i^. V V » -i i • -j -. .; ^ *. â ^*fs «I* iVÎ* >-* « sH *1 A •* |eœ,, -, g>3ss®s<«- P, I M E K I E DE J. - P.. ALZ I N E , Rue des Trois-Rois, I . 1854. ... i ©- -*•=? ' | ^. * SOCIETE DES PYRENEES-ORIENTALES. IX. La Société n'entend approuver ni improuver les opinions émises dans les travaux qu'elle publie; elles appartiennent à leurs auteurs, qui en sont seuls garants. Les lettres, mémoires, etc., etc., doivent être adressés (franc de port) à M. Louis Fabre , Secrétaire de la Société, rue Traversière-de-1'Ange , 4; et les objets d'histoire naturelle à M. Gompanyo, Conservateur du Cabinet, rue des Marchands, 42, à Perpignan. SOCIÉTÉ AGRICOLE, SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE DES PYRÉNÉES-ORIENTALES. iii2y>y]jj£m3 irtùWMWJa* Faisons tous nos efforts pour qu'un puisse titre un jour : 11 y eut à Perpignan une société d'hom mes à intentions généreuses, dont la travaux furent utiles à leur pays. (Jaudebt de RtiBT, premier Bulletin p. j ). PERPIGNAN. IMPRIMERIE DE J.-B. ALZIJNE, Rue des Trois-Rois, I . 1854. , PO »*■': SOCIETE AGRICOLE, SCIENTIFIQUE ET LITTÉRAIRE DES PYRÉNÉES-ORIENTALES. COMPOSITION DU BUREAU POUR LES ANNEES 1851, Président: M. le baron GU1RAUD DE SAINT-MARSAL, colonel du Génie en retraite, commandeur de la Lég. -d'Honneur. Vice-Président: M. Auguste LLOUBES, banquier, maire de la ville de Perpignan, chevalier de la Légion-d'Honneur. Secrétaire: M. Joseph SîRVEN, économe des Hospices civils de Perpignan. Secrétaire-adjoint : M. Charles LAZERME, propriétaire. Trésorier: M. VIMORT-MAUX, manufacturier. Archiviste: M. Titus FALIP, géomètre de lre classe. 1859, Même composition. COMITÉ DE RÉDACTION, MM. PUIGGARI, homme de lettres ; RENARD DE SAINT-MALO, homme de lettres, Auxquels, d'après le Règlement, les Membres du Rureau peuvent s'adjoindre. 1 COMPÏE-REXDli DES TRAVAIX DE LA SOCIÉTÉ, Anuées 1854 et 1852, par M. J" Knui;\, secrétaire. La Société dos Pyrénées-Orientales, fondée, le 21 décembre 1833, sous le titre de Philomathique , fai- ble, craintive d'abord, plus confiante bientôt dans ses forces, a marché de jour en jour dans une voie d'amélioration et de progrès, puissamment secondée qu'elle a été, d'ailleurs, par l'autorité supérieure et par le Gouvernement lui-même. Le but primitif qu'elle s'était proposé était de ral- lier, dans un centre commun d'action et de confra- ternité, les hommes intelligents de notre pays, qui avaient vécu jusqu'alors isolés, comme étrangers les uns aux autres, et de les engager à recueillir les lam- beaux épais de nos annales enfouis dans les biblio- thèques, pour en former un tout homogène, pouvant servir de base à une histoire du Roussillon. A-t-elle accompli dignement sa laborieuse mission? Les nom- breuses recherches archéologiques de MM. de Saint- Malo, Puiggari, Jaubert de Réart, de Bonnefoy, etc., sont là pour répondre; et puis, le nombre de ses membres acquérant chaque jour une plus grande extension, disait assez que son appel patriotique avait été entendu. La science , la littérature, les arts in- dustriels ont eu aussi d'ingénieux interprèles, qui sont venus aider la Société de leurs lumières ei de leur expérience. Nos bulletins ont signalé leurs noms à la reconnaissance publique. L'agriculture, cette mamelle des États, avait fait quelques efforts pour se produire; plusieurs travaux, d'une utilité reconnue, dus à des hommes compétents, témoignaient assez de son bon vouloir; maisellene constituait pas alors la par- tie essentielle de nos publications ; et c'était à tort, car elle aurait dû être placée, au contraire, au premier rang, afin qu'elle put briller de tout l'éclat dont elle est susceptible dans un pays essentiellement agricole. La Société a voulu remplir cette lacune en décidant, dans la séance du G février 1 839, que sa dénomination de Phîlomathique serait remplacée désormais par celle de Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées- Orientales. Dès ce jour, elle a cherché à justifier sa nouvelle dénomination : M. le Ministre de l'agricul- ture et du commerce et le Conseil-Général, lui ont tenu compte de ses généreux efforts. Nous allons essayer d'analyser les principaux tra- vaux qu'elle a accomplis en 1851 et 1852. Puissions- nous prouver par celte esquisse qu'elle n'est pas restée au-dessous de sa mission ! — M. Rendu, inspecteur général de l'agriculture, a assisté à la séance du 3 juillet 1 851 . M. le Président, s'adressant à cet agronome distingué, s'est exprimé en ces termes : «Nous sommes heureux de l'occasion qui «s'est présentée de vous revoir au sein d'une Société « dont tous les membres ont la conviction que la po- rt pulation roussillonnaise doit, à votre influence, la « part satisfaisante qui lui est faite dans la répartition « des primes eldes encouragements pour le progrès de «l'agriculture. C'est vous qui, d'une insignifiante allô- «cation, avez fait progressivement élever à 4.500 fr. «les libéralités du Gouvernement. Ces vues bien- « veillantes, secondées par le Conseil-Général, fayo- te risées par le Ministère, ont eu pour résultat de met- « tre à notre disposition, en 1850, près de 10.600 fr. « En avons-nous fait un digne emploi? Méritons-nous « la continuation de l'intérêt que vous nous portez?» M. le Président termine en faisant connaître à M. l'ins- pecteur général qu'au concours régional qui a eu lieu à Toulouse, MM. Durand, de Saint-INazaire, ont ob- tenu la troisième prime des bêtes ovines, et que le blé qu'ils ont présenté a été jugé digne de figurer au premier rang. M. Rendu, répondant à M. le Président, se félicite d'être venu en aide à la Société, dont les travaux , dit-il, ont contribué, pour une bonne part, à détruire en partie les préjugés de la routine et à exciter parmi les agriculteurs du déparlement une émulation qui ne peut produire que d'excellents résultats. Puis, passant en revue les diverses branches de l'agriculture en progrès dans le Koussillon, il fait ressortir avec à propos les améliorations dont elles seraient encore susceptibles. Il ajoute qu'il conservera pour la Société, la même sollicitude et la même protection auprès du Gouvernement. Il parle longuement delà visite qu'il a faite à la Ferme-Ecole, dont il peut, à bon droit, revendiquer la création. 11 termine en donnant des éloges mérités au Directeur, aux employés et aux élèves, et signale les progrès qu'il a remarqués dans cet établissement agricole. Son improvisation précise, abondante, fixe l'attention d'un nombreux auditoire, et y excite une approbation ananime. f — M le Minisire de l'agriculture et du commerce a accordé au département, on 1851, la somme de 4.000 francs, pour être répartie de la manière sui- vante, avec l'allocation du Conseil-Général' savoir: A la meilleure exploitation rurale 500 fr. Engrais 200 Petite éducation de vers à soie 150 Agents ruraux 150 Drainage 400 Greffe du chêne-liége 500 Reboisement des terrains en pente 500 Idem (allocation du Conseil-Général).. . 1.400 Espèces bovines (allocation du Ministère). 1.600 Idem ( allocation du Conseil-Général) . . 2.205 Tôt aj 7.605 fr. Avis de ces primes a été donné à toutes les com- munes du département, et les opérations, pour la race bovine, ont eu lieu au mois de mai do 1851. D'après le vole du Conseil Général, la Commission a été composée de trois membres étrangers aux loca- lités et ayant des connaissances spéciales : M. Charles Lazerme a été nommé pour représenter la Société; M. Rouzaud, vétérinaire, et M. Guiraud de Saint JVJarsal, onl été choisis par M. le Fiéfet. Un arrêté rendu par ce haut fonctionnaire, a fait con- naître la date des concours dans chaque chef-lieu de visite. (Nous publions dans ce Bulletin la liste des personnes qui ont reçu des primes.) — M Germain Cuillé, notre collègue, directeur de la Ferme-Ecole, a été nommé membre du Jury chargé de décerner les primes et les médailles au concours régional de Toulouse, qui a eu lieu les Ie* ci 2 avril 1851. — Le 25 janvier 1852, la Société, conformément à l'arrêté de M. le Préfet, en date du 16 audit mois, et à la délibération du Conseil-Général du 27 août 1851, a procédé à la nomination des membres de- vant composer le Comice agricole des sept cantons du premier arrondissement du déparlement. En 1852, elle a consacré trois séances à la ma- ladie de la vigne-, plusieurs rapports lui ont été en- voyés. Tout le monde a été d'accord pour reconnaître que celle maladie, qui s'enveloppe jusqu'ici du voile du mystère, n'est pas assez grave, dans notre dépar- tement, pour qu'il convienne de jeter l'alarme; et que la récolte se présentant sous un bel aspect, il importe d'agir avec prudence. Diverses commissions ont été nommées à l'effet de parcourir le vignoble du premier arrondissement. — La Société a adressé à M. le Ministre de l'agri- culture et du commerce une pétition relative à l'em- branchement du chemin de fer de ISarbonne en Es- pagne par Perpignan. M. le Préfet a bien voulu la transmettre à M. le Ministre avec recommandation spéciale. — M. Bonis, dans la séance du 15 janvier 1851, entre dans quelques considérations sur le plâtrage des vins. 11 fait observer que, pour les grandes four- nitures, on exige que les vins du Roussillon con- tiennent 14 p. % d'alcool, tandis que pour ceux du Languedoc on n'en exige que 12 p. °,0, et que ces derniers ont toujours la préférence sur les nôtres. Il énumère les causes de cet abandon qu'il déplore, et il prie la Société de vouloir bien chercher un remède à cet état de choses si compromettant pour nos propriétaires vingicoles. il dépose ensuite sur le bureau, le plan, accompagné d'une notice explicative, de l'établissement thermal qu'il se propose de fonder aux Graus cTOletle, dans le troisième arrondissement. Le terrain sur lequel ces thermes seront bâtis est très abondant en sources sul- fureuses chaudes ; il en désigne 31, donnant, dans l'espace de vingt-quatre heures, 1.772 mètres cubes d'eau; leur température varie de 30 à 78 degrés centigrades. M. Bouis signale à l'attention de la Société les ou- vrages les plus importants qui contiennent la nomen- clature des thermes dont la France est dotée, et fait remarquer que les sources si nombreuses, si variées des Pyrénées-Orientales n'y figurent seulement pas. Est-ce un oubli?... A ce propos, M. le Président fait observer que le huitième bulletin contient une carte géographique de toutes les eaux thermales du département. — Dans la séance du 3 juillet 1851, M. Lloubcs, vice -président , propose la rédaction et l'envoi au Ministre de l'agriculture, d'observations tendant au maintien des dispositions de la loi sur les sucres, en ce qui concerne les eaux-de-vie. — JM. le Président, dans la séance du 19 mars 1 851 , ht un mémoire de la Société cl agriculture , sciences et arts du Puy, qui s'élève contre le dispositif projeté de la création de comices s'occupant de tous les objets concernant l'agriculture, à l'exclusion des sociétés ne s'en occupant pas uniquement. Une telle exclusion excite les réclamations des compagnies qui, comme celle des Pyrénées-Orientales, réunissent aux tra- vaux agricoles d'autres travaux non moins utiles. — !M. le Président en fait ressortir l'injustice, et prouve que la physique, la chimie et même les belles-lettres ont puissamment contribué au développement pro- gressif de l'agriculture. Plusieurs membres prennent la parole et appuyent les réclamations de la Société du Puy. M. Guiraud de Saint-Marsal est chargé d'é- crire à MM. les membres de la Commission législative chargée de l'organisation de la représentation agricole, pour la prier de modifier le projet de loi qu'elle a pré- senté à la Chambre des Députés, projet qui, s'il était adopté tel qu'il a été rédigé primitivement, priverait noire Société des subventions que lui accorde annuel- lement le Ministère, par la raison qu'elle ne serait pas uniquement agricole. E 305 Bonafos, Bonaventure, à Neffmch 50 \ Sibiude, Augustin, à Millas 45 ; Canton de Thuir. M. Pouell, Boniface, à Thuir. . 85 \ Mmesde Prade, veuve Pons, à Llupia 70 £210 de Jaubert, Marie, à Castelnau 55 ' Canton d'Arles. MM.Pujade, Joseph, à Arles- sur-Tecb 115 ) ^Q{) Boix, Sylvestre, à Arles-sur-Tech 85 S Canton d' Argelès-sur-Mer . MM Turé-Padaillé, à Argelès 85 \ Saletés, Jean, à Argelès 70 > 210 Jarlé, Jean, à Sorède 55 1 Canton de Prats-de-Mollô. MM. Sicre, Joseph, à Prats-de-Mollô 115 Xatard, Pierre, à Prats-de-Mollô 85 Coste, André, à Prats-de-Mollô 70 Boxède, Frézul, à Prats-de-Mollô 55 A reporter 1.405 21 Report 1.405 fr. Canton de Mont-Louis. MM. Boure, Louis, à Saint-Pierre-dels-Forcats. 1 15 IV. \ Badic, Pascal, à Puyvalador 85 i Ferré, Jacques, à La Cabanasse 70 Félip, Michel, à La Cabanasse 55 ( '"Ulr Blanc, Marty, à La Cabanasse 50 1 Mme veuve Rolland, Marguerite, à Puyvalador. 45 Canton d'Olette. MM. Clastres, Baptiste, à Serdinya . 115 Guinot, Bonaventure, à Serdinya .... 85 i Bordes, Joseph, à Thuès 70 ' Broch, Joseph, à Souanyas 55 ( Hullo, Raphaël, à Olette 50 \ Fabre, Joseph, à Sahorre 45 Canton de Prades. MM. Dalmé, Michel, à Prades 115 \ Paillés, Gaudérique , à Espira-du-Conflent. 85 ] Vergés, Bonaventure, à Fillols 70 f Deixone, Augustin, à Molitg 55 l k" Barrère, Valentin, aux Masos 50 \ Raymond, François, à Fillols 45 Canton de Saillagousc. MM. Auté, Joseph, à Err 115 Aymard, François, à Err 85 J Girvés, Abdon, à Err 70 f Puig, François, à Estavar 55 i ■ De Pastors, Pierre, à Enveitg 50 \ Colomer, François, fils, à Odeillo 45 Canton de Sournia. MM.Cayre, Jean, dit Solère, à Fosse 70 70 \ \(,HES. Canton d'Argeles-sur- W_er MM. Saletés, Jean, à Argelès-sur-Mer 35 f'anals, Hyacinthe, à Palau-del-Vidrc. . . 3? 67 ./ reporter 3.222 (V. ±1 Report 3.222 fr Canton de Saillagouse. MM.Colomer, François, ù Via, commune \ d'Odeillo.' 35 fr. [ 65 fr. Colomer, Bonaventure, à Saillagouse ... 30 ) Canton de Mont-Louis. M. Vaillant, Bonaventure, à La Cabanasse. . 70 70 Primes pour plantations sur les terrains en pente. y ARRONDISSEMENT DE CÉRET. MM. Cruzet, Matthieu, à Montalba 100 Carboiine,Abdon,àSt-Laurent-de-Cerdans. 100 300 Delcros, Jean, à Céret 100 D'Adhémar, à St-Laurent-de-Cerdans. i Mention honorable. Mme Estrade, a baint-Laurent-de-Cerdans. ARRONDISSEMENT DE PRADES. MM. Llopet, Barthélémy, à Serdinya 150 Braquemart, Hubert, à Prades 120 Ronieu, Hyacinthe, à Prades 110 Rajau, Onuphre, à Prades 110 Lacoste, Prudence, à Clara 80 Fouis, Denis, à Mosset 80 Mercader, Martin, à Vemet 80 Soumain, D.-M. , à Fulla 80 1-270 Mme veuve Debatène, à Mont-Louis 80 Riubanys, Emmanuel, à Prades 70 Barrera, Valentin, aux Masos 70 Sobraqués, Pierre, à Espira-du-Conflent. . 70 Delamont, cadet, à Prades 70 Chambeu, Jean-Baptiste, à Prades .... 50 Quès, Joseph, à Serdinya : . 50 Total 4.927 fr. Médaille décernée par la Société A MM. Robin hères, jardiniers-pépiniéristes, une médaille en bronze. La musique du 67e régiment de ligne a exécuté, pendant la séance, plu- sieurs morceaux avec cet ensemble et celte perfection que la population pcrpignanaisesait apprécier. •2.i NOTICE SUR LE PUITS FORE AU POiïïD'EBASTÏÏ, Par M. l'*i * n if A la demande de M. Auguste Lloubes, maire de Perpignan , j'ai entrepris un forage au Pont-d'en- Bastil. Le puits a été commencé sur cette place le 3 octo- bre 1851, et le 10 décembre de la même année l'eau a jailli d'une profondeur de cent quarante-trois mè- tres. Les terrains traversés par la sonde sont tous de formation tertiaire, stratifiés horizontalement jusqu'à la nappe aquifère, et recouverts d'une couche de cailloux roulés de la Tet : cette couche contient de l'eau très abondante qui alimente tous les puits voi- sins. Voici l'ordre de stratification de ces terrains : Epaisseur des couche*. 1° — Cailloux roulés où l'eau se maintient à quatre mètres eu contre-bas du sol 5m 50c 2° — Tuf argileux dur 5 30 3° — Tut jaune sablonneux 2 70 4" — Tuf jaune, tantôt argileux, tantôt sablonneux, coupépar des plaquettes calcaires assez dures. 16 » 5° — Sables agglutinés 1 10 6" - Tuf dur „ 60 7° — Sables agglutinés 4 50 8° — Tuf argileux » 90 9° — Sables agglutinés 9 50 10° — Calcaire très dur » 25 1!" — Argile jaune, coupée de mètre en mètre par des stratifications calcaires très dures et va- riant entre 0m 10c et 0m 15e d'épaisseur . •) ; |-, 24 12° — Argile jaune, 1res grasse el très difficile à dé- layer dans l'eau 2"' 40€ 13" — Sables agglutines 1 » 14" — Argile jaune, grasse 1 » 15° — Sables agglutinés 1 90 16» — Calcaire dur ». 80 17° — Argile jaune, grasse 3 90 18° — Argile brune, très ferme » 50 19° — Argile verdàtre, compacte 1 » 20° — Argile brune » 60 21° — Argile verdàtre 6 40 22° — Argile jaune, coupée par des plaquettes très dures 13 » 23° — Calcaire très dur 6 » 24° — Sables et graviers contenant de l'eau ascen- dante. » 25 Jusqu'à la rencontre de ces graviers, le forage n'avait présenté aucun incident remarquable ; les terres se maintenaient parfaitement, et l'eau demeu- rait slationnaire dans le puits, à quatre mètres de profondeur. Mais à peine la sonde eut-elle piqué cette couche, que le sable remonta d'une dizaine de mètres dans le puits; l'eau s'éleva jusqu'à un mètre en conire-bas du sol, et quoiqu'elle trouvât un écou- lement, au moins partiel, dans les cailloux roulés de la surface, elle se maintint à ce niveau jusqu'à la fin du forage. Toutefois, ce niveau n'était pas constant; du soir au matin et d'un jour à l'autre, il oscillait d'une manière sensible. C'est un fait que je signale parce qu'il n'est pas isolé ; dans presque tous les foragesque j'ai fait exécuter, je l'ai toujours vu se repro- duire. Un puits artésien en communication avec une nappe d'eau ascendante, semble un tube barométrique. Le niveau de l'eau s'y élève et s'y abaisse sans qu'il soit possible encore d'assigner une cause à ce phénomène. Après que l'on se fut débarrassé des sables fournis par cetle première nappe aquifère, et qu'au moyen d'une bonne injection de chaux hydraulique on en eut arrêté le courant , on continua le forage ; les terrains changèrent alors, sinon dans leur nature, car dans toute la plaine du Roussillon ils sont à peu près les mêmes, du moins dans leur mode de stratification. Jusque-là, comme il est facile de le voir à la simple inspection du tableau ci-dessus, les argiles sont coupées constamment par des plaquettes plus dures de tuf ou de calcaire : celte disposition a beaucoup d'analogie avec les terrains que j'ai traversés a Canohés, dans le puits artésien de M. Rovira ; mais au-delà de la cou- che de graviers, l'argile ne présente plus que des no- dules plus ou moins dures , et devient tout-à-fait semblable aux terrains trouvés à la Loge et à Saint- Dominique, comme il est facile de le voir par la suite du tableau des terrains traversés. 25° — Argile jaune, contenant quelques rognons de tuf dur. "... . 21 75 26° — Argile verte 11 » 27° — Sable quartzeux, grenu et parfaitement pur. . 2 » Profondeur totale 143"' » C'est de celte dernière couche que l'eau s'est élau- cée, par la sonde, à six mètres àù-dessus du sol, entraî- nant avec elle une quantité considérable de sable qui intercepta le passage de l'eau elle-même, lorsqu'on eut retiré la sonde. Un bon tubage la fit reparaître au jour et permit d'en jouir immédiatement. Le volume de la source obtenue est de cent quatre- vingts litres par minute, l'orifice d'écoulement étant à la surface du sol. Sa température, de vingt-ct-un degrés centigrades. Sn force ascensionnelle, (\c six mètres. ■26 L'analyse chimique qu'en a faite M. Bouis, la classe parmi les bonnes eaux potables; elle contient, comme les sources de la Loge et de Saint-Dominique, une quantité appréciable de bi-carbonate de soude et de magnésie ce qui, dit-on, la rend précieuse pour les maladies des voies urinaires. Tout porte à croire que les trois sources, de Saint- Dominique , de la Loge et du Pont-d'en-Bastit sont alimentées par la niêmenappe aquifère; le gisement en est le même ainsi que la composition chimique; et ce qui semble trancher la question, c'est que les eaux de la Loge et de Saint-Dominique ont diminué un instant de volume au moment où l'eau a jailli au Pont- d'en-Bastit. Néanmoins, danscelte hypothèse, il reste à expliquer comment il se fait que la source du Pont-d'en-Bastit, qui vient d'une profondeur de 141 mètres, marque 21 degrés centigrades à son arrivée au jour, tan- dis que la source de la place Saint-Dominique, qui vient d'une profondeur de 172 mètres, ne marque que 19 degrés. L'eau du Pont-d'en-Bastit, quoique venant d'une profondeur moindre, serait donc plus chaude que l'eau de Saint-Dominique : c'est le con- traire de ce qui devrait avoir lieu; car tout le monde sait que, plus on s'enfonce dans les entrailles de la terre, du moins jusqu'à une certaine limite, et plus la température augmente. Mais cette anomalie est plus apparente, que réelle; on n'a pas été prendre la température dans la nappe aquifère elle-même; on l'a mesurée à la sortie de l'eau sur le sol; or l'eau de la fontaine Saint-Dominique qui ne débile que vingt litres par minute, met dix fois plus de temps pour arriver au jour que celle du Pont-d'en-Bastit qui en 27 S débite cent quatre-vingts; elle reste donc dix fois plus longtemps eu contact avec les couches supérieures de terrains dont la température est plus basse que celle de la nappe aquifère; elle doit donc s'y refroidir bien davantage, et il n'y a rien d'étonnant qu'elle ait perdu, de sa chaleur initiale, deux degrés de plus que la fontaine du Pont-d'en-Bastit. Mais celte haute tem- pérature est elle-même un fait fort remarquable. En effet, tous les sondages, faits jusqu'à présent en diffé- rents lieux, accusent une augmentation d'un degré par trente-trois mètres de profondeur. D'après cette donnée, généralement admise, la température de la source du Pont-d'en-Bastit ne devrait être que de 18 degrés environ, ou 4° 33' au-dessus de la moyenne. Comme elle est de 21, il en résulte, ou que la source doit s'enfoncer plus profondément en terre, avant d'arriver au trou de sonde, ou que la tempéra- ture augmente à Perpignan, non pas d'un degré tous les trente-trois mètres, mais d'un degré tous les vingt mètres. Puisque les trois sources, rencontrées à Perpignan par la sonde, paraissent avoir une origine commune, il est intéressant de chercher à bien connaître la nappe d'eau qui les alimente ; c'est sous une couche d'ar- gile verte et dans un banc de sable quartzeux qu'on la recontre. Ce banc de sable n'est pas horizontal. Au Pont-d'en-Bastit, la sonde l'a trouvé à 141 mètres; à la Loge, à 162 mètres, et à Saint-Dominique, à 172 mètres. Le sol étant à peu près de niveau, il en résulte quelanappeaquifère est plus haute de trente- un mètres au Pont-d'en-Bastit qu'à Saint-Dominique ; et comme la distance entre ces deux points est de 570 mètres, sa pente par mètre est de 0'" 054. Tout 28 porte à penser que l'eau coule suivant la pente que nous signalons. Elle se dirigerait donc du sud-ouest au nord-est ; elle viendrait des parages de Canohés et Toulouges, et irait vers la Salanque. Cependant, il est difficile, avec si peu de données, de détermi- ner les allures réelles de celte nappe intéressante : de nouveaux sondages sont nécessaires pour démontrer la relation, qu'on ne peut aujourd'hui que soupçon- ner, entre la couche aquifère de Perpignan et celles de Canohés et Toulouges qui fournissent des eaux si abondantes. Un jour, sans doute, on élèvera une borne quel- conque sur cette belle source du Pont-d'en-Bastit. Je désirerais, dans l'intérêt de la science, que l'on gravât sur une de ses faces la date du forage, la pro- fondeur du puits, la température de l'eau, son vo- lume, sa force ascensionnelle et sa composition chi- mique. On fournirait ainsi des documents précieux à ceux qui, après nous, s'occuperont de sciences naturelles. i9 RECHERCHES SUR LES MONNAIES qui ont eu cours en Roussïllon , Par M. (oiw»\, capitaine au 69" pde trois exemplaires variés, trouvés pn 185 1 et 1 S 12 à :$3 1 . Têle de Mercure, barbare, coiflëe du pétase ei tournée à droite; derrière, un caducée. R. AOITOETA — AHTÛN, en deux lignes, accostant un trépied grossièrement dessiné. Cuivre — module, 28 rnillim. 2. Même avers: R. Mêmes légendes et même type dans le champ; à gauche du trépied, et sous la pre- mière ligne de la légende grecque, quatre caractères ibériens. 3. Même type; devant la tête: BÛKIOS.— R- du n°2. 4. Même type ; devant la tête : AOYKOTI — K.du n° 2. 5. Même type, plus barbare, pas de légende. — R. Même type et mêmes légendes que le n° 2. Module plus petit, 24 millimètres. 6. Même tête barbare, pas de caducée. R. Légende dégénérée et méconnaissable. Imitation grossière. — Module, 24 millim. La légende grecque avait fait attribuer ces moyens bronzes à Talctum, de Laconie. M. de Lagoy recon- nut le premier la légende ibérienne, qu'il lisait PTRP ou BTRB, analogue à Beterra , nom antique de Bé- ziers, et proposa de les attribuer à Tallet en Rous- sillon. M. de la Saussaye les a classés aux incertaines de la Narbonaise. Leur provenance, et les caractères ibériens qui se voient sur certains exemplaires, semblent indiquer qu'ils ont été fabriqués dans la partie de la Gaule voisine de la Péninsule. La lecture de ces caractères, Oastel-Iïoussillon, Le Vernet, pies Perpignan, et Elne. En 1845, un autre exemplaire fut trouvé à Bonpas, et j'en ai vu plusieurs autres, également exhumés du sol roussillonnais. On en découvre aussi à Vieille-Toulouse, < \ ulione, à Nîmes, et sur plusieurs autres points du midi de la France. 3 suivant l'alphabet de M. dèSaulcy, confirmerait cette opinion. Elle ne serait pas PTRP, maisPARP, ce qui constituerait une analogie remarquable avec le nom de Perpignan. M. Barthélémy (Manuel de Numisma- tique Ancienne, p. 94) adopte cette lecture, et attri- buerait volontiers à la capitale du Roussillon les mon- naies des Longostaleti. La ville de Perpignan est moderne : cette vérité n'a plus besoin de démonstrations, mais le radical de son appellation pourrait avoir été appliqué, dans les temps anciens, à quelque localité du pays. Peut-être même existait-il , sur un emplacement voisin, des Parpi ou Parpini, maintenant inconnus, dont le nom se serait conservé, au xe siècle, dans celui de la villa Perpiniani, berceau de la ville actuelle. Les lan- gues parlées dans les Gaules , avant la conquête ro- maine, ont laissé, principalement dans les noms de lieu, des traces non équivoques de leur persistance. Ces antiques appellations, conservées dans le langage populaire, ont surgi lors de la formation des langues modernes, nées des langues rustiques. Revenons à uos monnaies. Les Études de M. Bou- dard donnent un alphabet différent de celui de M. de Saulcy, attribuent une autre valeur àplusietirs lettres, et changent, par conséquent, la lecture et l'interpré- tation de la plupart des légendes ibériennes. Ainsi, les caractères placés au revers de plusieurs moyens- bronzes des Longostaleti, sont, d'après ce nouvel alpha- bet, PTOP, et non PARP. L'attribution de ces mon- naies aux anciens habitants du Roussillon perd, sans doute, de ses probabilités par cette nouvelle lecture; mais elle ne cesse point d'être admissible. Les quatre caractères lus PARP, d'après l'alphabet 35 de M. de Saulcy, et PTGP, d'après celui de M. Bou- dard, se rencontrent sur quelques exemplaires seu- lement, tandis que l'appellation grecque AOÏTOZTA — AHT.QN , figure d'une manière constante. On peut en conclure que la peuplade, dont la légende ibé- rienne rappelle sans doute le nom, était étrangère à la fabrication de ces monnaies. Le type de l'avers et du revers, la langue dans laquelle le nom de lieu est écrit, sa forme au génitif pluriel, tout indique l'in- fluence de la civilisation grecque et l'imitation d'un type'. Les exemplaires de fabrique grossière, à lé- gendes inintelligibles , sont probablement des copies ou des contrefaçons faites par des peuplades voisines des Longostaleti. Indépendamment du nom de la ville é missionnaire. on voit assez fréquemment, sur les monnaies ibérien- ncs, celui d'une ou de plusieurs villes, sans doute en signe d'alliance et d'amitié. La présence des quatre caractères ibéricns sur plusieurs moyens-bronzes des Longostaleti doit avoir la même cause. M. le marquis de Lagoy, guidé par l'analogie du nom, pense qu'ils peuvent être attribués à Tallet en Roussillon; mais, d'après les renseignements que M. de Saint-Malo a bien voulu me donner sur Tal- let2, il paraît que ce lieu n'est pas assez ancien pour y chercher le Longos-Taletum de ces monnaies gallo- grecques. Au moyen-âge, Tallet était une obédience cistercienne; et l'on sait qu'en général ces obédiences furent placées en des lieux jadis consacrés au culte 1 Le trépied est l'un des types des moyens-bronzes de la colonie grecque de Massalia. -Talei ou Tallet est quelquefois appelé Tellet dans les actes rédigés en catalan. Marca lui donna la forme en 0: In villa Tolleto (Preuves, n° IGS/. païen. Les premiers apôtres du christianisme dans les Gaules, faisaient ainsi servir à rétablissement de la religion nouvelle, la vénération que les habitants avaient pour certains lieux. Toutefois, cela ne sau- rait donner à Tallet l'importance que suppose une désignation spéciale de peuplade sur des monnaies d'un type particulier. Pendant les quinze années que M. de Saint-Malo a passées à Céret, il n'a été trouvé à Tallet, du moins à sa connaissance, aucun de ces débris antiques, si communs sur un terrain jadis occupé par tin centre de population de quelque importance. Ce- pendant, des preuves négatives ne sauraient être ad mi- ses sans réserve. Tout en conservant à peu près le même nom, il se pourrait d'ailleurs que le village actuel de Tallet ne fût pas précisément situé sur l'emplacement de Y oppidum gaulois, auquel il a peut être succédé. Beaucoup de lieux modernes sont dans ce cas. Quoi qu'il en soit, la présence sur nos moyens-bron- zes, d'une légende bilingue dans laquelle on retrouve, même involontairement, un nom presque identique à celui d'une localité du pays, la nature de cette légende grecque et ibérienne', l'identité de module et l'ana- logie de fabrique avec ceux que l'on classe à Beterjra; toutes ces raisons, jointes à celles précédemment ex- posées, forment, en faveur de leur attribution à la pro- vince du Roussillon , un faisceau de probabilités que confirmeront, je l'espère, des recherches ultérieures et une connaissance approfondie des antiquités locales. Les moyens-bronzes des Longostaleti ne sont pas les seules monnaies gauloises exhumées du sol roussil- 4 M. de Lagoy fait observer, avec raison, que l'on ne connaît aucune monnaie de brome de la Péninsule, à légendes grecques , tandis que les caractères grecs sont communs ?ur celles de la Gaule. 37 îonnais : les travaux de terrassement et de culture ramènent parfois à la surface des monnaies des Vol- ces-Tectosages et des Volecs-Arécomiques, des incer- taines en or, en argent, en potin et en bronze, aux types du bige conduit par la victoire, du cheval, etc. Les plus intéressantes que j'ai recueillies, pendant un séjour de trois ans, sont les moyens-bronzes à la lé- gende NEDENKUN, ceux de Beterra, et ceux de même fabrique attribués aux rois de Galatie. M. Boudard (Éludes, p. \ 31) hésite sur l'attribution des monnaies à la légende ibérienne lLBARKhM (ILIBARAKIM, en intercalant les voyelles omises, ILIBARA, en supprimant le suffixe). On connaît en effet , deux villes antiques du nom ftllliberis , l'une dans la Péninsule, l'autre dans la Gaule méri- dionale , chez les Sarâoncs , anciens habitants du Roussillon. Je ne pense pas que ces monnaies doivent être attribuées à la Gaule. Leurs types me parais- sent appartenir à la Péninsule; et, d'ailleurs, aucune monnaie à la légende ILBARKhM n'a été trouvée, à ma connaissance, dans le département des Pyrénées- Orientales, tandis qu'on en rencontre assez fréquem- ment sur le versant espagnol. H. — PÉRIODE GALLO-ROMAINE. Depuis Vaillant, les antiquaires attribuaient à la 4-olonie romaine de Ruscino de petites monnaies de bronze au nom d'Auguste et au type de deux aigles légionnaires. M. de Longpérier a rectifié la lecture de la légende, et reconnu l'origine asiatique de ces monnaies, qu'il a restituées à la colonie de Bery tus' 1 Revu Nnmtsmàlique IS'r',, p. 27S 280. 38 Si la croyance à l'atelier monétaire de Ruscmo s'est évanouie, le territoire des anciens Sardones et Ceretani n'en est pas moins riche en monnaies romai- nes. Chaque jour, les travaux de terrassement ou de culture et les pluies torrentielles, en font découvrir de nouvelles. 11 suffit de citer Castel-Roussillon, Mir- mande, Argelès , Elne , Collioure , Port-Vendres, Banyuls-sur-Mer, Vila-Clara, l'Alhère, le Pertus, Céret, Amélie-les-Bains , Arles, Saint-Laurent-de- Cerdans, Coustouges, Saint-Cyprien, Banyuls-dels- Aspres, Malloles, près Perpignan, Toulouges , Saint- Estève, Pézilla, Rivesaltes, Opol, Livia, etc., etc., pour rappeler au souvenir des amateurs les plus riches trouvailles de ce genre faites en Roussillon. Aucune de ces monnaies n'appartenant au pays, je n'insisterai pas davantage sur ce point, et me contenterai de dire que la série des médailles romaines, exhumées du sol, comprend des monnaies de la Péninsule hispanique, à légendes latines; des as et des fractions d'as, des consulaires d'argent et de bronze, des impériales dans les trois métaux, jusqu'à l'extinction de l'empire d'o- ccident, enfin des monnaies byzantines '. III. — DOMINATION WISIGOTHE. (DE 46 2 A 7 20. ) En 462, les habitants du Roussillon passèrent, avec toute la Gaule narbonaise, sous la domination des Wisigotbs. Les monnaies d'or et d'argent, que 1 Le premier cahier des Études historiques sur le Roussillon, par M. de Saint-Malo, contient une indication de tous les points du territoire qui, a la connaissance de Fauteur, ont fourni des antiquités. En classant ces in- dications par vallée ou bassin, M. de Saint-Malo a formé un reseau qui pourra devenir le canevas d'un travail intérieur sur les antiquités locales,. 39 ces nouveaux possesseurs du sol fabriquèrent, soit en Espagne, soit dans la Gaule méridionale, ont eu cours légal dans la Septîmanie; mais aucune délies ne pouvant être attribuée à la partie de cette pro- vince, qui depuis fut appelée Roussillon , Confient et Cerdagne, je m'abstiendrai d'en parler. Les monnaies mérovingiennes y ont également eu cours : on en trouve encore, de temps en temps, des exemplaires isolés. Quelques amateurs attribuent à Port-Vendres ( ' Porlus-VenerisJ les trientes monétaires à la légende PORTO VEDIRI, PORTO VIDRARI , catalogués, par M. Conbrouse, sous les nos 623, 623 bis, 623 ter, de la série mérovingienne; ils oublient que Port-Vcn- dres appartenait alors aux Wisigoths. IV. — OCCUPATION ARABE. (DE 7 20 A 7 60. ) En 720, les Arabes se rendirent maîtres du pays : ils n'y formèrent point d'établissement durable, et leur domination de quarante ans ne fut qu'une sim- ple occupation. On ne connaît aucune monnaie fabriquée par eux dans la Gaule méridionale. Celles d'or, d'argent et de bronze, apportées d'Asie, d'Afrique et d'Espagne, ont été admises dans la circulation et s'y sont main* tenues pendant plusieurs siècles. On trouve, de temps en temps, sur plusieurs points du département, quel- ques-unes de ces monnaies, soit isolées, soit réunies en nombre plus ou moins considérable. Les plus an- ciennes remontent au ier siècle de l'hégire '. 1 En mai 1841, sur le sol de l'antique Ruscino, au pied de la tour, on trouva un dynar épais, de netil module, à légendes bilingues, nrubes et 10 V. — DOMINATION MANQUE. — Coinlcw tic Roussillon. ( DE 7 60 A 117 2. ) 768. Mort de Pépin. La Septiraanie échoit à Carloraan, qui meurt en 771. Ses enfants sont écartés de la succession. —778. Campagne des Francs sur les rives de l'Èbre. Création du royaume d'Aquitaine en faveur de Louis, fils de Charlemagne , à peine âgé de trois ans. — 788. Troubles en Aquitaine. — 791 . Rétablissement du Siège épiscopal d'Elne, interrompu depuis l'invasion arabe. —793. Les Arabes pénètrent en Septimanie. — 798. Expédition franque. Con- quête des Marches d'Espagne. — 802. Prise de Barcelone. Les Marches d'Espagne organisées selon le régime franc. COMTES BÉNÉFICIAIRES. 807. Gaucelme, comte de Roussillon, fils de Guillaume, duc de Septimanie. — 812. Devient comte d'Ampurias. — 814. Mort de Charlemagne. Pépin, fils de Louis-le-Débonnaire, roi d'Aquitaine.— 817. Partage de l'Empire franc. Nouvelle circonscription de la Septi- manie. Érection du marquisat de Golhie, dont Barcelone est la capitale. — 835. La Septimanie à Cliarles-le-Chauve, roi d'Aquitaine en 839. S32. Berenguer, comte de Roussillon. 836. Gaucelin, comte de Roussillon. 843. Suniaire, comte d'Ampurias et plus tard de Roussillon. 855. Odalric, comte de Roussillon. \ 869. Salomon , idem. \ 870. Sunifred , idem. ID'apiès D. Roch 01- 874. Miron, idem. \ zinellas, archiviste 876. Bernard , idem. I de Ripoll. 903. Rodulf, idem. 904. Jobre ou Jofrë (Gausfred?) idem. , latines, fabriqué un Afrique Fan 97 de L'hégire. Quelques années aupara- vant, on avait exhumé du même terrain, un autre dynar moins épais, de plus grand module, et portant la date 155 (de l'hégire ). Les légendes n'indiquent ni le nom de l'émir, ni le lieu de fabrication. Je possède deux dirhems, et j'ai vu chez M. de Saint-Malo un felous très ancien qui provien- nent du même lieu. On a également recueilli des monnaies arabes en Cer- dagne et en Gonflent; la trouvaille la plus importante est , sans contredit; celle de la chapelle du Monestir-del-Camp. M 858. Les Normands débarquent sur les côtes du Boussillon. incen dient et dévastent Ruscino, qui ne s'est point relevé de ses ruines. EIne et le monastère d'Arles subissent le même sort. Charles, fils de Charles-le-Cbauve, roi d'Aquitaine. 865. La Septimanie est divisée en deux provinces : 1° Duché ou marquisat de Septimanie , Narbone capitale; 2° Marches d'Espagne ou comté de Barcelone , dont Wifred-le-Velu , souche des comtes héréditaires de Barcelone, est le premier marchis connu. Le Bous- sillon et le Confient restent à la Septimanie. COMTES HÉRÉDITAIRES- 904 Suniairell, comte de Boussillon et d'Ampunas , souche des comtes héréditaires. Transmet de son vivant le comté d'Ampunas à Bencion, son fils aîné, et celui de Boussillon, après sa mort, à Gauzbert, son second fils, vers 915. 916. Gauzbert, seul. — 922 ou 927 (30e année du règne de Charles-le-Chauve). Première mention du nom de Perpignan dans la vente d'un aleu confinant, in terminio de villa Cabestagnio et in terminio de villa Perpiniano. — 918. Le duché de Narbone échoit à la maison de Toulouse. — 928. Le Vallespir passe au comte de Barcelone , qui l'annexe au comté de Besalu. Incorporation du Confient au comté de Cerdagne, sans titre féodal. 935. Guifred ou Gausfred, fils de Gauzbert. — 957 ou 959. Seconde mention du nom de Perpignan dans l'échange d'un fonds déterre situé injra terminos ville Pcrpiniani. — 962. Testament de Raymond, comte de Roucrgne et marquis de Gotbie, partageant l'alcu de Perpi- gnan entre S'-Félix de Girone, S'-Pierre de Rodez et l'évêque d'Elne. 991 . Mort de Gausfred, qui avait assigné à son fils aîné, Hugues, le comté d'Ampunas; et, à Guilabert, le comté de Roussillon. Suniaire, son troisième fils, devint éveque d'Elne. — 1008. Mort de Guilabert. 1008. Gausfred IL — 1025. Consécration de l'église de Saint-Jean par Bérenger, évêque d'Elne, seigneur de Perpignan, en présence du comte Gausfred. — 1027. Synode de Toluges qui ordonne une trêve de cinquante-deux jours à l'exercice du droit de guerre privée. 1030. Gausfred III. — 1063 à 1068. Accompagné de Guilabert, son fils; des comtes d'Ampunas, de Besalu, de Cerdagne, cl des grands du pays, Gausfred III assiste au Concile de Toluges. La trêve de Dieu est portée à trois cent dix-neuf jours. ♦2 1075. Guilabert, (ils de Gausfred, figure, dès cette année, dans la série comtalc de D. Roch OIzinellas. —En 1085, il termine ses différents avec Hugues, comte d'Ampurias ; le traité lui garantit ses droits sur ce comté et celui de Peralada. Guilabert et Hugues pren- nent tous deux le titre de comte d'Ampurias et de Roussillon , comme Suniaire II. Cet usage donne lieu de penser que les deux dynasties , issues de la même souche , au moins depuis Gausfred 11 , possédaient par indivis les droits honorifiques des comtés d'Ampurias et de Roussillon, dont ils percevaient séparément les droits utiles. — 1102, 17 des calendes d'octobre. Guilabert, sa femme Stéphanie et son fils, fondent- un chapitre à l'église de Saint-Jean de Perpignan. Après cette fondation , qui correspond à celle de plusieurs chapitres réguliers, il n'est plus question du comte Guilabert. 1102. Girard^I, fils de Guilabert. Croisé avant la mort de son père, se signale sous la bannière du comte de Toulouse aux sièges d'Antioche et de Jérusalem. De retour en 1100, il fait un second voyage en Terre-Sainte. Vers 1112, il revient dans ses Etats. En 1 114 on le voit encore prendre part à l'expédition de Bérenger III, comte de Barcelone, contre les Sarrasins des Iles-Baléares. 1115. Gausfred III succède fort jeune à son père, sous la tutelle de son grand oncle, Arnaud Gausfred, qui, suivant l'usage, prend aussi le titre de comte de Roussillon. Arnaud Gausfred dota Perpi- gnan d'un hôpital.— En 1128, le comte d'Ampurias s'oblige à garder la trêve et les conventions faites avec le comte de Roussillon. — 1 130. Gausfred règne seul. — 1151. Il donne à son fils Girard son aleu de Perpignan. — 1 162. Le comte Girard confirme tous les usages et cou- tumes de cette ville.— 1 163, 6 des cal. de mars. Mort de Gausfred III. 1163. Girard II, avait pris, en 1 147, le titre de vicomte de Rous- sillon, et, en 1 162, celui de comte, lors de la confirmation des usages et coutumes. — 1172, 6 des nones de juillet. Testament du comte Girard II ; suivant le vœu de ses sujets, il lègue son comté, avec ses droits sur ceux d'Ampurias et de Peralada, au roi d'Aragon, qui n'y avait aucun droit (qui ad jus illius non perlinebat). Girard man- quait à la suzeraineté du comte de Toulouse , duc de Narbone et de Septimânie; mais les liens de vassalité s'étaient relâchés. Girard mourut quelques jours après. (Eludes historiques sur le Roussillon , sur M. de Saint-Malo.) Ï3 Conquis par les Francs sur les Arabes, vers l?an 760, le Roussillon fut compris dans le gouvernenieni de l'Aquitaine. Il paraît avoir eu sa monnaie parti- culière à une époque assez reculée. Il serait même possible que l'origine de celte monnaie remontât jusqu'à Louis-le-Débonnaire , qui a peut-être fait fa- briquer à Rosciliona, nom sous lequel ce prince dé- signe, dans ses lettres, la ville de Ruscino, des de- niers semblables à ceux d'Ampnrias et de Barcelone ' . Les plus anciens documents connus de la diplo- matique Roussillonnaise, indiquent, d'une manière vague, les signes représentatifs des valeurs. On y voit, comme aux premiers temps de la civilisation, de vé- ritables échanges : des bœufs, des brebis, des chèvres, donnés en paiement d'un achat quelconque; une terre vendue pour une jument, plus un sou, etc. 2, et des sous indéterminés qui ne diffèrent point, sans doute, du sou carolingien. Les monnaies des Francs ont dû s'introduire dans le pays et y avoir cours légal immédiatement après la conquête. 1 Denier de Barcelone . -j-IILVDOVICVS, IMP. Croix. — BAR-ChNO — NA, en trois lignes dans le champ. Denier d'Impurias : mcnie avers. — IMPV — MAS , en deux lignes, dans le champ. 2 804 ...Et recepit Bellus pretium bove uno , Ataulfus el Cixilo receperunt prelium bove uno et oves capita quindecim... Anno XXXVI régnante Carolo, rege. 814 ...Pretium de liac omnia prescripta: gagnapic una valenle solidos Vil cl pellicia valente solidos II, et modio uno de segale pro solidum unum et capras II, et de vino denariatos XX, etc.. VIII idusjunii, anno primo régnante Ludovico, rege. 878 ...Et accepimus prelio bove uno valenle solidos seplem... et accepi- mus capras quatuor... el accepimus prelio equa una qnod dedimus domino Mirone comité et solido uno... et recepi prelio solidum unum... 882 ...El accepiego vendilor de le emploie... solidorum quinquaginla lanlun 922 ...Pretium solidos tcrccnlum. (Marin Uispanica, preuves n"~ 2li, 57 î», '.3, 58, 67.) H Un peu plus lard, on voit des stipulations au poids : l'once d'or, la livre d'or, l'once d'or de Faïence : d'au- tres en monnaies, telles que le sou d'or et ses huit aliquotes d'argent, la marieuse et le morabotin1 . La livre d'argent est mentionnée dans un acte de 103G : elle figure encore dans deux autres de 1101 et11182. La monnaie de Malgone apparaît en 1084. La monnaie rosselle ou du Roussillon, en 1088. Au ixe siècle, le Roussillon avait des comtes béné- ficiaires qui, selon toute probabilité, continuèrent le monnayage au nom des Carolingiens. Dans sa Notice des monnaies françaises composant la collection de M.J. Rousseau (p. 162), M. de Longpérier a publié un denier, qu'il est disposé à donner à Talau du Confient, arrondissement de Prades : ce denier offrirait un exemple de la monnaie carolingienne dans cette par- tic de l'Aquitaine, au temps de Charles-le-Chauve. Le denier de Talau pourrait être postérieur à cette époque et appartenir aux comtes de Cerdagne. L'al- tération du monogramme et de la légende de l'avers, la forme insolite de la légende du revers, semblent 1 La note suivante est placée dans Marca, à la suite du testament de Guisla, comtesse de Cerdagne, rédigé le 45 des calendes d'avril, anno XXII, regni Rodberli, regis ( 1 020 ) : « Solidus aurons habet octo argenteos. Argenteus mus ponderatur \X1I « grana hordei. Uncia verà habet XVIII argenteos et médium. Libra verà ami « habet XI solidos. Solidus quoque valet IV morabatinos ; uncia verà VII: « libra namqne LXXXIV. Cenlum solidi valent CCCC morabatinos et CCC solidi u valent morabatinos mille CC. Centum uncia; auri Valencim valent CC mora- « balinos et III mancusos ; et médium a>s de auro, unus morabalinus ; mancusos » valet XVI denarios. » 1 4036. Triginta tibias argenli. ( Marca Hisp. , titre 216. ) MIS. Quadraginta libras argcnli fini ad rectum fondus Perpiniani, quod sit tibra ad ferrum ponderis viginti unius M\lipe»tf., ]>. 1445. ) 2 Notice sur Perpignan, Journal des Pyrén. -Orient. , du \ \ octobre I8JH 49 11 est certain que la monnaie rosselle existait avant Girard Ier, puisqu'elle est mentionnée dans plusieurs actes de la fin du xic siècle, c'est-à-dire antérieurs à son avènement. Pendant près d'un siècle (de 1088 à 1 172) on voit des stipulations en cette monnaie, ce qui donne lieu de penser qu'elle se maintint sous les successeurs de ce prince. La découverte des deniers et des oboles, au nom de GIRARDVS, me paraît une nouvelle probabilité en faveur de cette opinion : le style de ces monnaies, leur petit module, leur titre déjà fort altéré, ne permettent guère d'en faire re- monter l'attribution au-delà de la seconde moitié du xne siècle. Pendant celle période de 1088 à 1 172, les stipula- tions sont plus souvent énoncées dans les actes en monnaie melgorienne qu'en monnaie rosselle. Ce fait tend à établir que la fabrication n'était pas très active à Perpignan; mais il ne prouve point qu'elle avait cessé après Girard Ier. Suivant M. Taslu, Girard II, dans tous ses actes, aurait contracté en monnaies étrangères au Roussillon -, cependant, le seul cartu- laire du Temple, conservé à l'Université, en contient huit, rédigés sous son règne, dans lesquels il est fait mention de la monnaie rosselle '. Il en est également question dans quatre copies en parchemin de la même époque, dont l'une est même postérieure au décès du comte Girard II. Le temps fera sans doute con- naître d'autres actes semblables, antérieurs à 1088, ou postérieurs à l'année 1 172. ' Le signum de Girard II, se voit au Las d'une chatte de donation de l'an 1 Ifi6, que ce comte avait approuvée, et dans laquelle existe une sti- pulation en monnaie rosselle. lui I 161, il avait accepté, avec son père, le eointe Gansfre'd, SO sous de Roussillon de Pons-Bernard de Villa-Clara, ;,o Avant la découverte de ces douze documents, qui m'ont été signalés par M. de Saint-Malo, l'argument le plus spécieux contre l'existence de la monnaie rosselle au temps de Girard II, était le testament de ce comte '. Les restitutions qu'il contient en faveur de plusieurs particuliers et de diverses églises ou communes du Roussillon, y sont énoncées en mon- naie de Malgone, à l'exception d'une seule qui l'est en monnaie de Béziers3; mais cet argument perd toute sa force par la connaissance des douze docu- ments de la même époque, conservés à l'Université. Je pense que le silence du testament du comte Gi- rard II, sur la monnaie rosselle, ne prouve point qu'elle avait alors cessé d'exister; mais seulement qu'elle n'était pas la plus usuelle ni la plus répandue. D'ail- leurs elle n'a jamais été fort abondante, puisqu'au temps de sa plus grande circulation elle était pri- mée dans le Roussillon même par la monnaie de iVJalgone. Aucun document, concernant la fabrication de la monnaie rosselle, n'a été retrouvé : les contrats qui la mentionnent n'en font connaître ni le titre, ni la taille. D'ailleurs on ne possède, en espèces réelles, que le denier et l'obole de Girard II, dernier comte de Roussillon. Il est donc impossible, quant à présent, d'essayer d'écrire l'histoire de cette monnaie seigneu- riale et de présenter les variations qu'elle a subies. Je me contenterai de classer par ordre chronologique, < Livre des Coutumes de Perpignan, Bibl. de la ville, f° 9, 10 et H. lUominibus de Rngis , j>ro malefaclo quod eis feci , restitua centmn solidos hitterenses. La situation de cette commune explique une stipulation en monnaie de Béziers. 51 les mentions que j'en ai rencontrées dans Jes actes des xie et xne siècles. La valeur comparative de la monnaie rosselle avec d'autres monnaies ayant cours, y est parfois indiquée. Par exemple, en H 28, douze deniers de IMalgone valent treize deniers du Roussillon. En 1 143, un ma- ravedi ou morabotin d1Espagne , vaut sept sous et demi du Roussillon. En 1 166, trois morabolins d'or, marini vel melcchini, valent vingt-cinq sous du Rous- sillon, etc. En 1 165, les deniers de Malgone et ceux du Roussillon paraissent circuler au pair : dans une vente faite, le jour des ides de mars, pour le prix de cent dix sous, il est stipulé que l'acquéreur donnera soixante sous de Malgone et cinquante du Roussillon. La monnaie rosselle ne devait avoir cours légal que dans le Roussillon : tous les actes qui en font men- tion concernent effectivement des habitants de ce comté. Au commencement du xue siècle, le Valles- pir dépendait du comte de Besalu1; la vallée de Banyuls-sur-iVIer, du comte d'Ampurias 2. Ces deux seigneurs, jouissant aussi des droits régaliens il est naturel de penser que les produits de leur propre fabrication étaient reçus dans leurs possessions respec- tives. Une ordonnance de paix et trêve, datée de la 1 Salât a publié, sous le n° 2 de ses Instrumentas juslificaUvos, la charte de donation faite à Sainte-Marie de Besalu, par Bernard, comte de Besalu. de la dixième partie delà monnaie d'or et d'argent fabriquée dans le comté. Cet acte est daté du 5 des ides de septembre 1074, la lo° année du règne de Philippe, roi de France. Le comté de Besalu, qui comprenait le Yalles- pir, fut réuni au comté de Barcelone en 1 1 1 I . 2 Les comtes J'Ampurias ne s'éteignirent qu'au \i\e siècle (1521). Après la réunion, Arapurias fut donné en apanage à des princes de la maison d'Aragon, qui ne jouirent pas de tous les droits régaliens. La monnaie de Barcelone était reçue dans tout le comté. dixième année du règne de Lonis VI (1118), non, apprend qu'à celte époque, la monnaie barcelonaise avait déjà cours légal clans la Cerdagne, qui était pas- sée Vannée précédente sous la domination du comte de Barcelone. . J'ai dit, qu'indépendamment de la monnaie rosselle, plusieurs' monnaies étrangères circulaient dans le pays aux xie et xne siècles. En première ligne, je citerai celle de Malgone , Melgueil ou Maguelone fsolulion denOrii Malgonenscs, Malgurenses , Malgures, Mergures) qui paraît avoir été la principale monnaie courante à celte époque dans le comié de Roussillon " . Elle se composait de deniers et d'oboles dont le type et les légendes se conservèrent pendant louie la du- rée de leur circulation. Ce sont les monnaies des comtes de Melgueil, qui, dès le xue siècle, parta- geaient leurs droits avec les seigneurs de Montpellier, et plus tard celles des évêques de Maguelone devenus comtes en 1215 par concession du pape Innocent III4. Elles se distinguent facilement de toutes les mon- naies contemporaines par la forme bizarre delà croix du revers, identique à celle des sceaux des évêques de Maguelone. Le type est, à l'avers, le monogramme odonique dégénéré en quatre annelels : les légendes, semblables à celles des monnaies de Raimond Ier, i L'acte le plus ancien du Cartulaire du Temple (108'.), contient une stipulation en deniers de Malgone (400 sol' malgon5 : l'un des plus récents M297) mentionne également celtte monnaie qui fut d'uu usage général dans le Midi pendant les \ie, xne et xme siècles. Le 51 octobre 1421 , elle circulait encore à Perpignan et avait alors une valeur au cours égale à celle de la monnaie barcelonaise de tern. (Antoine Cuitard, not.) ï Le Pape avait privé de leur comté les comtes de Melgueil, en punition de l'appui qu'ils avaient piété aus hérétiques dans les guerres contre les Albigeois. 53 comte amovible de Narbone, présentent, eu carac- tères barbares et presque méconnaissables, d'un côté, le nom du comte écrit RAIMVNDS; de l'autre, le nom de la ville, NARBONA '. La monnaie melgorienne existait au xe siècle : deux actes de ce temps en font mention (années 949 et 963)-, c'est, par conséquent, l'une des plus ancien- nes monnaies seigneuriales. Au commencement du xme siècle, les évêques vendirent une partie de leurs droits au seigneur et aux consuls de Montpellier. La monnaie melgorienne est mentionnée dans les actes roussillonnais jusqu'au 31 octobre 1421 . Pour obvier à la perle que pourrait occasionner, dans l'avenir, la circulation de monnaies malgonaises à plus bas titre, plusieurs actesleursubstituenid'autres monnaies ayant également cours en Roussillon. L'en- gagement consenti au monastère d'Espira-de-la-Gly, le 6 des calendes d'avril 1155, en offre un exemple; il prouve qu'à cette époque un morabotin marchand va- lait, au cours, cinq sous quatre deniers de Malgonc 2. Dans vin grand nombre d'actes postérieurs au xn8 siècle, la valeur de la monnaie de M al go ne est fixée , en Roussillon, à soixante sous pour un marc d'argent fin, juste poids de Perpignan s; d'autres la fixent à soixante-deux sous, d'autres à soixante-quatre, d'au- ' A. Germain. — Mémoire sur les anciennes monnaies seigneuriales de Mcl gueil et de Montpellier . — 1 852, in-4°. 2 ...Propter CCGCC solidos mclguriensis moneie... Et si monela melguiesa pejorabat vel cambiabal de lege, vel de penso, vel de precio, reddidissemus vobis morabolinos mcrcalores bonos et rectos sine enganno, ad compvluvi V solidi mergurcs cl quatuor numos per unumquemque morabotinum usque tolum aven esscl redditum. [À l'Université, pareil. nn I.) 3 Quorum ou de quâ monetd sexàgirit a solidi valent imam marrham argtMi fini rerii ponderis Cerpiniani. 54 très enfin à soixante-cinq. Elle circulait encore h Per- pignan le 31 octobre 1421. Les monnaies arabes d'or sont fréquemment citées dans les actes sous le nom de morabolin (maurobatinus, morabatinus , morabôtinus , maravedinus, etc.), dont Télymologie doit être morabàhin, dévoués à Dieu, qua- lification donnée par Abd-AUah-ben-Yasim à ses sec- tateurs, que nous appelons Moravides. On ne rencon- tre en effet de stipulations en morabatins que dans les actes postérieurs à l'arrivée des Moravides en Es- pagne (1086). La circulation de ces monnaies arabes, dont la plus ancienne mention connue est de l'an 1098, s'est prolongée en Roussillon jusqu'au xve siè- cle. Le commerce maritime du comté, avec le royau- me de Grenade et les côtes barbaresques , explique cette longue circulation. Il explique aussi plusieurs des épitbètcs qui accompagnent souvent le nom sous lequel ces monnaies étaient connues en Roussillon. Telle est celle de mércator, marchand ( morabotini mercatoresj. L'épilhète marini vel melechini, jointe à morabetini aurei1, semble indiquer des monnaies d'or * M 79, 4 (tes cal. de décembre. — Profiter XXXVIII solidos melgures... El si ista moneta melguriensis erat mut al a vel pejorata de valore, qmndo trahebam predictapignora de vestrà polcslate, prosingulisVIII solidis minus unum numum, reddam tibi unum morabotinum marinwm vel melechinum bonum et de bono auro d recto penso. (À TUniv. , J. parch., n° 5.) 1 190, 5 des cal. d'octobre, régnante Philippo , rege. . . .Precio LX et V solidorum barchinonensium bonorum. . . El si ista moneta corrupta vel minuta [uerit de lege, ve.1 de direclo penso, reddemus vobis vel veslris aut quibus jusse- ritis, morabolinos bonos marinos, vel melechinos, ad rectum pensum Pcrpiniani et ad computum de VII solidi, et dimidio, donec LV et V solidi sinl vobis solnti ac redditiper eumdem numerum. ( A TUniv. , J. parch. 5.) En 1202, 1228 et 1258, il est encore question de morabotini marini, vel melechini boni auri /îni et rectipensi Perpihiani, ad computum septem solidorum melgoriensinm . des Mor avides.} marini (c'est-à-dire apportées par mer) ou de Malaga (en catalan Mclica^j '. Après Ja chute tles Moravides, le nom de morabotin a du être con- servé en Roussillon comme appellation générique des monnaies d'or des Maures; car on en trouve de fré- quentes mentions dans les actes du xme siècle. Quant à l'expression maravedinus, elle provient évidemment de marabetinus, par simple changement du b en v et du t en d. Le même changement a eu lieu dans le nom des Morabithin dont nous avons fait Moravides . Immédiatement après la conquête, les monnaies des Califes, fabriquées en Asie et en Afrique, circu- lèrent en Espagne. Elles franchirent les Pyrénées avec les envahisseurs, et se maintinrent dans la Nar- honaise long-temps après leur expulsion. A l'arrivée des Moravides en Espagne (1086), une grande quan- tité de monnaies du JVJoghreb se répandirent dans la circulation, même sur le versant septentrional des Pyrénées. Les dynars trouvés en 1851 , dans la cha- pelle du Monestir del-Camp (Pyrénées-Orientales), fournissent une preuve convaincante de celle asser- tion. M. le capitaine Puiggari a reconnu que, sur les soixanie-et-quinze soumis à son examen, dix ont une origine africaine. Les Arabes appelaient dynars, dirhems }fel(ouJs , leurs monnaies d'or, d'argent et de cuivre, il paraît que les Chrétiens ont parfois appliqué le nom générique morabotin aux monnaies Maures des trois métaux. Plusieurs auteurs espagnols reconnaissent, en effet, 1 Au temps des Maures, Malaga renfermait loO.OOO habitants et Grenade 400.000. Ces deux villes possédaient un atelier inouétaire. On comptait dans le royaume de Grenade 30 cités, 80 villes et un très-grand nombre de villages. 56 qu'il a existé des maravédis d'or, d'argent et de cui- vre: ce nom est même resté, en Espagne, h la monnaie de cuivre de la plus faible valeur. La mancusc a probablement, comme le morabolin , une origine et une étymologie arabes. M. de Long- périer 1 fait venir cette appellation du mot arabe mancousch, monnaie frappée, venu lui-même du verbe nacascha (cudere) frapper monnaie. Elle est usitée dans les actes antérieurs à l'arrivée des Mora- vides en Espagne. Les mancuses arabes ont été imitées par plusieurs princes chrétiens*. Ce nom a été donné en Catalogne et en Roussillon aux monnaies d'or et d'argent fabri- quées par les comtes de Barcelone. Le 27 décembre 1067, Guillaume Raymond, comte de Cerdagne, et Adélaïde, son épouse, vendirent au comte de Barce- lone le comté de Rasez et les châteaux qui en dé- pendaient, pour la somme de quatre nulle mancuses barcelonaises, monnaie d'or, dont sept pesaient une once. (Art de vérifier les dates, édition in-8°.) Je réunis les principales valeurs comparatives que les actes m'ont fournis pour la monnaie courante aux xie et xne siècles, dans les comtés de Roussillon et de Cerdagne. 1067. — Sept mancuses barcelonaises pèsent une once. 1 Revue Numismatique, 1844, p. 292. 2 M. de Longpérier a publié, dans le Numismalic Clironiclc, « une mon- « naie d'or avec des légendes arabes assez bien imitées pour qu'on y re- « trouve la date de la fabrication, et toutes les formules religieuses , et le « nom du roi Offa, écrit en latin OFFA REX. » Il voit dans cette pièce ta mancusc dont il est question dans les auteurs anglo-saxons. 57 1112. — La livre perpignanaise d'argent fin vaul soixante sous eu deniers du Roussillon. 1128. — Douze deniers de Malgone valeni treize deniers du Roussillon. 1131. — Une livre d'argent fin, poids de Béziers, vaut soixante-cinq sous de Melgueil. 1143. — Un maravédi d'Espagne vaut sept sous et demi du Roussillon. 1155, 6 des calendes d'avril. — Un morabotin mer- cator vaut cinq sous quatre deniers de Malgone. 1165. — Vente de deux pièces de terre pour cent dix sous, dont soixante de Malgone et cinquante du Roussillon. 1 1 66. — Un morabolin ajarius, de bon or et de juste poids- vaut sept sous et demi de Barcelone. 1 166. — Trois morabotins d'or, marinivel melcchini, ad rectum pensum Perpiniani, valent vingt-cinq sous du Roussillon. Monnaies des Comtes de Roussillon. Les plus anciennes portent sans doute un nom royal et le type carolingien' : elles n'ont pas encore été re- trouvées. Celles que l'on connaît appartiennent aux deux derniers comtes. Gausfred III (1 115-1 163). — Un denier, au nom de ce prince, fait partie de la collection de M. de Poey- d Avant. (^Description des monnaies seigneuriales fran- çaises de la collection de M. de Poey -d'Avant ). Girard 11(1 162-1 172 ).— Deniers et oboles. V. p. 42. 2 Cette idée est, en partie, justifiée par l'assertion d'un amateur de Bar- celone, qui m'a dit avoir vu des deniers d'Impurias en bas billon, au type et au nom de Louis-le-I)ébonnaire. ( ('. />. 45 , noie I . ) Les comtes d'Ain- purias ont probablement ronlinué, pondant un certain temps, ce monnayafji au type carolingien. 58 VI. — DOMINATION ARAGONAISE. ( 1172 — 1276.) Alfonse(1172— 1196). — 1172, 16 des calendes d'août. Alfonsc confirme les coutumes de Perpignan. — 1 174. Il épouse Sancie, infante de Castille, et lui donne en douaire le Roussillon. — 1175, 16 des cal. d'avril. Nouvelle confirmation de la coutume de Perpignan. — 1180. Le concile de Tarragone défend aux peuples des Marches d'Espagne de continuer, à dater du règne des Rois de Fiance, les actes publics ou particuliers '. — 1 194. Testament d'Alfonse. — 1196. Il meurt à Perpignan. Pierre II (1196— 1213). — 1196, 7 des calendes de mars. Établis- sement du Consulat à Perpignan. — 1203. Pierre épouse Marie, héri- tière de Montpellier. La reine douairière renonce à son douaire et prend le voile. Le Roussillon donné par contrat de mariage à Marie de Montpellier, sous la garantie de Sanche , frère d'Alfonse II. — 1207. Piene II confirme les coutumes de Perpignan. — 1211. 11 donne à Nunyo-Sanchez, fils de Sanche, le Confient, la Cerdagne et quelques fiefs en Roussillon. — 1208. Naissance de l'infant D. Jac- ques.— 1212. Pierre II, hostile à Simon de Monlfort, joint ses troupes à celles de Raymond de Toulouse. — 1213. Il est tué à la bataille de Muret, et l'infant D. Jacques tombe au pouvoir de Monlfort. — Perte de l'inllucnce aragonaise sur la France méridionale. Jacques F'' (1213— 1276). — 1213. L'infant D. Jacques, rendu à l' Aragon, est reconnu roi. — Sanche, son grand-oncle, régent du royaume, tient son pupille à peu près bloqué dans Monçon. Il règne en Roussillon sans litre connu d'apanage, et son fils, Nunyo-Sanchez, y gouverne sans délégation de pouvoir. Le père et le fils s'attribuent le titre de Seigneur de Roussillon et de Cerdagne. — 1213 ou 1218. Mort de la reine Marie, douairière de Roussillon. — 1216. Le jeune roi d'Aragon force ses barrières. — 1217. Nunyo-Sanchez, d'après les conseils et l'autorité de l'évêque d'Elue, publie un acte de paix et trêve. Il accomplit, sans l'intervention du Roi, des amoindrissements de fiefs royaux. — 1224. Nunyo-Sanchez fait sa paix avec le roi d'A- ' Cette décision ne fut pas suivie en Roussillon. Le diocèse d'Elue dé- pendait de l'archevêché de Narbone; après le traité de Corbeil (1258) les actes rnussillonnais ne sont plus datés du règne des Rois de France. 59 ragon. — 1226. Il aide le îoi de France dans la guerre contre les Albigeois, et reçoit, en récompense, les vicomtes de Fenouillède et de Pierre -Pertuse. — 1228. Proclamation du roi d'Aragon pour une croisade contre les Musulmans des Iles-Baléares : Nunyo-Sancliez fournit cent lances et se signale dans cette croisade, dont il est le héros. — Conquête de Mayorque. — 1234. Nunyo Sanchez contribue à la prise d'Yvice. — 1235. Compromis par lequel le roi d'Aragon laisse Nunyo-Sancliez en possession de tout ce qu'il a su réunir. — 1239. Nunyo-Sancliez vend à saint Louis les vicomtes de Fenouillède et de Piene-Perluse qu'il tenait de Louis VIII. — 1241 . Testament et mort de Nunyo-Sanchez. Le Ronssillon , le Confient et la Cer- dagne font retour à l'Aragon. 1241. Constitution de paix et trêve promulguée en Roussillon. Le roi fait rédiger par écrit les coutumes de Perpignan. — 1248, 19 janvier. Premier testament ou partage de la succession de Jacques Ier : il donne l'Aragon à l'infant Alfonse, fils du premier lit ; la Catalogne à l'infant D. Pierre, aîné du second lit ; à l'infant Jacques, le royaume de Valence, et à l'infant Fernand , le Roussillon et la Ceidagne. — 1251, 26 mars. Deuxième partage, à la suite de la mort de l'infant Fernand: l'Aragon , à D. Alfonse; la Catalogne, le Roussillon et la Cerdagne, à D. Pierre; Valence, les Iles-Baléares et Montpellier, à D. Jacques. Les héritiers entrent en possession de leurs États respec- tifs. L'introduction de la monnaie de tern en Roussillon, par acte officiel du 8 octobre 1261, témoigne du gouvernement de D. Pierre. — 1258. Traité de Corbeil entre saint Louis et Jacques Ier : les comtes de Barcelone, Urgel, Cerdagne, Besalu, Roussillon et dépen- dances, sont soustraits à la suzeraineté de la France. — 1262, 10 des calendes de septembre. Troisième partage , par suite du traité de Corbeil et de la mort de l'infant D. Alfonse (1260) : l'Aragon, Va- lence et le comté de Barcelone, à D. Pierre ; à D. Jacques, les Baléares et Montpellier, le Roussillon et Colliourc, le comté de Cerdagne et le Confient, le Vallespir et Prats-de-Mollô , à condition que la mon- naie de tern aura cours exclusif dans ces provinces , qui recevront aussi la coutume de Catalogne et les usages de Barcelone. — 1272, 1 des calendes de septembre. Modifications au dernier partage : il n'est plus question de la monnaie de tern, ni des coutumes et usages de Barcelone, ni d'éventualité de vasselaçe. — 1275, 9 des calendes de septembre. D. Jacques épouse Sclaramonde de Foix. — 1276. 60 juillet. Morl de Jacques I", le Conquérant. (Études historiques sur le Roussillon, par M. de Saint-Mald ) Le 4 des nones de juillet 1172, Girard II, atteint de la maladie dont il mourut, et n'ayant point d'hé- ritiers, fit en faveur du roi d'Aragon, après avoir consulté ses sujets, un testament par lequel il léguait à ce prince le comté de Roussillon. Allbnse en prit possession peu de temps après le décès du comte. La monnaie de Barcelone, qui déjà circulait dans le Confient et le Vallespir, et même dans le Roussillon, comme le prouvent deux actes de 1 1 51 et 1 1 60 ', ne dut pas tarder à avoir cours légal dans ce dernier comté. Il existe, en effet, clans le Cart. du Temple, conservé à l'Université, plusieurs contrats des vingt dernières années du xne siècle, contenant des stipu- lations en sous et deniers barcelonais. En 1 1 80, le roi Alfonse créa la première monnaie barcelonaise de billon, qui fut appelée uneto, de la quantité d'argent (une once) employée dans la compo- sition du marc de métal à monnayer2? Dès 1 182, des contrats furent passés en cette monnaie dans le comté de Roussillon3. En 1209, Pierre II, fils et successeur d'Alfonse, créa la monnaie bosonaya, qui ne dura que trois ans, au « I loi , calendes d'octobre.— Vente pour 80 sous barcelonais. \ 1 60, 1 3 des calendes de novembre. — Ven te pour 50 sous barcelonais bons. ~Salat, tom. I , p. 110. 3 1182, calendes de juillet. —Vente pour 300 sous barcelonais et un 3) on ebeval. I 183, \2 des calendes de mars —Vente pour 50 sous barcelonais bons, etc. I 196, 'i des calendes d'avril.— Vente pour I 100 sous barcelonais, dont Y') valent un marc d'arfjenl fin. ()1 rapport de la Chronique de Barcelone5. Bruniquei (lome 3, fol. 1) en fait remonter la création à Tannée 1 185, et lui donne la valeur de cinquante-et-un sous au marc. Chaque marc rendait, par conséquent, six cent douze deniers. A la monnaie bosonaya succéda celle de cohern, quern ou quitter n( en latin moneta quaterna), ainsi nom- mée parce qu'elle était au titre de quatre deniers(qua- tre onces et huit deniers d'argent ) -. Instituée en 1 21 2 par le roi Pierre II, la monnaie quaterne se composait de deniers et d'oboles , qui portaient, au rapport de Salât, la légende PETIWS REX3. Quarante-quatre sous de quatern valaient un marc d'argent fin , poids de Barcelone. La monnaie quaterne, mise en concurrence dans le Boussillon avec celle de Malgone, est le plus sou- vent indiquée dans les actes sous le nom de solidi ou denarii barchinonenses 4 ; quelquefois moneta curribilis in Roscilione ou per Rosciliojicms ; plus tard, moneta quaterna curribilis in Roscilione* . En 1241 et années suivantes, elle est toujours assimilée à la monnaie de 1 Ânno MCC1X fuit aspersa moneta dicta bosonya, quœ duravit très annos. Scilicet nsque in anno MCCXII. fftlarca Hisp , col. 756. — Ducangc, tome I, p. 1 et 691.) 2 El in illd moncld de quatemo ponunt quatuor marcha! argenli et octo zV7.). Huit jours après il réitère cet ordre, sous peine d'une amen- de de cinquante sous barcelonais (Ib., fol. 12, verso.) Le 1 er octobre 1 340, sur la demande du Lieutenant- Général de Catalogne, il réitère Tordre d'accepter par- tout les barcelonais d'argent, comme le prescrit une criée, publiée et affichée dans toute la Province, sous peine d'une amende de vingt sous (Ibid., fol. 14). — Voir au chapitre suivant la suite des documents mo- nétaires de ce règne. Denier d' argent ou croat: + PETRVS°DEi°GRACIA° REX. Buste couronné, tourné à gauche ; tunique aux trois roses — C1VI-TAS B-ARCK-NONA. Croix barce- lonaise, cantonnée aux 1er et 4e d'un annelet; aux 2e et 3e de trois besants. Variété à l'V gothique. Variété à l'V gothique \ la croix du Pi. cantonnée de trois besants aux 1 er et 4e, et d'un annelet aux 2e et 3e. Variété :\eT saxon elVY gothique Croix cantonnée comme la précédente. Cette pièce doit être de la fin du règne. Le T saxon et TV gothique se voient sur les mon- naies de Pierre IV, Jean 1er, Martin, Ferdinand Ier, Alfonse V, Jean 11 et Ferdinand-le-Catholique. Denier de ze/7J:-|-PETRVS REX. Buste couronné. — BA-CI-NO-NA. Croix barcelonaise, cantonnée d'un annelet aux 1 er et 4e ; de trois besants aux 2e et 3e. Obole de tern : Type et légendes du denier. J'ai dit que les rois de Mayorque se conformaient aux ordonnances de leur suzerain sur la monnaie de tern. Voici l'analyse des documents officiels. <; 82 1288, 4 des noues de mars. — Ordre de la part du Roi, que chacun fasse ses paiements en l'espèce de monnaie stipulée dans les obligations qu'il aura sous- crites ou qu'il souscrira à l'avenir; ou, s'il n'y a pas de contrat, en la monnaie qu'il pourra prouver par té- moins être celle de la transaction. [Livre Ier d'Ordi- nations, fol. 1 1 •) 1288, 6 des cal. de décembre. — Criée faite au nom du roi Jacques, ordonnant de vendre, acheter et con- tracter, dorénavant, en monnaies barcelonaises de tern, sous peine de perdre, savoir : l'acheteur, la chose; le vendeur, le prix. Le paiement des dettes antérieures se fera de même en monnaies barcelonaises de tern, excepté les contrats de mariage. [Ibid., fol. 11.) 1300, calendes d'août.— Le Roi ordonne que les dettes antérieures et postérieures à la Toussaint, et contractées en monnaie noire de Toulouse, envers des Chrétiens ou des Juifs, seront liquidées, savoir: les premières suivant la proportion de vingt sous bar- celonais pour vingt-trois sous de Toulouse; les secondes suivant celle de vingt sous pour vingt-quatre sous et demi. [Livre vert mineur, fol. 71 .) 1300, 8 des ides de septembre. — Il étend ce tarif aux créances de certains Juifs de Perpignan, qui en réclamaient le remboursement en monnaie de Tou- louse. Ce fait seul prouve que l'ordonnance des calen- des d'août favorisait la monnaie barcelonaise. Quant aux dettes contractées avant que la monnaie de Tou- louse circulât à Perpignan, elles durent être liquidées à raison de vingt-et-un sous six deniers de Toulouse, pour vingt sous de Barcelone. [Livre d'Ordin., f° 1 2.) 1301 , nones d'avril. —Ordonnance sur le paiement des commandes faites pendant la circulation delà mon- 83 naie noire toulousaine et de la monnaie de Malgone, dont huit deniers valaient un tournois d'argent. Le roi Jacques y rappelle une ordonnance plus ancienne, rédigée à Mayorque, postérieurement à son édit sur la circulation de la monnaie de Barcelone à Perpi- gnan , en Roussillon et dans toutes les terres de son royaume1. Il rejette la demande du remboursement intégral d'un contrat stipulé en monnaie de Malgone et de Toulouse, et enjoint aux officiers royaux de se conformer exactement aux prescriptions des ordon- nances précitées. Ce document nous apprend, en ou- tre, qu'à Perpignan et dans le comté de Boussillon, la monnaie noire de Toulouse et celle de Malgone ont circulé au pair. (Livre Ier d'Ordin., fol. 13.) 1301 , 10 des cal. d'août. — On publie, à Perpignan, que les tournois d'argent (gros tournois de France), sti- pulés dans les actes, seront comptés pour seize deniers de Barcelone. (Ibid., fol. 1 1 , verso.) 1305. — Ordonnance royale fixant la valeur des es- pèces suivantes, qui sont très souvent employées dans les contrats roussillonnais, comme redevance annuelle ou censive. La rhaymondine simple, — V sous barcelonais. La maymondinc double, — X sous barcelonais. Le morabotin amphonius - , — VII sous barcelonais. Lcsterlin, — IIII deniers barcelonais. (Ibid., f°13.) 1 ...Propter quamdam ordinacioncm qwd nos fceimus postquam fuimus in, Mayorkha, et postquam mandavimus quod monda barcliinoncnsis curreret simul in Perpiniano et terra Rossitionis et aliis terris nostris. - Cette lecture ne serait-elle pas une erreur du copiste, qui aurait écrit amphonius pour Anfonsius , c'est-à-dire les monnaies d'or à légendes arabes fabriquées par Alfonse VIII, roi de Castille? Le morabolinus Âlfonsins ou Anfonsius est parfois mentionné dans les actes publics ou particuliers. 84 1307, ides de juin. — Décision sur le paiement des créances consenties en foire, à Perpignan. l315,4desnonesdejuin. — Ordonnance qui défend la sortie de l'or, de l'argent, du billon et de toutes les monnaies. {Livre Ier d'Ordin., fol. 56.) 1317, veille des ides de septembre. — L'édit royal de 1258, concernant la circulation exclusive de la monnaie de tern dans le Koussillon, la Cerdagne, le Confient et lé Vallespir, est renouvelé et enregistré par le Conseil, dans la chambre royale du château de Perpignan.1 (Salât, Instr. justif. , n° X.) 1321, 6 des nones de mars. — Le roi Sanche règle le mode suivant lequel seront réalisées les obligations jadis contractées au marc d'argent. 11 ordonne: 1° que les stipulations faites au marc d'argent seront liquidées au marc-poids; 2° que si, par témoins, documents publics ou privés, autre qu'un contrat de mariage, on ne peut prouver qu'il est réellement question de marcs-poids d'argent au temps du contrat, on rendra seulement, pour chaque marc, cinquante sous bar- celonais, en menuts. {Livre Ier d'Ordin., fol. 72.) 1334. — Jacques II, roi de Mayorque, avait ordonné que la monnaie de tern aurait cours dans les comtés, et que, dans toutes ses terres, le croat d'argent de Bar- celone serait reçu pour douze deniers. Le 5 des ides de mars, le conseil et les officiers royaux, réunis au château de Perpignan, arrêtent que cette ordon- nance sera publiée partout. Le document, conservé aux Archives de l'Université, est terminé par la criée en catalan, faite ce jour-là même dans la ville de Per- < Acta et laudala [uermt hwc in caméra regia caxlri rerpiniani, Itomini Régis Majoricanm prœfali. 85 pignan. Elle enjoint de vendre, acheter et contracter en monnaie barcelonaise de tern, de prendre douze deniers menuts pour un sou, le croat d'argent pour un sou, et de payer les censives, loyers, baux à ferme, etc., en cette monnaie seulement, sous peine d'une amende de cinquante sous. {Registre delà Procuration royale, fol. 3.) Tous ces actes, favorables à la circulation de la monnaie barcelonaise de tern, établissent que le roi de Mayorque obéissait aux édits du roi d'Aragon, son suzerain. L'insuffisance de cette monnaie n'en était pas moins réelle. En 1306, la monnaie de Toulouse ftolzasj n'avait pas cessé de circuler à Perpignan. (Archives de Saint- Jacques;) Le 2 juillet 131 4, la caisse du Bailly de cette ville fut ouverte en présezice des officiers royaux. On y trouva quarante sous en blancs de France, déposés par l'ancien Bailly, qui avait éga- lement accepté de deux hommes de Thuir, en paie- ment de censives, vingt sous en blancs, valant une livre, et quatorze sous d'un homme de Tallet. (Reg. de la Procur. royale, n° 24, f° 1 47.) En 1 31 4, les blancs de France circulaient donc à Perpignan, malgré la défense réitérée d'accepter aucune autre monnaie que celle de Barcelone. Les deniers de Malgone, proscrits à plusieurs reprises, restèrent long-temps dans la cir- culation. En 1342, la reine Constance de Mayorque, dont la cassette était dotée sur la leude de Collioure, en prenait douze sous pour treize de Barcelone (Ber- nard Pages, notaire). En 1 421 , les deniers de Malgone avaient à Perpignan la même valeur au cours que les deniers barcelonais (Antoine Guitard, notaire). Après la réunion du royaume de Mayorque, les rois d'Aragon reconnurent eux-mêmes l'insuffisance 86 de la monnaie de lern en Roussillon, el furent obli- gés d'y suppléer par l'autorisation d'admettre. les es- pèces étrangères. Le dépouillement de la rubrique du Cartulaire des Templiers du Mas-Dcu prouve que, dans le xme siè- cle le plus grand nombre des actes présentent des stipulations en sous et deniers barcelonais couronnés f monnaie de tern J; mais on y voit souvent figurer, comme redevance annuelle, les bons deniers de Mal- gone et les sterlings d'argent fin. La valeur du marc d'argent fin, poids de Perpignan, en sous et deniers barcelonais de lern, est assez sou- vent citée dans les actes. 1 280, 7 des ides de juin, le marc d'argent fin, poids dePerpignan,vaut 62 sous 6 deniers barcelonais(C«r£. du Temple). 1281, 3 des cal. de décembre, — 62 sous 6 deniers barcelonais. (Il>id.) 1282, 14 des calendes de mai, — 70 sous 6 deniers barcelonais. {Arch. de Vinça.) 1321, 6 des nones de mars, — 50 sous barcelonais. {Livre d' Or din., 1. fol. 72.) 1328,— 73sousbarcelonais.(i?.Je/aP/-.Jft.,V,p.35.) 1 335, 6 des calendes de mars,— 65 sous barcelonais. {Pierre Giraud, notaire.) 1335, 6 des calendes de novembre, — 65 sous bar- celonais. {Ibid.) 1335, veille des calendes de novembre,— 65 sous barcelonais. {Ibid.) Les ordonnances des rois d'Aragon sur la circulation exclusive de la monnaie de tern dans les comtés de Roussillon et de Cerdagne, le Confient et le Vallespir, étaient tellement obligatoires pour le roi de Mayorque, 87 que leur non exécution devint la cause, ou mieux, le prétexte, de la ciiation envoyée à Jacques II de com- paraître à Barcelone devant son suzerain. Cette cita- tion, publiée par Salât, accuse le roi de Mayorque d'avoir, contrairement aux conditions de son hom- mage, laissé circuler, dans les comtés, d'autres mon- naies que celles de Barcelone; d'en avoir fait publi- quement fabriquer à Perpignan, et d'avoir refondu les espèces barcelonaises pour les émettre à un titre inférieur1. Jacques ne comparut point. 11 proposa de se sou- mettre au jugement du Souverain Pontife; mais l'ambitieux roi d'Aragon ne tint aucun compte de cette proposition : il proclama la déchéance de son parent, et confisca le royaume de Mayorque. L'existence de ce royaume affaiblissait l'Aragon, en le privant de plusieurs provinces. Chercher à le réunir était d'une bonne politique; mais le désir de réparer la faute de Jacques le-Conquérant ne saurait excuser une spoliation. L'histoire impartiale flétrira toujours l'ambition et la cruauté de Pierre IV. Le roi de Mayorque avait-il autorisé l'acceptation des mon- naies étrangères proscrites par les ordonnances de son suzerain? Je n'ai rencontré aucun document qui pût le faire penser : la monnaie barcelonaise en circulation dans le Roussillon étant insuffisante, peut-être avait-il 1 Conirà fas et licilum et conventioncs in ipsâ infeudatione contentas, aliam monetam prœler Darchinonensem currere facilis et permitlilis m dictis terris Rossilionis, Cerilaniœ et Ccnfluenlis, Vallispirii et Cauquolibcri ; et quod est gravis lolerandum, cuditis, seu cudi fecislit, et facilis patenter et publiée, ■mo- netam in villa l'erpiniani, in dicto comilatu Rossilionis sislenti, nec non conflari sed (mdi monetam regalem noslram Larcliinonensem seu argenti, quœ intacla penilùs permansisse, nec à vobis contaminât ionem aut diminut ionem aliquam de- luerat suscepissc. (Salât, Instr. justif-, n° XXVI.) 88 fermé les yeux sur des infractions commandées par la nécessité. Voilà probablement tout son crime. Quant à l'accusation de faux-monnayage, jusqu'à preuve con- traire, je la tiens pour une calomnie de Pierre IV. Rien ne la justifie : on ne retrouve, en Pioussillon, aucun exemplaire de ces contrefaçons de monnaies barce- lonaises que le roi d'Aragon n'a jamais décriées, ni produites. D'ailleurs, la certitude de leur existence ne saurait constituer une preuve suffisante contre Tin- fortuné roi de Mayorque, dont le caractère paraît avoir été bien différent de celui que dévoileraient des spé- culations de ce genre1. Pierre IV, dit le Cérémonieux, élah doué de grandes qualités, mais il n'avait point de probité politique : tous les moyens lui étaient bons pour augmenter ou con- server sa puissance 2. Quant à sa probité privée, pour ne point sortir de mon sujet, je me contenterai de rappeler que, dans un château près de Barcelone, Pierre IV faisait fabriquer des monnaies françaises à bas-titre. On les introduisait en France par terre et par mer, puis on les échangeait contre des pièces de bon aloi, que l'on refondait à Barcelone. Ce honteux » Une lettre de Jacques III, datée de Perpignan, le 27 juin 1359, et adressée aux Procureurs des revenus royaux, vient corroborer ce sentiment. Les anciens procureurs avaient reçu de divers citoyens des monnaies d'or pour un prix inférieur à leur valeur réelle. Le roi de Mayorque ordonna que la différence fût immédiatement remboursée aux ayant-droit. Voici comment se conduisit le roi d'Aragon dans une circonstance ana- logue. Le maître de la monnaie de Perpignan avait fabriqué des espèces d'or au-dessous du poids légal : Pierre IV, informé du fait, se fit rembourser la différence, et ordonna de mettre en circulation les monnaies légères pour la même valeur que les autres. 2 On sait que Pierre IV fit périr de mort violente ses deux frères, Don Javme et D. Fernand, que la noblesse ara.gonaise lui opposait. 89 trafic, commence sous le règne de son père, dura près de soixante ans. En guerre avec la Castillc, Pierre IV contrefit également les monnaies castillanes. 11 est na- turel de ne pas croire, sans preuves, à la véracité d'une accusation portée par un roi faussaire, contre un prince dont il avait juré la perte et convoitait les Etats. VIII. — 1" RETOUR A L'ARAGON. ( 1344—1462. ) Pierre IV(1344— 1387) -1344-1345. Séjour du Roià Perpignan. — 1348, avril , mai et juin. La peste ravage l'Aragon, la Catalogne et le Roussillon. — 1349. Fondation de l'Université de Perpignan. — 1350. Pierre IV conteste au roi de Fiance la propiiété des do- maines situés en Languedoc et achetés au roi de Mayoïque. Négo- ciations à ce sujet. — 1362, 1er mai. L'infant D. Jacques de Mayorque s'évade de sa prison. — 13G8. Lutte entre le clergé et les consuls de Perpignan ; elle se termine en 137G, par une transaction. — 1374. L'infant de Mayorque tente de recouvrer ses États. — 1375. 11 meurt. — 1376. Le duc d'Anjou prétend à la succession. — 1384. Dissen- sions entre le roi Pierre et son fils, l'infant D. Juan. — 1385. L'in- fant, déshérité par son père, lait appel à la justicia d'Aragon : l'édit royal est révoqué. — 1387. Mort de Pierre IV. Jean Ier (1387 — 1396). — Les droits sur le royaume de Mayorque sont transférés à Jean III, comte d'Armagnac. — 1390. Irruption du comte d'Armagnac en Roussillon et en Catalogne. Le roi d'Aragon le repousse. Les Français pénètrent de nouveau en Roussillon. — 1391. Représailles des Aragonais sur le territoire français. — 1395. Pierre de Luna est reconnu, par l'Aragon , en qtiaJité de Souverain Pontife, sous le nom de Benoît XIII. — 1396. Moit subite de Jean Ier (19 mai). Les Coïts proclament Roi l'infant D Martin, alors en Sicile. Martin (1396 — -1410). — La reine Doua Maria gouverne en l'ab- sence du Roi. — 1397, 7 septembre. Le roi Martin fixe les conditions à remplir pour jouir des libertés et franchises des habitants de Per- pignan.— 1406, mort de la Reine. — 1409, mort du fils unique du Roi —1410, 31 mai, mort du roi Martin. Interrègne (1410—1412). — Cinq prétendants à la couronne. In- terrègne de deux ans. — Congrès de Caspé. L'infant de Castille est élu Roi (10 juin 1412). 90 Ferdinand Ier(1412 — 1416). — Il renouvelle les ordonnances de Jacques II et d'Alfonse IV contre les jeux de hasard. — 1416, 6 jan- vier. L' Aragon renonce à l'obédience de l'anti-pape Benoît XIII. — 2 avril, mort du Roi. Alfonse V (1416— 1458) —1420. Alfonse, appelé par Jeanne II, reine de Naples, quitte l' Aragon, après avoir institué la reine Marie son lieutenant-général. — 1434. Il est privé de la succession de la reine Jeanne. — 1435. Don Juan, frère d'Alfonse, est nommé lieu- tenant-général du royaume d'Aragon. — 1451. Peste en Roussillon. 145S, 28 juin. Alfonse meurt à Naples.— 4 septembre. Mort de la reine Marie. . Jean II (1458—1462—1479.) — Le prince de Viane , fils de Jean II et de Blanche de Navarre, prend le titre de roi de Navarre après le second mariage de son père. Guerre de famille. Les Catalans sont dévoués au prince de Viane. — 1459. Traité d'alliance et d'as- sistance mutuelle entre Charles VII, roi de France et Jean II; entre le dauphin Louis et le prince de Viane. — 1460. Le prince de Viane en prison — 1461. Son procès. Mis en liberté et nommé lieutenant- général de Catalogne, il meurt le 20 septembre , laissant par testa- ment la couronne de Navarre à la princesse Blanche, sa sœur. — La reine d'Aragon à Barcelone. Troubles en Catalogne. Embarras finan- ciers de Jean II, qui s'adresse à Louis XL Le roi de France s'offre aux Catalans comme protecteur. Repoussé par eux, il cherche à re- nouveler l'alliance entre les deux couronnes. Fermentation à Barce- lone. La Reine se réfugie à Girone, et la ville de Barcelone lève une armée pour l'y assiéger. Jean II réunit quelques troupes. Barcelone déclare le Roi et la Reine ennemis de la patrie. Traité de Sauveterre entre le roi de France et le roi d'Aragon. Traité de Sarragosse : les revenus des comtés de Roussillon et de Cerdagne engagés à la France, comme garantie des sommes avancées. (Henri, Hist. du Roussillon.) Voici l'analyse des documents monétaires posté- rieurs à la confiscation du royaume de Mayorque. 1345, 4desnones de juillet. — Le Roi ordonne que tous les deniers barcelonais d'argent, faibles de poids, soient portés à la monnaie et échangés contre des de- niers forts, aux frais du général de Catalogne. ( Livre des Monnaies, fol. 16.) 91 1345, 7 des ides de juillet. — Prévoyant que, malgré les règlements sur le paiement des eroats, les chan- geurs ' se serviraient peut-être de poids pour les acheter, sans pouvoir être forcés de peser quand ils les vendraient, il ordonne que la pesée aura lieu a la volonté de l'acheteur (7£iYZ., fol. 17, verso). Ces deux lettres sont datées de Perpignan. 1346, ides d'août. — Ordonnance datée du monas- tère de Poblet. Il sera fabriqué dans la ville de Per- pignan des florins d'or lin, du poids des florins de Florence ". 1349, 4 des cal. d'août. — Pour augmenter l'utilité de cette mesure, et faire jouir ses sujets d'une plus grande quantité de monnaies, le Roi permet de fabriquer à Perpignan, non-seulement des florins, mais encore des écus d'or fin, au poids des écus de France, à ses armes et à son nom. La charte de 1346 ne donnait aux florins aucun différent monétaire: il prescrit qu'il y soit apposé un A renversé [sic y), qui tiendra lieu du nom royal. 11 nomme Simon de Soler maître de la monnaie, pour celte fabrication, et lui concède, ainsi qu'aux ouvriers et autres employés, la jouissance de tous les privilèges, libertés, immunités et franchises dont jouissaient alors les monnayeurs du royaume d'Aragon. (Salât, Instr. justif., n° XXIX) Ces privilèges, concédés en 1208(6 des cal. defévr.) parle roi d'Aragon Pierre II, consistaient dansl'exemp- tion des droits d'host, de chevauchée et de plusieurs 1 Munetam trebucantes, de justo ejus pondère detrahentes et in conm domibus trabuchetos non justos , sed majoris ponderis habentes : tel est le portrait <[uc Ducange a fait des changeurs de l'époque. 2 Les florins de Florence étaient connus en Roussillon depuis le xmp siècle. Leur bon aloi les lit accepter et imiter dans toute l'Europe. 92 aulres charges et servitudes royales ou municipales'. Us furent confirméset augmentés par les rois d'Aragon, successeurs de Pierre II 2. 1350, 16 des calendes de juin. — Ordonnance sur la monnaie de Barcelone, le tournois d'argent, le florin d'or et la monnaie de Malgone. 11 est défendu de con- tracter en monnaie autre que la monnaie barcelonaise. Le tournois d'argent sera compté dans le paiement des obligations pour seize deniers de Barcelone, et le florin d'or pour douze tournois. Il est défendu d'accepter ou donner des malgurs ("deniers de Malgone J. Les chan- geurs seuls sont autorisés à opérer le change des tour- nois en circulation. Les contrevenants aux prescrip- tions de celte ordonnance perdront, savoir : l'acheteur, le prix; le vendeur, la chose. [Livre Ier d'Ordin.,?0] 1 .) 1350, 16 décembre. — Les actes ne seront plus datés de l'Incarnation de J.-C, mais de sa Naissance. 1 Pretercà, slatuimus et mandamus ', ut dum moneta nostra barchiuonensis operabilur et cudetur, monefarii, vel operarii, vel alii servientes in ed, non le- neantur facere hoslem, vel cavalcalam, vel dare, vel mit 1ère in aliqud questià; tollà, vel forlid, vel servitio, vel vsalico, vel in aiiqnâ exaclione, vel demanda, vel communitatc regali, vel vicinati, quœ dici vel nominari possit ; sed ab his omnibus et singutis eorum que solutione et exaclione sinl franchi, liberi, im- munes, quieti ac penilùs alieni, qvamdiù in opère vel servitio prœfalœ monelœ eos esse constiterit, vel morari. (Salai, Inslr. justif., n° III. — 1208 ) 2 I2j9, 15 des cal Je septembre. — Jacques lel ordonne que les monnayeurs et officiers des hôtels de Catalogne seront choisis parmi les naturels du royau- me, à l'exclusion formelle des Gascons et autres étrangers. (Ibid., n° X.) •1270, calendes de juin. — Il renouvelle ces dispositions, et accorde aus employés des monnaies la faculté de choisir entr'ëux des alcades chargés de faire observer les privilèges et constitutions. (Ibid., n° XIX.) tr>2.J, 10 des cal. de février. — Jacques II leur concède le droit d'élire deux alcades pour juger leurs différents. (Ibid., Appendice, n° 111.) 1339, 8 des cal. de novembre. — Pierre IV confirme tous les privilèges accordés par ses prédécesseurs aux employés do la monnaie et leur en ac- corde de nouveaux. (Ibid., Appendice, n" IV.) 93 1351 — Correspondance des sous, onces, marieuses el morabolins d'or pur ou de Valence, avec la mon- naie barcelonaise de tern, selon la réduction opérée par les Coris tenus à Perpignan en 1351 : Le sou d'or pur y est évalué à douze sous de tern; Le sou d'argent, — à deux sous de tern; L'once d'or pur, — à vingt-huit sous de tern; L'once d'or de Valence,— à huit sous de tern; La mancuse d'or de Valence, — à seizedeniers id.\ Le morabotin, — h quatre sous ici. (Salât, p. 200.) 