HARVARD UNIVERSITY. IvIBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY. u 'OOCrbom- ^d(JjJvJl>u^ i (o , K^(\ , SEP 1^ '-^^^ 't' BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DES Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts DE BELGIQUE. es»" ANNÉE, 5™« SÉRIE, T. XXXVI. 1898 >«—ft»«< BRUXELLES, HAYEZ, IMPRIMEUR DE l'aCADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE RELGIQUE. Rue de Louvain, 112. "1898 BULLETINS DE L'ACADÉMIE ROYALE DES Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts DE BELGIQUE. BULLETINS DE L'ACADEMIE ROYALE DES Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts DE BELGIQUE. 68"'« ANNÉE. — 3"'« SÉRIE, T. 56. 1898 ?®'»'9^^ ^ BRUXELLES, HAYEZ, IMPRIMEUR DE L ACADÉ3I1E ROYALE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE, Rue de Louvain, 112. 4898 y/ OA-^^ SEP 16 1899 BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DES Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. 189 ip—ln où p et n ont des valeurs déterminées : p = 0,054(39, il = 15,58. Armé de cette formule, d'un emploi relativement facile, M. de la Vallée Poussin peut aborder, dans le chapitre 111, le premier de la seconde partie, l'évaluation de sonnnes où figurent les racines p, d'abord S . nuis u^ -H p^ Par des transformations, des subdivisions de ces sommes ( 19 ) OÙ interviennenl sans cesse de nouveaux artifices ana- lytiques, il parvient enfin à la relation où = ^ -^ *î2' .T pm^x f)'" X ,, '^i;^^ '^0 5 '^'4 tendront vers zéro avec -, et seront d'un ordre de petitesse au moins égal à celui de Dans le chapitre V, M. de la Vallée Poussin aborde enfin la question du nombre des nombres premiers inférieurs à une limite donnée. En utilisant encore une (20) fois une formule d'un mémoire précédent, il établit la relation fondamentale Fx = Lix -+- T — -4- /2, Ix (Ml 5 14 , / \i\ ^ mod T < - (7 H (T^ -H 1 -+- — U'. 2 5 \ 15/ Il en déduit presque immédiatement que fx a pour valeui asymptotique \Jx et, de plus, ce qui est absolument nouveau et complète toutes les recherches antérieures, que la différence entre les deux fonctions ne pourra pas être d'un ordre de grandeur supérieur à celui de la fonc- tion Ix Par suite, le logarithme intégral est une expression asymptotique de fx plus exacte que toutes ses expressions sous forme finie. Le chapitre M traite une question qui se rattache étroitement à la loi de distribution des nombres premiers. Euler a conjecturé, maints géomètres ont en vain essayé de prouver et enfin M. von Mangoldt a établi rigoureuse- ment, l'an dernier, dans un mémoire spécial, que k lj.{k) étant nul pour k divisible par un carré, 1 pour ^==1, ou k ayant un nombre pair de facteurs, — 1, pour k ayant un nombre impair de facteurs. M. de la Vallée Poussin non seulement prouve à son tour le ( 21 ) tiléorème deviné par Euler, mais il donne une formule pour calculer approximativement un certain nombre de termes. « La somme étendue aux entiers k lasse. ( n ) Sur la réparation de quelques Algues; par E. De Wildeman. ttappori de jRf. Efi-ei-a, pi'enêiet' cotitmiësait'V. « Le travail de M. De Wildeman a pour but de con)- pléter sur certains points, de rectifier sur quelques autres, le paragraphe relatif aux Algues dans le Mémoire de M. Massart que l'Académie a couronné. J'ai l'honneur d'en proposer l'impression dans le Recueil des Mémoires in-8". Les ligures pourront être reproduites à peu de frais par la zincographie et inter- calées dans le texte; parmi celles qui se rapportent aux Treutepolilia, (juelques-unes ne me paraissent pas abso- lument indispensables. » M. Grépin, second commissaire, s'étant rallié aux con- clusions du rapport de M. Errera, celles-ci sont adoptées par la Classe. COVLMUiNICAÏIONS ET LECTURES. Sur les dérivés de quelques nilriles-alcools aliplialiques ; par Louis Henry, meujbre de l'Académie. J'ai examiné, dans ces derniers temps, quelques nitriles-alcools (jue je n'avais pas eus à ma disposition précédemment (*). Cette note a pour but de faire con- naître certains de leurs dérivés qui me paraissent offrir un intérêt particulier. (*) Voir pour les développements et les analyses, mon mémoire Sur les nitriles-alcools alipkatiques et leurs dérivés, lequel sera publié dans le tome LVII des Mémoires in-S» de l'Académie. ( 25 ) Dérivés kn Cj. Les iiitriles-alcools coirespondaiil au butane normal CH3 - CH2 - GH.2 - CH3 sont au nombre de trois, savoir : a. CN-CH(On)-CH, -CH3. p. Ci\-Cll,-CH(0H)-CH5; r. Ci\-CH,-CH,-C»,(OH). Je m'en suis occupé précédemment (*). A Visobutane J^S^ > CH - CH- correspondent deux nitriles-alcools : 1° Un composé alcool primaire CN - CH - CH.2{0H) ou CH3 le nitrile lactique primaire a méthylé. Ce corps n'est pas connu. On l'obtiendrait, selon toute probabilité, par la réaction du cyanure de potassium sur la monocldorlnj- drine — ou mieux la monobromhydrine — alcool primaire (H0)CH>2 - CHCI - CH3, produit de l'addition de l'acide bypochloreux (HO)Cl au propylène HX = CH - CH5 (**). Je regrette de n'avoir pas eu jus(ju'ici ces composés propyléniques à ma disposition, et par conséquent de n'avoir pas pu appeler à l'existence ni étudier ce nitrile- alcool. Ce que l'on sait des relations de volatilité qui existent {') Bull, de IWcad. roy. de Belcjiqiœ, t. XXXV, 3« série, p. 173. (•*) Voir Comptes rendus, elc, t. LXXXIF, p. 1266 (année 1876). (24 ) entre les dérivés propyUques primaires et les dérivés isobutyliques CH--CH2-CH,(0H) El). 98" ^{j^> CH-CH,(OH) 108" CH3 - CH, - CN Eb. 98" CH3 CH, 10» iO° >-CH-CN 108» permet de lui assigner comme point d'ébiillition, sous lu pression ordinaire, S'SO'' à âSo'' : (HO)CH,-CH, -Ci\ Éb. 222«-225" (HO)CH, ^ CH _ CN 230--255'' Sous l'action de l'anhydride phosphorique, il fournira sans nul doute le nitrile méthyl-acryiique CH2 = G-Ci\, CH3 comme son isomère la cyanhydrine acétonique dont je vais m'occuper. CH- 2° Un composé alcool tertiaire r^r,-^ > C(OH) - CN, le nitrile qlycoliqae himéthylé ou la cyanhydrine acétonique biméthi/lique. Ce composé, déjà ancien (*), résulte de l'addition de l'acide cyanhydrique HCN à la cétone biméthylique CH5 - CO-CHr,. (F. IJrech.) (') Liebig's Annalen der Cliemie, t. CIAIV, p. 255 (année 1872). ( 2S ) Il fournit aisément, avec les dérivés acétiques, — l'em- ploi du chlorure CH3 - COCI est plus avantageux que celui de l'anhydride (CH5 - €0)^0, — l'acétate correspon- dant ^^l> C{C2ii.0^)-CN. Alors que la cyanhydrine acélonique se dédouble si aisément en ses générateurs, sous l'action de la chaleur, son acéline se fait remarquer par sa stabilité. C'est un liquide incolore, mobile, d'une odeur fraîche, d'une saveur amère spéciale, fort désagréable, d'une den- sité égale à 0.997 à 19°, insoluble dans l'eau et bouillant à ISO^-IS^" sous la pression de 760 millimètres. Soumise à l'action déshydratante de l'anhydride phosphorique P2O5, la cyanhydrine acétonique CN - (](0H) < çr^ fournit, d'une manière fort nette, le nitrile « mélhylacrylique CN — C == CHg (*). CH3 L'action du pentachlorure de phosphore PCI5 sur cette cyanhydrine est plus complexe dans son résultat. Elle s'exerce avec vivacité et donne comme produit immédiat, après la destruction de l'oxychlorure de phosphore POCI.3 formé simultanément, un liquide incolore, fort mobile, d'une agréable odeur, analogue à celle du nitrile méthyl- acrylique. Ce corps est insoluble dans l'eau qu'il surnage, il s'ajoute au brome et bout sous la pression ordinaire vers H0M15^ L'analyse y a constaté la présence du chlore, mais en (juantité inférieure à celle que renferme le chlorure CH- CH-^ CCI - CIN, correspondant à la cyanhydrine acéto- nique, qui doit être le produit immédiat de la réaction. (*j Voir plus loin, page 32. ( ^6 ) Si l'on tient compte de cet ensemble de faits et de la facilité avec laquelle les composés butyliques tertiaires (CH3)2CX - CH3 se transforment en isohulyléne (CH3).2C = CH2, en perdant le système HX, on est autorisé à admettre que le produit de la réaction du pentachlorure de phosphore sur la cyanhydrine acétonique se constitue TH- d'un mélange du nitrile acélonique monochloré r.yJ' > C(ll - CN, produit immédiat de la réaction, et du nitrile a me7/ <:c' - CN 3.57 GH, = C-CN 2.51 CHj 5.88 5 88 --3.91 Dérivés en C-;. Il s'agit des dérivés de la cyanhydrine isobulylidénique J^S=^ > CH - CH(OH) - CN, produit de l'addition de l'acide /■"fi cyanhydrique à l'aldéhyde isobutyrique /^r,"^> CH-CHO. Le pentachlorure de phosphore PCI.-; la transforme aisé- ( 27 ) ment en son dérivé chloré A^l > CH - CHCI - CIN, Viso- propyl-acétonitrile monochloré «. Ce corps constitue un liquide incolore, mobile, d'une odeur forte rappelant celle des composés amyliques, d'une saveur très piquante, insoluble dans l'eau. Sa densité à 10" est égale à 0.9922. Il bout sans décomposition à 134" sous la pression de 750 millimètres. C'est le point d'ébullition que lui assignent ses analo- gies avec les composés butyriques normaux. a. La transformation du système - CH-j - CN en - CHCI - CN élève le point d'ébullition de 24". CN-CH.-CH.-CHs Kb. H8» ; 24» CN-CnCl-CH,-CH, 142» cn-(;h„-ch <^[j^ CN - CHCI - CH < ^[ h. La transformation du système CH3 - CHo — en i-u^ > CH — élève le point d'ébullition d'environ 12°. LH3 HsC-CH.-CH, -CH-,(OH) Éb. H 6" ) 12" î]^JÎ>CH-CH,-CH,(OH) 128» CH3-CH,-CHCI-CN Éb 142" ) 12" ^t!=^ > CH. - CHCI - C\ 154" LHr. ( Î28 ) Sa densité de vapeur a été trouvée égale à 5.82. La densité calculée est 4.06. Sous l'action du chlorure d'acétyle, cette cyanhydrine CH- se transforme en son acétate çyj^ > CH(C2H503) - CN. Cet acétate cyatio-isobutyrique ^^^ > CH - CH(C2H30^) - CN constitue un liquide incolore, mobile, d'une faible odeur, d'une saveur amère, désagréable, insoluble dans l'eau, d'une densité de 0.9745 à 19°. Il bout sans décom- position à 192''-193'' sous la pression de 7G0 millimètres. Distillée avec de l'anhydride phosphorique, la cyanhy- drine isobutylidénique se transforme dans le nitrile non saturé correspondant ClN -CH = C < ^|j^ (éb. 140''-14;2<') ou nitrile acrylique [3 bimél/iylé. (Voir plus loin, p. 55.) Dérivés en C,;. CH- La cyanhydrine isovalérique pir"^ > CH - CHq- CH(OH) - CN, composé homologue du précédent, a été soumise à l'action du penlachlorure de phosphore PCl^ et du chlorure d'acétyle CH5 - COCI. Elle fournit, et d'une manière fort nette, avec le pen- tachlorure de phosphore, Vacélo-nitrile monochloré isobutij- CH lique prj"^ > CH - CH.2 - CHCl - CN ou nitrile caproïque a monochloré. C'est un liquide incolore, mobile, d'une odeur agréable, faible, d'une saveur piquante, insoluble dans l'eau, d'une densité de 0.984 à 12°, bouillant sans décomposition à 172"-175° sous la pression de 755 millimètres. ( 29 ) Sa densité de vapeur a été trouvée égale à 4.43. La densité calculée est 4,54. La réaction du chlorure d'acétyle est beaucoup plus vive et plus énergique que celle de l'anhydride acétique; elle permet d'obtenir avec facilité Vacétate cyano-isovalé- rique ^ > CH - CH., - CH(C2H30.) - CN. Celui-ci constitue un liquide incolore, mobile, d'une odeur fraîche, d'une saveur amère, piquante, insoluble dans l'eau, d'une densité de 0.1)00 à 19°, bouillant sans décomposition à 204° sous la pression de 760 millimètres. Les dérivés des cyanhydrines isobutyrique et isovalérique sont homologues; on remarquera la différence notable que l'on constate, quant à la volatilité, du chef de l'exis- tence du composant CH^j entre les dérivés chlorhydriques et les dérivés acétiques correspondants. Dérivés chlorhydriques. Dérivés acétiques. C, Éb. 154" \ Éb. 192' v ) 19" ) 12" Ce 173" / 204'- / Soumise à l'action déshydratante de l'anhydride phos- pborique, la cyanhydrine amylidénique fournit, d'une manière assez nette, le nitrile non saturé correspondant CN - CH = CH - CH < ^l, (éb. Io4°-lo5°), ou nitrile acrylique (3 isopropylé. (Voir plus loin, p. 58.) Dérivés en Cy. La cyanhydrine œnanthylidénique CH5 - (CH^)^ CH(OH) - CN, produit de la fixation de l'acide cyanhydrique HCN sur Vœnanthol CH3 - (CH^^jg - CHO, fournit aussi ( 30) aisément que les précédents, sous l'action respective du pentachlorure de phosphore et du clilorure d'acétyle, les dérivés chlorhydrique et acétique correspondants. Le nilrile caprylique ou octylique a. chloré CN - CH Cl -(CHa^s-CH^ constitue un liquide incolore, mobile, d'une étrange odeur, rappelant celle de l'aldéhyde œnan- thylique, d'une saveur désagréable, rance. Il est insoluble dans l'eau; sa densité à i'È" est égale à 0.959. Il bout sous la pression de 38 millimètres à il24" et à 217" sous celle de 755 millimètres. Sa densité de vapeur a été trouvée égale à 5.29; la densité calculée est 5.51. La cyanhydrine œnanthylidénique a acétylée CN - CH (C.2H3O2) - (CH.2);; - CH5 se présente sous forme d'un liquide incolore, mobile, d'une odeur rance, d'une saveur piquante, amère. Sa densité à 19° est égale h 0.9585. Elle bout à 245" sous la pression de 7(30 millimètres. La déshydratation de la cyanhydrine œnanthylidénique à l'aide de l'anhydride phosphorique s'effectue aisément et nettement. On distille le mélange des deux corps, dans une cornue, au bain d'huile, sous pression raréfiée. On obtient ainsi le nitrile non saturé CN - CH = CH - CHç, - C4Hg (éb. 197°), îiitrile butyrique normal y butylé ou nitrile acrylique ^ pentylé. (Voir plus loin, p. 41.) Je tiens à dire, en terminant, toute la part qu'a prise à l'élaboration de ce travail mon zélé préparateur, M. Auguste De Wael. ( 31 ) Sur (lirera composes non salures; par Louis Heniv, membre de l'Académie. § i. — Sur quelques nilriles non salures 1/aetion de l'anhydride pliosphorique sur les nitriles- (dcools est une question presque neuve. Le nitrile lactique primaire (*) seul, Ci\ - CH2 - CHo(OH), a été soumis à l'action de cet ;^i>ent; il en est résulté le nitrile acrylique CN - CH = CIl^. A l'occasion de mes recherches sur les nitriles-alcools, j'ai repris l'étude de cette question générale dans le but d'obtenir des nitriles non saturés, de la formule CN- ^^nH2„_,, ces corps me paraissant devoir être intéres- sants à divers points de vue, notamment sous le rapport de la volatilité. Les résultats obtenus jusqu'ici me semblent dignes d'être signalés dès à présent. J'ai laissé de côté pour le moment le nitrile glycolique CN-CH2(0H), l'action de l'anhydride phosphorique sur le composé devant, comme celle de cet agent sur l'alcool méthylique ll-C-OH, donner lieu à des complications. (*) Voir Ch. Molreu, Annales decininieet dcphysique, t. II, 7« série, pp. 145elsuiv.; 1894. ( 32) Dérivés en C5. L'isomère du nitrile lactique priuiaire, le nilrile lac- tique secondaire CN - CH(OH) - CH3 ou nitrile niélhyl- (jlycolique, soumis à l'action de l'oxyde pliospliorique, n'a donné, contrairement à mes prévisions, aucun résultai satisfaisant. Elle aurait dû fournir aussi du nitrile acrylique CN - CH = CH2. Réalisée dans des conditions diverses, soit dans l'air, soit dans la vaseline, cette réaction est restée stérile, le nitrile lactique, après quelque temps de chaulTe, se charbonnant complètement. Dérivés en C4. Les nitriles-alcools en C4 que j'ai examinés se sont, sauf un seul, mieux comportés (*). En fait de dérivés iso, je n'ai eu à ma disposition que la cyanhydrine acétonique CN - C(OH) < J^Jj^ qq jg nitrile Cris gly colique biméthylé. Soumise à l'action déshydratante de l'anhydride phos- phorique P2O5, la cyanhydrine acétonique fournit, d'une manière fort nette, le nitrile a méthyl-acrylique CN-C = CH. I CH, C) Voir, pour les développements, mon mémoire Sur les nitriles- alcools et leurs dérivés. (3Iémoiues in-S" de l'Académie, l. LVII; 1898.) ( 33 ) Celui-ci se présente sous la forme d'un liquide incolore, très mobile, d'une agréable odeur fort pénétrante, rappe- lant l'acide cyanhydrique, d'une saveur amère, piquante; sa densité à 18° est égale à 0.7991. Il est insoluble dans l'eau qu'il surnage. Il bout, sous la pression de 760 millimètres, à 90''-92». Sa densité de vapeur a été trouvée égale à 2.26; la densité calculée est 2.31. Ce composé s'ajoute intensément au brome. On y a trouvé 20.77 et 20.61 "/o d'azote; la formule en demande 20.89. Je rappellerai, à cette occasion, que le nitrile isobuty- rique CN - CH < ^[J3 bout à 107°-108°. Il suit de là que des relations du même ordre, et également remarquables vu leur caractère exceptionnel, existent aux étages C3 €t C4 entre les nitriles saturés, propionique et methyl- propionique d'une part, et les nitriles non saturés corres- pondants, acrylique {*) et méthyl-acrylique d'autre part, CN-CH0-CH3 Ci\ - CH = CHo Eb. 98» 78° , \-20° CN-CH2-CH3 1 Éb. 108° ] y CH5 )-\So CN - C == CH. Il CH3 90° i 1 (*) Voir Gh. Moureu, loc. cit. o""' SÉRIE, TOME XXXVI. 5 ( 54 ) Les trois oxy-nitriles butyriques normaux a. CN-CH(OH)-CH2-CH3; p. CN-CH2-CH(OH)-CFl5; y. CN-CH2-CH2-CH5, ont été soumis à l'action de l'anhydride phosphorique. Les dérivés « et [3 fournissent l'un et l'autre, ainsi qu'il était h prévoir, et d'une manière assez nette, le nitrile crolonique ordinaire CN - CH = CH - CH5 (éb. 118°-ii9") ou (3 méthyl-acrylique. Avec le dérivé y, je pouvais m'attendre à obtenir le dérivé de nature allylique, renfermant le système terminal - CH = CH^, le véritable cyanure d'allyle CN - CH^ - CH = CHc2, l'homologue immédiatement supérieur du nitrile acrylique. Quelque légitime que fût cette espérance, elle ne s'est pas réalisée. 16 grammes du nitrile-alcool 7 ont été, en deux fois, soumis à l'action de l'anhydride phos- phorique, sans résultat. La masse soumise à l'action de la chaleur, au bain d'huile, subit une carbonisation com- plète. J'ai obtenu ce composé par une autre méthode, la distillation des dérivés haloïdes 7 du nitrile butyrique normal, et notamment du dérivé chlot^é CN-CH^-CHç^ - CH2CI (éb. 195°), avec de la potasse caustique, sèche, pulvérulente. Le rendement de l'opération est satisfaisant. Cette réaction a la valeur d'une méthode générale pour pro- duire les nitriles non saturés renfermant le système terminal vinylique - CH = CH2. Le nitrile vinyl-acélique CN - CHg - CH = CH^, ainsi ( 53 ) préparé, constitue un liquide incolore, d'une agréable odeur, d'une saveur piquante. Sa densité à 16° est égale à 0.911. Il est insoluble dans l'eau. Il bout à 135° sous la pres- sion de 760 millimètres. Sa densité de vapeur a été trouvée égale à 2.37; la densité calculée est 2.31. On y a trouvé 19.95 et 20.29 °/„ d'azote. La formule en demande 20.89 %. Dérivé en C5. En fait de nitriles-alcools en Cg, je n'ai eu que la cyanhydrine isobutylidénique CN - CH(OH) - CH < ç^^. 10 grammes en ont été distillés, après quelque temps de contact avec P^Og, au bain d'huile, sous pression raréfiée. On recueille un produit incolore qui, après une double rectification, constitue le nitrile acrylique (3 hi- méthylé CN - CH = C < J^fj^ à l'état de pureté. Le rendement est satisfaisant. On y a trouvé 17.27 et 17.42 °/o d'azote; la formule en demande 17.28 %. Le nitrile [3 biméthyl-acrylique constitue un liquide incolore, mobile, d'une agréable odeur prussique, d'une saveur très piquante, sui gêner is. 11 est insoluble dans l'eau qu'il surnage, soluble dans l'alcool et l'éther. Sa densité à 14° est égale à 0.8292. Il bout sans décomposition à 140°-142°, sous la pres- sion ordinaire. Sa densité de vapeur a été trouvée égale à 2.77; la densité calculée est 2.79. ( 3« ) Ce nitrile complète, avec le nitrile crotonique, la série des dérivés (3 de méthylisalion du nitrile acrylique CN - CH = CH.,. Il est intéressant de les examiner au point de vue de leur volatilité relative. Différence 40». Différence 22o. C!V Éb. 78" CiN Éb. 118» CN Éb. liO-'-l/t^» I I I CH CH CH II II II CH» CH C ' A CH3 CH3 CH3 On voit combien va en diminuant l'induence de la mélhylisation sur l'élévation du point d'ébullition. Il est non moins intéressant de comparer ces trois nitriles avec les nitriles simples, saturés aux mêmes étages de carburation. CN — CH,-CH3 CN-CH = CHo CN - en, - CH, - VAU CN - CH = CH - CH, CN - CM, - CH < ^[[j CN - CH = C < ^j[' Eh. 1)8» ^ 78° . \-20° Éb. Éb. 118° 118" , 129° \ 140° > ) 0» )+11° ( 57 ) Non seulement les différences varient quant à leur valeur, mais même quant à leur signe. A l'étage C3, la déshydrogénation détermine un abaisse- ment d'environ 20" dans le point d'ébullition; à l'étage C4, toute différence a sensiblement disparu. A l'étage Ç^, la déshydratation s'accompagne, au contraire, d'une éléva- tion d'environ 11° dans le point d'ébullition. Il est encore intéressant de comparer, quant à la vola- tilité de leurs termes respectifs, la série des nitriles saturés avec celle des nitriles non saturés correspondants. Nitriles saturés. Nitriles non saturés. CN Eb. 98" Ci\ Eb. 7? CH2 \ CH ' + 20" " ) + 40° CH3 / CH, CN 118° CN 118» CH, \ CH CH2 j+H" CH 1 + 22° CH, / CH3 CN 129" CN 140" I I CHj CH I II CH C A A GH5 CH3 CH3 CH3 On voit par là que les différences sont précisément double dans la série des dérivés non saturés. (38) Le rapprochement des nilriles correspondants saturés et non saturés en C3 et en C4 n'offre pas moins d'intérêt. CH3 - CH. - CN Eb. 98" CHî-CH^-CHî-CN WS" CHg-CH^-CN Éb. WS" CHa-CH-CN 78° CHs-CHs-CH.-CN ÉI). US" CH2 = CH-Cll2-CN 155° + 20» 40° 17» cn, = cn-CN Éb. 78° \ / + 57" Clf„ = CH-CH2-CN 135" / On voit à l'évidence l'inlluence volatilisante exercée par le rapprochement des systèmes - CN et - CH = CHg, influence qui ne s'exerce pas à travers le chaînon - CHg du nitrile en C4 CN - CHo - CH = CH.,. Dérivé en Cg. La cyanhydrine amylidénique CN - CH(OH) - CH.) CH CHl°; plus haut, ils se décomposent. (*) Voir Bull, de L'Acaii. roy. de Belgique, 2» série, t. XXXVII, pp. 357 et suiv. (année 1874). — Comptes rendus, etc., t. LXXXII, p. 1266 (année 1876j. ( m ^ j Son analyse a fourni les chiffres suivants : Cl + I. Substance. AgjlICl). Trouvé. Calculé. 48.79 1 . . . 0g%1522 0e%1720 48.42 Il . . . 0g^^5H 0e',U87 48.74 li. — Sur l'allyl-acétone C:,Hs-CH.,-C0-CH3. L'auteur s'est d'abord occupé d'améliorer la méthode de préparation de ce composé. Au lieu d'employer la potasse en solution alcoolique, il a eu l'idée de faire usage d'une solution étendue de carbonate de potassium. Une solution de carbonate bipotassique équivaut, en elfet, à une solution de KOH et de KHCO5; or, c'est sous l'action des alcalis en solution étendue que s'opère surtout, selon M. VVislicenus, le dédoublement des dérivés acéti/lo- acétiques avec formation d'acétone. L'expérience a con- firmé ses prévisions. Dans ces conditions, presque tout l'allyl-acétylo-acétate d'éthyle se transforme en allyl- acétone. 11 suftît de faire bouillir dans un appareil à reflux. Il ne se forme pas, ou du moins très peu, d'acide allyl-acétique, le carbonate de potassium étant trop peu énergique pour déterminer la scission du noyau jioiyiai- boné C4 du côté - CO. Dans ce même ordre d'idées, l'auteur a essayé avec succès l'action d'autres sels à réaction basique, tels que KCN, K5PO4. etc., sur l'allvl-acétylo-acétate d'éthyle. Celui-ci a fourni abondamment de l'allyl-acétone. Il sulïit ( 32 ) même de le chauffer en vase clos pendant quelques heures, avec de l'eau, vers 480", pour opérer ce dédou- blement qui, dans ces conditions, reste toutefois incom- plet. L'allyl-acétone se comhine aisément et vivement avec l'acide hypochloreux. Il en résulte une chlorhydrine acetonique répondant à la formule (HO)Cl - QHb - CH, - CO - CH,. Elle a fourni à l'analyse les chiffres suivants : Chlore »/o Substance. AgCl. Trouvé. Calculé. 1 . . . Ok',2152 0g^2O27 25.49 v ) 25.66 II . . . 0«^2512 ()ir^2572 23.40 / Ce corps constitue un liquide incolore, épais et vis- queux, plus dense que l'eau au fond de laquelle il tombe et qui le dissout fort peu, non distillable sous la pression ordinaire. De même que les composés d'addition de l'acide (OH) Cl aux composés allyliques, il doit renfermer le sys- tème (H0)CH2 - CHCl. L'auteur n'a pas réussi, sous l'ac- tion des alcalis caustiques, à en obtenir l'oxyde corres- pondant, de la formule CHî - CO - CH, - CH„ - CH - CH,, 0 à la fois acétone et oxyde glycolique. ( S5) C. — Acide cro tonique. CH5-CH-CH-CO1OH). L'auteur s'est encore occupé des produits cristallins d'addition de l'acide hypochloreux et du chlorure d'iode à l'acide crotonique ordinaire (fus. 72"). Diverses circonstances l'ont empêché de continuer cette étude, que je me propose de faire reprendre dans mon laboratoire. I). — Sur l'acide fumarique. Le fumarate d'éthyle (*) ne se combine pas avec l'acide hypochloreux en solution aqueuse. Le liquide, mélange de l'éther fumarique et de la solu- tion hypochloreuse, a été abandonné à lui-même, à la température ordinaire, dans l'obscurité. Après quelques jours, le fumarate d'éthyle avait disparu et s'était trans- formé en une masse semi-solide. En même temps, une notable pression s'était produite dans le flacon. Le produit formé n'était autre que du succinate d'éthyle bichloré C^H2CK2 - (CO - OC^H^)^, qui s'obtient cristal- lisé dans le sulfure de carbone en longues aiguilles incolores, fusibles à 57°. (*) Éb. 220", produit de l'action du chlorure de fumaryle sur l'alcool. (Si) Leur analyse a donné les chiffres suivants : Substance. AgCI. Chlore •/ I. . . 0g%2121 06S2493 29.07 I. . . 0KM620 08% 1921 29.33 Le succinale d'éthyle bichloré en demande 29.21 *>/„. Dans le produit d'addition de (HO) Cl au fumarate d'éthyle, il ne doit s'en trouver que 15.84 %. Il est à remarquer que le succinate d'éthyle bibromé fond, selon Kekulé, à 58°. Il a été constaté également que le fumarate d'éthyle ne se combine pas non plus avec le chlorure d'iode en solu- tion aqueuse. Le fumarate d'éthyle (C2H:,0)GO-CH=CH-CO(OC2H;i) n'est autre chose que l'éthylène bicarboxyl-éthylé symé- trique. Si l'on se rappelle avec quelle facilité ces deux réactifs (HO) Cl et ICI se combinent avec l'éthylène lui- même, on voit combien l'intensité du pouvoir additionnel de cet hydrocarbure est diminuée par la disparition d'une partie de l'hydrogène et son remplacement par des groupements négatifs, tels que - C0(0C2H3). .Je ferai remarquer à cette occasion que j'avais constaté moi-même auparavant que l'éthylène perchloré CI^C = CCI2 'le se combine pas ii l'acide hypochloreux; il en est transformé, à la longue, dans l'obscurité, en éthane perchloré CI3C - CCI 3. L'origine du chlore dans ces circonstances est évidente. L'influence des éléments étrangers sur les aptitudes réactionnelles du carbone ne l'est pas moins. ( '^5 ) Quelques faits relatifs à la décharge produite par la radia- tion infra-électrique; par P. De Heen, membre de l'Académie. Nous avons montré antérieurement que la décharge d'un conducteur soumis à une radiation infra-électrique se produisait en grande partie par la rencontre de ces rayons avec les lignes de force du conducteur; mais on peut se demander si l'énergie électrique est, par suite de cette circonstance, dissipée dans l'atmosphère, ou bien si elle se perd en prenant pour canal la source de radiations elle-même. Les expériences que nous allons indiquer montrent que les deux modes de dissipation paraissent se produire simultanément. Nous nous sommes d'abord servi d'un brûleur de Bun- sen, que nous avons placé à 35 centimètres environ de notre électroscope à balles de sureau décrit précédem- ment, et nous avons observé que la décharge se produit pour ainsi dire instantanément lorsque le brûleur est en communication avec le sol; si, au contraire, on prend la pré- caution de l'isoler en le disposant sur une tablette suspendue à l'aide de fils de soie, la décharge se produit lentement. Il résulte de cette observation que dans le deuxième cas la dissipation se produit exclusivement par l'intermédiaire de l'atmosphère ambiante, alors que dans le premier cas la source de radiations a également servi de véhicule à V électricité. Afin de nous en assurer, nous avons disposé la lampe sur un électroscope dont la feuille d'or est suspendue entre les pôles d'une pile sèche, et nous avons remarqué (56 ) que celui-ci s'électrise sous l'acliou de l'éleclroscope à balles de sureau; le signe est le même. Au lieu de se servir du brûleur, on peut utiliser une spirale en fil de platine que l'on chaulie au rouge et que l'on dispose ensuite sur l'électroscope. La radiation infra-électrique de Rôntgen donne lieu à une observation absolument identique, bien que le phé- nomène soit moins accentué. Alin de le montrer, nous nous sommes servi de la disposition (fig. 4). / P "/■/ VV '/■'/'. Fig. \. En A est le tube à rayons X, placé à 42 centimètres d'un écran en plomb P de 1 x0"',66, percé d'une ouverture circulaire de 10 centimètres; vis-à-vis de cette ouverture, du côté du tube, se trouve une feuille d'étain E dont les bords ont été repliés. Cette feuille est suspendue à l'aide (57 ) fie deux lils de soie /, et à 13 centimètres de récran P se trouve l'éleetroscope à balles de sureau B. Dans ces conditions, la feuille d'étain E joue le rôle de foyer d'ébranlement de l'éther, c'est-à-dire de la lampe dans la première expérience; aussi observe-t-on que lorsque la feuille est isolée, la décharge est plus lente que si celle-ci est en communication avec le sol. Voici les séries d'observations que nous avons réalisées; elles indiquent le temps de la décharge, en secondes. Nous avons observé alternativement, en touchant simul- tanément la feuille E et l'écran P, et en laissant la feuille E isolée. PREMIKRE SÉRIE, Keuille E isolée. Qon isolée. 17" 13" ^0" 1C" 18" 15" :20" 15" 21" 16" 25" 17" 26" 20" DELIXIÈME SÉRIE Feuille E isolée. non isolée. 14" 12" U" II" 15" 12" W 11" ( S8) TROISIÈME SÉRIE. Feuille E isolée. non isolée 15" 9.5" 12" 9' On voit que la décharge se produit toujours plus lente- ment lorsque le foyer d'ébranlement est isolé. La deuxième expérience peut également se réaliser avec la radiation Rontgen. A cet etïet, au lieu de dispo- ser sur l'électroscope le bec de Bunsen, nous avons disposé sur celui-ci un cadre C (lig. :2) sur lequel était tendu une FiG. 2. feuille d'étain ayant 0'",60 x 0™,oO; un tube de Crookes fonctionnant faiblement était placé à une distance suffi- ( 39 ) santé pour éviter une action électrique sensible. Dans ces conditions, l'écran d'étain joue le rôle de foyer d'ébranle- ment de l'élher, et si l'on met en contact l'électroscope E avec une bouteille de Leyde chargée, on remarque que l'électroscope e se charge d'électricité de même signe, ainsi que cela avait lieu pour la flamme. Nous avons tenu à indiquer d'une façon détaillée les résultats de l'expérience et les dimensions de l'appareil, afin qu'elle puisse être répétée dans les mêmes condi- tions. Si l'on utilisait, par exemple, un lube trop fort, la décharge se produirait par les lignes de force qui dépassent l'écran P, et l'eff'et serait voilé. L'observation de la décharge par les flammes donne encore lieu aux remarques suivantes : Si la flamme n'est pas isolée, la vitesse de décharge est sensiblement indé- pendante de la dimension de la flamme. Afin de le montrer, nous nous sommes servi d'un petit tube métallique percé d'une ouverture ayant une fraction de millimètre de diamètre. On pouvait alors faire varier la hauteur de la flamme depuis 2 millimètres jusqu'à 55 millimètres de hauteur. Voici les résultats obtenus : Temps de décharge. Flamine Flamme de de 2 milliiiièlres de hauteur. 33 millimèlres de hauteur 23" 23" 2-2" 25" 20" 25" 21" 20' 20" 20" ( 60 Si, au coiiliaiie, un fait usage d'une flamme isolée, l;t vitesse de décharge dépend des dimensions de la flamme. Voici les résultats obtenus avec un bec de Bunsen : Temps de décharge. Hauteur Hauteur Hauteur de la flamme : de la flamme : de la flamme 12 centimètres. 8 centimètres. 2.5 centimètres. 21" 37" 67" 19" 33" 70" 20" 38" 69" Si l'on vient à disposer un simple fil conducteur C (fig. 3) entre la flamme et l'électroscope, la vitesse de Fk;. .3. ( 61 ) décharge est diminuée, ainsi que nous l'avions déjà signalé ; mais on peut remarquer encore que cet effet est à peu près indépendant de la position occupée par le fil C. Enfin cet efîet disparaît complètement si le fil G est isolé en le disposant sur une lame de verre. Si le fil C, au lieu d'être placé entre la flamme et l'élec- troscope, est placé derrière la flamme, on observe l'eflet inverse. La décharge est plus rapide lorsque le fil occupe cette position que si on le supprime. Si le fil est isolé, son influence disparaît comme dans le premier cas. Si l'on place une flamme isolée entre deux électroscopes chargés de même nom (fig. 4), ces électroscopes échangent leur énergie comme le feraient deux corps chauds rayon- nant l'un vers l'autre, et il en résulte que la décharge est beaucoup plus lente lorsque l'on charge les deux électro- scopes de la même électricité, que si l'on n'en charge qu'un seul. ( 62 ) Les électroscopes étant placés à 56 centimètres de la flamme, le temps de décharge était de 90" lorsqu'une charge positive était communiquée aux deux appareils et de 44" lorsqu'un seul appareil était chargé. Si l'un des électroscopes est chargé positivement et l'autre négativement, la décharge est au contraire instan- tanée, ainsi que cela résulte du fait précédent. Si une flamme non isolée est placée dans les mêmes conditions, on observe le phénomène inverse. C'est ainsi que l'un des électroscopes, chargé positivement, retombe en 35" lorsque le second n'est pas chargé. Il retombe en 65" lorsqu'on maintient une charge négative sur le second. Il retombe au contraire en 27" lorsque le second est également chargé positivement. Si l'on substitue à la flamme l'étincelle d'une bobine, et si l'on répète l'expérience (fig. 4), on remarque que celle-ci se comporte comme une flamme non isolée. Du tracé tmjocardique du cœur exsangue (deuxième note); par M. Jules Waroux, préparateur de physiologie à l'Université de Liège. Dans une note communiquée à l'Académie royale de Belgique le 5 lévrier 1898, nous avons montré que le tracé cardiographique du cœur de Chien exsangue pré- sente la forme trapézoïde ordinaire, du moment que le cœur est convenablement nourri par une circulation de sang artériel (injecté par l'aorte dans le système des artères coronaires). Le tracé perd la forme trapézoïde et devient semblable à nn tracé de secousse musculaire simple (colline à som- ( 63 ) met unique) lorsque le muscle cardiaque est placé dans de mauvaises conditions de nutrition, par exemple lors- qu'on interrompt momentanément l'arrivée du sang artériel. FiG. i. — Cœur de Chien extrait. — Circulation artificielle de sang artérialisé. — I*inee myocardiographique. Nous ne reviendrons pas en détail ici sur le procédé opératoire; nous nous h(U'nons à reproduire (fig. i) un tracé myocardiographique du cœur exsangue sur lequel se voient plus ou moins les trois ondulations du plateau systolique et (fig. 2) un tracé montrant la transforma- FiG. 2. — Cœur de Chien extrait. — Circulation artificielle de sang artérialisé. — Pince myocardiographique. — /, fermeture du tulte d'arrivée du_sang. — 0, ouverture de ce luhe. lion graduelle des cardiogrammes sous l'influence de l'ar- ( 64 ) rèl de la circulation artificielle. En / a lieu cet arrêt par suite de la fermeture du tube d'arrivée du sang. Quel- ques secondes après, le tracé perd sa forme et devient semblable à un tracé de secousse musculaire simple, pour reprendre graduellement sa forme primitive après la réouverture du tube d'arrivée du sang qui se fait en 0. Nous avons repris les mêmes expériences en faisant agir sur le cœur du sang de Chien soumis au préalable à un courant de CO^, courant qui a pour effet de lui enle- ver une notable portion de son oxygène et de le charger de C0-. On laisse circuler CO- dans le liquide sanguin jusqu'à ce que sa coloration rouge vif soit devenue brun rougeâtre, jusqu'à ce qu'il ait pris, en un mot, l'aspect du sang veineux. Dans ces expériences, nous avons fait cir- culer alternativement dans le cœur du sang artérialisé et du sang empoisonné par CO^, et nous avons recueilli des tracés correspondant à ces deux circulations. A cet effet, l'appareil primitif a été un peu modifié. Au lieu d'une seule bouteille contenant le sang à distribuer, nous en avons employé deux, une pour chaque espèce de sang. Chacune de ces bouteilles porte à sa partie supé- rieure un manomètre et une branche de bifurcation du tube qui amenait primitivement la pression de la trompe de Muencke à la première bouteille. Ces deux espèces de sang sont amenées au cœur par deux tubes en caoutchouc partant de la partie inférieure de chaque bouteille et se rendant à une canule en verre en Y placée dans l'aorte. La pression agissant sur les liquides, en ouvrant alter- nativement l'un ou l'autre de ces tubes, on peut donc faire arriver dans le système coronaire tantôt du sang artériel, tantôt du sang empoisonné par C0-. (63 ) Comme nous l'avons déjà indiqué dans la noie précé- dente, les précautions les plus minutieuses doivent être prises pour éviter que des bulles d'air ne pénètrent, poussées par le courant sanguin, dans les petites artères du cœur. Pour les écarter dans ce cas, le meilleur moyen con- siste à fixer le tube amenant le sang artériel à l'une des branches de la canule de l'aorte, l'autre branche étant ouverte, après avoir auparavant laissé s'écouler un peu de liquide sanguin qui entraîne l'air du tube. Ce liquide continuant à s'écouler, sous l'intluence de la pression qu'on lui a communiquée, pénètre dans la canule et sort par l'autre branche, en entraînant l'air qu'elle contient; on ouvre alors le tube à sang chargé de CO-, celui-ci s'écoule en entraînant également l'air du tube, et on fixe le tube sur la deuxième branche de la canule, en laissant se rencontrer les deux courants sanguins; puis on ferme immédiatement le tube à sang empoisonné au moyen d'une vis à pression ou par tout autre système. Le sang artériel pénètre de la sorte dans l'aorte et les coronaires, et le cœur commence à battre en donnant un tracé à forme trapézoïde; si l'on change la circulation, si l'on fait arriver au cœur le sang empoisonné par CO-, le tracé normal se transforme en un tracé à secousses simples, comme le montrent les exemples que nous don- nons. La figure 5 représente le tracé pris sur un cœur de Chien exsangue animé par une circulation artificielle de sang artériel, au moyen de la pince myocardiographique. Seize secondes après l'établissement de la circulation de sang à CO-, le tracé s'est transformé en tracé de O'"" SÉRIE, TOME XXXVI. 5 ( 66) secousses simples, comme sous l'influence de l'arrêt de la circulation (fig. 4). }?.i.^i J\J\I\!\P FiG. 3. — Cœur de Chien extrait. Circulation artificielle artérielle. Pince myocardiograpliique. FiG. 4. — Circulation artificielle de sang à CO'-. — 46 secondes après son établissement. ''/•2.^8 FiG. 5. — 60 secondes après le retour FiG. 6. — 3 minutes 20 secondes après de la circulation artérielle. — Le le retour de la circulation artérielle, tracé reste tel encore pendant 2 mi- nutes 20 secondes. Cependant les secousses vont en diminuant dans l'exemple qui nous occupe, bien que la circulation arté- rielle ait été rétablie, et 60 secondes après ce rétablisse- ment (lig. 5) les battements ne se traduisent plus que d'une façon presque imperceptible. Cet état se main- tient pendant 2 minutes 20 secondes; mais 5 minutes 20 secondes après le retour de la circulation artérielle, le tracé a repris les caractères qu'il avait avant l'expé- rience. Il a fallu dans ce cas 3 minutes 20 secondes d'une circulation artérielle pour abolir les effets d'une circula- tion de sang à CO- de 1(> secondes. (67 ) Le cœur, sous l'iniluence nocive de ce sang, est devenu très malade, puisqu'il a pour ainsi dire suspendu ses battements pendant 5 minutes. Cette nocuité est trop forte. En diluant 1 volume de ce sang chargé de CO- avec 2 ou même 5 volumes de sang artériel, on obtient un mélange sutïisamnient puissant pour produire un changement dans les contractions du cœur, se manifes- tant par des modifications du tracé, sans amener son arrêt. FiG. 1. — Cœur de Chien extrait. — Circulation artérielle. — Pince myo- cardiographique. FiG. 8. — Circulation de sang chargé de 00- (mélange). — 7 secondesaprès son établissement. FiG. 9. — 21 secondes après le retour de la circulation artérielle. Les figures 7, 8, 9 et les figures 10, 11, 12 ont été obtenues en utilisant un mélange semblable. ( 68) FiG. 10. — Cœur de Chien extrait. — Pince myocanliographique — Circulation artérielle. FiG. 11. — ^3 secondes après l'établissement de la circulation de sany à CO- mélange'. FlG. 12. — 28 secondes après le retour de la circulation artérielle. ((i9) La ligure 13 l'eprësente encore un tracé de contraction (lu muscle cardiaque animé par une circulation artérielle; sur quelques-unes des systoles, notamment sur les pre- mière, septième et huitième, on remarque bien les trois ondulations du plateau syslolique. Vingt secondes après l'établissement de la circulation de sangà CO-, la secousse FlG. 13. — Cœur de Chien extrait. — Pince myocardiographique. — Circulation artérielle. est devenue simple (lîg. 14). Ce qu'il y a de particulier dans cet exemple, c'est que, après le retour de la circu- lation artérielle, le tracé ne redevient normal qu'au bout de 90 secondes (lig. 17), bien que nous ayons employé le mélange et non du sang empoisonné pur. Cependant, avant le rétablissement complet du tracé, on peut remar- quer à la 22*^ seconde (lîg. 15), à la oS*" seconde (fig. 16), des secousses normales au milieu des secousses simples d'énergie plus ou moins grande. Ce que l'on peut encore remarquer sur le tracé rétabli, c'est le ralentissement des pulsations et la diminution de leur énergie : il y a main- tenant une pulsation par seconde; avant l'expérience, il y en avait deux. On peut attribuer ce retard dans le réta- blissement du tracé normal par la circulation artérielle. ( 70 ^20 il A^ 2. 5-5-98. im XiUlX :b. FiG. 14. — 20 secondes après l'établissement de la circulation de sang à f.O* (mélange). FiG. 15. — 22 secondes après le retour de la circulation anérielle. FiG. Itî. — 33 secondes après le retour de la circulation artérielle (71 ) à la grande fatigue du cœur sur lequel plusieurs expé- riences de ce genre avaient été faites ; cependant, comme le montrent les exemples, on peut dire que les effets de la circulation de sang empoisonné par CO- se font plus vite sentir que les effets du rétablissement de la cir- culation de sang artérialisé. Nous avons également pris le cœur du Lapin comme sujet d'expérience; mais celui-ci ne se prête pas aussi bien à ces recher- ches que le cœur du Chien. Nous avons réussi trois fois sur cinq à produire les con- tractions d'un cœur de La- pin, en faisant circuler dans ses artères coronaires du sang de Cheval, mais étendu d'un volume égal de solu- tion physiologique à 9 °/oo. Au début, nous avions fait, sans résultat, quelques ex- périences sur le cœur de Lapin (note du 5 février 1898); nous avions alors employé le sang de Cheval pur. Il est possible qu'en utilisant le sang de Lapin, on augmente considérable- ment les chances de succès. ( 72) La figure 18 représeiUe un tracé pris sur le cœur du Lapin au moyen du cardiograplie; on y remarque très net- tement la forme Irapézoïde. Fk;. 18. — Cœur de Lapin. — Circulation artificielle de sang artériel. — Cardiographe. Le cœur de Lapin, comme le cœur de Chien, convena- blement nourri, fournit donc des tracés de cette forme. Travail de l'Institut de physiologie de l'Université de Liège. ( 73 ri.AS!^E BES LKITTKKS. Séance du 4 juillel 1898. M. le baron Ém. de Borchgrave, doyen d'ancienneté, occupe le fauteuil. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. S. Bormans, Cli. Piot, Ch. Potvin, J. Stecher, T.-J. Lamy, G. Tiberghien, L. Vanderkin- dere, le comte Goblet d'Alviella, Ad. Prins, J. Vuylsteke, A. Giron, le baron de ChestretdeHanett'e, Paul Fredericq, God. Kurth, Ch. Mesdach de ter Kiele, H. Denis, le chevalier Ed. Descamps, Georges Monchamp, D. Sleeckx, P. Thomas, Ern. Discailles, Ch. Duvivier, membres; J.-C. Vollgraff, associé; V. Brants, M. Wilmotte, H. Pirenne, Ern. Gossart et P. De Paepe, correspondants. — MM. Vander Haeghen, Banning et J. Leclercq font motiver leur absence. CORBESPONDANCE. MM. Pirenne, correspondant; P. Meyer, JohnWestlake et L. Bodio, associés, remercient pour leurs diplômes. — M. Max Millier fait hommage d'une brochure publiée en 1893, à l'occasion de son oO® anniversaire de docteur ( 74 ) de l'Université de Leipzig et de son 70* anniversaire de naissance. — M. Brants présente, pour l'vlnwMaîre, sa notice nécro- logique sur Pierre Willems, ancien membre de la Classe. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : 1° Een Noord-Nederlander over zijn omreisje door Belgié in 1823; notice par P. Fredericq (avec une note qui figure ci-après) ; 2° Chartes du comté de Hainaut de l'an 1200. Reproduc- tion des originaux, etc. (publication extraordinaire du Cercle arcbéologique de Mons) ; par Léopold Devillers (présenté par M. Edm. Marchai, avec une note qui figure ci-après) ; 3° Les agglomérations urbaines; par le marquis de Na- daillac, associé; 4° Poésies chrétiennes {ô" partie) ; par le chanoine Tous- saint; 5° Actes du Congrès féministe international de Bruxelles, 1897; par M"" Marie Popelin; 6" Bibliographie des ouvrages arabes (5" livraison) ; par Victor Chauvin (présenté par M. Stecher, avec une note qui figure ci-après) ; 7" Le vers français et les prosodies modernes ; par Jules Guilliaume (présenté par M. Discailles, avec une note qui figure ci-après) ; 8° a) Les origines de la psychologie contemporaine; h) La définition philosophique de la vie {^"éàlhon); par D. Mercier. — Remerciements. (73 ) NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. Messieurs, J'ai l'honneur d'offrir à la Classe des lettres une notice tirée à part de la revue mensuelle publiée par la société Het Willems-Fonds (1); cette brochure contient les notes et impressions de voyage d'un Hollandais qui visita en 1823, avec sa femme et sa nièce, la plupart des villes flamandes et wallonnes. Il s'appelait Isaac Verwey, était originaire de Dordrecht et remplissait les fonctions de greffier du tribunal à Sneek, en Frise. Son naïf journal de voyage nous donne des renseignements vraiment pittoresques sur l'état de la Belgique, une dizaine d'années après son annexion à la Hollande. C'est par curiosité pure et par désir de voyager, dit-il, qu'il songea à aller explorer en famille « les ci-devant Pays-Bas autrichiens ». Parti de Dordrecht à 7 heures du matin, le G septembre 1823, par le bateau à vapeur De Neiferlander, il débarque l'après-midi à i heures sur le (1) Een Noord-Nederlander over x,ijn omreisje door Uelgië in 1823. (TuDSCHRiFT VAN HET WiLLEMS-FoNDs, 3''e jaai'gang, 8"e aflevering, .luni 1898, bl. 65-93.) Le manuscrit a été trouvé à Dordrecht dans des papiers de famille. J'en dois la communication à M. le D"" Kiewiet de .longe, président du XXIV» Congrès néorla,ndais. tenu dans cette ville en 1897. ( 76) de la langue non plus que des litanies des saints, etc., etc. (2) Cf. Le vers invertébré. (Annales pol[tiques et littéraires, n» du 19 juin 1898.) ( 86) liaume passe en revue tous les efforts faits depuis Tavor- tement du vers métrique de Baïf « pour asseoir le vers français sur des bases plus larges et moins chancelantes que la césure mobile et la rime implacablement riche » (p. 114). Nous suivons avec intérêt, entre autres, les eftorts du comte de Leu (l'ex-roi Louis de Hollande), utilisant les loisirs qu'il s'était donnés — ou plutôt que son despo- tique frère l'avait contraint à prendre — pour discuter, dès 1815, la théorie du vers français sans rime, puis passant, pendant la Restauration, de la théorie à la pratique et s'affranchissant d'un « esclavage barbare et puéril )) pour écrire en vers non rimes une tragédie et un opéra ... mauvais d'ailleurs. Nous suivons avec un intérêt plus vif encore les efforts identiques d'un ancien membre de cette Classe, Van Has- selt, dont nous évoquions le souvenir à la séance de janvier dernier à l'occasion de la Théorie du vers rythmique que ce Bulletin a reproduite. Le mérite de ces études de notre confrère n'a pas été assez apprécié. Il est même piquant de constater que ce sont des poètes — voire des poètes belges — qui les ont le plus dédaignées. Travaillez donc à a donner un libre essor au vers français en régularisant son vol », ingéniez- Yous à introduire dans la poésie française le vers des autres nations littéraires, pour que vos frères en Apollon vous traitent de maniaque (1), ou peu s'en faut!... Poeta poetae lupus? (1) Voir la note de la paiiçe 167 du livre de M. Guilliaume. ( 87) Le dédain et l'injustice avec lesquels a été accueillie la tentative si originale et si utile de Van Hasselt n'ont pas découragé le poète Guilliaume. La parfaite connaissance qu'il a des langues étrangères lui permet de démontrer qu'il serait très facile de sou- mettre la langue el le vers français à des règles aussi précises que celles des autres nations. Nous vous signalons tout particulièrement, Messieurs, les pages du chapitre IV, où il examine les causes des divergences et des .incertitudes qui régnent encore à ce sujet parmi les prosaïstes. Il estime, avec M. Paris, que l'époque moderne s'est alfran- chie parfois avec peu de discernement de certaines entraves du XVI1« siècle, mais qu'elle subit les autres avec une docilité qui rend assez risibles les prétentions de quelques-uns de ses coryphées à une farouche et titanique indépendance. A la lin de son beau livre, M. Guilliaume se demande si le vers français restera étouffé sous un fatras de règles ineptes et pédantesques, ou s'il finira par se dissoudre en prose : Sera-t-il dieu, table ou cuvette ? C'est le secret de l'avenir. Ernest Discailles. ( 88 ) RAPPORTS. Barthélémy et Méry étudiés spécialement dans leurs rapports avec la légende napoléonienne; par M. Garsou, docteur en philosophie et lettres, professeur à l'École moyenne de Saint-Gilles. Mtap/toi't de .Vf. E»'»*«ël ntêcaiUtfê, pfetnier coÈnn*i»»aii'« . « La littérature de la Restauration et de la monarchie de Juillet a eu une influence considérable sur la création et l'expansion rapide de la légende napoléonienne. Casimir Delavigne après Béranger, Victor Hugo après Barthélémy et Méry ou en même temps qu'eux, propa- gèrent le culte bonapartiste moins par sympathie pour le régime impérial que par antipathie pour le gouvernement de la branche aînée et de Louis-Philippe, plus par chau- vinisme que par amour de l'absolutisme. Et comme l'art et la presse se firent les complices de la littérature, Napoléon III fut possible. M. Jules Garsou, qui s'est proposé de déterminer les phases successives du développement de la légende, a, l'an dernier, dans une brochure (1) que la critique accueillit vl) Béranger et la légende napoléonienne. Bruxelles, Weissenbruch, 4897. (89 ) par des éloges bien mérités, montré ce que fit Béranger pour la glorification du fondateur de la dynastie napo- léonienne. Aujourd'hui, dans le travail beaucoup plus important qu'il soumet au jugement de la Classe des lettres, M. Garsou s'occupe du rôle qu'ont joué Barthélémy et Méry dans la genèse de l'intéressant phénomène, histo- rique et littéraire tout à la fois, à l'étude duquel ce jeune écrivain consacre les rares loisirs de sa carrière profes- sorale. Tout en suivant de près la formation de la légende napoléonienne dans les œuvres de Barthélémy et de Méry, — c'est la base du mémoire qu'il nous envoie, — l'auteur s'est attaché à mettre en pleine lumière les côtés obscurs de la vie des deux poètes marseillais. Frappé surtout de l'oubli profond où est tombé le pre- mier d'entre eux, il en a recherché les causes avec le plus grand soin. C'est en 1832, quand Barthélémy passa brusquement du «:amp libéral avancé dans le parti dit doctrinaire, que le silence commença à se faire autour de son nom. Le satirique puissant dont la Némésis a parfois l'éclat et la virulence des Châtiments, devint alors l'objet des sarcasmes et de reproches sanglants de ses anciens amis et lecteurs. Honni et méprisé en dépit des variations qu'il exécutait sur le thème connu : L'homme absurde est celui qui ne change j amais, il essaya vainement de se faire pardonner sa volte-face. Le public n'accorda plus son attention aux œuvres, ( 90) remarquables pourtant, qu'il ne cessa de composer jus- qu'à sa mort, telles que la Nouvelle Xémésis et le Zodiaque, qui sont pour ainsi dire absolument ignorées de beaucoup de lettrés. M. Garsou commente ces oeuvres dans lesquelles Bar- thélémy parle de Napoléon avec autant d'idolâtrie que dans les premières. Sous ce rapport du moins, Barthé- lémy n'a pas changé : comme son collaborateur Méry, il persista toujours dans son culte pour l'Empereur. Une patience infatigable, une sagacité toujours en éveil et une grande conscience littéraire ont guidé M. Garsou dans les recherches auxquelles il s'est livré un peu par- tout pour nous faire connaître le caractère de Barthélémy et de Méry et, en même temps, pour déterminer, autant que possible, la part respective de l'un et de l'autre dans celles de leurs œuvres qui ont été écrites en commun. M. Garsou s'est aidé surtout des mémoires des contem- porains, des brochures et des journaux de la Restauration, de la monarchie de Juillet et du second Empire. Son travail est richement documenté : certaines trouvailles faites par lui, notamment à la Bibliothèque nationale de Paris, sont d'un intérêt réel. Le style de M. Garsou. à part de rares passages qu'il lui sera très aisé de remanier, a les véritables qualités de l'histoire littéraire : la clarté et la sobriété. D'aucuns pourront reprocher à l'auteur de pousser un peu loin l'admiration pour Barthélémy et Méry. Quand il analyse (à certains endroits trop minutieusement) leurs œuvres principales : Napoléon en Egypte et Le fils de l'homme, il ne tarit pas en éloges — et ses éloges ne nous paraissent pas toujours fondés. Mais que le biographe qui (91 ) n'a jamais péché sous ce rapport lui jette la première pierre! Je reprocherai plutôt à M. Garsou de noyer quelquefois, pour ainsi parler, le sujet principal de son étude dans un trop grand luxe de détails — quelque intéressants qu'ils soient d'ailleurs. Mais le remède est facile : il suffit de mettre ces détails dans l'appendice dont l'auteur a fait suivre son mémoire pour utiliser les résultats copieux de ses vastes recherches. En résumé, je considère le travail de M. Garsou comme une contribution des plus importantes à l'histoire litté- raire et à l'histoire politique de la France au XIX" siècle, et je propose à la Classe des lettres de lui faire les hon- neurs de notre collection de Mémoires in-8^ » nappoÊ't de If, SIechefy tleuaciéttê» conttnisaait'o. « Je conclus aussi favorablement que le premier rap- porteur. La gerbe que le poète Autran souhaitait pour la mémoire de ses deux compatriotes, a été faite par M. Gar- sou, après une laborieuse moisson. Mais le glanage a été trop avide, trop fiévreux. En d'autres termes, il y a quel- ques détails un peu encombrants pour leur importance, et surtout des citations trop longues. Plus d'une fois, vers la fin, j'ai rencontré des couplets qu'il suffira d'abré- ger ou de résumer. Je les ai indiqués sur le manuscrit. En somme, cette psychologie du chauvinisme intéresse et fait penser. » ( 92 ) Hnftpo»'! tÊf .91. tt'iltuolley ti'oiaiénu' fotuntiêtniw. (c Tout en me ralliant, en principe, aux conclusions de mes honorables confrères, je crois devoir accentuer leurs réserves. En réalité, le mémoire de M. Garsou est un simple recueil d'extraits et de documents, reliés assez lâchement les uns aux autres et qu'il eût fallu mettre en œuvre. La proportion manque; telle pièce de circonstance ou de courtisanerie est analysée en détail, alors qu'elle ne méritait qu'une rapide mention; les notes sont souvent dans le texte et le texte, parfois, dans les notes. En somme, M. Garsou n'a fait jusqu'ici que le travail de compilation ; il lui reste à digérer ce qu'il a amassé avec un indéniable zèle pour son sujet. J'aurais voulu aussi que l'auteur de cette étude sur Barthélémy et Méry se préoccupât de l'ambiance histo- rique et de ce que j'appellerai, un peu vaguement peut- être, la philosophie de son sujet. Nous sommes précisément à une heure de crise morale pour la France. Des événements qui datent d'hier (pour ne rien dire de la période « boulangiste ») ont montré les passions populaires déchaînées et le divorce accompli entre les intellectuels d'une part, l'armée et les partis religieux de l'autre. C'est précisément ce qui arriva sous Napoléon P', avec cette notable différence que Napoléon avait le génie militaire et l'auréole de la gloire, que l'on sortait d'une période révolutionnaire et que l'on était disposé à tout pardonner à un despote, pourvu qu'il garantît l'ordre et relevât la herté nationale. C'est ce qui explique la quasi-unanimité d'admiration ( 95 ) que la littérature du début du siècle exprima sous des formes très variées, quoique généralement médiocres. De hautains esprits, comme Victor Hugo et Balzac, ne son- gèrent pas à se dérober à l'engouement général. Ils aimaient trop la gloire pour eux-mêmes et ils n'osèrent braver un courant qui emportait tout. Cette contagion dut être bien forte, puisqu'elle n'épar- gna point un sceptique comme Stendahl, dont on connaît la biographie de Napoléon et certaines pages de ses romans et de ses mémoires où l'empereur est haussé à la taille des héros d'Homère. A un seul endroit de son travail, M. Garsou paraît s'être soucié des causes de cette adoration impérialiste, en laquelle se résume la carrière trop longue de Barthélémy. Il fait observer que l'idée de revanche est constante dans l'àme française. C'est une vérité très élémentaire et une vérité de tous les temps et de tous les peuples. Le Cid espagnol n'incarne-t-il pas les désirs de revanche des Chrétiens sur les Maures, comme la Chanson de Roland est le poème de la défaite de Roncevaux, comme Aliscans est le poème de la défaite de Villedaigne? En réalité, la célébration d'une victoire est l'aft'aire d'un jour de noble exaltation ou de grossière effervescence ; les conséquences d'une défaite perdurent longtemps et douloureusement pour ceux qui l'ont essuyée. Et si Napoléon doit à cette longue suite de triomphes, qui tenait l'imagination littéraire en éveil et les passions des foules en haleine, une part notable de sa gloire universelle, n'est-il pas permis de se demander si les misères innom- brables qui suivirent ses conquêtes, si le deuil des foyers, les fosses ouvertes, les villes brûlées, les maisons vides n'ont pas plus fait que tout le reste pour éterniser sa ( 9*) mémoire? Il y a, chez l'être humain, une admiration instinctive de la force brutale, qui prime les générosités et impose silence aux rancunes et aux douleurs. Napoléon, plus que tout autre héros du sabre, me paraît avoir béné- ficié de ce sentiment-là. )> Conformément aux conclusions de ces trois rapports, le travail de M. Garsou paraîtra dans le recueil des Mémoires in-8°. COMMUiNICATIONS ET LECTURES. Les Écossais, dits Scoten ou Schotle, en Flandre; par Ch. Piot, membre de l'Académie. l. Dans ses relations concernant les deux conquêtes de la Bretagne, appelée plus tard la Grande-Bretagne pour la distinguer du pays du même nom sis en France, Jules César ne fait pas mention des Écossais, en latin Scoti, qui habitaient cette contrée (1). Celtes d'origine et de race, très nomades et voyageurs surtout, ils n'ont rien de commun avec les noms de Schot et de Schoten, accouplés à des dénominations géographiques et topographiques de lieux sis dans les Pays-Bas et les provinces flamandes de Belgique, pour désigner des enclos. C'est postérieure- ment aux conquêtes de César que nous voyons figurer les Scoti dans l'histoire, ainsi que le constate à juste titre (1) Liv. m, c. 9 et suiv. ( 95 ) Zeuss dans son travail intitulé : Die Deutschen und die JSaclibarslàmmc (Munich, 1857). Jamais les annales his- toriques n'en font mention avant cette époque. Les Scotes, dit Zeuss, habitaient l'Irlande (1), thèse très vraie et incontestable. Non seulement ils occupaient ce pays, mais ils se répandirent en Europe, spécialement dans les localités où ils pouvaient faire de la propagande religieuse et catholique (2). De son côté, la Flandre ne rebutait aucune peuplade, conformément aux principes d'hospitalité admis par les Germains. Uospiies, dit César, [as non putanl : qui quaque de causa, ad eos venerunt, ab injuria prohibent, sanctosque habent (I. VI). Très étendu et peu habité, ce pays pouvait recevoir les peuples dis- posés à s'établir dans la Gaule pendant le grand mouve- ment d'émigration provoqué par les Germains, et les déplacements des Celtes. Quoi qu'il en soit de ces émigrations, la qualification d'Écossais ou de Schot ne peut être prise dans le sens d'une simple épithète due au hasard; sinon il faudrait admettre qu'il en était de même des noms des P>ancs, des Frisons, dits Wilde Friesen, des Sicambres, des Suèves et des Saxons établis dans ce pays. (1) Zeuss, Scoti, die Bewôlmer von Ibernien, p. o68, et Gramatica celtica. — Le Deutsches Wôrterbuch de Jacob Grimm et Wilheuw Grimm, t. IX, p. 1610, comprend par Schottes, l'Ecosse. Voir aussi BucHANUs ScoTus, Renim Scolicarum kistoria, fol. 49, et Hector BoETius Deidononnus, Schotorum historia, fol. 3 et suiv. et 101 \°. Les chroniques publiées dans les tomes II et III des Monumenta Ger- tnaniae historica font mention de la guerre entre les Normands et les Écossais établis dans l'Hibernie. (2) Voir à ce sujet les tomes II et III des Monumenta Germaniae, verbis Scoti, Scotli et Hiberni. (90) Après avoir fait observer que les Ecossais habitaient l'Irlande, Zeuss reproduit différents passages d'écrivains anciens, qui confirment entièrement sa manière de voir au sujet de l'origine irlandaise de cette peuplade et con- statant qu'elle remonte au V" siècle. Nous savons aussi, par les Commentaires de César, que les Ménapiens établis en Flandre étaient en relations suivies avec leurs com- patriotes fixés en Irlande. Cette population de Scots irlandais aurait-elle eu des relations plus ou moins intimes avec les Scotes, Scoti ou Wilde Scoten mentionnés dans les monuments histo- riques de Flandre au XI V« siècle? Nous n'en doutons pas, en présence des renseignements très amples fournis à propos des Écossais, peuple mentionné et décrit par Zeuss, dont nous croyons inutile de reproduire le texte (1). Il suffit de faire observer que les Scotes cités dans l'histoire de l'Hibernie habitèrent de bonne heure le nord de l'île d'Albion ou la Calédonie, et qu'ils don- nèrent ensuite leur nom à l'Ecosse dans la Grande-Bre- tagne (2). II. Comment arrivèrent-ils, du moins en partie, dans la Flandre, où leur séjour est constaté d'une manière for- melle par la dénomination de Wilde Scotten, donnée à une population qu'un feudataire flamand devait surveiller (1) Voir Zeuss, loc. cit., pp. 193 et suiv. (2) Voir à ce sujet Beda, Ecclesiasticœ historiœ Genlis Anglorum, pp. 3 et suiv., et Herbert Maxivvei,, Scottishland naines, iheirorigin and manning. ( 97 ) Spécialement pendant la reconstruction du pont édilié à Furnes (1)? Aux termes du texte relatif à cette obligation et datant de 4565, ce feudataire était tenu d'avoir l'œil continuellement sur ces gens pendant les travaux du pont : es sciddich te welken tiden dat mijn heere van Vlaenderen eil op de Bourglie te Veurne te stane op diebourghe brugghe ende die bourgh brugghe te hoiiden j'egen de Wilde Scoten ; endeals men de bourgh brugge macct van nieuws, so es liie scondich te legghen op den ondersten steen enen vlaemschen penuinc. Dans ce texte, dit M. Gilliodts, auquel nous emprun- tons ce passage, les Frisons sauvages sont remplacés par les sauvages Écossais. « Sous ce nom, ajoute-t-il, faut-il entendre les Saxons d'Angleterre, dont Orderic Vital disait : Frisia pro Angliis opibits mitlebat? ou bien les précurseurs de ces intrépides Higlanjlers que les séides de Guillaume de Loo auraient combattus au pont de Stoole- bridge? » Nous ne le pensons pas. Ce ne sont, en tous cas, ni des Francs, ni des Frisons, qualifiés parfois aussi de sauvages par des documents du moyen âge, ni des Suèves. Tous ces peuples étaient installés antérieurement en Flandre. A notre avis, il y a lieu de comprendre par Wilde Sco- ten ou Scotten un détachement ou la fraction d'une population venue de l'Hibernie en Flandre et appelée peut-être à y remplacer les Ménapiens expulsés par les populations germaines. Ces Ménapiens, l'histoire l'en- seigne, avaient été, en partie, remplacés par les Flandren- (1) Gilliodts-Van Seveiien, CoitUiines du quartier de Fumes, l. I, introduction, pp. 94 à 96. 5""® SÉRIE, TOME XXXVI. 7 (98) ses atqve Andoverpienses, Frisioves ef Siievi et barhari quique circa maris littora degentes,?,e\o\\ un passage de la vie de saint Éloi, rédigée vers l'an 674(1). L'hagiographe, auteur de cet écrit, ne donnant pas la nomenclature complète de ces barbari circa maris littora degentes, il est permis, nous semble-t-il, d'y faire figurer d'autres peu- plades, installées dans ces parages, surtout les Wilde Scoten, mentionnés dans l'acte de 1365, et habitant peut- être depuis longtemps les environs de Furnes, selon le témoignage du document précité. S'ils n'étaient pas originaires d'Ecosse ou d'Hibernie, pourquoi les aurait- on appelés Écossais? Nous croyons notre conjecture d'autant mieux fondée, que les noms de famille de Schot, Schodt ou Schoot sont très répandus en Flandre et dans les Pays-Bas (2). Nous trouvons aussi souvent en Flandre les noms de Wilde et de Vries, portés par des habitants de ce pays. m. Point de doute, les Wilde Scoten ou Schotten for- maient une fraction minime des populations maritimes établies en Flandre, spécialement près de Furnes, sans qu'il soit possible de fixer la date de leur arrivée dans ces (1) Vita Sancti Eligii, dans le tome III, page S57, de Dom Bouquet, Reriim Gallicarmn et Francorum. {% WiNKLER, dans son livre intitulé : Nederlandsche Geslachtsnamen, cite : Schot, Schotsman, Schott. Le nom de De Schot est souvent l'eproduit dans les publications de la Société pour la langue flamande en France, travail de Courtois intitulé : Communauté d'origine et de langage entre les habitants de l'ancienne Morinie flamingante et wallonne. (T. IV des Annales du Comité flamand.) ( 99 ) lieux. Ils n'y étaient probablement pas nombreux, par suite (les établissements occupés dans ces parages par les Frisons, par les Suèves, peuplades que l'on a eu le tort de confondre avec les Zélandais (i), et par d'autres émigrés établis dans ces environs. Fatalement, ils ont dû y subir l'influence de l'élément flamand, au même titre que leurs voisins. Si, comme nous le croyons, les Wilde Scoten étaient originaires de l'Irlande, comment sont-ils devenus des Flamands? A cette question nous répondrons par une simple demande : Comment les Ménapiens, peuplade gauloise taisant usage de la langue irlandaise, ont-ils changé leur idiome et adopté le flamand à Courtrai et aux environs de cette ville, actuellement flamands, ensuite la langue romane à Lille et à Tournai? Les Normands n'ont- ils pas parlé français en Normandie? Durant des époques antérieures, les Étrusques ne sont-ils pas devenus des Komains, les Phocéens des Français, etc.? Ces change- ments de langues sont évidemment des questions de chiffres pour les nouveaux venus, ainsi que nous l'avons établi ailleurs, ou par suite de nécessités politiques, ou par la force. Primitivement, il n'y avait pas chez les peuples anciens, comme de nos jours, des distinctions basées exclusive- ment sur le langage, spécialement dans les pays dépour- vus d'une littérature bien cultivée. L'esprit de nationa- lité, à cette époque, n'était pas développé au point de répudier tout ce qui n'était pas autochtone. Les Gaulois (1) Van Cuuysselbergen, Antwoord over de oudkeden van Zeelanà, p. 50. « Eligius, dit-il, bekeerde vêle Sneven, dat is Zeeuwen. » ( 100) établis aux bords du Rhin ne se sont-ils pas germanisés et ceux de la Galice ne sont-ils pas devenus, par la suite des temps, des Espagnols (1)? Les habitants celtes de la principauté de Galles ne sonl-ils pas de nos jours des Anglais (2), malgré les efforts faits dans la presse et les écoles afin d'y maintenir l'ancien langage, dans le but d'amener le triomphe de certaines tendances politiques et religieuses? N'oublions pas aussi de constater que le llamand offre des analogies avec la langue des Hibernois, ainsi que l'a démontré feu le chanoine de Haerne (3), conformément aux observations signalées par Caucer, Coleville, Wiclef, Samuel Johnson et d'autres philologues anglais. Rien de plus naturel. Constamment en contact avec les popula- tions de Flandre par suite de leur attachement au culte catholique, les Écossais ou Irlandais étaient à même de s'initier au langage de notre temps. Celui-ci exerçant à son tour une influence prépondérante sur la linguistique de l'Angleterre, il n'y a pas lieu de s'étonner si les Wilde Scholten sont devenus des Flamands. Leur situation devait présenter des analogies avec celle des Francs, des Frisons, des Saxons, des Suèves et autres peuplades installées (1) Voir à ce sujet Les Celtes en Espagne, dans la Revue celtique, t. XIV, p. 357, et t. XV, pp. 1 et suiv. (2] Les Galles durent en grande partie se réfugier dans les mon- tagnes. Voir Jean Muller, Saxones, p. 28. Lingard, Histoire d'Angleterre, 1. 1, p. 77. Knobelsdorff, Die keltischen Bestandtheile in der englisclien Sprache. Éd. Muller, Etymologisclies Worterbiich der englischcn Sprache. (3) Voir à ce sujet la Revue catholique de janvier 1883, pp. 176, 415, 463; de 1884, pp. 468, 628, et le Messager des Sciences historiques de 1884, pp. 93, 229, 308. ( iOI ) successivement dans la Flandre et devenues indigènes et flamandes dans cette contrée. Des linguistes distingués ont lait observer aussi que la langue des Écossais, comme celle des anciens Suédois, Danois et Islandais, présentait des affinités bien établies avec l'ancien idiome flamand et frison. A ces observations, nous devons ajouter que les Acta Sanctorum constatent formellement comment les Écossais sont sortis de l'Hibernie (1), et que les notes publiées dans cette collection (2) font connaître les rela- tions intimes établies anciennement entre la Belgique et rÉcosse. Jusqu'au XV!*^ siècle, ces relations très fréquentes et cordiales avaient un caractère de bienveillance et d'in- l imité bien marqué. Entre les habitants de la Flandre, d'une part, et ceux de l'Ecosse et de l'Angleterre, d'autre part, les relations ont toujours été très intimes pendant le moyen âge, tant sous le rapport du langage qu'au point de vue des institutions et de l'esprit de nationalité. Ils se recherchaient, se croisaient et s'assimilaient : témoin le fait relaté dans le manuscrit n' 7809 à 7810, folio 317, de la Bibliothèque royale à Bruxelles, et constatant, par exenjple, que la famille Rnibbe, établie à Alveringen, était apparentée à Thomas de Cantorbery k partir de l'an 1070. Nous ne citerons pas d'autres exemples semblables. Ce sont les révolutions du XVP siècle et les événements politiques de l'Angleterre qui ont brisé ces relations. En présence de ces faits, faut-il s'étonner si les Wilde Scoten sont devenus des Flamands? (1) Ghesquière, Acta S. S., t. III, pp. 2 et 3. (2j IbUL, t. VI, p. .^95. ( i02 ) IV. 11 y a lieu aussi de faire remarquer que le mot wild ne doit pas toujours être pris dans le sens de « sauvage )>. Franc, dans son livre intitulé : Ktymologisch Woorden- boek (col. 1170), le lait remarquer ajuste titre (1). Dans certains cas, le mot wild peut signifier indépendant, intransigeant, indomptable, insoumis, récalcitrant, qualiti- cations parfaitement applicables aux Écossais et aux Fri- sons, peuplades aux allures très libres et autochtones. S'il n'en était pas ainsi, il serait dilïicile de compren- dre comment les noms de famille de Schot, de Vries, de Wilde ou de Welde seraient devenus patronymiques et honorables, en dépit du mépris qui aurait été attaché à cette qualification (2). De l'ensemble de ces faits, nous croyons pouvoir con- clure que les Wilde Scoten ou Schotten ont le droit de figurer dans la nomenclature des anciens habitants de la Flandre maritime, malgré leur origine hibernienne, et ce au même titre que les sauvages Frisons, appelés Wilti. Dès le XIV*' siècle, ils devaient être initiés à la langue tla- mande en usage chez leurs voisins et surveillants à Furnes. Ils subissaient nécessairement par ce contact rintluence de l'idiome parlé dans leur patrie d'adoption. (i) Voir aussi Kilianus, Etymologicum teutonicae linyicae, verbo Wild. Il traduit ce mot par : silvcstris, férus, agrestis, ferinus, indo- mitus, effremis, immansuetus, vagus, vastus. 2) WiNKLER, dans ses Nederlandsche Gestachtsnamen, cite Wilde Jan, Wildeboer, Wildervank. — De Bo, Westvlaamsche Idioticon, mentionne un poisson, nommé à Furnes « schot». — VanHoorebeke, Étude sur l'origine des noms patronymiques, cite les Wilde et Welde. ( i03 ) Tous ces détails, qui de prime abord peuvent paraître superflus, sont à nos yeux indispensables pour faire com- prendre la position et l'état de situation de cette peu- plade et de ses voisins. Ils peuvent aider à expliquer la présence en Flandre de plusieurs populations appelées successivement à la formation de ce comté et faire com- prendre le mélange et l'origine des dialectes divers parlés dans ce pays. N'oublions pas aussi de signaler cette con- trée comme le point de départ des relations des Pays-Bas avec l'Angleterre, du commerce, des lois d'une civilisa- tion très originale et autoritaire dans nos provinces, et ce grâce aux tendances des libertés communales et de la vie publique dans notre pays (i). Cette position avait le grand avantage aussi d'être agréable à l'Angleterre, toujours préoccupée de s'en- tourer de petits États qui ne pouvaient lui porter ombrage. f 1) Voir à ce sujet : Vanderkindere, Les origines de la population flamande, dans le tome X, page 421 des Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3' série, et Ibid., t. XI, p. 211. — Claerhout, De Franken, de Friesen en de Saksen, dans le Belfort, l. I, p. 486. ( 104 ) Le camp de Labiénus pendant la guerre des Trévires ; par Ch. Piot, membre de l'Académie. Très peu de livres ont eu des éditions plus nombreuses et engagé les commentateurs à les publier que celui inti- tulé: C. Juin Caesaris commentarium de hello galico. Le Lexkon caesarianum de Meusel, œuvre de patience et d'exactitude publiée récemment, consacre à la nomencla- ture de ces mémoires huit pages de texte bien compact, grand in-8°. Nous y renvoyons le lecteur désireux de les consulter et d'examiner ces publications en détail au point de vue des Commentaires précités. En vain, nous avons parcouru un grand nombre de ces éditions, dans le but d'y trouver la solution bien établie de la question de savoir où était situé le camp de Labié- nus, lieu de refuge des Romains échappés aux poursuites des Éburons au moment de quitter Atuatuca. Nous ne répéterons pas ce que César dit à ce sujet. Il suffît de faire remarquer que ce désastre d'une partie de l'armée romaine eut probablement lieu dans le vallon par lequel passe actuellement le vieux chemin de Tongres à Otrange, ainsi que nous l'avons établi dans le Messager des sciences historiques de 1874 (p. 143). A la suite de cette infortune, les Romains voulurent se réfugier dans les établissements militaires de leurs com- patriotes les plus rapprochés du lieu de la défaite. Ces camps, placés sous les commandements de Q. Cicéron et de Labiénus, étaient installés à peu près au centre des Gaules. Grâce aux Commentaires de César, nous savons ( 105 ) que les fugitifs échappés aux Éburons se dirigèrent an hasard vers le camp de Lahiénus, situé bien loin d'Atua- tuca (1). Oi^i était installé ce camp? César ne le dit pas dans des termes précis, conformément à ses habitudes d'indiquer les faits sommairement, lorsqu'ils n'ont pas une grande importance à son point de vue. De là des divergences d'opinions, dont nous croyons devoir rendre compte. Baert, dans son Mémoire sur les campagnes de César {p. 3(S) le place à Rocroy. Steininger, dans son travail intitulé : Geschichte der Trevirer miter der Ilerr- scliaft der Rômer (p. 52), le fixe aux environs de la Chiers ou de la Semoy. A ce propos, il fait remarquer (p. 35) qu'une distance de vingt lieues allemandes, soit de trente- trois lieues françaises, séparait généralement les camps romains. Bertholet, dans son Histoire du duché de Luxem- bourg, se prononce en faveur de la Chiers. La Commis- sion de la carte des Caules et Creuly placent ce camp à Marche, Napoléon III à Lavacherie, sur l'Ourthe (Atlas, t. I, pi. 14), sans autres explications au sujet de ce choix, si ce n'est l'existence dans cet endroit de vestiges d'un camp romain. D'autres commentateurs ont donné la préférence à Revin et à Carignan. Sans vouloir résoudre la question et sans l'examiner en détail, Wauters (2) fait (1) Pauci ex prœlio elapsi, incertis itineribiis, dit César, per sijlvas ad T. Labieman, legatum in Hybernia venerunt, atque eiim de r'ebus geslis certiorem faciunt (1. V). Herbert Thomas, dans son livre intitulé : De Timgris et Eburoni, rapporte les mêmes faits, p. IZ. Ce ti'avail, très peu consulté, renferme bon nombre de renseignements concernant la géographie ancienne de notre pays. {% Revue trimestrielle, 2« série, W- volume et 156e de la collection, p. 106. Cet auteur ne décide pas la question, en disant : « Nous ne pou- vons, faute de données suffisantes, combattre ni adopter ces conclu- ( 106 ) observer que celte dernière localité ressortit constamment au diocèse de Trêves et que Revin et Mouzon sont trop proches de la Meuse pour se prêter au récit de César, thèse qui nous semble sujette à caution. Le baron von Goler suppose qu'Arlon tut le lieu de campement, et Abel que c'était le Titelberg. En un mot, il y a autant d'avis différents à ce sujet que d'auteurs : tôt caputa, tôt census. Nous tâcherons, de notre côté, d'élucider la question, en faisant observer qu'il s'agit de se prononcer sur ce point, en prenant pour base des renseignements bien établis et très positifs. Avant de procéder à cet examen, nous avons cru devoir étudier le texte de César au point de vue des qualifications qu'il donne, dans ses Commentaires, aux cours d'eau, aux rivières et aux fleuves. De cette manière, nous avons pu constater qu'il emploie toujours et con- stamment le mot flumen pour désigner les fleuves et les rivières sans distinction. Jamais il ne s'est servi des mots rivulus et rivus. Il a donné la qualification de flumen à Addriasdubis, Apsus, Arar, Axona, Bagrada, Bâtis, Garumna, Genusum, Haliacmon, Iberus, Liger, Mosa, Rhenus, Rhodanus, Sabis, Scaldis, Sequana, Sicoris, Tamesis. Dans un seul passage, il parle de la Matrona (la Marne), rivière qu'il qualifie de fluvius, tandis que le sions »(p. 11)9;. Néanmoins, à la page 105, il affirme « que ces différents textes prouvent à l'évidence que le camp de Labiénus était situé sur le territoire rémois ». Ces différences d'opinions proviennent de ce que les auteurs ont cru devoir distinguer deux expéditions de Labié- nus, l'une près de la Meuse, l'autre chez les Trévires. César ne fait mention, à l'année 53, que d'un seul camp occupé par I^abiénus, celui sis près de la Meuse, et d une seule bataille livrée à cette époque. ( 107 ) dictionnaire latin de Foriallini énumère et explique d'une manière complète les dénominations de flumen, de fluvius, de rivuliis, de rivus et détermine fort bien l'emploi et la signification de ces mots d'après les auteurs latins. Par suite du défaut de renseignements sutïisants repro- duits à ce sujet dans les Commentaires de César, nous croyons devoir les détailler afin de permettre de bien juger la question. Dans son livre V, le général romain constate (c. 24) qu'il fut obligé de distribuer ses légions en diverses con- trées et qu'il en envoya une chez les Morins placée sous les ordres du lieutenant C. Fabius, une autre chez les Nerviens sous le commandement de Q. Cicéron, une troisième chez les Essues, en Normandie, commandée par L. Roscius, une quatrième, sous les ordres de Labiénus, chez les Rèmes, près du pays des Trévires (1). Il est donc bien établi, par cette nomenclature, que le camp de Labiénus était tixé sur le teri'itoire des Rèmes, près des frontières des Trévires : //* Remis, in confinio Trevirorum. Où et comment ces frontières étaient-elles établies? A cette question, César répond : « Toute la Gaule était, disait-on, en armes; les Germains avaient passé le Rhin, d'après la rumeur publique ; les quartiers occupés par César et ses lieutenants étaient attaqués (2). » (1) Quartum in Remis cum T. Labieno, in confinio Trevirorum hie- marejussit (c. 24). La situation de ces camps énnmérés par César a donné lieu à des dissertations nombreuses, au sujet desquelles les auteurs n'ont pas pu s'entendre. ("2) Oninem esse in armis Gallican ; Germanos Rlienum tra)tsisse ; Cœsaris reliqxMrumque Hiberna oppognorari <[. V, c. 41 . ( (08 ) Ces passai^es constatent donc que Labiénus avail installé ses troupes aux frontières des Rèmes et que les Germains voulaient taire passer leur armée en deyà du Rhin, afin d'attaquer les Romains. Nous n'ignorons pas que, dans son travail, Steininger émet l'avis que l'attaque des Romains dirigée contre les Trévires eut lieu probable- ment près de la Chiers ou de la Semois (1); mais cette supposition ne nous semble pas fondée. Il résulte à l'évidence des passages précités que les Trévires étaient les voisins des Rèmes. A cette époque, spécialement dans la Gaule, les peuples avaient en général pour fron- tières des neuves, des rivières, des montagnes, des bois. Quelles furent les frontières établies et reconnues entre les Trévires et les Rèmes? Elles étaient évidemment fixées par le cours de la Meuse; sinon il serait impossible de comprendre la direction suivie par les Trévires au moment de se diriger vers le camp des Romains, et d'ex- pliquer comment ceux-ci auraient pu envahir si subite- ment le territoire des ennemis pendant les poursuites dirigées contre leur chef Induciomare. De ces faits résulte évidemment que Labiénus et son (1) « Die Sclilacht des Labiénus, dil-il, gesjen die Trevirer scheint also an der Chiei's, oder Semois, vorgefallen und aucli Induciomarus in einem dieser Fiasse, welche sich an die Maas ersfissen, umgekom- men zu sein. Wen sie an der Maas selltsl statt gehabt batte, vviirde C;esar den Namen des Plusses warscheinlicb nicht verscbwiegeu baben » (p. 35). Mais la Ciiiers a sa source à Esch, entre en France, baigne Longvvy, Longuyon, Montmédy, Carignan et se décbarge dans la Meuse ; et la Semois, née près d'Arlon, arrose Bouillon et se jette dans la Meuse près de Moncbarmé, en France. Ces rivières et ces endroits sont loin du pays de Reims, où Labiénus était établi, selon les renseignements de César. Il faut donc admettre, bon gré, mal gré, que le fliimen désigné par le proconsul était la Meuse. ( 109 ) camp étaient installés près de la Meuse, dans le pays des Rèmes, conformément au texte de César. La victoire du proconsul, remportée à la plus grande joie des Rèmes sur les Gaulois insurgés, fut aussi communiquée à Labiénus, pendant son séjour chez ses hôtes, avec une incroyable vitesse, bien qu'il fût éloigné, selon César, de soixante mille pas des quartiers de Cicéron, où le pro- consul était arrivé seulement après la neuvième heure du jour. César lui-même, à cette époque, résidait pour ainsi dire constamment chez les Rèmes, qui lui étaient dévoués, et ce afin d'être à la portée de ses lieutenants lixés dans leur pays ou aux environs. Ce dévouement des Rèmes témoigné aux Romains s'explique naturellement. Tou- jours menacés par les Germains, ils étaient heureux de trouver chez leurs dominateurs des alliés prêts à les défendre contre les menaces et les entreprises des voisins d'Outre-Meuse. A leur avis, mieux valait courber la tète devant Rome, que de voir constamment le pays exposé à la merci des hordes germaines, toujours poussées de l'Orient vers l'Occident par des envahissements répétés dans la Gaule, et constamment prêtes à s'établir dans les possessions des peuples voisins. Rien d'étonnant si la rive droite de la Meuse a été choisie par César ou Labiénus dans le but d'y fixer un camp. Celui-ci était établi dans une plaine facile à défen- dre, tandis que la rive gauche, hérissée de collines et d'accidents de terrain, présentait de grands inconvénients pour la défense. Cette position à la droite du fleuve avait en outre le grand avantage d'être une menace continuelle à l'adresse des Trévires et des Germains, toujours prêts à envahir les possessions des Gaulois et à combattre les ( HO ) Romains. Elle commandail aussi la route la plus courte établie entre les Rèmes et la Germanie. Telle était la position de ce camp, qui répondait parfaitement aux exi- gences de l'art militaire des Romains. Toujours installés sur une hauteur qui dominait les environs, les camps romains occupaient généralement les bords d'une rivière ou d'un fleuve dont les eaux étaient destinées aux hommes et aux animaux. Mosomagus présentait toutes ces conditions. Parvenue aux Trévires, la nouvelle des succès de César engagea leur chef Induciomare à se retirer pendant la nuit et à ramener ses troupes dans l'intérieur du pays (c. 54). Cette retraite momentanée ne lui fit pas perdre courage ni l'envie de reprendre l'ofïénsive pendant une campagne dirigée contre les Romains. Après avoir déclaré ennemi de la patrie son gendre Cingétorix, personnage très dévoué aux Romains, il annonça aux peuples de la Gaule qu'il se rendrait chez eux par le territoire des Rèmes, promettant de le ravager et d'attaquer le camp de Labiénus (c. o()). C'était évidemment le résultat de la haine bien caractérisée qui existait entre les Rèmes et leurs voisins les Trévires, haine de race et de voisinage. Quant à Labiénus, César nous apprend qu'il occupait une position fortifiée par la nature et l'art et ne redoutait aucun danger ni pour lui ni pour ses troupes. En atten- dant, Induciomare faisait manœuvrer sa cavalerie autour (lu camp romain, dans le but d'en reconnaître la situation et d'inspirer l'effroi à l'ennemi. De son côté, Labiénus retint toutes ses troupes dans le camp et ne négligea rien pour faire croire à l'ennemi qu'il redoutait ses attaques (c. 58). Cependant, dit César, Induciomare s'approcha, comme de coutume, de notre camp, et passa ( m ) une grande partie de la journée dans le voisinage, tandis que ses cavaliers lançaient des traits et, par des invectives, nous provoquaient au combat. Personne ne leur répondit, et le soir ils se retirèrent en désordre. Tout à coup Labié- nus fit sortir, d'une manière inattendue, par les deux portes du camp, toute sa cavalerie, avec ordre de pour- suivre Induciomare et de l'amener mort ou vivant. « La fortune, ajoute César, seconda les desseins de Labiénus. Poursuivi seul par tous et atteint au gué du flumen, Indu- ciomare est tué (i). » Ce flumen, que César ne désigne pas par son nom, est évidemment la Meuse. Très au courant de la situation du pays des Trévires, par suite des relations antérieures de Labiénus établies dans leurs possessions (2), César, sans doute, en connaissait trop bien la topographie pour s'expliquer à ce sujet. Souvent il oubliait de nommer d'une manière précise les cours d'eau ou les désignait parfois par le mot flumen. Ainsi, il garde le silence le plus absolu à propos du tleuve ou de la rivière qui entourait la forteresse gauloise d'Uxellodunum, mentionnée dans le livre VIIT des Commentaires. Il n'y avait pas non plus, dans les parages de la Meuse, d'autres rivières ni fleuves, si ce n'est deux cours d'eau peu importants : la Semois et la Chiers, petites rivières non navigables ni flottables, qui ne pouvaient arrêter le passage d'une cavalerie. Peu profondes, spécialement près de la grande route, elles ont à peine quelques pieds d'eau, qu'un cavalier peut facile- ment franchir sans y chercher un gué. A ces deux rivières (1) Quiim uniim omnes pelèrent, in ipso flyminis vado deprehemus Induciomarus interficitur, caputque ejus referlur in Castro (c. 58). (2) Voy. à ce sujet les Commentaires, liv. I, c. .