux-ci se dis- ( 540 ) socienl à mesure qu'ils tombent dans le liquide ambiant. Souvent on renconire des femelles déposant leurs œufs par flocons plus ou moins volumineux. Dans ces condi- tions, les ovules restent agglutinés. Plusieurs d'entre eux ne sont pas arrivés au stade de maturité voulu. Il est donc préférable de cboisir des femelles dont la ponte se fait plus régulièrement, par conséquent celles de la première catégorie, et de les isoler rapidement dans un verre d'eau du lac, 1res propre, en ayant soin d'y ajouter une goutte de sperme. On se procure facilement ce dernier, car plu- sieurs mâles éjaculent en grande abondance un liquide épais, nuageux, blancliâlre, qu'on ne peut confondre avec les œufs. La ponle dure quelques minutes, parfois une demi- heure. De sorle qu'en aspirant à l'aide d'un mbe en verre très propre, de cinq en cinq minutes, quelques centaines d'ovules et en les |)Iongeant dans un liquide fixateur con- venable, on peut s'attendre à trouver tous les stades de la fécondation. Nous avons choisi comme réactifs : le sublimé à 2 7», le sublimé acétique, un mélange d'une solution aqueuse de sublimé et d'une solution de chlorure de platine, la liqueur de Flemming et la liqueur de Hermann. Nous ne nous arrêterons pas à la première catégorie de ces réac- tifs. Les résultats fournis ne sont point comparables à ceux que donnent la liqueur de Flemming et la liqueur de Hermaun. Après un séjour de trois ou quatre semaines dans ces deux derniers réactifs, les œufs ont été soigneu- sement lavés dans l'eau distillée, puis durcis dans l'alcool et enfin enrobés dans la paralïine. Les séries de coupes très minces ont été collées sur poile-objet et colorées par la safranine, ou bien par la safranine et le violet de gentiane. ( 341 ) Dans le but d'étudier les œufs avant la ponle, nous avons plongé dans la liqueur de Hermann une femelle au début de la ponle. Quelque temps après, elle a été sec- tionnée en plusieurs fragments, afin de favoriser une imprégnation plus rapide de la liqueur fixatrice. Après un séjour de trois semaines dans ce réactif, elle a été durcie dans l'alcool et montée dans la paraffine. Les coupes en série ont été colorées par la safranine ou bien par la safra- nine et le violet de gentiane. Avant d'exposer les diverses étapes de la fécondation de Vœui û'Ainphioxus, nous lerons observer que ce matériel se prête difficilement à une étude approfondie et rigou- reuse de plusieurs pbénomènes très intéressants de la maturation ovulaire et de la fécondation. Pour ce qui con- cerne les transformations du noyau de l'ovule, la substance chromatique paraît non seulement peu abondante, mais elle se colore faiblement par les matières colorantes appro- priées, qui, en montrant beaucoup d'affinité pour les gra- nulations vitellines, masquent souvent des détails intéres- sants, concernant les modifications du spermatozoïde ou de la vésicule germinative. De plus, les chromosomes de la ligure de formation des globules polaires sont très courts, très minces et relativement nombreux. Enfin, les centrosomes, s'ils existent, sont difficiles à difféiencier des granulations vitellines voisines. Il ne peut donc être ques- tion d'étudier les différents stades d'apparition de cet élément. Une dernière difficulté avec laquelle on doit compter, concerne la fréquence de la polys[)ermie, engen- drant des images qui embarrassent parfois, quand on vent étudier les diverses étapes du rapprochement el de la fusion des pronucleus mâle et femelle. La lecture de la note préliminaire de Sobotta (1) qui ( 542 ) vient de paraître et dans laquelle l'auteur s'occupe de la fécondation de l'œuf û'Amphioxus, nous a convaincu qu'il s'est heurté à des difficultés analogues. Car tout en décri- vant d'une manière concise et exacte les stades principaux de la formation du globule polaire, des pronucleus mâle et femelle et de leur fusion, il donne très peu de détails concernant les modifications intimes que subissent le spermatozoïde et le noyau ovulaire. D'ailleurs, comme il le dit lui-même, il s'est contenté de donner dans cette noie ses « Hauptresultale der bei dem sehr ungiinstigen Objecl rerht schwierigen Untersuchung ». Nous nous occuperons : \° De l'étude de l'œuf ovarien avant la ponte; 2" De l'apparition des pronucleus mâle et femelle après la ponte; 5" De la fusion des pronucleus; 4" De la division de la première sphère de segmenta- lion. L'œuf ovarien. — Si l'on fait abstraction des ovules jeunes de petit volume, pour s'occuper exclusivement des ovules ayant atteint à peu près les dimensions de l'œuf pondu, on peut dire, d'une manière générale, qu'on ren- contre à l'intérieur de l'ovaire deux sortes d'ovules : V les uns dont la vésicule germinative est encore mani- festement visible; 2° les autres dont le noyau a fait pince à un fuseau précédant la formation du ghibule polaire. Les œufs ovariens à vésicule germinalive (lîg. \) pré- sentent les parlicularitéssuivantes : La vésicule germinative est volumineuse, elle occupe habituellement la périphérie du vitelliiset offre des contours 1res irréguliers Elle ren- ferme une tache germinalive de grande dimension, ne ( 5« ) se colorant pas par la safranine. Le violet de gentiane la teint d'une manière plus intense. Elle renferme une vacuole occupant à peu près toute sa masse, contenant un liquide pâle, peu colorable. Cotte vacuole est excentrique et elle atteint souvent d'un côté la surface de la tache germinniive, de sorte que sur certaines coupes, la tache germin.Ttive offre dans son ensemble l'image d'un fer à cheval. Le restant du noyau est occupé par un liquide pâle, incolore, tenant en suspension dos granulations et des Irabécules faiblement chromatiques. La membrane nucléaire se présente sur la coupe sous forme d'une ligne mince, à double contour chromatique. Llle est ordinairoment masquée par la présence d'une bordure de cytoplasma très compact, périnucléaire. Le cytoplasma ovulaire se subdivise en trois zones : une périphérique à granulations vitellines volumineuses, situées à l'intérieur des mailles formées par la charpente. Une zone moyenne occupe In plus grande partie du vitellus. On y distingue nettement deux parties consti- tuantes : un réseau se colorant en rose par la safranine (l liniilmtdes espaces occupés par des gouttelettes ou des boules pâles et claires. Le réseau se continue d'un côlé avec celui de la zone cytoplasmique périphérique, d'un auire côlé avec la masse cytoplasmique condensée autour de la vésicule germinative. Celte dernière couche, la lroisièm(; et la plus interne, la zone périnucléaire, est étroite et souvent très irrégulière, en ce sens qu'elle est plus épaisse en certains endroits et qu'elle est plus mince ou fait même défaut à d'autres endroits du pourtour du noyau. Le vitellus est limité à sa périphérie par une membrane ( Ui ) vitelline mince, à double contour, qu'on ne peut confondre avec l'enveloppe ovulaire que Sobolta décrit autour des œufs pondus, comnne possédant une épaisseur de 1 p.. Indé- pendamment de la membrane très ténue que nous venons designaleret que nous retrouvons aussi à la surface desœufs pondus, il existe autour des œufs ovariens une enveloppe épaisse, homogène ou légèrement striée dans le sens de sa longueur, appliquée immédiatement sur la membrane vitelline ou bien détachée en partie de cette dernière, à la suite de l'action des réactifs. Cette enveloppe épaisse cor- respond évidemment à celle décrite par Sobotia et qu'on retrouve autour de tous les œufs pondus. OEufs ovariens à fuseau de direction. — Un très grand nombre d'ovules ne possèdent plus de vésicule germinative. En les examinant de très près, on découvre toujours dans chacun de ces œufs un fuseau de direction. Cette figure (fig. 2) est constituée par deux cônes de fibrilles épaisses, dont les bases touchent à la figure chromatique et dont les sommets atteignent respectivement un pôle du fuseau. Ces fibrilles sont insérées sur les chromosomes courts el relativement minces occupant l'équaleur du fuseau. D'au- tres fibres sont bipolaires, en ce sens qu'elles relient les deux pôles sans interruption an niveau du plan équatorial. Enfin, d'autres sont entre-croisées au niveau de l'équa- leur (fig. 4). On les aperçoit facilement à la périphérie de la figure. De même que Sobotta, nous n'avons pu trouver de corpuscule central ou centrosome. Toutefois, dans un ovule situé dans la cavité péribranchiale, nous avons ren- contré des irradiations très manifestes du pôle central du fuseau (fig. 5). Nous devons ajouter qu'un spermatozoïde avait déjà pénétré à l'intérieur de cet œuf. ( 345 ) Au point de vue de la direction du fuseau, on peut dire qu'il est d'ordinaire dirigé perpendiculairement par rapport à la surface de l'œuf. Le pôle périphérique est rapproché de la zone vitelline externe ; d'autres fois, il atteint la moitié de l'épaisseur de cette couche, ou bien il touche la membrane vitelline. Nous avons rencontré des fuseaux de direction situés beaucoup plus profondément. Le grand axe du fuseau n'est pas toujours perpendicu- laire à la surface vitelline. Parfois il est oblique par rap- port à cette dernière. Nous avons rencontré des cas oîi il était parallèle à la membrane. Cette disposition nous permet de dire que le fuseau subit un changement de direction. Primitivement, il est parallèle à la surface ovu- laire. Plus tard, il devient perpendiculaire en se rappro- chant de la périphérie. Le vitellus a conservé un aspect identique à celui des ovules qui possèdent une vésicule germinative. Seule, la couche périnucléaire a disparu; ou plutôt on retrouve les traces de cette zone dans le voisinage de la couche cytoplasmique externe, surtout autour du fuseau de direc- tion, sous forme d'amas compacts et denses (lig. 2). Avant d'aller plus loin, nous devons nous demander quelle est la signilication du fuseau de direction dont nous venons de parler. S'agit-il d'un stade de formation d'une cellule polaire unique, qui se détache après la ponte, con- formément à la manière^de voir de Sobotta? Ou bien d'un stade de formation d'un premier globule polaire, un second globule faisant son apparition plus lard? Nous sommes d'accord avec Sobotta, quand il affirme que le fuseau de direction propre à l'œuf pondu fait son apparition dans l'ovaire avant la mise en liberté de l'ovule, car jamais nous n'avons observé, ni dans l'ovaire, ni dans la cavité péri- ( U6 ) branchiale, c'est-à-dire avant la ponte, un stade pins avancé ni moins développé que celui que nous venons de décrire. Tous ces œufs en voie de maturation, à part quelques-uns dont nous parlerons plus loin, présentent un aspect à peu près identique. Toutefois, nous ne pouvons accepter l'opinion de Sobotta quand il affîrme, à l'exemple de Hatscbek (2), qu'il ne se forme qu'un globule polaire. En examinant attentivement l'ovaire à'Ampfiioxua sur le point de pondre, on rencontre sur toutes nos préparations un certain nombre d'ovules mûrs, qui, dans le voisinage immédiat du fuseau de direction décrit plus haut, possè- dent un gIol)ule polaire, détacbé du vitellus et parfois même détacbé complètement de l'ovule (fig. 3 et 4). Cet élément ressemble au second globule polaire qui se détache après la ponte. Tantôt sa chromatine s'est condensée sous forme d'un petit noyau à limites nettes, possédant une membrane à double contour; mais plus souvent il n'existe pas de membrane nucléaire, et les chromosomes expulsés de l'œuf se présentent sous forme d'un amas de granula- tions ou de courts bâtonnets safranophiles, entourés ou bien éparpillés au milieu d'tm liquide clair, tenant parfois en suspension de grosses boules vitellines, identiques à celles qu'on trouve dans la couche périphérique du proto- plasme ovulaire. Le noyau du globule polaire s'est donc arrêté dans son évolution au stade d'étoile-dlle. Contraire- ment à la manière de voir de Sobntta, ce premier globule polaire, de même que le second, est entouré d'une mince membrane à double contour. Nous nous hâtons de dire que nous n'avons rencontré aucun stade de formation de ce premier globule polaire. Quand on l'observe, il est toujours détaché totalement du vitellus. Il est logé dans une évagination de l'enveloppe (547) ovulaire. Tantôt cette évaginalion communique encore largement avec l'espace qui entoure immédiatement la membrane vitelline proprement dite (fig. 3), d'autres fois cette communication s'est rétrécie ou semble ne plus exister. Dans ce dernier cas, on trouve la petite cellule polaire immédiatement en dehors de cette enveloppe épaisse, mais toujours dans le voisinage du luseau de direc- tion du second globule polaire. Cette séparation complète du premier globule polaire de la cellule mère explique comment il se fait que Hat>chek n'a plus retrouvé cet élément en examinant les œufs pen- dus. Il faut admettre qu'au moment de la mise en liberté des ovules mûrs, et surtout de la ponte, le premier glo- bule polaire se sépare de la surface de l'œuf et est entraîné par le liquide ambiant. Cette thèse n'est toutefois pas absolument exacte. En effet, nous avons toujours pu retrouver ce premier globule sur un nombre restreint d'œufs, pour chaque série d'œuls fraîchement pondus et fécondés que nous avons pu étu- dier. Ici encore la peiite cellule est accolée à Tenveloppe de l'ovule en un point déterminé, c'est-à-dire dans le voi- sinage du second fuseau de direction (tig. 9). Si nous n'avons point observé les divers stades de for- mation du premier globule polaire, il faut l'attribuer au fait qu'il se forme probablement quelque temps avant l'époque de la ponte. N'ayant pas le malériel voulu à notre disposition, nous n'avons pu approfondir cette question. Nous venons de décrire deux variétés d'œufs ovariens. Nous avons tâché de trouver les stades intermédiaires entre ces deux étapes. Sous ce rapport, on observe peu de chose. Parfois on voit les contours de la vésicule germi- native devenir très vagues en un point quelconque de la ( 548 ) surface nucléaire, de sorle qu'à cet endroit il n'existe plus de séparation entre le cytoplasma et le nucléoplasma. Mais il nous a été impossible de poursuivre plus loin la destinée des parties constituantes de la vésicule germinative. A côié de ces images, il en existe d'aulres qui sont de nature à induire en erreur et dont il importe de dire quel- ques mots. La figure 16 re|)résente le dessin d'une coupe d'ovule, qui siège à l'intérieur de l'ovaire. A chaque pôle du noyau, dont la membrane est intacte, on rencontre une sphère attractive, dont les irradiations se continuent avec le restant du réiiculum cytoplasmi(|ue jusqu'à la périphé- rie cellulaire. Au premier abord, on serait tenté de consi- dérer cette figure comme correspondant à un stade de transformation de la vésicule germinative, préparatoire à la formation du fuseau de direction du premier globule polaire. Dans les œufs ovariques de T/ii/snnozoon Brocclii, nous avons décrit une ligure analogue (5), qui, contraire- ment à l'opinion de Selenkn (4), représente le premier stade de formation du premier fuseau de direction. Cepen- dant, en examinant attentivement les ovules analogues à celui de la (igure 16, on est frappé par l'aspect particulier qu'ils présentent : tous se caractérisent par l'absence de la couche vitelline externe. Or, on constate un aspect iden- tique pour un très grand nombre d'ovules situés dans la cavité péribranchiale du môme animal el pour quelques ovules pondus provenant d'autres types. Toute cette caté- gorie d'œufs se caractérise non seulement par un aspect spécial des vitellus, mais en outre souvent par la présence de sphères attractives multiples, de noyaux multiples ou bien de (igures mitosiques multiples. (Voyez (ig. 10 et 15.) La figure 8 représente un ovule trouvé dans la cavité péribranchiale, au stade de l'expulsion du second globule { 549 ) polaire. A l'intérieur du vilelins, on trouve deux sperma- tozoïdes, entourés d'irradiations stellaires très épaisses et nombreuses. A côté de cet ovule, on trouve dans la cavité péribranchiale un ovule d'aspect analogue, possédant deux noyaux isolés (pronucleus mâle et femelle?) se rappro- chant entre deux sphères attractives (voir fig. 17). Il est possible et même probable que des ovules de celte caté- gorie puissent se développer normalement. Mais ce qui n'ebt pas douteux, c'est qu'un très grand nombre d'œufs semblables se développent à la suite de phénomènes de polyspermie, et à la suite de la formation de plusieurs pronucleus mâles. Ces noyaux, d'abord au stade repos (llg. 15), accompagnés chacun de deux sphères attractives, entrent en mitose chacun pour son compte (fig. 10). Ils passent par tous les stades de la mitose ordinaire, pour engendrer finalement des noyaux dérivés, qui peuvent rester isolés et indépendants (cellules multinucléées), ou bien se fusionner au dernier stade de la mitose pour engendrer des noyaux bourgeonnants (cellules à noyaux bourgeonnants), par un processus analogue à celui que M. le professeur Van Bambeke et moi-même (o) avons décrit lors de la genèse des mégacaryocytes propres aux organes hématopoeliquesdes mammifères. Ici également les noyaux bourgeonnants, ou bien les noyaux multiples isolés, après avoir atteint une première fois le stade repos, rentrent en mitose pour retourner de nouveau au stade repos et ainsi de suite. Aussi, quand on examine des œufs fécondés, six, dix, vingt-quatre heures après la ponte, on retrouve plu- sieurs œufs développés anormalement, renfermant des noyaux multiples et des noyaux bourgeonnants giganles- ti(]ues, au repos ou bien au slade de la plurimitose. Ces éléments doivent donc leur origine à des phénomènes de ( 530 ) polyspermie. [I est à remarquer que le viiellus reste ordi- nairement indivis ou se divise parlielleuient. Est-ce que toutes les figures semblables à celles repro- duites dans les dessins 10 et 15 doivent leur origine à la pénétration de plusieurs spermatozoïdes dans l'ovule? Nous avons dit qu'on observe des ovules à l'intérieur de l'ovaire (fig. 16), oilraut la plus grande ressemblance avec ceux trouvés dans la caviié péribranchiale. A moins d'interpréter la ligure en queslioîi (lig. 16) comme un premier stade de formation du fuseau de direction, ce qui ne nous paraît pas proliable, il faut admettre ou bien (|ue la vésicule germinalive est en état de se diviser sans fécon- dation préalable; ce phénomène aurait une signification analogue à celle que Henneguy (6) attribue aux ovules ovariques des mammifères; ou bien que des spermato- zoïdes ont pu atteindre des ovnb s situés à l'intérieur de l'ovaire, en j>'insinuant dans des inlersiices qui se pro- duisent nécessairement au moment de la rupture de cet organe, lors de la mise en liberté des œufs et de leur chute dans la cavité péribranchiale. Il est possible que la fécondation se produise à cet endroit. Nous n'avons cependant jamais rencontré un spermatozoïde dans un ovule silué au milieu du tissu ovarique. De plus, en tenant compte, d'une part, du nombre si considérable d'œufs à développement anormal qu'on rencontre dans la cavité péribranchiale et même dans l'ovaire, et, d'autre part, de la rareté des ligures de polyspermie manifeste, nous sommes amené à croire qu'au moins quelques-unes de ces images sont engendrées par une division parlhénogé- nésique de la vésicule germinalive ou bien du pronucleus femelle, le viiellus restant indivis. (5SJ ) Œufs pondus. — Les œufs pondus se présenlenl à peu près avec l'aspect de ceux que nous avons décrils dans l'ovaire, possédant un fuseau de direction. Ce dernier offre une structure analogue. Il est ordinairement attenant par son pôle périphérique à la membrane vitelline et est dirigé perpendiculairement à la surface. Les grandes boules vitellines de la zone externe dimi- nuent en volume et elles semblent migrer à l'inlérieur du vitellus, de sorte que la distinclion en deux zones devient de moins en moins nette. Plus lard, cette distinction s'efface encore. Ou retrouve alors des granulations vitellines reportées plus ou moins uniformément dans toute la masse du cytoplasma (fig. 9). Les amas proloplasmiques compacts, restes de la couche périnucléaire, perdent aussi de leur importance et dispa- raissent. Par contre, on observe dans le voisinage du fuseau des taches claires, exemptes de granulations vitellines (fig.ll). La membrane vitelline conserve ses caractères, ainsi que l'enveloppe exlerne, qui est séparée de la membrane vitelline par un espace plus ou moins large. Comme nous l'avons vu plus haut, quelques œufs pon- dus montrent encore leur premier globule polaire dans le voisinage immédiat de la ligure de fornialion du second («g 9). Formation du second globule polaire. — Nous avons décrit plus haut la structure de cette figure. Nous avons essayé souvent de compter le nombre de chromosomes au stade de l'éloile-raère. Il ne nous a été possible d'y parve- nir qu'une fois, sur une coupe transversale d'un fuseau de direction entamant précisément l'équateur de la ligure ( ml ) (fig. 6). Nous y avons trouvé dix chromosomes, dont plu- sieurs monlraienl un dédoublement dans le sens de la longueur. La question du dédoublement des an«es chromatiques au moment de la mélaphase est également très difficile à résoudre. A part la ligure \% nous n'avons pu trouver des images très démonstratives. A un moment donné, on ob- serve de chaque côté de l'éqiiateur deux plaques de chromo- somes ((ig. 9) qui sont attirées graduellement et d'une manière assez irrégiilière vers les deux pôles de la figure achromatique. Bientôt elles les atteignent et y forment un amas de bàlonnrls très courts. Ces derniers s'entourent d'une membrane nucléaire et engendrent de cette manière, d'une part, le pronucleus femelle, et d'aulre part, le noyau du globule polaire. Ordinairement ce dernier ne possède point de membrane; il est représenté alors, comme le dit Sobolla, par quelques particules chromatiques. A ce moment, ou même au stade dyasler, on voit se produire un soulèvement de la membrane vitelline et du vilellus au pôle périphérique de la ligure aciiromatique (fig. 7). Une portion du cyloplasma et parfois des granula- tions vitellines volumineuses y sont logées et entourent quelques grains chromatiques ou bien un petit noyau complet. Une portion des filaments conneclifs reste adhérente au noyau et forme à l'intérieur de la petite cel- lule un cône de fibres achromatiques à sommet périphé- rique et à base appliquée sur le noyau (fig. 14). On le voit donc, le globule polaire de VAmphioxus pré- sente tous les caractères d'une cellule complète, possédant un noyau, une |»orlion de cyloplasma ovulaire, une mem- brane, et, comme nous le verrons bientôt, en dehors des filaments conneclifs, une partie de la figure achromatique ( 553 ) (asler) est entraînée à l'intérieur du contenu du globule en question. Quand la cellule polaire est sur le point de se détacher du vitellus, on constate encore la continuité de la mem- brane vitelline avec celle de la petite cellule. Ace moment aussi, ou plutôt un peu plus tard, on trouve parfois au niveau de l'endroit où le corpuscule adhère encore à l'ovule, un corpuscule safranophile, se présentant sous forme de granulation ou de bâtonnet court, intercalé sur le trajet des filaments réunissants. Ce corpuscule, observé d'abord par Flemming(7) dans des cellules de Salamandre, puis par L. Gerlach dans l'ovule des Souris et par Éd. Van Beneden dans Vœuï d'Ascaris lors de la première division, entre les deux blastomères, correspond au corpuscule intermédiaire de Flemming. Il est formé manifestement par un rapprochement et une fusion des filaments unis- sants à l'endroit où se détache la cellule polaire (fig. 14). Comment se trouve constitué l'ensemble de la figure achromatique de l'amphiaster de fractionnement? Nous venons de voir qu'au stade dyaster et au stade des étoiles dérivées, des filaments connectifs (Fol) réunissent les chromosomes. Dans la figure 11, on voit des filaments achromatiques présentant sur leur parcours un épaissis- sement considérable, formant par leur ensemble une sorte de plaque, légèrement colorée en rouge par la safranine. C'est la condensation de cette plaque qui, au moment de l'expulsion du corpuscule polaire, donne naissance au cor- puscule intermédiaire. Nous reviendrons sur cette plaque à propos de la division de la première sphère de segmen- tation. En dehors des filaments connectifs, la figure polaire présente des filaments entre-croisés au niveau de l'équaleur, ô"* SÉRIE, TOME XXX. 57 { 554 ) ainsi que des fibres bipolaires (central Spindel, de Her- niann), que nous avons signalés plus haut. Quand les chromosomes-filles se séparent, on voit apparaître, autour des deux pôles, des filaments achromatiques, à disposition radiaire (fig. H, 18). Lorsque les deux noyaux dérivés sont sur le point de se reconstituer, ces irradiations sont très nettes et nombreuses et constituent un véritable aster, autour de chaque pôle de la figure achromatique. Ces (ilamenls se perdent dans une portion de cytoplasme dense, englobant la partie chromatique du noyau du futur glo- bule polaire (fig. 11). Cette portion cytoplasmiquc est éliminée de l'ovule en même temps que le corpuscule. De sorte qu'on peut dire qu'une partie de l'aster est entraînée par la cellule polaire. 11 résulte de cette description que la figure achroma- tique et la figure chromatique précédant la formation du second globule polaire dans l'œuf à'Amphioxus, présen- tent les mêmes caractères qu'une figure mitosique ordi- naire. Formation du pronucleus femelle. — Au moment du détachement de la cellule polaire, le restant du noyau o\ iilaire est arrivé au stade repos. Il est relativement petit, |)eu chromatique, à contours arrondis, comme l'indique Sobolla. Toutefois, avant de revêtir cette forme régulière, il est irrégulier, bourgeonnant (fig. 12, 13, 14). La forme arrondie est secondaire (fig. 19). Au début, les filaments de l'aster irradient autour du pronucleus comme centre (fig. 19). Mais bientôt les fibres s'accentuent davantage, surtout du côté du centre de l'œuf Plus tard, elles prennent une orientation nouvelle. Le centre de la figure achromatique n'est plus le pronu- ( 555 ) cleus, mais un point situé du côté de ce dernier et plus rapproché du centre de l'ovule (fig. 13 et 20). A ce point, nous avons cherché vainement un centrosome. Nous ne nions pas l'existence de cet élément; mais les granula- tions safranophiles nombreuses du vitellus nous empê- chent de faire une étude rigoureuse de cette partie consti- tuante. Formation du pronudeiis mâle. — Nous avons déjà vu que la pénétration du spermatozoïde dans l'ovule peut s'opérer dans la cavité péribranchiale, avant la ponte. Les phénomènes de polyspermie ne sont pas rares à cet endroit. Il n'en est pas moins vrai que, ordinairement, le spermatozoïde s'introduit à l'intérieur de l'œuf après la ponte, comme le dit Sobotta, au pôle de l'ovule opposé au fuseau de direction (fig. 9, 11, 12, 13). A ce niveau, on rencontre une masse cyloplasmique claire, finement gra- nuleuse, entourant un élément allongé, compact, dense, peu chromatique et à grand axe parallèle à la surface de l'œuf. Bientôt ce corps affecte une forme très irrégulière, il se gonfle, se rétrécit par places et paraît se diviser en plusieurs tronçons irréguliers et difficilement colorables (fig. 9, 15). A quoi correspond cet élément? Avons-nous affaire à un spermatozoïde complet ou bien à la tête seule? D'après Sobotta, il est probable que la tête seule pénètre dans l'ovule. La figure 12, dans laquelle on constate la présence d'un spermatozoïde où la queue est encore attenante à la tête, nous permet de conclure que le spermatozoïde entier pénètre dans l'œuf et que le bâtonnet irrégulier, souvent fragmenté dans le sens transversal, correspond à un gon- flement irrégulier de la tête et d'une partie de la queue du germe mâle. ( 556 ) Au second slade de iransformalion de ce germe, on aperçoit un amas chromatique dense,arrondi ou anguleux, homogène, qui se colore d'une manière très intense par la safranine. Au début, il existe une aréole pâle autour de ce corpuscule, mais bientôt ce dernier pénètre plus profon- dément dans le vitellus et s'entoure d'une infinité de stries, affectant une disposition radiaire autour du globule coloré (fig. 18). De même que pour le pronucleus femelle, les filaments achromatiques prennent une orientation nou- velle et se concenirent en un point adjacent au noyau et situé du côté du centre de l'œuf (ûg. 19). Plus tard, le cor- puscule chromatique se gonfle, perd de son homogénéité en même temps que de sa grande affinité pour les matières colorantes. On lui reconnaît alors une membrane et une charpente chromatique, logeant dans ses mailles un suc nucléaire clair. L'ensemble de la figure correspond au pio- nucleus mâle, accompagné, de même que le pronucleus femelle, d'un aster ou d'une figure steilaire (fig. 19). Quel rapport existe-t-il entre la forme irrégulière qnui- lecte le spermatozoïde après son entrée dans l'œuf (dg. 15) et le corpuscule chromatique du germe mâle au slade suivant (fig. 5 et 18)? Dans la plupart des ovules pré- sentant des images analogues à celles des figures 5 et 18, il n'existe plus de trace des tronçons irréguliers du stade précédent. On peut donc se demander si tout le sperma- tozoïde irrégulièrement gonflé s'est transformé en noyau du pronucleus mâle. Il faut avouer que les dimensions du corpuscule chromatique (fig. 5 et 18) et le morcellement du germe mâle gonflé, ne concordent pas avec cette idée. De plus, on observe des œufs dans lesquels les deux pro- nucleus sont déjà constitués et où il existe au |iôlu de pénétration du spermatozoïde quelques tronçons analo- (857 ) giK's à ceux figurés dans le dessin 20. A nnoins d'inler- prôler colle dernière image comme correspondanl à la |n'nélralion d'un second spermalozoïde, ce qui n'est pa« probable, il faut admellre qu'elle montre des restes du germe mâle en voie de désagrégation, dont la tête seule a pénétré dans la profondeur du vilellus pour engendrer le pronucleus mâle. Nous répondrons donc à la question posée loiit à l'heure, en di-sant qu'une parlie seulement du spermalozoïde irrégulièrement gonflé se transforme en corpuscule chromatique, futur noyau de pronucleus mâle, et que le reste de ce germe se désagrège au milieu du vilellus ambiant. Le pronucleus mâle et le pronucleus femelle apparaissent orfiinairemenl en même temps. Il existe cependant des œufs où la pénétration du spermalozoïde s'est opérée un peu tardivement et où le pronucleus femelle est formé alurs que le germe mâle est au premier stade de trans- formation (fig. 13). Fusion du pronucleus mâle et du pronucleus femelle. — Avant de se rapprocher et de venir en contact, les deux pronucleus subissent quelques modifications. Tout d'abord leur volume augmente et en même temps leur colorabilité devient moindre. Leur forme reste plus ou moins arrondie, parfois un peu irrégulière. A cette phase de la fécondation, il n'existe aucun signe permettant de distinguer le pro- nucleus mâle du pronucleus femelle. Le voisinage du second globule polaire donne parfois des indications pré- cises sur la nature du dernier de ces éléments. La figure stcllaire accompagnant chaque noyau se dédouble souvent, quelquefois même à un stade très précoce de la féconda- tion (fig. 15). Dans plusieurs de nos préparations, on ren- ( o58 ) contre des ovules dont chaque pronucleus possède un asier (fig. 19), d'autres ovules dont un pronucleus offre un aster et le second deux asters (fig. 20), enfin des ovules dont les noyaux sont accompagnés chacun de deux asters. Il est à remarquer que nous n'envisageons point des ovules anormaux, possédant des noyaux multiples et qui tous sont entourés de deux sphères attractives (polyspermie). La série des coupes nous permet de poursuivre l'examen de chaque œuf dans toute son éleiidue, de compter tous les noyaux et les figures achromatiques et d'éliminer de cette manière les ovules fécondés par plusieurs spermatozoïdes. En nous basant ainsi sur l'étude minutieuse d'un très grand nombre de préparations, nous arrivons à la conclu- sion qu'à un moment donné de la fécondation, chaque pronucleus est accompagné de deux asters. Ici se présente la question de savoir comment se comportent ces figures achromatiques lors du rapprochement et de la fusion des noyaux mâle et femelle. Notre attention a toujours été fixée sur ce point, et malgré le grand nombre de prépara- lions très claires où l'on aperçoit les deux pronucleus en contact, nous ne pouvons résoudre ce problème. Nous avons représenté dans la figure 21 ce qu'on observe à ce stade de la fécondation. Les deux noyaux se placent l'un à côté de l'autre, de chaque côté d'une ligne qui correspondra plus tard à l'axe de la figure de division du premier noyau de segmentation. A chacun des sommets de cet axe, on aperçoit une sphère attractive, formée par une masse centrale à peu près homogène, compacte, autour de laquelle irradient dans tous les sens des fila- ments, prenant leur origine dans cette sphère et en conti- nuation à la périphérie de la région astéroïde avec la charpente filaire du cytoplasma. Un certain nombre des ( m9 ) fjhrilles d'une sphère s'enlre-croiscnt avec d'autres du côlé opposé, au niveau de l'équateur de !a ligure achroma- lique. Bienlôl les deux pronucleus arrivent en contact immé- diat. Pendant un certain temps, on aperçoit encore une espèce de cloison de séparation entre les deux, à l'endroit où les deux membranes nucléaires se rencontrent, mais plus tard toute trace de séparation disparaît, de sorte que, comme le dit Sobolla, il se produit une fusion complète, du moins en apparence, entre les deux pronucleus (les chron^osomes de chaque pronucleus peuvent conserver leur indépendance), lors delà formation du premier noyau de segmentation. A ce moment, on trouve une sphère attractive à chacun des pôles de cet élément. D'où proviennent les deux sphères attractives situées aux deux pôles du premier noyau de segmentation? L'idée la plus rationnelle et qui se présente avant tout à l'esprit, est celle d'une fusion entre chacun des deux asters mâles avec un des asters femelles, de sorte que chacune des sphères attractives aurait à la fois une origine mâle et une origine femelle. Cette manière de voir se rapproche de celle de Fol (8), qui admet que chaque astrocentre provient de la fusion d'un demi-ovocentre avec un demi-spermocenlre. Cette opinion de Fol (8), combattue par E.