1357, 24 mars. — Pour faciliter la vérification des espèces fabriquées à Perpignan, le Roi ordonne qu'il soit placé, dans l'hôtel des monnaies, une caisse à trois clés, dont l'une sera remise au maître de. la monnaie, l'antre à l'écrivain et la troisième à Pierre Guarau, de Perpignan, chargé par le Roi de l'exé- cution de cet ordre. La caisse, divisée en deux com- partiments, intitulés: l'un case de cinq cents , l'autre case de cent, était destinée à recevoir les florins de boîte, dont on vérifiait ensuite le titre et le poids. Voici comment on opérait : à chaque délivrance, un florin sur cinq cents était versé dans la case de ce nom ; la centaine ou les centaines de reste étaient repré- sentées par un, deux, trois ou quatre florins mis dans la case de cent. S'il restait, en outre, une certaine quan- tité de florins plus faible que cent, on la constatait par écrit, afin de savoir ce que l'atelier devait à la caisse. Lorsque la case de cent contenait cinq florins, on en versait un dans la case de cinq cents, et les quatre au- tres étaient envoyés à Avignon pour en faire l'essai1. 1 C'étaient probablement des Florentins, alors fort habiles Jans Tait du monnayage, uni étaient chargés de cet essai. (Note de M. de Saint-Malo.) 94 S'il était prouvé qu'il y avait défaut de quantité, de taille ou de poids, la différence était remise parle maître de la monnaie à Pierre Guarau, commissaire du roi, dépositaire de l'une des trois clés de la caisse. (Salât, lnstr. justif., n° XXXI.) 1360, 22 décembre. — Nouvelle ordonnance du Roi, ponant qu'il sera fabriqué, à Perpignan, des florins au titre de 22 carats 3/4J et à la taille de 68 au marc de Perpignan Le bail ou arrentcment de cette fabrication fut accordé pour deux ans à Pierre Blau. {Livre des Monnaies , fol. 18, verso, note.) 1362, 19 mars. — Lettre du Roi au Gouverneur du Roussillon, lui mandant, sur la requête des Consuls de Perpignan, de contraindre les monnayeurs et autres privilégiés, à contribuer au paiement des impositions faites par les Consuls, pour cause de réparations aux murailles et aux fortifications de la ville, dans le cas où les privilégiés de Barcelone contribueraient à des impositions semblables. {Livre vert mineur, fol. 332.) 1362, 29 juin. — Lettres-patentes du Roi. Il sera fabriqué à la monnaie de Perpignan: 1° des florins au titre de vingt-deux carats et à la taille de soixante- huit au marc de Perpignan; 2° des florins au litre de vingt-et-un carats et demi, ayant pour légende le mot FLANDRIA. {Livre des Mann., fol. 18, verso, note.) Pierre Blau fut chargé, pour une année, de la fa- brication des florins à vingt-deux carats. Quant à celle des florins à la légende FLANDRIA, c'était probable- ment une contrefaçon à plus bas titre. En 1365, Pierre IV était en guerre avec le roi de Castille. Cette guerre, qui dura vingt ans, nécessitait de grandes dépenses, et le roi d'Aragon manquait d'argent. Il demanda que la dîme perçue par l'Evêquc 95 de Barcelone sur les produits de la fabrication barce- lonaise, fût appliquée au trésor royal ; mais, sur les instances des syndics de Barcelone, cette demande fut rejetée par la Cort de Tortose. Cependant il fallait pourvoir aux dépenses. L'assemblée se laissa entraîner dans une mauvaise voie, l'altération du litre des mon- naies. Elle ordonna, le 21 avril », que Ion fabriquerait à Perpignan des florins à dix-huit carats, dits florins dJragon", à la taille de soixante-huit au marc de Perpignan, et qui présenteraient, d'un côté, la fleur de lys entourée de la légende ARAGO REX P; de l'autre, la figure de saint Jean-Baptiste, avec la légende S. IOIIANNES B. Voici les autres dispositions : Pierre Blau , maître de la monnaie, sera chargé de la fabrication, aux conditions habituelles. — Trois députés de Barcelone, 1 Ce même jour, la reine Éléonore, lieutenant-général du Roi son époux à la Cort de Tortose, fit serment de ne jamais altérer ni changer la monnaie de lern, et confirma tous les privilèges accordés par les Rois ses prédéces- seurs sur la perpétuité, la stabilité, l'incommulabilité de la monnaie bar- celonaise de tern et d'argent, [livre des Monnaies, fol. 19 et 20.) 2 Cette appellation semble indiquer que les florins des rois d'Aragon étaient fabriqués en Aragon. Cependant jamais on ne fabriqua dans ce royaume ni florins, ni croats, mais seulement de la monnaie jacquaise de lern, comme nous l'apprend le passage suivant, extrait du Traité des mon- naies catalanes, composé en 1457 par Arnaldo de Capdevila , et publié par Salât sous le n° LV1 de ses Instrumentas justificatives : « Nota mes avant que « jat sia que to dit flori liaja près lo iitol d'Arago, aço esta en veritat, que « james en Arago no s'ha batut flori, ni croal, nno tant solament moneda ja- « quesa de lern. (Ghap. VII, p. 65.) Les ateliers monétaires qui ont fabriqué des florins d'Aragon sont Perpi- gnan, Barcelone, Girone, Valence et Mayorque. (Salât, tom. I, p. -118.) Les florins de Girone portent en légende, d'un coté, le nom de la ville ; de l'autre, celui du Roi (Salât, pi. IV, 19). Les florins de Mayorque sont pro- bablement ceux qui présentent des vaches et des lions comme les réaux et les demi-réaux, sortis de cet atelier, ou d'autres svmboles, avec la lettre M pour différent monétaire. un de chaque bras*, désignés pont surveiller les opé- rations, prêteront serment de tenir secret l'affaiblissement du titre, aussi long-temps qu'ils le pourront, etc. — Les deux gardes de l'or, Jacques Canyelles et Pierre Na- vères, recevront un salaire de cent florins par an, et prêteront serment entre les mains du gouverneur du Roussillon. — H sera fait, pour essayer les florins fa- briqués, un louchau à dix-huit carats, que l'on dé- posera dans une boîte à deux clés. — Dans la vérifi- cation des livraisons , on tiendra compte du plus ou du moins dans le poids, le titre, etc. — La fabrication durera deux ans, et consommera cinquante mille marcs d'or fin chaque année , cent mille en tout. — Barthélémy Cervera sera nommé écrivain du roi près la monnaie de Perpignan, aux appointements de cent livres barcelonaises par an. — L'écrivain royal du maî- tre de la monnaie, Bernard Aybri, de Perpignan, re- cevra soixante livres par an. — Le maître de la balance sera Bernard Thore, de Perpignan : il aura trente livres de salaire. — Le Roi ordonnera une criée, dans toute la principauté de Catalogne, prescrivant de donner et recevoir le florin d'Aragon pour onze sous barcelonais, sous peine d'une amende de cinq cents morabotinsd'or. — Les changeurs ne pourront prendre plus d'un denier pour le change d'un florin d'Aragon contre de la monnaie de terri. — Tous les contrats se feront en monnaie barcelpnaise de tern : le florin y sera compté pour onze sous, ni plus, ni moins, à peine de nullité. — La Cort supplie le Roi de donner cours au florin d'Aragon, dans l'Aragon et le royaume de ' Les prélats et les abbés formaient le bras ecclésiastique ; les nobles et les chevaliers le bras militaire : les députés «les villes, dont le roi était seigneur, le bras royal. Valence. — Le bénéfice de la fabrication sera employé à solder les cavaliers et les hommes de pied qui gardent les châteaux d'Opol et de Tautavel. — Il devra être de douze mille florins par an, mille par mois, dont le maî- tre de la monnaie tiendra compte, soit au Roi, soit à la personne qu il déléguera '. [Livre des Monnaies, f<> 34.) Le 15 avril, Pierre IV, avait informé tous les offi- ciers royaux de la création consentie par la Cort. 11 ordonnait de publier partout que le florin d'Aragon serait reçu pour onze sous barcelonais, à peine d'une amende double du prix de la transaction, et que les changeurs donneraient dix sous onze deniers barce- lonais pour un florin. [Ibid., fol. 3G, verso.; Bien que le secret de l'opération eût été placé sous la foi du serment, l'altération du titre des florins ne tarda pas à produire une dépréciation. Pour y remé- dier, Pierre IV défendit, le 1er juillet, la sortie des monnaies d'or, à l'exception des florins d'Aragon fa- briqués à Perpignan {Ibid., f°. 36, verso). Le registre n°Ide la Procuration royale, fol. 45, verso, donne, in extenso, la criée faite à Perpignan, le 14 août, au sujet de cette prohibition. Le 13 sept., la Cort de Barcelone ajouta quelques articles aux chapitres de la Cort de Tortose. Considé- rant qu'il importait d'assurer la circulation des florins d'Aragon, et que le Roi faisait un grand bénéfice sur cette fabrication, elle arrêta : 1°que, sous aucun pré- texte, le Roi, la Reine, le Duc2, ni personne, en leur ' Ce document sera fort utile pour retrouver la valeur du marc de Per- pignan; les indications qu'il contient suffisent, en effet, pour reconnaître le llorin d'Aragon fabriqué à Perpignan de 1565 à 1567. 1 L'infant I) Juan, dur de Gironc, lieutenant et capitaine- néral dans les comtés. 9S nom, ne Cera.it jamais fabriquer d'autre monnaie d'or que le florin d'Aragon, à l'exception du ré al d'or de Majorque, dont la fabrication serait continuée à Mayorque, aux titre, poids et type accoutumés; — 2° que si, par impossible, le Roi, la Reine ou le Duc contrevenaient à ces dispositions, le don fait à Sa Ma- jesté serait annulé. {Livre des Monnaies, fol. 37 et 38.) Il est facile de se rendre compte de la différence entre la valeur intrinsèque et la valeur au cours des florins d'Aragon. Fabriqués à dix-huii carats, ils con- tenaient un quart d'alliage(six carats sur vingt-quatre) et avaient cours pour onze sous barcelonais de tern , c'est-à-dire pour onze croats ou réaux d'argent, puis- qu'il y avait alors à peu près la même quantité d'argent dans un sou en deniers de tern que dans un croat. Cependant ils ne valaient iéellement que huit sous trois deniers de Barcelone ou huit croats un quart, suivant la proportion de l'or a l'argent (un à dix). Us circulaient donc pour deux sous neuf deniers, ou deux croats trois quarts en sus de leur valeur réelle, et précisément pour la même valeur que s'ils eussent été fabriqués en or fin (à vingt-quatre carats). Leur taille était de soixante-huit au marc de Perpignan; le nombre dix-sept, quart de soixante-huit, exprime, en florins monnayés, le poids de l'alliage, moitié ar- gent, moitié cuivre, qui entrait dans chaque marc. Ces dix-sept florins valaient au cours cent quatre-vingt- sept sous Barcelonais de tern ou cent quatre-vingt sept croats d'argent ; toutefois, cette somme est supérieure au bénéfice réel, car il faut en déduire le prix de l'al- liage et les frais de fabrication. 1369, 22 août. — Pierre IV défend de sortir de ses Etats for, l'argent, le métail , les monnaies barcelo- 99 naises et jacquaises, les reyaks de Valence et les mon- naies d'or ou d'argent en circulation, excepté les flo- rins d'Aragon de la fabrique de Perpignan, dont la sortie peut s'effectuer sur tous les points. Il ordonne qu'une criée soit faite à ce sujet dans toutes les cités, villes et lieux des comtés du Roussillon et de Cer- dagne. {Reg. Ier de la Procur. royale, fol. 55, verso. ^ Cette prohibition fut renouvelée par provision datée de Barcelone, le 9 août 1370. (Salât, Ins.just , n°XL.) La fabrication des florins d'Aragon ne devait durer que deux ans : la Cort de Tortose en avait fixé le terme au mois de juillet 1367; cependant, plusieurs documents semblent prouver qu'elle était encore en plein exercice, à Perpignan, dans le courant de l'an- née 1369. Il résulte de l'un d'eux, que le Roi avait affermé pour plusieurs années à deux particuliers, Jacques de Golba de Barrai et Ayméric Dusoy, la fa- brication des florins d'or de Perpignan fscchamjlore- norumaurdPerpirùani). 11 désirait rentrer en possession de son droit, et convint de donner aux fermiers, à titre d'indemnité, dix mille sous de censive, à pren- dre sur le quartier des Juifs de Perpignan. Cet acie de concession, qui m'a été indiqué par M IVJorer, archiviste du déparlement, est de l'année 1369. In- dépendamment du roi Pierre, on y voit figurer la reine Eléonore, et leur fils, l'infant D. Juan, duc de Girone et gouverneur-général des comtés. M. de Saint-Malo m'a communiqué une note rela- tive au même fait. Sur les instances du Roi, qui désirait ardemment racheter la fabrication des florins de Per- pignan, les communes d'Argelès, Maurellas, Salses, Opol, Tautavel, Villefranche, Puy-Valador, Formi- guères, Corneilla, Fulla, Saliorre, Rodez, Serdinya ci KM) la vallée de Gônat, avaient pris à renie constituée et fourni au roi d'Aragon 12 500 florins, dont elles payaient l'intérêt à divers prêteurs. En mars 1372, ces communes nommèrent des fondés de pouvoir pour aviser au paiement des intérêts et du capital que leur devait le Koi. Le rapprochement de ces deux données me fait penser que Pierre IV avait sans doute employé à d'autres besoins le prêt fait par les communes. L'émission des florins d'Aragon au titre de dix-huit earais était, dans la pensée de la Gort de Tortose, une mesure d'urgence et de courte durée, devant cesser avec les dépenses extraordinaires qui l'avaient fait adopter. Cependant la fabrication se continua sous les successeurs de Pierre IV. On connaît, en effet, des florins d'Aragon au nom des rois Jean 1er, Martin, Ferdinand Ier et Alfonse V. Cette monnaie d'or, mise au billon en 1 453, reparaît trois ans après avec une valeur fixe, et se maintient dans la circulation. 1370, 22 avril. — Criée par ordre du Pioi, défendant, sous peine d'amende, de refuser les florins d'Aragon, sous prétexte qu'ils ne sonnent point, et qu'ils sont fendus ou cassés. (Salât, Instr.jusiif., n° XXXIX.) 137 1 , 9 avril- — Pierre IV confirme au maître, aux alcades, aux ouvriers et autres employés du chapitre ou collège de la fabrication des monnaies d'or, à Per- pignan, les privilèges, franchises et libertés accordés par Sanche , roi de Mayorque , aux officiers et mon- nayeurs de sa monnaie, le 5 des ides d'août 1315. (A l'Université, liasses, parch. n° 99.) 1376, 26 juin. — La Cort générale de Monço prie le Roi de conserver, en tout temps, aux florins d'A- ragon le titre de dix-huit carats et la valeur de onze sous barcelonais, fixés par la Cort de Tortose. Le P»oi fOI consent à les maintenir pendant cinq ans, terme qu'il prolongera plus lard, si tel est alors son hou plaisir. [Livre des Monnaies, fol. 38, verso.) 1376, 20 octobre. — Le Roi ordonne que les avocats et les monnayeurs soient tenus de contribuer aux char- ges de la communauté pour les biens qu'ils possèdent. [Livre Ier de Provisions, fol. 52.) 1379, 29 avril. — Ordre au maître des ports de ne rien exiger de ceux qui passeront en France, empor- tant seulement l'argent nécessaire aux frais du voyage, attendu que ce n'est point une infraction à la défense de sortir les monnaies du royaume. (Liv vert min., f°285.) 1382, 19 novembre. — Le Roi, par faveur spéciale, avait accordé à quelques particuliers la faculté d'ex- porter les métaux et les monnaies dont la sortie était prohibée. Reconnaissant combien ces concessions, faites, dit-il, par inadvertance, causaient de dom- mages à la chose publique, il les révoque le 19 no- vembre 1382. 11 ordonne au Gouverneur-Général de publier une criée, portant défense formelle de sortir de ses royaumes et terres l'or monnayé ou non mon- nayé, à l'exception du florin courant d'Aragon. (Salai', Tnstr. justif., n° XLIII.) 1385, 25 janvier. — Pierre IV décide que les inon- nayeurs de Perpignan qui exercent un art mécanique, seront sujets à la juridiction et à la police des confré- ries dont ils font partie, en ce qui concerne leur pro- fession d'arts et métiers. (Livre vert majeur, fol. 274.) 1385, 28 du même mois. — Il ordonne au gouver- neur du Roussillon de co/itrai.ndré ceux qui feraient partie de quelque confrérie ou jurande, à payer les charges de leur corps, nonobstant leurquali té de mon- nayent-. (Livre vert mineur, fol 293.) 102 1 386, 1 0 avril. — 11 fixe à trente le nombre des mou- nayeurs qui jouiront, à Pcrpigna n, des privilèges, fran- chises et immunités. {Livre des Provisions, n° I , f° 54.) Les privilèges dont jouissaient les employés de la monnaie de Perpignan , avaient fait naître des abus qu'il importait de réprimer. Les privilégiés préten- daient être exempts de la plupart des charges muni- cipales : leur nombre s'était rapidement élevé au- dessus de l'effectif nécessaire aux opérations du mon- nayage. Les ordonnances des 25 et 28 janvier 1385 et 10 avril 1386 ne furent pas ponctuellement exé- cutées: il fallut, à plusieurs reprises, en renouveler les dispositions. Monnaies de Pierre IV fabriquées à Perpignan. Je ne connais ni les florins ni les écus fabriqués à Perpignan en exécution de l'ordonnance du 4 des calendes d'avril 1369. Il est propable que la plupart de ces monnaies ont été refondues lors de la création du florin d'Aragon à dix-huit carats. Florin de 1349 : Titre, or fin; poids des florins de Florence. Un A renversé (sic y) remplace le nom du Roi. — Inconnu. Écu de 1 349 : Titre, or fin; poids des écus de France. Type et légendes _, armes et nom du Roi. — Inconnu. Je crois le retrouver dans la description suivante, extraite d'une liste de monnaies d'or, qui ont eu cours en Catalogne: Timbrede Perpenya. — Se concix que de una part ha un Rey vestit larch, te en una ma setre c en l altrc un poni, ab unapetita creu; è en V altrc part, ha un sent ah un hclniy c sobre lelin, un cap de drach (écu heaume ). Deu pesar 1 flori XI gratis, — val XV sols VI diners , à ley de XXII quirats. (Sai.At, histr. justif., n° LXV.) 103 Florin de 1360 : Titre vingl-deux carats " / : taille soixante-huit au marc de Perpignan. — Inconnu. Florin de 1 362 : Titre, vingt-deux carats- taille .soixante-huit au marc de Perpignan. — Inconnu. Florin d'Aragon, fabriqué d'abord de 1365 à 1367 en exécution des chapitres de laCort deTortose; puis, à plusieurs reprises, jusqu'en 1430. — Titre, dix-huit carats; taille, soixante-huit au marc de Perpignan. ARAGO REX FfetrusJ, Grande fleur de lys éla- minée. S. IOHANNES BCaptista). Tour. — Saint Jean de- bout, vu de face la tête nirnbéc, tenant le bâton ter- miné par une croix.— Module, 20 millim.; poids, 3gr54 — 3,51 —3,50—3,49 — 3,48. Variété: Cloche ? pour différent monétaire. — Poids, 3,48—3,49. Variété : Epée pour différent monétaire. ( Cabinet de FranceJ. Variété à la légende terminée par un C. Demi-florin d'Aragon : Légendes et types du florin. — Module, 17 millim.; poids, 1 g* 75 Salai a publié un florin et un demi-florin qui ap- partiennent probablement à Tune des fabrications antérieures à 1 365, c'est-à-dire à la création du florin d'Aragon. Florin: PETRVS REX, saint Jean debout.— ARAGO, fleur de lys étaminée. — Module, 19 millim. (Salât, pi. II, f° 7.) Demi-florin : Même type et mêmes légendes. ÇIl/ùl.: folio 8.) Jean 1er (1587— 13%). 1393, 12 avril. — Le roi Jean défend la sortie des monnaies d'or, d'argent ou de billon, à l'exception des 104 lloniks d Aragon : il permet celle des écus ci autres monnaies du roi de Fiance. (Livre des Provisions, n» I, f° J20.) 1394, 1er niais. — Il rappelle l'ordonnance de son père, du 10 avril 1386, et ordonne que le nombre des monnayeurs de la ville de Perpignan restera fixé à trente pour jouir des privilèges attachés à cette qualité. 11 fait défense au maître et aux alcades de la monnaie d'en recevoir davantage. (Livre vert majeur, f°285.) 1396, 10 avril. — Le roi Jean confirme tous les pri- vilèges accordés par ses prédécesseurs au maître, aux officiers et aux ouvriers delà monnaie de Perpignan. (A V Université, liasses, parchemin, n° 100. — Ibid. Note de amortis acions, C. , f° 65.) Zurita ( tom. Il, p. 414 et suiv.) trompé par des auteurs plus anciens, l'apporte le décès de Jean Ier au 19 mai 1395. De nos jours on reproduit encore cette erreur'; cependant, Féliu-de-la-Peîia, dans ses sinnales de Catalogne (tom. 2, pag. 337), dit : Los autorcs lian recibido engafio en cl ano de la muerte del rey don Juan, que todos dizen muriô cl ano 1395 ; la verdad es que sucediô â 1 9 de mayo 1 396^ como consta en el Dictario de la ciudad de Barcelona, fol. 1 06^ y en el libro des D cliber acions , fol. 1 14. C'est donc avec rai- son que Bofarull fait mourir Jean Ier en 1396. M. Morer, à qui j'avais exposé mes doutes, a eu l'obligeance de faire des recherches dans les ancien- nes archives du domaine royal en Roussillon. Il en résulte que plusieurs chartes de Jean Ier, transcrites 1 Henri, Histoire du Roussillon, loin. 2, pa{j. 3. — Dictionnaire des dates. ~~Arl de vérifier tes data, ('dit. in-8°, de. 105 dans lês-registres de la.Pro.cura lion royale, sont, comme celle de la confirmation des privilèges accordés aux inonnayeurs, datées de l'année 1396, dixième année de son règne : anno à Nativitatc Domini ni°ccc0xc° sexto regni que nostri decimo. Les mêmes registres contiennent des chartes de Martin, de Tannée 1397, portant l'indication de la secondeannée de son règne; d'autres de 1398, troisième année de son règne; de 1399, quatrième année de son règne. 11 est évident que Jean Ier vivait encore en 139G, et que son suc- cesseur ne commença pas à régner en 1395, comme le veulent Zurita et les historiens qui l'ont copié. A la mort de Jean 1er, la reine Yolande désirant conserver le pouvoir, déclara qu'elle était enceinte; mais, peu de temps après, elle fut obligée d'avouer sa supercherie. Les Corts proclamèrent alors l'infant Don Martin, frère puiné de Jean 1er. Matthieu, comte de Foix, époux de la fille aînée du feu roi, se fon- dant sur les précédents de Pierre IV, en faveur de l'infante Constance, prétendit à la couronne d'Aragon, leva une armée et envahit le royaume. Martin, le véritable roi, était alors en Sicile. Arrivé à Barcelone le 28 mars 1397, selon Dom Vaissette, ou le 28 juin, selon Zurita, il prononça contre le comte de Foix une sentence de contumace, et le déclara coupable de lèze- majesté. Florin cï Aragon : ARAGO REX iOfhannesJ. Fleur de lys étaminée. — S. IOHANNES BfapdsiaJ Saint Jean-Baptiste debout. Martin (159fi— U10). 1398, 8 mars. — Le roi Martin prohibe la circula- lion des monnaies étrangères, et ordonne de ne les 106 recevoir que pour leur valeur intrinsèque. (Salât, Instr. justif., n° XLV.) 1400, 18 juillet. — Sur la demande des consuls et des prud'hommes de la ville de Perpignan, il permet de changer le sceau du consulat et les armoiries de la commune ; de prendre, à cet effet, son éeu royal (TTor à quatre pals de gueules J et de le surcharger de l'image de saint Jean-Baptiste. (Liv. I de Provisions , f°208). Voilà les plus anciennes armoiries connues de la ville de Perpignan: elles ont été employées jusqu'en 1682. De nos jours on a cherché à les reproduire sur plusieurs monuments, mais on n'est pas heureux dans ces reproductions : les vitraux de la cathédrale, ceux de l'hôtel-de-ville, et l'écu, récemment peint au- dessus de la porte de l'ancienne salle consulaire, étonnent et blessent le regard de l'observateur. M. Puiggari a fait justice des vitraux de Saint-Jean et de l'hôtel-de-ville l ; je critiquerai à mon tour l'écu de la salle consulaire. On y voit un champ de gueu- les à trois pals d'or au lieu du champ d'or à quatre pals de gueules concédés à la ville par le roi Martin. Le saint Jean, qui surcharge l'écu-losange, diffère aussi de celui que l'on voit sur les monuments de l'époque. Il tient la bannière de la main droite et l'agneau sur le bras gauche. Les monnaies et les des- sins du temps le représentent debout, vu de face, tenant sur la main gauche (1493, 1503, 1610, mon- naies et méreaux), ou dans le bras gauche (1529, 1531 , 1644, 1646), l'agneau pascal porte-bannière qu'il indique de la main droite. Quant au riche cos- ' Le RoiissUlonnais , calendrier pour l'année IK.">2, |>. III ;i H ~> 107 tume .que lui donne la miniature du premier feuillet du Livre vert mineur, on y a substitué avec raison le simple vêtement en peau de mouton que l'on voit sur les monnaies et les méreaux. Le précurseur du Christ ne devait pas être vêtu comme un prince. La pragmatique du roi Martin parle d'un sceau plus ancien; mais elle n'en décrit point le type qui était peut-être, comme le pense M. Puiggari, l'image de saint Jean, patron de la commune. 1403, 12 décembre. — Le Roi rappelle à l'exécution de l'édit de Pierre IV du 25 janvier 1385, relative aux monnayeurs de la ville de Perpignan qui exer- cent un art mécanique, indépendamment de leur qualité de monnayeurs, et sont agrégés à une con- frérie d'arts et métiers. (Livre Ier de Provisions, f° 221 .) 1403, 19 décembre. — Toute personne qui aura exercé les fonctions d'administrateur de la monnaie de Perpignan, rendra compte aux Clavaires. 1404, 17 janvier. — Conformément aux anciens règlements, les monnayeurs de la ville de Perpignan seront réduits à trente pour jouir des privilèges et franchises accordés aux employés de la monnaie. (IbitL, fol. 188.) 1406, 5 février. — Lettres-patentes du Roi adressées aux consuls de Perpignan , autorisant, sur leur de- mande et pendant un an, la circulation des cens et des blancs de France , dans les comtés de Roussillon et de Cerdagne, malgré les ordonnances contraires. (Ibid., fol. 193.) La criée faite à ce sujet le 19, par ordre du Procu- reur royal, cl sur la réquisition des Consuls, est insérée au Livre vert mineur, f°3.r>8. Elle annonce l'éventualité 108 «I une prochaine fabrication de florins el de monnaies barcelonaises à la monnaie de Perpignan '. 1407, 1 7 février. — Le Roi ordonne de publier dans toute la province de Catalogne et dans les comtés que, dorénavant, les florins et les demi-florins seront pesés avec le poids vulgairement appelé mitja (moitié du mare de Perpignan). Ceux de bon poids seront reçus pour onze sous barcelonais, et les demi-florins pour cinq sous six deniers; ceux plus forts ou plus faibles seront reçus à raison de deux deniers par grain et d'un denier par demi-grain, en plus ou en moins du prix légal. On ne tiendra pas compte d'une différence plus petite que un demi grain2. Pour faciliter les paie- ments en florins, il sera fabriqué, par les soins des maî- tres des hôtels des monnaies de Catalogne, des poids exacts et timbrés Accent, de cinquante, de vingt, de dix, de cinq, de trois, de deux florins, dCunJlorin et A'un-demi florin, à laide desquels chacun pourra vérifier le poids des florins d'Aragon. (Liv. des Mon., fol. 39, verso.) Une lettre royale, adressée le même jour au maître de la monnaie de Barcelone, lui enjoint de s'occuper immédiatement de la fabrication de ces poids moné- taires, divisions du marc de Perpignan, destinés à peser les florins d'Aragon, dont soixante-huit font le poids de ce marc (Ibid., fol. 40, verso). Cette ordonnance est 1 Axi empero que per lo dit senyor o per los dits arrendadors de tes segues, sia batuda moneda de florins é de barcliinoneses copiosament en lavila de Perpenijn, o tenguda taula o taules de cambi, en losquals se pnxen copiosament Irobar florins é barehinonescs à cambi, losquals bâtiment de moneda é posament de taula liagen à commençai' dins spazi Je iiij meses primers rinents è continua* per lo dit any. 2 On rognai) Ks florins en circulation : c'est pour remédier .i cet abus '(iio le r<>i Martin ordonna do ne 1rs recevoir qu'au poids. 10!) insérée au Livre de Provisions, n° I , sous la date du Ier mars M CCCC iiou. 1407, 19 novembre. — Le Roi afferme pour dix ans la fabrication de la monnaie d'argent des comtés de Boussillon et de Cerdagne. Il permet de fabri- quer : 1° des croats au litre de XI deniers et à la taille de soixante-dix au marc, qui auront cours pour dix- buit deniers. Cependant, personne ne sera forcé de les recevoir à ce prix. — 2° De la menue monnaie au litre de deux deniers et à la taille de vingt-et-un à vingt- deux sous au marc. Cet arreniement fut accordé à Johan Vivat et Fransech Barcelo.Ç Livre des 31onnaies, fol. 22, jiote.J Les monnaies fabriquées h Perpignan par Jean Vivat et François Barcelo, en vertu du fermage consenti par le roi le 19 novembre 1407, sont très probablement semblables de type et de légendes à celles de Barcelone . — Peut-être présentent-elles la légende COMES 1\QS- SILION1S, que l'on voit sur les monnaies perpignanai- ses des émissions postérieures. La valeur intrinsèque des croats différait peu de celle des réaux plus anciens; mais la monnaie de billon était plus faible que la monnaie légale de tern. 1407, 1er décembre. — Le Pioi fixe le prix de l'ar- gent vendu aux hôtels des monnaies de Barcelone, Mayorque et Perpignan. 1° Il sera payé à la monnaie de Barcelone cent sous par marc de Barcelone; à celle de Mayorque, six livres quatorze sous par marc de Mayorque ou de Barcelone ; à celle de Perpignan, cent sous et onze deniers. — 2° Tout l'argent acheté aux hôtels des monnaies sera au titre de onze deniers et maille. (LÀvre des Monnaies, fol. 24.) L'ordonnance royale ne s'explique point surlana- 110 ture de ces sous; mais je pense qu'il s'agit de paie- ments en monnaies fabriquées à Barcelone, à Mayor- que et à Perpignan ; c'est-à-dire, qu'un marc d'argent, poids de Barcelone, apporté à l'hôtel de Barcelone, devait être payé cent sous de tern , et qu'un marc d'argent, poids de Perpignan, apporté à l'atelier de Perpignan, devait être acheté cent sous et onze deniers , monnaie de Perpignan. A cette époque, la valeur de la monnaie perpignanaise était à peu près la même que celle de la monnaie barcelonaise; les documents éta- blissent qu'elles étaient reçues au pair. Depuis la fin du xme siècle jusqu'au milieu du xive la valeur du marc d'argent de Barcelone est assez généralement fixée dans les contrats à soixante- cinq sous de tern. L'ordonnance du 1 "décembre 1407, qui la fixe à cent sous, donne lieu de penser que le titre et le poids des deniers et des oboles de tern s'étaient déjà beaucoup altérés. On tailla d'abord dix-huit sous (deux cent seize deniers) au marc de métal, composé de '/4 d'argent et s/4 de cuivre : soixante-cinq sous bar- celonais valaient alors un marc d'argent. La fixation de son prix à cent sous , par le roi Martin, permet d'établir une proportion (65: 18 :: 1 00 : x) qui donne environ vingt-huit sous (27,69) pour la taille des de- niers de tern, en 1407. Le croat ou réal d'argent n'avait été modifié ni dans son titre ni dans sa taille. Sa valeur dans la circulation, relativement au florin d'Aragon et aux deniers de tern, aurait dû être augmentée; mais ceux qui circulaient depuis long-temps étaient tellement rognés, que leur valeur de douze deniers ne fut point changée. Les réaux de la fabrication de 1407, au titre et à la taille fixés par l'ordonnance de 1285, furent nfforés à la 1U banque de Barcelone, au prix de dix-huit deniers bien que leur valeur au cours fût seulement de douze deniers de tern. (Liv. des Monnaies, f° 22, note.) Rèal d'argent : -f MARTIN VS : DEI : GRA : REX. Buste couronné, tourné à gauche. — CIVI-TAS : B- ARCK-NONA. Croix barcelonaise accostée aux 1er et 4e cantons d'un annelet; aux 2e et 3e de trois besants. — Module, 24niillim.; poids. Demi rèal: +MARTINVS : DEI : GRACIA : REX. Tête couronnée à gauche. — Revers du rèal: Croix can- tonnée de deux anneletset de six besants. — Module, 18 millim.; poids, 1gr50. Interrègne (1410 — 1412). Le roi Martin ne laissait point d'héritiers directs. La mort de l'Infant, son fils unique(14l0), avait excité l'ambition de plusieurs princes qui prétendaient à la couronne d'Aragon. Après deux années de troubles et d'anarchie, neuf juges furent nommés pour élire un roi : leur choix se porta sur Don Fernand, infant de Castille, neveu de Martin. 1412, 29 novembre. — Autorisation accordée à Do- menech Marcoxopi, de Puycerda, d'exporter, en deux ans, jusqu'à trois mille écus de France. La fabrication des florins d'Aragon se continua pen- dant l'interrègne, aux mêmes légendes et au même type, mais sans nom de roi. Florin d'Aragon: ARAGO REX. Fleur de lys.— S. ROUANNES B. Saint Jean-Baptiste debout. {Cab. de la Torre, page 420.) Demi-florin : Même type et mêmes légendes. (I&id.) Je ne connais aucune monnaie de Barcelone que l'on puisse attribuer avec certitude à ces deux années; 112 il est probable cependant que les ateliers monétaires ne furent pas inactifs. A Perpignan, la fabrication, affermée pour dix ans en 1407, dut également se continuer; on en retrouvera sans doute les produits parmi les monnaies à l'effigie et au nom du roi Martin. Ferdinand Ier (1412—1416). 1413, 31 août. — Le roi Ferdinand , présidant la Cort de Barcelone, prohibe la circulation des ècus et des blancs de France , sous peine de la confiscation du tiers de la valeur. (Constitutions de Catalogne; — Salât, Instr. justif., n° 48.) 1416, 16 février. — Semence royale déclarant que la juridiction civile et criminelle des officiers, ou- vriers et autres employés de la monnaie de Perpi- gnan appartient au maître de la monnaie, et que personne, autre que lui, ne peut s'en attribuer le droit. {Note de amortis acions y altres actes, p. 64.) Demi-rèalde Perpignan ; + FRDINAD9 : DEI :GRA: REX (petit écu à deux pals) ARAGO. Buste couronné à gauche, cheveux en arrière comme ceux de Ferdi- nand Ier sur les monnaies de Barcelone, d'Alfonse "V sur les monnaies de Barcelone et de Perpignan. — COMS-BARCK-NONA-Z-.ROCI. Croix barcelonaise cantonnée au 1er canton d'un annelet; au 2e et au 3e, de trois besants ; au 4e, de deux P liés, monogramme du nom de Perpignan. — Argent. — Module, 20 millim. (Collection de M. Cayctano Carreras } de Barcelone.) Les espèces à ce type ont sans doute été fabriquées en vertu du fermage des monnaies d'argent Çrcaux et demi-réauxj de Roussillon et de Cerdagne, accordé par le roi Martin le 19 novembre 1407, et qui devait durer dix ans. 113 Florin d'Aragon: ARAGO REX FR. Fleur de lys. —S. IGUANES B. Saint Jean-Bapiisie debout ; à ses pieds un livre ouvert. (Cab. de la Torre, p. 420.) dont d'argent de Barcelone: +FERDINANDVS : DEI : GRA : REX. Profil gauche couronné. —CI VI- TAS:B-ARCK-MONA. Croix barcelonaise cantonnée de trois Lésants aux 1er et 4e, et d'un annelet aux 2e et 3° cantons1. (Salât, pi. III, 2.) Alfonse V (1416—1458). Alfonse V, dit le Sage ou \e Savant fsabioj, fils aîné et successeur de Ferdinand Ier, passa presque tout le temps de son règne, en Italie. Appelé par Jeanne II, reine de Naples, qui lavait désigné pour son héritier, et finit par le priver de sa succession, il quitta l'Aragon en 1420, et mourut à Naples le 28 juin 1458. Voici l'indication ou l'analyse des documents de ce règne concernant les monnaies : 1417. — Le Roi Alfonse casse et annule les conces- sions, provisions et autres actes faits en faveur de tout individu qui ne travaillerait pas manuellement dans les ateliers monétaires. Il charge le Procureur royal de dresser une nouvelle matricule, et de n'y inscrire que les personnes rigoureusement nécessaires aux opéra- tionsdu monnayage. (Henri, Hist.duRouss., t. 2, p. 54.) 1418, 10 mars. — Criée faite, à Perpignan, au sujet des écus et des Lianes de France, dont la circulation est interdite dans les comtés de Roussillon et de Cer- dagne, et dans toutes les provinces du royaume. (JReg. 30 de la Procuration royale, fol. 124.^ 1 Le gros d'argent , décrit par M île Longpéricr (Revue numism l.xîi [> 289) csi un réal de Vay&rtjm S m I 'i 1 8, /juillet. — Sur la demande des consuls de Per- pignan, le Roi accorde une nouvelle tolérance tempo- raire de la circulation des écus et des blancs de France dans les comtés de Roussillon et de Cerâagm-(feg. 1 3 delaProcur. royale, fol. 47, 48, 53.) 1419 19 nov. — Défense absolue de traites de toute espèce de monnaie {Sommarium Pragmaticum,{°3\ ,v°). 1421, 5 et28 juillet. — Renouvellement de cette dé- fense. {Ibid., fol. 32, verso.) 1422 22 avril. — Constitution de la reine Marie, lieutenant général du royaume, faite en la Cort de Barcelone: elle ordonne que, dorénavant, aucun of- ficier ne sera admis dans les hôtels des monnaies qu'a- près examen. (Salât, Instr. justif., n° XLIX.) 1422, 16 octobre. — Lettre de la reine Marie: aucun ouvrier ne sera admis à la monnaie s'il ne sait suffisam- ment travailler. (Reg. 1 5 de la Proc. royale, fol. 40.) 1 424, 26 décembre. — Le Roi confirme tous les pri- vilèges accordés par ses prédécesseurs à la ville de Bar- celone concernant la monnaie de tern et la monnaie d'argent. (Salât, Instr. justif., n°L.) 1424, 27 décembre. — Exécution de- ce privilège adressée au maître et aux ouvriers de la monnaie de Perpignan. On y rappelle que la monnaie de tern et la monnaie d'argent ne doivent être fabriquées qu'à Barcelone. {Livre des Monnaies, fol. 25.) Un mois après la confirmation de la monnaie bar- celonaise par le roi Alfonse, le sous-syndic, de Barce- lone fut envoyé à Perpignan pour donner connaissance de ce privilège au maître etaux ouvriers de la monnaie, et les obliger às'y conformer. Le maître, requis de con- voquer le chapitre, éluda l'ordre et disparut. Le sous- syndic se rendit à la maison du fugitif, afficha à sa n:> porle J ordonnance royale, en présence de témoins, et fît dresser, par le notaire, procès-verbal de celte opération. 1424, 1 8 avril.— Matricule des employés delà mon- naie de Perpignan. {Livres des actes import., AA, 265.) Bernard IMird, ancien maître de la monnaie de Per- pignan, avait dressé une matricule des officiers, ou- vriers et monnayeurs. En 1424, beaucoup des em- ployés portés sur celte liste n'en faisaient plus partie. Cependant, l'activité de l'atelier étaii si grande, qu'en six mois on avait monnayé huit mille marcs d'argent. Antoine. Lobet, lieutenant du maître, exposa au Bailly qu'il serait urgent d'admettre plusieurs ouvriers, de dresser une nouvelle matricule et de la transcrire dans les registres de la Procuration royale, afin que les offi- ciers royaux connussent les employés de la monnaie de Perpignan, jouissant du privilège de n'être soumis qu'à la juridiction de leurs alcades. Ce préambule est suivi d'une liste nominative, dont voici la récapitulation : Pierre Lobet, maître de la mon- naie.—Antoine Lobet, lieutenant. — Officiers de l'or dix.— Officiers de l'argent, dix-neuf.— Ouvriers inva- lides, trois. — Ouvriers aptes et habiles, vingl-ncuf. Monnayeurs feunyadors é monedersj , trente-el-un. Fermiers de la monnaie (arrendadors de la sechaj, qua - Te. — Total, quatre-vingt-dix-huit employés. Au verso du dernier feuillet sont les noms de sept ouvriers, admis sur la demande du maître. Les pro- visions accordées à ces nouveaux employés accom- pagnent cette matricule, la plus ancienne que j'aie rencontrée dans les registres de la Procuration royale. 1424, 21) août. — Leltres-palentes du Moi porlani défense formelle au maître do la monnaie de Perpi- 1*6 gnan, sous peine dune amende île dix mille florin*» d'or, de fabriquer des monnaies barcelonaises de lern el d'argent. {Livre des Monnaies , fol. 2G.) Cette ordonnance fut rendue surles représentations des conseillers de Barcelone. Elle accuse le maître de la monnaie de Perpignan d'avoir osé contrevenir. a la défense royale et fabriquer des monnaies d'argent. 1424, 15 novembre. — Lettre de Roi au lieutenant vice-gérant du gouverneur des comtés de Roussillon et de Cerdagne. Elle en rappelle une autre, datée de Barcelone, le 22 octobre, qui ordonnait de faire, à Perpignan, nue criée, à son de trompe, au sujet de l'injonction transmise au maître de la monnaie, de cesser toute fabrication d'espèces barcelonaises. En outre, elle accuse réception de la lettre par laquelle le lieutenant du gouverneur prétendait s'excuser de n'avoir pas veillé à Fexécution des ordres du Roi, et lui mande expressément, sous peine de la colère royale, d'une amende de cinq mille florins d'or et de la perle de sa charge, de faire exécuter ponctuelle- ment les instructions contenues dans la leltre du 22 octobre. {Ibid., fol. 2G, verso.) 1426, 20 juillet. — Dorénavant, \eacroats ne seront reçus ou donnés qu'après en avoir vérifié le poids. (SaiAT, Instr. justif, n° LIV.) Celte mesure avait pour but de mettre obstacle à l'industrie des rogne urs de pièces. 1426, 20 octobre. — Les barcelonais d'argent seront reçus pour douze deniers de tern. (Ibid., n° LU.) 1427, 10 juillet. — Concession royale faite à la ville de Perpignan, sur la demande des Consuls, autorisant la fabrication de deniers et d'oboles, jusqu'à concur- rence de six ou sept mille marcs, au litre récemment 117 oclroyé à la ville de Valence, cl à la taille de vingt- quatre sous au marc. (Livre vert mineur, fol. 428.) La supplique des Consuls expose que le peuple souf- fre du manque de menues monnaies, et qu'il serait bon d'autoriser la ville à fabriquer des deniers, àesmailles et des pugescs (pitesj , au titre, à la taille et au poids que les Consuls jugeraient convenables, avec renonciation, de la part du Roi, aux droits accoutumés, attendu que l'intention des Consuls n'est point de tirer profit de celle fabrication, mais de subvenir à un besoin généi al . Ce privilège est la plus ancienne des concessions mo- nétaires, en faveur de la ville de Perpignan, retrou- vées jusqu'à ce jour. 1430, 19 mai. — Lettres-patentes du Roi, portant création d'un hôtel royal des monnaies à Perpignan. (Livre des actes importants , A/\, '2G5. — Henri , Hist. du Roussillon, tome II, Preuves, n° 3.) 11 n'existait pas encore de local spécialement affecté à la fabrication : les diverses usines étaient éparses dans la ville. Pierre Lobet, maître, recteur et administrateur de la monnaie depuis le 1 "décembre 1423, les réunit, rue de la Porte-de-Pierre, dans une seule maison, qui fui érigée en hôtel royal, le 19 mai 1430. Alfonse V déclare que l'hôtel de Perpignan jouira des préroga- tives accordées aux autres hôtels du royaume, cl que toute contravention de la part des officiers royaux sera punie d'une amende de mille florins d'or. En 17 iO, Louis XIV fit construire un nouvel hôtel sur l'emplacement de l'ancienne Université. 1430, 4 novembre. — Le P»oi afferme pour cinq ans à Francesch Andrcu, Bernât Ricmbau et leurs compa- gnons, la fabrication des florins d'Aragon à la monnaie de Perpignan. (Beg. 9 de In Proc. /0 aucun au lie lieu du comté tic Barcelone, avant l'ex- piration des cinq années. — Les fermiers pourront se servir du matériel de la monnaie de Perpignan : ils le recevront sur inventaire et le rendront au Roi, à la fin du fermage, dans l'état où ils l'auront pris. — Ils pourront acheter ou faire acheter de l'or dans tout le royaume sans être soumis à aucun droit. Tout l'or acheté sera porté à Perpignan, et non ailleurs, pour y être employé à la fabrication des florins. — S'il est fait quelque fraude dans le litre ou quelque autre illé- galité, on s'en prendra aux coupables seulement, et non aux fermiers, à moins qu'ils n'y aient participé. — Les fermiers paieront immédiatement au Roi cinquante florins pour frais de sceau du présent contrat et pour les autres provisions nécessaires pen- dant le fermage. — Ils jouiront, avec leurs hommes, leurs compagnons, leurs femmes et leur famille, de tous les privilèges accordés par les rois d'Ara- gon aux employés de la monnaie. — La Reine , lieutenant-général du royaume, approuvera les arti- cles de ce contrat, et ne souffrira point que l'on y contrevienne. — Le Roi donnera cours dans tous ses royaumes et terres aux florins qui seront fabriqués à Perpignan, et pour la même valeur que ceux de Valence, de Rarcelone et de Mayorque. 1437, 28 juin. — Le Roi nomme Antonio Pages à l'emploi de chirurgien de la monnaie de Perpignan. CRcg. 1 5 de la Procur. royale, f° 1 54.) 1438, 5 octobre. — Provision royale en faveur de Jean Cases, pour fabriquer à Perpignan de la petite monnaie semblable à celle de "Valence, et jusqu'à concurrence de mille marcs d'argent. (Reg. 6 de la Proc. royale, f°224. — Jrchiv.de la Monnaie de Paris.) Alfotise V se souvient d'avoir, il y a quelques an- nées, permis aux Consuls ' de fabriquer, ou faire fa- briquer à l'hôtel royal des monnaies, des deniers me- nuts et des oboles au litre, poids et type de ceux de Valence, c'est-à-dire à la taille de vingt-quatre sous en deniers par marc, jusqu'à la quantité fixée par le privilège de concession. Les consuls ont fait fabriquer sept mille marcs de deniers et d oboles. — Considé- rant que le privilège est arrivé à son terme ; que la pénurie de menue monnaie est préjudiciable à la ville et surtout aux pauvres et aux bassins des églises, le Pioi, sur la demande de Jean Cases, lieutenant du maître de la monnaie de Perpignan, accorde à cet officier et aux employés de ladite monnaie la faculté de fabriquer, à Perpignan, et jusqu'à concurrence de mille marcs d'argent fin, des oboles2 dont le titre, la taille, la valeur, le type et la forme seront ceux de la précédente émission, c'est-à-dire à deux deniers de fin et à la taille de vingt-quatre sous au marc de Per- pignan.— Tout le bénéfice de la fabrication de ces mille marcs, déduction faite des salaires des ouvriers et monnayeurs, doit appartenir à Jean Cases et aux siens. Ils ne paieront aucun droit. Le Roi reconnaît avoir reçu de Jean Cases, pour la concession de ce privilège, cent florins d'Aragon de juste poids. 11 s'engage à maintenir contre tous le donateur ou la personne qui agira en son nom, dans la possession du privilège de fabriquer ces mille marcs d'argent en menuts, dont le bénéfice appartiendra, comme bien 1 Voir la Concession monétaire dit 10 juillet (427, p. 101. - Le document ne parle que d'oboles ; mais c'est évicleiiimenl un oubli : il entend parler île denitrs et d'o&ofw, comme en I 527. 122 propre, à Jean Cases ou à ses héritiers, sans que le Roi puisse rien réclamer, soit pour son droit régalien, soit pour la Cour, nonobstant les pragmatiques, cons- titutions, chapitres ou mémorials contraires, et les privilèges accordés à la ville et à la monnaie de Perpignan par les rois d'Aragon, prédécesseurs d'Al- fonse V. 1438, 14 novembre. — Ordonnance royale confir- mant les privilèges des officiers et monnayeurs de la monnaie de Perpignan. — Dans chaque hôtel royal, la juridiction du maître, des officiers et des employés appartient exclusivement aux alcades de la monnaie. (Reg.3\ âelaPr. royal, f°* 86 et 1 36.— Rcg.Q, f«227.) 1445, 12 décembre. — La juridiction civile et cri- minelle des employés de la monnaie appartient aux alcades et non aux officiers royaux. On se conformera à cette déclaration sous peine de trois mille florins d'amende'. (Salât, Instr. justif., f° 59.) 1451, 19 août. — Provision de la reine Marie, lieu- tenant-général du royaume, qui nomme Jean Cases à l'office de garde des espèces d'or fabriquées à la monnaie de Perpignan. (Manuel I, f° 90). 1451, 10 septembre. — Nomination de Gabriel Gtrau h l'office de maître de la monnaie de Perpi- gnan. (Ièid., f°91.) 1453, 8 novembre. — Concession royale faite sur la demande des trois bras de la ville de Barcelone : 1° Sous peine de dix mille florins d'amende, chacun recevra le croat pour dix-huit deniers de tern; 2° Le florin d'or d'Aragon est mis au billon. (Livre des Mon. , f°3I , verso.) On avait récemment publié, à Barcelone, que la valeur au rouis du réal d'arçeni étail diminuée' .27.V 1 40 de Barcelone le roi llenn, qui accepte ce titre, et envoie une armes en Catalogne. — Les Français marchent sur Barcelone, sont rejoints par l'armée aragonaise et font le siège de la ville. — Pendant ce temps, le corps de réserve, laissé en Roussillon, achève de se met- tre en possession des comtés. 1463. — Prise de Perpignan par les Français. — Lettres de grâce accordées à cette ville par Louis XL — Serment prêté au roi de France. Gaston de Foix, nommé gouverneur des deux comtés, qui lui sont cédés conditionnellement par Louis XL — Création d'un par- lement à Perpignan. — Le Roussillon traité en pays conquis. — Louis XI arbitre entre l' Aragon et la Castille. 1464.— Abandonnés par le roi de Castille, les Catalans se don- nent à D. Pèdrc, connétable de Portugal, qui reçoit le serment des barcelonais (21 janvier), et s'intitule roi d'Aragon et de Sicile. — 1465. D. Pèdrc est battu par les Aragonais. — 1466. Tl meurt ("21 janvier) laissant par testament le titre de comte de Barcelone à son neveu; mais les Catalans élisent René, duc d'Anjou, roi de Naplcs et de Provence (30 juillet), qui envoie en Catalogne son fils Jean, duc de Lorraine et de Calabre. 1467. — Paisible occupation des comtés par les Français. — Le duc de Lorraine se rend en Catalogne ( 1er mai). — Tl est reconnu à Barcelone comme lieutenant-général du roi René, son père, qualifié roi d'Aragon et de Sicile. — Louis XI favorise le duc de Lorraine, cl lui fournit des secours. — Il l'investit de la lieutenance-générale en Roussillon, — 1468. Le roi d'Aragon donne à l'infant Ferdinand, son fils, le royaume de Sicile (18 juin).— Continuation de la guerre en Catalogne. 1470. — Mort de Jean, duc de Lorraine ( 16 décembre). —Elle ruine les affaires des Catalans. — Nicolas, son fils, lui succède; mais il ne se rend pas en Catalogne : le commandement est donné à Jean, bâtard de Lorraine.— Louis XI ne lui envoie aucun renfort. 1472. — Prise de Barcelone par les Aragonais (17 octobre). — Le roi d'Aragon fait révolter le Boussillon contre les Français , dans le but de recouvrer les deux comtés sans rembourser les avances reçues. — 1473. Jean II se présente inopinémeut devant Perpignan, dans la nuit du Ie1' février ; les Consuls lui en ouvrent les portes. — Siège de la ville de Perpignan défendue par le roi d'Aragon en personne (15 avril). — Les Français le changent en blocus. — Trêve 141 entre le duc de Bourgogne et Louis XI : l'Aragon y est compris. — Le roi de Sicile vient au secours de son père. —Levée du blocus de Perpignan (24 mai). — La trêve signée par le duc de Bourgogne est renouvelée à Ganet pour le Roussillon (14 juillet).— Louis XI envoie des troupes en Roussillon. — Nouveau blocus de Perpignan aussitôt levé que repris. — Traité de paix entre les rois de France et d'Aragon (17 septembre). — Jean II quitte Perpignan et retourne à Barcelone. 1474. — Dépulation aragonaise à Paris. — Entrée des Français en Roussillon.— Prise d'Elne (6 décembre) et de Figuèrcs. 1475. — Second siège de Perpignan (janvier).— Jean II encou- rage les habitants à la résistance et donne à la ville le titre de très fidek (21 janvier). Perpignan capitule le 10 mars.— Le roi d'Aragon conserve à tous les Roussillonnais la nationalité aragonaise. (15 et 16 mars, 20 juin.) — Trêve (novembre). 1476. — Louis XI, malgré la trêve, envoie des forces dans le Midi. — Prise de Salces (février). Maîtres du Roussillon, les Fran- çais passent les Pyrénées. — 1477. Charles-le-Téméraire est tué sous les murs de Nancy ( 5 janvier). — Succession de Bourgogne. Négociations de Louis XI avec Ferdinand, roi de Sicile, usurpateur deCastille. — 1478. Traité de paix entre la France et la Castille. (9 octobre). 1479. — Jean II, roi d'Aragon, meurt à Barcelone (19 janvier). Les comtés de Roussillon et de Cerdagne restent à la France. Paix de Ferdinand avec René d'Anjou. Il étend ce traité de paix à l'Aia- gon.— Oppression du Roussillon par les Français. — 1483. Mort de Louis XI à Plessis-les-Tours (30 avril). Charles VIII ( 1483-1493!). - 1484. Ferdinand-le-Calholique négocie la restitution des comtés, se fondant sur une prétendue pro- messe de Louis XI à son lit de moi t. Le Conseil de régence répond qu'il faut attendre la majorité du Boi. 1487— Charles VIII épouse Anne de Bretagne et renvoie Mar- guerite d'Autriche, sa fiancée. Il acquiert des droits au royaume de Naples par cession testamentaire du comte du Maine, héritier, depuis 1470, de Jean, duc de Calabre, frère de René d'Anjou, chassé de Naples eu 1463. — Il veut les l'aire valoir, et, pour s'assurer la neutralité de Ferdinand, consent à lui restitue! les comtés de Bous- 1*2 sillon et de Cerdagne, sans même exiger le remboursement des som- mes prêtées par Louis XI. 1470. — Prise de Grenade par Ferdinand et Isabelle. 1492. — Préliminaires de la remise des comtés au roi d'Aragon. 1493. — Traité entre la France et l 'Aragon au sujet de celte re- mise (18 janvier). Le parlement de Paris s'oppose à son exécution pendant sept mois. — Charles VIII insiste, et du 2 au 10 septembre toutes les places sont remises aux Aragonais. — Entrée triomphale de Ferdinand et d'Isabelle à Perpignan (13 septembre). Ils renouvellent les privilèges des habitants. (Henbi, Histoire du Roussi/ion. — Etudes historiques de M. de Saint-Malo.) Louis XI (1462— 1183). 1463, 5 avril. — Nomination à l'office de graveur des piles el trousseaux de la monnaie de Perpignan, faite par le Procureur royal, en faveur de Jean Ro- ger. L'office était vacant par le décès de Jean Pmolf. {Manuel III, f°90, à l'Université.) 1463, 12 mai. — Nomination à l'emploi d'affineur de poids de la monnaie de Perpignan. (Manuel III , f° 96, a V Université. ) 1464, 6 août. — Lettres du roi Louis XI qui com- mettent Michel de la Grange, général des monnaies, pour visiter les monnaies de Toulouse et de Perpi- gnan, et poursuivre plusieurs fautes commises par les maîtres particuliers. (Archives de la Monnaie de. Paris .) 1467, 23 octobre. — Lettres de jussion du roi Louis XI aux officiers royaux de Perpignan, d'obser- ver les privilèges des employés de la monnaie. (Lias- ses, parchemin, n° 109, à V U niversité . — Archives de la Monnaie de Paris J. 1 470, 9 février. — Lettres de confirmation des pri- vilèges et exemptions de juridiction pour les mon- 143 nayeurs de Ja monnaie de Perpignan. (Archives de la Monnaie de Paris. J 1470, 13 octobre. — Exécution de ces lettres de confirmation par Hugues Viant , chevalier, vice-gé- rant de Tanneguy du Châtel, gouverneur, capitaine et lieutenant-général du roi Louis XI dans les comtés de Koussillon et de Cerdagne. (A l'Université, liasses, parchem., n° 122.) 1471, 6 juin. — Déclaration du fioi et arrêts du Parlement sur les privilèges et exemptions de juri- diction des monnayeurs de la monnaie de Perpignan. (Archives de la Monnaie de Paris. — A l'Université, liasses, pareil. n°106.) 1482, 24 décembre. — Boffile de Juge, comte de Castres, vice-roi et lieutenant-général de Louis XI dans les comtés, ordonne l'exécution des privilèges concédés par le P\oi et de l'arrêt du Parlement. (A l'Université, liasses, pareb. n° 107.) Aucun de ces documents ne mentionne de fabri- cation monétaire et n'indique les signes caractéristi- ques des espèces sorties de l'hôtel de Perpignan. Ce- pendant l'atelier fonctionnait, puisque Louis XI le fait visiter par le général des monnaies pour relever les fautes commises. Des monnaies royales françaises d'or, d'argent et de billon, au nom de Louis XI, n'ont pas de point secret : elles présentent au centre de la croix du revers un P que je regarde comme l'initiale du nom de Perpignan. Ce sont, je pense, les monnaies provenant de l'atelier de cette ville pendant rengagement du Roussillon à la France. La lettre P se voit également au revers des réaux ou croats d'argent, à la légende COMES ROSSILION1S, fabriqués à Perpignan au nom et à 144 réfugie de Ferdinand-le-Caiholique, après la remise des comtés : cette lettre ainsi placée est donc le dif- férent monétaire de Perpignan. Écu au soleil.— Tare : 63 à 66 grains à 0,937. Taille, TOaumarc: — valeur au cours, 33 sous. — Couronnelle lvdovicvso0dei:gra°0francorvm°rex:. écu couronné aux armes de France; au-dessus, un soleil. - couronneiie xps:vincit:xps:reginat:xps: 1MPERAT, croix fleur de lysée, centrée d'un P. — Or, module : 28 millim. Gros de Roi, émis pour six blancs ou deux sols pa- risis : titre, douze deniers argent : taille, soixante- neuf 8/6 au marc '• P01ds, 3,49. 4. (Rosace) LVDOVICVS (étoile) DEI GRACIA (étoile) FR\Clf RX. Trois fleurs de lys sous une cou- ine. _ + (Rosace) SIT NQfitEN (étoile) DOJV1IM (étoile) BENEDÏCTVM. Croix fleur de Jysée surchar- gée d'un P au centre. — Deux variétés. Grand blanc au soleil, émis pour un sol tournois. Titre, quatre deniers 72argenl-le-roi : taille, soixante- dix-huit '/s au mai'c- (Couronnelle) LVDOVICVS: FRANCORVM: REX. Trois fleurs de lys posées, 2 et 1, dans trois doubles arceaux et surmontées d'un soleil. — (Couronnelle) SlT:NOMEN:DI\T:BENEDlCTVi\l. Croix surchar- gée d'un P au centre, dans quatre arceaux doubles. (Collection de M. Cartier.) Double tournois. — Titre, un denier argent-le-roi : taille, cent soixante-huit au marc, -j- LVDOVICVS FRANCOR REX. Deux fleurs de lys; au-dessous, un P. (-SIT NOMN DI BNDITV (sit nomen Domini benedictum). Croix centrée d'un P dans quatre ar- ceaux doubles — Module, 27 millim. : poids, 0,56. 145 Variété: + LVDOVICVS REX. Même type — SiT NOMEN DNI. Même type; poids, 0,92. Même pièce contrefaite : Cuivre saussé. Denier bourdelois , émis pour 3/5 denier tournois. Titre, seize grains d'argent : taille, deux cent quarante au marc. + LVDOVICVS REX. Grande fleur de lys dans ungrènetis.'— -f-SIT NOMEN DNI BEN. Croix surchargée au centre d'un P. — Module, \k millitn ; poids, 6 grammes. Même pièce : Imitation barbare en cuivre blanchi, produit d'un faussaire de l'époque. Légende indéchif- frable; au revers, un grand P en contre-marque. Il existe probablement d'autres monnaies au nom de Louis XI , offrant ces deux particularités remar- quables, l'absence du point secret et la présence du P au centre de la croix du revers. L'hôtel de Perpignan a dû, comme tous les autres, fabriquer: en or, des écris et des âemi-écus a la couronne , des écus et des demi-'êciis au soleil; en argent, des gros et des demi- gros de Roi ; en billon, des grands et des petits blancs a la couronne, des grands et à.es petits blancs au soleil, des doubles et des petits tournois et des mailles. Je signale celle fabrication à l'attention des amateurs de numis- matique française. Monnaies de Catalogne. A Barcelone, l'hôlel des monnaies a fabriqué des espèces d'or et d'argent, au nom et à l'effigie des trois chefs successivement élus par les Catalans, soulevés contre l'autorité du roi d'Aragon. Henri, roi de Gastille. — Béai d'argent : -j-ENRICVS : DEI : GRA: REX. Buste couronné, à gauche. — CIVI-TAS B-ARCK NONA. Croix barcelonaise, cantonnée aux 10 1 '!(» l«r et 4e de trois Lésants; aux 2eei3e, d'un annelet. — Argent. — Module, 25 millim. Ce réal a dû être fabriqué en 1462 et 14G3. Pierre , Infant de Portugal. — Réal d'argent : -f-PETR VS : DEI: GRA : REX. Buste couronné, à droite. — C1VI- TAS B-ARCK-NONA. Croix cantonnée de même.— Argent. — Module, 25 raill. — Émis de 1464a 1466. Ces deux réaux m'ont été communiqués par M. Caye- tano Carreras. René d'Anjou." — Après le décès de l'infant Pierre, les Catalans élurent comte de Barcelone, René d'Anjou, roi titulaire de Naples, qui envoya en Catalogne son fils Jean, duc de Calabre et de Lorraine. Le roi de France le nomma son lieutenant et capitaine-général en Roussillon. Ainsi, le duc Jean gouvernait la Cata- logne au nom de son père, les comtés de Roussillon et deCerdagne, au nom du roi de France. Des chartes, accordées par ce prince, comme gouverneur du Rous- sillon, portent au bas sa suseription et les mots suivants qui terminent l'énuméralion de ses litres : et in Rossi- Hune primas. Jean fit fabriquer, au nom de son père, des mon- naies qui ont eu cours en Roussillon pendant l'occu- pation française. L'automne dernier (185 f)', on a trouvé dans un champ voisin des murs de la ville, du côté de Tkuir, un principal d'or dont voici la description :-fRENAT9. Pcj. DEI GRA. REX. AR. f Renatus primus Dei gratin Rex Aragonum.) Buste cou- ronné , vu de face, tenant le sceptre. (-DE9.L AD1VTOR. MEV. ITENDE^uv, in adjutorium meum intende). Écu couronné aux quatre pals, entouré d'ar- ceaux.— Module, 14 millim. (M J. Rousseau.) HT M. le docteur \ oillemier a publié dans la Revue numismatique, une variété de ce principal. M. J. Gaillard décrit un c'en d'or du même prince, qui fait partie de la collection d'un amateur de Bar- celone. « Écuà'or : RENAToPKIMy DEI GRA RE\ ARA- « GO. Ruste couronné du roi René de face, tenant un « sceptre de la main droite et un globe de la gauche. « — DEUS IN ADiVTOR. MEVM INTENDE. Écus- « son d'Aragon, entouré d'un cercle ogive, et sur- et monté d'une couronne royale. — Mod., 2A millim.» (Caù. de la Torrc.^ Ces deux monnaies ont dû être fabriquées de 1467 à 1470. L'usage de désigner par un chiffre le rang du prince dans la suite des princes de même nom, était déjà connu en Espagne à celte époque. Charles Vlil (1483— 1495). 1489, mai. — Charles VIII confirme les privilèges anciens et modernes accordes par Louis XI aux ou- vriers et monnayeurs de Perpignan. (Liasses, pareil, n° 1 08, à r Université. — sirch. de l'a Monnaie de Paris.) 1489, 3 juillet. — Boffilede Juge, comte de Castres, Vice-Roi et Lieutenant-Général des comtés , ordonne l'exécution des lettres-patentes du Roi. (y/ l'Univer- sité, liasses, parch. n° 108.) Je ne connais pas d'autre document monétaire de Charles VIII, concernant Je Roussillon. Il est probable que l'hôtel des monnaies de Perpi- gnan n'est pas resté inactif pendant les dix années qui se sont écoulées entre le décès de Louis XI et la remise des comtés au roi d'Aragon; mais je ne con- nais aucune monnaie française, au nom de Charles ils présentant les particularités caractéristiques île la fabrication perpignanaise. L époque de rengagement à la France est sans doute relie pendant laquelle les monnaies étrangères ont été le plus abondantes en Roussillon. On y vit alors cir- culer, non seulement les espèces d'or,' d'argent et do billon des royaumes d'Aragon et de France, mais en- core celles deCastille, de Navarre, de Béarn et d'Italie, apportées par les bandes armées qui traversaient, pil- laient et dévastaient cette malheureuse province '. Celte grande quantité de monnaies étrangères, et leur diversité de titie, poids, types et légendes, favo- risaient les faussaires, les rogneurs de pièces et autres fripons, contre lesquels il fallait constamment se pré- munir, le trébuchet à la main. La principauté de Catalogne et les comtés furent inondés de monnaies altérées ou contrefaites, qui se maintinrent dans la circulation jusqu'à la fin de 1493. Immédiatement après la remise des comtés, le roi Ferdinand, sur les instances de la ville de Barcelone, prit des mesures pour anéantir toutes ces monnaies altérées ou fausses, qui durent être cisaillées ou rompues en morceaux. En tête du catalogue des monnaies dor qui ont eu cours en Catalogne, rédigé en 1490 par P. M. Carbo- nell et publié par Salât (Instrum. justif., n° LXV), se trouve la note suivante, concernant une pragmatique du roi Martin sur le cours des monnaies. En aquest temps (1405) valia lo flori XI sols ; après ha valgut 1 Le 4 mars 1473, un habitant de Saint-Féliu-d'AvalI, réduit à la misère la plus extrême, vendit son ebamp, planté d'oliviers, et de la contenance d'une ayminate, pour quatre livres, monnaie de Perpignan! (Cart. de M. de Saint-Malo.) Ce document suffit pour donner une idée des souffrances de la plupart des Roussillonnais à cette époque désastreuse. 149 XIII sols, è huy que son en lo any M CCCC LXXKX val XVI sols ■ é lo ducat de Vcnecia, XXIII sols ■ è lo seul vcll val XXII sols ; è lo Alfonsi, ducat c mis; è lo r -e al d 'argent, II sols. — En 1 490, le réal d'argent valait deux sous ou vingt-quatre deniers de tern : les deniers avaient donc perdu la moitié de leur valeur. Dix rëaux valaient au cours deux cent quarante deniers ou vingt sous de tern; c'est-à-dire, une livre, et cette proportion fut adoptée comme monnaie de compte f livre barcelo- naise de dix rèauxj. X — LE ROUSSILLON SOLS LES ROIS D'E$PAGNË. 1493 — 1642 . Ferdinand-le-Catholique(1493— 1510).— 1493. Ferdinaud étend aux deux comtés son édil de mars 1492 sur l'expulsion des Juifs (21 septembre).' — 1495. Campagne des Français en Italie : FerdinandTaa mépris des traités, soulève contr'eux le roi des Romains, le Pape, Ve- nise et le duc de Milan. Chai les VIII rentre en France : il regrette, mais un peu tard, la remise gialuite des comtés. Ferdinand, craignant une invasion, ravitaille les places — 149G. Les Français entrent en Roussillon et prennent le fort de Salse.i (8 octobre). Armistice de deux mois, suivi d'une trêve. — 1498. Préparatifs des Français pour atta- quer le Roussillon et assiéger Perpignan. Ferdinand s'y transporte avec toutes ses forces. Mort subite de Charles VIII : elle détruit les espérances des Fiançais et délivre le Roussillon de toute inquiétude. — 1499. Traité de paix entre Louis XII et Ferdinand : le roi d'Aragon renonce à de prétendus droits sur la Provence ; le roi de Fiance, à la faculté de revendiquer les siens sur les comtés de Roussillon et de Cer- dagne. — 1500. Expédition des Français en Italie : ils occupent le royaume de Naples avec les Aragonais. — Gonzalve s'empare par tra- hison de la partie qui devait rester à Louis XII, et Ferdinand soulève de nouveau contre la France, l'Empereur, le Pape et les Vénitiens. — 1502. Le cardinal Lloris, paient du pape Alexandre VI, et successeur du laineux César Borgia dans l'évêcbé d'Elue , fait placer ce diocèse sous la dépendance immédiate du Saint-Siège. Jusqu'alors, Narbone avait été la métropole. — 1503. Traité rie Lyon (5 avril) : Louis XII 150 est encore trompe par Ferdinand. Les Français assiègent le fort de Salscs (6 septembre), et se retirent à l'approche du roi d'Aragon. Prise de Leucate par le duc d'Albe (28 octobre). Trêve de cinq mois (novembre). — 1505. Le mariage de Ferdinand, veuf d'Isabelle, avec Germaine de Foix, nièce de LouisXII, amène la paix. Philippe, gendre de Ferdinand devient roi de Castille, et meurt en 1506. Ferdinand administrelaCastille. — 1512. Il s'empare de la Navarre espagnole.— 1516. Mort de Ferdinand, qui laisse à sa fille, et après elle à son petit- fils Charles, tous les royaumes de la Péninsule, le Portugal excepté. Charles Ier (1516—1556). — 1520. François Ier et Charles con- currents à l'Empire (janvier). Charles est proclamé Empereur (15 juin). — 1522. Expédition malheureuse des Français en Navarre. — 1526. Captivité de François Ier. — 1530. Peste à Perpignan.— 1536. Invasion de Charles-Quint en Provence : il perd la moitié de son ar- mée.— 1542. Entrée des Français en Roussillon, sous la conduite du Dauphin (21 août). Siège de'.Perpignan, défendu par le duc d'Albe. — 1547. Mort de François Ier|(31 mai). — 1556. Abdication de Charles-Quint (1er janvier). — 1558, 22 septembre. Sa mort. Philippe II (1556—1598). — 1558. Le Concile de Trente ayant obligé les Évêques sans Métropolitain, à s'en choisir un, I'Evêque d'Elne opte pour l'Archevêque de Tarragone. — 1562. Fondation de la confrérie de Saint-George en Roussillon (3 août). — 1563. Peste. — 1570. Les Protestants en Roussillon. — 1575. Colliourc fortifié.— 1592. Les Protestants pour la seconde fois. — 1595. Guerre des Fran- çais avec les Espagnols, dans les Pays-Ras. — 1597. Les Français ten- tent de surprendre Perpignan (18 août) : ils sont repoussés. — 1598. Prise d'Opol par les Français ( 19 mars). Paix de Vervins (2 mai). Mort de Philippe II (15 septembre). Philippe III (1598—1621). — 1602, 30 juin. La résidence de l'Évêque et du Chapitre d'Elne est transférée à Perpignan. — 1609. Expulsion des Maures. Cette mesure fatale prive l'Espagne de plus de 600.000 sujets. — 1612. Sécheresse extrême en Roussillon. Main armée de Perpignan contre Villefranche, qui avait retenu au passage les reliques de saint Galderic. — 1621. Mort de Philippe NI. Philippe IV (1623— 1642). — 1628. Main armée de Perpignan contre Barcelone (2 janvier). — 1631 . Peste à Perpignan. Les Espa- gnols surprennent la ville de Trêves : la Fiance prend les armes. La guerre, commencée dans les Pays-Bas, s'étend plus tard aux frontières 151 des Pyrénées. — 1037. Expédition des Espagnols contre Leucate : prise du village. Victoire des Français sur les Espagnols, qui abandonnent Leucate et rentrent en Catalogne. — 1639. Le prince de Condé lieutenant-général du Roi en Languedoc, et le maréchal de Scliom- berg, se rendent maîtres de Rivesaltes, Estagell, Canet, Claira, Opol et du fort de Salscs, qui capitule le 17 juillet, après quarante jours de blocus. Les troupes espagnoles se livrent à tous les excès en Catalogne. Le 14 septembre, elles rentrent en Roussillon pour reprendre le fort de Salses, qui capitule le 22 décembre. — 1640. Révolte des Catalans contre le roi d'Espagne. — 1641 . La Catalogne se donne à la France. (Henri, Histoire du Roussillon.) . Fcrdinaiid-Ie-Callioliqtte (1495 — 1516). 1493, 28 septembre. — Letires-paientes du Roi, confirmant les privilèges des officiers et monnayeurs de Perpignan. (Paris. — Archives de VHôteldes Mon.) 1493, 4 novembre. — Sentence rendue en vertu des pouvoirs donnés au Roi par les trois bras de la Coït générale : elle règle différents points relatifs aux mon- naies d'or et d'argent de la principauté et des comtés. Le Roi ordonne la fabrication dans les hôtels de Barcelone et de Perpignan de monnaies d'or fin ap- pelées principats, au titre et au poids des ducats de Venise, au type des ducats fabriqués à Barcelone'. — Celle de croats ou réaux d'argent au litre de onze deniers cl maille, à la taille de soixante-douze au marc; titre et poids de ceux de Barcelone, type or- 1 Ces cvpressions: lilrecl poids des ducals de Venise, type des ducats fabri- qués à Barcelone, prouvent que le principal et le diicul sont une seule et me me monnaie «for. Le durât est originaire de Venise : Ferdinand-le-C liqne en faisait fabriquer à Barcelone, au même titre et au mtfme poids, mais à un type différent : ils sont désignes dans les actes écrits en catalan sous le nom de ducats del Rey . Dans l'ordonnance du ; novembre, le Roi les appelle principats ; mais le nom de ducat est resté à ces monnaies d'or : l>^ les publias ou particuliers né fonl jamais mention de principal t 152 dinaire des croats. On pourra fabriquer aussi des demi-croals et des quarts-dc-croûts au même titre — Douze de ces croats vaudront un principal et récipro- quement. — Les principats et les croats seront reçus au poids, selon l'usage, quel que soit leur nombre, sous peine de confiscation. — Défense de recevoir dans la principauté les carlins et toute autre mon- naie d'argent, excepté les croats. Les carlins pour- ront être portés aux hôtels des monnaies pour y être refondus. — Les monnaies d'argent, appelées parpail- lotes et doubles, en circulation dans les comtés de Roussillon et de Cerdagne_, n'auront plus cours dans les comtés ni dans la principauté de Catalogne quatre mois après la publication de cette ordonnance. Ce délai expiré, elles seront confisquées au porteur. — Les menuts qui doivent être mis en circulation ne seront donnés en paiement que jusqu'à concurrence d'un quart de croat, sous les peines susdites.— Le lîoi se réserve de corriger, révoquer, changer, inter- préter les articles précédents comme il le jugera convenable. ( Livre IeT de Provisions , f°515, verso. — Salât, lnstrum. justifie., n°LXVll, p. 94.) 1493, 14 décembre. — Pragmatique du roi Ferdi- nand concernant les monnaies fausses qui circulaient en très grand nombre dans la principauté de Catalo- gne et les comtés de Roussillon et de Cerdagne. Elle ordonne, sous peine d'une amende de cinquante flo- rins d'Aragon, aux changeurs de Barcelone et de Per- pignan, de les porter au bureau des dépôts où elles devront être brisées, et défend expressément de don- ner ou recevoir désormais aucune de ces monnaies quel qu'en soit le métal. (Sxf.AT, Instr. justif., IAV1.) 1494, 11 juin. — Déclaration royale interprétant la 153 pragmatique donnée sur la valeur et la liquidation de la livre barcelonaise et de la livre perpignanaise. Considérant la grande différence qui existait entre la valeur de la monnaie barcelonaise et celle de la monnaie perpignanaise1; et voulant pourvoir à la juste indemnité à laquelle avaient droit ceux qui con- tractaient en monnaie de Barcelone ou donnaient l'équivalent, Ferdinand avait publié une pragmati- que ordonnant que tous les contrats , stipulés en monnaie de Barcelone, seraient acquittés en celte monnaie. — Les consuls et la commune de Perpignan exposèrent au Roi, que l'usage en cette ville, soit avant, soit après les troubles de la principauté de Catalogne, était de contracter réellement en mon- naie de Perpignan, bien que les stipulations fussent indiquées dans les actes en monnaie de Barcelone; que la publication de la pragmatique avait eu pour conséquence de faire payer en monnaie barcelonaise, ce qui induisait en grandes perles la commune et les citoyens de la ville et des comtés. Ils suppliaient le Boi de vouloir bien y porter remède. Par sa déclaration du 1 \ juin, Ferdinand décida que la pragmatique ne serait point applicable aux renies constituées qui, avant 1460, étaient payées en monnaie perpignanaise, de moindre valeur que la barcelonaise, ni aux contrats qui, antérieurement ou postérieurement à cette époque, avaient réellement été faits en monnaie perpignanaise, bien que les sti- pulations y fussent indiquées en monnaie barcelo- naise. (Livre vert mineur, f° 582.) 1 Le livre vert mineur, f" 523, verso, nous donne, sons la date du 13 juin ■1498, l'indication précise de cette différence. Il y est dit que 13 livres 17 sous, monnaie de Perpignan, valaient alors 10 liv , monnaie de Barcelone. 154 1405, 12 octobre. — Le roi Ferdinand accorde à la Aille de Perpignan le privilège de fabriquer de la menue monnaie, jusqu'à concurrence de deux mille livres, au titre et au poids que les Consuls jugeront convenable. Avant de Je mettre à exécution, les Con- suls s'obligeront, suivant la forme ordinaire, a retirer celle monnaie de la circulation, s'il plaît au Roi de l'abolir, et à l'échanger au pair contre des réaux d'ar- gent ou des monnaies d'or. On ne pourra faire de paiement en cette menue monnaie que jusqu'à la valeur d'un quart de réal d'argent, sous peine d'une amende de cinquante livres. [Livre des actes impor- tants, A A, f°407, à l'Université.) 1406, 30 mars. — Sur la demande des Consuls, Ferdinand autorise la fabrication de mille livres de menue monnaie, en sus des deux mille accordés par le privilège du 12 octobre 1495, et sous les mêmes conditions. flbid.J On lit dans Bosch (p. 37 et 38) : « Par les letlres-pa- « tentes du 30 mars 1 496, le Roi ordonna qu'il seroit « battu de la petite monnoie pour l'usage journalier « et pour la commodité de ses troupes, et que cette c monnoie seroit fabriquée de telle manière et à tel « litre que les Consuls de Perpignan jugeroient à pro- « pos de fixer ; mais qu'à l'égard des rcals et démî-réals, « ils seroient fabriqués d'argent fin, au litre de onze « deniers et obole, ei les réals de soixante-quatorze de « taille au marc, au lieu de soixante-douze, à quoi ils « avoient clé fixés par les ordonnances précédentes. « Ces pièces d'argent, réal, demi-rc'al, de celte fabrique, « ont eu le même cours cl pour la même valeur que « celles qui éloient fabriquées au coin de Barcelone, quoique celles-ci fussent d'un moindre poids, diffé- 15.-» « rence cependant qui n etoit que de deux deniers ' ( « sur chaque pièce de monnoic rèal. Aussi c'est à cause y de cette modicité de différence que le roi Ferdinand « donna sa déclaration, le 1 1 juin 1494, enregîtrée au « Livre vert mineur des archives de la Maison de Ville, « fol. 582, par laquelle il ordonna que toutes les obli- c galions contractées en monnoie barcelonoise, et pos- I4, le Capitaine-Général do Catalogne, ordonna la fabrication à Barcelone, de monnaies d'or, semblables de titre, de poids, de types et de lependes à ces anciennes espèces : elle se continua pendant plusieurs années. lis légeudes de ces nouveaux ducats, qui ont également eu cours en lîous- sillon sont en capitales romaines, et portent, avec les noms et les effigies de Ferdinand et d'Isabelle, la date de leur émission, 1622, I(Î2Ô, etc. Poids du Real de 1493 : Ec.u losange aux quatre pals, dansunentourageformédesix demi-cercles, contenant un gros point ou Lésant, qui existe également à l'exté- rieur entre les demi-cercles. Le tout dans ungrènetis. — Croix centrée d'une étoile à cinq rayons, cantonnée de quatre besants, entourée de quatre demi-cercles. — Cuivre. — Module, 15mill.; poids, 3gram. 1 déc. — C'est exactement le poids du réal de M. Lloubes. Denier : B il Ion. o+V-J-o+I+o+P-f-o+A-f. {Villa Pefpiniani). Ecu losange aux armes d'Aragon (aVor à quatre pals de gueules), terminé par quatre annelets, et chargé de deux P gothiques accolés, monogramme du nom de Perpignan. — o-j-E-hi+C-f oH-A-H-|-D-}-. {Ecce Agnus Dei.) Le même écu losange surcharge de la figure de saint Jean-Baptiste debout, vu de lare, portant l'agneau pascal sur la main gauche, à hau- teur de la lélc, et l'indiquant de la droite. — Module, 19 mill.; poids, 1 gr. 7. Toutes les lettres de ces légendes bizarres, placées entre deux croix, au milieu de chaque face de l'éeu- losange, sont gothiques et semblables à celles du croat d'argent au nom de Ferdinand. La forme du V est sur- tout remarquable. En 1 840, on a retrouvé le trousseau de cette pièce, dans le plomb qui fourrait un ancien poids de la ville. M. Grosset, en publiant ce coin1, ne pensait pas qui! appartenait à une monnaie : il le prenait pour le trous- seau d'un jeton de plaisir, ou un timbre h plomber les marchandises. C'est une véritable monnaie, et l'une des plus curieuses de la série perpignanaise. Elle pré- sente les armoiries de la ville, telles que le roi Martin les avait données aux Consuls, le 18 juillet 1400. 1 De lu. Valeur monétaire etc. (Bullelin île la Société, ISÎ! k 1G0 La lecture Villa Perpiniani, Eccc Jgnus Dci, que je propose pour l'interprétation des lettres V.I.P.A. — EC.AD,me paraît naturelle et vraie: elle est d'ailleurs confirmée par les lég. du meitut de la même émission. Variété en cuivre blanchi. — Mod., 19; poids, 1sr5. Variété eu cuivre pur. — Poids, 0sr8. Mw,« : Billon +VILE0PERPINIANI0 El. Dans un grènetis, deux P gothiques accolés, semblables à ceux du denier.— ECCE A-GNVSoD(w). Figure de S1 Jean debout, tenant l'agneau de la même manière : elle tra- verse le grèrietiset la légende. — Mod. 16m.; poids le1'. Variété en bitton noir: -f- VILE PERPINIANI. Deux P semblables. — ECCE AGNVS. Même figure entre deux annelets. Variété en cuivre blanchi : + VILE o PERPINIANI o. PP entre deux grènelis. — Même revers. Variété en cuivre . Même avers. — ECC-Eo AGNVS. Même figure, entre deux annelets. Variété, — cuivre. Le monogram me PP entre quatre points: la figure du revers entre deux annelets. Variété à la légende du revers: ECCE-AGNVS. Variété de la précédente ; 4- VIL LE. PERPINIA. Id. — ECCE- AGNVS. Idem. Variété, — cuivre. Le monogramme PP entre quatre points: la figure du revers entre quatre points. Variété, —cuivre. Le monogramme entre 4 points. —ECCE A-GN VS D(«). Même figure entre A points. La plupart de ces variétés pèsent cinq décigrammes. 11 est évident qu'elles appartiennent à-différentes émis- sions, puisqu'il en existe en bon billon, en billon noir et en cuivre pur. Si je les réunis, c'est que je n'ai pas de raison suffisante pour les classer à l'une ou à l'autre. Les documents en vertu desquels ces petites monnaies ici municipales oui été fabriquées, prouvent qu'elles étaient semblables, de types et de légendes, à celles de la plus ancienne émission. Je me suis contenté de les décrire, en commençant par celles d'un meilleur litre, et ce classement doit correspondre à leur an- cienneté respective. Fabrication de 1405. — Maints : Pareils aux précédents. Fabrication de 141)6. — Menuts: idem. Antre fabrication de 1496. — Real d'argent .-Titre, J 1 deniers et obole; taille, 74 au marc. Types et légendes du réal de 1493, avec quelques différences: H-FERDiNANDVS:D:G:RE\. Buste couronné, à gauche; la couronne n'a plus de lys, mais dépasse encore le grènetis intérieur : quatre besants au-dessus continuant la légende. — COM ° ES ° liO-ClUO-JNTS \ JLfet CcritànieJ. Croix, barcelonaise, centrée d'un P cantonnée d'un annelet aux 1er et 4e, de trois besants aux 2« et 3e.— Argent.— Module, 24 millim. (Collec- tion de M. Cayetano Carreras.) -r-FERDINAKDVS:DEI0°GIU:K'Busie couronné, à gauche; lacouronne n'a plusdelysetne dépasse point le grènetis intérieur.— COM-ES: RO-CILIO-MS. Mê- me croix, cantonnée de trois besants aux Ieret4e; d'un annelet aux 2e et 3e. {Revue munis., \ 844, pi. VI, n° 4.) Demi real :Type et lég. du réal. Je ne le connais point. Deniers et menuts : Semblables aux précédents. Fabrication de 1499. — Deniers-mcnuts : Semblables de ti- tre, de type et de légendes, aux précédents. Fabrication de 1505. — Deniers-menuts : Semblables aux précédents. Fabrication de 1515. — Petits menuts .- Semblables aux précédents. ItiJ Monnaies barcelonaises. Double durât : FERMNANUVS ET EUSABET REGES. Bustes couronnés et affrontés du Roi et de la Reine; entr'eux la lettre B, initiale de Barcelone. — SVB VMBRA ALAR. TVAR. Écu couronné aux armes pleines d'Espagne, etc. — Or. — Module, 29 million.; poids. Ducat: Même type et mêmes légendes. Bcal d'argent :¥EKm^\?i\}\S: D :G: REX. Buste ronronné h" gauche. — CI VI -TAS B- ARCK-NOiNA. Croix coupant la légende, cantonnée aux 1er et 4e d'un annclet: aux 2e et 3e de trois hesants. — Module, 24 millim.; poids, 3gr1 . Variété à la croix du revers cantonnée de trois be- santsaux 1tr et 4e, et d'un anneletaux2e et 3e. Variété à là lég. du rev. écrite RE, au lien de REX. Dcmi-rcal: FERDIÎNANDVS D. G. R. Buste cou- ronné, à gauche.— CIVI-TAS B-ARCK-NOÎNA. Croix cantonnée de deux annelets cl de six hesants. — Mod., 20 millim.; poids, 1sr5. Maint: BARKiNONA. Grand B dans un grènetis. Pas de légende : l'écu de Catalogne dans un grè- netis.— Cuivre. — Salât (pi. I, fol. 12, et p. 180) pense que celte petite monnaie est. un doblc , de l'émission ordonnée par Ferdinand, le 4 juillet 1543. Charles 1" (1516— 1556). Empereur en 1520, sous le nom de Charles-Quint. Les documents monétaires du règne de Charles Ier, concernant le Roussillon, sont en très petit nombre : aucun ne mentionne de concession à la ville de Per- pignan, ni même de fabrication municipale. Cepen- dant il existe des monnaies de ce règne. 163 > 1518, A mai. — Matricule des officiers, ouvriers et monnayeurs de Ja monnaie de Perpignan. t Manuel Xril, f°s 98 et 99, à l'Université.) Garau, JeanBoignes, maître de la monnaie —Fran- çois Boiser, adjudant —Officiers: 22.— Ouvriers exa- minés : 1 2.— Monnayeurs examinés : 29 —Officiers de la Cour: 3.— Conservateurs; 3— Notaire, écrivain et monnayeur: J. — Total : 71) employés. 1526, 5 mai. — Nominations d'employés à la mon- naie de Perpignan. {Manuel XIX, f°* 129, 139, 145> 1528. — Création de la monnaie perpignanaise de billon : privilège spécial de fabrication accordé par l'Empereur et Roi, à la ville et aux Consuls de Per- pignan. (Xammar, page 66 et 67.) Je n'ai pas retrouvé ce document; mais Xammar, qui le cite, établit suffisamment que la monnaie perpignanaise de billori fut créée en 1528 '. Il existe des doubles sous, sous sonars et sixains de billon, por- tant le millésime 1529 ou 1531 , les armes et les lé- gendes de la ville de Perpignan. Ces monnaies, dont on ne connaît point d exemplaire antérieur à 1529 ont été, sans doute, fabriquées en vertu du privilège royal de 1 528. 1531, 16 septembre. — Ordonnance des Consuls, défendant la sortie des monnaies d'or et d'argent. ' Vt viden est i„. tU,m conclusiomm ejns mini (1598), ubi subdita regia eonclusk monelam de bino, lune currenlem in villa Perpinimii et Comitalibus. cœpme in annà lo28, m vint privilegii e.csareœ majeslatis. (Xammar; Croi/ii doctrma de mliquUéU et religione, etc-, inclylœ civilaiis Fiartinnnœ.-IC,', i m-4°, pages C.O et 67.) Duby rappelle la monnaie de bino et en rapproche le nom rie celui de duplo: re n'est, comme le fait judicieusement observer M. de r.ongpérier [nev. NHm. 18-M, p. :>!)'■; qu'une altération du mot billo, donl le nom mal lu dans on manuscrit, aura été reproduit par Xa-nmar^ Que dorénavant personne tic contracte en mon- naies françaises de billon, n'introduise en France les espèces d'or et d'argent , n'accepte on ne donne en paiement les doubles et les ardits de France, ne prenne plus de trente trois sous par ducat, en échange de la monnaie courante, ni plusdedeux sous neuf deniers par réal. — Les contrevenants perdront leurs monnaies de billon, et seront en outre condamnés à une amende de vingt-cinq livres, dont le tiers sera appliqué au tré- sor royal; le second tiers aux murs de la ville, et le troisième au dénonciateur (Livre II d'Ordin., f° 42.) Des particuliers exportaient en France quantité de monnaies d'or et d'argent, et les échangeaient contre de petites monnaies françaises de billon. L'or et l'ar- gent étaient devenus si rares à Perpignan et dans les comtés, que, pour s'en procurer, il fallait donner, en sus de la valeur légale, deux ou trois sous par ducat, cl quatre ou six par double-ducat. Les comtés étaient inondés de menues monnaies françaises. Les Consuls craignant la disparition totale de l'or et de l'argent, en prohibèrent la sortie. 1 532, 14 mars. — Noms des officiers, ouvriers et mon- nayeurs de la monnaie de Perpignan . {Man.XX, f° 1 88.) Jean Salra, maître de la monnaie depuis Tannée 1 524. — François Giginta, assesseur. — Officiers: 29. — Ou- vriers: 25. — Monnayeurs: 38. — Total: 92. 1533, 10 novembre. — Les Consuls en exercice, considérant que la défense du 16 septembre 1531, n'est point observée, parce que la peine est trop lé- gère; que le désordre s'est tellement accru, que l'on paie trente-six sous en menais pour un ducal, et trente- quatre pour un écu au soleil; ordonnent que les contre- venants perdront leurs monnaies, et seront en outre 165 condamnés., sans espoir de grâce, à une. amende de 500 florins d'or, dont le tiers sera donné au dénon- ciateur, le second tiers appliqué à la réparation des murs de la ville, et le troisième à l'officier qui aura fait l'exécution. {Livre II d'Ordinacions, f'° 52.) 1 534, 20 avril — Création à Barcelone(rue de Basea} d'un hôtel général des monnaies, qui réunit ceux de Pampclune, Burgos, Sarragosse , Tole.de, Perpignan, Cuenca, Fuertcs et Barcelone. On y fabrique des c'eus d'or, valant douze sous barcelonais, des denù-ècus } des couronnes et des demi-courotincs d'argent, et des menuts. (Salât, p. 242.) Cette création explique le silence des documents sur la fabrication perpigna- naise, qui dut être suspendue. 1545, 10 octobre. — Nominations d'employés à la monnaie de Perpignan. (Manuel XXIIII, fol. 26). 1547. — Ordonnance de l'infant Philippe, lieute- nant-général de Charles-Quint, son père, en la Coït de Moncon. Tous les employésdeshôtelsdes monnaies de Barcelone et de Perpignan seront Catalans : il est formellement défendu d'y admettre des étrangers, principalement des Français, sous peine de cent du- cats. (Salât, p 19.) En 1259, Jacques-le Conquérant avait fait une défense semblable, qui ne fut point observée : les étrangers admis étaient un sujet conti- nuel dedisputeset de rixes. 1 555, 9 janvier. — Nominations et présentations des officiers de la monnaie de Perpignan , faites par le maî- tre, et leur admission par le lieutenant de la ville. (Manuel XXVI, f<-s 1 89, 1 9 i , 1 92.) A Perpignan, le réal d'argent était reçu pour qua- rante deniers en 1 531 : la livre perpignanaise de vingt t66 sous ou deux cent quarante deniers ûe valait plus que sixréaux. (Louis Baldo, Acclamacion, etc., 1 627, in-f°.) Un jugement rendu en 1 552, pa ri es Juge s de griefs \ indique la différence qui existait alors entre la mon- naie barcelonaise et la monnaie perpignanaise. Le cou- vent des Augustins, situé près la porte Notre-Dame, avait été démoli lors du siège de 1 542, elles matériaux employés aux fortifications. Le trésor royal fut con- damné à payer aux moines cinq mille deux cent trente-six livres douze sous six deniers, monnaie de Perpignan, dont le ducat vaut quarante sous, faisant cinq mille cent quarante-deux livres un denier, mon- naie de Barcelone. Celle-ci avait, par conséquent, à celte époque, une valeur supérieure à l'autre d'en- viron 7i0 (exactement: 0,092). Ce document confirme, en outre, la valeur de la livre perpignanaise à six réaux. Le ducat valait douze réaux et le réal quarante deniers, ce qui donne pour le ducat: 12X40=480 deniers, =40 sous. Le demi- ducat, de six réaux, était de 6X40=240 deniers ou vingt sous. La livre-monnaie de Perpignan valait donc, à celte époque, six réaux seulement. Voici les monnaies de Perpignan qui se rapportent à ce règne : Sou double : PERPIÎN1ANI °0 VILLE, entre deux grè- nelis(l'E, l'N et l'A gothiques) Écu losange, aux quatre pals, sous une couronne, au-dessus de laquelle on voit, ( Commission de dix-huit membres, nommée par le Roi et la Cort, pour juyer souverainement des griefs qui lui élaienl dénoncés, portant sur les dettes contractées par le Roi ou ses prédécesseurs, sur les atteintes aux lois et aux coutumes, etc. (M. Jaurekt-Cami'acm;. Le Vieux Roussillon, Bulletiu 4e la Société, VIII, 18,'il, p. 1>J2 ) 167 entre les nèfles, les quatre caractères loSoMol, que je lis 1 531 . L'éeu est accoslé de deux P fPerpiniariumJ, placés contre les angles latéraux. \- IINTER iNATOS M VLIERVM oIN (on surrexit major), entre deux grène- tis. Saint Jean debout, vu de trois quarts, la tète nim- bée, regarde à gauche, et tient dans le bras gauche l'agneau pascal porte-bannière, qu'il indique de la main droite. Dans le champ, le millésime IoS — 3oi, accostant le type de S1 Jean : au-dessus, à gauche, la lettre ?(erpinianum). — Billon. — Module, 28 millim.; poids, 3?1 35. x\insi, la ville de Perpignan a devancé le.s royaumes de France et d'Espagne dans l'apposition du millésime sur les monnaies1. Variété à la légende du revers : iNTEK iNATOS MVLIRVMoN. l Même pièce en billon, à plus bas titre. Variété cuivre blanchi : PERPINIAM VILLE o RA . i.s.3.1. pp.— rnter natvs:mylier:cvmvn. 1 S-3 I. Point de Pdans le champ. Fausse monnaie. Variété: PERPI VILLE. Même écu couronné; les lettres P-P n'existent pas; l'écu losange est ac- coslé, dans la partie supérieure, de caractères qui me paraissent étrel-S; dans la partie intérieure, à gauche, je crois voir un 2; le quatrième, à droite, est entière- ment détruit. Ce serait alors IS2' (1529?). Cette lecture est tirée d'une empreinte en plomb de l'un des quatre coins retrouvés en 1840 dans un ancien poids de la ville. Sou sanar: PERP1MAN1: VI LLE. Écu carré., cou- 1 Lu France, le millésime Eut apposé sur les monnaies tu vertu A une or- donnance rovale de !'iî'». l'n liïsS seulement, Plispajne suivit cet exemple. tes ronné, aux armes d'Aragon : au dessus de la couronne el entre les irèfles, le millésime IoSo2o9 (1529). — + INTER NATOS o MVLIERVM. Saint Jean debout, comme sur le double- sou, accosté de deux P. — Billon. — Module, 24 millim.; poids, 2g<-25. Variété aux légendes PERPINIANI : VILLE ;.— + INTER NATOS MVLIERVM oN(on surrexit major). Poids, Ur 80. Variété en. bas billon. Poids, 1gr70. Sixain ou demi-sou : PERPINIAÏSIo VILLE. Même écu; au-dessus de la couronne, le millésime I oSo2o9. MNTER NATOS MVLIERVM o. Saint Jean de- bout, idem. — Billon. — Module, 19mill .; poids, 0gr9. Variété écrite au revers: 1NTR NATOS. Menut de cuivre : CAROLVS ''croix fourchue) D (même croix) G (même croix) REX, entre deux grè- nelis. Ecu losange aux quatre pals, surmonté d'une couronne. \- AVE (croix) G (croix) PLEN A (croix) DOM , entre deux grènetisf^/ir, gracia plaid, Domi- nusj. La Vierge, debout, la lête nimbée et vue de face, porte dans ses bras l'Enfant Jésus, qui tient à la main une petite croix. — Cuivre. — Mod., 24mill.; ps,1&>3. Variété à la légende du revers: -f- AVE (croix) G. P — LENA (croix) DOM. (la légende séparée en deux). Monnaies barcelonaises. Double de terti : JOANA K(«r)OLVS. Tête couron- née, à gauche. — BA-KA-NO NA. Croix barcelonaise, centrée d"un B, initiale de Barcelone; cantonnée aux Ier et 4e de trois besants; aux 2e et 3e d'un anrièlet — Billon. — Module, 16 millim. Variété : Point de B au centre de la croix du révers- je.y Philippe II (1556—1598). 1560, 28 mars. — Provision de maître de la mon- naie de Perpignan, en faveur de François Tardiu. de Puycerda. (fieg. XXXIF de la Proc. royale, fol. 90.) 1 502, 20 mars — iVîairicule des officiers et ouvriers de la monnaie de Perpignan. {Manuel XXVII, (° 247.) Jean-François Tardiu, bourgeois de Puycerda, maî- tre de la monnaie. — Officiers: 17 — Ouvriers : 17. — IVIonnayeurs : 1(3. — Total : 50. 1 567, 20 mars. — Matricule des officiers de la mon- naie de Perpignan. {Manuel XXXIII, fol. 189) .lean-François Tardiu, bourgeois de Puycerda , maî- tre de la monnaie. — Officiers : 23. — Ouvriers: 23. — Monnayeurs: 18. — Total : 64. 