^î6 et .ST, et le liv. III, ( H^^ ) nous devons ajouter l'Aisne, qui coule sur le territoire rémois. C'est en tous cas une question de peu d'impor- tance, qui ne saurait prouver que le camp de Labiénus n'était pas établi près de la Meuse, chez les Rèmes, con- trairement à l'assertion de César. En ce point, nous sommes d'accord avec le P. Alexandre Wiltheim, auteur de la carte de l'ancien pays de Trêves, publiée par Betholet (1) et reproduite par Paquet (2). Cette carte olïre certaines analogies avec celle insérée dans le tra- vail précité de Steininger, en ce qui concerne l'en- semble des renseignements topographiques, mais non pour les détails. Néanmoins les deux auteurs, sans s'occuper de ces travaux, sont d'accord pour arrêter les frontières occidentales du pays de Trêves aux bords de la Meuse, fleuve qui a servi longtemps de frontière à l'em- pire romain. Sur ce point, ils sont du même avis que Hontheim (ô). Nous devons donc admettre que le camp de Labiénus n'était pas fixé à Rocroy, ville située à une trop grande distance de la Meuse, dans une vaste plaine, tandis que, selon la description de César, le camp de son lieutenant était assis près du flumen, dans un endroit fortifié par la nature et l'art (4). Quant aux autres localités indiquées par Creuly, Napo- léon m, von Goler, Abel, Steininger et les auteurs (i) Cette carte est insérée dans l'Histoire de Luœembourfi, t. I, publiée en -1721. (2) Die Hauftatsaclien der Luxemburger Geschichte, Liixemboui'Cf, 1839. (3) Historia trevirensis, t. I, pp. 4 et 5. (4) Labiénus, quum et loci natura, et manu mmdtissimis caslris sese contineret, de suo ac legionis periculo nihil timebat (c. S7). ( H5) énumérés plus haut, elles n'ont rien de commun avec les renseignements fournis par César, rien qui se rapporte à la Meuse, fleuve sur lequel le camp était assis. C'est ce qui nous dispense d'en parler et de discuter leurs opinions. Où était enfin situé le camp de Labiénus sis sur la Meuse? Telle est la question que nous tâcherons d'élucider. Après avoir fait remarquer que ce retranchement était fixé sur la rive droite de ce fleuve, près du territoire des Rèmes (1), on nous demandera, sans doute, pour- quoi César n'a pas désigné par son nom le flumen près duquel ce camp était assis. Rien de plus facile à expli- quer. Le lecteur des Commentaires du proconsul et des écrits des auteurs latins a pu se convaincre que ceux-ci ont toujours eu un but bien déterminé, celui d'éviter les détails, et d'énoncer les faits sommairement. Par suite de l'application de ce système, César a simplement men- tionné, sans le nommer, le camp de Labiénus, assis sur la Meuse, le seul et unique fleuve des Rèmes. Aucun autre endroit ne présentait les mêmes avantages. D'une part, le camp était bien défendu contre les agressions de l'en- nemi; d'autre part, il commandait la grande route vers les possessions des Trévires. Le choix de cet emplacement était à la fois politique et militaire, politique au point de vue du peuple rémois, militaire en ce qui concerne la situation des Romains en présence des Germains. En narrant le mouvement des troupes romaines lan- cées par Labiénus à la poursuite d'Induciomare, le pro- consul ne fait pas mention de leur passage ou traversée (i) Quartam {legionem) in Rliemis ciun Tito Labieno in con/înio Trevirorum Inermare jussit (1. V, c. 24). Ô'"" SÉUIE, TOME XXXVl. et ce fut Joseph Geefs qui remporta le premier prix. A cette époque, le collège des bourgmestre et échevins, accompagné des membres du jury et du corps professoral de l'Académie d'Anvers, où ( \±^2 ) se jugeaient ces concours, ramenait chaque fois triom- phalement le lauréat à son domicile : c'était le complé- ment de l'honneur qui venait d'être décerné à celui-ci. Le cortège, musique en tête, qui entourait le jeune Geefs, devait passer devant la maison des parents de Jaquet. La vue de cette manifestation émotionna telle- ment le jeune Joseph que son père, qui comptait déjà sur lui pour continuer un jour, en sa qualité d'aîné, son laborieux métier, dut céder à ses instantes sollicita- tions et lui accorda l'autorisation de suivre les cours de cette Académie où son jeune concitoyen venait d'être si brillamment couronné. La carrière de Jaquet venait de se décider. Peu d'années après, il pouvait, lui aussi, apprécier les charmes d'un triomphe par les récompenses que lui valurent ses progrès et son assiduité aux cours de dessin, de modelage et de composition. Et avec quelle légitime fierté. Messieurs, dut-il se voir honoré, plus tard, en pleine efflorescence de sa carrière, du titre de membre effectif du corps académique de cette Académie d'Anvers, cette distinction si recherchée qui ne s'accorde qu'à l'élite des artistes! Quels durent être alors ses sentiments d'émotion lorsque, recevant cette distinction, il se reportait à ses années d'enfance, alors qu'il suivait comme élève les cours de cette même institution ! Dès qu'il eut acquis les qualités qu'exige la maîtrise, la grande loi des satisfactions matérielles de l'existence absorba ses premières années. Peu après i850, Guillaume Geefs, comme on le sait, et qu'Anvers s'honore de compter comme son plus illustre sculpteur des temps modernes, était venu habiter Bruxelles, où il put bientôt donner le plus puissant essor à son magistral talent, grâce à l'auguste protection de notre pre- ( 123 ) mier Souverain. Joseph Jaqiiet, comme son ancien pro- fesseur, abandonna aussi Anvers pour se llxer à Bruxelles, non sans conserver à l'égard de sa ville natale les senti- ments de la plus filiale atfection. Dès qu'il se fut assuré les moyens de subvenir à l'existence, il entra dans la lutte des expositions. C'est en 1845 qu'il obtint ses premiers succès au Salon triennal de Bruxelles. Son œuvre principale était modeste : une l'énus, mais il s'en dégageait déjà un cer- tain charme dans le modelé qui attira l'attention du public. Trois années après, il se présenta au même Salon avec un groupe tout à la fois charmant et tragique qu'il avait appelé : La première nuit cVexil d'Eve. Déjà il avait la hantise de la sculpture monumentale, et c'est en cette même année 1848 qu'il installait à Chi- may sa statue du célèbre poète et chroniqueur Jehan Froissart, que lui avait commandée le prince de Chimay pour cette localité qui dispute à Valenciennes l'honneur d'avoir donné le jour à cette grande figure de l'histoire du XI V" siècle. Le Salon de Bruxelles de 1851 vit apparaître, dans son éclatante beauté, son groupe : L'Age d'or. Le succès de Jaquet fut immense; l'œuvre était digne de louanges et d'admiration. Le Gouvernement s'empressa de lui en demander une réplique en marbre pour le Musée de l'Etat, ce suprême honneur que le pays n'accorde qu'aux artistes qui cherchent par leurs productions à soutenir la réputation de la Belgique. Son Age d'or figure presque vis-à-vis de l'admirable Amour captif de Fraikin, qui date de cette époque. C'est dans ce même Salon de 1851 que l'on put admirer son groupe de L'Enlèvement des Sabines, qui lui { \U ) avait été inspiré par la célèbre œuvre de Jean Bologne, à Florence , et qui fut acquis par le général baron Goethals, lequel devint aussi le possesseur de son Pan- dore et d'un Amour consolateur, dont iVI. Mosselman de Franquen fit l'acquisition pour son hôtel de Bruxelles. A ces gracieux sujets, marqués tout à la t'ois du talent si élégant et si souple de formes que Jaquet savait donner aux productions de son imagination, se rattachent encore d'autres œuvres en marbre, grandeur nature ou demi- nature : L'Hospitalité, acquise par M. le sénateur Barban- son; Flore, à M. l'ingénieur Deridder; La Bienvenue, à ce mécène dont le pays a déploré la mort : M. le comte Amédée de Beauffort; ['ënus et l'Amour, à M. De Wit; La Corbeille de Joces, acquis par M. Verheyden, à Paris, et les trois sujets achetés par M. Petit : Le Dévouement, Les Maraudeurs et Le Massacre des Innocents. Nous nous bornerons à citer ces compositions dont la notoriété restera. La renommée suivit de près le succès. C'est alors que les grandes maisons de Paris, Wegang, Vidos, Lerol frères reproduisirent par le bronze plus de cinquante de ses groupes, représentant, entre autres : Gain et Abel, Scène du déluge. Le Dévouement, Éiisa, L'Amour désarmé, Les Maraudeurs, etc. Jaquet exécuta en outre une quan- tité considérable de statues et de groupes, dont un certain nombre sont en Allemagne et en Amérique. L'énumération des productions de cette infatigable fécondité artistique serait de nature à faire douter de leur authenticité si Joseph Jaquet n'avait eu pour les réaliser le concours dévoué de son frère Jacques. Son Froissart lui valut d'autres commandes de sculp- ture monumentale. Depuis 1853, sa statue équestre de ( 125 ) rancieii gouverneur général des Pays-Bas, le prince Charles-Alexandre de Lorraine, couronne majestueuse- ment le faîte de la façade de la Maison des Brasseurs, Grand'Place, à Bruxelles. Cette plate-forme aérienne avait été établie pour une statue équestre que le sculp- teur bruxellois Marc Devos exécuta à la demande de la corporation des brasseurs; elle représentait l'électeur de Bavière Maximilien-Emmanuel, gouverneur des Pays-Bas, qui avait aidé si puissamment à relever les maisons détruites par le bombardement de 1695. Enlevée par un ouragan, on la remplaça par une autre statue en bronze, laquelle fut à son tour remplacée, en 175:2, par une statue également équestre, et en cuivre, dit-on, du prince Cbarles de Lorraine, qui avait été ciselée par l'orfèvre Simon. Les sans-culottes bruxellois renversèrent celle-ci en 1794; elle disparut peu après l'entrée des Français en juillet 1795, et prit alors le chemin de la fonderie de canons de la Bépublique, à Douai. Ce genre de statue, dans les airs, n'est pas sans offrir de grandes difticultés au point de vue de la perspective. Jaquet s'en est tiré très habilement, et sa statue fait bonne figure, à plus de 50 mètres de hauteur. Cheval et cavalier se profilent dans les plus heureuses proportions. Mons peut s'enorgueillir à juste titre de sa belle statue équestre de Baudouin IX, comte de Flandre et de Hai- naut, l'illustre chef de la quatrième croisade, qui occupa le trône de Constantinople lors du partage entre les che- valiers francs, en 1205, de l'empire grec des Comnène. Une Benommée colossale en bronze, dont il avait surmonté, en 1864, le Dôme du Palais de l'Industrie à Amsterdam, lui valut de la part du Gouvernement hollan- dais la commande de la partie sculpturale du monument ( 126) national que celui-ci érigea en 4869, dansleWilhem Park, i^ La Haye, pour consacrer le rétablissement de l'indépen- dance des anciennes Provinces-Unies, en 1815, et le retour dans sa patrie de Guillaume-Frédéric, qui devait devenir roi des Pays-Bas sous le nom de Guillaume I^''. Jaquet surmonta ce monument d'une Batavia tenant de la main gauche le drapeau national et de la main droite un faisceau de flèches. Derrière se trouve le lion néerlandais; du côté du monument qui est tourné vers la ville, se voit le prince Guillaume-Frédéric prêtant ser- ment à la loi fondamentale. Sur le revers sont : Gysbert- Karel van Hogendorp, Fr.-Adr. van den Duyn et le comte L. de Limburg-Stirum, les chefs du mouvement national de novembre 1815. Sur les deux petites faces sont les figures allégoriques de la Liberté et de la Loi, sous lesquelles se trouvent des bas-reliefs représentant le soulèvement du peuple et l'arrivée du prince appelé à gouverner le pays. Cette décoration colossale, en bronze, valut à Jaquet la croix d'Officier de l'Ordre de la Couronne de chêne, que nos voisins du nord n'accordent généralement qu'aux artistes. C'est à la même époque que le Gouvernement belge réleva à la dignité d'Officier de l'Ordre de Léopold. C'est par son vaste bas-relief du fronton de la façade principale de la Bourse de Bruxelles et par les deux lions surmontant les murs de soutènement du grand escalier, sculptés en 1872, ainsi que par sa belle statue de Marie- Louise, première reine des Belges, placée à Philippeville en 1879, que Jaquet a clos la part qu'il a eue dans la statuaire monumentale. Jaquet ne connut jamais réellement le repos. Malgré cette prodigieuse production d'œuvres, il sut remplir les ( i'^^ ) fonctions de professeur de sculpture à l'Académie de Bruxelles, où l'avait appelé son vieil ami Simonis, avec qui il partagea le rude sacerdoce d'initier les jeunes élèves à l'art qui avait fait leur réputation à tous les deux. Il se dévoua complètement à cette tâche, qui comporte des aptitudes toutes particulières. La place de Jaquel était déjà marquée depuis long- temps dans l'Académie royale de Belgique. Aussi, lorsque la mort enleva son collègue Simonis, le remplaça-t-il comme membre titulaire de la Classe des beaux-arts. Ainsi que vous venez de l'entendre, Messieurs, la part de Joseph Jaquet a été aussi considérable dans le mouve- ment de la sculpture belge depuis 1850, que celle de Simonis, de Guillaume Geefs et de Fraikin. Il est de ceux de qui l'on peut hardiment dire qu'ils ont puissamment contribué à soutenir la vieille réputation artistique de la Belgique. L'art marche par périodes. Chacune de ces périodes est caractérisée par un style qui en porte le nom. Les artistes ne sauront jamais méconnaître en leurs prédécesseurs tout ce que ceux-ci ont fait pour maintenir le sentiment du beau qui est la véritable expression du vrai. Jaquet aura été le dernier représentant de cette école roman- tique, née vers 1850, lors de cette éclosion des libertés de la pensée et qui a eu son époque de célébrité. L'abandon des vieilles routines de l'école classique, l'abus du sym- bolisme ont établi une démarcation profonde entre la sculpture d'hier et celle d'aujourd'hui. A un réalisme outré a déjà succédé la recherche du sentiment plus vrai de la nature étudiée uniquement en elle-même et par elle- même. Le conventionnel n'existe plus, et c'est la nature qui préside, toujours la nature, non dans ses aberrations ( 128 ) et ses erreurs que d'aucuns veulent ériger en principe de l'art. Ce n'est plus dans les froides et correctes académies, comme on les appelait jadis, et qui n'étaient que le fruit de combinaisons enfantées seulement dans les ateliers, que l'art réside encore ; c'est la nature dans tout ce qu'elle a de beau et de vrai qui est devenue le guide des jeunes générations d'artistes. Mais cela n'empêche que pour ceux-ci comme pour leurs anciens maîtres, lorsque l'heure du jugement de leurs œuvres sera aussi inéluctablement arrivée, ils se rappelleront que ces devanciers ont été pour quelque chose dans la marche ininterrompue du progrès. Cher Jaquet, par un pieux sentiment familial, on t'a entouré en ce moment suprême des reproductions de tes compositions préférées. Mourir dans ces conditions, c'est disparaître dans une apothéose composée de tout ce que tu avais produit pour rappeler de grandes gloires de la patrie ou pour charmer l'imagination par les plus gra- cieux symboles. Toutes ces compositions si nobles et si éloquentes auxquelles tu as consacré ton talent, consti- tuent ton glorieux cortège dans cette route qui mène vers l'éternité. Les paroles d'adieu que je t'adresse, cher et vieil ami, reportent mes souvenirs à mon enfance, à cette époque où tu m'accueillais la main ouverte et le sourire de la bien- veillance sur les lèvres lors de mes visites dans ton atelier. Tel tu étais alors, tel tu as toujours été pour les tiens, pour tes amis, pour tes collègues et confrères, i)Our tes élèves qui te chérissaient et qui vénéreront ton nom, pour tous ceux, enfin, qui ont eu le bonheur de te connaître et d'apprécier ton cœur loyal et généreux. Que ton âme repose en paix, ton souvenir restera parmi nous comme ta vivante image ! ( 129 ) Adieu, Jaquet, tu ne laisses après toi qu'un arrière-petit - fils qui faisait toute ta joie. Lorsque pour lui sera arrivé l'âge de la raison, ta femme bien-aimée, ta fille chérie, à la douleur de qui nous nous associons, lui rappelleront que, seul, le travail ennoblit. Nous lui souhaitons, pour égide de sa destinée, ta si belle et honorable existence. NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. Alb. .Iacquot, Les Michel, les Adam et Clodion. Paris, 1898, 1 broch. in-8°. Après les consciencieuses monographies de MM. Thi- rion et J.-J. Guitfrey, il eût été ditïicile que M. Alb. Jacquot trouvât sur les Adam, les Michel, particulière- ment sur Claude Michel ou Clodion, le plus illustre membre de la famille, des choses neuves d'importance bien grande, à nous apprendre. Pourtant, au cours de ses investigations, il est arrivé à exhumer maint détail curieux, surtout en ce qui touche les travaux de Clodion. L'artiste d'ordre vraiment supérieur, en qui s'incarne le plus parfaitement la statuaire française sous Louis XV, vécut assez pour voir non seulement la chute de la monarchie, mais presque celle de l'Empire, après avoir collaboré à la décoration de la colonne Vendôme et de l'Arc du Carrousel. M. Jacquot a recherché les traces de Clodion à Nancy et dans les environs et, outre des pro- ductions de jeunesse, en signale d'aiîtres de son âge mùr, créées durant l'époque où il chercha, dans sa ville natale, un refuge contre la tourmente révolutionnaire. 5""' SÉRIE, TOME XXXVl. 9 ( 130) Parmi les contrats retrouvés et qu'il nous donne, il eu est de fort dignes d'être connus : ceux, par exemple, relatifs aux mausolées de la comtesse d'Orsay et de la baronne Demidofl', et spécialement celui passé en 1805 avec le vicomte Joseph Jablonowski pour l'érection, en Pologne, d'un monument à Copernic. Ce monument lut-il jamais exécuté? C'est douteux, attendu que ceux que l'on érigea à Tliorn, lieu natal de l'immortel savant, comme à Cracovie, n'émanent ni l'un ni l'autre du ciseau de Clodion. Il n'est dès lors pas inutile de donner ici un extrait du contrat de 1805, con- tenant une description très pittoresque du projet. « Ivopernik doit avoir l'air et le maintien noble et une phisionomie fière, préocupée de quelque objet pro- fond ; l'altitude d'un homme qui met le pied droit en avant comme pour monter sur le demi-globe posé sur im piédestale quarré, l'autre pied est presque en l'air mais desiné noblement. Il doit être costumé selon son [)or- trait en estampe que M. le professeur Delalande m'a promis de donner, mais si ce costume n'est pas assez noble, il faut lui donner le manteau fourré de Docteur de l'Uni- versité puisqu'il a professé l'Astronomie à Padoue. Il faut prendre des renseignements très exactes sur cela pour ne pas faire des anacronisme. Il faudrait voir si la fourrure polonaise à manche très étoffée et doublée d'une pelisse épaisse partout et aux bords des manches ne ferait pas bon effet, mais c'est alors quand on ne peut pas le costumer en manteau long académique. Kopernic doit tenir sa main droite en avant, un peu en attitude héroïque, devançante le globe un peu penchée surtout les deux doigts comme s'il ordonnait le mouvement de la terre. De la main gauche il doit retirer en arrière le ( ^3^ ) voile ou la drapperie qui couvre le trophée des différents instruments astronomiques. » Du côté droit de Kopernic un peu plus en avant doit être placé le Préjugé dont l'altitude demande beaucoup des soins. Le Préjugé sera représenté sous la forme d'un vieillard, nerveux, musculeux, presque décharné, large d'épaules et de corps, nu mais placé décemment, ses cheveux et sa barbe d'un grand abandon. 11 doit être accroupi, comme s'il prenait racine mais ayant l'air d'être forcé par le système de Kopernic de s'élever. La partie inférieure de son corps doit encore être presque accroupi, mais son indignation fait faire un mouvement à la partie inférieure de son corps qui le fait tourner un peu du côté opposé à la statue et un peu avancer en avant dépassant un peu la statue de Kopernic, ses mains levées inégalement une presque vis-à-vis sa tête un peu éloignée l'autre plus haut que sa tête tenant un livre ouvert à la main avec le passage de la Bible où Josué s'écrie Sta sol, et la tournant du côté du soleil comme s'il protestait. Il y a je crois une statue du groupe de Niobé qui donne à peu près l'idée de l'attitude. Mais elle doit être plus horrible qu'élégante. L'austre annonçait l'étonnement et la crainte; celle-ci doit annoncer l'indignation et l'entê- tement. Je ne sais s'il ne serait pas plus beau de ne pas mettre aucune drapperie sur le corps du préjugé. Mais si on ne peut pas la placer de manière à cacher sa nudité indécente, il faut lui jeter sur l'épaule un peu de drape- rie comme un manteau lyrique autant qu'il faut pour qu'il tombe sans affectation sur ses nudités. )) Le globe sous les pieds de Kopernic doit être des- siné en carte géographique un peu en bas relief. La ( 432 ) Pologne pays natale de ce grand homme doit être au milieu dans la situation remarquable... » On voit que l'appel fait au talent du statuaire ne lui imposait pas un bien puissant effort d'imagination. D'autres contrats lui laissent à peine plus d'initiative, chose à constater et qui, en présence d'exemples simi- laires, nullement rares dans l'histoire de la sculpture, nous force à admettre que quantité d'ensembles fameux, avant de se produire sous leur forme finale, ont dû être l'objet de longues et savantes combinaisons moins de la part de ceux qui les créaient, que de ceux qui en faisaient la commande. Cela choque un peu les idées reçues, mais c'est encore l'unique moyen d'expliquer les ensembles allégoriques vastes et compliqués, dont la société française fit ses délices au XVIII" siècle. Henri Hymans. RAPPORTS. MM. Huberti, Mathieu, van Duyse et Benoit donnent lecture de leurs appréciations sur une composition musi- cale portant pour titre : Trois poèmes, soumise à l'Acadé- mie par M. Martin Lunssens, à litre d'envoi réglementaire comme premier prix du grand concours de composition musicale de 1893. — Renvoi à M. le Ministre de l'Agri- culture et des Travaux publics. ( 133 ) OUVRAGES PRESENTES. Brialmunl [A.]. Progrès de la défense des États et de la fortification permanente, depuis Vauban. Bruxelles, 1898; vol. gr. in-8° avec atlas oblong. (xi-369 p. et 43 plan- ches). Génard {P.). Mijne laatste nasporingen over de geboorte- plaats van Quinten Massys. Anvers, 1898; in-8" (22 p.). Pasquier [Ernest). Cours de mécanique analytique, tome I^"" : Vecteurs — Cinématique — Statique et Dyna- mique du point. Louvain, 1897; in-4'' (336 p.). Verwey {Isaac). Een noord-nederlander over zijn omreisje door België in 1823. (Introduction par Paul Fredericq.) S. 1. n. d.;in-8M29p.). Guilliaume (Jules). Le vers français et les prosodies modernes. Bruxelles-Paris, 1898; in-8° (226 p.). Devillers [Léopold). Chartes du comté de Hainaut de l'an 1200. Reproduction des originaux avec introduction, traduction et notes. Mons, 1898; in-folio (19 p.). De WUdeman [E.). Prodrome de la flore belge. Thallo- phytes, fasc. I-III. Bruxelles, 1897-98; in-8" (543 p.). Deniijts (François). Note sur les groupes neutres à élé- ments multiples associés, des involutions unicursales. Bruxelles, 1898; extr. in-8° (11 p.). — Note sur la configuration formée par les quadrisé- cantes des courbes gauches rationnelles du 6'"" ordre. Bruxelles, 1898; extr. in-8« (20 p.). — Note sur les sécantes multiples des courbes gauches rationnelles. Bruxelles, 1898; extr. in-8<' (8 p.). ( iU ) Toussaint {le chan.). Poésies chrétiennes, 3'n« pai'tie. Namur, 1898; in-8° (30 p.). Chauvin ( Victor). Bibliographie des ouvrages arabes ou relatifs aux Arabes, III. Liège, 1898; in-8''. Mercier (D.). La définition philosophique de la vie, 2"'« édition. Louvain, 1898; in-S" (74 p.). — Les origines de la psychologie contemporaine. Louvain, 1897; in-18 (xii-476 p.). Mathy (£.). Rotation d'un corps solide autour d'un point fixe. Cas où il n'y a pas de forces motrices ou qu'elles se font équilibre autour du point fixe. Gand , 1898; in-8" (18 p.). — De l'ellipsoïde considéré comme figure d'équilibre relatif d'une masse fluide homogène. Paris, 1898; extr. in-4o (7 p.). — Expression des composantes de l'attraction d'un ellip- soïde homogène sur un point extérieur, au moyen des fonc- tions 0 et ^. Paris, 1898; extr. in-4o (12 p.). Exposition internationale de Bimxelles : Congrès international colonial. Compte rendu, 1897. Grand in-8'' (461 p.). Ligue belge du droit des femmes. Actes du Congrès fémi- niste international de Bruxelles ; publiés par les soins de M"* Marie Popelin. Bruxelles, 1898; in-8o (vi-loO p.). Bruxelles. Société d'anthropologie. Bulletin, tome XIV, 1895-1896. Gand. Vlaamsche Académie voor taalkunde. Vak- en kunst- woorden, n"" 3, ambacht van den timmerman (J. en V. Van Keirsbiick). 1898. — Willemsfonds. Uitgave n"" 144 : De openbare en de bijzondere weldadigheid. Hare hervorming. Naar het fransch van K. H. De Quéker. 1897. LiÉiîE. Société d'art et d'archéologie. Bulletin, tome XI. 1897. ( <35 ) LouvAiN. La Cellule, recueil de cytolojjie, tome XiV, l*"" fas- cicule. ln-4". Allemagne et Autriche-Hongrie. Brunn. Naturforscheude Gesellschafï. Verhandlungen , Band XXXV, 1896 — XV. Bericin der meteorologischen Commission, 1895. Erlangen. Pfiysikaliscli-medidnisclie Societdt. Sitzungs- berichte, :29. Heft, 1897. Munster, Vereinfur Kunst. 25. Jahresberichl, 1896-1897. Berlin. A'. Akademie der Wissenschafïen. Abhandlungen, 1897. ln-4°. Hambourg. Handelsstalische Bureau. Uebersicliteii des Handels im Jahre 1897. 111-4°. Stuttgart. Vei^ein fur Naturkunde. Jahreshefle, 54. Jahr- gang, 1898. France. Aadaillac [le m" de). Les agglomérations urbaines. Paris, 1898 ; extr. in-8° (32 p.). Gréhanl (A.). Recherches sur les limites de l'absorption de l'oxyde de carbone par le sang d'un mammifère vivant. Paris, 1898; extr. in-8° (7 p.j. — L'oxyde de carbone, le grisou et le grisoumèlre. Paris, 1898 ; extr. in-4<' (18 p. , fig.). Dufet{II.). Recueil de données numériques publié par la Société française de physique. Optique. Premier fascicule ; Longueurs d'onde. Indice des gaz etdes^liquides, Paris, 1898; vol. in-8° (415 p.). ( 436 ) Liste des ouvrages déposés dans la bibliothèque de l'Académie par la Commission royale d'histoire. Bruxelles. Société d'archéologie. Annales, XII, 2. Gand. Société d'histoire et d'archéologie. Annales, III, n" i. — Messager des sciences, 1896, 3. Malines. ^2^ Congrès historique et archéologique, vol. !«■■. Paris. Ministère de l'instruction publique. Lettres de Cathe- rine de Médicis, t. VI. 1897; in-4«. Bibliothèque des Écoles d'Athènes et de Home, fascicule 70, 2« partie. Polijbiblion. Avril de 1898. Saint-Omer. Société des Antiquaires de la Morinie, t. XXIV. Bulletin historique, 183^ livraison. Rome. R. Accademia dei Lincei. Atti scienze niorali, stori- che e filologiche, vol. Vi. 1898; gennaio e febbraio. BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DES Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. 1898. — i\" 8. CLASSE DKS SCIENCES. Séance du 6 août 1898. M. Éd. Dupont, directeur. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. W. Spr'ing, vice-directeur ; le baron Edm. de Selys Longchanips, Gluge, G. Dewalque, C. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Fr. Crépin, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, Alfr. Gilkinet, G. Van der Mensbrug- ghe, L. Henry, M. Mourlon, P. Mansion, P. De Heen, C. Le Paige, F. Terby, J, Deruyts, Léon Fredericq, J.-B. Masius, J. Neuberg, membres; Cli. de la Vallée Poussin, associé, et A. Jorissen, correspondant. M. Lagrange écrit pour motiver son absence. -^"'^ SÉRIE, TOME XXXVI. 10 ( ir>8 ) CORRESPONDANCE. M. le Secrétaire perpétuel fait savoir que le Bureau de la Classe (composé de MM. Dupont, Spriiig et lui) s'est lendu à Malines le 24 juillet dernier, pour représenter ofificiellement l'Académie à l'inauguration de la statue de Pierre-J. Van Beneden. A la délégation s'étaient joints MM. le baron de Selys Longchamps, Brialniont, Ch. Van Bambeke, M. Mourlon, J. Deruyts, Léon Fredericq, J.-B. Masius, L. Errera, J. Fraiponl et P. Francotte, de la Classe des sciences, G. Biot et J. Winders, de la Classe des beaux-arts. Assistaient aussi à la solennité, mais comme faisant partie de la délégation de l'Université de Louvain : xMM. Cb. de la Vallée Poussin, associé de la Classe des sciences, et le cbevalier Ed. Descamps, membre de la Classe des lettres. M. le Secrétaire perpétuel propose de voter des remer- ciements à M. Dupont, qui a pris la parole au nom de l'Académie. {Applaudissements.) M. le Secrétaire perpétuel donne ensuite lecture d'une lettre de M. Edouard Van Beneden, remerciant l'Acadé- mie, tant en son nom qu'au nom de sa famille, pour le nouvel hommage rendu à la mémoire de son vénéré père. « Mes remerciements, ajoute M. Van Beneden, s'adres- sent également à ceux de mes confrères qui ont bien voulu se joindre au Bureau, et à M. Dupont pour la rare distinction avec laquelle il s'est acquitté de la mission dont il avait bien voulu se charger. » ( 159 ) — M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique demande l'avis de l'Académie — en vue de répondre à l'invitation du Gouvernement français de faire représenter la Belgique au Congrès de Paris, en 4900 — sur le rapport de M. Poincarré « Sur les résolutions de la Commission chargée de l'étude des projets de décima- lisation du temps et de la circonférence ». Renvoi à MM. Folie, Lagrange et Le Paige. — L'Académie royale des sciences, la Faculté de méde- cine (Karolinska Instituet), l'Académie d'agriculture et la Société des médecins de Suède, à Stockholm, invitent l'Académie à se faire représenter à la célébration du cin- quantième anniversaire de la mort de Berzelius, qui aura lieu à Stockholm, le 7 octobre 1898. L'Académie s'associera, par une adresse, à cette manifestation. — M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, le premier fascicule du tome XIV du recueil de cytologie : La Cellule. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : Crisfalloïdes dans l'ooajte de Pholcus phalangioides FuessL, par Ch. Van Bambeke; Recherches expérimentales sur la formation du son dans (es instruments à bouche de flûte; par le père Ch. Lootens, S. J. (présenté par M. Yan der Mensbrugghe, avec une note qui ligure ci-après) ; ['eber die Entmcklumj der Graaf^chen Follikel; par Albert von Kolliker, associé. — Remei'ciements. ( 140 ) — Travaux manuscrits renvoyés à l'examen : i° Becherches expérimentales sur la circulation du sang chez l'Anodonte (3 planches); par MM. Victor Willem et Achille Minne, de l'Université de Gand. — Commissaires : MM. L. Fredericq et F. Plateau; 2° Les tremblements de terre et les marées; par Victor de Ziegler. — Commissaires : MM. Folie et Van der Mens- hrugghe ; 3° Sur le symbole de la vie et de la création; par M. Basile BoukteiefF. — Commissaires : MM. Masius et Vanlair; 4° Sur les dérivés du bromo-nitro-^néthane H|2C-Br(J\02) ; par M. J. Maas, docteur en sciences à Louvain. — Com- missaires : MM. Henry et Spring. NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. J'ai l'honneur de présenter en hommage à l'Académie, au nom du père Ch. Lootens, S. J., un exemplaire de ses Recherches expérimentales sur la formation du son dans les tuyaux à bouche de flûte. Les premiers résultats de ces recherches ont été signa- lés dès 1877 dans le Journal de Physique et avaient attiré l'attention des physiciens, notamment de Jamin. L'auteur espère, et je pense comme lui, que ces faits, décrits maintenant d'une manière plus complète et plus origi- nale, serviront à élucider une série de points plus ou moins controversés en acoustique. G. Van der Mensbrugghe. ( Hl ) CONCOURS DE LA CLASSE POUR 1898. SCIENCES MATHEMy^TIQtJES ET I>HVSI9IJES. Trois mémoires ont été reçus en réponse à la troisième question : Apporter une contribution importante à l'étude des corres- pondances (Verwandtschaften) que l'on peut établir entre deux espaces. Devise du n° 1 : Geometry is hard (J.-H.-S. Smith); Devise du n" 2 : Numeri regunt locum ; Devise du n° 5 : Itinera ad veruui. Commissaires : MM. .Neuberg, Le Paige et De Tilly. SCIENCES Ni%TIJREI>L,ES. Un mémoire a été reçu en réponse à la première ques- tion : On demande de nouvelles recherches... sur la digestion chez les plantes carnivores. Devise : L'activité des plantes carnivores est, en dernière analyse, une question d'azote. Commissaires : MM. Errera, Gilkinet et Crépin, ( 142 ; — Un mémoire a été reçu en réponse à la deuxième question : On demande des recherches physiologiques nouvelles sur une fonction encore mal connue chez un animal invertébré. Devise : La physiologie des invertébrés est presque tout entière à l'état de desideratum (Ch, Morren). Commissaires : MM. Plateau, Van Beneden et Van Barabeke. RAPPORTS. La Classe décide le dépôt aux archives des notes : 1" De M. G. Kayser Sur la physique du globe et la météorologie, renvoyée à l'examen de MM. Terby et Lancaster; 2" De M. B.-G. Jenkins : .4 method for determining astronomically the variations in the température and présure of the atmosphère, renvoyée à l'examen de MM. Lancaster, Lagrange et Terby. Cette note, fait remarquer M. Lancaster, n'est que la reproduction, à part quelques légères modifications, d'une brochure du même auteur, publiée en 1894 sous le titre : Tellustria, etc. ( 143 ) Becherches morphologiques et phylogénétiques sur les Mollusques archaïques; par Paul Pelseneer. Happot't de M. Éil. t'ui% iteneden, pr-etniet' cotnntisaait'e. « J'ai été chargé par la Classe de lui faire rapport sur un mémoire de M. Paul Pelseneer, professeur à l'École normale de Gand. Ce mémoire a pour titre : Recherches morphologiques et phylogénétiques sur les Mol- lusques archaïques. Mon rapport ne sera pas une analyse du travail soumis à mon appréciation. Je veux me borner à en indiquer l'objet et à justifier la proposition que j'aurai l'honneur de faire à l'Académie, d'ordonner l'impression de l'œuvre de M. Pelseneer dans les Mémoires in-4''. Depuis environ treize ans, M. Paul Pelseneer se con- sacre à l'étude de l'organisation des différents groupes dont se compose le grand embranchement des Mollusques. Il a publié, dans une série de travaux successifs, les résul- tats de ses recherches anatomiques. Ces travaux, dont la haute valeur est reconnue par les zoologistes les plus compétents, ont fait de M. Pelseneer l'une des pre- mières autorités de notre époque, en matière de mala- cologie. S'il fallait citer des preuves à l'appui de cette appréciation, je rappellerais que c'est à M. Pelseneer qu'a été confiée l'étude des Ptéropodes du Challetiger ; c'est lui que Huxley a choisi comme collaborateur pour l'étude et la publication de l'anatomie des Spirules. J'ajouterais que Garstrang, dans son récent article sur C \U ) la morphologie des Mollusques, s'exprime comme suit : a Nous doutons qu'aucun groupe aussi étendu du règne » animal, à l'exception peut-être des Échinodermes, ait » été l'objet de recherches aussi productives que celui » des Mollusques, durant la période qui s'est écoulée )) depuis la publication, en 1883, des Mollusca de Ray )) Lankester; et certainement la méthode phylogéné- » tique n'a pas réalisé de plus grands triomphes que » dans les mains de Bouvier, de Haller, de Pelseneer et » d'autres savants, qui ont étudié les Gastéropodes et les » Lamellibranches. » Le nouveau mémoire que M. Pelseneer vient d'adres- ser à l'Académie est la suite et l'on pourrait dire une sorte de synthèse de ses publications antérieures. Après que les formes les plus primitives des différents groupes de l'embranchement ont été successivement reconnues, il fallait se livrer à une étude comparative de ces formes, dans le but de rechercher leurs relations mutuelles et de déterminer les affinités et l'origine de l'embranchement auquel elles se rattachent. Ce sont les bases et les conclusions de cette étude que M. Pelseneer fournit dans le mémoire qu'il nous soumet. Celui-ci comprend une partie analytique, dans laquelle les faits d'observation se trouvent décrits, et une partie syn- thétique, dans laquelle ils sont discutés en eux-mêmes et dans les conclusions qu'ils comportent. Un atlas de planches admirablement dessinées à la plume accompagne le texte. Je ne possède pas, dans la connaissance des Mollusques, une compétence suffisante pour me permettre de discuter l'œuvre d'un savant qui est, en cette matière, une auto- rité incontestée. I ( 445 ) Mais je n'hésite pas à aftirmer (jiie la publication du mémoire de M. Pelseneer, dans l'un de nos recueils, fera honneur à l'Académie et au pays. Celui qui me parait seul convenir, en raison du format des planches, c'est le recueil des Mémoires in-4° des savants étrangers. Je propose donc à la Classe de décider cette impres- sion, d'ordonner la reproduction par la phototypie des planches qui accompagnent le manuscrit, et d'adresser à l'auteur les remerciements et les félicitations de l'Aca- démie. » La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles se sont ralliés entièrement MM. Plateau et Van Bambeke. Sur l'action catalyiique de la mousse de platine et de palladium; par A. de Hemptinne. Happoi't tte n. %V, Xpt'itty, ftt-etnief cuinÊtêiiutnSff. « M. de Hemptinne a essayé de résoudre la (piestion de savoir si l'action catalytique de la mousse de platine est d'ordre physique ou d'ordre chimique. A cette fin, il fait remarquer que cette action catalytique doit s'éteindre par un abaissement de la température si elle est un acte chimique, les corps ne se combinant plus sitôt que le froid est devenu assez intense. Au contraire, cette action doit s'accentuer dans les mêmes conditions si elle est d'ordre physique, puisque la condensation est, en général, facilitée par le froid. ( 146 ) Les résultats obtenus sont plus compliqués qu'on ne pouvait le prévoir; ils sont donc d'autant plus intéressants. En comparant l'action de la mousse de platine avec celle du carbone en poudre et de la mousse de palladium, l'auteur a constaté que le carbone condense plus d'hydro- gène à — 78° qu'à -f- 15% tandis que la mousse de platine en absorbe moins à froid. La mousse de palladium se comporte autrement que le platine. En opérant avec l'oxyde de carbone au lieu de l'hydrogène, il a été constaté que la mousse de platine absorbe plus de gaz à — 78° que d'hydrogène et que la mousse de palladium se modifie au contact de l'oxyde de carboné au point d'acquérir vers 20° un pouvoir absorbant extraordinaire. J'ai l'honneur de proposer l'insertion de la note de M. de Hemptinne dans le Bulletin de la séance. » La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles M. De Heen a adhéré. Sur les salicylates doubles de métal et d'antipyrine {troisième communication); par M.-C. Schuyten. itnpito>'t fltf MM, M, Jot'ivaen, ftfetnifff co»ntnis»ait'e. « M. Schuyten termine, dans cette note, l'exposé de ses recherches sur les salipyrines obtenues par la méthode décrite dans une communication précédente. Comme d'autres salicylates déjà mentionnés, ceux de magnésium, de manganosum et de plomb donneraient avec l'antipyrine des combinaisons additionnelles, tandis ( ^i^ ) qu'il serait impossible de réaliser, dans les mêmes condi- tions, la formation de salicylates doubles d'aluminium, de chrome, d'uranyle et d'antipyrine. L'auteur ne se prononce pas encore pour ce qui con- cerne le composé de bismuth, lequel, préparé suivant un procédé spécial, constituerait un corps cristallin qu'il considère comme une combinaison très importante et dont il se propose de faire l'étude complète dans un ave- nir plus ou moins rapproché. M. Schuyten attire l'attention sur l'instabilité des com- binaisons qui ont fait l'objet de ses recherches et dont l'eau notamment provoquerait aisément la dissociation, A propos de cette observation, on peut regretter que l'au- teur n'ait pas cru devoir exposer les résultats de ses expé- riences sur les salipyrines dans un travail d'ensemble, au lieu de les publier dans une série de notes dont les pre- mières ne pouvaient comporter des indications d'ordre général . Comme il manifeste l'intention de poursuivre ses recherches sur les composés correspondants de l'acide benzoïque, je crois pouvoir lui conseiller de résumer les principales observations qu'il recueillera, dans un seul mémoire, dont la lecture sera plus intéressante que celle d'une série de descriptions se succédant à des intervalles assez longs. J'ai l'honneur de proposer l'impression de la note de M. Schuyten dans le Bulletin des séances. » La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles s'est rallié M. W. Spring. ( 148 ) I. Note sur la détermination des éléments neutres d'espèces quelconques; ÏI. Note sur quelques propriétés des courbes gauches; par F. Deriiyts. Ittippot't il» JtW. léB Paifff, pt'einift' romtnia.sniff. « Les deux notes présentées par notre jeune collègue de l'Université de Liège me semblent offrir un grand intérêt. La question de la détermination des éléments neutres des involutions est entourée de difficultés. M. Deruyts les a heureusement surmontées. La seconde note comprend des applications, jusqu'ici fort rares, des involutions de rang quelconque aux êtres géométriques de notre espace. Je citerai notamment le théorème : Par q — k points de l'espace, on peut mener 2 „,_,^ „(___)(-_ courbes gauches du quatrième ordre ayant un contact d'ordre (k — p -^- 1) «^^c une courbe gauche donnée d'ordre n et rencontrant cette courbe en âp — o points. Je propose bien volontiers l'insertion de ces deux notes au Bulletin de la séance. » La Classe a adopté ces conclusions, auxquelles s'est rallié M. Neuberg. ( 149 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur divers composés nitrés aliphatiques à fonctions multiples; par Louis Henry, membre de l'Académie. NOTICE PRÉLIMINAIRE. Mes études sur la solidarité fonctionnelle et la volatilité dans le groupe du carbone m'ont fait désirer connaître des composés carbonés renfermant, dans leur molécule, en même temps que le groupement - C - NO2, les groupe- ments > CO (aldéhyde ou acétone) ou -CN (nitrile). J'ai confié à deux de mes élèves la tâche aussi intéres- sante qu'instructive d'appeler à l'existence des composés de cette sorte. En attendant que leurs recherches sur cet objet soient terminées, je crois utile de faire connaître, dès à présent, les composés dignes de remarque qu'ils ont réussi à produire. § I. — Sur la nitro- acétone CHs-CO-CH^NOj). V acétone mononitrée a été obtenue par M. 0. De Battice en oxydant Valcool nitro-isopropylique {*) CH5 - CH(OH) - CH2(N02) par le mélange chromique : bichro- mate potassique et acide sulfurique étendu. (') Louis Henry, Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3« sér., t. XXIX, p. 834 (année 1895). ( ISO) Comme beaucoup d'autres réactions de cette sorte, si cette opération est aisée, elle n'est guère avantageuse quant à son rendement. On pouvait croire que l'on serait parvenu à former ce composé dans de meilleures conditions en faisant réagir les dérivés monolialoïdes de l'acétone, et notamment Vacétone iodée CH5 - CO - CH2Ï, sur le nitrite d'argent AgNO^. Il n'en a pas été ainsi. La nitro-acétone CH5 - CO - CH2(N02) constitue un liquide incolore, mobile, d'une odeur très piquante, pro- voquant le larmoiement, d'une saveur brûlante, avec un arrière-goût nauséabond, très persistant. Elle est fort peu soluble dans l'eau, mais soluble dans l'éther et l'alcool. Sa densité à 14° est égale à 1.070. Elle bout, sans décomposition, à 132°, sous la pression de 767 millimètres, toute la colonne mercurielle dans la vapeur. Après quelques instants de contact avec l'eau, elle présente d'une manière prononcée le caractère acide; elle rougit le papier bleu de tournesol et expulse le gaz CO^ des carbonates alcalins. Elle ne réagit pas avec le chlorure d'acétyle. Son insolubilité dans l'eau, son odeur, sa volatilité, l'inertie du chlorure d'acétyle la distinguent nettement de l'alcool nitro-isopropij tique et témoignent de son individualité. Sa composition centésimale correspond d'ailleurs à la formule CH5 - CO - CH2(N0.>). L'élément caractéristique qu'elle renferme quant à sa quantité est Vhijdrogéne : M. De Batlice en a trouvé 4.97 et 4.99 %; l'acétone ( IS! ) nitrée en renlerme 4.85 "/o, tandis qu'il y en a 6.66 7o dans l'alcool nitro-isopropylique. J'attirerai l'attention sur trois propriétés de ce corps, lesquelles montrent bien ce qui, dans celles-ci, est dû à la coexistence des composants H2C - NO.j et > CO en un point de la molécule : 1° L'odeur piquante. L'alcool nitro-isopropylique est sensiblement inodore. 2'' Le caractère acide nettement accentué. L'alcool nitro-isopropylique, quoique renfermant aussi H^C- NO^, est inerte sur les carbonates alcalins. Le voisinage de >C0 renforce notablement le caractère basique du grou- pement H^C - NO.2. 5" La volatilité. Eb. 15:2°. L'alcool nitro-isopropylique bout, sous la pression de 768 millimètres, à 200"-201°. La transformation du cbainon cdcool secondaire >CH-OH en chaînon acétone y C = 0 abaisse donc le point d'ébullition de 48". Voici les rapports de volatilité de certains composés, de même nature fonctionnelle, en C5. Cll5-CH(OH)-Cll3 El). 85° \ -"■n C!l--C0-CIl3 36° / CIf5-CH(0H)-CH, -Cl Éb. I27" Cllj-CO-CfLCI 118» - 9" Le poids moléculaire de l'alcool nitro-isopropylique est 105. Les alcools secondaires en Cg ont un poids moléculaire presque identique, 102. Or leur transforma- ( 152 ) lion en acétone s'accompayne d'un abaissement beaucoup moindre dans leur point d'ébullition CH3-CH2-CH(On)-Cn2-CH.-CH-, Éb. 153» \ ) -12'• CH,-CFl2-CO-CH,-CH,-CH5 123» / On voit par là, d'une manière évidente, l'influence volatilisante exercée par l'existence dans la molécule de y acétone nitrée du système - CO - CHg (NOg). Pour déterminer l'étendue du rayon au dedans duquel cette influence se fait sentir, il faudrait pouvoir examiner comment se présente l'bomologue supérieur de l'acétone mononitrée, CH3 - CO - CH^ - CH^ (NOo). Il est à espérer que M. De Battice, qui s'occupe avec activité des acétones nitrées, parviendra à donner une solution complète à cette question, ^ II. — Sur le nilrile butyrique normal mononitré primaire CN - CH. - CH, - CH^INO,) (*). Ce corps a été obtenu par M. R. Van Melckebeke en faisant réagir sur le nitrite d'argent AgNO^ le nitrile buty- rique mono-iodé primaire CN - CH^ - CH^ - CH^Ï. Le nitrile butyrique mononitré primaire CN - CH^j - CH^ - CH^ (NO2) constitue un liquide incolore, quelque peu épais, faiblement odorant, d'une saveur piquante, douceâtre. [' ) Au moment où j'écris ces lignes, je reçois le numéro 12 du Bulletin de la Société chimique de Berlin, où M. 0. Piloty fail con- naître un isomère du nitrile butyrique normal primaire, à savoir le nitrile isobulyrique mononitré, composé solide, cristallin, fus. à So". ( «'^5 ) Il est insoluble dans l'eau; l'éther, l'alcool, la benzine, le chloroforme, les solutions alcalines le dissolvent aisé- ment. Sa densité à 12° est égale à 1.158. Il bout à 160° sous la pression de 35 millimètres, à 256° sous la pression ordinaire, mais en subissant une légère décomposition. J'ai montré précédemment combien est puissante l'in- nuence volatilisante qui résulte de la coexistence en un point des molécules carbonées des composants - CN et > CO. On est autorisé à admettre qu'il en doit être ainsi des composants - CN et > C (NO^). Le point d'ébullition élevé du nitrile butyrique nitré normal et primaire permet de conclure que cette influence volatilisante ne s'exerce plus ou du moins que très faible- ment à travers le système - CHo - CH^ - qui sépare les composants - CN et H^C - NO.» CH3-CH2-CH2-CHÎ Eb. i" CN-CH2-CH2-CH5 US' CH3-CH2-CHJ CH3 Éb. 1» CII3 - CH2 - CH2 - CH2(N02) 1 52' CN-CH2-CHÎ-CH3 Éb. 118» CN - CHj - CH, - CH2(N0,) 256° Ml" 151' M 8» 84° CH5-CH3-CH2-CH,(NOj) Éb. 152» CN - CH, - CHi - CH2(i\0i) 2ÔG» 5'"* SÉUIE, TOME XXXVI. H ( iU ) Les différences il7°-84'' et 151 "-US", ou 55°, repré- sentent ce qui tient clans les dérivés nitriles nitrés, à l'existence des groupements - CN et - CHg (NO2) à la place de - CH3. Ce corps présente les propriétés des nitriles et des dérivés nitrés. L'action qu'il subit de la part de l'acide chlorhydrique dans l'eau offre un intérêt particulier. Le composant nitrile - CN est atteint le premier. Avec l'acide chlorhy- drique concentré vers 50", il se transforme en acide nitro-butyrique normal (NOg) CH2 - CHç, - CH^ - CO (OH), qui constitue un liquide épais, insoluble dans l'eau. Celui- ci, chauffé à une température plus élevée avec HCl aq., de même que le nitrile nitré lui-même, se transforme en acide succinique normal C.2H4 - [C0(0H)].2, fus. 185". Il se forme en même temps du chlorhydrate d'hydroxyla- mine (HO)NHo, HCl. M. Van Melckebeke s'occupe en même temps de la préparation des nitriles nitrés inférieurs en C3, etc., et notamment de Vacélo-nitrile mononitré NC - CH2(N0.2), l'isomère de l'acide fulminique ou l'acide fulminique lui-même, composé qui a déjà fait souvent l'objet des recherches des chimistes. J'aurai l'honneur de communiquer à l'Académie les résultats des études de MM. De Battice et Van Melcke- beke. ( 455 ) Sur r action cataly tique de la mousse de platine et de palladium; par A. de Hemptinne. La mousse de platine détermine par sa présence l'union de plusieurs gaz; ainsi, par exemple, celle de l'oxygène et de l'hydrogène, de l'hydrogène et de l'acéty- lène, l'oxydation de l'anhydride sulfureux et d'autres réactions encore. Certains auteurs ont voulu expliquer l'action cataly- tique du platine par sa propriété de condenser les gaz; suivant d'autres, les combinaisons chimiques résultent de la formation de composés du platine peu stables. L. Mond, Ramsay et Shields ont étudié avec soin l'absorption de l'hydrogène et de l'oxygène par la mousse de platine ; ils n'ont pas encore osé se prononcer sur l'existence d'un hydrure de platine; Berthelot, au con- traire, croit à l'existence d'un composé de ce genre qui aurait pour formule Pts^Hs; il base sa conviction sur des observations thermo-chimiques ; ses expériences sont, comme l'ont fait remarquer L. Mond, Ramsay et Shields, entachées de quelques erreurs. La question de l'existence d'un hydrure ou de la fixa- tion d'une grande quantité d'hydrogène par absorption ou condensation est donc encore ouverte; j'ai cru qu'il serait utile de se servir d'une méthode nouvelle pour tâcher d'éclaircir les faits. ( 156 ) METHODE. On sait par les belles recherches de Piclet qu'à une température assez basse toutes les réactions chimiques cessent; à — 130°, les corps doués des affinités les plus vives semblent être devenus indifférents. Si donc l'hydro- gène est fixé sur le platine par combinaison, à une tempé- rature assez basse, cette action devra cesser d'avoir lieu; si, au contraire, le platine condense simplement l'hydro- gène, en d'autres termes, s'il n'y a qu'un phénomène physique, l'abaissement de la température sera favorable à la condensation. Nous avons donc là une méthode pour distinguer un phénomène chimique d'un phénomène physique; faisons-en l'application à l'étude de l'action de l'hydrogène sur la mousse de platine et de palladium. APPAREIL ET RECHERCHES. L'appareil se compose d'un tube BAE gradué, long d'environ 80 centimètres et plongeant dans un vase à grande surface plein de mercure D. AB est recourbé en A; en R et R' se trouvent des robinets; la pièce mobile C s'adapte en E sur le tube AE au moyen d'un manchon rodé. Le tube EF est capillaire ; la partie depuis le coude jusqu'en F est longue d'environ 25 centimètres. Voici maintenant la façon dont on procède. Par le robinet R, on a ftîit le vide dans l'appareil, le mercure monte en N; on ferme R' ; par R, on laisse entrer de l'hydrogène jusqu'il ce que le mercure descende au niveau Nj, arbitrairement ( j Le résultat est analogue aux précédents, mais la quan- tité totale d'hydrogène absorbé par unité de poids a été notablement moindre que dans I ; il est à remarquer que €et échantillon avait été chauffé plusieurs fois à 190°, ce ( ^^1 ) qui a rendu le platine moins actif. Un nouvel échantil- lon de 5fc'',o a été mis dans l'appareil et traité comme dans l'expérience I, avec cette dilïérence que, au lieu de faire passer brusquement la température de — 78° à -h io°, on a laissé le bain refroidir lentement jusqu'à la température ordinaire ; on a observé le niveau du mercure correspondant aux différentes températures. Cette opé- ration avait pour but de voir si à une certaine tempéra- ture il n'y avait pas d'absorption brusque. Une série de déterminations du même genre ont été faites avec l'ap- pareil vide. Dans la première colonne du tableau suivant se trouvent les chiffres indiquant le nombre de divisions dont descend le mercure lorsque l'appareil vide, port(; à — 78°, revient à la température ordinaire. La colonne II donne des chiffres analogues, l'appareil contenant 5^', 5 de platine chargé d'hydrogène; dans la colonne III sont les températures et dans la colonne IV le temps compté en minutes à partir du moment où l'on ne refroidit plus. 1. II. III. IV. 0.0 0.0 — 78 0 2 2.5 78 8 5 4.5 60 13 7.5 6.5 50 20 10.0 7.5 40 26 12 8.5 35 30 43.5 8.5 30 34 14.5 8.5 25 38 15.5 9 20 48 16 9.5 15 52 17 10.5 10 58 ( 162) La ligure 2 permet de se rendre compte d'un coup d'œil de la marche du phénomène ; les températures sont portées comme abscisses à partir de — 78°, et sur la ligne des ordonnées à partir du point A", arbitrairement choisi, on porte le nombre de divisions dont le mercure est des- cendu. La ligne AB représente la descente du mercure, l'appareil étant vide; la ligne ACDEF montre la manière dont le platine se comporte dans une atmosphère d'hy- \ c ^ " ^ \.D E ^ jj- ■■■■■ SO ito 5S io a5 -20 là 10 FiG. 2. drogène. La partie AC montre une descente plus rapide que dans l'appareil vide; cela provient du gaz qui est fixé par condensation sur le platine. A partir du point G, l'inclinaison de la ligne comparée à celle de l'appareil vide montre qu'il y a absorption graduelle de l'hydro- gène ; celle-ci devient surtout sensible en D vers So". Le platine ayant fixé alors presque tout ce qu'il peut absor- ber, la courbe redevient parallèle à AB, A — 10°, le bain ( 163 ) réfrigérant a été enlevé et le platine porté à -+- 15° ; en vingt minutes, le niveau est remonté encore de deux divi- sions. On obtient ainsi : N,N« — N,N,= 6.6 ) IV. N.Nj — N.Ni = lS.6 i Rapportons ces quatre expériences à l'unité de poids du platine ; on obtient : I. 11. IM. IV. A —78" 4.9 1.6 1 1.2 A + IS» 14 ±7 4 2.8 Rapports 2.8 1.7 4 2.Ô Le tableau précédent nous montre que s'il y a une certaine différence d'un échantillon à l'autre de platine, ils ont pourtant tous ceci de commun, c'est d'absorber moins d'hydrogène à — 78° qu'à -h 15° ou, à coup sur, que cette absorption se l'ait infiniment plus lentement aux basses températures. Comme il a été dit, l'hypothèse d'une simple conden- sation doit être écartée; celle d'une sorte de dissolution de l'hydrogène dans le platine n'est pas admissible non plus; en effet, en vertu de la loi du déplacement de l'équilibre, la quantité d'hydrogène dissoute aux basses températures devrait être plus grande, puisque l'hydro- gène et le platine mis en présence l'un de l'autre dégagent de la chaleur. Il leste deux hypothèses pos- sibles : ou bien c'est la porosité du platine qui joue un rôle, ou bien on se trouve en présemce d'un phénomène chimique ; nous discuterons plus loin les faits favorables à l'une ou l'autre de ces hypothèses. ( l«4) MOUSSE DE PLATINE FRAICHE ET HYDROGENE A LA TEMPÉRATURE DE l'aIR LIQUIDE. ïl suffit (le jeter un coup d'œil sur le tableau précédent pour se convaincre que le platine perd sensiblement de ses qualités après avoir été porté à une température assez élevée; d'autre part, cette opération est indispensable pour se débarrasser de l'hydrogène que l'on a dû faire agir au préalable sur le platine, afin de se débarrasser de l'oxygène adhérent. J'ai espéré qu'en opérant à — 190', température de l'air liquide, la combinaison de l'oxygène et de l'hydrogène n'aurait plus lieu et que l'on pourrait ainsi observer l'absorption réelle de l'hydrogène par la mousse de platine fraîche. Je dois à l'obligeance de M. Ostwald, professeur à l'Université de Leipzig, d'avoir pu faire cette expérience; je tiens à le remercier ici d'avoir mis à ma disposition la machine de Linde qui sert à la préparation de l'air liquide. Je tiens également à remercier le D' Luther, assistant au laboratoire, pour la complaisance qu'il m'a témoignée. J'ai opéré exactement comme précédemment, avec cette dilîérence que le platine du réservoir G n'avait pas été au préalable rincé avec de l'hydrogène. Le réservoir C plongeant dans l'air liquide, ma surprise a été grande, lorsque j'ai ouvert le robinet R', de voir monter très haut le niveau du mercure. Cette grande ascension a été déter- minée par la combinaison de l'hydrogène avec l'oxygène adhérent au platine N.N, — N,N, = 33l'i. ( 465 ) Après a\oir enlevé le bain, il y a encore eu une absorp- tion de 10 millimètres : Comme dans les expériences précédentes, il y a eu une partie de l'hydrogène qui n'a pas été absorbée à basse température: il est difficile de savoir exactement (juelle est celte quantité, parce que l'abaissement de la température augmente un peu la condensation à la sur- face, comme dans le cas du charbon. Le temps très limité dont je disposais ne m'a pas permis de répéter l'expérience ni d'opérer sur du platine rincé au préa- lable avec de l'hydrogène, puis chauffé à 180°, ce qui sérail préférable. La combinaison de l'oxygène et de l'hydro- gène à — 190° est un fait assez curieux : on sait en eifel qu'à — 150° l'acide sulfurique et le sodium n'agissent plus l'un sur l'autre. La mousse de platine donne donc aux gaz une activité étonnante. PLATINE ET OXYUE DE CARBONE. D'après Harbeck et C. Lunge (*), il existe une combi- naison du platine et de l'oxyde de carbone; celle-ci se détruit brusquement à 250°. Voyons comment le platine et le gaz mis en présence se comportent aux basses tem- pératures. On a opéré exactement comme pour l'hydrogène; Va\)- pareil contenait 5^',68 de platine exempt d'oxygène. On obtient : A — 78» NjNs — N,Ni — S8.J A -4- 1 5° N.Nj — N.N, = 30 (*) Zeitschrift fur anorg. Cheiu., t. VI, p. 67. ( 1«« ) Avec le même platine, après l'avoir chauffé à 500% on trouve : A — 78° N.N«-N,N,-=13 | ^^ A -t- 1 5» N.Ns - N,N, = 20.4 j Un autre échantillon de 5 grammes, après avoir été chauffé à 500% donne A -78° N,N5-i\,=4N 7 ( ^^^ Un autre échantillon de o^',5 a donné A — 78» NA — N.N4= 7 1 IV. A -t- 15° N.Nj — iN,N2= 9 ) Pour cet échantillon, on a laissé revenir lentement le bain à la température ordinaire. Le tableau et la figure J qui suivent donnent une idée de la marche de l'absorp- ■ tion aux différentes températures. 0 — 78 Temps i.5 75 4 0 70 8 6 60 IG 7 55 20 8.5 50 25 9.5 45 50 a 40 55 H.5 55 40 12 50 45 15.5 25 50 U 20 55 15 15 60 ( 167 } AB représente la descente du mercure, l'appareil étant vide ;5ACDEF, la descente lorsque le réservoir contient du platine et de l'oxyde de carbone. Comme dans le cas de l'hydrogène, on observe d'abord une descente brusque provenant sans doute du gaz fixé par simple conden- sation de surface. La ligne reste alors sensiblement paral- lèle à AB jusqu'au point D; vers — 40° à — 30°, il semble y avoir une absorption assez brusque de l'oxyde de carbone. Il est aussi à remarquer que c'est vers 40° que l'absorption de l'bydrogène est surtout devenue grande. Bapportant les dilTérentes expériences à l'unité de poids du platine, on obtient : I. H. . III. IV. A— 78° 5 2.2 2.3 1.4 A-4- 15» r;.2 3.6 5 1.6 Rapports 1 1.3 2.t 1.1 ( i68 ) Co tableau démontre que, de même que pour l'hydro- gène, l'absorption est plus forte à 15" qu'à — 78", quoique, d'un échantillon à l'autre, il y ait une différence assez grande. En moyenne, l'absorption de l'oxyde de carbone par le platine est plus grande à — 78" que pour l'hydrogène, comme le prouvent les chiffres représentant les rapports. Ces faits semblent se concilier difficilement avec l'hypo- thèse d'une diffusion des gaz dans les pores du platine; en effet, on peut admettre qu'une moins grande quantité d'hydrogène est fixée par le platine aux basses tempéra- tures, par suite d'une contraction du métal; mais dans ce cas, l'effet de la contraction devrait exercer une influence plus considérable sur l'oxyde de carbone dont les molé- cules sont plus grandes : or, c'est le contraire qui a lieu. De plus, le métal se dilatant d'une manière continue, il devrait en être de même de l'absorption; or celle-ci semble croître assez rapidement entre — 40" et — 50". La discussion des phénomènes observés semble plutôt favorable à l'hypothèse d'une combinaison chimique; ils ne me paraissent pourtant pas suffisants pour trancher la question, l'hypothèse d'un effet de la porosité n'étant pas absolument exclue. PALLADIUM ET HYDROGÈNE. Le pouvoir absorbant du palladium est tel que l'on ne peut en mettre qu'une petite quantité dans le réservoir C : on a mis Os',o70 de palladium. Le palladium a été au préalable laissé en contact avec de l'hydrogène pur pen- dant vingt-quatre heures, afin de le débarrasser de l'oxygène adhérent, puis chauffé dans le vide à 190". Mis ( -169 ) de nouveau en contact avec de l'hydrogène, il a donné A - 70° N,N, — N.Ni = 188.4 A H- 15° IV,N4 — N,N3== 158.4 ' L'expérience répétée plusieurs fois a toujours fourni les mêmes résultats. On a également fait une expérience après avoir chautTé le palladium jusqu'à 450" et obtenu un résultat analogue. Le palladium se comporte autre- ment que le platine ; la condensation à la surface semble jouer un rôle assez grand, mais cela n'exclut pourtant pas absolument la possibilité d'un phénomène chimique; en effet, la plus basse température employée a été — 78°; il serait intéressant de voir ce qui a lieu à la température de l'air liquide : une observation de ce genre permettrait peut-être de trancher la question. PALLADIUM ET OXYDE DE CARBONE. Suivant Harbeck et Lunge, il existe un composé de palladium et d'oxyde de carbone; celui-ci se décompose vers 250". Un gramme de palladium exempt d'oxygène a donné : A - 78° N,i\, - N,N, = 5 ] A -4- 15° N,N3-N,N2 = 4 [ II. Rapport 1.5 ) L'absorption est un peu plus grande que dans le cas du platine, mais le rapport est à peu près le même. Après avoir fait le vide dans l'appareil et chauffé un temps assez long à 450°, puis refroidi à 7S° et introduit de l'hydrogène, on a trouvé : A — 78° N,N, — NiN, = H. 5'"* SÉRIE, TOME XXXVI. 1^2 ( 170) Le niveau étant resté constant pendant quarante-cinq minutes, on a enlevé le bain et porté la température à 15° ; mon étonnement a été grand de voir monter rapi- dement le mercure et, en quarante minutes, d'obtenir : N,N.^IM,Ni= 100. J'ai cherché à répéter l'expérience avec un nouvel échantillon de palladium qui n'avait pas été en contact avec de l'oxyde de carbone, mais simplement chauffé plus longtemps à oOO" : les résultats ont été différents et semblables à ceux de I. Le palladium semble donc avoir plus ou moins changé de nature par le contact de l'oxyde de carbone. Afin de m'en assurer, j'ai de nouveau rempli l'appareil d'oxyde de carbone, puis fait le vide et chauffé à 450° aussi longtemps qu'une trace de gaz se dégageait. Les 4 grammes de palladium ont alors été mis au con- tact avec de l'hydrogène à — 78°, puis on a laissé revenir lentement le bain à la température ordinaire. Le tableau et la figure suivants donnent les résultats : 0 — 78 Temps. 2.5 70 8 4 63 12 G CO il 7 55 21 10 45 28 12 55 55 15.5 30 57 14.5 25 40 U.5 20 45 ( 171 ) Vers 20% le niveau se met à monter très rapidement : en deux minutes, il remonte de 192 millimètres, et en vingt minutes, de 252 millimètres. La ligne AB représente la descente du mercure pour l'appareil vide; ACDEF, le même phénomène, le réser- voir C contenant 4 grammes de palladium. On voit que vers 20° il y a une absorption très brusque, comme l'in- dique l'ascension très rapide de la ligne EF. J'ai encore répété cette expérience et obtenu le même résultat. Je n'ai pu, jusqu'à présent, trouver une explication satisfaisante de ce phénomène. A première vue, il faudrait admettre que le palladium, après avoir été en contact avec de l'oxyde de carbone, a plus ou moins changé de nature et ne devient actif que vers — 20°. Trdost et Hautefeuille admettent l'existence d'un composé de palladium et d'hydrogène, Hoitsema la rejette, enfin Ramsay et Shields ( 172 ) ne se pioiioiiceiit pas; je garderai la même réserve jusqu'au jour où l'on aura fait une expérience à — 490"; une détermination de ce genre pourra, je pense, trancher la question. En terminant, j'ajouterai encore que les expériences sur le palladium rendent peu probable l'hypothèse d'un phénomène de porosité. En effet, si le platine absorbe moins de gaz à — 78° qu'à -+- 15" parce que le métal se contracte, il semble qu'il devrait en être de même pour le palladium; or, c'est le contraire qui a lieu; de plus, la façon dont se comporte le palladium qui a été en contact avec CO, s'explique assez difticilement par une hypo- thèse mécanique. Gand, le 10 juin 1898. Sur tes salicy laies doubles de métal et d'antvpijrine {troisième communication); par M.-C. Schuyten, docteur en sciences. J'ai l'honneur de présenter à l'examen de l'Académie la troisième communication de mes recherches sur les salipyrines métalliques. Elle comporte les métaux Mg, Mn, Ph, Al, Cr, Ur, Bi. Les trois premiers donnent les composés additionnels attendus ou prévus par le calcul; les autres sont incapables de produire des salipyrines, sauf peut-être le Bi. L'AI et le Cr provoquent la précipitation de salipyrine, simplement; le Bi donne sans doute le salicylate double attendu; le Cr, dans des circonstances peu définissables, et l'Ur engendrent des précipités non homogènes, composés, selon toute apparence, de plusieurs produits mélangés en proportion constante. ( 175 SALICYLATE DOUBLE DE MAGNESIUM ET D ANTIPYRIME. Le mélange des solutions aqueuses des composants, en quantités calculées, ne provoque pas de précipitation; il faut avoir recours à l'évaporation sur l'acide sulfurique concentré ou au bain-marie; dans ce dernier cas, on recueille une masse cristalline jaunâtre qui devient blanche cependant par le lavage; les eaux mères sont jaunes. Dans le tube, le corps fond en un liquide transparent, incolore, qui distille ensuite du phénol en noircissant (se décomposant). Point de fusion : ISe^-iST" (non corr.). Formule : (C«H,OH.CO,), M-. (C„H,AO), 2H,0. Analyses : Substance. MgO. HM. 0.3483 0.0193 — 0.1630 0.0085 - 0.8336 — 0.0427 ( 174) ïpriraées en °/o : I. II. Mg .... 3.32»/, 3.12»/, 3.41 •/, Trouvé. Calculé \U0 . . . . 5.12 »/o 5.06 «/„ Trouvé. Calculé. La calcinalion dans le creuset de platine doit être con- duite, surtout au début, avec une extrême lenteur, car les vapeurs entraînent facilement des portions métalliques. La détermination de l'eau de cristallisation a été faite dans un pèse-filtres soumis à une température constante de lOO^-lOS"; il faut croire que dans une étuve, chauffée à la flamme, les parois et le support métalliques intérieurs ont une température plus élevée que celle de l'air chauffé, car j'ai trouvé la substance, après l'opération, parfaite- ment fondue. Après G heures, le corps avait perdu 08',0530 de sor» poids; 24 . après Os^OSys 6 » » ()8'-,0404 6 n » Oe%0409 4 .. « ()«%0419 6 » » 08--,0427 C'est ici que j'ai arrêté les opérations, le corps deve- nant très brun et commençant à répandre une vague odeur de CgHgOH; le commencement de la décomposi- tion m'a semblé manifeste. Le corps est assez soluble dans l'eau et cette solution a une réaction neutre. Dans les autres dissolvants (C2H5OH, (CAl^O, CHCI3, QHg, C«H5.CH3, CS2), ( 175 ) la dissolution est très diflicile, même à chaud ; le CHCI5, sous ce rapport, donne encore le meilleur résultat. De l'eau, j'ai obtenu, sous le microscope, de très petits globules transparents à reflet faiblement rougeâtre, s'étei- gnant sur fond noir; de l'alcool, des plaques cristallines superposées partiellement, imitant assez bien des feuilles à contours clairs, arrondis, enchevêtrées dans un certain ordre régulier, encore visibles sur fond noir; des autres dissolvants, rien de caractéristique. L'ammoniaque, la potasse et la soude caustiques; les carbonates alcalins ne donnent aucune réaction appa- rente; non plus quand on chauffe; le carbonate ammo- nique, additionné d'ammoniaque, ne dépose rien, même après un repos de plusieurs jours. Le phosphate acide de sodium, après addition d'ammo- niaque et de chlorure d'ammonium, produit un trouble très prononcé quand on secoue énergiquement ; après quelque temps, dépôt complet. Le chlorure ferrique, l'acide nitrique concentré bouil- lant, l'acide nitreux donnent les colorations typiques pour l'acide salicylique et l'antipyrine. Le nitrate d'argent, rien. SALICYLATE DOUBLE DE MANGANOSUM ET D ANTIPYRINE. , Les premières gouttes de la solution aqueuse du sel manganeux ajoutées au mélange des solutions aqueuses de salicylate et d'antipyrine, en quantités calculées, pro- duisent un précipité blanc qui disparaît par l'agitation. On peut aussi verser toute la solution, préparée d'avance, sans obtenir un précipité permanent. Mais si l'on aban- ( «76 ) donne ensuite le liquide à lui-même, il dépose pro mpte- ment un corps blanc de neige, amorphe, qui devient cristallin sur le filtre pendant le lavage et se présente finalement en tines aiguilles courtes, de très joli aspect. Si Ton veut faire recristalliser, ce qui est inutile pour l'analyse, on peut le faire de l'alcool ; mais dans ce cas, il faut éviter la chaleur; le liquide noircit très vite et les cristaux, malgré leur beauté, sont noir-gris. Dans le tube, le corps fond en produisant beaucoup de mousse, due au départ abondant d'eau et de phénol; à la fin, le liquide passe du brun foncé au noir et dégage des vapeurs blanches à odeur pyridique. Dans le creuset fermé, en présence de quelques gouttes d'acide sulfurique concentré, une douce chaleur provoque la sublimation d'une magnifique cristallisation d'acide salicylique sur les parois peu chauffées. Point de fusion : Mo"-! 14° (non corr.). Formule : (CoH^OHCO,), . Mn . (ChH.îNîO)^ . ^2H,0. Analyses : Substance. MnsOi. H^O. 0.!26oH 0.0268 — 0.3796 0.0393 - 0.8832 — 0.04 i8 ( ^77 ) Ces résultats exprimés en % donnent : I. II. Mn . . . . 7.28 "/'o 7.46 »/„ 7Â\"I„ Trouvé. Calculé. H,0 . . . . 5.06»/, 4.85 »/o Trouvé. Calculé. La calcination a été faite au rouge vif, dans un creuset de platine. La détermination de l'eau de cristallisation a été con- duite comme pour le composé du magnésium. En voici les phases : Après 6 heures, le corps avait perdu ()?%04M de son poids; 24 » après Og',0443 6 » » Og%()452 6 » . Of;'-,04.48 Le corps était alors très foncé et commençait à répan- dre des odeurs; j'ai dû renoncer donc à ohtenir un poids constant. La substance est soluble dans rH20; réaction neutre. Parmi les autres dissolvants, l'alcool, surtout à chaud, est le meilleur. (Chauffer très lentement et peu, car la dissolution noircit vite.) De l'eau, j'ai obtenu, sous le microscope, une cristalli- sation superbe en aiguilles prismatiques tétragonales, transparentes sur fond noir sans coloration nette (lumière du soir); de l'C^H^OH, de jolies aiguilles colorées, dispo- sées en éventails à reflets magnifiques sur fond noir; de l'éther sulfurique, des aiguilles isolées, rares, hérissées, le long des faces, d'aiguilles plus petites à peine visibles, disposées en aigrettes, moins brillantes sur fond noir que ( 178 ) les précédentes ; du CHCI5, de belles rosettes teintées de vert, de rouge, de bleu, admirables sur fond noir ; du benzène, une arborescence incolore très caractéristique, pure, s'éteignant quand on tourne le nicol; du CS^, rien de spécial. Le sulfure d'ammonium, en présence du cblorure ammonique, donne un précipité blanc jaunâtre; je n'ai pas pu obtenir le précipité couleur de chair, sans doute parce que le corps n'est pas assez soluble pour fournir une dissolution de concentration sutïisante ; toutefois, après dépôt, le précipité blanchâtre présente, au fond du tube, un léger rellet rosàtre. La soude caustique donne une coloration brunâtre avec louche léger ; bientôt il se forme des tlocons d'hydrate qui s'accentuent par le chauffage; si ensuite on ajoute du Br ou un hypobromite et qu'on fasse bouillir, il ne se forme pas d'hydrate noir-brun de peroxyde. Le carbonate de soude précipite immédiatement en blanc. Les ferrocyanures alcalins précipitent en blanc, sans trace de rouge; l'acide chlorhydrique régénère le liquide incolore primitif. Le mélange de peroxyde de plomb et d'acide nitrique produit à l'ébullition une coloration verte ou rouge, sui- vant la quantité de réactif. Le chlorure ferrique, l'acide nitrique concentré bouil- lant, l'acide nitreux donnent les réactions typiques pour l'acide salicylique et l'antipyrine; le nitrate d'argent, rien. Il est à remarquer que la coloration rouge obtenue avec l'acide nitrique est pâle et que par le repos et le refroidissement elle passe lentement par le violet au bleu. ( ^79 ) SALICYLATE DOUBLE DE l'LOMB ET D ANTiPYRINE, On verse de l'acétate de plomb, en solution aqueuse acidiliée par l'acide acétique, dans le mélange des solu- tions aqueuses de salicylate alcalin et d'antipyrine jusqu'à ce que la précipitation cesse: le corps blanc formé est gélatineux et se réunit, par l'agitation, en boule coulante. Séchée, elle se laisse facilement pulvériser. On peut aussi mélanger les solutions chaudes des composants sutFisam- ment étendues sans obtenir un précipité quelconque; alors, par le refroidissement et après quelque temps, il se dépose une couche blanche mince, et, à la surface, il y a formation de pellicules. Dans le but d'obtenir des cristaux, j'ai chauffé le tout au bain-marie; la couche blanche du fond s'est transformée alors en un liquide épais, puis est redevenue solide en jaunissant légèrement. J'ai constaté qu'il s'était formé, aux dépens de la salipyrine primitive, un salicylate de plomb. Le salicylate double n'affecte pas toujours, au moment de sa formation, la forme gélatineuse. Quand on opère avec des solutions plutôt concentrées, on obtient un abondant précipité floconneux, d'une blancheur parfaite; jeté sur un filtre et, après lavage rapide, imparfaitement séché à la trompe, il se liquéfie en partie. A. ce propos, j'ai pu ftiire une observation assez intéressante. Afin de recueillir à l'état solide le corps liquéfié, je versais le liquide huileux dans une solution aqueuse de salipyrine plombique préparée pour l'analyse, dans le but de faire cristalliser le tout. Le lendemain, il s'était formé une très jolie cristallisation en aiguilles soyeuses groupées en rosettes isolées que je m'empressais de recueillir et de soumettre à l'analyse. ( i»o ) Qf^', 1 151 de substance ont donné (>',(M)70 de sulfate de plomb ou 40.4 «/o de Pb; le calcul pour le Pb (C0H4OH. 00.2)2- H2O décrit et connu indique 41.5 % de plomb; absence complète d'antipyrine. La liquéfaction dont je viens de parler est donc accom- pagnée d'une dissociation de salipyrine avec formation de salicylate de plomb. A différentes reprises déjà, j'ai remarqué que les composés additionnels de l'antipyrine sont très altérables en présence et au sein des dissolvants neutres; l'eau se distingue particulièrement sous ce rapport. Dans le tube, le composé fond en un liquide incolore; puis il redevient solide et se détruit en dégageant C6H:iOH et des vapeurs pyridiques. Point de fusion : 48°-50° (non corr.). Le corps, sec, est très peu soluble dans l'H^O; fraî- chement précipité et humide, il est bien plus soluble; la solution a une réaction acide nette. L'alcool, l'éther sulfurique, le chloroforme, le benzène et le sulfure de carbone ne dissolvent presque rien; le second ne laisse rien à l'évaporation. Le chloroforme et le sulfure de carbone ont une action très curieuse : le premier dissout instantanément la poudre blanche, mais devient trouble peu après ; petit à petit, il se forme un précipité floconneux qui gagne le fond; il y a ici, sans doute, un phénomène de dissociation intéressant qu'il serait peut-être utile d'examiner de plus près. Le second transforme le composé en masse gélatineuse transparente, sans le dissoudre en apparence ; par l'agitation, elle se divise et colle aux parois du tube. Sous le microscope, l'eau donne de petits mamelons en couche continue, sans forme cristalline apparente; l'alcool. ( 181 ) de très petits points à retlet rougeâtie, disséminés, nom- breux dans une couche mince d'une autre substance; le chloroforme, des aiguilles réunies en paquets isolés ne s'éteignant pas complètement, comme les préparations provenant des autres dissolvants, sur fond noir (*); le benzène, des masses lumineuses jaunâtres (lumière artifi- cielle), entourées d'une zone noire, allongées en prismes indéfinissables; le sulfure de carbone se comporte de même. I/analyse a conduit à cette formule : (CfiH, . OH . CO,), l^b . C,.H.,N,0 (**) Substance. PbSOi. ChH,,N,0. 0.1835 0.0855 — 0 2490 0.1430 - 0.2320 0.1030 - 0.0933 — 0.0260 (*) Vu le pliénomcne de disgolulion s|)écial dans le chloroforme cité précédemment, je crois pouvoir soupçonner que les aiguilles ne sont pas constituées par la salipyrine plombique. (**) J'ai aussi tenté une détermination dej'eau de cristallisation. Le corps fondu se transforme immédiatement en composé blanc dont le point de fusion est situé plus haut, sans déposer des gouttelettes sur les parois froides du tube ; et quand ce phénomène se produit, le com- posé est déjà noir-brun et le liquide qui distille sent le phénol. Les analyses semblent indiquer d'ailleurs qu'il y a absence d'HoO. ( 18-2 ^ II. Ô0.90 "/„ Trouvé. III. 30.31 % 50.90 7 Cal.'ulé. 27.80 "/. Trouvé. 28.12 7. Calculé. En 7o : Pb . . . 31 81 7„ L'hydrogène sulfuré et le sulfure d'ammonium donnent des précipités noirs de sulfure de plomb avec ses carac- tères habituels. La KOH et la iNaOH ne donnent rien, même si l'on évite avec le plus grand soin un excès de réactif. L'ammoniaque, un louche blanc qui s'accentue peu à peu. Le carbonate sodique, le précipité de plomb attendu. L'acide chlorhydrique et les chlorures alcalins ne pro- duisent rien, probablement parce que la solution est trop étendue, ce qui est inévitable. L'acide sulfurique, du PbS04 soluble dans l'ammo- niaque. Les bichromates alcalins, un précipité jaune. L'iodure de potassium, un précipité jaune-serin. L'acide nitrique concentré bouillant, une faible colora- tion rouge. Le fait que la substance est très soluble dans l'acide acétique glacial permet d'observer, à l'aide de l'acide nitreux (KNO^ -i- C2H4O2), la réaction pour l'antipyrine avec une très grande netteté; la coloration verte est très forte. Le chlorure ferrique produit la coloration violette typique pour les salicylates. ( <83 ) SALICYLATE DOUBLE DE CHROMICLM ET 0 ANTIPYRINE. Dans le but de préparer le corps (C«H*OH . CO^^s • Cr.(C„n„N20]s prévu par la théorie, j'ai ajouté au mélange des solutions aqueuses de salicylate alcalin et d'antipyrine en quantités calculées, une solution correspondante de sulfate chro- mique (l'alun de chrome donne les mêmes résultats). Il se précipite, immédiatement ou après un temps plus ou moins long, un composé blanc ou un dépôt verdâtre. Le premier, convenablement purifié, ne renferme pas trace de chrome et est de la salipyrine pure, ce que j'ai pu vérifier par l'analyse qualitative et quantitative du corps et par la détermination de son point de fusion. C.iH.^NsO .... 57.51 »/„ 57.8 "/„ Trouvé. Calculé pour <;6H40H .COJi .C,,His,N.O. Point de fusion . , 85°-86° SSo-SO-'f) Trouvé. Délerminé sur CeHiOH .CO.H .CjiHiaNsO. Le second renferme en moyenne 2.5 % de chrome et de 45 à 44 % de base, alors que la théorie indique, pour la salipyrine de chrome susmentionnée, 5.11 % ^^ 54.48 °/o. Celle-ci n'existe donc pas, ou mieux peut-être, ne peut 0 Patein et DuFEAu donnent 91°-90°. (C. R., 1896, 133o.) ( 484 ) pas être préparée comme je viens de l'indiquer. Pour expliquer ce phénomène, on pourrait admettre, dans le cas de la formation de la salipyrine seule, qu'il se forme de la soude caustique en quantité suffisante pour main- tenir l'hydrate chromique en solution, ce qui permettrait à la salipyrine de se constituer et de précipiter en vertu de son insolubilité. Quant au dépôt verdâtre, sa compo- sition ne répond à aucun calcul en rapport avec nos idées actuelles sur la valence; je pense qu'il ne constitue pas une combinaison unique, mais bien un mélange de plu- sieurs composés, probablement très complexe {*). SALICYLATE DOUBLE D ALUMINIUM ET l) ANTIPYRINE. J'ai ajouté du sulfate d'aluminium (1*^',7) en solution aqueuse au mélange des solutions aqueuses de salicylate alcalin (1^'',6) et d'antipyrine (1»',9). J'espérais obtenir (CeHiOH . C0,)3 . AI.(C„H,A0)3. Il se forme immédiatement un trouble blanc laiteux persistant qui se transforme après quelque temps en cris- taux brillants, plats, réunis en rosettes collées sur les parois du vase. Après purification et séchage convenables, ils sont légers et doux au toucher. L'analyse qualitative (et quantitative) a prouvé qu'il s'est formé uniquement de la salipyrine. En effet, le corps (*) Un composé renfermant une molécule de salipyrine chromique combinée à trois molécules de salipyrine demande ±(}î "jo de Cr et 55.91 °/o d'antipyrine. ( 183 ) ne renferme pas d'aluminium combiné, seulement des traces de sulfate mécaniquement entraîné (souillures), impondérables même sous forme d'alumine; les chiffres obtenus pour le dosage de l'antipyrine et la détermina- tion du point de fusion le montrent clairement : C,,H,,N,0 .... 57.69 o/o 37.8% Trouvé. Calculé IiouiCsH^OH.COaH.CnHiîNâO. Point de fusion . . 8d°-8G° 85"-8r)'' Trouvé. Déterminé surC6H40H.C0,H.Ci,H,2Nâ0. Des eaux mères, je n'ai rien pu extraire de caractéris- tique. Je crois pouvoir affirmer que la salipyrine aluminique n'existe pas. SALICYLATE DOUBLE D URANYLE ET D ANTIPYRINE. Le corps (CeH, . OH . CO,), . UrO, . (CH.^NoO)^ ,„,, „, que j'espérais pouvoir préparer, ne s'est pas produit dans les conditions que j'ai pu réaliser. Quand on ajoute un sel d'uranyle en solution aqueuse au mélange des solu- tions aqueuses de salicylate alcalin et d'antipyrine, on obtient un volumineux précipité orange qui, lavé à l'al- cool chaud, est plus foncé que primitivement et présente une légère fluorescence. Le composé ainsi produit n'a pas la composition du précipité lavé à l'eau froide; il ren- ferme plusd'urane et moins d'alcaloïde que celui-ci. 3""* SÉRIE, TOME XXXVI. 15 ( 186 ) Les nombreuses analyses effectuées sur des échantillons (le préparations différentes m'ont donné en moyenne entre 29 et 50 % d'uranium, entre 41 et 42 % d'anti- pyrine, chiffres que je ne puis appliquer ni à la formule indiquée plus haut ni à aucune autre combinaison pos- sible. Il est vrai que le corps (C«U, . OH . C0,1 . UrO, (C„H,2NoO), demande 25.99 "/o d'uranium et 40.82 % d'antipyrine ; à première vue, on pourrait donc se figurer que j'ai analysé des précipités impurs, souillés par des sels d'urane ou par de la salipyrine. Je l'ignore. Mais je puis ajouter que le corps ne cristallise point; que, pour le reste, j'ai fait tout ce qui devait être fait pour assurer éventuellement la pureté du produit. J'ai toujours opéré, par exemple, en pré- sence d'un excès de base, dans le but d'éviter le salicylate d'uranyle qui pourrait précipiter avec la salipyrine métal- lique; je suis donc sur que si le corps susindiqué avait dû se produire, il aurait donné à l'analyse (méthode à la calcinalion de Pelouze) un chiffre d'uranium plutôt infé- rieur à 25.99 °/o; or il donne 29-50 % avec une constance remarquable, malgré les lavages répétés à froid avec toutes espèces de dissolvants; pour enlever complète- ment l'antipyrine libre, il faut laver environ une semaine à l'eau froide, et alors le réactif nitreux révèle encore, dans un long tube, des traces de coloration verte. Tout fait donc supposer que le précipité orange dont je viens d'indiquer la formation n'est pas le corps cher- ché, mais bien une autie substance dont la composition moléculaire m'échappe, ou un mélange de plusieurs substances (salicylate métallique, salipyrine, salipyrine métallique) qu'il est très difficile de séparer et dont il ne m'est pas possible de sortir pour le moment. J'ai enfin essayé de préparer le salicylate double de Bi et d'antipyrine; mes efforts n'ont pas encore abouti au résultat désiré; la seule chose que je puisse dire dès main- tenant, c'est que j'ai trouvé probablement la méthode à suivre et que je suis en possession d'un corps qui n'est pas seulement du salicylate bismuthique; et comme il est cristallin, j'espère pouvoir exposer dans un avenir plus ou moins rapproché l'étude complète de cette com- binaison très importante. C'est ici que j'arrête mes recherches sur les salipyrines. Les benzopyrines, si elles existent, vont suivre. Mais il est évident que si, dans la suite, il est néces- saire, pour l'étude convenable de mon thème, que j'en prépare d'autres, je me permettrai d'attirer encore sur elles la bienveillante attention de l'Académie. I^aboratoire privé. Anvers, juin 1898. ^iir (a délerDiination des éléments neiitrcs d'espèce (jnelconquc; par François Deruyts, chargé de cours à l'Université de Liège. Dans nos recherches antérieures sur les éléments neutres des involutions, nous ne nous sommes occupé que des éléments neutres de première espèce : nous nous proposons, dans cette courte note, d'exposer d'une façon sommaire les résultats auxquels nous sommes parvenu concernant les éléments neutres d'espèce quelconque. ( 'ISS ) Nous nous servirons de la représenlalion suivante, qui nous a été, du reste, déjà utile : les espaces E*., de l'espace E^. coupent une courbe rationnelle C„ de cet espace en des groupes de A- points formant une involu- tion lî; cette involution est la plus générale quand la courbe C„ est une courbe dénuée de singularité. Si k points de la courbe C„ sont situés sur un espace Ei_3, ces k points sont insutHisants pour déterminer un groupe de lî; il est nécessaire, pour qu'un groupe conte- nant ces k points soit déterminé, d'y adjoindre deux points auxiliaires, qui sont du reste absolument arbi- traires : dans ce cas, les k points représentent les groupes de k éléments neutres de seconde espèce de Vinvoliiiion, En général, les groupes de k points de la courbe C„ qui seront situés sur un espace £*.,_,, représentent les groupes de k éléments neutres d'espèce / de l'involution \l. 1. Soient les équations de la courbe C„, sous la forme X, : X, : ... : X. : X, + , == f\(x) : f,{x) : ••. /.(x): ^^, (x), fonctions /", {x) étant des polynômes entiers du degré n par rapport à la variable x, qui est le paramètre d'un point variable de la courbe. Soient Xf, Xj, ... X,, X,.(.|, ... x* les paramètres de A: points de la courbe C„; l'espace Ei_i_,, déterminé par les k — i points dont les paramètres sont ( 18!» ) aura pour efiiiutioiis X, X, /iW l'Ax,,) ou bien X, X^ fii^i + i) f^i^i + i) /ifc + i (•*■*) X, = 0; ■ lk-i[^i+l) /k-i + p[-^i+l) • A -•(^. + 2) A- i+p('ï". + 2) = 0, p variant de 1 à î -h 1. Pour que les points dont les paramètres sont soient situés sur cet espace E^.,,,, il faut que l'on ait les i (/h- i) conditions /■.W A(ar,) ... A-.W /,_i_p(x,^) (A) A(x.+2) /.(x..^.,) ... A _,(Xj^. .,)/;_,._ ^(x,+ 2) =0, p variant de 1 à / -h 1 et 7 variant de 1 à i. ( 190 ) Chacune des équations (A) représente une involution II' ;; en effet, si Ton se donne, par exemple, l'équation (A) sera du degré n en x, et elle admet comme racines les valeurs X„ = Xi + " •^i+'î » • • • *^9 ^k'i donc cette équation représente des groupes de n élé- ments, déterminés par k — i d'entre eux, quels que soient ceux-ci dans le groupe; ces groupes forment une involu- tion Ii_j. Pour rechercher les groupes de A; solutions, Xi, Xo, . . . x^, qui satisfont aux i{i ■+- 4) équations (A), il sutlit donc de rechercher les groupes de A; éléments communs aux i -+- 1 involutions Iî'_j représentées par les équations (A), dans lesquelles on suppose q constant et p variant de 1 à / -i- 1 . Remarquons encore que ces / -f- 1 involutions ont en commun les groupes de k éléments qui satisfont à l'une ou l'autre des deux équations fi{Xi + ^) f^.