BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES publié sous la direction du Comité PAR Félix ROUX 5e S. - Volume XLI Ce volume contient les Bulletins Nos 152, 153, 154 publiôs en 1905. LAUSANNE Imprimerie Corbaz & Cie r9°5 SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES N° 152, publié en mars-juin 1905 .... Prix 2 fr. 50 N° 153, » septembre 1905 .... » 3 > — N° 154, » décembre 1905 » 3 » 50 Prix du vol. XLI BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES publié sous la direction du Comité PAR Félix ROUX 5e S. - Volume XLI Ce volume contient les Bulletins Nos 152, 153, 154 publiés en 1905. LAUSANNE Imprimerie Corbaz & O *9°5 Lausanne. — Imp. Corbaz & Comp. TABLE DES MEMOIRES DU VOLUME XLI Pagi 9 Schenk, Alex. — Description d'un squelette humain préhistorique, Anthy (Savoie) i Porel, F. -A. — Les mouettes du Léman 17 Strzyzowski, Cas. — Une métamorphose des globules de mer- cure, contribution à la microchimie de ce métal .... 23 Narbel, Paul. — Une variété de la belette 27 Keser, J. — Un cours d'eau paradoxal à Céphalonie 3i MeylàNj Ch. — Catalogue des mousses du Jura 41 Maillard, Louis. — La loi de la réfraction et le principe de la moindre action ■ 173 Delessert, C. ; Schenk, Al. ; Bugnion, E. — Description d'un crâne offrant une perforation pathologique en dessus du lambda (PI. I-III) i95 Dusserre, Ch. — Notice sur Villeneuve 2o5 Perriraz, John. — Origine des sphères directrices dans les cel- lules du sac embryonnaire 2i3 Dufour, H . — Observations sur quelques phénomènes actino- électriques 267 Schenk, AI. — Ossements humains du cimetière gallo-helvète de Vevey 271 Borgeaud, A. - Bacilles acido-résistants et tuberculose ... 281 Schenk, Al. — Notes sur les crânes et ossements humains pro- venant d'anciennes sépultures de Suisse et Savoie . . . 289 Cauderav, J. — Notice sur les courants électriques vagabonds . 3o3 Dusserre, Ch. — Rapport présidentiel pour iqo5 3i5 TABLE DES MATIÈRES DU VOLUME XLI (Bulletins nos 152 à 154.) Les chiffres romains se rapportent aux pages des procès-verbaux. A. AFFAIRES ADMINISTRATIVES (Voir aux procès-verbaux.) Assemblées générales. — Du 21 décembre 1904, p. xxiv. — Du i'i mars igo5, p. xi.. — Du 24 juin 190Ô, à Vil- leneuve, p. lvii. — Heine des p. xxix. Bibliothèque. — Décès du bibliothécaire el son remplacement, |>. 1. — Dons de MM; Victor Fatio et M. Magnin, p. xiv. — Don de M. Heim, à Zurich, j>. xix. Budget. — Pour [Qo5, p. xxix. — Bulletin. Nouveau contrat, p. xun. — Sommaire îles procès-verbaux, p. xxvm. Bureau. — Pour 1900, p. xxiv. — Rapport sur la possibilité de grou- pement, p. XXVI. XLI. Commission de vérification des comptes. — Pour 1904, son rapport. p. XLI. Décès. — MM. H. de Saussure, Preud'homme de Borre, et prof. Thury, à Genève, p. xl; F. Corboz, p. xi. ; E. Abbej à Iéna ; Ed. Richter, à Graz, p. xu. Démissions. ■ — M. Ward, colonel, p. 1. Rapport du président. — Sur 1904, M. Dutoit, p. xxi\ ; sur (Qo5, M. Dusserre, p. iiiô. Réceptions. — Membres honoraires : MM. Eternod, à Genève, p. lviii. Membres efiectifs : MM. Maillefer, p. xvn; Thomas, anc. pasteur, et Louis Rosset, p. xxrv ; Delacrétaz, p. xxxiii ; Magnenat, étudiant, p. xl ; André Engel, p. XLVI. Séances. — Fixation pour [905, p. xxix. Divers. — Prix Schlseffli, p. 1. — Bourse de vovage de la Société hel- vétique des sciences naturelles, p. xni. — Demande des chimistes relative à la publication dans le bulletin de la société vaudoise des comptes-rendus de leurs séances, p. xm, xxv, xli. — Affichage des séances à l'Université, p. xiv. — Expérience do pendule Fou- TABLE Dl !S M VI [ERES Ht Cill II, |). xix. — Concours de Candolle, p. xxxvn. — Revendication F. de Coppet, |>. xxxvir. — Invitation de la Société des sciences aaturelles du Schleswig, p. i.. — Blocs erratiques, spécialemenl Mue . xxxvm. Région de la Brèche de la Hornfluh, F. Jaccard, p. li. Le Titonique à Feydey-Leysin, M. Lugeon, p. lui. Chimie. Acide isosalicylique, P. Dutoit, p. Vi, xiv. » » H. Brunner, p. xi. (*) Métamorphose des gouttelettes de mercure, C. Strzyzowski, |>. xiii et 23. Acide isosalicylique, L. Pelel, p. xiv. Statistique analytique des vins suisses, Chuard et Porchet, p. xxxix. Traitement chimique des faux goûts des vins, Chuard et Porchet, p. LXV. Zoologie, Anatomie, Physiologie, Hygiène. Spermatogenèse . XI.VI. Observations sur 1rs cullicidès en 1904, Galli-Valerio el Mme Ro- chaz, xi.vi. (*) Les mouettes dn Léman, F.-A. Forel, p. xlix el 17. Tumeur trouvée dans une poule, S. Bieler, p. lv. TABLE DES MATIERES Musée de parasitologie el d'hygiène. Galli-Valerio, p. i.v. Nouveau myriopode ilu Moule Moro, II. l'Vs, p. lv. Types remarquables du IVfusée agricole, S. Bieler, |). lvi. ( ■' ) Bacilles acido-résistants el tuberculose, A. Borgeaud. p. '^81. (•'■) Polyembryonie et déterminisme sexuel, Ed. Bugnion, p. lviii et vol. XLII. Causes anatomiques de la cécité, Gonin, p. i.xiv. Botanique, Agriculture, Sylviculture. Mors pour mulets, S. Bieler, p. xv. Brunissure spéciale îles feuilles de vigne en 1904, H. Faes et F. Por- chet, |i. xx. Répartition du sucre dans le grain de raisin, F. Porchet, p. xxix. Essais de sélection d'une avoine précoce, G. Martinet, p. xliv. Développement du black-rot en Russie, A. de Jaczewski, p. l. (*) Catalogue des mousses du Jura, Ch. Meylan, p. lvi et4i- Le court-noué de la vigne, H. Faes, p. lviii. Cristallisation des bouillies cupriques à la soude, F. Porchet, p. lix. (*) Origine des sphères directrices dans les cellules du sac embryonnaire, John Perriraz, p. 2i3. Antiquités. Divers, Hipposandale du Musée d'Avenches, S. Bieler, p. xv. Nouvelle station lacustre à Montbec, AI. Schenk, p. xlvi. Identité de décoration d'un bracelet de Montbec avec un dit du Boi- ron, F. -A. Forel, p. xlviii. Ethnologie de la Suisse, Al. Schenk, p. lxii. Etnographie américaine, Al. Schenk, p. lxii. (*) Description d'un squelette humain découvert à Anthy, Al. Schenk, p. 1. (*) Cours d'eau paradoxal à Céphalonie, J. Keser, p. xxxm et 3i. (*) Description d'un crâne présentant une perforation pathologique (PI. I-III), E. Delessert, Al. Schenk et Ed. Bugnion, p. 195. (*) Notice sur Villeneuve, Ch. Dusserre, p. 200. (*) Ossements humains du cimetière gallo-helvète de Vevey, Al. Schenk, p. 271. (*) Notes sur les crânes et ossements humains venant d'anciennes sépultures de Suisse et de Savoie, Al. Schenk, p. 289. (*) Rapport présidentiel sur 1900, Ch. Dusserre, p. 3i5. TABLE DES AUTEURS A.MANN, J. Vision ultramicroscopique, p. XIII. Loi de Galton, p. xix. Entropie, p. xxxix. Bieler, S. Mors pour mulets, p. xv. Hipposandale, Avenches, p. xv. Tumeur dans une poule, p. xlv. Musée agricole, p. xlvi. Blanc, H. Caprellidé du Léman, p. v. Faune africaine, p. xliii. BORGEAUD, A. (*) Bacilles acido - résistants, p. 281. Brunner, IL Acide isosalicylique, p. xi. Bugnion, Ed. (*) Perforation pathologique d'un crâne (PI. I-1II), p. ig5. Polyembryonie, p. lviii. Spermatogenèse du lombric, p. 1. BlJHRER, Cil. Cas de foudre, p. xv. Observations actinométriques, p. XVII. Tremblement de terre, 29 avril 190"), p. LU. Cauderay, J. (*) Courants vagabonds, p. 3o3. ( Ihuard. Statistique analytique des vins suisses, p. xxxix. Faux goûts des vins, traitement, p. LXV. Delessert, E. (*) Perforation pathologique d'un crâne ancien (IM. I-III), p. inf). Dufour, H. Observations actinométriques, p. XVII. Température de Lausanne, p. XXXIV. Radioactivité dans les mines de Bex, |). xxxv. Grande bobine d'induction, p. XXXVIII. Déterminât ion des dénivellations' p. XLVIII. Décharge des corps électriques par les radiations, p. xlix. (*) Phénomènes actinoélectri- ques, p. 267. Dusserre, Cli. (*) Notice sur Villeneuve, p. 20:"». (*) Rapport présidentiel pour K|oô, j). 3 iô. Dutoit, G. Expérience de Foucault, p. x\. Nouveau baromètre, p. xxxm. Dutoit, P. Acide isosalicylique, p. vi, xiv. Fms, H. Myriopode nouveau du Monte .Moro, |). i.v. Brunissuré de la vigne en 190^, p. xx. Court-noue de la vigne, p. lviii. Forel, F.-A. Limonite des lacs du nord, p. XXIII. Molaires de cheval au Boiron, p. XXXVIII. (*) Mouettes du Léman, p. 17. Cercle de Bishop, p. xliii. Bracelets de Montbec et du Boi- ron, XLVIII. (laite bathymétrique îles océans, p. l.VI. Galli-Yalekio. .Malaria au Tessin, p. XVI. Recherche des taches de sang, p. XXXVII. Larves de moustiques et Asper- n-illus, p. XL. Endoparasites de Mus rattus, p. p. XLVI. 1 lullicidès en 1904, p- xlvi. Musée de parasitologie. p. lv. Gonin. Causes aiialomiques de la cécité, p. LXIV. Jaccard, F. Brèche île la llorntluli, p. LI. I \lil.i; DIS MATIKUKS VIF Jaczewski. Black-rol en Russie, [>. l. Keser, J. (*) Cours d'eau paradoxal à Cé- phalonie, p. 3i. Lugeon, M. .Mesures nivométriques en 1904, Floches liasiques duTorrenthorn, p. XVI. Sources thermales de Loeche- les-Baîns, p. xxm. Titonique à Feydey-Leysin. p. i.m. Maillard, L. Expérience de l'errot, p. xx. (*) Lui de la réfraction et prin- cipe de la moindre, action, p. 1^3 Martinet, G. Sélection de l'avoine, p. xliv. Mayor, L. Appareils de physique, p. xxxvn. M in canton, P.-L. .Mesures nivométriques en 1904, p. L. Met lan, Gh. (*) Catalogue des mousses du Jura, p. 41- Morton, \V. Faune africaine, p. xliii. Narbel, P. (*) Variété de belette, p. 27. Sangsues officinales et taupe rouge, p. xl. Pelet, L. Acide isosalicylique, p. xiv. Perriraz, J. (■(De l'origine des sphères direc- trices, p. 2l3. POPOFF, N. Spermato^enèse du lombric, p. i. Porchet, Ferd. Répartition du sucre dans le raisin, p. xxix. Analyse des vins suisses, p. XXXIX. Faux goûts des vins, traitement, p. LXV. Bouillies à la soude, cristallisa- tion, p. LIX. Rochaz, Mm». Larves de moustiques et Asper- iiillus, p. XL. Culïicidésen igo4, observations, p. XLVI. Schenk, Alex. Stations lacustre à Montbec, p. XLVI. Ethnologie de la Suisse, p. lxii. Ethnographie américaine, p. lxii. (*) Squelette d'Anthy, p. 1. (*) Perforation pathologique d'un crâne ancien (pi. I-IIÎ), p. iq5. (*) Cimetière gallo-helvète de Vevey, p. 271. (*) Crânes et ossements anciens de Suisse et de Savoie, p. 289. Strzyzowski, Cas. (*) Métamorphoses des goutte- lettes de mercure, p. 28. ;"»■■ S. — Vol. XLI. Mars-Juin [906. N° [52. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES Publié, sons l.-i direction du Comité, par M. F. Roi \. Avec 5 figures. — Prix : 2 fr. 50. Contenu : Pages I)' Alexandre Schenk. — Description d'un squelette humain préhistorique découver) à Authy près Thonon (Haute-Savoie) i F. -A. Forel. — Les mouettes du Léman 17 Dr Casimir Strzyzowski. — Sur une métamorphose des globules de mercure. Contribution à la microchimie de ce métal a3 P. N.viusi'.i,. — Une variété de la belette 27 D1 .1. Keser. — Un cours d'eau paradoxal à Céphalonie 3i Gh. M-etlan. — Catalogue des mousses du Jura , . 4i PROCÈS-VERBAUX du 18 novembre 1904 au 5 avril ioo5. Chaque auteur est responsable de ses écrits. AVIS IMPORTANT. — On est prié de tenir compte des avis insérés à la seconde page de la couverture. LAUSANNE LIBRAIRIE F. ROUGE & O, LIBRAIRIE DE L'UNIVERSITÉ RUE HALDIMAND COMITÉ POUR 1905 Président : Vice-Président : Membres : Secrétaire : Bibliothécaire : Editeur du Bulletin Caissier : Vérificateurs : MM. Dusserre, C. Mont-Calme, Lausanne. Dutoit, Const., Dr-professeur, id. Schenk, A.. Dr-prof., av. de Rumine 60, id. Robert, William, chimiste, Jongny. Galli-Valerio, B., prof., Lausanne Paes, H., D'-prof.. Petit-Montriond, id. Delacrétaz, L., Esc.-du-Marché 20, id. Roux, F., Chalet Ferney 1, id. Kavessoud, Aug., Montbenon 4. id. Forel, F.-A., professeur. Morges. Lochmanx. J.-.J.. Lausanne. Rosset, C, directeur des salines, Bex. -£»♦•*> AVIS I. Les personnes qui désirent publier des travaux dans le Bulletin sont priées de tenir compte des observations suivantes: r Tout manuscrit doit être adressé, en copie lisible, à l'édi- teur du Bulletin. Il doit contenir l'adresse de l'auteur, l'indication du nombre d'exemplaires qu'il désire comme tirage à part, et celle du nombre de planches ou tableaux hors texte qui accompagnent le mémoire. Les épreuves en retour doivent également être adressé à l'éditeur. 2° Il ne sera t'ait de tirage à part d'un travail que sur la demande expresse de l'auteur. 3° Les tirages d'auteurs sont remis après le tirage pour le Bulle- tin, sans nouvelle mise en pages et avec la même pagination, après enlèvement du texte qui précède et du texte qui suit. Tous les changements demandés pour des tirages à part sont à la charge des auteurs. Les mémoires destinés au Bulletin prochain (N° 152) doivent être remis à l'éditeur ou au Comité avant le 21 mars 1905. Avant le 31 mai 1905 pour le n° 153. (Décision du Comité.) II. Nous rappelons aux Sociétés correspondantes que la Listedes livres reçus, publiée à la lin du volume, sert d'accusé de réception pour les publications qu'elles échangent avec nous. Pour la rectification des adresses qui ne seraient pas exactes, on est prié de s adresser au secrétaire de la Soc. Vaud. des Se. Xat . Petit-Montriond, Lausanne. Bulletin de la Société Vaudoise des Sciences Naturelles Vol. XLI. N" 152. 1905 DESCRIPTION d'un SQUELETTE HUMAIN PRÉHISTORIQUE découvert à Anthy près de Thonon (Haute-Savoie) PAR LE Dr Alexandre SCHENK Le ii avril dernier M. Burkhard lleber, ancien phar- macien en chef de l'Hôpital cantonal de Genève, bien connu par ses recherches archéologiques ainsi que par la descrip- tion de nombreuses pierres à écuelles, m'écrivait ce qui suit : (( On vient de m'apporter le crâne et les ossements d'un jeune homme, dont l'étude me semble promettre un certain intérêt. En effet, ces ossements sont brunis par l'âge, ils pourraient fort facilement remonter à l'époque lacustre. Voilà les quelques renseignements qu'on m'a communiqués à ce sujet : En établissant une canalisation dans le village d'Anthv (près de Thonon), dans la partie Est, on a trouvé à omoo la tète de ce squelette et ensuite, au fur et à mesure d'aller plus profondément, on a peu à peu sorti les ossements de tout le corps. Basés sur ces faits, les hommes occupés du travail en question affirment que le mort se tenait debout, donc qu'il était enseveli verticalement. Aucun objet d'art ne fut trouvé dans cette même fouille. Anthy est excessivement ancien. En 1904, j'ai constaté une assez grande station lacustre et non loin de là un mo- nument à sculptures préhistoriques (pierre à écuelles 1. De I)r ALEXANDRE SCHENK plus amples renseignements sur la contrée se trouvent dans mes deux derniers livres1. Le crâne scia assez facile à reconstituer. Il ne manque <|ue de petits morceaux et forl heureusemenl les deux mâ- choires sont conservées. » En faisant l'inventaire des ossements recueillis, je cons- tatai que le squelette du membre inférieur faisait défaut et cela tenait au fait que, la canalisation étant suffisamment profonde, les fouilles n'avaient pas été poussées plus loin et les os des jambes étaient restés en place. Le squelette d'Anthy paraissant très ancien, les os pré- sentent la coloration et la patine caractéristiques des osse- ments lacustres et sont encore à plusieurs endroits entre- lacés de filaments tourbeux et recouverts d'une couche de limon très fin, j'exprimai à M. Reber mon désir (pie les fouilles fussent reprises, afin d'obtenir si possible les os qui étaient restés sur place. Avec un zèle que je ne saurais trop louer et une ama- bilité dont je le remercie très vivement, M. Reber fit immédiatement faire de nouvelles fouilles à ses frais, fouil- les qui mirent au jour toute la partie absente du squelette. En date du 29 mai, M. Reber m'écrivait de nouveau : » Vous recevez ci-joint les ossements du tombeau d'An- thy. En prétendant que le squelette se tenait verticalement, debout, les campagnards ont exagéré une première im- pression. La deuxième partie des fouilles a été exactement surveillée. Le résultat est le suivant : » Jusqu'à Om4o, le terrain consiste en terre rapportée ou de remblai. Ensuite commence le gravier et le sable, en couche régulière et mm remaniée. Le squelette gisait dans cette couche intacte, la tète à Om5o, le bassin à 0m70 de profondeur, la première à l'Ouest, les pieds à l'Est, R. Reber. Re -herches archéologiques '\vrm c'est-à-dire le regard tourné vers le lever du soleil. Malgré que la couche sablonneuse soil devenue toute blanche par une infiltration calcaire, les ossements se présentaient noirs comme l'ébène. En séchant à l'air la douleur devenait moins foncée1. » Les os des jambes se suivaient parallèlement dans un ordre parfait. Il s'agit donc d'une sépulture régulière. Les fouilles n'ont pas été poussées plus loin. Au-dessous, la couche de gravier continue. Aucun objet de mobilier funé- raire ne fut constaté. » Bien que le mobilier funéraire fasse défaut, la présence d'une station lacustre et d'une importante pierre à écuelles2 dans le voisinage de l'endroit où le squelette fut décou- vert, ainsi que la couleur caractéristique des os, permet- tent de supposer que ces derniers sont très anciens et se rapportent à l'époque lacustre. Le squelette d'Anthy étant très typique au point de vue anthropologique et archéologique, nous en donnerons une description détaillée. Squelette de la tête Le crâne reconstitué est à peu près complet : une partie du sphénoïde, de la région basilaire de l'occipital et un petit fragment du pariétal gauche font seuls défaut. Il présente une forme globuleuse, arrondie, qui permet de le classer de suite parmi les brachveéphales. Vu de face j le frontal ne parait pas très élevé, les crêtes temporales sont divergentes, le front allant en s'élargis- sant sensiblement vers sa région supérieure; indice frontal 79,2. Les arcades sourcilières sont nulles, la glabelle est 1 Ils ont conservé ta couleur brun chocolal caractéristique des ossements lacustres. a La station lacustre d'Anthy découverte l'année dernière par MM. Lucien Jacquot, juge à Tin un m ci Reber n'esl pas encore déterminée au poinl de vue de son 4 Dr ALEXANDRE SCHENK bien développée, les bosses frontales latérales sont bien mar- quées el il existe une véritable crête médio-frontale qui occupe le tiers moyen de la courbe frontale et qui est sur- tout développée dans la région du métopion, déterminant une voussure assez sensible du Iront. La voûte du crâne est circulaire. La face est large et basse, chamaeprosope, indice facial II = 47,69 5 les orbites sont volumineuses, mésosèmes, indice 86,84; les trous sus-orbitaires sont rem- placés par de larges et vastes échancrures ; le nez assez large est platyrrhinien, indice 53, 19 ; la racine du nez est large et aplatie ; la fosse canine gauche est plus profonde que la fosse canine droite qui l'est très peu ; les os ma- laires sont forts et saillants. Le frontal porte dans sa moitié droite une forte dépres- sion étroite et allongée du tissu compact, dépression qui est probablement le résultat d'un violent coup de hache ; comme les bords de l'entaille sont plutôt mousses centimètres ou 1 mètre au-dessous de la surface du lac. B. Reber, loc.cit. D'autres stations lacustres se trouvenl dans les environs; ce sont celles; [0 d'Excenevex à l'Ouest du Moulin-Pàquis, à t5o mètres de la rive, sous \\ mètres d'eau : âge inconnu ; 2° de Coudrée, en face du château Bartholoni, à ioo mètres de la rive; âge de la pierre ; 3° de Thonon, âge du bronze, en avant du môle du port sous .'i à 6 mè- tres d'eau : 4" de Thonon, âge de la pierre, dans le p irl actuel, en partie recouverte par les quais. (F. A. Forel. Le Léman, Tome III, page 5-35, Lausanne 1904). Des fouilles qui seront faites prochainement à Anthj nous fixeront d'une façon positive sur l'âge de la station. SQUELETTE HUMAIN PREHISTORIQUE l»\NIHV .' cérébelleuse « 1 • - l'occipital, sans qu'ilyail une chute brus- que des pariétaux sur l'occipital ; le front n'est pas fuyant el il existe comme un plan du bregma au tiers antérieur des pariétaux ; les crêtes temporales sont bien marquées et passablement élevées ; les apophyses mastoïdes sont assez volumineuses; la face considérée avec la mâchoire infé- rieure est légèrement prognathe. La vue d'en haut l'ail voir un contour ovalaire renflé dans la région des l>o-;ses pariétales; le crâne est légère- ment plagiocéphale, déformation qui a eu son influence sur le développement de la face et l'asymétrie des fosses canines. Les arcades zygomatiques sont cryptoziges. La vue postérieure présente un contour à peu près pen- tagonal sans saillie marquée de Pinion ; les crêtes d'inser- tion musculaire de l'occipital (lignes courbes supérieure et inférieure) sont peu développées. Vu d'en bas la voûte palatine est large et parabolique ; toutes les dents très bien conservées sont présentes, sauf la première incisive gauche et les deux incisives droites dont la chute est posthume. La rainure digastrique sous- mastoïdienne est très profonde et très accusée. La suture basilaire paraît ne pas avoir été complètement synostosée. Mandibule. La mandibule est bien conservée ; les deux incisives médianes manquent ; la branche montante est basse et large, l'échancrure sigmoïde bien développée, la hauteur symphysienne est plutôt petite, le menton proé- minent ; les apophyses géni et les fossettes digastriques sont bien marquées; l'arcade alvéolaire est parabolique. Sexe et âge. Toutes les sutures du crâne moyennement compliquées sont largement ouvertes; d'autre parties épi- phvses et les diaphyses des os longs ne sont pas encore complètement soudées, ce qui indique que nous avons affaire à un individu d'environ 20 ans, toutes les dents de sagesse étant présentes et bien développées. D'autre part, l'épaisseur des os du crâne, le volume de ce dernier, les 6 Dr ALEXANDRE SCHENK mm dimensions des apophyses mastoïdes, les proportions e1 les dimensions des os longs dénotent que le sujet était mas- culin. Voici les mesures obtenues sur le crâne : Diamètre antéro-postérieur maximum . . . . 176 » » » métopique . . . . 17") » transversal maximum 1 49 » » bi-auriculaire i-ï-*> » bi-mastoïdien 127 » frontal maximum 12.) » » minimum 99 Courbe horizontale totale 522 » » préauriculaire 235 » transversale totale 4 60 » » sus-auriculaire .... 320 » sous-cérébrale 18 » frontale 1 i<> » pariétale 122 » occipitale supérieure 90 Largeur de la face bi-orbitaire externe . . . 106 » » » » interorbitaire 28 » » » » bi-zygomatique maximum . i3o » » » » bimaxillaire maximum . . 106 Hauteur » » » intermaxillaire i5 » » » » ophryo-alvéolaire .... 78 » » » » naso-alvéolaire O2 » de l'orbite 33 Largeur » » 38 Longueur du nez kl Largeur » » 25 Longueur de la voûte palatine 5^ Largeur » » » » 38 SQUELETTE lli M vl\ PREHISTORIQUE D ANTHY mm Indices. Indice céphalique 84.66 » frontal 79.2 » facial I 60. » facial II 47.69 » orbitaire 86.84 » nasal 53.19 » palatin 66.67 Mandibule. Largeur bicondylienne (du bord externe d'un con- dyle à l'autre) 112 Largeur bigoniaque 101 » bimentonnière (entre les deux trous men- tonniers) 47 Hauteur symphysienne 27 » molaire 20 Epaisseur au niveau de la 2me molaire .... 21 Branche longueur 4$ » largeur 35 Corde gonio-symphysienne 92 Courbe bigoniaque jq5 Squelette du tronc. Le squelette du tronc n'est représenté que par une ver- tèbre lombaire, sept vertèbres dorsales et une vertèbre cervicale, dix-sept côtes ou fragments de côtes ; tous ces os ne présentent aucune particularité intéressante, si ce n'est que les apophyses des vertèbres sont bien développées et les côtes fortes et vigoureuses indiquant une puissante musculature thoracique. Sque^te des membres. Le squelette des membres est à peu près complet. Voici son inventaire: deux omoplates, deux clavicules, deux 8 D1' ALEXANDRE SCHENK humérus, deux radius, deux cubitus entiers, sauf les épiphyses supérieures qui sont absentes; deux fémurs à peu près intacts, deux tibias, deux péronés, deux as- tragales et un calcanéum ; quelques-unes des épiphyses l'ont défaut. Tous ces os frappent au premier coup d'oeil par leur vigueur et leur robustesse. Omoplates. — Ces os sont intacts, sauf les épiphyses de l'acromion et de l'apophyse coracoïde. L'épine de l'omo- plate et la crête du bord axillaire sont fortement accentuées ; il en est de même des crêtes d'insertion du sous-scapu- laire ; la fosse sous-scapulaire est profonde. Gauche Droite Largeur de l'omoplate q4 92 Longueur de l'omoplate — i4o Longueur de la fosse sous-épineuse i iA II2 Indice scapulaire — 65.71 Indice sous-épineux 82.45 82.32 Clavicules. — Les clavicules sont entières, à l'exception de l'épiphyse en connexion avec l'acromion; elles mesu- rent telles quelles 124 mm. de long; les lignes et crêtes d'insertion des muscles sont fortement marquées et les courbures interne et externe sont très accentuées. Humérus. — Les humérus sont entiers, sauf l'épiphyse supérieure qui fait défaut et empêche ainsi de mesurer la longueur de ces os qui sont massifs et trapus, bien que le V deltoïdien et la gouttière bicipitale ne présentent rien departiculier au point devue de leur développement ; il n'y a pas de perforation olécrânienne ; la torsion est assez accentuée. Longueur sans la tête d'articulation supé- Gauche Droite rieure 28.") 2Q0 Circonférence minimum ()' 61 Diamètre antéro-postérieur au ';! supérieur. 22 22 » transversal » » 21 21 » antéro-postérieur au Vs inférieur . [8 19 )) transversal » »> fQ 21 SMIIIITTK MI-MAIN PREHISTORIQUE D ANTH1 () Cubitus et radius. — (les os, comme les humérus, son! relativemenl massifs; les cubitus présentent un bord ex- terne rugueux à forte crête d'insertion musculaire ; il y a une légère incurvation antéro-postérieure ; les radius sonl aussi bien développés et ils présentent vers l'extrémité inférieure de la diaphyse une forte courbure à concavité interne, c'est-à-dire du côté du cubitus. Le corps du radius, qui est à peu près prismatique et triangulaire à sa partie moyenne, s'aplatit de plus en plus d'avant en arrière au fur et à mesure qu'il descend vers son extrémité inférieure, de telle façon que dans cette ré- gion la diaphyse du radius ne présente plus que deux bords et deux faces : une face antérieure à peu près plane; une face postérieure convexe transversalement ; un bord interne légèrement tranchant et un bord extérieur plus ou moins arrondi. Les cubitus et les radius mesurent sans leurs épiphyses: Gauche Droit mm. mm. Cubitus 2.32 233 Radius 210 2i5 Bassin. — Les os iliaques sont réduits à l'état de dé- bris qui ne peuvent être ni décrits ni mesurés. Fémurs. — Les deux fémurs sont intacts, à l'exception de l'épiphyse supérieure du fémur gauche ; ils sont forts, vigoureux., présentent des lignes d'insertion musculaire fortement développées ; la colonne pilastrique existe sans qu'il y ait cependant de saillie marquée de la ligne âpre ; la fosse hypotrochantérienne est présente et mesure 82 mm. de long sur une largeur moyenne de 8 mm. La concavité postérieure maxima de la diaphyse est de 33 mm. Gauche Droit Longueur maxima — 42° » en position (sans l'épiphyse pour le fémur gauche) 410 4ï8 10 Dr ALEXANDRE SCHENK Circonférence minima Diamètre antéro-postérieur 3o 28 » transverse a4 24 Circonférence minima 71 72 Indice de grosseur 20,69 20.99 Indiee de platycnèmie .' 80 85.71 Les tibias sont robustes, les lignes et crêtes d'insertion musculaire bien marquées ; la platycnèmie est nulle, la diaphyse étant triangulaire; les surfaces articulaires de l'extrémité supérieure ne sont pas inclinées en arrière, la rétroversion de la tête du tibia est également nulle, mais il existe une remarquable facette astragalienne semi-lunaire sur le bord inférieur et antérieur du tibia droit, facette analogue à celle décrite par Thomson et les frères Sarasin sur les Weddas de Ceylan '. Cette facette mesure [5 mm. » Thomson, On lh>- osteology of Un- Veddaks of Ceylon, « Journ. of the Anthrop. [nstit. ■>, t. XIX. |>. t34- Dr. Paul Sarasin uml Dr. Fritz Sarasin. Die Weddas von Cri//' >n uru/ die sie Umgebenden Vôlkerschaften. Wiesbaden 1 s. ,:i. page :>.[t*. SQUELETTE HUMAIN PREHISTORIQUE D ANTH1 11 de long sur 9 mm. de large el .">,."> mm. de profondeur. Dans son Etude des ossements et crânes humains de lu sépulture néolithique de Châlons-sur-Marne1, M. Manou- vrîer a démontré que celte facétie n'a aucun rapporl avec la platycnémie, les tibias platycnémiques étant sou- vent dépourvus de facette astragalienne. Dans notre tra- vail sur les Sépultures et /es- populations préhistoriques de Chamblandes'2 nous avions trouvé, et c'étail une simple constatation, que, dans notre série, les tibias les pins platycnémiques étaienl ceux sur lesquels les facettes astra- galiennes étaient les plus développées. Voici, d'autre part, nn exemple qui paraît confirmer l'opinion de M. Ma- nonvier, à savoir qu'il n'y a pas de rapport entre la pla- tycnémie et la présence des facettes astragaliennes, puisque notre tibia qui n'est à aucun degré platycnémique présent.- une superbe facette astragalienne. Il faut donc chercher ailleurs l'interprétation de ce caractère. Péronés. — Les deux péronés existent ; le péroné droit est entier et mesure 33 1 mm. ; le péroné gauche n'a pins ses épiphyses ; tous deux sont forts, volumineux, avec des surfaces et des crêtes d'insertion musculaire très déve- loppées, mais ils ne sont pas cannelés ; toutefois, la mus- culature de la jambe devait être très forte. Les os de la jambe, tibia et péroné, présentent une très forte incur- vation à concavité externe. Calcanéum. — Voici les dimensions obtenues sur le calcanéum droit qui existe seul : mm. Longueur totale 71 Longueur du talon 5o Hauteur du talon 38 Largeur du talon 3o 1 « Revue de l'Ecole d'anthropologie de Paris », 1896, pâtre 169. î Bull. Sur. vaud. sciences nat. hjo3. !2 Dr ALEXANDRE SCHENK Astragales. — Les astragales présentent une petite sur- face plane qui est eu rapport avec la facette astragalienne du tibia. L'os trigone paraît exister, mais il n'y a plus l race de suture entre cet osselet et l'astragale proprement dit. Gauche Droit mm. Longueur totale »<^ »7 Longueur de la poulie astragalienne . . 36 35 Largeur de la poulie astragalienne ... 33 3a Taille. La taille calculée d'après le fémur droit, le tibia et le péroné droits en suivant la méthode de M. Manouvrier, aurait été sur le vivant de im0Q0. * * * Si nous essayons maintenant de dégager les conclusions qui découlent de l'étude ci-dessus, nous sommes amenés à rapporter le squelette d'Anthv à la race brachycéphale préhistorique que l'on est convenu de désigner sous le nom de race de Grenelle ou race brachycéphale néolithique. En effet, tous les os présentent les caractères typiques de cette race. Il suffit, pour s'en rendre compte, de citer la description suivante qu'en donne M. le professeur Georges Hervé dans la leçon si remarquable et si claire qu'il a pu- bliée autrefois sur les Brachycéphales néolithiques dans la <( Revue de l'Ecole d'Anthropologie de Paris»1. « Permettez-moi de vous rappeler, avant d'aller plus loin, les principaux caractères de la race pure. Le plus frappant est la conformation du crâne arrondi, globuleux (avec un indice moyen de 83,6, variant individuellement dans la petite série de Grenelle de 8r,4 à 85), au frontal élargi du haut (indice stéphanique : 78,9), aux pommettes rugueuses et bien accusées, à la mâchoire supérieure prog- nathe et aux dents projetées en avant. L'ouvert nre nasale 1 Revue 7 et son indice frontal de 78, Cri. On le voit, ces chillïes sont extraordinairement voisins de ceux que nous avons obtenus sur le crâne d'Anthy. Il y a lien de considérer ces deux crânes comme appartenant à la même race, ainsi, du reste, que les crânes féminins nu- méros 24480 (Châtelard-sur-Lutry) et ->\~)-j\ (Montagny- 1 Nous possédons aussi li' crâne brachycéphale dr ta lin de l'époque néoli- thique (période de transition dr l'âge de la pierre polie à l'âge du bronze), provenanl de la station de Point, vis-à-vis dr la Lance, près de Concise, décrit par .M. Pillard (Sur île nouveaux crânes provenant de diverses stations la- custres de l'époque néolithique <■/ de l'âge du bronze en Suisse. L'Anthropo- logie 1899, pages 281 h suivantes), el donné an Musée d'anthropologie dr Lan. sanne par M. le !)' Guibert, a Concise. Ce crâne <->i analogue au crâne décrit par M. Ii' li' Verneau ri nous pouvons constater encore les mêmes différences morphologiques entre ce crâne el le crâne d'Anthj que celles qui existent entre ce dernier h les pièces caractéristiques «lu type de Disentis. 2 A. Schenk, Description îles restes humains provenant de sépultures néo- lithiques îles environs île Lausanne. Bulletin de la Société vaudoise <\e^ scien- , :s naturelles. Tome XXXIV, page iC. Lausanne [898. SQUELETTE HUMAIN PRÉHISTORIQUE d'aNTHY l-> sur-Lutry) qui sont aussi brachycéphales, bien que leur indice céphalique soil un peu moins élevé. De même le crâne d'Anthy présente une analogie frappante au poinl de vue de la forme générale avec le crâne de Meilen, lac de Zurich (enfanl de treize ans), décril par Mis cl Rûti- meyer, indice céphalique 8i,5, lequel présente des carac- tères laponoïdes ; le crâne masculin de Ghavannes, sur le lac de Bienne, décrit par Virchow, indice céphalique 84, indice frontal 78,91 ; le crâne d'Auvernier, sur le lac de Nfeuchâtel, décrit par le professeur Kollmann, dont l'indice céphalique esl de 81, 4; le crâne de Locras (Lûscherz), lac de Bienne, décril par Dor, indice céphalique 80,6, et enfin il se rapproche du crâne de Pfeidwald, lac de Bienne, décrit par His et Rûtimeyer, indice céphalique 83,8. Tous ces crânes qui proviennent de stations lacustres néolithi- ques présentent des caractères communs : ils sont brachycé- phales ou sous brachycéphales, sans être cependant très glo- buleux ; le front est droit, peu projeté en avant, mais élargi dans sa région supérieure ; il y a un léger prognathisme alvéolaire; le nez, à large ouverture, est mésorhinien ; lesor- bites sont mésosèmes ; la face est large, chamaeprosope, har- monique avec le crâne. Tous ces caractères sont bien ceux de la race de Grenelle, de la race des Brachycéphales néolithiques, de M. le professeur Georges Hervé. Or, puis- que le crâne d'Anthy est, d'une part, identique aux crânes lacustres brachycéphales néolithiques et, d'autre part, aux crânes brachycéphales de Montagny-sur-Lutry et du Châ- telard-sur-Lutry qui, eux aussi, son! néolithiques, il est assez permis de supposer, malgré l'absence de mobilier funéraire accompagnant le squelette d'Anthy, que ce der- nier se rattache à l'époque néolithique. Cette supposition est d'autant plus plausible que le crâne d'Anthy s'éloigne des crânes brachycéphales de la période de transition de la pierre au bronze et de l'âge du bronze, par le caractère le plus frappant qui distingue ces derniers au premier coup d'œil, sur la vue de profil, à savoir l'inflexion brusque r(5 Dr ALEXANDRE SCHENK que présente la courbe sagittale, à l'union «les deux tiers antérieurs el du tiers postérieur des pariétaux, inflexion qui rend la courbe pariéto-occipitale à peu [nés verticale provoquant ainsi un aplatissement de la région postérieure du crâne et un raccourcissemenl tirs notable de son dia- mètre antéro-postérieur. Dans son étude sur les Brachycéphales néolithiques* M. le professeur Hervé a démontré qu'il existe une zone de brachycéphalie néolithique dans la région du bassin moyen du Rhône et s'appuyanl aux contreforts des Alpes de Savoie et du Dauphiné, région qu'il a désignée sous le nom .1.- centre allobroge et qui a fourni un certain nombre de crânes néolithiques caractéristiques de la race de Gre- nelle et dont quelques-uns même présentent des caractères brachycéphaliques [dus accentués qui permettent de les rapprocher de la race celtique pure dont le crâne savoyard actuel est un des meilleurs représentants. * * * Nous croyons avoir démontré, dans l'étude ci-dessus. que le squelette d'Anthy se rattache par tous ses caractères morphologiques à la race (') » 1. ').")() » 22 février 1905 670 » 6 mars » 2Ô5 » f\ avril » 0 » Voici ce que je puis dire de la distribution régionale des Mouettes pendant l'année de ma statistique. La côte de Savoie a eu beaucoup moins de mouettes que la côte de Suisse ; dans mon dénombrement d'avril 190."», je n'ai compté que deux un met tes sur tonte la rive gauche dû lac, de < îenève au Bouveret. LES MOUETTES DU LEMAN r<) Quanl à La distribution dans la longueur du lac, je n'ai compte qu'une seule fois, en juillet, un plus grand nombre de mouettes dans le lias-lac, en aval d'Ouchy-Evian, que dans le llaiil-lac. La prépondérance du Haut-lac élail déjà rétablie le 25 octobre. Le dénombrement de ce jour m'a donné 2120 mouettes dans le tour du lac en amont d'Ou- chy-Evian. Quant aux grands rassemblements de mouettes à Genève, sur le port, sur le Rhône, sur l'Arve auprès des abattoirs, les quatorze cents mouettes que j'y ai comptées en novem- bre iqo4j est-ce un fait accidentel? est-ce un fait normal? Des observations ultérieures nous le diront. LTn fait difficile à expliquer, c'est la rentrée hâtive de la moitié du peuple des mouettes à la fin de juin; ces oiseaux ne sont pas chassés de lacs du nord par le froid ou par la famine ; c'est encore la belle saison des hautes latitudes. Trois explications s'offrent à mon choix. Ou bien ce se- raient des mâles en surabondance qui n'auraient pas trouvé à s'apparier sur les îlots des nichées ; ils viendraient con- soler leur célibat forcé en avançant leur voyage de retour dans des pays plus méridionaux. Ou bien ce seraient les parents mouettes qui, après avoir niché, pondu, couvé leurs œufs et éduqùé leurs poussins pendant les premières semaines de leur jeune âge, après leur avoir appris à sortir du nid, à nager, à voler et à chercher leur nourriture, leur donneraient émancipation et les laisseraient se tirer d'af- faire tout seuls ; ainsi que d'autres oiseaux, Vanneaux, Chevaliers, Cyncles, etc., les parents quitteraient les places de nichée longtemps avant que les jeunes soient en état d'entreprendre leur grand voyage d'émigration. Ou bien ce seraient des familles désorganisées par le pillage de leurs couvées; les dénicheurs d'oiseaux dans les pays à rockeries (lieu de rassemblement des mouettes à l'époque des amours) vont au printemps et à plusieurs reprises ravager les nids, jusqu'à ce que les mouettes, découragées après la seconde 20 F. -A. FOREL ou la troisième ponte, abandonnent ces plages inhospita- lières. C'est un t'ait tellement connu qu'il est raconté par l'histoire ; les Môvenpreis de Schleswig étaient célèbres. Cette ouverture officielle du pillage des nids de mouettes par' une population en délire, qui s'y précipitait comme à une fête de sauvages, a été supprimée en i8(>8 ; elle a été remplacée par une ferme qui, pour le prix de £5o marks par an, donne le droit exclusif d'aller récolter les œufs sur l'Ilot des mouettes de laSchlei1. Les parents mouettes ainsi dépouillés viendraient pleurer leur deuil dans nos para- ges moins barbares. De ces trois hypothèses, c'est la se- conde qui me paraît la plus plausible ; mais je n'en puis démontrer la vérité. Les trois cents ou cinq cents mouettes qui restent chez nous au printemps y nichent-elles ? Des témoignages an- ciens nous permettent de croire que, il y a cinquante ou cent ans, il y avait des couvées de mouettes sur le delta de laDrance, sur la plaine du Rhône, de Villeneuve au Bou- veret, sur le delta du Boiron à Morges 2 ; peut-être même dans quelques marais de la campagne vaudoise. Mais de- puis lois, le pays est devenu bien agité et les oiseaux sau- vages sont chassés par le sifflet, les trompes et les sirènes de la machinerie moderne. Les mouettes nichent-elles encore chez nous? Mes de- mandes répétées el mes offres de belles étrennes ne m'ont amené jusqu'à présent aucune invitation à aller voir un nid de mouettes bâti dans le pays. Je n'ai pas reçu un seul œuf de mouette indigène. J'ai cependant lieu de croire à des nichées de mouettes près de notre lac. .M. Alfred Yaucher de Genève, le savant collectionneur d'oiseaux, a reçu le i :> juillet IQ04 une mouette tuée près de Genève, assez jeune pour avoir en- 1 Naumann, Naturgischichte (- Il M W 2 I core quelques plumes de duvel ; elle ne pouvait être ve- nue de loin et était certainement née dans la contrée. De iiidii côté, t'ii surveillanl les mouettes sur le lac à l;i fin de juin el au commencement de juillet 1904? j'y ai vu un assez grand nombre de très jeunes mouettes, avec le manteau encore brun, évidemment des mouettes indigènes. J'en ai évalué le nombre à 4 °" 5 pour cent des bandes de mouettes que j'étudiais; une cinquantaine, une centaine peut-être sur l'ensemble n agite vigoureusement quelques grammes de mercure SUR UNE MÉTAMORPHOSE DES GLOBULES DE MERCURE '■> lavé avec 5 ce. d'alcool absolu dans une éprouvette, el on pipette immédiatement après un peu de ce liquide, duquel mi dépose mie à deux gouttes dans le creux d'un porte- objet. Cette opération doit se faire rapidement, si non, le mercure se précipite au fond de l'éprouvette el le volume d'alcool place dans le creux contiendra trop peu ou poinl de globules de ce métal. Apres avoir chassé d'abord l'alcool par évaporation, puis ajouté quelques paillettes d'iode, on convie et on examine au microscope de préférence avec un diaphragme demi-fermé et un grossissement de 80 à i35 diamètres. Si la température, à laquelle on opère, n'est pas infé- rieure ù 20°, on verra alors la métamorphose des globules se produire tantôt immédiatement, tantôt un peu plus tard. Il est, en tout cas, rare que révolution de cette métamorphose exige plus d'une heure. Il importe d'ajouter encore que tous les globules d'une préparation ne subissent pas cette métamorphose, même lorsque leur diamètre ne dépasse pas 100 fi, et que la température optima à laquelle cette réaction se produit est située vers 2.5°. A o° cette même réaction n'a pas lieu. Comme c'était à prévoir, la consistance des globules ainsi métamorphosées est extérieurement dure et cassante (Hg- J2), tandis qu'elle est intérieurement liquide (Hg). Les prolongements, par contre, sont formés presque exclu- sivement par de l'iodure mercurique; cela explique leur grande fragilité. Et maintenant, quelle explication donner de la cause de ce phénomène? Il est de tonte évidence que c'est l'iode qui en est la cause primaire. Les vapeurs, au contact du mercure, forment d'abord une pellicule, puis une couche plus ou inoins épaisse de bi-iodure, qui enveloppe de toute part la gouttelette. Mais ce bi-iodure de mercure est une combi- naison exothermique et la chaleur dégagée pendant sa :>(') l>r CASIMIR STRZYZOWSKI formation a pour conséquence une dilatation du mercure enveloppé. Gomme la dilatation esl entravée par cette enveloppe, les molécules de mercure la rompent en la fendant, ou, ce qui a le plus souvent lieu, en la perçant. Dans ee cas, on voit apparaître une petite proéminence globuleuse, qui suint naturellement à son tour la trans- formation superficielle en bi-iodure de mercure sous l'in- fluence des vapeurs iodées. Ne pouvant donc pas grandir dans le sens d une sphère, elle s'allonge de plus en plus par le mouvement excentrique des molécules de mercure successivement transformées en bi-iodure. Mais il est très probable aussi que dans celte réaction physico-chimique la tension superficielle, si manifeste chez les gouttelettes de mercure, exerce une influence si non prépondérante, du moins importante. Voilà comment on peut expliquer l'apparition de cette curieuse métamorphose des gouttelettes de mercure sous l'influence des vapeurs d'iode, métamorphose qui pourrait éventuellement devenir utile dans la recherche microchimi- que du mercure. BULL. SOC. \ M -i». se. NAT. XLI, l"r> 27 UNE VARIÉTÉ DE LA BELETTE FAR P. NARBEL La Suisse possède deux petits carnassiers qui se ressem- blent beaucoup et qui sont souvent confondus, ce sont : l'hermine (fœtorius erminea) et la belette (fœtorius pusil- lus). Cependant le diagnostic différentiel entre les deux espè- ces est facile à établir. Toutes deux sont brunes avec le ventre blanc, mais l'hermine a une queue assez longue, at- teignant souvent la moitié de la longueur du corps. En outre cette queue est terminée invariablement par une touffe de poils noirs. La belette, au contraire, a une queue beaucoup plus courte et ne présentant jamais cette touffe noire ter- minale. Un autre caractère, qui du reste n'est pas aussi absolu, est que l'hermine change régulièrement de poil en hiver pour devenir blanche, ne gardant que sa touffe de poils noirs au bout de la queue, tandis que la belette conserve la même livrée toute l'année, sous nos latitudes tout au moins. Enfin le trait le plus saillant qui sépare nettement ces deux espèces, c'est la taille de ces animaux. Tandis que la belette ne dépasse grière 26 à 27 cm. de longueur, une hermine adulte n'a jamais moins de 3a à l\o cm. Ces dif- férences de taille sont constantes et présentent une im- portance considérable au point de vue des caractères spéci- fiques. 28 p- na'rbel En effel il existe autour de la Suisse une variété ,'.'>-?i 0,O .'>" 0,047 0,048 o,o35 o,o33 0,067 OjOti'i 3 Longueur Hermine. Belette. Suj totale: o,3p,5 o,45o 0,220 — 0,270 de la tête: o,o53 — o,o55 o,o38 — o,o43 du pied posl : o,o46 0,048 0,025 — o,o3o delaqueue: o,ir5 — o,i55 o,o52 — 0,075 Connue on le voit par ces quelques mesures, ces sujets provenant soit d'Italie, soif xte- a.m.oi I620M 32 deviennent de plus en plus anfractueux el poreux à mesure qu'on s'éloigne de la ville d'Argostoli, capitale de l'île; le roc unit par être absolument criblé de lions atteignant .'><> cm. de diamètre et même plus. Bientôt on aperçoit un canal artificiel, large de rm35, qui s'ouvre dans la mer; au premier abord, il ne présente rien d'intéressant, mais en l'examinant de près on voit que l'eau y coule, non de la terre à la mer, mais de la mer à la terre; le canal décrit deux courbes en sens inverse, passe sous la roue d'un moulin qui se trouve à une vingtaine de mètres de la mer1 puis disparaît dans un système compliqué d'anfractuosités et de fissures du roc que j'appellerai fissures d'écoulement. Lorsqu'on ferme le canal au moyen d'une écluse, l'eau qui v est contenue se déverse dans les fissures qui ne se dessèchent jamais complètement et dans lesquelles le niveau de l'eau reste à un mètre au-dessous de celui de la mer; lorsqu'on ouvre l'écluse, l'eau de mer se précipite dans le canal, actionne la roue du moulin, haute de quatre mètres, puis disparaît au fur et à mesure, sans bruit ni soubresaut, dans les tissures d'écoulement. On (''value à 645 ooo mètres cubes la quantité d'eau qui disparaît ainsi en i[\ heures. Il est important de noter que l'écoulement est continu, même à marée basse, et que les tremblements de terre, si fréquents à Géphalonie, n'onl jusqu'ici amené aucune perturbation dans ce curieux phénomène. Et maintenant, que devient cette eau? où va-t-elle et comment remonte-t-elle à un niveau supérieur à celui de la nier? car, évidemment, les fissures ne peuvent pas aboutir simplement à la mer; si c'était le cas. l'équilibre s'établirait bientôt et le courant cesserait ; on pourrait, il est vrai, supposer que l'eau qui disparaît dans les fissures 1 l'n second moulin se trouve près de là el il <" x i ■- 1 . • une communication entre les canaux conduisanl l'eau ;< chacun des moulins. UN COURS D'EAU PARADOXAL A CÉPHALONIE 33 va se déverser par des canaux souterrains dans une mer moins salée que celle de la haie d'Argostoli el que. grâce à la différence ' •'• KESER fable : les chèvres de cette île, dit Aristote, ne boivent jamais; il leur suffit, pour se désaltérer, de se tourner vers la mer, la gueule ouverte, et de hunier les vapeurs contenues dans l'air. L'eau de condensation ne manque donc pas à Cépha- lonie et pointant l'île est extrêmement pauvre en ruis- seaux; un seul, large d'un mètre environ, contient de l'eau toute l'année. En revanche, les sources sont très nombreuses et plu- sieurs sont assez abondantes pour actionner des roues de moulins; les plus considérables se voient dans le voisinage de Samos, à une faible hauteur au-dessus de la mer, et quelques-unes sont saumâtres. Revenons maintenant à Aryostoli et cherchons à suivre l'eau des moulins après sa disparition dans les tissures d'écoulement. On a essayé de résoudre le problème en jetant dans les tissures de l'huile, de la sciure de bois et aussi, il y a trois ans, des matières colorantes; pour une raison ou pour une autre, ces expériences n'ont donné aucun résultat; et d'ailleurs, le point intéressant ici n'est pas tant de savoir en quel endroit l'eau ressort du sol, mais bien d'expliquer comment cette eau, descendue à un niveau inférieur à celui de la mer, parvient à remonter à la surface. Peut-elle reparaître, sous forme de source salée, en un endroit où le niveau de la mer serait plus bas que dans la haie d'Argostoli? On admettait autrefois des différences de niveau considérables entre des mers peu éloignées les unes des autres; on croyait, par exemple, que l'extrémité septentrionale de l'Adriatique se trouvait à 7 % mètres au-dessus du niveau de ht mer à Marseille; mais il est prouvé aujourd'hui que ces différences de niveau n'existent pas. ( >u a supposé que des sources sous-marines, s'ouvrant au fond de la haie d'Argostoli, pouvaient \ surélever le i \ COURS D'EAI PARADOXAL A CÉPHALONIE 3i niveau de l'eau à un degré suffisant pour expliquer le phénomène; mais s'il eu était ainsi, on constaterait l'exis- tence d'un courant continu allant du fond de la baie à la mer; or ce courant n'existe pas. Strickland a émis la théorie suivante : l'eau des moulins, dit-il, pénètre dans des cavités qui sont en communication avec un foyer volcanique; l'eau se vaporise, remonte |>ar d'autres canaux, se condense en se refroidissant et repa- raît au loin sous tonne de source minérale chaude. Mais il n'existe aucun lover volcanique, ni à Géphalonie ni dans le voisinage; les plus rapprochés sont le Vésuve et l'Etna et il est bien difficile d'admettre que l'eau de la haie d'Argostoli ait pu pendant un temps si long rester en communication constante avec des terrains volcaniques soumis à de fréquents bouleversements; puis, comment concilier celte hypothèse avec le fait dûment constaté que l'eau, dans les tissures d'écoulement, reste absolument immobile et stagnante lorsqu'on ferme l'écluse? On n'y observe aucune agitation, aucune variation subite de niveau, aucun de ces brusques soubresauts auxquels elle serait certainement exposée si elle était en communication directe avec un foyer volcanique en activité. La théorie d'Ansted ne nous arrêtera pas longtemps : il suppose que l'eau s'engouffre dans des cavités formées de roches très perméables dont les interstices agissent à la façon des tubes capillaires; arrivée sous la masse princi- pale de l'île, l'eau remonterait, toujours par la capillarité, à la surface où elle s'évaporerait, cédant ainsi la place à de nouvelles quantités d'eau; mais si, comme le veut Ansted, les 645 ooo mètres cubes d'eau qui s'engouffrent charpie jour dans les tissures allaient s'évaporer à la surface de l'île, cette dernière serait bientôt couverte d'une couche épaisse de sel qui ne tarderait pas à obstruer les canaux capillaires; or, on ne trouve nulle part à Cépha- lonie de dépôt de sel, ni à la surface du sol ni au-dessous. 36 Dr J. KF.SER Mousson a proposé une explication qui paraît assez plausible : il admel que l'eau de mer pénètre à une pro- fondeur assez considérable pour que sa température s'élève d'un certain nombre de degrés; l'eau ainsi réchauffée, moins dense que l'eau froide, remonterai! par d'autres canaux et jaillirait sous forme de source chaude salée; on a calculé qu'une différence de température de 200 G. suffi- rait, dans des conditions favorables, pour établir une circulation continue et pour élever l'eau chaude à 60 cm. au-dessus du niveau de la mer. Mais il n'existe aucune source chaude, salée ou non, ni à Céphalonie, ni dans les îles environnantes, ni sous la mer, autant du moins qu'on l'a explorée à ce point de vue; les sources chaudes de la Grèce continentale jaillissent à une altitude trop considérable pour qu'on puisse en expliquer l'origine par l'hypothèse de Mousson; enfin, leur composition ne rappelle pas celle de l'eau de mer. Nous arrivons enfin à l'hypothèse de Wiebel qui est basée sur les lois de l'hydrodynamique et en particulier sur les deux expériences que voici : D'abord la pompe aspirante de Thompson (%. 2). R est un réservoir d'eau; en s'échappant par l'ouver- ture «, cette eau produit un appel qui élève l'eau contenue dans le bassin 13 et qui la chasse par l'ouverture r. Ensuite l'expérience de Feilitsch (fig. 3). A, h, C, d, <'st une caisse divisée en deux par la paroi e, /'; les deux moitiés de la caisse sont en communication par le tuyau g //, qui traverse la paroi; /, est un réser- voir d'eau placé à deux mètres environ au-dessus de la caisse; versons de l'eau dans une des moitiés de la caisse; elle s'élèvera naturellement au même niveau des deux cotés, jusqu'à n 0, par exemple; ouvrons maintenant le robinet />•; l'eau se précipite par le tube /. et alors nous observons le phénomène suivant : l'eau qui s'écoule avec force par le tube /, en face de l'ouverture du tuyau g //, I \ COURS D EAU PARADOXAL A CEPHALONIE •»7 produil dans ce cylindre un couranl el bientôl on voil l'eau s'élever dans la moitié droite de la caisse el s'abaisser dans l'autre ; l'eau monte jus- qu'à o' à droite el descend à //' à gauche; supposons que // soil le niveau de la mer dans la haie d'Argostoli , //'le ni- K veau de l'eau dans les fissures d'écoulement; s'il existe quel- que pari à Géphalonie des con- ditions analogues à celles de l'expérience de Feiitsch ou de la pompe de Thompson, l'eau des fissures pourra reparaître à la surface sous forme de source saumâtre. Wiebel suppose que le mas- sif de l'Ainos joue le rôle des réservoirs i ou R; nous avons comparé ce massif à une gigan- tesque éponge qui absorbe des quan- tités d'eau considé- rables; cette eau, dit Wiebel, chemi- nant par des canaux souterrains, produit l'appel nécessaire pour élever au-des- sus du niveau de la mer l'eau qui pé- nètre dans les lis- sures d'écoulement ; celte eau, mélangée d'eau douce, ressortirait, à Samos ou ailleurs, sous forme de sources saumâtres. Fig. 2. 38 i>r Kl. SE H Tout bien considéré, ce sont les théories de Mousson et de Wiebel qui paraissenl les plus vraisemblables. Chose étrange, le phénomène si extraordinaire des a ri 3* ^ 1 fissures d'Argostoli n'est men- tionné ni par les auteurs classiques, ni par Humboldt dans son Cosmos, ni par l'amiral Smith clans son ou- vrage si complet sur la Médi- terranée. Il a été signalé pour la pre- mière fois, en i835, par le médecin militaire White, dans une lettre adressée à John Davv, frère du célèbre Huni- phrev Davv et médecin en chef de l'armée anglaise. En 1 858, le physicien Mous- son visita Céphalonie et publia une note sur les moulins d'Ar- gostoli dans un ouvrage im- primé à Zurich la même année sous le titre : Ein Besuch ouf Corfu und Cephalonia. d o' o S FlG. -V UN COURS D'EAU PARADOAL A CÉPHALONIE ."><) L'ouvrage le plus remarquable et le plus complet sur ce sujet a été écril parmi professeur de Hambourg auquel les circonstances n'onl jamais permis de visiter l'île; se basant sur les descriptions antérieures et sur- des expé- riences faites sur place pour son compte, M. Wiebel esl parvenu à rassembler les matériaux nécessaires pour la composition d'un ouvrage fort intéressant publié à Ham- bourg, en r S 7 /| , sous le titre : Die Fnsel Kephalonia und die Meermûhlen non Argostoli; c'est dans cet ouvrage que j'ai trouve'' une foule de renseignements qu'une visite rapide de l'île ne m'aurait pas permis de recueillir. BULL. SOC. \ Ml». SC. NAI. XLI, If 41 CATALOGUE DES MOUSSES DU JURA par Ch. MEYLAN INTRODUCTION Bien que depuis cent ans le Jura ait été étudié au point de vue des mousses, par de nombreux botanistes, il n'a été publié jusqu'ici aucun ouvrage bryologique n'embras- sant que le Jura, mais en même temps la chaîne entière. Les résultats des herborisations des divers bryologues qui l'ont parcourue ont été consignés dans un grand nombre d'opuscules, de journaux périodiques ou de flores, et j'ai pensé faire une œuvre utile en réunissant dans un même ouvrage toutes ces indications éparses, de manière à donner une idée générale de la flore bryologique jurassienne tout en donnantdes détails sur ladispersion des espèces, autant qu'il est possible d'après l'état actuel de nos connaissances. Si, nous reportant à cent ans en arrière, nous passons en revue les recherches relatives à la flore bryologique du Jura, nous trouvons quelques indications de Schleicher qui paraît n'avoir fait que passer dans le Jura bernois. Durant le premier quart du siècle dernier, Jean-Frédéric de Chail- let, de Neuchâtel (1747-1839), rentré dans sa patrie après une longue carrière militaire en France, parcourut le Jura neuchâtelois, et, tout en étudiant plutôt la flore phanéro- gamique, récolta aussi des cryptogames, entre autres des mousses, parmi lesquelles plusieurs espèces sont assez 4 1 CH. MEYLAN fares. C'est lui qui signala le premier dans le Jura: Catos- copium, Paludella. Vint ensuite la cohorte des botanistes tels que Lesque- reux, Lerch, Schimper, lleuler, .1. Mûller, Leresche, Léo Lesquereux, professeur à Fleurier, dans son canton d'ori- gine, était naturellement fort bien placé pour les recher- ches auxquelles il consacrait ses loisirs ; aussi est-ce à lui que nous devons le plus grand nombre d'indications, et certainement s'il n'avait quitté sa patrie vers i85o pour aller passer le reste de sa vie en Amérique, il aurait trouvé hiiii nombre des espèces signalées pour la première fois dans la chaîne dans le cours i\rs vingt dernières années. (l'est au Greux-du-Van, au Chasseron, dans les tourbières des Ponts el de la Vraconnaz, dans les gorges de la Pouetta-Raisse et la grande forêt de La Vaux, qu'il a le pins herborisé et maintes fois en compagnie de Schimper. Deux autres botanistes compatriotes et contemporains de Lesquereux ont récolté des mousses dans notre territoire ; ce sont : Ghapuis, pharmacien à Boudry, et Lerch, méde- cin à Gouvet (Val-de-Travers). Bien que s'occupant plus spécialement l'un des phanérogames et l'autre des lichens, Reuter et Jean Mûller, Arg., ont beaucoup contribué* de leur temps à la connaissance de la flore brvoIoi>-ique juras- sienne. Les localités qu'ils ont visitées de préférence sont naturellement les parties les pins proches de Genève, sur- tout le groupe du Reculet, mais le premier de ces deux savants a du parcourir la plus grande partie de la hante chaîne, car nous avons de lui de nombreuses indications sur la flore des sommités comprises entre le Reculet et le Greux-du-Van. Quelques autres botanistes genevois ont aussi pins tard donné un certain nombre d'indications éparses, soit : M. et II. Bernet, Rome et surtout A. Guinet. De nombreux bryologues ira içais ont parcouru le Jura. Quélel donne dans son ouvrage sur la flore des environs de Montbéliard des stations pour plusieurs mousses inté- C \ l'Ai 0G1 l DES MOI SSES DU Jl R \ 13 ressantes. Vuez a fait d'heureuses herborisations aux envi- rons de Mouthe où il habitait. Flagey, quoique s'occupant plus spécialemenl des lichens, a recueilli de nombreuses mousses sur les sommités et dans les marais. Paillol a beaucoup herborisé autour de Besançon et surtout dans les marais de Saône. MM. Boulay, Husnot, Cornu el quel- ques autres botanistes en passage, ont aussi parcouru dif- férentes parties de notre territoire. Malgré toutes ces herborisations, la flore bryologique du Jura était encore bien mal connue jusqu'en [885, mo- ment où deux jeunes botanistes habitant l'un le Jura fran- çais, l'autre le Jura suisse, soit M. F. Hétier, d'Arbois, et l'auteur de ces lignes, se sont mis en campagne, étendant leurs herborisations sur toute la chaîne ; Hétier explorant surtout les tourbières et la région inférieure, moi m'occu- pant plutôt de la haute chaîne et des tourbières ('levées. Nos herborisations ont été si heureuses (pie nous avons pu découvrir depuis une vingtaine d'années une centaine d'espèces non connues jusqu'alors dans la chaîne, plusieurs de ces espèces étant si répandues que, dans ce catalogue, je nen indique pas les localités, vu leur trop grand nom- bre. Ces herborisations m'ont également permis de consi- dérer maintenant comme fréquentes certaines espèces indi- quées auparavant comme rares. Depuis 1890 plusieurs autres brvologues ont aussi ex- ploré ou explorent maintenant encore différentes parties de notre territoire ; ce sont : MM. Amann, mon compa- gnon de maintes excursions ; Culmann, qui seul a donné des indications sur la flore bryologique du Laegern ; Hil- lier, auquel nous sommes redevables de plusieurs décou- vertes très intéressantes, entre autres de celle de la seule localité connue chez nous du Myriiiia ; Blind, Carestie, Lingot, Brunard et quelques autres, botanistes français ; en Suisse : MM. Porret, à Baulmes, et Pfaehler, à Soleure, auteur d'un ouvrage très intéressant sur la dissémination /^ CH. MEYLAN des spores chez les mousses. Enfin notre excellent ami, M. le I)1 A. Magnin, dans ses nombreuses herborisations, n'a poinl délaissé les mousses et a contribué puissamment, tant directement par ses recherches que parles conseils et l'influence de sa grande science, au développpement de l'étude des mousses de notre Jura. Les parties de notre territoire qui sont les mieux étudiées sont : le Haut-Jura central, du Nôirmont au Chasserai ; les environs d'Arbois, de Pontarlier ; le Jura bernois et la plupart des tourbières et marais. Les parties les moins parcourues et dans lesquelles, par conséquent, il y aurait encore le plus grand nombre d'observations à recueillir sont : Tout le Jura méridional, surtout la haute chaîne, le Jura soleurois et argovien, puis les régions basses des deux versants. Ainsi, malgré le «ranci pas fait en avant depuis vingt ans dans la connaissance des mousses du Jura, il reste encore énormément à faire ; certaines régions sont encore presque vierges d'explorations bryologiques, et il est certain qu'un nombre respectable d'espèces habi- tant les contrées voisines seront recueillies un jour ou l'autre dans les limites de notre territoire. Parmi ces espèces à rechercher, je citerai : Ephemerum cohaerens, stenophyllum, Phascum curvi- collum, rectum, Ephemerella, Acaulon triquetrum, Bruchia voqesiaca, Dicranella crispa, Brachiodus, Tortella çaes- pitosa, Tayloria Rudolphiana, Physcomitrium eurysto- mum, Plagiobryum demissum, Webera lutescens, Mnium subglobosum, cinclidioides, Eurynchium pumilum, E. stri- qosum, Plagiothecium elegans, latebricola, Amblystegmm hygrophilum, Hypnum hamulosum, Haldanianum. En outre la plupart des espèces de la région inférieure signalées dans une. deux ou trois localités seulement, doi- vent être beaucoup plus répandues. Leur rareté n'est qu'apparente et provient du manque d'observations. Enfin nous ne connaissons qu'imparfaitemsnl les limites C \ i UiOGUE m;s MOUSSES DU JI R \ 'l-> inférieures de l'aire altiludinale de plusieurs espèces il«>ni le maximum de fréquence él de développement se trouve au-dessus de rooo mètres, par exemple : Brachythecium reflexum, Lescuraea, Eurynchium pilîferum, Pseudoleskea atrovirens, etc., etc. Même dans le Jura, la connaissance géologique du coin de pavs dans lequel on herborise n'es! pas inutile, car les divers terrains ou étages ne sont pas également pro- pices à la croissance des mousses. L/argovien schisteux, par exemple, qui parfois affleure sur d'assez grands espa- ces, ne nourrit qu'une flore bryologique nettement calci- cole et surtout pauvre en espèces. Il en est de même d'une manière générale du Neocomien, de l'Argovien, du Port- landien, des marnes de l'Aquitanien et du Gault. Par contre, les terrains ci-après nourrissent généralement les florules les plus variées et les plus riches comme déve- loppement : La molasse (sable ou grès), l'aptien, les marnes kim- meridgienne, séquanienne, oxfordienne, bathonienne et en un mot toutes celles dont la teneur en carbonate de calcium est faible. C'est dans les stations de ces terrains que la recherche des mousses terricoles sera toujours la plus fruc- tueuse, d'autant plus que la plupart de ces îlots plus ou moins siliceux n'ont guère été visités par les bryologues. /(Il CH. MEYLAN COUP D'OEIL GENERAL SUR LA FLORE BRYOLOGIQUE JURASSIENNE Si le Jura n'atteint nulle pari une altitude considérable, ses plus hautes sommités dépassant peu [700 mètres ; si, dans son ensemble, il parait être trop peu accidenté pour présenter des paysages grandioses comme l'œil en perçoit à chaque instant dans les Alpes, le botaniste qui penserait d'après cette vue générale (pie le Jura ne peut être qu'une station à peu près uniforme d'un bout à l'autre, se trom- perait grandement. Bien que calcaire dans sa niasse et n'offrant le plus souvent que des pentes adoucies et des rochers de peu d'élévation, la chaîne du Jura découvre à l'observateur patient et persévérant de nombreuses stations qui sont comme autant d'oasis dans la monotonie générale. Ici, une tourbière élevée et froide renferme les descen- dants des muscinées émigrées de la Laponie pendant l'épo- que glaciaire ; là, un terrain décalcifié ou même siliceux, nourrit nombre d'espèces calcifuges. Dans les forêts hu- mides et parfois encore vierges de la cognée des régions élevées, comme sur l'humus des derniers rochers des cimes, un observateur attentif découvrira nombre d'espèces alpi- nes qui souvent ne croissent pas en grosses touffes comme dans les chaînes voisines plus élevées, mais sont pour- tant assez développées pour montrer qu'elles trouvent là un terrain propice à leur croissance. Dirigé du SO au NE, soit dans la direction des vents dominants, le Jura a une température moyenne plus basse (pic celle de nombre d'autres chaînes situées à la même latitude. Ses vallées sont froides et ses arêtes, constam- ment balayées, sont presque partout entièrement dépour- vues de végétation arborescente. < l'est ainsi que cette der- nière ne monte guère au-dessus de 1Ô00 mètres, et il ne CATALOGI l. DES MOUSSES DU JURA L\-J sciait sûrement pas nécessaire que le Jura s'élevât bien ilrs centaines de mètres plus haui pour <|ii<' ses sommets se couvrenl de névés. Dans ces conditions il semble que la flore bryologique des sommets de la haute chaîne ne devrait se composer que d'espèces préférant les tempéra- tures froides et humides des altitudes élevées. Tel n'est point le cas. Si Ton jette un coup d'uni sur l'ensemble des espèces croissant dans la région supérieure, on est surpris de constater que la florule d'un grand nombre de stations se compose d'espèces des liantes régions dans les chaînes voisines, et d'espèces des régions basses, croissant cote à cote. Prenons un exemple. Le Chasseron, haut de 1611 mètres et s'élevant par conséquent dans la région alpine, donne asile dans les parois N. de sa cime à : Desmatodon obliquas, Encalypta commatata, E. longicolla, Bryum arcticum, Mnium hymenophylloides, Timmia norvegica, Hypnum Bambergeri, H. subsulcatum et par contre sur les mêmes rochers croissent Grimmia anodon, Neckera turgida, Eurynchium striatulum, etc. De pins, certaines espèces croissent, dans le Jura, à des altitudes beaucoup plus élevées que dans les régions voi- sines, ainsi : Acaulon muticum i4oo m., Ditrichum palli- dum n5o m., Pottia lanceolata et Barbula revoluta 1100 mètres, Grimmia tergestiiut \l\oo m., Entosthodon erice- torum i4oo m., Pylaisia i4<"> m., etc. A quelles raisons attribuer ce mélange d'espèces des hautes régions et des régions basses ? Il est difficile de répondre nettement à cette question. Peut-être an climat continental ; à l'alti- tude moyenne et surtout régulière de la haute chaîne ; an manque d'observations sur la véritable répartition altitu- dinale de plusieurs espèces ; aux restes des différents faciès de la flore depuis l'époque glaciaire. Si nous nous transportons maintenant sur un point cul- minant, le sommet du Sncliet par exemple, l'œil sera im- /j8 GH. MEYLA.N médiatement frappé par le peu de ressemblance qu'ont entre eux les deux versants du Jura. Formée par une poussée tangentielle venant du SE., la chaîne % au moins du nombre total des espèces croissant dans le Jura, se trouvent sur son liane 0., tandis que le versanl opposé, i \ l ULOGUE Di:s MOUSSES DU .11 i: \ 49 grâce à sa pente abrupte el sèche, nourrit à peine le 60 de ce même nombre, déduction faite de quelques stations privilégiées. Quanl aux territoires formanl la base des deux versants, il est difficile, dans l'étal actuel de nos connaissances, de juger exactement du degré d'identité de leurs flores. (1rs territoires sont encore relativement fort [ >t'ii connus, niais il est logique d'admettre qu'une grande analogie existe entre les mousses qu'ils hébergent, le climat étant le même. Outre les colonies sporadiques d'espèces liés disséminées en Europe, il peut arriver qu'un certain nombre d'espèces venues de l'Est atteignent la limite du Plateau suisse et du Jura, tandis que par contre quelques espèces méditerranéennes ou occidentales peuvent remonter les vallées du Rhône, de la Saône et du Doubs, ou s'avan- cer jusqu'au pied du liane occidental du Jura pour trouver là la limile de leur expansion vers l'Es!. ,ii> Cil. MEYLAN ANALYSE DE LA FLORE. Trois facteurs principaux contribuent à donner à une station son caractère ou sa composition bryologique ; ce sont : Fédaphisme chimique ; l'altitude ; le degré d'humi- dité. Examinons de plus près quels caractères donnent à notre flore chacun de ces trois facteurs. Presque complètement calcaire, le Jura doit nourrir une flore bryologique présentant un caractère calciphile très accusé. Tel est bien le cas d'une manière générale ; mais si, sur des territoires assez étendus, il n'est guère possible de récolter antre chose que des mousses calcicoles ou in- différentes, il en est d'autres où le calcaire est recouvert d'une épaisse couche d'humus, d'argile, de terrain décal- cifié, de marnes glaciaires ou d'un sol tourbeux, donnant asile à toute une cohorte d'espèces fuyant le calcaire. Ces stations sont souvent de peu d'étendue, beaucoup ne se découvrant an premier abord par aucun aspect particulier, et le botaniste en passage a bien des chances de les fouler aux pieds sans s'en apercevoir. C'est surtout sur les sols argileux ou siliceux que l'on peut juger de l'influence incontestable bien que très con- testée de l'influence chimique du sol sur la répartition des espèces. Quelques mètres carrés suffisenl pour donner asile à tonte nue série d'espèces qu'il est impossible de récolter sur le terrain calcaire avoisinant, bien que l'exposition, le degré d'humidité soient identiques et que la seule différence réside dans la composition chimique des deux supports. Aussi ne puis-je niYinpèclier de diviser un certain nombre de mousses en calciphiles et calcifiées et cela d'après mes propres observations. Sont calciphiles : Weisia crispata, Seligeria tristicha, Eucladîum verti- cilatum, Leptotrichum flexicaule, Trichostomum crispu- CATAL0G1 E DES MOUSSES l>i Jl R \ ."