1579, 16 janvier. — Criée publique, à Perpignan, ordonnant que tous les poids des monnaies d'or soient vérifiés par l'affineur de la ville. fLiassesdc la Pr. du G.J 1585. — Ordonnance royale, rendue en la Cort de Monçon, prescrivant : 1° l'uniformité des poidsel me- sures pour toutes les cités, villes et autres lieux de la principauté de Catalogne el des comtés de Boussillon et de Cerdagne; 2° l'adoption de ceux de Barcelone. Cette constitution a pour objet de remédier aux gra- ves inconvénients résultant de la diversité des poids et mesures établis dans la principauté et les comtés. Elle ordonne : 1° de faire usage dorénavant des seuls poids et mesures de Barcelone; 2° d'y ramener tous ceux dont on se sert actuellement. Les réductions seront exécutées dans tous les chefs-lieux de vigueric, par trois experts choisis dans les trois bras de la pro- vince, deux mois après la clôture des séances de la Cort lConst.de CataL, v: I,liv. IV, tit. XXIU, f°325. 170 Les ternies de celte constitution ne laissent aucun doute sur l'existence de plusieurs unités de poids dans la principauté de Catalogne et dans les comtés de Roussillon et de Cerdagne. Les actes des xiie et xine siècles mentionnent, en effet, le poids particu- lier de Barcelone, de Girone, de Vie, de Perpignan, de Villefranche de Confient, etc., qui différaient probablement l'an de l'autre, puisque la constitution de 1 585 ordonne de les ramener, par augmentation ou diminution, au poids de Barcelone, désormais le seul légalement en usage dans les comtés et la principauté. La réduction opérée à Perpignan, pour la viguerie du Roussillon et du Vallespir, établit que la livre de Perpignan valait onze onças _, dos quarts d'onça y un seize de onça, pes de Barcelona f/lrcli. de la commune, liasses de la Procéd. du greffe. — Copia reductionis .) 1 585, 3 juillet. — Extrait des instructions envoyées le 3 juillet 1 585, par le consulat de Perpignan, à Louis Terrena et Jérôme Baldo, syndics de cette ville aux États de Monçon; plainte contre la ville de Puycerda, au sujet des monnaies de bas aloi qu'elle avait récem- ment fabriquées. (^Archives municipales de Perpignan.) L'expérience a prouvé, disent les Consuls, que dans la Catalogne et les comtés, la diminution de valeur in- trinsèque de la menue monnaie, vulgairement appelée monnaie de billon, est préjudiciable aux droits du Sou- verain, à ceux du général de Catalogne, et principa- lement aux églises, aux ecclésiastiques, réguliers ou séculiers, et à tout le peuple. Cette vérité a été re- connue par les assemblées précédentes, et l'abaisse- ment de titre expressément défendu à cause de la déception et des perles, des troubles et des séditions populaires qui suivent ordinairement une émission de m monnaies frauduleusement diminuées de valeur in uinsèque. De plus, il e*t certain que les privilèges accordés par le Roi, sur la demande des villes, de fabriquer de la monnaie de Lillon, sont privilèges locaux. Les monnaies émises ne doivent avoir cours légal que dans le territoire des localités émissionnaires. Pour deman- der et obtenir de semblables concessions, le consente- ment formel du peuple, entre les mains duquel les monnaies doivent circuler, est indispensable. Tout récemment, en vertu d'un privilège royal, la ville de Puycerda a commencé la fabrication de monnaies de Lillon (ardas et menuts) qui, évaluées selon leur trompeuse valeur au cours, ont été reçues et circulent à Perpignan, dans tout le comté de Roussillon et la lerre de Confient. La ville de Puy- cerda prétend être autorisée à y répandre sa mauvaise monnaie : elle ne peut l'être certainement à frauder; or, dans un ducat de quarante sous en ardus de cette monnaie, il n'y a pas cinq réauxde valeur intrinsèque; par conséquent, la perte est de sept réaux par ducal. Les Consuls demandent que les trois bras de la Cort supplient Sa Majesté de déclarer : -1° que le privilège concédé à la ville de Puycerda est tout local; 2° que la circulation des monnaies, fabriquées en vertu de ce privilège, ne s'étendra pas au-delà du territoire de la Cerdagne, et, par conséquent, ne sera point admise à Perpignan, ni dans le comté de Roussillon, ni dans, la terre de Confient '. 1588, 2 juillet. — Ordonnance du Roi, prescrivant ' On lit en marge: Voes de coiislilucio, uns se ha rfi [raclai ab S, M. sûbn ardits. — Ja se ha demanal 0 s. v 172 que, dorénavant, loutes les monnaies porteront le millésime de leur fabrication, el que, si les quatre chiffres ne peuvent trouver place sur celles de petit module, on y gravera seulement les deux derniers. (Salât, tome Ier, page 53.) 11 paraît que celte ordonnance ne fut pas immédia- te ment exécutée à Barcelone:, car la plus ancienne mon- naie barcelonaise au millésime est de Tannée 1595. 1593, 7 juillet. — Criée faite à Perpignan sur la ré- duction des poids et mesures. ('Liasses delà Pr. du Gr.J 1594, 14 avril. — Criée faite à Perpignan sur la ré- duction des poids et mesures. (Ibid.) 1598, 19 janvier —Privilège accordé à la ville de Perpignan par le Capitaine-Général, au nom du Roi : 1° d'emprunter, à rente constituée, 80.000 liv. , pour subvenir aux besoins de la commune; 2° de fabriquer de la monnaie de billon jusques à concurrence de 60.000 ducats. {Livre vert ma]., f°336, verso.) Ce document contient dans son entier la supplique de Joseph Carbonell, syndic de Perpignan. Il expose que, de 1 590a 1 593, la peste a occasionné des dépenses considérables pour secourir les citoyens pauvres el les malades; qu'en 1 597 l'arrivée des Français et l'assaut qu'ils ont tenté de donner à la ville, le 19 août, a éga- lement occasionné beaucoup de dépenses, en raison des munitions, armes, réparations de murailles et au- tres travaux, qui ont tellement diminué les ressources de la commune, qu'elle se trouve dans l'impossibilité de payer ses charges ordinaires; que le seul remède serait d'accorder à la ville le privilège : 1 ° d'emprunter 80000 livres de Barcelone; 2° de fabriquer de la mon- naie de billon, composée de sixains, sous, doubles-sous «?i autres espèces, jusqu'à concurrence de 60.000 du- 17:1 cals, au litre et à la taille que les Consuls jugeraient convenir le mieux à l'utilité publique. En considé- ration des grandes dépenses que la commune a faites pour le service de S. M. et la défense de la ville, les Consuls prient, en outre, le Capitaine-Général de leur faire remise pleine et entière des droits royaux sur la fabrication, et d'ordonner aux officiers et employés de la monnaie de se contenter de leur salaire ordinaire. 1 f)98, 10 mai. — Lettre du Roi au Proionotariat de Ca- talogne, portant ordre de ne rien exiger du Consulat de Perpignan, pour droit de sceau de la permission de fabriquer de la monnaie de billon, à concurrence de GO 000 ducats {Livre Ier de Provisions, fol. 444.) La fabriealion n'était pas encore commencée à la fin de juin; ear, à la date du 25. les Consuls sortant de charge recommandent à leurs successeurs, par le se- cond article de leur.tesl ament1, de penser à l'affermer et à la réglementer : Item, se ha de pensar la ferma, com y de quina mancra se ha de batre la moneda de billo que Sa Magestad nos ha fêta merce de seixante mil du- cats, etc. (Livre des testaments des Consuls, année 1 598.) 1598, 28 juillet. — Matricule des officiers, ouvriers et autres employés de la monnaie de Perpignan, dressée par Joseph Boquet, mai Ire. (Manuel XXFIII , fr 189.) Le nombre des employés est réduit à vingt-quatre. Monnaies perpignanaises. Double-sol: nPERPIMANI (croix) VILLEo. Écu losange aux quatre pals, surmonté d'une grande cou- ronne à cinq trèfles, entre lesquels sont quatre an- nelets. Dans le champ quatre annelets, deux à chaque 1 On désignait sous le nom de testament , les recommandations écrites laissrot> par Us anciens aux nouveaux Consuls. m angle latéral de Técu, et le millésime 1-5-9-8. — Entre deux grènetis: + ooINTER NATOS (croix) MULIE- RUMo. Saint Jean debout, \nde face, tête nimbée et barbue, penchée à gauche, à longs cheveux, pendants sur les épaules. 11 tient sur le bras gauche l'agneau pascal porte-bannière, qu'il montre de la main droite. Oans le champ, aux pieds du saint, deux touffes d'her- bes et deux P, un de chaque, coté fPerpinianum) sur- montés, celui de droite, d'un annelet; celui de gauche, d'une feuille à quatre lobes et d'un annelet. Toutes les lettres des légendes sont latines. — Billon. — Mo- dule, 24 millim.; poids, 3sr35. Même pièce, contremarquée sur l'écu d'une tète de saint Jean, vue de face. Variété en billon, à très 'bas titre, avec ou sans la con- tremarque à la tète de saint Jean (hionnaic authentique). Variétés fausses, en billon noir ou en cuivre rouge, avec ou sans contremarque. Variétés fausses, de fabrication grossière, en cuivre rouçe, avec ou sans contremarque. Sou sonar : Entre deux grènetis : o PERPliNIANI (croix) VILLE o. Écu carré aux quatre pals, sous une couronne à cinq trèfles. — Entre deux grènetis: -f- oolKTER NATOS (rosace) MULIERVMo. Saint Jean' debout, type du sou double, accosté deP-P. — Billon. —Module, 21 millim.; poids, 1sr75. Même pièce, contremarquée au droit de la tète de saint Jean, vue de face. La contremarque avait sans doute été apposée pour empêcher la circulation des sous et doubles sous con- trefaits; mais il paraît qu'elle n'a pas produit le résultat désiré, puisque l'on rencontre des sous doubles, évi- demment faux, portant la contremarque. 17.'» Menai de cuivre : Eu Ire deux grènelis : F1LIPX S i^croix)D:G: REX. Em losange aux quatre pals, sous une couronne à trois trèfles et deux triples perles AVE MAR— GATIA(.wc). La Vierge debout, vue de face, portant dans ses bras l'Enfant Jésus, qui tient nue petite croix — Cuivre.— Mod., ISmill.; poids, 0^7. Variété au revers : AVE MAR — GRATIA. Variété an revers: AV. MAR — GRATIA. Variété au revers : AVE MA RI A G ATI A. Autre, à la contremarque P sur lecu. La fabrication de ces menuls, au type de ceux du règne précédent, est probablement antérieure à celle des sous et doubles sous de 1598. Monnaies barcelonaises. Béai d'argent. PHILIPVS. D. G. R.IIiSPAN. Tète nue et barbue, à gauche. — BARCI-NO : ÇI-VI-TAS — î 595. Croix barcelonaise, cantonnée d'un annclet aux 1er et 4e; de trois besants aux 2e et 3e,— Module 22 millim.; poids, 3gr. Même pièce, années 1596, 1597, 1598. Demi-réal: Type et légendes du réal. — Module, IS millim.; poids, fr 45!— Années 1596, 1598. Philippe III (1598—1621). 1598, 15 septembre.— Suppression de la monnaie barcelonaise de lern , créée en 1258 par Jacques-le- Conquérant. Le roi Philippe III, sur la demande des syndics de Barcelone, accorde aux conseillers de cette ville, le privilège de changer le titre de la monnaie de billon. Les menuts barcelonais seront fabriqués au titre adopté par les conseillers etquatre commissaires, appe- lés de la qiiatrcta de In ta£Za. (Sat,AT, Ins.just . , n° L \ X I 176 La monnaie barcelonaise «.le tern, dont l'altération eut pour cause la circulation du florin d'Aragon, ne s'est jamais relevée de ce premier coup porté à la confiance publique. Dans l'origine, dix-huit sous en deniers de tern faisaient le poids du mare; leur titre était à trois deniers fie quart) d'argent fin, et douze deniers valaient un réal d'argent. En 1437, il fallait vingt-quatre sous pour le poids du marc et dix-huit deniers pour la valeur au cours d'un réal ; plus tard le denier fut en cuivre presque pur. Depuis long-temps le nom de tern ne convenait plus à cette petite mon- naie lorsque Philippe III la supprima. 1599, 13 juillet. — Privilège accordé par le Roi aux syndics de la ville de Perpignan, de fabriquer de la monnaie de billon, jusqu'à concurrence de quarante mille ducats. {Livre vert majeur, fol. 340.) Les Syndics exposent que la ville de Perpignan est obligée à de grandes dépenses; que les incendies et les perles de tout genre qu'elle a éprouvés par suite de l'invasion d'Alfonse Corso, la mettent dans l'im- possibilité de réparer les murailles; et que, sans le secours particulier de S. M., elle ne; pourrait subvenir à ses besoins les plus urgents. Us supplient le Roi de concéder à la ville le privilège d'une fabrication de monnaies de billon, jusqu'à concurrence de quarante mille ducats, avec franchise entière de tous droits, impôts et dépenses, salaires des monnayeurs, etc. Je ne connais aucune monnaie perpignanaise au millésime 1599. Si la fabricaailly et sur la demande des Consuls, en consi- dération de la diminution de valeur de la monnaie de billon. Elle fixe et réduit de moitié le prix de toutes les denrées et marchandises: grains, légumes, viande, porc-frais, volaille, sucre, huile, poissons, chandelles, fromages, amandes, noisettes, savon, figues, concom- bres, noix, châtaignes, charbon, louage de montures, draps, laines, toiles, chapeaux, souliers, fournitures 1 II n'est point question dans rc document de monnaies fabriquées en vertu du privilège du 13 juillet 1509 . et je n'ai rien trouve qui put établir nue la concession royale lût suivie d'exécution. 179 des serruriers, cordiers, droguistes, corroyeurs, eic; enjoint à chacun de se conformer à ces prescriptions qui doivent être observées à la ungla, et formule le montant de l'amende encourue par tout contrevenant (cinq livres). Ce document est, on le voit, un véritable maximum. [Livre Ier de Provisions, fol. 492 et suivants ) Quelque temps après, le Syndic, des Consuls et des Prud'hommes de la commune mandait au Capitaine - Général, que la dernière fabrication de monnaies de billon avait causé à la ville de grandes dépenses, et de si grands désagréments, que fou s'était cru obligé de retirer toutes ces monnaies de la circulation- que celte opération terminée, on ne trouvait plus de petite monnaie dans la ville de Perpignan, ni dans le comté, et qu'il serait nécessaire d'en fabriquer, au moins, pour mille ducats. Le Capitaine-général accueillit favora- blement cette demande, et accorda, le 1 I mai 1603 le privilège de fabriquer des menais au type et aux armes de la ville, pour la somme de mille ducats aux conditions suivantes: — - Joseph Boquet, maître de monnaie, étant empêché, la fabrication sera confiée à une personne choisie par le Capitaine-Général. — Elle ne dépassera pas la somme fixée, et les Consuls en four- niront caution au Procureur royal. — Elle sera faite suivant le mode habituel. {Registre XXXVII de la Procuration royale, fos 56 à 59.) 1603, 23 mai. — Lettre du Capitaine-Général à son Gérant Vice-Général, contenant désignation du fonc- tionnaire délégué pour présider à la fabrication des mille ducats en inenuts. (Livre de Provisions, f° 499.) 1603, 19 juin. — J. Pierre Pujol, orfèvre de Per- pignan, nommé à l'office de maître de la monnaie, pour celle fabrication, proie serment sur les Quatre- 180 Evangiles. [Registre de la fabrication monétaire, de 1603 et 1611.) 1603, 24 septembre. — Sur la demande des Consuls, le roi Philippe accorde à la ville de Perpignan le pri- vilège de fabriquer, en trois ans, des menuts (hwnetam vulgo dictam menuts J jusqu'à concurrence de vingt mille ducats. (Livre vert mineur, fol- 661, verso.) 1603, 1er octobre. — Les Consuls et J. Pierre Pujol signent une convention dont voici les principaux ar- ticles : J. P- Pujol promet de fabriquer à Perpignan, et dans la maison désignée par les Consuls, c'est-à- dire celle de D. Miquel de Scnesterra , située en lo carrer de las Costureras , les mille ducats de menuts, aux nom, armes et signe de la ville; de les rendre bien fabriqués, arrondis, blanchis et frappés fencu- nyadesj. — 11 engage ses biens et donne pour cautions sa femme et son fils, qui s'engagent également pour l'exécution des clauses du contrat. — Il rendra aux Consuls tous les instruments, machines, fers et autres objets qui lui seront livrés. — Les dépenses de fabri- cation seront payées par J. P. Pujol, en sorte que la commune n'en soldera aucune, excepté le salaire des essayeurs. — Les Consuls pourront faire faire autant d'essais qu'ils jugeront convenable, en présence de la Commission des douze. — Si l'essai démontre que les flans livrés ne comportent pas quatre grains d'argent par marc, ledit J. -P. Pujol sera tenu de refondre ceux qui seront trouvés faibles d'argent et d'y ajouter ce qui manque. — J. P. Pujol ne commencera pas à marquer les flans avant qu'ils ne soient tous taillés, reçus et comptés en présence des Consuls ou des commissaires nommés par eux. — Il tiendra un compte exact du cuivre et de l'argent de la fabrication, afin de pou- 181 voir vérifier si la quantité qu'elle comporte a été jus- tement employée. — Les Consuls fourniront le cuivre et l'argent, et livreront à J. P. Pujol les machines et outils nécessaires à la fabrication. — L'entrepreneur recevra les émoluments fixés par la Commission des douze dans la séance du 22 juillet. — On placera dans la chambre du Conseil une caisse à trois clés, dont l'une sera remise à J. P. Pujol, et les deux autres aux commissaires nommés par les Consuls. — On y renfer- mera les menuts à mesure de leur fabrication. — Les menuts seront à la taille de neuf réaux par marc. — Les Consuls donneront à J. P. Pujol trois réaux par marc de menuts fabriqués. — Ils engagent solidaire- ment leurs biens. — 'La frappe aura lieu dans la mai- son consulaire, en présence des Consuls ou des Com- missaires. Le registre de la fabrication monétaire, de 1 603 et 161 1 , qui me fournit ces renseignements, contient également : 1° la liste du matériel remis à J. P. Pujol le 1 3 août ; 2° le reçu de l'entrepreneur; 3° vingt-sept procès-verbaux de délivrance et d'entrée dans la caisse aux trois clés, de diverses quantités de flans fabriqués, du 15 novembre 1603 au 9 mars 1604; 4° un procès- verbal d'essai, fait le 19 mars, sur 30 flans tirés de la caisse : le résultat prouva qu'ils contenaient la quan- tité d'argent fixée par le traité du Ier octobre; 5° re- mise à J. P. Pujol des coins destinés à marquer les flans (20 mars). La partie du registre consacrée à la fabri- cation de 1603, est terminée par une série de vingt- deux procès-verbaux d'entrée dans la caisse, de diver- ses quantités de menuts portant l'empreinte, évaluées en marcs; le plus ancien est du 24 mars 1 604 ; le plus récent, du 12 juin. 182 1600, 10 mars. — Remise, dans la caisse aux cinq clés de la maison consulaire, des quatorze coins prêles à J.-P. Pujol. (Meg. des Tous., 1606—1610.) 1606, juin, veille de la fête de saint Jean. — Les anciens Consuls recommandent à leurs successeurs de solliciter une prorogation du terme fixé pour la fabrication des me'nuts, ce qui sera, disent-ils, facile à obtenir, si Ion prend en considération la pauvreté de la ville. (Livre des testaments consulaires .) 1606, 10 novembre. — Le Roi nomme Jean Barcelo à l'office de maître de la monnaie de Perpignan, vacant par le décès de Joseph Boquet. Le privilège royal est transcrit au Bcg.de lafabric. monétaire de 1 603 à 1 61 1 . 1 607, 26 juin. — Recommandation semblabl e à celle du testament de 1606. ( 'Livre des testaments. J 1608, 26 juin. — Pendant la durée de leur consulat, les Consuls avaient cherché à obtenir la continua lion de la fabrication de menues monnaies h Perpignan; mais leurs démarches étaient demeurées sans résultat. Us recommandent à leurs successeurs de les renouveler, parce cjue ce privilège est une subvention très im- portante pour la commune, le bien public, celui des églises et des pauvres. (Ibidem.) 1610, 29 juin. — Le 1er juillet 1609, la Commis- sion des douze, considérant que la pénurie de me- vuts est très grande à Perpignan, écrit au Roi pour le prier de proroger le délai fixé par le privilège de fabrication. Les Consuls, dans leur testament, as- surent qu'ils ont fait diligence, et supplié, a plu- sieurs reprises le Roi, l'Archevêque- Gouverneur, le Chapitre d'Elne et d'autres personnages ; que le Conseil souverain ayant déclaré ne vouloir pren- dre aucune décision à cet égard , sans l'avis préalable 183 de la Consulta du Vice-Roi, la Commission des douze a demandé à Sa Majesté des le llres-pa tentes pour Ja Consulta, et que ces lettres lui ont été envoyées. (Livre des testaments consulaires .) 1611, 15 avril.— Lettres-patentes, délivrées au nom du Roi, par Pierre Manriche, évêque de Tortose, lieu- tenantei capitaine-général, accordant à la ville de Per- pignan le privilège de fabriquer des menuts , jusqu'à concurrence de deux mille ducats. (Rcg. de lafabr. mon. de 1603 à 1611.) Analyse de la supplique des Consuls. — La ville de Per- pignan estfort inquiète des criées faites à l'occasion du mandement de S. E. pour retirer tes pièces de deux. On ne voit plus dans la circulation que des réaux faux, rognés ou si mauvais, que personne ne les veut ac- cepter.— Presque tout le commerce de Ja ville et des comtés est suspendu, ci d'heure en heure on s'attend à de grands désordres. — Le seul moyen de prévenir les troubles, serait de concéder à la ville le privilège d'une fabrication de menuts, dont elle a si grand be- soin, qu'elle est obligée de faire usage des plombs ou paillofcs de ses églises collégiales'. — Les Consuls demandaient, en conséquence, l'autorisation de fabri- quer des menuts jusqu'à concurrence de quatre mille ducats; mais le privilège ne l'accorda que pour deux mille à la condition expresse que la valeur intrinsèque de chaque menut serait égale à sa valeur au coins. 1 Ainsi, les inéreaux des églises collégiales de Perpignan (Saint-Jean et LaRéalJ ont servi de monnaies aux habitants de la ville et des environs On verra pins loin que le Registre de la Communauté de Saint-Jean a conserve le souvenir de la sortie extraordinaire des paillofes marquées au chiffre 2 (paMofelas de dos), et destinées à remplacer momentanément, dans la rirni lation, les pièces de deux qui avaient été retirées 184 1611, 20 avril. — La Commission des douze et les Consuls réunis, acceptent le privilège aux conditions énoncées, et décident, que les frais de fabrication , achat de métal, salaires des ouvriers, seront portés en dépenses aux Clavaires, suivant la forme accoutumée — Le Syndic de la commune fera ses diligences près du Procureur royal. — La fabrication aura lieu suivant la forme suivie pour la dernière. — Trois commissaires seront nommés pour traiter avec l'entrepreneur, ré- diger les articles du contrai, acheter le métal , etc. {Reg. de lafabr. mon. de 1603 à 161 1.) Le choix de ces experts fut fait le 26 avril et le 4 mai. (Ibidem.) Le 1er mai, les Consuls, inquiets de n'avoir pas ob- tenu tout ce qu'ils avaient demandé , adressent au Ca- pitaine Général une nouvelle supplique, dans laquelle ils insistent sur la nécessité d'accorder un autre privi- lège pour la fabrication de deux mille ducats de me- nuts , dont la valeur' intrinsèque serait celle de leur valeur au cours. Ce nouveau privilège, accordé le 9 mai, portait la totalité de la fabrication à quatre mille ducats. (Ibidem.) Le 21 mai, délibération des Consuls, réunis à la Commission des douze, sur l'adjudication de celle fabrication, qui fut, le même jour, donnée au rabais, en place de Loge, à Michel Bosch, boulanger, de Perpignan, au prix de quatre sous deux deniers pat- livre de cuivre. (Ibidem.) Le 24, les Consuls, en présence de quelques mem- bres des bras majeur, moyen et mineur, ouvrent la caisse aux cinq clés, où étaient conservés les originaux des privilèges accordés à la ville, et en tirent les an- ciens coins, pour choisir ceux qui conviendraient le mieux à cette fabrication. flbidem.J 185 1611, 25 mai. — Conventions entre les Consuls et Michel Bosch, entrepreneur. Il y aura, clans chaque livre de cuivre, seize sous de menuts, tous du même poids, à deux grains de tolérance. — L'entrepreneur en livrera deux mille à la JNotre-Dame d'août, et les deux mille autres à la fête de la Toussaint. — Sous aucun prétexte la fabrication n'excédera la valeur de quatre mille ducats. — Les Consuls remettront, sur inventaire, à l'entrepreneur, le matériel déposé à l'hôtel-de-ville. — Le cuivre sera livré au poids, et rendu également au poids enmenuts fahriqués, à rai- son de huit livres pour chaque quintar de cuivre. — Michel Bosch, entrepreneur, se chargera de tous les frais de la fabrication, à l'exception des salaires des commissaires que la commune désignera pour empê- cher la fraude. — Les flans seront immédiatement ap- portés à la maison consulaire et comptés, avant d'être marqués, en présence des Consuls et de trois commis- saires élus par la Dotzena, puis enfermés dans la caisse à trois clés, etc. (Registre de la fabrication monétaire de 1603 à I6H.) Le 25 mai, Ange Boquet, docteur en droit, fils de Joseph Boquet, ancien maître de la monnaie, fait re- mettre à riiôlel-cle- ville : Très cent setanta-vayt encunys vells, de diverses sorts de monedes, romputs, revellats ^ molt gastats. — Item, un easso de aram grari , ab son manech de fusta /brada. — Item, altre casso petit de noguer, ab son pany y clau, dins loqual y ha encunys seguents : so es dos cent y vingt pesés de encunys, entre bons y dolents y romputs, losquals son de la fabrica dels dobl s suus y menuts per dit Joseph Boquet , quondani coin â mestre de la seca, fabricats en la présent vila. En 1611, il existait donc à la maison consulaire 588 186 coins monétaires, qui avaient servi aux fabrications préeéd entes. Que sont-ils devenus1? Le 27 mai, Soldoni Bonet, horloger, remet aux Consuls deux coins, pile et trousseau, gravés par loi , et représentant, l'un S' Jean-Baptiste, l'autre une croix et un P. En leur présence, il fit un essai sur quatre on- ces de flans. (Reg. de lafabr. mon. de 1 G03 à 1 61 1 .) Le 7 juin, le Conseil royal arrête que les menuts se- ront fabriqués à raison de quinze sous sept deniers, monnaie de- Perpignan, pour chaque livre de cuivre, et que cette somme de quinze sous sept deniers sera le véritable prix du cuivre employé à la fabrication (Ib.) Le 1 5 juin, Soldoni Bonet, horloger, remet aux Con- suls un trousseau, sur lequel étaient gravés deux Plies, surmontés d'un A(monogramme de Perpinya), en rem- placement de celui à un seul P,queles consuls n'avaient pas jugé convenable. — Autre remise de coins, le 1 8. Le registre qui me fournit ces renseignements con- tient des procès-verbaux de délivrance de flans à passer au coin et de rentrée en caisse, l'opération terminée. On y voit aussi la remise faite, par Soldoni Bonet, de deux coins, le 30 juin, et d'un trousseau, le 2 juillet. Les trois dernières lignes, quoique biffées, indiquent 1 Jusqu'à la fin du siècle dernier, cette collection , augmentée par les fa- brications de 161 1 , -1644 , 1616 et 1649 , était déposée à l'hôtel-de-villc : la tourmente révolutionnaire l'a dispersée. Vendue, à cette époque, comme \icille ferraille, elle passa entre les mains d'un employé de la monnaie, le sieur Vial, dit Jolicmir, qui ne Ta point conservée. M. Jalabert, antiquaire narbonais, y a retrouvé deux types de l'ancien hôtel des monnaies deNarbone, à la lettre Q. En \ 7 1 0, tout le matériel de cet hôtel avait été envoyé à Perpi- gnan. 11 paraît qu'avant la Révolution, on avait déjà distrait plusieurs coins 'de la collection municipale. En 1840, M. G ineste, serrurier-mécanicien. en trouva quatre dans le plomb qui fourrait un ancien poids de la ville M. Grosse! les a décrits cl publiés dans sa notice. Bulletin àc 1841.) 187 l'époque de la remise à l'hôtel-de-ville, par Michel Bosch, tl ii matériel que les Consuls lui avaient prêté (24 avril 1624). Les testaments consulaires donnent quelques indica- tions postérieures. On voit dans celui de Tannée 1 G 1 1 - 1612 : Item, se advcrlcix que entenhan en acabar la ma- nifectura dels menais, y procurai' allrc privilcgi per fer ne mes quantilat, sempre y quant aparesa convenir â ses M a g" y als Dolze de balrc moneda. — Le testament de l'année ICI 2-1 61 3 : Item, advertimque la cxcqucio dcl privilegide tertiets y menuts te carrech demanar y obtenir dit Ceregut, coin sia estât aixi délibérât per la Dotzena de balre moneda. — . . .y per que restaria encara alguna quantitat de menuts à fabricar , etc.. — Celui de l'an- née 1 61 3-1 61 4 : Item, advertim que sera moll cônvenient solicitai- lo agent de la Cort dcl Senyor hey, per la expe- dicio del privilegide la fabrica nova dels menuts. — Celui de l'année 1 6 1 6-1 61 T : lient, advertim que se suplique al Vi-Rcy vullafcr gracia y merec A esta vila, de fabricar menuts per occorrer les moites nécessitais y pobresa de esta vila; y si bc se es demanat , encara no se es ob fin gui, ni ste esperansa de obtenir ho, que primer sa Ex' no in- forme de la nécessitât y pobresa de esta vila. II ne paraît pas qu'un nouveau privilège ail été ac- cordé. De 1617 à 1635, Je livre des testaments con- sulaires ne parle plus de projet de fabrication. Monnaies perpignanaises sons Philippe III. Fabrication de 1599. — Sous et doubles sous de billon : Coins de 1508 ou privilège sans fabrication. Fabrication de 1603. — Menut : Titre, cuivre à quatre grains d'argent par marc. Taille, neuf réaux de me nuls par marc. 188 Entre deux grènelis : o-foPERPIMANI (rosace) VILLE. Deux P liés entre deux annelels. — Entre deux grènelis: ECCE AGNVS DElo. Saint Jean de- bout vu de face, tient dans le bras gauche l'agneau pascal porte - bannière , qu'il désigne de la main droite. — Module, 13 rnillim .; poids, Os1' 7. Variété à la légende ESCE(«c) AGNVS DEL Fabrication de 1611. — Mcma : Cuivre pur. Taille, seize sous de menu t s au marc. Deux grains de tolérance par pièce. . Entre deux grènelis :+PIIlLIPPVS. III. REX. ARA (j,'o»um)ET. Entre deux annelets, deux P entrelacés surmontés d'un A. — Entre deux grènelis -.-j-COMES. ROSSILIONIS. ET. CE fritàniœji Saint Jean debout, vu de face, tenant dans le bras gauche l'agneau pascal porte-bannière qu'il désigne de la main droite. Dans le champ, le millésime 16-1 1 . — Mod., 17m.; poids, Jgr"9. La légende du revers fait suite à celle du droit. Variété à la lcg. du revers écrite : ET SJL(ritanîœJ. Varictè écrite au droit : REX ARA. E. Variété écrite an droit : o REX o ARAE. Les mots séparés par des annelets. Variété écrite au droit : REX o ARA. Les mots sé- parés par des annelels. Salât voit une préposition dans l'A placé au-dessus des deux P entrelacés' \ il lit : Fabriqué à Perpignan. M. Grosse! '" y cherche un souvenir de Y alpha qui cantonne avec Yoméga la croix du revers de quelques 1 Es claro que los don PI* encima la A significan : labkada a pERPINAIH. 2 De la valeur monétaire, etc., p. 102. L'auteur prend le type de ce menât pour la figure de la Vierge tenant l'Enfant Jésus: c'est bien certainement le i\pr de sainl Jean-Baptiste 189 monnaies du nioyen-àge, par allusion à cette parole de l'Evangile : Ego sum alpha et oméga, principium et finis. Je doute fort que le graveur et les Consuls aient eu celte allusion en vue, et je pense que la petite majuscule A fait simplement partie du monogramme. Les documents de 1643 et 1646, concernant la fabri- cation de la monnaie de billon, confirment cette opi- nion : ils appellent cet assemblage lo nom de Perpinya reduhit â ducs PP1 . Le nom de Perpignan est très fré- quemment écrit dans les contrats et autres actes ca- talans de celte époque, sous une forme exactement semblable : deux p liés, surmontés d'un a fpp"J. Monnaies barcelonaises. Jusqu'alors j'ai décrit, à la fin de chaque règne, les monnaies barcelonaises de tern et d'argent, parce qu'elles représentent encore les anciennes espèces qui ont eu, pendant si long-temps, cours exclusif dans les comtés de Boussillon et de Cerdagne, le Confient et le Vallespir. — A l'avènement de Philippe III, la monnaie de tern est supprimée : je supprime la des- cription des monnaies de Barcelone, qui bientôt n'au- ront plus cours légal en Boussillon. Je résume les principaux faits de leur histoire : Monnaie barcelonaise de tern. — Créée en 1 258 par Jacques • le-Conquérant, au titre de trois deniers, à la taille de dix-huit sous en deniers menuls, ou vingt sous en mailles, au marc de Barcelone. Les espèces fabriquées jusqu'à la suppression(l 598) sont des deniers, des mail- les, des ardif.es et des doblcs. Ces deux dernières sont une seule et même espèce, sous deux dénominations. Monnaie barcelonaise d'argent. — 'Créée en 1 285 par Pierre III, 190 au litre de onze deniers et demi, à la taille de soixante- douze au marc de Barcelone, nommée dans l'origine : denier d'argent, sou en pièce, gros blanc, croat ou cruat. De 1285 à 1400, les espèces fabriquées sont des sous, des seisenos, sixains ou demi-sous, et des sixièmes de sou. Le 1 7 novembre 1 400, le roi Martin ordonne la fabri- cation de rèaux d'argent, au titre de onze deniers et à la taille de soixante-huit au marc de Barcelone. Cette fabrication dure jusqu'en 1493. Les espèces émises sont des rèaux, des demirèaux et des sixièmes de rèal. Le 4 novembre 1493, Ferdinand-le-Catholique pres- crit de fabriquer des rèaux d'argent ou croats de Bar- celone, au titre de onze deniers et demi, à la taille de soixante-douze au marc. Celle fabrication persiste jus- qu'en 1611 et ne, se compose que de réaux. Enfin, le 8 juillet 1617, Philippe III, ordonne la fabri- cation de xambergs ou rèaux d'argent de Catalogne, au titre de quatre vingts pièces par marc : elle se continue jusqu'en 1706. Florins, — Le florin tire son nom de la ville de Flo- rence : il a été créé vers le milieu du xnie siècle. Dans l'origine, il était au titre de vingt-trois carats. Le florin dit à' Aragon, créé en 1365, est au titre de dix-huit carats seulement et à la taille de soixante-huit au marc de Perpignan. Les espèces réelles sont le^Zo- rin, le demi-florin, et le quart de florin : la valeur au cours du florin d'Aragon a beaucoup varié. La plus faible fut de dix sous six deniers de tern -, la plus forte de dix-sept sous. Il circulait, de 1365 à 1453, pour onze sous; mis au billon en 1453, il fut rétabli dans la circulation en 1456 et 1457, avec la valeur de treize sous barcelonais de tern, ctsemaintintà ce prix jusqu'en 1473. De 1479 à 1495. il envahit dix-sept. I!»l Les réaux de Barcelone ont eu cours en Koussillou jusqu'à la réunion de ce comté à la France. Bosch rapporte que le réal d'argent ne s'échangeait pas en Catalogue et en Roussillon pour une égale quantité de deniers: cela tenait à la différence de titre de la monnaie de Barcelone et de Perpignan. En 1552 onze sous barcelonais en valaient treize de Perpignan1; en 1608, cent livres de cette dernière monnaie ne va- laient que soixante livres de Catalogne, selon la pro- portion suivie par la Boyale Audience de la princi- pauté2. Bosch ajoute que la monnaie de billon de Perpignan avait cours dans toute l'étendue des comtés de Roussillon et de Cerdagne, mais non dans la prin- cipauté de Catalogne, et que la monnaie de billon de Catalogne ne circulait point dans les comtés". 11 veut dire, sans doute, qu'elle n'y avait pas cours lé- gal; mais elle y circulait réellement, puisqu'on en retrouve encore chaque jour des exemplaires isolés. Philippe IV (1621—1642). 1623, 18 octobre. — Provision de l'office de maître 1 A 13 febr. 1554, fada fuit cerlificaloria... y ta moneda de Perpirj,a valia a rahd de trelse sous barcelonesos, etc. (Despojol, cap. 363, f" 256.) '2 ... Monda flaccasive de bitlo Perpiniani scu comitatus nosellensis el Ceri taniœ quorum centum librœ monetœ fiaccœ sive de bitlo surit in monela Barci- nonœ (que in dictis comilalibus vocal ur Fort) se.eaginla librœ tanlum, et ita observaturin regià Audencià. (Despujol, cap (!, n" 6.) 3 Aixibe en tola Cathalunya, y comtat de Barcelona, lo real y se parteix, » cambia sols ab vint y quatre dîners de moneda de bitlo. y en los comtals de Rossello y Cerdanya , en quaranla dîners, y très sous y quatre, dels sons <'< la moneda de billo se fabrica en Verpinya, de manéra en les monedes y valua de elles dénota la différencia là a entre lo districte y terra de Cathalunya de la de Kossello y Cerdanya. Ames, ta moneda de billo de Verpinya coi ygualment ver lot Bossello y Cerdanya, y no en Cathalunya, y axi mateix la de Cathalunya no en Rossello y Cerdanya. ( Bosch, Titots de honor p. 492.) 192 de la monnaie de Perpignan, en faveur de Prc Lloran. (Man XXXIX, fol. 119.) Je ne connais aucun document monétaire du règne de PhilippelV, concernant le Roussillon; maisleZïVre des testaments nous apprend qu'en 1 635, les Consuls de Perpignan avaient demandé un nouveau privilège : Item, ques se servescantenir cuidado de solicitât' lo despatx del privilegi que tôt aquest any, des del principi de nostre consolât , havem procurât obtenir de Sa Magestat , per fer lo total reniey de tota esta universitat, sobre la fabrica de vint mil ducats de menuts , y lo drefde les mur ailes per la reedificacio y reparo de agnelles, ja demanat en les Corts de l'any 1 626. Logual esta en bon puni, segons nos te scrit Francisco Bastcr, agent nostre en Madrit, y sabem de cert gue lo Senyor Vi-Rey ha respost à la Con- sulta sobre dit privilegi moll enfavor nostra '. Le testament de l'année suivante (1 636-1 637) men- tionne la concession royale d'une fabrication de huit mille ducats de menuts, à condition que la moitié du bénéfice sera employé à la réparation des murail- les. Le 14 mai, le Conseil-Général remit le privilège à la Dotzena del remey qui délibéra de ne point l'ac- cepter. Les Consuls sortant de charge invitent leurs successeurs a s'assurer s'il ne résulterait pas de ce refus certains inconvénients, et à faire ce qui con- viendra le mieux au bien public. Il paraît que les nouveaux Consuls se rangèrent à l'avis de la Com- mission des douze, car il n'est plus question de pro- jet de fabrication jusqu'en avril 1643. Un passage du discours de Palau , imprimé en 1 En marge est écrit , de la main des nouveaux Consuls : Ja es impetrada la gracia de dos mil seuls de menuts y ardils. 1627, témoigne de la rareté du numéraire dans les comtés de Roussillon et de Cerdagne, et de la circu- lation de la monnaie perpignanaise de billon '. Bosch (TU. de hon., lib. 4, cap. 37, § ier) rapporte que la menue monnaie, vulgairement appelée de billon, fabriquée à Barcelone, à Perpignan, Lérida , Girone, etc., avait seulement cours dans la circons- cription du territoire de ces villes émissionnaires. Celle de Barcelone circulait dans toute la principauté de Catalogne, celle de Perpignan, dans toute l'éten- due des comtés de Roussillon, de Cerdagne et de la terre de Confient ; en outre, lesréaux et demi-réaux de celte ville étaient reçus en Catalogne. A part ces deux exceptions, les documents viennent à l'appui de l'assertion de Bosch. En 1 508, on publie que les tnenuts de Catalogne n'auront cours que dans le territoire de la ville émissionnaire, à l'exception de ceux de Barcelone. Cette défense est renouvelée le 13 juin 1577. En 1585, la ville de Perpignan se plaint au Roi de la cir- culation des mcnuts et ardas de Puyeerda dans le comté de Roussillon. — Enfin, le privilège accordé à la ville de Solsona, le 13 juillet 1599 (Salât, Instr. justif., n°LXX), mentionne dune manière formelle une circulation restreinte. La ville avait demandé que les deniers, fabriqués en vertu de ce privilège, fussent reçus au-delà des limites de son territoire, 1 Lo que mas empobrece y despobla un reyno, es ta (alla de dineru ; laquai es tanta en dichos condados, -que à penas se huila en ellos olru especie de moneda que la de billon, que se fabrica en Perpinyan, y no passa ni se gasla. sino en los dichos condados pot ser cobre su maleria, y por la pobreza de la lierra, que ho ticne poder para eslampar otra suer le de moneda corn en atro liempo. I. Palau, Visourso, etc., loi. Il, verso, n° LJ, IB27, in-folio.) 13 1 !» i dans un rayon de six lieues : le Moi l'accordai pour un rayon de deux lieues seulement. Toutefois, ces reslriciions n'étaient point observées. L"ordonnanre du 13 juin 1577 le dit positivement , et d'ailleurs les petites monnaies de Puycerda, Girone, Vie, Lérida, Granollers et autres villes de la princi- pauté, que Ton retrouve chaque jour en Roussillon, sont autant de preuves incontestables qu'elles étaient admises dans la circulation en concurrence avec celles de Barcelone. XI. — OCCUPATION FRANÇAISE. ; 1642 — 1659. ) La Catalogne jouissait depuis plusieurs siècles de privilèges et de libertés qui la dispensaient de con- tribuer à la plupart des charges de l'État. La cour de Madrid désirait l'amener à y participer comme les autres provinces ; mais au lieu d'employer la douceur et la persuasion, le comte-duc d'Olivarès, ministre de Philippe IV, traita les Catalans avec hauteur, les humilia, les vexa, les blessa profondément. Poussés à bout, ils prirent les armes-, se soulevèrent contre l'autorité du roi d'Espagne, et se donnèrent à la France. Le Roussillon avait été compris dans l'acte de do nation, bien qu'il fut alors occupé par les troupes espagnoles. Conquis par l'armée française en 1G42, il fut définitivement cédé à la France par le traité des Pyrénées. Voici, d'après YHistoire du Roussillon, l'énoncé des principaux faits de cette période : 1637. Olivaies couvre la Catalogne de soldats étrangers an pays, sous prétexte d'une expédition contre Lcucate. Après la retraite de 195 ce corps d'armée, le logement des gens de guerre, dont la Catalogue était exempte , devient une source d'humiliations, de vexations et d'oppression. — 1639. Violentes rixes en Roussillon. — 1640. Les soldats étrangers, autorisés par le comte-duc, v se livrent, sans con- trainte, à toute espèce de violences et de brigandages contre les ha- bitants. — Une junte adresse au Roi des doléances qui aggravent, aux yeux de la cour, les toits des Catalans. — La principauté est traitée en pays conquis. — Les habitants, exaspérés, prennent les armes, poursuivent à outrance les soldats, qui se réfugient en Rous- sillon et se présentent devant Perpignan (11 juin). — Sur le refus de les recevoir, les soldats attaquent la ville qui se rend à discrétion. L'armée se livre au pillage pendant trois jours et traite les Perpi- gnanais en rebelles vaincus. — Déclaration de guerre du roi d'Espa- gne contre la Catalogne. — Prise de Torlose par l'armée royale. Prise de Tarragone (24 décembre). — 1641. Barcelone est investie par les troupes royales. Les Coïts signent l'acte de donation de la Province au roi de France (23 janvier). — Huit mois après, seule- ment, Louis XIII prend le titre de comte de Barcelone, et approuve à Péronne le traité par lequel les Catalans conservent tous leurs droits, privilèges et libertés (18 septembre). Le Roussillon était com- pris dans ce traité. — 1642. Déclaration de Philippe IV , invitant les Catalans à déposer les armes (24 janvier). — Le comte de La Mothe-Houdancourt entre à Barcelone comme Vice-Roi (20 février). — 11 assiège et bloque Tarragone (avril). — Le maréchal de Brézé entre en Roussillon. — Blocus de Perpignan. —Suspension d'armes (29 août). — Capitulation de Perpignan (9 septembre). — Prise de Salses (15 septembre). — Mort de Richelieu (4 décembre). 1643. Le comte-duc d'Ohvarès exilé par Philippe JV (17 janvier). — Mort de Louis XIII (14 mai). —Les Français ne respectent point les privilèges dont ils avaient promis le maintien.— Mécontentement des Catalans. — 1644. Pierre de Marca nommé visiteur-général de Catalogne. — Les Catalans regrettent leur roi légitime. — Les Fran- çais perdent Agramont, .Balaguer et Ager. — Le comte d'Alincourt, depuis maréchal de Villeroi , remplace La Mothe-Houdancourt.— 1645. Les Espagnols battus à Llorens (avril). — Reprise de Bala- guer par lps Français (octobre). — 1647. Siège de Lérida par le prince de Coiulé, successeur du comte d'Alincourt (mai). Les Fran- çais m: rein ont. — 1648. Prise de Tortose. Peste eu CalaWne, Le I9(i logement des gens de guerre , imposé aux Catalans par le duc de Vendôme, amène de nouveaux troubles. Désaffection générale des Catalans pour les Français. — 1651 . Barcelone est assiégée par Don Juan d'Autriche, fds naturel de Philippe III, dès le mois d'août 1651. — Elle se rend le 4 octobre 1652. — Les Français ne peuvent plus se maintenir en Catalogne, et la principauté rentre insensiblement sous l'autorité du roi d'Espagne. 1653. — Les Roussillonnais cherchent à secouer le joug des Fran- çais. L'insurrection, comprimée en Roussillon, éclate en Cerdagne. Noailles force tout le comté à reconnaître le roi de France. — Le vice-roi de Roussillon entre en Catalogne, s'empare de Castillon et de Figuères et assiège Girone (août). — Il bat en retraite (9 no- vembre). — Le maréchal d'Hocquincourt remporte une victoire sur les Espagnols (3 décembre). — 1654. L'armée rentre en Catalogne et fait une pointe en Aragon. — Fermentation en Roussillon. — Vil- lefranche ai bore les couleurs espagnoles (juin). — Siège et prise de cette ville (23 juillet). — Soulèvement en Cerdagne. — Condé sur- prend les Espagnols devant Roses (24 juillet).— 11 parcourt le pays et rentre en Roussillon en septembre. — Revenu en Cerdagne, il assiège Puycerda qui se rend, occupe la Seu-d'Urgel , Berga , Cam- piedon et fait en vain le siège de Vich. — 1655 et années suivantes. Des sièges commencés et abandonnés ; des combats, des succès et des revers en Catalogne et eu Roussillon. — Lassitude générale. — 1659. Suspension d'armes (8 mai). — Traité de Paris (8 juin ). — Confé- rences dans l'Ue-dcs-Faisans (août). — Traité des Pyrénées (7 no- vembre) : la Catalogne rendue à l'Espagne, le Roussillon et le Con- fient acquis à la France. — 1660. Louis XIV confirme les privilè- ges et les constitutions de Perpignan (6 janvier). — Conférences de Céret : une partie de la Cerdagne cédée à la France (21 avril). En avril 1643, sept mois après la capitulation de Perpignan, le Conseil-Général de la commune prit une délibération tendant à supplier le Capitaine- Général d'accorder a la ville le privilège de fabriquer de la monnaie de biïlon. Le 15 mai, les Consuls, réu- nis à la Commission des Douze, décidèrent, en vertu du pouvoir qu'ils tenaient du Conseil, de demander 197 l'autorisation de fabriquer des sous, sizens , terncts, ardits, menuts y quartillos à allre spccie de moneda de billo. Voici l'analyse de la supplique adressée au ma- réchal Philippe de La Mothe-IIoudancourt, duc de Cardone, capitaine-général du roi Louis XIV, dans la principauté de Catalogne et les comtés de Hous- sillon et de Cerdagne. Pendant la peste, la ville a fait de grandes dépen- ses pour secourir les habitants nécessiteux : la guerre lui a enlevé plusieurs milliers de ducats, ei les Cas- tillans lui en ont récemment extorqué plus de cin- quante mille. La diminution des taxes et impositions est insuffisante pour remédier à tant de misères : il faudrait autoriser la commune, à émettre de la mon- naie de hillon semblable à celle qu'elle a coutume de fabriquer. Cette monnaie, qui circule dans la ville et les comtés, se compose de sous doubles, sous sonars, sixains, ardits et menuts , dont les types sont pour les trois premières espèces, d'un côté les armes de Ca- talogne, et de l'autre la figure de saint Jean-Baptiste, avec des légendes circulaires présentant le nom du roi, de la ville et la date de la fabrication; pour les deux autres, d'un côté la figure de saint Jean, et de l'autre le nom de Perpignan, réduit à deux PP* Les Consuls supplient le Capitaine-Général d'au- toriser la commune à fabriquer de celte monnaie jus- qu'à concurrence cle vingt mille ducats, à raison de douze réaux par ducal, et au titre accoutumé, c'est- à-dire que chaque marc de sous doubles, sous sanars et sixains, serait composé de six onces de cuivre et deux d'argent, et que l'on en tirerait soixante dix sous doubles, cent quarante sous sanars ou sensillos ' 1 Siiisill». simple, syaoniinc de sonar. 198 et deux cent quatre-vingts sixnins. Que chaque mare tVardits ou de menuts comprendrait sept onces trois quarts et demi de cuivre et un huitième d'once d'argent, dont on tirerait deux cent seize ardits et quatre cent trente-deux menuts. Ils demandent enfin que, pour la commodité du commerce, on puisse fabriquer deux mille ducats de sous doubles, cinq mille de sous sonars, deux mille de sixains, mille de ardits et deux mille de menuts , en tout vingt mille ducats à raison de douze réanx par ducat. 1643, 8 septembre. — Le Capitaine-Général, par lettres-patentes données au nom du roi Louis XIV, permet aux Consuls de fabriquer de la monnaie de billon jusqu'à concurrence de vingt mille ducats. (Livre verljnajcur, f°374.) 1643, 22 septembre. — Le maître rationnel, prési- dent de la chambre des comptes, règle et arrête, con- formément à la demande des Consuls, la taille, le titre et la fabrication de la monnaie, dont le Capi- taine-Général a accordé le privilège à la ville de Per- pignan. Ce document est terminé par la nomination «les officiers chargés de la fabrication. (Ibid. f° 376.) 1643, 19 novembre. — Les Consuls, réunis à la Commission des Douze, rejettent la proposition faite par plusieurs membres de diminuer d'une once par marc la quantité d'argent. Le 25, ils décident que la fabrication aura lieu dans un moulin à farine, situe' aux Quatre- Cazals, et appartenant à noble Estéphanie de Béarn. (Dèlib. de la Dotzena de batre moncda.J 1644, 13 janvier. — Traité fait entre les Consuls d'une part et Antoine Gênerez, de Fautre, pour la fourniture de l'argent et du cuivre nécessaires à la fabrication. (Liasses delà Pràc. dugreffe, I64(M649) i 1)0 \ ingl-el-un articles, en catalan. —La livre de eni- vre sera payée onze sous monnaie de Perpignan, cl Fonce d'argent, quatre féaux. L'entrepreneur recevra en outre, un sou par marc dargent. 1644, 26 janvier. — Vu la difficulté de se procu- rer de l'argent en quantité suffisante, les Consuls cl la Dolzcna délibérèrent de demander au Capitaine- Général lautorisatiou de modifier le titre delà mon- naie de billon, et de mettre dans chaque marc une once d'argent seulement aujieu de deux et sept de cuivre au lieu de six. (Délib. de la Dotzena.J Le Capitaine-Général autorisa le titre dessous sen- sillos et des doubles sous à une once et demie d'argent par marc, et interdit la fabrication des sixains et des nrdils, pensant quelle aurait des inconvénients. Le Consulat comptait faire, sur ces deux valeurs, un bénéfice d'environ trois mille ducats. Frustré dans son attente, il supplia le Capitaine-Général de com- penser cette perle en permettant de fabriquer les rnenuts en cuivre pur (29 février) Cette nouvelle autorisation fut accordée le 15 mars. (Livre vert ma- jeur, f° 377, verso) Suivant le traité du 13 janvier, Antoine Gênerez avait, h plusieurs reprises, acheté de ses propres de- niers et remis au maître de balance de fardent fin pour la valeur de seize mille livres. Les Consuls s'étaient engagés à rembourser une partie de ces avances à chaque délivrance de monnaies fabriquées; mais ils avaient employé à des dépenses urgentes tou- tes les espèces fabriquées, en sorte qu'au mois de mai 1644, l'entrepreneur n'avait encore reçu aucun à- compte sur les avances qu'il avait faites. Il adressa plusieurs suppliques boni rappeler lc> Consuls à 200 l'exécution du traité. Les Douze nommèrent des commissaires dont l'avis fut que la commune devait rembourser à l'entrepreneur la somme qu'il récla- mait et les intérêts échus. ÇLiasse de la Procéd. du greffe, 1640 — 1649.) 1644, 18 juillet. — Cahier des charges pour la fa- brication de la monnaie perpignanaise de billoir. flb.J L'Entreprise, offerte au rabais, est adjugée à Pierre Pujol, orfèvre, qui promet de la conduire à bonne fin, à raison de neuf sous et quatre deniers par marc. — Le 23 août, les Consuls approuvent et signent le contrat fait avec l'entrepreneur. — Le 5 novembre, conformément à l'un des articles de ce contrat, ils lui remettent, sur inventaire, le matériel déposé à la maison consulaire. 1645? — Albara poui Tarrentemenlde la fabrication de la monnaie debillon. — Vingt-cinq articles en cata- lan. Ce document est sans date, mais les actes des 13 janv., 18 juil.et5 nov.1644, y sont mentionnés. (/£.) 1645, 7 avril. — Nouveau contrat passé entre les Consuls et Antoine Gênerez pour la fourniture de l'argent et du cuivre nécessaires à la fabrication. Le concordat du 13 janvier 1644 étant arrivé à son terme, l'entrepreneur ne devait plus fournir ni argent, ni cuivre. Les anciens Consuls avaient pensé que la durée de la fabrication serait moins longue; mais le temps s'était écoulé en réparations au mou- lin et en opérations préliminaires du monnayage. La fabrication était à peine commencée que le traité du 13 janvier était sur le point d'expirer. Les Consuls en rédigèrent un autre dont les dispositions sont a peu près semblables. — Onze articles, en catalan. (Ibidem.) La fabrication était terminée le 23 novembre 1 645 ; 201 car il existe, sous cette date, une décharge des Con- suls qui reconnaissent avoir reçu de Pierre Pujol tout le matériel qu'ils lui avaient prêté le 5 novembre de l'année précédente. flbidem.J La liasse de la procédure du greffe (1640 — 1649) contient le compte dcl ques pot guanyàr ab la fabrica de la moneda. Le calcul du bénéfice de la commune dans celle fabrication est basé sur un marc d'alliage, composé d'une once et demie d'argent fin et de six onces et demie de cuivre. L'once et demie d'argent coûtait vingt-quatre réanx ou quatre livres monnaie perpignanaise, à six réaux par livre. La fabrication d'un marc d'alliage s'élevait à 51 3S lldl Dans ce marc, on taillait soixante-dix doubles sous qui valaient au cours. ... 71 4S »d Différence 21 »s ld Ainsi le bénéfice de la commune était de deux li- vres et un denier par marc non monnayé, représentant les 0,35 de la valeur au cours des espèces fabriquées. 1646, 20 mars. — Les Consuls adressent une nou- iUnaonsay miljadeplalaafinada,veAvaler2Arealcs. 4 liv. » s. «don. Se dona é Gênerez un sou per onsa » liv. I s. (ï tien. Ver six onsas y milja de aram » liv. G s. 9 den. Fer la disminuciô de l'arum, que se considéra seran, deu fer cent .* „ r,v. „ s. f o den. Se considéra fer lo riell disminuex al molinet estirant y encunyant y A la lizora h per 100 que val » liv. I s. » don. Âls arentistas » liv. 9 s. 4 den. Als officiais de la seca » liv. .', s. f, 02 vcllc demande tendant à obtenir l'autorisation de fabriquer pour trente mille ducats de monnaie de billon, à charge d'employer trois mille livres a la res- tauration du couvent de Saint-Sauveur. Le Capitaine- Général, Henri de Lorraine, comte de Harcourt, ac- corde le 31 le privilège demandé, a condition que les Consuls rendront compte à la chambre de leurs opé- rations. (Livre vert majeur, f° 379.) La supplique des Consuls est une copie de la pre- mière, sauf, les modifications suivantes : 1° Il n'est question que de trois valeurs : sous doubles, sous et menuts; 2° La légende qui entoure le type du revers est rapportée textuellement; 3° Le titre ou denier de fin des doubles sous et des sous est indiqué à six onces et demie de cuivre et une once et demie d'ar- gent. Les menuts sont en cuivre pur. La taille au marc, est de 70 sous doubles, 1 40 sous sanars et 432 menuts, comme dans le privilège du 8 septembre 1843. 1646, 14 mai. — Le maître rationnel signe et envoie l'exécutoire de ce privilège, (Ibid., f°38'l.) I 646, 9 juin. — Concordat passé entre les Consuls et Antoine Gênerez, pour la fourniture de l'argent et du cuivre, et la fabrication de la monnaie de billon. — C'est une copie, légèrement modifiée, du traité du 7 avril 1645. L'entrepreneur aura huit sous et six deniers par marc monnayé. — Le 16 juin il reçoit, sur inventaire, le matériel nécessaire à la fabrication. (Liasse de la Proc. du greffe, 1 640 — 1649.) 1647, 5 septembre, les Consuls et la Commission des Douze, apprenant qu'un assez grand nombre de sous contrefaits avaient été mis en circulation à Ole H 2. Cette pièce est le premier essai de la fabrication de '1644. L'écu de l'avers est semblable à celui des dou- bles sous antérieurs. 2. — Variété : L'écu surchargé, au centre, d'une fleur de lys; le millésime en chiffres de plus grandes dimensions. Ce n'est pas encore le coin définitif. 5, _ Variété : Même pièce que la précédente, contre- marquée à l'avers d'une main tenant par les cheveux la tête de saint Jean, vue de face. 4. — Variété: Mêmes légendes et même type. Ecu surchargé, au centre, d'un lys héraldique ; chiffres du millésime de grandes dimensions. — Même légende et même type : la valeur indiquée par le chiffre arabe 2 entre trois annelets, posés un et deux (ji'c o»o ). Coin définitif. Poids inférieur à celui du n° 1. 209 o. — Variété de la précédente, au chiffre du revers accompagné d'un seul annelet placé au-dessus (sic a \ 6- — Variété au chiffre du revers retourné («o 2). La plupart de ces pièces ont à l'avers une contre- marque représentant une main tenant la tête de saint Jean. 7* — Variétés fausses, coulées, en alliage d'un titre inférieur, avec ou sans contremarque. 8. — Variété de l'année £l|; lys au centre de l'écu. — Pas d'annelet sous le chiffre 2. 9. — Variété écrite PERPINIANI (rosace) VILE (un seul L). Le plus grand nombre des dobles-sous de 1045 por- tent généralement la contremarque de la main tenant le chef de saint Jean. Sou sonar ou Sensillo : Titre du double sou; taille, cent quarante au marc. 10. — PERPINIANI VILLE. Écu carré et couronné aux armes de Catalogne, surchargé d'un lys au centre et accosté du millésime %Z% ; un annelet sous les deux 4. — Annelet INTER NATOS (annelet) MVLIERVM petite croisette. Saint Jean debout, etc., entre un trèfle à gauche et une étoile à droite. Dans le champ, le chiffre romain I, indiquant la va\eur(un sdu). — Billon. —Module, 19millim.; poids, le1 90, 11. — Variété: PERPINIANI (rosace) VILLE |l| (annelet entre les chiffres ). — INTER NATOS {lys) MVLIERVM. S. Jean debout : ni trèfle, ni étoile. 12. — Variété: PERPINIANI (rosace) VILLE. Mê- me écu accosté du millésime £zf , sans anneïets. — Croisette entre deux anneïets. INTER NATOS annelet MVLIERVM. S.Jean debout, ctc, entre deux trèfles. 14 Dans le champ, le chiffre l, surmonté d'un annelct. —Module, 18; poids, 1e« 70. lô.— Variété de 164S, à la légende PERPiNIANI "N ILE (pas de rosace; un seul L). 14. _ Variété à la légende: (Jnmlet) PERPINANI VLE (annelet). IVJéme écu carré, accosié du millésime \~%- — Même type et même légende : le trèfle de droite est surmonté d'une étoile. La plupart des exemplaires ont la contremarque. Menut: Cuivre pur; 432 au marc. 15. — Entre deux grènetis : L VDOVICVS {lys entre deux annelets) XII1I (annelct)\ &kk(annelct). Monogram- me de Perpignan, composé de deux P liés, surmontés d'un A. — Entre deux grènetis, croisette suivie de deux annelets: ECCE(/-o*e)AGNVS(/r/me/e£) DEL Saint Jean debout, etc., entre deux annelets. Dans le champ, à gauche, la lettre P, initiale de Perpinianum. — Mod., 15millim.; poids, lsr3. 16. — Variété de la même année. Lég. également en- tre deux grènetis: point de P dans le champ du revers. 17. — Variété de la même année. Point de grènetis intérieur, ni de P dans le champ du revers. \i\. — Variété de la précédente. Point d'annelet après le mol LVDOVICVS. 19. — Variété : LVDOV1CV (lys)- Le monogramme PPa cnlre quatre annelets. Ces quatre variétés bien distinctes, portent le mil- lésime 1644. 20. — Variété de l'année 164S, semblable au n° 17. Fabrication de 1646. — Doubles-Sous, Sous el Menais. Titre, taille et poids des précédents. 21 . — Double sou : semblable au n° 4, mais au millé- sime %1%. — Une étoile dans le champ, à droite. 22. — Variété de Tannée 4Z7. La plupart des exem- plaires portent la contremarque. M Conbrouse [Ca- talogue n° 234) cite un exemplaire au millésime 1 648. 25. — Sou sanar : Je n'en ai pas encore rencontré de celte fabrication. 24. — Menut .-Cuivre pur. LVDOVICV(/^ entre deux annclets) xini (annelet) 1647. Monogramme de Perpi- gnan entre quatre annelets, posés l ° • — Jnnelet ECCE (rose') &.GNVS (annelet) DEl. Saint Jean debout, etc., entredeuxannelets. — Module, 1 5 millim.; poids, 0sr7. 25. — Même pièce : Année 1648. Fabrication de 1649. — Menuts de cuivre. 26. — Menut: Semblable au n° 24, excepté que le lys placé au bas du monogramme PPA, n'est pas ac- compagné d'annelets. — Année 16SO. 27. — Même pièce : Année 16SÏ. 11 est probable qu'il existe encore d'autres variétés de ces monnaies, qui sont les dernières espèces mu- nicipales de Perpignan. La fabrication des menuts s'est prolongée au-delà de l'année 1651. Une délibération des Consuls, en date du 23 décembre 1655, en fixe le terme: elle ordonne la cessation des travaux de l'hôtel des monnaies, at- tendu que les malheurs du temps, la peste et le décès de plusieurs officiers ou monnayeurs ne permettent, point de les continuer : Et dictum opus ob pestem et calamilosum tempus belli moi'tcm que aliquorum officia- liumdictiopcris nonpotest continuari. (Proc. du Greffe.} Pendant cette période malheureuse, les monnaies 21-2 fabriquées à Barcelone ei dans un grand nombre de villes ou bourgades de la principauté de Catalogne, d'abord au nom du roi d'Espagne (1640-1 641), puis au nom de la principauté (1641-1642), puis au nom de Louis XIII et de Louis XIV ou de la ville émission- naire (1642-1652), ont eu cours en Roussillon '. Les travaux de terrassement et de culture en ramènent chaque jour des exemplaires à la surface du sol. XII, —LE ROUSSILLON A LA FRANCE. Par suite de la réunion du Roussillon à la France, l'hôtel dei monnaies de Perpignan se trouvasupprimé. En France, le Roi n'accordait point de privilège mo- nétaire à ses bonnes villes : les prélats et les barons avaient successivement perdu le droit débattre mon- naie, et très peu jouissaient encore , au milieu du xvne siècle, de ce faible vestige de souveraineté. La fabrication était presque toute royale. 1681, 10 septembre. — Sur la demande des Con- suls qui voulaient donner au Roi une preuve de leur dévouement, Louis XIV permet à la ville de Perpi- gnan de changer ses armoiries et de prendre lecu losange au champ d'azur semé de lys sans nombre (Fran- ce ancien) au lieu du champ d'or aux quatre pals de 1 Ont émis des monnaies pendant l'insurrection catalane: Agramunl , Argentona, Bataguer , BARCELONE", Besalu, Belpuig', Caldas , Cervera', GIRONE*, Igualada*, Manrese' , Mataro, PERPIGNAN*, PUYGERDA*, Solsnna, Tagamanenl, Tarrega', Vais', V1CH*, Vilafranca-del-Panadès* . Une partie de ces villes en ont émis à la légende ou à l'efiigie de Louis XIII : ce sont celles dont les noms sont accompagnés d'une étoile; celles qui en ont émis au nom de Louis XIV sont en capitales romaines. La plupart de ces monnaies historiques ne sont point connues en France; d'autres sont entiè- rement inédites. 213 gueules (Aragon). (Archiv. de la Préfecture. — Inten- dance, car ion n° 697. ) 1697, 15 septembre. — Criée faite par ordre du due de Vendôme, lieutenant-général de Louis XIV et général de ses armées dans la principauté de Ca- talogne, le Koussillon et la Cerdagne, sur la valeur comparative des monnaies catalanes et françaises en circulation. (Sat.at, lnstr . justif. , LXXXIII.J 1710, juin- — Édit du Roi pour rétablissement d'une monnaie en la ville de Perpignan. (V* Bulle- tin de la Société des Pyrén. -Orient- 1 84 î , p. 283 , note). La suppression de l'hôtel des monnaies de Perpi- gnan avait eu pour conséquence immédiate la priva- lion de la faculté dont les négociants roussillonnais jouissaient depuis plusieurs siècles, d échanger, con- tre des espèces ayant cours, les matières d'or et d'ar- gent ou les monnaies étrangères que le commerce introduisait dans le pays. Obligés, depuis la réunion à la France, de s'adresser à Toulouse ou à Montpel- lier, ils éprouvaient une perle de temps et d'argent. La ville ne dut pas larder à faire des démarches pour obtenir la création d'un bôlel royal. Cette conjecture se déduit naturellement du préambule de ledit donné à Versailles au mois de juin 1710. Par cet édit, Louis XIV prescrit d'établir et d'ou- vrir immédiatement à Perpignan, un hôtel des mon- naies pour y fabriquer les espèces d'or, d'argent et de billon, à ses coins et armes, qui ont cours dans le royaume. Il crée, à titre d'offices héréditaires, le per- sonnel de cel hôtel, composé de deux juges- gardes., un contrôleur contre-garde, un substitut du procu- reur-général en la cour des monnaies de Lyon, un directeur, un graveur, deux huissiers, douze mon- 214 nayeurs él douze ouvriers ajusteurs, auxquels il réu- nit les offices de prévôt et de lieutenant qu'ils pour- ront élire à l'ordinaire, leur attribue tous les droits, privilèges, exemptions de guet, taille, garde, entre- tien et logement des gens de guerre dont jouissent ceux qui sont pourvus de semblables offices dans les autres monnaies du royaume, etc. 1711, 7 septembre. — M. Desmarets propose de vendre les charges de la monnaie de Perpignan et d'en employer les deniers pour achever les bâtiments de l'hôtel commencé en 1710 sur l'emplacement de la maison des héritiers Cujolas et du sieur Guaudy. (Archives de la préfecture , carton n°613.) 1712, 23 février. — Arrêt du Conseil-d'Etat qui charge M. Julien Gaillard de la vente des offices créés dans la monnaie de Perpignan. (Ibidem.) 1713, 25 mai. — Ordonnance provisionnelle de l'intendant pour les franchises des monnayeurs de Perpignan. {Liasse de la Procèd du greffe, 1711 — 1714, à l'hôtel-de-villc.) 1716, 16 janvier. — Philippe V, roi d'Espagne, interdit la fabrication monétaire autre que la sienne propre, dans toute l'étendue de la principauté de Catalogne. (Salât, Insir. jiistif. LXXXIVJ 1717, 23 novembre. — Arrêt du Conseil-d'Etat an sujet des franchises prétendues par les officiers de la monnaie et les monnayeurs de Perpignan. Il décide que, nonobstant les ordonnances de l'Intendant qui accordent lesdites franchises, les officiers de la mon- naie et les monnayeurs paieront les droits de ville comme les autres habitants. {Livre vert majeur, f° 426.) 1719, 15 mars. — La monnaie barcelonaise de lern esi évaluée et réduite à vingl-quaire sous, mon- 2i5 uaie de Roussillou, par arrêt dit Conseil souverain. [Recueil des arrêts du Conseil souverain, deux volumes manuscrits à la Bibliothèque de Perpignan. ) Joseph Bosch, qui écrivait en 1751 , dit (Recher- ches, p. 38) avoir vu en circulation les espèces de la monnaie perpignanaise de billon pour les valeurs com- paratives suivantes, savoir : Le denier de cuivre, pour deux deniers de France : il en fallait vingt pour la valeur du demi-réal et quarante pour un réal. — Le sixain d'alliage, pour un sou de France : il en fallait quarante pour la valeur de six réals , dont la livre perpignanaise était composée. — Le sou d'alliage, pour deux sous de France : il en fallait vingt pour la va- leur de six réals ou de la livre perpignanaise de billon. Je ne continuerai pas l'examen des documents concernant l'hôtel royal des monnaies de Perpi- gnan. Excepté le différent (lettre Q) et le signe parti- culier du directeur, les espèces sorties de cet atelier sont entièrement semblablesàcclles des autres ateliers de France. Elles n'offrent aucun intérêt particulier. Je passe donc sous silence les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, et j'arrive d'un bond à l'année 1702, qui vil mettre en circulation, à Perpignan, des billets de confiance, témoignage irré- cusable des embarras de l'époque et des souffrances du peuple. Dès le commencement de la Révolution, l'incerti- tude de l'avenir, le peu de confiance dans le nouvel ordre de choses, l'émigration, et surtout les troubles politiques firent disparaître le numéraire. Les assi- gnats créés par l'Assemblée Nationale et les espèces de cuivre furent bientôt la seule monnaie courante. La rareté de ces dernières et le manque de valeurs in 216 termédiaires entr'eîles et les assignais les plus faibles, produisaient une gêne excessive dans les petites tran- sactions et les opérations dn commerce de détail. Les assignais, mis en concurrence avec les monnaies réel- les, n'avaient pas lardé à subir une dépréciation qui augmentait de jour en jour; et, malgré la défense formelle de la loi, les denrées variaient de prix sui- vant la nature du paiement. Celte perte croissante des assignats contre le numéraire pesait principale- ment sur les ouvriers et les artisans, dont Je salaire n'avait pas été augmenté en proportion du prix des denrées. Bientôt les négociants, ne pouvant plus baser leurs opérations sur une valeur fixe , en ralentirent le cours : la plupart des fabricants fermèrent leurs ateliers, et les malheureux ouvriers, sans ouvrage, manquèrent du nécessaire. Vers la fin de 1790, les négociants et les fabricants de plusieurs villes manufacturières du Midi, se réu- nirent eu société; créèrent un bureau d'échange, et donnèrent en paiement à leurs ouvriers de petits car- tons avec lesquels ceux-ci achetaient chez les bou- langers, bouchers, épiciers et autres fournisseurs, les denrées dont ils avaient besoin. Ces carions, rapportés au bureau par les marchands, étaient échangés au pair contre des assignais nationaux. Ce moyen fort simple de remédier à la disparition momentanée des espèces métalliques, empêcha, sur beaucoup de points, la suspension des travaux, et produisit d'abord les plus heureux résultats. Les avaniages reconnus de ces caisses de secours en firent adopter le principe dans tous les départements, et la France se couvrit de caisses patriotiques qui mirent en circulation des billets de toutes formes, dimensions, couleurs et va- 217 leurs. Malheureusement, le désir désintéressé de sup- pléer au défaut de numéraire et de venir en aide à la classe indigente, ne fut pas le seul mobile de la création des caisses patriotiques. Si les corps admi- nistratifs, les municipalités et des sociétés particuliè- res s'inspirèrent de l'amour dn bien public, les ban- quiers et autres spéculateurs virent trop souvent, dans l'établissement d'un bureau d'échange, le moyen de se procurer, sans intérêts, un capital qu'ils pour- raient faire valoir à leur gré. La caisse patriotique de Perpignan fut une œuvre de bienfaisance et de patriotisme. Voici, d'après le Registre des délibérations conservé aux archives de la commune, l'analyse des faits qui la concernent : Le maintien de la tranquillité publique exigeait impérieusement l'adoption de mesures propres à faire cesser ou diminuer la perte croissante que les assi- gnats éprouvaient dans l'échange contre le numé- raire. Le 18 janvier 1792, le Conseil-Général delà commune, considérant que le remède le plus efficace était la division des assignats de cinq livres en cou- pons assez faibles pour satisfaire aux plus petites tran- sactions, arrêta qu'il serait fait, dans la ville de Perpi- gnan, une émission de billets patriotiques, jusques à concurrence de six mille livres, savoir: '20.000 billets de un sou, valant 1.000 liv. 16.000 billets de deux sous six deniers, valant 2.000 liv. 8 000 billets de cinq sous, valant 2.000 liv. Et 2.000 billets de dix sous, valant 1.000 liv. Total . . 46.000 billets, représentant 6.000 liv. Ces billets en papier bleu, jaune, rouge et vert, cor- respondant aux quatre valeurs, devaient être donnés comme espèces sonnantes dans l'étendue du territoire 2i8 de Ja commune. Les membres du Conseil se rendirent eollcctivemeniei personnellement garants et respon- sables de lemission. Deux d'entr'eux, MM. Antoine Belmas, officier municipal et Paul Pradal, notable, furent charges de signer les billets et de les échanger au pair, à tout citoyen qui présenterait un ou plu- sieurs assignats de cinq livres. Ils devaient, toutes les semaines, rendre compte au Conseil des opérations du bureau, qui serait ouvert dans une salle de l'hôtel-de- ville, le dimanche, le mardi et le jeudi, de deux à cinq heures. Les frais de fabrication furent mis à la charge de la commune. Le 12 mars, sur l'avis favorable du directoire du district, les administrateurs du département autori- sèrent lemission. Le 19, le Conseil-Général, désirant en faire jouir les habitants le plus tôt possible, adjoignit aux Commissaires déjà nommés, deuxautres membres, MM. de Lanquine et Vaquer. L'émission, commencée le 25 mars, était terminée cinq jours après. Le 1 3 avril, le Conseil décida qu'il en serait fait une nouvelle, de la même valeur, composée seulement de billets de cinq et de dix sous. Le 19, autre délibération, relative à une troisième émission d'une égale somme, en billets de un sou, deux sous six deniers, cinq et dix sous, qui furent signés par MM. Cayrol, Réallon, Pradal et de Lanquine. Enfin, le 30 avril, cette troisièm e émission, étant épuisée, le Conseil en ordonna une quatrième, compo- sée de billets semblables et des quatre valeurs, jusqu'à concurrence de douze mille livres. 11 chargea de leur signature les Commissaires de la première émission. La valeur totale des billets de confiance fabriqués en vertu des délibérations du Conseil -Général de 219 la commune de Perpignan, s'élève à Irenle mille livres. Quelques modifications furent apportées aux pres- criptions du Conseil : ainsi, le billet de dix sous, qui devait être en papier vert ("délibération du 18 janvier), puis bleu fdélib. du 19 mars) est en papier rouge; celui de cinq sous , qui devait être en papier rouge fdélib. du \ 8 janvier) est en papier de couleur café au lait. La délibération du 18 janvier ordonnait que lesquatre va- leurs seraient conforniesau modèle transcrit au registre. Les billets de dix sous et de cinq sous ne s'en écartent point : quelques-uns présentent le chiffre 2, 3 ou 4, mis à la main devant le numéro (sic 2 N°, 3JN°, 4N°), ce qui prouve qu'il fut ouvert une nouvelle série pour chaque émission. Les billets de un sou et de deux sous six deniers sont de dimensions plus petiteset ne portent point de signature. Les billets de Perpignan furent accueillis avec fa- veur, et se répandirent dans les départements voisins. Leur émission modérée répondait à des besoins réels. Mais dans plusieurs grandes villes, à Paris surtout, les émissions prirent une extension considérable et don- nèrent lieu à de nombreuses plaintes, qui attirèrent, enfin, l'attention sérieuse de l'Assemblée législative. Un décret du 30 mars 1792, sanctionné par le P»oi le Ier avril, supprima les caisses particulières et ne laissa subsister que celles des corps administratifs ou mu- nicipaux. Le besoin d'assignats de faible valeur avait engagé l'Assemblée à ordonner la fabrication de coupures de dix, quinze , vingt-cinq et cinquante sous , destinées a remplacer les billets de confiance. Dès que ces deux premières valeurs furent distribuées., la Convention '220 décréta la suppression de toutes les caisses patrioti- ques, le retrait et l'anéantissement de tous les billets qu'elles avaient jetés dans la circulation [Décrets du 8 novembre et du 19 décembre 1792). Le Conseil-Général de la ville de Perpignan, obéit à la loi ; mais en y apportant quelques modifications. Le 15 novembre, considérant que les assignats de dix et de quinze sous remplaçaient avantageusement les billets de confiance de même valeur, il arrêta que ceux de dix sous émis par la commune, seraient im- médiatement retirés et échangés contre de petits as- signats nationaux. Le 18, il chargea M. Pradal de celte opération. Quant aux billets de cinq sous et au- dessous, reconnaissant la nécessité de les conserver encore quelque temps dans la circulation, il décida qu^ils y resteraient jusqu'au terme fixé par la loi , et ne seraient retirés qu'après le 1er janvier 1793. Le département des Pyrénées -Orientales souffrit moins que tout autre de la suppression des billets de confiance. En raison de sa position géographique, il avait reçu peu de billets étrangers: l'hôtel des mon- naies, qui fonctionnait alors, avait versé dans la cir- culation une assez grande quantité de monnaies de cloche et de billon. D'ailleurs, une seule caisse pa- triotique, celle de Perpignan , avait été créée dans l'étendue de son territoire1, ce qui donne lieu de penser que le besoin de numéraire de faible valeur s'y faisait moins sentir qu'ailleurs. 1 La caisse patriotique de Perpignan est la seule indiquée sur l'état envoyé au Ministre de l'Intérieur, en exécution de la circulaire du 8 juillet 1702. Lors de l'échange général des billets de confiance, le registre de corres- pondance des administrateurs du département ne mentionne que des renvois île billets de cette ville. 2-21 La loi du 8 novembre prescrivait de brûler, en pré- sence du publicctdela municipalité, les billets retirés de la circulation. Les procès-verbaux consignés au re- gistre des délibérations prouvent que la loi fut ponc- tuellement exécutée à Perpignan. Les vérifications de la situation de la caisse établissent que sur les trente mille livres de billets de confiance créés par délibéra- tions du Conseil-Général, il n'en fut mis en circulation que pour vingt-el-un mille deux cent soixante-neuf livres. Cependant, les procès-verbaux de brùlement donnent, au 23 décembre 1792, un chiffre de vingl- et-un mille trois cent soixante-une livres six sous de billets retirés. Il est probable qu'il était rentré des bil- lets contrefaits lors de l'échange général de ce papier- monnaie , ou que les commissaires avaient oublié d'inscrire sur leur registre un certain nombre de billets mis par eux en circulation. La correspondance des administrateurs des Pyré- nées-Orientales avec leurs collègues des autres dé- parlements, relativement à l'échange des billets de confiance, a duré plus de deux ans Celte opération n'était pas encore terminée au commencement de Tan IV (1795). L'hôtel des monnaies de Perpignan, qui n'avaii pas cessé de fonctionner depuis sa création, fut fermé en 1794. Pendant les premiers mois de l'année précé- dente, il avait, comme tous les autres, fabriqué des monnaies d'or, d'argent, de billon, de cuivre et de méial de cloche, à l'effigie de Louis XVI et aux lé- gendes constitutionnelles, bien que la République eût été proclamée le 21 septembre 1792. Le besoin de numéraire n'avait pas permis d'attendre la gravure de nouveaux coins. Celte fabrication fut dénoncée à •)->0 la Convention . Ouvert de nouveau en 1 795, l'hôtel île Perpignan a émis des monnaies d'or, d'argent, de billon et de cuivre, aux divers types de la République, du Consulat, de l'Empire1, de la Restauration et de la Monarchie de 1 830. 11 a été définitivement supprimé en 1834. Il avait conservé pour différent monétaire la lettre Q. La marque particulière du directeur était, sous M. Ribes (1788) un canon; sous ses successeurs, un raisin. Je tiens de M. Grosse t, ancien Commissaire du Roi près la monnaie de Perpignan, que cet hôtel s'ali- mentait principalement des envois d'argent faits par le Gouvernement espagnol. 11 paraît qu'un article secret du traité des Pyrénées, obligeait l'Espagne à donner chaque année à la France une somme de vingt-cinq millions. 1792. — Caisse patriotique de Perpignan. — Emission de bil- lets de confiance de dix sous, cinq sous, deux sous six deniers et un sou. Dix sous. — Papier rouge. — Hauteur, 76 millim. ; base, 84 millim. — Légendes, en six lignes: MUNICI- PALITÉ DE PERPIGNAN. — MONNOIE PATRIO- TIQUE. — DIX SOUS (entre deux accolades).— DÉLIBÉRÉ Epar le Consed-Généraldela —Commune : Approuvée par le Directoire du — Département. Au-des- sous, le N°et deux signatures. — Quatre émissions. Cinq sous. — Papier de couleur café-au-lait: — Di- mensions, forme, type et légende du précédent. — Deux signatures. — Quatre émissions. 1 En 1803 ou I80G, on fil des expériences à la monnaie de Perpignan , pour obtenir la pression du balancier au moyen d'une- roue hydraulique.. Il n'a été frappé , par ce procédé, que des essais en plomb, du module de la pièce de cinquante centimes. (Communication de H. Crossel.) ■2-2d Deux sous six deniers. — Papier jaune. — Hauteur, 39 millim. ; base, G2 millim. — Légendes, en cinq lignes: Municipalité de Perpignan — DEUX SOUS SIX DENIERS. — Délibération du conseil-général de la — commune de Perpignan, approuvée — par le directoire du département. — N° — Point de signature : un timbre sec, circulaire, de 13 millim. de diam., ayant pour type le faisceau de la liberté entre deux branches de chêne, entouré de la légende COMMUNE DE PER- PIGNAN.— Trois émissions. Un sou. — Papier blanc. — Dimensions, forme, type cl légendes du précédent. — Pas de signature. — Tim- bre sec, idem. — Trois émissions. SUPPLÉMENT. L'impression de ces Recherches était commencée, lorsque la lecture du compte-rendu d'un ouvrage de M. Poey-d'Avant sur les monnaies seigneuriales fran- çaises de sa collection fBev. JSumism., 1 853, n°3), me fit connaître la publication récente d'un denier de Gausfred III, comte de Roussillon1. Voici, d'après M. Poey-d'Avant, la description de cette curieuse monnaie : « Gausfred III (M 3—1 1 63 ). — -H GAV • • FR • « DVcri2. Croix cantonnée de deux signes inconnus. 1 Le comte de Roussillon, appelé par les auteurs Gausfred III, devrait être désigné, comme le fait M. de Saint-Malo, sous le nom de Gausfred IV, trois de ses prédécesseurs ayant porté ce nom, savoir: Gausfred, fils de Gausbert ( 935—991 ); Gausfred II, fils de Guilabert ["(4008— 1030), et Gausfred III, fils de Gausfred II ( 1030— 1075). 2 Sur le dessin de M. Poey-d'Avant (pi. XIV, n" 2) le non est écrit -fGAVFREDVc». 224 « — ROc/JLiOïNVç/} '. Croix haussée, accostée des «. lettres C 0 M. T. -. Type dégénéré dont les rudi- « ments proviennent de celui du denier précédent « fie denier de Girard). —Denier de billon, I 5 grains. « Celle monnaie toute nouvelle a une grande im- « partance; elle enrichit une suite bien pauvre, puis- ce qu'elle ne se composait que d'une pièce; elle re- « produit le petit signe qui cantonne le denier de « Guirard; enfin, elle fournit dans la croix haussée « du revers accompagnée de quatre lettres, un type « qui a donné naissance a la croix d' Aragon, etc. » La croix haussée d'Aragon se voit au revers des monnaies du roi Ramire. Elle existe également, mais accompagnée de deux fleurons parlant du pied de la hampe, sur les monnaies des rois d'Aragon, succes- seurs de Ramire3. La croix haussée du denier de Gausfred, comte de Roussillon, est donc une imita- tion et non un type original. Celle du denier barce- lonais que M. Poey-d'Avant décrit sous le n° 10484, ne provient pas, comme il le pense, du denier de Gausfred. C'est la croix haussée d'Aragon, qui appa- raît sur la monnaie barcelonaise après l'avènement des comtes de Barcelone à la couronne d'Aragon. M. Poey-d'Avant décrit, sous le nom de Girard Ier (| 1 02 — 1113), le denier attribué par M. Barthélémy à Girard 11(1 163—1172): i Le dessin : -f- ROc/.ILON ■ M. - Le dessin offre un N, et les quatre lettres sont ainsi placées CT0 11 semble que ce soit le titre du prince écrit en catalan : Conte N A T Conte (catalan) nom d'homme, est traduit daus les actes latins par Cornes. 3 Dans son ordonnance de création de la monnaie de Valence (12(8) , Jacques-Ie-Cpnqiiéraut, décrit ce type : Crux saluiifera supra florem. 4 Je pense que ce denier appartient a Jacques-le-Conquérant. (V. p. 72.) ±2j «.-GIRA- RIVca COME (l'M ê, rE liés). Croix a « branches égales, renflées en fuseaux « : au fc canton «un signe douteux. — flOc^ILIONV^. Dans le «champ, PAS, avec une croiselle au-dessus. — De- «nier de billon. —Poids, 15sr. «Sur le denier de Gausfred, le type est plus dé- « généré, et celui du revers porte particulièrement « la croix qui a servi de prototype à celle de Barcelone. » Ce dernier membre de phrase doit être un lapsus plu- nue; car la croix de Barcelone n'est point haussée et dans le denier de Gausfred, M. Poey-d'Avant 're- garde la croix du revers comme le prototype de la croix haussée d'Aragon. L'auteur attribue ce denier à Girard P^ et ajoute- «Toutefois, il y a lieu de faire valoir, eu faveur de «l opinion de M. Barthélémy, que la fabrique et le « titre du denier de Gausfred sont un peu meilleurs «et que son poids doit être supérieur à celui du de- « mer de Guirard; car, quoiqu'il en ait perdu une «partie, par suite d'une cassure, il se trouve encore «être le même. » Je crois que le denier de Gausfred est le plus ancen: le titre, le poids, le module et surtout la fabrique du denier de Girard , me font penser que lattnhuiion de M. Barthélémy doit être maintenue. MM. Barthélémy et Poey-d'Avant lisent GIIÏAIUVS- sur les exemplaires que j'ai vus (deux deniers et "ne obole) la sixième lettre est formée d'un jambaee droit, épais, semblable à un 1, et d'un trait courbe, < Le dessin de M. Poey-d'Avant donne la légende : GIRAIVS CONE (l'N n. 'r,-i S Bi l0b°,e ',Ue j'ai vus P°r » et 1 h lies). 226 placé en avant [sic D). Je vois dans cei assemblage la lettre D, et je lis, par conséquent, GIRAHDVS. Cette orthographe s'accorde avec les actes roussillonnais du temps, qui présentent le nom du comte Girard II sous les trois formes : Guinardus, Guirardus et Girardus ' . Le savant Lelewel (tom. 2, p. 6) attribue à Jacques- le-Conquérant l'invention de la croix barcelonaise à branches égales , prolongées et légèrement évasées, coupant la légende et louchant le grènetis du bord. Cette croix existe sur \esmajicuses d'or et les anciennes monnaies d'argent des comtes de Barcelone. Elle est cantonnée de quatre besants sur les deniers de billon, qui paraissent être ceux de la monnaie uneto, créée par Alfonse II. Le symbole aragonais occupe le champ de l'avers, et rappelle l'union des deux Etals. Le denier et l'obole aux légendes BARQINQ — CIVI REX, qui sont probablement les espèces réelles de la monnaie quaterne de Jacques-Ie-Conquérant, présentent les mêmes types : d'un côté , la croix haussée d'Aragon , entre deux annelets; de l'autre, la croix barcelonaise, sans cantonnement. M. Poey-d'Avant publie, en outre, trois variétés de pièces déjà connues -.deux d'Alfonse V; l'autre de Fer- dinand-le-Catholique, dont le règne, en Roussillon, ne commence qu'en 1493. « Alfonse V. — Real d'argent : ALFONS9 : DI : GRA : « REX : ARAGO. Buste jeune, couronné, à gauche. « (-COMS-GARK-NONA-ROCIL. Grande croix « coupant la légende, cantonnée aux 1er et 4e de trois «besants-, au 2e et 3e d'un large annelet. — 60 gr. — 1 La permutation des deux consonnes liquides N et R se rencontre fré- quemment à toutes les époques. ■2-21 «PI. XIV, n° 4. —Variété du n° I de la pi. VI de « la Bévue numismatique de 1844. » «Demi-rècil : + ALF0XS9:DI:GRA:REX:ARAGQ. «Même buste Même légende et type1. — 28 çr «PI. XIV, no 5.» « Ferdinand-Te-Gatfaoliqoe. — Béai dVg^.-f-FERDINAN- «DVS:DEi:GRACSi:n:. Buste couronné, à gauche. «— COM:ES:RO-SlLIO-NIS00E.Mèmeiype,ayantau «centre un P. — PI. XIV, n° G. — Variété du n°5 de « la pi. VI de la Bévue numismatique de 1 844. «Peut-être cette monnaie est-elle la même que « celle qui a été publiée par M. de Longpérier; dans « ce cas, elle est plus complète. » La disposition de la légende du revers et la pré- sence de la lettre finale °E, prouvent que le réal de M. Poey-d'Avant n'est pas identique au réal décrit et figuré dans la Bcvuc numismatique ; a l'avers des deux variéle's, la couronne, ornée de trois trèfles et de deux perles, ne traverse point la légende, ni même le grènetis intérieur. Je joins à ce supplément quelques indications ou- bliées, ou recueillies depuis la remise du manuscrit. Page 44, note 1 . — Les poids qui servaient ancien- nement pour peser l'or, étaient la livre, Yoncc, le sou, le morabotin, Yargensy la marieuse. Voici, d'après l'usage solidus des Constitutions de Catalogne (livre X, litre H, page 531 ), leurs valeurs relatives : 1 La croix barcelonaise, d'après le dessin, esl cantonnée, aux l« el ; . J'ur. annclet; nus 2e cl 5' de trois besants. Sous. Morabotins. Argens. Mancuses. 21 84 168 378 » 7 14 31 V2 » 4 8 18 » i) 2 4 Va » » ») 2V4 » » » » 228 Onces. La livre 12 L'once » Le sou » Le morabolin. » L'argens. ... » La mancuse. . » Les mots denier, sou, morabolin et mancuse, avaient deux acceptions: poids et monnaie. Sou et denier indi- quaient, en outre, le titre des matières d'or et d'argent. Page 44, Ligne 8. — La monnaie de malgonc appa- raît dans les contrats roussillonnais en 963 '. Page 56, Kg. 10. — Il existait des mrtntwcy d'or et d'ar- gent et des demi-mancuscs . La plusancienne mention de cette monnaie est de 858. Le Cte Raymond Bérenguer en fît fabriquer, à Barcelone, en 1137. Un document roussillonnais, du eommencementduxiesiècle(1003), contient une stipulation en marieuses de Cordouc%. Pasc 61 . — 1212. Dans le courant de l'année où fut établie la monnaie quaterne, la valeur du marc varia, depuis mars jusqu'en octobre, de quatre-vingt-onze à cent quarante-deux sous. (Voyez Capmany. tom. 2, Jppcnd., p. 122, col. 1 et 2.) Page 73, ligne 1 9. — Jacques 1er, le Conquérant. — Denier de terri varie: IACOBVS REX. Buste couronné, à gauche. — BAR-QVl INO-INA. Croix barcelonaise cantonnée de deux annelels et de six besanls. (Cab. de la Torre.) Variété à la légende B'A-Ql-NO-NA. {Ibidem.) 1 Donation de Bernard, vicomte de Ccrdagne, du consentement du comte Wifred, au monastère de Saint-Miehel-di'-Cu\a : Tamen accipio de bonis mo- naslerii, ducenlos solidos malgurenscs. filarca kispanica; acte daté de la veille des calendes de janvier, de la 9e année du régne de Lothaire, fils de Louis.) 2 1003, 9 des ides d'octobre. — Engagement d'un aleu, situé à Ortafa, par Udalgar, prêtre, à Frédulon, Evëqued'Elne, pour cinq onces d'or, enmaneuses de Cordoue fCarlulaire de Fossa.— Note de feu M. Renard de Smnt-Mai.o.) 229 Pag. 78, %. 22.— Pierre 111.— Denier de Uni: PETIWS BEX. Buste couronne de Pierre III, à gauche. — BAR- QI1NO. Croix cantonnée de deux annelels et de six bê- lants. (Cab. de la Torre.) Page 83. — 1305 L'ordonnance du roi de ftlayorque fixe la valeur de la maymondine simple à cinq sous bar- celonais et celui de la maymondine double à dix sous. J. Bosch (Recherches, p. GO) évalue ces quantités à seize sous huit deniers et une livre treize sous quatre de- niers de France. C'est évidemment une erreur ' : En 1305, le croat ou réal d'argent valait un sou, c'est à-dire douze deniers de tern. Or la valeur intrin- sèque de cinq réaux barcelonais d'argent, de celteépo- que, est bien supérieure à celle de seize sous huit de- niers de France, en 1751 ou 1771 . En 1433, lacensive ou redevance seigneuriale d'une maymondine d'or est liquidée à six sous trois deniers barcelonais 2. Les de- niers de tern avaient baissé de litre et de poids, et le sou barcelonais ne représentait plus la même valeur qu'en 1305; aussi le croat d'argent était reçu pour quinze ou dix-huit deniers au lieu de douze, pro- portion fixée par l'ordonnance de création. 1 II no faut pas accepter, sans examen, les évaluations de J. Bosch. h Pour trouver la valeur des anciennes monnaies, il ne suffit pas de sa- « voir le taux du marc d'argent, au temps où elles avaient cours, il faut « encore connaître la taille des diverses monnaies et leur valeur en sous; « et même, avec ces deux données, on arrive seulement à la valeur inlrin- « sèque. Tour parvenir à découvrir la valeur comparative, il est nécessaire de » connaître le prix des objets de première nécessité, du blé, du vin, celui de « la journée de travail, etc. Ce n'est qu'à l'aide de toutes ces notions qu'on « peut atteindre à une appréciation à peu près exacte de la valeur des an- « ciennes monnaies. « Le taux du marc d'argent monnayé était plus faible que celui du marc « non monnaye, à cause de l'alliage.» (Joum. des Savants, nov, 1 840. p. C38.J 2 Contrat de vente de la terre et seigneurie de Font-Cuberla, <\u 9 juin I i33. 230 Pasre 84. — 1332, 9 des calendes de novembre. — Ordonnance du roi de Mayorque, prescrivant que le peseur des monnaies d'or et d'argent sera désormais à la nomination des Consuls de Perpignan. Page 103. — Pierre IV. — Florin à' Aragon : rosace <£3 , croix +, lettre C, pour différent monétaire. page ] 1 1 .—Martin. — Florin d'Aragon : AU AGO RE\ M(artiws). Fleur de lys étaminée.— S. IOHANNES B. Saint Jean-Baptiste debout. [Cab. de la Torrc.) Page 100. — 1469, 14 mai. Un document du Car- tulaire roussillonnais de M. de Saint-JVlalo indique la somme payée au Saint-Siège, par Jean Pintor, évêque d'Elne, pour acquitter le droit A'annatc ou devacanec. Elle est évaluée en ducats d'or de chambre, en monnaie d'Avignon et de Perpignan ' : mille sept cent trente-un ducats d'or de chambre, représentant mille neuf cents écus de vingt-quatre gros, monnaie d'Avignon, ou mille neuf cents écus de vingt sous et trois deniers, monnaie de Perpignan. ( Antoine Pastor, notaire. ) Pag. 1 00. — En 1 478, quarante ducats valant chacun trente-six sous de monnaie courante, font soixanle-dou- zelivresde la même monnaie, — XLducatosadracioncm XXXVI solidorum monde currentes pro ducato, valcntcs LXX11 libras ejusdem monde. Le ducat valait, par consé- quent, une livre perpignanaise et quatre cinquièmes. 1 Solvcndo de proximo Swmmo Vo'nlijiei, pro jure annale, stuc vacantis dicli Episcopalus, mille seplingcnlos viginta quinque dticulos auri de caméra... ...Solvere, seu facere solvcrc, in civitale Avenionis, diclo Lehonardo Marelli, aut cui ipse voluerit, mille nonaginta scula, quolibet ad XXIV gros, monele Avi- nionis computalo... ...Solvere vobis presenti villa Perpiniani, alia mille nonaginla scula quolibet ad viginti solidos cl iij denarios, monde Perpiniani computato... ( Antoipu I'astor, notaire. Monnaie de I 569.) 