{x,+ t) ... /a._,(x,. + ,) = 0, fi[Xk) fi[Xk) fk-iix,} {k- l{Xi^^} fk - i [Xlc _ i fk-l{Xk) Ces groupes, pour la même raison que ci-dessus, sont les groupes de n éléments d'une involution iL.-i- Donc ( J9d ) le nombre des groupes de k éléments neutres d'espèce i d'une involution \l est égal au nombre des groupes de k éléments communs à i -h 1 involutions l^_i qui ont en commun les groupes d'une involution iLi-i- 2. Pour que i -y 1 involutions I" , aient des groupes d'éléments communs en nombre fini (*), il faut que la somme des rangs de ces involutions soit un multiple du nombre i, et pour que le nombre des éléments des groupes communs soit k, il faut que ce multiple soit k lui- même : il faut donc que l'on ait la condition (i -+- \){k— \)==ik, ou bien /.-=«•(/-+- i). Donc les involutions de rang i(i -<- l) ont des groupes de i(i -+- 1) éléments neutres d'espèce i en nombre fini. 3. La recherche du nombre des groupes de i{i -h 1) éléments communs à î -f- 1 involutions I" qui ont en commun les groupes d'une involution !,"_,, est aisée; la seule difficulté est la longueur des différents cas à exa- miner; la méthode à suivre est identique en tous points à celle que nous avons employée plusieurs fois déjà ; le nombre de ces groupes est (jji^y. (*) Voir notre Mémoire sur lu théorie de L' involution et de l'homo- graphie unicursale. (Mémoires de ia Soc, koy. des sciences de Liège, -J« série, t. XVII, p. 70.) ( 192 ) Nous pourrons ainsi énoncer les théorèmes suivants : Une involution d'ordre n et de rang i(i -h 4) possède (iii + i)) groupes neutres d'espèce i. k — i(i H- 1) éléinenls arbitraires du support d'une invo- lution \l peuvent s'associer à \ï(i^\)')(J>'oupes dei{i-hl) éléments de façon à former autant de groupes neutres de k éléments neutres d'espèce i de cette involution. Les groupes de n — i éléments neutres d'espèce i d'une involution I°_i forment une involution \l'i\ij^ "^il !Ji'i •••> •'nî 3/"' nous voyons que i éléments dont les paramètres sont, par exemple, seront indéterminés lorsque seront remplies les i{i -+- 1) conditions qui expriment que les dérivées partielles d'ordre / par rapport à i variables, prises parmi les 2e variables ^H Vil ^2î ^25 •■•■> ^i1 Vil des normes M — linéaires symétriques, sont nulles. Or ( 193 ) chacune de ces dérivées partielles étant une forme {n — i) linéaire symétrique, par rapport aux variables •^i -t- 1 5 2/i + 1 » '''1 + i 5 }Ji + 'i'y • • • ' "^ " ' i/n' représente une involution I^-i. leur ensemble représente une involution d'ordre n — i et de rang H — <■ — ( t -t- \)i=n — i{'-2 -t- i). 4. Pour terminer, nous donnerons une interprétation des groupes d'éléments neutres de seconde espèce. Les surfaces du second ordre, qui passent par trois points fixes, marquent sur une courbe gauche rationnelle d'ordre n les groupes d'une involution I«"; cette involu- tion possède Ç"~") groupes de six éléments neutres de seconde espèce, c'est-à-dire qu'il existe f7^) systèmes de six points de la courbe C„ qui, unis aux trois points donnés, ne déterminent pas une surface du second ordre, mais une double infinité. Nous obtenons donc la propriété suivante : Par trois points fixes on peut mener f '7*) systèmes dou- blement infinis de surfaces du second ordre, tels que chaque système passe par six points déterminés d^une courbe gauche rationnelle d'ordre n. En particulier : Par trois points fixes on peut mener une double infinité de surfaces du second ordre qui passent par six points d'une courbe gauche du quatrième ordre. La courbe du quatrième ordre, dans ce cas, est arbi- traire; mais la position des six points de cette courbe dépend de la position des trois points fixes. ( i94 ) Sur quelques propriétés des courbes gauches; par François Deruyts, chargé de cours à l'Université de Liège. Nous avons signalé récemment les résultats suivants (*) : 1" Une involution \l possède des groupes de 2k — ■ 2 élé- ments neutres de première espèce en nombre fini et le nombre de ces groupes est n — /i" -+- 1 \ fn — /.■ /. — i \ k I \k — 2 2" k — p éléments arbitraires du support d'une inimlu- tion II peuvent s'associer à li -^ ]\ (n — /,:' P n — k\ groupes de 2k — 2 éléments de façon à former autant de groupes de k -t- p — -2 éléments neutres de première espèce de l'involution ; 5° Les groupes de n — 1 éléments neutres de première espèce d'une involution II forment une involution lïk1n_i. Actuellement, nous nous proposons d'étudier les pro- priétés de ces groupes neutres et en particulier de rechercher les groupes neutres composés d'éléments multiples. (*) Note sur les éléments neutres de l'involution et leurs applications aux courbes gauches. (Bull, de l'Acad. uoy. de Belgique, 3e série, I. XXXV, 1). 855; 1898.) ( iyo ) 1. Nous pouvons grouper les éléments neutres d'une involution I*" de la façon suivante : à k — p éléments arbitraires du support de l'involution proposée, Al, A.,, ... , At_,, , il correspond 2/) — 2 /n — /t -+- 1 W/i — />\ (fi- — t -f- 1 \ (n — I: p — \\ j) I \p —'■Il \ p I \p—^2 éléments A^.^^, faisant partie, avec les k — p éléments arbitraires, d'un groupe de k -h p — 2 éléments neutres de I,". La correspondance qui existe entre les éléments Al , Aj, . . . , A^. _ p, A *-;> + ! est évidemment réciproque ; le nombre des coïncidences est donc (n-k -^ \\ ln — k\ Ce nombre est celui des (jroupes de k -+- p — '2 éléments neutres d'une involution I^ qui contiennent u)i élément (k — p H- I)"'''' et âp — 5 éléments simples. Cas particulier. — Si nous faisons k = n — A; -+- 1 , nous obtenons le résultat suivant : Le nombre des groupes de n — 1 éléments neutres d'une involution 1", contenant un élément (n — 2k)°'"% est 2(/i — /j)(2/.- — /i). ( 196 ) Ce résultat peut être vérifié directement si nous obser- vons que les groupes de n — 1 éléments neutres de l;' forment une VliT- n-i et que telle-ei possède groupes contenant un élément (2A; — «)"■•''. 2. Prenons arbitrairement a — I éléments A,, A,, ... A„_, du support d'une involution l)! ; il leur correspond dans cette involution des groupes de n — a -h i éléments formant une I"rrTî; d'après ce que nous venons de voir (1), cette involution contient groupes de k -i- p — a ~ i éléments neutres dont un élément 6""'% (fe = /c — p — a -i- 2), el^p — 5 éléments simples A„. Ainsi, aux éléments arbitraires il correspond éléments A„; la correspondance entre les éléments A,, Aj, ..., A„_,, A„ est réciproque; le nombre des coïncidences est /;, _A- -H 1\ (n — k\ ( ^97 ) Nous obtenons ainsi la propriété suivante : Une involution ï" possède groupes de k -+- p — 2 éléments neutres contenant deux éléments multiples associés d'ordre a et b quand on a la con- dition a H- /^ =- A - p -t- 2. Cas particulier. — Si nous supposons p = n — Ah- 1, nous voyons qu'un? involution \l contient /2n — -2A-\ n -i ) groupes de n — l éléments neutres; chacun d'eux étant composé de deux éléments multiples associés d'ordres a et h et de n — (a -+- b) — 1 éléments simples, (fl -+- ^ = 2A-— « -+- 1). Ce résultat peut se vérifier aisément, car les groupes de ji — 1 éléments neutres d'une l'I forment une I";-,. m qui possède le nombre indiqué de groupes contenant deux éléments multiples associés (*). 3. Prenons encore a —i éléments A. (« = l ,2,3 ... a — 1), arbitraires du support d'une I"*; il leur correspond (*) Voir notre Mémoire sur la théorie de Vinvolution unicursale. (Bulletins de la Société royale des sciences de Liège, 2^ série, t. XVII, p. 60.) ( 198 ) des groupes de n — a h- 1 éléments formant une involu- tion i:z:t\. Cette dernière involution possède (2) groupes de p -h k — a — 1 éléments neutres, contenant deux éléments multiples associés d'ordres b et c, quand on a la condition 6 -t- c = A — p — a h- 5, et 2p — A éléments simples A„ ; donc, aux a — 1 éléments arbi- traires A^, il correspond fn — /,-+- I \ (n — /.\ 2/;c(-2p-3)(i>-4)^ ^, ) l,j - J éléments A„. La correspondance entre les a éléments A^ est réciproque; le nombre des coïncidences est donc (n — k-^- \\ fn — k\ .i*(2,-ô)C2,,-4)( ^^ )(^_J. Nous pouvons, en conséquence, énoncer le théorème suivant : Vue involution queJcotique I" possède In — k -4- 1\ f?i — k\ groupes (h p h- k — 2 éUmenls neutres contenant trois éléments multiples associés d'ordres a, b, c, quand on a la condition a -+- I) H- c = k — /} -+- 5. ( d99 ) Cas particulier. — En faisant 7J = n — k -h 1, nous voyons que les groupes de n — 1 éléments neutres d'une f" qui contiennent trois éléments multiples associés d'ordres a, b, c, quand on a a -t- // -+- r = 2/c — w -h :2, soni en nombre fî>H — 2/, 6a hc Cette propriété peut se vérifier directement de la même manière que ci-dessus (2). 4. Des trois cas particuliers que nous venons d'exa- miner, il résulte les conséquences suivantes : désignons par p le nombre maximum des éléments multiples associés qui peuvent se trouver dans les groupes de p -+- k — 2 éléments neutres d'une involution 1;^', et par «1, «2, •••, Cp les ordres de multiplicité respectifs de ces éléments : nous devons avoir les conditions 1 p = 2p _ ± d'où l'on déduit Donc une involution {[ ne peut posséder des groupes de k -^- p — 2 éléments neutres contenant plus de 2p — 2 cléments multiples associés. Dans le cas extrême où le ( ï200 ) nombre maximum serait atteint, le nombre des groupes serait Enfin, dans le cas où p serait moindre que 2;) — 2, un raisonnement analogue à ceux que nous avons faits précédemment nous conduirait à la conclusion suivante : Une involution V^ possède des groupes rfe p -4- k — 2 éléments neutres contenant p éléments multiples associés d'ordre de multiplicité 3; (i = 1, 2, 5 ... p) quand on a la condition p V a, = p -+- k — p; le nombre de ces groupes est •■=/*+' J!_ In - le -h \\ ln — k\ 2 n (^n-oiiw^ ^, !(^_,)- 5. Prenons maintenant p' éléments arbitraires du support d'une involution II' et considérons chacun de ces éléments comme étant un élément multiple, d'ordre de multiplicité b,{i = l, 2, 5 ... p'). Il correspond à ces p' éléments des groupes formant une involution Il'IvJ;; cette dernière possède des groupes ^\Q I; — y.bi-+-p — ^2 éléments neutres {p étant quel- conque), contenant 2p — 2 = p éléments multiples asso- ciés dont les ordres de multiplicité a^ satisfont à la condition p /■'■ en nombre ( Wi ) nous pourrons donc, en général, énoncer le théorème suivant : p' éléments du support d'une involution ï", considérés comme étant des éléments (bj)"''"*, peuvent s'associer à -\)l p ln-k+\\(n-k\ groupes de p éléments multiples associés d'ordre de mul- tiplicité a, de manière à former autant de groupes de k -4- p — 2 éléments neutres de l' involution, quand on a la condition p p' Applications. 6. Toutes les surfaces du second ordre qui passent par six points lixes, marquent sur une courbe rationnelle d'ordre n, C„ les groupes d'une involution I*". Cette involution possède une infinité de ternes neutres; chacun de ces ternes, joint aux six points donnés, est insuffisant pour déterminer une surface du second ordre : donc les six points et chacun des ternes neutres sont situés sur une courbe gauche du quatrième ordre. Or, parmi les ternes neutres de I3", il s'en trouve (1) 4f"7") qui con- tiennent un élément double; on arrive ainsi au résultat suivant : Par six points de l'espace, on peut mener 4 {^"r^) courbes gauches du quatrième ordre, tangentes à une courbe donnée d'ordre n, C„, et ayant en outre un point en commun avec cette courbe. 3'"' SÉRIE, TOME XXXVI. 14 ( 202 ) En particulier : Par six points, on peut mener vingt-quatre courbea gauches du quatrième ordre, Q, tangentes à une cubique gauche et ayant de plus un point en commun avec cette courbe. Si, parmi les six points donnés, trois sont sur une droite d, les courbes du quatrième ordre auxquelles donnent lieu les ternes neutres de l'involution Ij" se décomposent en la droite d et en des cubiques gauches. Par conséquent, les théorèmes précédents se transforment de la façon suivante : Par trois points, on peut mener A f " ï *) cubiques gauches tangentes à une courbe gauche d'ordre n, C„, et ayant avec cette courbe un point commun. Par trois points, on peut mener vingt-quatre cubiques gauches tangentes à une cubique gauche donnée et ayant un autre point commun avec cette courbe. Enfin, si parmi les six points donnés, m d'entre eux {m < 6, et m < '2n — 3) se trouvent sur la couche C„, l'involution ir se transforme en une involution \l"~"'; et les théorèmes précédents se modifient ainsi qu'il suit : Par (6 — m) points de l'espace, on peut mener 4 ('"'™"^) courbes gauches du quatrième ordre tangentes à une courbe gauche C„ et ayant en commun avec cette courbe m -+- i points dont m sont assignés à l'avance. 7. Si nous remarquons que les surfaces du second ordre qui passent respectivement par cinq et quatre points fixes de l'espace, marquent sur une courbe d'ordre n, C,„ les groupes de deux involutions I^" et Is% nous obtien- drons les théorèmes suivants : Par cinq points de l'espace, on peut mener (î (^"7^) courbes ( 203 ) gauches du quatrième ordre onculatrices à une courbe C„ et coupant cette courbe eu un point. Par cinq points, on peut mener 4 (2n — 4 ) (^" ^ ') courbes gauches du quatrième ordre tangentes à une courbe C^ et coupant cette courbe en trois points. Par cinq points, on peut mener 8 fV*) courbes gauches du quatrième ordre, qui soient bitangentes à une courbe d'ordre m. Par quatre points, on peut mener 8 (^" ^ *) courbes gauches du quatrième ordre surosculatrices à une courbe d'ordre n, et rencontrant cette courbe en un point. Par quatre points, on peut mener 6 (2n — 5) (*"r*) courbes gauches du quatrième ordre osculalrices à une courbe d'ordre n et coupant cette courbe en trois points. Par quatre points, on peut mener 4fV*) C"r*) courbes gauches du quatrième ordre tangentes à une courbe C„ et rencontrant celte courbe en. cinq points. Par quatre points, on peut mener 12 ('"2 *) courbes gauches du quatrième ordre à la fois tangentes et oscula- lrices à une courbe C„. Par quatre points, on peut mener 48 (^'V *) (*"r'^) courbes gauches du quatrième ordre bitangentes à une courbe C„ et ayant deux points communs avec cette courbe. 8. En général, les surfaces du second ordre, passant par 9 — /.' points fixes, marquent sur une courbe C„ les groupes d'une involution If; cette dernière possède des groupes neutres de A: -+- p — 2 éléments contenant un élément {k — p -+- 1)"'"' et 2;? — 5 éléments simples en nombre fini (1); cette involution possède de même des groupes de li *- p — 2 éléments neutres contenant deux éléments multiples associés d'ordres a et b, el 2p — 4 éléments ( i204 ) simples en nombre déterminé (2), (a-^h = k — p-+2); donc nous pouvons énoncer les deux théorèmes : Par 9 — k points de l'espace, on peut mener lin — k -^ \\ l^n — kX ^(*-"-"( „ )(„-J courbes gauches du quotrihue ordre ayant un contact d'ordre (k — p -+- 1) avec une courbe gauche donnée d'ordre n, et rencontrant cette courbe en l2p — o points. Par 9 — k points de l'espace, on peut mener courbes gauches du quatrième ordre, ayant avec une courbe C„ deux contacts d'ordres a et b, et rencontrant la courbe en 2/) — A points. Ces deux théorèmes sont vrais pour toutes valeurs de k et n, pourvu que k soit moindre que 9 et que pour le premier théorème p < A- -h i et pour le second p < k — 4. ( 205 ) CE.ASISK DES £.ETTRIi:iS. Séance du /'' août 189S. M. le l)ar<)n Em. de Borchgrave, doyen d'ancienneté, occupe le fauteuil. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. S. Bormans, Ch. Piot, Cli. Potvin, T.-J. Lamy, G. Tiberghien, L. Vanderkindere, le comte Gohiet d'Alviella, Ad. Prins, J. Vuylsteke, A. Giron, God. Kurtlf, H. Denis, Georges Monchamp, P. Thomas, Ernest Discailles, membres; J.-C. Vollgraff, associé; V. Brants, M. Wilmotle, H. Pirenne, Ern. Gossart et Polydore De Paepe, correspondants. — MM. Vander Haeghen, direcleur; P. Fredericq, membre, et J. Leclercq, correspondant, motivent leur absence. CORRESPO NDANCE. La Classe prend notilication otficielle : 1° D'une lettre de M'"" Banning annonçant la mort de scMi mari, M. Emile Banning, membre titulaire, décédé à Ixelles, le 15 juillet; ( 206 ) 2° D'une lettre de M. Charles Rivier, pasteur à Genève, annonçant la mort de son frère, M. Alphonse Rivier, associé, décédé à Saint-Gilles lez-Bruxelles, le 21 du même mois. La Classe remercie M. le baron de Borchgrave, qui a bien voulu se faire l'organe de ses sentiments aux funé- railles de MlVl. Banning et Rivier. Les discours prononcés par M. de Borchgrave, ainsi qu'une note de M. Vander Haeghen, paraîtront dans le BuUelin de la séance. M. le Secrétaire peipétuel adressera une lettre de condoléance aux familles des défunts. — M. le Ministre de l'Intérieur envoie, pour la biblio- thèque de l'Académie, un exemplaire des Documents officiels de l'Institut colonial international : V" série, La main-d'œuvre aux colonies, t. III ; 5* série. Le régime foncier aux colonies, t. I*^' ; Compte rendu de la session tenue à Berlin les 6 et 7 septembre 1897. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : Àdenet le Roi et son œuvre. Étude littéraire et linguis- tique; par Arthur Bovy (présenté par M. Wilmotte, avec une note qui ligure ci-après); De vlaamsclie Urijgstaalkunde ; par Edouard Peeters. — Remerciements. KLECTION. La Classe procède au remplacement de M. Banning comme directeur pour 1899. M. A. Giron est élu. ( 207 ) Note de M. Vander Haeghen, directeur. L'année 1898 a été fatale pour la Classe des lettres. A peu de mois d'intervalle, elle a perdu trois de ses mem- bres les plus distingués et le plus célèbre de ses membres associés. M. Emile Banning, décédé presque subitement le 12 juillet dernier, était une des personnalités les plus hautes et les plus sympathiques, non seulement de la diplomatie belge, mais de la politique internationale. Sa carrière a été extraordinairement brillante; elle comp- tera aussi parmi les plus utiles; elle fut tout entière vouée à la cause de l'humanité, au service de notre patrie. Après avoir fait de solides études à l'Université de Liège, sa ville natale, M. Emile Banning se rendit à l'Université de Berlin. Il ne tarda pas à faire connaître les observations que lui avait suggérées l'étude des méthodes usitées dans le haut enseignement en Alle- magne. Revenu en Belgique, le jeune savant fut attaché pen- dant quelque temps à la Bibliothèque royale. Mis, par suite de ses fonctions, en relation avec M. Paul Devaux, il devint le collaborateur de celui-ci et bientôt son ami. Les qualités primesautières du jeune érudit ne pou- vaient que gagner au contact du talent de Paul Devaux et des hommes distingués formant l'entourage de cet éminent homme d'Etat. M. le Ministre Rogier, qui appréciait fort le haut mérite de M. Banning, le choisit comme secrétaire en ( 208 ) arrivant au Ministère des Affaires Etrangères et, depuis lors attaciié à ce Département, M. Banning rendit à la diplomatie et à la politique belges les services les plus signalés. Il tut notamment un des ouvriers de la première heure de l'œuvre grandiose de la colonisation africaine, à laquelle Sa Majesté le Roi a consacré les plus nobles efforts; M. Banning, confident des projets de notre Sou- verain, contribua puissamment à aplanir les difficultés de toute nature que l'œuvre du Congo eut à traverser au début; il prit une part active aux travaux de la Confé- rence de 187() et publia, à l'issue de cette importante étape de l'entreprise africaine, deux volumes de docu- ments dont l'effet fut décisif. M. Banning apportait au débat une série de révélations qui firent une impression profonde; il indiquait les ressources sur lesquelles les civilisateurs de l'Afrique étaient en droit de compter, le bien à réaliser et mettait nettement au point des faits qui jusque-là n'avaient fait que transparaître dans un jour demi-mystérieux. Le succès de M. Banning, comme orateur ou comme écrivain, ne fut pas moindre lorsqu'il prit part, en des occasions plus récentes, aux discussions soulevées par la revision de notre pacte fondamental, par la question du référendum royal, par celle de la réorganisation de l'ar- mée, etc. Toutes ces questions, dans l'esprit de l'éminent fonc- tionnaire, se rattachaient étroitement au salut, à la pro- spérité du pays belge. Il les envisageait, il en parlait avec un loyalisme complet, une loyauté entière, exprimant fortement des convictions rétléchies, éloquent surtout lorsqu'il entreprenait de seconder les efforts tentés par Sa Majesté le Roi en vue d'assurer à la Belgique plus de sécurité et une prospérité plus étendue. ( 209 ) M. Banning n'étail pas le diplomate attaché tradition- nellement à d'étroites formules et qu'une excessive pru- dence confine dans l'inaction. Sachant maintenir les progrès acquis, son libre esprit s'avançait courageuse- ment dans le domaine des idées, ses convictions s'impri- maient dans une langue claire, forte, très littéraire : aussi ses travaux le désignaient-ils dès longtemps au choix de l'Académie lorsqu'il fut, en 1889, élu corres- pondant, et en 1892 membre de la Classe des lettres de notre Compagnie. L'œuvre de M. Banning redira longtemps les qualités aimables de sa haute intelligence, en même temps que la largeur de ses vues, la noblesse de ses préoccupations. La vie de notre éminent et très regretté confrère a été celle d'un homme de bien, celle d'un grand citoyen. L'Académie, que son décès atteint douloureusement, gardera de M. Banning un impérissable souvenir. Discoura prononcé aux funéraUles d'Emile Banning; par le baron Érnile de Borchgrave, membre de la Classe des lettres. Appelé, en qualité de doyen d'ancienneté, à remplacer le Directeur de la Classe des lettres, empêché, je remplis le triste devoir de rendre, au nom de l'Académie royale, un hommage suprême, de dire un dernier adieu au con- frère distingué qu'une mort imprévue nous a si brusque- ment ravi, et d'adresser à la famille éplorée l'expression de notre sincère et vive condoléance. Une voix éloquente vient de retracer la carrière féconde de M. Emile Banning. Je dois me borner à vous parler ( -210 ) de l'académicien, à rappeler les travaux qui lui ont valu une brillante notoriété. Neveu du poète Weustenraad, M. Banning eut de bonne heure l'amour de la nature, le goût du beau, la passion du travail, du travail solitaire qui développe l'intelligence en creusant la pensée. Dei)uis l'instant où, au seuil de la jeunesse, il conquit une flatteuse distinction universitaire, ses facultés rares lui permirent d'embrasser les sujets les plus variés. Études de critique historique et littéraire, essais poé- tiques, questions d'enseignement en Belgique et à l'étran- ger, revues de politique intérieure et internationale, frag- ments philosophiques, il traça de nouveaux sillons dans le vaste champ ouvert à l'esprit humain. Nommé membre de l'Académie, il y a quelques années, il aimait à prendre une part active à nos délibérations. Sa première lecture parmi nous fut consacrée à la glori- fication de l'œuvre grandiose du Congo. Il donna, il y a quelques jours à peine, une de ses dernières préoccupa- tions à l'avenir du corps savant qui déplore sa perte. Écrivain de race, épris de la forme, dédaigneux des banalités, ses travaux ne sont pas éphémères. Fruits d'un judicieux et patient labeur, les délicats aimeront à les relire, tous y trouveront d'utiles leçons. Philosophe dévoué aux idées modernes et chrétien con- vaincu, il puisait dans ses idées hautement spiritualistes des forces contre la souffrance physique qui le terrassait et la ferme espérance de voir son àme, alfranchie des luttes de la vie, rayonner, dans l'au delà, de sa beauté immortelle. Adieu, Banning, adieu ! ( 2f< ) Discours prononcé auj- funérailles d'Alphonse Bivier; par le baron Emile de Borchi,qave, membre de la Classe des lettres. Messieurs, L'année 189cS est funeste à l'Académie. Le nécrologe s'ouvre pour la septième fois. Nous avons à y inscrire la mort inopinée du distingué et très regretté M. Rivier. C'est en qualité de doyen d'ancien- neté, remplaçant le Directeur de la Classe des lettres, empêché, que je viens rendre un hommage suprême à sa mémoire. M. Alphonse Rivier fut élu associé de l'Académie en 1875. Né dans un pays ami, il avait fait de la Belgique sa seconde patrie. M. Thonissen eut à cœur de signaler le jeune savant qui déjà s'était fait connaître ailleurs et acquis, par son enseignement et par ses publications estimées, un précoce et légitime renom. Ses connaissances variées et remarquables, son intel- ligence ouverte et pratique, ses études des questions qui préoccupent les esprits soucieux de l'avenir, le dési- gnaient, tout autant que la suggestion de notre éminent confrère, au choix de l'Académie. M. Rivier occupa sa place avec honneur. Il prenait une part assidue à nos séances. Il s'imposait, dans nos délibérations, par ses vues précises et lumineuses. Dans les discussions relatives aux concours, ses jugements faisaient autorité. Il nous révéla les travaux, ignorés, de compatriotes qui ont brillé à l'étranger. ( 2i2 ) Sa compétence dans les questions de droit romain, de droit international, d'économie sociale et politique, était appréciée de tous. Sa courtoisie captivait. Affable et gracieux, on n'enten- dait jamais une parole désobligeante tomber de sa bouche. Sa mort nous est une surprise cruelle. A voir sa vigueur et sa souplesse physiques, nous nous flattions que de longs jours lui étaient réservés. Illusion vaine! Lié avec M. Rivier depuis trente ans, c'est avec un douloureux serrement de cœur que je lui dis ce triste et dernier adieu. Mais mon émotion se tempère par la certi- tude que ce savant, ce confrère, cet homme de bien ne sera pas oublié : il sera au milieu de nous par le souve- nir de ses œuvres et de ses qualités, tout à la fois graves et charmantes. NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie un exemplaire du travail de M. Arthur Bovy, intitulé : AuENET LE Roi et son oeuvre, élude littéraire et linguis- tique. M. Bovy est un ancien élève de la section de philolo- gie romane de l'Université de Liège. Sa thèse de docteur est devenue un livre, qui a d'autant plus d'intérêt poin nous qu'il est consacré à un écrivain belge, à l'auteur du célèbre roman de Berte au grand pied et de ce Cléomadès qu'édita un membre de l'Académie, M. Van Hasselt, et qu'un autre membre de la Classe, M. Bormans, soumit à une revision très attentive. On sait qu'un troisième col- lègue, le regretté M. Scheler, a réédité Berte et publié ( 213 ) Bueves de Commarcins et les Enfances Ogier, c'est-à-dire les ouvrages d'allure épique qu'on est d'accord pour attri- buer à Adenet. La contribution de M. Bovy est donc la dernière pierre d'un monument vraiment national ; à ce titre déjà, nous nous serions fait un devoir de la signaler. Mais cette contribution philologique mérite encore d'attirer notre attention par la valeur de son contenu. Elle est divisée en trois parties, dont l'une sert d'intro- duction, tandis que la seconde est consacrée aux « pro- cédés littéraires d'Adenet », c'est-à-dire à sa façon de traiter ses sources, à son style et à sa versification; dans la troisième partie, l'auteur étudie la langue du rimeur brabançon. Il y a là nombre d'observations originales, et si l'on peut regretter fle-ci de-là que l'auteur n'ait pas usé plus généreusement de la méthode comparative, il taut recon- naître que, dans l'ensemble, son étude repose sur la con- naissance directe des textes et démontre surabondamment un esprit apte aux plus difficiles des besognes philolo- giques. M. WlLMOTTE. PROGRAMME DU CONCOURS POUR L'ANNÉE 1901. PREMIERE QUESTION. On demande une étude critique sur les Vies des saints de l'époque carlovingienne (depuis Pépin le Bref jusqu'à la fin du X" siècle). L'auteur ne s'attachera qu'aux Vies présentant un intérêt historique. ( ^^«4 ) DEUXIEME QUESTION. On demande une étude sur les divers systèmes péni- tentiaires modernes considérés au point de vue de la théorie pénale et des résultats obtenus. TROISIEME QUESTION. On demande une étude, d'après les découvertes des der- nières années, sur les croyances et les cultes de l'Ile de Crète dans l'antiquité. QUATRIÈME QUESTION. Étudier l'organisation du travail dans une ville du XV siècle. CINQUIÈME QUESTION. Faire l'histoire de l'assistance publique dans les cam- pagnes en Belgique, depuis la Révolution française jusqu'à nos jours. La valeur des médailles présentées comme prix sera de huit cents francs pour les trois premières questions et de six cents francs pour les deux dernières. Les mémoires seront écrits lisiblement et rédigés en français, en flamand ou en latin. Ils seront adressés, francs de port, avant le l'^' novembre 1900, à M. le Secrétaire perpétuel, au Palais des Académies, à Bruxelles. ( 215 ) COIVDITIONS Réc:i>EIMRI%TAIRKS COMMUIVES AUX COKCOVRS AI%!\UELS DE K.A Cl>ASSK. L'Académie exige la plus grande exactitude dans les citations; elle demande, à cet eflet, que les auteurs indiquent les éditions et les pages des livres qu'ils citent. Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage; ils y inscriront seulement une devise, qu'ils reprodui- ront sur un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Faute par eux de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur être accordé. L'emploi d'un pseudo- nyme exclut les auteurs du concours. Les ouvrages remis après le terme prescrit, ou ceux dont les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit, seront exclus du concours. L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que les mémoires soumis à son jugement sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des copies, à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au Secrétaire perpétuel. PRIX PERPETUELS. Prix de Stassart. Notice sur un Relge célèbre. (Huitième période : 1893-1898.) La Classe proroge jusqu'au l*" février 1899 le délai pour la remise des manuscrits en réponse à la huitième période de ce concours, ofl'rant un prix de six cents francs ( 2^6) à l'auteur de la meilleure notice, écrite en français, en tlaniand ou en latin, consacrée à la vie et aux travaux de Nicolas Cleynaerts, dit Clenardus, grammairien, orien- taliste et voyageur, né à Diest en 1495, mort à Grenade en 1542. Les concurrents devront se conformer aux conditions réglementaires ci-dessus des concours de la Classe. Prix de Saint -Génois pour une question d'histoire ou UE littérature en langue flamande. (Quatrième période : 1898-1907.) Conformément aux volontés du fondateur, la Classe olfre, pour la quatrième période de ce concours, un prix de mille francs à l'auteur du meilleur travail rédigé en flamand, en réponse à la question suivante : Faire l'histoire de la période calviniste à Gand (1576- 1584). Le délai pour la remise des manuscrits expirera le 1" novembre 1907. Les concurrents devront se conformer aux conditions réglementaires des concours de l'Académie. ( 217 ) Prix Anton Bergmann. [Seconde période : 1887-1897 (1)]. Le prix pour cette période est réservé à la meilleure histoire, écrite en néerlandais, d'une ville ou d'une com- mune appartenant à la province de Brabanl (l'arrondisse- ment de Nivelles excepté), et comptant au moins 5,000 habitants. Le prix à décerner est de trois mille francs. Les livres imprimés sont admis au même titre que les manuscrits; ceux-ci pourront être ou signés ou anonymes. Dans ce dernier cas, l'auteur devra joindre à son travail uji billet cacheté renfermant son nom et son adresse. L'emploi d'un pseudonyme exclut l'auteur du concours. Les œuvres historiques sont comprises dans les avan- tages de la fondation, qu'elles aient pour auteurs des étrangers ou des Belges, pourvu qu'elles soient écrites en néerlandais et éditées en Belgique ou dans les Pays-Bas. PROGBAMMA DER PRIJSKAMPEN VOOR HET JAAR 1901. EERSTE PRIJSVRAAG. Men vraagl eene critische studie over de Vitae der keiligen ail liel karolingisch lijdvak (van Pepijn den Korte lot hel einde der X^ eeuw). De schrijver zal alleen de Vilae, die een historisch belang opleveren, te behandelen hebben. (1) Par arrêté royal, cette période a été prorogée jusqu'au l*^"" fé- vrier 1900. S'"*" SÉRIE, TOME XXXVI. 15 ( 218 ) TWEEDE PRIJSVRAAG. }fen vraagt cène sludie over de verschillende gevange- nisslelsels ail den nieuweren tijd, in hel liclil der straf- rechtdijke Uieorie en der verkregen uilslagen beschouwd. DERDE PRIJSVRAAG. Men vraagl een onderzoek, naar aanleiding van de onl- dekkingen der laatsle jaren, over de geloofsvornien en de godMiemlen van hel oude eiland Krela. VIERDE PRIJSVRAAG. De inrichting van den arbeid besludeeren in eene slad van de XV eeuw. VIJFDE PRIJSVRAAG. De geschiedenis schetsen van de openbare armenverzor- ging op hel plalte land in België, van de Framche oniwen- teling lot onze dagen. De waarde der als prijs uitgeloofde gouden eerepen- ningeii zal van «67?/ honderd frank zijn voor elke der drie eerste prijsvragen, en van zes honderd frank voor de tvvee laalste prijsvragen. De ingezonden verhandelingen moeten leesbaar ge- schreven, en mogen in Iiet Fransch, het Nederlandseh of liet Latijn opgesteld zijn. Sfôôr V" November 1900 moeten zij aan den lieer Bestendigen Secrelaris, in het Paleis der Acadeiniën le Brussel, vraclitvrij gezonden worden. ( 219) RBC;E.ElllEIVTSBKPAE.IIWCiElV DIE VOOR DE Ï>RI.ISH.A1IIPEI« CiElllEEN ZMN. De Académie eischt de grootste nauwkeurigheid in de citaten; te dien einde verlangt zij van de schrijvers, dat zij de uitgaven en de bladzijden der door hen aangehaaide werken zullen aanduiden. De schrijvers mogen op hun werk hunnen naam niet vermelden ; zij zullen er alleen eene kenspreuk op plaat- sen, die nioet herhaald worden op een verzegelden briel", bevattende hunnen naam en hun adres. Indien zij aan dezen eisch te kort komen, kan geen prijs hun worden toegewezen. Werken, die na den gestelden datum inkomen of waar- van de schrijver, op welke manier ook, zich heeft laten kennen, zullen uit den prijskamp gesloten worden. De Académie herinnert aan de mededingers, dat de ver- handelingen in haar archief berusten en blijven moeten van het oogenblik af dat zij aan haar oordeel werden onderworpen. Nochtans kunnen de schrijvers, op hunne eigene kosten, afschriften van hunne ingezondene werken laten maken ; daartoe moeten zij zich tôt den Bestendigen Secretaris wenden. BESTENDIGE PRIJSKAMPEN. Prijs de Stassart. Verhandeling over eenen reroemden Belg. (Achtste tijdvak : 1893-1898.) De Klas der Letteren verlengt tôt den 1''° Februari 1899, den termijn voor het inzenden derhandschriften in antwoord op het achtste tijdvak van dezen prijskamp, C ^220 ) eenen prijs van zes honderd frank uitloveiide voor den schrijver der beste verhandeling, geschreven in bel Franscb, het Nederlandsch of bet Latijn, en gewijd aan bet leven en de werken van Nicolaus Cleynaerts, gezegd Clenardus, spraakkunstenaar, orientalist en reiziger, geboren te Diest in 1495, gestorven te Grenada in 1542. De mededingers zullen de bovenstaande reglements- bepalingen voor de prijskampen der Klas moeten in acht nemen. Prijs de Saint-Genois. Nederlandsche verhandeling over geschiedenis of letterkunde. (Vierde tijdvak : 1898-1907.) Liiidens den wil des sticbters, looft de Klas der Lette- ren, voor bet vierde tijdvak van dezen prijskamp, eenen prijs van duizend frank uit voor den scbrijver van bet beste werk, gescbreven in bet Nederlandscb, als antwoord op de volgende prijsvraag : De geschiedenis schrijven van het Calvinistisch tijdvak te Cent {1 576-1 584). Voor 1"° November 1907 is de lermijn tôt bet inzenden der verbandelingen verstreken. De mededingers zullen de bovenstaande reglements- bepalingen voor de prijskampen der Académie moeten in acht nemen. ( 22< ) Prijs Anton Bergmann. [Tweede tijdvak : 1887-1897 (1)]. Biiinen dit tijdvak is de prijs voorbehouden aan de beste in het Nederlandsch geschrevene geschiedenis van eene stad of gemeente behoorende tôt de provincie Bra- bant (uitgezonderd het arrondissement Nijvel) en tellende ten minste 5, (MX) inwoners. De iiitgeloofde prijs is van drie duizend frank. De drukwerken worden op gelijken voet als de hand- schriften toegelaten ; deze laatste mogen den naam des schrijvers vermelden of verzvvijgen. ïn dit laatste geval moet de schrijver bij zijn handschrift een verzegelden brief voegen, bevattende zijnen naani en de aanduiding van zijne woonj)laats. Door het aannemen van een pseu- doniem sluit de schrijver zichzelven iiit. De historische gewrochten worden tôt den prijskamp toegelaten onverschillig ofzij door Belgen of vreemdelin- gen geschreven zijn, op voorwaarde dat zij in het Neder- landsch opgesteld en in België of in Nederland uitgegeven zijn. (1) Bij koninkli.jk besluit is de termijn tôt inzenden der verhande- lingen verstreken tôt 1»" Februari 1900. ( 222 ) €L.A!^Si: DES BEAUX-ARTS. Séance du i août 1898. M. J. RoBiE, vice-directeur, occupe le fauteuil. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents: MM. F.-A. Gevaert, Th. Radoux, Peler Benoit, J. Demannez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, Jos. Stallaert, Alex. Markelbach, Max. Rooses, G. Huberti, A. Hennebicq, Éd. Van Even, Alfred Cluysenaar, J.Winders, H. Maquet, J. Van Ysen- dyck, membres; J.-B. Meunier et G. Hermans, correspon- dants. MM. Jules Pécher et Ém. Mathieu ont motivé leur absence. — Le Bureau adresse les félicitations de la Classe à M. P. Benoit au sujet de sa nomination de directeur du Conservatoire royal d'Anvers. M. Benoit remercie ses confrères et tout particulière- ment M. Gevaert, pour les précieux conseils qu'il lui a donnés, dit-il, au sujet de l'organisation définitive du Conservatoire d'Anvers. {Applaudissements.) ( 225 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Agriculture et des Travaux publics communique, afin d'avis, une Ouverture-fantaisie sur la légende de Geneviève de Brabanl, par M. Martin Lunssens, premier prix du grand concours de composition musicale de 1895. — Renvoi à MM. Huberti, Mathieu, van Duyse et Benoit. COMITÉ SECRET. La Classe se constitue en comité secret pour s'occuper de (litîerents objets inscrits à son ordre du jour. OUVRAGES PRESENTES. Bambeke (Ch. Van). Gristailoïdes dans l'oocyte de Pltol- cus phalangioïdes Fiiessï. Paris, 1898; extr. in-8" (24 p.). Peetem (Edouard). De vlaamsche krijgstaalkunde. Ypres, 1898; in-8Mll6 p.). de Jonylie {le vicomte B.). Un gros à l'etligie en pied de Jean d'Arekel, prince-évêque de Liège (1364-1378). Bru- xelles, 1898; extr. in-8° (4 p.). Bovy (Arthur). Adenet le Koi et son œuvre. Étude litté- raire et linguistique. Bruxelles, 1898; extr. in-S" (113 p.). Lootensifih.). Recherches expérimentales sur la formatio n (lu son dans les instruments à bouche de flûte. Paris, 1898 ; extr. in-8'' (75 p.). Institut colonial international. Documents officie Is : V" série. La main-d'œuvre aux colonies, tome IIL 3™^ série . Le régime foncier aux colonies, tontre I. — Compte rendu de la session tenue à Berlin les 6 et 7 septembre 1897. ( 2-24 ) Congrès international de législation du travail, Bruxelles, 1897. La répression du travail en chambre. Kapport pré- senté en réponse à la question IV; par Eug. Schwiedland. Paris, 1897; in-8M98 p.). — Die Entwickelung der deulschen Arbeiterschutzge- setzgebung seit 1890; von Alfred Weber, Leipzig, 1897; in-8° (50 p.). — La législation sociale en Hongrie; par Joseph Szte- réngi. Budapest, 1897; in-8° (58 p.). — Rapports et compte rendu analytique des séances. Bruxelles, 1898; in-8" (xxxv-741 p.). KôUiker (A. von). Ueber die Entwicklung der Graaf'schen Follikel. Wurzbourg, 1898; exlr. in-8'' (7 p.). KiEL. Gesellsehaft fiïr Geschicfite. Zeitschrift, 27. Band. Washington. Department of agriculture. Yearbook, 1897. La Plata. Museo de La Plata. Revista, tomo VIII. 1898. Annuaire statistique delà ville de Buenos-Ayres. Vll^année, 1897. Paris. Observatoire. Rapport annuel pour l'année 1897; par M. Loewy. 1898 ; in-4°. LivERPooL. Literary and philosophical Society. Procee- dings, 1895-96. Martini {Tito). Intorno al calore che si sviluppa nel bognare le polveri. Venise, 1898; extr. in-8'' (40 p.). Rossi {Ad.). Osservazioni circa gli « appunti di un tec- nico » sul coertîciente d'esercizio délie reti ferrovierie Mediterranea ed Adriatica. Rome, 1898; (39 p.). Naples. Zoologisclie Station. Zoologischer Jahresbericht, 1897. Sars (G.-O.). An account of the Cruslacea of Norway, vol. II, pars 9 and 10. Bergen, 1898; in-8». Resgoll {Eugène de). Clef astronomique. Résultat de recherches scientifiques. Odessa, 1898; in-l!2 (11 p., tig.). Bucarest. Institut météorologique. Annales, tome XII, 1896. In 4". BULLETIN UE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DES Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. 489 8. — N»' 9-10. ci.Aj><»»i<: m:H ^^ciki^ci^»». Séance du 15 octobre 1898. iM. Éd. Dupont, directeur. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. W. Spring, vice-directeur ; le baron Edm. de Selys Longchamps, G. Dewalque, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, F. ÏMateau, Fr. Crépin, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, G. Van der Mensbrugghe, L. Henry, M. Mourlon, P. Mansion, P. De Heen, C. Le Paige, J. Deruyts, Léon Fredericq, J.-B. Masius, J. Neu- berg, A. Lancasler, membres; L. Errera et P. Francotte, correspondants. 3™* SÉRIE, TOME XXXVI. 16 CORRESPONDANCE. La Classe prend notification de la mort de M. James Hall, directeur du Musée d'histoire naturelle d'Albany, né à Ingham (Massachusetts, États-Unis) le 12 septem- bre 1811, élu associé le 15 décembre 188(3 et décédé à Albany le 7 août 1898. — M. Dupont donne lecture du discours qu'il a pro- noncé le 24 juillet dernier, comme directeur de la Classe, à l'inauguration de la statue élevée à Malines à la mé- moire de P.-J. Van Beneden. — Des remerciements sont votés à M. Dupont dont le discours paraîtra au Bulletin. — M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique envoie, pour la bibliothèque de l'Académie, un exemplaire des ouvrages suivants : 1° Étude de l'action des toxines et antitoxines sur la nutrition générale ; par 0. Decroly; 2° La Cellule, tome XIV, 2« fascicule; tome XV, 1^' fascicule; 3° Le opère di Galileo Galilei, volume VII, — Remerciements. — M. le Ministre de la Guerre fait don d'un exem- plaire de la Carte de la Belgique an '160,000", appropriée à l'usage des cgclisles. — Remerciements. , — Hommage d'ouvrages : 1° Les Aiilliozoaires de la « Planklon- Expédition » ,• par Edouard Van Beneden ; ( 227 ) 2° Tous les êtres vivants ont-ils besoin d'oxygène libre? Note additionnelle à /'•< optimum >; par L. Errera; 3" Résultats des campagnes scientifiques accomplies sur son yacht, 12*' fascicule ; par Albert l^% prince de Monaco ; 40 Vcrgleichende Anatomie der Wirbelthiere, Band J; par Ch. Gegenbaur, associé; 5" Les insectes des temps secondaires; par Fernand Meunier (présenté par M. Malaise, avec une note qui figure ci-après) ; 6" A. Sur le principe de l'énergie; B. Sur certains prin- cipes de mécanique ; C. Les hypothèses cosmogoniques; par Ern. Pasquier; 7° Le sommeil hibernal et les modifications des neu- rones cérébraux ; par Louis Querton; 8° Utilisation du phlanite cambrien des environs d'Otti- gnies par rhomme préhistorique ; par George Cumont; 9° Note sur un Némalode nouveau des [les Fidji; par Gustave Gilson. — Bemerciements. — Travaux manuscrits à l'examen : i° Sur les vitesses de réaction; par A. de Hemptinne et A. Bekaert. — Commissaires : MM. Spring et De Heen ; 2" Nouvelle exploration scientifique des grottes d'Engis, d'Engihoul et des environs; par Ernest Doudou. — Com- missaires : MM. Fraipont et Malaise; 0° Nouvelle lettre de M. Dauber, relative aux recherches du b" Buchner sur les fermentations. — Commissaires : MM. Jorissen et Gilkinet. ( 2"28 ) Inauguration de la statue de P.-J. Van Heneden, à Matines, le 2i juillet 1898; discours de M. É. Duponl, directeur de la Classe des sciences. Nous sommes réunis pour une émouvante cérémonie, à laquelle l'Académie tient à prendre part de cœur et d'âme. La ville de Malines, la cité où naquit P,-J. Van Bene- den, vient d'ériger à son illustre concitoyen un monu- ment qui perpétuera, aux yeux des générations, le souvenir d'une de nos plus riches contributions à la science. Mais cette fête n'est pas seulement patriotique et ne peut se borner à glorifier un savant qui a servi son pays par une œuvre de plus de soixante années. La por- tée en est plus haute : elle veut dire que la Belgique, comme la ville natale de notre confrère, comprend que la science, par ses conquêtes sur la nature, est le plus beau fleuron dont se couronne la civilisation, et que chaque citoyen qui la fait progresser, a bien mérité de son époque autant que de sa patrie. Ces sentiments, dont nous sommes tous en ce moment pénétrés, ne sont-ils pas partagés dans tous les pays où la science est en honneur? Quelle grande carrière que celle qui nous revient à l'esprit avec une telle intensité d'éclat ! Quoi de plus noble que de mettre de merveilleuses aptitudes au service des questions que, dans le domaine de la nature, il nous importe le plus de connaître.'' Nous nous trouvons ici ( 2-29 ) devant le problème de la vie, abordé dans tons les groupes du règne animal et recevant de vives lumières au cours d'une existence toute d'enthousiasme et de travail. Les productions de la mer furent longtemps le champ favori de son activité. Tandis qu'il en étudiait les groupes qui nous frappent par leurs dimensions gigantesques et que, vivantes et fossiles, il décrivait leurs espèces et leur distribution sur le globe, il découvrait chez les plus humbles de prodigieuses métamorphoses. Et bientôt, son génie l'amenant à l'étude des parasites internes, il en constate de plus étonnantes encore et des- tinées à rester à jamais célèbres par leurs phases d'évolu- tion qui ne peuvent s'accomplir que par des transmigra- tions d'un groupe animal dans un autre. Sa puissance d'observation, servie par l'intuition la plus pénétrante, lui faisait en quelque sorte comman- der à la nature. C'est qu'aussi il possédait, avec une force de volonté h la hauteur de ses facultés, cette foi dans le travail qui ne compte ni avec la fatigue ni avec les années et qui l'avait rendu maître de tous les moyens capables de féconder ses recherches. Ses idées directrices, qu'il détaillait et détachait génia- lement dans son enseignement et dans ses écrits, s'em- paraient de l'être animal dans son ensemble. Qu'il l'examine dans son organisation et dans son développement, il le fait en anatomiste et en embryolo- gisle consommé, et toujours avec un étonnant esprit d'initiative. Qu'il le considère dans ses rapports avec les autres êtres, dans ses affinités et ses adaptations, c'est en classificaleur à la grande envergure, aux vues amples, perspicaces, précises, que lui. donne sa connaissance ( 230 ) approfondie de toutes les parties du domaine zoologique. Quand il suit l'animal dans son genre de vie et ses mul- tiples appropriations à son milieu, il y apporte le tact le plus lin du naturaliste et une lucide imagination guidée par la pratique des constatations exactes. S'il l'aborde enfin sous le côté de sa distribution dans le présent et dans le passé, il n'épargne ni démarches ni recherches pour la définir. Considérez le vaste ensemble qu'il a embrassé : dans chacune des questions qu'il a résolues se révèle la ten- dance supérieure du célèbre zoologiste, celle qui donne à ses travaux leur caractère dominant et le plus personnel. Ce n'est pas tant sur les rapports généalogiques que peuvent avoir eu les groupes animaux à travers le passé géologique, ce n'est pas vers les relations de descendance que sa pensée se porte. Son vigoureux esprit se concentre, ses facultés se déploient sur l'évolution individuelle, sur le développement de l'être spécilique, sur ses transfor- mations dans toutes leurs complexités, de l'état embryon- naire à la forme adulte et reproductrice. Sur ces questions qui sont la base de nos connaissances zoologiques et avant lesquelles toute étude de filiation eût été prématu- rée, il est sans rival de génie et de fécondité. Souvent il ouvre la voie, toujours il marque d'une large empreinte le sujet qu'il y aborde. Là se trouve sans conteste la trace indélébile qu'il laissera dans la marche de la science. Une renommée ainsi acquise s'élève au premier rang et y demeure. Voilà ce qu'atteste ce monument et ce que la cité de l'illustre savant, dans son admiration et sa ( 23( ) flerté, a voulu commémorer, à l'exemple de nos autres villes, qui ont aussi tenu à honneur de perpétuer par le bronze la mémoire de leurs concitoyens par qui ont été enrichies les connaissances humaines. NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie, de la part de M. Fernand Meunier, Les insectes des temps secondaires, grand in-8" de 64 pages, avec 50 planches représentant des types d'insectes, minutieusement étudiés et photo- graphiés par l'auteur. C'est une revue critique des Hyménoptères, Hémiptères, Orthoptères, Coléoptères et Névroplères des musées paléontologiques de Munich et d'Augsbourg. 11 cite les espèces et donne des détails sur leur état de conserva- tion. Sous le titre : Quelques mots de philosophie paléo-entomo- logique, l'auteur entre dans des considérations phylogéné- tiques sur les Arthropodes. M. F. Meunier me paraît avoir examiné avec soin les Arthropodes secondaires du Portlandien de la Bavière, avoir employé très utilement le subside qui lui a été octroyé, et être digne de nouveaux encouragements. C. Malaise. ( 232 ) RAPPORTS. La Classe ordonne le dépôt aux archives d'une com- munication de M. Basile Boukteieff {Symbole de la vie et de la créatiou), examinée par MM. Masius et Vanlair. Sur les surfaces minima réglées et les surfaces minima à lignes de courbure planes; par A. Demoulin. « M. Demoulin a pris comme point de départ de son étude cette remarque bien simple : « On peut déter- miner, au moyen de quadratures, les surfaces minima dont les lignes asymptoliques ou les lignes de courbure sont représentées sur la sphère par un système ortho- gonal et isotherme. » Pour les surfaces gauches, les images sphériques des asymptotiques sont des cercles, les plans de l'une des familles passant par un même diamètre. Le cas d'un diamètre non isotrope correspond à l'hélicoïde (théorème de Catalan) ; pour un diamètre isotrope, l'auteur obtient une surface imaginaire du troisième ordre dont le ds"^ avait été signalé par Ribaucour. L'étude de la surface de Ribaucour est faite en détail ; elle conduit aux équations de la cubique imaginaire dont les deux courbures sont constantes. Cette courbe avait ( 235 ) été déterminée par M. Lyon, mais M. Demoulin montre qu'elle dépend d'une constante unique. Le problème de la déformation infiniment petite amène l'auteur à la considération de surfaces qu'il appelle quasi-moulures. Ces surfaces ont les lignes de courbure planes, les plans des deux systèmes étant res- pectivement parallèles et perpendiculaires à une droite isotrope; elles comprennent, comme cas particulier, les surfaces de révolution à axe isotrope, que M. Demoulin avait déjà étudiées dans un précédent travail. Plusieurs propriétés intéressantes de cette classe de surfaces se trouvent signalées. La deuxième partie du mémoire se rapporte à la déter- mination des surfaces réglées, lieux des milieux des cordes de deux courbes dont les tangentes sont parallèles aux droites d'un cône de révolution. Le problème est rattacbé aux questions précédentes à l'aide d'une trans- formation homographique. La dernière partie du travail a pour objet la recherche des surfaces minima à lignes de courbure planes. Par l'emploi de la représentation sphérique, l'auteur obtient les surfaces réelles connues, la surface de Ribaucour et ses associées, et enfin une surface imaginaire isolée. Cette courte analyse sufiira, je l'espère, à montrer l'in- térêt que présentent les recherches de M. Demoulin. J'ai l'honneur de proposer à la Classe l'impression du travail dans le recueil des Mémoires m-S". » M. J. Neuberg, deuxième commissaire, se rallie aux conclusions de son savant confrère. ( "^34 ) Hapitot'i il*' Vf. .fffai(s); ( 237 ) b) Le propanediol bromo-nitré 2-2 (H0)CH2-C-Br(N02) - CH2(0H). L'aptitude à la condensation est moins développée dans l'éthanal H5C - CH = 0 que dans le méthanal CH^ = 0. Aussi M. Maas n'est-il parvenu à en fixer qu'une seule molécule sur le méthane bromo-nitré. Il se l'orme ainsi de Valcool hopropijlique bromo-nitré 2-2 H5C-CH(0H) -CH-Br(N02). M. Maas fait connaître enfin les produits mixtes de la condensation du bromo-nitro-méthane avec le méthanal et l'éthanal simultanément, ou plutôt tout à la fois. Il résulte de là un bulanediol l-o bromo-nitré 2-2 de la formule (H0)CH2 - CBr(NO„) - CH (OH) - CH3. Selon M. Maas, ce composé, qui cristallise nettement et fond à 94''-95°, est toujours identique à lui-même, quel qu'en soit le mode de formation, qu'il résulte de l'addi- tion de Véthanal à Yétimnol bromo-nitré H5C-CH=0 + CH-Br(NO) I CHalOH) ou de l'addition du méthanal au propanol 2 bromo-nitré 1-1 CH - Br(NO,) CH(OH) + HX = 0. I CHj L'ordre de substitution des radicaux X et X' à la place des atomes d'hydrogène 7 et d- du méthane n'exerçant ( 238 ) y 0 aucune influence sur la nature du dérivé > C X X' qui en est le produit, il s'ensuit que ces atomes d'hydrogène sontfonctionnellenient équivalents et, par conséquent, que les unités d'action chimique 5 et 4 de l'atome du carbone sont identiques en valeur. M. Maas paraît ne pas avoir aperçu cette conséquence de ses constatations expérimen- tales; elle mérite sans doute que je la mette en lumière, car j'y vois une confirmation, d'autant plus importante qu'elle peut sembler inattendue, du travail auquel je me suis livré autrefois (*) pour démontrer l'identité des qua- tre unités d'action chimique de l'atome du carbone. Les corps signalés par M. Maas sont intéressants au point de vue physiologique. Tous se font remarquer, quoi- que à des degrés divers, par leur action irritante, corro- sive, sur la peau et les muqueuses. 11 en est certains dont l'intensité de cette action, due évidemment à la coexis- tence des radicaux Br, NOg et OH, rend le maniement désagréable et dangereux. Parmi ces composés, je dois relever particulièrement le gli/col trimèfiuj Ionique bromo-niiré 2-2 I1,C-0H , ^ NO, HjC - on. C'est un beau corps solide, fusible à lOG^-lOT", sus- ceptible de former des cristaux de grande dimension, bien conformés, translucides. (*) Voir Bull, de VAcad. roy. de BeUjique, 3" sér., t. XII, p. 644 (année 1886); 3" série, t XV, p. 333 (année ( 239 ) On voit tout de suite, à rinspeclioii de la formule qui le représente, combien te corps est voisin de la dioxij-acé- tone et de la glycérine : H2C-OH ll,C-OH I I CO HC - OH I I ILC-OH II.C-OH J'ai déjà constaté ce rapprochement l'an dernier (*). J'ai la conliance qu'il sera possible de transformer ce glycol bromo-nitré en dioxy-acélone. Ainsi sera réalisée la synthèse totale et directe de la glycérine par la soudure, dans une réaction unique, des trois atomes de carbone qui constituent la molécule de celte combinaison si éminemment importante à tous les points de vue. L'analyse que je viens de faire du travail de M. Maas suffit, quelque sommaire qu'elle soit, pour montrer l'in- térêt que présente ce travail et l'importance même que l'on y peut attacher au point de vue général. C'est assez dire que je propose avec plaisir à l'Acadé- mie de lui donner place dans son BuUelin. » Cette proposition, à laquelle se rallie M. Spring, est adoptée par la Classe. (n Recueil des travaux chimiques des Pays-Bas et de la Belgique, t. XVI, p. 250 (1897), et Bulletin de la Société chimique de Berlin, t. XXX, p. 2206 (1897). ( 240 ) Sur la condensation de l'aldéhyde benzoïque el de la mono- chloracélone; parJ. Gliysen. itnp/'ot'l de .?#. IV, S^finy, iiretuiff cotnmiasait'^. ce En traitant un mélange d'aldéhyde benzoïque et d'acétone par l'acide chlorliydrique, Claisen et Claparède ont obtenu, il y a quelques années, la dibenzylidène-acé- tone (CeH,.CIl),= (CH),-CO. La formation de ce corps a démontré l'égale aptitude à réagir des deux groupes CH,, de l'acétone. M. J. Ghysen s'est proposé de déterminer dans quelle mesure cette égalité est altérée quand l'un des groupes CH5 est devenu CH2CI. L'expérience a prouvé que, dans ces conditions, il ne se formait plus, pour ainsi dire, que de la monoben- zylidène-acétone monochlorée; la présence du chlore supprime à peu près l'aptitude du groupe CH^CI à se condenser avec l'aldéhyde benzoïque. J'ai l'honneur de proposer à la Classe l'insertion de la note de M. Ghysen dans le Bulletin de la séance. » M. Henry, second commissaire, approuve cette propo- sition, qui est adoptée par la Classe. Les tremblements de terre et les marées ; par M. V, de Ziegler. gtapitoi'l lie n. Folie, pi-eiitiet' coinntiasaire. « Le nouveau travail de M. de Ziegler ne renferme aucun fait ni aucune idée essentiellement nouvelle. L'auteur y affirme que la terre ferme, comme l'Océan, (241 ) est sujette à des marées plus ou moins intenses, suivant le degré de rigidité des roches qui la composent, et que les tremblements de terre, à l'exception de ceux qui sont le résultat d'une action volcanique ou d'un effondrement, proviennent des attractions luni-solaires. Ce travail est intéressant à lire et pourrait paraître avantageusement dans une revue scientifique. Nous ne pensons pas qu'il puisse être publié par l'Aca- démie. » M. Van der Mensbrugghe, second commissaire, parta- geant l'avis de M. Folie, la Classe décide le dépôt aux archives de la note de M. de Ziegler. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Sur divers nitriles-alcools penta- et hcxacarbones (*); par Louis Henry, membre de l'Académie. A. — Composés en C5. Aux trois variétés sous lesquelles existe et les seules sous lesquelles peut exister le pentane C5H12 : Pentaric normal CH3 - CH^ - CH. - CH» - CH3; — secondaire CHs^^u m rri — terliaire CH3 CH3->C-CH,, (*) Voir pour les analyses et les développements mon mémoire : Sur les nitriles-alcools aliphatiques et leurs dérivée, inséré dans le. tome LVIl des Mémoires in-S" de l'Académie. 3™* SÉRIE, TOME XXXVI. 17 ( 212 ) correspondenl d'assez nombreux nitriies-alcools, àsavoifi Quatre au pentane normal ; Sept au penlane secondaire ; Un au pentane tertiaire. De ces douze composés que prévoit la théorie, trais seulement ont été signalés jusqu'ici, mais peu étudiés. Un quatrième, de la formule CN - CH-CH(OH) - CH3, CH3 est représenté par son acétone CN - CH — CO-CH5, CHô produit de l'action de l'acétone méthyl-éthylique (3 mono- chlorée CH^ - CHCl - CO - CH5 sur le cyanure de potas- sium (*). Dans l'étude des nitriies-alcools en C5 que j'ai entre- prise, j'ai commencé par examiner ceux de ces corps dont on a déjà parlé. Dans une précédente communication, je me suis occupé de l'un d'entre eux, la cyanhydrine isobutylidénique ru'^ > CH - CH(OH) - CN, produit de l'addition de ^ CH- l'acide cyanliydrique à l'aldéhyde isobutyrique ^u"* > CH - CH = d n. Je suis parvenu depuis lors à me procurer les deux autres termes : la cyanhydrine butylidénique CN-CH(OH} - CH2 - CH2 - CH3 et la cyanhydrine méthyl-élhyl-acéto- CH nique CN - C(OH) < p i| • J'en ai fait l'étude au même point de vue que les autres composés de cette sorte. (*) Vladesco, Bulletin de la Société chimique de Paru, t. VI, p. 814 (i891). (") Bulletin de VAcad. roy. de Belgique, 3« série, t. XXXVI, p. 85 1898). ( 245 ) Cyanfnjdrine hutylidénique normale CN - CH(OH) - CH, - CH, - CH^. On pourrait l'appeler aussi bien ni trilepropyl-gly colique. Ce produit résulte de la fixation de l'acide cyanhy- drique sur l'aldéhyde butyrique normale. Cette synthèse a été réalisée dès 1883 (*) et 1884(**), dans le but d'en transformer le produit en acide « oxy- valérique OC (OH) - CH{OH) - CH2 - CH2 - CH5. La seule indication qui constitue en ce moment le signalement de ce corps est son état physique et son insolubilité dans l'eau. Depuis cette époque, il n'a plus été question de ce composé. La cyanhydrine hutylidénique normale CN - CH(OH) - CH2 - CH2 - CH5 constitue un liquide incolore, mobile, d'une agréable odeur fraîche, d'une saveur piquante. Sa densité à 24° est égale à 0.9367. Elle est insoluble dans l'eau qu'elle surnage, mais elle est soluble dans l'alcool, l'éther, etc. On l'a soumise à l'action de la chaleur, la pression étant 770 millimètres. Le thermomètre marque 145° quand la distillation commence à s'effectuer, la boule plongeant dans le liquide; la température s'élève jusqu'à 170°. Plongé dans la vapeur, le thermomètre monte jusqu'à 192°, où tout passe. Le pentachlorure de phosphore réagit intensément sur (*j A.-G Menozzi, Gazette chimique italienne, t. XIV, p. 16. (*■) WiLH. JusLLN, Bulletin de la Société chimique de Berlin, t. XVII, p. 2505. ( 244- ) la cyanliydrine butylidéiiique. Il en résulte du nitrile valérique normal a. chloré CN - CHCI - CHo - CHg - CH3. Le rendement de l'opération est presque intégral. Le nitrile a. chloro-valérique CN - CHCI - CH^ - CH2 - CH5 constitue un liquide mobile, incolore, d'une odeur fraîche, d'une saveur douce et piquante. Sa densité à 24» est égale à 0.9995. Il est insoluble dans l'eau, mais soluble dans l'alcool et l'éther. Il bout, sous la pression de 764 millimètres, à 160°. L'acide HCl concentré le dissout et le transforme, sous l'action de la chaleur, en chlorure ammonique et en acide a chloro-valérique CO (OH) - CHCI - CH^ - CHg - CH3, que l'on peut extraire de sa solution aqueuse par l'éther. Chauffé avec de l'acide sulfurique et de l'alcool méthy- lique, il se transforme en chloro-valérate de méthyle 0C(0CH5) - CHCI - CH2 - CH2 - CH5, éb. 160% sous la pression de 764 millimètres. Distillée avec de ['anhydride phosphorique, au bain d'huile, la cyanhydrine butylidénique perd les éléments d'une molécule d'eau et se transforme en nitrile non saturé, le nitrile propylidène-acétique CN - CH = CH - CH2 -CH5..., que l'on pourrait appeler aussi bien (3 éthijl- acryliqiie ou y méthyl-crotonique . Cette opération fournit un produit d'une grande pureté, mais le rendement en est médiocrement avan- tageux. Le nitrile propylidène-acétique CN - CH = CH - CHg - CH3 est analogue en tous points à son homologue inférieur, le nitrile crotonique CN - CH = CH - CH3. C'est un liquide incolore, mobile, d'une odeur agréable, pénétrante, comme celle du nitrile crotonique, d'une saveur piquante. ( 245 ) Sa densité à 21" est égale à 0.8239. Il est insoluble dans l'eau, mais soluble dans l'alcool et l'éther. Il bout, sous la pression de 702 millimètres, fixe à I40 comme le nitrile valérique normal CN - CH^ = CH2 -CH2-CH5. Densité de vapeur trouvée, 2. 75 ; calculée, 2. 79. C'est l'homologue immédiat du nitrile crolonique CN -CH=CH-CH5, éb. llS^-lig". Aussi observe-t-on entre leurs points d'ébullition la relation ordinaire d'en- viron 20". Le chlorure d'acétijle réagit fortement et dès la tempé- rature ordinaire sur la cyanhydrine butylidénique. Il en résulte l'acétate correspondant CN - CH (C.2H5O2) - CH^ - CHç, - CH5. Cet acétate constitue un liquide incolore, mobile, d'une odeur agréable, fraîche, d'une saveur étrange, amère. Sa densité à 24" est égale à 0.9696. Il est insoluble dans l'eau, mais soluble dans l'alcool et l'éther. Il bout sans décomposition et d'une manière fi.\e à 194% sous la pression de 762 millimètres. Son homologue supérieur, l'acétate de la cyanhydrine propylidénique CN - CH (C2H3O2) - CH^ - CH3, bout à 485°-186° sous la pression ordinaire. A l'instar de ses congénères, la cyanhydrine butylidé- nique réagit aisément sur les bases amidées H^NX et imidées. Le dérivé correspondant à la diméthylamine CN-Cll-Cn, -CH..-CH5 I bout à 17o°-176'' sous la pression ordinaire. ( 246 ) Nitrile méthyl-étliyl-giy colique ou cyanhydrine méthyl-éthylique acétonique CN-C(OH) C(OH) - CO(OH) que l'on peut extraire par l'éther. Au contact de Vanhydride phosphorique P^Og, le nitrile glycolique méthyl-éthylique s'échauffe fortement. Il est bon de refroidir et de n'introduire l'anhydride phospho- rique dans l'alcool que successivement et par petites portions. Soumise à la distillation au bain d'huile, la masse fournit, sans se charbonner, un liquide incolore, insoluble dans l'eau, odorant comme les nilriles non saturés en général. Ce liquide ne présente pas à la distillation la même fixité dans le point d'ébullition que le produit qui pro- Tient de la déshydratation d'une cyanhydrine acétonique CH symétrique telle que CN - C(OH) < ^.jt^. Il est probable que la déshydratation qui se fait, selon toute analogie, OH surtout aux dépens du système - C < pji _ çri^ , se fait en même temps pour une certaine proportion aux dépens du système - L < pjj_. Quoi qu'il en soit, on parvient, sans de trop grandes ( 249 ) diÛicultés, à retirer de ce produit brut le nitrile a méthyl- crotonique CN - C = CH - CH5 . CH3 Celui-ci constitue un liquide incolore, mobile, d'une agréable odeur, d'une saveur amère et piquante; Il est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther. Sa densité à 24° est égale à 0.8143. Il bout sous la pression de 767 millimètres à 124''-125''. Densité de vapeur trouvée, 2.75; calculée, 2.79. Ce composé jouit du pouvoir additionnel, notamment vis-à-vis du brome. Le pentaclilorure de phosphore PCI5 attaque vivement la cyanhydrine méthyl-éthylique acétonique. Après la destruction par l'eau de l'oxychlorure de phosphore formé, l'éther extrait du liquide acide un produit qui, après l'expulsion de ce dissolvant, se présente sous forme d'un liquide exhalant fortement l'odeur des nitriles non saturés. Distillé sur de la potasse caustique en poudre, ce produit, mélange d'au moins deux corps, se transforme presque intégralement en nitrile a méthyl- crotonique CN-C=iCH-CH3, éb. 124''-h2o\ I CHs que je viens de décrire, en le rattachant à l'action de P2O5. Cette cyanhydrine ne réagit que faiblement avec les ( 250 ) irases amidées et imidées. Il est nécessaire de chauffer. Son dérivé avec la di-raéthylamine ^^^ V CH, - CH5 N(CH3), bout à 174° sous la pression de 762 millimètres. Avec le nitrile acrylique (3 himéthylé CN - GH = C < r-o^ correspondant à la cyanhydrine isohutylidénique CN - PH CH{OH) - CH < pjj^, que j'ai décrit précédemment (*), les deux nitriles non saturés en C^ que je viens de faire connaître, complètent la série des dérivés méthylés du nitrile cr otonique. CN-CH = CH-CHs. CN-CH-CH-CH, Éb. 118" a p r. CN-C = CH-CH5 124»-lâ5» a CH, CN-C = C-CH3 140"-142» P CH, CN-C(I = CH-CH, -CH3 140» (•) Bull, de l'Acad. roij. de Belgique, S^ série, t. XXXVI, p. 35 (1898). ( 251 ) A cette série correspond celle des dérivés saturés de même ordre : CN - CHj - C\U - CH3 Eb. H8» a p r. CN - GH - CH3 - CH, 1 425< a CH3 CN - CH, - CH - CH, 1 129« p eu. CN - CHj - CH, - CH, 1 140' r CH5 On aperçoit ainsi, d'une manière évidente : a. La différence qui existe entre les nitriles saturés et non saturés quant à l'intluence exercée sur la volatilité par la méUiylisalion ; b. La relation qui existe entre la volatilité et le voisi- nage plus ou moins immédiat du composant - CN et du substituant CH3. Un nitrile, alcool secondaire, en C5, est représenté par son acétone, la cyanacétone a mélhylée CN-CH-CO-CH3 Éb I56«, CH, produit de l'acétone méthyl-éthylique monochlorée secon- ( 252 ) daire CH3 - CHCl - CO - CH^ sur le cyanure de potas- sium KCN (*). Il est à penser que l'hydrogénation de ce composé, dans des conditions convenables, fournira l'alcool cor- respondant Ci\-CH-CH(0H)-CH5, I le dérivé a mélliylé de l'alcool cyano-propylique secon- daire CN - CH2 - CH(OH) - CH- que j'ai décrit précédem- ment (**). B. — Composés en Cg. L'hexane CgHii est représenté par cinq variétés iso- mères auxquelles correspondent huit nitriles simples X5H11 - CN et dix-sept alcools monohydroxylés CqE[^ - OH. On devine que le nombre des nitriles-alcools hexa- carbonés CgHiolOH) - CN est plus considérable encore : la théorie en prévoit l'existence de trente et un. Je n'ai pas besoin de dire que l'on est bien loin de les connaître. Dans une précédente communication (***), je me suis occupé de l'un d'entre eux, la cijanlujdrine amijlidénique CN - CH(OH) - CH.2 - CH < ^{j^. Depuis lors, je suis parvenu à m'en procurer deux autres dont j'ai fait l'examen. (*) Démètre Vi.adesco, Bulletin de la Société chimique de Paris, 3« série, l. VI, p. 814 (année 1891). (**) Bull, de VAead. roy.de Belgique, 3* série, t. XXXV, p. 173 (1898). C")Bull. de l'Acad. rotj.deBelgiqm, 3e série, t. XXXVI, p. 28 (1898). ( 253 ) Cyanhydrine diéthyl-acétonique ou nitrile diéthy[-gly colique CN-C(OH) — (CH,-CH5^,. La cyanhydrine diéthyl-acétonique a été préparée pour la première fois par MM. Tiemann et Friedlànder (*). Elle résulte de l'addition de l'acide cyanhydrique à la diéthyl-acétone C^U^^ - CO - CH3. C'est un liquide d'aspect plus ou moins huileux, fai- hlement jaunâtre, d'une agréahle odeur, d'une saveur piquante. Sa densité à 22° est égale à 0.9326. Elle est insoluble dans l'eau; l'alcool, l'éther, l'acé- tone, etc., la dissolvent aisément. Tout en se dissociant en partie sous l'action de la chaleur, elle manifeste une notable stabilité, eu égard à sa constitution. La boule du thermomètre étant plongée dans le liquide, elle commence à distiller vers 130"; celle- ci plongée dans la vapeur, la distillation s'est opérée en presque totalité à 184°. Le chlorure d'acélyk la transforme en son acétate CN - C (C2H3OC2) < r^u\ liquide insoluble dans l'eau, densité à 22° égale à 0.9612, bouillant à 212° sous la pression de 762 millimètres. Distillée avec de l'anhydride phosphorique, elle se (*) Bulletin de la Société chimique de Berlin, t. XIV, p. 1974 (1881). ( 254 ) déshydrate et se transforme en nitrile « éthyl-crotonique CN-C = CH-CH3, I C2H5 liquide, incolore, insoluble dans l'eau, d'une odeur agréable, densité à 22° égale à 0.8343, bouillant à 143°- 145° sous la pression ordinaire. Le pentachlorure de phosphore PCI5 l'attaque vivement. Le produit immédiat de cette action devrait être le dérivé C Ho chlorhydrique CN - CCI < p^i/, mais celui-ci manque de stabilité et perd de l'acide chlorhydrique. Ce produit brut, distillé sur de la potasse caustique sèche, pulvéru- lente, se transforme en nitrile a éthyl-crotonique, iden- tique à celui qui provient de l'action de l'anhydride phosphorique. Cette cyanhydrine ne réagit que faiblement avec les bases amidées et imidées. Il est nécessaire de chauffer au bain d'eau. Le dérivé correspondant à la diméthylamine CN - C < JJ'î!'' N(CH3)* bout à 176"-! 77'' sous la pression de 764 millimètres. Le nitrile diéthyl-glycolique se dissout dans l'acide HCl concentré. Cette solution, chauffée au bain d'eau, abandonne par le refroidissement des cristaux de chlor- hydrate ammonique. Vacide diélhyl-gli/ colique formé (HO)OC - C(OH) - (C2H5)2 reste en dissolution. On peut l'extraire par l'éther. ( 255 ) Cyanhydrine méthyl-isopropy ligne acétonique ou nitrile méthyl-isopr opyl-gly colique CN-C(0H)<^J!^/CH8. Cette cyanhydrine résulte de la fixation de l'acide cyanhydrique sur l'aldéhyde méthyl-isopropylique CH5 - CO - CH < ^_ (*). Elle constitue un liquide quelque peu épais, faiblement jaunâtre, d'une agréable odeur, d'une saveur très piquante. Elle est insoluble dans l'eau qu'elle surnage, soluble dans l'alcool et l'éther. Sa densité à 18° est égale à 0.9249. Elle subit, comme ses congénères, sous l'action de la chaleur, le phénomène de la dissociation. Soumise à la distillation, sous la pression de 764 millimètres, elle commence à laisser passer du liquide à 145*', la boule du (*) Cette cyanhydrine, qui n'a pas été signalée jusqu'ici, a été préparée, à ma demande, par la maison Kahlbaum, de Berlin. Je tenais à la posséder à cause de sa composition. Renfermant le système CN- C(OH)< ^jj^ , elle devait me permettre d'arriver au système CN - C = C < sans hydrogène, renfermé dans le nitrile acrylique triméthylé CN-C = C<^y5. CH3 Les autres cyanhydrines d'ordre uldéhydiqiie et d'ordre acétonique que j'ai mises en réaction m'ont été également fournies parla maison Kahlbaum. Il m'est agréable de constater que tous ces produits étaient d'une pureté irréprochable. ( 256 ) thermomètre étant plongée dans le produit lui-même. A 182", le thermomètre plongé dans la vapeur, les trois quarts environ du liquide passent. Cette cyanhydrine réagit d'une manière très nette avec le pentachlorure de phosphore. Le dérivé chlorhydrique qui en résulte immédiatement, CN-CCl CH-ICH,),, I perd déjà de l'acide HCl dans les conditions de sa forma- tion. Distillé avec de la potasse caustique en poudre, il perd tout son chlore sous forme de HCl et se transforme en nitrile acrylique triméthylé CHs Celui-ci constitue un beau liquide incolore, mobile, d'une agréable odeur, d'une saveur très piquante et très amère. Il est insoluble dans l'eau qu'il surnage. Sa densité à 18° est égale à 0.8447. Il bout sous la pression de 760 millimètres à 155°-i57°. Densité de vapeur trouvée, 3.29 ; calculée, 3.28. Ce point d'ébullition est celui que lui assigne l'analogie : CN-CH=CH2 Eb. 78" CN - c = CHj QO'-ga» CN-CH=C<^[]^ Éb. 140"- 142° CN-C = C•> de la première apparition, et se reproduisant d'étape » en étape, marchant, dans son origine, toujours vers le » sud, pour arriver enfin, vers 9 heures à 9 1/4 heures, à )) l'est; là, pour finir, s'élancèrent de derrière un ban- )) deau noir deux longues colonnes, s'élevant dans le )) ciel et de même couleur, dans ce sens : ( 264 ) J'ai observé moi-même les diverses phases de ce phé- nomène à Louvain : vers 8 1/2 heures du soir, mon atten- tion fut attirée par la blancheur extraordinaire qui régnait dans tout le ciel septentrional ; bientôt l'apparition de rayons ne me laissa aucun doute sur la présence de l'au- rore boréale; ces rayons étaient relativement faibles d'éclat et manifestaient aussi avec grande évidence le phénomène de déplacement vers l'ouest signalé par M. Désiré. Pour décrire leur aspect, je répéterai textuel- lement ce que je disais en donnant les détails de l'aurore boréale du 2 octobre 1882 (1) : « Ces rayons apparaissent successivement de l'est à » l'ouest, par le nord, c'est-à-dire que de nouveaux » rayons surgissent toujours à la gauche, ou à l'ouest de )) ceux qui les précèdent; ce phénomène appelle ainsi » l'idée d'une draperie dans laquelle se seraient formés » de proche en proche, de l'est à l'ouest, des plis verti- » eaux. L'extinction des rayons et leur apparition sont )) d'ailleurs si graduelles et si insensibles qu'elles font )) songer aux vues fondantes de nos appareils de projec- V tion. » Comme je l'ai remarqué précédemment aussi, la lueur rose a toujours suivi l'apparition des rayons et s'est mani- festée comme si elle résultait d'une espèce de diffusion ou de modification de ceux-ci ; cette fois, d'ailleurs, cette lueur caractéristique est restée très faible; c'est au nord- est et à l'est-nord-est seulement qu'elle a pris momenta- nément un éclat relativement marqué. Quant au déplacement des rayons ou de leur lieu (1) Bull, de l'AcacL roij. de Belgique, 3« série, tome IV, nos 9-10, 1882. ( 265 ) d'origine de l'est à l'ouest, par le nord, je rappellerai que j'ai constaté le même lait pendant l'aurore du 3 avril 1870, pendant la première partie de celle du 23 octobre 1870, puis pendant les aurores des 49 novembre 1870, 9 avril 1871, 13 janvier 1874, 2 octobre 1882, 17 novem- bre 1882. J'ai constaté un déplacement contraire, c'est-à-dire de l'ouest à l'est, par le nord, pendant l'aurore du 23 sep- tembre 1870, pendant la seconde partie de l'aurore du 23 octobre 1870; le 9 novembre 1871 ; le 4 lévrier 1872, pendant le phénomène de ce genre le plus splen- dide et le plus complet que j'aie observé, attendu qu'à cette date j'ai eu l'occasion d'admirer la formation d'une coupole ou couronne boréale parfaite, à laquelle aboutis- saient des rayons partis de tous les points de l'horizon, sans en excepter l'horizon sud, qui était surmonté d'un arc brillant, comme l'horizon nord; enfin le 7 jan- vier 1873 (1). A 10'' 20"', l'arc blanc de l'aurore boréale se voyait encore parfaitement à l'horizon septentrional, mais toute apparence du phénomène s'éteignit bientôt après. Je puis allirmer que la veille ou l'avant-veille de ce phénomène, il y a eu encore des apparences d'aurore boréale; j'ai pour ma part remarqué parfaitement, vers 10 heures, le 7 ou le 8 septembre, un nuage blanc et brillant au nord-est, à faible hauteur; et l'on m'assurait, dans mon voisinage, que le 9 était la troisième soirée consécutive pendant laquelle on avait remarqué des manifestations de ce genre dans le ciel. (1) Voir /or. cil. ( 266 ) La coïncidence de ces apparitions avec la présence d'une énorme lâche solaire, visible à l'œil nu, a été signalée déjà trop souvent dans le cas actuel, pour que j'insiste sur ce point. Sur la cause de l'absence de coloration de certaines eaux limpides naturelles ; par W. Spring, membre de l'Aca- démie. Il est aujourd'hui reconnu, à suftisance de preuve, que l'eau pure n'est pas incolore mais bleue. Cela étant, la couleur d'azur de l'Océan et de certains lacs n'a plus rien que de très naturel, alors même que le mécanisme de la réflexion de la lumière du Jour, au sein des eaux, n'est pas encore connu d'une manière satisfaisante. L'apparition de la couleur verte dans d'autres eaux lim- pides trouve, à son tour, une explication simple, ainsi que je l'ai fait voir à la suite de nombreuses recherches (1), dans la présence d'un trouble dans l'eau, trouble doué de la propriété de laisser passer plus facilement les rayons jaunâtres. Si ce trouble était suspendu dans un liquide absolument incolore, le milieu nous paraîtrait jaunâtre ou brun jaunâtre, selon l'épaisseur du trouble; mais l'eau étant bleue et non incolore, la couleur du trouble se com- posera, pour notre œil, avec la couleur fondamentale de l'eau et nous percevrons la sensation du vert; la nuance en (1) Bull, de VAcad. roij. de Belgique, 3« série, t. V, p. 35, 1883; t. XII, p. 814, 1886; t. XXXIV, p. 578, 1897. ( 267 ) sera plus ou moins pure, selon les cas. La matière consti- tuant le trouble pourra être incolore par elle-même, mais le plus souvent elle sera colorée, ainsi que je l'ai dit dans un article récent (1) sur le rôle des composés ferriques et des matières humiques dans le phénomène de la coloration des eaux. Si l'on s'en tenait aux faits qui viennent d'être rap- pelés, il Amdrait nécessairement que toute eau naturelle, limpide, fût ou bleue, ou verte, dès qu'elle se présente- rait en masse suffisante, c'est-à-dire en couche d'environ un mètre d'étendue, et cela sans que la profondeur doive être notable ; on le voit bien dans nombre de rivières et même de ruisseaux. L'observation nous apprend cependant que cette con- clusion est très souvent en défaut : il y a des eaux lim- pides qui sont absolument incolores. Je citerai surtout l'eau de l'Amblève, de l'Ourthe, dans les parties de leurs cours où ces rivières ne sont pas souillées par l'industrie. Probablement en serait-il de même de l'eau de toutes nos rivières et de nos ruisseaux belges, si elle n'était pas contrainte d'aider les industriels dans leur travail. Plus généralement, on peut dire que les cours d'eau dont l'origine n'est pas dans la région des neiges perpé- tuelles et des glaciers n'ont qu'exceptionnellement une couleur bleue; souvent ils ont une teinte verte, mais plus souvent encore ils sont incolores ou d'un aspect plus ou moins sombre dans leurs parties profondes. C'est cette absence de couleur ou, si Ton préfère, la discontinuité du phénomène de coloration qui fait la grande difficulté du (1) Loc. cit., 1897. ( 268 ) problème qui nous occupe. Berzelius a déjà appelé l'at- tention sur ce point lorsqu'il a rendu compte, en 1828(1), d'un travail que H. Davy avait fait sur la question de la couleur de l'eau, travail dans lequel le célèbre chimiste anglais démontrait, pour la première fois, que l'eau pure est bleue. Les remarques de Berzelius sont si frappantes qu'il y a tout lieu de les reproduire in extenso. Je traduis textuellement : c( Sans vouloir contester la justesse de cette explication » (celle de Davy), je ne puis me déclarer convaincu de » son exactitude, car s'il en était ainsi (si l'eau était » bleue), il devrait y avoir quelque chose en état de lui » enlever sa couleur. On sait que le lac de Wettern, en » Suède, a une couleur plus claire que celle que l'on » observe d'ordinaire dans d'autres lacs. Sur les rives » très escarpées, au pied de l'Omberg, le fond du lac est » formé de bandes de roches calcaires dénudées. Quand )) l'eau est calme et que le soleil donne, on peut encore » distinguer des objets, sur le fond, à 52 pieds de pro- » fondeur, sans que l'œil ne découvre le moindre vestige » de bleu : tout est clair et incolore, comme si on regar- )) dait à travers un verre de cristal. A cette profondeur, la » couleur bleue du lac de Genève aurait absorbé toute )) la lumière, et combien l'eau de la Motala ne diffère-t-elle » pas, à sa sortie du lac de Wettern, de l'eau du Rhône » où celui-ci s'échappe du lac de Genève! Les petits lacs )) de Dalarna, que traverse la rivière Fahlu, se distin- )) guent par la pureté de leurs eaux qui ne sont troublées » par aucun réactif, et cependant ces eaux ne montrent ■d) Jahresberichl fur Chcmie, etc., t. IX, p. ^207 (édité en 1830). ( ^^69 ) )) pas non plus, quand on les regarde en niasse, la » moindre pointe de bleu ou de vert. Il reste donc tou- » jours à répondre à la question de savoir pourquoi » l'eau pure des glaciers est si fortement bleue déjà à » 2 pieds de profondeur, tandis qu'il existe d'autres eaux » pures n'ayant aucune couleur, même en masse pro- •>•> fonde. )) J'ai tenu à m'assurer si l'aspect du lac de Wettern répond encore aujourd'hui aux observations de Berzelius. Je dois à l'obligeance de M. le professeur 0. Pettersson, de Stockholm, les renseignements suivants, qui éma- nent de personnes connaissant bien ce lac : « D'après )) M. L. Olin, avocat, qui est originaire d'une des îles du 5) lac, l'eau est claire comme du cristal, « knjstalldar », » au point qu'il n'est pas possible de définir sa couleur. )) Ce jugement se base sur le fait que par un temps » calme on distingue nettement de petits objets à de )) grandes profondeurs. M. Olin a plongé souvent, aussi » profondément que possible, et il a vu chaque fois les )) objets placés au-dessus de la surface de l'eau, avec leur » couleur naturelle. Quand le ciel est nuageux, la surface » de l'eau est grise; au soleil, elle est bleue ou verte. » D'autre part, M. Lindberg, qui a navigué sur le lac pen- dant de nombreuses années en sa qualité de capitaine d'un bateau à vapeur, a fourni les mêmes renseignements sur la clarté de l'eau, surtout pour la partie nord du lac, près de sa décharge dans la Motala. Mais l'eau n'est claire et transparente que là où le fond est de sable ou de pierre. Il dit que l'on peut compter alors les cailloux à une pro- fondeur de 12 à 14 pieds et il ajoute qu'il est parfois impossible de voir à travers l'eau du lac, même quand le soleil donne, et cela aux places où l'eau est, à d'autres ( 270 ) moments, complètement transparente. M. Lindberg attri- bue la cause de ce phénomène aux courants qui se pro- duisent quelquefois dans les couches profondes. Enfin, M. Witt, assistant de M. 0. Pettersson, a con- staté, à l'occasion de sondages entrepris dans le lac de Wettern, que la transparence n'est pas toujours la même et que la couleur change par places, surtout avec l'inten- sité de l'éclairage. En résumé, si l'observation de Berzelius n'est pas con trouvée, il n'en est pas moins vrai que l'absence de coloration du lac n'est pas constante. On doit donc en chercher la cause dans l'action variable d'un facteur étranger à l'eau. L'objet de la présente note est de répondre à la ques- tion de Berzelius, tout en tenant compte des variations d'aspect que les eaux peuvent présenter. On le verra, la solution du problème est d'une simpli- cité étonnante ; elle s'adapte entièrement à l'explication que j'ai donnée de l'apparition de la couleur verte dans certaines eaux, car elle n'est qu'une conséquence néces- saire de la présence d'un trouble réel d'espèce détermi- née. Elle peut donc être regardée comme la confirmation des considérations que j'ai fait valoir sur le problème de la couleur des eaux. Voici le fait nouveau et ses relations avec les observa- tions antérieures. J'ai montré, il y a un an (1), l'influence de VInjdrate ferrique colloïdal sur la couleur de l'eau ; il suflit que celle-ci en renferme moins d'un dix-millionième de son (1) Bull, de l'Acad. roij. de Belgique, 3^ série, t. XXXIV, p. 578, 1897. ( 27'l ) poids pour paraître ver le ; une proportion plus forte de composé ferrique la rend de plus en plus jaune. Si les eaux de la nature qui renferment cependant une plus grande quantité de fer, ne sont pastoulesyaM^esou brunes^' c'est que les composés ne sont pas à Vétat ferrique : ils sont continuellement ramenés à Vétat ferreux, dont le pouvoir colorant est négligeable relativement à celui des composés ferriques, par l'action combinée des matières humiques et de la lumière solaire. Plus récemment (1), j'ai fait voir, à l'occasion de recherches sur les matières colorantes des terrains de sédiment et sur l'origine probable des roches rouges, que l'hydrate ferrique qui a échappé à l'action réductrice des matières humiques perdait lentement son eau d'hy- dratation au sein des sédiments et, passant alors de la couleur jaune d'ocre au rouge vineux, il colorait les roches et les terrains en rouge, comme si ceux-ci avaient été saupoudrés de matière colorante. Or si l'on fait macérer, à chaud, une roche rouge (du schiste dévonien, par exemple) dans une solution con- centrée de potasse caustique que l'on renouvelle de temps en temps, on arrive, au bout de quelques semaines, à enlever l'acide silicique de la roche et à ne plus avoir qu'une boue formée de sable plus ou moins fin, auquel se trouvent mêlées des particules d'oxyde ferrique (héma- tite) rouge orangé, d'une ténuité extrême. En lavant la masse à l'eau pure, par décantations répé- tées, il arrive un moment où la matière colorante rouge ne se dépose plus, môme après un repos durant plusieurs (1) Loc. cit., 3e série, t. XXXV, p. 521, 1898. ( 272 ) mois. On a alors, à l'état concentré, un milieu trouble formé de particules solides d'un rouge orangé et de dimensions si petites qu'il est difticile de les distinguer à l'aide d'un microscope grossissant cent cinquante fois. Ces particules si ténues ne sont sans doute autre chose que les poussières de l'époque dévonienne rendues à l'indépendance. En évaporant 10 centimètres cubes de ce liquide trouble dans une capsule en platine, j'ai obtenu un résidu pesant Oî?',0125 ; chaque goutte contient donc approximativement six centièmes de milligramme d'oxyde ferrique, en comptant vingt gouttes par centi- mètre cube. Eh bien, si l'on mêle à de l'eau pure, bleue, quelques gouttes seulement de ce liquide trouble, la clarté de l'eau n'en paraît pas atteinte; mais si l'on examine ensuite le liquide sous grande épaisseur (dans un tube de 6 mètres), on constate, dans le cas oîi la proportion du trouble est convenable, la disparition complète de toute coideur bleue; le liquide, toujours d'apparence limpide, se montre tout au plus, sous cette épaisseur, un peu assombri. Au lieu de ce trouble ainsi préparé, on peut se servir aussi de celui qui se forme lorsque l'on traite la carnallite par l'eau et que l'on élimine le sel dissous à la suite d'un lavage par décantations successives. La préparation est plus commode, mais le trouble est ici moins persistant, parce que l'oxyde ferrique se prend aisément en flocons et qu'il est bien moins ténu que celui des roches dévoniennes. Si la proportion de trouble d'oxyde ferrique est trop faible, l'eau conserve une teinte d'un vert jaunâtre, rappe- lant tout à fait certaines eaux naturelles, par exemple celles de la Meuse en amont de la région industrielle du ( 273 } pays. ïl suffît toutefois de quantités exlraordinairement faibles d'hématite pour supprimer le bleu de l'eau. Si la proportion de trouble est au contraire trop forte, l'eau se montre de plus en plus sombre, jusqu'à devenir opaque (dans le tube de 6 mètres), mais elle ne devient pas rouge par transparence; le rouge n'apparaît que par la réflexion de la lumière, c'est-à-dire lorsque l'on regarde un tube débarrassé de sa gaine opaque, en pla- çant l'œil de manière que le rayon visuel rase la surface du tube. Enfin, voici une observation qui est peut-être de nature à fournir quelques renseignements sur la manière optique d'agir des troubles en général. Pour supprimer la couleur bleue de l'eau, il n'est natu- rellement pas nécessaire de mêler la matière troublante au liquide : il suffît que la lumière passant par l'axe du tube de 6 mètres soit réfléchie sur un plan enduit de poudre fine d'hématite. Le fait paraît clair; néanmoins, il faut prendre une précaution spéciale, qui renferme précisément le point que je désire mettre en évidence. Si l'on dépose sur un plan de porcelaine blanche le liquide trouble rouge en quantité telle que la partie de la surface utilisée pour la réflexion de la lumière ne ren- ferme pas plus d'hématite que l'eau pure n'en doit rece- voir pour éteindre le bleu, et qu'on laisse sécher, on obtient une surface rosée, qui ne renvoie cependant pas assez de lumière rouge pour supprimer la couleur bleue de l'eau. Ce résultat incomplet démontre donc qu'une réflexion unique à la surface du trouble ne suffît pas pour éteindre le bleu, alors que l'effet est cependant complet quand les grains du trouble sont en suspension dans l'eau. Pour réussir, il faut, de toute nécessité, déposer sur le 3"'* SÉRIE, TOME XXXVI. 