> [ linn, T. mutabile, Barbula montana, />'. inclinata, H. tor- tuosa, Geheebia, Schistidium atrofuscum, S. teretinerve, Grimmia anodon, Encalypta streptocarpa, Tîmmia ba- varica, Bartramia Oederi, Philonotis calcarea. Neckera turgida, Anomodon longifolius, Pseudoleskea catenulatas Homalothecium Philippeanum, Ptychodium, Orthothecium rufescens, O. intricatum, Eurynchium Vau- cheri} E. striatulum} Hypnum incurvatum, commutatum, falcatum, procerrimum, Vaucheri, fastigiatum3 palustre, scorpioides. Sont calcifuges : Archidium, les Pleuridium, Acaulon muticum, Pottia truncata, Physcomitrella, Dichodontium Oncophorus virens. Tous les Dicranella, Dicranum clon- gatum, iiinlulaliim, spurium, Campylopus subulatus,' G. fragilis, G. flexuosus, Fissidens bryoides, exilis, osmun- doides, Leptotrichum tortile, homomallum, pallidum, Trichodon, Trichostomum cylindricum, Encalypta ciliata, Physcomîtrium pyriforme, Enthostodon ericetorum, We- bera elongata, commutata, albicans, nutans, Bryum ery- throcarpum3 atropurpureum, Funkii. cirratum, Duvaliï, pallens, Mnium cuspidatum, stellare, Aulacomion palus- ire, Bartramia ithyphylla, Philonotis fontana, marchica, tous les Pogonatum, Polytrichum piliferum, Juniper inum, Plagiothecium undulatum, c/epressum, Pterigunandrum filiforme, Thuidium tamariscinum, Brachythecium albi- cans, curtum, Heterocladium squarrosulum3 puis toutes les sphaignes. Calcifuges croissant seulement sur 1er erratiques (gneiss, protogynes, quartzites, etc.) : Grimmia ouata, tricho- phylla, Mûhlenbeckii, elatior, decipiens, Schistidium con- fertum, Dryptodon patens, Hartmanni, Hedwigia, Raco- mitrium heterostichum, sudeticum, l Iota americana, Or- thotrichum rupestre, Brachythecium plumosum, Euryn- chium uelutinoides; sur erratiques ou arbres (hêtres), Di- cranum longifolium. F>2 CH. MEYLAN En comparant ces deux listes au nombre total des es- pèces habitant le Jura nous voyons : que les espèces ealci- philes forment le 9 % et les calcifuges le 16 °/o de ^a flore bryologique jurassienne. Ce résultai peut surprendre au premier abord, mais il est parfaitement d'accord avec des observations plus générales montrant que les régions purement calcaires ont une flore plutôt pauvre et mono- tone, contrastant avec la richesse des régions siliceuses. De quoi se compose le 7 fi ° 0 ? D'un bon nombre d'humicoles, de quelques turficoles ( les espèces qui ne croissent que sur la tourbe sont peu nombreuses), de corticoles surtout des genres Ulotas Or- thotrichum, Zygodon, Platygyrium, de 3 sprophiles (2 Tayloria, 1 Splachnum), de quelques espèces ne vivant guère que sur les troncs pourrissants, enfin d'un grand nombre se rencontrant sur tous les sols, ou même sur tous les g-enres de supports comme Dicranum scoparium, Ce- ratodon, Didymodon rubellus, Hypnum cupressiforme, etc. Ces indifférentes et ubiquistes forment au moins le 25 ° 0 du nombre total des espèces. Il est curieux de constater que certaines espèces vivant dans les contrées voisines., suc les rochers et les sols sili- ceux, se réfugient, dans le Jura, sur la tourbe. C'est le cas pour Bryum alpinum, Racom. lanuginosum, Dicranum spurium. Campylopus fragilis, Trematodon ambiguus n'ont été trouvés, dans notre territoire, que sur la tourbe, Trematodon se fixant sur les parois verticales des exploi- tations. Il est très curieux également de voir que Dicranum vi- ridr. Trichostomum cylindricum, c.fr., Hypnum fastigia- Imn croissent parfois, dans le Jura, sur des troncs pourris ; le dernier il est vrai dans une seule station, alors qu'il est très abondant sur les rochers calcaires. Cette forme est pa- rallèle à la forme lignicole «les Hypnum hamulosum, Lindbergiij Halleri, molluscum, Rhyncostegium murale. CATALOGUE DES MOUSSES M .11 H\ 53 Relativement à leur répartition altitudinale, les oipusses jurassiennes peuvent, sans (jn'il y ait rien de parfaitement fixe, se grouper comme suit : Région alpine de i3oo à 1700 ni. Région subalpine de tooo à i5oo m. Région montagneuse de 600 à 1200 m. Région liasse de 200 à 700 ni. Si chaque zone empiète sur sa voisine, c'est (jn'il est impossible de fixer des limites régulières à chacune de ces zones. Mainte station relativement peu élevée présente par ses conditions physiques et sa florale tous les caractères des stations qui dans leur ensemble se rencontrent à des altitudes beaucoup plus élevées, et le contraire se produit également. De plus, sur plusieurs sommités, la région al- pine, par exemple, abaisse de plusieurs centaines de mètres, et non plus en stations isolées, mais en bloc, sa limite in- férieure, tandis que d'autres sommets s'élevant à i4oo m. rentrent presque totalement dans la région montagneuse. Les limites de chaque zone s'abaissent sur les sommets présentant de hautes parois tournées au nord et s'élèvent au contraire sur les sommets non rocheux. Région inférieure. Les espèces les plus caractéristiques sont : Systegium crispum, Pleuridium nitidum, Weisia ruti- lans, Leptotrichum pallidum, Pottia lanceolata, Didymo- don luridus et tophaceus, Barbu/a revoluta, sinuoso, Hornschuchiana, squùrrosa, laevipila, papillosa, inermis, hitijolia, rigida, afnbigua, aloîdes, Dialytrichia Brrbis- sonii, Grimmia crinita, orbicularis. Orthotrichum Schimperi, Funaria calcarea, Bryum murale. Atrichum angustatum, Leptodon Smithii. jffoma- lia, Leskea polycarpa, tectorum, Thuidium recognitum, Rhyncostegium confertum, Eurynchium Stockesii. 54 GH. MF.VLAN Région montagneuse. Formant le t rai t d'union reliant entre elles les zones supérieure et inférieure, la région montagneuse doit for- cément présenter une flore riche et très complexe. Tel est bien le cas* Les espèces «le la région subalpine y descen- dent fréquemment, el les caractéristiques de la base de la chaîne s'v élèvent dans ses parties les pins chaudes. Aussi. bien que le nombre des espèces spéciales à cette région soit relativement peu élevé, grâce à sa position intermé- diaire elle nourrit sûrement les trois quarts du nombre total des mousses jurassiennes. (l'est dans les forêts et sur les rochers de la région montagneuse que prennent leur [tins grand développement bon nombre d'espèces parmi lesquelles je citerai : Dicranodontium longirostre, Barbnla tortuosa, Ditrî- chum flexicaule, Encalypta streptocarpa, Schistidium apocarpum, Orthotrichum affine^ leiocarpum, cupulatum, Webera nutans, Rhodobryum, Mnium affine, undulatum, punctatum, rostratum, Philonotis calcarea, Tetraphis, Neckera crispa^ pennata, Antitriçhia curtipendala, Thui- dium abietinum, Homalothecium Philippeanum, hothe- cium myurum, Brachytecium rivulare, rutabulum, sale- brosum, Eurynchium Tommasini, E. striatum, Plagio- thecium denticulatum et sylvaticums Hypnum incurvatiim, mol I usai m, cupressiforme, uncinatum, commutatum, crista- castrensis, palustre. Schreberi, splendens, squarrosum. C'est aussi dans la région comprise entre 600 et 1200 mètres que les tourbières prennent leur maximum de dé- veloppement et leur caractère nettement arctique. Les mousses les plus caractéristiques de nos tourbières jurassiennes sont : Dicrànurh Bergeri, I). Bonjeani, Dicranell'acerviculata, Splàchnum ampullaceum, Bryum bimum, Cinclidium, Meesea trichodes, M. tristicha, M. longiseta, Aulacomion CATALOGUE DES MOUSSES Dl JURA •>•> palustre, Paludella, Camptothecium nitens, Polytrichum strictum, P. gracile3 Hypnum fluitans, II. revolvens, II. intermedium, II. vernicosum, II. lycopodioides, II. elodes, II. stellatum, II. stramineum , II. trifarium, II. gigan- teum. Les tourbières sont aussi la station presque exclusive des sphaignes aux formes multiples, émaillanl la surface de nos marais de leurs teintes variées. Les espèces du genre Sphagnum, si abondantes dans le Haut-Jura, deviennentde plus on plus rares à mesure que l'al- titude diminue. L'altitude joue-t-elle un grand rôle dans cette dispersion ? Ce n'est pas probable. Le principal fac- teur déterminant la répartition des sphaignes est l'éda- phisme chimique auquel viennent s'ajouter le degré d'hu- midité et le degré de pureté de l'eau d'imbibition. C'est donc plutôt parce que la région basse leur offre infiniment moins de stations propres à leur développement que par suite de sa faible altitude, que cette région nourrit beau- coup moins de sphaignes que la région comprise entre 800 et i3oo m. Il est pourtant certain que certaines espèces préfèrent les régions élevées, de ce nombre sont : Sphagnum rigidum} S. laricinum, S. teres, S. Gir- gensohnii et la plupart des variétés du S. acutifôlium. Par contre c'est dans les régions inférieures que sont coiitiuées plusieurs formes du polymorphe S. subsecundvm soit: Se Gravetii, S. inundatum, le S. isophyllum, etc. RÉGION SUBALPINE. Sont caractéristique de cette région : Dicranum longifolium, I). Sauteri, I). Mùhlenbeckii, I). majus3 Barbula acîphylla, Encalypta rhabdocarpa, E. ciliata, Tayloria serrata. T. acuminata, Webera comrriu- tata, Bryum fallax, elegans, Mnium orthorynchum, spi- no.Su/n, Amblyodon, Meesia alpinat Catoscopium, Timmia ."ifi CH. MEYLAN bavarica, austriaca, Bartramia Halleriana3 Polytrichum alpinum, Pseudoleskea atrovirens, Ptychodium plicatum, Heterocladium squarrosulum, Lescuraea striata, Brachy- thecium reflexum, Plagiothecium pulchellum, Mûlleria- iiiiiii. undulatum, Amblystegium Sprucei, Hypnum llalleri. Il . irrigatum3 If. Notarisii, II. fastigiatum, //. fertile II. callichroum, Hylocomium mnbratnm. pyrenaicum, calvescens. Quelques-unes de ces espèces descendent, il est vrai, dans la région montagneuse et même au-dessous de iooo mètres, mais c'est plutùt en stations isolées, et c'est entre 1200 et i5oo m. que toutes prennent leur plus grand dé- veloppement. D'autres espèces, telles que Orthothecium rufescens et intricatum, fréquentes jusqu'à la base de la chaîne, ne fructifient guère qu'au-dessus de 1200 m., montrant parla que c'est dans la région subalpine qu'elles trouvent leurs stations préférées. Région alpine. Bien que la région alpine n'offre pas, dans le Jura, un bien grand développement altitudinal, elle présente pour- tant un bon nombre de mousses qui lui sont propres, c'est- à-dire qui ne descendent guère au-dessous. Les Bryum pallescenSj i><>iiduluin. inclinatum et quel- ques autres espèces y prennent leur développement maxi- mum, mais les caractéristiques de la région alpine sont les suivantes : Hymenostomum Meylani, Weisia Wimmeriana, Onco- phorus virens e1 Wahlenbergii, Dicranum elongatum, Pot- lia lui ijhlid. Distichium inclination, Desmatodon latifolius, I). systilius, /). obliquus, Anomobryum concinatum, Pla- giobryum Zierii, Bryum arcticum, B. subrotundum, B. argenteum var. Juranum, Timmia norvegica, Barbula mucronifolia, B. paludosa var : Funkii, Schistidium CATALOGUE DES MOUSSES DU Jl RA 5 '7 atrofuscum, Encalypta longicolla, E. commutata, E. apophysata, Mnium hymenophylloides, Polytrichum juni- perînum var : alpinum, Neckera jurassica, Myurella .///- lacea, apiculata, Orthotheciumstrictum, Eurynchium cir- rosurrij Hypnum sulcatum, II. Bambergeri, II. procerri- minii. Quelques-unes de ces espèces descendent ici et là, bien que rarement, dans la région subalpine. Ce sont : Distichium inclinatum3 Schistidium atrqfuscum, Bryum arcticam, Timmia norvegica, Myurella julacea, Hypnum procerrimum, Plagiobryum Zierii, Anomobryum, Euryn- chium cirrosum. Les espèces répandues de la base au faîte de la chaîne sont : Ephemerum serratum, les 3 Gymnostomum, Weisia viridula, crispata3 Dicranella varia, Dicranum scopa- rium, Seligeria pusilla, recurvata et tristicha, Ceratodon, Trichodon, Leptotrichum flexicaule. Distichium capilla- ceum, Didymodon rubellus, Trichostomum muttibile, cris- /)///////!, Barbula tortuosa, subulata, Schistidium apoear- pum, Grimmia anodon, Orthotrichum cupulatum, Encalypta vulgaris, Funaria hygrometrica, Leptobryum. Webera nutans, albicans. Bryum pendulum3 inclinatum, caespiti- cium, argenteum, Aulacomion, Polytrichum piliferum, Neckera complanata, turgida, crispa, Leucodon sciurofdes. Thuidium abietinum, Cylindrothecium concinnum, Isothe- cium myurum, Homalothecium sericeum, Orthothecium in- tricatum, Eurynchium striatulum, Thamnium, Amblyste- gium serpens, Hypnum chrysophyllum, purum, cupressi- forme, niolluscum, palustre. Hylocomium S chercher i. splendens, rugosum . Si nous comparons avec le nombre total des espèces les listes précédentes, nous verrons que : les mousses alpines représentent le 8 °/0 de la flore bryologique jurassienne; 58 ch. meylan les espèces subalpines le i<> °/0 I H*s espèces de la région basse le 9 7°. Ces chiffres ne sont naturellement qu'approximatifs et la région inférieure étant très (''tendue et relativement peu étudiée, ses espèces propres doivent constituer le 11 ou 12 °/0 <'(' 'a fl°re totale. Le 70 % environ des espèces connues dans le Jura est donc constitué par des mousses de la région mon- tagneuse, par des ubiquistes, enfin par quelques espèces rares à dispersion sporadique ou encore peu connue chez nous. Il est intéressant de constater l'effet, il est vrai souvent indirect, de l'altitude sur l'époque de maturité des fruits chez les mousses des diverses régions altitudinales. Alors que la plupart des muscinées (\r> stations de plaine mûrissent leurs capsules en hiver et au printemps, on voit, à mesure que l'on s'élève sur les montagnes, le nombre de ces espèces à maturité précoce diminuer de plus en plus, et plus on s'élève, plus augmente le nombre de celles qui amènent leurs capsules à maturité' du commencement de juillet à la fin d'octobre, si bien (pie dans la région alpine cette règle n'a pas d'exceptions. Dans la région subalpine, région des grandes forêts moussues, un certain nombre d'espèces terminent la ma- turité de leurs fruits sous la neige, mais, d'après mes ob- servations, ces fruits ne se désoperculent pas SOUS ce du- vet glacé, mais de suite après sa disparition. C'est ainsi «pie //. umbratum, dont les capsules sont bien formées en novembre, attend parfois jusqu'à fin juin pour les ouvrir et permettre la dissémination des spores. En recueillant cette espèce au bord de la neige, les fruits sont encore Operculés, si la neige ne les a pas laissés à découvert depuis plus de deux ou trois jours ; ce ternie passé, tous les opercules sont tombés. Il en est de même pour Rhodobryum. Les i \ i u.oi.i !. DES MOUSSES D1 .Il R \ 5g e-rands Hylocomium trîquetrum et loreum par contre, ont l'opercule très solide et le plus souvent il ne tombe que lorsque la capsule est ridée et depuis longtemps mûre. Il «•si une autre espèce qui prouve que la neige retarde ou gêne le développement normal «les mousses, c'est Onco- phorus virens. Dans les stations où la neige disparaît de bonne heure, les capsules mûrissent en juin et juillet; mais dans celles où la neige reste plus longtemps, ces capsules ne mûrissent que plus tard, et, à mesure que la neigé disparaît dans le cours de l'été, elle laisse à décou- vert des pédicelles dont le sommet commence seulement à se développer, de manière que, dans une seule station, on trouve, marquant les étapes de la fonte du champ de neige, des capsules à tous les degiés de développement. Dans la région alpine, beaucoup d'espèces développent avant la première neige leurs archégones fécondés. Les pé- dicelles ont déjà un demi-centimètre de longueur, mais durant tout l'hiver, ils restent au même point de déve- loppement, les fonctions de la plante semblant être endor- mi»1 s. Si nous examinons au point de vue des conditions phy- siques de leurs stations les mousses qui composent la flore du Jura, nous trouvons que les 27 °/o sont formés d'es- pèces au caractère xérophile nettement accusé, et que les 24 ° 0 sont au contraire des mousses exclusivement hy- drophiles. Ce résultat n'a rien de surprenant, les stations très sèches étant beaucoup plus développées que les sta- tions très humides. La majeure partie des espèces est donc constituée par des mésophiles, espèces préférant les stations les plus ré- pandues, soit ni trop sèches ni trop humides ; par un cer- tain nombre de mousses s'adaptant à tous les régimes ; par quelques espèces exigeant l'ombre et l'humus, enfin par 3 saprophiles. 6o CH. MEYLAN De quoi se compose enfin la flore bryologique juras- sienne dans ses rapports avec celle des pays voisins ? Presque toutes les espèces répandues dans la région syl- vatique le sont également dans toute ou presque toute l'Europe, moins la Laponie et les rivages de la Méditerra- née. Dans les tourbières et marais habitent un certain nombre de types arctiques dont les uns ne se rencontrent pas plus au sud, la limite méridionale de l'aire européenne des autres passant un peu plus bas. Citons : Dicranum Bergerie Bryum Neodamense, Meesia longiseta, triquetra, Cinclidium, Paludella, Amblyodon, Hypnum revolvens, vernicosum, stramineum, trifarium, puis Splachnum ampullaceum, Myrinia. Quelques espèces peu nombreuses sont spéciales à l'Eu- rope centrale ou même aux Alpes et au Jura, ainsi En- calypta longicolla. Quelques espèces sont des types arctico-alpins, par exemple : Dicranum elongatum, Bryum arcticum, Mnium hymenophylloides. Un petit nombre de types sont nettement xérophiles mé- diterranéens ; le plus caractéristique est Leptodon qu'on pourrait considérer comme un reliquat d'une flore anté- rieure. Enfin quelques formes n'ont été trouvées jusqu'à main- tenant que dans le Jura, ce sont : Hymenostomum Mey- lani sous-espèce alpine dérivée de//, microstomum, Bryum argenteum var : juranum, B. alpinum var : llrtieri. B. erythrocarpum var: turfaceum, Neckera turgida var: jurassica. Il est facile de constater que les espèces communes au Jur;i et aux régions situées plus à l'Est étant plus nom- breuses (pie celles qui lui sont communes avec les contrées plus occidentales, le Jura a (tins de rapport au point de vue bryologique avec l'Allemagne, l'Autriche, la chaîne des Alpes qu'avec l'Europe occidentale. 11 rentre donc ainsi CATALOGUE DES MOUSSES DU II RA <) I nettement, à ce point de vue, dans le groupe des chaînes de l'Europe centrale.. Si Ton veut s'occuper de l'histoire de la flore bryologi- que actuelle du .hua, soit de la manière dont elle s'est constituée, il n'est guère possible de remonter au delà de l'époque glaciaire. La période tertiaire n'a guère laissé de restes permettant de reconstituer sa dore bryologique dans nos contrées. Il est pourtant certain que quelques t\ pes de cette flore, après avoir abandonné le Jura pendant la pé- riode troublée des temps glaciaires, ont dû réintégrer leurs anciennes stations jurassiennes après le dernier retrait des glaciers. (Test parmi les espèces non turfîcoles ou paludi- coles, présentant tous les caractères d'ancienneté, qu'il tant les chercher. Pendant les périodes d'avancement des glaciers, le haut Jura devait être entièrement recouvert d'une épaisse cou- che de névés et de glace ; les combes devaient être rem- plies par des glaciers formés par les névés des pentes su- périeures et seules les parois de rochers et les pentes bien exposées au Midi pouvaient offrir à une flore pauvre en espèces quelques stations convenables à son développement . Le flanc oriental de la chaîne aux moments de l'extension du glacier valaisan disparaissait presque entièrement sous ce dernier. Qu'en était-il alors du flanc occidental du Jura? Il est probable que au-dessous de iooo m. il y avait des étés courts, c'est-à-dire que les pentes bien exposées se dégarnissaient pendant quelques semaines des neiges et glaces de l'hiver et que, par conséquent, une flore alpine venue du Nord ou des Alpes y avait élu domicile. Lorsque la température s'est réchauffée, cette flore s'est réfugiée dans les parois et stations froides des sommets. Il est logique d'admettre que la base de la chaîne, soit les régions comprises entre 200 et 5oo m. nourrissaient ('»:> CH. MEYLAN une flore bryologique analogue à celle que nous voyons actuellement se développer iooo m. plus haut. Chassées de leurs stations par le refroidissement pro- gressif qui a caractérisé le commencement de l'époque qua- ternaire et déjà la fin du tertiaire, de nombreuses mousses des régions arctiques se sont avancées vers le sud, ont habité les tourbières qui existaient dans plusieurs endroits de l'Europe centrale entre les périodes de grandes exten- sions, et se sont ensuite réfugiées dans les tourbières ac- tuelles ou sont remontées vers le Nord. La plupart des espèces habitant nos tourbières élevées sont dans ce cas, par exemple : //i//)/t////t trifarium, stramineum, turgescens, revolvens, Paludella, les Meesia, Dicranum Bergerie Splachnum. Ces espèces varient peu, sont pour la plupart rarement fertiles et ne se développent que là où le plus grand nom- bre possible des conditions nécessaires à leur croissance se trouvent réunies. Ayant dépassé depuis longtemps leur point maximum de vitalité', étant par conséquent dans la période du déclin, elles ne peuvent plus s'adapter à de nouvelles conditions physiques et disparaissent rapidement de leurs stations si les conditions de ces dernières vien- nent à changer. D'ailleurs la plupart de ces espèces ayant été recueillies à l'état fossile dans les charbons feuilletés du Plateau suisse, soit dans les tourbières qui se sont formées entre les périodes d'avancement des glaciers, elles devaient donc exister déjà à la fin du tertiaire dans les régions les plus froides de notre continent et de l'Asie boréale. Existaient déjà dans les tourbières qui se sont dévelop- pées sur le Plateau suisse entre les périodes de grande extension des glaciers (d'après les déterminations de plu- sieurs ln\ ologues et les miennes) : Il ilimii m trifarium, stramineum, turgescens, Sendtneri giganteum, revolvens, întermedium, poli/gamum, Bryum Duvaliij Meesia triquetra et longiseta. CATALOGUE DES MOI SSES Dl .Il H \ 63 Il n'y a guère de différences entre Les formes sous les- quelles ces espèces se sonl conservées à l'état fossile, et celles sous lesquelles nous les vovous aujourd'hui. Hypnum giganteum cl trifarium étaienl plutôt de petite taille : le second avail «les feuilles très concaves e1 devail cire fort abondant, car il forme à lui seul, dans certains charbons feuilletés, «les couches lies épaisses. Ce n'esl que longtemps après le retrait des glaciers «un- ies tourbières des vallons du Jura ont pu se développer, grâce à une grande humidité et à l'imperméabilité des cou- ches d'argile glaciaire qui forment le sous-sol de la plu- part d'entre elles. (Peut-être en existait-il déjà quelques- unes, à la lin du pliocène, dans le Haut-Jura, et que maintenant elles soient conservées à l'état fossile sous d'épaisses couches de dépôts glaciaires). Les types arcti- ques existant dans le Jura se sont réfugiés dans nos tour- bières, non pendant les périodes de grande extension des placiers, niais après leur retrait. Les tourbières sont comme des coins de la Laponie isolés à des latitudes beau- coup plus basses, et seules, elles peuvent fournir à des tvpes arctiques égarés loin de leur patrie des conditions analogues à celles de leur lieu d'origine. On peut admettre également que quelques-uns au moins de ces types du Nord ont pu se fixer, dès le commence- ment de la période de glaciation, au pied du versant O. du Jura dont le climat devait être humide et correspondre au climat actuel du Nord de la Scandinavie. La flore bryologique de la chaîne proprement dite du Jura pendant les périodes d'extension des glaciers et celle de leur retrait définitif, dut être composée d'espèces alpi- nes et d'espèces arctiques, auxquelles s'ajoutaient, dans les stations abritées, quelques types plus frileux. Grâce à la période sèche et aux été chauds qui suivit la dernière extension glaciaire, une forte immigration d'espèces venues du Sud et surtout du Sud-Est eut lieu dans notre terri- (54 en. mi: vi an luire Parmi ces espèces figuraient sûrement quelque types jurassiens préglaciaires, ayant pu traverser, sur les rivages de la Méditerranée, les longues périodes de froid. Il est probable que, pendant la période chaude qui a fait remon- ter très loin vers le Nord les courbes isothermes permet- tant à nombre de phanérogames de s'établir dans des con- trées septentrionales qu'elles n'occupent plus aujourd'hui, la flore bryologique du Jura, dans son ensemble, se rap- prochait beaucoup plus que de nos jours de celle d»^ ré- gions méditerranéennes. Ceci pourrait peut-être aider à nous [faire comprendre la présence dans le Jura de cer- tains types tels (pie Leptodon, et pourquoi certaines espè- ces au caractère xérophile et méditerranéen, qui se sont adaptées an climat, coudoient, dans la région supérieure, une flore nettement alpine. Après cette période post-glaciaire, période que l'on ap- pelle steppique ou xérothermique, le climat ('-tant redevenu plus humide, de vastes forets s'établirent peu à peu dans l'Europe centrale, sur les territoires abandonnés par les neiges et les glaces, et furent peut-être la cause de ce changement de climat. Le Jura, entre autres, dut se cou- vrir de sapins formant d'un bout à l'autre de la chaîne une vaste forêt presque ininterrompue, sous le couvert de laquelle les mousses hygrophiles pouvaient se développer à souhait. C'est à ce moment que dans les bas-fonds on! du s'établir nos tourbière-,. Ainsi à une flore très xérophile succéda une flore plutôt hygTOphilë. Plus tard, les déboisement et défrichement exécutés par l'homme amenèrent une forte diminution dans le débit des cours d'eau et le dessèchement de beau- coup de tourbières et de marais, sur lesquels îles forêts de pins et sapins purent s établir. En résumé, la flore bryologique du Jura a présenté, à partir de l'époque glaciaire, les faciès suivants: 1° Flore glaciale alpine arctique. i \ ! vi.odlK DES M'H SSES l" il R \ 65 Flore xérophile immigrée surioni de l'Esl el du Sud. .">" Flore hygrophile dominante. 4° Diminution de la flore hygrophile. 5° Flore actuelle formée des restes des faciès précédents. Les énormes variations survenues à «les intervalles rela- tivement courts dans le climat de l'hémisphère boréal, dès la fin du pliocène jusqu'à la période xérothermique, ont dû Favoriser chez les types pliocènes la formation de races qui, en se séparant de plus en plus de l'espèce mère, sont au- jourd'hui des espèces et sous-espèces assez nettement dé- limitées. Ces jeunes espèces et variétés doivent être assez nom- breuses dans notre flore jurassienne. Quelques mots enfin, pour terminer, sur l'avenir de la ilore bryologique jurassienne. Si maintenant encore cette flore est plutôt riche et variée, le nombre des stations préférées des mousses diminue. Combien de tourbières, où habitaient autrefois maintes espèces rares, ont dis- paru par suite de l'exploitation de la tourbe ; combien d'autres ont vu leurs conditions physiques transformées par suite d'établissement de canaux de drainage, etc., et leur ancienne flore remplacée par des espèces communes s'adaptant plus facilement aux nouvelles conditions. Ainsi, pour ne citer qu'un exemple, Paludella qui, autrefois, habitait sûrement la plupart de nos grandes tourbières, n'est plus connu maintenant pour le Jura que dans deux stations. Il en est de même de ces grandes fo- rêts où les arbres tombant de vieillesse et pourrissant à l'ombre et à l'humidité, fournissent à de nombreuses mousses rares leurs stations préférées ; combien ont vu les bûcherons transformer leurs conditions physiques par des coupes reflétées amenant la sécheresse et obligeant maintes muscinées à se réfugier ailleurs, (les forêts encore vierges ou presque vierges de la cognée, deviennent de XLl (')(') Cil. MEYLAN plus en plus rares et nombre de mousses incapables de s'adapter à de nouvelles conditions, par suite de leur grand âge, disparaîtront avec elles ou deviendront presque in- trouvables. D'autres stations encore sont dans le même cas. Les torrents et ruisseaux corrigés on endigués diminuent aussi le nombre des stations favorables aux plantes hygrophiles. On peut ainsi dire, avec assez de certitude, que loin d'aug- menter de richesse, la flore bryologique du .hua ira plutôt en s'appauvrissant, à mesure que l'homme transformera la nature tant pour subvenir à ses besoins que par goût du changement ou de l'artificiel. Il est vrai que d'autres espèces accompagnant l'homme ou ses travaux comblent en partie ce déficit, mais il n'en demeure pas moins cer- tain que la flore bryologique du Jura tend à s'appauvrir graduellement ou du moins à devenir de plus en plus mo- notone et cela proportionnellement à l'extension de rem- plie de l'homme sur la nature. CATALOGUE DES MOUSSES DU JURA 67 PLAN DE CE TRAVAIL Le Jura tel que je l'ai compris va de l'Echaillon au Lae- gern. Si les limites de son liane E. sonl assez aettement tracées par le plateau suisse, celles ,"»(» mètres en moyenne. (Du Reculet au Chasserai, l'alti- tude des sommets de la haute chaîne varie de i45o à 172!} mètres. A partir de ces deux points, les extrémités de la chaîne s'abaissent assez rapidement surtout la partie Nord). Altitude de quelques stations fréquemment indiquées : Arbois 3oo m., Andelot 600 m., Besançon 25o m., Mont- béliard 3io m., Lac de Ghalin 000 m., de St-Point 85o m., de Maclu 780 m., Tourbières du Jura bernois de 800 à 1000 m. La Chaux, La Vraconnaz et Ste-Croix 1100 m., Vallée de Joux de 1010 à rioo m. Les noms d'espèces employés dans ce catalogue étant les plus connus et presque tous employés dans l'ouvrage classique de G. Limpricht dont j'ai d'ailleurs presque cons- tamment suivi la classification, j'ai renoncé, pour éviter les longueurs, à donner une synonymie souvent très lon- gue et que l'on trouve dans l'ouvrage cité plus haut et dans la plupart des flores. J'avouerai en outre d'ailleurs (pie je suis adversaire de la manie de remplacer, au nom de la 68 r"- MEYLAN loi de priorité, des noms connus el adoptés depuis nombre d'années par la majorité des botanistes, par d'autres qui devraient rester dans l'oubli pour le plus grand bien de la clarté scientifique. Mon opinion est semblable en ce qui concerne une autre tendance, soit celle d'ériger en espèces des formes avant à peine la valeur de variétés et surtout sans étudier suffisamment la constance cl par conséquent la valeur de leurs caractères différentiels. A mou avis, tout cela contribue à augmenter les difficultés et obscurités de la science bryologique. J'ai vérifié autant que possible l'exactitude des indica- tions données par d'anciens botanistes, mais je n'ai pu le l'aire pour toutes celles qui sont critiquées. J'indique d'ail- leurs ma manière de voir en signalant toutes celles que je n'ai pu vérifier. J'ai laissé de côté, sans en parler, un cer- tain nombre d'indications données par erreur pour des espèces rares par divers botanistes, ne mentionnant ces erreurs que lorsque la place de l'exemplaire critique est définitivement établie et en même temps intéressante. (M.) après un nom de localité signifie que l'espèce y a été découverte ou recueillie par moi. J'ose croire que ce catalogue, résumant autant que pos- sible tout ce qui a été fait ou récolté jusqu'à maintenant au point de vue bryologique pour le territoire jurassien, sera un point de répère pouvant servir de base à des tra- vaux futurs. C'est du moins dans ce but que je l'ai en- trepris. Jl ne me reste plus qu'à remercier ici les personnes qui m'ont aidé dans mes recherches el spécialement .M. W. Bar- bey, toujours si prêt à encourager et faciliter les recher- ches scientifiques; mes excellents amis .MM. Métier et Co- lomb-Duplan, le premier pour l'amabilité avec laquelle il m'a l'ait pari de ses riches récolles el répondu à mes de- mandes de renseignements divers ; le second pour ses conseils ci la bonté avec laquelle il a satisfait à mes deman- <: \ rALOG S M«'i SS1 - Dl .11 i! \ 6g des de recherches d'exemplaires <>n de publications. En outre, j'ai eu le plaisir de faire plusieurs excursions bryo- logiques en sa compagnie el comme il a herborisé dans plusieurs parties du Jura, son nom doit figurer à côté de ceux des bryologues qui onl parcouru le territoire juras- sien dans le cours des vingt dernières années. Je dois aussi une reconnaissance particulière à M. le 1 )' .1 . Aniann, M. Plaider, M. Louis Millier, M. le I)' A. Magnin, M. le prof. F. Tripet. Que tous reçoivent ici l'expression de ma sincère gratitude. La Chaux (Ste-Croix), mai [go5. Principales publications concernant, tout ou partie, la flore bryologique du Jura Amann. — Catlllogue des Mousses du S. <). de la Suisse, i884- — Supplément 1886. Contributions à la flore bryologique de la Suisse (Bull, i:s MOUSSES DU JURA 71 [er ORDRE. — SPHAGNACEiE. Sphagnum Ebxbg. Sect. I . — Cymbifolia. S. cymbifolium Ehrbg. très commun dans les tour- bières sous de multiples formes rentrantdans les var. laxam Warnst., compactum Schliep. et Warnst., purpurascens el fascescens Warnst. La var. sqarrosulum N. et 11. préfère les stations ombragées dans les bois tourbeux ; c'est d'ail- leurs la moins commune et la plus rarement fertile. Je l'ai rencontrée dans plusieurs stations aux environs de Ste- ( iroix. S. médium Limp. Aussi commun que le précédent dont il est une sous-espèce. Les différentes formes sont fréquentes ; la plus répandue est la var. congestum Schliep. et Warnst. f. purpureum Warnst. S. papillosum Lindbg. Cette autre sous-espèce du S. cymbifolium est rare ou peut-être négligée. Bord des lacs de Bonlieu et du Boulu (Métier) ; tour- bières de La Chaux et de la Vraconnaz (M.). S. imbricatum Hrnsch. = S. Austini Sull. Très rare ou peut-être méconnu. Tourbière de Chez Simon (Métier). Sect. II. — Truncata* S. rigidum Schpr. Répandu dans la plupart des tour- bières, surtout au-dessus de 800 m. Il présente deux for- mes principales : l'une, var. squarrosulum Russ. lâche, croissant au bord des mares, et l'autre, var. compactum Roth dense et préférant les stations moins humides. Il fructifie abondamment, surtout la var. squarrosulum. Sect. III. — Subsecunda. S. molluscum Bruch. Fréquent dans les tourbières du Haut-Jura, surtout au bord des petits creux remplis ■J 2 GH. MKYLAN d'eau. Il n'a qu'un petil nombre de formes également fré- quentes : var. robustum Warnst., immersion Schpr., con- fertulum Cardot, durs au degré de constance de l'humidité. Souvent fertile. S. subsecundum Nées. Typicum = var molle Warnst. Commun el souvent 1res abondant dans les tourbières, sauf dans le Jura bernois où, d'après Hétier, il serait nul ou très rare. Il est aussi moins fréquent dans la région inférieure. Il est souvent très fertile. Var. tenellum Warnst. Rare. Bois de Signeronde (M.). S. rufescens (Br. Germ.) = var. contortum Sehpr. Répandu dans les tourbières très humides du Haut-Jura vaudois et neuchâtelois (M.). Paraît nul ou rare dans la région basse. J'ai vu dans plusieurs tourbières, le S. subsecundum type passer insensiblement à cette variété ou sous-espèce S. auriculatum Schpr. = var. viride Boul. = S. Gra- vetii Huss, = .V. crassicladum Warnst. Les formes de ce groupe se rencontrent dans les marais au-dessous de 800 mètres el paraissent d'ailleurs être rares dans notre terri- toire : Marais de Saône (Hillier). Elles sont nulles ou mal caractérisées dans le Haut-Jura et plutôt transitoires vers le type, par exemple : Vracon- naz (M.). S. inundatum Kuss. Rare et seulement dans les ma- rais de la région inférieure. Marais d'Aranc dans l'Ain 1 Magnin et Lingot 1. S. laricinum Spruce. Typicum = S. contortum Schultz. Assez rare chez nous : Marais de la Pile (Bernet); Tourbières de Chez Simon, des lacs de l'Abbaye, des Perrets, des Rousses (Hétier); Marais de Saône (Hillier) ; Tourbières de Salave, de liiso et du lac des Rouges Truites (Blind) ; Tourbières de La Chaux, de la Poyettaz au Suchel r4oo m., des CAT \l ,0G1 i Dl S MOI ssi'.s DU Jl R \ j3 Béguines r4oo m. el de la Bursine dans la vallée de Joux (M.). J'ai récolté à f4oo m., dans la petite tourbière des IV- enines près du Nbirmonl une forme de cette espèce, paral- lèle à la vue. contortum du «V. subsecundum et donl les feuilles caulinaires sont très grandes. Elle forme trail d'u- nion vers le groupe suivant auquel on pourrait d'ailleurs la rattacher, .l'ai observé toute la série des formes transi- toires entre celle variété et le type. S. platyphyllum Lindbg. = S. isophyllum Knss. Rare et seulement dans la région inférieure. Marais de Saône ( I [illier). Sect. IV- — Acutifolia. S. Girgensohnii Knss. Cette espèce, très voisine de centaines de formes de S. acutifolium, s'en distingue fa- cilement par la couleur fauve de ses inflorescences mâles, lesquelles sont généralement très abondantes en automne et dès la fin de l'été. Dans un grand nombre de tourbières du Jura vaudois et neuchâtelois, de iooo à i4oo m. (M.). Dans la tourbière de la Vraconnaz c'est une des sphaig-nes les plus commu- nes. Je l'ai aussi récoltée dans plusieurs forêts non tour- beuses aux environs de La Chaux. Les Veaux, Etang- de Gruyère, Chaux d'Abel (Hétier) ; tourbière de Gilley (Ma- gnin et Faney). Var. strictum Russ. très bien caractérisée à la Vracon- naz (M.). Var. squarrosulum Russ. Tourbière de la Vraconnaz et sur sol siliceux dans une foret près La Chaux (M.). S. acutifolium Ehrbg. Espèce la plus répandue et la pins polymorphe. Il est si variable que dans une même tourbière, il n'est pas rare de récolter de cent cinquante à deux cents formes,' formant une chaîne ininterrompue et se reliant toutes les unes aux antres, comme j'ai pu le voir 7^ \ CH. MEYLAN maintes fois dans les centaines d'herborisations que j'ai faites dans nos tourbières du Haut-Jura. Bien que je considère les S. Russowiiy fusciim, Warn- storfii, l'ic. comme «les variétés, je leur accorderai ici la place de sous-espèces, me conformant plus ou moins aux idées généralement admises. S. Russowii Warnst. = var. robustum Russ. Abon- dant dans les tourbières du Haut-Jura vaudois et neuchâ- telois de iooo à i'joo m. (M.). Dans les tourbières de la Vraconnaz et de la Grandsonnaz au Ghasseron croissent des tonnes identiques au S. Girgensohnii par leur aspect et leurs feuilles caulinaires et qui ne s'en distinguent que par les inflorescences nulles rouges, c'est la var. molle Warnst = var. fallax Warnst. J'ai également vu, à la Vraconnaz par exemple, le .V. Russowii [tasser insensiblement à d'autres formes, par ex. S. tenellum. La var strictum Warnst. existe dans plu- sieurs tourbières, surtout à la Vallée de Joux. Lorsqu'elle est bien caractérisée, elle a un aspect très particulier. S. tenellum (Schpr.) Kling. = var. tenellum Schpr. et S. rubellum Wils. Fréquent dans le Haut-Jura, abon- dant par exemple à la Vraconnaz (M.). Les formes vertes et rouges sont également abondantes. S. fuscum (Schpr.). Abondant et le plus souvent cou- vert de fruits, dans presque toutes les tourbières du Haut- Jura. Il passe ici et là à des formes plus vertes, var. fusco-virescens Warnst., ou entièrement vertes et formant transition vers S. tenellum. Cette sous-espèce est lune des plus constantes et des mieux caractérisées. (S. acutif. typicum) = S. acutifolium (Ehrbg. pro parte) Russ. el Warnst. Très commun dans les tourbières, et ici et là dans les forêts humides. var. deflexum Schpr. assez fréquente. c (lTalogi i; des m<»i sses di ji r \ ~-> var. elegans Braithw. Commune. var. capitatam Angst. Cette variété très curieuse par le capitule gros et très dense qui termine les tiges, croîl sons les pins, dans plusieurs tourbières, surtout à la Vra- connazi M.). var. alpinum Milde. Assez rare. Tourbière de la Vra- connaz et pente rocheuse humide à l'Aiguille de Baul- mes (M.). Les var. Schimperi, pseudo-schimperi, et polyphyllum. Warnst, polycladum. Cardot, parpureum Schpr. sont fré- quentes dans les tourbières du Haut-Jura. Plusieurs ont été érigées en espèces. S- Warnstorfii Russ = var. gracile Russ. Fréquente dans les tourbières du Haut-Jura (Bernet, Hétier, M.). S. quinquefarium (Braithw.) (incl. var. patulum Schp.). Assez répandue mais pins fréquente clans les fo- rêts humides, sur les pentes et rochers humides, les tour- bières d'éboulis que dans les tourbières proprement dites. Cette sous-espèce se relie à d'autres par de nombreuses formes indécises. S. subnitens Russ. et Warnst. = var. luridum Hubn. = var. plumosum Milde. Répandu dans les tourbières du Haut-Jura et probable- ment aussi de la région basse, sous de nombreuses formes dont une : f. cœrulescens Schliep. est curieuse par sa teinte bleuâtre, Vraconnaz (M.). Sect. V. — Squarrosa. S. teres Angst. Rare ou méconnu dans le Jura. II pré- fère les parties herbeuses, mais très humides des tour- bières. Les Ponts (Lesquereux) ; Lac des Perrets (Magnin et Hétier) ; tourbières de La Chaux, des Sayet. de la Vra- connaz et de La Sagne près Ste-Croix (M.). var. strictum Gard., La Chaux, la Sagne (M.). var. squarrosulum (Warnst.) = S '. squarrosulum Lesq. 1* CIÏ. ME! LAN Les Ponts (Lesquereux) ; tourbières de La Chaux, de la Vraconnaz et des Sayel (M. ). Cette variété est mie simple l'orme due au degré d'humi- dité. Dans la tourbière de la Vraconnaz et surtout dans celle de La Chaux où S. teres est très abondant, j'ai vu dans plusieurs stations les feuilles devenir de plus en plus squarreuse à partir de la var. strictum, jusqu'à produire, à mesure qu'augmentait l'humidité, la var. squarrosulum type. Ce n'est donc qu'une simple forme, comme il en est d'ailleurs de plusieurs des variétés de nos sphaignes et même de plusieurs de ces soit-disant espèces écloses depuis une quinzaine d'années. De plus si les conditions viennent à changer, c'est-à-dire si la grande humidité de ses stations disparaît cette variété retourne au type. J'ai vu le même fait se produire pour des formes des S. recur- runi et cuspidatum, formes qui semblaient pourtant fort éloignées de leurs types respectifs. Toute variation pro- duite par les conditions physiques particulières de la sta- tion, el qui disparaît dès que ces conditions cessent de se produire, n'est pas même une variété' mais une forme. S. squarrosum Pers. Rare dans le Jura. Forêt à s.»l tourbeux de Signeronde près de la tourbière de la Vra- connaz (M.); tourbières de Chez Simon et de Joux du Plane (Hétier). Sect. VI. — Undulata. S. recurvum Pal. Beauv. Très commun et souvent très abondant dans les tourbières. 11 présente un grand nombre de formes dont la plupart dépendent du degré d'humidité de leurs stations, et varient comme longueur de .''» à 80 cm. Très souvent fertile. Les var. deflexum Grav., squamosum Angst., Warns- torfii Jens., amblyphyllum Russ. sont très répandues. Var. oxycladum Card, forme rare. Tourbière de la Vra- connaz (M.). GALAL0G1 i: DES MOI SSES M .11 i; \ yy S. obtusuni Warnst. = S. recurvum var. obtusum Warnst. Rare près du lac des Rouges-Truites (Hétier). S. cuspidatum Ehrbg. Bien qu'elle soit répandue dans beaucoup de tourbières du Haut-Jura el probable- ment aussi au-dessous de o m. iM.) A. triquetrum G. Mûll est à rechercher dans les régions inférieures où il existe sûrement. Phascum L. P. Floerkeanum W. et M. Cette rare espèce est si- gnalée par Lesquereux à la limite de notre territoire, soit près du Pont de Thièle. A rechercher sur la terre argileuse humide. P. cuspidatum Schreb. Commun jusqu'à 1200 m. et souvent avec sa variété Schreberianum Brid. var. cur- visetum Br. Germ. assez rare : La Chaux (M.) P. piliferum Schreb. Beaucoup moins répandu que le précédent. Sur des rochers exposés au soleil près La Chaux 1100 ni. (M.) C'est sûrement une excellente espèce. Mildeella Limpcht. M. bryoides (Dicks.) Limp. Rare ou non observé. Entre Porrentruy et Montbéliard (Quélet); Bouj ailles (Ré- mond); Granges de Ste-Croix de 1000 à 1100 m. (M.) Astomum Hampe. A. crispum (Hedwg.) 1 lampe Doit être répandu dans la région basse ; très rare au-dessus de 800 ni. Baulmes (Porret) ; source de la Cuisance (Hétier); environs de Montbéliard (Quélet); La Chaux 1080 m. (M.) Bruchiaceae. Pleuridium Brid. P. nitidum Rabenh. Rare el seulement à la base de (. \ i u.ouri: im;s MOUSSES l>i .n H \ 7<| la chaîne vallée de Baume-les-Messieurs, entre les Echelles de Grançot el la source du Dard (Hétier). P. alternifolium Rabenh. Commun jusqu'à [3oo m. P. subulatum Rabenh. Comme le précédent, mais pourtanl un peu moins fréquent. Sporledera Hampe. S. palustris Hampe. Rare ou en tout cas très dissé- miné. Indiqué à Fleurier (Reuter), el La Roche-Boulon < Lesquereux |. IIme tribu. — STEGOCARPAE ACROCARPAE Weisiaceae. Hymenostomum R. Brown. H. microstomum II. Brown. Très commun sous plusieurs formes dans les endroits argileux dénudés. Var. obliquum (N v E) Hûb. fréquente. H. Meylani Amann (in flore des mous, suisses1). Sur la terre noire, dans les endroits dénudés, très secs et bien exposés au soleil sur les plus hautes sommités du Jura, près de l'arête. Diffère du précédent dont il dérive sûrement par sa taille très petite, son opercule très rare- ment caduc et sa capsule se détachant rapidement du som- met du pédicelle. Ghasseron, Suchet, Chasserai (M.) H. tortile Bv. Eu. Dans les fentes des rochers en plein soleil; disséminé. Val-de-Travers (Lesquereux, M.); Mesnav (Hétier) ; dans plusieurs stations aux environs de Ste-Croix (M.) 1 Bien que le Dr Amann, laissant inachevée l'impression de sa ilore des mousses de la Suisse, n'ait pas encore publié la description de celle sous- espèce, forcé d'en parler dans ce travail, je lui ai laissé le nom ci-dessus, nom figurant dans plusieurs ouvrages bryologiques, afin de ne pas déjà donner un synonyme à une espèce pour laquelle il n'a pas encore été donné de des. ■ription complète. c 8o CH. .au: y L.vx Gymnostomum Hedwg. G. rupestre Schleich. Assez rare. Sans être décidé- ment calcifuge, il préfère pourtanl les rochers siliceux. St-Claude (Boulay) ; llav et source de l'Ain (Hétfer) ; environs de Besancon. (Ilillier); rochers de molasse près La Chaux, cfr. Chasseron, Vallée de Joux (M.) G. calcareum Bv. Germ. Répandu sur les rochers calcaires humides, surtout sur le tuf dans les gorges. Var. gracillimum Mol. Rare. Rochers secs de la région alpine. Chasseron, Suchel [5oo à 1*600 m. (M.) Cette forme se présente en coussinets brun noir, ressemblant fort à des Andreaea. Gyroweisia Schpr. G. tenuis Schrad. Rare. Indiqué par Reuter près de Begnins, an pied du versant E. de la chaîne. En très petite quantité, mélangé à Gymnostomum calcareum cl Trîchostomum crispulum, Alplozia atrovirens, dans les gorges de Covatannaz 800 m. (M.) Il doit se retrouver dans d'antres stations, sur les parois de grès ou de tuf. Hymenostylium Brid. H. curvirostrum Lindbg. Très répandu à toutes les altitudes, sur les rochers Irais ou humides, surtout près des chutes, dans les gorges. Il est abondant dans la ré- gion alpine, mais il y fructifie rarement. Très fertile à la Pouetta-Raisse, au Chasseron 1600 m., Dent de Vaulion i4oo m. (M.) Weisia Hedwg. W. crispata Jur. Commun de la hase an faite de la chaîne dans les tissures des rochers, plus rarement sur la terre (M.) La capsule est variable, tantôt globuleuse, tantôt allongée. "W. viridula Hedwg. Commun sons de uombreuses formes jusque sur les sommets. C \ rALOGI E DES MOI SS1 s Dl .11 RA (S l Les var. stenocarpa Br. Germ., amblyodon Br. E\i.,ffym- nostomoides Br. Eu. sont fréquentes. W. Wimmeriana Br. Eu. Disséminé el le [dus sou- vent m petite quantité sur la terre dans les endroits enso- leillés de la région alpine. Ghasseron (Lesquereux M.); Suchet, Aiguille de Baul- ines, Dôle. Colombier de Gex, Reculet, Chasserai (M.) W. rutilans Lindbg. == W. mucronata. Rare ou né- ^iii^é par suite de sa grande ressemblance avec W. viridula. Indiqué par Lesquereux au Mail de Neuchâtel et à la Clusette dans le Val de Travers. A rechercher sut- la terre dénudée, dans les stations chaudes au-dessous de 700 iu. Eucladium Br. Eu. E. verticillatum (L.) Br. Eu. Répandu sur les ro- chers tuffeux, près des sources et des cascades. Rarement fertile, il ne monte guère au-dessus de i3oo m., c. IV. Gorges de Covatannaz (M.) Je l'ai récolté court et stérile sur les galets couverts de tuf au bord du lac de Joux. Rhabdoweisiaceae. Dichodontium. D. pellucidum (L.) Schpr. Fréquent sur l'argile hu- mide et le sable siliceux, dans les forêts, le Ions»- des ruis- seaux, surtout de 800 à i5oo m. D. flavescens (Dicks.) Lindbg. Rare. Sur le sable molassique humide près La Chaux, ri 00 m. (M.) Dicranaceae. Oncophorus Brid. O. virens Bd. Au bord des creux à neige, sur les som- mets. Le Reculet, le Colombier (Reuter M.); Creux du Van, Mont-Tendre, Mont-de-Bière, Mont-Sallaz (M.) Var. serratus Br. Eu. Sur le bois mort dans les gorges de la Pouetta-Raisse et le long de plusieurs torrents dans la forêt de La Vaux (Lesquereux M.). 82 CH. KETLAN . Reuter a récolté, au sommet du Jura près du Colombier de Gex, un Oncophorus intermédiaire cuire 0. virens et 0. Wahlenbergii. Il se rattache à cette dernière espèce par ses feuilles à bords non révolutés et le tissu de leur hase ; par contre ces méroes feuilles, plutôt courtes et non crispées, la forme de la longueur des feuilles, lesquelles sont suivant 1rs stations plus ou moins crispées. D. flacjellare Hedwg. Disséminé sur les troncs pourris <>l la tourbe, stérile. Sur les troncs pourris : La Chaux et Côte-aux-Fées, puis dans les tourbières de la Vraconnaz el La Sagne près Ste-Croix, des Ponts (M.); tourbières de La Chaux (Jura bernois), des Vaux, de Sous le Rang, Bellelay (Hétier). D. strictum Schleich. Disséminé sur les troncs pour- ris, surtout au-dessus de iooo m. La Chaux, Chasseron, Aiguille de Baulmes, Vallée de Joux (M.). D. viride Lindbg. Rare. Au pied des hêtres, près Pontarlier (Hétier); sur un tronc pourri: Côte-aux-Fées et La Chaux, mélangé à D. strictum (M.) ; Bois d'Aglans, près Besançon (Hillier). D. longifolium Hedwg. Commun sur les erratiques, plus rarement sur les hêtres dans les forêts. Abondant ici et là sur les hêtres buissonnants de la région subalpine, il ne fructifie que dans ces dernières stations, ainsi : Mont- d'Or i4oo m., Suchet i4oo-i5oo m. (M.). Les var. subalpinum Milde et hamatum Jur. se rencon- trent ici et là sur les blocs erratiques. D. Sauteri Schpr. Plus fréquent que le précédent sur les hêtres rabougris et buissonnants des régions subalpine et alpine, mais le plus souvent stérile, c. fr. : Risoux, Co- lombier de Gex, Creux-du-Van (M.). Campylopus Brid. G. subulatus Schpr. Répandu sur l'argile kimmerid- gienne des forêts, surtout de iooo à i5oo m., stérile. Ste-Croix, Chasseron, Aiguille de Baulmes., Mont Ten- dre, Gros Taureau, Tête-de-Ran, Chasserai (M.) ; Bief de Corne, Boujailles (Hétier). G. turfaceus Br. Eu. Dans un grand nombre de tourbières, mais souvent en petite quantité. S(') GH. MEYLAN G- flexuosus (L.) Bd. Rare. Tourbière du lac Grand Maclu (Hétier.) C. fragilis (Dicks) Rr. Eu. Rare. Dans les tourbières desséchées; Sur Mouille (Hautes Molunes), Maclu, Granges- Narboz, Nods (Métier). Var. densus Schpr. Tourbière de Bannans (Hétier). Dicranodontium Br. Eu. D. longirostre (Starke) Schpr. Commun, mais le plus souvent stérile, dans les tourbières et sur les troues pourris dans les forêts. Var. §. alpinum (Schpr. ) Milde. Rare. Tourbière de la Vraconnaz (M.). Trematodon Michx. T. ambiguus (Hedwg.) Ilsch. Rare. Sur les parois ombragées des fossés d'exploitation, dans les tourbières. La Brévine (Hétier). La Vraconnaz et Côte-aux-Fées (M.). Leucobryaceae. Leucobryum Hampe. L. glaucum (L.) Schpr. Répandu dans un grand nom- bre de tourbières, parfois sous des formes courtes et com- pactes rappelant L. minus : rare dans les forets ; stérile sur l'argile au Gros-Taureau i3oo m. (M.); c. fr. près Sl-Ferjeux (Hillier) ; monte à [4oo m. aux Begnines près du Xoirmont (M.). Fissidentaceae. Fissidens Hedwg. F. bryoides (L.) Hedwg. Répandu sur le sable sili- ceux et l'argile. Monte au Ghasseron jusqu'à près de [600 mètres (M.). Var. gymnandrus (Buse). Rare. Dans plusieurs stations, aux Granges de Ste-Croix (M.). CATALOGUE DES MOUSSES DU JURA i .m r \ 8g Ditrichum Timm. D. tortile (Schrad) Lindbg. Rare. La Vraconnaz (Les- quereux) ; abondanl entre La Chaux cl la Vraconnaz sur hi molasse marine (helvétien), plus raremenl sur l'argile aux environs de La Chaux et dans plusieurs stations de la Côte-aux-Fées, sur sable helvétien à Culliairy près Ste- Croix (M.). Var. pusillus (Hedwg.) accompagne presque partout le type. D. homomallum (Hedwg.) Hampe. Dans les mêmes stations que le précédent, mais plus répandu. Fréquent par exemple aux environs de La Chaux; monte au Chas- seron e1 au Chasserai jusqu'à plus de i55o m. (M.). D. flexicaule (Schl.) Hampe. Espèce calcicole très commune, mais ne fructifiant pas partout. Sur les rochers secs des régions élevées, la plante forme des coussinets stériles plus courts et plus serrés, le plus souvent noirâ- tres : c'est la var. densum Br. Eu. D. glaucescens (Hedwg.) Hampe. Rare. Sur sol non calcaire : Chasseron (Lesquereux) où je n'ai pu le retrou- ver. Creux du Van, col du Marchairuz (M.). D. pallidum (Schreb.) Hampe. Espèce de la région inférieure ; doit être très disséminée sur les sols siliceux ou décalcifiés : Neuchâtel (Chaillet). Je l'ai trouvée, en août K)o3, dans une station singulière, soit à ii5o m., près de la Vraconnaz, sur une pente argileuse, froide, tournée au nord. Listichium Br. Eu. D. capillaceum (Sw.) Br. Eu. Abondant sur les ro- chers calcaires frais, principalement dans les régions sub- alpine et alpine où il forme parfois d'énormes touffes en compagnie de Bartramia Oederi. D. inclinatum (Ehbrg.) Br. Eu. Espèce de la région alpine indiquée sur plusieurs sommités par Lesquereux et <»;» CM. MEYLAN Reuter. .le l'ai trouvée sur toutes les sommités atteignant aii moins i4oo ni. Elle descend au Chasseron à i3oo m. Pottiaceae. Pterigoneurum Jur. P. cavifolium (Ehrbg.) Jur. Existe sûrement dans beaucoup de stations de la région inférieure, niais non observé. Couvet (Lerch) ; près Montbéliard (Ourlet i. Pottia Ehrb. P. minutula Br. Eu. Abondant sur les champs sou- vent labourés ou en friche. Var. rufescens Br. Eu. Fleurier (Lesquereux) ; la Vra- connaz et Ste-Croix (M.). Var. conica Br. Eu. Fleurier (Lesquereux). P. truncatula (L) Lindlg. Abondant dans les mêmes stations que le précédent, mais préfère pointant davantage les sols siliceux. P. intermedia (Turn) Turn. Rare ou disséminé dans la région montagneuse: environs de Ste-Croix (M.) ; sûre- ment répandu au-dessous de 700 m. P. lanceolata (Hedwg.) G. Mùller. Abondant dans les régions hasses ; rare au-dessus de 800 m. La Chaux et la Vraconnaz 1 100 m. (M.J P. latifolia fSchwgr.) C. Mûller. Disséminé sur les arêtes des sommités au-dessus de i/|i:s MOUSSES M .Il li \ <)■'> Tortella C. Mùller. T. inclinata (Hedwg. lilsi. Répandu sur 1rs terrains incultes, pierreux ou sablonneux, mais souvent stérile. Il monte avec fruits jusqu'à \f\oo m. T. tortuosa (L.) Très commun dans t * n 1 1 «* la chaîne et à toutes les altitudes, c'est surtout de 800 à [200 m. qu'il prend sou développement maximum et <|u'il fructifie le mieux. Bien que sa station favorite soit les rochers cal- caires, on le trouve parfois sur les vieux arbres, sur le sol et même sur la tourbe. Yar. : tenella Walt, cl Mol. Rare : La Gittaz près Ste- Croix (M.) Yar. : brevifolia Breidler. Gorges de Longeaigues (M.). Yar. : rigida Boul. Cette forme à feuilles courtes et fragiles avec une nervure brillante sur le dos, forme des touffes très compactes sur les rochers des sommets (M.) .l'ai recueilli, au sommet du Chasseron, une variété inté- ressante du P. tortuosa, présentant des capsules courtes et épaisses, brun roussàtre et extrêmement brillantes ; le pédicelle est également plus court. T. fragilis (Drum.) Répandu et parfois très abondant sur les prés tourbeux, l'humus, les rochers de la région supérieure, les murs en pierres sèches séparant les alpages, etc. Sur un hêtre au sommet de la Dent de Yaulion, i4oo mètres (M.) Il est très rarement fertile, c. fr. Entre Ste- Croix et Pontarlier (M., Colomb-Duplan et Cuendet). T. squarrosa (Bd.). Rare et seulement dans la région inférieure. Probablement nul au-dessus de 600 m. Indi- qué aux environs de Besançon par Paillot et Flagey. Ro- chers et pâturage de Songeson au bord du lac de Chalin, 5oo m. (Ilétier). Barbula Hedwg. B. unguiculata (Huds.) Hedwg.- Très commun sous un grand nombre de formes également répandues. Ces ,./^ (II. ME Y LAN formes sont peu stables el passent les unes aux autres insensiblement. Quelques-unes, stériles, ont un aspect très particulier. B. fallax Hedwg. Très commun et très variable. Var. : brevifolia Schultz. Fréquente sur le sol argileux humide. B. reflexa Lindbg. = B. recurvifolia (Schpr.) Boul. Fréquent sur les rochers calcaires humides, surtout au- dessous des fissures par où l'eau suinte. Celte sous-espèce présente fréquemment des formes de transition vers B. fallax, les seules que j'ai vues fertiles, et qui peuvent se rattacher également à B. fullux. B. vinealis Bd. Bien que je ne connaisse pas de sta- tuais certaines pour cette espèce, je suis certain qu'elle existe dans maints endroits de la région des vignes sur les murs bien exposés. Il en est de même pour sa var. : cylindrica (Tayl.) Boul. B. sinuosa (Wils.) Braith. Rare ou disséminé dans la région inférieure. Je doute qu'il s'élève au-dessus de 5oo mètres. Sur une pierre. Curon près Arbois (Hétier). B. revoluta (Schrad.) Bd; Commun sur les murs de la région liasse, mais très rare au-dessus de 800 m. La Chaux, dans plusieurs stations, noo m. (M.) B. Hornschuchiana Schulz. Rare e1 seulement à la base de la chaîne, où il doit se rencontrer par-ci par-là. Aihois, sur les vieux murs (Hétier). B. gracilis (Schleich.) Schwgr. Rare ou négligé et seulement dans les régions inférieures. Besançon (Renauld el Puillot) ; environs d'Arl».»is. de Septmoncel (Hétier). B. convoluta Hedwg. Commun sur les terrains gra- veleux; plus rarement sur la tourbe: Vallée de Joux (M.) Je l'ai récolté aux environs de La Chaux sous une forme stérile, courte, avec feuilles obtuses et plus larges. B. paludosa Schleich. Répandu sur les pierres et les CATALOGUE DES MOUSSES M JURA <) .) rochers humides au bord des ruisseaux et surtoul des tor- rents. Rarement fertile. Var. : Funckiana (Schultz) Br. Eu. Commune sur les rochers frais des sommités; c. fr. Dent de Vaulion (M.) Aloina (C. Mùl.) A. rigida (Hedwg.l Kindbg. Espèce de la région in- férieure, fréquente, par exemple au pied CH. MEYLAN folius. ('.liez cette dernière les feuilles sont généralement faiblement et partiellement révolutées, tandis que celles du I). suberectus le sont fortement jusque [nés du sommet. Tortula Hedwg. T. obtusifolia Schleich. Très rare. c. fr. sur des ro- chers de grès molassique près La Chaux ii<><> m. (M.) (Vidil Philibert.) T. muralis (L.) Hedwg. Très commun sur les rochers exposés au soleil jusque dans la région alpine. Les var. : incana Br. Eu. et rupestris Schultz se trou- vent surtout dans la région inférieure. T. aestiva (Bd.) Pal. Beauv. Cette sous-espèce du précédent est sûrement répandue dans la région inférieure. T. SUbulata (L.) Hedwg. Très commun sur tons les terrains : ii monte jusqu'à la région alpine où il se pré- sente sons des formes plus petites et se rapprochant de T. mucronifolia. Var. : recurvo-marginata Breidl. Sur plusieurs sommets du Jura central (M.) Var. : angustata (Wils.) La (maux (M.) T. mucronifolia Schwgr. Répandu sur les liants sommets. Signalé pour la première fois an Chasseron par Lesquereux. Je l'ai récolté sur la plupart des sommités du haut Jura. T. inermis (Bd.) Mont. Sûrement très rare et seule- ment dans les parties les plus chaudes de notre territoire. Près Lons-le-Saunier (Hétier), très bien caractérisé. T. latifolia Bruch. Caractéristique des régions basses, cette espèce ne dépasse probablement pas 5oo m. et peut- être ne se lrouve-l-elle pas au pied du versant est de la chaîne. Montferrand près Besançon (Flagey) ; M. Millier l'a également constatée dans de nombreuses stations aux environs <\r cette ville, soit sur de vieux saules le long du Don l>s. (A suivre.) TABLE DES COMMUNICATIONS inscrites aux procès-verbaux 18 novembre ij. Observations actinométriques. C. Buhrer et H. Dufour. xvn. — Loi de descendance de Galton. J. Amaïui. xix. 7 décembre ';/<>j. Pendule de Foucault, expérience. C. Dutoit. xx. — Brunissure de la vigne. II Faes e1 F. Porchet. xx. — Expérience de Perret. L. Mail- lard, xx. — Limonite des lacs du Nord. F. -A. Forel. xxm. — Distri- bution des sources thermales de Loëche-les-Bains. M. Lugeon. xxm. 21 décembre igo4- Répartition du sucre dans le raisin. F. Porchet. xxix. — Fréquence des œufs d'helminthes. Galli-Valério. xxxn. // janvier igo5. Moulins de Céphalonie (voir aux mémoires). J. Keser. xxxm. — Nou- veau baromètre. C. Dutoit. xxxm. — Mesure-; nivométriques à la Pointe d'Orny. Mercapton et Lugeon. xxxm. ■>.') /minier igo5. Température moyenne de Lausanne. H. Dufour. xxxiv. — Mesure de la radio-activité de l*air dans les mines de Bex. H. Dufour. xxxv. — Recherches des taches de sang. Galli-Valerio. xxxvn. /er février i.~>. Appareils électriques divers. L. Mayor. xxxvn. — Bobine d'induction grand modèle. H. Dufour. xxxvur. — Molaires de cheval du Boiron. F.