231 Page 100. — 1493. Dans un inventaire des maisons des Juifs, dressé en vertu de l'ordonnance d'expxilsion, il est fait mention de la rue de la Fundaria ffundaria, acca, hôtel des monnaies^jui paraît être la rue actuelle de l'Académie, aboutissant à la rue des Juifs, aujour- d'hui rue Sainl-François-de-Paule.f7l/. Puiggari.J Page 227. — F crd in and'lc- Catholique. — M. le doc- teur Bonafos possède un réal de Perpignan semblable à celui de M- Poey-d'Avant, mais présentant à l'avers un annelel sous la 6e el la 17e lettre. Les mots DEl : GRACSl : H : signifient probablement DEI : GPiACSIa: Kex (Gracsia pour Gracia ou GrqtiaJ, On pourrait y voir DEÏ : GPiACm Slciliœ : Rex , et même DEI GWfaciaJ hfragonumj CfastellcJ Slfcilioe) WfexJ; mais cette lecture serait contraire à la légende des autres réaux du même prince qui portent seulement D : G: 1VEX (Dci gratiâ RcxJ, sans désignation de royaume. — Module, 25 millim.; poids, 3 grammes. Page 176. — 1599. Alfonse Corso est le maréchal d'Ornano, originaire de Corse, qui en 1597, échoua dans son entreprise contre Perpignan el ravagea le Fïoussillon. Son prénom était Alfonse. Page 1 88 — Philippe III ? — Maille : Entre deux grènetis -fPEUPINIANl VILLE. Monogramme de Perpignan, composé de deux P liés, surmontés d'un A , accosté de deux annelets — Entre deux grènetis: S. IGIÎÂÏNINES P>x\PTISTA. Saint Jean deLout, vu de face, tenant l'a- gneau pascal, cl accosté de deux annelets. — Cuivre. — Mod., 12mill.; poids, 0s> G5.— Toules les lettres des légendes sont latines. C'est le seul exemple que je con- naisse du nom de saint Jean-15apiistc sur une monnaie de Perpignan. (Collection de M. le docteur Boitafbs.) 232 RESUME. I. Période Gauloise. — Tout porte à croire que l'on retrouvera des monnaies à légendes ibériennes, appartenant à la partie de l'ancienne Gaule formant actuellement le département des Pyrénées-Orientales. II. Période Gallo-Romaine.— Les moyens-bronzes attribués depuis Vaillant à la colonie romaine de Ruscino, sont de fabrique asiatique et appartiennent à la colonie de Berjrtus. III. Domination Wisigothe (462-720). — Point de monnaies parti- culières au Roussillon. Les irientes mérovingiens étaient admis dans la circulation. IV. Occupation Arabe (720-760) . — Les monnaies arabes fabriquées en Asie, en Afrique et en Espagne ont eu cours en Roussillou jusqu'au xvesiècle. On n'en connaît aucune fabriquée dans le Midi delà France. V. Domination Franque, — Comtes de Roussillon (760-1 172). — Le monnayage des rois d'Aquitaine à Barcelone, à Ampurias et proba- blement aussi à Ruscino, est l'origine de celui des comtes de Barcelone, d'Ampurias et de Roussillon. Continué sous les Comtes bénéficiaires, an nom des Carolingiens, il devint plus tard la propriété des Comtes hé- réditaires, qui s'emparèrent de tous les droits régaliens. C'est probable- ment après ce changement que les types etles légendes furent modifiés. La plus ancienne mention connue delà monnaie des Comtes héré- ditaires dans la diplomatique roussillonnaise, remonte à l'année 1088; la plus récente est postérieure au décès de Girard IL On a retrouvé ries monnaies au nom des deux derniers comtes : le denier de GausfredIV a pour type la croix haussée d'Aragon ; celui des deniers et des oboles de Girard paraît imité des monnaies des comtes de Toulouse, suzerains des comtes de Roussillon. La monnaie de malgone apparaît dans les actes roussillonnais dès l'an 963. C'était la plus répandue dans le pays. On y voit également figurer des mancuses (1003) et des morabotins. VI. Domination Aragonaise^I 172- 1276).— La fabrication est sus- pendue en Roussillon. La monnaie barcelonaise du roi d'Aragon, héri- tier de Girard II , se répand dans les comtés : elle y devient bientôt la seule monnaie légale, à l'exclusion de toute autre (1258) ; mais elle est insuffisante et la monnaie de malgone se maintient dans la circulation, malgré les prohibitions formelles du roi d'Aragon. 233 Vif. Le Roussillon sous les Rois de Mayokqce (1.276- 1344). — La fabrication est interdite en Roussillon : la monnaie barcelonaise detern est la seule dont le cours soit légal. Le roi de Mayorquc, feuda taire du roi d'Aragon, est chargé de faire observer ces prescriptions. L'insuf- fisance de la monnaie de tern oblige les habitants des comtés à se servir de monnaies étrangères; et cette infraction aux obligations de l'hom- mage, devient le principal chef d'accusation du suzerain contre le vassal, dont la déchéance est proclamée, le royaume saisi et réuni. VIII. Premier retour a la couroknf. d'Aragon (1344-1462). — Création d'un hôtel royal des monnaies à Perpignan (1349). On y fabricpie des florins d'or fin, du poids et au type de ceux de Florence, et des écus également d'or fin , du poids des écus de France. Nouvelle fabrication de florins en 1357, 1360, 1362. — Création du florin d'A- ragon, au titre de dix-huit carats et à la taille de soixante-huit au marc de Perpignan (1365). — La fabrication appartient au Roi, qui l'exploite bii-mème ou l'afferme à des particuliers (1430) : les Consuls et la com- mune n'y prennent aucune part. — Les espèces fabriquées sont îles flo- rins et des demi-florins d'Aragon (seca florenprum auri Pcrpiniani): un peu plus tard, on y fabrique aussi des réaux et des demi-réaux d'argent, des deniers et des oboles de billon. Au commencement du xve siècle apparaissent, sur les monnaies d'argent (réaux et demi-réaux de Perpignan ), des indices certains de leur origine. Le type est celui de la monnaie d'argent de Bar- celone (Tète royale couronnée , tournée a gauche. — Croix barcelo- naise cantonnée de licsants et d'annclcts). Les réaux de Ferdinand Ie* présentent, au 4e canton, le monogramme de Perpignan (deux P liés). Les deniers et les oboles de billon sont à l'ancien type aragonais, devenu celui des monnaies de Valence, depuis l'ordonnance royale de 1247. (Tète royale couronnée. — Croix haussée, posée sur uiicjlcur.) — Les légendes portent, au droit, le nom du Roi; au revers, son titre de comte de Barcelone et de Roussillon, sur les monnaies d'argent ; de comte de Roussillon, seulement, sur les deniers et les oboles de billon . On connaît à ces types et légendes, des monnaies de Ferdinand F1', d'Alfonsc V et de Jean II. Il en existe probablement aussi au nom du roi Martin. La plus ancienne concession connue, faite aux Consuls et à la ville» par le roi d'Aragon, est de l'année 1427. La commune fabrique des deniers et des mailles de billon, au nom et à l'effigie du Roi, sem- blables à ceux de Valence, mais à la légende COMES ROCILI(onw). 234 — Concession particulière en 1438.— En 1457, nouveau privilège accordé pour six ans à la ville de Perpignan : émission de vroals et dcmi-croats d'argent, de deniers et de mailles de billon. La com- mune jouit du bénéfice de la fabrication , moyennant une certaine somme, annuellement payée au Roi. La fabrication se continue sous le roi Jean , frère et successeur d'Alfonse. IX. Les Revenus des Comtés engagés au Roi de France. — Pre- mière occupation française (1462-1493) . — Louis XI fait fabriquer, à Perpignan, des monnaies françaises d'or, d'argent et de billon, qui ne diffèrent de celles des autres ateliers monétaires de France, que par l'absence du point secret et la présence d'un P au centre de la croix du revers. Ce sont des cens d'or, des gros et des demi-gros d'argent, des blancs, des deniers et des mailles de billon. Cette fabrication royale a dû se continuer sous Charles VIII. La ville de Perpignan y reste complètement étrangère. X. Second retour a la couronne d'Aragon (1493- 1642).— A peine mis en possession des comtés, Fcrdinand-le-Calholiqne fait fabriquer à Perpignan des principals d'or, au litre et au poids des ducats de Ve- nise, et des rcaux d'argent, au litre de onze deniers et maille, à la taille de soixante-douze au marc et aux légendes COMES ROSILIONIS. C'est une émission toute royale. En 1496, émission de réaux à la taille de soixante-quatorze au marc de Perpignan. En 1495, 1496, 1499, 1503; 1515, le Roi accorde à la ville de Perpignan , l'autorisation de fabriquer des deniers et des meuuts : le bénéfice est employé à la réparation des fortifications et autres dépenses d'utilité générale. Ces petites monnaies sont munici- pales : on voit sur les deniers les armes de la ville. (Ecu losange aux quatre pals, surchargé du monogramme PP. — Même écu, surcharge de la figure de saint Jean-Baptiste, tenant l'agneau pascal.) Sur les menuts, l'écu disparaît ; le monogramme et la figure de saint Jean figurent seuls à l'avers et au revers. Les légendes, sont : d'un coté, VILLE PERPINIANI; de l'autre, ECCE AGNVS DEL En 1528, création de la monnaie perpignanaise de billon : elle se compose de sous doubles, sous sanars et sixains de billon, et de me- nuts en billon noir ou en cuivre pur. Les types et les légendes sont, pour les premières espèces : d'un côté, l'écu couronné aux quatre pals [en forme de losange sur les doubles sous, carré sur les sous et les sixains), entouré de la légende VILLE PERPINIANI; de l'autre, la 235 figure de saint Jean-Baptiste, tenant l'agneau pascal, avec la légende circulaire : INTER NATOS MULIERVM. Ces types et ces légendes se retrouvent sur les monnaies de 1598. — Sous Charles-Quint et Philip- pe H, le type des menuts est d'un côté, l'écu losange; de l'autre, la Vierge tenant l'enfant Jésus, avec la légende AVE. G. PLENA. DOM. ou AVE. MAIL GRATIA. En 1603 on reprend la figure de S* Jean et le monogramme, qui se voient également sur les menuts de 1611. En vertu des privilèges royaux, la commune est parfois affranchie de toutes les dépenses. — Après avoir obtenu le privilège demandé, les Consuls rédigent les articles d'un contrat (assiento) pour la four- niture du métal et la fabrication des espèces. — Mis à l'encan, sur la place publique, le marché est adjugé au rabais. L'entrepreneur s'en- gage par traité avec les Consuls , reçoit le matériel nécessaire à la fabrication , solde toutes les dépenses et règle ses comptes avec les Clavaires. — Le privilège expire lorsque la fabrication s'élève au nom- bre de ducats ou de marcs fixés par la concession royale. — Ainsi, l'hôtel des monnaies de Perpignan n'est point municipal; le droit régalien n'appartient point à la ville, mais elle en jouit momenta- nément et par intervalles, sous le bon plaisir du prince. XI. Seconde Occupation Française (1642-1659). —Le roi de France se substitue au roi d'Espagne, et les choses restent dans le même état : les deux privilèges de 1644 et 1646, sont des concessions sem- blables aux précédentes. Le type et les légendes des doubles sous et des sous sanars sont ceux de la monnaie perpignanaise de billon : les menuts ont repris le monogramme et la figure de saint Jean-Baptiste. A la paix des Pyrénées, la fabrication municipale et l'hôtel des mon- naies sont supprimés. XII. Le Tioussillon a la France (1659).— Suspension de la fabri- cation. En 1710, création d'un hôtel royal, qui fabrique des monnaies d'or, d'argent, de billon et de cuivre, à l'effigie, aux armes et au nom du lloi, entièrement semblables à celles des autres hôtels du royaume. Plus de concessions monétaires. Les espèces sorties de l'atelier île Per- pignan ne se distinguent que par la lettre et le différent. — En lTili', création d'une Caisse patriotique, qui émet des billets de confiance, de un sou, deux sous six deniers , cinq et dix sous. — En 1794, suppression momentanée de l'hôtel de Perpignan. — Sa suppression définitive en 1834. 236 VARIÉTÉS MONÉTAIRES. A. — MEREAUX DU DIOCÈSE D'ELBIE. L'étude des méreaux est une suite naturelle Je celle des monnaies. Distribués par le trésorier des chapitres ou communautés ecclésiasti- ques à tous les membres présents à certains offices, ils étaient ensuite échangés contre de la monnaie courante, et constituaient ainsi, poul- ies zélés, une véritable rétribution. Les méreaux portent ordinairement un chiffre indiquant leur va- leur. Dans plusieurs villes, ils étaient acceptés par les boulangers, bouchers et autres fournisseurs de la communauté qui les échangeaient au trésorier. De rares circonstances les ont fait admettre momen- tanément dans la circulation générale, pour subvenir au défaut de monnaies réelles. Les méreaux sont en plomb, en cuivre pur ou allié, de diverses dimensions. Dans le diocèse d'Elne, ce sont de minces bractéates de laiton. Leurs types font ordinairement allusion au patron de la com- munauté; et les légendes, quand elles existent, en complètent l'in- telligence. I. — Chapitre Diocésain. Le Chapitre diocésain avait pour armoiries: cTazur a l'étoile d'or h huit rayons. Les paillofes dont il faisait usage présentent cette étoile comme type principal ou accessoire. En voici quatre variétés que je dois à l'obligeance de M. le Supérieur du Séminaire. 1. Dans un double entourage, composé d'un filet et d'un grè- netis, une grande étoile à huit rayons occupe tout le champ ; en contremarque, une petite étoile à six rayons. — Module, 19 millim. 2. Dans un grènetis , grande étoile à huit rayons surchargée d'un cercle à onze perles, centré d'une perle plus forte, qui fait peut-être allusion à 1 Évêquc ou au Doyen du chapitre entouré de ses cha- noines. — Module, "20 millim. 3. Sainte Eulalie et sainte Julie debout, vues de face, la tète nimbée, tenant la palme. Entr'elles, la tête de saint Jean nimbée et deux étoiles posées l'une au-dessus, l'autre au-dessous. Le tout dans un triple entourage foi nié d'un grènetis entre deux filets. — Mo- dule, 23 millim.— Sainte Eulalie et sainte Julie, vierges et martyres, sont les patrones du diocèse d'Elue. 237 Ce inércau est certainement postérieur au changement de résidence du Chapitre d'Elue1. On y voit figurer les patrones du diocèse com- me type principal, et, comme accessoires, le chef de saint Jean- Baptiste, patron de la cathédrale , et les armes du Chapitre diocé- sain, ce qui semble rappeler la fusion des deux Chapitres2. Même pièce, contremarqnée d'une étoile à six rayons. 4. Sur deux piédestaux carrés, les bustes des saintes Eulalie et Julie, la tête radiée; au-dessus et entre les bustes, une étoile à huit rayons ; le tout dans un double entourage composé d'un grène- tis extérieur et d'un filet intérieur. — Module, 23millim. Cette paillote doit être la plus récente, car elle est la plus abon- dante et la mieux conservée dans la bourse du Chapitre diocésain. II. — Chapitre et Communauté de Saint-Jean de Perpignan. Le plus ancien document que m'ait fourni, sur les méreaux de rette communauté, le riche cartulaire de M. de Saint-Malo , est une phrase tirée d'un registre conservé à Saint Jean. Elle semble prou- ver qu'en 1562, la communauté faisait usage de méreaux en plomb: A XI dcl mes de j un y, any m. dix il , mossen Franccs Pcrc Ber- nât, coni â tresorer major de dila comm.itn.itat, ha donat CL llibrcs en ploms, lesquals Iiatùcn tretes de la caixa dcls cinch panys, lo any de les morts. Los senyors syndichs los liavien tretes de dita caixa, y aixi dit die les hi hat'cm tornades cent en un sach y cin- quante en un altre. (Reg. de la Connu, de Saint- Jean, f° 98.) 1 La translation de la résidence de l'Évêque et du Chapitre diocésain d'Elue à Perpignan, eut lieu le 3 juillet IG02, en vertu d'une bulle du icr septembre 1601. L'Évêque et les Chanoines emportèrent les reliques des saintes Eulalie et Julie, patrones du diocèse. 2 La fusion des Chapitres d'Elne et de Saint-Jean se fit le 27 mai IC1 1 . ii La bulle de KiOl établit que le décès d'un chanoine de la collégiale por- o lerait extinction de son canonicat ; qu'au décès d'un chanoine de la ea- « thédrale, un chanoine de Saint-Jean lui succéderait au canonicat, laissant « le sien propre qui serait supprimé; enfin, que les Chanoines de Sain t- « Jean, réduits à huit, seraient incorporés aux Chanoines de la cathédrale, « de manière à ne former qu'un seul et même Chapitre, ce qui est arrivé le » 27 mai ICI I ) ( ttud. hist. sur le Ronssillon, par M. de Saint-Malo.) 23S Cependant il se pourrait que l'appellation ploms ne fût qu'un souvenir de mercaux plus anciens, dont le nom aurait été conservé à des méreaux d'un autre métal. En 1610 , ils portent le nom de pallofas , pallofctas qui provient, sans doute, de leur peu d'épais- seur l. Ce sont alors de minces bractéates de laiton, bien que certains documents les appellent ploms 2. Le 27 novembre 1610, par ordre des syndics, on prit dans la caisse toutes les paillotes marquées du chiffre 2 (pallojctas de dos) dont la valeur totale se montait à trente-neuf livres quatorze sous six deniers. Deux jours après, la Communauté n'avait plus de paillofes. (Reg. de la Comm. de Saint-Jean, de 1610 a 1633, f° 1, verso.) Le 10 décembre, vu la pénurie de paillofes , que anaven totas escampâdas per la vila, les syndics proposent au Conseil d'en fa- briquer de nouvelles. Cette proposition fut adoptée, et l'on se mit à l'œuvre dès le lendemain. (Ibidem.) Dans le courant de janvier 1611, on publia que les pièces de deux, de quatre et de huit ne seraient plus reçues si elles n'avaient le poids. Cette criée causa, dans toute la province, une si grande agitation que personne ne voulait plus accepter les réals sensillos, et que l'on ne trouvait ni sous, ni ardits, ni menuts. Les habitants de Perpignan furent obligés, pour l'échange des réaux et les petits achats, de se servir des paillofes des deux églises collégiales. 11 n'en restait plus en caisse à Saint-Jean, pour les distributions ordinaires faites au chœur à certains offices. La Communauté décida qu'il en serait immédiatement fabriqué au type de l'agnel. (Ibidem.) Le 4 avril, la pénurie de monnaies était si grande à Perpignan et dans tout le comté de Ronssillon, que les achats ne se faisaient plusqu'en pail- lofes. À Saint-Jean, elles étaient enlevées à mesure de leur fabrication. On fut obligé de suspendre les distributions journalières de méreaux et de pointer les noms des membres de la communauté présents aux matines et autres offices. Le 17 avril, on commença à payer les mati- nes au chœuv, et, le 59 mai, toutes les distributions. (Ibidem ) Ainsi, les paillofes de la communauté de Saint- Jean ont servi de 1 Vallofa (catalan), pellicule. Les documents appellent pallo[eta la paillofc de petit module. - Moins â pallofas de las Iglesias collegiadas, «lit la supplique des Consuls, en IC.II. (!' p. 185.) 239 monnaies pendant plus de quatre mois. Voici celles que j'ai recueil- lies jusqu'à présent; elles sont toutes en laiton mince et ne portent d'empreinte que d'un seul côte. A. — Type de Saint-Jean debout. — Grand module. — Siint- Jean debout, les mains à hauteur de la poitrine, tenant l'agneau pascal ; il est un peu tourné à droite et accosté de deux grandes palmes. Grènetis ; point de chiffre indiquant la valeur. — Module, 24 millim. 2. Même paillofe, contremarquée des lettres S et B. 2 bis. Même paillofe. Dans le champ, un lys. Ces trois méreaux sont probablement plus anciens que les autres. Même type. — 3. Petit module. — Le Saint debout, vu de face, la tête nimbée et les deux bras levés, tenant sur la main gau- che l'agneau pascal qu'il désigne de la droite : près des pieds et de chaque côté, un trèfle. Dans le champ, deux rameaux ; à gauche, le chiffre G, indication de la valeur conventionnelle. Le tout dans un grènetis. — Module, 20 millim. 4. Même paillofe, contremarquée de la lettre &. 5, 6 et 7. Même pièce. — Deux contremarques : Bet &. — S et &. — Trois : B, B et &. 8. Même pièce. — Deux contremarques : le chiffre 12 dans un encadrement rectangulaire et la lettre B. 9. Même pièce, portant quatre contremarques, les lettres B et S et deux fois le chiffre 12. 10. Variété : Figure de saint Jean debout, grossièrement des- sinée, ni trèfles, ni fleurons, ni grènetis. Module, 18 millim. B. — Type de lagnet passant a gauche. — 11. L'agneau pascal porte-bannière debout à gauche. — Module, 19 millim. 12. Même pièce, contremarquée de la lettre B. C. — Type de l'agnelh droite, regardant il gauche. — 13. L'a- gneau pascal porte-bannière, debout, adroite, regardant en ar- rière; deux rameaux dans le champ. — Module, 17 millim. 14 et 15. Même pièce, contremarquée B ou S. 16. Variété, coin différent; type plus grossier. Fabrication de 1G11? -Module, 17 millim. 17 et 18. Mêmes pièces, contremarquées B ou S. 19. Même pièce, contremarquée d'un M dans un encadremenl rectangulaire [sic \M\). 20. Même pièce, avec les deux contremarques B et S. D. — Type au monogramme. — 21. Dans le champ, un grand D suivi d'un I : le chiffre 2 dans le D en légende AN au-dessous, VS au-dessus, le tout dans un grènelis à gros grains.— Mod., 18 in. 22. Même pièce, avec la contremarque du n° 19. Ces deux paillofes, qui se trouvent également à Perpignan , doi- vent appartenir à la communauté de Saint-Jean : elles ont le métal, le module et l'une des contremarques des précédentes. Comment ex- pliquer le changemeut de type? Pourquoi la Communauté aurait-elle renoncé à l'effigie et aux attributs d'un patron dont l'Evangile a dit : Intcr natos mulicrum non surrcxit major. Je suis tenté de lire Domini le monogramme D-I qui occupe tout le champ et annïversaritim les quatre lettres ANVS qui l'entourent. Ce méreau serait alors spécial pour l'office du vendredi saint. Dans cette hypothèse, le changement de type n'aurait plus rien de sur- prenant : le Précurseur du Christ, patron de la Communauté, aurait cédé la place au Christ lui-même. Je vois dans ces méreaux les pallofetas de dos, mentionnées à la date du 27 novembre 1610, dans le registre de la communauté de Saint- Jean. Ce même jour, la Communauté tira de sa caisse toutes les pallofetas de dos, qui furent mises en circulation dans la ville et les environs, pour suppléer au défaut des pièces de deux réaux , retirées en vertu d'une ordonnance royale. L'hypothèse proposée ex- pliquerait aussi pourquoi l'on donna d'abord ces paillofes, de préfé- rence aux autres : elles étaient marquées au chiffre 2 , et la Commu- nauté ne devait en avoir besoin que quatre mois plus tard. Mais j'a- voue que la supposition de méreaux destinés à servir un seul jour par année doit paraître invraisemblable. Peut-être s'en servait-on tous les vendredis? — Attribution douteuse. La Communauté de Saint-Jean avait une boucherie exempte des droits d'octroi : les Chanoines et les autres membres s'y pourvoyaient de viandes qu'ils payaient en paillofes. 111. — Abbaye de Noire-Dame de La Real. L'église collégiale de La Real avait des méreaux particuliers. A l'appui de celte assertion, je rappellerai le privilège de fabrication monétaire accordé le 15 avril 1611 à la ville de Perpignan, par Phi- lippe lïl : d y est dit que les paillofes des Églises collégiales de Per- •2M (de las ig/esias cullegiadas de dita vila) ont en coins de monnaies- Or, Perpignan n'a jamais eu que deux églises collégiales, Saint-Jean et La Real. La pallofeta suivante me semble devoir être attribuée à la seconde : Figure delà Vierge, vue de l'ace, debout sur un croissant, la tèle radiée, et les mains jointes, à hauteur delà poitrine; grènçtis.— Mod., 20 m. Même pièce, portant la contremarque du n" 19 des méreaux de la communauté de Saint-Jean, de Perpignan. IV. — Communauté d'Elue. La communauté d'EIne se servait de méreaux, qui peut-être ne différaient point de ceux du chapitre diocésain. Après la translation de la résidence de ce Chapitre à Perpignan (1602) , la Communauté restée à Elue, dut continuer à se servir de ses paillofcs. Je n'en ai pas encore rencontré qui pussent lui-être attribuées avec certitude. V. — Prieuré de Nolre-Dame-de-Corneilla-dii-Conflent. M. le docteur Bonafos m'assure avoir vu des paillofes de Corneilla- du-Conflcnt:je n'en ai pas encore rencontré. J'enregistre le souvenir de M. Bonafos, dans l'espoir que tôt ou tard on retrouvera les mé- reaux de ce Prieuré. M. Grossct confirme le souvenir du docteur. VI — Chapitre de Torreilles. Le chapitre de Torreilles faisait usage de méreaux. M. le Maire se les rappelle parfaitement. Je n'ai rencontré jusqu'à présent aucun exemplaire de ces monnaies de chœur. VII. — Communauté de Céret. La communauté de Céret existait déjà au xme siècle (1274). Le méreau suivant lui appai tient : CERET. Deux clés en sautoir, surmontées d'une tiare. — Module, 20 millim. Saint Pierre était le patron de la Communauté. VIII. — Communauté de Thuir. Au xuie siècle, Thuir avait une Chapellenie : en 1230, le Pape Grégoire IX, sur la demande de l'Évèque d'EIne, la réunit à la mensc épiscopalc, en même temps que celle de Saint-Jean de Perpignan. La communauté de Thuir se servait de paillotes : en voici plusieurs variétés, que je dois à l'obligeance de M. Pastor, pharmacien, à Thuir 16 -H-> Type de .saint Pierre. — 1 . Saint Pierre passant à gauche, les pieds nus, la tète nîaibce, lient tle la main droite une clé, et de la gauche le livre des Evangiles. Derrière, un arbre tortueux. Double entourage, formé d'un filet et d'un grènetis. — Mod., 20 m. (Mus. de Perpignan.) 2. Variété plus récente. Figure moins grande, les pieds sont ca- chés par le vêtement; l'arbre ou rameau est bifurqué au sommet. — Module, 19 milli. — Saint Pierre était le patron de la Communauté. Type au monogramme. — 3. Bractéate grossière. Dans un grènetis, un grand M surmonté d'un A. — Mod., 20 m. — Je vois dans ces deux lettres superposées le monogramme de Maria, analogue à celui de Per- pigiian(PP') des deniers des fabrications de 161 1, 1644, 1646etl649. 4. Même .pièce, contremarquée d'une étoile à huit l'ayons placée, sous l'M. — Module, 20 millim. 5. Variété. Lettres crasses, grènetis à gros grains; sous la lettre M, une étoile dont les rayons sont à peine visibles. — Mod-, de 20 à 23 m. La Vierge Marie, patrone actuelle de la paroisse, a été substituée à saint Pierre en 1783. Voici la cause de ce changement : La victoire de Lépante, remportée sur les Turcs le 5 octobre 1571, parD. Juan d'Autriche, commandant les forces navales réunies de Philippe II et du pape Pie V , fut accueillie avec enthousiasme dans tout le monde chrétien. Plusieurs villes, en Roussillon, célébraient l'anniversaire de cette bataille, sous l'invocation de Notre-Dame de la Victoire; à Thuir, cette fête devint la plus solennelle. Au xvme siècle, l'église pa- roissiale, sous l'invocation de saint Pierre, menaçait ruine; elle était d'ailleurs trop petite :on en construisit une autre. Une dévotion par- ticulière portait les habitants à dédier la nouvelle église à Notre-Dame de la Victoire : le premier Consul et le Curé, au nom de la ville et de la Communauté séculière de Thuir, s'adressèrent à l'Ëvêque pour obtenir l'autorisation de ce changement de Patron. Le 22 mai 1783, l'Évêque permit de dédier la nouvelle église à Notre-Dame de la Vic- toire, mais à la condition que saint Pierre serait conservé comme patron moins principal. Sans renoncer entièrement à son ancien pa- tron, la commune fut ainsi placée sous la protection spéciale de la Mère du Christ. De nos jours encore, Thuir célèbre deux fêtes particulières; mais le 5 octobre, anniversaire de la bataille de Lépante, est la fête patronale : celle de saint Pierre, devenue votive , ne semhle plus être que le souvenir d'une ancienne dévotion. Les monnaies de chœur ont dû changer de type à celte époque. 243 Je les ai décrites par ordre d'ancienneté , qui est aussi celui de leur degré de rareté et de conservation dans la bourse de la Communauté. Je n'y ai trouvé qu'un seul exemplaire du n° 1 et deux du n° 4. Ceux du n° 2 sont en grand nombre , mais frottés ou 'presque frustes ; le n° 3 est assez rare ; enfin , le n° 5 est le plus abondant : il porte d'ailleurs tous les caractères d'une fabrication plus récente. IX. — Conimunautc de Prades. Les anciens de Prades conservent le souvenir des monnaies de chœur ou paillofes de la Communauté de cette ville; mais je n'ai pu m'en pro- curer jusqu'à présent un seul exemplaire. Un particulier, décédé de- puis plusieurs années, avait en sa possession la bourse aux paillofes de la Communauté J'ignore ce qu'elle est devenue. X. — Prévôté de Pézilla. Pézilla, canton de Millas, avait une prévôté dépendant du monas- tère bénédictin de La Grasse (Aude). Saint Biaise en était le patron. Le mércau suivant lui appartient : Étoile. PES1LLA S. BLASI. Crosse ornée, entre deux étoiles. La légende entre deux grènetis. — Bractéate en cuivre rouge. — Module, 27 millim. (Collection de M. de Saint-Malo.) La prévôté de Pézilla n'était pas, en Roussillon, la seule obédience de Notre-Dame de La Grasse. Il en existait à Prades, Las Fonts, Cor- neilla-dc-la-Rivière, Estagell , Toluges, Canohes, Rivesalles et Tura. Il est probable que plusieurs de ces obédiences faisaient usage de paillofes . XI. — Prieuré de Pézilla. Pézilla avait aussi un Prieuré, dont le patron était saint Félix, martyr de Girone. Je lui attribue une paillote à peu près semblable à la précédente, mais dont le type est un cercle gironné, qui semble rappeler la roue de saint Félix, Légende entre deux grènetis : (étoile) PES1LLA S. FELIV. Cercle gironné dans un blet. — Bractéate eu cuivre rouge. — Mod., 24 mill. XII. — Méreaux d'attribution incertaine. M. le docteur Paul Massot m'a donné plusieurs paillotes de petit module, au type de la mitre ou de deux épis : depuis j'en ai recueilli une autre au type de l'évèque debout, crosse et mitre. Je serais dis- posé à croire que ces paillofettes appartiennent à la communauté d'Elue ou à l'abbaye de La Real, dont l'abbé avait été décoré de la 244 mitre, tic la crosse et de l'anneau par le concile de Bàle ; mais, com- me je n'ai jusqu'à présent d'autre raison à présenter que le type pour justifier ces attributions, je préfère attendre que le hasard me four- nisse des indications plus précises. 1. Entre deux palmes, un évèque ou abbé mitre , debout , vu de face, la crosse en main. — Module, 14 millim. 2. Mitre vue de face; au-dessous le chiffre 1 poinçonné en creux; grènetis. — Module, 16 millim. 3. Mêmes pièces, poinçonnées du chiffre 2, 3 ou 6. 4. Deux épis croisés et liés; grènetis. — Le chiffre 1 poinçonné au-dessous. — Module, 16 millim. 5. Même pièce, poinçonnée du chiffre 2,3, 5, 6, 9 ou 10. Ces paillofettes doivent appartenir à la même église que celles au type de la mitre : elles ont le même module, la même fabrique et le même poinçon. 6. Fleur de lys étaminée; champ d'azur; grènetis. — Mod., 20mil. 7. Abbé debout, vu de face, tête nue, costume bénédictin : il tient la crosse de la main gauche et bénit de la droite. Dans le champ, deux caractères douteux. — Module, 21 — 19 (orale). 8. Croix fourchue. — Module, 26 millim. L'usage des paillofes semble avoir été fort répandu dans le dio- cèse d'Elne. Les renseignements que j'ai recueillis me donnent lieu de penser que la plupart des Chapitres, Communautés et Prieurés, avaient les leurs. J'ai cité les communautés d'Elne, de Céret, de Thuir et de Pradcs : il en existait aussi à Millas, Collicure, Prats- dc-Mollô, Ille et Vinça ; il est probable qu'elles se servaient de monnaies de chœur comme leurs voisines ; mais je ne puis l'affirmer. Fragment d'un moule de méreaux. Ce fragment, en pierre de Narbone (schiste compact et verdâtre) , a été trouvé à Perpignan, dans la maison Puig, rue Arago, quartier Saint-Matthieu, en avril 1853. — Longueur, 0m095; largeur, 0m03S; épaisseur, 0m015. Onze dessins de petits méreaux sont gravés sur l'une des faces et disposés sur deux rangs séparés par une cannelure destinée à rece- voir la coulée de métal. La cassure en a partagé deux autres, dont il ne reste plus que la partie inférieure. Sur la face opposée, trois dessins d'un plus grand module, placés l'un au-dessus de l'autre, 245 communiqent à une cannelure semblable qui s'élargit au sommet. Ce fragment a dû servir à la fabrication de méreaux en plomb. Le moule complet se composait sans doute de trois pieu es : celle du milieu, gravée sur les deux faces; les deux autres, sur une seule. On les ajustait l'une sur l'autre, au moyen de pivots et de trous ménagés à cet effet : un de ces trous existe sur le fragment. On lixait par des ligatures les trois pierres ainsi disposées, et l'on introduisait par le haut la coulée de plomb. Le moule présentait probablement, d'un côté, quatre rangs de des- sins gravés, petit module ; de l'autre, deux rangs seulement, de grand module. Voici les types ligures sur le fragment : Petit Module (12 millim.). — 1. On voit encore les pattes, une partie du corps et de la queue d'un oiseau, passant à gauche, comme au n° 9. — 2. Fleur de lys élaminée, semblable à celle des florins d'or. — 3. Dauphin à gauche. — 4. Tête couronnée, vue de face. Type des monnaies de Mayorque et de Valence —5. Écu losange, à deux pals, semblable à celui des monnaies de Valence : des points occupent la place de la légende. — 6. Galère. — 7. Indéterminable. — S. Aigle éployé , la tête tournée à droite. Type d'une pièce d'or d'Italie. — 9. Coq passant à gauche, la queue relevée. — 10. Dauphin à gauche. — 11. Ecu triangulaire, à deux bandes d'or. — 12. Galère. — 13. Château à trois tours, semblable à celui qui, dès le xive siècle, repré- sente, sur les monnaies, les armes de Castillc. Grand Module (20 millim.). — 14. Colombe passant à gauche, tenant dans son bec un rameau ou une grappe. — 15. Dauphin à gauche. — 1G. Château à trois louis, semblable au n° 13. La plupart de ces types se retrouvent sur les monnaies d'or et d'ar- gent eu circulation dans le pays aux xive, xve et xvie siècles. La dé- couverte de ce fragmeut de moule tend à établir, qu'avant de faire usage de paillotes en laiton mince, on se servait en Roussillon de méreaux en plomb, semblables de formes et de dimensions à ceux que l'on rencontre fréquemment à Lyon, en draguant la Saune. Nous avons vu qu'en 15G2, le nom de plorns était encore donné aux monnaies de chœur de la Communauté de Saint- Jean , qui, en 1610, portaient celui de ploms ô pallofas. B. — MÉDAILLES ET JETONS. 1. Jeton roussillonnais du xve siècle? — Imitation grossière du uiorabotin d'or. — Légendes illisibles, formées de caractères bar- ■2if, baies; point de revers. — Bractéatc en cuivre jaune. — Module, 23 millim. (M. Jaubcrtde Passa). 2. COMPAGNIE - ROYALE- DES . MINES . DE-FRANCE , en quatre lignes dans le champ ; grènetis. —CVIVRE— TIRE . DE. LA. - MINE . St . FRANÇOIS - A SOVRÈDE. EN - ROVSSIL- LON — 1735,— en six lignes dans le champ ; grènetis ; cuivre pur. — Module, 41 millim. ; poids, 26gr30. — En 1735, on exploitait, à Sorède, une mine de cuivre actuellement abandonnée. Il paraît qu'il existe des médailles à peu près semblables, fabri- quées à la même époque, avec l'argent provenant des mines d'Arles, également abandonnées de nos jours. 3 Réorganisation de l'Université de Perpignan , 1759. — Mé- daille d'or. « LUDOYICUS XV REX CHRISTIANISSIMUS. Buste « du roi. - REGI REMUNERATORI, et plus bas : PERPINIA- « NENSIS UNTVERSITAS RESTAURATA. 1759. — La plaine du « Roussillon terminée, d'un coté par les Pyrénées, et, de l'autre, « par la mer; au centre, une colonne détruite, et, à côté, une autre u debout, chargée des attributs des arts , ayant au pied une figure « assise et couronnée, appuyée d'une main sur la base de la colonne « et de l'autre sur l'écusson aux armes de Perpignan. » En 1759, le Comte de Mailly, Gouverneur et bienfaiteur de la pro- vince, fit reconstituer l'Université de Perpignan, qui avait perdu son éclat. Les revenus furent quintuplés : on rétablit les cours tombés en désuétude et l'on en créa de nouveaux. (Notice historique, par M. Morcr. — Bulletin de la Société, 1851.) Prix institués en 177S et 1779 à l'Université de Perpignan, par le Maréchal, Comte de Mailly, gouverneur-général du Roussillon. 4. LUD . XVI . REX . CHRISTIANISS. Buste de Louis XVI à droite, les cheveux frisés, longs et flottants, le cou habillé : au-des- sous le nom du graveur : b. duvivier. — Lys. PRyEMIUM IN UNIV. PERP. INST. A. MARESC. DE MAILLY. PR^F. GEN. PROV. RUSCIN. 1779. Sur la croix de l'ordre du Saint-Esprit , et sur deux bâtons croisés de maréchal de France, l'écu ovale aux armes de Mailly (d'or h trois maillets posés 2 et 1) surmonté de la cou- ronne de comte, entouré des deux colliers des ordres de Saint- Louis et du Saint-Esprit; au-dessus de la couronne, dans une bande- rolle, la devise HOGNE QUI Y O^Rk.- Médaille d'or.— Module. 41 mil!.; poids, 30gr. (M. le docteur Bonafos.—M. Jscrn.) 247 5. Médaille d'argent au même type et aux mêmes légendes. — Module, 41 raillim. , poids, SlS'oO. (M. Barjau'.) (>. Même avers. — En huit lignes, dans le champ : PR/EMIUM — IN . UNIVERS . PERPIN.— INSTITUTUM — A — IOS . ADG. COM . DE MAILLY. - PR^FECT . GENER. — PROV . RUSCIN. — MDCCLXXIX., le tout dans une couronne de laurier. — Médaille d!ûr.-r- Module, 41 millim.; poids, 306r. (M. Maria, de Thuir.) 7. Médaille d'argent, au même type et aux mêmes légendes. — Module, 41 millim. ; poids, 31gr50. (M. Isern.) S. Médaille d'argent. — Même avers. — En cinq lignes, dans le champ : PRIX - DE L'UNIVERSITÉ - FONDÉ PAR - M. LE MARÉCHAL — DE MAILLY. — Le premier mot, entre deux pal- mes ; au-dessous de la légende, deux bâtons croisés de maréchal de France, auxquels est suspendue la croix de l'ordre du S'-Espni, dont le ruban est accosté du millésime 17 — 78. Le tout entre deux branches de chêne formant couronne. — Module, 41 millim. ; poids. 31sr. Les prix fondés par le Maréchal de Mailly étaient au nombre de quatre, un pour chaque faculté. Chaque prix se composait de deux médailles, l'une d'or, l'autre d'argent, semblables de module, de types, et de légendes, et enfermées dans un écrin. Avant la Révo- lution, le revers de ces médailles présente les armoiries du Maré- chal ; après la suppression des titres nobiliaires, les armoiries dispa- raissent et les légendes occupent tout le champ. (M. Bonafos.) Je n'ai pas retrouvé la médaille du Recteur. 9. 1781. Médaille du mariage de douze jeunes filles de Perpignan, dotées par la reine Marie-Antoinette, à l'occasion de la naissance du Dauphin : MARIA . ANT. AUSTR. FR.— ET. NAV. REG1NA. Buste de la Pieine, tourné à gauche; au-dessous, le nom du graveur : b. du- vivier. — LA BIENFAISANCE PRÉSIDE A LEUR UNION. Près d'un autel antique, sur lequel sont sculptées les armoiries du Dauphin (ccarlclc de France et de Dauphiné), la Bienfaisance, debout, la main gauche appuyée sur un écusson aux armes pleines d'Autriche, préside à l'union d'une jeune fille et lui donne la main : un autre couple au second plan. A l'exergue, en quatre lignes : MARIAGE DE DOUZE FILLES DE-PERPIGNAN A L'OCCASION DE-LA NAISS. DU DAUPHIN— 8b" 1781.— Argent.— Mod., 41 m. {M.Izern.) 10. Médaille historique de 1815. — En di* lignes dans le champ : LE T! AOUT — 1815- LE DUC IV \NC,Ol UÉME - ENTR \ - 248 DANS PERPIGNAN. -CETTE ÉPOQUE -FUT L'AURORE- DE NOTRE- BONHEUR. — Lys.— Le tout dans un double filet. -IL PAROIT ET TOUT SE VIVIFIE. Soleil rayonnant, occupant tout le champ; au-dessous, un lys. — Argent. — Module, 37 rnill. Cette médaille a été gravée en vingt-quatre heures par le sieur Cayrol. On présenta au Prince le seul exemplaire en or qui eût été fabriqué : les exemplaires en argent furent distribués aux autorites civiles et militaires. (M. Grosset.) Le 20 août 1815-, un corps d'armée espagnol, commandé par le général Castanos, Capitaine-général de Catalogne, passa la frontière en deux colonnes : l'une de 15.000 hommes, par le col de Portell, l'autre de 10.000, par Puycerda. Le but était d'exiger une contri- bution de guerre. Le quartier-général fut établi à Céret. A la nouvelle de cette invasion, le duc d'Angoulême, alors à Bor- deaux, accourut à Perpignan, et de là à Céret. L'entrevue du Prince avec le Général eut lieu en présence de M. de Saint-Malo, sous-préfét de l'arrondissement. Le lendemain, les troupes espagnoles se replièrent et repassèrent la frontière. (71/. de Samt-Malo.) C.-WOTE SUR L'ANCIEN MARC SE TERFIGNAN. Beaucoup d'auteurs se sont occupés de recherches sur l'origine, la valeur, la division et la comparaison des poids en usage au moyen - àgc dans les principales contrées de l'Europe; mais la question est loin d'être entièrement résolue. Quant à la principauté de Catalogne et aux comtés de Roussillon et deCerdagne, le fait le mieux établi, c'est que plusieurs villes avaient une unité de poids particulière, dont l'usage •' s'est maintenu jusqu'à la fin du xvie siècle1. La valeur des monnaies stipulées dans les contrats roussillonnais est souvent indiquée par rapport au marc de Perpignan ; celle des métaux précieux est évaluée de la même manière. Pendant plusieurs siècles cette unité de poids fut d un usage habituel dans le comté de Roussillon ; mais la connaissance da sa valeur est perdue depuis long- temps, et l'on n'a pu, de nos jours, résoudre d'une manière satisfai- sante les questions dans lesquelles le marc de Perpignan ligure comme donnée essentielle. M. P. Tastn le croit identique à celui dont on se servait à Motit- ! Voir l'ordonnance royale de i.'iS.'i. p. 169 249 peilier au xme siècle, et par conséquent le même , à peu près, que le marc actuel de France. Son opinion est fondée sur ce qu'an mu'' siè- cle, la valeur du marc d'argent fin est fixée à cinquante sous de mel- gtieil dans les actes roussillonnais, comme dans ceux de Montpellier. Cette base, je l'avoue, me paraît peu solide1. Les actes passés en lloussillon donnent fréquemment le prix des monnaies par rapport à l'once d'or et au marc d'argent , poids de Perpignan ; mais ces indications concernent la valeur dans la cir- culation au jour du contrat, et non la valeur intrinsèque. Or, la valeur au cours variait suivant les circonstances ou le caprice du prince2. M. Tastu adopte cinquante sous melgoriens pour le prix du marc d'argent fin de Perpignan au xme siècle : il aurait pu prendre soixante, soixante-deux, soixante-quatre, soixante-cinq sous, car ces diverses équations figurent plus souvent que la première dans les contrats roussillonnais de cette époque3. Alors, au lieu d'une identité parfaite entre le marc de Perpignan et celui de Montpellier, il aurait eu pour résultat une différence proportionnelle. L'équation la plus commune au xine siècle, dans les contrais roussillonnais, n'est pas cinquante, mais soixante sous melgoriens pour un marc d'argent fin. Elle ne signifie point (pie les deniers de Malgone étaient à la taille de soixante, soixante-deux, soixante-quatre, soixante-cinq sous au marc de Perpignan , mais seulement qu'en Housstllon la valeur an cours de cette monnaie était de soixante , soixante-deux, soixante- quatre, soixante-cinq sous, pour un marc d'argent fin, poids de Perpignan, ce qui est bien différent. 1 « Nous persistons dans l'évaluation que nous avons donnée de nos au- « tiennes monnaies, évaluation basée sur l'égalité entre le marc d'aujour- (i d'hui et celui employé à Perpignan au xme siècle; voici la raison qui « nous avait décidé : De nombreuses chartes roussillonnaises de ce siècle. « comptent uniformément cinquante sous melgoriens au marc de Perpignan, (i des cbaitcs, tout aussi nombreuses, écrites au même siècle à Montpellier, « donnent également cinquante sous au marc de Montpellier : ces deux marcs « étaient donc identiques. Or, le poids du marc de Montpellier est connu ; « c'est, à peu de chose près, celui de notre marc actuel ; le marc actuel est « donc identique ;i celui de Perpignan au xiue siècle, à peu de chose pies. •> ÇNolice sur Perpignan, — Journal des Pyrénées-Orientales du 20 juillet IS52.J 2 V. p. I."i~, I TiS, i.")9ct 228 quelques exemples de ces viriiliou. . ?J. Boscil-, Règles pour connaître la valeur, etc., p. <58. 250 Voici quelle fut la cause principale de ces variations : Le roi d'Aragon, mis en possession des comtés, ne tarda pas à y ré- pandre sa monnaie de Barcelone. 11 était naturel qu'il en favorisât le cours ; aussi lui donna-t-il bientôt un avantage marqué sur les es- pèces contempoiaines, qu'il déprécia d'abord et qu'il proscrivit en- suite d'une manière absolue. La dépréciation et la proscription attei- gnirent principalement la monnaie de Malgone qui, jusqu'alors, avait été la plus répandue dans le comté de Roussillon. A la création de la monnaie doblenque (1221), la circulation des deniers melgoriens fut interdite ; elle devint un délit après la création de la monnaie de tern (1258), qui devait circuler exclusivement dans le Roussillon, la Cerdagne, le Confient et le Vallespir. Les officiers royaux punissaient ce délit par la confiscation et l'amende. En fait de monnaies, les seuls termes de comparaison sont le titre et le poids : la valeur au cours n'est point un élément de calcul. Il est possible que le marc de Perpignan soit à peu près le même que celui de France; mais il faudrait que l'égalité fût bien établie avant de la prendre pour base. La fabrication des monnaies d'or au nom des rois d'Aragon a dû être surveillée avec le plus grand soin. Ne pourrait-on, à l'aide de ces espèces, retrouver la valeur approximative de l'ancien marc de Perpignan? Les florins d'Aragon, par exemple, créés en 1365, sont décrits dans l'ordonnance de fabrication de manière à les fane aisé- ment reconnaître. Ils sont an titre de dix-huit carats et à la taille de soixante-huit au marc de Perpignan; ils présentent à l'avers la lé- gende + ARAGO REX P. autour du lys florentin ; au revers, S. ÏOHANNES B. autour d'une figure de saint Jean debout , vue de face. Quatre exemplaires de cette émission , bien conservés et non rognés, pèsent ensemble 13 grammes 9G centigrammes, ce qui don- nerait, en moyenne, 3gr 49 pour le poids du florin d'Aragon. En multipliant 3gr 49 par 68, le produit 237gr 32 devrait indiquer le poids de l'ancien marc de Perpignan. Mais les quatre florins, base de ce calcul, sont peut-être faibles : la différence de leur poids moyen avec le poids légal, si minime qu'elle soit , devient par la multipli- cation soixante-huit fois plus grande. Le marc de Perpignan pesait sans doute un peu plus que 237gr32. Toutefois, ce résultat ne doit pas être éloigné de la vérité. 11 faudrait, pour plus d'exactitude, opérer sur un grand nombre de florins d A.ragon de la même émission. (' 25 1 La réduction des poids et mesures de la vigueiic de Roussillon, faite à Perpignan dans le courant de juillet 1593 , en exécution de l'ordonnance royale de 1585, établit que la livre, poids de Perpi- gnan, valait onze onces, deux quarts d'once et un seizième d'onc (c'est-à-dire onze onces et 9/i6mes d'once) poids de Barcelone; par conséquent, la livre de Perpignan était plus faible que celle de Bar- celone de 7/i6mes d'once, poids de cette dernière ville. Il s'agit ici de la livre barcelonaise ordinaire qui était de douze ouces, comme l'indique le document conservé aux archives commu- nales de Perpignan : livra, la ordinaria es dotzc onces l. Les divi- sions de cette livre étaient : Y once qui valait seize argens ou quatre quarts, et Y argens qui valait 32 grains. L' Annuaire du Bureau des Longitudes, pour l'année 1852, donne la valeur en grammes de la livre barcelonaise : Barcelone, libra 400fi<" 025 2 L'once, 12e partie de la livre, vaudrait alors.. 33 3354 L'argens, 16e partie de l'once . 2 08316 et le grain, 32* partie de l'argens 0 06508 La livre perpignanaise, plus faible que la barcelonaise de 7/1Graes d'once de Barcelone, devait peser 385gr 4457 ; et l'once, 12« de la livre, 32gr 1204. L'unité de poids dont on faisait usage à Barcelone pour l'or et l'argent, n'était point la livre ordinaire, mais le marc, qui , d'après le document déjà cité , se composait de huit onces; le demi-marc, de quatre onces, l'once de seize argens ou quatre quarts; la demi-once, de huit argens; le quart, de quatre argens; V argens, de trente- deux grains; le demi-argens, de seize grains. — Le grain est de froment, de moyenne grosseur : gra es de forment, no lo major ni lo menor, sino mitja. Antich Boca {Appendice, n° 17), divise également le marc de Ca- talogne en buit onces , l'once en quatre quarts, le quart en quatre 1 Voir aux archives do l'hôtel-de-ville ce document intitulé : Copia ré- ductions libéral a magni/icis nom.C.onsulibus, 15 aprilis IS9A: (Proc.dugref.) - I). Lorenzo de Alemany (Manual de pesos y mesuras, 1851, tabula, 21 ) donne à la livre de Barcelone la valeur de 395 grammes. L'once de Barce- lone serait alors de 32 grammes !»l I ; la livre de Perpignan, T.si grammesi *>0, et Ponce de Perpignan, 31 grammes 80. 25*2 argens et l 'argens en trente-deux grains. Au rapport de Salât, les manuscrits de Caresrnar présentent la même division : cl marco pesa mil onzas; unaonza,cuatro cuartas; una cuarta^cuatro adarmes; un adarme, trente -dos grans 1. Il y avait dans le marc de Barcelone : huit onces , trente-deux quarts d'once, cent vingt-huit adarmes ou argens et quatre mille quatre-vingt-seize grains. L'once était celle du commerce2, par conséquent, si la livre ordinaire de Barcelone pèse 400g1' 025, comme l'indique l' A unitaire du Bureau des Longitudes, le poids du marc de Barcelone, composé de huit onces, est de huit fois 33g'- 3354 , c'est-à-dire 566g'' 6832 3- Le marc d'Aragon était le même que celui de Catalogne. Au rapport de M. de Laborde {Itinéraire, tables du dernier volume) la livre et le marc de Caslille sont de 1/G plus faibles que la livre et le marc de Catalogne. Le marc de Castille , devenu celui de l'Espagne entière , serait par conséquent de 266g'' 6S32 —44g'' 11385 = 222 gr 569. En 1767, l'Académie des Sciences le trouva correspondre à sept onces quatre gros huit grains de Paris, qui valent 229gr832. \J Annuaire du Bureau des Longitudes, donne au marc d'Espagne (ancien marc de Castille) le poids de 230 gr 250. En France, le marc représentait la moitié de la livre : il n'en était pas de même à Barcelone, puisqu'il valait huit onces, et la livre, douze. Celte division du marc de Barcelone semble indiquer sa provenance. Le monnayage des Marches d'Espagne a certainement pour onginc celui des rois d'Aquitaine : n'est-il pas naturel de penser que l'usage du marc de huit onces, établi sans doute en Catalogne par les Francs, a dû se maintenir sous les Comtes, devenus plus tard Bois d'Aragon? Dans cette hypothèse, tandis que l'ancienne livre de douze onces se perpétuait dans le pays comme unité de poids ordinaire, le marc de huit onces aurait été conservé pour les pesées des matières d'or et d'argent. La différence de poids du marc de Barcelone, comparé au maie de France, ne proviendrait-elle pas de ce que l'once du pays, 1 Vadarme ou aryens répond au demi-gros du marc de France. - El marra unânimemente se ha dividido en ocho onzas de corner cio, y solo lia habido variation enel repartimiento y division de sus parles. (Salât, t. \ , p. 46.) 3 Ou pourrait essayer de vérifier ce résultat en pesant la quantité de grains de blé indiquée par le document Copia reduclionis, conservé aux archives de l'hôlel-de-ville. (Liasses de la Procédure du Greffe.) 253 aurait été substituée, à une époque plus ou moins reculée, à l'once des conquérants? Le marc de Perpignan est-il identique à celui de Fiance en usage avant l'adoption du système décimal? Cette question serait immédiatement résolue , si l'on connaissait d'une manière certaine la valeur de l'ancien marc, de Perpignan. En effet, la livre de France, vaut en grammes : 489 S1' 50, et le marc, moitié de la livre : 244 g1' 75. L'ordonnance du Maire et des Consuls de Perpignan, du 12 juil- let 1736, relative à la réduction de la livre du pays au poids de marc1, peut servir à vérifier une partie de ces calculs. Il y est dit que l'étalon de la livre du pays, conservé aux archives de l'hôtel-de-ville, ayant été remis aux Juges-Gardes de la monnaie, pour le comparer aux éta- lons des poids de marc appartenant au Roi, déposés entre leurs mains, les pesées comparatives ont prouvé que la livre poids du pays pesait treize onces, deux deniers, dix-huit grains, poids de marc. I je poids dupars, enl736, est l'ancienne livre barcelonaise, devenue d'un usage universel dans la principauté de Catalogne, le Ivoussillon et la Cerdagnc, depuis l'exécution de l'ordonnance royale de 15S5. Le poids de marc est le poids de marc français, employé à la monnaie de Perpignan dès l'ouverture de cet hôtel royal, créé en 1710. Or, treize onces deux deniers dix-lnut grains, poids de marc, pèsent quatre cent un grammes, seize centigrammes, ce qui donne pour la va- leur de l'ancienne livre de Barcelone, un résultat très voisin de l'éva- luation publiée par le Bureau des Longitudes. NOTE SLR LES MONNAIES DE PUYCERDA. La ville de Puycerda, Puicerdaou Puigcerda (Podium Ceritanum) fondée vers le milieu du xiesiècle, faisait partie du comté de Cerdagne, réuni en 1117 à celui de Barcelone. Les Comtes y avaient un atelier monétaire. Long-temps après la réunion, Puycerda, comme plusieurs autres villes de la principauté de Catalogne, a parfois obtenu des rois d'Aragon, le privilège de fabriquer de la menue monnaie. 11 existe aux archives communales de Perpignan, deux concessions de ce genre, l'une de Ferdinand-le-Catholique, l'autre de Philippe IL La première, datée du 22 janvier 1514, porte la signature royale. ( Arc h. communales «le Perpignan.— Liasse ".r>4. Obole -au même type et aux même légendes. Jacques II, roi de Mayorque (1330—1344) : Mêmes pièce Je n'en connais aucune qui puisse être attribuée à Jacques II. Pierre IV, roi d'Aragon (1344—1387) : Mêmes pièces. Real d'or : + p9 : DEI • GRACIA : ARAGONUM. Le Roi, cou- ronne en tête, assis sur une chaise , vu de face, tenant de la droite le globe crucigère et de la gauche le sceptre ; dans le champ, une étoile : le tout dans un encadrement circulaire, formé de huit circins à trois lobes. }- ET MAIORIC-ARUM : REX . (f) : Croix ar- chiépiscopale dans le même entourage.— Or.— Module , 21 millim (Vincent Mut.) Il existe plusieurs divisions de cette monnaie d'or. Réal d'argent : + PETRUS : DEI : GRACIA : REX. Buste cou- ronné, vu de face, accosté de deux symboles, le tout dans un en- tourage circulaire formé de huit circins. —, ARAGONVM : ET— MAIORICARUM. Groix longue, cantonnée de quatre symboles sem- blables ; le tout dans le même entourage. — Argent. — Module, 24 millim. (Salât , pi. IV, 2G.) Florin d'Aragon : ARAGO REX (P? ). Fleur de lys étaminée. — S. IOHA— NNES B. Saint Jean-Baptiste debout, vu de face, ac- costé de deux lions dressés. — Or. — Une cassure a enlevé l'initiale 259 du nom royal , ce qui rend douteuse l'attribution de ce florin à" Pierre IV. (Salât, pi. II, n° 5. ) Jean Ier, roi d'Aragon (1387 — 1396) : mêmes pièces. Florin d'Aragon : ARAGO REX 10. Fleur de lys étaminéc entre deux abeilles. — S. IOhANNES. B. (M.) différent monétaire.' Saint Jean, debout, entre deux abeilles. — Module, lOmill.; poids, 3«r50. Demi-florin d'Aragon au type précédent; lettre M pour différent. Martin, roi d'Aragon ( 1395— 1410) : Mêmes pièces. Florin d' Aragon ■. -j- ARAGO REX M. Fleur de lys étaminéc. — S. IOHANNES B. Saint Jean debout, accosté de deux petites va- ches. — Module, 19 milliin. Florin d'Aragon : -f ARAGO REX MA'i, l'A et l'R liés. Fleur de lys. — S. IOA— NNES B. M. Saint Jean debout entre deux sym- boles placés dans le champ. La présence des symboles et de la lettre M (Majorica?) me porte à donner ce florin à l'atelier de Mayorque. Demi-florin d'Aragon : Même type et mêmes légendes. Un M apiès S. IOHANNES B. Un lion dressé dans le champ, près du lys. — Or. —Module, 16 millim. Real d'argent « : -j- MARTINUS : DEI : GRATIA : REX. Tête royale de face, couronnée, accostée de deux petites vaches, le tout dans un cercle à huit circins. j- ARAGONUM ET— MAIORT- CARUM. Croix longue, cantonnée de quatre vaches, le tout dans un cercle à huit circins. — Argent. — Module, 53 millim. Variété: Deux étoiles accostent la tête. — Croix longue, can- tonnée de quatre étoiles. (Salât, pi. IV, 27.) Dcmi-réal d'argent : Mêmes types et légendes. — Mod. , 19 ni. Ferdinand I", roi d'Aragon (1412—1416) : Mêmes pièces >. Real d'argent • -f FERDINANDUS : DEI : GRATIA : REX. Tête royale de face, accostée à gauche d'un lion, à droite d'une va- che. — -f ARAGONUM ET MAIORICARUM. Croix longue can- tonnée aux 1er et 4e d'un lion, aux 2e et 3e d'une vache. Variété à la tête de l'avers accostée de quatre vaches posées 2 2 — La croix du revers cantonnée de quatre vaches. (M. deST-M'.i o. Alfonse V, roi d'Aragon (1416— 1458). Mêmes pièces. 1 Les {;ros d'argent de Martin cl de Ferdinand I", publiés par M. Gail lard dans son Catalogne du cabinet de )/. de (,, forte, n°56539, 6340 6541 et fi" Î2. son! des rcaux 74 En général, l'émondage n'est point pratiqué en Roussillon: l'opération que l'on exécute sur l'olivier, consiste à retrancher une plus ou moins grande quan- tité de branches parlant du tronc, et à élaguer cel- les qui restent. J'ai déjà fait connaître les inconvé- nients de lelagage : j'ajouterai, qu'en supprimant les branches secondaires et les rameaux inférieurs, on abat une grande quantité de bois à fruit, et que l'on diminue ainsi le produit de l'arbre. L'amputation des branches partant du tronc, se rapportant à l'opé- ration que j'ai désignée sous le nom de taille propre- ment dite, je lâcherai de prouver dans l'article suivant que cette manière de tailler est la cause principale du peu de produit que l'on retire de l'olivier dans le département. De la taille proprcnnnt dite ou de la taille des branches-mères. Lorsque l'olivier est formé sur trois ou quatre branches-mères bien pourvues de branches secondai- res et de rameaux qui donnent du fruit en abon- dance, on est vraiment peiné de devoir y toucher ; car, en abattant une de ces branches, on se prive du tiers ou du quart du produit de l'arbre. Cependant, si on les laissait trop vieillir, elles deviendraient impro- ductives, et les jets qui doivent servir à les remplacer ne pousseraient pas avec autant de vigueur. 11 faut donc rechercher l'époque la plus favorable, c'est-à- dire celle qui diminue le moins le produit tout en conservant à l'arbre la force nécessaire, pour qu'il puisse promptement se parer de nouvelles branches, en remplacement de celles qui lui auront été en- levées. C'est lorsque l'oln ier compte trente annéesde plan- lib laiion à demeure, que Ton peut commencer à procé- der partiellement à l'amputation des branches-mères: l'arbre, à cet âge, sera en plein rapport. Si l'on devan- çait cette époque, on se priverait d'une grande partie du produit; si on la retardait, les dernières branches à supprimer seraient trop vieilles; elles seraient im- productives dans les dernières années, et une fois amputées repousseraient difficilement. Les branches-mères auraient attiré vers elles la sève de l'arbre; et des canaux conducteurs se seraient formés sur le tronc pour la leur transmettre. En couronnant ces branches, on doit viser à conserver à la sève la mê- me direction; si elle se déviait, le bois, laissé pour produire de nouveaux jets, pourrait sécher et la for- me de l'arbre en serait altérée. Il arrive quelquefois que la sève alimente par le même canal deux branchesqui, en grossissant, se trou- vent trop rapprochées, et souvent l'une est au-dessous de l'autre. 11 faudra choisir la plus vigoureuse et la mieux placée, et tailler l'autre ras du troue pour qu'elle ne repousse pas (opération que l'on désigne sous le nom à'avranada dans l'Ampurdan) -, Si celle qu'on aura choisie doit être couronnée, elle repous- sera alors avec plus de vigueur, puis qu'elle absorbera la sève des deux branches; et si elle doit être en- core conservée, elle sera, par la même raison, beau- coup plus productive et prendra plus de développe- ment. La suppression de la branche qui ne doit pas concourir a la formation de l'arbre par le motif que 1 Arranada est le retranchement total de la branche ras du tronc. Corona est la partie de bois plus ou moins Ions; qu'on laisse lorsqu'on retranche une branche pour qu'elle puisse repousser ; cl, coronar une bran- exprime l'exécution de telle opération. 276 je viens d'indiquer, ou bien de celles qui auraient pris une mauvaise direction, peut et doit même être exécutée pendant les dix années qui précèdent l'am- putation des branches-mères, afin qu'une fois cette époque arrivée, on n'ait à opérer que sur un arbre bien conformé. En règle générale, lorsque l'arbre est formé sur quatre branches, on taille les deux plus grosses qui se trouvent du même côté ; car si on les prenait alter- nativement, il s'ensuivrait que les deux restantes, placées sur le tronc à des distances à peu près égales et sur les côtés opposés, pourraient attirer à elles toute la sève de l'arbre et empêcheraient ainsi le bois des couronnes de repousser : au lieu qu'en retranchant les deux qui sont du même côté et les plus grosses, la sève, qui naturellement doit être plus abondante dans cette partie, éprouvera plus de difficulté pour se dévier, et les nouveaux jets se développeront facile- ment et avec force puisqu'ils s'approprieront la sève qui alimentait les plus grosses branches de l'arbre. S'il y avait quelque branche-mère endommagée ou dont la direction ne fût pas convenable, il faudrait examiner si, en la retranchant, on n'altérerait pas considérablement la forme de l'arbre : mais si la con- servation en est nécessaire, on devra rechercher si la maladie provient de la carie du tronc; car cette bran- che reprendrait vigueur sitôt que celui-ci aurait été nettoyé. Cependant, si elle se trouve à côté de la grosse branche qui doit être couronnée, il faudra la couron- ner aussi quand même elle serait plus petite que les deux autres. La quantité de sève qui circule sur cette partie de l'arbre sera au moins égale à celle qui par- court le côlé opposé : elle continuera son cours, et il est plus que probable que les deux couronnes re- pousseront. Lorsque deux branches-mères saines et bien pla- cées sont alimentées par un même canal conducteur de la sève, il sera peut-être préférable de commen- cer la taille par ces deux branches, quoique plus pe- tites que les deux autres, vu qu'elles doivent être considérées dans leur rapport avec le tronc et avec la sève comme une seule et même branche, plus grosse qu'aucune des deux autres, et absorbant une plus grande quantité de sève qu'aucune d'elles. On pourra laisser les deux couronnes sur lesquelles on fera venir plus tard deux branches mères , si elles sont nécessaires; et, dans le cas contraire, on taillera dans la suite très ras la couronne qui ne devra pas être conservée ou qui n'aurait point donné de jets. Sur un olivier formé par trois branches, il faut tou- jours commencer par la plus grosse et n'en couronner qu'une, et Ion peut être assuré qu'elle repoussera. S'il y en avait quelqu'une de malade ou mal placée, on pourrait la couronner la première; mais les nou- veaux jets qu'elle poussera avec difficulté auront très peu de vigueur, car la sève tendra à dévier sur les deux branches restantes plus fortes que la pre- mière. Il faudra cependant tâcher de conserver et de provoquer le développement de ces pousses; si elles n'ont point surgi, on devra tailler l'année sui- vante la couronne, et l'arbre se trouvera alors formé par deux seules branches-mères, sur lesquelles l'on choisira les branches secondaires qui seront le mieux appropriées pour fermer le vide résultant de celle qui a été amputée, afin de les diriger dans ce sens. On ne doit jamais former l'olivier sur deux seules 278 branches. Si Ton n'a pu s'en empêcher, il ne faudra commencer la taille que lorsque l'arbre sera dans sa quarantième année, en opérant toujours sur la plus grosse branche; mais si la petite était chélive et qu'elle ne donnât pas l'espérance de la voir repren- dre vigueur, même après la suppression de la grosse, il faut alors conserver celle-ci, tailler la petite très ras, et provoquer la sortie de nouveaux jets, ou conserver ceux qui existeraient sur la grosse branche dans la partie lapins rapprochée du tronc. Lorsque ces nou- velles pousses auront assez de force et seront en état de produire, on amputera la branche au-dessus des jets et on formera avec eux la tête de l'arbre qui prendra bientôt un grand développement et ne tar- dera pas à être d'un bon rapport. On agira delà même manière lorsque, par accident ou toute autre cause, l'olivier ne sera formé que d'une seule branche. Le couronnement de deux branches sur quatre , et d'une sur trois, opéré la trentième année après la plantation, il restera à l'arbre deux grosses branches en plein rapport et dont la fécondité sera même augmentée par la suppression de celles que Ton aura couronnées. Au bout de dix ans, les jeunes pousses venues sur ces couronnes, donneront déjà beaucoup de fruit, et alors on couronnera la plus grosse des deux qui avaient été conservées ; l'arbre sera formé ainsi par une branche de quarante ans et deux de dix ans pour ceux à quatre branches, et par une de quarante ans et une autre de dix pour ceux à trois branches-, à cette, époque aussi on couronnera la plus grosse branche de l'olivier qui n'en a que deux. Dix ans après la seconde taille, on couronnera la dernière branche, qui aura alors cinquante ans, ei l'arbre se trouvera totalement rajeuni-. On recommencera la même opération dix ans plus tard sur les premières branches couronnées, et consé- cutivement afin de maintenir toujours l'olivier garni d'unegrande quantité de bois en pleinrapport. Ces mu- tilations, que l'arbre doit forcément subir, nese répé- tant qu a de longs intervalles, ne lui seront pas aussi nuisibles que si elles étaient trop souvent exécutées. On opère la taille des branches-mères en les re- tranchant à une plus ou moins grande distance du tronc de l'arbre : le tronçon qui reste, et que l'on ap- pelle couronne, est destiné à repousser des rejetons, sur lesquels on choisira celui qui sera le plus appro- prié pour la remplacer. Il importe donc de provoquer la sortie de la plus grande quantité possible de jets, afin de pouvoir mieux fixer son choix. On aura à examiner les variétés sur lesquelles on opère; car il y en a dont les yeux ou les bourgeons étant plus sé- parés (Voua par exemple) il pourrait en résulter, — si on laissait trop peu de bois, — qu'il ne se trouvât au- cun œil sur cette partie, et la couronne ne pourrait alors repousser. L'écorce épaisse et raboteuse d'une branche de trente, quarante ou cinquante ans, serait aussi un obstacle à la sortie des jeunes pousses : un raclage qui enlève cette écorce, sans endommager l'épidémie, facilitera l'éclosion ou le développement des bourgeons. Une fois que ceux-ci auront surgi, ce qui arrivera au printemps suivant, on les laissera croître sans les tou- cher pendant la première année; la seconde on les éclaircira, c'est-à-dire qu'on choisira les cinq ou six les mieux disposés, les plus vigoureux, et île préir- 280 rencc les plus rapprochés du tronc, et on supprimera les autres; la troisième seulement, on les émon- dera, et on taillera ceux qui de nouveau auraient poussé sur le bois de la couronne ; la quatrième, on n'en laissera que trois ou quatre, — toujours les mieux placés, — que Ton émondcra; la cinquième, on n' en conservera que deux ; et la sixième année enfin, on choisira celui qui doit remplacer la bran- che-mère, que l'on traitera de la manière qui a été indiquée à l'article émondage : on taillera le chicot ou bois de la couronne qui se trouvera au-dessus de cette jeune branche, afin que la plaie puisse mieux se cicatriser. On peut, dans cette opération, donnera l'arbre plus de branches-mères qu'il n'en avait , si cela est néces- saire ; on conservera alors sur la couronne les deux jets les mieux disposés qui se trouveront les plus éloignés l'un de l'autre et les plus rapprochés du tronc, parce que ceux-ci sont ordinairement les plus vigoureux, les moins sujets à être déchirés par le vent, et ceux qui allèrent le moins la hauteur de la lige de l'arbre. A. mesure que ces jeunes tiges croîtront, il sera peut-être nécessaire de supprimer les branches laté- rales des autres branches-mères qui obstrueraient l'es- pace que les premières doivent occuper, et pourraient s'opposer ainsi à leur bonne direction et à leur déve- loppement. La taille des branches-mères s'opère toujours après que l'arbre a donné la recolle , lorsqu'on n'a plus à craindre les froids rigoureux et avant la reprise de la sève. On a conseillé de l'exécuter lorsque celle-ci a reparu : cette opinion est fondée sur ce que la sève, :>81 — ayant déjà repris son cours, — ne pourra dévier de la branche couronnée, qui repoussera ainsi avec plus de facilité. Si Ton opère sur les plus grosses bran- ches et avec les précautions indiquées, on n'a pas à craindre cette déviation, et on ne s'expose pas à pro- duire les bourrelets et les chancres qui surviennent sur la plaie entre la peau et l'aubier qui, ordinaire- ment, se séparent, lorsqu'on effectue la taille sur un arbre entré en végétation. Dès le mois de février, on pourra procéder à la taille des branches-mères. Avant de l'exécuter, l'ou- vrier aura à examiner la conformation de l'arbre, la direction des canaux de la sève, partant des racines et communiquant avec les branches, et l'état de cel- les-ci : il se conformera en tout aux indications qui ont été données. Lorsqu'il sera bien fixé sur celles qu'il doit couronner, il opérera en laissant un tron- çon ou couronne d'une longueur de quarante centi- mètres pour les variétés dont les yeux sont le mieux espacés, et de vingt-cinq centimètres pour les autres; il taillera en bec de flûte, dirigeant la pente vers le dehors de l'arbre, afin que l'eau ne tombe point sur le tronc à l'intersection des branches, d'où elle ne pourrait s'écouler, et causerait à la longue la carie de la souche ; il laissera la plaie bien unie pour que l'eau ne puisse y séjourner, et ensuite il raclera l'écorce raboteuse de la couronne pour faciliter le développe- ment des bourgeons, et il enlèvera toutes les pousses qui pourraient se trouver sur le tronc et au pied de l'arbre. Les outils nécessaires soit pour la taille des bran- ches-mères, soit pour l'émondage ou l'élagage, sont des haches de toute dimension avec des manches plus 282 ou moins longs, afin qu'on puisse travailler avec faci- lité. Lorsque l'ouvrier monté sur l'arbre doit enlever les rameaux ou brindilles sur les branches secon- daires, obligé souvent de s accrocher d'une main, tan- dis qu'il opère avec l'autre, un instrument pesant le fatiguerait trop; et il le manierait difficilement entre les rameaux, s'il était trop volumineux. Pour les branches secondaires plus grosses que les rameaux et sur lesquelles il travaillera avec plus de facilité, il se servira de haches plus fortes; et pour la taille des branches-mères, il ne pourra Fexécuter qu'avec une hache proportionnée à la grosseur de la branche, sauf à se servir après, pour unir la plaie, d'un instru- ment plus approprié à cette opération : quant aux rameaux, qui se trouvent à l'extrémité des branches et auxquels il n'aura pu aboutir, il les éclaircira du sol même avec une serpe ayant tranchant sur tous les côtés et emmanchée d'une longue perche. Dans l'article sur l'enlèvement de la carie du tronc et des racines, on indiquera les instruments néces- saires à cette opération, ainsi que ceux dont on se sert pour le raclage des souches. On a beaucoup prôné l'usage de la scie pour tailler les branches de l'olivier. Cet instrument fonctionne- rait fort bien sur des branches de six à huit ans; mais sur celles qui ont une certaine grosseur, il se- rait difficile de s'en servir; et l'ouvrier adroit expé- diera beaucoup plus de besogne avec la hache: on ne doit jamais se servir de la première sur les arbres jeunes qui ne seraient pas fortement enracinés. Quelques auteurs recommandent de recouvrir les plaies faites aux arbres avec de l'onguent de Saint- Fiacre ou de la cire à greffer. Celte opération, que je 283 considère comme très avantageuse, me parait impra- ticable sur l'olivier : l'application du premier de ces ingrédients sur les nombreuses plaies, produites par Fémondage, serait impossible; elle pourrait avoir lieu sur les couronnes, mais elle serait trop coûteuse, tant à cause de l'enveloppe et du temps qu'il faudrait em- ployer, (pie parce que l'on devrait y revenir trop sou- vent et pendant long-temps, si on voulait l'appliquer jusqu'à la complète cicatrisation de la plaie. La cire à greffer pourrait bien s'appliquer sur les plaies faites par l'émondage; mais celles-ci étant très nombreuses, il faudrait trop de temps et trop d'ingrédient : l'ap- plication en serait aussi très dispendieuse sur les couronnes, vu que ces plaies ont beaucoup de surface, et qu'il faudrait une très grande quantité de cire; car on devrait répéter cette opération jusqu'à ce que la plaie fût complètement recouverte. Cependant les avantages de préserver du contact de l'air et de la pluie les plaies qui tardent à se cicatriser, sont d'une telle importance, que si l'on pouvait découvrir un ingrédient de facile application et peu coûteux, il ne faudrait pas bésiter à remployer. Le colla déjà es- sayé sur d'autres espèces d'arbres, paraît réunir ces conditions; et son application sur l'olivier pourra peut-être le préserver d'une influence qui lui est si funeste. La taille que je viens de décrire, diffère beaucoup de celle qui est en usage dans le Roussillon. On laisse, il est vrai, aux jeunes plants trois ou quatre bran- dies qui paraissent destinées à former l'arbre; mais par la manière dont on les traite, ce but ne peut être atteint, et alors on est forcé de les tailler partielle- ment avant la dixième année- Cette mutilation pré- 28* cocc empêche la sève tic se dessiner sur le tronc et de prendre une direction fixe : une fois ces bronches amputées, elle se dirigera vers les nouvelles pousses qui peuvent être plus ou moins écartées de sa direc- tion primitive, ou bien elle se portera sur les bran- ches qui n'auront pas été taillées; et, dans ce dernier cas, la couronne de la branche retranchée ne pourra point pousser de nouveaux jets. Ceci explique pour- quoi il existe souvent, sur de jeunes sujets, des chi- cots secs provenant des branches déjà couronnées, et pourquoi l'arbre se trouve réduit à une ou deux branches au lieu des quatre qu'on lui avait laissées. Il est dès lors impossible de donner une belle forme à l'arbre et de le diriger dans le sens qu'on s'était proposé. Plus tard, lorsque les branches qui ont sept ou huit ans produisent une bonne récolte et paraissent épui- sées, on les couronne pour leur faire repousser des jets qui doivent les remplacer. Si on les avait débar- rassées par Témondage du bois qui a porté le fruit , elles auraient repris végétation, se seraient parées de nouveau bois productif; et, l'année suivante, on aurait eu des olives sur des branches de dix ans au lieu d'un jet qui ne produira quà la quatrième année, et ce produit sera encore bien minime comparé à celui qu'on aurait retiré des branches qui compte- raient alors quatorze ans, et qui, dans cet intervalle, auraient donné deux fois du fruit. Ce système est suivi tant que l'arbre est en rapport. La taille consiste donc à couronner les branches dès qu'elles ont porté une bonne récolte; et, comme elles ne se trouvent dans ce cas que lorsqu'elles ont sept ou huit ans, c'est ordinairement à cet «âge qu'on les soumet à 285 cette opération. On la retarde de quelque temps, si elles n'ont pas donné du fruit par l'effet de la tempé- rature ou toute autre cause; mais rarement, parce qu'on les considère déjà comme trop vieilles. En opérant ainsi, il ne peut y avoir de branches-mères sur l'arbre : les branches à fruit partant du tronc, la quantité de bois productif sera bien petite, comparée à celle qui garnit l'arbre formé par des branches- mères auxquelles on aura donné le temps de prendre un grand développement. Pour se procurer plus de bois à fruit, on laisse sur chaque couronne un plus ou moins grand nombre de jets, qu'on élague au lieu de les émonder; mais ces jets tendent à se dévelop- per, et ils ne seront aptes à la production qu'à leur quatrième ou cinquième année. Ces jets sont de nou- veau taillés au bout de huit ans, les uns plus tôt que les autres; mais on leur laisse des tronçons dans l'es- poir de les voir repousser. Ces nombreuses couronnes se nuisent mutuellement; les plus fortes et celles qui reçoivent la sève plus directemeut seront les seules qui repousseront; les autres, restées sans vie, produi- ront sur la tête de l'arbre une grande quantité de bois sec qui, à la lougue, provoquera la décomposi- tion du tronc. ^ La sève, par les retranchements successifs de ces branches, est forcée de se porter tantôt d'un côté, tantôt de l'autre; elle ne peut prendre une direction uniforme ni se partager en trois ou quatre canaux, dont il lui serait difficile de dévier, si l'amputation n'était opérée qu'à de longs intervalles et sur des branches assez fories pour attirer à elles toute la par- tic de la sève qui leur est dévolue. Au lieu de se ra- mifier sur les branches-mères (qui n'existent pas) pour 28G porierla vie aux branches secondaires et aux rameaux, elle est obligée de se diviser en petits cauaux sur le tronc même de l'arbre ; elle est forcée de les abandon- ner tour a tour par la taille successive des branches; et le bois qui leur est adhérent se sèche, se décompose et contribue ainsi à la mortalité prématurée de l'arbre. Cette taille, mal comprise et inopportunément exé- cutée, est cause que l'olivier n'a jamais pu se parer de tout le branchage qu'il aurait pu et dû nourrir. 11 ne pourra donner que deux récoltes dans l'espace de huit ou neuf ans, puisqu'on taille toutes ses bran- ches sitôt qu'elles arrivent à cet âge. Sur un bois si jeune, les récoltes seront même très chanceuses et peu abondantes, tandis que sur l'olivier formé par des branches de dix à cinquante ans, ayant chacune plus deboisàfruitqu'ilnepeutyen avoir sur la totalité de l'arbre taillé par l'autre système, ce bois, déjaaoûlé, la sève qui lui est transmise ne peut avoir d'autre desti- nation que la production du fruit ; les récoltes , (à part les influences atmosphériques) seront certai- nes tous les deux ans et très abondantes. Je crois être au-dessous de la vérité, lorsque j'ai avancé que l'adop- tion de cette manière de tailler doublerait la récolle de l'huile dans le département. ^ La quantité de bois sec, résultant de ces mutilations répétées, est la cause principale de la carie, qui du tronc descend jusqu'aux racines. L'arbre devient alors maladif; l'intérieur se décompose: il devient inca- pable de supporter un fort branchage, et par consé- quent les recolles diminuent; creux, décharné, il tombe en décrépitude avant l'âge, et meurt avec le regret (l'on pourrait dire) de n'avoir pu atteindre le but auquel il était destiné. 287 Pour justifier l'utilité de cette taille, dont les résul- tats sont si funestes à l'arbre et contraires à l'intérêt du propriétaire, on s'étaye du proverbe qui fait dire à l'olivier: Déshabille - moi , je t'habillerai. L'oli- vier épuisé par une forte récolte, paraît demander en effet qu'on le déshabille, c'est-à-dire qu'on lui enlève tous ses rameaux qui ont porté fruit, dont la plupart sèchent, ne sont plus aptes h produire, et sont un obstacle à la sortie du nouveau bois produc- tif; il doit donc en être dépouillé par un émonda^e énergique. Mais si l'on taille les branches qui por- tent ces rameaux, l'arbre devra, avant de nous habil- ler, s'habiller lui-même; il devra d'abord se parer de branches sur lesquelles surgiront plus tard les ra- meaux à fruit : on le rend donc pendant un certain temps inutile et incapable de donner des récoltes abondantes, puisqu'on l'empêche de se développer, et on abrège son existence dont on n'a pas assez ap- précié toute l'importance. Qu'on le déshabille donc, mais sans le priver de ses branches, — qui sont ses bras, — avec lesquels il peut nous habiller. Il sera fort difficile de diriger, d'après les principes émis, ces oliviers mutilés, remplis de chicots, n'ayant que de jeunes branches partant du tronc et mal dis- posées. Ce ne sera qu'avec le temps que l'on pourra y parvenir, en choisissant les jets les mieux placés et en provoquant la sortie d'autres pousses sur les endroits qui en seraient dépourvus. On commencera donc par enlever tous les chicots secs en les ravalant ras du tronc; on supprimera tous les jets qui se trouve- raient dans la partie qui ne doit pas être occupée par les branches-mères; afin d'imprimer plus de vigueur a ceux qu'on destine à former celles-ci, on en laissera 288 trois ou quatre à chaque branche-mère, que l'on trai- tera comme il a été dit pour les jets sortant des couronnes; et, la cinquième année, on formera les branches-mères avec ceux qui seront les mieux ap- propriés, en supprimant tous les autres. Si le tronc se trouve garni de jeunes branches sur lesquelles on puisse en choisir trois ou quatre, on taillera les autres et on traitera les premières d'après les règles émises. Il ne faut pas seulement avoir égard à la forme à donner à l'arbre pour le choix des branches; il faut aussi consulter la direction de la sève, car sur ces arbres mal taillés les canaux conducteurs se trouveront bien souvent en dehors de la direction des branches que Ton devrait conserver; et alors celles-ci ne se développeront pas avec la même vigueur et la mê- me rapidité que si la sève leur arrivait directement. Il faudra donc former les branches sur la partie du tronc où aboutissent les canaux de la sève; néan- moins, si cette direction s'opposait trop à la confor- mation de l'arbre telle qu'elle a été décrite, on choi- sirait sur les jets les moins écartés de ces canaux, ceux qui rempliraient le mieux cette condition. Pour ne pas se priver totalement du produit de l'arbre, on lui conservera les deux plus grosses bran- ches quand même elles ne se trouveraient pas à la place que doivent occuper les branches-mères; on les émondera, et lorsque les jeunes branches, que l'on aura choisies, auront acquis assez de développement pour donner du fruit, autant au moins que les deux qu'on aura conservées, on taillera celles-ci et Ton aura alors un arbre bien conformé. Cette manière de traiter ces oliviers, pour les rame- 289 ner à la forme qu'ils doivent avoir, ne peut s'effec- tuer que sur des troncs encore sains ou ayant au moins assez de consistance pour pouvoir porter un fort branchage. Mais si on avait à traiter de vieux troncs décharnés tenant à peine aux racines par quel- ques fibres ou lambeaux, il vaudrait mieux les re- ceper ras de terre, afin de les forcer à pousser des re- jetons dont la vente donnerait plus.de profit que les récoltes d'huile fournies par ces arbres incapables de supporter des branches de plus de sept ou huit ans, et qui ne pourraient jamais produire plus d'olives qu'un jeune sujet de cet âge. Il faut donc abandon- ner ces arbres, et les remplacer par de nouveaux plants qui ne tarderont pas à donner autant de fruit qu'eux. L'enlèvement de la carie du tronc et des racines, afin de maintenir l'olivier dans un étal sain et le préserver d'une destruction prématuréect inévitable, fera l'objet d'un autre article. RECHERCHES HISTORIQUES SUEL L'/JLTOIEITITE EXPLOITATION Par II. llorer, archiviste pour tous les autres métaux, le '/,,.. Dans une autre concession accordée par le procureur-royal en 144î , il est dit que le concessionnaire devra donner pour l'or le '/., pour l'argent le l/B, pour les aiitres métaux le •/„. La part du roi varie encore dans des concessions de 1439 et 1445. Quelquefois la convention disait que des marques anciennes de fouilles existaient déjà sur le terrain concédé; alors, et pour ces mines qui avaient été déjà exploitées, la part appartenant au roi était plus forte que pour celles dont la décou- verte était due au concessionnaire lui-même. (Con- cession de 1435.) Celui qui, en cherchant les mines, trouvait des tré- sors ou des objets précieux cachés dans la terre, devait en donner la moitié an roi. (Concession de (1439). Un siècle après , dans une concession générale de chercher les mines dans les territoires d'Ille cl de Corbère, ci qui porie la date de 1561 . \r concession. 296 naire dcvaitdonner le '/4 pour les mines d'or, le 7ioPom les mines d'argent, et pour les autres métaux le Vis- La provision de 1427 n'avait donc pas établi une rèsle fixe et invariable: elle était modifiée selon les circonstances: c'était toujours le même principe que la redevance à donner au roi était en proportion de la valeur du métal; mais on voulait, sans doute , tenir compte des difficultés plus ou moins grandes dans l'exploitation. Il serait inutile denumérer une à une toutes les autorisations générales accordées par les rois ou les procureurs-royaux. En examinant nos vieux registres, j'ai pu retrouver à diverses dates, et sous les règnes qui se sontsuccédés, plus de quarante de ces conces- sions. Par ces actes, le roi n'accordait, au fond, qu'un droit de recherche, et ils sont conçus en des termes tels qu'ils ne peuvent nous apprendre quel est l'en- droit précis où une mine a été découverte : mais ils nous aident à connaître nos principaux gîtes métal- liques-, et cette ardeur, celle succession dans lesfouil- les, prouvent que celles-ci n'étaient pas toujours infructueuses. Si, après le xve siècle, on cessa pendant quelque temps de chercher sur noire sol for, l'argent et plu- sieurs autres métaux, l'exploitation du fer, le plus utile de tous, n'y fut jamais interrompue. Il existe, à la date de l'année 1329, un règlement particulier sur les mines de fer. Ce minerai, d'une extraction assez, facile et très-abondant, exigeait des débouchés bien plus larges que la simple consommation d'un comté qui se trouvait placé à l'extrémité du royaume. Nos anciens rois d'Aragon en avaient permis l'exportation en France: c'était même pour eux une source de 297 revenus; car chaque charge de minerai qui sortait des terres du roi payait un droit de leude, appelé droitde latraitcdela mine de fer. Ce droit, qui était dedouze deniers par charge , c'est-à-dire pour un poids de \ 26kilog. porté ordinairement par une bêle de somme, était affermé au profil du patrimoine royal. I! résulte d'un bail à ferme de l'année 13G0, qu'il rapportait àcette époque, pour les minesde fer du Gonflent, deux cents livres de Barcelone; en 1370, il rapportait trois cents livres; mais ce prixalla successivement en diminuant, et, en 1630, il ne rapportait plus que dix livres. La cause de cette diminution successive provenait de ce que, à la suite des guerres, le commerce était devenu moins florissant , et aussi de ce qu'il s'était glissédes abus dans la perception. Il arrivaitque, com- me le droit de la traite de fer était payé par charge et seulement pour le minerai qui sortait du royaume, les conducteur;» (ïraginers) trompaient, soit sur la quantité du minerai exporté par un surcroît de surcharge, soit sur le lieu de destination, en alléguant que ce minerai devait servir pour des forges situées dans les terres du roi d'Aragon, lorsqu'il était réelle- ment, et par fraude, exporté en France. Le procu- reur royal fut obligé de prendre, à ce sujet, tics me- sures de précaution. En 1426, le roi Alphonse rendit aussi une ordonnance à l'effet de protéger les person- nes et les chevaux ou bêles de somme qui transpor- taient le minerai de fer de la vallée de Sahorre. On voil par cedocumentque les individusquise livraient à ce trafic éprouvaient à Villefranche- en- Confient toutes sortes de vexations: le roi les fait cesser, cl il étend sa protection sur les Français qui venaient con- tinuellement y chercher du minerai. 298 Mais ce n'était point seulement le minerai qui était exporté à l'étranger; on exportait aussi, surtout en France, une grande quantité de fer : il ne faut pas oublier qu'à l'époque dont nous parlons, le Roussillon ne faisait pas partie de ce royaume. Cette exportation avait lieu ordinairement par Collioure : le fer payait un droit de sortie qui était versé dans le trésor public. En \ 580, comme de nos jours, l'esprit de lucre fai- sait naître des abus qu'il fallait réprimer. Pour éviter le paiement de ces droits, on simulait quelquefois une exportation par mer en Catalogne, et bientôt après les fers étaient chargés sur des navires français qui les attendaient. Dans d'autres occasions, le fer, au lieu d'être porté chez des nations étrangères, mais chrétiennes , ce qui était permis, était transporté chez les infidèles et chez les ennemis de la sainte foi catholique : c'est ainsi que s'exprime, dans un acte, le procureur-royal, et il ajoutait: porter du fer aux infidèles, c'est leur fournir la matière pour fabriquer des armes qui peuvent servir contre nous. On prit donc diverses mesures pour réprimer la fraude; mais ces mesures devaient être souvent éludées, car il existe, pour les empêcher, de nouvelles publications ou défenses qui furent faites en 1583. Ce fait constant de l'exportation en France du fer ou du minerai de fer toujours permise, sauf les cas de guerre entre les deux puissances, mérite d'être signalé. Dans ses dernières sessions, le Conseil-Général du département s'est occupé de la question de savoir s'il était convenable de permettre l'exportation du minerai de fer en Espagne. Celte question a été résolue d'une manière affirmative, parce que l'on s'est basé sur les richesses presque inépuisables de ces 299 mines, et sur les ressources que l 'exportation offrait aux classes pauvres. 11 ne faut pas cependant dis- simuler qu'une telle décision avait trouvé de l'op- position chez quelques membres, qui faisaient valoir le déboisement aujourd'hui si grand de nos montagnes, et la difficulté de s'approvisionner de charbon pour nos propres forges, si, par l'exportation du minerai, il était facile de construire des forges rivales de l'au- tre côté des Pyrénées. La faculté de porter en France du minerai de fer, sans payer les droits, était quelquefois une récom- pense accordée par le souverain à un individu pour reconnaître ses services. C'est ainsi qu'en 1358, le roi Pierre permit à un ancien serviteur de porter, tous les jours, en France, libres de tous droits, deux charges de minerai de fer de ses mines du Confient. ÇMincriis nostris in terris confluai tisj . La plus grande partie des mines de fer du Roussil- lon appartenaient au domaine royal, et elles étaient généralement inféodées à divers particuliers, moyen- nant une faible redevance. Ainsi, nous trouvons en 1517 une concession d'une mine de fer, au territoire de La Bastide, montagne de Bâtera, moyennant une censive ou redevance de vingt-deux sous, et le droit de foriscape toutes les fois que la mine sera vendue ou engagée. En 1519, autre concession d'une mine de fer dans le territoire de Sahorre, aux confins du terroir de Vernet, aux mêmes conditions. En 1521 , autre concession d'une mine de fera la montagne de Bâtera, territoire de Corsavi , aux mê- mes conditions. En 1528, 1530, autres concessions d'une mine dt 300 fer à Ja montagne de Bâtera, territoire de Corsavi, aux mêmes conditions. En 1533, autre concession d'une mine de fer à la montagne de Bclvcr, en Ccrdagne, aux mêmes con- ditions. En 1535, autre concession des mines de Caparros, territoire de Allô, en Cerdagne, sous la réserve d'un douzième dans le produit. En 1 536, concession à Galcerand de Castro y de Pinos et autres de toutes les mines d'or, d'argent, de cuivre, d'étain, de plomb, de fer et autres métaux qui sont ou se trouveront au territoire d'Escaro , avec pacte de payer au roi, pour les mines d'or, le 75, pour les mines d'argent, le l/i0, pour les autres métaux, le '/ïs> Ie tout franc et libre de tous frais. Le concessionnaire était en outre obligé de payer trente sous de censive ou rente annuelle pour chaque mine de fer qu'il exploitera. En 1 544, concession d'une mine de fer dite la Boca JSegra, au territoire de Corsavi, montagne de Bâtera, moyennant une censive de vingt-deux sous. En 1550, autre inféodation d'une mine de fer dans le territoire de Sautô et Felges, sous la même re- devance. En 1551, autre concession d'une mine de fer dite lo Marier de la Turre, territoire de Corsavi, montagne de Bâtera, sous la même redevance. En 1587, le procureur-royal demande à un individu qui se dit propriétaire d'une mine située à Bâtera, dite lo Marier den Joffrc, de présenter ses titres dans un délai déterminé, ou à défaut, celte mine sera inféodée à un autre. Dans un acte postérieur, il est question d'une mine 301 de for, située au territoire de Kcyncs, au lion dit lo Torrent de la Aguda, près de la rivière de la Tet et aux confins du territoire de Palalda. Le concessionnaire devait payer un droit d'entrée de six livres elle '/,„ du minerai extrait, quitte de tous frais. Tous les litres que je viens de citer appartiennent au xvie siècle ; ils contiennent, de véritables conces- sions dont le but est l'exploitation du fer: il n'y a que le litre de 1536 qui rentre dans la catégorie de ces concessions générales" dont nous avons déjà parlé. J'ai reproduit, tellcsqu'ellesse trouvent dans le texte même que j'ai eu sous les yeux, les indications des lieux où étaient situées ces mines: il est fâcheux que quelquefois elles nesoienl pas pi us précises; mais elles peuvent, au besoin, fournir des indications utiles Dans les commencements du xvne siècle, le désir de chercher dans noire province, non seulement le fer, mais l'or, l'argent, le cuivre, letain, etc., semble de nouveau se réveiller. Ainsi nous trouvons de nouvel- les concessions générales qui ont pour but la recher- che de ces divers métaux ; elles sont des années 1 G I 3, 101 G, 1618, 1626, 1629, 1630, 1631, 1634. Ordinairement, c'étaient des particuliers ou des coin pagnies qui demandaient des autorisations; mais cet esprit d'aventureuse découverte avait aussi pénétré dans les monastères : ainsi, en 1626, l'abbé de Saint- Martin-de-Canigou demande l'autorisation de cher- cher toules les mines qui peuvent se trouver dans le Confient et le Capcir. On ne se bornait pas à vouloir trouver de l'or dans le sein des montagnes; nos rivières étaient aussi réputées aurifères. Il existe dans les archives plusieurs litres qui servent à le confirmer. M-2 En 1603,1c procureur-royal du Roussillon accorde à un individu de Fourques, qui prend le titre d'oren- gucr (ou orpailleur), le droit de chercher l'or qui se trouve dans les sables des rivières ou torrents du Rous- sillon. — En 1G13, une pareille concession est faite par le procureur-royal à un individu de Mirepoix, à l'effet de rechercher les paillettes d'or ou d'argent qui se trouvent dans les sables de la rivière de la Tet : cette concession n'est accordée que pour l'espace de deux mois. — En 1622, nous avons encore vu une autre concession pour ramasser l'or qui se trouve dans les sables des rivières de la Tet et du Tech: cette concession était faite pour l'espace de quatre mois. Du reste, on ne donne pas dans ces titres l'indication du point où se faisaient ces recherches; elles s'éten- daient sur tout le parcours des rivières. Le titre de 1622 fait connaître la part qui revenait au roi: c'était le -7s, quille de tous frais. Il a été fait mention jusqu'ici des mines du Rous- sillon à l'époque où cette province se trouvait encore sous la domination des rois d'Aragon ou des rois d'Es- pagne. Pour compléter le plan que nous nous som- mes proposé, nous devons faire connaître les nou- velles recherches qui ont été tentées pendant le premier siècle, après que le Roussillon fut devenu partie intégrante delà France. Un examen minutieux, parmi les papiers des archives de l'intendance , nous a permis de réunir quelques notes et quelques ren- seignements qui méritent d'être signalés. 