19 ( 274 ) plan de porcelaine une couche beaucoup plus épaisse d'hématite broyée. On doit conclure de là que si, dans la nature, la lumière du jour se réfléchissait seulement une fois sur la surface des grains du trouble, l'extinction de la couleur bleue nécessiterait un trouble intense au point d'altérei', d'une manière très visible, la transparence de l'eau. Au con- traire, si la lumière traverse le trouble à la suite d'un grand nombre de réflexions sur les grains d'hématite, l'extinction du bleu pourra être complète alors que l'eau ne renfermerait que de rares particules rouges. Cette remarque répond à une objection que M. R. Abegg a faite à ma manière de voir sur le rôle des trou- bles dans le phénomène de la génération de la couleur verte dans les eaux des lacs et des mers (1), quand il dit que la lumière perçue par l'observateur ne traverse pas le trouble, mais qu'au contraire elle est réfléchie par celui-ci, et qu'on doit regarder tout le chemin parcouru par un rayon lumineux dans l'eau comme tracé dans un milieu exempt de particules réfléchissantes. Conclusions. Il résulte des faits précédents que la couleur bleue de l'eau trouve son complément dans la couleur de l'hématite. Une eau tenant en suspension des particules, même invisibles, de cette substance, ne peut donc plus nous donner la sensation du bleu sitôt que la proportion des particules d'iiématite est en rapport avec l'intensité du bleu. (1) Naturwissenschaflliche Rundschau, t. XIII, u» 14, p. 169, 1898. ( 275 ) Les grains microscopiques d'hématite se trouvant répandus dans presque tous les sols, les eaux terrestres ne pourront que rarement être des eaux bleues, quel que soit d'ailleurs leur degré de pureté ou de limpidité appa- rente. Au contraire, les neiges des hautes cimes et les glaciers ne renferment pas d'hématite. Les poussières cosmiques dont on a signalé parfois la présence dans les champs de neiges perpétuelles, sont pour la plupart des grains de fer météorique doués d'autres propriétés optiques que l'hématite et ne pouvant entrer en ligne de compte ici. Les eaux descendant des glaciers et des neiges des cimes élevées sont donc dans les meilleures conditions pour étaler leur couleur avec le moins d'altération. Le rôle des composés ferriques dans le phénomène de la coloration des eaux est tout différent selon que ces composés sont à l'état ûliydrate ou à l'état d'oxyde anhydre. A l'état d'hydrate, ils sont jaunes, comme toutes les combinaisons de FcoO^ avec une proportion sulFisante d'une combinaison oxygénée non chromogène (1). Répan- dus en minime proportion dans l'eau, ils ont à lutter avec les matières humiques, ou, plus généralement, avec les matières organiques de l'eau, mais aussi longtemps qu'ils n'ont pas succombé dans la lutte, ils font virer la couleur bleue de l'eau au vert, au moins pour notre œil. Quand, au contraire, les composés ferriques sont à l'état anhydre, ils ont une nuance rouge-orange qui compense exacte- ment le bleu de l'eau et ils ne sont plus soumis au travail réducteur des matières organiques. Leur présence se trahit par la suppression de la couleur bleue de l'eau. (1) Voir mon travail sur les matières colorantes des terrains de sédiment, loc. cit. ( 276 ) Un mot encore. Si les observations que je viens de faire connaître ne prouvent pas directement la présence de particules d'héma- tite dans les eaux incolores de la nature, elles établissent néanmoins un parallélisme si étroit entre les expériences du laboratoire et les faits de la nature, que je ne puis me défendre de regarder comme fondée la réponse qu'elles apportent à la question déjà posée par Berzelius au sujet des eaux incolores de la Suède. Liège, Institut de chimie générale, octobre 1898. Fondements de la théorie de la variation des latitudes ; par F. Folie, membre de l'Académie. La théorie du mouvement de rotation de l'écorce ter- restre, que nous avons publiée récemment (*), révèle, pour l'axe d'inertie de celle-ci, deux nutations d'un caractère diurne ; la première est la nutation eulérienne proprement dite; sa période, qui dépend surtout des moments d'inertie du noyau, est de 504 jours pour la Terre solide, ou pour notre ellipsoïde fictif, et elle est la même pour l'écorce ; la période de la seconde dépend des moments d'inertie de l'écorce, et ne peut donc être déterminée que par l'observation. Nous avons admis qu'elle est celle que Chandler a découverte, mais à laquelle nous n'avons pas cru pendant longtemps, vu le manque d'une explication théorique tant soit peu satis- faisante. Indépendamment de la nutation eulérienne et (*) Théorie du mouvement de rotation de l'écorce terrestre. Bruxelles, Hayez, 1898. ( 277 ) de la nutation chandlérieiine, il existe, pour l'écorce, une troisième nutation, de caractère non diurne, qui vient donc s'ajouter aux termes de la nutation bradléenne. Cette nutation a la même période que la chandlérienne ; son coefficient, comme celui des deux autres, du reste, est une constante arbitraire. ïl va de soi que la nutation eulérienne et la chandlé- rienne, à raison de leur caractère diurne, s'éliminent toutes deux dans l'expression de la somme des déclinai- sons (ou des ascensions droites) et, par suite, dans celle de la différence des latitudes prises à douze heures d'in- tervalle, tandis que la nutation bradléenne, et, par con- séquent, le nouveau terme théorique que nous avons trouvé, ne s'y éliminent pas. Quoique l'existence de la nutation chandlérienne, abso- lument inexplicable pour une Terre solide, soit un crité- rium certain de la fluidité de la Terre en dessous de son écorce, il nous a paru très intéressant de le renforcer encore, en établissant l'existence du nouveau terme brad- léen, qui ne peut absolument pas se rencontrer dans la théorie du mouvement de rotation d'une Terre solide. Si les formules de nutation étaient correctes, ce terme serait fort aisé à découvrir dans la différence des lati- tudes, ou dans la somme des ascensions droites, prises à douze heures d'intervalle. Celles-ci, en effet, ne pourraient renfermer que les cor- rections des termes bradléens, de ceux de l'aberration et de ceux de la nutation diurne. Et c'est ainsi que nous avons pu le mieux déterminer cette dernière (*). (*) Revision des constantes de l'astronomie stellaire. Bruxelles, Hayez, 1896. ( 278 ) Nous sommes fondé à croire, toutefois, qu'il y a éga- lement une correction à apporter aux termes dépendant de la simple longitude du Soleil, que cette correction provienne, soit d'une erreur sur la constante de l'aber- ration, soit d'une erreur sur celles des termes solaires, soit enfin de l'existence, pour l'axe de l'écorce, d'une nouvelle nutation solaire. Aussi, au lieu d'appliquer aux différences D des lati- tudes, observées à douze beures d'intervalle, la simple formule 4- sin ^/ -4- ij cos p« -+- c -+- D = 0, dans laquelle l'argument (3f a une période de 431 jours, avons-nous cru nécessaire d'employer la formule oc sin o -♦- y cos © -<- C- sin pt -^ )j cos 8< -+- z -+- D = 0. En l'appliquant aux 252 différences observées par Pelers à Poulkovo, de 1842 à 1844, et en groupant entre elles les observations voisines, nous avons formé le tableau suivant, dans lequel tous les nombres, à l'excep- tion des poids p, ont été multipliés par 100 : p s c a X u 11' s - 7.8 -99 -62 78 - 0"2 - 3..9 26 46 75.5 - 23.5 96 12.2 -71 42 93 40.5 39 89.5 32.4 10.4 41 76 -62 92 25 5 - 4.5 -11.5 14 6.5 -99.5 90.5 40.5 - 46 - 1.4 20 -47 -86 64.5 64 - 6.3 .5.1 10 -20.5 85 -93.5 -25 " - 52 - 5.3 33 39 90 -92.5 34 8.6 - 6.0 9 125 -99 82 56 - 2 - 08 16 -32 -72 87 89 -16 - 1.3.3 16 14 23 42.5 -18 3.1 0.4 ( 279 ) Nous en avons clédiiit, par les moindres carrés: j = -0",l5;i, .v=-0",07o; f = — 0",005, .,= — C'-OOS, et avons obtenu comme résidus, au lieu des différences D de Peters, les différences D' figurant dans le tableau. Si Ton fait la somme des carrés des unes et des autres, on trouve Une telle diminution de l'erreur probable est un indice presque certain de l'existence réelle des deux corrections que nous venons de signaler, et dont la plus importante porte sur les termes solaires. Il se passera longtemps encore avant que l'ensemble de ces dernières corrections (nutation solaire et aberra- tion) soit bien connu. Et peut-être le moyen le plus simple de résoudre le problème serait-il de le scinder, c'esl-à-dire de détermi- ner exactement, à moins de 0".0i près, la parallaxe du Soleil, pour en déduire la valeur de la constante de l'aberration. La théorie du mouvement de rotation de l'écorce ter- restre a donc établi l'existence de la nutation chandlé- rienne, mais elle a montré, en outre, que celle-ci n'est pas une modification de la nutation eulérienne, comme on le croit, et que cette dernière existe également pour l'écorce. Quant au terme solaire de Chandler, à caractère diurne, il peut s'expliquer, comme nous l'avons dit, ou par un déplacement météorologique du pôle d'inertie (*), ou par I*) Essai sur la variation des Latitudes. Bruxelles, Hayez, 1894.. ( 280 ) des déviations périodiques de la verticale, provenant de la non-coïncidence des centres de gravité de l'écorce et du noyau (*). Ainsi se trouve expliqué le phénomène, jusqu'à présent si obscur, de la variation des latitudes. Quant au sens précis de cette expression, aujourd'hui courante dans la science, il nous sera permis de rappeler que nous n'avons jamais varié à son sujet (**). On a cru, avec Oppolzer, pouvoir rapporter correcte- ment les formules de la nutation à l'axe instantané, et éliminer ainsi la nutation eulérienne (et chandlérienne). Après de nombreux travaux sur cette n)atière, nous sommes enfin airivé à démontrer que, si le procédé d'Oppolzer (corrigé de l'erreur capitale commise par son auteur) élimine la nutation eulérienne en obliquité, cette nutation reparaît en longitude et, chose plus grave, dans l'expression môme de l'heure (***). C'est donc à l'axe d'inertie, comme l'ont fait tous les géomètres ('^), Oppolzer seul excepté, qu'on doit rappor- ter les coordonnées, pour en avoir des expressions cor- rectes. Et alors on conçoit qu'une grande partie des varia- tions des latitudes (rapportées à l'axe instantané), se transforment en des nutations de l'axe d'inertie, négli- gées à tort par Oppolzer et, à sa suite, par presque tous les astronomes. (*) Théorie du mouvement de cotation de iccorce terrestre. Bi'ii- xelles, Hayez, 1898. (**) C. h., 1890; Bull. Astr., 1890; Acta Math., 189i>; Annuaire de rObs. roy. de Belgique, 1890-1897; Bull, de l'Acad. roy. de Bel- gique, 189M897. ("*) Vicrtel Jahrschrift, 1896; Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 1897; Annuaire de l'Obs. roy. de Belgique, 1897. (") Euler, Laplace, Bessel, Poisson. Serrel et, enfin, Tisserand. ( 281 ) Ce n'est pas à dire que nous niions absolument la possi- bilité de variations réelles de la latitude, rapportée à l'un ou l'autre pôle: celles-ci surviendraient s'il existait un déplacement mécanique du pôle d'inertie, provenant soit de l'accumulation des neiges hivernales au pôle, soit des déformations élastiques de l'écorce. C'est ce que l'étude de cette question si intéressante, poursuivie dans la voie théorique que nous venons d'indi- quer, pourra révéler un jour, en même temps qu'elle répandra la lumière sur bien des points, encore imparfai- tement connus, des formules de réduction au lieu appa- rent. C'est l'ancienne méthode de Laplace et de Bessel, abandonnée à tort depuis trente ans, qui sera reprise sous peu, appropriée à l'écorce terrestre, par tous les astronomes qui voudront se rendre compte par eux- mêmes de l'exactitude des formules dont ils font usage. Sur les nombreux effets de l'élasticité des liquides (troisième communication) ; par G. Van der Mensbrugghe, mem- bre de l'Académie. A la (in de ma deuxième note sur le même sujet (*) j'ai énoncé une conséquence des plus importantes, savoir que toute nappe liquide courbe et suffisamment mince, qui descend sous l'action de la pesanteur, est sollicitée par des pressions normales d'autant plus énergiques que (*) Bull, de l'Acad. roij. de Belgique, 3e série, t. XXXII, p|j. 418-4^25, 1896. Pour la première note, voir même tome, p. 270. ( 282 ) les forces de tension distribuées dans toutes les portions, tant intérieures que superficielles, de la nappe, sont elles- mêmes plus intenses. J'ai déjà signalé une vérification très frappante de cette proposition : elle consiste dans la forme affectée par une nappe liquide s'échappant par une fente circulaire d'environ V^ millimètre de largeur et 60 millimètres de diamètre moyen. Aujourd'hui je me propose de décrire quelques faits qui viennent à l'appui de la même conclusion. Je com- mencerai par les plus simples. Explication de quelques faits simples ou fréquemment observés. 1. I.orsqu'on déverse lentement un liquide d'une cap- sule en verre et sans bec, on sait que ce liquide ne quitte généralement pas la paroi latérale extérieure de la cap- sule; c'est pour ce motif qu'un opérateur peu expéri- menté a souvent beaucoup de peine à transvaser un liquide. Pour donner plus d'ampleur à l'expérience en question, je me suis servi d'un grand réservoir cylin- drique à fond plat, ayant ;2o centimètres de hauteur et une contenance d'environ 12 litres. Je dispose le réservoir de manière que le fond fasse, par exemple, un angle de 50° avec l'horizon (fig. 1); près de la base, je fais arriver l'extrémité ouverte d'un tuyau en caoutchouc mis en communication avec le tuyau de conduite d'une distribution d'eau; j'ai eu soin, au préa- lable, de rendre aussi propres que possible les surfaces intérieure et extérieure du réservoir. Cela étant, j'ouvre le robinet de la conduite, jusqu'à ce que j'aie introduit ( 283 ) autant d'eau que possible dans le vase; quand je juge que le liquide est arrivé au repos dans toute sa masse, je rou- vre un peu le robinet, et je constate que la nappe d'eau qui franchit le bord lèche la paroi solide sans presque s'en écarter. En augmentant graduellement la quantité de liquide qui déborde, je vois se former peu à peu une nappe s'appuyant toujours d'un côté sur la paroi latérale, mais s'en écartant de plus en plus de l'autre côté, jus- qu'à produire une lame liquide dans la portion intermé- diaire. J'ai pu incliner le fond du vase de 45° sur l'hori- zon et observer néanmoins une lame liquide s'appuyant sur la paroi latérale. Fir,. 1. Si, dans les conditions ci-dessus, on opère avec de l'eau de savon, on observe des effets qui sont absolument du même genre. Pour expliquer le phénomène en question, sufïît-il d'invoquer l'adhérence du liquide an verre? Je ne le pense ( 284 ) pas. En effet, si je couvre la face extérieure du réservoir, sur une largeur de 4 à 5 centimètres, d'une mince couche d'une huile quelconque, si ensuite je produis l'écoule- ment de l'eau comme dans le premier cas, la nappe s'in- tléchit encore vers la paroi ; seulement, à mesure que la vitesse du liquide augmente, la portion baignée diminue, et le liquide aboutit au verre sous un angle peu différent de 90°; et cependant il y a une grande quantité de liquide déviée de la verticale vers la paroi, ce qui montre bien que si l'adhérence intervient incontestablement dans le phénomène, il faut réserver une part au moins aussi grande à une tout autre cause. Pour trouver cette cause, nous n'avons qu'à nous rap- peler que dans les premiers moments de la chute d'un liquide, les distances intermoléculaires, estimées dans le sens vertical, tendent à augmenter d'autant plus rapide- ment que la vitesse et la durée de la chute sont moin- dres (*) ; c'est ce qui développe immédiatement dans la masse liquide descendante une force élastique de traction ou de tension, en vertu de laquelle la surface limite convexe et les tranches intérieures qui s'infléchissent vers le bas en vertu de la pesanteur, éprouvent de fortes pressions vers l'intérieur, c'est-à-dire vers la paroi laté- rale extérieure. Comme cette force élastique se produit dans tous les liquides, il n'est pas étonnant que l'eau de savon présente le même effet que l'eau pure. 2. Un second fait bien connu, mais si fréquent qu'on n'y prête pas d'attention, est le suivant : lorsqu'on verse (*) Voir la première conimunicalion, p. 5. ( 285 ) de l'eau d'une aiguière dans un bassin, on voit qu'immé- dialeinenl après s'être détachée de l'aiguière, la petite nappe liquide commence à se resserrer en montrant des stries longitudinales; cet etfet s'accentue de plus en plus et peut môme donner lieu à une nappe dirigée, à angle droit sur la première. Au premier abord, on serait tenté d'attribuer le fait aux pressions capillaires développées par la tension superiîcielle aux deux bords de la nappe; sans aucun doute, ces pressions existent, mais elles me paraissent totalement insuffisantes pour expliquer l'efFel produit; car, d'une part, le bord est trop épais, il va d'ailleurs en grossissant, et ainsi ne se développent que des pressions relativement bien faibles; d'autre part, la vitesse va en croissant dans le sens vertical; il faut donc des pressions latérales énergiques pour donner lieu aux stries et au resserrement de plus en plus marqué de la nappe. Ces pressions se produisent, selon moi, non seulement dans la couche superficielle, mais encore dans toute la masse ; car deux particules situées dans un même plan vertical perpendiculaire à la nappe tendent sans cesse à s'écarter 1 une de l'autre, en vertu de l'action de la pesanteur ; or le liquide réagit fortement contre la moindre augmentation des distances intermoléculaires, et cette réaction se mani- feste précisément par la naissance des stries et par le rapprochement graduel de la masse vers les parties cen- trales de la nappe. Ce qui me confirme encore dans mon opinion, c'est qu'on obtient des résultats du même genre avec l'eau de savon, l'alcool, l'éther, etc. 5. Un autre effet assez curieux a été observé d'abord ( -286 ) par le P. Lacouture (*) : une veine d'eau s'écoule verti- calement de haut en bas par l'orifice d'un tube partant d'un vase de Mariotte et ayant 7 millimètres de diamètre; quand la vitesse du liquide est devenue très faible, il arrive parfois que l'écoulement s'arrête tout à coup; « l'orifice », dit l'auteur, « se trouve alors comme fermé )) par une goutte qu'on est parvenu à isoler un moment, » et dont la surface forme comme une membrane... Le » contact d'un corps même très délié rompt la trame de » ce réseau, et l'écoulement recommence. » Ce fait, dont je n'ai trouvé nulle part une explication plausible, me paraît encore dû à ce que la goutte pen- dante est soumise dans toutes ses parties à une très faible élasticité de traction, laquelle irait en augmentant si la goutte se mettait en mouvement vers le bas; voilà pour- quoi le contact d'un corps même très délié suffit pour annuler la force élastique en question, et dès lors l'équi- libre est rompu. Explication de certaines particularités des nappes de Savart. En 1855, Savart a publié son célèbre mémoire sur le choc d'une veine liquide lancée contre un plan circu- laire; les phénomènes décrits par l'illustre physicien français ont été étudiés ensuite successivement par Hagen, Tyndall, J. Plateau, M. Boussinesq et par moi- (*) Voir Les Mondes, 2e série, 1'" année, 1866, t. Il, p. 73. ( 287 ) même (*) ; mais dans tous ces travaux, on suppose les liquides incompressibles, ou, du moins, on n'invoque aucun changement de disposition moléculaire survenu pendant leur mouvement; c'est pour ce motif, je pense, que, jusqu'à présent, on n'a pas encore donné des expli- cations nettes de plusieurs phases des plus singulières qu'olîrent les nappes de Savart. Pour plus de clarté, je vais rappeler l'une de ses expé- riences, et pour chaque phase, je tâcherai de donner l'explication qui me paraît la plus plausible. Première phase. — « Sous une charge initiale de )) 2 mètres, l'eau, d'abord parfaitement calme, tombe sur » un disque horizontal de "27 millimètres de diamètre )) et placé à 20 millimètres de distance à l'orifice, dont )) le diamètre est de 12 millimètres. Après le choc, il se )) produit une nappe circulaire et continue dont le dia- )) mètre est d'environ GO centimètres. Dans ces condi- » tions, la partie centrale de la nappe est mince, unie )) et transparente, mais son pourtour, qui a une plus )) grande épaisseur, est trouble et se présente sous » l'aspect d'une zone annulaire recouverte d'un grand » nombre de stries rayonnantes coupées par d'autres )) stries, mais circulaires, qui projettent au loin une » multitude de gouttelettes. » Afin de comprendre cette première phase, nous allons, par la pensée, suivre le li(juide à partir de l'orifice. Comme la charge initiale est de 2 mètres, le choc de l'eau contre le disque doit y développer une grande com- (*) Sur une nouvelle application de rénenfic potentielle des surfaces liquides (Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 2o série, t. XLVI, p. 635, 1878]. J'ai donné à cette occasion les indications bibliographiques. ( 288 ) pression qui diminue extrêmement peu le volume de chaque unité de poids du liquide, mais y fait naître une tbrle élasticité de pression ; or, en raison de l'élasticité parfaite de l'eau, il n'y a pas de perte sensible de force vive, et la détente s'opère en une très petite fraction de seconde, pendant laquelle le liquide est lancé dans tous les sens parallèlement au plan du petit disque. Aussi longtemps que les distances intermoléculaires ne tendent pas à augmenter, les seules forces retardatrices sont les tensions superficielles des deux faces de la nappe; c'est pourquoi la partie centrale de cette dernière est unie et transparente. iMais bientôt, par l'étirement de la lame amincie, il se développe de l'élasticité de traction, c'est-à-dire que les particules éprouvent des écarts, extrêmement minimes à la vérité, mais suffisants pour donner subitement lieu à des lésistances énergiques; alors les tranches qui arrivent viennent choquer celles qui se sont ralenties; de là des bandes circulaires d'où s'échappent constamment des gouttelettes; un peu plus loin se produit un nouveau choc, ainsi qu'une nouvelle bande circulaire d'où jaillissent tumultueusement de minimes masses liquides tout à fait irrégulières dans leur forme et leur grandeur; on peut s'en assurer en regardant la zone trouble à travers les fentes d'un disque tournant avec une vitesse conve- nable. Ce qui renforce encore l'éparpillement du liquide, ce sont les pressions exercées contre les portions termi- nales de la nappe, pressions provenant non seulement des tensions superficielles, mais encore des forces déve- loppées à l'intérieur par l'élasticité de traction : c'est ce qui explique aussi les fortes dentelures qui paraissent et disparaissent tour à tour au même endroit et accusent l'existence de vrais mouvements vibratoires. ( 289 ) Deuxième phase. — « A mesure que la charge diminue, le diamètre de la nappe s'agrandit peu à peu; en même temps, l'auréole change d'aspect, elle devient plus trans- parente, sa largeur diminue, elle se recouvre de larges bosselures et disparaît entin entièrement, quand la pres- sion à l'orifice n'est plus que de OO centimètres environ. La nappe atteint alors son diamètre maximum, qui est d'à peu près 80 centimètres, et elle apparaît sous la forme d'une large capsule parfaitement unie et dont le contour libre, légèrement dentelé, lance un grand nombre de gouttelettes partant des angles saillants des dente- lures. » Pour expliquer cette deuxième phase, iTsuttit de se rappeler que plus la vitesse du liquide est considérable, plus aussi, à partir du moment où se sera opérée com- plètement la détente après le choc, les molécules seront tirées vivement dans la direction radiale, ce qui fera naître de l'élasticité de traction et, par conséquent, de fortes résistances au mouvement du liquide. Réciproque- ment, si la vitesse n'est pas trop grande, le degré d'élas- ticité de tension sera peu marqué et le mouvement de la niasse sera plus régulier. Voilà pourquoi la portion unie et transparente acquiert un diamètre plus grand lorsque la charge diminue : la tendance à l'écartement molécu- laire diminue de plus en plus, et ainsi s'explique la pro- duction, non plus de stries nombreuses, mais de larges bosselures qui disparaissent quand la pression à l'orifice n'est plus que de (>0 centimètres. Quant aux gouttelettes lancées par les parties saillantes des dentelures, elles proviennent de la compression subite éprouvée par le liquide en ces parties. 5'"® SÉRIE, TOaiE XXXVI. 20 { 290 ) Troisième phase . — « La pression continuant à décroître, la nappe unie diminue graduellement de diamètre, et en même temps se recourbe à sa partie inférieure en se portant vers la tige qui soutient le disque; à la pression de 32 à 33 centimètres, elle se ferme entièrement, en revêtant la forme d'un solide de révolution d'environ 40 centimètres de diamètre et 45 centimètres de hauteur, dont la surface est parfaitement unie et dont la généra- trice ressemble beaucoup à une lemniscate. » Quant à ce troisième stade du phénomène, J. Plateau et moi-même nous l'avons attribué à l'influence de la tension superficielle de la lame ; cette influence est incontestable; aujourd'hui je puis en invoquer encore une autre : c'est l'élasticité de traction développée à la fois dans les couches superficielles et à l'intérieur de la masse liquide ; de là des pressions normales qui exaltent celles provenant de la tension superlicielle et qui, pour une charge assez réduite, suflisent non seule- ment pour fermer la lame, mais encore pour la faire remonter sensiblement le long de la tige. Quatrième et cinquième phases. — (c Quand la pression diminue encore davantage, il arrive bientôt un instant où la nappe fermée semble tiraillée, surtout dans la por- tion la plus large ; au bout de quelques secondes, il se dessine parfois une arête saillante dans cette portion, et immédiatement après, la nappe se soulève, et de convexe qu'elle était vers le haut, elle devient concave; de son bord descend une lame courbe fermée vers le bas. Cette figure ne persiste que quelques instants pour se changer de nouveau en une sorte de vase fermé en bas comme précédemment, mais de dimensions moindres. Ces chan- ( 29i ) gements brusques peuvent se reproduire plusieurs fois avant que l'écoulement cesse tout à fait. » Ces deux dernières phases, étroitement liées entre elles, ont beaucoup surpris Savart, qui a vainement tâché d'en donner l'explication. M. Boussinesq a esquissé la théorie de la formation des nappes unies et fermées, mais ses calculs ne sont j)as d'accord avec l'expérience et ne font pas voir d'où dérive la transformation des nappes. En 1878, j'ai proposé une explication plausible, mais en ne tenant aucun compte des elléts de l'élasticité des liquides au sein même de leur masse. Aujourd'hui il me parait aisé de montrer que cette élasticité doit nécessairement produire les singularités gi'atnmes de la solution acjueuse d'aldéhyde formique à 40 % avec i i grammes de bromo- nitro-méthane ne manil'este aucune réaction; malgré l'agi- tation, la température reste constante et le liquide partagé en deux couches insolubles l'une dans l'autre. L'in- troduction d'un petit fragment de carbonate bipotassique dans la masse liquide sulïil pour déterminer la réaction. Celle-ci s'accomplit vivement, les deux liquides se dissolvent l'un dans l'autre et la température, qui était primitivement de 50", s'élève jusqu'à 7t2". La réaction se fait suivant l'équation H{ <' ^^ CH,Br(NO,) + H,C = 0 = , ^'0i. HjC-HO Le liquide homogène qui s'est formé après refroidisse- ment, est épuisé par l'éther. Après distillation de l'éther au bain d'eau, le produit ( 298 ) brut restant est rectifié par distillation fractionnée sous pression réduite. Les premières portions sont constituées d'éther et de bromo-nitro-méthane qui ont échappé à la réaction. On recueille ce qui passe entre 144" à 150°, sous pression de 45 millimètres. Il reste un produit épais, sirupeux, qui par refroidis- sement devient solide. Celte masse, dissoute dans l'éther, cristallise lentement. Ce produit sirupeux est en grande partie le produit de la condensation complète du méthanal avec le bromo- nitro-méthane Br(NO,)-C-(CH,OH>,.. Une seconde rectification du produit distillé donne un produit limpide passant entre 147° et 148°, sous une pression de 45 millimètres. Le rendement est d'environ 65 °/o du rendement théorique. L'analyse de ce corps a fourni les résultats suivants : I. Os^',o008 de substance ont donné 21''%1 d'azote, sous la pression de 770 millimètres et à la température de 10°. II. a) Os',0122 de substance ont donné 0&',6762 d'AgBr. [3) Osf',5183 de substance, suivant la méthode de Carius, ont donné Os',5705 d'AgBr. III. a) Oe',r)009 de substance ont donné Oe',0948 de CO2 et Oe',044 de H2O. (BJO^',2118 de substance ont donné 0e%0060 de CO2 et OS', 0570 deH^O. ( 299 ) D'où l'on déduit : Trouvé, !. II. III. IV. V. Calculé. C . . U.59 14.27 — — — 14.41 «/o H . . 2.81 2.24 — — — 2.41 N . . — — 8 30 — — 8.23 Br . . — — • — 46.94 47.34 47.07 Le bromo-nitro-éthanol Br (NO^) CH - CH.^ - (OH) ainsi formé constitue un liquide plus ou moins épais, jaunâtre, d'une odeur et d'une saveur piquantes; sa vapeur irrite fortement les muqueuses de l'œil et le liquide lui-même produit de violentes irritations à la peau et cause des douleurs très aiguës. Il est peu soluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther. Sa densité à l'état liquide est égale à 2.084 à 10"; il bout à 147''-148°, sous une pression de 45 millimètres. Son indice de réfraction est de 1.52952 à la tempéra- ture ordinaire. Le poids moléculaire a été déterminé suivant la méthode cryoscopique : I. Os'",2540 de substance dissoute dans 20 centimètres cubes d'eau ont produit un abaissement du point de congélation de 0",1(>. IL 0s'',7215 de substance dans les mêmes conditions ont produit un abaissement de 0°,39. D'où l'on déduit : Poids moléculaire. Trouvé.- Calculé. 1 147 i Il .74 '™ ( 300 ) Les propriétés du bromo-nitro-éthanol sont de deiiv ordres : a) Celles qui tiennent à l'existence du composant alcool H^C - OH; b) Celles qui tiennent à l'existence du composant nifre "^ ',o655de AgBr. IV. 0î^',3o20 de substance ont donné 0«% 1560 de COo et Oe',0672 de H^O. V. 0s'",47o0 de substance ont donné 0«^", 1839 deCO.j et 0^%0819 de H2O. Ces chiffres correspondent à la composition centésimale suivante : Trouvée 0 I. II. III. IV. V. Calculé «/o c . . . 19.40 1 9.40 — — — 19.05 H. . . 3.46 5.80 — — — 5.26 Br. . — - 43.15 42.80 — 45.48 N . . — -_ — _ 7.06 6.86 L'alcool isopropylique bromo-nitre H5C - CH - (OH) - CH Br (NO2) constitue un liquide incolore, jaunissant à la lumière, quelque peu épais, à odeur faible, piquante, à saveur piquante. Il irrite la [»eau, mais moins fortement que le nitro- bromo-éthanol (HO) - CH^ - CH Br (NO^). ( 308 ) fi est peu soluble dans l'eau, mais soluble dans l'alcool et l'étlier. Sa densité à 10^ est égale à 1.899. 11 bout sans décomposition à 149M50" sous la pression de 42 millimètres. Son indice de réfraction à la température ordinaire est 1.51728. Son poids moléculaire a été déterminé par la méthode cryoscopique. 0^,3015 de substance ont déterminé un abaissement de 0%15o dans le point de congélation de 20 centimètres cubes d'eau. Ce qui correspond à 185.82; la formule exige 184. Le bromo-nitro-isopropanol CH5 - CH - (OH) - CH Br (N02),du chef du composant HC-Br(N02),est susceptible de se condenser avec le méthanal, mais je ne suis pas parvenu à le condenser avec l'éthanal. J'en ai préparé les dérivés nitrique et acétique. a) Déiivé nitrique ou nitrate d'isopropyle bromo-nitré H5C-CH(N03)-CHBr(N02). Il résulte de l'action du mélange nitro-sulfurique sur le nitro-propanol bromo-nitré. On opère comme avec le bromo-nitro-éthanol. L'analyse du produit formé et desséché a donné le résultat suivant : 0^',30G4 de substance ont fourni 52''%1 d'azote sous la pression de 768 millimètres et à la température de 9". Ce qui correspond à 12.09 % d'azote. La formule en demande 12.17 "/o. Le nitrate d'isopropyle bromo-nitré constitue un liquide incolore, huileux, insoluble dans l'eau. Sa densité à 10° est égale à 2.134. ( 309 ) ()) llérivé acétique ou âcéiale d'isopropyle bionio-nitié H^C - CH(C,HA)- CHBr(NOj). Il résulte de l'action de l'anhydride acétique à chaud sur l'alcool isopropylique bromo-nitré. C'est un liquide incolore, huileux, d'une faible odeur acétique, insoluble dans l'eau, d'une densité égale à 1.820 à 11°. Il bout à lo9''-141'' sous la pression de 48 millimètres. Son analyse a donné les résultats suivants : Oë',5280 de substance ont fourni 16'^^s4 sous la pres- sion de 769 millimètres et à la température de 11°. Ce qui correspond à G.lo "/o. Un isomère de cet alcool isopropylique bromo-nitré "^ < S'a ne - OH CH5 a déjà été signalé par M. L. Henry (*). C'est V alcool pro- pijlique primaire bromo-nitré H^C - OH ^ '^ NO, CH3 qui résulte de la condensation du méthanal CHo = 0 avec l'éthane bromo-nitré aldéhydique H5C - CH Br (NO^). ("j Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3« série, t. XXXIII, p. 426 (année 1897). ( 3i0 ) C'est un corps solide, fusible à 42°. Il se distingue chimiquement du produit que j'ai pré- paré en ce qu'il est dépwirvu de tout pouvoir addition- nel vis-à-vis du méthanal. La différence des chaînons bromo-nitrés que renferment ces corps "V < NO., V ^ NO rend compte de cette différence capitale. Les alcools bromo-nitrés, éthylique et isopropylique, (HO) - CH^ - CHBr(NO,) et CH3 - CH(OH) - C(lBr(NOA du chef du composant encore hydrogéné HG-Br(N02), doivent encore posséder un pouvoir de condensation égal à 1, vis-à-vis des aldéhydes. Dans le propanol bromo-nitré, il ne peut être mis en évidence que par le méthanal CH2 = 0; l'éthanal, dont le pouvoir réactionnel est plus faible, est inerte sur ce composé. Dans l'éthanol l)romo-nilré, au contraire, il s'exerce tout aussi bien vis-à-vis de l'éthanal que vis-à-vis du méthanal. Un point important que je tiens à faire remarquer, c'est que la réaction du méthanal sur l'isopropanol bromo- nitré et la réaction de l'éthanal sur l'éthanol bromo-nitré CH3 CH(OH) - CHBr(NO,) + CH, = 0, (OH)CH, - CHBr(NO«) + CH3 CH = G aboutissent l'une et l'autre à la formation du même pro- ( .IH duit, en C4, le hutanediol 1-3 bromo-nitré 2-2 CH2-OH ^ NO. CH - OH CH- Ces condensations s'opèrent dans les conditions ordi- naires sous l'action stimulalrice d'un fragment de carbo- nate potassique. L'élévation de température qu'elles déterminent est inférieure à celle qui caractérise la pre- mière condensation et ne représente guère qu'une ving- taine de degrés. Le butane-diol 1-3 bromo-nitré 2-2 cristallise en beaux cristaux incolores et transparents, insolubles dans l'eau et fusibles à 94''-96° en tube capillaire. L'analyse de ce composé a fourni les chiffres suivants : a) Composé résultant de (HO)- CH2-CH < ^Q + H3C -CH = 0. ^ " I. 0^'',412ô de substance ont fourni 0^,3701 de bro- mure d'argent. IL 0e',40o2 de substance ont fourni Oe'-,3D89 de bro- mure d'argent; de là on déduit : Calculé. BrVo . . . 58.^20 37.69 r,7.38°/o h] Composé résultant de H5C - CH (OH) - CH Br (NOc) + H2C = 0. L 0^,3674 de produit ont fourni 0^",5i98 de bromure d'argent. H. Os',4702 de substance ont donné 0^,4152 de bro- mure d'argent. ( 512 D'où l'on déduit Trouvé. I. il. Calculé. Br«/o . . . 37.04 37.58 57.58°/.. Le bromo-nitro-métliane, comme les paiaftines nitrées, jouit de la propriété de se condenser (*) avec l'alcool OH amvléno-méthyliqueHsC . Il ne croit pas au symbole voulu, mais bien au symbole deviné, perçu dans la Naturr qui seule, écrit- il, délient le symbolisme. Et en proclamant (p. 52) que « c'est surtout l'interrogation du spectateur qui marque l'intérêt d'une œuvre », cela après avoir raillé cette manie d'engouement qui porte par exemple les fanatiques d'Ibsen à chercher, mieux encore à découvrir un motif social ou philosophique dans le moindre mot de leur auteur favori, fût-ce dans une exclamation parfaitement insignifiante, il indique cette vue qui nous paraît profon- dément juste, à savoir non seulement que le symbolisme intentionnel de l'artiste n'est rien s'il ne trouve sa con- trepartie dans le symbolisme du public, mais encore que, si la Nature détient seule le symbole, c'est bien souvent le public qui le crée à l'insu de l'artiste lui-même. On raconte que Goethe, émerveillé des commentaires suscités par son Faust, — déjà toute une bibliothèque, de son vivant, et que serait-ce s'il pouvait lire ceux qui ont paru depuis sa mort ! — s'écriait avec un enthousiasme souriant : « Je ne savais pas avoir pensé tant de choses ! » Anecdote d'autant plus vraisemblable qu'on a retrouvé parmi les papiers posthumes du poète cette simple défi- nition de son chef-d'œuvre : « Tableau hasardé du monde et de la vie. » Mais la modestie de la définition n'exclut pas le luxe des gloses et n'implique pas leur illégitimité. ( 355 ] « Lire une œuvre, c'est la créer à nouveau », a dil juste- ment un commentateur du Faust de Goethe. « Quand je lis Faust, c'est mon Faust (1). » Depuis plus de vingt ans, toutes les littératures s'acharnent sur le lîing de Richard Wagner, et si les interprétations symboliques en sont les plus nombreuses, les interprétations naturalistes et réalistes n'en sont ni les moins aisées ni les moins fondées. Bien qu'elles semblent antinomiques, elles sont au fond également vraies. Si Wagner est un profond symboliste, il n'en est pas moins un puissant réaliste. Disons même qu'il n'eût pas été l'un sans être l'autre, et recommandons à tous les artistes cette dualité, en leur rappelant toutefois que le maître de Bayreulh avait commencé par prendre la pré- caution d'être un homme de génie sans dédaigner de posséder à fond son double métier d'écrivain et de musicien. En risquant ici ces deux allusions, nous nous écartons quelque peu du programme du concours. La Classe, en effet, s'est bien gardée de livrer aux concurrents le domaine intégral du symbolisme et de l'allégorie, domaine immense qui s'annexe tous les cadres de la pensée et du sentiment, puisque symbole et allégorie ne sont en somme que deux tours d'esprit, aussi applicables à la philosophie qu'à la religion et à toutes les formes d'art, littéraire, plastique ou sonore. Elle a sagement limité la question à l'histoire de la peinture, du moins quant aux exemples à fournir à l'appui des différences ou des analogies des deux conceptions esthétiques à étu- (1) Anatole France, préface de la traduction de Camille tiENOii. Ô""* SÉRIE, TOMK WXVI. 24 ( 3o4 ; dier. Si le rapporleur pousse iin peu an delà, c'est unique- ment alin d'insister sur l'importaiice que prend en l'es- pèce l'interprétation donnée à l'œuvre d'art par le public qu'elle vise et prétend conquérir, et afin de mar- quer qu'un simple paysage, vu et rendu sans arrière- pensée par un artiste ému, ou un portrait d'inconnu, saisi et pénétré par un figuriste soucieux de caractère, seront matière à symbolisme à meilleur droit que tel logogriphc pictural où la doctrine et la science des sym- boles auront prodigué toutes leurs ressources. L'auteur du mémoire n" I cite avec raison Gustave iVloreau parmi les maîtres du symbolisme contemporain, mais ce serait une erreur — et le concurrent ne la commet pas — d'attribuer à l'initiation doctrinale ou scientifique le charme et l'émotion qui se dégagent des belles pages de ce grand peintre et la valeur d'art que tout le monde leur reconnaît aujourd'hui. S'il est permis au rapporteur de consigner ici un souvenir personnel, il dira qu'introduit, il y a tout juste vingt ans, dans l'atelier de Gustave Moreau, il tomba en airét devant sa Vieillesse du roi David, très ému par l'impression de lassitude qui éma- nait de l'expression et de l'attitude du vieillard à barbe grise, au regard terne, à la tête inclinée, se détachant sur un fond de ciel brumeux, envahi déjà par les ombres de la nuit, comme le personnage était déjà guetté par les ombres de la mort. Le peintre cependant lui signalai!, aux architectures ambiantes, quatre chapiteaux de colonnes dont les motifs étaient empruntés aux attributs des quatre Évangélistes. Ils étaient pour lui le symbole du lien qui rattache le Nouveau Testament à l'Ancien. Le visiteur n'avait vu de symbole que dans le lien entre la Nature et l'Homme. Il avait tort sans doute. Mais qu'importe. ( 5h'5 ) puisque de toute façon la sensation d'art était produite, et puisque, pour parler comme l'auteur du mémoire n" I, le peintre, visant le symbolisme religieux, avait fait de l'art « humain, c'est-à-dire palpable, émotionnel et spi- rituel à la fois »? D'autre part, en limitant à l'histoire de la peinture la documentation du concours, la Classe n'a pas entendu interdire aux concurrents les appréciations philoso- phiques inséparables de l'étude de deux conceptions esthétiques aussi imprégnées de philosophie et de litté- rature que le symbolisme et l'allégorie. L'auteur du mémoire n° I ne s'est pas privé de ces appréciations, mais, des trois mémoires soumis à la Classe, le sien est celui où la part faite aux idées géné- ratrices du symbole et de l'allégorie, à l'histoire de leurs manifestations et aux exemples spécialement empruntés à la peinture, est distribuée avec le plus de méthode, de logique et de goût. On en pourrait discuter certaines thèses, critiquer divers détails, mais il n'en demeurerait pas moins que ce mémoire constitue un travail sérieux, approfondi et utile, composé avec soin, écrit avec talent, et, tant au point de vue des recherches qu'il a nécessitées que du sens philosophique et artistique dont il fournit la preuve, digne des suffrages de l'Académie. Par ces motifs, j'ai l'honneur de proposer à la Classe des beaux-arts : 1° De décider qu'il y a lieu de décerner le prix; 2° D'attribuer le prix à l'auteur du mémoire n° I, por- tant pour devise : Apparence, réalité, fiction; 3° D'en ordonner l'impression dans l'un des recueils de l'Académie. » ( 356 ) MM. Rooses et Alb. De Vriendt déclarent souscrire à ces propositions. La Classe, se ralliant aux propositions de ses commis- saires, a décerné le prix, d'une valeur de huil cents francs, au mémoire portant la devise : Apparence, réalité, fiction. L'ouverture du billet cacheté a fait connaître comme auteur de ce travail M. Edgar Baes, à Ixelles. QUATRIEME QUESTION. Faire l'historique de la partie spécialement musicale de la chanson flamande (origine des mélodies et des formes rythmiques), depuis le haut moyen âge jusqu'aux temps modernes. RapftOÊ't de M. Gmwaerif pi'etttiet' ooiÊ*tnim»ai»'*>. a Le sujet d'histoire musicale que la Classe des beaux- arts a choisi pour le concours de cette année appartient à un ordre de recherches qui implique, chez ceux qui s'y adonnent, une sérieuse culture de la musique et des con- naissances approfondies en matière de littérature et d'his- toire, double condition qui se rencontre rarement chez les érudits, même de nos jours. Aussi n'est-il pas éton- nant qu'un seul concurrent ait répondu à notre appel. Son travail est fort étendu et conforme au programme tracé par l'Académie. En tant que production musicale homophone, le chant populaire étant constitué par le concours de deux éléments, mélodie et rythme, l'auteur a judicieusement divisé son écrit en deux parties. ( 337 ) La première, la plus étendue, est consacrée à l'analyse historique de l'élément essentiellement musical de la chanson, la mélodie. Dans un premier chapitre, l'auteur démontre dans les chansons flamandes du moyen âge l'existence des quatre échelles modales que le chant liturgique de l'Église latine a héritées de l'antiquité : 1" Le mode éolien ou hypodorien, le mineur diato- nique, encore connu de notre temps (/a, so/ >;, /a, mi, ré, ut, si, la) ; 2° Le mode dorien, mineur diatonique dont l'avant- dernier degré au grave est abaissé d'un demi-ton (mi, ré, ut, si, la, sol, fa Ç[, mi) ; 5° Le mode iastien ou hypophrygien, échelle majeure privée de note sensible {sol, fa t], mi, ré, ut, si, la, sol) ; ¥ L'hypolydien, mode majeur dont le quatrième degré au-dessus du plus grave fait avec celui-ci un intervalle de triton [fa, mi, ré, ut, si Ç\, la, sol, fa\ Dans le second chapitre, poussant son analyse plus à fond, l'écrivain prend pour point de départ les thèmes mélodiques que la musique gréco-latine a laissés dans l'Anliphonaire romain, et s'attache à signaler ceux qui ont guidé l'inspiration des compositeurs populaires du moyen âge. Dans son troisième chapitre, il examine la composition mélodique, c'est-à-dire la manière dont les auteurs des cantilènes médiévales ont traité les thèmes traditionnels : tantôt les reproduisant presque sans modification, plus souvent procédant par voie d'amplification, parfois enfin se servant simplement du cadre général, l'échelle du mode, et imaginant librement le dessin mélodique. ( 358 ) Le quatrième chapitre est consacré aux dernières vicis- situdes du chant homophone, à l'examen des altérations harmoniques que subirent peu à peu les mélodies du pays flamand sous l'action lente et continue de l'art polyphone, action qui amena vers 1600 la constitution effective des deux modes de la musique moderne : le majeur, fusion de l'iastien et de l'hypolydien, le mineur, modification chromatique du mode éolien. Un cinquième chapitre poursuit l'histoire de la chan- son néerlandaise postérieurement à la création de la monodie harmonisée et à l'apparition de la tonalité moderne, alors que la muse du peuple cessa de s'inspirer aux mélopées liturgiques et prit pour modèles les mor- ceaux des chanteurs professionnels et les airs de ballet. Période de déclin et de stérilité croissante. Le chant populaire, de sa nature une mélodie sans accompagne- ment, était coupé dans sa racine et fatalement destiné à s'étioler et se dessécher dès que les musiciens eurent désappris l'art de la composition homophone. Aussi ne vécut-il plus, à partir du XVIII'' siècle, que dans la mémoire des gens de la campagne, et là aussi a-t-il pres- que disparu de nos jours, remplacé par des cantiques ano- dins, ou, chose plus fréquente, par des refrains de car- refour et de café-concert, la musique ordinaire des masses dans nos sociétés démocratiques. Le dernier chapitre de la première partie s'occupe de ce que l'on pourrait appeler la vie posthume de nos anciens chants populaires, résurrection qui est le fruit de l'érudi- tion universelle de notre temps. L'auteur y examine, d'après sa méthode d'analyse musicale, les mélodies recueillies en partie de la bouche du peuple et consignées dans les nombreuses collections spéciales qui ont paru depuis le commencement du XIX'' siècle. ( 359 ) Moins (léveloppée que la première, la seconde partie du mémoire traite exclusivement des formes rythmiques de la chanson thioise. I^e premier chapitre contient les notions indispensables à la connaissance des parties con- stitutives du rythme : durées relatives, mesures simples et composées, membres rythmiques. Le deuxième cha- pitre montre l'application des divers cléments du rythme musical au mécanisme particulier de l'ancienne versifi- cation néerlandaise. Enfin le chapitre par lequel se ter- mine tout le travail explique la structure des périodes rythmiques et décrit brièvement la facture de la strophe dans les deux divisions typiques de la chanson flamande : les chants narratifs, les airs à danser. L'auteur a rempli d'une manière plus que satisfaisante le cadre imposé par le programme de l'Académie. Le travail soumis à notre ap|)réciation est incontestablement à la hauteur des connaissances positives qu'un esprit stu- dieux de notre temps peut acquérir en ces matières diffi- ciles. On reconnaît partout un musicien familier avec les parties les plus diverses de son art, un érudit au courant de toute la littérature du sujet à traiter. En particulier, la première {>ar(ie du mémoire a une valeur sérieuse par le soin minutieux que l'écrivain a mis dans ses recherches comparatives, dans les rappro- chements établis avec les mélodies liturgiques et les cantilènes profanes du moyen âge. On y rencontre une quantité de faits nouveaux et intéressants. Si l'on peut regretter que la seconde partie n'offre pas le même inté- rêt, si l'on doit y constater l'absence de toute recherche sur le caractère ethnique de certains rythmes, il est juste de se rappeler que la musicologie comparée est une ( 360 ) science encore à ses premiers débuts, et que jusqu'à pré- sent aucun travail approfondi n'a paru sur cette question. Il y a lieu de constater à la louange de l'auteur qu'il a su exposer ses idées dans un style net et clair, et ceci ne sera pas tenu pour un mérite insignifiant si l'on considère (|ue la langue néerlandaise n'a pas de terminologie établie pour les notions techniques propres à la musique de l'antiquité et à celle du moyen âge. En somme, je conclus en proposant à la Classe des beaux-arts d'attribuer le prix allèrent au concours musical de 4898 à l'auteur du mémoire portant pour devise : De omie liedjes zijn de besle, et de voler l'insertion du sus- dit travail dans la col lectionin-8'' des Wmol.lQrK. GRAVURE EN TAILLE- DOUCi:. On donande le portrait en buste, gravé en taille-douce, d\in Belge contemporain, aijant une notoriété reconnue dans le doniuiite politique, administratif, scienti/iqni', litté- raire ou artistique. ttapinn'l (If fl. Ch. 'g'fiutiftt. « La Section de gravure, bien ([ue je n'aie |)as l'honneur d'en faire partie, m'a chargé de vous présenter son rap- port sur ce concours. Deux envois ont été adressés à la Classe : L'un portant la devise : Speranza; L'autre, cette suscription : //art est l'àme dun peuple La Section de gravure estime que ce dernier mérite le prix, à raison de sa supériorité sous le rapport de l'élégance du dessin et de la linesse du travail technique. ( 3()3 ) Cependant, et tout en proclamant que le montant total du prix doit être attribué à cet envoi, elle reconnaît cependant à la planche portant la devise Speranza des qualités assez remarquables pour légitimer une récom- pense pécuniaire à titre d'encouragement, si les crédits dont la Classe dispose permettent cette extension et si la Classe juge à propos d'y consentir. » La Classe a décidé de partager le prix de huit cents francs entre les auteurs de ces deux gravures : M. Louis ,Peeters, d'Anvers, et M. Joseph Aerts, de la même ville, tous deux élèves de l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers. Les résultats des (-oncours seront proclamés dans la séance publique. PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE. Conformément à l'article 15 du règlement de la Classe, M. Ch. Tardieu, directeur, donne lecture du discours qu'il prononcera en séance publique. ( 364 ) ri^ASSE nV.H BEA VIL -A RTS. Séance publique du dimanche 6 novembre 4898. M. Ch. Tardieu, directeur, président de l'Académie. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Prennent également place au bureau : MM. Éd. Dupont, directeur de la Classe des sciences, et J. Robie, vice-directeur de la Classe des beaux-arts. M. L. De Bruyn, Ministre de l'Agriculture et des Tra- vaux publics, ayant les beaux-arts dans ses attributions, assiste à la séance. Sont présents : MM. Th. Radoux, J. Demannez, P.-J. Clays, G, De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, Th. Vin- çotte, Jos. Stallaert, Alex. Markelbach, G. Huberti, A. Hennebicq, Éd. Van Even, AltV. Cluysenaar, J. Win- ders, H. Maquet, J. Van Ysendyck, membres; J.-B. Meu- nier et FI. van Duyse, correspondants. Assistent à la séance : Classe des sciences. — MM. Devvalque, Brialmont, C. Malaise, ¥. Folie, F. Plateau, Fr. Grépin, G. Van der Mensbrugghe, Louis Henry, M. Mourlon, P. De Heen, F. Terby, Léon Fredericq et A. Lancaster, membres. ( 565 ) Classe des lettres. — MM. S. Boimans, Ch. Piot, A. Giron, Georges Monchamp, Ern. Diseailles, mem&res ; J.-C. VoUgraff, associé; Alph. Willems et E. Gossart, correspondants. La séance s'ouvre à 1 heure et demie. Sur l'art au XIX^ siècle, discours par M. Charles Tardieu, directeur de h Classe, président de l'Académie. Mesdames, Messieurs, Ce XIX* siècle, qui n'a plus que deux années à vivre, obtiendra sans nul doute une place illustre dans les annales de l'humanité. Et pourtant, il y a quelque har- diesse à la lui promettre dans cette solennité, car ce siècle a perdu beaucoup de temps à se méconnaître, voire à se calomnier, et il n'est peut-être pas une autre époque de l'histoire qui ait été moins équitable pour elle-même. Il est bien entendu que nous ne nous occupons ici que des beaux-arts. Oh! si nous avions la téméraire prétention d'encadrer dans cette courte allocution toute l'activité de notre temps, ne fût-ce que pour en caractériser les manifesta- tions les plus significatives, il nous faudrait changer d'antienne, et surtout si nous y faisions place à la science et à l'industrie. Le XIX* siècle, en effet, fut toujours fier de son œuvre scientifique et de son expansion industrielle, et il n'est pas de fierté plus légitime que celle-là, tant cet œuvre est immense, tant cette expansion .tient du prodige. Telle est la complexité du labeur scientifique contem- porain, embrassant tout, depuis le cèdre jusqu'à l'hysope. { 366 ; pour parler comme le roi Salomon, ou, si vous préférez, depuis l'inlusoire jusqu'à l'iguanodon, et depuis le fond des mers jusqu'au ciel inconnu, telle en est la spécialisa- tion nécessaire, la division à l'infini, que la science est presque dans l'impossibilité de se mettre au courant d'elle-même. Vn de nos éminents confrères, qui fait honneur à la science belge, nous confessait un jour son embarras de s'initier à toutes les contributions qui enri- chissent le domaine, limité, auquel il a consacré sa vie. Ceci pour excuser, Mesdames et Messieurs, non pas l'ignorance relative qu'il serait impertinent de vous attri- buer, mais la nôtre, beaucoup plus embarrassée que notre savant collègue de s'assimiler tant de notions indispensables et incessamment accumulées, revisées et renouvelées. De même, alors que l'industrie moderne ap|)lique avec une égale ferveur les sciences de la vie et celles de la mort, celles de la guerre et celles de la paix; alors que, de plus en plus à l'étroit dans les frontières des divers États, par une contradiction piquante et féconde, souhai- tant qu'on les hérisse de barrières monopolisantes, elle ne s'en élance pas moins à travers le monde, cherchant la lutte, instituant la concurrence, et poussant jusqu'au tin fond des continents mystérieux pour y introduire la civilisation et le progrès, on conçoit aisément que ce siècle soit aussi glorieux de son labeur industriel qu'il est orgueilleux de son œuvre scientifique. Par contraste, et même à négliger les sciences de la pensée et l'art des lettres pures, poésie, drame ou roman, à nous en tenir aux arts de la forme et du son, comment ne pas s'étonner que ce même siècle, aux diverses étapes de sa carrière, se soit montré systématiquement hostile à son propre effort artistique? ( 367 ) Je sais bien que, s'il y eut des attaques, il y eut des défenses, dont plusieurs victorieuses; mais interrogez dans son ensemble l'opinion publique du siècle sur son art, et vous noterez qu'au milieu du bruit des autoditbyrambes et des diatribes, contrepartie parfois utile, cette opinion se résume en un mélancolique regret du passé, de ce qu'on appelle les grands siècles d'art. Certes, loin de moi l'intention de dénigrer les maîtres, les pionniers, les fondateurs, les premiers promoteurs du beau définitif, ceux qui ont laissé des exemples toujours bons... à copier? — non pas, le pasticheur n'étant pas même un apprenti sorcier, mais seulement un famulus domestiqué, disant amen à tout, et jusqu'aux sénilités du patron, — mais toujours bons à étudier, à pénétrer, suscitant des interprétations nouvelles et jusqu'à des initiations imprévues, quand, de ces exemples, l'émule s'inspire en toute liberté de conscience. Saluons ces anciens qui sont des éternels; mais il y a un abîme entre ce respect, ce culte éclairé qui consacre leur autorité en la prorogeant, et la dévotion étroite et stérile qui se borne à pleurer sur les ruines abolies, sans aucun espoir de les réédifier. Feuilletez l'histoire des arts au XJX^ siècle, et vous y lirez presque à chaque page ce mélancolique regret des grands siècles d'art, corroboré par cette affirmation que le nôtre ne serait qu'un très petit garçon, indigne et incapable de se mesurer avec eux. Ce vers a passé proverbe : Qui me délivrera des Grecs et des Romains ! Protestation puérile, pour peu, qu'on la prenne à la lettre, légitime si l'on y voit la négation d'un romanisme ( 368 ) de convention et d'une grécité barbare, et la ii;uerre déclarée à ce préjugé nélaste qui assimile la beauté intrin- sèque et la noblesse du style à la tyrannie aveugle de la toge ou de la chlamyde. A peine ce vœu est-il émis que le siècle dernier finit et le nôtre commence par l'organisation de cette tyrannie, qui du moins en s'imposant d'autorité et en proscrivant tout le reste, était en barmonie avec ce tournant de l'bistoire, crépuscule du XVIIF siècle, aurore du XIX'' : d'un côté, proscriptions révolutionnaires aboutissant à la dictature impériale; de l'autre, proscription de tout ce qui n'est pas l'école de David, et, en fin de compte, dictature du style empire, de ce style pesant qu'on s'évertue à rebabiliter aujourd'hui, parce que, sur les marchés du bric-à-brac, il n'est plus d'autre bibelot à la portée des collectionneurs. 11 appartenait à la science contemporaine, aux |)atientes lecherclies des épigrapbistes, aux étonnantes trouvailles des archéologues, de réconcilier l'art moderne avec la vie anticjue en l'exhumant, en lui restituant sa physionomie organique, et en donnant ainsi son véritable sens à un cri libérateur. Mais avant celte restitution qui s'accomplit tous les jours sous nos yeux, nous révélant une antiquité insoup- çonnée, substituant à la superstition classique une philo- sophie plus profonde de l'histoire, et ce symbolisme élargi dont s'inspirent aujourd'hui les arts et les lettres, une œuvre de démolition était indispensable. Le romantisme s'y donna tout entier et il eut tout au moins le mérite de réagir contre une dictature esthétique qui serait l'excuse de Sainte-Hélène, si l'esthétique avait une part quel- conque dans la relégation d'un vaincu sur un rocher mortel . ( 369 ) Réaction violente et incohérente, versant inévitable- ment dans (ni moyen âge d'à-peu-près, aussi conven- tionnel que le pseudo-classicisme, à peine le romantisme a-t-il l'ait son temps qu'on le regrette déjà ; el l'on oppose aux naturistes qui commencent à poindre les peintures à cuirasses où brillait l'émail des heaumes empanachés, et les statues des liers chevaliers enfourchant leurs destriers caparaçonnés. Et par une anomalie singulière, alors qu'on s'attendrit sur ses tics les plus irrémissiblemenl démodés, on semble ne lui savoir aucun gré de ses titres les plus sérieux à la gratitude esthétique du siècle et de l'avenir même, à savoir la réhabilitation de la passion et la revendication des droits de l'individu. Ce n'est pas ici le lieu de rchercher si ces deux con- ceptions se justiHenl pleinement du point de vue moral DU social; mais ce sont assurément deux forces d'art essentielles; et, sans promener nos réflexions de la pein- ture à la musique, en passant par la sculpture et l'archi- tecture, nous osons dire que toute l'évolution artistique du siècle s'en déduit. On en gémit pourtant, on professe que la passion mène fatalement au dérèglement, en art comme dans la vie, et que trop souvent l'individualisme s'infatue et s'hypertrophie au point d'atlecter des prétentions incom- patibles avec le sens commun. Et l'on verse d'abondantes larmes sur la fin des écoles et sur l'anarchisme esthétique, plaie de notre lin de siècle. Que la passion se dérègle parfois, il serait dilïicile de le contester; et, de même, que l'individu affranchi de toutes lisières se permette trop souvent des licences dont au surplus il est ordinairement la première victime. Mais à considérer de plus près ces deux facteurs inéluc- 3™^ SÉRIE, TOME XXXVl. 25 ( 3"0 ) tables de toute vitalité, artistique ou autre, on est amené à reconnaître que la passion elle-même a ses lois et que l'individualisme le plus forcené ne s'aurait s'en abstraire. Or tout l'effort scientifique et artistique du siècle, voire son effort philosopl)i(jue, moral et politique, se réduit en somme à ceci : substituer à la règle arbitraire ou imagi- naire la loi naturelle et irrécusable. Dans un discours prononcé ici même, un vénérable confrère dont nous déplorons la perte récente, Adolphe Samuel livrait à son auditoire cet aveu pénible, mais loyal, qu'après une longue vie absorbée par l'art musical et la critique, il en était arrivé à se convaincre du néant absolu des règles, de ces règles que prolonge à travers les âges un enseignement traditionnel. Qu'il n'y ait plus de règles, soit, et c'est exact, si l'on vise les règles a priori dont le code est pareil à ce chapeau de Fortunatus qui saute de tête en tête, sans que jamais personne s'avise d'en contrôler le pouvoir magique. Mais il y a des lois, des lois de nature, l'orateur les oubliait après les avoir observées dans ses œuvres ; et les seules règles subsistent qui s'attestent conformes à ces lois tour à tour ignorées ou devinées, désormais objet d'un travail incessant de vérification. Convenons-en, la règle toute faite a bien son charme. Qu'un instinct j^rofond la découvre ou qu'un caprice l'in- vente; que, propagée par la mode, elle se maintienne par habitude, c'est un point d'appui solide quand ce n'est pas un oreiller assoupissant. Mais à la recherche des lois, un oreiller ne saurait suffire. Et, si le premier devoir de la loi est de se prou- ver juste et vraie, il y a des chances pour que, la démonstration faite, elle entraine une adhésion plus ( 5'" ) explicite que la règle imposée, surtout si la loi démon- trée enfante plus de chefs-d'œuvre que la règle subie, laquelle, après tout, en a bien quelques-uns à son actif. Cet individualisme que déchaîna le romantisme, dans la première moitié du siècle, eut son complément dans la seconde, un complément logique qu'il est impossible de ne pas rattacher à des circonstances politiques, quelque désir qu'on ait d'arrêter la j)olitique au seuil de cette salle. La politique étrangère du premier empire avait pour caractère prédominant, avec le blocus des idées et des produits qui n'agréaient pas au maître du monde, le mépris des nationalités, la méconnaissance de leurs élé- ments constitutifs, de leurs instincts naturels, de lei rs aspirations propres. Au contraire, le second empire, — bien que le neveu se donnât comme le continuateur de l'oncle, — s'il renonce au blocus des produits, faisant de son mieux pour rétablir le blocus des idées, et s'il commence parla politique d'équilibre, — la guerre de Crimée n'aflîchait pas d'autre tendance, — ce fut pour se jeter bientôt après, tête baissée, dans la politique des nationalités. Ce que ce revirement a pu coûter ou rapporter à son promoteur et au grand pays dont il jouait les destinées sur les champs de bataille, n'est pas de notre ressort ; mais l'influence en est indéniable sur les mouvements de l'art au XIX'' siècle, bien que la critique préfère géné- ralement s'écarter de ce point de vue pour se complaire à des dissertations plutôt dogmatiques. Et la conséquence la plus remarquable en est le réveil des nationalités artistes, formes naturelles de l'indivi- dualisme, car si la première expansion de l'individu est ( 372 ) la famille, et la seconde l'association, la troisième est la nation. Que ce réveil soit, à certains égards, de coïncidence, nous le voulons bien. La nation est le sol de l'art, comme le champ l'est de la graine. Où il n'y a pas de germe, l'engrais chimique abdique. Mais de même que certaines conditions climatériques favorisent l'elfort du laboureur, de même certaines circonstances politiques peuvent stimuler l'effort de l'artiste. Et c'est ici que la coïnci- dence se rehausse de causalité. La politique des nationalités a fait ollice d'inlluence météorologique ou de temps favorable; elle a été ce ce moment » qui, d'après Taine, est l'une des causes déterminantes de l'éclosion du génie et de l'œuvre. Elle n'a pas été le germe, mais n'en a pas moins aidé à le faire lever dans des sols laissés jusque-là plus ou moins en friche. Rappelez-vous ce qui était admis presque sans conteste avant que cette politique, comme disait Cavour, remit l'Europe en mouvement. On reconnaissait en peinture la signature de l'Italie et des Pays-Bas. L'Espagne et l'Allemagne n'apparaissaient que comme des souvenirs; l'Angleterre comme un accident, encore qu'elle eût modifié au commencement du siècle l'orientation de l'art français. En musique, la signature de l'Italie et de l'Allemagne. Et pour la peinture comme pour la musique, comme pour tous les arts sans distinction, l'on assignait à la France le rôle enviable d'ailleurs et la fonction évidemment noble d'une sorte de Cour d'arbitrage et de conciliation, distribuant la gloire jugée à sa mesure, qui était celle de l'éclectisme. Or la politique des nationalités n'a pas plus tôt fait son ( 375 ) apparition dans le monde, que tontes les nations capables de facultés artistes se mettent en demeure de les déployer, et que les individualités les plus sûres de leur « moi » en cherchent dans leur nationalité même, dans les forces antérieures de leur race, dans les encouragements de leur milieu, le stimulant générateur et le souverain épanouissement. Phénomène d'autant plus intéressant que la facilité des échanges, des locomotions et des transports semblait faite pour servir la neutralisation cosmopolite des idées et le nivellement des tendances, bien plutôt que l'émulation des originalités. L'art anglais, qui d'ailleurs n'avait pas attendu 1859 pour jeter au naturalisme déjà débridé le déh du préra- phaélisme et de la moralité esthétique, continue l'œuvre de Ruskin et exporte son style sur le continent. L'Espagne, avec Fortuny, inquiète les favoris de la vogue parisienne. L'Allemagne, non contente de garder le sceptre de la symphonie et de conquérir, avec Wagner, celui du drame lyrique, veut avoir ses peintres et ses sculpteurs. La sculpture belge élève les mineurs du pays noir à la dignité du bronze héroïque. La Russie, plus audacieuse encore; emprunte à la misère du moujik le symbole de la souffrance du Christ, en même temps que sa musique, presque italienne avec Glinka, se fait aussi russe que possible avec Moussorgski, ses devanciers et ses émules. Et il n'est pas une nationalité, pas une race, si modeste qu'elle soit, qui ne tienne à honneur de s'affirmer sans réticence dans les arts et les lettres : la Norvège avec un compositeur que notre Académie s'est associé, avec un dramaturge qui a partout des fanatiques; la Rohême tchèque avec des musiciens applaudis jusqu'à Vienne; tandis que dans notre pays, où la filiation pictu- ( 374 ) raie est ininterrompue, et dès les premiers symptômes de ce mouvement, le drapeau de la musique llainande est bravement arboré, aux applaudissements, bientôt, de la Wallonie elle-même. La France n'en reste pas moins le grand atelier où, des quatre coins du monde artiste, et des Etats-Unis comme de la Grèce, on vient chercher des maîtres et des juges, puiser surtout les normes du goût établies par une persistante tradition conciliatrice; mais chacune de ses expositions universelles prouve que ses leçons les plus précieuses et les plus sûres sont passionnément adaptées au développement de ces deux forc(!S d'art qui sont celles du siècle et se tiennent inséparables : person- nalité de l'artiste, nationalité de l'œuvre. Il y a peut être une exception, l'architecture. Il est convenu que celle de notre époque n'a pas de caractère propre; et, en admettant que ce préjugé soit justifié, cela tient peut-être à ce que, plus que les autres arts, elle se laisse hypnotiser par cette superstition du passé dont se complique à notre époque un remarquable effort de renouvellement. Mais sommes-nous au point de recul nécessaire pour rendre justice aux manifestations les plus récentes de cet art, le plus complexe de tous, de cet art dont le libre essor est entravé, non seulement par la destination, condition première de ses œuvres, mais aussi par les fantaisies de la commande, par la transfor- mation de la technique, par l'emploi de nouveaux maté- riaux, et enfin, sauf quehjues exceptions prodigues, par la pénurie des ressources? Et qui nous dit qu'au siècle prochain, nos architectes n'auront pas leur revanche, l'opinion les vengeant d'un injuste dédain, la critique prenant un malin plaisir à jeter les moellons de leurs ( 375' ) édifices à la face de leurs pileux émules, de leurs indignes successeurs? Celte revanche, n'eu doutez pas, Mesdames et Mes- sieurs, est assurée à l'arl de noire époque, et, si nous survivons à l'année 1900, nous entendrons souvent et nous savourerons malicieusement ces exclamations qui se répercutent d'âge en âge : « Nos pères ne l'entendaient pas ainsi. Et comme ils avaient raison ! Et comme ils étaient plus sages et plus heureux ! » Encore deux ans et nous aurons cette joie immense et cet honneur insigne d'être à notre tour un passé. Et dès aujourd'hui, avec un héros d'épopée, promu personnage de comédie, ce XIX« siècle peut dire : « Et moi aussi je suis un ancêtre! » — M, le Secrétaire perpétuel proclame les résultats suivants du concours annuel de la Classe et des concours du Gouvernement. CONCOURS ANNUEÏ. PO[]R 1898. PARTIE ■.ITTÉKAini:. Trois mémoires portant comme devise : Le premier : Apparence, réalité, fiction ; Le second : Ah ic con; Le troisième : L'art symbolique est la forme d'art la plus ancienne et la plus expressive; ont été soumis en réponse à la première question : Quelles sont les analogies ou les différences qui existent ( 376 entre l'allégorie et le si/mbole? Etablir et caractériser, par des exemples empruntés à l'histoire de la peinture, les élé- ments essentiels qui rapprochent on distinguent ces deux conceptions esthétiques. La Classe, se ralliant aux conclusions du rapport de ses commissaires, a décerné le prix, d'une valeur de huit cents francs, au mémoire portant la devise : Apparence, réalité, fiction. L'ouverture du billet cacheté a fait connaître comme auteur de ce travail M. Edgar Baes, à Ixelles. M. le Secrétaire perpétuel t'ait remarquer que c'est la quatrième fois que M. Edgar Baes remporte la médaille d'or des concours académiques. Son premier mémoire date de 18G3, époque où il fut couronné en même temps que le peintre Antoine Wiertz, pour leurs réponses à la question : Sur les caractères con- stitutifs de r École flamande de peinture ; Son second mémoire, datant de 1877, avait pour sujet : L'influence italienne sur Rubens et Von Dijck, Et le troisième : Sur le régime de la profession de peintre avant Rubens, fit partie du concours de 1881. Indépendamment de ces quatre médailles d'or, M. Edgar Baes a remporté, en 1865, deux médailles d'argent : la première, pour son mémoire Sur l'accroisse- ment des arts graphiques et plastiques, et la seconde, pour son mémoire Sur l'histoire de la peinture de paijsage. M. Edgar Baes s'est donc acquis par ses travaux litté- raires une place des plus remarquables, et l'Académie applaudit bien sincèrement à ses brillants succès. ( "7 ) Un mémoire portant la devise : De onde liedjes zijn de beste, a été soumis en réponse à la quatrième question : Faire l'historique de la partie spécialement musicale de la chanson flamande {origine des mélodies et dés formes rythmiques), depuis le haut moyen âge jusqu'aux temps modernes. La Classe, se ralliant aux conclusions des rapports de ses commissaires, a décerné le prix de mille francs à ce travail. L'ouverture du billet cacheté a fait connaître comme en étant l'auteur, M. Klorimond van Duyse, correspon- dant de l'Académie, à Gand. La Classe des beaux-arts est d'autant plus heureuse de féliciter M. Florimond van Duyse, dit M. le Secrétaire perpétuel, que c'est pour la seconde fois que ce distingué confrère remporte la médaille d'or des concours. Son premier mémoire Sur la chanson populaire flamande en Belgique, depuis le Xt siècle, couronné en 1893, lui a valu son élection comme membre correspondant, tout autant que le second prix de Rome, qu'il avait rem- porté en 1875. M. Florimond van Duyse est de ceux qui honorent, par leurs travaux, non seulement l'Académie, mais aussi leur famille ; et ses succès littéraires ne sauraient que rehausser la gloire qui entoure le nom vénéré de son père, feu Prudens van Duyse, que la Classe des lettres n'a, hélas! compté que trop peu de temps dans ses rangs, et qui fut une des illustrations de la littérature flamande. ( 378 ) ART .%PI>I.IQI.-K. Deux gravures ont été soumises pour le sujet suivant : On demande le portrait en buste, gravé en taille-douce, d'un Belge contemporain, ayant une notoriété reconnue dans le domaine politique, administratif, scientifique, littéraire ou artistique. La première gravui'e porte la devise : Spcrnnza, et la seconde : L'art est l'âme d'un peuple. \/à Classe a décidé de partager le j)rix de huit cents francs entre les auteurs de ces deux gravures : M. Louis Peeters, d'Anvers, et M. Joseph Aerts, de la même ville, tous deux élèves de l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers. Grand corscouRS de peinture pour l'année 1898. Conformément aux résolutions du jury qui a jugé le grand concours de peinture, dit Prix de Rome, pour l'année 1898, Le premier prix a été décerné à M. Lmile Vloors, de Borgerhout, élève de l'Institut supérieur des beaux-arts d'Anvers. Un 1"^' second prix a été voté à M. Camille Lambert, d'Arlon, élève du même Institut; Un 2^ second prix, à M. Jules Van Biesbroeck, de Portici, élève de l'Académie royale des beaux-arts de Gand, et une mention honorable à W. Félix Gogo, élève de l'Institut précité d'Anvers. ( 579 ) Prix quinquennal de littkhatuhk française. Par arrêté royal du 25 juillet l' Buchner sur les fermentations. — Dépôt aux archives. Sur les vitesses de réaction; par A. de Hemptiniie et A. Bekaert. ttuitpai'l rfe n. If. Spt'ing, iit'tftnivi' cinttuti»anii'f. et On sait que la vitesse des réactions chimiques dépend, à un haut degré, de la nature du dissolvant qui sert de milieu à l'acte chimique. MM. A. de Ilemptinne et A. Bekaert se sont demandé si la vitesse de réaction éprouve aussi un changement quand, au lieu d'opérer dans un dissolvant unique, on fait usage d'un mélange, à titre connu, de plusieurs dissolvants différents. A cette fin, ils ont étudié l'action de la triéthylamine sur l'iodure d'éthyle et sur le bromure d'éthyle dans des mélanges d'acétone et de benzène à divers titres et à ( 5i)2 ) diverses températures, ou bien dans des mélanges de benzène ebloré, de benzène et d'alcool benzylique, de benzène et d'alcool méthylique, enfin, dans des mélanges d'alcools divers et de benzène, de xylène ou d'acétone. Le résultat général de leurs expériences tend à prouvei- que la vitesse de la réaction dépend, dans les conditions rappelées, des facteurs propres à chacun des dissolvants, tels qu'on peut les déterminer en opérant avec chacun d'eux isolément. Une élévation de la température semble augmenter, dans les mêmes proportions, la vitesse de la réaction dans les divers dissolvants. J'ai l'honneur de proposer à la Classe l'insertion de la note des auteurs dans le liulletin de la séance. » — Celte proposition, ajjpuyée par M. De Heen, second commissaire, est adoptée par la Classe. COMMUNICATIONS ET LECTURES. Vérificalion de l'exislence de la natation eulérienne dans les latitudes observées à (rreenioich pendant les années i880-i89l ; par F. Folie, membre de l'Académie. Dans une note précédente, j'ai dit que la théorie du mouvement de rotation de l'écorce terrestre indique, à côté du terme chandlérien et du terme annuel, omis dans les formules de réduction, la présence également du terme eulérien proprement dit. Les astronomes ont pensé que cette nutation de ( 595 ) 7)04 jours s'était transformée (je n'ai jamais su pourquoi) on celle de 451 jours; un astronome très distingué m'a même écrit qu'il avait déduit des observations de Green- wieh une valeur nulle pour la constante de la nutation eulérienne. Avant de la rechercher dans une longue série de lati- tudes individuelles, obtenues par deux passages consécu- lils de la polaire, j'ai voulu m'assurer, au moyen de celles de Greenwich même, si l'on n'y constaterait pas la période de 504 jours. D'après moi, il doit exister trois périodes : celles de 504, de 505 et de 451 jours. Donc les demi -sommes des résidus , pris deux à deux, à cinq, à six et à sept mois d'intervalle, doivent |)résenter, entre le maxinnnn et le minimum, des écarts intérieurs à celui des résidus primitifs. Je reproduis dans cette note le tableau de ceux-ci, que jai déjà discutés antérieurement (*) ; l'amplitude des variations est de \",V6. En prenant les moyennes des résidus : 1" à cinq mois d'intervalle; ^° a six mois; 5" à sept mois, l'amplitude est réduite : 1° à 0",77; ^^ à 0",885; 5« à 0",84o (**). Les trois périodes existent donc manifestement, et les Irois nutations ont à peu près la même importance; Teulérienne, toutefois, semble réduire les écarts plus notablement que les deux autres. Afin de m'assurer davantage de l'importance relative des nutations eulérienne et chandlériemie, j'ai combiné (*) Catéchisme correct d'astronomie sphériqne. Rome, 18!)." C) Voir les tableaux ci-après. ( 594. ) toutes les latitudes moyennes {s et i) de Peters, en en fai- sant les sommes deux à deux à six mois d'intervalle; cette combinaison ne laisse absolument subsister que les deux nutations en cause; et j'ai trouvé, pour les coefficients respectifs de ces nutations : eulérienne, 0",iO; chandlé- rienne, 0",09. Je me propose de déterminer les trois termes à période diurne (eulérien, chandlérien et annuel) au moyen de toutes les latitudes [s -h i) de Peters, qui offrent trop [)eu de combinaisons à six mois d'intervalle. C'est en recherchant avec soin l'expression numérique de ces trois nutations qu'on résoudra le problème de la variation des latitudes. Mais, je le répèle, on n'y arrivera sûrement que par des combinaisons de passages supérieurs et inférieurs. En etfet, à côté des trois termes à période diurne dont je viens de parler, il existe, comme je l'ai montré dans une i)récédente note, un terme annuel non diurne. Or celui-ci, de même que l'aberration, est éliminé dans la moyenne de deux latitudes {s et /), tandis que les trois termes précédents seuls y subsistent. Aucun autre procédé, si ce n'est celui de l'observation des mêmes étoiles, le même jour, à 180° de différence de longitude, ne permet d'effectuer cette élimination. El si on ne la fait pas, le problème comporte tant d'inconnues qu'il est pratiquement insoluble. 395 ) •o,iqiUriD9a 1 00 1 .0 ^ •îi t- S 30 1 «— 1- O ■AiqUI8A0\I 1 1 co t^ ce 5 - 'M 1 00 : 1 cô o •aiqoiDO ce 1 91 1 § ^ *^ 00 ■3- 2 1 -* CO Ci 1 co 1 G< - - S ç5 -^ 1- r; « 1 1 >i ■>o n ■^ ^1 M ■^ T) O 50 1 1 1 >< o 05 1 s; s§ O 1 :^ 1 1 00 i Sj ^ I ^. 'M ^ ?i ^ 00 1 - - 33 ^ 1 32 1 O t-^ 1?^ -+ '^^ 1 o -: 1 •M O îs --0 3-. 5» =5 1?» 1 i3 1 5§ >■ 1 1 ■X 1 i GO 30 2 %> 00 S - •-0 1 u lO r 1- 7» 1 ?5 - :iO 1 7D S - 1* 1 ?> ^ 00 -.+ 1— •:5 lî '72 5-1 1 30 o o o = 1 1 o TJ s 5^ - ?3 1 O 00 2 30 -• "î-l — > 1 ?1 1 1- ^ !0 1 ^ r-3 1 (- -^ O ( 397 ) 13 -- ^-5 «s î-^ t- s î^ ■?> so o l^ 9.iqui339(l 13 00 M co S l- ?: o 00 - ce ajquia.vojij •lIJAV 13 ^ Oî ce S (M OJ 2 5 -+ ■* t- s? a.iqojoQ •SJBIÏ J3 o - cô CD 5 o s o G-1 31 oo ajquiaîdas l 1 M9MA9J 13 ■* -* ■■£> 3 30 i5 s 2 .- rc 32 înov •Mwwef 13 -* lî 00 ira 3-2 g 5 iSl - S 3D C>? viii'ir •a.iqmaoaQ 13 ~.1- -* - 00 1- ^ ^ Cî «yi co OO ninf •aj(|uiaAO(^ 13 «* g o o oo 1- 'S* «3 ■* 5 o ]m •aaqojao 13 'yi '^ -* T) iC ?1 ?1 t- 1, ^■^ lUAV •9iqui8idas 13 00 ^- !0 i o 22 00 » 5.-3 30 s.ien •inoy 13 M O 3J 50 g 5ft ^+ :c - G^ M l- ,I3UA9J •13|I!nf 13 r- s ? $ o o cr4 1— ^1- 5 §8 jauuEf 00 ï» ÏO se o t— 00 Ci O - 00 50 ô s!» w to ys S5 O ( 398 ) >: X 1 CD : 2 00 es 1 00 -* r- 1 *' ai 1 S >< ?î r- s s (5^ 1 s 1 ffj 1 3i 'y. ^ ^ s - §8 s-^ JO (î» 7 ^! ^^ o •x> r- rs 5-1 T'O 1 'rï\ >— > 1 'M 1? o 5 5^ 1 o 5 ÔÔ ^ ?5 1- ■-0 1 ^ CD 1 iO TI 9-1 00 ira > O 1 ^ ro g ^ en 1 ^ 1 1 >■ 1 'M se 3 ^ ro Ir- -5" 1 1— t- 1 ■32 - O 1 O •SX o «■1 5§ P S as X> C5 1 s - 00 o M s o M 00 Oi 1 2 :^0 - ■o 30 1 -* -*• S C5 1 'ïl o 30 o 1 G^ S - 1 ce o 5 1 P5 co -z-j ?! s ( 599 ) Sur les vitesses de réaction; par A. de Hemptinne et A. Bekaert. Menschutkin et d'autres auteurs ont étudié l'influence du milieu sur la vitesse de réaction; ils ont trouvé que l'influence de la nature du dissolvant est très considérable. Toutes ces recherches, fort intéressantes, méritent d'être poussées plus loin; un chapitre entier reste à étudier: c'est l'influence du mélange de diff"érents milieux sur la vitesse de la réaction ; les résultats de ces recherches sont présentés dans ce travail. Menschutkin (*) a étudié l'action de la triéthylamine sur l'iodure d'éthyle et sur le bromure d'éthyle dans différents milieux. Nous avons choisi les mêmes réactions, parce qu'elles se prêtent particulière- ment bien à l'étude que nous nous proposons de faire. Méthode. ^ Dans une éprouvette A, on met 0^,505 de triéthyla- mine; on introduit dans celle-ci une éprouvette beau- coup plus petite, contenant 0*-', 543 de bromure d'éthyle; on prépare ainsi trois éprouvettes, on met rapidement dans chaque tube 10 centimètres cubes du dissolvant, on (*) Zeitschrift fiir Pliys. Chem., t. V, p^SSO; t. VI, p. 41. ( 400 ) feime à la lampe el, après avoir mélangé les liquides, on met les éprouvetles dans un bain ou dans une étuve à température constante. A des intervalles de temps assez long, on titre au moyen d'une solution de nitrate d'argent, a|)rès avoir, au préalable, détruit la triétliylamine au moyen d'une solu- tion diluée d'acide nitrique; la méthode est basée sur ce lait que les iodures et bromures de la série aliphatique ne se laissent pas titrer par le nitrate d'argent, ce qui n'est pas le cas pour les iodures et bromures de bases ammo- niacales. Menschutkin a opéré à 100'^ ; les réactions vont très vite à cette température et l'on doit faire une correction l)our le temps nécessaire à réchauffement des substances; pour éviter ces difficultés, nous avons opéré ;i des tempé- ratures plus basses, ce qui a encore l'avantage de donner des chiftVes qui, comparés à ceux de Menschutkin, dé- jnontrent l'intluence de la température. Les réactions étant bimoléculaires, la constante est donnée par la for- mule a ka = {a — n)l Dans la première colonne des tableaux suivants, le temps se trouve indiqué en minutes; dans la seconde, on trouve le nombre de centimètres cubes de nitrate d'argent titrés, et dans la troisième, la constante ha. (401 ) Benzol pur à 50". reiiijis. ((X— Ji)t 1290 5.7 0.0000998 44.5 X 1290 !380 (') O.O0UO988 44 X 1580 1695 77 42.5 X lt)9o 0,000100 ^2670 10.75 0.000102 39.25 X 2670 4580 15 5 0.000100 54.7 X 4580 0.000500G ka = = 0.000100 Acétone à 50". X ka. leiiips. [a — x)t 420 14.8 35.2 X 420 0.00 1001 530 17.8 0.001042 32.2 X t50 1395 29. 1 0.000998 20.y X 1595 0.003041 ka = 0.001013 ( 402 ) Mélange d'acétone et de benzol a oO". 80 •/„ (Vacélone et W °/o de benzol. Temps. {a — x)t KO. 585 13.7 0 000980 36.3 X 38Î) 483 iS 0 000851 55 X 485 460 15.6 0 000881) 54.4 X 460 0.002720 Au =. 0.000906 50 °/o d'acétone et SO °/o de benzol. Temps. , — ^■''• 540 1 0.000650 37 X 540 iO 55 1036 0.000646 30.45 X «036 25.4 1440 0.000600 26.6 X 1440 0.001896 ka = 0.000632 ( ^03 j 80" lo d'acétone et 20 % de benzol. {a — x)t 360 0.6 44.41 X 360 0.000351 0.001028 ka = 0.000342 Benzol à 66°. Temps. — ^L.- ka. {a — x)i 4 9 ^^^ /.r I ^ z^,, 0.000233 45.1 X 465 122 ^**^ ^;rT tttt: 0.000224 ' ^^^ -^ . .^,^ 0.000222 d5 X 1 950 0.000679 ka = 0.000226 ( 404 ) Temps. 290 575 425 Acétone à 66°. d- ka tu — ,r) C 20.7 0 00245 29.3 X ;290 ^23.8 0.00255 24.2 X 575 26 1 0.00244 25.9 X 42y 0.0072-2 ka = 0.00240 80 "/o d'acétone et 20 "jo de benzol à 66°. Temps. [a— i)t ka. 598 25.2 0 00'>I7 26.8 X 395 465 25.3 0 OOS'^O 24.7 X 465 1555 37.8 0 00''>''8 12.2 X 1355 0.00665 ka = 0.00221 ( 405 ) 50 "/o (t acétone et 50 «/.. de benzol à 66°. Temps, ka. (a — x)t i fi T 550 '- 0.00152 53.3 X 350 19.9 420 0.00157 501 X 420 0.00509 A'a = 0.00154 20 °/o d' acétone et 80 "/o de benzol à 66". X Temps. ka. (a — x)t 11.2 545 0.000856 (a — x)t 11.2 38.8 X 345 27.5 2^.5 X 1475 1475 0.000845 O001G79 ka = 0.000859 o"** SÉRIE, TOME XXXVI. 28 ( 406 ) Nous avons représenté graphiquement ces résultats (fîg. 1) en portant comme abscisses la proportion des mé- langes, et comme ordonnées les constantes correspon- dantes; ainsi OA représente la vitesse dans le benzol, FB dans l'acétone, DM dans \^ mélange à parties égales d'acétone et de benzol. Le point D se trouve au-dessus du point M de la ligne AB ; la vitesse dans le mélange acétone et benzol est donc un peu plus grande que celle que l'on obtiendrait par le calcul en admettant que chaque liquide agit suivant la loi du mélange. Pourtant cet écart n'est pas grand et ne dépasse pas de beaucoup la moyenne des erreurs. En elïét, pour un mélange de parties égales d'acétone et de benzol, l'erreur moyenne est d'environ 5 "/o, la constante obtenue par l'expérience est 0.000652, celle obtenue par le calcul est ().000o56, soit un écart de 14 "/o environ. ( 407 ) Mélange de benzol et d'acétove a 66**. Chlorbenzul à 66°. Tcuip.