-A. Forel. xxxviii. i.'i février igo5. Statistique analytique des vins suisses. Chuard et Porchet. xxxix. — Définition nouvelle de l'entropie. J. Amann. xxxix. — Sangsues offi- cinales. P. Parbel. xxxix. — Aspergillus : action sur les larves d'Anophèles et de Culex. Galli-Valerio et Me Rochaz. xl. /er mars igo5. Echantillons de la Faune africaine. Blanc et Morton. xliii. — Cercle de Bishop. F.-A. Forel. xliii. i5 mars igo5. Sélection des céréales. G. Martinet, xliv. — Parasites divers. Observa- tions. Galli-Valerio. xlvi. — Observations sur les culicides en 1904. Galli-Valerio et Me Rochaz. xlvi. .') avril igoô. Nouvelle station lacustre à Montbec. A. Schenk. xlvi. — Sur un bra- celet de la dite station. F.-A. Forel. xlviii. — Dénivellation au décin- trement du Pont de Chauderon ; procédé de mesure. H. Dufour. xlviii. Librairie F ROUGE & C % LAUSANNE 4. rue Ifaldimaml . 4 Ouvrage terminé* D1 F. -A. FOREL, Pbofesseuk a l'Université de Lausanne 1-E 1-É M AH Monographie limnologique Trois beaux volumes grand in-K, de 1909 pages; 11 planches et car- tes, dont une au 1 : 100,000 du bassin du lac, dressée par le bure topographique fédéral, et 247 figures et gravures. Prix : Tome I. Broché Fr. 15. — : relié Fr. 17. — . Tome II. Broché Fr. 18.— ; relié Fr. 20.—. Tome III. Broché Fr. 20.— ; relié Fr. 22.—. Prix de l'ouvrage complet. :! volumes brochés Fr. 50. — : reliés Fr. 56. — . Contenu de l'ouvrage : Géographie — Hydrographie — Géologie {avec lu genèse du lac Léman) — Climatologie — Hydrologie — Hydraulique — Ther- mique — Optique — Acoustique — Chimie — Biologie [Faune et Flore lacustres) — Histoire ( Antiqu liés lacustres, Palafitteurs) — Navigation — Pêche — ■ Résumés et Conclusions — Index biblio- gragraphique. ŒUVRES EN PROSE D'EUGÈNE RAMBERT Récits et croquis' — Ascensions et flâneries, Alpes vaudoises el Den1 du Midi. — Ascensions et flâneries, Suisse centrale. — Etudes d'histoire naturelle. — Etudes historiques et nationales. — Etudes de littérature alpestre et la mar- motte au collier. Ecrivains de la Suisse romande. — Etudes littéraires, 2 volumes. — Mélanges. Chaque volume in-12, broché Fr. 3-50. Relié Fr. 5. — Petit Larousse illustré Nouveau dictionnaire manuel encyclopédique. Comprend 1664 pages, 5800 gravures, 680 portraits, 130 tableaux encyclopédiques, 120 cartes géographiques. Relié toile, Fr. 5: relié peau souple, Fr. 7.50. Nouvel atlas de poche des champignons comestibles et vénéneux les plus répandus suivi de cotions générales sur les champignons, leur classification, composition chimique, valeur alimentaire, préparation culinaire, cul- ture. Q4 planches coloriées représentant 66 espèces, avec texte, par Paul Dumée. Relie, Fr. 6.50 OORB>Z & c:b.. lausann». 5e S. — Vol. XLI. Septembre [ç)o5. N° r53. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES Publié, sous la direction du Comité, par M. F. Roux. Avec 3 planches et 7 figures. — Prix : fr. 3. — =*= Contenu : Pages (ih. Meylan. — Catalogue des mousses du Jura (fin) 97 Louis Maillard. — La loi de la réfraction et le principe de la moindre action (sept figures) 173 E. Delissert, A. Schenk et E. Bugnion. — Description d'un crâne of- frant une perforation pathologique en dessus du lambda (Plan- ches l-Illi iyô C. Dusserre. — Notice sur Villeneuve, présentée à l'assemblée générale du 2.3 juin igo5 2o5 PROCÈS-VERBAUX du 19 avril au 5 juillet ioo5. Chaque auteur est responsable l- (/o/i toul en ne pouvant s'y rapporter : elle se relie «railleurs au S. apocarpum par d'autres formes voisines provenant d'autres stations. S. gracile Schleich. Commun sur les rochers et les blocs secs ou, plus rarement, Irais. De nombreuses for- . mes le relient au type. S. alpicola (Sw.). Rare chez nous. Je ne l'ai vu fer- tile et avec les grosses spores indiquées par Limprichl que dans deux torrents: gorges de Covatannaz et à la Côte aux Fées. D'autres formes stériles des rochers humi- des peuvent aussi se rapporter à cette sous-espèce plutôt qu'au S. apocarpum type, par leurs feuilles non pilifères et obtuses au sommet, leurs tiges ('-paisses et leur teinte vert-noirâtre. J'ai récolté plusieurs de ces formes au Ghas- seron, Suchet, Amburnex, etc. S. confertum i Funckj Bv. Eu. Rare ; sur les blocs erratiques Mont de Baulmes et Crébillons sur le même chaînon-, La filiaux, versant sud-est du Chasseron (M.) S. atrofuscum (Schimp.). Sur les rochers secs des sommets. Rare au-dessous de e4oo m. Lesquereux l'avait déjà recueilli vers [84o au Chasseron où il est abondant, et lui avait donné le nom de Grimmia apocarpa Var. : atrata. Chasserai, Creux du Van. Vallée de Joux 1200 m. et toutes les sommités comprises du Chasseron au Reculet(M-). S. teretinerve Limp. Disséminé et probablement ré- pandu sur les grandes parois calcaires bien exposées au midi jusqu'à t5oo m. Aiguilles de Baulmes, Grand Sava- gnier, Mont d'Or, La Chaux 1100 m., gorges de Covatan- naz 800 m. (M.) Trouvé pour la première fois dans lu chaîne à Lleurier par Lesquereux qui l'avait nommé Grim- mia J'ii na lis. Grimmia Ehrbg. G. anodon Bv. Eu. Répandu de la base au faîte de la chaîne sur les parois de rochers exposées au soleil, .le l'ai C \ l ULOGUE DES VIOl SS1 S DU JURA loi récoltée dans pins de cinquante stations de 700 à [600 m. G. crinita Brid. Rare ; sur les vieux murs dans les niions chaudes à la hase de la chaîne ; .Mesna\ (Hétier) ; environs de Montbéliard (Quélet), dans plusieurs stations à la limite du Jura et du plateau suisse: Orbe, Neuchâtel, etc. G. terçjestina Tomm. Rare ou négligé par suite de sa stérilité el u érables, une forme de celte espèce possédant plusieurs caractères attribués à O. alpestre surtout les stries longitudinales des dents du péristome, l'aspect général des touffes étant le même que celui du 0. alpestre des Alpes. Les cils intermédiaires, plus ou moins bien développés, l'ont ren- trer ces formes dans le 0. stramineum, niais elles sont également transitoires vers 0. alpestre. Ouanl à 0. païens que j'ai récolté sur des hêtres en plusieurs stations, surtout dans la région subalpine, ce n'est qu'une forme à 8 cils du O. stramineum auquel elle est reliée d'ailleurs par d'autres formes assez fréquentes où les cils intermédiaires sont rudimentaires. O. Schimperi Hammar. Indiqué dans la chaîne par Lesquereux sans autre indication de localité. Sûrement dans nombre de stations de la région basse sur les arbres le long des promenades. Le O. Braunii Br. Eu. existe pro- bablement aussi sur notre territoire. O. pumilum Swartz. Fréquent principalement sur les arbres qui bordent les routes. Monte très haut et varie d'aspect. Stomates très variables. O. Rogeri Brid. Rare; sur les arbres à feuilles. Sui- des hêtres (Roger) ; Fleurier (Lesquereux). Dans plusieurs stations aux Granges de Ste-Croix (M.). Sûrement plus répandu, mais très difficile, si ce n'est même impossible à distinguer sur place, des espèces voisines, avant la chute de l'opercule, mais ensuite très reconnaissable par un as- pect particulier et son péristome rouge. O. tenellum Bruch. Je ne connais pas de station pour cette espèce mais elle existe sûrement dans notre terri- toire. O. fastigiatum Bruch. Très commun. [06 (cil. MEYLAN Var. : appendiculatum (Schpr.) Limp. Ici et là. O. affine Schrad. Egalement 1res commun. Il csi par- fois 1res difficile de décider si certains exemplaires appar- tiennent à cet le espèee ou à la précédente. Dans une même capsule, des dents ont des lignes vermiculaires, d'autres sont entièrement papilleuses. 0. affine et 0. fastigiatum sont des formes d'une même espèce. O. rupestre Schleich. Ici et là sur les erratiques. Abondant, par exemple, sur- le versant S.-E. du Suchel avec la var.: Sehlmeyeri Hiïhn. O. speciosum Nus. Très commun partout. On trouve fréquemment, surtout dans la région alpine, des exemplai- res avec des capsules très nettement striées. O. leiocarpum Br. Eu. Très commun partout. Sur les sapins, il forme des touffes courtes et lâches. O. Lyellii Hook. Disséminé. On le trouve surtout sur les Abies pectinata mais rarement fertile, c. fr. La Chaux (M.). O, obtusifolium Schrad. Répandu sur les arbres à feuilles caduques, principalement sur ceux qui bordent les routes. Monte stérile jusqu'à 1200 m., par exemple, aux enviions de Ste-Croix. Assez souvenl fertile, mais rare en cet état au-dessus de 800 m. C. fr. La Chaux 1 100 m. (M.) Encalyptaceae. Encalypta Schreb. E. commutata Br. germ. Disséminé sur les plus hautes sommités. Indiqué par Lesquereux au Chasseron où il n'est pas rare. Creux du Van, Suchet, Colombier, Reculel (M.). E. vulgaris (Hedwg.) Hoffm. Commun sur les ro- chers avec ses var.: ohiusu Br. germ., laevigata Bruch., apiculata Br. germ. E. ciliata (Hedwg.). Hoffm. Disséminé sur l'humus des sommités rocheuses et sur les sols siliceux. Indiqué CATALOGUE DES MOUSSES DU .Il H \ lo, par Lesquereux au Chasseron et au Creux du Van par Ainaiiii. Je l'ai aussi recueilli sur ces deux sommités, puis au Suchet, enfin sur 1rs rochers el le sable molassique ou aptien dans plusieurs stations près de La Chaux el de La Vraconnaz vers [o5o m. E. rhabdocarpa Schwgr. Répandu «lès iooo m. mais surtout abondant dans les régions subalpines el al- pine. Sur les arêtes, le péristome se développe mal et [•este rudimentaire, c'esl la var. leptodon (Bruch). Var. : pilifera (Funck) Br. germ. Dans les régions les moins élevées i:s moi SSES Dl Jl H \ mij et moi l'avons encore récolté abondamment dans un assez grand nombre de marais tourbeux. Funariaceae. Physcomitrium Brid. P. pyriforme (L.) Brid. Malgré le manque d'indica- tions pour cette espèce, je crois qu'elle existe dans maints endroits de la région basse, mais seulement là où le sol est siliceux, ou en tous cas peu calcaire. Marais de Saône (Paillon. Rare au-dessus de 600 m. : Bords de la Noirai- gue près La Chaux, sur sable siliceux io5o m. (M.). Le P/it/s. sphaerium Brid. G. Mûller pour lequel je ne connais pas Ac stations certaines, doit sûrement faire par- tie de notre flore. Entosthodon Schwgr. E. fascicularis Schpr. Il paraît rare, niais existe probablement dans de nombreuses stations de la région inférieure. Environs de Montbéliard (Quélet) ; Saulcy et La Chaux dans le Jura Bernois (Hétier) ; Montferrand (Hil- Iier). E. ericetorum (Bals, et de Not.) Br. Eu. Très rare ou méconnu. J'ai trouvé cette espèce dans deux stations très intéressantes par leur altitude: Mont d'Or 1200 m. et Chasseron i4oo m. Funaria Schreb. F. dentata Crome. Rare et seulement à la base de la chaîne, sur les rochers bien exposés. Au dessus de Thoiry au pied du Reculet (J. Mûller) ; Rochers de la Châtelaine et Echelles du Crançot (Hétier). F. hygrometrica (L.) Sibth. Très commun sur tous les sols, mais surtout sur les anciens emplacements de fours à charbon, de feux etc. Il varie beaucoup au point de vue de la longueur du seta et de la forme de l'opercule. Ce der- nier généralement un peu convexe, est parfois nettement 110 CH. MEYLAN conique élevé, .l'ai trouvé plusieurs lois, aux environs de La Chaux, sur le sable siliceux près des sources et des ruisseaux, des formes se rapprochant du F. microstoma Br. Eu. par le seta dressé el ne dépassanl pas i cm., par l'opercule conique et petit et par des spores de 20 à 3o <> et i3oo ni. qu'il est le plus ré- pandu. Var: glaciale (Schleich.) Rare. La Vaux (Lesque- reux) ; Ghasseron (M.). Bryum L. B. pendulum (Hrnsch.) Schpr. Commun dans la ré- gion alpine; de moins en moins fréquent, à mesure que l'altitude diminue. Il varie beaucoup au point de vue de la longueur du seta, de la couleur du peristome et des spores et du nombre des cloisons reliant les trabécules. On le trouve parfois, ainsi au Chasseron, avec des spores vertes ou le peristome jaune pâle. var: compactum Schpr. Commune sur les sommets; des- cend, mais rarement, jusqu'à iioo m. B. arcticum Br. Eu. Répandu sur lès plus hauts som- mets de la chaîne, tantôt sur le sol, tantôt dans les fissures des rochers. Signalé d'abord par Lesquereux au Chasse- ron où il est abondant ; Dole (Reuter) ; Suchel (Boulay) ; Grédoz (Guinet) ; Chasserai (Métier) ; Tète de Ran, Ai- guille de Baulmes, Dent de Vaulion, Mont-Tendre, Noir- mont, Montoisey, Colombier de Gex, Reculet (M.) de 1400 à 1700 m. Le B. arcticum est fort variable dans le Jura. Le gazon en est généralement pourpré1, mais parfois très peu ou même entièrement vert. Les feuilles sont brièvement oblon- gues ou étroites et longuement acuminées, le plus souvent fortement révolutées, mais parfois très peu ou même pas du tout. Quant à la capsule, elle est tantôt très allongée, jaunâtre, identique comme aspect à certaines formes du B. Jalld. /• et portée par un pédicelle de 2 à \\ cm. tan- tôt 1res courte, globuleuse, et à ouverture 1res rétrécie, et portée par un pédicelle ne dépassant pas 1 cm. Le pé- <: A I AI.ik.i E DES MOI SSES m .Il RA I I .'» ristome externe varie aussi comme couleur; tantôl il esl (l'un orange foncé, tantôl d'un jaune assez pâle, l'extré- mité des dénis étanl fortement ou faiblement papilleuse. Les plaques dorsales -ardent généralement la forme qu'elles ont dans le type, mais il n'est pas rare de les trouver car- rées à la base de plusieurs dents d'une capsule. Devant cette variété de formes, j'ai essaye' de ramener les plus caractérisées à quelques-unes des sous-espèces Scandinaves ou alpines, séparées du H. arctîcum type dans la seconde moitié du siècle passé. Le résultat auquel je suis arrivé est plutôt négatif, en ce sens que, sauf une, aucune de ces formes s'éloignant du type ne peut se rapporter nettement à un des H. helveticum, injlatum, callistomum, etc. Par contre, ces formes sont manifestement transitoires entre le H. arcticum et les espèces ci-dessus. Par leurs capsules globuleuses, à pédicelle court, à tra- bécules reliées entre elles, dans la moitié inférieure de la plupart des dents, par 2 ou même 3 cloisons, certains exemplaires du Mont-Tendre se rapportent à B. injlatum Philib., tandis que, par leur système végétatif, ils rentrent dans B. arcticum-tyipe. Des exemplaires de la Dent, de Vaulion présentent plusieurs des caractères par lesquels Philibert a distingué son B. callistomum. Par ses grandes capsules fortement arquées et portées par un pédicelle très long, ainsi que par quelques autres caractères, un exem- plaire du Reculet se place tout près de B. arcuatum Lirtip. Des exemplaires du Ghasseron, du Suchet, du Mont-Ten- dre, de l'Aiguille de Baulmes, sont transitoires vers B. helveticum Philib. Enfin j'ai récolté au Suchet un Bryum arcticum dont les tiges hautes de 1 cm. sont entièrement vertes dans toutes leurs parties; la capsule, très régulière, non arquée, plutôt petite et portée par un pédicelle ne dé- passant pas 1 cm. Par tous ces caractères, ce Bryum se rapporte à B. Kindbergrii, d'autant plus que les spores n'atteignent que -20 ta et que les plaques dorsales infé- XLI 8 I T /| CH. MBYLAN rieures Cil. MEYLAN crostegium type. Se reliani au B. pallescens par plusieurs caractères de son système végétatif e( son inflorescence synoïque-antoïque, alors < | u«i tous ses autres caractères sont ceux du B. microstegium, mon exemplaire du .Mont- Tendre (1660 m.) est en soumit' un lien entre les deux espèces. 11 est d'ailleurs certain que le B. microstegium rentre dans le cycle des formes du collectif B. pallescens au même titre que B. subrotundum. B. pallescens Schleich. Répandu, même commun au- dessus de 1200 m. principalement dans la région alpine. Disséminé au-dessous de 1000 m. Il est très variable : 1rs touffes sont tantôt courtes, tantôt profondes, le pédicelle variant de 1 à 4 cm., la capsule allongée ou trapue. Var. : contextum Br. Eu. Répandue dans la région su- périeure, sur les rochers. Sur les arêtes des sommets on trouve fréquemment de petites formes à capsules très courtes <|tii ne rappellent que de loin le type. Ces capsules sont parfois tontes glo- buleuses, rétrécies à l'orifice, même après la chute de l'opercule, lisses, et par conséquent identiques à celles du B. subrotundum, d'autant plus que dans le péristome il n'y a plus aucune différence. II ne reste alors pour distin- guer le B. subrotundum de certaines formes de B. palles- cens, que la marge plus ou moins distincte des feuilles et l'enroulement plus ou moins prononcé de leurs bords. Or, en examinant de nombreux exemplaires, on s'aperçoit que ces caractères sont aussi variables. J'ai vu beaucoup de ces formes intermédiaires, sur l'arête du Chasseron et sur quelques antres sommités, en compagnie de Pottia llus disséminé à mesure < | u«- l'alti- tude augmente, il esl remplacé, dans les régions élevées, par la var. flaccidum et par les formes donl on ;i l'ail le B. elegans. Var. : méridionale Schpr. Répandue à la base de la chaîne. Je ne l'ai par observée au-dessus de 800 m. Yar. : flaccidum Br. Eu. Répandue surtout de 900 à [5oo m. Elle préfère les endroits couverts d'humus dans les forêts profondes, les vieilles fourmilières, les troncs pourris- sants. Elle croit souvent en compagnie de Tayloria serrata. Dans les grandes forêts de la zone subalpine, elle mûrit très tard ses fruits, lesquels sont souvent encore oper- culés en octobre. Par son aspect particulier, toujours le même, ses capsules arquées, d'une teinte jaunâtre et à opercule rouge, cette variété a plutôt la valeur d'une sous- espèce et beaucoup de prétendues espèces n'ont pas à leur actif des caractères différentiels plus importants. B. elegans Nus. Abondant sur les rochers calcaires fiais ou humides des régions montagneuse et subalpine. 11 fructifie surtout près des torrents et sur les rochers humides. Var. : (2 Ferchelii (Funck) Breid. Fréquente sur les ro- chers de la région supérieure, où elle forme des touffes denses avec de longues tiges julacées, mais presque tou- jours stérile. Var. : y carinthiacum (Br. Eu.) Breid. Stations de la précédente, niais moins fréquente. Rarement fertile, c. fr. Chasseron, Suchet (M.) Les fruits en sont très gros, sou- vent liossns, et portés par un long- seta. Le B. <>l<>(jn trouve fréquemment «les formes s'éloi- gnant du type par divers caractères. Parfois le seta est court et la capsule trapue et très largement élargie à l'orifice. Var. imbricatum Br. Eu. Répandue sur les murs et les rochers (Hétier M.). C'est le B. Kunzei de Hornschuch. B. Fuiîckii Hornsch. Rare ; préfère les terrains sili- ceux. Sur le tuf à la cascade de Moron près du Doubs (Maerker d'après Lesquereux). Indication douteuse. Sur le sable molassique et les rochers du même étage aux envi- rons de la Chaux, très fertile (M.). Il produit fréquemment de longues innovations julacées, minces. B. alpicum Huds. Très rare et dans trois stations fort intéressantes : sur la tourbe, Andelot et Nods st. (Hétier) ; marais de Saône (Paillot, Millier). La plante de ces trois stations, surtout celle d'Andelot qui est très développée, est absolument typique. Dans un certain nombre d'autres stations : sur la tourbe dans les tourbières de St-Pierre et du Grand Chalème (Hétier) ; sur sol décalcifié sur le liane N. du Colombier de Gex (M.), croît une forme s'éloignant du B. alpinum type par les caractères suivants : feuilles plus larges, à bords le plus souvent entièrement plans, nervure s'arrêtanl généralement au sommet, mais le dépassant parfois légè- rement, d'ailleurs rouge dans toute sa longueur. Les autres caractères sont ceux du B. alpinum ordinaire. Cette variété que j'appellerai var. Hétieri, la dédiant ù celui qui le premier l'a recueillie, représente une forme opposée à la var. méridionale dans laquelle les feuilles sont très étroites, à bords fortement révolutés et à cellules très étroites. La plante de Nods présente parfois des pas- sages \ ers la var. Hétieri. B. Mûhlenbeckii Schpr. Le type de cette espèce, tel (pie je le connais des Alpes, n'a pas encore été recueilli CATALOGUE DES MOI SS1 s DU .11 RA II») dans le Jura j par contre Hétier a recueilli dans deux sta- tions voisines l'une de l'autre, soit sni' la tourbe au Ta- louard el sur l'argile entre Saugeol et Séptmoncel, deux Brya se rattachant à celle espèce. L'exemplaire du Ta- louard, quoique petit, présente le verl olivâtre mai des exemplaires ordinaires du />. Mûhlenbeckii et s'éloigne du type de celle espèce à peu près connue ma var. Hétieri s'éloigne du B. alpinum. Les feuilles en sont courtes ci 1res larges, non révolutées ; le lissu est typique; la ner- vure, très large à la hase, diminue rapidement pour s'é- teindre au-dessous du sommet exactement comme chez B. Mûhlenbeckii type. Relativement à l'enroulement des bords, des exemplaires authentiques et bien développés des Alpes, m'ont présenté des tiges dont les feuilles ne sont pas du tout révolutées; ce caractère esl donc variable. L'exemplaire de la seconde station diffère davantage du B. Mûhlenbeckii pour se rapprocher du B. alpinum dont il a d'ailleurs l'aspect général. Si le sommet des feuilles est parfois un peu incurvé, il esl le plus souvent plan et acuminé. La nervure est le plus souvent semblable à celle du B. alpinum, c'est-à-dire peu élargie à la base, mais très large dans d'autres feuilles. Elle s'arrête généra- lement au-dessous du sommet, mais parfois l'atteint. Les bords des feuilles sont ordinairement entièrement plans. Le tissu, parfois conforme à celui du B. Mûhlenbeckii type, tend le plus fréquemment à se rapprocher de celui du B. alpinum de manière à être intermédiaire. Par les divers caractères ci-dessus, ce Bryum se rap- proche tantôt de B. Mûhlenbeckii, tantôt de B. alpinum et seules des études ultérieures sur d'autres exemplaires permettront de le rattacher plus nettement à l'une de ces deux espèces. B. Mildeanum Jur. Répandu dans le Haut-Jura, sur les sols argileux et les crêtes des sommets. Je l'ai recueilli dans un grand nombre de stations du Chasserai au Reçu- l'ii Cil. MEYLAN let, de 1000 à 1700 m. Hétier l'a aussi récolté dans plu- sieurs localités du versant français. Il est très rarement fertile c. fr. Granges de Ste-Croix ro8o m. (M.). Les cap- sules sont d'un beau rouge, arquées el semblables à cer- taines formes de B. Erythrocarpum. B. murale Wils. Environs de Besançon (Hillier). Il rsi probablement répandu à la hase de la Chaîne. B. Erythrocarpum Schwgr. Disséminé sur l'argile, le s;i!»le siliceux, rarement sur la louche. Granges de Ste-Croix, sous plusieurs formes, Brassus et bord du lac dans la vallée de Joux (M.) ; Arc-sous-Cicon, Auileloi (Hétier). Quélet l'indique aussi dans plusieurs stations entre Porrentruy et Montbéliard. La capsule est variable dans cette espèce, tantôt arquée, tantôt presque droite, d'un rouge brun foncé ou plus pâle. Var. limbatum,Berth. =B. rubens, .Milieu. Rare ; sur l'ar- gile. La Chaux et La ( rittazprèsSte-t Iroix, ? lôte-aux-Féesi M.). Hétier a récolté dans la tourbière de Nods et mélangé à B. alpinum, une variété très intéressante par les caractè- res suivants : (iazon pourpré : feuilles larges, généralement révolutées jusqu'aux trois quarts; nervure brièvement excurrente, dentée au sommet ; cellules à parois fermes, même parfois épaissies, assez courtes; celles du bord étroites et formant une marge de deux à quatre rangées, des cellules margi- nales ont le plus souvenl leurs parois très épaisses. La capsule, l'exothecium, le péristome et les spores sont ceux du B. Erythrocarpum, et les feuilles sont comme chez celle dernière espèce assez longuement décurrentes. Celte variété, que j'appellerai var. turfaceum, occupe peut-être un rang plus élevé. I )es études ultérieures sur la constance de ses caractères dans d'autres stations, per- mettront seules de fixer exa :tement sa position. B. versicolor A. Braun. Rare et seulement dans la région inférieure. Bord du lac du Bourget (Hétier). Il sera probablement trouvé dans d'autres stations. C V.TALOGUE DES moi 9SES D1 Jl R \ l ' I B. atropurpureum Wahlenb. Malgré le manque d'indications, je le crois répandu au-dessous de tooo m., sur les endroits argileux dénudés. Quélel l'indique près Montbéliard. Je l'ai récolté dans un bon nombre de stations de [ooo à i 200 m., aux Granges de Ste-Croix et à la vallée de Joux. B. Klinggraeffii Schpr. Rare. Bord du lac de Châlin 1 1 létier). B. Geheebii G. Mùller. Bord de l'Aar à Brugg (Geheeb), loc. class. Se retrouvera peut-être ailleurs dans le Jura argovien. B. Blindii , Br. Eu. Très rare. Bord du lac de Joux (M.). B. arçfenteum L. Commun à toutes les altitudes. Les var. majus et lanatum, Br. Eu. sont moins fré- quentes que le type, surtout la première que je n'ai vue que près de La Ghaux, sur sable siliceux très humide, au bord d'un ruisseau. La seconde est souvent stérile. Var. Juranum, mihi. Sur les endroits dénudés des hauts sommets : Chasseron, Aiguille de Baulmes, Suchet, Dent de Vaulion, Dole (M.). Cette variété, caractérisée par ses feuilles dont la nervure est souvent excurrente, ses cap- sules globuleuses, mûrit ses fruits en juillet et août. B. cyclophyllum (Schwgr.), Br. Eu. Très rare. Dans les flaques d'eau des tourbières. Tourbière du Bélieu c. fr. (Ouélet, retrouvé par Rémond) ; tourbière du moulin des Seignes 5 (Hétier). B. neodamense Itzig. Répandu dans les tourbières et les prairies souvent inondées, mais rarement en touffes et plus rarement encore fertile, c. fr. : lacs d'Ilay, de St-Point, de l'Abbaye, etc. (Hétier); lac de Rémoray et vallée de Joux (M.). B. Duvalii Voit. Disséminé et presque toujours sté- rile dans les tourbières et les endroits marécageux. Suchet, dans une prairie marécageuse sur sol siliceux, près La Chaux abondant et c. fr. i.M.i; Aux Mouilles, à l'Embou- 122 CH. MEYLAN teillon, Pré Boillard, Tabouard, Oublies, En Bandil. Chez Gauthier, c. fr. : lacs des Perrets (Hétier). B. pallens Swartz. Rare et calcifuge. Je n'ai vu le type que sur le sable molassique humide, près La Chaux (M.). Sous diverses formes à pédicelle plus long, à cap- sule plus courte, à opercule presque plan, sur la tourbe dans plusieurs stations : tourbières de La Vraconnaz, de La Chaux et du Brassus (M.); de l'Embouteillon, du Ta- louard, des Pontins (Hétier). Cette espèce est transitoire vers le sous-genre Cladodiam, par ses cils souvent nodu- leux et non appendiculés. B. turbinatum (Hedw.) Schwgr. Sur les sols sili- ceux humides. Le type paraît très rare dans la chaîne. Sur le sable siliceux près La Chaux, sur le tuf dans une gorge au Chasseron et à la vallée de Joux (M.); les var. graciles- cens, Schpr. et latifolium, Br. Eu., que l'on réunit pour former le B. Schleicheri, Schwgr. sont beaucoup plus fréquentes, surtout la première. J'ai trouvé la seconde en grande quantité au bord des sources, dans les groupes du Chasseron et du Mont-Tendre. Au col du Marchairuz elle l'orme «les touffes énormes au bord des filets d'eau. B. pseudotriquetrum, Schwgr. Commun dans les tourbières cl les prés marécageux, plus rarement au bord des sources sur les graviers. Il présente de nombreuses formes également fréquentes se rattachant aux variétés gracilescens Schpr., Duvalioides Itzig. , compactum Br. Eu., latifolium cl angustifolium Lindbg. Rhodobryum, Schpr. R. roseum (Weis). Fréquent et souvent très abondant dans les forêts ombreuses, surtout au-dessus de iooo m. Karement fertile, c. fr. I.a lîaisse près Fleurier (Lesque- reux), Forêt des Etroits (très fertile) et plusieurs autres stations aux environs de La Chaux (M.). Laissev (Paillot), Bouj ailles (Flagey); Chaudanne près Besancon (Millier). <:\i vi.oi.i i. ni:s Mdi ssi.s m .11 u.v 1 >'> Mniaceae. Mnium Hedwg. M. orthorynchum Brid. Répandu sur les rochers frais et dans leurs fissures, principalement dans les niions subalpine et alpine. Il devient rare au-dessous de rooo ni. Sur les rochers humides des sommets, les touffes sont plus lâches, formées de tiges plus élevées el lâchement feuillées ; la capsule est plus longue et plus arquée. Par ces caractères cl par les feuilles périchétiales ces formes se rapprochent de M. lycopodioïdes Schwgr. .l'ai récolté sur- la tourbe, dans le vallon de Noirvaux, une forme à feuilles très larges et ressemblant beaucoup à M. médium. Cette forme étant stérile, il est difficile de préciser davantage sa position. M. serratum Schrad. Commun et souvent très abon- dant dans les forêts. Il monte jusqu'à la région alpine sur les rochers frais. M. spinulosum Br. Eu. Très rare. Sous les sapins au bord du lac de Malpas 900 m. (Métier). Cette espèce existe probablement encore dans d'autres stations, mais elle doit être en tous cas fort disséminée. M. spinosum (Voit) Schwgr. Très abondant sous les sapins clairsemés de la région subalpine. 11 devient de plus en plus rare à mesure que l'altitude diminue, et je ne l'ai jamais rencontré au-dessous de goo mètres. Il évite plutôt les sols purement calcaires. Dans la zone subalpine, il croît sur l'humus ou le sol décalcifié, en compagnie d'espèces plutôt calcifuges, et entre 900 et itoo m., je ne l'ai guère observé bien développé et fertile que sur des terrains siliceux, par exemple, la molasse. M. undulatum (L.) Weis. Commun dans les forêts ombreuses, où il est souvent abondamment fertile. Il de- vient rare au-dessus de i3oo m. et ne fructifie plus. M. rostratum Schrad. Répandu dans les stations 124 GH- MEYLAN ombragées el humides des forêts et surtout des gorges où il est toujours plus abondant et plus fertile. Il monte jus- qu'à la région subalpine, mais c'est entre 800 et 1200 m. qu'il esi le plus fréquent. M. cuspidatum Hedwg. Cette espèce paraît rare dans notre territoire, mais il est probable qu'elle scia ren- contrée dans un lion nombre de stations de la région basse, sur les blocs siliceux ou les sols peu calcaires. Très rare au-dessus de 800 m. Je ne l'ai trouvé (pie sur des erratiques, dans les gorges de Govatannaz et sur le sable molassique, près La Chaux, à 1 100 m., ce qui me force à croire que, du moins dans le Jura, cette espèce est cal- cifuge. M. médium Br. Eu. Disséminé dans les endroits hu- mides des forêts, près des sources, les petits marais. La vaux et Fleurier (Lesquereux) ; La Chaux, vallon de Noir- Vaux et col du Marchairuz (M.). M. affine Bland. Fréquent dans les endroits frais et ombragés des forêts. Très fertile dans de nombreuses sta- tions. M. Seligeri Jur. Fréquent dans les marais où il forme de grosses touffes très profondes, mais très rarement fer- tiles, c. fr. dans un petit marais près de La Chaux et dans la tourbière de La Vraconnaz (M.); Rondefontaine (Hétier). En s'avançant dans des stations plus sèches, la plante prend absolument l'aspect des formes ordinaires du M. affine avec une denticulation des feuilles plus forte, par- fois double, ce qui diminue considérablement --es droits à l'autonomie. M. stellare Fleich. Fréquent sur les sols peu calcai- res ; rare el stérile dans la région supérieure, soit au- dessus de i3oo m. M. hymenophylloïdes 1 Blytt. > Hùbn. Très rare. Sur l'humus dans rochers de la région alpine. Chasseron [600 met ces (M . 1. CATALOGUE l>KS MOUSSES M .MUA [20 C'est en vain < [ i nk je l'ai recherché dans d'autres sta- lions. M. punctatum (L.) Hedwg. Très commun surtout dans 1rs endroits humides el ombragés, les tourbières, etc. Présente parfois plusieurs setas par involucre. Cinclidium Swartz. G. stygiurn Sw. Répandu dans un grand nombre de tourbières et de prairies souvent inondées au bord des ci- vières et des petits lacs, (l'est an printemps de [8gi que M. Magiùn et moi l'avons découvert simultanément dans deux stations différentes. II fructifie abondamment dans de nombreux marais, et il est curieux que les divers bryo- logues qui ont parcouru le Jura avant 1890 ne l'aient pas reconnu. Meeseacese. Paludella Ehrbg. P. squarrosa (L.) Brid. Rare. Cette mousse, autre- fois répandue dans nos tourbières, a disparu de la plupart des stations où elle existait ou avait été signalée au milieu du siècle passé. C'est en vain que je l'ai recherchée à La Vraconnaz, où Lesquereux l'indiquait. Je ne crois pas non plus qu'elle existe encore à La Brévine, où j'ai également en vain cherché des stations appropriées à cette plante. Peut-être a-t-elle pu se maintenir aux Ponts. Je ne l'ai rencontrée que dans une seule tourbière, mais abondam- ment, soit aux Ambumex ou Sèche de Gimel, près du col du Marchairuz, à i3oo m. (et non près de Gimel, comme l'indiquaient plusieurs ouvrages bryologiques). Leresche l'avait déjà recueillie dans cette station. M. Hétier l'a re- trouvée sur les bords du lac du Trouillot, près de la tour- bière de Reculfoz, aujourd'hui presque entièrement dessé- chée. Bien que cette espèce varie peu, j'en ai trouvé une en- ia6 <:u. MEYLÀN rieuse forme aux Amburnex. Cette forme est courte, dense et jaunâtre ; elle croit sur de petits monticules avec Sphagnum acutifolium, loin des endroits inondés. Amblyodon P. Beauv. A. dealbatus (Dicks) P. de Beauv. Disséminé dans les tourbières ou sur l'humus el les rochers humides près des sources, dans les régions élevées. Reculet, vallon d'Ar- dran, entre la Faucille et le Colombier (Reuter, M.), tour- bière de La Vraconnaz, Chasseron, tourbières du Sentier, du Brassus, des Amburnex, dans la Vallée de Joux, col du Marchairuz (M.), source du Doubs (Vuez, Métier), cas- cade du Hérisson et tourbière de Chez-Roland (Hétier). Meesea Hedwg. M. trichodes (L.) Spruce. Disséminé dans un grand nombre de tourbières, où il croît surtout sur les troncs de pins en décomposition. Très rare sur la terre non tour- beuse: sur l'argile au bord d'une source, près du Brassus, dans la Vallée de Joux (M.). var. alpina Br. Eu. Commun sur l'humus rouvrant les rochers et à terre dans la région supérieure; plus rare- ment sur la tourbe, par exemple, dans la tourbière des Amburnex. var. minor Br. Eu. Rare. Creux du Van, Colombier, Reculet (M.). M. longiseta Hedwg. Disséminé. Les Sagnettes (Les- quereux); tourbières de La Vraconnaz el Brid. Rare. Dans les tourbières LES MOI SSES l'i il R \ I '■>■'] ei au bord des lacs. Indiqué d'abord par Chaillet, sans localité précise, probablement aux Ponts. Bord u disséminé; stérile. Chas- seron, gorges de la Pouetta-Raisse où il descend jusqu'à 1000 m. en formant encore d'énormes touffes ; Amburnex, dans de nombreuses stations tout le long de la chaîne qui ( : \ i \i m.! i DES Mm SSES im .11 K \ [2g \.i de la Faucille au vallon d'Ardran (M.). Au Ghasseron, je l'ai recueilli sons une forme compacte el raide dans les fissures des rochers secs. Dans les gorges de la Pouetta- Baisse, il croît également sur les rochers, sur l'humus et sur le Ix'is mort. T. bavarica Hessl. Répandu et très fertile dans les excavations des rochers frais, de 900 ù 1700 m. T. austriaca Hedwg. Disséminé sur les rochers Trais de la région subalpine. Vallée de Joux (Dejean m. Brid.) ; Chasseron (Lesquereux) ; Mont de La Majaz, Creux r>o m. avec la var. longisetum Br. Eu. (M.). P. aloides (Hedwg.) P. de Beauv. Doit avoir la même répartition que le précédent. Suchet (Reuter), Noiraigues> Grand Savagnier, La Chaux, Chasseron r58o m., près Mauborget, Suchet, i3oo m. (M.). XL] 9 • l3o CH. MEYLAN P. urnigerum (L.) P. de Beauv. Gomme les précé- dents, mais beaucoup plus fréquent et fuit moins le cal- caire, bien qu'il soit beaucoup plus abondant et bien déve- loppé sur les sols siliceux, par exemple, sur la molasse marine. Il monte très haut : je l'ai trouvé au Chasserai à r55om. et de i/jooà i5oo m. sur plusieurs autres sommités. \ar. humile Brid. Rochers molassiques secs près La Chaux (M.). Polytrichum Dill. P. alpinum L. Rare ou plutôt disséminé sur l'humus, dans les régions subalpine et alpine. Mont-d'Or, Suchet, Aiguille de Baulmes, Chasseron (dans de nombreuses sta- tions), Creux du Van, Tète de Ran, Chasserai, Hasenmatte, sur la molasse près de La Chaux io5o m. et à la Côte aux Fées, sur sol décalcifié (M.). .l'ait rouvé les var. arcticum et septentrional? Brid. dans la plupart des stations ci-dessus. Var. brevifolium, Chasseron. P. formosum Hedwg. Commun à toutes les altitudes. Sur l'humus, dans les endroits humides et ombragés, croît une grande forme à capsule courte, cubique, avec un très gros opercule conique mais non rostre : tourbières d'éboulis du Creux du Van et du Mont-d'Or i3oo m. (M.). P. gracile Dicks. Abondant dans les tourbières. Il présente parfois, surtout dans les tourbières élevées, des formes à capsules très longues et portées par un pedicelle également très long. P. piliferum Schreb. Espèce caleifuye. Répandue sur les endroits dénudés et secs des sols siliceux ou très peu calcaires. Tourbière de Chaux des Prés St. (Métier); c. IV. Mauborget, sur la molasse près La Chaux et La Vracon- naz, Signeronde, Chasseron, avec coiffes rouge brun, i55o mètres. Gros Taureau, Crèt du Creux de la Neige i65o ni. (M.) ; Boujailles, Bief de Corne (Métier). P. juniperinum Will. Répandu sur les troncs pour- ris et les sols argileux. c MAi.ocn: m;s \k»uSSES i>i Ji RA i 3 i var. alpinum Schpr. Au bord des creux à neige de la région alpine: Creux du Van, Monl Tendre, Colombier, Crêt «lu Creux de la Neige (M.). P. strictum Banks. Très commun et abondant dans les endroits desséchés des tourbières. Très rare ailleurs : endroits moussus sur les éboulis au liane \. de la mon- tagne de Boudry (.M.). La plante de cette station se rap- proche de la var. alpestre Kabenh. par sou pedicelle très long supportant une capsule cubique plutôt petite, tandis (pie les feuilles sont plutôt plus longues que dans le type. P. commune L. Endroits humides des bois et au bord des tourbières, assez répandu, mais pas toujours fertile. var. uliginosum llubn. parmi les sphaignes, dans les forêts et endroits tourbeux. Cette forme, telle que je l'ai récoltée près La Chaux, par exemple, atteint avec le pedi- celle 3o à 4o cm. de longueur. var. minus Michx. La Chaux, sur argile (M.). P. perigoniale Michx. Forme dérivée du précédent et habitant les endroits secs, sablonneux ou argileux. Lae- gern (Culmann) ; La Chaux, Chalet des Prés entre Ste- Croix et Les Fourgs, Béguines près du Noirmont (M.). Le caractère tiré des feuilles périchétiales s'observe égale- ment sur d'autres formes du P. commune, et la forme des pores de l'éxothécium est variable dans les deux espèces. Buxbaumiaceae. Buxbaumia Hall. B. aphylla L. Très rare ou non observé. Indiqué par Lesquereux au Creux du Van. Hétier a récolté dans les tourbières de Valdahon et du Magasin de jeunes fruits d'un Buxbaumia qui est très probablement le B. aphylla. B. indusiata Brid. Répandu dans les forêts ombreu- ses, surtout dans la région comprise entre 900 et 1000 m. Pour ma part, je l'ai récolté dans plus de 100 stations. Au Suchet, j'en ai vu des centaines de capsules sur la l32 CH. ME1 LAN tige pourrissante d'un énorme el vieux sapin, tombé de vétusté. J'ai aussi récolté cette espèce dans deux stations tirs curieuses, soil sur l'argile, dans une foret près de la tourbière de La Vraconnaz et dans le vallon de Noirmont, sur de la terre tourbeuse avec Taylorîa serrata et une drôlede forme de Mniurn orthôrhyncum. Diphyscium Mohr. D. foliosum MohrzzZ). sessile Lindbg. Disséminé sur les sols siliceux, Gimel (Reuter); Bief de Corne (llétier); Besançon (Hillier) ; près Mauborget i25o m. c. i'v. (M.). Cette espèce doit être assez fréquente sur le glaciaire alpin au pied E. de la chaîne. PLEUROCARP./E Fontinalaceae. Fontinalis L. F. antipyretica L. Fréquent dans 1rs rivières et les torrents, mais rarement fertile au-dessus de 600 m. var. robusta Cardot. Dans une mare près St-Ferjeu.v (Hillier). Plusieurs autres variétés de cette espèce poly- morphe doivent exister chez nous. F. squamosa L. Cette espèce, qui doit être très rare chez nous, sinon nulle, a été indiquée à Boudry (Chapuis), mais un exemplaire que j'ai eu l'occasion de voir ne con- tenait pas de Fontinalis. F. hypnoides 11. Hartm. Rare. Etangs de Bellelay et de Trévillers, tourbière des Seignes 1000 m. (Métier). La plante de ces stations est très curieuse, eu ce que, par son tissu cellulaire, elle relie le F. Duriaei au F. hynoides. Le premier n'est d'ailleurs qu'une sous-espèce du second. Crypheaceae. Leucodon. L. sciuroides Schwgr. Commun sur le tronc des ar- bres; plus rare sur les rochers. Fertile jusqu'à [25o m. : CATALOGUE DES MOI SSES DU .Il UA [33 La Chaux el \ ' ; 1 1 1 « '■ < • de Joux (M.). J'en ai récolté une forme à tiges courtes formanl des touffes compactes el soyeuses, sur les rochers calcaires au sommet r. Eu. M. julacea (Will.) Br. Eu. Fréquent, mais stérile sur les rochers des sommités au-dessus de i3oo m. 11 forme parfois sur les sommets élevés, par exemple au Chasseron, CATALOGUE DES MOUSSES M' .1 1 R \ [35 de très grosses touffes. Il descend très rarement : Gorges de Longeaigues 900 m. ( M. ). var. scabrifolia Lindbg. Fréquente sur les sommités où elle accompagne souvent le type. Il y a quelques années, j'ai signalé sur le Suchet et d'autres sommités le Myurella Careyana. J'y étais d'autant plus autorisé, que ma détermination pour 1rs piaules du Suchet avait été confirmée par plusieurs bryologues très connus. Pourtant un doute s'élevait peu à peu dans mon esprit touchant la valeur spécifique de mon Myurella Ca- reyana, et son attribution à cette espèce. La lecture de l'article de M. Theriot paru en 1898 dans la Revue bryo- logique, « Excursions dans la vallée de la Romanche », ar- ticle dans lequel Thériot parle de la var. scabrifolia du M. julacea, vint renforcer mes doutes et me fît étudier de plus près les rapports existant entre le soi-disant Myurella Careyana et le M. julacea. Mes observations m'ont fina- lement conduit à pouvoir affirmer que tout ce que j'ai vu ou récolté autrefois dans le Jura sous le nom de M. Ca- reyana, appartient à la var. scabrifolia Lindbg. du M. ju- lacea Vill. Entrons dans quelques détails. Lorsque le M. julacea croît en touffes serrées, ses tiges sont julacées, raides, portant des feuilles peu papilleuses, entières et obtuses. Ces divers caractères varient lorsque les touffes sont lâches, et surtout lorsque M. julacea croit di- rectement sur l'humus, ou par tiges disséminées dans d'autres mousses. La foliation devient plus lâche, les feuilles moins imbriquées s'écartent de la tige, les papilles augmentent de hauteur, les bords deviennent denticulés, l'acumen se surmoute d'un apicule, et nous sommes en présence de formes ressemblant à s'y méprendre à M. api- culata. Ailleurs, des tiges julacées courtes se détachent des innovations s'éloignant encore davantage du type par l'en- semble de leurs caractères ; les feuilles sont étalées, Ion- [36 CH. MEYLAN guemenl apiculées, surmontées de longues papilles sur la face dorsale et de cils sur les bords, soit exactement ce que l'on voil chez le vrai .1/. Careyana. Il est vrai que ces tiges ou innovations sont en général plus ténues que les tiges du M. Careyana. Certaines touffes lâches sont ou paraissent entièrement formées par de pareilles innova- tions; mais, connue j'ai pu le remarquer, il est toujours possible de trouver des portions 7 négligé dans la région inférieure. A la limite de notre ter- ritoire, sim' les arbres des promenades publiques, Besançon (Philibert). Sur un rocher calcaire dans un endroil enso- leillé près La Chaux [080 (M.). L. poiycarpa Ehrbg. Probablement répandu au-des- sous de 700 in., niais non observé. Sur les arbres an bord de la Cuisance (Hétier). Environs de Montbéliard (Ouélet). Anomodon (Hook. et Tayl.). A. viticulosus ( L.). Commun sur les rochers à toutes les expositions, souvent fertile dans la région inférieure, mais très rarement au-dessus de 800 m. c. fr. La Chaux io5o m. (M. ). A. attenuatus (Schreb.) Hûbn. Répandu au-dessous de 700 m. Monte à 1100 m. près Ste-Croix. (M.). Il doit être fort rare au-dessus de cette altitude. Rarement fertile: c. fr. près Arbois (Hétier); environs de Montbéliard (Ouélet). A. longifolius (Schleich.) Bruch. Fréquent sur les rochers calcaires ombragés. Il monte très haut (i3oo à i4oo m.), mais il est beaucoup plus abondant dans les ré- gions basses. Stérile chez nous. Pterigynandrum Hed-vrg. P. filiforme (Timm.) Hedwg. Très commun sur le tronc des arbres, surtout des hêtres. Il fructifie principa- lement dans la région subalpine où il est d'ailleurs beau- coup plus développé. Etant calcifuge, on ne le trouve ja- mais sur les blocs calcaires, mais il est fréquent sur les erratiques. Je l'ai aussi récolté une seule fois à terre, soit sur le sable molassique au Grand Savagnier, dans le groupe du Chasseron. Var. heteropterum Br. Eu. Assez fréquente sur les ra- cines et troncs des arbres dans les stations humides et sur les blocs erratiques ombragés. (M.). 1.38 CH. MEYLAN Lescuraea Br. Eu. L. striata (Schwgr.) Br. Eu. Commun sur les hêtres buissonnants des régions subalpine el alpine où il fructifie abondamment ; descend ici et là jusqu'à iooo m. : La Chaux io5o m. (M.). Sur les bouleaux, dans les tourbières de la Vallée de Joux (M.). Ptychodium Schpr. P. plicatum (Schleich.) Schpr. Abondant et commun sur les pierres et blocs de rochers frais à partir de ioo m. jusqu'à 1600 m. : fructifie souvent et abondamment sur- tout dans la région subalpine. Il descend ici et là au-des- sous de 800 m., mais stérile. Pseudoleskea Br. Eu. P. atrovirens (Dicks.) Br. Eu. C'est un compagnon fidèle du Ptychodium. Comme lui, il est surtout abondant et très fertile dans la région subalpine, sur les éboulis hu- mides, les blocs frais et ombragés. Il est encore abondant bien que rarement fertile de 1000 à 1200 m., mais devient de plus en plus rare au-dessous de cette zone. Var. brachyclados (SchwgT.) Br. Eu. Assez fréquente sur les sommets, dans les stations humides. Heterocladium Br. Eu. H. squarrosulum (Voit.) Lindbg. Sur les sols argi- leux, au bord des creux à neige, etc. Tout le long- de la chaîne du Mont-Tendre, au Reculet, de i3oo m. à 1700 m. (M.). Il est souvent stérile et je ne l'ai recueilli avec fruit qu'aux Amburnex et au col du Marchairuz. Var. compacta Mol. in Sched. Sommet du Montoisev et du Crèt du Creux de la Neige (M.). Thuidium Br. Eu. T. tamariscinum (Hedwg.) Br. Eu. Commun sur les suis argileux, à la hase du tronc des arbres, etc. ; nul sur CATALOGUE DES MOUSSES l>i JURA [3g les sols purement calcaires ; monte jusqu'à la région al- pine. Raremenl fertile au-dessus de 900 m. ; c. fr. La Chaux [ioo m. (M.). T. delicatulum (L.) Mit ion. Répandu sur les sols si- liceux, tourbeux ou argileux, sur les pentes des sommets, mais rarement fertile. Dans un grand nombre i:s MOI SSES DU JURA I '\ I Hypnaceae. Platygyrium Br. Eu. P. repens (Brid.) Br. Eu. Rare ou < ! i s s < '• i n i r i < : ; sur les troncs des bouleaux, des hêtres, des pins, etc., sur les vieilles souches de hêtre dans les stations sèches el chau- des. Neuchâtel (Lesquereux) ; Suchet (Reuter) ; c. IV. Lae- gern (Gulmann); St. Côte-aux-Fées, Vallée de Joux, c. IV. La Chaux (.M.). Il est parfois difficile de distinguer cette espèce de certaines formes julacées et dorées du Hypnum cupressiforme. Pylaisia Br. Eu. P. polyantha (Schreb.) Br. Eu. Fréquent au-dessous de 800 m. sur le tronc des arbres isolés, surtout sur les parties mortes. Il devient rare au-dessus de rooo ni. La Chaux et Vallée de Joux où il est abondant sur les bouleaux, dans les tourbières et les saules le long' de l'Orbe. Mont-d'Or sur hêtre i45o (M.). Orthothecium Schpr. O. ruîescens (Dicks.) Br. Eu. Fréquent, même com- mun sur les rochers humides de la région montagneuse et surtout des régions subalpine et alpine. Descend à 260 m. à Laissey (Paillot et Renauld). Je l'ai trouvé fertile dans un très grand nombre de stations de 1000 à [600 m., mais en général les fruits sont peu nombreux; par contre dans les gorges de la Pouetta-Raisse, au Chasseron, au Suchet, j'en ai recueilli d'énormes touffes couvertes de capsules. O. intricatum. (Hartm.) Br. Eu. Dans les fissures des rochers humides, accompagne le précédent ; fréquent surtout au-dessus de 1200 m. mais répandu dès la base de la chaîne, c. fr. La Chaux, Gorges des Auges et de la Deneyriaz au Chasseron, Gorges de la Pouetta-Raisse, de Longeaigues, Suchet, Xoirmont. Colombier (M.). O. Strictum Lorentz. Sur les rochers secs et la terre l42 CH. MEYLAN dans la région alpine. Rare. Ghasseron, Aiguille de Baul- mes, Dent de Vaulion (M.). Cylindrothecium Br. Eu. G. Schleicheri Br. Eu. Répandu sur les pierres, dans les bois de la région basse. Nul à ma connaissance au-dessus de iooo m. Moutiers, La Raisse près Fleurier (Lesquereux) ; Montferrand (Paillot); Mouthe (Vuez); Pon- tarlier, Ornans, Andelot (Flagey) ; Morez, Vallée du Hé- risson, etc. (Hétier). Monte à 1000 m. à Monpetot entre Pontarlier et les Fourgs (M. et Clerc). Il est indiqué aussi par Ouélet près de Porrentruy. G. concinnum (de Not.) Schpr. Commun à toutes les altitudes sur le sol et les rochers, mais très rarement fertile, c. i'r. Près Neuchàtel (Schimper); près de Morez (Hétier) ; Longeaigues entre Ste-Croix et le Val de Tra- vers (M.). Climacium W. et M. G. dendroides (L.) W. et M. Très commun dans les tourbières et sur les prés spongieux. Souvent fertile. Forma depauperata N. Boni, sur les pâturages, dans les endroits frais et au bord des creux à neige jusque dans la rég-ion alpine ; dans de nombreuses stations (M.). Isothecium Brid J. myurum (Pollich.) Brid. Commun surtout au pied et sur le troue des arbres. Var. robustum Br. Eu. Fréquent sur les rochers de la légion alpine, très abondant par exemple au Ghasseron (M.). J myosuroides Brid. Cette espèce (pie Lesquereux indique « près Boudry » et « dans les bois du Jura », doit être fort rare chez nous. Il est probable, pourtant, qu'elle se retrouvera sur' des blocs siliceux ou sur le tronc des hêtres. CATALOGUE l » i: s MOUSSES DU JURA l f\'\ Homalothecium (Br. Eu.). H. sericeum (L.). Br. Eu. Commun sur les arbres, les rochers secs, jusqu'à iooo ni. Rare et surtout très ra- rement fertile au-dessus de 1200 m. G. fr. sur un érable au Suchet à i4oo m. (M.). H. Philippeanum (Spr.) Br. Eu. Répandu sur les blocs calcaires dans les stations abrituées de la région montagneuse, soit de 800 à rioo m. II devient rare et stérile soit au-dessus, soit au-dessous de cette zone. Près de La Chaux où il est abondant et très fertile, il croît aussi sur le tronc des hêtres mélangé à Isoth. myurum et Leucodon. Camptothecium (Br. Eu.) . G. lutescens (Huds.). Br. Eu. Très commun partout, sur le sol et les rochers calcaires. Il ne dépasse guère i4oo m. Var. : fallax (Philib.). Brid., Lsegern (Culmann); vallon de Noirvaux et La Chaux (M.). G. nitens (Schrb.). Scpr. Très commun et très abon- dant dans les tourbières, les prés spongieux, etc. Il fruc- tifie dans un grand nombre de stations (Hétier, M.). Brachythecium (Br. Eu.). B. Mildeanum Schimpr. Disséminé dans les endroits marécageux et rarement fertile. Stérile à la Côte-aux- Fées et aux Amburnex, c. fr. La Chaux (M.). Embouteil- lou c. fr. (Hétier). B. salebrosum (Hoffm.). Br. Eu. Commun sur les pierres, le sol et les vieux troncs. Toujours très fertile. Il présente un grand nombre de formes dues aux différents genres de stations. B. campestre (Bruch.) Br. Eu. Rare ou méconnu. Sur le sol dans les forets. Indiqué par Lesquereux près de Fleurier et à la Grandsonnaz (Chasseron) par J. Mïiller. Ces deux indications sont douteuses. Je n'ai pas vu l'exem- \[\l\ GH. MEYLAN plaire de Lesquereux. Quant aux exemplaires de la Grand- sonnaz, il n'en existe point sous le nom de B. campestre dans l'herbier .1. Mûller réuni à l'herbier Boissier, el il est probable que, révisés, ils ont été transférés dans une autre espèce. Confondu avec />. salebrosum dont il n'est qu'une va- riété, le B. campestre doit sûrement exister dans maintes stations de notre territoire. B. plumosum Br. Eu. Rare et seulement sur les blocs siliceux souvent inondés ; Val de Travers (Lesque- reux), probablement sur un erratique dans les gorges de l'Are ii se. B. populeum (Hedwg.) Br. Eu. Répandu sur les troncs pourrissants, au pied des arbres, rarement sur les pierres calcaires, mais abondant sur les erratiques. Très variable. Les var. majus Br. Eu. longisetum, subfalcatum Br. Eu. sont assez répandues. Var.: amoenum (Milde). Rare. La Chaux (M.). B. Starkei Br. Eu. Commun sur les troncs pourris, plus rarement sur le sol, surtout dans la zone comprise entre 800 el [5oo m. B curtum Lindbg. Rare ou méconnu. Sur le sol tourbeux ou couvert d'humus, les troncs pourris. La Chaux en plusieurs stations parfois avec des pédicelles de 4 cm. Chasseron (M.). La première station où je l'ai ré- colté, soit la première pour la chaîne, est une dépression très humide dans le bois tourbeux de Signeronde, près de la tourbière de La Yraconnaz. Il croît là en compagnie de Brach. rivulare. B. velutinum (L.) Br. Eu. Très commun au pied des arbres, sur les sols siliceux, rarement sur la tourbe et les sols purement calcaires. Var.: intricatum Br. Eu. La Chaux (M.). J'en ai récolté dans deux stations près de La Chaux CATALOGI i: DES MOI SSES DU JURA l'i.'i une forme à pédicelle lisse on presque lisse el qui se rap- procherai! ainsi beaucoup de la plante nommée l>. salici- niim Br. Eu. d'autant |>lns que ces deux stations sont le troue d'un érable el un vieux tronc pourrissant. B. rutabulum (L.) Br. Eu. Très commun sous de nombreuses formes tantôl trapues tantôt allongées. Les \ar. : longisetum, plumulosum, densum robustum l>r. Eu. sont fréquentes. Var. : JlavescensBr. Eu. Rare. Sur le sable molassique près La Chaux c. fr. (M.). B. reflexum (Starke) Br. Eu. Répandu, mélangé à Lescuraea striata sur les rameaux et le tronc des hêtres rabougris de la région alpine ; sur le sol couvert d'humus dans les forêts ombreuses de la région subalpine el ici et là sur les troncs pourrissants. Indiqué déjà par Reuter au Ghasseron el au Suchet. Je l'ai récolté souvent en abon- dance et très fertile sur toutes les sommités atteignant [3oo m. Il descend à iioo m. près La Chaux sur les troncs pourris, sur les bouleaux, dans les tourbières et dans une station sur la molasse (M.). B. glareosum Br. Eu. Répandu à l'état stérile sur les sols argileux ou graveleux jusqu'à i3oo m. Très rarement fertile. C. fr. Source de la Cuisance (Hétier), La Vracon- naz (M.). B. albicans (Neck.) Br. Eu. Rare; sur les sols non calcaires c. fr.; sur le sable molassique près La Chaux (M.) ; La Chaux dans le Jura bernois, Pré Reverchon, An- delot (Hétier) mais stérile. Dans les stations fraîches, j'ai récolté des formes se rat- tachant à la var. alpinum de Not. B. rivulare Br. Eu. Fréquent et souvent fertile au bord des torrents, surtout dans la région montagneuse. Var. cataractarum. Sauter. Dans les torrents : La Chaux et Vallée de Joux (M.). XLI io l46 CH. ME Y LAN Scleropodium (Br. Eu.). S. purum (L.) Limpcht. = Hypnum purum L. Fré- quent, niais le plus soin eut stérile, dans les forêts, sur- tout sur le sol frais et couvert d'humus. .Moule stérile jusqu'au sommet de la Dent de Vaulion, i48o m. et avec fruits jusqu'à noo m., près La Chaux (M.). Hyocomium (Br. Eu.). H. flaçjellare Br. Eu. Indiqué dans le « Jura suisse » par Lesquereux. Je doute fort que cette espèce existe chez nous. Eurynchium. E. striatum Schpr. Très commun et fertile sur le sol et les troncs pourris dans les forêts. Tantôt les tiges sont courtes, dressées et garnies de nombreux rameaux, tantôt elles sont couchées et très longues, rappelant alors beau- coup l'aspect du Hylocomium brevirostre. E. striatulum Br. Eu. Répandu sur les rochers secs mais ombragés ; rarement fertile. Il a été trouvé dans un bon nombre de stations du Jura français par Hétiei ; au Laegern, par Culmann. Je l'ai moi-même récolté dans un grand nombre de stations aux environs de Ste-Croix, de Baulmes, de Vuittebœuf, de Gressier, à toutes les altitu- des et jusque sur les rochers de la région alpine : Chas- seron, Aiguille de Baulmes, Suchet, Dent de Vaulion, Creux du Van, Chasserai, mais sous des formes plus tra- pues. J'en ai cueilli, au Chasseron, une variété à rameaux julacés et ressemblant à E. diversifolium. Sur les rochers de la Montagne de Boudry, j'en ai récolté une forme à feuilles entières. Je l'ai recueilli sur un hêtre au Chasseron. C. IV.: Reculée de Chalin et Paillette (Hétier) ; Chapelle- des Buis, près Besançon (Millier) ; Baulmes et gorges de ( lovatannaz i M. ). E. velutinoides l>r. Eu. Rare et seulement sur les C \r \!.o<;i i: DES moi SSES m .11 R \ 1 t±n rochers siliceux. Gorges de Covatannaz et près de la gare de Six-Fontaines ( M . 1. E. crassinervium (Tayl.). Br. Eu. Fréquenl cl par- fois très abondant sur 1rs rochers liais ou humides, sur- tout près des torrents, des cascades. Il devient rare au- dessus de 1. M)o 111. .le ne l'ai vu fertile que dans les gorges de Covatauuaz. Il illier l'a aussi trouve1 c. fr. près de Be- sançon. E. Tommasinii (Sendt.) Ruthe. Très commun et très abondanl sur les blocs calcaires secs, mais pas trop eu plein soleil ; compagnon de //. molluscum. Il fructifie fré- quemment mais les fruits sont rarement abondants. var. fagineum (H. Muell.). Environs de La Chaux sur rochers calcaires et surtout rochers de molasse où la plante est abondante et mieux caractérisée. Comme elle est stérile il n'est guère possible de décider si elle se rattache au E. germanicum. Grèbe. E. cirrosum (Schwgr.) Limpcht. Sous-espèce se com- posant d'un groupe de formes se rattachant au précédent. J'ai d'ailleurs vu au Suchet le passage entre les deux espè- ces. Indiqué déjà par Boulay au Suchet, puis par Hétier, au Mont-Tendre. Je l'ai recueilli sur presque toutes les sommités du Chasseron au Reculet. Très rarement fertile. C. fr. Les Tempêtries (Chasseron) (M.). 11 varie d'aspect et j'ai trouvé des formes se rapprochant tantôt de la var. FunckiiMol., tantôt de la var. Molendoi (Schpr.). Il est très curieux de constater que lorsqu'elles s'élèvent dans la région alpine, principalement dans des stations fraîches, la plupart des pleurocarpes des régions inférieure et moyenne, prennent un aspect très particulier. Leurs feuilles deviennent plus larges, plus concaves, plus briève- ment acuminées, plus imbriquées, rendant les tiges plus renflées et en même temps plus julaeées. Cet aspect alpin, si je puis m'exprimer ainsi, se constate chez : Isotheciam myurum, Brachythecium glareosum et d'au- I 48 GH. MEYLAN 1res espèces «lu genre, Eurynchium Tommasinii, E. strigo~ sum, E. stnatulum, E.piliferum, Rhynconstegium murale, divers P/agiothecium, Hylocomium pyrenaciium, Schre- beri, rugosum, puis />. Capillare (B. elegans). En étudianl attentivemenl ces formes alpines on les voit, à mesure que l'altitude diminue, passer insensible- mentau type dont elles dérivent. 11 est bon d'y voir des espèces en train de se différencier, soil des variétés <'t des si Mis-espèces, niais non des espèces véritables. E. piliferum fSchreb.). Br. Eu. Abondant sur le sol des forêts ombreuses en compagnie de //. crista Castren- sis. //. purum, Rhodobryum, etc., surtout de qoo à i3oo mètres et souvent très fertile. Au-dessus de r3oo m. soit dans la région subalpine, il devient plus trapu et reste stérile. E. Stockesii Br. Eu. Sûrement rare chez nous. A la limite de notre territoire, au l>ois de Ghalezeules près Be- sancon ( I lillier). E. prselongum | L. ; Br. Eu. Commun dans les champs, les pâturages, les endroits incultes, monte jusqu'à i3oo ni.; encore c. fr. La Chaux noo (M.). var. atrovirens Brid. = E. Swartzii Curnow. Fré- quent sur les rochers calcaires ou siliceux, frais et om- bragés, niais rarement fertile : c. fr. La (maux [ IOO mè- tres | M. ). var. abbreviatum Br. Eu. Doubs, Arcier (Paillot). J'ai trouvé plusieurs t'ois près des sources et des iilets d'eau dans la montagne, des formes indécises entre les deux variétés. Rhyncostegiella (Br. Eu). R. tenella (Dicks). Rare. Sur des rochers de molasse frais près La Chaux to8o m. (M.) ; Arbois (Hétier) ; envi- rons i:s MOI SSES Dl Jl R \ I f\\) V.ro ni. (M.). P. sylvaticum (Huds.) Br. Eu. Commun sur les sols argileux et tourbeux, sur les troncs pourris, l'humus. Varie connue grandeur suivant les stations. Très proche voisin du P. denticulatum, avec lequel il forme probable- ment une seule et même espèce très polymorphe, il pré- sente pourtant un certain nombre de caractères, généra- lement assez stables, pour qu'il soit préférable, pour la clarté du sujet, de le maintenir comme espèce.. Var. Rœseanum Hampe. Assez répandue. C'est surtout dans la région supérieure qu'elle prend un aspect tout spécial, les rameaux devenant très épais, presque julacés : par exemple sur l'humus au Chasseron. Pins bas les diffé- rentes formes se rapprochent toujours plus du P. sylva- ticum type, surtout les plantes fertiles, el j'ai trouvé tant de forme de passages qu'il m'est impossible de considérer le I'. Rœseanum> autrement que, comme variété on tout an pins comme sons-espèce du /*. sylvaticum. D'ailleurs les formes qui s'éloignent le pins de celle dernière espèce sont généralement stériles on portent des fruits petits et mal développés, peu nombreux. C VI VLOGl !. DES MOUSSES Kl .Il H V I •» l P. denticulatum (L.) Br. Eu. Très commun el abon- danl sous uni- multitude de formes, donl la plus remar- quable est la var. denswn \\v. Lu. à [«Miles frondes cour- tes el densémenl feuillées el à capsules dressées : La I ihaux el Chasseron (M.). var. curuifolium (Schliep.) = P. curvifolium Schliep. Forme n'ayant pas même la valeur de la var. Rœseanum de l'espèce précédente, el n'étant séparée du type par au- cun caractère important et surtout quelque peu constant. J'ai vu maintes fois, dans le Haut-Jura central, où cette variété est fréquente, de grandes touffes de P. denticula- tum, dont une partie se rattachait à la var. curvifolium, sans qu'il soit possible d'établir une limite entre les deux formes. Autrement dit, chacune d'elles passait insensible- ment à l'autre. Le P. denticulatum présente encore une autre forme très intéressante, à frondes étroites et julacées, parallèle à la var. Rœseanum du P. sylvaticum. J'ai rencontré plu- sieurs fois cette var. dans le Jura et H. Bernet qui l'avait recueillie sur un tronc pourri à la Dole, lui avait donné le nom de var. julaceum, ainsi que le témoigne un exemplaire préparé par lui. P. pulchellum (Dicks.) Br. Eu. Commun sur l'hu- mus au pied des sapins, sur les rochers, dans les anfrac- tuosités, puis sur le sable siliceux, par exemple sur la molasse près La Chaux. Nul ou presque nul sur les cal- caires purs, s'il n'y a pas d'humus. Il habite principale- ment les régions subalpine et alpine, mais descend au- dessous de rooo m. var. nitidulum, Lesq. et Jam. Forme assez différente du type lorsqu'elle est bien caractérisée par des frondes bien aplanies et la capsule horizontale, mais s'y [attachant par une multitude de formes intermédiaires. Cette variété est presque aussi fréquente que le type, mais préfère les sta- tions plus fraîches et plus ombragées. Parfois comme j'ai [02 CH. MEYLAN pu le remarquer plusieurs lois, les feuilles sont très lon- guement acuminées, avec de longues cellules liés étroites; la plante se rapprochanl alors , iy-18, i5-20 ;t. Le système cellulaire n'offre d'ailleurs p;is de caractères permettant de distinguer nettement ces deux formes, et la nervure est variable. .J'ai vu, par ex., des exemplaires dont le système végétatif n'offrait aucune dif- férence avec celui d'exemplaires authentiques de A. riges- cens, et qui, par leur appareil sporifère., se rapportaient en tous points à A. serpens. A. rigescens est une sous-espèce, reliant par d'autres caractères et plus directement que A. varium, A. serpens à A. irriguum. A. radicale (P. Beauv.) Mitten. Rare. La Chaux, sur du bois pourrissant dans des endroits frais (M.). A. Juratzkanum Schpr. Rare. Arcier (Flagey); Re- trouvé par Hillier. A. riparium (L.) Br. Eu. Répandu sur les pierres dans les cours d'eau, sur les poutres des écluses, les vieux bassins de fontaine, etc. A. Kochii Schpr. à rechercher. Hypnum L. H. Halleri Swartz. Très commun sur les rochers de 1000 à 1700 m. Devient rare au-dessous de cette zone. Cette espèce varie peu; je l'ai pourtant recueillie aux Amburnex, sous une forme stérile beaucoup plus robuste que, le type, forme produite par l'humidité et l'ombre. Je l'ai aussi trouvée sur un tronc pourrissant à la Pouetta- Raisse (M.). l56 GH. MEYLAN H. Sommerfeltii Myr. Assez répandu sur les rochers, dans les fissures des murs, etc. : Dùle, Suchet. Sentier de Govatannaz (Reuter); fréquent aux environs de La Chaux, Pouetta-Raisse, Montagne de Boudry, Cressier, Tauben- loch, Ghasseron, Vallée de Joux (M.); environs d'Arbois, Chaux Barthaud (Hétier) ; environs de Montbéliard (Qué- let). H. elodes Spruce. Assez répandu parmi les carex, dans les tourbières el au bord des lacs, mais le plus souvent stérile, c. fr. au bord du lac de Joux (M.) ; Maclu (Ilé- tier). var. B. falcatum Ewerken = var. hamulosum Schpi*. accompagne le type, surtout au bord des lacs. H. chrysophyllum Brid. Fréquent sur les sols cal- caires, les tronc de hêtres, mais rarement fertile, c. fr. source de la Cuisance (Métier); près Mauborget, Val de Travers, La (maux (M.). var. tenellum Schpr. = var. subnivale Mol. Dans les tissures des rochers de la région alpine: Ghasseron, Suchet, Dent de Vaulion (M.). Celte petite forme prend un aspect spécial et ressemble à la variété falcatum de l'espèce pré- cédente. H. stellatUIïl (Schreb.) Commun dans les tourbières mais le plus souvent stérile. forma radicans X. B. Sur des troncs d'arbres pourris- sants dans les Gorges de la Pouetta-Raisse (M.). forma tennis N. B. Pouetta-Raisse. form. gracilis X. B. commune. forma stricta milii. Tiges simples raides: feuilles dressées et raides: Tourbière de Signeronde (M.). var. protensum Schpr. Commune sur les rochers hu- mides, sur les sols marneux ou graveleux près des sour- ces. C'est surtout dans ces dernières stations qu'elle fruc- tifie abondamment. H. polygamum (Br. Eu.) Wils. Assez rare ou mé- CA1 \l nui i DES MOI SSES DU Jl R \ l.»7 connu. Il habite sourtoul les près spongieux près des tourbières et au bord des lacs: Marais de Saône (Paillot); Tourbières de Malpas, < tyeel Pallet, Narlaj , Maclu (Hétier). Bord du lac de Joux, Tourbières ros coussinets très profonds, formés de tiges dressées et qui se rapporterait plutôt à la var. elatum Schpr. H pratense Koch. Rare. Sur les prés tourbeux. Dé- couvert, pour la chaîne, dans une petite tourbière aux Amburnex à i4<>o m. (M.) ; tourbière de Chez-Gauthier, forme transitoire vers//. Lindbergii (Hétier). H. palustre Huds. Commun sur les rochers humides, les blocs inondés dans les torrents. Les var. D. hamulosum et subsphaericarpum Br. Eu. sont fréquentes. var. julaceum Br. Eu. Plus rare que les deux précéden- tes, cette variété se trouve surtout sur les rochers humi- des de la région alpine où parfois elle abonde. Je l'ai aussi recueillie plus bas, sur des bassins de fontaine en bois. var. tenellum Schpr. Rare. Sur les pierres humides, dans la forêt des Etroits, près Ste-Croix. c. fr. (M.). l()8 CH. M K Y LAN J'ai aussi récolté sur la molasse au bord d'un torrent. près La Chaux, une forme stérile se rapprochant du //. di- latatum Wils et dont les feuilles ont la nervure digitée, présentant jusqu'à quatre ou cinq divisions. H. cordifolium Hedwg. Rare. Je ne connais que deux stations certaines pour le Jura. Près de Couvet, au bord de l'Areuse (Lerch) (J'en possède un exemplaire préparé par le docteur Lerch et qui porte l'inscription sui- vante: « Teste Schimper ») ; marais de Saône (Millier). H. giganteum Schpr. Très commun à l'état stérile dans les marécages et les tourbières : fertile pourtant dans un grand nombre de stations (Hétier, M., Hillier), mais fruits généralement très disséminés. \;ir. dendroïdes. Dans la Noiraigue, près la Chaux (M.). H. stramineum Dicks. Répandu dans les tourbières, mais le plus souvent stérile. 