11 paraît que, dès le commencement de la conquête, on ne s'est pas beaucoup occupé des mines du Rous- sillon; nous avons remarqué seulement, en 1664, un acte par lequel le fermier des domaines du roi, dans 303 cette province, afferme à un individu de Perpignan, moyennant une redevance annuelle, une mine de vernis ''sic) située au territoire de Montbolô; mais cet acte n'explique point l'endroit précis où se trou- vait la mine. Nous avons vu aussi en 1667 une conces- sion générale accordée par le procureur-royal du Roussillon, à l'effet de rechercher les mines de divers métaux que renferment nos montagnes ; toutefois, un peu plus tard, ces recherches reprirent une nouvelle impulsion. Le duc d'Orléans, régent du royaume, pendant la minorité de Louis xv, avait ordonné à tous les inten- dants des provinces de lui rendre compte des mines et minières qui pourraient se trouver dans leurs départements, et d'en envoyer des échantillons à Paris. Le gouvernement savait, comme le dit quel- ques années après le jeune roi dans un édit de 1722, que «Les mines et minières seront un des plus riches objets que nous puissions avoir dans notre royaume , si nous pouvons parvenir à les mettre en valeur ; ce qui procurerait l'abondance à nos sujets en leur don- nant en même temps de l'occupation, et rendrait le commerce de notreétat plus florissant en y multipliant les matières précieuses qui en font tout le mobile. » Ce sont là les termes du préambule de l'édit. Dès l'année 1717, par suite des ordres qui avaient été donnés, l'intendant du Koussillon se livra à des recherches, et envoya à Paris divers échantillons qui avaient été découverts. Le nommé Vilaroja, qui paraissait, expert en cette partie, fut un des hommes principalement chargés de suivre ces travaux. Nous n'avons point les documents officiels; mais il résulte de diverses notes que Vilaroja avait principalement 304 désigné les mines ci-après. Je copie textuellement ces indications. a Al clôt d'Estavcll au-dessus de lamine dcl Couchars, au bord d'une fontaine nommée la Font de la Jasse, se trouve un marquessite tenant du cuivre et étain. On trouve à las Portclles du Canigou une mine qui tient aussi du cuivre et à laquelle ou croit de l'or. — Plus, il a été indiqué au dit Vilaroja les mines ci- après où il doit se transporter : « Al Colldc la Gallina, il y a une matière que l'on croit étain et plomb. — Al coll de la Régine, à une lieue de Prats-de-Mollo, une mine de cuivre où Ton croit aussi de l'or. — Près de la Farguc nova, à une lieue de Prats-de-Mollô, il y a un endroit où l'on as- sure y avoir de for. — A la Prcsigoulc, près la rivière du même nom, une mine que Ton dit être d'argent. — Au terroir d'Estoher, proche les Courtalets, i\y a la même matière, à fleur de terre que celle qui se trouve ci-dessus au coll de la Gallina, — Au terroir de Coustouges, à l'endroit nommé lo Mas den Colomcr , il y a une mine où Ton a travaillé, du temps de M. d'Albaret, de matière de cuivre — Au terroir de Serralongue, à la partie nommée Forncils, il y a aussi une mine de cuivre. » Voilà bien des indications : toutes peuvent ne pas être exactes; mais je les fais connaître parce qu'elles pourront peut-être fournir un jour quelques jalons pour de nouvelles recherches. A la même époque, nous voyons aussi mentionnés les marbres de Tautavel : l'intendant écrit qu'il y en a de diverses couleurs et qu'il attend^ un marbriei établi à Illepour faire des fouilles. II devait y avoir à [lie et à Boule des carrières dé matbre en exploitation 305 car plus tard, en 1741, lorsqu'il fut question de re- faire le marche-pied de l'autel dans l'église de la citadelle de Perpignan, l'intendant écrit au ministre, et lui demande l'autorisation de se servir de préfé- rence du marbre de ces carrières. En 1717, l'intendant parle aussi de pierres de diversescouleurs qu'on trouve près de la chapelle de Saint-Vincent, territoire de Reynès ; il ajoute qu'il existe sur le même point et à un demi quart de lieue, au sommet d'une hauteur, une veine de pierre cristal- line tirant sur la couleur de la topaze. 11 ne s'explique pas surla nature de ces pierres, mais il annonce qu'il en envoie des échantillons à Paris. Il envoie aussi divers échantillons de talc (servant à la fabrication de la porcelaine), qu'on trouve sut- divers points et notamment à Millas sur un coteau planté en vignes, et dans les montagnes de Caixas, Saint- Martin et Lansac. Il est encore fait mention de la mine de charbon de terre trouvée à Tuchan. Ce charbon servit à faire cuire les briques, pendant que l'on travaillait, sous Louis XIV, aux fortifications de Perpignan. L'inten- dant du Roussillon , de concert avec le lieutenant provincial de l'artillerie à Perpignan, devaient exa- miner si l'on ne pourrait pas faire usage de ce char- bon à la fonderie de cette ville. Nous ignorons quel fut le résultat de cet essai fait en 1717. A cette même époque, on n'avait pas encore re- noncé à trouver des mines d'or dans leP»oussillon: nous avons eu sous les yeux la demande faite au gouver- nement par un individu afin d'exploiter une de ces mines; il n'indique pas où elle se trouve, et rien ne fait connaître qu'il ait été donné suiie à la demande. 20 306 La fabrication de nos fers inspirait surtout un grand intérêt; mais on ignorait encore généralement de quelle manière étaient organisées nos forges à la catalane. En 171 8, le régent, dans une lettre adressée à M. d'Andrezel, intendant du Roussillon, lui disait: « Je vous envoie, monsieur, un nouveau mémoire de l'Académie des sciences sur lequel vous me ferez plaisir de m'envoyer vos réponses le plus tôt qu'il vous sera possible. » Parmi les questions posées dans ce mémoire, nous lisons ce qui suit : Mêle-t-on aucun fondant avec la mine lorsqu'on la jette dans le four- neau de fusion? Envoyez-nous un dessin du four où Ton fait cuire la mine avec des coupes pour représen- ter la manière dont elle y est arrangée, etc. Du reste toutes ces questions prouvent combien nos fers, traités par notre mode particulier, étaient déjà appréciés. Pendant toute cette période de temps, les esprits étaient de nouveau tournés vers des spéculations. On parlait beaucoup des mines du Roussillon , de leur importance, de leur richesse. Il paraît qu'un abbé nommé Raguet vint de Paris dans cette province pour les explorer par lui-même. Dans un document non signé qui se trouve aux archives, mais qui dans une note à la marge porte son nom et la date de 1 723, cet abbé, après avoir dit quelques mots des ancien- nes exploitations, fait connaître, d'une manière bien sommaire, il est vrai, ses nouvelles découvertes. Il signale surtout la mine den Bcniadclls qu'il a visitée et qui se trouve peu éloignée du coll d'Ares: « C'est, dit-il, le plus magnifique souterrain qu'il y ait peut-être au monde, et la plus ancienne des mines connues. Il est creusé à coups de ciseaux dans deux ou trois montagnes, cl divisé en un million de routes 307 sans aucune symétrie, les ouvriers ayant simplement suivi les tranches des veines métalliques. On n'y en- tre point par la vraie entrée que j'ai trouvée bouchée par un grand nombre tic décombres, après avoir mar- ché dansce labyrinthe obscur pendant, trois ou quatre heures. » — Cet explorateur n'eut pas le temps de bien examiner; mais il croit que c'est une mine d'ar- gent, et il conseille de continuer les travaux au point où les ont laissés les anciens. Il fait aussi mention d'une mine d'argent qui se trouve dans un roc qu'embrasse le ruisseau de Montlh qui descend de VEstagnol à Montferrer : ce roc est vis-à-vis la maison appelée de Fargas. Il cite encore une mine d'argent dans la Se?'ra de Bassaguda, à qua- tre heures du chemin de Saint-Laurent-de-Cerdans, dont j'ai vu, dit-il, plus de quarante quintaux de ma- tière tirée; — il parle d'une autre mine d'argent sur le Canigoudu côlé de îîallestavy où l'on entre comme dans un puits; — il cite aussi une mine d'or à la Jassc des Agnels\ — il pense qu'au village de Nyer et aux envi- rons il y a des mines d'argent, et il ajoute : il faut visi- ter dans cette contrée le Pla de Gantas qui est entre Nyer et Escaro; vous y verrez des merveilles minérales de toute sorte ; — il cite encore une mine de mercure au Puig de Trillas sur le chemin de Céret à Reynès. Tels sont les renseignements qu'il nous donne : nous les avons reproduits exactement. Ces indica- tions, ajoutées à ce que Ton connaissait déjà, et ap- préciées à une longue distance, enflammèrent les ima- ginations, et contribuèrent, sans doute, pour beau- coup, à la formation d'une compagnie royale, dont le but était l'exploitation des mines des Pyrénées et notamment du Houssillon. Cette société fut en effet :{0.s organisée en 1731. Le siège principal de rétablisse- ment était à la Preste. On fit de très grandes dépen- ses : une fonderie fut établie sur les lieux mêmes. Plusieurs mines furent ouvertes sur le territoire de la Preste et de Prats-de Mollo. On exploitait prin- cipalement une mine de cuivre appelée de Saint- Louis-, une mine d'argent appelée de Sainte-Barbe, et une autre de plomb qui se trouvait près du village de LaManère. On avait cru, dans les commencements, à de grands succès; l'entreprise était jugée très avanta- geuse, etpourla provinceelle-mêmeet pour les entre- preneurs; mais on ne dut pas larder à revenir de ces premières idées. Nous avons lu une lettre où le duc de INoailles, écrivant à l'intendant, lui disait : « Cette entreprise a eu jusqu'à présent le même sort que la plupart de celles de cette espèce, c'est-à-dire que tout s'en est allé enfumée». Les travaux furent con- tinués pendant quelques années; mais des procès survinrent, et ils furent, en 1737, totalement inter- rompus.— Depuis lors, ils n'ont jamais été repris. Dans cet exposé de nos anciennes mines du lîous- sillon, j'ai désiré, en fixant votre attention sur cet objet si important, fournir quelques indications ou- bliées avec le temps et qu'il est nécessaire de rappe- ler; car il ne faut pas aujourd'hui perdre de vue qu'à une époque prochaine où la vapeur va transformer notre pays, de nouvelles entreprises concernant l'exploitation de nos mines pourront se former. 11 esta espérer que mieux dirigées qu'en 1731 , on saura se garantir de ces folles spéculations qui font périr, dès le principe, une œuvre utile en absorbant la plus grande partie du capital dans les premiers frais d'éta- blissement et dans une organisation trop luxueuse. RECHERCHE DE LÀ HOUILLE BANS LE DÉPARTEMENT DES PYRÉNÉES- ORIENTALES, Par M. Vftus Falip, géomètre. L'on a remarqué, par la couverture terreuse et pierreuse, ainsi que par les détails de couches qui cou- vrent la houille dans plusieurs pays, que tous les lits ou les hancs, au-dessus ou au-dessous desquels elle est placée, ne présentent absolument aucun ordre dans leur arrangement, de façon que le charbon peut indistinctement se trouver et se trouve réellement sur toute espèce de couches : celte irrégularité dans ce mélange de matières, est confirmé par leslilholo- gisles de différents pays. Quelques substances ont cela de particulier, quel- les semblent se rencontrer partout où il y a du char- bon de terre: elles se trouvent même le plus ordi- nairement sur la tête de ses veines, et servent d'indice de son voisinage. M. Moran a dit , dans son ouvrage sur l'art d'exploi- ter les mines: «Quelque part que se trouve le schiste, surtout celui qui lientde la nature de l'ardoise, ou qui en constitue une véritable, il est toujours plus ou moins bitumineux ; l'espèce d'affinité qui s'entrevoit d'abord entre le schiste et le charbon de terre, cesse 310 d'être conjecture, en faisant attention que les natura- listes, ainsi que tous les houilleurs, regardent pres- que unanimement ces schistes comme des avertisse- ments du voisinage du charbon de terre. » Au sud du village de Camélas, canton de Thuir, département des Pyrénées-Orientales, Ton remarque un plateau très élevequi domine le village; ce plateau, sur lequel on a bâti une chapelle dédiée à Saint- Martin , est formé par= un amas de roches calcaires stratiformes, de seconde formation, sur lesquelles on observe un dépôt coquillier incrusté dans le roc, comme pour faire mémoire à nos géognostes du séjour de l'Océan sur nos montagnes. * Là partie culminante de ce monticule, présente, du côté nord et dé l'est, l'aspect d'un mur circulaire, qui' aurait été formé avec d^énormes blocs de ro- ches superposées presque dans le sens vertical ; tan- dis que la partie, située a l'ouest et au sud , est rattachée par deux crêtes de montagnes', qui s'éloi- gnent presque à angle droit. A cent mètres à l'est de la limite du plateau , là où commence la terre végétale , sur une pente rapide, l'on observe une ligne courbe, se dirigeant du sud au nord et à l'ouest, formée par des roches calcaires et des schistes, qui contourne presque parallèlement la partie culminante du plateau. Sur cette courbe, on aperçoit, de distance en distance, une terre noire, argileuse, feuilletée, qui se trouve placée en veine étroite, entre les parois des roches; et tout atiprès de cette ligne, le sol cultivé présente une 1 L'élévation du plateau de Saint-Martin est de 514 mètres au-dessus des eaux moyennes de la Méditerranée. 311 teinte noire semblable à un terrain que Ton aurait couvert dune poussière de charbon. La teinte noire qui colore le sol, suit la direction de l'ouest à Test. Dans cette direction, l'on rencontre à fleur de terre, un bloc d'anthracite au centre d'une roche schisteuse: cet anthracite s'enfonce diagonalc- ment du nord au sud; il est combustible et se réduit en cendres. Nous avons dit que le plateau de Saint-Martin- de-Camélas, point supérieur de la montagne qui do- mine le village, s'abaissait toul-à-coup sur un plan presque vertical. Ce plateau a pour base des schistes feuilletés, séparés par des roches métamorphiques, tels que les quartzites-, à l'aspect de ce monticule, l'idée se reporte aux temps primitifs, puis à la formation secondaire stratiforme, ainsi qu'à la forte commotion volcanique, laquelle paraît avoir entraîné et rehaussé les couches supérieures, pour former un vallon étroit qui s'abaisse et se rétrécit vers la plaine, ayant pour limite deux torrents qui se joignent à quelque dis- tance de Camélas et de Castelnau. Le sol inférieur au plateau, où l'on remarque le mélange de l'argile noire feuilletée, les schistes ardoi- sés qui servent de base aux roches calcaires stralifor- mes, l'anthracite qui apparaît à la surface du sol, et les filons de quartz nous ayant démontré la possibilité de rencontrer de la houille, nous avons créé une société qui a fait des recherches depuis le mois de mai 1846 jusqu'en novembre de la même année, en approfondissant une surface de deux mètres cinquante centimètres en carré, sur une profondeur de trente deux mètres. Les couches traversées ont donné les résultats suivants : M2 A un mètre trente centimètres, nous avons ren- contré la fin de la terre végétale et le commence- ment d'une terre argileuse : 1m 60e L'argile délavée et le sable; 4 00 Le calcaire schisteux ; 6 00 Le schiste dur-, 7 00 Le schiste siliceux micacé avec filons de quartz; 1 1 20 Le schiste très dur mélangé avec le mica incliné de l'est à l'ouest; 14 00 Le schiste très dur, le schiste vitrifié, posé dans le sens vertical. 14 60 Le calcaire et le schiste; 15 00 Le calcaire feuilleté; 15 50 Le quartz micacé très blanc ; 15 75 Le calcaire marneux ; 16 40 La terre marneuse, noire et grasse, mé- langée avec des galets isolés en grès calcaires micacés : ces matières se pro- duisent jusqu'à la profondeur de trente deux mètres. A l'époque où l'approfondissement était parvenu à trente deux mètres, les travaux furent visités par l'Ingénieur des mines attaché au département. Après qu'il eut constaté la bonne confection des travaux, il examina attentivement les malériauxainsi que la terre marneuse que couvraient les schistes, et il assura que cette dernière couche indiquait le terrain carbo- nifère. Il est à observer, qu'à la profondeur de vingt-cinq mètres, lorsque l'on commençait les travaux jour- naliers par l'épuisement des eaux qui filtraient dans le puits, on remarquait sur la superficie du liquide 313 une matière huileuse d'une épaisseur de dix cen- timètres qui surnageait au-dessus de l'eau. Quelques jours après la visite de l'Ingénieur des mines, un événement malheureux, produit par un orage, auquel on ne put s'opposer parce que le chantier avait été abandonné pendant les fêtes de la Toussaint, renversa tout-à-coup Fespoir d'arriver à un prompt résultat: un courant s'étant formé sur la partie culminante de la montagne, se dirigea vers le puits, avec une intensité telle, qu'il renversa la barrière pratiquée autour du puits et le combla d'eau et de matières. Il résulta de cette inondation prompte et imprévue, que les terres marneuses se délayèrent, que la charpente apposée contre les parois du puits céda et que des éboulemcnts par- tiels eurent lieu sur quelques points : celle cause provoqua un certain découragement sur quelques actionnaires et les travaux furent abandonnés. La richesse des trésors métallurgiques que l'on extrait des flancs du Canigou, montant par année à vingt-six mille quintaux métriques de fer, est telle, que si l'on considère l'avantage qu'on pourrait obtenir, en confectionnant une grande quantité de ce mêlai à l'aide des hauts fourneaux; les nom- breuses améliorations que celte découverte aurait pu apporter pour obtenir d'autres produits; l'éco- nomie qui serait résultée pour les arts du dépar- tement ainsi que pour le chauffage des classes pau- vres; l'exploitation du gypse, de la chaux et de la fonte du fer, que l'on pourrait pratiquer sur les lieux, on regrette vivement l'abandon des travaux, dont les recherches paraissaient devoir être fruc- tueuses sous tous les rapports. 314 Si l'on s'en rapporte à l'opinion de l'Ingénieur des mines, qui a visité les travaux; si à cette opinion nous joignons celle de M. Moran, qui a approfondi Fart d'exploiter les mines de houille dans la Belgique, d'après l'examen des couvertures terreuses dans l'or- dre où elles se rencontrent avant de parvenir aux filons , nous devons forcément convenir que notre terrain est un terrain houillier, et que les travaux ont été abandonnés au moment de parvenir à l'accom- plissement des recherches. Pour confirmer cette opinion , nous appuyerons nos observations sur celles de M. Moran à qui nous emprunterons un extrait de son traité. Il prouvera d'une manière évidente, que la couverture des ter- res qui recouvrent la houille du pays de Liège, est presque entièrement similaire au terrain de Camélas. 11 est dit dans cet ouvrage : « qu'une mine de « charbon de terre possède un banc de schiste ou « de fausse ardoise, de la nature des substances dont « tout le terrain est composé ; mais que l'on pour- « rait dire avoir avec la houille une analogie et a une affinité plus décidées que toutes les autres « terres ou pierres qui ont été rencontrées avant de « parvenir à la houille. « Ce qu'il y a de remarquable dans ces mines, « c'est qu'il n'y a pas de houille sans le banc schis- « teux. Son épaisseur, qui varie considérablement, « va quelquefois jusqu'à six et sept toises environ : « elle est le produit d'un nombre infini de couches « entassées, et plus ou moins serrées les unes contre « les autres, composée, comme le talc, le mica et « d'autres pierres calcaires, de lames plus ou moins « tendres, plus ou moins dures, plus ou moins cas- 315 « santés, plus ou moins liées; toujours entremêlées « de matières pyriteuses, véritables marrons pyriieux, k tels qu'en général on en trouve assez fréquem- « ment dans les lits des mines par couches. « Le mélange varié de toutes les matières qui sont « confondues dans ce lit , donne l'explication de ce « que les schistes tiennent plus ou moins des pro- ie priélés qui les feraient appartenir à la classe des « pierres calcaires ou à celle des pierres vitrifiables, « et ce qu'il est souvent difficile de décider, si elles « sont de l'une ou de l'autre. « En les examinant seulement à l'œil, ces couches « réunies présentent, de dislance en distance, des dif- « férences sensibles : surtout, comme l'a observé « M. Jussieu, dans son mémoire présenté à l'Acadé- « mie Royale des Sciences, dans les parties qui « avoisinent plus ou moins le charbon de terre. « I/on regarde comme indice de la présence du « charbon de terre, ou comme sujet de compter « raisonnablement sur la rencontre d'une veine de « houille, le charbon li1 approchant que par accident de « la surface du sol, assez cependant pour se mon- « trer au jour, ou pour laisser voir quelque éclat. « 11 en est de même d'une terre légère et noire, ou tU « rant sur cette couleur: c'est un humus lavé, une espè- « cède marne que l'on rencontre sous la toiture des « schistes: celte terre est connuedans le pays sous le « nomdeCraw, ellea deseptàhuit toises d'épaisseur.» En faisant l'analyse et l'application de cet exposé, l'on observe qu'une mine de charbon de terre est un banc, de schiste ou fausse ardoise : sur ce premier point, l'on remarque que le terrain de Camélas n'est composé, à la surface, que de ces matières. 316 11 est dit, en second lieu, que là où existent des mines de houille en Belgique, on ne les trouve que sous les bancs schisteux qui, d'ordinaire, ont une épaisseur de six à sept toises environ : sur notre localité, ce banc annonce quatorze mètres soixante centimètres ou sept toises et demie. Dans le pays de Liège, le banc schisteux est le produit d'un nombre de couches entassées, plus ou moins serrées les unes contre les autres, composées de calcaires, de lames plus ou moins tendres, plus ou moins dures, plus ou moins cassantes, plus ou moins liées, toujours entremêlées de quartz, de matières pyriteuses et vitrifiables. Notre banc schistenx, de la même organisation et de la même profondeur que celui de Liège, est aussi le produit des mêmes couches. Tout aussitôt après le banc schisteux , l'on re- marque, en Belgique, l'enveloppe du charbon de terre, qui a d'ordinaire une épaisseur de sept à huit toises environ; elle est composée d'une terre légère, noire, d'humus lavé ou de terre argileuse et mar- neuse : ces terres se trouvent aussi dans les environs de Charleroy ; il existe parfois parmi ces terres des bancs de cailloux. Le sous-sol de Camélas présente encore la même enveloppe, sur une profondeur de quinze mètres soixante centimètres ou huit toises ; il est mélangé de pierres et de galets en forme de cailloux. Sur les terrains de la Belgique, l'on regarde com- me indice du charbon de terre, la rencontre d'une veine de houille qui s'approche par accident de la surface du sol, ainsi que les matières bitumineuses qui filtrent à travers les terres. Sur le sol de Camé- 317 las nous avons rencontre un bloc d'anthracite, cl dans le puits nous avons observé une matière grasse et huileuse, qui n'est autre chose que la partie bitumi- neuse dont il est question. En conséquence, si Ton compare la couverture des schistes et les terres qui servent d'enveloppe au char- bon de terre de la Belgique, avec les schistes et les terres marneuses et noires du sous-sol de Camélas, l'ouest porté à convenir qu'il existe une homogénéité parfaite entre les terrains des deux contrées, et qu'il est probable que le charbon de terre peut se ren- contrer à peu de distance des trente deux mètres. La similitude du sous-sol de Liège avec celui de Camélas est tellement remarquable pour lesgéologues; l'industrie du département des Pyrénées-Orientales est de telle sorte intéressée à la découverte 'de la houille, qu'il est à désirer que les recherches soient continuées sur plusieurs points à la fois. Ces recher- ches peuvent s'exécuter avec moins de dépenses et moins de temps qu'en 184G; et, en compensation des faibles sacrifices qu'une nouvelle compagnie pourrait s'imposer, elle pourrait obtenir des bénéfices considé- rables et rendre un service important au départe- ment. COMMUONS SU UGUTTA-PEICHA, atit taâwstaaa dut màsamwa Vax M. Company o, ï»-n.. Gottseroateur du Cabinet d'histoire naturelle de lu ville de Per/iï^ttan. Dans quelques îles de l'Archipel indien, et surtout dans les immenses forêts de la péninsule Malaise, croît spontanément un arbre appartenant à la famille des sapotassées et au genre isouandrade JVight, décrit par Hoocker, sous le nom HCisouandra gutta. Cet ar- bre fournit un suc laiteux végétal; les indigènes, pour le récolter, abattent l'arbre, en enlèvent l'écor- ce , recueillent le lait qui en découle et le font coagu- ler en l'exposant à l'air : c'est ce suc concret qui porte le nom de geltania ou gutta-pcrclia. L'île de Singapore est depuis 1842 le centre de l'exploitation de cette substance, employée dans le pays à la fabrication de cravaches, souliers et une foule d'objets servant aux usages domestiques. Elle n'a été connue en Europe qu'en 1843: un négociant de cette localité en présenta le premier échantillon à la Société Asiatique de Londres. En 1846, la com- mission envoyée en Chine, par le Gouvernement français, en signala également l'existence. Le gutta-perehn , expédié par les négociants Chi- 319 nois, a la forme d'un pain sphérique, un peu aplati à sa base. Il semble, au premier abord, qu'il a élé re- couvert par une enveloppe de peau, qu'un examen pi us attentif fait reconnaître comme n'étant autre chose que la matière elle-même plus desséchée. En coupant le pain en deux, on voit qu'il a élé formé par une ma- tière encore molle, qui aété apportée en plusieurs fois, et dont les diverses parties forment des couches super- posées : la consistance est tenace et comme mem- braneuse; l'odeur est celle du vieux fromage, elle est très persistante. On y remarque cependant quel- que chose de l'odeur du cuir. A l'état brut, le guita-pcrcha se présente sous des qualités variées. Aussi en a-t-on admis plusieurs espèces dans le commerce; mais ces variétés tiennent peut-être au sol, à la saison, aux divers genres de végétaux sur lesquels on le récolte? 11 serait bien difficile de le préciser; il est probable que la sève se modifie dans le courant de l'année et qu'on n'a pas étudié l'époque exacte où elle pourait donner un suc similaire. Des expériences réitérées peuvent seules faire con- naître cette époque; car l'art parait être encore dans l'enfance dans ces contrées, où l'on abat les arbres pour en extraire le suc. 11 faut réellement une végéta- tion aussi luxuriante que celle de ces climats privi- légiés pour qu'on puisse se livrer à des procédés aussi barbares. Le guttapercka est appelé à un grand avenir. Cette substance, quand on la ramollit, se prête à toutes les formes qu'on veut bien lui donner, et, parle refroidis- sement, reprend sa dureté primitive en conservant sa forme. Aussi l'industrie s'en est-elle immédiatement 320 emparée pour eu former des moules de médailles, qui ont toute la perfection de ceux obtenus par le sou- fre, moins leur fragilité; on en fabrique également des fouets, des semelles imperméables, des man- ches d'outils et une foule d'ustensiles de ménage, des sondes et une variété d'instruments de chirurgie, qui sont préférables à ceux que l'on fabriquait avec le caoutchouc. Tous les objets sont en même temps résistants et non casuels. Lorsqu'ils sont hors de ser- vice , il suffit de les plonger dans l'eau bouillante, pour les raccommoder ou pour les faire servir à une nouvelle fabrication. Bien que le gutta-percha rende d'éminents services à l'industrie, je ne pense pas qu'on puisse appliquer cette substance à la prépai-ation des objets d'histoire naturelle et à la conservation des grains, ainsi que l'a prétendu l'auteur du mémoire, lu dans une des dernières séances de la Société, mémoire qui a été inséré dans le Journal du Département. L'objet de ce mémoire était trop intéressant pour ne pas éveiller l'attention des naturalistes; aussi ai- jefait immédiatement des expériences comparatives, afin de me rendre compte des résultats obtenus par M. le capitaine Belleville. Et, d'abord, voyons de quoi se compose le gutta- percha. Contient-il une substance propre, capable de tuer les insectes, ou bien est-il mélangé à des matiè- res étrangères ayant la même propriété? Pour le savoir, il faut en faire l'analyse. M. le professeur Soubeyran ^'exprime en ces termes, dans le Bulletin rie Pharmacie, 'mars 1847) « Le gutta-percha contient au moins cinq substan- «ces différentes : 1° le gutta-percha pur; 2° un acide 321 « végétal; 3° de la caséine; 4° une résine soluble «clans Téilier et dans l'essence de térébenthine- « 5° une résine soluble dans l'alcool. ((Les dissolvants ordinaires exercent peu ou point « d'action sur le guUa-percha : l'eau, l'alcool, les solu. (i tions alcalines, les acides muriatique et acétique «sont sans effet sur ce corps. L'acide sulfurique con- « centré le carbonise peu à peu , l'acide azotique l'oxi- « de lentement, en formant une matière résineuse « jaune. L'élber, leshuiles volatiles, l'huile de houille « le ramollissent lentement à froid, et le dissolvent im- « parfaitement à chaud. Le véritable dissolvant paraît «être l'huile de térébenthine qui forme, avec une «grande facilité, une solution claire et incolore dont «on peut séparer le gutta-pcrcha pur, par la dislil- « lalion du dissolvant. » D'après l'analyse qui précède, il est évident que c'est l'huile de térébenthine seule qui rend le gutta- pcrcha malléable. L'odeur de cette substance persiste lorsqu'il est réduit en lames minces, ou lorsqu'il est conservé en masses plus ou moins fortes, connues dansle commerce sous le nomdeeolle degutta-percha: c'est avec le gutta-pcrcha préparé et la colle de ce nom que M. le capitaine Belleville a fait ses expériences. Depuis long-temps, les entomologistes se servent de la térébenthine pour éloigner des collections les para- sites qui les dévorent. Us ne réussissent pas toujours à les garantir; car cette substance s'évapore prompte- menl, et alors les collections sont attaquées : mais une boîte a-t-elle été envahie par les dermestes ou par les anlhrèncs , il suffit d'y répandre quelques gouttes d'huile de térébenthine pour les voir fuir, et périr même s'ils persistent à rester dans la boîte -il ^00 Nos boites de chasse sont composées tle sciure de bois sur laquelle ou a répandu un peu d'huile de térébenthine; l'insecte qu'on y plonge ne larde pas à mourir; et, quand on rentre, on peut le piquer sans courirle risque de le voir se débattre et se détériorer. Le gutta-percha , en lui-même, ne contient aucune substance délétère qui puisse produire un effet pareil; car les expériences contradictoires, dont je vais vous rendre compte, le prouvent d'une manière incontes- table. j'ai approprié quatre boîtes: la première recouverte, dans le fond, de lames de gutta-percha, semblables à celles préparées pour préserver la chaussure de l'hu- midité; la seconde, avec des planches minces de liège, dont chaque angle était garni d'une petite éponge imbibée d'huile de térébenthine; la troisième, avec des lames de gutta-percha entièrement privé de la térébenthine qui avait servi a le ramollir; enfin, la quatrième avec de petites planches de liège seule- ment. Dans la première et la seconde boîte, les insectes sont tous morts en peu de temps : néanmoins, J'as- phyxie a été plus prompte dans la seconde boîte. Dans la troisième et la quatrième boîte, les insectes ont résisté long-temps et n'ont cessé de vivre que par la douleur produite par l'épingle qui leur traversait le corps, ou par la faim. Ainsi donc c'est à l'huile de térébenthine qu'il faut attribuer l'asphyxie des insectes enfermés dans les deux premières boîtes; et, ce qui le prouve, c'est que les coléoptères, piqués dans la troi- sième boîte, garnie de gutta-percha pur, n'ont pas péri plus promptement que ceux renfermés dans la qua- trième garnie de liège seul :$-2:î Il est donc bien démontré que le gulta-phercha ne possède pas des propriétés spéciales pour faire périr les insectes, et que les phénomènes de leur agonie, décrits avec tant de lucidité par M. Belleville, ne doi- vent être attribués qu'a la présence de la térében- thine, mêlée à cette espèce de gomme. Quant àson emploi pour la conservation des grains, les résultats n'en seraient pas meilleurs. Quelques toiles imprégnées d'huile de térébenthine, dont on recouvrirait les céréales, auraient des propriétés plus efficaces; les insectes seraient ebassés par l'odeur pénétrante de cette matière, quelques-uns même y périraient ; mais, je ne me dissimule pas toute Im- perfection de ce procédé. Chargé de la conservation des collections précieuses de notre cabinet d'histoire naturelle, mon devoir m'imposait l'obligation de me convaincre de la vérité d'un fait aussi capital : il est démontré maintenant, pour moi, que le gutia-pcvcha pur ne possède pas la propriété de faire périr les insectes. Du reste, les naturalistes sont trop intéres- sés à la conservation de leurs collections, pour qu'ils négligent de répéter les mêmes expériences; et déjà, le cabinet d'histoire naturelle de Paris a nommé une Commission pour s'occuper de cet objet. ÉTUDES HISTORIQUES Par 11. Renard de Saint-Halo, CORRESPONDANT DC M1.N1STÈHE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE. ©-© Sommaire : L'Enluminure. Le métier de Libraire.— Le Missel de la Mairie. — Écriture. — Vignettes. — Lettres grises. — Effusion «le manuscrits — Symbolisme. L'ENLUMINURE. — LE MÉTIER DE LIBRAIRE. Pièces en main, nous pourrions établir qu'en 1489 un libraire à Perpignan était calligraphe, enlumineur et relieur, et qu'à son école, ainsi qu'à celle d'un de ses confrères, accouraient des élèves d'Auch et de Sarlat. Ce cumul d'habileté n'empêchait pas le travail isolé du scriptor litterc rotunde. L'art de l'enlumineur était donc encore cultivé chez nos aïeux antérieurement aux premières productions typographiques. Sans doute, car l'imprimerie n'y ayant pas com- mencé son temps, la main du copiste n'en avait pas fini de ses illustrations. Quelque coûteuse que dût être la Bibliographie écrite, elle était répandue. En effet, surcentquatre vingt-trois volumes, signa- lés alors dans dix-huit inventaires du notariat, cent 325 soixante dix-neuf sont manuscrits au subjectile de parchemin ou de papier, et quatre seulement, issus de la presse étrangère naissante, savoir: deux français un italien et un autre latin. Disons, en passant que l'usage des tablettes à vernis de cire n'était pas abandonné. Nous n'avons point toutefois exploré dans l'œuvre des artistes ci-dessus, les merveilles de l'enluminure. LE MISSEL DE LA MAIRIE. Rien de plus complet à notre portée que le vieux Missel de la Mairie, rédigé par un ecclésiastique, dont le nom, fort heureusement, n'a pas sombré au fleuve d'oubli, ' et tel a été l'objet de nos éludes. C'est un in-folio de cinq cent quatorze feuillets de parchemin, illustré de treize vignettes et d'autant de miniatures. Les folios 343 et 344 y manquent, détachés avec intention apparente; témoin les fils cisaillés de re- liure, ce qui, de plus belle, recommande les soins de conservation prescrits {Annales archéologiques , loin. 2, pag. 219), contre sept catégories de curieux plus à redouter, pour les monuments de l'espèce, que la poussière, les souris et les insectes d'archives. Aussi n'en apprécions-nous que davantage la con- fiante communication que voulut bien si gracieu- sement nous faire du nôtre J\J . le Maire, aujour- d'hui notre honorable Président. L'ouvrage commence par le Calendrier Diocésain, à la suite duquel (folio 7), avec une inconcevable légèreté, on enregistra, le 29 juillet 1814, que sur ' C'est Jean Oliba, prêtre de la comiiiunaulé de Saint-Jean ses saintes pages, les anciens Consuls de Perpignan prêtaient leur serment d'entrée en fonctions. Un judicieux critique d'arguer aussitôt d'erreur, et d'invoquer, à l'appui de son dire, le folio 513. Pas si loin notre maître! Il n'y a qu'à tourner le feuillet, et l'on trouve (folio 8), en belle écriture de pourpre, pâte brillante et byzantine. Prescns Missale tocius aiini factum ad laudem sanctis- sinie Trinitatis, et ad honorent Vireinis Marie, et ad senitium Bcati Xpofori, secundum usum Elnensis ecclcsic anno à Nativitate Domini m° cccc xc° ij • l quod solutum fuit ab ojfic'às Merceriorum atquc Pictorum. Le manuscrit est à double colonne, dans l'intérêt de la vue que pourraient fatiguer de longues lignes. ÉCRITURE. Pour texte, une calligraphie gothique de 0,005m de hauteur- les lignes, à pareille distance; encre iné- gale, par fois pâle ou pâlie, plutôt qu'énergiquement atramentaire. Les lettres initiales, métalliques et émaillces, savoir: Les métalliques, en or et en bronze ; Les entaillées , quelques-unes en beau vermillon ; la plupart en carmin, en bleu d'outremer assez sou- vent en carmin et azur. 1 Un inventaire de Tan î'i'I'i signale: Dos Ilotes, tes unes illuminadn dor, les altres no. Les unes son cubertes de blanc, e les iltuminades daurades han lo lencador dargent ab quatre clavells a casuna cuberta. — La Bible de Ferdinand d'Hérédia, (Jrand-Maitre de Blindes, et après lui à Marguerite, veuve du roi Martin fut dégagée d'entre les mains d'Etienne Çatona, seigneur de Polîestres (1452), au pris de cent florins, valant 1.100 sous de Barcelone, ou dis-huit mille sept cents des nôtres, c'est-à-dire plus de neuf cents francs alors. — C'était une édition princière. Mais, en 1474, un bréviaire coûta onze ilorins, valant cent vingt-nu sous de Barcelone, valant deux mille cinquante-sept des nôtres, c'est-à-dire, environ cent francs alors. 327 L'or des métalliques semble appliqué sur appret ou mordant préliminaire, voir folio 120 v°, la capitale chrysographique D écaillée. On trouve toutefois large et fréquent l'emploi d'encre d'or. Toujours toiiscs ou à vive arête, et d'un style sévère, les lettres d'or ressortent tantôt d'un fond bronzé et ouvragé, tantôt d'un fond d'outremer louché de palmettes blanches. Souvent elles inscrivent l'outre- mer, le bronze et la teinte fleur-de-pêcher, le tout ramage d'or. Comme elles priment en tête de ligne, pas une qui ne soit accompagnée d'un double rameau de léger feuillage vert gai, outremer, pommelé d'or, lui for- mant accolade ou guirlande sur la marge, l'empana- chant au sommet de la page, la contournant au con- traire par-dessous à la dernière ligne, non sans quel- que appendice vers la suivante d'enlêle. Aussi tonse, l'initiale en bronze se circonscrit des émaux qui la mettent le pins en relief, et n'en inscrit point d'autres que ceux qui la favorisent. Parmi les capitales é maillées , les carminées pro- viennent d'un carmin blafard, léché même et à létal d'ébauche. Les capitales en outremer sont toujours d'un bel azur céleste, franc et décidé. Combinés pour lettres dites de marqueterie, le car- min et l'outremer restent sans effet. Isolés ou diaprés l'un de l'autre, le carmin et l'outre- mer produisent constamment un genre de caractères barbus. On dirait que l'initiale eu carmin pose sur une dentelle perlée d'azur, et l'initiale d'azur sur une dentelle perlée de carmin, dont les fils de fabrication, soufflés principalement vers la marge, y flottent on- 328 dulés, bouclés, fuselés, enroulés et déployés de haut en bas, selon les mille et toujours gracieux caprices d'un zéphyr qui joue aux quipos péruviens. Convenons, cependant, de ce que le Missale Roma- num, n° 46 des manuscrits de la Bibliothèque publi- que, et surtonl le Livre vert majeur de la Mairie , n'ont rien à jalouser de cette parasite ornementation filigra- née , s'ils ne l'éclipsent. Le proemium de ce dernier carlulaire débute par un C plein de dentelle car- minée, sans pareil dans le Missel. Et que de pertes n'a point éprouvées le pays en échantillons de cette nature! Evidemment depuis que nos communautés religieuses s'étaient pourvues à l'imprimerie, vélins et parchemins lacérés des an- ciens manuscrits et livres de chœur ne servirent plus qu'à des couvertures de lieves et de mains-courantes . Nous n'avons encore signalé que le moindre luxe de notre Missel. Le mérite et la délicatesse artistiques se trouvent dans les vignettes et lettres grises De la Messe da premier Dimanche de TAvent, folio 8 Idem, de Noël 23 v Idem, de Pâques 185 De la formule Te igitur 293 De la Messe de Saint-Etienne 300 Idem, de Saint-Mathias, apôtre 329 v° Idem, de Saint-Jean 353 Idem, de Saint-Christophe 362 Idem, de l'Assomption 384 Idem, de Sainte-Catherine 425 Idem, du Commun des Apôtres 436 Idem, des Trépassés 489 Idem, de la Trinité 499 :W9 VIGNETTES. A ces diverses indications encadrement dyptique par trois vignettes, savoir : Au recto, vignette de gauche, moyenne; au centre, vignette plus étroite ; à droite, c'est la plus large. Au verso, la plus large à gauche; la plus étroite, au centre; la moyenne, à droite. INous n'analyserons pas de préférence la page la mieux historiée, mot propre que l'art indigène a pro- bablement emprunté, plutôt à la moderne école grec- que (Manuel d'iconographie chrétienne, pag. xiii ) qu'à l'école française, quoiqu'on semble en attribuer à celle-ci le premier usage. Nous choisirons plus volontiers la page delà Messe de l'Assomption, parce que c'est la seule que nous comprenions, au moins comme tableau. Encadrement ramage d'une délicate herborisation florale et fructifère, brillante, riche d'or, de pour- pre et d'outremer, mais sans jeu de vitalité ou de dessin, et comme plaquée à l'herbier. Cependant les fraises soutiennent la réputation qu'avaient alors les miniaturistes de les imiter au naturel. Au centre de la vignette horizontale supérieure, deux coqs irrités, l'encolure allongée, raz de terre et bec à bec, se menacent d'un de ces duels à outrance qui charment les loisirs anglais, autant qu'un combat de taureaux fait folie en Espagne. A droite et à gau- che, une Hélène au beau plumage, se retire jetant un dernier regard vers son sultan compromis, comme pour nous faire dire d'après Virgile. Et se cupit ante vidai, El d'après Lafonlainc : Amour tu perdis Troye ! 330 Au milieu de la vignette verticale de droite, un coq obséquieusement incliné devant sa poulette, La plume elpiè, le col tendant; tel celui qu'à la fin du xue siècle dépeignait Pierre de Saint-Cloud, en son roman du Renard, défi- nitivement tourné en prose française , dont les nom- breuses imitations réunies sous le nom de branches a leur tronc principal, ou à la suite de l'original , ont poussé chez nous, on va le voir, un fleuron de minia- ture précisément à l'époque où se rehaussait de mê- me épisode la riche tapisserie de Monlpezat. {An- nales archéologiques, tom. 2,pag. 169. — Tom. 3, pag. 95). Pourquoi pas cette propagation d'un motif iden- tique? Parmi les débris céramiques du sol de nos Villœ gallo-romaines, n'avons- nous pas, de nos propres mains, exhumé un tesson découpe, surfine poterie à beau vernis rouge, portant au bord supérieur, entre deux filets, type ou copie, le trait de la fable de Phèdre Vulpes et II va, d'où \efablier français a tire : Certain renard gascon, d'autres disent normand. En effet, la bambochade romancière arrive à la vignette horizontale inférieure du cadre que nous avons à clôturer. Là, gélines d'accourir s'exploitant an pied de la chaire d'un renard prêcheur, en domino bleu, gesticu- lant d'une patte, et ni coq clwntcclair, n\ peinte, lapou- larde avisée qui ne l'écoute sans prendre l'éveil. Tant valait-il par là débuter à la vignette horizon- tale supérieure La marge tout entière, ainsi réservée 331 à la pièce, aurait pu nous conduire jusqu'au dénoue- ment, et nous montrer le mille artifex. écorché vif, livré, pour sa plus grande déconvenue, à la picotée des mouches et de la volaille. C'est ce qui fut, avec une parfaite coïncidence de temps, exécuté en bas-relief à la frise du jubé de l'é- glise Saint-Fiacre, au Faouet, en Bretagne. {Annales citées, tom. 3, pag. 19,268). Ainsi, après avoir simplement souri au caprice ar- tistique de note miniateur, nous y trouverons désor- mais l'intérêt d'une troisième version du roman de la Langue d'Oyl, donnée en même temps que Yimagier breton la publiait au ciseau, et que le brodeur du Querci à l'aiguille. Cette parodie du trompeur, tombé dans ses propres panneaux, prit faveur, vogue, courant, et fil au moins le tour de France. (Annales citées, Passim). Convenons, d'autre part, du disparate de ces maca- roniques illustrations, en regard des formules liturgi- ques aussi graves que celles Assumpta est Maria in cœlis, etc. ? Certes, saint Bernard, l'iconoclaste de l'ornemen- tation du Bestiaire^ passant à peine celle de la végéta- tion lapidaire autour du chapiteau, n'eût point indul- gencié l'art laïque d'avoir fait, d'un recueil de rils sacrés un livre de curiosités plus propre h distraire qu'à édifier le Prouvairc Messe chantant. Avec non moins d'amertume l'aurait gourmande le prieur Gauthier de Coinsi, qui, dès le xme siècle, déplorait que le chat et le leu obtinssent les grandes entrées dusanctuaire presqu'à légal des saintes images. Leblâmed'AngelusRumplerus, abbé de Formbach , (1477) aurait pu s'élever bien plus sévère dans telle 332 de ses pbilippiques latines dont la muse française n'aurait osé se rendre l'écho. Vainement le liturgiste Guillaume Durand, évcque de Mende, laisse à l'artiste du xme siècle le libre arbitre poétique. Pictoribus atque poëtis, Quidlibct audendi semper fuit œqua pot es las. Le Clergé sérieux d'occident n'a jamais sanctionné l'étendue de la licence. Encore moins l'Église grecque, même de nos jours, qui ne reconnaît aux successeurs actuels de Zeuxis et d'Appelle que la simple faculté d'exécution. L'art seul est à eux , tandis que l'invention reste dans les limites théologiques, invariablement fixées dans les statuts dits: Guide de la Peinture du moine Denys , d'après un texte afférent du second Concile de Nicée. ( Coll. de Labbe, tom. 7, col. 831, 832). Comment se serait accordée la tolérance de l'évê- que de Mende avec F. AngélicodeFiésole qui, avant de prendre la palette, se mettait en prières pour de- mander l'inspiration. Aussi son Christ est-il cité comme un discours sur la Passion au complet; aussi reconnaît-on que les plus belles pages de peinture sont dues à la verve religieuse, et qu'il y a baisse chez l'artiste qui, des sujets sacrés, passe à ceux du paganisme. LETTRES GRISES. Pour épuiser notre sommaire, arrivons enfin à la Lettre grise C'est le G de l'introït Gaudcamus omîtes in Domina diem festum célébrantes, etc. 333 Hauteur, 0m,052 ; largeur, 0,a,044. La lettre est sur fond ponceau cantonne de brins d'or et liseré de même" — exécutée en outremer re- levé de palmettes d'or plus ou moins développées selon la progression croissante ou décroissante du plein. Dans la concavité de la panse, la Sainte- Vierge en suaire bleuâtre qui lui drappe la tête. Elle est éten- due et les mains jointes sur un poêle cramoisi qui semble recouvrir le cercueil. — Par derrière, au che- vet, le célébrant, barbu, en chape dor, fait l'aspersion de l'eau bénite, et un thuriféraire tient l'encensoir tout prêt à lui être remis. — De l'un à l'autre, trois assistants. — En avant du lit funèbre, vis-à-vis l'of- ficiant, personnage nimbé, assis, en tunique d'or, sous manteau vert, un livre éployésur ses genoux. — Sous les pieds du cercueil, second personnage assis, en aube azurée sous dalmalique brocard d'or , tenant éployé des deux mains un livre vert, dans lequel il paraît lire. — De l'un à l'autre, un chandelier allumé. Miniature bien exécutée, mais d'une composition peu grandiose, pour ne pas dire vulgaire; car ce n'est que la représentation d'un convoi procédant à la levée du corps. De quelle supériorité relative ne l'emporte point le petit tableau afférent du retable iryptique historié de la Mangrana (Eglise de Saint-Jean). Le lit du dernier sommeil de JNotre-Dame est là, mais désert, parce que déjà commence le céleste ravis- sement de l'immaculée dans un brillant météore, y formant le noyau d'une géode à gangue d'or pour rayonnement de gloire. Un de nos oratoires ruraux a sa Vierge aphroditc 334 encadrée d'une conque d'écaillé dont elle csi la pré- cieuse perle. Or, puisque la prose des trouvères avait si bien fait effusion vers le berceau des lyriques troubadours , à plus forte raison le Prouvaire rédacteur ou éditeur de notre Missel, ne pouvait-il inspirer son miniaturiste du sermon composé des diverses paroles des saints et des hommes pieux, où l'on racontait la manière dont Marie fut enlevée au Ciel. L'ouvrage était du xme siècle, contemporain de Jacques de Voraye, qui le signale et le résume. (Guide de la peinture, pag. 283). EFFUSION DE MANUSCRITS. Il ne s'agissait donc que de recourir à la Légende dorée. Or, la librairie ne fesait point défaut, même chez notre classe ouvrière. Parmi beaucoup de livres de piété et de grammaire, on y trouvait en Langue romane, l'Ancien et Nouveau Testament, l'apocalypse comprise, et le tout glose par fois. — La Consolation philosophique de Boèce. — Les Ecrits du vénérable Bède. — La Passion de Notre- Dame. — La Vie des Saints. — La Descente de Jésus- Christ aux enfers, par un évêque de Jaën. — Les gestes des Troyens et des Romains. — Des romans de cbevalerie. — Des recueils de contes et d'anecdotes. — Des fabliaux en rimes. Un prêtre, simple bénéficier à Elne, avait recueilli une bibliolbeque de quarante huit manuscrits. Outre des ouvrages de science canonique, et les quatre évangélisles glosés, on y comptait plusieurs livres de Ciçéron, de Saint-Augustin, de Saint- Grégoire; les tragédies de Séiicque, Ovide, Térencc, 335 un vocabulaire, les synonymes, les Élégances de Laurent Valla, un Traité de Rhétorique et un autre de Logique. SYMBOLISME. Le symbolisme du bestiaire et du volucraire, pro- digué sur Je restant des pages signalées de notre Missel, nous est tellement étranger, que nous différons, jus- qu'à plus ample informé, d'en essayer l'analyse. Nous n'y voyons, quanta présent, que des sujets remémo- râtes de nos relations avec l'Italie et les côtes d'Afri- que. Mais le sens caché, probablement sarcastique, appartient au domaine de l'inconnu. Il y a donc beaucoup à enquérir encore. Heureusement est-il reconnu, en point de fait, {Annales archéologiques, tom. 2, pag. 261) que l'art figuré est sorti peint et modelé de la littérature du moyen-âge, et que l'imagier ne taillait, que le pein- tre, le verrier et le brodeur n'exécutaient, et que l'orfèvre ne ciselaitquece qui aurait été écrit, raconté chanté parles Trouvères ou des rhapsodes jongleurs' LA RENAISSANCE DES LETTRES, ET LEUR PROPAGATION PAR LA TYPOGRAPHIE, Par M. Renard de Saint-Malo, CORRESPONDANT OU MINISTÈRE DE l'iNSTRIXTION rOBLIol E Sommaire : Plan de ce Mémoire.— Signes de Renaissance au Diocèse d'Elne. _- Progrès. — Bibliothèques. — Bibliophiles.— Librairie manuscrite. _ Invention de l'imprimerie. — Jean Rozembach. — Mouvement au Diocèse de Girone.— Les Estienne. —Presse à Barcelone.— Presse locale. PLAN DE CE MÉMOIRE. Essayer d'extraire du peu de documents qui nous restent de quoi nous faire une idée de la renaissance des lettres, et de leur propagation par la typographie dans notre coin de l'ancienne Narbonnaise, tel est le Lut de cette étude historique. Permettez-nous, lecteur, quelqu'emprunt sur la Marche Carlovingienne d'Espagne, à laquelle furent à peu près incorporées nos contrées par leur accession à la monarchie Aragonaise , sous Alphonse II et Pierre IV, ce qui ne sera dailleurs qu'agrandir une circonscription d'identité de langage, de mœurs, de gouvernement politique et de régime municipal. SIGNES DE RENAISSANCE AU DIOCÈSE d'eLINE. Avant même l'érection de notre étude générale "1349), quelques clartés littéraires provenant, soit 337 d'assiduités à des lectures particulières, soit des bancs universitaires de Lérida depuis 1300, soit des sections catalanes de Bologne, dePadoue, de Verceil, de Paris même, et de Montpellier, avaient percé chez nous la nue ténébreuse de temps passés, ou de l'abandon des let- tres, et produit des gradués dans les quatre facultés. Par les mêmes causes, au diocèse deGirone, même précession à l'établissement de l'Université, qui n'y dataque de 'l 446; ei, qui plus est, des auteurs appré- ciés y surgissent dès les premiers jours du xve siècle. L'étude ayant ainsi trouvé divers foyers que nous sommes loin de pouvoir énumérer, libre à nos de- vanciers de s'y dérouiller et de s'y cultiver selon leur vocation et leur aisance. Jaloux de faciliter la tendance, Bérenger Baille, évêqued'Elne, commença parslimulerson Clergé, en statuant que les chanoines ou bénéficiers, qui vaque- raient à des cours de théologie, de droit civil, ou de droit canonique, compteraient comme présents à la résidence, et participeraient aux distributionsd'usage. A Girone aussi, pareille absence au chœur ne détruisait point le bénéfice de la présence. Mais, comme on voit, il n'y avait encore au Diocèse d'Elne pourdocleursou mahresCmestres, savis, peritsj, que des érudits reconnus tels, à raison de leur savoir à moins d'être gradués aux écoles officielles foraines- que des lecteurs dont les chaires d'enseignement privé, sous collecte modique, étaient assezdisséminées et beaucoup moins excentriques que les Études géné- rales déjà sur pied tVUnive?sités. L'éclosion de notre établissement similaire ne tarda pas après la manifestation des vœux du Consulat de Perpignan à Pierre IV. 22 338 PROGRES A PFRI'ir.NAN. Le fait de la fonclaiion accompli (13 des calendes d'avril 1349), par continuation de progrès, nous voyons poindre (22 mars 1402) à Perpignan, les rudi- ments d'un collège, espèce de succursale universitaire, qu'érige une association de gradués sympalhiquement voués à l'instruction publique. L'innovation obtint-elle succès et longévité? C'est, probable. Mais le 12 novembre 1445, fut publiée une ordonnance consulaire, prescrivant d'envoyer à YÉtude générale de notre quartier latin délimité, tous les élèves de grammaire qui en auraient dépassé le lexique, ou les parties du discours, disposition de quelqu'analogie aveccellede Bérenger de Cruylles, évêquede Girone, recommandant de cuirasser des principes de la Foi la frêle enfance capable de lire , d'écrire et de con- juguer. Jérôme Ochon, évêqued'Elne, poursuivant l'œuvre de Bérenger Baille, établit, le 28 avril 1421, d'accord avec son Cbapilre, que, pour être à l'avenir chanoine de la cathédrale, il faudrait l'illustration du sang ou celle de la science, l'une et l'autre si convenables à la dignité du sacerdoce, et la première même si pro- pre à donner de l'assurance au titulaire, prévôt ou archidiacre, dans tout conflit avec des fieffés, ses égaux. L'illustration scientifique devait être acquise à tel degré fixé, en cours honorable ment suivi à l'Uni- versité. Force fut d'abord de se pourvoir ailleurs qu'à celle de Perpignan, quant à la faculté de théologie qui ne fut concédée par Nicolas V, que le 12 des calendes d'août 1447. 339 Heureusement que d'avance (20 juillet 1428 et 28 octobre 1431) le Chapitre do Saint-Jean avait été doté d'un lector arciumi et d'un maître in sacra pagina. BIBLIOTHÈQUES. Le 9 janvier et le 17 mars 1453 apparaît, annexée à la collégiale de Saint-Jean, une bibliothèque (libra- rid) que nous retrouvons jusqu'en 1565, époque où le Consulat donna, contigu au cimetière, un établis- sement spécial pour cet objet, comme aussi pour l'ap- propriation d'une salle capitulairc. Le crépuscule littéraire passant à l'aurore, le mer- credi, 20 avril 1474 (Feria iv" prias octavam pasckej fête dite del Sinet, officia le grand-vicaire fEpiscopo Carolo in remotis agenti), et ce fut du nouveau qu'un sermon de maître Jean Andreu à cette solennité. fFo acte nou en esta sglcsiaj. Deux ans après, second échantillon donné de notre genre oratoire; car le jour de son entrée pontificale (28 mai 1 476) l'évéque Charles de Martigny fut haran- gué par maître Jean Fort , au baise-main qu'il vou- lait bien accepter en son manoir de la chapeJlenie majeure fia Canorga). Les FF. de la Passion avaient aussi (1481) leur collection de librairie, qu'ils augmentaient à l'aide des libéralités testamentaires. BIBLIOPHILES. Ce progrès , le goût on le besoin de la lecture, n'étaient pas concentrés dans le cloître du moutier. Le public, le vulgaire de tous les étals, foisonnait de bibliophiles, amateurs de littérature sacrée et profane. 340 de librairie religieuse, romanesque, historique, artis- tique, morale, abondant surtout des consolations philosophiques de Boëce : témoins les inventaires de l'époque. LIBRAIRIE MANUSCRITE. Le manuscrit régnait en plein. Nous le trouvons (1401) de la main scriptoris liitere rolunde, et successivement de celle du calligraphe, enlumineur et relieur. Tout n'était point parfait en ce genre soit avant, soit après l'invention typographique, même quant aux livres de liturgie. Chargé de faire imprimera Venise, par Jean Herborl de Silingestat, le bréviaire de Tolède (1483), Jean de Biedma n'hésite pas de dire textuellement à Du Pierre Gonzalez de Mendoza, ce que nous copions ci-après à la lettre : Habebat ctenim scripta omnia menais referta , ita ut garrula avis videretur si quis legeret. Deinde, non coma, nec periodus, postremo, quod omnium est deterius, née sentencia, nec sensus, ità ut legentes pêne temulenti inderentur (Espana sagrada, tom.kk, pag. \ 09). Veut-on l'aperçu des frais de copiste et d'illus- tration? En 1 432, la Bible, manuscrit de la reine Marguerite, veuve du roi Martin, fut dégagée au prix de cent florins (neuf cents francs alors). Elle avait appartenu à Ferdinand d'Hérédia, Grand-Maître de Bhodes. En 1474, un bréviaire, sans illustration, coûta cent francs, valeur d'alors. En 1492,1e beau Missel actuellement à la Mairie de Perpignan, fut, tout payé, l'objet d'une dépense 341 de cent soixante dix-neuflivres perpignanaises, dont treize livres quinze sous valaient dix livres de Barce- lone. L'écriture était alors leseul moyen de reproduction littéraire. Sur cent quatre vingt-trois volumes signalés vers les trois quarts du xve siècle, en dix-huit inventaires, cent soixante dix-neuf sont manuscrits au subjectile de parchemin, et quatre seulement, issus de la presse, savoir: deux français, un italien et un latin. L'usage des tablettes en cire n'était pas encore abandonné. A peine donc l'œuvre typographique se répandait- elle. INVENTION DE l'iMPRIMERIE. D'après Frédéric Lichtenberger (initia typographie a) de 1420 à 1450, l'art typographique passa de la gra- vure sur bois aux caractères fondus mobiles, par les perfectionnements progressifs du triumvirat Guttem- herg, Faust et Schreffer, Aux archives de la collégiale de Saint-Félix, à Girone, un in-folio était ainsi annoté sur les gardes de reliure : Prcscns harum institucionum , prcclarum opits almâ in urbe Borna tocius miindi reginâ et dignissimâ im- pératrice, que sicut pre céleris urbibus dignitate pi'ecst, ilà ingeniosis viris est referla, non at.ramento, plumait calamo , neque stylo creo, sed artificiosâ quâdam adin- vencione imprime ndi, scu caracterizandi , sic efjigiatum ad Dci laudem, industrieque est consummatum per Udub ricum Gallum, Alamannum , alias Hanncx , Jugclstat Civem T^ienncn et correctum tam in textu, quant in glo (sic) ver cximium et preclarum juris utrmsque Doctorem Dominum Caroliun de Alexandris , de Pcrusio , anno Domini m0 cccc" Ixxv" , xviii Kalendas Augusti , Sixto iv" Pontifice maximo. ( Espaîia Sagrada, tom. 45 _, pag. 263). Frédéric Lichtenberger, qui reproduit le même intitulé, nous enseigne qu'on s'y est évertué à expri- mer que l'impression de l'ouvrage résultait des pro- cédés perfectionnés de Guttemberg et Compagnie; ce que plus tard (1498) résumait Philippe de Comines en disant qu'il avait fait mettre en moule ses mémoires. Nous n'entendons pas signaler par celte citation le premier succèsde l'imprimerie; personne n'ignore que Paris imprimait depuis trente ans, ci que plus de trente villes en France avaient, à celte époque, déjà suivi l'exemple de la capitale. Nous voulons en venir simplement à ce que la vogue de la librairie était déjà chez nous assez éloignée des tempsdenotre évêque Bernard de Berga(1230 — 1258\ c'est-à-dire, des volumes et textes inamovibles, enchaînés au lutrin du Sanctuaire. i Si l'on n'a pas oublié que la collection bibliogra- phique de Jean, roi de France, ne fut que de dix vo- lumes, et que celle de son fils, Charles V, passait pour prodigieuse à neuf cents (Tristan, voyageur), presque tous relatifs à l'astrologie, que dira-t-on de noire classe ouvrière qui , pendant l'occupation de Louis XI et de Charles VIII , feuilletait à son gré d'après le cata- logue suivant? Livres de piété et de grammaire, en langue romane ; l'Ancien et le Nouveau Testament, l'Apocalypse com- 1 Nous avons vu à Mon (serrât un volume à la chaîne. Un cartulaire à Prades y est aussi. 343 prise, le tout glosé parfois. — Le Psautier, glosé aussi avec lîymnaire à la suite. — Les OEuvres de Boëce, eltlu vénérable Bède. — La Passion de Noire -Daine. — La Vie des Saints. — La Descente de Jésus-Christ aux enfers, par un évéque de Jaën. — Les Miroirs his- loriaux des Troyens et des Romains. — Des Romans dechevalerie- — Des Recueils de Contes et d'Anec- dotes.— Des Fables en rimes. C'était sans doute la littérature courante, dans le détail de laquelle nous n'omettrons pas un ouvrage sur la peinture, enregistré en l'inventaire d'un maré- chal ferrant à Collioore. Un chanoine d'Elue avait composé sa bibliothèque de quarante huit manuscrits. Outre des traités de science canonique, et les qua- tre évangélistes glosés, on y comptait plusieurs livres de Cicéron, de saint Augustin, de saint Grégoire, les tragédies de Sénéque , Ovide, Térence; un vocabu- laire, des synonymes; les élégances de Laurent Valla, un traité de rhétorique et de logique. Comme si tous les Beaux-Arts, imitation sous diver- ses formes de la belle nature, se tenaient par la main, voilà-t-il pas, parmi ces objets inventoriés de mobi- lier, l'apparition de la viole fia violaj, instrument d'orchestre, déposant du progrès accompli depuis l'é- poque où Alphonse V en était aux emprunts auprès du Roi des violons Français, par l'intermédiaire de Charles VII, roi de France, qu'il avait secouru de sa gendarmerie? Annotons que l'apparition ci-dessus fut favant- courrière prochaine d'un clavecin a Elue. Autre coïncidence, Importée chez nous des réta- bles trypliques d'Italie, et d'Italie en Flandre, par 344 Jean de Bruges et consorts, la peinture produisait des toiles (draps de pinzell), qui nous parvenaient par tableaux de Yècole Flamande; de sorte qu'au triple point de vue où nous venons de passer, on dirait un arrivage de semences artistiques sur l'aile légère de quelque souffle alizé. JEAN ROZEMBACH. A l'époque de la rédaction du Missel mentionné de la Mairie (1492), Jean Rozembacb, de Heidelberg, imprimaà Barcelone (1493), d'ordre de Jean de Mar- garit, évêque de Girone, un Missel qui fut réprouvé, mais conservé pour monument de l'art. Rozembacb, a-t-on dit, était venu (1502) publier l'œuvre de notre prélat diocésain, François de Xime- nez, ce que ne confirme ni la biographie des auteurs catalans, ni l'épiscopologie Gironaise , tout en don- nant le catalogue des productions de l'écrivain. Le pays, d'ailleurs, devait si peu se prêter à l'exer- cice de l'industrie typographique à peine introduite, que l'inventaire des Archives Consulaires de Perpi- gnan, (la BigaudinaJ fut imprimé par le dénommé à Barcelone en 1502, aussi bien qu'un Rituel de l'église d'Elne en 1510. MOUVEMENT LITTÉRAIRE AU DIOCESE DE GIRONE. Si l'on trouve le Diocèse d'Elne arriéré pour l'épo- que, son voisin de Girone était-il plus avancé? Là, même facilité qu'à nous d'aller se dégrossir aux écoles foraines, et surtout à celle de Lérida. Nous y voyons cependant plus clair, que le retour des lumières et du goût commence par la recherche 345 et l'acquisition à prix coûtant, ou à litre de Je^s d'ou- vrages curieux. Ainsi, le 30 janvier 1 3 M , Bemardus de Fillamarino, Gerundensis cpiscopus, Ugucionem in gramrnaticâ , et librum pontijicalem Rotnannm vocatum, p nicher rimum , ipsi ecclesic legavit, valais dictos duos Héros esse per- pétue, in arcâ nova ecclcsie, calenis afjixos, in servicium ccclesie, et clericorum ejusdem. (Espana Sagrada, tom. hh,pa§. 43). Avant Guillaume de Vilamari, successeur de Eer- nard(13l2-13l 8), des legs de livres à la même église. (Ibid., pag. 45). Tout ce qu'on dit {Ibid., tom. 44, pag. 45. — Tom. 45, pag. 13), d'une belle Bible du xni* siècle, ache- tée à Paris, se rapporte probablement au remarqua- ble volume ainsi annoté sur ses feuilles de garde- «Cette Bible est à nous, Charles, le Ve denostre «nom, roi de France, et l'achetâmes de saint Lusien « de Biannes, l'an m. ccc. Ixx. iii. Escrit denostre «main. {Ibid., tom. 43. pag. 76). » Il est question {Ibid., tom. 45, pag. 131) d'une Apocalypse illustréedont l'enlumineur se désigne lui- même en caractères gothiques, ainsi qu'il suit: «Pih- «tri.r et adjutrix frater Emeterius et Pastor. » Aux archives de la Collégiale de Saint-Félix, Codex petit in-folio , initiales historiées, le prologue encadré d'une chasse au cerf, dont la première c'est la majus- cule Q circonscrivant le portrait de l'auteur, et trois FF. prêcheurs qui l'écoutent. {Ibid., pag. 262). Comme au Diocèsed'Elneaussi, tendances musica- les, témoin l'intitulé de cet ouvrage : De Musicâ cantuali, instrumentali et celesti. Commençant par «Tractatus Miehaëlis de Castclanis, 34C monavhi de musicâ, ad Dominant Davidem de Nalho , monachum monasterii de Mansi Azillis (mas d'Azil), ordinis Sancti-Bcncdicti , Rutencnsis dioecsis, provincie Tholosane. Après quoi vient l'éloge delà musique vocale, ap- puyé d'auteurs compétents, et l'indication de quel- ques signes du solfège, tels que les croches ferochétis, fusetis), et la note noire qu'il regarde comme celle de moindre valeur. Au ternie du second traité, qui est celui de musi- que instrumentale, l'auteur dit: Scquitur arspulsandi musicalia instrumenta, éditait maeistro Fevdinando Cas- tillo communiter dicto lo Rahoner, Ispano, mine vivo et civipulchcrrimc civilatis Barchinonc, anno m°cccc° xc" vii°; qui magister Ferdinandus posait istam suam artem in vulgari, quod ubique non est idem; et quia latinum est. commuais idioma, ego pono in latino. Il cite aussitôt quelques élèves sortis de son école, et termine par un pelit traité dit : Ars pulsandi sam~ buti et aliorum similium instrumentorum, invento à Fu- lan Mauve , regni Gvanatc lequel enseigna Caslillo , qui perfectionna la méthode. (Espana Sagvada, lom. 45, pag. 21 \J. On signale encore, à la Collégiale de Saint-Félix, quantité de livres liturgiques, enlr'aulres une collec- tion de répons et d'antiennes gothiques , appartenant au chant de l'époque, des recueils de l'Ancien Tes- tament, desanctoraux, de psautiers glosés, d'homélies, et surtout un volume d'histoire scolastique, dit Habilis Liber, pour preuve du prix qu'on y attachait. {Ibid., pag. 54). Mais si les archives dont il s'agit peuvent produire un manuscrit del'an 1326. {Ibid., pag. 262), elles ne 347 remontent, pour l'impression même exotique, de Venise par exemple, qu'à Tan 1 473. {Ibid., pag. î 9C); et quant aux produits provenant de la presse de Barcelone , il faut pénétrer bien avant dans la seconde moitié du xve siècle. 1508 — 1532. Guillaume Boyl, évêque de Girone, applique à la fabrique de sa [cathédrale la moitié du bénéfice fait sur impression de bréviaires. [Ibid., lom. 44, pag. 102). Tel est le premier signe d'abandon des livres ma- nuscrits de liturgie. 1538. Jean de Margarit, autre évêque de Girone, propose à son chapitre une édition de Missels et livres de chœur, ce qui fut à la charge du prélat diocésain, dil-ou, jusqu'à la Bulle quodà nobis, émanée de Pie V en 1568. {Ibid., pag. 108). 1550. Manuel de l'évêque Margarit, imprimé à Lyon, par Corneille de Septgranges, aux frais de Jean Guardiola, libraire à Barcelone; ouvrage correct, en beaux caractères, et digne d'un Missel que le même Corneille avait édité déjà. {Ibid. ^pag. 109). 1567. Permis à Pierre Charles, autre évêque de Girone, de faire imprimer pour quinze ans bréviaires, missels cldiurnaux. {Ibid., lom 44, pag. 117. LES ESTIENNE. Pendant les premières publications des lettres sacrées à Barcelone, siège probablement unique de la presse catalane, en France les Estienne éditaient du grec et de l'hébreu, avec une pureté de correction empruntée à la jeunesse des écoles, en lui distribuant des épreuves que la malignité de l'âge révisait avec plus de soin qu'un prote sérieux. 348 Ainsi, lorsque Josse Bode, beau-père de Robert Estienne, comptaitbienaniérieurementà'l 551 , parmi les auteurs de la révolution typographique, d'où date la substitution des caractères romains aux caractères gothiques, les registres de la communauté de Saint- Jean portent : PRESSE A BARCELONE. Que le 24 janvier 1558 fut acheté, pourcinqlivres perpignanaises, un Missel romain, manuscrit sur par- chemin, qui semble passer, de Notre-Dame de JYIal- loles, à la chapelle de tous les Saints de la Collégiale majeure ; Que le 28 août 1563 fut déposé aux archives de la communauté un volume du litre suivant: Hic liber continens ojjicium , tàm noctumum , quàrn diurnum divi Auguslini, scriptus est cxpcnsis Domini Jacobi Costa, mercatoris hujus oppidi Perpiniani , qui institua quod quolibet anno, dicatur. Qu'en 1569, l'évêque d'Elne fit imprimer à Barce- lone missels, bréviaires et livres de chant -, Et qu'en 1572, on pouvait se les procurer à Per- pignan, ce qui n'y établit pas encore de presse locale. PRESSE LOCALE. D'après M. le marquis de Castellane (31cm. de la Soc. archcol. du Midi, t. 5 p. 8), il y aurait cependant eu à Perpignan, l'an 1 499 , quelqu'essai que nous attribuerions volontiers au passage de Rozembach. Selon le même flbid., page 22), La Vision délectable d'Alphonse de La Torre, traduite en catalan, avec les Proverbes de Lopez de Mendoza à la suite, aurait été publiée à Barcelone l'an 1484. 349 C'est par Valence, Séville et Saragosse que con- tinua (1477 — 1499) la propagation allemande, qui semble avoir produit, pour premiers initiés, Alonzo del Puerto et Alonzo Fernandez de Cordova, (Fré- déric Lichtcnbergcr, pag. 250). Or, de pareilles initiations étant (Ibid.,) tout-à-fait les dernières de l'échelle progressive de l'art sorti de son berceau, rien d étonnant à ce qu'il faille atteindre à l'an 1586 et à Fan 1593 pour trouver chez nous im- primeurs établis, Samson Arbus et Maurice Anglada. Des noms de copiste surgissent encore à la fin du xve siècle. Mais au xvie, le métier tombe bientôt en désuétude, au grand préjudice de l'écriture, qui se barbouille aussitôt sous d'inhabiles mains, et par l'emploi fréquent d encres corrosives dont les traits s évident, percés à jour, comme sous le coup d'un emporte-pièce. Lichtenberger nous apprend qu'à Deventer la copie des livres fut l'apanage des chanoines, dits de la vie commune, parmi lesquels excella dans l'art Thomas à Kempis. Capmany énumérant les diverses branches du com- merce d'exportation de la Catalogne (3Jcmor. histor. part. 2, cap. GJ y comprend l'imprimerie presque dès son berceau. Le développement de cet art était devenu, de bonne heure, assez important pour fixer les regards de la législation douanière, et les Cortès de 1481 frappaient d'un droit de 15 p. % l'écoulement de ses produits. D'après cet écrivain, dont la critique est générale- 350 aient sûre, Barcelone aurait rang parmi les villes de l'Europe qui, les premières, accueillirent la précieuse découverte, etprimeraitspécialement sur toutes celles de l'Espagne : Alo rnenos, dit-il, se reputa por laprimera queenEspaha hizo sudar la prensa consagrando suspri- micias â la impression de la Catena AUREA de santo Thomas por los aflos 1 471 - Celte date, acceptée d'abord, fut combattue treize ans plus tard par le père Mendez qui, dans sa Typo- graphie Espagnole, n'admit l'iiHroduclion du nouvel art qu'à partir de 1 474, et réclama, pour Valence, l'honneur des premiers essais. Mendez demandait à Capmany, à l'appui de son opinion, des preuves que celui-ci ne put ou ne dai- gna point fournir; et Valence s'enrichit des dépouil- les de Barcelone. Nous étions dans l'erreur commune, et notre élude était déjà livrée à l'impression, lorsque nous avons eu connaissance d'une courte, mais substantielle disser- tation, publiée en 1833, par DonJaime Ripoll Vila- damor archiviste du chapitre de Vich, et dont un petit livre, découvert dans un coin de la biblio- thèque des PP. Trinitaires déchaux de cette ville , fut l'occasion et le sujet. Voici le titre du librito, com- me l'appelle Don Jaime, et sa description à l'adresse des amateurs bibliophiles. Libellas pro cfficiendis orationibus, ut grammaticc artis leges expostulant, c docto viro Bcrtolomco Mates conditus ctperP. Johanncm Matoscs Christi ministrum presbitcrumque castigatus et emendatus sub impensis Guillcrmi Ros. et mira artc impressa per Johanncm Gherling alamanum jinitur Barcynone nonis octobris anfiia Nativitate Christi M. CCCC. LXFJT1 .151 Volume de cinquante feuillets, sans pagination, sans signature, sans réclames; nul autre signe de ponctuation que le point final; abréviations nom- breuses et compliquées; caractères sans uniformité, VR surtout et le V majuscule; absence de majuscules initiales en tête des paragrapbcs, sauf quelques-unes postérieurement ajoutées à la main; no parece gotico ni romano, sino participante de lus dos. Ce petit livre fut donné au savant et modeste cha- noine » qui, sa pièce d'appel en main, attaqua l'auto- rité de la chose jugée ; et, prenant à partie le P. Men- tiez, se hâta de restituer à Barcelone le fleuron dérobé au profil de sa rivale. Si nos souvenirs sont fidèles, Paris n'eut d'impri- merie qu'en 1 460 ; ainsi Barcelone aurait précédé notre capitale dans la voie nouvelle; c'est une gloire dont il lui serait permis de tirer vanité. Relative- ment à notre travail, cette date de UG8 modifie sur plusieurs points nos appréciations; nous laissons à l'intelligence du lecteur le soin d'appliquer Verrata. PlENARDDE S.UNT-Mat.O. 1 Nous avons connu Don Jaime Ripnll, nous avons joui de son intimité. Sa réputation de science était solidement établie : mais il fallait le voir do près pour counaitre l'homme tout entier; et, si l'on admirait alors son érudition, on aimait bien plus encore la simplicité douce et modeste qui en doublait le prix APERÇU HISTORIQUE SUR lsE0rVTXCULTTJP.E Par M. le Baron Ciuiraufl de Saint-llarsal. Lu dans la Séance publique du 31 mai (852. Au mois de septembre de l'an dernier eut lieu, pour la première fois, dans cette salle, la réalisation d'une idée heureuse: une exposition de fleurs et de fruits. Son succès détermina les amateurs, associés, à arrêter quelle serait renouvelée deux fois chaque année : au printemps et en automne; c'està M. Llou- bes, notre collègue, alors maire de la ville de Perpi- gnan, qu'appartient le projet. La Société des Pyrénées- Orientales s'empressa d'adopter les vues d'un admi- nistrateur aussi actif qu'éclairé. Elle a compris, en 1 852, au nombre des primes demandées au ministère, une allocation pour L'horticulture. Nous regrettons qu'on n'ait pas cru devoir l'accorder. La Société y 353 suppléera suivantscs faibles moyens, dans le courant de l'année. Elle connaît loui le prix de celte branche de l'art agricole, dans une région, sous ce rapport, si favorisée par lanaiure, et qui se trouve, nous osons le dire, dans les meilleures conditions pour triompher de toute rivalité. Le vif intérêt que nous portons à l'agriculture, doit nécessairement rejaillir su i l'horticulture, qu'on peut, avec raison, nommer sa soeur cadette. Si, bien mieux dotée, l'aînée a un plus grand nombre et de plus sérieux partisans, l'horticulture a des amans passion- nés et surtout une puissante protection, celle du beau sexe. Le jardinage, les fruits, les (leurs forment son domaine. L'importance du premier, du plus riche fleuron de sa couronne, s'accroît tous les jours. Le perfectionnement des communications lui garantit un brillant avenir. Tous les jours s'accroît aussi le goût des amateurs pour la culture des arbres fruitiers et des plantes d'agrément. L'exposition de 1851 et celle qui décore aujourd'hui cette enceinte, révèlent assez le penchant de notre population pour les jar- dins; charme des loisirs du riche propriétaire, hon- nête délassement de l'ouvrier, plus heureux peut- être de cultiver quelques pots d'oeillet et de basilic sur sa modeste croisée, que le grand seigneur pro- diguant ses trésors pour entourer son château d'un vaste parc, d'un verger, d'un parterre, où se trouvent réunies les plantes des deux hémisphères. Dans tous les temps sans doute, exista le goût pour les jardins; mais il a maintenant un caractère parti- culier, en harmonie avec les mœurs de l'époque. 11 est populaire; il appartient à toutes les classes de la société. L'historique du jardin d'agrément et du jar- 23 354 din potager, chez les anciens et les modernes, ne serait peut-être pas indigne du savant. Pour que vous en jugiez, permettez-moi, Messieurs, d'en ébaucher le sujet, au moyen des rares jalons qu'on trouve dans l'histoire. La plus ancienne, la Bible, nous fournira les premiers documents. Les jardins d'Eden, que Dieu planta, renfermaient les végétaux de tous les climats. Dans cet asile du bonheur et de la paix, destiné à l'Etre privilégié, reposaient mollement, sous le figuier, le cèdre, le palmier, le magnolia, Adam et sa belle compagne. Là, se jouaient sur l'herbe fleurie, le tigre et la gazelle, le loup et l'agneau. Leschants mélodieux du rossignol et du serin des Canaries charmaient l'aigle et le vau- tour. Des ruisseaux d'eau limpide coulaient sur un sable argenté. Toujours la fraîcheur d'un vent doux, partout une végétation luxuriante, le fruit et la fleur sur la même tige. Au modeste fruitier de Joakim, où la chaste Suzanne, surprise au bain, résista aux infâmes desseins de deux vieillards prévaricateurs, et préféra s'exposer à la mort que de pécher devant Dieu, succéderaient les somptueux jardins des nom- breux palais et maisons de campagne de Salomon , dont la vie voluptueuse ternit l'éclatante renommée de sagesse des premières années de son règne. 700 femmes embellirent successivement ces palais dont les bosquets, les vergers et les vignes furent célébrés avec tant d'abandon dans les chants immortels du poète-roi. Viendrait ensuite l'une des merveilles du monde : les jardins suspendus de Sémiramis. Une immense terrasse, portée sur une forêt de colonnes, soutenait, jusqu'au niveau des appartements les plus élevés du .$55 palais, des massifs de terre , couverts non seulement de piaules et d'arbustes mais de grands arbres. Les jardins des rois de Perse et des Satrapes se distin- guaient par leur étendue, et leur disposition en parcs clos de murs, pour y renfermer le gibier et les bêtes fauves Chez les Grecs, Pisistrate, Cimon réunissaient dans leurs jardins les philosophes et les guerriers d'Athènes, d'est au dernier qu'on dut les plantations de l'académie et les promenades publiques. Les Romains employaient à rétablissement desjar- dinsde leurs maisons des champs les tributs des nations vaincues. César, Pompée, les plus illustres person- nages de cette capitale du monde, aimaient à s'y re- poser du tumulte des affaires. Lucullus, déployant à Tusculum un luxe de Sybarite, offrait à ses con- vives les mets les plus recherchés à l'ombre des arbres les plus rares, venus comme eux de toutes les parties du globe. Mécène, protecteur et bon juge du mérite, accueillait, dans sa belle retraite de Tibur, les gens de lettres les plus distingués. Pline savourait les douceurs de la vie privée, avec un petit nombre d'amis, sur les bords du lac de Corne, dans sa déli- cieuse maison, encore existante, de Pliniana. Sous les empereurs, les torrents d'eau que versaient dans Rome vingt aqueducs étaient aux trois quarts con- sacrés aux immenses jardins qu'elle renfermait. On montrerait enfin Diocletien, abandonnant le pouvoir, après un règne glorieux, et préférant cultiver les plantes de ses jardins à Salone que de reprendre la pourpre. Dans le meilleur ouvrage qui nous est par- venu de l'antiquité sur l'art agricole, Columelle con- sacre le dixième. livre aux préceptes sur l'exploitation des jardins, et c'est le seul embelli des charmes dé 35fi la poésie. Cneius Marins, avant lui, enseigna, ie pre- mier, Tari de greffer. Nous retrouvons encore les Romains dans la Gaule envahie par les Francs, au ve siècle. Le palais des thermes de Julien, dont les vastes jardins et les vigno- hles s'étendaient jusqu'à la Seine, fut occupé par nos rois de la première race. C'est à peu près sur ce point que ie plan de Paris, sous Philippe-Auguste, indique le palais de Clovis. Le héros du ixc siècle, Charlemagne, au faîte de la puissance, toujours pré- occupé de Futile, ordonnait, dans ses capitulâmes, qu'on lui rendît un compte exael du produit des her- bes de ses jardins, dont il faisait vendre l'excédant au marché. L'histoire du moyen-âge, de celte période d'agitation, signalée par la fièvre des croisades, par des entreprises chevaleresques et le despotisme de la féodalité, ne fournil aucun document remarquable en ce genre. On comprend d'ailleurs que, sous un pareil régime, tout ce qui avail rapport à l'agricul- ture dût sans cesse être exposé aux vexations et à la tyrannie des gens de guerre. Nous devons toutefois aux croisades l'introduction en Europe de quelques végétaux utiles et de belles fleurs. Le maïs, le prunier, l'échalote, la renoncule, la tulipe, nous furent ap- portés dans la panetière des pèlerins ou transmis de proche en proche. Hâtons-nous d'arriver au siècle de toutes les gloi- res. Sous Louis XIV, tandis que laQuintinie décou- vrait le mode de tailler fructueusement les arbres, les belles conceptions de Lenolre portèrent au plus haut degré l'art de la décoration, le dessin régulier I effet grandiose dans les jardins, parmi lesquels on itinguàit : ceux de Sceaux, dont il n'existe plus de (races, ceux des Tuileries et de Versailles, si splen- didement restaurés sous le dernier règne. Chantilly, magnifique résidence du grand Coudé, n'offre plus que des ruines. Ses élégantes constructions ont disparu sous le marteau, et la faux de 93 a détruit ces pré- cieuses collections de végétaux et de fleurs que l'illus- tre guerrier se plaisait à cultiver dans les rares tno ments de repos de sa vie aventureuse. Sous Louis XV le goût dégénéra. La mode étendit son empire sur les jardins comme sur les arts. Le buis, la charmille, le troëne, soumis au caprice du ciseau, dessinèrent des lignes contournées, mille for- mes burlesques, et jusqu'à des animaux vivants ou fantastiques. Partout, en perspective ou dans les mys- térieux réduits, des vases de fleurs en terre cuite, des magots chinois, des caricatures. Plus tard, mais cette fois, par un heureux retour vers la nature, la mode, toujours mobile, introduisit chez nous le jar- din anglais ou paysagiste. Le petit Trianon fut un chef-d'œuvre en ce genre. Dans cette retraite , dont la fraîcheur de la végétation, les eaux et les accidents du terrain faisaient tout le charme, la plus belle, la plus malheureuse princesse, s'allégeant du poids de la couronne, venait jouir des douceurs de l'intimité cl de quelques instans de liberté ravis à l'étiquette; bonheur qu'empoisonna cruellement le souffle impur delà calomnie. Les bosquets de la IMalmaison, formés, à grands frais, de massifs d'arbres étrangers, protégèrent de leur ombrage les profondes méditations d'un grand homme, qui les rendit à jamais célèbres. Le parterre s'émailla de tout le luxe de la floriculture, sous l'ins- piration d'une adorable femme, qui, plus sensible à nos désastres qu'à sa propre infortune, y termina don 358 ioureusement sa vie, loin des objets de son affec- tion. Les jardins de ce genre s'établissent dans quelques contrées sur la plus grande échelle. En Angleterre, en Allemagne, de vastes propriétés sont organisées de manière à présenter, sans nuire à la culture, des promenades partout accessibles aux voilures, des points de vue pittoresques, tour-à-tour des massifs d'arbres et des clairières. Les villas d'Italie sont la reproduction des magnifiques résidences des ancien- nes familles patriciennes de Rome. Je pourrais, en faisant des excursions dans les pays étrangers, vous dépeindre une grande partie de la province de Valence, formant un vaste potager; je pourrais vous parler de la Hollande, dont le sol conquis sur les eaux est si fertile de ses produits horticoles si abondants, de son commerce de fleurs jadis si prospère; mais ce ne serait plus un aperçu, et je ne me suis pas proposé d'aller audelà. Je dois mentionner cependant le jar- din d'hiver, où, sous la protection de châssis, quelque- fois gigantesques, on cultive à Pélersbourg les plan- tes des pays méridionaux, le jardin chinois, où, par des procédés ingénieux, on parvient au bizarre résul- tat de rapetisser les objets en leur conservant toutes les proportions et les caractères delà vétusté. A côté de celte rapide esquisse de l'histoire réelle des jardins potager et d'agrément, doit aussi trouver place la mention des jardins décrits dans la mythologie et le roman. Pour s'emparer des pommes d'or du jar- din des Hespérides, Hercule dut combattre et tuer le dragon qui en avait la garde. Les merveilleux jar- dins d'Aleinoùs étaient couverts de plantes, de vignes, d'arbres toujours veris, toujours chargés de fruits. 359 De nombreux canaux, alimentés par deux sources abondantes, y cnireienaient la fraîcheur et réjouis- saient la vue. Les vastes prairies ceintes de bois d'oran- gers, les grottes incrustées de coquillages, les eaux de cristal seprécipilanl en cascades ou fuyant dans la plai- ne, faisaient de l'isle de Calypso un séjour enchanté. Chez tous les peuples, dans l'histoire, le poème épique, le roman, on a dépeint les jardins comme contribuant puissamment aux charmes d'une douce existence. On les voit figurer dans la création suivant les croyances chrétiennes. Ils forment dans toutes les religions, qui admettent une autre vie, le principal élément des délices dont jouira l'homme vertueux. Dans le paradis de Mahomet, des vierges, éternelle- ment merveilles de beauté , serviront aux vrais croyants des mets exquis dans des vases d'or , au milieu de jardins toujours verts et fleuris. Ainsi le jardin entre dans les réalités de la vie, dans les rêves de l'imagination, dans la perspective du bonheur inaltérable des élus. Qui ne sait que l'assemblage des fleurs a pour les amants un mystérieux langage et qu'elles symbolisent des sentiments, des passions? De son côté le savant botaniste en formera un calendrier des saisons, des mois, des heures; un hygromètre naturel, annonçant la sécheresse ou l'humidité. Vous le voyez, Messieurs, le champ est vaste et fournirait matière à des volumes. Quelque attrayant que soit le tableau, je ne dépasserai point le cadre que je me suis donné. Je ne saurais toutefois m'em- pêcher de dire un mot de l'abus d'un goût aussi natu- rel: j'entends, de ce délire, de cette passion effrénée pour les fleurs qui, au xviie siècle, fit faire d'in- 360 croyables extravagances. On sacrifiait, à la possession d'un carré de tulipes ou de jacinthes le capital d'une terre. En 1637, le commerce des fleurs s'éleva, à Harlem, à plusieurs millions de francs. On raconte qu'un ognon de tulipe fut payé cinquante mille francs. Oncite le traitd'un amateur qui écrasa tous les cayeux d'un ognon pour qu'il fût l'unique. Maintenant l'en- thousiasme est moins ardent; et, quant à nous, mp- dqstçs amateurs, le cercle de nos plaisirs est restreint au simple parterre de quelques ares. Je pense qu'on doit s'en féliciter; car les effets de ce penchant, si général pour la floriculture, n'en sont que plus utiles et en définitive plus moraux, remplaçant, dans l'em- ploi de nos loisirs , des habitudes dispendieuses et moins innocentes Animée de l'esprit positif et spéculateur de l'épo- que, la Société doit surtout encourager le progrès du jardinage et de l'arboriculture. On a déjà compris tout le parti qu'on peut tirer de quelques objets ici très abondants. Des quantités considérables dépêches, d'artichauts, de primeurs en légumes sont expédiées au loin. Quelle immense supériorité le Uoussillon n'a-t-il pas sur les contrées voisines, et à plus forte raison sur le Nord de la Fiance ! Les légumes, les primeurs qu'on obtient naturellement parla chaleur du climat et l'irrigation , il faut à Paris des serres, des cloches, des paillassons, des soins continus pour les préserver du froid. Delà, des frais énormes d'exploi- tation, et l'impossibilité d'une concurrence quand le chemin de fer existera. Quelle serait alors la limite des terrains mis en rapport de jardinage? On ne sau- rait l'assigner ou plutôt il n'y aurait d'autre limite que celle de l'épuisement de l'eau. Ce qui nous manque, .'{(il < cm l'art de greffer avec entente, et encore pins de tailler les arbres de manière à obtenir le plus grand produit. Il serait à désirer qu'un habile ouvrier fit des élèves parmi nos jardiniers. Nous avons reconnu, du reste, à l'exposition de 1851 que nos vergers s'en- richissent de nouvelles espèces de fruits à pépin, bien supérieures aux anciennes qui s'abâtardissent en vieillissant et reviennent, comme toutes les choses de ce monde, par la caducité à l'enfance, à l'état pri- mitif. Le semis seul régénère l'espèce et fournit sou- vent d'innombrables variétés. Généralement appliqué maintenant pour unefoule de végétaux, cet ingénieux moyen, rarement pratiqué jadis, a un tel succès poul- ies fruits et les fleurs, qu'en jetant les yeux sur des catalogues ou en visitant les jardins, on se trouve en quelque sorte dans un monde inconnu. Ainsi, Messieurs, pour vousparler une langue, pui- sée par la botanique dans la Mythologie, ainsi s'étend tous les jours le domaine de Flore, et avec moins d'éclat, mais plus de profit, celui de Vertumne et Pomone. Peu de contrées en France rendent à ces divinités protectrices de l'horticulture un culte plus zélé. La banlieue de Perpignan ne sera bientôt plus qu'un immense jardin-, on peut en dire autant des environs d'Ille et d'autres localités, il n'y a presque pas de village dans la Salanque, et parmi ceux jouis- sant d'un bon arrosage, qui ne possède une ceinture de jardins potagers. Mien ne sera plus propre à soute- nir, à exciter cette disposition, que la persistance des amateurs dans la résolution prise et exécutée jus- qu'ici avec une louable ardeur. Travaillons tous à accroître journellement l'intérêt qui s'attache au développement des ressources vivifiantes du départe- ment. iNous en recueillerons la plus flalteu.se récom- pense , celle qu'on dise de nous : que nous avons bien mérité du pays. Le mois de septembre prochain verra la réunion des fleurs et des fruits. L'exposition devant être plus complète, nous avons cru devoir renvoyer à cette époque une allocation de primes pour laquelle con- courront les jardiniers. Reconnaissant toutefois les grands services rendus à l'horticulture par MM. les frères Robin, qui ont créé un vaste établissement où puise non-seulement le Roussillon mais la Catalogne, la Société leur accorde une médaille en bronze. MM. Aleron, Michel Capon et Roquefort Ferréolont mérité une mention honorable, que je me plais à proclamer. 