-B. Wilson et Malhews (16) et par Boveri (17), a été confirmée par Gui- gnard (18), Conklin (19) et partiellement par Blanc (20). Pour ce qui concerne l'œuf û'Amphioxus, on se deman- derait vainement à quoi peuvent servir la présence de deux asters mâles et de deux asters femelles à côté de chaque pronucleus avant leur fusion, si chacun des asters mâles n'est pas destiné à s'unir à un aster femelle. Malgré la vraisemblance de cette conception, nous devons cepen- ( 560 ) fiant avouer qu'il nous a été impossible de conslater les stades successifs d'une lusion d'asters d'origine différente. Si cette dernière s'opère, il faut admettre que ce phéno- mène se passe à peu près instantanément chez V Amphioxiis et ne laisse aucune trace visible au microscope. Division de la première sphère de segmentation. — Cette division se passe comme dans une mitose ordinaire. A un premier stade, on voit apparaître à l'intérieur du noyau des chromosomes très allongés et minces, occupant surtout la périphérie de cet organe. En même temps, la membrane nucléaire disparaît d'abord aux deux pôles en contact avec la sphère attractive (ûg. 21 et 25). A cet endroil, on voit des ûbrilles achromatiques pénétrer dans le noyau et se fixer sur les anses chromatiques. Bientôt toute la mem- brane nucléaire a disparu et les chromosomes se sont portés vers les parties centrales du noyau (stade peloton). A celte phase fait suite la phase de l'étoile-mère, oîi les anses chromatiques sont groupées au niveau de l'équateur de la figure de division. A aucun de ces stades, il ne nous a été possible d'observer un double groupement d'anses mâles et d'anses femelles, comme Rùckert (9) l'a pu étu- dier chez Cydops. Au stade de dislocation de l'étoile-mère, on aperçoit le début de la formation d'une figure très intéressante. Quand les chromosomes dérivés s'écartent, ils restent réunis par des filaments réunissants achromatiques, présentant un renflement manifeste au niveau de l'équateur (fig. 30). Ces renflements se colorent légèrement en rose par la safra- nine. ils persistent au stade des pelotons filles et des noyaux dérivés (fig. 25 et 27,, et forment par leur ensemble une sorte de plaque, analogue à celle qu'on rencontre dans ( ^61 ) Ips cellules végélales (Zellplalle de Strassburger). Éd. Van Beneden (15) l'a signalée chez les Dicyémides et dans les cellules en voie de division de l'eclodermedes Mammifères. Carnoy (10) l'a décrite chez plusieurs Arthropodes, sous le nom de plaque fusoriale. Nous l'avons observée aussi lors de la formation de la seconde cellule polaire (fig. 15). Quand les deux noyaux sont arrivés au stade repos, c'est-à-dire quand ils sont entourés d'une niembrane, ils présentent au début une forme très irrégulière, d'abord vésiculeuse (fig. 27). On dirait que chaque chromosome dérivé s'est transformé en une vésicule. Ces vésicules se fusionnent et engendrent un noyau d'aspect bourgeon- nant (fig. 28). Au stade vésiculeux et au stade bourgeon- nant, les noyaux sont très pâles, très peu chromatiques, à tel point qu'on les observe difficilement par notre méthode de fixation et de coloration. Plus tard seulement, le noyau prend une forme plus régulière, arrondie. La division du vitellus se manifeste d'abord par un étranglement circulaire au niveau de l'équateur. A une seconde étape, on observe l'apparition d'une membrane se présentant sur la coupe comme une ligne à double contour, très mince au milieu du cytoplasma ovulaire, entre les deux cellules-filles. Cette membrane, décrite par Schleicher (II) dans les cellules animales (cellules cartilagineuses), sous le nom de paroi de séparation (Scheidevvand), et par M. le professeur Ch. Van Bam- beke (12) lors de la division de la première sphère de segmentation de l'œuf de Batracien, sous la dénomination de lame de fractionnement, qu'il compare à la plaque cellulaire des cellules végétales, est minutieusement étu- diée par Carnoy (10), sous la désignation de plaque cyto- plasmique ou plaque complétive. On retrouve donc, dans ( 562 ) l'œuf d'Amp/iioxus, la plaque fusoriale de Carnoy à côté de la plaque cyloplasmiqne de cet auteur. La plaque cellulaire, à la formation de laquelle la plaque fusoriale prend part, finit par se dédoubler. Dès lors, la division en deux sphères de segmentation est achevée. Il esta remar- quer que parfois les deux noyaux dérivés sont rentrés en mitose avant la division complète du vitellus (fig. 26). La plaque fusoriale de Carnoy n'apparaît pas seulement pendant la division de la première sphère de segmentation ; on peut l'observer au moment de la division mitosique des autres blastomères. Au moment de la caryomitose, la figure achromatique offre certaines particularités intéressantes. Tout d'abord, au stade repos, avant l'apparition de tout signe de divi- sion, on trouve au centre de la sphère attractive un corpuscule très ténu, le corpuscule central. Si aux stades précédents il était très difficile de reconnaître les o\o- centres et les spermocenlre;;, à cause du voisinage des granulations viiellincs, il n'en est plus de même au mo- ment de la fusion des deux pronucleus. A cet instant, la sphère attractive a atteint son complet développe- ment. Elle est libre de granulations viiellines et on peut donc y reconnaître aisément le cenlrosome. Sur des pré- parations fixées par le sublimé et colorées d'après la méthode de M. Heidenhain (15), on aperçoit au centre de cette masse un corpuscule très ténu, coloré en bleu d'une manière très intense et entouré d'une aréole claire. C'est le corpuscule central, situé au milieu de la zone médul- laire de la sphère attractive. Autour de cette zone, on trouve une couche beaucoup plus épaisse et plus com« pacte ; la zone corticale. Les parties constituantes de cette couche se continuent avec les lilaments de la région astéroïde. ( o63 ) Au stade de la mélaphase et de l'anaphase, l'aspect de la sphère attractive se modifie beaucoup. La zone corticale devient plus claire, moins dense et augmente en éten- due. Souvent même ses conlours deviennent irrégu- liers (tjg, 30). Nous avons signalé une manière d'être ana- logue au stade de la métaphase et de l'anaphase lors de la division des blastomères de Triton. Nous avons admis que cet aspect dépend d'une pénétration du suc nucléaire au milieu des parties constituantes de la sphère attractive. L'étude de l'œuf ô'Amphioxus nous fournit une confir- mation de celte manière de voir. La division du centrosome débute dans la première sphère de segmentation de VAmpfiioxus au stade de la métaphase on bien au début de l'anaphase. Il n'est pas rare de rencontrer alors deux centrosomes dans chaque sphère. Les autres parties constituantes de la sphère attractive peuvent suivre ce début de division. Toutefois, au stade repos, on trouve ordmairement, à côté du noyau de la seconde sphère de segmentation, une astrosphère indivise. Cette étude de la fécondation et de la division de l'œuf d'Amphioxus nous montre donc que la sphère attractive telle que Éd. Van Beneden et Neyl (15) la définissent, est un organe permanent des blastomères de l'œuf â'Ani- phioxus. Au point de vue de l'origine de ses parties constituantes, elle a une origine double. Elle dérive à la fois des figures stellaires spermatiques et ovulaires et probablement de la fusion d'une moitié de l'aster mâle avec une moitié de l'aster femelle. (Travail du laboratoire d'histologie de l'Université de Gand.) ( 564 ) TABLE BIBLIOGRAPHIQUE. 1. J. SoBOTTA, Die Befruchtung des Eies von Amphioxus lanceolalus (Anatom. Anzeiger, Bd. XI, 189b, n" 5). 2. B. Hatschek, Stndien zur EnUvickcliing des Amphioxus. S\/ïcn, 1881. (Cité d'après Sobolta.) 5. 0. Van der Stricht, De Vorirjine de la figure achromatique de l'ovule en mitose chez le Thysanotoon Hrocclii (Veriundl. dek ANAT. Gesellsch. IN Strassburg, 1894). i. E. Selenka, Ueber eine eigentûmliche Art der Kernmetamorphose (BioLOG. Centralblatt, Bd. I, 1881-1882, p. 492). î). Ch. Van Bambeke et 0. Van der Stricht, Caryomitose et division directe des cellules à noyau bourgeonnant, à l'état physiologique (Ann. de la Société de médec. de Gand, 1891, et Anatom. Gesellsch. in Munchen, 1891). G. F. 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Après avoir pris, au moyen de ces instruments, les contours des ovules et des figures chromatiques et achromatiques y renfermées, les dessins ont été achevés à l'aide d'un oc. Zeiss 4, ou bien à 1 aide d'un oc. compens. 8 de Zeiss. FiG. l, 2, 5. — Ovules ovariens. Fixation par la liqueur de Her- mann. Coloration par la safraninc et le violet de gentiane. FiG. i, 5. — OEufs situés dans la cavité péribranchialc. Fixation et coloration : id. FiG. 6. — Ovule ovarien montrant la coupe transversale d'un fuseau de direction dans lequel on compte dix ou onze chromosomes, dont plusieurs sont scindés ou sur le i)oint de se scinder en deux. Fixation et colo- ration : id, Obj. apochromatique Zeiss à immersion à l'huile^ oc. compens. 8. FiG. 7, — OEuf pondu. Fixation par la liqueur de Hermann. Colo- ration par la safranine. FiG. 8- — OEuf situé dans la cavité pcribranchiale. Le second globule polaire est sur le point de se détacher et deux spermatozoïdes sont entrés dans l'ovule. Fixation par la liqueur de Hermann. Coloration par la safraninc et le violet de gentiane. FiG. 9. — OEuf pondu, montrant le premier globule polaire, à côté du second fuseau de direction. Fixation par la liqueur de Hermann. Coloration par la safraninc. FiG. 10, — OEuf situé dans la cavité péribranchialc. Fixation et coloration : id. FiG. i I, 12, 15, 14. — OEufs pondus. Fixation et coloration : id. ' de l:\aid It ,1,' lichiiqu,; VSmc.lome \\\ î^ **x-^l ^-^ i ,.^:- ir m-^ ■r^f^ m> @ <£S> /(■ Uelqujite. J' Série, loiiie \\\ i'I, Il # A' / /■ »!!'^'Vp.%"*' .* V "•t ^■- ^. 0 ».•• i?r^^^?i^*- z^- :è ... . '^ ^Jc ;#! JP: ( 569 ) FiG. 15. — OEuf situé dans la cavité péribranchiale. Fixation et coloration : id. FiG. 16. — Ovule ovarien. Fixation et coloration : id. FiG. 17. — OEuf situé dans la cavité péribranchiale. Fixation et coloration : id. FiG. 18. — OEuf pondu. Coloration et fixation : id. Il montre un stade de formation du second globule polaire, et deux asters entourant chacun un amas chromatique du germe mâle. La partie chromatique du spermatozoïde appar- tenant à l'aster le plus rapproché du futur pronucleus femelle était visible sur la coupe suivante. FiG. 19. — OEuf pondu. Fixation et coloration : id. On y aperçoit le pronucleus mâle forme et le début de formation du pronucleus femelle. FiG. 20. — OEuf pondu. Fixation et coloration : id. Il montre le second globule polaire, ainsi que les deux pronucleus. A l'un des pôles de l'œuf, on voit un reste de sperma- tozoïde. FiG. 21. — OEuf pondu. Fixation et coloration : id. Il montre le premier noyau de segmentation, accompagné de deux sphères attractives. FiG. 22. — OEuf pondu. Fixation et coloration : id. On y voit les deux pronucleus, accompagnés chacun d'un aster. FiG. 25, — OEuf pondu. Fixation par la liqueur de Flemming. Coloration par la safranine. FiG. 24. — OEuf pondu. Fixation par la liqueur de Hermann. Coloration par la safranine. Les deux pronucleus se rapprochent. l'iG. 28. — OEuf pondu. Fixation et coloration : id. Le noyau de la première sphère de segmentation est au premier stade de la mitose. O""* SÉr.IE, TOME XXX. 38 ( S70 ) FiG. 26. — OEuf pondu. Fixation parla liijueur de Flemming. Colo- ration par la safranine. Les noyaux des deux premiers blastomères sont au stade de rétoile mère. FiG. 27. — OEuf pondu. Fixation et coloration : id. FiG. 28. — OEuf pondu. Fixation et coloration : id. Stade de rétoiie mère du premier noyau de segmentation. FiG. 29. — OEuf pondu. Fixation par la liqueur de Hermann. Coloration par la safranine. On y voit les deux pro- nucleus. FiG. 50. — OEuf pondu. Fixation par la liqueur de Flemming. Coloratipn par la safranine. Stade dyaster du premier noyau de segmentation. Dans la sphère attractive supérieure, ou distingue une ligne plus compacte, cor- respondant probablement à la division du centrosome. Note sur la constitution de la matière aux environs du point critique; par F.-V. Dwelshauvers-Dery, assistant à l'Université de Liège. Au cours des recherches préliminaires à une autre série d'expériences, j'ai été amené à mesurer avec exactitude la hauteur de la colonne d'anhydride carbonique liquide contenue dans un tube scellé et à étudier les variations de cette hauteur avec la température. Suivant que le tube avait été porté à des températures diverses, cette hauteur et, par conséquent, le volume du liquide étaient soumis à d'importantes variations, d'où la nécessité de faire des séries d'observations dans des conditions diverses. Le tube est d'abord plongé dans un bain froid dont la température est élevée très lentement, en retirant de petites quantités d'eau froide et en les remplaçant par de l'eau tiède, au moyen d'une pipette. L'agitation est conti- D' F.-V. Dwelshauvers-Df.ry, £uU. de l'Acad. roy. de Belgique, 3' sér., t. XXX, n» n, pp 570-575, iSgS. ( ÏS71 ) nuelle, ce qui assure l'homogénéilé de température. Cette dernière est mesurée au moyen d'un bon thermomètre au 7io de degré; les hauteurs, proportionnelles aux volumes du liquide, sont données par un cathétomètre au '/20 ^^ millimètre. Les résultats des deux premières séries, moyennes de quatre ou cinq observations, sont donnés avec une plus grande approximation que ceux des (rois autres séries, les difficultés expérimentales étant trop grandes dans ces dernières pour que les centièmes de degré ou de millimètre puissent être appréciés. Le tube employé était long de 261 millimètres. Première série d'observations. — Le niveau du liquide dans le tube s'élève régulièrement de 0° à 20°, reste sensiblement constant de 20° à 20", puis s'élève avec une vitesse croissante jusqu'au point critique. Voici le tableau des résultats, représentés par la courbe I de la planche: Températures. Hauteurs du liquide — 0,65» 105,30°'"' + 3,52 106,16 10,40 107,69 14,40 108,55 20,78 109,28 23,15 109,37 25,43 109,45 27,G8 110,29 29,57 111,02 30,05 111,17 51,23 120,50 Deuxième série d'observations. — Le bain est chaufle plus rapidement, en remplaçant des quantités plus grandes d'eau froide par de l'eau chaude. A partir de i5°ou 18°, ( 572 ) une légère ébullition se manifeste dans le liquide du lube; elle cesse bienlôl, mais le niveau descend rapidement jusqu'à 28% puis se relève jusqu'à la température critique. Tableau des résultats, courbe II : Températures. Hauteurs du liquide. 1G,10» 107,37°'"' 18,47 108,34 21,10 100,97 25,55 100,07 20,60 104,00 28,90 104,27 29,45 105,02 50,30 104,77 50,95 105,77 Troisième série d'observations. — Le liquide est d'abord porté à la température critique (31,4°), puis le bain est refroidi en remplaçant des portions de l'eau qu'il contient par de l'eau froide. Aussitôt dégagé de la légère couche de brouillard qui se forme d'abord, le ménisque descend rapidement, puis se relève régulièrement jusqu'à 20', comme le prouvent le tableau suivant et la courbe lll : Températures. Hauteurs du liqui 30,4" 99,2'°'" 29,2 96,1 28,1 97,8 27,1 98,7 26,1 100,6 23,3 103,1 20,8 103,2 Les deux derniers résultats sont légèrement trop faibles. ( 375) Quatrième série cf observations. — Le tube est plongé dans un bain à 50°, puis porté dans un bain à la tempéra- ture critique, bain qu'on refroidit comme tantôt. Dans cette manœuvre, le tube a été aussi peu remué que pos- sible. Le ménisque apparaît très bas, après formation d'un brouillard intense dans une grande partie du tube; il s'élève très rapidement d'abord, moins rapidement ensuite. Tableau de la courbe IV : Températures. Hauteurs du liquide 50,30» 85,3°"» 50,25 87,0 50,20 89,7 29,1 95,5 29,0 95,9 27,9 98,6 26,6 100,8 25,5 102,2 24,5 105,0 22,2 105,6 20,9 104,2 20,1 104,0 Cinquième série d'expériences. — Après avoir été porté à la température de 45°, le tube est retourné sens dessus dessous et agité de façon à provoquer un mélange intime de son contenu. Il ne se forme plus de ménisque, comme dans les troisième et quatrième expériences, à la tempéra- ture de transformation; le brouillard, très intense, remplit tout le lube, se résout en pluie, et il faut attendre, pour ( 574 ) observer, que le liquide se soit amassé dans le fond du lube. On obtient ainsi la courbe V. Températures. Hauteurs du liquide. 29,9» 88,6"°' 28.5 99,4 25.6 103,2 23.5 105,2 49,1 105,3 Les dilBcuiiés opératoires ont été très grandes dans les trois dernières séries d'observations. La hauteur du liquide varie, même quand l'état thermomélrique reste constant; elle ne prend qu'après un temps considérable une position lixe. Ces difficultés sont un résultat et une preuve de la poly- morphie extrême de la matière aux environs du point cri- tique. Il devient évident par l'examen des résultats précédents, que la température seule ne suffît pas à déterminer la composition de la vapeur enfermée en présence de son liquide dans un tube scellé, du moins quand cette tempé- rature est voisine de quelques degrés (par exemple 10°) de la température critique. A une même température, 25° par exemple, correspondent des hauteurs de liquide variant de 100,8 (V) à 109,6 (I) millimètres, c'est-à-dire de plus de 9 7o- Pourtant ces vapeurs, si difl'érentes de constitu- tion, sont dans un état d'équilibre parfait et qu'elles con- servent longtemps. Il semble s'être formé une solution en proportions variées du liquide dans sa vapeur, certes une solution, car un entraînement de liquide à l'état vésiculaire ne présenterait pas ces caractères de stabilité. Quant aux ( 575 ) conditions qui déterminent la quantité de liquide dissous dans la vapeur, elles sont encore inconnues. Peut-on admettre que la matière soit homogène à partir de la température critique ou même peu au-dessus de celle-ci? En observant les directions des courbes I et II légèrement prolongées, ne doit-on pas être amené à croire que l'homogénéité ne sera atteinte qu'à une température bien plus élevée? La forme de la courbe III prouve du reste que la constitution de la matière à une température peu supérieure au point critique (quelques dixièmes de degré) est fort différente de celle qui s'obtient quand le fluide a été porté à une température plus élevée de presque 20° (IV). Même dans ce dernier cas, l'homogénéité n'est pas aussi complète que si le tube a été agité (V). Ces observations prouvent donc une fois de plus le prin- cipe déjà énoncé, en 1892, par M. P. De Heen et d'après lequel à une température déterminée, voisine de la tem- pérature critique, correspondent une infinité de vapeurs saturées de compositions différentes, par conséquent de densités différentes (1). (Liège, 28 octobre 1895. Institut de physique.) (1) Bulletin de l'Académie royale de Belgique, ô« série, t. XXIV, pp. 267-285 (1892). ( S76) CLASSE DES LETTRES. Séance du 4 novembre 1895. M. L. Vanderkindere, directeur. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alph. Wauters, P. Willems, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, J. Stecher, T.-J. Lamy, Ch. Loomans, G. Tiberghien, le comte Goblel d'Alviella, F. Van der Haeghen, J. Vuyisleke, E. Banning, Paul Fre- dericq, God. Kurlb, Mesdach de ter Kiele, membres; Alph. Rivier, J.-C. Vollgraff, associés; le chevalier Ed. Des- camps, Ern. Discailles et V. Brants, correspondants. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique demande que la Classe lui transmette la liste double de présentation pour la composition des jurys qui seront appelés à juger la dixième période du concours quinquennal d'histoire nationale et la troisième période du concours quinquennal de sciences historiques (I89I-1895). Cette élection aura lieu dans la séance du 2 décembre. ( S77 ) — Le même Ministre envoie, pour la bibliollièque de l'Académie, un exemplaire des ouvrages siiivanls : i° Histoires lunatiques ^ par H. Krains; 2° L'organisation de la liberté et le devoir social; par Ad. Prins; 3° Inventaire des archives de la ville de Malines, tome VIII; par V. Hermans; 4° Bulletin de la Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège, tome VIII. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : 1" De geheimzinnige Ketterin Bloemaerdinne [zusler Hadeivijch) en de secte der « Nuwe » te Briissel, in de XIV' eeuw; par Paul Fredericq; 2° Les rues, les places publiques, etc., de Bruxelles, de jadis et d' aujourd'hui (suite); par A. Wauters; 5* Les élections en Angleterre; par Lefèvre-Poutalis, associé; 4° De Corganisalion de la bienfaisance publique et privée dans les campagnes au XVIIP siècle; par Léon Lallemand, associé; 5° Les Mound-builders, une monographie ; par le mar- quis de Nadaiilac, associé; 6° Les étapes de l'histoire sociale de la Belgique; par Maurice Heins; 7° De la poursuite des infractions prévues par le Code rural; par Delroz; 8° Le testament de Gains Longinus Castor; par Jos. Wil- leras; avec une note de M. Rivier qui flgure ci-après. — Remerciements. ( 578 ) I — M"'' Lievevrouw-Coopman, institutrice à Gand, envoie le premier exemplaire de son travail couronné par le jury De Keyn et portant pour litre : Het volkskind, zijne opvoeding en zijn onderwijs. CONCOURS ANNUEL DE 1896. Un mémoire portant pour devise : La pensée de Bodhi est inséparable de l'idée du Vide el de la charité, a été reçu en réponse à la question suivante : Histoire du Bouddhisme du yiord, spécialement au Népaul. Utilité des sources sans- crites pour rétude du Bouddhisme. — Commissaires : MM. de Harlez, Goblel d'Alviella et Kurth. NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. Le testament de Gaius Longinus Castor; par Joseph Willems. On sait quel prix attachait à l'institution du testament le citoyen romain. Le droit de disposer souverainement de son patrimoine par un acte de dernière volonté lui appa- raissait comme un complément précieux du droit de pro- priété et comme la plus énergique manifestation de sa personnalité, de sa liberté. D'après l'ancien droit civil, inscrit aux Douze Tables, les descendants du père de famille que sa mort faisait pères de famille à leur tour, ainsi que sa veuve, lui succédaient de plein droit en qualité d'héritiers nécessaires; à leur défaut, l'héritier légitime était le plus proche agnat ; à défaut d'agnats, c'était la ( S79 ) f/ens, corporation autonome représentant l'ensemble des descendants d'une souche commune lointaine. Mais si le défunt n'appartenait à aucune gens, s'il n'avait pas d'héri- tier du premier ordre, si l'agnat le plus proche était inca- pable ou refusait l'hérédité, l'État, le peuple était appelé à la recueillir, et cette éventualité anlifamiliale, propre à paralyser l'activité au lieu de la stimuler, et qui diminuait la personnalité du citoyen, lui paraissait odieuse et redou- table. Pour l'écarter, il lui fallait la faculté et la liberté de lester, avec la certitude que son testament serait respecté comme une loi : a Uti legassit », dit la loi des Douze Tpay- yiXTiv, xal rotîioai o à'v SûvTjxai, èXOwv ^£ipoxov£'t xôv Il'.TrTvov àvopa xô xt)V.- xaûxa X(av e'joo'x'.ulov, 7:potaxâ[Ji£vov àixa xal xiîjv 7:pay[JLâxci)v à—o xoû pTjyo'ç*... IIiTtlvo; 7:pOTiy£"îxa'. xoô eôvouç TrpôJxoç où xaxà ysvoç, Xuaavxo; aôxo'v xtjç e—iop- xta; XT,; Trpôç xèv pr^ya xoû aùxoû Sx£- (pivou, xal aTOXîîpavxoi; xov Trpo aùxoû prjya xal £v [xovaaxTjpîto jjL£xà xtii.r(? xal àva— a'J^Ewç TTEpiopîaavxoi; (1). et ad quos summa imperii perlinebal tenebanlur; ncque régi aliud relinque- batur, quam ut régis tantum noniine conlenlus,crine profuso, barba summissa, soiio resideret ac speciem dominantis effingeret, legalos undecunque venientes audiret eisque abeuntibus responsa, quae erat edoclus vel etiam jussus, ex suà velut poteslaie redderel, cuni praeler inutile régis nomen et precarium vitae slipen- dium, quod ei praefecius aulae prout videl)atur exhibebat, nibil aliud proprii possideret quam unam et eam praeparvi reditus viilam, in quà doniuin et ex quâ fauiulos sibi necessaria ministrantes alque obsequium exbibentes paucae uumerosi- lalis habebat. Quocunque eundum erat, carpento ibat qnod bubus junciis el bubulco rustico more ageiite irabebatur. Sic ad palatiuni, sic ad puLlicum popuii sui convenlum, qui annualim ob regni ulili- lateni celebrabatur, ire, sic domura redire solebat : at regni adminislrationem et omnia quae vel douai vel foris agenda ac disponenda eranl, praefecius aulae procu- rabat. On voit raaintenanl comment Eginhard a utilisé sa source byzantine. Il lui a emprunté tout ce qui lui semblait présenter le caractère d'une information positive, et écarté des détails qui sentaient par trop leur légende. A la place de ces soies de porc que le chronographe byzantin attachait si malicieusement à la nuque des descendants de Clovis, l'auteur franc a mis la royale crinière qui flottait en réalité sur leurs épaules, en indiquant toutefois, par un (1) Cf. rédilion de De Boor, Leipzig, 1885, t. I, p. 402. ( 584 ) trait rapide, qu'elle avait perdu toute sa majesté et qu'elle n'était plus, pour le peuple lui-même, qu'une singularité archaïque. 11 a écarté aussi ce trait brutal : à)vOYwç éaOieiv y.cà 7iivet.v, mais il a gardé la description du champ de mai présidé par le royal fantoche, et il y a même ajouté cer- tains détails. Mais, comme si sa source lui avait porté malheur, ces délails manquent eux-mêmes d'exaclitude : le char traîné par des bœufs, qu'il semble reprocher aux rois mérovin- giens, était l'attirail ordinaire d'un voyageur de ce rang, et l'unique villa dans laquelle il les renferme pour toute l'année, avec une pension irrégulièrement payée par le maire du palais, appartient à la légende et non à l'histoire. Nous savons, par les diplômes émis pendant la première moitié du VIll^ siècle, que les rois mérovingiens avaient, au contraire, plusieurs résidences. Il nous reste quinze de ces documents, et ils nous font connaître une dizaine de résidences royales, à savoir : Quierzy, Maumagues, Crécy, Compiègne, Paris, Soissons, Coblence, Valenciennes, Pon- tion et Gondreville {\). Évidemment elles sont loin d'être les seules, et nous avons le droit de penser que nous en connaîtrions un bien plus grand nombre, si nos sources nous permettaient de reconstituer tout l'itinéraire des derniers Mérovingiens. Dans tous les cas, elles suffisent pour montrer l'erreur d'Eginhard, qui est particulièrement frappante par rapport au dernier de tous ces rois, c'est-à- (1) Les diplômes de Ctiildebert UI sont dates de Quierzy (702), de Maumagues (706, 7 1 0 et 7 H ), de Crccy (709). Ceux de Chilpéric II, de Compiègne (71 G et 717) et de I^aris (717). Ceux de Thierry IV, de Soissons (721), de Coblence (721), de Valenciennes (725), de Ponlion (720) et de Gondreville (727), ( S85 ) dire à Thierry IV, auquel, à coup sûr, sa descriplion devrait se rapporter d'une manière spéciale. Ce monarque a résidé lour à tour, dans l'espace de sept années, à Soissons, à Coblence, à Valenciennes, à Pontion et à Gondreville, c'est-à-dire qu'il s'est promené à travers tout son royaume, de l'est à l'ouest, vivant successivement dans des villas et dans des cités. Nous voilà loin, il faut l'avouer, du roi fainéant colloque dans une seule ferme et y vivant dans la gêne avec son modeste entourage! A entendre notre biographe parler en Byzantin, rien que pour avoir consulté une source byzantine, on peut se con- vaincre de l'influence qu'à son insu l'imitation de la forme a exercée sur sa propre pensée. Elle l'entraîne peu à peu hors de son atmosphère et le transforme, lui, l'apologiste des Francs, en une espèce de caricaturiste de son propre peuple. Ses modèles antiques lui ont tendu le même piège. Nous l'avons vu, dans le Vita Karoli, rapporter, sans penser à en tirer des conclusions, certains faits comme l'incendie du pont de Mayence; mais lorsque, quelques chapitres plus loin, à la suite de Suétone, il veut absolu- ment trouver pour la mort de Charlemagne le pendant des signes avant-coureurs de celle d'Auguste, il donne subitement à ces mêmes faits une portée qu'il semblait ignorer tout à l'heure, et il en fait des présages, simple- ment parce que son modèle antique exige de lui qu'il cite des présages (1). On s'étonnera peut-être de voir l'historien franc em- prunter à un chroniqueur de Constantinople des rensei- (i) Voyez le chapitre XVII du Vita Karoli, puis le chapitre XXXII du même ouvrage en parallèle avec le chapitre XCVII de la bio- graphie d'Auguste, de Suétone. S"* SÉRIE, TOME XXX. 39 ( 586 ) gnemenls sur les rois mérovingiens. Je ne m'attarderai pas à commenter celte singularité, qui prouve à la fois la pauvreté de l'historiographie franque au VHP siècle et l'attention respectueuse que les lettrés d'Occident conti- nuaient d'accorder aux productions du monde impérial. Ce qu'il est plus important de noter, c'est la rapidité rela- tive avec laquelle Eginhard a eu connaissance de sa source byzantine. La Chronographîe de Théophane a été com- mencée et terminée entre 810 et 815, et nous savons que la Vie de Charlemagne par Eginhard était déjà achevée en 820, puisqu'en 821 les moines de Sindieozes-Au la possédaient déjà dans leur bibliothèque (1). C'est donc dans les cinq années qui suivirent la publication de l'ouvrage grec que le solitaire de Michlinstadt a pu se le procurer et le lire. Cette promptitude d'information s'explique par la fréquence des relations que l'empire franc entretenait à cette époque avec Byzance. De 814 à 817, Louis le Débonnaire ne reçut pas moins de quatre ambassades byzantines, et il est probable que lui-même en envoya plu- sieurs de son côté, bien que nous n'en connaissions qu'une seule. Comme, de 817 à 824, il n'est plus venu aucun mes- sage de Byzance, il faut croire qu'Eginhard se sera pro- curé la Chronographîe avant cette date. Il avait des relations étendues, il était curieux et avide de connaissances, et il ne serait pas étonnant qu'il eût chargé un des membres de l'ambassade franque de lui rapporter les nouveautés littéraires. Nous ne sortirons pas de notre sujet en nous demandant, pour unir, de quelle provenance pouvaient bien être les (1) Pertz, m. g. h., Scriptores, II, p. 427, n. 24, d'après Neugart, Episcopat. constanliens., p. 540. ( S87 ) renseignements de Théophane sur les rois mérovingiens. Il faut remarquer que ce qu'il dit du rôle du pape Etienne II est exact, mais incomplet. Obligé de se réfugier auprès de Pépin, Etienne II a en effet couronné ce prince. Théophane ne dit pas et semble ignorer qu'avant ce cou- ronnement, Pépin avait déjà été couronné une première fois par saint Boniface, à la suite d'une consultation rendue par le pape Zacharie; mais, ne mentionnant Pépin que d'une manière incidente, il pouvait ne pas rapporter ce fait, même s'il l'avait connu. Eginhard, au contraire, qui parle ex professa de l'accession de Pépin au trône, devait rap- porter celle première intervention pontificale; en ne le faisant pas, il aggrave l'inexactitude et la transforme en une véritable erreur. Pour la description des derniers rois mérovingiens, elle est manifestement, chez Théophane, de source orale, et provientdequelqu'unqui,louten connaissant les faits, s'est complu à les travestir. Ce qui me le fait croire, c'est le mot KpiG-zÔLTa'.. Ce mot, qui a dérouté tous les chercheurs (i), n'est ni grec ni latin; il trouve son explication dans la langue franque. Cristiau, dans les gloses malbergiques de la Loi salique, signifie un porc (2). Qu'un mauvais plaisant, (1) Grimh. Deutsche Mythologie, 4« édition, t. III, p. 112. — K. MÛLLENHOFF, Zeitschfift fur das deutsche Allerthum, t. VI, p. 4.32. — Pio Rajna, Le origini delV epopea francese, p, 298. (2) u Si quis verrem furaverit, cui fuerit approbatum, malL. cristiau, sunt din. VII fac. sol. XVII, culp. jud. excepte capitale et dilatura. » (Hessels et Kern, Lex Salica, cod. 2 [9], col. 11.) Les autres textes glosés de la Loi salique portent les variantes cristau, crisliano, cristao. Voir sur l'interprétation du mot : Ker>. Notes on the frankish words in the Lex Salica, dans le livre cité de Hessels et Kern, col. 446. ( 588 ) après avoir comparé à des soies de porc les longs cheveux blonds des princes mérovingiens, ait imaginé de raconter à son crédule auditeur byzantin que les rois francs étaient, à raison de leur chevelure, qualifiés de rois porle-soies (zpi'/opy.yor.xa.i), cela n'est pas impossible, à moins de supposer que l'auteur de cette sotte légende serait le Byzantin lui-même, qui, rentré chez lui, aurait arrangé de la sorte ses souvenirs de voyage (1). Au siècle suivant, nous verrons Liutprand de Crémone, revenu de son ambas- sade de Conslantinople, parler avec le même mépris du monde byzantin et en tracer à ses compatriotes des tableaux qui sont de vraies bouffonneries. Nous avons ici l'occasion de constater combien l'histo- riographie byzantine était tombée depuis le VI" siècle. Alors aussi, il se trouvait des écrivains grecs qui faisaient connaître les Francs à leuis compatriotes; mais, au lieu de compiler des légendes dans le fond de leur cabinet, ils venaient en Occident, et ils parlaient de choses qu'ils avaient vues, ou tout au moins dans le milieu desquelles ils avaient vécu. Qu'on rapproche, par exemple, du répugnant tableau tracé par Théophane, la page si vivante et empreinte de si large sympathie dans laquelle Agathias (I) Pio Rajna écrit ce qui suit, 0. c, p. 298 : « A me pare pro- babile che s'abbia qui un travisamento della tradizione vera, divul- galo in servizio dell' usurpatione carolingia ; che 11 porco non se vedc conae possa entrare nella forma legittima. » Mais le fait seul qu'Eginhard n'a pas reproduit rirrévérencieuse légende montre bien qu'elle ne constituait pas un argument dynastique au profit des Carolingiens. On ne voit d'ailleurs pas comment des Francs auraient pu inventer une légende qui devait les rendre ridicules au même titre que leur vieille dynastie. ( 589 ) décrit les Francs el leurs rois chevelus (1). Le contraste est saisissant et donne bien l'idée d'une décadence pro- fonde. Ce n'est pas seulement l'historiographie byzantine qui a reculé, c'est la pensée nationale elle-même. Byzance, au lieu de chercher à connaître les barbares qui triomphent d'elle, se venge d'eux en racontant sur leur compte des historiettes ineptes (2). (I) AcAxniAS, I, 2-5. ("2) Cette étude ét.iit déjà imprimée lorsque j'ai pu prendre connaissance de la nouvelle édition de Théophane par De Boor (Leipzig, chez Tcubner, 1883). J'y vois que d'après ce savant (0. c, t. I, p. -402). tout le passage discuté par moi serait une interpolation qui aurait été introduite dans le texte de Théophane à une date postérieure, à titre de glose de la phrase suivante de cet auteur: Je dois avouer qu'à première vue cette conjecture de De Boor ne manque pas d'une certaine vraisemblance, cl qu'en effet la dispo- sition du texte de Théophane, à cet endroit, paraît plaider en sa faveur, mais je me hâte d'ajouter que s'il y a eu interpolation, elle ne peut être que de Théophane lui-même. Tous les manuscrits connus de cet auteur (ils sont au nombre de sept) contiennent le passage en question. Cet argument, il est vrai, toucherait médiocre- ment De Boor qui, précisément, soutient qu'ils dérivent tous d'un archétype déjà interpolé. Mais il est fort difficile d'admettre l'hypo- thèse de De Boor en présence du texte de Cedrenus, qui a résumé la chronique de Thcoplianc dans son abrégé d'histoire universelle, et qui reproduit à peu près textuellement la partie principale du passage. Cedrenus paraît avoir écrit à la fin du XI'' siècle; son récit s'arrête à l'année 1059 (*). V^oici comment il s'exprime : 'laxdpTiTat 0£ oti È'6o<; f,v xôv pr^ya. <ï>pàYYta; xaxà yévo<; àpyetv, xa\ piTjoèv oiotxîTv 7:Xt)v 6-i àXdyco; èuOîî'.v xai -ivîtv, xaxà oè xôv Matov (*) Krumbacher, Geschichte der byzaniiuischeu Liiierattir. Munich, -1891. p. -140. ( mo ) [jLÎjva TcpoxaôÉî^eaOai Èul Travràc tou £'6vou(; ital TrpoaxuveTv aùxolç xai àvxtTTpocTxuvetaGat ûir'aÙTàiv, SwpoœopsTaOat te xaxà (Juvî^Oetav xal àvti- ^iSo'vai aùxolç, £)(^e'v oè Tipdoixov Yvt6[i.T)v aùxoû xal xoij e6vou(; elç xô SiotxsTv Ttavxa xà TrpàyfjLaxa, 'EXéyovxo Se ol ex xou yévout; èxeîvou xpiiTtàxoi, é epfXTtjvEuexat xpt^^opa-^àxot eT^ou yàp xaxà xt^i; pâteux; aûxâiv xpî^^a; èxcpuojjLs'vac; w; ^(^olpot f). Si donc le passage de Théophane n'était pas authentique, il faudrait admettre que dès le XI' siècle au plus tard, le texte de cet auteur était déjà tellement altéré, que Cedrenus lui-même ne put pas s'en procurer une copie correcte. Il faudrait admettre aussi, dans ce cas, que c'est Eginhard qui est la source, et que le passage de Théophane est écrit d'après lui. 3Iais tout prouve le contraire. La description de Théophane contient plusieurs traits originaux qui ne sont pas reproduits par Eginhard et qui ont un vrai cachet d'authenticité. Il dit quelle est chez les Francs la date du champ de mai (le premier du mois); il note ce trait si profondément germanique, que dans cette réunion le roi des Francs recevait les cadeaux de srs guerriers et leur en rendait, détail qu'après le IX' siècle on ne pouvait plus inventer nulle part, encore moins à Byzance qu'ailleurs; enfin, il a sur le mot xptaxâxat une légende qui, pour bizarre qu'elle soit, ne peut pas être d'origine postérieure à l'époque carolingienne. Où l'interpolateur byzantin aurait-il trouvé tout cela, si l'on devait admettre que c'est Eginhard et non Théophane qui est l'auteur du morceau? Car de nier que l'un des deux ait copié l'autre, c'est, je pense, ce qui ne viendra à l'esprit de personne. (*) Cedrenus, 1. 1, p. 794 (Bonn). ( m\ ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 7 novembre i895. M. Gevaert, directeur, président de l'Académie. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Th. Radoux, vice - directeur ; Ad. Samuel, G, Guflens, Joseph Jaquet, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, Jos. Stallaerl, Alex. Markelhach, Max. Rooses, J. Robie^ G. Huberti, A. Hennebieq, Éd. Van Even, Ch. Tardieu, Alf. Cluysenaar, F. Laureys, «îemôres; Florim. van Duyse, correspondant. CORRESPONDANCE. La Classe prend notification de trois déclarations par lesquelles se font connaître : l" M. Éd. Deckers, d'Anvers, comme l'auteur du sujet de sculpture qui a obtenu une mention honorable au con- cours d'art appliqué (devise : La Justice pèse et décide); 2" M. L. Greuse, de Mons, comme l'auteur de la gravure (devise : Pour l'Art), et 5° M, Ch.-Th. Bernier, d'Angre, comme l'auteur de la gravure (devise : Bon vouloir), aux- ( 592 ) quelles la Classe a accordé une mention honorable en par- tage avec une prime de 300 francs pour chacun des deux concurrents. RAPPORTS. Il esl donné lecture des appréciations de MM. Fétis et Clays sur le deuxième rapport de M. Van Esbroeck, bour- sier de la fondation Godecharle, pour la peinture, en 1895. — Ces appréciations seront transmises en copie au Gou- vernement. ÉLECTIONS. La Classe se constitue en comité secret pour prendre connaissance de la liste des candidatures présentées par les sections pour les places vacantes. OUVRAGES PRESENTES. Fredericq {Paul). De geheimzinnige Ketterin Bloemardinrie (Zuster Hadewijck) en de sectie der « Nuwe » te Brussel, in de li"*' eeuw. Amsterdam, I89S; extr, in-S" (22 p ). Lancaster [Alb.). Communications faites au Congrès de la science de l'atmosphère : 1. Sur les cartes synoptiques du temps. 