11 fructifie abondamment dans un grand nombre de stations (Hétier, M.). H. trifarium Web. et M. Fréquent dans les tour- bières et les prés spongieux, mais très rarement fertile. c. fr. St-Point, Malpas, La Planée, lac d'Ilav, etc. (Hétier). H. turgescens Jensen. Rare. Dans les marais non tourbeux, surtout au bord des lacs. Découvert dans la chaîne par Hétier. Au bord des lacs de Remoray, St- Point, du Val, de l'Abbaye, de Crenans, etc. (Hétier) ; près du Sentier dans la Vallée de Joux (M.). H. CUSpidatum L. Très commun et le plus souvent fertile dans les marais et les endroits humides des terrains argileux. H. scorpioïdes L. Répandu sur un grand nombre de points; manque, par contre, presque totalement sur des territoires assez étendus dans le Jura central et septen- trional. Cette espèce préfère les eaux chargées de carbo- nate de calcium, aussi est-elle plus abondante au bord des lacs, dans les anciens lits des cours d'eau, etc. C ^TALOGUE DES MOI SSES DU JUR \ r6o Rarement fertile, c. IV. Vallée de Joux (M.) el dans les marais, an bord d'un bon nombre de lacs du Jura fran- çais (Hétier). Hylocomium Br. Eu. H. splendens Br. Eu. C'est une de nos mousses les plus communes dans toutes les régions el à toutes les alti- tudes. Elle fructifie surtout entre 800 et i3oo m. H. umbratum Br. Eu. Répandu dans les forêts pro- fondes de la zone comprise entre 900 et i5oo m., mais assez rare au-dessous de 1100 m. Fertile dans un grand nombre de stations, surtout au-dessus de i3oo m. H. pyrenaicum (Spruce) Lindbg. Répandu, parfois très abondant sur les pâturages, les blocs frais et sous les sapins, dans les régions subalpine et alpine. Trouvé d'abord par Lesquereux, Lerch et Schimper, au Ghasseron. Je l'ai récolté sûr toutes les sommités, du Chasserai au Reculet. Il est surtout très abondant dans la chaîne du Mont-Tendre. Je l'ai recueilli à 1200 m. dans plusieurs stations près Ste-Croix. Partout stérile. J'ai vu deux curieuses stations de cette espèce, soit dans les tourbières des Amburnex et des Begnines, où elle croît au milieu de différentes espèces turficoles. var. latifolium mihi. Sur les pâturages argileux et sté- riles, au bords des creux à neige, etc., Chasseron, Creux du Van, Tète de llan, La Neuve, Colombier, Crêt du Creux de la Neige (M.). H. brevirostre Br. Eu. Répandu au-desous de 700 m.; très rare au-dessus : Gorges de la Pouetta-Raisse 900 m., Montagne de Boudry 800 m. (M.). c fr. Vallée d'Arbois (Hétier). H. Schreberi (Willd) de Not. Très commun et sou- vent très fertile, dans les forêts, sur les pentes fraîches, sous les pins dans les tourbières, partout où le sol est peu I70 CH. MEYL.VN calcaire. Dans la région alpine, il prend une forme trapue avec feuilles plus larges. H. loreum (L.). Br. Eu. Commun dans les forets pro- fondes de la région comprise entre 800 et i5oom.; devient de plus en plus disséminé au-dessous. Il fructifie générale- ment et souvent avec abondance. H. triquetrum (L.) Br. Eu. La plus commune des mousses de nos forets. Généralement fertile. J'ai cueilli cette espèce sous une forme courte et trapue (2 à 3 cm.), mélangée k H . pyrenaicums Sphagnumacuti- folium et à d'autres espèces turficoles, dans une petite tourbière située entre le Chalet des Begnines et le Mont- Sallaz i4oo m. H. squarrosum (L.) Br. Eu. Très commun et son- vent fertile jusqu'à i5oo m. var. calvescens (Wils) = H. caloescens. Wils. Répandu sur le sol des vieilles forets de la région subalpine. Je l'ai observé sur la plupart des sommités, c. fr. La Vaux, fo- rêt des Etroits et près de la tourbière de La Vraconnaz (M.). Cette forme, très bien caractérisée dans les régions élevées, se rapproche de plus en plus du type à mesure que l'altitude diminue. Des exemplaires récoltés par Hétier dans la grande foret de La Joux tiennent le milieu entre le type et la variété. H. rugosum (Ehrbg.) de Not. Commun mais stérile de la base au faite de la chaîne. CATALOGUE l>i:s MOUSSES l>i JURA 171 ADDITIONS Sphagnum molle Sull. Rare on méconnu. Tour- bières de La Vraconnaz et de la Limasse près Ste-Croix, de Praz-Rodet, de la Thomassette, des Petits Plats et des Beg-nines dans la Vallée de Joux (M). Archidium phascoïdes Bd. Tourbières du Talouard e( des Oublies (Hétier).' Dicvanella Schreberi Schpr. /S /enta. Tourbière du Vuarnon (M. ). D. squarrosa Schpr. Tourbière des Oublies (Hétier). Dicvanum neglectum Jur. Risoux (M.). D. elongatum Schleich. Chasseron, i55o m. Aiguilles de Baulmes (M.). Gampylopus subulatus Schpr. Sur la tourbe près du lac de Virv et dans la tourbière Jeaimin (Hétier). Trematodon ambignus Hsch. Tourbière de Chez Roland (Hétier). Orthotrichum leucomitrium Br. Eu. Près de la gare de Mesnay (Hétier). Webera proligera Kindbg. La Chaux, sur molasse (M.). Bryum alpinum Huds. Var. Hetieri. Meyl. Su- chet, i55o m. (M.). Amblyodon dealbatus P. de B. Sur bois pour- rissant dans les gorges de Pouetta-Raisse (M.). Philonotis crassicostata Warnst. Abondant près d'une fontaine entre le Suchet et les Aiguilles de Baulmes (M.). Polytrichum alpinum Rœhl. Var. brevifolium Bd. Chasseron (M.). 172 CH. MEYLAN Plagiothecium pulchellum Br. Eu. Var. sube- rectum Lindbg. Suchel (M.J. Amblystegium hygrophilum (Jur.). Tourbière de la Vraconnaz (M.). Hypnum polygamum Schpr. Var. fallaciosum Milde. Marais des Araigny (M.). ; de eu Bandit (Hétier). H. decipiens (de Not) c. fr. Tourbière des Oublies (Hétier) ; stérile dans une foule de stations (Hétier, M.). H. Pratense Koch. Tourbières des Grands Prés et du Pré Gaillet (Hétier). H. callichroum Brid. Mont-Tendre (M.). Encalypta longicolla Br. Aiguilles de Baulmes t35o m. (M.). BULL. SOC. VAUD. SC. .VU. XL I, l53 I 7.3 LA LOI DE LA RÉFRACTION ET LE PRINCIPE DE LA MOINDRE ACTION PAR Louis MAILLARD (Sept figures dans le texte) On connaît les lois de la réfraction simple de la lumière: Si vx et v2 sont les vitesses de propagation dans deux mi- lieux en contact par une surface S, i° le rayon incident, la normale à S au point d'inci- dence et le rayon réfracté sont sur un même plan ; 2° le /-apport du sinus de l'angle d'incidence au sinus de l'angle de réfraction est constant, et égal au rapport des vitesses de propagation : (1) — : = n , OU /Z = -i. sm /• u2 (/. angle d'incidence ; /*, angle de réfraction.) La présente étude, où l'on ne trouvera guère que des compilations, a pour objet de résumer les faits relatifs à la découverte de la loi des sinus ; de rappeler et discuter brièvement les démonstrations assez nombreuses et sou- vent contradictoires qui en furent proposées ; de montrer enfin que le principe de la moindre action s'applique aussi bien à la théorie des ondulations qu'à la théorie de l'émission de la lumière. § i. — Snellius et Descartes. Willebrord Snell l, dit Snellius, qui avait suivi les leçons 1 Snell van Roijen, 1591-1G26, professeur à Leyde. i?4 L. MAILLARD de Kepler, trouva expérimentalement, vers 1620, la rela- tion suivante : Quel que soit l'angle i, on a (%. 1) : OR 01 = constantr Et OR cosec r cosec i sin / sin /' D'une autre part, dans sa Dioptrique1 , Descartes rom- pant' les lois de la lumière réfractée aux lois du mouvement d'une balle qui , lancée dans la direction AB , rencontre, non plus une surface « plate et dure » comme dans le cas de la réflexion, mais une toile « <|ui soit si faible et déliée que celte halle nit la force de la rompre et de passer tout au travers, en perdanl seulement une partie de sa vitesse, à savoir par exemple la moitié. » 1 En 1637 fui publié le Discours de la Méthode, donl la Dioptrique, le Traité sur les Météores et la Géométrie composaient, pour l'auteur, comme la suite naturelle. Voir édition Cousin, 1. I, Discours; t. V, Dioptrique, etc. — Des- cartes, partant de l'idée «lu plein absolu, — l'espace rempli d'une matière >ul>- tile, le premier élément — admet que les corps lumineux exercent sur un cer- tain milieu formé de particules sphériques — second élément — une pression donl la transmission est instantanée. Le troisième élément de Descartes es! la matière ordinaire. LOI l>K RÉFRACTION ET PRINCIPE DE MOINDRE ACTION 17.» .Alors, seule la com- posante de la vitesse qui faisait tendre la halle de haut en lms est diminuée ; etcomme la halle mettra, pour parcourirune longueur égale au rayon , deux lois plus de temps dans le second milieu que dans le premier, il faudra prendre BE = 2 BC et mener par E la nor- male FK à la surface de la toile. — Si la vitesse suivant la normale était réduite à 11 1 3 ' 4 ' •*• ' n de sa valeur primitive, il faudrait de même prendre BE = 3, 4,..., n fois BC ; pour deux milieux donnés, on a donc, en général, BC 1 -rr^r = — = constante ; BE // il s'ensuit (II) sin i sin r i'i Si la balle, se mouvant dans l'air de A à B, rencontre en ce point non plus une toile, mais de l'eau, le raisonne- ment reste le même : ce raisonnement suppose d'ailleurs que ni les dimensions ni le poids de la balle n'influent sur son mouvement. « Enfin, d'autant que l'action de la lumière suit en ceci les mêmes lois, il faut dire que lorsque ses rayons passent obliquement d'un corps trans- parent dans un autre, ils s'y détournent en telle sorte, qu'ils se trouvent ly'i L. MAILLARD toujours moins inclinés sur la superficie de ces corps du côté où est celui qui les reçoil le plus aisémenl que du côté où est l'autre... Mais peut-être vous étonnerez-vous, en faisanl les expériences, de trouver que les rayons de la lumière s'inclinent plus dans l'air que dans l'eau, sur les superficies où se l'ait leur réfraction ; èl encore plus dans l'eau que dans le verre... Ce que vous cesserez toutefois de trouver étrange, si vous vous souvenez de la nature que j'ai attribuée à la lumière, quand j'ai dit qu'elle n'était autre chose qu'un certain mouvement ou une action reçue en une matière très subtile, qui remplit les pores ilrs autres corps, et que vous considériez que, comme une balle perd davantage de son agitation en donnant contre un corps mou que contre un qui est dur, et qu'elle roule moins aisément sur un tapis que sur une table toute nue, ainsi l'action de ente matière subtile peut beaucoup plus être empêchée par les parties de l'air, qui, étant comme molles el mal jointes, ne lui font pas beaucoup de résistance, que par celles de l'eau, qui lui en font davantage : et encore plus par celles de l'eau que par celles du verre ou du cristal : en sorte que d'autant que les petites parties d'un corps transparent sont plus dures et plus fermes, d'autant laissent-elles passer la lumière plus aisément1. » Huyghens 2, qui fut un homme intègre autant que savant, citant les lois de la réfraction, ajoute : ci 11 est vrai que ces lois ne sont pas de l'invention de M. Descartes, selon toutes les apparences; car il est certain qu'il a vu le livre manus- crit de Snellius, que j'ai vu aussi, qui était écrit exprès touchant la na- ture de la réfraction et qui finissait par cette règle, dont il remerciait Dieu. » Dans sa Dioptrique3, Huyghens est pourtant moins affîr- matif ; parlant de l'ouvrage inédit de Snellius, il ajoute 1 Ces notions de résistance élastique el dé résistance visqueuse se retrou- vent, à un poinl de vue d'ailleurs tout différent, dans la théorie de .Maxwell : Les courants de déplacement, qui traversent les diélectriques, rencontrent une sorte de résistance élastique; celle-ci croissant de plus en pins, le mouvement finit par s'arrêter, el quand la force électromotrice cesse d'agir, toul le travail produit esl restitué, comme par un ressort qui se débande. Les courants de conduction rencontrent une sorte de résistance visqueuse qui, pareille en ions les points du milieu, est vaincue tant qu'agit la force électromotrice. Le tra- vail dépensé ne peut être restitué; il est transformé en chaleur. •i Christian Huyghens, seigneur de Zeelhem (Hollande), 1639-1695. Œuvres posthumes, t. I, p. :.'. s Dioptrica, publiée par les exécuteurs testamentaires de Huyghens. LOI DE RÉFRACTION ET PRINCIPE DE MOINDRE action \nn simplement : « Nous avons appris que I )escartes ;t \ n toutes ces choses, desquelles il a peut-être tiré l;i mesure des sinus. » Voët, ministre protestant, professeur, puis recteur :>9 2, alors (pie le manuscrit de Snellius fut mis au jour en i632 seulement ; auparavant, les travaux de Snellius n'étaient connus ni de ses ('-lèves, ni de ses proches ; 1 Descartes et les manuscrits de Snellius, d'après quelques documents nouveaux, par D.-J. Korteweg. — Les documents sont déposés à la bibliothèque de I' académie des sciences il' Amsterdam. Voir .-nissi l'importante étude : Descartes und das Brechungsgesetz ■* Lichtes, par I'. Kramer. i Vbhandlungen zur Geschichte der Mathematik, t. IV); ci dans les Archives néerlandaises (t. XVIII), l'article Snellius, par I*. van Geer. •s Lettres de Descartes à Ferrier, ;'» Golius, etc. (Edition Cousin, i. VI). U>[ DE REFRACTION ET PRINCIPE DE MOINDRE ACTION '79 ;i\;mi [632, ces personnes connaissaient la « loi du rayon réfracté », el en attribuaient la découverte à Descartes. En revanche, il esl probable que les cahiers de Snellius furent communiqués à Descartes, lors d'un de ses séjours en Hollande, avant la publication de sa Dioptrique ( 1M7 1. Mais les deux découvertes sont indépendantes. | 2. .— Fermât, Barrow, Grégory, Hérigone, Bernouilli, de Mairan, d'Alembert. Visiblement insuffisante et inexacte, la démonstration de Descartes fut attaquée de divers cotés, principalement par Fermât. Le savant précurseur de Leibniz et Newton trouve la relation I en partant d'un principe métaphysique, à savoir que la Nature suit les voies les plus rapides 1. Sa démonstration, recueillie dans les Œuvres de Descartes, est laborieuse2. Au reste, elle ne mit pas fin à la dispute, 1 Par exemple, lorsqu'il y a réflexion de la lumière 2 Dès que furent connus les a éléments du calcul différentiel (publication de Leibniz, 1684 ; de Newton, 1687), le problème de Fermât reçut la solution la plus simple. En posant la con- dition «[ne le tem/>s employé par un rayon lumineux pour passer de A à B est mini- mum, on a (fie;. 3) / = i/a» + a* \J a ■ + (c - x? t' = X X /-, \/«2 + •'•2 '•» v "2 = 0, + d'où (I) sin ( sin v i8o MAILLARD que les cartésiens entretinrent avec ardeur jusqu'au jour où Fermât, non convaincu mais lassé, renonçât à ré- pondre : « Pour moi, écrivait-il, j'aime beaucoup mieux connaître certainement la vérité que de m'arrêter plus longtemps à des débats de contentions superflues et inutiles. » Ainsi Fermât eut doublement raison : il reconnut la vraie valeur du rapport des sinus, et il sut mettre fin à une vaine querelle. * » * Montucla mentionne1 l'explication suivante, adoptée par le père Maignan, par Barrow — qui fut le maître de Newton — et quelques autres physiciens : Un rayon lu- mineux est composé de particules en forme de parallélépi- pèdes couchés perpendiculairement à la direction de la lumière (fi»-. 4)- Ceci admis, quand le rayon passe , par exemple . d'un milieu moins den- se à un milieu plus dense, l'extrémité A' de la particule lumineuse éprouve une résistance nouvelle, son mouve- ment es! retardé, tan- dis que l'autre extré- mité, A, conserve jus- qu'en B sa vitesse. A' 13' est donc un arc de cercle plus petit que AB. Lorsque la particule est entièrement plongée dans le second milieu, le mouve- ment redevient rectiligne et uniforme. Si l'on mesure « les Histoire des mathématiques, t. II. LOI DE RÉFRACTION ET PRINCIPE DE MOINDRE ACTION l8f Facilités des milieux » par les petits arcs AB, A'B', dont la longueur sera sensiblement égale à celle des droites AB, A'B', on a, dans les triangles A'AB et A'B'B : . . AI! . A'B' sm i = -r-^ , et sin /• = , d'où sin i AB — : = -TTfTT = constante, sin /• A ii <( puisque le rapport des arcs est le même, quelle que soit l'inclinaison des rayons ». On remarquera l'insuffisance de cette affirmation, ainsi que le caractère artificiel de l'hypothèse relative à la forme des particules lumineuses. * * * David Grégory imagine qu'en changeant de milieu la lumière « se dilate ou se resserre latéralement, à propor- tion qu'elle coule plus ou moins à son aise. » Il faut en- core admettre que la dilatation (ou la contraction) s'opère suivant un certain rapport, moyennant quoi la loi des sinus peut être démontrée. * » * Hérigone suppose qu'un rayon lumineux exerce sur la surface réfringente une pression, comparable à celle d'un poids roulant sur un plan incliné1. Bernouilli part d'une idée analogue, en comparant le 1 Ne faut-il pas voir clans cette hypothèse, sortie de l'imagination de Des- cartes (voir p. 2, note i) et d'Hérigone , comme une première idée de la pression de radiation produite par les ondes lumineuses sur les corps qu'elles frappent"? .Maxwell et Bartoli ont démontré mathématiquement l'existence de cette pression, que M. Lebedew a réussi à mesurer. Dans les limites des erreurs d'observation, tes valeurs fournies d'un côté par l'expérience, de l'autre par le calcul, sont égales. — Voir : Les forces île Maxwell-Bartoli dues a la pression de la lumière, par P. Lebedew, professeur à l'Université de Moscou. l82 L. MAILLARD mouvement de la lumière suivant les rayons incident et réfracté au mouvement d'un point sollicité par deux forces variables. Mais on ne distingue pas nettement la raison de ers analogies. Au surplus, dans ces théories éphémères, les hypothèses sont visiblement arrangées et même un peu truquées en vue de s'adapter à un principe connu ; elles n'auraient pas permis de découvrir ce principe. + Le cartésien de Mairan (1726) se représente que, lors- qu'il y a réfraction, le mouvement d'un rayon lumineux est analogue à celui d'une petite sphère lancée, par exemple, de l'air dans l'eau. Au moment où elle touche la surface S commune aux deux milieux, elle éprouve une résistance qui d'abord s'exerce uniquement suivant une perpendicu- laire à S ; à mesure que la sphérule s'enfonce, la résis- tance a aussi une composante horizontale ; celle-ci varie, tant que l'immersion dans le second milieu n'est pas com- plète ; le centre de la sphérule décrit donc une courbe, puis continue sa route par la tangente au dernier élément curviligne, lorsque la résistance ne varie plus. De Mairan admet d'ailleurs le fond de la théorie carté- sienne de la réfraction, et il remplace seulement la toile tendue par un plan mobile. D'Alembert expose et critique avec ampleur ces vues1; il établit par l'analyse que, pour une niasse sphérique passant d'un fluide à un autre, le rapport des sinus de i et r ne demeure constant que dans deux cas : si les résis- tances des deux milieux sont peu différentes ; ou bien, les résistances étant quelconques, si le rayon incident est presque perpendiculaire à la surface S. — Dès lors, cette 1 Traité de l'équilibre et elil espace compris entre deux plans parallèles, et qu'un corpuscule lumineux, en pénétrant dans cet espace, est attiré ou poussé perpen- diculairement vers l'un ou l'autre de ces milieux ; alors — l'attraction ou l'impulsion étant considérée comme constante — le corpuscule décrira un arc de parabole, ainsi que Galilée l'a démontré : le mouvement est en effet comparable à celui d'un projectile lancé obliquement. Soit a la distance des deux plans (fig\ 5), A le point où le cor- puscule quitte le pre- mier milieu, sous l'an- gle d'incidence /, 0 le point où il pénètre dans le second milieu sous l'angle de réfrac- tion r; soit en outre y = c.X2 l'équation de la para- bole décrite, la courbe étant rapportée à la 1 Empédocle, cité par Aristote, considérait la lumière comme un écoulement continu de matière. Démocrite, Epicure, Lucrèce, attribuaient aux corps lumi- neux la propriété d'émettre des corpuscules d'une matière particulière. 2 Les principes mathématiques de la philosophie naturelle (1687), par le chevalier Isaac Newton. Traduction de Mme du Châtelet, ou plutôt de Clairaut. lSl\ L. MAILLARD tangente el au diamètre passant par 0. Dans les triangles C0B5 ADB, on a: sin i 0C_ AD x sinr li(: AB \/œ* + 4#2 + 4 œy cos r ' mais ( triangle AIID) cos r = 5 a — y x Donc, sin i x 1 sin/- y/^ + 4r//y y/i + 4 = constante. ac En établissant cette proportion, basée « sur l'analogie qui est entre le mouvement progressif de la lumière et celui des autres projectiles », Newton ajoute : « Au reste, je ne m'embarrasse point de la nature des rayons, je n'examine point s'ils sont matériels ou non1». Pourtant, par l'emploi même de la trajectoire des projectiles, on sous- entend que la lumière est due à une émission de parti- cules. Si l'on veut remplacer l'attraction qu'elles subissent par l'impulsion d'un fluide invisible, il n'est plus possible d'admettre que ce fluide agisse uniquement dans la direc- tion perpendiculaire à la surface, et la démonstration tombe en défaut. D'ailleurs, Newton est beaucoup plus explicite à ce sujet dans son Optique2 ; à la fin de ce traité, il pose et résoud un certain nombre de Questions; il conclut (pie sont erro- nées tontes les hypothèses qui font consister la Lumière dans une pression, ou dans un mouvement au travers d'un milieu fluide; qu'au contraire les rayons sont «de fort petits corpuscules, élancés ou poussés hors des corps lumineux. » 1 Principes, livre i, XIVe section; théorèmes XLYIII h L. a Traité d'optique sur les réflexions, réfractions, inflexions, et les cou- leurs de la lumière. Deuxième édition française, traduction Coste 1172:!!. — Questions 27, 28, 29. LOI DE RÉFRACTION ET l'IUXCII'K l>l". MoiMiKi. action i S.'i Leibniz combat la théorie newtonienne 1, d'après la- quelle la vitesse des corpuscules, augmentant avec l'attrac- tion, sérail plus grande dans l'eau que dans l'air, dans l'air que dans le vide. Il suppose que la lumière va d'un point à un autre, non dans le temps le pins court, mais par le chemin le plus facile — hypothèse métaphysique — et il mesure la facilité dn chemin par « le rapporl com- posé de sa longueur el de la résistance du milieu dans lequel se meut la lumière. » On trouve ainsi, par un calcul analogue à celui du problème de Fermât, que sin i o2 = — = constante. sin r çt (Qi e' Q-2 représentent les résistances des milieux.) Leibniz admet en outre que la résistance augmente proportionnellement à la vitesse, et retrouve alors le ré- sultat auquel était parvenu Descartes (relation II). I 4- — Huyghens et la théorie des ondulations2. On a parfois considéré Robert Hooke, contemporain et — toute proportion gardée — émule de Newton, comme l'un des fondateurs de la théorie des ondes lumineuses. En fait, ce savant définit bien la lumière « un mouvement rapide de vibration de très petite amplitude », mais la pro- pagation en serait instantanée, comme celle de la pression de Descartes. — Huyghens cite l'ouvrage de Hooke3, ainsi que celui du père jésuite Pardies ; celui-ci, dit-il, « dans un traité dont il me fit voir une partie, et qu'il ne put 1 Actes de Leipzig-. Cité par Montucla, t. U. 2 Aristote semble avoir prévu celle théorie lorsqu'il écrit: «Que ce soit la lumière ou l'air qui s'interpose entre l'œil et l'objet visible, en tout cas, c'est par le mouvement de ce milieu que l'on voit. » (Traité de l'Ame, livre II, cha- pitre II). 3 Micrographia, (i665) ; voir Verdet : Leçons d'optique physique, t. I: Histoire de la théorie ondulatoire. l86 L. MAILLARD achever étant mort peu de temps après, avait entrepris de prouver par les ondes les ellVts de la réflexion et de la réfraction. Mais Le principal fondement manquait à ses démonstrations, et il avait dans le reste des opinions bien différentes des miennes. » — L'étude de Pardies fut pu- bliée par les soins d'un autre jésuite, le père Ango1. On y compare la lumière au mouvement d'un pendule écarté de sa position d'équilibre, ou à celui des ondes formées par le jet d'une pierre dans une eau tranquille 2 ; la pro- pagation de la lumière est nettement attribuée aux ondu- lations successives de l'éther. En 1690, parut le Traité de la lumière^, que Huyghens avait composé dès 1678, et dans lequel il pose les prin- cipes de la théorie des ondulations eu ces termes : « L'on ne saurait douter que la lumière ne consiste dans le mouvement de certaine matière, qui se trouve entre nous et le corps lumineux. Et je ne crois pas que ce mouvement se puisse mieux expliquer, qu'en supposant le soleil et les étoiles composés de particules qui nagent dans une matière beaucoup plus subtile, qui les agite avec une grande rapi- dité, et les fait frapper contre les particules de l'éther qui sont beau- coup moindres... Le mouvement successif de la lumière s'étend par des ondes sphériques, ainsi que le mouvement du son. L'agitation, au reste, des particules qui engendrent la lumière doit être bien plus prompte, puisque nous ne voyons pas que le frémissement d'un corps qui sonne est capable de faire naître de la lumière, de même (pie le mouvement de la main dans l'air n'est pas capable de produire du son. » Dans cette hypothèse, représentons par AB (fig. 6), le front de l'onde, considéré comme sensiblement plan. Lors- que B arrive en B2, où se trouvera A,? 1 L'optique divisée en Irois livres, etc. Paris, 1682; ouvrage cité par Verdet. 2 Cette seconde comparaison se trouve déjà dans Malebranche, pour qui «la lumière subtile ou éthérée esl nécessairement composée de petits tour- l>i lions. » 3 Traité de la lumière, où sont expliquées les causes de ce - + (c — .r)2 1 . Et la condition A' i\ œ v, (c — œ) = 0 V «2 + ./■- \/b2 + (c — X)2 équivaut à la relation II, conforme à la théorie de l'émission. L'énoncé du principe de la moindre action fut la cause indirecte de la brouille de Voltaire et du roi de Prusse. Voici comme : Lorsque parut, précédant VEssai de cosmologie, le mé- moire de Maupertuis exposant son principe et l'appliquant à la réfraction de la lumière, Samuel Kœnig rappela que LOI DE RÉFRACTION ET PRINCIPE DE MOINDRE V.CTION [8û LeUbniz avait trouvé, plus de quarante ans auparavant, un principe tout à l'ait analogue. Kœnig appuyait ses affir- mations d'une lettre de Leibniz (1707), contenant un ré- sumé de la théorie en question1. Copie de la missive avait été remise à Kœnig par Henzi, le patriote bernois. Mau- pertuis somma Kœnig d'en produire l'original { 1 7 ."» 1 ) . Chose impossible, le capitaine Henzi ayant <:l<; décapité en 1 7 4 « ) pour avoir conspiré contre leurs Excellences de Heine2. — Où retrouver cette lettre? Frédéric 11 intervint et demanda aux autorités bernoises de faire rechercher la pièce dans les archives «les tribunaux ou chez les héritiers de Henzi. Les perquisitions n'aboutirent pas. Maupertuis protesta contre l'attaque ouverte et vive de Kœnig : c'était son droit strict3; mais il eut le tort de ne pas s'en tenir à une discussion scientifique, et de pousser l'Académie de 1 Kœnig (1712-1767), étudia à Berne, puis à Bàle avec Bernoiiilli, en même temps que Maupertuis ; vers 17^0, il initia la marquise du Ghâtelel aux œuvres de Leibniz. On sait le commerce scientifique, philosophique, etc., de Voltaire et de la « docte Uranie » qu'il a si dévotement encensée : « Tu m'appelles à toi, vaste et puissant ç-énie, Minerve de la France, immortelle Emilie ; Je m'éveille à ta voix, je marche à ta clarté Sur les pas des Vertus et. de la Vérité... » (Epitre à Emilie) « ...Newton recueillit pendant sa vie toute la gloire qu'il méritait. .Mais l'honneur que vous lui faites aujourd'hui — en traduisant et commentant son Ouvrage — est sans doute le plus grand qu'il ait jamais reçu. Je ne sais qui ■ 1rs deux je dois admirer davantage, ou Newton, l'inventeur du calcul de l'in- fini, qui découvrit de nouvelles lois de la nature, et qui anatomisa la lumière, nu vous, Madame, qui, au milieu des dissipations attachées à votre état, pos- sédez si bien tout ce qu'il a inventé... » (Préface de Vu/faire) 2 Henzi était fort érudit. 11 avait rassemblé une partie de la correspondance de Leibniz, dans l'intention de la publier. — Voir Samuel //enci's Leben und Schriften, Dr J.-J. Bœbler, Aarau. s « Ce principe (de la moindre action), écrit-il dans la préface de son Essai de cosmologie, est absolument nouveau, ou du moins l'était avant que je l'eusse proposé pour en déduire toute les règles de la dioptrique. Cependant ceux qui ne sont pas assez instruits dans ces matières ont cru que je ne faisais ici que rebattre l'ancien axiome, qui porte que la nature agit par les voies les plus simples. .Mais cet axiome, qui n'en est un qu'autant que l'existence de Dieu est déjà prouvée, est si vague, que personne n'a encore su dire en quoi il consiste. » IQO L. MAILLARD Berlin, donl il était pour lors le président, à décréter tout uniment que la lettre de Leibniz avait été falsifiée. La dispute, qui divisa les savants en deux camps, dura jus- qu'en ly.Vi, sans que Maupertuis pût parvenir à disqua- lifier, ni même à réduire au silence son adversaire. Voltaire s'était jeté dans la mêlée, aux cotés de Kœnig calomnié. Cet amour de la justice dont il donna par ailleurs des preuves mémorables l'y poussait sans doute ; niais peut-être aussi la sournoise rivalité qui existait entre le président et le plus spirituel des membres de l'Académie. Tant il y a que la Diatribe du docteur Akakia, écrite — non signée — par Voltaire, visait Maupertuis et le tour- nait en ridicule, avec une verve et une impertinence supé- rieures. Frédéric prit fait et cause pour le savant blessé : il fallait sauvegarder la dignité de la compagnie. Et puis, la faveur, payée de flagorneries, que le roi de Prusse dai- gnait accorder au roi de l'esprit, diminuait de plus en plus... Le pamphlet fut brûlé par le bourreau, et bientôt après ce geste démonstratif Voltaire quittait la cour et re- prenait sa liberté 1. 1 Suggestif est le changement de ton de Voltaire à l'égard de celui qu'il proclame d'abord « son aimable maître à penser », qu'il décore « sir Isaac Maupertuis », et « marquis du Cercle polaire » — pour le désigner, dans la seconde édition de ses Œuvres, sons le nom de 0 Moreau, natif de Saint-Malo. » Maupertuis, qui avail dirigé avec Glairauf et Lemonnier l'expédition chargée de mesurer un arc de méridien près du cercle polaire, s'était fait peindre, au re- tour, en costume de Lapon, nue main appuyée sur le globe terrestre. Et, ga- lamment, Voltaire avait écrit sons le portrait : « Ce globe mal connu, qu'il a su mesurer, Devient un monument où sa gloire se l'onde. Son sort est de fixer la fortune du monde, I (e lui plaire, et de l'éclairer. » Dans son Discours sur la Modération, Voltaire s'écriait, avec un enthou* siasme peut-être sincère : Revoie, Maupertuis, de ces déserts glacés Où les rayons du jour sont six mois éclipsés. Apôtre de Newton, digne appui d'un tel maître. Né pour la vérité, siens la faire connaître. LOI m: réfraction et principe de moindre action '!)' § 6. — Le principe de la moindre action appliqué aux deux théories classiques de la lumière. L'avenir appartenail au principe de la moindre action, qui, étendu par Euler, Laplace, Lagrange et Poisson, établi par Jacobi sous sa forme définitive, a drs lors sa place marquée au nombre des principes fondamentaux de la mécanique. 11 s'applique au mouvemenl d'un point ou d'un système soumis à des forces dérivant d'un potentiel U. Il devient un cas particulier du principe d'Hamilton, d'après lequel, si l'on désigne par T la demi force vive d'un sys- tème dans le mouvement naturel ou réel de celui-ci, on a ôl = f («TT + OU) dt ■-= ô f(T + U) dt = 0; /o /„ ce qui signifie : connaissant, aux instants tQ et t1 , les positions du sys- tème, la variation âl est nulle quand on fait subir au sys- tème n'importe quel déplacement infiniment petit compa- tible avec les liaisons. Le mouvement naturel est donc déterminé en cherchaut pour quel déplacement compatible a\ec les liaisons la fonction Héros de la physique, Argonautes nouveaux Qui franchissez les monls, qui traversez les eaux, Dont le travail immense el l'exacte mesure De la Terre étonnée ont fixé la figure, Dévoilez ces ressorts qui font la pesanteur : Vous connaissez les lois qu'établit son auteur. » Dans l'édition suivante, la leçon chance: « Courriers de la physique, Argonautes nouveaux Oui franchissez les monts, qui traversez les eaux, Ramenez, îles climats soumis aux Trois Couronnes, Vos perches, vos secteurs, et surtout deux Laponnes. Vous avez confirmé, dans ces lieux pleins d'ennui, Ce que Newton connut sans sortir de chez lui, etc. (Voir Œuvres coin plûtes, t. 12, 14, 39, 56.) r92 L. MAILLARD i = |7r+ U)dt u est maximum ou minimum. On démontre qu'en satisfaisant à cette condition on retrouve les équations du mouvement sous la forme que leur a donnée Lagrange. En particulier, si les liaisons sont indépendantes du temps, le théorème des forces vives appliqué au mouve- ment devient (où h est une constante déterminée), ou encore, si l'on pose (t/S)2 = 2m [{dxy + (dy)* + (dz)2], la somme s'étendant à tous les points du système : dS y* U + 2 h . dt Alors, pour deux positions P0, P15 du système, l'action est (Pi) A= f\Al'-r-2//. e?S, et l'on retrouve les équations de Lagrange en cherchant le minimum de A, c'est-à-dire en posant, condition néces- saire, <)\ = 0. Dans le cas de la réfraction de la lumière, on a, si m est la masse d'une particule lumineuse A == m (i\ s1 + r.2 s2 1 -f- /// I tu/a, 0*1 st et s2 étant les espaces parcourus dans les deux milieux, LOI Di; RÉFRACTION ET PRINCIPE DE MOINDRE A.CTION !<).'! avec les vitesses respectives i\ el u2, da l'arc élémentaire de la courbe raccordanl les deux trajectoires rectilignes. Si l'on néglige la valeur de l'intégrale, qui est très petite, on trouve, comme Maupertuis, la relation II. Mais, avec la théorie de l'émission, la lumière atteinl sa plus grande vitesse dans les milieux 1rs plus réfringents ; avec la théorie des ondulations, c'est le contraire. Les tra- vaux si remarquables de Young (1802) et de Fresnel (1818), — qui ont montré comment s'expliquent, et avec quelle facilité, dans l'hypothèse de Huyghens, tous les phénomènes optiques — témoignent de la commodité et de la fertilité de cette hypothèse. Mais l'expérience cruciale nécessaire fut exécutée seulement en 1862, par Foucault. Ce physicien réalisa une idée émise par Arago, et démon- tra que la vitesse de la lumière est plus grande dans l'air .> : la théorie des ondulations l'emporte. Une remarque, pour terminer. Le principe de la moindre action conduisant à un résultat conforme à la théorie de XLI ! 3 10,4 L- MAILLARD l'émission, semble en contradiction avec la théorie ondu- latoire. Or, il n'en est rien : si mx et m2 représentent les masses de l'éther ébranlé en un même temps dans les deux milieux, et si l'on suppose que quand l'onde se pro- page la force vive reste constante, on a "h l\2 = "h V221 OU ni0 = ///, -2 --'"l" y22 D'ailleurs, l'action est A = m1 i\ st + m.2 o.2 s.2, et la condition A' = o donne sin i //?., u.2 sin r mx i\ En substituant la valeur de m.2 : sin i v1 (i: sin /' Vo Dans la théorie de l'émission, la même hypothèse sur la force vive conduirait à admettre que la masse d'un cor- puscule lumineux change avec sa vitesse : cette conception paraîtra bien artificielle et fort éloignée de la notion clas- sique de la masse. Mais, dans les théories électromagnéti- ques de la lumière, pour MM. Lorentz et Larmor, conti- nuateurs de Maxwell et de Hertz, la masse devient un simple coefficient, variable en fonction de la vitesse. Quoi qu'il en soit, le principe de la moindre action ne saurait être invoqué, à propos de la réfraction de la lu- mière, pour décider souverainement entre les théories de Newton et de Huyghens, puisqu'il peut s'appliquer à l'une et à l'autre. BULL. SOC. VAUD. SC. NAT. XLI, l53 If)") DESCRIPTION D'UN CRANE OFFRANT UNE perforation pathologique en-dessus du iambda PAR E. DELESSERT, A. SCHENK et E. BUGNION Avec 3 planches autotypiques. Le crâne qui fait l'objet de cette notice provient de l'ancien cimetière de Gullj (Vaud). Il fut trouvé en septembre 1900, avec d'autres ossements, à quelques mètres au sud du temple, sous l'escalier exté- rieur de la porte d'entrée de l'école, qu'on reconstruisait cette année-là. M. Eug-. Delessert, qui le reçut de M. Bidaux, le pré- senta à la Société des sciences naturelles, dans la séance du 5 juin 1901. D'après les recherches qui ont été faites à ce sujet, l'an- cien cimetière de Cully a été créé vers i56o ou i58o et désaffecté en 1826, à l'époque du partage des communes de Cully et de Villette. La maison d'école (ancien bâti- ment Porta) ayant été construite en 17 12, d'après le plan de Graffenried, le crâne qui nous occupe est dans tous les cas antérieur à cette date. Caractères anthropologiques. Crâne d'une jeune lille de 16-20 ans. La dent de sagesse droite de la mâchoire supérieure est de grandeur normale ; celle du côté gauche est présente, mais encore peu déve- loG E. DELESSERT, A. SCHENK ET E. BUGNION loppée. Toutes les sutures, très compliquées, sont ouvertesr à l'exception de l'extrémité postérieure de la sagittale, qui est synostosée sur une longueur de 17 mm., juste au-dessus de l'endroit perforé. La suture basilaire de l'occipital n'est pas encore fermée. (En règle générale, chez les races blan- ches, cette suture se synostose avant l'apparition des dents de sagesse.) Le trou occipital est trop grand, relati- vement aux dimensions du crâne. Il existe un petit os wormien sur la suture lambdoïde gauche et trois os wor- miens à l'astérion droit. Les bosses frontales, très déve- loppées, sont caractéristiques des crânes féminins; les bosses pariétales sont saillantes, donnant au crâne dans la norma supérieure une forme trapézoïdale très prononcée. Dans la norma latérale la courbe postérieure du crâne est à peu près verticale, faisant une chute brusque de l'obé- lion sur l'occipital. Le ptérion est normal ; il existe toutefois, plus spéciale- ment à gauche, une légère voussure au point d'union de la grande aile du sphénoïde avec l'écaillé temporale et le pariétal. Les crêtes des insertions musculaires sont à peu près nulles. Le crâne présente dans son ensemble des con- tours adoucis. La mâchoire inférieure possède toutes ses dents, sauf les troisièmes molaires, non encore développées. Les apo- physes géni sont bien marquées. L'orifice pathologique mentionné ci-dessus présente une forme ovoïde accentuée. Mesurant -28 mm. de long sur 20 mm. de large, il commence immédiatement au-dessous de l'obélion et s'étend jusqu'au lambda, où se trouve son extrémité la plus rétrécie. Sou contour est régulier, ^ns dentelures. Tout autour de la perforation se trouve une dépression en biseau du tissu osseux, vraisemblablement provoquée par une tumeur (méningocèle), comprimant la table externe. La partie déprimée mesure /17 mm. de lon- gueur sur l\i mm. de largeur. Ln plaçant une règle à plat DESCRIP1 [ON ii i N CF. \m: '97 sur la région déprimée et en mesurant la verticale tendue de la règle au bord de l'orifice, on trouve une distance de ,"i-() mm., correspondant à la profondeur de la dépression. En examinanl l'intérieur du crâne, on constate que la gouttière du sinus longitudinal est'déviée à droite, dès la partie postérieure (synostosée) de la suture sagittale, et que ce même sinus, passant à droite de la perforation, se je- tait dans le sinus latéral droit (plus développé que le gau- che). A l'intérieur encore, vers le milieu de la suture sagittale, et à i cm. à droite de celle-ci, se voit une dé- pression irrégulière, longue de 2 1j2 cm. Notons enfin, de chaque côté, au bord antérieur du trou ovale une échancrure assez profonde destinée au passage des nerfs temporaux profonds et, passant par-dessus cette échancrure, un pont osseux incomplet. Voici les mensurations obtenues : Capacité crânienne approximative . Diamètre antéro-postérieur maximum » » m é topique transversal maximum » bi-auriculaire » bi-mastoïdien » frontal maximum » » minimum vertical basio-bregmatique . Courbe horizontale totale .... » » » » » » préauriculaire transversale totale » sus-auriculaire sous-cérébrale .... frontale pariétale occipitale supérieure . » inférieure . 1252 cm3 169 mm. 172 i44 1 15 I 23 n4 93 116 499 280 4io 291 18 108 120 65 43 I98 E. DELESSERT, A. SGHENK ET E. BUGNION Longueur du trou occipital 36 mm. Largeur » » 32 » biorbitaire externe 98 » interorbitaire 23 » bi-zygomatique maximum .... 122 » bi-maxillaire maximum 85 Hauteur inlermaxillaire i4 » ophryo-alvéolaire 73 » naso-alvéolaire 5i » de l'orbite 3i Largeur » 36 Hauteur du nez 43 Largeur » il\ Longeur de la voûte palatine 49 Largeur » » 36 Distance du point alvéolaire au trou occipital 86 Indice céphalique 85,21 » de hauteur-longueur 68,64 » » largeur 80,56 » frontal 81,58 » occipital 88,89 » orbi taire 86,11 » nasal 55,79 » facial / 59,84 » » // 41,80 » palatin 73,46 » du prognathisme 94,51 Les chiffres ci-dessus indiquent un crâne brachycéphale, caractérisé surtout par le fort développement du diamètre transversal, lequel est en rapport avec la saillie des bosses pariétales; d'autre part, les indices de hauteur-longueur et de hauteur-largeur nous montrent un crâne peu élevé, par rapport aux diamètres antéro-postérieur maximum et trans- versal maximum. DESCRIPTION I) UN CRANE K)[) L'indice orbitaire est mésosème; l'indice nasal est forte- ment platyrrhinien3 d'accord en cela avec la face qui est large et basse; l'indice facial II, s'ahaissant à 4i?8o dési- gne en effet une face très fortement chamaeprosope. Notice pathologique. Quelle a été la cause de la perforation présentée par ce crâne? Notons tout d'abord qu'il ne peut être question de tré- panation. La forme ovalaire de l'ouverture, ses bords amincis, taillés en biseau, la présence d'une large dépres- sion de la paroi crânienne nous permettent de nier de la façon la plus catégorique l'existence d'un trou de trépan. C'est donc à un processus pathologique que nous devons penser tout d'abord. La perforation qui nous occupe paraît devoir être attri- buée à une méningocèle (poche remplie de liquide), qui, partant de la scissure interhémisphérique, aurait proéminé au dehors et empêché la formation de l'os entre l'obélion et le lambda. La tumeur aplatie, de la grosseur d'une pe- tite pomme, comprimée sous le cuir chevelu, aurait pressé sur le pourtour de l'orifice et causé la dépression décrite ci-dessus. Forster (Handb. der path. Anatomie, i863, p. 556) décrit deux formes de méningocèle ou hydrencéphalocèle : « La première forme, observée chez des avortons ou des fœtus mort-nés, est caractérisée par l'absence plus ou moins complète de la calotte crânienne, en rapport elle- même tantôt avec l'existence d'un sac rempli de liquide, tantôt avec la présence d'une masse vasculo-spongieuse remplaçant le cerveau. » Dans la deuxième forme, le crâne et le cerveau sont en général bien développés ; la face offre les proportions normales ; le fœtus atteint son entière maturité ; il est viable et les fonctions psychiques peuvent être tout à fait 200 E. DELESSERT, A. SCHENK ET E. BUGNIOX normales. La malformation consiste dans la présence d'un orifice anormal du crâne par lequel passe un sac rempli de liquide ou de substance cérébrale, proéminant au dehors et formant une tumeur pins ou moins volumineuse qui soulève les téguments. » La perforation siège le pins souvent à la région frontale (racine du nez), plus rarement dans l'os occipital, qui est alors fendu sur la ligne médiane, parfois sur la suture sa- gittale ou encore dans la région de la fontanelle latérale ou de la selle turcique. » La dimension de ces tumeurs est très variable. Les sacs hvdrocéphaliques sont souvent volumineux, tandis que les hernies cérébrales simples sont généralement plus petites. » Etant exposées à des traumatismes externes, les tumeurs de ce genre deviennent facilement le siège d'inflammations suivies de mort. » La cause de cette malformation est une hydropisie par- tielle des ventricules, la tumeur consistant alors dans un prolongement d'une ou des deux vésicules hémisphériques distendues par le liquide. Parfois la tumeur est formée par un sac méningé rempli de sérosité (méningocèle), plus rarement par une poche pleine, remplie de substance cé- rébrale (encéphalocèle). » On voit que la deuxième forme décrite par Fôrster ré- pond très exactement au genre de lésion qui nous occupe. Il est acquis maintenant que l'encéphalocèle n'est point le résultat d'une méningo-encéphalite de l'époque fœtale, mais une malformation remontant à la période embryon- naire (Forgue, Précis, de pathologie externe. Paris. 1904, P- 47)- Les traités de chirurgie mentionnent plusieurs cas de ce genre observés chez les enfants et dont quelques-uns ont été opérés avec succès. Il s'agit dans la plupart de ces obser- vations d'encéphalocèles de petites dimensions qui, comme dans notre cas, proéminaient sous le cuir chevelu, ou en- DESCRIPTION D'UN CRANE 201 core de tumeurs pédiculées qui avaient donné lieu à une perforation du crâne. Le lecteur trouvera de nombreuses indications à ce sujet dans Fôrster, Die Missbildungen des Menschen. 1904, p. 81, pi. XV ; Holmes, Maladies chirurgicales des en- fants, trad. franc. Paris, 1870, p. 77; Kœnig-, Lehrb. der spec. Chirurgie. 6. Aufl. [893. Bd. I. Citons encore Lissenkoff, Traitement opératoire des mé- ningocèles et encéphalocèles. Ann. de chirurgie de Mos- cou IV, fasc. 3, p. 38(j {Revue de chirurgie, i8q5, p, 93). Dans un cas opéré par Reboul (Méningo-encéphalocèle de la fontanelle postérieure, Revue de chirurgie, 1903, p. 58a), la perte de substance crânienne siégeant exacte- ment au niveau de la fontanelle postérieure, avait la forme d'un losange dont les diagonales mesuraient 5 cm. L'en- fant, âgé de 7 mois, survécut à l'opération. Parmi les tumeurs de la dure-mère qui déterminent par- fois la perforation du crâne, il faut citer encore les kystes dermoïdes, les tumeurs érectiles et les fongus. Les perfo- rations causées par les malformations de ce genre diffè- rent toutefois de celles de la méningocèle : i° en ce qu'elles ne siègent généralement pas sur les sutures; 20 en ce que l'orifice, au lieu d'être limité par un bord lisse, offre le plus souvent un contour anfractueux et inégal (voyez à ce sujet : Holmes, 1. c. p. 49 et Nélaton, Eléments de pa- thologie chirurgicale III, 1874, p. 6o4). Peut-être encore pourrait-on, au lieu d'une méningocèle, admettre un simple défaut d'ossification (Knochendefekt) survenu pendant la période fœtale. En ce cas l'orifice de- vrait être considéré comme une sorte de fontanelle persis- tante, comblée à l'état frais par une membrane fibreuse. On décrit en effet sous le nom de fontanelle sa (fit ta le une partie élargie de la suture sagittale qui est généralement visible au cinquième mois fœtal et persiste parfois sous le nom d'incisure pariétale, à 2 cm. environ au-dessus du 202 E. DELESSERT, A. SGHBNK ET E. BUGNION lambda. Va fontanelle accessoire provenant de l'ossification incomplète du trou pariétal pourrait également, en se fu- sionnant avec colle du cote opposé, donner lieu à une so- lution osseuse répondant assez exactement à l'obélion. Des faits de ce genre ont été mentionnés par divers auteurs. La dépression du crâne s'expliquerait alors par une ra- réfaction graduelle de l'os, affectant plus spécialement la table externe, de façon à produire tout autour de l'orifice une déclivité en biseau. Toutefois cette manière de voir ne rend pas si bien compte de l'aspect de la dépression que l'action d'une méningocèle invoquée ci-dessus. Cette dépression offre en eifet un aspect très caractéristique qui ne peut guère s'expliquer autrement que par une com- pression exercée sur la table externe. La régularité de l'orifice permet d'éliminer le fongus de la dure-mère à peu près à coup sûr. Les perforations pro- venant de tumeurs malignes se reconnaissent en effet à leurs bords anfractueux et chargés d'ostéophytes. L'existence d'une tumeur cutanée telle qu'une loupe ou un fibrome ne saurait être admise, les tumeurs de ce genre n'ayant aucune tendance à perforer. L'action d'une couronne de trépan pouvant être écartée également, nous concluons de ce qui précède que la per- foration présentée par le crâne de Cully est très probable- ment résultée d'une méningocèle fœtale. La largeur anormale du trou occipital, indice d'hydrocé- phalie et d'hydromyélie développées au cours de l'époque fœtale, parle, elle aussi, en faveur de cette manière de voir. Remarquons enfin (pie l'hydrocéphalie paraît avoir exercé une influence sur la forme du crâne, lequel se distingue par sa faible hauteur, son fort développement transversal, la saillie de ses bosses frontales, sa forme trapézoïde et la chute à pic de sa région postérieure. Cet état pathologique pourrait également être la cause de la faible capacité de notre crâne, laquelle n'atteint, Bull. Soc. Vaud. Se. Nat. ■ Toi. XI.I - • N» 153. PI. I. PTvVy -.■/w) hé yrsAz&'e-p. Norma frontalis. (2/3 do la grandeur naturelle.) o s» GO CTJ > O o oc 3 OQ ■à ^ Z( Bull. Soc. vaud. Se. Nat. - - Vol XLI. - ■ No 153. PI. III Norma occipitalis. (2/3 de la grandeur naturelle.) DESCRIPTION D'UN CRANE 203 d'après la méthode de l'indice cubique, que 12.52 cm8, alors que la moyenne chez le sexe féminin (races blanches) esl à peu près de i45o cm8. Il faut noter- toutefois que notre sujet, dont l'âge a été évalué entre 16 et 20 ans, n'avait pas encore atteint son développement complet. --<— -«t*T^- BULL. SOC. VAUD. se. \.\T. XLI, [52 2o5 NOTICE SUR VILLENEUVE présentée à l'Assemblée générale du 24 juin 1905 PAR C. DUSSERRE Pour la premièie fois, notre société tient ses assises dans la vieille cité à l'extrémité orientale du lac ; qu'il me soit permis, dans une rapide esquisse, de vous indiquer ce que la localité où nous sommes réunis présente d'inté- ressant au point de vue historique et scientifique. Historique.1 La contrée décèle les traces de l'habitat très ancien de l'homme : les grottes du Scex (qui vu leurs dimensions exiguës, ont dû être plutôt des cachettes que de vérita- bles habitations) ont fourni nombre d'objets datant de l'époque du renne. Elles ont été explorées en 1868 par M. Henri de Saussure. Les débris d'une station lacustre ont été retrouvés au pied du vignoble, lors des travaux de construction de la gare, en i856. Sous les Romains, Villeneuve portait le nom de Penni- lucus, qui s'explique par le celte Penloch (tète du lac, Caput lacustris) ; elle était bâtie sur les collines aujour- d'hui plantées de vig-nes. Nombre d'antiquités romaines, médailles, restes de maisons, ont été retrouvés dans les environs. Vous savez, Messieurs, toute l'importance qu'ont présentés, au point de vue archéologique, les tranchées opérées dans le cône d'alluvions de la Tinière, lors de l'éta- blissement du chemin de fer. Ces recherches ont fait l'objet d'un travail publié dans notre bulletin par Morlot. 1 La plupart des renseignements concernant l'histoire de Villeneuve ont été tirés du dictionnaire historique de Martignier et de Crousaz. 20<) C. nrSSFRRE Après la destruction de Pennilucus, soit par les barba- res, soit par la chute du mont Tauretunum, une nouvelle localité ne tarda pas à s'établir plus bas, sur remplace- ment de la ville actuelle ; elle fut appelée Gompengie. Le village de Compengie, considérablement agrandi, surtout par l'établissement des habitants du village de Chillon, forma dès lors une ville, entourée de murs dont il reste quelques vestiges ; elle prit le nom de Villeneuve ou Villeneuve de Chillon. Grâce à sa situation, elle devint bientôt florissante par le commerce de transit; le péage de Villeneuve était l'un des plus importants des Etats des princes de Savoie. Villeneuve a eu, la première du pays, une organisation municipale ; ses franchises, accordées par le comte Tho- mas de Savoie, datent du mois d'avril 1214, tandis que celles de Moudon remontent, d'une manière positive, seu- lement à l'an 1285. La route d'Italie, par Vevey, Villeneuve, St-Maurice, Martigny et le St-Bernard était fréquentée, non seulement par les marchands, mais plus encore par les pèlerins à destination de Rome. Pour venir en aide à cette foule d'étrangers, qui s'arrêtaient principalement à Villeneuve, Aymon de Savoie, dit le Lépreux, fonda dans cette ville, en 1286, un hôpital dédié à Ste-Marie, et le dota de pro- priétés, de revenus qui s'accrurent encore par la suite. La tradition dit qu'à certain jour on distribuait à l'hospice plus de Goo livres de pain et qu'on y voyait quelquefois jusqu'à 100 malades. La réformation ayant fait cesser le pèlerinage, le nombre des étrangers de passage diminua. Toutefois, le gouvernement de Berne, qui fit administrer les biens de cet établissement par un hospitalier, continua à faire distribuer des secours ; à chaque passant on don- nait \ livre de pain et on fournissait la nourriture à ceux qui étaient reçus à l'hôpital. Après la réorganisation de l'assistance publique, le Grand Conseil vaudois décréta, en 1806, que les biens de cet établissement feraient désor- NOTICE SUR VILLENEUVE 207 niais pailic tic la dotation de l'hôpital cantonal à Lau- sanne. Ces biens, outre le bâtiment de l'hospice, vendu en 1827 à la commune pour servir de maison d'école, consis- taient en vignes, prairies et pâturages. La tour à trois étages, qui se trouve à côté de la cha- pelle où nous sommes réuniSj servait, durant la domina- tion bernoise, de grenier pour loger les produits des dîmes. Parmi les faits historiques méritant d'être signalés, citons le passage, en 1800, de l'armée française se rendant en Italie par le St-Bernard; le i5 mai, le premier consul Bonaparte, avec le général Berthier et accompagné du pré- fet national Polier, se rendit à Villeneuve pour inspecter le parc d'artillerie, les munitions et les approvisionnements. Entre autres visites de marque, Villeneuve reçut, en i8o3, celle de l'impératrice Marie-Louise, arrivée en bar- que ; les jeunes filles de l'endroit, revêtues de leurs robes blanches, lui offrirent des fleurs. Les différentes révolu- tions qui agitèrent l'Europe amenèrent sur ces rivages des réfugiés de diverses nations : l'année t848 vit arriver d'Italie des hommes tels que Manzoni, Ricardi ; la guerre de 1870 amena, entre autres, la famille d'Edmond About. M. d'Hamonville, capitaine à Nancy, auteur d'une orni- thologie de l'Europe, a séjourné dans une propriété des environs. Vous savez que V. Hugo est venu, accompagné de sa famille, se reposer dans le tranquille et bel hôtel Byron. La période avant l'établissement du chemin de fer a marqué, pour Villeneuve, une ère de prospérité, grâce au mouvement des voyageurs et des marchandises, arrivés par la voie de terre ou par celle du lac. L'omnibus, que que quelques-uns d'entre vous, Messieurs, ont connu, la célèbre Dame du Lac, faisait son service régulier et jour- nalier entre Villeneuve et Bex-Lavey. La locomotive, qui bientôt franchira d'une seule haleine la distance qui sépare les rives des lacs italiens de celles du Léman, ramènera-t- elle une certaine animation sur ce rivage ? 208 C. DUSSERRE Histoire naturelle. Au point de vue du naturaliste, la contrée de Villeneuve présente un certain intérêt. Les carrières d'Arvel, situées dans le Lias moyen et su- périeur, fournissent un calcaire et un marbre d'excellente qualité. Exploitées par une société, elles fournissent cha- que année la pierre à bâtir par milliers de wagons, qui font de la gare de Villeneuve une des plus importantes en Suisse au point de vue du tonnage. D'autres couches fournissent du gypse, du calcaire et des marnes à ciment et chaux hydraulique. Ces matières sont travaillées dans des usines qui, si elles ne sont pas un ornement pour la con- trée, en constituent un élément de prospérité. Parmi les fossiles intéressants trouvés dans le voisinage, citons des dents de Spherodus gigax, poisson dont les restes n'avaient pas encore été observés dans les Alpes. M. le pasteur Collomb, un savant distingué qui habitait Villeneuve, aurait trouvé dans le lit du Pissot des fossiles, coprolithes plus ou moins phosphatés ; les recherches que nous avons faites dernièrement ne nous ont pas permis de retrouver de semblables formations. Les échantillons ana- lysés n'ont présenté que de minimes quantités de phosphore. A l'orient des carrières, au pied de la montagne, se trouve une source d'eau sulfureuse qui a dû être utilisée par les Romains, d'où le nom de Barmaz, corruption, sans doute, de Balnea. Après les roches qui forment le sol, si nous considérons les plantes qu'il porte à sa surface, nous pouvons faire des trouvailles intéressantes pour le botaniste. Dans les terrains humides, marécageux, de la plaine, nous rencon- trons, en leur saison le Drosera longifolia, le Glaïeul des marais, le Marsillea quadrifolia ou trèfle d'eau, le Sturmia Lœslii (une orchidée), FAnagallis tenella ou mouron déli- cat. L'Heleocharis ou Scirpus Lereschii, disparu de sa station des Pierrettes, près Lausanne, a été trouvé en NOTICE SUR V1LLENEI VE 200, quelques exemplaires sur le sol sablonneux des Granget- ics. La station de Versvey, près Roche, présente, à côté du pin sylvestre, la Gentiana utriculata, plante commune en Laponie et dans le Haut-Valais. Les abords du rocher du Scex, les poules de la montagne sont riches en diverses espèces de violettes. Citons encore : le Cyclamen de Na- ples, qui se trouve dans les pentes au-dessus de Hoche ; l'Acorus calamus (acore odorant), dans les environs des Grangettes. Les participants à la course de demain pourront admi- rer, dans toute sa fraîcheur, la belle flore des hauteurs d'Aveneyre : rhododendrons, gentianes et autres fleurs de la montagne. Ils pourront, en passant au-dessus du Grand- Tour, cueillir une espèce rare : le Ranunculus Thora, si ce n'est en fleurs, du moins en fruits ; puis la Gentiana Thomasiana, de nombreuses variétés de Rosa, etc. La faune de la contrée n'est pas sans présenter quel- ques particularités intéressantes. Le lac et ses abords hé- bergent, en leur saison, nombre d'oiseaux sédentaires ou migrateurs : canards, mouettes, quelques échassiers et rapaces ; les cygnes élèvent leur couvée dans les endroits abrités. Eu 1870, après un violent orage qui avait remué le lac jusque dans ses profondeurs, on a ramassé sur la grève de Villeneuve quatre ou cinq exemplaires de Tortue palu- dine, dont un figure au Musée de Vevey. En 1876, dans des circonstances analogues, on en a recueilli de nouveau deux. Les moules ou anodontes se trouvent dans les bords va- seux du lac ; les pêcheurs ont ramené parfois dans leurs filets, entre autres poissons intéressants, des anguilles. Au point de vue météorologique, Villeneuve participe du climat de Montreux. Grâce à l'abaissement des eaux du lac, à l'assainissement des marais, la malaria a disparu de la contrée ; la dernière épidémie a été celle de 1864. En ce qui concerne Y économie rurale, nous pouvons dis- tinguer les régions de la plaine, du vignoble, delà montagne. 2IO C. DISSE RRK La plaine, formée par les alluvions riches et profondes du Rhône auxquelles sont venues s'ajouter ici celles de l'Eau-Froide, présente encore beaucoup de parties maré- cageuses, grâce au peu de profondeur de la nappe souter- raine. Les parties surélevées ou assainies portent de belles prairies, de plantureux vergers, des moissons, des cultu- res sarclées ou horticoles. La question de l'assainissement fait depuis longtemps déjà l'objet d'études et de projets intéressants. Le baron de Grud avait proposé de colmater les parties basses par la dérivation des eaux boueuses du Rhône qui y auraient déposé leur limon fertilisant. Dans les parties avoisinant la montagne, on procède à l'exhaussement et à l'assainissement du sol en creusant des fossés que l'on remplit de pierres et recouvre ensuite de terre. Un projet intéressant a vu le jour ces dernières an- nées, grâce à l'initiative de M. Rutticaz, ingénieur, se- condé par les autorités locales; il s'agirait d'assainir de grandes surfaces à l'instar de ce qui se pratique dans les polders de Hollande. L'eau, amenée par des canaux en un certain nombre de points, serait envoyée au lac au moyen de pompes mues par la force électrique, abondante en ce pays-ci ; cela pour régler à volonté le niveau de la nappe souterraine. Souhaitons qu'avec l'aide de la Confédé- ration et du canton, una venir pas trop éloigné voie la réa- lisation de cette intéressante tentative et qu'elle ait la réussite qu'en espèrent ses promoteurs ! Pour briser le courant d'air régulier qui va du lac à la plaine, on a établi des abris protecteurs au moyen de rideaux d'arbres de haute futaie; le premier, sur la rive même du lac, à partir de la ville, est planté d'aulnes, de peupliers, de frênes, de bouleaux. Ceux qui barrent plus haut la vallée sont formés essentiellement par des coni- fères. Le vignoble, d'une surface de ioo hectares environ, se trouve en grande partie sur le cône d'alluvions de la Ti- nière, en partie aussi sur- les premières pentes d'Arvel ou du NOTICE SIMt VILLENEUVE 211 Sonchaud, Les terres en sonl graveleuses, calcaires, riches en notasse et acide phosphorique, 0. COURS D'ASTRONOMIE par L. Maillard, professeur à l'Université de Lausanne. In-4° autographié. — Tome I. 5 fr. 00K8>7. & Cil., LAUSANN1. 5« S. -Vol.XLI. D.'v.-.nbiv i()(>f). N» i5/f. BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ VAUDOISE DES SCIENCES NATURELLES Publié, sous la direction du Comité, par M. F. Roux. Avec figures. — Prix : fr. 3 fr. 50. tt Contenu : Pages .T. Perriraz. — De l'origine des sphères directrices dans les cellules du sac embryonnaire (iç)oa-igo5) 2i3 Henri Dufour. — Observations sur quelques phénomènes aetinoélee- triques 257 Alexandre Schenk. — Les ossements humains du cimetière gallo-helvète de Vevey 271 A. Borgeaud. — Bacilles acido-résistants et tuberculose 281 Alexandre Schenk. — Note sur des crânes et ossements provenant d'an- ciennes sépultures de la Suisse et de la Savoie 280. Jules Cauderay. — Notice sur les courants électriques vagabonds . . 3o3 C. Dusserre — Rapport sur la marche de la Société pendant l'année 1905, présenté à l'assemblée générale du 20 décembre iqo5 . . 3i5 PROCÈS-VERBAUX du 18 octobre au 6 décembre igo5. TABLE DES MATIÈRES du volume XL1. Chaque auteur est responsable de ses écrits. AVIS IMPORTANT. — On est prié de tenir compte des avis insérés à la seconde page de la couverture. LAUSANNE LIBRAIRIE F. ROUGE & Gie, LIBRAIRIE DE L'UNIVERSITE RUE HALDIMAND COMITÉ POUR 1906 Président : MM. Schenk, A., Dr-Prof. av. de Rumine 60, Lausanne. Vice-Président : Dusserre, C, Mont-Calme, id. Membres : Robert, William, chimiste, Jongny. Galli-Valerio, B., prof., Lausanne. Porchet, F., Dr-professeur, Prilly p. Lausanne. Secrétaire : Paes, H., Dr-prof., Petit-Moutriond, id. Bibliothécaire: Delacrétaz, A., Esc.-du-Marché 16, id. Editeur du Bulletin : Roux, F., Chalet Ferney 1, id. Caissier : Ravessoud, Aug., Montbenon 4, id. Vérificateurs : Lochmann, J.-J., Chaussée de Mon-Repos, 12, Lausanne Rosset, C, directeur des salines, Bex. Meylan, L., Dr, Château de Lutry. AVIS I. Les personnes qui désirent publier des travaux dans le Bulletin sont priées de tenir compte des observations suivantes : 1° Tout manuscrit doit être adressé, en. copie lisible, à l'édi- teur du Bulletin. 11 doit contenir l'adresse de l'auteur, l'indication du nombre d'exemplaires qu'il désire comme tirage à part, et celle du nombre de planches ou tableaux hors texte qui accompagnent le mémoire. Les épreuves en retour doivent également être adressées à l'éditeur. 2° Il ne sera fait de tirage à part d'un travail que sur la demande expresse de l'auteur. 3° Les tirages d'auteurs sont remis après le tirage pour le Bulle- tin, sans nouvelle mise en pages et avec la même pagination, après enlèvement du texte qui précède et du texte qui suit. Tous les changements demandés pour des tirages à part sont à la charge des auteurs. Les mémoires destinés au Bulletin prochain (N° 155) doivent être remis à l'éditeur ou au Comité avant le 31 mars 1906. Avant le 15 mai 1906 pour le n" 156. II. Nous rappelons aux Sociétés correspondantes que la Liste des livres reçus, publiée à la fin du volume, sert d'accusé de réception pour les publications qu'elles échangent avec nous. Pour la rectification des adresses qui ne seraient pas exactes, on est prié de s'adresser au secrétaire de la Soc. Vaud. des Se. Xat, Petit-Montriond, Lausanne. Bulletin de la Société Vaudoise des Sciences Naturelles Vol. XLI. N 154. 