363 Séance publique du 12 Juin 18o3. Présidence de M. Auguste Lloubes. Cette séance, malgré le mauvais temps, a été sans contredit une des plus brillantes qu'ait données la société. M. le Préfet, M. le Maire de Perpignan , MM. les Généraux de division et de brigade, la plu- part des officiers delà garnison et des fonctionnaires des diverses administrations, de jeunes et de gracieu- ses dames, l'élite enfin de la population s'y étai t donné rendez-vous, pour prendre part à cette fête du travail et de l'industrie. A une heure et demie précise, M. le Président avait pris sa place sur l'estrade, ayant à sa droite M. le Préfet, à sa gauche M. le Maire, et après eux MM. les membres du bureau, lorsque l'excellente musique du 67e de ligne a ouvert la séance, en exé- cutant une de ses plus brillantes symphonies. M. le Président et M. le Préfet après lui, ont ensuite pris la parole. Nous nous abstiendrons de parler de ces deux belles allocutions; nous nous bor- nerons à les donner en entier, persuadés que les per- sonnes, qui n'assistaient pas à la séance, apprécieront comme l'auditoire, tout ce qu'elles renferment de convenance et de dignité. « Messieurs, « La Société, que j'ai l'honneur de présider, vous a conviés à une cérémonie bien modeste, la distri- bution de primes et de médailles; votre présence 36Ï- prouve que vous appréciez louie la poriée des solen- nités dcpe genre. La Société les voit arriver avec le plus vif intérêt-, elles sont destinées à faire progres- ser l'art agricole, en appelant dans les luttes pacifi- ques du concours des agriculteurs, des agronomes avides d'améliorations. « De tous les arts pratiqués, l'agriculture est le plus ancien, celui que l'homme a exercé le pre- mier lorsqu'il a voulu sortir de la barbarie ; et ce- pendant c'est celui qui, relativement, a le moins progressé. Ah ! c'est qu'il ne lutte pas à armes égales avec les autres. Sans nous préoccuper de l'époque où le sol féodalement exploité ne pouvait fournir que pauvrement aux besoins de ses habitants, nous en viendrons au moment où, après qu'il a été donné à tous de pouvoiracquérir, le pays libre de guerres n'a plus manqué de bras, et nous devrons reconnaître que toutes les industries ont laissé l'agriculture en arrière. « L'industrie, aidée des hommes de science, des contremaîtres qui ont vieilli sur leur métier, soute- nue par des capitaux qui vont à elle de préférence , peut marcher de progrès en progrès, rien ne l'arrête. Les essais que le raisonnement, l'expérience indi- quent de tenter, peuvent se faire à l'abri, dans des lieux disposés exprès, en tout pays, sous tous les cli- mats; et si les déductions que le calcul a fournies ne sont pas erronées , on est certain que la tentative d'amélioration réussira: peut-il en être ainsi de l'agri- culture ? Hélas non! et chacun de vous en devinera la cause : le sol est exploité par ceux qui le possèdent ou par ceux qui l'afferment aux possesseurs. « Parmi les premiers, peu le font valoir par eux- mêmes, cl peu ont la bonne volonté d'expérimenter: 365 les fermiers, pris entre des baux à court tenue et les échéances de leurs fermages, ne labourent le sol que pour lui faire produire, parfois jusqu'à épuise- ment, tout ce qu'il peut donner. 11 n'y a donc que de rares individualités qui. douées du feu sacré, se livrent à des tentatives d'améliorations. Si nous joi- gnons à ces faits tous les mécomptes qui assaillent l'agriculture, l'inclémence des saisons, la grêle, les inondations, le mal fait par ces myriades d'insectes d'autant plus dangereux que leur extrême petitesse et leur prodigieuse fécondité les rendent inexpugna- bles; si nous faisons enfin remarquer que l'expérience déjoue le plus souvent les raisonnements qui parais- sent les mieux assis, on reconnaîtra que les essais sont décourageants pour celui qui les lente, impossibles pour beaucoup, et que chaque conquête nouvelle mérite d'être considérée à l'égal d'un événement. « Nous devons avouer toutefois que l'instruction agricole est généralement fort peu répandue dans la majorité des possesseurs du sol, et qu'il leur est dès lors fort difficile de former des mahres-valeis qui soient autre chose que des routiniers intelligents. Aussi avons nous vu avec un véritable bonheur, créer une ferme-école. Les perfectionnements de la pra- tique, les connaissances les plus utiles, la destruction des préjugés, y sont soigneusement enseignés à de jeunes hommes choisis dans la classe qui tient le mancheron d'une charrue ; leurs études terminées, ils reviennent à la vie des champs, et vont répandre autour d'eux, par l'exemple, tout ce qu'ils ont appris de bon. On reconnaîtra dans peu d'années, par une meilleure entente de la conduite des bestiaux de IOUIG sorte, par un meilleur emploi des facultés à\\ 366 sol, par l'adoption d'instruments, anciens ailleurs, mais nouveaux ici, par la tenue d'une comptabilité, combien cette institution aura produit de bien. « Ah! c'est qu'il faut nous hâter de faire mieux! Avec le caractère vif et l'aptitude qui nous sont pro- pres, nous le pourrons. Eh puis! n'allons-nous pas avoir le chemin de fer qui va secouer l'apathie de quelques-uns? « Nous avons salué avec bonheur l'acte du pouvoir qui a décrété l'établissement d'un chemin de fer de INarbonne à Perpignan; nous y avons vu avec raison toutes les villes de France rapprochées de nous, et à portée de recevoir en peu de temps nos produits du sol, d'une conservation difficile. Mais nous ne devons pas perdre de vue que si le wagon emporte, il ap- porte aussi; et que nous recevrons peut-être des au- tres certaines choses que nous nous apprêtons à leur donner. 11 faut donc, pour ne pas éprouver de mé- comptes, se mettre à l'œuvre de suite pour faire mieux, elle beau ciel dont Dieu a été prodigue pour nous, nous fournira des avantages que l'on ne pourra pas nous disputer. L'agriculture de ce pays pourra peut-être éprouver de profondes modifications dans son élève du bétail par l'établissement d'un chemin de fer. Réduits actuellement aux races indigènes ou à celles des départements limitrophes, nous ne pou- vons pas profiter de l'introduction dans le commerce de ces belles races créées dans le nord, pour la per- fection desquelles l'homme semble avoir vaincu la nature. La vapeur aura fait disparaître pour elle la difficulté de locomotion, les fortes dépenses et même l'impossibilité d'un long voyage, toutes choses qui rendaient inabordables pour nous l'amélioration de 367 celle branclie importante ei lucrative de l'art agri- cole. El qui sait à quels résultats nous pourrons at- teindre avec nos pâturages substantiels et l'énergie de noire soleil ! « Si nous envisageons avec bonheur ce que l'ave- nir nous promet, nous jetterons aussi quelques regards de tristesse sur des désastres récens et dont certaine- ment notre volonté aurait pu atténuer les effets. Vous connaissez tous les garrigues proverbiales d'Opoul et de Périllous. 11 y a soixante ans, de belles forêts de pins et de chênes s'élevaient sur les flancs de ces montagnes', l'Etat y marquait des bois pour ses constructions navales ; la ville de Perpignan avait le droit d'aller s'y approvisionner pour son chauffage : la hache des communes mutinées détruisit tout dans des jours de terrible mémoire! La terre végétale dis- parut, le roc se montre à nu, et c'est à peine si depuis, la chèvre trouve à brouter quelques buis , quelques sabines rabougries, là où se balançaient le chêne al- lier et le pin toujours vert. Eh bien ! ce qu'une main dévastatrice a fait, une main inintelligente peut le faire. La montagne, sur plusieurs points einotamment dans le troisième arrondissement, oublie qu'elle est la montagne. Les habitants, alléchés par l'eau qui coule des hauteurs de leurs vallées pour aller fécon- der le Roussillon, demandent, par priorité aux droits acquis et sous des arguments plus ou moins spécieux, à l'utilisera son passage, non point pour irriguer des prairies naturelles, mais pour irriguer le sol défriché sur lequel ils veulent introduire les cultures sarclées de la plaine. Leur imprudence portera ses fruits; le sort d'Opoul et de Périllous attend ces téméraires novateurs; et lesalluvions qui se détacheront sans re- 3 f>S loin de leurs roches granitiques, iront enrichir la plaine après l'avoir d'abord dévastée; car, sous un autre point de vue, elle se montre tout aussi impru- dente. Parce que nos torrents n'avaient pas roulé dans leur lit depuis quelques années leurs eaux impétu- euses et troubles, il a semblé à bien des gens que ce repos des éléments allait être éternel. Les bois pro- tecteurs des rives ont été arrachés, convertis en ter- res arables, et, aucune digue n'étant plus opposée, dans un moment de furie, les eaux viennent de tout détruire sur leur passage: le plus grand nombre a été victime de l'imprudence de quelques uns; nous comptons sur la main ferme du premier magistrat du département, sur le dévouement aussi loyal que désintéressé que vous lui connaissez pour tout ce qui touche à ce pays qui lui est confié, pour qu'un terme soit mis a la sotte avidité de quelques riverains de nos cours d'eau. (( Un fléau menace par sa réapparition une des sources de la richesse du Houssillon : la vigne est de nouveau atteinte d'un mal connu , mais dont la cause est un mystère. Observons soigneusement, essayons des palliatifs, s'il est possible d'en trouver pour une maladie dont on n'a pas deviné les causes génératrices, et pour un malade qui ne peut se plaindre, mais ne nous effrayons pas outre mesure. Sous lamucédinée qui l'étreint, la vigne ne meurt pas, elle souffre seule- ment ; pas de mutilation inutile ! Réfléchissons et attendons tout de Dieu. «Je dois avant de terminer, accomplir un devoir en payant, au nom de la Société, un tribut de recon- naissance à l'Empereur, dont la mâle énergie nous a permis de pouvoir réaliser pacifiquement etsûremenl .369 les essais d'améliorations commencés cl de compter sur un lendemain. « Fidèles à obéir à l'impulsion donuée à l'agricul- ture, avec cette haute raison qui distingue son gou- vernement, nous nous montrerons actifs à seconder tous les hommes utiles qui s'adresseront à nous, ar- dents à faire la propagande du mieux avec cette per- sévérance qui caractérise les hommes dévoués à l'œuvre qu'ils ont entreprise; heureux si nous pou- vons par nos efforts aider à la solution de ce problême qui résume tout en agriculture: économie de frais , accroissement et amélioration des produits . Allocution de M. le Préfet. « Messieurs, « Je veux vous dire ce que valent pour l'Étal les travaux qui vont être couronnés aujourd'hui. « Dans une société bien constituée, quand tous les organes de la vie sociale fonctionnent avec une har- monie parfaite, à côté de la force militaire, qui sauve- garde nos personnes et nos biens, il faut placer la force productive, qui élargit les limites de notre puis- sance dans l'ordre moral et dans l'ordre matériel. « Et c'est pourquoi l'Empereur Napoléon 1er vou- lut que Tétoile qu'il posaita Boulogne sur la poitrine de ses braves soldats, s'honorât aussi de sentir battre le cœur de ces hommes plus ignorés qui, dans l'étude des sciences et des arts, dans les travaux de l'indus- trie et de l'agriculture, donnaient à leur pays, une bonne part de gloire et de grandeur. « Aujourd'hui que la France a fait la paix avec le monde et avec elle-même, c'est vous, conquérante 24 des conquêtes pacifiques, c'est vous, que, dans celte charte impériale si noblement proclamée à Bordeaux, le nouvel Empereur a nommés ses soldats. « Et l'honneur militaire, au bruit de ces belles paroles, n'eut rien à souffrir d'entendre consacrer l'honneur du travailleur. « Il n'est pas de rival entre gens de cœur qui ser- vent sous un même drapeau. « Recevez donc avec orgueil, Messieurs, ces fai- bles prix accordés au travail et à l'intelligence. Gar- dez-en le brevet dans vos états de service, comme fait le militaire des récompenses données à son intel- ligence et à son courage. « Et vous, les chefs de celte année qui doit con- quérir à la morale, à l'aisance, à la fortune les popu- lations de ce pays, MM. les membres de la Société des Pyrénées-Orientales, poursuivez votre marche : l'Empereur vous paiera vos victoires; car la France nouvelle tient sa main droite posée sur une épée et sa gauche sur une charrue, les deux bras chargés de couronnes. » Après ces deux allocutions, que l'auditoire a cou- vertes d'applaudissements, la première partie du pro- gramme a été remplie dans Tordre suivant: L Infant dont Ferrand de Mallorquc , par 31. de Saint-Malo ; L'Original et la copie, anecdote en prose par M. Sirven; Rapport de M. Azémar sur le semoir de M. De- namiel. Rapport sur l'opéra de Fellcda, par M. Chaurand de Malarce. Entre les deux parties du programme, M. le Préfet 371 a remis à M. Petit Ja médaille d'argent (grand module) que la Soeiété a décernée à cet habile artiste pour la musique de Vellcda, dont il est l'auteur; et à M. De- namiel, une seconde médaille (grand module) accor- dée à cet ingénieux agronome pour son semoir à hélice. La musique a exécuté un des plus charmants mor- ceaux de Lucie de Lamermoor, et l'on est passé à la seconde partie du programme, composée de la Fie des Plantes, par M. Guiraud de Saint-JVJarsal ; une Croix d Honneur sous l'Empire, anecdote en prose par M. Sirven. Rapport sur le DrainagCj par M. Falip; L'artiste reconnaissant , anecdote en vers par M. Fabre. Notice historique sur les prisonnières du fort de Villefranche, par M. Morer. Lecture du programme du prochain concours. M. le Président a terminé la séance par la distri- bution des primes suivantes : Une pour la meilleure exploitation rurale. Six pour la petite éducation de vers à soie. Quatre pour les agents ruraux. Une pour le drainage. Trois pour les plantations. — Chéne-liége. Cinquante-une pour l'amélioriation de l'espèce bovine. Et chacun s'est retiré satisfait d'une solennité qui prouve que nos agriculteurs rivalisent déjà d'efforts pour faire rendre à notre sol tout ce qu'il peut pro- duire et qui, pour l'avenir, fait concevoir les plu? belles espérances SOIE HISTORIEE SUR LES PRISONNIERES D'ÉTAT DU CHATEAU DE VILLEFR ANCHE , Par M. Ilorer» Archiviste du département. En Tannée 1G80, la capitale de la France était épouvantée par de nombreux empoisonnements. La mort se glissait partout* on la respirait dans le parfum d'une fleur ; le malade la trouvait dans la potion qui était destinée à le guérir- l'homme dont la succession se faisait trop attendre, au gré de ses avides héritiers, descendait bientôt dans la tombe: il suffisait d'un peu de poudre empoisonnée, et cette poudre était ironiquement appelée la poudre h succession. Ces cri- mes cachés, long-temps impunis, et qui rappelaient ceux de la marquise de Brinvilliers, éveillèrent toute la sollicitude du gouvernement. On créa une Cour de justice extraordinaire, qu'on désigna sous le nom de chambre ardente. Les coupables furent recherchés: quelques uns payèrent leurs crimes du dernier sup- plice-, d'autres furent exilés ou condamnés au fond d'un château à une prison perpétuelle. La plus grande partie des habitants du pays ont entendu parler de ces prisonnières mystérieuses qui furent autrefois enfermées, par ordre de Louis XIV, dans le château de Salses, et transférées ensuite dans le château de Villefranche-en-Conflent. Quelles étaient ces femmes? Quel était leur véritable crime? Nul ne le savait d'une manière précise, car nos docu- ments restaient muets. Cependant, alors même que nous manquions de preuves authentiques, la tradition nous apprenait qu'elles s'étaient rendues coupables d'empoisonnement; elle disait aussi cpie celaient deux grandes dames appartenant à la Cour, et l'on conserve encore aujourd'hui dans le château de Sal- ses une vue du palais des Tuileries qui aurait été, à ce que l'on prétend, dessinée au crayon par l'une d'elles sur les murs de sa prison. M. Henry, dans son Histoire du Boussillon, raconte ce que l'on connaît sur ces prisonnières, et il ajoute que les recherches les plus minutieuses, faites dans nos archives, n'ont rien fait découvrirsur leur compte. Plus heureux dans mes investigations, j'avais déjà indiqué à cet auteur, qui l'a publiée dans un de ses ouvrages, une lettre ministérielle qui porte la date du 28 août 1717. Des recherches récentes m'ont permis de soulever un peu plus le voile en me fnisant décou- vrir trois autres lettres, qui indiquent non seulement la nature de leur crime, mais le nom de deux de ces prisonnières. Ces lettres peuvent offrir un intérêt historique, ou tout au moins de curiosité pour le déparlement. Je les fais connaître en les copiant textuellement avec leur orthographe : Lettre de l'Intendant du Roussillon au Ministre de la Guerre. Perpignan, M août 1717. « Le commandant au chaleau de Yillefranche m'a écrit que de deux anciennes prisonnières d'État pour poison restant de quatrequi y furent enfermées, il y a 36 ans, la nommée Guidon mourut le 15e du courant qui a laissé de ses épargnes 45 livres sur les huit sols de nourriture par jour depuis ledit temps, dont elle a chargé sa camarade survivante de pren- dre ce dont elleauroit hesoin pour son usage et d'employer le surplus à faire prier Dieu pour elle. C'est une prisonnière de moins pour le Roy, et à commencer du 16e de ce mois. 374 sa subsistance à huitsols par jour sera retranchée du compte de l'extraordinaire des guerres. La bonne femme avait 76 ans ; celle qui reste n'est pas moins vieille. Elles estoient dans la même chambre et faisoient chacune sa potée à part. » Réponse du Ministre à l'Intendant. Paris, le 28 août 1717. «J'apprends, Monsieur, par vostre lettre du 17e de ce mois, qu'une des deux femmes qui estoient détenues depuis 36 ans dans le chasteau de Villefranche pour poison est morte le 15e du courant. Vous avez bienfait de m'en donner avis, et je vous priede continuer à m'informerdece qui se passera. » ■ Lettre de l'Intendant au Ministre. Perpignan, 7 juin 1724. Monsieur, « Ce n'est que pour vous donner avis que je viens d'ap- prendre que la prisonnière d'État nommée la Chopelain qui étoit depuis 40 ans dans les prisons du chatau (sic) de Vil- lefranche, mourut le quatrième de ce mois. La raison de sa détention étoit une suite ou une complicité de l'affaire de la Brinvilliers. » Réponse du Ministre à l'Intendant. Paris, 20 juin 1724. « J'ai reçu, Monsieur, la lettre que vous m'avez fait l'hon- neur de m'écrire le 7 de ce mois : je vous rends grâces de l'attention avec laquelle vous avez bien voulu m'informer du décès delà nommée Chopelin (sic) prisonnière depuis 42 ans par ordre du Roy dans le château de Villefranche. Les crimes de la Brinvilliers dont on se souvient encore font envisager sans peine la punition et la perte de la dernière de ses complices. » Il résulte de ces lettres que les prisonnières étaient primitivement au nombre de quatre et non pas seule- ment au nombre de deux, ainsi qu'on l'a écrit. Com- me s'il devait y avoir toujours quelque chose de mys- térieux dans cette affaire, nous ne connaissons que :175 le nom de deux de ces femmes; mais il est facile de remarquer que ce nom est loin d'indiquer, ainsi qu'on l'avait prétendu, qu'elles aient appartenu à un rang distingué. L'une d'elles s'appelait Guidon, l'au- tre la Chopclain: c'étaient là, sans doute, de ces com- plices obscures qui durent peut-être à leur propre obscurité de ne pas périr sur Un échafaud. L'Etat ne leur donnait, pour leur entrelien, que huit sous par jour; cependant avec de longues économies amas- sées peu-à-peu, la Guidon put léguer à sa compagne survivante quarante cinq livres, et elle lui recom- mande d'employer une partie de cette somme pour ses propres besoins, et de consacrer l'autre à faire prier Dieu pour elle. La mort seule fil cesser leur captivité , car leur crime n'était pas au nombre de ceux qui appellent sur la tête des coupables le droit de grâce. En faisant connaître au Ministre le décès de Tune de ces femmes, l'Intendant se contente de dire: C'est une prisonnière de moins pour le Roi, et il n'y voit qu'une petite économie pour le trésor. 11 semblerait aussi résulter de la lettre du 17 août 1717 que ces prisonnières ont été détenues dans le château de Villefranche, et il n'est nullement fait mention du château de Salses: peut-être y avaient- elles été d'abord enfermées, et ce serait sans doute alors que la vue des Tuileries aurait été dessinée par une d'elles sur les murailles de sa prison. Je ne suis pas, il est vrai, au nombre de ceux qui croient à l'au- thenticité de ce dessin qu'on veut bien supposer monu- mental; mais cette tradition, vraie ou fausse, a servi à perpétuer le souvenir de deux misérables empoison- neuses dont il faut envisager sans peine la punition, ainsi que le disait le Ministre dans sa lettre du20juin 1724. LIJNFANT DON FEURANÛ DE MÂYORQUË;, Par M. Renard de Saint-Halo , Sommaire : L'Infant Don Ferrand. — La grande Compagnie Catalane. — Mission de l'Infant. — Sa captivité. — Ses exploits au siège d'Almérie. — Rencontre de Montaner. — Apanage du Prince. — L'Infant au secours de Frédéric de Sicile. — Son mariage. — Mort de sa femme. — Expé- dition de Morée. — Secondes noces de l'Infant. — Sa mort. L INFANT DON FERRAND. Ce prince, tout roussillonnais, naquit, du vouloir de Dieu, comme on disait alors, troisième fils de Jac- ques Ier, roi de Mayorque, écarlelant, quand il chaussa l'éperon, d'Aragon moderne par son père, et de Foix par sa mère Sclaramonde. Chez son oncle, Pierre III d'Aragon, encorelnfant, fut la velléité de se substituer aux comtes de Tou- louse, lorsqu'à l'extinction de cette illustre dynastie le vasselage des Raimond passa, trépignant d'antipa- thie nationale, sous le joug des Francimans, plutôt qu'à l'expectative d'accession aux Etats de Louis IX de sainte mémoire. Malgré le traité de Corbeil (1258), le souvenir de la maison d'Aragon ne s'effaça point de sitôt dans les parties occiianiques ; au contraire, vers celte suze- raineté à peine périmée convergeaient les vieux se- :î77 ciels dune intime sympathie à chaque épreuve du gouvernement de la langue d'Oyl, propre à faire regretter la douceur de la seigneurie indigène. Point de prince de la branche aînée d'Aragon qu'eussent pu appeler, l'an 1305, les Consuls de Carcassonne et de Limoux, dans un accès de réaction contre l'envahissement de la coutume française sur la coutume native. Ces magistrats tournèrent donc leur choix vers l'Infant Don Ferrand de Mayorque, énergique adoles- cent, qu'une aventureuse ardeur semblait appeler à la chevaleresque destinée des Tancrède de Haute- ville, des Robert Guiscard et autres preux qui croyaient acquis par la grâce de Dieu tout pays infi- dèle qu'atteignait leur vaillante épée. La nature ne l'ayant point d'ailleurs trop distancé du trône, on n'hésita point à sonder ses dispositions. Mais la rnèche éventée fut éteinte, à ce qu'il paraît, sous quelques flots de sang. Au fait, le pis eût été le succès; car. pour en ren- verser l'édifice, serait advenu nouveau débordement de loups-cerviers de la race exotique, cadets ci bâtards de grande maison, sires sans terre et sans avoir, industriels de fausses croisades et de tuschinat. LA GRANDE COMPAGNIE CATALANE. Sur les traces des Angevins éconduits (1283), les Catalans avaient inondé la Sicile. Licenciés après la paix d'Agnanie(1295), et réduits à la condition de soldats d'aventure, parce qu'ils répu- gnaient à regagner leurs foyers sans prêt, butin, ni picorée, ils se groupèrent en grande compagnie. dont Frédéric d'Aragon favorisa l'écoulement (1305), 378 sous la conduite du templier Roger de Flor, son vice- amiral, retenu en son allégeance, ainsi que la bande. Ils prirent donc, voie de mer, le rhumb de la Roma- nie uu siècle après la croisade Franco- Vénitienne du sage Villehardouïn et de l'aveugle Dandolo, allant, disaient-ils, défendre contre les Turcs l'Empire chan- celant de Byzance, où ils s'attribuèrent le monopole de tout le mal qu'ils purent interdire aux Barbares. Le terme de leurs exploits fut de supplanter dans Athènes les restes des conquérants français qui, après avoir transformé en échiquier de fiefs la Thrace, la Ma- cédoine, la Thessalie et la Grèce, y substituèrent aux. lois de Justinien les Assises de Jérusalem, romanisè- rent la langue dTïomère, et, parmi les échos du dou- ble mont, naturalisèrent, aussi purs qu'à Paris, les accents des Trouvères, ces rudimentaires essais de la diction perfectionnée de Pascal et de Bossuet, de Fénélon et de Racine. Rome, dit Fleury {lw. 92 n° 9), improuva l'expédi- tion Catalane, prévoyant bien qu'elle finirait par une guerre entre chrétiens. A nos yeux, le fait accompli n'apparaît pas simple- ment comme l'effusion d'un essaim d'enfants perdus d'heureuse délivrance pour la Sicile. Elle nous inté- resse autrement à ce point de vue, que, parvenue à sa destination, elle y établit et lia nos relations com- merciales avec la Romanie, où nous écoulâmes à la suite des draps, des vins et des fers; car c'est en côtoyant la marche des croisades, à portée de leurs besoins, que les Occidentaux apprirent l'itinéraire naval des échelles. Roger de Flor, Bernard de Rocafort et Bcrenger dEntenca avaient pris les devants. 371» MISSION DE L INFAST. L'Infant Don Ferrand rallia bientôt leur petite armée en tête de quatre galères armées aux frais de son cousin Frédéric, d'après leur convention de Melazzo (1306.— 1307). Ferrand avait d'abord mission de rétablir l'harmo- nie entre les capitaines de la compagnie, qui tendaient tous à l'indépendance. Il devait de plus façonner et plier à la subordination suzeraine de Sicile leur corps de Bandouliers, dont à lui seul le commandement. Toute conquête revenait à Frédéric, sans le con- sentement duquel, et suivant l'usage féodal, l'Infant ne pouvait s'établir par mariage dans l'Empire. C'était la plus facile tâche du prince que la dernière. Comment, en effet, s'improviser Banneret par amont. de ces rudes gars , voués à vie périlleuse, en haine d'indigence et de travail manuel, oublieux du regard de père et de mère, proclamant bien paix à Dieu, mais guerre à tout le monde, et convoiteux de riches provinces pour y établir leur Chambre, c'est-à-dire, leur terrestre Paradis, ne pouvant aspirer à l'autre! Il aurait fallu à l'Infant les précédents et la trempe bretonne de Messire Bertrand de Glalkin. Montaner se rangea volontiers aux ordres de Fln- fant, et son exemple entraîna les autres capitaines, un seul excepté. Ce futtlocafort qui, primant de haute main, depuis la mort de Roger de Flor, ne voulut céder le pas qu'autant que le délégué royal de Sicile le prendrait en conducteur tout trouvé, par la grâce de Dieu, c'est- à-dire, sous indépendance complète, y prétendant lui-même à ce titre. 380 Mais Don Ferrand félon et foi-mentic, impossi- ble! Il dissimula toutefois, temporisa pendant quinzaine, commanda même, pour gagner le dessus, une mar- che de la compagnie échelonnée en trois corps à journée de distance; lorsque tout-à-coup ce mouve- ment bien ordonnancé fut troublé d'une émeute, que le prince n'arrêta qu'en accourant à la mêlée, armé de toutes pièces, et sa bannière au poing, com- me caducée de paix. Que ne prêta-t-il alors au suprême commandement la rauque et stridente voix de la lime, qui fourbit le fer de sa lance! D'ailleurs à ces enfants de Bélial point de déli- bération ! Que si, les voyant hésiter à ses volontés aussi brèves qu'absolues, d'un revers de sa masse d'armes il avait abattu le coryphée des mutins, le hurrah catalan Aiirl Aûrl l'eût proclamé le plus brave, et le prestige du crime ou de l'hommage eût poussé, rendue à ses ordres, la colonne en avant. Témoin les routiers du Petit Meschin, déconfit à mort par le sire Provençal de La Suse, qu'ils voulurent promouvoir à sa place, quoiqu'étranger à leur bande, ce que refusa haute- ment le chevalier sans reproche et sans peur. Trop loyal prince, Ferrand s'enquiert au contraire de la compagnie si elle veut, ou non, le reconnaître pour lieutenant de Frédéric. Mais était-il assez national aux yeux de ces guer- royeurs, dont la velléité de prendre le nom de Com- pagnie F ranhc (Laurent Echard, tom. 11, pag. 335j trahissait la diversité d'origine! Sur réponse négative sourdement préparée, Don 381 Ferraiid gagne son armée navale, ei se résigne à la retraite, suivi de Monianer seul. SA CAPTIVITE. Capturé de mauvaise foi par des galères Françaises, il fut envoyé captif au duc d'Athènes, qui le mit aux fers en son château de Saint-Omer, près de Thèbes. Monianer, au contraire, méchamment renvoyé à la compagnie, reçut affectueusement de ses anciens frères d'armes liberté plénière, dont il profita, dans l'intérêt des plus pressants secours nécessaires à son prince. Nouveau Blondel , mais à front découvert, il voulut même en partager les chaînes. Toutefois, d'ordre de l'Infant qui le préféra pour courtisan de- son malheur auprès des rois latins alliés de sa famille, et en position d'aviser à sa délivrance, il partit, non sans regrets, chargé d'un autographe à l'adresse de Frédéric, après avoir exigé du maître queux de la géole , responsabilité jurée des aliments destinés à l'auguste emmuré. Telle était alors la foi ajoutée au serment! Frédéric ne fît faute d'écrire aux rois d'Aragon et de Mayorque, et ces princes, continuant l'officieuse intervention, advint au duc d'Athènes mandement d'expédier l'Infant vers Robert, roi de Naples, ce qui eut lieu, voie de mer, jusqu'à Brindes, et voie de terre, de là en avant. Naples devint donc une prison courtoise où le dé- tenu mayorquin, festinait et chevauchait avec le roi et la reine Saucie, sa sœur, en attendant le résultat final des agences diplomatiques de son père à la Cour de France. Le roi Jacques y obtint, en effet, sans condition le 382 retour de l'Infant, et le cher fils vint aborder à Col- lioure, à la grande jubilation du vasselage , car Ferrand était bien le plus estimé des Infants de Mayorque. SES EXPLOITS AU SIEGE d'aLMEKIE. Ce prince passa successivement à Yhost royal d'Ara- gon, fesant (1309) le siège d'Almérie , dont le rous- sillonnais Jazpert, vicomte de Castelnou, commandait l'attaque du côté de la mer. Il y advint que le roi d'Aragon, ayant à déjouer en personne quelque surprise,, tendant à débloquer la place, inopinément eut lieu une sortie de trois cents chevaux, sans compter les flanqueurs à pied, le fils du roi de Guadix en tète, agitant sa zagaye nue, et criant Avibcnosoltan! l Qu'est-ce à dire, demande Ferrand à son interprête? — Seigneur, qu'il est fils de roi! — Moi de même; à donc la partie est égale ! El brochant des deux, voilà qu'avant de le joindre , il passe maints chevaliers au fil de sa lance. Mais réduit à sa masse d'armes, pour avoir déjà brisé son épée> il arrive face à face avec le prince Maure qui, d'un seul coup de la sienne, lui abat le premier quartier de l'écu. Promplement servi d'une rechange, c'est alors que l'Infant s'élance, rapide comme l'éclair, et qu'avec même sang froid et dextérité qu'à la course de ba- gue, il ajuste l'estocade entre les dents de l'adversaire qui tombe sur le carreau. L'œil enflammé sous la rcdccilla, bondissantd ardeur musculaire sur leurs élastiques alpargatcs . cl bran- 1 Mon père est (ils de roi. 383 (lissant d'admiration leur épieu ferré (la cscona- montcra), ainsi que de sa courte lance en use le hou- lan magyare, jeunes et vieux almugavares le saluent de leurs acclamations le héros de la journée; et de tous ces enfants de la magique Ibérie, toujours égale- ment amoureuse et guerrière, pas un à qui n'advienne celle secrète pensée : Quelle est donc la Chimène dont les doux yeux provoquent encore presqu'aux portes de la noble Valence les exploits d'un autre Cid Campéador? La campagne achevée, lorsque Ferrand prit congé du roi à' Aragon, il fut question de le marier à Clé- mence de Hongrie, qu'épousa Louis Mutin. Tige de sainteté que cette maison de Hongrie, d'où provint la chère sainte Elizabelh des Allemands, Elizabeth la grande duchesse de Thuringe, aux enfants si gra- cieusement accueillis h la Cour de France par la reine Blanche, toujours empressée à démêler sur leur front le sceau des tendresses de leur céleste mère, et le point qu'elle avait signé de ses hénédictions. [Comte Charles de Montalembcrt). En Attique, dans l'intervalle (1309), la grande Compagnie Catalane eut pour capitaine Roger Dezlaur (peut-être de Llauro ) , chevalier roussillonnais, échappé au désastre de l'armée de Gauthier de Brienne, qui, profilant de la facilité de s'allier aux riches héritières du pays, s'établit avec la veuve du sire de La Sola, et en posséda le château. RENCONTRE DE MONTANER. Comme il était venu saluer les vieux jours de son père, Ferrand eut l'agréable surprise de trouver à Mayorque le brave Montancr, allant, sous le bon plai 384 sir do Frédéric, prendre femme à Valence. Il le com- bla, de même que le roi, qui n'hésiia point de dire que le preux guerrillero était bien, après lui, l'hom- me qui chérissait le plus son cher Ferrand. Quel baume velouté pour ce cœur aussi désintéressé que fidèle! Insignes d'honneur n'équivalent pas. Au retour (1312) le roi Jacques était allé de vie à trépas. Mais le roi Sanche rivalisa de bienveillance envers Montaner, avec Ferrand son frère. Celui-ci le recom- manda sur la route jusqu'à le charger pour Frédéric de blancs faucons richement chaperonnés, chaussés en sonnettes mauresques, veneurs gruyers, usités d'ailleurs en volerie au point de capturer dans le vague des airs, et de rapporter, sans avarie de plume, le serin volage , déserteur ingrat du chaste sein de la châtelaine. APANAGE DU PRINCE. Le 3 des nones d'août 1311, Ferrand avait souscrit l'hommage que Jazpcrt de Castelnou, naguère men- tionné, fut tenu de prêter au roi Sanche, comme héritier du vicomte, son père, le champion du cartel de Bordeaux. Un apanage avait été certainement assigné sur les états de Montpellier a l'Infant Don Ferrand; car il se dit seigneur de cette baronie, dans son contrat de mariage du 4 octobre 1 31 5, (Montaner, chap. 267). C'est ainsi que son second fils Don Ferdinand se qua- lifia par la suite de vicomte d'Omélas, et de sire de ï'rontignan, parce que ces lieux se trouvaient dans l'enclave qui, avec la jouissance de quelques droits féodaux, répondaient de sa dotation princière mon- 385 tant à troismille livres de revenu (IVAigrefeuille, pag. 117). Pcut-êlre n'y avait-il que succédé à son père, car on trouve de celui-ci trois concessions de fiefs de cassette ÇLib.ftud. Ç,f°* 126, 133, 135 j)o, h l'Univer- sité) sur le produit des éluves de Montpellier, égale- ment alloué au jeune Ferdinand pour une rente an- nuelle de troismille livres CD ' Aigrefeuillc , pag. 1361. L INFANT AU SECOURS DE FRÉDÉRIC. Quel que fût le patrimoine de DonFerrand, était-ce à l'ombre d'un simple fief que devait végéter un prince de tant d'espérance? De ses propres ressources, il trouva moyen de re- cruter et de fournir sa bannière, lorsque voilant une disgrâce h la Cour de son frère (Montancvj, il amena belle et bonne mesnie en Sicile, au secours de Fré- déric, que menaçait Robert de Naples, malgré l'appui de l'Empire. Frédéric n'avait plus revu l'Infant depuis larme- ment de Romanie. Il le reçut en bon parent, et lui donna la seigneu- rie viagère de Catane, y compris les justices, en sus d'une assignation de deux mille onces de revenus sur sa cassette. Ce fut l'époque du débarquement de Robert en Sicile. Mais simultanément y abordèrent deux transports d'almugavares caialans, dont l'un aux ordres de Dalmace de Castelnou, roussillonnais, fut envoyé en diversion offensive aux côtes de Calabre. Enflé de quelques premiers succès, Robert projeta le siège régulier de Trappani. Aussitôt Fcrrand d'envelopper la place d'une co> o 386 tre-vallation de vaillante chevalerie et dalmugaverie, ce qui revenait à doubler, d'une enceinte de fer, l'enceinte murée. Il devint possible à Frédéric d'en finir sur terre et sur mer, vu les énergiques manœuvres de Don Fer- rand et de Dalmace de Castelnou, rappelé tout exprès en Sicile ; mais la situation politique s'améliora. A la demande des deux Reines, douairière et ré- gnante d'Oulre-Phare (décembre 1313), qu'appuya l'Infant mayorquin, fut conclue trêve d'un an, à par- tir de mai 13.14 [Zurita, tom. 2,f°22}v°J. SON MARIAGE. Déjà, sur la haute renommée de sa vaillance et courtoisie, Don Ferrand était recherché par Margue- rite, dame de Matagriphon, princesse d'Achaïe, veuve du sire des Baux, comte d'Andria, pour mari de sa fille unique Isabelle , descendante de Villehardouïn dans la ligne féminine, et à leurs droits quant au domaine de Morée. Mais c'était à coups de lance qu'il les fallait reven- diquer. A Messine (février 1314) fut passé le contrat de fiançailles fSpicil, tom. 3, pag. 704), dont un des témoins fut André Guiler de Torrelles; et voilà qu'à l'Infant roussillonnais échut l'honneur de recouvrer l'héritage de l'orpheline de la race française qui avait conquis le Péloponèse. Pourquoi n'y avait-il pas chez lui-même force et solidarité de sang, identité de cette noblesse de coeur qui oblige dans toutes les conditions? N'était-il pas aussi français que les rois normands d'Albion, au litre soit d'arrière rejeton de Guillaume 387 au court nez, issu de la souche ripuaire de Charlc- magne, soit de ces wisigothiques magnats de nos Mar- ches, enfants adoptifs de la France, depuis l'empire Carlowingien. L'alliance de Ferrand et d'Isahelle fut donc la réunion, en une seule , de deux lignées des temps héroïques du Nord, non loin des poétiques parages d'Aréthuse et d'Alphée. Mais, pour avoir donné sa fille à un prince plus en apparence catalan , Marguerite, de retour après la noce dans ses Etats de Grèce, y fut traquée, capturée et spoliée par les seigneurs français, ce qui précipita ses jours, car elle mourut en mars 1315. Cette persécution s'explique. C'était crainte que les droits d'Isabelle , en mains de Don Ferrand, ne réveillassent les motifs d'affinité de ce prince avec la Compagnie Catalane, qui déjà causait bien assez d'om- brage aux fieffés de nationalité antipathique. Secondé de Frédéric, l'Infant pressa vivement à Catane ses préparatifs de conquête et de vengeance, à l'appui desquels accourut Monlaner, s'écriant: Seigneur, puisque vous allez en guerre, me voilà! MORT DE SA FEMME. Comme Isabelle mourut sur l'entrefaite (avril 1315) un mois après ses couches, Ferrand chargea le loyal serviteur d'aller remettre le nouveau-né 2 à sa grand- mère Sclaramonde. C'est une page palpilanie d'intérêt que cet épisode, dans la Chronique fchap. 269), de celui qui fut ainsi 1 Sliryc regali satus (Dom Vaissèle). Ce fut plus tard Jacques II, roi <îo Mavorqin :îss délégué presquaux fonctions de père nourricier auprès de l'Euryclée princière. Il vous émeut jusqu'aux larmes, le routier de la grande compagnie, lorsque battu par la tempête, et tremblant, non pour lui-même, aguerri qu'il est à toute sorte de hasard, il presse, serre et berce sur son cœur le prince au maillot; et qu'avec d'autant plus de sollicitude et de compatissance que le danger s'ag- grave, il le réchauffe, le réconforte de toute la cha- leur de son sein entre la fourrure de l'almugavare et la cape de bivouac, plus rude encore. Enfin on n'est pas moins attendri de ses soins, on peut dire paternels, qu'édifié des formalités révéren- cieuses sous lesquelles il se décharge en mains des deux reines, à Perpignan, et du dépôt confié à sa tutelle et du poids de sa responsabilité. Si d'aventure, au terme de son odyssée, le candide serviteur eût entendu l'astrologue, trucheman des étoiles, pronostiquer que l'auguste enfant, si mira, culeusement remis à sauveté, périrait d'une fin tragi- que, roi vaillant, mais sans terre, de quel douloureux soupir il aurait accompagné son exclamation accou- tumée qu'eus dire (que vous dirai-je?), rélicence qui, après un succinct récit, laisse un si vaste champ à la pensée? EXPEDITION DE MOREE. Plus libre désormais, Dou Ferrand fil voile vers Clarence, débarqua son monde, et prit la ville à force d'armes, pendant que ses galères le rendirent maître du port. Sur le retentissement de ce succès, il fit publier et ;S8!> reconnaître les droits de son fils qui devenaient les siens en cas d'événement l. Or, l'ascendantdela grande Compagnie augmentant de pondération dans la Morée, lîelveder et bonne partie de l'Isthme se rangèrent à la mouvance du prince. SECONDES NOCES DE L.'lNFANT. A Clarence, Don Ferrand reçut et fêta Marie, sœur du roi de Chypre, et telle fut peut-être l'occasion ([ui lui procura, en secondes noces, la main d'Isabelle d'Ybelin, âgée de 15 ans, nièce du roi mentionné, et fille de son sénéchal. Le contrat fut reçu à Nicosie le 4 octobre 1315 (Monlanev, chap. 267). De ce ma- riage naquit l'Infant Don Ferdinand, qui s'allia au même sang royal. MORT DE DON^FERRAND. Ferrand avait réclamé des secours auprès du roi Sanche, son frère, et celui-ci s'était reposé sur Mon- tauer du soin de les lui préparer. Or, le preux compagnon s'y employait de ses pro- pres deniers, lorsqu'il vit arriver à Mayorque un autre délégué aux mêmes fins. Ce dernier n'avait point encore terminé sa mission que Don Ferrand n'était plus (15 juillet 131 G), traî- treusement livré au fer de ses adversaires bourgui- gnons, par des chevaliers de sa bannière, roussillon- nais, quoiqu'il en coûte de le dire, mais leurs noms prêtent beaucoup trop de transparence a la déplorable vérité. 1 i\l. le capitaine Colson a vu, bu possède quelqu espèce métallique au :oiri île Ferdinand Ackaû princepi 390 Nous laisserons oubliée, parmi des pages peu con- sultées (Ms. de Ducange. — Montoncr , chap. 270J, la désignation de celui qui parut avoir ourdi la trame. Nous ne regretterons pas même d'ignorer sur ce fait les dépositions de Pons de Ribera, de JeanCatala, de Bernard de Vallerosa, de Romeu d'Enveig, de Guil- laume d'En, de Guillaume de Las Fonts, d'Adhémar de Mosset et autres. Au champ de bataille se trouvaient ces trois der- niers, lefilsde Guillaumed'En, et Raimond, l'écuyer de Bertrand de Sainl-Marsal , majordome du prince. L'infant fut décollé. Sa tête auguste, naguère radieuse du nimbe de l'adolescence, fut la seule partie mutilée, la face sur- tout, ce siège des tendres .blandices d'une excellente mère, et d'une jeune épouse. Bérenger Malet et Guillaume de So, qui virent le corps à nu, n'y reconnurent aucune blessure. Guillaume d'En et l'Adalid Beylestat, avec les vassaux de Clarence, proposèrent de signaler l'attentat aux rois de Sicile et de Mayorque, ce qui aurait appelé ces princes à la défense du fief. Mais les cou- pables ou compromis prévalurent pour se rendre au vainqueur. Aussi, comme on refusait l'entrée du port de Cla- rence a Bérenger d'Oms, envoyé de la reine de Mayorque, l'Adalid Beylestat lui cria: «Sire, n'écoutez « pointées traîtres qui ont vendu l'Infant! Débarquez «donc, venez le venger, et prendre en baillie sa « terre! Une information fut commencée à Perpignan con- tre Adbémar de Mosset, Bertrand de Sainl-Marsal , et complices présumés. 391 Ce fut en vain, car le dëmon des Cours, ce monstre que le connétable breton redoutait bien plus qu'une forêt de lances, l'intrigue poursuivit le prince au- delà du tombeau, et la procédure n'eut point d'autre suite. Ni Frédéric, ni Sancbe ne se portèrent a la défense des droits de l'Infant Don Jacques, fils aîné de Don Ferrand. Ce regrettable prince, fils de roi, père de roi, et digne du diadème, vécut à peine un an avec sa se- conde femme, qui n'eut rien de plus pressé que de prendre son fils Ferdinand, et d'aller pleurer en Chypre son précoce veuvage. Le corps de son mari , transporté à Perpignan, y recul la sépulture en l'église de FF. Prêcheurs, d'où nous reste quelque souvenir de son mausolée. Eglise à fouiller, Monsieur le Président et Messieurs, si nous tenons aux monuments de nos vieilles gloires roussillonnaises ! APPARITION DES llOOTIERS i)A\S LE C01LE1 (136 IJ, Par il. B. Alsjri Après le traité de Brétigny, (8 mars 1360), le roi d'Angleterre avait congédié beaucoup de ses gens d'armes qui s'étant débandés, couraient les provinces méridionales de la France sous divers chefs qu'ils avaient choisis, et portaient en tous lieux la désola- tion. Ces brigands, anglais ou gascons pour la plupart, connus sous le nom de Routiers, saccagèrent le Lan- guedoc et l'Auvergne, brûlant ou rançonnant les villes et les monastères, détroussant les voyageurs, pillant les églises, arrêtant maints seigneurs et prud'hommes qui donnaient tous leurs biens pour n'être point oc- cis, et ramassant partout, comme dit Froissard, beaux deniers et grandes pourveances. Ils se montrèrent en Roussillon dès l'an 1 3G 1 etdanslesannéessuivantes. Les populations fuyaient à leur approche, et se retiraient, avec les vivres et leur argent dans les lieux forts, car les vassaux de la campagne n'étaient pas mieux traités que les bourgeois des villes dans cette guerre d'exter- mination contre toute propriété. L'Église surtout, opulente à celte époque, mais presque toujours trop faible pour défendre ses trésors, était exposée à toute la fureur des chefs de ces sociétés tyranniques , amis de Dieu et ennemis de tout le monde, et qui, dès leur début, avaient menacé le pape Innocent VI, de mettre toute la chrétienté en combustion s'il n'arrêtait la croisade publiée contre eux (janvier 1361). Le pays de Con- fient vit arriver ces nouveaux barbares au mois de 393 niai de l'an 1364. A celle époque, une bande de ces compagnies, la même sans doute qui s'était déjà mon- trée du côté de Calce et de Rivesaltes, parcourut le pays de Fenouillet, s'empara de vive force du lieu de Montalba et s'y établit puissamment, en l'ace et sur- la limite des anciens domaines des comtes de Cerdagne. Les compagnies connaissaient bien le point faible de cette frontière , et suivaient à travers la vallée de Tarerach, le passage ouvert à tous les cbefs de bande qui, à diverses époques, ont envabi le Confient, sans traverser le Roussillon, notamment lex-roi de Mayor- que, en 1 347, et les buguenots en 1 592. Les habitants de la Viguerie savaient aussi , par expérience, de quel côté leur venait le mal, et ne manquaient ]amais, quand ils craignaient une attaque des ports de France, de mettre en état de défense les forces royales de la rive gauche delà Tet, comme onle fit au mois dJaoùt 1349 ( Mairie de Vinça, parchemins n° 73j. Mais, entre les donjons féodaux de la vallée de Molitget la châ- tellenie royale de Rodés et de Ropidèra, la frontière du Confient était occupée par les trois seigneuries ecclésiastiques d'Arbussols, de Marcevol et de Tare- rach ' dépourvues de forteresses et hors d'état d'op- poser la moindre résistance aux envahisseurs qui, à diverses reprises, ont brûlé et saccagé ces trois villages avec le prieuré du Saint-Sépulcre. La marche des compagnies était donc toute tracée. Ils choisirent le lieu de Tarerach pour leur place d'armes; s'y établirent puissamment comme ils lavaient fait à Montalba, et une fois installés dans ce repaire, 1 La seigneurie d'Arbussols appartenait au sacristain majeur de saint Michel de Cui\a ; eelle de Marcevol passa des Prieurs de Marcevol à la communauté ecclésiastique de Vinça \ celle de Tarerach appartenait aussi \ un moine de Ctiixa, qui portai^ le titre de Prwôl de Filloïs. 394 ces nouveaux hôtes, ces routiers qui parcouraient en une nuit de douze à quinze lieues de chemin (Frois- sard et le Thalamus de Montpellier J , purent à leur aise et à tout instant, fondre sur les villages du Con- fient et abriter leur butin au-delà de la Tet dans leurs retraites de vautours. L'organisation militaire, alors en usage dans le Confient, leur laissait d'ailleurs libre carrière dans la campagne. Il est vrai que tout le pays était en armes derrière les remparts; mais malgré les énormes sub- sides fournis par le Confient pour subvenir aux guer- res de Castille et de Sardaigne, le Viguier n'avait pas en ce moment un seul cavalier, un seul servent à sa dispo- sition pour poursuivre les dangereux adversaires qui venaient de se montrer. Cependant, averti du dan- ger par les farons ' des lieux les plus menacés, il 1 L'on ne peut douter que le Confient n'ait employé comme le Roussil- lon, les signes de feu pour annoncer ce qui se passait à la frontière et surtout l'entrée des ennemis. Ce fait est déjà indiqué par Bosch qui l'a peut-être interprété à sa manière. « En los confins de Rossello y Cerdanya « ab França, dit-il, se lia de advertir que encara restau moites Torres per « senyal de foch, de la una a l'altra, comensant à Salses, Opol, Tautaull, « Forsa-Reyal, de aqui à Rigarda, y per al devant, montant) es amunt, fins als (i confins de Arago. » Titols de hon. etc. p. 545. Deux citations extraites des livres de comptes des consuls de Vinça , prouveront que ces signaux étaient aussi en usage sur d'autres lignes que celles indiquées par Bosch. « A m de noembre(l565) En P. Sola,consol , ana a Rodes per empendre ii signe ab En Bertran d'Atsat Castela de Rodes, per les Grans Compagnyes « qui eren en Rosseylo. » « Item, En P. Salvetat, Consol, dona us a l'escriva del Gouvernadoi h quins dona per escrit les cenves dels faraons (sic), canti Ion deviem fer » ( ( 580). » Archives de la Mairie de Vinça. Outre ce moyen, les communes envoyaient de nombreux messages à leurs voisins pour leur annoncer tout ce qui pouvait troubler leur sécurité, y compris les tremblements de terre, comme on le voit par la curieuse note qui suit. « Item, resebem una letra del iïalle e dels Consols de lia, quens fasia osa- it ber que dévia venir lo disable lo teralremol e dévia durar una ora e VIII punlz. a Donc al misage qui la porta, ab voluntat de mos companyos, IIS . » (Comptes d'Arn. Giscafre, consul de Vinça en 4572). .395 s'était empresse d'expédier des lettres de rcculleta aux consuls des places fortes de la Viguerie, et ceux-ci s'étaient aussitôt occupés de former les dixaiues, dis- tribuer lessentiuelles, mettre le guet en mouvement et réparer les murs. On ne connaît pas les mesures prises à cette occasion par les divers lieux de reculleta du Confient ; voici seulement les détails fournis à ce sujet parles livres de comptes des consuls de Vinça pour l'année 1364. 4 La ville de Vinça semblait être le point de mire des Routiers, et se présentait la première à leur en- trée dans le Confient; aussi trouve-ton de fortes dépen- ses faites à celle occasion pour réparations aux rem- parts et aux chemins de ronde , pour échelles et planchers aux tours dites d'En Ravayre, d'En Perte- gas, et d'En Ortola, et travaux de défense aux portes dites de Joch et de la Font, sans compter trois châ- teaux de bois avec cadafalchs construits sur les mai- sons de Na Mercera , d'En Gauceran et sur la Porte de Joch. Nombre de femmes étaient occupées à filer linyol adops de les balestes de la vila; car les Consuls de Vinca ne se procurèrent qu'en 1377, une balesta ou cano de tro lançant des pierres de mig-quintal façonnées pour cette pièce d'artillerie par les peyrers de Villefrancbe. En 1364, ils n'avaient que des bal- lestes detorn et d'estrep, confiées avec leurs ppsadors 1 Les détails qui suivent résultent de deux quittances dont nous devons la communication à l'obligeance de M. de S. M. , et d'un registre de la Mairie de Vinça intitulé : « Aquest es lo libre del Cossolat de Vinça. Foren elegitz Consols En P. « Rasedor, en P. Pauques, e'N G. Ribera, totz del dit loch de Vinça, a qua- i tiédies de ffebre l'any de Nostre SenyorM. CCG. LX. quatre. » Ce volume ne contient que les comptes de P. Rasedor. Ceux de P. Pauques ont disparu et quelques feuilles seulement des dépenses de ('• Ribera se sont retrouvées parmi d'autres papiers. 39fi et cayrcls aux dixainiers de la ville. Il est aussi fait mention d'une badoca, espèce de guérite en bois, construite sur le clocher de la ville, et dans laquelle se tenaient des talayes, individus chargés d'observer nuit et jour ce qui se passerait dans la campagne. Enfin, sur ce même clocher, flottait au gré des vents une bannière noire *, signal de détresse à l'aspect duquel étaient accourus à Vinça les hommes armés de Rigarda, de Glorianes, de Marcevol, d'Arbussols, d'Espira, de Seners et de Llech, formant ensemble la recalleta de cette ville dont le tiers à peine était alors ceint de remparts, et le reste défendu par un simple fossé. Les compagnies firent sans doute ici comme dans le Carcasses: elles parcoururent la cam- pagne et ruinèrent les villages ouverts sans oser s'at- taquer à aucune forteresse (Thaï. de. Montp.J. Elles battaient le pays sans trouver le moindre obstacle, et campèrent même une nuit en toute sécurité au Ver- nadal, petite plaine située entre Saint-Pierre-de-Bel- loch et Vinça, à un kilomètre de cette ville. 2 On ne savait d'ailleurs quelles mesures prendre con- tre des ennemis dont on ignorait encore le nombre et presque toujours la situation. Les Consuls de Vinça se concertèrent pour la défense avec le seigneur de Joch (Ramon de Perellos), 1 J'avoue que le sens que je donne au mot albeny (bannière) ne me parait pas aussi sur que celui que j'attribue au mot Badoca. Ce sens d'ailleurs me semble résulter des expressions dont se sert le Consul llibera, et je les livre ici à l'appréciation de ebacun : « Item, paga IlsVId a'N Perpenya Cors, per un Cordager que posa boni « al albeny nègre del Cluquer. — Item, paga vin. d. a'N P. Rius, per cosir « l'albeny nègre del Cluquer- » 2 La note suivante de G. Ribera se rapporte peut-être à cette circonstance: « Item, dona m diners à Franses Sabater , per comprar cera ad ops « d'untar les cordes de les balestes, can les Companyes hic vengreu. >. Mais ou ne saurait en conclure que les murs de Vinça aient été attaqués. :}f)7 ci envoyèrent deux espions à Monialba, pour savoir combien de compagnie il y avait à Tareraeh : En Bern. Beringera devait les informer à cet égard: Per- pinya Joer fut envoyé de même à Tiïvillach pour savoir où étaient les compagnies, et ces renseigne- ments furent aussitôt transmis au seigneur de Joch et au Viguier de Confient qui se trouvait alors a Espira. Pareil message fut envoyé au Gouverneur qui assem- bla les Consulats des deux comtés à Perpignan, pour demander cent cinquante hommes à cheval, chargés de garder la terre de Roussillon et du Confient et les bords de la Tet, depuis Ille jusqu'à Prades. La généralité décida aussi que «mille florins d'or seraient «empruntés au nom des trois Bras, pour ambas- «sades auprès du seigneur roi, et autres frais à « faire pour demander et avoir des soldats et des «cavaliers qui devaient servir à la défense des comtés «de Pioussillon et de Cerdagne contre les ennemis « maîtres des lieux de Terasalh et de Montalba. » Les cavaliers arrivèrent en effet avec leurs servents; mais ils ne purent que défendre les passages de la Tet dont toute la rive gauche restait à la merci des compagnies, et celles-ci durent profiler de ce répit pour se fortifier mieux que jamais à Tareraeh. Le village de Tareraeh est bâti sur un petit tertre, au fond dune espèce d'entonnoir dont les côtés, for- més de montagnes arides, ne s'ouvrent que du côté de Test pour le passage d'un torrent toujours à sec. Il n'y reste aucune trace de fortifications, et les docu- ments anciens ne citent en ce lieu ni château, ni murs d'aucune espèce. Mais les compagnies qui s'y étaient retranchées, avaient dû s'y fortifier, et pou- vaient s'y défendre long-temps encore, manu potentiel 398 armata , contre les gents de rcculleta dépourvus de fortes machines de siège. Heureusement, nos trou- pes comprirent tout l'avantage que les assiégeants pouvaient tirer de la disposition des lieux. Ils virent que leurs ennemis s'étaient témérairement enfermés avec leurs dépouilles dans un misérable village, écrasé par une enceinte de moniagnes, dont les issues pouvaientêtre ferméessans peine etduhautdesquelles les routiers devaient être écrasés jusqu'au dernier. Les balistes manquaient. On fit venir du château royal de Perpignan, deux Gates ou Guinys (engins), qui furent démontés, et transportés, à grand renfort de chevaux et de charrois, avec toute leur fe rr amen ta , cordages, etc., à Vinça, lieu fixé pour le rendez-vous des troupes du siège. Le Consul G. Ribera a laissé la note des «clous en fer et pièces de bois, avec le pain, vin, fromage, miel, laitues, etc. » par lui fournis aux menuisiers et hommes de Vinça qui montèrent les gâtes per anar â Teresach. Munis de ces machi- nes de siège, les hosts se mirent en marche, ayant à leur tête le Viguier de Villefranche. INous ignorons le nombre de ce corps d'armée qu'un acte du 20 décembre 1365 dit composé des troupes et gens de cette terre (Cerdagne et Roussillon). Vinça y avait envoyé sa compagnie conduite par son capitaine, Arnauld des Valls, et par un des Consuls, G. Ribera, qui nom- me la plupart des hommes qui la composaient, tous payés par la ville à raison de deux sous par jour, outre les vivres que le Consul devait leur donner durant la campagne, sans oublier un barrai de vi que le capitaine devait distribuer à ses soldats. l 1 Un acte de 1 429 prouve qu'un barrai de vin faisait une demi soinada, ou charge. « Item paga iins via per un barrai de vi per provesio del Scnyor, ci lo quai vi paga a rabo de viiii5 la somada. » Mairie de Vinça. 399 Les détails du siège sont aussi à peu près inconnus; mais nul doute que les Ginys de Perpignan n'aient joué le principal rôle dans cette affaire. Postés au sommet et sur les pentes du Roc del Moro et du Pic Arno, nos gens dressèrent leurs ginys et trebuquets; firent pleuvoir pendant trois jours les pierres et le feu sur le repaire des compagnies, et réduisirent à la dernière extrémité les brigands qui infestaient nos contrées. Au reste, la défense ne manqua pas d'éner- gie, car le menuisier Pierre Carrera, qui reçut deux cent un florins d'or pour transporter et dresser les deux ginys du château royal de Perpignan, nous ap- prend que nos troupes durent battre en règle le lieu de Thcrcsach, et ne le recouvrèrent que par la force des armes. Les hommes de Vinça, qui se trouvèrent au siège, ne furent payés que pour trois jours : cet espace de temps et la vigueur de l'attaque suffirent sans doute pour accomplir ce fait d'armes dont la date précise était inconnue jusqu'ici. On peut la donner aujourd'hui, grâce aux comptes du consul P. ïîasedor dont les dépenses relatives au siège de Tarerach et à l'expulsion des Routiers sont toutes inscrites entre le 4 mai et le 14 juin 1364. La note suivante doit faire rapporter cet événement aux premiers jours de juin de ladite année: «Item, il lui est du trois sous huit « deniers pour le pain qu'il pétrit et qu'il ne put ven- «dre, quand l'host alla à Teresach, et qù'£n Alenja « fit pétrir par force à grand nombre de personnes ; « une partie dudit pain, n'ayant pu se vendre tout de «suite, fleurit, et il le donna pour amour de Dieu, « le 15e jour de juin. » Cet Aknya était sans doute le même que Pierre d'Alenya, viguier de Confient à la date du 25 mai &00 1359 (Archives de la Mairie de Vinça, parchemins , n°15l), et peut-être aussi en juin 1364. Ce serait donc luiqui aurait chassé les compagnies de Tarerach. Mais lesConsulsde Vinça, et P. Rasedor en particulier, n'étaient guère satisfaits de sa manière d'agir à leur égard. «Je passai trois jours à Perpignan, dit-il, de- « vant le Gouverneur , pour Xinjurc que le Viguier v de Confient se permit à l'égard des Consuls de Vinça, « lorsqu'il ôta les hommes d'Erhussols de la recullcia «de celte ville pour les faire aller à Marcevol. » Nous n'avons pas d'autres détails sur cet incident du siège de Tarerach; nous voyons seulement que le Viguier P. d'Alenya était remplacé dès le mois d'août 1364 par le Donzell François de Saint-Féliu. ' Etait-ce une récompense ou une disgrâce, pour sa conduite dans ces dernières circonstances? Rien ne nous éclaire à cet égard; mais les Universités et les seigneurs ne tardèrent pas à régler aussi leurs comptes à la taula d'En Johan Fuster , mercader de Perpignan , député par les Consuls de cette ville pour faire payer les frais du siège de Tarerach. Vinça lui paya pour sa part quatre livres seize sous trois deniers. l'Université de la Vall de Prats de Mollo, dix livres dix sous neuf deniers et une maille, et l'on trouve encore les quit- tances consenties pour le même ohjet aux communes de Villefranche et de Montlerrer, ainsi qu'à l'ahbé du monastère de Cuyxa. 1 Mairie de Vinça, parchemins n" 140. — On retrouve, le 5 juin 1j6"> « lo Senyor En P. d'Alenya romissari per los Senyors Députais del Priu- n ripât de Catalnnya a reebre les generalilatz ordonades en les eortz novel- lamentcelebrades en la cintat.de Torl'osa » (Comptes du Consul /'. Itavayrc, 1565), — La famille nobiliaire tVMaitia résidait à 1 1 lo, au xive siècle. RAPPORT SUR LE SEMOIR A HÉLICE DE M. DENAMIEL, La Commission chargée par vous de faire un rap- port sur le semoir à hélice, inventé par M. Denamiel juge de paix à Rivesaltes, a l'honneur de vous pré- senter ses ohservations. Elle s'est rendue à Rivesaltes; elle a examiné avec attention cet instrument; elle l'a vu fonctionner, et elle a pu apprécier, par l'ense- mencement qui a été fait celte année d'un champ de céréales, avec ce semoir , s'il remplit les conditions exigées. Les inconvénients que présentent les semailles à la volée, soit par l'irrégularité avec laquelle la semence est distrihuée et enfouie, soit parla difficulté qu'on a de se procurer un semeur qui réunisse toutes les con- ditions voulues; qui connaisse, parcelle par parcelle, les qualités du sol qu'il sème et qui inspire toute con- fiance ; soit enfin le désir d'alléger l'homme d'un tra- vail qui, sur une grande exploitation, ne peut être que très fatigant, ont donné l'idée d'inventer des machi- nes qui, fonctionnant avec régularité, pussent rem- placer l'homme dans cette opération. Un semoir, pour être parfait, devrait réunir les conditions suivantes: distribuer la semence avec ré- gularité à des distances égales; la répandre, plus ou 26 40l> moins dru, selon la volonté de celui qui le dirige-, la placer àla profondeur reconnue la plus avantageuse, être d'une construction simple, facile à manier, et procurer de l'économie sur les autres manières de semer qui sont au plantoir et h la volée. Il a été inventé dans tous les pays un grand nom- bre de semoirs. En France, presque tous ont été délaissés; quelques-uns fonctionnent encore pour plantes sarclées: le seul qui a été reconnu utile et avantageux, tant pour les céréales que pour toutes les autres graines, est le semoir Hugues, auquel on n'a pas osé, cependant, prédire une garantie de durée et beaucoup de propagation. Le semoir à bélice de M. Denamiel subira-t-il le même sort ? La Commission croit à son adoption poul- ies récoltes sarclées-, mais, pour la culture des céréa- les elle ne saurait se prononcer d'une manière aussi positive, non qu'elle ne reconnaisse ce semoir très avantageux, mais parce que l'adoption d'un semoir a supposé, jusqu'à présent, l'adoption de la culture en lignes, dont l'avantage est un problème encore à résoudre pour les céréales , à cause des deux binages à la main que forcément on doit donner, pour la réussite complète de ce système de culture. La difficulté de se procurer, dansnotre département, les bras nécessaires pour exécuter avec rapidité ces travaux, et la cherté de la main d'œuvre, nous empê- cheront, pendant long-temps, d'adopter la culture en lignes pour les céréales sur les grandes exploitations, et c'est à ce seul point de vue que la Commission émet un doute sur l'adoption. Mais, dans la petite culture, dans les localités où l'on cultive très peu de céréales, où les bras ne manquent pas, l'adoption 403 de ce semoir, dont le prix n'est pas trop élevé , se- rait avantageuse et ne paraît pas douteuse lorsqu'il sera connu. Le semoir à hélice de M. Denamiel mérite de fixer votre attention : sa construction est très simple; et, tel qu'il l'a décrit lui-même, il se compose d'une trémie fermée en dessous par un cylindre à hélice, qui reçoit, par quatre rangs d'ouvertures de dimen- sions différentes, les graines contenues dans la trémie, les conduit dans un tuyau qui les déverse dans le sillon ou raies tracées par le soc de la charrue ou rayonneur; le cylindre est fixé sur un essieu qui le traverse et qui tourne avec les roues placées à l'extré- mité de celui-ci; à chaque rotation, l'ouverture du cylindre, destinée à recevoir la semence, se présen- tant à la surface, le grain s'y introduit et suit son cours, tombe dans le sillon d'une manière assez régu- lière pour qu'il puisse être enfoui sans qu'aucun grain ne reste à la surface du sol. Les quatre ouvertures du cylindre sont de dimensions différentes, afin de recevoir la qualité de graine qui correspond à chaque ouverture; elles sont munies chacune d'une trappe assujettie entre la trémie et le cylindre, qui servent à tenir fermées celles qui ne doivent pas fonctionner, et à graduer la quantité de semence qu'on veut je- ter en les fermant plus ou moins. Une autre plan- chette en cuivre, établie aussi entre la trémie et le cylindre, sert à fermer complètement l'ouverture qui reçoit le grain, lorsqu'on veut cesser de semer; une tringle en fer, fixée à la trémie, permet au semeur, sans se déranger, de tirer ou pousser cette planchette. Il n'y a aucune complication : les dérangements sont difficiles, et l'instrument est à la portée des gens les 404 plus inexpérimentés. La Commission a cru, cependant, que le même cylindre, servant à toute espèce de graines, peut produire des erreurs et par conséquent des mécomptes, puisque l'on pourrait par méprise ou ignorance ouvrir une des trappes qui ne correspon- drait pas au grain que l'on semé. Elle préférerait qu'il y eût un cylindre de rechange pour chaque graine; et cette innovation pourrait encore permettre à l'ins- trument de répandre, en même temps que la semence, un engrais pulvérisé qui tomberait avec elle dans le même sillon. Il ne s'agirait alors que de faire deux compartiments à la trémie et deux ouvertures cor- respondant au cylindre : dans un compartiment on mettrait l'engrais pulvérisé, dans l'autre le grain; en passantparle tuyauilsse mélangeraient, ettomberaient ensemble dans la raie. Les effets de l'engrais pulvéru- lent, en contact dans le sol avec la semence, ont été reconnus si avantageux que l'on a adaptéàtous les se- moirs perfectionnés un moyen quelconque pour obte- nir ce double but; le semoir de M. Denamiel pourrait l'atteindre sans aucune complication. La graduation de la semence au moyen des trap- pes, que l'on ferme plus ou moins selon la quantité que l'on veut répandre, s'opère en fixant ces trappes au point qui est marqué sur une petite crémaillère, dont elles ne peuvent se séparer : le semeur peut être assuré qu'il ne sèmera que la quantité qu'il s'est proposée. Le semoir que nous avons vu fonctionner, traîné par une seule bête, est le semoir hélice à charrue; il s'adapte au mancheron de celle-ci au moyen d'un cadre en tringles dans lequel est enchâssé le semoir et d'où partent deux baguettes qui l'assujettissent au 405 mancheron. Cet ajustement a paru à la Commission, nouveau, très simple et très ingénieux; car il ne gêne en rien les mouvements du semeur-laboureur et exige peu de force : le semoir monte et descend selon les accidents du terrain sur lequel roulent les roues, sans qu'aucun dérangement puisse survenir, fonctionnant, toujours avec la même régularité; un peu plus de solidité dans le cadre nous a paru cepen- dant nécessaire. Ce semoir est destiné à semer sous raie; il ne ré- pand qu'une seule ligne à la fois; la semence est recouverte par l'autre sillon que l'on trace à coté et que l'on sème alors aussi. Il peut fonctionner indistinctement avec l'araire ou la charrue à versoir; il économise le travail du semeur à la main ou du semeur avec les semoirs indépendants de la charrue, puisque le laboureur, en donnant le dernier la- bour des semailles, sème en même temps; il doit y avoir plus de régularité dans le travail qu'avec le semoir à plusieurs lignes, puisqu'il n'y a qu'une seule raie à surveiller, et le moindre inconvénient qui survienne est plutôt aperçu et peut être plutôt corrigé; mais il faut que chaque charrue soit munie de son semoir. Le prix de l'instrument n'étant que d'une soixantaine de francs, il se trouve à la por- tée des grandes comme des petites exploitations, qui ne doivent pas reculer devant cette dépense, vu les bénéfices que cet instrument peut leur pro- curer. La Commission n'a vu fonctionner que le semoir hélice à charrue; elle ne peut donc point vous entre- tenir des autres semoirs que M. Denamiel a dé- nommés semoirs hélice à socs, à herse et à trois 406 roues : le système esl le même; mais le mécanisme pour la marche de ces instruments doit varier, et la Commission ne les ayant pas vu fonctionner, ne peut porter un jugement. La manière dont la semence est répandue dans le sillon paraît très régulière. La Commission a vu semer du blé et des haricots; l'un et l'autre grain lui ont paru mieux espacés et plus convenablement placés que ne pourrait le faire un semeur à la main. Elle a pu mieux apprécier les semailles du premier grain par l'inspection du champ semé cette année en blé , et cmi , par compartiments égaux , se trouve ensemencé à raison de quatre, cinq, six et sept doubles décalitres par ayminalc ou soixante ares. La différence esl très marquée sur ces qua- tre compartiments; mais les plants sont aussi bien distribués que possible dans les lignes ' ;• et par la comparaison qu'il nous a été possible de faire avec un autre champ qui se trouve à côté et qui a été se- mé avec le semoir Hugues, nous n'hésitons pas à proclamer que le semoir hélice de M. Denamiel, fonctionne aussi bien, si non mieux, que le premier; et nous devons constater que le champ semé au se- moir Hugues présentait plus d'espace entre les lignes et une inégalité fort grande dans la quantité de blé versée; par conséquent, plus de terrain perdu que celui semé au semoir à hélice, que les vides pris çà et là sur les lignes et les touffes trop fortes de blé que Ton voyait en grand nombre, attestaient de l'irrégu- 1 La Commission a engagé M. Denamiel à dépiquer séparément le blé résultant des quatre compartiments, afin de pouvoir connaître quelle sera la quantité de semence qui, sur une surface donnée de terrain, produit le meilleur résultat. 407 Jarité de la distribution de la semence par le semoir Hugues, fait provenant de l'irrégularité de force des ressorts des divers tubes. La Commission n'a point reconnu ces inconvénients sur le champ semé au se- moir à hélice-, et elle doit constater que l'apparence du blé était plus belle que celle du champ voisin. La profondeur a laquelle on veut enfouir la semence, dépend du plus ou moins d'enlrure que l'on donne à la charrue; cl, par la facilité que l'on a maintenant àla régulariser, on peut enfouir la semence à la pro- fondeur que l'on se sera proposée. La saison où nous sommes n'a pas permis de pouvoir juger des semail- les des plantes sarclées comme : mais, haricots, etc. La Commission regrette que M. Denamiel n'ait pas semé des féveroîes qui auraient pu donner déjà une idée de la manière dont cet instrument fonctionne avec ces sortes de graines; mais ay an l vu semer des hari- cots, et la distribution de la semence lui ayant paru très régulière, elle ne doute pas que les plantes lèveront dansles conditions les plus favorables à leur réussite. Le semoir hélice à charrue sert pour semer sous raie; celui à mancheron peut servir au même usage comme aussi sur le labour; les autres sont pour ce dernier cas, et sèment indistinctement une ou plu- sieurs lignes à la fois. 11 peut donc être utilisé pour tous les cas comme pour toute espèce de graines; mais ne l'ayant pas vu fonctionner dans les dernières conditions, nous ne pouvonspoint (comme nous l'avons déjà dit) vous soumettre nos observations. M. Denamiel croit que son semoir hélice à charrue pourrait servir pour semer à la volée, en retournant le tuyau de descente, de manière qu'au lieu de jeter le grain à droite, sur un côté du sillon, il le jetât 408 en arrière; en effet, il s'ensuivrait fie eette disposition que le grain serait distribué dans la largeur de la raie aulieu de l'être sur la longueur ; les lignes qu'oc- cuperaient les plantes seraient plus larges, et par con- séquent l'espace vide entre les lignes et où croissent les mauvaises herbes, serait moindre, et on abrégerait ainsi l'opération des binages: nous engageons M. De- namiel à essayer ce mode d'ensemencement, mais pour les céréales seulement. La Commission ne contrôlera pas les calculs aux- quels s'est livré M. Denamiel, sur l'économie que procurerait à l'agriculture française l'adoption géné- rale d'un bon semoir. Elle reconnaît, avec lui, qu'il y aurait grande économie de main-d'œuvre; mais elle ne peut pas admettre que les semoirs, en général, pour donner une bonne récolte, permettent de n'em- ployer que la moitié de la semence-, et à ce sujet, elle citera deux autorités sur celte matière : M. John Sin- clair, dans son Code d'agriculture, dit que le système de culture en lignes, pour les céréales, a été porté au plus haut degré de perfection et pratiqué sur une très grande échelle dans l'exploitation, et sur les domaines du célèbre agriculteur anglais, M. Coke de Hotkham, qui employait le semoir du Rev. M. Cooke, qui sème six lignes à la fois et un acre par heure (un hectare en deux heures et demie) tiré par un seul cheval. Il sème son froment en lignes à neuf pouces de distance, et son orge à six pouces trois-quarts; il emploie par acre trois bushels d'orge (deux hectolitres soixante-quatre litres par hectare) et six d'avoine (cinq hectolitres vingt-huit litres par hectare). Quant au froment, la quantité moyenne qu'il préfère est de quatre bushels par acre (trois 409 hectolitres cinquante deux litres par hectare), et M. Mathieu de Dombasle, dans une instruction qu'il a donnée sur la conduite des semoirs à hrouette, dit, que pour le froment, les lignes à neuf pouces de dis- tance, il faut trente à trente cinq grains par pied de longueur, pour mettre deux hectolitres par hectare. On pourra êlresurpris, dit-il, que j'indique unequan- tité aussi considérable de semence; mais je crois que les cultivateurs anglais les plus expérimentés ont raison de dire qu'on ne doit pas chercher à économiser la semence en employant le semoir. Le grand avantage de la culture en lignes consiste, non pas dans cette économie, mais dans la facilité de donner des bina- ges, soit à la main, soit à la houe achevai; pour celui qui ne veut pas biner les récolles, je ne puis conce- voir l'utilité du semoir. Puisaprès, il ajoute: les per- sonnes qui calculent le produit d'une récolte par la multiplication de la semence obtiendront, sans doute, de plus beaux résultats par des semailles très-claires; mais, lorsqu'on calcule la récolte, comme on doit le faire par le produit d'une étendue donnée de ter- rain, semence déduite, on trouvera presque toujours qu'il est plus avantageux de semer dru , cependant sans excès. — La quantité de semence indiquée par M. Dombasle est à peu près celle que Ton répand en semant à la volée dans notre département; celle que M. J. Sinclair dit employée par M. Coke la dépasse debeaucoup. Nous nepouvons point, enconséquence, après l'avis des autorités que nous venons de citer, admettre qu'il soit aussi avantageux qu'on le pré- tend d'opérer une économie sur la semence en em- ployant le semoir. Mais, pour ceux qui voudront économiser la semence, le semoir à hélice présen- 410 te désavantages incontestables sur les seniages à la volée. « M. J. Sinclair dans son ouvrage déjà cité, fait un « résumé des arguments que les agronomes font valoir «sur la question de savoir s'il est plus convenable et « plus profitable de cultiver les céréales à la volée, «ou par la culture en lignes, au semoir. Les argu- « ments que l'on présente contre le système de eul- « turc au semoir sont : i ° Qu'il ne paraît pas être profi- « table dans les petites exploitations, à cause du prix «élevé des machines nécessaires pour exécuter les «diverses opérations des semailles, des binages, etc.; « 2° Que ces opérations doivent souvent entraîner des «retards incompatibles avec la célérité qu'exigent « les semailles d'automne ou du printemps, dans une «exploitation étendue, et surtout dans les saisons «pluvieuses, et dans les sols humides, quoique cet a inconvénient soit peu considérable, dans les saisons « et dans les sols secs; 3° Que les semoirs n'exécutent « pas un bon travail dans les sols trop pierreux , où « les coutres ne peuvent pas s'enfoncer à une profon- « deur suffisante, ce qui est cause que le grain n'est « pas assez recouvert pour produire une récolte abon- « dante; 4° Qu'il ne convient pas aux terres en pente « rapide ; 5° Enfin, que les grainssont plussujels àêtre « couchés par les vents, et que la moisson est plus lar- «dive dans les champs semés au semoir que dans «ceux qui sont ensemencés à la volée, et qu'en con- « séquence, cette méthode convient moins à un cli- « mat septentrional et sujet aux vents violents. » La première de ces objections paraît, à la Com- mission, résolue en partie par le prix de soixante francs que coulera le semoir hélice, et qui le met à 411 la portée de tout le monde; Ja seconde n'en est pas une pour ce même instrument ; car, quel que soit l'état de la terre que l'on veut semer, ou l'élatde l'at- mosphère, dès le moment que l'on peut entrer avec la charrue pour donner le labour qui doit recevoir les semailles, le champ se trouve ensemencé; loin d'éprouver aucun retard , on opère donc avec plus de célérité Le troisième argument qui est très sérieux pour les autres semoirs inventés jusqu'à ce jour, se- mant une ou plusieurs lignes à la fois sur un champ pierreux où les coutres destinés à tracer les raies pour recevoir les graines ne peuvent s'enfoncer , n'a point d'application au semoir à hélice, qui verse le grain dans le sillon ouvert par la charrue; donc, dès l'instant que celle-ci peut fonctionner, le semoir fonctionnera aussi. Ce raisonnement répond encore favorablement à la quatrième objection; car si le labour est possible sur les pentes rapides, le semoir, qui est adapté à la charrue, le sera également. Quant au cin- quième argument, comme ce n'est pas une objection contre le semoir lui-même, mais contre la culture en lignes, nous ne croyons pas devoir nous en occuper, tout en mentionnant que les autres semoirs de M. Denamiel peuvent faire les semailles à la volée. D'après tout ce qui vient d'être dit, le semoir hélice à charrue, détruit d'une manière irrécusable tous les arguments, résumés par M. Sinclair, contre 1 emploi des semoirs tels qu'ils avaient été inventés jusqu'à ce jour. La Commission est donc persuadée que cet instrument est destiné à rendre de grands services à l'agriculture; elle reconnaît qu'il peut être employé dans un bien plus grand nombre de cas que les autres semoirs déjà connus; qu'il est d'une cous- 412 truction très simple, ingénieuse, à la portée de tou- tes les intelligences, point sujet à des dérangements, fonctionnant avec régularité, et que son usage doit en être propagé. En conséquence, la Commission reconnaissant que l'invention de M. Denamiel est heureuse; qu'elle est d'une bonne fortune pour l'agri- culture; que M. Denamiel a fait preuve de beaucoup d'intelligence et d'une louable persévérance en ame- nant son ingénieux instrument au point de perfection où nous l'avons vu, est d'avis de lui accorder la pre- mière distinction prévue par le règlement, en lui donnant une médaille d'argent, d'un grand module, et le titre de Membre résidant. Elle propose, en ouire^ de voter des remercie- ments an citoyen utile, qui a consacré son temps et ses veilles àdoter l'agriculture d'un progrès nouveau. CATALOGUE DES IXSECTES COLEOPTERES OBSERVÉS DANS LE DÉPARTEMENT DES PYRÉNÉES-ORIENTALES, AVEC INDICATION DES LOCALITÉS, Par M. Companya, Docteur-Médecin, Directeur-Conservateur du Muséum d'histoire naturelle de Perpignan. L'entomologie est une des branches de l'histoire naturelle dont les travaux, depuis quelques années, ont t'ait de rapides progrès; les savants du plus haut mérite en ont perfectionné les méthodes et facilité Fétude; aussi voyons-nous de toutes parts des collec- tions se former avec rapidité. L'entomologie est donc une science des plus répan- dues, je dirai même des plus avancées ; mais quelque variées que fussent les méthodes, quelque ordre qu'on eût mis dans la classification des insectes, il n'en résultait pas moins une grande confusion dans la dé- nomination des espèces. Les naturalistes de province, manquant souvent d'expérience et n'ayant point de descriptions bien exactes , donnaient des noms diffé- rents au même individu; de telle sorte, que chaque contrée avait, ses coléoptères particuliers, et il s'était glissé dans l'entomologie une confusion si étrange, qu'il devenait important de la faire cesser au plutôt. M. (iaubil, savant entomologiste, entreprit cette 414 lâche difficile. Profilant des monographies qui avaient été faites de toules parts, ainsi que des écrits qui avaient été publiés sur la matière; réunissant à tous ces documents le fruit de ses propres observations, il composa un catalogue synonymique des coléoptères d'Europe et de l'Algérie. Avec ce catalogue, qui pré- sente encore quelques lacunes, on peut cependant classer aujourd'hui avec plus de méthode et rap- porter à chaque insecte son véritable nom. Le déparlement des Pyrénées-Orientales ne devait pas eue le dernier à recueillir ses insectes et à faire sa collection; car quel pays d'Europe pourrait-on lui comparer pour l'abondance et pour la variété de ses richesses naturelles? ' L'entomologie du Roussillon ne le cède en rien aux autres branches de l'histoire naturelle; en effet, comment n'y trouverait-on pas un nombre considé- rable d'espèces, lorsque ce département, dans sa petite étendue, offre des stations aussi différentes et des transitions de température aussi disparates ! Le lit- toral de la x\léditerranée, avec sa grande plaine, ses étangs salés et une douce température, le bornent au levant du cap de Creus, limite de l'Espagne; au cap de Leucale, limite du déparlement de l'Aude; c'est- à-dire, dans un espace de vingt-six lieues. Les régions moyennes des Corbières, qui le couvrent au 1 Ce travail fait suite aux divers mémoires que j'ai publiés sur I histoire naturelle du département et insérés dans la collection des Annales de la Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales. Pour les mollusques fluviatils et terrestres, v. le 5"* v., p. 105 (1857). Pour les oiseaux v. le 4»eu élevés; nous l'avons rapportée de la Font de Comps, avant d'arriver au plateau ; nous l'avons prise aussi dans les prairies de la Borde Qirvh , et au Pla dcls Aballans au-dessus de Mont-Louis. 5. Ci. trisignala, Ilxig. Gallia merid. (Pyv. -Orient.). Trouvée sur les sables de la rivière de la Tet, près de son embou- chure , aux environs des mares, des dunes, près Canet, et à l'em- bouchure de l'Agly, près Saint-Laurent-de-la-Salanque. G. Ci. circumdata, Dej. Gallia merid. (Pyr.-Orien.). Cette jolie espèce se trouve sur les sables du bord de l'étang de Saint-Laurent-de-la-Salanque, près des salins, et dans les marais sa- lins, derrière l'île Sainte-Lucie. 7. Ci. lilloralis, Fab. Gallia merid. (Pyr. -Orientales). Elle habite les champs qui ont été inondés, et au bord des flaques d'eau le long du littoral, d'où elle ne s\;loigne point ; elle est difficile à saisir, elle vole très loin ; le grand matin, en parcourant ces para- ges, avant le lever du soleil, on la prend plus facilement. 8. Ci.flexuosa, Fab. Gallia merid. (Pyr. -Orientales). On la prend communément sur les sables des cours d'eau, à la pépinière départementale, le long de la rivière; sur les dunes, près Canet, sur tout le littoral, à l'embouchure des torrents et rivières qui se perdent dans les sables. 9. Ci. scalaris, Dej. \ r- n -j w . , ' ^ { Lralt. mena. liispama. paludosa, Dufour. (Pyr..0rientaîes). equestrts, ISoneixi. ] K J J On prend celte jolie espèce dans les prairies maritimes, près Canet, le Bordigol,près Torreillcs, dans les^champs et sur les chemins; il faut la chercher de grand matin sur les masses de joncs qui bordent les roules, on peut en faire grande provision, elle s'y tient blottie; mais dès que le soleil a échauffé l'atmosphère, elle vole avec une telle rapidité qu'on la saisit très difficilement ; il y a dans cette espèce trois variétés bien distinctes par la disposition des couleurs et par celle des lignes qui sont sur les élytres; ce n'est pas étonnant qu'elle ait été signalée sous trois noms différents. Le filet est d'une grande utilité pour les prendre. 421 10. Ci. liiterata, Sulzer. ) t* , . m r» • \ >n \Hclvctia. (Pyr. -Orient.), stnuata, Liairv. ) v J ' Cctlc jolie espèce se trouve dans les parties humides qui ont été inondées pendant l'hiver, aux environs de l'étang de Salses ; nous l'avons prise aussi aux environs de la Franqui, près les salins de M. Lacombe Saint-Michel et à l'île Sainte-Lucie. 11. Ci. maura, Fab. Hispania. (Pyrén-Orientales.) Cette belle et rare espèce habite les anses sablonneuses de l'embou- chure des ravins, à l'extrémité de la vallée de Banyuls, près le cap Béarn, aux limites du département; elle est beaucoup plus abondante un peu plus loin au golfe de Roses et sur le littoral de toute la Cata- logne espagnole. M. le docteur Pujade nous l'a envoyée de l'Algérie où elle est abondante. 12. Ci. germanica, Fab. cserulea, Herb. italica, Dupont. Cette toute petite et intéressante espèce , est commune dans les prairies et les luzernes des parties basses, près Château -Roussillon, et dans toute la Salanque ; elle ne vole point, elle est très agile et pourtant, en écartant les plantes, on peut en faire ample provision; elle varie beaucoup par la couleur de tout son corps et par les points qui sont sur ses élytres; ce n'est donc pas étonnant que plusieurs noms lui aient été donnés. Deuxième genre. — Odacantha. — Fab. 1. Oda. melanura, Fab. Paris. (Pyr. -Orientales). Lieux humides, sous les débris des végétaux, près des prairies des parties basses, aux environs de Canet et de Sainte-Marie-Ia- Mer. Troisième genre. — Drypta. — Fab. 1. Dry. emarginata, Fab. Paris. (Pyr. -Orientales). On la voit communément, parmi les broussailles, au pied des arbres, dans les herbes, au pied des remparts des fortifications de la ville et de la citadelle. 422 2. Dry. distincta, Rossi. \c. ... rv> ,-» ■ . ^ i- j • ii- x? iSiciha. (Pyr. -Orient.). oylindricolJis, JbAB. J v J Cette rare et jolie petite espèce se trouve dans les haies des prai- ries marécageuses des parties basses, aux environs de Canet, et dans le bassin de l'Agly, entre le Bordigol et l'embouchure de celte rivière. Nous l'avons aussi trouvée dans les prairies des environs de \diJont Dame, près de Salses. M. Ganta l'a prise dans les environs de Pézilla , sous les débris du millet après l'avoir dépiqué , blottie parmi la paille, avec une multitude de petits carabiques : elle est rare dans toutes les localités. Quatrième genre. — Zuphium. — Latrei. 1. Zup. olens, Fab. Gallia merid. (Pyr. -Orient.) Ce joli petit insecte se trouve dans les ravins des parties élevées sous les pierres humides ; on le trouve après les débordements de nos rivières sous les débris des végétaux entraînés par les eaux et rejetés par la mer sur la plage. Nous l'avons pris dans les trois bassins que nos cours d'eau traversent pour se jeter à la mer. Toujours près des matières qui sont en putréfaction, souvent sur les champignons qui se décomposent (très-rare). Cinquième genre. — Polistichus . — Bonel. 1 . Pol. vittatus, Brut,. ] Gallia merid. (Pyrén.- fasciolatus, Olivi. J Orientales.) Ravins des régions supérieures, sous les pierres et les broussailles, au pied des arbres et sous les détritus des végétaux rejetés par les eaux dans toute la plaine (commun). 2. Pol. discoideus, Dej. Russia merid. (Pyr. -Orient.) Cette jolie espèce, beaucoup plus rare que la précédente, se trouve dans les mêmes localités et avec les mêmes circonstances. Nous l'avons prise aussi dans les ravins des montagnes calcaires des Corbières, sous les pierres et dans les broussailles (rare). Sixième genre. — Cymindis. — Latreil. 1. Cym. humeralis, Fabre. Gallia. (Pyr. -Orient.). Sous les pierres, dans les ravins des montagnes secondaires et dans 423 les broussailles emmenées par les cours d'eau Fossés herbeux des parties basses de Canet, parmi les broussailles et détritus des végétaux rejetés par la mer après les inondations (commun). 2. Leb. cyanocephala, Fab. Gall. merid. (Pyr. -Or.). 3. Leb. cblorocepbala, Ent. Gall. bor. (Pyr.-Or.). 4:27 Les deux espèces se trouvent sous les pierres des cours d'eau des environs de Casas-de-Pèna, dans l'Agly, et, après les inondations, sur la plage des trois bassins (commun). 4. Leb. caeruleocephala, Dhal. Gallia bor. ( P.-O.). Cette espèce, regardée par M. Dejean comme une variété de la Leb. cyanocephala Fab. se trouve sous les pierres, au sommet des montagnes d'Albadère et de Glorianes, exposition au midi ; elle est mêlée à une foule d'autres carabiques. Malgré tout le respect cjue nous portons aux observations faites par ce savant entomologiste, nous ne pouvons être de son avis sur la dif- férence qui existe entre les deux insectes : le premier a les élytres ver- tes avec des stries ponctuées, bien marquées ; les intervalles des stries sont aussi ponctuées, le corselet et les pattes sont rougeàtres,tandisque le dernier a les élytres d'un beau bleu, sans stries ni points, les pattes elles antennes sont noires. Cette différence, ainsi que celle qui existe du lieu de son habitation, nous font penser que c'est une espèce dif- férente (elle est rare). 5. Leb. rufîpes, Dej. Gall. mer. (Pyr. -Orientales). Commune dans les broussailles des fossés des prairies maritimes; elle y est emmenée par les inondations ; je l'ai souvent trouvée sous les pierres des cours d'eau des parties élevées. 6. Leb. crux-minor, Lin. Gai. (Pyrénées-Orient.). Prairies de la Cerdague et des parties élevées du Canigou, le long des cours d'eau, sous les pierres (assez rare). 7. Leb. violacea, N.-S. Dej. Nord. (Pyr.-Orient.). Cette jolie espèce habite le bord des eaux des parties élevées et froides, les vallées de la Cerdague ; les diverses vallées du Canigou en descendant par le revers méridional, vers Costa-Bona (rare). 8. Leb.haemorrhoidalis, Fab. Paris. (Pyr.-Orient.). Fossés des parties basses de Canet et de Saint-Cyprien, parmi 'es broussailles et au pied des arbres; broussailles rejetées par le Réart, aux environs de Saint-Nazaire, après un débordement (rare). Onzième genre. — Aptinus. — Bonelli. 1. Apt. pyreneus. Dej. (Pyrénées-Orientales). Parties élevées sous les pierres, parmi les broussailles, aux envi- 428 rons de Prats-de-Mollô, mêlé et très abondant avec les brachinus, bombarda et cxplodms , aux environs de La Preste , dans les haies, aux endroits où se reposent les bêtes à laine; nous l'avons pris à la Roque dclMouix, près la Font de Comps, grande excavation où les troupeaux vont s'abriter des orages. A la vallée de Llb, dans les broussailles des haies qui bordent le ruisseau d'écoulement des ther- mes de M. Gin'hs (il n'est pas rare dans cette localité). 2. Apu displolor, Dcf. ffisp. IfPyr.