-. ka [a — X) l 4o() 0.000841 50. ;2 X 450 l-w(i -— 0.000846 "lo.i X 1570 0.001087 l.u = O.O0O843 Benzol et chlvrbenzol à 66". Temps. : — — ka. \u — J)l 1â50 — 0.000450 \U— J)l 189 21.1 X 1350 25 27 X 1800 28.0 21.4 X 2790 ^^^^ ^ r^ 0.000475 27 X 1800 2i90 -— -— - 0.000479 0.001402 /,« = 0.000467 ( 408 ) 80 °/„ de benzol et 20 °/o de chlorbevzol à 66°. Temps. (a — x)t ka. 480 7 0.000539 43 X 480 \ fifiO 16.5 0.000515 25.5 X 1560 1920 18.2 0.000298 21.8 X 1920 0.000952 ka =--0.000317 20 "je de benzol et 80 "/„ de chlorbenzol à 66° Temps. ka, {a — x]t 12.9 488 0.000712 37.1 X 488 25 5 1485 '- 0.000700 1815 0 000678 22.4 X 1815 (a — x]t 12.9 37.1 X 488 25.5 24.5 X 1485 27.6 0.002090 ka = 0.000696 ( i()9 ) Pour le mélange à parties égales de chlorbenzol et de benzol, la constante calculée est 0.000535, la constante trouvée 0.000467, soit un écart d'environ 14 "/o. La figure 2 donne aux points ABC la valeur des con- stantes trouvées. On voit que, dans le cas actuel, la vitesse est un peu plus petite dans les mélanges. Chlorbenzol et benzol à 66". ^■^ ^:^ ^_,.,*-'^ "^ ^^"^ ^ "^ ^ '^ C ^ ■ — -^ ^^^ ^^^ - " " B 1 ^^'<<^^^^ 0 1 2 3 4 5 o Fifi. 1 Alcool benzyliqiie à 66\ Temps. 2-J8 270 355 [a— x)t 32.7 17.3x^i28 54.6 15.4 X 'i70 12.7 X 353 ka. 0.008290 0.008321 0.008273 0.0-24884 ka = 0.008294 ( 410 ) Benzol et alcool benzylique à 66". Temps. .r Ln [a — x] t 520 25 7 0.005305 520 32.5 0.005507 17 5 X 520 1400 42 1 0.003806 17.1) X 1400 0.010618 ka = = 0.005559 La valeur calculée est 0.004201, la valeur trouvée 0.005539, soit un écart d'environ 17 %; l'erreur moyenne a été d'environ 9%; la représentation graphique donne- rait une figure analogue à la figure 2. A Icool méthyliq u e . lemps. (a — x) t ««. 175 15 0.002i5 55 X 175 500 21.8 0 ()0'>'S(l 28 2 X 300 542 23.3 0 00"^ 55 2fi.7 X 342 0.00750 ka = 0.00250 ( 4H ) .4 Icool méthylique et benzol Temps. JC ka. {a - x)C 270 18.5 0 00-> 1 7 31.5 X -270 v'«W/-* 1 ■ 298 19 4 0.00212 50 G X 298 480 26 7 - 0.00230 25.5 X 480 0.00659 ka = : 0.002 19 La valeur calculée est 0.00156; l'écart est donc de 61 °/o environ. Alcool méthylique et acétone. Temps. 185 404 \a - x]t 17.5 0.00295 52.5 X 185 28 22 X 404 0.00515 0.00610 ka = 0.00505 La valeur calculée est 0.00245, âoit un écart de 24 "/o environ. ( 412 ) Alcool éthylique. Temps. — fca. ' {a-x)l 19 7 340 '- 0.001910 30.3 X 540 24. C 300 0.001957 25.4 X 500 n6 9 1364 0.002065 15.1 X 13t>4 0.005912 ka = 0.00197 Alcool éthylique et benzol Temps. X ka (a —jc)t 280 162 0 00171 33.8 X 280 352 19.1 0 0017*) 30.9 X 552 1375 56 5 0 001 9^ 25.7 X 1575 0.00558 ka=: : 0.00 179 La valeur calculée est 0.001099, donc notablement inférieure : 70 "/« environ. ( 413 ) Alcool étiiylique et acétone. Temps. X ka {a — x)t «57') 21.9 0.00286 28.1 X 272 <36n 40.4 0.003008 9.6 X I3G5 1755 42 2 0.005082 7.8 X 1755 0.008950 ka = 0.002985 La valeur calculée est 0.01)218 ; elle est aussi notable- ment inférieure : 36 °/o environ. Alcool propylique. Temps. [a - x)t ka. 260 U.9 0.00163 55.1 X 260 552 175 0.00155 32.5 X 352 470 22 5 0.00172 27.5 X i70 0.00488 A:u = 0.00162 ( 414 ) Alcool propylifpie et benzol. Temps. ka. '^ (« — X) i 14.4 272 0.00148 (« — x) l 14.4 35.6 X -27-2 51.8 18.2X995 35.5 995 0.00175 18.2X995 1 \ 30 ^^^ 0.00 1 79 16 5 X 1150 0.0050-2 /fa = 0.00167 La valeur calculée est 0.0!>()9l2, soit un écart de 8i % environ. Alcool propiilique et acétone. ^ {a — x)i -26.5 420 23.5 X 4-20 0.00268 S40 298 0.00275 20.2 X 540 0.00541 ka = 0.00270 La valeur calculée est O.OOlâOl, soit un écart de 55 »/o ( 415' Alcool mélhylique et éthyliqu e. X ka: '^""J'- {a-x)t 17.5 0 00^23 32.7 X 255 405 24.5 0 00253 25.7 X 405 0.00458 ka = : 0.00229 La valeur calculée est 0.0203, soit un écart de 2 "/o environ. Alcool mélhylique et propylique. Temps. X ka (a — x)i 235 16 0 00200 34 X 235 435 24 0.00212 2G X 435 0.00412 ha = 0.00206 La valeur calculée est 0.00200. ( 416 ) Alcool éthylique et 2 °/, >d' eau. Temps. X ka. {a—x)t 273 19 0 00224 28.1 X 273 i55 26 0.00240 24 X 453 1383 58 12 X 1583 0.00228 O.O0G92 ka = 0.00250 Alcool éthylique -+- 2 "/» d'eau et benzol. Temps. — ka. [a—x)t 267 0.00186 254 X 267 22.8 420 0.00199 1 7.8 X 420 0.00385 yca = 0.00192 La valeur calculée est 0.00126, soit un écart de 52 "/o environ. (417 ) Acétone et 10 °/o d'eau. Temps. {a — x]t *d. 285 nO.G 0.00557 19.4 X 285 ilK5 5S.4 0.00547 U6 X44f) 0.01104 Aa^ = 0.00552 L'addition de l'eau a donc pour effet d'augmenter beaucoup la vitesse de la réaction. Acétone et alcool benzylique. remp-. [a — x)t ka. 98. H 32.6 0,00657 17.4 X ii«5 360 35.5 0.00680 1 4.5 X 360 0.01337 ka = 0.00668 La valeur calculée est 0.0Ô534, d'environ 26 "/o moindre que la valeur trouvée. ( 418 ) Temps. 1405 1940 femps. uoo 5213 Xylol à 66\ X ka. (a — X) i 6.0 0 0001058 45.4 X l'«ti^ \J *\'\J\J 1 \J*J\J 8.5 0 00010-'>5 41.7 X li>45 V7\yU^ I V7«-tJ O.OOO^iOGi /.•a = = 0.0001050 Xijlol et benzol. T lia. {a — xi i 8.7 0 0001 50 41 5 X J400 V-v^V/t/ ■ fl\J 15.0 0 0((0140 54.0 X ^-15 \/»V/V/Vl 1 r\J 0.000290 ka : = 0.000145 La valeur calculée est 0.000165, la valeur trouvée 0.000145, soit un écart d'environ 17 %. ( 419 ) Xylol et acétone à 66°. Temps. r ka '^it — a] t 508 U 1 0 001*274 55.9 X 308 545 20 0 001''23 50 X S45 1400 50.4 0 00 1 1 50 iOG X 1400 0.005(i47 La = = 0 001215 La valeur calculée est 0.(101i25I , soit un écart de 3 "/o environ de la valeur trouvée; ce qui est moindre que les erreurs d'expérience. Xi/lol el alcool. Temps. X ka. [Il — .r)t 498 -loi 0 001418 29.5 X498 1555 52.7 17.5 X 1553 0.001596 1458 55.2 0 001570 1G.8 X 1458 0.004184 ;ca = 0.001594 La valeur calculée est 0.001067, soit 53 "/o d'écart environ. ( 420 ) Xylol el chlorbenzol. Temps. 317 1412 (a- x)t 5.6 44.4 X 317 0.0003978 1 G.4 0 000'^4H9 33.6 X 1412 0.0007430 ka = 0.0003715 La valeur calculée est 0.000478; elle est notablement plus grande que la valeur trouvée: 12 % environ. lodure d'éthyle el triéthylamine dans 10 centimètres cubes de benzol à 66°. Temps. (a — X) t ka. ■=^90 185 0 00188 5I.5X5:iO 545 24.7 0 00179 25.3 X 545 1505 36.7 0 00185 15.3 X 1505 0.00550 /fa = 0.00183 ( «< ) Mêmes substances dans l'acétone. Temiis. '• ku. (a —x)t 58.5 IGO 0.020y H.5X 160 41.6 252 0.0215 8.4 X 252 0.0422 /fa = 0.0211 Mêmes substances dans le mêla7ige acétone et benzol. X Temps. ka. {a — x)c 54 465 0.0124 {a-x)i 54 16 X «65 4i 405 0.0112 9 X 405 ____ 0.0236 ku =0.0118 La valeur calculée eslO.OMi; elle s'écarte de la valeur trouvée d'une quantité moindre que les erreurs d'expé- rience. En général, sauf pour les milieux à base d'alcool, le bromure de tétracthylammonium qui se forme, se dépose O'""" SÉRIE, TOMK XXXVl. 20 ( m ) à l'élat de cristaux ; dans l'alcool, ce produit est dissous. Or uous avons remarqué que dans ces milieux la con- stante ka va en croissant ; cela s'explique si l'on admet que la substance produite exerce une action accélératrice sur la vitesse de la réaction. Nous nous sommes assurés de la réalité de ce t'ait et nous y reviendrons dans un autre travail. Cette action accélératrice n'est pas très notable; c'est pourquoi on obtient une valeur satisfaisante pour la constante ka, si l'on a soin de titrer les tubes après un temps assez court, c'est-à-dire avant qu'une grande quantité de (C2H5)4N n'ait été produite. Atin de mieux nous rendre compte des résultats obte- nus, formons le tableau suivant : SUBSTANCES. Benzol Acétone .... Ghlorbenzol . . . Alcool benzylique. Alcool mélhylique. Alcool éthylique . Alcool propylique . Xylol Alcool éthylique+^o/o H Acétone + 10»/o U4O. . Valeur du coefficient ka pour N (CjHsU 15 à 66». Chiffres calculés d'après ceux de Menschutkin pour le coefficient An de NlC^Hslilà-lOO». 0.000^2-20 0.002400 0.0008i;-i 0.008294 0.002501) 0.001970 0.001020 0.000103 0.002300 0.005S20 0.01314 O.i36oo 0.03197 0.2992O 0.41610 0.08233 O.0064C Rapports. o7 6 06.9 62.1 36 46.3 41.6 62.5 ( 423 ; Si l'on jette un coup d'œil sur le rapport des vitesses de N(C2H5)iB2 et N(G.2H.-;)4l dans différents milieux, on voit que le parallélisme est très grand; on peut même le considérer comme absolu pour plusieurs milieux : ainsi, par exemple, pour le benzol, l'acétone, le chlorbenzol et le xylol ; il est à remarquer que c'est précisément pour les alcools que l'on trouve une différence un peu notable. Influence de la température. Un accroissement de la température semble augmenter dans les mêmes proportions la vitesse de la réaction, comme le montre le tableau suivant : Pour (NCoH5)4Br. à 30". lîappoits. i\ %". Rapports. à 100". Benzol. . . 0.000 100 2.28 0.000228 8.48 0.00175 Acétone . . 0.01013 2.57 0.002400 8.98 0.00215 Pour N{C^U^^Ul. à 66». Rapports. ;'. lUO». Benzol. . . . 0.00185 7.17 0.0151; Acétone . . . 0.02110 0.48 0.15655 ( 424 ) Valeur de ka pour les mélanges. COMPOSITION (les M ÉI- ANGES. trouvée. calculée. Benzol et acétone .... Benzol et chlorbenzol. . . Benzol et alcool benzylique. Benzol et alcool méihylique Benzol et alcool éthylique . Benzol et alcool proiiylique. Alcool méthylique et acétone Alcool étliylique et acétone. Alcool propylique et acétone Alcool benzyliaue el acétone Xylol et alcool éthylique. . Xylol et acétone Xylol et chlorbenzol . . . Xylol et benzol Alcool méthylique et éthylique Acool méthylique et propylique Alcool éthylique -h "l "/o lUO ■+- ben Alcool éthylique + S'/o HaO . . 0.00'184 0.000467 o.oo;^53 0.00249 0.00479 0.00167 0.00305 0.00298 0.00270 0.00668 0.00439 0.00124 0.00372 0.000143 0.00229 0.00206 0.00492 0.C0131 0.0J0S3O 0.00462 0.00136 0.00109 0.00092 0.00243 0.00248 0.00201 0.00334 0.00106 0.00123 0.00424 0 000165 0.00223 0.00206 0 00126 — 42 — 17 -+- 61 -t- 70 -h 81 -+- 24 -+- 36 -4- 35 -+- 26 + 33 — 3 — 44 — 42 Il semble qu'il y a certaines lois qui régissent l'action ( 423 ) des mélanges. On peut les formuler de la manière sui- vante : I. Pour beaucoup de mélanges, l'écart entre la valeur trouvée et la valeur calculée ne dépasse pas de beaucoup Cordrede grandeur des erreurs d'expérience; les valeurs sont tantôt supérieures, tantôt inférieures aux chiffres obtenus par le calcul. II. Lorsque des corps d'une même famille sont mélangés avec un même corps, l'ordre de grandeur de ("écart entre la valeur calculée et la valeur trouvée est le même et varie régulièrement avec le poids moléculaire. Ainsi nous voyons, pour les mélanges du benzol avec les différents alcools, des écarts de 61, 70 et 81 "/o. m. Pour les mélanges de deux corps de la même famille, l'écart entre les valeurs trouvées et calculées est moindre que les erreurs d'expérience. Tel est le cas pour les mélanges de l'alcool mélhylique avec l'alcool éthylique et propylique. IV. Pour deux corps de familles différentes, l'écart entre la valeur trouvée et calculée peut être moindre que les erreurs d'expérience. Exemple : le mélange d'acétone et de xylol, où l'écart n'est que de 3 %. On remarquera aussi dans le tableau précédent que pour tous les mélanges où il y a un assez grand écart entre la valeur calculée et la valeur trouvée, l'un des com- posants contient le groupe hydroxyle. ( 426 ) Mélange de trois substances. A Icuol éthylique, xylol et acétone à 66" Temps. T. *"• ' {a — x)t 26.3 520 0.002154 25.7 X 520 37 4 U12 0.002102 12.6 X 1412 0.004256 A-a = 0.0021 18 La valeur calculée théoriquement est 0.0015(5-5, soit un écart de 55 "/o. La valeur calculée d'après les chiffres ohtenus pour les mélanges binaires est 0.00161, soit un écart de 5i "/o- On peut considérer le mélange des trois substances comme composé de : \ 2 - alcool, - xylol et acclonc. 3 5 1 2 - xvlol. - alcool el acelone. 5 ' 5 i 2 - acétone. - alcool el xylol. 5 5 La valeur calculée théoriquement est celle que l'on obtient en prenant pour les mélanges binaires xylol el acétone, etc., les nombres calculés. ( 427 ) On peut aussi prendre pour la constante de ces mélanges binaires les chiffres obtenus précédemment par les expériences et prendre alors pour la constante cal- culée la moyenne des chiffres obtenus en introduisant ces valeurs d'ans les trois combinaisons : - alcool -♦- - xylol et acétone. 3 5 ^ 2 , , - xvlol H alcool et acétone. 3 ' 3 I i2 - acétone -♦- - alcool et xylol. 3 3 ^ C'est ainsi que l'on a obtenu 0.00161. Alcool, acétone et benzol. Temps. Art. '^ {« — X) t 2G2 0.00242 30.6 X 202 20.6 289 0.00242 29.4 X 289 39 \ 1880 '- 0.00265 tO.9 X 1880 0.00749 ka = 0.00249 La valeur calculée théoriquement est 0.00155; l'écart, de 62 °/o. ( 4-28 ) La valeur calculée d'après les mélanges binaires est 0.00180; l'écart, de 58 °/o. Xylol, benzol, acétone. X ' (a — X) t 11.5 290 r^^ r^rr 0.001006 0.001025 32.5 X K25 0.002051 ^'a = 0.001015 La valeur calculée théoriquement est 0.000900; l'écart, de 12 "/o. La valeur calculée d'après les mélanges est 0.000950 ; l'écart, de 8 "jo. Xylol, chlorbenzol et ben. zol. X ka [a — x)t 415 6.(> 0.000506 43 4 X 415 1335 14.9 0.000518 35.1 X 1535 1425 15 35 X 1 425 0.000297 0.000981 ka '. = 0.000527 ( 429 ) La valeur calculée théoriquement est 0.000385; l'écart, (le 84 »/o. La valeur calculée d'après les mélanges est O.OOOôtJ ; l'écart, de 9 °/o. Le tableau suivant nous permet de nous rendre compte de l'allure générale des phénomènes. Les chiflVes qui se trouvent dans la colonne intitulée composition des mé- langes, indiquent avec leurs signes l'écart entre la valeur trouvée et la valeur calculée pour les dilïérents mélanges binaires. COMPOSITION des MÉLANGES. 5 p Valeur calculée d'après les mélanges. if S U 3 ■- .H" O) o ^5 ça •M + 33 2H 249 101 309 161 180 93 336 + 31 + 38 + 8 — 9 156 153 90 385 + 35 + 62 + 12 -24 Alcool -+- 36 acétone — 3 xylol. + 70 Alcool + 36 acétone + 17 benzol. Xylol — 3 acétone + 17 benzol. -42 Xylol —Il chlorbenzol— 12 benzol. On remarquera que la valeur calculée théoriquement s'écarte toujours plus de la valeur trouvée que la valeur calculée d'après les chiffres obtenus pour les mélanges ( 430 ) binaires; ceci montre qu'on peut considérer les mélanges ternaires comme nous l'avons fait, c'est-à-dire composés de mélanges tels que I 2 -alcool -I — (acétone -4- xylol) etc. 5 5 On peut, au moyen des chiftres obtenus pour l'écart pour cent des mélanges binaires, calculer approximati- vement celui des mélanges ternaires : Écart Écart calculé trouvé. 2 - (55 -H 55 — 3) -♦-43 -+-35 5 ^(35 -4- 70 -t- 17) -+-81 -^ 62 3 2 - ( 3 — 12 4- 17) -H \ -H 12 3 ^ _ (_ Il _i2_i2) —26 —24 5 Il y a une assez grande ditlérence entre les écarts cal- culés et trouvés, mais le signe est toujours le même, ce qui démontre que chaque couple d'éléments exerce son influence. COMITÉ SECRET. La Classe s'occupe de la présentation de candidatures nouvelles pour les places vacantes. ( 431 ) CliAllilSi: DES LETTREHi. Séance du 7 novembre 1898. M. F. Vainder Haeghen, directeur. M. le chevalier Edm. Marghal, secrétaire perpétuel. Sont présents : y\M. A. Gkon, vice-directeur ; G. Rolin- Jaequemyns, S. Bormans, Ch. Piot, Ch. Potvin, J. Ste- cher, T.-J. Lamy, Ch. Loomans, G. Tiberghien, L. Van- derkindere, le comte Gohlet d'Alviella, P. Fredericq, G. Kurth, Ch. Mesdach de ter Kiele, H. Denis, le che- valier Ed. Descamps, G.Monchamp, P.Thomas, Ern. Dis- cailles, membres; J.-C. Vollgraff, associé; V. Brants, Ch. De Smedt, Jules l.eclercq, M. Wilmotle, Ern. Gos- sart et Polydore De Paepe, correspondants. M. le Directeur adresse les félicitations de la Classe à M. Rolin-Jaequemyns au sujet de sa présence dans l'as- semblée. CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction pu- blique fait savoir que le XII" Congrès international des orientalistes se tiendra à Rome en 1899. ( 452 ) — M. Gossart présente (avec une note qui ligure ci-après), au nom de la famille Banning, quinze volumes et brochures publiés par M. Emile Banning, sous le voile de l'anonyme, et destinés à la bibliothèque de l'Acadé- III ie. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : 1" Remarques critiques sur les œuvres philosophiques d'Apulée; par P. Thomas; 2° Les élections du Reichstay; pai- Antonin Lefèvre- Pontalis, associé ; 5" Du serment. Discours de rentrée à ht Cour d'appel de Liège; par A. Faider ; 4" Le Conseil de Brabanl. Histoire. Organisation. Pro- cédure, tome T'; par Arthur Gaillard (présenté par M. Marchai, avec une note qui figure ci-a|)rès) ; 5° Compte rendu sommaire des travaux archéologiques exécutés du 3 novembre 1897 au I"' juin 1898, en Perse; par J. de Morgan; ()° Bibliotheca hagiographica latina, tasc. l; par la So- ciété des Bollandistes (présenté par M. Ch. De Smedl, avec une note qui figure ci-après). — Remerciements. NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. M. Emile Banning avait, peu avant sa mort, préparé, pour être offerts à la bibliothèque de l'Académie, des exemplaires de quinze volumes et brochures, qui consti- tuent en partie son œuvre imprimée et que j'ai l'honneur de déposer en son nom sur le bureau. ( 455 ) De ces quinze publications, une est signée : Charles Donald, pseudonyme sous lequel Théodore Weustenraad. l'oncle de notre regretté confrère, correspondant de la Classe des lettres, a fait paraître, en 1831, ses Chants de réveil. Emile Banning est auteur de beaucoup d'écrits ano- nymes. Parmi les ouvrages qui ne portent pas son nom, je signalerai notamment : La Belgique et le Vatican, exposé historique de leurs rapports (Bruxelles, 1880). C'est un extrait des trois volumes publiés sous le même titre en 1880-1881. On a quelquefois attribué La Belgique et le Vatican à M. Frère-Orban. M. Frère lui-même, parlant (le cet ouvrage, a dit, dans la séance de la Chambre des Représentants du 8 août 1884 : « mon exposé » ; il faut entendre le mot en ce sens que le Ministre entendait réclamer la responsabilité d'un ouvrage dont l'impression avait été ordonnée par lui. La situation qu'il occupait dans l'administration supé- rieure et surtout des motifs de convenance personnelle, paraissaient à M. Banning lui faire un devoir de ne pas revendiquer, de son vivant, cette publication comme sienne. Nous pouvons dire aujourd'hui qu'elle est de lui et qu'elle est digne de ce que nous connaissons de son grand talent d'historien et de publiciste. Il en est de même des suivantes, qui ne figurent pas davantage dans le recueil des Notices biographiques et bibliographiques des membres de l'Académie : Vépiscopat et l'instruction publique en Belgique de I8ô0 à 1879 (Bruxelles, 1879); La morale dans l'enseignement primaire (Bruxelles, 1879); La Conférence de Bruxelles et les Pays-Bas (Bruxelles, 1890). ( 454 ) Notre éminent confrère de la Classe des sciences, M. le général Briahnont, appréciera ces écrits dans la notice qu'il prépare sur Emile Banning : je dois donc me borner à n'en citer ici que les litres. Ern. Gossart. Le Conseil de Brabant {Hisloire, — Organisation, — Procédure), tel est le titre d'un important ouvrage que publie M. Arthur Gaillard, et dont il ofïïe à l'Académie le tome P', consacré à YHisloire. Le Conseil souverain de Brabant, qui eut l'administra- tion supérieure de la justice dans les provinces de Brabant et de Limbourg jusqu'à sa suppression par la loi du G frimaire an IV (27 novembre 1795), avait déjà fait l'objet d'une communication de Gachard, parue dans les Mémoires de l'Académie {\). L'entreprise de M. Gaillard vient continuer la série des ouvrages concernant l'admi- nistration civile et judiciaire des anciens Pays-Bas, au nombre desquels nous citerons ceux de A. Pinchart (2), A. Vandenpeereboom (5), P. Alexandre (4), P. Alexandre (i; Sur la composition et les attributions des anciens États de Brabant (Mém. in-4o de l'Acad. uoy. de Belgique, t. XVI). (2) Histoire du Conseil souverain du Hainaul (Mém. in-8° de i,'Acad. ROY. DE Belgique, t. VII), (3) Le Conseil de Flandre à Ypres. (4) Histoire du Conseil privé aux Pays-Bas (Mém. in-8» de l'Acad., t. LU). ( 435 ) cl Tierenteyn (1), et surtout les remarquables travaux d'Edmond Poullet (2). Tout ce que je puis citer, à cette place, du livre de M. Gaillard, c'est que, contrairement à l'opinion du Con- seil de Brabant lui-même, lequel appuyait son origine sur la charte de Cortenberg de 1512, l'auteur en fait remonter l'institution aux ducs de Brabant de la Maison de Bourgogne; or l'avènement du premier de ces princes, Antoine, fils de Philippe le Hardi et de Marguerite de Flandre, n'eut lieu qu'en 4404. Les historiens et les juristes liront avec intérêt cette première partie de l'œuvre entreprise par M. Arthur Gaillard et que, nous l'espérons, il saura mener à bonne fin, grâce à la situation qu'il occupe aux Archives du Royaume et à ses connaissances en matière de droit et d'administration. La seule observation que je me permette de faire, c'est que l'auteur ne parle guère des anciens auteurs qui se sont occupés du Conseil souverain de Brabant, entre autres P. Stockmans, J.-Ch. Verloo, Ph. Wielant et surtout le comte Godwin Wynants, qui a rendu par ses conseils et son érudition de si grands services à Charles VI et dont l'ouvrage, imprimé à Bruxelles en 1744, porte le titre : De supremae Ciiriae Brabantiae deci- siones recentiores. Chev. Edm. Marchal. (1) Swr les officiers fiscaux des anciens Paijs-Bas (Mém. in-8" de l'Acad., t. XLV). (2) Histoire du droit pénal dans l'ancien duché de Brabant jusqu'à et depuis Charles-Quint (Mém. cour, et des sav. étrang., in-4o, de i/AcAD. ROY. DE BELGIQUE, t. XXXIII et XXXV). — Histoirc du droit criminel dans l'a7icienne principauté de Liège (Ibidem, t. XXXVIII). ( 456 ) J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, au nom de la Société des BoUandistes, la première livraison de la Bibliotheca hagiographica latina antiquae et mediae aetatis. Cette publication contiendra le relevé, par ordre alpha- bétique, des noms des saints, de tous les écrits relatifs à leur vie, à leurs miracles, aux translations de leurs corps, etc., rédigés en latin avant le XVI« siècle, avec l'indica- tion de tous les ouvrages et recueils oîi on les trouve imprimés. En règle générale, nous n'avons pas mention- né les documents encore inédits. Pour chacune des pièces, nous avons marqué Vincipit, — et aussi ceux des prologues et des lettres dédicatoires, lorsqu'il y a lieu, — le desinit et toutes les indications qui peuvent la faire reconnaître facilement, ainsi (|ue les particularités notables des diverses éditions. L'ouvrage entier comptera plus de douze cents pages. Il rendra certainement de grands services aux érudits qui sont amenés à étudier des questions relatives à l'hagiogra- phie où à l'histoire de la littérature ecclésiastique, et leur épargnera bien de pénibles recherches. Un autre grand avantage de ce nouvel instrument de travail, c'est que, grâce à lui, il sera extrêmement aisé désormais de con- stater si un document hagiographique latin, rencontré dans un manuscrit, est déjà publié. FI a fallu un travail collectif et assidu de plusieurs années pour rassembler les éléments de ce recueil. Pour plus de sûreté, nous avons voulu voir de nos yeux, autant que possible, les livres que nous y avons cités ; plusieurs voyages, en France, en Allemagne, en Angle- terre et en Italie, ont été entrepris dans cette vue, et ( /P37 ) certes nous ne regrettons pas notre temps et notre peine. Nous osons croire aussi que les savants ne nous repro- cheront pas d'avoir, pour le mener à bonne fin, retardé un peu l'impression du troisième volume âesAcla sancto- rum de novembre. Il abrégera du reste considérablement le travail de la préparation des volumes suivants. Ch. De Smedt. RÉSULTATS DU CONCOURS ANNUEL POUR i899. Quatre manuscrits ont été reçus. Le premier porte pour devise : Droit oblige (Francis Lieber) et répond à la troisième question : Déterminer, d'après la doctrine et les traités, le régime en temps de paix et en temps de guerre, de l'État neutre à titre permanent. Les conséquences de la violation du territoire neutre seront l'objet d'une attention particulière. Les con- currents appuieront leurs déductions d'exemples empruntés à l'histoire des États neutres et étudieront également les antécédents de la neutralité belge. Commissaires : MM. Descamps, Prins et De Paepe. 3'"* SÉRIE, TOME XXX VI. 30 ( «8) Le deuxième a pour devise : Mr.ôev ayav et répond à la sixième question : Faire, d'après les sources, l'histoire et la description du sanctuaire d'Escidape, à Epidaure, en insistant spéciale- ment sur le théâtre de PoUjcléte. Commissaires : MM. Alph. Willems, Goblet d'Alviella et Vanderkindere. Les troisième et quatrième travaux portent comme devises : Quid dcceat, quid non (Horace, Art poétique) et Lucent in lenebris; ils répondent à la huitième question : Exposer les théories de la colonisation au XIX^ siècle et étudier le rôle de l'État dans le développement des colonies. Commissaires : MM. Denis, Descamps et Brants. Prix Teirlincr. Aucun mémoire n'est parvenu en réponse à la question posée pour la quatrième période du concours : Histoire de la prose néerlandaise avant l'influence bourguignonne. Une note intitulée : Nomina geographica belgica, par M. P. Tack, professeur à l'Athénée royal de Huy, est renvoyée à l'examen de MM. Kurlh, Fredericq et Vuylsteke. ( 439 ) COMMUNICATION ET LECTURE. Un curieux problème de transmission symbolique. — Les roues lilurfjiqitcs de l'ancienne Egypte ; par le comte Goblet d'Alviella, membre de l'Académie. On donne en Belgique et en France le nom de « roues de fortune » à des roues qu'on fait tourner pour consulter le sort; pour obtenir un résultat magique; pour honorer un personnage surhumain; pour démontrer, par une image facile h saisir, l'instabilité des choses humaines; pour in)primer plus de solennité à certaines fêtes mi-pro- fanes, mi-religieuses. Nous connaissons tous les roues de fortune qui jouent un rôle dans nos cavalcades, nos pro- cessions, nos plantations d'arbres de mai, nos cortèges de géants, etc. Plusieurs églises de la Basse-Bretagne renferment encore des roues accrochées à la voûte on suspendues aux piliers; les fidèles les font tourner à la main ou au moyen d'une corde, en payant chaque fois deux sous pour un saint dont l'image est placée à côté et qui porte le nom de saint à la roue : Santic ar rod ou Sant- he-rod. Parfois, c'est un véritable oracle que les jeunes Bretonnes consultent pour savoir si elles se marieront dans l'année, les gens mariés pour s'assurer s'ils seront heureux ou malheureux dans certaines entreprises. Ailleurs, on espère ainsi obtenir du saint la délivrance ( 4iO ) d'une maladie, la fécondilé du bétail, etc. Il s'agit évi- demment là, comme le lait observer M. Gaidoz, de pra- tiques, étrangères et antérieures au christianisme, dont la signification originaire s'est perdue (1). Des roues de for- tune se montrent, du reste, parmi les représentations figurées des verrières et des bas-reliefs, "dans certaines églises gothiques. Fie. •!. Roue liturgique du Japon (2). Le même usage se rencontre au Japon. On y trouve, à l'entrée des sanctuaires bouddhiques, encastrées dans (1) H. Gaidoz, Le dieu gaulois du soleil et le symbolisme de la roue. Paris, -1886, pp. 38-39. (2) D'après un exemplaire du musée de Brighton, re|)roduit par M. Wiliam Simpson dans son ouvrage Tlie Buddldst Praying-Wheel. Londres, 1896, p. 416. ( i^il ) les piliers de bois, des roues en bronze que les fidèles font tourner à la main. De même que les roues bretonnes sont parfois munies de clochettes, les roues japonaises portent des anneaux de métal qui, glissant le long des rayons, produisent un son argentin. Au Tibet, ces roues sont remplacées par des cylindres, les célèbres « moulins à prières » du lamaïsme. II n'est pas dilïicile de reconstituer la genèse des roues liturgiques du Japon. C'est un instrument d'origine indienne, la représentation de la « Roue de la Loi «, que le Bouddha mit en mouvement pour le salut du genre humain ; elle-même a son antécédent, comme l'a péremptoirement démontré M. W. Simpson, dans les roues magiques que les brahmanes fiiisaient tourner pour dominer le cours des forces naturelles et, en particulier, du soleil (1). En réalité, nous avons là une combinaison d'un symbole et d'un rite. Le symbole, c'est la représen- tation du soleil par une roue ou un disque. Le rite, c'est la circumambulation où l'on imite le mouvement appa- rent de l'astre. Comme ce rite et ce symbole ont été retrouvés, hors de l'Inde, parmi les principales branches de la famille indo-européenne, — notamment chez les populations celtiques de l'Europe occidentale (2), — on peut se (t) TheBiiddhist Praijing-Whed. Londres, 1896, cliap. IV. (2) Cf. A. Bertrand, La religion des Gaulois. Paris, 1897, p. i8t. « La rouelle a joué un rôle particulièrement important en Gaule. A titre d'amulette, nous la trouvons répandue en abondance dans nombre d'enceintes gauloises préromaines, centres de cérémonies religieuses... On en faisait un commerce analogue au commerce des médailles et autres souvenirs pieux, vendus en Bretagne les jours de pardon à la porte de nos églises. » ( 442 ) demander si les roues liturgiques de la Bretagne et en général nos roues de fortune se rattachent aux vieux usages indo-européens, qui n'ont jamais complètement disparu de notre sol, ou bien s'il faut y voir une impor- tation tardive, qui serait venue se greffer sur un symbo- lisme préexistant. Le paganisme classique a connu à la fois la circum- ambulation et la roue magique (1). Il y avait, tout d'abord, la roue de la déesse Fortuna qui a passé dans notre symbolisme artistique. M. Gaidoz la tient pour l'antécé- dent direct de nos roues de fortune, mais il soupçonne en même temps qu'elle pourrait bien se rattacher au symbo- lisme solaire de la Grèce ou de l'Asie Mineure (2). Chez les Grecs, il y avait, d'abord, les disques qu'on utilisait dans les mystères : les xwvot. ou poix'jOL. — Un scholiasle de Clément d'Alexandrie les définit comme un morceau de bois, attaché à une cordelette, qu'on faisait tourner dans les mystères pour produire une sorte de ronflement (5). D'après M. Andrew Lang, ce serait le bruyant jouet que nos enfants qualifient de grenouille, en anglais biill-roarer . M. Lang l'a rapproché du turndum — employé de la même façon dans les initiations reli- gieuses des Australiens — ainsi que de certains engins (1) Cf. mon article sur les Moulins à prières dans la Revue dk L'IJNivEUsrrÉ DE Bruxelles, livraison de juin 1897. (2) H. Gaidoz, op. cit., pp. 57 et suiv. (3) Kôivot; ^uXiptov ou IcJ^tz-zoli to aTrapxtov xal Èv xalç TsXsTaT; ÈSovâxo iva poi^T). ( 443 ) utilisés pour un objet analogue dans la Nouvelle-Zélande, le Nouveau-Mexique et l'Afrique méridionale (i). D'autres commentateurs estiment que les termes du scholiaste s'appliquent plutôt à un véritable u sabot » , sorte de toupie ronflante qui reste attacbée à sa corde. — Quoi qu'il en soit, je me suis demandé s'il ne fallait pas voir la représentation d'un instrument apparenté à l'engin dont parle M. A. Lang, sur un vase peint reproduit par Millingen : dans une scène figurant l'enlèvement de Per- séphone, Eros, qui vole au-dessus du cbar de Hadès, agite une corde à laquelle est attachée une rouelle. FiG. 2. (Millingen, Painted Greek Vases, pi. XVI.) (2). Rentrant sans doute dans la même famille d'instru- ments magiques, non moins que dans celle des roues à invocations et même des moulins à prières, on peut éga- lement mentionner le cercle que, sur un semnus apulien, (1) Tlie Bull-roarer, dans Custom and Myth. Londres, 1884, pp. 29 el puiv. (2) Cf. un autre exemple, moins caraclérisé, dans Lenormant et de WiTTE, Élite des monuments céramotjrapldques de la Grèce, t. 11,^ pi. XXIII A. ( 444 ) Proserpine fait tourner autour d'un bâton ou d'une corde tendue. Fie. ;i. (Stackk.lberg, Graeber dcr Hellcneii, pi. XLIIIJ Aux roues magiques était parfois attaché un oiseau, riying. L"'I'jyi, qui porte en français le nom significatif de torcol (Yunx lorquilla), à raison de la facilité avec laquelle il fait pivoter sa tète, passait pour exercer une intluence aphrodisiaque (1). Afin d'accroître cette influence, nous apprend le scholiaste de Pindare, on liait l'oiseau — ou sa représentation — sur une roue qu'on faisait ensuite tourner (2). Ces roues elles-mêmes s'appe- laient des lyinges, "I-jvveç. — Philostrale rapporte que, à Babylone, des ïyinges en or pendaient du plafond dans la salle d'apparat où les rois de Perse rendaient la justice. Pour peu que l'oiseau, les ailes épandues, dépassât la circonférence, on ne peut s'empêcher de songer ici aux disques ornithomorplics que les Perses avaient jadis hérités des Assyro-Babyloniens. Mais Philostrate ajoute (1) D'Arcy W. Thompson, A Glossary <>f Greek Birds, 1 vol. Oxford, 1895, p. 71. (2) Schol. ad Pindar., Pyth. 4. ( 44-5 ) que ces lyinges, installés par les Mages en vue de refré- ner la présomption des rois, passaient pour parler « la langue des dieux (1) » ; ce qui semble indiquer qu'ils émettaient un bruit de nature particulière. Je signale ce passage à l'attention de M. Andrew Lang qui a relevé, chez les sauvages, différents cas où le ronflement du turndum est pris pour la voix d'êtres surbumains (2). Les Grecs avaient également des roues ou des rouelles, xuxXo!., en général à quatre rais, qu'ils suspendaient dans certains temples, comme on le voit par les représenta- tions figurées des vases peints ; ces représentations sont le plus souvent en rapport avec les cultes d'Apollon, d'Atbêna, d'Hadès. Notre regretté confrère, le baron de Witte, qui les énumère dans sa Description de la collection d'antiquités^ de M. Beur/not (ô), ajoute qu' « aucun écrivain de l'antiquité n'a parlé de l'usage de suspendre des roues dans les temples et les palais ». Cependant il existe un passage de Clément d'Alexandrie signalant, d'après le grammairien Denys de ïbrace, qui écrivait au dernier siècle avant notre ère, « la roue qu'on tourne dans les temples des dieux et qui est tirée de l'Egypte (4} ». Ainsi, non seulement les Grecs auraient fait tourner des roues dans leurs temples, mais encore ils auraient emprunté cet usage à l'antique Egypte. Le savant égyp- (1) KaXXoûjt ô'ahzaç Bsùiv yXojxxac. Vie d' Apollonius de Tyane, liv. I, chap. XXV. (2) Custom and Mylh, pp. 33-36. (3) Paris, 1840, p. 25. (4) Stromalmn, lib. V., dans Opéra Clementis Alexanduini. Pari.s, 1629, p. S68. ( U6 ) tologue, M. Flinders Pétrie, dans une communicalion qu'il a récemment adressée à M. W. Simpson et que celui-ci résume dans la dernière livraison du Journal of f/ie Roijal Asialic Society (octobre 1898), vient d'appuyer cette conclusion de deux textes empruntés aux œuvres de Héron, un mathématicien grec qui vécut sous Plolé- mée Philadclphe et Ptolémée Evergète, vers le milieu du III*' siècle avant notre ère. Le premier passage est ainsi conçu : « Sous les por- tiques des temples égyptiens sont placées des roues mobiles en bronze, qu'on fait tourner en entrant, dans la pensée que le bronze purifie. » {Prop. 51.) Le second texte décrit la construction d'une roue mobile « en bronze, appelée un purilicateur, que les fidèles ont l'habitude de faire tourner en entrant ». [Prop. 69.] (1). De ces textes je déduirai les conclusions suivantes : 1° Les Egyptiens et les Grecs ont connu l'usage — encore pratiqué aujourd'hui dans certains sanctuaires chrétiens et bouddhiques — de placer à l'intérieur des temples une roue que les fidèles font tourner. 2° Cet usage a été emprunté par les Grecs aux Égyp- tiens, qui n'en comprenaient plus le sens originaire. A l'époque romaine, quand, par application d'une idée facile à reconstituer, on eut rangé la roue parmi les attri- buts de Tyché-Fortuna, elle-même parfois assimilée à (1) Dans cette seconde proposition, il est question d'un aiipnivil qui imiterait le cri d'un oiseau, quand la l'oue est mise en mouvement. Celle-ci rentrerait donc plutôt dans la catégorie des vjyyt<;. Voy. Vetertim Mctiheiiiaticonuit Opéra, Paris, 1643, p. 2'20. — Cf. Lobeck. A(jlaopka)ints. Kœnigsbei-ii, 1829, t. II, pp. 905-908. ( 4.47 ) Isis, on ne vit plus dans les roues égyptiennes, au témoi- gnage (le Plutarque, qu'un symbole de l'instabilité des choses humaines (1). 5" Si, en Grèce, il ne représente pas une survivance des usages communs aux races indo-européennes, mais le rés»dtat d'une importation étrangère, on peut supposer à plus forte raison (ju'en Gaule et en Bretagne, il a pénétré avec les éléments gréco-latins introduits j)ar le paganisme classique et, plus lard, par le christianisme parmi les populations d'origine celtique (2). L'emploi antérieur de la rouelle et de la circumamhu- lation comme instruments magiques n'aura fait que favo- riser l'adoption d'un rite aussi étroitement conforme aux tendances du symbolisme local. Il est à noter que l'emploi liturgique de roues mobiles a été également signalé dans le midi de la ?>ance, notamment dans les Pyrénées (5), c'est-à-dire précisé- ment dans la région où l'on a découvert les principaux autels gallo-romains portant l'image gravée d'une roue. (1) Plularque, dans sa Vie de Nnina, fait une allusion aux « roues égyptiennes qui nous rappellent l'instabilité des choses humaines et nous enseignent à nous contenter des vicissitudes que nous envoie la Divinité >'. Nuinn, XIV. (2) Telle semble être l'opinion de M. Gaidoz, qui, après avoir cité, d'après M. de Witte, les exemples de roues placées dans les repré- sentations de temples, ajoute que « si nous avons bien là des roues suspendues et non des images du soleil dues à un art naïf et à une convention traditionnelle, ces exemples appartiendraient à la caté- gorie des roues de fortune et seraient le prototype des roues suspen- dues dans nos églises ». Le dieu gaulois du saleil, p. 46. (3) H. Gaidoz, op. c/7., p. iW. ( 448 ) Reste à examiner comment ce rite s'est introduit dans l'Egypte antique. Les Égyptiens, comme en témoigne leur écriture hié- roglypliiqne, ont fait du cercle un symbole du soleil. Toutefois, chez eux, cette image s'est développée, non dans le sens de la roue, comme parmi les Indo-Européens, mais sous la forme ornithomorphe que présente le globe ailé. Jusqu'ici on n'a trouvé, dans les textes ou les monuments figurés, antérieurs aux Ptolémées, aucune trace de roues suspendues dans les temples ou utilisées par le culte. D'un autre côté, il ne faut pas perdre de vue qu'à l'époque où apparaît l'usage décrit par Héron, l'Egypte, soumise à une dynastie d'origine hellénique, commençait à se départir de son antique isolement pour s'ouvrir aux idées, aux symboles et aux rites de l'étranger. Il est, du reste, probable que les temples dont Héron nous décrit le mobilier appartenaient, non aux vieux cultes égyptiens, mais à la religion alexandrine, cette foi composite dont les dieux, déjà habillés à la grecque, les Sera pis, les Harpocrale, les Isis même, allaient bientôt pénétrer en Occident (1). Le rite en question n'a pu venir de la Grèce, puisque, au contraire, d'après les auteurs classiques, c'est à l'Egypte que les Grecs en sont redevables, et ainsi nous sommes naturellement amenés à nous tourner vers le seul pays où nous savons de source certaine qu'il était depuis long- (i) Cf. G. Lafaye, Histoire du culte des divinités d'Alexandrie hors de l'Egypte. Paris, 1884, pp. 15 et suiv. ■ ( 449 ) temps connu et pratiqué : l'Inde, qui, lors du troisième siècle avant notre ère, venait précisément d'entrer en contact avec le bassin de la Méditerranée, à la suite de l'invasion grecque et de l'expansion bouddhique. Dans sa lettre à M. W. Simpson, M. Flinders Pétrie apporte un fait nouveau qui n'est pas sans importance pour établir l'existence, en Egypte, d'un courant religieux parti de l'Inde. Il annonce avoir récemment découvert une tombe de l'âge ptolémaïque, où ne se montre aucune image de divinités égyptiennes, mais où figure un cercle à quatre rais m , surmonté d'un trident i^ . Ces deux images ont été de tout temps associées dans les cultes naturalistes de l'Inde. Le bouddhisme les super- posa l'une à l'autre, pour en faire un de ses symboles favoris, le iriçûla, qui peut se définir, dans sa forme la plus fréquente : un omicron radié, surmonté d'un oméga fleuri, mais qui se ramène partout au disque (ou à la roue) et au trident, comme éléments constitutifs. FiG. 4, Triçùlas bouddhiques (1). Aurait-on donc ici, comme le suggère M. Flinders Pétrie, le tombeau d'un de ces missionnaires bouddhistes que les Édits d'Açoka nous apprennent avoir été envoyés d'Egypte dans les États de Ptolémée Philadelphe? L'hy- pothèse n'a rien d'invraisemblable, bien qu'il convienne (1/ Voy. Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, S* sér., t. XVI, pp. 338-341, 1888. ( 450 ) KPEST.Statistisches Bureau. Publications, XX V-XX VIII, ( 479 ) 1898. Statistisches Jahrbuch der Stadt Budapest. 1894- Ï896. Ratisbonne. Naturwisseuschaftlicher Verein. Bericlite, Heft VI. 1896-1897. KixGEWvm. :\atiirhistonscliesLandes-Museum. Festschrift zum 50 jâlirigen Bestehen des Muséums. 1898. WiESBADEN. Aassauischer Verein fur Naturkunde. Jalir- gang51.l898. Halle. Verein fur Erdkunde. Mitteilungen. 1898. France. Henault (B.). Sur les organismes des cannels. Paris, 1898; 2 extr. in-8" (7 et 6 p.). Reiiaull {B.) et Boche {A.). Notice sur la constitution des ligniles et les organismes qu'ils renferment. Autun, 1898; extr. in-8" (39 p.). Lefèvre-Pontalis (Antoine). Les élections du Reichstag. Paris, 1898; in-8'> (27 p.). Serrure (/i.). Jetons rares ou inédits. Paris, 1898; extr. in-8^ (3 p.). Morgan [J. de). Compte rendu sommaire des travaux archéologiques exécutés du 3 novembre 1897 au l^'' juin 1898. Paris, 1898; pet. in-8« (90 p.). Pascmid [Henri). Les droits des femmes dans l'association conjugale. Paris, 1898; in-8° (60 p.). Grande-Bretagne et Colonies britanniques. Markham {Sir Cléments). Antarctic exploration : A plea fora national expédition. Londres, 18^8; in-8° (15 p., carte). Basliforlh {Francis). Replica di Krupp alla protesta del signor Bashforth. Cambridge, 1898; in-S" (39 p.). ( 480 ) Greenwich. Royal Observatory. Observations and results, 1895. Cape of Good Hope. Royal Observatory. Results of meri- dian observations of stars, made in the years 1892 to 189o. In-4''. — Annals, vol. IV. 1897; in-4°. Ottawa. Société royale du Canada. Mémoires, t. lil, 1897. Calcutta. Meteorological Department. Hainfall of India, 1896. In-4». Pays divers. Leyue. Physiologisch laboratorinni der Universiteil. Onder- zoekingen, 'i^^ reeks, III (Einthoven). San Fernando. Almanaque nautico para 1900. Stockholm. K. Svenska Vetenskaps-Akademien. llandlin- gar, Band XXX, 1897-1898 ; in-4". »oe»090< BULLETIN DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DES Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. 1898. — IN° i2. €I.ASI«ii: DKS iSClKIVrR». I Séance du 3 décembre 1898. M. Éd. Dupont, directeur. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. W. Sprlng, vice-directeur ; le baron Edm. de Selys Longchamps, G. Dewalque, Brialmont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, ¥. Folie, F. Plateau, Fr. Crépin, J. De Tilly, Ch. Van Bambeke, Alfr. Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, L. Henry, M. Mourlon, P. Mansion, P. De Heen, C. Le Paige, Ch. Lagrange, F. Terby, J. Deruyts, Léon Fredericq, J.-B. Masius, J. Neuberg, A. Lancaster, membres; Ch. de la Vallée Poussin, associé; A. -F. Benard, L. Errera et P. Fran- eotte, correspondants. O*"* SÉRIE, TOME XXXVI. 55 ( 482 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Inlérieur et de l'Instruction publique soumet à l'avis de la Classe deux requêtes par lesquelles MM. P. Francotte, correspondant de l'Académie et professeur à l'Université de Rruxelles, et Louis Quer- ton, lauréat de l'Académie royale de médecine, sollicitent de pouvoir occuper en 1899 la table belge du laboratoire de zoologie du D"" Dobrn, à Naples. — Renvoi à MM. Éd. Van Reneden et Ch. Van Ram- beke. — L'Académie impériale militaire de médecine de Saint-Pétersbourg prie l'Académie de bien vouloir s'as- socier aux solennités de son centenaire, qui aura lieu le 18 (50) décembre de cette année. Une lettre de félicitations sera adressée par M. le Secré- taire perpétuel à celte institution. — M. le Ministre de l'Intérieur envoie, pour la biblio- thèque de l'Académie, un exemplaire des ouvrages sui- vants : Annales delà Société scientifique de Briixelles^^i^ année, 1896-1897; Bulletin du Cercle des naturalistes de Uw/, 1898, n"' l-!2. — Remerciements. — M. le Ministre de l'Agriculture adresse un exemplaire des Diagrammes des variations du niveau de la mer à Oslende, en 1897. — Remerciements. (483 ) — Hommages d'ouvrages : 4° Contributions à l'histoire de la constitution de l'œuf : m. Recherches sur l'oocyte de Pholcus phalangioïdes Fuessl.; par Ch. Van Bambeke; 2" Sur les propriétés fondamentales des liquides; par G. Van der Mensbriigghe (présenté par l'auteur) ; 5" Travaux publiés à foccasion du Congrès national dlu/gicnc et de climatologie médicale de la Belgique et du Congo, tenu à Bruxelles du 9 au 1 4 août 4897, sous les auspices de la Société royale de médecine publique (pré- senté par M. Lancaster); 4° L'homme et le singe; par le marquis deNadaillac: associé de l'Académie ; 5" liec/urches de chimie et de phi/siologie appliquées à ragriculiure, tome III; par A. Pelermann (présenté par M. Malaise); 6" Annales du Musée du Congo, 12^ série : Zoologie, tome V', fasc. 1 ; par G. -A. Boulenger (présenté par l'État Indépendant du Congo) ; 1° Mémoire analytique sur la théorie de Laplace rela- tive au phénomène du flux et du reflux de la mer^ par Eueène Ferron. — Remerciements. Les notes bibliographiques lues par MM. Van der Mensbriiggbe, Lancaster et Malaise figurent ci-après. — Ti'avaux manuscrits renvoyés à l'examen : Sur la luminescence des gaz; par A. do Hemptinnc. — Commissaires : MM. De Heen et Van der Mensbrugghe: Sur la cause de l\iccélération séculaire du mouvement r/e/rt L?nif -parA. Jouveneau. — Coriimissaires : MM. Folie, Lagrange et Terby; Mémoire énonçant et démontrant un nouveau principe ( 484 ) de mécnniqne; par Eugène Ferroii. — Commissaires : MM. DeTillyet Mansion; Un nouveau détail de structure du protoplasme des cel- lules nerveuses (état spiréniateux du protoplasme) ; travail du laboratoire de neurologie de l'Université de Louvain ; par Ch. Nelis. — Commissaires : MM. Éd. Van Beneden et Van Bambeke. NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. J'ai l'honneur d'oftrir, à titre d'hommage à l'Académie, un exemplaire de ma note intitulée : Sur les propriétés fondamentales des liquides. Dans cette note, qui a tait l'objet d'une conférence donnée aux ingénieurs sortis des Ecoles spéciales de Gand, j'expose brièvement la suite des raisonnements au moyen desquels j'ai fait dériver de l'élasticité des liquides l'énergie potentielle des couches superficielles ainsi que leur évaporation incessante. Qu'il me soit permis de rapporter ici l'un des faits les plus curieux que je cite à l'appui de ma thèse : c'est une observation faite en 18G2 par mon ancien élève M. Jos. Saurel, major d'artillerie ; en voici l'exposé textuel par l'auteur: (c Je m'étais avisé de vouloir remonter en chaloupe le » courant que la levée des barrages occasionne au pont )) des Chaudronniers, à Gand. Cette levée se faisait le » samedi, mais alors la chute était trop forte, et je savais » par expérience qu'il fallait attendre au moins jusqu'au » lundi pour effectuer le passage ; c'est ce qui explique » que j'ai retenu le jour (un lundi) de ma petite aven- )) ture. ( 4.8o ) )> Mon embarcation avait de 6 à 7 mètres de longueur » sur i"\75 dans sa plus grande largeur; elle était bien )) taillée à l'avant et bien dépouillée à l'arrière. J'y étais » seul, et je manœuvrais à la godiMe (une seule rame à )) l'arrière agissant en queue de poisson). L'avant de la » cbaloupe s'élevait donc fortement et l'arrière plongeait. » A celte époque, les culées du pont des Chaudron- » niers étaient raccordées en amont par deux surfaces » courbes aux côtés du cours d'eau ; aujourd'hui ce » raccordement est obtenu par deux plans verticaux )) obliques. Les dimensions de l'ouverture sont restées à » peu près ce qu'elles étaient alors (8 mètres de lon- » gueur du pont et 9 de largeur). J'étais parvenu à faire » dépasser, par l'extrémité de ma chaloupe, de 1 mètre » environ l'entrée amont du pont, lorsque je m'aperçus » que le courant me laissait parfaitement immobile dans )) l'axe du pont. Je suis resté là près d'un quart d'heure, )) puis, après m'être fait dériver, j'ai répété l'expérience )) à plusieurs reprises. » Voilà un fait qui mérite assurément de fixer l'attention des ingénieurs. Il prouve, selon moi, que l'eau sous le pont est plus fortement comprimée que les couches de même profondeur en amont ou en aval. G. Van uer Mensbrugghe. J'ai l'honneur d'offrir à la Classe, au nom de la Société royale de médecine publique, un exemplaire des travaux publiés à l'occasion du Congrès national d'hygiène et de climatologie médicale de la Belgique et du Congo, qui s'est tenu à Bruxelles du 9 au 14 août 1897, sous les auspices de ladite Société. ( 486 ) Ces travaux comprennent : 1" Le compte rendu des séances du Congrès; 2° Le Rapport sur la climatologie belge; 5° Le Rapport sur la climatologie, la géologie et la situation sanitaire de l'État du Congo. Ils forment trois volumes comptant en tout 1200 pages grand in-8°. La partie la plus étendue (GoO pages) est celle qui a trait au Congo; elle est le fruit des études d'une Commission nommée dès octobre 1893 dans le sein de la Société, et qui, outre un certain nombre de documents imprimés, a eu à sa disposition une quantité considérable de docu- ments inédits, obtenus grâce à l'obligeance du Gouver- nement de l'État Indépendant, de la Compagnie du chemin de fer, des Directeurs des missions cbrétiennes, des chefs de poste, médecins et agents divers disséminés sur le vaste territoire de l'État. Le précieux concours de tous ces collaborateurs donne au volume consacré au Congo un intérêt particulier d'actualité et d'originalité. Le livre comprend les chapitres suivants : I. Le climat méléorique, par A. Lancasler et E. Meu- leman ; IL La constituliot du sol, par J. Cornet; m. Morbidité, mortalité, statistique, par les D" A. Bourguignon, G. Dryepondt et Ch. Firket; IV. Adaptation, acclimatement et hygiène, par les mêmes; V. Conditions physiques, climalologiqucs et hygiéniques des principales stations, missions, etc. Ce dernier chapitre, auquel ont collaboré les six mem- bres de la Commission, est le plus développé. Il consti- tue un véritable répertoire de données relatives à l'état physique et sanitaire du Congo. ( 487 ) J'ai l'honneur de joindre à ces divers ouvrages, en mon nom et au nom de M. E. Meuleman, vétérinaire au !«•■ régiment de guides, ancien commissaire du district du Staniey-Pool, un exemplaire du Rapport traitant exclusivement du climat. Ce rapport est accompagné de nombreux diagrammes météorologiques. A. Lancaster. Le tome III des Recherches de chimie et de physiologie appliquées à C agriculture {!), que j'ai l'honneur de pré- senter au nom de M. Petermann, fait suite aux deux volumes remis antérieurement à l'Académie. Il contient l'ensemble des travaux que M. Petermann et ses colla- borateurs de la Station agronomique de Gembloux ont exécutés en vue de rassembler des matériaux destinés à être utilisés pour la carte agronomique de la Belgique. Ce volume comprend les chapitres suivants : I. L'exploration chimique du sol, dans ses relations avec la carte agronomique, accompagnée de considérations inté- ressantes sur cette dernière ; II. La méthode suivie à la station agronomique dans l'analyse des terres ; III. L'analyse complète de cent cinquante-cinq sols arables et sols vierges du pays ; IV. L'analyse de substances utiles à l'agriculture : cal- caires, marnes, sables, et une étude complète sur les tourbes de l' Hertogenwald et de la foret de Freyr ; V. Résumé et discussion des premiers résultats obtenus. Dans ce dernier chapitre, où l'auteur expose quelques (1) Bruxelles, Mayolez et Audiarte; — Paris, Masson. ( 488 ) considérations ou déductions nouvelles, je signale parti- culièrement : la détermination minéralogique des débris minéraux faite par mes soins; le paragraphe traitant du pouvoir absorbant des terres pour l'eau après un mouil- lage complet, et de la proportion d'eau retenue après une dessiccation à l'air et sans chaleur artificielle, et les pages consacrées au taux des principaux éléments fertilisants : azote, potasse, chaux, magnésie et acide phosphorique. Au point de vue géologique, M. Petermann est arrivé à cette conclusion intéressante que le rapport de l'argile au sable est dans le limon très sensiblement comme 1 : 5. Cette constante est établie par l'analyse de dix-huit échan- tillons de limon prélevés entre les deux points extrêmes : Acren et Tongres, et en éliminant dans le calcul de la composition du limon primitif, le taux de la matière organique dont la présence est une conséquence de la mise en culture. Ce qui caractérise encore le limon, en dehors de sa richesse en argile, c'est l'extrême ténuité du sable qu'il contient, dont 98 "/o passent au tamis de 2/^Q de millimètre, produit qu'il convient par conséquent de dénommer « poussiéreux ». Au point de vue agronomique, c'est-à-dire de l'utilité de l'analyse chimique des terres, l'auteur établit par les dosages de l'acide silicique soluble une constatation à laquelle il attache une grande importance et qu'il résume dans les lignes suivantes : « Cette constatation repousse la critique formulée » depuis longtemps à l'adresse du procédé employé dans » l'analyse des terres : les acides minéraux mettent en « dissolution non seulement les principes nutritifs conte- » nus dans les combinaisons devant être considérées )) comme facilement attaquables par les racines et les r 489 ) » principes nutritifs à l'état d'absorption pris dans le » sens de Liebig, mais aussi les bases engagées dans des » silicates assez réfractaires à la décomposition par voie » naturelle. ->■> « Le cliimiste n'ayant, pour ainsi dire, jamais déter- » miné le taux de silice soluble et ne s'étant que rare- » ment rendu compte de la quantité énorme de silicates )) restant dans le résidu insoluble de l'attaque chlorby- » drique, on comprend que la critique que nous venons )) de mentionner n'a pu être réfutée et a passé finalement » à l'état d'axiome. Mais nos analyses prouvent absolu- » ment le contraire : la proportion d'acide silicique dis- )) sous dans l'acide chlorhydrique est bien loin d'être » assez élevée pour que les bases, dissoutes en même » temps, puissent être considérées comme préexistantes » dans le sol à l'état de silicates. » C. Malaise. JUGEMENT DU CONCOURS ANNUEL (1898). SCIENCES llIATHÉIIIj%TIQljeS ET PHYSIQUES. Trois mémoires avaient été reçus en réponse à la troisième question du programme des sciences mathéma- tiques et physiques : Apporter une contribution importante à l'élude des correspondances (Verwandtschaften) que l'on peut établir entre deux espaces. Ils portent pour devises : N° 1. Geometry is hard (J.-H.-S. Smith). N" 2. Nuîneri regunt lociim. N° 3. Itinera ad verum. ( 490 ) Vu l'extension considérable de ces trois manuscrits reçus le 1"' août, date du délai réglementaire pour leur remise à l'Académie, et l'impossibilité pour MM. les Com- missaires de présenter dans la séance du 15 décembre courant leurs rapports, en vue de mettre la Classe à même de se prononcer sur leurs conclusions, le jugement en ce qui concerne ces trois mémoires ne sera prononcé qu'ulté- rieurement. «OIENCKS 1VAT1JREI.I.BS. Il est donné lecture des rapports suivants : 1" De MM. Errera, Gilkinet et Crépin, sur le mémoire portant la devise : L'aclivilé des plantes carnivores est, en dernière anali/se, une question d'azole (Morren), envoyé en réponse à la première question du programme pour les sciences naturelles : On demande de nouvelles recherches macrochimiques et microchimiques sur la digestion chez les plantes carnivores ; 2° De MM. Plateau, Éd. Van Beneden et Van Bam- beke, sur le mémoire portant la devise : La phijsiologie des Invertébrés est presque tout entière à l'état de deside- ratum (L. Fredericq), envoyé en réponse à la deuxième question : On demande des recherches phtjsiologiques nou- velles sur une fonction encore mal connue chez un animal invertébré. La Classe se prononcera sur les conclusions de ces rap- ports dans sa séance du jeudi 15 décembre. ( 491 ) D'après une décision prise par la Classe en 1897, les Œuvres complètes de J.-S. Stas sont olfertes chaque année aux docteurs en sciences chimiques qui ont obtenu leur diplôme légal avec la plus grande distinction. Conformément à cette résolution, ces volumes seront remis celte année à MM. Goldschmidt et Jules Denis, élèves de l'Université de Bruxelles, dans la séance publique de la Classe fixée au vendredi 16 décembre courant. RAPPORTS. MM. Dewalque, Renard et Malaise donnent lecture de leur rapport sur la proposition, adressée par le Con- grès géologique international de Saint-Pétersbourg de 1897, d'associer la Belgique à la création d'un « Institut flottant international ». — Renvoi à M. le Ministre de l'Intérieur et de l'In- struction publique. Sur quelques dérivés chlorobromés en C^; par Fréd. Swarts, répétiteur de chimie générale à l'Université de Gand. ttapporl tt» .9M, tf. Sitfing, in'entifi- coiitittiMsniff. « Ce travail est une étude des produits de la réaction du pentachlorure d'antimoine avec l'élhylène tribromé : C^HBrs. ( 492 ) Il se forme [U'incipalement un dichlortribromélliane C^HBrsCl^, isomère avec un produit déjà connu, el secondairement le monochlortétrabrométhane Cc2Br4CIH et le tribromchloréthylène C^BrsCl. Le premier de ces produits est liquide, il bout à 1 il2° sous 50 millimètres, réagit avec la potasse pour donner le dichlordibrométhy- lène C^Cli^Br^ ; avec le zinc en poudre et l'alcool, il donne le dicblorbrométhylène CoHBrCla; il se décompose à chaud pour passer à l'état d'hexachlorure (de Julin), s'oxyde à l'air et donne avec le brome un produit d'addi- tion : C2Br4CK2. J'ai l'honneur de proposer à la Classe l'insertion de la note de M. Fréd. Swarts dans le Bulletin de la séance. » Cette proposition, à laquelle se rallie M. Henry, second commissaire, est adoptée par la Classe. Contribution à l'étude de l'oxydation des éthylènes halogè- nes; par Fréd. Swarts, répétiteur de chimie générale à l'Université de Gand. Hapfiot't tlf^ m. II'. Sif'iiiff, pè'tfinieê' cotHtniaaaiâ'». « Dans un travail antérieur (4), M. Fréd. Swarts avait constaté l'oxydation du dibromfluoréthylène symétrique et son passage à l'état de fluorure dibromfluoracétique; aujourd'hui, il a tenu à vérifier si ce l'ait curieux et (1) Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3^ série, t. XXXV, p. 849. ( 493 ) important s'observait aussi cliez d'autres dérivés halo- gènes de l'éthylène. A cette fin, il a soumis à l'action de l'oxygène ou de l'ozone, selon le cas, les dérivés halogènes de l'éthylène qu'il a découverts lui-même ainsi que certains dérivés déjà connus. Ses recherches ont permis de constater que : i'^' Le tribromfluorélhylène CBr^ : CBrFl donne, comme produit principal de la réaction, un bromure acide, à l'aide duquel l'auteur a pu préparer du tribromacetate d'éthyle ; 2" Le dibromfluoréthtjléne CBrg : CHFl s'oxyde facile- ment et donne nettement du bromure de fluorbromacélyle qui a servi à faire l'éther correspondant : CHFlBr : CO2.C2H5; 3" Le perchloréthylène que Demole a reconnu réfrac- taire à l'air, s'oxyde au contact de l'ozone et passe lente- ment à l'état de chlorure de trichloracélyle ; A'° Le tétrabrométhyléne s'oxyde aussi par l'action de l'ozone, mais plus difljcilement encore que le précédent; 5" Le dichlordibrométhylène symétrique s'oxyde très difficilement au contact de l'ozone; il se comporte néan- moins comme le dilluordibrométhylène, en ce sens que c'est l'halogène le plus actif qui demeure uni au groupe CO; 0° Le dibrométhylène symétrique CHBr - CHBr s'oxyde difficilement en donnant du bromure de bromacétyle mêlé d'aldéhyde dibromée et de tétrabrométhane dissymétrique : CBrs - CHsBr. L'auteur termine son travail par une discussion des pro- cédés qui pourraient expliquer l'oxydation des éthylènes [ 494 ) halogènes, discussion qu'il n'est guère possible de résumer ici sans l'altérer dans sa clarté. Je propose avec plaisir l'insertion du travail de M. Fréd. Swarts dans le Bulletin de la séance, car il nous apporte des faits complétant heureusement nos connais- sances sur les dérivés halogènes du carbone. » Ra/ii'Ofl tim m. Ijoni» Hvttfy, nccottil connni*»aiÈ'f. a Le mémoire de M. Fréd. Swarts, dont M. Spring vient de rendre compte, concerne un des faits les plus étranges et partant les plus curieux de l'histoire générale des composés non saturés. Alors que l'éthylène se combine si aisément et si vivement avec les corps halogènes, il manifeste, du moins dans les conditions ordinaires, une inertie parfaite vis-à- vis de l'oxygène, qui est cependant un élément négatif puissant et doué d'affinités si faciles à éveiller. Cette inertie cesse à la suite de la présence des corps halogènes dans la molécule de cet hydrocarbure fonda- mental. Il y a longtemps, en eftet, que l'on a signalé des cas d'addition de l'oxygène à divers dérivés haloïdes de l'éthylène (*) . Cette question a attiré autrefois mon attention et fait l'objet de quelques recherches de ma part, en ce qui concerne Vcllnjléne Irichloro-éthyl-oxylé CI-Co(OC.)H^) (**). Je constate avec satisfaction la préfé- (*) Demole, Bulletin de la Société chimique de Berlin, l. XI, pp. 316 et 1307 (année 1878). (**) Bulletin de la Société chimique de Berlin, t. XII, p. 1839 (année 1870j. ( 495 ) rence que manifeste M. Svvarts pour la manière que j'ai proposée de comprendre celle réaction ; si le mécanisme en est simple en apparence, au fond il est complexe, si l'on tient compte de la nature des produits, si éloignés de l'éthylène, que fournit cette oxydation. Le temps n'a fait que me confirmer dans ma manière de voir. Je ne crois pas inutile d'ajouter qu'au cours de mes reclierches sur les dérivés haloïdes de l'éthane, j'ai mis au jour deux éthylènes halogènes, susceptibles de s'ajou- ter aussi à l'oxygène, à savoir les éthylènes chloro-iodé CH2=CC1I et bromo-iodé CH2 = CBrI dissymétriques (*). Le premier de ces corps, qui renferme les deux termes extrêmes de la triade halogénique et qui s'oxyde aisément, mériterait certainement d'être examiné sous ce rapport. Je ne puis non plus m'empêcher de faire remarquer, à l'occasion de cette question générale de l'oxydabilité des composés non saturés, que les dérivés haloïdes de l'acétylène, du moins certains d'entre eux, tels que l'acé- tylène monochloré CH = CCI et l'acétylène monobromé CHs^CBr, manifestent pour l'oxygène une affinité bien plus considérable encore que les dérivés éthyléniques. Cette affinité est assez intense pour rendre ces composés spontanément inflammables à l'air. Je ne doute pas qu'il ne soit possible, par un dispositif expérimental conve- nablement approprié, de modérer l'intensité de cette oxydation, de manière à ne pas briser le noyau C=C. Les produits de celte réaction me paraissent devoir être curieux à examiner. (*) Comptes rendus, t. XGVIIÎ, p. 741 (année 1884). ( 490 ) C'est là certainement une question aussi intéressante que neuve à résoudre. Je ne dois pas insister à présent sur la valeur que j'at- tache à cette nouvelle communication de M. Fréd. Swarts et le vif intérêt avec lequel j'en ai pris connaissance. Je me joins volontiers à mon savant confrère et collègue pour en proposer à l'Académie l'insertion dans le Bulle- tin de ses séances. » — Adopté. Sur quelques propriétés des polygones inscrits aux courbes gauches; par Fr. Deruyts, chargé de cours à l'Université de Liège. « J'ai lu avec intérêt le nouveau travail de M. Fr. De- ruyts. Il contient quelques résultats de valeur, application de la méthode que l'auteur a employée avec succès à l'étude des courbes et surfaces d'ordres supérieurs. Je propose l'insertion du travail de M. Fr. Deruyts dans le Bulletin de la séance. » Cette proposition, à laquelle M. Neuberg, second com- missaire, déclare, dit-il, se rallier volontiers, est adoptée par la Classe. 497 ) COMMUNICATIONS ET LECTURES. ^ur l'oxydation directe de Véthylène trichloro-éthyl-oxylé (;i2C = a:iiU(:,iii,); par Louis Henry, membre de l'Académie. Le mémoire de M. Swarls : Sur l'oxydation des dérivés haloides de l'éthylène, a rappelé mon attention sur les recherches que j'ai faites autrefois concernant le même objet, en ce qui regarde Véthylène trichloro-éthyl-oxylé CloC = GCl(OCA,). Voici les faits que j'ai constatés : Abandonnés à l'air ordinaire, dans un vase largement ouvert, tel qu'une capsule, les élhylènes trichloro-mcthyl- oxylé CLC=CCl(0CH3) et éthyl.-oxylé CL2C = CCl{OC.>Hj5) jie tardent pas à devenir acides et à dégager d'abondantes vapeurs chlorhydriques. Après quelque temps, le tout se transforme en une cristallisation d'acide oxalique. Celui-ci est l'aboutissant final de l'action simultanée de l'oxygène et de la vapeur d'eau renfermés dans l'air. Les choses se passent autrement avec l'oxygène sec. Véthylène trichloro-éthyl-oxyl', agité avec ce gaz, l'absorbe en s'échauffant sensiblement. Il se U^ansforme à la longue en un liquide incolore, d'une odeur suffocante, fumant fortement à l'air et se transformant avec l'eau en acide oxalique. 5'"^ SÉRIE, TOME XXXVI. 34 ( 498 ) Je lis dans mon journal de travail que j'ai mis en réaction 107 grammes d'éthi/lène irichloro-étkijl-oxijlé pur. A travers cette masse liquide, on a fait passer, en un courant lent, 16 litres d'oxygène, dont une partie seule- ment a été absorbée. Il est utile de faire remarquer qu'une molécule-gramme d'ethyléne trichloro-cthyl-oxijlé pèse 175.5 et qu'un atome- gramme d'oxygène, 16 grammes, mesure, dans les con- ditions normales, 11 litres 165 centimètres cubes. Sans vouloir revenir, en ce moment, sur le mécanisme de cette oxydation, j'ai déjà dit que j'en regardais le produit comme constituant le chlorure de l'acide chloro- Cl oxa/o-ymîçue {*), {HO j CO -C <^^ „ , composé analogue à l'acide oxalo-vinique (HO) OC - C<^p „ , que j'avais fait connaître antérieurement (**). OC - Cl Chlorure de chloro-oxalo-vinvlc i •' CloC - OC,H., OC - Cl — d'oxalo-vinvie i OC ~ OCJL Après l'absorption de l'oxygène, ce liquide a été soumis à la distillation, sous la pression ordinaire. Celle-ci s'est opérée sans point fixe. Je lis dans mes notes qu'elle a commencé vers 100°, qu'une bonne partie du liquide a O Voir Bericlite (1er deutschen chomschen Gcsdlscliafft, t. XII, p. 1838 (année \^1^ , e\ Association française pour U avancement des sciences, Compte rendu de la VIII^ session, Montpellier, 1879, p. 461. (" > Comptes rendus de l'Acad. des sciences de Paris, t. LXXIII. p. 39 (année 1871). ( 499 ) passé vers 440" et qu'à la fin le thermomètre est monté au delà de 200°. Je m'attendais à plus de constance dans les indications thermométriques et j'avoue que cette variation m'a troublé dans mes prévisions. Quoi qu'il en fût, la portion du produit qui avait passé vers 140° a été analysée. Voici les résultats du dosage du chlore : Substance. AgCl. Chlore <>/« (*). 1 . . . 0P^4M3 Oe',9124 55.0G II . . . 0K^4i56 Oe%9209 55.27 Le chlorure de chloro-oœalo-vinyle OC -CI I cisC-or,H» renferme 55.61 % de chlore. L'accord est par conséquent satisfaisant. Ces recherches remontent à l'automne de 1879. J'en ai entretenu la section de chimie du Congrès de l'Associa- tion française pour l'avancement des sciences, au mois d'août 1880 (**). Toutefois, je ne me suis pas décidé à livrer ces résultats à la publicité, parce que je me proposais d'y revenir, ne parvenant pas à m'orienter comme je le désirais dans (•) Véthylène tnchloro éthylé qui avait seKvi à cette opération était bien pur. Il avait bouilli, sous la pression ordinaire, à 154-155" et l'on y avait trouvé 60 35 "/o de chlore, alors que la formule CI2C = CCUOCaHs) en demande 60.57. (**) Compte rendu de la /A'e session, Reims, 1880, p. 429. ( 500 ) les faits constatés pendant la distillation du liquide, après l'absorption de l'oxygène. Au milieu d'autres occupations, j'ai pendant longtemps perdu de vue cet objet de recherches. Depuis lors, les travaux publiés par MM. Anscbutz (*) et Fauconnier (**) sur les produits de la réaction de PCI5 avec les élhers oxaliques, m'ont mis à même de com- prendre ce qui se passe dans ces circonstances. IJélher chloro-oxalo-vinique de M. Anscbutz : OC - OC,Hb cioC-OQng' produit direct de l'action de PCI5 sm' l'éther oxalique, bout, sous la pression de 10 millimètres, à SS^-SS". On peut en inférer que, sous la pression ordinaire, ce com- posé bout ou bouillirait vers 485'', sensiblement au même point que Yéther oxalique lui-même OC - OC^Hj I , OC - OC.Hg (jui bout à 180". \! . Anscbutz a constaté encore que cet éther bichloro- oxaliquo, soumis à l'action de la cbaleur, se dédouble OC - OCjHs OC - OC.Us I =1 + CJI.CI CloC - OCJL OC - Cl (*) LiehUfs Annalcn der Chenue, t. CGLIV, pj). 19 et 20 (année 1889). ("j Comptes rendus, etc., l. GXIV, p 122 (année 1892). ( 501 ) en chlorure d'élliyle et chlorure d'oxalo-vinyle CM^O - C0(0aH5), bouillant à I5oM5G°. Si l'on rapproche les points d'ébullition de ces com- posés (C,H,0)OC - COlOCallg) Éb. 186' (Cjr,0)OC - CCK,f OC.Hj) Éb. vers 185° (C.WsOjOC-COC! Éb. 135"- 136" on peut légitimement conclure de leur comparaison : a) Que le remplacement de 0 par Cl^ dans les dérivés oxy-éthyliques de l'acide oxalique ne modilie pas sensi- blement la volatilité; b) Que la transformation du composant OC(OC2H5) oxy-élher dans ces dérivés en composant chlorure acide OCCl, abaisse le point d'ébullition de oO" environ. Pour ce double motif, je suis autorisé, ce me semble, à attribuer au chlorure de l'acide chloro-oxalo-vinique CI,C - OC.Ils I OC-C!, qui est, selon moi, le produit réel de l'oxydation de Vélhylène Irichloro-ethyl-oxylé Cl2C= CC^OC^H^), 455°- 140" environ comme point d'ébullilion, la même volati- lité qu'au chlorure d'oxalo-vinyle ClCO - C0{0C2Hg). D'autre part, le chlorure d'oxalyle ClCO - COCl de ( 502 ) M. Fauconnier, produit de l'action complète de PCI5 sur rélher oxalique OC - OC2H5 Cl-C - OCJIs I + 2PC1, = I + 2P0CU OC - oCiiis eu: - ocHs ClCO ClCO bout vers 70° {*). De plus, il est à remarquer que ce composé renferme à peu près la même quantité centésimale de chlore que le chlorure de chloro-oxalo-vimjie lui-même. Chlore «/c. ClCO-CCI^lOCUj) 55.GI ClCO - COCI 55.90 Tout cela étant, voici comment s'explique, à mon sens, la distillation du produit brut de l'oxydation de Véthylène trichloro-étlujl-oxylé. (*) C'est à peu près le point d'ébullition que lui assignent ses rela- tions avec l'élher oxalique et l'éthane perchloré. (C^HsOjOC-COlOCiHs) Éb. ISB" \ gQ„ C10C-C0(0C«Hs) «30 / \ -5O0 ClOC-COCl 85» / CI3C-CCI3 485» \ g^„ CIOC-CCI3 US» ClOC - cocu 54« )^" ( o03 ) Ce produit étant conslilué exclusivement, ou au moins en grande partie, par du chlorure de chloro-oxalo-vimjle ClCO - CCU(OC2H5), a dû fournir une notable portion bouillant vers 140°. Le dédoublement partiel de ce com- posé, sous l'action de la chaleur, en chlorure d'éUtyle C2H5CI et chlorure d'oxalyle ClCO - COCl, a permis à la distillation de s'établir avant UX)". Si le produit analysé n'était pas exclusivement du chlorure de chloro-oxalo- vimjle ClCO - CCl2(OC.2H5), il ne pouvait renfermer que du chlorure d'oxalyle dont la présence ne pouvait pas en altérer la composition centésimale. J'ajouterai enfin que l'oxygène qui avait servi à réaliser celte oxydation n'étant pas probablement d'une siccité absolue, il a dû se former de l'acide oxalo-vinique (HO)CO - (^OlOCjHg), lequel bout à 117% sous la pression de 15 millimètres. C'est la présence de ce corps qui, vraisemblablement, a permis à la colonne mercurielle de s'élever jusque vers 200". Quoi qu'il en soit, je me propose de reprendre à nou- veau cette question de Voxydation de Véthylène trichloro- élhyl-oxyU'. Le chlorure de chloro-oxalo-vinyle ClCO - CCl2(0C2H5), qui en est le produit réel, est un composé qui mérite certes un examen approfondi, car il est permis d'en attendre des réactions d'un haut intérêt, notamment au point de vue synthétique. Lorsque je m'en suis occupé, il y a bientôt vingt ans, la distillation dans le vide ou âous pression réduite n'était pas encore entrée, comme aujourd'hui, dans la pratique courante des laboratoires. J'ai tout lieu d'espérer qu'en la mettant en usage, je pourrai isoler ce chlorure. ( 504 ) de composition si complexe, à l'état de pureté. Son correspondant méthylique ClCO - CCU{0CH5) devant être plus volatil el plus stable sous l'action de la chaleur (*), j'aurai soin de mettre aussi en réaction Vètinjlène trichloro-mélhyl-oxylc CL2C-CCI(OCH5), éb. vers I50°-i35". Sur l'origine de la couleur bleue du ciel; par W. Spring, membre de l'Académie. État de la question. La cause de la coloration du ciel a, depuis longtemps déjà, préoccupé les physiciens, sans que cependant le problème se trouve résolu, aujourd'hui, de manière à satisfaire tous les esprits. Il n'entre pas dans le cadre de cette note de retracer tous les travaux exécutés sur ce sujet depuis l'époque où Newton lit voir, le premier, que des corps peuvent paraître colorés dans certaines conditions, sans toutefois posséder une couleur qui leur soit propre. Une histoire suffisamment développée de la question a été faite par J.-M. Pernter, il y a quelques années (**). Je puis me borner à mentionner seulement les recherches princi- (*) Selon M. Anschutz {toc. cit. , le chloro-oxalate biméthxjlique ClaClOCHj)- COyOCH^) bout, presque sans décomposition, à 179'-i81", sous la pression ordinaire. Le chlorure d'oxalo vinyle méthylique C1G0-C0(0CH3) bout, sous la pression ordinaire, à llSo-lSO". (") Scliriftcn des Vereins zur Verbreitung naturw. Kenntnisse, Wien, t. XXX, pp. 197-219, 1890. A paru, en résumé, dans les Fortschrilte der Physik, t. XLVI, (3), p. 441, 1896. C 50o ) pales, indispensables pour comprendre l'observation nouvelle que je désire faire connaître par ces lignes et la valeur qu'elle peut avoir pour la solution du pro- blème. On a attribué, depuis longtemps, la lumière de l'atmosplière à une réflexion ou à une diffusion des rayons du soleil dans l'air. En etfet, si l'atmospbère était abso- lument transparente, elle serait obscure; le disque lumineux du soleil nous apparaîtrait sur le fond noir des espaces stellaires et les phénomènes de l'aurore et du crépuscule ne se produiraient pas. La preuve physique directe de la réflexion atmosphérique a été fournie par Brewster. Ce physicien constata que la lumière du firma- ment n'est pas de la lumière ordinaire, mais bien de la lumière partiellement polarisée. Le maximum de la pola- risation a lieu quand, tournant le dos au soleil, on regarde le ciel dans une direction perpendicnlaire aux rayons qui nous atteignent. Il résulte immédiatement de là que l'angle de polarisation atmosphérique est de 45 degrés, car l'angle de 90 degrés correspondant au maximum de polarisation, comprend l'angle d'incidence des rayons directs et l'angle des rayons réfléchis, qui sont nécessairement égaux. L'observation de Brewster a été confirmée par Arago, Babinet, îTerscbel et par d'autres savants; on peut donc regarder comme certain que le ciel nous envoie de la lumière réfléchie. Ce point étant acquis, Clausius s'est posé la question de savoir 8ur quoi la lumière du soleil se réfléchit. Comme il était difficile d'admettre une réflexion de la lumière dans l'air sur l'air, il a cherché, par l'analyse mathéma- tique des phénomènes de réflexion, les conditions phy- siques que devaient remplir les particules servant de miroirs pour que les propriétés optiques lance ont donné 08^5134 COj, soit 1s%4002C, ou 9.44 "/„. Calculé pour CXf^Rr, : 9.45 »/»• Le dichlordibrométhylèiie que^ je désignerai aussi par la lettre (3, est un liquide incolore, d'une odeur agréable, ne s'altérant pas à la lumière. Il se solidifie à une tempé- rature un peu inférieure à 0°. Sa densité à 17°, 5 est de 2.3753 ; son indice de réfraction à 16°, de 1 .5800. ( 524 ) La densité de vapeur est normale, comme le montrent les données de l'expérience : Poids de substance. Température. l'ie>sioii barométrique réduite à 0". Volume. Densité. l'oids moléculaire déduit. os^ossa 1860 doS^'-'.O 63«,ti 8.82 2o:i9 Poids moléculaire théorique : 254.2. Quand on distille un mélange d'alcool et de fi dichlor- dibrométhylène, celui-ci (orme avec l'alcool une vapeur mixte, distillant vers 85°, analogue à celle que j'ai observée pour le dibronifluorélhylène. Il n'est donc pas avantageux de distiller directement le produit brut de la réaction, pour enlever l'excès d'alcool quand on prépare le (3 dichlordibrométhylène; il vaut mieux précipiter par l'eau. L'acide sulfurique concentré est sans action sur le (3 dichlordibrométhylène. Quand on entraîne la vapeur de ce dernier par un courant d'anhydride carbonique à tra- vers un tube de verre chaulïé au rouge, il y a décompo- sition partielle. Une partie de la substance se carbonise en dégageant du brome et du chlore, une autre portion se décompose en brome et en perchlorbenzol, mais la majeure partie de l'éthylène chlorobromé passe sans alté- ration. En répétant l'entraînement à plusieurs reprises, on parvient à obtenir une transformation plus complète en chlorure de Julin. Le (î dichlordibrométhylène s'altère lentement au contact de l'oxygène en se transformant en un chlorure ( 525 ) acide. J'ai l'occasion de revenir sur cette réaction dans un mémoire que je présente à l'Académie. J'ai isolé, par distillation du produit bouillant de 180" à 200°, un corps solide, distillant à 202° et fondant à 34°. Cette substance était soluble dans l'alcool, l'éther et le chloroforme. Un dosage de chlore et de brome m'a donné les résultats suivants : '|6^054l de substance ont donné 2g%4418 AgBr -4- AgCI. Par la transformation en chlorure d'arçfent, j'ai constaté une perte de poids de 0g'',4598, correspondant à Is^OilS AgBr, ou 08^,8284- Br, soit 80.01 o/o et à 0k>,4989 ClAg, soit Os', 14238 Cl, ou 11.86 <>/.. Calculé pour CaBrsCi. Trouvé. Br 80.15"/, 80.01 7o Cl 11.90"/, II.8G70 Les cristaux obtenus étaient donc formés de tribrom- chloréthylène. Ce corps a été obtenu parDenzel et, d'après cet auteur, fond à 34° et bout à 203°-20o°. Dans la réaction de la potasse alcoolique sur le fi dichlortribrométhanc, il s'était donc formé, à côté du (3 dichlordibrométhylène, qui constitue le produit le plus important de la réaction, une certaine quantité de tri- bromchloréthylène. Pour établir l'importance relative des deux transfor- mations, j'ai dosé le chlorure et le bromure de potassium formés dans la réaction. Ces corps furent dissous dans l'eau et précipités dans une partie de cette solution par le nitrate d'argent. 0e'-,8820 de AgCI -+■ AgBr m'ont donné par l'action du chlore 0^',70d2 AgCI, ce qui correspond à 0^,7485 AgBr ou 0g%31854 Br, et à Os',033 Cl. J'ai tiré de ces données numériques que , pour une ( 526 ) molécule de chlorure de potassium, il se formait 4.28 molécules de bromure. La transformation du [3 tri- bromdichloréthane en p dichloréthylène est donc envi- ron quatre fois plus importante que la transformation en tribromchlorétliylène. Je rappellerai que M. Henry (*) a observé un phénomène analogue pour le dichloriodéthane et pour le chlorbromé- thane. Par l'action de la potasse alcoolique, il a obtenu, pour le premier, un mélange de quatre parties d'iodure de potassium et d'une partie de chlorure; pour le second, de trois parties de chlorure pour une de bromure. Il est à remarquer qu'il n'y a pas de règle fixe déter- minant la nature de l'hydracide qui se forme en quantité la plus forte. Tantôt, comme pour le chlorbrométhane, c'est l'halogène le plus actif qui est enlevé en proportion la plus forte ; tantôt, au contraire, c'est l'hydracide déri- vant de l'halogène le moins négatif qui se forme en quan- tité prépondérante. Le fi dibromdichloréthylène se combine au brome par addition, mais cette réaction est très lente, ne réussit bien qu'à la lumière et demande plusieurs jours pour être complète; le mélange se transforme en une masse cris- talline. Si l'on opère en solution chloroformique, il se dépose de beaux et grands cristaux. Ceux-ci sont formés de tétrabromdichloréthane, comme le prouve le dosage de carbone que j'y ai fait. 1g%l250 de substance ont donné 06%2491 CO,, soit 0e',06GI1 C, ou 5.88 "/„ Calculé pour QCI.nr^ : (: = 5.80''/„. (*) Henry, Comptes rendus, t. XCVIII, pp. S18, 680. ( 527 ) Le tétrabrom(licl)loréthane est très peu soluble dans l'alcool et l'éther, plus soluble dans le chloroforme; son meilleur dissolvant est le benzol bouillant. Quand on le chaulle, il commence déjà à dégager du brome à 140° ; il fond à 191° avec décomposition impor- tante. Si on le chaufle rapidement, il se décompose sans se fondre. J'ai soumis également le (3 dichlortribromélhane à l'ac- tion réductrice de la poussière de zinc en présence de l'alcool. La réduction est violente, elle s'accompagne d'une très forte élévation de température et demande à être conduite avec précaution. 11 faut refroidir le ballon dans lequel on opère avec de l'eau glacée, ajouter le zinc lentement et par très petites portions, et agiter constam- ment. Lorsque l'addition de zinc ne produisit plus d'éléva- tion de température, j'arrêtai l'opération. Le liquide fut tillré à la trompe et l'éthylène obtenu précipité par l'eau acidulée par l'acide acétique et distillé après la dessic- cation. L'ébullition commença à 100° et tout le liquide passa à la distillation au-dessous de 115°. En rectifiant au Lebel, j'ai isolé un corps bouillant à 112°-115°, dont j'ai fait une combustion. 0e',8t09 de substance ont donné 08%0o8 H^O, soit Oer^OOGSl H, ou 0.8%, et 0B%41 30 CO2, soit O»',! I U C, ou \ 5.87 «/„. Calculé pour C.3rCU. Trouvé. C 13.67"/. 13.87 »/o H 0.57 "/o 0.57 »/„ Le zinc, en agissant sur le (3 dichlortribrométhane, ne ( d28 ) lui enlève donc que du brome. Cette conclusion a été vérifiée par l'analyse du sel de zinc formé : c'était du bromure de zinc pur. Le dichlorbrométhylène que j'ai obtenu est liquide et ne solidifie pas à -20". Sa densité est de 1.87(>4 à 17°,5; son indice de réfraction, de 15.190 à 16". La densité de vapeur a été prise à 100". l'oids de substaïKîe. Température. Pression barométrique réduite à 0°. Volume. Densité. Poids niol6iul:iire déJuit 06'',0645 lOti» 15-1 ""°,7 t)2«,;i .'>;>.4 ni. 6 1 Le dichlorbrométhylène se combine aisément au brome pour régénérer le fi dichlortribrométhane. 11 ne se poly- mérise pas et ne paraît pas s'altérer notablement à l'air. La constitution des différents corps que j'ai obtenus peut, me semble-t-il, se déduire avec quelque certitude des considérations suivantes : Le tribromdichloréthane peut avoir pour formule 1. I CCI.H II. cnr.,ci I CBiCin m. CCUBr I CBrJI La formule III est celle du dichlortribrométhane de Denzel. La formule I doit être rejetée pour le corps que j'ai obtenu, car un composé de cette formule devrait donner du dibromchloréthvlène sous l'action du zinc. ( 559 ) Il s'agit donc d'établir si le (3 dichlortribrométhane est identique ou non au produit de Denzel. Ce dernier composé bout entre 215° et 220°, et ne se solidifie pas à - 20°. Denzel ne signale pas de décomposition à l'ébul- lition. Le (3 dichlortribrométhane se décompose au con- traire et se solidifie à - 5° environ. Denzel, il est vrai, déclare n'avoir pu obtenir un produit complètement pur. Ledichlortribrométhylène doit se transformer par la po- tasse alcoolique en dichlordibrométhylène dissymétrique, tandis que le corps de la formule IF doit fournir le dichlor- dibrométhylène symétrique : (XIBr = CCIBr. Denzel a préparé l'éthylène dissymétrique en faisant agir la potasse alcoolique sur 1' « dichlortribrométhane (*). Ce corps a aussi été obtenu par Bourgoin (**) en traitant le tétra- chlordibrométhane CCI3 - CCIBr.2 par l'aniline. Ces au- teurs ne donnent ni l'un ni l'autre le point d'ébullition evact du produit, mais, d'après Denzel, il serait voisin de l\)o\ Le dichlordibrométhylène de Denzel doit donner par addition au brome un tétrabromdichloréthane de la for- mule CCUBf CBi-j. Cette substance a été obtenue par cet auteur en faisant agir le brome sur le composé GHojBr-CHCl- (***). Ce tétra- bromdibrométhylène ne commence à se décomposer qu'à 175° et fond à 180° avec décomposition. (") Denzel, Liebig's Annalen, t. GXGV, p. 208. (**) Bourgoin, Bulletin de la Société chimique, t. XXIV, p. 116. ('") Denzel, Berichte, t. XII, p. 2i207. 56 ( 530 ) Le dichlordibrométhylène que j'ai préparé bout à 17^° ; il donne avec le brome un produit d'addition qui commence à dégager du brome à 140" et qui fond à 19i°. Il me paraît donc plus que probable que je me suis trouvé en présence d'un composé différent de celui de Denzel et qui ne peut être alors que le dichlordibrom- éthylène symétrique. Le (3 dichlortribrométhane aurait donc pour formule CBr.Cl I CHBrCI. 11 doit donner par l'action du zinc un dichlorbrométhy- lène de la formule CBrCl II CHCI, tandis que l'a dichlortribrométhane doit donner CBrH II CCI2. Ce dernier a été décrit également par Denzel, qui l'obtint par l'action de la potasse alcoolique sur le dichlor- dibrométhane dissymétrique CHCK2 - CHBra (*). Il bout à II40-II50 et possède à 16° une densité de 1.906. Le produit que j'ai obtenu a à peu près le même point d'ébullition, mais sa densité à 17", 5 est de 1.8764. Une différence de trois unités de la deuxième décimale ne peut être due à une différence de température de 1",5. (*) Denzel, loc. cit., p. 208. ( 53i ) L'ensemble de toutes ces différences me paraît consti- tuer une preuve suffisante pour donner au tribromdichlor- éthane que j'ai obtenu la formule II : CBpjCI I CIlBrCl Le pentachlorure d'antimoine ne provoquerait donc pas de transposition du brome en agissant sur le tribrom- éthylène, comme il le fait à l'égard du dibrométhylène symétrique (*). Les corps que je viens de décrire dans ce travail auraient donc pour formule (:Br,CI CBiCl CBrCl CBr.Cl I II I I CHBr(J CBrCl CHCI CBr^CI Je me propose de vérifier encore, par de nouvelles expériences, l'exactitude de ces formules. Gand, le 1" novembre 1898. (*) Pendant l'impression de ce travail a paru un mémoire de K. Klbs et J. Newmann (*), dans lequel ces auteurs donnent le résultat de leurs recherches sur l'action du chlore sur le tritrométhylène. Ils n'ont pas constaté, comme on aurait pu le croire, l'addition d'une molécule de chlore, mais, au contraire, une substitution de l'hydrogène par le chlore, avec formation de tribromchloréthylène. Le pentachlorure de phosphore produit le même phénomène. En même temps, une partie du brome est remplacée par du chlore. Il est assez curieux d'observer que le pentachlorure d'antimoine, qui joue en général facilement le rôle de substituant, ne se comporte pas comme le chlore ou le pentachlorure de phosphore dans la réaction que j'ai décrite dans la présente communication. (') Journal Jur prakl. Cliein., Bd. LVIII, p. 245. ( 532 ) Contribution à Vétude de l'oxydation des éthi/lènes halo- gènes; par Fréd. Swarts, répétiteur de chimie générale à l'Université de Gand. Il y a plusieurs années que Demole (*) avait reconnu que certains étliylénes chlorés et bromes possèdent la remarquable propriété de s'oxyder à l'air en donnant naissance soit à des chlorures, soit à des bromures acides. Il avait observé ce phénomène notamment pour le dibrométhylène dissymétrique et le tribrométhylène, (jui donnent respectivement le bromure de bromacétyle et le bromure de dibromacétyle. Le chlorbrométhylène dissymétrique CClBr = CH2, auquel Demole avait assigné erronément la formule symétrique, se transforme en un mélange de bromure de chloracétyle et de chlorure de bromacétyle ; ce dernier est le produit le plus important de la réaction. Il se manifeste dans ces réactions un déplacement d'un des atomes d'halogènes sur l'atome de carbone voisin, la double soudure se défait et l'oxygène se fixe sur l'atome de carbone dénudé. Il est à remarquer que l'hydrogène ne subit pas de transposition dans cette réaction. Demole a en même temps observé une polymérisation partielle de l'éthylène, dont l'importance variait avec les conditions de l'expérience. J'ai cru intéressant d'étudier l'oxydation de quelques éthylènes fluobromés que j'ai obtenus dans le cours de mes recherches sur les composés organiques fluorés. J'ai (*) Demole, Berichte, t. XI, pp. 316 et 1307. ( 535 ) également essayé d'oxyder l'éthylène percliloré, l'élhy- lène peibromé, le dichlordibrométliylène symétrique et le dibrométhylène symétrique. Je soumets le résultat de mes investigations à l'appréciation de l'Académie. Oxydation du dibronidifluoréthylène. J'ai déjà eu l'occasion de signaler l'oxydation très facile par l'oxygène du dibronidifluoréthylène symétrique, oxy- dation qui m'a permis d'obtenir l'acide dibromfluoracé- tique {*). J'ai repris l'étude de ce phénomène, afin de vérifier si, à côté du fluorure de dibromfluoracétyle, il ne se pro- duisait pas de bromure de difluorbromacétyle. J'ai introduit dans un ballon muni d'un réfrigérant ascendant |18 grammes de dibromdifluoréthylène et 10 grammes d'alcool, et j'ai fait barboter dans le mélange un courant d'oxygène bien sec. Il ne se produisit pas d'élévation notable de la température; l'oxygène fut beaucoup moins bien absorbé que par le dibromdifluor- éthylène pur. Pour activer la réaction, j'ai chauffé le ballon à 40" environ. II se condensa dans le réfrigérant un liquide extrêmement volatil, que j'ai reconnu plus tard être de l'aldéhyde, provenant de l'oxydation de l'alcool. J'ai constaté en même temps un dégagement abondant d'acide fluorhydrique, se traduisant par une corrosion énergique du verre. Au bout de six heures, j'ai interrompu le courant d'oxygène et j'ai secoué le produit de la réaction avec de (*) F. SwARTS, Sur l'acide dibrom fluor acéliqne. (Bull, de l'Acad. Rov. DE Belgique, 3^ sér., t. XXXV, p. 849.) ( 534 ) l'eau, pour enlever l'excès d'alcool. Le liquide précipité fut séché sur du chlorure de calcium et distillé. Le thermomètre s'éleva rapidement de GO" à 170"; par rectitications répétées, je ne parvins à séparer qu'un peu de dibromdifluorélhylène inaltéré et du dihromfluor- acétate d'éthyle. Le thermomètre ne se fixa jamais aux environs de 110", température voisine du point d'ébullilion probable du difluorbromacétate d'étbyle. Je n'ai pu sépa- rer, pendant l'ascension rapide du thermomètre, que 0^,4 de produit bouillant entre 110° et 120°, contre 20 grammes de dibromfluoracétate d'éthyle pur. L'oxydation du dibromdiiluoréthylène symétrique ne fournit donc qu'un fluorure acide. Oxydation du tribromfluoréllujlène CDi\, H CBrFI. Le tribromfluoréthylène se laisse oxyder par l'oxygène, mais moins facilement que le dibromdiiluoréthylène. 