1905 DE L'ORIGINE DES SPHÈRES DIRECTRICES DANS LES CELLULES DU SAC EMBRYONNAIRE 1902-1905 l'Ail J. PERRIRAZ INTRODUCTION Le but que je me propose est d'essayer de déterminer ta véritable origine de la sphère directrice dans les cellu- les du sac embryonnaire. J'ai entrepris cette étude avec l'intention d'apporter quelques lumières sur ce point si controversé. Les recherches ont été opérées sur les plantes sui- vantes : Allium ursinum. L. Iris germanica. L. Narcissus radiiflorus Salisb. Galanthus nivalis. L. Leucojum vernum. L. Genre Tulipa. Boveri (q5) entend par centrosome, un centre dynami- que qui se trouve dans la cellule et qui par bipartition concourt à la formation de deux cellules filles ; cet auteur ajoute que l'on doit renoncer à caractériser le centrosome, soit par sa constitution, soit par la manière dont il agit vis-à-vis des matières colorantes. XLI l4 2f4 J. PERRIRAZ La notion d'astrosphère chez Heidenhain (94) n'a d'ap- plication que comme désignation topographique. L'as- trosphère n'est pas un organe au même titre que le noyau et n'est une particularité constante, ni de la cellule, ni d'un système centré. Le nom de « sphère directrice » donné par Guignard(()i I est, je crois, le terme qui convient le mieux à cet orga- nite. Evidemment, ce terme implique une idée mécanique, repoussée par certains auteurs- La sphère directrice se compose : i° Au centre, d'un corpuscule se laissant fortement co- lorer : le centrosome ; 20 D'une zone ou « auréole », plus ou moins hyaline ; les réactifs agissant différemment suivant les cas. C'est la sphère attractive, le kinoplasma de Strassburger. 3° De l'aster formé par des fibres rayonnant autour de la sphère attractive. Le centrosome est la partie principale ; il ne fait ja- mais défaut. La sphère attractive peut manquer; d'après Strassburger, un certain nombre d'algues en seraient dépourvues ; les filaments de l'aster viendraient se greffer directement sur le centrosome. L'aster n'est pas toujours visible ; malgré cela, c'est, à mon avis, la partie la plus caractéristique de tout le com- plexe. Il est à remarquer que la plupart des auteurs allemands se servent du terme de centrosome, soit pour désigner la sphère directrice entière, soit pour indiquer spécialement le centrosome. Il en résulte une confusion regrettable. C'est cette région qui empêche la confusion entre les sphères directrices et les chromosomes, nageant dans le cytoplasma et entre les portions d'anses chromatiques, excessivement petites, détachées pour une raison quelconr OIUUINIC DKS SPHERES DIRECTRICES 2 I 5 que ou, dans quelques cas, entre des nucléoles cvtoplas- matiques. Les filaments de l'aster, facilement décelables avec les réactifs colorants, ne sont pas visibles à l'état de repos de la cellule. L'aster, par ses irradiations, met les deux sphères en communication au travers du fuseau et forme- rait ainsi le fuseau central, à l'opposé duquel se trouvent les « cônes antipodes » de Delages. I ne chose étonne: c'est la divergence des opinions quant à l'existence de cet organite. Il est admis mainte- nant par les auteurs ci-après que la sphère directrice existe : Fol. (79), van Beneden (74)5 O. Hertwig- (92), Osten- walder, Platner (88), Boveri (86), Flemming (82), Solg-er (89), Heidenhain, Hermann (91), Ischikawa (91), Bûtschli (73), Brauer (92), Watasé (g3), Guignard (91), Karsten (93), Julin (93), van der Stricht (g4), Henneguy (91), Farner (90) ; Belajeff (94), Mottier (97), Shaw (98), Strassburger (94), Meeves (98), Nemec (98), etc., etc.). Que ce n'est pas une simple illusion d'optique : Eismond (90), Mitrophonoff(94) ou une résultante toute mécanique : Biïrger (92). Quant à la présence ou à l'absence de la sphère direc- trice dans les êtres organisés, on ne peut encore établir des règles. Si nous examinons les plantes inférieures, les diato- mées, par exemple, on n'arrive pas à mettre en évidence la sphère directrice; il est même fort probable qu'elle ne s'y trouve pas. Chez les algues supérieures elle a été étudiée par Strass- burger (89) et ses élèves. D'après eux, elle existe, mais sous une forme peu caractérisée. L'on peut même mettre en évidence des chromosomes avec zone hyaline et con- fondre ainsi deux choses différentes. La position, par rap- port au fuseau, n'éluciderait même pas la question. 2l6 PERRIRAZ Les ascomycètes possèdent une masse limitée de kino- plasma, sans centrosome différencié, à laquelle Strassbur- ger a donné le nom de « centrosplate ». Le Basidiobolus (Fairschild), dont la division nucléaire se manifeste au stade du fuseau par des pôles plats, montre des corpuscu- les fortement colorés, mais sans rayonnement astériforme. ' XJ Les « Peziza » ont une masse active colorable aux pôles du fuseau. Les Hépatiques, comme les Equisétaeées n'en auraient pas. Les Gymnospermes possèdent, par contre, des corpus- cules colorés, des « blepharoplastes » qui, pour Ikeno (98), Hirase (97), sont des centrosomes ; tandis que Webber (00) affirme qu'il n'y a aucun rapport entre les deux choses. Les Monocotylédones donnent un matériel de première valeur pour l'étude des sphères directrices ; les noyaux des cellules sont gros et les éléments en sont très visibles. Les dicotylédones, peu étudiées à ce point de vue, sem- blent ne pas en posséder. Strassburger (01) les nie dans Gynanchicum Vincetoxicum , tandis que Raciborski (02) fait remarquer la facilité de démonstration de leur exis- tence, chez les mêmes plantes. Il doit donc y avoir des erreurs de technique ou une différence d'interprétation, Osterwalder en décrit chez Aconitum Xapellus. Les cellules reproductrices animales étant en général plus grosses, le matériel se laissant mieux traiter, la sphère directrice est par conséquent mieux connue. On l'a trouvée non seulement dans les cellules des organes re- producteurs, l'œuf ou le spermatozoïde, mais dans des unités telles que les leucocytes, les cellules pigmentaires, nerveuses, épilhéliales, etc. 11 me semble très risqué d'établir un parallèle entre les animaux et les plantes quant au développement de la cel- lule ci su division ultérieure. On a voulu voir des ressem- blances, des rapports, dans certains phénomènes qui pa- ORIGINE DES SPHERES DIRECTRICES 2iy laissent an premier abord identiques, mais qui, étudiés pins minutieusement sonl complètement différents. delà ne peut être fait dans le domaine qui nous occupe. Des mé- thodes de recherches ahsôlumenl semblables donnenl liés souvent des résultats fort différents, suivant que l'on s'adresse aux plantes on aux animaux. Le zoologiste se servira de certains réactifs qui donne- ront des résultats excellents. Des recherches botaniques exécutées suivant des méthodes semblables et avec les mêmes agents fixateurs et colorants ne fournissent que des résultats inexacts ou entachés d'erreurs. Strassburger (oo) et Kôrnicke emploient, disent-ils, les méthodes de Meeves et Flemming-. Ces méthodes peuvent être excellentes pour des recherches zoologiques, sans que pour cela les résultats fussent analogues, lorsqu'elles se- ront appliquées à des pièces végétales. Je crois que les recherches botaniques doivent être me- nées d'une manière toute spéciale en raison de la diffi- culté de fixation et de l'emploi des matières colorantes. Pour le fixateur, on se heurte à une diffusion peu ra- pide, les parois de la cellule ne laissant agir les agents fixateurs qu'avec une extrême lenteur. En conséquence, il faudra se servir de réactifs spéciale- ment appropriés à la recherche que l'on veut exécuter. 11 tant naturellement tenir bien compte de la nature chimi- que des corps qui seront en présence. Dans les préparations zoologïques, les membranes plus perméables ne ralentissent pas d'une manière sensible la fixation, facteur très important pour une étude sérieuse. A plusieurs reprises, je me suis servi des méthodes em- ployées en zoologie ; elles ne m'ont jamais donné des ré- sultats aussi satisfaisants que les méthodes spéciales. En général, par les premières, on arrive à un durcissement de la membrane tel que le rasoir du microtome éraille sans couper les pièces à étudier. 2l8 PERRIRAZ Peu de méthodes sont d'une application générale ; la plupart ne doivent servir que dans certains cas particu- liers et bien déterminés. Les différences constatées dans les résultats donnés par l'étude d'un même objet, chez une même plante, étude faite par des auteurs différents, proviennent assez sou- vent des méthodes de fixation et de la technique em- ployées. Il serait donc d'un intérêt général d'indiquer minutieu- sement les méthodes suivies, ceci pour permettre un con- trôle sérieux fait dans les mêmes conditions. Le même objet traité différemment, mais dans un même but d'étude ne peut donner que des comparaisons souvent très rela- tives. On a voulu voir dans la sphère directrice un organisme devant se trouver sans exception chez tous les êtres orga- nisés, aussi bien chez les plantes que chez les animaux. Cela doit être une erreur que l'expérience continuera peut- être à prouver. 11 me paraît donc beaucoup plus rationnel d'appliquer la grande loi d'évolution et il est tout indiqué qu'elle est applicable également à la sphère directrice. Si nous prenons les plantes inférieures, le noyau n'y ayant pas encore été reconnu d'une façon certaine., la sphère directrice, si elle existe, sera forcément très simple, peut-être même qu'un simple chromosome peu ou pas dif- férencié, la remplacera. Il serait apte à diriger les phé- nomènes de la mitose. Chez les algues supérieures, la sphère directrice est for- mer, mais elle n'a pas encore atteint son complet déve- loppement ; la sphère attractive fait quelquefois défaut, tandis que d'autres fois nous n'avons à faire qu'à un véri- table chromosome différencié pour les besoins du moment. Les Gymnospermes accusent un degré de plus dans le développement de cet organite. ORIGINE m:s SPHÈRES DIRECTRICES 2I<) Viennent ensuite les Monocotylées. Chez les plantes de ce groupe, la sphère directrice est complètement individua- lisée : ses trois parties sont très bien accusées ; nous aurions ainsi le summum de son développement. Chez les dicotylées, par contre, la régression aurait lieu, ceci d'après les faits exposés dans les derniers tra- vaux de Strassburger. Peut-être qu'une relation semblable pourrait s'appliquer chez les animaux; la suite des recherches montrera quelle est la valeur de cette assertion. Le cycle évolutif de la sphère directrice n'a pas encore •'•té suivi d'une manière rigoureuse. On peut classer les auteurs qui se sont occupés de cette question en deux grands groupes : i° Ceux qui nient son existence, tels que Bûrger (92), Eismond (90), Mitrophanoff (94), Carnoy (97) Lebrun (97) et, d'une manière générale, l'école de Louvain, etc. 20 Ceux qui admettent son existence. Ces derniers peuvent se répartir en trois groupes très distincts. a) Les auteurs lui attribuant une origine nucléolaire Wasielewski (93), Karsten (93), O. Hertwig (92). Julin (93), etc. b) une origine nucléaire : van Beneden (84), Fol. (79), Boveri (86), Bûtschli (85), Brauer (g3), etc. c) Une origine microsomique : Watasé (93), van der Stricht (94)? etc. 2 20 J. PERRIRAZ CHAPITRE I Technique. Pour fixer les pièces, je me suis servi (1rs solutions sui- vantes : I. Solution de Behrens I ; II. Solution de Behrens II : III. Solution de Flemminy ; IV. Solution de Pacini I ; V. Solution de Pacini II ; VI. Solution d'acide osmique i % ; VII. Solution saturée d'acide picrique dans de l'eau tiède (200 volumes), puis addition de 2 à 3 volumes d'alcool absolu; VIII. Solution d'acide acétique 0,10 % — 100 part, et sol. d'acide chromique 0,20 % 100 part.; IX. Solution concentrée d'acide picrique dans de l'al- cool à 5o °/0; X. Solution de sublimé 1 %, 100 cm3; Solution d'acide acétique 1 %' 100 cm3; XL Solution de Ripait ; XII. Solution de Kleinenberg ; XIII. Solution de Rabl. Ces différents réactifs ont été employés dans le but de comparer les méthodes et les résultats obtenus. Tous peu- vent donner de bonnes préparations si l'on veut examiner soit le protoplasma, soit le noyau, le boyau nucléinien ou les nucléoles. La solution de Flemming est à recommander ; mais il faul avoir soin d'opérer de nombreux lavages avant de conserver les pièces dans l'alcool. Les solutions à hase d'acide picrique sont d'un très bon emploi dans l'étude du noyau. En effet, par une gélifica- ORIGINE l>i:s SPHÈRES DIRECTRICES 22 f lion |)lus on moins intense de la membrane, elle pourra s'employer avec succès pour l'examen des parties internes, du noyau, par exemple. Il ne l'an! cependant pas que l'a- cide soil employé pur, son action sérail Irop intense; l'ad- dition d'un peu d'alcool annihile un peu son effet, ce qui donne fies résultats pins précis. Il ne faudrait pas em- ployer (M's solutions pour l'étude de la caryocinèse, les figures étant trop peu nettes. Les solutions de Pacini remplissent le même but ; les contours nucléaires, dans les jeunes noyaux sont peu dis- tincts et les nucléoles quelquefois mis en liberté. Leur étude en est très facilitée. Il y a un inconvénient à s'en servir si les cellules sont en voie de division. Les figures mitosiques sont très peu précises ; elles apparaissent comme des plaques photographiques dont l'image serait « floue ». Le dessin ne pourrait en être fait exactement. D'une manière générale, il faut opérer des lavages à l'eau distillée pendant plusieurs heures et même plusieurs jours après la fixation; ils ne seront jamais trop bien faits. Beaucoup d'auteurs préconisent l'emploi de l'alcool ab- solu comme fixateur. Je ne saurais approuver cette mé- thode, vu que la plupart des pièces traitées de cette ma- nière-là m'ont donné les résultats les plus médiocres. Comme les agents fixateurs ont une importance capitale pour la suite des opérations, j'en ai cherché de nouveaux. Je me suis spécialement servi des solutions de sels d'argent : XIV. Solution de nitrate d'argent à 5 % ; XV. Solution de nitrate d'argent à 2 % 10 p.; alcool absolu 10 parties ; XVI. Solution de nitrate d'argent 2% 5o p.; solution d'acide osmique 1 % 00 p. ; XVII. Solution d'acide osmique 1 %, 4 cm3, Solution de nitrate d'argent 1 %, 35 cm3, Solution saturée d'acide picrique dans H2o, 25 cm3. Alcool absolu, 20 cm3. 222 J. PERRIRAZ Ces différents réactifs m'ont donné de bons résultats et je ne suis pas d'accord avec Lee, lorsqu'il dit : « Hôlenstein ist absolut unverlàssig in seinen Wir- kungen. Le nitrate d'argent employé à forte dose, soit 5 %, donne de bonnes préparations pour les noyaux ai repos. Wasielewski s'en est servi à i % et le déclare utilisable dans le cas précité et pour l'examen des chro- mosomes. La solution n° XVI peut être utilisée également pour toutes les parties de la cellule. La rétraction est insensible ; elle ne se traduit que par un léger décollement du proto- plasme au contact de la membrane. La solution n° XV est également bonne. Elle produit une rétraction très minime. Les membranes restent intactes, et on ne peut s'en servir qu'avec succès dans l'examen du cytoplasma. La solution n° XVII est, sans contredit, celle qui donne les meilleurs résultats. Le protoplasma est dans sa posi- tion initiale et le noyau se présente sans rétrécissement appréciable. De plus, les pièces traitées par ces différents réactifs possèdent le grand avantage de se colorer avec beaucoup de vigueur par l'hématoxyline et la safranine, par exem- ple. Cela permet l'emploi d'une solution très diluée du colorant, et par le fait l'obtention d'une plus grande net- teté de coloration. Ces solutions douent être [déparées au moment de leur usage. En général, je les composais le matin, entre 5 et 7 heures, et les pièces étaient fixées sitôt après. La préparation des solutions XIV, XV el XVI n'offre rien de particulier. La solution XVII était faite connue suit : Les différents liquides la composant étant prêts, je prenais le nitrate d'argent dissous dans l'eau, auquel j'ajoutais l'a- cide picrique à chaud ; ensuite venait l'acide osmique en solution dans les 25 cm:? d'alcool absolu ; puis le tout était ORIGINE DES SPHÈRES DIRECTRICES 223 porté au bain-marie pendant quelques minutes ; lit tempé- rature ne devant pas s'élever au-dessus de 45° à 5o°. Le liquide fixateur se refroidissait en chambre noire. Il faut naturellement que la fixation s'opère à l'obscu- rité et il vaut mieux pratiquer entre 26° et 3o°. L'effet est plus rapide, par conséquent, meilleur. Les pièces passées aux différents alcools se conservent très longtemps dans un parfait état. L'inclusion est une opération qui demande beaucoup de soins. Les meilleurs résultats furent obtenus par le pas- sage des pièces dans les solutions suivantes : On prépare à l'avance : /re série. Alcool 75 % xylol 26 % » 00 y0 » 00 % » 25% » 75 /o » 100 /o 2 e série 1 Xylol 85 % paraffine i5 parties 35» » 7° % » 3o » 35° » 5o % » 5o » 38° » 25 % » 75 » 45o » 5 % » 95 » 45° 100 » 5o° Les ovaires sont placés de 8 en 8 heures dans les liqui- des de la ire série, après quoi, opérant entre 4o° et 45°, on se sert de la série II, pour terminer par la paraffine pure. Il faut alors se servir de paraffine fondant à des tempé- ratures de plus en plus élevées, pour terminer par celles dont le point de fusion est voisin de 58°. Les pièces y sont alors maintenues pendant 3o à 36 heures. On doit travailler très soigneusement. Si l'on omet l'une ou l'autre des solutions précitées, on s'expose à une 2 24 PERRIRAZ inclusion incomplète. Il peut même se produire des alté- rations à l'intérieur des cellules, ce qui mène nécessaire- ment à ii in* équivoque ou à des résultats inexacts. Ces différentes solutions doivent imprégner très lentement les pièces, de manière que l'inclusion se fasse insensiblement. Pins le traitement par la série II est long-, meilleures sont les pièces. Un examen comparatif pourra prouver la chose. La coloration peut se faire de trois manières différentes /. La coloration in-toto par la paraffine. Cette méthode peut avoir quelques avantages lorsque les pièces sont très petites ; de pins, les surcolorations m sont pas à craindre. Tout d'abord, la paraffine ne doit pas être trop dure; les meilleures sont celles dont le point de fusion varie en- tre 35° et 4o°. On pratique la coloration à l'avance ; quel- ques matières s'y dissolvent ou s'émulsionnenl liés bien. Telles sont : le vert de méthyle, le bleu de méthylène, l'o- range G. D'autres, comme les hématoxylines, l'éosine, la safranine, le brun de Bismarck, n'agissent qu'à la lon- gue et vers 6o° ou 70°. Pour en faciliter l'action, il faut remuer de temps à autre et maintenir le tout dans l'étuvi pendant j:> heures environ. Il vaut mieux ne pas se servir d'agents dissolvants pour faciliter la coloration de la paraf- fine. Cela peut occasionner des déboires dans la suite «les opérations. Avant de pratiquer l'inclusion, il tant faire pas- ser les pièces dans les séries I et II du paragraphe pré- cédent. //. Coloration in-toto directe. Je me suis servi dans ce but de l'hématow line de l)e- lafield, de l'H. de Heidenhain, de la safranine [Mire, de I; safranine en solution dans l'eau d'aniline. iHUMNi: DES SPHERES DIRECTRICES 220 La méthode des doubles colorations esl difficilement ap- plicable. On m* sait, en effet, si les parties internes sonl at- teintes; l'on risque aussi, lorsque les lavages ne sonl pas bien faits, d'obtenir des précipités. Les pièces colorées par l'hé- matoxyline de Delafield sont restées dans la solution di- luée pendant 24 heures, après quoi elles passaient dans huit ou neuf eaux de lavage dans l'espace de 52 heures. La déshydratation s'est faite par la série des alcools i, à, i>o, 5o, 75 % et alcool absolu. La suite de ces liqueurs est nécessaire pour éviter la formation de précipités. Pour les traitements avec l'héma- toxiline de Heidenhain, il faut être encore plus prudent et ne pas craindre de laver les pièces pendant 96 heures de suite dans des eaux légèrement alunées, auxquelles j'ajou- tais quelques gouttes d'acide acétique. Ces colorants sont excellents pour l'examen des noyaux en mitose. Le nucléole est examiné après coloration à la safranine en solution dans l'eau d'aniline. Il faut opérer une surcoloration très intense, puis décolo- rer très lentement. La surcoloration n'est jamais poussée trop loin; le point délicat est la décoloration. Cette méthode donne de bons résultats, lorsqu'elle est appliquée à de petites pièces. ///. Coloration des coupes. Cette méthode, beaucoup plus longue que les deux pré- cédentes est utilisable dans tous les cas. De plus, on peut observer directement l'effet du colorant. Je me suis servi des matières colorantes précédemment citées. Les colora- tions doubles et triples donnent des résultats excellents. La méthode de Flemming, safranine, violet de gentiane, orang-e G., Phématoxyline de Delafield et la safranine ont été employées. Ces deux derniers colorants ont le grand avantage de faire ressortir avec intensité tous les corps 22Ô J. PERRIRAZ nucléolaires en rouge, tandis que le reste du noyau devient violet. Les coupes examinées étaient d'une épaisseur de 5 ;i et au-dessous. Souvent elles ne dépassaient pas 3 (i. Ce n'est qu'après leur fixation sur porte-objet ou mieux en- core sur couvre-objet qu'elles étaient traitées par les colo- rants. La paraffine a toujours été dissoute dans le xylol. CHAPITRE II Avant d'entreprendre un travail aussi délicat, une étude préliminaire est nécessaire; j'ai repris un sujet déjà traité, afin d'essayer différentes méthodes pour en comparer les résultats. Je me suis servi, à cet effet, du Lilium Martha- gon ; les résultats obtenus sont semblables à ceux trouvés par Guignard (90), au moins dans leurs grandes lig-nes. C'est cet auteur qui, le premier, mit en évidence les sphè- res directrices. Ces dernières se distingueraient des nu- cléoles par les caractères suivants. Le nucléole est formé d'une substance homog-ène de grosseur variable, et presque toujours supérieure à celle du corpuscule central, soit du centrosome. De plus, dans les différents stades de la mitose, les nucléoles ne restent pas dans la masse nucléaire. Les sphères directrices par contre, possèdent un cor- puscule central, entouré d'une zone moins colorable ; leur diamètre est sensiblement constant. Dans ses « Nouvelles études sur la fécondation », Guignard (94) a donné quel- ques détails sur le fonctionnement des sphères directrices. Elles n'entreraient en activité qu'après la formation des segments chromatiques. Des stries protoplasmatiques les entourent ; elles s'écartent pour se fixer, suivant l'axe lon- gitudinal de la cellule. A ce moment, les stries sont plus nettes aux environs immédiats de la sphère, s'atténuant ORIGINE DES SPHERES DIRECTRICE S 227 dans le reste de la cellule. Les asters ne se complètent qu'après la résorption * » • i 1 „„„ grandeur du nucléole i,3/^ vent a l extérieur du noyau ; le cas Nareissus. es^ mème assez fréquent. Il est facile de les reconnaître au moyen des réactifs colorants. Ces nucléoles extra -nucléaires ont été décrits par Demoor (90) pour les poils staminaux de Tradescantia. Cet auteur les avait obtenus par l'action du froid. Kars- ten (98) met en garde contre la dénomination de centro- somes qu'on a voulu leur donner ; d'autant plus que pen- dant la mitose, ils se placent quelquefois dans une posi- tion semblable, aux pôles du novau. Debski (98) les a constatés chez Chara et pense qu'ils existent normalement dans le protoplasma. Il faut bien spécifier ce qu'est le novau à l'état de repos. A ce stade les échanges nutritifs atteignent leur maximum d'intensité; il y a augmentation de volume. A ce moment le noyau renferme un ou plusieurs nucléoles ; ils ont l'aspect de petites sphères placées dans des positions quel- conques les unes par rapport aux autres. Au moment de leur formation, on les voit comme de gros chromosomes, qui augmentent rapidement de volume. En même temps, il se forme assez" souvent une «auréole» hyaline; cette partie là est très probablement composée d'une nucléo- albumine, zone ne se laissant colorer que très faiblement. La membrane du noyau a partout la même épaisseur ; elle est très avide des colorants généralement employés : nilKlIM. I>i:s SPHERES DIRECTRICES 229 Fig. .'f. — Noyau pourvu d'un uucléoleavec vacuoles, (iran- li. Galanthus. deu il l'aui donc opérer avec précaution pour que la ti action oe soit pas trop forte, surtout pour l'examen des parties internes du noyau. A un moment donné, quand le nucléole est arrivé à son complel développement, on aperçoit souvent une ou plu- sieurs vacuoles plus on moins grosses ; elles sont facile- ment décelables dans les gros noyaux des cellules (\ti sac embryonnaire, et dans les stades primaires de son déve- loppement. D'après les nombreuses obser- vations, (80000 coupes) que j'ai eu l'occasion de faire, il semble que ce phénomène est un signe de dégénérescence. Dans les cellules qui subissent une division rapide, il ne m'est jamais arrivé de rencontrer de nucléoles vacuolaires. Je me suis demandé si ce n'était pas l'effet du réactif : je ne le crois pas. II semble tout d'abord que les réac- tifs picriques donnent plus sou- vent ces figures que les autres; mais par l'examen statistique des pièces traitées par les différents Fig. 4. — Nucléole de la figure agents, on s'aperçoit que tous en donnent de semblables ; par con- séquent le réactif ne peut avoir qu'une importance tout à fait se- condaire, si ce n'est nulle. Les nucléoles examinés à l'état frais et non fixés, laissent voir des vacuoles, peu visibles il est vrai, mais suffisamment décelables pour garantir leur existence. Leur gros- précédente examiné a grossissement plus fort. Grandeur ■': ■ u. 2,4 Fig. 5. — Autre uucléole vacuo- lairc. Grandeur — —t-/j- Nar- 2,0 C1SSUS. 1 ) 2.3o J. PEKKIKAZ seur peut varier dans d'énormes proportions. De plus elles doivent être remplies par un liquide visqueux. (les vacuoles doivent être un signe de dégénérescence. En effet, par l'emploi de réactifs colorants énergiques, lorsque le nucléole es! assez gros pour permettre d'en faire plusieurs coupes, on aperçoit une masse irrégulière, légèrement colorée. Pour cette observation, on est obligé de se servir des colorations de coupes. Il est même utile de faire agir un mordant avant l'emploi du colorant. Assez fréquemment on constate la présence d'une cavité; ceci est dû simplement à un accident de technique; car, dans les nombreuses manipulations que subissent ces piè- ces, il est tirs difficile de ne pas érailler des parties aussi délicates. En effet, si l'augmentation de volume dépasse une limite déterminée, il se produit des cavités, la matière nucléo- laire existant en trop petite quantité. Clés cavités ne peu- vent être remplies par un gaz. Ce suc nucléolaire semble se coaguler par certains réac- tifs. D'une manière générale les matières colorantes n'ont que fort peu d'effet sur lui; les solutions anilinées aqueu- ses et alcooliques; les mêmes à base d'éosine le colorent en rose très pâle; les pièces mordancées à l'alun puis trai- tées par les hématoxylines, spécialement celle de Heiden- haiu, donnent une coloration bleu-clair1. Dans les cellules parvenues à leur accroissement maxi- mum, on voit dans certains nucléoles non pourvus de vacuoles, une ou deux granulations : des centrioles. Je crois pouvoir affirmer que ce ne sont les résultats ni des réactifs, ni des Fig.6. Noyaupourvu colorants. Quelquefois dans les pièces de .'i nucléoles, donl , ... . a contiennent des fixées à I aide de réactiis osnuques ou centrioles ; le troi- i •> • i <• i '••■•] sièmeesl homogène, d argent, il se (orme des précipités dus Grandeur 7,8 /*. Ga- .-, ||m. réduction trop vive; mais cela lîlllllills. ' ORIGINE DES SPHÈRES DIRECTRICES 2.3 f IH sr produit que sur une faible épaisseur. Pour en- lever cette chance d'erreur, je me 'suis servi de réactifs sans sels métalliques. On a beaucoup de peine à fixer con- venablement des parties aussi délicates; on peut toutefois, en opérant avec soin, constater dans certains nucléoles spéciaux l'existence de un ou deux centrioles ; ils apparais- sent foncés sur la plage plus claire du nucléole. Je me suis demandé, si peut-être ce n'était pas dû à quel- que impureté. Cette dernière objection n'a aucune valeur; si ces cor- puscules étaient des impuretés, on ne les retrouverait pas si souvent et surtout pas dans des pièces traitées si diffé- remment. Serait-ce peut-être une illusion d'optique? Je ne le pense pas non plus; car l'on peut très bien se rendre compte des plans dans lesquels ces centrioles se trouvent. Il me semble que ce sont donc bien des centrioles. Il est à remarquer que quand les vacuoles existent, on ne trouve jamais de granulations. La position de ces corpus- cules dans le nucléole est généralement sur le plus grand diamètre, car il se produit un allongement qui donne au nucléole une forme ellipsoïdale. On peut se demander si l'on n'a pas à faire à une va- cuole « favorisée », vacuole qui se serait ainsi différenciée pour servir dans un but déterminé. La question est difficile à résoudre ; mais je ne crois pas la chose probable. En effet, si le centriole avait une telle origine, on devrait pouvoir assister à sa formation, en examinant une série de noyaux en voie de croissance. Je n'ai jamais pu constater le fait et ne suis, par conséquent, pas en état de me prononcer. Tous les nucléoles n'en possèdent pas. Je n'en ai jamais trouvé plus de deux dans le même noyau. Lorsque plu- sieurs nucléoles se trouvent dans la même unité, deux en général contiennent de ces granulations; les autres ne pos- '.')' J. PERRIRÂZ sèdenf que des vacuoles, mais le l'ail est relativement raie. Ces dernières ont déjà « - 1 « - signalées par la plupart des auteurs, mais ou ne connaît ai leur origine, ni leur cause Fig. 7.- Noyau pourvu formatrice. ,,,• 4 nucléoles, donl Nous verrons, dans la suite de cette 2 homogènes el les 2 autres possédant étude, C]ue les nucléoles pourvus de des centrioies. (Iran- , -,. • ... , deur 0,8 u. Galan- vacuoles disparaissent peut a petit sans ll'"s- laisser de trace, tandis que ceux qui sont pourvus de centrioles jouent un rôle prépondérant dans la mitose. Ces granulations sont en outre entourées d'une «auréole » se décelant fort bien par la safranine en solution dans l'eau d'aniline; l'hématoxyline donne aussi de bonnes colora- tions. D'une manière générale, pour examiner ces granulations, le fixateur doit contenir de l'acide picrique de manière à gélifier légèrement les membranes ; cette modification ne doit pas être trop intense, car il est nécessaire de pouvoir observer très nettement les deux bords de la membrane. De plus, il faut opérer une surcoloration très accusée. Lorsque Ton emploie la safranine par exemple, les noyaux doivent former une tache rouge sombre dans laquelle il est Impossible de déceler quoi que ce.soit. On décolore ensuite liés lentement. Quand cette dernière opération est poussée trop rapidement, on risque de désagréger la pièce et de n'obtenir aucun résultat, Au début de la mitose, lorsque les éléments nucléiniens s'ordonnent pour l'élaboration du boyau, il se produit dans le noyau <\i'<. mouvements assez importants. Les nu- cléoles à granulations qui, jusqu'à ce moment, occupent une position quelconque les uns par rapport aux autres, se dirigent alors vers les deux pôles de la cellule, en sui- vant le grand ave, lorsqu'il existe; mais ils ne subissent ORIGINE DES SPHERES DIRECTRICES 2 33 aucune déformation appréciable. Les réactifs ne permet- tent pas de reconnaître de modifications dans la membrane aucléaire ; l'épaisseur est restée la même sur toul son pourtour, el sa composition semble ne pas avoir changé. Dès que les nucléoles sont arrivés à une faible distance des bords du noyau, la membrane subit un enfoncement tirs appréciable; le phénomène commence par un léger aplatissement <|ui s'accentue de |>lus en plus pour se ter- miner par la formation d'une petite cuvette. Ce l'ait a déjà été signalé par p I u sieurs a u- teurs. Brauer (93) a vu le centrosome ci m Ire la mem- brane nucléaire et dans une dé- pression. Au moment de la mitose, la membrane est perforée. L'ouver- ture formée avait déjà été observée en 1871 par Auerbach qui, il est vrai, lui donnait une destination toute spéciale. 0. Hertwig (92) soutient qu'au commencement de la division indi- recte, le carpuscule polaire apparaît contre la surface de la membrane nucléaire et que ce n'est que plus tard qu'il s'en éloignerait pour entrer dans le cytoplasma. Quand il appa- raît, la membrane est souvent af- faissée, comme si du suc nucléaire était sorti par un petit orifice. Van der Stricht (()4) admet que les sphères attractives Fig, 8. — Noyau possédant une légère excavation du côté de la zone rïucléo- laire. Grandeur 10, 2 y., Galanthus. Fig. 9. — Noyau donl la membrane commence à disparaître ; le nucléole entre en contact avec l'invagination. Grandeur 10,4 ,"• Galanl 1ms. Fig. 10. — Légère invagi- nation vers laquelle s'est dirigé le nucléole. Gran- deur 4,3 a. Galanthus. »34 J- PERRIRAZ et le centrosome apparaissent dans une excavation de la membrane, quelquefois aux deux pôles du noyau; d'autres fois l'un près de l'autre. Wasielewski (93) constate un affaissement de la mena» brane, comme si une certaine quantité de suc nucléaire qui la maintenait tendue avait diffusé et que le nucléole soit sorti; cela se produisait quand les nucléoles dispa- raissaient dans le noyau. Il me semble plus exact d'attribuer la formation de cette dépression à un mouvement attractif. Herwig (92) a voulu voir un affaissement produit par la sortie de liquide nucléaire , lundis que Wasielewski soutient que cria se produit « connue si du liquide était sorti. » Je ne crois pas que cette hypothèse puisse être appli- quée à ce cas particulier. Si une « petite quantité de liquide nucléaire 0 sortait à ce momertt-là, on devrait le retrouver dans le cytoplasma, ce qui n'est pas le cas. On le reconnaîtrait facilement à l'aide de réactifs colorants et à l'absence très probable de microsomes dans la région avoisinante. On pourra faire l'objection suivante : le liquide sorti ne subit pas l'influence des colorants, (l'est pour cette raison que je me suis servi de colorants ayant des radicaux chi- miques les plus divers et dissous dans des agents très variés; mais je n'ai jamais pu recueillir de preuves cer- taines. Plusieurs ouvrages constatent un ridement de la mem- brane dans cette cavité, .le n'ai observé la chose que d'une manière fort peu précise. Quelques réactifs tels que l'acide picrique concentré ou additionné d'une quantité d'alcool suffisante, produisent une gélification qui donne eu effet l'impression d'une surface concave chagrinée. Mais l'as- pect de cette partie change avec le réactif employé. Si on se sei't connue agenl fixateur d'alcool absolu, la membrane prend un aspect mamelonné ou verruqueux, irrégulier, où ORIGINE MIS SPHÈRES DIRECTRICES (35 l'on peul facilement distinguer les limites externe et interne. Les réactifs picriques donnent très souvent une masse indéterminée dans sa forme; on m1 peut définir la position exacte et les limites de cette partie du noyau. En se servant par contre des réactifs XIV, XV, \\ [, XVII, on observe une gélification partielle, les numéros III et VI donnent la même réaction, mais moins nettement. Il me semble doue que c'est à l'effet dy\ réactif qu'il faut attribuer les différents (Mats sous lesquels la mem- brane se présente aux pôles du noyau. J'ai essayé, en me servant de matériel frais, non fixé et > non coloré, d'observer cette partie. En se servant de colo- rants même faibles, il se produit nécessairement un phé- nomène chimique plus ou moins intense. C'est pour em- pêcher cela que l'observation s'est faite dans l'eau, puis dans la glycérine. Il est très difficile de faire un examen minutieux du noyau et de sa membrane sans colorants. D'après quelques pièces particulièrement nettes, il m'a semblé que la membrane du noyau se gonflait simplement, comme par une forte imbibition d'eau. L'eau ajoutée au moment de l'observation peut avoir eu quelque influence, mais comme son action ne s'est pas prolongée au-delà de deux ou trois minutes, elle n'a pu être que très faible, si ce n'est nulle. J'ai donc dit que je croyais à un phénomène purement attractif, plutôt qu'à une diffusion de liquide nucléaire : La membrane, tout en n'ayant subi aucune modification chimique décelable, a cependant dû passer dans un état de stabilité beaucoup moins grande, puisque quelques heures plus tard elle disparaîtra. Si l'on admet cet état, sa résistance doit donc être beaucoup moins forte, tout phénomène d'attraction sera plus nettement visible dans son action. Le nucléole agissant par sa masse simultané- ment avec l'attraction moléculaire, l'existence de cette petite cuvette serait ainsi expliquée. >36 J. PEKRIK\/ Nous avons constaté égalemenl la présence de l'ouver- verture déjà citée. Mais contrairemeni à l'opinion des au- teurs déjà précités, nous prouverons plus tard qu'elle est destinée à livrer passage au nucléole. Il est à remarquer que cet oriûce ne se produit que tardivement, alors que le iilainent chromatique va se scinder. A ce moment commence la mitose proprement dite. Le boudin nucléinien se dépelotonne pour se diviser ensuite. Les nucléoles que nous avons laissés à une faible distance des pôles du noyau arrivent au contact de la membrane. Cette dernière subit une modification chimique lui don- nant l'aspect d'une masse gélatineuse. Ce changement ne se l'ait pas rapidement, elle s'épaissit petit à petit, puis ses bords internes el externes perdent de leur netteté. Le cytoplasma n'est pas resté inactif', il a même été le siège d'un phénomène important. Osterhout (97) décrit des fibrilles protôplasmatiques qui apparaissent au débul de la prophase dans les cellules mères des spores chez Equise- tum. Elles se disposent tout autour du noyau en un feu- trage plus ou moins serré. Plus tard, tous ces éléments s'individualisent, puis prennent une position perpendicu- laire à la surface du noyau. Ils se réunissent ensuite en deux faisceaux qui disparaissent avant la prophase, pour ne reparaître que plus tard. Ils pénétreraient alors dans la masse nucléaire pour s'ordonner finalement suivant deux systèmes opposés en im fuseau bipolaire. Cet auteur con- clut donc à la formation du fuseau aux dépens du cyto- plasma. Les fibrilles du fuseau se grefferaient ainsi sur la sphère attractive pour former une partie de l'aster. Un grand nombre d'auteurs se rangent à cette manière de voir et soutiennent la même origine, tant au fuseau qu'à l'aster proprement dit. Karmer (96), Guignard (91)1 Dixon (()."")), trouvèrent des filaments autour des novaux ORIGINE DES SPHÈRES DIRECTRICES •'•>7 des cellules reproductrices de Fritillaria, Tulipa, Lilium. Belajeff (92) constata drs faits semblables chez Larix europœa. Mottier (97) dans Lilium Martagon, Lilium candidum, umbellatum, Helleborus fœtidus, Podophyllum peltatum. .M. el P. Bouin (01) entreprirenl l'étude de filaments particuliers se trouvant chez 1rs liliacées. Ils expliquent leur formation par un épaississemenl du réseau plasmati- que, qui entoure immédiatement la périphérie du noyau. Dans une seconde phase, ces fibrilles s'isoleraient pour se répandre dans le cytoplasma ; à ce moment-là elles aug- menteraienl «le diamètre. Dans la troisième période, elles se disposent radiale- ment au noyau, el par une transformation nouvelle, for- ment des bâtonnets. Ces derniers se dirigent ensuite vers les pôles du noyau; puis, petit à petit, se résorbent en un certain nombre de corpuscules paranucléaires. Ces diffé- rents phénomènes se produisent avant la prophase. M. et P. Bouin n'identifient pas certe formation à celles précé- demment citées. Strassburger (00) décrit, lui aussi, l'apparition de fibril- les avant la prophase. Tout autour du noyau se trouve une mince couche de protoplasma hyalin ; au bout de peu de temps, il se strie très finement; les filaments ainsi for- més atteignent la membrane nucléaire qui disparaît; tout ce complexe entre dans le noyau et va se fixer sur les chromosormes et aux pôles du noyau. J'ai pu constater l'existence d'une formation semblable : soit l'apparition de fibrilles feutrant la périphérie du noyau. Toutes les plantes que j'ai examinées les possédaient plus ou moins visibles. Au moyen d'une lionne technique, on arrive à les déceler sûrement. Les cellules du sac em- bryonnaire en possèdent aussi. Galanthus et Leucojum donnent de bonnes préparations. Ces filaments sont excès- •38 l'F.IUURAZ Fl( sivement ténus el il n'est pas toujours facile d'en obtenir des préparations nettes. Os striations naissent dans le cytoplasma sons la forme de fi- brilles éparses dans tonte la masse a voisinant le noyau ; ceci se passe pendant la période du repos complet, quand les nucléo- Noyau avec nucléoles; |eg s,„,t encore sphériques. Plus le cyto plasma extra-nucleaire i 1 esi envahi par des Qlaments. tard, elles se groupent en un feu- Grandeur 12,1 u. Galanthus. . . trage lâche qui circonscrit autour du noyau une zone plus claire que le reste dn cytoplasma. Quand la prophase commence, ces filaments se sont orientés en prenanl deux centres d'attraction aux deux pôles du noyau; ils deviennent de moins en moins visibles à mesure qu'ils se rapprochent de la membrane. Comment expliquer ce fait? Nous devons être en pré- sence d'un phénomène chimique; il doit y avoir des mo- difications dans les matières cellulaires, puisque les réactifs colorants ne donnent plus de réactions caractérisées. Ne se fixant pas sur ces striations, c'est que ces dernières ne sont plus les mêmes. Est-ce à dire qu'elles n'existent plus? .le ne le pense pas. Elles réapparaissent un peu pins tard, dans des posi- tions différentes, et il n'y aurait aucune raison pour une disparition momentanée. Je croirais plutôt à un défaut d'observation inhérent à nos moyens actuels d'investiga- tion. Les lumières monochromatiques et polarisées ne m'ont donné aucun résultat appréciable. La division vraiment active va commencer; la mem- brane se résorbe lentement, le boudin nucléinen se scinde en nu certain nombre de parties qui formeront les anses chromatiques. Mais, auparavant, les nucléoles subissent des changements « I * - forme et de position. ORIGINE DES SPHERES DIRECTRICES •'•"".» Karsten en i8q3, publia le résultai de son étude sur le Psilotum triquetrum ; 1rs faits suivants \ sont relatés : lorsque la membrane d'enveloppe existe encore, les nucléo- les situés à l'intérieur du noyau s'en rapprocheraient. Quand l'enveloppe a disparu, petidant l'orientation des anses chromatiques, on voit les nucléoles pénétrer dans le cytoplasma ambiant. L'auteur l'ait remarquer que leur contour est très net ; ils se présentent sous un aspect ho- mogène et très réfringanl : leur coloration en rouge se l'ait très facilement par l'éosine hématoxylée. J'ai remarqué que depuis le momenl où les corps nuclé- aires se sont allongés en un ellipsoïde et transportés aux pôles (\u noyau, la membrane s'est gélifiée. On voit alors les deux nucléoles polaires, toujours entourés de leur zone claire, entrer en contact avec la membrane et précisément à l'endroit où la cuvette s'est formée. Au point de contact, l'enveloppe disparaît en se dissolvant dans le cytoplasma. Il ne tarde pas à se faire une ouverture que plusieurs auteurs ont considérée comme pratiquée pour la sortie d'une certaine quan- tité de suc nucléaire. On peut assister alors à un phénomène curieux. Le nucléole, pourvu d'un ou deux centrioles, s'engage lentement dans l'étroit chenal qui vient de se former. On le voit avancer petit à petit, jus- >^t^v, lH - qu'au moment ou, arrivé dans le • '/■^âv%T~1:^^:'^ cytoplasma, il s'arrête dans une P ^r0 - position bien déterminée à une "^¥lfeS^ faible distance de l'ouverture. Le même tait se reproduit a Fi.;.. i3. — Nucléole sorti du l'autre pôle ; dans certaines pré- noyau. Grandeur 4,7 w. Allium. .•!•••' » " paradons bien situées, on peut Fig. 13. — Nucléole sortant du noyau. Grandeur 9,9 il. Ga- lanthus. 240 J. PERRIRAZ voir dans l'épaisseur du noyau deux cavités, anciennes chambres où étaient contenus les nucléoles. Dans un travail de Maréchal, paru dans le Anat. Ans., S" i(>, iqo45 ou voit dans plusieurs figures dos forma- tions tout à l'ait semblables à celles que j ai observées chez Galanthus, alors que les coupes étaient très épaisses. Ce sont des sortes d'outrés <|iii se prolongent vers la périphérie du noyau. Si Maréchal avait fait des coupes plus fines, de manière à partager ces protubérances, il aurait pu cons- tater l'existence, à leur intérieur d'un nucléole : dans une des figures, il dessine deux de ces formations aux extré- mités d'un diamètre. Le boudin nucléinien se scinde pour former les anses chromatiques. Dans quelques pièces, on peut constater l'existence d'anses parfaitement libres. Pour la préparation de ces derniers stades, il faut opé- rer avec une très grande minutie, afin de ne pas déplacer les éléments cellulaires. Une coloration qui donne de très lions résultats dans le cas qui nous occupe est la suivante: les pièces sont passées dans une solution concentrée de safranine aqueuse ou légèremenl anilinée, puis lavages répétés et seconde coloration par l'hématoxyline de De- lafield. Les lavages doivent être faits très minutieusement; en dernier lieu, on peut se servir d'eaux contenant i : 100 OU i : 200 d'alun d'ammoniaque ou de potasse et y ajouter quelques gouttes d'acide acétique. Les coupes pré- sentent un boudin nucléinien bleu violet, tandis que les nucléoles ou les corps nucléolaires sont d'un rouge légère- remenl carminé. Les filaments que nous avons vus disparaître au mo- ment de la gélification de la membrane du noyau, réap- paraissent dans des positions légèrement modifiées. Ces Striations prennent alors comme centres attractifs les points où se sont produites les ouvertures dans l'enve- loppe nucléaire. Le fuseau se forme alors par un arrange- ORIGINE DES Sl'lll RES DIRECTRICES •lll\ nit'iii de ers fibrilles qui, comme <»n le voit, n'ont rien de commun avec l'aster proprement dit. Nous ;i\ < mis vu que Le noyau à l'état de repos pouvait contenir plusieurs nucléoles, dont deux sont déjà sortis de la masse nucléaire. Les autres, que plusieurs auteurs ont vus pendant la mitose, se dissolvent dans la niasse extra- nucléaire, phénomène qui se produit très lentement. On les voit quelquefois sous la forme de granulations rouges, se mêler aux anses chromatiques, tandis que d'autres lois ils divaguent dans le cytoplasma sans but apparent. Ilestcependanl à remarquer qu'on les rencon- tre de préférence près des anses chromatiques ou à leur contact. Ce qu'il y a de c ertain, c'est qu'au moment de rn;. 14, — Nucléole non re la formation de , , -, , i3,5 sorbe. Grandeur fi. la plaque équa- ,, , . 9 1 ^ ' Galanlhus. v , • 1 -i j JNarcissus. tonale, une m est jamais arrivé d'en rencontrer clans la cellule, si ce n'est Bous la forme indécise d'une niasse rosée et sans contours délimités. Ces corpuscules semblent donc bien être là comme matières de réserve, formées pendant la période de croissance du noyau ; elles serviraient de nourriture pendant la mitose, au moment de la plus grande dépense d'énergie. L'hypothèse soutenue par Julin (93), que les nucléoles sont des régulateurs de la vie cellulaire, semble donc en partie exacte. Quant à prétendre que le nucléole est un petit noyau In.. [.">. — Fuseau pourvu de 2 nucléoles non encore résorbés et en contact ;i\ ec les anses chroma- tiques. Grandeur — — 11, ll\1 .1. PERRIRAZ dans uri noyau plus grand, ceci est quelque peu risqué. Tout d'abord au point de vue de leur composition chi- mique, les colorants démontrent suffisamment que ces deux organites sont différents. Les mêmes colorants ne donnant, pas de réactions semblables, il y a nécessairement une dif- férence dans leurs substances formatrices. De plus leur.* modes fonctionnels et leurs buts respectifs sont complète- ment dissemblables. 11 n'y aurait donc de ressemblance qu'au point de vue morphologique et ceci n'est pas même certain. Deux nucléoles que j'appellerai corps nucléolaires polai- res, sortent du noyau et se tiennent à une faible distanci de ce dernier ; les anses chromatiques ne sont pas définiti- vement orientées. Les corps nucléolaires polaires ont en- core leurs contours très précis ; niais dès ce moment, leiu netteté de lignes disparaît pour faire place à une zone va- guement teintée, sans limites précises. Les centriole^ s'accusent déplus en plus, entourés de leur auréole hyaline. En examinant une série de préparations, on n'arrivi pas à établir le moment précis où les nucléoles deviennent indistincts. On observe une suite de changements imper ceptibles, qui finissent par donner une figure; au centre de cette dernière, on distingue une ou deux granulations nettement indiquées et entourées d'une auréole peu co- lorée. Ces deux sphères sont entourées d'une masse qui semble limitée par une membrane; l'ensemble se colore intensé- ment par l'hématoxyline de Delafield et celle d'Heidenhain. Entre la zone hyaline et la masse colorée, la délimitation a lieu par une fausse membrane dont je n'ai pu déceler l'existence certaine; à l'aide de forts grossissements, j'ai constaté d'une façon plus ou moins nette la constitution de cette pseudomembrane. In nombre considérable de petites granulations se pressent les unes les autres, et donnent ainsi l'aspect d'une membrane par leur position ORIGINE DES SPHÈRES DIRECTRICES ,>f\> el leur grand nombre ; des granulations semblables, |»lus ténues il est vrai, existent dans la zone hyaline et entou- rent directetemenl le çentrosome ; leur nombre esl restreint. Suivant le mode de préparation, on passe insensiblement d'une zone à l'autre. Il m'a semblé que la délimitation entre ces d^ax régions est d'autant mieux marquée que la sphère directrice est plus près de fonctionner. A ce moment-là, tout ce complexe sn hit un léger gros- sissement, qui se produit comme si un liquide imbibait la zone externe, Lorsqu'il atteint une grandeur maximale, il subit une condensation ; la masse se concentre autour des granulations, qui tendent à s'isoler. J'ai constaté l'existence de deux grands groupes de nu- cléoles : i° Les nucléoles homogènes ou vacuolaires, qui dispa- raissent pendant la division mitosique, en servant de ma- tières de réserve. 2° Les nucléoles hétérogènes pourvus de granulations ou centrioles; leur but est de donner naissance au çentrosome et à la sphère attractive. Dans les nucléoles pourvus d'une seule granulation, l'as- ter se forme immédiatement ; chez les autres, il se pro- duit tout d'abord un étranglement ; la masse prend un aspect haltériforme, dont les extrémités sont occupées par les granulations. Les deux parties s'éloignent de plus en plus et la séparation s'opère. A ce moment, les anses chromatiques sont orientées pour l'ascension polaire ; il est alors aisé d'examiner leur struc- ture. Elles apparaissent comme une série de disques su- perposés fortement colorés ou d'amas enfermés dans un tuyau à peu près incolore. Il est impossible d'affirmer si ce sont des tores, des disques ou des corps ayant une forme quelconque. Dans tous les cas, on aperçoit aisément des masses colorées, séparées les unes des autres par des espaces très clairs. \l\l\ .1. PERRIRAZ Pour examiner la formation de l'aster, il faut procéder d'une façon toute spéciale. Les coupes doivent être fortement fixées 0-, sur couvre ou porte-objet ; après quoi on les laisse pendant 36 ou 48 heures dans Fig. 16. — Masse une solution très étendue d'iiématoxvline. nucléolaire. < rran- T . ... i deur :s //. Galan- La coloration se taisant avec une lenteur ""ls- excessive, les moindres détails apparais- sent avec une grande netteté. Les faibles grossissements laissent voir tout autour de l'ancienne masse nucléolaire une zone peu colorée, avant un pourtour interne nettement défini ; la limite cytoplasmatique, au contraire, est peu précise et ressemble à un brusque dégradé. En examinant avec des objectifs puis- sants, on voit bientôt que toute cette zone n'est pas homogène; elle est formée par des filaments excessivement ténus, dont Fig. 17 — Eeutrage . . , de filaments se ré- lune des extrémités se trouve dans la solvant. Grandeirç . . j. t 1 11 2, G ''■'• < lalanthus. m asse même, tandis (pie 1 autre semble ' ' se perdre dans la zone externe. A mesure que les contours nucléolaires disparaissent [tour ne laisser en dernière analyse que deux eentrioles : les sphères Fig. 18. — Forma- attractives avec leurs centrosomes, les lion plus avancée. ... , , . . , , , ., ,. ,. . Grandeur 3,2 a. filaments précipités se démêlent, s nidivi- Galanthus. dualisent , pour s'orienter ensuite. Ils n'existent pus en nombre considérable, il m'a été impos- sible de les compter exactement ; leur nombre ne doit pas être supérieur à 25 ou 3o. Ces filaments deviennent alors perpen- diculaires à la surface de la sphère et Forment l'aster. On voit donc que le fuseau est complètement différent des rayons as- tériens quanl à son origine. Plusieurs auteurs ont constaté l'ab- .jjMjg ¥L Wfâ ($j " Fig. i(|. — Sphères directrices com- plètemen 1 formet s 1 1 randeui * 6/i. < ra- l.-iii 1 bus. ORIGINES l>i:s SPHÈRES DIRECTRICES 245 sence de fibres du côté « 1 1 ■ aoyau, dans les périodes qui succèdent à la scission el à l'orientation des anses chroma- tiques. Cette observation est exacte : la membrane, liés souvent gonflée, masque entièrement les fibrilles de l'aster, du côté du noyau, à la lin de la première période. Par contre, si dans dos coupes épaisses, on réussit à voir l'aster dans une position oblique par rapport au noyau, on remarque que ces fibrilles ne sont pas discontinues, niais simplement masquées dans cette partie-là. Pour toutes ces recherches, il faut se servir de coupes fraîchement préparées, car, dans l'examen de l'aster en formation, les préparations se détériorent très rapidement. Au bout de quelques jours, grâce à l'action, soit des agents colorants, soit du Baume de Canada, on n'aperçoit plus qu'une niasse floue, sans éléments individualisés. Les recherches ne doivent pas se faire à l'aide de réactifs picriques. Il faut empêcher toute gélification englobant les détails de structure. Les fixateurs XVI et XVII donnent de bons résultats. Nous avons ainsi deux fuseaux complètement différents quant à leur origine ; mais il est impossible de les indivi- dualiser au moment de l'ascension. La sphère directrice est complètement formée. Le nu- cléole a donné naissance au centrosome et à la sphère attractive d'une part, tandis que l'aster a une origine pu- rement cytoplasmatique, indépendante du fuseau propre- ment dit. L'ascension polaire se produit alors. Les anses chroma- tiques se dirigent vers les deux pôles du noyau. Bon nombre d'auteurs ont relaté un épaississement des fibres du fuseau, à mesure que le phénomène pro- gresse. L'observation est exacte; elle ne me paraît pas coïncider avec l'emploi du réactif; ceux qui contiennent de l'alcool déterminent des formations plus nettes. XLI 16 2^6 .)• PERRIRAZ Le nitrate d'argent, les chlorures d'or et de platine sont spécialement à recommander dans le cas particulier. Quand l'ascension est terminée, on remarque près des sphères directrices des filaments, probablement ceux de l'aster, beaucoup plus épais à l'un des bouts qu'à l'autre. Il ne m'a pas été possible de déterminer exactement leur originej vu la délicatesse de ces parties : le fonctionnement de la sphère directrice eût été plus facile à étudier. Si, comme je le crois, ce sont les filaments de l'aster qui gros- sissent, il semble tout indiqué que c'est grâce à eux que se fait l'ascension. En effet, ils ont pris naissance dans le cytoplasma ; un allongement s'est produit, puis jonction très probable des deux sphères. Leur fixation s'est ensuite opérée sur les parties chromatiques. Leur course a commencé, prenant comme fils directeurs les filaments du fuseau proprement dit, les anses étant fixées sur les fibres de l'aster. Ces der- nières se contractent et le processus de l'ascension polaire pourrait ainsi s'expliquer. Les anses sont arrivées aux pôles du fuseau ; à ce mo- ment, les filaments achromatiques perdent leur peu d'in- dividualité, le tout devient de moins en moins distinct et finit par diparaître. A ce stade, la sphère directrice présente la figure si caractéristique que beaucoup d'auteurs ont signalée. Le centrosome et Fig. 20. —Sphère la sphère attractive n'ont pas changé; SnïdeKÎS r:,s,«''' Possède (les filaments très courts, soni contractés. épaissis dans la partie interne du com- Grandeur 7 ix. Ga- ! ■ lanthus. plexe. Les nucléoles ne sont pas très ca- ractérisés; on aperçoit nue masse légèrement colorée en rose par la safranine en solution dans l'eau d'aniline; uwv coloration plus intense est donnée par l'éosine hématoxy- lée ou l'hématoxyline de Heidenhain. Quand l'ascension polaire est terminée, les anses chro- ORIGINES DES SPHÈRES DIRECTRICES ll\~t matiques sont aux pôles du fuseau. Elles reformenl 1rs noyaux des cellules-filles en s'agglomérant d'abord, pour se souder ensuite. La future membrane cellulaire se des- sine vaguement. A ce moment, le nouveau nucléole se place au centre de l'amas chromatique ; sa constitution n'est pas dès caractérisée; son contour se précise par con- densation ou disparition de l'aster. Les rayons semblent rentrer dans le cytoplasma, qui est du reste leur lieu d'ori- gine. Je ne crois pas à une condensation, car si c'était le cas, on remarquerait un changement dans l'aspect et la direction des rayons astériens. L'amas de substance colo- rable empêche la plupart du temps un examen précis du fait. La membrane nucléaire reformée, le nucléole est parfai- tement délimité ; il occupe en général une position quel- conque dans le nouveau noyau. Ces différents phénomènes s'observent semblables aux deux pôles du fuseau. Les sphères directrices se sont donc transformées en deux nucléoles, qui se reconnaîtront facilement dans les deux nouvelles cellules. Les deux cellules-filles ont ainsi acquis leur unité mor- phologique. CHAPITRE IV Dans le cours de ces recherches, j'ai constaté différents laits, qu'il est bon de signaler, d'autant plus qu'ils se re- produisent absolument semblables chez Allium, Galanthus, Leucojum, Narcissus. Outre la série des fig-ures caryocinétiques normales, on peut en observer d'autres plus ou moins régulières. Le pelotonnement nueléinien est toujours à peu près le même. Il ne peut changer, dans des noyaux voisins au même stade de mitose, que dans la grandeur intersticielle 248 J. l'EHHIRAZ Fig 21. — Fuseau irrégulier r , l3'6 Grandeur 4, .5 // Narcissus. des boucles du filament. Ceci n'offre du reste qu'un inté- rêt d'ordre secondaire. Par contre, j'attache beaucoup plus d'importance à l'asymétrie du fuseau. On se rappelle que Guignard a dé- montré que les sphères directrices n'entraient en activité qu'après la formation des segments chromati- ques et que les asters n'apparais- saient qu'au moment de la résorption de la membrane : les sphères direc- trices sont alors mises en contact. Outre ces différents faits, on peut remarquer des divergences dans les directions que prennent les sphères directrices. Dans le cas normal, la ligne que j'appellerai « ligne des sphères directrices » est perpendiculaire au plan équatorial du fuseau, et plus tard à la plaque équatoriale. Il arrive assez souvent (pie cette ligne décrive une courbe plus ou moins accentuée ; parfois même un arc de cercle qui se rapproche d'une demi-circonférence, occupant l'axe dn fuseau achromatique bombé. Une question se pose: sont-ce. les sphères directrices qui provoquent ce chan- gement, ou cette nouvelle position est-elle «lue à la future position de la membrane cellulaire. 11 est très pro- bable que ce dernier l'acteur influe seul. Les sphères directrices se pla- cent du côté de la plus grande cour- bure du fuseau, afin d'en conserver la tjque symétrie même pour la partie dilatée. Narcissus. Fig. ■•'. < ioncentration ir- régulière des anses rhroina- [5,a , Grandeur » 8,i ORIOr.NKS DKS Sl'H lit I.S DIRECTRICES ■>'\\\ Comme dans nombre de cas l'incurvation se produisait vers le centre de l'ovule, la pression doit jouer un certain Fig. a3. — Fuseau anormal, (iran- i6,4 (leur //. Alliuiii. Fig. 24. Grandeui Fuseau anormal. 17,8 io,8 //. Allium. rôle. En effet, on peut voir dans les cellules centrales du sac embryonnaire des fuseaux d'orientation quelconque ; plus on s'éloigne, plus aussi se manifestent des déforma- tions et des divergences de direction générale. Il semble (pie la ligne des sphères directrices tend à se rapprocher le plus possible d'une ligne perpendiculaire à la ligne de plus grande pression, dans les cellules d'un même cycle et lorsque la grandeur de la cellule le permet. Nous sommes en présence d'une simple résultante des pressions en jeu dans la formation de la future mem- brane. D'autres fois, la résorption des anses chromatiques, lorsqu'elles se groupent pour reformer leurs noyaux res- pectifs au moment de l'apparition de la future membrane, provoque des figures asymétriques, mais semblables. Si l'une des figures possède, par exemple, un renflement dans sa partie externe gauche, la figure opposée en aura un à son extrémité droite. Dans ce cas, les filaments achromatiques n'offrent aucune différence appréciable. •'.").) J. PEKRIRAZ Fig. a5. — Fuseau irrégu- lier dû à la l'orme de la ii,: cellule. Grandeur Narcissus. ,6 /" Fig. 26. — Concentra- tion irrégulière îles anses chromatiques. 16,8 Grandeur — — fi. Al- Hum. Un autre cas de dissemblance se trouve dans la gran- deur des fuseaux pour des noyaux d'une même assise cellulaire. Si l'on exprime par / la largeur du fuseau ou de la future plaque équatoriale, on cons- tate quelquefois le rapport : 1 : 1.5, 1 : 1.9, 1 : 2.2 ; ou encore 1 : 0.9. 1 : 0.7. Ceci ne peut être dû à la différence dans la quantité de matière achromatique et chromatique des noyaux, vu qu'avant la mitose ils ont tous le même aspect, la même grosseur. Est-ce l'action du fixateur ? Cela me semble peu proba- ble, car j'ai pu ob- server ces laits avec les solutions les plus diverses. Fig. 27.— Fuseau très allongé. Grandeur La lechiiKine co- 1- s ' il^. ,/. Allium. lorativea-t-ellepeut- 8»9 ' être quelque influence? Non: les mêmes figures se repro- duisent dans des pièces dont les colorations sont différentes et dont l'enrobage s'est effectué dans des paraffines à points de fusion l'orl éloignés. Chez Lilium et Galanthus on remarque quelquefois des Fig. "S. Fuseau très aplati. 11. Allium. i3,6 ' 1 rrandeur ORIGINES DES SPHÈRES DIRECTRICES 25] fuseaux multipolaires. Farmer {\)i')) el Belajeff (92)ontdéjà signalé le l'ail chez Lilium et Larix; Mottier les retrouve dans Lilium el Podophyllum. Guignard les a vus chez Limo- dorum ; ce! auteur croit qu'ils précèdent la formation du fuseau bipolaire ; il a pu les observer encore chez \vm- phaea, Nuphar, Magnolia. Williams, Duggar, Lawson les ont également observés dans les cellules-mères du pollen et Au sac embryonnaire de quelques végétaux. Schaffner dans Silicaria ne les voit apparaître que dans les cas pa- thologiques. J'ai fait de nombreuses recherches pour trouver la cause de ces phénomènes anormaux. Elle doit exister dans les phénomènes physiques et chi- miques (pie la plante doit subir pendant son évolution. L'influence de l'excitation lumineuse est un phénomène complexe ; il semble que les différentes vibrations favori- sent plus ou moins la production et l'abondance de matiè- res chromatiques et modifient par là le phénomène de la mitose. Les lumières monochromatiques font aussi subir des actions plus ou moins appréciables. D'autres facteurs peuvent encore influencer la caryoci- nèse ; ainsi la position de la fleur sur la tige ; l'exposition de la plante toute entière; la chaleur moyenne au moment de la mitose, la teneur du sol en sels inorganiques et ma- tières organiques, etc. Quelques recherches ont été faites par Sabline ; son tra- vail a paru dans la Revue générale de botanique du i5 dé- cembre 1903. Cet auteur a fait subir une température de f\()° à des racines de Vicia Faba et cela pendant deux heures. La division mitosique s'est arrêtée ; chaque noyau renfermait deux nucléoles autour desquels se trouvait un champ lumineux ; on constatait la présence de vacuoles dans les nucléoles les plus gros. L'action de l'oxygène sur les mêmes objets augmentait le nombre des mitoses. L'éther sulfurique, le sulfate de ■>')■> .1. PKRRIRAZ quinine, chlorurede lithium avaient des influences variables. J'ai pu observer que la grandeur de la cellule doit avoir une influence prépondérante dans les différences de di- mension du fuseau; ce facteur a' est pas unique ; car dans deux cellules voisines et de même rang les modifications sont souvent dissemblables. Résumé. i° Les différentes parties de la sphère directrice n'ont pas la même origine. 20 Le centrosome et la sphère attractive ont m rigine nucléolaire. 3° Les layons astériens naissent aux dépens du cyto- plasma. 4° La sphère directrice ne se trouve jamais dans le cy- toplasma, soit à l'extérieur du noyau, pendant la période de repos de ce dernier. 5° La sphère directrice n'entre en action qu'au moment de la mitose. 6° Quand la division est terminée et que les anseschro- matiques sont groupées, les sphères directrices rentrent dans les cellules-filles sous la forme de nucléoles. yn Les phénomènes physiques externes subis par la [liante, au moment des phénomènes de la mitose, doi- vent influer sur la formation des figures cariocinétiques. Axant de terminer cette étude, je tiens à exprimer toute ma reconnaissance à MM. l)r Blanc et D' Wilczek poul- ies nombreux renseignements et conseils qu'ils m'ont tou- jours si aimablement donnés. Ce travail a été fait en par- tie dans les laboratoires de l'Institut de Botanique de Lausanne. lai date du :> mars [Q04, la Société vaudoise des Scien- ces naturelles a pris connaissance de ces résultats. ORIGINES l>i:s SPHÈRES DIRECTRICES 253 INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1893. Balbiani. Centrosome et Dotterkern. Journal de l'Anat. et Phys. [II, IV. 1897. et Henneguy. — Sur la signification physiologique de la division cellulaire. Comptes-rendus de l'Ac. des Se, p. 73. 