2. Sur la nature du vent. 3. Sur la force du vent en Belgique. Anvers, 1895; in-8° (59 p.). ( 593 ) Lducasler {Alb.}. Des chaleurs intenses de septembre 189S. Revue cliraatologique mensuelle : septembre 189S. Bruxelles, 1893 ; extr. in-S" (24 p. et 2 cartes). — Sur la période de froid du 27 janvier au 17 février 1895. Bruxelles, 1893 ; extr. in-8"* (10 p., 1 carte). Pi'ijis (Adolphe). L'organisation de la liberté et le devoir social, Bruxelles, 1893; in-8'' (257 p.). Broerman [Eug.). L'art appliqué à la rue et aux objets d'utilité publique. Bruxelles, 1895; in-8° (48 p.). Krains [Hubert). Histoires lunatiques. Bruxelles, 1895; in-8' (234 p.). Heins [Maurice). Les étapes de l'histoire sociale de la Bel- gique (Bruxelles, Anvers, Gand, Liège). Bruxelles, 1895; in-B» (257 p.). Dollo [Louis). Extension de l'Université libre de Bruxelles, 1895-1896. Cours de géologie. (Les grandes époques de l'his- toire de la terre). Bruxelles, 1895; in-B" (27 p.). Delroz. De la poursuite des infractions prévues par le Code rural. Liège, 1895; in-B» (47 p.). Dewèvre{Alfred). Les caoutchoucs africains. I. Monographie du caoutchouc. II. Les caoutchoucs africains. III. Les caout- choucs du Congo. Bruxelles, 1895; in-8» (89 p.). ffermans (V.). Inventaire des archives de la ville de Malines, tome Vlll. Malines, 1895; in-8'' (417 p.). WiUetns [Jos.). Le testament de Gaius Longinus Castor. Gand, 1895; extr. in-8» (23 p.). Arlon. Institut archéologique du Luxembourg. Annales, tomes XXIX et XXX. 1895. Ministère de l'Industrie et du Travail. Arrêtés royaux et instructions ministérielles de 1882 à 1895 réglant l'exécution de la loi du 1" octobre 1835 sur les poids et mesures, 1" sup- plément au Recueil publié en 1882. Bruxelles, 1895; in-B» avec atlas. — Poissons et crustacés des eaux douces et saumâtres de la ( 594 ) Belgique, et poissons étrangers y introduits ou dont l'acclima- tation serait désirable. Chromolithographies d'après les aqua- relles de M. Paul Delhez. Bruxelles, [189S]; in-8» (xv-54p.). Liège. Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège. Bul- letin, tome VIII. 1894. Allemagne et Autriche-Hongrie. Schlemùller {Wilhelm). Die Fortpflanzungs-Gcschwindigkeil des Schalles in einera theorelischen Gase. Prague, [1895]; in-8°(12p.). Berlin. Physikalische-technische Reichsanstalt. Abhand- lungen, Band II. 1893 ; in-4''. 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Delacre, correspondants, 3"" SÉRIE, TOME XXX. 40 ( 598 ) M. le Directeur adresse les félicitalions de la Classe à M. J. Delbœuf, qui vient d'être honoré par l'Université d'Edimbourg du titre de docteur honoris causa. {Applau- dissements.) — M. Delbœuf renaercie ses confrères. CORRESPONDANCE. M"* veuve Pasteur et ses enfantsexpriment leur recon- naissance pour les sentiments qui leur ont été adressés au sujet de la mort de M. Louis Pasteur. — M. Mansion remet, pour V Annuaire de 1896, sa notice sur feu Eug. Catalan, associé de l'Académie. — Remerciements. — M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publi- que communique, pour avis, une requête par laquelle M. E. Lahousse, professeur de physiologie à l'Université de Gand, demande à être envoyé au laboratoire de Naples. — Renvoi à MM. Van Beneden, Van Bambeke et Plateau. — M. Jos. Martin, de Visé, demande l'avis de la Classe sur le texte de son brevet se rapportant à une question d'acoustique musicale. — Dépôt aux archives, l'Académie ne pouvant émettre d'avis sur des pièces de ce genre, celles-ci n'étant pas de son domaine. — La Société industrielle d'Amiens adresse le pro- gramme de ses questions de concours pour l'année 1895- 1896. ( 599 ) — M. le Minisire de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie, pour la bibliothèque, un exemplaire des ouvrages suivants : 1" Archives de Biologie, tome XIV, 1" fascicule; 2° Flora Balava, aflevering 309 en 310. — M. le Ministre de la Guerre offre un exemplaire de la troisième livraison de la Carie topographique de la Belgique à l'échelle du âOfiOO^. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : i° Détermination of the constants of the diurnal nuta- tion ; par F. Folie (présenté par l'auteur avec une note qui figure ci-après) ; 2° A. Sur un cas particulier de l'homologie; B. Sur les quadrilatères articulés; par J. Neuberg; 3° Congrès de l'atmosphère organisé sous les auspices de la Société royale de géographie d'Anvers^ I89â. Compte rendu par le chevalier Le Clément de Saint-Marcq (pré- senté par M. Lancaster avec une note qui figure ci-après) ; 4° A. Note sur les cuticules de Tovarkovo ; B. Notice sur les Calamariées; par B. Renault, associé; 5° Champignons de Belgique; par Élie Marchai ; 6° Catalogue de la flore algologique de la Suisse; par E. De Wildeman ; 7° Manuel de la faune de Belgique, tome l"; par Aug. Lameere. — Remerciements. Le travail manuscrit suivant est renvoyé à l'examen de MM. Spring et Henry : Sur l'acide fluor-chlor-brom-acélique ; par Fred.Swarls, répétiteur à l'Université de Gand. ( 600 ) NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. J'ai l'honneur de faire hommage à l'Académie de ma Détermination of Ihe constants of the diurnal nutation, qui a paru dans le numéro de novembre du journal Science, de New- York, lequel compte Newcomb et Picke- ring parmi les membres de son Comité de rédaction. Dans celte courte note, dont j'ai déjà publié un résumé dans V Annuaire pour -1895, je signale explicitement la grave erreur commise dans son Numerus constans nuta- tionis par Peters, qui a calculé, avec un signe contraire, les termes de nutation dépendant de la double longitude du Soleil. Les constantes de la nutation diurne que j'ai trouvées sont : v = 0".070, L^ll^Ede Poulkovo. J'ajouterai que M. BijI vient d'achever sa détermination des mêmes constantes au moyen des excellentes observa- tions de Gyidén, et qu'il a trouvé v = 0".062, L = i3'"EdePoulkovo. Les observations de Peters m'avaient antérieurement donné L = 12M*). Comme je l'ai dit dans V Annuaire, on peut, dès aujour- (*) Annuaire pour 1894. ( 601 ) d'hui, introduire la nulal'on diurne dans la réduction des observations, avec la certitude de corriger celles-ci. On prendra : y = o".066, L == 0" E de Pouikovo. = 2*" E de Greenwich. F. Folie. J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, au nom du Comité d'organisation du Congrès de la science de l'atmosphère, qui s'est tenu à Anvers en aoùl 1894, un exemplaire du compte rendu des travaux de ce Congrès. On sait que le but de cette réunion était l'étude des courants aériens, envisagés tant au point de vue des recherches météorologiques qu'au point de vue plus spé- cial de l'aéronautique. C'était la première fois qu'un con- grès consacré exclusivement à cette étude avait lieu. Ainsi qu'il en est de toute entreprise nouvelle en géné- ral, ce début a été modeste, comme en témoigne le volume que j'ai l'honneur de déposer sur le bureau. Mais on peut espérer que la tentative portera ses fruits, même si l'avenir ne lui réservait pas les brillantes destinées qu'ont eues d'autres congrès qui, également, ont vu le jour en Belgique, comme, par exemple, la Conférence de météorologie mari- time réunie à Bruxelles en 1853, et le Congrès des sciences géographiques institué à Anvers en 1871. Les questions qui se rattachent au problème de la circu- lation atmosphérique prennent chaque jour plus d'impor- tance, et de grands efforts sont tentés partout pour arriver à leur solution. L'année prochaine verra s'inaugurer, dans le monde entier, un vaste système d'observations sur les ( 602 ) mouvements des nuages dans les diverses couches de l'en- veloppe aérienne de notre globe. La Belgique y prendra certainement part, on ne peut en douter. Le Congrès de la science de l'atmosphère est donc venu à son heure, et les jalons qu'il a posés, si modestes qu'ils soient, ont ouvert une voie qui, j'ose le croire, sera féconde. A. Lancaster. ÉLECTIONS. La Classe procède à la nomination de sa commission spéciale des finances pour l'année 1896. Les membres sor- tants sont réélus. CONCOURS. Conformément à l'article 38 du règlement général, il est donné lecture des rapports : 1" De MM. De Heen, Van der Mensbrugghe et Spring, sur le mémoire en réponse à la première question du pro- gramme du concours annuel de 4895 [Poids moléculaires des corps en dissolution) ; 2° De MM. Brialmont et Van der Mensbrugghe, sur les deux ouvrages soumis pour la deuxième période du Prix Charles Lemaire. La Classe se prononcera, dans sa séance du 13, sur les conclusions des rapports de ses commissaires. ( 603 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Physique mathématique. — Sur les équations du champ physique; par Ch. Lagrange, membre de l'Académie. Deuxième note. Distance élémentaire dans un milieu continu. — Milieu continu dont les éléments sont des agrégats de points rigides. i. J'ai, dans une première note (*), montré comment le principe de Vintensité des paramètres permet de tenir compte de la forme des éléments dans un milieu continu de points rigides. Je me propose, dans celle-ci, de cher- cher comment on peut introduire dans les équations d'un milieu continu , en outre de l'influence de la forme des points, celle de leur orientation relative dans le milieu. Je commencerai par mettre en évidence l'existence d'une distance élémentaire dans un milieu continu. 2. Soient xyz un point du milieu et abc les cosinus d'une direction. J'appelle distance élémentaire à partir du point xyZf dans la direction abc, une longueur S dont chaque point a pour vitesse relative par rapport à xyz la difiëren- lielle de la vitesse du milieu en xyz, prise, dans la direc- tion abc, à partir de xyz jusqu'à ce point. La distance S sera, d'après cela, au point xyz et au {*) Voir Sur les équations du champ physique, première note, Bull. Acad. roy. de Belgique, 5= série, t. XXIX, n" 5, pp. 353-362, 189S. ( 604 ) temps t, une fonction de la direction abc, et on aura géné- ralement (1) â = f{xyzabct), avec la relation a^ + 6^ + c^ = 1 . Nous trouverons une relation nécessaire et suffisante pour déterminer cette fonction en cherchant comment varie avec le temps, en un point xyz, la distance S dans la direction abc. Soient, au point xyz et au temps t, uvw les composantes de la vitesse linéaire; uvw sont des fonctions de xyzt. Au point xyz et dans la direction abc, 8 est devenu (8) = 5 + ^ di, au temps t -t- dt. Soient xyz, Xiy^zi deux points de 8. xyz est, au temps / -h dt, la position d'un point x'y'z' où, au temps t, les vitesses étaient u'v'w' ; et l'on a, au temps t, du du du u'=u -+■ -—{x' — x) +■ —{y —y)-y-—[z—z) dx dy az I ^^ d,v ^ ^ ^ dv ,2) ^„-=„^_(x_x)*_(j-y)-H-(.-.) dw dw dw De même x^y^Zi est, au temps t -+- dt, la position d'un point x\y\z\ où, au temps /, les vitesses étaient u\v[w'i\ et Ton a, au temps {, du, , dUi du, , u^ = u^-h -T- a:, — X,) -t- -1— (^i — yi) -+- -i~{zi — ^i) dxi dyi azi I dvi dv, , dv^ , (2') \ v[ = i\ -t- -— (x; — Xi)-i-—- {y, — yi)-*-j- (^. — ^il dx, aj/i azi dw, dtv, dw, , I ( 605 ) On a donc oc = x' H- u'dt = x' et par conséquent, en ne prenant que les infiniment petits du premier ordre, x' = X — udt, et de même (5). . . . \y' =^y — vdt z' =' z — wdt. On a semblablemenl xj = X, — Uidt (5') \y'i = yi- «1^^ z[ = Zt — Widt; par conséquent, on a xi — x' = X, — X — {u^ — u) dt (4). . . .\y\ — y' = yi — y-[v, — v)dt z\ — z' = 2^ — z — {Wi — w)dL Mais on a, au temps t, du , , f^^ , ^ ^^" / \ ( 606 ) par conséquent, puisque l'on a Xj — X = ((J) a z, — z = {$}c, on aura, en ne tenant compte que des infiniment petits du premier ordre, et en posant / du du du a = S [a - — i- 0 HC-— \ dx dy dz • / I dv , dv (6). • • ■'\? = '["Tx*''Ty^' I dw , dw dw y = S[a - — H 0- \- C-— \ dx dy dz !x\ — x' = x^ — X — udt y'i-y' = yi — y-pdt z\ — z' = Zi — z — ydt. On en déduit, pour expression de la distance 5' définie par l'équation S'^ = (x; - X')* ^ {y\ - y'f + {z\ - z')\ $'^ ^ {èf -^ {(^ -^ p^ + r^)de — 2[«(xi — x) -t- piyi — y) ■i-r{zt — z)jdt; d'où, en ne tenant toujours compte que du premier ordre, (8) S' = (S) — (aa -^ pb -^ rc)dt. Actuellement, on a, en vertu de (1), au temps t, dâ . dâ , dS , , ^ (9) di di , , dS I ( 607 ) en désignant par a'b'c' les cosinus directeurs de 5'. On a d'ailleurs, par (7) (8), X. — X — xdt a = r aa -t- ê6 -t- yc . {§) \\ L_ l-dt Xi — X X, — X aa -H ^6 H- xc di dt. d'où ( (n -4- 1) (m -♦- 5) (7* cos* 4. — (n -+- 1 ) o-'* La valeur de 0- a été donnée plus haut; en désignant par abc les cosinus directeurs de r, compté de G vers G', on aura (7C0Sf—y)z (21) ( —{z'H-K''*-z'—z—K-z)y =={y'-*-^'—y—>i)z—{z'-i-K'-z—i;)y ^if'z—z'y. En transportant ces expressions dans (20), (17), (18), on obtiendra (L') etX' sous forme d'une suite de termes dont chacun renferme au numérateur des sommes S (ou des termes) en ^yi5^, l''r\"Ç et des intégrales en xyz^ x'if'zi. Ces développements sont laborieux et ne peuvent figu- rer ici. Il suffira à noire objet actuel d'écrire les premiers termes de la valeur de X'. On trouve, en faisant, pour simplifier, f= 1, ( 613 ) y. _2. _y- y. «) 5^ • ;^ N ■t» *K •>ï «^ •h" S- •afi ^ ^ ^ '^ ^ ^ P^l ^1 H ^1 H ^1 "a. "y. y. 'y. ^ :t I/ •5^ ■N •N •H •s^ •t< ^H ^H ^s^ ^ ^ ^ ^ ^ '--^ H ^ ^1 t^l t^ t^ :i. iL y. ^ ^ y. ^ f^l 5^1 ^ ^1 ^1 + + + + + + Jl ^:t ^^ y. >UJ- «- xj- JXr JXJ- s- ^ ^^ >^ ^/^l t^l ^ "3. '^ X X X -^l ^ ^N ^1 ^1 t^ t^l + + + + + + ^t ~:L ~^ 'a. ^:i > w 'x- .VJ' x_r JJLT "x- X-P î-^ ÔUj. "x- ^1 ^J ^1 5^1 t^ ^1 :t a. a y. ^ il ^1 t^l t^l ^1 ^1 ^1 e S s ,;^ o « ^ ^ i^ -s + "+ + + + e ^ s ^ S ^ ,,..^-v "■ ' "■ — ■ kO T + s 1 1 + "s + * ^ — K + T + + + ^ , Sî S 3^ s ^ ^ ^*— -' "■*— ' ■ + ^^ ^M *^ •■■ ^^ + + + + + v^ -^ -^l' -î^ ^ "~^ + H I e ^ 5"" SÉRIE, TOME XXX. 41 ( 614 ) Celle expression est remarquable. Elle fall voir qu'après le terme dépendant des masses (claies ^[/., -u.' des agré- gats, le lerme prépondérant dépend des sommes ou inté- grales en i^ çri, ... ib^, xy, ... qui interviennent dans la ihéorie des moments d'inertie el de la rotation des corps. Comme j'ai eu l'occasion de le faire remarquer il y a déjà longtemps, ces intégrales sont les mêmes qui intervien- nent dans l'influence de la forme sur l'action d'une masse, ou dans la théorie des axes d'attraction (ou de répulsion). La formule (22) met netlement en évidence d'ailleurs les termes qui dépendent de la distribution des centres des éléments (termes en ç/iQ et ceux qui dépendent de leurs formes et de leur orientation (termes en xijz). 5. Soit u la vitesse de G suivant les x; on aura, en désignant par ù la vitesse du centre d'une masse [jl, lors de l'action de G' (voyez l'équation 16), Jù _ (X') dt /j. La moyenne des vitesses ù, qu'on peut écrire ^ Sm (el (jui est ici la vitesse du centre d'inertie de G), sera donnée par du fi ^ dû 2(X') X' (2o). . . . -r: = j~Z-}7 = ~j~ = y~' Soit w le moment desquaniilés de mouvements d'une masse jjl autour des x. On aura (équation 17) dû S7 -<■-''■ La moyenne des moments w, qu'on écrira ( 6i5 ) sera donnée par OU L' = 2(L'). 6. Considérons maintenant un milieu continu dont les éléments sont des agrégats G. Dans la formule (22) qui exprime la composante suivant les x de la force exercée par l'agrégat G' de centre x'y'z' sur l'agrégat G de centre xyz, les paramètres dépendant des {ji et des jx' deviennent des intensités (*), et, si du, du' sont des éléments de volume en xyz et x'y'z', cette composante a pour expres- sion X'dudu'. La force exercée par le milieu sur G sera donc dufX'du', l'intégrale étant étendue à tout le milieu suivant ce qui a été indiqué aux formules (13), (14), (15); M étant la vitesse linéaire du centre d'inertie de G suivant les X, on aura l'équation du mouvement du fX'du' — = -^ > dt I.(i en observant que la masse de G est égale à Sp. du. En regardant u comme une lonciion de xyz t, on aura donc l'équation dîc du du du fX'du (24). . •-j7-+-T-w-t-7-v + — w ='^—^ ' dt dx dy dz Zju. uvw étant les vitesses linéaires en xyz etX' étant donnée par l'équation (22). On aura semblablemenl, en désignant par w le moyen (*) Voyez la première note, Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3* série, t. XXIX, n» 3, pp. 353-562. 1895. ( 616 ) moment dans l'agrégat G (d'après le § 5) autour de l'axe parallèle aux x, et regardant w comme une fonction de xyz t, du d(>3 du da fjijh'di} ^ '' ' ' dt dx dy dz Ifjt. Les vitesses pqr autour des axes d'inertie sont ensuite données en fonction des moments w par des relations linéaires connues. 7. Les inlégrales/X'rfu',/L'f/u' renferment, sous forme de sommes et d'intégrales, des paramètres-intensités dont il reste à connaître la loi de variation dans le milieu, en les y considérant comme des fonctions de xyz t. Si au point xyz l'on désigne par m et w la vitesse linéaire et le moment angulaire, relatifs aux x, m et w étant des fonctions de xyz t, les grandeurs m et w (§ 5) pour les différentes masses pi de l'agrégat G de ce milieu con- tinu seront données en fonction des dérivées successives de M et w; on aura, en se bornant à écrire ici les dérivées premières, du du du (26). . . . M = M-+---t-+- — if-+- — ? ^ dx dy dz d(c du do (27). . . . w = w-+--^t-t-— "j-^-^-Ç; '' dx dy dz si l'on ne tient pas compte des dérivées d'ordre supé- rieur, on voit par ces expressions différentielles qu'en vertu des relations li = 0, l'ri = 0, 2<^ = 0, w et m des formules (26), (27) sont les moyennes des valeurs w et ù dans l'agrégat; w et m (26), (27) qui appartiennent au point xyz, sont, dans ce cas, identiques aux fonctions w ( 617 } et u des formules (23), (23)'. Il nous suffira, pour notre exposé actuel, d'adopter ce cas simple. Considérons la relation différentielle (26). m — m est la vitesse relative de p. par rapport à xyz. On a donc d^ du du du dt dx dy dz Celle relation et les deux analogues enr\ elK font con- naître en chaque instant les dérivées par rapport au temps des paramètres-intensités fonctions de i^riC Pour fixer les idées, considérons par exemple le paramètre ^^'[j. (un de ceux qui figurent dans l'expression de X', équation 22). On aura dt ^ \dx dv dw I (29) ] . j du -Krt du •^ ^ au ^ .^ dx ^ dv '^ dw ^ et cet exemple suffit pour faire voir que, si Ton désigne par I,, la ... I*, les k paramètres en i^iÇ existant dans un terme de X', on aura, entre ces k paramètres, k équa- tions déterminant en chaque point leurs variations en fonction du temps. Soit (^), exprimée sous une forme analogue à celle du second membre de (29) où 2^2 j^^ IWj., etc., sont des paramètres L, I„ ..., la dérivée partielle de I par rapport à t. On aura Véquation d'inlensilé (première note, § 3, équation 4) d\ d.ht d Av d.lw (dl\ elle constitue, en remplaçant f^j par sa valeur explicite, ( 618) une relation entre les intensités I, uvw et les variables indépendantes xyz t. On obtient d'une manière analogue, en partant de la relation des moments (27), les équations d'intensité rela- tives aux paramètres représentés par les intégrales en ac^i. Les trois équations (24) qui se rapportent à la transla- tion en chaque point, les trois équations (25) qui se rap- portent à la rotation en chaque point, et les équations d'intensité (30) en nombre égal à celui des paramètres- intensités, sont nécessaires et suffisantes pour déterminer en chaque point et en chaque instant l'état du milieu. Cet état a pour caractéristiques en chaque point : la vitesse linéaire, la vitesse angulaire, la distribution des centres et l'orientation des éléments. Connu à un instant donné, il le sera à tous les autres. 5. On voit clairement mis en évidence dans les calculs précédents les deux facteurs fondamentaux de la théorie mécanique de la cristallisation, savoir : 1° la distribution des centres avant la formation (termes en lr\^); 2° les axes d'action des éléments (termes en xyz). Le premier se manifeste seul quand le second n'est pas sensible, comme dans le système cubique qui rend visible le réseau tétra- édrique de distribution des centres. Les autres systèmes sont dus à l'action combinée de la distribution des éléments et de l'orientation de leurs axes {'). (*) Étude sur le système des forces du monde physique, pp. t08-HS, MÉM. de l'AcaD. ROY. DE BELGIQUE, t. XLVIll. Sur l'influence de la forme des masses dans le cas d'une loi quel- conque d'attraction^ etc. Ibid., t, XLIll. La Ihéorie géométrique des réseaux n'explique pas pourquoi les cristaux sont termines par des faces planes. Il faut introduire un ( G19 ) On établit par les mêmes principes dont nous venons de nous servir les équations du mouvement d'un milieu à éléments {x, non plus rigides comme ci-dessus, mais eux- mêmes systèmes déformables ; et ensuite la transformation d'un milieu en un autre par la déformation de ses élé- ments {x (mécanique chimique). Mais, avant de continuer ce sujet et afin d'explorer d'abord le champ dans ses lignes fondamentales essentielles, nous nous proposerons, dans la note qui suivra celle-ci, d'introduire dans les équations la pression interne, à la fois force de surface et potentiel duquel dépendent les mouvements de la chaleur et de l'électricité dans le milieu. élément mécanique : c'est rcxisicncc, dans les reseaux, de plans de maximum d'action. Ces plans de maximum d'action existent dans les gaz et les vapeurs, comme le prouve le fait de la cristallisation. Le fait de la cristallisation des vapeurs est décisif et suffirait à lui seul pour démontrer que la théorie cinétique ne peut être l'expres- sion de la réalité. ( 620 ) CLASSE DES LETTRES. Séance du 2 décembre 1895. M. L. Vanderkindere, directeur. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Alph. Waulers, P. Willems, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Polvin, T.-J. Lamy, Ch. Loo- mans, G. Tiberghien, le comte Goblet d'Alviella, F. Van- der Haeghen, Ad. Prins, J. Vuyisteke, E. Banning, A. Giron, le baron J. de Chestret de Haneffe, Paul Frede- ricq, God. Kurlh, Mesdach de ter Kiele, H. Denis, membres; Alph. Rivier, le comte de Franqueville, J.-C. Vollgraff, associés; le chevalier Ed. Descamps, Ch. Duvivier et V. Brants, correspondants. M. Ernest Discailles écrit qu'une indisposition Tempéche d'assister à la séance. M. le Directeur souhaite la bienvenue à M. le comte de Franqueville, de l'Institut de France et associé à la Classe. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique adresse, pour la bibliothèque, les ouvrages suivants : A. Inventaire analytique et chronologique des archives ( 62i ) de la ville de Saint- Trond, tome V, 3' livraison; par Fr. Straven ; B. Bibliolheca Belgica, livraisons 128-132; C. Louvain dans le passé et dans le présent; par Éd. Van Even; D. Woordenboek der nederlandsche taal^ deel III, S"' aflevering; E. Bulletin du Cercle archéologique de Malines, tome V, 1894, 1" fascicule; F. Revue néo'scolastique, 1894 et 1895. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : 1° Par M. le duc d'Aumale, associé : Histoire des princes de Condéy tome VII et Index; 2" Par M. Sully-Prudhomme, associé : A. VInstitut de France; B. Que sais -je? Examen de conscience. Sur l'origine de la vie terrestre ; 5° Par M. Godefroid Kurlh : Clovis; 4» Par M. J. Vuyisteke : Het Gravenkasteel. Van welken tijd dagteekenen de verschillende nog bestaande deelen van het Gravenkasteel ; 5° Par M. Victor Brants : Compendio di economia sociale; Iraduzione del cav. Luigi Masson; 6° Par M. François Souffret, docteur en philosophie et lettres, à Jambes (Namur) : Étude sur la fixation du sens de quelques termes hébreux du livre de Job; T Par M. J. Vercoullie, de Gand : Werken van zuster Hadeunjck, II; 8° Par M. le bourgmestre de la ville d'Anvers : Bulletin des archives de la ville d'Anvers^ tome XX, 1 ; ( 622 ) 9" Par M. E. Matthieu, d'Enghien : Le beffroi de rhàtel de ville de Binche ; \Q° Par M. J. Bastin, de Saint-Pétersbourg : Le verbe et les principaux adverbes dans la langue française. — Remerciements. — Le travail manuscrit suivant est renvoyé à l'examen de MM. P. Willems et G. Monchamp : Essai d'anthro- pologie chinoise, par Ch. de Harlez. PRIX EMILE DE LAVELEYE pour l'économie politique et la science sociale (1). EXPOSÉ DES MOTIFS. La Commission (2) chargée par le Comité de rédiger un projet de règlement de concours pourle prix Emile de Laveleye a examiné les règlements des concours académiques existants. Elle s'est trouvée en présence de deux systèmes : pour cer- tains concours, les auteurs envoient au jury leurs ouvrages (1) MM. Éd. Van Beneden et Paul Fredericq, agissant comme délégués du Comité qui a ouvert une souscription internationale pour le buste d'Emile de Laveleye inauguré à l'Université de Liège, ont offert à la Classe des lettres, dans sa séance du i" juillet 1895, le reliquat de cette souscription, s'élevant à la somme de 17,800 francs environ. Ce don a pour objet d'instituer un prix perpétuel qui portera le nom de l'illuslre défunt. (2) Cette Commission se composait de MM. Ed. Van Beneden, Paul Fredericq et Mahaim. ( 623 ) (imprimés ou manuscrits); pour d'autres, le jury apprécie quel est le meilleur ouvrage publié pendant une période déterminée. Chacun de ces systèmes a des avantages particuliers, selon le but que poursuivent les fondateurs du prix. Veut-on sim- plement récompenser les efforts méritoires, stimuler l'émula- tion des écrivains vers un objet spécial, encourager des jeunes gens, on choisit le premier système. Le second, au contraire, qui est celui des prix quinquennaux, est destiné à honorer des talents déjà formés, à consacrer, par une distinction écla- tante, des ouvrages considérables, composés en dehors de toute idée de récompense. La Commission a pensé qu'un concours de ce dernier genre répondrait mieux au but de la Fondation, qui est de perpétuer la mémoire d'Emile de Laveleye. Le Comité, en effet, a repoussé diverses propositions tendant k réserver le prix pour encourager des jeunes gens, par l'attribution de bourses de voyage ou autrement. Son inten- tion est évidemment de faire du prix Emile de Laveleye une haute distinction ambitionnée par tous ceux qui se vouent à l'étude des sciences politiques. Or, les prix décernés dans les concours, oii les auteurs sont obligés — pour devenir concurrents — d'envoyer leurs ouvrages au jury, ne jouissent pas d'un tel prestige. Le nombre des concurrents y est nécessairement fort limité; les vrais savants n'aiment pas à solliciter une récompense; il y a, par contre, nombre de personnes qui recherchent les distinctions académiques. Il était à craindre qu'avec un pareil système, le jury n'eût à juger que des ouvrages de valeur fort inférieure par rapport à d'antres que leurs auteurs auraient négligé ou refusé d'adresser à l'Académie. Le prix, décerné dans ces con- ditions, perdrait toute considération, d'autant plus que sa valeur en numéraire n'est pas importante. ( 624 ) Les prix quinquennaux, au contraire, sont infiniment plus estimés que ceux dont il vient d'être question. La Commission a donc pensé qu'il convenait d'adopter une organisation se rapprochant de celle de ces prix. Mais une difficulté s'est présentée. Ces prix sont décernés au meilleur des ouvrages publiés dans le cours d'une période de cinq ans, en histoire, en littérature, en sciences sociales, etc., par des écrivains belges, La mission du jury est relativement aisée, puisqu'elle se borne à l'examen d'ouvrages belges. Au contraire, le prix Emile de Laveleye doit avoir un caractère essentiellement international. Il a été promis, dans les circu- laires envoyées dans les différents pays, que les étrangers seraient admis au concours. Si l'on avait adopté le règlement des prix quinquennaux, le jury aurait eu à examiner tous les ouvrages de quelque importance publiés pendant une période de plusieurs années, soit en économie politique, soit en science politique, en Europe et au Nouveau-Monde. Ce serait maté- riellement impossible. S'inspirant alors de la pratique suivie dans d'autres pays, notamment à l'Académie des sciences de Paris et à la Royal Society de Londres, la Commission a été d'avis de consacrer le prix à l'ensemble des travaux d'un savant qui aurait fait faire des progrès importants soit à l'économie politique, soit à la science sociale. Le jury n'aura plus à examiner un nombre immense d'ouvrages séparés, se rapportant à des objets très divers et difficilement comparables. Il aura à juger l'œuvre scientifique tout entière de quelques publicisles. Le nombre des concurrents se limitera nécessairement aux savants les plus renommés dans le monde entier, sans distinction de pays ni d'école. Le prix Emile de Laveleye y gagnera évidemment un pres- tige unique : il sera le couronnement de toute une carrière scientifique, la consécration d'une gloire indiscutée.- ( 625 ) Comme le prix Cuvier de l'Académie des sciences de Paris, comme les médailles Davy et WoUaston de la Royal Society, il ne tardera pas à conslituer la plus haute distinction acadé- mique qu'un économiste puisse ambitionner. La Commission a pensé que c'était bien là le but poursuivi par le Comité. Règlement (1). Article premier. — En vue d'honorer la mémoire d'Emile de Laveleye, il est institué, à perpétuité, un prix qui portera la dénomination de Prix Emile de Laveleye. Ce prix, consistant en une somme de 2,400 francs au moins, sera décerné tous les six ans par la Classe des lettres de l'Académie royale de Belgique. Art. 2. — Le prix sera décerné au savant, belge ou étranger, vivant au moment de l'expiration de la période de concours, dont l'ensemble des travaux sera considéré, par le jury, comme ayant fait faire des progrès importants à l'économie politique et la science sociale, y compris la science financière, le droit international et le droit public, la politique générale ou nationale. Art. 3. — Sont exclus du concours les membres du jury. Art. 4. — Le jugement du concours est attribué à un jury de sept membres nommés par la Classe des lettres de l'Académie royale de Belgique; deux de ces membres au moins seront choisis en dehors de son sein. Des savants étrangers pourront faire partie du jury. (i) Adopté par la Classe dans sa séance du 5 août 1895. ( 626 ) Art. 5. — Le jury élira son président et son secrélaire. Il ne pourra délibérer que si cinq de ses membres au moins sont présents. Art. 6. — En aucun cas, le prix ne pourra être partagé. Il ne sera pas accordé de mention honorable. Art. 7. — Aucune résolution du jury n'est valable, si elle n'est prise par quatre voix au moins. Aucun membre n'a le droit de s'abstenir. Art. 8. — Le jugement du concours sera proclamé, en séance publique de la Classe des lettres, dix-huit mois au plus tard après l'expiration de la période de concours. Art. 9. — La première période expirera le i" jan- vier 1901. ÉLECTIONS. La Classe procède, par scrutin secret, à la formation des listes doubles de présentation pour le choix des jurys chargés de juger : 1° la dixième période du concours quinquennal d'histoire nationale; 2° la troisième période du concours quinquennal des sciences historiques. — Ces listes seront communiquées à M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique. — La Classe procède ensuite à la nomination de sa Commission spéciale des finances pour l'année 1896. Les membres sortants sont réélus. ( 627 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Les fondeurs en cuivre à Bruxelles aux XV' el XV l" siècles; par Alphonse Waulers, membre de l'Académie. I. Un fait qui se dégage de l'élude de nos anciens docu- ments historiques, c'est que, au XV' siècle, les grandes manifestations de l'art et de l'art industriel tendaient de plus en plus à se produire à Bruxelles. On en trouve, quand on veut les rassembler sans parti pris, des preuves nombreuses et manifestes. Il me suffira de citer les sacri- iices considérables que la commune s'imposa pour con- struire et décorer son hôtel de ville, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur; l'acquisition, fait jusque-là sans exemple, d'une série de tableaux commandés à Van der Weyden pour orner une des salles de cet édifice, exemple que la commune (le Louvain s'empressa de suivre en demandant unesuite de peintures à Thierri Bouts; le développement considérable pris à celle époque par l'exécution de retables; l'élan donné à la corporation des tapissiers, dont les productions se répandirent en peu de temps dans toute l'Europe; le renom qu'obtint Bruxelles pour la fabrication d'armes de loule espèce, etc. Outre les chefs-d'œuvre dus à l'art de battre et de travailler le cuivre, dont je m'occuperai dans un instant, il me reste encore à signaler l'orfèvrerie. ( 628 ) C'est, en effet, à l'industrie bruxelloise qu'appartiennent plusieurs des plus beaux produits de cet art aux XV* et XVI* siècles. J'indiquerai notamment la statuette en or don- née par Charles le Téméraire à la cathédrale de Liège et qui est encore conservée à l'église Saint-Paul, de cette ville; le monument sépulcral de la duchesse Marie de Bour- gogne, de l'église Notre-Dame, à Bruges, et le mausolée, actuellement détruit, que l'évéque de Liège, Érard de la Marck, s'était fait élever de son vivant et qui coûta, dit- on, une somme prodigieuse. Ces trois œuvres furent en effet exécutées par trois orfèvres de Bruxelles : Gérard Loyet, qui y habitait; Henri De Backere, qui y exerçait sa profession dès l'année 1503, et Pierre Le Comte, dont les chroniqueurs liégeois nous ont conservé le nom. En énumérant ces œuvres d'art sorties des ateliers de Bruxelles, mon intention n'est pas de rabaisser à leur profit ce qui se faisait ailleurs. On ne saurait contester l'existence, à cette époque, d'écoles d'art remarquables et d'individualités exceptionnelles dans les autres villes des Pays-Bas. Plusieurs des artistes et des grands fabricants dont je viens de citer les œuvres, n'étaient d'ailleurs pas Bruxellois de naissance. Mais ce qui les attirait et les retenait dans la capilale des Pays-Bas, c'était le siège presque permanent dans celle ville d'une cour habituée à déployer un grand luxe et une rare magni- ficence. Le règne de Philippe de Bourgogne et celui de Charles-Quint firent de Bruxelles un centre vers lequel tout convergeait et dont l'importance nouvelle explique les progrès accomplis sous tous les rapports par son industrie. De même que l'art, l'art industriel ne peut prospérer que par des commandes coûteuses, inspirées surtout par le ( 629 ) goùl du luxe, et ces commandes sont fréquentes surtout dans les capitales, où, à l'imitation des souverains et des princes de leur famille, les grands seigneurs, les familles riches, les corporations civiles et ecclésiastiques rivalisent volontiers d'éclat et de magniflcence. N'oublions pas de mentionner parmi les éléments qui contribuèrent à assu- rer l'importance industrielle de Bruxelles, l'existence dans cette ville d'une population qui a le goût des belles choses et qui a fourni, à toutes les époques, aux industries que l'on a voulu y implanter, un nombreux contingent de tra- vailleurs laborieux et intelligents. A ceux qui voudraient mettre cette circonstance en doute, il suffira d'opposer l'exemple des dentellières, qui, au temps de la prospérité de leur industrie, ont placé sans conteste Bruxelles au premier rang des villes où l'on s'y adonnait. II. L'une des branches principales de travail qui florissaient à Bruxelles au XV'' siècle, était l'art de préparer le cuivre et le laiton, alliage composé de zinc et de cuivre, ductile, malléable et susceptible d'être coulé dans un moule. Dinant et Bouvignes, on le sait, étaient au moyen âge les centres de cette industrie en Belgique, et Dinant surtout eut la spécialité de produire d'excellents modèles en ce genre, jusqu'au jour où l'ancienne prospérité de cette ville disparut par suite du traitement barbare que Charles le Téméraire lui infligea en 1467 (4). Mais déjà avant celle (1) Alexandre Piiichart avait commencé une llisloirc de la dinan- derie cl de la sculpture du mêlai en BeUjique (dans le Bulletin d'art et d'archéolorjic, t. Xlll), mais la partie de son travail qui a paru no concerne que Us villes de Dinant et de Bouvignes. 