11 se produit une légère élévation de température au début de l'expérience, mais après peu de temps le liquide revient à la température ordinaire. L'oxydation marche beaucoup mieux quand on opère à 100". Pour observer les progrès de la transformation, je prélevais de temps à autre une petite portion du liquide que je versais dans l'eau, afin d'établir la quantité relative de bromure ou de fluorure acide formé. Pendant l'oxydation, le liquide brunit fortement et subit une destruction partielle avecdégagement de vapeurs de brome; celui-ci ne disparaît pas complètement par refroidissement. ( 555 ) Après seize heures, la transformation était presque com- plète : en secouant avec de l'eau, je pus constater la for- mation d'un corps cristallin, insoluble dans l'eau, mais soluble dans l'éther. Le courant d'oxygène fut interrompu et je distillai le produit de la réaction. J'ai obtenu ainsi un liquide bouillant entre 130° et 160°, qui fumait fortement à l'air en dégageant de l'acide bromhydrique et fluorhydrique. Il restait dans le ballon un résidu peu important qui se décomposa assez facilement quand j'essayai de le distiller et que j'ai traité par l'eau. J'ai séparé ainsi le composé solide, cristallin, mentionné plus haut, qui fut dissous dans l'éther. Par cristallisation, j'obtins de belles aiguilles blanches, d'une odeur camphrée mais irritante, qui fondaient à 176° et se décomposaient à une tempé- rature peu supérieure. Toutes ces propriétés sont celles du pentabromfluoréthane, dont la présence s'explique aisément par le fait que le tribrométhylène subit une décomposition partielle pendant l'oxydation, avec pro- duction de brome, dont une partie est fixée par le tri- brométhylène et le transforme en pentabromfluoréthane. Le liquide distillé fut éthérifîé par l'alcool absolu. Il se dégagea de l'acide fluorhydrique. En précipitant par l'eau, j'ai séparé un liquide très dense, qui fut séché et distillé. La distillation commença à 145°; le thermomètre monta lentement jusque 170°, température à laquelle il semaintint pendantia plus grande durée de la distillation, puis s'éleva lentement jusque 225°. Au-dessus de 200°, j'observai une décomposition partielle, avec dégagement de brome et d'acide bromhydrique. En rectifiant au Lebel le liquide bouillant au-dessous de 180°, j'ai séparé un peu de tribromfluoréthylène inal- ( 550 ) téré et un corps bouillant à 174", 5, que toutes ses pro- priétés ainsi qu'un dosage de carbone et d'hydrogène m'ont démontré être du dibromfluoracétale d'éthyle. Le distillât recueilli au-dessus de 180° m'a fourni d'abord du dibromfluoracétate d'éthyle, ensuite un liquide distillant avec légère décomposition à 2125° et qui ne contenait pas de fluor. Un dosage de brome m'a démon- tré que je me trouvais en présence du tribromacétate d'éthyle, dont l'existence était à prévoir en raison du dégagement d'acide fluorhydriquc qui avait accompagné l'éthérificalion. J'ai obtenu environ cinq fois plus de dibromfluoracé- tate d'éthyle que de tribromacétate; il ne fut évidemment pas tenu compte des petites quantités de liquide à point d'ébullition intermédiaire. La production du bromure acide est donc le phéno- mène principal dans ce processus d'oxydation. Oxydation du dibromfluorélhylène Ce corps, comme j'ai déjà eu l'occasion de le signa- ler (*), s'oxyde facilement à l'air. 1(X) grammes de dibromfluoréthylène furent oxydés dans un appareil à reflux par un courant lent d'oxygène sec. La fixation de l'oxydation est accompagnée au début d'une forte élévation de température. Le liquide s'évapore et l'oxydation de la vapeur se produit beaucoup plus éner- giquement que celle du liquide; aussi l'atmosphère du (*) F. SwARTS, Sur quelques dérivés (luobromés en C^ (première communication). (Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3° sér., t. XXXIII. p. 439.) ( '^37 ) ballon est-elle plus chaude que. le liquide lui-même. Au commencement de rexpérience, l'absorption de l'oxy- gène est complète pour un courant de ! centimètre cube par seconde. A la fin de l'opération, l'oxydation est beaucoup plus lente, et l'expérience m'ayant prouvé que c'est surtout à l'état de vapeur que le dibromlluoréthylène s'oxyde, j'ai chauffé jusqu'à ébnllition tranquille pour achever la réac- tion. Je n'ai observé aucune destruction pendant la durée de l'expérience. Après deux jours, la transformation était complète; une prise d'essai se dissolvait complètement dans l'eau. Le produit de la réaction lut soumis à la distillation. L'ébullition commença à 1 lo" et le thermomètre se maintint pendant presque toute la durée de l'opération entre 115' et 120", puis monta lentement à 125", enfin rapidement jusqu'à KJO". Entre 125" et IGO", je n'ai recueilli ([u'une très faible quantité de substance. J'ai pu distiller jusqu'à la dernière goutte de liquide sans observer de décomposition. J'avais obtenu environ HO grammes de produit bouillant de 115" à 125". En le rectifiant au Lebel à quatre boules, j'ai isolé 70 grammes d'un corps ayant un point d'ébulli- tion absolument fixe de 116", plus une petite portion de liquide distillant de 115" à 125". Le composé bouillant à 1 16" fume à l'air en dégageant de l'acide bromhydrique ; il réagit avec violence sur l'eau. J'y ai fait un dosage de carbone et d'hydrogène. O6',9o05 de substance ont donné 06%0592 H^O, soil O8',00436o H, ou 0 45 »/„, et 0s%3818 CO2, soit 06M04I5 C, ou 10.93 "/„. Ces teneurs en carbone et hydrogène correspondent à ( S3S ) celles d'un corps de la formule C^Br^FlHO, qui contien- drait c H 10.91°/. 0.45 Vo Cette formule appartient aussi bien au fluorure de dibromacélyle qu'au bromure de fluorbromacélyle. Pour déterminer la quantité de brome contenu sous forme de bromure acide, j'ai détruit la substance par l'eau glacée et j'ai titré l'acide bromhydrique formé par la méthode de Volhardt. 2g',5244 de substance ont précipilé I03'=%2d d'AgNOj 7,0, correspondant à Oe^S-235 Br, ou 35 86"/..- Le bromure de fluorbromacétyle contiendrait 56.3 % de brome sous forme de bromure acide. Le liquide bouillant à 116° peut être considéré comme du bromure de fluorbromacétyle presque complètement pur. Traité par l'eau, il donne une solution aqueuse dans laquelle l'acétate de calcium ne produit d'ailleurs qu'une légère opalescence. Il ne contient donc que des traces de fluorure de dibromacétyle. J'ai éthérifîé ce bromure acide par l'alcool absolu : j'ai obtenu ainsi du bromure d'éthyle et un éther bouillant à 150"; oO grammes de bromure acide m'ont donné 40 grammes d'éther, soit un rendement théorique. L'analyse de cet éther m'a donné les résultats sui- vants : 1K%012I de substance ont fourni Ok^^TS^ C02,soit 0s^03036H, ou 3.3 "/o, et 0g%9375 CO2, soit 0?%2872 C, ou 25 8 »/.. Calculé pour CFlBrFl - CO^ - CaHs. C 25 94 "/„ H 3.24 7, ( 559 ) La densité de vapeur, déterminée par le procédé d'Hofmann à la température de 184°, a confirmé les données analytiques. Poids de substance. Température. Pression b.irniiiélriqae réiluitpàO". Volume. Densilé. Poids moléculaire déduit. 0gs(t575 184° 146n"°,5 62", 1 6.^23 179.4 Poids moléculaire théorique de CHBrFl - CO^C^H.; : 184.6. 11 se forme donc du fluorbromacétate d'élhyle. Les produits de queue de la distillation du bromure de lluorbromacétyle m'ont également donné par éthérifica- tion le fluorbromacétate d'éthylc ainsi qu'une très petite quantité d'un autre éther, bouillant de 194° à 200°, ne contenant pas de fluor et se transformant par l'ammo- niaque en une amide fondant à 156°. Tous ces caractères permettent d'identifier cet éther avec le dibromacétate d'éthyle. Dans l'éthérification, il se dégageait de l'acide fluorhydrique; la formation de l'éther dibromacélique doit être attribuée à l'existence d'un peu de fluorure de dibromacétyle dans les produits d'oxydation du dibrom- fluoréthylène. Ce fluorure doit avoir un point d'ébuUi- tion très voisin du bromure de fluorbromacétyie. Quant au liquide qui distille, en très minime quantité il est vrai, entre 125° et 150°, il est constitué probable- ment par de l'acide fluorbromacétique, provenant de l'altération du bromure acide à l'air humide. Le dibromfluorbromacétyle se transforme donc presque ( 540 ) exclusivement en bromure de fluorbromacétyle ; la for- mation de fluorure de dibromacétyle est tout à fait insi- gnifiante; je n'ai en effet pas obtenu 2 grammes de dibromacétate d'éthyle aux dépens de 100 grammes de dibromfluoréthylène. Dans le travail cité plus haut, dans lequel j'ai décrit le dibromtluorétbylène, j'avais annoncé que ce corps s'oxyde à l'air : la corrosion du verre, le dégagement d'acide fluorhydrique que j'avais observés, m'avaient fait croire à la production d'une quantité importante d'un fluorure acide. Certes, ce dernier se produit, mais l'étude plus approfondie du phénomène m'a montré que je m'étais trompé sur l'importance de la transformation en fluorure acide; celle-ci n'est que secondaire au point de vue quantitatif. Je me suis demandé si l'élhylène perchloré et per- bromé, que Demole déclarait réfractaires à l'oxydation, le sont bien autant que cet auteur le croyait. L'oxydabilité facile du dibromdifluoréthylène et du tribromfluoréthylène m'avaient en effet prouvé que les éthylènes persubstitués sont capables de fixer l'oxygène. Oxydation du perchloréthyléne. Ce corps ne s'altère pas à l'air, mais on sait que l'anhydride sulfurique le transforme en chlorure de tri- chloracétyle à 130". Il était donc possible que l'oxygène se fixât directement sur l'éthylène perchloré. Au lieu d'oxyder par l'oxygène, j'ai essayé d'oxyder par l'ozone. Celui-ci était produit dans un ozonisateur de Siemens ( Ui ) et était envoyé, à l'aide de tubes rodés aux joints, dans le ballon contenant l'étliylène à oxyder. J'ai rapidement reconnu par une expérience prélimi- naire que le bichlorure de carbone se transformait partiellement, même à froid, et que le gaz sortant de l'appareil avait une réaction acide et possédait l'odeur irritante d'un chlorure acide. L'oxydation du perchloréthylène par l'oxygène ozonisé est cependant très lente, même à chaud, et je ne suis jamais parvenu qu'à obtenir une transformation incom- plète en chlorure acide, même en maintenant le courant d'ozone pendant huit jours. Comme le chlorure de trichloracétyle qui devait se produire a à peu près le même point d'ébuUition que l'éthylène perchloré, je ne pouvais espérer séparer les deux corps par distillation. Pour identifier le produit d'oxydation, j'ai traité par une solution concentrée d'ammoniaque dans l'eau. L'éthylène perchloré en excès fut séparé à l'entonnoir à robinet et la solution ammoniacale secouée avec de l'éther. Ce dernier fut décanté, séché et évaporé. Il se déposa des cristaux incolores qui furent recristallisés du chloroforme bouillant. J'obtins ainsi des lamelles fondant à 141°, point de fusion de la irichloracétamide. Un dosage d'azote a confirmé l'identité de ces deux corps. 06^357 de substance ont donné 06'',414NH3, soit 0e^0538N, ou 9.5»/,. Calculé pour CCIs - CONIL, : 9.55 •/,. En opérant à 100° avec 15 grammes de perchloréthylène et en faisant passer 25 litres d'oxygène ozonisé à raison d'une bulle par seconde, j'ai obtenu environ Os'-,7 de trichloracétamide. ( 542 ) Dans une autre expérience, faite à froid, j'ai titré acidimétriqueinent le chlorure de trichloracétyle formé. S^SS de perchloréthylène furent mis en expérience ; j'y fis passer 20 litres d'oxygène ozonisé. Il se forma 0^',152 de chlorure de trichloracétyle. Le perchloréthylène est donc susceptible d'oxydation par l'ozone. Je ferai remarquer incidemment que cette réaction constitue une voie de synthèse totale assez simple de l'acide acétique, par la succession des transformations suivantes : C -4- S »^- CSi »-*■ CCl^ B-^ CîCIi Br* CCI3 . COCl »* CCI3 . CO . OH !^CH3-C0.0H. Oxydation du tétrabrométhylène. Ce corps a été obtenu par le procédé de Lennox (*), en faisant agir la potasse alcoolique sur une solution de pentabrométhane dans l'alcool. Le pentabrométhane a été i)réparé par fixation du brome sur le tribrométhylène. L'oxydation a été provoquée par l'ozone. L'éthylène perbromé étant solide à la température ordinaire, j'ai effectué l'oxydation à chaud, en opérant à une température un peu inférieure à la température de sublimation de l'éthylène. J'ai observé également que le gaz sortant de l'appareil avait une réaction acide et répandait des fumées d'acide bromhydrique. L'oxydation était cependant beaucoup moins rapide que celle du perchloréthylène. Après avoir maintenu le courant d'oxygène ozonisé (*) Lennox, Annalen der Chemie und Pharmacie, t. CXXII, p. 126. ( 8*3 ) pendant un jour, j'ai reconnu que l'éthylène perbromé se prenait en cristaux par refroidissement, mais que ceux-ci étaient visiblement humectés d'un liquide. En continuant pendant plusieurs jours à faire passer l'ozone, je suis parvenu à augmenter la quantité de liquide, mais pas assez pour pouvoir le séparer des cristaux. Ceux-ci furent triturés avec une solution d'ammo- niaque, et l'amide qui avait dû se produire fut séparée de la même manière que la trichloracétamide. J'ai obtenu ainsi un corps fondant à 120" et présentant tous les caractères de la tribromacétamide. Je n'ai cependant pu en recueillir plus de 0^%1, soit une quantité trop faible pour l'analyser. La possibilité d'oxyder le perbrométhylène et de le transformer en bromure de tribromacétyle par l'oxygène n'en est pas moins démontrée. Oxydation du dic/ihrdibrométhi/lène symétrique. Le dichlordibrométhylène symétrique, décrit dans une autre communication que j'ai l'honneur d'adresser à l'Académie, a également été soumis à des essais d'oxydation. Je signale dans ce travail, qui a surtout été fait dans le but d'obtenir cet éthylène chlorobromé afin de pouvoir le soumettre à l'action de l'oxygène, que ce corps s'altère lentement à l'air en se transformant en un chlorure ou en un bromure acide. Cette oxydation à l'air est cependant extrêmement faible et lente, même à chaud. Aussi ai- je préféré employer l'ozone pour fixer l'oxygène. Malgré l'emploi d'un courant d'oxygène ozonisé main- tenu pendant huit jours et tout en opérant à la tempéra- ( 544 ) lure (l'ébullition de l'élhylène, je n'ai obtenu qu'une transformation très incomplète. J'ai transformé le produit d'oxydation en amide, qui fut purifiée par cristallisation. Cette amide était insoluble dans l'eau, très soluble dans l'éther et l'alcool, peu soluble dans le chloroforme, presque insoluble dans le tétrachlorure de carbone froid. Ce dernier dissolvant m'a servi à obtenir un produit pur, qui fondait à 127°. Tous ces caractères sont ceux de la chlordibromacétamide. J'avais très peu de produit à ma disposition et les purifications répétées m'en ont fait perdre assez pour qu'il ne m'en restât plus une quantité sulfisante pour faire une analyse de contrôle. Mais la constance du point de fusion dans des produits de cristallisations successives, m'a assuré de la pureté de la substance. Dans une autre expérience faite à froid et en présence de l'eau, j'ai déterminé la quantité de chlorure acide produite. 15 grammes de dibromdichloréthylène furent oxy- dés à froid sous une couche d'eau, à l'aide d'un courant d'oxygène ozonisé maintenu pendant quinze jours. Ils m'ont fourni Oe%86 de chlorure acide. On voit par là que la transformation est extrêmement lente. Le dichlordibrométhylène symétrique se comporte donc comme le dilUiordibrométhylène symétrique : c'est l'ha- logène le plus actif qui reste combiné au groupement C = 0. Il résulte de l'ensemble de ces expériences que les cinq éthylènes persubslitués que j'ai soumis à l'oxydation se laissent tous transformer soit par l'oxygène, soit par l'ozone, avec plus ou moins de facilité. ( 345 ) Oxi/dalion du dibromélhylène stjmélrique CHBr = CHBr. J'ai soumis l'éthylène bibromé symétrique à l'action oxydante de l'ozone, ce corps ne s'altéranl pas à l'air. L'ozone oxyde le dibrométbylène à chaud, mais il se pro- duit une décomposition importante, avec dégagement abondant d'acide bromhydrique et résiniiicalion partielle du liquide. Dans ces conditions, il m'était difficile de tirer des conclusions bien sûres de la marche de l'oxy- dation. Celle-ci est très lente, à l'enconlre de ce qui se pré- sente pour le dibrométbylène dissymétrique. Après avoir maintenu le courant d'oxygène ozonisé pendant huit jours, j'ai arrêté l'opération. Le produit de la réaction fumait fortement à l'air, mais possédait en môme temps une odeur manifeste d'aldé- hyde bromée. Sa composition est fort complexe. Je ne m'étendrai pas sur les difficultés que j'ai rencon- trées dans la séparation des différents produits que je suis parvenu à isoler. La réaction est surtout une réaction destructive; le composé principal que l'on retrouve après l'oxydation est le tétrabrométhane dissymélrique Œv-^ - CH^Br, bouillant sans altération à 255" sous la pression atmosphérique et que j'ai identifié par analyse. J'y ai trouvé : Calculé pour CjH2Bi'4. C 7.1 3 »/„ ^ 6.!)9 •/.. H O.G2''/„ 0.42 "/„ Br 92.27 "/o 92.51 "/. S"* SÉRIE, TOME XXXVI. 37 ( 546 ) A côté de ce corps, j'ai obtenu une petite quantité d'un acide bouillant vers 225° et dont le sel de plomb est bien soluble dans l'eau. Le point d'ébullition, les caractères du sel de plomb m'ont fait conclure que c'est de l'acide dibromacétique. La formation de cet acide s'explique par le fait que dans l'oxydation du dibrométhylène symétrique il se pro- duit aussi une aldéhyde bromée, bouillant vers 145°, très soluble dans l'eau, dont on peut la précipiter par l'acide sulfurique concentré. La dibromaldéhyde bout à 142°, En même temps se forme du bromure de bromacétyle, mais en quantité si minime que j'ai dîi me borner à le caractériser qualitativement. Il résulte néanmoins de ce que je viens d'exposer qu'on peut oxyder le dibrométhylène symétrique, que celui-ci donne comme produits d'oxydation du bromure de bro- macétyle et de l'aldéhyde dibromée, qu'une oxydation ultérieure transforme en acide dibromacétique. C'est probablement à la présence de l'aldéhyde bromée qu'est due la résinification pendant l'oxydation. Dans tous les phénomènes d'oxydation que j'ai étudiés, je n'ai pas observé de polymérisation notable de l'éthy- lène mis en œuvre. J'ai tout au plus constaté, en oxydant le dibromdilluoréthylène et le tribromfluoréthylène, qu'il se formait une très minime quantité d'un composé cris- tallin, si peu abondant que je n'ai pu le recueillir et qui est peut-être un polymère. Pour interpréter l'oxydation des éthylènes halogènes, Demole a admis qu'il se produisait un départ d'hydracide, provoquant la formation d'un corps instable de la forme CHR = C =. Celui-ci absorberait l'oxygène de l'air en ( ^^7 ) donnant un dérivé CHR II C=0 qui fixerait ensuite l'hydracide primitivement séparé pour donner soit un chlorure, soit un bromure acide. Pour cet auteur, il serait aussi possible qu'il se formai de l'acide hypochloreux ou hypobromeux aux dépens de l'hydracide enlevé et de l'oxygène. Cet acide hypobro- meux se décomposerait par la chaleur dégagée dans la réaction en brome, oxygène et eau. Demole explique ainsi la formation du tétrabrométhane dans l'oxydation du tri- brométhylène. A l'appui de sa théorie, qui repose sur l'hypothèse do l'enlèvement préalable de l'hydracide, il invoque le fait que les éthylènes persubstitués ne s'oxydent pas, qu'il faut donc la présence des éléments de l'hydracide dans la molécule. G. Wagner (*), dans une étude sur l'oxydation des composés non saturés, a émis une autre théorie. Il n'ad- met pas l'oxydation directe de l'éthylène avec formation d'un oxyde d'éthylène, car, dit-il, on ne conçoit pas pourquoi on ne retrouverait pas une certaine quantité de ce dernier. En outre, si l'oxydation était due à la pro- duction d'un oxyde d'éthylène, qui se transformerait par tautomérie, on ne comprend pas pourquoi les éthylènes persubstitués ne se laissent pas oxyder. Pour lui, le rôle important appartient à l'hydrogène : c'est celui-ci qui est oxydable et c'est pour cela que les_^ seuls éthylènes qui se (*) Wagner, Bericlile, l. XXI, p. 3356. ( 548 ) laissent oxyder sont ceux qui contiennent encore de l'hydrogène. 11 paraît à ce chimiste que l'éthylène est par lui-même incapable de fixer l'oxygène, mais il tend à se combi- ner au brome et à l'hydroxyle. En raison de cette ten- dance et de l'affinité de l'hydrogène pour l'oxygène, une molécule d'éthylène bibromé, par exemple, enlèverait à l'autre du brome et de l'hydrogène, et, en présence de l'oxygène, fixerait les éléments de l'acide hypobromeux, pour donner de l'alcool tribromé. Celui-ci se décompose- rait en bromure de bromacétyle et en acide bromhydrique qui serait fixé par la molécule d'acétylène bromée pro- duite dans la première phase de la réaction. CH, CH„ CH^Br CH Cllç>Br CHî H -f- 0 + Il =2 1 -+- '" = 1 -+- u CBi%. CBr, CBr, - OH CBr BrC = 0 CBr Les deux hypothèses de Demole et de Wagner ont un point commun : elles font intervenir toutes deux la for- mation d'acide bromhydrique, peut-être d'acide hypo- bromeux, et sont basées sur le fait que les éthylènes persubstitués ne se laissent pas oxyder. Elles tombent toutes deux devant l'observation que les éthylènes perhalogénés se laissent oxyder comme les autres. Il y a déjà longtemps, avant même les recherches de Wagner, M, Henry (*), s'occupant de l'oxydation des éthylènes, avait mentionné l'oxydabilité d'un com- posé éthylénique, l'éther trichlorvinylique CCIs 11 CCI — OCjHs. (*) Henry, Berichte, t. XII, p. 1839. ( 549 ) Or ce corps a les plus grandes analogies avec l'éthy- lène perchloré, et pour expliquer son oxydation, il serait difficile d'invoquer la formation d'acide chlorhydrique ou d'acide liypochloreux. Pour expliquer l'oxydation des éthylènès, M. Henry admit qu'il y a (ixation directe d'oxygène avec production d'un oxyde d'éthylène instable qui se transforme par tau- tomérie en chlorure acide. Il me parait que c'est là l'explication la plus plausible. Nous connaissons déjà plusieurs phénomènes du même genre, dans lesquels un oxyde d'éthylène se transforme en un corps contenant le groupement C = 0 ; je signalerai la production d'aldéhyde par déshydratation d'un glycol, la transposition tautomérique des pinacolines. Pour ces dernières, il est souvent difficile de dire si l'on se trouve en présence d'une acétone ou d'un oxyde éthylénique. Dans le cas des éthylènès halogènes, l'apparition de la fonction si caractéristique du chlorure acide permet de trancher immédiatement la question. L'hypothèse qui consiste à admettre la formation d'un oxyde d'éthylène rendrait d'abord mieux compte du fait que le perchlorélhylène, l'éthylène tétrabromé et le dichlordibrométhylène s'oxydent moins facilement que le dilluordibrométhylène et le tribromtluoréthylène. Si l'oxydation est un simple phénomène d'addition suivi d'une transposition intramoléculaire, on comprend facile- ment que les éthylènès dont le pouvoir de se combiner par addition est peu marqué, doivent s'oxyder plus difficilement que les autres. Or le perchloréthylène ne se chlorure qu'à la lumière solaire, le perbrométhylène se combine difficilement au brome, de même que le dichlor- dibrométhylène. Au contraire, la fixation du brome'sur ( 550 ) le difluordibrométhylène et sur le tribromtluoréthylène est des plus faciles. Il y a analogie complète entre la façon dont les éthylènes substitués se comportent vis- à-vis des halogènes et vis-à-vis de l'oxygène. On pourrait, il est vrai, répondre que l'éthylène lui- même se combine facilement aux halogènes, mais n'est pas susceptible de fixer directement l'oxygène. Il en est de môme pour beaucoup de composés non saturés. Cette contradiction s'explique peut-être par les considérations suivantes. La transformation de l'oxyde d'éthylène formé doit se faire d'autant plus facilement que, dan^ le cas des éthy- lènes halogènes, l'oxygène n'a pas à s'échanger contre un groupement à caractère plutôt positif, comme l'hydrogène ou le méthyle, ainsi que cela a lieu dans les transpositions énoliques de^ pinacolines, mais au contraire contre un élément d'allures fortement négatives, comme le chlore, le brome ou le fluor. Le fait bien probable que l'oxygène s'échange de pré- férence contre un élément négatif, nous expliquerait pourquoi le dibrométhylène symétrique donne de l'aldé- hyde dibromée par oxydation. CBrH CBrH CBi\,H I -+-0=1 )0 = ' ' • CBrH CBrH ^ HC - 0 J'ai obtenu aussi du bromure de bromacétyle, il est vrai, mais en quantité moins forte que l'acide dibroma- cétique. L'échange se produit dans les deux sens, mais avec prédominance de la transposition du brome avec l'oxygène. J'ai d'ailleurs fait remarquer au début de ce travail que, dans les expériences de Demole, celui-ci n'a pas constaté non plus le déplacement de l'atome d'hydro- gène. ( SEil ) D'autre part, l'expérience prouve que le chaînon C-O-(CiBrFl) représente un groupement très stable qui tend à se produire dans beaucoup de réactions chi- miques. Cette tendance est contrebalancée, dans l'oxydation du dibrométhylène symétrique, par celle de l'oxygène à s'échanger de préférence contre le brome plutôt que contre l'hydrogène. Ceci nous explique pourquoi le dibrométhylène symétrique s'oxyde si dilficilement, tandis que le composé dissymétrique est oxydé avec la plus grande facilité. L'explication de M. Henry nous rend donc, mieux que les autres, compte de la différence d'allures entre les différents éthylènes halogènes, et c'est un argument de plus en sa faveur. Wagner invoque contre l'hypothèse de la formation d'un oxyde d'éthylène instable le fait qu'on ne retrouve pas cet oxyde dans les produits de la réaction. On peut retourner cet argument contre lui, car on ne trouve pas non plus d'acétylène brome ou de CBrH, CBr.OFI Si nous admettons comme probable que l'oxygène s'échange plus facilement contre un halogène que contre l'hydrogène, nous trouvons dans la transformation du dibromfluoréthylène en bromure de fluorbromacétyle un argument nouveau en faveur de la formule CBr. ^ CHFI que j'ai donnée à ce corps. ( 5d2 ) Des deux formules possibles : CBps CBrFI Il il CHFl CBrH, la première explique la transformation presque exclu- sive, et par conséquent la plus facile, en bromure de fluorbromacétyle, par l'échange de l'oxygène contre le brome, tandis que la seconde impliquerait une transpo- sition entre l'oxygène et l'hydrogène. On peut se demander s'il existe une règle déterminant la nature de l'halogène qui prend la place de l'oxygène dans l'oxydation des éthylènes halogènes mixtes. Il semble que ce soit l'halogène le moins actif qui s'échange de préférence contre l'oxygène. Il en est ainsi pour les deux éthylènes symétriques que j'ai étudiés : /CBrCl CBr.Cl /C— BrFI CBr, 0< I = I 0( I =1 \CBrCI 0=C-Ci \C-Br.FI 0 = (:.FI Il en est de même pour le tribromfluoréthylène et le dibromfluoréthylène : les équations /CBpo CBr^FI /C-Br, 0 = CBr \C.BrFl 0 = (:Br ^ CHFl CHBrFl sont celles qui représentent la réaction prépondérante. Enfin, Demole a montré que pour le chlorbrométhylène symétrique, c'est le chlorure de bromacétyle qui constitue le produit principal de la réaction. Gand, le 1" novembre 1898. ( o55 ) Svr quelques propriétés des poli/gones inscrits aux courbes gauches; par François Deruyts, chargé de cours à l'Université de Liège. A la suite de nos recherches antérieures, concernant les éléments neutres des involutions quelconques, nous avons montré l'importance des résultats que l'on pouvait en déduire au point de vue des propriétés des courbes gauches rationnelles, ainsi qu'au point de vue des pro- priétés de certains systèmes de surfaces alliées à ces courbes (*). Actuellement, en nous servant des résultats acquis, concernant les éléments neutres, ainsi que d'autres résultats que nous avons donnés, déjà depuis longtemps, concernant les groupes communs aux involutions, nous nous proposons d'établir quelques théorèmes relatifs aux polyèdres dont les sommets sont les points d'une courbe gauche, ou dont les (aces sont les plans d'une surface développa ble. 1. Supposons d'abord que les groupes d'une involu- tion du premier rang, I;', soient représentés par des groupes de n points d'une courbe plane rationnelle, d'ordre m, C„ : en unissant, deux à deux, par des droites, les points des différents groupes de l'involution, nous obtenons une simple infinité de droites, enveloppant une (*) Bull, de l'Acad. roij. de Belgique, 3° sér.. t. XXXV, n°^ 2, 3, 4, 6; t. XXXVI, no 8, 1898. ( ^U ) courbe de la classe (n — 1) {m — 1); en effet, l'involu- tioii r,' a en commun avec l'involution du premier rang, \"\ marquée sur la courbe C„ par les sécantes issues d'un point quelconque du plan, {« — 1) {m — 4) couples. Remarquons que les droites du plan marquent sur la courbe C„ les groupes d'une l'î qui a en commun avec l'involution proposée l',', [m — 2) ("ï') ternes : ces ternes correspondent aux [m — 2) ("j') tangentes triples de la courbe d'involution de I,'. De plus, l'involution I;* possède 2(n — 1) éléments doubles; donc la courbe d'involution a 2(/i — i) tangentes communes avec la courbe C„.; ces deux courbes ont encore {» — 2) [m — 2) autres tangentes communes (sauf pour le cas de ni = 2), mais ces tangentes unissent des points distincts, c'est-à-dire que le point de contact de ces tangentes n'est pas un point double de l;'. Puisqu'une involution I,' est déterminée sur la courbe C„. par deux groupes de n points, nous pourrons énoncer le théorème suivant, généralisation d'un théorème dû à Ém. WeyrH : Les côtés de deux polygones complets de n sommets, inscrits dans une courbe rationnelle plane d'ordre m, C„, sont circonscrits à une même courbe, ^, de classe (n — 1) (m — 1 ), possédant (m — 2) ("7') tangentes triples : de plus, il existe une infinité d'autres polygones de n sommets, inscrits à la courbe, C„, et circonscrits à la même courbe, S. (*) Ueber Involulionen hôherer Grade. (Journal de Grelle, t. LXXII, pp. "285, etc.) ( 555 ) 2. Supposons maintenant que les groupes de l'invo- lution l: soient représentés par des groupes de n points d'une courbe gauche rationnelle, d'ordre m, C„ ; les droites qui unissent les couples de cette involution, forment le système des génératrices d'une surface réglée, d'ordre (m — 4) (n — 1). En effet, l'involution I," a en commun avec l'involution I;*, marquée sur la courbe C„. par les plans passant par une droite quelconque de l'espace, {m — i) [n — 1) couples. L'involution I; possède 2(» — 1) éléments doubles, donc {n — i) [m — 1) génératrices de la surface réglée d'involution sont des tangentes à la courbe C„.; en général, ce sont les seules génératrices jouissant de cette propriété. L'involution m, marquée sur la courbe C„. par les plans de l'espace, possède une infinité de ternes neutres; ces ternes neutres forment le système des trisécantes de la courbe C„(*); recherchons combien il existe de ces ternes neutres qui font partie de groupes de I;'. Pour cela, considérons un point A de la courbe C,„; il lui correspond, dans l'involution I3", (m — 2) (m —5) couples neutres B B' et donc {m — 2) {m — 5) points B. A chacun des points B il correspond, dans I;', (h — 4) points C : ainsi, à un point A il correspond {n— I) [m — -2)^(m — 5j (') Bull, de LWcad. roy. de Belgique, 3« sér., t. XXXV, n" 3, 1898. ( 556 ) points C; on verrait de même qu'à un point C il corres- pond {n— 1) (m — 2) (m — 5) points A; le nombre des groupes cherchés est évidem- ment égal à la moitié du nombre des coïncidences (AC) ; ce nombre est par conséquent (/*— 1) {m — t2) (m — 5). Nous pouvons interpréter géométriquement ce résultai en disant que la courbe C^ possède [n — 1) [m — 2) [m — o) trisécantes qui sont des génératrices de la sur- face réglée d'involution de I','. Enfin, l'involution donnée l',' et l'involution V", mar- quée sur la courbe C„. par les plans de l'espace, ont en commun {m — 5) ("7") quaternes : donc la surface réglée d'involution de li' possède {m — 5) ("i') groupes de six génératrices, formant autant de groupes de quadrilatères complets plans, inscrits à la courbe C,,.. iNous pouvons encore remarquer que la courbe C,„ est située sur la surface d'involution de I;', et, de plus, qu'elle est multiple d'ordre n — i pour cette surface. Puisque l'involution l;' est déterminée par deux groupes de n points, nous obtenons le théorème suivant : Les cotés de deux jjultjgones gaiirJies complets de n som- mets inscrits dans une courbe gauche d'ordre m, sont les génératrices d'une surface réglée d'ordre (n — 1) (m — i); (n 4) {m — 2) (m — 3) trisécantes de la courbe C„, sont des génératrices de la surface réglée. De plus, il existe une infinité d'autres polyones, inscrits à la courbe C„, dont les côtés sont les génératrices de la même surface réglée. ( ^-^7 ) 3. En particulier, nous en déduisons que les bisé- canles d'une cubique gauche qui s'appuient sur une droite de l'espace forment une surface réglée du quatrième ordre. En effet, les bisécantes d'une cubique gauche qui s'appuient sur une droite de l'espace, sont les droites qui unissent deux à deux les ternes d'une involution I,; il suffira donc de faire, dans l'énoncé précédent, m = 3, n = 5. Remarquons que la cubique gauche est située sur la surface réglée S4 et qu'elle est une ligne double de cette surface : par conséquent, la surface S4 est réci- proque à elle-même et peut être engendrée par l'inter- section des plans correspondants de deux faisceaux de plans projectifs du second ordre. Si la droite donnée de l'espace s'appuie sur la cubique ffauche, nous retrouvons le théorème bien connu : Les bisécantes d'une cubique gauche qui rencontrent une droite quelconque s'appuyant sur la courbe, forment le système de génératrices d'une surface réglée du second ordre. Ce théorème se déduit de l'énoncé général, en suppo- sant ni=5, »j = 2. 4. Joignons trois à trois, par des plans, les points des groupes d'une involulion I'/, représentée sur une courbe gauche rationnelle C„. ; nous obtenons une infinité de plans formant une développable de la classe ("7') ('» — 2). En effet, les plans de l'espace qui passent par un point fixe marquent sur la courbe C„. une involution I" qui a en commun avec l'involution I" proposée ("â*) {m — 2) ternes d'éléments. L'involution lî a, de plus, en commun avec l'involu- tion I3", marquée sur la courbe C„ par tous les plans de l'espace, ("3') (//* — 5) quaternes d'éléments; par con- ( ms ) séquent, la développable d'involution d'une I;' possède ("3') ('" — 5) plans quadruples. Enfin, l'involution I" possède une infinité de ternes neutres qui forment le système de trisécantes de la courbe C„, ; nous avons vu précédemment (n° 2) qu'il existe (w — 1 ) (m — 2) {m — 5) ternes neutres de I^ contenant un couple de J," : donc {n — i) (m — ;2) (m —3) plans de la développable d'involution d'une I" con- tiennent une trisécante de la courbe-support. Nous pouvons énoncer le théorème suivant, comme conséquence de ce que nous venons de voir : Les faces de deux polyèdres complets dont les n sommets sont inscrits à une courbe gauche rationnelle d'ordre m, fonnent les plans d'une développable de classe (°7*) (m — 2); celle développable coniient ("7') (m — 3) plans quadruples j de plus, (n— I) (m — i2) (m — 5) plans de celte surface passent par une trisécante de la courbe-support. Dans le cas où la courbe est du troisième ordre, on obtient l'énoncé suivant : Les faces de deux polygones complets de n sommets inscrits dans une cubique gauche, forment les plans d'une développable de la classe {"ï*); de plus, il existe une infinité d'autres polygones de n sommets inscrits à la inéme cubiijue gauche et dont les faces sont les plans de la même développable. ( 559 ) On obtiendrait de même Ténoncé corrélatif: Les sommets de deux polyèdres complets de n faces, osculatrices à une cubique gauche, sont situés sur une vième courbe d'ordre ("7*); de plus, il existe une infinité d autres polyèdres osculaleurs à la, cubique gauche et inscrits à la même courbe d'ordre ("2'). En particulier, si nous supposons 7i == 5 et n = 4, nous obtenons les deux théorèmes suivants : Les vingt sommets de deux pculaèdres oscillateurs à une même cubique gauche sont situés sur une courbe gauche du sixièine ordre. Les huit sommets de deux tétraèdres, oscillateurs à une même cubique gauche, sont situés sur une seconde cubique gauche et il existe une infinité d autres tétraèdres oscilla- teurs à la première courbe et inscrits à la seconde. Ce dernier théorème a été donné sous une forme un peu différente par M. Reye (*). 5. Considérons actuellement une involution lâ', repré- sentée par des groupes de n points d'une courbe gauche rationnelle C,,.; les plans qui unissent trois à trois les points des groupes de l'involution sont en nombre dou- blement intini : ils enveloppent une surface de la classe (n-2)(V). En effet, l'involution proposée I" a en commun avec l'involution I"', marquée sur la courbe C„, par tous les plans qui passent par une droite fixe, (n — 2) ("7*) ternes d'éléments. L'involution L' possède 3(w — 2) groupes contenant un (*) Die Géométrie der Laye, 3" édiu, t. II, p. 226. ( 560 ) élément triple : donc la surface d'involution contient 3(,i — 2) plans qui sont osculateurs à la courbe-support. Les couples neutres de I^ sont en nombre (/i— 1) (n-2) chacun de ces couples neutres joint à un point quel- conque de la courbe C„ donne lieu à un plan de la surface d'involution; ils correspondent donc aux géné- ratrices rectilignes de la surface d'involution. D'autre part, la courbe C„ possède une inflnité de tri- sécantes ; il en existe {« — -2) (m — 2) (m — 5) qui sont situées sur la surface d'involution. En effet, les Irisécantes de la courbe C„ sont les ternes neutres de l'involution 1',", marquée sur la courbe C„ par les plans de l'espace : parmi ces trisécantes, il en existe (n — t>) {m — 2) (m — 5) 2 dont les trois points de section font partie d'un groupe de l'involution I" proposée. Pour le démontrer, prenons un point A de la courbe ; il lui correspond dans 1,' les groupes d'une P'^S possé- dant (m — 2) (m — 3) ( S6t ) couples neutres (BC), et à chacun de ces couples (BC) il correspond dans lî, {n — 2) points D : au point A corres- pondent donc (n — 2) {m — 2) {m — 3) 2 points D. De même à un point D, il correspond dans l'involution J" les groupes d'une involution IV Q»i con- tient (voir n° 2) {n — 2) {m — 2) {m — 5) groupes, com- posés d'un couple BC de I"r* et d'un terne neutre de I^, ce terne neutre étant formé du couple BC et d'un élé- ment A. Donc, à un point D il correspond (» — 2) (»i — 2) (/» — 5) points A. Chacun des groupes cherchés absorbe trois coïncidences de la correspondance que nous venons d'établir; leur nombre est donc bien (w — 2) {m — 2) (m — 5) 2 En d'autres termes, si une involution I" est représentée par des groupes de n points d'une courbe gauche C„, il existe (» — 2) (m — 2) im — 5) groupes dont trois des points représentatifs sont en ligne droite. L'involution L" a en commun avec l'involution Ir CTO ('"?') quinternes : c'est-à-dire que si les groupes d'une involution l" sont représentés par des groupes de n points d'une courbe C„, il existe (V') ("T^) groupes dont 5""® SÉRIE, TOME XXXVI. 58 ( 502 ) cinq des points représentatifs sont dans un même plan. Nous en déduisons encore que la surface d'involution d'une I-i représentée sur une courbe gauche d'ordre m possède ("7') ("'s') plans décuples. Puisqu'une involution I;' est déterminée par trois groupes de it éléments, nous pouvons énoncer le théo- rème suivant : Les faces de trois pnhjçfoiios complets de n sommets, inscrits à une courbe r/atichc rationnelle d'ordre m, sont tangentes à vue même surface de classe (n — 2) ("7') ; ^^ -plus, il existe une double infinité d'autres poh/gones de n sommets, inscrits à la courbe et circonscjits à la même surface. I.a surface contient : ^ ("3') {"';') plans décuples; in— 1) (n — 2) génératrices rcctilignes qui sont des trisécantes de la courbe-support; (»— 2) 'ui — 2) (î» — ô) génératrices rectilignes (iiii sont des trisécantes de la courbe-support. 6. Cas particuliers. — Si nous supposons que la conrbe-support est une cubi(jue gauche, on obtient l'énoncé suivant : Les faces de trois polygones complets de n sommets, itiscrits (i une cubique gauche, sont tangentes à une même surface de classe (n — 2) ; de plus, il existe une double infinité d'autres poli/gones, inscrits à la même courbe et circonscrits à la vième surface. ( 565 ) Ou bien encore : Les sommets de trois poh/èdres complets de n faces osculalrices à une même cubique gauche sont situés sur une même surface d'ordre (n — '2). En particulier, si nous supposons n = 4 et n = 5, nous obtenons les deux tbéorèmes suivants : 1° Les sommets de trois tétraèdres, osculateurs à une même cubique gauche, sont situés sur une même surface du second ordre et il existe une double infinité d'autres tétra- èdres à la fois circonscrits à la même cubique gauche et inscrits à la même surface. Ce théorème est, comme on le sait, dû à M. Cremona. 2" Les sommets de trois pentaèdres complets osculateurs à une même cubique gauche, sont trente points situés sur une même surface cubique : il existe une double infinité d'autres pentaèdres, à la fois inscrits à celte surface cubique et osculateurs à la cubique gauche. De plus, six droites, situées chacune dans deux plans de la cubique gauche, sont six droites d'un double-six de la surface cubique {*). ADDITION. En général, si nous supposons que l'on représente les groupes d'une involution I',' par des groupes de n points d'une courbe normale C,„ d'une variété linéaire à m dimensions E,„ (m, < n), et si nous joignons par des espaces E,„_,, m à m les points des groupes de l'involu- tion I;, nous obtenons une simple infinité d'espaces E,„_„ formant une développable d« la classe {l~\). (*) Nous entendons par droite dans deux plans d'une cubique gauche l'intersection de deux plans osculateurs de cette courbe. (Voir, à ce sujet, les traités de géométrie de 51. Salmon.) ( o64 ) En effet, tous les plans E„,_j qui passent par un point quelconque de E„, marquent sur la courbe normale C„ les groupes d'une involution I";_, : cette dernière involu- tion a, en commun avec l'involution proposée 1", {l~\) groupes de m éléments. Ces groupes correspondent aux espaces E„,_, de la développable qui passent par le point en question. Cette développable est donc bien de la classe (",iî). Si n = m -h i, la développable est de la classe m, c'est-à-dire qu'elle est formée par les espaces E,„.,, oscula- teurs à une courbe normale C,'„ de E,„ (*), En remarquant que l'involution l""^' est déterminée par deux groupes de /;/ -i- 1 éléments, on obtient le théorème général suivant : Les m H- 1 faces E„_, d'un polygone de m 4- 1 som- mets, inscrits à une courbe normale C,„ , d une variété linéaire E,„, sont osculatrices à une autre courbe normale C,'„ de celte variété. En particulier, pour m = i2, on retrouve le théorème de Poncelet, et pour m =3, le théorème de M. Reye. 2. Cette propriété projective, qui se transmet dans tous les espaces linéaires sous la même forme, permet de construire les groupes d'une involution lï, dès que l'on se donne deux groupes de n éléments de cette involution : nous nous bornerons à le montrer pour le cas de n = 4. La remarque suivante nous sera utile à ce sujet : Les surfaces coniques du second ordre, ayant quatre génératrices communes, dont l'une est bisécanle d'une cubique gauche, (*) Par extension de ce qui se passe dans l'espace E5, nous appelons espace Em-\, osculaleur à une courbe normale C«, tout espace E,„-i qui rencontre cette courbe normale en m points coïncidents. ( 5(35 ) coupent cette courbe en des groupes de quatre points, formant une involution l,*. Nous pensons que cette remarque est évidente, mais pour prouver que l'involution l\, ainsi définie, est la plus générale, il faut que nous puissions, par le procédé que nous venons d'indiquer, résoudre le problème suivant : Étant donnés deux groupes, X^, Yj, Z^, Ui ; Xg, \^, Zg, U|2, de quatre points d'une cubique gauche, construire les trois points Y5, Z3, U3, complétant un groupe d'une \\, déter- minée par un point X3 de cette même cubique. Les deux plans (X^ Y^ Zi), (X^ Y.2 Z^) se coupent en une droite d; le plan [dX^) rencontre la cubique gauche en deux points, Bj, B2 : la bisécante (Bi B^) coupe la droite d en un point A. Si nous appelons a et 6 les droites respectives d'intersections des plans (\,Y,Z,), (B.B,U,), (X,YA1, (B,B,U,), le plan («6) rencontre la cubique en trois points {Y5Z3 U5), qui sont les points cherchés. En etîet, les trois cônes du second degré, décompo- sables, formés par les couples de plans, (X,Y.Z,), (B,B,U,), (X,Y,Z,), (B,B,UO. (B,B,X3), (YsZjUj), ont en commun quatre génératrices dont l'une (BjBa) est bisécante de la cubique gauche. Les plans (Y3 Z3 U3) forment une développable de la troisième classe. ( 506 ) En effet : 1° Les droites a, dans le plan (Xj Y^ Zj), et les droites b, dans le plan (X2 Y., Z.,), enveloppent deux courbes de la seconde classe C72 et a^, tangentes à la droite rf; car on peut remarquer que si M est un point quelconque du plan (XjYi Zi), les plans du faisceau (MU^) marquent sur la cubique gauche C3 les couples d'une If, tandis que les plans du faisceau (d,) marquent sur la même courbe les ternes d'une I^; ces deux involutions \\ et I^ ont deux couples communs qui correspondent aux tangentes à la courbe o-^, issues du point M ; 2° En joignant un point P de l'espace aux systèmes de droites a et b, obtenues en faisant varier le point X3 sur la cubique gauche, nous formons deux cônes de la seconde classe, ayant tous deux comme plan tangent le plan (Prf) : ces cônes ont en commun trois plans qui sont les plans de la développable (Y.- Z3 U3) passant par P. D'après ce qui précède, il nous semble inutile de démontrer que les faces des tétraèdres (Xi Y^ Zi Ui), (Xq Y2 Z2 U2) sont des plans de cette développable. COMITÉ SECRET. La Classe s'occupe, en comité secret, de la discussion des titres des candidats présentés pour les places vacantes. — Elle procède ensuite à la nomination de sa Com- mission spéciale des finances. Les membres sortants sont réélus. ( ^67 ) CXAJlifi^E DWIH LETTltEt^. Séance du 5 décembre 1898. M. F. Vander Haeghen, directeur. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. A. Giron, vice-directeur ; S. Bor- raans, Ch. Piot, T.-J. Lamy, G. Tiberghien, L. Van- derkindere, le comte Goblet d'Alviella, P. Fredericq, G. lùirth, Ch. Mesdach de ter Kiele, H. Denis, le che- valier Ed. Descamps, G.Monchamp, P.Thomas, Ern. Dis- cailles, membres; J.-C. Vollgratî, associé; V. Brants, Ch. De Smedt, Jules Leclercq, M. Wilmotle, H. Pirenne et Ern. Gossart, correspondants. M. le Directeur adresse les félicitations de la Classe à M. G. Kurtli au sujet de la manifestation dont il a été l'objet le 20 novembre dernier, à l'Université de Liège. Il assure l'honorable membre que l'Académie tout entière s'est associée à ce témoignage de sympathie. Les applaudissements de la Classe ont accueilli cette motion, ainsi que les remerciements exprimés fpar M. Kurth. ( 568 ) CORRESPONDANCE. M. le Ministre de l'Intérieur envoie, pour la biblio- thèque de l'Académie, un exemplaire de la Bibliotheca Belgica, 102* et 103* livraisons. — Remerciements. — Hommages d'ouvrages : 4 . Les rites de la moisson el les commencements de l'agri- culture, à propos du dernier ouvrage de M. Grant Allen ; par le comte Goblet d'Alviella; 2. A. Esquisse historique sur les insignes de souveraineté et les décorations de l'armée russe. Période des grands princes et des czars; B. Cent ans du corps militaire des courriers de cabinet. 1796-'! 896; par le colonel d'état- major Nicolas Nicolaeff. Saint-Pétersbourg, 189(3-1898. (Présenté par M. Marchai, avec une note qui figure ci-après); 5. Ménélik II, roi des rois de l'Ethiopie; par le marquis de_Nadaillac, associé; 4. Le collectivisme; discours, par L. de Gamond ; 5. La participation aux bénéfices ; par Waxweiler ; 6. A. // carattere morale di Antonio liosmini; B. Una fissazione hegheliana; C. Sulle dottrine psicofisiche di Platone; D. Che cosa è l'educazione; E. Sull' ipotesi delV evoluzione; F. L'unita délie scibile e la filosofia délia morale; G. Lezioni di filosofia délia morale; par L.-M. Billia, pro- fesseur à l'Université de Turin (présenté par M. Mon- champ, avec une note qui figure ci-après); 7. De Oranje Nassau boekerij en de Oranje-Penningen ( 569 ) in de Koninidijke Bibliotheek en in het Koninklijk Penning- Kabinet, te 's Gravenhage, 189S (offert par M. le Directeur de la Bibliothèque royale et M. le Directeur du Cabinet des médailles de La Haye). — Remerciements, — Le Comité organisateur du septième Congrès inter- national de géographie invite les membres de l'Académie à prendre part à cette session qui aura lieu à Berlin, du 28 septembre au 4 octobre 4899. NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. I. Esquisse historique sur les insignes de souveraineté et les décorations de l'armée russe. Période des grands princes et des czars; — T[. Cent ans du corps militaire des courriers de cabinet. 1796-1896. Esquisse historique; 2 vol. petit 111-4" (en russe), par le colonel d'état-major Nicolas iNicolaeff, Saint-Pétersbourg, 1896-1898. M. le colonel d'état-major Nicolas Nicolaeff, de l'armée russe, offre à l'Académie un exemplaire du livre qu'il a consacré au développement des notions et des idées sur la manière d'interpréter, dans la plus large acception du mot, les origines des marques de souveraineté et des décorations, armes, armures, drapeaux, étendards, armoiries, etc., de l'armée russe, depuis le commence- ment de la période des grands princes et des czars. L'auteur, pour arriver à réaliser son œuvre, a mis à con- tribution les principaux dépôts d'archives de l'Empire. Il a cherché ainsi à donner à son travail un caractère scien- ( 570 ) lilîque et archéologique qui n'a pas d'antécédents dans les armées européennes. Il commence en rappelant la manière des Slaves d'en- visager les drapeaux comme des signes sacrés de rallie- ment, ce qui se pratiquait déjà chez les Russes avant leur baptême. Il fait ensuite valoir l'influence exercée par le christianisme sur ces emblèmes et son action pour arriver à transformer les drapeaux en reliques d'église. Il y ajoute des considérations sur les préparatifs et le cérémonial qui entouraient leur remise aux corps d'armée. Le colonel Nicolaelf, atin de mieux faire ressortir l'objet de son travail, y a joint un certain nombre de belles planches gravées ou photographiées, dont les deux premières représentent des ancêtres de l'armée russe, armés pour le combat ou assiégeant une ville, et les autres, des oriflammes, drapeaux, fanions, etc., depuis 1560, ainsi que les armoiries actuelles de l'Empire, telles qu'elles ont été déterminées héraldiquement en 1700. Le lecteur trouvera dans ce beau volume la description détaillée des drapeaux des Cosaques, l'explication histo- rique des causes qui déterminèrent ceux-ci à se soustraire au protectorat des Polonais et des Turcs et leur soumis- sion à l'ancienne Russie, ainsi que les drapeaux qu'ils reçurent alors comme marque de leur indépendance. On y trouvera aussi la description détaillée des autres distinctions militaires, attributs, médailles, insignes de service ou de commandement. L'auteur termine cette partie de son livre en expliquant les changements arrivés dans l'armée russe depuis sa réorganisation par Pierre le Grand (ï172o), qui a donné à tous les régiments leurs marques honorifiques, lesciuelles subsistent encore. Les quatre appendices se rapportent à la création de ( S7I ) la chambre d'armes ou arsenal, le Musée numismatique d'artillerie actuel et ce qu'il était sous l'ancien régime, enfin des drapeaux comme monuments de l'ancienne peinture d'images. Parmi ces drapeaux, il y en a qui ont une réelle valeur historique et archéologique et leur dessin est de toute beauté. Le colonel Nicolaeff offre en même temps un exem- plaire de son Histoire de la création du corps militaire des courriers de cabinet, dont l'institution remonte au siècle dernier. Son volume est illustré, entre autres, de portraits et de tigures représentant les courriers dans leur costume militaire. Chev. Edm. Marchal. J'ai l'honneur de présenter à l'Académie, de la part de M. Billia, professeur à l'Université de Turin, sept publi- cations de ce savant dont voici les titres : Il carattere morale di Antonio Rosmini. Milano, 1897. Una fissazione Itecjheliatia. Torino, 1898. Sulle dottrine psicofisiche di Platone. Modena, 1898. Checosa è l' educazione . Torino, 1896. SuW ipotesi dell' evoluzione. Torino, 1897. L'unità délie scihile e la filosofia délia morale. Toi'ino, 1898. Lezioni di filosofia délia morale. Torino, 1897. M. Billia, dont notre regretté confrère Alphonse Le Roy a plusieurs fois entretenu la Classe, est un disciple fervent du célèbre Rosmini et se réclame souvent de son autorité : un des travaux qu'il offre à la Compagnie est ( Dli ) consacré tout entier à défendre le penseur de Roveredo contre de compromettants éloges qui font de lui un panthéiste, presque un hégélien; un autre exalte et, dirais-je bien, chante les qualités morales du Maître. Je ne veux point contester que Rosmini n'ait été brillam- ment doué du côté de l'esprit et du cœur, et je reconnais que son œuvre commande l'attention, ne serait-ce que par l'influence considérable qu'elle a exercée et exerce encore en Italie et ailleurs. Toutefois mes convictions philosophiques et théologiques me séparent de cet écri- vain et de son école sur des points de conséquence. Ces réserves foites, je juge dignes d'être lus les travaux de M. Billia. Ils se font remarquer par leurs vues synthé- tiques et en même temps par des analyses qui ne man- quent pas de finesse, et à certains moments d'humour. L'auteur est érudit ; il a beaucoup hanté Platon et connaît ceux qui se sont inspirés de la philosophie platonicienne. Deux d'entre les travaux qu'il nous oftVe, ainsi que je viens de le dire, s'occupent de Rosmini. Un autre montre dans Platon les préoccupations de nos modernes psycho- physiciens. Un quatrième nous donne la définition de l'éducation, en tant que celle-ci comprend l'éducation de nature et l'art de l'éducation, deux choses que l'auteur distingue à bon droit. Un cinquième travail a pour objec- tif ce que l'auteur appelle Vhypothêse de l'évolution. Il y rejette catégoriquement la doctrine d'après laquelle il n'y aurait au monde que de l'évolution, sans vérités absolues ni substratums permanents des phénomènes, mais il ne trouverait pas de raisons péremptoires dans les dogmes chrétiens ni dans la philosophie pour rejeter l'évolution, par exemple, dans le règne végétal, ou dans le règne (875) animal, dût celle-ci s'étendre à V animalité de l'homme. Les deux derniers ouvrages s'occupent de la philosophie delà morale. L'un d'eux est consacré à faire ressortir l'unité des sciences et à montrer la place d'honneur que tient dans leur ensemble la philosophie de la morale. Entre autres choses, M. Billia fait toucher du doigt la connexion entre les sciences naturelles et la psy- chologie qui étudie l'instrument de toutes nos connais- sances. Le Lezioni di filosofia délia morale, dont il nous reste à dire quelques mots, est une œuvre plus considé- rable que toutes celles dont il vient d'être question. L'auteur y considère la notion de cette science et sa place dans le scibile, puis successivement l'intelligence, la volonté, la liberté et la loi morale. 11 s'y montre partout spiritualiste et, aux occasions, rosminien. Je regrette que le court espace réservé dans notre Bulletin aux notices bibliographiques m'empêche de dire davantage sur ce livre, auquel il serait utile de consacrer une analyse cri- tique bien plus étendue. Je me borne donc à ajouter que M. Billia est un des collaborateurs les plus assidus de la revue IlAuovo Hisor- gimento. Il y publie pour le moment une série d'articles contre le néothomisme de Mercier et de son école, notam- ment de M. le professeur De Craene. Le grand grief de \L Billia, c'est que la jeune et active école, d'une part courtise la doctrine positiviste, et d'autre part repousse en bloc toutes les doctrines idéalistes, donc aussi celle de Rosmini. Le ton de ces articles est courtois et sérieux : je les signale à tous ceux qu'intéresse le mouvement des idées. Georges Monchamp. ( 574 ) COMMUNICATION. La Classe des lettres et des sciences morales et poli- tiques a examiné récemment deux questions importantes qui touchent à sa constitution. Ces questions concernent l'organisation de la Classe dans ses rapports, d'une part, avec la littérature pure, d'autre part, avec les sciences morales et politiques. Comme des modifications statu- taires et réglementaires pouvaient se rattacher à la solu- tion de ces questions, la Classe a porté en même temps son attention sur les conditions auxquelles sont soumis les changements à apporter éventuellement à son organi- sation. En ce qui concerne ce dernier point, il y a lieu de dis- tinguer entre les Statuts organiques de l'Académie, le Règlement général commun aux trois Classes et le Règle- ment intérieur de chaque Classe. Les Statuts organiques forment la constitution stahle de l'Académie dont le Roi est le Protecteur. Ils indiquent, dans leur article final, les conditions nécessaires pour leur revision : « Les dispositions qui précèdent, formant les Statuts organiques, ne peuvent être changées qu'en séance générale et du consentement de l'Académie, donné par les trois quarts des membres présents. Tout changement est soumis à l'approbation du Roi. » L'article il des mêmes Statuts parle du Règlement général en ces termes : « Le Roi décrète un Règlement général. Il ne peut y être apporté de changements qu'une fois par an dans la séance générale des trois Classes mentionnée ci-après; ces changements doivent avoir ( s^n ) obtenu l'assentiment des deux tiers des membres pré- sents et ils sont soumis à l'approbation du Roi. » L'article 40 s'exprime comme il suit concernant le Règlement de chaque Classe : « Chaque Classe forme son Règlement intérieur qui est soumis à l'approbation royale. » Il n'y a pas d'autres conditions posées à l'exer- cice de cette dernière prérogative. La question de l'accès à accorder dans la Classe à des représentants de la littérature pure a été posée par M. Kurth dans les termes suivants : « A première vue, il semble qu'une question pareille ne soit susceptible que d'une réponse affirmative; je n'hé- site cependant pas à répondre négativement. Notre Classe porte un nom qui donne lieu à un malentendu. Si on l'appelle Classe des lettres, c'est faute de trouver dans le vocabulaire actuel une expression qui la désigne d'une manière adéquate. Cette Classe n'est en réalité qu'une Classe des sciences qui se rapportent à l'homme et à la société, et que je regrette de ne pouvoir, parce que nous ne sommes pas les maîtres du langage, appeler du vieux nom si expressif et si large (ï humanités . Son but, c'est de cultiver en commun et d'aider à progresser, par les moyens qui sont à sa disposition, les diverses sciences qui forment son domaine. Elle ne se distingue en rien, sous ce double rapport, de la Classe des sciences propre- ment dite, au sujet de laquelle il n'y a jamais eu de malentendu. Or, la littérature est un art et non une science, et il n'y a rien ou presque rien de commun entre les travaux de l'artiste et ceux du savant (1). )) C'est la raison pour laquelle, à mon sens, il n'y a pas l) On ne me fera jias dire, j'espère, que l'arlisle ne peut pas être un savant, ou que le savant n'a pas à se préoccuper d'être artiste. ( S76 ) lieu d'introduire dans notre Classe les représentants des belles-lettres. Ils seraient égarés parmi nous, non qu'ils n'y trouvent pas le tribut de sympathie ou d'admiration qui leur revient, mais parce qu'ils ne seraient pas dans leur véritable milieu. Si donc on estime qu'il soit utile pour les belles-lettres de grouper leurs membres en aca- démie, il doit être bien entendu que ce n'est pas dans notre Classe qu'il faut les introduire. )) Il faut, ou bien créer à leur usage une Classe des belles-lettres, sauf à donner à la nôtre un nom qui expri- merait d'une manière plus exacte ses véritables attribu- tions, ou bien les réunir dans une section spéciale de la Classe des beaux-arts, qui deviendrait ainsi la Classe des beaux-arts et des belles-lettres. » Sera-ce rendre un vrai service à la littérature que d'enrégimenter ainsi ses principaux représentants? Je ne voudrais pas l'aflirmer sans réserve. Il est de la nature du travail scientifique de progresser dans les ateliers com- muns et grâce aux efforts collectifs; il est de l'essence du travail artistique de devoir ses plus beaux chefs-d'œuvre à la méditation solitaire et à l'inspiration personnelle. Au surplus, et quelles que soient les diverses manières de voir sur cette question, elles ne sauraient, je pense, nous empêcher d'être unanimes quant à la distinction à éta- blir entre les sciences que nous cultivons ici et l'art litté- raire proprement dit. » Cette distinction, si je ne me trompe, est rigoureuse- ment observée dans toutes les académies du monde, sans omettre l'Académie des inscriptions et belles-lettres, qui, comme notre Classe, porte un nom traditionnel peu en rapport avec la nature et avec l'étendue de ses travaux actuels. » La Classe ne méconnaît aucunement le très remar- ( »77 ) quable mouvement littéraire qui honore la Belgique contemporaine. Mais ce fait ne supprime pas, à ses yeux, la distinction « entre les sciences dont elle s'occupe et l'art littéraire proprement dit ». Et elle ne peut que faire siennes, à ce point de vue, les observations de M. Kurth. Elle n'entend pas se prononcer sur les services que rendrait à la littérature nationale le groupement des littérateurs en institution ollicielle. Mais elle estime que si quelque chose d'utile peut être réalisé dans cet ordre, il conviendrait de le demander soit à la création d'une Classe autonome, soit à l'adjonction d'une section parti- culière à la Classe des beaux-arts. Augmenter de quel- ques unités le nombre des sièges de la Classe des lettres ne serait pas une solution. C'est en s'inspiranl de ces motifs que la Classe a adopté la résolution suivante : (c 11 n'y a pas lieu d'augmenter le nombre des membres de la Classe en vue d'accorder une place particulière à la littérature pure, la place de celle-ci étant plutôt dans une section de la Classe des beaux-arts ou dans une Classe à créer spécialement. » Cette résolution a été adoptée à l'unanimité moins trois voix et deux abstentions. En ce qui concerne l'organisation de la Classe dans ses rapports avec les sciences morales et politiques, l'assem- blée a été saisie de deux propositions, l'une demandant la création d'une Classe nouvelle des sciences morales et politiques, l'autre demandant l'attribution à la Section des sciences morales et politiques d'une représentation égale à la moitié des sièges de toute la Classe. La première proposition a été rejetée à l'unanimité moins une voix, celle de son auteur, et deux abstentions. La Classe a estimé que la création de la Classe proposée, non seulement n'aurait pas de raison d'être dans les 5'"'' SÉRIE, TOME XXXVI. 39 ( 578 ) conditions actuelles, mais serait en contradiction avec l'existence de la Section des sciences morales et poli- tiques instituée, au sein de la Classe actuelle des lettres, par les Statuts organiques et comprenant, aux termes des Règlements, les matières suivantes : l'économie politique, la statistique, la législation, le droit public, la jurispru- dence, indépendamment de la philosophie morale et des autres branches philosophiques. Mais la Classe a admis qu'il y avait lieu d'attribuer, en tout cas, la moitié fixe de ses siègesàla Section dessciences moralesetpolitiques, afin d'assurer toujours à cette Section dans la Classe une représentation correspondant à son importance. La Classe a tenu en même temps à affirmer spéciale- ment ce qu'il y a d'heureux et de fécond dans la rencontre en une même assemblée d'historiens d'élite et de savants s'occupant des sciences morales et politiques. Aujourd'hui que l'on tend de plus en plus, dans les sciences écono- miques, juridiques et même philosophiques, à faire large la part des faits, l'histoire devient en quelque sorte un terrain commun où toutes les sciences morales se ren- contrent et que toutes ont également besoin d'exploiter. L'histoire, à ce point de vue, est moins une science spéciale que l'introduction nécessaire à la plupart des sciences morales et politiques. c( Tout en reconnaissant volontiers l'importance que ces sciences ont prise et ne cessent de prendre de nos jours, disait M. Rurth, en appelant sur ce point l'attention de l'Académie, je ne saurais cependant consentir, pour ma part, à un fractionnement qui détacherait de notre Classe les savants qui les cultivent. Il est de l'intérêt des études relatives à l'homme et à la société de rester groupées, et les sciences sociales elles-mêmes perdraient beaucoup à être cultivées à l'écart, en dehors du milieu où l'on se ( 579 ) livre à rétiide de l'histoire, de la philosophie morale el du droit. Dira-t-on que ces derniers font partie du groupe des sciences sociales et qu'ils doivent les suivre dans leur exode vers la terre promise d'une Classe à elles? Mais alors on ne voit pas ce qui resterait à la Classe qu'on voudrait abandonner. Tout compte fait, si la sociologie, pour employer ce terme barbare, se trouve tro|) peu représentée parmi nous, ce n'est pas en faisant sortir de nos rangs ses trop rares représentants, c'est au contraire en les y faisant entrer en plus grand nombre que nous remédierons à l'abus. » Les mesures prises par la Classe ne peuvent manquer d'avoir ce résultat. N'exigeant point de modifications statutaires, elles peuvent être immédiatement mises à exécution. Toutes les résolutions de la Classe ayant obtenu un assentiment presque unanime, puisent dans cette circon- stance un surcroît d'autorité. ELECTIONS. La Classe désigne M. Ernest Gossart, correspondant, pour remplacer M. Samuel dans la Commission de la Biographie nationale. Elle procède ensuite au renouvellement de sa Com- mission spéciale des finances. Les membres sortants sont réélus pour 1899. M. Descamps remplacera M. Wauters, décédé. ( d80 ) CLASSE DES BEAUX-ARTS. Séance du 1"' décembre 1898. M. Ch. Tardieu, directeur, président de l'Académie. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. J. Robie, vice-directeur; F. -A. Gevaert, G. Gufléns, Th. Radoux, Peter Benoit, J. Deman- nez, P.-J. Clays, G. De Groot, Gustave Biot, H. Hymans, Th. Vinçotte, Jos. Stallaert, Alex. Markelbach, Max. Rooses, G. Huberti, A. Hennebicq, Éd. Van Even, Alfred Cluysenaar, le comte Jacques de Lalaing, J. Winders, Ém. Janlet, J. Van Ysendyck, membres; Jos. Meunier, correspondant. MM. Maquet, membre, et Mathieu, correspondant, font motiver leur absence. CORRESPONDANCE. Le Gouvernement de S. M. la Reine des Pays-Bas offre un exemplaire du livre portant pour titre : Le Musée national à Amsterdam. Texte de Victor de Stuers; plan- ches de l'architecte P.-J.-H. Cuypers. 1897, in-folio. — Remerciements. ( S8i ) L'Athénée de Brescia offre un exemplaire de l'album de phototypies portant pour titre : U opère di Bonvicino, publié à l'occasion de l'inauguration de la statue de ce peintre (1498-1555), à Brescia, et à l'occasion de l'expo- sition récente de ses œuvres. — Remerciements. La note lue par M. Marchai au sujet de ces deux ouvrages ligure ci-après. — M. E. Cremers fait hommage d'une brochure inti- tulée : L'anali/se el la composition mélodiques. — Remer- ciements. NOTE BIBLIOGRAPHIQUE. S'il est dans l'histoire de la peinture de la Haute-Italie une intéressante figure du XVP siècle, à côté du Titien et de Palma le Vieux, c'est Alexandro Bonvicino, de Brescia, dit Moretto, qui vécut à Brescia de 1498 à à 1555. Il parait qu'il n'a étudié que dans cette localité qui a bénéficié de sa gloire artistique. Bonvicino peignait déjà en 1516; il devait donc alors avoir environ 20 ans. J. Burckhardt — une autorité en matière d'art — en parle en ces termes dans son Cicérone, page 751 (tra- duction française de M, Auguste Gérard, Ministre pléni- potentiaire de France à Bruxelles) : « Après une étude attentive des Vénitiens et surtout de Palma, il se forma à l'école de Girolamo Romanino, aussi de Brescia (1485-1566), surtout aux dernières œuvres du maître, dont le coloris éclatant se fondit chez lui en une tonalité argentée, d'un gris perlé très fin. Ce n'est que dans les derniers tableaux de Moretto que la tonalité devient d'un gris très monotone et le coloris d'un rouge assez lourd, en même temps que les figures perdent ( 582 ) leur précision, leur l'orme et tournent au sentimental. D'ordinaire elles ont une maturité (une opulence de formes, aurait du dire le traducteur), une plénitude de beauté, une noblesse d'attitude auxquelles il ne manque que la chaleur et la vie du Titien ou de Palma. Certain trait original de mélancolie leur donne encore plus de charme. » C'est surtout dans les églises de Brescia que l'on peut admirer et apprécier la prodigieuse fécondité du Moretto, et cette intéressante localité a le droit de s'enorgueillir de cet élève et émule de Romanino. L'Athénée de Brescia, fondé en 1802 pour la haute culture intellectuelle, vient d'élever à Bonvicino une statue sur l'une des places publiques de la ville; cette statue est de Domenico Ghidoni. L'Athénée de Brescia a organisé à cette occasion, en septembre de l'année actuelle, une exposition de toutes les œuvres qu'il a pu réunir du célèbre peintre. C'est au nom de cette institu- tion artistique et littéraire que j'ai l'honneur de présenter à la Classe l'album portant pour titre : L'opère di Bonvi- cino, renfermant trente et une reproductions hélioty- piques des tableaux du maître. Mes excellents confrères de la Classe des beaux-arts parcourront cet ouvrage avec intérêt, je n'en doute pas; cet album est accompagné d'un texte qui jette un jour tout nouveau sur la vie et les œuvres de célèbre peintre italien. D'autre part, MM. les architectes feuilletteront avec le même intérêt le beau volume que le Gouvernement hollandais vient d'offrir à l'Académie et qui porte pour titre : Le Musée national à Amsterdam, texte de Victor de Stuers, planches de P.-J.-H. Cuypers, l'architecte du monument. Chev. Edm. Marchal. ( 583 ) RAPPORT. II est donné lecture des appréciations de MM. Winders, Janlet et Maquet sur le premier rapport semestriel de M. Cols, prernier prix du grand concours d'architecture de 1896. — Renvoi à M. le Ministre de l'Agriculture et des Tra- vaux publics. ÉLECTIONS. La Classe fait choix de M. P'iorimond van Duyse pour remplacer M. Samuel dans la Commission de la Biogra- phie nationale. Elle procède ensuite au renouvellement de sa Commis- sion spéciale des finances pour l'année 1899; M. Huberti y remplacera M. Samuel, décédé. Elle se constitue en comité secret pour discuter les titres des candidats présentés pour les places vacantes et pour l'adoption de candidatures nouvelles. ( 58i ) €l.AISfSK DES SCIEIVCES. Séance du 15 décembre 1898. M. Éd. Dupont, directeur. M. le chevalier Edmond Marchal, secrétaire perpétuel. Sont présents : MM. W. Spring, vice-directeur; le baron Edm. de Selys Longchamps, G. Dewalque, Éd. Van Beneden, G. Malaise, F. Folie, F. Plateau, Fr. Grépin, J. De Tilly, Gh. Van Bambeke, Alfr. Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, Louis Henry, M. Mourlon, P. Mansion, P. De Heen, G. Le Paige, Gh. Lagrange, F. Terby, J. Deruyts, Léon Fredericq, J.-B. -Voltaire Masius, J. Neuberg, A. Lancaster, membres; Gh. de la Vallée Poussin, associé; P. Francotte, correspondant. M. Brialmont, niembre, s'est excusé de ne pouvoir assister à la séance. GORRESPONDANGE. M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique demande que la Glasse procède, conformément à l'ar- ticle 42 du règlement général des concours quinquennaux et décennaux, à la formation d'une liste de quatorze ( ^sn ) noms, pour le choix : I" du jury chargé de décerner le prix décennal des « sciences botaniques » ; 2" du jury chargé de décerner le prix décennal de « chiniie et de physique expérimentales » , dont la première période sera close le 51 décembre courant. — Hommage d'ouvrage : La courbure et la torsion dans la coUinéation et la réci- procité; par Clément Servais, extr. in-S". — Remer- ciements. JUGEMENT l)i; CONCOURS ANNUEL (1898). SCIKIVCES iMATIlÉ.llATlQt]Ii:S ET I>HYSI«[}IJKS. Trois mémoires ont été reçus en réponse à la troisième question : Apporter une contribution importante à l'étude des corres- pondances (Verwandtschaf'ten) que l'on peut établir entre deux espaces. Ils portent pour devises : N°M. — Geometry is hard (J.-H.-S. Smith); 2. — Numeri regunt locum ; 5. — Itinera ad verum. Sur la déclaration des commissaires-rapporteurs de ne pouvoir encore présenter leurs conclusions, autant à cause de l'importance de la question posée que des pro- portions des mémoires soumis à leur appréciation, la Classe ajourne le prononcé du jugement jusqu'à une prochaine séance publique. ( 586 ; KcmmcES i{.%ti;rel.i.es. PREMIERE QUESTION. On demande de nouvelles recherches macrochimiques et microchimiques sur la digestion chez les plantes carnivores. « Le mémoire qui nous a été adressé porte pour épi- graphe cette phrase de feu notre confrère Ed. Morren : «fL'activité des plantes carnivores est, en dernière ana- lyse, une question d'azote. » Cette absorption d'azote, l'auteur en fournit une démonstration plus complète que tous ses devanciers, et qui parait décisive. Gobel avait remarqué que les Nepenthes paraissent l'emporter quant à l'énergie de leur digestion sur les autres plantes insectivores : aussi l'auteur a-t-il été bien inspiré en choisissant précisément ces végétaux pour étudier le phénomène de plus près. Quant à la difficulté de se les procurer en quantité suflisante, elle n'existait pas pour lui, puisqu'il a eu la bonne fortune de faire une grande partie de ses recherches pendant un séjour dans la forêt vierge, à Java. Ajoutons que les impressions de voyage exotique qui percent, çà et là, discrètement, dans les descriptions scientifiques des faits observés, donnent à ce mémoire un certain charme spécial. L'auteur commence par quelques considérations géné- rales sur la digestion, puis il passe rapidement en revue les phénomènes de digestion dans le règne végétal : racines attaquant des composés minéraux insolubles, ( 587 ) plantes saprophytes et parasites digérant des matières organiques complexes, plantules en germination utilisant les matériaux de réserve, saprophytisme partiel des plantes carnivores. Il résume alors ce que l'on sait de ces dernières plantes et en particulier des Nepenthes : cet exposé m'a paru présenter quelques légères omissions et inexactitudes, mais qui n'ont pas grande importance. Le problème chimique est abordé ensuite dans le cha- pitre « sur les zymases protéolytiques et leurs produits de dédoublement ». Examinant l'action de la pepsine (en présence d'acide dilué) sur les albuminoïdes, l'auteur y reconnaît, avec divers autres biochimistes, trois étapes successives : transformation de l'albuminoïde en sijnto- nines ou acidalbumines ; transformation de celles-ci en albumoses; et de celles-ci, à leur tour, en peptones. 11 indique avec soin, d'après ses propres expériences, les caractères de ces divers groupes de corps, notamment des peptones. Il y a lieu de signaler l'aliment (pie notre auteur a donné aux urnes de Nepentlws : c'est du blanc d'œuf dilué au dixième et rendu incoagulable par l'addition d'un millionième de sulfate de fer. Cette « albumine incoagu- lable», facile à doser, à manier et à stériliser, peutrendre, en chimie physiologique et en bactériologie, de très grands services, comme l'ont montré des recherches entreprises, il y a déjà quelques années, à l'Institut bota- nique de l'Université de Bruxelles, et que l'Académie a bien voulu publier en 189:2 et 1895. Les expériences faites dans la forêt vieige ont porté sur le Nepenthes melampliora. Normalement, le liquide sécrété par l'urne encore fermée est neutre. Mais il sullit de pro- duire une excitation, soit en secouant l'urne un peu fort, ( 588 ) soit en y introduisant un corps étranger solide ou même liquide, pour que la sécrétion s'acidifie bientôt. Les insectes se noient beaucoup plus vite dans le liquide des urnes que dans l'eau, très probablement parce que ce liquide les mouille, tandis qu'il n'en est pas ainsi pour l'eau. Une fois noyés dans le liquide des urnes, ils restent encore vivants durant plusieurs heures, de sorte qu'il n'y a probablement point là d'action toxique, comme quel- ques-uns l'admettent, mais simple et graduelle asphyxie. En regard de ces faits, il est intéressant d'apprendre que l'auteur a observé deux espèces d'insectes qui bravent impunément le liquide des urnes et qui y effectuent même tout le cycle de leur développement. Une constatation semblable avait déjà été faite pour les Sarracenia, mais on était tenté de l'expliquer par l'absence de zymase digestive dans le liquide de ces plantes. Chez le Nepenthes melamphora, une zymase existe probablement, et il est curieux de voir des larves vivre dans un tel liquide. N'oublions pas toutefois que l'on connaît bon nombre d'immunités tout aussi remarquables, à commencer par la résistance de la muqueuse stomacale vis-à-vis du suc gastrique. L'addition d'albumine au liquide de l'urne y provoque la réaction acide, ou l'exalte si elle existait déjà ; après deux jours environ, l'albumine a disparu, sans qu'il soit possible d'obtenir une réaction nette de peptones vraies. Cela paraît tenir à ce que le liquide du Nepenthes melam- phora n'est pas très actif et que la plante absorbe les produits de dédoublement des albuminoïdes au fur et à mesure de leur formation ; si l'on arrête la résorption de ces produits en détachant l'urne de la plante, la digestion elle-même est aussitôt arrêtée. { 589 ) L'auteur n'a point réussi à établir avec certitude l'exis- tence d'une zymase peptonifiante chez le Nepenthes de la forêt vierge. Mais il a obtenu à cet égard chez d'autres espèces, étudiées dans les serres d'Europe, des résultats probants. Il a pu montrer que les sécrétions d'urnes les plus fortement peptonifiantes perdent ce pouvoir par l'ébulli- tion. Quant aux peptones, on n'en trouve presque jamais dans les urnes, car, étant diffusibles, il est naturel qu'elles soient résorbées les premières : on n'en constate la pré- sence que dans les cas où l'absorption, consécutive à la digestion, est probablement fort ralentie. Un problème essentiel, et sur lequel les recherches faites antérieurement étaient peu concluantes, est celui de l'absorption par la plante des produits de la digestion. L'auteur l'a aborde de front en dosant (par la méthode de Kjeldahl) l'azote qui reste dans l'urne quelques jours après l'ingestion d'une quantité connue d'albumine : la proportion d'azote total est réduite à 20 7o de ce qu'elle était dans l'albumine ingérée, et encore faut-il tenir compte ici de l'azote de la zymase, de celui des particules chitineuses d'insectes en suspension dans le liquide, etc. L'absorption par la plante de la plus grande partie de l'azote organique fourni à l'urne est ainsi clairement prouvée. L'auteur s'est occupé aussi de recherches microchi- miques sur la digestion des Nepenthes : elles auraient pu être plus nombreuses et plus approfondies, et l'on s'atten- dait à le voir essayer, entre autres, les élégants procédés de coloration employés dernièrement avec succès chez les Drosera par M"^ Huie. Il n'en a pas moins constaté. ( 590 ) par (les expériences au moyen de bleu de méthylène et par la marche de « l'agrégation » intracellulaire à la suite de la digestion, que tout se passe comme si les glandes sécrétrices étaient en même temps le siège de l'absorption. Des expériences relatives à la nature de la zymase de l'urne et un petit chapitre consacré aux conclusions com- plètent le mémoire. Sans doute, ce travail laisse encore ouvertes quelques- unes des questions soulevées; ses résultats, néanmoins, sont intéressants à plus d'un titre. Pour ne rappeler que les points principaux, l'auteur indique les conditions dans lesquelles l'acidité apparaît; il réfute définitivement un certain nombre de déductions inexactes — celles de Raph. Dubois, par exemple ^; il améliore la technique expérimentale par l'emploi de l'albumine incoagulable; il établit d'une façon péremptoire, par le dosage de l'azote, l'absorption des produits digérés. Aussi avons-nous l'honneur de proposer à la Classe de décerner le prix à ce mémoire et d'en ordonner l'impression. » Rnppot't de ,F#. Giikinet, tlvMxiéme coÈttntiHmnirv. (( Le mémoire envoyé en réponse à la première ques- tion traite spécialement de la digestion des Nepenthes. Le rapport détaillé de mon savant confrère, premier commissaire, me dispense d'une analyse qui ferait double emploi. Les premiers chapitres, consacrés aux considéra- tions générales sur la digestion et à l'exposé des généra- ( 591 ) lités relatives aux plantes carnivores, sont suffisamment étendus pour donner une idée exacte des connaissances actuelles sur le sujet traité. Les chapitres suivants, con- sacrés aux Nepenthes, constatent l'absorption des albu- minoides par les urnes des Nepenthes, à la suite d'une digestion préalable dans un milieu acide. Pour ce qui concerne les organes de l'absorption, l'auteur en arrive à la conclusion, peu inattendue du reste, qu'elle a lieu par les glandes mêmes qui sécrètent le liquide digestif. Ainsi que l'a fait remarquer le savant premier commissaire, ce chapitre est écourté et les con- clusions sur ce point manquent un peu de base expéri- mentale. Quoi qu'il en soit, le mémoire est intéressant, claire- ment et simplement écrit; il étend dans une certaine mesure nos connaissances sur la digestion des plantes carnivores et je propose volontiers, avec le premier com- missaire, de lui décerner le prix et d'en ordonner l'im- pression dans un des recueils académiques. » M. Crépin, troisième commissaire, déclare partager l'opinion de ses deux collègues sur le mémoire examiné par eux et adopter leurs conclusions. La Classe, ratifiant les conclusions des rapports des commissaires, a décerné sa médaille d'or, d'une valeur de six cents francs, à l'auteur de ce mémoire, M. Georges Clautriau, assistant à l'Institut botanique, à Bruxelles. ( nn ) DEUXIÈME QUESTION. On demande des recherches physiologiques nouvelles sur une fonction encore mal connue chez un animal invertébré. Happoi't de ff. Plaiffau, pfemiet' coêntniataiftf. « Kowalevsky, appliquant en 1889, après Schindler et Solger, la méthode des injections physiologiques colorées aux Invertébrés, dans le but de mettre en évidence les éléments excréteurs, obtint des résultats d'une telle valeur que les biologistes s'empressèrent d'employer ce moyen d'investigation. Kowalevsky avait utilisé le procédé pour l'étude d'or- ganes d'excrétion chez des Lamellibranches, des Gastro- podes et des Céphalopodes. En 1892 parut dans les Archives de biologie l'important travail de Cuénot où, se servant de la méthode avec cer- taines modifications, ce naturaliste arrive à la conclusion que, chez les Gastropodes pulmonés, il n'existe pas moins de quatre espèces d'organes excréteurs : le rein, les cel- lules vacuolaires et les cellules cyanophiles du foie, enfin des cellules excrétrices disséminées dans le tissu conjonc- tif. En 1895, E. Hecht, élève du précédent, au cours d'une étude sur les Nudibranches de Roscoff, s'est occupé de l'excrétion chez ces animaux. En dernier lieu (1896), les injections colorées ont été mises en usage par P. Pelseneer pour l'examen des reins de plusieurs Mollusques. Nos connaissances sur la nature et, jusqu'à un certain point, sur le fonctionnement des organes de désassimila- tion des Mollusques, étaient donc assez avancées. L'auteur du mémoire soumis à notre examen et qui porte la ( 593) devise : La physiologie des invertébrés est presque tout entière à l'état de desideratum (L, Fredericq), s'est proposé de relier entre eux les résultats acquis jusqu'à ce jour et de les étendre par une investigation portant sur l'ensem- ble du groupe. Ainsi qu'on va le voir, son travail est tout autre qu'une compilation et renferme beaucoup de choses intéressantes, fruits d'efforts personnels. Après quelques considérations sur le rôle de l'excré- tion dans l'organisme, sur la méthode des injections, sur l'aptitude particulière de telle ou telle catégorie de cel- lules excrétrices à absorber plus spécialement certaines matières colorantes et sur la technique qu'il a suivie, l'auteur expose en détail les résultats de ses investiga- tions sur des Mollusques appartenant aux principaux ordres. Chez les Amphineures (espèce étudiée: Acanthochiton discrepans), on ne connaissait que les néphridies. Les injections physiologiques y mettent en outre en évidence deux autres espèces de cellules excrétrices : celles des conduits réno-péricardiaux et des cellules éparses dans le tissu conjonctif. Chez les Solénoconques (espèce étudiée : Dentalium vul- gare), l'injection de carminate décèle aussi la présence de nombreuses cellules excrétrices du tissu conjonctif s'ajoutant donc aux néphridies seules connues jusqu'à présent. Quatorze espèces marines et d'eau douce ont été étu- diées par l'auteur dans le groupe des Gastropodes proso- branches. L'excrétion y est dévolue.: 4'' aux néphridies ; 2° à des cellules closes du tissu conjonctif, puis, 5", dans plusieurs genres, à certaines cellules du foie analogues aux cellules vacuolaires du foie des Pulmonés. 