1892. Belayeff. — Ueber die Karyoc: in den Pollenmutterzellen von l.i/ri.r und Fritillaria. Rev. Bot. Jahr XX. 92. iSii'i. — /.tu- Kenntnis der Karyokinese bei PJlanzen. Flora. Erganzungsband. 1897. — Einige Streitfragen in den Untersuchungen ûber die Karyo.B. d. d. B. (i. Bd XV 6. 1 S 1 , 7 . Ueber die Aehnlichkeit einiger Erscheinangen in der Spermato : bei Thierennnd PJlanzen. B.d. d. B. G. XV. 342-45. 1 898. / reberdie Reduktionstheilung des PJlanzenkernes. B. d. d. B. 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Isciiikava. — Die Entwickelung der Pollenkôrper von Allium fistulosum ; ein Beitrag :///• Chromosomen- reduction in Pflanzen. Résumé: Bot. Central- blatl 21 1-212. ORIGINES DES SPHÈRES DIRECTRICES 255 icSi|S. [keno. - Zur Kenntnîs der sog. Centrosome iihnlicheh Kôrper in Pollenschlaach des Cycaden. Flora Bd. VIII. I. |). 10. iS()y. JuelT — Die Kerntheilung in den Pollenmutterzellen von He- merocallis fuira and d lie bei demselben auftretenr den Unregelmâssigkeiten. Jahrbuch F. Bot. XXX. 205-22Ô. 1898. Lee. — Les sphères attractives et le Nebenkern chez les pul- monés. La ( lellule. .900. Maire. — Sur la cytologie des hyménomycètes . Comptes-rendus Ac. ci. S. XXXII. p. 121. Sur fd cytologie des gastromycêtes . domptes-rendus d. A. C. (1. S., 32, p. 80i-863. i8q4- Mitrophanof. — Contribution à la division cellulaire indirecte chez les sélaciens. Journal de l'Anat. et Phys. XI. iNi/i. Mottier. — Beitràge zur Kenntnis (1er Kerntheilang in den Pollenmutterzellen in dicot und monocot. : Jahr- buch f". wiss. Bot. p. 100,-207. 1897. Ueber die Chromosomenzahl bei Entw. der Pol- lenkp. von Allium. Berichte d. deut. bol. G. Bd. : XVI. 474-75. .900. Nawasc.un — Ueber Befruchtungsvorgânge bei einigen Dicot. Ber. d. d. bot. Gesell. 224-280. 1898. Nemec. — Neue cytologische L'ntersuclinngen. Beit. wiss. bot. Bd. IV. p. 37. Anat. Anz. Bd. XIV. p. 5C>4. Flora. Bd. XXXIII. p. 2.4. Flora. Bd. XXX VIII. p. 3 19. l 'cher Entstehung der Karyoc-Spindel bei Er/uise- tum. Jahrbuch f. Wiss. Beit. zur Kennt. der Entwick. der Ges. produkte bei Lilium Martagon. Zurich. Ueber die Reduk. der Chromos, in den Kernen der PJlanzen. Viertelj. der. nat. G. Zurich. Ueber die Blepharoplasten bei Onoclea und Marsilia. Ber. d. d. Bot. Gesell. 1. — Die Controversen der ind. Kern th. Archiv fur niikr. anat. XXII. Ueber périod : Reduk. der Chromos, und Entw. den Org ; Bot. Cent. XIV. Karyokinetische Problem. — Jahr fur Wiss : Bot. XXVIII. ,s99- — 1897. OSTERHOUT 1891. OVERTON. - .893. 1898. SCHAW. .884. Strassburi 1894 — t895 — 256 .1. PERRIRAZ 1 867 Strassburger. — Ueber Befruchtung. — Jahrb. fur Wiss. Bot. XXX. 1900 — Ueber Redak Spindelbildung, Centros : and Cilienb. PJlanzen. — Iena. 1901. — Einige Bemerk. za der Pollenbild. bei Asclè* pias. B. (I. d. Bot. G. Bd. XIX. p. 45o- 40i . 1898. Veydowski et Mrazek. — Bemerk. sur M Ht h. Anat. Anz. VI. 1893. Wasiltewski. — Die Keimzone in den Genitalschlàuchen. Arch. f. mikr. Anat. XI. p. 93. 1898. Went. — Die Vermehrung der normalen Vacuolen durch T/iei- luiHj. Jahrb. f. wiss. Bot. XIX. 1890. — Die Entstehung der Vacaelon in den Fortpjlanzangs- zellen der Algen. Jahrb. fur wiss. Bot. XXI. i8g3. Zagharias. — Ueber die chemische Beschqffenheit von Cytn- phasma and Zellkern. B. d. d. bot. Gesell. Bd. XI. 1896. Zimmermann. — Morph, und Physiol. des PJlanzenzellkernes. Jena. BULL. soc. VAUD. se. NAT. XLI, I ;V| 'i5y OBSERVATIONS SUR QUELQUES PHÉNOMÈNES ACTINOÉLECTRIQUES Henri DU FOUR L'action ((n'exerce la lumière sur les corps électrisés a été étudiée tout d'abord par M. Halwachs à la suite des expériences de Hertz sur celle qu'elle exerce sur l'étincelle électrique. Cet « effet Halwachs », comme on le nomme parfois, a fait l'objet de recherches aussi nombreuses que variées ; nous renvoyons pour la bibliographie du sujet à l'étude très complète publiée par M. E. v. Schweidler1 et à la dissertation de M. Waterstradt2. Malgré tous ces travaux, il reste plus d'un point obs- cur et même des divergences de résultats entre les ob- servateurs qui montrent que les causes des phénomènes ne sont pas complètement connues. Les expériences suivantes pourront contribuer à compléter nos connaissances sur ces phénomènes complexes. Ces expériences ont été faites pour la plupart avec des électromètres de Braun bien isolés à la diélectrine3 ou un 1 Die lichtelektrischen Erscheinungren. « Jahrbuch der Radioaktivitât und Êlektronik. » Bd. I. H. 4. 1904-5. 358. a L'eber Ultraviolette Strahlung: In. Dis. Rostock igo4- s Les auteurs français donnent ee nom à un mélange de soufre et de paraf- fine fondus, qui donnent en se solidifiant une substance dure très isolante et d'un emploi très pratique; elle peut remplacer l'ambre que son prix élevé ne permet pas toujours d'employer ; il très facile de préparer soi-même la diélec- trine. s58 HENRI DUFOUR électromètre de Elster et (ieitel. Les tensions des corps électrisés étaient ordinairement supérieures à 3ooo volts. Les corps électrisés soumis aux radiations étaient : i° le zinc amalgamé particulièrement sensible à l'ultraviolet ; 2° le manchon Auer qui émet lorsqu'il est chauffé des radia- tions complexes différentes de celles d'un corps noir el qui, par ce fait, présentait, comme récepteur des radia- tions, un intérêt particulier; 3° des toiles métalliques bril- lantes ou noircies offrant une grande surface de contact avec l'air et ayant de ce fait une couche gazeuse adhérente étendue ; 4° diverses substances organiques et des subs- tances phosphorescentes. Les sources de radiations ont été : i° l'arc voltaïque comme source de lumière ultraviolette ; 2° le manchon Auer et la lampe Nernst, comme sources de radiations in- frarouges de grandes longueurs d'ondes (Rubens) asso- ciées à des radiations courtes ; 3° un petit four électrique de Héraeus émettant surtout des radiations infrarouges et rouges ; 4° un boulet chauffé au rouge et rayonnant pen- dant son refroidissement; 5° des flammes bleues de brû- leur Bunsen de diverses espèces entre autres le brûleur Meker émettant surtout des radiations à ondes courtes el en même temps centre d'émission de rayons particulaires, c'est-à-dire constitués par des ions positifs et négatifs. Nous donnerons tout d'abord le résumé général de < es recherches; les résultats des expériences servant de preu- ves et de vérification appuient nos affirmations. La décharge d'un corps électrisé négativement ou posi- tivement sous l'influence de radiations émises par un corps incandescent peut être le résultat de deux actions diffé- rentes. i) Les radiations résultant de vibrations de l'éther. mo- difient La surface du récepteur qui se comporte comme une plaque sensible sous l'action de la lumière ou comme une substance fluorescente sons l'action de radiations extérieu- QUELQUES PHÉNOMÈNES ^.CTINOELECTRIQUES 200 pes. Sous l'influence de vibrations violettes et ultraviolet- tes, comme aussi sous celle des rayons Roentgen (eu gé- néral de toutes les vibrations éthérées de courtes périodes) ces substances subissent une modification superficielle, elles émettent des particules électrisées (ions) qui emportent avec elles une partie de la charge du corps dont elles émanent, il y a émission de rayons particulqires à partir de la sur- face éclairée1, c'est le phénomène le plus étudié et qui ex- plique la décharge des corps électrisés négativement sous l'action de la lumière ultraviolette de l'arc voltaïque par exemple. Ce phénomène étant accompagné d'une modification de la surface éclairée, il y a diminution de sensibilité de cette surface, on peut l'appeler une fatigue, qui s'observe facile- ment avec le zinc poli ou amalgamé. Les écrans transpa- rents pour l'ultraviolet (quartz) peuvent être sans incon- vénients interposés entre la source lumineuse et la surface électrisée, on peut concentrer les radiations par des len- tilles et les réfléchir par des miroirs n'absorbant pas l'ul- traviolet sans que cela modifie qualitativement les phéno- mènes. 2) Un second mode de décharge des corps électrisés est celui qui résulte de l'apport sur la substance électrisée iso- lée de charges électriques de signes contraires émanant de la source rayonnante. Il faut pour cela que le corps chaud ou lumineux ait un rayonnement particulaire, c'est-à-dire qu'il émette des ions positifs et négatifs qui rencontrant le corps électrisé lui apportent toujours des charges opposées à la sienne pro- pre, puisqu'un corps positif attire les ions négatifs, et ré- 1 Nous employons cette expression commode de rayons particulaires pour caractériser toutes les radiations résultant de transport de particules (électri- sées) tels que les rayons cathodiques et une partie de ceux des substances radio- actives, nous réservons celle de rayons-vibrations pour les trajectoires des ondes d'éther constituant la lumière ultraviolette et les ondes analogues. •'fin HENRI IH'l'iilll ciproquement. La décharge dans ce cas peut se produire pour des corps électrisés positivement et pour des corps électrisés négativement sous l'action de la même source de rayonnemenl si elle émet des ions positifs et des ions né- gatifs. En général ces deux groupes de corps ne se déchar- gent pas avec la même vitesse, cela tient au fait que les vitesses des ions négatifs et des ions positifs projetés parle corps rayonnant ne sont pas les mêmes; ordinairement les ions négatifs vont plus vite que les ions positifs, et par conséquent ils rencontrent plus nombreux le corps électrisé. Sous l'action de corps rayonnants on aura donc une décharge des corps positifs aussi bien que des corps négatifs; le corps récepteur ne se modifie pas pendant la décharge. 3) Des phénomènes complexes résultent de l'action si- multanée de deux corps rayonnants : ainsi une lame de zinc amalgamée électrisée nég-ativement soumise à l'action de la lumière ultraviolette de l'arc voltaique se décharge plus vite si elle est soumise en mèm<> temps à l'émission de radiations du four électrique au rouge sombre; dans ce cas, la lumière de l'arc provoque à la surface de la lame l'émission de particules (ions) négatifs qui emportent sa charge; en même temps, de la surface du four émanent peut-être des ions positifs qui apportent leur charge de sitjne contraire à la lame électrisée et contribuent à la dé- charger; ainsi les effets s'ajoutent. Un phénomène semblable se produit si on soumet la lame de zinc électrisée positivement à l'action simultanée des ra- diations invisibles complexes d'un brûleur tel «pie le bec Meker et du four électrique. La flamme du brûleur émet, semhle-t-il, plus de ions négatifs «pie de ions positifs de sorte que la lame, ou le récepteur électrisé, se décharge plus vite s'il est positif que s'il est négatif. Ainsi avec une lame de zinc la décharge étant i sans éclairage, elle est .'^.8 sous l'action du rayonnement «l'un bec Meker, lorsque QUELQUES PHENOMENES tCTINOÉLECTRIQUES 26] la lame csi positive; la vitesse esi seulement \ .:>. lorsque celle lame esi négative. Le même effel se produit en em- ployant comme récepteur un manchon Auer. Ainsi la vitesse étant 1 sans l'action de la flamme sur un manchon Auer électrisé négativement, elle devient 3.(1 si la flamme agit ; si le manchon est positif, la vitesse de décharge varie de i à !\ . r . Les radiations infrarouges d'un corps chaud agissant sur 1111 corps qui se décharge sons l'action d'autres radiations, produisent un ralentissement de la décharge ; ainsi la vi- tesse de décharge d'une lame de zinc étant 1 sous l'action d'une flamme bleue, elle est réduite à 0.72 sous l'action simultanée de la flamme et du rayonnement d'un boulet de fer au rouge sombre. Le même fait se produit si le corps rayonnant chaud est le four électrique, aussi long- temps que sa température n'est pas assez élevée pour qu'il émette des radiations visibles. Cette action spéciale des radiations du four électrique ou d'un boulet chauffé au rouge sombre ne se produit plus avec le four quand son émission lumineuse augmente ; dès que la température de sa surface est assez élevée pour qu'elle soit visible dans une chambre peu éclairée, son ac- tion sur les corps électrisés change. Ces radiations agissent pour décharger spécialement les corps électrisés négativement, ce qui peut provenir d'une émission de ions positifs qui apportent leur charge sur les corps négatifs ; cet effet est indépendant de la nature des corps électrisés, il est qualitativement le même pour du zinc amalgamé ou pour un manchon Auer. Quant à l'action des radiations infrarouges, elle ressem- ble à celle que ces mêmes radiations produisent sur des substances phosphorescentes lumineuses ; on sait qu'elles diminuent la luminosité de la matière et éteignent l'émission lorsqu'elles agissent sur une substance déjà lumineuse; elles n'ont en revanche aucun effet préventif, c'est-à-dire qu'elles XLI '7 262 HENRI DUFOUR n'empêchenl pas, si elles agissent les premières, l'action excitatrice des autres radiations. Mais s'il y a analogie d'effet entre l'action des radiations infrarouges sur les corps électrisés et sur les corps phos- phorescents cela ne donne pas une explication satisfaisante du phénomène. » » Résultats expérimentaux. Action de ht lumière de l'arc voltaïque. Il est facile de projeter avec une lentille de quartz l'image de l'arc voltaïque sur le récepteur électrisé dont on veut étudier la décharge ; on peut également avec un écran percé d'une fente de ."> "' "\ par exemple, limiter une ré- gion quelconque de l'image de l'arc et déterminer son ac- tion sur le corps électrisé. En employant comme récepteur une lame de zinc amal- gamé électrisé négativement on trouve : Durée de décharge de rôoo à 1000 volts dans l'obscurité o5 secondes Durée de décharge de i5oo à 1000 volts, lame éclairée par image de l'arc. ... ro » En limitant l'image de l'arc par la fente de 5 m m on a trouvé les valeurs suivantes pour les diverses régions de l'arc; la chute de potentiel a lieu de i5oo à 1000 volts. Durée de 1. Zone gazeuse de l'arc en contact immédiat avec décharge le charbon positif et bord de ce charbon . . wi sec. 2. Zone gazeuse moins large mais plus de surface de charbon positif 3a sec. 3. Zone gazeuse seule sans contact avec charbon. :>(i sec. 4. Zone gazeuse et bord de charbon uégatif . . 36 sec. 5. Charbon négatif et un peu de la région ga- zeuse 61 sec. 6. Charbon positif seul (au bord) sans gaz . . 83 sec. QUELQUES PHÉNOMÈNES ACTINOÉLECTRIQUES ''»"' L'arc total produil la décharge en 8 secondes. II résulte de ces chiffres que la lumière émise par une /onc de charbon positif seul, sans participation de la flamme de l'arc, ne produit pas i iode l'action totale de l'arc, taudis qu'une zone égale de jla flamme de l'arc, produit les 3/io de l'action totale; enfin la région gazeuie immédiate- ment en contact avec l'extrémité du charbon positif, c'est- à-dire la région de Taie dont la température est la plus élevée produit près des 4/io de l'action totale. Comme on peut le prévoir, l'arc est d'autant plus actif qu'il est plus long- et que la zone gazeuse qui est entre les deux charbons est plus étendue, c'est ce que montrent les chiffres suivants : Durée de décharge de Longueur de l'are i5oo à iooo volts. 7 à 8 millimètres 8 secondes 3.5 à 4 » i5 » i à 5 » 25 » o.3 » 38 » Les charbons employés étaient de i3 mm. de diamètre pour le positif et io.3 mm. pour le négatif; l'amplification de l'image parla lentille était de 3.1. Cette action de la lumière de l'arc est celle des radia- tions ultraviolettes, elle est arrêtée par les écrans qui ab- sorbent ces radiations comme le montrent les chiffres sui- vants : Durée de décharge Action directe de la lumière sans écran . 4 secondes A travers 4 mm. de paraffine. , . 76 » » i.3 mm. d'ébonite .... 90 » » 2.2 mm. de verre .... 64 » Cette action est spéciale à la décharge des corps néga- tifs. Cette action de la lumière de l'arc dépend avant tout de la nature de la surface du récepteur électrisé : elle estmaxi- 264 HENRI 1)1 FOI H mura pour le zinc amalgamé, insensible sur le manchon Auer, faible sur une toile métallique en laiton, sensible sur un morceau de toile blanche. Fatigue des surfaces éclairées1. On peut donner ce nom, pour abréger, à la propriété que présentent les sur- faces électrisées très sensibles, comme le zinc amalgamé et l'aluminium, de diminuer de sensibilité par L'action même des radiations qui agissent sur elles indépendamment des phénomènes d'oxydation qui peuvent, avec le temps, mo- difier ces surfaces. Les mesures suivantes montrent bien cet effet, elles ont été effectuées avec l'électromètre de MM. Elster et Geitcl de la manière suivante : Une tige verticale sortant de l'électromètre porte un petit plateau de laiton sur lequel est posée une lame de zinc amalgamé de 4-"> mm. de diamètre. La tige et la plaque étaient au centre du cylindre de l'ap- pareil classique d'Elster et Geitel employé pour les mesures de déperdition de l'électricité a de telle sorte que le plan de la plaque de zinc était à 10 cm. du bord supérieur du cy- lindre sur lequel repose le couvercle. On a posé sur ce cylindre un écran en carton percé d'un trou circulaire de 6 cm. de diamètre de sorte que du centre de la plaque de zinc on voyait l'ouverture du carton sous un angle de 33°24'. L'instrument (Hait placé dehors au milieu du jour, par une belle journée d'été, à ciel bleu d'intensité constante. On a vérifié que, pendant la période des mesures la polari- sation atmosphérique, mesurée au photopolarimètre de Cornu, et l'intensité du rayonnement solaire, mesurée à l'ac- tinomètre de Crova, variaient très peu. Deux plaques de zinc identiques et amalgamées ont été 1 Hallwachs, Lichtelektrische Ermûdung Physik. Zeitschrift. 1904, p- I89. 2 Terrestrial Magnetism and atmospheric Electricity iSgg. Vol. IV, Dec. 1899, p. 222. QUELQUES PHÉNOMÈNES V.CTINOÉLECTRIQUES 265 préparées de la même manière, l'une servant de témoin était conservée entre deux expériences dans une boîte noire, l'autre était exposée à la lumière. On mesurait al- ternativement avec les deux plaques le temps nécessaire pour une eliutede potentiel toujours la même de 116 volts à 9g volts. Les résultats ont été les suivants : .Mesures faites à une altitude de noo mètres en juillet et août [905. Ciel bleu constant. Plaque n° 1 témoin durée de décharge à 10 h. du matin; chute de potentiel 116 à 99 volts en /f.S secondes. Plaque n° II, durée de décharge dans les mêmes condi- tions et à la même heure 4-0 secondes. On expose la plaque II à la lumière de soleil pendant ■1 minutes, durée de décharge 4 secondes ; on l'expose en- core 5 minutes au soleil, durée de décharge 3.8 secondes. La sensibilité a augmenté, ou peut-être l'activité de la lumière. Plaque I (témoin) se décharge en 3.i secondes, ce qui indique un accroissement de l'intensité lumineuse. On ex- pose la plaque II au soleil pendant 16 minutes durée de décharge 3.7 secondes, la plaque témoin donne au même moment une durée de 3.4 secondes. La plaque II est exposée au soleil de 1 1 à 12. 3o h., soit pendant une heure et demie, la durée de décharge est de 11.7 secondes, celle de la plaque témoin est 3.4 secondes. On voit que la sensibilité du témoin est restée la même, tandis que celle de la plaque insolée est réduite au tiers de sa valeur primitive. Ces résultats sont confirmés par les expériences d'autres journées., nous n'en indiquerons qu'une série : Durée de décharu*- Sensibilité primitive d'une plaque. . Après 10 minutes d'insolation . . » 10 » » » 10 » » » 10 » » )) 10 » » 3.9 secondes 5 » Ci » 7-1 » 9.0 » 10. 0 » 2Ô6 HENRI DUFOUR Ainsi la sensibilité de la surface du zinc s'affaiblit et la déperdition diminue assez rapidement même après une demi- beure ou une heure d'insolation. Ces Faits ont été déjà si- gnalés par MM. Elster et Geitel dans la description qu'ils ont donnée de leur actinomètre à sjthère de zinc. Jusqu'ici nous n'avons pas trouvé de substance qui soit à la fois très sen- sible à l'action de l'ultraviolet et qui conservât cette sensi- bilité constante de manière à constituer un bon actinomè- tre électrique pour l'ultraviolet. Actions d'autres sources lumineuses. — Les radiations émises par la matière du bec Auer incandescent ou par la lampe Nernst sont pour une part des radiations particu- laires qui transportent matériellement des ions positifs et négatifs et pour une large part des vibrations diverses de l'infrarouge à l'ultraviolet. Il en est de même pour une parties des radiations émises par une flamme de brûleur Bunsen, telle que celle du brûleur Meker ou celle du bru- leur d'un bec Auer sans manchon. 11 en résulte que les actions de ces sources lumineuses sont complexes et don- nent des résulats en apparences contradictoires. La flamme bleue d'un bec Meker ou celle d'un brûleur Auer sans manchon déchargent une lame de zinc amalga- mé ou un manchon Auer employés comme récepteurs. Les radiations de la flamme agissaient par une ouverture per- cée dans un écran de tôle formé de trois lames superpo- sées, il n'y avait ainsi que les radiations de la flamme qui pouvaient agir et non les produits de combustion. L'effet de la modification de l'atmosphère ambiante par la combustion prolongée d'un brûleur intense tel que le bec .Meker est sensible si on ne renouvelle pas souvent l'air; cet elle t est un accroissement lent de la conductibilité de l'air. Ainsi un manchon Auer employé comme récepteur se déchargeait de 35ooà 3ooo volts eu i68secondes s'il était négatif, et en 170 secondes s'il était positif dans l'air de la chambre sans éclairage , au début d'une série d'expé- QUELQUES PHÉNOMÈNES ^.CTINOÉLECTRIQUES 267 riences ; après deux heures et demie de combustion d'un gros bec Meker la durée de décharge était réduite à [oo et toi secondes, Pour éviter cette action générale deconduc- tion on renouvelait fréquemment l'air secondes Autre jour : Moyenne de durée de décharge . . + 4o-7 » — 47-4 » Dans ces expériences le manchon Auer récepteur n'est pas brûlé. Lorsqu'on le brûle sa surface paraît plus sensi- ble, on trouve : + 3 1.5 secondes — 33. 9 secondes. Cette rapidité de la décharge sous l'action des radiations de la flamme bleue du bec Meker est modifiée et réduite lorsqu'on introduit dans la flamme un creuset de porce- laine qui, en s'échauffant au rouge, émet des radiations rouges et infraroug-es. C'est ce que montrent- les observa- tions suivantes : Récepteur Manchon Auer brûlé. Action de la flamme d'un brûleur Meker et d'un creuset de porcelaine à 4o c. : Décharge 35oo à 3ooo volts. Elect. -f- 4o.6 secondes. Elect. — 38.(5 » Sans creuset : Elect. -f 29 secondes; Elect. — 29 se- condes. 268 HENRI DUFOUR Cette action du creuset peut être attribuée, pour une part, à l'abaissement de température qui résulte de sa pré- sence dans la flamme. La matière du manchon Auer, comme celle de la lampe Nernst, émettant à l'état incandescent des radiations com- plexes, nous avons essayé d'employer comme récepteur de ces radiations ces mêmes substances sous la forme d'un manchon Auer électrisé et communiquant avec l'éleetro- scope. Sous l'action des radiations de la lampe Xernst, le manchon Auer, surtout s'il a été brûlé, est un réactif très sensible, plus sensible même que le zinc amalgamé qui le surpasse au contraire dans l'ultraviolet. Ainsi sous l'action d'une lampe Xernsl de 200 watts si- tuée à 2.5 cm. une plaque de zinc négative fraîchement polie se décharge en 5o secondes ; un manchon Auer non brûlé en 42 secondes, et le même après avoir été brûlé en 2 3 secondes. Pour les expériences l'avantage du manchon Auer comme réactif est qu'il conserve une sensibilité constante, tandis que celle de la lame de zinc diminue rapidement. Les mê- mes résultats, mais avec une durée de décharge plus longue, s'obtiennent en employant comme source lumineuse une lampe Auer. Action simultanée de deux radiations. En faisant agir simultanément sur une lame de zinc amalgamée sensible, les radiations ultraviolettes de l'arc voltaïque projetées par une lentille de quartz et celles in- frarouges d'un boulet chaud, on a constamment trouvé que la décharge est plus rapide sous l'action des deux radia- tions que sous l'influence de l'ultraviolet seul. Exemple : Arc seul, durée de décharge 5.7 secondes moyenne. Arc et boulet chaud . . . 3.6 ; 3.6 ; 3. 7 ; 3.8 ; 4.3. les chiffres indiquent les observations faites pendant le refroidissement. QUELQUES PHÉNOMÈNES ACTINOÉLECTRIQUES 26g ( )ii constate en revanche un effet inverse, c'est-à-dire un ralentissement de la décharge si la source lumineuse est une flamme bleue. Exemple. Flamme bleue à i5 c, moyenne de 7 obser- vations, durée de décharge de i5oo volts à 5oo voltsd'une lame de zinc — i5.i secondes. Sous l'action d'un boulet chaud on trouve : 1) 5 observ. boulet très chaud 23.7 sec. rouge sombre dessous. •> ) 5 » » moins » 20.5 » sombre. 3)5 » encoremoins » 16.4 sombre. Des résultats semblables sont obtenus en employant comme récepteur un manchon Auer électrisé négativement et comme sources la flamme bleue et le four électrique Heraeus : sous rinlluence de la flamme seule la décharge de 35oo à 3ooo volts se fait en 29.8 secondes; sous l'influence de la flamme et de la radiation infra- rouge du four elle dure 33.5 secondes. Avec l'électricité positive on trouve : Flamme seule i4«4 secondes, flamme et four i7.Qsecondes. Ces résultats sont ceux qu'on observe aussi longtemps que le four n'émet pas de radiations visibles appréciables à l'œil dans une chambre éclairée. L'effet de l'infrarouge paraît être de neutraliser l'action des radiations visibles. Lorsque la température du four électrique s'élève assez pour qu'il paraisse rouge plus ou moins clair, son action pour décharger les corps électrisés croît très vite quand la température s'élève et une action spécifique se produit par laquelle les corps électrisés négativement sont seuls sensi- bles aux radiations, qui sont sans influence sur les corps positifs. Exemple : Durée de décharge d'un man- chon Auer négatif 35oo à 3ooo volts. Pas de radiations visibles . . . i35.6 secondes. Surface rouge foncée . . . . 27..") » Surface rouge plus claire . . . 11. 5 » :>y<> HENRI DUFOUR Electricité positive. ia3 secondes. Electricité négative. Four rouge i4-o secondes. ( 17-5 » Plus sombre ( i7.5 » Plus clair ) ~ 0 { 1 5 . S » Les mêmes résultats s'observent avec une plaque de zinc fraîchement amalgamée; elle se décharge en 9.7 secondes lorsqu'elle est négative et en 54o secondes lorsqu'elle est positive. Quel que soit le récepteur employé, qu'il soit sensible à à l'ultraviolet ou non, les radiations du four chauffé au rouge déchargent rapidement les corps négatifs, mais n'ont pas d'action sur les corps positifs : c'est-à-dire que sou action est inverse de celle des flammes bleues. A quelles espèces de radiations faut-il attribuer cet effet ; s'ai;it-il de vibrations très courtes émises par la subs- tancedu four électrique et auxquelles seraient sensibles un grand nombre de substances, ou s'agit-il de rayons parti- eulaires produits par l'élévation de la température du four, c'est ce que des expériences ultérieures éclairciront peut- être. On sait que des oxydes métalliques tels que ceux de calcium, baryum, etc., ('mettent dans le vide à haute tem- pérature des ions négatifs1; le four électrique émet-il .sur- tout des ions positifs? l'expérience répondra. 1 Prof. A. Wohnell. Philosophie-.-!] Mai^azin. July rgo5. Laboratoire de physique de l'Université de Lausanne. BULL. SOC. VAUD. SC. NAT. XLI, I.V| 27 I MATÉRIAUX POUR L'ANTHROPOLOGIE DES POPULATIONS PRIMITIVES DE LA SUISSE Les ossements humains du Cimetière gallo-helvète DE VEVEY PAR Alexandre SCHENK Sur la demande qui nous a été faite, en son temps, par M. Albert Naef, archéologue cantonal, nous avons étudié, «lu 10 au 12 août 1899, les ossements provenant du cime- tière gallo-helvète de Vevey. Ce cimetière fut découvert au commencement de l'année 1898, alors que la commune de Vevey faisait construire un nouveau boulevard allant de l'église Saint-Martin à la route de Blonay. Trente et une sépultures furent mises au jour et étudiées par M. Naef; leur mobilier permet de les rapporter aux époques de la Tène I et II, soit gallo-helvète1. Le cimetière gallo-helvète de Vevey a vraisemblablement été utilisé, autant qu'il est permis d'en juger d'après le mobilier funéraire, de l\oo-5o avant J. C. Les squelettes du cimetière gallo-helvète de Vevey sont généralement en mauvais état, fragmentés, et beaucoup d'entre eux, malheureusement, ne peuvent être utilisés pour l'étude anthropologique. Nous avons pu tirer parti, toutefois, de quelques os et calottes crâniennes provenant des sépultures nos 10, 11, 16, 18, 24 et 26. Ces ossements nous renseignent suffisamment sur la forme crânienne et la taille des populations inhumées dans le cimetière gallo- 1 Voir : A. Naef., Le Cimetière Gallo-Helvète de Vevey, « Anzeiger fur Schweizerische Alterthumskunde », Zurich iyo3. 2J2 Al. i:\A.\DHE SCHENK helvète de Vevey pour nous permettre de dire, sans hési- tation, qu'elles se rattachent à la race dolichocéphale d'ori- uine septentrionale ; elles constituaient une tribu gauloise ou helvète de la grande souche germanique. Voici les résultats obtenus : Sépulture n° 10. — Orientée du Nord an Sud, en terre libre ; la partie supérieure ayant été coupée par les ou- vriers, les os des jambes restaient seuls en place; un petit tas de charbon de bois était placé entre les tibias près des genoux. Les tibias mesurent une longueur maxima de 370 mm. indiquant une taille s'élevant à im65. Le déve- loppement des os et leur vigueur indiquent un squelette masculin. Sépulture n° 11. — Orientée du Nord-Nord-Est au Sud- Sud-Ouest, la sépulture, d'après trois fibules dont deux en bronze et une en fer trouvées dans la région de l'épaule droite, du menton et du bassin, est caractéristique de la période de la Tène I. Le squelette, très robuste, avec de fortes saillies d'in- section musculaire, est celui d'un homme. Le crâne est allongé, dolichocéphale, mais le mauvais état dans lequel il se trouve ne permet pas de le mesurer. Les os des membres supérieurs sont également brisés. Fémurs. Gauche Droite Diamètre sous-trochantérien transverse . 35 mni -',\-j "1MI » » antéro-postérieur 27 27 Circonférence minima 92 91 Diamètre transversal, région moyenne . 27.."» 27 » antéro-postérieur 3o 3o » de la tète 48 — Indice de platymérie 77,14 72,97 Indice pilastrique 109.09 111,11 OSSEMENTS m CIMETIÈRE GALLO-HELVÈTE DE \I.\IY 27^ Tibias. Longueur totale 370 — Circonférence minima 80 80 Diamètre antéro-postérieur 38 38 » transverse >.'\ il\ Indice de grosseur 21,62 Indice de platycnémie 63,15 63,15 Taille : lm665. Sépulture n° 16. — En terre libre, la sépulture orientée dans la direction Est-Sud-Est, Ouest-Nord-Ouest, renfer- mait le corps d'un guerrier âgé, se rapportant d'après le mobilier funéraire (fibule de bronze, couteau de fer, épée de fer dans son fourreau, boucles de bronze) à la période de la Tène I. Le crâne en débris recollés, très allongé, est fortement dolichocéphale ; l'indice céphalique s'abaisse, en effet, à 71,79; les crêtes temporales sont très peu divergentes, in- dice frontal 94,92. C'est le type de Ho/iberr/de His et Rûti- meyer, le type dolichocéphale germanique dans toute sa pureté. La calotte crânienne présente dans sa région su- périeure un trou circulaire obtenu par le coup violent d'un instrument tranchant, coup ayant, sans aucun doute, pro- voqué la mort de l'individu. Ce n'est en tout cas pas une trépanation. La face fait défaut. Les mensurations obtenues sur le crâne sont : Diamètre antéro-postérieur maximum .... 195 » » » métopique . . . . 190 » transversal maximum i4o » frontal maximum 118 » » minimum 112 Courbe frontale cérébrale 120 » pariétale 120 occipitale supérieure 77 mm )) 274 ALEXANDRE SGHENK mm Largeur bi-orbitaire externe 120 Indice céphalique 71.79 » frontal ' 94.92 Fémurs. Gauche Circonférence minimum 87 mm Diamètre sous-trochantérien transverse . » » antéro-postérieur « transverse partie moyenne. . 25 » antéro-postérieur » . 3i Indice de platymérie — Indice pilastrique 124 Tibias. 388 Longueur en position Circonférence minimum 77 Diamètre antéro-postérieur 82 » transverse 27 Indice de grosseur 19,85 Indice de platycnémie 84,38 Taille : l'"70. Droil 87 mm 38 27 2.3 3o 71.05 126,08 388 77 33 26 19,85 78,79 Sépulture n° 18. — Orienté du Nord au Sud, le sque- lette, enfermé dans un cercueil de bois, se rapporte d'après deux fibules de fer à la période de la Tène IL Sexe incer- tain, probablement masculin. Le crâne mésaticéphale a un indice céphalique de 78. (iô ; la face l'ait défaut : I )iainètre antéro-postérieur maximum » » » métopique » transversal maximum bi-auriculaire bi-mastoïdien frontal maximum » » » » » » • • • »/w r 7.""» l'io . . . 98 1 •'."' . . . II."» OSSEMENTS M CIMETIÈRE GALLO-HELVETE DE VEVEY 2 J • » Courbe transversale sus-auriculaire .... 3i8 mm » pariétale 1 35 » occipitale supérieure 63 » » inférieure •»(» Mandibule. La mandibule bien développée est en bon étal ; les apo- physes »-éni forment mamelon. Largeur bicondylienne 120 mm » bigoniaque 102 » bi-mentonnière 46 Hauteur symnhvsienne 3o » molaire 32 Branche longueur 5o » largeur 3o Corde gonio-symphysienne 87 Courbe bigoniaque 192 Les os des membres supérieurs sont inutilisables. Fémurs. Gauche Droit Longueur totale en position . . . . 458 453 » maxima ........ 462 456 Circonférence minimum 83 82 Diamètre sous-trochantérien transverse 33 33 » » antéro-postérieur 3o 3o » transverse partie moyenne . 26 26,5 » antéro-postérieur .... 27,5 29,5 Indice de grosseur 18,12 18,10 » de platymérie 90,91 90,91 » pilastrique; 105,77 111,32 Tibias. Longueur maxima . 38g — Circonférence minima 72 72 276 ALEXANDRE SCHENK Diamètre antéro-postérieur .... 34 35 mm » transverse 23 a3 Indice de grosseur 18,51 — Indice platycnémique 67.65 65,71 Taille : 1 '676. Le faible indice de grosseur des os est probablement dti au fait que nous avons affaire à un jeune individu. Sépulture n° 2J. — Corps renfermé dans un cercueil de bois orienté du Nord-Nord-Est au Sud-Sud-Ouest ne renfer- mait qu'une boucle de bronze trouvée sur le bassin qui, de ce fait, est teinté en vert. Le squelette est féminin. Le crâne est représenté par la calotte en mauvais état ; l'indice céphalique approximativement calculé est sous- dolichocéphale (76, ri). Diamètre antéro-postérieur maximum . . . . 180 ?mm » transversal maximum 1 37 » frontal maximum ii5 » bi-auriculaire 89 » bi-mastoïdien 117 Courbe transversale sus-auriculaire 294 » pariétale i4^ » occipitale supérieure 55 Humérus. Gauche Droit Longueur maxima — 290 Circonférence minima — 54 Indice de grosseur — 18,62 Cubitus, Longueur totale 243 Fémurs. Circonférence minima 75 77 Diamètre sous-trochantérien transverse 3i 3o 3i,r> 3o 22 20 66 69,84 66 OSSEMENTS DU CIMETIÈRE GALLO-HELVÈTE DE VEVEY 277 I Hamètre sons-tranchotérien antéro-pos- térieur 26 26,5 » transverse partie moyenne . 24 2^,5 » antéro-postérieur » » . 24 24,-"> Indice de platymérie 83,87 88,33 » pilastrique 100 100 Tibias. Diamètre antéro-postérieur .... » transverse Circonférence minimum Indice de platycnémie Taille : 1.56." Sépulture n° 26. — Orienté du Nord-Nord-Est au Sud- Snd-Onest, le squelette, qui est celui d'un guerrier, appartient à la période de la Tène II. Les armes et objets qui accom- pagnent le corps sont caractéristiques de cet âge ; ce sont : i° une épée de fer dans son fourreau de fer, ceinturon en- roulé autour du fourreau ; 20 l'armature de fer d'un bou- clier ; 3° un fer de lance ; 4° deux fibules de fer. Le crâne, sous-dolichocéphale, est incomplet ; son indice céphalique est de 76,84 ; son indice frontal s'abaisse à 78,44 dénotant des crêtes frontales nettement divergentes. Les bosses frontales encore bien développées et les sutu- res crâniennes entièrement ouvertes indiquent un jeune in- dividu. D'autre part, la sous-dolichocéphalie et la diver- gence des crêtes frontales nous font penser à un métissage entre la race dolichocéphale et la race brachycéphale. Mensurations du crâne : Diamètre antéro-postérieur maximum » » métopique » transversal maximum . . » frontal » » » minimum 190 188 i46 116 91 18 :<7^ ALEXANDRE SCHENK mm Courbe frontale sous-cérébrale 18 » » cérébrale n4 » pariétale 1 33 Les os des membres sont eu mauvais état. Fémurs. Gauche Droit Diamètre sous-trochantérien transverse 3i 3i » » antéro-postérieur 23 il\ » transverse partie moyenne . 24 — » antéro-postérieur » ». 24 — Circonférence minimum 78 — Indice de platymérie 74,19 77,42 Indice pilastrique 100 — Tibias. Diamètre transversal 25 25 » antéro-postérieur .... 3a 33 Indice de platycnémie 78.12 75,76 Tous les squelettes étudiés permettent de rattacher les populations gallo-helvètes deVeveyà la race dolichocéphale d'origine septentrionale, au nez allongé, leptorhinien, à la face haute et étroite, leptoprosope, à la taille re- lativement élevée, aux os des membres forts et vigou- reux, sans platymérie accentuée des fémurs, mais, par contre, avec un fort indice pilastrique; la platycnémie des tibias est nulle; les empreintes musculaires sont forte- ment développées. Cette race aux cheveux blonds, aux \i'\\\ bleus ou clairs, à la peau blanche est celle qu'on rencontre dans les sépultures de Hallstatt, dans les llei- hengrâber de la liesse et du Wurtemberg. C'est la race germanique, à laquelle appartiennent les Gaulois et les I [elvètes. OSSEMENTS DU CIMETIERE GALLO-HELVTTE DE \l.\l.1 279 L'indice céphalique moyen des crânes masculins gallo- helvètes de Vevey esl ,ii. Ces crânes son! donc sous-doli- chocéphales. Plusieurs crânes en mauvaisétat, mais parais- sant très allongés, n'ont pu être mesurés ; ils auraient vraisemblablement abaissé l'indice céphalique moyen à la dolychocéphalie vraie. La taille masculine moyenne est de imG72; la taille fé- minine de im56. BULL. SOC. VAUD. SC. NAT. XLI, 1 54 28] BACILLES ACIDO -RÉSISTANTS ET TUBERCULOSE PAR A. BORGEAUD Directeur des Abattoirs , Lausanne. Jusqu'il y a un certain nombre d'années, le diagnostic microscopique de la tuberculose n'offrait pas de très gran- des difficultés, car on admettait que seul, avec le bacille de la lèpre, le bacille de Koch résistait à la décoloration par les acides. Etant donné une lésion ou un produit quel- conque à examiner, la tâche de l'expert était relativement aisée : il recherchait si dans cette lésion ou ce produit (pus, lait, beurre, etc.) il trouvait un bacille résistant à la décoloration par les acides (méthodes de Ziehl, d'Ehrlich, etc.); clans l'affirmative, il pouvait conclure à la présence de la tuberculose, la lèpre n'entrant pas en ligne de compte, chez nous du moins. La découverte faite par Môller sur diverses plantes, le Phleum pratense en particulier, de bacilles présentant les mêmes réactions microchimiques que le bachille de Koch. est venue tout d'un coup compliquer la question, d'autant plus que, dans ces dernières années, le nombre de ces ba- cilles acidophiles ou acido-résistants, comme on les a ap- pelés, a augmenté et que, actuellement, nous en connais- sons une quinzaine plus ou moins bien étudiés et plus ou moins authentiques. Si certains de ces bacilles offrent des caractères mor- phologiques qui diffèrent suffisamment de ceux du b. de la tuberculose pour permettre de les distinguer à un simple examen au microscope, plusieurs, le Timotheebacillus en- 282 A. BORGE \i D tre autres, offrent de telles analogies avec celui-ci que, morphologiquement, il n'est pas toujours possible de les différencier. Ceci a une grande importance, par exemple pour l'examen des laits et des beurres qui peuvent facile- ment être souillés par des acido-résistants ; des erreurs sont faciles et ces faits jettent, en tous cas, une certaine suspicion sur beaucoup de résultats d'analyses de laits et de beurres faits avant 1900. Il est compréhensible qu'on ait cherché à établir les res- semblances et les dissemblances entre b. acido-résistants et le b. tuberculeux. Nous venons de voir que, morpholo- giquement, les différences ne sont pas suffisantes pour tou- jours permettre un diagnostic différentiel; ils offrent les mêmes réactions microchimiques. Au début, on était d'accord pour admettre que leurs cultures présentaient des différences bien marquées, les bacilles acido-résistants croissant facilement, à la tempé- rature du laboratoire, sur la plupart des milieux usités en bactériologie, tandis qu'on sait quelles difficultés on rencontre pour mettre en train des cultures du bacille de Koch. Mais en serrant la question de plus près, on a vu, d'une part, qu'il existait des b. acido-résistants qui crois- sent aussi lentement que le b. de la tuberculose et exigent pour leur développement la température de Pétuve, tandis que, d'autre part, on connaît, sur les animaux à sang froid, une tuberculose dont le bacille cultive à la température ordinaire. On sait aussi que, dans certains cas (cultures homogènes d'Arloing et Gourmont), les cultures de tuber- culose des mammifères perdent leurs faciès caractéristi- ques et prennent un aspect analogue à celui des cultures des acido-résistants. Quant aux effets pathogènes, si l'on relève des diffé- rences essentielles entre la virulence du b. de Koch et celle des acido-résistants, ils offrent aussi certaines analogies. Les acido-résistants sont peu virulents; mais les études BACILLES ^CIDO-RESISTANTS il TUBERCULOSE 283 de ces dernières années ont démontré qne la virulence du l>. de la tuberculose est soumise à de très grandes varia- tions et c'est bien ce qui a amené la célèbre controverse Koch dont nous avons eu 1rs derniers échos au congrès de la tuberculose à Paris. Ce n'est pas ici le lieu de discuter les opinions des par- tisans de l'unité de la tuberculose et des partisans de la différenciation entre les tuberculoses de l'homme, des autres mammifères, des discaux et des animaux à sang froid. Il nous suffira de constater que quantité de bons esprits non seulement croient à l'identité de la tuberculose humaine et de la tuberculose bovine, mais n'admettent qu'une tu- berculose avec des manifestations diverses suivant les mi- lieux sur lesquels elle évolue. En cherchant bien, on peut en effet trouver des types intermédiaires formant comme une chaîne de montagne ininterrompue entre la tubercu- lose humaine et la tuberculose des animaux à sang froid : les bacilles humains, bovins, aviaires, à sang- froid, figurés par les sommets de cette chaîne ne seraient que des types réunissant les caractères dominants acquis par le bacille primitif sur chaque espèce animale. Mais beaucoup vont plus loin encore : ils voient dans les bacilles acido-résistants la forme saprophvtique du ba- cille de la tuberculose. Je me souviens du peu de succès qu'obtint en 1899, au congrès de Baden-Baden M. le prof. D1 Guillebeau, en ('■mettant l'idée, déjà soulevée d'ailleurs, que le bacille de l'herbe à Timothée avait peut-être un certain degré de pa- renté avec le bacille de Koch. Ce fut alors une véritable levée de boucliers, mais les idées ont marché depuis et au dernier congrès international de médecine vétérinaire à Budapest, un rapporteur a pu, sans soulever d'objections, conclure « que les b. de la tuberculose et les b. acido- résistants forment un groupe parent sans qu'on puisse toutefois jusqu'ici affirmer que ces derniers soient des ba- 284 A. BORGEAUD cilles de la tuberculose à l'état de saprophytes? » Au dernier congrès de Paris, cette idée a prévalu et Behring lui a dis- crètement donné son appui. Jusqu'ici on n'a pu réussir a transformer un bacile acido- résistant en b. de Koch. Outre la résistance aux acides, ils ont cependant certaines propriétés communes. On sait que plusieurs acido-résistants renferment une substance analogue à la tuberculine; en inoculant certains acido-résistants on immunise contre la tuberculose; un sérum agglutinant pour le b. de la tuberculose l'est aussi pour les acido- résistants. Comme les bacilles tuberculeux, les acido-résis- tants présentent divers types : les b. accidentellement acido-résistants; les b. acido-résistants non pathogènes ; les b. acido-résistants pathogènes qu'on a déjà désignés sous le nom de b. paratuberculeux. L'idée de la parenté entre ces groupes n'a donc rien de subversif et l'on peut parfaitement admettre que, saprophyte au début, le bacille de la tuberculose a, par passages successifs dans le corps des mammifères, cela pendant des milliers d'années^ acquis des propriétés nouvelles qui le différencient de la souche primitive. On connaît déjà quelques formes intermédiai- res. Ce petit travail a pour but d'en faire connaître une nouvelle. Nous avons eu la bonne fortune de constater dernière- ment, par deux fois, une forme de tuberculose non encore décrite en Suisse et du reste encore assez peu étudiée, observée un nombre restreint de fois dans le nord de l'Eu- rope. Il s'agit d'une entérite spéciale que j'ai décrite dans les Schwricer Archiv fur Tierheilkunde, 190a. Heft 5; elle est occasionnée par un bacille acido-résistant, proba- blement de nature tuberculeuse, qui mérite une description spéciale, car il nous donnera peut-être le type intermé- diaire cherché. Il suffira de dire ici que cette affection se présente sous tonne d'une entérite hypertrophiante, dans laquelle les BACILLES \<:iimi-iu';sisi wis II TUBERCULOSE r>.8.r) parois de l'intestin acquièrent l\ à ;"> lois leur épaisseur ordinaire. Notons aussi qu'on ne trouve pas d'ulcères tu- berculeux tels qu'on les rencontre dans la tuberculose de l'intestin chez le bœuf. Dans les coupes de l'intestin et des ganglions lymphatiques afférents, on ne voit pas non plus de cellules géantes ; histologiquement parlant le tubercule manque. Et pourtant, si l'on traite les coupes par les méthodes en usage pour la coloration des bacilles de la tuberculose, le résultat est alors des plus caractéristiques. On trouve des myriades d'un bacille qui présente tous les caractères morphologiques et toutes les réactions colorantes du ba- cille de Koch. Mais, alors que d'ordinaire celui-ci est plutpt rare chez le bœuf, dans les lésions tuberculeuses à forme classique et qu'il s'y trouve généralement isolé ou en petits groupes de quelques individus, dans le cas qui nous occupe, il forme des amas bacillaires analogues à ceux qu'on a décrit dans la lèpre ou dans la tuberculose aviaire. L'examen de séries de coupes de l'intestin donne des résultats très intéressants. Nous avons employé la plupart des méthodes de coloration recommandées pour le bacille de la tuberculose, mais en général nous nous som- mes servi de la coloration au rouge de Ziehl, décoloration dans l'acide azotique au tiers et double coloration au bleu de méthylène aqueux. La décoloration peut être poussée très loin et malgré cela, les amas bacillaires sont souvent si considérables que la préparation garde la couleur rouge d'une façon très tenace. Sommes-nous en présence d'un bacille de la tuberculose ou d'un acido-résistant ordinaire? Les essais de culture faits, soit par nous, soit par M. le professeur D1' Galli-Valerio, sur les milieux les plus divers ont donné un résultat absolument négatif. La difficulté de mise en train des cultures fait déjà présumer que nous sommes en présence d'un bacille de la tuberculose. 286 A. BORGEAUD Les résultats clos inoculations, dont le détail a été publié autre part, peuvent se résumer connue suit : nous sommes en présence d'un bacille peu virulent, provoquant chez le lapin et le cobaye des lésions locales avec tendance marquée vers la régression et la «juérison. Ce sont là, d'une façon générale, les résultats qu'on obtient avec certains bacilles para tuberculeux. Notons toutefois qu'en Belgique, Lienaux, sur un très grand nombre d'inoculations à de jeunes bovi- dés, dit être arrivé, dans de très rares cas, à une généra- lisation des lésions provoquées par l'inoculation. Il s'agit donc d'une variété très peu virulente du bacille de la tuberculose. Mais comment se fait l'infection natu- relle ? Il apparaît nettement que, dans la maladie qui nous occupe, les bacilles envahissent l'organisme par la voie in- testinale qui seule est atteinte. Le processus pathologique s'arrête aux voies lymphatiques qui paraissent opposer une barrière infranchissable pour les bacilles décrits. Ces ba- cilles doivent arriver dans l'intestin par ingestion d'un matériel virulent ; de là à conclure qu'ils se trouvaient dans les aliments, il n'y a qu'un pas. Or, nous savons que certaines plantes servant à l'alimentation des bovidés por- tent des bacilles acido-résistants morphologiquement ana- logues avec le bacille de l'entérite et possédant une viru- lence à peu près égale pour le cobaye. Ces saprophytes pourraient-ils, dans des conditions encore mal déterminées, acquérir des propriétés pathogènes pour le bœuf? Rien d'impossible à cela, car nous connaissons de nombreux faits prouvant que certains bacilles (rouget, pneumocoque) peuvent vivre longtemps en saprophytes et ne devenir vi- rulents que lorsque le milieu sur lequel ils végètent pré- sente certaines conditions favorables à leur développement. Le bacille de l'entérite parait devoir être placé, dans la série des bacilles tuberculeux, entre les b. paratubercu- leux et le bacille de la tuberculose aviaire. Il n'y a en effet BACILLES ACIDO-RÉSISTANTS ET II BERC1 LOSE 287 pas plus de différences entre le bacille de l'entérite et les bacilles paratuberculeux d'une part el le bacille de la tu- berculose aviaire (l'autre part, qu'entre ce dernier et l<-s bacilles de la tuberculose des mammifères. Les différences qui séparent ces divers types ne sont pas absolues. .Nous croyons donc que la connaissance du bacille de l'entérite du bœuf apporte incontestablement un appui sérieux à l'hypothèse de la parenté entre les bacilles acido-résistanls et les bacilles qu'on rencontre dans les diverses formes de tuberculose. BULL. SOC. VAUD. SC. NAT. XLI, [5^ 'S,,| NOTE sur des crânes et ossements humains provenant d'anciennes sépultures de la Suisse et de la Savoie PAR Alexandre SCHENK Les crânes et ossements qui font l'objet de cette notice ont été recueillis dans des sépultures gallo-romaines, des environs de Genève par M. B. Relier, député et archéo- logue à Genève. M. Reber nous les a obligeamment remis pour être étudiés et décrits ; nous lui adressons nos plus sincères remerciements. Afin d'aboutir à des résultats exacts, à des données cer- taines, sur l'origine et la constitution des populations hel- vétiques actuelles, il est nécessaire d'entreprendre une étude systématique de ces dernières, en recueillant, d'après les méthodes de la technique anthropologique, tous leurs caractères somatologiques et ostéologiques ; ces derniers seront comparés ensuite à ceux des populations préhisto- riques et historiques dont nous possédons les restes. Ces considérations nous ont engagé à entreprendre l'étude détaillée et objective des différents ossements pré- historiques ou historiques qui sont à notre disposition. Plus tard seulement, lorsque les matériaux anthropologi- ques des anciennes populations de notre pays seront plus nombreux, nous pourrons essayer de rechercher les affi- nités qu'ils présentent entre eux ou avec telle ou telle race actuellement connue et nettement déterminée, la détermi- nation des caractères ethniques d'une population et la re- 29O ALEXANDRE SGHENK cherche de son origine n'étant possibles que par la réunion d'un grand nombre de documents anthropologiques se rapportant aux différentes époques de son histoire. Comme nous l'avons déjà fait pour les populations néo- lithiques de Ghamblandes1, nous grouperons sous le nom général de Matériaux pour l'Anthropologie des populations primitives de la Suisse les différentes études anthropolo- giques que nous aurons l'occasion de publier relativement à l'Ethnogénie des populations helvétiques. Les ossements qui sont décrits dans cette note provien- nent de Chevrens, de Veyrier et de St-Thomas. Nous empruntons à M. Reber2 quelques renseignements sur la découverte des restes humains qu'il nous a en- voyés. Ossements de Chevrens. Ces ossements proviennent d'un vaste cimetière antique situé dans une grande gravière traversée par le chemin allant de la douane de Corsier au petit village de Chevrens. commune d'Anières (Genève). Les tombeaux orientés du Sud-Est (tète) au Nord-Ouest (pieds) se trouvent à une pro- fondeur variant entre 4° centimètres à i'"25; ils ne sont pas entourés de dalles. Les ossements très détériorés e1 très fragiles reposent simplement dans le gravier. Le mo- bilier funéraire est gallo-romain é Chaque tombeau contient un ou plusieurs vases, pots ou assiettes, bracelets et épin- gles en bronze, etc. Crânes. Nous possédons de Chevrens six crânes ou fragments de crânes plus ou moins complets : 1 A. Schenk, Les sépultures et les populations préhistoriques de Cham- blandes. « Mull. Suc. vaud. Sciences aat. 0 ii|i>:> el 1903. 2 B. Reber, Recherches archéologiques à Génère et aux environs, Genève igoi. Esquisses archéologiques sur Genève el les environs. Genève igo5. CHANTS ET OSSEMENTS D ANCIENNES SÉPULTURES "|l Crâne n" i. — Le squelette facial el la région basilaire de l'occipital manquenl complètement. Il provienl d'un individu trèsâgé, probablement féminin: toutes les sutures sont complètement oblitérées. La surface extérieure du crâne très érodée par la nature du sol porte l'empreinte de nombreuses racines de plantes. Les saillies musculaires sont peu dé- veloppées, sauf dans la région, occipitale ; l'inion fait défaul ; les lignes courbes occipitales supérieure et inférieure sont bien marquées; les apophyses mastoïdes sont moyennement développées. L'indice céphali- que faiblement brachycéphale est de 80,77 î l'indice frontal atteint 86,92. La vue antérieure montre un front lias et étroit; la glabelle est plane, les arcades sourcilières nulles; les bosses frontales sont placées (ires de [aligne médio-frontale. La voûte tlu crâne est légèrement ogivale. La vue de profil fait voir une courbe régulière jusque dans la région de l'obélion, avec léger méplat bregmatique; à partir de l'obélion la courbe prend nue direction oblique et forme un chignon caractéristique de la région occipitale jusqu'à la région iniaque; la courbe de la région cérébelleuse de l'occipital est à peu près plane. La vue supérieure présente un contour ovalaire allongé avec un dia- mètre transversal maximum situé au-dessous des bosses pariétales lesquelles sont particulièrement développées et contribuent à la brachv- céphalie. Lu vue postérieure présente une forme plus ou moins circulaire avec proéminence de la région occipitale cérébrale. Ce crâne nous parait présenter des caractères de métis- sage entre la race brachycéphale et la race à dolichocé- phalie occipitale, ou, peut-être aussi, cette association de caractères n'est-elle que le résultat de l'atavisme. Crâne n° 2. — La calotte crânienne seule persiste ; elle a appartenu à un individu masculin adulte; les sutures coronale et lambdoïde sont encore ouvertes ; la suture sagittale est oblitérée du tiers antérieur jus- qu'au lambda. Le crâne est très allongé, la dolichocéphalie s'abaissant à 69,69, mais il n'y a pas trace de scaphocéphalie. La nature extérieure des os est la même que celle du crâne n° 1 . Vu ()2 ALEXANDRE SGHENK parler; l'inion est fortement marqué, de même que la ligne courbe occi- pitale supérieure. La vue d'en haut a la l'orme d'un ovale très allongé sans proéminence des bosses pariétales. La vue postérieure est légèrement ogivale. Les sutures coronale et lambdoïde sont compliquées. Les sinus frontaux, la protubérance et la crête occipitale internes sont très développés. Ce crâne appartient au type de Hohberg de His et Riï- timeyer, au type des Reihengrdber de-Ecker, en un mot à la race germanique ou kiniro-germanicjae, dolichocé- phale d'origine septentrionale. Crâne n° S. — Crâne en mauvais état ; il a appartenu à une femme adulte, les sutures coronale et sagittale étant quelque peu synostosées. La glabelle est plane, les arcades sourcilières sont nulles, les bosses fron- tales sont basses et bien marquées. La voûte crânienne est circulaire dans la vue antérieure et le crâne, autant qu'il est possible d'en juger, devait être dolichocéphale. La table externe est par places complètement érodée et à certains endroits le tissu osseux est totalement perforé. Crâne n° 4- — Crâne ayant appartenu à un individu probablement masculin, adulte. L'indice céphalique sous-Jbrachycéphale atteint 8i.5o. Les sutures sont peu compliquées ; la suture sagittale est légèrement synostosée au-dessous de l'obélion. Vu de face le crâne présente une voûte arrondie, surbaissée, le front étant peu développé ; la glabelle l'ait une légère proéminence e1 les arcades sourcilières sont plutôt nulles ; les bosses frontales sont bien visibles . De profil, le crâne offre une courbe régulière à partir de l'ophryon jusque dans le tiers antérieur de la suture sagittale après quoi elle s'in- cline légèrement jusqu'au milieu de la région cérébrale de l'occipital qui fait une légère saillie. La vue d'en haut laisse voir une forme ovalaire moyennement allon- gée ; les bosses pariétales sont relativement saillantes. La région occi- pitale fait une légère proéminence. La vue postérieure est circulaire dans sa région supérieure ; les côtés du crâne convergent en bas. Le crâne se rattache par ses caractères au n" i dont il présente une plus grande pureté- Crâne n° 5. — Ce crâne, très incomplet, n'est représenté que par le frontal et le pariétal gauche. Il provienl d'une femme adulte mais jeune encore. Le front est relativement bas et droit ; la glabelle est plane : les bosses frontales sonl bien marquées. Le crâne était dolichocéphale et CRANES ET OSSEMENTS D'ANCIENNES SÉPULTURES 2g3 devail se rattacher comme le n° 2 au Type de ffohbery, à la race ger- manique. Crâne //"fi. — L'os Frontal masculin seul persiste; la glabelle esl saillante ainsi que les arcades sourcilières du côté interne ; les simis Frontaux smii développés; il en esl de même de la crête Frontale interne. Les lignes (rontales étanl peu divergentes, il est probable que le crâne devail être dolichocéphale. Il existe encore quelques fragments de crânes provenant de la nécropole antique de Chevrens, mais ils sont en si mauvais étal qu'ils ne peuvent être décrits. Mandibules. Une seule mandibule est intacte ; elle a appartenu à une femme âgée; toutes les dents manquent et les alvéoles sont complètement oblitérés; la mâchoire présente ainsi un état de sénilité 1res caractéristique ; les apophyses géni sont bien marquées et il existe une protubérance mentonnière caractéristique. Mensurations : Largeur bi-condylienne n5 » bi-goniaque 90 » bi-mentonnière * 4° °u :9 Hauteur svmphvsieune 22 » molaire 16 Branche longueur 62 » largeur 29 Corde gonio syinphysienne 80 Courbe bi-goniaque Nous ne possédons qu'un seul os des membres ; c'est un radius droit masculin ; il est frappant par ses grandes dimensions et par la vigueur de ses crêtes d'insertion musculaire. Sa longueur est de 25o mm, indiquant une taille de 1 ,j3$m. 1 La distance bi-mentonnière est mesurée soit entre les deux trous men- tonniers, soit entre les deux proéminences mentonnières. xli 19 294 ALEXANDRE SCIII.NK *b O •b X t-» es c I I en 35 - X ^r C es - -c es «i ô es "-i «c — " 00 00 t> u > U en es Of I A s. o oo oo en i 35 w es I M M x r X 0 3! O C C L-. o js; m en ry*5 r*^ m — t— m l.~ c^ en c m m i~ -'- es ~ es o m • x x ^r - es s 3s es r-« en - " O es «et- i>. «* Ci en 1 O tH Ci l-t CD Ci t> OS O 00 00 r. - Z r- T. s X H - < — cd — i X a 03 ^ •_ 3 fl3'-3 u e s .: x a et "3 ■- f X ~ - - ~ S .1 .1 E - y: - z N 'S r ? — s > s. «3 J. — _= --Se — '- — 43 ^ I — 03 Z S : c - - a; X y: i. « g C C z ~ ;- .=- - - ~T - - if - - soi^auimQ saqjnoQ Oi & ■s • a ' a. o 0) 4) ■e CRANES ET OSSEMENTS l> ANCIENNES SÉPULTURES '<»)•» Ossements de Veyrier1. De aombreux tombeaux onl été découverts en [891-92 en labourant et défrichant le terrain au pied du Salève, notamment à l'endroit appelé « Aux Berlies », dans le voi- sinage «1rs stations d'habitations quaternaires et près de la u Colline de la Balnie » qui a fourni à M. Fteber, il y a une vingtaine d'années, un certain aombre de crânes étu- diés par M. Kollinann :!; quelques-uns de ces tombeaux étaient entourés- de dalles et orientés de l'Est (pieds) à l'Ouest (tète); le mobilier rencontré « aux Berlies » permet de classer ces sépultures dans une période allant de l'épo- tj ne gallo-romaine à l'époque helvéto-burgonde. A l'ouest de ces tombeaux on a trouvé de nombreux débris de l'ha- bitation romaine, tels que tuiles, poteries, tessons de vases, etc. Au-dessous de l'emplacement que nous venons de signa- ler, à l'endroit appelé « aux Berles » on a ouvert en 190^ une carrière de sable fin, en couches très régulières, de 10 mètres de profondeur. Une couche d'humus de 80 ceD- timètres à 1 mètre d'épaisseur couvre ce dépôt d'alluvions. C'est à cette profondeur que se rencontrent les sépultures d'où proviennent le crâne et les ossements que nous étu- dions. Le crâne réduit à la calotte est mésaticéphale, son indice céphalique étant de 77,90; il provient d'un homme adulte mais jeune encore ; toutes les sutures sont ouvertes. Les os, comme ceux de Ghevrens et, en général, comme tous les ossements anciens provenant de gravières sont ('rodés à leur surlace. La vue antérieure montre un contour arrondi, un front droit avec des bosses frontales bien marquées ; la vue de profil présente une courbe 1 B. Keber, Recherches archéologiques à Genève et uu.r environs, pages 18 à 26 ; Esquisses archéologiques, pages 253 à 257. 2 B. Reber, Notice sur des crânes et fragments de crânes trouvés à lu col- line de la Balme, près du Salève. Institut national genevois, iS83. J. Kollmann, Craniologische grâberfunde in der Schweiz. Verhandlungen «1er Naturforschenden gesellschafl in Basel, i883. 296 ALEXANDRE SCHENK régulière avec méplat dans la région bregmatique ; il n'y a pas de chignon occipital, l'inion fait défaut, mais les crêtes d'insertion musculaire sont bien marquées; les apophyses mastoïdes sont moyennement développées. Vu d'en haut le crâne est ovalaire, avec de belles proportions et la vue postérieure fait voir un contour arrondi, globuleux. La capacité crâ- nienne ne peut être calculée, la base du crâne faisant défaut, mais elle devait être relativement élevée. La mandibule est bien conservée ; les dents de sagesse ne sont pas encore complètement développées ; la première molaire est cependant fortement usée. Les tubercules des deuxièmes molaires sont pointus et tranchants; le menton n'est pas très saillant ; les apophyses géni sont moyennes. Mensurations. Diamètre antéro-postérieur maximum 18O mm » » métopique i8.") » transversal maximum " . . I41 » » bi-auriculaire 124 » » bi-mastoïdien i3i .> frontal maximum 121 i) » minimum . ... ' . 96 Courbe horizontale totale 53o » » préauriculaire 280 » transversale totale 445 » transversale sus-auriculaire 320 » sous-cérébrale 20 » cérébrale frontale 112 » frontale totale i32 » pariétale 1^7 » occipitale supérieure 70 Indice céphaliqae 77,96 » frontal 79,34- Mandibule. Largeur bi-condylienne 128 1) bi-goniaque 10 1 » bi-mentonnière 47 ou 2'> Hauteur symphysienne 3l » molaire 2D Longueur de la branche 65 Largeur de la branche 29 Corde gonio-symphysienne 81 Courbe bi-coniaque '9° CRANES ET OSSEMENTS D'ANCIENNES SÉPULTURES 297 Les ossements sonl représentés par un tibia complet moins l'épiphyse inférieure el la malléole; un fragmentde fémur et un fragment d'humérus. Le tibia devait mesurer approximativement 071 111111.; voici ses autres dimensions : Circonférence minimum 80 mm Diamètre antéro-postérieur 4o » transverse 26 Indice de grosseur 21,56 Imite? de platycnèmie 65 Taille approximative lm657 La platycnèmie n'est donc pas très accentuée. Le fémur est l'oit et vigoureux. I >iamètre sous-trochantérien transverse 34 » » antèro-postérieur 28 » transverse (partie moyenne) 3a » antèro-postérieur 3o Indice de platymèrie 82,05 Indice pilastriquè 93,75 La platymèrie est nulle et le pilastre fémoral est peu développé bien que l'ensemble du fémur soit massif et vigoureux. L'humérus n'est représenté que par son extrémité inférieure ; il est fort et la fossette olécranienne est perforée. Ces os, ainsi que le crâne, appartiennent vraisemblablement au même individu. Ossements de Saint-Thomas fSauoie)* Après avoir traversé le petit village de Saint-Thomas, à une heure et demie au-dessus d'Evian, on voit à droite de la route, à cent mètres à peine, un immense bloc errati- que, entouré d'arbres et d'arbustes, garni à sa surface d'environ a5o scupltures préhistoriques ; à une certaine distance de la pierre, sur la crête d'une moraine s'appe- lant Crètalion, se trouvent des ruines romaines et quelques pas plus loin il existe un cimetière antique, transformé en carrière et sablière et ayant fourni plusieurs centaines de tombeaux. La crête est entamée sur une longueur d'une 1 B. Reber, Esquisses archéologiques, pages 176 à 180. j?<)X ALEXANDRE SCHENK centaine de mètres cl partoul gisent des ossements hu- mains. Les tombeaux sont, en général, solidement cons- truits en dalles de gneiss. Souvent on constate deux morts dans la même sépulture. Leur direction est régulièrement de l'ouest (tête) à l'est (pieds), c'est-à-dire le visage tourné du coté du levant. Les crânes ou fragments de crânes qui proviennent de ce cimetière, de l'époque romaine, sont au nombre de cinq. Crâne //" /. — Crâne entier, avec la mandibule, masculin, adulte. Vu de face le crâne présente un frontal large et bien développé ; 1rs arcades sourcilières sont nettement accusées sans être cependant volumi- neuses ; les crêtes frontales sont divergentes ; la glabelle existe mais elle est peu développée; la voûte du crâne présente une courbe réguliè- rement arrondie. L'espace interorbitaire est peu large; les orbites sont spacieuses, rectangulaires ; les os nasaux adossés suivant un angle aigu sont proéminents; l'ouverture nasale est large; l'épine nasale bien dé- veloppée; l'espace intermaxillaire bas, les fosses canines profondes et les pommettes légèrement saillantes, contribuant à l'élargissement de la face. Les incisives et les canines manquent, mais leur chute est pos- thume. La vue de profil montre un crâne court, la courbe antéro-postérieure est régulière; l'inion manque mais les crêtes occipitales externes sont bien marquées; les crêtes frontales sont visibles et les apophyses mas- toïdes bien développées. Vu d'en haut le crâne est court, ovalaire avec un fort développement transversal de la région pariétale ; les arcades zygomatiques ne sont pas visibles. Les sutures crâniennes soni compliquées; la sagittale est es partie oblitérée; la coronale l'est partiellement et la lambdoïde est ou- verte. Les dénis sont !