-Orientales). balhsta, Illi. >A J Cette belle et très intéressante espèce se trouve sous les pierres et parmi les broussailles, derrière le château-fort de Bellegarde, près Le Perthus, dans la garrigue exposée au midi près du fortin. En remuant les grosses pierres,- surtout celles qui sont adossées à un amas de ron- ces, ou aux plantes d'Ulex, on est sûr de le trouver souvent en com- pagnie du scorpion de Sam'inargues ; on le trouve aussi près de Port-Vendres et dans les garrigues de la vallée de Banyuls, ainsi que sur toutes les Albères. La détonation qu'ils produisent quand on re- mue la pierre sous laquelle ils sont blottis, est très forte ; la liqueur qu'ils rejettent est très corrosive ; et lorsqu'on en a piqué un certain nombre, la peau des doigts est noire, et cette couleur ne disparaît qu'en changeant la peau. Douzième genre. — Brachinus. — Weber. 1 . Bra. humeralis Ahr. I &alL mm-^ causiicus, Dej. ! Près des fossés qu'on a nouvellement curés, parmi les broussail- les et les mottes de terre, dans toute la plaine basse de la Salanque ; aussi sous les détritus des végétaux auprès des marais salins (rare). 2. Bra. nigricornis, Dej. GaU.merid. (Pyr. -Orient.). Fossés herbeux des environs de Canet, parmi les broussailles ; ter- res inondées pendant l'hiver, sous les végétaux en décomposition , lorsque l'eau s'est retirée, sous Canet (rare). 3. Bra. crépitans, Linn. Paris. (Pyr.-Orientales). Sous les broussailles et les haies des fossés des champs de toute la plaine ; sous les pierres aussi des parties élevées des montagnes secon- daires (commun). 429 4. Bra.immaculicornis, De.i. Gall. meri. (Pyr.-O.). Au bord des marais salins, sous les détritus des végétaux, dans tout le littoral, mêlé à d'autres de son genre et à beaucoup de petits carabiques qui s'y amassent, lorsque l'eau se retire (rare). 5. Bra. explodens, Dufts. Paris. (Pyrénées-Or.). Mêmes localités que le précédent et très commun ; on le trouve aussi sur les parties élevées des montagnes secondaires, dans les brous- sailles et sous les pierres (commun). 6. Bra. glahratus, Dej. ) ^, „ ., ,D ^ N b ■ t\ \ Gall. merid. (ryr.-OA slrepitans, Dufts. J \ j , Dans les broussailles de toutes les parties basses, dans les fossés herbeux et au pied des arbres; il est plus long que le bra. explodens avec lequel on le confond souvent; cependant quand on les con- sidère de près, on remarque que les côtes de ses élytres sont plus apparentes et les articles des antennes sont sans tache (il n'est pas rare). 7. Bra. psophia, Dej. Gall. mérid. (Pyr. -Orient.). Mêmes localités que le glabratus; je l'ai trouvé en abondance près des fortifications du fort Bellegarde (commun). 8. Bra. bombarda, Dej. Gall. merid. (Pyr. -Orient.). Cette jolie espèce se trouve dans toute la plaine, dans les fossés des champs, parmi les détritus des végétaux ; nous l'avons aussi trouvée dans la vallée de Banyuls (assez commun). 9. Bra. sclopeia, Fab. Paris. (Pyrénées-Orient.). Mêmes localités que le précédent, beaucoup plus répandu (com- mun). 10. Bra. exhalans, Bos. Gall. merid. (Pyr. -Orient.). Celte espèce se trouve très répandue, sous les pierres et parmi les broussailles, dans les champs qui ont été inondés, dans les parties basses de Canet, et sur tout le littoral ; je l'ai trouvée aussi très abon- damment en Ccrdagnc (commun). Remarque : après les fortes inondations , lorsque la mer a rejeté celte masse de bois et de plantes sur la grève que l'eau de nos torrents 430 y emmène, il est étonnant de voir la quantité considérable de cara- biques qu'on y trouve ; le genre bracliine s'y trouve en grand nom- bre; on est sûr, en visitant ces lieux, de faire une ample récolte. Treizième genre. — Scaritcs. — Fab. 1 . Sca. gigas, Fab. 1 Gallia merid. Sicilia. pyracmon, Bonel. ) (Pyr. -Orientales). Cette belle espèce est très commune sur tout le littoral, sur les du- nes. Pour se la procurer abondamment, il faut la chercher pen- dant la nuit, à la lanterne, ou bien à la pointe du jour ; aussitôt que le soleil est sorti, cet insecte rentre dans le sable ; les mois de mai et juin sont ceux où on le trouve abondamment. 2. Sca. arenarius, Bonel. Gall. merid. (Pyr. -Or.). Cette espèce est commune sur les dunes de sable, près de l'étang, derrière l'île Sainte-Lucie, en face des salins. Je l'ai aussi trouvée près des salins de M. Saint-Michel à la Franqui. 3. Sca. lœvigatus, Fab. Gall. merid. (Pyr. -Orient. ). Je n'ai trouvé cet insecte qu'une seule fois, après une forte inon- dation, en mai 1842, entre l'embouchure de la Tet et Canct; j'en pris deux sur le bord de la mer qui avaient été rejetés par les vagues; j'ai visité ces lieux différentes fois depuis , mais je n'ai plus retrouvé l'insecte : il est probable cependant qu'il doit vivre dans ces parages (rare) . 4. Sca. terricola, Bonel. Gall. merid. (Pyr. -Or.). J'ai trouvé cet insecte dans les mêmes localités que le précédent, avec les mêmes circonstances (il est aussi très-rare). Quatorzième genre. — Clivina. — Latre. 1 . Cli. arenaria, Fab. J Gfi/.m (pyrén._Orient.). fossor, Lin. ' J J Lieux sablonneux et humides, bords des cours d eau, sous les pier- res et parmi les détritus des végétaux, aussi bien dans les parties basses du littoral où elle est emmenée par le débordement des rivières que dans les ravins des parties élevées des trois bassins où elle est commune ; elle varie beaucoup par sa couleur plus ou moins foncée (commun) . 431 Quinzième genre. — Ditomus. — JBonei,. 1 . Dit. calydonius, Dej. Sard. iricuspidaïus , Fab. (Pyrénées-Orientales). Vallée tle l'Agly, dans les terres sablonneuses, au bord des champs cultives, sous les pierres et parmi les broussailles (assez rare). 2. Dit. fulvipes, Lat. Paris. (Pyrén. -Orientales). Prairies des parties basses , dans les trois bassins au pied des arbres et parmi les broussailles, au bord des fossés herbeux; nous l'avons pris aussi dans la vallée de Prades, au bord des fossés des champs qui bordent la rivière delà Tel et les ravins qui y aboutissent (rare) . 3.Dit.capito, Ii.li. Gall. merid. (Pyrénées-Orient.). Cette espèce se trouve aussi sous les pierres et parmi les broussail- les, surtout dans la vallée de l'Agly ; on la trouve rarement dans la vallée de la Tet, dans les prairies du littoral aux environs de Ganet. 4. Dit. sulcatus, Fab. |/n , , ~ . , . clypeatus, Rossi. jC^ene^Orieri taies). Nous avons trouvé cette espèce dans les prairies et an bord des fossés des champs, dans toute la plaine et dans les trois bassins, sous les pierres et parmi les broussailles (elle n'y est point rare). 5. Dit.sphœrocephalus, Oliv. Gall.merid.ÇPyr.-O.). Moins répandu que le précédent, il se trouve dans les mêmes localités . Seizième genre. — Apotomus. — Dej. 1. Apo. rufus, Olivi. Gall. merid. (Pyr. -Orient.). On trouve cette espèce communément, sous les pierres et parmi les broussailles des parties basses des trois bassins; en hiver au pied des arbres et des buissons, près des fossés humides dans toute la Salanque. Dix-septième genre. — Cychrus. — Fabri. 1. Cyc. rostratus, Lin. Gallia. (Pyrén. -Orientales). Trouvé sous les pierres, près des ravins auprès de la Massane, dans 432 les bois, sous les pierres et près des vieux troncs dans toutes les Albè- rcs ; nous l'avons pris aussi à l'entrée de la vallée d'Eyne, dans la plaine de L16, les rigoles des prairies (rare). 2. Cyc. italicus, Bonelli. Italia. (Pyr.-Orientales). Plus rare que le précédent; nous l'avons pris sous les pierres et au bord des fossés des prairies et dans les bois des parties moyennes du Canigou, dans la vallée de Valmania, dans la vallée delà Tet, le bois à droite de la route, avant d'arriver à Railleu. Dix- huitième genre. — Procrustes. — Bonelli. 1. Pro. coriaceus, Lin. Paris. (Pyrén. -Orientales). Sous les pierres et parmi les broussailles, dans les fossés des for- tifications de la citadelle, sous les pierres et aux souches des oliviers à Mailloks; dans les vallées de Prades et d'Arles, jamais en grand nom. bre ; nous l'avons pris aux montagnes calcaires d'Opol et de Taulavel, ainsi qu'aux environs de Querigut au Llaurenti. Dix-neuvième genre. — Carabus. — Linné. 1 . Car. calenulatus, Fabr. Paris. ^Pyr.-Orientales). Commun dans les régions élevées des trois vallées du Tech, de la Tet et de l'Agly, sous les pierres, près des ravins, dans les prés, au bord des champs , parmi les broussailles , dans toute la contrée ; même aux extrémités des vallées les plus froides , aux régions des neiges; sa couleur et le dessin des élytres varie beaucoup. 2. Car. italicus, Dej. Italia. (Pyrénées-Orientales). Sous les pierres, les broussailles, dans les bois fourrés des Albères, sur les parties élevées, il y est rare, il est plus abondant sur le revers méridional, au bois àeRacasens. 3. Car. cancellatus, Illi. Gallia. (Pyr.-Orientales). Très commun dans tout le Confient ; en Cerdagne , dans le Capcir, sur les routes, dans les champs partout ; plusieurs variétés se font remarquer parla différence de la couleur de son corps, du vert bronzé jusqu'au noir parfait ; il n'est donc pas étonnant que les auteurs lui aient donné plusieurs noms. 433 4. Car. auratus, Famu. Paris. (Pyrén. -Orientales). Ce joli carabe est très rare dans celte contrée ; je l'ai pris dans les environs de Caudiès; il est commun aux environs du bois des Fanges, sous les pierres, dans les prairies et parmi les broussailles ; au Llau renti, dans les environs de Mijanès. 5. Car. punctato auratus, Dej. (Pyrén. -Orientales). Cette belle espèce habite les régions élevées, sous les pierres et parmi les broussailles. On commence à la trouver dans les bois des environs de Mont-Louis, à la Motte de Planes, vers le milieu de la vallée d'Eyne, à la Jasse du four à chaux, à la vallée de Llô, et vers le milieu de la montagne de Carlilc ; au Canigou, vers la Jasse de Cady, an plateau de la Llapoudère et au versant de Py, sur tout le pla Guillem ; mais toujours près des jasses où se réunissent les bestiaux ; on lui remarque plusieurs nuances qui la font varier du vert brillant et métallique, presque jusques au noir foncé. G. Car. farincsi, Dej. (Pyrénées-Orientales). C'est une erreur de M. le comte Dejean. Les observations que nous lui avions adressées, l'avaient fait revenir de sa première décision et il avait classé, avec M. Chcvrolat, ce carabe, sur les diverses variétés du Ca. Festwus, qui est commun dans les forets de la montagne noire du département de l'Aude. Il ne se trouve nullement dans les Pyré- nées-Orientales, et il est de couleur variée, comme toutes les epèces dont l'extérieur porte des couleurs métalliques vertes et des lignes plus ou moins ponctuées ; cette couleur et les lignes sont plus ou moins prononcées selon les individus ; les cuisses et le premier article des antennes , plus ou moins noirs , ne peuvent caractériser une espèce, surtout lorsqu'on y arrive par gradation, en observant plusieurs sujets de la même espèce ; la taille comme les cou- leurs varient beaucoup. M. Andréosy, naturaliste à Castelnau- dary , était à portée de se procurer le feslivus abondamment, et il nous en avait envoyé grand nombre , pour pouvoir faire des observations justes à ce sujet. Depuis quarante ans, nous explorons les vallées du département avec MM. Canta et Aleron; ce dernier est un rude chercheur ; nous n'y avons jamais rencontre le feslivus, et moins encore le farincsi. Nos relations avec tcus les naturalistes qui visitent nos vallée.-', nous ont mis à même de pouvoir 28 434 affirmer ce fait auquel nous n'attachons d'autre intérêt que celui de la vérité. T. Car. melancholicus, Fab. Gai. merid. ) p _q(, >. cosiatus, Dej. Hisp. i " Ce joli carabe qui fut trouvé par M. Dejean , pour la première fois aux environs de Bourg-Madame, dans la Cerdagne, est commun dans les parages de cette localité, sous les pierres et sous les détritus des végétaux, dans les champs et la lisière du Sègre et des affluents des tor- rents qui s'unissent à cette rivière au-dessous du village. Nous l'avons trouvé en abondance au Mas-Blanc, sous les tas de gerbes; nous l'avons vu dans la vallée de Finestret(rare); nous l'avons pris aussi dans les bois de la pépinière départementale, et dans les fossés des fortifications de la Ville-Neuve, quelquefois sur le bord de la mer ; nous pensons qu'il avait été amené dans ces localités après une forte crue de la rivière de la Tet, ce qui nous ferait croire qu'd doit vivre sur le penchant septentrional de quelque vallée Pyrénéenne; car l'eau ne peut l'a- mener de la vallée du Sègre. 8. Car. purpurascens, Fab Paris. (Pyr. -Orientales). Commun dans toutes les prairies, tant de la plaine que de la montagne, ainsi que dans toutes nos vallées, sous les pierres et parmi les broussailles. Comme dans bien d'autres espèces il y a aussi plusieurs variétés qui se distinguent par la taille, par les couleurs plus ou moins prononcées , tant des élytres que de la ligne qui les borde. 9. Car. hortensis, Fab. Paris. (Pyrén. -Orientales). Cette espèce est commune dans les bois des légions moyennes de nos montagnes, sous les pierres et au pied des arbres, près des ravins et sous les troncs pourris ; le bois des Fanges et de Boucheville en fournissent une variété fort grosse et très jolie, qu'on pourrait bien prendre pour une espèce nouvelle. La localité qui fournit la plus jolie variété de ce carabe, est la vallée de L16 et celle de Carensa. Ceux qu'on y trouve sont d'un tiers moins grands, plus plats, de bel- les couleurs métalliques bronzées, et 1a ponctuation des élytres line- ment parsemée. Celte variété fort remarquable a été souvent envoyée sous le nom de Py rencus, et nous l'avons vu accepter de bonne foi , sous ce nom par quelques amateurs. 435 10. Car. monticola, Dej. Gall. merid. (Pyr.-Or.). Ce petit ci joli carabe se trouve clans les environs de Mont Louis et dans les vallées de la Cerdagne, sous les pierres, auprès des ravins et au Lord des fosses des prairies ; nous l'avons pris aussi dans les vallées du Canigou, du côté de Castel et dans la vallée du Tech, au bas de Costa-Bona. 1 1 . Car. convexus, Fab. Paris. (Pyrénées-Orient.). Trouvé clans toutes les Gorbières et sur toutes nos montagnes se - condaircs, dans les bois, les prairies humides, sous les pierres et près des fossés; jamais en grande quantité. 12. Car. splendens, Fab. Pyrcncis. (Pyr. -Orient.). Ce beau carabe est très-commun, dans le bois des Fanges, sou» îes pierres, auprès des arbres et dans les broussailles, auprès des ra- vins, surtout vers L'endroit qu'on appelle le Cremat ; c'est en explo- rant cette localité avec M. le comte de Jenisson, en 1822, que nous l'y avons récolté ; nous l'avons pris aussi dans les bois qui avoisinent las Fonts, près de Taurinya, au pied du Canigou. 13. Car. rutilans, Fabr. )/n , , ^ . \ ' • T (ryrenees-Orientales). aragonensis, Lin. )k j j En 1818, en explorant avec M. Canta la vallée de Vcrnet les- Bains, pour monter par Castell au Canigou, nous prîmes un rutilans (jui traversait la route : nous fûmes frappés de la beauté de cet insecte ; nous en cherchâmes d'autres vainement; pas possible d'en avoir un se- cond individu. On le trouve toujours isolément; et, pour se le procurer abondamment, il faut charger les gardiens des bestiaux de le pro- curer, ce qu'ils ne manquent pas de faire, moyennant une rétribution. Deux ans après, MM. Bastard et Lecleic-Thouin , aides naturalistes au Jardin-des-Plantes, venant explorer les Pyrénées-Orientales, me prièrent de leur céder ce beau carabe, ce que je fis avec plaisir : peu de jours après, M. le comte Dcjean passa aussi pour explorer nos belles vallées; nous lui parlâmes de ce beau carabe, et il se proposait de le faire chercher dans la vallée de Vërnet, bisque le plus grand des hasards lui fit découvrir une autre localité où il paraît être plus abondant: de Perpignan, il se dirigea sur les Albères-, pour gagner la vallée du Tech; arrivé à Prats -de-Mol 16, il parla de mon carabe à M. Xatard qui l'avait vu chez moi. La servante de ce dernier, 436 ayant vu M. Dejcan ramasser des insectes, prit un matin, un rulilans en revenant du jardin, et l'apporta à M. Dejean, cpii la gratifia de cinq francs. Les enfants se mirent à la recherche de ce carabe, et dans peu de temps on en prit plusieurs. C'est cette vallée et les environs de la Preste qui sont une des meilleures localités pour se le procurer ; mais étant toujours isolé, il faut charger de ce soin les enfants ou les gar- diens des troupeaux. C'est de cette manière que nous l'avons en quantité; car j'ai parcouru toutes les localités où on le trouve com- munément, et souvent sans en voir un seul individu. On le rencontre à Prats-de-Mollô, La Preste, Vernet-les-Bains, Castel, Llô , au lieu appelé La Soulane. , à la vallée d'Er l , sur les parties élevées des Corbières, et notamment au-dessus de Candies, dans les bois qui avoisinent la grand' route, près du Coll Saint-Louis. Comme tous les autres carabes, il est, dans le jour, blotti et caché sous les pierres et dans les broussailles. 1 M. le comte Dejean m'écrivit de Carcassonne, le 20 juillet 1821 : « Après vous avoir quitté au Pla-Guillcm , je suis descendu à Vernel; je suis allé de là h Mont-Louis et Bourg-Madame: puis j'ai été visiter les quatre vallées d'Eyne, de Llô, d'Osséja et d'Err; de retour à Mont-Louis, j'ai fait une course aux étangs de Carlite et à la source de la Tet. « Je suis assez content de mon voyage : j'ai trouvé plusieurs carabes que je n'avais pas encore vu dans nos montagnes : 1° Le cancellalus, très commun en Cerdagne, dans les champs et sur les roules; 2° Le coslalns, sous les pierres, au tour de Bourg-Madame, très belle espèce qui n'avait pas encore été trouvée en France; je Pavais apportée d'Espagne. ( Ici la description. C'est le melanclwlicus.) ; 3° Une espèce qui approche de l'iro- ronifcns, mais que je crois nouvelle, sous les pierres, à peu près à moitié de la montagne qui est à gauche de Mont-Louis, et aussi à moitié de la val- lée d'Eyne. ( Description. C'est le punclaio auralus) ; A" Une espèce que je crois être le pyreneus, mais je n'en suis pas certain, sous les pierres, au fond de la vallée d'Eyne, et près le pic de Carlite ; celui-ci approche beau- coup du calenulalus, il est un peu plus petit, plus plat, plus allongé, et il a la léte proportionnellement beaucoup plusgrosse, la couleur et le dessin des élylres sont à peu près les mêmes. (C'est le pyreneus , mais qui diffère beaucoup de celui qu'on trouve dans les divers pics des Pyrénées centrales et occidentales. ) o J'ai aussi trouvé, dans la vallée d'Err, un superbe individu du beau carabe, que j'appellerai provisoirement aragonensis. « Si vous trouvez, mon cher Docteur, quelques-uns des carabes dont je vous ai parlé, je vous prie de les mettre de côté pour moi, à l'exception du premier. Vous savez que nous en avons trouvé cinq espèces ensemble: les calenulalus, purpurescens, horlcnsis , convenus et aragonensis. Ainsi en voilà dix espèces dans celte partie des Pyrénées ; je suppose qu'il doit y en avoir d'autres. » 437 14. Car. pyrenaeus, Dufour. Pyrcneis. (Pyr.-Or.). Cette rare et belle espèce se trouve dans les régions les plus éle- vées et les plus froides du département, toujours près des neiges, au fond de la vallée d'Eyne, dans les environs du Pla de la Baguda, avant de gravir la Couillade de Nurya; au sommet de la vallée de Llô, sous les pierres, près la fontaine du Sègre ; près le Pic de Car- lite; et au-dessus de la Font de la Conque, revers septentrional du Canigou, toujours peu nombreux. Vingtième genre. — Calosoma. — Weber. 1. Cal. sycophanla, Lin. Paris. (Pyr. -Orientales). Commun, dans toute la plaine, dans les taillis qui bordent les cours d'eau, grimpant sur les arbustes et les plantes, à la recherche des larves d'autres insectes, dans les champs et les prairies, sous les détri- tus des végétaux. 2. Cal. inquisitor, Lin. Paris. (Pyr. -Orientales). Dans les bois des parties basses des Corbièrcs, où il n'est pas rare, on en a trouvé quelques individus aussi dans les jardins de Saint- Estève. 3. Cal. indagator, Fab. Gall. merid. (Pyr. -Orient.) On trouve cette belle espèce dans les prairies de toute la partie basse de la Salanquc et dans les champs , mais près des dunes ; lorsqu'on a fauché la luzerne, en suivant, les hommes qui la ramas- sent, on est sur d'en faire une bonne provision ; si l'on ne prend celle précaution, il est difficile de se procurer celte espèce. 4. Cal. auropunctalnm, Payk. Italia. (Pyr. -Orient.) On prend celte espèce dans les jardins et dans les champs de la plaine, en petit nombre ; quand on ramasse les gerbes de blé, on s'en procure plus facilement quelques individus. Je me suis demandé souvent si c'est une espèce distincte de Y Indagator; j'en doute. On prétend que l'auropunctatum est plus gros, et que les points de dessus les élytres sont dorés au lieu d'être argentés, comme le sont ceux de Y indagator. Nous avons des individus des deux variétés, dont on ne peut apprécier ni la différence de la taille ni la couleur de la ponctuation. M8 Vingt-unième genre. — Leistus. — Fr^hlich. 1. Lei. spinibarbis, Fab. Paris. (Pyr. -Orientales). Espèce très agile et difficile à prendre; on la trouve sous le pierres, près des cours d'eau de l'Agly el du Tech, dans la plaine non loin de leur embouchure (commun). 2. Lei. fulvibarbis, Hoffm. Hispania .(Vyr .-Ov\cn\..) Moins commune que la précédente, habite les mêmes localités. 3. Lei. rufomarginatus, Duftsch. Austria. (P.-O.) Bord des ravins des vallées élevées, parmi les broussailles, envi- rons de Cady, et revers du Canigou, dans la vallée de Valmanya. 4. Lei. spinilabris, Fab. Paris. (Pyr. -Orientales). 5. Lei. prœnstus, Fab. \Gcrmania.(?.-0.) lermmatus, Patjz. et LIej.j v j Ces deux espèces se trouvent sous les pierres humides des bords des ravins, entre Saint-Paul et Boncheville ; dans les environs du bois de Salvanaire; sous les pierres et les broussailles : assez répandue dans les deux localités. 6. Lei. angusticollis, Dej. Hispania. (?yr.-Ov\eiït.) J'ai rapporté cette espèce des ravins de la partie méridionale des Albères, sous les pierres et dans les bois, au pied des arbres où sont amassées des broussailles et de la mousse (rare). Vingt-deuxième genre. — Nebria. — Latr. 1 . Neb. complanata, LtN. j GdL mcd(L (Pyr._0.) arenarta, tab. Les bords de la Mer, près Canet et tout le littoral, sous les amas de paille et des broussailles, où se trouvent des matières animales en putréfaction. Elle marche avec une vitesse extrême; et si on ne la surprend dans sa retraite, on la saisit difficilement (elle n'est pas rare, fin avril et mai). 2. Neb. lateralis, Fab. Gcrmama. (Pyrén.-Orient.) Nous avons pris cette espèce sous les pierres et parmi la mousse, près des ravins du Gapcir, et près de la rivière qui descend de l'étang du Llaurenti (toujours fort rare). 431» 3. Neb. psammodes, Rossi. Gall. marid. (Pyr.-O.). 4. Neb. piscicornis, Fab. Gall. orient. Ces deux espèces ne sont pas rares sous les pierres, le long des tor- rents qui descendent de nos montagnes; à la rivière de Rigarda, près le gourg Colomcr ; à la rivière de Molitg, sous l'établissement Thermal ; à Vcrnet-les-Bains, et dans tous les ravins à une certaine élévation; dans la plaine à la suite des débordements des rivières. 5. Neb. brevicollis, Fab. Paris. (Pyr. -Orientales). Sous les pierres et parmi les broussailles humides des ravins, près Oms et LIaurô ; mêmes lieux dans les ravins qui aboutissent à la rivière de Saint-Marsal (rare). G. Neb. gyllenhalii, Schoen, Succia. (Pyr. -Orient.) Cette jolie et rare espèce est constamment dans les régions les plus élevées de nos vallées, près des neiges, sous les pierres et parmi les broussailles; à Carlite, à. la vallée de LI6 , d'Eyne; au Canigon, divers ravins de Cadf, la Llapoudere et la font de la Conque ; à la vallée du Tech, après les bains de la Preste, et au pied de Costa- Bona (très-rare). 7. Neb. tibialis, Bonelli. Italia. (Pyr. -Orientales). Régions tempérées de nos montagnes secondaires, sous les pierres, dans les prairies, au bord des fosses et parmi les broussailles (rare). 8. Neb. olivieri, Dej. (Pyrénées-Orientales). Environs de Prats-de-Mollô, glacis des fortifications, sous les pier- res et les mousses; près de Mosset, dans les champs, au bord de> fossés, sous les pierres (rare). Vingt- troisième genre. — Onwphron. — Latreie. 1. Om. limbalum, Fab. Paris. (Pyr. -Orientales). Très répandu dans tous les fossés où l'eau séjourne; les mares d'eau des parties basses, Château-Roussilloh, Canet, Cagareil, Bordigol et dans tous les ravins de nos montagnes, régions moyennes. 2. Om. variegalum, Oi.ivi. Hispariià. (Pyr. -Orient.) Cette jolie espèce est très-rare ; nous l'avons prise dans les ravins 4*0 de la vallée de Banyuls, près de leur cmljoiichurc ; aussi dans les ravins qui descendent des Albères, du côté de Sorède et deLaroi[uc. Vingt-quatrième genre. — Blethisa. — Bonel. 1. RI. multipunclala, Lin. Gallla. (Pyr. -Orient.) Sous les pierres, près des étangs de Saint-Nazaire et de Saint-Lau- rent-de-la-Salanque, entre l'étang et la mer (commun). Vingt-cinquième genre. — Elaphrus. — Fabr. \. El. ullginosus, Fab. Galt. ( Pyrén. -Orientales ) Commun, sous les pierres et parmi les broussailles, au bord des mares d'eau, sur tout le littoral. 2.El.cupreus, Dufts.,Megerle, Germania. (P.-O.) Habite les lieux vaseux de nos cours d'eau, dans toute la plaine en se rapprochant surtout de la Salanque ; il est très agile et se laisse prendre difficilement (assez rare). 3. El. splendklus, Dej. Kamtschatka. (Pyr. -Orient.). Cette belle espèce est fort rare; elle habile sous les pierres, parmi les mousses ou la vase près des eaux des rivières, aux environs de la Preste, et entre Olette et Mont-Louis, bord des ravins qui se jettent dans la Tet. 4. El. riparius, Fab. ) c • /D n • .in ri i i r» [ôuccia. (ryr. -Orientales), paluclolus, Ou vi. ) K J J On le trouve sons les pierres humides du bord des rivières, très-près de l'eau; a l'Agly, sous Casas-de-Pèua; au Tech, dans les environs de Céret. 5. El. aureus, Mtjll. ) „ • /n ' r* • \ i- i- n { Huiiqana. (fyren. -Orient.) htlorahs, Dej. . ; s * 3 J Quoique assez rare, cette espèce se trouve sous les pierres très-voi- sines de l'eau, dans les ravins qui débouchent à la Tet, aux environs de Prades ; nous l'avons prise dans les mêmes localités, au bord de l'Agly, aux environs de Saint-Paul. Vingt-sixième. — Notiophilus . — Dumer. 1. Not. aquaticus, Lin. Paris. (Pyr. -Orientales). On le trouve dans tous les lieux humides, au bord des eaux, des fossés, parmi les broussailles et au pied des arbres (commun). 441 2. Not. semipunctatus, Fab. Var. biguttalus, Fab. Paris. (Pyrénées-OrientalesJ. Dans les champs, sous les mottes et sous les pierres, dans les parties Lasses (très-commun). 3. Not. quadripunctatus, Fab. Paris. (Pyr. -Orient.) Sous les pierres et les broussailles amassées par l'eau des ravins de nos montagnes calcaires ; les Corbières ; les ravins des garrigues , entie Thuir et Oms (rare). Vingt-septième genre. — Panagœus. — Lat. 1. Pan. crux major, Lin. Gall. (Pyr. -Orientales.) En hiver au pied des arbres, mêlés à d'autres carabiques, dans toute la plaine, au pied des murs des fortifications de la Ville-Neuve; au printemps, dans les prairies elles champs cultivés (il n'est pas rare). 2. Pan. trimaculatus, Dkj. Gall. (Pyr. -Orientales). Cette variété est plus rare que la précédente : on la trouve dans tous les ravins des montagnes secondaires, sous les pierres et parmi les broussailles, au bord des fossés et dans les champs. 3. Pan. quadripustulatus, Sturm. Paris. (Pyr. -Or.). J'ai rapporté cette jolie espèce du Gapcir, dans les champs, au bord des fossés et sous les pierres; je l'ai aussi trouvée au Llaurcnti, dans les ravins, en montant à l'étang de Quérigut (rare). On a fait de ces deux espèces des variétés de la première, et je crois qu'on a raison ; car la seule différence qui existe entr'elles, c'est l'interruption des bandes qui forment la croix des élytres. Vingt-huitième genre. — Loricera. — Latr. 1. Lor. pilicornis, Fabr. Gall. (Pyr. -Orientales). Bord des fossés humides et des mares, sous les broussailles et les pierres, dans toute la plaine (communj. Vingt- neuvième genre. — Callistus. — Bonei.. 1. Cal. lunatus, Fab. Germa. (Pyrén. -Orientales). Au pied des arbres et des murs, parmi les broussailles, dans les champs, sous les pierres et les mottes, partout dans les trois vallées, après une inondation, sous Château -Roussillou (commun). 442 Trentième genre. — Chlœnius. — Bonel. 1 . Chl. velutinus, Duftsch. Gall. merid. (Pyr.-O.). Sous les broussailles et au pied des arbustes qui sont baignés par les mares d'eau sauinàtre ; dans toutes nos parties basses du littoral, dans les trois bassins (rare). 2. Chl. festivus, Fab. Gall. mcrid. (Pyr.-Orient.). Dans les lieux vaseux, peu éloignes des mares d'eau sanmàtrc, sous les broussailles; champs de la Salanque, parmi les détritus des végétaux dans les fossés humides. 3. Chl. spoliatus, Rossi. Gall. mcrid. (Pyr.-Orient.). Les bords des ravins des parties élevées des Corbières, entre Mosset et Molitg, champs de cette vallée, ravins et bord des fossés de la mé- tairie de Sahilla, de M. Jaubert-dc-Passa, vallée de Vahnania, sous les pierres et les détritus des végétaux (rare). 4. Chl. agrorum, Ouvi. ) Pfl_ (Pyr.-Orient.). vanegatus, tour. ; Répandu partout, dans les champs, sous les mottes et les débris des végétaux, au bord des fossés humides. 5. Chl. vestitus, Fab. Paris. (Pyrén.-Orientales). Cette espèce est commune dans tous les lieux vaseux, sous les brous sailles et sous les pierres, au bord des eaux dans toute la contrée, sur- tout vers les parties basses (commun). G. Chl. schrankiij Dufts. Justria. (Pyr.-Orient.). Bord des fossés des champs et prairies, des bois humides des par- ties élevées et froides ; vallée de la Tet, par dessus la borde Girvès, vers le Pin ciels JbaiUans, à la base du Pic Carlile et du Piiig- Peyric, dans le Capcir (rare). 7. Chl. nigricornis, Fab. Gall. bor. (Pyr.-Orient.). On trouve cette jolie espèce sous les pierres des vallées élevées du Canigou, vers la Preste, et aux vallées d'Eyne et de Lie- (assez rare) . 8. Chl. nigripes, Dejean. Hispania. (Pyr.-Orient.). Havins et bord des fossés humides, d'Arles à Prats-deMollcV 443 environs de Pradcs, Villefranche et Vcrnel-les-Bains, sons les pierres et les broussailles (rare). 9. Chl. tibialis, Dej. Paris. (Pyrénées-Orientales). Assez répandu, sous les broussailles et sous les pierres humides, dans les taillis qui bordent nos cours d'eau, et dans toutes les prairies basses des trois bassins (commun). 10. Chl. holosericcus, Fab. Gall. (Pyr. -Orientales). Nous avons trouvé cette espèce dans les vallées élevées du Canigou et de la Cerdagne, environs de la Borde, près Mont-Louis (rare) ; nous l'avons trouvée plus communément dans les vallées du Llaurenti, dans les mêmes circonstances, sous les pierres humides, les brous- sailles des ravins et les bois. \ 1 . Chl. chrysocephalus, Rossi. Gall. mcrid.(P.-0.) Champs humides des parties basses de la Salanque, vallée de la Tet et de l'Agly, environs du Bordigol , sous les pierres, les mottes et les broussailles, toujours après les inondations (assez rare). Trente-unième genre. — Epomis. — Bonet,. 1 . Epo. circumscriptus, Dtjft. Gall. merid. (P.-O.). Dans les fossés humides des prairies qui bordent le Cagareill, vers la métairie de YAspafrou, sous les broussailles; nous l'avons aussi trouvé dans les mêmes circonstances, dans les fossés des fortifi- cations, sous le bastion Saint-Dominique qui est souvent inondé (tou- jours très-rare). Trente-deuxième genre. — Dinodes. — Bonel.. I . Din. rufipes, Dej. \ r* n j ro n \ r ' „ I Gall. meivrf. (Fyr.-Ur.). azureus, Dtjfts. j . Commun après les inondations, sous les détritus des végétaux rc- jetés par la mer ; dans la vallée de l'Agly, entre son embouchure et le Bordigol: nous ne l'avons jamais trouvé que dans cette localité; il est probable qu'il doit vivre dans les ravins ou dans les champs des Corbières, d'où il doit être entraîné par les eaux. Trente-troisième genre. — Oodes. — Bonel. 1. Oo-d. helopioides, Fab. Paris. (Pyr. -Orientales). Au bord des cours d'eau, sous les pierres et lieux humides, vallée du Tech ; nous l'avons trouvé sous les pierres humides des torrents, dans la vallée de Banyuls (rare). Trente-quatrième genre. — Licinus. — Lat. 1 . Lie. agricola, Olivi. Gall. merid. (Pyr. -Orient.). On le trouve dans les fossés des bords des champs, entre Ille et Vinça, dans cette dernière localité, champs au bord de la Tet (assez rare). 2. Lie. silphoides, Fab. Gall. (Pyrénées-Orient.). Fossés des fortifications de la citadelle et parties basses de Canet, sous les pierres, dans la vallée de l'Agly et du Tech, sous les pierres et les broussailles (commun). 3. Lie. granulatus, Dej. Hispania. (Pyr. -Orient.). Diffère peu du Lie. silphoides ; il est plus rare ; il se trouve dans les alluvions, parmi les broussailles qu'entraîne le Réart, près de l'étang de Saint-Nazaire ; il doit vivre dans les ravins du plateau d'Oms et de Calmeilles, d'où il doit être emmène par les inondations. 4. Lie. œquatus, Dej. Gall. merid. ( Pyr. -Orient. ). Sous les pierres et les ravins de la vallée du Tech, parties élevées, fortifications, bord des champs, et au pied des arbres, aux environs de Prats-de-Mollô (rare). 5. Lie. cassideus, Fab. Paris. (Pyrén.-Orientales). Ravins des montagnes calcaires des Corbièrcs, sous les pierres et les broussailles, environs de Tuchan; nous l'avons pris aussi dans le Llaurenti (rare). 6. Lie. depressus, Payk. Gall. ( Pyr.-Orienlales.). Dans la vallée de la rivière de Rigarda, environs de la métairie Paillâtes, ravins et bord des fossés humides, sous les pierres et au pied des arbres, métairie de Lafon, ravins et bois humides, sous les pierres (commun). 7. Lie. hoffmanseggii, Pauz. Gall. (Pyr.-Orient.). Cette petite et jolie espèce se trouve sous les pierres et au pied des arbres garnis de mousse, dans les bois humides des régions éle- vées, les environs des gouffres de Nohédas et d'Évol , sont les loca- lités où nous l'avons trouvée (rare) 445 Trente-cinquième genre. — Badister. — Ci.atrv. 1. Bad. cephalotes, Dej. ) „ . ,n ... l- ,1, p \ Paris. ( Pyr.-O. l. unipustulatus, Lonel. j k j j Commun dans tous les fossés humides qui bordent les prairies bas- ses, parmi les détritus des végétaux, dans toute la Sajanque. 2. Bad. bipustulatus, Fab. Paris. (Pyrén. -Orient.). Sous les pierres et les détritus des végétaux, le long des ravins et des champs, au pied des Àlbères, vers Sorède et Laroque (com- mun). r 3. Bad. peltalus, Pauz. Goll. ( Pyrén. -Orientales). Prairies et champs qui bordent le Tech, sous EIne, sous les pier- res et mottes, et parmi les broussailles; aussi vallée de l'Agly, prai- ries basses (rare). h. Bad. kumeralis, Dtjftsch Austria. (Pyrén. -Or.). Bois humides des régions moyennes, sous les pierres et au pied des arbres (commun). Trente-sixième genre. — Pogonus. — Ziegler. 1. Pog. luridipennis, Germar. Gall. bor. (Pyr.-O.). Ravins qui descendent des Albères, dans la vallée du Tech et dans la vallée de Banyuls, sous les pierres et les broussailles humides; aussi sous les détritus des végétaux, le long de la plage de Canet, après une inondation (raie). 2. Pog. iridipennis, Nicolai. Germania. (Pyr.-O.). Bord des fossés des champs, le long des cours d'eau, dans la vallée de l'Agly, au pied des arbres et sous les pierres (rare). 3. Pog. liltoralis, Meger. Gall. merid. (Pyr.-Or.). Insecte très-agile et difficile à saisir, le long des terres qui ont été inondées, entre Saint- Cyprien et l'étang de Saint-Nazaire, sous les détritus des végétaux et au pied des tamarix (assez commun). 4. Pog. gilvipes, Dej. Gall. merid. (Pyr. -Orient. ). Le long de la mer, sous les broussailles, dans les trois bassins (commun). 446 5. Pûg. riparius, Dej. Gall. mcnd. (Pyr. -Orient.). Bord des étangs sales, le long du littoral, sous les broussailles qui ont été rejelées par les eaux. 6. Pog. meridronalisj Dej. Gall. merid. (Pyr. -Or.). Mêmes localités que le littoralis et aussi agile (|ue lui ; nous les trou- vons ensemble aussi sur la plage, parmi les broussailles, après une inondation. Trente-septième genre. — Patrobus. — Meger. 1 . Pat. rufipes, Gizll. j Succi^ (Pyr._Onent.). excavatus, Paye. ) K J Ravins des parties élevées, entre Prats-de-Mollo et la Preste; entre Olette et Font-Pédrouse, sous les pierres, dans le sable, quelquefois très profondément (rare). 2. Pat. ruftpennis, Uoffm. Gall. merid. (Pyr. -Or). Dans tous les ravins des Albères, surtout entre Port-Vendres et Banyuls; dans la vallée de Rigarda, les enviions du gourg Colomcr; nous l'avons pris aussi sous les pierres, à la Trcncadu d'Ambuilla et en montant à la Font de Comps. Trente-huitième genre. — Doliclms. — Bonell. 1. Dol. flavicornis, Fab. Italia. (Pyr. -Orientales). Ce joli insecte se trouve dans les luzernes des environs du Mas Bcarn, sous les pierres bumides; dans les pépinières du mas Fraissc à Puix sec aux amas de végétaux qui servent à barrer l'eau dans les rigoles d'arrosage: A Céret, prairies des environs du pont et après les inondations, le long de la mer, dans les trois vallées (commun). Trente-neuvième genre. — Pristonychus. — Dejean. 1 . Pri. terricola, Illi. } paris (Pyr..Orient.). subeyaneus, (jym.. ' Lieux bumides et obscurs, notamment dans les souterrains des fortifications de Colliourc. 2 Pri. alpinus^DEJ. Gall. mcnd. (Pyr -Orientales). Régions très élevées, pris des neiges, vallée d'Eync, de LK>; an Canigou , la Llapoudèrc et sommet de Costa-Bona , sous les pierres, très près de l'eau et sous les broussailles (rare). 3. Pri. complanatus, Dej. Gall. merid. (Pyr.-Or.). Ravins de toute la Cerdagne et rigoles conduisant l'eau aux prairies, sous les pierres et les détritus des végétaux (rare). Quarantième genre. — Calathus. — Bonel. 1. Cal. laïus, Lin. \ „ . ,D ,x . >. cistelotdes, Illi. ; v J ' Les deux variétés sont communes au bord des champs , sous les mottes, les pierres, les broussailles, au pied des arbres, dans toutes les parties basses où ils sont amenés par les eaux ; car on les trouve aussi dans les rigoles des prairies des parties moyennes de nos mon- tagnes, dans les trois vallées (commun). 2. Cal. lueluosus, Hoffman. Helvetia. (Pyr.-Or.). On le trouve sous les mottes, sous les pierres, au pied des arbres des régions moyennes ; abondant après une crue, dans les détritus des végétaux rejetés par les eaux, dans les parties basses des trois bassins. 3. Cal limbatus, Germ. ) ~ ,. . , /n r. N n iGalL nicrul. (Vyr.-i).). etreumeeptus, Dej. ; v J J Cette jolie espèce se trouve sous les broussailles, le long des fossés des parties basses ; sous les grosses mottes de terre , à Vagouille de la Mar, entre Baill-Ricli et l'étang de Saint-Nazairc. En automne, fossés des fortifications de la citadelle et de la Ville-Neuve, parmi les plantes au pied des remparts. 4. Cal. fûlvipes, Gyll. Austvia. (Pyr. -Orientales). Sous les pierres et sous les broussailles des champs et prairies, le long des cours d'eau, de la ïet et du Tech, parties basses (com- mun). 5. Cal. melanoccpbalus, Lin. Paris. (Pyi. -Orient.) Sous les pierres et les broussailles , le long de toutes les prairies et des champs, près des ravins, le long delà Tct à Vinça ; à Rigarda mêmes lieux, au bord de la rivière (commun). 448 G. Cal. oehroplerus, Dufts. Gallia. (Pyr. -Orient.) Mêmes lieux que le précédent, beaucoup plus rare; on les trouve plus abondants aux parties basses de Canet, après une inondation. 7. Cal. frigidus, Fad. Var. du cislelc-ides, dlixiG. Gcrmania. (Pyrénées Orientales). Il se trouve dans les mêmes lieux que le cisleloides et avec les mêmes circonstances. Il est un peu plus grand, les stries plus légère- ment ponctuées, et les points plus rares; les pattes d'un brun noirâ- tre, et les antennes plus obscures (rare). Quarante-unième genre. — Taphria. — Bonelli. 1. Tap. vivalis, Iluger. Gallia bor. (Pyr. -Orient.) Cet insecte est très-rare ; nous l'avons trouvé dans le bois des Fan- ges, au pied des arbres garnis de mousse, et dans la forêt qui est sons la font de Comps, montagne de Gonat, au pied des arbres et sous les pierres humides. Quarante-deuxième genre. — Sphodrus. — Clair ville. 1 . Sph. planus, Fab. j Ga[L (P .Orientales), spunger, Payk. ; v J J Cet insecte se trouve dans les parties sombres et humides des caves de la ville, sous les pierres et les pièces de bois vermoulues ; dans les lieux humides des magasins et des fortifications de la citadelle (rare). Quarante-troisième genre. — Platynus. — Bo>elli. 1 . Pla. scrobiculatus, Fab. Auslria. (Pyr. -Orient.). Sous les pierres et au pied des arbres, dans les bois humides des régions moyennes. Sous les débris des végétaux, dans la plaine après les inondations. 2. Pla. piceus, Dejean, Nord. (Pyrén. -Orientales). Commun, sous les broussailles, rejetées par les eaux, apiès les inondations, et sous les broussailles des fossés qui bordent les prai- ries basses, plage de Canet et de Torreillcs. 3. Pla. complanatus, Bonelli. Pedemont. (Pyr.-O.). Commun dans le bassin de l'Agly, sous les broussailles, après les y 449 inondations, sous les pierres, près des eaux des ravins des environ? de Saint-Paul et de Fossa. Quarante-quatrième genre. — Anchomcnus . — Erichson. 1 . Ane. augusticolles, Dej. Paris. (Pyr.-Oricnt.). Trouvé sous les pierres et broussailles , près des régions élevées en Capcir et régions moyennes du Llaurenti (rare). 2. Ane. cyaneus, Dej. Hclvctia. (Pyr. -Orientales). Ce joli insecte se trouve dans les prairies, sous les amas de végétaux et sous les pierres qui servent à dévier l'eau des rigoles d'arrosage des parties élevées ; toute la Cerdagne (rare). 3. Ane. memnonius, Dej. \ 0 . ,n ,-. . Jivens, (jYi.t,. > v J j Sous les pierres et au pied des arbres des légions élevées, bois nu-dessus d'Aiguatebia , vallée de Cap de la Créa, roule d'OIctte au Capcir (rare). h. Ane. prasinus, Thunb. Paris. (Pyr. -Orientales). Abondant dans les haies et sous les broussailles amenées par les eaux, dans les fossés des parties basses, sous Château-Roussillon, et dans toutes les parties basses des trois bassins (commun). 5. Ane. pallipes, Fab. ) n . ,D ~ . , , Jlbipes, Erich. j0«™-(Pyr-Or,c.ntales;. Se trouve avec le précédent et dans les mêmes circonstances (très- commun). 6. Ane. oblongus, Fab. Gallia. (Pyr. -Orientales). Je l'ai trouvé dans les mêmes localités que les deux derniers, mais beaucoup plus raie. Quarante-cinquième genre. — Agonum. — Iîonei.m. 1 . Ago. marginatum. Lin. Paris. (Pyr. -Orientales). Sous les broussailles, dans les baies des prairies et sous les pierres, dans toutes les parties basses dis trois bassins. 29 430 2. Ago. modestum , Sturn. Gallia. (Pyr.-Orient.). Lieux élevés, sous les pierres et les broussailles, près des ravins' vallée de Carcnsa, et mêmes lieux, vallée de la Preste (rare). 3. Ago. sexpunctatum, Lin. Gallia. (Pyr.-Orient.). Le long des rivières de la Tet et du Tech, lieux pierreux et humi- des, quelquefois dans les détritus des végétaux et au pied des arbres, dans les plaines basses (rare). 4. Ago. parumpunctatum, Fab. Paris. (Pyr.-Or.). Sous les mottes, dans les terres humides, près des ravins, vallées de la Tet et du Tech (commun). 5. Ago. viduum, Kuget,. Germania. (Pyr.-Orient.) Les belles couleurs métalliques qui couvrent son corps, les élytres plus larges et les stries plus prononcées, le font distinguer du lugubris; on le trouve dans les prairies humides et dans les bois an peu élevés, sous les pierres et au pied des arbres (rare). 6. Ago. lugubre, Dej. U^,7-a.(Pyr..0rient.) hungancus, ïriw. ) v J Très-commun dans toute la plaine, sous les pierres et les haies des prairies humides. 7. Ago. gracile, Dej. 1-.^ (P .Orientales). piCipeSjljYLL. 1 K J ' Trouvé sous les pierres, près du ravin contre la jasse du Llau- rcnli avant de monter la dernière montagne pour aller à l'étang (très-rare). 8. Ago.scitulum, Dej. Germania bor. (Pyr. -Orient). Cette espèce est assez commune dans les plaines du Capeir et du Llaurenti ; nousl'avons aussi trouvée aux environs de Bourg-Madame, dans la Cerdagne. 9. Ago. quadripunctatum, de Geer. Succia. (P. -0.). Bord des ravins de la vallée de Banyuls ; vallée de Bigarda ; en- virons de Tnchan, bords de la rivière. 451 Quarante-sixième genre. — OlisihopUs. — Dej. 1. Oli. rotundatus, Payk. Gallia. (Pyr. -Orientales). Montagnes calcaires de Calce etde Casas-de-Pèna, sous les pierres, près des ravins (commun). 2. Oli. hispanicus, Dej. G ail. mer ici. (Pyr. -Orient.) Cette espèce est très-rare, sous les pierres, près des ravins et dans les bois des parties méridionales des Albèrcs, vallée de Banyuls. 3. Oli. fuscatus, Dej. Gall. mevid. (Pyr. -Orient.). Assez-commun, sous les pierres des parties élevées de nos monta- gnes secondaires; exposition au midi, sous les pierres, près des som- mités; vallée de Valmanya et de Rigarda. FAMILLE DES FEROiïtA. LaTREII.T.E. (1re division). Quarante-septième genre. — Pœcilus. — Bonelli. 1. Fer. punctulata, Fab. Paris. (Pyr. -Orientales). Sous les pierres et les broussailles ; au pied des arbres dans toutes les forêts des montagnes secondaires. D'après les observations de M. Brûlé, le genre sogincs des entomologistes anglais, est établi sur le pœcilus punctulatus ; il ne diffère de ses congénères que par son corps plus aplati. Cela suffit-il pour établir un genre nouveau? 2. Fer. cuprea, Lin. Gallia. (Pyrén. -Orientales. ). Commun, sous les pierres, les broussailles, les mottes de terre, dans les champs et haies, dans toute la contrée, aux trois bassins. 3. Fer. eursoria, Dej. Gallia merid. (Pyr. -Orient.) Les environs de l'Agly et les bois qui l'avoisincnt, sous les pierres, bassins de Saint-Antoine-de-Galamtts. Cette espèce est souvent con- fondue avec le pœ. cupreus, qui lui ressemble beaucoup ; cepen- dant sa couleur plus violette ri les points de la troisième strie ([tu ne sont qu'au nombre de deux, la font aussitôt distinguer. 4. Fer. dimidiata, Olt\i. Gallia. (Pyr. -Orientales). Elle est moins commune que la cuprea, et se trouve dans les mê mes localités. *52 5. Fer. lepida, Lesiu. Paris. ( Pyrén.-Orientales). Commune, sous les pierres, dans les prairies et les champs, dans tout le Capcir et la Cerdagne. 6. Fer. crenulata, Dej. Hispania. (Pyr. -Orientales). Trouvée dans les détritus des végétaux, dans la plaine de Canet; sous les broussailles et les pierres, parties élevées des vallées de Rigarda et de Glorianes. 7. Fer. vialica, Bon. Italia. (Pyrén. -Orientales). Cette espèce paraîtrait n'être qu'une variété de la lepida ; nous l'avons trouvée sous les pierres et les broussailles emmenées par les eaux, aux environs d'Arles-sur-Tech (rare). 8. Fer. infuscata, Hoff. Gallla merid. (Pyr. -Orient.) Montagnes secondaires, au-dessus de Casteill et de Sainl-Martin-dc- Canigou, sous les pierres: aux Corbières, sous les pierres et au pied des arbres, parmi les broussailles. 9. Fer. punticollis, Dej. Gallla merid. (Pyrén. -Or.) Commune, sous les pierres et les broussailles de toutes les prai- ries basses, et dans les champs des bassins de l'Agly et de la Tet. 10. Fer. dimidiata, Fab. Paris. (Pyr. -Orientales). Plage de Saint-Cyprien, broussailles rejetées par les eaux, fossés des champs et sous les pierres, près des ravins, vallée de Céret et d'Arles (rare). (2me division). Quarante-huitième genre. — Argutor. — Megeree. 1. Fer. vernalis, Gyi/l. Paris. (Pyrén. -Orientales). Commun , sous les détritus des végétaux , au pied des arbres des taillis et des fossés des prairies dans les trois bassins. 2. Fer. maritima, Gaubie. Gallla merid. (Pyr.-O.). Prairies inondées pendant l'hiver, entre l'étang de Saint-Nazairc et TEslanyol, parmi les broussailles et les pieds des tnmarix. dans toute cette large plaine (assez-commun). 453 3. Fer. sturmii, Dej. Germania. (Pyr. -Orientales). Ravins, sous les pierres et les broussailles, sous le pla Guillem, el près de la jasse dé la fontaine de la Perdrix, non loin de la croix en fer, versants de Py (rare). 4. Ffer. crudita, Dej. Paris. (Pyrénées-Orientales). Cette espèce est assez commune, sous les pierres et parmi les brous- sailles, près les cours d'eau du Tecli, sous le Boulou; et près de Mil- las, vallée de la Tet. 5. Fer. strenua, Ili.ig. Gallia. (Pyrén.-Orien taies). Vallées élevées, sous les pierres, dans les bois, et près des ravins au-dessus de Prats-de-Mollo ; et dans la vallée de la Tet, près de Fontpédrouse (rare. G. Fer, pusilla, Dej. Pyrenceis. ( Pyr. -Orientales). Cette toute petite et jolie espèce se trouve sous les pierres, au bord des champs et des prairies ; dans la plaine de la Cerdagne (rare). 7. Fer. pumilio, Dej. Pyrenceis. (Pyr. -Orientales). 8. Fer. amaro-ides, Dej. Pyrenceis. (Pyrén. -Orient.) Ces deux espèces se trouvent dans les régions alpines, près des jasses où se retirent les bestiaux, la Conque de la Llapoudcre, h font de la Conque près Cady; à la vallée d'Eyne, à la jasse d'en Dalmau (rare) . 9. Fer. abaxoides, Dej. Pyrenceis, (Pyr. -Orient.). Régions froides de la vallée du Capcir vers Carlite; aux environs de l'étang du Llaurenti, sous les pierres et les broussailles (rare). (3e division). Quarante-neuvième genre. — Omaseus. — Ziegler. I.Fer. melanaria, Illiger. Paris. (Pyr. -Orient. ). Sous les pierres et les broussailles, dans les champs de toute la plaine, près des fossés humides. 2. Fer. leucophtlialma, Fab. Dania. ( Pyrén.-Or.). On en a fait une variété de la irietànaria, avec laquelle on la trouve constamment. Cependant il existe quelques différences : son corselet 454 est moins arrondi, et les élytres moins fortement striées. Elle est aussi plus rare. 3. Fer. mêlas, Creutz, Dalmatia. (Pyrén. -Orient.) Cet insecte se trouve communément sous les pierres et les brous- sailles des bois des Albères, près des ravins et dans les bois des Corbières. 4. Fer. nigrita, Fab. Gallia. ( Pyrén. -Orientales). 5. Fer. anlhracina, Illig. Gallia. (Pyrén. -Orient.) Ces deux espèces se trouvent dans les mêmes localités, sous les pierres et les broussailles, dans tous les fossés qui bordent les ebamps et les prairies maritimes de tout le littoral ; elles ont assez de rapport, et on les confondrait souvent, si on ne fesait attention que la dernière a son corselet plus long, sinué sur 1rs côtés près de la base, et les dents en arrière, presque pas sensibles (commun). 6. Fer. elongata, Duftsch, Gallia merid. (Pyr.-O.) Prairies maritimes entre l'Agly et le Bordigol, sous les broussailles et au pied des arbustes (rare). 7. Fer. merid ionalis, Dej. Gallia merid. (Pyr.-O.) Celte rare espèce se trouve sous les broussailles et au pied des tamarix, dans les plaines basses et souvent inondées, près des étangs de Saint-Nazaire et du Cagareill, près Canct. 8. Fer. nigerrima, Dej. Hispania. (Pyrén. -Orient.) Comme la précédente espèce, on la trouve dans les mêmes loca- lités; elle y est plus commune. (4nie division.) Cinquantième genre. — Stcropus. — Megerle. 1. Fer. madida, Fab. Gallia. (Pyrén. -Orientales). 2. Fer. concinna, Stem. Germania. ( Pyr. -Orient.) On a fait de cette dernière espèce une variété de la première; on les trouve communément ensemble, sous les pierres près des ravins des champs, régions moyennes : après les inondations, dans les parties basses de la plaine ; cependant la première a constamment les cuisses rouges. 455 3. Fer. iclhiops, Illig. JVtW. (Pyrén. -Orientales). Très-rare, sous les pierres près des ravins qui traversent les bois, légions supérieures et froides ; vallée de la Ccrdagne. (5me division). Cinquante-unième genre. — Platissima. — Bonelli. 1. Fer. picimana, Duftsc. Gallia. (Pyrén. -Orient.) Après les inondations dans toutes les plaines basses des trois bas- sins, parmi les broussailles rejetées parles eaux (commun). 2. Fer. oblongopunctata, Fab. Paris. (Pyr. -Orient.) Bois et coteaux des régions moyennes du Canigou; vallées de la Tet et du Tech (rare). 3. Fer. anguslata, Meger. Germcuiia. (Pyr. -Orient.) La Ccrdagne et le Capcir, bord des champs et fossés humides ; prai- ries, sous les broussailles (rare). Cet insecte est plus commun dans les prairies du Llaurenti. (6me division). Cinquante-deuxième genre. — Cophosus. — Ziegler. Cette division des féronies de M. Dejean n'a pas de représentant dans cette contrée, du moins nous n'avons trouvé aucun insecte qui puisse y être rapporté. (7me division). Cinquante-troisième genre. — Pcterostichus . — Bonel. 1-Fer. striata Payk. l5ttCCI-flirpyrén.-Orientales). niger, JJej. J Commune sous les pierres et les broussailles rejetées par les eaux dans nos plaines après les inondations : dans les prairies et fossés des champs dans toute la contrée. 2. Fer. fasciato punctata, Fab. Austria. (Pyr. -Or.) Entre Prats-de-Mollô et la Preste, champs et ravins sous les picr rcs; environs de Saint-Sauveur dans les champs (rare). 456 3. Fer. parum-punclata, Dej. Pyrenœis. (Pyr.-O.) Cette belle espèce se trouve communément sous les pierres, les brous- sailles, au bord des fossés des champs et prairies des trois bassins, parties élevées, environs de Prats-de-Mollo, la Preste et Canigou, près la jasse de Cady; entre Vinça et Rigarda, rigoles des champs; vallées de la Cerdagne, Eyne, Llo et Llaurenti (commun). 4. Fer. femorata, Dej. Gall. orient. (Pyr. -Orient.) Broussailles et sous les pierres des bords des champs et près des ravins et vallée de Vernet près Casteill (rare). 5. Fer. dtifourii, Dej. Pyrenœis. (Pyr. -Orientales). Régions froides, champs sous les pierres et bord des fossés, envi- rons de Mont-Louis et de Bolquère (rare). G. Fer. obscura, Stev. Russiamerid. ( Pyr. -Orient.) Trouvée sous les pierres et sous les broussailles près des fossés, régions élevées, environs de la Borde Girvès, et pla dels Abaillans, bassin supérieur de la Tet , au-delà de Mont-Louis (rare). 7. Fer. cribrata, Bonel. Pedemont. (Pyr. -Orient.) Régions élevées, sous les pierres et les broussailles des bords des champs et prairies de la Cerdagne, et à la vallée d'Eyne près des jasses ; nous avons encore trouvé cet insecte à la Solanette de Costa- Bona. 8. Fer. rutilans, Bonel. Alp. Pedem. (Pyr. -Orient.) Cette belle et rare espèce habite les régions très-élevécs et froides, près des jasses de Carhte, du Puig-Peyric et à l'extrémité de la vallée d'Eyne, sous les pierres près des neiges, souvent sous la même pierre où l'on trouve le car abus pyrcnœus. 9. Fer. xatartii, Dej. Pyrenœis. (Pyr. -Orientales). Environs de Prats-de-Mollô, de Costa-Bona ; vallées de Carensa, de Cady, d'Eyne et de Llô; près des jasses où l'on trouve le punctato auratus. M. Xatard communiqua ce bel insecte à M. Dejean qui le lui dédia. 10. Fer. bicolor, Peir. Pyrenœis. (Pyr. -Orientales). Cette jolie espèce qui est, d'après M. le comte Dejean, une variété 4'57 de la fcronic, juriaei, pauzer, 'je l'ai trouvée près des étants de Carensa, sous les pierres et parmi les broussailles (très-rare). 11. Fer.mullipunctata, Dej . Hclvclia.ÇPyv. -Orient.) Parties élevées du pic Carlite, près des jasses où se retirent les bestiaux, et parties élevées du Llaurenti (rare). (8me division). Cinquante-quatrième genre. — Abax. 1. Fer. striola, Fabr. Gallla. ( Pyrén. -Orientales ). 2. Fer. c-valis, Dufts. \ n ,D r\ • t \ P . .,' ^ > uermama. (ryr.-Urtent.) irigidus, îab. ) v J J Ces deux espèces se trouvent ensemble, sous les pierres des bords des champs et les broussailles des fossés , dans les bois des régions moyennes ; après les inondations, elles sont abondantes, parmi les détritus des végétaux rejetés sur la grève par la mer, et dans les prairies maritimes. 3. Fer. pyrenaea, Dej. (Pyrénées-Orientales). Les vallées élevées, la Preste et les environs; la vallée de Cady; les vallées d'Eyne et de Llô, sous les pierres et les broussailles, près des endroits où couchent les bestiaux. Cette espèce diffère de la striola par la taille plus allongée ; les bords latéraux des élytres n'of- frent que quelques points à la base et à l'extrémité (rare). 4. Fer. carinata, Dufts. Austria. (Pyr. -Orientales). Bois et plateaux des montagnes secondaires exposées au midi, sous les pierres et parmi les broussailles, près des haies et fossés, à Glorianes et ses enviions, la métairie Pallarès, vallée de iligarda (commun). 5. Fer. parallela, Dufts. Austria. (Pyr. -Orient.) Dans les terres de la plaine, entre la Tet et l'Agly, bord des fossés des champs et des prairies, sous les pierres et les broussailles. (9me division.) Cinquante-cinquième genre. — • Perçus. — Bonelli. 1. Fer. navarica, Latr. I „. v (\,.\nil. \ ,.' ,x iHispama. i : ryr.-Uricnt.J pairuens, Duf. > l s J Commune sous les pierres et les broussailles des environs du fort 458 Bellegarde; dans toutes les Albères, la vallée de Banyuls et de Port- Vendres; quelquefois aussi dans les garrigues de Cabestany et de Canet. (10me division). Cinquante-sixième genre. — 3Iolops. — Bonelli. 1. Fer. elata, Fab. Germania. (Pyrén. -Orientales). 2. Fer. terricola, Fab. Gallia. (Pyrén. -Orientales). Ces deux espèces sont toujours ensemble, sous les pierres et parmi les broussailles des montagnes calcaires ; les environs des marbreries de Baixas, dans les lieux ombragés par les haies des vignes : à Casas- de-Pcna bord des ravins ; dans la valléedu Verdouble près de la rivière (commun). 3. Fer. spinicollis; Dej. (Pyrénées-Orientales). Les bassins de laTet et de l'Agly, broussailles rejetées par les eaux après les inondations ; fossés des prairies maritimes, parmi les détritus des végétaux (rare). Cinquante-septième genre. — Cephalotes. — Bonelli. 1 . Ceph. vulgaris, Lin. Paris. (Pyrén. -Orientales). Dans les lieux humides et ombragés des bois des montagnes secon- daires; après les inondations, dans les parties basses, parmi les brous- sailles (commun). 2. Ceph. politus, Dej. Sicilia. (Pyrén. -Orientales). Fossés parmi les broussailles et sous les pierres des champs, près du Tech, environs du pont de Céret ; après les inondations, brous- sailles, au bord de la mer, plage de Saint-Cyprien (commun). Cinquante-huitième genre. — Stomis. — Clairvil. 1. Sto. pumicatus, Pauz. Gallia merid. (Pyr.-Or.) Commun dans tous les fossés des prairies inondées de la plaine basse des trois bassins, sous les détritus des végétaux, les haies et au pied des arbres. i59 Cinquante-neuvième genre. — Pelor. — Boiselli. 1. Pel. spinipes, Fab. \ a . ■ m t\ . \ blaptoides, Lreutz.) v j j Celle intéressante espèce se trouve constamment sous les brous- sailles rejetées par la mer, après les inondations ; passé cette époque on ne la trouve plus ; évidemment elle doit vivre dans nos champs ; mais nous l'avons cherchée en vain dans les trois bassins (rare). Soixantième genre. — Zabrus. — Clairvel. \ . Zab. cùrlus, Latr. Paris . (Pyrénées-Orientales). Sous les pierres et les broursailles, au bord des champs des prai- ries, parties élevées des montagnes secondaires (commun). 2. Zab. obesus, Latr. Pyrcnœis. (Pyr. -Orientales). Dans les vallées de la Cerdagne, Eyne, Llo ; sous les pierres, près des jasses dans les lieux fourrés ; nous l'avons aussi trouvé dans la vallée de Carensa. 3. Zab. gibbus, Fab. Gallia. ( Pyrén. -Orientales). Commun sous les pierres dans toute la contrée ; on le voit souvent se promener sur les routes et dans les champs. 4. Zab. piger, Dej. Gallia merid. (Pyr. -Orientales). Dans les terres de la Cerdagne, sous les pierres, courant en plein jour sur les sentiers (eommun). Soixante-unième genre. — Amara. — Boneixi. 1. Ama. palricia, Creutz. Gallia. ( Pyr. -Orient. ) 2. Ama. zabroides, Dej. var- Gallia merid. (P.-O.). Nous avons trouvé la première anx environs de Bourg-Madame, sous les pierres et le long de la vallée de Carol; ravins sous les pier- res et les broussailles (rare). Nous trouvons abondamment la seconde après une inondation , dans les bassins de la Tet et de l'Agly, sous les broussailles rejetées parles eaux. Nous la voyons également sous les pierres et les brous- sailles des champs qui ne sont pas éloignés de la rivière de la Tet dans toute la plaine du Riverai, depuis Ille, jusqu'au dessous de Saint- 4G0 Féhu : sont-ce deux espèces distinctes? Leur habitation et quelque différences dans leur faciès nous porterait à le croire. 3. Ama. complanata, Dej. Dalmatia. (Pyr.-Orienl.) Coteaux arides de Saint-Antoine-de-Galamus et de la Trencadc d'Ambouilla ; à Casas-de-Pèna, dans les 'vignes et dans les ravins, sous les pierres. 4. Ania. fusca, Sturm. Gall. merid. (Pyr. -Orient.) Bassin du Tech à Céret près du pont, champs et prairies, sous les pierres et les broussailles ; après les inondations, plage de Saint- Cyprien, broussailles rejelées par les eaux, quelquefois sur la plage de Torreilles; entre le Bordigol et l'embouchure de l'Agly, broussailles rejetées par les eaux. 5. Ama. monticola, Zimmer. Alp.pedcm. \ r-p r\ \ monlana, Dej. Pyrcnœis. ) ^ ' Sous les pierres, dans les champs et coteaux exposés au midi au bord de la redoute, prèsSaint-Laurent-de-Cerdans, et sur les monta- gnes secondaires (rare). 6. Ama. bifrons, Gyll. Suecia. I, n ^ . x r a v. d j( ryren. -Orient. ) livida, tab. Pans. )v J > La vallée d'Eyne, sous les pierres près des jasses et les ravins de la vallée de Carensa nous ont fourni cette jolie espèce (elle y est rare) . 7. Ama. plebeja, Gyll. Gallia. (Pyr. -Orientales). Trouvée assez rarement cependant dans les vallées froides du Canigou, dans les clairières des bois, sous les pierres et dans les détri- tus des végétaux. 8. Ama. similata, Dej. Suecia. ) ,p ^ . * communis, Fab. Gallia. i ^ J ' "' Celte espèce est assez commune sous les pierres et les broussailles qui entourent les jasses dans nos vallées supérieures Cady et Eyne. Nous la voyons quelquefois sur les routes et les champs, sous les pier- res dans la Cerdagne, 461 9. Ama. obsolcia, Du^t. Gallia. (Pyr. -Orientales.) Sur les coteaux arides exposes au midi des montagnes secondaires, sons les pierres et les broussailles (commun). 10. Ama. acuminaia, Payk. Gallia. ) /n *-> ,\ r r- ■ (Pyr. -Or J eurynota, Illig. Germama. ) K J Comme Yobsolcta, on la trouve sur les parties arides des montagnes secondaires (asssez communément). 11. Ama. vnlgaris, Lin. Gallia. (Pyr. -Orientales). Communément sur les chemins et sous les broussailles, sur les montagnes secondaires ; dans la plaine et aux environs de la mer, après les inondations. 12. Ama. apricaria, Fab. Paris. ( Pyr.-Oricntales). Détritus des végétaux dans les prairies basses des bassins de la Tct et du Tech (rare). 13. Ama. ftilva, de Geer. Succia. ) ,n „ ■ \ f • i n • (Pyr .-Orient.) ferruginea, Lin. Pans. ) v J ' Le long de nos cours d'eau, sous les pierres humides dans les trois bassins; abondante sous les broussailles rejetées par l'eau après une inondation, et dans les prairies maritimes. 14. Ama. aulica, It.t.i. Austria. j „-, ^ . , . ■ • i r, ■ (ryr. -Orientales), spimpes, Lin. Pans. )K J ' Moins commune que la vulgaris, sous les pierres et les broussail- les, sur les terres sablonneuses dans tout le littoral. 15. Ama. pyrenœa, Dej. Pyrenœis. Vallées élevées des Pyrénées, la Conque de la Llapoudere . Canigou, Cady ; vallées d'Eyne, de L16, Carlite, près. des jasses, sous les pierres (rare). 16. Ama. puncticollis, Dej. (Pyrénées-Orientales). Vallées élevées des Pyrénées, Costa-Bona, la tour de Batèrc du côté de Saint-Marsal ; environs du Randé, vallée de Cady, sous les pierres et les broussailles (plus rare que la précède: 462 17. Ama. crenata, Dej. G allia mer id. (Pyr. -Orient.) Lieux secs et arides de nos aspres, au bord des champs , sous les pierres el aux amas de détritus de végétaux dans les fossés arides (commun). 18. Ama. sabulosa, Dej. Gallia. (Pyr. -Orientales). Terrains calcaires aux environs d'Estagel, vignes des vallées des alentours, sous les pierres ; et près des haies, sous les broussailles (commun). 19. Ama. eximia, Dej. Gallia mcrid. (Pyr.-Orient.) Dans les trois bassins ; après les inondations, parmi les broussailles rejetées par les eaux, et prairies maritimes sous les pierres et les détritus. 20. Ama. glabrata, Dej. Gallia. (Pyrén. -Orient.) Terrains arides, bord des vignes à Casas-de-Pèna, sous les pierres et les broussailles; à Saint-Paul, coteaux en montant à Saint-Antoinc- de-Galatnus (assez-commun). Soixante-deuxième genre. — Mazorcus. — Ziegl. 1. Maz. luxatus, Creutz. Paris. (Pyrén. -Orient.) Bois arides des parties élevées, bac de Bolqucre et bois des envi- rons de la Borde près Mont-Louis, sous les pierres et au pied des arbres ; nous avons pris aussi cet insecte dans les bois du Llaurenti (rare). Soixante-troisième genre. — Acinopus. — Ziegi.er. 1. Aci. megacephalus, Rossi. Galliamcrid. (P.-O.) Bois arides des régions moyennes, sous les pierres et au pied des arbres, font de Comps; bois des moines au-dessus de Saint-Martin- de Canigou (rare). 2. Aci. tenebrioides, Dufts. Galliamcrid. (Pyr.-O.) Mêmes stations que le précédent ; cet insecte y est plus commun et différent par son corselet plus étroit en arrière, les stries des élytrcs finement ponctuées, sans points enfoncés ; la tête du mâle est très- grande. 463 Soixante-quatrième genre. — Sclenophorus. — Dej . 1. Sel. lucidulus, Dej. Nord. Llaurenti. Trouvé sous les pierres et les broussailles, au bord des champs des environs de Mijanés dans le Llaurenti (rare). Soixante-cinquième genre. — Anisodacty lus . — Dej. 1. Ani. virens, Dejean. Gallia mcrid. (Pyr. -Orient.) Belle et jolie espèce qu'on trouve sur les plateaux élevés, sous les pierres et les détritus des végétaux ; vallées de Carensa et de Llô (rare). 2. Ani. signatus, Illig. Paris. (Pyrén. -Orientales). Lieux humides et pierreux, non loin des ravins, parmi les brous- sailles, base de Force-Rai et de Caladroy. 3. Ani. intermedius, Dej. Gallia mcrid. (Pyr.-O.") Vallée de l'Agly, broussailles rejetées par les eaux après une inondation; je l'ai aussi trouvé dans la vallée du Tech, prairies aux environs d'Ailes (rare). 4. Ani. binotalus, Fab. Paris. \ CP • Ci \ var. spurcaticornis, Zyegl. Gallia. j ^ -1 Dans les prairies et au bord des champs des environs de Mont- Louis et de la Motte-de-Planes; après les inondations, sur les bords des prairies qui bordent la Tet, parties basses de Canet (commun). 5. Ani. nemorivagus, Dufts. Gallia. \,p ,-> . v gilvipes, Dejean, Germania.]^ ^ Sous les pierres et parmi les broussailles, dans tous les ravins des vallées des montagnes secondaires: Montoriol. Oms, et jusqu'aux environs de Saint-Marsal (commun). Soixante-sixième genre. — Gynandromorphus . — Dej. 1. Gyn. rossii, Panza. Pcdemont. \,p rx ^ etruscus, Quensel, Gall. merid. '^ Cette jolie espèce a été rare pendant long-temps : M. Aleron en avait trouvé dans les parties basses de Château-Roussillon, quelque individu isolé. M. Ganta, plus tard, trouva cet insecte dans les prai 464 ries, parmi les broussailles à Palau-del-Vidrc ; mais l'inondation du mois d'avril 1841 en fournit une telle abondance dans les trois bas- sins, sous les broussailles rejetées par la mer, que nous pûmes en faire une ample provision. Hjrpalus. — Latreiixe. (1re division ). Soixante-septième genre. — Opkonus. — Ziegt.er. 1. Oph. columbinus, Germ. Gallia merid. (P.-O.) 2. Oph. sabulicola, Panzer. Paris. (Pyr.-Orient.) Ces deux espèces sont fort communes et se trouvent ensemble dans toutes les haies des fossés, et parmi les broussailles des parties basses de Canet ; après les inondations, dans les bois rejetes par la mer. Le sabulicola se dislingue du premier par les élytres d'un bleu verdàtic, le corselet moins large et moins arrondi sur les côtés. 3. Oph. rnonticola Dej. j GnU{n orimt (Pyr._0.) obscurus, TAb. { Cette espèce se trouve dans les régions élevées des montagnes se- condaires, sous les pierres humides des bois et des fossés des prairies; il ressemble au sabulicola avec lequel on le confondrait ; mais il est plus allongé, plus fortement ponctué, les palpes, les antennes et les pattes moins rouges (rare). 4. Oph. diffmis, Dejean. Gallia merid. (Pyr.-Or.) Trouvé constamment dans les fossés, parmi les broussailles des champs et des prairies maritimes des bassins de l'Àgly et de la Tet ; après les inondations (très-abondant). 5. Oph. incisus, Dej. Gallia merid. (Pyr.-Orient.) Cette rare espèce se fait bientôt remarquer par les palpes, anten- nes et les pattes d'un rouge ferrugineux qui contraste singulièrement avec le beau noir qui couvre son corps, se trouve dans les fosses et les broussailles* parties basses de Canet : en automne on voit cet insecte assez abondant dans les fossés des fortifications de la citadelle, prin- cipalement sur les fenouils, ainsi qu'aux ruines de Mailloles ; on le trouve alors accouplé : Est-ce le désir de se reproduire qui le fait sortir de sa retraitée! grimper ainsi sur les plantes? 465 G. Oph. meridionalis, Dej. Gallia mcrid. (Pyr.-O.) Sous Château-Roussillon ; prairies et champs, broussailles et fossés au pied des arbres; après les inondations, dans les bassins de la Tet et de l'Agly, prairies et champs près des dunes, dans les broussailles (commun). 7. Oph. rotundalus, Dej. Gallia mcrid. 1 ,p , r\ \ 8. Oph. corda tus, Dufts. Gallia merid. I ^ * ') Ces deux espèces ne sont pas rares sous les pierres et sous les mot- tes de terre, dans les champs et au bord des prairies, dans les envi- rons d'Arles-sur-Tech ; nous les avons aussi trouvées, mais moins abondantes dans les environs de Saint-Laurent-dc-Cerdans. 9. Oph. rupicola, Sturn. Germania. { /n r\ • \ subçordaïus, Dejean. | (P-Onçnu) Dans les environs de Coustouges et à la Matière, ravins sous les pierres, parmi les broussailles et au pied des arbustes où sont amas- sés quelques détritus de végétaux (rare). 10. Oph. punelicollis, Payk. Gallia. (Pyr. -Orient.) Commun sous les pierres, au pied des arbres des bois humides, dans les parties élevées des montagnes secondaires : cette espèce se trouve fort rarement dans la plaine, après une inondation. 1 1 . Oph. maenlicornis, Dufts. Gallia. (P. -Orient.) Nous avons pris cette espèce quelquefois sous les pierres, dans les fossés des fortifications de la ville et à la lunette de la porte de Canet; mais plus abondant, parmi les broussailles rejetées par la mer après une inondation; vallées de l'Agly et de la Tet. 12. Oph. hirsuiulus, Dej. (Pyrénées-Orientales). Derrière la Preste, champs et prairies sous les pierres ; environs de Mont-Louis, mêmes localités (rare). 13. Oph. mendax, Itossi. Gallia mcrid. Trouvé sous les pierres et les mottes, dans les champs et les vignes, entre Saint-Paul et Caudiès (il n'est pas commun). 14. Oph. germanus, Lin. Gallia. (Pyr. -Orientales). On distingue bientôt cet insecte parmi les autres par ses belles 30 46G couleurs tranchées; el malgré qu'il soit très-commun, on ne peut résister au désir d'en ramasser beaucoup tant il est joli : les parties basses des trois bassins, après les inondations, en offrent une grande niasse. Dans le nombre on trouve une variété dont les couleurs sont plus claires et les taches des élylres presque pas apparentes; elle est plus rare. Nous conservons cet insecte à la place des ophoHUS, malgré qu'on en ait fait un genre nouveau, sous le nom de diachro- mus. 15. Oph. velutinus, Aleron et Com. (Pyr. -Orient.) Cette toute petite et belle espèce est commune après le débordement de nos rivières, parmi les broussailles, dans les parties basses de Canet; elle est excessivement agile et on la saisit avec beaucoup de difficulté. 16. Oph. oblongiusculus, Dejean. Gallia. (P.-O.) Cette espèce, jolie et très-petite, se trouve dans les champs et les prairies des parties élevées, sous les pierres et parmi les broussailles de la vallée de Valmanya et aux environs de Corsavi (rare). 17. Oph. dorsalis, Dej. Gallia. (Pyr. -Orientales). Commune au bord des champs et bois, sous les pierres et les brous- sailles, entre Céret et le Perthus. 18 Oph. chlorophanus, Zenker. Gallia. (Pyr. -0.) Nous avons pris cette espèce quelquefois sous les pierres et dans les fossés des fortifications de la ville et à la lunette de la porte de Canet ; mais plus abondamment parmi les broussailles rejetées par la mer après les inondations ; vallées de l'Agly et de la Tet. 19. Oph. ahsoletus, Dej. Gallia merid. wn q \ cerinus, Stev. Var. fiussia merid. (^ ' ' Il n'est pas rare de trouver cette espèce dans tous les fossés qui entourent les mares d'eau dans toutes les parties basses du littoral ainsi que dans les broussailles et au pied des arbres, bassins de l'Agly et de la Tet. 20. Oph. azureus, Ilmg. Gall. merid. (Pyr. -Orient J Cette jolie espèce se trouve dans les broussailles et sous les pierres des prairies et des fossés, dans toute la Cerdagne et au Capcir; 467 nous l'avons prise aussi au Llaurenti , la belle couleur violette la fait bientôt remarquer (rare). Soixante-huitième genre. — Harpalus. — Latreille. 1 . Har. rufîcornis, Fab. Paris. (Pyr.-Orientales). Commun dans les champs, sous les pierres et dans les fossés; les ravins des bois des montagnes secondaires. 2. Har. griseus, Panzer. Germania. (Pyr.-Orient.) Très commun dans toute la plaine ; après les inondations, il pul- lule dans les broussailles qui sont entraînées et qui sont rejetées par la mer ; on le trouve aussi dans toute la plaine de la Cerda-ne. 3. Har. aeneus, Fab. Gallia. (Pyrénées-Orientales). Commun dans les mêmes lieux que le précédent. 4. Har. distinguendus, Dttfts. Paris. LD ; _ Var. virens, Ménet. JRussia merid. |(*7ren--Or.) Nous pensons voir une différence bien marquée entre ces deux varié- tés: le virons* une plus petite taille, les couleurs sont beaucoup plus vives et les élytres sont un peu striés (rare). 5. Har. patruelis, Dej. Gallia merid. (Pyr.-Orient.) On le trouve dans les champs et les fossés des environs de Vinça et de Prades ; dans la Salanque après les inondations. 6. Har. cupreus, Dej. Gall. merid. (Pyr.-Orient.) Commun dans les champs et les prairies maritimes dans les trois bassins ; on le trouve aussi aux parties élevées des montagnes secon- daires. 7. Har. piqmseus, Dej. Gallia merid. (Pyr.-Orient.) Cette toute petite espèce est commune dans les broussailles au pied des tamarix, dans toutes les prairies maritimes, voisines des mares d'eau saumâtre. 8. Har. sulfuripes, Dej. Galliamerid. (Pyr.-Orient.) Cette espèce que nous avons trouvée dans les environs de Bourg- Madame, dans les sables et les broussailles de la rivière qui descend delà vallée de Carol (est assez rare). 468 9. Har. petifii, Duftsch. Austria. Var. du discoi- deux, Gallia bor. (Pyrénées-Orientales). Assez rare dans les environs de Mont-Louis, vers la Borde, sous les pierres et les broussailles. 10. Har. limbatus, Duftsch. Gallia. Var. du ful- vipes, Fab. Gallia bor. (Pyrénées-Orientales). Nous avons trouvé cette espèce aux environs de Mosset, dans les terres arides sous les pierres ; nous l'avons retrouvée près du Mijanès dans le Llaurenti. 11. Har. sobrinus, Dejean. (Pyrénées-Orientales). La Preste et ses environs jusqu'au pied de Costa-Bona, sous les pierres près de la Tet, et dans les vallées de Cady et de la Llapoudère près des jasses sous les pierres. 12. Har. semiviolaceus, Brong. Gallia. (Pyr.-O.) Sous les mottes et les broussailles, dans toutes les haies des prai- ries maritimes sur tout le littoral (commun). 13. Har. impiger, Duftsch. Gallia merid.(? 'y r.-O.) Cette petite espèce qui se dislingue aussitôt par les pattes d'un rouge ferrugineux, se trouve dans tous les lieux où se relire le bétail, dans les hautes régions, sous les pierres et les broussailles, (rare). 14. Har. tardus, Panzer. Paris. fuliginosus, Duftsch. Austria. (Pyr.-Or.) Ces deux espèces qu'on rencontre souvent ensemble sont regardées par les auteurs comme deux variétés : se trouvent sous les pierres des parties arides et élevées dans les bois ; à la montagne de Cérct, dans le bois communal et dans les champs qui avoisinent celte forêt. 1 5. Har. segnis, Dej j GernW)]^ (Pvr..0r.) irolichn, Meger. > \ •>.,...- » 503 yfeded c/c/ittù /année sfayé'udœu a tattnec U54. NOMBRE DE LITRES D'EAU OBTENUS par 'MINUTE par IIEURE. 24 . 6 1600 :| 800 » » 50 18 500 1100 25 900 » 1000 800 1500 16 1440 360 96000 48000 » » 1800 1080 50000 66000 1500 54000 » 60000 48000 78000 960 par ;odr. 34560 8640 2504000 1152000 45200 25920 720000 1584000 56000 1294000 » 1440000 1152000 1872000 25010 s s O S K ... 28 18 25 51 120 165 56 40 55 25 40 55 40 51 56 52 70 H S < I O U Q fr. 420 554 425 505 2220 2930 1166 1557 529 599 620 555 620 515 578 776 1000 NOMS des FOREURS. Fabre et Espéri- quette. Espériquette . Idem. Idem. Idem. Fabre et Espéri- quette. Idem. Idem. Espériquette. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem . Idem. Idem. Idem. OBSERVATIONS. Ce premier forage fut fait h l'Esplanade. 30 i p o 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 51 32 35 54 NOMS des PROPRIÉTAIRES. Perpignan.. . . Fraisse aîné. . . Carcassonne . . De Saint- Victor. Rivesaltes . . . Jaunie frères . . Durand Rovira-Jalabert. De Çagarriga. . 55 56 57 58 Durand et compagnie.. . Thuir Durand Durand et Barrère. . . . Durand et Barrère . . . . Durand Durand Durand Fraisse aîné Bivesaltes Jaunie Azéma DESIGNATION des COMMUNES. La commune Toulouges . . Cabestany. .' Saint-Estève La commune Perpignan Toulouges Canobès Millas Toulouges La commune Bages Bages Bages Bages Bages. Bages Toulouges La commune. .... Perpignan Villeneuve-de-la-Rabo — ° Es 1837 1857 1857 1857 1858 1858 1858 1859 1859 1840 1840 1841 1841 1842 1842 1842 1842 1842 1842 1842 1845 es & a O "° «= fa O p. il met. c 166 » 100 » 115 » 64 » 64 » 84 » 96 »' 80 » 50 » 64 A 115 » • 90 » 100 » 60 »| 62 »j 56 » j 50 » 45 » 7ô »' 115 » 1 1 \ » 505 NOMBRE | DE UTRES D'EAU OBTENUS en 3 C H Û NOMS par par par 1— ' CC 11 DES FOREURS. OBSERVATIONS. MINCTE IIEERE. JOÏlt. fr. » )) )) 145 60 5490 901 Espériquette. Idem. Sur la place de la Li- berté, aujouriTliiii place Napoléon. j 100 6000 144000 95 1900 Idem . ] 600 56000 864000 80 1600 Fabre. » » » 59 802 Espériquette. < » » » 45 1000 Idem. 18 1080 25920 65 919 Idem. » » » 70 1500 Idem. » » » 56 1200 Idem. Il 100 66000 1584000 51 650 Idem. » » » 150 5000 Idem. 1 100 6000 144000 90 1800 Idem. * » » » 95 1900 Idem. 750 45000 1080000 58 760 Idem. 250 15000 560000 45 900 Idem. i|2500 150000 5600000 40 800 Idem. iooo 56000 864000 15 500 Idem. 400 24000 576000 50 600 Idem. l| 700 42000 1008000 40 800 Idem. » » )> 50 1000 Idem. 2 120 7200 106 2400 Idem. 506 w ci a pi © o Z 59 40 41 42 43 44 45 46 NOMS des PROPRIÉTAIRES. Joffre De Saint- Victor De Bordas. . . . Durand Amouroux . . . Goût Perpignan. . . . Fabre DESIGNATION des COMMUNES. z z Rivesaltes Sajnt-Estève Toulouges ...... Saint-Laurent .... Canohès Cabestany, Mas-Blanc La commune Perpignan 4843 1845 1843 1845 1845 1845 1845 1851 Z 3 S o 1 aï met. c 80 » 64 » 54 » 43 » 93 » 20 » 175 » 115 47 48 49 50 51 Bages. Bages. Vilar Durand, Calaret, Vilar. Ferrer La commune . . La commune . . Bages Bages Espira-de-PAgly 52 1 Raymond Sinsrla ! Rivesaltes. 1855 1855 1857 1857 1857 1857 ;: 55 50 58 60 67 » 70 » NOMBRE DE LITRES D EAU OBTENUS par JOUR. par par [S DTE HEURE. » » » » 800 48000 » » 600 56000 » » » » » » 11 52000 864000 » £3 cj es-» 70 70 40 50 90 14 170 180 50" H z fr. 1500 1600 1000 1000 1800 250 3000 5500 NOMS des FOREURS. Espériquette. Souvras et puis Espériquette. Espériquette. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. OBSERVATIONS. Nouvel essai de forage sur la place de l'Es- planade. Ce forage, commencé en )8.'il et répris en mai ( 853, a été abandonné fin sep- tembre de cette même année à la suite d'obstacles de toute espèce. 550 35000 450 27000 650 59000 450 27000 » » 500 30000 792000 20 400 648000 20 400 956000 26 600 648000 40 800 » 50 650 72001 M) 25 600 Sonvras père et fils. Idem. Idem. Idem . Idem . Idem. Ô08 - © o NOMS des PROPRIÉTAIRES. 53 Jelabert. 5i Larner-. 55 Garnier. DESIGNATION des COMMUNES. a 2 ■a « Z c Rivesaltes. Rivesaltes. Bages. . . S a = ©^> © 1858 1858 1842 met. 80 » 65 » 44 » 56 57 58 59 60 61 62 65 64 65 66 67 68 69 70 Comas Perpignan. . . . Rovira-Jalabert. Rovira-Jalabert. Sauvy Garau. Ribes. Durand Perpignan Saint-Laurent-de-la-Sal Perpignan Sirach, veuve Mespliés Perpignan Là commune Canohès Canohès Villeneuve-de-la-Rabo . Espira-de-1'Agly Nills Saint-Nazaire. La commune. La commune. La commune . Rivesaltes. . . Pia Lafabrègue Rivesaltes . . Pevrestortes La commune 1844 1846 1847 1847 1847 1848 25 219 » 171 » 62 » 68 » 147 » \ 1849 1849 187 145 18481150 1850 60 1850141 1852 1855 1855 80 90 41 1855 71) 509 NOMBRE DE LITRES D'EAU OBTENUS par JOUR. paT par 1INUTE I1EDBE. 100 6000 560 55600 600 56000 124000 806400 864000 - - g C g -g 50 25 20 fr. 800 600 400 NOMS des FOREURS. Souvras père et fils Idem. Idem. OBSERVATIONS. 180 où 110 500 ! » » 25 » 200 280 500 200 10800 2100 6600 50000 60 1500 » 1200 16800 18000 12000 » 259200 50400 158400 720000 1440 » 56000 » 28800 405200 452000 288000 54 155 5757 » Fauvelle. Idem. Idem. Idem. Idem. » » » 7462 » 5974 Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Idem. Sur la place Saint- Dominique. Ce forage a été aban- donné pour être repris plus tard. Cettequantitéd'eau d'un litre est iné- puisable. lîau ascendante, quan- ti té inappréciable. Sur la petite place en face la Loge. Sur la place du Pont- d'en-Vestit, à l'en- trée delà rueSaint- Martin. 510 es c o 71 NOMS des PROPRIÉTAIRES. Pei pignan. 72 Sauvy. 75 Fabre. DESIGNATION des COMMUNES. La ville . Villeneuve-de-la-Raho. . 185i 1855 p w s = % © ^ 3 2 2 © mot. e Perpignan 170 » 1854 87 « .11 NOMBRE DE LITRES D EAU OBTENUS par JINITE par HEURE. par JOUR. 120 80 7200 4800 ca es © 2 Q 172800 115200 c II 5414 NOMS des FOREURS. Fauvelle. Idem. Idem. OBSERVATIONS. Sur la place Saint- Dominique, nou- veau sondage exé- cuté par suite de l'obstruction occa- sionnée par les sa- bles dans le tube du premier puits foré en 1846. Ce nouveau forage est la continuation d'un forage anté- rieur, poussé jus- qu'à \\1 mètres en -1S47, à la suite duquel on avait obtenu un résultat insignifiant. Dans le forage de M. Fabre, M. Fau- velle, à la profon- deur de 47 mètres, a trouvé une source jaillissante donnant de 53 à 40 litres d'eau par minute ; il a voulu conti- nuer néanmoins , et, à 87 mètres, il a trouvé une nou- velle source s'éle- vantà 2 mètres en- viron avec beau- coup de force et donnant 80 litres par minute. On est en ce moment oc- cupé à tuber, 512 ■- Ci a © "a tri O K 74 75 76 77 78 79 80 81 82 85 84 85 NOMS ! des PROPRIÉTAIRES. Blanc Jaubert de Passa Parai . . . . • Roca Talayrach Joffre Barrère Barrère Barrère Barrère Lafabrègue, Roca et O Vilar DESIGNATION des COMMUNES. I il Fourques. . . , Passa, Monasti Llupia Villemolaque . Perpignan . . Rivesaltes. . . Bages Bages Bages Bages Bages Bages ta a « l o "a « S 2 o * ai 1852 1852 1852 1852 1853 1855 1855 1855 1854 1854 1854 1854 met. 125 189 40 126 95 70 59 42 71 72 52 25 c » » » » 5( » » 86 87 Barrère Garnier . Bages. Bages. 1855 1854 40;) 51.! DE L par NOMBI TRES D'EA par U OBTENUS par © s MONTANT DES DÉPENSES. NOMS des FOREURS. OBSERVATIONS. INUTE nEURE. JOUR. IV. 28 600 14400 161 450 Alex. Blanc. » » » 485 1542 Idem. 80 4800 115200 122 680 Idem. » )) » 218 624 Idem . 180 10800 » 259200 180 195 180 855 Idem. Idem. Forage suspendu par suite de difficultés. 225 15500 524000 111 650 Idem . 300 50000 720000 42 475 Idem. 1 110 40 300 6600 2400 56000 158400 57600 864000 87 60 72 519 280 600 Idem. Idem. Idem. Ce sondage n'est pas 1 encore terminé. M. 1 Al. Blanc prétend 1 obtenir le double 1 de cette quantité 1 300 50000 720000 18 166 Idem. d'eau lorsque les tubes seront, placés. Dans la colonne du montant des dépen- ses, le total com- prend, outre le prix des journées , celui des tubes de la buse et de la po- se des tubes, ce qui fait que ce total re- présente la dépense exacte occasionnée. soc» 48000 1152000 20 400 Pierre Garcias. • >, » » » » Idem. Ce forage n'est pas encore terminé. 33 514 t- — Ci CD -ai *s3SNï3daa saa ^ 2C Ci •^ 25 S Ci CM 00 O S O O INVIVOM ïO 0 ÎO ^H , Ci 0 0 0 O O 1 CD 0 ~* CM O CM a \ ■e^ »j*< O -^ O Ci CO £ g o 00 *3 ' f" CM IO en SI a- o o iO C^ 1 ^H sa SO p zl ~ o 20 Ci CD — 00 H I lO 10 CM -T. -r* «s co a 1 CM 10 ■ *C O î 653 >-, .3 Q O O O 0 es 2 •B^l 0 0 00 O 00 3 a 5/ . u tô 0 00 10 O ïO c* ■£S \ -" es 00 — - t- 00 2C "S » — _ - O — . u 0 10 CM ""* IO s- Z » a 0 CM •»— 20 CJ H 1 T« "a - | 0 O ' to 0 IO w S 10 co io 0 Ci ^J • 1 es ^ 0 00 0 -** 00 co *5 \ S 0 10 CM -Si ao CM CD «k> En ta. 0 Ut es £ co 50 s c s ^ ^ ea .o sa O 1— tf. ) îO 0 IO — S s g 00 CM — ^■f CM O CB g -S § co îO a GO «-■* C/3 10 — t- a 5i z C3 * «e 0 0 oc Ci CM 1^ •ivioi -* X u « £ ft *► « / 00 __ s: lO „ O u -anssuaa Mol «T* CM c u os < \ sucs -2 «e ea S ' — "3 "^) ps 9 \ 00 00 CM CO «rH 00 « o ** ranssnaa ^ g D9AB CM ïO ai 0 D on ■0 es *-» 0D s O > ce .2 "3 es O — 09 3 O C*3 O 85 ^ S C/J r- M O ■i H O eu u JO O t/> • n> DQ O ^ 'O) Ci S <"M . S Ci a 0 O O co r^ s-, 00 3 O r/i • ^—$ SJ f^ -ÎJ es 2 co r- t- O 0 c/> re m 3 r/) -i) !3 S- •n 0 l-i aj O 0) > es l> VI CS -0 i-H re O •^3 — . Eh m O -+^ C+H ■jj Ph *s 00 îO t/> rn O) c iao 3 es 0 eu ■_ 3 en TS -o 0 (U a G O) eu &>ï >-> 0 0 S S APHORISMES RURAUX Basés sur les règles données par les Agronomes les plus classiques, anciens et modernes, nationaux et étrangers, et sur les observations et les pratiques des meilleurs cultivateurs, Composés par 11. JVaiici$SE F A Ci ES DE ROSI A « Membre de la Junte d'Agriculture de la Province de Girone, Vice-Président et Fondateur de la Société d'Agriculture du PAmpourdan, etc. ;5?rrti)uits H catalan en français fun* M. iSSoms'Salm', Membre de la Société Agricole, Scientifique et Littéraire des Pyrénées-Orientales, Régent de Troisième au Collège de Perpignan. EXTRAITS DU PROLOGUE DE L'AUTEUR. La lecture des plus célèbres auteurs d'Agronomie qui m'a occupé plusieurs années, et les observations que j'ai faites moi- même en pratiquant l'Agriculture au centre d'une région éminem- ment propre à toute sorte d'expérimentations, m'ont induit à composer l'opuscule que je publie. J'ai pensé en même temps que la forme simple et concise , à laquelle j'ai réduit les préceptes des savants agronomes, devait mieux que toute autre initier les culti- vateurs aux progrès que tous les gouvernements cherchent à fomenter aujourd'hui. Ce sont, en effet, ces progrès qui peuvent améliorer le sort des sociétés désolées par le paupérisme, qu'en- fante Texcès de fabrication et d'industrie, puisque l'Agriculture seule donne le pain que réclament les masses affamées Exempt de toute présomption en fait de langage et de style, et n'ayant d'autre but que celui de contribuer, autant qu'il est en moi, à faire parvenir mon pays au degré de prospérité que peut lui donner l'Agriculture, je me suis principalement efforcé de mettre cet art à la portée des cultivateurs peu doués . la plupart , d'intelligence et de mémoire. 16 Mon travail eut été sans doute moins pénible, si je n'avais pas assujetti ces leçons à la mesure et à la rime , et adopté la forme rigoureuse qu'elles présentent; mais, à coup sûr, j'aurais mal réussi. Qui ne sait d'ailleurs combien les adages et les proverbes sont du goût des hommes champêtres? J'aurais pu donner aussi plus d'étendue à mon sujet, si j'avais pu méconnaître la vérité du dicton : « Qui trop embrasse mal ctreint. » Si j'ai redit quelques fois les mêmes choses en différents termes, c'est que j'ai cru les mieux graver, par ce moyen, dans la tête des cultivateurs. Aux avantages que peut retirer des Aphorismes ruraux le per- fectionnement de l'Agriculture , il faut joindre ceux qui en revien- dront aux propriétaires et au gouvernement même. Ainsi puisse- t-on détourner enfin l'attention publique de la brûlante arène de la politique pour l'attacher à ce qui influe le plus sur l'améliora- tion de la condition humaine, sur ce qui doit devenir la base de la prospérité future de la patrie, sur la digne, la noble et la féconde Agriculture!!! Je recommande ce Manuel aux Sociétés agricoles. J'invoque en sa faveur la protection des curés ruraux, vénérables maîtres de la religion et de la morale. Ils feraient un bien immense à leurs paroissiens et à l'État, s'ils daignaient être aussi maîtres de la bonne culture. Cet enseignement , loin d'être antipathique à ce que leur mission a de sacré, y serait au contraire conforme, puisque notre sainte religion désireuse, comme une tendre mère, du bonheur de ses enfants, ne se borne pas à leur procurer celui de la gloire céleste, mais qu'elle se plaît encore à les voir jouir de celui qui leur est permis sur la terre. Or, le moyen de rendre heureux dans cette vie les habitants des campagnes , c'est de leur apprendre combien leur condition peut être améliorée par le perfectionnement de l'Agriculture, qui ne peut qu'augmenter les produits. APHORISMES RURAUX. CHAPITRE I. MAXIMES GENERALES. Aux travaux des champs qui se voue Mérite que chacun le loue. Ton état, brave laboureur, Ne fut jamais un déshonneur. Plus haut, plus noble est ton lignage, Plus grand te fait le labourage. En plaçant Phomme au paradis, Dieu lui dit : Cultive, mon fils ! Et le Rédempteur, qu'on révère, Appelle agriculteur, son Père. A Rome, Consuls et Préteurs, S'honoraient d'être Agriculteurs. En Espagne, par un Roi sage, Fut enseigné le labourage. Oui, seul à tout le genre humain, Le laboureur donne le pain; Entourons d'honneur et de gloire Un service aussi méritoire. Qui forme un bon cultivateur Du pays est le bienfaiteur ; Il n'est rien au monde qu'on puisse Assimiler à ce service. 