5"" SÉKIE, TOME XXX. 42 ( 630 ) époque, la fonle du cuivre était pratiquée en Brabanl avec succès, et je n'en veux pour preuve que l'exemple fourni par un travail allemand récemment publié dans les 6m/- letins de l'Académie (1), et où l'on voit un maître Jean le Brabançon émigrer en Bohême et y produire, comme sculpteur et comme fondeur en cuivre, des monuments remarquables, et en premier lieu la statue du roi Wen- ceslas, placée sur la tombe de ce prince, dans le monastère de KônigsaaI. Vers celte époque vécurent à Bruxelles, Gilles, batteur de cuivre de Dinant, qui travailla, en 1573, 1579 et 1381, pour les ducs Wenceslas et Jeanne (2), et Jacques de Coper- slaghere ou le batteur de cuivre, qui habitait près de la chaussée (steenwege) par où l'on va à Molenbeek, c'est-à- dire dans la rue de Flandre, et qui est cité, en l'an 1345, avec ses enfants : Jacques, Jean, Jeanne et Aleyde (3). Il était évidemment batteur de cuivre de son métier, car la rue où il habitait et qui devint depuis la rue d'Ophem, portail alors la qualification significative de rue du Cuivre, Coperstrate (4). Plus tard, le nom patronymique de Coper- slager est attribué, comme surnom, à une famille appelée de Gerines, probablement parce qu'elle était originaire du village de Gerin, près de Dinant, et dont le membre le plus célèbre a été quelquefois appelé Germes, sans doute, comme Pinchart l'a établi le premier, parce que l'on avait suivi des manuscrits peu lisibles ou mal copiés, et où les lettres in ont été remplacées par une m. La lecture: Gerines (1) Troisième série, t. XXVIII, pp. 510 et suivantes, 1894. (2) PiNCiiART, loc. cit., t. XIII, pp. 510 et suivantes. (3) Register boeck van der huyzarmcn van Molenbeke (manuscrit du XV* siècle). (4) Acte de l'an 1450. Carlulaire de l'hôpital Saint-Pierre cité dans V Histoire de Bruxelles, t. III, p. 509. ( 65i ) est la plus fréquente, sans contestation possible (1); mais, comme je l'ai rencontré aussi, il est des manuscrits du commencement du XV* siècle où il est impossible de décider entre les deux lectures : je citerai notamment le texte du Wit privilégie boeck des Archives communales de Bruxelles, où le nom de Jacques Germes ou Gérines est inscrit, par un scribe contemporain, parmi ceux des magistrats de la ville, en l'année 1435 (2). Un Jacques Germeys {sic) dit de Copersiager est cité à Bruxelles, en 1415. C'est lui qui, en 1405, sous le nom de Jacques de Coperslagere, fut inscrit, en cette ville, dans la confrérie de Saint-Jacques (2). Le 4 août 1416, il fonda dans l'église de Notre-Dame de la Chapelle une messe hebdomadaire, qu'il dota de trois journaux soixante verges situés à Dilbeek et d'une rente annuelle sur la maison dite l'Êcii rouge {de Roode scliill), rue Haute. Cette fondation devint depuis ce que l'on appela le canluaire Saint- Georges (3). L'anniversaire de Jacques et celui de sa femme, Aleyde Van der Vellen, se célébraient dans la même église. Sa famille était très pieuse, car sa fille Mar- guerite, si l'on en croit un écrivain du temps, le mystique Gielemans, était tellement humble que, entrée au couvent de Val-Duchesse, elle ne voulut jamais y être que « sœur laïque ». Quant à son fils, Jacques de Gérines dit de (1) Dans le Cartulaire du couvent de Sainte-Élisabelh, à Bruxelles dans les Archives de l'église de la Chapelle (à une exception près ; un acte de 1459, où on lit Jacques de Germez), dans les comptes et les livres censaux du domaine de Bruxelles, on trouve partout Jacques de Gérines ou Gerynes. Mais Le Maveur, La gloire helgique, t. II, p. 81, et, d'après lui, Immerzcel, p. 277, et nous-même [Ilisloire de Bruxelles, passim) avons écrit Germes. (2) PiNCHART, Archives des arts, t. II, p. 151. (3) Henné et Wauters, Histoire de Bruxelles, t. III, p, 447. ( 652 ) Copersiager, il s'occupa activement de la londalion du couvent de Sainte-Élisabelh, formé par quelques recluses et qui devint un monaslète régulier avec l'appui et la pro- tection spéciale de la duchesse de Bourgogne, Elisabeth ou Isabelle de Portugal. Gérines et sa femme Marguerite Lievens en étaient considérés comme les véritables fonda- teurs et y avaient leur anniversaire, célébré le 4 ou 5 juin de chaque année. Ce fut Jacques qui posa, le 28 juin \AZ% la première pierre des bâtiments élevés pour agrandir l'habitation primitive des recluses. Il avait acheté à ses frais, de Jean Scavaert, un héritage avec seize maisons construites à l'angle de la rue Saint-Laurent et de ce qui forme aujourd'hui la Montagne Sainte-Élisabelh, entre celle dernière rue et la chapelle et le cimetière Saint- Laurent, au lieu dit V Ancienne Monnaie {d'Oude Munie), et qui devinrent la propriété du couvent le 14 novembre 1441, par abandon, à ce qu'il semble, d'Elisabeth de Gérines (1). Jacques de Gérines n'habitait pas dans celle partie de la ville; il était déjà fixé dans la paroisse de l'église de Noire-Dame de la Chapelle; il était le principal raarguillier de celle église et on le trouve mentionné en cette qualité en 1438 et en 1460, à propos des travaux considérables que l'on y exécutait. C'est de celte époque, en effet, que date la nef ou partie antérieure de l'édifice (2). Il occupait un rang distingué dans la bourgeoisie bruxel- loise; il devint conseiller communal en 1428 et receveur en 1435. Il était bien vu à la cour de Philippe de Bourgogne, (1) Cartulaire du couvent de Sainte -Elisabeth, t. 1", passim. (2) Voir un accord du 42 mars i457-1438 dans A-Mauden, Alitologia seu veritatis explicatio quâ prœpositura nuncupata Cap- pellae exponitur, p. 143, et un acte du duc Philippe, dans Laborde, Les ducs de Bourgogne, l. I", p. 403. ( 635 ) qui le oomma arpenleur [lantîneter] de Brabanlen Tannée 1443, et de nouveau le 21 mars 1456-1457. Mais ce qui a sauvé son nom de l'oubli, ce sont les travaux qu'il exécuta. Dès 4438, il est mentionné sous le nom bizarre de Jacque- raard Coppe Salaigre (pour Jacques de Coperslager), « ouvrier de keuvre et fondeur demeurant à Bruxelles d; il avait exécuté alors, moyennant la somme de cent vingt- neuf livres trois sous quatre deniers, pour le chœur de l'église abbatiale du Saint-Sépulcre, à Cambrai, un « esla- » pliel où l'on voyait Notre-Seigneur en croix, Notre-Dame » et saint Jean, avec un angle (un ange) sur lequel le » livre se repose et lequel tient en main un chandelier à p manière de fleurs très gentiment ouvré (1 ) ». Il travaille ensuite pour le duc Philippe, mais de ses œuvres il ne subsiste par malheur plus rien, si ce n'est la reproduction gravée. Il fut chargé d'exécuter : en 1458, la tombe de la duchesse Jeanne de Brabant dans le couvent des Carmes, à Bruxelles; en 1455, celle du comte Louis de Maie, de sa femme Marguerite de France et de leur fille Marguerite, femme de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, dans la chapelle de Notre-Dame, à Saint-Pierre de Lille. Le pre- mier de ces monuments, dont les statues, celle de la duchesse Jeanne, et celle du petit Guillaume de Hainaut» l'unique enfant qu'ail eu cette princesse et qui mourut étant tout jeune, sont dessinées dans le manuscrit dit de Succa, conservé à la Bibliothèque royale, fut dévasté pen- dant les troubles de religion. Les archiducs Albert et Isabelle le firent réparer en 1607, mais cette nouvelle sépulture, dont Butkens nous a laissé la description et une (1) HouDOY, Histoire artistique de la cathédrale de Cambrai^ p. 379. — Marchal, La sculpture et les chefs-d'œuvre de l'orfévrerit- belges, p. 167. ( 634 ) vue (1), a été détruite lors du bombardement de Bruxelles, en 1695. Le second de ces cénotaphes, dont une reproduc- tion se trouve dans Millin (2) et mieux encore dans le manuscrit que je viens de citer, fut porté à l'hôtel de ville lors de la Révolution française et en partie détruit à cette époque et, pour le restant, anéanti après 1830. Ces deux monuments, également importants, se composaient l'un el l'autre d'un sarcophage de marbre, supportant les sta- tues en cuivre des personnes de qui ils recouvraient les dépouilles, el offraient, sur les faces latérales, des statuettes en grand nombre reproduisant les traits de membres de leur famille, ayant à leurs pieds leurs écussons. Le monu- ment de Lille fut commandé à Jacques de Gérines pour la somme de deux mille couronnes d'or, valant quarante-huit sous de gros chacune. Il portait des inscriptions dont l'une, placée sur le lion se trouvant aux pieds du comte décédé, se terminait ainsi : « Cette tombe a fait en la ville de » Bruxelles Jacques de Gerines, bourgeois de cette ville, » el fut parfaite en l'an M" CCCC» LV (3). » Un point plus important encore, mais qui, au préalable, devrait être élucidé, c'est que, à la même époque, on exécuta à Bru- xelles un travail du même genre pour le tombeau de Philippe, duc de Bourgogne, à la Chartreuse près de Dijon. Un document de l'an 1507, dont je donne ci-après le texte en entier (4), cite formellement parmi les objets (i) Trophées de Brabant, 1. 1, p. 527. — Voir Pinchart, Jacques de Gerines et ses œuvres, dans le Bulletin des arts et d'archéologie ^ t.V, p. 131. (2) Antiquités nationales, t. V, n" 53, p. 55. (3) Millin, loc. cit., et mieux dans le manuscrit de Succa. — Voir aussi Ferreolus Locrius, Chronicon Bclyicum, p. 524. (4) Voir plus loin, p. 665. ( 65S ) d'art dont le métier des ceinturonniers, batteurs de cuivre, etc., de Bruxelles, pouvait s'enorgueillir : « la » tombe en lailon que feu le duc Philippe de Bourgogne » fit faire dans le couvent, près de Dijon ». Mais, dans la description des sépultures de la maison de Bourgogne dans cette Chartreuse ou de leurs restes, il n'est parlé que de tombes en marbre ou en pierre et nullement de statues de cuivre. En outre, ces monuments n'ont pas été faits par ordre ou pour le duc Philippe. Celui dont on nous a laissé des descriptions nombreuses et détaillées renfermait les restes de Jean sans Peur, père de Philippe, et de son aïeul Philippe le Hardi. Philippe dit le Bon, « le grand duc de Bourgogne », était, dit-on, enseveli aux pieds du duc Jean et jamais, ajoute-t-on dans tous les ouvrages concernant Dijon, on ne lui a élevé de sépulture particu- lière, peut-être parce que son fils, Charles le Téméraire, avait été constamment engagé dans des guerres stériles. Mais dans ce cas, comment s'expliquer ce passage de l'acte de 1507? N'est-il pas permis de supposer que les ducs Philippe ou Charles ont fait exécuter à Bruxelles des statues en cuivre destinées à orner la tombe du premier et qui ont disparu dans la suite, sans laisser de traces. Jacques de Gérines s'allia en secondes noces à une demoi- selle issue d'une famillequi avait acquis à la fois unegrande influence à la Cour et parmi le peuple de Bruxelles, les Daneels, orfèvres riches et populaires. Sa seconde femme, Marguerite, était fille de Gilles Daneels et de Margue- rite Bris (1); Gilles Daneels avait été un des élus de la commune après la révolution de 1421, qui partagea le pouvoir municipal à Bruxelles entre les patriciens et les plébéiens. Il avait en ville de nombreuses propriétés, (1) Voyez pièces justificatives, n» I. ( G56 ) notamment rue Neuve (depuis rue de l'Étoile ou de l'Astre, et aujourd'hui rue Ernest Allard, près du Sablon), et dans le quartier dit alors d'Overmoien ou de la rue d'Ander- lecht; mais son bien principal consistait en une grande habitation située hors de l'ancienne enceinte de la ville, près de la place du Grand-Sablon, sur laquelle elle avait une issue, et d'une petite rue dite alors 't Coperslraetken, la Ruelle au cuivre, probablement à cause de l'industrie que les Gérines exerçaient près de là, et qui, aujourd'hui convertie en une impasse fermée au public, débouchait dans la rue dite alors de Trapstraete, rue de l'Escalier, et actuellement rue de Rollebeek (1).II mourut le 25 juin 1465 ou 1464 (2). Sa veuve, Marguerite Daneels.qui vivait encore à la date du 12 octobre 1472, institua dans l'église de la Chapelle une fondation nouvelle qui portait le nom de Solennité de toutes les fêles de la Sainte Vierge Marie et à laquelle elle assigna une belle dotation par un acte du 20 juin 1466 (3). Son fils, maître Jacques de Gérines, prêtre et chapelain de la même église, y fonda son anniversaire, qui se célébrait le 13 août, et cinq messes de Requiem qui se disaient en partie à l'autel de Saint-Martin, en partie à l'autel de Saint-George. Quant à sa sœur Elisabeth, avec son mari, Pierre Jacobs, elle donna, le 4 octobre 1 461 , une rente annuelle d'un florin censal pour le salut de la Vierge se disant à l'église de la Chapelle, et pour y fonder leur anniversaire, qui se célébrait le lendemain de la Saint- Jean-Baptiste ou 24 juin. Tous deux, le frère et la sœur, (1) Histoire de Bruxelles, t. III, p. 416. (2) Le Compte de la recette du domaine au quartier de Bruxelles pour 1463-1464, en mentionnant une rente due aux Gérines, porte en marge Pannotation ci-après : Obiit Jacobus pater. (3) Voyez pièces justificatives, n» II. ( 657 ) firent abandon, le 14 novembre 4-497, de leur propriété à Barbe Passel et Philippe Slassaert. C'est de celui-ci, paraîl-il, que naquit Pierre Slassarl, pensionnaire de la ville de Bruxelles, l'un des aïeux dont se réclamait notre collègue, le baron de Slassarl. Mais ce pensionnaire ne posséda jamais l'ancienne demeure de Jacques de Gérines. Elle avait été vendue par ses parents, en 1524, à Jean Gilles, secrétaire de l'évêque de Cambrai (1). 111. A l'époque où florissait ce fondeur en cuivre vécut aussi un de ses compatriotes, Martin Van Rode, sur la vie duquel on ne possède aucun détail, mais dont l'œuvre est venue jusqu'à nous. C'est lui, en effet, qui exécuta et plaça sur la tour de l'Hôtel de Ville la statue en cuivre doré de saint Michel, œuvre remarquable autant par la har- diesse de la composition que par la solidité avec laquelle elle est rivée à la position où, depuis plus de quatre siècles, elle brave tous les efforts des venis et des orages. Ce n'est pas le lieu de parler ici en détail de celte statue (2). Je me bornerai à dire qu'elle fui placée en 1455 et qu'elle coûta 14 livres 8 sous, outre 10 livres 16 sous donnés pour la dorure à un maître Michel et 12 sous payés pour l'épée de l'ange. Le pivot sur lequel elle repose est en fer d'Espagne et pèse 2468 livres, comme le porte un extrait du compte communal de cette année, inséré dans le registre aux résolutions des Trésoriers et des Receveurs de la ville de 1602 à 1620. En 1608, la statue fut descendue de la tour; on la redora et on reûl la tête de (^) Histoire de Bruxelles, t. III, p. 416. (2) Voir à ce sujet le même ouvrage, loc. cit., p. iO, note I. ( 638 ) l'archange, que le temps avait endommagée. Elle fut alors imitée et reproduite par Nicolas Peperman. On cite également à Fépoque de Van Rode maître Jean de Malignes ou Malines, fondeur demeurant à Bruxelles, qui confec- tionna, en 1469, pour l'église du Saint-Sépulcre à Cambrai, quatre « colombes » de laiton qui furent placées aux angles du maître-autel. Ces « colombes », du poids de 796 livres, furent payées 196 livres 8 sous, c'est-à-dire 5 livres de gros la livre, y compris les frais d'envoi (1). Mieux connu que Martin Van Rode est René Van Thienen, qui vivait à la fin du XV^ siècle, il était déjà réputé par de nombreux travaux et notamment par l'exécu- tion d'un pélican ou lutrin en cuivre qu'il fil pour l'église de Saint-Jacques-sur-Coudenberg en 1465 (2), lorsque les événements qui suivirent la mort de Charles le Témé- raire le mirent en évidence. Il fut l'un des échevins que la commune de Bruxelles choisit, dans les premiers mois de l'année 1477, pour remplacer les magistrats nommés au nom du prince qui venait de mourir à Nancy. En 1486, il fut appelé aux fonctions de receveur, devint, en 1490, second bourgmestre ou bourgmestre plébéien, et fut élu, en 1491, conseiller communal (3). Ces honneurs ne l'em- pêchèrent pas de se livrer à ses travaux, parmi lesquels on remarquait surtout un chandelier pascal, exécuté pour l'église Saint- Pierre de Louvain, et une couronne de lumière qui orna longtemps le chœur de l'église Sainte- Gudule de Bruxelles. Ces œuvres, dont il ne subsiste plus que le souvenir, ont dû être des plus remarquables, car on (1) HocDor, loc. cit., p. 381. (2) Pièces justificatives, n» III. — Voir Pincbart, Archives des arts, t. Il, p. 59. (5) Histoire de Bruxelles, passim. ( 639 ) ^'empressa de lui en commander des reproductions. Ce fut d'après elles que Van Thienen fondit, en 1482-1483, un chandelier pascal et, en 1483-1484, une couronne de lumière pour l'église Saint-Léonard de Léau, qu'il avait décorée, en 1460, d'un superbe chandelier d'élévation, dont on n'a conservé qu'un débris, et de 1479 à 1484, d'une balustrade fermant le chœur. Le temple paroissial de Léau, où se sont conservées intactes tant de merveilles d'art, n'a, par malheur, gardé que son chandelier pascal, haut de 5 mètres 68 centimètres, le plus beau spécimen de ce genre que possède la Belgique, mais dont il est inutile de don- ner la description (1). La gravure et la photographie l'ont suffisamment reproduit et il en existe d'ailleurs un mou- lage, parfaitement exécuté, au musée du Cinquantenaire, en notre ville. Quant à la couronne de lumière, elle a été vendue, il y a environ un demi-siècle, par uu curé, qui en ignorait la valeur réelle, puis transportée à l'étranger (2), comme ce lutrin de l'église Saint-Pierre, à Louvain, égale- ment dû à Van Thienen, et qui, vendu en 1798, se trouve actuellement dans l'église de Sainte»Marie d'Oscott, près de Birmingham (3). On doit éviter de confondre avec ce René Van Thienen un second batteur de cuivre du même nom, qui fut comme (1) Je n'ai jamais dit^bien qu'un livre publié récemment soutienne le contraire, que ce chandelier avait été exécuté pour la collégiale de Louvain. Voyez La Belgique ancienne et moderne, canton de Léau, pp. 56 et 231. (2) Cette couronne fut payée 200 florins. Un nommé Arnoul Maelrc (ou le peintre) en exécuta le dessin. Voir ibidem, pp. 62 et 233. — Consultez aussi un travail de M. Piot, dans la Revue uni- verselle des arts, t. I", p. 280. (3) Van Even, Louvain dans le passe et dans le présent, pp. 329 et 352. ( 640 ) lui conseiller communal, mais quarante années plus tard, en iS33 et en 1534. Il était le fils du premier, qui était à son tour né de Jean Van Thienen. René le père avait épousé, le 12 juillet 14.73, Julienne De Béer, dont il eut trois tils : Arnoul, René et François; on lui connaît en outre une fille, Marie, qui est citée en 1486. Le second René s'allia à Jeanne Halfhuys, fille de Jean Halfhuys, mort au mois de décembre 1506, et n'en eut que deux filles, qui partagèrent les biens de leurs parents le 28 mai 1541 : Élisabetb et Françoise, femme d'Élienne Van den Casteele. Elles furent toutes deux enterrées à l'église de la Chapelle, près de leurs parents, à proximité du premier pilier du chœur de la Sainte-Croix, « là où il » y avait un tableautin » [tafelken). Quant à François Van Thienen, qui était apothicaire ou pharmacien, il ne laissa de Béatrix de Lange dite Papegys, avec qui il reçut la sépulture à Sainle-Gudule, qu'un fils, également nommé François, et deux filles, Catherine, femme de Jean Rue- vens, et Elisabeth, femme de Jean Bruylants. Le fils fut chanoine de l'église d'Anderlecht , testa par-devant le notaire Van Hamel le 9 avril 1571, et fut inhumé dans l'église Saint-Quentin, à Louvain. Il n'avait procréé qu'un fils naturel (1). C'est à ce second René que l'on doit attribuer les tra- vaux entrepris sous le règne de Charles-Quint et en premier lieu les statues en cuivre, de grandeur demi- nature, de Godefroid le Barbu, duc de Brabant, de Gode- froid, son fils, de Maximilien d'Autriche et de Charles- Quint, et les représentations d'animaux qui furent placées, (\) Notes généalogiques à la Bibliothèque de Bourgogne. Un des René Van Thienen avait fondé à la Chapelle un obit, qui se disait le jour de la Noël ou 25 décembre. ( 64i ) en 1512, aux bailles de l'ancien palais de Bruxelles et y reslèrent jusqu'à l'époque où l'on (il de la place des Bailles la place Royale actuelle. Ces œuvres d'art, qui disparurent peu de temps après, avaient été exécutées d'après les modèles du sculpteur Jean Borreman. C'est également à « maître Régnier le fondeur », c'est-à-dire à René Van Thienen, que l'on s'adressa pour l'exécution des statues d'Adolphe de Clèves et de sa femme, Anne de Bourgogne, qui furent placées, en 1524, dans la chapelle de Ravestein, en l'église, aujourd'hui démolie, des Dominicains de Bruxelles, ainsi que les autres figures et ornements décorant leur tombe, qui lui furent payés 1400 livres, outre 753 livres 19 sous à lui données pour deux grands grillages et un lutrin à chanter l'évangile. Comme ces derniers détails n'ont jamais été publiés, j'ai ajouté à mon travail le compte complet de la dépense que nécessita la construction de cette chapelle, œuvre remarquable dont on peut voir un dessin dans le Grand théâtre sacré du Brabant. On y constate que plusieurs artistes distingués furent appelés à concourir à la construction et à l'ornementation de cette chapelle. Jacques Daret, tailleur d'images, en exécuta les sculptures pour la somme de 425 livres 12 sous; le frère de Jacques, aidé par un nommé maître Pasquier(Pasquier Borreman, le fils de Jean, le» célèbre sculpteur), en fil quelques-unes; un peintre dont le nom manque complète- ment dans la pièce publiée plus loin (1), se chargea, pour 391 livres, des travaux de peinture; enfin Nicolas Rom- bouts, verrier renommé d'alors, entreprit les verrières, qui étaient en grand nombre et coûtèrent ensemble 109 livres 2 sous 6 deniers. Selon toutes les probabilités, ce fut Van Thienen qui se chargea aussi d'exécuter pour le couvent de [{) Pièces justificatives, n° IV. ( 642 ) Coudenberg le grand chandelier de cuivre qui fui placé devant la tombe de François, fils de Maxirailien d'Autriche et de Marguerite de Bourgogne, mort jeune, chandelier qui coûta plus de 160 florins et pour lequel Margue- rite d'Autriche, alors gouvernante des Pays-Bas, accorda aux religieux, le 2 janvier 1529-1530, un subside de 100 florins. Il serait fastidieux d'énumérer les objets d'art en cuivre ou en laiton qui décoraient nos monuments au XVP siècle et dont on trouve la trace dans des documents. Comme nous le verrons dans l'analyse d'une pièce de l'an 1507, il y en avait plusieurs dans les églises de la Chapelle et de Sainte-Gudule, à Bruxelles. Ce dernier temple renfermait également une chaire de métal (de cuivre), qui fut détruite lors de la dévastation de la collégiale pendant les troubles du XVP siècle (1). Devant la Maison du Roi, à l'endroit où avait existé antérieurement une magnifique fontaine de style ogival, on en avait construit, en 1565, une nouvelle de style renaissance, dont tous les ornements étaient en cuivre. Elle était formée d'un mur formant brelèque en avant de la porte du milieu de l'édifice et de cinq cuves, dont les deux extrêmes étaient plus petites que les trois centrales. Au mur de la bretèque étaient adossés trois niches et deux panneaux, ceux-ci occupés par des médaillons à têtes d'éléphant jetant de l'eau par la trompe; celles-là, par des femmes presque entièrement nues. Dans la cuve du milieu, l'eau jaillissait par les seins d'une de ces femmes, et dans les cuves aux extrémités, de deux vases tenus à mi-corps par les autres statues. Aux coins du mur de la fontaine, sur deux petits piédestaux, étaient des hommes nus tenant un écusson. Cette fontaine, qui com- (1) RoMBAUT, Bruxelles illustré, t. I, p. 296. ( 643 ) mença à donner de l'eau le 7 novembre 1566 (1), a été supprimée depuis longtemps. Celait à la fois un beau spécimen de l'art de la Renaissance et du style païen qui étaient en honneur au XVI* siècle. IV. Avec le second René Van Thienen s'éteint, pour ainsi dire, la race des grands fondeurs bruxellois. Leur industrie se perpétua cependant dans leur ville et n'a pas cessé d'y fleurir; mais il est à remarquer que, à partir du XVI' siè- cle, l'exécution des travaux d'art destinés à être repro- duits en métal, fut commandée de préférence à des orfèvres ou à des sculpteurs, tandis qu'auparavant les commandes étaient faites directement à des maîtres travaillant le cuivre. Quelques exemples suffisent pour établir ce fait. C'est un orfèvre, Henri De Backere, qui est chargé, du temps de Philippe le Beau, de l'exécution du tombeau de Marie de Bourgogne; c'est à un autre orfèvre bruxellois, Le Comte, que l'évêque Érard de la Marck s'adresse pour le tom- beau qu'il se fait ériger, de son vivant, dans la cathédrale de Liège (2); c'est encore à un de leurs confrères, Philippe de Benlhem, que le curé et les maîtres d'église de Mousty commandent une fierté ou châsse destinée à recevoir les reliques de Notre-Dame conservées dans leur église. Et cependant, le contrat le dit expressément, « le principal corps de la châsse sera de cuyvre », et ce contrat est passé devant les échevins de Bruxelles, Jean Pipenpoy et (1) Histoire de Bruxelles, t. III, p. 65. (2) La description et Ihistoire de cette œuvre spicndide se trouvent dans Van den Steen de Jehay, Essai historique sur l'ancienne cathé- drale de Saint- Lambert, à Liège, p. 163. — Pour Le Comte, consultez la Biographie nationale, t. XI, col. S95. ( 644 ) Arnoul Van Lalhem, le 28 mars 1548-1549 (1). Celle pièce conslitue une preuve évidenle que les objets précieux en cuivre n'étaienl pas considérés comme l'apanage du métier des tondeurs. Peut-être, il esl vrai, pourrait-on invoquer celte considération que ces objets étant souvent com- mandés par des personnes ou des corps constitués privi- légiés, composés d'ecclésiastiques ou de nobles, échap- paient à l'observance stricte des règlements des corps de métier. Mais, remarquons-le, l'exception devint la règle; cela semble indiquer qu'il y a, dans les usages, un chan- gement radical. Bientôt les derniers ouvrages en cuivre sont demandés à des sculpteurs, comme Jacques Jongeling, d'Anvers, qui habita quelque temps à Bruxelles et exécuta des statues en bronze pour le Parc de cette ville (2) , et Jean de JVlontforl, à qui l'on doit le lion en cuivre placé sur le monument des ducs de Brabant, à Sainle-Gudule. Le célèbre Man- neken-Pis fut commandé directement par le magistrat de Bruxelles à Jérôme Duquesnoy le père, en 1619 (3) (et non pas, comme le dit l'abbé Mann, à Jérôme Duquesnoy le fils, en 1648(4)). A partir de cette époque, on semble (1) Voir pièces justificatives, n" V. — Mousty est un village près de Nivelles, qui forme actuellement une dépendance de la commune de Céroux. (2) Consultez, sur Jongeling, une notice très détaillée de M. Pin- CHART, Becherclies sur la vie et les travaux des graveurs de médailles, les sceaux et les médailles des Pays-Bas, p. 512. Cet artiste obtint du magistrat de Bruxelles, le 24 avril 1567, et à la demande de la duchesse de Parme, une exemption de payer les assises. (3) Histoire de Bruxelles, t. 111, p. 159. (4) L'abbé SIa>'n, Abrégé de l'histoire de Bruxelles, t. I, p. 176. — Vérificalion faite, il n'y a, dans les Begistres aux résolutions des trésoriers et receveurs de Bruxelles, aucune dépense pour cette fon- taine, en 1648. ( 645 ) abandonner ce genre de travaux. L'admiration pour les productions de l'antiquité avait, sans doute, inspiré le goût des statues en marbre ou en pierre. Ces dernières attirent désormais tous les regards et ce n'est que fort lentement que se réveilla dans le pays le goût pour les statues de bronze. Que devenait, dans un milieu aussi différent, l'ancienne industrie du cuivre et du laiton? Elle continuait, mais en se bornant à l'exécution de travaux d'un ordre infé- rieur, tels que piliers, candélabres, lampes de toute espèce, etc. Au XVIP siècle, on cite encore de nombreux exemples de piliers, de candélabres, etc., exécutés par des fondeurs de Bruxelles, en particulier pour l'église prin- cipale de cette ville, Sainte-Gudule, notamment par Hanz ou Jean Cautaert, qui livra à la fabrique, en 1601, huit chandeliers en cuivre, pour la somme de 253 florins, et Jean-Jacques Vanden Broeck, demeurant au Coperbeke (rue de l'Impératrice), qui, en 1621, coula, également en cuivre, un grand et un petit lutrin, lesquels lui furent payés 509 florins et dont le dessin avait été fourni par l'archi- tecte Franquart (1). Cependant, le métier des ceinlu- ronniers conservait, par les mentions qui s'en trouvaient dans ses archives, le souvenir d'un grand nombre d'oeu- vres importantes dues aux anciens membres du métier. C'est ce qui résulte d'un passage d'une ordonnance du 2 juin 1507, formulée par le magistrat de Bruxelles à l'oc- casion d'une querelle sans fin, intentée par le métier des chaudronniers {pannemaeckers) aux ceinluronniers [riem- maeckers), parmi lesquels les batteurs de cuivre [copersle- (1) L'abbé De Bruyn, Le trésor artistique de la collégiale de Sainle- Gudule à Bruxelles, dans le Bulletin d'art et d'archéologie, t. X^ pp. 152 et suivantes. ù""" SÉRIE, TOME XXX. 43 ( 646 ) gers) étaient autrefois compris. Les ceinluronniers récla- maient le droit d'exécuter tous les ouvrages d'église et de chevalerie, faits de cuivre et de laiton, au moyen de four- naises pratiquées dans la terre ou travaillés à la main, et citaient, comme preuves à l'appui : les fonds baptismaux de l'église de la Chapelle, le travail en laiton du chœur de celte église, la croix en laiton qui y ornait le grand chœur, l'ouvrage en laiton qui s'y trouvait à l'autel Saint-George, la tombe en laiton de feu le duc Philippe de Bourgogne à Dijon, le pélican en laiton du grand chœur de l'église Sainte-Guduie,avec les Kerspannen (?) suspendus devant le cruciûx, au-dessus du maître-autel, le travail en laiton se trouvant dans le même temple, dans le chœur de Sainte- Marie-Madeleine, les deux chandeliers exécutés récem- ment pour l'hôpital de Ninove, d'autres chandeliers exécu- tés par Jean Van Laken, etc. (I). Une di>linclion importante doit, en outre, être faite entre les maîires qui travaillaient le cuivre. On se rap- pellera que, dans le principe, on exécutait généralement les objets forgés en ce métal à la main, c'est-à-dire à l'aide du marteau. C'est ce que l'on appelait en flamand : metten hamere vurji te reckene ende vuyl te slaene. De là vient le nom de coperslaeger ou batteur de cuivre, que portaient ces maîtres, particulièrement à Dinant, et celui de Batterie par lequel on désignait leur corporation. Mais ce genre de travail se perdit insensiblement et, dans la sentence de 1507, il est dit que les coperslegers avaient, à Bruxelles, tout à fait disparu [wanl de coperslegers zyn op ten dach van heden al l' eenemale vergaen) (2). En efi'et, Jacques de Gérines, malgré le surnom qu'il portait de Coperslager (i) Pièces justificatives, n" VI. (2) Voir plus loin, p. 666. ( Ul ) ou Balleur de cuivre, n'élail plus un arlisle ou un indus- iriel de cette espèce; il était plutôt fondeur, comme on le qualitie déjà en 1438 (1), et tel était aussi le premier René Van Thienen, qui s'intitulait Geedgieter (2). 11 s'était donc accompli une révolution dans l'industrie. De leur temps, leurs produits s'obtenaient au moyen de moules dans lesquels le métal était introduit et fondu. Il ne fallait plus, comme d'abord, une grande adresse, une grande vigueur pour donner au métal la forme qu'on voulait lui imposer; on était astreint surtout à exercer une grande vigilance sur la forme dans laquelle on l'introduisait. Le travail ayant ainsi changé, on peut s'expliquer comment les fondeurs de cuivre se virent insensiblement supplantés par les orfèvres, puis par les sculpteurs, pour l'exécution de leurs modèles. Ils ne se préoccupèrent plus que de la fabrication exacte et correcte d'œuvres exécutées par d'autres. Avec le temps, ils se partagèrent : les uns avaient continué à faire partie des ceinturonniers, d'autres s'étaient rangés parmi les chaudronniers; leur rivalité, qui se per- pétua longtemps, n'aboutit qu'à la décadence et à la ruine de ces deux corporations. C'est ce qui résulte entre autres d'un rapport fait au sujet de leurs contestations par le magistral de Bruxelles. Avant d'être abolies par les lois françaises, elles se virent obligées d'aliéner les maisons où elles avaient siégé jusqu'alois et où elles avaient long- temps conservé, avec leurs archives et les objets d'art dont elles étaient propriétaires, le souvenir du temps où la fonderie de cuivre avait constitué l'une des gloires indus- trielles de Bruxelles. (1) Voir plus loin, p. 635. (2) Voir plus loin, p. 652, ( 648 ) PIÈCES JUSTIFICATIVES. (Van VI CHEVNSEN i^' de Verwerstraete, te Brussele, op de HUYSEN VAN Anneken VAN DEN Bempde). Marguerite Daneels et son mari Jacques de Gérines dit de Coperslager portent à Gilles Vander Hasselt dit de Cock nti héritage situé dans la rue des Teinturiers, moyennant un cens annuel. "26 juin 1439. Nolum sit universis quod domicclla Margareta dicta Daneels, filia Egidii dicli Daneels, aurifabri, quam habet a domicella Margareta dicta Bris, sua uxore, et Jacobus de Gerines dictus de Coperslager, predicte domicelle Margarete Daneels niaritus et lutor legilimus, contulerunl Egidio Vander Hasselt diclo De Cock, tinctori, filio quondam Joliannis Vander Hasselt dieti de Cock et Margarete filie naturali proportion avec les prestations, qu'il y ait équivalence au moins approximative, soit; mais la loi remet au juge le soin d'apprécier cette équivalence, cette proportion et la lésion soufferte par une des parties. Cet arbitraire judiciaire ne présente-t-il pas des incon- vénients égaux à ceux de l'arbitraire légal? Cette objection a paru grave à quelques-uns. D'autre part, on peut invoquer le nombre très grand de causes où le juge doit arbitrer des questions de valeur et d'indem- nité très délicates, et celles tout aussi graves de respon- (l) Sur la législation existante, commentée par les textes et les débats parlementaires, voir Pfafferoth, Bclelu-ung ûber dcn Wucher. Berlin, 1893. Honinghaus, Dus neuc Deutsche Reichs Wucfiergcsetz. Berlin, 1893. Geiersdorfer, Das yellende Deutsche Wuchcrrecht. Niirnberg, 1894. Ces lois ont aussi été traduites dans V Annuaire de législation étrangère de la Société de législation comparée de Paris. ( 676 ) sabilité et de dol. A tort, au surplus, verrait-on là une peùie arbitraire; il ne s'agit point de la peine, mais de l'estimation de l'acte civil. Nous ne voulons pas d'ailleurs ici aborder le fond de cette controverse, mais fixer l'état de la cause. Quels ont été les résultats pratiques? En législation comparée, l'observation surtout est éloquente. Les lois germaniques ont-elles supprimé les abus de l'usure? Ont-elles du moins été appliquées, et ont-elles amélioré la situation, qui était grave en certaines régions? Nous avons, pour nous en assurer, une petite collection de documents officiels ou privés, qui sont assez expres- sifs (4). Il y a des observations, des enquêtes, des statis- tiques. Ceci s'écarte un peu de l'étude légale de la notion de l'usure, mais présente de l'intérêt au point de vue positif et pénal. En statistique, nous constatons un nombre, qu'on juge restreint, de poursuites et de condamnations. Nous en citerons quelques chiffres (2). Que faut-il conclure de ces (1) Outre les documents parlementaires qui contiennent de pré- cieux renseignements, il y a des statistiques judiciaires. Les données statistiques sont bien résumées dans l'Exposé des motifs de la loi allemande de 1893. Les statistiques autrichiennes sont analysées et commentées dans l'ouvrage très instructif du D' Léopold Caro, Der Wiicher. Leipzig, t895. (2) Nous reproduisons ici deux tableaux, que nous avons déjà cités ailleurs, d'après les statistiques, dans V Annuaire de législation comparée pour 1893. Total Total En Autriche en 4882 t885 1887 1882-1887 en Galicie Poursuites. ... 96 438 69 638 381 Condamnations. . 59 70 43 370 204 (677) chiffres? Hélas! comme bien des statistiques, ils donnent lieu aux explications les plus divergentes. Au dire des uns, on ne poursuit pas ou on n'ose pas dénoncer; selon les autres, la peur de la loi a un effet préventif et diminue les infractions. A croire ceux-ci, les juges ne condamnent guère, parce qu'ils craignent d'être trop sévères dans l'esti- mation arbitraire; pour les autres, on ne condamne pas parce qu'il y a beaucoup de dénonciations calomnieuses et vindicatives. La vérité est un peu vers le milieu : il y a sans doute quelque réalité dans ces divers facteurs; il est très cer- tain que les usuriers continuent leurs déprédations, mais la loi les a cependant enrayées, gênées; ils ont dû avoir recours à des trucs nouveaux. Reconnaissons aussi que ces chiffres, qu'on semble trouver peu élevés, nous pour- rions les trouver considérables par comparaison à ceux de France et de Belgique, mais la situation n'y est pas la mêtne et l'usure paraît plus fréquente dans les pays ger- maniques. Le témoignage des enquêtes confirme ces apprécia- tions (1). On recueille, en Allemagne, l'impression que la loi, en bien des endroits, a été bonne, efficace, quoiqu'elle eût pu l'être davantage ; qu'on a empêché certains abus. On y remarque aussi la fréqucn le admission des circonstances atténuantes. En Allemagne en -1882 4833 1887 1890 Total 1882-1890 l'oursuites. . . . 476 Condamnations . . 