5™^ SÉRIE, TOME XXXVI. 40 ( 594 ) L'auteur décrit la façon dont le rein pair ou impair se comporte vis-à-vis des injections colorées et constate que, lorsqu'il y a deux reins, généralement très inégaux, ceux- ci peuvent ou bien avoir des fonctions identiques (Paiera), ou bien, ainsi que l'avaient déjà observé Kowalevsky et Pelseneer, avoir des rôles ditférents {Haliotis, Trochus). Tandis que si le rein est unique (gaucbe), l'organe impair représente physiologiquement les deux glandes népbri- diennes, contenant, en effet, les deux espèces de cellules excrétrices respectivement localisées ailleurs dans le rein droit et le rein gauche {Paludina, Cydostoma, Bucci- num, Nassa, etc.). Parmi les Opisthobranches, huit espèces ont servi aux recherches. Les expériences ont permis de confirmer le rôle de la néphridie étudié par Kowalevsky, celui de cer- taines cellules du foie signalées par Cuénot et Hecht, celui enfin des cellules excrétrices du tissu conjonctif décrites par ce dernier. Pour les Pulmonés, l'auteur renvoie au travail de Cué- not et aux rectifications ultérieures du même naturaliste. Dans le groupe des Lamellibranches, il a étudié quatorze formes et a cherché à préciser et à étendre nos connaissances sur les glandes péricardiques de ces Mol- lusques. Chez les Céphalopodes où l'on connaissait deux espèces d'organes excréteurs, les néphridies et les cœurs bran- chiaux, l'auteur prenant comme sujet d'étude la Sepia ofjicinalis, a examiné spécialement le cœur branchial et a pu ainsi ajouter à la liste des organes d'excrétion des Céphalopodes Y appendice qui coiffe ce cœur. Cet appen- dice renferme, en effet, deux catégories de cellules excré- trices, les cellules épithélialcs et des cellules particulières logées dans le réticulum conjonctif. ( m^ ) L'auteur, cherchant à grouper les résultats, passe ensuite à des considérations d'une portée phis générale. Il signale d'abord le phénomène fréquent de la fixation du carminate des injections sur des substances amorphes qui se colorent plus ou moins vivement, telles que le lissu conjonctif de l'axe squelettique des branchies, les baguettes logées dans l'épaisseur des lames de soutien de celles-ci. Il rapj)e]le l'existence, chez les Gastropodes d'eau douce et chez les Lamellibranches du groupe des Naïades, de nombreuses concrétions constituées soit par du carbonate de calcium seul, soit par l'association d'une substance organique avec du carbonate et du phosphate de calcium. Le rôle de ces concrétions logées dans le lissu conjonctif est en grande partie inconnu, mais elles possèdent aussi, chez le Mollusque vivant, une affinité intense et persistante pour le carminate d'ammoniaque. La constatation de ces faits ne manque pas d'importance pratique; elle met en garde contre des erreurs possibles. L'auteur consacre un chapitre intéressant au fonction- nement des cellules excrétrices. Si ce fonctionnement et l'évacuation des produits de désassimilation se comprend aisément lorsque les cellules en question tapissent des cavités en communication avec l'extérieur, il en est autrement si les organes excréteurs sont clos, comme les cellules éparses dans le tissu conjonctif des Aniphi- neures, des Solénoconques et des Gastropodes, le cœur branchial et son appendice chez les Céphalopodes, les glandes péricardiques palléales des Lamellibranches. Ici le fonctionnement n'apparaît plus avec évidence et des recherches spéciales s'imposaient. Dans le cas des glandes péricardiques palléales des Lamellibranches, dont les cœcums ont en réalité leurs ori- fices oblitérés, sans usage, et où les produits rejetés par ( 596 ) les cellules tapissant ces cœcunis ne peuvent gagner le péricarde, les choses se passeraient, d'a|)rès l'auteur du mémoire, de la façon suivante : de nombreux amibocytes circulant dans les lacunes sanguines interposées entre les tubes de la glande, passent au travers des parois, pénètrent dans les tubes et, agissant comme phagocytes, absorbent la sécrétion des cellules émise sous forme de boules. Après un certain temps, ces amibocytes, bourrés de produits d'excrétion, refont, en sens inverse, le chemin parcouru, retournent dans les lacunes sanguines et de là passent dans la circulation générale, où il est aisé de les retrouver. Ce serait là une des origines des phagocytes à inclusions rencontrés par plusieurs observateurs et, entre autres, par C. De Bruyne, dans le sang des Lamelli- branches, et qui, comme ce dernier l'a montré dans un travail récent, finissent par traverser les épithéliums de la surface externe pour quitter définitivement l'organisme. Toutefois l'auteur du mémoire, s'appuyant sur diverses observations, croit qu'il ne faut pas s'exagérer cette dia- pédèse de phagocytes et que beaucoup d'entre eux, au lieu de sortir du corps du Mollusque, se logent à demeure dans le tissu conjonctif, où leur nombre augmente de plus en plus avec l'âge de l'animal. Quant aux cellules excrétrices closes du tissu conjonctif des autres Mollus(iues, Amphineures, Solénoconques, Gastropodes et Céphalopodes, il est possible qu'il y ait aussi intervention de phagocytes pour enlever les produits qu'elles forment. Cependant, chez les Gastropodes et 'spécialement chez Paludina, elles fonctionneraient plus ou moins comme reins d'accumulation. A mesure que l'individu vieillit, les vacuoles des cellules excrétrices du tissu conjonctif se chargent de produits solides partiellement cristallisés, ( Sî>7 ) puis se fragmentent et sont la proie de phagocytes (pii disséminent dans tout le corps du Mollusque des concré- tions partiellement digérées. Suit un court chapitre hypothétique sur la phylogénie des cellules excrétrices du tissu conjonctif, puis vient un chapitre final sur la comparaison des Mollusques avec d'autres groupes. L'auteur y montre, en se basant sur les résultats obtenus par divers biologistes, que le fait de la collaboration de cellules excrétrices closes et de phago- cytes qui distribuent dans les tissus une quantité consi- dérable de granules solides augmentant graduellement avec l'âge de l'individu, se retrouve, avec quelques variantes, chez les Annélides oligochètes et polychètes, les Hirudinées, les Sipunculides et les Échinodermes. Tel est, en résumé, le contenu du mémoire; l'impres- sion générale qui m'est restée après un examen appro- fondi est celle d'un travail d'une valeur incontestable, mais incomplet. Si l'auteur avait pris pour titre Applica- tion de la méthode des injections colorées aux Mollusques, je n'aurais rien à dire; mais en intitulant son mémoire L'excrétion chez les Mollusques, il faisait espérer des résultats qui ne s'y rencontrent pas. Je précise : l'auteur nous donne (pages 2 et 12 du manuscrit) l'énumération des quelques substances chi- miques, urée, acides urique et hippurique, guanine ou xanthine, connues jusqu'à présent comme sécrétées par les néphridies ou la glande péricardique d'un certain nombre de Mollusques, mais il n'a guère cherché soit à allonger cette liste, soit à retrouver.les mêmes corps dans des groupes de Mollusques où ils n'avaient pas été signalés. Ainsi, par exemple, parlant du cœur branchial des Céphalopodes, il dit (page 35 du manuscrit) : Chez Octopus, ce il y a dans chaque cellule une grosse concré- ( 598 ) tion colorée; c'est à la présence de ces concrétions qu'est due la couleur violette du cœur des Octopodes » ; puis, signalant les granules nombreux qui chargent le cyto- plasme de ces mêmes cellules chez Sepia : « Ce sont des çranules à réaction acide qui fixent le carrainate et la fuchsine; sans aucun doute, ils représentent le produit de désassimilation fabriqué par la glande. » Le lecteur est en droit, me semble-t-il, de demander quelle est la nature chimique des concrétions des Octopus, des nombreux granules des cellules du cœur branchial des Sepia; il désirerait au moins voir l'auteur instituer quelques expériences pour tenter d'arriver à une solution de ces questions. Le côté faible du travail me parait donc être celui-ci : l'auteur, extrêmement habile dans l'emploi de la méthode des injections physiologiques colorées, n'a pour ainsi dire eu recours qu'à celte méthode. Précieuse comme moyen d'investigation topographique pour mettre en évidence des éléments à fonction excrétrice, elle peut tout au plus nous renseigner parfois sur la réaction soit acide, soit alcaline, ou nous permettre de deviner, par comparaison avec des cas connus, quels sont les produits d'excrétion probables. Mais ce ne sont là que les premiers jalons dont le biologiste ne doit pas se contenter; il doit chercher à déterminer la nature réelle des produits excrétés par les diverses glandes. L'auteur fait preuve d'assez de connaissances physiologiques pour montrer qu'il serait capable de poursuivre ses recherches dans le sens que j'indique. J'émets le vœu de le voir s'engager plus tard dans cette voie. Malgré ces critiques, le travail qui nous est soumis est une œuvre très sérieuse, due évidemment à la plume d'un naturaliste rompu de longue date aux recherches anatomo- ( o99 ) physiologiques sur les Invertébrés; ilHgurerait fort hono- rablement dans les publications de l'Académie. Je pro- pose à la Classe des sciences de lui décerner le prix et d'en ordonner l'impression ainsi que la reproduction des planches dans le recueil des Mémoires in-4° (1). » MM. Éd. Van Beneden et Van Bambeke déclarent se rallier aux conclusions de ce rapport. LaClasse, ratifiant ces conclusions, décerne sa médaille d'or, d'une valeur de six cents francs, à l'auteur du mémoire : M. L. Cuénot, professeur de zoologie à l'Uni- versité de Nancy. ELECTIONS. La Classe procède, conformément à l'article :2 du règlement général et à l'article 44 de son règlement particulier, aux élections pour les places vacantes. — Les résultats du concours annuel et des élections seront proclamés dans la séance publique fixée au vendredi 16 décembre. PRÉPARATIFS DE LA SEANCE PUBLIQUE. Conformément à l'article 17 de son règlement, M. Dupont, en sa qualité de directeur, et M. F. Folie donnent lecture de leurs discours. (1) L'auteur a reçu l'autorisation de faire imprimer son mémoire dans les Archives de Biologie, publiées par MM. Éd. Van Beneden et Ch. Van Bambeke. ( GOO ) CLASSE DES SCIEMCES. Séance publique du 16 décembre 1898. M. Ed. Dupont, directeur. M. le chevalier Edm. Marchal, secrétaire perpétuel. Prennent également place au bureau : MM. Ch. Tardieu, président de l'Académie, et W. Spring, vice-directeur de la Classe des sciences. Sont présents : MM. G. Dewalque, Brialmont, Éd. Van Beneden, C. Malaise, F. Folie, Fr. Crépiu, Ch. Van Bambeke, Alfr. Gilkinet, G. Van der Mensbrugghe, L. Henry, M. Mourlon, P. De Heen, C. Le Paige, Ch. Lagrange, F. ïerby, J. Deruyts, Léon Fredericq, J. Neu- berg, A. Lancaster, membres; Ch. de la Vallée Poussin, associé; A. -F. Benard, L. Errera, P. Francotte, Fr. De- ruyts et Ch.-J. de la Vallée Poussin, correspondants. Assistent à la séance : Classe des lettres. — MM. A. Giron, vice-directeur ; Ch. Potvin, T.-J. Lamy, Ern. Discailles, membres; J.-C. Vollgraff> associé; J. Leclercq et E. Gossart, correspon- dants. Classe des beaux- arts. — MM. G. Guffens, J. Deman- nez, G. De Groot, Gust. Biot, H. Hymans, Jos. Stal- laert, G. Huberti, Éd. Van Even, J. Winders et Ém. Janlet, membres. \ ( 601 ) Quelques mots sur l'Evolution; par É, Dupont, directeur de la Classe des sciences pour 1898. La recherche de \à relation des effets et des causes, <}ui trouve sa formule abstraite dans la donnée que tout pro- cède d'un antécédent, a, dès les premiers temps de la pensée, préoccupé l'esprit humain. Par là, on abordait le problème scientifique des origines que, de nos jours, on traduit d'un mot, embrassant l'une des plus puis- santes vues de la science et aussi l'une de celles (jui eurent le plus de mal à se l'aire jour : l'Évolution. Cette notion, comportant à la lois l'idée de dérivation et l'idée de différenciation, est d'abord connexe à la notion de la succession du temps ; avant tout, elle est dans sa dépendance, car le temps en est le principal facteur, la fonction essentielle. Or la notion scientifique du temps fut elle-même longue à acquérir avec l'ampleur qui lui convient. Les géologues, dont les recherches reposent cependant sur l'étude de la succession des événements, hésitaient devant les instances des précurseurs qui les pressaient d'adopter, dans la considération du passé terrestre, une durée indéfinie et de rejeter radicalement tout appel à des phénomènes imaginaires en vue de raccourcir ce passé et d'en interrompre la continuité. Mais, lorsque ce progrès de doctrine eut été accompli, la donnée de l'évolution fit rapidement son cliemin. Elle est aujourd'hui à la base de toute notre conception de la nature. C'est ce qui me porte, dans la lecture que l'usage ( 602 ) impose aux directeurs sortants, à vous soumettre, avant les résultats de mes études et de mes recherches, les réflexions que son vaste domaine m'a suggérées. I. L'idée que les phénomènes de même ordre, quelque variés qu'ils soient, sont fondamentalement liés dans le passé, non seulement par leur succession, mais surtout par une filiation directe, ouvrait aux investigations un domaine d'une merveilleuse fécondité. Aussitôt, la suite des changements observés dans la nature se précisa et put exactement se classer. Si les manifestations de même catégorie annoncent une filiation, ou pour mieux dire une hérédité, elles subissent aussi la réaction de l'ensemble de leur milieu et se soumettent, dès qu'elles peuvent se produire, à des adaptations corrélatives. Ainsi les phénomènes, considérés dans leur succession, étant sujets à deux actions : la filiation qui les rattache à leurs précédents et les différenciations qui expriment leur appropriation à d'autres circonstances, — de l'héré- dité procèdent les ressemblances, de l'adaptation les diffé- rences. Mais, par le fait même qu'il y a filiation et que celte filiation laisse toujours sa marque au milieu des transfor- mations, nous trouvons avec sa relativité, comme support à cette conception ou plutôt à cette constatation, une sorte d'axiome scientifique que voici : « Les phénomènes se » manifestent dans le présent et se sont manifestés dans ( 603 ) » le passé comme si les lois de la nature étaient im- M muables. » L'édifice de la compréhension et de la reconstitution du passé repose sur ces prémisses. Sans elles, tout ce que nous savons ou croyons savoir sur les époques lointaines ou récentes, sur la corrélation de leurs phénomènes, s'écroulerait à l'instant et irrémédiablement pour faire place au chaos, à un amas de faits incohérents et sans liaison. La science pour le présent et pour le passé aurait cessé d'exister. Heureusement le grand principe, que la science adopte comme guide pour explorer l'espace et pour sonder le temps, n'est pas un produit de raison pure, un simple concept philosophique imaginé en vue d'expliquer le cours des choses. 11 n'est pas davantage une simple théorie scientifique, une sorte de tentative à caractère temporaire qui, faute de mieux et sauf à se modifier ou même à être remplacée suivant les nécessités, s'impose comme une orientation vers de nouvelles recherches. Le principe de la fixité des lois a de plus solides assises. La science, dans ses études sur resj)ace et sur le temps, l'a constamment vérifié. Quelles que soient les directions qu'elle ait prises, il a acquis, par l'évidence que fournit un fait constant, le rang d'une notion considérée comme définitive. C'est donc bien là une loi scientifique et elle est considérable, parce que, s'appliquant au temps aussi bien qu'à l'espace, elle englobe les autres lois naturelles et que, par elle, nous possédons un moyen assuré de tenter la restauration du passé de l'Univers. Serait-ce aller au delà de sa portée de l'appeler la loi suprême de la science? ( 604 ) Mais, pendant que nous constatons cette permanence des relations nécessaires des phénomènes, nous sommes témoins de modifications, répétées et innombrables, dans le passé et le présent, qui nous apprennent que la varia- bilité des manifestations est dans la nature au même rang que la fixité de ses lois. Principe de stabilité et prin- cipe de mobilité marchent de pair, avec le même degré d'évidence. C'est que les causes en jeu, étant constantes dans leurs éléments, sont multiples dans leur action; elles réagissent sans relâche les unes sur les autres, s'adaptent mutuellement en créant des résultantes nouvelles, des effets différents d'intensité et, par conséquent, sont variables dans leurs conditions. 11 en résulte une sorte d'équilibre instable, une suite de transformations inces- santes. Ainsi apparait cet autre point fondamental de l'évolu- tion : (c La variabilité des phénomènes se présente comme » le résultat de l'action combinée des lois de la nature. » Ces deux grandes données de la doctrine sont établies par l'observation directe qui les a reconnues et vérifiées dans toutes les voies, et leur constance les a douées d'une force inébranlable. Mais, par elles-mêmes, elles sont encore incomplètes, puisqu'elles exigent l'adjonction d'une troisième notion, celle qui permet de suivre la marche du temps, ce qu'on appelle une méthode chrono- logique. Il a donc fallu que la géologie, avant ses essais de reconstitution du passé, découvrit son procédé pour apprécier la progression du temps, et elle l'a trouvé aussi précis qu'elle pouvait le désirer, au point que, sous ce rapport, elle n'a guère à envier aux sciences exactes : « Lorsque deux dépôts horizontaux sont superposés, le ( 605 ) » dépôt recouvert est toujours plus ancien que le dépôt » recouvrant. » Ce principe chronologique, qui a été adapté aux couches bouleversées et à quelques autres cas particuliers, n'a pas de postulatum, à moins que l'on ne récuse la permanence des lois d'un même phénomène, car les ter- rains ont été surtout déposés par les eaux et, ne l'eussent- ils pas été dans certaines occurrences, leur succession, sauf des cas exceptionnels faciles à distinguer, serait encore établie par les superpositions. La science a pu ainsi entrer en possession de sa méthode pour pénétrer d'une manière assurée, par les assises de surface, dans le passé du globe, y reconnaître la suite régulière des phénomènes à travers les temps, y installer enfin de réelles tables chronologiques basées, sinon sur les durées, du moins sur la succession exacte des événements : sur ce point aussi, son armure est solide. Cette conquête, aussi belle par la puissance de ses résultats que par la précision de sa donnée, nous a ouvert le passé terrestre et a donné issue à la méthode de l'évo- lution. Les terrains dont la succession dans le temps peut être si sûrement fixée, allaient désormais pouvoir, par leur nature et leur contenu, nous révéler leur histoire et nous admettre à considérer les événements qui se sont déroulés à travers des durées prodigieuses. C'est alors que, de nouveau sous le couvert de la fixité des lois de la nature, appelé par l,es géologues Causes actuelles, s'est présentée à nous une suite variée de phéno- mènes, sous l'aspect d'un vaste enchaînement, d'où il semble clairement apparaître que les événements de ( 606 ) notre passé convergent pour tracer, simultanément avec une longue suite d'adaptations et de transformations, leurs filiations intimes et continues, et faire arriver le globe à son état actuel. Chaque phénomène s'affirme comme procédant d'un phénomène antérieur de même ordre qui le rattache à sa souche et tend à le rendre fixe et immuable, tandis qu'il ne tend pas moins à s'en écarter par toutes sortes de variations et de différenciations. Nous disons en conséquence qu'ici nous trouvons les caractères d'une véritable évolution, puisque le double processus, formant l'essence de toute action évolutive et se présentant l'un comme centripète, l'autre comme cen- trifuge, paraît diriger sans interruption les manifestations du passé terrestre où nous pouvons avoir accès. Tout d'abord, les phénomènes que nous révèlent la suite des terrains, leur composition et leurs dispositions, nous conduisent à une nouvelle donnée d'évolution de haute importance. Aucun vestige de périodicité ne s'y observe, aucune réapparition régulière ne s'y constate. Dans la formation et le façonnement de la croûte terres- tre, l'évolution suit une voie formellement continue, sans retour sur elle-même. Les actions reposent sur les mêmes causes de permanence, elles sont mutuellement contin- gentes pour leurs variations, mais non soumises à des inffuences de rotation qui les feraient réapparaître pério- diquement et les placeraient, comme le globe lui-même, dans la sphère des phénomènes astronomiques. Ce sont, toujours et sans ordre alternatif régulier, des dépôts à prédominance ou de silice ou de silicates alumi- neux ou de calcaire; ce sont des roches éruptives de natures et de dispositions similaires; ce 'sont des filons ( 607 ) ou des amas métallifères de mêmes allures; ce sont les mêmes modifications de terrains accompagnant des cir- constances analogues; ce sont encore des perturbations et des bouleversements de couches avec les mêmes carac- tères généraux. Ces phénomènes se manifestent en développement sériai, avec une amplitude, une intensité et des caractères secondaires variables; jamais dans un cycle déterminé. Telle se montre l'évolution de l'enveloppe terrestre, en opposition saillante avec les mouvements dont la terre est animée. Mais quel que puisse être l'intérêt d'un examen détaillé du façonnement de la partie du globe que nous pouvons directement étudier, il cède cependant le pas à l'étude du développement de la vie. Les relations mutuelles des êtres organisés à travers les temps ne créent-elles pas, à l'observation et à la méditation, une des questions les plus vastes et les plus enfiévrantes? Même dépouillé de tout esprit (Va priori, pris en lui-même dans la seule vue de connaître curieusement par des faits, et non par idéo- logie, comment les choses se sont passées, le problème conserve ses côtés obsédants qui veulent que l'attention s'y fixe sans relâche : il faut s'assurer comment les êtres organisés se sont comportés au cours des âges. Ceux qui nous entourent sont très variés ; ceux qui ont vécu dans le passé géologique le sont plus encore. Y a-t-il entre tous ces êtres, vivants ou fossiles, des relations organiques qui démontrent ou seulement fassent pressentir une descen- dance, et, s'il en est réellement ainsi, quels caractères ces relations ont-elles revêtus et quelle signification annon- cent-ils? Or c'est précisément l'étude de cette grande inconnue ( 608 ) qui a donné naissance à la notion de l'évolution, en faisant démêler son double facteur : la filiation et l'adap- tation de l'être. Devenue d'une application générale pour toute variation qui se produit en quelque sorte automati- quement, la donnée évolutive exprime nettement l'orien- tation actuelle de la science, dès que le temps entre en considération. En d'autres termes, la recherche des rapports de des- cendance est la matière delà vaste enquête dont les espèces organisées sont l'objet. Que nous a-t-elle positivement révélé? D'une part, conservation des mêmes plans d'orga- nisation dans le règne animal comme dans le règne végé- tal, pour le temps comme pour l'espace; d'où il résulte l'indication de la possibilité d'une filiation directe reliant respectivement les animaux et les végétaux. D'autre part, variations d'organisation souvent fort étendues, qui main- tiennent néanmoins ces attaches respectives plus ou moins voisines ou plus ou moins lointaines, suivant que les épo- ques géologiques sont plus ou moins rapprochées ou plus ou moins distantes, comme s'il y avait ramification pro- gressive des types animés pour aboutir à l'état présent. C'est ce qu'énonce avec une netteté parfaite l'écrivain le plus récent sur ce sujet grandiose, lorsqu'il dit : « Il » faut reconnaître que le monde fossile n'est pas distinct )) du monde actuel ; il n'y a qu'un monde unique qui s'est » continué depuis les plus anciens âges jusqu'à nos )) jours. » Ainsi exprimée, la donnée est incontestable. Elle reflète, sans qu'il y ait une objection à y faire, ce que nous pouvons discerner aujourd'hui dans le passé de la vie et définit la direction des recherches. Elle nous dit clairement que c'est à connaître les enchaînements des ( 609 ) êtres par voie de descendance que doivent tendre nos efforts. L'indication de ces rapports mutuels d'organisation est l'objet même des classifications. Aussi, dès qu'on eut une notion précise de la succession des temps et des modifications simultanées qu'ils ont produites dans les manifestations de la vie, on essaya de substituer des classifications généalogiques aux simples classifications séparant ou groupant les êtres d'après leurs seules alFinités organiques. Par d'ingénieuses figures, à l'instar de ce que font les généalogistes pour les familles, on a cherché à retracer la lignée des êtres. Mais il importe de ne pas leur donner une portée qu'elles n'ont pas et ne peuvent avoir encore. Elles expriment des réalités formelles : les relations organiques combinées avec la distribution dans le passé, et l'on y joint d'une manière saisissante, sous la forme d'un arbre généalogique, une vue de théorie, l'orien- tation synthétique coordonnant ces notions positives, — en d'autres termes, l'interprétation rationnelle qu'on est porté à donner à ces faits connexes. Car la généalogie des êtres n'est encore que pressentie, et, je ne suis pas le seul à le faire remarquer, nous devons reconnaître que nos efforts n'ont pu aller au delà. Ainsi que nous l'exposerons bientôt avec plus de détails, il ne nous a pas encore été donné de voir, en les suivant à travers les terrains, les espèces se transformer, passer des unes aux autres et constituer la véritable trame de l'action évolutive. Dans aucun cas, on n'a pu restaurer une généalogie à l'état de fait définitivement acquis. Même, pour ne rappeler que la plus célèbre, la lignée S""^ SÉRIE, TOME XXXVI. 41 ( 610 ) des Équidés, qui parut pendant plusieurs années établie sur des bases certaines, a vu surgir récemment, surtout pour les types du tertiaire ancien, des doutes et même des dénégations parmi des autorités de la science. Les données si curieuses de l'embryologie ont aussi soulevé naguère des méfiances sur la portée décisive qu'on avait cru pouvoir d'abord leur attribuer en faveur de la théorie généalogique. Est-ce à dire que, devant notre impuissance actuelle, il faille renoncer à la doctrine de la descendance comme à un beau rêve évanoui? Loin de là. Ce serait une manière de voir aussi fâcheuse qu'erronée et l'on tombe- rait dans un extrême bien plus malencontreux encore. Il n'est au contraire nullement établi que la science ait fait fausse route. Ce que nous avons à retenir de l'état des choses, c'est que cette doctrine est une théorie de direc- tion, que les relations des êtres dans le temps doivent manifestement être recherchées dans ce sens, parce qu'elle a pour elle toutes les vraisemblances, que seule elle rend sérieusement compte des faits recueillis depuis la naissance de l'histoire naturelle, qu'en même temps qu'on ne peut lui opposer rien de sérieux et qu'elle ouvre une voie à la fois féconde et rationnelle, elle porte en elle tous les caractères de ces vues souvent appelées des vérités logiques, source ordinaire des plus fortes convictions. J'ai quelquefois cherché si l'on ne pourrait trouver, dans l'histoire de la science, des exemples de situations analogues à celle où se présente en ce moment la théorie de l'évolution, et il m'a paru que l'histoire de la décou- verte de la rotation de la terre fournissait un parallèle ( 6ii ) s'adaptant bien à notre cas. Copernic, reprenant la donnée de certains astronomes de l'antiquité, la rendit plus probable que l'hypothèse contraire, la seule qui pût lui être opposée, celle de la terre immobile, centre du monde. Pendant trois siècles, les convictions ne firent que croître avec les probabilités de plus en plus grandes, mais ce n'étaient encore que des convictions et des pro- babilités, une théorie, la seule admissible assurément. Pour qu'elle passât à l'état de vérité scientifiquement démontrée, sur laquelle il n'y eût plus à revenir, il a fallu que d'admirables expériences nous fissent voir ht terre en mouvement. C'est dans l'un de ces stades transitoires d'élaboration que se trouve la question de la descendance. La convic- tion est unanime : elle exprime une loi existante, elle doit répondre à des réalités formelles; la seule hypothèse qu'on puisse lui opposer, celle des « créations succes- sives », ne pourrait plus être soutenue ni scientifiquement ni logiquement. Mais, jusqu'ici, elle n'a pu franchir les limites de la théorie; elle attend encore sa démonstration. Lorsqu'une question se trouve dans cet état, l'insuccès des recherches peut venir à la fois de la complexité des éléments en jeu et de l'insuffisance des documents. Nous rencontrons ici ces deux conditions. Le thème est fort complexe, car il doit être abordé par beaucoup de voies différentes, toutes appelées à fournir d'indispensables contingents. Quant à l'insufTisance des données acquises, la suite de cet aperçu montrera une fois de plus combien elle est encore considérable. ( 012 ) II. Je dois maintenant exposer les résultats de mes études et de mes recherches sur le problème en tentant de l'aborder par les côtés qui m'ont été accessibles. Je pré- senterai d'abord quelques réflexions sur les plans fonda- mentaux de constitution des êtres; puis, des observa- tions sur le développement stratigraphique de la vie et la solution qu'elles semblent faire prévoir; enfin, un examen sommaire des transformations du globe sous la main de l'homme. Il est constaté depuis longtemps que les êtres inorga- nisés, les minéraux, sont partout soumis aux mômes lois, tant chimiques que cristallographiques. On ne connaît pas d'espèce minérale dont la composition n'obéisse aux lois des combinaisons découvertes dans nos laboratoires et dont les cristallisations ne soient assujetties aux lois de symétrie de l'un des systèmes dans lesquels on a rangé les cristaux. S'il en est ainsi pour le globe terrestre, nous devons remarquer que le fait se retrouve pour les météo- rites, ces fragments de matière cosmique qui accèdent jusqu'à nous, de sorte que le principe peut dépasser en généralisation, par des données immédiates, la sphère où nous nous mouvons. Mais ce phénomène, observé dans l'espace, s'applique tout aussi nettement au temps. Que nous considérions les minéraux des roches les plus anciennes, des divers schistes cristallins notamment, que nous les prenions dans la suite des terrains qui, au cours du passé, ont aidé à façonner la croûte terrestre, terrains éruplifs ou terrains de seconde formation, sédimentaires et autres, modifiés ( 615 ) ou non par des actions métamorphiques, toujours ils présentent le même phénomène : ils sont constitués d'après les mêmes lois chimiques et cristallographiques. C'est le plan fondamental et unique de l'être inorganisé. Et qu'observons-nous à l'égard de la matière placée sous l'action de la vie ou que la vie a jadis animée? Nous voyons les êtres s'y grouper en deux grandes catégories qu'on a appelées le règne animal et le règne végétal, et qui répondent à deux grandes fonctions opposées dans la nature. Peu importe que, dans leurs êtres inférieurs, ils présentent parfois des contacts ne permettant pas de les répartir sûrement et de décider s'ils sont plutôt animaux que végétaux. Ce défaut de ligne de démarcation précise ne peut guère nous étonner, puisque le même élément, la cellule, est à la base du règne végétal aussi bien que du règne animal. Peut-être pourrait-il faire naître la supposition qu'il y a unité au point de départ de l'être organisé et que les deux règnes représentent seulement des différenciations bifurquées. Mais la donnée prépon- dérante qui est devant nous, est d'abord qu'on n'a pas reconnu sur le globe d'être vivant qui ne soit susceptible de prendre place dans un de ces deux règnes; ensuite, que cette constatation sur l'espace se reproduit aussi pour les êtres qui ont passé par la vie à travers le temps. Pas plus dans le temps que dans l'espace, il ne se manifeste de traces d'un troisième règne organique. Les êtres animés sont végétaux ou animaux ; ils sont, dans leur immense majorité, constitués sur l'un de ces deux plans d'organisation et jamais .sur un autre. En dehors de quelques organismes unicellulaires dont le classement reste douteux d'une manière provisoire ou définitive, tout être du globe qui est ou qui a été doué ( 614 ) de vie, ressortit de l'une ou de l'autre de ces deux consti- tutions, toujours avec les mêmes lois anatomiques et, par voie de conséquence, avec les mêmes lois physiolo- giques. Ainsi, dans le monde minéral, une forme fondamentale unique; dans le monde animé, deux moules juxtaposés, peut-être unis à leurs contins. De sorte que l'être, dans l'acception qu'il prend en histoire naturelle, qu'il soit organisé ou inorganisé, ne se montre et ne s'est jamais montré propre à se constituer que sous trois modes essentiels : minéral, végétal ou animal. Partout et tou- jours, sans jamais y déroger dans la limite où l'observa- tion a pu s'étendre, ces mêmes manifestations, produits des mêmes lois, se représentent et se sont représentées sans divergences. Voilà ce que nous enseignent les recherches de la science à l'égard des êtres : trois plans de constitution, pas un de plus! Je ne serai pas assez téméraire pour tenter de démêler le pourquoi de cette étonnante limitation de nombre. Mais il me paraît qu'elle provoque du premier mot une double réflexion. D'abord, on peut y voir une nouvelle indication de la fixité des lois de la nature, et, sur un thème aussi considérable, on ne saurait accumuler trop de données. Puis, dans la constatation que les êtres orga- nisés, aussi loin que nous retrouvions les traces de la vie, n'ont fourni que les deux mêmes plans fondamen- taux, on peut trouver un argument, sinon nouveau, au moins renforcé, en faveur de la théorie de la descendance, car, cette même double base d'organisation ayant toujours servi à la formation de l'animal ou du végétal, on est amené à concevoir d'autant plus facilement des liens directs de filiation dans les représentants de ces deux groupes d'êtres. ( 615 ) Mais nous devons quitter ce champ de considérations générales et aborder plus directement quelques côtés précis du problème de l'évolution. L'examen, soit dans des collections (1), soit dans des traités (2), de vastes assemblements de fossiles, classés sui- vant leur ancienneté et provenant des diverses régions du globe, conduit, ainsi que nous nous le sommes rappelés, à la conclusion que le développement géologique de la vie a pour mécanisme fondamental le phénomène de la descendance. Et cependant, ainsi que nous nous le sommes également rappelés, les passages des types spéci- fiques les uns aux autres qui en seraient la conséquence nécessaire, se dérobent de plus en plus à nos recherches straligraphiques immédiates. On doit dès lors se demander si ces observations con- tradictoires n'expriment pas l'intervention de quelque phénomène perturbateur, enveloppant le problème de complications et écartant de nous la constatation pure et simple des transformations. C'était manifestement à l'étude des terrains de se pro- noncer. Il s'agissait de suivre la marche de la vie dans un ensemble de couches d'une même région, assez épais pour que les faunes y eussent plusieurs fois changé (1) M. Albert Gaudry, dont je reproduisais plus haut la définition des constatations de la science sur le développement géologique de la vie, a établi, il y a quelques mois, au Muséum de Paris, une galerie de paléontologie générale qui est en quelque sorte le document sur pièces de l'évolution du règne animal. (2) J'ai ici particulièrement en vue l'ouvrage du professeur von Zittel, qui est l'expression la plus complète des connaissances paléontologiques que nous possédions. Il a été traduit en français par M. Charles Barrois. ( 616) d'espèces ; il fallait que cet amas de couches témoignât d'une uniformité telle que les conditions des dépôts suc- cessifs eussent peu varié, ou bien, si elles avaient varié, qu'on pût préciser la nature des variations. Puis, ces assurances prises, il fallait patiemment et minutieuse- ment reconnaître et fouiller, à tous les niveaux de cet ensemble, de nombreux gîtes de fossiles, afin de se mettre en mesure de déterminer suivant quelles règles les muta- tions d'espèces s'y sont produites. Une grande partie de nos terrains primaires, sur un énorme amas de 5,000 à 6,000 mètres de couches, se prête merveilleusement à celte recherche (1). Voici d'abord la grande série marine terminant le devonien inférieur et généralement appelée coblenzienne. Les évaluations s'accordent pour lui attribuer à elle seule, sur la bordure septentrionale de l'Ardenne, l'étonnante épaisseur de près de 5 kilomètres. C'est une suite répétée de dépôts de schistes et de grès d'apport manifestement continental, où aucun indice ne fait présumer des inter- ruptions sédimentaires. Tout s'y annonce comme une suite continue, formée le long d'une côte dans des con- ditions absolument uniformes, sauf qu'à certains niveaux prédomine le grès et à certains autres le schiste. Nulle part ne se dénoncent par des discordances de stratifica- tion de forts mouvements du sol, ni entre les couches des dénudations produites par d'autres conditions de la côte, ni de véritables conglomérats indiquant d'impor- tantes variations dans l'apport des sédiments, ni des (i) L'exposé qui va suivre, résume les résultats d'une élaboration quasi séculaire commencée en i801 par d'Oraalius d'Halloy et continuée par André Dumont, par M. Jules Gosselet et par moi-même. ( 617) roches de calcaire marquant des changements dans le régime marin. Les couches fossilifères, même abondam- ment fossilifères, ne manquent pas et les fossiles y sont généralement bien conservés. Or, on relève, dans la verticale de cet énorme amas stratiûé, les faits paléontologiques suivants : Apparaissant ou disparaissant, tantôt à un niveau, tan- tôt à un autre, avec un développement numérique varié, généralement par groupes, parfois isolément, les espèces ont eu des durées diverses. Les unes caractérisent de faibles parties de l'ensemble, d'autres s'étendent dans une longue suite de dépôts, d'autres traversent tout l'amas. Le phénomène se produit en quelque sorte par échelon- nement. Mais ces espèces apparaissent et disparaissent sans que rien ne dénote sur place de quels ancêtres elles viennent, ni quels descendants elles ont laissés. Au cours de leur durée, elles ont conservé leurs carac- tères propres et n'ont pas subi de transformations qui permettent d'établir à aucun degré le passage de l'une dans l'autre. Les terrains qui surmontent ce Coblenzien nous pré- sentent le phénomène sous un aspect quelque peu diffé- rent. C'est qu'aussi la composition des dépôts y subit de grands changements. Les dépôts de grès et de schistes s'y montrent encore, mais la prépondérance appartient aux amas de calcaire. Trois grands étages devoniens succes- sifs en renferment de fortes masses dont l'une, à elle seule, toute d'une venue, a une puissance de 700 mètres; le Calcaire carbonifère ou Dinantien,^ ainsi que l'appellent plusieurs autorités de la science, est presque intégrale- ment calcareux, et l'un de ses termes stratigraphiques ( 618 ) réalise, égalemenl à lui seul, une épaisseur presque égale à celle qui vient d'être mentionnée. Ces roches de calcaire dont les éléments, au lieu d'être des apports continentaux, ont été sécrétés par des orga- nismes, caractérisent des états très particuliers du milieu marin; elles sont coralliennes, crinoïdiques, foraminifé- riennes ou détritiques. Parmi les calcaires coralliens, les uns sont en couches sédimentées à l'égal des dépôts argi- leux ou quartzeux; les autres sont de véritables récifs coralligènes, construits comme de nos jours en amas insulaires et ayant réclamé pour se former des conditions strictement limitées de limpidité, de profondeur et de température des eaux. Ainsi, d'une part, de grandes variations de milieu se sont produites dans la même mer pendant la seconde période devonienne et pendant la période dinanlienne. D'autre part, bien plus encore que les masses, d'épais- seur kilométrique, des sédiments vaseux et sableux coblenziens, l'accumulation des restes organiques, consti- tuant ces puissantes masses calcareuses successives, nous fait préjuger le temps énorme qu'ont embrassé ces périodes. Le champ d'observation, en lui-même el par ses contrastes avec celui qui l'a précédé, est ici encore bien favorable à l'étude de la marche de l'action vitale. En premier lieu, nous remarquons des moditications plus répétées et plus marquées dans les faunes, de plus fréquentes coïncidences dans le phénomène d'apparition et de disparition simultanées des espèces. C'est au point qu'à plusieurs reprises leur ensemble subit presque un renouvellement. En second lieu, nous n'y constatons néanmoins pas davantage la transformation des espèces les unes dans les ( 619 ) autres, ce passage graduel qui témoignerait leur tiliatioii directe. De nouveau, l'espèce, aux caractères nets et aux représentants souvent innombrables, se présente comme si elle était née et morte sur place, sans ancêtres et sans descendants. Des apparitions brusques pour des durées fort iné- gales ; des disparitions plus ou moins anticipées, mais non moins brusques, les unes et les autres d'ordinaire en coïncidence; quelques traversées d'énormes épaisseurs, survivant à quantité d'existences plus éphémères : telle l'exploration détaillée nous montre la marche de la vie au cours des espaces de temps incommensurables que peuvent offrir à l'esprit, pénétré de la doctrine des Causes actuelles, ces colossales accumulations de terrains de toute origine. Les apparitions, comme les disparitions, sont brutales ; ni le temps ni le milieu ne nous montrent, même par un seul exemple direct, le moule organique en voie de transformation continue. J'ai fait appel aux lumières des géologues qui se sont consacrés à l'étude de nos autres terrains d'origine marine et leur ai demandé si les faits qu'ils y ont observés ne tendent pas aux mêmes résultats paléonlologiques. Ils m'ont répondu que c'est effectivement sous cet aspect que le phénomène s'est présenté à leurs yeux. N'est-ce pas, du reste, aussi ce qu'ont fait constater tous les terrains oîi des recherches détaillées ont eu lieu sur une échelle suffisante? La même donnée ne se repro- duit-elle pas également pour les genres et les autres groupes taxonomiques des deux règnes? De fait, ce sont des notions depuis longtemps connues. La paléontologie stratigraphique les répète à satiété. J'v insiste néanmoins ici, je les rappelle et je les con- ( t)20 ) firme par quarante années de recherches, parce que, bien qu'elles soient l'un des traits saillants du développement vital dans le passé, la doctrine de la descendance ne me parait pas les avoir encore mises en œuvre, parce que, par leur constance, elles expriment comment s'est opérée la distribution des êtres dans les terrains de chaque région, parce que, enfin, si la donnée généalogique est réelle, elles pourraient faire toucher du doigt la cause même qui a voilé l'action du phénomène transformiste. Donc, dans les recherches stratigraphiques d'une région, la succession en ligne directe, — peut-on juste- ment dire, — nous échappe complètement. Une conclu- sion aussi fortement établie est naturellement appelée à servir de point de départ pour une nouvelle poursuite de la question. D'autres données, d'apparences plus secon- daires, ne seraient-elles pas connexes à celle-là et de nature, par leurs combinaisons mutuelles, à nous laisser entrevoir par quels modes enchevêtrés les actes de descendance ont pu géologiquement se propager? En d'autres termes, quel sens serait-il possible en ce moment d'attribuer, au point de vue généalogique, à l'absence de passage entre les espèces? Poursuivant nos remarques sur les faits biologiques que nous pouvons relever dans cet ordre d'idées, nous retenons deux groupes d'observations sur lesquels doit se porter notre attention la plus sérieuse. Les espèces ne sont pas représentées par des spécimens toujours identiques. Elles offrent l'union de caractères constants et de caractères variables. Tantôt les premiers sont prépondérants et alors l'espèce paraît presque stable, même à travers de fortes épaisseurs de terrains ; tantôt les caractères variables prennent plus d'importance; en ( 624 ^ se fixant, ils deviennent héréditaires et donnent lieu à des variétés, à des races, ou bien, affectant plus spécialement pêle-mêle des spécimens, ils ne produisent que ce qu'on nomme des variations. Tout en conservant leur type spécifique et, par consé- quent, leurs caractères d'ordre principal, les espèces varient donc à des degrés divers et peuvent même le faire dans des limites assez étendues. Mais ces modifications d'ordre secondaire ont ordinairement pour caractéristique essentielle de présenter les passages de leurs différencia- tions, c'est-à-dire ce qui fait précisément défaut d'espèce à espèce dans les gisements de la même région. Nous constatons ainsi sur place un premier facteur auxiliaire dans la vie de l'espèce : l'espèce n'est pas une entité absolument immuable ; elle se modifie, mais ne se transforme pas; — elle subit un commencement de transformisme, sans qu'on puisse le suivre plus avant. A côté se montre un autre facteur beaucoup plus dis- simulé et non moins important. On peut reconnaître çà et là que des espèces, anéanties en une place en coïnci- dence avec des changements dans la nature du sédiment et, par conséquent, dans les conditions du milieu, réappa- raissent pour quelque temps dans un dépôt supérieur analogue à celui de leur première époque d'existence. Cette observation fait penser à un déplacement latéral de ces espèces et introduit dans la question la donnée probablement décisive des migrations. En effet, que des groupes d'êtres, espèces, genres, familles, ordres, se soient éteints au cours des temps, faute de continuer à rencontrer dans les circonstances de toutes sortes qui les entouraient leurs conditions vitales, c'est un fait non contesté et non contestable. Mais il est ( 622 ) non moins certain — et nous allons en rappeler des exemples précis — que la même action de milieu n'a pas toujours amené des extinctions totales, mais seule- ment des extinctions locales ou régionales. Il est non moins certain encore — et nous en rappellerons aussi des exemples probants — que des espèces ont étendu leurs lieux de séjour et qu'elles ont même changé de patrie. La marche de la vie à travers les terrains d'une région, se manifestant essentiellement par l'apparition et la dis- parition répétées et brusques des espèces, pourrait dès lors recevoir une explication fort satisfaisante par l'inter- vention de changements géographiques, de déplacements dans l'espace. Ainsi l'apparition d'une forme spécilique prendrait la signification d'une arrivée, d'une immigra- tion, sa disparition souvent celle d'un départ ou, pour mieux dire, souvent d'une extinction locale. Arrivés à ce point, peut-être verrions-nous s'entr'ouvrir la voie où il y a lieu d'orienter le problème de la des- cendance. Puisque les espèces sont susceptibles de changer de patrie et qu'elles ne se montrent pas moins sujettes sur place à des variations plus ou moins rapides, ne serait-il pas rationnel de se demander si, continuant à varier, suivant leur plan d'organisation, au cours de ces muta- tions d'habitats et de milieux, elles ne verraient pas leurs caractères, maintenus constants dans leur patrie précé- dente, devenir eux-mêmes variables dans leurs nouvelles patries? Si bien que, de variations en variations et de déplacements en déplacements, les espèces arriveraient aux transformations étendues que prévoit la doctrine de l'évolution : une espèce ayant abandonné son premier ( 625 ) séjour pour y revenir plus tard complètement différenciée et à l'état d'espèce distincte, ou de forme spécifique qui ne conserverait plus avec son ancêtre que des affinités de genre, ou de genre devenu une nouvelle famille, et ainsi de suite. Ce serait, en un mot, la continuation non limitée de la faculté ancestrale. Certes ces combinaisons, pouvant se diversifier à l'in- fini dans la longueur des temps, produiraient l'aspect de notre monde fossile avec ses éléments fondamentaux : filiation directe, différenciations successives se dirigeant vers le monde actuel, mais non saisissables de proche en proche. Dans cet ordre d'idées, les rapports généalogiques se dissimuleraient donc au stratigraphe par des mutations géographiques; l'évolution spécifique se refuserait à l'ob- servation directe dans l'exploration méthodique d'un bassin, parce qu'elle se serait poursuivie dans des régions différentes, multiples, probablement distantes, où on n'aurait pu encore suivre pas à pas la filiation. Tel est le mode de solution que je crois pouvoir pro- poser pour le problème. C'est assez dire que, s'il répondait à une réalité, l'il- lustre auteur de V Origine des espèces faisait un bien légitime appel, il y a quarante ans, à l'insuffisance des matériaux au sujet de l'objection du manque de passages entre espèces. Cet appel serait encore aussi légitime aujourd'hui, car, devant un tel ensemble de complications, le problème réclamerait de nouvelles séries de recherches, si vastes, que nous ne saurions assurément en attendre la solution de notre époque. Jugeons-en du reste en abordant un autre champ d'en- quête. ( 624 ) Voici cette fois des mammifères terrestres récents : il s'agit de notre faune quaternaire. Elle comprend des représentants de beaucoup d'ordres de leur classe et, dans nos régions à cavernes, elle se manifeste durant trois époques géologiques se faisant suite sans interruption. D'abord parait la faune du Mammouth dont nous ne con- naissons pas les précurseurs immédiats, puis viennent successivement la faune du Renne et la faune de l'Urus. Nous pouvions nous attendre à reconnaître, dans cette gradation chronologique, des faits d'apparition et de dis- parition, comme dans les séries marines précédentes. On y constate, en effet, de nombreuses et fort intéressantes disparitions successives, mais la série des apparitions manque. La faune du Mammouth renferme, outre ses espèces propres, les espèces des deux faunes suivantes. Pour deve- nir la faune du Renne, elle a donc subi des extinctions seulement. Mais celles-ci sont de deux sortes : extinctions totales du Mammouth, du Rhinocéros tichorhin et de quelques autres, et extinctions régionales de l'Hyène du Cap et du Lion. Ces deux espèces, aujourd'hui africaines, soulèvent une première remarque. Les spécimens de nos cavernes sont d'une époque relativement reculée : diffèrent-ils des sur- vivants de l'autre continent? Leur ostéologie ne marque d'autre différence qu'une taille généralement plus grande dans les cavernes. Le temps, la distance et les milieux si contrastants n'ont pas agi autrement sur elles; il n'y a pas apparence de transformisme. Ce sont assurément les mêmes espèces. Une autre constatation de même ordre se présente ensuite. Parmi les autres types spécifiques des mêmes ( 625 ) lieux, ayant vécu avec ces espèces pendant l'âge du Mam- mouth et leur ayant survécu pendant l'âge du Renne, figurent les animaux de notre extrême nord et plusieurs espèces actuellement caractéristi(jues notamment de l'Eu- rope orientale. Les uns et les autres disparaissent à leur tour de notre région avec notre seconde époque. Mais il n'y a plus d'espèces éteintes parmi eux ; tous ne subissent que des extinctions régionales. Or, malgré leurs ditlé- rences chronologiques et géographiques, la comparaison de leurs restes quaternaires avec leurs représentants encore vivants ne nous annonce pas davantage des trans- formations anatomiques : noire Renne était le même que le Renne actuel de Laponie; notre Bœuf musqué était le Bœuf musqué des présentes régions polaires américaines; nos Lemmings se rapportent aux deux espèces vivantes de Lemmings. Il en est de même pour les espèces des steppes et, en général, pour toutes les espèces ayant alors quitté nos régions. Pas plus que le Lion et l'Hyène, dis- parus précédemment de l'Europe occidentale et sauf peut- être encore chez quelques-unes une diminution actuelle dans la taille, ces espèces n'ont varié, — pour autant que leur étude ostéologique soit jugée suffisante pour en décider. La même règle de fixité anatomique se reproduit, du reste, pour les quarante à quarante-cinq espèces de l'âge du Mammouth qui se sont perpétuées jusqu'à nous, qu'elles aient changé ou non de patrie. Ce serait abusive- ment qu'on voudrait déclarer y reconnaître de véritables indices de transformisme. Mais, a-t-on objecté, si cette faune quaternaire, dans ses organismes les plus sensibles, semble-t-il, aux causes des variations morphologiques, ne montre pas d'indices S""* SÉRIE, TOME XXXVI. 42 ( 626 ) de transformations spécifiques, c'est que le temps écoulé a été trop court! Certes, pour ces dernières époques géologiques, l'intervention des durées a une fort sérieuse valeur, et on peut d'autant moins y contredire que le même phénomène de stabilité s'applique à tous les repré- sentants du règne animal et du règne végétal des mêmes temps, alors qu'ils ont si largement varié dans les temps antérieurs. Cependant le nouveau fait de la fixité des types dont nous nous occupons, n'en doit pas moins nous frapper, vu les différences de milieu ambiant aussi saillantes que nous font préjuger à la fois cet assemblage étonnant d'espèces aujourd'hui éteintes ou disjointes et les conditions climatériques dans lesquelles il se développa. Car, en premier lieu, nous venons de voir combien le phénomène des migrations, qu'on peut souvent appeler avec plus de justesse celui des extinctions régionales, est le principal caractère des modifications de la faune quaternaire. Les faits de ce genre y sont particulièrement précis et méritent de servir de base à l'étude de la ques- tion, puisque les migrations s'y sont produites de la manière la plus caractérisée et la mieux définie à deux reprises différentes et que, les espèces qui y ont été sou- mises étant encore vivantes, leur habitat actuel, quelque éloigné qu'il soit de leur habitat ancien, peut être reconnu avec bien plus de facilité et de netteté que pour les espèces n'existant plus. En second lieu, ces mutations géographiques sont susceptibles d'être mises en relation avec les événements physiques les plus suprenanls de la fin des temps géolo- giques, les époques glaciaires, dont le déchiffrement est sans doute notre principale œuvre contemporaine sur l'histoire de la terre. ( 627 ) A la période iiiterglaciaire, on rapporte, avec des faits sérieux à l'appui, l'âge du Mammouth, ce qui ne concorde guère, il est vrai, avec la constatation, indiscutable cepen- dant, de ce qu'on a appelé un paradoxe zoologique : la coexistence sous nos latitudes d'espèces aujourd'hui afri- caines et d'espèces aujourd'hui exclusivement polaires, du Lion vivant notamment en compagnie du Renne. A la deuxième époque glaciaire peut correspondre notre âge du Renne, et ceci concorde mieux avec la disparition coïncidente des espèces africaines et avec le maintien, souvent accompagné d'un plus grand dévelop- pement numérique, des espèces de notre extrême nord. Chacun enfin admet que le début de l'époque actuelle, l'âge de l'Urus, a succédé à cette deuxième époque gla- ciaire et qu'il a spécialement pour caractéristique la dis- parition de ces espèces des latitudes extrêmes. Par les changements climalériques que dénoncent de tels phénomènes, nous pouvons sans peine nous rendre compte des causes de certaines éliminations successives désignées sous le nom de migrations. Mais il nous est possible de faire un pas de plus. La relégation au midi du Lion et de l'Hyène se manifeste sous l'aspect d'extinctions locales, car nous ne pouvons penser que les conditions de l'Afrique excluaient ces espèces à l'époque quaternaire. Il n'en est pas de même pour d'autres espèces et particulièrement pour le Renne, qui vivait certainement chez nous toute l'année. Ici nous trouvons une véritable émigration, un refoulement de l'espèce au delà du cercle polaire, puisque, à la deuxième époque glaciaire, la Laponie fut recouverte d'un épais glacier qui aurait exclu son existence. A tous points de vue, ces exemples de limitation d'ha- bitat et de changement de patrie, caractérisant des époques ( 628 ) géologiques contiguës à la nôtre, nous sont précieux. Ils nous font saisir sur le vif l'importance, la fréquence, l'ex- tension, l'enchevêtrement du phénomène et prévoir, faits en mains, le rôle que les migrations ont joué dans le passé vital. Ils sont d'autant plus à méditer que ce phénomène des migrations n'y entraîne pas de marques appréciables de transformations organiques, de variations du type spéci- fique en relation avec les changements considérables de milieu qui créaient inévitablement ces refoulements ou ces migrations. Par ces données complémentaires, nous sommes mieux en mesure d'apprécier, dans ce seul côté de la doctrine de la descendance, la complication presque inextricable des actions en jeu. Ainsi que nous le disions plus haut, s'il a été donné à notre époque de fournir la haute pro- babilité du phénomène généalogique, nous ne pouvons nous étonner qu'il ne nous ait pas été réservé d'en trouver la démonstration de fait. Cependant cette époque quaternaire, déjà si remai- quable par ses manifestations dans l'ordre physique et biologique, allait nous ouvrir un autre horizon d'une incomparable grandeur, en préparant une transformation totale de l'acte évolutif de la surface terrestre. Dès l'âge du Mammouth, en pleine période intergla- ciaire, des découvertes attestent l'existence de l'homme en Europe et peut-être même en Amérique. Depuis l'apparition de la vie, aucun phénomène ne s'était produit sur le globe, dont les conséquences aient été aussi graves, car l'homme allait bouleverser le monde. La nature avait été seule à l'œuvre jusque-là; ses lois seules avaient présidé à la vie du globe, et la géologie ( 629 ) n'avait eu à constater que l'histoire de ce que fut la terre sous leur empire exclusif. Quel spectacle nous est donné ensuite! Par la venue de l'homme, la nature se rencontre avec le plus formi- dable des antagonistes. L'entrée de l'intelligence, en lutte avec les forces aveugles de la matière, ouvre à l'évolution une phase que rien dans le passé ne rappelle. A une nature dont les lois, à travers l'immensité des temps, régnaient en maîtresses absolues, va se substituer, avec une vertigineuse rapidité, en quelques dizaines de siècles, en moins de temps encore pour des continents entiers, une nature assujettie à l'intelligence, radicale- ment transformée, dans toutes ses parties et dans tous ses aspects, pour les seuls besoins de l'homme. Le règne de la raison humaine succédant à la souve- raineté de la nature, telle sera désormais la loi de l'évo- lution du globe et par conséquent de l'histoire de la terre! Pour embrasser dans son ampleur cet étonnant phé- nomène, rien ne m'a semblé plus favorable que de le réduire d'abord à une étude locale sur un tout petit pays, le nôtre, afin de l'y suivre dans trois de ses étapes humaines, en établissant ce qu'étaient nos régions lorsque l'homme, encore investi d'un pouvoir rudimentaire, y pénétra, — ce qu'elles devinrent lorsque l'homme, à l'aurore de leurs temps historiques, commençait à se les assujettir, — enfin où elles sont arrivées de notre temps lorsque l'homme, pourvu de la toute-puissance que la science lui donne, leur impose toutes les ressources de la civilisation, c'est-à-dire lorsqu'il les a complètement domptées et asservies, qu'il a mis ses lois économiques à la place des lois naturelles. Quand l'homme apparaît dans notre pays, il est en ( 630 ) possession d'outils et d'armes, en silex et en os, confec- tionnés par lui; il sait se vêtir et se parer; il a des rela- tions avec des régions distantes de quelques journées de marche; il combat tous les animaux, les grands herbi- vores et les plus redoutables carnassiers, il les tue et s'en nourrit. Cependant il ne peut encore se créer parmi eux des alliés et des aides; il n'en a réduit aucun en servi- tude. Partout règne la forêt, legs des temps géologiques; pas un indice ne fait penser qu'il ait assuré son existence en s'assujettissant des plantes par la culture et qu'en con- séquence il se soit livré à des défrichements. Il ne forme pas encore de tribus, mais seulement quelques familles éparses, choisissant les cavernes pour abris, s'il les a à sa portée. Mais il sait produire et utiliser le feu et, par cela seul, il est entré en possession d'une énorme supériorité qui le met en état de transformer, au moyen de la cuisson, en un régime artificiel herbivore et Carnivore son régime naturel de frugivore ; par là encore, il s'est rendu capable de vivre sous tous les climats. C'est assurément cette acquisition qui lui a permis d'accéder justiu'à nos lati- tudes et de les dépasser, car il est un immigrant; il n'a pas pris naissance dans l'Europe occidentale. Ces modestes débuts au milieu des forêts expriment le pouvoir de l'homme dans ces premiers temps. Sa domi- nation n'existe en quelque sorte qu'en germe et ne s'exerce guère que par l'emploi de moyens d'un genre tout nouveau pour se rendre maître et se nourrir des ani- maux qui sont autour de lui. Il en est encore à l'état que nous appelons sauvage ; il reste isolé et n'augmentera pas son pouvoir pendant l'époque quaternaire. Dépassons cette époque, traversons, sans nous y arrêter, le dernier âge de la pierre, au savoir-faire déjà plus ( 631 ) étendu et aux populations plus deuses, puis notons les premiers temps de la substitution des métaux à la matière brute, pour arriver à l'époque romaine. De grands remous de populations s'étaient déjà produits; des relations com- merciales de toute nature s'étaient établies. La variabilité dans les mœurs avait agi et amené le progrès, en même temps que l'isolement avait pris lin. C'est le « phénomène des migrations » et ses résultats s'exerçant par l'action de l'homme. César alors, ouvrant notre ère historique, décrit l'état de nos contrées. Pendant qu'il insiste sur l'extension des forêts vierges, sur les marécages et les débordements des rivières, c'est-à-dire sur le maintien de la nature primi- tive, il nous fait le tableau de l'étendue des champs stériles, témoignant de l'importance des défrichements ; il signale dans chaque tribu l'existence de vastes cultures et de grands troupeaux ; il cite de nombreuses bourgades et nous fait évaluer à 400,000 le nombre de nos habi- tants. Tel qu'il y a vingt siècles, notre pays apparut aux convoitises romaines, l'action de l'homme s'y était déjà largement exercée : les forêts, en voie de destruction, remplacées partiellement par une végétation artilicielle appropriée à sa nourriture; la grande faune commençant à disparaître devant les espèces domestiquées propres à l'alimenter et à l'aider dans ses labeurs ou ses combats. En un mot, la nature, changée profondément d'aspect et de condition, est entrée sous la domination humaine. Ce n'est là encore qu'un état intermédiaire, celui que nous appelons la barbarie. Encore une étape et nous arrivons à notre époque même. L'antagonisme entre ( 632 ) les forces brutes et la volonté consciente a pris fin, il n'y a plus de partage : le territoire appartient tout entier à l'homme. Tout le sol est cultivé, couvert d'une végétation desti- née à nos besoins. Ce qui reste de forêts est devenu une culture d'arbres soumise à des récoltes régulières, et toute trace de la forêt vierge a depuis longtemps disparu. Notre flore a changé de caractères à la fois par ces causes et par des migrations artificielles, par des importations de plantes et d'arbres cultivés à part ou mélangés à la végé- tation première; Des lois protectrices seules sauvent de la destruction quelques représentants des grandes espèces sauvages. Non seulement les animaux domestiques tiennent dans notre faune une place analogue à celle de nos cultures dans la végétation, mais il y a eu aussi des importations d'autres espèces qui sont nos commensales ; Les marécages, naguère si développés, ont été dessé- chés ; La nature du sol a été transformée sur de grands espaces, et des terres qu'on vit stériles comptent mainte- nant parmi les plus fécondes; Les anciens cours d'eau ont été endigués et canalisés; des cours d'eau artificiels ont été créés; Les agglomérations de toute sorte et de toute grandeur, peuplées par plus de six millions d'habitants et prenant la place de la forêt primitive; Les voies de communication de toute espèce sillon- nant le pays et parcourues par de prodigieux engins ; Ces transformations, imposées coup sur coup à la nature, ont achevé de modifier l'aspect de nos régions, tellement ( 635 ) que tout ce que nous avons sous les yeux porte la pro- fonde empreinte de l'homme. Tout y est rapporté à ses besoins sociaux et économiques. C'est l'expression matérielle de ce que nous appelons la civilisation moderne. Et à quoi cet état inouï de civili- sation est-il dû, sinon à l'entrée en scène d'un nouveau progrès de l'intelligence humaine, aussi rapide que déci- sif: la science, c'est-à-dire la compréhension de la nature au point de vue de sa complète appropriation à la vie de l'homme! On peut aussi bien dire d'abord : au point de vue de l'accroissement de la puissance humaine! Car, à ce moment, la puissance humaine s'est élevée d'un bond à une ampleur que le monde n'avait pas connue et ne pouvait prévoir, et la nature, perdant sa fière et rude condition, est devenue son humble servante. Peut-il être pour le géologue un spectacle plus éton- nant que ces formes nouvelles, rapides, radicales, où s'est transformé l'ancien ordre des choses? Depuis l'époque du gneiss et du micaschiste, il a suivi les actions originaires et l'évolution générale des phénomènes; grâce au prin- cipe de la permanence des lois naturelles, il les a com- prises et les a vues se développer graduellement, lente- ment à coup sûr, avec le même caractère essentiel d'unité dans leurs causes et leurs modifications. Et tout à coup, vers la fin de l'incommensurable série des temps qu'il a contemplée, il lui est donné de reconnaître une autre action, sans précédent pour lui ; il en suit le développe- ment progressif, de plus en plus puissant et étendu, et, en un temps dont cette fois il sait el compte la durée, qui n'est que de quelques siècles, souvent même quelques années, il se trouve devant une nature sans ressemblance ( 634 ) avec la nature antérieure! Lorsque la science lui a révélé ce passé, h lui aussi elle a montré de quels exploits elle est capable pour accroître le pouvoir de la compréhen- sion humaine. D'autres événements d'un caractère grandiose nous étaient encore réservés. Un dernier pas reslait à faire dans l'évolution de notre époque. Quand, il y a quatre siècles, la connaissance du globe commença à nous être acquise, l'espèce humaine le peuplait partout, sauf une partie des glaces polaires et quelques petites îles perdues dans l'Océan. Partout aussi la phase de développement que les cavernes nous ont fait connaître, était dépassée tantôt par des civilisations déjà prospères qui pliaient fortement la nature aux besoins des populations; tantôt par une demi-barbarie où la civi- lisation et la nature se balançaient; le plus souvent par l'état sauvage et, même dans ce dernier état, le progrès sur nos premiers âges se manifestait par des plantations et des animaux domestiques, par un outillage varié quel- quefois en métal, par des agglomérations de huttes et des villages, par de grandes ablations de forêts surtout, car l'homme est l'ennemi des arbres. Pour son déve- loppement social, il lui faut d'abord l'anéantissement des forêts; c'est par là qu'il commence et il les empêche de se reconstituer par le feu, la dent de son bétail, ses cultures ou ses constructions. Aujourd'hui, par un phénomène sans exemple, le monde est, peut-on dire, aux mains des Européens ou des peu- ples qui en sont directement issus, et leur manière d'être tend à devenir universelle. Les mémorables découvertes de la fin du moyen âge, ( 635 ) fondamentales pour l'avenir de l'humanité, garantissaient à l'Europe occidentale, avec les moyens d'une diffusion indéfinie de la pensée, la supériorité définitive des armes et le pouvoir de se diriger sûrement sur les mers. Inau- gurant l'ère des grandes navigations, assurée de la sorte, elles ouvrirent à l'Européen l'accès de tout le globe. C'était lui donner l'hégémonie de tous les peuples. L'Européen ne connaît plus d'obstacles. En notre siècle, dirigé non plus par l'empirisme, mais par la science dans des empiétements plus prodigieux encore, il achève de mettre sous son joug toutes les l'oices naturelles et toutes les parties de la terre; il ne compte pas plus avec l'espace continental qu'avec l'espace maritime. Dans un élan irrésistible, il impose uniformément à l'univers sa science, ses industries et ses mœurs. Partout la nature, d'abord adaptée suivant tant de plans divers par des peuples isolés et disséminés, subit une unification com- plète. Elle est en voie de se transformer de fond en comble, pour être soumise à de nouvelles coordinations sur un plan unique, le plan européen! Cette surprenante évolution que la géologie du globe traverse nous révèle ostensiblement le mécanisme qiii la produit. La faculté d'expansion et d'adaptation de l'homme aux milieux les plus divers est indéfinie, et nous avons reconnu à quelle acquisition première il faut faire remonter son origine. Si les découvertes, les conquêtes initiales sur la nature sont individuelles, comme l'est essentiellement le génie, en s'épanchant chez un peuple, elles y créent un foyer de civilisation, une variabilité j)rogressive. Tôt ou tard, par voie violente ou pacifique, par voie de migra- ( 036 ) lion en un mot, le contact ou la fusion des peuples voisins fait pénétrer chez eux ces progrès qui, en en subissant de nouveaux, se généralisent de plus en plus et finissent par se répandre sur tout le globe. Aussi, parmi les avancements de la civilisation, se placent toujours en première ligne les moyens plus actifs d'expansion, c'est- à-dire de pénétration et de communication dans tous les domaines. Par conséquent, de même que nous avons cru l'entre- voir pour l'évolution animale et végétale s'effectuant sous l'influence des seules actions naturelles, les migrations se retrouvent, ici encore, l'un des principaux éléments des transformations progressives. Elles se traduisent par le mutualisme entre peuples, par un véritable altruisme universel, au sein duquel préside, avec une inexorable rigueur, la grande loi darwinienne de la sélection. Dans le fonctionnement de tout ce qui est doué de mobilité organique, le progrès est-il en eff"et autre chose qu'une meilleure adaptation aux circonstances, la substitution du mieux dans son acception réelle? Ainsi se produit à nos yeux l'évolution de l'activité humaine sur le globe ou plutôt l'évolution de notre période géologique : l'homme en lutte contre la nature qu'il veut adapter à ses besoins, et il la veut tout entière. Le monde est à sa merci et la puissance humaine se mesure à ses conquêtes sur l'ordre établi des choses. Si, en dernier acquit, les sciences naturelles n'ont d'autre rôle ni d'autre ambition que d'agrandir cette puissance, elles n'y ont certes pas failli au cours du siècle qui va se clore. ( 657 ) Quelques grandes phases dans l' histoire de l'astronomie; par F. Folie, membre de l'Académie. L'astronomie est, après l'arithmétique, la plus antique des sciences; elle a pris naissance au sein des peuples pasteurs, sous ce beau ciel qui éclaira le berceau de l'humanité. Ils durent constater bientôt que la croissance et le fanage de leurs fourrages, de même que la multiplication de leur bétail, le chaud et le froid, la sécheresse et l'humidité, étaient en connexion intime avec le cours du Soleil à travers les constellations. L'étude de ce cours et de ces constellations était donc pour eux d'une importance capitale. Telle fut l'origine de l'astronomie. Elle ne fit de grands progrès, parmi nos ancêtres scien- tifiques, que dans l'école d'Alexandrie, dont Hipparque et Ptolémée sont les plus illustres représentants. On peut dire, si l'on fait abstraction de la précession des équinoxes, découverte par ce dernier astronome, que l'astronomie spliérique des anciens se bornait à considérer la Terre comme fixe, et le ciel des étoiles comme tournant uniformément autour de l'axe géographique de la Terre. Ils connaissaient assez exactement les mouvements des autres astres, qu'ils désignaient tous sous le nom de planètes; mais la cause de ces mouvements leur échappa entièrement. Les Grecs et les Romains ont poursuivi l'étude de ( 638 ) l'astronomie de Ptolémée, témoin les calendriers de JNuma et de Jules César, mais sans rien y ajouter. Les Arabes, malgré le grand zèle qu'ils ont apporté, vers l'an dOOO, à l'étude de l'astronomie, ne lui ont fait réaliser aucun progrès très marquant. Un fait qui atteste toutefois la précision atteinte par l'astronomie, avant sa renaissance, est l'exactitude remar- (|uable de la réforme du calendrier effectuée par Gré- goire XIII, dans le but de faire toujours tomber le commencement du printemps à la même date qu'à l'époque du Concile de Nicée, qui avait (ixé celle de la fête de Pâques, réforme d'un intérêt général très grand, en ce qu'elle ramène tous les ans, aux mêmes dates, tous les travaux agricoles. La seconde pbase de l'histoire de l'astronomie s'ouvre à l'époque de Tycho-Brahé, de Copernic, de Galilée et de Kepler. C'est le véritable fondateur de l'astronomie moderne qui s'écria, indigné de l'indifférence hostile de ses con- temporains : Que m'importe si mes découvertes ne sont appré- ciées que dans un siècle, puisqu'il a bien plu au Créateur d'attendre pendant quatre mille ans un contemplateur de son œuvre tel que moi ! Copernic et Galilée, du reste, n'ont pas vu leurs décou- vertes astronomiques plus appréciées que celles de ce grand homme. Quoique Kepler, après avoir trouvé les lois qui porte- ront à jamais son nom, en eût assez nettement soupçonné la source, il était réservé au génie de Newton de la mettre en pleine lumière, en créant la haute analyse et la Mécanique céleste. ( 639 ) L'alli-action solaire fut, dès lors, la cause du mouve- ment de la Terre, des planètes et des comètes; l'attrac- tion terrestre, celle du mouvement de la Lune; l'attraction luni-solaire, celle de la précession des équinoxes et de la nutation, entrevue déjà par Newton et confirmée un peu plus tard par Bradley, qui, s'aidant de la découverte de la vitesse de la lumière, faite par Rœmer, fonda bientôt aussi la théorie de l'aberration. Bradley, pas plus que ses illustres devanciers, n'eut à se louer de la justice de ses contemporains; l'un d'entre eux, un astronome et un ami, nia pendant dix ans sa découverte de la nutation. Les progrès réalisés par Newton et Bradley caracté- risent la troisième grande phase de l'histoire de l'astro- nomie, pendant laquelle les instruments et les méthodes d'observation furent fort perfectionnés, et qui fut digne- ment close par les découvertes de Herschel, particu- lièrement celle de la planète Uranus, et celle du mouve- ment de transport du Soleil dans l'espace. A la lin du siècle dernier également fut découverte, par Piazzi, la première de ces innombrables petites planètes qui comblent la lacune, signalée par Bode, entre Mars et Jupiter. Bientôt Olbers en trouvait une seconde. Mais l'astronomie lui est redevable d'un service plus signalé : c'est lui qui a découvert Bessel dans un comptoir de Brème, et a fait du jeune commis un astronome illustre entre tous. Il restait cependant encore un pas décisif à faire. Newton, en créant la Mécanique céleste, n'avait guère fait que l'ébaucher. Sa démonstration du phénomène de la précession des équinoxes, fort imparfaite, dut être ( Ui) ) reprise par d'AIeinbert. La démonstration de la nutation fut l'œuvre d'Euler. xMais, vers son époque, surgit un génie mathématique incomparable, duquel la Mécanique céleste est sortie tout armée, comme la Minerve antique du cerveau de Jupiter. Laplace écrivit ce monument impérissable, que ses successeurs n'ont pu (]ue perfectionner dans quelques détails. Dans celte science sublime, il eut pour émule Lagrange, à qui les théories générales de la Mécanique céleste sont redevables de méthodes marquées au coin de son puissant génie. Pour appliquer les lormules de la Mécanique céleste, il tallait un astronome qui les connût, et qui sût bien observer. Il se rencontra dans Bessel, dont les Funda- menla nova forment, avec la Mécanique céleste et la Theoria motus de Gauss, la base de l'astronomie du XIX" siècle, et ouvrent la quatrième phase de l'histoire de la science. C'est dans celle-ci que lurent déterminées pour la pre- mière Ibis, d'une manière plus ou moins correcte, mais non pas encore à moins du 0",01 près (ce qui serait abso- lument indispensable pour les calculs de réduction), les constantes de la précession, de la nutation et de l'aber- ration, grâce aux travaux de Bessel et des deux Struve. C'est dans celle-ci également que la Mécanique céleste trouva une confirmation tout à fait inattendue dans l'ad- mirable découverte de Le Verrier, qui n'a pas évité, je ne dis pas à son auteur, mais au gouvernement de l'époque, la honte de l'avoir révoqué. Qui n'a entendu parler de cette découverte? ( 641 ) Herschel avait trouvé, depuis un demi-siècle environ, une grosse planète, Uranus, qui, à raison de son éloigne- ment, avait échappé à ses devanciers. Le mouvement de celte planète présentait des anoma- lies qu'il fallait expliquer, sous peine d'avoir à modifier et les lois de l'attraction newtonienne et les formules de la Mécanique céleste. Le Verrier attribua les anomalies d'Uranus à l'attrac- tion d'une grosse planète, plus éloignée encore. II s'agissait de calculer la position que devait occuper cette dernière planète, pour occasionner les perturbations constatées dans le mouvement d'Uranus : problème exces- sivement compliqué, à cause, surtout, de son indétermi- nation; car on ne pouvait se donner ni la masse de cette planète, ni sa distance au Soleil, ni l'inclinaison et le nœud de son orbite, Le Verrier parvint, après d'immenses labeurs, à résoudre le problème qu'il s'était posé, et avec tant de bonheur, qu'après avoir signalé la position de sa planète à l'Observatoire de Berlin, il recevait, trois jours après, la nouvelle de la découverte de Neptune par Galle, à la place même que ses calculs lui avaient assignée dans le Ciel. Adams avait eu la même idée que Le Verrier, mais il n'est arrivé à la solution du problème que six mois après son heureux émule. Quelles déceptions cruelles on peut rencontrer dans les labeurs scientifiques! Un remarquable progrès, intéressant l'astronomie, fut réalisé par Fizeau. Ce grand physicien eut la hardiesse de mesurer directement la vitesse prodigieuse de la lumière, qui est de 500,000 kilomètres par seconde. 3"^ SÉRIE, TOME XXXVI. 43 ( 642 ) L'ingénieux Foucault améliora son procédé, qui a atteint aujourd'hui une perfection telle que la vitesse de la lumière, grâce surtout aux déterminations de Michelson et de Cornu, est connue avec une précision que l'on sou- haiterait voir atteinte par les constantes astronomiques, par celles de l'aberration et de la parallaxe solaire en particulier, liées toutes deux à la vitesse de la lumière, de telle sorte que, si l'une d'elles était exactement con- nue, l'autre le serait également. Le pendule de Foucault aussi mérite d'être signalé, de même que son gyroscope, non au point de vue des appli- cations astronomiques, mais comme les preuves les plus frappantes du mouvement de rotation de la Terre. Fait singulier. Poisson avait traité, longtemps auparavant, la question du mouvement d'un pendule oscillant librement autour d'un point fixe à la surface de la Terre, et avait trouvé qu'il ne se déplacerait que d'une quantité imper- ceptible, à raison du mouvement de rotation de celle-ci. Mais si Poisson avait été aussi bien un esprit philoso- phique qu'un analyste habile, il se serait dit, à priori, que le plan d'oscillation du pendule restant invariable dans l'espace, devait effectuer, en apparence, une révo- lution journalière, par rapport aux objets entraînés dans le mouvement de rotation du globe, et l'analyste eût aperçu l'erreur de calcul qu'il avait commise en écrivant, par méprise, un sinus au lieu d'un cosinus. C'est seule- ment après l'invention de Foucault, qui eût été faite par Poisson sans cette méprise, que Plana s'aperçut de celle- ci en reprenant les calculs du géomètre français. Il me reste à signaler, parmi les grandes découvertes du siècle en astronomie mathématique, les recherches sur les parallaxes, autrement dit sur les distances des étoiles ( (545 ) au Soleil, sur les orbites des étoiles doubles et sur le déplacement du système solaire dans l'espace, travaux dans lesquels se sont illustrés surtout Bessel, Struve et Argelander, que je suis beureux d'avoir eu pour maître en astronomie pratique ; entîn, les méthodes, véritable- ment nouvelles, imaginées en mécanique céleste par Gyl- dén, et poursuivies ensuite par Poincaré, pour le calcul des perturbations. A cette dernière phase de l'histoire de la science appartient aussi presque entièrement la création de l'as- tronomie physique. Le siècle dernier ne peut guère revendiquer, dans cette partie, que la découverte de l'anneau de Saturne et de ses satellites par Cassini et par Huygens, l'inventeur de la pendule astronomique, et les travaux des P. Schrôder et de Vico sur la rotation des planètes. Le nôtre a vu éclore deux modes entièrement nouveaux de recherches astronomiques. L'un est dû au génie de Kirchhof et de Bunsen, qui ont démontré que les raies, constatées par Frauenhofer dans le spectre solaire, pou- vaient servira caractériser les éléments chimiques existant dans la source lumineuse dont les rayons sont étalés en spectre par le prisme. Parmi les travaux astronomiques les plus considérables auxquels cette découverte a donné lieu, il faut citer d'abord la détermination exacte de la position des raies du spectre solaire et des longueurs d'ondes lumineuses correspondantes. Nous possédons aujourd'hui plusieurs travaux impor- tants sur cette matière. L'un des premiers dessins du spectre solaire complet a été exécuté à l'Observatoire de Bruxelles, par Fiévez. ( Ui ) Plus étendus et plus détaillés sont les spectres de Piazzi Smith, de Roeland et tout particulièrement celui de Thollon, qui a été interrompu, à moitié achevé seulement, par la mort de son habile auteur. La seconde moitié a été heureusement terminée à Nice, au moyen de l'appareil même de Thollon, par l'ini des astronomes d'Uccle, qui a consacré de longs mois d'ob- servalions, de dessin et de calculs à cette œuvre, et qui est allé la contrôler ensuite à l'Observatoire d'Alger, pourvu également d'un appareil de Thollon. Notre Compagnie peut se dire, avec une fierté légitime, qu'en achevant le spectre de l'astronome français, il a fait une œuvre qui restera ; et la Belgique doit quelque recon- naissance à MM. Perrotin et Trépied, qui ont gracieuse- ment mis leur observatoire et leurs conseils à la disposi- tion de l'astronome belge. Il reste encore bien des découvertes à faire en cette matière, surtout dans les régions extrêmes du spectre, l'infra-rouge et l'ultra-violet, dont Abney, Cornu et Lang- ley se sont occupés avec beaucoup de succès. Il me sutfira de dire ici que le spectre photographique est six fois |)lus étendu que celui que nous voyons à l'œil nu dans les circonstances ordinaires. Les raies spectrales servent, comme on sait, à ana- lyser chimiquement le Soleil et les étoiles, et ont permis de constater ainsi l'identité de constitution de la matière dans tous les astres de l'univers. Un instant, Lockyer avait même cru pouvoir ramener à l'unité tous les corps réputés simples par les chimistes. Ce n'était qu'une noble illusion, et c'est à l'avenir qu'il appartient d'en prouver la réalité. Parmi les premiers travaux, et les plus considérables, ( 645 ) sur la speclroscopie stellaire, on tloit nienlioniier ceux de l'illustre P. Secchi; il a étudié au spectrosco|)e plus de 4, (MX) étoiles et les a classées en quatre types, d'après la nature de leur lumière. Ses recherches ont été pour- suivies avec heaucoup de zèle et de succès par Duner. On connaît l'ouvrage classique de Secchi sur le Soleil, ouvrage dans lequel sont résumés ses travaux spectrosco- piques relatifs à cet astre, ses recherches sur la photo- sphère, les protuhérances, les taches, la température du Soleil; et cet autre ouvrage sur l'unité des forces phy- siques, qui le montre aussi profond philosophe et physi- cien qu'astronome éminent. Fait étrange, qui m'a été rapporté par un de ses élèves , et qui témoigne de la grande modestie du savant, Secchi ne prétendait con- naître un peu bien que l'archéologie. Une des applications les plus ingénieuses de la spec- troscopie est celle qui est relative à la détermination de la vitesse absolue des étoiles, et même à celle de la vitesse de rotation du Soleil. C'est Doppler qui s'est dit le premier que, si une étoile se rapproche de nous avec une vitesse assez consi- dérable, la longueur des ondes lumineuses qu'elle nous envoie doit se raccourcir par le fait même, et produire, par conséquent, une variation dans la position des raies du spectre. Les premiers résultats tangibles de cette méthode ont été obtenus par Huggins en 18G8. Christie, Maunder, Vogel ont pu déterminer, par la suite, les vitesses d'un grand nombre, d'étoiles. En 1870, Zôllner invente le spectroscope à reversion, et Vogel l'applique immédiatement à la détermination de la vitesse de rotation du Soleil au moyen du déplace- ( 040 ment des raies des deux bords. Young, en 1870, trouve, par le même moyen, une vitesse de rotation de 2.27 ki- lomètres par seconde. Christie,Thollon et Cornu ont également fait de beaux travaux sur ce sujet. Le premier de ces savants a même appliqué le principe à la détermination de la vitesse de rotation de Jupiter (1877). Houzeau a émis cette idée très ingénieuse qu'au moyen du déplacement des raies spectrales, on arriverait à déterminer l'inclinaison relative des orbites des étoiles doubles. D'après les observations de Young, eniin, l'atmosphère solaire tournerait plus rapidement que le corps de l'astre. Les importants travaux de Secchi et de ses successeurs, sur le Soleil, avaient éveillé, chez les astronomes, le désir de pouvoir en étudier, en tout temps, les protubérances, qu'on n'avait pu apercevoir encore que durant les éclipses totales. C'est à Lockyer que revient l'honneur d'avoir émis la première idée de leur observation au spectroscope, et à Janssen, l'infatigable directeur de l'Observatoire astro- physique de Paris, l'honneur non moins grand de l'avoir réalisée (1808). Le second mode de recherche inauguré en ce siècle est la photographie. Quelle facilité merveilleuse ses progrès ont donnée aux astronomes, qui, auparavant, passaient de longues nuits à dessiner patiemment quelques détails de la Lune, de Vénus, de Jupiter, etc., ou de longues heures à fixer les contours d'une tache solaire, tandis qu'ils obtiennent aujourd'hui tous ces détails en quelques minutes ou en quelques secondes! Les agrandissements des magnifiques photographies ( 6i7 ) lunaires de Lick Observatory, dont notre Compagnie a reçu les premiers exemplaires, ont ouvert également une voie nouvelle, dans laquelle se distingue supérieurement aujourd'hui l'Observatoire de Paris. Je regrette vivement que l'habile auteur de ces forts agrandissements n'ait pu être chargé, à Uccle, d'un service de photographie astro- nomique, pour lequel il avait et le talent et les instru- ments nécessaires. A côté des photographies lunaires, une mention spé- ciale est due aux magnifiques photographies du Soleil obtenues à Meudon, depuis plus de dix ans, par Janssen, qui a réussi également le premier, avec Gill, à photogra- phier une comète. Quelle facilité également otïre la photographie pour la découverte de petites planètes! L'objectif photographique reste invariablement fixé sur un même secteur du ciel, qu'il suit dans son mouvement, grâce à l'appareil sur lequel il est placé, appareil animé d'un mouvement égal et directement contraire à celui de la Terre. Tout est donc fixe, étoiles et plaque photographique. La pose dure un assez grand nombre d'heures. Si une petite planète se trouve dans le champ exploré, comme elle se meut à travers les étoiles, ce n'est pas un point lumineux qu'elle laissera, comme ces dernières, sur la plaque, mais une petite trace qui permettra de la reconnaître immédiate- ment. Il n'est pas possible de passer ici sous silence une invention très ingénieuse, sans laquelle les grands pro- grès de l'astronomie physique étaient irréalisables; je veux parler de l'application du mouvement d'horlogerie aux équatoriaux. C'est Hooke qui en a eu la première idée. Elle a été réalisée, vers 1755, par Vayringe, à ( 648 ) Lnnéville, et a surtout progressé, peu de temps après, en Aiii^Ieterre. L'une des œuvres les plus utiles à l'astronomie future est certainement cette carte du Ciel, due à l'initiative de l'amiral Mouchez, et qui s'exécute actuellement dans un grand nombre d'observatoires des deux mondes. Déjà Pickering s'était signalé dans cette voie; c'est une justice qu'il convient d'autant plus de lui rendre, qu'on a paru oublier un peu les grands progrès qu'il avait réalisés dans la photographie stellaire. Son catalogue photoméirique de 4,200 étoiles, déduit de 19,000 observations, lui mérite également la reconnaissance des astronomes. La théorie des ondulations, due au puissant génie de Fresnel, et, en particulier, celle de la polarisation de la lumière, ont eu également, entre les mains d'Arago, leurs applications à l'astronomie physique. Notre siècle aussi a vu les instruments astronomiques arriver à une perfection inespérée. Les objectifs des lunettes astronomiques ont atteint jusqu'à 1"',03 de dia- mètre. C'est l'Amérique qui tient le record dans celte direc- tion, grâce surtout à la générosité de Lick et de Yerkes. Et cette générosité a déjà été récompensée par de magni- fiques découvertes, comme celle du cinquième satellite de Jupiter, faite, par Barnard, à . Lick Observatory, en m)± A. Hall avait trouvé à Washington, en 1877, les deux satellites de Mars, qui, fait digne de remarque, furent déjà soupçonnés en 1600 par Kepler. Lorsque le grand astronome apprit que Galilée venait de découvrir les quatre satellites de Jupiter, il dit : « On en trouvera un à Vénus, deux à Mars, six ou huit à Saturne », prophétie réalisée de tous points, sauf en ce qui concerne Vénus. ( 649 ) Il est vrai que, d'après Schiaparelli, Vénus, de même que Mercure, ne seraient pas, comme on l'a cru depuis l'antiquité, des planètes analogues à notre Terre ou à Mars, mais de simples satellites du Soleil, c'est-à-dire des corps dont la vie est absente, et qui n'ont nul besoin d'être éclairés durant leurs nuits. Kepler croyait aux causes finales, rejetées par l.aplace. Le grand géomètre français avait dit : «. Si la nature s'était proposé d'éclairer la Terre pendant la nuit, elle aurait fort mal rempli son but; elle n'avait qu'à lancer la Lune dans le plan de l'équateur avec une vitesse déterminée, et cet astre eût éternellement éclairé la Terre durant toute la nuit. » Or Delaunay, qui a consacré vingt- cinq années à la tbéorie du mouvement de la Lune, a trouvé que, quand bien même la nature en eût agi de la sorte, il n'en serait pas moins arrivé, par suite des per- turbations, que la Lune fût sortie du plan de l'équateur pour parcourir son orbite actuelle. A côté de la belle découverte de Kirchbof et Bunsen, on ne peut passer sous silence celle qui est la plus féconde du siècle, la théorie mécanique de la chaleur, dont le premier principe, le principe fondamental, est dû au génie de Robert Mayer, médecin à Heilbronn , et le second à Rodolphe Clausius. On sait la profonde déduction que Thomson a tirée de ce second principe, relativement à la dissolution linale de tous les corps de la nature, et à la résolution de tous les mouvements stellaires et planétaires en de simples mouvements moléculaires, déduction que Tyndall expri- mait en ces termes, tirés d'une épître de saint Pierre : c< Les éléments seront dissous par le feu. » Un principe aussi vaste que celui de Mayer a d'impor- ( G5'0 ) taiU(3S applications à toutes les sciences; l'astronomie, eu particulier, en a tiré des conséquences très remarquables relativement aux mouvements des corps célestes, à leur température, à leur âge même, enfin à leur destinée finale. Mais je m'arrête (la matière est trop vaste), sans donner plus qu'une simple mention aux ondes herziennes et aux rayons Rônlgen, dont la découverte aura certainement son contre-coup en astronomie physique. En pensant aux progrès immenses réalisés, durant ce siècle, dans la connaissance des astres, vous serez aussi surpris que moi de lire, dans l'un des discours prononcés, l'an dernier, à l'inauguration de l'Observatoire Y'erkes, à Chicago, que l'astronomie est peu cultivée parce qu'elle ne rapporte pas des dollars. Si le culte de l'astronomie était aujourd'hui abandonné, et si tel en était le motif, n'en pourrait-on pas dire autant de toutes les sciences, même de la physique, de la chimie et de la mécanique? Très rares sont les vrais savants qui ont acquis, par leurs travaux, plus que Votium cum digiiitale. En aucun siècle, les recherches scientifiques n'ont été plus nombreuses, en aucun siècle, les observations astro- nomiques n'ont été plus universellement répandues. Et ce n'est certes pas en Amérique, où l'astronomie, née d'hier, est aujourd'hui mieux dotée et plus cultivée peut- être qu'en aucun pays, grâce aux Peabody, Lick, Washburn, Yerkes, Miss Burns et autres protecteurs intelligents, que l'on est en droit de se plaindre de l'abandon de cette science. Et n'avons-nous pas vu créer ou ressusciter, en Europe, des observatoires, bien connus déjà par leurs beaux ( 631 ) travaux, et dont le plus récent est l'Observatoire du Vatican? L'astronomie n'est certes pas près de s'éteindre; non seulement des princes s'y intéressent encore, comme jadis Rodolphe de Habsbourg, Léon X, Grégoire XIll, Alphonse de Castille, Albert de Saxe, Louis XIV, Nicolas, Maximilien, Don Pedro; mais l'opinion publique, plus éclairée et plus puissante, serait de force peut-être à empêcher un gouvernement peu clairvoyant d'abandonner un observatoire, sous prétexte qu'il ne répond à aucun besoin pratique. Non certes. A la fin du siècle qui a vu éclore les tra- vaux des Laplace, des Bessel, des Struve, des Le Verrier, des Newcomb, des Gyidén, qui a vu créer à Poulkovo la plus grande école d'astronomie des temps modernes, on n'a aucune raison de douter des brillantes découvertes que le XX' siècle réserve à l'astronomie. Avant de plonger nos regards dans l'avenir, embras- sons un instant le passé d'un coup d'œil. 1"^^ phase. Antiquité : liipparque et Ptolémée. Terre fixe, Ciel mobile autour d'un axe fixe. S*" phase. Renaissance : Copernic, Galilée, Kepler. Le Soleil est fixe, la Terre et les planètes tournent autour d'axes fixes, et circulent autour du Soleil. 