>ien conservées et quelque peu usées ; la voûte du crâne présente, par places, des creux et dépressions d'origine probable- ment syphilitique ? La mandibule est aussi intacte; presque toutes les dents sont absen- tes; les alvéoles dé la i« molaire gauche et des ire et 2e molaires droites sont oblitérés ; la chute des autres dents est posthume. La man- dibule parait un peu gracile par rapport au crâne; toutefois les apophy- ses géni, la gouttière mylo-hyoïdienne est bien marquée ; il existe sur le bord interne et postérieur des hranclies montantes des apophyses d'insertion musculaire denticulées et bien développées. La protubé- rance mentonnière est saillante. CRANES ET OSSEMENTS I» ANCIENNES SEP1 LT1 RES 2QÇ; Le crâne dans son ensemble csi brachycéphale, chamae- prosope, mésosème 7" — » inférieure 48 — Liçme naso-basilaire .... 96 — Longueur du trou occipital . 38 — Largeur » » » . . 3i — » bi-orbitaire externe . 102 9<> » » interne . 24 26 « bi-zygomatique maximum l32 — 92 — Hauteur intermaxillaire . iS — » totale delà face(ophryo- alvéolaire). S., — » totale de la face l aaso- alvéolaire i . 04 — » de l'orbite .... 3i — CRANES ET OSSEMENTS D ANCIENNES SEP1 LTURES .')()! Largeur de l'orbite Longueur du uez . Largeur du nez Longueur de la voûte pajath Largeur » » » » Distance alvéolo-basilaire . Indice céphalique . » de hauteur- longueur de hauteur-largeur frontal .... occipital facial I . » Il ... orbitaire nasal .... palatin .... du prognathisme . » » » •»7 49 •>.'■> 5i •'/ 96 83,71 73,03 87,25 81,36 81,58 60,61 48,48 83,78 51.02 72,57 100 79,43 82,53 78,81 Mandibules. Largeur bi-condylienne T » bi-goniaque. » bi-mentonnière . Hauteur svmphvsieune . » molaire. Branche, longueur . » largeur. Corde gonio-symphysienne Courbe bi-goniaque . 122 ou io3 91 22 ou 43 3i 28 61 32 80 182 3o ou 4<> 32 — — 23 7(i — 33 — 82 Résumé. Les crânes de Chevrens, Veyrier et Saint-Thomas sont de l'époque gallo-romaine. L'indice céphalique moyen des 1 Largeur mesurée soit du bord externe d'un condyle à l'autre, soit de l'axe d'un condyle à l'autre. 3o2 ALEXANDRE SCHENK crânes brachycéphales est de 82, i3; l'indice frontal 82,36 ; pour les crânes dolichocéphales, la moyenne ne peut être calculée., tons les crânes n'étant pas intacts et pour les crânes mésaticéphales, l'indice céphaliqûe moyen atteint 78,69; l'indice frontal 7»), 07. La taille masculine moyenne des squelettes dolichocéphales et mésaticéphales est de Nous trouvons donc, à l'époque gallo-romaine, sur les bords du Léman, la race celtique brachycéphale plus ou moins pure, la race dolichocéphale d'origine septentrio- nal*1, germanique, nettement caractérisée par son crâne allongé et sa taille élevée et enfin un troisième élément mé- saticéphale, résultant probablement d'un métissage nitre les deux races sus-mentionnées. BULL. SOC. VAUD. SC. NAT. M.l, [54 3o3 NOTICE SUR LES COURANTS ÉLECTRIQUES VAGABONDS PAU Jules CAUDERAY, électricien Depuis lui au ou deux, les journaux nous entretiennent parfois de courants électriques vagabonds. Je suppose (pie le qualificatif de vagabonds a été donné à ces courants par analogie à une classe d'individus qui donne fort à faire à la police, d'autant plus que n'ayant pas de domicile, ils sont difficiles à pincer. Aujourd'hui, ces courants vagabonds devenant plus nombreux, plus gênants et plus malfaisants, permettez- moi de passer rapidement en revue les principaux d'entre eux, et de m'aider ainsi à mettre en garde contre eux les personnes exposées à leurs méfaits. Le plus ancien, le plus terrible est sans contredit la foudre, qui, depuis le commencement des siècles, frappe, détruit, incendie nos maisons, et a commis un nombre incalculable d'homicides. L'illustre Franklin, en inventant le. paratonnerre, nous a donné le moyen de préserver nos maisons, mais très peu en sont pourvues, et même en ce vingtième siècle, il est étonnant de trouver encore un grand nombre de per- sonnes ne croyant pas à son efficacité. Viennent ensuite les courants telluriques qui circulent dans le sol, à de rares intervalles, et correspondent géné- ralement avec l'apparition d'aurores boréales. Ces courants peu connus sont généralement inoffensifs, sauf pour les 3û4 .IULES CAIDF.HAV navigateurs, car leur présence peut fausser les indications de la boussole et par là la route du navire. En i8b5 ou 1866, j'ai eu l'occasion d'observer ces cou- rants à Berne, observation qui a été communiquée à la Société par mon frère. Ensuite, viennent des courants vagabonds d'une date relativement récente, ce sont les courants de retour des lignes télégraphiques. On sait en effet que si l'on expédie un télégramme de Lausanne à Genève, par exemple, le courant part du pôle positif de la pile de Lausanne, va à Genève en suivant un fil de fer isolé supporté par des poteaux en bois, fait mouvoir les appareils de Genève et est ensuite conduit dans le sol au moyen d'un fil de cuivre et d'une feuille du même métal, appelée « plaque de terre ». Une fois dans le sol, le courant se dirige sur Lausanne où il trouve e^;t- lement une plaque de terre et un fil qui le ramène au pôle négatif de la pile d'où il était parti. Comment ce courant se comporte-t-il dans le sol? Quel chemin, quelle section suit-il? Des expériences plus faciles à imaginer qu'à réaliser pourraient seules nous renseigner, mais n'auraient guère d'utilité pratique. Au début de la télégraphie, beaucoup de personnes avaient de la peine à comprendre qu'un ci Mi- rant électrique put ainsi retrouver son chemin, et même des physiciens prétendaient que le courant ne suivait pas le sol, mais que la terre agissant comme réservoir commun, absorbait le courant aux deux extrémités du Ml et rétablis- sait ainsi l'équilibre. Or, j'ai démontré, il y a déjà 25 ans, (pie le courant circule dans la terre comme dans un til conducteur, ainsi qu'on peut le voir dans le 17e volume du Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles {page r54), à la suite d'expériences faites sur une ligne téléphonique. On pourrait, il est vrai, prétendre que les courants de NOTICE SUR LES COURANTS ÉLECTRIQUES VAGABONDS 3û5 retour des lignes télégraphiques el téléphoniques m* sont pas des courants vagabonds, puisque leur rouie est limitée cl qu'ils n'ont jamais commis d'homicides, ni allumé l<- moindre incendie; je n'hésite cependant |>as à les classer parmi les courants vagabonds, car, en vertu de la loi «lu [ilus fort, ils se nuisent entre eux, ce dont s'aperçoiveni forl bien les personnes qui l'ont usage du téléphone, et qui entendent souvent, dans le récepteur, des bruits divers, surtout un grésillement forl incommode qui provient pré- cisément de la niasse de courants de retour des télégraphes se croisant en tous sens dans le sol, et qui parviennent à suivre les tils téléphoniques et arrivent ainsi aux appareils. Jusque-là, l'emploi de la terre comme conducteur de retour du courant était d'une utilité incontestable, et vu leur très faible intensité, ces courants étaient absolument inoffensifs et n'offraient aucun danger. Mais une fois que la science eut mis l'industrie en état de produire et d'utiliser des quantités énormes d'électricité à des tensions considérables, la question des courants va- gabonds changea de face. Voici, en résumé, les principaux méfaits dont sont ac- cusés ces courants : i° De gêner considérablement les transmissions télépho- niques et télégraphiques. 2° De détruire rapidement les canalisations d'eau et de gaz en activant considérablement l'oxydation des tuyaux de fer. 3° De détériorer ou détruire certains appareils électri- ques d'utilité générale, tels qu'horloges électriques, indi- cateurs de niveau d'eau, sonneries, téléphones et télégra- phes, etc., accidents généralement provoqués par la chute de fils conducteurs aériens et permettant aux courants étrangers de vagabonder dans des domaines ne leur appar- tenant pas, et d'y exercer des ravages. 4° De provoquer des incendies dans les immeubles pour- 3o6 JULES CAUDERAY mis d'éclairage ou de force motrice électrique, soit par suite d'installation défectueuse, soit par des causes for- tuites produisant des court-circuits ou accidents analo- gues. 5° Enfin, chose plus grave, les courants vagabonds pro- venant de la distribution des courants que nos confédérés de la Suisse allemande ont baptisés et traduits dans leur français fédéral du nom de Courants forts, produisent des courants mortels pour les hommes. Non seulement les ou- vriers et employés électriciens leur payent presque jour- nellement un large tribut, mais encore de paisibles citoyens sans défiance et se croyant en parfaite sécurité, sont encore trop souvent les victimes des courants vagabonds; je n'en mentionnerai que les deux cas cités par les journaux il y environ deux ans. Le premier concerne un habitant de la Vallée de Joux qui, voulant attacher son cheval à une barrière en fer qui se trouvait devant l'hôtel où il voulait s'arrêter, tomba foudroyé ainsi que *(»u cheval, parce qu'un malencontreux bout de fil de fer avait fortuitement mis cette barrière en communication avec la ligne à haute tension qui passait au-dessus de l'hôtel. Le second cas, datant à peu près de la même époque, concerne un jeune commissionnaire des environs de < îe- nève qui, voulant passer un paquet au travers d'une fe- nêtre, loucha par mégarde, u'ayanl aucune raison de s'en métier, un il I de fer faisant partie d'un réseau destiné à fixer des plantes grimpantes, mais qui se trouva malheu- reusement en communication avec le réseau électrique et le courant vagabond foudroya le pauvre garçon qui tomba pour ne plus s<- relever. J'ai dit en commençant que les courants vagabonds de- venaient de joui' en joui- plus nombreux et plus malfai- sants. En effet, non contents de briser, détruire, incendier, de commettre des homicides, je viens de constater un cas NOTICE SUR LES COURANTS ÉLECTRIQl ES VAGABONDS 307 plus sérieux et très intéressant, où ces courants vagabonds essayèrent de s'attaquer à nu train de chemin de fer. Je me hait- de dire qu'ils n'ont pas réussi, e1 ne pou- vaienl même pas i-éussi r, mais ce qui rend ce cas intéres- sant outre tous, ce sont les précautions, on pourrait dire intelligentes, prises par les courants vagabonds pour ne pas être découverts et pinces. Voici le cas : Je fus appelé, au printemps de 1904. par la compagnie du chemin de fer Territet-Glion, pour rechercher un dé- rangement fort gênant et dont les employés ne parvenaient pas à trouver la cause. La gare de Territet est reliée à celle de Glion par trois fils isolés, exactement comme le sont les lignes télégraphi- ques. Le premier fil sert au télégraphe du chemin de fer, le second fil sert aux communications téléphoniques et le troisième fait fonctionner la sonnerie du départ des trains. Or, depuis quelques temps, le timbre de cette sonnerie se mettait à sonner à Glion sans que personne pressât le bouton à Territet; la sonnerie tintait pendant quelques secondes, puis s'arrêtait d'elle-même sans qu'il fût possible de savoir pourquoi elle avait sonné. Le fait se produisait au début à des intervalles de temps très irrégulièrs, va- riant de quelques jours à une ou deux semaines. Les électriciens qui ont pour mission de rechercher les dérangements, savent que s'il est facile de trouver un dé- rangement pendant qu'il dure, comme par exemple un contact entre deux fds, une rupture de fil, ou une perte de courant, il est par contre souvent très difficile de trou- ver un défaut qui ne se produit que d'une façon intermit- tente, comme c'était le cas. Je me rendis doue à Territet, et visitai l'installation de la gare pensant que, puisque c'était le timbre de Glion qui sonnait, le courant devait provenir de Territet. Je ne trouvai aucun défaut dans l'installation de cette 3o8 JULRS GAUDERAY dernière station, qui, à paît un détail, fonctionnait par- faitement. Je visitai ensuite la ligne et fis couper quelques touffes de lierre qui touchaient les fils; à Glion, je ne découvris rien d'anormal, et je rentrai à Lausanne, tout enclin à penser que c'était un mauvais plaisant qui, pour agacer les employés, pressait le bouton de Territet dans un mo- ment où on ne pouvait pas l'observer; je supposais qu'il ne tarderait pas à se faire prendre. Deux ou trois jours après, je fus avisé que le timbre avait de nouveau sonné. Je retournai à Territet visiter en- core une fois toute l'installation avec le plus grand soin. mais n'ayant absolument rien découvert d'anormal, je reçus de la Direction l'ordre de changer et de remettre à neuf tous les fds de la i^are de Territet, ainsi que le trans- metteur qui était un peu défectueux, mais ne pouvait pas par lui-même faire sonner le timbre de Glion. Du reste, l'installation entière était vieille, et avait eu à souffrir des diverses réparations et changements apportés aux bâtiments. Tout ce travail fut exécuté avec le plus grand soin. mais inutilement, car quelques jours plus tard, je fus rap- pelé, la sonnerie se faisait entendre de nouveau. Alors bien convaincu qu'il n'existait aucun défaul à Ter- ritet, ni sur la ligne, je portai toute mon attention sur la gare de Glion où je me rendis de nouveau. Tout me pa- raissait en ordre, cependant je réfléchissais que les diffé- rents fils, soit ceux des télégraphes, téléphones, sonneries, signaux, etc., entraient dans le bâtiment par un seul trou pratique; dans un mur d'environ 3o centimètres d'épais- seur, et j'ai appris à mes dépens, que les murs traversés ainsi sont souvent habités par des souris qui, chose cu- rieuse, rongent volontiers l'enveloppe isolante, et même quelquefois le cuivre, et alors en trottinant produisent des contacts qui peuvent faire sonner les timbres auxquels ces fils aboutissent. NOTICE SUR LES COURANTS ÉLECTRIQUES VAGABONDS •'»«»<) A ce moment, je crus enfin avoir trouvé la cause •'..") effec- tifs. Nous n'avons pas eu de démissions à enregistrer du- ranl cette période. Parmi les laits intéressants survenus au cours de cette RAPPOBT DU PRÉSIDENT SUR LA MARCHE DE LA socn'ii'. 3 I J année, signalons la décision < | » ■ « * vous avez prise d'accueil- lir, dans notre Bulletin, les comptes-rendus des séances de groupes ou d'associations s'occupant de l'une ou l'autre des branches des sciences physiques ou naturelles. Cette décision a été prise ensuite de la demande d'un groupe de chimistes, désirant s'occuper des questions spéciales qui les intéressent. Jusqu'à présent, noire Bulletin n'a pas eu l'occasion d'insérer de tels comptes-rendus. A la demande de la Société helvétique des sciences na- turelles, notre Société est intervenue à plusieurs reprises pour obtenir la conservation du bloc erratique de Monthey, bien connu sous le nom de pierre des Marmettes. Les dé- marches tentées dans ce but ont été couronnées de succès, en ce sens que le Conseil d'Etat du canton du Valais a ac- cordé à la commune de Monthey l'autorisation d'expro- prier le dit bloc et que les tractations continuent avec chance 'd'aboutir. Ces démarches ont réveillé l'attention sur ces vénérables témoins des âges glaciaires. Vous savez que notre Société possède cinq blocs erratiques qui lui ont été donnés par de généreux particuliers désireux d'assurer leur conservation : ce sont la pierre à Pénys, sur le territoire de Myes, près Nyon ; deux blocs sur la colline du Montet, près de Bex ; la pierre à Dzo et la pierre à Mugnet, placées non loin du fameux bloc des Marmettes. Lors de notre Assemblée gé- nérale de juin, à Villeneuve, nous avons rendu visite à ces derniers. Notre Société a été représentée par des délégués au con- grès international de botanique, à Vienne, à la réunion de la Société helvétique des sciences naturelles à Lucerne, à la réunion de la Société Murithienne à Salvan et à l'inau- guration du buste de H. Fol, à Genève. A l'occasion du jubilé cinquantenaire de doctorat de M. le prof. Hagenbach- Bischoff, à Bàle, nous avons adressé à ce doyen de nos membres honoraires, nos félicitations et nos meilleurs vœux. 3l8 C. DUSSERRE Le nombre de nos séances a été de 1 8 durant cette an- née; vous avez entendu 5i communications, dont 11 inté- ressant la physique, 2 la chimie, 5 la géologie, 5 la bota- nique, 1 2 la zoologie, 5 l'agronomie, 2 la microbiologie, 3 la météorologie, 2 la géographie, etc. Nous nous sommes réunis pour la dernière fois, le i5 novembre, an Musée industriel, qui a vu siéger notre Société pendant de si nom- breuses années; nous attendons avis de qui de droit pour vous convoquer dans la salle destinée aux Sociétés savan- tes, au palais universitaire. Nous avons publié en 1905 les fascicules nos i.">2 et [53 du Bulletin; le n° 1 54 paraîtra sitôt après les fêtes du Nouvel An. Nous n'avons pu revenir à la tradition de pu- blier annuellement quatre fascicules, dont le nombre avait été réduit à trois pour des raisons budgétaires. Malgré les démarches du Comité, de l'éditeur, les mémoires promis restent parfois longtemps à leur parvenir et la publication s'en trouve forcément retardée, au préjudice des sociétaires qui nous adressent leurs publications en temps voulu. Nous espérons que l'avenir apportera une amélioration, que les fascicules de notre Bulletin ne souffriront [tins d'anémieet pourront paraître à intervalles réguliers. Ensuite de l'auto- risation que vous lui avez donnée, voire Comité a renou- velé le contrat avec l'imprimeur, aux anciennes conditions. pour une période de 5 années. A cette occosion, des amé- liorations ont été apportées dans l'arrangement et spécia- lement dans la couverture de noire Bulletin. Le service des échanges du Bulletin avec ceux d'autres Sociétés ou Institutions a continué comme «lu passé; votre Comité a accepté quelques échanges nouveaux qui lui ont paru avantageux. Rien de particulier à vous signaler concernant la Biblio- thèque; nos rapports avec le Département de l'Instruction publique et la Bibliothèque cantonale se sont continués comme à l'ordinaire. .Nos périodiques sont toujours logés RAPPORT DI PRÉSIDENT SUH LA MARCHE DE LA SOCIÉTÉ 3ig dans le même local de la Cité-Devant el nous ne pouvons qu'engager les membres de notre Société à puiser plus souvent dans le riche trésor qui s'y trouve accumulé. Disons encore quelques mots sur la situation financière de notre Société. Son avoir au 3] décembre 1904 se mou- lait à la somme de 80747 fr. 85; nous pouvons espérer qu'il ne sera pas inférieur à la fin de celle année-ci, car les chiffres prévus dans le budgel pour rgoôneseronl p;is dépassés, grâce surtout au fait que le Bulletin n'a pas exigé de dépenses supplémentaires pour planches ou tra- vaux importants. En terminant ce court rapport qu'il me soit permis, Messieurs et honorés collègues, de vous remercier pour votre indulgence, ainsi que pour la bonne volonté que vous avez mise à faciliter ma tâche. Je forme les meilleurs vœux pour la prospérité et la bonne marche de notre chère So- ciété. Bulletin de la Société Vaudoise des Sciences Naturelles. Vol. XLIΣ PROCES-VERBAUX SÉANCE DU 19 OCTOBRE n,o/,. Présidence de M. 1<> I)1' ('. Dutoit, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. II est donné connaissance d'une lettre de remerciements de M. Du- rand, nommé membre honoraire, ainsi que de la démission de M. le colonel Word. M. le président a le regret d'annoncer à la Société le décès, survenu pendant les vacances, de notre membre et bibliothécaire M. ,/. Pingoud, qui fut pour la Société un fonctionnaire aussi scrupuleux que modeste. Le comité a fait part de ses condoléances à la famille. Le comité a nommé bibliothécaire M. Delacrélaz, ancien régent. Une circulaire relative au prix Schaffli est mise en circulation. Coniniunications scientifiques. MM. E. Bugnion et N. Popoff présentent une étude illustrée de nom- V, breux dessins et préparations microscopiques, sur la spermatogé/ièsc , •>'-i, 643 parfois 1 :>) Une phase de dissociation qui, divisant le follicule en deux moitiés égales et se répétant à plusieurs reprises, donne lieu à des groupes de f>4, 32, 16, H, rarement à des groupes de 'i, 2 ou à des spermatogonies libres. | Les groupes cellulaires résultant de la dissociation des follicules, se reconnaissent à ce que leurs éléments sont unis par des pédicules prèles convergeant vers le centre. c) Une phase de multiplication (segmentation) qui, procédant de nou- veau par progression géométrique et se faisant toujours dans des plans radiaires, donne lieu comme résultai définitif à des groupes de 64, 128, parfois 256 éléments, disposés symétriquement autour d'une boule pro- toplasmique centrale (cytophore ou blastophore). Destinés à subir les [Q OCTOBRE IQO/j III diverses phases de la spermatogénèse, les groupes de ce genre, sembla- bles à de petits soleils entourés de leurs rayons, sonl désignés sous les ooins de spermatogemmes, spermatosphères ou morilles spermatiques. Parfois la phase de dissociation étant raccourcie ou supprimée, le follicule se transforme directement en morale. -. Les follicules, ainsi que les morales, <|wi se préparent à la sperma- togénèse, se reconnaissent à un étal particulier des noyaux cellulaires désigné sous le nom de « condensation chromatique ». Les granules chromatiques, précédemment dispersés sur le réseau nucléaire, se réu- nissent à ce momenl en une masse à peu près compacte, colorée sur les préparations à l'hémalun en violet foncé, constituée elle-même par de petits chromosomes arrondis, groupés en amas. Les éléments chromatiques «lu cytoplasme subissent eux aussi une modification con- comitante, car le corps cellulaire jusque-là assez opaque, de couleur violacée, devient du même coup parfaitement clair (hyalin) et offre un contour beaucoup mieux marqué. Peut-être y a-t-il condensation de cer- tains éléments sur le noyau, en même temps qu'à la surface, de la cel- lule. On distingue des noyaux condensés à masse chromatique plus grande (gros grain) el des noyaux à masse chromatique plus petite {petil grain)1. Les cellules à gros grain correspondent aux spermato- evtcs de Ier ordre. Leur division donne lieu aux spermatocytes de Ile ordre, caractérisés par leur noyau arrondi et leurs chromosomes moins nombreux et plus distincts, souvent en étal de cinèse. Les sper- matocytes II, se divisant à leur tour, engendrenl les cellules à petit grain (jeunes sperinatides). C'est au cours de ces divisions que se produit la réduction chromatique déjà décrite par Calkins (1895). S. Reconnaissables à leur noyau allongé et à leur chromatine con- densée en masse homogène, insérées sur le cytophore par un pédicule grêle, les sperinatides s'observent d'ordinaire sur des mondes de la phase à 128, exceptionnellement sur des mondes à 04 ou à 256 (chiffre maximum observé chez le lombric)2. Chaque sperrnalide se transforme plus tard en un spermatozoaire unique. 1 La masse chromatique entière esi désignée sous le nom de grain, parer que les follicules à l'état de condensation, offrent dans chacune de leurs cellules un amas foncé semblable à un grain compact. 2 On observe ebrz la sangsue médicinale des momies plus volumineuses, portant des spermatides très déliées, probablement au nombre de 5 1 a. IV PROCES-VERBAUX 9. Le spermatozoaire mur comprend quatre segments: le perforateur. la tête, le cou et le Qagellum. Sa longueur varie de 40 à 80 [x. La tête allongée en forme de bâtonnet, colorée en violet dans les préparations à l'hémalun-éosine, dérive du noyau de la spermatide. Le perfora- teur, qui se teint en rose pale, procède du corpuscule procéphalique contenu dans la base du pédicule. Le cou, d'un rose uniforme, se forme du corpuscule juxtanucléaire distal (archoplasma). Le Qagellum rose- pâle, grêle, de longueur variable, n'offre pas de Blâment axile distinct. En traitant par l'hématoxyline ferrique, on fait apparaître dans le cou 2 à 3 petits grains noirs qui correspondent sans doute aux centrosonics, décrits par K. Foot et E.-C. Strœbell (1902). 10. Le cytophore qui occupe le centre de la morule se forme par afflux du cytoplasme des spermatoryirs dans l'intérieur de celle-ci. (l'est d'ordinaire dans la phase à 64 qu'il commence à se montrer. Bien que le cytophore soit privé de noyau (chez le lombric), ou peut, semble-t-il, l'assimiler à la cellule de Verson des arthropodes, à la cellule basait des mollusques, ou encore au syïicytium sertolien qui, chez les verté- brés, occupe les interstices des éléments spermatiques et sert, lui aussi, à les porter et à les nourrir. 11. Outre les éléments spermatiques, les testicules grands et petits renferment des cellules éosinophiles (nourricières) correspondant aux éléments à corpuscules brunâtres décrits par Bloomfield (1880). Leur rôle est probablement nutritif. 12. La déhiscence du petit testicule se fait, à l'époque de la maturité, par la surface de la partie sexuelle (postérieure) de la glande. Les folli- cules, encore petits, plus ou moins aplatis, tombent dans le carrefour, subissent parfois une dissociation qui ne va pas au delà des chiffres 16 ou 8, puis proliférant de nouveau, se transforment dans le carrefour en mondes spermatiques. i3. Pour les grands testicules, la déhiscence se fait des alvéoles dans la lacune centrale et île là dans le carrefour correspondant. Les phéno- mènes de dissociation, de multiplication et de spermatogénèse, beaucoup plus actifs et importants que dans le petit testicule, se passent en partie au sein de la glande et en partie dans les carrefours. i!\. Les spermatozoaires mûrs se portent dans 1rs pavillons, dont les plis revêtus d'un épilhélium cilié s'avancent à l'intérieur des carrefours. Accumulés en grand nombre, ils s'alignent, grâce à leur mouvement propre, dans un ordre parfaitement régulier, les queues en dedans et les tètes en dehors (du côté de l'épithélium). N) OCTOBRE [904 i.">. La prolifération par progression géométrique, qui a pour effet de faire dériver d'une cellule terminale unique une morule de • >/i, 128 ou même 256 spermatides, est intéressante au poinl de vue de la sperma- logénèse en général. Des colonies analogues se rencontrent en effel chez les insectes el les mollusques. L'arrangemenl des spermies diffère, il est vrai, de relui i|u'(iu observe chez le lombric, puisque, au lieu de rayonner autour d'un centre, toutes les têtes sont dirigées dans le même sens; mais il a ceci de commun avec la morule des aunélides, qu'ici encore le faisceau entier dérive d'une ironie unique et qu'il est en rapport avec atic seule cellule nourricière (cellule basale ou de Ver- sou ). Chez les vertébrés, on constate de même que les éléments spermati- ques en voie de développement sont arrangés par petits groupes plus OU moins distincts (mammifères, oiseaux) ou même par faisceaux volu- mineux complètement isolés (amphibiens). Toutes les tètes étant tournées du même côté (en dehors) et le faisceau entier étant, parait-il, supporté par une seule masse protoplasmique divisée en lobes, on peut admettre que chaque groupe ou faisceau de spermies dérive de la multiplication d une seule cellule. S'il en est ainsi, la formation des faisceaux sperma- tiques s'expliquerait d'une façon toute naturelle, sans qu'il soit néces- saire de recourir à des effets hypothétiques de tropisme ou d'attraction. M. le professeur Henri Blanc montre un Caprellidé femelle, adidte. avec poche ineuhatrice, mesurant 1,8 mm., qu'il a trouvé dans le produit d'une pèche verticale faite dans le Léman, devant Ouchy. Cet exemplaire unique, dont la position systématique sera fixée plus tard, peut être provisoirement rangé dans le genre Podalinies près de l'espèce /'. minutas. I*. M. Discutant la présence de ce Caprellidé dans le lac (c'est la première (ois qu'un de ces crustacés est trouvé en eau douce), l'auteur préfère encore admettre, alors même qu'il n'a pas réussi à retrouver ce crustacé, qu'il vil quelque part dans le lac et que ce n'est pas un animal semé par un oiseau migrateur, qu'il aurait recueilli par hasard dans un Hlet à plancton, alors qu'il tombait comme cadavre au fond de l'eau. L'auteur soutient son opinion en s'appuvant sur des faits connus de faunes ma- rines devenues lacustres sans avoir été trop modifiées et rappelle (pie la faune du Léman comprend déjà plusieurs espèces à faciès marin. La description de cet intéressant Amphipode paraîtra dans les ■comptes-rendus du Vie congrès international de zoologie à Berne. VI PROCES-VERBAUX M. le professeur Paul Dutoit présente quelques remarques criti- ques sur l'acide isosalicylique. Dans la séance de la Société vaudoise des sciences naturelles du 5 mars 1902, M. le prof. Brunner a communiqué les résultats que ses élèves el lui onl obtenus en faisanl réagir l'eau régale bromhydrique ou chlorhydrique sur l'acide salicylique. Avec l'eau régale bromhydrique il se Forme un acide 3.5 dibromosa- licylique jaune citron, dont les sels alcalins sont rouges el qui se diffé- rencie de l'acide 3.5 dibromosalicylique incolore par l'instabilité du dé- rivé acétj le. Avec l'eau régale chlorhydrique il se forme un acide salicylique in- colore, dont les sels alcalins sont jaunes et qui, distille avec la chaux, donne — au lieu de phénol -- un liquide incolore, passant au bleu par exposition à l'air. M. Brunner a proposé d'appeler acide isosalicylique le produit de la réaction de l'eau régale chlorhydrique sur l'acide salicylique. Le dé- rivé dibromé jaune de cet acide serait l'acide 3.5 dibromoisosalicylique et le distillât avec la chaux pourrait être Visophénol? M. Brunner admet pour ces corps 1rs formules suivantes : II 11 COOH 0 II II II II II II . I cide isosalicylique. Il Isophênol. On ne trouve pas, dans cette première publication, de différences dans les propriétés physiques de l'acide salicylique el de l'acide isosali- cylique. Les points de fusion sont identiques. Les seules différences constatées sont d'ordre physiologique1 ou d'ordre chimique. 1 D'après M. Brunner l'acide 0 isosalicylique ■ est d'une saveur moins doi que l'acide salicylique. D'après M. Veillard, « il est moins doux mais tout aussi désagréable et grattant. » I() OCTOBRE tQ04 \ Il Dans deux mémoires datés de juin 1902; l'un intitulé : Sur Vacille isosal 'ici// nj ue ', el l'autre : Sur lu synthèse de l'acide isosalia/lique*, M. Brunner revient sur la question. Les nouvelles recherches, el parti- culièrement le fail que l'acide salicylique oxydé par le réactif de Tollens, donne aussi de l'acide isosalicylique, lui permettent d'affirmer s;ms ré- serves l'existence d'un quatrième isomère des acides oxybenzoïques. » Le doute n'existe plus », lit-on dans une de ces publications, >■ les recher- ches siini assez avancées pour qu'aucun doute ne subsiste », lit-on dans l'autre. Les faits nouveaux qui sont mentionnés dans ces deux publications sont : h) L'aride isosalicylique se transforme en acide salicylique ordinaire soit par réduction, soit par oxydation. Ii) Il esi probable que nous ne connaissons pas encore l'aldéhyde salicylique, et que le corps connu sous ce nom depuis iH?f2 est de l'aldé- hyde isosalicylique ou un mélange. <•) La première formule de l'acide isosalicylique est remplacée par la suivante <;odh 11 H M Le 2O septembre 1902, dans une conférence à la réunion annuelle des chimistes analystes suisses, « M. Brunner refait l'historique de sa décou- verte, prouve l'existence de l'acide isosalicylique et justifie la deuxième formule de constitution qu'il a proposée * ». Dans un mémoire paru dans la Chemiker Zeitung en date du 26 novembre 1902, intitulé: Action de l'hydrogène sur l'acide isosalicyli- que, en solution alcaline, M. Brunner envisage pour la première Ibis la possibilité que l'acide isosalicylique soit de l'acide salicylique souillé 1 Chem. /t. 26, -~>4i. 2 Journ. suisse de chim. et pharm. io, 56o. 5 J. suisse de chim. cl pharm. 4», A'j" (1902). VIII PROCES-VERBAUX d'une impureté mirer, en petite quantité, et par conséquent non décela- ble par la réaction du potassium. Les principaux faits nouveaux contenus dans cette publication sont : a) L'acide salicylique cristallise dans le système monoclinique, l'acide sosalicylique cristallise dans le système triclinique1. A) L'acide isosalicylique traité de nouveau par l'eau régale ne réagit plus comme l'acide salicylique. c) L'acide salicylique forme avec l'hydrate d'hydrazine un sel N*H4 (C7I1C03)2 stable, tandis que dans les mêmes conditions l'acide isosali- cylique forme un sel N2H*(C7H603) moins stable. il) Les réactions, à ioo°, de l'acide salicylique ou de l'acide isosali- cylique avec l'isocyanate de phényle sont différentes. e) Le salicylate de potassium chauffé deux heures en tube scellé à iNnr> — 2000 ne se décompose pas, tandis que l'isosalicylate de K soumis aux même conditions se décompose en L<>2. phénol et résidu rouge vi- rant au bleu avec les acides. f) Réduit en solution alcaline l'acide isosalicylique donne un liquide qui se colore en bleu par exposition à l'air. Un mélange d'acide salicy- lique et d'acide 5 nitrosalicylique donne les mêmes réactions. Cette publication de novembre 1902 est, à ma connaissance, la der- nière de M. Brunner sur le sujet : ses élèves : MM. Schloss, Tetlenborn, Folheim et Veillard ont successivement publie leurs travaux. La der- nière et la plus complète de ces publications est la volumineuse disser- tation de M. Veillant, qui a paru en août too^ et dans laquelle l'au- teur discute la possibilité d'une impureté nitrée donnant à l'acide isosalicylique ses propriétés caractéristiques. Les conclusions de cette dissertation sont (page iô) : «On est en droit d'admettre l'existence d'isomères de l'acide salicylique et de l'acide dibromoisosalicylique, isomères que nous appellerons provisoirement, pour plus de clarté, acides isosalicylique et dibromoisosalicylique, toul en continuant nos recherches de vérification. » Il ressort de celte brève analyse que les acides salicylique el « isosa- licylique », connue leurs dérivés correspondants, présentent an grand nombre de propriétés identiques et se différencient seulement par quel- ques réactions chimiques. Mon intention est de montrer que les faits 1 Ces .déterminations ont été effectuées par M. le D1 Bonard. [Q OCTOBRE K)<»,| IX observés par M. Brunner et ses élèves ne peuvenl pas s'expliquer par une isomérie el que I ; n • i 1 1< ■ isosalicylique ne peul pas être autre chose que de l'acide salicylique souillé de petites quantités d'impuretés. L'étude des relations entre 1rs propriétés physiques et chimiques des corps ;i conduit à ce fail expérimental que chaque individu chimique est caractérisé par un certain nombre de propriétés physiques. Deux corps dont toutes les propriétés physiques seraienl identiques, ne peuvent pas être deux individus chimiques différents. On sait, par exemple, «[ne les isomères donl les formules de constitution, planes ou dans l'espace, in- diquent une distribution différente des atonies ou simplement des dis- lances interatomiques différentes, ont un certain nombre de propriétés physiques différentes. Les plus sensibles, lorsqu'il s'a»it d'acides orga- niques, suni la conductibilité moléculaire, la solubilité, le point de fu- sion, elc. Si l'acide isosalicylique avait l'une ou l'autre des formules de consti- tution proposées par M. Brunner, ou simplement si sa constitution était différente de celle de l'acide salicylique, ses propriétés physiques seraient elles aussi différentes. Or, les deux corps ont même point de fusion, leurs solutions ont - d'après les déterminations de M. le D'' Constant Dutoit — même conductibilité; aucune propriété physique ne les diffé- rencie. Ces deux corps ne peuvent donc pas être des isomères de consti- tution. Cette démonstration aurait plus de force si la comparaison des propriétés physiques des deux acides avait été poussée plus loin — les solubilités étaient particulièrement intéressantes à connaître — et si les mesures publiées par M Veillard étaient plus précises et mieux utilisées 1. 1 Ainsi M. Veillard (Dissertation, p. oo°, Pisosalicylate de potassium se décompose, tandis que le salicylate est stable ; 3" A la température d'ébullition de l'alcool, l'acide salicvliipie se transforme en acide isosalicylique sous l'influence de l'eau régale, tandis que l'acide isosalicylique se transforme en acide salicvliipie sous l'in- fluence des réducteurs; 4° Par cristallisations successives dans l'eau l'acide isosalicylique 56 transforme en acide salicvliipie. (les faits ne sont pas conciliables avec l'hypothèse dune isomérie physique, l'observation no 3 suffit à elle seule à montrer qu'il ne peut s'a»ir de deux isomères stables chacun dans une région déterminée*. Si donc l'acide isosalicylique n'est ni un isomère de constitution, ai une modification de l'acide salicvliipie, il ne me parait pouvoir être que de l'acide salicvliipie souille d'impuretés. Je crois même qu'il ne serait pas difficile de recueillir — OU de doser au eolorimètre — ces impuretés dans les eaux de cristallisations, puisque M. Veillard a constate que les cristallisations transforment l'acide isosalicylique en acide salicylique! Muant aux impuretés, on peut admettre qu'elles consistent en traces d'acides S et ô nitrosalicyliques, niais il me parait difficile que ces corps 1 II semble probable que Ifs déterminations du système cristallin tles deux acides sont inexactes. rg OCTOBRE Hjo^i M puissent donner à l'acide salicylique toutes les propriétés qui smit attribuées à l'acide isosalicylique. M. le Président lii la lettre suivante de M. le professeur Brunner sur le même suiel : ci M. le prof. Brunner, dans uni' communication Faite sous toutes réserves dans l'espoir de m' réserver ainsi, conformément à l'usage, cciii' étude, a indiqué à la Société vaudoise de sciences naturelles qu'il croyait avoir obtenu par l'action de l'eau régale cl de l'eau régale brom- hydrique sur l'acide salicylique ou acide isosalicylique un acide dibro- moisosalicylique. Voici ce qui semblait plus tard confirmer d'une manière sûre cetie observation. L'aldéhyde salicylique ci l'aldéhyde dibromosali- cylique correspondent dans leurs propriétés à l'acide isosalicylique; or en oxydant les deux aldéhydes avec de l'oxyde d'argent ammoniacal, M. Brunner avait obtenu les deux acides avec les mêmes propriétés que ceux obtenus avec l'eau régale. Cette synthèse (car comme telle il fallait envisager cette vérification) semblait mettre hors de doute l'exis- tence d'un acide isosalicylique, car il était impossible de supposer que des réactifs qui sont de véritables antipodes, - l'eau régale et l'oxyde d'argent ammoniacal — produisent les mêmes impuretés dont la consta- tation directe était impossible. Dès le commencement de ces études, M. Brunner indiquait comme impureté possible l'acide nitrosalicylique. En novembre 1902, .M. Brunner publiait dans la Chemiker Zeitnng que l'étude de l'action de l'hydrogène en solution alcaline sur l'acide isosalicylique avait démontré que l'acide nitrosalicylique, mélangé en quantité impondérable à l'acide salicylique, donnait en partie les mêmes réactions que l'acide isosalicylique et (pie le produit bleu qui se forme en distillant ce dernier avec de la chaux pouvait être non l'isopliénol, mais un indophénol. Mais tout ceci n'expliquait pas la synthèse qui, dans l'état où se trouvait la science, ne permettait pas d'admettre la formation de nitrodérivés par l'action de l'oxyde d'argenl ammoniacal sur l'acide salicylique. Il fallait donc entreprendre une nouvelle recherche longue el difficile. M. Brunner l'a l'aile avec M. Veillard, et ils ont cons- taté que l'acide dibromosalicylique forme avec l'oxyde d'arg-ent ammo- niacal, à côté de l'acide dibromoisosalicylique, des traces de 2,6-dibromo- 4-nitrophénol. Ce résultat était imprévu par la science et surprenant. Si les travaux de Scbonbein et d'autres permettaient d'entrevoir la formation de nilriles el de nitrates, rien ne faisait supposer la réaction observée. XII PROCES-VERBAUX Quant à l'action de l'oxyde d'argent ammoniacal sur l'acide salicy- lique même, M. Brunner conclut qu'il se forme également un nitro- phénol, mais il n'a pas encore pu l'isoler. Il en résulte que la formation de l'acide isosalicylique est toujours accompagnée de la formation de nitrodérivés dont il est impossible de constater directement la présence cl que l'acide isosalicylique n'existe pas. L'élude n'en est pas terminée, parce qu'un mélange d'acide salicylique et d'acide nitrosalirvlique, ou un mélange d'acide salicvlique et de paranitrophénol, ne donnent pas toutes les réactions de l'acide isosalicylique. L'existence de l'acide isosalicylique semblait encore trouver on appui par les mesures cristallographiques laites par .M. le Dr Bonard. Cette détermination, ainsi que les études cryoscopiques laites par MM. Brunner et Veillard et celle de la conductibilité électrolytique faites par M. le Dr Constant Dutoit, étaient des mesures comparatives faites toujours avec l'acide salicvlique et l'acide isosalicylique et qui parlaient en faveur d'une isomérie. Toutes autres déterminations chimico-physiques (celle de Drude, par exemple, qui établit la relation entre les combinaisons li\- droxylées et les pbénomènes lumineux des oscillations électriques) ont dû être laissées de côté, ne pouvant donner aucun renseignement sur le fond de la question, savoir: l'acide isosalicylique existe-t-il ou non? Sinon, quelle est la substance qui induit en erreur? Si M. Brunner a été induit en erreur, cela ('tait inévitable. Il lui fallait faire une nouvelle recherche pour reconnaître l'erreur et il a fallu constater la réaction si inattendue, si imprévue, de l'oxyde d'argent ammoniacal, le réactif de Tollens, si souvent employé et étudié sans que personne n'ait observé la formation de nitrodérivés. Il fallait de plus des recherches nouvelles de l'étude de l'eau régale et de l'eau régale bromhydrique sur ces substances organiques, introduite en science par M. Brunner, pour lui permettre de se corriger lui-même. Si M. Brunner était parti de l'aldéhyde salicylique et de l'oxyde d'argent ammoniacal, personne n'aurait peut-être contesté l'existence de l'acide isosalicylique; on aurait découvert l'erreur probablement au bout de quelques années seulement. L'étude simultanée de l'action de l'eau régale a permis à M. Brunner la rectification déjà à présent. Après lecture de la note de M. Brunner, M. le professeur Pclet ajoute qu'il a trouvé, il y a déjà deux ans, que l'acide isosalicylique n'est qu'un mélange d'acide salicylique et de quantités très petites d'acide ni- trosalicylique. 2 NOVEMBRE l$ot\ XIII lui date ""' et dernier volume de la Faune suisse. Il dépose de même entre les mains du comité un volume de M. Magnin, doyen de la Faculté des sciences de Besançon, membre honoraire de notre Société, volume intitulé : Sur la Flore des /nés- t/u Jura. Le Comité enverra nue lettre de félicitations à M. Victor Fatio pour sou beau travail. Communications scientifiques. Il est donné lecture de la note suivante de M. le professeur Paul Du toit : Répondant à la précédente note de M. Dutoit, M. Brunner a déclaré que l'acide isosalicylique n'existe pas et que le corps qu'il a pris pour un \ isomère des acides o\\ henzoïipies est simplement de l'acide sali- cylique probablement souille de traces d'acide 5-nitrosalicylique. Cette constatation s'imposait en effet. Il reste, cependant, nie seinble-t-il. à expliquer quelques-unes des propriétés caractéristiques qui ont été attri- buées par M. Brunner et ses élèves à cet acide salicylique impur, (le sont : I. En chauffant de l'acide salicylique au-dessous du rouge sombre il si' formerait des traces d'acide nilrosalicvlitpir '! II. De l'acide salicylique contenant des traces d'acide nitrosalicylique ne réagirait plus avec l'eau régale comme ferait l'acide salicylique pur? III. Des traces d'acide nilrosalirylimir modifierait la réaction de l'a- cide salicylique avec la chaux à tel point qu'au lieu d'obtenir du phénol, on obtiendrait un liquide tirant au bleu et ne contenant pas - ou peu de phénol '! IV. Le salicylate de K mélangé à un peu de nilrosalicylate de K et chauffé à 200" pendant deux heures, tantôt se décomposerait en COs ci en phénol et tantôt ne se décomposerait pas '.' V. L'acide salicylique formerait avec l'hydrate d'hydrazine deux combinaisons: (X'-ll1) (C7H60»)a ci (NaH4) (C7ll';< >3) ; la seconde, moins Stable, se formerait en présence de traces d'acide nitrosalicyliipie '.' 2 NOVEMBRE \\)"f\ K\ VI. L'acide salicylique pur cristallise dans le système monoclinique; mélangé ;'i des traces d'acide aitrosalicylique il cristalliserait dans le système triclinique '.' VII. Le dérivé acétylé stable de L'acide dibromosalicylique devien- drait instable en présence de traces d'acide dibromonitrosalicylique V VIII. L'acide dibromonitrosalicylique se transformerail en acide di- bromosalicylique soit par oxydation soit par réduction '! A la demande de M. le professeur Pelet, le pli cacheté déposé par lui le 19 novembre 1902 est ouvert et il est constaté que le contenu du pli est identique dans le fond à la note communiquée à la dernière séance ( 16 oct. iuo/j). M. S. Bicler présente un mors pour mulets que M. A. de Lessert a apporté d'Algérie pour le Musée agricole. La partie qui se place dans la bouche, au lieu d'être une traverse avec gourmette et avec des branches, est simplemenl un anneau de fer dont la partie postérieure est très an- guleuse et appuie avec force et dureté sous la mâchoire. Le même présente une hipposandale dont le modèle se trouve, au musée d'Avenches et qui offre la particularité d'avoir des crampons. Cela ferait supposer que cet objet était de fabrication locale et n'avait pas été apporté d'Italie. Il est donne connaissance d'un ruricii.r cas de foudre, observe1 par M. C. Buhrer. lu violent orage s'est déchaîné le 8 octobre [904 sur le lac Léman. A ."> h. 56, la foudre est tombée, sur l'île de Salagnon, près de Clarens, ainsi qu'au Basset en plusieurs endroits. Quelques peupliers s'élèvent à l'angle S.-W. de l'île; le dernier de ces arbres parait avoir attiré le fluide électrique, les feuilles inférieures en sont enlevées et comme froissées entre les mains. Deux bis courant le long d'un mur ont disparu, fondus évidemment. Le mur près du peuplier en question a été endommagé, la couverture de granit fendue. A quelques pas de là, la paroi d'une serre a été percée d'un trou, le. zinc qui recouvrait la muraille a été déchiré et fendu pour livrer passage au fluide électrique. L'une des colonnes du perron est garnie de plantes grimpantes mou- lant le long de deux lils de Ici-; ceux-ci sont fondus, la trace noire en est visible sur toute la bailleur de la colonne. Au pied de celle-ci s'é- XVI l'KOCKS-YERBAUX tend un massif de géraniums, l'espace entre If péristyle et l'escalier me- nant au lac est bétonné. In morceau de béton eu a été arraché, les géraniums projetés dans tous les sens. I ae lampe électrique éclairant le perron a été brûlée. Au-dessus de la lampe, une vitre d'une fenêtre du premier étage a été enfoncée. Le volet étant fermé, le fluide n'y a pas laissé de trace, dans la maison de même; il parait être ressorti par une fenêtre de la cave dont il a brisé la vitre et projeté les débris au dehors. Devant la fenêtre on voit un petit trou en terre, c'est tout. D'autres éclaboussures de ce coup de foudre sont tombées au liassei. dans la maison Butticaz, environ à aoo-3oo mètres de l'île de Salagnon. Au rez-de-chaussée, une personne qui prenait de l'eau au robinet de la cuisine en a vu sortir une flamme et a reçu un choc. D'autres habitants de la maison ont ressenti une commotion. (Le feu sortant de la conduite d'eau est sans doute illusoire et provient proba- blement de l'impression de l'éclair sur la rétine.) A quelque distance de là, dans une autre maison des bords du lac, tous les plombs des conduites de l'éclairage électrique ont été fondus, au rez-de-chaussée et au premier étage, tandis qu'au second tout est resté intact. Le même phénomène s'est renouvelé dans une maison éloignée du lac, au Basset-Coulon (derrière le Château des Crêtes). A un kilomètre du Basset, devant le débarcadère de Clarens, sta- tionnait un tram; quelques personnes assises dans la voiture ont ressenti un léger choc et se sont empressées de la quitter. M. B. Galli-Vallerio communique le résultat de ses recherches sur les foyers de malaria an Tessin. Excepté celui du Piano di Magadino qui présente encore quelques cas de malaria, tous les autres sont éteints. Dans tous ces foyers il a trouvé la présence d'.l. maculipennis et d'.l. bifurcatus. Il expose les raisons de la disparition de la malaria au Tessin, et donne des indications pour supprimer complètement le lover de Magadino. M. Maurice Lugeon présente de gros échantillons de roche liasi- que du Torrenthorn présentant un phénomène intéressant. Ce sont des grès siliceux, presque des quartzites, d'âge pliensbachien, qui sont dé- coupés par de nombreuses reines de quartz de ségrégation. Subissant l'influence de la corrosion atmosphérique, les parallélipi-? pèdes du grès limités par les filonnets de quartz se sont désagrégés el :>. NOVEMBRE [90Z) \\ Il en partie ou totalement évidés. lien résulte un réseau de lames de quartz ;'t mailles plus ou moins serrées, imitant parfois un cloisonné délicat. Il est de ces lames qui n'onl pas un millimètre d'épaisseur. Ces échantil- lons son! déposés au Musée cantonal. SEANCE DU 18 NOVEMBRE .904 Présidence de M. le Dr G. Dutoit, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. Maillefer esl reçu membre de la Société. Communications scientifiques. MM. C. Bûhrer el Henri Dufour présentent le Résumé des ob- servations actinométriques de ''(innée igo3. Ces observations ont été faites, comme les années précédentes, à Clarens et à Lausanne et avec les mêmes instruments. Le tableau suivant indique l'intensité de l'inso- lation par minute en calorie-gramme-degré entre 11 h. et 1 h. La se- conde colonne donne la valeur moyenne déduite de la série des années 1896-1902; la troisième indique la différence entre la moyenne de six ans et l'année igo3. Mois. 1903. 1896-190:2 Différences Janvier 0.68 °-79 0. I 1 Février 0.72 0.85 — o.i3 Mars . 0.73 O.9O — 0.17 Avril . • o-79 O.91 — 0.12 Mai . . ■ °-79 0.86 — 0.07 Juin 0.77 o.85 - 0.08 Juillet . . 0.80 0.86 — 0.06 Août . . o.83 0.88 — o.o5 Septembre 0.78 0.86 — 0.08 Octobre . 0.80 0.86 — 0.06 Novembre 0.72 0.82 — 0.10 Décembre o.63 0.75 — 0.12 Années 0.77 o.85 — 0.08 XL XVIII PROCES-VERBAUX Comme nous l'avons déjà signalé au printemps 1903, cette diminu- tion de l'insolation s'est manifestée dès la fin de l'année 1902; elle paraît avoir atteint son maximum en mars 1903, dès lors la différence entre les valeurs de 1903 et celles de la moyenne s'est affaiblie, et on était en droit de prévoir que cette anomalie serait moins prononcée en 1904 qu'en iqo3 ; c'est ce que montre en effet le tableau suivant qui indique les écarts entre la moyenne et les huit premiers mois de 1904: Janvier — 0.21 Mai . . — 0.00 Février — o.o3 Juin. . — 0.02 .Mars . — 0.07 Juillet . — 0.0 1 Avril . — 0.07 Août . — 0.02 Nous ne tenons pas compte des observations de décembre et janvier toujours très peu nombreuses et dans lesquelles il est bien rare, vu la faible hauteur du soleil, d'observer au-dessus des brumes locales. On voit que les écarts mensuels ne dépassent pas ceux qui se produisent normalement d'une année à l'autre. Pendant l'année 1900 les écarts ont toujours été dans le même sens et leur valeur a dépassé notablement les variations mensuelles individuelles. Il en est de même pour la va- leur moyenne de l'année qui est très au-dessous de la moyenne des sept années précédentes et inférieure également à la moyenne de chacune des années : t896 o.85 1897 0.87 1898 0.86 l899 o.85 1900 o.84 1901 0.86 1902 0.84 .,,,.;; 0.77 Nous avons en mars i<)o,'i émis l'hypothèse que cette diminution de l'intensité du rayonnement solaire était due à une opacité anormale de l'atmosphère, produisant une absorption exceptionnelle de toutes les radiations. Cette opacité devait être due, à notre avis, à la présence et aux effets produits par les poussières très ténues projetées dans les hautes régions de l'atmosphère, par les éruptions volcaniques violentes el répétées qui se sont succédées de mal à août 1902 à la Martinique et dans d'autres des des Petites Antilles. Nous ne reviendrons pas sur celte hypothèse, qui seule, croyons-nous, parait pouvoir expliquer l'opacité anormale constatée par les observations les plus diverses qui a caracté- risé l'état de l'atmosphère en [903. 7 DÉCEMBRE lijo'l XIX Une absorption particulièrement énergique de toutes les radiations à (iinlrs longues du courtes a été constatée par tous les observateurs; en outre on ;i observé les phénomènes de diffraction el les anomalies de l;i polarisation de la lumière du ciel qui avaienl été vus déjà pendant les années [883 ri [884 après l'éruption de Krakatoa; il y a donc de très fortes probabilités pour qu'on suit eu présence de phénomènes sem- blables. Pour en revenir aux observations actinométriques île iqo3, les va- leurs maxima observées ont été 0.89 le 29 avril; 0.84 le i5 juillet; 0.87 le i1'1' août. Des observations simultanées ont été faites une luis le 21 mai à Clarens et aux Rochers de Naye par MM. Bùhrer et C. Dutoit; ou a noté à la même heure, 12 h. 3o, o cal. 92 à Naye et o cal. 77 à Clarens, soit une différence de o cal. i5 qui représente Fahsorption exercée parla couche d'air de 1600 mètres environ qui s'élève de Clarens à Naye. M. le Dr J. Aniann parle de la loi de descendance de Gai/ 'on, surtout en ce qui concerne la taille moyenne des enlants comparée à celle de leurs parents. SEANCE DU 7 DECEMBRE 1904. Présidence de M. le Dr C Dutoit, président. Les membres de la Société se réunissent d'abord à la cathédrale, où M. le Dr C. Datait veut bien répéter à leur intention l'expérience du pendule de Foucault. (Voir ci-après le résumé de cette communication.) La séance se poursuit à l'Ecole de chimie et physique. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le Président annonce les candidatures de MM. Thomas, ancien pasteur, à Lausanne, et Louis Rosset, à Vevey, présenté par MM. Ros- set, père, et G. Krafft. M. le professeur Renevier dépose sur le bureau un opuscule de M. Heim, à Zurich, qui réfute les accusations prononcées contre les géologues de l'entreprise du Simplon par M. Sulzer-Ziegler, de Win- terthour. XX PROCES-VERBAUX Coniniunicatioiis scientifiques. M. Constant Dutoit présente un pendule de Foucault installé dans la cathédrale. Il y a cinquante ans cette année que .M. Louis Dufour fit la même expérience au même endroit, malheureusement il n'en est l'ail mention que dans les journaux politiques de l'époque. Voici les données relatives au pendule de ino/j. Sa longueur est de 3o ni. 20 depuis le point de suspension au centre de la sphère, le diamètre du til de 0.74 mm. C'est un fil d'acier écroui (corde de piano). La sphère en plomb avec un axe en laiton pour y fixer le fil et la pointe inférieure pèse i!\ kg. ioo; elle a été fondue puis martelée, tournée et rodée au laboratoire de phy- sique. La suspension est un joint de Cardan monté sur couteaux. Le banc qui sert de barrière a 4 '"• 20 de diamètre et le cercle divisé tracé sur lui a 4 ni. de diamètre. La ligne o°-i8o<> esl placée dans la direction du méridien. Pour obtenir un enregistrement du plan des oscillations, on a utilisé la disposition suivante. Une soie de porc, d'un centimètre de long environ, est fixée dans l'axe de la pointe qui termine le pendule. D'autre part sur une feuille de papier fixée sur une planchette portée par trois vis calantes, on a tracé avec de l'encre non siccative (encre de Chine et glycérine), un arc de cercle de 2 m. de rayon. Cette planchette est placée sur le cercle divisé et réglée au moyen des vis calantes de telle sorte qu'en passant, la pointe flexible du pendule ne fasse qu'effleurer le papier. Dans ces conditions, à chaque passage du pendule, la soie trace un trait fin sur le papier. Ce système d'inscription donne de très bons résultats et permet d'obtenir très facilement de bons tracés. La déviation du plan d'oscillation du pendule est approximativement de 100,00 minutes en une heure temps moyen, soit environ 1,1 5 mm. par oscillation complète sur le cercle de 4 mètres. L'expérience confirme ces résultats. L'auteur se propose de faire avec ce pendule toute une série d'observations dont il entretiendra la société dans une prochaine séance. MM. H. Faes et F. Porchet parlent il' une brunissure spéciale observée sur les feuilles de la vigne dans le courant de l'été ioo4- M. le Président lit un résumé d'une étude de M. L. Maillard sur ['expérience de Perrot. 7 DÉCEMBRE \\)"'\ X \l MM. Brunhes, professeurs, onl récemment remis au jour une note adressée à l'Académie des sciences, en i85q, par l'ingénieur Perrot; cette noie relaie une expérience qui, après avoir occasionné de longs débats, esi tombée depuis dans un oubli complet. En voici le résumé: I ne cuve cylindrique, solidement établie sur îles supports bien fixes, esi remplie d'eau. Quand toute la masse est en équilibre, on laisse l'eau s'écouler par un petil orifice circulaire, percé au centre du fond. On sait que sous l'influence de la rotation de la terre, un poinl matériel en mouvement rectili»ne sur un plan horizontal est dévié de sa direction initiale vers la droite dans l'hémisphère boréal, vers la gauche dans l'hémisphère austral. Or, si l'on répand sur l'eau des poussières Ilot- tantes, on observe qu'au lieu de converger suivant les rayons de la cuve, elles sont poussées légèrement à droite. Au-dessus de l'orifice se produit un tourbillon de sens direct ( f j de gauche à droite pour un observateur placé dans l'axe.) La communication de Perrot donna à Babinet l'idée de considérer comme un effet de la rotation diurne, la déviation de plusieurs fleuves et rivières vers la droite de leur cours. En 18G0, un autre savant soutenait devant l'Académie de Saint-Pétersbourg la même thèse, qui, vulgarisée sous son nom, devint la « loi de lîaer ». — L'influence de la rotation de la terre sur les courants atmosphériques est bien établie, qu'il s'agisse des alizés et contrealizés, des moussons ou seulement des tornados et cyclones. Sur les eaux en mouvement, la seule manière de vérifier si la règle de Babinel et de Bau" existe, consistait à rechercher si dans l'ensemble des courants on constate une tendance à des déviations con- formes à la théorie. Toutes exceptions réservées, la preuve de fait a été établie depuis longtemps, pour un grand nombre de fleuves et cir- cuits marins des deux hémisphères, par des géologues et des géographes dont l'autorité est indiscutable: Sùess, E. Reclus, Schweinfurth, Baines, Johnston, etc. Tout récemment, M. J. Brunhes, observant les tourbillons de divers cours d'eau de l'Europe centrale, a trouvé que, sur 180 complexes tour- billonnaires, 171 (95 °/0) sont de sens direct. De son côté, M. B. Brunhes, mesurant la force capable de produire des tourbillons dans l'expérience de Perrot, constate qu'elle est de même ordre de grandeur que la force centrifuge composée. A Lausanne, l'expérience de Perrot a été répétée sous ma direction, par M. Aug. Kuenzi, étudiant, cinquante-quatre fois, dans les conditions XXII PROCES-VERBAUX les plus diverses, en utilisant soit une cuve, soit deux coulisses munies de trois orifices chacune. En avril dernier, nous comptons : 12 expériences réussies (07 °/0), G douteuses (28,0 °/0), 3 négatives | l'iJt °/0) sur un total de 21. En mai et juin, moyennant les précautions prises pour assurer la stabilité complète des récipients, pour éviter les courants d'air et les changements partiels de température, nous enregistrons : 3i expériences réussies (g4 °/0) et 2 nulles sur 33. De tout ce qui précède, nous concluons qu'il serait juste de placer l'expérience de Perrot, si simple et si suggestive, au rang des preuves classiques de la rotation terrestre. La théorie du mouvement d'une molécule d'eau dans l'expérience de Perrot a été présentée par Braschmann ; on y suppose que la molécule M. se meut sur un plan horizontal, avec la vitesse initiale Yo, qui n'est pas modifiée par l'effet de la force centrifuge composée. En négligeant les termes en W2 (=53. 10 — 10) W représentant la vitesse angulaire de la rotation, on trouve que M décrit, vers la droite, un arc de spirale. W sin / \y—/| XXIII positions de M sonl situées sur un cône circulaire droit. Dès lors, 1 inté- gration donne des formules oouvelles /'u — /' V + VoJ W 2 W /•„ — r (V-V0) = K sin « cos a auxquelles la formule de Braschmann se rattache comme un cas parti- culier [a — V et V rz V0]. Un résumé de cette étude a été communiqué à l'Académie des sciences, le 10 octobre, par M. Appell, doyen de la Faculté des sciences de Paris. M. F. -A. Forel présente des échantillons de limonite provenant des lacs du Nord, en faisant remarquer que des dépôts semblables n'ont pas encore été trouvés dans les lacs suisses. Les échantillons présentés sont des vases du Loch Ness récoltés par les assistants de Lake Survey, d'Ecosse, par cent mètres de profondeur ; c'est un dépôt de limonite amorphe, presque sans mélange. Ce sont aussi des dépôts de limonite du lac de Fuve, Juttland, récoltés par le Dr C. Wessenberg-Lund, à Lyngby ; soit des granules oolithiques, soit des incrustations sur des coquilles de mollusques. Ces dernières préparations sont offertes au musée de géologie, de Lausanne. M. Maurice Lugeon fait une communication sur la distribution des sources thermales de Loëche-les-Bains (Valais). Autour de Loëche ces sources sont plus abondantes et émergent toutes du terrain gla- ciaire. En amont de la station thermale existe un grand nombre de sources chaudes qui, au contraire des précédentes, sourdent de la roche en place. Ces dernières sources apparaissent au niveau du torrent, la Dala, ou à quelques décimètres au-dessus. Au contraire les sources du glaciaire jaillissent à des distances variables du cours d'eau et à des hauteurs variant entre 10 et 3o mètres environ au-dessus du lit. l'n examen attentif montre que ces dernières sources sont localisées dans un ancien lit de la Dala comblé par les matériaux erratiques. C'est donc ^ràce à un phénomène de surimposition glaciaire que ces eaux chaudes montantes, par conséquent en pression, sont obligées de s'élever ainsi au-dessus des autres sources rocheuses. L'ancien thalweg comblé est séparé de la vallée actuelle par une arête enfouie en partie dans le XXIV PROCES-VERBAUX glaciaire, formée par les schistes aaléniens. Grâce à l'irrégularité dans la direction des deux lits, cette arête, plus ou moins élevée, laisse passer des filons d'eau de la nappe des sources du thalweg comblé. Ces eaux sont plus froides. M Lugeon a étudié la température de toutes ces sources dont la plus chaude est celle de Si-Laurent, 5i°,o6. Les plus éloignées se trouvent en aval du chalet de Majing, dans la Dala, à l'altitude de iOjo m. en- viron. La plus basse, le Staffelin, est en aval de Loëche, à l'altitude de i34o m. Les venues d'eau thermales sur les deux versants de la Dala s'étendent ainsi suivant une ligne arquée de 25oo m. de long. Aucune trace de faille ne se montre le long de cette ligne. Il est donc à pré- sumer que la montée des degrés géothermiques est considérable dans toute la région, ce qui peut avoir une très grande importance dans les percées éventuelles du Lœtschberg ou du Wildstrubel. ASSEMBLEE GENERALE DU 21 DECEMBRE 1904 au Musée Industriel. Présidence de M. le Dr C. Dutoit, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. MM. Louis Rosset, à Vevey, et Thomas, ancien pasteur, à Lausanne, sont reçus membres de la Société. Il est donné connaissance de la can- didature de M. Delacrétaz, notre archiviste-bibliothécaire. On procède aux nominations statutaires. Election du président: Bulletins délivrés 19, rentrés 19. M. C. Dus- serre obtient 10 voix, M. Robert 3, M. Schenk 1. M. Dusserre est élu président de la Société vaudoise des sciences naturelles pour 1905. M. a. Krafft, sortant du comité, il est procédé à son remplacement. 20 bulletins délivrés, 20 rentrés. M. Galli-Valerio est nommé par 12 voix; M. Porchet obtient 5 voix, M. Félix 1, M. Paul Dutoit 1. Le Comité pour 190"» est donc composé comme suit : MM. C. Dusserre, président. C. Dutoit, vice-président. A. Schenk, membre. W. Robert, » B. Galli-Valerio, » 2 1 DÉCEMBRE [()o4 KXA \ ient ensuite à l'ordre du jour lu discussion de lu demande des chimistes relative à l'insertion <>i/r igo5 esl ensuite adopté. Détermination des heures *eon de- mande de maintenir I! heures. M. /•'.