98 99 37 81 36 64 !22 983 466 (I) Der Wucher auf dem Lande. (Berichtc des Vercins fur Social- politik, t. XXXV. Leipzig, 1887). Enquête extrêmement riche en indications précieuses. S"* SÉRIE, TOME XXX. 45 ( «78 ) mais qu'il en subsiste bien ; qu'on peut éluder la loi et qu'il reste bien des manières d'exploiter les gens. Que la loi ait été utile, c'est d'ailleurs ce qui parait admis, mal- gré l'imperfection de ses effets. En Autriche, elle n'a certes pas été inutile non plus, mais les résultats paraissent disproportionnés au mal, trop réel et vraiment effrayant, dont souffrent certaines pro- vinces de la monarchie. A vrai dire, ces effets restreints sont tout ce qu'on peut raisonnablement espérer de la loi telle qu'elle était. Elle limitait ses prescriptions à une catégorie de contrais; on ne pouvait s'imaginer réprimer tous les détours, tous les abus, et d'une pierre faire tant de coups. Puis, l'usure a toujours eu la vie dure. En certaines régions, la loi est venue trop tard et la victime était liée à l'exploiteur ; ailleurs, on a oublié que si l'usure est mauvaise, le crédit peut être un besoin et que tout n'est pas de détruire le crédit abusif. Toujours difficile est la répression d'un délit où la victime se trouve être complice. Nous ne trouvons donc rien de bien décourageant pour le système lui-même aux constatations qu'on a recueillies, mais elles sont d'au- tre part riches en aperçus instructifs. L'enquête allemande du Verein fur Socialpolitik, qui date de 1887, est à cet égard particulièrement riche ; elle montre tous les artiûces de l'usure, qui est parvenue à prendre une foule de formes, surtout à la campagne, où le besoin de ressources et de crédit se faisait le plus vive- ment sentir. Cette enquête et les travaux plus récents de VAgrarconferenz de Berlin (1), en 1894, ont montré com- (1) Die Agrarkonferenz vom 28. Mai bis 2. Juni 189i. Berichfe ûbcr die Verhandlungen der von dem Minisler fur Landwirthschaft zur Erôrterung agrarpolitischer Massnahmen einberufenen Konferenz» ( 679 ) bien grand est le besoin de crédit dans Tagriculture alle- mande, combien effrayant est rendellemenl, combien urgent il est d'y porter remède. L'Autriche devrait recou- rir à une enquête semblable, pour pourvoir aux misères de ses campagnes. Le Gouvernement allemand fut impressionné par ces constatations, et, pour en revenir à la notion de l'usure, il décida de lui donner une nouvelle extension juridique. On signalait de toutes parts les « exploitations » des gens habiles, non seulement sous forme de prêt d'argent ou délai de créances, mais sous forme de prêt ou de vente d'animaux, de contrat de cheptel, de vente de marchan- dises et de parcelles de terre, soit par opération à terme et système d'acompte, soil par des prix exorbitants. Il ne s'agit plus seulement d'une affaire de prêt, mais de la spéculation abusive, sous mille formes artificieuses qui se modifient sans cesse. Jl est vrai que les rapports du Verein furent l'objet de critiques et de commentaires. Leur étude de fait ne doit pas nous arrêter. Bornons-nous à constater qu'ils ont déterminé l'initiative des pouvoirs publics. Le Gouvernement crut devoir prendre des mesures contre ces nouveaux abus. Il ne s'agit plus seulement d'atteindre l'usure dans les affaires de crédit, mais l'usure qui se dissimule dans une foule de contrats, dans le trafic de la terre et des marchandises, Gûter- ou Sachivucher, Boden- ivucher. Voit-on, tout de suite, l'extension nouvelle et Berlin, Parey, 1894. Ces travaux ont été bien résumés par le D' Fasbcnder, du Bauernverein de Westphalie, dans la revue Arbeiterwohly Coin, Bachem, 189i. ( 680 ) très caractéristique donnée à la notion d'usure? C'est « l'équivalence des prestations » qui devient de plus en plus la notion dominante; celle extension est le point essentiel de la loi du 9 juin 1895 (1). Sans doute l'appli- cation de la loi est enrayée par des controverses sur la régularité de sa promulgation. Ce point est secondaire pour nous. Ce qui est essentiel, c'est la notion nouvelle qui est introduite dans le droit allemand, pour assurer l'honnêteté des transactions. Le but de la loi de 1895 est d'atteindre d'une manière générale Y exploitation d'une personne par son créancier, Y Aussàugung (la succion, le vampirisme), suivant l'expres- sion pittoresque du rapporteur de la Commission du Reichstag, quelle que soit l'affaire (Rechtsgeschaeft) qui en est l'occasion. Là, dit M. Hanauer, secrétaire d'Étal à la Justice, là est le clou (Sclnverpunkt) de la loi nouvelle. On veut débusquer l'usure des autres contrats où elle peut avoir cherché refuge, sous forme de lésion énorme. Le rapport tout entier de la Commission du Reichstag, comme l'Exposé des motifs, constituent à cet égard une curieuse page d'histoire juridique. ()) Voici le texte de rsrlicie le plus caraclérislique de la loi de 1893 ... § 302« (nouveau) du Code pénal : Sera puni de la même peine celui qui, par métier ou habilucllement, dans les conditions d'un acte juridique autre que ceux prévus à l'art. 502a (prêts ou crédit), et en abusant des besoins, de la faiblesse d'esprit ou de l'inex- périence d'un autre, se fait promettre ou procurer, soit à lui, soit à un tiers, des profits qui excèdent de telle manière la valeur de sa prestation que, d'après les circonstances de l'acte, ces profils se trouvent en disproportion choquante avec celte prestation. — Voir notre traduction annotée dans V Annuaire de législation comparée. (I.oisde t895.) Paris, 1894. ( 681 ) Il est inconteslable que la loi pourra s'appliquer à une foule de pratiques qualifiées d'usuraires et qui servent à exploiter le marché public, telles que les coalitions de prix par exemple, quand les circonstances requises par la loi s'y trouveront réunies, et bien d'autres cas encore qui ne sont pas jusqu'ici l'objet de mesures répressives. On ne peut contester non plus que cette disposition nouvelle rendra le rôle du juge plus complexe et plus délicat encore que pour les seules affaires de crédit : i! faudra voir à l'œuvre celte loi que l'expérience ne permet pas encore de juger au point de vue pratique (i). Elle est, d'ailleurs, l'objet de critiques assez vives. Il ne nous appartient pas ici d'en examiner la valeur; il est dif- ficile de se prononcer avec certitude, et nous n'avons voulu que constater le mouvement législatif. Tandis que le Gouvernement et le Reichstag marchent dans celte voie, la Commission de revision du droit civil, chargée de préparer un Code civil pour l'Empire, obéis- sait à une tendance très différente, et malgré les observa- tions de jurisconsultes distingués, a biffé du lilre de la vente la rescision pour lésion énorme que Dioclétien avait introduite dans le droit romain. Il ne semble pas, comme on l'a dit, que la loi de 1893, qui exige ici l'intention de nuire et l'habitude « industrielle », supplée à cette antique règle juridique, protectrice de l'équivalence dans les contrats. Mais le Code civil impérial n'est encore qu'en avant- (1) On exige l'habilude ou métier pour ne pas exposer à det, poursuites tracassières le commerçant tionnéte, pour un fait isolé et douteux. ( 682 ) projet; la tendance effective du législateur, que nous avons indiquée, permet d'augurer que le principe de l'équivalence, si nettement affirmé depuis quelque temps, pourrait reparaître dans les textes définitifs. Le régime du « maximum », comme mode de répression de l'usure, malgré les griefs qu'on lui a objectés, a conservé aussi des sympathies (1); plusieurs auteurs croient même que, si l'on veut appliquer efficacement le système actuel, il serait bon d'indiquer au moins dans la loi un chiffre qui guidât le magistrat. Il y a, en effet, au point de vue pra- tique, quelque difficulté au système estimatoire. C'est l'opi- nion du D"^ Caro, c'est un peu celle d'Adolf Wagner, qui cependant y apporte des distinctions. Nous ne songeons pas ici à trancher cette controverse, mais il est clair que le système du « maximum » se restreint forcément aux affaires d'intérêt et qu'il n'y a pas moyen de l'étendre aux autres cas de lésion. Que l'usure soit un fléau, que l'injustice dans les con- trats soit un mal social, personne ne peut le contester; qu'il soit souvent malaisé de l'atteindre, c'est ce que prouve l'expérience, l/action morale doit avoir ici son influence active; la législation doit y joindre des mesures prudentes et efficaces. Nous venons d'esquisser les tentatives du législateur dans certains pays. , Nous n'avons pas voulu ici rechercher le meilleur mode de répression de l'usure, mais seulement examiner, en (1) Rappelons aussi que les États américains qui ont une législa- tion sur ce point, ont conservé le maximum plus ou moins organisé. Cf. R. Meyer, Heimstatten tind andcre Wirthschaftsgcsetze der Ver- iinigten Staatenvon Amerika, etc. Berlin, 1883. I ( 685 ) observateur, les méthodes nouvelles qu'on propose el qui méritent l'attention du législateur comme de l'écono- miste. Il sortirait de notre sujet, mais il importe cependant d'ajouter qu'on a eu conscience de l'insuflQsance des moyens répressifs. Le crédit usuraire, sauf les cas trop fréquents oii l'emprunteur n'a été amené à l'emprunt que par les artifices insidieux de l'usurier, le crédit usuraire, disons-nous, prouve le besoin de crédit. S'il est sage de détourner les gens de l'endettement précipité et de l'em- prunt improductif, de les engager à ne prendre que du vrai crédit d'affaires, d'autre part, il est utile de leur faciliter celui-ci, s'il est prudemment et sagement mesuré. C'est à celte pensée que répond, en Allemagne, la diffusion active de la mutualité dans l'ordre du crédit agricole et foncier. On peut en discuter la mesure et les moyens; l'idée même est de grande sagesse. Mais nous devons arrêter ces considérations. Ce que nous avons dit n'avait d'autre prétention que d'exposer brièvement une phase nouvelle de l'histoire juridique du prêt el de^la lésion. »— «—«^g" ( 684 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 5 décembre 1895. M. Gevaert, directeur, président de TAcadémie. M. le chevalier Edm. Marghal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Th. Radoux, vice-directeur; Ed. Fétis, Ad. Samuel, G. Guffens, Jos. Jaquet, J. Deman- nez, Gustave Biot, H. Hymans, Th. Vinçolte, Joseph Slai- laert, Alex. Markeibach, Max. Rooses, J. Robie, G. Huberti, A. HcDnebicq, Éd. Van Even, Ch. Tardieu, Alfr. Cluyse- naar, F. Laureys, membres; FI. van Duyse, correspondant. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire de la dix-neuvième livraison des Œuvres de Grélry : Panurge^ comédie en trois actes. — Remerciements. — M. Geleyn remet, conformément aux prescriptions réglementaires des concours de la Classe, la photographie de sa statue : La Justice, qui a été couronnée dans la séance du 31 octobre dernier. ( 685 ) — La Classe renvoie à l'apprécialion : 1° De sa section d'archileclure : A. le cinquiènae rap- port de M. Verhelle, lauréat du grand concours de 1890; B. les deuxième et troisième rapports (deuxième année d'études) de M. Lambot, boursier de la fondation Gode- charle en 1893; 2° De iMiM. Rooses, Stallaert et Markelbach, le troisième rapport semestriel de M. Ern. Wanle, boursier de la fon- dation Godecharle en 1893. ÉLECTIONS. La Classe arrête définitivement, après adoption de can- didatures nouvelles, la liste des présentations aux places vacantes. Elle réélit, pour l'année 1896, les membres sortants de sa Commission spéciale des (inances. CAISSE CENTRALE DES ARTISTES BELGES. Conformément à l'article 13 du règlement de la Caisse centrale des artistes belges (arrêté royal du 10 jan- vier 4849), JMM. Hymans, secrétaire, et Marchai, tréso- rier, donnent respectivement connaissance de la situation administrative et financière de cette Institution pendant les années 1894 et 1895. ( 686 ) CLASSE DES SCIENCES. Séance du 45 décembre 1895. M. G. Van der Mensbrugghe, directeur. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. Brialmont, vice-directeur; le baron Edm. de Selys Longchamps, G. Dewalque, E. Candèze, Éd. Dupont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Alph. Briart, F. Plateau, Fr. Crépin, J. De Tilly, Alfr. Gilkinet, W. Spring, Louis Henry, M. Mourlon, P. Mansion, J. Del- bœuf, P. De Heen, C. Le Paige, Ch. Lagrange, F. Terby, J. Deruyts, H. Vaierius, L. Fredericq, membres; Alb. Lan- caster et G. Cesàro, correspondants. M. Ch. Van Bambeke écrit qu'une indisposition Tera- péche d'assister à la séance. CORRESPONDANCE. M. le baron Liranander, secrétaire du Roi, exprime les regrets qu'éprouvent Leurs Majestés de ne pouvoir assister à la séance publique. — M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique, M. le Ministre de la Guerre, M. le Ministre des (687) Finances, M. le Minisire de l'Agriculture el des Travaux publics, M. le Ministre des Chemins de fer, Postes el Télé- graphes, M. le Ministre de l'Industrie et du Travail, et l'Académie royale de médecine remercient pour les invi- tations à la même solennité. — Le Reale Istituto vcneto di scienze, lettere et arte envoie le programme de ses concours pour l'année 1898. — Hommages d'ouvrages : i. Det store Solvfund ved Gundestrup i Jylland, i i89i ; par J. Sleenslrup, associé, à Copenhague; 2. A. Sur le logarithme de la fonction de gamma; B. Sur la fonction log. r(a); par Ch. Hermite, associé, à Paris. — Remerciements. CONCOURS ANNUEL, 1895. SCIENCES SI;4lTHÉIIIA.TIQVES ET PHYSIQUES. PREMIÈRE QUESTION. Faire, à l'aide d'expériences nouvelles, l'étude compa- rative des diverses méthodes de détermination des poids moléculaires des corps en dissolution. nappoft les différents modes de construction. » Le mémoire de M. Haerens est écrit avec méthode et clarté. Les conditions de stabilité des différents systèmes de portes d'écluse employés à la mer et sur les voies navi- gables, sont déduites de calculs exacts et d'une applica- tion facile. L'auteur toutefois a trop resserré son pro- gramme en n'étudiant les portes d'écluse qu'au point de vue de leur résistance. Ses méthodes de calcul ne présen- tent rien de nouveau et, comme il n'a pu s'affranchir des hypothèses multiples admises par ses devanciers, les pro- cédés qu'il préconise conservent un caractère convention- nel et restent discutables. Ses jugements sur le mérite relatif des différents sys- tèmes de construction sont le plus souvent basés sur des calculs numériques ne visant que des cas particuliers, ou sur des raisonnements par à peu près, ce qui diminue leur valeur. Le mémoire de M. Haerens est donc moins l'œuvre d'un ingénieur versé dans la construction des travaux hydrauliques que celle d'un mathématicien dont le but est de rendre service à l'enseignement en simplifiant les méthodes de calcul appliquées jusqu'ici dans les écoles spéciales. ( 699 ) Ce but, M. Haerens l'a atteint, mais on ne trouve pas dans son mémoire la solution des problèmes qui préoccu- pent encore de nos jours les constructeurs d'écluses et qu'ont résolus partiellement, en France, MM. Eiffel et Quinette de Rochemont; en Belgique, M. Coiseau, auteur du projet de port d'escale de Heyst. En résumé, le mémoire de M. Haerens fournit de très utiles indications pour le choix des portes d'écluse et pour le calcul de leur résistance; s'il ne présente pas un caractère bien marqué de nouveauté et d'originalité, il me paraît cependant répondre aux vœux de la testatrice; en conséquence, je suis d'avis qu'il y a lieu de décerner le prix Charles Lemaire au mémoire qui nous a été pré- senté. » Kappn»'$ de M. ran rfef JUcnabiugahe^ aecond cou»nti»êaif0. « Pour la deuxième période 1894-1895 relative au prix Charles Lemaire, la Classe des sciences a reçu deux ouvrages, l'un de M. E. Haerens, ingénieur des Ponts et Chaussées, et ayant pour titre : Les différents types de portes d'écluse et le calcul de leur résistance; l'autre de M. J. Van de Venne, et intitulé: Sur les travaux publics à Anvers : Joseph Lefebre en zijn werk. Ce dernier ouvrage n'a été envoyé que le 31 août 1895, c'est-à-dire deux mois après la date de la clôture de la période biennale concer- nant le prix Charles Lemaire; lors même que cet ouvrage eût une grande valeur, il ne pourrait donc pas prendre part au concours. Le travail de M. l'ingénieur Haerens remplit, au con- traire, toutes les conditions exigées pour être admis; il est ( 700 ) rédigé avec beaucoup de soin et de méthode; l'auteur simplifie notablement les calculs de la résistance des portes d'écluse et fournit ainsi des éléments précieux pour l'art de l'ingénieur. Aussi je n'hésite pas à me rallier aux conclusions de mon savant confrère, M. le général Brialmont. » La Classe, adoptant la proposition du jury, a décerné le prix proposé à M. E. Haerens, ingénieur des Ponts et Chaussées, à Gand, pour son livre intitulé: Les différents types de portes d'écluse et le calcul de leur résistance. ÉLECTIONS. La Classe procède aux élections pour les places vacantes. La proclamation des résultats des concours et des élec- tions aura lieu dans la séance publique du 14. PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE. Conformément à l'article 17 de son règlement, la Classe entend la lecture du discours de M. Van der Mensbrugghe et de la communication de M. G. Cesàro, lesquels figurent au programme de la séance publique. I ( 701 ) CLilvSSE DES SCIENCES. Séance publique du 14 décembre 1895. M. G. Van der Mensbrugghe, directeur. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. G. Dewalque, E. Candèze, Éd. Dupont, G. Malaise, F. Folie, A. Briarl, Fr. Grépin, J. De Tilly, Alf. Gilkinet, Louis Henry, Michel Mourlon, P. Man- sion, J. Delbœuf, P. De Heen, G. Le Paige, F. Terby, J. Deruyts, Léon Fredericq, membres; Gh. de la Vallée Poussin, associé; A.-F. Renard, L. Errera, Alb. Lancaster et G. Gesàro, correspondanls. Assistent à la séance : Classe des lettres. — MM. P. Willems, Gh. Potvin, T.-J. Lamy, É. Banning, A. Giron, membres; Alph. Rivier, associé. Glasse des BEAUX-ARTS. — MM. Éd. Fétis, God. Guffens, Jos. Jaquet, J. Demannez, G. De Groot, Gust. Biot, G. Huberti et Éd. Van Even, membres. Quelques exploits d'une particule d'air; par G. Van der Mensbrugghe, directeur de la Classe des sciences de rAcadénnie. En \ 880 (1 ), à la séance publique de la Classe des sciences, j'ai eu l'honneur de faire une lecture sur les voyages et métamorphoses d'une gouttelette d'eau ; à cette occasion, j'ai décrit brièvement les diverses phases du cycle immense (1) BulUdeVAcad^oy. de Belg., 1880, t. L, p. i25. ( 702 ) que parcourt la gouttelelie depuis le moment où elle fai- sait partie des vastes bassins des mers jusqu'à celui où, après de longues traversées et bien des transformations, elle a regagné ses compagnes de l'Océan. L'an dernier, j'ai publié quelques pages de l'histoire d'un grain de poussière (1); j'ai insisté aloi s sur l'éton- nante profusion des parcelles solides dans nos demeures, dans nos lieux de réunion, dans les fabriques et dans les mines; après avoir signalé les dangers que présentent ces parcelles dans des circonstances spéciales, j'ai rappelé com- bien les grains de poussière sont répandus dans l'atmo- sphère, et j'ai tâché de montrer le rôle très considérable qu'ils jouent soit dans la production de l'aurore et du cré- puscule, soit dans la diffusion de la lumière suivant toutes les directions. Aujourd'hui je me propose de décrire quelques exploits d'une autre créature minuscule, qui nous offre la particu- larité d'être des centaines de fois plus légère qu'une gouttelette d'eau ou un corpuscule solide; je me bornerai à célébrer quelques hauts laits de cette héroïne (je ne crains pas de l'appeler ainsi) dans ses rapports avec les liquides et avec les solides; nous verrons qu'elle ne le cède à ses émules ni en activité ni en vaillance. Et quel est donc ce petit être si merveilleux? Une simple particule d'air. Bien qu'elle et ses compagnes échappent complètement à notre vue, elles sont répandues partout autour de nous, et pénètrent même dans notre organisme à tel point que, sans une multitude de ces particules jouant un rôle déter- [i) Revzie des questions scientifiques, Bruxelles, n» de juillet 1894. (703 ) miné dans notre corps, nous ne pourrions ni respirer ni vivre un seul instant. Est-il possible d'isoler une de ces particules? N'y son- geons pas; d'ailleurs, lors même que nous y parviendrions, nous ne la verrions pas. Heureusement, nous sommes en état d'en isoler des assemblages, dont nous distinguons assez nettement les limites; parmr les nombreux moyens d'y réussir, arrêtons-nous au suivant, qui, à vrai dire, n'est pas le plus simple, mais l'un des plus instructifs. Voici un verre de montre et une capsule contenant de l'eau; la concavité du verre de montre étant tournée vers le bas, inclinons-le légèrement, et plongeons-le dans le liquide; aussitôt apparaît une ligne brillante qui semble limiter la partie mouillée de la surface concave du verre. Quel est donc l'obstacle qui empêche l'eau de mouiller cette face du verre de montre aussi bien que la face con- vexe? Cet obstacle, c'est un ensemble de particules d'air; légèrement comprimées pendant l'immersion, elles se sont groupées pour former un globule gazeux. Avant d'êire isolé par notre petite manœuvre, le glo- bule faisait partie d'une des mille et mille tranches concentriques dont se compose l'atmosphère, c'est-à-dire celte immense couche gazeuse qui enveloppe tout le globe terrestre, et dont chacune pesant sur celle qui lui est infé- rieure, et communiquant en outre le poids des tranches qui sont au-dessus d'elle, détermine au niveau de la mer une pression totale égale en moyenne à l',053 par centi- mètre carré. Notre globule d'air est-il également soumis à cette pression? Sans aucun doute, car elle est transmise intégralement par l'intermédiaire de l'eau, c'esi-à-dire d'un milieu très peu compressible, mais parfaitement élastique. A cette pression de l'air extérieur s'ajoute encore ( 704 ) celle du liquide s'élevanl au-dessus du globule d'air dans la capsule. Actuellement celui-ci n'accuse sa présence que par la couche liquide si brillante qui l'entoure; mais d'où vient donc la forme si régulière du globule? Où est le siège des forces (igurairices dont nous admirons l'effet mystérieux? Est-ce dans le globule d'air lui-même? Oh non ! ces forces résident essentiellement dans la portion liquide très mince qui limite le petit volume d'air, et encore la partie active n'a-i-elle qu'une épaisseur d'environ ^^. C'est cette couche si mince qui est douée d'une force contractile et qui, pour ce motif, tend toujours à occuper la moindre étendue possible, eu égard au volume qu'elle enveloppe; en outre, en venu de sa courbure, elle exerce sur l'air emprisonné dans le liquide une pression d'autant plus grande que les dimensions du globule sont moindres; si ces dimensions sont très petites, par exemple d'une frac- tion (le millimètre, les globules gazeux sont toujours sphériques comme les bulleltes d'acide carbonique qui s'élèvent à travers une liqueur mousseuse. Mais, direz-vous, quel est donc le chercheur qui nous a initiés à toutes ces particularités? Ce chercheur, dont l'Académie a publié les travaux à jamais mémorables, c'est Joseph Plateau qui, par les yeux de l'esprit seule- ment (hélas! depuis longtemps il était frappé de cécité!) a pu contempler les splendides figures d'équilibre des liquides soumis à leurs seules forces moléculaires; c'est ce savant infatigable qui est parvenu à réaliser ces figures par la main de ses collaborateurs! Admirable privilège du génie, qui, à force de ténacité, finit par atteindre le but à iravers mille entraves, et malgré des difficultés en appa- rence insurmontables! ( 705 ) Revenons à notre globule d'air emprisonné sous le verre (le montre : il est donc soumis à la fois à la pression de l'atmosphère, transmise par le liquide ambiant, à la pres- sion hydrostatique de l'eau s'élevant au-dessus de lui, et enfin à la pression capillaire provenant de la couche brillante qui l'entoure; comment nos particules si légères, si ténues peuvent-elles résister à la somme de ces trois pressions? Ah! c'est que tout se passe comme si, entre ces particules, s'exerçait une force répulsive d'autant plus marquée qu'elles sont comprimées plus fortement, et en vertu de laquelle le globule occuperait aussitôt un volume plus grand si la pression extérieure devenait beaucoup moindre. Voilà pourquoi le calme le plus parfait semble régner dans la couche servant d'enveloppe à nos parti- cules. Mais ce calme, si profond en apparence, est-il bien réel? Faut-il prendre à la lettre la condition d'équilibre énoncée à cet égard par tous les physiciens? Assurément non, car si, par la pensée, les dernières parcelles du liquide et de l'air étaient grossies des milliards de fois, quel spectacle émouvant s'offrirait à nos yeux! Nous verrions ces parcelles se livrer à une lutte à côté de laquelle les grandes batailles historiques ne seraient que des escarmouches, et dont nous pourrions contempler les différentes phases avec un véritable plaisir, car celte lutte- là ne laisse jamais ni morts ni blessés. Toutefois, avant de la décrire, apprenons à connaître les armes ou plutôt les moyens d'attaque de nos combat- tantes ultra-microscopiques. Quant à nos petites héroïnes gazeuses, nous savons déjà qu'elles se repoussent les unes les autres, et cela avec d'autant plus d'énergie qu'elles sont plus comprimées. Mais quelle est la force qui anime les molécules liquides avoisinant le globule? Pour le savoir, il ne faut pas même recourir à des con- ( 706 ) sidéraiions plus ou moins abstraites; il suffît de rappeler quelques faits connus de tout le monde ; un objet mouillé exposé à l'air d'une chambre devient de moins en moins humide et finit par être parfaitement sec; même après une pluie diluvienne, les pavés de nos rues ne tardent souvent pas à perdre toute trace d'humidité ; si un vase ouvert et contenant de l'eau est maintenu pendant plusieurs heures sur l'un des plateaux d'une balance, et que l'on fasse de temps en temps la pesée, on constatera que le poids de l'eau va toujours en diminuant. Ces exemples et bien d'autres du même genre ne nous obligent-ils pas à con- clure que les particules superficielles de l'eau tendent constamment à se séparer du reste de la masse? Mais que deviennent les particules ainsi détachées du liquide? Elles se séparent en parcelles de vapeur invisibles et tellement légères qu'elles montent dans l'atmosphère ou dans l'air ambiant; or, le passage de Tétat liquide à l'état de vapeur ne peut évidemment s'opérer que d'une manière graduelle; c'est pourquoi nous devons admettre que, dans la couche superficielle du liquide, les dislances entre les molécules vont en croissant à mesure qu'elles sont plus rapprochées de la surface libre. Dans le sens tangenliel à celte dernière, l'écartement progressif des molécules fait naître des forces contractiles agissant pour donner à la surface liquide la moindre étendue possible : voilà les forces qui façonnent si admirablement les limites de notre globule gazeux. Dans le sens normal, au contraire, raccroissement graduil des distances intermoléculaires provoque une tendance à Févaporalion; c'est précisément le phénomène dont je viens de rappeler quelques exemples bien simples. Figurons-nous à présent la lutte entre des particules rivales dont les unes tendent sans cesse à s'échapper dans le globule d'air, et dont les autres (nos particules gazeuses) ( 707 ) font un effort continu pour pénétrer dans l'eau. Assistons par la pensée à ce brillant tournoi; voyez-vous les parti- cules liquides se séparer entre elles prés de la surface limite, les unes se lancer dans l'air du globule, et les autres reprendre aussitôt la place de celles qui les ont précédées ou qui ont disparu? Mais, ô prodige ! les sphé- rules d'eau lancées dans l'air ont elles-mêmes une tendance extrêmement prononcée à se résoudre en molécules incom- parablement plus ténues encore, et à produire de la vapeur plus légère que l'air même. Comme l'eau est un milieu d'une élasticité parfaite, chaque spliérule qui s'en détache donne lieu à des mouvements vibratoires, et ces mouve- ments se communiquent à la masse liquide tout entière. Portons maintenant notre attention sur les particules d'air : elles font incessamment effort pour se loger dans les intervalles libres de la ligne de bataille : à peine l'une d'elles a-t-elle pénétré dans l'intervalle de deux molécules liquides en vibration, que celles-ci, obéissant à leur attrac- tion mutuelle, font avancer davantage la particule, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'elle se trouve engagée au milieu de la masse; voilà comment bien des particules d'air parvien- nent, les unes après les autres, jusqu'aux parties les plus profondes de l'eau, où elles sont sans doute fortement com- primées, et acquièrent ainsi une cohésion croissante, tandis que la cohésion moyenne de l'eau va, au contraire, en diminuant ; de même que les parcelles de vapeur d'eau qui s'engagent dans l'air du globule finissent par le saturer, de même les particules d'air ne pénètrent en plus grand nombre dans l'eau que jusqu'au moment où celle-ci est saturée de gaz. D'après cela, plus la température est basse et, consé- quenmenf, plus la cohésion de l'eau est forte, plus aussi la quantité d'air dissous peut devenir notable; c'est pour ce ( 708 ) motif, sans doute, que la moindre variation de température modifie la puissance d'absorption de l'air par l'eau. On comprend aisément aussi que la quantité d'air dis- sous dans l'eau augmente de plus en plus à mesure que la pression extérieure devient plus grande ; qui ne connaît, en effel, les nombreuses applications de celte propriété, notamment pour la fabrication des boissons gazeuses? Puisque l'air se trouve incorporé, pour ainsi dire, dans l'eau, comment faire, demandera-t-on peut-être, pour débar- rasser celle-ci du gaz dissons? Rien de plus facile que de le retirer, du moins en grande partie : il suffît de chauffer le liquide pendant quelques minutes pour voir apparaître une infinité de petites bulles d'air adhérentes à la paroi ou s'élevant du sein de Peau. Pour chasser tout l'air dis- sous, il faudrait soumettre le liquide à une ébullition pro- longée, ce qui ferait croître d'une façon étonnante la cohé- sion de l'eau après son refroidissement. Je me plais à rap- peler à cet égard les expériences si frappantes de noire excellent confrère, M. Donny : cet habile expérimentateur a nettement démontré la cohésion vraiment surprenante de l'eau bien purgée d'air ; qui ne sait aujourd'hui que dans ces conditions, l'eau ne bout qu'à des températures très notablement supérieures au point d'ébullition normal? Quel mécanicien ignore acluellement que l'eau servant à la production de la vapeur dans les chaudières doit être aérée, s'il veut que la machine marche régulièrement et sans danger d'explosion? Mais je reviens à l'échange d'air et de vapeur près de la surface limite du globule gazeux et aux mille aventures encore peu ou point connues de nos héroïnes rivales dans leur Itiue incessante pour pénétrer les unes dans l'espace occupé par les autres. Puisqu'il y a tant d'efforts déployés sans relâche aux confins de l'eau et de l'air dans un simple globule gazeux, n'est-il pas naturel de se demander quelle ( 709 ) somme énorme de travail s'effectue sans interruption à la surface commune à l'atmosphère entière et aux eaux de toutes les rivières, de tous les fleuves, de tous les lacs, de toutes les mers du globe? Mais ici l'imagination la plus puissante demeure confondue devant une activité aussi prodigieuse. Qui, en efi'et, mesurera les quantités immenses de vapeur invisible répandues dans l'atmosphère? A quelle balance évaluer le poids des brouillards et des nuages suspendus au-dessus de nos têtes? Qui pèsera les longues bandes de parcelles de glace flottant dans les régions supérieures de l'air? Qui, surtout, appréciera dignement les services ren- dus à l'humanité par ces légions de parcelles liquides trans- portées à de grandes hauteurs dans l'atmosphère et distri- buant partout la chaleur et la fécondité ? Dans notre complète insuffisance, contentons-nous de dire, avec Louis Racine, en rectifiant un peu le premier vers : La mer, qui de son sein repousse les vapeurs (1), Par ces eaux qu'elle perd, voit une mer nouvelle Se former, s'élever et s'étendre sur elle; De nuages légers cet amas précieux Que dispersent au loin les vents officieux, Tantôt féconde pluie, arrose nos campagnes, Tantôt retombe en neige et blanchit nos montagnes. (1) Le poète avait écrit : La mer, dont le soleil attire les vapeurs; mais révaporalion a lieu la nuit comme le jour, par un temps froid comme par un temps chaud; toutefois, la chaleur solaire, de même que le vent, active fortement la production de la vapeur. 