5" phase. Temps modernes : Newton, Bradley. L'attraction newtonienne explique la précession des équinoxes, les marées, les mouvements planétaires et cométaires, présume la nutation, bientôt découverte, ainsi que l'aberration, par Bradley; 4*^ phase, contemporaine : Herschel, Laplace, Bessel, Struve, Le Verrier, Gyidén. Explication de tous les mouvements célestes. ( 652 ) Formules correctes du mouvement de rotation de la Terre supposée solide. Nouvelle méthode pour le calcul des perturbations. Perlectionnements très considérables des instruments. Fondation de l'astronomie physique, et, particulière- ment, de la spectroscopie et de la photographie céleste. Nous allons très prochainement entrer dans la cin- quième phase. Les astronomes qui sont à la tête des grands annuaires astronomiques ont déjà voulu s'y préparer, en s'enten- dant sur les constantes et les formules de réduction dont ils feront usage au XX^ siècle. D'autres ont pensé, avec raison, que les résolutions qu'ils ont prises étaient pré- maturées. Nul astronome n'ignore, en effet, combien incertaines sont nos connaissances quant aux valeurs des constantes de la précession, de l'aberration et de la parallaxe solaire. Nul n'ignore, non plus, que l'astronomie en est encore aujourd'hui réduite au pur empirisme dans la solution d'une question soulevée par l'Observatoire de Berlin, et activement étudiée dans les deux mondes, grâce surtout à l'initiative éclairée de son savant directeur : la question de la variation des latitudes. Nul enfin ne peut plus ignorer (pie, si la nutation eulé- rienne n'est pas insensible, les formules de réduction usitées sont incorrectes, parce qu'elles la suppriment purement et simplement, pour la remplacer par la seule variation de la latitude, dont les apparences, on va le voir, sont dues à des causes très diverses. Ce sera certes un sujet d'étonnement pour nos succes- seurs immédiats, que la légèreté avec laquelle tous les ( 655 ) astronomes du X1X« siècle ont admis, en dépit de nom- breux avertissements, les formules d'Oppolzer, qui était moins bon analyste qu'astronome distingué et calcula- teur très habile. Je dois déclarer cependant que Tisse- rand, dans son traité de Mécanique céleste, n'a pas suivi Oppolzer; il s'est borné, malheureusement, de même que Laplace, à considérer la nutation eulérienne et la nutation diurne comme insensibles. Un seul géomètre, du reste, et non l'un des moins illustres, a aflirmé inci- demnient l'exactitude des formules de l'astronome vien- nois (*) ; il est vrai qu'à cette date je n'avais pas encore fait sauter aux yeux la subtilité incorrecte d'analyse sur laquelle sont fondées ces formules. Aujourd'hui, l'aslronome-géomètre dont je parle n'en affirmerait plus l'exactitude, mais sa grande autorité, et le silence qu'il a gardé depuis ma démonstration, n'en auront pas moins contribué à accréditer, chez les contemporains, une erreur des plus préjudiciables à la science. J'ai démontré {**) que si l'on rapporte correctement, comme Oppolzer a voulu le faire, les formules du mou- vement de rotation de la Terre à son axe instantané, la nutation eulérienne disparaît, à la vérité, en obliquité, mais non en longitude, et qu'elle apparaît même, chose excessivement grave, dans l'expression de l'heure sidé- rale. Et veuillez remarquer qu'il s'agit, non d'astronomie, mais d'analyse mathématique, et qu'ici, ce qui n'est pas (*) Newcomb, The cléments of tlie four inner planets and tlie funda- mental constants of aslronomy, p. 131, 1895. (*') Vierteljalirsckrift, 1896. — Annuaire de rObservatoire pour 1897, et Bull, de l'Acad. roy. de Belgique, 3^ sér., t. XXXIII, pp. 154 et 397. ( 654 ) exact est radicalement faux. Mais en astronomie, me dira-t-on, nierez-vous l'exactitude des formules usitées, relatives à la variation des latitudes? Non certes. Mais je nie absolument l'exactitude des formules relatives à l'as- cension droite et à l'heure. On m'a répondu : Mais les quantités négligées sont si faibles ! Elles sont absolument du même ordre que les variations de la latitude : si l'on néglige les unes, on doit, logiquement, négliger aussi les autres. Si ces dernières sont appréciables, et mille faits l'attestent, il en est de même des premières; et le grand tort de l'astronomie contemporaine est de n'en tenir nullement compte. L'heure et l'ascension droite y sont incorrectement déterminées ; il en est de même du méridien, qui, dans la méthode de Laplace, est fixe, dans celle d'Oppolzer, sujet à trois variations périodiques, l'une annuelle, les deux autres de 504- et de 451 jours. Comment déterminer un azimut sans rien connaître des formules de ces variations, puisque l'heure même en dépend ? Le prochain siècle en fera un grave reproche à ceux-là qui, étant capables de le faire, auront omis d'approfon- dir la question, ou négligé le strict devoir de proclamer bravement la vérité devant les nombreux astronomes, très méritants et très habiles, qui consacrent plus spécia- lement leurs veilles aux observations et à leur critique qu'aux théories de la Mécanique céleste. Depuis Laplace donc, tandis que les observations acquéraient une précision inespérée, leur réduction effec- tuait un progrès à rebours, qui, depuis une trentaine d'années environ, a considérablement nui à la science, en substituant aux formules rigoureuses du maître et au méridien fixe de Bessel et de Struve, des formules incor- ( 655 ) rectes et un méridien mobile, et en rendant impossibles une définition et une détermination exactes de l'heure. Et il serait fort regrettable, je le répète, que les grandes éphémérides astronomiques fissent usage, dans le XX« siècle, de formules qui reposent sur une transformation analytique radicalement fausse, et même de constantes fort sujettes à caution, celles de la précession et de l'abei-- ration en particulier. Je n'hésite pas même à proclamer hautement que l'établissement scientifique qui sera le premier à rompre avec ces errements, non seulement fera franchir à l'astro- nomie sphérique du XIX*' siècle le fossé profond qui la sépare de celle du XX% mais sera suivi bientôt par tous les observatoires des deux mondes. Beaucoup trouveront, sans doute, cette déclaration bien présomptueuse. Ils ont, depuis huit ans, à leur dis- position un moyen fort simple de la réduire à néant. Qu'un seul prouve publiquement l'exactitude des formules dont ils font usage, ou la fausseté de la démonstration que j'ai faite de leur incorrection, et je serai le premier à reconnaître mon erreur. L'astronomie sphérique mathématique a encore un très grand pas à faire pour atteindre au degré de précision auquel notre siècle a porté l'astronomie pratique. L'existence des volcans a fait supposer, même dans l'antiquité, que l'intérieur de la Terre est en ignition. On se rappelle que Maupertuis avait soulevé cette question, au XVIH" siècle, devant l'Académie des sciences de Berlin. Les géomètres, toutefois, ont toujours considéré la Terre comme solide. Depuis une trentaine d'années seu- lement, ils se sont demandé si l'on ne devrait pas étudier, au lieu du mouvement d'une Terre solide, celui de ( 656 ) l'écorce terrestre. Plusieurs, notamment Hopkins, Delau- nay, W. Thomson, G. -H. Darwin, ont émis sur ce sujet (les idées en général justes et ingénieuses. Les conclusions principales en sont que : Dans les mouvements à longue période, l'écorce et le noyau se meuvent comme s'ils étaient solidaires; telles la précession et la nutation bradiéenne. Dans les mouvements à courte période, l'écorce se meut indépendamment du noyau; telle la nutation diurne. Quant aux mouvements à période intermédiaire, on a cru qu'ils seraient d'autant plus altérés que leur période est plus courte; mais c'est là, je pense, une erreur. Au surplus, ces théorèmes ont été énoncés sans démonstration, à l'exception de celle de Hopkins, qui est insullîsante. M. Ronkar les a démontrés plus tard dans nos publications (*). Il s'agissait donc d'établir la théorie du mouvement de l'écorce terrestre, en tenant compte des actions intérieures. J'ai fait mettre cette question au concours pour 1893; il y a été répondu par l'envoi d'un mémoire que je considère comme excellent, et qui, ne la résolût-il même pas com- plètement au point de vue pratique, n'en était pas moins la première ihéorie correcte qu'on eût donnée du mouvement de rotation de l'écorce terrestre: théorie qui doit être la base de l'astronomie sphérique du XX® siècle, et ouvrir la cinquième phase de l'histoire de la science. •) Mt'in. couronnés et Mém. des savants étrangers, t. LI, 1889. ( 6S7 ) IiKlépendammeiil de ce grand pas à franchir, quelques progrès déjà eussent pu (Hre réalisés, si l'on avait mis, à perfectionner les formules, autant de zèle et de talent qu'à perfectionner les observations. Quelques astronomes s'en sont préoccupés : Peters, Wagner, Fabrilius, Seeliger, Oppolzer; mais leurs for- mules sont, ou incomplètes, ou même incorrectes. Nul, en particulier, n'avait recherché les termes qui pro- viennent, soit de la combinaison de l'aberration annuelle et de l'aberration systématique, soit de celle de la réfrac- tion, avec la nutation ou l'aberration. Cette lacune est comblée aujourd'hui (*). Plusieurs autres desiderata ont été signalés dans cette lecture. La constante de la précession a besoin d'une détermi- nation nouvelle, et je veux montrer ici qu'on n'a pas encore correctement abordé sa recherche. Supposons qu'une étoile, sans mouvement propre objectif, ait été tout à fait correctement observée, en ascension droite et en déclinaison, par Bradley en 1755, par Wagner en 1855, et, pour simplifier l'analyse, que les deux observations aient été ramenées au Soleil pris pour origine. Les deux positions observées seront différentes, malgré la fixité absolue de l'étoile, en premier lieu, à cause de la précession, ou, plus explicitement, de la variation de l'équinoxe et de l'équateur de 1755 à 1855; en second lieu, à cause du déplacement du Soleil, ou du mouve- (') Catéchisme correct d'astronomie sphérique. Rome, 1893 —Revue {les constantes de l'astronomie stellaire. Bruxelles, 1896. 3™* SÉRIE, TOME XXXVI. 44 ( 658 ) ment systématique, entre ces deux dates ; en troisième lieu... car il y a un tertio auquel nul des astronomes qui se sont occupés de la question n'avait songé. Le premier des Struve avait bien pensé à tenir compte du mouve- ment ou de la parallaxe systématique, et son fils Otto, l'illustre doyen des astronomes contemporains, réalisant cette idée, avait déterminé une constante de la préces- sion, qui, à raison de cette circonstance, fut pendant longtemps prétërée à celle de Bessel par un grand nom- bre d'astronomes. Des doutes ayant surgi au sujet de cette supériorité, Dreyer, puis Louis Struve, fils d'Otto, firent une nouvelle détermination, cette dernière fondée sur les catalogues pour 1755 et 4855 publiés, après une revision laborieuse et des observations personnelles dans l'hémisphère austral, par les soins d'Auwers. Mais il manque à ces déterminations d'avoir tenu compte de la troisième cause de la variation de position dans les lieux observés. Nul astronome n'ignore que le mouvement systéma- tique produit une aberration, tout comme le mouvement annuel. Seulement, ont-ils dit tous, cette aberration est une qualité constante pour chaque étoile, et ne peut, par conséquent, nullement être déterminée par l'observation. Ils reconnaissent cependant que cette aberration varie d'une étoile à une autre, c'est-à-dire avec la position de l'étoile. Elle n'est donc pas la même, pour une même étoile, en 1755 et en 1855, et voilà la troisième cause dont ils ont omis de tenir compte. Seeliger l'avait soup- çonnée,— c'est une justice que je me plais à lui rendre, — mais ses formules sont fort incomplètes. Il existe donc trois termes dans la variation du lieu ( 659 ) moyen truiie étoile, d'une date à une autre date très éloignée : le terme de précession, celui de la parallaxe systématique, et celui de la variation de l'aberration systématique entre ces deux dates. A la rigueur, il y aurait un quatrième terme, prove- nant de la combinaison de la parallaxe et de l'aberra- tion systématiques; mais ce dernier peut être considéré comme négligeable, sauf peut-être pour les circompo- laires. Et voilà pourquoi une nouvelle détermination de la précession, sur de nouvelles bases, s'impose absolument. Alors seulement, le catalogue d'Auwers aura produit tous les fruits que l'auteur était en droit d'attendre de son œuvre, et l'on aura, non seulement une détermination véritablement correcte de la précession, mais on con- naîtra, en même temps, exactement la vitesse et la direction du mouvement systématique. Alors aussi on pourra recbercher s'il existe un mouvement galactique, c'est-à-dire un mouvement général des étoiles de la voie lactée autour d'un centre inconnu, question dont plusieurs astronomes, Màdler, Schônfeld et L. Struve, entre autres, se sont occupés. On voit que l'astronomie sphérique eût déjà pu faire quelques progrès assez marqués, si les astronomes de ce siècle avaient été aussi bons mathématiciens qu'ils étaient bons observateurs, et s'étaient bornés à développer ou à compléter les formules absolument rigoureuses de Laplace-Bessel, au lieu d'y substituer d'autres formules qui sont absolument incorrectes. Ces progrès peuvent se résumer en quelques lignes: Déflnition d'une heure, non pas à 1res peu prés, mais rigoureusement uniforme ; ( 000 ) Développement des formules de la nutation diurne et détermination de ses constantes; Calcul correct des termes du second ordre, tant de la nutation que de l'aberration, et particulièrement des termes périodiques et séculaires de l'aberration systéma- tique, au moyen desquels on parviendra à déterminer exactement la vitesse et la direction du mouvement du Soleil dans l'espace (*). Indépendamment des perfectionnements apportés, à l'aurore du XX'' siècle, aux formules usitées, celui-ci aura une tâche plus considérable à accomplir. Il devra établir, comme il a été dit, les formules du mouvement de rotation de l'écorce solide du globe, qui jetteront un jour tout à fait nouveau sur ces variations de latitude, objet bien digne de la grande préoccupation des astro- nomes en ces dernières années du XIX*" siècle, qui se clôturera, sans doute, par un grand point d'interrogation relativement aux causes de ce phénomène. L'une des causes les plus dilïiciles à analyser réside dans les déviations périodiques de la verticale, qu'on a traitées un peu trop superficiellement. J. Plantamour, frère du célèbre astronome et géodé- sien, les avait étudiées près de Genève, et avait cru pou- voii' les attribuer à des mouvements du sol, occasionnés par des variations de température. La conclusion tirée par Becker de ses observations à Neufchâtel a été iden- tique. (*) Ce n'est pas ici le lieu d'entrer dans des détails techniques sur ces différents points. On les trouvera exposés complètement dans la Revision des constantes de l'astronomie stellaire. Bruxelles, Hayez, 1896. ( 661 ) On n'a malheureusement, à la suite de ces deux déductions, accordé aucune importance aux observations de nadir faites à Abbadia, avec une persévérance digne de lous les éloges, par A. d'Abbadie, qui a généreuse- ment doté son petit observatoire, afin que ses travaux y fussent continués après sa mort. La question est aujourd'hui étudiée dans plusieurs observatoires d'Allemagne, au moyen du pendule extrê- mement sensible de von Rebeur-Paschvvitz, et sera peut-être poursuivie à Uccle, grâce à la généreuse inter- vention d'un prolecteur très éclairé des sciences. On sera surpris, quebpie jour, du peu d'importance qu'on a attaché assez longtemps aux déviations pério- diques de la verticale, en présence de l'influence relati- vement considérable qu'on sera obligé de leur reconnaître sur les coordonnées apparentes des astres. L'explication de ces déviations est cependant limpide, quoique la formule n'en soit pas aisée à établir. Il est bien certain, vu les grandes irrégularités de l'écorce terrestre, que le centre de gravité de celle-ci ne coïncide pas avec celui du noyau. Supposons l'écorce fixe, et, pour cela, animons la Terre tout entière d'un mouvement égal et directement contraire au mouvement diurne. 11 en résultera que le centre de gravité du noyau effectuera, en un jour, une révolution entière, rétrograde, autour de l'axe de rotation de l'écorce. Et, comme la pesanteur est la résultante des attractions des centres de gravité de l'écorce et du noyau, on voit clairement que, si l'on prend pour position moyenne de la verticale celle qui passe par le premier de ces centres, la direction de la verticale réelle, c'est- à-dire de la résultante des attractions des deux centres. ( 6li-i ) tournera en un jour, d'un mouvement rétrograde, autour de sa position moyenne, et que le grand axe de relli|)se qu'elle décrit sera situé dans le méridien. Probablement existe-t-il également une période an- nuelle de ces déviations. Car si les masses du noyau et de l'écorce sont sensi- blement différentes, il en résultera des différences plus ou moins considérables entre les vitesses de leurs centres de gravité, et elles se traduiront surtout par des variations annuelles de position de l'un de ces centres par rapport à l'autre. Enfin, si, comme l'alfirment W. Tbomson et G. Dar- win, l'écorce est élastique, il y aura non seulement des déviations annuelles, mais encore des déviations men- suelles de la verticale. Je n'en parle ici qu'au point de vue des variations de latitude, mais il va de soi qu'elles exercent également une influence dans la détermination de l'ascension droite. On voit que l'observation de ces déviations mérite, à divers litres, d'être assidûment poursuivie. Sans doute, il existe d'autres causes de variation appa- rente des latitudes; et il va de soi que toute erreur sur la déclinaison de l'étoile observée en est une. Peut-être chacune de ces dernières, prises isolément, ne dépasse-t-elle guère en importance la nutation diurne, dont on n'a pas encore tenu compte dans les réductions. Et de là précisément la grande difficulté de leur détermi- nation. Dans tous les cas, c'est aux observations, discutées scrupuleusement à l'aide des formules correctes du mou- vement de rotation de l'écorce terrestre, qu'il faudra ( 603 ) recourir, pour établir les valeurs des constantes qui figurent dans les termes, plus nombreux qu'on ne le suppose très généralement, des variations de la lati- tude. Et s'il convient de louer sans réserve l'initiative clair- voyante de M. Foerster, à laquelle la science est rede- vable de ces nombreuses observations faites dans les deux mondes, durant ces derniers lustres, et de la belle décou- verte de Chandler, qui en a été la conséquence, il nous sera permis peut-être d'indiquer les observations qu'on pourrait joindre très utilement à ces dernières, afin d'arriver, aussitôt que possible, à la détermination des différents termes indiqués par la théorie du mouvement de rotation de l'écorce terrestre. Tous les efforts des astronomes, et même de l'Associa- tion géodésique internationale, se sont portés vers la recherche empirique du mouvement du pôle astrono- mique, question spéculative certainement intéressante, mais qu'un Kepler ne parviendrait pas à résoudre, tant les éléments en sont compliqués, s'il ne pouvait s'aider de la théorie. Les astronomes disent : Puisque c'est autour du pôle astronomique que la Terre tourne, c'est à l'équateur astronomique que doivent être rapportées nos coordon- nées. Mais c'est dans ce plan également que devraient alors être calculées les coordonnées que l'on prétend y obser- ver. Et l'on ne s'est pas aperçu que, tandis qu'Oppolzer rapporte la latitude au pôle astronomique, l'ascension droite et l'heure sont rapportées, dans ses formules, incorrectes du reste, à l'équateur et au méridien géogra- phiques. ( 664 ) C'est donc à l'axe d'inertie de l'écorce terrestre que j'ai rapporté les formules relatives à sa nutation. Empruntant au savant mémoire inédit, dont j'ai parlé ci-dessus, les équations dilïerentielles du mouvement de l'écorce, et y introduisant une hypothèse qui, si même elle n'est pas entièrement réalisée dans la nalure, permet du moins d'ahoutir à des loimules absolument suflisantes dans la pratique astronomique, je suis parvenu à intégrer ces équations aussi rigoureusement qu'on a pu le faire pour celles du mouvement de la Terre solide. Dans cette lecture, je dois me borner à résumer les résultats auxquels j'ai abouti : 1" La nutation eulérienne proprement dite, celle de la Terre solide ou de mon ellipsoïde fictif, existe égale- ment pour l'écorce. Sa période est de 504 jours; ï^ii 2° L'écorce est sujette à une deuxième nutation de caractère eulérien, dont la période dépend de ses moments d'inertie, comme la période eulérienne proprement dite dépend de ceux de la Terre ou de mon ellipsoïde fictif, et ne peut donc être déterminée que par voie empirique. J'ai admis, et tous les astronomes seront d'accord avec moi, que cette période est celle de 451 jours, génialement découverte par Chandler, et à l'existence de laquelle je n'ai pas cru, aussi longtemps que je n'en avais pas une explication théorique satisfaisante ; 5" A cette nutation chandlérienne vient s'ajouter, pour l'écorce, une nutation bradiéenne (c'est-à-dire sans carac- tère diurne) de même période (*); (*) En recherchant ce terme dans la série des latitudes déterminées par Peters, j'ai trouvé 0".07 pour son coefficient et réduit l'erreur probable d'une observation à la moitié de sa valeur; c'est un argu- ( (565 ) Les coefficients de ces trois nutations sont des con- stantes arbitraires; 4° L'axe de l'écorce est, de pins, soumis à la nutation diurne, dont j'ai exposé les formules il ya quinze ans (*). Dans les modifications que notre théorie apporte aux formules usuelles de la nutation, n'apparaît aucun terme solaire nouveau, mais des corrections seulement aux coefficients des termes connus; comme ces coefficients sont déjà faibles quant aux termes annuels, et que, au contraire, la recherche dont je viens de parler (**), ainsi que celles de Chandier, du reste, indiquent la nécessité de l'introduction d'un terme solaire nouveau assez impor- tant; comme on ne peut pas admettre que la constante de l'aberration serait en défaut ou en excès de 0",1, je ne vois d'autre cause de l'existence du terme solaire que j'ai trouvé moi-même, que dans les déviations périodiques de la verticale (***). Je ne suis pas en mesure, actuellement, de donner les ment décisif en faveur de l'existence de ce terme, et celle-ci est la preuve la plus frappante de la fluidité intérieure du globe, car un terme semblable ne peut pas se rencontrer dans la théorie du mouvement d'une Teri'e solide. Mais, en même temps, j'ai trouvé un terme annuel beaucoup plus important, sans caractère diurne, et dont nulle théorie n'a soupçonné l'existence. (Voir le Bulletin d'octobre 1898.) (*) Théorie des mouvements diurne, annuel et séculaire de l'axe du monde. Bruxelles, Hayez, ISS'^, 1894. ("") Voir la note de la page précédente. (***) Il est possibh^, comme je l'ai fait voir dans mon Essai sur la variation des latitudes, que l'accumulation -des neiges hivernales sur notre hémisphère occasionne une variation de l'axe d'inertie de l'écorce, et par suite, de la latitude, même rapportée à cet axe. 3Iais cette variation est éliminée dans les différences des latitudes {s et /:, d'où j'ai déduit, pour le terme solaire, le coefficient 0",07. ( 666 ) formules théoriques de ces déviations, non plus que celles des variations de latitude occasionnées par les déforma- tions élastiques de l'écorce. Il y a lieu d'espérer que cette lacune sera bientôt com- blée. Auparavant, il ne sera guère possible de déduire des observations une valeur quelque peu correcte de la constante de l'aberration, à cause surtout de la difficulté d'exprimer empiriquement les termes solaires provenant des déviations périodiques de la verticale. D'après ce qui vient d'être exposé, on voit bien claire- ment que, puisqu'on ne peut obtenir de formules cor- rectes en astronomie sphérique, qu'en prenant l'axe ou le pôle d'inertie pour axe ou pour pôle de. référence, c'est relativement à ce pôle, et non au pôle instantané, que doit être délinie la latitude; on voit alors aussi qu'une partie notable des variations de latitude (rapportée à ce dernier pôle) se traduit par des variations de déclinaison (rapportée au pôle d'inertie), une autre partie résultant, pour nous, des déviations périodiques de la verticale. Seules les variations météorologiques ou élastiques du pôle d'inertie de l'écorce terrestre seraient des variations réelles de la latitude, rapportée à l'un ou l'autre pôle indifféremment. C'est cette opinion que j'ai défendue depuis huit ans (*). Elle a été combattue par un astronome-géomètre très distingué (**), qui n'a jamais répondu nia ma réplique (***) (*) Comptes rendus, mai 1890. (*') Tisserand, B. A., 1890. (*") Bull, de l'Acad. roij. de Belgique, 3« sér., t. XXIII, p. 84, 1893. Réponse à M. Tisserand. (667 ) ni à un article postérieur (*), et a néanmoins pris, comme j'ai soutenu qu'on devait le faire (**), l'axe d'inertie pour axe de référence dans ses formules du mouvement de rotation de la Terre. Des formules correctes du mouvement de rotation de l'écorce terrestre, résultent deux conséquences de la plus haute importance à l'égard de la détermination des diffé- rents termes de la nutation. Les deux nutalions eulérienne et chandlérienne s'éli- minent dans la moyenne des ascensions droites ou des déclinaisons d'une étoile observée dans le méridien tixe à deux passages consécutifs (.set i), et, par suite, dans la différence des latitudes déduites de ces deux passages. Il en est de même des déviations diurnes de la verticale, ainsi que des variations météorologiques ou élastiques du pôle d'inertie. C'est de semblables 'combinaisons d'observations qu'on peut donc espérer les meilleurs résultats, quant à la détermination des constantes de la nutation diurne ou de l'aberration (***) et quant aux corrections à apporter aux termes de la nutation bradléenne. (*) Acta Muthematica, 1892. (*') Annuaire de l'Observatoire royal, 1890 à 1897. ('"> Voir ces déterminations dans la Révision des constantes de rastronomie stellaire. — Je ferai remarquer à ce sujet que Chandler a déduit (A. . J, n" 293), comme moi-même {Révision des constantes, etc.1, des observations de latitude de Gyldén, les meilleures peut-être qu'on possède, une correction négative de la constante de l'aberration de Struve. Mais si je suis entièrement d'accord avec lui (A. J., n" 427) sur l'inopportunité de modifier actuellement cette constante, je réserve absolument mon opinion quant au sens de la correction qu'il y aura lieu d'y apporter, lorsque les termes solaires dont j'ai parlé seront suffisamment connus. ( 668 ) Au contraire, cette dernière nulation, ainsi que l'aber- ration, s'éliminent dans les différences des ascensions droites ou des déclinaisons, et, par suite, dans la moyenne des latitudes obtenues à ces deux passages. Il en serait naturellement de même pour deux observations d'une même étoile, faites à douze heures d'intervalle, en deux lieux différents. Dans les formules correctes de la nutation (rapportées à l'axe d'inertie), celle-ci existe donc, quant aux termes dont l'existence n'a été bien clairement révélée que par les observations de latitude faites durant ces dernières années (eulérien, chandlérien, annuel), aussi bien en lon- gitude qu'en obliquité, en ascension droite qu'en décli- naison ; et c'est là un point qui a été nié ou négligé par tous les astronomes (*). Depuis bien des années, nous avons signalé ces deux conséquences de la théorie, que Chandier a appliquées dans ses laborieuses recherches sur la variation des lati- tudes, quoi qu'il ne semble pas encore avoir admis com- plètement notre manière de voir, qui consiste, comme il résulte des formules de la nutation, à remplacer les variations de la latitude rapportée à l'axe instantané (pour lequel il n'existe pas de formules correctes) par des (*) Les expressions de ces variations sont, dans le méridien, quant aux deux nutations eulérienne et chandiérienne : col ?SoL = ±: rsin (/3, -4- ;3/) qr y' sin (5' -\- 0'1), A^ = =F rcos (3, -+- 31) ± r' cos (3; -t- d'i), les signes supérieurs et inférieurs correspondant aux passages de même nom. {Théorie du mouvement de rotation de l'écorce solide du globe. Bruxelles, Hayez, 1898, p. 34.) ( 669 ) variations de Ja déclinaison rapportée à l'axe d'inertie (pour lequel les formules sont absolument correctes) et par des déviations périodiques de la verticale (abstraction faite des variations réelles qui pourraient provenir d'un déplacement de l'axe d'inertie). Cette négation des variations de la latitude rapportée au pôle d'inertie, sur laquelle j'ai déjà appelé l'attention des astronomes, il y a six ans, à cette même tribune, diminue-t-elle en rien le mérite de la découverte de Ber- lin? Évidemment non. Que cette découverte se traduise par l'expression de varialions de la lalitude, rapportée au pôle instantané, ou par celle de varialions en obliquité et en longitude relatives à l'axe d'inertie, elle n'en aura pas moins grandement contribué à combler le fossé qui sépare l'astronomie du XIX'" siècle de celle du XX''. Je dirai même que le retentissement de cette décou- verte, et de celle de Chandler, dans le monde entier, a excité en moi, plus encore peut-être que celle de la nuta- tion diurne, le désir d'aboutir à l'établissement définitif des formules du mouvement de rotation de l'écorce terrestre. Une procbaine aurore montrera la solution théorique complète de cette question, que la lin du siècle a léguée au siècle futur comme une énigme indéchiffrable. Et quand cette solution définitive aura été confirmée par les faits, on s'étonnera à bon droit, tant on la trouvera alors limpide, que les meilleurs esprits se soient refusés si longtemps à l'admettre. Une tâche complémentaire, qui incombe également à nos successeurs immédiats, peut-être même à nos con- temporains, sera la détermination plus correcte d'un certain nombre de constantes fondamentales, telles celles ( 070 ) de la précession, de raberration, de la parallaxe solaire et des nutalions à courte période. Ces constantes connues, l'astronomie spbérique du XX® siècle sera édifiée. 11 m'eût été doux de pouvoir poursuivre, dans les publications de l'Observatoire, ma revision des constantes de l'astronomie stellaire, tâcbe pour l'accomplissement de laquelle j'ai accepté, un peu malgré moi, la direction de l'établissement. Des influences administratives, absolument inexcusa- bles en matière scientifique, m'en ont empêché, malgré le zèle dévoué de mes astronomes, sur le précieux con- cours desquels je suis très heureux de pouvoir compter encore aujourd'hui. Eux, dont la compétence en ces matières, qu'ils ont scrutées avec moi pendant douze ans, n'est pas douteuse, ont eu foi dans mon œuvre, et leurs travaux ont été appréciés à l'étranger (*), Une administration incompétente l'a considérée comme une chimère, et j'ai dû renoncer à les y faire collaborer. J'en étais donc réduit à la poursuivre seul, charge écrasante, jointe aux devoirs multiples qui incombent au directeur d'un observatoire à la fois astronomique, météorologique et magnétique. Il ne me restait qu'à choisir : ou continuer mon œuvre et donner ma démission, ou conserver la direc- tion en abandonnant mon œuvre. C'est le premier parti que j'ai pris, et je n'ai pas lieu de m'en repentir, quoi qu'il arrive. (*) GiiNTHER, Physique géogrnpliiqice, 2* éd., pp. 270 et 350. ScHMiDT, Jahresber. des Wiirt. Naturiv. Vereins, 1897, p. 240. ^ ( 671 ) Les loisirs de la retraile m'ont permis de faire faire, aux questions dont je poursuis l'étude, le pas le plus décisif qu'elles aient franchi depuis seize ans. Et si les publications de l'Observatoire ne me sont plus accessibles aujourd'hui, du moins, grâce au bienveillant concours de mes confrères, celles de l'Académie me le restent-elles, et la science ni le pays n'y perdront rien. Grivegnée (l^iége), décembre 1898. ANNEXE. Sur la théorie de la variation des latitudes. Jusqu'en ces derniers temps, je me suis toujours refusé à admettre les formules que Chandier avait déduites d'un grand nombre d'observations, relativement à la variation des latitudes, parce que ces formules me paraissaient tout à fait injustifiables en théorie : la période de 431 jours me semblait inexplicable, et le terme annuel, dont l'ar- gument dépend de la longitude du Soleil et de celle de l'observateur, plus inexplicable encore (*). Je ne pensais pas alors qu'il put exister, dans la nuta- tion de l'écorce terrestre, des termes essentiellement différents de ceux qui se rapportent à la Terre solide. Je me trompais. C) Quoique Chandier, depuis la publication de mon Essai sur la variation des latitudes, ait, en ses dernières formules, supprimé la longitude de l'observatoire dans l'argument de son terme annuel, je crois néanmoins très explicable la présence de ce terme, sous sa première forme. ( 672 ) « Lorsque j'ai établi les formules "9 ) 6" La nutation chandiérienne, de même caractère que la précédente, mais d'une période de 451 jours. Ces deux nutations sont des causes réelles de variations de la lati- tude astronomique, c'est-à-dire rapportée à l'axe instan- tané de rotation (*). Elles produisent les différences les plus grandes entre les latitudes de deux observatoires distants de douze heures en longitude l'un de l'autre. 7° Les déviations périodiques de la verticale, qui pro- viennent de la non-coïncidence des centres de gravité du noyau et de l'écorce, et qui présentent, outre une période diurne, une période annuelle. Celles-ci expliquent la présence du premier terme annuel de Cliandler dans l'expression de la variation des latitudes. 8° Les déviations de la verticale qui proviendraient de l'élasticité de l'écorce. Celles-ci produiraient également des variations apparentes de latitude à double période, l'une diurne, l'autre annuelle et mensuelle. 9° Les variations annuelles de position de l'axe d'iner- tie de l'écorce, provenant des précipitations atmosphé- riques, et dont l'effet maximum se fera sentir, en latitude, sur le méridien suivant lequel s'est effectué le déplace- ment du pôle, tandis qu'il sera nul sur le méridien situé à 90° du premier (**). Parmi ces neuf causes théoriques, dont les sept pre- (*) Il a été démontré que, si la nutation euléfienne (ou la chandié- rienne^ disparait correctement de la nutation en obliquité pour se traduire par une variation de la latitivde, elle ne disparait pas en longitude, et intervient même, chose plus grave, dans l'expression de l'heure sidérale. [Vierteljahrsckrift, 1896; Annuaire de l'Observatoire pour 1897.) (*') L'existence de ces dernières variations semble confirmée par la seconde forme donnée par Chandler à son terme annuel. ( 680 ) mières sont certaines, les deux autres simplement proba- bles, la plupart n'occasionnent que des variations pure- ment apparentes de latitude, qui proviennent d'une incorrection dans le calcul de celle-ci : négligence, soit de quelques termes de nutation indiqués par la théorie, soit des déviations de la verticale, ou incorrection de la constante de l'aberration. Deux termes seulement sont relatifs à des variations réelles de la latitude aslronomique : c'est le terme eulérien, d'une période de 304 jours, et le terme chandiérien, d'une période de 451 jours. La présence du terme annuel dans les premières for- mules de Chandler s'explique, comme il a été dit, par les déviations périodiques de la verticale, qui produisent, dans les distances zénithales des étoiles, des variations dont aucune formule n'a encore tenu compte; ces varia- tions revêtent, comme les deux termes précédents, le caractère eulérien, c'est-à-dire que la longitude de l'ob- servatoire intervient dans leur argument. L'angle horaire interviendrait également dans ces trois termes, s'il s'agissait d'observations faites hors du méri- dien, cas dont nous ne nous occuperons pas ici. On trouvera plus loin les expressions de la plupart des termes précédents, à l'exception de ceux qui proviennent des déviations de la verticale, et que l'on doit se borner, actuellement, à rechercher d'une manière empirique. Analysons néanmoins les déviations qui sont dues à la non-coïncidence des centres de gravité du noyau et de l'écorce. Nous désignerons ces deux centres par N et E, le lieu de l'observation par L, et nous poserons LE == R, LN = r, EN = d, sa projection sur R, égale à d\ l'angle ELN = y. (681 ) Soit I l'attraction de E, i celle de N sur L, G leur résultante, g l'angle qu'elle fait avec R. En projetant G sur R. on a Or cos r ■■ » = I — G cos g = \ -\- i cos ■y. 2Rr d'Y d« I -H 2- R/ R' en se bornant aux termes du second ordre en d. Donc . , , d'Y R — rf' d^ G cos o = I 1 -t- I H- 2 , ^ ' ^ R/ r rM ou, en remplaçant R — ri!' 1 d' -t- d" par 1 ; — ^ 2 R^ Mais ^/' 1 d" 5 r/' Gcosg = 2II -♦-2— H y ' R 2 R' 2 R' G* = P -+- i' -H 2h* cos r = 1* 1 -t- r/ ri'\* rfq R _ , L\ R/ R'^J r ( 682 ) En réduisant, on trouve et J d' 5] la latitude du lieu, d' — == sin(* =b e). a ( 683 ) Désignons par Ag la différence entre les valeurs maxi- mum et minimum de l'angle g : A9= 1.23- ! sin'('î>-t-f) — sin*('i> — f ) ! cl = 1.23 — sin 2* sin 2f. R Pour que cette différence soit la plus grande possible, il faut que la latitude du lieu soit égale à 45% de même que l'angle que la ligne des centres du noyau et de l'écorce fait avec l'axe de celle-ci. Il semble que cet écart puisse s'élever aujourd'hui, sous notre latitude, 5(>',5, à 0",6 : On aurait donc actuellement (janvier 1898) ^ sin 2e = 0",5 environ, et la distance des centres du noyau et de l'écorce serait de 16 mètres approximativement, en admettant que e soit égal à 45". Cette faible valeur est parfaitement admissible; et il n'en résulte pas moins des écarts très sensibles entre les directions de la verticale à 12 heures d'intervalle, ou, si l'on veut, en deux lieux, situés à 12 heures de longitude l'un de l'autre, et où l'on a observé une même étoile. Comme on ne peut pas, actuellement, tenir compte de ces déviations de la verticale dans le calcul des distances zénithales, cette négligence se reportera naturellement sur ie calcul de la latitude déduite de tes distances. Indépendamment de la période diurne qui vient d'être signalée dans les déviations de la verticale, elles ont également une période annuelle. La distance des centres du noyau et de l'écorce dépend, ( 684 ) en effet, des rayons vecteurs menés de ces centres au Soleil, ainsi que de l'angle compris entre eux. Les expressions de ces rayons sont des fonctions de la diffé- rence des longitudes du Soleil et du périgée; il en est de même de l'angle compris et, par conséquent, de la distance des centres. Pour trouver l'expression de cette distance, il faudrait connaître la théorie des mouvements des deux centres autour de leur centre de gravité commun, théorie qui ne sera peut-être pas établie avant longtemps. Mais on voit, d'après ce qui vient d'être dit, que la première formule empirique de Chandler est parfaite- ment justifiée. La seconde l'est également, si les précipitations hiver- nales modifient la position de l'axe d'inertie de l'écorce. Il y aurait, en ce cas, deux termes annuels distincts ; le premier affecterait un caractère diurne, l'autre pas. Nous donnerons ci-dessous, aussi complètement qu'il nous est possible de le faire, les termes complémentaires que la théorie du mouvement de l'écorce terrestre intro- duit dans l'expression de la déclinaison rapporlée au pôle d'inertie, en y ajoutant un dernier terme, provenant des déviations périodiques de la verticale. Formules de réduction du XY° siècle. Dans les expressions suivantes, N,9, N,-]; désignent les nutations en obliquité et en longitude de l'écorce, qui proviennent des constantes arbitraires; N^Q, N^^Jj la nuta- tion diurne. cf est l'heure sidérale du premier méridien; celui-ci est situé par 245™ de longitude E. de Greenwich. Pour un ( m ) observatoire qui est à l heures de longitude W. du pre- mier méridien, ce = / -i- t, - étant l'heure sidérale de l'observation. Ne^ = ri sin (p; — ,J) — y sin [(I + /)« + p] 4-risin[(l -t-/,)îP -+- p,]. sineN,./- = ricos(p; — /,<) — rcos[(t -t- z)-^ -+- p] -4-riC0s[(l -4-/,)y + p,]. Les périodes de U et de 4^ sont respectivement de 304 (Euler) et de 431 (Chandler) jours. N^e = 0:0G7 (I, cos2î> -+- 2^ sin 2?). sin eN^.f = 0'.'067 ( — 2, sin 2? -+- 1^ cos 2?). 2, = — 1.15 — 0.154 cosQ -+- 0.3G cos 2© -t- 0.82 cos 2(([. 22= —0.18 sin Q + 0.39 sin 2© -H 0.88 sin 2(;. Les termes qui proviennent du déplacement annuel du pôle d'inertie sont, M désignant la longitude de l'obser- vatoire relativement au méridien sur lequel s'eflfectue ce déplacement, et z l'heure sidérale (*) : Ae= — i sin (M -+- t) cos(© — A), sin dA = — i cos (M ■+- z) cos(© — A); d'où, en appelant r, l'angle horaire : Aâ= — i cos (M -+- ij) cos (O — A). (*) Essai sur les variations de lalitude. I ( 686 ) C'est là le terme annuel de Chandler, sous la seconde forme qu'il lui a donnée. Mais, comme il a été dit ci-dessus, la première forme pourrait exister, par suite des déviations périodiques de la verticale. Il est à présumer que celles-ci se traduiront par des expressions de la forme Ad= gf sin(» -H O — F), sin e^<^ = g cos(î) -t- © — F), la constante g variant avec la latitude de l'observatoire. On déduira aisément, des formules précédentes, l'ex- pression de AJ == sin aNg -+- cos a sin 0N«,. L'introduction de cette expression dans la réduction de l'étoile au lieu apparent montrera, lorsque les con- stantes (y compris celle de l'aberration) en seront bien connues, V invariabilité de la hauteur du pôle moyen géogra- phique (*), que nous affirmons depuis huit ans. {*) Nous ne parlons pas ici des termes du second ordre, quoiqu'on n'en tienne pas un compte exact, parce qu'ils sont insignifiants dans la réduction des observations aujourd'hui en faveur, et renverrons, sur ce sujet, au Catéchisme correct d'astronomie spliériqice et k la Revision des constantes de L'astronomie stellaire. ( 687) M. le Secrétaire perpétuel proclame de la manière sui- vante les résultats des concours et des élections : CONCOURS ANNUEL DE LA CLASSE (4898). SCIE^VCES lIATnÉlUATIOlJES ET PHYSIQUES. Trois mémoires ont été reçus en réponse à la troisième question : Apporter une contribution importante à l'étude des cor- respondances (Verwandtschaften) que l'on peut établir entre deux espaces. Ils portent pour devises : N°' i. — Geometry is hard (J.-H.-S. Smith) ; 2. — Numeri regunt locum; 5. — Itinera ad verum. Sur la déclaration des commissaires-rapporteurs de ne pouvoir encore présenter leurs conclusions, autant à cause de l'importance de la question posée que des pro- portions des mémoires soumis à leur appréciation, la Classe ajourne le prononcé du jugement jusqu'à une prochaine séance publique. SCIENCES IVA.TVREEEES. Un mémoire portant comme devise : L'activité des plantes carnivores est, en dernière analyse, une question ( 088 ) il d'azote (Morren), a été reçu en réponse à la première question : On demande de nouvelles recherches macrochimiques et microchimiques sur la digestion chez les plantes carnivores. La Classe, ratifiant les ('onclusions des rapports des commissaires qui ont examiné ce mémoire, a décerné une médaille d'or de la valeur de six cents francs à l'auteur, M. Georges Clautriau, assistant à l'Institut botanique, à Bruxelles. Un mémoire portant pour devise : La physiologie des Invertébrés est presque tout entière à l'état de desideratum (L. Fredericq), a été reçu en réponse à la deuxième question : On demande des recherches physiologiques nouvelles sur une fonction encore mal connue chez un animal invertébré. La Classe, ratifiant les conclusions des rapports des commissaires qui ont examiné ce mémoire, a décerné une médaille d'or de la valeur de six cents francs à l'auteu", M. L. Cuénot, professeur de zoologie à la Faculté des sciences de l'Université de Nancy (France). La Classe, conformément à la demande du Comité qui a publié les oeuvres de J.-S. Stas, a l'honneur d'offrir un exemplaire de ces volumes à M. Robert Goldschmidt et à M. Just Denis, élèves de l'Université de Bruxelles, qui ont obtenu, cette année, avec la plus grande distinc- tion, leur diplôme légal de docteur en sciences chimiques. ( 689 ) ELECTIONS. Depuis ses dernières élections, la Classe a eu le regret de perdre deux de ses membres titulaires, MM. Alph. Briarl et Ern. Candèze, el trois de ses associés : MM. François Brioschi, de Milan; Rodolphe Leuckart, de Leipzig, et James Hall, d'Albany. Ont été élus : Dans la Section des sciences mathématiques et phy- siques : Correspondants : MM. François Deruyts, chargé de cours à l'Université de Liège, et Ch.-J. de la Vallée Poussin, professeur à l'Université de Louvain. Associé: M. Louis Cremona, sénateur, professeur à l'Université de Rome. Dans la Section des sciences naturelles : Membres titulaires, sauf approbation royale: MM. Al- phonse-F. Renard et Léo Errera, correspondants. Associés : MM. Edwin Ray Lankester, directeur du Musée d'histoire naturelle au Brilish Muséum, et Alexan- dre Karpinsky, directeur du Comité géologique russe à l'Institut des mines de Saint-Pétersbourg. 3™* SÉRIE, TOME XXXVI. 46 ( 690 ) OUVRAGES PRÉSENTÉS. Bambeke {Ch. Van). Contributions à l'histoire de la constitution de l'œuf. III. Recherches sur l'oocyte de Pholcus phalangioïdes (Fuessl.). Liège, 1898; extr. in-S* (88 p., 6 pi.). Goblel d'Alviella {Le comte). Les rites de la moisson et les commencements de l'agriculture, à propos du dernier ouvrage de M. Grant Allen. Paris, 1898; exlr. in-8° (25 p.). Lancaster (Alb.) et Meuleman [E.). Le climat du Congo. Bruxelles, 1898; in-S» (iv-464 p., cartes). Van lier Mensbrugghe [G.]. Sur les propriétés fondamen- tales des liquides. Bruxelles, 1898; extr. in-8" (10 p.). Gamond {L. de). Le collectivisme. Discours. Gand, 1898; in-8° (4o p.). Cremers {E.). L'analyse et la composition mélodiques. Paris-Bruxelles, 1898; in-8° (92 p.). Pelermann [A.). Recherches de chimie et de physiologie appliquées à l'agriculture, tome III. Bruxelles-Liège, 1898; in-S" (427 p.). Bruxelles. Société royale de médecine publique. Congrès national d'hygiène et de climatologie médicale de la Bel- gique et du Congo (Bruxelles, août 1897). Rapport avec le résumé des mémoires envoyés en vue du Congrès ; l""" partie, Belgique; "1^" partie, Congo : climat, constitution du sol et hygiène de l'État Indépendant. 1898; 2 vol. — Compte rendu des séances du Congrès national d'hygiène. 1898. Ministère de V Agriculture et des Travaux publics. Dia- («91 ) grammes des variations du niveau de la mer, observées à l'extrémité de l'estacade d'est du chenal d'entrée du port d'Ostende, 1897. In-folio. État Indépendant du Congo. Annales du Musée du Congo, série 11 : Zoologie. Matériaux pour la faune du Congo; Poissons nouveaux, par G. -A. Boulenger, tome 1*% fasc. 1, Bruxelles, 1898; in-4°. Société scientifique de Bruxelles. Annales, 21" année, 1896-1897. Arlon. institut archéologique. Annales, t. XXXIIl, 1898. Gano. Bibliotlteca Belgica. Bibliographie générale des Pays-Bas, 102« et lOS" livraisons. 1898. HuY. Cercle des Naturalistes. Bulletin, 1898, n<" 1-2. France. Nadaillac {Le marquis dé). L'homme et le singe. Louvain, 1898 ; extr. in-8° (88 p.). — Mënélik II, Négûs Négûsti, roi des rois de l'Ethiopie. Paris, 1898; in-8M39 p.). Gaudry {Albert). Notice sur les travaux scientifiques de Victor Lemoine et particulièrement sur les découvertes à Cernay. Paris, 1898; extr. in-8" (12 p.). Serrure {Baymond). Quelques mots sur les moutons et les doubles moulons d'or de Jeanne et Wenceslas, ducs de Brabant. Mâcon, 1898; extr. in-8" ;5 p.). Paris. Société tiationale des Antiquailles de France. Bulletin et Mémoires, 1897. 2 vol. — Académie des inscriptions et- belles-lettres. Comptes rendus des séances de l'année 1898. ( 092 ) Granue-Biœtagne et Colonies britanniques. Aitchison. The Royal gold medal, 1898, presented to Professer Aitchison, 20"' june 1898, by Mr. F.-C. Penrose. Aitchison's reply. Londres, 1898; exlr. in-4'' (6 p., portrait). — The opening address at the first gênerai meeting of the Royal Instilute of British Architects, 7"' november 1898; extr. in-4° (9 p.). Coghlan (T.- A .). A statistical account of the seven colonies of Australasia, 1897-98. Seventh issue. Sydney, 1898; in-8\ Londres. Royal historical Society. Transactions, vol. XIl, 1898. — Royal Society. Proceedings, 1898. Sydney. Australian Muséum. Report for the year 1897. Sydney, 1898; in-4° (46 p.). LivERPOOL. Biological Society. Proceedings, vol. XIL 1897-98. Madras. Observatory. Report for the year 1897-98, and on the éclipse expédition of January 1898. Italie. Galilée. Le Opère di Galileo Galilei, vol. VIII. Florence, 1898; in-4». RiUia(Lorejizo-Michelanç]elo). Il carattere morale di Anto- nio Rosmini, studio pel centenario dalla nascita di Anto- nio Rosmini, 24 marzo 1897. Milan, 1897; gr. in-8'' (21 p.). — Une fissazione Hegheliana. Turin, 1897; in-8'> (24 p.). '' ■ — Sulle dottrine psicofisiche di Platone. Modène, 1898 ; in-4» (17 p.). — Che cosa è l'educazione. Turin, 1897 ; in-8'' (16 p.). — Suir ipotesi dell' evoluzione. Turin, 1897 ; in-8'' (41 p.). I ( 695 ) Billia (L.-M.). L'unilà dello scibile e la filosofia délia morale. Turin, 1897; in-S" (22 p.). — Lezioni di filosofia délia morale. Turin, 1897; in-8* (107 p.). Brescia. Ateneo. L'opéra del Moretto. (Alessandro Bonvi- cino, 1498-1554.) Brescia, 1898; vol. in-fol. (143 p., 30 pi.). Pays-Bas. Stuers {Victor de) et Cuypers (P.-J.-H.). Le Musée national à Amsterdam. Amsterdam, 1897; in-folio (47 p., 60 pi.). La Haye. Kon. Bibliothecl', De Oranje Nassau boekerij en de Oranje-penningen in de Koninklijke Bibliotheek en in het Koninklijk Penning-Kabinet te 's Gravenhage, 1450- 1702. La Haye [1898]; in-8°. — Département van Koloniën. Dagb-Register gehouden int Casteel Batavia vant passeerende daer ter plaetse als over geheel Nederlandts India, 1631-1634 (H. -T. Colen- brander). La Haye, 1898; gr. in-8». Pays divers. JSicolaeff' [Le colonel iC étal-major). Cent ans tlu corps des courriers de cabinet. 1796-1896. Esquisse historique. Saint- Pétersbourg, 1896; vol. gr. in-8» (106 p.). — Esquisse historique sur les insignes de souveraineté et les décorations de l'armée russe. Période des grands princes et des czars. Saint-Pétersbourg, 1898; gr. in-8° (322 p.). Hildebraml Hildebrandsson {Le IP H.) et Teisserenc de Bort {Léon). Les bases de la météorologie dynamique histo- rique. État de nos connaissances, l""* livraison. Paris, 1898 ; m-S" (58 p., une carte). ( 694 ) Ferron {Eug.). Mémoire analytique sur la théorie de Laplace relative aux phénomènes du flux et du reflux de la mer. Luxembourg, 1898; extr. in-8° (62 p., une pi.). GoiRE. Naturforschcnde fMesellschaft. Jahresbericht, Band 41, 1897-1898, und Beitrage. Helsingfors. Sociélé des sciences. Acta, tom. 22 et 23, 1897. In-4». — Ôfversigt, XXXIX, 1896-1897. TiFLis. Physikalisches Observalorium. Beobachtungen im Jahre 1896. In^". Ups\l. Observatoire méléorologique. Etudes internatio- nales des nuages. 1896-1897: Observations et mesures de la Suède, vol. 1 et II. 1898; in-4''; L'Académie a reçu en outre, pendant l'année 1898, les Recueils ainsi que les Publications des Établissements et des Société? savantes dont les noms suivent : Anvers. Académie d'archéologie. — Société royale de géo- graphie. — Société de médecine. — Société médico-chirurgi- cale. — Sociélé de pharmvJe. Bruges. Sociélé d'émulation. Bruxelles. Académie royale de médecine. — Analecla Bol- landiana. — Annales de médecine vétérinaire. — Annales des travaux publics. — Association belge de photographie. — Association belge des chimistes. — Bibliographie de la Bel- gique. — Bulletin de statistique démographique et sanitaire (D"" Janssens). — Ciel et Terre. — Commission royale d'his- toire. — Commissions royales d'art et d'arcliéologie. — In- stitut des sciences sociales. — Institut international de biblio- graphie. — Ministères des Affaires étrangères, de l'Agriculture, de l'Intérieur, du Travail. — Moniteur belge. — Moniteur industriel belge. — Observatoire royal. — Presse médicale ( 693 ) belge. — Revue bibliographique belge. — Revue de Belgique. — Revue générale. — Sociétés : d'Agriculture, d'Anthropolo- gie, d'Archéologie, d'Architecture, d'Astronomie, royale de Botanique, d'Électriciens, Entoniologique, de Librairie, royale belge de Géographie, de Géologie et d'Hydrologie, royale Malacologique, royale de Médecine publique, de Microscopie, royale de Numismatique, royale de Pharmacie, des Sciences médicales et naturelles. Scientifique. Charleroi. Société paléontologique et archéologique. Enghien. Cercle archéologique. Gand. Koninklijkevlaamsche Académie. — Cercle historique et archéologique. — Willems fonds. — Messager des sciences historiques. — Société de médecine. Gembloux. Institut agricole. Huy. Cercle des sciences et des beaux-arts. — Cercle des Naturalistes. Liège. Écho vétérinaire. — Institut archéologique. — Revue de l'instruction publique. — Société géologique de Belgique: — Société médico-chirurgicale. — Wallonia. Louvain. Le Musée belge. — Le Muséon. — Revue néo- scolastique. — Revue sociale catholique. Maredsous. Abbaye. Namur. Société archéologique. Saint-Nicolas. Cercle archéologique du Pays de Waes. Termonde. Cercle archéologique. Verviers. Société d'archéologie et d'histoire. Berlin. Kôn. Akademie der Wissenschaften. — Deutsche chemische Gesellschaft. — Geologische Gesellschaft. — Gesell- schaft filr Erdkunde. — Gesellschaft fur Anthropologie, Ethno- logie und Urgeschichte. — Jahresbericht ûber die Fortschritte der Chemie. —Physikalische Gesellschaft. — Meteorologisches Institut. — Verein fur Geschichte der Mark Brandenburg. Bonn. Naturhistorischer Verein der preussischen Rhein- lande und Westphalens. ( 696 ) Brème. Nalurwissenscliafïlicher Verein. Budapest. Institut royal de géologie. — Académie des sciences. — Statistisches Bureau. Cracovie. Académie des sciences. Francfort-sur-Main. Senckeuberg. naturforsch. Gesellschafl. Francfort-sur- Oder. Naturwissenschaftlicher Verein. Gotha. Geographische Anstalt. Gottingen. KiJn. Gesellschafl der Wissenschaften. Halle. Natvrwiss. Verein fur Saclisen mid Thiiringen. léna. Medizinisch-natunvissevschaftliche Gesellschafl. Leipzig. Archiv der Mathematik vnd Physik. — Beiblàtter zuden Annalen der Physik uml Chemie. — Forschungen zur brandenbiirgischen und y.reussischcn Geschichte. — Kvn. Gesellschafl der Wissenschaften. — Zaologischer Anzeiger. Munich. Kôn. Akademie der Wissenschajien. Prague. Académie tchèque des sciences. — A'on. Gesell- schafl der Wissenschaften. — Le Journal scientifique « Krok ». — Société mathématique. Strasbourg. Société des sciences, agriculture et arts. Vienne. Kaiserl. Akademie der Wissenschaften.— Anthro- pologische Gesellschafl. — Zoolog.-bctanische Gesellschafl. — Kais. geologische fîeichsanstalt. — Monatshefte fur Mathe- matikund Physik.— Kais. Naturhistorisches Hofmuseum. — Zool. botanische Gesellschafl. "Wurzbourg. Physikal.-medizinische Gesellschafl. Universités r/e Carlsruhe, Fribourg-en-Brisgau, Giessen, Heidelberg,Kiel,IVlarbourg, Strasbourg, Tubingueet Vienne. Copenhague. Institut météorologique. — Société royale des sciences. — Société des Antiquaires. Madrid. R. Acade7nia de la historia. Albany. University of the slate of New York. Baltimore. John Hopkins University. ( «97 ) Boston. Academy of arts and sciences. — Natural llislary Society. Buenos- Ayres. Sociedad cientifica Àrgenliiia. — Bulletin mensuel de statistique municipale. Cambridge. Muséum ofcompar. zoôlogy. — Observatory. Chicago. Field Columbian Muséum. — Kenwood Observa- tory. Cordova. Academia de ciencias. Granviile. Denison University. Halifax. Nova-Scolian Institute. Ithaca. Journal ofphysical chemistry. Lincoln. University of Nebraska. Mexico. Observatorio. — Sociedad de historia natural. Montevideo. Universidad. Mont-Hamilton. lÀck Obsei^atory. Montréal. Natural history Society. New-Haven. Journal of sciences. New-York. Geographical Society. — Academy of sciences.— Muséum of natural history. Philadelphie. Academy of naUiral sciences. — Franklin Institute. — The american Naturalist. — Philosophical Society. — Historical Society. Rio de Janeiro. Instituto historico. — Soc. de.geographia. Rochester. Academy of sciences. Saint-Louis. Academy of sciences. Salem. Essex Institute. San-Francisco. California Academy of sciences. Santiago de Chili. Société scientifique. Toronto. Canadian Institute. Washington. Bureau of éducation. — Department of agri- culture. — U. S. national Muséum. -^ Smithsonian Institu- tion. — U. S. Geological Survey. Abbeville. Société d'émulation. Amiens. Société ijidustrielle. — Société des .Antiquaires. ( 698 ) Arras. Commission des antUfidtés départementales. Bûnc. Académie d'Hippone. Bordeaux. Société des sciences physiques et naturelles. Gaen. Société linnéenne. — Société des beaux-arts. Dax. Société de Borda. Le Havre. Société d'études diverses. Lille. Société géologique du Nord. — Société des architectes. Marseille. Société scientifique industrielle. — Faculté des sciences. Montpellier. Académie des sciences. Nancy. Société des sciences. Paris. Académie de médecine. — Bulletin scientifique (Giard). — École normale supérieure. — École des CJiartes. — Journal de Vaijriculture.— Journal des Savants.— Le Cosmos. — La Nature. - Le Progrès médical . — Le Polybiblion. — Ministère de l'Instruction publique. — Moniteur scientifique. — Musée Guimet. — Muséum dliistoire naturelle. — Revue britannique. — Bévue des questions liisloriques. — Revue générale des sciences. — Bévue politique et littéraire. — Bévue scientifique. — Sociétés : d'agriculture, d'anthropolo- gie, astronomique, de biologie, rjiimique, géologique, de géograpliie, matliématique, météorologique, philomatique, zoologique. Saint-Omer. Société des Antiquaires de la Morinie. Toulouse. Société archéologique. Valenciennes. Société d'agriculture. Adélaïde. Royal Society of South Australia. Birmingham. PhilosopJiical Society. Brisbane. Royal geograpliical Society. Calcutta. Asialic Society of Bengal. — Meteorological Department. — Geological Survey. Cambridge. Piiilosopiiical Society. Dublin. Boyal Irish Academy. — Dublin Society. ( 699 ) Edimbourg. Botanical Society. — Geological Society. — Physieal Society. — Royal Society. — Laboratory of tlie R. Collège ofphysicians. Glasgow. Geological Society. Le Cap. Philosophical Society. Londres. Anthropological Institule. — R. Society of Anti- quaries. — Royal Astronomical Society. — Royal Institute of British Architects. — Chemical Society. — Royal Geogra- phical Society. — Geological Society. — Institution ofmeclia- nical Engineers. — Institute of civil Engineers. — Royal Institution of Great Britain. — Linnean Society. — Mathe- matical Society. — Meteorological Society. — Royal Micro- scopical Society. — Nature. — Niimismatic Society. — Zoolo- gical Society. Manchester. Literary and Philosophical Society. Newcastle-upon-Tyne. Institute ofmining and mechanical Engineers. Sydney. Linnean Society. — R. Society of N. S. Wales. Florence. Biblioteca nazionale centrale. — Società entomo- logica italiana. — Rivista scienti fico-industriale. Milan. Società di scieuze naturali. — R. Istituto di scienze. Modène. Società dei naluralisti. — R. Stazione agraria sperimentali. Naples. Società Reale. Padoue. Società veneto-IreiUina di scienze naturali. Palerme. Circolo giuridico. — Circolo matematico. Parme. // nuovo Risorgimento. Pise. Società toscana di scienze naturali. — Il nuovo cimento. Rome. Reale Acadeniia dei Lincei. — Academia pontificia de Niiovi Lincei. — Comitato di arligliera e genio. — Gazetta chimica. — Ministerio dei Invori pubblici. — Società per gli studi zoologiche. ( 700 ) Turin. Academia reale délie scienze. Venise. R. Istituto di scienze, Vérone. Accademia d'agrkoltura. Amsterdam. A'. Akademie van wetenschappen. Batavia. Genoolscliap van kunsten en ivelenscliap pen. — Natuurkundifie Vereeniging. Buitzenzorg. Jardin botanique. Delft. École poliiteclinique, Harlem. Société hollandaise des sciences, — Musée Teyler. La Haye. Imtituut voor... volkenkunde. — Entomologische Vereeniging. Leyde. Mautschappii der Nederlandsche lelterkunde. — Nederlandsclie dierkimdige Vereeniging. Utrecht. nislorisch Genoolschap. Bukarest. Institut météorologique. — Société des sciences physiques. — Ministère de V Instruction publique. Jassy. Société scientifique et littéraire. Dorpat. Université. — Naturforschende Gesellschaft. Kazan. Université impériale. Moscou. Société impériale des Naturalistes, Nowa-Alexandrya. Annuaire géologique et minéralogique. Odessa. Société des Naturalistes. Saint-Pétersbourg. Académie impériale des sciences. — Institut impérial de médecine expérimentale. — Comité géo- logique. — Jardin impérial de botanique. — Société impériale de géographie. — Société de chimie. Christiania. Société des sciences. — Université. Stockholm. Nordiskt medicinsk Archiv. — Acta mathema- tica. — Institut royal géologique. — Société des Antiquaires. — Société entomologique. Upsal. Université» ( vol ) Berne. Le Droit d'auteur. Genève. Archives des sciences physiques et naturelles. • — Société de géographie. Lausanne. Société vaudoise des sciences naturelles. Zurich. Naturforschende Gesellschaft. — Astronomiscfie Mittheilungen (Wolf). Alexandrie. Institut égyptien. Belgrade. Académie royale des sciences. Coïmbre. Jornal malhematicas (Teixeira). Le Caire. Société khédiviale de géographie. Luxembourg. Verein fur Geschichte. Manila. Observatorio meteorologico. Tokyo. Gesellschaft fur Natur- und Vôlkerkunde Oslasiens. — Impérial University. BULLETINS DE L ACADEMIE ROYALE DE BELGIQUE. TABLES ALPHABÉTIQUES DU TOME TRENTE -SIXIÈME DE LA TROISIÈME SÉRIE. 1898. TABLE DES AUTEURS. Académie impériale militaire de médecine de Saint-Pétersbourg. Célébration de son centenaire (félicitations), 482. Académie royale de Belgique. Rapport sur les questions rela- tives à l'organisation de la Classe des lettres, 674. Académie royale suédoise des sciences de Stockholm. Célébra- tion du S0« anniversaire de la mort de Berzelius (adresse de félicitations), 139. Aerts (J.'i. Lauréat du concours d'art appliqué 'gravure en taille douce). Rapport de M. Ch. Tar- di(^u, 36i; proclamé, 378. Albert A''' (S. A. S. le prince) de Monaco. Hommage d'ouvrage, 227. Anor2î/mc5( Mémoires de concours). Sur les analogies ou les diffé- rences qui existent entre l'allé- gorie et le symbole (rapports de MM. Tardieu, Rooses et Alb. De Vriendt), 348, 356. Athénée de Brescia. Hommage d'ouvrage avec note par le che- valier Edm. Marchai (L'opéra di Bonvicino), 581. Baes {Edgar). Sur les analogies ou les différences qui existent entre l'allégorie et le symbole (Mémoire couronné). Rapport de MM. Tardieu, Rooses et Alb. De Vriendt, 348, 356; pro- clamé lauréat, 376; remercie, 463. Bambeke {Ch. Van). Hommage I TABLE DES AUTEURS. 705 d'ouvrages, 139, 483. — Rap- ports : voir Ctiéiiot iL.); Pelse- neer (P.). Banning [Emile). Décès, 205; note dcM. VanderHaegen et discours prononcé aux funérailles par le baron E. de Borchgrave, 207, 209. M. Brialmont accepte de rédiger pour V Annuaire la no- tice du défunt, 327. Banning {W^" veuve Emile). Remerciements pour les senti- ments de condoléance qui lui ont été exprimés, 327. — Hom- mage d'ouvrages publiés sous le voile de l'anonyme par feu son mari (avec note bibliogra- phique par Ern. Gossart), 432. Baslien lAlfr.). Réception de son premier rapport semestriel, 347. Bekaert (A.) et Hemptinne [A. de). Sur les vitesses de réaction, 399; rapports de MM.Spring et De Heen, 391, 392. Beneden (Éd. Va7i). Remercie pour le nouvel hommage rendu à la mémoire de son père (inaugu- ration, à Malines, de la statue de P.-J. Van Beneden), 138. — Hommage d'ouvrage, 226. — Rapports : voir Cuénot (L.) ; Pelseneer (P.). Beneden (feu P.-J. Van). Inaugu- ration de sa statue, à Malines, 138 ; discours prononcé par M. Éd. Dupont, 228. Benoit (P.). Félicité au sujet de sa nomination de directeur du Conservatoire royal d'Anvers, 222. — Rapports : voir Duyse [Flor. van) ; Lunssens {M.). Berzelivs (feu J.-J.). Célébration du cinquantième annivei'saire de sa mort (Adresse de félicita- tions), 139. Bibliothèque royale de La Haye (M. le Directeur de la). Hom- mage d'ouvrage, S69. Biesbroeck (Jules Van). Deuxième second prix du grand concours de peinture de 1898, 33C; pro- clamé, 378. Biliia [L.-M.K Hommage d'ou- vrages de philosophie et de morale, avec note par G. Mon- champ, 568, 571 . Bodio (L.). Remercie pour son diplôme d'associé, 73. Boncquet (H.). Premier rapport semestriel (lecture des appré- ciations de MM. De Groot, Vin- çotte et Marchai), 346. Bormans (Stan.). Membre de la Commission spéciale des linan- ces, 579. Boukleieff (B.). Soumet un travail sur le symbole de la vie et de la création, 140; dépôt aux archi- ves après avis de MM. Masius et Vanlair, 232. Bovy {Arthur). Hommage d'ou- vrage avec note parfti. VVilmotte (Adenet le Roi et son œuvre), 206, 212. Brant.s (V.). Remet pour VAji- nvaire de 1899 sa notice sur P. Willems, 74. — Note biblio- graphique : voir Lullcniand (Léoni. 704 TABLE DES AUTEURS. Brialmont {A.). Hommage d'ou- vrage avec note par le chevalier Edm. Marchai (Progrès de la défense des États et de la for- tification permanente depuis Vauban), 2, 6. — Accepte de rédiger pour V Annuaire la no- tice de feu Ém. Banning, 327. — Membre de la Commission spéciale des finances, 566. Burne-Jones (Sir Edward). Décès, 120. Cabinet des médailles de la Haye (M. le Directeur du). Hommage d'ouvrage, 569. Candèze(Ern.). Décès, 2; discours prononcé à ses funérailles par M. le baron Edm. de Selys Longcharaps, 4. Chauvin{V.). Hommage d'ouvrage avec note par J. Stecher (Biblio- grapliie des ouvrages arabes, 3® livraison), 74, 80. Chômé (Léon). Hommage d'ou- vrage avec note par Ern. Dis- cailles (Une expédition au Nil), 328, 331. ClatUriau (G.). Mémoire couronné sur la digestion dans les urnes de Nepcnthes (rapports de MM. Errera, Gilkinet et Crépin), 586, 590, 591 ; proclamé, 688. Congo (État Indépendant du). Hommage des Annales de son Musée, 390, 483. Cols (Aitg.). Premier rapport semestriel (lecture des appré- ' dations de MM. Winders, Janlel et Maquet), 583. Cremers [E.]. Hommage d'ou- vrage, 581. Cremona (Louis) . Élu associé, 689. Crépin ' Fr .) . Membre de la Commission spéciale des finan- ces, 566. — Rapports : voir Clautriuu (G.); De Wildeman ^ [É.). Cuénot (L.). Mémoire couronné sur l'excrétion chez les Mollus- ques (rapports de MM. Plateau, Éd. Van Beneden et Van Bam- beke). 592, 599; proclamé lau- réat, 688. Cumont (G.). Hommage d'ou- vrages, 227, 328. Cuypers [P.-J.-H.). Voir Pays-Bas (Gouvernement de S. M. la Reine des). D Dauber. Nouvelle lettre relative aux recherches du D"" Buchner sur les fermentations (Dépôt aux archives après lecture du rapport de MM. Jorissen et Gil- kinet), 391. de Borchgrave (baron Emile). Dis- cours prononcés aux funérail- les : 1° d'Emile Banning, 209; 2o d'/Mphonse Rivier, 211. De Groot (G.). Rapports : voir Bonrquet (IL); De Haen (V.); Geefs (G.); Marin (/.j; Weyns iJ-). De Haen (K.). Premier rapport TABLE DES AUTEURS. 705 semestriel (lecture des appré- ciations de MM. De Groot, Vin- (;otte et Marchai), 464. De Heen (P.). Quelques faits rela- tifs à la décharge produite par la radiation infra-électrique, 55. — Rapports : voir Heinptinne (A. de) et Bekaert (A.). deJonç/lie (vicomte B,). Hommage d'ouvrages, 328. de la Vallée Poussin [Ch.-J.). Sur la fonction C {s) de Riemann et le nombre des nombres pre- miers inférieurs à une limite donnée (rapports de MM. Man- sion et J. Deruyts), 10, 21.— Élu correspondant, 689. de la Vallée Poussin (Louis). Hom- mage d'ouvrage, 329. Demannez (/.). Membre de la Commission spéciale des fi- nances, o83. Demoulin (A.). Sur les surfaces minima réglées et les surfaces minima à lignes de courbure planes (rapports de MM. De- ruyts, i\euberg et Mansion), 232, 233, 234. Denis (Just). Reçoit, en séance publique, un exemplaire des ■ OEuvres de J.-S. Stas, 688. Deruyts (Fr.). Sur la détermina- tion des éléments neutres d'es- pèce quelconque, 187. — Sur quelques {)ropriétés des courbes gauches, 194. — Sur quelques propriétés des polygones in- scrits aux courbes gauches, 5S8 ; rapports de MM. Le Pagie et Neuberg sur ces trois com- Ô'"^ SÉRIE, TOME XXXVI. munications, 148, 496. — Élu correspondant, 689. Deruijts {Jan/ues). Rapports : voir de la Vallée Poussin {Ch.-J ): Demoulin (A.). Descamps (chevalier Ed.). Accepte de rédiger pour V Annuaire la notice de feu Alpli. Rivier, 327. — Membre de la Commission spéciale des finances, 579. DeSmedt (Ch.). Note bibliogra- phique : voir Société des Bollan- distes. Devillo's (L.). Hommage d'ou- vrage avec note par le chevalier Edm Marchai (Chartes du comté de Hainaut de l'an 1200), 74, 80. De Vriendt {Alb.). Rapport : voir Anonymes; Baes (Edgar). Dewalque (G-). Rapport : voir Institut international flottant. De Wildeman (É.). Hommage d'ouviage avec note par Eéo Errera (Prodrome de la flore belge: Thallophytes, fasc. I-lIl), 3, 8. — Sur la réparation de quelques Algues (Mémoires in^", t. LVIII). Rapport de M31. Errera et Crépin, 22. Discailles (Ern.). Notes bibliogra- phiques : voir Chômé (Léon); Guilliaume (Jules). — Rapport : voir Garsou [J.). Doudou (Ern.). Nouvelle explo- ration scientifique des grottes d'Engiç, d'Engihoul et des envi- rons. Dépôt aux archives après lecture des rapports de MM. Fraipont et Malaise, 391. Dupont (Éd.). Discours prononcé 47 706 TABLE DES AUTEURS, à l'inaugu ration de la statue de P.-J. Van Beneden, 228. — Quelques mots sur révolution (discours), 601. Duy.se {Florimond van). Historique de la partie spécialement musi- cale de la chanson flamande (Mémoire couronné). Rapports de MM. Gevaert, Benoit et Ma- thieu, 3.^6, 360; proclamé lau- réat, 377 ; remercie, 463. — Membre de la Commission de la Biographie nationale, 583. — Rapport : voir Lunssens {M.). Ë Errera {Léo). Hommage d'ou- vrages, 227, 390. — Élu membre titulaire, 689. — Note bibliogra- l)liique : voir De Wilde}nan{É.). — Rapports : voir ClaiUriau (G) ; Dr Wildeman (É.). Faider (A.). Hommage d'ouvrage, 432. Fcrron (Eug.). Hommage d'ou- vrage, 483. Soumet un mémoire énonçant et démontrant un nou- veau principe de mécanique, 483. Folie (F.). Fondements de la théo- rie de la variation des latitudes, .27(3. _ Vérification de l'exis- tence de la nutation eulérienne dans les latitudes observées à Greenwich pendant les années 1880-1891, 392. — (Quelques grandes phases de l'histoire de l'Astronomie, 637. — Rapports : voir Ministre de Vlntérieur, Ziegler {V. de). Fraipont {J.). Rapport: voir Dou- dou (Ern.). Francotte (P.). Demande à pou- voir occuper, en 1899, la table belge du laboratoire de Naples, 482'. Frederichs (/.). Remet un exem- plaire de son livre (Manuel d'histoire moderne) couronné par le jury De Keyn en mai 1898, 328. Fredericq (L.). Rapports : voir Waroux (J.), Willem {V.) et Minne (A.). Fredericq (P.). Hommage d'ou- vrage avec note (Een Noord- Nederlander over zijn omreisje door Belgie, in 1823), 74, 75. Gaillard{Artliur). Hommage d'ou- vrage avec note par le chevalier Edmond Marchai (Le Conseil de Brabant : Histoire. Organisation. Procédure), 432, 434. Gamond (L. dé). Hommage d'ou- vrage, 568. Garnier [Charles). Décès, 335. Garsou (Jules). Barthélémy et Méry étudiés spécialement dans leurs rapports avec la Légende napoléonienne (Mémoires in-8'', t. LVIII). Rapports de MM. Dis- cailles, Stecher et Wilmotte, 88, 91, 92. TABLE DES AUTEURS. 707 (•eefs (Georges). Appréciation ver- bale, par MM. De Groot, Vin- çotte et Marchai, de son buste en marbre de feu Guillaume Geefs, 464. Gegenbaur (Ch.). Hommage d'ou- vrages, 227. Génard (P.). Hommage d'ouvra- ges, 120. Gevaerl (F.-A.). Rapport : voir Duyse(FL. van). Gkysen (J.). Sur la condensation de l'aldéhyde benzoïque et de la monochloracétone, 313; rap- port de MM. Spring et Henry, 240. Gilkinet {Alfr.). Rapports : voir ClaiUriau (G.); Dauber. Gilson (G.). Hommage d'ouvra- ges, 227. Giraud (Alb.). Prix quinquennal de littérature française (X" pé- riode, 1893-1897), 326 ; proclamé lauréat, 379. Giron (Alfr.) Élu directeur pour 1899, 206. Goblet d'Alviella (comte Eug.). Un curieux problème de transmis- sion symbolique. Les roues li- turgiques de l'ancienne Egypte, 439. — Hommage d'ouvrage, 568. Gogo (Félix). Lauréat (mention honorable) du grand concours de peinture de 1898, 336; pro- clamé, 378. Goldschmidt (Robert). Reçoit, en séance publique, un exemplaire des OEuvres de J.-S. Stas, 688. Gossart (Ern.). Membre de la Commission de la Biographie nationale, 579. — Note biblio- graphique : voir Banning (M'"<^ veuve Emile). Gréhant [N.). Hommage d'ou- vrage, 3. Guilliaimie (Jules). Hommage d'ouvrage avec note par Ern. Discailles (Le vers français et les prosodies modernes), 74, 82. U Hall (James). Décès, 226. Hurlez (Ch. de). Hommage d'ou- vrages, 328. Hazelius (A.). Félicité au sujet de l'anniversaire de son musée d'ethnographie, à Stockholm, 327. Hecq [Gaëlan). Hommage d'ou- vrage avec note par le chevalier Edm. Marchai (Jacques Bretex ou Bretiaus. Le tournoi de Chauvency), 328, 332. Hemptinne [Alex. de). Sur l'action catalytique de la mousse de platine et de palladium, 155. — Sur les vitesses de réaction (en collaboration avec A. Bekaert), 399; rapports de JIM. Spring et DeHeen, 145, 146, 391,392. — Soumet une note sur la luminescence des gaz, 483. Henry {LJ). Sur les dérivés de quelques nitriles- alcools ali- phaliques, 22. — Sur divers composés non saturés, 31. — Sur divers composés nitrés ali- 708 TABLE DES AUTEURS. phatiques à fonctions multiples, 149. —Sur divers nilriles-alcools penta- et hexacarbonés, '241. — Sur l'oxydation directe de l'é- thylène tricliloro - éthyl - oxylé, ClaC = CGI (OC2H3), 497. — Rap- ports : voir Ghysen (J.); Maas (J.); Swaris [Fréd.]. Homolle {Th.}. Hommage d'ou- vrage, 328. Huber-^ti (Giist.). Membre de la Commission spéciale des finan- ces, 583. — Rapport : voir Lnnssens (M.). Hymaiis (//.). Membre de la Com- mission spéciale des finances, 583. — Note bibliograpliique : voir Jacquot {Alb.). Institut international flottant (Projet de création d'un). De- mande d'avis adressée au nom de M. le Ministre de l'Industrie et du Travail, 390; lecture du rapport de MM. Dewalque, Re- nard et Malaise, 491. Jacquot (Alb.). Les Michel, les Adam et Clodion (Note biblio- graphique par H. Hyraans), 129. Janlei [Èm.). Rapport : voir Cols (Aug.). Jaquet [Jcs.). Décès, 119; discours prononcé à ses funérailles par le chevalier Edm. Marchai, 120. Jenkins [B.-G.). A method for determining astronomically the variations in the température and pressure of the atmosphère (Dépôt aux archives après lec- ture du rapport de MM. Lan- caster, Lagrange et Terbyj, 142. Jorissen (A.). Rapports : voii- Dauber; Sduujten [M.-C). Jorissenne (G.). Hommage d'ou- vrage, 390. Jouveneau (A.). Soumet une noU' sur l'accélération séculaire du mouvement de la Lune, 483. Karpinsky (Alexandre). Élu asso- cié, 489. Kayser (G.). Notes sur la physique du globe et la météorologie (dépôt aux archives après avis de MM. Terby et Lancaster), 142. Kôlliker [Albert von). Hommage d'ouvrage, 139. Kurth (G.). Manifestation en son honneur à Liège (félicitations 1. 567. Lagrange [Ch.). Rapports : voir Jenkins (B.C.); Ministre de l'Intérieur. Lallemand (Léon). Hommage d'ou- vrage avec note par V. Branis (La Révolution et les pauvres), 328, 329. Lambert [Camille). Premier se- cond prix du grand concours TABLE DES AUTEURS. 709 de peinture de 1898, 336; pro- clamé, 378 Lamy (T.-J.). Membre de la Com- mission spéciale des finances, 579. lAincaster (Alb.). Note bibliogra- phique : voir Société royale de médecine publique. — Rapports : xoirJenkins B.-G.); KayseriG.). Lankester (Edwin-Ray). Elu asso- cié, 689. LefèvreVontalis {A.). Hommage d'ouvrage, 43^. /.iénioires, t XX-LllI (18i6-18il8); in-4'>. - Prix : 8 fr. par volume à parlir du tome X. Mémoii-es couronnés, t IXV (lS17-18f2); in-40. — Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers, t. XVl-LM (184;M89!>). — Prix : 8 Ir. |)af volume à partir du tome XII. Mémoires couronnés. in-S», t. I-LV, LVIi. Prix : 4 fr. par volume. Tatoles ae Logarithmes, par A. Namur et P Maiision, in-S». Taljles des Mémoires (l816-IS.'i7) (18;.8-1878. ln-18. a^aljles des Mimnires, nouvelle éilition, 4772-1897; in-8'>. Annuaire. 1-^' à Go""- Minute, ia3j-18!l9; in-i8. Règlements et Documents. coii(:ernantlestroisClasses;i896,in-18. Bulletins, 4« scr.t.l-XXIII — 2- s6r.,t. i-L;-8<^sér..t. l-XXXVl.in-B». — Annexes aux lUtUeiins de 18ol, in-80. — Prix : 4 fr. par volume. Tables générales des r.ulletins : t. I-XXI II, !'« sér. (1832-1856). iSbS; in-80. -2- sér., t l-X\ (18,-)7-1866!, t. XXI-L (1867 18801 1883; in-S». - 'A' sér.. t 1-XXX il8vl-lt9.^ii, 1898; iii-80. BiUiiograplxie académique, 1" édit., 18.-;4, 2'' édit., 1874, 'à'^ édit., 188(î; 4" édit.. 1^9.i;iii-18. catalogue de la B.bliollKHiue de lAcadémie, l"" partie : Sociétés savantes et Kecueils pirioiliiiues; 2''« partie : sc.eiices, ieities. arts, 1S81-90; 4 vol. in-80. Catalogue de la l)ililiotlié(|ue du baron de Slassart, I8(i3; in-S». Centième anniversaire dt'/"<-«(i«no/((1772-1872).1872; 2 vol.gr. in-S» Monuments de la littérature flamande. CEuvres de Van Mae riant : I)ER NATUKEN ni.OEME, tome i«^ publié par J. r.ormans, 1831; 1 vol. in-S». — RysitiViiEi.. avec Glossaire, ]iub]ié par J. David, 1858-1860; 4 vol.; — Ai.exanders Geesten, publié par Snellaert, 1860-1862; 2 vol.— IVederlandscne gedicUten, eie., publiées par Snellaert, 1869; 1 vol. — partnonopeus van Bloys, publié par J. Bormans, 1871; 1 vol. — Spegliel der ^Vyslleit, van Jaa Pract, publié par J. Bormans, 1872; 1 vol. Œiii'ies des grands écrivains du pays. CEuvrés de Cliastellain, publiées par le baron Kervyn de Lettenbove. 1863-1860, 8 vol. in.8». — Le l" livre des Clironiques de Frois- sart, par le même. 186 ', 2 vol. — Chroniques de Jelian le Bel, par L. Polain. 186-^2 vol. — Ll Roumans de Cléomadès, par André Van Hasselt. 1866, 2 vol — Dits et Contes de Jean et Uaudouin de Condé. par Auguste Sehf'ler. 18i6, 3 vol. — Li ars d'amour, etc., par J. l'élit. lb6(M872, 2 vol. — Œuvres de Froissart : Chroniques, ^iv le baron Kervyn de Leiienhove. 1867-1877, 26 vol.; — Poésies, par Aug. Scheler. 1870-1872. 3 vol.; — (ilo^toire, par le même. 1874, 1 vol. — Letres de Corn." mines, par Kervyn de Leiienhove. 181)7, 3 vol. — Dits de ^Vatriquet de Couvin, par A. Scheler. 1868, 1 vol. — Les Enfances Ogier, par le même. 187i. 1 vol. — Bueves de Commarciiis, par Adenès li Rois, par le même 1874, 1 vol. — Li Ttoumans de :Berte aux grans pies, |iar le même. 1874, 1 vol. — Trouvères toelges du X-IIc au XIV* siècle, i)ar le même. 1876, I vol. — Nouvelle série. 1879, 1 vol. — Li Bastars de Bullion, par le même. 1877, 1 vol. — Récits d'un :Bourgeois de Valenciennes (X.tV= siècle), par le baron Kervyn de l.etienhove. lS77, 1 vol. — Œuvres de Ohilletoert de Lannoy. par Ch. Polvm. 1878, 1 vol. — P»oésies de Gilles li Muisis. par Kervyn de Leltenhove. 1882, 2 vol. — CEuvres de Jean Lemaire de Belges, par J. Stccber. 1882-91, 4 vol. avec notice. — Li Regret Guillaume, par A. Scheler. 1882, 1 volume. Biographie nationale. BiograpHie nationale, t. I à XV (1" fasc). Bruxelles, 1866-1898, gr. in-80. Commission royale d'histoire. Collection de Chroniques Ijelges inédites, publiées par ordre du r.ouvernement; 101 vol. in-'»o. (Voir la liste sur la couverture des Chroniques.) Comptes rendus des séances. I^'' sér., avec table (1837-1849), 17 vol i„.8o. _ 2me scr.^ avec table (1830-1859). 13 vol. in-80. _ 2""' sér., avec table (1860- 1872),15 vol. in-80.— 4"'^ sér., 17 vol. in-80 (1873-1891;.— 5«"- sér., t. 1-VII. Annexes aux Dullcti'is, 21 vol. in-80. (Voir la liste sur la couverture des Chro- niques et des Comptes rendus )