-. I . Forci votera pour \ heures mais fait remarquer que les meinhres lausannois s'engagent en votant cette heure-là à venir aux séances de \ heures. A la cotation l'heure de 4 heures remporte à une grande majorité. Les séances restent fixées au premier et troisième mercredi de chaque mois, saut' en janvier où elles auront lieu le deuxième et quatrième mercredi. M. Renevier propose de fixer à 2 1/2 heures les assemblées générales, ce qui est adopté par i4 voix contre 11. M C. /Jn/ni/, président sortant de charge, donne lecture du rapport présidentiel pour iqo4- Les vifs applaudissements de rassemblée prou- vent à M. C. Dutoit que chacun a apprécié à sa juste valeur les qualités (ju'il a déployées pendant son année de présidence. Comniunications scientifiques. Dr Fd. Porchet. La répartition du sucre dans le grain du raisin. Dans le cours de son développement, le grain île raisin passe par deux périodes aussi dissemblables que nettement caractérisées au point de vue physiologique. Dans la première qui s'étend depuis la formation même du grain jus- qu'à sa véraison, celui-ci possède tous les caractères des organes verts et il fonctionne comme tel, élaborant directement les produits caracté- ristiques de l'assimilation chlorophyllienne. Il contient entre autres de l'amidon et une forte proportion d'acides organiques qui ne sont pas ré- partis d'une façon uniforme dans toute la masse du grain, mais sont, au contraire, beaucoup plus abondants à la périphérie qu'au centre. Dans la seconde période, qui va de la véraison à la maturité complète, le grain n'effectue plus d'échanges physiologiques avec le milieu am- biant; il devient le siège d'une série de réactions chimiques sur le détail desquelles nous sommes encore très mal renseignés et qui abou- tissent, d'une part, à un enrichissement progressif du fruit en dextrose XXX PROCES-VERBAUX d'abord, puis lévulose ensuite, et, d'autre part, à un appauvrissement du suc cellulaire en acides libres et sels acides. Le grain est alors complètement dépendant de la plante qui le sup- porte et de laquelle il tire tout ce qui est nécessaire à l'évolution des produits chimiques qu'il renferme. On pourrait donc croire que c'est à partir des pcdicelles de la rafle que dans chaque grain l'enrichissement en sucre va se produire. En fait il n'en est rien; au contraire, c'est pré- cisément l'inverse qui se produit : les cellules de la périphérie du raisin sont plus sucrées que celles qui sont plus centrales. M. Fd. Porchet a cherché à établir la valeur de ces inégalités, soit pour le sucre, soit pour les acides, non seulement dans le raisin mùr, mais également dans le fruit pris à diverses périodes de la maturation. Les déterminations ont porté sur trois régions du grain : la périphérie ■comprenant la peau et les cellules sous-jacentes, la partie centrale com- prenant la pulpe adhérente aux pépins et entre les deux une partit' moyenne. L'importance de ces trois zones varie avec le degré de ma- turation; ainsi la partie centrale devient presque nulle dans le raisin parfaitement mùr; le fait que les pépins se détachent sans entraîner de pulpe avec eux étant précisément le meilleur indice d'une maturité complète. Les moûts obtenus avec chacune des trois zones indiquées ci-dessus ont donné dans le cours de la maturation les résultats analytiques sui- vants, le sucre étant exprimé en pour cent de glucose, l'acidité en gram- mes d'acide tartrique par litre : Raisins de la vigne du Champ-de-1'Air. DATE DE PRÉLÈVEMENT ZONE Pf&IPHfRIQIlE ZONE MOTEtiffl Z<>NE ENTRAU Différences entre les extrêmes Sacre % Acidité • 00 Sucre 0/0 Acidité 0/00 Sacre •/„ Acidité 0/00 10 août i5 82 25. 12 3o.45 i ', . 63 27 ai ml '4-95 ... 5 ./|o i4.«4 9-°7 .3.7, [8.00 I .23 12 .60 23 septembre i8.44 3 .nu 17.7.") 7- ■'! 17.21 8.92 I .23 5.92 3o septembre ".1 "7 2.94 19.06 7.87 [8.68 9.o3 o.5g 6.09 ■2 1 DÉCEMBRE H)<»/| KXX1 On voit «[ne les écarts, très grands Lorsque le raisin est mal mûr, tendent à s'atténuer peu à peu. Dans la série précédente ils n'ouï pas encore disparu entièrement le .">o septembre, c'est-à-dire au moment de la vendange. An point de vue physiologique le raisin n'était donc pas absolument mûr. An reste, même en supposant qu'on puisse attendre que ce1 équilibre théorique soil à peu près réalisé (ce qui, dans la pratique, n'esl qu'ex- ceptionnellemenl le cas), on constaterait bientôt qu'il est instable en quelque sorte, c'est-à-dire que l'homogénéité dans la constitution chimi- que du grain est très facilement détruite, soit dans un sens soit dans l'autre, sous l'influence du milieu ambiant. En effet, si la peau du grain n'effectue pas d'échanges physiologiques avec l'air, elle est néanmoins le siège d'échanges physiques souvent très importants. En premier lieu, lorsque le temps est sec, la peau du grain laisse échapper une notable quantité d'eau. Si elle ne peut être remplacée au fur et à mesure par les apports de la plante, le raisin se flétrit, il y a une concentration du suc cellulaire surtout à la périphérie. L'automne dernier un échantillon de raisin d'Yvorne ainsi passerillé, a donné à l'auteur les résultats suivants : Z. périphérique. Z. moyenne. Sucre o/o . . . 22.71 21.04 Acidité o/00 . . 7.97 7.80 • (La zone centrale n'existait plus, le raisin étant absolument mûr.) Il y avait donc bien concentration soit du sucre, soit des acides, car du raisin normal du même vignoble, donnait pour 20. i5 o/0 de sucre, seulement 6.07 o/00 d'acidité. Cette évaporation peut être assez rapide : ainsi des raisins, détachés du cep et laissés à l'ombre, ont perdu : En 2/1 h. . . 2.5 o/0 » 48 h. . . 3.3 o 0 de leur poids. Inversement, le raisin peut absorber une certaine quantité de liquide, pluie ou rosée ; c'est là un fait d'observation courante et on sait fort bien par exemple, que dans une vigne, à égalité de température, les sondages du moût sont moins forts le matin qu'à midi. .Mais il ne s'agit pas là d'une simple absorption se traduisant par une augmentation de quantité de moût; en fait, il y a une solution sucrée, le suc cellulaire, séparée de l'eau pure, pluie ou rosée, par une membrane XXXII PROCES-VERBAUX perméable ; il y a par conséquent échange osmotiquc, l'eau entre dans le raisin et le suc en sort. Pour se rendre compte de la valeur de cette perte en sucre, M. Porchet a recueilli, par agitation, les gouttelettes de pluie qui avaient séjourné quelques heures sur les grappes d'une vigne. Ce liquide contenait : Sucre = 0.209 °/o Acidité = 0.0070 °/00 Cette perte de sucre parait énorme, elle est cependant compréhensible si on songe qu'il s'agit là d'une très petite quantité d'eau entourant une grosse surface de raisin, ce qui donne nécessairement une solution rela- tivement riche en sucre et très pauvre en acides, puisque ceux-ci sont surtout au centre du grain, comme nous l'avons vu précédemment. Néanmoins ces différents facteurs troublent souvent complètement la répartition théorique du sucre et des acides signalée plus haut et modi- fient d'un jour à l'autre la composition chimique du grain de raisin. M. Porchet cite, par exemple, les chiffres suivants se rapportant a des raisins du Champ-de-l'Air, prélevés dans la dernière période de la matu- ration. Echantillon du Conditions météorologiques. Pluie tombée. Sucre °/0 Acid.»/O0 Sept. 8. Du 3 au 8 beau sauf le 7 pluie 0.0 mm. 1 5.35 10. 5o » i0. )> -8 » i5 pluie sauf 2 jours 44-2 » 14.78 <)-00 » 23. » 16 » 23 bise o. — » 17.75 9-12 » 26. » 23 » 2G variable à pluvieux 10. — » 16.80 8 62 » 3o. » 26 » 29 » 3o pas de pluie 6.7 » 17.01 7-42 De tout ceci il ressort nettement combien le raisin mur est sensible aux conditions météorologiques et combien il importe, lorsqu'on cherche avant tout la qualité, de choisir judicieusement le jour de la récolte. M. Galli-Valerio expose le résultat de ses recherches sur la fré- quence des œufs d'helminthes dans les matières fécales de l'homme et donne des indications sur le mode de dissémination des vers parasites el sur les mesures prophylactiques à adopter. I I JANVIER I < > < ► .""> XXXIII SEANCE DU ii JANVIER ioo5 à f\ li., à l'auditoire de physique. Présidence de M. <;. Dusserre, président. Après lecture du procès-verbal de la séance précédente, M. Delacrétaz est proclamé membre de la Société. Communications scientifiques. M. le Dr J. Keser parle de curieux moulins actionnés par un bras de mer dans File de Céphalonie. De nombreux et intéressants clichés accompagnent la communication. (Voir aux mémoires.) M. le D»' C. Dutoit présente un nouveau baromètre qui est une mo- dification du baromètre balance. Dans cette nouvelle disposition le tube barométrique très long, est placé dans une cuvette profonde, de sorte qu'il flotte à la fa<;on d'un aréomètre. Lorsque la hauteur de la colonne de Hg varie, il se produit des variations correspondantes dans les condi- tions d'équilibre du système et le tube s'enfonce plus ou moins dans le liquide. Suivant les diamètres relatifs du tube et de la colonne mercurielle on peut obtenir une amplification assez grande des mouvements de la colonne de mercure ; ainsi dans le modèle présenté, un abaissement de i mm. de mercure dans le tube correspond à une ascension du tube de 0 mm. La théorie du baromètre-balance s'applique parfaitement à ce nouveau type et se trouve dans tous les traités de physique. Comme dans le dispositif présenté le centre de poussée est bien au dessous du centre de gravité, le tube doit être guidé, pour éviter qu'il ne se ren- verse; mais il est facile d'imaginer un dispositif qui permette d'obtenir un équilibre stable. L'auteur en présentera prochainement un modèle. MM. M. Lugeon et P.-L. Mercanton font connaître le résultat des mesures nivométriques exécutées en igo4 à la Pointe d'Orny (massif du Mont-Blanc). XXXIV PROCES-VERBAUX SEANCE DU 25 JANVIER 1900. à 8 h., au Musée Industriel. Présidence de M. C. Dusserre, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Communications scientifiques. M. Henri Dufour. Sur la température moyenne de Lausanne. — L'année 1903 a achevé une série de trente années d'observations mé- téorologiques continues à Lausanne. Cette série de trente ans comprend treize années d'observations faites, à l'asile des aveugles, par MM. J. Marguet et Hirzel de 1874 à 1886 et dix-sept années d'observations faites au Champ-de-FAir par M. D. Valet. L'altitude de l'asile étant de 007 ni., celle du Champ-de-1'Air 553 m., de ce fait doit résulter une différence entre les moyennes des deux séries. En outre les thermo- mètres étaient placés, à l'asile, devant une fenêtre regardant le nord et située au premier étage du plus ancien des bâtiments de l'asile ; au Champ-de-1'Air les thermomètres sont à 1 m. 5o du sol dans un abri en bois à jalousies très bien ventilé. A côté de ces différences il en existe encore une résultant du changement dans le mode de calcul de la moyenne diurne de 1874 à 1 884 ; la température de la journée était cal- culée par la combinaison des trois observations diurnes sous la forme 7 + * + 9 3 ; depuis [885 la moyenne a été calculée en faisant intervenir 7 -f 1 + 9 + 0 deux fois l'observation de 9 heures suivant la forme: — . Pour rendre comparables les observations des trente années il a fallu tenir compte de ces changements de lieux et de mode de calcul. Il résulte de la différence de niveau de 46 ni. entre les deux stations une différence de température de o":>.~> ; d'autre part en calculant les observations de la série [885 à 1903 par les deux méthodes de calcul, on trouve que la nouvelle méthode donne une température moyenne de 0022 plus basse que l'ancienne. La moyenne générale des observations ramenées ainsi à la même alti- tude, celle il m Ghamp-de-1'Air et au mode moderne de calcul, donne pour la température moyenne à l'altitude du Champ-de-1'Air 8°o,6. Ce chiffre 20 JANVIER [9OO \\\\ coïncide bien avec celui obtenu par le Bureau centra) de météorologie en comparanl la série des observations de Lausanne à celle des trente- sept ans, de [864 à rooo, qu'on possède pour d'autres villes suisses : mi trouve eu effet pour Lausanne 8°p,4. On peut donc admettre comme température moyenne probable pour la station du Champ-de-1'Air 8°o5. On en déduit, en tenant compte de l'altitude seulement, pour la tempé- rature de la partie centrale de la ville, e'est-à-ilire la place St-Francois 9020 ; et pour Oucliv, io"i(i. A l'altitude du Champ-de-1'Air les tempé- ratures des divers mois sont les suivantes : Janvier —0,49 Avi''' • 8>67 Juillet . i8,36 Octobre . 9,00 Février . 1,61 Mai . . 12, Go Août. . 17,47 Novembre 4j5o .Mars. . /|,K| Juin. . 16,20 Sept. . i4,G6 Décembre 0,60 Comme on le voit, la moyenne des mois d'avril et d'octobre qui est de 8086 se rapproche beaucoup de la moyenne annuelle. II est intéressant de comparer la température actuelle des trente der- nières années à celle déduite d'anciennes observations. On possède une série d'observations thermométriques faites quatre fois par jour de 17O3 à 1772 sous la direction du Dr Verdeil et publiées dans les Mémoires de la Société des sciences physiques de Lausanne, tome 1, année 1783. Réduites en degrés centigrades ces observations donnent une tempé- rature de 9037 ; d'après les renseignements obligeamment lournis par Mme Curchod- Verdeil, petite-fille du docteur, ces observations auraient été faites probablement au niveau du quartier de St-Pierre, là où est actuellement la rue Enning, ces observations doivent donc se rappro- cher davantage de la température actuelle de St-François, 902, que de celle du Champ-de-l'Air. Dans cette série de dix années, l'observateur signale des températures de — i5o en 1763, de — 1705 en 17G6 et de — 200 en janvier 1768, c'est-à-dire analogues à celles observées en 1891 et 1900, qui ont atteint — 17°.") et — i8°i. M. Henri Dufour donne les résultats d'une mesure faite sur la radio-activité de Fuir dans les mines de sel de Bex en igo4- On sait d'après les beaux travaux de MM. Elster et Geitel que l'air de grottes et de locaux fermés en général, en contact avec le sol, a une radio-ac- tivité particulièrement intense ; cette radio-activité parait provenir de l'air enfermé dans les fissures capillaires du sol et qui communique à l'air de la surface du sol son activité. Il est donc intéressant de savoir quelle valeur peut atteindre cette radio-activité dans l'air complètement XXXVI PROCES-VERBAUX enfermé dans le sol e( séparé de l'air extérieur par d'épaisses couches de terrain. Grâce à l'obligeance de M. Bossel, directeur des mines et salines de Iïex, nous avons pu faire des mesures dans une galerie abandonnée de- puis de longues années dans les mines du Bouillet. dette galerie est fermée et se termine en cul-de-sac ; c'est dans cette grotte où l'air est entièrement immobile que les mesures ont été faites. L'entrée de cette galerie transversale esta 1770 mètres de l'ouverture de la mine du Bouiillet, d'un côté du point de bifurcation ; de l'autre, la grande galerie du Bouillet se prolonge sur une longueur de 190 m. jusqu'au fond d'un puits de 25o m., de sorte que la plus courte distance par galeries du point où les mesures ont été faites jusqu'à l'air extérieur est de ^70 mètres par les galeries et le puits vertical, et de 18Ô0 m. en distance horizontale. La masse de terrain située au-dessus du point où les observations ont été faites est de 236 ni. Enfin, le seuil de la ga- lerie au fond de laquelle on a fait les mesures est à 2 m. au-dessus de celui de la galerie principale ; ainsi, toutes les conditions étaient réa- lisées pour opérer dans île l'air stagnant, et cela d'autant mieux (pie personne n'avait pénétré dans cette grotte, profonde de 80 mètres envi- ron, depuis cinq ans. Les mesures ont été faites le 9 juillet 1904. Pour mesurer la déperdition on a employé l'appareil à aspiration de M. II. Ebert. La chute du potentiel était extrêmement rapide; les obser- vations successives ont donné les résultats suivants pour la perte en une minute : Elect. positive Elect. négative Volts Volts 1. /j8,o 5i,6 2. 38,/, 36,i 3. 64,0 48,o Moyenne 5o,i Moyenne 4^,2 Cette déperditon n'est p;is due à la présence de la roche salée elle- même, car des échantillons de la roche pulvérisée et de dépôts de l'eau des salines n'ont pas donné dans le cylindre de MM. Elster et Geitel de déperdition sensible. Nous avons aussi mesuré la déperdi- tion dans les locaux de l'usine de Bévieux , au-dessus «les bassins d'évaporation de l'eau salée. On a obtenu une chute de potentiel de o v. t» par minute pour l'électricité positive et de 2 v. o4 pour l'électri- cité négative. I1'1 FÉVRIER [9OO WWII En plein air aux Bévieux la déperdition de l'électricité positive était de 0 voll i3 j >;i i- minute; la charge de l'éleetromètre lorsqu'elle étail négative augmentait faiblement, avec le temps elle s'est accrue de <> v 32 en dix minutes. Ainsi la radio-activité intense de l'air dans la mine est bien due à l'émanation des roches internes de la montagne. M. Galli-Valerio rend compte de ses travaux sur la recherche des taches de sang par la méthode de L'agglutination des globules rouges et arrive à la conclusion que la méthode ne peut pas être considérée comme sûre. SEANCE DU i'ï FEVRIER roo5. à l'Auditoire de physique. Présidence de M. C. Dusserre, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le président donne lecture d'une lettre de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, annonçant l'ouverture du concours de Candolle, avec prix de 000 fr., pour la meilleure monographie d'une famille ou d'un genre de plantes. Il est donné en outre connaissance d'une lettre de M. F. de Coppet, ingénieur, revendiquant comme de son invention le baromètre présenté par M. C. Duloit, à la séance précédente. Communications scientifiques. M. L. Mayor présente les appareils électriques suivants qu'il a construits : 10 lin nouveau moteur reposant sur les effets électro-dyna- miques des courants alternatifs mis en lumière par M. Elihu Thomson. On sait que si l'on place un disque de cuivre mobile, autour de son axe, en face d'un pôle d'électro-aimant alternatif recouvert en partie d'un écran de cuivre, le disque se met à tourner dans le sens du pôle nu au pôle couvert. M. Mayor fait voir que l'on augmente considérablement la puissance du système en recouvrant le disque de cuivre île feuilles de fer. Celles-ci ont pour effet de concentrer le champ magnétique. C'est sur ces propriétés que le moteur présenti'' est construit. Trois disques, cuivre et fer, montés sur un même axe, tournent devant des pôles alter- XXXVIII PROCES-VERBAUX natifs recouverts eu partie d'écrans de cuivre. Ce moteur asynchrone réunit certains avantages; il est très facile à construire et sa forme peut être variée comme à plaisir; il démarre en charge ; il marche avec des courants alternatifs quelconques. Malheureusement, tel qu'il est (•'instruit, il consomme beaucoup d'énergie. 20 M. M. l'ait fonctionner ensuite, à titre de curiosité, un petit modèle de canon électrique, utilisant indifféremment les courants continus ou alternatifs. Cet appareil repose sur le phénomène connu de l'attraction d'un noyau de fer par un solénoïde. Le projectile ferme lui-même le courant des diverses bobines qu'il traverse. Cet engin a l'avantage de chasser son projectile sans aucun choc et pourrait peut-être servir à en- voyer, à de courtes distances, des explosifs puissants qui ne supportent pas le choc de la poudre. Il pourrait aussi être utilisé comme tube lance- torpilles. 3o Enfin, du même auteur, un petit galvanomètre très sensible pour la projection. Cet appareil, destiné surtout à l'enseignement, a ceci de particulier qu'il fonctionne aussi bien avec les courants alternatifs qu'avec le courant continu. Il décèle des courants produits, par exemple, par un aimant (pie l'on introduit dans une bobine, de même que l'exis- tence d'un champ alternatif, à !\o ou 5o centimètres de distance de la source. L'instrument repose également sur le phénomène de l'attraction d'un léger noyau de fer doux par une bobine. Le noyau est fixé à l'ex- trémité d'une légère aiguille suspendue comme le fléau d'une balance. L'extrémité de l'aiguille opposée au noyau se meut sur un cadran de verre. M. Henri Dufour montre aux membres de la Société et fait fonc- tionner une grande bobine d'induction construite par M. Klingelfuess, de Bàlr, et pouvant donner des étincelles de 70 cm. Cet instrument a été acheté, grâce à un don généreux de M. .I.-.I. .Mercier. M. F.-A. Forel remet au conservateur du Musée de géologie trois molaires île cheval trouvées dans la terrasse moyenne du Boiron de Morges. Il l'appelle les trouvailles antérieures de fossiles diluviens faites dans les mêmes terrains, à savoir en [853 et 1 N.~>- une molaire et une défense d'éléphant primigenius, terrasse supérieure du Boiron. Bulletin Sic. vaud. se. nat. III 255, V 24l et 243. En 1872 et 1 88 1 des osse- ments de Cervus tarandus et d'Equus caballus et deux- grands rumi- nants, dans la ballaslière de St-lVex (terrasse de trente mètres), Bull. XII, 190 .•( XVII P. V. L. [5 FÉVRIER M|0."( XXXIX SEANCE DU i5 FEVRIER rgo5. Présidence /) Il n'est pris aucun engagement pour l'insertion de ces comptes- rendus dans les Archives des Sciences physiques et naturelles, à (ienève. Adopté. e) La Société' V. S. N. se réserve le droit, si son intérêt l'exige, de cesser en toul temps la publication des comptes-rendus de réunions de spécialistes; cette décision devra être prise dans une assemblée générale «le la Société. Adopté. r1 mars i»)o.) m. ni J'J La Société des Sciences naturelles pourra, s'il étail nécessaire, demander uni' participation des groupes de spécialistes aux frais néces- sités par la publication de leurs procès-verbaux. Adopté. .M. Borgeaud propose de prendre aujourd'hui même la décision au sujet de la demande îles chimistes. Il est donné suite ;'i cette proposition et la demande îles chimistes est agréée. Impression du Bulletin. Le Comité informe les sociétaires que le contrat qui nous lie avec l'imprimerie Corbaz et Ci'' expire avec le prochain Bulletin. Sur la pro- position qui lui en a été faite par l'éditeur du Bulletin, le Comité s'est décidé à conclure un nouveau bail avec la même imprimerie. La maison Corbaz imprimera sur la troisième page de la couverture du Bulletin les titres des matières contenues dans les procès-verbaux. Communications scientifiques. MM. H. Blanc et W. Morton présentent des échantillons de la faune africaine, entre autres une tète d'hippopotame et des papillons rapportés du Congo par un Vaudois, M. Brun. M. F. -A. Forel a reçu de nombreuses observations provenant de divers collègues et amis, qui lui permettent de faire l'histoire du cercle de Bishop consécutif à l'éruption de la Montagne-Pelée de la Martinique (voyez séance du 4 novembre ip,o3). Le phénomène a été vu dès l'été de 1902, mais rarement et peu appa- rent pendant l'automne et l'hiver de 1902 et le printemps de 1908. C'est seulement à partir du i?r août 1903 que son apparition a été continue jusqu'à la fin de l'année. Pendant l'hiver et le printemps de 1904 les observations s'espacent et deviennent de moins en moins certaines, pour cesser entièrement à mi-juillet 1904. En somme son apparence a été moins brillante, ses couleurs plus pales que eelles du cercle de Bishop du Krakatoa , quoique les dimen- sions aient été les mêmes. La durée de son apparition a été plus courte; elle n'a été que de deux ans, tandis que le cercle de Krakatoa a été de trois ans. Après une période d'extinction totale de 2 */, mois, à partir du com- mencement d'octobre 1904 jusqu'à nos jours, une nouvelle apparition XLIV PROCES-VERBAUX du phénomène ;i été constatée par nous et par de nombreux observa- teurs. Quelle en esl la signification? Est-ce une reprise du cercle delà Montagne-Pelée? Est-ce un phénomène nouveau dû à des poussières vol- caniques d'une nouvelle éruption, peut-être celle des volcans d'Islande d'avril 1904 qui ont projeté de grandes quantités de cendres'.' Nous ne savons le dire, en l'absence de faits suffisamment précis. Comme pour le cercle de Krakatoa, l'observation du cercle de la Mon- tagne-Pelée et celle de ce nouveau cercle de Bishop de l'hiver de 1904- ii)ii.") a été beaucoup plus facile et plus sûre sur les hautes montagnes que dans la plaine; les meilleures séries d'observations sont celles de M. Robert Fink de la station météorologique du St-Gothard. Cela étant, vu l'intérêt du phénomène qui nous révèle l'existence et les allures de nuages de cendres volcaniques dans les très hautes régions de l'atmos- phère, M. Forel demande que les observatoires de montagne introdui- sent l'étude du cercle de Bishop dans le programme de leurs travaux ordinaires; qu'ils notent la présence ou l'absence de cette apparition dans leurs tableaux journaliers des phénomènes de la nature. SEANCE DU i5 MARS 190Ô. Présidence de M. <1. I>c>serre, président. M. le président a le plaisir de saluer la présence de M. de Jaczeivski, directeur du laboratoire de pathologie végétale de St-Pétersbourg. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Il est donné connaissance de La candidature de M. André Engel, à Lausanne, présenté par MM. C. Dutoif el C. Dusserre. Communications scientifiques. M. G. Martinet, directeur de la Station fédérale d'essais de semences à Lausanne, pratique la sélection des céréales d'après une méthode per- sonnelle prenant la plante toute entière comme unité de sélection, en tenant compte de ses qualités propres el de celles des ascendants, des descendants el des collatéraux pour le choix définitif des porte-graines ou des éléments de sélection. I.) M VUS [9OO .") \ I . \ Les essais faits avec une sorte d'avoine très précoce, douée il une grande variabilité on1 été poursuivies à Mont-Calme depuis quatre ans. ( )n a pu constituer les éléments d'une sous-variété plus productive, dont la supériorité sur la variété oïdinaire s'est maintenue pendanl trois gé- 11 Millions successives, aussi bien eu grande culture ordinaire par semis à la volée, qu'au champ d'essai en culture soignée et régulière. < >n a même obtenu des degrés nouveaux d'amélioration dans la sous-variété de choix et aussi de nouveaux gains dans la sorte ordinaire. L'examen méticuleux de la descendance de chacune des plantes de choix a montré que si, dans leur ensemble, elles présentaient une supé- riorité marquée pour le rendement sur la Variété ordinaire d'origine, il s'est présenté un certain nombre de cas d'atavisme, de retour au type primitif de faible rendement et de mauvaise conformation. On a cons- laté aussi chez des plantes proches parentes des cas de divergences assez fortes sous le rapport de la précocité, de l'allure générale de la piante et de certains caractères. La régularité dans la hauteur des tiges et des panicules, l'absence de repousses à la base et surtout un pourcentage en grains élevé par rap- port au poids total de la plante de choix, sont des indices sûrs pour la sélection. Le poids de la semence ne parait pas jouer un rôle très im- portant sur le rendement pour autant du moins que la disposition à va- rier persiste; l'individualité, les conditions d'hérédité, qualités confinées dans le germe, paraissent prédominer sur la plus ou moinsgrande quan- tité de matière de réserve qui l'entoure, c'est-à-dire sur le poids du grain. L'augmentation de rendement total pour la descendance d'une même plante se manifeste surtout par une forte augmentation du poids du grain; le rendement en paille varie dans des proportions plus restreintes. L'augmentation du poids en grain se traduit, soit par un poids plus fort de chacun des grains, soit aussi par l'augmentation du nombre des grains normaux. La reproduction est aussi bien assurée d'une façon que de l'autre. Ces constatations font tomber les conditions de préférence que l'on posait précédemment pour le travail de sélection, conditions basées presque exclusivement sur la grosseur du grain. Les conditions d'hérédité de l'avoine étudiée ne rentrent ni dans la loi de Pearson, ni dans celle de de Vries sur les mutations. La varia- bilité extrême que manifeste cette avoine intéressante cessera-t-elle au bout d'un travail de sélection embrassant l\-o générations successives?" XLV1 PROCES-VERBAUX en sera-t-il aussi de même des ras d'atavisme? C'est ce que des essais nouveaux permettront d'établir. M. le prof. B. Galli-Valerio communique d'avoir trouvé Trypanosoma Cervisi chez Mus rattus à Lausanne. C'est la première fois que ce pa- rasite est signalé en Suisse. Il parle en outre des lésions du fuie de Mus rattus, dues à Trichosoma hepaticam et d'un Bothrîocephalas lattis à deux chaînes. M. B. Galli-Valerio et 31""' Rochaz exposent les résultats de leurs recherches et observations sur /es culicidés en igo4 ■' Les larves et les œufs en hiver, les animaux destructeurs des nymphes et œufs, l'action de l'extrait des glandes salivaires des moustiques, etc. SEANCE DU 5 AVRIL 1900. Présidence de M. C. Dcsserre, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. André Engel est proclamé membre de la Société. M. le Président rappelle à l'assemblée que le prochain fascicule du Bulletin va paraître et prie les sociétaires qui auraient encore un travail -à faire imprimer de l'annoncer dans le plus bref délai possible. Communications scientifiques. M. Alex. Schenk l'ait une communication sur la Nouvelle station lacustre de Montbec, lac de Neuchâtel (âge du bronze). Grâce à la baisse considérable des eaux du lac de Neuchâtel, dans le courant des mois de février et mars iqo5, une nouvelle station lacustre l'ut mise au jour. Elle est située sur le territoire vaudois, entre Cudrefin et Port-Alban, au-dessous du village de Chabray, à l'endroit où la l'a- laise fait une forte avancée dans le lac, désignée sur la carie sous le nom de pointe de Montbec. La station qui mesure à peu près 45oo msde superficie se trouve à 400 mètres de distance environ de l'ancienne rive et est, en général, presque toujours recouverte par 1 m. à 1 m. ' 2 d'eau. La moitié de la station à peine a pu être fouillée. Le sol, peu envasé, est, par places, jonché de [lierres et de débris 5 AVRIL I <)<>."> MA II de poterie; la couche archéologique, qui mesure en moyenne n> à 10 centimètres d'épaisseur, se trouve placée au-dessous d'une couche < 1 « • limon maxima de 3o ;'i '\<> centimètres. Cette station, qui a été cons- truite pendanl le bel-âge du bronze, époque larnaudiennc, de Gabriel de Mortillet, a été, comme la plupart des stations lacustres, détruite par le feu, ainsi qu'en témoignent les pilotis carbonisés à leur extrémité. Tout le mobilier est du pur âge du bronze, sans que nous ayons jamais trouvé aucune pièce indiquant un mélange avec les autres périodes lacustres. Le mobilier se compose d'objets rentrant dans les catégories sui- vantes : i" Epingles en lu-onze, à têtes sphériques, plus ou moins volumi- neuses, percées de 3, !\, et 7 trous, mesurant de 20 à 20 centimètres de long ; 20 Epingles en bronze, à tètes pleines, sphériques ou coniques, de i5 à 20 centimètres de long-; 3° Epingles en bronze, à anneau, à tètes recourbées, dont une avec boucle ; 4° Epingles en bronze, sans tête ; 5o Couteaux en bronze dont les laines, fort belles, varient de 8 à 19 centimètres et dont quelques-unes sont arquées; 0° Une faucille en bronze, à talon, avec un trou de rivet et deux nervures ; la lame a une longueur de 20 centimètres avec 8 centimètres d'écartement ; 70 Une bâche en bronze, à ailerons, mesurant iô centimètres de lon- gueur et pesant 625 grammes ; c'est un des plus beaux exemplaires de l'âge du bronze ; 8° Un bracelet et un fragment de bracelet en bronze ; 90 Hameçons en bronze, boucle, anneaux, fusaïoles, percuteurs, etc., etc. io° Débris de poterie excessivement nombreux, mais en mauvais état ; deux poteries sont intactes ; 110 Nombreux ossements d'animaux. La plupart des objets en bronze présentent des ornements nombreux et variés à leur surface. Les fouilles recommenceront dès que la baisse des eaux le permettra; un plan de la station, de la disposition des pilotis et de l'emplacement des objets sera élaboré. XI.YIII PROCES-VERBAUX M. F .-A. Forel signale parmi les bijoux récoltés par M. Schenk, à Montbec, an bracelet (|iii présente les même motifs el décorations que le bracelet n° 46 du musée de Lausanne, venant des tombes du Boiron près MorgeSj Touilles de 1823. Nous avions déjà reconnu l'identité dans les motifs de décoration d'un autre bracelet de la même localité du Boi- ron, conservé au Musée du collège de Morges, et le bracelet 24947 du musée de Lausanne, qui provient de la grande cité lacustre de .Morues. Nous avons ainsi l'attribution certaine aux palatiteurs du bel àu'e du bronze du cimetière du Boiron. L'étude des styles et des motifs de décoration des pièces antiques amène ainsi à des résultats utiles ; elle mérite de ne pas être négligée. M. Henri Du four décrit le procédé qu'il a employé jnnir déter^ minci- h's drninclhilions qui se sont produites pendant le décintrement du pont de béton armé Chauderon-Montbenon. Il s'agissait de fixer, à 1ji de millimètre, les tassements qui pourraient avoir lieu et l'affaisse- ment des voûtes par rapport aux piles du pont. Pour le faire, on a placé sur la clef de la voûte un bassin métallique de 0.2600 m2 de surface ; un manomètre formé d'un tube de verre de 12 mm. de diamètre et de 3o C. de longueur, incliné de ii"4o' sur l'borizontale, était placé sur la pile la plus voisine; les deux appareils étaient réunis par un tube de fer étiré, de ili m. de longeur. En versant de Peau dans le bassin, le niveau s'établit entre la surface horizontale dans le bassin et un point du tube incliné où l'eau affleure et forme un ménisque à courbure très prononcée, au contact de la paroi supérieure du tube; on peut donc placer facilement et exactement un repère sur le tube et fixer la position du point de courbure maximum. On détermine ensuite le déplacement du ménisque dans le tube lors- qu'on verse 25o gr. d'eau dans le bassin, ce qui produit une dénivella- tion verticale de 1 mm., et aans le tube presque exactement 5 mm. de déplacement si l'inclinaison est bien de ii"'|o'. L'appareil étant ainsi (•talonné', on l'a laissé à lui-même toute la nuit ; le matin, on a réglé la position du repère pour établir le contact avec le ménisque ; puis on a procédé au décintrement. La clé de voûte s'étanl un peu abaissée, le ménisque s'est déplacé' dans le tube au-deSSOUS du repère ; on a versé' alors de l'eau contenue dans une éprouvette graduée dans le bassin, jusqu'à ce i|ue le ménisque soit eu contact avec le repère. La quantité d'eau versée permet de fixer l'abaissement du niveau du bassin, puisque à chaque 25 grammes d'eau ."> witll, I ()(».") LXIX correspond une variation de niveau de 0 mm. i. < >n voit que C'esl une méthode de réduction à zéro qui est très simple et applicable toutes les lois qu'il s'agit d'apprécier les différences de niveau entre des points qui ne sont pas très éloignés ; les distances étaient, dans le cas particulier, de 16 mètres. On a utilisé i:> appareils, c'est-à-dire autant que le pont compte d'arches indépendantes. Les dénivellations résultant du décin- trement ont varié de o mm. 97 à 0 mm. 02 en ->.!\ heures. M. F. A. Forel parle du dénombrement des mouettes du Léman (voir aux Mémoires). M. Henri Dufour. — Sur la décharge des corps électrisés par les radiations. On sait, depuis les travaux de Hertz 1887 et de Hallwachs 1888, que des corps électrisés se déchargent sous l'action de radiations lumineuses surtout violettes et ultraviolettes. Une des substances les pins sensibles à cette action est le zinc amalgamé. La sensibilité de ce corps subissant de très grandes variations suivant le temps pendant lequel il est exposé à l'air, nous avons essayé d'autres substances et constaté que le man- chon du brûleur Auer constitue un bon récepteur sensible et constant. Une source active de radiations déchargeant les corps électrisés est la flamme bleue d'un hrùleur de bec Auer sans manchon ou la flamme très v, homogène du brûleur de Meker. La décharge était mesurée avec un électromètre de Braun sur lequel le corps électrisé était placé directement. L'effet des radiations de la flamme est à peu près le même que le manchon Auer soit électrisé positivement ou négativement. Electricité négative, chute du potentiel en 3 m. 1080 volts. Electricité positive » » 1170 » En faisant agir simultanément sur le corps électrisé une source de radiations actives, tel que le brûleur à flamme bleue, et une source de chaleur obscure, on constate que l'effet du rayonnement calorifique de cette dernière afffaiblit celui de la source active. Le corps chaud em- ployé était une sphère de fer chauffée au rouge sombre, son effet se fait sentir pendant toute la durée de son refroidissement, mais diminue avec l'abaissement de la température comme le montre l'exemple sui- vant : xli 4 PROCKS-YKRBAUX Chute de potentiel en 3 minutes, électricité négative. i. 1020 v. flamme bleue, agit seule à 200 C. 2. 800 v. » et sphère chaude à 7» C. 3. 820 v. » 4. 0,20 v. » sphère se refroidit. f>. g3o v. » 6. 900 v. » 7. 1070 v. » seule. Chute de potentiel en 3 minutes, électricité positive. 1. 11G0 v. flamme bleue, ag'it seule. 2. 800 v. » et sphère chaude. 3. o4° v. » 4. 990 v. » 5. iobo v. » sphère se refroidit. L'effet produit n'est pas dû à la présence de la sphère, qui modifie très peu la capacité du système, et dont l'action diminue à mesure que la température s'abaisse. Des effets semblables ont été obtenus eu em- ployant, comme récepteur, une lame de zinc amalgamé. Ces expériences ont été faites avec l'aide de M. Berbérian, étudiant en sciences. SÉANCE DU 19 AVRIL 1905. Présidence de M. W. Robert, membre du Comité. Après lecture et adoption du procès-verbal de la séance précédente, il est donné connaissance d'une lettre de la Société des Sciences natu- relles du Schleswig, qui fêtera, à Kiel, au mois de juin, son 5o"»e anni- versaire et invite notre Société à se faire représenter à ces fêtes. Communications scientifiques. M. A. de Jaczewski, directeur du laboratoire de pathologie végé- tale de St-Pétersbourn\ présente un exposé sur le développement du black-rot en Russie el sur 1rs champignons qui le provoquent. 3 mai r ()(>.""> i.r SÉANCE 1)1 3 MAI [go5. Présidence de M. C. Dusserre, président. Le procès-verbal de la séance précédente esl lu et adopté. M. le prof. E. Bugnion propose de réunir l'assemblée générale de juin à Baulmes. Le Comité, s'appuyant sur le l'ail que Tau dernier la Société a déjà tenu sa réunion dans le Jura, propose de se rendre à Villeneuve. La proposition du Comité est admise à une forte ma- jorité. Blocs erratiques. — M. le président expose que le bloc des Mur- nielles, prés Monthey, a été vendu par son propriétaire à un carrier qui se propose de l'exploiter. Les autorités de Monthey se sont opposées à la chose et ont nanti le Conseil fédéral. La Société vaudoise des Sciences naturelles a été priée par la Société helvétique de prendre l'affaire en mains et de s'opposr à la des- truction du bloc, en offrant, cas échéant, une indemnité à laquelle par- ticiperaient le Conseil fédéral et ia Société helvétique. M. Th. Bieler propose d'ouvrir une souscription par voie des jour- naux. M. le prof. Lugeon fait ressortir que le bloc des Marmettes est inté- ressant comme pièce de musée, mais que la géologie n'en a plus besoin pour défendre la théorie glaciaire. Il ne faudrait pas employer beaucoup d'argent pour conserver ce bloc, alors que la monnaie va bientôt man- quer pour les travaux bien plus importants qui s'exécutent au glacier du Bhône. M. Fses appuie M. Lugeon. MM. P.-L. Mercanton, Benevier, Bosset père, estiment qu'il faut, en tout cas, faire tout notre possible pour conserver le bloc des Mar- mettes et qu'il y aura lieu de participer à la subvention. La Société décide de s'intéresser à la conservation du bloc et de fixer, cas échéant, une certaine somme pour son achat. M. le président a visité, à Monthey, la Pierre à Dzo et la Pierre des Muguets, qui nous ont été léguées par la famille Charpentier. Il a pris des mesures pour que certains carriers déplacent une forge et un dépôt de pierres qu'ils avaient établis sous ces blocs. Coninnmications scientifiques. M. le D1' Frédéric Jaccard nous fait un rapide exposé de son intéressant travail sur la région de lu Brèche de la fïornjlah. UI PROCES-VERBAUX Il décrit tout d'abord la région occupée par la Brèche et montre ensuite 1rs homologies de cette Brèche avec la Brèche du Chablais. Il a retrouvé dans le massif de la Brèche de la Hornfluh les mêmes faciès que dans celui de la Brèche du Chablais ; il a constaté, en effet, la pré- sence des divers niveaux : Schistes inférieurs, Brèche inférieure, Schistes ardoisiers, Brèche supérieure, que M. Lugeon a distingués dans le massif de la Brèche du Chablais. Et il arrive à ces conclusions : Le massif de la Brèche de la Hornfluh forme, dans son ensemble, une nappe de recouvrement plissée sur elle-même et fortement disloquée qui chevauche sur les terrains des Préalpes médianes et qui est sans racine en profondeur. Les massifs de la Brèche de la Hornfluh et Brè- che du Chablais forment bien une seule et même nappe de recouvrement. La nappe de la Brèche de la Hornfluh présente trois digitations qui plongent au N.-W. La nappe de la Brèche Chablais-Horntluh ne peut donc venir que du S.-E. M. C. Biïhrer. — Le tremblement .'>. Le mouvement sismique, auquel nous venons d'assister', a été le plus important que nous ayons eu de longtemps en Suisse. Il a dépassé en intensité ceux du 22 février et du 6 mai 1898. Une première secousse a été ressentie par peu de personnes le 20 avril, vers 2 heures du matin. La secousse principale, perçue par toute la population, est survenue à 2 h. 48 du matin ; une troisième se- cousse, à 3 h. 10 du malin, n'est signalée que par quelques observa- vateurs. En Valais, on a de plus noté îles chocs plus faibles à 11 h. 25 du matin et à 1 h. 58 du soir. Le lendemain, 3o avril, nouvelles se- cousses signalées à Martigny à 2 h. /m du matin et à 10 h. 40 du soir. Le Ier mai, à 8 h. 22 du soir, choc avec détonation, et à 10 h. 53 du soir, sans bruit, à Martigny. Le 2 mai, quelques légers mouvements sans indication du moment. Le 3 mai, secousse à 11 h. 57 du soir; le 4 mai, à 1 h. 55 du soir, et le 0 mai, une seule observation à .» h. \-> du matin. La directi daus le canton de Vaud, est généralement indiquée Est-Ouest ; dans le Jura, N.-E. à S.-W. ; dans la vallée du Rhône, N.-E. à S.-W. L'intensité est, pour le canton de Vaud, de 3 à 4 de l'échelle Forel- Rossi, devenant 5 au pied du Jura, en Valais, 7-8. 3 mai i »)()."» i.nr La durée, variant avec les localités, peu) être estimée au maximum à 10-12 secondes. Les effets oui été, dans le cantoD de Vaud : craquement des boiseries et des charpentes, lits roulés, meubles légèrement déplacés, montres arrêtées; les chiens aboient, les oiseaux prennent leur vol, des corbeaux se mettent à croasser. Au pied du Jura : battement des cloches à Mor- tes ; renversement d'un dormeur hors de son lit à Lausanne ; projection d'encre hors de l'encrier à Genève; ouverture des portes, même une fermée à clef, à Genève ; chute des clapets d'un coffre-fort à Morges. En Valais : formation d'une crevasse dans un jardin, à Naters ; crevasses dans des murs à Saxon, murs lézardés à Martigny ; plusieurs chemi- nées renversées dans la direction du S.-W,, église de Martigny crevassée, dommages à la tour et à la sacristie, nef fendue longitudinalement, le fond du chœur poussé vers S.-W., décoration en plâtre au fronton de la maison de ville tombée vers S.-W. A Trient, un vieux mur s'est écroulé. Il y a eu dans beaucoup d'endroits un bruit concomittant, antérieur ou successif. Le lac de Neuchâtel, à Grandson, a brassé quelques instants après le choc de 2 h. 48. Quant au lac Léman, n'étant pas tranquille, il est im- possible de dire si ses eaux ont été mises en mouvement par le trem- blement de terre. On considère généralement comme le centre d'un tremblement l'en- droit où le mouvement sismique a été le plus fort, les dégâts les plus grands. Ce serait, dans le cas particulier, au pied du massif du Mont- Blanc, Ghamonix et Argentières. A Martigny, le mouvement a été moins accentué. Mais, circonstance à noter, la percussion n'est pas venue du Sud-Ouest, mais du Nord-Est ; tous les faits observés à Martigny le prouvent. Le centre du mouvement sismique devrait donc être cherché dans le Haut-Valais où, cependant, l'intensité a été moindre que plus has. M. Maurice Lugeon annonce qu'il vient de découvrir, à Feydey- Leysin, la présence certaine dn Titoniqne. Dans une carrière de calcaire du Malm, située sous l'hôtel du Mont-Blanc, à quelques mètres à l'ouest de la patinoire, il a récolté plusieurs exemplaires de Lissoeeras Stas- zycci, Zeuchner sp. Ces ammonites, bien conservées, montrent admira- blement les cloisons. L'espèce n'est pas absolument caractéristique du Titonique supérieur (niveau de Stramberg), car on la rencontre aussi Liv PROCES-VERBAUX dans le Berrazien (zone à Am. Boissieri). Dans la même carrière, les bélemnites sont fréquentes ; elles ne sont pas déterminables ; des spoh- gi dires silicifiés peuvent également être constatés, ainsi que de petits brachiopodes et un très petit binaire. Les ammonites ont toutes été trouvées à environ !\ à 6 m. sous le Crétacique supérieur. La lacune stratigraphique connue entre le Malm et ce Crétacique est donc ici bien démontrée. Le Titonique certain n'a- vait pas encore été démontré péremptoirement dans cette partie des Préalpes médianes. ASSAMBLÉE EXTRAORDINAIRE DU 16 MAI iooo. Présidence de M. C. Dusserre, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. Question des blocs erratiques : M. le président fait savoir que l'acquéreur du bloc des Marmettes consentirait à l'échanger contre la Pierre à Mugue', notre propriété, et 5ooo fr. d'indemnité. Il met cette proposition en discussion. .M. le Dv Machon est absolument opposé à l'échange, qui offenserait, dit-il, la mémoire de Charpentier. M. tinsse/ père se prononce dans le même sens. La proposition est repoussée à l'unanimité et connaissance de ce vote est donné par dépêche au Conseil d'Etat du Valais. M. P.-L. Mercanton désire, quoi qu'il arrive, que le Comité fasse prendre quelques bonnes photographies du bloc des .Marmettes. M. le /)<■ ./. Amanu est tout à fait d'accord avec la résolution qui vient d'être prise, mais voudrait que l'on insistât encore auprès des au- torités de Monthey pour tâcher d'obtenir la conservation du bloc des Marmettes. M. le président profite de l'occasion pour donner quelques détails sur le bloc erratique de Mves, propriété de la Société vaudoise des Sciences naturelles. Le Conservateur des Droits réels île Nyon vient de transmettre copie des pièces établissant cette propriété. Le Comité fera placer incessamment sur la pierre, une inscription qui renseignera sur le donateur et le propriétaire. 7 JUIN !<)<»•» I.v Communications scientifiques. M. S. Bieler apporte une tumeur, pesant 520 grammes, trouvée dans une poule de race Brsekel (belge), âgée de 2 ans, très pondeuse, appartenant à M. Jayel-Campiclie. syndic de Giez. Elle est formée de deux "tos œufs accolés, sans coquille, dont le jaune est très développé. Cette tumeur a bouché le cloaque, mais d'après le dire du propriétaire, la série des œufs en formation n'avait pas subi d'altération. Il y aurait eu probablement une paralysie de L'organe de reproduction, et on peut se demander si les crises épileptiques ont été cause ou effet dans la pro- duction de la tumeur. La maladie s'est manifestée par une <>êne visible dans la respiration et par la crête qui prenait une teinte très violette. La poule mangeait et buvait normalement, se mouvait avec facilité et sortait régulièrement avec les autres poules. Dès le milieu de mars, elle été saisie de vérita- bles crises épileptiques ; on la voyait faire deux ou trois pas, puis elle tombait sur le. flanc. En mangeant, il lui arrivait parfois de tomber en avant. Dès le mois d'avril, tous ces signes disparurent, sauf la crête qui devint toujours plus violette et le bec constamment ouvert. L'animal a été tué samedi i3 mai, à 4 beures. (Renseignements fournis par M. le syndic Jayet, lundi i5.) M. le prof. G. Galli-Valerio présente aux membres de la Société les richesses qu'il a su amasser dans le Musée de parasitologie et d'hy- giène. Lapins, rats, cobayes, moustiques, termites défilent devant les spectateurs, chaque cas étant expliqué avec la compétence que l'on con- naît au distingué professeur de parasitologie. SÉANCE DU 7 JUIN iqo5. Présidence de M. C. Dusserre, président. Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le Président annonce que le bloc des Marmettes a été exproprié par le Conseil d'Etat du canton du Valais, moyennant payement d'une indemnité pour laquelle la Société helvétique des sciences naturelles s'est déclarée responsable. Communications scientifiques . M. le Dr H. Faes donne la description d'un nouveau Myriopode (Craspedosorna monte/norensis n. sp.) trouvé par lui, en juillet 1904, au col du Monte-Moro, à 2G00 m. d'altitude. LVI I'KOCKS-VKHBAIX Il présente un catalogue des Mousses du Jura, établi par M. Ch. Meylan instituteur à La Chaux, près Ste-Croix. M. F.-A. Forel présente la carte générale bathymétrique des océans eu i!\ feuilles, en projection de Mercator, au i : iooooooo sur la ligne de l'équateur, établie par ordre du prince Albert 1" de Mo- naco, d'après les principes et les travaux du professeur D>' J. Thoulet, de Nancy, sous la direction de M. Ch. Sauerwein, enseigne de vaisseau. Il en fait voir l'importance et les mérites. M. Forel saisit cette occasion pour formuler les propositions qu'il a faites en i8yo à la conférence de Lindau, pour l'établissement de la carte hydrographique du Bodan. : « Figurer le relief par des lignes iso- bathes (ou isohypses) équidistantes ; indiquer par un point, sans chiffre, chacun des sondages utilisés ; ne donner en chiffres que la profondeur (ou l'altitude) des accidents sous-lacustres, principaux et secondaires, à savoir des fosses, des sommets et enfin des cols de chaînes et de seuils ». Ces propositions n'ont pas été admises parla conférence des cinq Etats riverains du Bodan, mais elles ont été adoptées presque intégralement par le Bureau topographique fédéral, dirigé alors par le colonel J.-J- Lochmann, pour l'établissement de la carte hydrographique du Léman à i : 5o ooo, mai 1891. M. le Dr S. Bieler père donne quelques renseignements sur le Musée agricole que les membres de la Société pourront visiter après la séance. Ce musée a été organisé spécialement pour réunir des maté- riaux d'enseignement et de démonstrations agricoles : des collections de machines, de produits divers, de fruits moulés, de fleurs agrandies, etc. Les collections qui ont le plus d'importance sont celles de zootechnie. M. Bieler signale comme objets à remarquer dans une visite rapide: io Le squelette du porc Yorkshire John, de Payerne, verrat tué à l'âge de G 1/2 ans et qui pesait 35o kilos. Il avait comme particularités : la présence d'une quinzième paire de côles ; les défenses, soit canines de la mâchoire inférieure, au lieu de pousser en haut et de s'user con- tre les supérieures, ont poussé latéralement et ont percé non seulement la joue mais aussi l'os de la mâchoire inférieure ; le cuir de cet animal pesait 82 kilos et avait une épaisseur de 7 centimètres. Un morceau de ce cuir, après avoir subi le tannage pendant !\ x , ans, a encore une épaisseur de près de 4 cm. 20 Le gracieux mouton de l'île de Chypre, ovis ophion, dont L'appa- rence est plutôt celle d'une gazelle, mais si l'on compare les cornes à celles d'un mouton de Nalps ou au crâne avec cornillons " Faes a expérimenté toute une série de traitements contre l'acariose. Contre l'acariose déclarée, lors de la poussée, et contre la brunissure, il a appliqué le soufre, soit pur, soit mélangé à la moitié de 2 '| .M IN I oo5 il \ chaux, des solutions de lysol à 'j el i ",,, un mélange de savon ooir ci de Imis de quassia, un mélange < I « • savon noir et < I <■ pis de tabac. Des résultats ont été obtenus avec ers diverses solutions. La dernière s'esl montrée de beaucoup la meilleure, à la dose de 2 % de savon noir H de 1 % de jus de tabac. Mais c'est surtout par un traitement hâtif, exécuté après la taille, en février ou mars, que l'on obtiendra les meilleurs résultats, les acariens hivernant sous l'écorce 1 les souches et surtout sous les écailles des bour- i±i s. On pourra effectuer îles badigeonnages, niais surtout des pulvé- risations, procédé |>lus pratique, de toute la souche, en ayant soin de traiter très spécialement les boutons. Le travail doit être fait assez tôt, avant tout débourrement ; à ce moment, les bourgeons supportent par- faitement l'emploi des solutions concentrées. Parmi les solutions expérimentées à la Station viticole du Champ-de- l'Air, il y a lieu de distinguer les suivantes : a) lysol à l\ % ; b) savon noir 3 %, acide phénique 30/40. XA % ', <") savon noir 3 %, acide phéni- que 1 % ; il) savon noir 3 %, acide phénique 1 %, huile de colza 2 %. Les rangs traités avec ces diverses préparations ont frappé par leur belle végétation et une absence presque totale d'acariose, tandis que tout autour les vignes étaient gravement atteintes. M. le Di' Fd. Porchet parle de la cristallisation des bouillies en- priques à la soude. On sait JUILLET !<)<••"» LX1 qu'une autre ! îe une telle coïncidence ne se re ivelle pas, ce qui permettra l'envoi de délégués réciproques à nos fêtes d'été. Entre temps M. le D'J. Amana Fait circuler des cigares spéciaux sans nicotine, « la négation même du cigare » se permettent de dire quelques sceptiques. L'après-midi des breaks transportent les naturalistes vaudois à Mon- tliev, où ils se rendent en pèlerinage auprès des blocs erratiques qui ont tant préoccupé l'opinion publique et la corporation des carriers. Chacun reconnaît qu'il valait la peine de sauver de la destruction le bloc des Marmettes et que les ligues ont parfois du bon. Des remerciements ré- ciproques et des félicitations s'échangent entre le Comité de la Société et les autorités de Monthey. De Monthey quelques participants se dirigent sur Brigue et le Sim- plon, d'autres vont prendre à Aigle le train qui les reconduira à Lau- sanne, quelques fidèles enfin rentrent à Villeneuve pour prendre part à la course du lendemain. Ils ne regrettèrent pas leur décision, car la traversée du Pertuis d'Aveneyre avec descente sur Roche se fit sans pluie et par un temps très agréable. La botanique et l'entomologie eurent les honneurs de la journée, ce qui n'empêcha pas du reste les excursionnistes de faire grand honneur à une savoureuse collation dans les chalets d'Aveneyre; nous nous permettons d'adresser ici en leur nom, nos remerciements les plus vifs à M. François Duflon, pour toute l'amabilité qu'il a montrée à notre égard. SEANCE DU 5 JUILLET i9o5, à 4 Vt "•> * 'a Rosiaz. Présidence de M. C. Dusserre, président. Le procès-verbal de l'assemblée générale de juin est lu et adopté. M. F.-A. Foret rappelle les discussions qui ont eu lieu au Congrès international de botanique à Vienne, concernant notamment les ques- tions de date pour la nomenclature et la prise de priorité. N'y aurait-il pas quelque chose à faire à cet égard pour préciser davantage la date à laquelle les travaux paraissent dans notre Bulletin ? Jusqu'à présent une seule date est donnée, celle du volume : ce n'est pas suffisant. La proposition, appuyée par M. le Dr Gonin, est renvoyée au Comité pour étude et rapport. LXII PROCES-VERBAUX Communications scientifiques. M. le Dr A. Schenk fait une communication sur {'Ethnologie de la S ni s~■> LXIII rounas remonte aux premiers temps de la découverte de l'Amérique, car Santa Maria lui la première ville construite sur le continent par les Espagnols sur l'emplacemenl de la ville indienne de Donana, qui lui dé- truite «'t dont 1rs habitants furenl réduits à l'esclavage. Les habitations étaient de forme circulaire et de dimensions très va- riables; les unes ,mi de deux à trois mètres de diamètre, les autres jusqu'à trente mètres ei plus. L'enceinte est marquée par des pierres brutes disposées en cercle; elles se touchent toutes, saut' à l'endroit qui devait servir d'entrée et faisait parfois escalier. Ces maisons sont tantôt isolées; tantôt, au contraire, elles forment de grands villages. Les Taïrounas enterraient leurs morts dans des urnes, et le plus sou- vent dans leurs maisons, à droite de l'entrée. Ces urnes ont générale- ment 80 cm. de haut sur 80 cm. de diamètre au maximum; l'ouverture n'a guère plus de [\o cm. de diamètre et se trouve fermée, soit par une pierre taillée en rond, soit par une urne plus petite, collée bouche à bouche. Lorsqu'on creuse pour dégager les urnes, on rencontre une quantité de petites poteries ou de débris de poterie à poignées, représentant des animaux, vampires, dindons, etc. ; ce sont probablement des urnes vo- tives. Dans le voisinage des urnes funéraires il y a aussi toujours pré- sence de charbon et quelquefois dans la région supérieure et touchant l'urne, un ou deux petit pots de 20 à 3o cm. de haut, contenant quel- ques objets qui, dans d'autres cas, se trouvent placés dans l'urne même. Les objets rapportés par M. Barbey peuvent se classer en trois caté- gories : 10 Armes et outils en pierre; 2° Objets de parure ; 3o Céramique. Les armes et outils sont représentés par des haches et objets divers en pierre, serpentine, etc., toujours admirablement polis et de grandeur très variable; les objets de parures sont des perles, cylindres, pendelo- ques de collier en quartz, en agathe, etc., d'un travail parfait; certains objets représentent l'homme dans une position accroupie, des chrysa- lides, etc. ; enfin la céramique représente des animaux divers. Ces objets sont percés de trous pour être suspendus et probable- ment portés comme amulettes. Sauf des lamelles d'or, il n'y a jamais trace de métal. M. Schenk adresse, en terminant, ses vifs remerciements à M. Barbey LXIV PROCES-VERBAUX pour tous les renseignements qu'il lui a si aimablement donnés. Une description détaillée des objets paraîtra dans les mémoires du Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles. M. le Dr Gonin avait eu l'intention de taire un exposé des causes anatomiques de la cécité, exposé qu'il voulait illustrer à l'aide de sa collection de pièces pathologiques enfermées dans la gélatine. Le temps étant trop avancé, il se borne aujourd'hui à présenter une partie de sa collection en exposant la technique de son procédé d'inclusion ; ce pro- cédé, qui est une modification de celui de Prisley-Smith, l'oculiste de Birmingham, et que l'emploi de la formaline comme fixateur a permis, depuis quelques années, de perfectionner beaucoup, donne pour l'inclu- sion des préparations oculaires des résultats_vraiment très satisfaisants, car il permet de conserver non seulement la transparence de la cornée, du cristallin et du corps vitré, mais encore la coloration des vaisseaux, des extrarvasats hémorrhagiques et des exsudats inflammatoires. Ces derniers étant coagulés par la formaline quand ils sont riches en albumine, se distinguent ainsi très facilement des liquides normaux de l'œil et ce détail permet en particulier de différencier un décollement rétinien, qui existait dans l'œil vivant, de ceux qui peuvent s'être produits post mor- tem ou même au moment de l'ouverture de l'œil. Le procédé qui con- vient si bien à la conservation des hémiglobes (globes oculaires partagés par la moitié), pourrait être employé avec avantage dans d'autres disci- plines des sciences naturelles (conservation des arachnides, crustacés, polypes, champignons, etc). En voici le détail tel qu'il a été publié par le Dr Gonin dans le Compte rendu du Xe congrès international d'oph- talmologie, tenu à Lucerne en 1904. Aussitôt après l'énucléation, le globe oculaire est soigneusement nettoyé puis immergé dans une solution de formol à !\ %. io Séjour il uns h- fur mol : au moins une semaine. 2° Lavage à l'eau, puis section selon le plan horizontal ou vertical. 3o Immersion dans de l'eau glycérinée à 10 % quelques jours, ^o » » » à 25 % un jour. 50 » » » à 5o % un jour. 60 Inclusion dans la gelée. La pièce est transportée dans un bocal sté- rilisé rempli aux 2/s de gelée que l'on maintient liquide grâce à la chaleur d'une étuve ou d'un fourneau à pétrole; la pièce y séjourne quelques minutes avec sa surface de section tournée en haut, puis on la retourne de telle façon que sa surface de section s'applique sur le fond du bocal; f> JUILLET rQOÔ LXV on veille à ne pas enfermer de bulles d'air en retournanl la pièce. On laisse alors la gelée se refroidir jusqu'à solidification. 70 Fixation de I<> gelée pour lu rendre inliquéjiable. On laisse reposer pendant quelques heures à la surface de la gelée solidifiée une couche de quelques millimètres de solution de formol à \ 0 0j puis on verse cette couche de liquide et on referme le bocal. 80 Fermeture du bocal. Après quelques jours, on égoutte soigneuse- ment la surface de la gélatine, si elle supporte encore quelques gouttes de liquide, [uns on retourne le bocal et on lute le couvercle avec du baume de Canada. COMPOSITION DE LA GELEE (Préparée par la pharmacie du professeur Buttin, à Lausanne.) Gélatine blanche pour cultures . 100 gr. Glycérine ioo gr. Eau 900 gr. Thymol 1 gr. Stériliser et filtrer à chaud. Fournisseurs des bocaux : Boreux et fils, à Bâle. N.-B. Il importe que la surface inférieure du bocal soit très soigneu- sement polie et qu'elle ne présente aucun défaut (bulles d'air, grains de sable) puisque c'est au travers du fond du bocal que se voit la prépa- ration. MM. E. Chuard et F. Porchet exposent un procédé de traitement des vins qui leur a permis de faire disparaître divers faux-goùts con- tractés par ceux-ci, en particulier le goût de pétrole, consécutif a un accident durant le pressurage de la vendange, et le goût de moisi, pro- venant du logement d'un vin dans un fût mal conservé. Le traitement en question consiste dans l'introduction d'un courant de gaz acide car- bonique, obtenu au moyen d'un récipient analogue à ceux utilisés pour le débit de la bière sous pression. Le barbottage du gaz dans le vin altéré, prolongé, suivant les cas, de 24 heures à 5-0 jours, provoque un entraî- nement des produits odorants, sans modification sensible de la composi- tion du vin. A l'analyse, on trouve une perte minime en alcool (de 0,12 à o,52 0/0 en volume au maximum) et un chiffre légèrement plus élevé pour l'acidité totale. En revanche, le vin traité, outre qu'il est débarrassé du faux-goût qui a motivé le traitement, présente à la dégustation une XLI 5 LXVI PROCES-VERUAUX vivacité agréable, due à l'acide carbonique dissout, et pour quelques vins blancs, une amélioration de la couleur, une note de rajeunisse- ment que les dégustateurs consultés s'accordent à considérer comme très avantageuse. Les auteurs sont occupés à étudier de plus près les conditions les plus favorables à la réussite du traitement qu'ils indiquent, et à déter- miner avec précision les cas où il peut être appliqué avec succès. En attendant, étant donné que le traitement est des plus simples à réaliser et qu'il ne peut donner lieu à aucune conséquence fâcheuse, au con- traire, ils jugent utile de le communiquer au public, de façon à permet- tre la multiplication des essais dans des conditions variées. Un essai en grand (vase de 2-3ooo litres) a déjà été effectué sous leur contrôle et a donné des résultats très concluants ; des échantillons de vins, prélevés avant et après le traitement, sont présentés aux assistants, qui ont eu la faculté de se convaincre ainsi directement de l'efficacité du procédé. TABLE DES COMMUNICATIONS inscrites aux procès-verbaux r8 octobre igoô Rayonnement solaire pendant l'éclipsé du 30 août 19J5. H. Dufour. n. — Spectre du Brocken. Bornand. in. /er novembre i~) Floraison de trois espèces de bambous. F. -A, Forel. m. — Rage à virus fixe et à virus des rues chez Mus ratus, Mus decumanus, etc. B. Galli-Valeiïo. iv i.~> novembre igo5 Variation de comductibilité des solutions d'iodures et bromures alcalins sous l'influence de la lumière. M. Nicollier et C. Dutoit. v. — Ren- dement et composition du foin des prairies fauché à différentes époques Ch Dusserre. V. G décembre igo5 Sphères attractives dans le sac embryonnaire. J. Perriraz (voir aux mémoires). — Courants électriques vagabonds. J. Caudeiay (voir aux mémoires). — Bacilles acido-résistants et tuberculose. A. Borgeaud (voir aux mémoires). Librairie F. ROUGE & O, LAUSANNE I . rue Haldimaml, 4 Bulletin Technique de la Suisse romande ORGANE EN LANGUE FRANÇAISE DE LA Société suisse des Ingénieurs et Architectes ainsi que de L'Association des anciens élèves de l'Ecole d'ingénieurs de l'Université de Lausanne. Comité supérieur de rédaction : Président : Secrétaire : M. Th. TURRETINI. ingén. à Genève | M. Ed ELSKES, ingén. à Berne 3Sme ANNÉE Parait deux fois par mois. Prix de l'abonnement : Suisse, 1 an 10 fr. ; Etranger, 1 an 12 fr. Prix du numéro : 75 centimes. Rédacteur en chef: M. P. Hoffet, professeur à l'Ecole d'ingénieurs de l'Université de Lausanne. — Secrétaire de la rédaction ." M. Francis Gilliard, ingénieur. Les installations de la Compagnie Vaudoise des Forces motrices du Lac de Joux et de l'Orbe, par C. H. Perrin, ingénieur ; in-4°, nombreuses illustrations, planches et cartes dans le texte et hors texte. 3 fr. Usine électrique à vapeur de Neuchâtel, par M. R. Chavannes, ingénieur ; in-4o avec illustrations, planches et dessins. 1 fr. 50 Installations électriques de la commune de Lausanne, par A. de Montmollin ; in-4" avec illustrations, planches et dessins. 2 fr. Production et utilisation de l'énergie électrique dans le canton de Fribourg, en 1905, publié par l'administration des Eaux et Forêts, avec la collaboration des Centrales fribourgeoises, in-4°. Illustrations, cartes et 12 planches. 5 fr. Irrigation pérenne des bassins de la Moyenne Egypte, par Edmond Bécharra, ingénieur, attaché au Cercle des Projets d'irrigations : in-4\ illustrations, cartes et planches. 5 fr. Table des planches : Carte générale de l'Egypte, carte du Hoo- Garnusi. —Type de prise d'eau à une ouverture, à deux ouvertures, — Palan métallique roulant pour régulateurs. — Types d'ouvrages d'art, de déversoir, de chute à puits circulaires. — Régulateurs. — Syphons. — Pont route à tablier métallique. — Canaux. GRANDE CARTE DE LA MOYENNE-EGYPTE au 200.000me indiquant les travaux de transformations des chaînes de bassins d'inondation, en irrigation pérenne. Le tunnel et le chemin de fer de la Jungfrau.par G. de Fooz. Etude scientifique et technique. In-S, planches et dessins. 3 t'r.50 OOKBJ»''. & CIB.. LA08ANN1. New York Botanical Gacden Librar 3 5185 00259 8892