3"°* SÉRIE, TOME XXX. 47 ( 710 ) Mais n'insistons pas davantage et poursuivons plutôt nos particules d'air qui parviennent à percer de toutes parts la surface libre des eaux. Imaginons toujours les objets grossis sufïïsamment, et que verrons-nous? Des particules gazeuses se glisser les unes derrière les autres dans les intervalles de la couche liquide superficielle : ici, des particules d'un gaz vivifiant par excellence, c'est-à- dire d'oxygène, destinées à assainir l'eau et à favoriser la respiration des habitants des fleuves et des mers; là, des molécules d'un autre gaz appelé azote, et ayant, entre autres, pour mission de modérer la vivacité de l'action de ses compagnes; ailleurs, des molécules d'un gaz nommé arg'ow, récemment découvert par Lord Rayleigh et Ramsay, et dont le rôle mystérieux sera sans doute éclairci un jour; ailleurs encore, des molécules d'un quatrième gaz, l'acide carbonique, spécialement réservées pour la croissance des plantes. Est-ce tout? Non, car nous verrions avec stupé- faction pénétrer encore dans l'eau une infinité de germes de végétaux et d'animaux n'attendant que des conditions favorables pour grandir et se développer avec une étonnante rapidité. N'est-il pas prouvé aujourd'hui qu'il suffît d'exposer à la lumière, dans un vase ouvert, de l'eau préalablement bouillie, pour que, au bout d'une semaine, il se soit formé, sur les parois, des taches où lin puissant microscope révèle l'existence de millions de très petites plantes avec lesquelles sont associées des légions d'animalcules? D'après des résultats précis d'observations aussi nombreuses que délicates, des germes de plantes et d'animaux existent partout dans l'air comme dans l'eau; surviennent des conditions favorables de lumière et de température, aussitôt ces germes croissent, se multiplient et deviennent visibles, du moins au microscope. ( 7il ) Mais, dira-l-on, comment ces êtres peuvent-ils se nour- rir dans l'eau? Ici nous rencontrons une de ces harmo- nies merveilleuses qu'on ne peut constater sans être rempli d'enthousiasme : en effet, comme toute végétation, ces plantes aquatiques sont principalement formées de carbone; eh bien! elles puisent le carbone nécessaire, en partie dans l'acide carbonique dissous dans l'eau, mais surtout dans l'acide carbonique dégagé par les petits êtres vivants associés aux plantes. D'autre part, ces animalcules se nourrissent, soit en s'entre-dévorant, soit en mangeant quelque peu les plantes voisines. L'acide carbonique qu'ils exhalent est à son tour décomposé par les plantes, qui s'assimilent le carbone et dégagent l'oxygène dont les animalcules ont précisément besoin pour se conserver en bonne santé. Voilà comment, dans les eaux répandues sur la terre, est mainlenue, d'une façon providentielle, la balance de la vie! Et cette balance est si bien équilibrée que les orga- nismes végétaux et animaux apparaissent et disparaissent suivant des lois mystérieuses qui dépendent sans doute de la lumière, de la température, des alternatives du jour et de la nuit, de la quantité de matières dissoutes, eic. Tout est si bien coordonné que, si l'on introduisait à dessein quelque organisme vivant dans le vase d'expéri- mentation, aussitôt les relations déjà établies seraient troublées, et, au bout de quelque temps, il se produirait de nouveaux arrangements que l'on ne pouvait assigner d'avance. Le tournoi gigantesque entre les parties constitutives de l'atmosphère et les eaux distribuées sur la terre tout entière, tournoi invisible, mais pourtant bien réel, très animé et de plus incessant, n'offre-t-il pas un des exemples ( 7i2 ) les plus imposants, les plus grandioses de la lutte pour la vie... des autres? En effet, tous ces efforts de l'eau pour se répandre dans l'air à l'éiat de vapeur ne tendent-ils pas directement au bien-être de l'humanité, au développement normal de tous les organismes vivant dans l'atmosphère? Et de même l'étonnante énergie déployée par les parti- cules invisibles de l'air n'a-t-elle pas pour résultat de purifier l'eau et de contribuer à la vie des innombrables habitants des lacs, des rivières, des fleuves et des mers? Après cette rapide esquisse des combats livrés sans interruption entre l'air et l'eau, abordons maintenant l'ex- posé de quelques hauts faits de notre héroïne dans ses relations avec les corps solides. Mais j'entends poser la question de savoir ce que les particules d'air si minimes peuvent bien avoir de commun avec des masses solides de forme invariable, incomparablement plus denses et dont toutes les parties semblent être trop compactes pour per- mettre l'accès de nos parcelles gazeuses. C'est effective- ment l'idée que l'on s'est faite jusque dans ces derniers temps, de la manière d'être des corps solides ; mais cette idée n'est pas conforme à la réalité; car, de même que les particules superficielles des liquides tendent à se répandre dans le milieu ambiant, tout se passe comme si pareille- ment les molécules des corps solides étaient repoussées de l'intirieurvers l'extérieur, et s'écartaient ainsi de plus en plus entre elles, mais seulement dans une couche su- perficielle excessivement mince. Est-ce là une induction contraire aux faits? Bien loin de là; qui ne sait, en effet, que le camphre, l'iode, la glace, etc., se changent en ( 713) vapeur à la lempéraiure ordinaire? Quoi de plus connu que les odeurs répandues par certains corps solides, tels que le bois, le cuir, le soufre, etc.? N'esl-il pas certain que, d'un pétale de rose ou de violette, el, en général, de tous les parfums solides, se détachent constamment une infinité de parlicules d"un(^ ténuité incroyable et pourtant capables d'exciter les muqueuses de l'odorat, ou, comme on dit volontiers, dembaumer l'air qu'on respire? Bien d'autres faits prouvent une constitution exception- nelle de la couche libre des corps solides; je ne citerai ici que les expériences de M. De Marçay sur la vaporisation des métaux dans le vide à des températures inférieures à leurs points de fusion, el, tout spécialement les recherches de notre confrère, M. Spring, sur la soudure directe des métaux, soit de même espèce, soit d'espèces différentes. Concluons de l'ensemble de toutes ces preuves, qu'il existe à la surface des corps solides une couche extrême- ment mince où la densité diminue de plus en plus h mesure qu'on approche davantage de la tranche libre. Admettons, par conséquent, cette constitution particulière dans la couche superficielle des solides, et assistons, par un nouvel effort de notre imagination, au travail sans relâche de nos parcelles d'air dans le voisinage immédiat d'un, corps solide quelconque; les voilà qui se lancent avee ardeur dans les intervalles invisibles des molécules extrêmes de celui-ci, se fraient un passage à travers d'in- nombrables pores, d'où résulte enfin un ensemble formé de parcelles solides et d'agrégats plus ou moins condensés de particules gazeuses. N'est-ce pas ainsi que se développe rapidement ce réseau très fin, sans doute, mais pourtant fort résistant qui recouvre tous les corps solides et qu'ili est même très difficile d'enlever? ( 7U ) Mais, direz-vous, quel intérêt peut bien nous offrir cette activité incessante de l'air? Oh ! un intérêt de la plus haute importance ; car, sans cette couche protectrice recouvrant les solides, tout objet amené en contact avec un autre ris- querait bien souvent d'y adhérer au point de ne pouvoir s'en séparer qu'au prix d'un grand effort. Oui, c'est cette couche invisible qui permet à l'ouvrier de se servir habile- ment de ses outils, au lecteur de tourner aisément les pages de son livre, à l'écrivain de manier à volonté sa plume, au voyageur de détacher sans peine les pieds du sol, etc. Je n'en finirais pas, s'il fallait citer les principaux exemples de l'utilité de ce coussin microscopique d'air à la surface des corps solides, et Dieu sait combien la société serait troublée sans cette manifestation coniinuelle de l'énergie de notre humble particule! De longues et patientes observations, dues à Moser et à Waidele, ont rendu extrêmement probable que chaque corps a son enduit gazeux particulier, qui dépend de l'état de la surface libre, de la température , de la pression, des vapeurs répanJues dans l'espace ambiant, etc. ; cela est si vrai qu'il suffît de passer le doigt sur une plaque de verre ou de métal pour modifier le petit agrégat moléculaire recouvrant la surface. En veut-on la preuve ? On trace avec le doigt ou le bout d'une tige quelconque, quelques carac- tères invisibles sur la plaque, puis on y dépose l'haleine; aussitôt on voit apparaître l'ensemble des traits, sans aucun doute parce que la vapeur d'eau de l'haleine se dépose autrement sur la surface demeurée intacte qu'aux endroits marqués par les traits. Faut-il signaler encore, à ce sujet, un tour de force ou plutôt d'adresse exécuté par nos modestes particules? On maintient pendant longtemps, à une très petite distance ( 71S) mutuelle, deux plaques métalliques dont l'une est parfai- tement polie, et dont l'autre porte des caractères gravés, ainsi que cela se présente généralement dans tes montres de prix ; dès lors si, au bout de quelques mois, par exem- ple, on sépare les deux plaques, le simple dépôt de l'haleine sur la surface lisse y fait apparaître les caractères de la plaque maintenue primitivement en regard. Par quelle influence magique pareil effet peut-il se manifester? C'est que les portions creuses de l'une des plaques con- densent plus d'air et d'humidité, et qu'ainsi, par les chan- gements fréquents de la température et de la pression atmosphérique, les portions lisses en regard des cavités sont recouvertes d'un enduit gazeux différent de celui des parties voisines; la différence est accusée par une con- densation spéciale de la vapeur d'eau de l'haleine. Dans le même ordre d'idées, citons un véritable exploit de notre héroïne invisible : on sait que dans l'atmosphère flottent des légions de grains de poussière, non seulement près du sol, mais même à plusieurs kilomètres au-dessus du niveau de la mer; pour se faire une idée du nombre prodigieux de parcelles solides suspendues dans Tair, il suffît derecueillir de la neige pendant les premiers moments de sa chute; l'eau provenant de sa fusion est presque noire, tellement les innombrables cavités des petits cristaux de neige ont entraîné de corpuscules de toute espèce; les flocons recueillis ensuite donnent successivement de l'eau de plus en plus claire; c'est ce qui a valu à la neige le surnom de balai de l'atmosphère. Mais quel est donc le pouvoir caché qui maintient tant de parcelles solides suspendues dans l'air à des hauteurs même très considé- rables? Car enfin, prises une à une, et parfaitement séchées, les poussières pèsent sans doute bien plus que l'air déplacé ( 716) par elles. Pour découvrir la cause très probable de ce singulier phénomène, rappelons que la constitution d'une parcelle solide est celle d'un très petit noyau entouré d'une couche très mince où la densité diminue graduellement et où s'infiltre l'air ambiant pour en faire une sorte de réseau ; donc plus le noyau est petit, plus est notable l'influence de ce réseau relativement bien plus léger. A cette première cause, on doit en ajouter une autre, peut-être plus puis- sante encore : les cavités d'un grain de poussière jouissent à un haut degré de la propriété d'attirer l'humidité de l'air, ce qui détermine autour du corpuscule une atmo- sphère de vapeur invisible formant pour ainsi dire avec lui un seul et même système; or, la densité de la vapeur d'eau n'est que les 0,625 de celle de l'air à la même pres- sion; voilà, sans doute, la principale raison pour laquelle nos petites particules sont capables de soutenir sans suc- comber le poids des myriades de grains de poussière répandus partout dans l'atmosphère terrestre. Mais, objectera-l-on peut-être, voilà un exploit bien inutile et même très fâcheux; car ne vaudrait-il pas cent fois mieux que l'air fût débarrassé de tous les corpuscules qui en diminuent la transparence et parfois ofi'usquent même l'éclat du soleil? Non, mille fois non! car sans les légions de grains de poussière, la lumière du jour, au lieu d'être diffusée dans tous les sens, ne serait perçue que dans la direction même des corps lumineux, et par diffusion sur les corps terrestres; partout ailleurs régnerait l'obscurité; de plus, ce qui serait une vraie calamité, la chaleur du globe se perdrait bien plus vite par rayonnement vers les espaces célestes, et les habitants de la terre seraient exposés à un froid insupportable. Il est à peine nécessaire d'ajouter qu'une explication ( 717) analogue s'applique à la suspension des globules d'eau formant les nuages. Mais nous voici conviés à la constatation d'une série de phénomènes sonores, toujours bien curieux, parfois même fort imposants : nos particules d'air son(, nous l'avons déjà vu, extrêmement mobiles; néanmoins, dès qu'on les écarte violemment des positions qu'elles occupent dans l'espace, elles ont besoin d'un temps appréciable pour le remplir de nouveau, et, dans ce cas, elles ne peuvent reprendre leur densité primitive qu'en exécutant des vibra- tions souvent assez rapides pour produire des sons; par exemple, quand le postillon fait claquer son fouet, les sons perçus proviennent des mille et mille vibrations exécutées par les particules d'air subitement écartées de leurs positions d'équilibre; lorsque le sol tremble à la suite des formidables décharges d'artillerie sur un champ de bataille, ce sont les milliards de particules, qui, chassées de toutes parts, vibrent en tous sons et avec un bruit épouvantable; faut- il citer encore les mugissements des tempêtes sur mer et sur terre? Les légions de particules vivement poussées par le vent se rapprochent et s'écartent tour à tour; sur la mer, elles soulèvent d'énormes vagues qui emprisonnent des millions de nos héroïnes, les aban- donnent brusquement après avoir déferlé, et retombent enfin avec fracas; sur terre, l'air en mouvement fait monter des nuages de poussière, passe en sifflant à travers les milliers d'interstices de nos demeures, el, dans sa fougue irrésistible, renverse souvent bien des obstacles. Enfin, entendez-vous les roulements du tonnerre qui succèdent à l'apparition d'un éclair? Le fluide électrique, en traver- sant l'espace, rencontre d'autant plus de résistance que l'air est plus comprimé, et tantôt se propage en zig-zag, ( 718 ) tantôt s'épanouit en une série de branches différentes. Alors se manifeste un désordre effrayant parmi nos parti- cules; de là les éclats soudains du tonnerre et ses roule- ments parfois si prolongés; quand toute la nature paraît troublée, agitée, courroucée, qui se douterait du rôle con- sidérable joué par nos actrices invisibles? Qui n'éprouverait un vif sentiment de surprise en apprenant que c'est la même particule d'air qui contribue à transmettre les sons si doux de la voix d'un enfant et à produire les bruits si redoutables d'un ouragan? Terminons par la d«scripiion d'un dernier exploit : nous venons de rappeler la puissance des particules d'air lancées par un vent violent contre un obstacle fixe; demandons- nous actuellement de quelle manière se manifeste leur énergie, quand l'air est traversé par un projectile sphé- rique, par exemple, et animé d'une très grande vitesse. Puisque nos particules sont si légères, si mobiles, remplis- sent-elles instantanément le vide laissé derrière le projectile à mesure qu'il avance? D'autre part, les parcelles choquées par le mobile pourront-elles s'échapper aussitôt le long du corps en mouvement? Pour répondre à ces questions, il suffit de rappeler que l'air, malgré sa mobilité extrême, oppose une certaine résistance à tout déplacement soudain. Voilà pourquoi le vide laissé derrière le projectile ne sera pas comblé à l'instant même de sa formation, tandis que, en avant, de très nombreuses particules ne pouvant s'échap- per à temps autour du corps en mouvement, seront accu- mulées au point d'augmenter notablement la pression qu'elles exercent contre lui; tout se passe comme si devant le projectile était tendu un ressort assez énergique pour annulera chaque instant une partie de la vitesse du corps, et pour déformer un obstacle solide placé sur la trajec- toire. ( 719) Cette idée a frappé particulièrement l'esprit de notre savant et regretté confrère Meisens; après avoir longtemps médité sur la question, il croyait entendre la voix mysté- rieuse de notre particule qui lui disait : « Ne me méprise » pas! Sans doute, je suis bien plus petite encore qu'on » ne peut l'imaginer; mais j'ai des compagnes dont le » nombre compense l'inconcevable exiguïté, et en unissant » nos efforts après avoir éié fortement serrées les unes » contre les autres, nous pouvons exercer une très forte » pression pour reprendre nos distances primitives; notre » puissance peut croître alors jusqu'à diminuer graduel- » lement l'élan du corps qui nousa condensées,et à vaincre » des résistances très considérables. • La voix de notre héroïne,que tant de chercheurs n'avaient pas entendue, ou qu'ils avaient dédaignée jusqu'alors, fut- elle méconnue par l'ingénieux physicien? Non certes, car il l'écoulait sans cesse, en se livrant, à ce sujet, à une longue série d'expériences remarquables, auxquelles son nom res- tera toujours attaché avec honneur; il a pu constater vic- torieusement que l'air accumulé devant un projectile sphé- rique et lancé avec une vitesse suffisante, forme une couche gazeuse capable de s'opposer au contact immédiat de la balle et d'un milieu résistant, et particulièrement au point où la trajectoire rencontre le solide frappé normalement. Du reste, les idées de Meisens ont été confirmées une fois de plus et d'une manière fort élégante par un physicien très distingué, M. E. Mach, professeur à l'Université alle- mande de Prague, qui est parvenu à obtenir l'image photographique d'un projectile animé d'une très grande vitesse et précédé des ondes gazeuses condensées. Après des résultats aussi bien établis, comment douter que le coussin d'air fortement comprimé qui précède le ( 720 ) projectile ne cause de grands retards dans sa marche, et, par conséquent, un grand échauffemenl dans la balle même? A l'appui de cette affirmation, on peut citer l'exemple des aérolithes ou petits corps planétaires arra- chés à leurs orbites par l'aitraction de la terre ; ces corps atteignent notre atmosphère avec des vitesses allant jusqu'à 60 kilomètres par seconde; mais aussitôt nos vaillantes particules d'air leur opposent une résistance tellement grande que la force vive transformée en chaleur suffît, et au delà, pour les rendre incandescents, parfois même pour les faire éclater. Les expériences si concluantes de Melsens m'ont fait présumer, dès 1874, qu'on empêcherait à la fois le retard et réchauffement notables d'un projectile dans sa marche à travers l'air, en pratiquant dans la balle un canal très étroit et légèrement conique, lequel recevrait un obtura- teur métallique convenable. « De celte manière », disais-je dans mon cours de thermodynamique, « la balle pourrait » être lancée sans laisser s'échapper plus de gaz que d'or- » dinaire; une fois sortie de l'àme, elle condenserait alors » l'air devant elle, tandis que, derrière elle, l'air serait » extrêmement raréfié; il se produirait bientôt une diffé- » rence de pression capable de lancer le tampon conique » hors du projectile, et dès lors il n'y aurait plus de pro- » jectile-air. » Dans ces conditions, disais-je enfin, la vitesse des projectiles se conserverait à de bien plus grandes distances, et réchauffement serait notablement moindre sur leur trajet. Voilà les résultats probables que j'annonçais à mes élèves il y a plus de vingt et un ans; si leur probabilité n'a pas été changée alors en certitude, c'est que je n'étais pas en mesure de faire moi-même des expériences de vérification; ( ^^il ) ei malheureusement, nul n'étant prophète en son pays, je n'ai pas réussi à en faire exécuter, d'après mes indications, par des hommes compétents. Mais des essais ont été entrepris et menés à bonne fin, il y a environ deux ans, en Allemagne, avec la balle Hebler-Krnka. Suivant l'axe de cette balle de fusil est pratiqué un canal cylindrique de S'^^S de diamètre, et s'élargissant à la partie postérieure en forme d'entonnoir jusqu'au diamètre 5""",6; le projectile, en forme d'olive, a sa partie antérieure taillée à arêtes vives; l'olive est che- misée d'acier ou de nickel ; la périphérie du canal reçoit la même enveloppe. Pour empêcher les gaz de la poudre de s'échapper par le canal intérieur, MM. Hebler et Krnka ont réalisé précisément le moyen que j'avais pré- conisé dès 1874 : ils ferment la partie postérieure de la balle à l'aide d'un culot de forme conique, pesant à peu près O^^o, et susceptible d'être introduit dans l'espèce d'entonnoir. A peine sorti du canon, le projectile traverse l'air qui, pénétrant par l'ouverture antérieure, débouche le canal et chasse en arrière le culot, qui tombe à quelques pas du tireur; dès lors la résistance de l'air se trouve fort diminuée. C'est ce qui a permis de réduire notablement le poids du projectile ; on a fait plusieurs espèces de balles, les unes en plomb comprimé, les autres avec du zinc ou un mélange de zinc et d'éiain. Et quels ont été les effets produits par toutes ces modifi- cations? Les voici, d'après un extrait de la Revue encyclo- pédique de Paris (n° du 1" août 1894) : a Avec un projec- tile réduit au poids de 4^'5, ou même de 3*',1, MM. Hebler et Krnka ont obtenu des vitesses initiales de plus de 900 mètres, une portée maxima de 5,400 mètres; à celte ( 722 ) distance, les balles avaient encore une force de pénétra- tion de O^j^S dans du sapin. En outre, avec le même poids, le soldai pourrait porter 330 cartouches au lieu de 150. . La comparaison des résultats vraiment extraordinaires ainsi obtenus avec ceux que l'on constate en permettant aux particules d'air de s'accumuler devant un projectile, ne nous donne-t-elle pas une preuve manifeste de leur puissance étonnante, lorsqu'elles sont soumises par le mobile à une forte compression, et peuvent alors déployer toute leur énergie demeurée si longtemps mystérieuse? Mais il est temps d'arrêter la description des exploits de notre héroïne, et de lui rendre brièvement un solennel hommage. Salut donc, humble particule d'air, qui rachètes ton inconcevable petitesse par une profusion suffisante pour la formation de l'immense couche gazeuse enveloppant toute la terre! Salut, digne travailleuse, qui sans cesse distribues par- tout les éléments nécessaires à l'épanouissement de la plus modeste fleur, comme à la croissance des arbres les plus gigantesques! Salut, nourricière infatigable, qui pénètres jusqu'au fond des mers pour y répandre la vie, et te renouvelles inces- samment dans tous les climats pour y entretenir la respira- tion des hommes et des animaux! Salut! petite fée, dont le pouvoir magique tient suspen- dus au-dessus de nos tètes, d'une part les légions de poussières qui diffusent la lumière dans tous les sens, de l'autre les brouillards et les nuages destinés à verser par- tout le bien-être et la fécondité! Salut, mystérieuse parcelle, qui, avec tes compagnes, ( 725 ) couvres tous les objets solides d'une couche imperceptible, mais éminemment utile aux travaux de l'humanitél Salut, petite artiste invisible, qui tantôt transmets à notre oreille la faible voix d'un enfant, le doux chant d'un oiseau ou le léger murmure d'une fontaine; tantôt pro- pages au loin les sons majestueux d'une cloche, les for- midables bruits du tonnerre ou les mugissements terribles de la tempête ! Salut enfin, chère et admirable particule d'air, qui, avec ton frère le grain de poussière et ta sœur la gouttelette d'eau, représentes pour nous, au point de vue matériel, un triple symbole de la bonté et de la toute-puissance du Créateur! La structure interne de la matière cristallisée. — Les solides conjugués dans la pyrite; par G. Cesàro, corres- pondant de l'Académie. Lorsqu'on aborde l'élude de la matière inorganique au point de vue de son arrangement intime, on se trouve en présence de deux séries de corps homogènes : les uns ne présentent qu'une homogénéité stérile, celle due au hasard, l'arrangement des grains d'une poussière quel- conque jetée dans un récipient : ce sont les corps amorphes; dans les autres, les éléments constituants sont alignés et ordonnés d'après certaines lois fixes, lois variant avec la direction intérieure que l'on considère : ce sont les corps cristallisés. Dans ces derniers, l'arrangement interne se traduit à l'extérieur par des formes planes limitant le corps dans tous les sens. ( 724 ) Rien n'est plus beau ni plus pur que les crislaux que l'on rencontre dans le règne minéral; leur limpidité, leur dureté, leurs riches couleurs nous donnent nos gemmes les plus estimées ; le diamant à l'éclat inimitable, l'éme- raude, le rubis, aux teintes si riches; leur forme extérieure, tracée suivant des lois invariables, est souvent d'une per- fection à laquelle l'art humain ne peut parvenir. Mais celte régularité des formes extérieures n'est qu'une mani- festation toute particulière de l'admirable arrangement qui existe partout, au sein même du cristal. Un cristal n'est pas un bloc de verre, que l'artisan, par la taille, a limité extérieurement par des faces planes et régulières, mais qui à l'intérieur ne possède qu'un arrangement chaotique, nullement en rapport avec la richesse de ses formes exté- rieures; un cristal est partout construit de telle sorte qu'en deux points quelconques, pris dans son intérieur, on retrouve les mêmes dispositions, les mêmes arran- gements. Brisez un cristal : les fragments, quoique ne possédant plus, en général, une forme extérieure régu- lière, seront encore des cristaux : la symétrie de leur arran- gement interne pourra être mise en évidence par l'étude de leurs propriétés physiques, étude qui permettra au cristallographe de préciser, jusqu'à un certain point, quelle était la forme du cristal primitif. Ainsi : Considérons, en premier lieu, ces deux lames, toutes les deux transparentes, toutes les deux limitées par un contour indéterminé, lames en apparence presque iden- tiques ; l'une d'elles est formée de spath d'Islande, l'autre est du verre. Brisons ces lames par le choc d'un marteau. Le verre se brisera suivant des surfaces quelconques et les fragments obtenus sont informes, tandis que, dans le ( 725 ) spalh, nous observons un brillant phénomène : les sur- faces produites par la percussion sont parfaitement planes et miroitantes, et, si l'on récolle les fragments obtenus, on voit que ce sont de vrais cristaux : petits parallélipipèdes brillants, dont six angles dièdres sont toujours de 105° 5'. Par ce phénomène, non seulement il nous a été possible de distinguer la lame amorphe de la lame cristallisée, mais nous avons pu, en outre, préciser la nature de cette dernière, vu que la forme des petits solides obtenus par la percussion, ainsi que l'ouverture angulaire de leur arête, sont caractéristiques pour le spath. Si la percussion est trop faible pour briser la lame, un autre phénomène se produit : on aperçoit sur la surface du spath qui a reçu le choc un petit triangle isoscèle, d'orientation constante, dont l'angle au sommet est de 101" oo'. Voici un deuxième exemple : Recouvrons d'un enduit de cire deux lames, l'une cristallisée, Tautre amorphe, puis chauffons-les en leur centre. Dans le corps amorphe, comme la conductibilité thermique est la même dans tous les sens, le progrès de la fusion de la cire se fera également dans tous les sens, et la courbe qui sépare, à un moment donné, la cire fondue de la cire non fondue, sera un cercle. Il n'en est pas de même pour la lame cristalline, dans laquelle l'arrangement varie d'une direction à Tautre; nous n'obtiendrons plus, en général, un cercle pour courbe isothermique, mais bien une courbe à rayons inégaux; et, comme la conduc- tibilité sera la même suivant les directions sur lesquejles l'arrangement cristallin est le même, la symétrie de la courbe isolhermique dévoilera la symétrie interne du milieu cristallisé. Voici, comme dernier exemple, deux lames absolument 3"°* SÉRIE, TOME XXX. 48 ( 726 ) semblables en apparence : l'une d'elles n'est qu'un frag- ment de verre, l'autre est une lame de quartz (cristal de roche) taillée dans une direction convenable. Plaçons-les sur la platine d'un microscope et faisons-les traverser par un faisceau convergent de lumière polarisée, en croisant l'analyseur avec le polariseur. Si c'est la lame de verre que Ton examine, le champ du microscope restera obscur; mais remplaçons la lame de verre par celle de quartz: le champ s'illumine tout à coup et nous y voyons apparaître une série de cercles concentriques, brillants et multico- lores ; ces cercles sont traversés par une croix noire interrompue an centre du champ. Cette expérience per- met non seulement d'afïîrmer que l'on a affaire à un corps cristallisé et de déterminer le plan suivant lequel la coupe a été pratiquée dans le cristal, mais aussi elle nous indique la nature du corps cristallisé, l'interruption cen- trale de la croix noire étant caractéristique pour le quartz. Occupons-nous à présent des différentes formes qui limitent les cristaux. On peut se demander si ces formes sont assujetties à certaines lois, et s'il est possible d'en faire une classification. A première vue, lorsqu'on consi- dère un grand nombre de cristaux, on est frappé par la diversité des formes, qui paraissent, pour ainsi dire, varier à l'infini ; mais une étude tant soit peu approfondie pro- duit une impression absolument contraire. Effectivement, on est étonné que parmi certaines formes, remarquables par leur simplicité ou par leur riche harmonie symé- trique, quelques-unes ne se rencontrent jamais dans les formes cristallines. Ainsi, tandis que l'on y rencontre les prismes réguliers à base triangulaire, carrée ou hexago- nale, on s'aperçoit que le prisme régulier à base penta- gone n'existe jamais et qu'il en est de même pour tous les ( 727 ) prismes réguliers dont la base a un nombre de côtés supé- rieur à six. Il est facile de s'expliquer ce premier fait. Comme nous lavons dit, le cristal n'est pas un bloc taillé extérieu- rement, et informe intérieurement. Cette forme prisma- tique que nous voyons à l'extérieur doit se répéter par- tout à l'intérieur; en d'autres termes, pour nous servir d'une image bien tangible, ce prisme que nous voyons est un édifice formé par l'agrégat d'une multitude de petits prismes, ayant même forme que lui, étages et au contact les uns des autres. Donc, si nous pénétrons par la pensée à l'intérieur du cristal, nous devons trouver, réunis autour d'un point quelconque, un certain nombre de petits prismes ayant même forme que l'enveloppe. Or, il est impossible de grouper des prismes à base pentagone autour d'un point, car, leur angle étant de 108°, trois prismes donnent trop peu, et quatre donnent trop, pour combler l'espace. 11 en est de même pour tous les prismes ayant plus de six faces latérales, car, leur angle étant supérieur à 120", trois prismes donnent déjà trop pour obtenir 560° autour d'un même point. Au contraire, six prismes triangulaires, quatre prismes à base carrée, ou trois prismes hexagonaux, peuvent former le groupement nécessaire pour que la matière présente l'uniformité d'arrangement voulue, en im point quelconque. Avant d'aller plus loin dans la description de la struc- ture interne des cristaux, qu'il nous soit permis de rap- peler quels sont leurs éléments de symétrie. Certains cristaux ont un centre : c'est un point qui fait que toute face a sa parallèle dans le cristal; d'autres ont un plan de symét7^ie : cesl un plan par rapport auquel toute face se reproduit, comme un objet dans un miroir plan; enfin, ( 728 ) un (roisième élément est l'axe de symétrie, sur lequel il est utile de donner quelques éclaircissements : Imaginons un cube avec quatre arélos dirigées verticalement, ayant une face placée devant le spectateur. Traçons la verticale menée par le centre du solide et aboutissant, par consé- quent, aux centres de ses deux faces horizontales. Si nous donnons au cube un mouvement de rolaiion autour de celle verticale, on voit qu'après un quart de tour le solide viendra prendre une position qui ne peut être distinguée de sa position primitive; toute droite qui jouit de cette propriété est appelée axe de symétrie de l'ordre 4-, ou axe quaternaire. Si nous avions effectué la rotation autour de la droite qui joint les points milieux de deux arèies verticales non situées dans la même face, une rotation d'un dctni-[oiiv aurait été nécessaire pour produire la restitution de la position primitive; ce second axe est dit de Vordre 2, ou axe binaire. En général, on dit qu'une droite est un axe de symétrie d'ordre n, lorsque, par rota- tion d' — de circonférence autour de cette droite, le cristal vient prendre une position absolument semblable à sa position initiale. Essayons à présent, avec Bravais, de pénétrer à rimé- rieur d'un corps cristallisé, pour en dépeindre l'admirable et simple arrangement. Faisons d'abord abstraction des molécules elles-mêmes et ne considérons que leurs centres de gravité. Comment ces points peuvent-ils se grouper de manière à satisfaire à la loi d'homogénéité, qui exige que, si deux centres molécu- laires se trouvent à une certaine distance, sur la droite qui les joint, on doit trouver une suite de centres moléculaires également espacés et à la même distance que les deux premiers considérés? ( 729 ) Il ost facile de voir que cela ne se peut que si les centres moléculaires viennent dessiner dans l'espace un édifice formé d'une suite de cellules parallélipipédiques égales et juxtaposées; si nous appelons maille chacune de ces cel- lules, et réseau cet édifice formé par tous ces centres alignés, on voit que, pour se figurer l'intérieur d'un cristal, il faut s'imaginer une suite de mailles parallélipipédiques, creuses, juxtaposées, dont l'ensemble forme un réseau s'étendant dans tous les sens; c'est aux sommets de ces mailles que se trouvent les molécules, l'intérieur est vide. Ces mailles peuvent-elles avoir une forme quelconque? Par des considérations un peu plus complexes, mais ana- logues à celles que nous avons exposées pour expliquer l'absence des prismes pentagonaux parmi les formes cris- tallines, Bravais démontre qu'un réseau ne peut possé- der que des axes d'ordre 2, 5, 4 ou 6; puis il fait voir qu'il ne peut exister que sept mailles différentes. Lorsque la matière cristallise, les centres des molécules, en s'alignant dans l'espace, doivent nécessairement y venir dessiner un de ces sept réseaux. Bravais est donc arrivé à démontrer ce que son prédécesseur Haûy avait découvert par l'expé- rience : qu'il ne peut exister que sept systèmes crislallins. Ainsi, sans rien préjuger sur la forme de la molécule, et rien qu'en nous basant sur ce fait que la matière cristallisée est en un point quelconque identique à elle-même, nous avons pu établir que, lors de l'acte de la cristallisation, les molécules sont forcées, en s'alignant, de choisir les sommets d'un de ces sept réseaux, que nous pouvons pré- ciser d'avance, pour y venir placer leurs centres de gravité. En définitive, un corps cristallisé est formé par un réseau vide, à mailles parallélipipédiques, portant en sessommets^ ( 730 ) des molécules polyédriques, égales entre elles et toutes également orientées. Nous avons dit précédemment que par le clivage on extrayait de certains corps, comme le spath d'Islande, de petits cristaux ayant la forme de parallélipipèdes ; quelle est la signification de ces solides dans la théorie que nous venons d'exposer? Ces solides représentent un agrégat de mailles, ayant en leurs sommets des molécules. Si, pour nous exprimer ainsi, nos moyens d'investigation étaient suffisamment puissants pour que ces agrégats fussent à nos yeux résolus en leurs éléments, ces plans qui nous paraissent parfaitement continus, celte masse qui nous parait impénétrable, se montreraient traversés par trois systèmes de canaux parallélipipédiques égaux, à arêtes parallèles à celles du solide que nous examinons; la matière même, sous forme de petits polyèdres cristallins, ne serait constatée qu'aux sommets de chacune des petites cavités formées par le croisement de ces canaux. On voit que la forme de la molécule est indépendante de celle du solide obtenu par la percussion; la limite de ce dernier solide, si, par la pensée, on prolonge la division indéfini- ment, est la maille et non la molécule. Haûy confondait la maille avec la molécule et, par là, rendait inexplicable une propriété dont nous allons nous occuper : Miémiédrie. Bravais, au contraire, est arrivé à l'expliquer en se basant sur ce fait que la forme de la molécule est plus ou moins indépendante de celle du réseau. Voici en quoi consiste Vhémiédrie : Considérons, pour fixer les idées, un cristal ayant la forme d'un cube. Si l'un de ses angles solides est remplacé par une facette triangulaire (équilatérale parce que les 1 i ( 731 ) trois arêtes tronquées sont de même nature), comme tous les angles solides sont identiques au premier, l'homogé- néité exige que tous les autres angles portent aussi la même facette de troncature. C'est, en effet, ce que l'on constate dans les cristaux de la plupart des matières cris- tallisant en cubes. Cependant, il y en a quelques-unes, appelées hémiédriques, qui font exception. Dans les cubes de blende, par exemple, il n'y a que quatre angles portant la facette de troncature; ces quatre angles, toujours les mêmes, se trouvent : deux aux extrémités d'une diagonale de la face supérieure du cube, deux aux extrémités de la diagonale qui, dans la face inférieure, est perpendiculaire à la première. Pour expliquer Thémiédrie, observons d'abord que le cristal est la combinaison du réseau et de la molécule ; les éléments de symétrie que nous y constatons sont donc seulement ceux qui sont communs au réseau et à la molé- cule. Les éléments du réseau nous sont connus; nous ignorons quels sont les éléments de symétrie de la molé- cule; mais toujours est-il que nous pouvons faire abstrac- tion des éléments qui existeraient dans la molécule sans exister dans le réseau, vu que ces éléments, d'après l'obser- vation que nous venons de faire, ne peuvent apparaître dans le cristal. Il n'y a donc que deux cas à considérer : ou la molé- cule a tous les éléments de symétrie du réseau, ou la molécule est moins riche que le réseau en éléments de symétrie. Dans le premier cas, le cristal aura tous les éléments de symétrie du réseau et, par conséquent, la symétrie cristalline sera celle que lui attribue la symétrie du réseau, c'est-à-dire celle de la maille, ou encore, celle que nous observons dans le cristal non modifié. Dans le ( 732 ) second cas, le cristal, ne possédant plus que les élémenis conrimuns au réseau et à la molécule, n'aura plus la symétrie apparente qu'on lui aitribuerait par l'examen de la symétrie de la maille; la symétrie est diminuée, à cause du défaut de symétrie de la molécule; certains angles, qui paraissent identiques, si l'on s'en rapporte à la symétrie du réseau, ne le sont plus, parce que l'élément de symétrie qui les rendait tels dans le réseau, n'existe pas dans la molécule et, par conséquent, n'existe pas dans le cristal. Elucidons ce qui précède, en prenant comme exemple les cubes de blende, dont nous avons parlé antérieurement. Considérons un réseau à maille cubique, chargé en ses sommets de molécules létraédriques, parallèles entre elles et orientées de manière que leurs axes ternaires coïncident avec les axes ternaires du cube, c'est-à-dire avec ses diagonales. Observons que pour obtenir le tétraèdre régulier dans cette position, il suffît de joindre deux à deux les quatre sommets du cube qui se trouvent aux extrémités de deux diagonales croisées prises l'une dans la face supérieure, l'autre dans la face inférieure. Le tétraèdre régulier n'a pas tous les éléments de symétrie du cube; entre autres, les axes quaternaires qui existent normalement aux faces de ce dernier solide, manquent dans le tétraèdre et y sont remplacés par des axes binaires. On comprend donc qu'une rotation d'un quart de circonférence autour de l'axe quaternaire donnera la resti- tution de la maille, mais pas celle de la molécule, qui exige un demi-tour pour être restituée; le cristal, qui est l'ensemble de la maille et de la molécule, ne sera donc restitué qu'après un demi-tour, et des quatre angles supé- rieurs, qui étaient identiques dans la maille à cause de l'existence de l'axe quaternaire, il n'y en aura plus que [ 733 ) deux, diagonHlcmenl opposés, qui restent identiques dans le cristal. Par la considération de Taxe normal à deux autres faces du cube, on verrait de même qu'il existe dans la base inférieure deux autres angles identiques à ceux dont nous venons de parler et que ces quatre angles sont situés aux extrémités de deux diagonales croisées prises l'une dans la face supérieure, l'autre dans la face inférieure. Comme il y a quatre angles d'une espèce et quatre angles d'une autre, il peut exister, suivant que les uns ou les autres sont modifiés, detix solides, résultant chacun du développement de quatre facettes de troncature. Ces deux solides hémiédriques sont dits conjugués. Ces solides conjugués sont-ils superposables géomé- triquement? On démontre que, si la molécule possède tous les axes du réseau, mais pas de centre, l'hémiédrie, qui est dite alors holoaxe, donne des solides conjugués non super- posables. Dans tout autre cas, c'est-à-dire lorsque dans la molé- cule il manque quelques axes du réseau, que la molécule