11 est digne d'un bon pasteur De diriger l'Agriculteur ; Il n'est pas dans son ministère De charité plus salutaire. Donnes leçons, soins assidus, Du sol doublent les revenus. Propriétaire qui cultive Fait preuve ainsi d'une àme active; Mais, s'il ne veut point travailler, Qu'il sache au moins bien surveiller L'héritier, qui fuit tout ouvrage, Est indigne de l'héritage. Par un métayer ruiné Un domaine est fort mal mené; Quand la misère nous torture, Il n'est pas de bonne culture. Vends ton domaine promptement. Si tu ne l'aimes franchement. Tiens une pièce bien bordée, Si tu la désires gardée ; Les revenus sont bien plus beaux, Quand le terrain se trouve clos. Propriétaire qui s'endette Bientôt sentira la disette ; Celui qui cherche l'usurier Met un voleur dans son grenier. De l'ignorant propriétaire, Le lot certain, c'est la misère. Etudie avec soin ton art, Il te fera meilleure part. Nul ne sort du seiu de sa mère Instruit à conduire une terre, Et tous, jusques au savetier. Doivent apprendre Unir métier. Sans être un esprit hors mesure, On peut savoir l'Agriculture; Le bon sens, l'application, Sont toute la profession. S'il sait peu, le propriétaire Appauvrit et famille et terre. Qui tient les livres à mépris Reste à la routine soumis: Mais, qui les croit en toute chose A s'embrouiller souvent s'expose. .18 Des livres ne prends, pour ton bien, Que re qu'il faut; mais fais-le Lien. De culture achète un bon livre, Mais en tout ne va pas le suivre ; N'y prends jamais, pour l'accomplir, Que ce qui peut te convenir. Entre les mains d'un lecteur sage Un livre est d'un fort grand usage 5 Mais on ne doit pas s'en servir Sans d'abord beaucoup réfléchir. Gardant la coutume estimée, Des nouveautés fuis la fumée. Celui-là seul peut les tenter Qui, perdant, peut le supporter. Petit à petit rectifie, Dit l'homme instruit qui se défie; Car, qui réforme lentement, Suit un sage commandement; Mais l'homme, aux réformes hostile, Ne peut être qu'un imbécile. Sans prétendre à l'invention, Recherche la perfection. Sache qu'aux champs expérience Vaut autant ou plus que science. Qui connaît le sol et le ciel En culture sait l'essentiel. Veux-tu faire une expérience? Fais-la, soit; mais en conscience. Si tu redoutes les procès, Afferme par actes bien faits. Pour ses actes à ton notaire Ne marchande pas le salaire. Sans hypothèque, de ton bien, Crois-moi, n'afferme jamais rien. Ecrits, contrats chirographaires, Souvent embrouillent les affaires. De procès abstiens-toi toujours, Comme de semer sans labours. Pour faire l'achat d'un domaine, Réfléchis plus d'une semaine ; Climat, terre, exposition, Doivent fixer l'attention. De ce que vaut ou non la terre Sa couleur ne nous instruit guère. Pour achat de terre en talus Sois ménager de tes écus. Si ton terrain longe une route, Soigne-la bien, coûte que coûte. Un ruisseau horde-t-il ton champ? Bon pied, bon œil, sois vigilant. Le lapin, en creusant sa mine, Souvent l'inonde à la sourdine. Dès l'aube, quand il est debout, Un maître actif anime tout; Mais s'il se tient loin de sa terre, Chaque chose y reste en arrière. Qui fête tous les saints se rend, Parmi les riches, indigent. Gens de marchés, courses et foires, Ne remplissent pas leurs armoires ; Car, sans compter l'argent qui part, Le labour se trouve en retard. Si tu perds ta terre de vue, Bientôt son rapport diminue. Quand il visite son terrain, Le maître y laisse tout en train ; Que de tout il prenne bien note, Ou son revenu lui fait faute. Le maître, qui le voudra bien, Améliorera son bien. Qui délaissera son domaine Tombera bientôt dans la gêne. Quel fumier gras et nourrissant L'aspect du maître est pour un champ ! N'exige pas rente trop forte, Mais bien ce que le sol comporte ; Si tu n'es un peu libéral, Maître et fermier vous irez mal. Tiens le bétail et tout ton monde Eloignés du fumier immonde. Si tu veux qu'ils se portent bien, D'infect chez toi ne laisse rien. 519 Si ilans ton champ Tonde se glisse, Prends garde qu'elle n'y croupisse. Pour soigner ta propriété, Cherche un homme expérimenté. Que de régisseurs dont l'adresse Se horne à hien tenir la caisse!! L'homme de nonchalance atteint Est vicieux, sois en certain. Jamais en ferme hien menée La hesogne n'est terminée. Veux-tu rendre ton bien meilleur, Toi-même sois-en régisseur. Un domaine, qu'on donne à ferme, A gagné rarement au terme. Qui dit fermier, amendement, Dit deux mots qui jurent souvent. D'acheter ne te mets en peine ; Rends d'abord meilleur ton domaine. En culture être le premier Ne se peut sans étudier; Mais un fonds, on le bonifie, Sans fréquenter l'Académie, Sans être mathématicien, Géologue, ni physicien. Ne laisse rien perdre en ménage, Tout pour la terre a son usage. Sociétés d'Agriculteurs Animent les cultivateurs. L'association assure Respect, honneur à la culture. Culture et fabrication Doivent vivre en bonne union ; Mais sont-elles en concurrence? Rappelons-leur cette sentence : Qu'industriels et fabricants Cèdent tous à l'homme des champs. Rien ici-bas ne nous procure Autant de biens que la culture. CHAPITRE II. CULTURE. En culture, tous les progrès Pour le pays sont des bienfaits. Travaille dûment ton domaine, Si tu veux récolte certaine. Selon que tu cultiveras, Tous les ans tu récolteras. Douze perches bien labourées En font vingt à peine effleurées. Pour être bon agriculteur, Sois d'abord grand questionneur. L'Agriculteur a triste chance, S'il ne cultive avec prudence. Du climat faire abstraction, C'est en ignorer l'action. Qui hiisse appauvrir une tcfTe, Décline, décline et s'obère. Fume bien, sois bon laboureur, Tu seras bon cultivateur. A tout oiseau nid à sa mode, A tout sol aussi sa méthode. Du petit fermier vois le champ Et son labour, c'est important. Domaine qu'ainsi l'on cultive Donble sa vertu productive. De ton champ tu retireras Selon que tu l'exploiteras. Si ton domaine est en souffrance, N'épargne ni soin, ni dépense. Qui son hien ne veut pas soigner, A d'autres doit le résigner. Eu fatigant trop ton domaine, Tu n'auras pas la bourse pleine 520 De la terre, ni du bétail, Vexige pas trop de travail. Quand l'hiver a trompé ta bourse, Des plantes d'été fais ressource. Pour que la culture aille bien, 11 ne faut pas un trop grand bien. N'épargne rien, c'est règle sûre, Pour obtenir bonne culture. Toujours d'un travail trop hâté Quelque mécompte est résulté. Qui mal cultivera la terre A son pays fera la guerre. Bien cultiver est fructueux ; Mais l'excès en est dangereux. Bref, ou voit bien, quand on cultive, Que toute chose est relative. TERRES. Par l'analyse c'est en vain Qu'on veut connaître le terrain ; La pratique de la culture Est l'analyse la plus sûre. Sol légèrement argileux Se couvre d'un blé plantureux. Si la terre se trouve grasse. Crois-moi, dépense avec audace. La terre est d'un maigre produit, Quand l'onde du ciel la durcit. Le blé vient en terre argileuse, Le seigle en terre sablonneuse. INSTRUMENTS. Sans une charrue à souhait, 11 n'est pas de labour bien fait Applique avec soin cet adage Aux instruments de tout usage. Avec des instruments meilleurs, Meilleurs seront tous tes labeurs ; Forts, simples, à la main faciles, C'est ainsi qu'ils seront utiles. Qui déteste un instrument neuf, Sans examen, est un gros bœuf. Et c'est un veau, plus qu'autre chose, Qui rejette le vieux sans cause. Ne te sers pas d'un instrument Sans Pessayer auparavant. Ne médis pas de la charrue Tant qu'à l'œuvre tu ne l'as vue. Les insensés vont décrier Un instrument sans l'essayer. Quand du semoir vient la semence, On dit qu'elle a meilleure chance. TRAVAUX. Engrais, que le labour ne suit, Pour exploiter point ne suffit. Dès que la gerbière s'élève, Que du champ le chaume s'enlève. Qui ne laboure quand il peut Ne laboure pas quand il veut. En temps d'agir qui se promène, De façons prive sou domaine. Dormir sur un banc vaut bien mieux Que labourer terrain fangeux. Quand la terre n'est point imbue, N'en approche point la charrue, Du moins en un sol sablonneux, Mais laboure s'il est herbeux. Si le sol est pris par la glace, Laisse la charrue à sa place. Bon laboureur brise et réduit Les mottes que le soc produit; Une terre bien labourée Devra paraître triturée; Ce qu'on obtient totalement Par la herse à multiple dent. A qui sait la mettre en usage La herse est d'un grand avantage. Le champ qu'on a pulvérisé A bien labourer est aisé. Jamais au labour qui précède Qu'un labour trop tôt ne succède; ~ Afin que la terre ait le temps D'absorber les gaz fécondants. 521 Retourne la terre argileuse Plus souvent que la sablonneuse. Remue à plus (Pun pied le champ Où tu dois semer le froment. La houe en vingt jours ne remue Autant qu'en un seul la charrue ; Mais sois bien certain que houer Vaut beaucoup mieux que labourer. Avant de houer une pièce, Du terrain remarque l'espèce'; Imprudemment ne va jamais Pour le bon prendre le mauvais. Le sol qu'avec soin l'on triture Se prépare pour la culture. Dans un terrain bien préparé Bon produit est presque assuré. ENCRAIS. De tout temps la bonne culture Veut de fumier grosse mesure. Double le fumier seulement Le produit doublera souvent. Fumer beaucoup, semer à peine, C'est la règle, que l'on s'y tienne. Ne crois pas qu'il soit suffisant De fumer une fois son champ. Seule à ton âne une pitance N'augmente pas la corpulence. L'on devra seulement semer Le sol qu'on a pu bien fumer. La récolte, quoique détruite, Rien enfouie encor profite. CIIANGER DE SEMENCE. Je ne dis pas, sois-en certain, Tous les ans sème un nouveau grain; Riais je t'engage avec instance A changer parfois de semence. Si l'épi n'est propre ni plein Change de semence soudain. ALTERNER. Qui veul que son champ se repose !' u culture sail peu de chose : Les récoltes, en s'alternant, Font assez de repos au champ. Qui ne change pas de semence Du sol fatigue la puissance. Les racines font discerner Les plantes qu'on doit alterner; Verticales et tubéreuses Alternent avec les fibreuses. A bien alterner qui s'entend Est sûr qu'un gros profit l'attend. Qui sait bien alterner ses graines Améliore ses domaines. Le cultivateur entendu, Tout en semant clair, cueille dru. La semence trop enfoncée Mans le sol demeure oppressée; Mais si tu ne la couvre pas, Les oiseaux en font leur repas ; Sur le blé trois pouces de terre Sont un milieu fort salutaire. Sans labour ne sème jamais; C'est pire qu'un mauvais procès. Celui qui de bonne heure sème, Selon moi suit un bon système. De purger on n'est pas forcé Le champ que propre on a laissé. Si tu retardes la semaille, Ta récolte n'est rien qui vaille. Le sol une fois préparé, Qu'au sillon le grain soit livré; Mais l'automne filt-il sans pluie, Pour semer n'attends pas qu'il fuie. Le froment doit, l'hiver venu, De sa racine être pourvu. SARCLER ET TENIR LE CHAMP NET Ne plains ni le temps ni la peine Qu'avec soi le sarclage amène. Quelques sous sont petit objet, Si ton champ demeure bien net. Du sol, (ut le chiendent s'attache, Que pied à pied le soe l'arrache. 522 A mauvaise herbe guerre à mort, Sinon par milliers il en sort. Avant que la fleur se présente, L'enterrer, c'est vaincre la plante ; Amende tes soins, rarement L'herbe survit au traitement. Que le blé ne se renouvelle Sur un champ envahi de nielle. Le veux-tu rendre net ? Prends soin D'y laisser trois ans du sainfoin. FAIRE PAÎTRE LES BLES. Lorsque les blés tu feras paître, Au champ toujours tu devras être; Ton troupeau suivra le- terrain, Sinon, perte plutôt que gain. MOISSONNER. A moissonner ne t'aventure Que la récolte ne soit mûre ; Celui qui trop se hâtera Du blé chélif recueillera; Mais tardant trop, à juste titre Tu perdras plus d'un hectolitre. A moissonner sois diligent Et ne perds pas un seul instant. Laisse bien mûrir dans ses gaînes Le blé des semailles prochaines. BATTRE. Qui sa gerbe au rouleau battra Beaucoup de grain épargnera. Aux haras qui livre son aire, Fait besogne pire et plus chère, Sans qu'il puisse déterminer Le temps qu'il doit se résigner, Attendant que son tour amène Les cavales dans son domaine. Mais qui d'un rouleau fit l'achat Fixe à son gré son jour et bat ; Des valets il fuit la cohue, Et sa dépense diminue. CHAPITRE III. ENGRAIS. L'Agriculture et le fumier En tout temps doivent s'allier. Terre où le fumier se prodigue Ne redoute pas la fatigue. Le sol jamais ne s'appauvrit Tant que le fumier l'enrichit. Mais en peu de temps il s'épuise Sans fumier qui le fertilise. Si tu ne fumes pas ton bien Il est bientôt réduit à rien; Qui sans engrais terre ensemence Au vent demi récolte lance. Sans fumier, pas de bon terrain ; Avec fumier, bon fruit certain. Sans bétail, fosse à fumier vide, Et sans fumier, travail aride. La moisson provient en entier, Non du semoir, mais du fumier. Si le pain vient de la farine. Le fumier du grain est la niine. Pour l'engrais il faut du bétail, Comme il en faut pour le travail. Fosse à fumier trop exiguë Veut grenier de peu d'étendue. Deux gros bœufs fument jusqu'au bout Soixante-quinze ares en tout. Et dix brebis n'engraissent guère Que ce qu'un bœuf fume de terre. Avec fumier tout ira bien, Et sans fumier tu n'auras rien. Fumer son champ outre mesure Sans doute nuit à la culture ; Mais parmi nous c'est un excès Qui n'aura pas lieu, je le sais. Que toujours tes engrais varient Comme les champs qu'ils bonifient; De deux qualités sont tes champs, Que les fumiers soient différents. Tu feras nettoyer l'étable Pc la manière convenable. 523 Loin d'être à terre dispersé Que le fumier soit entassé. Que la pile en règle se fasse Et bien taillée à chaque face. Etroite ou basse elle perdra Tous les meilleurs sues qu'elle aura ; Car pluie et vent et sécheresse En disperseront la richesse. A l'ombre qui tient son fumier Le traite en homme du métier. Veux-tu voir ton fumier putride? Tiens-le toujours assez humide. Voulant ton fumier bien tenu, Ne regrette pas quelque écu : C'est placer ton argent de sorte Que tous les ans il te rapporte. Mêler les terres est un art Qui de profits donne sa part ; Avec les terres on peut faire Des engrais le plus salutaire. Les terres qu'on doit transporter Veulent qu'on sache bien compter; Porte sable en terre argileuse, Argile, en terre sablonneuse. De tous, le sable de la mer Sera d'un revenu plus clair. Quand tu veux employer l'argile, Va doucement en homme habile. Automne, hiver, n'importe quand, Mais toujours montre-toi prudent. Le fumier s'accroit de la terre Qu'on ramasse sous la litière. A-t-on de la marne? On s'en sert, Ou l'on ne sait pas ce qu'on perd. Mais qu'elle soit d'abord laissée A tous les airs bien exposée : En grand avant de l'employer, En petit il faut l'essayer. L'écobuage en mainte terre Au meilleur fumier se préfère. Le feu purge un sol humecté Ou de racines infesté. La chaux jetée avec fréquence l\st des fumiers le plus intense : Mais si tu vas en étourdi, Tu seras mal, non bien loti. Le gypse rendra la jeunesse Au pré qu'énerve la vieillesse. Les légumineuses jamais N'ont reçu de meilleurs engrais ; Mais que l'emploi toujours s'en fasse Lorsque l'eau du ciel nous menace. Si c'est en automne, à mes yeux, Tu t'en trouveras beaucoup mieux. Que pour fumer à part on range Du ruisseau nettoyé la fange ; La poudre des chemins battus Est autant de fumier de plus. Tous les débris de plante ou souche Du fumier augmentent la couche ; C'est un engrais au moins égal A celui que fait l'animal. Ne vas pas mépriser l'ordure De tes fosses quand on les cure ; Si tu répugnes à l'odeur, Songe du moins à la valeur. Des oiseaux fort bonne est la fiente; Mais elle est un peu trop brûlante. Le fumier que le cheval rend Bien pourri doit aller au champ; Celui du bœuf ne tarde guère A l'être au degré nécessaire. Brebis, qu'on parque après l'été Font du fumier tout transporté. Sachez que de la race ovine Le meilleur fumier c'est l'urine. Les cochons donnent un engrai- Bon, dit l'un, l'autre dit mauvais ; Mais garde-toi, c'est ton affaire, De l'employer à la légère. Au champ qu'il ne soit transporté Qu'après avoir bien fermenté. Des arbres conserve la feuille A moins que le vent ne la cueille; Pour litière étends-la d'abord, Nul engrais ne sera plus fort. Qui peut couvrir son champ de boue S'enrichit d'un seul tour de roue. Enterrer les plantes produit Au laboureur beaucoup de fruit 524 Des lacs et des étangs la vase Des plus beaux profits est la base. Aux plantes, le sel, quoique cher, Fournit un stimulant sans pair. Du fumier que le tanneur donne N'abuse pas, plutôt tâtonne ; L'employer seul est astringent ; Mais on le mêle utilement Ton fumier au cbamp ne voiture Que pour l'enterrer à mesure. De sa qualité tu perdras En l'y laissant en petits tas. Rien pourtant n'est plus en usage Qu'une habitude si peu sage. Si tu veux l'employer entier En hiver étends ton fumier. De froment récolte abondante Veut au champ du fumier qui sente. Si le terrain est en talus, Fume-moi le haut beaucoup plus; Car, en descendant, la substance Nourrit le bas en abondance. Les cailloux, c'est un fait certain, Ne nuisent pas en tout terrain ; Le champ argileux en demande, L'ardeur d'une autre s'en amende. Loin d'être toujours dangereux, Ils sont donc parfois fructueux ; Parles cailloux qu'aux champs on laisse, Souvent la semence s'engraisse. Qui vend sa paille, comme un fou, Doune pour un liard un gros sou. Le fumier, changeant de nature, Devient or par l'Agriculture. CHAPITRE IV. BETAIL. Le bétail a toujours été L'âme d'une propriété. Soin des terres, soin des étables Sont des devoirs inséparables. C'est à peine si, sans bétail, On vivote de son travail. Fermier, dont le bétail abonde, Agrandit son bien à la ronde; Mais qui songe au grain seulement Ne s'enrichit que lentement. Que le bétail trouve en sa crèche Provendc savoureuse et fraîche. Le tenir loin du râtelier, C'est vouloir fort peu de fumier. Qui le maintient dans les pacages, Du fumier perd les avantages. A ton bétail ne donne pas Toutes les fois un gros repas. Sers-lui peu, souvent et varie, 11 sera cras à faire envie. Traite ton bétail doucement, Il sera doux, intelligent; Mais je dis à qui le maltraite : N'espère pas de bonne béte. Ne plains, après rude travail, Ni grain, ni paille à ton bétail. Que ton cheval jamais ne trotte, Qu'il monte ou descende une cote ; Mais dans la plaine tu pourras Le presser tant que tu voudras. Pour faire saillir ta cavale, Cherche-lui d'abord un bon mâle ; Plus que la mère, en général, Le père transmet au cheval. Un observateur nous indique Que tout animal domestique Est, quant à son extérieur, Semblable au mâle son auteur. Ne plains donc rien, c'est nécessaire, Pour obtenir un meilleur père. Jamais tu ne regretteras L'auge qu'au porc tu donneras. 525 Tout, propre on non, sans qu'on le trie, Engraisse le pore ou la truie. Rivière à sec est sans poisson Et l'eau ne suffit au cochon. A-t-on malade quelque bête? D'un bon maréchal qu'on s'enquête. Chez l'empirique, comme un fou, Ne vas pas... C'est un grippe sou. Si parfois erre la science, Qu'altendrais-tu de l'ignorance? Qu'au vétérinaire, à ses cours, L'état accorde son concours. Le sel qu'il prend est d'ordinaire A tout bétail fort salutaire. As-tu deux bœufs bien accouplés? Pour tes labours conserve-les. Qui de bétail veut faire emplette, Doit lui tenir pâture prête. Dedans avise à le nourrir; Car souvent il ne peut sortir ; Songe bien que de pauvres bêtes Ne peuvent pas vivre de quêtes. Bien entretenu le bétail Sera bientôt propre au travail. Bétail tenu dans le bien-être, Grossit la bourse de son mailre ; Mais s'il cesse d'être soigné, Bientôt le maître est ruiné. Elève, c'est de la sagesse, Du bétail de plus d'une espèce; Si l'un donne peu de profit, L'autre est d'un plus riche produit. Ami de ton bétail, mesure Ta semence à sa nourriture. Qu'au marché bétail n'aille point Avant d'avoir de l'embonpoint. La graisse, on le sait, dissimule Défaut de bœuf, cheval ou mule. On n'en trouve, ayant bien cherché, Pas un sans un vice cache. L'œil du maître au bétail procure Graisse avec peu de nourriture. Bétail, que le maître ne voit, A plus souvent soif qu'il ne boit. Que cheval ou bœuf nul n'acquière S'il n'est expert sur la matière. Bien acheter veut un talent Qu'on ne rencontre pas souvent. A tromper toujours s'étudie Le maquignon... qu'on s'en méfie! En bétail qui veut progresser, Par ses prés devra commencer. CHAPITRE V. PRAIRIES. Jamais de bétail sans prairie, Ou ton travail est duperie. Veux-tu récolter force grain ? Mets en prés beaucoup de terrain. Beaucoup de foin, peu de semence Donnent une récolte immense. Les prés donnent la vie aux champs. Comme aux hommes les aliments. Si tu vois de mauvaises herbes D'avance dévorer les gerbes, Ton champ dès-lors, pour en finir, En pré devra se convertir. La terre que le blé harasse, En devenant pré se délasse. Le pré rend la vigueur au champ Qu'a trop épuisé le froment. Parfois en prés l'on aventure Une moitié de la culture. Le tiers encor peut bien aller Du quart il ne faut pas parler. Moins la terre se trouve bonne, Plus à la prairie on en donne. Ton champ pourra, sans nul danger, En pré quelconque se changer: 5-26 Car le grain ne réussit guères Comme les plantes fourragères. Tout terrain peut avec succès Devenir pré sans de grands frais. Je prédis gêne et pénurie A l'agriculteur sans prairie. Prépare la terre avec soin Avant que d'y semer le foin ; Et que le soc de la charrue Ne Tait en tout sens parcourue; Qu'enfin cinq labours y soient faits, Tes prés en deviendront parfaits. Mais fume-les en abondance Avant d'y jeter la semence ; Et comme il faut peu la couvrir, De la herse on doit se servir. Si tes prés sont à l'arrosage, Du niveau fais souvent usage. Tout sol qu'on maintient au niveau S'arrose mieux avec moins d'eau. Donne aux carrés même surface, Le travail est plus efficace. L'onde écume-l-elle? Ton pré Est largement désaltéré. Lors d'oter l'eau qu'on se dépèche ; Puis attends que ton terrain sèche. De fuite il te faut un canal Pour l'eau qui tournerait à mal. Sans excès arrose la terre, Et l'arrosage est salutaire. Mais surtout ne l'inonde pas ; Ce serait un funeste cas. Suivant le bétail, qu'on y pense, On devra choisir la semence. Car les goûts ne sont pas égaux Parmi différents animaux. Les plantes dûment divisées A choisir seront plus aisées. Propage celles que tu vois Le bétail brouter avec choix : Quantité, qualité, finesse, S'y doivent observer sans cesse j Les deux extrêmes s' unissant, L'on a pré riche et nourrissant. Mais de la naturelle prée Venons à celle que l'art crée. Qui chaque plante traiterait. Certes jamais n'en finirait. De préférence j'énumère Celles que le bétail préfère : La luzerne, le sainfoin, puis Le trèfle rouge et le maïs. L'avoine, quand elle prend graine, Pour ton bétail est une aubaine. Fais des raves et des navets, C'est un revenu des plus nets. Qui les sème sans les confondre A ses soins les voit mieux répondre. Pré de betterave planté Donne au bétail graisse et santé ; Donne-lui les soins qu'elle exige, Les produits tiendront du prodige. A l'égard du pré naturel, Voici l'usage universel : Lorsqu'on voit que l'épi s'ébauche, Sans retard il faut que l'on fauche; Mais dans les prés que l'art produit, Fauche, quand la plante fleurit, Le trèfle rouge, la luzerne Et même le sainfoin... discerne ! S'agit-il de plantes à grain? Dès qu'il parait, fauche soudain. Toutefois le blé turc exige Qu'on laisse un peu grandir sa tige, D'en couper même ne prends soin Qu'à mesure de ton besoin. Mais avant que l'épi surgisse, Que la faux en fasse justice. Qui son pré trop tard fauchera, Paille et non foin recueillera; Insipide et triste récolte, Dont l'âne même se révolte. Tous les ans sème-moi tes prés, Mais de racines délivrés. Pré qu'on a défriché naguère Triple son produit ordinaire. Sur le sol où fut un bon pré, Vois quel blé fin, nourri, doré! Tes prés fauchés, en homme leste, Abstiens-toi de faire la sieste. Quand l'herbe est sèche, promptement Lntre-la sans perdre un moment. Crains que, si le temps se dérange. Ton herbe en fumier ne se change. Vi: CHAPITRE VI. ARROSAGE. En été, murmurant ruisseau, C'est de l'argent plus que de l'eau ; Dans ses bords oui l'argent serpente Vers la mer... Règles-en la pente. Ruisseau non saigné, dans la mer, Sans féconder le sol, se perd. Les moulins à l'agriculture Font une condition dure ; Ils prennent cent et rendent trois , Aussi la ferme est aux abois. Il serait temps qu'un tel dommage Cessât par un juste partage. Est-ce à dire, si je me plains, Qu'il faille raser les moulins? Non. Mais le bien commun exige Que l'on s'entende et qu'on transige. Que le têtu soit, sans pitié, De par les lois exproprié. L'onde étant le sang de la terre, Qui l'en prive lui fait la guerre. Agriculteurs, n'oubliez pas De vous unir en syndicats. Propriétaire qui s'isole Voit souvent à sec sa rigole. Qui n'arrose pas, le pouvant, En culture n'est pas savant. A ta vanne en été ne touche Qu'à l'heure où le soleil se couche: Si pourtant tu ne peux opter, De toute heure il faut profiter. La feuille dit à qui l'inspecte Si l'arbre a besoin qu'on l'humecte. Sur-le-champ l'on arrosera La tige qu'on transplantera. Que toute plante ait son breuvage, Quand tu mets fin à l'arrosage. Tout sol argileux veut des eaux Non pas souvent, mais à grands flots. Par sa nature terre grasse Est de son eau long-temps tenace ; Mais, si le terrain est léger, De pratique on devra changer; Car il faut à terre absorbante Dose modique, mais fréquente. L'arrosage a peu de succès, Si le sol n'a de bons engrais; Mais là-dessus qu'on se rassure; Car si tu connais la culture, L'arrosage te donnera Les aliments qu'il te faudra, Du bétail de belle apparence Et du fumier en abondance. Avec terre, eau, soleil, engrais, Qui ne prospère est un niais. CHAPITRE VII. ARBRES. Rien n'est charmant comme un bocage Au frais et verdoyant feuillage. Oui l'arbre, avec son vêtement De la nature est l'ornement; Et d'ailleurs nulle autre culture » Ne produit avec plus d'usure. Avant de bâtir ta maison Plante des arbres à foison. Laboureur qui plante sans cesse, De ses fils fonde la richesse. Dans tout sol que borde un ruisseau, Plante d'abord un vert rideau. Terres où les arbres abondent, Mieux quetouteautre aux soins répondenl Propage/., chefs des nations, Propagez les plantations. Tout sol est propre à la culture D'arbres d'une ou d'autre nature. Qui d'excellents arbres voudra Une pépinière fera. Quand la graine à tomber commence, Sans tarder fais-en la semence ; Mais pour les arbres délicats, Attends la fuite des frimats. De planter au pieu ne te hâte, Attends que le bourgeon éclate. L'arbre est bien traité, bien choyé, Quand le sol est bien nettoyé. , Tant que l'arbre a courte stature, N'élague pas trop sa ramure. Un sol toujours altéré d'eau Exclut tout arbre de ruisseau. Plusieurs ont le funeste usage De trop rapprocher le plantage. Ne laisse approcher de ton plant Aucun bétail petit ou grand. Cette défense despotique Au chevreau lui-même s'applique. TRANSPLANTER. Porte à la transplantation Beaucoup d'art et d'attention. Plus la fosse est large et profonde, Plus la tige sera féconde. >28 Couverte de terre d'élite La racine prendra plus vite. Choisis la terre de dessus, Il n'en est pas qui vaille plus. Elle peut être un peu pressée, Sans pourtant qu'elle soit tassée. Y mêler un peu de fumier, C'est prouver qu'on sait son métier. C'est en février, s'il n'est robuste, Qu'on transplante l'arbre ou l'arbuste: Jamais avant, si l'on m'en croit, Dans un terrain humide et froid. Quand l'arbre est en feuilles, crois-moi, De le transplanter garde-toi. A l'arbre qu'ailleurs tu transplantes Laisse ses racines vivantes -, Mais qu'on m'extirpe avec le fer Celles qu'atteint carie ou ver. Est-il touffu? Qu'on l'éclaircisse De peur qu'il ne souffre et périsse. Au nouveau sol que le sujet Ait la profondeur qu'il avait. A l'arbre résineux apporte Plus de soin qu'à toute autre sorte; Songe qu'il doit être planté Avant ou bien après l'été. A prospérer tu le destines? Epargne branches et racines. L'arbre est-il transplanté? Prends soin De l'arroser ; c'est un besoin. Un bon tuteur, s'il est trop grêle, Empêchera qu'il ne chancelle. En le palissadant plus tard Tu le sauves de tout hasard. L'arbre, que souvent on replaute, Du possesseur trompe l'attente. TAILLE. Quand aura commencé février, Tu pourras tailler tout fruitier. Peu surent à tailler s'instruire, Beaucoup en revanche à détruire. t — Laisse au tronc, tailleur accompli, Le branchage bien réparti. Qu'assez les branches s'élargissent Pour qu'au soleil les fruits mûrissent. Branches parasites à mort : Le nom te dit quel est leur tort. GREFFE. La greffe fait par sa magie Qu'âpre sauvageon fructifie. A l'analogie avec art La greffe doit avoir égard. 529 A l'arbre à noyau, qu'on le sache, L'arbre à pépin fort mal s'attache. On sait aussi :Î1 ciimmtre i\. VIGNES. Point de produit égal au tien, Bonne vigne qu'on traite bien. Celui-là seul peut en médire Qui ne sut jamais la conduire. En lieux bas sème le froment, Sur les hauts, plante le sarment. Près d'un chemin, c'est un adage, La vigne a mauvais voisinage. Si tu veux remplir tes tonneaux, Ferme ta vigne d'un enclos. En terrain pierreux vigne et treille Se développent à merveille. D'un sol calcaire les raisins Donnent toujours les meilleurs vins. En un sol où règne le sable, Fort peu de vin, mais délectable. Et sur un terrain argileux Quels ceps et quel vin généreux ! Le Prieuré, la Cariguène Exploitent cette riche veine. Vigne touffue en pays plat ; Sur les coteaux vin délicat. Terre en talus toujours rapporte Un heureux vin qui reconforte. Pour qu'une vigne ait de bon vin, Que le soleil y donne en plein ! Car le sarment se bonifie Quand la chaleur le vivifie. Désigne tes plants et crois-moi, Ne te fie à d'autres qu'à toi. A les connaître je t'engage Avant de les mettre en usage. En vigne ayant pleine vigueur 1 choisis tes plants avec lenteur ; Car tout sarment n'est pas propice, Et toute vigne; a quelque vice. Tu peux, dès qu'a fini janvier, Planter tes vignes le premier. Au mois de mars on plante, même Aux approches du saint carême. L'homme sensé séparera Les qualités qu'il plantera ; Aisément ainsi la vendange Suivant chaque espèce se range. Le cultivateur bien instruit Plus d'une qualité choisit. Quatre ou cinq toujours lui suffisent, Mais plus nombreuses elles nuisent. Dans un trou dûment préparé Que le sarment soit enterré. Qui l'avant-pieu met en pratique, Doit planter droit et non oblique. Du tel système a du succès, Et cela, sans beaucoup de frais. Quand chaque sarment a sa fosse, On en obtient du fruit précoce ; Mais si l'on creuse un long fossé, Chaque sarment est mieux placé. Plus il est grand, plus le trou donne Cette vigueur qui nous étonne. De terre qu'amenda le vent Chausse bien le pied de ton plant : Tu peux t'en procurer sur place En la prenant à la surface. Le sol doit être un peu pressé Autour du cep, mais non lassé. S'il est humide, l'on est sage En s'écartant de cet usage. Les sarments faut-il raccourcir? De ciseaux on doit se servir ; Et pour tailler en faire usage Offre un merveilleux avantage. Qui vigne en plaine veut planter, Pour le labour doit adopter, Entre les rangs largeur constante, iTôul au moins d'un mètre cinquante; y.i-2 Plus le sol sera généreux, Plus il faudra d'espace entr'eux. En pays froid lorsque tu plantes Que tes files soient moins distantes ; Mais pour les voir grandir, il faut Les éloigner en pays chaud. Fin vigneron soigne et façonne Sa vigne avant qu'elle bourgeonne. Qui laboure vigne en bourgeons La ravage plus que gréions. Bêche bien ou bine ta vigne Lorsque de mai brille le signe. La vigne qu'on négligera En peu de temps dépérira. Qu'autour des ceps d'un an à peine La bêche souvent se démène. De chiendent le moindre scion Nuit à la végétation. Qui vigne taille au bas des côtes, Doit laisser les tiges plus hautes ; Sous V humus qui d'en haut descend Elles vont se raccourcissant. Qui taille un cep doit faire ensorte Que l'œil en dehors tourne et sorte. En dedans, de côté tourné, L'œil fait le cep mal couronné. Jardin, que pourvoit la culture Epargue plus d'une mouture. Pommes de terre, herbages frais Et légumes sont pains tout faits. Eau, travail, fumier et science Du jardinage sont l'essence. En horticulture, de l'art Grande on devra faire la part. Le jardinier qui ne sait guère A bientôt appauvri sa terre; Mais, par les soins d'un homme instruit, En produisant elle enrichit. Au jardin culture assidue Plus qu'à tout autre sol est due. CHAPITRE X. HORTICULTURE. De fruitiers veux-tu l'enrichir? Les trop rapprocher, c'est faillir. Entre les arbres, taillés, pense Qu'il faut six mètres de distance. En terre triturée on peut Ensemencer tout ce qu'on veut. Pour le jardin qu'on se procure De bon fumier en pourriture. Un arbuste est-il transplanté? Qu'il soit à l'instant humecté. Si tu ne plantes pas toi-même, Tu suis un ruineux système. Du froid garde tout arbrisseau, En été donne lui de l'eau. CHAPITRE XI. CONSTRUCTIONS RURALES. Fais une maison qui convienne A ton état, à ton domaine. Quand on a de l'argent mignon, Sans besoin qu'on ait le maçon. Qu'aucun luxe, ami, ne pénètre Dans un édifice champêtre. Mais tu dois tout faire avec goût, Sans que trop fort en soit le coût. Que la maison, solide et grande, Par l'utile se recommande. Maison salubre ne s'obtient Que quand l'air v circule bien. 533 Tu dois y trouver pour ta table, Pour le bétail de l'eau potable. Que le grenier bien sec et grand Jamais ne sente le relent. Qu'un air frais souvent y pénètre, Et toujours sous les yeux du maître. Au cellier, le temps le meilleur, Ce sont dix degrés de cbaleur. Que le soleil jamais n'y donne, Que voûte, murs, rien n'y résonne. Loin du moulin la saleté! L'huile demande propreté. Alerte ! Et bien que tu t'étonnes, Ces prescriptions sont fort bonnes. Tu peux moins perdre si tu fis Un magasin pour tes outils. Tes paillers à l'écart confine; Crains pour eux péril et ruine. Le bétail doit être toujours A l'aise dans les basses-cours. Fais-leur bonne et commode établc Non une prison détestable. Du porc, qui fouille jour et nuit, l'ave, comme il faut, le réduit. l'our soi, dans sa ferme, le maître Doit trouver logis et bien-être. Il la verra bien plus souvent/ S'il s'y trouve commodément. Et plus il visite sa terre, Plus, sous ses yeux, tout y prospère. AIRES. Qui veut avoir une aire à souhait Doit durcir à grands coups de hie La terre d'abord aplanie Et puis l'argile qu'on y met. Qu'aucune herbe jamais n'y croisse, Que le soleil sur le terrain Glisse, ou tes yeux avec angoisse Voient mille pestes dans ton grain. La gerbe alors ne peut te faire D'un pur froment propriétaire. Hate-toi toujours d'y remplir Tout creux, ou bien le rat y niche; La taupe aveugle y ronge et triche, Le charençon vient s'y blotir. Tiens à l'écart tant d'immondices. Guerre à mort au hideux crapaud ; Loin de l'aire qu'il se tapisse. Chasse la fourmi comme il faut ; Elle volerait à toute heure Du grain pour fournir sa demeure. CHAPITRE XII. ADMINISTRATION. L'économie est un trésor Qui t'enrichira plus que l'or. Je n'ai, disait Caton le sage, Que deux revenus en partage : La culture premièrement, Et l'épargne secondement. Des achats craignez la manie; A vendre bornez votre envie, C'est encore un mot de Caton, Je le redis, car il est bon. Qui ne sait point être économe, Sera toujours pauvre agronome. Sans bonne administration Malheur à l'exploitation ! Les comptes que veut la culture N'iront que mal sans récriture ; Il faut bien chiffrer et revoir Avec soin le Doit et I'Avoir. Activité, règle sévère, C'est ce qui fait que l'on prospère. Sans épargner, travailler bien, Ne suffit et ne mène à rien. Ordre, économie et prudence Te préservent de l'abstinence. Qui tous les jours fait un débours Doit faire un profit tous les jours. 534 La bourse, qui de trous abonde, Sera rarement bourse ronde. Tu ne peux pas toujours gagner; Mais tu peux toujours épargner. Si tu te vois dans la détresse, Aux champs tu rempliras ta caisse. Lorsque tu n'en as plus besoin, Serre ta charrue avec soin. Range de même, afin qu'il dure, Chaque instrument d'agriculture. S'ils sont à l'air libre exposés, Les outils sont bientôt usés. Sous la main on a chaque chose Quand à sa place on la dépose. Quand le temps s'oppose au labour, Aux outils consacre ce jour. Bois, planche à l'huile peinturée A toujours plus longue durée. Bien marié, l'agriculteur Ne sait pas quel est son bonheur. Ce que fermière économise, Impossible qu'on nous le dise. Qui champs achète sans argent Se rend plus pauvre en achetant. Du soc ne livre la conduite Qu'à personne à son œuvre instruite. Qui par sa faute perd un œuf, Aussi bien pourra perdre un bœuf. En bon état, sans qu'elle serve, Tiens une charrue en réserve ; Lorsque l'une vient à faiblir, L'autre est toute prête à servir. De tout muni pour tout usage, Tu feras à point chaque ouvrage. Un seul jour fais-tu le lambin? De huit jours tu perdras le gain. A demain jamais ne diffère Ce qu'aujourd'hui tu pourras faire. Qui lui-même mené son bien Ne doit s'occuper de plus rien. Que son œil partout se promène. Ou fort mal ira son domaine. Propriétaire peu soigneux Fut de tout temps nécessiteux. Et si des cafés il s'approche, 11 court à l'hôpital en coche. De qui travaille avec lenteur La bourse n'a pas de rondeur. Qui tient sa paille toute enclose En aura trop petite dose. Ce qu'il faut à profusion Ne peut tenir dans la maison. Meules d'herbe tu pourras faire Comme on en voit d'épis à l'aire ; Celui-là manquera de foin , Qui peut l'enfermer avec soin. Du grenier prends un soiu extrême ; Mais au pailler songe de même. Qui paille et foin prodiguera, Tant qu'il en ait, en manquera. Au cœur de l'hiver conjecture Si tu dois changer de mesure. Qui comptera sur plus d'un gain Peut s'attendre à profit certain. Qui cueille un peu de chaque chose Nargue la gêne et non sans cause. Tel frais te semble bien petit, Et la maison s'en appauvrit. Tout doucement vient la richesse Qu'accroissent travail et sagesse. Petits gains, répétés souvent, Te rendent enfin opulent. Petit gain, perte imperceptible, Au bout de l'an tout est sensible. Cultivateur, tiens-le pour dit : Sans le travail point de profit. Qui travaille avec énergie Aura du pain toute sa vie. 535 Entre ton grain sec ; autrement Crains qu'il ne sente le relent. Et si tu veux, qu'il se conserve, Que la pelle souvent te serve. La pomme de terre est du pain; Dieu l'envoya contre la faim. L'agriculteur, tant soit peu sage, A forfait donne chaque ouvrage. Des domestiques trop nombreux Dépensent plus sans faire mieux. Ta ferme, sans rapport, publie Ta sottise ou ton inertie. Aux champs que jamais rien sans fruit Ne se perde : tout est profit. Faute de mieux, sans honte fausse, Du fumier cours remplir la fosse Lorsque le luxe en est exclu, La ferme est d'un bon revenu. Aux champs je vais te dire comme Tu dois choisir ton majordome : Qu'une parfaite probité Soit sa première qualité ; Qu'il connaisse bien la culture Et secrets de toute nature; Qu'il soit intrépide à l'endroit De la chaleur comme du froid; Qu'il dirige hommes et charrue Et partout promène sa vue. S'il se connaît en bestiaux, Il te les choisit sans défauts. Qu'il traite bien ton domestique Et qu'à toute chose il s'applique. Que levé toujours le premier, 11 gagne son lit le dernier. Il devra non-seulement lire, Mais compter et souvent écrire, Commis pour te représenter. Il doit en tout le mériter. Avec douceur, en hommes sages, Maîtres, traitez vos gens à gages. Tel maître, tel valet, dit-on. Kicn n'est plus vrai que ce dicton. Souffre que ton valet s'explique Ne tolère pas qu'il réplique. Valet, manquant de probité, Ne doit pas être supporté ; Et s'il a mauvaise conduite, De ta maison qu'il parte vite. Sur ce chapitre être indulgent, C'est être plus que négligent. Dans la direction sois ferme, Sans pourtant dépasser un terme. Qui veut se faire respecter, Doit reprendre sans s'emporter. Que le pouvoir (la règle est sage Soit toujours un et sans partage. Quand chacun a le verbe haut, C'est pis que cbez le roi Pétaud. Le paresseux propriétaire De récolter envain espère. Fermière vaillante au rouet A toujours chemise à souhait. Dormant la grasse matinée N'espère pas de bonne année. Celui qui se lève matin Seul remplit son grenier de grain. Qui beaucoup dort et se repose A devenir pauvre s'expose. Ne laisse aller à maie fin Ta paille même plein la main ; C'est d'engrais perdre une poignée Dont s'accroit le grain de l'année. Ouvrage dûment commencé Est au début fort avancé. Avant d'affermer une terre, Médite ce que tu dois faire. Pense qu'avec ton métayer Tu vas vraiment t'associer. Si tu chéris les enfants, sème Et, crois-moi, laboure toi-même; Ou si le travail te fait peur, Délègue un bon cultivateur. Si par loi ton fermier s'obère, A ton grenier In lis la guerre Si tu fatigues ton terrain. En culture tu n'es pas fin. 536 Par métayer si tu cultives, De te9 plus beaux fruits tu te prives. Tu deviens, de maître et seigneur, D'une maigre part collecteur. Que chez toi fermier ne sous-ferme Sans ton aveu formel : tiens ferme. Paie avec soin à tes valets Les gages que tu leur promets. S'il n'est payé, ton domestique Avec insolence réplique ; Ta dette croît, forme un faisceau Et bientôt est un lourd fardeau. Veux-tu valets bons à l'ouvrage '! Ne prends amis ni cousinage. Paie en écus, paie en travaux Ta taxe aux chemins vicinaux. Les fruits ont leur valeur; vends vite, On est dupe quand on hésite. Domaine du maître oublié Ne lui rapporte que moitié. Et souvent s'y trouve engloutie Du capital bonne partie. CONCLUSION. Mais je touche au bout de ma tâche. En termes précis j'enseignai Ce qu'il convient que chacun sache ; Ainsi j'ai presque terminé. Ni l'objet que je me propose, Ni le cadre que j'ai choisi Ne me permettent autre chose ; Je dois donc m'arrëter ici. Si pourtant ce modeste ouvrage Au peuple des champs souriait, Qu'il m'y convie et je m'engage A faire un livre plus complet. Ce sera pour moi, je le jure, Double fête et joyeux espoir; Car je chéris l'Agriculture, Et l'Etat m'en fait un devoir. De la royale confiance Qui me délègue un tel honneur, Puissé-je accomplir l'espérance? J'y trouverais gloire et bonheur. Que l'Agriculture aux Espagnes Etendant ses bienfaits chéris, En puisse changer les campagnes En un terrestre paradis ! Les éléments de la culture Ne manquent pas en ce pays. Qu'on y seconde la nature, Les yeux seront tout ébahis. Accepte donc cet opuscule Honnête et bon cultivateur; Ce n'est qu'une simple formule Que tu peux apprendre par cœur. En voyant qu'en Espagne, en France, Partout on vit de ta sueur, A te vouer son existence Qui ne sent doubler son ardeur? On croit que ce petit ouvrage, Du catalan mis en français, Peut être de quelque avantage A nos braves Roussillonnais. Dès long-temps pour l'Agriculture Mon cœur de zèle transporté, S'écrie : A cette source pure Bois le bonheur, humanité ! Si ces vers touchaient ton oreille, Qu'il serait fier Roma, l'auteur, Dont la voix ici te conseille! Qu'il serait fier son traducteur ! v ,. DE PERPIGNAN, ANNÉE IS.j ALTJTUDK 4>,445. TEMPERATURE DE L'AIR. MOYENNES l' A n MOIS DES MAXIMA ABSOLUS. Janvier. Février. Mars.. Avril. Mai. . Juin.. Juillet Août . Septembre.. Octobre . Novembre. Décembre. Année 1 85 1 6 5 » 5 4 » 2 2 5 I 7 2 55 ETAT DU CIEL A 9 IIEUKES DU SOIR. Nombre de jours 5 5 9 12 1 2 5 2 1 6 5 2 2 6 3 5 j-5 9 5 10 12 5 10 85 9 7 i3 G J i5 10 16 i4 9 i5 »4 i55 Gi M1NIMA ABSOLUS. NOMBRE de jours de PLUIE. 9 7 9 6 9 4 2 1 1 4 9 10 i 5 6 4 2 2 5 5 8 2 5 1 1 2 7' QUANTITE de PLUIE. o,o8525 0,09085 0,02225 0,12085 0,04475 0,01800 0,04600 0,00275 0,010,00 0,02625 o,o45oo o,oo55o 0,52545 RËSI Ml DES OBSERVATIONS HÉTÉOROLOGIQUES FAITES \ L'ÉCOLE NORMALE DE PERPIGNAN RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'ÉCOLE NORMALE DE PERPIGNAN, PAR M. BÉGUIN, DIRECTEUR. M.TITI DE S7«,293 MOIS. PÎNOANT LESQUEU t. n 0 lieurw i i> 5b E » CF l n:\d.iM "' ".,'' nid i. .i laiiPFLf !UrOS du soir. 11 *danï Lesoi tu Ce mm « soumii '■ \ l \ - 1 -, - - ; * : ; ; 6 « : - i « jj - i 7, ; - i 2 | = 5 : : - î i i ' l > ; - ^ rh = à O 1" è. à - ~ * ]'; i « d " : = i|=|i }.,,.. r Mur.... \,„l . Hi Juin Juillet. ft.o.A.1 . . . Stniembri ni..!, .t. novembre Décembre. . . \ tSi. Homhre» iiro- |iurlii.npt]j le 3 ; 3 \ i 3 3 5 3 8 3 3 5 6 ! \ \ 3 ■ .1 4 t i 5 9 i3 8 ; s î 3 i i ■> i 7 3 7 ■i ' \ ■ 8 1 • 3 i (> 3 6 4 J i • , » ; 3 4 8 S ■i a 6 f. 7 ■; 3 - i S c 8 6 4 . 5 3 8 3 0 4 G 5 4 G 4 ■ 4 3 3 fi 'i . ; 1 : 8 'J 1. 7 ï 3 S 4 3 4 S 4 t 5 ; • , ■ 3 3 3 5 3 4 .1. ; ; "■ i 1 3 4 si 1 3 ■ * 3 ; ■■■ - 4 7 4 S 3 ■ ■ 4 ■ ; ; j ,0|6 - 4' Jo Si 8 il) 7 "i h 5 * 7 3 x II 01 i IÊ h as .s lï. 3-N ■■'. 38 o il ;.■ 44 if 7 '9 8 u 3 ui î si i N i., N •S E 8> cl 1 47 E-» 41 uS -E '! 3i ,„ -4 » ■'. " - « s ■< 88 ■i- Si 1(1 '" .,1 iS 1) n 4 ■s 4i 5 3 S ■ 1 ".) r. 61 n II. 88 \ 0 l'.l 4i RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES FAITES A L'ECOLE NORMALE DE PERPIGNAN, PAR M. BEGUIN, DIRECTEUR. ALTITUDE '.I.'. V,., ETAT DU CIEL ETAT DC CIEL 1 MIDI. iViinliR" du jours ETAT DLT CIEL Nombre d> joiin 1 1 n di 1 iei 1 „,., i,, ■ m sa Nombru 1I0 jour* Ju Février. . . Mars Avril. . . . Mai Juin Juillet . . . V....L. . . . Septembre., Octobre . , Novembre. Décembre. Année 18.i1 6 iG 9 7 i5 G o,o85a5 0,09118a 0,09 9 tf S o,iaS85 0,0 1 Soi» o,n/|Goo 0,00975 O.OIO,no .,,. .1 o.o^ôoo Ojûo35o No t m PERPIGNAN, ANNÉE li ALTITUDE 4S«,445. \ 1 INNÉE IBM rési mi. des observations météorologiques faites a l'école normale de Perpignan PAB. M. RÊGl'IN, DIRECTEUR. Dl MOIS. MOYENNES PRESSION ATMOSPHERIQUE. TEMPEHATBRE DE L'AIR. ■1,,,,, , „„„. IENSI ELLES UIItMA iDSOLUS. UOVEIUtfiS S ! ,;'T. URI1MA |'| -■f,,--, 766, ,8 7^7. 1 1 75U,i S 753,65 758,a4 10,35 12, as 20,,|5 i5.6i 2il.8; 35,0(| 14.1 5 ,8.4= lii.âo 13.7a 758.40 ^56,59 754,36 755,65 754.98 75G.5a 756, ,4 757,28 756,(1.-1 753,58 758.a9 1 | ,78 lO.-l l4,aB 17,60 îi, Oo 35,88 jM.aS 36.41 -■!...' ig,66 17,73 i4,35 76 5 .6 a 767,48 7-9=.. 5-9 m. 6— 9 m. '4—9™. ng— midi. 5 — 9 m. 31 — 95, 1— 9 m. an— midi. 9— 9 m. 19— 9 m. -5T735 747.84 746,33 745,06 ,-5o,oo ;4S.ai 75i,s. 749.68 755,10 747,55 74'.9' 747.93 }. — h. 3-9 RI. lO—J s. 37—3 s. ■ 7-3.. 5o— g m. ■ 7-3'. C— midi. 4-9 •"■ 34— midi. ■:-'.< '"■ 16— midi. i5— 5 s. 14,37 1964 ,., s", , , 11,78 io,3g M.4-. 5.90 16 .'i: 33, ,7 [8,83 13, JO l'.l? l4.70 l8,2l ll,5Q. '4-97 uS.liS »7.B< i4,gG "9-95 l7-97 14.73 0,89 a,6S 5,5o 9.8. ■ a,6i 14,80 18,18 16.10 .:,.-.. 10,90 8,so 5,5g 6.O0 6,9» 10,IO l4,OI 17,60 19.89 ■>3..'|3 33,00 19.63 i5,4a i5.o8 io,o5 i6,aS ,.,.., a., 00 34,35 98,01 38.5o 33.35 Si.SE 3y.l5 35.00 17.5 '7 3 a5 m a9 33 '< Soi ■ — i,3o 5 i6°»5 30|3o ■.■3.1,1. 19,30 .s'.'S i0,35 17.16 18.00 -■ 755, 5o 756 .fl -:,-,.-,'. 756,99 - ,<> .- 757.33 756,34 ?53.5o 758,Ji) 3,5.i s.-;, 1 0.80 . i,5o 1 1 . So 13,00 ■J.-' 10 5 IN G [ a( |3 3i 11 ée m. SB ■ 5,86 '7>9° 33.3.| 30, 84 18,61 ■ 5,8a .3,5* 9-75 759.7a 759,99 761,71 761.0e 761,00 764,09 7«5,o8 766,7(1 1 ' SN...I, rvolioni à < décembre. 16° a5 nimo 706, 5o pbériqi l.riinnuinie 18,19 IO ■ '1 || 706,43 T5G™Ôl » i.'-'i 756,8o 14,07 763,39 1 1 ir,i|n-i ,i(ur<- moyenne tic Mojgi 1' • ■'("' rt-iti.iii- i dtl heures horauuï >4ër56 l'a,,.,,-. iTM ig*,S4 9-94 >4.8g Température» Hfl»imum,li!22juillot. .. 34', 84 i 3.61 ex frit ni cm «le l'uni a— -a— ninima.bio ui. i:,j, i.'i-r .- v 1 RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'ÉCOLE NORMALE DE PERPIGNAN, PAR M. BÉGUIN, DIRECTEUR. ALTITI in: t u ciaiMiETU : MOIS. ■ ni >m 11 m: IT 1.1 '..'1 1 1 5 i g Leurc DE J01 ns .lu malin " !.. MiMlllll Ht LUliUtU '1 JODRS N0MDBE DE 101 OS PENDANT LUQII 1.1 (E.VT 4 1 1 ô lieuroa du loii „ NOMDilE DE JOUIS CEnDAni LEIQGEU LE ïBST n iouffiÉ X - i|S - | ; ' } : : ; : : 6 ; **- « 1 1 n - j S 7, ■à - 9 3 : 6 = O ô a d ■à ' | - S - ■^ ; j » * ï | - 6 d ^ i i ; ^ i „ d z ô ; : L d Awil Hii juillet . Wit Septembre Q labn Roicmbre.. I..i Auoée l»Si. NoiDbrM |,rc. Lu * 1 1 » j 4 r • "■ 4 3 s - 1 . 1 3 i 3 1 3 4 S 6 7 4 4 3 4 ■ 4 S - ■'. 1 4 ; ! 1 \ : | ; \ ; S "1 s 3 7 '7 g 7 3 S 4 3 - <:, i s ] 3 3 4 3 4 iS 8 6 6 ; ; 3 i 3 6 7 : 4 6 : 3 J \ ': i 3 , î : | 4 4 i S : 5 ■' '' , , iS 9 9 ■j 1 7 S 4 3 6 9 4 3 3 3 4 ■ 3 3 3 ■; 4 3 b "i J 3 ; 4 i3 3 i3 7 3 G la ' : 'or 1 t' P'U t ■ 1 ii 5> 3iS 83 43 ..- , 1' .,.■ 3-N 0 J. H) t 1 li - E-t I-E s 14 '4 3H '9 4 le ' 8 lo 5 ol 4 le 3oi Je 33 3S .Pi ■O. - ■'■ s7 .,6 'T ii ■■ '7 ..i S 3 M ■', X. V riS ■■■ !i5 r,3 ; i; i .. i ■■ ; * ; ,=3 ISo i. as N° :. ANNÉE IS RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'ÉCOLE NORMALE DE PERPIGNAN, PAU H. BÉGUIN, DIRECTEUR. i i \ III. Nombre de jnurt lui DO CIEL Norubro de jours ETAT DO CIEL Nombre de j " u rs Janvier. Février. Mars.. . Avril. . Mai. . . Juillet . . . Août. . . . Septembre. , Octobre . . Novembre, . Décembre. . v h n , . 1 1 ; 3 1 . 11.11 > o,o374o o,o55aa o,o48oo o 05770 o,n«Sb'() 0,01735 o.oaaaâ o,o555o 0,oo8âo o,i>3ion 0,45695 N° A. VNNÉE I8a DE PERPIGNAN, MOIS. MOIS, Janvier Février Mars.. Avril. Mai. . Juin.. Juillet Août . Septembre, Octobre . Novembre. Décembre. Année 1 855 ALTITUDE 4o'",445. TEMPERATURE DE L'AIR. MOYENNES V \\\ MOIS DES Minii MAXIMA ABSOLUS. MINIMA ABSOLUS. ETAT DU CIEL A 9 HEURES DU soin. Nombre de jours 8 5 5 4 1 2 3 » » 2 2 2 42 Z 0 5 2 4 5 8 4 î 8 4 5 6 55 5 7 1 1 5 8 7 5 6 4 1 1 8 10 85 3 C2 16 12 i5 i5 6 12 iG 22 l3 i5 i5 1 1 164 i i » 2 A » fi 1 5 i D 2 ]9 NOMBRE de jours de PLUIE. 9 8 i o 5 i4 4 i 2 4 5 10 2 QUANTITE de PLUIE. 0,09750 0,08825 0,05975 0.022O0 0,22525 0,09^25 0,00760 o,oo5oo o,o55y5 0,08075 0,26450 0,01600 74 0,99450 v RES 1 mi; H s n[iS K VIT IONS MÉTÉORC LOGIQtll S FAITES A LTXl HE NORM VLt II - Mil! H.N\> I.ÏIM Dl - ISSEE s'.r, PAR M BÉGUIN, DIRECTEUR MOIS. PRESSION ATMOSPHÉRIQUE. : TEMPERATURE DE L'AIR. MOÎESNES MENSUELLES mmu absolus. NOÏEKITO 1 1 m.n M, K«m 9 ..«-nu *l ..m _££ — 5D10U.D, 9 IK'IU ■ ;'' _ f .: • " ■ B.n>tVm 1 fcnwln T-raf!,. H 1 . = \ •■"' ■ M ■ un Uubs», D.v», Untaxo. Du 1 s - . = -- Uu DlM, ■■ - - !" "■""■" '"■ """""■ -"■""' - - Ï6 -■, "■■' 7sl'rfi 10*85 75^13 11,'76 -esTs 1 J. — h. 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Jl 757.30 3((.3« 757,61 ao.3a 760,59 750,78 i5-5s. 3î),53 lU.,b a3, 16 13 10,00 1 |oQI 757,3o a5t57 757.38 37.a3 756,33 38, 7.^8,00 I*.*1' -1.3,11 .7-3 ,. l 3,03 .4,70 ij.48 igû. 5o,io 00 l 0,00 nclûbre, 7S4.96 16, q6 754,73 1 Q, I ri ?56,48 30,43 755,001 1.1,39 746.99 "9—9 n>- I4.O3 an. 80 0,8, 15..1Ç 38,1 5 1 5,00 21 Vivmlnv 756,55 u,5i ?56,i4 l3,73 755.91Ï 756,58 11.14 763,3a 15— 9 m. l5,o8 G.5IÏ 10.83 3o,5o j. 33,011 Décembre. 753,48 5,o3 753,57 7.8. 753,3ti 9-49 754,04 5. 88 759,38 3o— 9 s. 740,40 i4— 9 m. 9-7' 1,66 b.ug ,4..«| .4 — 7,on ". um M mm mm, 0 ! 1 ■«■ 185g, . 755.33 '4-74 ?55.. 4 16 74 755,16 i8,i5 755,66 13,68 761,74 * 7^7, '4 " 14,60 i8,5G 8,54 ,3,55 .3.70! • i0, i(j V.... de, ,ihs réunion nlmo r> ilïom .1 Jir- heures •plier liiu«> homonyme* [Oh 1 . 7SS,M T< ni|>i-i mm- moyenne de l'année Moyenne daobcerralioiul des heures bamonymci ( 9 h ) . 15,71 Te ni péril lu ren eilrOmco de l'nnnee. M i i le "j 7i,;,.ss 740,40 l'i'.m, d'aprèi ii1; ma Idem, .l'a|ir. : h move m t 15 "" M, „,m. Il' Il décembre = :„-1:il:.l..llv.|.>r,)MlfIll.lfllHllll.-..l.-..l.l- 15,06 DilTcrcutJ N° 2 \M.(. 1855 RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'ÉCOLE NORMALE DE PERPIGNAN, l'Ait M. BÉGUIN, DIRECTEUR. MOIS. NOMBRI 111 JOUIIS £ Nominiiî de jochs l'EMliM LESQCEU 1E ÏEM , "nrm h 9 heures iln m.ilin. h midi. rENlMST LLSQI1KI.S a 5 Leur, Il soir fENOAM LESOUELS LE VENT A SOUrVLV* & 9 heures «lu «air. * ] i l « ; i ; ■0 0 : 0 1 ° 9 : ■1 ■'. I <■ i -, - j 1 ^ ri i 7. ; » : ; : 3 = d 6 - c- e = l » \ 3 1 » 3 „ : 1 : : K 0 i. " Y „ <À g ! i 6 D 0 r ç . [853 Knmbru [iro- Le 3 ( 3 '. 1 4 3 4 ] 9 5 3 ; 3 : 3 ■ ^ S : 6 7 7 S 5 ï 6 9 S 7 i 7 ■ 1, 1 i ., j - ■ 4 (! i î \ t ï ï 3 3 ' ' i ; : 3 G 3 7 5 7 5 - "t ï 3 >-, 6 'i 5 4 4 7 5 3 9 1. 3 J 6 a s 7 4 3 3 3 3 i 3 ■ , 3 r. S 1 'i S d s 6 C 8 ? 4 5 * 3 4 S 9 4 5 1 7 \ i „ < J ; -i 3 3 5 :l 7 3 4 '. : 4 4 3 . i ; 3 . . i 4 4 3 5 'J 4 .. 1 ;; : 1 9 4 B ;i 9 7 6 3 3 8 3 ■ '. î * S 3 7 1 i S • S 8 a8 in 3o 8» 3 8 ■■ 3o 11 «3 P J '9 6 . 6 nt '■ 6j, Si .,, (S. 7' '9S 5, te. 19 .. s ■■ ii4j •O ju 4a ing <|U' S, 4 ■ 1, M le ■i S. 3 3 c. ifi Lan 9 1 3 '4 68 ■Î9 56 ' 4' ïo iï; 3 i3 8 ■ G s 6 Ci 11 5 - 63 .- 1 es ■,.; 5", .48 35 38 77 • 7 '9 t5 ■- • ■1 G 16 3 3 5) 75 igi RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A L'ÉCOLE NORMALE DE PERPIGNAN, PAU M. BÉGUrS, DIRECTEUR. Jniivier. . . Février, . • Mars Avril. . • ■ Mai Juin Juillet . . . \ofil. . ■ ■ Septembre.. Octobre . . Novembre. , Décembre. 96 | ?5 i i 6 '7 5 16 6 |5 5 i3 8 6 4 r, 4 18 7 18 5 14 7 14 4 IS b 9 62 167 1 I \ 1 DU CIEL 1 MIDI. Nnrnuro de jours ETAT DU CIEL Nombre de jours '1 u,i)(|75o 8 o,oH8a5 0 n.,,.1.,7.1 0 0,02300 4 ri," '-. -J 4 0,09495 1 0,00760 3 o,oo5oo 4 o,o55yâ 5 0,0807.1 0 0,36460 2 0,01600 0,0.0,450 RÈGLEMENT DE LA SOCIETE AGRICOLE, SCIENTIFIQUE ET LITTERAIRE DES PYRÉNÉES-ORIENTALES. STATUTS CONSTITUTIFS. CHAPITRE PREMIER. Article Premier. La Société s'occupe de tout ce qui est relatif aux sciences, belles-lettres, arts industriels et agricoles. Art. 2. Elle s'interdit, expressément, toute discussion étrangère aux sciences, belles-lettres, arts industriels et agricoles. Art. 3. La Société se compose de membres résidants, de membres correspondants et de membres honoraires. Art. 4. Le nombre de ses membres est illimité. Art. 5. Les fonctionnaires de la Société sont : Un président , — un vice-président , — un secré- taire , — un secrétaire-adjoint , — un archiviste , — un trésorier, — un comité de rédaction composé du bureau et de deux membres pris en dehors. 53S Art. G. Les membres du bureau sont nommés pour un an. Ils peuvent être réélus. Art. 7. Les élections ont lieu sur un bulletin individuel pour les trois premiers fonctionnaires, et sur un seul bulletin pour les autres. Les nominations ont lieu à la majorité absolue des suffrages des membres présents : s'il y a égalité de voix, le plus âgé remporte : si un deuxième tour de scrutin devient nécessaire et qu'il soit sans résultat définitif, il est procédé à un scrutin de ballottage entre les deux membres qui ont réuni le plus de voix pour chaque fonction. Art. 8. Tout candidat au titre de membre résidant ou cor- respondant doit présenter un travail relatif aux scien- ces ou aux belles-lettres, aux arts industriels ou agri- coles. Un rapport est fait dans la séance suivante, et on procède ensuite à l'élection par scrutin secret. L'admission est prononcée à la majorité des voix des trois quarts des membres présents. Un travail écrit n'est pas exigé lorsque le candidat à l'admission se recommande par des services rendus à l'agriculture, à l'industrie ou aux sciences. Toutefois, dans ces cas particuliers, la proposition pour l'admission doit être faite par la majorité des membres du bureau. Art. 9. La Société est divisée en sections, dont les cinq premières ont pour spécialité : l'agriculture, l'indus- trie, i'économie-politique, les sciences physiques et 539 naturelles, les beaux-arts ; et la sixième : l'histoire, l'archéologie et les belles-lettres. Au sein de chaque section est élue une commission permanente, char- gée de la rédaction des rapports. Art. 10. Le compte-rendu des séances de la Société et les travaux dont elle ordonne l'impression, sont publiés, dans les journaux du département, par les soins du comité de rédaction ou du bureau. Art. 11. Aucune publication ne peut être faite au nom de la Société, si au préalable l'auteur n'en a donné lec- ture en séance ordinaire ou extraordinaire. Art. 12. Le comité de rédaction, chargé de réunir les ma- tériaux du Bulletin, les reçoit des commissions per- manentes, qui, dans ce cas seulement, ne sont pas tenues de faire leur rapport à la Société. Les prési- dents de ces commissions sont consultés sur le choix des matériaux du Bulletin. Art. 13. Chaque manuscrit, mis au net, et prêt pour l'im- pression, ne peut plus être modifié par l'auteur sans l'assentiment de la Société. Le comité de rédaction, de concert avec les auteurs, est chargé de la correc- tion des épreuves. Art. 14. Les membres résidants sont soumis a une cotisation annuelle de dix francs , payable, d'avance, dans le courant de janvier, et tout membre reçu est tenu de payer deux francs pour le diplôme. 540 Art. 15. Tout nouveau membre de la Société, domicilié dans le département, est considéré comme résidant. Art. 16. Tout membre résidant dont le domicile est trans- porté hors du département, devient, par ce seul fait, membre correspondant. Art. 17. Les membres résidants ont seuls droit à un exem- plaire réservé des Bulletins publiés par la Société. Les exemplaires restants sont déposés et vendus au profit de la caisse et au prix coûtant. STATUTS RÉGLEMENTAIRES. CHAPITRE II. Art. 18. La Société se réunit le 1er et le 3e mercredi de cha- que mois; les séances s'ouvrent à huit heures du soir. Art. 19. Chaque séance est ouverte par la lecture du procès- verbal de la séance précédente ; elle est faite par le Se- crétaire ou le Secrétaire-adjoint, et à leur défaut par un membre résidant au choix du président. Art. 20. Le Président, et à son défaut le Vice-Président, occupe le fauteuil ; en leur absence , le doyen d'âge des membres présents préside la séance. 541 Art. 21 . Le Président de la Société ordonnance les mandats, dirige les affaires de la Société, fait observer la police intérieure des séances, et veille au maintien et à l'exé- cution des règlements. Il rappelle à Tordre; néanmoins ce rappel ne peut être mentionné au procès-verbal qu'après que la personne inculpée a été entendue, si elle demande à l'être. Le Président peut même, si le cas l'exige, suspendre ou lever la séance. Art. 22. Les étrangers à la Société peuvent assister à ses séances, pourvu qu'ils soient présentés par un mem- bre résidant. Art. 23. Le renouvellement du bureau a lieu le troisième mercredi de décembre de cbaque année, afin que les nouveaux élus puissent entrer en fonctions le premier mercredi de janvier. Art. 24. Le renouvellement des deux membres du comité de rédaction a lieu le premier mercredi de janvier. Art. 25. Les membres correspondants ont leur entrée aux séances, et y ont voix délibérative, à moins qu'il ne soit question d'administration intérieure et d'emploi de fonds. Ils ne peuvent pas faire partie des fonction- naires de la Société. Art. 26. Un tableau, placé en évidence dans la salle des séances, contient la liste de tous les membres de la Société. Cette liste est publiée tous les ans, ainsi que le compie-remlu des séances. 5*2 SEANCES PUBLIQUES. CHAPITRE III. Art. 27. La Société pourra se réunir en séance publique et extraordinaire-, l'époque de ces solennités et leur opportunité seront réglées ultérieurement et annuel- lement. CHAPITRE IV. Art. 28. Le Secrétaire est chargé spécialement de la rédac- tion du procès-verbal de chaque séance et de la cor- respondance courante. Il tient un registre des procès- verbaux adoptés par la Société; il donne Tordre du jour, après avoir consulté sur ce point le Président, dont il doit également prendre l'avis pour sa corres- pondance officielle. Art. 29. Dans la séance de décembre, avant les élections, le Secrétaire présente le résumé des travaux de la Société pour Tannée expirée. Art. 30. Toute lettre répondue officiellement est renvoyée à l'Archiviste avec la minute de la réponse. Cette 543 correspondance est conservée dans les archives de la Société', ainsi que les notes, mémoires qui y sont lus ; mais au préalable, ces pièces sont revêtues du timbre de la Société. Art. 31. L'Archiviste est chargé de la conservation de toutes ces pièces; il en tient un registre, où est inscrite la date de leur présentation, et qui sert de répertoire- il tient un registre à part pour y noter les objets d histoire naturelle, livres ou autres qui sont donnés a la Société, avec le nom du donataire et la date. Art. 32. Les membres de la Société ont le droit de prendre lecture des pièces déposées aux archives; ils ne peu- vent les emporter qu'en fournissant un récépissé a 1 Archiviste. Art. 33. Le Trésorier est chargé de la rentrée des cotisa- tions; il est tenu de prévenir par écrit, au moins deux lois, les membres qui négligeraient de s'acquitter II lient un livre-journal où sont inscrites les recettes et les dépenses, avec leur nature; il propose le budget de 1 année suivante a la séance du mois de décembre après le compte-rendu du Secrétaire, mais après s'être concerté avec le bureau. Art. 34. Aucune dépense ne peut être faite sans avoir été votée par la Société. Art. 35. Les membres correspondants peuvent devenir rési- dants, en se conformant à l'article IV 544 Art. 36. Tout membre résidant qui, à la fin de l'année n'a pas acquitté sa cotisation, est censé démissionnaire et, comme tel, rayé de la liste des membres de la Société, après, toutefois, qu'il a été invité par les membres du bureau à se conformer au règlement. Art. 37. Aucun membre démissionnaire ne peut réclamer le remboursement de sa cotisation versée. Art. 38. Les membres résidants et correspondants reçoivent un diplôme signé par deux membres du bureau, et portant le sceau de la Société. Art. 39. En cas de décès d'un membre de la Société, une députation est envoyée au convoi funèbre et auprès de la famille. Art. 40. En cas de dissolution de la Société, les fonds en caisse seront distribués aux pauvres; le mobilier et les autres objets qu'elle possède, répartis entre les membres résidants. LISTE DES MEMBRES COMPOSANT LU SOCIETE AGRICOLE, SCIENTIFIQUE; ET LITTÉRAIRE »ES PYRÉNÉES-ORIENTALES. Bureau pour l'année 1853. Président: M. LLOUBES (Auguste), •#, banquier ancien maire de la ville, membre du Conseil- Général d'Agriculture et du Conseil-Général du département. Vice-Président : M. Companyo, père, doct. -médecin conservateur du Cabinet d'histoire naturelle. Secrétaire : M. Fabre (Louis), professeur de troisième et de commerce au Collège. Vice-Secrétaire : M. Sirven (Joseph), économe des hospices, membre de plusieurs sociétés littéraires. Trésorier: M. Vimort-Maux, manufacturier. Archiviste: Fai.ip (Titus), géomètre de 1«e classe. 1854. Même composition. Comité de Rédaction. MM. Argiot (Jacques), homme de lettres. Bïuoi., professeur de rhétorique au Collège. 546 uemrhek hououaiiifs 1835. M. Mathieu, 0 #, membre de Y Institut. 1836. M. Guizot, C #, membre de Y Académie fran- çaise. 1845. M. Puiggari, Pierre, homme de lettres. MEMBRES RESIDANTS. 1833. M. Alzine, imprimeur-libraire (F)*. 1854. M. Amiel, Louis, propriétaire. 1853. M. Argiot, homme de lettres. 1853. M. Audusson, Olivier, propriétaire. 1838. M. Auge, #, capitaine d'artillerie en retraite. 1846. M. Azémar, vice-consul d'Espagne. 1836. M. Bach, #, colonel d'artillerie. 1833. M. Batlee, négociant (F). 1833. M. Béguin, directeur de l'École-Normale (F). 1840. M. Bonafos, père, docteur-médecin. 1853. M. Bonafos, fils, docteur-médecin. 1847. M. Bonnefoy (de), propriétaire. 1835. M. Bouis, professeur de chimie. 1853. M. Bertran-Baeanda, propriétaire. 1836. M. Bresson, propriétaire. 1 853. M. Brioe, professeur de rhétorique au Collège. 1833. M. Caffe, archit. de la ville de Perpignan (F). 1 853. M. Calisti, principal du Collège de Perpignan. 1847. M. Carcassonne, Jean, propriétaire. 1853. M. Chaurand de Maearce, chef du Cabinet de M. le Préfet. 1848. M. Chape, lithographe. * Les fondateurs de la Société sont désignés par la lettre F, qui est à la suite de leur nom. 547 1 853. M. Collet, sous-principal du Collège de Perpi- gnan. 1835. M. Companyo, père, docteur-médecin, conser- vateur du Cabinet d'Histoire naturelle. 1853. M. Companyo, fils, docteur-médecin. 1853. M. Conte, Félix, propriétaire. 1833. M.Crova, professeur de mathématiques spé- ciales au Collège de Perpignan (F). 1847. M.Cuillé, directeur de la Ferme-École du département. 1853. M. Dadins, Sauveur, propriétaire. 1850. M. D'Escallar, propriétaire. 1848. M.Desprès, Antonin, propriétaire. 1854. M.Durand, Justin, #, banquier, député au Corps législatif. 1841. M. Eychenne, aîné, propriétaire. 1838. M. Falip, Titus, géomètre de première classe. 1853. M. Faure, docteur-médecin. 1833. M. Fauvelle, sondeur (F). 1 849. M. Farre, professeur au Collège de Perpignan ; 1 854. M. Fines, chanoine titulaire du Diocèse. 1848. M. Garau, fils, avocat. 1853. M. GarretTe, banquier. 1848. M. Gouell, docteur-médecin. 1853. M.Guigon, professeur de mathématiques au Collège de Perpignan. 1843. M. Guiraud de Saint-Marsal^c baron), C #, colonel du génie en retraite. 1845. M. Jaubert de Passa, #, corresp. de Yînstitut. 1854. M. Joui-d'Arnaud, propriétaire. 1836. M. Lacombe Saint-Michel, propriétaire. 1854. M. Lafabrègue, avocat. 1841. M. Lazerme, Charles, propriétaire 1834. M. Llouhes, Auguste, #, banquier. 1853. M. Lloubes, père, #, banquier, président du tribunal de commerce. 1853. M.Leobet, Joseph, propriétaire. 1854. M. Maurice, agent-voyer chef. 1835. M. Massot, Paul, docteur-médecin. 1853. M. Massot, Aimé, docteur-médecin, 1841 . M. Mattes, inspecteur des écoles primaires. 1846. M. Méric, François, homme de lettres. 1847. M. Morer, archiviste du département. 1835. M. Mouchous, Théodore, pharmacien. 1853. M. Muxart, Auguste, avocat. 1835. M. Passama, docteur-médecin. 1836. M.Picas, aîné, avocat. 1853. M. Ribes, directeur de l'Ecole primaire supé- rieure. 1853. M. RoBiLLARn(de), &, colonel commandant la place de Perpignan. 1853. M.Robin, aîné, pépiniériste. 1854. M. Saint-Victor (de), propriétaire. 1 853. M. Saleta, #, officier de cavalerie en retraite. 1853. M. Salvatori, professeur de langues vivantes au Collège de Perpignan. 1853. M. Siau, Antoine, négociant. 1833. M.Sirven, économe des Hospices de Perpi- gnan (F). 1 853. M. SouBEYRAN(de), 0#, préfet dudépartement des Pyrénées-Orientales. 1834. M. Tastu-Jaubert, propriétaire. 1 841 . M. Viader, docteur-médecin. 1841. M. Vilallongue, Sylvestre, négociant. 1836. M. Vimort-Maux, manufacturier. 549 MEMBRES RÉSIDANTS N'HABITANT PAS PERPIGNAN. 1853. M.Casamajor, vicaire, à Olette. 1853. M. Denamiel, juge de paix, à Rivesaltes. 1853. M.Durand, Laurent, propr., à Saini-Nazaire. 1853. M.Durand, Jacques, propr., à Saint-Nazaire. 1846. M. Ginestous (le marquis de), propriétaire, à Caladroy. 1847. M. Girvès, Sauveur, propriétaire, à Vinça. 1850. M. Labau, sous-directeur de la Ferme-École, à Thuir. 1854. M. Morer, directeur de l'École communale, à Thuir. »IElUBRES|C0RRESP0K»A)»'Tg. 1839. MraeAmable Tastu, à Paris. 1839. M»« Céleste Vien, à Paris. 1839. M'*e Mathieu, à Paris. 1839. MmeLAFABRÈGUE, naturaliste, à Lyon. 1840. MmeAnaïs Faure, née Biu, à Limoux. 1842. M»e Eulalie Favier, à Marseille. 1833. M. Grosset, de Perpignan, commissaire impé- rial près la monnaie de Strasbourg (F). — M. Fraisse, de Perpignan, directeur des postes, à Privas (F). — M. Charles Des Moulins, membre de plusieurs sociétés savantes, à Lanquais. — M. Vene, ingénieur des mines, à Toulouse. — M. Tournal, géologue, à Narbonne. — M. Marcel de Serres, professeur de géologie, à Montpellier. — M. Christol, lui. (de), professeur d'histoire naturelle; à Montpellier. 550 1833. M. Vigarosy, membre de plusieurs sociétés savantes, à Mirepoix. — M. Magloire-Nayral, membre de plusieurs sociétés savantes, à Castres. — M. Armon ville, secrétaire du Conservatoire des Arts et Métieis, à Paris. — M.Siau, de Perpignan, ingénieur des Ponts- et-Chaussées. — M. Chapsal., prêtre, àllIe(Pyrénées-Orientales). — M. Boubée, géologue, à Paris. — M.Bastard, docteur-médecin, à Châlonnes (Maine-et-Loire). — M. Dias de Morales, ancien député aux Cor- tés, à Marseille. — M. Arvers, pharmacien-militaire, à Perpignan. — M. Denis de Saint-Antoine, président des re- lations intérieures de la Société de Civilisa- tion, à Paris. — M. Ivan, Michel, docteur-médecin, à Digne. — M. Ferrus, ancien principal du Collège de Perpignan (.F1). — M. Gouget, chirurgien-major au 47e régiment d'infanterie de ligne. — M. Julia, prof, de langues, à Perpignan (F). 1834. M. Poulain, chirurgien en chef. — M. Xatart, fils, pharmacien, à Prats-de-Mollû. — M. Cros, avocat, à Carcassonne. — M. Pujade, #, doct.-méd., à Amélie-les-Bains. — M. Boisgiraud, prof, de chimie, à Toulouse. — M. Dupuy, #, colonel d'état-major en retraite, à Toulouse. — M. Godde de Liancourt, présid. de la Société universelle de Civilisation , à Paris. 551 1834. M. César-Moreau , directeur-fondateur de la Société française de Statistique, h Paris. — M. Izern, de Perpignan, membre de plusieurs sociétés savantes, à Paris. — M. Salin (Alphonse), contrôleurde la monnaie des médailles, à Paris. — M. Delestre, président AeY Athénée impérial, à Paris. 1835. M.Guiter, ancien notaire. — M. Guyot de Fère, secrétaire perpétuel de la Société d' Encouragement, à Paris. — M.Dubain, chef de bataillon du génie. — M. Gaixy-Cazalat, professeur de physique, à Versailles. — M. Gallay, $t, de Perpignan, professeur de cor à Y Ecole impériale de Musique, à Paris. — M. Maurin (Antoine), de Perpignan, litho- graphe, à Paris. — M. Maurin (Laurent), de Perpignan, litho- graphe, à Paris. — M. Arago (Jacques), de Perpignan, homme de lettres, à Paris. — M. Arago (Etienne), de Perpignan, homme de lettres. — M.Lecoq, professeur de botanique, à Cler- mont-Ferrand. — M. Sarrus, doyen de la Faculté des Sciences de Strasbourg. — M. Rigaud (Esprit), de Perpignan, avocat à la Cour de Cassation, à Paris. — M. Ribes, de Perpignan, prof, de médecine à la Faculté de Montpellier. — M. Ensei.y, docteur-médecin, àCaslcluaudary. ;)ôl 1835. M. Guinard, aine, pharmacien, à Bordeaux. — M. Henry, archiviste, à Toulon. — M. Leucotte, capitaine d'état-major, à Paris. — M. Chenu, chirurgien major au 12e régiment de chasseurs à cheval. — M. Combes, docteur-médecin, à Toulouse. — M. Itier, naturaliste, directeur des douanes, à Montpellier. — M. Michel, capitaine au 1 7e régiment d'infan- terie de ligne. 1836. M. Lacroix, #, conseiller à la Cour impériale de Montpellier. — M. Thurbert, ingénieur des mines. — M. Delocre, docteur-médecin, à Lyon. — M. Duffodrc, #, colonel du génie. — M. Paillette, ingénieur civil des mines. — M. RouFFiA(Côme), ancien instituteur, à Baho. — M. Jur.iA(Émile), de Perpignan, capitaine d'ar- tillerie. — M. Aleron, naturaliste, à Perpignan. — M. Breghot du Lut, conseiller à la Cour im- périale de Lyon, membre de Y Académie impériale de la même ville. — M. Péricaud, bibliothécaire de la ville de Lyon, membre de X Académie impériale de la même ville. — M. Llanta, de Perpignan, lithographe, à Paris. — M. CHEVROLAT(Augusle), membre de \di.Société Entomologique de France, à Paris. — M. Merch, trésorier de la Société Linnèénc de Lyon. — M.Mulzant, professeur d'entomologie au Lycée et à la Faculté des Sciences de Lyon. 553 1836. M. Calmètes, de Perpignan, #, premier pré- sident de la Cour impériale deBastia. — M. Denisart-Hurtzel, propriétaire, à Lille. — M. Walter, ingénieur civil, profess. à V École des Arts et Manufactures , à Paris. — M. Ravigné, offic. de l'Académie, à Limoux. — M. Cornuo, chirurgien major au 10me léger. — M. Cachelièvre, ingénieur des mines. — M.Neppel, industriel, à Paris. — M. Parés (Théodore), 0 #, de Perpignan, an- cien procureur-général, à Montpellier. 1837. M. Reboul, homme de lettres, à Mîmes. — M. Jasmin, homme de lettres, à Agen. — M. Barrau (J.-J.) homme de lett., à Toulouse. — M. Mercadier, aîné, lithographe, à Toulouse. — M. Boluix, de Perpignan, capitaine de frégate. 1838. M. Duvignau, homme de lettres, à Agen. — M. Vaillant, dessinateur, attaché au Muséum d'Histoire naturelle, à Paris. — M. Grenier, docteur-médecin, prof, d'histoire naturelle, à Besancon. — M. Bonafos, docteur-médecin, à Sigean. — M. Durosoy, inspecteur des mines. 1839. M. CADiLHAc(Désiré),àPuisségur, prèsBéziers. — M. BousQUET(Georges), de Perpignan, membre du Conservatoire impérial de Musique, à Paris. — M. Terrevert, naturaliste, à Lyon. — M. Michaut, naturaliste, capit.au 10ede Ligne. — M. Brochier, capitaine du génie, à Paris. — M. Coubart d'Aulnay, membre de Y Athénée des Arts, à Paris. — M. Du Mège (Alexandre), secrétaire -général de la Société Archéologique 25 20. Graviers. — Eau jaillissante 2 » 24 . Argile jaune » 80 22. Graviers. — Eau jaillissante 4 50 25. Argile jaune ► I 35 24. Graviers. — Eau jaillissante 3 85 71 26 564 Puits «lu Poiit-u'en-Vestlt. m . c. •I . Terrain rapporté : . . . \ 50 2. Cailloux roulés 4 „ 3. Tuf argileux dur 5 5(1 4. Tuf jaune sablonneux 2 70 5. Tuf jaune, tantôt sablonneux, tantôt argileux, coupé par des plaquettes calcaires assez dures 46 » G. Sables agglutinés \ -\Q 7. Tuf dur ,60 8. Sables agglutinés 4 50 9. Tuf argileux „ 90 10. Sables agglutinés 9 50 I I . Calcaire très dur » 25 1 2. Argile jaune coupée de mètre en mètre par des stratifications calcaires très dures et variant de 10 à 15 cent, d'épaisseur. 23 15 1 3. Argile jaune, très grasse 2 40 1 4. Sables agglutinés 4 ,, \ 5. Argile jaune, grasse \ » •1G. Sables agglutinés \ 90 \ 7. Calcaire dur » 80 iS. Argile jaune, grasse 5 90 1 9. Argile brune, très ferme » 50 20. Argile verdâtre, compacte \ u 21 . Argile brune » GO 22. Argile verdâtre 6 40 23. Argile jaune, coupée par des plaquettes très dures 15 » 24. Calcaire très dur . 6 » 25. Graviers. — Source ascendante à un mètre au-dessus du sol » 25 26. Argile jaune avec plaquettes, mais plus rares que dans les courbes précédentes 21 75 27. Argile verte \\ » 28. Sables. — Eau jaillissante 2 » m » Pull* de la Loge. m . c. 1 . Terrain rapporté 4 „ 2. Argile jaune 59 „ 3. Graviers , 2 » 4. Argile jaune 75 B 565 '■>. Graviers. —Eau ascendante à 5 mètres au-dessus du sol. » 50 6. Argile jaune 26 50 7. Argile verte ) 7 „ 8. Sables. — Eau jaillissaute 8 » MO » Puits do Salnt-Doniluiquc. 1 . Argue jaune, avec nodules calcaires \ 10 » 2. Graviers 5 „ 3. Argile jaune 24 » 4. Argile verte 55 „ 5. Sables 5 „ 175 » Nous pouvons ajouter ici la liste des terrains traversés au puits de la Poissonnerie, que vient de terminer M. Fau- velle , par la rencontre d'une eau abondante à la profon- deur de 155 mètres. Ce nouveau forage, qui sur la coupe d'ensemble se trouverait entre le Pont-d'en-Vestit et la Loge, confirme les données hypothétiques de la nappe ascendante, des argiles vertes, et la pente générale de la nappe d'eau jaillissante : il démontre aussi que les argiles à plaquettes du Pont-d'en-Vestit viennent insensiblement se fondre dans les argiles à nodules calcaires, trouvées à la Loge et à Saint-Dominique. Voici l'ordre des terrains traversés : m. c. Terrains rapportés \ 30 Sable de rivière et cailloux roulés 5 50 Argile à plaquette et à nodules calcaires 107 » Graviers ( source ascendante se maintenant à \ mètre 50 cent. en contre-bas du sol) » 30 Argiles marneuses avec nodules plus rares que dans les couebes précédentes * 24 » Argiles vertes 46 » Sable blanc contenant l'eau jaillissante. . 7 50 I(i2 TAULE RAISONNÉE DES MATIÈRES. Bureau de la Société pour les années 1851 et 1852, p. i . Compte-rendu des travaux de la Société, années 1851 et 1852, par M. Joseph Sirven, secrétaire, membre résidant . . . . ■ o. Date de la fondation de la Société; — but primitif qu'elle s'était proposé; — a-t-elle accompli dignement sa mission? p. 2; — elle change de dénomination;— on lui tient compte de ses efforts; — M. Rendu, inspecteur-général d'agriculture; —M. le Président lui adresse une allocution, p. 3;— réponse de M. Rendu; — visite qu'il a faite à la Ferme-Ecole, p. A ; — somme accordée à la So- ciété pour primes; — concours régional de Toulouse, p. 5; — comice agricole du premier arrondissement;— maladie de la vigne; — chemin de fer;— plâtrage des vins;— vins du Roussillon et du Languedoc, p. 6;— eaux sulfureuses des Graus (Colette;— loi sur les sucres;— Société du Puy ;— sa réclamation, p. 7 ; — la Société —s'y associe ; — Lectures : tablettes chronologiques;— archéologie; — autel antique; — industrie sétifère; — race bovine;— greffe du chêne-liége, p. 8 ;— le gutta percha;— volcans ; — richesses ther- males des Pyrénées-Orientales, p. 9; — Poésie : lecture de cinq pièces ; — aphorismes ruraux ; — réclamation, p. 10. Séance publique du 31 mai 1852 H, Discours de M. Guiraud de Saint-Marsal, président: De la religion;— de la famille;— du travail, p. -H à 15;— le drainage; —canal d'irrigation; — forêts de châtaigniers; — la greffe; — transplantation du ehène-liége;— mûriers, micocouliers; — calmotage; — dessèchement d'un étang; — vers à soie ; — race bovine, p. 16;— primes;— comice agricole; — Ferme-École; — M. Fauvelle, sondeur; — ses succès, p. 17 à 18. Lectures diverses, p. 18 et 19;— distribution de quatre-vingt-quatre primes; — médaille décernée par la Société, p. 22. 567 Notice sur le puits fore au Pont- d'en- Veslii, par M. Fauvelle, membre résidant -:î M. A. Lloubes fait forer ce puits;— terrains traversés;— leur mode de stratification, p. 23;— incident;— l'eau jaillit, p. 24;— source abondante;— sa température; — sa force ascensionnelle, p. 23; — son analyse;— nappe aquifère;— différence dans la température de trois sources; — leur origine commune, p. 26; — belle source du Ponl-d'en-Vcslil; — son avenir sous le rapport de l'art, p. 28. Recherches sur les monnaies qui ont eu cours en Roussillon, par M. Colson , chef de bataillon au 75rae de Ligne, membre résidant 29. Avant-propos, p. 29 ; — Monnaies : période gauloise, p. 51 ;— période gallo-romaine, p. 37; — domination visigothe, p. 58;— occupa- tion arabe, p. 39;— domination franque; — comtes de Roussillon ; — comtes bénéficiaires, p. 40 ; — comtes héréditaires, p. 41 ; — monnaies des comtes de Roussillon, p. 57;— domination arago- naise , p. 58 ; — monnaies barcelonaises , p. 7 1 ; — le Roussillon sous les rois de Mayorque, p. 74; — Pierre III, p. 77;— Alphon- se III, p. 78; —Jacques II, p. 79; —Alphonse IV; — Pierre IV, le Cérémonieux, p. 80 ; — premier retour à l'Aragon , p. 89 ; - monnaies de Pierre IV fabriquées à Perpignan, p. 102; — Jean Ier. p. 103;— Martin, p. -103;— interrègne, p. -111;— Ferdinand Ier, p. 1 12;— Alphonse V, p. 115;— Monnaies de Perpignan, p. 154; — monnaies barcelonaises, p. 156; — Jean II, p. 157;— revenus des comtés de Roussillon et de Cerdagne, engagés à Louis XI , p. 159;— Louis XI, p. 142;— monnaies de Catalogne, p. 143; — Charles VIII, p. 147 ; — le Roussillon sous les rois d'Espagne, p. 1 49;— Ferdinand-le-Catholique, p. 1 5 1 ;— monnaies fabriquées à Perpignan, p. 157;— monnaies barcelonaises; — Charles Ier ou Charles-Quint, p. 1 62 ;— monnaies barcelonaises, p. 1 68 ; — Phi- lippe II, p. 169; — monnaies perpignanaises, p. 175; — monnaies barcelonaises;— Philippe III, p. 175; — Philippe IV, p. 191;— occupation française, p. 194 ; — fabrication de 1644;— doubles- sous, sous et menuts, p. 208 ;— fabrication de 1649 ;— menuts de cuivre, p. 211;— le Roussillon à la France, p. 212;— supplé- ment, p, 225 ;— résumé de l'ouvrage, p. 232 ;— variétés moné- taires;— méreaux du diocèse d'Elne;— chapitre diocésain, p. 256: — chapitre et communauté de Saint-Jean de Perpignan, p. 2-u : — abbaye de Notre-Dame de la Real, p. 240;- communauté d'Elne; —prieuré de Notre-Dame de Cornella-dù-Conflcnt ; — chapitre de 568 Torreilles ■— communauté de Céret ;— communauté de Thuir* p. 241 ; — communauté de Prades ; — prévoté de Pézilla ; — prieuré de Pézilla;— ruéreaux d'attribution incertaine, p. 245; — fragment d'un moule de méreaux, p. 244 ;— médailles et jetons, p. 245; — note sur l'ancien marc de Perpignan, p.248;— note sur les mon- naies de Puycerda, p. 253 ;— note sur les monnaies du royaume chrétien de Mayorque, p. 255. Notice sur la taille de l'olivier dans FAmpurdan , com- parée à celle qui est en usage dans le Roussillon , par M. Azemar, membre résidant 261 Considérations générales; — taille de l'olivier, p. 264; — émondage des branches, depuis la cinquième jusqu'à la dixième année de plantation des arbres, p. 2G7; — émondage sur les arbres en rap- port, p. 270 ; — manière de procéder à Pémondage, p. 272; — de la taille proprement dite ou de la taille des branches-mères, p. 274. Recherches historiques sur l'ancienne exploitation des mines du Roussillon , par M. Morer, membre résidant 290. Première concession d'une mine d'argent, dans le XIIe siècle, p. 291 ; part du domaine royal en cas de découverte de mines d'or, d'ar- gent, de fer, etc., p. 293;— après le xve siècle, les recherches de mines cessent pendant quelque temps, p. 296; —pourquoi? p. 297; — exportation du fer en France permise, et défendue en cas de guerre seulement, p. 298; — concessions de mines de fer accordées parle domaine royal (xvie siècle), p. 299;— les recherches des mi- nes d'or, d'argent, se renouvellent (xvne siècle), p. 50 1 ; — elles continuent pendant la régence du duc d'Orléans, p. 505; — résultats obtenus; — conclusion, p. 508. Recherches de la houille dans le département des Pyrénées-Orientales, par M. Titus Falip, membre résidant 309. Indices d'une mine au sud du village de Camélas, eanton de Thuir, p. 51 0 ; — recherches faites en 1 846, p. 51 1 ; — résultats obtenus; — abandon, p. 515; — l'auteur le déplore, et persiste pour que de nouvelles fouilles soient faites dans le département, où la bouille doit se trouver, p. 517. 569 Considérations sur le gutta -percha, en réponse au Mémoire présenté à la Société par M. Belleville, par M. Companyo, doct.-méd., membre résidant. 318. Origine du gulta-percha; — son exportation en Europe en \ S43, p. 3 1 8; — il peut rendre d'immenses services à l'industrie, p. 3 1 9; — analyse de cette substance, p. 52 1 ; — contrairement à l'opinion de M. Belle- ville, M. Companyo prouve, par des expériences qu'il a faites, que legutta-pcrcha pur ne peut pas servir à la conservation des grains, p. 523. Études historiques sur l'art roussillonnais, par M. Re- nard de Saint-Malo, membre résidant 324. L'enluminure; — le métier de libraire, p. 324 ; — le Missel de la Mairie, p. 525; — écriture, p. 52C; — vignettes, p. 529; — lettres grises, p. 532; — effusion de manuscrits, p. 554 ; — symbolisme, p. 555. La renaissance des lettres et leur propagation par la typographie, par M. Pienard de Saint-Malo, membre résidant 33G„ Plan du mémoire; — signe de renaissance au Diocèse d'Elne, p. 536; — progrès à Perpignan , p. 558 ; — bibliothèques ; — bibliophiles, p. 559; — librairie manuscrite, p. 540 ; — invention de l'impri- merie , p. 541 ; — Jean Rozembach ; — mouvement littéraire au Diocèse de Girone, p. 544; — les Estienne, p. 547; — presse à Barcelone: — presse locale, p. 548. Aperçu historique de l'horticulture, par M. Guiraud de Saint-Marsal, membre résidant 350 Première exposition de fruits et de fleurs, à Perpignan, due à M. A. Lloubes, maire de cette ville, p. 530; — jardins d'Eden, de Sémi- ramis, des rois de Perse, des Grecs, des Romains, des Gaulois, des siècles de Louis XIV et de Louis XV, p. 552 à 557 ; — le mauvais goût domine; — renaissance; — jardins anglais; — Trianon ; — bosquets de la Malmaison , p. 557; — jardins d'hiver de Saint- Pétersbourg, p. 558; — monomanie des amateurs de fleurs, p. 560 ; — la Société doit encourager avant tout le progrès du jar- dinage et de l'arboriculture ; — banlieue de Perpignan, environs d'ille et autres localités, p. 361; — médailles en bronze accordées à des horticulteurs, p. 362. 570 Séance publique du 12 juin 1853 363. Discours de M. A. Lloubes, président de la Société : L'agriculture ne lutte pas à armes égales avec les autres arts ; — son peu de progrès; — pourquoi? p. 364; — l'établissement de la Ferme-Ecole contribuera à son perfectionnement, p. 565; — se hâter de faire mieux que par le passé ; — ligne de chemin de fer de Narbonne à Perpignan; — si le wagon emporte, il porte aussi; — notre bétail pourra s'améliorer par le croisement avec les races du Nord, p. 366 ; — forets d'Opoul et de Périllous détruites, p. 367; — garrigues; — conséquences funestes de ce déboisement; — une main intelligente peut tout réparer; — imprudence des habitants des hautes vallées du troisième arrondissement; — au lieu de re- boiser leurs montagnes, ils y ont établi les cultures sarclées de la plaine; — leurs mécomptes; — les bois taillis, protecteurs de nos rives, ont aussi été arrachés; — les propriétés avoisinant nos rivières sont emportées à la première inondation; — la volonté ferme et intelligente de notre premier magistrat mettra un terme à l'avidité de nos novateurs; — maladie de la vigne; — sa cause est un mystère; — la vigne souffre mais ne meurt pas ; — observons; attendons tout de Dieu, p. 368; — tribut de reconnaissance payé à l'Empereur au nom de la Société; — conclusion, p. 369. Allocution de M. le Préfet 36!» Appréciation des travaux de la Société; — à côté de la force matérielle est la force productive ; — les organes de la vie sociale fonction- nent avec une harmonie parfaite; — Napoléon Ier, à Boulogne, attachait l'étoile de l'honneur sur la poitrine des braves: — en même temps il récompensait les sciences , l'industrie , l'agricul- ture, p. 369; — la France en paix, les arts y feront des conquêtes paciliques; — vérité proclamée h Bordeaux ; — point de rivalité entre le travailleur et le soldat; — recommandation faite au tra- vailleur;— les membres de la Société considérés comme chefs de l'armée des travailleurs roussillonnais; — sous quels rapports; — l'Empereur payera leurs victoires ; — la France nouvelle couronne tous les mérites, p. 370. Première partie du programme, p. 570; — lectures diverses; — médailles en argent, remises par M. le Préfet, p. 371 . Deuxième partie; — -lectures diverses; — distribution de primes, p. 371 . Note historique sur les prisonnières d'État du château de Villefranche, par M. Morer, membre résidant. . . 372. 571 Lan 1080; — empoisonnements ; — foudre « succession; — la Brin- villicrs; — chambre ardente; — coupables punis; — prisonnières mystérieuses; — enfermées d'abord au fort de Salses, plus tard à celui de Villef» anche; — on ignorait leur condition et leur crime, p. 572 ; — vue du château des Tuileries, tracée au crayon ; — nos archives n'ont pas fourni à M. Henry des documents suffisants sur le compte de ces prisonnières ; — M. Morer a été plus heureux; — lettre de l'Intendant du Roussillon au Ministre de la Guerre; — l'une des prisonnières, la Guidon, meurt, p. 375; — Réponse du Ministre à l'Intendant;— la Guidon avait été enfermée pour poison; — nouvelle lettre de l'Intendant au Ministre; — mort de la Chopelin; — elle avait trempé dans les empoisonnements de la Brinvilliers ; — nouvelle réponse du Ministre; — la Chopelin était prisonnière depuis quarante-deux ans; — par ordre de qui? — dernière complice de la Brinvilliers; — prisonnières au nombre de quatre, p. 574; — on ne connaît les noms que de deux;- — elles recevaient huit sols par jour chacune; — épargne d'une d'elles; — dispositions testa- mentaires;— la mort seule fît cesser la captivité de ces empoison- neuses;— conclusion, p. 375. L'Infant Don Ferrand de Mayorque, par M. Renard de Saint-Malo, membre résidant 376 L'Infant Don Ferrand, p. 57G ; — la grande compagnie catalane, p. 577 ; — mission de l'Infant , p. 579 ; — sa captivité , p . 5S I ; — ses exploits au siège d'Almeric, p. 582; — rencontre de Monta- ner, p. 585; — apanage du prince, p. 384; — l'Infant au secours de Frédéric de Sicile, p. 585; — son mariage, p. 586; --mort de sa femme, p. 587 ; — expédition de Morée , p. 588 ; — secondes noces de l'Infant; — mort de don Ferrand, p. 589. Apparition des Routiers dans le Confient (1364), par M. Alart, membre résidant 392, Traité de Brétigny (1560); — Routiers; — composés de brigands anglais et français ; — leurs courses, leurs piflages ; — leur entrée en Roussillon, en 1561; — effroi que leur présence fait éprouver; — TFglise n'est point respectée par eux ; — ils menacent le pape Innocent VI, p. 592 ; — leur entrée en Confient, en 1 564 ;— ils brûlent, pillent tout sur leur passage; — le village de Tarerach devint leur place d'armes; — ils y enferment leurs prises, p. 7,'.)7,: — leurs courses de nuit;— le Confient dépourvu de troupes à leur 572 opposer; — le Viguicr du Confient fait un appel aux armes, p. 594; — Vinça sert de refuge aux habitants des communes environnantes, p. 595; — les Routiers n'osent l'attaquer, p. 596; — demande de troupes au Roi pour la défense du Roussillon ; — emprunt de 1 .000 florins d'or; — arrivée de cent cinquante hommes à cheval ; —description topographique deTarerach, p. 597; — siège de cette place, p. 598; — énergique défense des assiégés; — prise de Ta- rerach; — expulsion des Routiers, p. 599. Rapport sur le semoir à hélice de M. Denamiel , par M. Azemar, membre résidant, au nom d'une com- mission ■ 401. La Commission se transporte à Rivesaltes; — elle fait fonctionner le semoir-Denamiel ; — inconvénients que présentent les semailles à la volée; — conditions d'un semoir pour être parfait, p. 401 ; — beaucoup de semoirs ont été inventés ; — la plupart ont été aban- donnés ; — celui de M. Denamiel subira-t-il le même sort? — Il peut être adopté pour les récoltes sarclées; — et dans la petite culture, p. 402; — description du semoir de M. Denamiel, p. 405; — semoir-hélice à soc, à herse et à trois roues du même auteur, p. 405; — le semoir à hélice Denamiel fonctionne aussi bien, si non mieux que le semoir-Hugues, p. 406; — considérations sur les avantages et les inconvénients des semoirs en ligne, p. 408; — utilité reconnue du semoir-Denamiel;— la Commission propose à la Société de récompenser dignement l'auteur, p. 412. Catalogue des insectes coléoptères observés dans le département des Pyrénées-Orientales, avec indi- cation des localités , par M. Companyo , docteur- médecin, membre résidant 413. De l'entomologie; — ses progrès, p. 414 ;— catalogue synonymique, par M. Gaubil; — Collection d'insectes des Pyrénées-Orientales; — M. Companyo est le premier qui l'a entreprise; — elle compte, pour ce qui a paru dans ce bulletin, quatre-vingt-deux genres, et dix divisions, p. 419 à 476. Note de M. Companyo, doct.-méd,, membre résidant, ' sur la priorité de la subularta aquatica 477. 573 Lcider (anas mollissima, Lin.); — canard habitant le noie nord ; — a paru Get hiver sur nos lacs, p. 477; — la subularia aquatica; — sa découverte dans les Pyrénées-Orientales; — par qui? p. 478. L'original et la copie, par M. Joseph Sirven, membre résidant 479. Un envoyé du Comité du Salut public, à Perpignan; — le sculpteur Boher; — Christ de Rigaud ; — copie de ce Christ peinte sur cuivre, p. 479; — ces peintures, cachées dans les greniers de l'Hôtel-de- Ville, sont retrouvées, p. 480; — l'envoyé emporte la copie à Paris; — l'original reste à Perpignan, p. 481. Une croix d'honneur sous l'Empire, par le môme. . . 481 Raymond Gaychet s'empare d'une redoute, p. 481; — conséquences de cette action d'éclat; — Gaychet déserte ; — on le cherche en vain pour lo récompenser; — il commet un délit forestier; — il est re- connu, p. 4S2; — sa récompense; — son serment, p. 485. Rapport sur l'exposition de fruits et de fleurs en 1853, par M. de Malarce, membre résidant 484 L'art horticole est en progrès, p. 484; — grand mouvement industriel et agricole; — chemins de fer; — bateaux à vapeur; — télégraphes électriques, p. 485; — exposition de Londres; — résultats; — expo- sitions nationales ou régionales; — expositions universelles; — les avantages des unes et des autres; — le Roussillon ;• — son industrie; son sol fertile; — son beau climat; — son système d'irrigation;- — son avenir, p. 486; — en avant ! — persévérance! p. 487. Fruits, p. 488 ; — poires, Ah variétés ; — pommes, 12 variétés ; — raisins, 11 variétés ; — pêches, 2 variétés, p. 489 ; — melons, 5 variétés ; — orangers, 5 variétés, les plus remarquables ; — figues, 6 variétés; — tomates, 5 variétés, p. 490; — coings, une exposition; — amandes (culture recommandée) 4 variétés; — olives, 2 variétés; — grenades, une exposition ; — pistaches, une exposition ; — blé, 2 variétés; — graine de luzerne, une exposition, p. 491 . Légumes, p. 491; — choux, une exposition; — choux-blanc d'Alet; — aubergine , plusieurs variétés ; — artichauts , plusieurs variétés , p. 492; — betteraves à sucre, 4 variétés, p. 495. Fleurs, p. 494 ; — Dahlias , 200 variétés ; — phlox , 160 variétés ; — reines marguerites, 50 variétés; — roses, 50 variétés; — fuchsias, 50 variétés ; — lantanas, 15 variétés ; — cassia-mimmosa, nom- 574 breuses variétés; — plantes grasses; — un jiesUcia rqèta superba; — un bananier; — un caféier d'Arabie; — monstrueux bouquet, p. 494; — à l'année prochaine ! p. 595. Statistique des forages artésiens du département des Pyrénées-Orientales. — Rapport sur les puits arté- siens qui existent dans ce département, par M. Com- panyo, fils, docteur-médecin, membre résidant. . . 497. But du rapport; — démarches du rapporteur; — le résultat pourrait en être plus satisfaisant; — premier l'orage d'un puits artésien par M. Fraisse, en 482!) ; — sa réussite, p. 498; — prime accordée à M. Fraisse, p. 49S;— ce premier essai encourage les propriétaires; — des puits nombreux sont forés; — système artésien modifié par M. Fauvelle, p. 499; — forage par la méthode chinoise, par M. Al. Blanc ; — imitation de ce forage par M. Pierre Garcias ; — résultats constatés de ces diverses méthodes ; — quatre-vingt-sept forages ont eu lieu; — cinquante-huit ont réussi; — vingt-neuf ont été sans résultat, p. 500; — total de l'eau fournie par jour des son- dages qui ont réussi , p. 50 1 . Tableau statistique des forages artésiens exécutés dans le département des Pyrénées-Orientales depuis Tan- née 1829 jusqu'à l'année 1854 , par le même 502. Noms des propriétaires; — désignation des communes; — année du forage; — profondeur du forage; — nombre de litres d'eau obtenus par minute, par heure, par jour; — nombre de journées employées; — montant des dépenses; — noms des foreurs; — observations, p. 502 à 513; — résultats généraux; — moyenne du forage pour les cinquante-huit puits forés avec réussite; — moyenne (Je l'eau fournie par les cinquante-huit puits forés avec réussite, p. 514. Aphorismes ruraux basés sur les règles données par les agronomes les plus classiques, anciens et mo- dernes , nationaux et étrangers , et sur les obser- vations et les pratiques des meilleurs cultivateurs, composés par M. Narcisse Fages de Roma, membre de la Junte d'agriculture de la province de Girone, vice-présideut et fondateur de la Société d'agricul- 575 ture du l'Ampourdan,etc., membre correspondant, traduits du catalan en français, par M. Louis Eabre, membre résidant 515. Extraits du prologue de l'auteur, p. 515 ; — aphorismes ruraux; Chapitre 1er: maximes générales, p. 517; — Chapitre II : culture, p. 519; — Chapitre III : engrais, p. 522; — Chapitre IV : hétail, p. 524 ; — Chapitre V : prairies, p. 523; — Chapitre VI : arrosage ; — Chapitre VII : arhres, p. 527; — Chapitre VIII : olivier, p. 529 ; — Chapitre IX : vignes, p. 531 ; — Chapitre X : horticulture ; — Chapitre XI: constructions rurales, p. 552; — Chapitre XII: administration, p. 555; — Conclusion, p. 536. Résumé des observations météorologiques faites à l'École-Normale de Perpignan, pendant les années 1851, 1852 et 1853, par M. Béguin, directeur de cette École, membre résidant 537 Règlement de la Société 537, Composition du Bureau pour 1853 et 1854 545. Liste des Membres résidants 546. — correspondants 549. — résidants décédés 558. Errata 559. Explication des planches 560. Légendes des coupes de quelques puits artésiens ... 561 . l'J.V DE LA TAULE. Monnaies de Barcelone. é&KéSk m C3 c^r? I&Ç& 3M_w if- m-mSà Ope CU ïtfJM Monnaies qui ont e\i cours en Roussillon Monnaie- qui ont en cour: en Roussillon Monnaies de Barcelone. V*L°-gm m^*WW w-w &n£i'\ «: /*m vAi /s»?* o py"***" #aaH Monnaies de Perpignan et de Barcelone. ■ ' Monnaies rie Barcelone et de Perpignan Monnaies de Barcelone et de Perpignan. Monnaies Je Perpignan et de Barcelone. Mm» ,,-W' Monnaies de Perpignan. $Lm> '$\J*s ftKV< ^ Iplill 11 m ►• ^/ to te * I VW ; ' , ^ ■ Monnaies de Perpignan. Monnaies de Perpign WmS 0 ■ W'W #®## Monnaies de Perpig <*£•! Mereaux du Diocèse d'Elne. Oiapè, ZiUoj. Billets de confiance de Perpignan. Mereaux du Diocèse d'Elue Mereaux du Diocèse d'El Municipalité de Perpignan. Un S o v. HàUlèratLoji du conseil gênerai de. la. commune de Perpignan , approuvée par le directoire du departêmcnt-.i ■ N.° ï-P^KMïO C"CI*(M'*I1=* Municipalité de Perpignan. Monnoie Patriotique. DIX SOUS. VàllBJKl'l for IcConfiil Cc*erel Je U Commune : Approuvée, par k Deredeirc Ja. T)eparcemenl. J/ÏCaylv^ hit dei H - à IM ii n 'iM ■ H i 4 1 . -J. '■f'-jL.Ufi mm ( I 2 ~* :> \yq_y yyy: é ^ a- -»*^s-. X: 'SB ' il ' ra ■>. ^ 2 ï&*\ '7% £"&* \ > M 'r-^; tê • ^ '„ *ï ->*r"' «#*N; i . > fc