soit centrée ou non, l'hémiédrie, qui est dite non holoaxe, engendre des solides conjugués superposables. Telle est, en grandes lignes, l'œuvre considérable de Bravais, qui a fait de la cristallographie une science exacte. Une observation bien remarquable est la suivante : La théorie de Bravais nous permet d'indiquer quelques particularités de ce solide moléculaire si inaccessible à tous nos moyens d'investigation; elTeclivement, nous pouvons affirmer : 1 " que le polyèdre moléculaire a tous les élé- ments de symétrie communs au réseau et au cristal modi- fié; 2° que les éléments qui existent dans le réseau et sont ( 734 ) absents dans le cristal, manquent aussi dans la molécule. Ainsi, par l'examen des cristaux de blende, on arrive à prouver que sa molécule, sans qu'elle soil nécessairement télraédrique, comme nous l'avons supposé pour la clarté de l'exposition, doit posséder trois axes binaires, perpen- diculaires deux à deux, quatre axes ternaires et six plans de symétrie ; qu'en outre, elle n'a pas de centre. La théorie de Bravais a reçu d'éclatantes confirmations. S'il existe une hémiédrie, chaque fois que le type molécu- laire est le même, Thémiédrie est la même. Citons : les sulfates des métaux bivalents, avec sept molécules d'eau de cristallisation, qui présentent l'hémiédrie holoaxe du système orthorhombique; les corps du groupe de l'apa- tite : trois molécules de phosphate, arséniate ou vanadate de calcium ou de plomb, réunies à une molécule de chlorure ou fluorure des mêmes métaux; ces corps montrent tous l'hémiédrie centrée du système hexagonal. Disons aussi que Bravais avait prévu, en les déduisant de sa théorie, des genres d'hémiédrie qui, non seulement n'avaient pas encore été observés, mais qui, en outre, étaient impossibles d'après les théories qui régnaient alors. C'est ainsi qu'il a indiqué la possibilité du groupe tétartoé- drique du système cubique, à formes conjuguées non superposables, hémiédrie qui a éié observée depuis, par Marbach, dans le chlorate de sodium. Les solides conjugués dans la pyrite. Le seul fait qui parait en contradiction avec la théorie de Bravais, a été observé par M. J. Curie sur la pyrite. Ce corps, qui est un bisulfure de fer, se présente en beaux cristaux, à éclat métallique, jaune-laiton, ayant souvent la ( 73d ) forme d'hexadièdres, solides à douze faces pentagonales. Ces faces sont striées tantôt parallèlement à une arête du cube sur lequel l'hexadièdre a pris naissance, tantôt per- pendiculairement à cette arête. Deux solides striés en sens inverse ne sont pas superposables, c'est-à-dire que, si leurs faces coïncident, les stries ne coïncident pas. M. J. Curie voit dans ces deux variétés de pyrite des solides conjugués; et, comme l'hexadièdre est dû à une hémiédrie centrée, qui devrait donner naissance, d'après la théorie de Bravais, à des solides conjugués superposables, il en a conclu que cette théorie était insuffisante pour expli- quer l'hémiédrie de la pyrite. Un autre fait, la thermo- électricité produite par un couple formé de deux lames de pyrite taillées dans des cristaux différemment striés, est venu confirmer M. Curie dans son opinion. Nous ne pensons pas que les observations du savant cristallographe français infirment la théorie de Bravais. Et d'aboril, est-il nécessaire d'admettre que l'on se trouve en présence de solides conjugués ? Perpendiculairement à une face de l'hexadièdre il existe un plan de symétrie; un système unique de stries ne peut donc exister que de deux façons : perpendiculairement ou parallèlement à la trace de ce plan de symétrie ; l'un ou l'autre système peut exis- ter, la présence des axes ternaires amenant l'uniformité dans les autres faces. Comme on le voit, il n'y avait pas besoin de recourir à l'expérience pour prévoir la possibilité de ces deux systèmes de stries; et, de même qu'une cer- taine substance peut montrer des cubes striés parallèle- ment aux aiètes en même temps que des cubes striés paral- lèlement aux diagonales des faces, de même il peut exister dans la pyrite deux hexadièdres présentant des systèmes de stries différents, solides qui ne doivent pas être plus (730) superposables que le ciibo-rhombododccaèdre ne l'est au cubo-ociaèdre. Quelle est la signification des stries portées par les liexadièdres de pyrite ? Ces grands cristaux de pyrite nous paraissent être le résultat de la jonction parallèle d'un grand nombre de petits cristaux ; les stries sont dues, comme il arrive dans beaucoup de substances, à l'alternance de très petites facettes portées par les éléments qui composent le grand cristal. Ainsi, si l'on suppose un très grand nombre de petits liexadièdres, modifiés par les faces du cube, groupés de manière à former un grand liexadièdre, on observera, par l'alternance des peliles facettes cubiques avec la face hexadiédrique commune, un système de stries parallèles à l'arête du cube, c est-à-dire la première variété de pyrite. Si, au contraire, on suppose le cristal élémentaire modifié par une face coupant la face de l'hexadièdre suivant la ligne de pente de cette dernière (par exemple par le trapé- zoèdre a^), l'alternance des facettes modifiantes avec la face hexadiédrique commune, engendrera une striature normale aux arêtes du cube, c est-à-dire la seconde variété de pyrite. Cela est si vrai que, lorsque les cristaux à stries hori- zontales portent des facettes cubiques rudimentaires, ce qui arrive fréquemment, en se plaçant devant une vive lumière, on voit que ces facettes miroitent simultanément avec la partie supérieure des stries. De même, les cristaux à stries normales sont terminés latéralement par une suite de petites facettes coupant la face de l'hexadièdre précisément suivant la direction des stries. (Dans un de ces cristaux, nous avons observé la face a^ faisant un angle de Si" 6' avec celle de l'hexadièdre ; puis, (737 ) enire les deux, des facettes faisant avec la première des angles de o" 59', 7° 10', 9" 34', 1 1° 18' et correspondant approximativement aux notations: 438, 326, 7.4.14, 214.) En second lieu, admettons que les deux variétés de pyrite représentent des solides conjugués. Même dans ce cas, l'objeetiGn de M. Curie ne nous parait pas fondée. Lorsque Bravais parle de solides conjugués superposa- bles, il ne s'agit nécessairement que de la superposition géométrique de leurs contours ; d'après la théorie même de Bravais, les faces de ces solides doivent être, en géné- ral, très dissemblables, quant à leurs propriétés, leurs sli ies, etc. Ainsi, reportons-nous aux deux solides conju- gués que l'on peut obtenir par la troncature des angles d'un cube de blende; nous avons vu que les faces d'un de ces solides étaient parallèles aux faces moléculaires, tandis que celles de l'autre étaient hérissées de pointes molécu- laires; on comprend donc sans peine (|u'elles soient abso- lument dissemblables. Effectivement, l'un des tétraèdres de la blende se présente dans la nature avec des faces bril- lantes, l'autre avec des faces ternes. Ces deux tétraèdres, superposables géométriquement, peuvent donc être distin- gués l'un de l'autre. La dissimilitude des faces des deux solides conjugués de la pyrite serait donc une chose toute naturelle. Ces solides à stiiature inverse représentent-ils des solides conjugués? Deux faits rendent probable cette hypothèse : Il existe une loi par laquelle la nature parait vouloir rendre aux cristaux hémiédriques la symétrie qui leur a été enlevée par la présence de la molécule. Voici en quoi ( 738 ) consiste celle loi. Si la molécule possède un axe binaire là où le réseau possédait un axe d'ordre 4-, deux cristaux se groupent autour de cet axe, en se croisant à angle droit, de manière que, dans l'assemblage, l'axe redevient d'ordre 4. C'est ainsi que, souvent, deux cristaux de pyrite se trou- vent croisés à angle droit constituant un groupement, qui a reçu le nom de croix de fer. Or, il nous paraît qu'un tel groupement ne doit avoir lieu, rationnellement, qu'entre solides conjugués de même signe, solides qui, ayant dans leur position normale leurs molécules parallèles, consti- tuent, après rotation de l'un d'eux, un ensemble à molé- cules croisées, c'est-à-dire possédant la symétrie complète du réseau. Au contraire, les solides conjugués de signe contraire doivent de préférence se joindre par superposi- tion, vu que, lorsque ces solides sont parallèles, les molé- cules s'y trouvent croisées à angle droit. Or, dans les différentes croix de fer que nous avons pu examiner, chaque fois que les stries se dessinaient nettement, les cristaux étaient striés dans le même sens. En second lieu, les observations de M. Curie prouvent que les cristaux striés en sens inverse se pénètrent par parallélisme si com- plètement que souvent, dans un même cristal, le signe change au-dessous d'une couche ayant pour épaisseur une fraction de millimètre. Thermo-électricité de la pyrite. Il nous reste à dire quelques mots de la thermo-élec- tricité de la pyrite, propriété qui parait en désaccord avec la théorie de Bravais. Lorsque deux cristaux striés en sens inverse sont mis au ( 739 ) contact et que Ton porte le point par lequel ils se tou- chent à une température différente de celle des extrémités, celles-ci se chargent d'électricités de nom contraire. En mettant de côté les expériences dans lesquelles on suppose que les fragments employés sont formés chacun d'une seule variété de pyrite, condition qui nous semble impos- sible à remplir étant donné la complication de structure décrite précédemment, nous nous bornerons à rappeler les expériences que M. Friedel a faites pour élucider la question. Voici le mode d'expérimentation du savant chimiste et cristallographe français. Deux fils de platine sont reliés à un galvanomètre; des extrémités libres, l'une est chauffée à la lampe, l'autre reste à la température ordinaire; ces extrémités étant rap- prochées, mais non au contact, on promène l'ensemble à la surface d'un cristal de pyrite. A certains moments, lorsque les fils sont placés sur des plages de signe con- traire, il se produit un courant. Les seules conditions nécessaires pour la possibilité du développement de la thermo-électricité sont : que les corps soient bons conducteurs et que la structure interne varie de l'un des corps mis en contact à l'autre. Svanberg a obtenu de la thermo-électricité en n'em- ployant qu'un seul corps : le bismuth cristallisé; l'un des éléments avait son axe parallèle à une face de clivage, tandis que, dans l'autre élément, l'axe était dirigé perpen- diculairement à ce clivage. Plus généralement, on peut dire que si, dans un même cristal, on taille deux lames suivant des directions cristal- lographiquement différentes, ces lames, par leur jonction, constitueront un couple thermo-électrique. ( 740 ) Revenons à la ihermo-électricilé de la pyrite. La difficulté serait sérieuse si l'on était forcé d'admettre (|ue dans les expériences de M. Friedel le dégagement est dû à un couple formé par deux solides conjugués. En effet, il est vrai que dans ces plages conjuguées, en positions parallèles, les molécules sont croisées à angle droit; que dans l'une d'elles, par exemple, se trouvent des files de molécules ayant leur arête supérieure parallèle au spectateur, tandis que, dans l'autre, ces mêmes arêtes sont tournées vers ce dernier; mais il ne faut pas perdre de vue que cette dissymétrie n'est qu'apparente, car une rota- tion de 90° autour de l'axe du couple, supposé horizontal et parallèle au spectateur, amènera à la gauche de ce dernier l'arrangement qui existe à sa droite et vice versa; il serait donc impossible d'énoncer de quel côté se trouve le pôle positif, de quel côté le pôle négatif; en d'autres termes, il ne pourrait y avoir de dégagement d'électricité. La théo- rie de Bravais se trouverait en défaut. Mais, sans parler de la complication de structure de ces grands cristaux de pyrite, qui certainement sont rendus hétérogènes par de nombreuses macles qui les traversent en leur intérieur, nous ferons observer que, d'après les remarques faites précédemment, il est très probable que les cristaux striés horizontalement sont des assemblages de particules terminées par des facettes cubiques, tandis que les cristaux à stries normales sont formés de particules qui possèdent ces mêmes arêtes non modifiées. L'ensemble de deux cristaux à stries inverses forme donc un couple à axe hétéropolaire, qui peut engendrer de la thermo- électricité. La conclusion la plus probable à tirer de tous les faits ( 741 ) que nous venons de relater est, nous semble-l-il, la sui- vante : Il existe deux sortes d'hexadiédres de pyrite, géométri- quement égaux, mais différant par l'arrangement molécu- laire interne Si on les place dans des positions parallèles, les molécules occupent dans l'un d'eux des positions à angle droit avec celles qu'elles occupent dans l'autre. L'un de ces hexadièdres a une tendance à être modifié par les faces du cube, l'autre par celles d'une forme coupant les faces hexadiédriques suivant leur ligne de pente ; les pre- miers se groupent à axes parallèles pour former des hexa- dièdres striés parallèlement aux arêtes qui terminent les axes binaires, les autres, par le même groupement, don- nent des hexadièdres striés normalement à ces arêtes. Ces deux genres de groupement sont évidemment non super- posables, quoique les cristaux qui les composent provien- nent d'une hémiédrie non holoaxe. En outre, la jonction de ces deux modes de groupement doit pouvoir produire de la thermo-électricité, vu que ces solides présentent pré- cisément la même dissymétrie réciproque que les solides conjugués tels qu'ils ont été conçus par M. Curie. Qu'il me soit permis d'achever cette lecture par quel- ques observations. On pense assez communément que la Cristallographie est une spécialité, une branche de luxe. Bien des personnes, et des plus instruites, regardent une collection de cristaux avec le même œil bienveillant qu'elles dirigent sur une col- lection de curiosités quelconques. On pense que les cristaux sont des raretés, sans songer que presque tout ce qui nous entoure est cristallisé, que ces blocs avec lesquels nous éle- vons nos monuments, ces pierres mêmes que nous foulons 5""* SÉKIE, TOME XXX. 49 ( 742 ) dans les rues, sonl des agrégats de cristaux, que chaque grain de ce sable si fréquent est un cristal. Or, voyons ce que peut la Cristallographie : Poisson a démontré que la nnolécule est polyédrique. Bravais a été plus loin : il est parvenu à jeter un regard plus sûr dans ces arcanes impénétrables dont la connais- sance est en définitive le but de toute science inorganique rationnelle; l'étude des cristaux lui a permis de nous tracer quelques linéaments de ce solide moléculaire invisible. Au commencement de cette lecture, nous avons montré comment le physicien trouve dans les cristaux les seuls corps réellement homogènes, et homogènes d'après des lois données, les seuls corps permettant de constater comment un certain phénomène, uniforme dans les corps amorphes, varie suivant que l'on expérimente sur telle ou telle direc- tion dont l'arrangement est connu. Que serait, à l'heure actuelle, la théorie de la lumière, une des plus complètes de la science moderne, si l'illustre Fresnel ne l'avait étudiée dans les cristaux? Que de clarté acquerrait l'étude des phénomènes d'ex- lension, de flexion, de torsion, si les expériences, au lieu de se porter sur des prismes amorphes, à texture hypothé- tique, avaient lieu sur les cristaux ! Que de précision pourrait acquérir l'étude du frotte- ment, indécise dans les corps amorphes, en expérimentant sur de la matière cristallisée, en faisant varier les lignes en contact des deux surfaces frottantes, en étudiant la varia- tion du coefficient de frottement, suivant que telle ou telle ligne de l'une des surfaces est en contact avec telle ou telle ligne de l'autre, lignes dont l'arrangement est connu! Dans un avenir pas très éloigné, toute science qui. ( 743 ) s'occupe de l'élude des corps inorganiques devra com- prendre deux parties : l'élude des corps amorphes, l'élude des corps cristallisés; le savant qui négligera celle seconde parlie laissera de côté l'étude de la moitié de son domaine, et, j'ajoute, de la plus belle moitié; car, nous le répétons, ce n'est que dans les cristaux que l'on peut trouver un matériel pur, ordonné, et, surtout, ordonné d'après des lois définies. M. le Secrétaire perpétuel proclame les résultats ci-après des concours et des élections. CONCOURS ANNUEL, 1895. SCIENCES MATHÉMATIQIJES ET PBTSIQVES. Un mémoire portant pour devise : Quisque suis viribus, a été reçu en réponse à la première question [Détermi- nation des poids moléculaires des corps en dissolution). La Classe, adoptant les conclusions des rapports de ses commissaires, a décerné la médaille d'or, d'une valeur de six cents francs, à l'auteur de ce travail, M. J. Verschaffeit, docteur en sciences physiques et mathématiques, à Gand. PRFX CHARLES LEMAIRE EN FAVEUR DE QUESTIONS RELATIVES AUX TRAVAUX PUBLICS. (Deuxième période, 1" juillet 1893 au 30 juin 1895.) Conformément à la volonté de la testatrice (M"' Adé- laïde Lemaire), la Classe avait offert, pour la deuxième période de ce concours, un prix de 1,420 francs à l'auteur ( 74i ) du meilleur mémoire publié répondant au but de la fondation. Sur la proposition du jury, le prix a été décerné à M. E. Haerens, ingénieur des Ponts et Chaussées, à Gand, pour son livre intitulé : Les différents types de portes d'écluse et le calcul de leur résistance. ÉLECTIONS. Depuis les dernières élections, la Classe a perdu six de ses associés : sir André Crombie Ramsay, le marquis G. de Saporta et MM. Arthur Cayley, James Dana, Tho- mas Huxley et Louis Pasteur. Ont été élus : Dans la section des sciences mathématiques et physiques : Associés : MM. Sylvesler (James-Joseph), professeur à l'Université d'Oxford, et Cannizzaro (Stanislas), professeur et directeur de l'Institut chimique de Rome. Dans la section des sciences naturelles : Correspondant : M. Fraipont (Julien), professeur à l'Université de Liège. Associés : MM. Strasburger (Edouard), professeur à l'Université de Bonn; Cope (Éd.-Drinker), professeur à l'Université de Pennsylvanie, à Philadelphie; Marey (Étienne-Jules), membre de l'Institut, à Paris, et sir Archi- bald Geikie, directeur généra! du Geological Survey, à Londres. ( 745 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Brants {V.). Coinpendio di economia sociale. Traduzionc dcl cav. Luigi Masson, rivediiia ed annolata da G. Toniolo. Sienne, 1896; pet. in-8» (viii-648 p.). Folie [F.). Détermination of the constants of the diurnal nulalion. 1895; extr. in-8' (5 p.). Kurth [God.). Clovis. Tours, 1896; vol. gr. in-S" (xxiv- (530 p., fig.). Lagrange (Ch.). Observations comparées de déclinoraètres à moments magnétiques différents. Paris, 1895; in-i" (3 p.). Neuberg (J.). Sur un cas particulier de l'homologie. Amster- dam, 1895; in-8''(8p., fig). — Sur les quadrilatères articulés. Amsterdam, 1895; in-S" (14 p., fig.). Vuylsleke {J.). Het Gravenkasleel. Opzoekingen ter beant- woording der vraag : Van welke tijden dagteekenen de ver- schillende nog bestaande deelen van het Gravenkasleel ? [Gand, 1895]; in-8<'(68 p.). Grétry. OEuvrcs, 19' livraison : Panurge, comédie lyrique en trois actes. Leipzig et Bruxelles [1895]; in-4°. Meunier [F.]. Projet de création d'un laboratoire d'entomo- logie agricole en Belgique. Bruxelles, 1895; extr. 10-8" (4 p.). Straven {François). Inventaire analytique et chronologique des archives de la ville de Saint-Trond, tome V, 3* livraison. Salnl-Trond, 1895; in-8». Matthieu {Ernest). Le beffroi de l'hôtel de ville de Binche. Notice historique. Mons, 1895; extr. in-S" (21 p.). De Wildemati (£".). Catalogue de la flore algologique de la Suisse. Bruxelles, 1895; extr. in-8° (180 p.). Lameere {Aug.). Manuel de la faune de Belgique, tome I" : ( 746 ) Animaux non insectes. Bruxelles, 1895; in-8°(701 fig., 1 carie et xL-639 p.). Souffret (François). Etude philologique sur la fixation du sens de quelques termes hébreux du livre de Job. Leipzig, 1895; in -8" (20 p.). Marchai [Elie). Champignons de Belgique. Gand, 1895; in-8'' (27 p., 2 pi.). Le Clément de Saint-Marcq {Le chevalier). Compte rendu du Congrès de l'atmosphère organisé sous les auspices de la Société royale de géographie d'Anvers, 1894. Anvers, 1895; in-8» (272 p.). Declève (Jules). Bibliographie : 110 numéros. Mons, 1895; in-8° (52 p.). Ministère de la Guerre. Carte topographique de la Belgique à l'échelle du 40 000* (édition en couleurs), 3' livraison. 1895; (15 f. in-plano). Anveks. Bulletin des archives d'Anvers, tome XX, 1. 1895. Gand. Maalschappij der vlaamsche bibliophilen. Werken van zuster Hadevvijck, II, proza (J. Vercoullie). 1895; in- 8". — Archives de biologie, tome XIV, fascicule 1. 1895. — Bibliotheca Belgica,Uvra\sons 128-132. 1895; in-12. — Kon. vlaamsche Académie. Bastaai'dwoordenboek, door Jan Broeckaert. Gand, 1895; in-8°. LouvAiN. Société philosophique. Revue néo-scolastique, 1894 et 1895; 2 vol. in-8». Malines. Cercle archéologique, littéraire et artistique. Bul- letin, tome V, 1894, 1" fascicule; in-8''. France. Aumale (Le duc d'). Histoire des princes de Condé, pendant les XVl" et XVII* siècles, tome VU et Index. Paris, 1896; 2 vol. in-8°. ( 747 ) Sully- Prudhomme. L'Inslilut de France. Paris, 1896; pet. in-S» (6 p.). — Que sais-je' Examen de conscience. Sur l'origine de la vie terrestre. Paris, 1896; in-8» (288 p.). Monteil {Eilgard). Les fleurons de la couronne de Belgique : La Grand'Place de Bruxelles. Paris, 189S ; extr. in-8». Renault {B.). Note sur les cuticules de Tovarkovo. Autun, 1895;in-8°(U p., fig.). — Notice sur les Galamariées. Autun, 1895; in-S" (54 p., 8 pi.). Hermite (Charles). Sur le logarithme de la fonction gamma. Baltimore, 1895; extr. in-4° (6 p.). — Sur la fonction log F (a). Extrait d'une lettre à M. K. Hem- seL Berlin, 1895; extr. in-4° (8 p.). — Sur la fonction eulërienne. Extrait d'une lettre à M. E. VVeyr. Prague, 1894; extr. in-8'' (2 p.). — Sur une intégrale définie. Extrait d'une lettre à M. E. Weyr. Prague, 1894; extr. in-8» (2 p.). — Sur les polynômes entiers à une variable. Extrait d'une lettre à M. Mittag-Leffler. S. 1. ni d. Extr. in-8» (4 p.). Paris. Académie des sciences. Comptes rendus, 1895. In-4''. — Académie des inscriptions et belles-lettres. Comptes rendus, 1895. Pays divers. Eeden {Van). Flora Batava, 309"' cn^SlO*"' aflevering. Leyde [1895]; 2 cah. in-4». Bastin [J.). Le verbe et les principaux adverbes dans la langue française (étude historique), seconde partie, syntaxe. Saint-Pétersbourg, 1896; in-8» (208 p.). Steenstrup {Japetus). Det store Solvfund ved Gundestrup i Jylland, i 1891. Copenhague, 1893; extr. in-8» (17 p.). ( 748 ) Coghlan [T.- A.). The weallh and progress of New SouiIj Wales, 1894, volume i. Sydney, 1895; vol. in-8°. A'wM^e/ (IF.-P.-C). Catalogus van de Painfleltenverzame- ling berustende in de Koninklijke Bibliolheek, met aanteekc- ningen en een register der sehrijvers voorzien, deel II, 2"^' stuk, 1668-1688. La Haye, 1893; pel. in-4'' (477 p.). L'Académie a reçu en outre, pendant l'année 1895, les publi- cations des Sociétés savantes, ainsi que les Recueils, dont les noms suivent : Anvers. Académie d'archéologie. — Société royale de géo- graphie. — Société de médecine. — Société de pharmacie. Bruges. Société d'émulation. Bruxelles. Académie royale de médecine. — Analecta Bol- landiana. — Annales de médecine vétérinaire. — Annales des travaux publics. — Association belge de photographie. — Bibliographie de la Belgique. — Bulletin de statistique démo- graphique et sanitaire (D"" Janssens). — Bulletin des Minis- tères de l'Agriculture et de l' Intérieur. — Ciel et Terre. — Commission royale d'histoire. — Commissions royales d'art et d'archéologie. — Institut de droit international et de légis- lation comparée. — Moniteur belge. — Moniteur industriel belge. — Observatoire royal. — Office international de biblio- graphie. — Presse médicale belge. — Recueil consulaire. — Revue bibliographique belge. — Revue générale. — Sociétés : d'Agriculture, d' Anthropologie y d' Archéologie, d'Architecture, royale de Botanique jd' Électriciens , Entomologique, d'Études sociales et politiques, du Folklore, royale belge de Géographie, de Géologie et d'Hydrologie, royale Malacologique, royale de Médecine publique, de Microscopie, royale de Numisma- tique j royale de Pharmacie, des Sciences médicales et natu- relles. Scientifique. Charleroi. Société paléontologique et archéologique. Enghien. Cercle archéologique. ( 749 ) Gand. Kon. vlaamsche Académie. — Cercle historique et archéologique. — Messager des sciences historiques. — Société de médecitie. Gembloux. Institut agricole. Huy. Cercle des sciences et des beaux-arts. — Cercle des naturalistes. Liège. Écho vétérinaire. — Institut archéologique. — Revue de l'instruction publique. — Société géologique de Belgique. — Société médico-chirurgicale. — Wallonia. Louvain. Le Muséon. iMaredsous. Abbaye. Namur. Société archéologique. Saint-Nicolas. Cercle archéologique du Pays de Waes. Termonde, Cercle archéologique. Vervicrs. Caveau verviétois. Berlin. Kaiserl. Akadeinie der Wissenschafte». — Deutsche chemische Gesellschaft. — Geologische Gesellschaft. — Gesell- schaft fiir Erdkunde. — Gesellschaft fur A nlhropologie, Ethno- logie iind Urgeschichte. — Meleorologisches Institut. — Physikalische Gesellschaft. Bonn. Naturhistorischer Verein der preussischen Rhein- lande und Westphalens. Brème. IVaturwiss enschaftlicher Verein. Budapest. Institut royal de géologie. — Académie des sciences. — Statistisches Bureau. Charlottenbourg. Physikal. technische Reichsanstalt. Cracovie. Académie des sciences. Francforl-sur-Main. Senckenberg. naturf'orsch. Gesellschaft. Francforl-sur-Oder. IVaturwissenschaftlichcr Verein. Gotha. Geographische Anstult. Halle. Naturwiss. Verein fiir Sachsen und Thiiringen. léna. Medizinisch-naturwissenschaflliche Gesellschaft. Leipzig. Archiv der Mathematik und Physik. — Asirono- ( 750 ) misclie Gesellschafï. — Beiblàtter zu den Annalender Physik und Chemie. — Forschungen zur brandenburgischen und preussischen Geschichte. — Kôn. Gesellschafï der Wissen- schaften. — Zoologisclier Anzeiger. Marbourg. Jahrcsbericht ùber die Fortschritle der Chemie. Munich. Kôn. Akademie der Wissenschaften. Prague. Académie tchèque des sciences. — Kôn. Gesellschafï der Wissenschaften. — Société mathématique. Strasbourg. Société des sciences, agriculture et arts. Vienne. Kuiserl. Akademie der Wissenschaften. — Anthro- pologische Gesellschaft. — Zoolog.-bolanische Gesellschaft. — Kais. Geologische Reichsanstalt. — Kais. Naturhistorisches Hofmuseum. — Zool. botanische Gesellschaft. Wurzbourg. Physikal.-medizinische Gesellschaft. Universités de Fribourg-en-Br., Giessen, Heidelberg, Kiel, Marbourg, Strasbourg, Tubingveei Vienne. Albany University ofthe state of New-York. Austin. Academxj of sciences. Baltimore. John Hopki?is University. Boston. Academy of arts and sciences. — Natural history Society. Buenos-Ayres. Sociedad cientifîca Argentina. — Bulletin mensuel de statistique municipale. Cambridge. Muséum of comparative zoology. — Observa- tory. Cordova. Academia de ciencias. Granville. Denison University. Halifax. Nova-Scotian Institute. Lima. Sociedad geographica. Lincoln. University of IVebraska. Mexico. Sociedad a Antonio A Izate ». — Sociedad de histo- ria natural. — Sociedad de gengrafia. Montevideo Universidad. ( 7SI ) Montréal. Natural history Society. New-Haven. Journal of sciences and arts. New- York. Geographical Society. — Academy of sciences. Philadelphie. Academy of natural sciences. — Franklin Institute. — The american naturalist. — Philosophical Society. — Historical Society. Rio de Janeiro. Instituto historico. — Sociedad de geo- graphia. Rochester. Academy a f sciences. Saint-Louis. Academy of sciences. Salem. Essex Institute. Santiago. Société scientifique. Toronto. Canadian Institute. Washington. Department of agriculture. — U. S. national muséum. — Smithsonian Institution. Copenhague. Institut météorologique. — Société royale des sciences. — Société des antiquaires. Madrid. Sociedad geografica. — Real Academia de la his- toria. Manila. Observatorio meteorologico. Amiens. Société industrielle. — Société des antiquaires. Bône. Académie d'Hippone. Caen. Société linnéenne. — Faculté des sciences. Dax. Société de Borda. Lille. Société géologique du Nord. — Société des architectes. — Université. Lyon. Université. Marseille. Société scientifique industrielle. — Faculté des sciences. Montpellier. Académie des sciences. Paris. Académie de médecine. — Ecole normale supérieure. — École nationale des chartes. — Journal de l'agriculture. — ( 752 ) Journal des savants. — Le Cosmos. — La Nature. — Le Progrès médical. — Le Polijbiblion. — Ministère de l'Instruc- tion publique. — Moniteur scientifique. — Musée Guimet. — Revue britannique. — Revue des questions historiques. — Revue générale des sciences pures et appliquées. — Revue politique et littéraire. — Revue scientifique. — Sociétés : natio- nale d'agriculture, d'anthropologie, astronomique, de biologie, chimique, géologique, de géographie, mathématique, météoro- logique, philomatique, zoologique. Saint-Oraer. Société des antiquaires de la Morinie. Toulouse. Société archéologique. — Société d histoire natu- relle. Valenciennes. Société d'agriculture. Adélaïde. Royal Society of South Austratia. Birmingham. Philosophical Society. Brisbane. Royal Society. Calcutta. Asiutic Society of Bengal. — Meteorological Department. — Geological Survey. Cambridge. Philosophical Society. Dublin. Royal Irish Academy. — Dublin Society. Edimbourg. Botanical Society. — Geological Society. — Physical Society. — Royal Society. Glasgow. Geological Society. Londres, Anthropological Instllute. — Royal Astronomi- cal Society. — Chemical Society. — Royal Geographical Society. — Geological Society. — Institution of mechanical engineers. — Institute of civil engineers. — Royal Institution of Great Brilain. — Linnean Society. — Mathematical Society. — Meteorological Society. — Royal Microscopical Society. — Nature. — Numismatic Society. — Royal Statis- lical Society. — Royal Society. — Zoological Society. Manchester. Literary and Philosophical Society. Newcastle-upon-Tyne. Institute of mining and mechanical engineers. ( 753 ) Sydney. Linneum Society. — Department of mines. — Government statisticians's Office. — B. Society of N. S. Wales. Bologne. R. Accademia dette scienze. Florence. Bibtioteca nationale centrale. — Società entomo- logica italiana. — Rivista scient ifico-industriale. Milan. Società di scienze naturali. — Il nuovo Risorgi- mento. — R. Jstituto di scienze. Modène. Società dei naturatisti. — R. Stuzione agraria sperimentali. Naples. Società Reate. Padoue. Società veneto-lrentina di scienze naturali. Palerme. Circolo giuridico. — Circolo matematico. Parme. // nuovo risorgimento. Pise. Società toscana di scienze naturali. Rome. Reate Academia dei Lincei. — Academia pontificia de nuovi Lincei. — Comitato di artigliera e genio. — Ministerio dei lavori pubbtici. — Rassegna dette scienze zootogiche. — Società per gli studi zoologiche. Turin. Academia reate dette scienze. Venise. R. Istituto di scienze. Vérone. Accademia d'agricoltura. Amsterdam. K. Akademie van wetenschappen. Batavia. Gcnootschap van Icunsten en wetenschappen. — Natuurkundige vereeniging. — 'S Lands ptantentuin. Buitenzorg. Jardin botanique. Delft. École polytechnique. Harlem. Société hollandaise des sciences. — Musée Teyler. La Haye. Instituut voor... volkenkunde. — Entomologische Vereeniging. Leyde. Maatschappij der Nederlandsche lelterkunde. — Nedertandsche dierkundige Vereeniging. Utrechf. Histoi-isch Gcnootschap. ( ^s^ ) Bucharest. Institut météorologique. — Société des sciences physiques. — Ministère de l'Instruction publique. Dorpat. Université. — Naturf'orschende Gesellschaft. Kazan. Université impériale. Moscou. Société impériale des naturalistes. Saint-Pétersbourg. Académie impériale des sciences. — Institut impérial de médecine expérimentale. — Comité géO' logique. — Jardin impérial de botanique. — Société impériale de géographie. — Société de chimie. Christiania, Société des sciences. Stockholm. JVordiskt medicinsk Archiv. — Acta mathema- tica. — Institut royal géologique. — Société des antiquaires. — Société entomologique. Upsal. Université. Berne. Le droit d'auteur. Genève. Archives des sciences physiques et naturelles. — Société de géographie. Lausanne. Société vaudoise des sciences naturelles. Zurich. Naturforschende Gesellschaft. — Astronomische Mittheilungen (Wolf). Alexandrie. Institut égyptien. Belgrade. Académie royale des sciences. Coïnibre. J ornai mathematicas (Teixeira). Le Caire. Société khédiviale de géographie. Tokyo. Gesellschaft fur Natur- und Vôlkerkunde Ostasiens. — Impérial University. I I BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. TABLES ALPHABÉTIQUES DU TOME TRENTIÈME DE LA TROISIÈME SÉRIE. 1895. TABLE DES AUTEURS. Académie des lettres, sciences, arts et agriculture de Metz. Envoie le programme de ses concours (1892-1896), 186. Académie royale de médecine de Belgique. Envoie le programme de ses concours pour les années 189^-1899, 443. Académie royale des sciences de Turin. Annonce la mort de son secré- taire, M. le professeur G. Basse, 186. Albert I'" [prince de Monaco). Uoramage d'ouvrage, '212, Aumale {duc d'). Hommage d'ouvrage, 621, Balat (Alph.)^ Rapports : voir Verlielle (A.); Vereecken {É.). — Décès, 377 ; discours prononcé à ses funérailles, par F.-A. Gevaert, 380. Bambeke (Ch. Van). Hommage d'ouvrage, 2. — Rapports : voir Cer- fontaineiP.); DeBruyne (C); Gehuchten(A.Van)', NolfiP.); Vander Stricht (0.). Basso (G). Décès, 186. Bastin (/.). Hommage d'ouvrage, 62:2, 7o6 TABLE DES AUTEURS. Beaupain (/.)• Sur les fonctions hypergéométriques de seconde espèce et d'ordre supérieur; deuxième communication. {Mémoires cou- ronnés in-40, tome LIV.) Rapport de MM. J. Deruyts, De Tilly et Le Paige, 4, 6. Beck{M.). Tiiéorie du récepteur Bell (nouvelle rédaction déposée aux archives). Rapports de MM. P. De Heen, Van der Mensbrugghe et Spring, 18, 19. BenedeniÉd. Van). Rapports : voir Cer fontaine iP.); De Bruyne{C.) ; Gehuchten (A. Van); NolfiP.). Bergmans (P.). Hommage d'ouvrages, 568. Bernier [Ch.-Tk.). Mention honorable au concours d'art appliqué (gravure), 408, 591. Biesbroeck {J. Van). Second prix, en partage, au grand concours de peinture de 1893, 38,s, 410. Billia [L.-M.). Hommage d'ouvrage, 238. Barmans iStan.). Réélu membre de la Commission des finances, 6-26. Bourgeois [Éd.). Recherches sur les aptitudes réactionnelles des déri- vés bromes organiques {Mémoires in-80, t. Llir. Rapports de MM. Spring et Henry, 11, 13. Bran/5 (y.). Hommage d'ouvrage, 621. L'usure dans la législation contemporaine, 689. Brialmont iA.). Réélu membre de la Commission spéciale des finan- ces, 602. — Rapport : voir Haef'ens (G.) et Van de Venue (/.). Briart {Alpli.). Rapport : voir Fraipont [J.) et Tihon (F.). Broei'man {Eug.). Hommage d'ouVrage, 389. Burny (F.). Histoire et statistique des caisses d'épargne en Belgique (revision du manuscrit couronné), 132. C Calinon [A.). Hommage d'ouvrage avec note par M. Folie (La géomé- trie à deux dimensions des surfaces à courbure constante), 186, 187. Callant (A.). Lauréat du concours des cantates, 378, 409. Cannizzaro {Stan.). Élu associé, 744. Catalan HenEiig.). Sa notice bibliographique, par P. Mansion, 398. Cerfontaine (P.). Note sur les Diclidophorinae {Cerf.) et description d'une nouvelle espèce : Diclidophorinae Labracis {Cerf.), 123; rapports de MM. Éd. Van Beneden et Van Bambeke, 20, 21. Cesàro{G.]. Le cinabre du Rocheux, 36. La structure interne de la inatirrc cristallisée. Les solideS conjugués dans la pyrite, 723. TABLE DES AUTEURS. 757 inlays iP.-J.). Rapport : voir Eshroeck (Éd. Van). €ope [Ed.-Drinker). Élu associé, 744. Cordemans (H.). Hommage d'ouvrage, 378. Crépin [F.). Réélu membre de la Commission spéciale des finances, 60-2. — Rapports : voir Durand [Th.) et Scliinz [H.]; Vial iE.). Crismer {L.). Sur les températures critiques de dissolution et leur application à l'analyse générale, 97; rapport de MM. Spring et Henry, 16, 18. Cuinont [F.). Hommage d'ouvrage avec note par P. Thomas (Textes et monuments figurés relatifs aux mystères de Mithra, fasc. III), 152. (Inmonl (G.). Hommage d'ouvrages, 238. D Da/u'uu [N.-A.-G.). Second prix, au grand concours de composition musicale de 1895, 388, 410. D(iB)'uijne{C.). Hommage d'ouvrages, 3, 272. Sur la sphère attractive dans les cellules Hxes du tissu conjonctif, 241 ; rapport de MM. Van Barabeke et Éd. Van Beneden, 197, 198. Deckers (Ed.). Lauréat (mention honorable), au concours d'art appliqué (sculpture), 409, 591. De Heen (P.). Rapports : voir Becli (M.) ; De Lcsdiize. (G.) ; Duhem (P.); Dwelshauvers-Denj (G.); VerschaffeU (/.). de Jonglie [vicomte B.). Hommage d'ouvrages, 258, ô68. Delaborde (comte H .). Hommage d'ouvrage, 389. delà Vallée Poussin (Gh.). Rapports : voir StôberiF.). de la Vallée Poussin fils [Ch.-J.]. Recherches arithmétiques sur la composition des formes binaires quadratiques [Mémoires in-S», tome LUI). Rapport de 3IM. P. Mansion et J. Deruyts, 189, 193. Démonstration simplifiée du théorème de Dirichlet sur la progres- sion aritlimétique, 273. Hommage d'ouvrage, 273. Delbœuf (J.). Docteur /tOHom causa Aq l'Université d'Edimbourg, 598. — Rapport : voir De Lescluze (G.). De Lesclu.ze (G.). Une question de chromatitjue. 273. Dépôt aux archi- ves sur l'avis de MM. Delbœuf et De Heen, 444. Delvaux[L.). Hommage d'ouvrage, 368. Lelville [J.). Premier prix, au grand concours de peinture de 1895, 388, 410. O""" SÉaiE, TOME XXX. oO 758 TABLE DES AUTEURS. Demannez {J.). Réélu membre de la Commission des finances, 6«5. Demoulin [Alph.]. Sur une déformation des surfaces de révolution, 61; rapport de MM. J. Deruyts et Le Paige, 6, 7. Denis [H.]. Hommage d'ouvrages, .567. Deruyts (/.). Rapports: voir Beaupain (J.); de la Vallée-Poussin [Cli.-J.]; Demoulin (A.). Detrooz (/.-Ci. Hommage d'ouvrage, .^77. Dewalque (G.). Rapport : voir Fraipont [J.) et Tihon (F.). — Notes bibliographiques : voir Fraipont (J.). De Wildeman {E.). Hommage d'ouvrage, 599. Discailles [Ern.]. Hommage d'ouvrage, :257. Dollo (L.). Hommage d'ouvrage, 4i3. Duhem (P.). Sur l'hysteresis et les modifications permanentes {Mémoires couronnés et des savants étrangers, in-i», tome LIV;. Lecture des avis de Wtl. De Heen et Ch. Lagrange, 44-i. Durand {Th.) et Schinz [H.). Études sur la flore au Congo {Mémoires in-S», tome LUI). Rapport de MM. Crépin et Errera, 194. Divelshauvers-Dery {F.-Y.). Dépose trois billets cachetés, 186. Sur la constitution de la matière aux environs du point critique, 570, Avis de M. De Heen, 444. Engelmann {Th ). Hommage d'ouvrage, 186. Errera (L.). Hommage d'ouvrages, 2, ili. Félicité pour son Institut de botanique, 443. — Rapports : voir Durand {Th.) et Schinz {H.); Stuxjvaert {E.). Esbroek {Éd. Van). Deuxième i-apport (lecture des appréciations de MM. Fétis et Clays), 592. Even {Edw. Van). Hommage d'ouvrage avec note par le chevalier Edm. Marchai (Louvain dans le passé et dans le présent), 378, 385, Perron (Eug.). Hommage d'ouvrage, 272. Fétis {Éd.). Rapport : voir Esbroeck {Van). Folie (F.). Hommage d'ouvrages, avec notes : 1° La supériorité de la méthode de Lapîace, 186, 187; 2« Détermination of the constants of the diurnal nutation, 599, 600. Communication relative au pro- TABLE DES AUTEURS. 759 jet de spectroscope réalisant le phénomène dune éclipse totale du Soleil ; par Eug. Spée, 276. Les véritables expressions de la nuta- tion eulérienne et de la variation des latitudes, 303. — Note biblio- graphique : voir Calinon (A.). Fraipont(J.). Élu correspondant, 744. — Hommage d'ouvrages, 186, 272. Notes sui- ses ouvrages, par M. Dewalque : A. Fossiles carac- téristiques des dépôts sédimentaires, 188; B. Les cavernes et leurs habitants, 277. Explorations scientifiques des cavernes de la vallée de la Mehaigne [Mémoires in-S"). Rapport de JIM. Dewalque et Briart, 444, 447. FranqiieviUe {comte de\ Assiste à la séance de la Classe des lettres du 2 décembre 1895, 620. Fredericq [Paul). Sentence prononcée contre Guillaume van Zwolle, par l'inquisiteur général des Pays-Bas (1529), 238. Hommage d'ouvrage, 377. — Note bibliographique : voir Sleeckx [D.]. Friedlaender [L.). Remercie pour son diplôme d'associé, 131. Hom- mage d'ouvrage, 568. Gantrelle (feu /.). Sa notice pour V Annuaire, par J. Wagener, 568. Gehuchten[A. Yan). Les cellules de Rohon dans la moelle épinière et la moelle allongée de la truite 'Trutta fario), 493; rapport de MM. Van Bambeke et Van Beneden, 447, 431 . Geikie [Sir Archibald], Élu associé, 744. Geleyn [J.). Lauréat du concours d'art appliqué (sculpture), 389, 409, Remet la photographie de sa statue couronnée (la Justice], 68 4. Génard[P.). Hommage d'ouvrage, 173. Gevaert [F. -A.). Eommas^e d'ouvrage avec note par M. Marchai iLa mélopée antique dans le chant de l'Église latine), 175. Membre du- jury du grand concours de composition musicale de 1893, 173. Discours prononcé aux funérailles d'Alphonse Balat, 580. La Musi- que, l'art du XIXe siècle (discours', 591. — Rapports : voir Lehrun (P.); Morlelmans [L.]. Gilkinet (Alfr.). Rapport : voir Vial (£.). Gilson [P.). Envoi réglementaire comprenant trois nouvelles compo- sitions musicales : A. Francesca da Kimini; B. Le feu du Ciel; C. Fanfare inaugurale, pour grand orchestre, 172. Rapport Séjour en Dalle, troisième année d'études', 267. 760 TABLE DES AUTEURS. Giovanni (V. di. Hommage d'ouvrage, 155. Gluge [Th.], Réélu membre de la Commission des financep, 605. Greu.se [L.). Lauréat (mention lionoiable) du concours d'art appliqué (gi'avure;, 40^, 591. U Haerens (G.). Soumet poui' la deuxième période du Prix Ch. Lemaire son ouvrage intitulé : Les différents types déportes d'écluses, etc., 5; rapports sur ce volume par MM. iirialmontet Van der Mensbrug- ghe, 697, 699. Proclamé lauréat, 744. llamande (L.). Histoire et statistique des caisses d'épargne en Bel- gique (revision du manuscrit couronné), 15:2. HarleziCh. de]. Essai d'anthropologie chinoise, 655. Hei)is (.)/.). Hommage d'ouvrage, 577. Henncbicq (A.). Les sujets imposés aux concours de Rome, 175. Hcnrard [P ). Réélu membre de la Commission des tinances, 656. Henry {L.). Recherches sur les dérivés monocarbonés (suite), 25. Obser- vations à l'occasion du carbure de glucinium, 460. — Rapports : yoir Bourgeois (Ed.); Crismer {L.) ; Vandenberghe (A.); Vande- velde{A.-J.-J.). Hermite (Ch.). Hommage d'ouvrages. 687. Hiel (Emm.). Callirhoé, 450. Homolle {Th.). Remercie pour son diplôme d'associé, 1.51. Hommage d'ouvrage, 152. Huberti (G.). Rapports : voir Lebrun [P.) ; Mortelmans (C). Huxley {Th.-H.}. Décès, ± Hymcms (H.). Situation administrative de la Caisse centrale des artistes pendant les années 1894 et 1895 (lecture), 685. — Note bibliogra- phique : voir Marsy [comte de). Istituto veneto di scienze, lettere ed arti. Adresse son programme de concours pour 1898, 687, ■Jongen (M.-A.-N.-J.). Deuxième second prix, au grand concours de composition musicale de 1895, 378,410. TABLE DES AUTEURS. 761 K Kiirlh {(t.). Une pourco byzantine irEginhard, 580. Hommage d'où viage, 621. Lagra)i(je. (C/t.j. Hommage d'ouvrages, 2, 4-iô. Note sur sa réponse k un article de M. Folie (Extrait du Cosmos, n» 41), 4. Présente pour les Mémoires des diagrammes d'observations comparées de la décli- naison, faites en 1895, en 1894 et en 1893, à l'aide de déclinomètres de moments magnétiques différents, 460. Sur les équations du champ physique (note deuxième), 605. — Rapport : voir Duhem [P.). Lahousse [E.). Demande à être envoyé au laboratoire de Naples, 398. Lallemand (L.). Hommage d'ouvrage, 377. Lambot [Ém.]. Premier, deuxième et troisième rapports (deuxième année d'études), 173, 683. Lameere {Attg.). Hommage d'ouvrage, 399. Lancaster iAlb.). Hommage d'ouvrages, 443. — Note bibliograpliique : voir Le Clément de Saint-Marcq. Laureys {F.). Rapports : voir Verhelle [A:,; Vereecken [Emile). Leboucq [H.). Recherches sur les variations anatomiques de la pre- mière côte chez l'homme, 273. Lebrun (P.). Premier rapport et partition manuscrite La fiancée d'Abydos). Lecture des appréciations de la section de musique, 174. Lecat {Max.). Note sur l'imparfait de l'indicatif des verbes latins, 132. Dépôt de cette note aux archives après lecture des rapports de MM. Willems, Vollgraff et Thomas, 571 . Le Clémentde Saint-Marcq [chevalier). Hommage d'ouvrage, avec note par A. Lancaster .Congrès de l'atmosphère, à Anvers, en 1894j, 399, 601. Lefévre-Pontalis [A.). Hommage d'ouvrage, 377. Le Paige [O. Rapports : voir Beaupain [J ); Demoidin [A.). Li.evevrouw-Coopman (M""^). Remet le premier exemplaire de son tra- vail couronné par le jury De Keyn, 378. Lumsens [M.). Premier prix, au grand concours de composition musi- cale de 1893, 587, 410. Exécution de sa cantate Callirhoë, 410. 762 TABLE DES AUTEURS. M Magnette {F.). Hommage d'ouvrage, :258. Malaise (C). Rapport : voir Stuyvaert [E.) Mansion (P.). Remet, pour VAnnttaire de 1896, sa notice sur feu Eug, Catalan, 598. — Rapport : voir de la Vallée Poussin [Ch.-J.]. Marchai {chevalier Edm.). Situation financière de la Caisse centrale des artistes pendant les années 1894 et 1893 (lecture), 683. Hom- mage d'ouvrage, 578. — Notes bibliographitiues : voir Gevaert {F. -A.); Even tEdiv. Van). Marchai [Élie]. Hommage d'ouvi-age, 399. Marey iÉt.-J.). Élu associé, 7-44. Marsfi [comte de . Hommage d'ouvrage avec note par H. Hymans (Un musicien flamand, Jean de Ockeghem), 578, 386. Martin (/.). Dépôt aux archives du texte de son brevet se rapportant ;i une question d'acoustique musicale, 398. Matthieu {E.). Hommage d'ouvrages, 132, 622. Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics. Envoi d'ouvrages, 2, 68i. Ministre de la Guerre. Envoi d'ouvrages, 2, 272, 399, Ministre de l'Industrie et du Travail. Envoi d'ouvrages, 443. Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique. Envoi d'ouvrages, 131, 173, 271, 367, 445, 577, 399, 620. Mortelmans l'L.). Picmier rapport (Verslag eener reis in Holland). Lec- ture des appréciations de la section de musique, 174. Deuxième rapport (séjour à Munich), 173, ■ Mourlon (M™*), Mort accidentelle (motion de M. Van der Mensbrugghe). 271. Mourlon [M.], Remercie pour les sentiments de condoléance qui lui ont été adressés, 442. Réélu membre de la Commission spéciale des finances, 602. N Nadaillac [marquis de). Hommage d'ouvrages, 152, 577. Neuberg [J.]. Hommage d'ouvrages, 272, 399, Nolf (Pierre). Étude des modifications de la muqueuse utérine pen- dant la gestation, chez Vespertilio muriitos, 206; rapports de jyiM. Éd. Van Reneden et VanRambeke, 195, 196. TABLE DES AUTEURS. 763 Paru {Gaston], Remercie pour son diplôme d'associé, loi . Pasteur [Louis]. Décès (motion de M. Van der Mensbrugghe), 270. Pasteur (iW™e veuve] et ses enfants. Remercient pour les sentiments de condoléance qui leur ont été adressés, 598. Piot [Ch.]. Réélu membre de la Conmiission spéciale des finances, 626. Plateau [F.). Un lilet empêche-t-il le passage des Insectes ailés? 281. Comment les fleurs attirent les Insectes. Recherches expérimen- tales, 466. — Rapport : voir Van der Striclit (0.). Prinz (W.;. Envoi d'une réponse à une note de M. Terby sur les photographies lunaires, 273. R RadoîixiJ. -Th.). Membre du jury du grand concours de composition musicale de 1895, 175. — Rapport : voir Lebrun (P.). RasmusseniJ.]. Note sur une construction géométrique, 3. Dépôt aux archives, 188. Renard {A. -F.). Rapports : \o\r Stôber {F.:. PienaultiB.). Hommage d'ouvrages, 187, 599. Pdegel [H.]. Hommage d'ouvrages, 37b'. Rivier(Alph.). Note bibliographique : voir Willems'J.). Robie '/.). Réélu membre de la Commission spéciale des finances, 685. Rosa [AU. Hommage d'ouvrage, 368. S Samuel [Ad.). Membre du jury du grand concours de composition musicale de 1895, 175. Réélu membre de la Commission spéciale des finances, 685. — Rapports : voir Lebrun P.); Mortelmans [L.]. Schiaparelli [J.-V.). Sur une tache récemment observée à la surface de Vénus et sur la durée de rotation de cette planète Extrait d'une lettre à M. Terby), 204. SchinziH.]. Études sur la flore du Congo {Mémoires in-8'>, tome LUI). Rapport de MM. Grépin et Errera, 194. S^eec/fic (/).). Hommage d'ouvrage (Vesalius in Spanje), 567; note par P. Fredericq, 370. 764 TABLE DES AUTEURS. Société industrieUe d'Amiens. Adresse son programme de concours pour 1890-1896, 398. Solvmj (L.). Lauréat du concours des cantates, 578, 409; Callirhoë (poème couronné;, 411; traduction en langue flamande, 4â0. Souffret (F.). Hommage d'ouvrage, 6:21. Sourindro Molmn Tagore [le Raja Sir]. Hommage d'ouvrage, 578. Spée {Eug.). Projet d'un spectroscope réalisant le phénomène d'une éclipse totale du Soleil (contenu d'un billet cacheté déposé en 1887), 274. — Voir : Folie (F.). Spring iW.). Recherches sur les conditions dans lesquelles le peroxyde d'hydrogène se décompose. — Communication prélimi- naire, 32. Sur un hydrate de trisulfure d'arsenic et sa décomposi- tion par la compression, 199. Sur les modifications physiques que subissent certains sulfures sous l'influence de la température, 511. De l'influence du temps sur l'agglutination de la craie comprimée. 520.— Rapports : voir Becli iM.); Bourgeois {Éd.); Crismer (L.l; Stuy- vaert{E.); Vandenberglie(A.); VandeveldeiA.-J.-J.); Verschaffelt (J:>. Stallaert [J.]. Réélu membre de la Commission des finances, 683. Sleenstrup (J.). Hommage d'ouvrage, 687. Stôber [F.). Note cristallographique sur la cotunnite artificielle, 543. Sur la détermination de l'indice de réfraction de prismes à grands angles réfracteurs, 320; rapports de MM. A. -F. Renard etCh. de la Vallée Poussin, 279, 281 , 43! , 435. Strasburger [Éd.). Élu associé, 744. Stuyvaert iE.). Étude chimique sur huit terres du Bas-Congo, 67; rapports de MM. Errera, Spring et Malaise, 7, 9. Sully -Prudhomme [R.-F.-A.). Hommage d'ouvrages, 621. SwartsiFréd.). Sur l'acide fluor-chlor-brom-acétique, 599. Sybel (Henri von). Décès, 237. Sylve.ster (J.-J.). Élu associé, 744. Terby (F.i. A propos d'une récente communication de M. W. Prinz sur les photographies lunaires, 22. Hommage d'ouvrage, 272. — Voir Schiaparelli [J.- V.). Thomas (P.). Corrections au texte des Lettres de Sénèque a Llcilius il^e série), 137. Interprétation nouvelle d'un vers de Térence (Eunuque, 591), 371 ; lecure des rapports de MM. Willems et Voll- TABLE DES AUTEURS. 765 graft', 153, 371. Hommage d'ouvrage, -367. — Rapport : voir Lecat (M.). — Note bibliographique : voir Cumont (F.). lihon [F.\ Explorations scientiliques des cavernes de la vallée de la 3Iehaigne 'Mémoires in-S»). Rapport de MM. Delwalque et Briart. \U. 447. Tilly (/. De). Réélu membre de la Commission spéciale des finances, 602. Rapport : voir Beaupain 1,1.]. Vandcnberghe (Ad.\. Dépose une lettre cachetée, 5. Sur le molyb- dène, ô^T; rapports de MM. Springet Henry, 196, 197, 278. Vanderkindere {L.). Voir Wauters iAlph.) Vander Men.sbrugghe 'G.]. Sur les phénomènes constatés danslacouche superficielle d'un liquide, 488. Quelques exploits d'une particule d'air, 70 1. Motions (Décès de M. L. Pasteur et de 31"ie Mourlon), 270, 271. Félicitations à M. L. Errera pour son Institut bota- nique, à Bruxelles, 442. - Rapports : voir Bech iM.) ; Haerens (G.); Van de Yenne (/.) ; Verschaffelt (/.). Van der Stricht (0.). La maturation et la fécondation de l'œuf d'AM- PHioxus LANCEOi.ATUS, .>"9; rapports de MM. Van Bambeke et Pla- teau, 454, 459. Vandevelde (A.-J.-J.). Des affinités de l'iiydrogène moléculaire à chaud. Action sur l'arsenic et l'antimoine, 78; rapports de MM. Springet Henry, 10, 11. Van de Venue (/.). Joseph Lefebvre en zijn werk (ouvrage soumis pour la deuxième période du Prix Charles Leraaire), 273; rapports de MM. Brialmont et Van der Mensbrugghe, 697, 699. Vercoidlie (J.). Hommage d'ouvrage, 621. Vereecken (Ém.). Premier envoi réglementaire (Arc de triomphe de Titus). Lecture des appréciationç de MM. Balat et Laureys, 174. Verhelle [A.). Troisième envoi réglementaire (villa Adriana, à Tivoli). Lecture des appréciations de MM. Balatet Laureys, 174. Mémoire historique et explicatif sur cette restauration, 267. Cinquième rap- port, 685. Verschaffelt (/.). Poids moléculaires de l'eau et de l'iode (mémoire cou- ronné). Rapports de MM. De Heen, Van der Mensbrugghe et Spring, 687, 691, 696. Proclamé lauréat, 743. Vial iE.). Sur les orties textiles (lecture des rapports de MM. Crépin et Gilkinet), 188 ; remis en possession de son manuscrit et des produits textiles y annexés, 188, 766 TABLE DES AUTEURS. Vloors {Emile). Second prix en partage, au grand concours de peinture de 1895, 589,410. VoUgraff iJ.-O.Rapporls : \oir Lecat (M.); Thomas (P.), Vuylsteke{J.). Hommage d'ouvrage, 6:21. W Wagener (A.). Remet, pour V Annuaire de 1896, sa notice sur 3. Gan- Irelle, 368. Wante {Ern.\ Troisième rapport semestriel, 683. WattierlE»). Hommage d'ouvrage, 27:2. Watiters (Alph.). Observations sur le discours prononcé par M. Van- derkindere dans la séance publique du 7 mai 1 893, 135. Les fondeurs en cuivre à Bruxelles aux XV» et XVI^ siècles, 627. Hommage d'ouvrages, 368, 577. Réélu membre de la Commission des finances, 626. Waiiwermans {Le général). Hommage d'ouvrage, 3, Wiesner {J .) . Hommage d'ouvrage, 187. WillemsiJ.). Hommage d'ouvrage avec note par A. Rivier (Le testament de Gains Langinus Castor), 377, 578. Willems [P.). Réélu membre de la Commission spéciale des finances, 626. — Rapports : \oir Lecal {)/.); Thomas (P.). TABLE DES MATIÈRES. Acoustique. Voir Physique. Agronomie. Voir Chimie. Anatomie. Leboucq (H.). Recherches sur les variations anatoiniques de la première côte chez l'hoinme, :27ô. — Voir Biologie. Anthropologie. Voir Orientalisme. Archéologie. Voir Histoire. Astronomie. Folie (F.). Communication au sujet d'un projet de spectroscope réalisant le phénomène d'une éclipse totale du Soleil, par Eug. Spée, 27G. Les véritables expressions de la nutation eulérienne et la variation des latitudes, 503. — Prinz (W.). Réponse à une note de M. F. Terby sur les photographies lunaires, -273. — Spée (Eug.). Projet d'un spectroscope réalisant le phéno- mème d'une éclipse totale du Soleil, :274. — Terby (F.). A propos d'une récente communication de M. W. Prinz sur les photographies lunaires, 22. Sur une tache récemment observée à la surface de V^énus et sur ia durée de rotation de cette planète (Extrait d'une lettre de M. Schiaparelli), 2i) l. Beaux-arts. Voir Concours de la Classe des beaux-arts; Concours (grands). Prix de Rome; Musique. Bibliographie. Notes sur les ouvrages suivants : Câlinon (A.). La géo- métrie à deux dimensions des surfaces à courbure constante ; par F. Folie, 187. — CuMONT (FRANZi. Textes et monuments figurés rela- tifs aux mystères de Mithra, .fascicule 111; par P. Thomas, 152. — EvEN (Edward Van). Louvain dans le passé et dans le présent; par le chevalier Edm. Marchai, ô8.ï. — Folie (F.). -4. La supériorité de la méthode de Laplace, 1«7; B. Détermination of the constants of the diurnal nutation; par l'auteur, 600. - Fraipoxt J.l. \. Fos- siles caractéristiques des dépôts sédimentaires; B. Les cavernes et leurs habitants; par G. Dewalque, 188, 277. — Gevaert F.-A.). La mélopée antique dans le chant de l'Église latine ; par le chevalier 768 TABLE DES MATIÈRES. Edm. Marchai, I7ô. — Lagrânge ;Ch.). Réponse [Cosmos, n" '6i\) à l'article publié par JI. .Folie {Cosnws, n° 5ô9) ; par l'auteur, i. — Le Clément de Sàint-Mârcq (Chevalieri. Congrès de l'atmosphère, à Anvers, en 1894; par A. Lanca,ster, «01. — Marsy (Comte dej. Un musicien flamand, Jean de Ockeghem; par H. Hymans, 586. — Sleeckx (Dj. Vesalius in Spanje; par P. Fredericq, 570. — Wil- lems (J.). Le testament de Caïus Longinus Castor; par A. Rivier, 378. Billets cacketés déposés par MM. Dwelshauvei's-Dery (F.-V.), 186. Vandenberghe (Ad.), 5. Conteiui d'un billet cacheté déposé par M. Spée en 1887, 274. lUoyrapIne. Gevaert (F. -A). Discours pi-nnoncé aux funérailles d'Alph. Balat, Ô80. — Van der Mensbrugghe (G.). Décès de Louis Pasteur et mort accidentelle de M™'^ Mourlon (Motions^ 270, 271 . — Voir Notices biofiraphifjues pour l'Annuaire de 1896. Biologie. Cerfontaine (P.). Note sur les Diclidophorinae {Cerf.) et description d'une nouvelle espèce : Diclidophora Labracis {Cerf.), 123; rapports par MM. Van Beneden et Van Bambeke, 20, 21. — De Bruyne (C.i. La sphère attractive dans les cellules fixes du tissu conjonctif, 241 ; rapport de MM, Ch. Van Bambeke et Éd. Van Beneden, 197, 198. — Gehuchten (A. Van). Les cellules de Rohon dans la moelle épinière et la moelle allongée de la truite (Trutta FARio), 493; rapports de MM* Van Bambeke et Van Beneden, 447, 431. — NoLF (Pierre). Étude des modifications de la muqueuse utérine pendant la gestation, chez Vespertilio murinus, 206; rap- port de MM. Éd. Van Beneden et Van Bambeke, 193, 1 96. — Larousse (E.). Demande à être envoyé au laboratoire de Naples, 398. — Van der Stricht iO.). La maturation et la fécondation de l'œuf d'AM- PHioxus lanceolatus, 359; rapport de MM. Van Bambeke et Plateau, 43 i, 459. Botanique. Durand (Th.) et Schinz (H.). Études sur la flore du Congo ^Mémoires in-8", tome LUI). Rapport de MM. Crépin et Errera, 194. — Errera (L.). Félicité pour son Institut de botanique, à Bruxelles, 442. — Voir Économie industrielle» Caisse centrale des artistes. Situation administrative et financière pendant les années 1894 et 1895 (lectures par MM. Hymans et Marchai), 685. Chimie et phiisique. Bech (M.). Théorie du récepteur Bell (nouvelle TABLE DES MATIÈRES. 769 rédaction). Rapports de MM. P. De Heen, Van der Mensbrugghe et Spring, ii', U'. — Bourgeois (Éd.;. Recherches sur les aptitudes réactionnelles des dérivés bromes organiques [Mémoires in-S», t. LIIIi. Rapports de MM. Spring et Henry, 11, 15. — Crismer (L.). Sur les températures critiques de dissolution et leur application k l'analyse générale, 97 ; rapports de MM. Spring et Henry, 16, 18. — De Lescldze (G.). Une question de chromatique (dépôt aux archives). Lecture des avis de MM. Delbœuf et De Heen, 444. — Duhem (P.). Sur l'hysteresis et les modifications permanentes. Troi- sième mémoire. [Mémoires in-4*, tome LIV). Lecture des avis de MM. De Heen et Lagrange, 444. — Dwelshauvers-Dery (F.-V.). Sur la constitution de la matière aux environs du point critique, 570; avis de M. De Heen, 444. — Henry (Louis). Recherches sur les dérivés monocarbonés (suite), 25 Observations à l'occasion du carbure de glucinium, 460. — Lagrange (Ch.). Sur les équations du champ physique, 603. — Martin iJ.). Dépôt aux archives du texte de son brevet se rapportant à une question d'acoustique musicale, 5f8. — Spring (W.). Recherches sui' les conditions dans lesquelles le peroxyde d'hydrogène se décompose. Communication prélimi- naire, ôi. Sur un hydrate de trisulfure d'arsenic et sa décomposition, 199. Sur les modifications physiques que subissent certains sulfures sous l'intluence de la température, -311. De l'intluence du temps sur l'agglutination de la craie comprimée, 3:20. — Stuyvaert (E.). Étude chimique sur huit terres du Bas-Congo, 6~ ; rapports de M5L Errera, Spring et Malaise, 7, 9. — Swarts (Fréd.). Sur Tacide tluor-chlor-brom-acétique, 599. — Vandenberghe (Ad.). Sur le molybdène, 327; rapports de MM. Spring et Henry, 196, 197, 278. — Van DER Mensbrugghe (G.). Sur les phénomènes constatés dans la couche superficielle d'un liquide, 488. Quelques exploits d'une particule d'air, 701. — Vandevelde (A.-J.-J.). Des affinités de l'hydrogène moléculaire à chaud. Action sur l'arsenic et l'anti- moine, 78; rapports de MM. Spring et Henry, 10, H. — Voir Con- cours de la Classe des sciences; Minéralogie. Coynmissions spéciales des finances. Réélection : Classe des sciences, 002; Classe des lettres, 626; Classe des beaux-arts, 685. Concours. Envoi de programmes : Amiens. Société industrielle, 598. — Bruxelles. Académie royale de médecine de Belgique, 443. — Metz. Académie des lettres, sciences, arts et agriculture, 18G. — Venise. Istituto veneto di scienze, lettere ed arti, 687. 770 TABLE DES MATIÈRES. Concours de la Classe des heaux-arls (1895). Sujets d'art appliqua.. (Sculpture). Figures reçues, 579, jugement ô89 ; lauréats, 409,391. M. Geleyn remet la photographie de sa statue couronnée (la Justice), 681. (Gravure en taille douce). Portraits reçus, 579, jugement 589; lauréats, 40-', 391. Concours de la Classe des lettres (1892). Burny (Fréd.) et Hamande (L.). Histoire et statistique des caisses d'épargnes en Belgique (Deux textes fondus en un seul", 132. (1896). Mémoire reçu (Histoire du Bouddhismei et nomination des commissaires, 378. Concours de la Classe des sciences (1895). Mémoire reçu (Détermina- lion des poids moléculaires des corps en dissolution), 187; rap- ports sur ce travail par MM. De Heen, Van der Mensbrugghe et Spring, 687, 691, 696. M. J. Verschaffelt, lauréat, 743. Concours (grands). Prix de Rome. Les sujets imposés aux concours de Rome; par A. Hennebicq, 173. — Architecture (1890). Troi- sième envoi réglementaire du lauréat Verhelle (appréciations), 174. Mémoire explicatif sur cet envoi et cinquième rapport du même lauréat, 267, 683. (1893). Lecture des appréciations du premier envoi réglementaire du lauréat Vereecken (Arc de triomphe de Titus), 174. — JIusiQUE (1889). Envoi réglementaire de M. P. Gilson (A. Francesca da Rimini ; B. Le feu du ciel; C. Fanfare inaugurale pour grand orchestre), 172: rapport du même lauréat sur son séjour en Italie, 267. (1891). Premier rapport et partition (La fiancée d'Abydos) du lauréat P. Lebrun. Lecture des appréciations de la section de musique. 174. (1893). Deuxième rapport du lauréat L. Mortelmans (séjour à Munich), 173. Lecture des appré- ciations de la section de musique sur le premier rapport du même lauréat (voyage en Hollande), 174, (1895). MM. Gevaert, Samuel et Radoux désignés pour faire partie du jury, 173; lauréats, 578; proclamation, 410; exécution de la cantate: Callirhoë, musique de M. Martin Lunsscns, premier prix, 410. — Peinture (1895). Lau- réats, 588; proclamation, 410. Concours des cantates (1895). 3IM. A. Callant et L Solvay, lauréats, 378; proclamation, 409. Callirhoë (cantate couronnée de M. L. Sol- vay), 411. Idem (traduction pai- Emra. Hiel), 420. Cristallograpliie. Voir Minéralogie. TABLE DES MATIÈRES. 771 Dons. Ouvrage? par : Albert !«' (prince de Monaco), 272; Aunialo (duc d'), 621 ; Bambeke (Ch. Van), 2; Bastin (J.), 622; Bergmans (P.j, Ô68; Billia (L.-M.), 258; Brants (V.), 621; Broerman (E.), 589; Cali- non (A.), 186; Cordeinans iH.], ô78; Cumont (F.), lo2; Cumont (G.), 238; De Bruyne (C), 3, 272; de Jonghe (vicomte B.), 258, 368; Delaborde (comte H.), 389; de la Vallée Poussin (Gh.-J.l, 272; Del- vaux (L.), 368; Denis (H.), 367;Detrooz (J.-C), 577;DeWildeman lE.), 599; Discailles (Ern.), 257; Dollo (L.), 443; Engelmann (Th.), 186; Errera (L.), 2, 272 ; Even (Edw. Van), 578 ; Perron (E.), 272 ; Folie (F.), 186, 599; Fraipont (J.), 186, 272: Fredericq (P.), 577; Friedlaender, (L.), 568; Génai-d(P.), 175; Gevacrt (F.-A.), 175; Giovanni (V. di), lo2; Heins (M.), 577; Hermite (Ch.), 687; Horaolle (Th.), 152; Kurth (G.), 621 ; Lagrange (Ch.), 2, 443; Lallemand (L.), 577; Lameere (A.), 599; Lancaster (A.), 445; Le Clément de Saint-Marcq (le chevalier;, 599; Lefèvre-Pontalis (A.), 577; Magnette (F.), 258; Marchai (Cheva- lier Edm.), 578; 3Iarchal (Élie), 599; Marsy (Comte de), 378; Matthieu :E.), 152, 622; Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics, 2, 684; Ministre de la Guerre, 2, 272, 599; Ministre de l'Industrie et du Travail, 445; Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique, 151, 173, 271, 367, 445, 577, 599, 620; Nadaillac (Marquis de\ 152, 577; Neuberg, (J.), 272, .599; Renault (B.), 187, 599; Riegel (H.), 578; Rosa (Al.), 568; Sleeckx (D.), 567 ; Souffret (F.), 621 ; Sourindro Mohun Tagorp (le Raja Sir), 578; Steenstrup 'J.), 687; Sully-Prud- homme (R.-F.-A.), 621 ; Terby (F.), 272; Thomas fj.), 567; VercouUie (J.), 621; Vuylsteke (J.), 621; Wattier (E.), 272; Wauters (Alph.), 568, 577; Wamvermans (le général), 5; Wiesner (J.i, 187; Wil- lems (J.), 577. E Économie industrielle. Vial iE.^ Sur les orties textiles. Impoi'tance de leur introduction dans le Bas-Congo. Lecture des rapports de MM. Crépin et Gilkinet, 188; restitution du manuscrit (avec annexes) à l'auteur, 188. Économie sociale. Voir Coucoilts de la Classe des lettres. Élections, nominations, distinctions. Classe des lettres. Remer- ciements pour les diplômes, 151. — Classe des sciences. M. L. Er- rera félicité par M. Van der Mensbrugghe pour son Institut 772 TABLE DES MATIÈRES. de botanique, 442. Delbc^uf (J.), nommé docteur honoris causa de l'Université d'Edimbourg, o98. Fraipont (J.), élu correspon- dant, 744. SyLVESTER, CaNMZZARO (S.), SlRASBURGER (ÉD.), COPE (Ed.), Marey (E.-J.), Geikie (sir A.), élus associés, 744. Embryologie. Voir Biologie. Entomologie. Plateau (F.). Un filet empêche-t-il le passage des Insectes ailés? :281. Comment les tleurs attirent les Insectes. — Recherches expérimentales, 466. Ethnographie. Voir Paléontologie. Géologie. Voir Minéralogie ; Palvoittologie. Grammaire. Voir Philologie. H Histoire. Fredericq (Paul). Sentence prononcée contre Guillaume van Zwolle par l'inquisiteur général des Pays-Bas (1329), 258. — KuRTH (G.). Une source byzantine d'Eginhard, 580. — Wauters (Alph.). Observations sur le discours prononcé par M. Vanderkin- dere dans la séance publique du 7 mai 1895, 153. Les fondeurs en cuivre à Bruxelles aux XV^ et XVI« siècles, 627. Histologie. Voir Biologie, Législation. Brants (V.). L'usure dans la législation contempo- raine, 669. Magnétisme. Voh- Météorologie et Physique du globe. Matké.natiques. Beaupain (J.). Fonctions hypergéométriques de se- conde espèce et d'ordre supérieur {Mémoires couronnés in-i», t. LIVs Rapport de MM. J. Dcruyts, de Tilly et Le Paige, -L 6. — de la Vallée Pousslx (Ch.-J.;. Recherches arithmétiques sur la composition des formes binaires quadratiques. 'Mémoires in-S", tome LUI.) Rapport de MM. 3Iansion et Deruyts, 189, 19-3. Démonstration simplifiée du théorème de Dirichlet sur la progression arithmétique, 273. — Demollin 'J.). Sur une déformation des surfaces de révolution, 61 ; TABLE DES MATIÈRES. 778 rapport de MM. J. Deruyls et Le Paige, 6, 7. — Duhem (P.). Sur l'hys- térésis et le? modifications permanentes {Mémoires couronnés ïn-i°, tome LIV). Lecture des avis de MM. De Heen et Lagrange. 444. — Rasmussen (J.). Sur une construction géométrique (note déposée aux archives), 188. — Voir Astronomie ; Chimie et Physique. Météorologie et Physique dii globe. LxGKMiGE (Ch.). Présente pour les Mémoires des diagrammes d'obsei'vations comparées de la décli- naison, faites en 1895, en 1894 et en 1893, à l'aide de déclinomè- tres de moments magnéti([ues ditîerents, 460. — Vax der Mens- BRUGGHE G.). Quelques exploits d'une particule d'air, 701. Minéralogie. Cesaro iG.). Le cinabre du Rocheux, 36. La structure interne de la matière cristallisée. Les solides conjugués dans la pyrite, 723. — Stôber (E.'. Note cristallographique sur la cotun- nite artificielle, 543. Sur la détermination de l'indice de réfraction (le prismes à grands angles réfracteurs, 520; rapports de MM. Re- nard et de la Vallée Poussin, -279, 281, 451, 433. Musique. Gevaert (F. -A.). La musique, l'art du XIX"^ siècle (dis- cours), 391. Voir Concours (grands). Prix de Rome. Sécrologe. Balat (Alphonse;, 377; Basso (G.), 186;[Huxley)Th.-Henri),2; Mourlon (M"ie), 271 ; Pasleur (Louis), 270; Sybel (H. von), 257. yotices biographiques pour l'Annuaire de 1896. J. Gantrelle, par A. Wagener, 568. Eug. Catalan, par P. Mansion, 398. (h'ienlali.sme. Harlez (Ch. de). Essai d'anthropologie chinoise, 622.— Voir Concours de la Classe des lettres. Ouvrages présentés. Juillet, 180; août, 268; octobre, 430; novembre, .')92; décembre, 743. Paléontologie. Fraipont (Julien) et TrHON (F.). Explorations scienti- fiques des cavernes de la vallée de la Mehaigne (Mémoires in-8o). Rapport de MM. Dewalque et Briart. 444, 447. Philologie. Lecat (Maxime). Note sur l'imparfait de l'indicatif des Ô"" SÉRIE, TOME XXX. -^j ' 774 TABLE DES MATIÈRES. verbes latins, \b'2. Dépôt aux archives (lecture des rapports de MM. Willems, Vollgraff" et Thomas;, 371. — Thomas (P ). Correc- tions au texte des Lettres de vSénèque a Lucilius (l"-» série), 157. Interprétation nouvelle d'un vers de Térence (Eunuque, o91), 371 ; lecture des rapports de MM. P. Willems et VollgrafF, 153, 371, — Voir Prix Cantrelle. Physiologie. Voir Biologie, Entomologie. Physique. Voir Chimie et Physique ; Météorologie. Prix Charles Leviaire en faveur des questions relatives aux travaux publics {deuxième période). Ouvrages soumis, 3, 273; rapports de MM. Brialmont et Van doi' Mensbrugghe, 697, 699. M Haerens, lau- réat, 700. Prix De Keyii (Huitième concours, première période : Enseignement primaire). M^e Lievevrouw-Coopman remet un exemplaire de son travail couronné (Het volkskind), 578. Prix Emile de Laveleye. Fondation de ce |)rix;, 366. Exposé des motifs et règlement, 622, 623. Prix Godecharle. Architecture (1893). Premier, deuxième et troi- sième rapports (deuxième année d'études) de M. Ém. Lambot, 173, 683. - Peinture (1893). Deuxième rapport de M Van Esbroeck. Lecture des appréciations de MM. Fétis et Clays, 392. Troisième rapport de M Ern. Wante, 685. Prix Joseph Gantrelle pour la philologie classique. Programme pour les troisième et quatrième périodes, 368. Prix quinquennaux : Histoire nationale (Xe période) ; Sciences historiques (Ille PÉRIODE). Listes doubles de présentation pour la formation des jurys, 376, 626. Sélénographie. Voir Astrononnc. Spectroscopie. Voir Astronomie. Z Zoologie. \o'iv A)mtomie, Biologie, Entomologie TABLE DES PLANCHES ET DES FIGURES. Page 130. — CerfOiNtalne iP.i. Sur les Diclidophorinae ,1 planche). — 108, m. ~ Crismer fL.). Sur les températures critiques de disso- lution (2 diagrammes). — 234. — De Bruyne (C). La sphère attractive dans les cellules fixes du tissu conjonctif (1 planche). — 226. — Fredericq (P.). Sentence prononcée contre Guillaume van Zwolle par l'inquisiteur général des Pays-Bas, 1329 (1 planche). — 570. — D\velshauvers-Dery (F.-V.). Sur la constitution de la matière aux environs du point critique (1 diagr.). — 301-506. — CtEHUchten a. Van). Les cellules de Rohon dans la moelle épinière et la moelle allongée de la truite. Trutta fario 17 figiu'es). — 302. — Plateau (F.). Un filet empèche-t-il le passage des Insectes ailés? (I planche). — 487. — Idem. Comment les fleurs attirent les Insectes (1 pL). — 274. — Spée (Eug.). Projet d'un spectroscope réalisant le phé- nomène d'une éclipse totale du Soleil (1 figure) — 564. — Stôber (F.). Note cristallographique sur la cotunnite artificielle (1 planche). — 527, 530, 354. — Idem. Sur la détermination de l'indice de réfrac- tion de prismes à grands angles réfracteurs (3 figures!. — 205. — Terby (F.). Aspect de Vénus observée par Schiapai-elli au 48 pouces de Milan, du 28 au 30 juillet 1895 (1 planche I. — 327. — Vandenberghe (Ad.). Sur le molybdène (i planche^ — 569. — Van der Stricht (0). La maturation et la fécondation de l'œuf d'AMPHioxus lanceolatus (2 planches). ERRATA. Page 290. — Ligne 8 et suivantes : au lieu de : .sont présents... G. De Groot, //. Hxjmans... lisez : G. De Gront, Gustave Biot, Henri Hijmans, Joseph Stallaert... ~ 646. — Ligne 11 en lemontant, au lieu de hamerc viujt li', lisez hamere vuyt te. — 647. — Ligne 4 : au lieu de Geedgieter, lisez Geelgieter. I PUBLICATIONS ACADEMIQUES. Depuis la réorganisation, en 1816. !\onveaux IMénioIrcs, tomes l-XIX (1820-184o);in-4". — illémolres, tomes XX-LII (1846-1895); jn-4». — Prix : 8 fr. par volume à partir du tome X. Mémoires couronnés, tomes 1-XV (1817-1842); 111-4°, — niémoircs couronnés et mémoires des savants étrangers, tomes XVI-LIll (1845-1894). — Prix : 8 Ir. par volume à partir du tome XII. ^Mémoires couronnés, in-S", t. 1-LII. Prix : 4 fr. par volume. î^ ', Tables de l^osaritlimes, par A. Namur et P. Mansion, in-S". Tables des Mémoires (1816-1857) (1858-1878). ln-18. Annuaire, l^" à (il'"" année, 1853-1895; in-18. Bulletins, 1" série, tomes 1-XXIll ; — S'user., t. 1-L; — ôesér., l. I-XXIX, in-8''. — Annexes aux Bulletins de 1854, in-8°. — Prix : 4 fr. par vol. Tables générales des Bulletins : tomes I-XXllI, 1" série (1832-1856). 1858, in-8". — 2« .série,- tomes I-XX (1837-1866), tomes XXI-L (1867- 1880), 1885; in-8». Bibïiograpble académique, l-^" édit., 1854, 2» édit., 1874, S" édil., 1886;ia-18. Catalogue de la Bibliothèque de l'Académie, l'" partie : Sociétés savantes et Recueils périodiques ; S'''" partie : sciences, lettres, arts, 1881 90 ; 4 vol. in-S". Catalogue de la bibliollièque du baron de Slassarl, 1865; in-8». Centième anniversaire de fondation (1772-1872). 1872; 2 vol. gr. in-S». Monuments de la littérature flamande. OEuvres de Van JMuerlant : Der natuiîen bloeme, tome 1", publié par i. Bormans, 1837; 1 vol. in-8"; — Piymbvbel, avec Glossaire, publié par J. David, 1858-1860; 4 vol.; — Alexanders Geesten, publié par Snellaert, 1860-1862; 2 vol — i^ederlandsche gedichten, etc., publiées par Snel- laert, 1869; 1 vol. — rarihonopeus van Bloys, publié par J. Bormans, 1871 ; I vol. — ^pegliei der ^Vysheit, van Jan Prael, publié par J. Bor- mans, 1872; 1 vol. OEttvres des grands écrii^ains du pays. OEuvres de Cbastellaîn, publiées par le baroa KervyndeLettenhove. 1865-1865, 8 vol. in-8". — l.e t" livre des Clironiques de Froissart, par le même. 1865, 2 vol. — Clironiques de Jehan le Bel, par L.Polain. 1865, 2 vol — l-i itoiimans «Je CIconiadès, par André Van Hasselt. 1866, 2 vol. — Dits et coûtes de